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» 9
SOCIETE
D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
r 9
SOCIETE
D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
TREIZIÈME BULLETIN
AUTUN
IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE DEJUSSIEU
1900
,w* STATUTS ET RÈGLEMENT
DE LA
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
APPROUVÉS PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL
EN DATI DU 1er AVRIL 1886
VT MODITIÉ0
d'après l'instruction du conseil d'état
DU 15 DÉCEMBRE 1893
— + —
STATUTS
BUT ET COMPOSITION DE L'ASSOCIATION
Article lep. — L'association dite Société d'histoire naturelle d'Au-
tun, fondée le 1er avril 1886, a pour but exclusif de contribuer au
progrès des sciences naturelles et préhistoriques, d'en propager le
goût, de rechercher et recueillir tout ce qui peut se rattacher à ces
sciences. Tous les membres de la Société devront être Français, et
tout individu appartenant à une nationalité étrangère ne pourra en
faire partie à un titre quelconque. Les mineurs ne pourront être
admis, sans le consentement de leurs parents ou tuteurs.
Elle a son siège à Autun.
Art. 2. — Les moyens d'action de l'association sont les réunions,
les conférences, les excursions, l'exposition publique de ses collec-
tions, la publication d'un Bulletin annuel, une bibliothèque, etc.
Art. 3. — L'association se compose de membres titulaires, de
membres à vie, de membres d'honneur, de membres bienfaiteurs
et de membres correspondants.
Pour être membre titulaire, il faut : 1° être présenté par deux
membres de l'association et agréé par le conseil d'administration;
2° payer une cotisation annuelle, dont le minimum est de 10 francs;
Cette cotisation peut être rachetée, en versant la somme de
100 francs qui donne alors droit au titre de Membre à vie.
VJ STATUTS ET RÈGLEMENT.
Les membres titulaires ont seuls voix délibérative dans les réu-
nions de la Société et sont seuls éligibles aux fonctions qu'elle
confère.
Le titre démembre d'honneur sera donné par la Société, en assem-
blée générale, aux personnes qui lui auront rendu des services ou
qui occupent un rang distingué dans les sciences ou les lettres.
Les propositions pour la collation de ce titre devront être adres-
sées au conseil d'administration qui n'y donnera suite qu'après s'être
assuré de l'assentiment de la personne proposée.
Le titre de membre bienfaiteur est accordé à toute personne fai-
sant à la Société un don en espèces ou en nature, d'une valeur mini-
mum de 500 francs.
Les membres correspondants ne sont pas plus soumis au paiement
de la cotisation que les membres d'honneur. Tous sont invités à
contribuer à la prospérité de la Société, par des dons manuels,
communications, etc., etc.
Art. 4. — La qualité de membre de l'association se perd :
1° Parla démission:
2° Par la radiation prononcée, pour motifs graves, par le conseil
d'administration, le membre intéressé ayant été préalablement
appelé à fournir ses explications, sauf recours à l'assemblée générale;
ou par l'assemblée générale, sur le rapport du conseil d'adminis-
tration.
ADMINISTRATION ET FONCTIONNEMENT
Art. 5. — L'association est administrée par un conseil composé au
moins de seize membres élus pour trois ans, par l'assemblée géné-
rale.
En cas de vacance, le conseil pourvoit au remplacement de ses
membres, sauf ratification par la plus prochaine assemblée générale.
Le renouvellement du conseil a lieu intégralement tous les trois
ans.
Les membres sortants sont rééligibles.
Ce conseil choisit parmi ses membres un bureau composé des
président, vice-présidents, secrétaire, trésorier.
Le bureau est élu pour trois ans.
Art. 6. — Le conseil se réunit tous les mois et chaque fois qu'il
est convoqué par son président ou sur la demande du quart de ses
membres.
La présence du tiers des membres du conseil d'administration est
nécessaire pour la validité des délibérations.
Il est tenu procès-verbal des séances.
Les procès-verbaux sont signés par le président et le secrétaire.
Art. 7. — Toutes les fonctions de membre du conseil d'adminis-
tration et du bureau sont gratuites.
STATUTS ET RÈGLEMENT. Vlj
Art. 8. — L'assemblée générale des membres titulaires de l'asso-
ciation se réunit au moins une fois par an et chaque fois qu'elle est
convoquée par le conseil d'administration ou sur la demande au
moins du quart de ses membres.
Son ordre du jour est réglé par le conseil d'administration.
Son bureau est celui du conseil.
Elle entend les rapports sur la gestion du conseil d'administration,
sur la situation financière et morale de l'association.
Elle approuve les comptes de l'exercice clos, vote le budget de
l'exercice suivant, délibère sur les questions mises à l'ordre du jour
et pourvoit au renouvellement des membres du conseil d'adminis-
tration.
Le rapport annuel et les comptes sont adressés, chaque année, à
tous les membres, au préfet du département et au ministre de
Tinté rieur.
Art. 9. — Les dépenses sont ordonnancées par le président. L'as-
sociation est représentée, en justice et dans tous les actes de la vie
civile, par le président.
Art. 10. — Les délibérations du conseil d'administration relatives
aux acquisitions, échanges et aliénations d'immeubles, aliénations
de valeurs dépendant du fonds de réserve, prêts hypothécaires, em-
prunts, constitutions d'hypothèques et baux excédant neuf années,
ne sont valables qu'après l'approbation de l'assemblée générale.
Art. 11. — Les délibérations du conseil d'administration relatives
à l'acceptation des dons et legs, les délibérations de l'assemblée
générale relatives aux acquisitions et échanges d'immeubles, alié-
nation de valeur dépendant du fonds de réserve et prêts hypothé-
caires, ne sont valables qu'après l'approbation du gouvernement.
RESSOURCES ANNUELLES ET FONDS DE RÉSERVE
Art. 12. — Les ressources annuelles de l'association se compo-
sent :
1» Des cotisations et souscriptions de ses membres;
2° Des subventions qui pourront lui être accordées ;
3° Du produit des ressources créées à titre exceptionnel et, s'il y
a lieu, avec l'agrément de l'autorité compétente ;
4° Enfin, du revenu de ses biens et valeurs de toute nature.
Ces fonds seront exclusivement employés à favoriser le progrès
des sciences dont elle s'occupe.
Toute dépense n'excédant pas 50 francs pourra être autorisée
d'office par le président. Celles qui ne dépasseront pas 100 francs
seront votées par le conseil; au-dessus de ce chiffre, elles ne pour-
ront être autorisées que par un vote de la Société.
Vllj STATUTS ET RÈGLEMENT.
Art. 13. — Le fonds de réserve comprend :
1° La dotation;
2° Le dixième au moins de l'excédent des ressources annuelles;
3° Les sommes versées pour le rachat des cotisations;
4° Le produit des libéralités autorisées sans affectation spéciale;
Art. 14. — Le fonds de réserve est placé en rentes nominatives
3 % sur l'État, ou en obligations nominatives de chemins de fer dont
le minimum d'intérêt est garanti par l'État.
Il peut également être employé en acquisitions d'immeubles,
pourvu que ces immeubles soient nécessaires au fonctionnement de
la Société, ou en prêts hypothécaires, pourvu que le montant de ces
prêts réuni aux sommes garanties par les autres inscriptions ou
privilèges qui grèvent l'immeuble ne dépasse pas les deux tiers de
sa valeur estimative.
MODIFICATION DES STATUTS ET DISSOLUTION
Art. 15. — Les statuts ne peuvent être modifiés que sur la propo-
sition du conseil d'administration ou du dixième des membres titu-
laires, soumise au bureau, au moins un mois avant la séance.
L'assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet,
ne peut modifier les statuts qu'à la majorité des deux tiers des
membres présents. — L'assemblée doit se composer du quart, au
moins, des membres en exercice.
Art. 16. — L'assemblée générale appelée à se prononcer sur la
dissolution de l'association et convoquée spécialement à cet effet,
doit comprendre, au moins, la moitié plus un des membres en exer-
cice. La dissolution ne peut être votée qu'à la majorité des deux
tiers des membres présents.
Art. 17. — En cas de dissolution ou en cas de retrait de la recon-
naissance de l'association comme établissement d'utilité publique,
l'assemblée générale désigne un ou plusieurs commissaires chargés
de la liquidation des biens de l'association. Elle attribue les collec-
tions et la bibliothèque à la ville d'Autun, et l'actif net à un ou plu-
sieurs établissements analogues, publics ou reconnus d'utilité
publique. — Ces délibérations sont adressées, sans délai, au ministre
de l'instruction publique.
Dans le cas où l'assemblée générale n'ayant pas pris les mesures
indiquées, un décret interviendrait pour y pourvoir, les détenteurs
des fonds, titres, livres et archives appartenant à l'association s'en
dessaisiront valablement entre les mains du commissaire liquidateur
désigné par ledit décret.
Art. 18. — Les délibérations de l'assemblée générale prévues aux
articles 15, 16 et 17 ne sont valables qu'après l'approbation du
gouvernement.
STATUTS ET RÈGLEMENT. IX
Art. 19. — Un règlement adopté par l'assemblée générale et
approuvé par le ministre de l'intérieur, après avis du ministre de
l'instruction publique, arrête les conditions de détail propres à assu-
rer l'exécution des présents statuts. Il peut toujours être modifié
dans la même forme.
Art. 20. — Le ministre de l'instruction publique aura le droit de
faire visiter par ses délégués les établissements fondés par l'associa-
tion et de se faire rendre compte de leur fonctionnement.
REGLEMENT INTERIEUR
ET SURVEILLANCE
Article 1er. — Le président est chargé de maintenir l'ordre et la
régularité dans la Société, de diriger et de surveiller l'impression
des publications décidée par le conseil, et de pourvoir d'une manière
générale à tous les détails d'administration.
Art. 2. — Les vice-présidents remplacent le président en l'absence
de celui-ci. Ils en ont tous les pouvoirs.
Art. 3. — Le secrétaire, sur l'invitation du président, convoque
aux séances, excursions, etc. ; il rédige les procès-verbaux.
Art. 4. — Le trésorier recouvre les cotisations, le droit de diplôme,
les allocations ou dons pécuniaires faits à la Société et en délivre
quittance.
Il acquitte les dépenses sur mandat du président.
Il tient, en un mot, un compte détaillé des recettes et des dépenses
de toute nature, et doit rendre compte de sa gestion à la première
réunion générale de chaque année.
Il ne pourra démissionner sans avoir fait vérifier ses livres par le
conseil.
Art. 5. — Les conservateurs recueillent et classent tous les objets
d'histoire naturelle offerts à la Société; ils donnent les soins néces-
saires aux collections et au mobilier.
Art. 6. — Le bibliothécaire-archiviste est chargé de la conserva-
tion des livres, papiers, mémoires, communications, etc.
Art. 7. — Le conseil déterminera les ouvrages et les mémoires
qui devront être imprimés par la Société.
Art. 8. — Toutes les nominations et tous les votes auront lieu au
scrutin secret et à la majorité absolue des membres présents, à
moins que le vote par assis et levé ne rencontre aucune opposition.
Art. 9. — Les membres titulaires devront acquitter, dans le pre-
mier trimestre de l'année, la cotisation annuelle.
Art. 10. — En échange du diplôme qu'ils recevront à leur réception,
les nouveaux sociétaires devront payer la somme de 2 francs.
X STATUTS ET RÈGLEMENT.
Art. il. — La cotisation donnera le droit de recevoir gratuitement
toutes les publications de la Société et de prendre part à toutes les
excursions, réunions et conférences qu'elle pourra organiser.
Art. 12. — Tous les livres ou objets de collection donnés à la
Société porteront, autant que possible avec son estampille, le nom
du donateur.
Art. 13. — L'auteur d'un mémoire publié parla Société pourra en
faire exécuter, à ses frais, un tirage spécial qui devra porter en
sous-titre : Extrait des Mémoires de la Société d'histoire naturelle
d'Autun.
Art. 14. — La Société fera l'envoi de ses publications aux sociétés
qui auront été déclarées correspondantes.
Art. 15. — La Société déposera un exemplaire de toutes ses publi-
cations à la bibliothèque de la ville d'Autun.
Art. 16. — Les membres titulaires de la Société auront seuls la
faculté d'emporter à domicile les livres qui appartiennent à la
Société, à la condition expresse d'en laisser un reçu sur le registre
tenu à cet effet par le bibliothécaire, et d'opérer eux-mêmes, dans
le délai d'un mois, la restitution des ouvrages qui leur auront été
confiés.
Art. 17. — Si la Société venait à se dissoudre librement, sa biblio-
thèque et ses collections deviendraient la propriété de la ville d'Au-
tun, pour être réunies aux collections publiques existantes. L'assem-
blée générale statuerait sur la liquidation du mobilier et l'emploi à
donner au fonds social, conformément au premier paragraphe de
l'article 17 des statuts.
Art. 18. — Toutes discussions, lectures ou impressions politiques
ou religieuses sont formellement interdites. La Société n'entend
d'ailleurs prendre, dans aucun cas, la reponsabilité des opinions
émises dans les ouvrages qu'elle pourra publier.
-**€-
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ l
COMPOSITION DU BUREAU
Président, M. Bernard Renault, assistant au Muséum, &, A. Q,
docteur es sciences physiques et es sciences naturelles, lauréat de
l'Institut, correspondant du ministère de l'Instruction publique,
correspondant de l'Institut géologique de Vienne et membre associé
de l'Académie royale de Belgique, 21, avenue des Gobelins, à Paris.
Président d'honneur, M. Albert Gaudry, C &, membre de l'Institut,
de la Société royale de Londres, de l'Académie royale de Bel-
gique, etc.
M. Fauconnet Louis, A. Q, rentier à Autun.
M. X. Gillot, docteur en médecine, I. $£,
lauréat de l'Institut, à Autun.
Vice- Présidents, { M. Raymond, ancien ingénp en chef des mines
de la Société du Creusot.
M. A. Roche I. $£, rentier à Autun.
M. E. Schneider, maître de forges au Creusot.
Secrétaire, M. Victor Berthier, A. 0, quincaillier à Autun.
Secrétaire adjoint, M. Marchal, instituteur au Creusot.
Bibliothécaire, M. Ch. Demontmerot, notaire honoraire à Autun.
Bibliothécaire adjoint, M. Ch. Clément, rentier à Autun.
M. Bovet, agent d'assurances (botanique).
M. le vicomte Henry de Chaignon, * (orni-
thologie, géologie, minéralogie).
M. Chevalier Joseph, rentier (ovologie).
M. Dubois Léon, pharmacien.
Conservateurs, { M. Fauconnet Louis, A. Q (entomologie).
M. Pernot, A. Q , professeur (conchylio-
logie).
M. A. Roche I. Q (géologie, paléontologie,
minéralogie).
\ M. Vary, pelletier (zoologie).
Conservateur adjoint, M. Racouchot Philippe.
Trésorier, M. Jeannet, banquier.
/
I. La présente liste est établie au :ïi décembre 1900.
Xij MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
MEMBRES D'HONNEUR
M. Edouard Bornet, O. #, membre de l'Institut, 27, quai des Tour-
neiles, à Paris.
M. Esnest Chantre, &, lauréat de l'Institut, sous-directeur du
Muséum de Lyon et secrétaire général de la Société d'anthropo-
logie de Lyon.
M. Dehérain, membre de l'Institut, O. &, professeur au Muséum et
à l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon, 1, rue d'Argenson,
à Paris.
M. Delafond, jfe, inspecteur général des mines, à Paris, 108, bou-
levard Montparnasse.
M. Fayol, #, ingénieur, directeur général de la Société anonyme
de Commentry-Fourchambault.
M. Filhol, O. &, membre de l'Institut et de l'Académie de méde-
cine, professeur d'anatomie comparée au Muséum, 9, rue Guéné-
gaud, à Paris.
M. Albert Gaudry, membre de l'Institut, C. &, professeur de paléon-
tologie au Muséum, 7 bis, rue des Saints-Pères, à Paris.
M. Grand'Eury, $t, ingénieur des mines et correspondant de Tins-
9
titut, 5, avenue Victor-Hugo, à Saint-Etienne.
M. Ernest Hamy, O. #, membre de l'Institut, professeur d'anthro-
pologie au Muséum, et conservateur du Musée d'ethnographie,
36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, à Paris.
M. Alfred Lacroix, I. Q> professeur de minéralogie au Muséum, 8,
quai Henri IV, à Paris.
M. Michel Lévy, $*, membre de l'Institut, ingénieur en chef des
mines, directeur de la Carte géologique détaillée de la France, 62,
boulevard Saint-Michel, Paris.
M. le docteur Loydreau de Neuilly, #, médecin à Neuilly, com-
mune de Maligny (Côte-d'Or).
M. Stanislas Meunier, &, docteur es sciences, lauréat de l'Institut
et professeur de géologie au Muséum, 7, boulevard Saint-Ger-
main, à Paris.
Mme F. de Montessus, à Chalon-sur-Saône.
M. Pellat, O. $t, ancien président de la Société géologique de
France, inspecteur général honoraire des établissements de bien-
faisance au ministère de l'intérieur, au château de la Tournette,
par Tara8con-8ur-Rhône (Bouches-du-Rhône).
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XI lj
M. Edmond Pbrrier, O. $s membre de l'Institut, directeur du
Muséum, membre de l'Académie de médecine, rue Cuvier, au
Muséum, à Paris.
M. Proteau Éléonore-Jean, juge au tribunal civil, à Autun.
M. B. Renault, &, A. Q, assistant au Muséum, docteur es sciences
physiques et es sciences naturelles, lauréat de l'Institut, corres-
pondant du ministère de l'Instruction publique, correspondant de
l'Institut géologique de Vienne et membre associé de l'Académie
royale de Belgique.
M. Georges Rouy, &, I. Q, secrétaire général du Syndicat de la
presse parisienne, président de l'Association française de bota-
nique, ancien vice-président delà Société botanique de France, etc.,
41, rue Parmentier, à Asnières (Seine).
M. Léon Vaillant, *, professeur de géologie au Muséum, Maison
de Buffon, à Paris.
M. Zeiller, $s ingénieur en chef des mines, chargé des conférences
de paléontologie végétale à l'Ecole nationale supérieure des Mines
et correspondant de l'Institut géologique de Vienne, 8, rue du
Vieux-Colombier, à Paris.
MEMBRES BIENFAITEURS
Mw DUCHAMP.
M°" Jules Geoffroy.
Mœe F. DE MONTESSUS.
MM.
Vte H. de Chaignon, $s au château de Condal (S.-et-L.), et 14, rue
Guérin, à Autun.
Docteur X. Gillot, I. y, médecin à Autun.
Capitaine Lucand.
A. Mangeard.
Docteur F. de Montessus.
m
Proteau Eléonore-Jean, juge au tribunal civil d'Autun.
Proteau François.
Roche, I. Q, rentier à Autun.
I. Par décision prise dans la séance du 6 avril 1893, la Société accorde lo titre
de Membre bienfaiteur à toute personne qui lui fait un don en espèces ou en nature
d'une valeur minimum de 500 francs.
XIV MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
MEMBRES A VIE
MM.
Berorron Jules, professeur de géologie à l'École centrale, sous-
directeur du Laboratoire de géologie à la Faculté des Sciences,
157, boulevard Hausmann, à Paris.
Bbrthier Victor, A. Q, à Autun.
Docteur Boquin, médecin à Autun, lauréat médaillé de la Faculté
de médecine, de l'Académie de médecine et des hôpitaux de Paris.
Chevalier Eugène, directeur de l'agence G du Crédit Lyonnais,
14, rue de l'Abbaye, à Paris.
Docteur Daviot Denis-Zacharie, A. Q, médecin, à Saint-Léger-sur-
Dheune.
Durby Léon, A. tyt président du conseil d'arrondissement, à Autun.
Jeannet Joseph, à Autun.
Albert Gaudry, C $f , membre de l'Institut et professeur de paléon-
tologie au Muséum, à Paris.
Docteur Jousseaume, 29, rue de Gergovie, à Paris.
Docteur Lannois, A. 1£, professeur agrégé à la Faculté de médecine,
médecin des hôpitaux de Lyon.
Maurice de Laplanche, au château de Laplanche, près Luzy (Nièvre).
Mabille Jules, attaché au laboratoire de malacologie du Muséum,
à Paris.
Marcailhou-d'Ayméric Hippolyte, pharmacien de 1" classe à Ax-
les-Thermos (Ariège).
Michaud, huissier à Nolay (Côte-d'Or).
Pic Maurice, entomologiste à Digoin.
M"» Maurice Pic, à Digoin.
Popet Emile, agent d'assurances à Autun.
Bernard Renault, *, A. Ç>, assistant au Muséum, à Paris.
Yovanno Renault, à Autun.
Hoyer Lucien» à Barnay.
Docteur Valat, médecin à Autun.
t. D'après le troisième paragraphe de Part. 3 du règlement, tout sociétaire peut
devenir membre à vie en versant une fois pour toutes la somme de 100 francs.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. XV
MEMBRES TITULAIRES
MM.
abord Charles, juge de paix à Mesvres.
Abord Hippolyte, A. f|, avocat à Autun.
Abord Victor, receveur municipal à Autun.
André Ernest, café Parisien à Vesoul.
André Georges, vétérinaire à Autun.
Andriot Pierre, négociant à Autun.
Arbblot Jean, ancien négociant à Autun.
Aron Alfred, A. il, imprimeur en phototypie,à Paris, 22, rue Denfert-
Rochereau.
Avondo Fernand, peintre à Autun.
Bacqublot Charles, propriétaire aux Rondeaux, commune de Saint-
Nizier-sur-Arroux.
m
Bailly, libraire à Etang.
Bailly Jacques, propriétaire à Damerey.
Balségur Charles, pharmacien à Autun.
Ballivbt Eugène, rentier, rue de l'Arquebuse, à Autun.
Balvay Francis, chimiste, rue de l'Eglise, au Creusot.
Barbotte. vétérinaire à Autun.
Baret Félix, propriétaire à Dracy-Saint-Loup.
Baroin, propriétaire à la Selle.
Baroin Simon, négociant à Autun.
Baron Antoine, notaire à Autun.
Docteur Baron Joseph, médecin à Autun.
Barnby, propriétaire, faubourg Saint-Biaise, à Autun.
Bassal, ingénieur civil des mines, 11, place Schneider, au Creusot.
Basset, instituteur à Mont, par Bourbon-Lancy.
Basdevant, propriétaire à Anost.
Baudran Claude, représentant de commerce à la Grande- Verrière.
Baudonnet, pharmacien au Creusot.
Baumann, ingénieur, directeur de l'usine de plombs argentifères de
l'E?calette-Madrague-Montredon, à Marseille.
Baumont (de) Xavier, à Martigny-le-Comte (S.-et-L.).
Baylb Paul, ingénieur, directeur de la Société lyonnaise des schistes
bitumineux, à Autun.
Bazenet-Verrier, négociant au Creusot.
Bel, tanneur à Autun.
Béné-Nicot, fabricant de plâtre à Ivry-en-Montagne (Côte-d'Or).
Berdin Jacques, greffier à Autun.
Berger Auguste, avoué à Autun.
Bbrgier, professeur au Collège d'Autun.
XVJ MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Berthier Ernest, rue de la Sablière, au Creusot.
Bertrand E., professeur à la Faculté des sciences de Lille, 6, rue
d'Alger, à Amiens (Somme).
Beurton-Vieillard, négociant à Liernais (Côte-d'Or).
Docteur Bidault Paul, 85, rue Vannerie à Dijon.
Bidaut Pierre, préposé en chef de l'octroi d'Autun.
Bigeard René, à Nolay (Côte-d'Or).
Docteur Billout, médecin à Autun.
Blanvillain Alexandre, artiste, 54, rue Lamartine, à Paris.
Bligny-Cottot, libraire à Autun.
Bligny, industriel à Autun.
Bois Désiré, assistant au Muséum, secrétaire rédacteur de la Société
nationale d'horticulture de France, 15, rue Faidherbe, à Saint -
Mandé (Seine).
Boisseau Paul, employé aux usines du Creusot.
Bonifacb Henri, ancien percepteur à Autun.
Bonjban Antoine, percepteur à Mesvres.
Bonnard, rentier, rue de Chalon, au Creusot.
Bonnetête Hector, conserv. des hypothèques à Limoux (Aude).
Bonnin (l'abbé), professeur de sciences au petit séminaire d'Autun.
Bonny, négociant en bois à Saint-Léger-sur-Dheune.
Bontemps, agent d'affaires, rue du Nord, à Montceau-les-Mines.
De Bontin Henri, au château de Bontin, commune des Ormes
(Yonne), et à Autun, rue Jeannin.
Bordaz G., planteur à la Martinique (Sainte-Marie), habitation
Union et en bas.
Bouillot Lois, propriétaire à Saint-Léger-sur-Dheune.
Bourdot Henri (l'abbé), curé à Saint-Priest-en-Murat, par Montma-
rault (Allier).
Bourgeois Eugène, artiste peintre, à Autun.
Bourgeois Cl., fleuriste à Autun.
BOURGBOT Philippe, à Arleuf.
Boutillon Gabriel, notaire à Sully.
Boutillon Jules, propriétaire à Montcenis.
Bouvet, pharmacien à Autun.
Bouveyron Jules, pharmacien à Lagnieu (Ain).
Bouvier, professeur de zoologie au Muséum, à Paris, 39, rue Claude-
Bernard.
Bovet Antoine, agent d'assurances, à Autun.
Braudey, caissier à la recette des finances, à Autun.
Brblaud, géomètre à Mazenay.
Brintet (l'abbé), aumônier du Collège, à Autun.
Briotet, doreur à Autun.
Brossard, directeur de la Société Générale à Autun.
Brosse, ingénieur en chef des mines à Epinac.
Bûcheron Léon, ingénieur, sous-chef du dépôt des machines du
P.-L.-M., à Nîmes.
Bulliot J.-G., *, I. Q, président de la Société Éduenne, à Autun.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. XVÎj
Calignon, rentier à Autun.
Cambray Antoine, ingénieur aux Thelots, près Autun.
Camusat J., ingénieur aux hauts fourneaux du Creusot, 2, rue de
Dijon.
C an dore T Jean, entrepreneur, 152, route de Couches, au Creusot.
Canet, notaire à Autun.
Canet Louis, rue Cocand, à Autun.
Car dot Jules, briologue à Stenay (Meuse).
Carion Emile, A. Q, conseiller général à Armecy, près Toulon-sur-
Arroux.
Carrion J.-M., instituteur à Marly-sous-Issy.
Chagnot Charles, propriétaire à Chissey-en-Morvan.
Vicomte de Chaignon Henry, $fc, au château de Condal, près Cui-
seaux (Saône-et-Loire), et 44, rue Guérin, à Autun.
Chambrun, pharmacien au Creusot.
Changarnier Emile, architecte à Chalon-sur-Saône.
Chanliau Gabriel, propriétaire à Saint-Symphorien-de-Marmagne.
Chanlon, contremaître au Creusot, 5, rue de Chalon.
Chantelot, ancien négociant, aux Gravières, près Toulon-sur-
Arroux.
Chappé Guillaume, négociant à Moulins-Engilbert.
Charmasse (de) Anatole, vice-président de la Société Eduenne, à
Autun.
Charollois René, peintre à Autun.
Charollois, professeur d'arboriculture, horticulteur-pépiniériste, au
Creusot.
Châtain, vétérinaire à Autun.
Château, instituteur à Bourg-le-Comte, près Marcigny.
Chaumont Marcel, agent d'assurances à la Guiche (Saône-et-Loire).
Chaumonot Alfred, percepteur à Montcenis.
Chevalier Jean, rentier à Paris-l'Hôpital.
Chevalier Joseph, rentier à Autun.
Chevalier J.-B., entrepreneur à Autun.
Chevalier René, négociant à Autun, rue de la République.
Chevalier, directeur de la Grande Tuilerie à Saint-Symphorien-lès-
Autun.
Chevailler (l'abbé), curé à Saint-Martin-de-Commune, par Couches.
Chevrier Charles, représentant de commerce, à Autun.
Chopin, menuisier à Autun.
Chubilleau Eugène, ingénieur à Saint-Pierre, près Laval.
Clair Albert, agronome à Saint-Émiland (S.-et-L.).
Clair-Dumoulin, rentier à Autun.
Clément Charles, rentier à Autun.
Clerc E., quincaillier à Autun.
Cochet Auguste, rentier, 9, rue Dufraigne, à Autun.
Cochet Emile banquier à Toulon-sur-Arroux.
Gognet Louis-Joseph, avoué à Autun.
TOME XIII. b
Xviij MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Collette Paul, fabricant de produits chimiques à Nevers.
Collin J.-B., banquier à Autun.
Collot Jules, négociant en bois, à Autun.
Commode René, représentant de commerce à Autun.
Constant A., villa Niobé au Golfe- Juan (Alpes-Maritimes).
Coqueugniot, imprimeur à Autun.
Coqueugniot, huissier à Montcenis.
Cornu, propriétaire au Creusot, rue des Écoles.
Cortet Paul, pharmacien à Alligny-en-Morvan (Nièvre).
Cortet- Rousseau, négociant à Alligny-en-Morvan (Nièvre).
Coste Etienne, maître de forges, à Lacanche (Côte-d'Or).
Cottard Lazare, propriétaire à Saint-Pierre-lès-Autun.
Cottin Lazare, inspecteur du Conservateur au Creusot.
Cougnet Alphonse, directeur de l'usine à gaz à Autun.
Courreau Lazare, facteur de pianos à Autun.
Docteur Courtois Léon, médecin à Saulieu.
Creusevault, relieur à Autun.
Crbusvaux Alfred, à Arnay-le-Duo.
Croizier Henri, avoué à Autun.
Dameron. négociant en vins à Autun.
Daviot Hugues, A. Q, ingénieur, licencié es sciences à Gueugnon
(Saône-et-Loire).
Dechaume François, banquier à Autun.
Docteur Dechaume-Montcharmont, médecin à Étang.
Déchelette Joseph, à Roanne.
Deffoux Louis, 2, rue Larrey, à Paris.
Dejussieu Ernest, capitaine au 14e chasseurs à Dôle (Jura).
Dejussieu François, imprimeur-libraire à Autun.
Dejussieu Michel, imprimeur-libraire à Autun.
Delacour Théodore, membre de la Société botanique de France, 70,
rue de la Faisanderie, à Passy-Paris.
Demonmerot Emile, notaire à Autun.
Demontmerot Charles, notaire honoraire à Autun.
Derdaine, limonadier à Autun.
Deseilligny, au château de Mont-d'Arnaux, commune de Broyé.
Desh aires Paul, propriétaire à Marcigny (Saône-et-Loire).
Desmoulins, horticulteur à Pierrefîtte, près Autun.
Dessendre Edmond, propriétaire aux Daumas, commune de Mesvres.
Dessertenne, négociant, rue d'Allier, à Moulins.
Dessoly J.-L., propriétaire et conseiller municipal au Creusot.
Destival, ingénieur, directeur des Houillères à Epinao.
Desvernay Maurice (comte), au château de Chenevoux, par Néronde
(Loire).
Develay Louis, négociant à Autun.
Devenet, pharmacien au Creusot.
Devieux, hôtel de la Gare, à Autun.
Devillerdeau Jules, 5, rue Léopold-Robert, à Paris.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. XIX
Devillebichot, président du tribunal civil à Autun.
Docteur Diard G., médecin au Creusot.
Docteur DiGOY, médecin à Saint-Léger-sous-Beuvray.
Dirand Eugène, mécanicien-fondeur, premier adjoint à Autun.
Doin Octave, libraire-éditeur, 8, place de l'Odéon, à Paris.
Douhéret Gaston, géomètre-expert à Montcenis.
Douhéret Marcel, professeur de philosophie au lycée de Montluçon.
Drake del Castillo, #, 2 rue Balzac, à Paris.
Drillien, charcutier à Autun.
Drouhin Félix, propriétaire à Cirey-lès-Nolay (Côte-d'Or).
Druard Philippe, au château de la Défriche, près Toulon-sur-
Arroux (Saône-et-Loire).
Dubois Léon, pharmacien à Autun.
Duchemain Charles, au château du Pignon-Blanc, commune de
Brion (Saône-et-Loire).
Duchêne Louis, à Saint-Martin-lès-Autun.
Dumontet Louis, géomètre aux usines du Creusot.
Dupuis L., chef de bureau aux usines du Creusot, avenue de Chan-
liau.
Durand, ingénieur, directeur des mines à Montchanin.
Drioton Clément, à Dijon.
Fauconnet, sculpteur à Autun.
Fauconnet Louis, rentier à Autun.
Faure Michel, avocat à la cour d'appel, 21, quai Fulchiron, à Lyon.
Fesquet Joseph, mécanicien-électricien à Autun.
Flageollet (l'abbé), curé à Rigny-sur-Arroux.
Flèche C, entrepreneur à la mine au Creusot.
Fliche Paul, $fr, professeur à l'École forestière de Nancy, 9, rue
Saint-Dizier.
Folin, juge au tribunal civil d'Autun.
Formant Henri-Célestin, atelier de moulage du Muséum d'Histoire
naturelle, 55, rue de Buffon, à Paris.
Fourneau Joseph, ingénieur des mines à la Chazotte, pr. St-Etienne.
Fournev, contrôleur des mines au Creusot.
Franchet Louis, céramiste au Golfe-Juan (Alpes-Maritimes).
Frérot Lazare-Étienne-Joseph, commis-principal, chef de poste des
contributions indirectes à Semur (Côte-d'Or).
Gadant René, receveur de l'enregistrement à Autun.
Gagnepain, préparateur au Muséum, 22, avenue d'Italie, à Paris.
Docteur Gaillard, médecin au Creusot.
Gallay, pharmacien à Toulon-sur-Arroux.
Garnier J.-M., aux Garriaux, commune de Saint-Eugène (S.-et-L.).
Gaudry, propriétaire à Saint-Nizier-sous-Charmoy (S.-et-L.).
Gaunet-Laplante, Nouvel Hôtel à Autun.
GaUTHEY Henri, restaurateur à Autun.
XX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Gauthier Pierre, maire de Saint-Pantaléon.
Gautron ou Coudray (vicomte), au château de Grandry, par Sainte-
Péreuse (Nièvre).
Gendre Marc, instituteur à Broyé.
Genty Paul-André, botaniste à Dijon, 45, rue Garibaidi.
Gérard, négociant à Autun.
Docteur Gérard, médecin au Creusot, 54, rue d' Autun.
Gérardin, professeur au Collège d'Autun.
Gillot, correspondant du chemin de fer à Autun.
Gillot Joseph, étudiant à Zurich.
Gillot E.-L., O #, lieutenant-colonel d'artillerie, directeur du ser-
vice des Forges, 5, rue Sainte-Beuve, à Paris.
Gireau, conducteur principal des ponts et chaussées à Saint-Juiien-
sur-Dheune.
Giroux Louis, mécanicien dentiste à Autun.
Givry, maître d'hôtel au Creusot.
Glaziou A. -F. -M., 46, chemin du Parc, au Bouscat (Gironde).
Gloria (l'abbé), aumônier du Saint-Sacrement à Autun.
Gobey, photographe à Autun.
Goulot Jean-Marie, droguiste à Autun.
Gournay (de), 4, rue Chauchat, à Paris.
Gouthièrb, négociant au Creusot.
Graillot Antony, négociant à Autun.
Graillot Félix, ingénieur à Montereau.
Graillot Léon, négociant à Autun.
Graillot J. -M., directeur des contributions indirectes à Montbrisson.
Grappin, I. Qy principal du Collège à Autun.
Grézel Louis, A. 0, professeur au Collège d'Autun.
Grillot Henri, étudiant en médecine, 8, quai d'Orléans, à Paris.
Docteur Griveaud Louis, médecin à Paray.
Gubnard Ernest, architecte à Autun.
Docteur Gueneau, médecin à Laroche-en-Brenil, (Côte-d'Or).
Gubuneau, négociant à Dezize (S.-et-L.).
Guichard, notaire au Creusot.
Guillbmaut Lucien, sénateur, à Paris, 62, boulevard Saint-Germain.
Hadet, inspecteur principal de l'exploitation des chemins de fer
P.-L.-M. à Dijon.
Hbnriot, rentier à Autun.
Docteur HouzÉ, médecin à Cussy-en-Morvan.
Hua, 254, boulevard Saint-Germain, à Paris.
Huet, artiste peintre à Autun.
Humbert Jules, mécanicien à Autun.
Jacob, pharmacien à Château-Chinon.
Jacquin, pharmacien de 1" classe, à Chalon-sur-Saône.
Jardot, peintre au Creusot, rue de Montchanin.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. XXJ
Jarlot James, notaire à Autun.
Jarlot Jean, banquier à Autun.
Jeannet, banquier à Autun.
Jeannet, greffier de justice de paix à Toulon-sur-Arroux.
Jeannin-Mangematin, entrepreneur à Autun.
Jouet Gaston, I. if, préfet de la Vienne, docteur en droit, à Poitiers.
Jolivot René dit Joseph, 8, quai du Vault, à Lille (Nord).
Jonchery Emile, sculpteur, 28, rue d'Alésia, à Paris.
Jondeau, instituteur à Chagny.
Jossier Lucien, administrateur délégué de la Compagnie générale
de Navigation H.-P.-L.-M., 28, boul. de la Contrescarpe, à Paris.
Jouvel Léon, employé à la mine du Creusot.
Jumart Joseph-François, graveur-dessinateur, 12, rue Grognard, à
Lyon.
Lachot, instituteur à Magny-la-Ville, par Semur (Côte-d'Or).
Lacomme Emmanuel, juge au tribunal civil d'Autun.
Lacomme Léon, A. Q, docteur en droit à Mesvres.
Docteur Laguille, #, médecin à Autun.
Laguille Henri, propriétaire à Antully.
Lahaye François, cafetier à Autun.
Lahaye Louis, cafetier au Creusot.
Docteur Lallier Alphonse, médecin à Tannay (Nièvre).
Landrot-Contassot, ferblantier au Creusot.
Langeron Maurice, étudiant en médecine, 11, rue Férou, à Paris.
Lapret L., chef du service de la régie du domaine des usines, au
Creusot.
Larchbr-Deguin, conseiller municipal à Autun.
Larmjnat (Henri de), président de la Société d'agriculture d'Autun,
au château de la Cour-de-Sommant.
Larue-Duverne fils, relieur à Autun.
Docteur Latouche Frédéric-Ferdinand, médecin à Autun.
Laurent, inspecteur des enfants assistés de la Seine, rue des
Marbres, à Autun.
Lebègue, confiseur à Autun.
Lebrun Edouard, préparateur au Muséum, 57, rue Buffon, à Paris.
Lecomte, professeur au lycée Saint-Louis, 14, rue des Ecoles,
à Paris.
Lbnoblb Noël, propriétaire à Antully.
Lenoble-Theuriet, propriétaire à la Coudre, commune d'Auxy.
Letort, avocat à Autun.
Lbtort, pharmacien à Autun.
Levier, horloger, cité Antoine, par Montchanin-les-Mines.
Lhommb db Mbrcby, à Mercey, près Cheilly (S.-et-L.).
Lignier Octave, professeur de botanique à la Faculté des sciences
de Caen, 70, rue Basse.
Louvernier, professeur à l'École primaire supérieure de Cluny.
Xxij MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Magnien, sénateur, 2, boulevard Raspail, à Paris.
Maître Alfred, receveur des postes au Creusot.
Malord Claudiufl, architecte à Autun.
Malloizel Godefroy, sous-bibliothécaire au Muséum, 7, rue de
l'Estrapade, à Paris.
Mangematin-Follot, ancien négociant à Autun.
Mangematin-Girard, négociant à Autun.
Mangin Louis, O. #, docteur es sciences et professeur au lycée
Louis-lo-Grand, 2, rue de la Sorbonne, à Paris.
Marchal Ch., instituteur, 17, rue de Strasbourg, au Creusot.
Marchand, instituteur, 31, rue de Dijon, au Creusot.
Marchand, pharmacien à Autun.
Marconnrt, industriel à Autun.
Maréchal Jules, instituteur adjoint à Montcenis.
Mariotte Christophe, tapissier à Autun.
Marlot Hippolyte, à Arleuf (Nièvre).
Maron Albert, 13, rue du Charnier, à Nevers.
Martet Alexandre, imprimeur au Creusot.
Martin Emile, agréé à Autun.
Martin Félix, sénateur, à Paris, 36, rue des Bernardins.
Martin, serrurier à Autun.
Martinon Lazare, à Autun.
Marze, $f, chef de bataillon au 22e régiment d'infanterie à Gap.
Masson Georges, $fc, libraire-éditeur, 120, boulevard Saint-Germain,
à Paris.
Mauchien E., négociant à Autun.
Mazeron, receveur des finances à Autun.
Menant Emile, avoué à Autun.
Menni Jean-Ulrich à Devay, près Decize (Nièvre).
Mercier Bertrand, industriel à Autun.
Merle Antoine, notaire à Montcenis.
Meunier, entrepreneur à Autun.
Michaud-Chevribr, ornithologiste à Autun.
Miédan, ancien pharmacien, 10, rempart Saint-Pierre, à Chalon-
sur-Saône.
Millet Léon fils, rentier à Lucenay-l'Evêque.
Millot Lucien, 14, boulevard Morland, à Paris.
Millot René, industriel à l'Isle-sur-Serein (Yonne).
Miron François, ingénieur civil, 83, rue de la Tour, à Paris.
Moissenbt Victor, ancien banquier à Autun.
Monnerat Eugène, propriétaire à la Marolle, au Creusot.
Montcharmont, conseiller général à la Grande-Verrière.
Montmartin L., employé aux usines du Creusot.
Montmort (comte de) Jean, 15, rue de Siam, à Paris.
Montpillard Fernand, A. 0, micrographe, 22, boulevard Saint-
Marcel, à Paris.
Moreau Henri, vétérinaire inspecteur à Chàtillon-en-Bazois.
MEMBRES DE LÀ SOCIÉTÉ. XXiij
Moreau J.-B., négociant, 14, boulevard du Guide, au Creusot.
Morbl Louis, conducteur de la voie à Montchanin.
Morel, professeur de philosophie au collège d'Autun.
Moriot, instituteur à Gannay-sur- Loire (Allier).
Morot Louis, I. Q, docteur es sciences naturelles, assistant au
Muséum, 9, rue du Regard, à Paris.
Mouillon, juge de paix à Bligny-sur-Ouche (Côte-d'Or).
Mouron, banquier à Toulon-sur-Arroux.
Moynot, ingénieur aux usines du Creusot, 44, rue des Écoles.
Nan, ingénieur, directeur des mines de Villebœuf, 8, place de
l'Hôtel-de-Ville, à Saint-Étienne.
Nectoux, négociant en vins à Autun.
Nidiaut J., dessinateur au Creusot, maison Vincent, route de
Couches.
Nié-Vantet, propriétaire à Chassagne (Côte-d'Or).
Ninot Edmond, propriétaire à Saint-Léger-sur-Dheune.
Noblat Jean, négociant à Autun.
Nougaréde, ingénieur, 24, rue Pradier, à Nîmes.
Nourry Dominique, négociant à Autun.
Nulbt, receveur d'octroi à Autun.
Olivier Alexandre, marchand de fers à Autun.
Ormezzano Quentin, entrepreneur à Marcigny.
Ozanon Charles, propriétaire à Saint-Émiland, par Couches-les-
Mines.
Paillard Joseph, négociant à Autun.
Paillard Louis, négociant à Autun.
Paquis, avoué à Autun.
Paris Paul, vérificateur des poids et mesures à Autun.
Parmbntier Paul, A. $}, docteur es sciences naturelles, chargé de
cours à la Faculté des sciences de Besançon, 14, avenue de Fon-
taine~d'Argent.
Passier Albert, maire à Chissey.
Pasteur, ancien commissaire-priseur à Amiens.
Patron Félix, agent voyer d'arrondissement faisant fonctions
d'ingénieur ordinaire, en retraite, à Autun.
Pautbt, libraire au Creusot.
Pelletier Gustave, ancien bijoutier à Autun.
Pelletier Jérôme, inspecteur à la comptabilité centrale des che-
mins de fer P.-L.-M., à Paris, 20, boulevard Diderot.
Pelux, adjoint au maire à Auxy.
Périer Germain, avocat, député, conseiller général, maire d'Autun.
Pbrnot Ernest, A. Qy professeur au Collège d'Autun.
Docteur Perraudin, pharmacien, 70, rue Legendre, à Paris.
Perreau Louis, fabricant de cierges et bougies à Santenay.
Perriault Emile, négociant à Autun.
Xxiv MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Pkrrigueux, jardinier à Autun.
Perron, plâtrier à Autun.
Perruchot, 17, rue de l'Arquebuse, à Autun.
Perruchot René-Marie, instituteur en retraite à Auxy.
Perrucot C, quincaillier à Autun.
Pessey dit Fontaine, négociant en vins à Autun.
Petit, instituteur à Tavernay.
Pettit A., docteur es sciences, 60, rue Saint-André-des-Arts, à Paris.
Pidaut Emile, rentier, faubourg Saint-André, à Autun.
Pinard, agent voyer à Étang.
Pitavy, notaire au Creusot.
r
Pitois Etienne, rue aux Cordiers, à Autun.
Pitoiset, pharmacien à Autun.
Poirault Georges, docteur es sciences, directeur de la villa Thuret,
à Antibes.
Poirson Paul, imprimeur à Autun.
Pons Edouard, chef de service à Margenne, près Autun.
Porte P., ébéniste à Autun.
Pouillevet Georges, banquier à Autun.
Pouly, agent voyer à Couches-les-Mines (Saône-et-Loire).
Prisse d'Avennes Emile, homme de lettres, 26, rue d'Alésia, à Paris.
De Quercize Eusèbe, à Lucenay-l'Evêque.
Quesnel, huissier à Autun.
Quincy Ch., journaliste à Chalon-sur-Saône.
Quincy, ingénieur à la mine au Creusot, 13, rue Saint-Henri.
Racouchot Henri, maître d'hôtel à Autun.
Ragot J., ancien industriel à Autun.
Rasse, négociant à Autun.
Râteau Gustave, négociant à Autun.
Raymond, ancien ingénieur en chef des mines de la Société du
Creusot, au château de laPorte,àSaint-Symphorien-de-Marmagne.
Raymond Maurice, ingénieur des arts et manufactures, au château
des Moreaux, commune de Brion, par Autun.
Docteur Rebillard, médecin au Creusot.
Régnier E., notaire à Roussillon.
Régnier Jules, #, ancien président du tribunal de commerce de
Dijon, 16, place d'Armes, à Dijon.
Rémond F., ingénieur, 1, Pelayo, à Barcelone, Espagne.
Renaud aîné, négociant à Autun.
Renaud Francis, charpentier à Autun.
Renaud Louis, négociant â Autun.
Repoux Léopold, à la Ferrière, commune d'Anost.
RérOlle Louis, directeur du musée à Grenoble.
Réty, imprimeur, 37, rue Gambetta, à Meulan (Seine-et-Oise).
Reyssibr Joseph, négociant à Autun.
Ridard Philippe, négociant en vins â Santenay.
MEMBRES DE LÀ SOCIÉTÉ. XXV
Rigollot François, ancien libraire à Autun.
Rion, mécanicien à Autun.
Rivet, instituteur à Autun.
Docteur Rochet, médecin au Creusot.
Rocquigny-Adanson (G. de), au château de Baleine, près Villeneuve-
sur-Allier (Allier).
Rodary Paul, propriétaire à Monthelon.
Général Roidot Albert, O. #, chef d etat-major du 15e corps, 36, rue
Nicolas, à Marseille.
Rondelbux, industriel à Buxières-les-Mines (Allier).
Rougemont J.-M., horticulteur-pépiniériste à Pierrefitte, près Autun.
Rousselet Charles, pharmacien à Cublize (Rhône),
flânai?!- £Vu*A,<l, L%\cÎ<ÙAjlcAjl À Oa^aa^i .
Saint-Girons, 71, rue de l'Université, à Paris.
Saint-Innocent (comte de) Gabriel, à Sommant.
Baladin, ingénieur principal aux usines du Creusot.
Salin Pierre, ingénieur aux mines de la Machine (Nièvre).
Sauron Henri, à Anost.
Sauzay Joanny, ancien notaire à Chalon-sur-Saône.
Sauzay Marc, négociant à Autun.
Sauzay Maurice, négociant à Autun.
Sauzay Paul, négociant à Autun.
Schneider Eugène, maître de forges au Creusot.
Sebillb (l'abbé), curé-archiprêtre à Lucenay-l'Evôque.
Sebille (l'abbé), curé-archiprêtre à Issy-l'Évôque.
Seguin Adrien, négociant à Autun.
Docteur Seguin Louis, médecin à Autun.
Seguin, cafetier, cordonnier à Auxy.
Séminaire (petit) d'Autun.
Silvestrb J.-B., doreur à Autun.
Sirdey, chef de gare en retraite à Autun.
Société physiophile, à Montceau-les-Mines.
Soudan Edouard, chef de gare de remplacement à Autun.
Tacnet, à Santenay (Côte-d'Or).
Taragonet Paul, quincaillier à Briennon (Yonne).
Thbvenet, orfèvre à Autun.
Thbvenin Armand, préparateur de paléontologie au Muséum à
Paris, 43, boulevard Henri IV.
Thibault, rentier à Autun.
Thomeret Jules, à Arnay-le-Duc.
Tissier Emile, entrepreneur à Autun.
Toussaint Victor, #, ingénieur, 39, boulevard de la Trémouille, à
Dijon.
Tremeau Louis, entrepreneur, rue de la République, au Creusot.
Trbmeau de Rochebrunb Alphonse, docteur en médecine et assis*
tant au Muséum, 106, rue Monge, à Paris.
XXV j MEMBRES DE LÀ SOCIÉTÉ.
Troussard Georges, avoué à Àutun. f
Trunel, directeur des Verreries à Épinac (Saône-et-Loire).
Tupinier, pharmacien à Autun.
Varry, directeur de l'École publique, boulevard Saint-Quentin, au
Creusot.
Vary Jules, pelletier à Autun.
Vaudelin Fr., ancien notaire à Couches.
Vauthier Jean-Louis, pharmacien, 96, rue du Chemin- Vert, à Paris.
Verdbreau J.-B., rentier à Autun.
Vergniaud Louis, libraire à Autun.
Vermorel, bijoutier à Autun.
Viard Claude, ancien négociant, adjoint au maire à Autun.
Vieillard Eugène, chapelier à Autun.
Vincenot, huissier à Couches.
Virgille (de), négociant à Autun.
MEMBRES CORRESPONDANTS. XXVlj
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM.
Bazin, instituteur à Villy-le-Moustier, par Corberon (Côte-d'Or
Bbllet Daniel, 80, rue Claude-Bernard, à Paris.
Bodet, instituteur à Oyé (Saône-et-Loire).
Bonnet, professeur d'agriculture et de viticulture à Nolay.
Boule Marcelin, #, assistant au Muséum à Paris.
Budin, instituteur à Saint-Léger-sous-Beuvray.
Caillot Paul, à la Croix-Brenot.
Canelle Jules, ingénieur des mines à Valenciennes (Nord).
Changarnier, A. y, conservateur des musées de Beaune.
Charpy, instituteur à Sennecey-le-Grand.
Chevalier, instituteur à Saint-Jean-de-Trézy (Saône-et-Loire).
Collot L., professeur à la Faculté des sciences de Dijon, 4, rue
du Tilk*.
Cottin (abbé), curé à Saint-Sernin-du-Plain.
Dblhommeau, inspecteur primaire, 9, rue Rolland, à Dinan (Côtes-
du-Nord).
Dubois Claude, instituteur à Donzy-le-National.
Dupaquier, professeur à l'École préparatoire supérieure de Nolay.
Durand, instituteur à Couches.
Français, instituteur à Saint-Léger-sous-Beuvray.
François, instituteur à la Chapelle-sous-Uchon.
Goublet, rédacteur au ministère de l'Instruction publique, 30, rue
du Faubourg-Saint- Jacques, à Paris.
Le Directeur de l'institution des Frères des Ecoles chrétiennes à
Autun.
Jacquet, instituteur à Charriez, par Vaivre (Haute-Saône).
Jacquier, ingénieur, directeur des mines de Sablé (Sarthe).
Janet Charles, ingénieur des arts et manufactures, lauréat de l'Ins-
titut, 83, faubourg Saint-Jacques, à Beauvais.
Lassimonne S.-E., secrétaire-trésorier de la Revue scientifique du
Bourbonnais, buffet de .la gare, à Moulins (Allier).
Lebèoue Henri-Albert, enseigne de vaisseau.
Le Directeur des mines du Bois-d'Asson, par Voix (Basses-Alpes).
LIard, directeur du personnel de l'enseignement supérieur et des
Sociétés savantes, à Paris.
Malo Léon, ingénieur, directeur des mines de Pyrimont-Seyssel(Ain).
Massot Joseph, ingénieur, directeur de la Société anonyme de Las
Minas de Apatita de Jumilia, à Agramor, province de Albacète
(Espagne).
Maujean, directeur de l'Ecole de Loire à Nevers.
XXVlij MEMBRES CORRESPONDANTS.
Meunier Benoît, instituteur adjoint à Couches.
Moniot Simon, instituteur à Saint-Aubin, par Chassagne-Montrachet.
Morot Charles, inspecteur municipal de la Boucherie à Troye.
Mouillé, instituteur à Savilly (Côte-d'Or).
Nectoux A., conseiller de préfecture à Privas.
Œhlert, correspondant de l'Académie des sciences, conservateur
de la bibliothèque et du musée de Laval (Mayenne).
Olivier Ernest, directeur de la Revue scientifique du Bourbonnais,
à Moulins (Allier).
Oustalet, professeur de mammologie et d'ornithologie au Muséum,
55, rue de Buffon, à Paris.
Parât (l'abbé), curé de Bois-d'Arcy (Yonne).
Pector Eugène, consul général plénipotentiaire en France de Sal-
vador, 3, rue Rossini, Paris.
Pérot Francis, A. ^, 44, rue du Jeu-de-Paume, à Moulins (Allier).
Pochon, ingénieur, directeur de l'usine à gaz de Tarare.
Privey Paul, I. Q, principal du Collège de Dôle.
Raquin Alfred, instituteur à la Comelle.
Renault Maurice, commis principal de 1™ classe des contributions
et douanes à Papeete, Tahiti (Océanie).
Henoux (l'abbé), curé de Lavoine, par Ferrières-sur-Sichon (Allier).
Revenu Louis, à la Selle- d'Auxy.
Rigey, instituteur à Curgy.
Saint-Arroman (de), O. $*, chef du premier bureau au ministère de
l'instruction publique, 11, rue de Verneuil, à Paris.
Sauvage H.-E., docteur, directeur de la station aquicole de Bou-
logne-sur-Mer (Pas-de-Calais), 39 bis, rue Tour-Notre-Dame.
Sorgubs, instituteur à Vitry-en-Charollais (Saône-et- Loire).
Terrillon, instituteur à Planay (Côte-d'Or).
Thibullen Adrien, 72, rue d'Assas, à Paris.
Treney, instituteur en retraite à la Baume, par Pouilly-en-Auxois
(Côte-d'Or).
Vince, instituteur à Saint-Gervais-sur-Couches, par Nolay.
Viturat (l'abbé), à Saint-Agnan (Saône-et-Loire).
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. XXix
SOCIETES CORRESPONDANTES
SOCIÉTÉS FRANÇAISES
Ain.
Bourg. — Société d'émulation et d'agriculture de l'Ain.
» — Société des sciences naturelles et d'archéologie de l'Ain.
» — Société des naturalistes de l'Ain.
Allier.
Moulins. — Société d'émulation de l'Allier.
Alpes (Hautes).
Gap. — Société d'études des Hautes-Alpes.
Aube.
Troyes. — Société académique d'agriculture, des sciences, arts et
belles-lettres de l'Aube.
Aude.
Car cas sonne. — Société d'études scientifiques de l'Aude.
Aveyron.
Rodez. — Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.
Bouches-du-Rhône.
Marseille. — Faculté des sciences de Marseille.
» — Institut colonial de Marseille.
Calvados.
Gaen. — Société Linnéenne de Normandie.
Chare n te-Inférieu re.
La Rochelle. — Académie des belles-lettres, sciences et arts de la
Rochelle.
Rochefort. — Société de géographie, d'agriculture, lettres, sciences
et arts de Rochefort.
Côte-d'Or.
Dijon. — Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.
» — Société d'horticulture et viticulture de la Côte-d'Or.
Semur. — Société des sciences naturelles et historiques de Semur.
Deux-Sèvres.
Niort. — Société botanique des Deux-Sèvres.
Doubs.
Besançon. — Société d'émulation du Doubs.
Eure-et-Loir.
Châteaudun. — Société Dunoise.
XXX SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Gard.
Nîmes. — Société d'étude des sciences naturelles de Nîmes.
Gironde.
Bordeaux. — Société Linnéenne de Bordeaux.
Hérault.
Béziers. — Société des sciences naturelles de Béziers.
Montpellier. — Société d'horticulture et d'histoire naturelle de
l'Hérault.
Isère.
Grenoble. — Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie.
» — Société de statistique des sciences naturelles et des
arts industriels du département de l'Isère.
Loir-et-Cher.
Vendôme. — Société archéologique, scientifique et littéraire du
Vendômois.
Blois. — Société d'histoire naturelle de Loir-et-Cher.
Loire.
Saint-Élieune. — Société de l'industrie minérale.
Loire- Inférieure.
Nantes. — Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France.
Lot.
Gahors. — Société des études littéraires, scientifiques et artistiques
du Lot.
Maine-et-Loire.
Augers. — Société nationale d'agriculture, sciences et arts d'Angers.
» — Société des études scientifiques d'Angers.
Manche.
Salut-LÔ. — Société d'agriculture, d'histoire naturelle et d'archéo-
logie de la Manche.
Cherbourg. — Société des sciences naturelles et mathématiques de
Cherbourg.
Manie.
Reims. — Société d'étude des sciences naturelles de Reims.
Meuse.
Montmédy . — Société des amateurs naturalistes du nord de la Meuse.
Puy-de-Dôme.
Clermont. — Société des amis de l'Université de Clermont.
Rhône.
Beaujeu. — Société des sciences et arts du Beaujolais.
Lyon. — Muséum d'histoire naturelle.
» — Société d'anthropologie de Lyon.
» — Société botanique de Lyon.
Tarare. — Société des sciences naturelles.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. XXXJ
Saône-et-Loire.
Autun. — Société Éduenne.
Chalon-sur-Saône. — Société des sciences naturelles de S.-et-L.
Mftcon. — Académie de Mâcon.
» — Société d'histoire naturelle de Màcon.
Tournas. — Société des amis des arts et des sciences de Tournus.
Matour. — Société d'études agricoles, scientifiques et historiques
de Matour.
Savoie.
Chambéry. — Société d'histoire naturelle de Savoie.
Seine.
Paris. — Muséum d'histoire naturelle.
» — Société d'anthropologie de Paris.
» — Société botanique de France.
» — Société de spéléologie.
d — Société du Club alpin français.
» — Société géologique de France.
» — Société philomatique de Paris.
» — Société zoologique de France.
Seine-Inférieure.
Elbeuf. — Société d'étude des sciences naturelles d'Elbeuf.
Rouen. — Société des amis des sciences naturelles de Rouen.
Somme.
Amieus. — Société Linnéenne du nord de la France.
Territoire de Belfort.
Belfort. — Société belfortaine d'émulation.
Vienne (Haute).
Limoges. — Société botanique du Limousin.
Rochechouart. — Société des amis des sciences et des arts de
Rochechouart.
Vosges.
Épinal. — Société d'émulation des Vosges.
Yonne.
Auxerre. — Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne.
SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES
Afrique.
Congo. — Musée de l'Etat indépendant du Congo.
Alsace-Lorraine.
Strasbourg. — Société des sciences, agriculture et arts de la
Basse-Alsace.
Amérique du Nord.
Philadelphie. — Académie des sciences naturelles de Philadelphie.
Saint-Louis. — Académie des sciences de Saint-Louis.
» — Jardin botanique du Missouri.
Washington. — Smithsonian Institution.
XXXij SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Amérique du Sud.
Brésil. — Revista do museu Paulista à San-Paolo.
Paragay. — Muséum national de Montevideo.
La Piata. — Musée national de Buenos-Ayres.
Mexico. — Instituto geologica de Mexico.
— — Societad Cientifica « Antonio Alzate ».
Belgique.
Bruxelles. — Société royale botanique de Belgique.
» — Société belge de géologie, de paléontologie et d'hy-
drologie.
» — Société royale malacologique de Belgique.
Egypte.
Le Caire. — Comité de conservation des monuments de l'art arabe.
Italie.
Milan. — Société cryptogamique.
Luxembourg.
Luxembourg. — Société botanique du grand duché de Luxemboug.
» — Société des naturalistes luxembourgeois.
Russie.
Moscou. — Société impériale des naturalistes de Moscou.
Odessa. — Société des naturalistes d'Odessa.
St-Pétersbourg. — Société des naturalistes de Saint-Pétersbourg.
Suisse.
Berne. — Société helvétique des sciences naturelles.
Colre. — Société d'histoire naturelle de Ooire.
Frlbourg. — Société des sciences naturelles fribourgeoises.
Lausanne. — Société Vaudoise des sciences naturelles.
Zurich. — Société des sciences naturelles de Zurich.
0.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
AVEC LESQUELLES LA SOCIÉTÉ EST EN RELATIONS D'ÉCHANGES
Feuille des Jeunes naturalistes : directeur M. Adrien Dollfus,
35, rue Pierre-Charron, à Paris.
Revue scientifique du Bourbonnais : directeur M. Ernest Olivier,
à Moulins.
Revue bryologique : directeur M. Husnot, à Cahan, par Athis (Orne).
Revue des travaux scientifiques, publiée par le comité des travaux
historiques et scientifiques au ministère de l'instruction publique.
Le Naturaliste : directeurs Dkyrolle fils, à Paris, 46, rue du Bac.
Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, publié par
M. Alfred Giard, professeur en Sorbonne et maître de conférences
à l'École normale supérieure.
Herbier Boissier continué par M. W. Barbey, à Chambesy, près
Genève.
Journal de Conchyliologie, publié par MM. H. Crosse et P. Fischer.
CATALOGUE RAISONNE
DBS
PLANTES PHANÉROGAMES & CRYPTOGAMES
INDIGÈNES
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE
(canton d'ax-les-thermes, etc.)
PAR
W* et Alex. MARCAILHOU-D'AYMÉRIC frères.
•*•
DEUXIÈME PARTIE
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
Le manuscrit de la première partie de notre Catalogue
raisonné venait à peine d'être terminé, lorsque la mort
prématurée de notre digne et regretté frère, collaborateur
bien-aimé, est venue interrompre nos travaux ; aussi avons-
nous assumé avec appréhension la tâche difficile de parfaire
seul l'œuvre commune, à l'aide de matériaux amassés
depuis plus de quinze années, et le soin de la publier? Notre
excellent collègue, M. le Dr Gillot, dans la Notice biogra-
phique placée en tête de cet ouvrage et consacrée à l'abbé
Marcailhou-d'Ayméric, a retracé à grands traits la vie si
bien remplie de ce digne prêtre, qui n'a pu voir, hélas ! la
terminaison et le succès de son œuvre botanique. Qu'il
reçoive ici l'expression de notre sincère gratitude.
Dans la deuxième partie de ce Catalogue raisonné nous
avons dressé méthodiquement et aussi exactement que
TOME XIII. 1
2 OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
possible l'inventaire des plantes indigènes du bassin de la
haute Ariège. Quelques erreurs do détermination ont dû
être commises, mais quel botaniste pourrait se flatter de
n'avoir pas d'erreur dans son herbier? Nous avons eu
cependant l'inappréciable avantage de la revision des
espèces critiques ou litigieuses de notre riche collection
végétale par des botanistes compétents. Nous citerons :
1° pour les phanérogames, Timbal-Lagrave et A. Huet qui
ne sont plus de ce monde ! et MM. G. Rouy, Foucaud,
Dr Gillot, C. Arvet-Touvet (genre Hieracium), G. Gautier,
0. Debeaux, A. Le Grand, abbé Boulay et Sudre (genre
Rubus), F. Crépin (genre Rosa); 2° pour les cryptogames :
MM. F. Renauld et L. Corbière [Muscinêes), abbé Olivier et
frère Saltel [Lichens), frère Jules Bel [Champignons), etc.
La plupart de ces botanistes sont venus herboriser à Ax-les-
Thermes; nous avons eu le plaisir de les accompagner dans
leurs excursions et la bonhe fortune de soumettre à leur
visa les espèces critiques de notre herbier qui comprend
plus de 60,000 parts étiquetées avec soin et intoxiquées,
mais au nombre desquelles nous comptons de multiples
duplicata. C'est la solide base de notre Catalogue, car aucune
indication de localité n'a été insérée sans posséder le végétal
qui lui correspond.
L'énumération des familles, des tribus, des genres, des
espèces, etc., a été faite d'après la méthode d'A.-L. de
Jussieu modifiéo et complétée par A.-Pyr. de Candolle, en
y opérant de légers changements commandés par la marche
de la science. Malgré ses imperfections, cette classification
est la plus simple de toutes ; elle a été adoptée d'une
manière générale par MM. Rouy et Foucaud dans leur
récente Flore de France^. Nous n'omettrons pas de tenir
1. Flore de France ou description des plantes qui croissent spon-
tanément en France, en Corse et en Alsace-Lorraine. Cinq volumes
ont paru do 1893 à 1899.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 3
compte des travaux d'anatomie végétale de nature à modi-
fier sensiblement la place de certaines familles et de cer-
tains genres.
Suivant l'exemple donné par Ad. Engler, de Berlin, et
par d'autres Aoristes allemands et suisses très scrupuleux
dans l'application des lois de la nomenclature, nous don-
nons aux familles les désinences acées (du latin aceae),
réservant ées (eae), idées (idae), inées (inae) pour les tribus et
les sous-tribus.
Pour quel motif maintenir, en effet, à la suite des bota-
nistes de l'ancienne école, les dénominations défectueuses
Violariées, Cistinées, Polygalées, Caryophyllées, etc., qui ne
répondent à rien, au lieu de Violacées, Cis lacées, Polygala-
céesy Caryophyllacées, etc. ? Cependant, comme à toute règle
il y a des exceptions, on peut laisser subsister d'après
l'usage : Crucifères, Ombellifères, etc., au lieu de Cruciacéest
Ombellacées, etc. , même ces derniers noms seraient-ils plus
logiques ?
La Botanique n'étant pas une science de mots mais de
faits, nous nous sommes abstenu le plus possible de modi-
fier les noms génériques et spécifiques, suivant en cela les
préceptes du code de nomenclature adopté par le Congrès
international de botanique tenu à Paris, au mois d'août
1867, sous la présidence d'Alph. de Candolle. j
La clarté dans la nomenclature étant le but à poursuivre
par tout botaniste consciencieux et la fixité des noms un
principe d'ordre supérieur, nous sommes sobre de modi-
fications dans les noms et corrigeons seulement les dési-
nences vicieuses, les expressions incorrectes, en un mot
« les noms fautifs » au point de vue grammatical et
rationnel, comme nous y invite sagement l'article 66 des
1. Lois de la nomenclature botanique (brochure in-8°, Genève et
Paris, 1867) contenant une Introduction historique, les lois proposées
et un commentaire détaillé, rédigées et publiées par Alph. de Can-
dolle.
4 OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
Lois de la nomenclature botanique1. — Ainsi, nous écrirons
Corydaliis, Barbarea, Teesdalea, Pirolay Pirus, Onothera,
Alchemilla, Âdiantum} Allosorus, etc., au lieu de Corydaliis,
Barbarxa, Teesdalia, Pyrola, Pyrus 2, QEnothera, Alchimilla,
Adianthum, Allosums, etc.
Gomme le dit si judicieusement M. le Dr Gillot [Questions
d 'orthographe , lettre à M. Malinvaud) : « Le respect des textes
linnéens ne doit pas tourner au fétichisme et nous faire
accepter sans conteste les erreurs ou les incorrections d'un
homme qui, malgré son talent, ne pouvait être universel
et infaillible, et a trop souvent copié ou assimilé, sans con-
trôle suffisant, les écrits de ses devanciers. On discute
bien encore aujourd'hui, à bon droit et avec profit, les
textes de la Bible ou du Droit romain qui, pendant long-
temps, ont été aussi des arches saintes auxquelles on ne
pouvait toucher sans anathème, et on les corrige, on les
rectifie, on les éclaire à la lumière de l'exégèse et de la
philologie modernes. C'est donc également, à mon avis
encore, un service à rendre à l'œuvre de Linné que de
l'expurger des locutions vicieuses ou erronées, contraires
à l'étymologie et aux règles de la langue latine » 3
Nous sommes entièrement de l'avis de notre distinguo
collègue pour ce qui concerne les questions d'ortho-
1. a Art. 66. Lorsqu'un nom tiré du grec ou du latin a été mal
écrit ou mal construit, ou qu'une erreur sur le genre grammatical
d'un nom a entraîné une désinence vicieuse dans les noms d'espèce,
chaque botaniste est autorisé à rectifier le nom fautif ou les dési-
nences fautives, à moins qu'il ne s'agisse d'un nom très ancien et
passé entièrement dans l'usage sous sa forme erronée. On doit user
de cette faculté avec réserve particulièrement si le changement doit
porter sur la première syllabe, surtout sur la première lettre du
nom. »
2. Pyrus a le double tort d'être une faute d'orthographe puisque
les Latins écrivent Pirus et de sembler transcrire le grec nvpôç
froment, sans compter qu'il fait songer à la pyrotechnie (E. Malin-
vaud).
3. Bull. Soc. bot. de F>\, tome XLV, séance du 28 janvier 1898,
pp. 69 et 70.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 5
graphe technique et de nomenclature ; en rectifiant
l'orthographe de quelques épithètes défectueuses ou des
pléonasmes choquants !, nous évitons ainsi plusieurs de
ces cacographies privilégiées que les botanistes se trans-
mettent religieusement depuis Linné, mais nous acceptons
l'usage, en principe, quand il n'est pas contraire à la logique
et tout en tenant compte des droits d'antériorité.
De plus, nous rectifions au besoin quelques lapsus calami
de Linné, en écrivant Ranunculus acer, Euphorbia hiber-
nica, etc., au lieu de/?, acris, E. hyberna, etc.
Pour ce qui concerne le genre grammatical des noms
génériques, nous avons opéré le moins de changement pos-
sible, en tenant compte des règles du latin, puisque d'après
l'article 6 des Lois de la nomenclature a les noms scienti-
fiques des plantes sont en langue latine » ; par conséquent
toute expression qui viole les règles établies depuis long-
temps dans cette langue scientifique doit être corrigée et
il n'y a pas de raison pour retourner au grec qui est peu
intelligible pour la plupart des botanistes ; cette précision
a son importance pour les désinences masculine, féminine
ou neutre des adjectifs spécifiques, surtout pour les mots
latins dérivés du grec [Lotus, Polygala, Orchis, etc.).
Les grammairiens et les érudits ont victorieusement
démontré que les adjectifs ayant la désinence grecque
oides (de ctâôç «foo? aspect, ressemblance) devront prendre
la terminaison latine oideus, oidea, oideum suivant que le
genre sera masculin, féminin ou neutre. On dit bien ovoi-
deus et non ovoïdes, et Linné lui-même qui a souvent
nommé des plantes ayant la terminaison défectueuse oides,
a cependant créé le Sempervivum arachnoideumf Nous
écrirons donc : Astrocarpus sesamoideus, Radio la linoidea,
Aronicum scorpioideum, etc.
i. Par exemple : Raplianus Raphaniatmm L., Lathrœa Clandes*
tina L., etc.
O OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
La règle posée par M. le Dr Saint-Lager J, au sujet des
noms spécifiques, composés : 1° du radical d'un substantif;
2° de la voyelle de liaison i ; 3° d'un suffixe folius, florus,
formis, fer, etc., est confirmée par le plus récent mémoire
écrit en allemand, traduit en français par le Dr John Bri-
quet et intitulé : Règles de la nomenclature pour les bota-
nistes attachés au Jardin botanique et au Musée royal botanique
de Berlin y par Ad. Engler et ses assistants. Voici la repro-
duction intégrale de l'article 10 du mémoire précité :
« Dans la formation de substantifs ou d'adjectifs latins ou
grecs, la voyelle placée entre les deux racines devient
voyelle de liaison en latin i, en grec o ; on écrira donc
menth-i-folia et non mentli&folia. On ne peut admettre que
le génitif du premier mot entre ici dans la construction du
composé. » *
Par suite, il sera donc plus correct d'écrire Thalictrum
aquilegifolium que T. aquilegiifolium et surtout que T. aqui-
legitvfolium ; de même les adjectifs composés betonicifolius,
veronicifolius, urticifoliusy erucifolius, seront plus corrects
que betonicœfolius, veronicxfolius, urticxfolius, erucxfolius.
Nous pourrions multiplier les exemples.
Au point de vue de la priorité des noms de plantes nous
nous sommes rallié à la condition exigée par les législateurs
réunis en congrès botanique à Paris, en 1867 et 1889, et à
Bologne en 1881 : « Linné est le plus ancien naturaliste ayant
droit à la priorité », et à la plus récente décision votée par le
Congrès botanique international, tenu à Gênes, au mois de
septembre 1892 : « La priorité des espèces datera de 1753 ».
Nous désignerons donc chaque plante par le nom le
1. Un Chapitre de Grammaire à l'usage des botanistes, brochure
in-8°, 23 pages, Paris, 189*2.
2. Bull, de l'Herbier Boissier, tome V, 1897, p. 773. — Dans le
n# 20 de son Journal de botanique, M. Fi. Morot (11e anneo 1897), a
donné aussi une traduction française de ces mômes Règles de
nomenclature, etc.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 7
plus ancien toutes les fois que les droits d'antériorité nous
paraîtront incontestables ; dans les cas douteux nous avons
choisi la désignation la plus généralement connue.
Comme le disait si justement M. Malinvaud (Questions de
nomenclature, etc.), au sujet de la proposition de remplacer
les noms linnéens d'un certain nombre de genres par leurs
synonymes remontant à Tournefort : « On peut sans doute
faire valoir de justes griefs contre beaucoup d'expressions
consacrées par un long usage, elles bénéficient toutefois
de la prescription1, parce qu'il y a avantage en toutes
choses à ne pas revenir indéfiniment sur le passé et à clore
les contestations. Le principe du droit de priorité, si res-
pectable qu'il puisse être, serait impuissant à faire revenir
sur des noms surannés, tels, par exemple, que Bugula et
Tithymalus, dont il serait indispensable de rappeler, ou
plutôt d'apprendre à la plupart des botanistes contempo-
rains, que le premier est synonyme d'Ajuga et le second
à'Euphorbia; n'est-il pas dès lors préférable de conserver
Euphorbia et Ajuga qui n'ont besoin d'aucune leçon? C'est
assurément s'illusionner de croire qu'il ne serait « ni long
ni difficile » d'arriver à faire table rase do noms géné-
riques aussi universellement adoptés que la plupart de ceux
dont il s'agit : Phyteuma, Anchusa, Scutellaria, Lythrum^
Humex, Ononis, etc. Le seul résultat d'une tentative aussi
contraire au sentiment général serait d'ajouter un nouveau
contingent à la synonymie, c'est-à-dire à la pluralité des
noms pour le même objet, qui est le plus grave défaut de
toute nomenclature.2
1. « Aujourd'hui ces abus sont légitimés par cent ans d'usage. Il
y a, comme disent les jurisconsultes, prescription. » (A. de Candolle,
Lots de la nomenclature botanique, lor commentaire, 1867, p. 57.)
2. Bull Soc. bot. Fr.t tome XXXV (1888), p. 138. — M. Malin-
vaud a reproduit cette citation dans son travail intitulé : Questions
de nomenclature. — Citation complétée. — Une divergence d'opi-
nions, et publié dans le Journal de botanique, de L. Morot, n° du
1" décembre 1896.
8 OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
Pour les espèces critiques et différemment interprétées
par les auteurs, nous avons jugé utile d'inscrire à la suite
du nom de la plante et de celui de l'auteur, le titre de
l'ouvrage où cette plante a été décrite, en l'accompagnant,
lorsque c'était nécessaire : 1° de la date de la publication,
pour démontrer les droits de priorité, quand nous mention-
nons plusieurs synonymes; 2° des numéros d'exsiccata
connus ; 3° des figures ou Icônes florx germanicse et helveticv
simul terrarum adjacentium, ergo medix Europœ, de Lud.
Reichenbach et II. -G. Reichenbach fils !, lorsque cette publi-
cation, ces exsiccata et ces figures nous paraissaient repré-
senter exactement la plante que nous possédions. Les espèces
linnéennes polymorphes ont été accompagnées d'indications
générales au sujet de leur démembrement, en plus petits
caractères que le texte ; nous avons aussi mentionné les
propriétés des plantes médicinales, et ajouté, à la suite de
certaines plantes rares, méconnues ou litigieuses, leurs
caractères distinctifs, leurs variations secondaires, souvent
avec notes critiques et remarques personnelles, leur mode
d'interprétation par les auteurs et quelquefois aussi des
généralités sur leur aire de dispersion dans les Pyrénées, etc.
Les noms des tribus et des genres ont été imprimés en
caractères gras ; pour éviter à première vue toute confu-
1. Vingt-deux volumes de cette importante publication, imprimée
à Liepzig et basée sur le Flora germanica excursoria (2 vol. in-12,
1830-1832), de Ludovic Reichenbach, ont seulement paru de 1834
à 1884; les volumes I-XII ont été édités par H. -G. -Ludovic Reichen-
bach, directeur du Jardin botanique de Dresde, décédé en mars 1879,
et les volumes XIII-XXII, par II. -Gustave Reichenbach fils, direc-
teur du Jardin botanique de Hambourg, décédé le 6 mai 1889. Nous
possédons la collection complète de tout ce qui a paru, et attendons
prochainement l'envoi du volume XXIII (sous presse) où sont
figurées les Onagrariées, Crassulacées, Saxifragées, Grossulariées,
etc. Nous savons aussi, de source certaine, que le volume XXIV
renfermant les autres familles manquantes, et le volume XXV ou
dernier, contenant les Rosacées par le Dr P. Grœbner attaché au
Muséum botanique de Berlin, sont en préparation.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 9
sion dans la valeur et l'appréciation des espèces types ou
primordiales, des espèces secondaires ou sous-espèces, des
formes et des variétés, nous avons adopté des caractères
typographiques différents , mais en n'employant des
numéros d'ordre que pour les espèces types. Quant aux
espèces subspontanées, naturalisées, adventices, cultivées,
qui ont l'avantage de fournir des indications précieuses
pour la géographie botanique, nous les mentionnons sans
numéro d'ordre. Il en est de même des hybrides que nous
faisons précéder du signe X.
Nous n'avons point indiqué de localités, mais seulement
des stations générales pour les espèces très communes.
Pour faciliter aux botanistes explorateurs de notre con-
trée la recherche de certaines plantes rares, nous avons
eu soin de marquer avec la précision voulue la station des
plantes, c'est-à-dire le milieu qu'elles affectionnent. Nous
indiquons la durée et l'époque de la floraison, V habitat du
végétal (nature du sol où il croît) lorsque ce renseignement
est utile, le degré d'abondance ou de rareté d'une plante
et l'altitude à laquelle elle végète1. Sauf pour les plantes
rares ou intéressantes nous n'indiquerons pas les altitudes
de la zone inférieure.
Ax-les-Thermes, 10 juillet 1899.
Hle Marcàilhou-d'Ayméric.
1. Les altitudes indiquées se rapportent toujours au-dessus du
niveau moyen de la mer.
10 SIGNES ET ABRÉVIATIONS.
Explication des signes conventionnels adoptés
et des principales abréviations. <
CC. plante très commune.
C. — commune.
AC. — assez commune.
AR. — assez rare.
R. — rare.
RR. — très rare.
Ces signes indiquent le degré de fréquence ou de rareté sur tout
le territoire de notre florule.
! signe de certitude.
? — de doute.
X hybride.
«, /3, 7, 3, etc. ... indiquent les numéros d'ordre des formes, des
variétés, etc. * sous-entendu est le type de
l'espèce.
ap apud (dans, chez).
auct auctorum (des auteurs).
Ax Ax-les-Thermes. *
éd., ed édition, editio.
emend emendatus (corrigé, modifié).
ex de, d'après.
exsicc exsiccata (collection de plantes sèches publiée
avec n° d'ordre).
(excl.) (à l'exclusion de).
forma forme.
f. ou fig figure.
fl. fr fleur, fruit.
FI. franc Flore française.
1 . Nous n'avons pas dressé la liste abréviative des noms d'auteurs ou de collec-
teurs. Ces abréviations existent dans la plupart des Flores que tout botaniste doit
posséder. Nous citerons : la Flore de France de MM. Rouy et Foucaud, tome I
(1893), pp. lxvii à lxxi, les Tableaux synoptiques de la, Flore de France de MM. G.
Donnier et de Layens (1894), pp. 399 et 400, la Nouvelle Flore française de Gilcl
et Magne, etc.
2. Par décret présidentiel du 24 décembre 1888, le nom d'Ax a été changé en
celui d'Ax-les-Thermes.
SIGNES ET ABRÉVIATIONS. 11
FI. de Fr Flore de France.
herb herbarium (herbier).
ic.y illustr icon (figure, image), illustrations.
le. fi. germ Icônes flores germaniese et helveticœ de Rei-
chenbach.
/. c. ou loc. cit... loco citato (passage cité).
in dans, chez.
in lit t in littera (dans une lettre).
mult multorum (de plusieurs).
non non (négation); ainsi Fumaria densiflora DC.
non Pari, signifie que de deux plantes portant
le même nom, l'une de de Candolle, l'autre
de Parlatore, c'est la première que nous avons
en vue.
n° numéro d'ordre.
op. cit opère citato (ouvrage cité).
pp pages.
(pr.p.)ou(pr.part.) pro parte (pour une partie seulement).
{pr. sp.) pro specie (pour une espèce).
sec secundum (selon, d'après).
sp. nov species nova (espèce nouvelle).
subspec subspecies (sous-espèce).
t. ou tab tabula (planche).
var., s. var varietas (variété), sous-variété).
vulg vulgo (vulgairement).
z. inf zone ou région inférieure (630m-1000œ).
z. subalp — subalpine (1000»- 1800»).
z. alp — alpine (1800»-2400»).
z. niv — nivale (2400»-2850»).
12 PUBLICATIONS BOTANIQUES.
LISTE
DE NOS PUBLICATIONS BOTANIQUES1
$ 1. — Publications botaniques
d*Ht* et d'Alex. Marcailhou - d'Ayméric frères.
1° Un Hieracium nouveau pour la flore française (H. cryp-
tanthum Arv.-Touv. et Marc.-cTAym.), Revue de bota-
nique, ou Bulletin de la Soc. fr. de bot., Toulouse,
impr. Vialelle, t. IX, 1891, pp. 29-31.
2° Une Liliacée nouvelle pour la flore française (Gagea
puymaurensis Marc-d'Aym.), Rev. de bot., IX, 1891,
pp. 229-230, Toulouse, impr. Vialelle.
3° Note rectificative sur le Gagea puymaurensis Marc-
d'Aym. (Rev. de bot., IX, 1891, pp. 291-293, Toulouse,
impr. Vialelle).
4° Un Taraxacum nouveau pour la flore française (T. hyose-
ridifolium Arv.-Touv. et Marc-d'Aym.), Rev. de bot.9
X, 1892, pp. 650-652, Toulouse, impr. Vialelle.
5° L'Erigcron frigidus Boiss. dans les Pyrénées françaises
(Rev. de bot., X, 1892, pp. 675-680, Toulouse, impr.
Vialelle).
6° La Société française de botanique à Ax-les-Thermes,
session extraordinaire tenue du 17 au 24 août 1892%
programme, etc. (Ax-Thermal du DrDresch, 4e année,
n° 31 , mercredi 10 août 1892, Foix, impr. Gadrat aîné).
1. Nous comprenons sous ce titre non seulement les travaux pure-
ment botaniques, mais encore ceux où il est secondairement question
de la science de Flore.
PUBLICATIONS BOTANIQUES. 13
7° Compte rendu des excursions de la Société française
de botanique : ir# excursion, 18 août, au lac de
Naguilles; 2e excursion, 19-20 août, au port de Pail-
lères, etc. (Ax-Thermal, n°35, mercredi 31 août 1892) ;
3e excursion, 22-23 août, à la caserne des mines de
Puymaurens, aux sources de r Ariège et aux monts
frontières de l'Andorre (Ax-Therrnal, n° 36, mercredi
7 septembre 1892, Foix, impr. Gadrat aîné).
8° Excursion botanique au port de Saleix, canton de
Videssos, Ariège (Rev. de botanique, tome XI, 1893,
pp. 419-431, Toulouse, impr. Vialelle et Perry).
9° Le Subularia aquatica L., les Isoetes Brochoni Motelay
et lacustris L. dans les lacs du bassin de la haute
Ariège et du bassin limitrophe de Lanoux (Pyr-Or.) ;
une variété remarquable du Carex sempervirens Vill .
(C. semperv. var. aurigerana Marc.-d'Aym.). Notes lues
à la session de la Société française de botanique, à
Ax-les-Thermes, le 18 août 1892, aux bords du lac
de Naguilles, et le 20 août 1892, dans la cabane-
abri du port de Paillères (Rev. de bot., tome XII,
1894, pp. 302-311, ou pp. 64-73 du fascicule spécial
de la session extraordinaire).
10° Catalogue général des plantes phanérogames et cryp-
togames cellulo-vasculaires, observées ou récoltées
par les membres de la Société française de botanique
dans le bassin de la haute Ariège (Rev. de bot., XII,
1894, pp. 323-414, ou pp. 85-176 du fascicule spécial
de la session extraordinaire).
11° Les Onagrariées du bassin de la haute Ariège (Monde
des plantes, de M. H. Leveillé, rev. bimens. illustr.,
organe de l'Acad. intern. de géogr. bot., 3e année,
n° 35, 1er mars 1894, le Mans, impr. Ed. Monnoyer).
12° Le Vieux Château de Montgaillard,prèsde Foix (Ariège).
Histoire. Géologie. Botanique (Ax-Thermalt 7e année,
n° 57, 14 août 1895, Foix, impr. Gadrat aine).
14 PUBLICATIONS BOTANIQUES.
13° Supplément aux Onagrariées du bassin de la haute
Ariège [Monde des plantes, de M. H. Leveillé, 7e année,
2e série, n' 97, 1er décembre 1897, pp. 43-46 et
n° 98, 1er janvier 1898, pp. 50-51, le Mans, impr.
Ed. Monnoyer). 1
§ II. — Publications botaniques d*H*« Marcailhou-d'Ayméric.
1° Excursion botanique en Andorre les 13 et 14 août 1888
[Feuille des jeunes naturalistes, n°219, 1er janvier 1889,
pp. 33-35; n° 220, 1er février 1889, pp. 48-49; n° 221,
1er mars 1889, pp. 57-62, Paris, typ. Oberthur; —
Revue des Pyrénées et de la France méridionale, tome I,
fasc. 3e, 1889, pp. 332-352, avec carte hydrogra-
phique et routière de l'Andorre, Toulouse, impr.
Douladoure-Pri vat) .
2° Excursion botanique au lac de Lanoux et au pic Car-
litte (Pyr.-Or.), les 29, 30 et 31 juillet 1888, en colla-
boration de M. A. Galissier [Rev. des Pyr.y etc.,
tome II, fasc. 3, 1890, pp. 573-587). 2
3° Excursion botanique aux montagnes de Prades (Ariège),
le 10 juin 1889 [Revue de botanique ou BulL de la Soc.
fr. de bot., tome VII, 1889, pp. 200-208, Toulouse,
imprim. Vialelle).
4° Excursion botanique au pic de S '-Barthélémy (Ariège),
les 16 et 17 août 1889 [Rev. de bot.t tome VIII, 1890,
pp. 257-264, impr. Vialelle).
5° Une Espèce nouvelle pour les Pyrénées [Hieracium
glanduliferum Hoppe), Rev. de bot., tome VIII, 1890,
pp. 308-309, impr. Vialelle.
1. Ce travail avait été rédigé en juillet 1897, quelques jours à peine
avant la mort prématurée de notre frère et collaborateur bien-aimé.
2. Plusieurs erreurs typographiques regrettables se sont glissées
dans ce travail, par suite du manque d'envoi des épreuves à corriger.
PUBLICATIONS BOTANIQUES. 15
6° Excursion botanique au Llata, au col de Joux et au cap
du Larguis (Ax-Thermal du Dr Dresch, 2# année,
n° 12, 31 juillet 1890, et n° 13, 7 août 1890, Foix,
impr. Gadrat aine).
7° Excursion botanique aux mines de Puymaurens, aux
sources de l'Ariège et aux crêtes frontières de
l'Andorre (Ax-Thermal, 5e année, n°* 41-44 des 16,
23 et 30 août et 6 septembre 1893, Foix, impr.
Gadrat aine).
8° Excursion botanique dans les Pyrénées franco-espa-
gnoles; de Salau à Luchon par le val d'Aran (Bull.
de la Soc. Ramond, xxxie année, 26 série, tome I,
3e trimestre 1896, pp. 151-172, Bagnères-de-Bigorre,
impr. D. Bérot).
9° Première Ascension au pic de Serrère (291 lm), limite
de la France et de l'Andorre. Description. Panorama.
Géologie. Flore> etc. (Bull. Soc. Ramond, xxxii6 année,
2e série, tome II, 1er trimestre, 1897, pp. 5-23, impr.
D. Bérot).
10° Contribution à la flore de l'Andorre. Ascensions au
puig de Coma-Pedrosa (2946m) et au puig dels
Pessons (2865m) (Bull. Soc. Ramond, xxxin6 année,
28 série, tome III, 1er trimestre, 1898, pp. 28-58,
impr. D. Bérot).
11° Le Biscutella lucida DC. acquis à la flore française
(Monde des plantes, de M. II. Leveillé, 7° année,
fascicule n° 100, 1er mars 1898, pp. 97-98, le Mans,
impr. Ed. Monnoyer).
1 2° Les Pedicularis pyrenaica Gay , mixta Gren . , rostrata L . ,
des Pyrénées et leurs affinités (Monde des pla?ites,
7e année, n° 101, 1er avril 1898, pp. 102-107, le Mans,
impr. Ed. Monnoyer).
13° Une Ascension au pic de Brasseil (2220m). Description.
Géologie. Flore, etc. (Ax-Thermal, 10° année, n° 82,
30 juillet 1898, Foix, impr. Gadrat aîné).
16 PUBLICATIONS BOTANIQUES.
14° Le Massif de Tabe : Description. Panorama. Géologie.
Flore. Altitude. Légendes. Itinéraires divers, etc.
(Bull. Soc. Rarnond, xxxin* année, 2* série, tome III,
3e trimestre 1898, pp. 172-202, impr. D. Bérot).
15° Aperçus généraux sur la Flore du Japon (Monde des
plantes, 8e année, 3e série (du n° 112, mars 1899, au
n° 121, décembre 1899, passim), le Mans, typogr. Ch.
Monnoyer).
16° Coexistence des lsoetes et des Truites dans la plupart
des lacs de l'Ariège, des Pyrénées-Orientales et de
l'Andorre (Mémoire communiqué au 37e Congrès des
Sociétés savantes, tenu à Toulouse, du 4 au 8 avril
1899, imprimé dans le volume de ce Congrès, section
des sciences; publié aussi dans le fascicule n° 6,
juin 1899, du Bull, de la Soc. centr. d'aquiculture
et de pêche, pp. 184-191, Paris).
17° Observations sur les Anémone alpina et sulphurea L.
(Bull, de l'Association française de botanique, 2e année,-
n° 18, juin 1899, pp. 141-144, le Mans, typogr.
Ch. Monnoyer).
18° Le Montcalm et le pic d'Estats (3080ra et 3141m) : Des-
cription. Panorama. Géologie. Flore. Altitude. Folle
des Pyrénées. (Doit paraître dans la XXXVe année,
2e série, tome V, 1900, du Bulletin de la Société
namond, à Bagnères-de-Bigorre, impr. D. Bérot.)1
1. Le manuscrit a été adressé au président de la Société Ramond,
le 28 juin 1899.
Embranchement I.
PHANÉROGAMES
(Linné).
Classe I.
DICOTYLÉDONES
(Jussieu).
Sous-Classe I. — THALAMIFLORES (de Candolle).
Famille I. — RENONCULACÉES (Jussieu).
Tribu 1. — Clématidées (de Candolle).
Genre : Glematls L.
1 — C. Vitalba L. CC. Haies, bords des chemins,
murs, etc., de la z. inf. — Juin-août.
Notre type correspond à la var. integrata DC. (pr. spec.) Prodr., I,
p. 4, à folioles entières ou très peu dentées. Malgré nos actives
recherches nous n'avons pu rencontrer dans notre région la var.
crenata Jord. (pi\ sp.) in Bill. Annot. fl. de Fr. et d'Allem. p. 12, et
Diagn. p. 21, qui s'en distingue seulement par ses folioles crénelées.
La Clématite vigne-blanche est très irritante et même révulsive à
l'état de complet développement ; ses feuilles appliquées sur la peau
produisent des plaies superficielles et son suc acre est vanté contre
le cancer. Néanmoins les rameaux feuilles et les jeunes pousses
sont impunément mangés par le bétail.
Tribu 2. — Anémonées DC.
Tballclrum L.
2 — T. aquilegifolium L. — C. Bois, prés couverts,
lieux ombragés, bords des torrents, etc., de la z. inf. jus-
qu'à la z. alp. — Juin à sept., suivant l'altitude.
Nos exemplaires d'herbier (33 localités) ont été récoltés
de 6201" (bords de l'Ariègo à Perles), jusqu'à 2050111 (pelouses
sur le lac bleu du Nagear), et principalement : dans les
vallées du Nagear et de l'Ariège (Mérens, l'Hospitalet); à la
tome xiii. 2
18 PLANTES INDIGÈNES
fontaine du Draze t ; à la jasso du lac de Naguilles ; dans la vallée
latérale d'Orgeix ; dans la haute vallée de la Lauze, etc.
Suivant la juste remarque de Timbal-Lagrave et Jeanbernat (Mas-
sif du Llaurenti, p. 134 du tirage à part), cette plante « varie dans
les Pyrénées et souvent Ton rencontre côte à côte diverses formes
de cette espèce très variable dans ses caractères secondaires. Ainsi
les étamines sont tantôt d'un blanc-jaunâtre, tantôt plus ou moins
bleues; les lobes des feuilles sont plus ou moins profonds et la taille
offre des variations considérables. Ces modifications disparaissent
rapidement par quelques essais de culture et ne méritent certaine-
ment pas l'importance que certains botanistes ont cru devoir leur
donner. » Ce sont, on effet, de simples lusus dont on ne saurait
tenir compte.
Var. umbelliforme Costa., Ampl. ad Cat. pi. de Cataluna%
1873, p. 2!; Willk. et Lange Prodr. fi. hisp., III, 1880,
p. 955; Rouy. et Fouc. FI. de Fr., I, p. 9.
AR. Prairies, bois et pelouses de la z. subalp.; s'élève
aussi dans la z. alp. — Juillet-octobre.
Vallée latérale d'Orgeix, sous la jassedu Ressec (1350m);
bois de Fontfrède de Prades, bords du chemin forestier
(1370m); l'Hospitalet, rive droite de TArioge, en amont du
pont Cerda (1570m); plan incliné de la Llatte sous le col
de Puymaurens (1825m), etc.
Elle est quelquefois mélangée au type, dont elle diffère surtout
par sa panicule plus fournie, ses fl. presque en ombelle et les
lobes des feuilles plus profonds, à peine crénelés.
3 — T. Jacquinianum Koch. — Nous ne possédons pas
le type, mais la forme suivante :
T. pyrenaicum Jord. (pr. sp.), Diagn. esp. noui;., 1864,
p. 29 1. — R. Pelouses sèches et roch. cale, ou schisto-calc.
des z. subalp. et alp. — Juillet-août.
t. Àl. Jordan (op. cit.) l'indique : *< Pyrenœis contralibus circa Darèges, Ereslid,
Aiguecluse, ubi copiosissime legi et in pluribus aliis locis Pyrenaoorum inde spe-
cimina habtii. » Ce botaniste la rapproche du T. oreiles et ajoute comme obser-
vation importante : « le T. saxatile DC, Syst., I, p. 168. comprend aussi cette
espèco ; elle a été rapportée pareillement au T. saxalile dans la FL de Fr., de
MM. Grenier et Godron.. »
DU BASSIN DE LA HAUTE ÀRIÈGK. 19
Sous le signal de Caussou, vers le vallon de l'Ourza (1 770m) ;
col des Scaramus (181 0m) au N. du Roc de même nom, mon-
tagnes de Prades; Roc-Blanc, versant du vallon de Bax-
ouillade (2250m). — Nos exemplaires ont été vérifiés par
M. G. Rouy, en août 1890.
MM. Rouy et Foucaud FI. de Fr., I, p. 16, indiquent le Th. pyre-
naicum Jord. « au pech de Foix », d'après M. Oiraudias ; les exem-
plaires que nous possédons de cette localité sont d'un vert plus foncé,
à folioles plus étroites et plus acutiuscules, à inflor. plus étalée, etc.
Ces modifications proviennent sans doute des différences d'altitude,
d'exposition, de station, etc. Nous n'avons pas observé de différences
sensibles entre nos exemplaires du bassin de la haute Ariège et les
spécimens de cette même plante dans l'herbier Timbal-Lagrave,
récoltés par ce botaniste, en juillet-septembre 1850, « à la montagne
d'Esquierry près de Bagnères-de-Luchon. »
Anémone L.
4 — A. vernalis L. ; Pulsatilla vemalis Mill. — C. Pâtu-
rages à sol siliceux des z. alp. et niv. — Fin mai à juillet,
suiv. l'altitude.
Nos exemplaires (46 localités) ont été récoltés de 1870ra
(pelouses du sarrat de Fontfrède vers Mateport), à 2800m
(éboulis granitiques du signal de Lasqueille ou pic occi-
dental de la Font-Nègre), et principalement : dans les mon-
tagnes situées au S.-O. d'Ax; au port de Paillères; dans
les montagnes d'Orlu, de Mérens et de l'Hospitalet; àPuy-
maurens (col, mines et pic) ; aux crêtes de la Solana d'An-
dorre (mont Maya, pic S. d'Ortafa), etc. C'est Tune des
premières fleurs qui apparaissent à la fonte des neiges.
5 — A. sulphurea L. Mant. pi. lre édit. (1767), p. 78,
n# 23; A. apiifolia* Scop., FI. carn. éd. 2 (1772), n° 663,
p. 385, et Wulf. in Jacq. Miscell. austr. 2 (1781), t. IV, p. 47 !
1. Le radical d'apium est api; il faut donc écrire A. apiifolia et non àpifolia, la
Toyelle i serrant de liaison entre le radical &pi et la désinence folia.
20 PLANTES INDIGÈNES
A. myrrhidifolia var. /3. Vill. Hist. pi. Dauph., 3 (1789).
pp. 727 et 728; Puisât Ma Burseriana Rchb.. /3 lutea (Puis,
lutea G. Bauhin, Pin. 177), Flor. exours. 2 (1832), p. 733,
n° 4654; Puis, apiifolia Rchb. lcon. fl. germ.% IV (1840), t. LI,
f. 4654/8. — Exsicc. Soc. dauph., n° 2727. — C. Pâturages
et roch. siliceux (terrains granitiques et schisteux) des
z. alp. et niv. — Fin mai à fin août, suivant l'altitude. Nos
exemplaires (48 localités) ont été récoltés de 1460m
(pelouses aux environs de la fontaine du Drazet), à 2815m
(éboulis schisteux du pic Pédroux Sud), et principalement,
à partir de 1900ra en société de VA. vernalis, dans les
mêmes montagnes.
Dans la note intitulée : Observations sur les Anémone alpina L.
et A. sulphurea L., publiée par nous dans le Bull, de V Associât, fr.
de botanique, 2e année, n° 18, juin 1899, pp. 141-144, nous avons
démontré, par l'étude des caractères comparatifs de ces deux plantes
à l'état adulte, des différences des cotylédons et de l'habitat, « que
VA. sulphurea L. mérite d'être considéré comme une espèce de bon
aloi et non comme une simple variété à fleurs jaunes de VA. alpina
L. » Nous ajouterons que les sépales de cette jolie plante sont d'un
jaune d'autant plus vif que le sol où elle croît est plus siliceux.
6 — A. narcissiflora L. — AC. Pelouses et pâturages
des rochers siliceux et calcaires, dans les z. subalp., alp.
et niv. — Fin juin à mi-août. Nos exemplaires (28 localités)
ont été récoltés de 1720m (éboulis calo. du Roc des Sca-
ramus sur le vallon de l'Ourza), à 2700m (pic de l'Albe, pas-
sage du chasseur), et principalement dans les mêmes mon-
tagnes où Ton rencontre VA. vernalis (Paillères, massif de
la haute vallée d'Orlu, massif de Puymaurens, etc.).
Nous avons rencontré çà et là des formes naines (8-12 cent, de
hauteur), d'autres qui atteignent 25-35 centim. et quelquefois côte à
côte; de plus les tiges sont tantôt à fleurs nombreuses, disposées en
ombelle, tantôt à involucre biflore et même uniflore(var. p. monan-
tha DC. Prodr. I, p. 22). Cette dernière variété n'appartient qu'aux
spécimens nains ou rabougris du type et n'a pas de constance.
DU BASSIN DE LA HAtJTE ARIÈGE. 21
7 — A. ranunculoidea L. — AR. Pelouses, prairies de
la z. inf. jusqu'à la limite de la z. subalp. — Avril-juin. Ax,
prairie de Notre-Dame en face de la gare ; prairies du parc
d'Orgeix et de la rive gauche de TOriège en face du com-
munal d'Orlu; pelouses sous le signal de Caussou (1750m);
éboulis et pelouses du Roc des Scaramus (1800ra), etc.
8 — A. nemorosa L — C. Prairies, bois, taillis de la z. inf.
jusqu'à la z. alp. — Mars à juillet, suivant l'altitude et l'expo-
sition. Nos exemplaires (16 localités) ont été récoltés de 700m
(Ax, prairie de Notre-Dame, en face de la gare), à 2150m
(pelouses près de la fontaine des mines de Puymaurens), et
principalement : au parc de la forge d'Orlu; dans les mon-
tagnes de Prades ; au col de Joux ; au cap de Larguis ; au
port de Paillères, etc.
Cette plante varie pour la grandeur et la coloration de la fleur
suivant les stations ; mais généralement on la rencontre, dans les
z. subalp. et alp., à fl. d'un beau rose.
9 — A. Hepatica L. (1762); Hepatica triloba Ghaix in
Vill. (1786). — CC. Prairies et lieux ombragés de la z. inf. ;
s'élève jusque dans la z. alp. — Mars-août, suiv. l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 20 localités) ont été récoltés de
700m (environs d'Ax, bords du canal de TEsquiroulet), à
2040m (pelouses du bac del More).
Les fleurs de cette espèce, qui varie du bleu, au rose et au blanc,
apparaissent avant les feuilles. La coloration paraît tenir à la nature
du sol, car nous avons observé la couleur rose tendre surtout sur
les calcaires. Cette plante a joui autrefois d'une réputation surfaite
pour guérir les obstructions du foie; elle est maintenant inusitée,
mais comme toutes les Anémones elle renferme un principe actif,
Yanèmonine, qui se dissipe et se détruit par la dessiccation, au point
que les bestiaux peuvent la manger sans danger, à l'état sec.
Tribu 3. — Actseés Rouy et Fouc.
Acttea L.
10 — A. spicata L. — AR. Lieux humides, ombragés,
riches en humus, dans les terrains siliceux de la z. subalp.
22 PLANTES INDIGÈNES
— • Juin-août. Bois des Gouttines, bords de la route de
Prades (1425m) ; bois du Drazet (1450™1) ; vallée du Nagear,
bois de la Grillole, sur les Esquers d'en haut (1470m) ; bois
de Pontfrède de Prades (1480111), etc.
Cette plante, dangereuse pour le bétail, exhale par le froissement
une odeur désagréable; ses baies sont purgatives.
Tribu 4. — Renunculées DG.
Ranunculus L.
Section I. — Batrachium DC.
11 — R. hederaceus L. — Coss. et Germ. AU. fl. paris.
(1845), tab. 1, fig. 1 et 2; Batrachium hederaceum Fries,
Summa veget. Scandi?i. (1846), p. 26. — AR. Mares, fossés de
la z. inf. ; s'élève dans la z. subalp. — Mai à septembre.
Fontaine du vacant communal du Castelet; Ax, fossés de la
route d'Espagne près du pont de la Gailline ; Orgeix, maré-
cages de Bernadel; Mérens, ruisseau du Cargathi, près des
métairies Marchand (1120m), etc.
12 — R. aquatilis L. Spec. pi. édit. 2 (1762), p. 781
(excl. var.) et auct. plur. (pro parte); R. diversifolius Gilib.
Fl. Lithuan. 5, p. 262 (1782) non Schrank Baiersche Flora (1789),
p. 103; Batrachium aquati le Wimm. Fl. v. Schles. (1841).
Cette espèce linnéenne très polymorphe, présente de nombreuses
variations dans la longueur de ses tiges, la forme de ses feuilles
flottantes, les dimensions de ses fleurs, etc.. ; ces variations subissent
l'influence de leur station. Les diverses modifications observées dans
les feuilles dépendent du calme ou de la rapidité des eaux et aussi
de son habitat dans l'eau ou à sec, par suite de la baisse ou de
l'évaporation de l'eau. Suivant la juste observation de M. L. Cor*
bière ' « ce sont là non des variétés, mais des formes temporaires
résultant d'une adaptation de la plante à des conditions physiolo*
giques nouvelles; plusieurs de ces formes peuvent se trouver réunies
sur le même pied. »
1. Nouvelle flore de Normandie, 1893, p. 16.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 23
Nous avons observé dans notre région les deux variétés suivantes
disjointes du groupe du R. aquatilis L. et auct. mult. *
Var. quinquelobus Koch., Syn. éd. 2 (1844), p. 13; R. elon-
gatus Hiern, in Joum of botany (1871), p. 46 et p. 98. Exsicc.
Billot, n° 3802.
RR. — Lac2 de la z. alp. — Août-octobre. Estagnol du
Nagear (1895*), sous le lac Bleu, abondant.
Var. rhipiphyllu8 Bast. (pr. specie) ap. Bor. FI. du Cent.
éd. 3, p. 11 ; Batrachium rhîpiphyllum Dum. — Exsic. Soc.
dauph., n° 4017? Ch. Magnier, FI. sélect., n° 2913. 3
AC. Lacs et torrents des z. subalp. et alp. Fin juillet à
octobre. — Vallée du Mourgouillou : bord du torrent de ce
nom, près de la fontaine des Fièvres (1560ra), très abon-
dant; lac du Comté (1715m), abondant; lac Vidal (2090m), R. ;
lac de Couart (2230ra), R. à son extrémité orientale. —
Vallon du Sisca : extrémité S. du lac de ce nom, RR. —
Vallon de Gnôles : lac de Naguilles (1854m), abondant aux
extrémités N. et S. — Vallée de l'Oriège : lac de Beys,
près de l'île (1950m), AC.
En dehors des limites de notre catalogue, mais sur les confins du
bassin de la haute Ariège nous avons récolté cette môme plante
jusque dans la zone niv. et dans les lacs suivants :
Pyr.-Or. — !• Lacs du bassin de Lanoux : Font-Vive (1860m),
Lanoux (2154m), Rouzet (2l90m), laquet ou estagnol de Coume-d'Or
1. Nos exemplaires ont été vérlÛés par M. Rouy en août 1890, et par M. J.
Foucaud en septembre 1897. L'unique localité ariégeoise du R. elongatus est citée
dans le tome I, p. 65 de la Flore de France de MM. Rouy et Foucaud.
2. Nous préférons employer le mot lac pour désigner les nappes d'eau de nos
montagnes plutôt que le nom impropre d'étang qui figure sur la carte de l'État*
Major au 80,000* et sur la carte de France au 100,000* dressée par ordre du
ministère de l'intérieur; le nom local d'estagnol convient bien pour désigner les
petits lacs ou laquets.
3. Suivant M. Freyn, le savant monographe des Ranunculus, la plante récoltée
par le frère Faustinien aux étangs do Montrond (Loire), distribuée en 1884 par la
8ociètè dauphinoise sous le n* 4017 et nommée Batrachium rhîpiphyllum Dum.,
se rapporte au B. pcllatum (aqualile) var. quinquelobum {R. peltatus Schr. var.
quinquelobus K.) (Note de M. Hervier, in 13° Bull, de la Soc. dauph., 1886, p. 542).
Pour ce motif nous n'avons cité le numéro de cet e.x«icca/a, qu'avec un point de
doute ?
24 PLANTES INDIGÈNES
(2465"); 2° lacs du massif du Carlitte : Soubirans (2310ra), Gouberne
(2285™), Casteilla (2260m), Liât (2160»), Commasa (2l40m), Vivé(2H5») ;
3° lac de la région de Camporeils : lac del Sautadou ou du Saout del
porc (2220m).
Ariège. — Lac de Fontargente (2146œ), sur la limite de l'Andorre.
Andorre. — Vallée du rio Madriu : estanys furcats (2330œ); Coume
des Pessons : estany entravessat (2490m), etc.
Section IL — Ficaria Boise.
13 — R. Ficaria L. Spec. pi. éd. 2 (1762), p. 774 ; Ficaria
vema Huds. Fl. angl. (1762), p. 214 ; Ficaria ranunculoidea
Roth. Tent. fl. germ., I (1788), p. 241, et Mœnch, Meth. pi.
(1794), p. 115. Exsicc. Soc. rochel. n° 2796.
CC. Lieux ombragés et humides, prairies de la zone inf.
sur tous les terrains. — Mars-mai.
Elle peut être mangée comme herbe potagère à l'état cuit, en guise
d'épinards. On l'emploie contre les hémorroïdes, le scorbut et la
scrofule. Les tubercules, qui contiennent un principe acre et irritant,
sont vénéneux; on les a comparés au fie, sorte de tumeur chez les
quadrupèdes, d'où le nom de Ficaria.
Cette plante présente de nombreuses variations, dans la forme et
la grandeur des feuilles, qui sont tantôt entières, crénelées ou den-
tées, ovales, arrondies ou orbiculaires et dont le sinus est formé
tantôt par les lobes rapprochés ou un peu incombants dans les
feuilles inférieures (F. ambigua Bor. Fl. du Cent. éd. 3, II, p. 20)
tantôt divergents (R. Ficaria Jord. et auct. mull); les fleurs varient
aussi beaucoup dans leur grandeur, ce qui a conduit Lamotte (Prodr.
fl. pi. Centr. p. 52), à créer deux variétés : parviflora et grandiflora,
mais tous ces caractères y compris ceux observés sur la couleur et
les taches des feuilles n'ont aucune fixité et on les trouve quelquefois
réunis sur le môme pied; l'humidité plus ou moins grande du
sol et la quantité de calorique, paraissent donner lieu à toutes
ces variations. Nous admettons la suivante, comme sous-espèce
distincte :
Subspec. /?. flcariformi8 * F. Schultz. (pr. specie) Arch.
de FL, p. 123 (1855), p. 297 (1861), et p. 332 (1864); fl. Ffoa-
t. Dénomination plus correcte grammaticalement que R. ficariseformis F. Schultz.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 25
ria L. var. caUhifolius1 Guss. Prodr. Fl. sic, II, 1828, p. 45;
Ficaria grandiflora Robert, Cat. Toulon, 1838, pp. 57 et
112; R. caWnfolius Jord. Observ. fasc. VI, 1848, pp. 2-4;
F. caUhifolia GG. FI. deFr., I, 1848, p. 39 non Rchb. Exsicc.
Soc. dauph., n° 4021 (du Var), n° 4021 bis (de l'Ariège). —
AR. Avril-mai. Ax, bords du ruisseau de la Fouis ou de
Sorgeat, derrière le parc de l'hôtel Boyé, etc.
Elle est caractérisée par la grandeur de ses fleurs (3-5 cent, de
diamètre), ses feuilles presque orbiculaires, larges, épaisses, à bords
entiers ou peu dentés, à lobes très rapprochés ou incombants, et
son aspect plus robuste que celui du R. Ficaria L. La tige est sou-
vent dressée et rameuse.
Dans l'Ariège, cette plante croît à Pamiers, d'où A. Huet Ta
envoyée à la Société dauphinoise pour la distribuer en 1885, sous
le n* 4021 bis, et dans les vignes du pech deFoix, à Flassa, où notre
confrère, M. Giraudias, Ta récoltée abondamment en 1889.
Le F. caUhifolia Rchb. FI. germ. cxcurs., p. 718, n° 4571 et
le. fl. germ., III, fi g. 4571, décrit et figuré par cet auteur sur des
exemplaires récoltés en Dalmatie, s'en distingue par ses feuilles
petites, à lobes très rapprochés à la base, sa tige presque nulle et
son pédoncule scapiforme; d'après Willk. et Lange (Prodr. Fl.
hisp., III, p. 943), cette plante serait spéciale à l'Europe orientale.
Section III. — Leucoranunculus. Boiss.
14 — R. aconitifolius L.
Le type linnéen a été subdivisé par de Candolle en 2 variétés :
Var. « humilia DC. Syst., I, p. 240. — AC. Lieux humides,
bords des ruisseaux de la zone alpine. — Juillet-août. Nos
exemplaires (plus de 20 localités) ont été récoltés de 1810ra
(jasse de las Traouquères sous le Saquet), à 2405m (jonction
des 7 sources de rAriège),ret principalement : dans les mon-
tagnes de Paillères, d'Orlu, del'Hospitalet, de Puymaurens,
de la Solana d'Andorre, etc.
1. Calthifoliuo est plus correct que c<hœfoliut.
26 PLANTES INDIGÈNES
Sauf quelquefois l'absence de dents aux bractées, nos exemplaires
répondent exactement à la description de de Candolle (op. cit.); les
pédicelles sont velus comme dans le type, mais cette variété paraît
n'être que la forme pauciflore et alpine, réduite par l'altitude, du
R. aconitifolius normal.
Var. /3 crassicaulis DC. loc. cit. ; R. heterophyllus Lap.
non Sm. — AC. Prairies tourbeuses, pâturages humides
des z. subalp. et alp. — Juin-août. — Elle est caustique
et vésicante pour le bétail.
Nos exemplaires (plus de 12 localités) ont été récoltés
de 1020ra (vallée du Nagcar, prairies delà Bédeille), à 1680m
(pelouses au bord du ruisseau de Rial, sous le col de Joux),
et principalement : dans la vallée latérale d'Orgeix ; aux
environs de l'Hospilalet ; à la fontaine du Drazet ; dans la
vallée du Mourgouiliou ; dans le vallon de Gnôles, etc.
Cette variété est caractérisée : par ses feuilles palmatiséquées,
à 3-5 divisions, la médiane distincte jusqu'au pétiole, en segments
ovales dentés ; par sa taille élevée, par ses tiges flexueuses ordi-
nairement épaisses et rameuses, formant un corymbe lâche, et
munies le plus souvent dans leur partie supérieure de poils apprî-
mes. — Le caractère attribué aux bractées qui doivent être lancéo-
lées-denticulées n'est pas constant; il en est de môme de la pubes-
cence des pédoncules disparaissant à la maturité de la plante.
Subspec. R. platanifoliu8 L. ; F. Schultz. Herb. norm.
11e cent., n° 1002. R. aconitifolius L., var. platanifolius
Auct. mult. — AR. Bois, pentes herbeuses et sèches, plus
rarement prairies et lieux humides de la z. subalp. ; s'élève
quelquefois dans la z. alp. — Juillet-août.
De Mérens à l'Hospitalet, près des métairies Marchand
(1120m); Bisp d'Orlu, pelouses près de la fontaine de Oaral
(1140m); vallon del Pradel, à i'Eycherque (1470m); sommet
du bois des Fargues (1500m); l'Hospitalet, pelouses entre
les 1er et 2e lacets de la route nationale (1510m); Soulane
d'Andorre, sous la jasse de Baquemorte (1680™) ; bords du
ruisseau d'En-Garcias (1750m), sous le col de Puymaurens;
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 27
les Bizornes sous le Saquet (1770m); schistes du ruisseau de
Costo-Redoun (2,000m) et jasse de Pont-Nègre (2075,u), etc.
Cette plante a été considérée comme une espèce distincte du
li. aconilifolius par Linné, Lapeyrouse, Lecoq et Lamotte, Grenier
et Godron, Reuter, etc., mais beaucoup d'auteurs (de Candolle,
Kock, Reichenbach, Zetterstedt, etc.) l'ont envisagée comme une
simple variété du R. aconitifolius, dont elle se distingue par sa taille
plus élevée, ses tiges plus rameuses, ses fleurs plus grandes portées
sur des pédoncules dressés, grêles et glabrescents, ses feuilles plus
amples, palmatiséquées à 5-7 lobes plus ou moins soudés entre eux,
moins profondément divisés, à divisions plus étroites et plus lan-
céolées, enfin par ses fruits plus gros, à bec plus large et plus droit. 1
Quelques variations intermédiaires rencontrées çà et là servent
de transition entre les H. platanifolius et R. aconitifolius, quoique
ces deux plantes, que nous pouvons considérer comme deux sous-
espèces ou mieux deux races stationnelles d'un môme type ne crois-
sent pas dans les mêmes lieux, ainsi que l'ont déjà fait observer Lecoq
et Lamotte, en 1847, dans leur Catalogue rais, des pi. vascul. du pi.
centr. de la France. Nous lisons en effet, p. 51 du catalogue cité :
« le R. platanifolius habite les pentes herbeuses et sèches des mon-
tagnes; il est rare de le trouver dans les prés humides où il acquiert
de grandes dimensions. Le R. aconitifolius au contraire croit dans
les lieux tourbeux, les bois marécageux, sur le bord des eaux et
descend jusque dans les plaines. » Cette observation est fort juste,
et il nous a été facile d'en contrôler l'exactitude.
15 — R. glacialis L. — Oxygraphis vulgaris Freyn, in
Flora, 1887. — RR. Débris des rochers siliceux do la z. niv.
1. Nous n'aroas pas avec intention cité, pour cette plante, la ligure de Reichen-
bach; d'après cet auteur, il y a eu erreur de transposition de noms, dans ses [cônes
FL germ. et helv., tome III (1838-1839). Nous lisons en effet à la pago 10 de ce
volume : c N* 4585, R. aconitifolius L. Codex 4076. Rchb. FL germ., p. 720 et
0 platanifolius L. Codex 4077, transiro videntur in vice m, sed in tabula, nomina
sunt commutanda, planta sinistra ex alpibus editioribus foliis palmatis, peduneulis
brevibus est H. platanifolius, et dextra H. aconitifolius in moutanis crescens, cujus
folia subdigitata, pedunculi elongati. Utraquo floribus majoribus minoribusvc
occurrit. » Malgré cette observation, passée inaperçue sans doute, les auteurs pos-
térieurs à Reichenbach : Grenier et Oodron (FL de Fr.f I, 1848, p. 28), Lamotte
(Prodn fl. pL centr., I, 1877, p. 46), Rouy et Foucaud [FL de Fr., I, 1893, p. 74),
etc., ont cité dans leurs ouvrages la fi g. 4 Ô85 pour le R. aconilifolius ot la fi g. 4585 p
pour le R. platanifolius.
28 PLANTES INDIGÈNES
— Juillet- septembre. Haute vallée du Mourgouillou,
passade del Cassairé (passage du Chasseur), sur le versant
septentrional du pic de l'Albe, à 2700m d'alt.
C'est la plante nivale par excellence, qui croît près des neiges fon-
dantes et qui est très recherchée par les isards, malgré sa saveur
acre et poivrée. Nous possédons la var. holosericeus Gaud. FI. helv. 3,
p. 528 (à tiges et feuilles plus ou moins abondamment pourvues de
longs poils blancs et mous), de la portella dels Pessons (2780m), en
Andorre, où nous l'avons abondamment récoltée, dans les granités
émiettés, le 20 juillet 1894. Zetterstedt (PL vascul. Pyr. princ, 1857,
p. 5) indique le R. glacialis « sur les moraines de la région glaciale,
auprès des glaciers et des neiges éternelles (2700-3000m) et il cite
plusieurs localités pyrénéennes comprises dans les altitudes ci-dessus
indiquées. M. le comte R. de Bouille, dans son travail sur « le Pic du
Midi d'O&sau ou de Pau (2885m), sa faune, sa flore, etc.1, signale « un
champ de renoncules glaciales broutées par les isards » a, aux pâtu-
rages de Mondeils sur le flanc septentrionnal du pic du Midi, au pied
d'un escarpement, à 2150m d'alt. environ ; mais c'est une exception, et
la plante a dû être entraînée de plus haut par une avalanche, comme
l'auteur nous l'a lui-même affirmé de vive voix.
Section IV. — Thora DC.
16 — R. Thora L.}R.scutatus Waldst.et Kit. — RR. Pâtu-
rages et roch. cale, de la z. subalp. ; s'élève aussi dans la
z. alp. — Juin-juillet. Escarpements du Roc des Scaramus,
au-dessus des éboulis calcaires (1770 et 1780m) ; versant
occidental du pic de Serembarre (1830m).
Var. bû8ilari8 Marc.-d'Aym. in herb. (1887); fl. hybridus
Timb.-Lagr. (1888), non Biria; R. dubius Rouy et Fouc. FI.
de Fr. I (1893), p. 78. — RR. Même habitat que le R: Thora L.
— Juin-juillet.
Éboulis cale, du Roc des Scaramus, sur le vallon de
TOurza (1750m) ; fissures des escarpements cale, du Roc des
Scaramus, au-dessus des éboulis (1770m et 1780m)t Tous
nos exemplaires ont été vus par M. Rouy, en août 1890 1
1. Annuaire du Club Alpin français, 12* volume, 1885, pp. 152-178.
2. Loc. cit., p. 161.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 29
Notre variété est caractérisée par la présence d'une ou rarement
de deux feuilles basilaires 4, réniformes, longuement pétiolées,et par
ses racines grêles, allongées. Nous l'avons déjà observée le 21 juin
4887 et avons soumis nos exemplaires à l'examen de Timbal-Lagrave.
Ce botaniste crut y reconnaître le R. hybridus Biria3 et il publia sous
le titre de Note sur trois plantes intéressantes de la florule d'Ax
(Ariège)3, une notice sommaire sur VHieracium Vahlii Frœl, le
Ran. hybridus Biria et le Myosotis lingulata Lehm. var. glabrescens
Marc.-d'Aym. et Timb. La détermination de Timbal-Lagrave est à rec-
tifier ; en effet : 1° après étude attentive de nos exemplaires récoltés
les 21 juin 1887, 7 juillet 1889 et 9 juillet 1890, tous pourvus d'une
gaine basilaire se prolongeant en un pétiole muni d'un limbe plus
ou moins bien développé; 2° après comparaison avec des exemplaires
authentiques du R. hybridus Biria provenant des pâturages alpins
de Sexten (Tyrol) 2000m environ, legit Huter, 7 juillet 1874, et
de la vallée de Vi tel li( Lombard ie)2200m, 6 juillet 1890 ; 3° après rap-
prochement de la figure 4592 (R. phthora Crantz, synonyme du R.
hybridus Biria d'après Rchb., Koch, etc.) du tome III des Icônes fl.
germ. et helvet. de Reichenbach, nous avons conclu que tous nos
spécimens ne se rapportent point à cette espèce, mais bien à la variété
que nous nommons basilaris pour rappeler le caractère principal et
qui est un synonyme antérieur de cinq ans à la forme dubius Rouy
et Fouc. Fl. de Fr., I, 1893, p. 78.
Le R. hybridus Biria, n'a d'ailleurs pas encore été trouvé en
France; il diffère du R. Thora L.par la présence d'une feuille radicale
longuement pétiolée, subréniforme, incisée en avant et entière sur
les côtés, et par les feuilles caulinaires semblables à la feuille radi-
cale. 4 '
1. D. Boutigny, garde-général des Eaux et Forêts à Lourdes (H.-Pyr.), avait déjà
attiré l'attention de C. Billot sur cette variation du R. Thora lorsqu'il réooltait,
en 1852, pour la 10* centurie du Flora Galliœ et Germaniœ exsiccata (herbier publié
par C. Billot) c un certain nombre d'échantillons de cette espèce avec feuilles
radicales » (Voytz Arch. de la. Fl. de Fr. et d'Allem. de F. Schultz, février 1853,
p. '263), mais sans y attacher de l'importance et considérant sans doute ce caractère
comme accidentel ou instable. Cette anomalie en effet disparait par la culture,
ainsi que J'ont constaté MM. Songeon et Chabert (Herbor. aux environs de C/tam-
bèry, 1896. p. 26).
2. Hist. nat. et mèdic. des Renoncules, p. 38, thèse soutenue à la Faculté de
méd. de Montpellier, en 1813, par le Dr Biria.
3. Rev. de la Soc. fr. de bot. Toulouse, t. VI (1887-1888), p. 213-214.
4. Gr. et Godr. Fl. de Fr., I, p. 26.
30 PLANTES INDIGÈNES
Section V. — Ranuncella Spach.
17 — R. parnassifolius L.1 — RR. Éboulis et rochers
schisteux de la z. niv. — Juillet-août. — Col de Terres
(2410m) et pic de la porteille d'Orlu (2425m); pio de Terres
(2500m), abondant en ce lieu.
Nous n'avons point rencontré la var. pauciflorus DC. Syst. I, p. 244,
Rchb. le. germ. III, fi g. 4579 bis, caractérisée par ses fleurs plus
petites et ses feuilles souvent acutiuscules; elle a été constatée
seulement en Savoie et en Dauphiné. Nous ferons la même remarque
pour la var. angustifolius G. G. FI. de Fr. I, p. 28, que M. Rouy a
nommée R. Luizeti (Bull. Soc. bot. de Fr. t. XL, 1893, p.* 215) et qui
est un hybride des R. parnassifolius et R. pyrenœus> récoltée par
M. Luizet, dans la vallée d'Eynes (Pyr.-Or.) à 2500m d'alt., et au
voisinage des parents. Nous la possédons en herbier de cette même
localité où M. G. Gautier Ta récoltée « le 10 juillet 1894, au contact
du granit et des éboulis schisteux, aux premiers lacets du col de
Nuria. »
18 — R. amplexicaulis L. — RR. Pâturages tourbeux de
la z. alp. — Juillet-août. — Versant oriental de la porteille
d'Orlu (2230m), sur le vallon de Galba; bords du lac Faury
d'en haut (2290m).
En dehors de notre circonscription florale nous avons récolté cette
espèce rare le 12 juillet 1892, dans les pelouses de la rive droite du
lac de Lanoux (2154m), Pyr.-Orient.
Var. uniftorus DC. FI. fr. IV, p. 890. — RR. Pelouses du
port de Fray-Miquel ou d'En-Valira (2460ra), Andorre. —
7 août 1890!
Cette variété, non reconnue par la plupart des auteurs modernes,
est seulement caractérisée par sa tige uni flore et ses feuilles plus
1. Cette orthographe est seule correcte; R. parnà88iifoliu$ et surtout R. parnat-
aiœfolius sont des désinences vicieuses.
2. Lapeyrouse [Hist. abr. pi. Pyr. p. 314), l'indiquera au port de Pail lères » ;
la plante a dû être signalée en cette localité, où nous Pavons vainement cherchée,
par confusion avec une forme à feuilles larges et un peu embrassantes du
H. pyrenœus.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 31
étroites (DC. loc. cit.). Dans notre Catalog. gèn. des p/ianér., etc.
récoltées pendant la session tenue à Ax-Ies-Thermes, en août 1892 ',
nous l'avons désignée par erreur sous le nom de var. humilia DO.
M. G. Gautier dans son Cal. rais, de la fl. des Pyr.-Or., 1898, p. 64, a
rectifié, suivant nos conseils, cette erreur, et il signale cette même
variété comme RR. pour les Pyr.-Or. « dans les tourbières de la
Glèbe, au-dessus du col de Jau ».
19 — R. pyrenœus L.
Cette espèce présente trois variétés principales, que Ton rencontre
assez communément dans notre région et qui diffèrent entre elles
par des tiges uni ou pluriflores, des pédoncules plus ou moins
velus, des fleurs de grandeur variable et des feuilles plus ou moins
étroites.
Var. a bupleurifoliu8 DC. Syst., I, p. 243; R. bupleurifolius
Lap. — CC. Pâturages humides des z. subalp., alp. et niv. —
Juin-août. — Nos exemplaires (plus de 50 localités) ont été
récoltés de 1670" (pelouses de Manseille sur le chalet
forestier), jusqu'à 2730™ (sous le signal du Siscarou).
Var. p plantagineus DC. Fl. fr. 3e édit., IV, p. 889,
n° 4624; R. plantagineus Ail. — AR. Pelouses sèches, dans
les mêmes zones que la variété précédente. — Juin-juillet.
— Pelouses de Manseille vers Mateport (1720m); pelouses
de Sey, sur le Bisp d'Orlu (1750ia); pelouses desséchées
avoisinant le grand lac de la Baouzeille du Tarbézou
(1980m)2; plateau de Paillères (1980m) et pinouse de Pail-
lères (1990m); col de Beil (2150ra) et col de Terre-Nègre
(2200m); pic de Castille (2250m); serre du Llcrbés, près
fontaine de la Birado (2350ra) ; sarrat de l'Ëtang-Rébcnty
(2360m) ; versant oriental de la porteille du Siscarou (2450m) ;
sous la porteillette de l'Albc, versant du Sisca (2500m) ; escar-
pements du pic de Rulle, versant de Couart (2720m).
1. Bull, de la Soc. fr. de bot. Toulouse, tome XII, 1894, p. 324, ou p. 8G du
tirage à part.
2. Lapeyr. (Hisl. abr. Pyr. p. 314), l'indique en cette localité qu'il nomme à
tort : a Bauzeille de Paillères ».
32 PLANTES INDIGENES
Nous l'avons aussi récoltée en Andorre : pelouses sur Vestany
nègre inferior de Coma-Pedrosa (2610») et haute vallée du rio
Madriu, sur les éstanys furcuts (2350Œ). Beaucoup plus rare que la
précédente, cette variété a une station toute différente : tandis que
la var. bupleurifolius croit toujours sur les pelouses rases et
humides, aussitôt après la fonte des neiges, la var. plantagineus, au
contraire, ne se rencontre que sur les pelouses sèches, souvent au
milieu des touffes de Festuca eskia Ram. On la distingue à première
vue à ses tiges multiflores (3-7 fleurs), ses feuilles plus largement
lancéolées, ses carpelles nombreux disposés en épis coniques, etc.
Var. y angu8tifoliu8 F. Schultz. ; R. angustifolius DC.
Rapp. voy. bot. I, 1808, p. 78 et FI. fr. 3# éd. V, p. 636. —
R. Pelouses humides de la z. alp. — Juillet-août. — Jasse
de las Traouquères, sous le Saquet (1800m); plateau du col
de Puymaurens (1880m) et bords du ruisseau d'En-Garcias
(1900™) ; vallée des Bésines, près du lac desséché de même
nom (1980m); pelouses au-dessus de la cabane de Mourtés
(2000m) ; vallon d'Embizon, jasse de même nom (2100m); col
de Beil (2 1 50m) ; clots de la Couillade de Pédourés (2250m).
Nous l'avons aussi récoltée dans les Pyr.-Or. : bords du lac de
Lanoux (2l54m) et en Andorre : Coume dels Pessons, pelouses de
Vestany inferior de las crevetinas (2390m).
Après examen comparatif de nos échantillons de R. angustifolius
DC. avec ceux de la var. bupleurifolius DC, nous n'avons pu
adopter l'opinion de Grenier et Godron, FI. de Fr. I, p. 29, de Timbal-
Lagrave (note manuscrite placée dans notre herbier) et de Will-
komm et Lange, Prodr. fl. hisp. III, p. 916, n°4966. Ces auteurs con-
sidèrent le R. angustifolius DC. comme une bonne espèce 1 A
l'exemple de Zetterstedt (PL vascul. Pyr. prmc, 1857, p. 6) et de
M. G. Vallot (Plantes rares ou critiques de Cauterets, in Bull. Soc. bot.
de Fr. XXXIIe vol., 1886, p. 47), nous devons considérer cette
plante, bien qu'elle se présente le plus souvent, avec des feuilles
caulinaires un peu amplexicaules, comme une variété à pédoncule
glabre du R. pyrenœus L. var. bupleurifolius DC. Les feuilles de
ces deux plantes sont d'ailleurs plus ou moins étroites souvent
subumplexicaules ou très largement sessiles ; leurs tiges sont ordi-
nairement uniflores. On les rencontre quelquefois ensemble, mais la
var. angustifolius est toujours plus rare.
DU BASSIN DE LA HAUTE AR1ÈGE. 33
Section VI. — Flammula Webb., teste Spach !
20 — R. Flammula L. — CC. Lieux marécageux, prairies
tourbeuses> bords des ruisseaux fangeux, sur tous les
terrains de la z. inf., jusque dans la z. subalp., de 650m à
1100m dalt. —Juin à octobre.
Var. reptans G. G. Fl. de Fr. I, 1848, p. 30; R. reptans
Thuill. FI. paris., 1790, p. 273 et auct. mult. non L. J —
AR. Tourbières et marécages des terrains siliceux, quel-
quefois mélangée au type mais s'élevant plus haut que lui
dans la zone subalp. — Juin-septembre.
Savignac, marécages de Pradadel, rive g. de l'Ariège
(670m); vallée de la Lauze, marécages de Montmija, à
l'entrée du vallon de Combe-Grande ou de Gabantsa
(1380m), etc.
Elle est caractérisée : par sa tige grôle, rampante, ses feuilles
presque linéaires, ses pétales obovés-arrondis, à onglet large, etc.
Nos paysans savent que c'est une plante vénéneuse pour les bêtes à
laine et prétendent qu'elle provoque chez elles la maladie connue
sous le nom de pourriture ; sa saveur est caustique.
Section VII. — Ranunculastrum DC.
21 — R. flabellatus Desfont. FI. allant. I, 1799, p. 438,
tab. 114. Freyn, Œsterreich. bot. zeit. XXVI, 1876, p. 128-129
1. Lo H. reptans L. spec. 773 (pro specie), figuré dans Rchb. le. fl. germ. III,
f. 4595 fi, diffère du R. reptans Thuill. cl mult. auct., surtout par ses pétales plus
étroits, à onglet plus long linéaire-cylindrique et par ses carpelles moins nombreux
à bec plus long et recourbé seulement au sommet. Il n'est point spécial à la
Suède et au Danemark, puisqu'on le rencontro suivant Reuter [Cat.pl. Genève ?* édit.,
1861, p. 4) « dans les graviers humides au bord du lac do Genève, à Versoix, abon-
damment ; près du Vangeron; à la pointe de Bellerive, à Nyon. Ne serait-il pas
descendu en ces localités, des contreforts du Jura neuchàtelois (la Dole, etc.)?
MM. Rouy et Fouc., Fl. de Fr. I, p. 83, l'indiquent seulement dans la Haute-
Savoie : bords du lac de Genève et dans les Alpes : mont de Lans, etc. D'après
Ch. Bailey (The journal of botany british and forereign edit. by James Britlen,
vol. XXV, 1887, London, p. 135) : « Le R. reptans L. serait une forme boréale et
l'un des derniers témoins de la flore arctique contemporaine de la période gla-
ciaire, qu'on ne retrouve plus aujourd'hui qu'aux hautes altitudes ou dans les
régions polaires ».
TOME XIII. 3
34 PLANTES INDIGÈNES
et ap. Willk. et Lgc, Prodr. fi. hisp., III, 1880, pp. 923-
926; /?. chœrophyllos DC. Syst., I, 1818, p. 254 et auct. mult.
non L. — Exsicc. Soc. dauph. n° 1484 et bis.
Espèce très polymorphe dans laquelle le botaniste autrichien
Freyn (op. cit.), a distingué quatorze formes ou variétés parmi
lesquelles nous ne possédons que la suivante :
Var. acutilobus Freyn, loc. cit. p. 128 ; R. dimorphorhizus
Brot. (1827); R. chœrophylloideus Jord. (1848); R. chœro-
phyllos Trimen (1872), in Journ. of botany, London, vol. I,
2° série, p. 225. — AR. Lieux secs, rochers siliceux de la
zone inf. — Mai-juin. — Rochers sous le village de Perles
(640m); le Castelet, rochers en face du parc du château
(650ra); rochers du pas étroit de la plaine de Savignac, sur
la route nationale (670ra); environs d'Ax, pelouses sèches
sur le rocher dit des Pendus et au-dessus du trou des
Fourches (750ra) ; route de Vaïchis , rochers de Coudine
(800™ environ).
La diagnose linnéenne du R. chœrophyllos L. ou mieux R. chœro-
phyllus manque de précision et parait s'appliquer moins exactement
à la plante française connue sous ce nom jusqu'à ce jour, qu'à une
forme voisine habitant l'Italie où elle avait été d'abord observée par
G. Bauhin aux environs de Bologne et nommée depuis R. Agerii par
Bertoloni. A ce sujet de nombreuses interprétations ont été émises
pour essayer de démontrer l'affinité ou la différence qui existe entre
le R. flabellatus Desf. et le R. chœrophyllos L. D'un côté, les bota-
nistes qui se sont attachés à démontrer qu'il fallait conserver l'an-
cienne nomenclature (Grenier et Godron*, Henry Trimen3, l'abbé
Ohaboisseau 3, E. Boissier 4, MM. E. Malinvaud5, E. Burnat6, etc.),
1. Flore de France I, 1848, p. 36.
2. Ran. chœrophyllos L. et Auct., in Jersey, Journ. of botany brit. and. for.
I, 2« série, 1872, pp. 225-228.
3. Deuxième Bulletin de la Soc. dauphin, pp. 38 et 39, 1875.
4. Suppl. FI. orient, éd. R. Buscr, 1888, p. G.
5. Ran. chœrophyllos et flabellatus Desf. in Bull. Soc. linn. de Korm. 4* série,
2* vol. 1889, p. 135; Questions de nomenclature in Journ. de Botanique do
L. Morot. t. II, n° du 16 décembre 1888, p. 4'i7 et t. III, n° du 16 janvier 1889,
p. 27; Récentes vicissitudes du R. chœrophyllos, etc.. in Bull. Soc. bot. de Fr.
t. XXXVII, 1890, sess. extraord. à la Rochelle, pp. lxxxi-lxxxviii.
6. Flore des Alpes maritim. ou Cat. raisonné, vol. I. 1892. p. 36.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 35
pour lesquels : le R. chœrophyllos est une plante française, le R.
fiabellatus Desf., une forme africaine ou un simple synonyme, et le
R. Agerii Bert., une plante spéciale à la Grèce et à l'Italie.
Dans l'autre camp, nous citerons MM. Freyn*, G. Rouya, A.
Franchet 3, Foucaud 4, etc. qui considèrent au contraire le R. fiabel-
latus Desf. comme l'espèce type d'où dérivent de nombreuses
variétés ou formes, et le R. chœrophyllos comme une espèce des plus
douteuses sur laquelle les auteurs qui interprètent différemment le
texte de Linné (Spec. plant, éd. 1 et 2, « calycibus retroflexis,pedun-
culis sulcatis »), ne pourront jamais se mettre d'accord; aussi, selon
MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr. I,p. 88, il vaut mieux abandonner
un nom, qui d'après la diagnose même de Linné ne peut s'appliquer
à une plante française, mais plutôt au R. mille foliatus Vahl., au
R. Agerii Bert. et au R. peloponesiacus Boiss. et accepter le nom
de R. fiabellatus Desfont, [sensu amplissimo). Nous nous rangeons
à cette dernière opinion, tout en prévoyant que la controverse n'est
pas encore terminée et en constatant aussi que des botanistes, môme
des plus fidèles aux lois de la nomenclature, resteront longtemps
encore divisés.
Section VIII. — Euranunculus Gr. et Godr. (emend.)
22 — R. montanus Willd. Linnœi sp. plant., II, 1799,
n° 1321 ; R. nivalis Crantz, Stirp. Austr. éd. 1, fasc. n, 1763,
p. 92, tab. 4, fig. 4, et éd. 2, 1769, p. 1165, non Jacq.
Sous le nom de R. montanus les Aoristes pyrénéens ont compris
plusieurs variétés élevées quelquefois au rang d'espèces par certains
auteurs. Nous avons observé les suivantes : 6
1. Sur quelques espèces du genre Ranunculus « zur Kentniss einiger arten der
gattung RamiDculus », publié dans le Journal de botanique d'Autriche : Œsterrei-
chitche bot. zeitschrift, etc., 1876, pp. 128 et 129.
2. Suites à la Flore de France do Or. et Godr., I,r fascicule, 1887, pp. 19-22 et
Flore de France, I, 1893, p. 88.
3. Note sur le Ranunculus chœrophyllos in Journ. de bot. de Morot, 3* année,
n* du !•' janvier 1889, pp. 11.
4. Flore de France, I, 1893, pp. 88-90.
h. Malgré la priorité du nom donné par Crantz, nous avons adopté la dénomi-
nation donnée par Willdenow, figurant dans toutes les Flores et sur la signification
de laquelle aucun doute n'est possible. C'est par l'absence de ce scrupule que se
distinguent les prioritaires intransigeants ; le droit d'antériorté si on l'appliquait
ici rigoureusement, ne ferait que créer une confusion des plus nuisibles.
6. Tous nos exemplaires du groupe montanuë ont été revus par M. Foucaud, en
1896.
36 PLANTES INDIGÈNES
Var. genuinu8 Freyn, QEsterreich. bot. zeit. xxvi, 1876;
R. montanus Koch, G. et G. ! Rchb. le. fi. germ. III, n° 4604 ! ;
R. montanus Willd. var. arbascensis Timb.-Lagr., in Massif
d'Arbas (Bull. Soc. se. phys. et nat. Toulouse, II, 1874,
pp. 447-448 et p. 478 ou pp. 83-84 et 114 du tirage à part.
— AR. Pelouses calcaires de la z. subalp. — Juin-juillet. —
Fontaine du Drazet (1460m); vallon de TOurza sur le bois
de Bramefam (1660m) ; pelouses de la Nère, sur la fontaine
d'Audouze (1670m), etc.
Elle se distingue de la suivante par ses carpelles terminés en un
bec crochu égalant environ la moitié de son diamètre, par sa pubes-
cence et par ses fleurs plus grandes.
Var. gracilis Schleich., Cat. pi. helvet., éd. 1, 1800, p. 24.
(prospecie)>non DC. Syst. I, 1818, p. 256; Rchb./c. fi. germ.
n° 4603. — AC. Pâturages de la zone subalp., principale-
ment sur le calcaire ; quelquefois mélangée avec la variété
précédente. — Mai-août. — Chemin de traverse du col
d'En-Ferré au col de Marmare(1400m); éboulis cale, sur la
fontaine de Monclar, au-dessus de Prades (1500m); pelouses
de la Nère, sur la fontaine d'Audouze (1660m), mélangée à la
var. genuinus ; éboulis cale, du Roc des Scaramus (1750m)
et base de l'escarpement de ce Roc (1770-i780m) ; versant
oriental du pic de Coumefrède (1780m); roch. cale, de la
croix du port de Paillères (1910m); pelouses du port de
Pailières (1970m); crête cale, de Paillères (1990œ), etc.
Cette variété ne nous paraît différer de la précédente que par ses
fleurs plus petites, les lobes de ses feuilles plus étroits, plus écartés
et plus aigus, ses carpelles à bec court et à peine crochu, et par sa
glabrescence.
Var. geraniifolius Pourret (pr. specie)^ Chlor. narb.^ in Mém.
Acad. Toul. série 1, vol. 3, 1788, p. 326; Timbal, Reliq.
Pourret, in Bull. Soc. se. phys. et nat. Toul. II, 1874, p. 138
et Massif d'Arbas^ loc. cit. p. 448 ou p. 82 du tirage à part,
et in Bull. Soc. bot. do Fr. XIX, 1872, p. exu, note B.
DU BASSIN DE LA HAUTE ÀRIÈGE. 37
— AC. Pelouses calcaires et schisteuses des z. subalp.,
alp., et même nivale. — Juin-août. — Monticule de la Mate,
en face de Prades (1350m), abondant; col de la Nère, sous
le Roc des Scaramus (1660m); col de Pourtetgés, sous le pic
de Géralde (1680) ; plateau de Paillères, sous le pic de Mou-
négou (2000m); pelouses du Clôt del Diable, sous le port de
Saldeu (2400m et 2470m); port de Fray-Miquel (2450m), etc.
Nous possédons le R. geraniifolius Pourr., du col de l'Hommenet,
val de Bai 11 ers, entre Montfort et Sainte-Colombe (Aude), localité
classique, d'après Timbal (Massif du Llaurenti, p. 137 du tirage à
part), où ce botaniste Ta récolté le 13 juin 1876 et nous en a donné
des exemplaires qui paraissent semblables aux nôtres. Cette plante,
rarement décrite dans les ouvrages que les botanistes méridionaux
ont à leur disposition « se distingue du R. gracilis Schleich., et du
R. montanus var. arbascensis Timb., par ses feuilles inférieures à
cinq lobes, chacun tridenté, à sinus obtus; celles qui viennent
ensuite, à cinq lobes aussi mais très profonds, laissant entre eux, à
la base, un vide ovale et puis se réunissant ; ces lobes sont en outre
tri dentés à dents acuminées aiguës. Ces feuilles sont semblables à
celles du Saxifraga geranioidca L. Les supérieures, 1-2 sur la tige,
trifides, à lobes fendus jusqu'à la base, obtus. Elle se distingue
aussi par ses capitules globuleux, par ses carpelles noirs, lenticu-
laires, assez longs, droits et recourbés au sommet, caractère qui
n'appartient pas aux deux autres. Le R. geraniifolius Pourr. ne
peut se rapporter aux deux formes du R. montanus figurées par
Jacquin » * .
Subspec. I. /?. Breyninu8 Crantz, Stirp.Austr. fasc. n, 1763,
lrt édit. p. 91 2, tab. 4, fig. 2 (pro specie); R. Grenerianus
1. Timbal-Lagrave, Rapport eur la course faite a Font-Romeu (Pyr.-Or.) le
5 août 1872, in Bull. Soc. bot. de Fr. t. XIX, 1872, sess. extraord. à Prades-Mont-
Louis p. cm, note B. Cette note est reproduite, in extenso, clans la Florule des
Corbières, œuvre posthume publiée par les soins de M. l'abbé Marçais (Rev. de
bot . Toulouse, t. X, 1892, p. 25).
2. C'est à la page 91 de la 1" édition et à la page 115 de la 2* édition publiée
en 1769 que se trouve la description du R. Dreyninuê. C'est donc à tort, selon
nous, que Koch. dans son Syn. éd. 2, p. 18, Rouy et Fouc. dans leur Flore de
France, I, p. 94, Willk. et Lange dans leur Prodr. fl. hisp. III, p. 934, indiquent la
page 115, sans citer l'édition du Stirp. Au$tr. Dans ses deux éditions, Crantz écrit
Breyninua et non pas Breynianus. Quelques auteurs rapportent le R. Dreyninua au
H. nemorosu* DC. ; d'autres le rapprochent du R. monlanuê et c'est aussi notre
38 PLANTES INDIGÈNES
Jord. ap. Billot Arch. de la FI. de Fr. et d'AU., 1854, pp. 304 et
305.
Nous ne possédons pas le type mais la variété suivante dont
l'unique exemplaire a été vérifié par M. J. Foucaud, en 1897 :
Var. Gautieri Freyn (pr. $/>.), in lit t. ; Rouy et Fouc. FI. de
Fr. I, p. 94. — RR. Au-dessus des éboulis du Roc des
Scaramus (177001), montagnes de Prades (Ariège), 7 juillet
1889.
Elle se distingue du type, en ce qu'elle est plus grêle et plus
petite dans toutes ses parties (15-20 centiin.); elle est par rapport au
H. Breyninus ce que la var. gracilis est au R. montanus var. genui-
nus Freyn.
Subspec. II. R. Gouani Willd. spec. pi. 2, 1799, n° 1322;
R. pyrenœus major Gouan, Illustr. et Obs. bot., 1773, p. 33,
tab. xvn, fig. 2, non L. ; Rchb. Ic.germethelv. m, fig. 4608 b?
— Exsicc. Soc. dauph. n° 659 et 659 bis (Hautes et Basses-Pyr.)
R. Pelouses humides de la z. subalp ; s'élève aussi dans les
z. alp. et niv. — Mai-juillet. — Vallée de TOriège, prairies
du Bisp, près de la fontaine de Majesté (U20m); jasse de
l'Orryot, sous le lac de Naguilles (1750™); plateau de Camp-
Ras, dominant le Llaurenti (2470m), etc.
Var. minor Timb. FI. des Corb. in Rev. de bot. X, 1892,
p. 26 ; R. pyrenxus minor Gouan, loc. cit. et tab. xvn, Gg. 3.
— AR. Pelouses et éboulis subalp., jusqu'à la z. niv. — Juin-
juillet. — Vallée de TOriège, pelouses humides sur Gaudu,
vers le col de Castillou (1600m); jasse des Amarels (1660m) ;
sur le lac de Naguilles, vers le pic de la Bayneye (1950m);
jasse d'En-Sur (2020m) ; éboulis de la porteille d'Orlu (2180m) ;
versant N. du col de Castillou sur Paraou (2200in) ; pelouses
opinion. Le nom do Breyninus lui a été donné par Crantz, l. cit., parce qu'elle croit
« in Schneleiten-Breyn alpen » et non on souvenir de J. Breyn (1G37-1GU7), riche
marchand de Dantzîg passionné pour la culture des plantes rares dont il donna
la description dans ses Plant, exotic. aliârumque minus cognit., centuria prima
(Gedani, 1678, in-folio.)
DU BASSIN DE LÀ HAUTE ARIÈGE. 39
sur les Couilladous de Balboune (2220m) ; plateau de Camp-
Ras, près du pic de ce nom (2500), etc.
C'est la forme exiguë ou réduite du type, mais cependant à fleurs
encore grandes.
Var. alpicola Timb.-Lagr. (pr. specie), in Bull. Soc. bot.
de Fr. XV, 1868, p. xc de la sess. extraord. à Pau; R. Vil-
larsii G. G. FI. de Fr. I, p. 31 quoad plant. Pyrcn., non DC.
sec. Timbal. — AR. Pelouses des mêmes zones que la
variété précédente. — Juin-juillet. — Monticule de la Mate
de Prades (1350m); vallon de Baxouillade, au pied du Roc-
Blanc (2100m); vallon d'En-Garcias, fontaine sous la porteille
de Kerfourg (2350m) ; porteille de Coume-d'Or (2480m), etc.
Elle se reconnaît : à sa taille assez grande, 45-25 centim.; à sa tige
uniflore, à fleurs presque aussi grandes que celles du type R. Gouani ;
à ses feuilles radicales et caulinaires à divisions inégales, profondes,
pubescentes ou hérissées; à sa souche oblique non tronquée, à fibres
grosses, fortes, etc.
A l'exemple de MM. Rouy et Fouc. FI. de Fr. I, p. 95, nous avons
rattaché cette plante au R. Gouani Willd. ; elle sert, en effet, do
transition entre cette dernière et le R. montanus Wild. var. genui-
nus. Suivant les justes observations de Zetterstedt (PI. vascul. Pyr.
princ. p. 7) et de M. J. Vallot(PZ. rares ou critiques de Cauterets,
in Bull. Soc. bot. Fr. t. XXXII, 1885, p. 48), on rencontre dans la zone
alpine des échantillons petits, presque glabres, servant de passage
entre le R. Gouani et les variétés du groupe R. montanus. Ces diffé-
rences tiennent, selon nous, à la nature du sol, à l'influence de
l'altitude et de l'exposition. S'appuyant même sur l'opinion de Ben-
tham (Catal. pi. indig. Pyr.t 4826, p. 445 et de Koch. (Syn. fl. germ.
et helv. éd. 2, 4843, p. 48), Zetterstedt supposait qu'il fallait
réunir les deux espèces de Willdenow, mais il ne connaissait pas la
plante décrite par Timbal-Lagrave, en 4868, sous le nom de R. alpicola
et commune au port de Vénasque, à Castanèze et ailleurs. Pour
nous, le R. Gouani Willd. bien développé, se distingue, à première
vue, par ses feuilles radicales amples et largement découpées, les
caulinaires palmées fortement embrassantes et à lobes lancéolés
dentés, par ses fleurs très grandes, par sa taille élevée (15-40 cent.)
et par sa forte villosité. En raison inverse de l'altitude, la plante
diminue de taille, ses fleurs et ses feuilles deviennnent plus petites,
40 PLANTES INDIGÈNES
mais sa villosité et se» feuilles caulinaires palmées (et non digitées)
à lobes lancéolés dentés (et non linéaires entiers) ne permettent point
de la confondre avec les diverses variétés du groupe montanus
Auct. mult.
23. — R. nemorosus DC. Syst nat.y I, 1818, p. 280; R.
silvaticus G, et G. FI. de Fr., I, 1848, p. 33, non Thuill.
Cette espèce polymorphe comprend plusieurs variations (variétés,
formes, sous-espèces) parmi lesquelles nous avons observé les sui-
vantes :
Var. paucifloru8 DC. loc. cit., 1818; R. aureus Schleich.
{pr. sp.), Centur. exsicc, 1821 ; R. sprelus Jord. ap. Bor. Fi. du
Cent. éd. 3, 1857, p. 17 etDiagn., 1864, p. 78. — Exsicc. Soc.
dauph.y n° 2351. — AR. Pelouses de la zone alpine. —
Juillet-août. — Plateau de Serembarre, près du pic de même
nom (1840m); petit vallon de la Casa à l'O. du lac de Font-
Nègre (2370ra), et planels de la Casa (2380nl) ; fontaine du
port de Fray-Miquel (2400m), etc.
Cette plante qui a le port du R. montanus selon MM. Rouy et Fouc.
FI. de Fr., I, p. 96, est remarquable par son aspect grêle, ses tiges
ascendantes, ses petites feuilles légèrement velues, ses fleurs assez
grandes, d'un jaune vif parfois orangé, etc. Nous ne l'avons rencon-
trée que dans la zone alpine.
/?. Amansii Jord. (pr. specie) Diagn., 1864, p. 79; R. villosus
S-Am. FI. agen. bouq. tab. 5, p. 227, 1821, non DC. — Exsicc.
Soc. dauph. n° 277. — AC. — Prairies et bois des z. inf. et
subalp. — Juin-septembre. — Bois du Besset, sur Colmajou
(950ra); prairies du Bisp d'Orlu (1080m); fontaine du Drazet
(1460œ); bords du chemin forestier de Bonascre à Manseille
(1450m et 1580m); foret de Mansèdre(1620,n); pelouses de la
fontaine d'Audouze (1655m); vallée latérale d'Orgeix, sous
le col do Surle (1700ffl); jasse des Bizornes (1730™), etc.
On la reconnaît aisément : à sa tige et à ses pétioles couverts de
poils ordinairement réfléchis; à ses feuilles à divisions largement
obovales subrhomboîdales, souvent se recouvrant par leurs bords
dans les feuilles radicales; à ses carpelles à bec roulé en cercle, lar-
gement épaissi à la base.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 41
R. polyanthemoideu8 Bor. (pr. specie), FI. du Cent. éd. 2,
n° 46, et éd. 3, n° 56, pp. 16-17. — Exsicc. Soc. dauph.
n° 2735. — RR. — Bois de la z. subalp. — Juillet-août. —
Vallée de l'Oriège, bois de Chourlot (1350m) ; montagnes
de Prades, pelouses du bois del Clôt de Baillar (1500m).
Sa souche épaisse, sa tige grêle de 4-8 décim., dressée, fistuleuse,
multiflore, couverte de poils ordinairement dressés-appliques, plus
rarement subétalés, ses feuilles à div. cunéiformes, étroites, les radi-
cales divisées en 3-5 lobes profonds, trifides, incisés à segments
aigus écartés, le médian étroitement cunéiforme, allongé, ses
carpelles lenticulaires, à bec court, très crochu, etc., la distinguent
de la forme précédente.
Subspec. /?. Timbali Mab. et Gaud. (pr. sp.)t Note sur le
genre Ranunculus, 1874 * ; R. Perusia?ius Timbal-Lagr. Massif
du Llaurenti, in Bull. Soc. se. phys. et nat. de Toulouse,
2e livraison, 1875-1876, p. 329; R. tuberosus Timb.-Lagr., in
F. Schultz, Archiv. de Flore, 1855, pp. 181-186 et in Bull.
Soc. bot. de Fr., XI, 1864, p. xxxvi, an Lap. Hist. abr. pi.
Pyr. 1813, p. 320? DC. Syst. I, 1818, pp. 281-282?; /?. lanu-
ginosus auct. pyr. plur., nonhl — Exsicc. Bordère PI. Pyr.
ait. n° 68. — AR. Bois, prairies, pelouses de la zone
subalp. — Juillet-août. — Bois de Fontfrède de Prades, bords
du chemin forestier (1420m); versant N. du Coumel de Bras-
scil9 sur la jasse de Cabane-Longue (I550ra); pelouses de la
vallée latérale d'Orgeix, à lajonct. desruiss. d'Aiguelonguo
et d'En-Sur (1580,n) ; sur le col des Sept-Fonts, vers le pic
Dolent (1800ra).
Cette plante, étudiée particulièrement par Timbal-Lagravo (loc.
cit.), est restée longtemps litigieuse ; contrairement à l'opinion de
Jordan (Diagn. pp. 75 et 76) et des botanistes de son école, elle ne
saurait être réunie au R. Amansii Jord.; mais comme le nom de
tuberosus lui a été improprement donné par Lapeyrouse et vu que
1. Brochure io-8* de 16 pages, Paris, 1874. Lo compte rendu analytique de cette
brochure a été publié par M. Malinvaud dans lo Bull, de la Soc. bot. de Fr., t. XXI,
1874, p. '216, Revue bibliographique.
42 PLANTES INDIGÈNES
cette épithète exprime un caractère faux, la racine n'étant pas tubé-
reuse, Timbal a proposé de la nommer Perusianus (il est plus
correct d'écrire Peyrousianus pour ne pas estropier le nom du
botaniste toulousain et faire songer à une ville d'Italie <), en souvenir
de l'auteur de l'espèce. Mais selon la judicieuse remarque de
MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr.> I, p. 98, renvoi 1 : « La diagnose
de Lapeyrouse est incomplète, ne parlant pas des pédoncules et des
réceptacles ; d'autre part celle de de Candolle attribuant à cette
espèce des pédoncules arrondis, alors que la plante recueillie aux
localités citées par Lapeyrouse est à pédoncules nettement sillonnés,
ainsi que l'a déjà fait remarquer Timbal-Lagrave (op. cit.), il y a
donc lieu d'abandonner le nom de R. tuberosus Lapeyr., création
ambiguë et d'ailleurs impropre, puisque la plante a une souche hori-
zontale, non tubéreuse. »
Pour ces raisons sans doute, MM. J. Mabille et Gaudefroy dans
leur opuscule (loc. cit.) ont proposé d'abandonner le nom de Peru-
sianus créé par Timbal, pour la nommer R. Timbali, et ils l'ont
classée dans un groupe spécial caractérisé par la racine plus ou
moins horizontale et les pédoncules sillonnés 2, groupe intermédiaire
entre ceux du K. nemorosus et du R. acer L. Nous dirons enfin que le
R. Timbali est surtout caractérisé par sa souche grosse, plus ou
moins horizontale, souvent très courte, à racines fortes; par ses
feuilles grandes, réniformes, pentagonales presque triséquées et à
divisions rapprochées, et par ses fleurs grandes, d'un beau jaune
d'or.
24 — R. repens L. — CC. Champs humides, bords des
fossés, chemins, des z. inf. et subalp., sur tous les terrains.
— Mai-août.
Var. prostratus Oaud. ; R. reptabundus Jord. (pr. sp.) Diagn.
p. 83. — AC. Mêmes zones que le type. — Mai-juillet.
Prairie sous la métairie du Cap-del-Roc, aux environs d'Ax ;
t. Pérouse, en latin Perusia, en italien Perugia, ville de l'ancienne Ombrie
(aujourd'hui prov. de Pérouse), au N. de Rome.
2. D'après M. Malinvaud, le caractère tiré des pédoncules sillonnés ou non,
parait assez sûr dans les Renoncules, quoique les auteurs se contredisent à ce
sujet, pour certaines espèces ; mais si l'on veut s'entendre, il faut comparer des
individus de mémo âge ou à peu près, par exemple au moment de la maturité des
carpelles, et non pas une plante en boutons, avec une autre en fruits mûrs. (Voir
Récentes vicissitudes du Ran. chœrophyllos et du Globul&ria vulgaria, in Bull.
Soc. bot. de Fr. XXXVII, 1890, sess. extraord. à la Rochelle, p. lxxxv, renvoi 2).
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 43
lieux humides du bois de la Luzéro, sur la forge d'Ascou
(1250m), etc.
Ses feuilles plus profondément divisées, à dents plus aiguës, son
port plus grêle, sa tige couchée, radicante, mollement velue, etc.,
la distinguent aisément du type.
25 — R. auricomus L. — AR. Pelouses et éboulis des
terrains calcaires et siliceux de la z. subalp. — Juin-juillet.
Monticule de la Mate, sur le village de Prades (I330m);
éboulis cale, du Roc des Scaramus, sur le vallon de TOurza
(1720m) et pelouses du sommet de ce même roc (1830ra) ; pel.
entre le pic de Serembarre et le col. des Sept-Fonts(1820m).
Les botes à laine la mangent à cause de sa faible âcreté.
Malgré nos recherches, nous n'avons pu observer cette plante
dans les lieux frais et ombragés de la zone infér., mais nous possé-
dons un hybride du R. auricomus et du R. montanus, décrit par
M. G. Rouy, auquel nous avions communiqué nos exemplaires, dans
sa Flore de France, I, p. 101, en note, sous le nom de R, aurigeranus
qui signifie Renoncule de l'Ariège. Voici sa note reproduite :
« X /?. aurigeranus Rouy in litt. ; if. auricomus X montanus.
Diffère du R. auricomus dont il a les feuilles radicales
longuement pétiolées, les tiges nues jusqu'à la première
feuille, celle-ci à lobes incisés-dentés ; par le réceptacle
faiblement pubescent, la feuille supérieure à divisions
courtes, largement lancéolées, presque semblables à celle
du R. montanus.
Hab. Ariège : Roc des Scaramus1, commune de Prades,
ait. 1830m, avec les parents ! (Marc.-d'Aym., in herb. Rouy. »
Nous n'hésitons pas, vu la variabilité des feuilles radicales du
R. auricomus, d'après la planche xv du tome III des Icônes fl.
germ. de Rchb., à adopter l'opinion de M. Rouy. Nous avons récolté
cette plante à la localité susindiquée, le 29 juin 4888. Comme les
hybrides non fixés sont des formes fugaces ou instables, nous
n'avons pu la retrouver à cette môme localité dans nos visites ultc-
1. Per error. typogr. Eàcaramus.
44 PLANTES INDIGÈNES
Heures en 4889 et 1890 ; c'est seulement, en compagnie de M. l'abbé
Mailho, dans une excursion faite le 10 juillet 1895, que nous avons
eu la bonne fortune de l'y récolter do nouveau, au môme lieu; ces
derniers exemplaires ont été aussi vérifiés par M. O. Rouy.
26 — R. acer L. i
Sous ce nom, on comprend plusieurs formes élevées au rang
d'espèces, surtout par Jordan (Observ. pi. crit. ; Diagn., etc.) et par
Boreau (FI. du Cent. éd. 3), mais que la plupart des botanistes con-
sidèrent, à juste titre, comme de simples variations du R. acer (plus
correct que R. acris). Dans l'étude de ces formes, à l'aide de nos
exemplaires, nous avons constaté qu'elles offrent des transitions
d'une plante à l'autre et que les différences ne tiennent souvent qu'à
la longueur plus ou moins grande du bec et des carpelles, à l'abon-
dance des poils, à la largeur et à la découpure des feuilles, etc.
Voici cependant, celles que nous avons observées dans notre région
et dont les spécimens ont été vérifiés par M. Foucaud en 1896.
R. rectus Bor. (pr. sp.) loc. cit. p. 15; if. acris Rchb. le.
germ.y III, fig. 4606 sec. Lamotte Prodr. II. pi. centr. I, p. 47.
— C. Prairies et pelouses, bords des sentiers de la zone
inf. principalement sur les terrains siliceux. — Mai-juillet.
Boreau [op. cit.) attribue le nom de la plante à J. Bauhin (Hist.
plant, univ. ann. 1650, 3, p. 416, fig. 1, pr. specie),et fait remarquer
après sa description « que les feuilles sont plus découpées et le
bec plus allongé que dans le R. Steveni Andrz. »; il ajoute ensuite :
« le R. silvaticus Thuill ! non Gr. et Godr., me semble se rapporter
ici, comme forme velue. » Quelques botanistes rapportent à tort le
R. rectus, en synonyme au R. Doreanus Jord. Observ. fragm. 6, p. 19;
ces deux plantes sont seulement affines.
R. pascuicolus Jord. {pr. sp.) Diagn. p. 73; R. rivularis
Arv.-Touv. notes, 1883, p. 24, non Banks. — AR. Prairies
et pelouses humides des z. inf. et subalp. — RR. dans la
1. Le mot acer est l'adjectif masculin qui peut seul s'accorder avec le genre
Ranunculus ; R. acris est un lapsus calami de Linné et cette faute grammaticale a
été copiéo par la plupart des auteurs anciens, mais rectifiée cependant par beau-
coup d'auteurs modernes, par ex. Loret, Flore de Montpellier, Rouy et Fouc, FI.
de France, etc.).
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 45
z. alp. — Juin-août. Prairies humides de Laucate (660m) ;
Savignac, au Couzillou (68Qm) ; Ax, pelouse sous la châtai-
gneraie d'En-Castel (715m); vallée de TOriège, rochers
humides de Gaudu (1350m); Soulane d'Andorre, schistes du
ruiss. de Costo-Redoun (2000m) ; etc.
Voisine de la forme R.stipatus Jord. (pr. sp.) cette plante est ordi-
nairement basse, à fl. petites, à carpelles peu nombreux et à bec
relevé, etc.
R. Steve ni Andrz. (pr. specie) ap. Bess. Enum. pi. in
Volhynia collect., 1822, n° 683, pp. 22-23; Rchb. le. fl.
germ., III, f. 4605 ; R. acer Jord. Obs. fragm. 6, pp. 15-17 non
L.nec plur. auct. — C. Prairies, pâturages, clairières, bords
des chemins, des terrains siliceux de la z. inf., de 700ID
(Ax, prairie Notre-Dame, en face de la gare), à 1910ra (fon-
taine du col de Puymaurens). — Juin-juillet.
Cette plante a le port du R. nemorosus forma Amansii, mais elle
s'en distingue par sa souche rampante à rhizome allongé, ses feuilles
moins profondément divisées, à lobes ovales, cunéiformes, écartés,
et le bec des carpelles très court, à peine courbé.
R. Frie8eanu8 Jord.1 (pr. specie) Obs. fragm. 6, p. 17; R.
silvaticus Fries non Thuill. ! — AR. Pelouses, prairies,
éboulis de la z. inf. et de la z. subalp. — Juin-juillet.
Savignac, rive dr. de TAriège, près du pont (680m) ;
prairies de Coudine, sous le village de Vaïchis (820m) ;
éboulis d'Aiguebonne au pied du roc de la Spélugue et sur
la route d'Espagne (1040m).
Caractérisée : par ses feuilles radicales à lobes élargis, peu profon-
dément incisés et se recouvrant l'un l'autre par leurs bords ; par le
bec des carpelles très court, droit, à peine crochu et caduc ; par sa
tige couverte de longs poils fauves ou roussâtres, très étalés, etc.
R. uulgatus Jord. (pr. specie) in Bor. FL du Cent. éd. 3,
1857, p. 15, et Jord. Diagn., 1864, p. 77 ; R. Frieseanus Reut.
1. R. Frieseanus est plus'correct que H. Friesi&nus.
46 PLANTES INDIGÈNES
Cat. pi. Genèv. 2e édit., 1861, p. 5, non Jord. ! — AC. Fossés,
haies, prairies humides de la z. inf. — Mai-juin.
Se distingue de la précédente forme, par sa villosité blanchâtre
veloutée, par le bec des carpelles assez long, recourbé en hameçon
et persistant, etc.
27 — R. bulbosus L.
Le type linnéen est très polymorphe; il varie à feuilles plus ou
moins velues, à pédoncules grêles ou robustes, courts ou longs, à
tiges simples ou rameuses, dressées ou étalées sur le sol. Parmi les
variations démembrées du type ou plutôt de ce groupe, nous avons
observé les trois variétés et la forme suivante, dont tous les exem-
plaires ont été vérifiés par M. Foucaud en 1896.
Var. bulbifer. Gren. Revue de la fl. des monts Jura, 1875,
p. 29. R. bulbifer Jord. (pr. specie) Diagn. d'esp. nouv. p. 80.
— AC. Pelouses, prairies, champs incultes de la z. inf.
jusqu'à la z. subalp. — Juin-août.
Nos exemplaires ont été récoltés de 680™ (Savignac,
vacant communal du Couzillou), jusqu'à 1040m (Sorgeat,
prairies à l'embranchement des routes de Prades et
d'Ignaux), etc.
D'après Jordan (op. ct(.) cette plante correspond à la forme
du R. bulbosus la plus répandue et caractérisée « par sa racine
grosse, bul bi forme , ses tiges élevées, dressées, hérissées, ses
feuilles d'un vert clair, subhérissées et biternées, à dents aiguës,
ses carpelles grands , à bec large à la base subonciné au
sommet. »
Nous avons observé quelquefois des exemplaires nains ou rabou-
gris, très velus et à tige subuniflore ; c'est la var. parvulus Coss. et
Germ., FL paris, éd. 2, 1861, p. 18.
Var. sparsipilu8 Gren. loc. cit. p. 29. — R. sparsipilus
Jord. loc. cit. p. 80 (pr. specie). — AC. Lieux humides,
pelouses des z. inf. et subalp. — Juin-août. — Nos exem-
plaires ont été récoltés de 715m (Ax, pelouses sous la châ-
taigneraie d'En-Castel), jusqu'à 1550m (montagnes d'Ignaux,
pelouses du gourg de la Garde), etc.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 47
Elle diffère de la var. précédente par sa tige moins élevée, étalée,
plus diffuse, couverte ainsi que les feuilles d'une pubesoence
éparse (d'où son nom), ses feuilles d'un vert foncé plus petites, sim-
plement ternies, à foliole médiane pétiolulée, à dents subobtuses,
ses fleurs plus petites et ses carpelles à bec grêle et étroit à la base,
subonciné.
Var. uillo8U8 DC. Cat. pi. hort. Monsp., 1813, p. 54 ;
var. valdepubens Gren. loc. cit. p. 30; R. valdepubens Jord.
loc. cit. p. 82 (pr. specie). — AR. Prairies, murs, talus, etc.
de la z. subalp. — Mai-juin. — RR. dans la z. alp. — Juillet.
Nos exemplaires récoltés de 650m (murs des champs, à
Perles), à 1920™ (pelouses de la croix du port de Paillères).
D'après Jordan (op. cit.) on peut définir cette plante comme suit :
« C'est un R. bulbosus très velu, plus petit, et plus tardif que la
forme ordinaire, à bec plus allongé et à bulbe plus élargi ».
Nous n'avons pas observé jusqu'à ce jour la var. albonaevus Gren.
loc. cit. (R. albonœvus Jord. Diagn. p. 81) caractérisée surtout par
ses feuilies d'un vert cendré, maculées de taches blanches (d'où son
nom), velues ternées et ses carpelles à bec allongé, élargi à la base.
Nous possédons la forme suivante :
R. Aleœ Willk. (pr. spec.) Pug. pi. nov., in Linnaea XXX,
1859, p. 84 et Prodr. fl. hisp., III, 1880, p. 931 ; R. bulbosus
L. var. neapolitanus Coss. PL crit. fasc. 1, 1848, p. 3;
fl. neapolitanus G. G. Fl. de Fr., I, 1848, non Tenore;
fl. bulbosus L. var. Alex Burn. Fl. Alp. mari t., 1, 1892, p. 33.
— AC. Prairies et lieux tourbeux des z. inf. et subalp.
— RR. dans la z. alp. — Avril-juillet.
Nos exemplaires récoltés de 700m (environs d'Ax-les-
Thermes, à En-Fountangé, etc.), à 2150m (col de Beil).
Par sa souche non bulbiforme, mais munie de fibres radicales
épaissies, napiformes, ses pédoncules arrondis, à peine striés au
sommet, ses nombreux carpelles (30-40) à bec recourbé en hameçon,
son aspect velu-blanchâtre, etc., cette plante se distingue assez
nettement des autres variations du groupe R. bulbosus duquel elle
se rapproche cependant par son calice réfléchi et sa souche tubéri-
forme. D'une judicieuse dissertation, sur les caractères distinctifs de
I ' 1
I
48 PLANTES INDIGÈNES
cette plante, M. E. Burnat, loc. cit., p. 34, conclut : « En résumé, le
R. Aléas a été basé sur une réunion de caractères qui n'est point
constante ; il constitue une race méridionale qu'on a observée en
Algérie, qui remplace, paraît-il, le R. bulbosus type en Espagne et
s'étend dans le midi de la France, comme dans l'Italie moyenne.
D'après M. Kerner qui comprend, comme nous, les caractères et
l'aire du R. Aleac (Sched. fl. exsicc. austro-hung. fasc. V, 1888, p. 43,
il atteindrait Tri este et le Tyrol méridional. »
M. J. Foucaud, qui a vérifié en 1896 tous nos exemplaires de
R. Alèse, y a discerné, en mélange, la sous-variété suivante :
S.-var. glabratu8 Rouy et Fouc. FI. deFr., II, p. 321. Add.
et correct, du tome I. Tige glabre infér1 ou munie de
quelques longs poils blanchâtres. — R. Ax, champs d'En-
Castel (710m); prairies de Coudine, sous Vaïchis (820m).
28 — R. Sardous Crantz, S tir p. austr., éd. 1, fasc. 2
(1763!), p. 84 *; R. philonotis Ehrh. Beitr. zur. nat. fasc. 2
(1788), p. 145 ; Retz. Obs. bot. fasc. VI (1791), p. 31. — Exsicc.
Soc. dauph. n° 4813 (sub R. philonotis Retz.) — C. Terrains
humides ou inondés pendant l'hiver, dans la z. inf. —
Juin-septembre.
Cette espèce varie, à tiges plus ou moins élevées, dressées ou cou-
chées, simples ou rameuses, velues ou plus rarement presque
glabres, à feuilles radicales dont les segments sont plus ou moins
incisés dentés, le plus souvent trilobées, le lobe moyen étant quel-
quefois pétiolulé, parfois entières ; les dimensions des fleurs sont
aussi très variables ; les carpelles sont tantôt lisses, tantôt tubercu-
leux, etc., de là, les diverses variétés suivantes : var. intermedius
1. Voir Aug. Gras : Sur la synonymie d'une espèce de Ranunculus, Bull. Soc.
bot. Fr., IX (180?), pp. 324-336. Cet érudit bibliothécaire do l'Acad. roy. des sciences
de Turin, a commis une orreur do date, en indiquant Tannée 176? pour celle delà
publication du 2* fascicule de la tr*édit. des Stirp. aust. En effet, d'après les ren-
seignements obligeamment fournis par M. Eug. Autran, conservateur de l'Herbier
Boissier, la 1™ édit. du volume do Crantz, devenue très rare, est composée de
3 fascicules (xxxvi-320 pages in-8* et 15 pi.), imprimés à Vienne et à Leipzig, le
lêt fasc. en 1762 par Kûrtzbock, le 2« en 1763 et le 36 en 1767, par Kraus. La
2* édition (éd. altéra aucta, etc.) imprimée à Vienne par Kraus, en 1769, comprend
6 fascicules, 516 pages in-4'et 18 pi., en deux parties. Nous l'avons consultée à la
bibliothèque publique de la ville de Toulouse.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 49
DC. [R. intermediixs Poir.); var. tuberculatus Celak; var. lœvis
Celak. (var. inermis Babey), etc. Dans les lieux secs ou abandonnés
par l'eau depuis un certain temps, la plante devient naine, uniflore:
c'est alors la var. parvulus DC, Fl. fr., V, p. 639, n°4649 (R. parvulus
L., Mant. pi., p. 79 (pr. specie), R. parvifloinxs Gouan, Fl. monsp.,
non L!)
Cette dernière variété n'a pas encore été observée dans notre
circonscription.
Section IX. — Echinella DC.
29 — R. arvensis L. — CC. Moissons, champs cultivés
de la z. inf. (700m), jusqu'à la z. subalp. (MbO"1) ; sur tous les
terrains. — Juin-août.
Tribu 5. — Helléborées DC.
Gallha L.
30 — C. palustris L. — CC. Prairies humides et tour-
beuses, marécages, ruisseaux, surtout dans les terrains sili-
ceux de la z. inf. jusqu'à la z. alp. — Avril-août, suivant
l'altitude.
Nos exemplaires (nombreuses localités) ont été récoltés
de 700œ (Ax, à En-Fountangé), jusqu'à 2290ra (déversoir du
lac de Font-Nègre).
Les animaux respectent cette plante, à cause de son âcreté.
Selon la juste remarque de La mot te (Prodr. fl. plat, cent., I, p. 53) :
a Plusieurs des nombreuses formes que présente ce Caltha ont été
élevées au rang d'espèce par quelques auteurs ; elles ne sont proba-
blement qu'accidentelles et il faut les considérer comme de simples
variétés. » C'est aussi notre avis, car ces variations accidentelles ou
passagères ne diffèrent que par la couleur, la grandeur et la forme
des sépales, par les crénelures et le rétrécissement plus ou moins
marqué des feuilles, etc.
Les variétés les plus répandues dans notre circonscription
sont :
Var. Gueranguerii Lamotte, loc. cit. (C. Gueranguerii Bor.
in Bill. Annot. fl. de Fr. et d'Ail., 1856, p. 11 , et Bor., Fl. du
Cent., éd. 3, 1857, p. 21). — Exsicc. Soc. dauph. n° 3606. —
TOME XIII. 4
50 PLANTES INDIGÈNES
AC. z. subalp. et alp., de 1260m à 2080,n, pour nos exem-
plaires récoltés.
Var. flabellifolia Lamotte, L cit. (C. flabellifolia Bor., loc.
c^.,p. 26,anPursch., Fl. bor. amer. 2, p. 390, tab. 17? — AR.
Marécages du parc d'Orgeix (800m), dans une prairie ; lieux
humides à Prades (1235m); marécages de la forêt du Larguis
(1650*), très abondant en ce lieu.
D'après nos observations basées sur l'examen de multiples exem-
plaires vivants, le type a les fleurs d'un jaune clair, les sépales con-
tigus à la base, les feuilles très grandes. C'est la forme luxuriante,
qui correspond, selon nous, à la var. vulgaris Rouy et Fouc, Fl. de
Fr., I, p. 114 ; C. vulgaris Schott, Nym. et Kotschy, Analect. bot. p. 33 ;
C. pallidiflora de Martr.-Don., PL crit. du Tarn, p. 6, et Florule du
Tarn, p. 20. — La var. Gueranguerii a les fleurs d'un jaune d'or, aussi
grandes, les sépales souvent rétrécis à la base et non contigus, le
bec des follicules droit à la maturité, les feuilles plus petites et plus
crénelées. — La var. flabellifolia a les fleurs de moitié moins
grandes, la tige grêle, les feuilles souvent bordées de dents aiguës,
le bec des follicules crochu à la maturité.
Nous possédons aussi la var. mlnor DC. , Syst.> I, p. 309, non Lamotte
loc. cit.\ var. decumbens Lamotte, loc. cit.t p. 53, à fl. plus petites, à
feuilles finement crénelées ou dentées, surtout à la base, et à tige
entièrement étalée sur le sol; comme dans la var. Gueranguerii, le
bec des follicules est droit à la maturité. — Cette variété minor est
RR. dans notre région; nous la possédons seulement en herbier, de
la fontaine du pla de la Garde (1460m), dans le territoire de la com-
mune d'Ignaux, où elle a été récoltée par nous, le 15 juin 1888.
Trolllus L.
31 — T. europœus L. — var. « genuinus Rouy et Pouc.
Fl. de Fr., I, p. 115. — AC. Prairies et pâturages des
z. subalp. et alp.; s'élève aussi quelquefois, mais rabougri
(0m25 de hauteur), dans la z. niv. — Mai-août.. — Descend
rarement dans la z. inf. — Plante vénéneuse.
Nos exemplaires (plus de 20 localités) ont été récoltés de
820aB (prairies do la rive g. de l'Oriège, entre Orgeix et Orlu),
à 2500" (crête de Camp-Ras sous le pic de ce nom), et princi-
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 51
paiement dans les montagnes : d'Ascou (pics de Serembarre
et de Coumefrède, etc.), d'Orlu (canals de Brasseil, bague
de Seyt, col des Liausés, etc.), de Mérens et de l'Hospitalet
(vallée des Bésines, jasse de Pedroux, pont Cerda, etc.).
Var. p. napellifoliu8 Rœp. (pr. sp.) in Flora oder Allgem.
bot. zeit. (1820), p. 105. — AR. Prairies humides des zones
inf. et subalp. — Juin-juillet. — Prairies de Savignac, à
la hauteur de la cascade du Nagear (800m env.) ; vallée de
la Lauze, prairies de la forge d'Ascou (1075m) ; vallée de
TOriège, prairies du Bisp d'Orlu (1080m); fontaine et bois
du Drazet(1460m et 1480m) ; pel. sous le col des Spéréguils,
versant de Pontfrède de Prades (1640™); jasse de las
Traouquères (1810"), sous le Saquet, etc.
Cette variété est plus élevée que le type, à feuilles grandes très
découpées analogues à celles de YAconitum Napellus, à dents
allongées aiguës, à fleurs légèrement pédonculées, etc.
Malgré nos recherches nous n'avons point rencontré la var. humilis
Crantz {pr. sp.), Stirp. austr., éd. 1, fasc. II (1763), p. 123 ; Rchb., le.
germ.,lV, f. 4715, var. ce, qui est la miniature du type et habite les
régions très élevées.
Helleborus L.
32 — H. viridis L. — var. occidentalis Rouy et Fouç.,
FI. de Fr.} I, p. 117; H. viridis Auct. gall. ; //. occidentalis
Reuter, Cat. graines du Jard. bot. de Genève (1 869) ; Schiffner,
die gattung Helleborus, in Engler's bot. jahrb., t. XI, Heft. 1 et
2 (1889), p. 138, et tab. vu ! ; Corbière, Nouv. fl. de Normandie
(1893), p. 23. — Exsicc. Soc. dauph., n° 283 (Hautes-Pyr. leg.
Autheman, 1874), per error. typogr. n° 284. — C. Prairies
fraîches, buissons, bois humides, bords des ruisseaux, des
z. inf. et subalp.; s'élève aussi mais RR. dans la z. alp. —
Mars à juillet, suivant l'altitude.
Nos exemplaires ont été récoltés de 700ra (Ax, prairie de
Notre-Dame, en face de la gare), à 1910m (pelouses cale, de
la croix du port de Paillères).
52 PLANTES INDIGÈNES
Le type linnéen de VH. viridis a été divisé en plusieurs espèces
et la phrase « H. caule multifloro, folioso, foliis digitatis » par
laquelle le célèbre législateur suédois le caractérise dans son Species
plantarum, éd. 2 (1762), p. 784, est trop vague pour qu'elle puisse
s'appliquer avec certitude à une forme plutôt qu'à une autre.
D'après Reuter (op. cit.) VH. viridis de Linné et des auteurs
anciens renfermerait deux espèces, dont Tune H. occidentales est
commune dans l'O. de la France, les Pyrénées, le N. de la France et
l'Angleterre; le nom de viridis conviendrait à la plante de l'Europe
orientale, depuis le Dauphiné, la Suisse et le Piémont, l'Italie
septentrionale jusque dans l'Allemagne, l'Autriche, etc.
Voici d'ailleurs la description même de Reuter, extraite de son
Catalogue des graines recueillies en 1868 et offertes en échange par
le Jardin botanique de Genève, ouvrage imprimé en 1869 et devenu
très rare : « H. occidentalis Reut. mss. — H. caule bifido vel subdi-
chotome ramoso, foliisque glabris folio radicali solitario, palmati-
pedato, reticulato-venoso, segmentis lanccolatis simplicibus bi vel
trifidis; floribus 2-3 ad apices ramorum, sepalis ovatis plus minus
inter se imbricatis vel contiguis, apice acutiusculis vel subapicu-
latis; carpellis transverse nervosis stylo incurvo eis breviori supe-
ratis, seminibus atris subtrigonis reticulato insculptis nitidulis.
« Hab. in Gallia occidentali circa Pau, Deu.\*-Sôures, Agen, etc. ,
in Pyrenseis centralibus supra Luchon, Gèdre, Gavarnie, etc.; in
mont. Hispaniae borealis, inter Dilbao et Santander et in Britannia.
H. viridis Engl. bot. tab. 200 !
« Differt ab H. viridi, glabritate, floribus minoribus 2-3 in uno-
quoque ramo nec 1-2, sepalis magis ovatis, carpellis brevioribus,
stylo incurvo. » *
Reuter reconnaît, en outre, dans sa note, que les caractères
distinctifs de ces deux espèces ne sont pas très absolus et varient
pour chacune, dans certaines limites; il ajoute que 17/. Bocconi Ten.
habitant l'Italie et la Dalmatie en est très distinct par ses feuilles
multifides, etc.
M. le Dr John Briquet, de Genève, a étudié de nouveau cette
question dans la Flore des Alp. marit. de M. E. Burnat, t. I, 1892,
pp. 44 et 45, et après un sérieux examen des formes de transition
des herbiers Boissier et Burnat, formes qui établissent le passage de
VH. viridis type, tel que l'ont compris Schiffner (op. cit.) et A. Masclef
1. Un extrait de ce Catalogue a été publié dans la Rev. bibliogr. du Bull, de la
Soc. bot. de Fr., tome XVI, 1869, p. 53.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 53
(les Formes critiques d'Hellébores de la Savoie et du Dauphinè) ', à
VH. occidentalis Reut., il a démontré que cette dernière plante :
« Est une variété de VH. viridis, dont les caractères sont mal fixés
et qui passe continuellement au type par des formes intermédiaires
nombreuses ; ces formes sont répandues dans toute l'aire de VH.
occidentalis y comme nous avons pu nous en convaincre, dit-il, par
l'examen de nombreux échantillons de diverses provenances »
MM. Rouy et Foucaud, dans leur Flore de France , I, p. 117>
ajoutent en note ce qui suit : « Des plantes du Calvados, de l'Orne, des
Hautes-Pyrénées et des Alpes-Maritimes, réunissant les var. occiden-
talis et viridis ; des plantes de la Somme, du Calvudos et de la
Haute-Garonne, réunissent les var. occidentalis et stenophyllus ; à
Charance près Gap, se rencontre une variation de la var. subalpinus
qui établit le passage avec la var. viridis, et la var. subalpinus
est tout à fait intermédiaire entre les var. viridis et Personnati
Mascl. »
D'après cela, on peut conclure que toutes les formes du groupe
viridis appartiennent à une seule et même espèce et ne sont que
des transformations du type primitif, qui se serait modifié à mesure
de son éloignement de son centre de dispersion.
33 — H. fœtidus L. — AC. Lieux pierreux, bords des
chemins, sur les terrains siliceux mais de préférence sur
les terrains cale, de la z. subalp., où il s'élève jusqu'à
HOO™. — Mars-juin, suivant l'altitude.
Cette plante et la précédente sont irritantes et déterminent des
entérites quelquefois mortelles.
Isopyrum L.
34 — I. thalictroideum L. ; Helleborus thalictroideus DC.
— AR. Bords des ruisseaux ombragés, lieux frais, prairies
des terrains granitiques, dans les z. inf. et subalp. — Avril-
mai. — Allées du parc d'Orgeix, près de la fontaine (800m),
abondant; Orlu, prairies de la riv. g. de l'Oriège (820m);
parc de la forge d'Orlu, sous le canal d'amenée (940m) ;
1. Revue générale de botanique, dirigée par M. G. Bonnier, t. J, livraison du
15 décembre 1889, p. 597 et suiv.
54 PLANTES INDIGÈNES
vallée de la Lauze, prairies cTAscou en aval du pont Subra
(980m) ; bords du chemin forestier entre le col d'En-Ferrié et
la fontaine du Drazet (1430m) ; fontaine du Drazet (1460m).
Aqullegla L.
35 — A. vulgaris L.
Sous ce nom, les anciens botanistes comprenaient plusieurs
plantes, variables dans la taille, la largeur des feuilles radicales, la
grandeur des fleurs, la longueur des pétioles, etc.; aussi Boreau dans
sa Flore du Centre, éd. 3, 1857, p. 24, Al. Jordan dans seaDiagnoses
d'esp. nouv., 1864, pp. 83-87, et Timbal-Lagrave dans diverses publi-
cations1, ont-ils décrit comme espèces des formes démembrées du
type A. vulgaris, après les avoir soumises à des essais de culture
pendant plusieurs années. Ces formes sont énumérées dans un
tableau dichotomique de la Flore de France de MM. Rouy et Fouc,
t. I, p. 124.
Nous avons récolté les formes suivantes dans notre circonscrip-
tion; elles ne sont jamais broutées par les bestiaux.
A. nemorali8 Jord. (pr. .sp.) Diagn. p. 83. — C. Bois et
prairies des terrains granitiques des z. inf. et subalp., —
R. dans la z. alp. — Juin-août, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 15 localités) ont été récoltés de
750m (Ax, bosquet Clauselles, sur la gare), à 1880m (la
Malèze sur le lac de Naguilles), et principalement : aux
alentours d' Ax ; aux parcs d'Orgeix et d'Orlu ; dans le vallon
de Montaud ; dans le bois de Fonfrède de Prades, etc. 2
D'après Timbal-Lagrave cette plante représente VA. vulgaris de
la flore du bassin sous-pyrénéen.
A. cyclophylla Timb. et Jeanb., Massif du Llaur en, ti, note 1,
p. 363 du tirage à part; A. alpina Pourr., Itiner. Pyr?^ non
1. Nous citerons : Précis des herborisai, faites par la Soc. d'hiat. natur. de Tou-
louse eu 1870, impr. eu 1871; le Massif d'Arbas, publié en 1874; le Massif du
Llaurenti publié en 1875-1870, et tiré à part en 1879 seulement.
2. Les exemplaires récoltés jusqu'à 1887 inclusivement ont été vérifiés par
Timbal-Lagrave ; ceux récoltés do 1888 à 1891 inclusivement, vérifiés par MM. Rouy
et Foucaud.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 55
L. nec Lamk. — AR. Pelouses et roch. surtout cale, de la
z. alp. — Juillet-août. — Croix du port de Paillères (l920m) ;
sous la porteille d'Orlu (2 ISO™); sous la por teille de
Baxouillade (2i60m) et Roc-Blanc, versant d'Orlu (2250m)1.
M. G. Rouy a vérifié nos exemplaires, en 1890, lors de son
court séjour à Àx.
Cette forme est caractérisée par sa petite taille (2 décim.), ses tiges
rougeâtres, grosses, la pubescence tomenteuse de tous ses organes
de végétation, ses fleurs petites, à éperon sacciforme, sensiblement
pi us court que la lame des pétales, ses capsules petites très glandu-
leuses atténuées à la base, et par ses feuilles inférieures rondes dans
leur contour (inde nomenj à lobes profonds et dont les folioles ont
les lobes rapprochés. C'est l'espèce commune au Canigou (Rouy), au
Llaurenti (Timbal).
Delphinlum L.
36 — D. verdunenseBalb. Cat. hort. taur., p. 31 (1813);
D. cardiopetalum DC, Syst. I, p. 347 (1818); D. Garumme
LdL^.ySuppl. Hist. abr. Pyr.,ip. 73(1818); D.peregrinum Lamk.
Dict. II, p. 264 et auct. mult., non L. — Exsicc. F. Schultz,
Herb. norm.} n° 1006 et Soc. dauph., n°9. — AR. Champs et
moissons, principalement dans les terrains calcaires des
z. inf. etsubalp. — Juillet-août. — Chemin de Perles à Unac,
champs de la rive droite de TAriège (680"1) ; moissons de
Prades, sous le chemin de la Fajolle, vers le bois de Font-
. frède, abondant de 1240m à 1250m.
Le Dr Puel (Revis, crit. (ï. du Lot*) après avoir fait l'historique
du D.peregrinum L. plante du S. de l'Europe (Italie, Sicile, Malte,
Espagne) et établi l'aire géographique du D. verdunense Balb. 8
s'étendant seulement dans le S.-O. de la France et le N. de l'Es-
1. Cette dernière localité est citée par MM. Rouy et Fouc, FI. de Fr.% 1, p. 12G,
mais il faut corriger une grossière erreur typographique et lire : Roc-Blanc, ver-
sant d'Orlu, au lieu de : Roc-Blanc versant d'Arles.
2. Bull. Soc. bot. de Fr„ t. VII (1861), pp. 203-209.
3. Ce nom a été donné par Balbis en 1813 pour un Delphinium récolté par le bota-
niste voyageur Eraéric, à Verdun-sur-Garonne (Tarn-et-Garonne), chef-lieu de canton
de l'arrondissement de Castelsarrazin, et dont le jardin botanique de Turin avait
reçu des graines.
56 PLANTES INDIGÈNES
pagne, a observé qu'elle affecte spécialement les terrains calcaires et
de préférence le calcaire jurassique ; pour l'Ariège, ce botaniste cite
les localités suivantes, qui nous avoisinent : « Mijanés (F. Petit),
Quérigut ! (Pourr., in herb. Mus. par. » — Les fleurs en grappes
plus ou moins denses, le limbe des pétales latéraux cordé-orbicu-
laire, trois fois plus court que l'onglet, distinguent nettement le D.
vcrdunensc du D. peregrinum L. qui a, au contraire, les fleurs
plus ou moins lâches, le limbe des pétales latéraux atténué vers la
base et une fois plus court que l'onglet.
Aconitum L.
37 — A. Anthora L. *
Espèce polymorphe dont nous possédons seulement les deux
variétés suivantes :
Var. « uulgare Ser., Mus. helv. d'hist. nat.^ I, p. 130, tab. 15,
f. 1-3-4 et 47 ; DC, Prodr. I, p. 56 ; Rchb., Monogr. gen. Acon.
(1820), p. 63, et le. germ., IV, f. 4711. — Exsicc. Soc. dauph.,
n° 3174. — R. Pelouses sèches et rochers cale, ou schist.
desz. subalp. et alp. — Août-septembre. — Vallon de Bala-
gués, sur Montaillou, bords du ruisseau (1550m); versant
oriental du port de Paillères, sur le roc de l'Encladou
(1890m).
En dehors de notre circonscription nous l'avons récoltée aussi, en
Andorre : de Saldeu à Canillo, éboulis cale, du chemin (1630m) et dans
les Pyr.-Orient. : chemin de Porté au lac de Font- Vive (1700m).
Var. p Jacquinianum. Ser. ,loc. cit., p. 131 ; A. AnthoraJacq.,
FI. austr. te, tab. 382; A. Jacquinii Rchb., Monogr., p. 66,
tab. 2, et /c.^rm., IV, f. 4711 7. — Exsicc. Reliq. Maill., n°913.
— AC. Même habitat et mômes zones que la variété pré-
cédente.
t. Cetto plante acre et caustique ne perd pas entièrement ses propriétés véné-
neuses par la dessiccation ; ses tubercules très dangereux pour le bétail doivent leur
activité à un alcaloïde puissant, Vaconitine, que l'on retrouve également dans les
autres Aconits de nos montagnes et dont l'emploi comme calmant et narcotique,
en médecine, est fréquent contre les rhumatismes, les paralysies, les névralgies,
les maladies de la peau, etc.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 57
Pelouses cale, sous le col de Rieufrède (1550m); pelouses
du bac de Jacob, sur le bois de Mateliave (1580œ) et pel. du
col de Rieufrède (i600ra) ; coi des Sept-Fonts (1750ra); sous
le pic de Pénédis, vers le Roc de la Llisse (1760ra) ; éboulis
cale, du Roc des Scaramus (1780m), versant de l'Ourza;
versant occidental du port de Paillères (1900m) et pel. cal.
de la croix de Paillères (1920m), etc.
Cette variété diffère, à première vue, de la précédente, par ses
feuilles à divisions plus fines et ses fleurs plus grandes, presque
glabres.
38 — A. Lycoctonum L. var. Lamarckii Rchb., lllustr.
gen. Aconiti atque Delph. (1823-1827), tab. 55, et le. germ.,
IV, f. 4681 b. (sub. A. ranunculifolium Rchb); A. pyrenai-
cum Lamk. Dict. 1, p. 33 (non L. spec. 751). — Exsicc. Bour-
geau, PL pyr. e$pagn.y n° 91. — C. Bois, prairies, pelouses
des z. subalp. et alp. — Juillet-septembre; quelquefois sur
le calcaire.
Nos exemplaires (plus de 25 localités) ont été récoltés de
1080m (vallée de l'Oriège, prairies du Bisp, à la base du
pic de Brasseil), à 2405m (jonction des 7 sources de l'Ariège),
et principalement : à la fontaine du Drazet et au bois de
ce nom ; dans les prairies de THospitalet, sur le pont Cerda ;
à la Soulane d'Andorre; à Puymaurens; dans les Vaillettes
des Padrons; dans la vallée latérale d'Orgeix, etc.
Bentham (Cat. pi. indig. Pyr., p. 57) et Zetterstedt (PL vase. Pyr.
princ.f p. il) prétendent n'avoir observé dans les Pyrénées que la
var. pyrenaicum Ser. in DC. Prodr. (A. pyrenaicum Lamk) qui se
distingue de l'A. Lycoctonum L. par ses fleurs d'un jaune vif dis-
posées en grappe allongée velue, à poils jaunâtres, par ses feuilles
très charnues recouvertes d'un duvet de poils d'un blano jaune, etc.
Malgré nos recherches, nous n'avons pas rencontré dans notre
circonscription la var. pyrenaicum L. (pr. specie), Spec.pL, p. 751
non Willd. nec Lamk ; Rchb. loc. cit., tab. 48 et Icon. germ., IV,
f. 4678. Elle est indiquée par MM. Rouy etFouc, Fl.de Fr., I, p. 139
« dans toute la chaîne des Pyrénées »; cette indication, qui nous
paraît erronée, a dû ôtre reproduite d'après Grenier et Godron, FL
58 PLANTES INDIGÈNES
deFr., I, p. 50. D'après la fig. citée des Icônes de Reichenbach (que
nous possédons), VA. pyrenaicum L. et Lamk. (sic) diffère, au pre-
mier aspect, de la var. Lamarckii Rchb., par ses fleurs plus petites,
à éperon moins arqué, disposées en panicule rameuse étalée, et par
ses feuilles moins découpées et très velues. C'est, selon nous, une
simple forme de TA. Lycoctonum.
Comme ses congénères, l'Aconit tue-loup a des propriétés
toxiques et il est ordinairement respecté par le bétail.
39 - A. NapeUus L.
Espèce très polymorphe comprenant un grand nombre de varia-
tions et présentant dans notre circonscription, la seule sous-espèce
suivante : ■
Subspec. A. uulgare DC., Syst., I, 1818, p. 371; Bor., FI.
du Cent., éd. 3, 1857, p. 26 (pr. specie). Nous possédons les
cinq variétés suivantes, bien décrites par MM. Rouy et
Fouc, FI. de Fr.} I, pp. 142-143 :
a Lobelianum Rchb., Illustr. (loc. cit.), tab. 2, f. 3 ; A. Napel-
lus L. var. capsiriense Timb., in le Capsir, p. 51. — Exsicc.
Reverchon, PL de Corse, n° 202. — AR. Prairies et pentes
herbeuses des z. subalp. et alp. — Juillet-août. — RR. dans
la z. niv. — Août. — Vallée de la Lauze, prairies de Mont-
mija (1400m) ; pelouses au S.-E. du col del Pradel (1680M) ;
jasse du lac de Naguilles (1860m) ; Coume de Paraou (1900m) ;
versant occidental du pic de Coume-d'Or (2700").
Nous l'avons aussi récoltée en Andorre et dans les Pyr. -Orient., sur
les limites de notre florule.
p compactum Rchb., Illustr., tab. 2, fig. 1 et 2. — A.
NapeUus var. p. Vill ; A. NapeUus DC. , FI. fr.y IV, p. 917. —
Exsicc. Billot, n° 503. — CC. Pelouses et pâturages des
z. subalp. et alp. — Juin-août.
1. Nous ne possédons aucune variété, ni aucune forme de la sous-espèce A.
pyramidale (Mill?) Rchb. {pr. spec); A. NapeUus Bor., FI. du Cent., éd. 3, p. 26
et L. Spec. 751 ex descript.) qui est spéciale aux plaines et aux basses montagnes
de la France et n'a pas été signalée jusqu'à ce jour dans les Pyrénées.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 59
Nos exemplaires (plus de 20 localités) ont été récoltés de
1470™ (versant oriental du col de Peyreblanque, sur le
Drazet), à 2270m (vallon del Baladra, jasse des Padrons d'en
haut.)
y multifldum Koch, ap. Rchb., lllustr., tab. 70, et le. germ. ,
IV, t. 90, f. 4696. — C. Même habitat et mêmes zones que
la var. précédente. — Juin-septembre.
Nos exemplaires (18 localités) ont été récoltés de 1460m
(environs de la fontaine du Drazet), à 2375m (pelouses de la
fontaine del Maya, sur la Soulane d'Andorre).
Le 23 août 1894, nous avons récolté des échantillons à/7, blanches
et à fl. lilas, de cette variété, sur les pelouses près de la cabane de
las Passadères, au val de Campcardos (Pyr.-Orient.).Timbal-Lagrave
avait déjà signalé dans les Pyrénées V Aconit napel à fleurs blanches
et môme à fl. panachées de blanc ou de jaune; la couleur la plus
habituelle est le bleu d'azur.
a Schleicheri Rchb., Illustr., tab. 1 ; A. tauricum Schleich.,
Cat. pi. helv.% p. 5, non Wulf. — RR. Pelouses sèches de
la z. alp. — Août-septembre. — Vallon de Saint-Joseph,
jasse de Baquemorte (1770°) ; versant oriental du pic de
Serembarre (1820m).
t Iuxurian8 Rchb., Illustr., tab. 2; 4. Napellusv&r. bracteatum
Lamotte, Prodr. fl. plat, cent., p. 58. — AR. Lieux boisés et
humides, pelouses des z. subalp. et alpine. — Août-octobre.
Bois des Gouttines (1440m) et fontaine du Drazet (1460*);
bois du bac de Jacob (I550m) ; vallée des Bésines : jasse du
Pla (1990m) et pelouses près de la cascade du clôt dels
Pujols (2150ra).
D'après Lamotte, loc. cit., cette variété est ainsi caractérisée :
« plante plus robuste, rameuse et munie de longues bractées folia-
cées presque jusqu'au sommet de l'épi. »
Nota. — L'Aconit napel (la toro de nos paysans) est un poison
narcotico-âcre, dangereux pour les animaux qui pâturent sur nos
montagnes. Des empoisonnements ont été occasionnés par du miel
provenant d'abeilles qui avaient butiné sur ses fleurs .
60 PLANTES INDIGÈNES
Espèces à rechercher ou à exclure.
Picot de Lapeyrouse est le seul botaniste, à notre connaissance,
qui ait indûment signalé quelques Renonculacées dans plusieurs loca-
lités du bassin de la haute Ariège/En voici l'énumération, suivie de
nos observations critiques, et d'après l'Histoire abrégée des plantes
des Pyrénées de cet auteur.
(P. 304 de VHist. abr. Pyr.}. Delphinlum Consolida L.... « vulgaire
dans les récoltes à Ax. » C'est une plante des régions basses et cal-
caires qui ne croît pas à Ax.
(P. 305, loc. cit.) Aconltum neomontanum Koelle « au port
de Paillères, à la Soutane. » Simple forme pubescente, de VA. Napel-
lus, que l'on rencontre dans les lieux secs, suivant DC, FI. fr.y t. V,
éd. 3, p. 642, qui lui donne comme synonyme^, tauricum Schleich.,
PL exsicc, non Wulf. ; Lapeyrouse (op. cit., p. 306) dit d'ailleurs
que cette plante est « bien voisine de l'A. Napellus ».
(P. 306, loc. cit.) Aquilegia alpina L « à Orlu ». Cette espèce
manque dans notre circonscription florale, où elle est remplacée par
\'Aq. cyclophylla Timb. récolté par nous dans quelques localités
alpines de la vallée d'Orlu, de 2150m à 2250m d'alt.
(P. 308, loc. cit.) Anémone alpina L. var. ]9 major Lamk « au
port de Paillères, à la Soutane » Confondu avec VA. sulphurea L.
(4. apiifolia Scop., Wulf.).
(P. 313, loc. cit.) Ranunculus gramlueus L « au pied de
Paillères ». Espèce des basses montagnes et de la plaine, confondue
avec une forme luxuriante du R. Flammula, suivant Timbal-Lagrave,
(Massif du Llaurenti, p. 345 du tirage à part). Le R. gramineus vai-
nement cherché par nous à la localité indiquée par Lapeyrouse est
très rare dans les Pyrénées; nous le possédons en herbier des pentes
sèches du pech calcaire de Montgaillard près de Foix (Ariège), où
notre zélé collègue M. H. Guilhot l'a récolté, le 25 juin 4891, à 600»
d'alt. environ.
(P. 317, loc. cit.). R. heterophyllus La p. var. ininor « hPail-
lèrou » (sommet de Paillères). C'est une forme exiguë du R. platani-
folius L., sans aucune permanence.
Famille IL — PAPAVÉRACÉES.
Papaver (Tourn.) L.
40 — P. Rhaeas L. (sensu lato). — CC. Champs, moissons
et lieux cultivés de la z. inf. — AR. dans la z. subalp. —
Mai-septembre, suivant l'altitude.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 61
Plante ubiquiste et très polymorphe dont les pétales se recouvrent
largement l'un l'autre, et plus larges que longs, passent à toutes les
nuances du rousse au rose et même au bleu; la forme de la capsule
varie aussi beaucoup ; les feuilles tantôt vertes, tantôt glaucescentes
ou glauques, sont divisées en lobes courts et larges, ou longs et
étroits, dentés ou incisés, etc. C'est sur ces variations diverses qu'ont
été établies plusieurs variétés et formes élevées môme au rang
d'espèces par quelques auteurs. Voici l'énumération de celles que
Ton rencontre le plus ordinairement dans nos moissons :
Var. * Rhœas L. (pr. sp.)t P. céréale Jord. ; — var. /3 strigosuni
Bœnnisrh (pr. var.), P. rusticum Jord. ; — var. y pallldum G. et G.,
P. uniflorum Balb.; var. & veslltum Gr. etGodr. et les deux formes
suivantes : P. Intermedlum Beck. (pr. sp.)> P. Dodonœi * Timb.-
Lagr. ; P. erraticum Jord. (pr. spec), P. Fuchsii* Timb.
En résumé le P. Rhœas L. et Auct. comprend, d'après Jordan et
Timbal-Lagrave, un groupe d'espèces affines et très nombreuses,
qu'on doit selon nous, considérer comme de simples formes, vu la
difficulté que le botaniste éprouve à les différencier. Le type d'où
sont dérivées toutes ces formes, aurait été apporté, d'après Alph. de
Candolle 3, de la Grèce en France, en même temps que d'autres
plantes messicoles introduites avec la culture des céréales.
C'est une plante sédative et narcotique dont les fleurs sont usitées
comme pectorales et diaphorétiques.
41 — P. dubium L., P. Ixvigatum Rchb. ; P. LamoUei
Bor. — CC. Champs, moissons des terrains siliceux et
calcaires, dans les mêmes zones que le P. Rhœas L., jusqu'à
la limite de la culture des céréales. — Mai-août.
Au groupe spécifique complexe du P. dubium L. et auct. les par-
tisans de l'école mulliplicatrice, surtout Jordan 4 et Boreau 5, ont
rattaché diverses formes et variétés, considérées par eux comme
1. Ainsi nommé de Rembert Dodoëns ou Dodonams, botaniste hollandais du
seizième siècle, auteur des Slirpium Historiée Pemptades sex, in- fol. .Anvers, 1583,
où ce pavot est mentionné à la page 477 du chap. 12, sous le nom de P. erraticum.
2. Du nom de Fuchsius (Léonhard Fuchs), botaniste allemand, auteur d'un IJist.
Stirp. commentât ii insignes, etc., 1 vol. in-fol., 1542. Ce pavot est mentionné sous
le nom de P. erraticum alterum à la page 51 G de cet ouvrage, cum icône.
Z.Géogr. botanique raisonnée. 1855.
4. Surtout dans le Pugill. pi. nov., 1852, le Breviarium pi. nov., !•' fasc, 1806,
et les Icônes ad (l. Europe I, 1866, ces deux derniers en collaboration do J. Four-
reau.
5. Principalement dans la Flore du Centre de /a France, 3* édition, 1857.
62 PLANTES INDIGÈNES
espèces. Parmi celles que nous avons observées dans notre région
nous citerons les trois formes suivantes : P. modes tu m Jord. (pr.
spec); P. collinum Bogenh. (pr. spec), P. dubium Rchb. non L!;
P. Lecoqull Lamotte (pr. specie).
42 — P. Argemone L. — C. Moissons, champs, bords
des chemins, sur tous les terrains, dans les mêmes zones
que les P. Rh<vas et dubium. — Mai-juillet, suivant l'alti-
tude.
06s. Nous l'avons récolté jusqu'à 4250" d'alt. dans les moissons de
Frades. Une var. glabrum Koch, a la capsule glabre, mais il ne faut
pas la confondre avec les formes du P. dubium qui s'en éloignent
par les filets des étamines non dilatés à la base.
43 — P. alpinum L. var. flauiflorum G. et G. (1848);
P. pyrenaicum Willd. (1809); P. aurantiacum Lois (1806);
P. suaveolens Lap. (1818). — Rchb. le. germ., III, tab. 13,
fig. 4472. — Exsicc. Soc. dauph., n° 2130 ! — RR. Rocailles
schisteuses de la z. niv. — Juillet-août. — Éboulis schisteux
du pic de la mine de Puymaurens (2600m), près du sommet,
22 août 1892, legit Guûhotl
Dans notre Catal. gèn. des phanèrog., etc., récoltées pendant la
session d'Ax-les-Thermes (août 1892) et publié dans la Revue de
Botanique, t. XII, 1894, nous avons oublié de mentionner à la page
326 (p. 88 du tirage à part), cette rarissime plante, l'un des bijoux de
la haute montagne. Notre zélé collègue et ami, M. H. Guilhot, en
compagnie de M. le Dr Gillot, d'Autun, la récoltait à la localité
ci-dessus indiquée, pendant que nous explorions les alentours de la
mine de Puymaurens. Nous la possédions déjà des éboulis du pic de
Carlitte (Pyr. -Orient.) où nous avions eu le plaisir de la récolter le
30 juillet 1888, à une semblable altitude, 2600m, qu'elle affectionne
particulièrement. Dans les Pyrénées, cette plante a été signalée :
1° à Cambredases, au Mail de Cristal, au pic du Midi, à Endretlis, au
Marboré et au sommet du port de Plan, par Lapeyrouse (Hist. abr.
pi. Pyr. , p. 296; 2° aux quatre dernières de ces localités, par Zetterstedt
(PI. vascul. Pyr. prtnc.,p. 12), d'après Lapeyrouse; 3° au puy de Pri-
£ue, au Carlitte (Pyr.-Orient.), à Castanèze, à Malibierne(Pyr. arago-
naises) par Timbal-Lagrave et Jeanbernat (Massif du Llaurenti,
p. 348 du tirage à part) ; 4° sur les granités et les schistes décomposés
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉOE. 63
de la région alp. sup. de la chaîne frontière des Pyr. -Orient, et de
l'Espagne, entre la vallée de Mantet et celle d'Err, et au pic de Car-
litte, etc., par M. G. Gautier (Cat. rais, de la fi. des Pyr. orient., p. 72).
Elle descend rarement au-dessous de 2600 mètres et sa fleur jaune
devient orangée par la dessiccation. 4
Meoonopsls Viguier.
44 — M. cambrica Vig. Dissert., p. 48, fig. 3; Papaver
cambricum L. — AC. Bois et lieux ombragés de la z.
subalp. — Descend rarement clans la z. inf. — Fin juin à
août, suiv. l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 12 localités) ont été récoltés de
640™ (parc de l'ancien château du Castelet, près de la vanne,
i la sortie du canal couvert), à 1475m (bois du Drazet) et
principalement : dans les prairies du Bisp d'Orlu; dans le
vallon de Montaud ; sur les bords du chemin forestier du
bac du Llata; dans le vallon del Pradel; dans le bois des
Gouttines, etc. *
Lapeyrouse (Hist. abr. pi. Pyr., p. 297) l'indique entre autres loca-
lités pyrénéennes <* à la dent d'Orlu » et Grenier et Godron (FI. de
Fr. I, p. 60), l'indiquent « au port de Paillères. » Malgré nos
recherches, nous n'avons pu découvrir cette plante aux localités
ci-dessus désignées et beaucoup trop alpines selon nous pour qu'elle
y croisse, car elle n'atteint môme pas, dans notre circonscription,
1500» d'altitude !
Ghelldonlum (Tournef.) L.
45 — C. majus L. — CC. Murs des jardins, décombres,
lieux pierreux et humides, aux environs d'Ax-les-Thermes.
— Avril-septembre. S'élève rarement dans la z. subalp.
Son suc gommo-réstneux et caustique a une réputation exagérée
contre les verrues, chez nos paysans. La décoction de ses feuilles
est quelquefois utilisée dans les maladies de peau et dans la jaunisse.
I. D'après M. H. Correvon, directeur du Jardin alpin d'acclimatation de Genève
[Flore coloriée de poche a l'usage du touriste dans les montagnes de la Suisse, de
la Savoie, du Dauphiné, des Pyrénées, etc. avec 144 pi. coloriées, I vol. in-1 2, 1894),
cette jolie plante est, parait-il, Tune des plus faciles à cultiver dans les jardins.
6i PLANTES INDIGÈNES
Famille III. — FUMARIÀCÉE3.
Fnmarla (Toarn. pr. p.\ L.
46 — F. officinal!* L. — CC. Champs et lieux cultivés,
murs, décombres, sur tous les terrains de la zone inf., mais
de préférence sur le calcaire. — Mai-septembre.
Var. pdensiflora Pari, non DC: var. floribunda Koch. ;
var. pycnantha Loret et Barr. — AC. Terrains calcaires,
murs bâtis à pierre et chaux dans les zones inf. et subalp.
— Juin-août. — Ax, murs du jardin Duran, derrière les
thermes du Couloubret [H0m); champs de Prades vers
Cornus ■'1230wj et sous le chemin du bois de Fontfrède
(1250*; ; champs de la Bouyche, sur Montaillou (1380*), etc.
On la distingue du type par ses tiges plus fermes et non diffuses,
ses feuilles à pétiole assez rigide, non ou à peine contourné-accro-
chant, ses fleurs d'un pourpre foncé, nombreuses et en grappes denses.
Les paysans emploient comme technique et dépuratif le suc acre
de la fumeterre officinale, dans les affections scrofuleuses, dar-
treuses, la jaunisse, le traitement de la gale , etc.
Corydallls* DC.
47 — C. solida Swartz (1819); Smith (1825); C. bulbosa
DC. (1805) non Pers.; Fumaria solida Ehrh. (1791).
Cette espèce présente plusieurs variétés, mais nous ne possédons
que la suivante, correspondant au type et caractérisée par ses
bractées profondément incisées-digitées.
Var. adigitata F. Schultz, Arch.de fl. deFr. et d' AIL, p. 53
et Exsicc. fl. galL et germ., n° 4 ; — C. digitata Pers., Syn. 2,
(1807), p. 269. — AC. Prairies, bois, taillis des z. inf. et
subalp. — Avril-juillet, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 10 localités) ont été récoltés
do 725fn (Ax, parc de THorte) à 1670m (pelouses sous les
éboulis cale, du roc des Scaramus, versant de TOurza,
1. A l'exemple do MM. Rouy et Foucaud, Fl. de Fr.t I, p. xm (Introduction) et
p. 184, nous écrivons Corydallis et non Corydâlis.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈf.E. 65
principalement : au parc d'Orgeix; dans les prairies d'Orlu;
dans la vallée latérale d'Orgeix ; dans le bois de la Venne
de Prades, etc.
Ses tubercules ont une matière amylacée chargée d'un principe
acre qui ne disparaît pas par la cuisson.
48 — C. claviculata DC . ; Fumaria claviculata L. — Exsicc.
Soc. dauph., n° 1080. — RR. Rochers et éboulis des terrains
granitiques, dans la zone subalp. — Juillet. — Éboulis du Roc
de la Spélugue (1080ra), au quartier d'Aiguebonne, sur la
route d'Espagne.
Plante très rare dans la région pyrénéenne, et qui n'a été rencontrée
jusqu'à ce jour que dans les Pyr. -Orient. : « taillis sous le pic de
Madrés en descendant au bord de l'Aiguette », d'après Timbal-
Lagrave et Jeanbernat [le Capsir, p. 63), et dans l'Ariège, « aux envi-
rons de Foix », d'après Galissier.
Bentham (Cat. pi. Pyr., p. 73) l'indique dans les Pyr.-Orient. mais
sans citer une localité. D'autres botanistes pyrénéens, Lapeyrouse,
J. Oay, Zetterstedt, etc., ne la mentionnent pas dans leurs ouvrages.
Pourret dit l'avoir vue à Quérigut dans le Donnézan, mais il paraît
que la plante inscrite sous ce nom dans l'herbier de ce botaniste
conservé au Muséum d'histoire naturelle n'est autre, d'après M. G.
Gautier, que le Fumaria parviflora Lamk.
Companyo, dans son Hist. nat. des Pyr.-Orient., prétend qu'elle
habite les environs de Canet, la vallée du Réart et le plateau des
Aspres. Ces indications paraissent fantaisistes, puisque aucun bota-
niste n'a pu retrouver le Corydalis claviculata aux localités sus-
nommées. On sait, d'ailleurs, comme le font justement remarquer
Timbal et Jeanbernat (loc. çit.),\e peu de créance qu'il faut accorder
aux renseignements fournis par Companyo.
Fam. IV. — CRUCIFÈRES ou CRUCIACÉES. 4
Tribu 1 . — Arabidées DC.
Chelranthus L. (ex. p.) R. Brown.
C. fruticulosus L. — CC. Vieux murs et parfois rochers
voisins des habitations, aux environs d'Ax. — Mars-mai.
1. La dénomination de Cruciacée$ a l'inconvénient do pouvoir tout aussi bien
s'appliquer aux Rubiacées(Ga/ium cniciàta L.).
TOME XIII. 5
66 PLANTES INDIGÈNES
Nous n'avons pas numéroté, aveo intention, cette plante d'un indi-
génat très douteux et qui est naturalisée dans presque toute la
France. D'après Aiph. de Candolle (Gèogr. bot. raisonnèe, 1855,
p. 651), elle est originaire de la Grèce. Elle se distingue du Ch.
Cheiri L., suivant Lamotte (Prodr. fi. pi. centr. Fr.y I, p. 70), par ses
fleurs plus petites, toujours d'un jaune uniforme et non veinées, ses
feuilles plus étroites et plus blanches en dessous.
Barbarea 4 R. Br.
49 — B. vulgaris R. Br. ; Erysimum Barbarea L. — C.
Prairies, lieux ombragés et humides dans les z. inf. et
subalp. — Mai-juillet.
Nos exemplaires ont été récoltés de 800m (prairies du
parc d'Orgeix), à 1760™ (jasse de TOrryot, sous le lac de
Naguilles).
Cette plante, qui varie beaucoup pour la direction des siliques,
possède une forme ombreuse : le B. arcuata Rchb. (pr. sp.), Bot. zeit.
(1820) et le. germ., II, f. 4357, reliée au type par tous les intermé-
diaires possibles ; elle s'en distingue à peine par ses siliques arquées
dans leur jeunesse, puis étalées et en grappes plus lâches. Les
caractères donnés par quelques auteurs pour les feuilles de cette
forme n'ont point de constance.
La Barbarée vulgaire n'est point recherchée par les animaux à
cause de son amertume; elle est antiscorbutique et ses feuilles,
macérées dans l'huile, forment un baume pour les blessures.
50 — B. intermedia Boreau, FI. du Cent,., éd. 1 (1840),
p. 48, et éd. 3 (1857), p. 40; B. sicula G. G., Fl.de fr.,I,p.92,
non Presl2, sec. Jord., Diagn., p. 106; F. Schultz, Herb. norm.,
n° 212 et bis. — O. Lieux humides des z. inf. et subalp.
R. dans la z. alp. — Mai-septembre, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 12 localités) ont été récoltés de
675m (prairies humides de Savignac), à 2140m (éboulis près
de la caserne des mineurs de Puymaurens).
1. Tous nos exemplaires du genre Barbarea ont été revus en août 1897 par M. J.
Foucaud.
2. Le Barbarea sicula Presl, Del. Prag., p. 17, d'après MM. Rouy et Foucaud [FI.
de Fr.% I, p. 199), est une espèce exclusive à la Corse et à l'Italie (Calabre, Sicile)
et à l'Asie Mineure.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 67
Notre type correspond à la var. erecfaRouy et Fouc, Fl. de Fr.,
1, p. 200, à siliques dressées.
Var. pfallax. Loret et Barrandon, Fl. de Montpell., éd. 1,
p. 42 (exclud. synom.); siliques étalées. Récoltée par nous,
dans les pelouses sur la caserne des mineurs de Puymau-
rens, à 2180m d'alt, le 8 août 1889.
Loret dans ses Glanes d'un botaniste (Bull. Soc. bot. de Fr.9 VI,
(1859), p. 90) indique le B.inter média Bor. récolté par lui « en juillet
et août 1858 à l'Hospitalet et à Mérens », mais il a confondu sous le
nom de B. sicula la plante de Presl ? avec celle décrite par Grenier
et Godron, et il l'indique, entre autres localités, à Prades-de-Mon-
taillou (Ariège), fin juillet 1858 !, en ajoutant la phrase suivante : « Les
plantes de ces diverses localités sont identiques avec celles que j'ai
recueillies dans les fossés de la citadelle de Mont-Louis (Pyr.-Or.),
où Ton signale le B. sicula. » Loret a rectifié son opinion sur cette
espèce, dans ses Notes sur plusieurs plantes nouv. pour la fl. de
Montpell. et de V Hérault, et a fait justement remarquer « que le B.
intermedia Bor. varie à siliques appliquées ou étalées, comme dans
la plupart des espèces du genre, et ne lui parait pas différer aujour-
d'hui spécifiquement du B. sicula Gr. et Godr., Presl ? '
51 — B. prœcox R. Br. ; B. patula Fries; Erysimum
prœcox Smith. — C. Fossés, bords des chemins et des
champs, pelouses humides des z. inf. et subalp. — Fin
mai à août.
Nos exemplaires ont été récoltés de 700m (fossés de la
gare d'Ax), à 1660m (fontaine d'Audouze, sous le pic do
Géralde).
On la distingue des espèces précédentes : par ses siliques étalées
très longues et ses feuilles à lobes plus nombreux, les supérieures
pinnatifides; de plus, suivant la juste observation de Boreau, Fl. du
Cent., éd. 3, p. 40, « les feuilles de cette espèce que l'on mange en
salade ont la saveur piquante agréable du cresson, ce qui la fait dis-
tinguer facilement des deux autres qui sont amères. Smith., Fl. brit.
2, p. 708, attribue lui-môme ce caractère à sa plante. »
1. Bull. Soc. bot. de Fr.y X (18G3), p. 379.
08 PLANTKS INDIGÈNES
Nasturtlam R. Br.
52 — N. officinale R. Br. ; Sisymbrium Nasturtium L. —
CC. Fossés humides et marécageux, fontaines et ruis-
seaux d'eau vive, etc., sur les terrains granitiques de la
z. inf., aux environs d'Ax (Savignac, Castelet, Orgeix,
Orlu, etc.) — Mai à septembre.
Plusieurs variétés ont été créées par les auteurs aux dépens de
cette espèce, mais comme le font observer MM. Rouy et Foucaud,
FI. de Fr.y I, p. 205 : « On rencontre parfois sur le même pied les
feuilles des variétés asarifolium et genuinum, siifolium et genuu
num, etc. » Tout botaniste sérieux ne doit donc pas y attacher de l'im-
portance, car suivant que les eaux sont plus ou moins profondes, la
plante subit des modifications dans la grandeur et la forme des seg-
ments des feuilles, la hauteur des tiges, etc.
On emploie les feuilles fraîches du cresson de fontaine comme
assaisonnement et comme antiscorbutique; ses propriétés stimu-
lantes sont dues à l'huile volatile sulfurée (analogue à celle des
autres Crucifères) qu'il renferme. Il est aussi diurétique et expecto-
rant.
ArabU L. •
53 — A. perfoliata Lamk. ; Turritis glabra L. ; Sisym-
brium simplicissimum Lap. — AC. Lieux secs, champs,
rochers, etc., surtout dans les terrains siliceux de la z. inf.
— Mai-juillet. — Plaine de Savignac ; rochers de l'Esqui-
roulet ; bosquet Clauselles ; gare d* Ax ; parc d'Orgeix ; etc.
54 — A. brassiciformis 2 Wallr. — Brassica alpina L. —
RR. Bois et taillis, lieux pierreux de la z. subalp. — Mai-
juillet. — Monticule de la Mate, sur Prades(Ariège), à 1350"1 ;
THospitalet (Loret, Glanes d'un botaniste).
Cette espèce a été récoltée le 28 juillet 1856 par H. Loret (conf.
Bull. Soc. bot. de Fr.t VI, 1859, p. 90) ; ce botaniste ajoute en note :
« Cette espèce qu'on dit être commune dans l'E. de la France (conf.
1. La plupart de nos exemplaires de ce genre ont été revus par M. A. Le Grand,
en mars 1899.
2. Plus correct que br&ssicxformis.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 69
Gr. et Godr., FL de Fr., I, p. 99) est plus rare dans les Pyrénées et
dans le Midi qu*on ne le croit généralement ; j'en ai donné à des
botanistes qui avaient herborisé, trente à quarante ans, dans ces
régions, sans la rencontrer. »
55 — A. stricte Huds. ; A. hirta Lamk. — R. Rochers
cale, des z. subalp. et alp. — Juin-juillet. — Vallon del
Pradel, rochers sur la fontaine de Boutas (1525m) ; rochers
de la croix du port de Paillères (1910m); filon calcaire à
l'entrée du trou de Vor de Baxouillade (2070ra).
Nous n'avons pas observé dans notre région les deux formes
biennis Timb., FLCorb., p. 48, et corbariensis Timb., loc. cit. D'après
Zetterstedt (PL vascul., Pyr. princip., p. 18), VA. stricta « est une
petite espèce qui se distingue habituellement par ses fleurs peu
nombreuses (5-7) et par ses f. caulin. (3-4), très petites, oblongues
presque entières » et nous ajouterons : par ses feuilles radicales
coriaces luisantes, en rosette dense, et par son port rigide.
56 — A. arcuata Shuttl. ad amicos (1835 !) et in Godet,
Enum. végét. vase, du canton de Neuchâtel (1838), var. hirsuta
Godet, FI. Jura, p. 38; A. ciliata K. var. hirsuta Koch,
Synopsis, éd. i (1837), p. 39 et éd. 2 (1843), p. 42 non R. Br. * ;
Turritis alpestris 8chleiéh.} PL exsicc. Helvet. ; Arabis alpestris
Rchb., le. germ., II (1837-1838), fig. 4338 b; — Exsicc. Soc.
daupk., n° 5186 sub. A. arcuata Schuttl. — C. Prairies et
pâturages rocailleux des z. subalp. et alp. ; souvent sur le
calcaire. — Juin-août.
Nos exemplaires (plus de 25 localités) ont été récoltés de
1220™ (rochers de la grande route sous le village de Prades,
vers Camurat), à 2185m (sarrat de la Coumeto de Baxouil-
\. L' Arabis ci UtUà R. Brown in Ait. llorl. kew. éd. 2; A. Brownii Jord., Diagn.
pi. nouv., p. 123, est une espèce particulière aux Iles- Britanniques et qui habite
surtout les bords de la mer en Irlande. La dénomination d'A. ciliata Koch, qui
exprime un attribut peu convenable, doit donc être abandonnée et remplacée par
celle d'A. arcua/a Shuttleworih qui a d'ailleurs sur elle la priorité (confér. Burnat,
FI. Alp. marit., I (1892), p. 97; Rouy et Fouc, FL de Fr. (1893), p. 214); cette
dernière plante a en effet été distribuée par le botaniste anglais Shuttleworth, à
ses amis (de Charpentier, etc.) sous le nom d'A. arcuata, à la suite d'herborisa-
tions faites dans le Valais au mois d'août 1835 !
70 PLANTES INDIGÈNES
lade), et principalement : dans les montagnes calcaires de
la vallée de la Lauze (pic de Serembarre, Paillères, etc.),
et de la vallée de TOriège (fontaine du Roc-Blanc, etc.).
Elle ressemble assez comme aspect à VA. hirsuta Scop. mais s'en
distingue par ses feuilles caulinaires arrondies à la base et non tron-
quées ou auriculées. Nous n'avons pas observé la var. glabrata Godet,
qui diffère seulement de la variété précédente par ses tiges glabres
et ses feuilles ciliées sur les bords, mais nous possédons la forme
suivante :
?A. cenisia Reuter. Cat. Jard.bot. Genève, 1853, et Cat. pi.
vascul. env. Genève, 2e édit., 1861, p. 13. — RR. Pâturages
rocailleux et calcaires de laz. subalp. — Juin. — Monticule
de la Mate, sur Prades (1350m) ; pelouses des Cayrannes,
sous le col de Pourtetgés (1570m).
Cette plante est caractérisée par ses tiges naines de 3-5 centim.
de hauteur, ses fleurs en corymbes compacts et ses siliques courtes ?
Nous n'avons pu vérifier ce dernier caractère sur nos exemplaires
récoltés seulement en fleurs et revus par M. A. Le Grand; pour ce
motif nous avons placé un point de doute à côté du nom de cette
forme.
57 — A. sagittata DC., FI. fr.} V, p. 592; A. hispida
Lamk ; A. hirsuta Scop. (pr. parte), var. sagittata Burnat, FI.
Alp. marit., I, p. 98. — AC. Prairies et pelouses sèches,
rochers, éboulis, etc. des z. inf. et subalp. — Avril-juillet.
— R. dans la z. alp. — Castelet, parc de l'ancien château ;
Savignac, tranchée du chemin de fer près de la galerie
d'Eychenac ; environs d'Ax-les-Thermes (l'Esquiroulet, En-
Fountangé, En-Cas tel, parc du Teich, château Matt) ; éboulis
d'Aiguebonne, sur la route d'Espagne (1040") ; bois de Font-
frède de Prades, bords du chemin forestier (1400m) ; sommet
du pic Dolent (1805-), etc.
Notre plante a les feuilles caulinaires plus ou moins auriculées*
sagittées à oreillettes étalées, les siliques pourvues d'une nervure
médiane courte et les graines étroitement ailées.
Nous possédons la forme suivante :
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 71
A. rigidula Jord. {pr. spec.), Diagn., p. 109. — RR. Mai.
Bords de la route nationale, près du pont sur le ruisseau
d'Eychenac (690m).
58 — A. alpina L. — C. Murs, lieux pierreux, fentes des
roch. cale, et siliceux des z. inf. et subalp., et jusque dans
la z. al p. — Mai-juillet, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 15 localités) ont été récoltés de
700m (vieux murs à Ax), à 2250m (vallon de Baxouillade, sous
le Roc-Blanc) et principalement dans les montagnes de
Prades.
Var. p empâta Koch,Syn., éd. 2, p. 42; A. crispata Willd.;
Rchb., le. germ^ll, f. 4328. — R. — Juin-août. — Grand clôt
de Chourlot (1680m) et Coume de Paraou (1950m); jasse de
Pinet (2 1 50-) ; sarrat de la Coumeto de Baxouillade (2180m).
Elle diffère du type : par sa pubescence moins abondante, par ses
feuilles caulinaires plus larges, moins allongées, profondément den-
tées et ondulées, les radicales spatulées, par ses pétales plus grands
et ses siliques étalées.
59 — A. Turrita L. ; Turritis ochroleuca Lamk. — AR.
Bois, lieux pierreux, rochers ombragés de la z. inf. — RR.
dans la z. subalp. — Mai-juillet. — Castelet, talus de la voie
ferrée (650m) ; parc de la forge d'Orgeix (810ra); bois de Gour-
dou, sous Ignaux (850m) ; rochers du chemin forestier dans
le bois de Fontfrède de Prades (1320m).
D'après le Dr Bras (Caf. pi. vascul. de VAveyron, p. 34), cette
plante en herbier macule le papier d'une belle couleur violette. Nous
n'avons pu observer ce caractère sur nos exemplaires intoxiqués,
soit au sublimé corrosif, soit à l'arséniate de soude.
60 — A. bellidifolia Jacq., Fi. aust., t. 180; A. Soyeri
Reuter et Huet du Pavillon, in Ann. se. natn 3e série, XIX
(1853), p. 251 ; A. bellidifolia var. Soyeriana G. et G., FI. de
Fr., p. 105, sec. Grenier ap. Billot, Arch. fl. Fr. et AIL (février
1853), p. 273! — RR. Pâturages humides des z. subalp. et
~'l PLANTES INDIGENES
aip. — Juin-août. — Bois Je Ciiourlot, sur le Bisp d'Orlu
1480*;; base du Roc- Blanc 2180" f versant d'Orlu, sous la
porteille de Baxouillade. *
Cette intéressante espèce a le port et l'aspect de VA. arcuata
Shuttl. var. glabra, mais elle s'en distingue facilement : par ses fleurs
deux fois plus grandes, ses feuilles caulinaires plus larges très
ovales, ses silîques plus grandes et sa souche ligneuse. La fi g. 4331
du tome II des Icônes gerrn. de Rchb. ne représente pas la plante
de Jacquin, d'après Grenier ap. Billot, loc. cit., mais bien celle de
Cl uai us nommée ,4. subcoriacea Gren., spéciale aux Alpes du Dau-
phiné et de la Savoie, au Lautaret, et indiquée seulement dans une
seule localité pyrénéenne : à Esquierry (Herb. Loret).
61 — A. Tbaliana L.(1753); Sisymbrium Thalianum Gay
(1826); Conringia T ha lia ni Rchb. (1832}; Stenophragma
Thalianum Celak., Prodr. fi. Bôhmen (1872), p. 445 — CC.
Champs, vieux murs, rochers siliceux, etc., de la z. inf. —
Mars-août.
Les feuilles radicales sont couvertes de poils rameux portés sur un
petit tubercule. Comme le fait justement observer Lamotte (Pr. fl. pi.
cent. f I, p. 76) : « cette espèce par son port et l'ensemble de ses carac-
tères extérieurs appartient au genre Arabie, mais elle est une
Sisymbrée par ses graines à radicule dorsale, aussi a-t-elle été
placée tour à tour dans les genres Arabis et Sisymbrium. » De plus,
Reichenbach (Fl. excurs., p. 686 et Icon. germ.t fig. 4380) la rattache
au genre Conringia et Celakowski, loc. cit., en fait une espèce du
genre Stenophragma. MM. Rouy et Foucaud ont adopté ce dernier
nom dans leur FL de Fr.t II, p. 24. C'est une tendance très heureuse
qu'ont les botanistes actuels d'élever au rang de genre bien établi
certains types aberrants.
Cardamlne L.
62 — C. latifolia Vahl; C. chelidonia Lamk. — CC.
Prairies humides et tourbeuses, bords des ruisseaux,
1. Le botaniste F. Petit (Herb. Muséum, Paris) l'indique à cette môme localité
a au pied du Roc-Blanc dansl'Ariège, sub nom. A. pumilœ » d'après MM. Rony et
Fouc.,F/. de Fr., I, p. 226. Il a herborisé dans les Pyrénées de 1824a 1829, et a
signalé dans deux localités du bassin de la haute Ariège : le Reseda glauca, L. et
le Sediim Rhodiola DC. (Voir p. 101 du premier fascicule de notre C&tal. raisonné).
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 73
sources, des z. inf. et subalp. — R. dans la z. alp. (fon-
taine des Coungérals, sous le pic de Mounégou (2025m). —
Mai-août .
Nos paysans l'appellent rimma et la mangent en salade.
63 — C. pratensis L. — GC. Prairies et pelouses
humides, bords des eaux, sur tous les terrains, dans les
zones inf. et subalp. — Avril-juillet. — Nos exemplaires
récoltés de 700œ (Ax, prairie sur la gare), à 1650ra (vallée du
Nagear, jasse de la Pu joie).
Notre plante correspond à la var. genuina R. et Fouc, FL de Fr.,
I,p. 232; elle est à fleurs grandes et d'un lilas plus ou moins foncé,
suivant l'altitude, à taille plus ou moins élevée, etc., mais dans les
pelouses de la z. subalp. nous avons aussi observé çà et là les deux
variétés : monticola Timb. (pr. spec.)\\\ Bull. Soc. hist. nat. Tou-
louse, 3 (1870), p. 412, à fleurs petites, d'un rose clair, et orophila
Timb. (pr. spec), loc. cit., à fleurs petites et blanches, etc. Ces deux
variétés sont d'ailleurs assez communes dans les Pyrénées arié-
geoises. Le cresson des prairies peut remplacer le cresson de fon-
taine dans tous ses usages, mais on l'utilise assez rarement.
64 — C. amara L. — CC. Bords des ruisseaux et des
fontaines des terrains granitiques, delà z. inf. jusqu'à limite
inf. de la z. nivale. — Juin-août, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (18 localités) ont été récoltés de 650m
(parc du château du Gastelet, sous la vanne du canal
couvert), à 2405m (jonction des 7 sources de l'Ariège).
On peut la manger en salade; malgré sa saveur amère elle a le
goût piquant et agréable du cresson de fontaine. Nous avons remar-
qué selon les localités et l'altitude des variations très sensibles dans
la hauteur des tiges, la forme et la grandeur des folioles, etc., mais
ces variations ne sont que transitoires. D'après Gr. et Godr., FL de
Fr.,I,p. 10S, la forme hérissée serait le C. umbrosa Lejeune, FL Spa,
2, f. 63, mais cette plante, basse, à tiges rameuses et dressées, à
feuilles dont les segments sont rapprochés et plus ou moins velus ,
qui est commune dans le N. et l'E. de la France, ne nous parait pas
exister dans notre bassin de la haute Ariège.
65 — C. impatiens L. — C. Bois humides, prairies,
bords des ruisseaux, dans les terrains siliceux des z. inf.
74 PLANTES INDIGÈNES
et subalp. — Juin-août. — Nos exemplaires ont été récoltés
de 720m (Ax, parc de THorte), à 1520m (bois du Larguis).
66 — C. hirsute L. — CC. Bords des chemins et des
fossés, pied des murs, rochers humides de la z. inf. —
Avril-juin.
Var. multicauli8 Hoppe, Cent.exsicc. (pr. sp.) ; C. parviflora
Lap., Hist. abr. Pyr., p. 376, non L. — AC. Ça et là avec le
type aux environs d'Ax; s'élève cependant jusqu'à la z.
subalp. — Avril-juillet. — Nous l'avons en effet récoltée, à
1505m d'alt, près de la cabane de la Planelle ou du Larguis.
Elle diffère seulement du type par sa tige rameuse dès la base et
ses fleurs assez grandes.
Subspec. C. siluatica Link. — Exsicc. Soc. dauph.,
n° 1954 et bis. — AG. Lieux ombragés et bords des eaux
de la z. inf. — Avril-juillet. — Savignac, bords du canal du
moulin ; route d'Espagne, fontaine de la métairie de Coro-
nameil, etc.
D'après le Dr Carion (Cat. rais, dèpartem. Saône-ct- Loire, 1859), les
C. hirsuta et silvatica ne sont que deux formes d'une même espèce;
la dernière se distingue uniquement de la première par la largeur
et l'abondance de ses feuilles, ce qui tient à son habitat toujours
ombragé. Cette opinion nous paraît exagérée car nous reconnais-
sons toujours le C. silvatica : à sa tige ordinairement plus élevée, à
ses feuilles caulinaires aussi grandes ou plus grandes que les radi-
cales à segments plus nombreux qui sont mucronés, à ses fl. ordi-
nairement à 6 étamines non dépassées ou à peine dépassées par les
siliques inférieures. On confond souvent le C. silvatica avec la forme
um6rosaL.ec. et Lam. (Cat. pi. cent. Fr.t p. 64,) servant de transition
au C. hirsuta et se rapprochant de cette dernière plante par ses
pédicelles et ses siliques dressés.
67 — C. resedifolia L. ; C. heterophylla Lap., Hist. abr.
Pyr.y p. 377, et FL pyr.} t. 134! — OC. Pelouses, éboulis
et rochers humides des montagnes granitiq. et schist.,
dans les z. subalp., alp. et niv. — Juin-septembre. — Nos
exemplaires (61 localités !) ont été récoltés de 1550m (bloc
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 75
de gneiss dans la vallée du Nabré), à 2790m (éboulis schist.
du pic Pédroux Sud).
Exceptionnellement nous avons rencontré cette espèce à 900»
d'alt. sur les rochers de la rive dr. de l'Ariège, près du pont de Ber-
duquet, mais elle a dû être entraînée en ce lieu d'une station plus
élevée, par les eaux. On observe des variations dans la taille, la
forme et la découpure des feuilles, etc., de nos multiples exem-
plaires, mais ces transformations, comme le font justement remar-
quer Jeanbernat et Timbal-Lagrave (Massif du Llaurenti, p. 159 du
tirage à part) au sujet du C. heterophylla Lap. (loc. cit.), à taille plus
grande et à feuilles super, simplement lyrées, et aussi au sujet de
la var. p Lap. (loc. cit., p. 375) du C.resedifolia L., à feuilles presque
entières et sublyrées, « ne paraissent être dues qu'aux influences
physiques et chimiques du sol, à l'altitude et à la pérennance de la
plante, qui, à mesure qu'elle avance en âge, varie dans ses organes
appendiculaires et ne sauraient être décrites séparément; elles
constituent une seule et môme espèce, le C. resedifolia L. » A l'état
normal cette jolie planteg azonnante (5-15 centim.) est caractérisée :
par son aspect glauque, ses feuilles radicales entières arrondies ou
oblongues, ses f. caulinaires à 3 ou 7 lobes et ses petites fl. blanches
en épis dressés.
68 — C. alpina Willd. ; C. bellidifolia Ail. non L ! —
CC. Pelouses fraîches, graviers, éboulis, etc., des z. alp.
et niv. — Juillet-août. — Nos exemplaires (35 localités)
récoltés de 2035m (col de Lègue), à 2750m (escarpement
oriental du pic de Rul ou Rulle) .
Dans les régions élevées cette plante et la précédente peuvent être
mangées, en guise de cresson.
Dentarla (Tournef.) L.
69 — D. pinnata Lamk.; D. heptaphyllos Glus., sec. Rchb.
Icgerm.j II, f. 4319. — Exsicc. Soc. dauph., n° 3181. — AR.
Bois, lieux ombragés des z. inf. et subalp. — Avril-août.
— Prairies d'Orlu, rive g. de TOriège, bords du ruisseau de
Negeart (820m) ; bois des Gouttines, bords du chemin (i420ra)
et près de la fontaine des Embriats1 (I410m); environs do la
1. Fontaine dos ivrognes.
76 PLANTES INDIGÈNES
fontaine du Drazet (1460m)j; bois de Fontfrède de Prades,
aux alentours de la fontaine (1470m); bois du clôt de
Baillar, près du Drazet (1500m) ; bois de la Goût, sur Mon-
taillou (1530m) ; bois de Bramefam, sur le hameau de Bou-
digou (1550m).
Tribu 2. — Sisymbriées DC.
Hesperls (Tournef.) L.
70 — H. matronalis L. — RR. Lieux ombragés de la
z. subalp. — Juin. — Gorges de la Frau : bords du ruisseau
de l'Hers, à la limite du canton d'Ax (1030m).
Elle est souvent cultivée dans les jardins où ses fleurs deviennent
doubles et sont très odorantes (var. hortensis DC.)
Slsymbrlum L. (emend.).
71 — S. Sophia L. — RR. Bords des chemins, talus,
décombres, près des habitations dans la z. subalp. — Juillet.
L'Hospitalet, décombres près du pont de Sainte-Suzanne
(1440m); rochers à TE. de l'Hospitalet, sous le lacet de la
route nationale (1450m).
On l'a vantée comme vulnéraire.
72 — S. austriacum Jacq. (sensu lato), FI. austr.,3, p. 35,
t. 262; Rouy et Fouc, FI. de Fr., II, p. 15. — Lieux
incultes, bords des chemins, vieux murs, rochers, etc., des
z. inf. et subalp. — Juin-août.
Espèce polymorphe dont nous possédons seulement les trois
formes suivantes, revues par M. A. Le Grand :
S. chrysanthum Jord. (pr. sp.), Diagn., p. 148; Sinapispyre-
naica L., non AU! — Exsicc. Soc. dauph., n° 3193. — AR.
Juin. — Ax, lieux sablonneux de la gare et décombres près
du pont d'En-Castel ; rochers près du pont de Runac.
S. montiuagum Jord. (pr. sp.), loc. cit. , p. 146 ; S. acutangulum
var. pyrenaicum Gaud. (excl. syn.). — Exsicc. Bourg eau pi.
Pyr. esp.y n° 425. — AR. Juin. — Ax, murs de la rue du
Moulinas et ancien mur d'enceinte de la ville.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 77
S. Villarsii Jord. (pr. sp.), loc. cit., p. 143; S. pyrenaicum
Vill. ; Sinapis pyrenaica AU. non L! — Exsicc. Soc. dauph.,
n* 24. — AC. Juillet-août. — Bords de la rive droite de
l'Ariège, sous le pont de Runac (870m) et entre les ponts
del Fraré et de Berduquet (900m) ; murs de la route natio-
nale en face du pont des Bordes-Hautes de Mérens (1155m) ;
fossés à l'entrée du village de l'Hospitalet (1 430m) et près
du pont de Sainte-Suzanne (1440m) ; murs des prairies de la
Soulane d'Andorre, près des granges de Lapatrie (1610m), etc.
Cette plante, douée de propriétés antiscorbutiques, se distingue
facilement : par ses siliques du double plus larges que dans les autres
formes, courtes (15-25 millimètres), parsemées de poils, et son style
épaissi et linéaire.
73 — S. officinale Scop. ; Erysimum officinale L. — CC.
Bords des chemins, friches, lieux cultivés, décombres, etc.,
de la z. inf. — Mai-septembre. — Semble préférer les
terrains calcaires.
C'est une plante tonique, expectorante, jadis très usitée contre les
affections de poitrine, mais aujourd'hui très négligée. Il faut l'arra-
cher avec soin des terrains qu'elle infeste.
74 — S. pinnatifidum DC. ; Braya pinnatifida Koch;
Sisymb. bursifolium Lap. var. « et p (excl. syn.)} non L ! —
GC. Rochers et pelouses, bords des torrents, dans les
terrains granitiques et schisteux des z. su bal p., alp. et
nivale. — Juin-septembre, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (58 localités!) ont été récoltés de 1660m
(bois du col de Joux), à 2630m (éboulis gneissiques du pic
d'Auriol).
Vu ses propriétés stimulantes, on peut la manger en salade, à
défaut de cresson. Suivant la juste observation de Zetterstedt
{PL vascul. Pyr. princ, p. 18), « les feuilles de cette espèce sont
d'une forme très variable, souvent sur le même individu. En automne
on la trouve souvent munie de rosettes stériles, avec des feuilles
larges, moins divisées, avec les feuilles caulinaires les plus hautes
tout à fait entières. » Nous avons discerné dans nos exemplaires la
78 PLANTES INDIGÈNES
variété suivante, caractérisée d'après MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr.9
II, pp. 22-23, « par sa souche vivace, glabrescente, verte; ses tiges
grêles; ses feuilles minces, les radicales entières ou faiblement
sinuèes, longuement pétiolées, les caulinaires irrégulièrement et
peu profondément pinnatifides à lobe terminal plus large et plus
grand *> :
Var. Boryanum Fourn. Rech. Sisymb., p. 99; S. Boryi Nym.,
Syll., p. 189; Cardamine Boryi Boiss., Elench., n° 9. — AC.
Mêmes stations, dans les mêmes zones que le S. pinnatifi-
dum DC. — Juillet-septembre.
Nos exemplaires (10 localités) ont été récoltés de 1950B
(pelouses du lac de Beys), à 2450m (porteille du Sisca).
Nous avons aussi récolté cette variété dans les Pyrénées-Orient. :
bords du lac de Lanoux (2154m), 18 août 1891, et cirque sous la
porteille de Maranges (2430»), 23 août 1894. — Elle a été observée
dans les Hautes-Pyrénées, au pic de Néouvieille (Franqueville, in
herb. Rouy).
Alllarla Adans.
75 — A. offîcinalis Andrz. in DC. Syst. 2, p. 489; Brysi-
mum Alliaria L. ; Sisymbrium Alliaria Scop. — C. Haies,
lieux ombragés des z. inf. et subalp. — Avril-juin.
Nos exemplaires ont été récoltés de 720m (Ax, parc de
l'Horte), à 1460n (fontaine du Drazet) et principalement dans
les parcs des anciennes forges d'Orgeix et d'Orlu.
Les bestiaux la respectent à cause de sa forte odeur alliacée ; elle
est antiscorbutique, diurétique et béchique.
Eryslmum L.
76 — E. pumilumGaud., FI. helvet., IV (1829), p. 365, non
DC, nec Hornem. ; Cheiranthus pumilus Schleich. Cat. pi.
helv. (1815), p. 16, et Mûri th., Bot. valais.,]). 61; Erys. alpestre
Jord. — Rchb. le. germ.y II, fig. 4392. — Exsicc. Soc. dauph.
n° 1514. — AR. Rocailles et éboulis des rochers schisteux,
dans les z.alp. et niv. — Juillet-août. — Bloc de micaschiste
dans le vallon d'Eychounzé, sur le lac de Naguilles(à2100m);
éboulis schisteux de la porteille de Mortes, dite d'Espagne
DU BASSIN DE LA HAUTE AR1ÈGE. 79
(à 2440m); éboulis schist. du pic Pédroux Sud, de 2460m à
2750m; éboulis schist. de la porteille de Coume d'Or
(à 2470m), vers le laquet de ce nom ; schistes satinés du pic du
Llauzié (à 2550ra) ; pic de Coume d'Or (de 2620111 à 2670m) .
Cette jolie plante gazonnante, que quelques botanistes considè-
rent comme une forme rabougrie ou naine de YE. ochroleucum DC,
d'autres comme une forme alpine de YE. helveticum DC. (espèce des
Alpes non indiquée dans les Pyrénées), a été souvent confondue avec
YE. aurosicum Jord ! Nos exemplaires ont une souche vivace émet-
tant des tiges courtes (5-12 centim.), des feuilles vertes linéaires
presque entières, des fl. généralement grandes et d'un beau jaune
d'or, une grappe fructifère assez courte mais portant des siliques
étroites, longues et dressées (4-6 centim., quelquefois plus); toute la
plante a un aspect gris cendré. Vu l'impossibilité de récolter en
même temps des échantillons munis de fleurs et de fruits, il ne nous
a pas été permis de discerner avec certitude, dans nos spécimens, les
formes jordaniennes de cette espèce, décrites par MM. Rouy et Fou-
caud, FL de Fr.t II, p. 35. — Exception faite pour une seule localité,
cette plante ne se rencontre dans notre région qu'à la limite de
l'Ariège et des Pyr. -Orientales ; nous l'avons récoltée aussi dans ce
dernier département : 1° aux éboulis schist. du pic Carlitte (à 2600m)
et au sommet de ce pic (2921°); 2* sur le flanc du pic occidental
de Col-Rouge, contrefort du Carlitte (à 2750m).
Tribu 3. — Brassicées DC.
Hlrschfeldla Mœnch.
77 — H. adpressa Mœnch; Sinapis incana L. ; Erucas-
trum incanum Koch.
C. Lieux incultes, bords des chemins, etc., de la z. inf.,
surtout aux environs d'Ax. — Juin-septembre. — Abondante
dans les haies, près de la gare des marchandises où elle
est très probablement adventice.
Suivant la remarque de M. Burnat, FL Alp. marit., I, p. 76, ren-
voi 1, « le nom d'Hirschfeldia incana doit être admis d'après les lois
delà nomenclature (art. 57), au lieu de celui adopté par Mœnch.
Cet auteur eût dû laisser subsister le nom spécifique linnéen, lors-
qu'il a fait passer l'espèce dans un autre genre. » La qualification
80 PLANTES INDIGÈNES
d'adpressa qui indique le caractère des siliques appliquées contre la
tige nous paraît cependant plus exacte que celle d'incana, la plante
(sauf les fleurs) étant plutôt verte que blanchâtre.
Diplotaxls DC.
78 — D. Erucastrum G. et G., FI. de Fr.} I, p. 81 ; Bros-
sica Erucastrum L. sec. G. et G., loc. cit. ; Erucastrum obtus-
angulum Rchb. — RR. dans la z. inf. — Juillet. — Fossés du
village du Castelet (665m), où les graines ont été peut-être
apportées par le vent?
Elle jouit de propriétés stimulantes analogues à celle de la Roquette
cultivée, aussi lui donne-t-on le nom de Roquette sauvage ; on la
rencontre abondamment aux environs de Pamiers, de Foix et de
Tarascon.
Brasslca L.
Les B. Napus L., Râpa L. 4, Oleraoea L. et leurs variétés se
rencontrent, à l'état subspontané, autour des habitations. Nous avons
observé surtout la variété « campestris Koch, du B. Râpa L. (B. cam*
pestris L.), aux alentours d'Ax-les-Thermes.
Le B. nigra Koch (S inapis nigra L.), que nous avons vainement
cherché aux alentours d'Ax, ne paraît pas remonter dans la vallée de
l'Ariège en amont d'Ussat-les-Bains.
Slnapls L.
79 — S. Cheiranthus Koch, Synopsis, éd. 2, p. 60.
Espèce polymorphe dont nous possédons en herbier les quatre
variétés et la forme suivantes vérifiées par M. J. Foucaud, en août
1897 :
Var. corbariensis Rouy et Fouc, FI. de Fr., II, p. 57.;
S. corbariensis Timb., FI. Corb., p. 42. — AR. Lieux sablon-
neux, rochers des z. inf. subalp. et alp. — Juin-août. —
Rochers de la gorge de Mérens, près du pont de Runac
(880m); vallée de TOriège : ruisseau de l'éboulement près
1. Le Navet, la Rave et leurs variétés sont originaires de l'Europe tempérée et
septentrionale où se trouvent des formes extrêmement rapprochées, si non iden-
tiques aux nôtres (A. Le Grand., FI. analyt. du Berry, 2* édit., 1894, p. il).
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 81
de la fontaine de Mousquère (1220m); bords du ruisseau de
Chourlot (1450"); rochers aux bords du lac de Naguilles
(1854") ; rochers de la Coume de Paraou (1950m); etc.
Nous l'avons aussi récoltée sur les pelouses du versant oriental
du col de Puymauren8 (à 1830m), dans les Pyr.-Or., près de notre
limite naturelle du bassin de la haute Ariège.
Var. rupicola Lamotte, Prodr. fl. plat, centr., p. 84. —
RR. juillet. Bords de la route nationale, près des éboulis
d'Aiguebonne (980ra).
Var. racemiflora Rouy et Fouc, loc. cit. , p. 58 ; B. cheiranti-
ftora DC. (pr. p.); B. racemiflora Jord., Diagn., p. 184 (pr. sp.)]
Sisymbrium obtusangulum Lap. (pr. part). — AR. Rochers,
lieux secs de la z. inf. — Juillet-août. — Rochers de la
gorge de Berduquet, au bord de la route nationale (890m);
coi des Escales, sur la gorge de Berduquet (960m), etc.
Var. arenosa Rouy et Fouc, loc. cit., p. 58; Br. arenosa
Jord., Diagn., p. 181 (pr. sp.). — RR. Octobre. — Bords de
la route nationale, en face de la métairie del Fraré (950m).
S. Oandollei Rouy et Fouc, loc. cit., p. 59; Brassica mon-
tana DC. (pr. sp.), non Pourr. nec Rafin. 1 ; B. pyrenxa Jord.
{pr. sp.) ; Sisymbrium obtusangulum Lap. (pr. parte).
AG. Lieux, sablonneux, rochers, éboulis, etc., des z.
su bal p., alp. etniv. — Juillet-septembre. Nos exemplaires
(plus de 10 localités) ont été récoltés de 1020m (éboulis d'Ai-
guebonne, sur la route d'Espagne et au pied du Roc de la
Spélugue), à 2490m (plateau de Camp-Ras dominant le Llau-
renti), et principalement dans les montagnes de la haute
vallée de TOriège (Roc-Blanc, Baxouillade, Balboune, etc.)
Sous le nom de Brassica montana, Fourret a désigné, en 1788
(Mèm. Acad. Toul., série 1, p. 308), une plante croissant exclusive-
ment dans les Corbières, et de Candolle en 1805 (FI. fr.y éd., 3, IV,
1. Le Br. montana RaÛnesque Speech, délia Sicilia, 2, p. 60 (1814), est, suivant
Timbal {FI. Corb.y p. 44), de la môme section oleracea que celui de Pourrct et
n'en est pas très éloigné; Gussone en fait une var. longiroatria du B. rupeetris
Rafin., de la Sicile; de Candolle Prodr., I, p. 217, le réunit au Br. balearica Pers.,
de la Sardaigne et de la Corse.
TOME XIII. 6
82 PLANTES INDIGÈNES
p. 651), une autre plante spéciale aux Alpes et aux Pyrénées.
Al. Jordan dans ses Diagnoses, etc., parues en 1864, a cru nécessaire
de modifier ce nom (op. cit., pp. 187-188), en créant le Br. pyrenaea
pour la plante des Pyrénées et réservant celui de B. cheiranthos
Vill., Hist. pi. Daup/i., II, p. 332, pour la plante des Alpes. Timbal-
Lagrave et Jeanbernat (Massif du Llaurenti, p. 154 du tirage à part)
ont adopté cette opinion, mais MM. Rouy et Foucaud, dans leur
FI. de Fr., II, p. 53, désireux d'éviter toute confusion, ont appelé
B. Pourretii (sous-espèce du groupe o/eracea), la plante de Pourret,
et S. Candollei (forme du S. Cheiranthus Koch), celle de de Candolle.
Sous le nom de Sisymbrium obtusangulum Willd., Lapeyrouse,
dans son Hist. abr. pi. Pyr.y pp. 380 et 381, a confondu les deux
plantes susnommées et en outre le B. cheirantiflora DC, parce
qu'il considérait l'espèce de Willdenow comme un type très variable,
et ne connaissait pas bien les variations du S. cheiranthus, suivant
l'altitude et la station. Grâce aux travaux de phytographie moderne,
on est mieux éclairé sur ce groupe d'espèces affines et leur syno-
nymie est connue avec certitude.
80 — S. arvensis L. — C. Champs et lieux cultivés des
z. inf. et subalp. — Mai-juillet. De préférence sur le cal-
caire. Nous l'avons constatée jusqu'à 1250m d'alt., dans les
champs de Prades.
Var. « oriental!» Coss. etGerm. (S. orientalis L.). Siliques dres-
sées et hérissées de poils, rarement glabres non toruleuses à la
maturité, à trois nervures, à bec unique ancipité, etc. Correspond
au type.
Var. (3 Schkuhriana Rchb. (pr. spec), le. germ., II, tab. 87,
f. 4425 6. — Ex8icc. Soc. dauph., n°|3626. Souvent mélangée au type,
mais caractérisée par ses siliques grêles toruleuses, à 5 nervures et
à bec conique-subulé, ses pédicelles allongés, ses il. plus petites et
plus pâles, ses feuilles caulin. lyrées ou lobées, etc. Son fruit ren-
ferme 9 à 12 graines tandis que celui de la var. a n'en contient que
3 à 9.
Eruca (Tournef.) DC.
E. sativa Lamk. ; Brassica Eruca h.; communément cultivée dans
les jardins potagers de la z. infér. — Avril-août. On la rencontre à
l'état adventice accidentel dans les champs; elle possède des pro-
priétés diurétiques et antiscorbutiques.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 83
Tribu 4. — Raphanées DC. (entend,)
Raphanus L.
SI — R. silvester Lamk. ; R. Raphanistrum L. !
Le type ne paraît pas exister dans notre région ; il ne dépasse
guère, dans les Pyrénées-Orientales, la zone de l'olivier, mais nous
possédons la forme et la sous-variété suivantes, dont les exemplaires
ont été revus par M. J. Foucaud en 1897 :
R. microcarpu8 Lange (pr. specie), PugilL, p. 276. — CC.
Moissons, lieux incultes de la z. inf., aux alentours d'Ax-
les-Thermes. — Avril-octobre.
S. var. intermediu8 Rouy et Fouc, FI. de Fr., II, p. 67.
— C. Mêmes stations, mais s'élève jusque dans la z. subalp. :
champs de Sorgeat, vers Ascou (i060m), etc.
Le Radis (Raphanus sativus L.) se rencontre quelquefois, à l'état
subspontané, autour des habitations. Sa racine renflée, charnue, à
saveur piquante, est tantôt petite, rose et blanche (R. radicula Pers.),
tantôt grosse comme un navet et noire extérieurement (R. nigra
Mérat).
Tribu 5. — Crambées Coss.
Raplstrum Crantz (1769), emend.
82 — R. rugosum Bergeret, Phytonom. univ.y III (1784),
p. 171 ; Ail., FI. ped., I (1785), p. 257; Myagrum rugosum L.
— C. Champs, décombres, fossés de la z. inf. — Juin-
septembre.
Tribu 6. — Lepidinées DO. (emend.).
Lepldlum L. (emend.)
83 — L. caxnpestre II. Br. ; Tklaspi campestre L. — AC.
Champs, bords des chemins, etc., de la z. infér. — Mai-août.
— Ax : gare, parc de THorte; route nationale près du pont
de Rial, etc.
1. Dénomination vicieuse par tautologie. C'est un pléonasme choquant.
84 PLANTES INDIGÈNES
84 — L. heterophyllum Benth., Cat. pi. indig. Pyr.,
p. 95 (1826).
Les trois variétés suivantes basées seulement sur la glabrescenoe
ou la pubescence des feuilles et des pédicelles ont été créées, par
les auteurs, aux dépens de cette espèce :
Var. « alpestreF. Schultz(1840); var. pyrenaicum GG. (1848).
— AC. Bords des chemins, lieux stériles, fossés, pelouses,
tertres, etc., dans tous les terrains des z. inf. et subalp. ; —
RR. dans la z. alp. — Mai-août. — Chemin de Perles, prairies
en face du passage à niveau du Castelet; Ax : prairie de
Saint-Udaut et chemin de traverse près du lacet de Bel-
Air; prairies sur le village d'Ignaux (1030m) ; vallée latérale
d'Orgeix, bords du chemin (1420,n); vallée du Mourgouillou,
aux Llabérolés (1550ra); vallon de Saint-Joseph (2050), etc.
Var. p médium R. etFouc, FI. de Fr., II, p. 83. — AC.
Mêmes habitats, dans les z. inf. et subalp. — Mai-juillet. —
Nos exemplaires ont été récoltés de 650™ (Castelet, rochers
sur les cascades de TAriège), à 1400ra (pelouses delà serre
de Vaïchis).
Var. y campestre F. Schultz(1840) ; var. canescens GG. (1848);
L. Smithii Hook., Brit. fl.} éd. 3, p. 300. — Exsicc. Soc. dauph.,
n° 3196 et bis. — AC. Mêmes habitats, dans les z. inf.,
subalp. et alp. — Mai-août. — Nos exemplaires ont été
récoltés de 85001 (chemin de Vaïchis, col de Coudine), à
2100m (pelouses sous les mines de fer de Puymaurens).
On trouve quelquefois aux environs d'Ax, à l'état subspontané, le
L. sativum L., cresson a/éuoîs, nasitort, qui est cultivé dans les
jardins pour l'usage de la cuisine, comme assaisonnement, à la place
du cresson de fontaine, mais il est irritant et même sternutatoire.
Hutchlnsia R. Brown.
85^-H.alpinaR. Br. (1812); Noccxa alpinaRchb. (1832);
Lepidium alpinum L. — C. Lieux rocailleux et sablonneux,
bords des torrents, rochers et éboulis, dans les terrains gra-
du£bassin de la Haute ariège. 85
nitiques et schisteux des z. alp. et niv. — Juin-août. — Nos
exemplaires (plus de 30 localités !) ont été récoltés de 1900m
(aux bords du ruisseau de la Coume de Paraou), à 2828m (som-
met du pic PédrouxSud), et principalement : dans les hauts
massifs d'Orlu, de Mérens, de l'Hosuitalet, de Pont-Nègre ;
sur les crêtes schisteuses de la Solana d'Andorre, etc.
Cette plante nivale par excellence forme une salade exquise, à une
altitude où le cresson ne se rencontre plus. On la retrouve rare-
ment dans la z. alpine, mais le long des ruisseaux.
86 — H. petraaa R. Br. ; Lepidium petrœum L. ; Teesdalea
petrœa Rchb. — AR. Lieux pierreux, et champs des ter-
rains calcaires, vieux murs, etc., de la z. subalp. — Juin.
Prades, murs des champs (1235m) et lieux pierreux du
Fronteil sur le chemin de la Fajolle (1340in); champs de la
Bouyche, sur Montaillou (1380m).
Capsella Medik (1792) ; Mœnch (1794).
87 — C. Bursa-Pastoris Mœnch, Melh. p/., p. 271 ;
Thlaspi Bursa-Pastoris L., Sp. plant., éd. 2, 11(1753), p. 903.
Espèce très variable, ubiquiste et synanthrope, glabre ou velue, et
que l'on emploie vulgairement comme tonique et astringente dans
nos campagnes contre les hémorragies et les dysenteries. On la
rencontre dans tous les terrains siliceux de la z. inf. jusque dans
la z. alp., où on la retrouve autour des cabanes de bergers sous la
forme pygmœa, en compagnie du Chenopodium Bonus- II enricus L.
du Rumex alpinus L., des Urtica dioica L. et urens L., du Sper-
gularia rubra Pers., de Y Euphorbia cyparissias L., etc.
Nous possédons les variétés suivantes qui ne sont dues, suivant
Timbal-Lagrave1, qu'à des influences locales, soit à l'action de la
chaleur qui peut activer le mouvement plus ou moins précipité des
organes sur lesquels sont fondés leurs caractères distinctifs :
Var. ruderalis Rouy et Fouc, FI. de Frn II, p. 94 ; C. ru-
deralis Jord. (pr. sp.). — Avril-juillet. Laucate, à la limite
1. Bull. Soc. bot. de Fr., sess. extraord. à Prades-Mont-Loui9, tomo XIX (1872),
note D, p. cxv.
86 PLANTES INDIGÈNES
du canton d'Ax ; Ax, talus de la route nationale, en face de
la gare; Prades, chemin de la Pajolle (1240m), etc.
Var. agrestis R. et Fouc. (loc. cit.) ; C. agrestis, Jord. (pr.
sp.) — Avril-septembre. Savignac, talus près du pont sur
TAriège; Ax, parc du Teich, près de la cascade; bords du lac
de Naguilles (1854ra), près de la cabane du pêcheur, etc.
Var. integrifolia DC, FI. /r., IV, p. 709. — Avril-sep-
tembre. Ax : pied des murs des maisons de la rue du Mou-
linas, métairie de la Julie, route d'Espagne, etc. ; Sorgeat,
décombres sous l'église (1040m); rochers, près du trou de
Vor de Baxouillade (2080m), etc.
Var. macrocarpa Albert, PL du Var, p. 10. — Juin. Ax, rive
gauche de TOriège, près du pont métallique du Teich, etc.
Var. pygmœa Bœnitz, in Herb. Europ. ; C. humilis Rouy
et Pouc, loc. cit., p. 96 (pr. forma). — Août. Débouché du
vallon d'En-Garcias, sur le plateau de Puymaurens (1935m) ;
caserne des mineurs de Puymaurens (2140m), et éboulis
schisteux de la mine de Puymaurens (2150m); jasse des
Vaillettes des Padrons (2290m). !
Var. rubella Loret, FI. Montpell., 2° éd., p. 47; C. rubella
Reuter, Z?u/Z. Soc. Hall., 1854, p. 18 (pr. sp.)] C. rubescensPer-
sonnat, Bull. Soc. bot. AV., VII, 1860, p. 511. — Exsicc. Soc.
dauph.,n° \962etbis. — Avril-juin. — Savignac, fossésdela
route nationale, en face de l'église; lieux incultes aux envi-
rons d'Ax, etc.
Nous avons considéré comme une simple variété cette dernière
plante souvent rougeàtre, qui diffère du C. Bursa-pastoris : par ses
pétales dépassant à peine le calice et par les bords latéraux de la
capsule presque toujours à courbe rentrante.
Le Capsclla gracilis Grenier, FI. massil.advcna,p. 17(1857) emend. ;
de Lacroix, in Bull. Soc. bot. Fr.t tome VIII, 1861, p. 261, n'a pas
encore été observé par nous, dans le bassin de la haute Ariège, mais
I. C'est la seule localité pyrénéenne citée par MM. Rouy et Fouc, FI. de Fr.,
I, p. 96, d'après les échantillons donnés par nous à M. G. Rouy.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 87
nous le possédons des environs immédiats de ce bassin. D'après cer-
tains auteurs (Jordan, de Martrin, Loret, Debeaux, Timbal-La-
grave, etc.), cette plante méconnue serait un état maladif du C . Dur sa-
pastoris, à siltcules avortées; d'après d'autres (Grenier, ttavoux,
Albert, Corbière, abbé Ily, etc.), elle serait un hybride des C. Bursa-
pastoris et rubella, avec lesquels elle croit toujours, et l'on aurait
pris pour elle les diverses formes abortives de ces deux espèces
parentes, ce qui explique la divergence d'opinion sur son compte.
Le C. gracilis semble emprunter en effet des caractères mixtes aux
parents qu'on lui suppose : il a la teinte rougeâtre et la base de la
silicule du C. rubella; il a le haut de la silicule et la longueur des
pétales du C. Bursa-pasloris, dont il égale la taille développée.
Tribu 7. — Biscutellées (Kirschl. cmend.) Coss.
Blscutella L. *
88 — B. lsevigata L.
Espèce polymorphe qui présente pour notre région les sous-espèces
et formes suivantes :
Subspec. I. — B. long if o lia Vill.
Le type existe seulement dans l'Isère, les Hautes-Alpes, la Savoie
et la Haute-Savoie, d'après MM. Houy et Foucaud, FI. de Fr., H,
pp. 106-107, mais nous possédons les formes et variétés suivantes :
B. 8axatili8 Schleich., Cent, exsicc, n° 69 (pr. sp.). — AC.
Lieux arides et rochers calcaires de la z. subalp. — Mai-août.
— Nos exemplaires ont été récoltés de 1280m (bords du che-
min de grande communication n° 3, entre le col de Marmare
et Prades), à 1972ra (port de Paillères), et principalement
dans les montagnes de Prades.
Var. leiocarpa Rouy et Fouc, loc. cit., p. 106 ; B. alpicola
Jord. (pr. sp.). — Silicules lisses, à échancrure plus ou moins
profonde. — RR. Août. — Rochers à l'entrée des gorges
de la Frau, sous le bois de Fontfrède de Prades (J100,n).
i. Tous nos exemplaires ont été revus par M. J. Foucaud en 1897.
88 PLANTES INDIGENES
Var. angu8tifolia Timb. (pr. sp.), Flor. Corb., p. 56. —
Silicules très peu scabres (Timb.), feuilles plus étroites
lancéolées obtuses. — R. Juin-août. — Éboulis cale, du roc
des Llamprés (1280"1) ; Coumeil del Fau, dans le bois de
Fontfrède de Prades (1360m).
Var. napifolia Timbal-Lagrave (in litt.). — Taille élevée
(4-5 décim.), feuilles larges ayant la forme de celles du
Brassica Napus) etc. — R. — Août. Bords de la voie ferrée à
Laucate (630m), limite du canton d'Ax ; rochers sous le vil-
lage de Perles (650m).
Nos exemplaires ont été déterminés par Timbal-Lagrave qui n'a
point publié la description de cette plante.
B. flexuo8a Jord. (pr. sp.), var. scabrida Rouy et Fouc. ;
B. picridifolia Lap., var crepidifolia Lap., Hist. abr. Pyr.,
p. 373; B. Timbali Giraudias, Not. crit. FI. Arièg., 1888,
p. 9. — C. Talus schisteux, pelouses et roch. cale, etc.,
des z. inf. et subalp. — Juin-septembre. — Nos exemplaires
(plus de 20 localités), récoltés de 620m (Laucate, talus de
la voie ferrée, près du tunnel), à 1830m (sommet du Roc des
Scaramus), ont les silicules scabres.
MM. Rouy et Fouc. indiquent cette plante (loc. cit., p. 107) « dans
la vallée de Sorgeat, Marc.-d'Aym. in herb. Rouy. » ; c'est : vallon
de Montaud, roch. cale, de VEstreit (1240œ), qu'il faut lire.
B. breuifolia Rouy et Fouc. (loc. cit., p. 107); B. pyre-
naica bot. plur., non Huet du Pav. — AR. Rochers et
éboulis des z. alp. et niv. — Juillet-août. Éboulis de la por-
teille de Baxouillade, versant d'Orlu (2270m) et rochers de
cette porteille (2420m) ; plateau de Camp-Ras, dominant le
Llaurenti (2470m).
D'après MM. Rouy et Fouc. (loc. cit.> p. 108), la plante indiquée
sous le nom de Bise, minor Bordère « au vallon de Barbouillère en
montant au Soula des Artigous », par Jeanbernat et Timbal (Massif
du Llaurenti, p. 160 du tirage à part), doit être rapportée au B. bre»
vifolia.
DU BASSIN DE LA. HAUTE ARIÈGE. 89
Subspec. II. — B. lucida DC. {pr.sp.), Syst. 2 (1821), p. 414,
et Dissert. n° 20, tab. 7; B. lœvigata var. glabra Gaud., FI.
helv.y IV (1829), p. 235. — AR. Pelouses et éboulis des z. alp.
etniv. — Juillet-août. — Base du Roc-Blanc, versant d'Orlu
(2080m) ; sarrat de la Coumeto (petit vallon) de Baxouillade
(2190m); pas de Camp-Ras (2280m) ; porteille de Baxouillade
(2420™) ; plateau de Camp-Ras dominant le Llaurenti (2475°)
et sommet du pic de Camp-Ras (2554m).
Nos exemplaires ont les feuilles glabres luisantes ciliées, entières
ou à peine dentées, la plupart radicales oblongues ou linéaires
oblongues; les silicules sont glabres, etc.
Dans la note intitulée : le Biscutella lucioa DC. acquis à la flore
française ', nous avons démontré, après comparaison faite par
M. G. Rouy, de spécimens de notre herbier avec des échantillons
authentiques de cette plante, du Tyrol, de la Bavière, de la Suisse
méridionale, de l'Italie septentrionale et centrale, qu'elle existait
dans le bassin de la haute Ariège, et nous avons aussi reproduit
in extenso la description du B. lucida, d'après l'auteur même de
l'espèce (que nous considérons comme une sous-espèce de B. lœvi-
gala), et celle donnée par Gaudin, qui envisage le B. lucida comme
une variété glabre du B. lœvigata h. — Les exemplaires que nous
possédons en herbier des prairies du Mont-Cenis (Piémont), ont la
taille plue élevée que les nôtres.
Subspec. III. — B. pyrenaica Huet du Pavillon (pr. sp.)t
Ann. se. nat.9 3a série, tome XIX (1853), p. 252; B. coro-
nopifolia Lap. non L. ! — AC. Débris schisteux, granités
émiettés de la z. niv. — R. dans la z. alp. — Juillet-août.
Nos exemplaires (16 localités) ont été récoltés de 2100in
(vallon d'En-Garcias), à 2828m (sommet du pic Pédroux Sud),
et principalement : dans les hauts massifs schisteux de
Moustier, des Piques-Rouges, du Pédroux, de Puymaurens ;
dans le massif granitique de Font-Nègre, etc.
En dehors de notre circonscription, nous avons aussi récolté cette
plante, en Andorre : dans les granités émiettés de la portella dels
Pessons (2780m) et du sommet du puig dels Pessons (2865m).
1. Le Monde des plantes, organe de l'Acad. intern. de géogr. bot. et Bull, de
l'Assoc. fr. de bot., 7e année, 2* série, n* 100, fascic. de mars, 1898, pp. 97 et 98.
90 PLANTES INDIGÈNES
D'après II. Loret (Glanes d'un botaniste, \nl3ull. Soc. bot. de f'r.,
VI (1859), p. 90), qui accompagnait le botaniste genevois Alfr. Huet du
Pavillon, le 24 août 1 852, lors de la découverte de cette plante au
sommet de la vallée d'Eynes (Pyr.-Or.) : « La brièveté de la tige semble
être due à une station des plus élevées, et quoiqu'elle paraisse
ascendante, il suffit de l'examiner pour reconnaître que ce port n'est
qu'accidentel. Les débris schisteux, amoncelés au lieu où croît cette
plante, l'ont recouverte peu à peu au-dessus du collet et lui ont
imprimé une direction forcée, comme je l'ai vu , quelquefois ,
pour d'autres Discutella et pour des espèces dont le port naturelle-
ment dressé était altéré par la pression lente mais continue des
débris mouvants qui tendaient à l'ensevelir » Mais outre le carac-
tère de la brièveté de la tige, il y en a d'autres qui permettent de
distinguer nettement cette plante : souche vivace et gazonnante,
feuilles spatulées à 3-5 dents profondes au sommet seulement,
vertes et velues hérissées; fl. relativement grandes ; silicules scabres
non ailées, disposées en corymbe dense, etc.
Tribu 8. — Thlaspidées DG.
Iberls L.
89 — Ib. sempervirens L. , Spec. pi. , p. 905 ; Lap. , Hist. abr.
Pyr., p. 370; Rchb., le. germ., II, f. 4199 ; — Ib. garrexiana
Ail. Auct. ad. syn. meth. stirp. hort. taur. (1770-1773), p. 73,
et Fl. ped. (1785), I, n°920, p. 250, tab. 40, fig. 3, et tab. 54,
fig. 2 ; Rchb., legerm., II, f. 4198. — Exsicc. Soc. dauph.,
n° 4458 et bis. — C. Rochers et éboulis des terrains schist.
et cale, des z. subalp.,alp. et niv. — Juillet-sept.
Nos exemplaires (plus de 25 localités) ont été récoltés de
1680m (roch. cale. , à l'entrée de la grotte d'Audouze), à 2680m
(éboulis schist. du pic de la fontaine des Isards), et princi-
palement : au Roc des Scaramus ; à la crête de Paillères ; au
Roc-Blanc ; aux pics de Camp-Ras et de Terres ; dans le
massif de Puymaurens; aux crêtes frontières de l'Andorre
(porteille du Siscarou), etc.
Nos spécimens ont les fleurs d'une dimension très variable, quel-
quefois roses quand elles croissent à la limite du schiste et du gra-
nité; les silicules sont tantôt aiguës, tantôt arrondies ou obtuses.
D'après M. Burnat, FL des Alp. marit., I (1892). p. 137, et d'après
DU BASSIN DE LA. HAUTE ARIÈGE. 91
MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr.t II (1895), p. 119, renvoi 1 : l'examen
de nombreux pieds d'Ib. sempervirens de la Grèce et de l'Asie
Mineure et d'Ib. garrexiana d'Italie, des Alpes et des Pyrénées, ne
leur a pas oermis de trouver des différences constantes entre ces
deux formes? d'une seule et môme espèce et permettant de les
séparer. — Sur les limites de notre flore, nous avons observé dans
les gorges de la Frau, à830m d'alt.,la var. concolor R. et Fouc, FI.
de Fr., II, p. 120, caractérisée par les filets des étamines blancs (et
non violets) dans toute leur longueur.
90 — Ib. amara L.
Plusieurs formes ont été démembrées de cette espèce par Jordan;
nous ne possédons que la suivante dont les échantillons ont été véri-
fiés par M. J. Foucaud eu 1897 :
/6. Forestier!' Jord. (pr. 5/?.), Adnot. in Cat. jard. Grenoble,
1849, p. 21, et Diagn.j 1864, p. 287. — Exsicc. Soc. dauph.,
n° 2760. — G. champs et lieux cultivés des z. inf. et subalp.
principalement sur le calcaire. — Juin-août, suiv. l'alti-
tude.
Nos exemplaires (plus de 15 localités) ont été récoltés
de 700m (Ax, square aux bords de l'Ariège et en face de
la gare), à 1360™ (champs de Montaillou), et principalement
dans les champs de Prades. — Loret, dans ses Glanes d'un
botaniste, l'indique « récolté à Ax, le 20 juin 1856. »
D'après Jordan, loc. cit., qui a établi sa plante sur des échantillons
envoyés par de Forestier de plusieurs localités des Hautes et des
Basses-Pyrénées, elle diffère de 176. amara dont elle est très voisine :
« par ses 11. plus petites, par ses silicules orbicul. plus largement
ailées, à échancrure plus ouverte, dont les lobes dépassent un peu
le style (lequel est au contraire saillant dans 17. amara), par ses
feuilles plus minces à dents plus courtes et plus aiguës, par son port
plus grêle et sa floraison constamment plus précoce de près d'un
mois, dans un môme lieu. » En dehors des départements situés sur la
frontière des Pyrénées, cette forme de 17. amara n'est indiquée que
dans l'Aude : gorges de Saint-George (Foucaud et G. Gautier).
Nous avons vainement cherché, dans notre circonscription florale, les
Iberis pinnata L., Gouan, et /. panduriformis Pourret, signalés
dans nos départements méridionaux.
92 PLANTES INDIGÈNES
Teesdalea * R. Br.
91 — T. nudicaulis R. Br. ; Iberis nudicaulis L. — CC.
Lieux sablonneux, bords des chemins, rochers 9e la z. inf.
— Avril-juin.
Thlaspl (Dill.) L.
92 — T. arvense L. — AC. Décombres, lieux cultivés,
champs de la z. subalp. — Juin-août.
Nos exemplaires récoltés de 1230m (talus de la route sous
le village de Prades), à 1600m (prairies de la Solana d'An-
dorre près des granges de Lapatrie), et principalement : dans
les champs et les décombres de Prades et de l'Hospitalet.
D'après nos paysans, la viande des moutons qui mangent cette
plante rudérale et souvent calcicole, possède un goût désagréable.
93 — T. perfoliaium L. — Bords des chemins, champs,
rochers des terrains calcaires. — R. dans la z. inf. — AO.
dans la z. subalp. — Avril-mai.
Nos exemplaires récoltés de 820m (murs des prés de la
rive g. de TOriège, en face du vacant communal d'Orlu), à
1280m (rochers de la grande route entre le col de Marmare
et Prades), et principalement dans les champs des environs
de Prades.
Nous possédons aussi la forme suivante :
T. erraticum Jord. {pr. sp.), Pugill., p. 12, et Diagn., p. 251.
— AC. Talus et champs des terrains cale, de la z. subalp.
— Mai-juin. — Çà et là avec le type.
Cette plante ne nous paraît différer du type perfoliaium dont elle
est la miniature, que par son aspect grêle, sa taille plus petite, ses
rameaux fructifères plus courts et ses fl. plus petites.
94 — T. brachypetalum Jord., Obs. fragm. 3, p. 5 (sept.
1846); T. virgatum G. G.,Prosp. FI. de Fr.} p. 8 (nov. 1846);
I . Plus correct que Teesd&lià. Cette espèce a été dédiée par Robert Brown à son
ami Tcesdale, botaniste anglais.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 93
T. alpestre L. (sec. Jord.) et Vill., non auct. ait.1 — AR.
Prairies et pâturages des z. inf. et subalp. — Mai-août. —
Prairies du parc d'Orgeix (800m) ; bois du clôt de Baillar,
près du col de Peyreblanque (1480m et 1505m).
Loret, dans ses Glanes d'un botaniste *, signale le T. vulcanorum
Lamotte « sur les rochers granitiques à fleur de terre dans les
prairies de l'Hospitalet (Ariège) » et il ajoute : « cette détermination
que je fis dans les montagnes sur la plante vivante d'après mes notes
sur les espèces de récente création, notes indispensables quand on
herborise longtemps loin de ses livres, a été confirmée depuis par
l'auteur de l'espèce. » Or, cette plante est spéciale aux terrains volca-
niques de l'Auvergne, puisque Lamotte, dans ses Notes sur quelq.
pi. nouv. du pi. centr., 1855, p. 24, ajoute après la description de cette
espèce : a Toujours sur le terrain volcanique, bois, taillis, champs en
friche, etc., voisin du T. brachypctalum Jord. et du T. alpestre Jord. »
Cette erreur a été rectifiée par MM. Rouy et Fouo.,qui dans leur FI.
de Fr.y II, p. 149, rapportent au T. brachypetalum Jord. la plante
indiquée sous le nom de T. vulcanorum, à l'Hospitalet, par H. Loret
dont l'herbier se trouve au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
95 — T. silvestre Jord., loc. cit., p. 9, et Diagn., p. 261.
T. alpestre auct. non L. — AR. Pâturages des z. subalp. et
alp., principalement sur le calcaire. — Juin-juillet. — Près
du chalet forestier de Courtal Juan (1530m); bois de la Gri-
lole, près du ruisseau de la Crémade (1670m); les Bizornes,
sous le pic de Carroutch (1750m); sommet du pic de Serem-
barre (1854m) ; roch. cale, de la croix du port de Paillères
(1910m).
Nous possédons aussi la forme suivante :
T. Gaudinianum Jord. (pr. sp.), loc. cit., p. 14, et Diagn.,
p. 264; T. alpestre Gaud. — R. Pelouses de la z. subalp. —
Juin-juillet. — Crête de Montalzéou, au N.-O. du bois de
I. D'après MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr.> II, p. 147, la diagnose linnéenne
du T. alpestre ne peut s'appliquer qu'au T. brachypetalum Jord., mais pour éviter
une confusion regrettable, ils estiment préférable d'abandonner lo nom de T. alpestre,
véritable source d'erreurs, et de laisser le nom de T. alpestre auct. sous celui de
T. silvestre Jord.
"2. Bull. Soc. bot. deFr., VI (1859), p. 93.
94 PLANTES INDIGÈNES
Fontfrède de Prades (1630m) ; mouillères del Rey, sigrMont-
mija (1680m).
Elle ne nous parait différer du type que par ses silicules plus
petites et par son style dépassant Téchancrure ; mais ce dernier carac-
tère a même peu de valeur, car la profondeur des sinus de la silicule
et la longueur du style varient beaucoup. De plus Grenier, dans sa
Flore jurassique, p. 70, a fait de justes observations sur la légiti-
mité plus ou moins grande des espèces établies par Jordan au moyen
du démembrement du Th. alpestre, notamment en ce qui concerne
la couleur des anthères, etc.
Tribu 9. — My agrées Rouy et Fouc.
Myagrum (Tournef.) L.
96 — M. perfoliatum L. — RR. Moissons des terrains
cale, de la z. subalp. — Juin. — Champs de Prades, près
du pont de Coumener (1315m).
Neslea Desv. (sub Neslla). 4
97 — N. paniculata Desv., in Joum. de bot. (1813), p. 162,
t. XXV, fig. 1 ; Vogelia paniculata Horn. Hort. llaffn. (1813),
p. 594 ; Myagrum paniculatum L. — AR. Champs, mois-
sons, parfois décombres des z. inf. et subalp., surtout sur
le calcaire. — Juin-août.
Décombres au-dessus de la gare d'Ax, dans la prairie
Boyé (705m) ; moissons, sur le village de Prades (1260 et
1280m); champs de Montaillou , sur le château fort
(1380m), etc.
Tiubu 10. — Buniadées DC.
Bunlas R. Br.
98 — B. Erucago L. — C. Champs, bords des chemins,
prairies de la z. inf. — Avril-août. — Environs d'Ax, de
Savignac, du Castelet, etc.
1 . Il est plus correct d'écrire Neslea que Neslia, du nom latin du botaniste J. A. N.
de Nesle, professeur à Poitiers, mort en 1818, auquel cette plante a été dédiée
par Desvaux.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 95
C'est une plante expectorante. Nous avons observé sur la plupart
de nos échantillons les ailes de la silicule peu dentées et plus courtes
que son diamètre (B. brachyptera Jord. (pr. sp.), Diagn., p. 343),
mais nous ne possédons pas la forme B. macroptera Rchb., dont
les crêtes du fruit sont plus longues que son diamètre et incisées-
dentées, et qui croît dans les plaines de la basse Ariège, ni la forme
B. arvensis Jord., loc. cit., dont les silicules sont à angles non ailés.
Nous ne pensons pas qu'il faille attacher une grande importance
aux dimensions très variables de la silicule, car suivant les lieux
on trouve quelquefois sur le même pied de nombreuses transitions
d'une forme à l'autre, selon le développement plus ou moins avancé
de la plante.
Tribu 11. — Alyssinées DC.
Lunarla (Tournef.) L.
99 — L. rediviva L. — RR. Lieux frais et couverts. —
Juin. — Fossés humides du chemin, en descendant du
hameau de l'Ourza aux gorges de la Frau (12601").
On rencontre çà et là dans la z. inf., à l'état subspontané, la
L. biennis Mœnch (L. annua L., Spec, 911), vulgairement monnaie
du Pape; ses graines ailées ont été emportées, par le vent, des par-
terres où on la cultive pour l'agrément.
Alyssum L.
100 — A. montanum L. {sensu lato).
C'est une plante polymorphe des montagnes calcaires de nos z.
subalp. et alp. — Jordan et Fourreau, dans leur Breviarium pl.nov.,
fasc. II (1868), pp. 7-1 1, en ont démembré plusieurs espèces ? affines,
plus tard rattachées au groupe de la sous-espèce A. collicolum
Rouy et Fouc, FI. de Fr., II, p. 180, comme simples formes; Tim-
bal-Lagrave et Jeanbernat (11e Bull. Soc. dauph., 1884, pp. 458 et
459; Rev.Soc. fr. de bot., 3, 1884-1885, pp. 104-107, tab. 1, fig. A.
B. et C), ont aussi démembré trois formes de VA. montanum., que
MM. Rouy et Fouc, loc. cit., ont rattaché à la sous -espèce A. diffu-
sumTen. Nous possédons ces trois formes, basées surtout sur la dif-
férence de couleur et d'aspect des graines, etc. Nous les considé-
rons comme de simples variétés.
96 PLANTES INDIGENES
Var. « helianthemifolium J1 et Timbal., loc. cit., p. 458 et
459, et p. 105, fig. A. — Feuilles petites, blanches incanes
sur les deux faces ; silicules ovales suborbiculaires à graines
brunes elliptiques, atténuées au sommet et mucronées. —
AR. Pelouses et éboulis cale, de la z. subalp. — Juin-juillet.
— Éboulis du Roc d'En-Calqué (1265m) ; éboulis du Roc des
Scaramus, vers le vallon de l'Ourza (de 1670m à 1760m), etc.
Var. p orbiculare J' et Timb., loc. cit., p. 459, etp. 106, f. B.
— Feuilles grisâtres ou légèrement blanches ; silicules
orbiculaires à graines d'un rouge brique, rondes et mucro-
nées. AR. — Même habitat et même zone que la var. a. —
Pelouses de la Nère, sur la fontaine d'Audouze (1665ra);
éboulis du Roc des Scaramus (1750™), etc.
Var. 7 marginatum J1 et Timb., loc. cit., p. 459, et p. 107,
f. C. — Feuilles d'un vert cendré; silicules suborbiculaires
à graines roussâtres, rondes et bordées d'une aile blanc
jaunâtre. AC. — Rochers cale, des z. subalp. et alp. Juillet-
août. — Nos exemplaires ont été récoltés de 1100m (vallon
de la Frau, sous le village de Cornus), à 2000m (crête cale,
de Paillères), et principalement dans les montagnes cal-
caires : de Prades, de Montaillou, d'Ascou, etc.
D'après MM. Rouy et Fouc, cette dernière variété correspondrait
à leur var. genuinum, FI. de Fr., II, p. 181, de VA. diffusum Ten.
(sous-espèce de VA. montanum L.). Nous possédons des exemplaires
en fleurs seulement, qu'il ne nous a pas été possible, vu l'absence
de caractères suffisants, de rapporter à l'une des trois variétés
ci-dessus énumérées. Nous les avons classés dans notre herbier sous
le nom spécifique d'Alyssum montanum L. (sensu lato).
101 — A. calycinum L. — C. Champs, lieux sablonneux
et pierreux des z. inf. et subalp. — Juin-août. — Préfère les
terrains argilo-calcaires. — Nos exemplaires récoltés de
670m (plaine de Savignac, vacant sablonneux près de la
voie ferrée), à 1275m (banquette de la route nationale, au
lacet de Saliens), paraissent se rapporter à la forme
A. erraticum Jord. (pr.sp.).
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 97
Rorlpa Scop. (1760); Adans. (1763).
102 — E. pyrenaioa Spach, Vég. phanér., 6, p. 508;
Sisymbrium pyrenaicum L. ; Nasturtium pyrenaicum R. Br.
— C. Lieux sablonneux, granitiques, bords des chemins,
etc., de la z. inf. — R. dans la z. subalp. — Mars-octobre.
Nos exemplaires récoltés de 650m (rochers humides près
du pont du chemin de fer, au Castelet), à 1655m (fontaine
des Amarels, sous le lac de Naguilles).
Var. hispanica Willk. et Lge. (pr. sp.), Prodr. fl. hisp.^ III,
p. 845; Nasturtium pyrenaicum Boiss., non R. Br. — AR.
Rochers et bois humides des z. inf. et subalp. — Juillet-
octobre. — Castelet, bords de l'Ariège sous le grand pont
du chemin de fer (630m); rochers de la route d'Espagne
près du pont de Runac (880m); bords de la route de Pointe-
Couronne, sous le Roc de Baulou (1045œ) ; vallée d'Orlu,
rochers dans le bois de Chourlot (1250m). *
Voisine du type avec lequel elle est souvent confondue, cette
variété, signalée seulement dans les Hautes-Pyrénées et les Pyr-
Orientales par MM. Rouy et Foucaud, s'en distingue : par ses fleurs
plus petites, et surtout par ses silicules ellipsoïdes cylindriques
égalant le pédicelle (et non ovoïdes oblongues).
Kernera Medik.
103 — K. saxatilis Rchb. in Môssl. Handb., éd. 2, vol. 2,
p. 1 1 42 ; Flor. eœcurs., II, 1832, p. 609; le. germ. II, f. 4264;
Myagrum saxatile L. — RR. Rochers cale, de la z. subalp.
— Juin. — Vallée de l'Oriège, bande schisto-calcairc en
descendant du col de Gastillou à Gaudu (1840m).
Cette plante varie à feuilles entières ou dentées; elle n'est indiquée
que dans les rochers et rocailles2 des Basses-Pyrénées et des
Hautes-Pyrénées par MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr., II, p. 204.
Nous possédons aussi les deux formes suivantes :
1. Tous nos spécimens ont été vérifiés par M. J. Foucaud, en août 1897.
2. Alpb. de CanJolle, Géogr. bot. raisonnèe, 1855, p. 437, la signale comme
propre aux sols calcaires.
TOME XIII. ~i
98
PLANTES INDIGENES
K. decipiens Nym. (pr.spec), Syll. fl. Europ., 1854, p. 199;
K. sagittata Miègeville, Bull. Soc. bot. Fr.,XIV, 1867, p. 145.
— R. Zones subalp. et alp. — Juin-août. — Gorges de la
Frau, rochers cale, en face de l'embranchement du vallon
du Basqui (1030m) et sous le bois de Fontfrède (1100m);
rochers cale, en allant du port de Paillères au Roc de
Lorry (1980m). »
K. auriculata Rchb., loc. cit. (pr. specie), et le. germ.,
II, f. 4265 ; Myagrum auriculatum DC. — AR. — Calcaires de
laz. subalp. — Juin-juillet. — Crête du soulade Montalzéou,
au N.-O. du bois de Fontfrède de Prades (1620m); sommet
du bac de l'Ourza (17 10ra) ; éboulis du Roc des Scaramus
(1720m); pelouses du Roc des Scaramus (1800m).
Voici le tableau comparatif, dressé par nous, des caractères diffé-
rentiels du Kernera saxatilis Rchb. et de ses deux formes :
KERNKRA SAXATILIS
Tige élevée ( 1 -3 dôci m . )
ordin1 rougeâtre, presque
toujours garnie de poils
à la base.
Feuilles caul inaires at-
ténuées à la base, non
auriculées ni sagittées.
Grappe fructifère lâche
et allongée.
Silicule arrondie obo-
vale non contractée à la
base, ni stipitée.
KERNERA. DECIPIENS
Tige moins élevée (l-
2 décim ) presque glabre
à la baso.
Feuilles caulin. auri-
culées-sagittées.
Grappe fructifère
courte.
Silicule ovoïde non sti-
pitée à la base.
KERNERA AURICULATA
Tige basse (5-10 cent,
entièrement glabre à la
base.
Feuilles caulin. auri-
culées.
Grappe fructifère ser-
rée.
Silicule obovale ou
obovale-elliptiquc con-
tractée à la base, pres-
que stipitée et plus petite.
Draba L.
104 — D. aizoidea L. 2 {sensu lato).
Nous possédons dans ce groupe spécifique les deux variétés sui-
vantes :
1. MM. Rouy et Foucaud, Fl. de F/*., II. p. 20.'), la signalent dans PAriôge d'après
notre indication et d'après celle de Timbal-Lagrave.
2. Plus correct que D. aizoides.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈ6E. 99
Var. « al pi n a Koch, Syn., éd. 2, p. 67; D. aizoidea « vul-
garis Rchb., le. germ., II, fig. 4254 0; D. alpestris Jord.,
Diagn., p. 204 (pr. spec.) — AC. Rochers et éboulis calcaires
ou schisteux des z. subalp., alp. et niv. — Juin-août, sui-
vant l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 20 localités) ont été récoltés de
1530™ (éboulis de la Coste-Aurane sur Prades), à 2830m
(sommet du signal de Siscarou) et principalement dans les
montagnes : de Prades (Roc des Scaramus, etc.), d'Ascou
(pic de Serembarre, etc.), d'Orlu (porteille de Baxouillade,
Roc-Blanc, etc.), de THospitalet (pics de Siscarou et de la
Cabanette, etc.).
Nous reconnaissons cette plante : à ses souches compactes, à ses
tiges courtes (5-10 cent.), à ses feuilles étroites ciliées sur les bords
et ramassées en rosettes serrées, à ses fl. d'un jaune vif en grappe
courte, et à ses siliques de grandeur médiocre (4-6 millim. de lon-
gueur) brièvement elliptiques, glabres sur les deux faces, mais ciliées
et égalant à peine la longueur des pédioelles.
Var. p af finis Koch, loc. cit.; D. af finis Host(pr. $p.)} FL
austr., 2, p. 238; D. aizoidea var. grandiflora Rchb., le.
germ.) fig. 4254 y ; D. saxigena Jord. (pr. sp.), loc. cit., p. 203.
— AC. Éboulis schisteux, rarement granitiques, des z. alp. et
niv. — Juillet-août. — Nos exemplaires (15 localités) ont été
récoltés de 2180m (base du Roc-Blanc, versant d'Orlu), à
2828m (sommet du pic Pédroux Sud), et principalement dans
les massifs : de Camp-Ras, de Terres, de Coume-d'Or, de
Kerfourg, des Padrons, etc. ; au port de Saldeu (2580m), etc.
Cette variété, que nous avons aussi récoltée en dehors de notre
circonscription, dans les granités émiettés, au sommet du puig dels
Fessons (Andorre), à 2865m d'alt., ne descend pas dans la z. subalp. ;
sa floraison est d'un mois plus précoce que celle de la var. « à une
égale altitude; elle en diffère au premier aspect par sa taille plus
robuste, ses feuilles plus allongées linéaires-aiguës, sa fleur plus
grande et ses fruits de 10-12 millim. de long, ordinairement velus et
dépassant souvent la longueur du pédicelle, à la complète matu-
rité.
100 PLANTES INDIGÈNES
105 — D. tomentosa Wahlenbg., Veget. et clim. Helv.
septentr.^ p. 123, t. 3, 1813; D. hirta Vill. non L!
Plusieurs formes ont été démembrées de cette espèce. Nous pos-
sédons les deux suivantes, que nous considérons comme de simples
variétés à l'exemple de Grenier et Godron :
Var. « genuina G et G., Flore de France, I, p. 123. — RR.
Fentes des rochers cale, et schist. des z. alp. et niv. —
Juillet-septembre. — Crête calcaire de Paillères (2000m);
sommet schisteux du pic de Coume-d'Or (2750m).
On la reconnaît aisément : à ses feuilles cotonneuses, petites, for-
mant une rosette dense, à ses fleurs blanches à pédoncules hérissés,
et à ses silicules ovales et ciliées.
Var. p frigida G. et G., loc. cit. ; D. frigida Sauter (pr. sp.),
Regsb. bot. zeit., 1825, p. 72; D. nivalis Lap. non Liljebl.;
— Exsicc. Soc. dauph.) n° 2362. — R. — Même habitat que
la var. *. — Couilladous de Balboune (2180m); fissures du
Roc-Blanc, versant d'Orlu (à 2300m et 2360m); fentes des
roch. schist., au S. de la porteille du Siscarou (2530m);
sommet du pic Pédroux Sud (2828m).
Elle se distingue de la précédente : par ses fl. un peu plus petites
et moins blanches et surtout par ses silicules oblongues et glabres.
106 — D. carinthiaca Hoppe, in Flora, 6 (1823), p. 437;
D. nivalis DC. (pr. p.) Gaud., Balbis, Bertoloni, non Liljebl.;
D.Johannis Host (1831); — Exsicc. Soc. dauph., n° 2361. —
RR. Rochers cale, des z. alp. et niv. — Juillet. — Crête cale,
de Paillères (2000111), fissures des rochers à l'ombre ; por-
teille de Baxouillade (2420m), éboulis calcaires.
Quelques auteurs ont considéré cette plante comme une forme à
pédicelles et à siliques glabres du D. tomentosa, mais suivant la
juste observation de Zetterstedt, PL vascul. Pyr. princ, p. 24
(1857) : « Il n'est pas possible de confondre cette espèce avec la pré-
cédente. Elles diffèrent dans toutes leurs parties. Notre plante pyré-
néenne répond parfaitement à la description de Koch (voir Syn.t
p. 68); elle est très grêle mais atteint parfois une hauteur d'un déci-
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 101
mètre. Feuilles des rosettes étroites lancéolées, atténuées à la base
et un peu ciliées, couvertes sur les deux faces de poils étoiles, un peu
canescentes; tiges munies de 1-2 feuilles plus courtes et plus larges
que les radicales mais également couvertes de poils étalés. Au-dessus
des feuilles caulinaires les tiges sont entièrement glabres ainsi que les
pédoncules et les silicules. Calices glabres, un peu hérissés; fleurs
blanches moitié plus petites que celles du D. tomentosa; style très
court. » Nos spécimens concordent avec ces caractères.
107 — D. verna L.; Brophila vulgaris DC, Syst., II,
p. 356 (sensu amplo). — Plante ubiquiste, très commune de
février à mai, sur les murs, aux bords des chemins, dans
les lieux sablonneux, etc., de la zone inférieure.
Suivant Jordan, cette plante polymorphe serait une collection de
nombreuses espèces méconnues. Aussi a-t-elle donné lieu à la
création d'un certain nombre de races ou mieux de formes considé-
rées à tort comme espèces dont la validité incombe à leur auteur *.
Les partisans de l'école multiplicatrice pourront consulter utilement
sur cette question les ouvrages suivants d'A. Jordan : Pugill. pi.
nov., 1852, pp. 9-11; Diagn. desp. nouv., 1864, pp. 207-247; Icônes
ad fl. Europ. nov. fundam., etc., livr. 1, 1866, pi. 1 à 5; Espèces
végét. affines, 1873, p. 13 et suiv. Plus de 200 espèces nouvelles ?
sont décrites dans ces ouvrages par le botaniste lyonnais 1 — Voici
l'énumération des formes que nous avons observées dans notre
région et qui nous paraissent être de simples variations dues à
leurs stations diverses, à la nature du terrain, à l'exposition, à l'hu-
midité, etc.
E. glabrescens Jord. (pr. sp.), Pugill., p. 10. — CC. Bords
des chemins, vieux murs, friches, etc., des terrains siliceux
et calcaires dans les z. inf. et subalp. — Avril-mai, suiv.
l'altitude.
E . hirtella Jord. (pr. sp.), loc. cil.yp. 10 ; Draba verna Rchb.,
le. germ., II, f. 4234, sec. Lamotte, Prod. fl. plat, centr., I,
p. 93. — AC. Champs, talus, etc., des terrains calcaires de
la z. subalp. — Mai.
1. Voira ce sujet: Alph. de Candolle, Nouv. rem&rq. sur l& nomencl. bot., 1883,
pp. 49-53; J.-E. Planchon, le Morcellement de l'espèce en botanique et le Jord*-
nitme (Rev. des Deux-Mondes, livraison du 15 sept. 1874).
102 PLANTES INDIGÈNES
E . prœcox DC. , Syst. , H, p. 356 ; Drabaprxcox Stev. ; Erophila
brachycarpa Jord. ! (pr. sp.), selon Willk. et Lange, Prodr. fl.
hisp., III, p. 841, n°4804. — C. Champs sablonneux, rochers,
fossés, etc., de tous les terrains des z. inf. et subalp. —
— R. Dans le sol calcaire. — Mars-mai, suivant l'altitude.
£. Krockeri Andrez., ap. Bess., Enum. pi. Volhyn., pp. 82
et 103; Er. stenocarpa Jord. (pr. sp.), selon Rouy etPoucaud,
Fl. de Fr.y II, p. 222; Draba verna L., var. Krockeri Rchb.,
le. germ., II, f. 4234. — AC. Fossés, rochers, talus, etc.,
des terrains siliceux de la z. inf. — Mars-avril.
Tribu 12. — Camélinées Coss. (DC. emend.)
Gamellna Crantz.
108 — C. silvestris Wallr., Sched. crit., p. 347; C. sativa
Brot., non Crantz, nec Rchb. — RR. Plante erratique. —
Août. — Champs du Coussinal, entre le château fort en
ruines de Montaillou et le monticule de la Mate (1380m).
Notre plante correspond à la var. genuina Rouy et Fouc, FI. de
Fr., II, p. 234 (C. mterocarpa Lamotte, non Andrz.)
Tribu 13. — Subulariées DC.
Subularla L.
109 — S. aquatica L. ; Draba subularia Lamk., Illustr.,
t. 556, f. 3; Rchb., /c. germ., n, t. XII, f. 4232;
F. Schultz, Arch. de la flore de Fr. et d'Allem., 1850, p. 158,
et FI. Gall. et Germ. exsicc, 4e centurie de C. Billot, n° 318 ;
G. Rouy, Suites à la FI. deFr. de Gr. et Godr., fasc. I, 1887,
pp. 44 et 45.
Lacs des terrains granitiques. — RR. dans la z. subalp.
— AC. dans la z. alp. — Juillet-septembre. — Lac du Comté
(1715m); lac deNaguilles(1854m) : sous la cabane du pêcheur,
sous l'affluent du ruisseau de Pinet et extrémité N. ; extré-
mité S. du lac de Beys (1950m); estagnol del Freg (1970,n) ;
extrémités N. et S. du lac du Sisca (2160m).
OU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 103
Cette minuscule crucifère vient à une profondeur variable dans nos
lacs, ordinairement de 0m30 à 0m60 au bas étiage ; elle affectionne
le sable de préférence à la vase et vit souvent en société des Isoetes
Drockoni Mot. etlacustris L., du R. aauatilis L. var. rhipipliyllus
Bast. (pr. sp.)f du Sparganium minimum Fries, du Myriophyllum
alterniflorum DO., du Callitriclie minima Hoppe, etc. D'après
MM. Rouy et Foucaud, FI de Fr.t II, p, 236, cette plante est indi-
quée en France seulement dans les lacs des Vosges et des Pyrénées.
Nous avons établi dans deux mémoires scientifiques ' que, sauf de
rares exceptions, elle n'existe que dans les lacs poissonneux.
En dehors du bassin de la haute Ariège, nous avons observé le
Subularia aquatica dans les lacs suivants :
Ariège. — 1* Lac du Donnézan : Rabassoles ou Artounant (1830m),
sous le pic de Tarbézou; 2° lac de la haute vallée d'Aston : estagnol
de Rulle (2090m); 3* lacs des montagnes de Siguer : Brouquenat d'en
haut (1510m), Pey regrand (I840œ): 4° lacs des montagnes d' Au zat :
Izourt(1642m),longdeBassiès(1685in)l grand lac de Bassiès (t705m);
5° lacs des montagnes de Suc : Arbu (1750m env.) ; 6° lac des mon-
tagnes de Gourbit : Blaou (bleu), 1800" environ.
Pyrénées-Orientales. — 1° Lacs du bassin de Lanoux : Font-Vive
(1860-), Lanoux (2154"), Rouzet (2190*) ; 2° lacs de la région du Car-
litte : la Goberne (2285*), del Casteilla(2260"), de las Dougnes (2205"),
de Baleil (2180"), Long (2170*), Liât (2160*) a; 3° lacs de la région de
Camporeils : estagnol del Sautadou ou du Saout del porc (2220a).
Andorre. — 1° Haute vallée du rio Madriu : estany furcat (2330"),
estany nègre del Mutch (2450"); 2° Ooume (vallon) des Pessons :
estany del pich (ou puig) (2510"), estany Entravessat (2490"), estany
gran dels Pessons (2320").
O'est donc en Andorre que nous avons observé cette plantule à la
plus grande altitude, puisqu'elle y croît même dans la région nivale
et à des profondeurs variant de 0"25 à 0"50.
1. 1* Le Subularia aqu&tica L., les Isoetes Brochoni Motelay et lacustris L.,
dans les lacs du bassin de la haute Ariège et du bassin limitrophe de Lanoux
(Pyr.-Or.) — {Rev. de la Soc. fr. de bot., tome XII (1894), pp. 302-306. Session
eztraord. à Ax-les-Thermes). — 2° Coexistence des Isoetes et des Truites dans la
plupart des lacs de l' Ariège, des Pyr. -Orientales et de l'Andorre. (Volume du
Congrès des Sociétés savantes, tenu à Toulouse du 4 au 8 avril 1899, section des
sciences, pp. 120-126. Paris, imp. nationale).
2. C'est le seul lac des Pyrénées où le Subularia aquatica L. ait été découvert
le 23 août 1849, par V. Reboud, chirurgien sous- aide, et l'abbé Ouinand. Nos
multiples recherches (ont largement étendu l'aire de dispersion de cette Crueifère.
104 PLANTES INDIGÈNES
Espèces à rechercher ou à exclure.
(Lap., Hist. abr. pi. Pyr.y p. 362.) Myagrum sativum L. « dans
les récoltes à Ax ». Synonyme de Camelina sativa Crantz, espèce du
centre de la France, souvent cultivée dans le Midi comme plante
oléifère.
(Ici. p. 377.) Sisymbrlum silvestre L. « Coume d'Asparagou (de
Faraou), Orlu, Axt etc. » Synonyme de Nasturtium silvestre R. Br.,
plante commune dans les basses montagnes de l'Auvergne, du
Midi, etc.
(Id.t p. 379.) Sisymbrlum burslfollum L. « Paillères, Asparagou
(Paraou) ». Espèce exclue de la flore française par Grenier et Oodron
(FI. de Fr., I, p. 157) et par Bubani (Bull. Soc. bot. de Fr., XVI
(1869), p. 322); confondue par Lapeyrouse avec le S. bursifolium
Vill. (Braya pinnatifîda K.)
(/cf., p. 388.) Chelranthus eryslmoideus Jacq., «à la montagne
d'Amsur (En-Sur), à la dent d'OWu... » Confondue avec VErysimum
pumilum Gaud., plante des terrains schisteux des z. alp. et nivale,
qui pourrait croître dans la première des localités indiquées mais où
nous l'y avons inutilement cherchée.
Timbal et Jeanbernat (Massif du Llaurenti, pp. 155 et 363, du tirage
à part) indiquent leur Erysimum aurlgeranum « au port de Pail-
lères, versant oriental. » Elle a été vainement cherchée par nous à
cette localité, reproduite par MM. Rouy et Foucaud, FI. deFr.t II,
p. 28, qui la signalent aussi dans l'Aude, d'après Foucaud, Gautier
et Loret. MM. les abbés Goste et Soulié l'ont récoltée aux environs
de Millau (Bull. Soc. bot. de Fr., sess. extraord. à Barcelonnette,
1897, tome XLIV, p. xci.)
Fam. V. — RÉSÉDAOÉES.
Reseda L.
110 — R. Phyteuma L. — C. — Ubiquiste ; lieux arides,
champs sablonneux, etc., de la z. inf. — Mai-août. S'élève
dans la z. subalp. jusqu'à 1350e11 (col de Marmare, talus de
la route).
On rencontre quelquefois aux environs d'Ax, le R. odorata L.
communément cultivé dans les parterres pour ses fleurs très odo-
rantes et qui diffère surtout du R. Phyteuma par ses pédicelles
une fois plus longs que le calice et ses anthères orangées.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 105
111 — R. lutea L. — AR. Lieux sablonneux et arides,
bords des chemins de la z. inf. — Mai-juin. — Ax, près de
la gare des marchandises, etc.
Var. gracilis G. et G., FI. de Fr., I, p. 188; R. gracilis
Lecoq et Lamotte, Cal. rais. plat. cent. Fr.y p. 90, non Ten. ,
iiec Rchb. Fleurs et capsules un peu plus petites, grappe
plus courte; plante plus grêle, à feuilles étroites et à divi-
sions linéaire8-mucronulées. — RR. Juin. — Plaine de
Savignac, sables de la voie ferrée près du passage à
niveau de la route nationale (670m).
D'après Lamotte, Prodr. plat. cent. Fr., I, p. 123, cette forme n'est
pas suffisamment distincte du R. lutea pour en être séparée ; aussi
ne la cousidère-t-il plus, dans l'ouvrage cité, que comme une simple
variété dont les différences ne sont dues qu'à l'aridité des lieux où
elle croit.
112 — R. glauca L. — RR. — Rochers et éboulis de la
z. alp. — Juillet-août. — Jasse du lac de Naguilles (1860ra),
sur les graviers ; éboulis du Roc-Blanc, sur la porteille de
Baxouillade(2450m).
Lapeyrouse, dans son Hist. abr. pi. Pyr., indique cette plante
« aux Lorry d'Etigaudue, à la montagne d'Amsur, d'Orlu, dans les
bois », et Petit in Mutel, FI. />., Ier vol., p. 126, « à Orlu, au pas de
la Yose »; c'est sans doute au pas (col) des Liausés qu'il faut lire.
Nous l'avons vainement cherchée dans ces localités.
113 — R. luteola L. — CC. Bords des chemins, champs,
fossés, décombres, etc., des z. inf. et subalp. — Juin-août.
Environs de Sorgeat, de Vaïchis, de Prades, etc., jusqu'à
1300m d'alt.
Elle est acre, sudorifîque et diurétique. On peut en retirer une
matière colorante jaune.
Astrooarpus Necker.
114 — A. sesamoideus J. Gay, apud F. Schultz, Arch.
fl. Fr. et AU., 1842, p. 33. — CC. Pelouses, gazons, pentes
rocailleuses, éboulis des z. subalp., alp. et nivale. — Juillet-
septembre.
106 PLANTES INDIGÈNES
Nos exemplaires (36 localités), revus par M. J. Foucaud
en juillet 1896, ont été récoltés de 1720™ (vallée de la Lauze,
sous la jasse de Couillet), à 2826m (sommet du signal de
Coume-d'Or).
Nous l'avons aussi récoltée en Andorre, dans diverses localités
alpines, et entre autres au sommet du puig dels Fessons (2865m).
Var. firmus J. Mtill., Monogr. Resed., p. 221 ; ^4. sesa-
moideus Rchb., le. germ., II, fîg. 4441! — RR. Ancien
chemin muletier du col de Puymaurens, sur la limite de
l'Ariège et des Pyr.-Or. (1750).
Cette variété, a été encore rencontrée par nous sur le chemin de
Porté au lac de Font- Vive (Pyr.-Or.), à 1680m et à 1760m d'alt.
Espèce à rechercher ou à exclure.
Astrocarpus mlnor Lange, signalé « au port de Paillères » par
Jeanbernat et Timbal, Massif du Llaurenti, p. 153 du tirage à
part. — Willk. etLge, Prodr. fl. hisp., III, p. 899, l'indiquent seule-
ment « inter segetes regionis mont. inf. regni Legionensis (prope
el puerto de Mauzanal) Lange. » Il est donc fort douteux que cette
plante messicole puisse croître au port de Paillères, à près de 2000m
d'altitude, où nous l'avons vainement cherchée. MM. Rouy et Fou-
caud, FL de Fr.y II, p. 253, l'indiquent cependant dans quelques
localités alpines des Pyrénées, d'après divers botanistes, entre
autres M. Gautier. Or les échantillons que nous avons reçus de ce
dernier floriste : « le Canigou, 10 août 1876 », et étiquetés var. minor
Lange (pr. sp. ?), paraissent se rapporter plutôt à une forme naine ou
rabougrie de ÏAst. sesamoideus J. Gay, qu'à la description de Willk.
et Lange, loc.cit.
Pam. VI. - OISTAOÈES. «
Hellanthemum (Tournef.)
115 — H. vulgare Gœrtn.
Cette espèce polymorphe, qui croît dans tous les terrains et à
diverses altitudes, dans les z. inf., subalp. et alp., de mai à juillet, a
été subdivisée par MM. Rouy et Foucaud, FL de Fr.t II, p. 295 et
1. Toutes nos Cistacécs ont été revues, en août 1897, par M. J. Foucaud.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 107
guiv., en plusieurs formes auxquelles ils ont rattaché de nombreuses
variétés. Nous possédons les suivantes :
H. chamœci8tu8 Mill. var. p lanceolatum R. et Fouc, loc.
cit., H. obscurum Pers. — RR. Juillet. Montagnes de Mon-
taillou : rochers cale, du pic d'Esquenodazé, vers Pénédis
(I8i0m.)
//. 8erpyllifolium Mill. « oualifolium R. et Fouc, loc. cit.,
p. 297. — R. Juillet. — Pelouses do la rive dr. de l'Ariège,
en face du pont del Fraré (950m) ; roch. cale, du col des
Sept-Fonts (1750m).
p. hirsutum R. et F., loc. cit.\ H. tomentosum Dunal in DC,
Prodr., I, p. 279. — C. Pelouses, éboulis et roch. cale, ou
schist., depuis laz. inf. jusque dans la z. niv. — Juin-août.
Nos exemplaires (plus de 15 localités) ont été récoltés de
720m (Ax, rochers d'En-Fountangé), à 2470m (plateau de
Camp-Ras, dominant le Llaurenti).
7 oblongifolium R. et F., loc. cit. — R. Juillet. — Route
de Sorgeat, prairie d'Arnet (950ra); trou de Vor de Baxouil-
lade (2070m), sur les rochers.
Ces trois variétés ne diffèrent entre elles que par des caractères
peu sensibles : forme des feuilles, villosité, etc.
H. grandiflorum DC, FI. /V., IV, p. 821. — AC. Rochers et
pelouses des z. subalp. et alp. — Juillet-août. — Nos exem-
plaires (plus de 10 localités) récoltes de 1350m (serre de
Valchis, roch. cale, sur la mine de plomb de Prunière), à
2170™ (schistes satinés du rec del Bouillidou, sous le port
de Fray-Miquel).
Ses fl. très grandes, d'un jaune d'or brillant, ses feuilles vertes
sur les deux faces, ses tiges nombreuses ascendantes de 2-3 déo., etc.,
la caractérisent.
H. Scopolii R. et Fouc, loc. cit., p. 298, var. oualifolium
R. et F. — RR. Août. — Bac de la Casa, sous le port de
Fray-Miquel (2400m).
108 PLANTES INDIGÈNES
116 — H. polifolium (Mill.) DC., PL /r., IV, p. 823,
« angu8tifolium Koch., Syn., éd. 2, p. 88; H. pulverulentum
DC, /. cit. — AR. Roch. cale, des z. inf. et subalp. — Juin-
juillet. — Bords du chemin de Perles à Unac, au lieu dit
la Roche blanche (690m) ; roch. bordant la route de Prades à
Cornus (1160m); escarpements cale, et éboulis du Roc des
Llamprès (1280-1370m); sommet du Roc d'En-Calqué
(I390m); col du Traguier (1430m), etc.
C'est un arbustule aux longs rameaux étalés ou dressés, à feuilles
lin.-oblong., velues-grisâtres en dessus et très fortement enroulées,
à capsule grosse renflée. La taille et la grandeur des fleurs sont très
variables.
Var. P oblongifolium Koch(Zoc. cit.); H. apenninumDG. (pr.
sp.), loc. cit., p. 824. — RR. Août. — Col de Surle (1780m).
D'après M. L. Corbière, Nouv. FI. de Normandie, 1893, p. 75 :
« Cette plante sert sensiblement de transition entre les H. vulgare
et pulverulentum et môme, sans la couleur blanche de ses fleurs,
c'est plutôt à VH. vulgare qu'il faudrait la subordonner. » On la dis-
tingue surtout : par ses tiges fines, grêles, couchées, ses feuilles
vertes, grisâtres en dessous, planes et peu enroulées sur les bords.
Subspec. — H. pilosum Pers. (pr. spec), Syn., 2, p. 79. —
RR. Août. — Filons des roch. cale, de Laucate, à la limite
du canton d'Ax-les-Thermes (660").
On la reconnaît : à ses feuilles très étroites et très roulées en des-
sous par la base, à ses rameaux ligneux presque dénudés, à ses
sépales à nervures tomenteuses et à sa capsule ovale renflée de
moitié plus petite que celle de l'if, polifolium.
X H. sulfureum Willd. {pr. sp.), Enum. pi., suppl., p. 39;
//. pulverulento-vulgare de Martr. — RR. Juillet. — Col de
Peyreblanque, versant du vallon de Sahuquet (1520m).
117 — H. vineale Pers., Syn. 2, p. 77, var. canum Dun.
in DC, Prodr., I, p. 277 (pr. sp.). — C. Lieux arides et
rocailleux, roch. cale, de la z. subalp. — R. dans les z. inf.
et alp. — Mai-août, suiv. l'altitude. — Nos exemplaires (21
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 109
localités) récoltés de 680m (chemin de Perles à Unac, lieu
dit la Roche-Blanche), à 1920ra (éboulis du signal de Caus-
sou), et principalement dans les montagnes calcaires : de
Prades, de Montaillou, de Sorgeat et d'Ascou.
C'est une plante naine (6-8 cent, de hauteur) et touffue, à feuilles
ovales étroites, blanchâtres et velues, surtout sur la faoe infér., à
fleurs petites, jaunes, réunies en grappes courtes, peu fournies.
D'après Timbal-Laçrave, Reliquiœ Pourretianœ, p. G4, note 6 du
tirage à part, et in litt., le véritable H. canum Dunal serait la plante
qui croît communément dans les Corbières, tandis que celle que l'on
rencontre dans plusieurs localités françaises en dehors de la région
des oliviers, notamment à la Dôle, au Mont-Dore, dans la Haute-
Marne, dans Saône-et-Loire, etc., serait 17/. vineale Pers. (Cistus
cànvs L.) ; mais postérieurement, Timbal a indiqué (Florale des Cor-
bières, p. 77 4), les H. canum et vineale dans diverses localités des
Corbières, en mentionnant les différences entre ces deux plantes?
Var. alpinum Rouy et Fouc, FI. de Fr., II, p. 310 ; Cistus
piloselloideus Lap., Hist. abr. pi. Pyr., p. 301 , et FI. py>\, tab.
112; Hel. piloselloideum2 Timb., FI. Corb., p. 77. — Exsicc.
Soc. dauph., n° 4834 (HtM-Pyr.), legit Gautier sub Cistus
(1886). — AR. Roch. cale, des z. subalp. et alp. — Juin-août.
— Sommet du roc d'En-Calqué, sur la route de Prades
(I390m) ; pic de Serembarre, versant du col del Pradel
(1700n); croix du port de Paillères (1900m); crête cale, de
Paillères (1990m), et Roc Courb, près de cette crête (2000ra).
D'après C. Billot, Annot. à la FI. de Fr. et d'AZf., 17e centurie,
n« 1613 (1855), p. 8, on observerait les différences suivantes entre les
deux variétés précédentes, selon une note rédigée à ce sujet par
Alb. de Franqueville : « 1* //. piloselloideum est plus frutescent, ses
poils sont plus raides, ses têtes plus droites, ses touffes plus four-
nies, plus étendues, et il est beaucoup plus alpin. L'fT. canum semé
ou transplanté, en mottes de 3décim., à la hauteur où croît VH. pilo-
selloideum, y a péri toujours pendant l'hiver qui a suivi la germina-
tion ou la transplantation. » Nous ne partageons pas cette dernière
opinion, car nous trouvons, dans notre contrée, 17/. canum , à des
1. OEurre posthume, publiée par les soins de M. l'abbé Marçais.
2. Dénomination plus correcte que H. piloselloides.
110 PLANTES INDIGÈNES
altitudes presque aussi grandes que celles où croit Y H. piloselloU
deum, dont le port et les caractères sont un peu différents ; celui-ci se
distingue en effet de YH. canum, outre les caractères précédemment
énoncés : par ses feuilles ellipt. blanches, à poils étoiles et hérissées
sur la face supérieure de poils simples, espacés, analogues à ceux
de YHier&cium pilosella. — Willk. et Lange, Pr. fi. hisp., III, p. 741,
réunissent Y H. piioselloideum comme var. b incanum, s. var. y
alpinum,k YH. montanum Vis.
Fumana Spach.
118 — F. procumbens G. et G., FI. de Fr.} I, p. 173;
Cistus Fumana L. (pr. sp.). — AR. Roch. cale, exposés au
soleil, dans les z. inf., subalp. et alp. — Juin-sept., suiv.
l'altitude. — Rochers du chemin de Perles à Unac (700111);
sommet du Roc des Llamprés (1380ra); crête cale, de Pail-
lères (1990m).
Notre plante est un arbustule bas et grêle, à rameaux étalés et
garnis de feuilles étroites aiguës et alternes, à fleurs jaunes dont les
pétales sont caducs et ne s'ouvrent qu'au soleil, à pédoncules des
fruits la plupart renversés et à peine égaux en longueur aux feuilles.
Fam. VII. — VIOLACÉES.
Viola (Tournef.) L. «
Section I. — Nominium Ging.
119 — V. canina L. — AR. Pâturages secs, lieux décou-
verts de la z. inf. jusqu'à la z. alp. — Mai-août. — Ax,
pelouses d'En-Castel (710ra); plateau du col de Puymaurens
(1900-), etc.
Nos spécimens correspondent à la var. genuina Rony et Fouo.,
FI. de Fr.y III, p. 5. Cette violette est peu commune dans le bassin
de la haute Ariège, comme d'ailleurs dans les régions montagneuses
1. Tous nos exemplaires, récoltés jusqu'en 1887 inclusivement, ont été revus par
Timbal-Lagravo. En juin 1899, M. le Dr Gillot a bien voulu consentir à revoir
tous nos Viola, et à les comparer avec des échantillons types et authentiques de
Jordan, Ozanon et d'autros distributeurs ; nous l'en remercions vivement. Nous
devons offrir aussi nos remerciements à M. A. Le Grand, pour sa revision de nos
Viola, du groupe tricoter.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 111
des Pyrénées. Le type disparaît pour y être représenté par des
formes basses, montagnardes, et alors comme les axes sont raccour-
cis, il devient difficile de le différencier des petites formes du
V. Riviniana Rchb., autrement que par la forme des feuilles, la
couleur des fleurs, etc. Du reste V. canina et V. silvestris t surtout
la forme Riviniana, sont confondues à tort par un grand nombre
de botanistes, qui ne les ont pas suffisamment étudiées; dans le
V. canina, les tiges naissent du rhizome et non des aisselles d'une
rosette de feuilles qui manque; tandis que dans le V. silvestris, l'axe
central est terminé par une rosette de feuilles émettant à leur ais-
selle des tiges florifères. Nous avons distingué dans nos exemplaires
la variété suivante :
Var. minor DC, Prodr., 1(1824), p. 298; var sabulosa Rchb.,
PL excurs., 11(1832), p. 706, et le. germ., III, f. 4501 « et P\
V. flavicomis Smith. — AC. Bruyères et pelouses sèches
des terrains primitifs, lieux sablonneux, dans les z. inf. et
subalp. — R. dans la z. alp. — Mai-Juillet.
Nos exemplaires ont été récoltés de 740m (Ax, pelouses
du trou des Fourches),* 1850™ (pelouses du Cap du Larguis).
Cette variété, remarquable par ses tiges peu élevées (5-10 cent.),
ses feuilles glabres, très petites, à peine ovales en cœur et ses pédon-
cules florifères de 2-5 centim., se rapporte bien à la description de
la var. sa&ufosa Rchb., dans la FI. deFr., III, p. 6, de MM. Rouy et
Foucaud, mais à part les tiges basses et courtes, il est impossible
de la distinguer de la var. ericetorum Rchb., Rouy et Fouc, loc.
cit., V. ericetorum Schrad. et auct. plur. ; toutes ces variations étant
dues uniquement aux stations sèches, sablonneuses ou élevées dans
lesquelles elles croissent, nous préférons les réunir sous le nom de
var. minor DC. qui a la priorité de date.
120 — V. silvestris Lamk., FI. fr.y éd. 2, II (1793),
p. 680; V. silvatica Fries, FI. holl. (1817), p. 64, et auct. plur.
Cette espèce, suivant la grandeur des fleurs, leur coloration et
principalement celle de leur éperon, la forme des feuilles, etc., a
été subdivisée par les auteurs modernes en deux formes principales,
qu'il est difficile de reconnaître en herbier :
V. Reichenbachiana Jord. (pr. sp.) in Bor., FI. cent., éd. 3
(1857), p. 78; V. silvestris Rchb., FL excurs., p. 707 et le.
germ.j III, f. 4503. — Exsicc. Soc. dauph., n° 1978. — C. Bois,
1 1 2 PLANTES INDIGÈNES
lieux frais et ombragés, pelouses, bords des ruisseaux, etc.,
depuis la z. inf. jusqu'à la limite supérieure de la z. alp.
— Avril-août, suiv. l'altitude. — Nos exemplaires (plus de
15 localités) ont été récoltés de 7tOm (Ax, pelouses d'En-
Castel), à 2400m (fontaine du port de Fray-Miquel).
Cette plante, qui suivant Reuter, Cat. pi. Genève., 2eédit.,p.28, est
le V. canina de presque tous les auteurs (Lamk., AU., DO., Koch,
Gren. et Godr., Bertol., Bor., etc.), mais non de Linné, se reconnaît
sur le vif : à ses fl. nombreuses et petites d'un violet lilas ou pâle, à
éperon entier, allongé, violet et à sépales supérieurs dont les
appendices sont arrondis et disparaissent sur le fruit mûr. Selon la
juste observation de Zetterstedt {PI. vase. Pyr. princ, p. 33) : « la
plante alpine est plus petite, à tiges courtes, mais à pédoncules sou-
vent allongés et dépassant de beaucoup les feuilles. »
V. Riuiniana Rchb. (pr. sp.), FI. eœcurs., p. 706, le. crit., f.
202-203, et le. germ., III, f. 4502 ; V. silvestris, var. Riviniana
Koch; V. silvatica, var. maerantha Fries; V. silv., var. gran-
diflora G. G. — C. Lieux ombragés des terrains siliceux
et calcaires des z. inf. et subalp. — Avril-juillet. — Nos
exemplaires (25 localités) ont été récoltés de 650* (Castelet,
prairie du parc du château), à 1450m (bois du Drazet) et
principalement aux alentours d'Ax-les-Thermes.
Bien voisine de la précédente, cette forme en diffère surtout : par
ses fl. plus grandes, à éperon blanchâtre échancré au sommet, plus
gros et plus court; par les appendices des sépales supérieurs pro-
longés et anguleux, persistant sur le fruit mûr. Elle fleurit un peu
plus tard et ne s'élève pas dans la z. alpine. Ces caractères ne sont
pas constants ; aussi les échantillons à feuilles médiocrement grandes,
à fleurs bleues médiocres et sans fruits, ne peuvent absolument
pas être différenciés en herbier de la forme Reichenbachiana
Jord. ; il est indispensable de joindre aux spécimens une note prise
sur le vif. Nous possédons cependant dans notre collection quelques
échantillons nettement déterminés et, de plus, la variété suivante :
Var. pumila Coss. et Germ., FL paris., éd. 1 (1845), p. 111 ;
V. arenicola Chabert, in Bull. Soc. bot. de Fr., tome XVIII
(1871), p. 196; V. Riviniana, var. arenaria Gillot, in herb.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 113
Rouy (1875). — AR. Lieux sablonneux, rochers, etc., des
z. subalp. et alp. — Mai-Juillet. — Sables de la fontaine
de Maley (1120m); Prades, talus de la route près du pont de
Coumener (1305ra) ; rochers de la grande route, entre le col
de Marmare et Prades (1320m) ; en montant du lac de
Naguilles aux clotes du port d'En-Sur (2070ra) ; vallon de
Pédourés, jasse de Brougnic (2 1 30m) ; Roc-Blanc, versant
d'Orlu (2250m).
Nos exemplaires paraissent identiques à ceux que nous a adressés
M. le Dr Gillot : « de Monthelon, près Autun », localité citée par
MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr., III, p. 15. La var. pumila est au
V. silvestris ce que la var. minor DC. est au V. canina L., c'est-
à-dire la variation réduite par l'altitude, la nature du terrain, etc.
121 — V. arenaria DC, FI. fr.} IV, 3e édit. (1804),
p. 806 ; V. Allionii Pio, Diss. Viol., p. 20, f. 2 (1813) ; Rchb.,
le. germ., III, f. 4500 «; Exsicc. Soc. dauph.y n° 312. — RR.
Pelouses rocailleuses et éboulis cale, de la z. subalp. —
Mai-Juin. — Montagnes de Prades : lisière des champs, sous
les éboulis de la Coste-Aurane (1390m) ; pelouses de la
Nère, sur la fontaine d'Audouze (1660m).
Cette plante, peu répandue dans les Pyrénées, se reconnaît à ses
tiges de 2-8 centim., à ses feuilles petites ovales, cordi formes,
obtuses crénelées et à la puboscence courtement tomenteuse qui la
recouvre. Nos exemplaires sont semblables à ceux récoltés par
Reverchon, au Lautaret, en juin 1869, et que nous possédons en her-
bier. Le V. arenaria a été confondu par Bordère avec le V. pyre-
naica Ram., et distribué par ce botaniste sous ce dernier nom, pro-
venant de Héas (Hautes-Pyrénées), en 1869.
122 — V. hirta L. — AC. Lieux découverts, bords des
bois, prairies, haies, talus, champs, etc., des z. inf. et
subalp. — Mars-juillet.
Nos exemplaires récoltés de 710m (Ax, prairies d'En-
Fountangé), à 1325m (bords de la grande route, entre le col
de Marmare et le pont de la Réjade).
Cette Violette, qui varie à fl. blanches, lilacées ou roses, inodores,
ne se présente pas, dans le bassin de la haute Ariège, sous la forme
TOME XIII. 8
114 PLANTES INDIGÈNES .
vulgaris Ginç. ap. DC, Prodr. 1, p. 295; Rchb., FI. excurs., p. 705,
si commune dans le centre de la France. Les feuilles sont plus
petites les souches plus courtes, plus ramassées, etc. Elle se
rapproche bien plus de la forme décrite par Jordan dans ses Obser-
vations, fragm. 7, p. 5, sous le nom de V. propera Jord.
Var. fraterna Rchb., FI. excurs.y p. 705 et Iconogr. 1,
p. 39; V. parvula Opiz; V. hirta var. pratensis Hausskn. ;
J. Briquet, Le mont Vuache, Étude floristique, etc., in Bull.
trav. Soc. bot. de Genève, VII (1892-1894), p. 76 et extrait,
p. 53.
RR. — Pelouses à l'entrée du bois de Fontfrède de
Prades (1265m). — Mai.
Reichenbach, loc. cit., la décrit ainsi : « Foliis parvis, pedunculis
multo brevioribus, sepalis ovalibus. » — John Briquet, loc. cit., dit :
« Cette variété forme des touffes courtes, gazonnantes, à f. vernales
minuscules; les entre-nœuds sont très courts; les pédoncules beau-
coup plus longs que les f. vernales, hautes de 3-6 centim.; les
pétales sont plus ou moins foncés et les éperons longs de 10-17 mil.:
enfin, les pétioles des f. estivales sont à peine une fois et demie
plus longs que le limbe. » Ce botaniste l'indique au mont Vuache
(Savoie); elle serait donc une plante montagnarde. De Martrin-Donos
la signale dans plusieurs localités du Tarn. I
Subspec. — V. sciaphila Koch (pr. sp.)y Syn., éd. 2, p. 90;
Rouy et Fouc, FI. de Fr.} III, p. 22.
La plante indiquée à Ax, 26 juin 1856, par Loret, dans ses Glanes
d'un botaniste (Bull. Soc. bot. Fr.t VI, 1859, p. 112), n'est pas le type
du V. sciaphila mais la race pyrénéenne ou mieux la forme sui-
vante, considérée, à tort, comme une espèce par quelques auteurs :
V. pyrenaica Ram., ap. DC, FI. fr.y IV, p. 803; V. pyre-
naica Miègeville, in Bull. Soc. bot. Fr. XXXVIIe "(1890),
pp. 138 et 139 ! — Exsicc. Soc. dauph., n° 4797.
AR. — Champs, prairies, pelouses sèches, éboulis, etc.,
des z. inf. et subalp. — Mars-juillet. Ax, prairies d'En-
Fountangé et champs sous le monticule d'Esquinodazé
1. Florule du Tarn, vol. 1, 1864, p. 76.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 115
(710-750") ; pelouses sous le Roc des Scaramus, vers le
col de Pourtetgés (1670"), et sous les éboulis calcaires du
Roc des Scaramus (1700m).
Picot de Lapeyrouse (Hist. abr. pi. Pyr., p. 122 et suppl., p. 40) a
considéré le V. pyrenaica Ram. comme var. ]3 alpinadu V. canina;
de Candolle (Fl. />., IV, p. 803, n<> 4457) Ta rapproché du V. odo-
rata et Ta nettement caractérisé, mais dans le tome V ou VIe volume
de ce même ouvrage, il ajoute malheureusement la phrase suivante
(p. 617) : « Cette plante, que j'ai retrouvée à la montagne d'Esquierri
près Bagnères-de-Luchon, ne me paraît être qu'une simple variété
de la Violette des marais, dont elle ne diffère que parce que ses
feuilles sont un peu moins obtuses; elle ne ressemble nullement à
la V. canina, à laquelle M. Lapeyrouse Ta réunie. »
D'autre part, nous voyons la plupart des Aoristes modernes, et
entre autres Rapin (Bull. Soc. vaud. se. nat., XI) et Grenier (Rcv.
fl. monts Jura, p. 45), identifier le V. pyrenaica Ram. au V. sciaphila
Koch. De plus, suivant M. Burnat (Fl. Alpes marit.9 I, p. 167), la
plante de Ramond imparfaitement décrite par de Candolle est repré-
sentée dans l'herbier de ce grand botaniste, à Genève, seulement par
deux échantillons dont l'un sans fleurs ni capsules, et l'autre avec
une fleur; sans l'identifier au V. sciaphila cet auteur consciencieux
l'en rapproche, mais il l'éloigné aussi du V. palustris. — Le V. pyre-
naica Ram. diffère en effet du V. palustris : par sa souche épaisse,
dure, sans stolons grêles hypo ou épigés, par la forme des feuilles
subcordiformes-ovales, à sommet plus aigu, par les stipules plus
étroites, longuement ciliées, etc.. En un mot, c'est une tout autre
plante et on ne peut la rapporter qu'au groupe des V. fnrta, per-
mixta, sciaphila, collina, etc.
En outre, suivant M. le Dr Gillot qui a étudié avec soin tous nos
spécimens : « Il est impossible, en l'absence de feuilles estivales et
de capsules développées, d'identifier sûrement les V. sciaphila K.
et pyrenaica Ram., sur des échantillons d'herbier, mais si l'on tient
compte des descriptions des auteurs et de la comparaison avec des
échantillons authentiques, on est amené à les rattacher l'un à l'autre
et à considérer le V. pyrenaica Ram. et Auct. comme une forme ou
race pyrénéenne du V. sciaphila K. — Bordère a distribué, en 1869,
sous le nom de V. sciaphila, une Violette des environs de Gèdre
qui se rapporte assez bien à la plante de la haute Ariège. Parmi les
échantillons vus par moi, à l'état jeune (floraison vernale) comme vos
spécimens des environs d'Ax, je trouve ceux-ci très assimilables à
116 PLANTES INDIGÈNES
ceux du V. sciaphila du mont Seneppe, avril 1884, près la Mure
(Isère), distribués par l'abbé Sauze (Soc. dauph., 1885, n° 4797) et
surtout à un petit échantillon en fleurs étiqueté : V. pyrenaica
Ram., V. sciaphila Koch, de la Haute -Savoie (mont Vuache,
ait. 700-900", 31 mai 1891), distribué par A. Schmidely dans le Flora
selecta exsicc. de C. Magnier, sous le n° 2657. La forme du Dauphiné
a les fleurs un peu plus grandes et donne une touffe plus compacte,
mais il n'existe pas de différences sensibles dans les caractères. Je
rattache donc sans hésiter V. pyrenaica Ram. à V. sciaphila Koch,
dont il n'est que la forme pyrénéenne: à souche plus courte, moins
épaisse et moins rameuse, à feuilles plus petites, plus largement
ovales, subobtuses et moins acuminées, à fleurs un peu plus
grandes, à éperon plus saillant, etc., mais ce sont là de simples
variations ou différences quantitatives »
123 — V. odorata L. — AC. Prairies, lieux sablonneux,
bords des bois de la z. inf. — Mai-juin. Prairies d'Orgeix
et d'Orlu (810-830m), etc.
Ses fl. émollientes, béchiques et sudorifiques font partie des
quatre espèces pectorales. Elle est très longuement stolonifère, à
feuilles en cœur, arrondies obtuses, à fleurs éparses, violettes ou
blanches et à capsule déprimée. Parmi les nombreuses formes
démembrées de cette espèce par Jordan (Pugill. pi. nov., 1852,
pp. 16-21), nous n'avons observé, sur le vif et aux environs de notre
circonscription, que la forme subcarnea. Nous possédons en herbier
la variété hortensis à feuilles très larges et à fleurs doubles, récoltée
au Castelet, à l'entrée du parc du château; elle nous parait être une
variété cultivée, échappée d'un jardin.
124 — V. alba Bess., Prim. fl. Galic, 1, p. 171. — AR.
Pelouses et prairies de la z. inf. — Mars-avril. Environs
d'Ax-les-Thermes : En-Castel, En-Fountangé, etc.
La fleur de cette espèce, comme semble l'indiquer son nom, n'est
pas toujours blanche; on la rencontre souvent à fleurs violettes.
Deux formes jordaniennes y sont ordinairement rattachées : 1° V.
scotophylla Jord., Observât, fragment vu, p. 9, à feuilles adultes d'un
vert sombre, à éperon et à capsule violacés; 2° V. virescens Jord.
ap. Bor., FL du Cent., éd. 3, p. 77, à feuilles adultes d'un vert c/air, à
éperon et capsule verdâtres ou jaunâtres. Ces caractères sont incons-
tants et ne permettentguère de distinguer ces deux formes en herbier,
OU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 117
en l'absence de notes prises sur le vif. Nous ne les avons pas encore
observées avec certitude, dans le bassin de la haute Ariège.
125 — V. palustris L. — C. Lieux humides, bords des
sources, prairies tourbeuses des montagnes granitiques de
la z. alpine. — Juin-août. — Nos exemplaires (12 localités)
ont été récoltés de 1800ra (pelouses humides sur TOrry des
Escanels, en montant à la Baouzeille du Tarbézou), à 2370"
(vallon de la Casa, sous le port de Fray-Miquel).
Elle est nettement caractérisée : par sa souche émettant des stolons
grêles, ses feuilles rèniformes orbiculaires, ses fleurs bleu cendré
veinées de violet, ses capsules glabres, etc. C'est une plante essen-
tiellement montagnarde.
Section II. — Melanium DC. *
126 — V, cornuta L. — CC. Prairies, taillis frais,
pelouses des z. subalp. et alp. — R. dans la z. inf. — Juin-
août, suivant l'altitude. — Nos exemplaires (plus de 40 loca-
lités) ont été récoltés de 910m (collet d'Ascou, rive gauche
de la Lauze), à 1980m (schistes satinés du ruisseau de Costo-
Redoun) et principalement : dans les montagnes de Prades,
d'Ascou, d'Orlu, de Mérens, etc.
Elle est remarquable : par ses grandes fleurs d'un bleu violacé, à
éperon grêle et très long, par ses feuilles larges, ovales, échancrées
en cœur à la base et par ses stipules non pinnatifîdes, à lobe term inal
triangulaire» — Nous possédons aussi des spécimens à fleurs
blanches : pelouses du vieux chemin du col de Marmare au col d'En-
Ferrié (1375m); mais ce fait n'est pas rare chez les Pensées de cette
section Melanium, qui ont une tendance à passer du violet au blanc,
suivant MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr.y III, renvoi 1 de la page 37.
t. La section Diêchidium Ging., qui no possède qu'une seule espèce : V. biflora L.
n'est pas représentée dans notre circonscription. Nous avons vainement recherché
cette plante, sous l'abri des rochers siliceux des z. subalp. et alp. Elle manque dans
le massif du Carlitte, mais elle a été récoltée par nous : 1* en compagnie de M. G.
Gautier, le 22 août 1894, dans une vallée avoisinant l'Andorre, mais faisant partie
des Pyr.-Orient. : Val de Campardos, sous la porteille de Font-Nègre (2300"») et
2* dans r Ariège : au port de Salcix (1300") et sur les pelouses de la Coume d'Ar-
tigues, versant d'Aulus (1760 ), le 18 juillet 1889, en compagnie de M. l'abbé
Mailho.
118 PLANTES INDIGÈNES
127 — V. tricolor L.
L'espèce linnéenne a été scindée par l'école multiplicatrice (Jordan,
Observ. fragra., 1 et 2, et Pugill. pi. nov.; Boreau, FI. du Centre,
éd. 3), en une vingtaine de types micromorphes, reliés entre eux par
de nombreux intermédiaires; aussi l'on est souvent embarrassé pour
classer certains exemplaires, même en se bornant aux caractères
essentiels. En décrivant comme espèces toutes les formes qui se pré-
sentent à l'observation, on aboutit à des classifications inextricables,
qui ont le double inconvénient d'éloigner beaucoup de botanistes de
l'étude des plantes litigieuses et de faire disparaître, sous un nivel-
lement artificiel, l'ordre hiérarchique établi par la nature.
Après revision de nos spécimens par divers botanistes compétents
(Timbal-Lagrave, À. Le Grand, Dr Gillot), nous avons groupé, les
formes du Viola tricolor de notre circonscription, en deux sous-
espèces.
Subspec. I. — V. alpestris Auct. plur. (Jord?) !
V. luteola Jord. (pr. sp.), Pugill. p. 27. — C. Prairies,
fossés, eto., des z. inf. et subalp. — Juin-août. — Nos
exemplaires (10 localités) ont été récoltés de 970™ (bords
de la route nationale, près de la fontaine du Roc des Balets,
en face des métairies del Fraré), à 1650m (prairies de la
Solana d'Andorre).
La plupart de nos spécimens sont très ressemblants aux échantil-
lons authentiques de cette môme plante, provenant de Jordan lui-
même et récoltés à Maladuze (Pyrénées), août 1861.
V. uiuariensis Jord. (pr. sp.), Obs. fragm., 1. p. 19, t. 2;
(V. Sagoti Jord?) ; — Exsicc. Billot, n° 3525. — AC. Pelouses,
lieux sablonneux des z. inf. et subalp. — Juin-septembre.
Nos exemplaires (12 localités) ont été récoltés de 950m
(bois du Besset), à I720m (pelouses de Manseille vers Mate-
port).
1 . Nous proférons le vocable de V. alpestris qui indique la station montagnarde
do la plupart des formes de cette sous-espèce, au nom impropre de V. s&x&tilis
Schmidt, adopté par MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr., III, p. 41, les plantes de
ce groupe no croissant pas ordinairement, sauf exception, sur les rochers ou dans
les lieux pierreux.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 119
Par son port, ses stipules palmatipartites, à lobes étroits digités, à
lobe médian entier, court; par ses longs pédoncules subfiliformes;
par ses fleurs d'un beau bleu violet, etc., cette plante est suffisam-
ment caractérisée. Il est impossible de la distinguer du V. Sagoti
Jord. qui est une forme régionale, un peu élancée, à stipules plus
élargies, à lobe médian plus allongé, en un mot une simple variation
locale. Toutefois, nos spécimens ne cadrent pas avec le vrai V. Sagoti
Jord. récolté à l'Espérou (Gard), en juillet 1861, par l'auteur de cette
forme; malgré l'opinion de MM. Rouy et Foucaud, FI. de Fr., III,
p. 51, nous n'hésitons pas à considérer le V. vivariensis comme une
simple forme et non comme une sous-espèce du V. tricolor L.'
If. Paillouxi Jord. (pr. sp.), Obs. fragm. 2, p. 36. — Exsicc.
Soc. dauph., 2* série, n° 585. — AC. Prairies, champs,
talus, rochers, etc., des z. inf. et subalp. — Mars-août. —
Nos exemplaires (8 localités) récoltés de 700m (champs de
l'Esquiroulet), à 1630" (vallon d'Embizon, rochers delajasse
de Lieuceran).
C'est la forme, à stipules dont le lobe médian est entier ou foliacé
denté, à feuilles et à sépales un peu plus aigus, etc. Quelques-uns
de nos spécimens correspondent bien aux exemplaires de V. Paillouxi
des montagnes granitiques du centre de la France, d'après Boreau,
Cari on, etc.
If. monticola Jord. (pr. sp.), loc. cit., p. 37. — Exsicc.
Billot, 23e centurie, 1858, n° 2222.
AC. — Fossés, champs, prairies, etc., des z. inf. et
subalp. — Juillet-août. — Nos exemplaires (10 localités)
récoltés de 710m (rochers de la prairie Boyé sur la tranchée
de la gare d'Ax-les-Thermes), à 1660m (prairies de la Solana
d'Andorre).
Elle se distingue du V. Paillouxi, surtout par ses stipules à lobe
médian ovale, subfoliacé? Nos spécimens récoltés le 18 août 1892,
dans les fossés de la forge d'Orlu (930m),se rapportent bien avec ceux
de la vallée de Lienz (Hautes-Pyr., legit Franqueville, 22 août 1857,
1. Jordan, dans ses Obaerv.y ?* fragm., p. 34, décrit avec doute le V. Sagoti
comme distinct du V. vivariensis et il déclare que ces deux plantes sont tellement
voisines, qu'il les signale a de nouvelles observations.
120 PLANTES INDIGÈNES
et distribués par Billot (Flora Galliœ et Germanise exsiccata), sous le
no 2222.
? V. meduanensis Boreau {pr. $p.)} FL du Cent., éd. 3, p. 80.
— RR. Juillet. — Vallon d'Embizon, jasse des Pradels
(1460ra).
Nous indiquons cette forme, « à fleurs grandes d'un beau violet et à
feuilles bien plus courtes que les entre-nœuds » (Boreau), avec un point
de doute. M. le Dr Gillot a joint à nos échantillons la note suivante :
a Les spécimens que j'ai vus sont bien moins développés. Ici l'épe-
ron semble dépasser sensiblement les appendices du calice, mais il
doit y avoir forcément des différences entre un Viola de la Mayenne
et de l'Ariège ; je ne saurais du reste à quelle forme la rattacher à
moins d'inventer un nom nouveau et il yen a déjà trop. »
Subspec. II. — V. aruensis Murray (pr. sp.), Prodr. stirp.
GoU., p. 73, et auct. mult.
V. segetalis Jord. (pr.sp.), Obs., fragm. 2, p. 12, 1. 1, fîg. B.,
et auct. plur. — CC. Champs, lieux incultes, prairies
sèches, pelouses des z. inf. et subalp. — RR. dans la z.alp.
— Avril-août, suivant l'altitude. — Nos exemplaires (plus
de 15 localités) récoltés de 7iOm (Ax, champs d'En-Castel),
à 2000m (pelouses en montant du lac de Naguilles aux
clotes du port d'En-Sur).
Elle est reconnaissablé aisément : à ses tiges et rameaux dressés à
angle aigu, à ses stipules pinnatifides, à lobes étroits, le médian lan-
céolé, à peine foliacé, peu ou point denté, à ses pétales plus courts
que le calice, etc.
V. gracilescens Jord. (pr. sp.), loc. cit., p. 20, t. 2, f. B. —
AR. — Juin-août. Murs du chemin conduisant de la route
nationale au village de Perles (660m); vallée du Mour-
gouillou, aux Escales (1480ra), etc.
Bien voisine do la forme précédente, celle-ci s'en distingue : par son
port grêle, ses longs pédoncules, son éperon violacé plus long que
les appendices calicinaux, ses sépales ciliés très acuminés, ses
feuilles profondément crénelées, etc.
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 121
V. agrestis Jord. (pr. sp.), L cit., p. 15 ; V. ruralis Jord.
ap. Bor., FI. du Cent., éd. 3, p. 81 (pr. sp.). — C. Champs,
lieux incultes, etc., des z. inf. et subalp. — Mai-juillet. —
Nos exemplaires récoltés de 710m(Ax, champs d'En-Castel),
à 1240m (fossés et murs de la grande route, près du village
de Prades).
Cette Pensée est caractérisée : par la pubescence de toutes ses
parties, ses tiges serrées et multicaules, son lobe médian des sti-
pules grand, denté et semblable aux feuilles, ses stipules palmati-
fîdes, ses fleurs assez grandes, ses feuilles inf. ovales profondément
crénelées, etc.
Nous réunissons à cette forme le V. ruralis Jord., qui en diffère
àpeine : par ses feuilles plus larges, ses larges stipules, ses sépales
souvent glabres et souvent non ciliés, etc., variations sans impor-
tance; de même, le caractère indiqué par la plupart des Flores
pour la distance des bractéoles à la fleur est insignifiant et sans
valeur. C'est pour nous une seule et même forme, qu'il n'y a pas
lieu de distinguer.
V. Timbali Jord. (pr. specie), Pugill. pi. nov.y p. 22. —
Exsicc. C. Billot, FI. Gall. et Germ., cent. 24 (1858), n# 2313.
— AC. Prairies et champs. — Mai-août. — Nos exem-
plaires (7 localités) récoltés de 670m (champs du Castelet),
à 1100m (champs de Gardeillou, sur Vaïchis).
La plupart de nos spécimens paraissent identiques, d'après M. le
Dr Gillot, aux échantillons de Castelnau-d'Estretefonds (Hte-Gar.),
12 juin 1885, récoltés par Timbal-Lagrave et Fages, et distribués
par la Soc. dauphinoise sous le n° 4838, en 1886, et à ceux distri-
bués par VExsiccata de C. Billot, loco citato. Cette plante parait
n'être qu'une simple forme régionale du V. segetalis, à stipules
dont le lobe médian est entier ou presque entier, à feuilles d'un
vert pâle, planes, les inférieures ovales-oblongues atténuées à la
base en un long pétiole, brièvement dentées, etc.
On trouve çà et là, subspontané autour des jardins, le V. tricolor
L., var. hortensis DO., de mai à septembre et l'on emploie sous le nom
de pensées sauvages , comme dépuratives, les fleurs du V. arvcn-
sis Murr., et principalement des formes segetalis, agrestis, Tim-
bali, etc.
122 PLANTES INDIGÈNES
Espèces à rechercher ou à exclure.
Lap. (Hist. abr. Pyr.t p. 122) indique : Viola mou tau a L. « au port
de Paillères ». C'est une simple forme à grandes fleurs (var. macran-
tha GG.) du V. canina L., vainement recherchée par nous en ce lieu.
Lap., loc. cit., V. mirabilis L. « entre Mèrens et Ax, dans les lieux
frais et ombragés, au pied des rochers ». — Espèce qui abonde dans
les bois des montagnes de l'E. et du S.-E., rare ailleurs, et non
signalée jusqu'à ce jour dans les Pyrénées, mais observée dans la
Lozère, le Gard et l'Aveyron. Elle a dû être confondue par Lapey-
rouse avec une forme luxuriante du V. silvestris Lamk. Cette erreur
a été reproduite par M. le Dr Clos dans son opuscule intitulé : Quel-
ques jours d' herborisations autour d'Ax (Ariège) et paru dans le
Bull, de la Soc. bot. de Fr., tome XXVI (1879), pp. 216-225. Ce bota-
niste l'indique (loc. cit., p. 220) « dans un petit sentier à droite du
pont d'Espagne, sur la route de Mérens. »
Pam. VIII. — DROSÉRAOÉES.
Drosera L.
128 — D. rotundifolia L. — C. Prairies tourbeuses,
pacages spongieux, humides et marécageux, des terrains
siliceux dans les z. subalp. et alp. — R. dans la z. inf. —
Juillet-septembre, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (15 localités) récoltés de 900" (prairies
de Petches, sur le bois de Biscarabé), à 2390m (source du
Mourgouillou, sur le lac supérieur de TAlbe), et principale-
ment dans les hautes montagnes d'Ascou et de l'Hospi-
talet.
Cette plante est astringente et caustique; nos paysans l'emploient,
en infusion, contre les toux invétérées. Elle est considérée comme
Carnivore, vu sa faculté d'agir sur les matières azotées, à la façon
du suc gastrique < ; les cils glanduleux irritables de ses feuilles se
replient sur le limbe au contact d'un corps étranger.
1. Voir pour plus amples détails le Traité de botanique de M. Van Tieghem,
pp. 207 et 352-353.— D'après les expériences faites au Jardin botanique de Lyon, par
M. Raphaël Dubois, et communiquées en 1890 à l'Académie des sciences, par M. P.
Duchartre : la facullé carnivore des plantes n'est pas réelle et la digestion des
matières animales par la végétation n'est qu'apparente. La plante , improprement
dite Carnivore, sécrète un liquide non doué de propriétés chimiques analogues à
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÈGE. 123
Parnassia (Tournef.) L. *
129 — P. palustris L. — CC. Marécages, prairies tour-
beuses parmi les Sphagnum, depuis la z. inf. jusqu'à la
limite sup. de laz. alp. — Juillet-septembre, suivant l'al-
titude.
Nos exemplaires (18 localités) ont été récoltés de 840œ
(fossés humides de la route de Mérens, près de la fontaine
du Moulinas), à 2390m (marécages de la source du Mour-
gouillou, en société du Drosera rotundifolia L.).
Elle est réputée astringente.
Pam. IX. — POLYGALAOÉE8.
Polygala L. a
130 — P. vulgare L. — CC. Prairies sèches, bois,
pelouses, etc., des terrains siliceux, depuis laz. inf. jusqu'à
la z. alp. — Mai-Juillet. — Nos exemplaires (plus de 20 loca-
lités), récoltés de 680m (Castelet, rochers sur le village), à
2200m (Solana d'Andorre, au sarrat de Ribenfest.)
Les fleurs varient du rose au bleu et au blanc. Les vaches recher-
chent les feuilles de cette plante arrière, tonique et diurétique et nos
paysans croient que cette nourriture augmente la sécrétion lactée.
On réunit généralement, sous le nom de P. vulgare, de nombreuses
variétés qui se rapprochent de la plante ainsi désignée par les
auteurs; parmi ces variétés nous avons distingué les suivantes :
celles de la pepsine, et les phénomènes de désagrégation et de fausse digestion
sont dus, sans aucun doute, à l'action rapide d'animalcules (bactéries, etc.), intro-
duits dans l'organe sécréteur après son éclosion et venus du dehors. Ce fait ne
constitue donc pas un véritable phénomène de digestion végétale, comme on Ta
cru jusqu'ici. (Voir fa Science pour tout, XXXV* année, n° 36, 6 sept. 1890, p. 28?
et n* 43, 25 oc t. 1890, p. 342).
1. Bien que la place du genre Parnaaaia, soit contestée, l'usage prévaut jusqu'ici
de le classer dans les Droséracées ; c'est peut-être un genre de transition. Quelques
auteurs modernes inclinent à le rapprocher des Sazifragacées.
2. Tous nos Polygala ont été revus par M. A. Legrand, en 1895. À l'exemple do
Timbal, FI. Corb.t p. 87, et de MM. Rouy et Fouc, FI. de Fr., III, p. 60, nous
avons adopté le genre grammatical neutre pour le nom Polygala.
124 PLANTES INDIGÈNES
Var. /3 alpestre Koch, Syn., éd. 2, p. 99, non Rchb. ; var.
pseudo-alpestre Gren., FI. chaîne jurassiq., p. 98. — AC.
Pâturages secs des terraius siliceux et cale, des z. subalp.
et alp. — Juillet-août. — Nos exemplaires (1 1 localités) ont
été récoltés de 1620m (crête du soula de Montalzéou, à TO.
de Cornus), à 2520m (pelouses sous le pic de Rul) et princi-
palement : dans les montagnes de Prades, de Paillères et de
la haute vallée d'Orlu.
Tiges moins élevées, feuilles largement lancéolées, plus rappro-
chées, fleurs en grappe plus courte, etc.
Var. 7 oxypterum Bonnet, Petite fi. paris., 1883, p. 58;
P. oxypterum Bor. et auct. mult. (an Rchb.?). — R. Juin-
août. — Ax, pelouses d'En-Fountangé (720m); pelouses du
bac de Jacob, sur le bois de Mateliave (1520m).
Caractérisée : par ses tiges plus ou moins étalées puis redressées,
ses ailes à peine plus longues que la capsule et plus étroites.
Var. $ paruiflorum Coss. et Germ., FI. paris., éd. 1 (1845),
p. 57, et éd. 2 (1861), p. 72; P. Lensei Bor., Précis herb. (1862),
p. 20. — R. Pelouses et bruyères des montagnes grani-
tiques des z. subalp. et alp. — Mai-août. — Vallée de
TOriège : prairies du Bisp, sous le pic du Brasseil (1080™);
vallée latérale d'Orgeix, sous le pic de Perregeat (1600m).
Plante ayant le port du P. comosum, mais à souche grêle, à
tiges basses, à grappes plus courtes que le type, à ailes plus élargies
égalant la longueur de la capsule, à fleurs d'un bleu plus fonoé et
à nervures obscurément anastomosées.
131 —P. serpyllaceum Weihe, in Flora (1826), 2, p. 745,
tab. 1 ; P. depressum Wender. (1821) (pr.part.). — C. Pelouses,
bruyères des terrains siliceux, dans la z. inf. jusque dans
la z. alp. — Mai-août, suiv. l'altit. — Nos exemplaires
(10 localités) ont été récoltés de 800m (Ax, lieux boisés sur
le trou des Fourches), à 2200ro (vallon d'Eychounzé, sous le
pic d'Outxis).
A l'exemple du savant monographe des Polygala, M. Ghodat (Bull.
Soc. bot. de Genève, 1889, n° 5, p. 158), nous considérons le P. ser-
DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE. 125
pyllaceum comme une espèce et non comme une simple forme à
feuilles opposées du P. vulgare dont il diffère surtout : par ses tiges
filiformes diffuses, ses fleurs peu nombreuses en grappes courtes,
les terminales devenant latérales par le développement d'un rameau
axilliaire et par ses feuilles inférieures, la plupart opposées.
132 — P. calcareum F. Schultz, in Flora (1837), vol. 2,
p. 752 ; P. amarellum Coss. et Germ. (1845). — CC. Pelouses
et bruyères, rochers des terrains calcaires et siliceux de la
z. inf., jusque dans la z. nivale. — Mai-août. — Nos exem-
plaires (34 localités) ont été récoltés de 720m (roch. cale,
du chemin de Perles à Unac), à ?520ra (pelouses sous le pic
de Rul ou Rulle), et principalement : dans les montagnes
calcaires de Prades et d'Ascou.
133 — P. alpinum Perrier et Songeon, Notes pi. nouv.
Savoie, in Billot, Annot. à la Fl.deFr. et d'Ail., 1859, pp. 187-
189; P. niveum Miègeville, in Bull. Soc. bot. de Fr.} XII,
1865, p. 341 ! — R. Rochers cale, et pâturages des z. alp.
et niv. — Juin-août. — Roc-Blanc, versant d'Orlu (2180m
et2240m); col de Castillou ou de la Gréoulère, sous le pic
de Pinet (2245m); crête de Camp- Ras, sous le pic de ce
nom (2500m).
Ses tiges formant de petites touffes denses, entièrement étalées
sur le sol, l'axe central de chaque rosette toujours terminé par une
pousse stérile, ses petites fleurs (4 millim.) d'un bleu clair, rare-
ment blanches, et dont la nervure moyenne ne s'anastomose jamais
avec les nervures latérales, etc., lui donnent un aspect particulier et
permettent de la distinguer aisément des espèces voisines.
Espèce à exclure.
Polygala austrlacum Crantz, indiqué par Lapeyrouse (Hist.
abr. Pyr.t p. 401), « à Paillères ». — C'est une plante de la région
parisienne confondue avec le P. calcareum Schultz, et qui ne peut
croître à 2000 mètres d'altitude !
-»-$B-«-
EXPLICATION DE QUELQUES TERMES
DES PYRÉNÉES ARIÉGEOISES, USITÉS DANS NOTRE
CATALOGUE RAISONNÉ :
Bac, ubac, loubac : versants des montagnes exposés à l'ombre,
O. et N.
Clôt y dote, cloutade, cloutel : dépression occupant remplacement
d'un ancien marais ou d'un laquet desséché.
Couillade (du catalan collada) : col ou passage.
Couillet, couilladou (diminutifs de couillade) : petit col.
Coume (du catalan coma) : correspond à peu près au mot français
combe (petite vallée resserrée entre deux hautes montagnes).
Coumeto, coumeil> coumeille (diminutifs de coume) : petit vallon.
E&tagnol (du catalan estany) : lac de peu d'étendue.
Fountanal : fontaine ou source très abondante.
Jasse (du latin jacere) : le lieu où pacagent et couchent les bestiaux
(moutons, vaches, chevaux, porcs, etc.), sous la garde des pâtres.
Jassette (diminutif de jasse) : petite jasse.
Llabardouse : le lieu où abonde le Llabardas (Rhododendron).
Mate (du catalan mata, mato) : noisette, et par extension : petit bois
de noisetiers.
Mouillère : espace mouillé, terrain tourbeux ou marécageux, occu-
pant le plus souvent l'emplacement d'un ancien marécage ou d'un
lac comblé par les avalanches ou la végétation aquatique.
Orry ou Orrhy : le lieu où l'on fabrique les fromages avec le lait
de brebis et de vache.
Orryot (diminutif du mot orry) : petit orry.
Pas, passade : passage difficile entre deux sommets ou sur une crête.
Plat planel : petit plateau situé entre deux montagnes, dans une
vallée ou sur une crête élargie.
Porteille (du catalan portell, portella) : col très étroit.
Serre, sarrat (de l'espagnol sierra) : chaîne de montagnes, et quelque-
fois montagne seule.
Son/a, soutane : versants des montagnes exposés au soleil, E., S.-E., S.
Tartiè, tartièro : éboulis, amas de gros blocs de rochers.
Tos, tose (du catalan tossal, tozal) : sommet élevé, pic.
HlB Marcailhou-d'Ayméric.
*-
CONTRIBUTION
A L'ÉTUDE DE LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE LA FRANGE
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE
DU
ENVIRONS DE CERC Y- LA-TOUR (NIÈVRE)
Par F. QAGNEPAIN
INSTITUTEUR, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE DE BOTANIQUE,
DE LA SOCIETE D'HISTOIRE NATURELLE D'AUTUN ,
LAUREAT DE L'ACADÉMIE INTERNATIONALE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
»»»—>#»—
PRÉFACE
Après huit années d'herborisations continuelles, nous songions à
élaborer le Catalogue de la florule nivernaise.
Nous étions, comme aujourd'hui, bien convaincu qu'un herbier
méconnu, difficile à compulser, est un trésor enfoui, d'une utilité
scientifique restreinte, et que des publications incessantes seules
sont capables de donner aux documents qu'il renferme l'utilité que
ne comportait guère leur vie latente et obscure. C'est cette convic-
tion qui a présidé à l'élaboration des notes et mémoires que nous
avons antérieurement publiés. *
Tels étaient nos projets et nos principes, quand M. le Dr Gillot,
d'Autun, insista sur l'avantage de réunir en un travail complet les
matériaux déjà amassés sur la florule de Cercy-la-Tour. Cette inspi-
ration devait être un germe fécond trouvant un terrain tout préparé.
Depuis lors, depuis cinq ans, l'étude obstinée, méthodique de ce
domaine scientifique, absorba en entier ce que le labeur de l'ensei-
gnement nous laissait de temps et de forces. Aujourd'hui, 800 kilo-
mètres carrés sont explorés en détail et bien peu d'entre eux ont
échappé aux mailles de plus en plus serrées de nombreux itinéraires
représentant une longueur minimum de 3.500 kilomètres.
Pour grouper, pour utiliser ces matériaux précis, nous avons
1. Voir à la page 129 la liste de ces publications.
128 F. GAGNEPAIN.
profité des directions d'un botaniste aussi savant qu'obligeant et
dévoué; elles furent de tous les instants, comme en témoigne une
volumineuse correspondance; et le manuscrit, vu et revu par M. le
Dr Gillot, amendé et émondé suivant ses conseils, doit présenter
les résultats d'une double collaboration : Autun donnant l'esprit,
Cercy, la force vive.
Cette force se serait sans doute évanouie si elle n'avait été sou-
tenue par la satisfaction morale de loisirs bien employés et l'ambi-
tion vivace d'être un jour utile à la science.
Mais, nous ne l'oublions pas, l'intérêt que nous ont témoigné plu-
sieurs savants, leurs encouragements précieux, leurs conseils, leurs
critiques même sont venus soutenir le chercheur dans cette tâche
laborieuse acceptée avec une confiance toute juvénile. La science
est une belle chose, puisque ses adeptes, unis par l'idéal de ses pro-
grès, s'aident les uns les autres, les forts prêtant au faible une main
secourable.
Ce n'est pas sans une gratitude émue que nous évoquons ici le
souvenir de concours aussi désintéressés qu'efficaces, soit pour le
travail présent, soit pour les notes parues ou à paraître; et le lieu
et le moment pourraient-ils être mieux choisis pour donner à chacun
le juste tribut de remerciements qu'il mérite?
Le nom de la Société d'histoire naturelle d'Autun est inséparable
de celui de M. le Dr Gillot qui lui consacre entièrement ses forces.
Merci à elle de l'accueil qu'elle a réservé à nos publications bota-
niques et du sacrifice qu'elle s'impose en élargissant au profit de la
Topographie botanique le cadre d'un Bulletin si important et si volu-
mineux!
Grâce à M. Malinvaud, secrétaire général de la Société botanique
de France, l'hospitalité4"!* plus large nous a été réservée dans son
Bulletin, et la compétence toute spéciale du savant a daigné nous
venir en aide par la détermination du genre polymorphe des Menthes.
C'est avec une érudition et une obligeance non moins grandes que
toute une récolte de Ronces a été revue par M. Boulay, le savant
maître qui s'est fait au sujet du genre Rubus une réputation univer-
selle.
Non content de lire ligne par ligne, avec une sollicitude toute par-
ticulière, le manuscrit de notre Topographie botanique^ M. Ch. Fla-
hault, professeur à la faculté des sciences de Montpellier, a voulu
l'annoter longuement, et en donner une appréciation si bienveillante
que nous tenons à honneur de la mériter entièrement en suivant de
point en point des directions si autorisées.
i
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 129
Cent pollens avaient été décrits et figurés dans un essai timide^
Four nous permettre d'approfondir et d'étendre le sujet, de faire
accepter la valeur indéniable des caractères polliniques en taxinomie,
en hybridologie, aussi bien qu'en organographie, deux maîtres émi-
nents, par leurs travaux et leurs titres, ont daigné nous soutenir,
nous encourager dans une œuvre qui, élaborée à loisir par un savant
de laboratoire, serait fertile en conclusions et en applications inat-
tendues. Nous avons désigné ici M. Bernard Renault, du Muséum,
l'éminent président de la Société d'histoire naturelle d'Autun, qui
lui doit la plus grande partie de son lustre, et M. Ed. Bornet, do
l'Institut, dont la science est rehaussée par une extrême bienveil-
lance.
Cette longue preuve d'une excessive obligeance partie de tant de
points du monde savant ne saurait être ici une vaine et complai-
sante ostentation; c'est l'expression bien sincère, quoique faible,
d'une profonde reconnaissance ; mais c'est aussi l'engagement formel
de mieux profiter à l'avenir d'un concours précieux, si les nécessités
d'une profession absorbante nous en laissent le loisir.
Puissions-nous en même temps avoir convaincu les jeunes débu-
tants comme nous, que leur bonne volonté et leurs efforts persis-
tants ne seront jamais ni dédaignés, ni réduits à eux-mêmes 1
PUBLICATIONS DE M. F. GAGNEPA1N :
Lettre sur diverses observations tératologiques, Bul. Soc. bot. Fr. p. 3o9 — 1893
Nouveaux cas tératologiques, Idem. ... p. 269 — 1894
Nouvelles notes tératologiques , Idem.... p. 605 — 1894
Espèces ou localités nouvelles 2>our la Nièvre, Idem.... p. 598 — 1895
Idem Idem Idem.... p. 449 — 1896
Sur un hybride artificiel des Lychnis diuma et vesp., Idem.... p. 129 — 1896
Dates de floraison en i895pour la Nièvre, Bul. Soc. Hist. nat., Autun p. 44 — 1 896
Végétation sur les laitiers des hauts fourneaux, Idem.... p. 47 — 1896
Notes tératologiques, Idem.... p. 67 — 1896
Dates de floraison des pi. è Cercy 'la-Tour, Idem.... p. 263 — 1896
Notes tératologiques, Idem.... p. 269 — 1896
Herborisations à Sancoins (Cher], Bul. Soc. bot. Fr. .. p. 59 — 1897
Sur un hybride artific. des Lychnis diuma et vespert., Idem.... p. 441 — 1897
Végétation èpiphyle des Saules têtards (Nièvre), Bul. S. H. n. Autun. p. 77 — 1897
Sur la dispersion du Gui, Idem. ... p. 146 — 1897
Végétation calamicole et murale. Idem p. 230 et 305 — 1897
Espèces ou localités nouvelles pour la Nièvre, Bul. Soc. bot. Fr.. p. 129 — 1898
A travers les pollens indigènes, Bul. Soc. hist. nat., Autun p. 217 — 1898
Hybrides des Galeopsis dubia et angustifolia, Assoc. franc, bot... p. 43 — 1899
•♦•
TOME XIII. 9
130 F. GAGNKPAIN.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Pour l'étranger qui veut herboriser dans la Nièvre, plu-
sieurs localités peuvent être choisies comme quartier
général. Cercy est une de ces localités privilégiées; sa gare
importante et les lignes qui y aboutissent permettent des
excursions dans quatre directions différentes. Par celle de
Nevers-Chagny, on peut étudier les bords de la Loire, les
environs de Decize et, à Test, Luzy, c'est-à-dire la chaîne
granitique du Morvan dans sa partie méridionale ; par celle
de Laroche, on peut se porter facilement au nord et recon-
naître la partie ouest des montagnes morvandelles et la
grasse vallée de l'Aron ; par l'embranchement de Gilly, on
a un facile trajet vers Saint-Hilaire, Cronat, clans la riche
vallée de la Loire.
Mais les environs de Cercy-la-Tour possèdent une flore
qui, pour être celle du plat pays, n'en est pas moins inté-
ressante et qui a en outre le mérite d'être peu connue.
Boreau 1 est, à notre connaissance, le premier botaniste qui
ait véritablement herborisé dans ces parages ; encore n'a-t-il
signalé son passage que par quelques noms de localités bien
insuffisants pour donner la moindre idée de la flore. Ses
séjours ont dû y être très brefs; mais s'il a omis de noter
dans son important ouvrage certaines plantes intéressantes
que ce savant botaniste a pris la peine de citer ailleurs, il
en est d'autres que les cours d'eau, les vents, les cultures
et les autres causes multiples de la dispersion des espèces
1. A. Boreau, Voyage aux montagnes du Morvan, suivi d'observations sur tes
végétaux de cette contrée, Nevcrs, 1832, in-12, 146 p. — Flore du centre de la
France, lr* édition, 18i0; 2\ I8'.9, 3% 1857. — Herbier de Severs. 1832 (hôtel de
ville de Nevers).
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 131
y ont apportées depuis et qu'il n'a pu indiquer; en outre, il
existe toute une catégorie de plantes adventices étrangères
qui se propagent de plus en plus en France, et ces faits,
quoique rares, mais intéressants, de géographie botanique,
nous semblent devoir être soigneusement consignés.
Cercy se trouve précisément pour plusieurs de ces
espèces sur la limite septentrionale de leur aire d'exten-
sion, et son sol paraît leur être assez hospitalier pour qu'il
en soit fait mention.
Enfin une lacune importante est à combler. Le départe-
ment de la Nièvre, qui suit si facilement en cent autres cir-
constances la voie du progrès, n'a point jusqu'à présent
ajouté son catalogue ou sa flore aux flores ou catalogues
des départements voisins ; et la botanique, science aimable
et utile entre toutes, y est trop négligée. Cependant tous
les spécialistes déplorent le manque presque absolu de
documents sur la flore de la région et surtout l'ignorance
des changements qui s'y sont produits depuis la dernière
édition de la Flore du Centre de Boreau (1857). Le besoin
d'un catalogue surtout se fait vivement sentir et naguère
une notabilité scientifique daignait nous en conseiller la
rédaction.
Malheureusement nos loisirs sont trop bornés pour mener
seul à bonne fin un travail de cette importance. Puisse cet
essai sur la florule de Cercy avoir dans la Nièvre des imi-
tateurs! Puisse-t-il nous donner de nouveaux collaborateurs
pour nous permettre de continuer et de publier rapidement
le Catalogue, déjà fort avancé, des espèces vasculaires du
département !
Combien de régions, de districts n'ont pas encore été par-
courus en tous sens! Et quelles surprises leur flore médio-
crement connue ne réserve- t-elle pas à ceux qui en feront
l'étude consciencieuse !
« Si divers botanistes s'appliquaient à publier avec un
» soin scrupuleux pour chaque canton français le relevé
132 F. GAGNEPAIN.
» des richesses florales, il suffirait de coordonner tous ces
» travaux particuliers pour former une flore générale de la
» France bien établie. Ce serait un monument dijrne de
» passer à la postérité et d'une valeur incontestable. » 1
Si ce vœu, qui est aussi le nôtre, se réalise un jour, on
aura une connaissance très nette de la flore française, par
la précision de l'étendue des aires géographiques, la notion
exacte de la fréquence des espèces, celle des différentes
formes que revêtent les espèces suivant les climats, les
régions, les stations. Le tableau de la végétation française
sera à jamais fixé dans le temps pour la postérité et c'est
un bienfait que nous devront nos arrière-neveux. Car les
progrès des défrichements, des assainissements, de la cul-
ture de plus en plus empiétante, opèrent des changements
rapides à notre époque, et deux siècles de progrès boule-
verseront aussi sûrement la végétation d'un pays que la
charrue transforme la jachère en quelques semaines.
M. Flahault, l'éminent professeur de Montpellier, a tenté
l'entreprise d'une carte géobotanique de la France. Ce
projet grandiose appelle toutes les adhésions, toutes les
bonnes volontés. C'est apporter sa pierre à l'édifice que de
se partager la besogne et d'étudier chacun son district pour
en dresser l'inventaire floristique. La fin d'une œuvre aussi
monumentale serait peut-être la solution des problèmes les
plus passionnants de la géographie botanique : la corréla-
tion des espèces aux sols et peut-être aux époques géolo-
giques, le transformisme à travers les âges du monde.
Si nous avions ici le droit de critique, nous verrions dans
les tendances actuelles deux obstacles à cette réalisation
lointaine.
Les amateurs sont parfois trop exclusivement collection-
neurs ; leur ambition consiste à entasser cartons sur cartons
l.MM. Marcailhou-d'Ayméric, Plantes phanérogames et cryptogames indigènes
du bassin de la haute Ariège (introduction) in Bull. Soc. hist. nat. d'Autun, XI, 1
(1898), p. 250.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 133
comme si leur savoir et leur dévouement étaient en rela-
tion directe avec le volume des herbiers; ils lâchent en
quelque sorte la proie pour l'ombre et la science pour son
simulacre. Un herbier, même volumineux, est d'une utilité
bien restreinte s'il n'est connu ; c'est un trésor enfoui que
guettent ces deux ennemis, — le géant et le nain, — le temps
et l'insecte également destructeurs. Trop de faits intéres-
sants de pure science dorment à jamais ensevelis dans les
herbiers! Il faudrait en les composant les publier, c'est-à-
dire les révéler, les grandir et les limiter à une région
déterminée, en prenant comme maxime directrice : « Mon
verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre. »
Le second obstacle à la connaissance précise de la flore
française est précisément ce qui s'augmente de plus en
plus par l'intermédiaire de certaines sociétés savantes : la
tendance aux échanges. Il est bien évident qu'une espèce
ou variété distribuée à cent parts grossit cent herbiers, ce
qui est bien une garantie contre les attaques du temps et
des insectes, et une connaissance de plus acquise par cent
personnes, mais ce n'est en somme qu'un seul document
géobotanique valable. Celui qui échange n'a point tant
l'ambition de connaître son canton, que de découvrir
quelques stations abondantes d'espèces rares, généralement
demandées et propres aux centuries. Sans prétendre
empêcher les échanges, qui offrent des avantages incontes-
tables dans nombre de cas, nous voudrions, si nous avions
l'autorité voulue pour cela, inviter les amateurs à publier
davantage et à multiplier leurs recherches personnelles.
134 P. GAGNEPAIN.
HISTORIQUE
La lecture de la Flore du Centre, de À. Boreau, profes-
seur de botanique à Angers, ancien pharmacien à Ne vers,
convaincra que le savant auteur a promené son œil scruta-
teur dans la plupart des communes de la Nièvre, et si
deux cents communes sont signalées par des découvertes
d'espèces notables, il devait aussi marquer ses itinéraires
aux environs de Cercy-la-Tour : Biches (forêt de Vincences),
Montigny, les bords de la Canne et de l'Aron, Moulins-
Engilbert, Saint-Honoré et la Vieille-Montagne, la Machine
et la forêt des Glenons, Verneuil et Champvert, Decize et
Devay, Charrin et les sables de Loire, Lamenay et la
Nocle, Fours et les rives de l'Haleine, treize communes sur
trente de notre circonscription devraient conserver ailleurs
que dans la flore l'empreinte de ses pas.
A en juger par la distance de Nevers à Cercy, par la dif-
ficulté des communications à cette époque, les séjours de
Boreau ont été rares dans nos environs; cependant un
coup d'œil sûr, la divination que donne le talent de bota-
niste, ont dû guider ses pas à travers nos campagnes et
permettre les découvertes intéressantes indiquées dans sa
Flore.
Le grand herbier de Boreau est à Angers, mais avant de
prendre la direction du Jardin botanique de cette ville, de
1832 à 1837, Boreau avait collectionné pour la ville de
Nevers. Huit volumes importants de plantes de la Nièvre
sont conservés à l'hôtel de ville avec le soin un peu jaloux
que comporte leur importance, car toutes les espèces remar-
quables mentionnées dans la Flore du Centre et concernant
la Nièvre y figurent avec une liste surabondante de stations
diverses. L'herbier de Nevers est donc aussi la confirmation
de l'ouvrage magistral de Boreau ; par la précision des
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 135
't.
stations, l'abondance des documents, c'est une collection
précieuse pour le département.
Grâce à l'herbier Boreau, de Nevers, parcouru en
entier le crayon à la main, on trouvera plus loin des docu-
ments qu'on chercherait vainement dans la Flore du Centre,
ouvrage trop général pour les contenir.
Autant que possible nous avons contrôlé ses stations, avec
la satisfaction intime et mélancolique de suivre les pas
du maître disparu et d'appuyer sa grande autorité de notre
modeste témoignage. Si plusieurs ont échappé à nos
recherches, il ne faut accuser ni sa sincérité, ni notre per-
sistance, mais reconnaître l'impossibilité où l'on se trouve
souvent de reconnaître une station forcément trop peu
précisée, en même temps que les progrès d'une culture
envahissante qui a réduit depuis lors plus d'une à néant.
Un autre auteur, encore dans la force de son talent,
M. G. Rouy, le savant auteur de la Flore de France,
dont cinq volumes seulement parus font attendre les autres
avec une légitime impatience, M. G. Rouy, disions-nous,
dans un court séjour à la station de Saint-Honoré-les-Bains,
a fait quelques récoltes que nous avons été heureux de con-
naître et d'utiliser à l'avantage du lecteur et dans l'intérêt
d'une documentation complète. *
Il en est de même de la Notice sur la Flore de Saint'
Honoré-les Bains, publiée par notre collaborateur et ami,
M. le Dr Gillot2, et qui complète nos renseignements sur
ce coin du Morvan.
Un ancien élève de A. Pérard, de Montluçon, compagnon
de ses excursions multiples, organisateur de son herbier,
M. J.-B. Moriot, instituteur à Gannay-sur-Loire (Allier), a
employé consciencieusement les trop rares loisirs que lui
laissent l'école et la mairie, à étudier la flore de ses envi-
1. O. Rouy, in Bull. Soc. bot. Fr.y XXII (1875), p. 70.
2. Publiée dans le Guide aux eaux de Saint- Honoré (Nièvre), par le Dr Binet,
Paris, 1883, p. 40, et extrait, Tournus, 1883, 29 p.
136 F. GAGNEPAIN.
rons, champs arénacés et sables de Loire. La Topographie
botanique doit à notre excellent collègue et ami plusieurs
indications de plantes rares. 1
M. Joannin-Déponge, de Verneuil, est un esprit aussi
curieux qu'énergique. Seul il a acquis une instruction plus
qu'ordinaire, au prix d'efforts mal récompensés par ses
modestes fonctions de cantonnier du canal du Nivernais.
Son ardeur d'herborisant, sa connaissance étendue des
plantes des environs de Verneuil, doivent être citées en
exemple aux personnes d'une solide instruction que décou-
ragent les difficultés d'une analyse. Nous avons été ample-
ment payé des directions et des conseils à lui fournis, par
les découvertes qu'il a faites et en particulier celle d'Oro-
banche Picridis. Merci à cet ami aussi vaillant que modeste !
De 1860 à 1890, M. Mass, de Brain, près Decize, a multi-
plié ses recherches dans ses environs immédiats bien con-
nus de lui. Ses récoltes faites dans un rayon de trois kilo-
mètres environ concernent surtout la pente calcaire de
Decize-Devay et les sables du plateau. Son herbier, ren-
fermé dans six boites, bien préparé, bien empoisonné et
classé, a une importance locale remarquable par la préci-
sion des stations et la date des récoltes trop oubliées des
débutants. Le comte Jaubert, l'académicien, ami et maitrc
de Boreau, avait un pied-à-terre au château de Brain, chez
ses parents, et plus d'une fois il a vu les plantes de M. Mass,
lui a réservé l'honneur d'une promenade botanique en
commun. Nous devons aux recherches intelligentes de
M. Mass, à son amour de la botanique, à son accueil si
cordial, à son obligeance si aimable, plusieurs espèces
encore introuvées dans l'étendue de notre florule.
Après avoir restitué à chacun la part qui lui revient de
droit dans ce travail, ajoutons que notre herbier personnel
1. J.-B. Moriot, in Revue scientifique du Bourbonnais (1899), n° du 15 juillet,
p. 165.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 137
comprenant onze volumineux cartons de plantes nivernaises
pour la plupart, contient, à part quelques rares exceptions,
toutes les espèces ou variétés un peu remarquables mention-
nées plus loin, souvent en plusieurs parts provenant de
localités différentes, et qu'un album de plus de trois cents
espèces, crayonné par nous, indique les caractères analy-
tiques les plus précis. Un tel album excelle surtout à faire
connaître et retenir les caractères génériques qui échap-
pent souvent à la mémoire des herborisants.
Tout herbier doit être la base d'un travail consciencieux,
lequel est en quelque sorte l'édifice qui le couronne, et on ne
conçoit pas plus un édifice sans fondation qu'une fondation
sans édifice, c'est-à-dire sans publication qui fasse con-
naître la collection, la révèle en multipliant son utilité.
SURFACE
Si Ton décrit sur une carte du département de la Nièvre une
circonférence de 16 kilomètres de rayon, avec Cercy comme
centre, elle comprendrait assez exactement l'étendue de la
florule étudiée. Cette circonférence passerait sensiblement
à Decize, Lamenay, Gannay, Cronat, la Nocle-Maulaix,
Rémilly, Semelay, Saint-Honoré-les- Bains, Biches, Fer-
trèves, Anlezy, Ville-Langy, Thianges, la Machine, Saint-
Léger-des-Vignes ; elle circonscrirait en dedans des quinze
localités précédentes les quatorze suivantes : Champvert,
Devay, Charrin, Saint-Hilaire-Fontaine, Montambert, Fours,
Thaix, Montaron, Vandenesse, Isenay, Saint-Gratien, Mon-
tigny-sur-Canne, Diennes, Verneuil et Cercy. En ajoutant
une pointe avancée vers Sougy et Druy, on arrivera au
nombre de trente communes étudiées. Ces communes
appartiennent aux cantons de Decize, Fours, Luzy, Mou-
lins-Engilbert, Châtillon-en-Bazois, Saint-Benin -d'Azy ,
dans le département de la Nièvre. Le domaine scientifique
138 F. GAGNEPAIN.
de Gercy n'est donc point administratif, bien qu'il touche
aux départements de l'Allier par Gannay et de Saône-et-
Loire par Cronat ; mais ses limites ne sont pas non plus
très naturelles, puisqu'il empiète sur le Bazois (N.) et les
Amogues (N.-W.), tout en se bornant au Morvan (E.) et à la
Loire (S.). «
La surface de ce territoire est facile à calculer, étant
donnée sa régularité, et elle peut être évaluée à 800 kilo-
mètres carrés, c'est-à-dire la 660e partie de celle de la
France et la 9e partie de celle de la Nièvre.
Ses limites extrêmes sont comprises entre 46° 43' et 47° 1'
de latitude nord, et entre 1° 7' et 1° 31' de longitude est.
RELIEF DU SOL
Du haut de la Vieille-Montagne de Saint-Honoré, dont
le mamelon couronné de grands arbres atteint une altitude
de 565 mètres, l'observateur découvre, par un ciel propice,
Cercy-la-Tour, la plaine qui l'environne et qui se continue
plus loin sous le nom de Plaine du Nivernais. Au contraire
du Morvan accidenté et pittoresque, qu'on laisse à Test
derrière soi, on aperçoit à peine les petites vallées, les
molles ondulations de nos environs, et tout cela semblerait
bien monotone si les cultures diverses, les bois disséminés
ne venaient mettre un peu de variété dans la disposition et
dans les couleurs. La Loire, dont on aperçoit par un ciel
pur la ligne argentée, est à 200 mètres d'altitude quand
elle passe dans notre région vers Saint-Hilaire-Fontai:?e,
et à 190 mètres quand elle en sort à l'ouest de Decize.
Depuis le fleuve et sa vallée de plusieurs kilomètres de
largeur, le pays se relève légèrement pour séparer le bassin
de la Loire des petites rivières tributaires qui ne sont guère
qu'à 200 mètres. Le gros bourg de Cercy se trouve en effet
I. Dans tout cet ouvrage est adoptée l'initiale W pour Ouest, usage admis par
les Annales de Géographie.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 139
au confluent de trois rivières de second ordre : la Canne,
qui coule du nord, l'Haleine, de l'est, l'Aron, du nord-est
et qui reçoit les deux premières. De là le sol s'élève pro-
gressivement dans la direction de leurs sources pour
atteindre 310 mètres au nord et 565 à la Vieille-Montagne;
la pente générale se trouve dans la direction N.-E.-S.-W.,
comme l'indique la fuite des eaux.
GÉOLOGIE
Le sol de cette région est intermédiaire entre celui
des Amognes et du Bazois, d'une part, et celui du Morvan,
d'autre part ; et c'est précisément cette participation remar-
quable à deux natures différentes de terrain qui contribue
à la richesse du tapis végétal de ce petit coin de terre.
Calcaire.
(130 kilomètres carrés.)
Les calcaires jurassiques qui couvrent des espaces
immenses dans d'autres parties du département (Clamecy,
Armes, Dornecy, Neuffontaines, Varzy, Châteauneuf, Donzy ,
Pouilly, la Charité, Pougues, Ne vers), n'ont ici que de
timides prolongements. Cependant ce n'est pas en vain que
nous nous trouvons sur le passage de cette grande écharpe
jurassique qui traverse la France depuis Niort jusqu'à Bar-
le-Duc, et l'étage liasien constitue en quelque sorte les
fondations plus ou moins apparentes et superficielles du
sol des environs de Cercy. Par les érosions des cours d'eau
voisins, par les exploitations anciennes ou actives des
carrières, on peut assez facilement faire l'étude élémen-
taire et géologique du sol.
Comme on peut s'en rendre compte par un simple coup
d'œil jeté sur la carte, les calcaires avoisinent surtout les
cours d'eau. Depuis Biches jusqu'à Saint-Léger, aux bords
140 F. GAGNE PAIN
de l'Aron; depuis Saint-Hilaire jusqu'à Decize, aux bords de
la Loire, régnent de longs rubans calcaires qui appar-
tiennent à différentes formations. Le long de la Canne, le
long de l'Ândarge, le calcaire se montre aussi ; à l'écart un
important gisement occupe Bussière, Thianges, Ville-
Langy, Anlezy et Fertrèves.
1° Bassin de Mazille. — Ce bassin comprend la partie
N.-E. du calcaire et s'étend sur Vandenesse, Isenay, le
Tremblay, Saint-Gratien sur la rive droite de l'Aron, sur
Mazille et Pouligny, sur la rive gauche. La Gryphée arquée
abonde dans la roche dure de texture cristalloïde. Nous
avons remarqué la même pierre à la carrière de l'étang
Millot, près Teinte. Suivant la carte géologique c'est le
calcaire à entroques.
2° Bassin de Cercy-Verneuil. — La nature du coteau cal-
caire change au village de Chaumigny. Le lias devient
tendre, marneux. Nous n'y avons rencontré que de rares
fossiles qui prouvent par leur organisation supérieure des
dépôts plus récents ; ils consistent en vertèbres de pois-
sons ou de reptiles pénétrés par une matière si tendre qu'on
ne peut guère en recueillir que des débris presque mécon-
naissables. C'est tout le long de l'Aron, depuis Chaumigny
jusqu'à Verneuil, que règne ce calcaire particulier dont on
retrouve des traces non équivoques en l'Ile, sur la rive
gauche de la Canne, et à Devay, sur le bord de la Loire. Il
semble former le sous-sol du territoire compris entre Saint-
Gratien et Devay, Verneuil et Saint-Hilaire, quoique la
surface soit occupée par les sables et graviers de Chagny.
A Verneuil, des sondages lui ont révélé une épaisseur de
60 mètres. D'après la carte géologique, c'est le calcaire à
phryganes. A Montigny-sur-Canne existent les manies supra-
liasiques qui s'en rapprochent beaucoup.
3° Bassin du Vanzé- Devay. — L'Andarge sépare à Verneuil
la formation précédente de celle-ci qui occupe une faible
étendue de territoire; mais vraisemblablement le banc se
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 141
continue sous les graviers de Chagny pour affleurer à
Devay, grâce aux érosions de la Loire. Il est absolument
parallèle au précédent. Nous rappellerons le calcaire de la
Limagne.
4° Bassin de Champvert. — Il comprend le territoire de
Champvert et ses importantes carrières, Bussières, entre la
Machine et Verneuil, le Brain, entre Decize et Devay, la
bande calcaire des Glenons, la carrière de Teinte, Sougy.
Les Gryphées et les Belemnites y abondent; on trouve les
Pentacrinites, mais plus rarement, à l'étage supérieur. C'est
le lias inférieur d'après la carte géologique.
5° Bassin d'Anlezy-Fer trêves. — Il se relie à Champvert par
Bussières et Poisson et comprend Perrat, Ville-Langy,
Anlezy, une partie de Diennes jusqu'à Fertrèves, avec des
formations de différents âges.
6° Marnes irisées. — Elles sont abondantes et on peut dire
qu'elles forment la ceinture presque inévitable des bancs
calcaires de l'Ouest et du Nord-Ouest. Elles se distinguent
par une coloration sanguine; des suintements d'eau, même
des sources, les indiquent très suffisamment dans cette
région, outre la végétation calcicole qu'elles portent :
Polygala calcarea% Peucedanum Cervaria, Chlora perfo-
liata, etc.. Entre Sougy et Saint-Léger, aux environs de
Thianges, le banc est considérable. Au Riégeot, à Paillanges,
elles sont parfaitement caractérisées.
L'arkose kaolinique a un gisement sous le coteau, depuis
Saint-Léger à la Copine, commune de Champvert. Les
carrières souterraines de kaolin viennent affleurer à la
surface du sol et méritent de nous arrêter un instant. Le
coteau qu'elles occupent présente des éléments disparates.
Au sommet, c'est l'argile caillouteuse, puis des noyaux
plus ou moins volumineux que nous avons cru être l'ar-
kose, émergent d'une argile sanguine qui se retrouve plus
loin vers Saint-Léger et Rosières ; enfin, tout en bas, le cal-
caire tendre se trouvant au niveau du chemin de fer. On
142 F. GAGNEPAIN.
comprend que sur ce substratum aux éléments variés naisse
une végétation hétérotopique bien faite pour surprendre
l'herborisant.
Mais si le botaniste a droit d'être étonné en parcourant
cette région, il n'en est pas de même du géologue, et la
proximité du carboniférien à la Machine, du kaolin à Saint-
Léger, du gypse à Sougy, est une preuve indiscutable des
cataclysmes qui ont bouleversé le pays. Certains de ces
phénomènes ont dû se produire à une époque relativement
récente, et l'observation des stratifications discordantes du
calcaire de Teinte, en apportant son appui à cette assertion,
fait connaître un cas remarquable de la dispersion des
plantes.
Teinte a trois carrières peu distantes les unes des autres :
celle de l'étang Millot, coupée par une tranchée de la
ligne de Chagny, présente une jonchée de gryphées sur
tout le banc supérieur; les stratifications sont très obliques
et toute la carrière domine le terrain environnant. Celle de
Teinte occupe un faible plateau dominant la Loire et for-
tement enlisé dans le sable. On remarque dans le banc des
excavations qui semblent creusées par une eau abondante,
peut-être le cours souterrain d'une source. Précisément
une fontaine précipite tout près ses eaux dans le fleuve.
Elle semble dire qu'elle a été brutalement dérangée de son
cours primitif par le soulèvement de la carrière de Teinte.
La troisième qui semble la continuer est du même âge
que la première et l'ondulation qu'elle occupe se dirige
vers Sougy.
Tout autour git un sable aussi pur que celui de la Loire,
et les habitants du village trouvent dans leurs jardins des
lits de gravier évidemment apportés par les eaux. Cepen-
dant ils dominent de 10 mètres au moins le niveau du fleuve
distant de 200 mètres. Un affaissement a fait plonger la
carrière de l'étang Millot et produit une dépression consi-
dérable où le fleuve s'est précipité, apportant ses sables
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 143
qui sur plusieurs points bravent toute culture. Entré Béard,
Sougy et Teinte, la plaine fut inondée ; mais soit qu'un
soulèvement ait chassé le fleuve, ou que la Loire se soit
retirée par la diminution de ses eaux, les sables restent
seuls, couvrant une surface immense. Si la Loire a apporté
ces sables, elle a dû, depuis la période tertiaire peut-être,
avoir semé Sarothamnus purgans, Biscutella controvwsa Bor.
et Jasione Carioni, qui sont en certains points fort éloignés
du niveau actuel.
Silice.
(670 kilomètres carrés.)
L'Aron forme presque partout la limite des sables de la
région méridionale. Decize, Devay, Charrin, Saint-Hilaire,
le sud de la commune de Cercy, Fours, la Nocle, Thaix et
une partie de Montaron, Saint-Honoré, Semelay, Rémilly,
ont en partage l'argile affleurant quelquefois à la surface du
sol, mais généralement recouverte et souvent sur une grande
épaisseur par l'arène fine ou le gravier quartzeux. C'est le
pays pauvre où la végétation est lente, où les robustes
chênes croissent eux-mêmes noueux et rabougris. C'est le
sol granitique moins les roches d'acier constituées par les
granités , granulites et microgranulites ; c'est un petit
Morvan ayant en moins l'altitude.
Les sables et graviers des plateaux sont limités au nord
par TAron. Cependant à Aubigny-le-Chétif, au Chétif-Quar-
tier, ils ont envahi une surface notable, bien indiquée par
l'appellation des localités. Mais d'une manière générale
partout où ces sables s'étendent, ils ne se trouvent presque
jamais aussi purs et stériles que dans la région orientale
et méridionale. L'argile domine dans l'arène et parfois elle
se trouve en si faible épaisseur que la charrue du labou-
reur, ou la plus insignifiante tranchée du chemin, mettent à
nu le calcaire fertilisant. Au point de vue botanique, les
144 F. GAGNEPAIN.
grès hoviïllers où l'élément siliceux est prépondérant doivent
être rangés dans les sables et arènes. Les environs de la
Machine, les bois de Thianges, la forêt des Glenons sont
très gréseux. Cependant il est indispensable d'ajouter que
leur végétation n'a point toujours le caractère particulier
de celle des bois de la région arénacée. Les époques géo-
logiques influeraient-elles donc si sérieusement sur la végé-
tation contemporaine ?
Quelles intempéries ont sévi en les émiettant sur les
sommets du Morvan ! Quels glaciers ont charrié leurs
moraines sur le bas pays ! L'Haleine qui descend du mont
Dône nous indique par sa large vallée quels flots abon-
dants elle a roulés. Çà et là on découvre à la surface du sol
des amas caractéristiques. Ici c'est une carrière de sable
de plusieurs mètres d'épaisseur dominant les champs avoi-
sinants et qui fait rêver de quel rocher monstrueux elle
occupe sans doute remplacement. Là c'est une terre
blanche qui a alimenté la porcelainerie de Fours et sert
encore à la confection de la poterie fine de Decize. Si la
mer jurassique a procédé à la formation des assises de notre
sous-sol, la roche superficielle n'est plus au sud et à l'est
que la résultante des désagrégations des rochers que le
temps, les glaciers, les cours d'eau ont fait tomber des
épaules du vieux Morvan, et il faut se représenter cette
région onduleuse comme le champ de démolition d'un édi-
fice dont les ruines attestent la grandeur dans les temps
passés.
En maint endroit, on retrouve les vestiges des apports
de ces époques reculées, et cependant combien de mains,
de volontés opiniâtres, de forces accumulées ont tenté
de les faire disparaître. C'est le même sol qu'à Saint-
Honoré et à Lanty où commence le granité. On trouve
ces champs quartzeux à Vroux, à Briet, au Donjon, même
au Page, sur le territoire de Champvert, entre Loire et
Aron.
- «• •
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 145
La chaume des Genièvres, entre Vroux et Mazille, qui,
sur une étendue d'un hectare à peu près, domine les champs
environnants, est entièrement constituée par une arène
quelquefois employée pour les constructions ; elle présente
des excavations artificielles dont les parois verticales sont
précieuses à étudier dans leur composition, leur dureté,
Thétérogénie de leurs éléments. Tout en haut, c'est une
couche de terre végétale si mince que le Genévrier, la Cal-
lune, les Rosienf, la Danthonie, la Verge d'Or, rabougris sur
ce sol avare, peuvent à peine y enfoncer leurs racines. Les
couches suivantes, bien minces aussi, sont constituées par
du gravier mélangé de sable fin et ferrugineux ; puis les
stratifications s'effacent, des lignes blanches et tendres sillon-
nent la masse, plus favorables à la pénétration des racines.
On dirait les veines d'un bloc de marbre. A Couëron, à
Briet, nous avons reconnu des poudingues qu'un ciment
naturel avait agglutinés.
Sur cette même arène, sur cette argile provenant des
ciments alcalino-terreux des granités grossiers, végètent
des espèces calcicoles ou au moins calciphiles, là où la
moindre parcelle de chaux n'a été apportée qu'artificielle-
ment. Ces plantes, évidemment hé ter otopiques, prouvent qu'il
y a plus d'une analogie avec les terrains granitiques du bois
Gautheron, du vallon de la Gagère dans le Morvan autunois,
dont il est question dans l'article si suggestif de M. le
docteur Gillot. 1
Une autre similitude entre le Morvan et la partie méri-
dionale et orientale de notre région frappe le botaniste à
ses premiers pas; ce sont ces mouilles, gouttes2 ou prés
tourbeux si nombreux aux environs de Champlevois, Mon-
tambert, Fours, etc. A explorer les Sphagnum imprégnés
1. Dr X. Gillot, Influence de la composition minèralogique des roches sur la
végétation ; colonies végétales hétérotopiques, in Bull. Soc. Bot. France, XL1
(1894), session extraordinaire a Genève, p. xvi.
2. Viviers, levains, fontaines, dans le langage de l'endroit.
TOME XIII. 10
1 46 F. GAGNEPAIN.
d'une eau traîtresse cachée sous leur apparence trompeuse
de verdure et de sécurité, on se croirait dans certaines
localités de la vallée de l'Yonne, au pré Pernis, à Glux, en
plein Morvan. C'est pourquoi quelques espèces presque
subalpines, dont la préférence pour ces stations n'est point
douteuse, ont consenti à descendre et à se perpétuer à une
altitude qui étonne pour des espèces montagnardes.
Pour terminer par une comparaison si frappante qu'elle
peut se passer de commentaires, nous avancerons que le
sol de la région méridionale et orientale tient au Morvan
par les mêmes liens qui unissent le terrain siliceux de
l'Allier et du sud du Cher au Plateau central.
CONCLUSIONS
Combien sont différents d'aspect et de nature les ter-
rains au bord de l'Aron ! C'est le bon pays, le sol fertile,
les terres à blé, les meilleurs pâturages de la Nièvre. Les
fermes et les villages y ont meilleur air que dans la région
arénacée. Les étangs n'y manquent point ; ou ils sont ali-
mentés par des sources, fait rare, ou ils sont le rendez-
vous des eaux pluviales. Donc pas de ruisselets aux eaux
claires, pas de mousses humides, et la tourbe y est rem-
placée par des limons qui ont comme végétation toujours
les mêmes Carex et les Joncs vulgaires. C'est de la plus
désespérante monotonie pour le botaniste, et l'on conçoit
que dans notre liste nous rappelions fort peu les localités
de cette région.
Souvent dans les dépressions du sol, autour des étangs,
se remarquent des lits do sable et des bancs de cailloux
roulés qui attestent l'abondance des eaux de l'époque ter-
tiaire. Les effets mécaniques dus à cette période se sont
fait sentir dans tous les terrains ; les variations de niveau, les
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 147
plissements encore fréquents ont imprimé leurs traces un
peu partout; ils ont égrené le sable sur le lias et détruit la
régularité des éléments divers. Ce serait donc une erreur
de croire à l'extrême précision des indications de notre carte,
lesquelles donnent plutôt l'ensemble que les détails.
VÉGÉTATION HÉTÉROTOPIQUE
M. le docteur Gillot appelle plantes hétérotopiques1 celles
qui semblent égarées sur un sol étranger, en apparence, à
leurs stations ordinaires. Des espèces généralement admises
comme silicicoles croissant sur un sol calcaire, des espèces
calcicoles végétant sur un sol riche en silice, constituent
donc des plantes hétérotopiques.
Voici, pour notre circonscription, quelques stations de
plantes hétérotopiques, dont quelques-unes ont été l'objet
d'analyses chimiques destinées à déterminer les quantités
relatives des éléments alcalino-terreux, chaux, potasse,
soude :
1° Briffant ; talus du fossé de la route de Saint-Hilaire :
Inulsi Conyza2; Deschampsia flexuosa, Digitalis purpurea, Cal-
luna vulgaris, etc.
2° Chaumes de Briet, près Champlevois :
Inula Conyza, Trifolium médium, Epipactis latifolia; Deschamp-
sia flexuosa, Agrimonia odorata.
Calcaire 1,2 •/,
Potasse 0,051 7,
Soude 0,038 °/t
1. Dr Gillot, loc. cit. Voyez également René Maire, Annotations a la flore de Lor-
raine, in Feuille de$ Jeunes naturalistes, 3* série, 25* année, n* 292, 1" février 1895';
F. Bestel, De la terre végétale, sa formation, sa nature, ses rapports avec la végéta-
tion qu'elle supporte in Bull. Soc hist. nat. des Ardennes, 1" série, I (1894). p. 45,
III (1896), p. 35; et P. Mailfoit, Considérations générales sur la flore du départe-
ment des Ardennes, ibid., p. 28 ; M. Audio, Plantes calcicoles du haut Beaujolais,
in Ann.Soc. bot. Lyon, XXIII (1898).
2. Les espèces calcicoles sont seules en italique.
o
148 F. GAGNEPA1N.
3* Rompouez, rouie de Saint-Hilaire :
Inula Conyza, Barhhausia fœtida; Linaria vulgaris, Lin aria
ftriata, Digitalis purpurea, Sarothamnus scoparius, etc.
Calcaire 0
Potasse 0,049 %
Soude 0,039 °/0
4° Arreaux près de la ligne de Gilly :
Cynoglossum officinale.
Calcaire 0
Potasse 0,073 %
Soude 0,065 °/#
5* Chaume des Genièvres près Vroux :
Barhhausia fœtida; Danthonia decumbens, Calluna vulgaris,
QeniHta anglica,
Calcaire 0,4 °/c
Potasse 0,044 °/0
Soude 0,109 °/0
6d Vroux, embranchement route de Thaix :
Veronica Teucrium, plante calcicole.
Calcaire 9 %
Potasse 0,078 %
Soude 0,080 Vo1
7° Bois du Croux, lisière :
Epipactis latifolia, Trifolium médium.
Terrain fortement siliceux.
8° Bourg de Lanty :
Campanula glomerata, Origanum vulgare, Thlaspi aruerwe, EchU
nospermum Lappula.
Sol granitique.
1. Analyse* faites sur des terres passées au tamis de \mm par M. Mancheron,
directeur du laboratoire d'agriculture de la Nièvre. Nous saisissons l'occasion pour
lui faire ici nos vifs remerciements.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 149
Les espèces en italique sont généralement regardées
comme calciphiles et cependant elles végètent dans des
sols renfermant peu ou point de calcaire. N'est-ce pas le
cas d'invoquer, à l'instar de M. le Dr Gillot2, les appétences
chimiques de ces plantes pour certains éléments minéraux
des roches granitiques (feldspath, oligoclase, calcite) dont
leurs racines activent la décomposition et s'emparent de
l'élément préféré mis en liberté?
HYDROGRAPHIE
Fleuve et Rivières. — Les grands cours d'eau abondent
aux environs de Cercy et cela nécessairement au détriment
des petits qui ne sont pour la plupart que de minces filets
d'eau fort irréguliers. Les sources abondantes y sont rares,
mais en revanche les étangs, les mares, les g anches ou
fausses rivières s'y rencontrent fréquemment,
La Loire, ce fleuve qui descend de TArdèche par le Forez
et le Bourbonnais, occupe une vallée de plusieurs kilo-
mètres de largeur entre Saint-Hilaire et Lamenay, entre
Devay et les Feuillats, près Decize. Son cours assez rapide
y apporte les graviers et les sables, et, pendant les crues si
redoutables, des limons qui fertilisent les maigres terrains
environnants. En se retirant, les grandes eaux laissent de9
gours, des g anches dont l'eau plus ou moins croupissante
est envahie par de nombreuses espèces aquatiques. C'est
surtout entre Saint-Hilaire et Decize qu'existent ces
relaissés, là où la vallée est la plus large et le sol plus
horizontal.
Le fleuve longe à l'étiage des alluvions bien différentes
par leur richesse végétale. Près de l'eau sont les limons
noirâtres et rares que les inondations déposent, que les
1. Dr Gillot, loc. cit. et Bull. Soc. hist. n&t. Autun, VII (1894), Procès-verbaux
des séances, p. 197.
150 F. GAGNKPAIN.
flots rongent peu à peu, puis le sable fin où croissent quelques
espèces vulgaires. Les Saules pourpres y végètent, opposant
par leurs racines un obstacle invincible à l'érosion. Viennent
ensuite les galets plus secs, rendez-vous des espèces du
haut pays, intéressants à explorer. Ça et là, plus ou moins
vastes, mais toujours unies, s'étendent les pelouses sablon-
neuses riches au printemps. Arrosées par les pluies d'hiver
et les débordements fertilisants du fleuve, elles se parent
d'une fraîche végétation aux premiers beaux jours. C'est à
cette époque qu'il sera profitable de les explorer par le
menu et à demi-courbé pour ne rien laisser inaperçu de
leurs plantes naines. N'y venez pas un mois plus tard : le
chaud soleil qui fane les prairies n'aura épargné que les
plantes vulgaires et les squelettes desséchés des espèces inté-
ressantes subsisteront seuls pour vous les faire regretter.
La station des broussailles se trouve souvent très
voisine ; outre qu'elle peut laisser croître des plantes rares
apportées du haut pays, elle vaut la peine d'être parcourue
pour ses collections de Rosiers qui en certains endroits
couvrent des hectares entiers.
En dehors des broussailles et des pelouses, s'étendent
les maigres champs, où se révèle le mélange plus ou moins
complet des plantes agrestes et messicoles.
Ce que nous ne saurions trop rappeler, c'est que le grand
fleuve, cette route qui va seule, est la voie naturelle de
dissémination de certaines plantes des Cévennes et du
Forez, et qu'il contribue pour une large part à enrichir
notre petite région déjà favorisée par l'espèce de transition
qu'elle établit entre des sols si différents.
On trouve sur les bords du fleuve ou aux environs :
Ranunculus Chaerophyllos, Roripa pyrenaïca,
R. monspeliacus, Silène Otites,
R. hederaceus, S. conica,
Myosurus minimus, Alsine viscida GG.
Diplotaxis tenuifolia, Malva Alcea,
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 151
Sarothamnus purgans, XV. phlomoîdes X floccosum
Medicago Gerardi, Veronica verna
M. minima, V. acinifolia,
Trifolium gracile, V. triphyllos,
T. striatum, Lindernia gratioloïdes,
T. 8ubterraneum L. pyxidaria,
Vicia lathyroides Hydrocharis morsus ranœ,
V. lutea, Naïas minor,
Lathyrus angulatus, Scirpus maritimus,
Sedum sexangulare, Carex Schreberi,
Saxifraga granulata, Ventenata avenacea,
Crucianella angustifolia, Kœleria cristata,
Centaurea maculosa, Agropyrum campestre,
Artemisia campestris, A. pungens,
Anthémis collina, Jord., Equisetum ramosum,
Verbascum phlomoîdes, E. variegatum. Etc., etc.
La paresseuse Âron, qui vient lentement des collines du
Nivernais par le Bazois, serpente dans les prés fertiles
qu'elle inonde régulièrement au printemps et à l'automne.
Rarement elle a sur ses bords un sable fin et limoneux; ça
et là, elle s'élargit et forme des marécages intéressants à
parcourir. A partir de Chaumigny, son cours, arrêté par la
prise d'eau de Cercy, est encore plus lent ; ses eaux plus
profondes ne laissent apercevoir que quelques espèces
aquatiques, vulgaires comme celles des prés voisins.
C'est le lieu de rappeler un fait qui éclaire dans une
certaine mesure les phénomènes de dispersion des plantes
aquatiques. La Vallisnérie infeste depuis une dizaine d'an-
nées le canal du Nivernais et constitue un obstacle sérieux
à la navigation. Arrachée par les soins de l'administration,
elle se propage en dépit des e (Torts et encombre les biefs
de concert avec YAnacharis dû Canada. La Vallisnérie
infeste aussi l'Aron, en aval de Cercy, depuis quelques
années, et, à la faveur du barrage qui retient le courant,
elle remonte la rivière à plusieurs centaines de mètres
au-dessus de la prise d'eau et du bassin de Cercy. Ainsi le
transport des graines ou des hibernacles (Ch. Royer) des
152 F. GAGNEPAIN.
plantes aquatiques par les oiseaux n'est pas la cause unique
de leur dispersion ; elles peuvent remonter un faible courant,
se fixer à la faveur d'un atterrissage, profiter des remous et
envoyer des migrations plus haut encore, par étapes successi-
ves, et cela en moins de temps qu'on ne pourrait le supposer. 1
A signaler sur les bords de l'Aron ou dans le courant :
Ranunculus divaricatus, Hottonia palustris,
Thalictrum flavum, Lindernia pyxidaria,
Nymphaea alba, Limosella aquatica,
Tri fol i uni striatum, Veronica scutellata,
T. ochroleucum, Utricularia vulgaris,
Isnardia palustris, Vallisneria spiralis,
Trapa natans, Elodea canadensis,
Œnanthe fistulosa, Naias major,
Œ. silaîfolia, Gaudinia fragilis,
Inuia Helenium, Etc., etc.
L'Haleine, qui vient du mont Dône, glisse sur les
cailloux brillants de son lit que son eau claire permet
d'apercevoir ; elle apporte quelques espèces du Morvan par
les affluents qui en viennent ; elle ombrage sous les brous-
sailles de ses rives, sous les saules et les aulnes, des
plantes qui recherchent la fraîcheur. Dans les prés envi-
ronnants, abondent surtout les plantes vulgaires. Il faut
citer pour l'Haleine :
Nymphœa alba Verbascum nigrum,
Montia minor, Galeobdolon luteum,
Cirsium palustre, Etc., etc.
C. anglicum,
Les prairies de la Canne sont renommées par l'excellence
de leurs herbages et nourrissent de magnifiques bestiaux.
On trouve vers la partie inférieure de son cours les maré-
cages du pont Canneau ; dans ces marécages ou aux alen-
t. Nous avons remarqué à la Vache, près la Charité, un exemple frappant de
propagation do la Vallisnérie qui croit dans la fontaine à 6 kilom. du canal latéral
à la Loiro, où elle abonde. Il est impossible qu'elle soit venue à la fontaine de la
Vache par eau. Les oiseaux aquatiques se sont chargés du transport.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 153
tours se réfugient quelques espèces moins communes, entre
autres :
Nymphaea alba, Utricularia vulgaris,
X Roripa terrestris Tausch, Sagittaria sagittifolia,
Trifolium ochroleucum, Typha média,
(Enanthe silaîfolia, Hordeum secalinum,
Pimpinella magna, Etc., etc.
Elodea canadensis,
Ces trois rivières, l'Aron, la Canne et l'Haleine forment
des gauches (ganches aux Cornuelles, de la Coulon-
gette, etc.), dont les eaux croupissantes méritent d'être
explorées en détail.
Canal du Nivernais. — Le canal du Nivernais longe
l'Aron et traverse les environs de Cercy en arc de cercle
du nord à l'ouest. Il a été exploré depuis Isenay jusqu'à
Champvert, sur une longueur de 18 kilomètres environ.
Il est intéressant de suivre ses bords au mois de mai,
alors que l'eau claire laisse pénétrer le regard jusqu'à la
verdure des Renoncules aquatiques, des Myriophylles, des
Potamots submergés qui en forment la végétation la plus
apparente. Mais c'est surtout à l'époque du chômage, quand
le canal est presque vide, qu'il faut prendre une barque
pour explorer les bassins de réserve et étudier la végéta-
tion naine qui tapisse le plat-fond : les gazons épais de
Vallisnérie du Canada, Elodea, mélangés des touffes de
Naïade et des guirlandes de Potamots.
Ailleurs où quelques centimètres d'eau recouvrent par-
fois un limon épais, il est bon de se risquer prudemment
sur les bords inclinés pour recueillir les plantes intéres-
santes. Comme les canaux sont tous alimentés par des
rivières, ils possèdent une végétation analogue à celle des
eaux courantes augmentée encore de celle qui est propre
aux eaux paisibles.
Dans les eaux du canal du Nivernais on peut cueillir sui-
vant ia saison :
154 F. GAGNEPAIN.
Ranunculus Baudoti, Vallisneria spiralis,
R. confusus, Elodea canadensis,
Myriophyllum spicatum, Potamogeton heterophyllus,
Butomus umbellatus, Carex elongata,
Naias major, Etc., etc.
N. minor,
Étangs. — Les étangs promettent, après les bords de la
Loire, de fructueuses récoltes. Très multipliés autrefois,
ils ont été réduits en nombre et en étendue par les pro-
grès des assainissements. Nous citerons en particulier ceux
du Donjon, des Nénuphars, du Marnant, du Royan, de Mon-
tambert, du Loup ou du Breu et des Fontaines-Vaillant.
Le Donjon, entre Fours et Montambert, occupe une
surface d'environ 22 hectares et se trouve enclavé dans les
bois de Montambert à l'ouest, tandis qu'il est libre à Test
vers le village Donjon, dans la direction de Fours. Par les
nombreuses cornes, les prés tourbeux, la ligne irrégulière
de son contour, ses rives atteignent peut-être un dévelop-
pement de 10 kilomètres. Il faut citer comme particulière-
ment intéressants à explorer la corne du Crot-Favé et le
déversoir, les prés spongieux qui s'étendent vers la ligne
sommière de Champlevois à Fours et les baies voisines
de la route de Montambert, dont l'une se continue fort avant
dans les bois par des prés riches en tourbe, en Sphaignes
et en Carex. On trouve au Donjon ou aux alentours :
Viola palustris, Menyanthes trifoliata,
Polygala depressa, Scutellaria galericulata, var.
Drosera intermedia, cinerascens,
Oomarum palustre, Littorella lacustris,
Trapa natans, Potamogeton polygonifolius,
Bunium verticillatum, Typha média,
Erica cinerea, Cyperus flavescens,
E. tetralix, Carex canescens et autres,
Anagallis tenella, Lomaria spicant. Etc., etc.
Quelle ravissante peinture que le tableau des Nénu-
phars par le célèbre paysagiste Hector Hanoteau ! C'est la
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 155
reproduction, ornée au gré d'une imagination artiste, d'un
étang que nous appelons les Nénuphars en mémoire de
cette belle toile. Et le botaniste, pour qui les jouissances
de l'esthétique ne sont pas inconnues, pourra admirer
l'œuvre et explorer l'original à Briet, près Cercy, en
s'adressant au bon accueil de M. Marcel Hanoteau. L'étang
est une pièce d'eau noirâtre qui se continue par des prés
tourbeux à souhait. Un bouquet de bois, une eau où
s'épanouissent les gracieux Nymphéas, lis des étangs, les
feuilles flottantes des Potamots, une verte ceinture de Carex
et de Typha, des prés marécageux étendus : c'est sauvage,
et on rêve des descriptions de Walter Scott. La culture
interviendrait vainement pendant longtemps, les drainages
seraient impuissants à enlever l'eau qui filtre partout, et
le bétail n'ose se risquer sur ces prés incertains comme
des radeaux. Aussi y a-t-il à faire là une bonne moisson de
plantes rares qui dédommageront des bains forcés pris dans
la tourbe. Tout autour, c'est l'arène trèsquartzeuse, le cran,
avec sa végétation particulière. Les bords de l'étang don-
nent :
Drosera intermedia, Sparganium simplex,
Parnas8ia palustris, Narcissus pseudo-narcissus,
Epilobium palustre, Cyperus fuscus,
Hydrocotyle vulgaris, C. flavescens,
Anagallis tenella, Rhynchospora alba,
Menyanthes trifoliata, Eleocharis multicaulis,
Scutellaria minor, Carex pseudo-cyperus,
S. galericulata, var. cine- C. cespitosa,
rascens. C. panicnlata, etc.
Epipactis palustris, Osmunda regalis,
Typha média, Polystichum Thelipteris. Etc.
D'une surface à peu près égale au Donjon, l'étang Mar-
nant, à la Nocle, n'a plus le même aspect sauvage. Ses
rives sont nues et les grands bois ne se reflètent point
dans ses eaux claires pour leur donner l'apparence sombre
de la profondeur. D'un point quelconque de sa rive, on
f - *.,' i*
156 F. GAGNEPA1N.
découvre une grande partie de sa surface, sauf les points
extrêmes des cornes de Longimone et de la Nocle. Ses
grèves sablonneuses s'enfoncent lentement sous l'eau claire
comme pour faire admirer plus longtemps le sable blanc
dont elles sont formées ; elles sont faciles à parcourir et pré-
sentent les tiges traçantes d'E latine hexandra. On trouve
encore :
Parnassia palustris, Senecio adonidifolius,
Menyanthes trifoliata, Rhynchospora alba,
Pedicularis palustris, Damasonium stellatum. Etc.
La route des Roses aux Arbelats passe près d'une pièce
d'eau que l'on découvre en entier. Au dessus, c'est un bois
aux arbres rabougris, au sable blanc où distille l'eau de
roche tout doucement parmi les mousses. La corne se
prolonge assez loin, complétant le grand triangle compris
par l'étang du Royan. Pour y faire bonne chasse et bonne
pêche, il faut suivre le bord de très près et rejoindre la
queue ; on récoltera principalement :
Peplis portula, Carex pseudo-cyperus,
Scutellariagalericulatavar. C. elongata,
cinerascens, C. pilulifera,
Paris quadrifolia, Leersia oryzoides. Etc.
Montambert possède un grand étang à végétation très
vulgaire que nous avons étudiée par acquit de conscience,
mais dans la direction N.-W., on trouve des prés tourbeux
qui, d'apparence tout ordinaire, tiennent beaucoup plus
qu'ils ne promettent, car on peut y cueillir :
Elodes palustris, Scutellaria minor,
Drosera intermedia, Rhynchospora alba.
Comarum palustre, Lomaria spicant,
Senecio Fuchsii, Etc., etc.
Derrière l'école se trouve un autre étang au bord duquel
on peut récolter dans la tourbe :
Drosera intermedia, Scirpus multicaulis,
Rhynchospora alba, Etc.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE.
157
En suivant le ruisseau qui emprunte son eau à l'étang
de Montambert, on arrive à l'étang du Breu ou du Loup
qui se développe sur une grande longueur dans la direction
de Saint-Hilaire. La queue est intéressante à explorer. La
végétation est caractérisée par :
Comarum palustre4,
Montia minor,
Ulecebrum verticillatum,
Gnaphalium luteo-album,
Inula Helenium,
Senecio adonidifolius,
3. Fuchsii,
Oicendia filiformis,
C. pusilla,
Scutellaria minor,
S. galericulata var. cinerascens,
Damasonium stellatum,
Poa serotina,
Nardus stricta. Etc., etc.
Les Gouttes ou Fontaines Vaillant occupent la gauche de
la route de Saint-Hilaire à la Nocle, non loin des Bruyères
Denis. C'est une dépression remarquable, en entonnoir,
riche en tourbe et en Sphaignes. On pourra y cueillir :
Viola paluetris,
Drosera intermedia,
Elodes palustris,
Erica tetralix,
Anagallis tenella,
Scutellaria minor,
S. galericulata var. cinerascens,
Scirpus multicaulis,
Rhynchospora alba,
Carex stellulata,
C. ampullacea,
C. pulicaris. Etc., etc.
MÉTÉOROLOGIE
M. E. Roze2 a publié une note sur le Retard de la fleu-
raison des plantes printanières aux environs de Paris en 1895.
A Cercy, nous prenions en même temps des notes iden-
tiques dans le même but. Les résultats obtenus peuvent
t. Espèce découverte par M. J. de Fabry, de Nantes, dans une excursion qu'il
fit avec nous, à notre grand plaisir.
2. Bull. Soc France, t. XL1I(1895), p. 330.
158
F. GAGNEPAIN.
entrer en comparaison et faire connaître les différences de
température entre les deux régions :
lipètti ini l'épqwU la Icanim
i été ftorvée.
Draba verna
Viola odorata
Lamium purpureum..
Ulmus campestris. . . .
Salix caprea
Adoxa Moschatellina.
Ficaria ranunculoîdes
Veronica hederifolia.
Primula ofïicinalis . . .
Glechoma hederaceum
Mibora minima
An tifinu Au «tirai RétilUU
di PiriL de Ctrey. ptnr Gtrcy.
2e diz. de mars . . 20 mars .
dern. j. de mars. 20 mars, avance.
in diz. avril 3 avril.
idem 3 avril.
idem 5 avril.
2e quinz. avril .. 8 avril., avance.
idem 5 avril., avance.
idem 20 mars . avance .
idem 8 avril. . avance .
idem 8 avril., avance.
idem 30 mars, avance.
Observation. — Adoxa Moschatellina occupait une excel-
lente exposition ; Veronica hederifolia était déjà prête à
fleurir au 20 décembre précédent; Mibora minima végétait
dans les sables de Loire.
De ce petit tableau, il résulte que sur onze plantes quatre
ont fleuri sensiblement à la même époque à Cercy et à
Paris ;
Que quatre ont une avance de quelques jours seulement
sur Paris ;
Qu'en conséquence la température de Cercy ne serait
guère supérieure à celle de la capitale, bien que Paris se
trouve de 2 degrés plus au nord ;
Que les bords sablonneux de la Loire semblent avoir une
avance de trois ou quatre jours sur Cercy, fait qui nous a
d'ailleurs frappé plus d'une fois dans nos herborisations.
Les brouillards, dus aux nombreux cours d'eau, s'étendent
souvent le matin comme une vaste nappe d'où émergent
seulement les coteaux; ces brouillards sont sans aucun
doute une cause importante de refroidissement. Il faut faire
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 159
entrer aussi en ligne de compte les inondations qui amènent
dans le pays une quantité d'eau considérable et chan-
gent la vallée de l'Âron en un grand lac aux eaux bour-
beuses.
Des personnes âgées prétendent que, depuis le perce-
ment du canal, la température s'est assez refroidie pour
rendre improductive la culture de la vigne. Outre la
quantité d'eau qui se trouve augmentée directement par ce
fait, le niveau de l'Aron se trouve élevé par les prises
d'eau. On ne cultive plus la vigne à Cercy et il n'en reste
plus que le nom attribué à un faubourg. Au contraire, à
mesure qu'on se rapproche de la Loire, la vigne résiste à
Gharrin, Devay, Saint-Léger.
La partie la plus froide de la région serait Fours et Mon-
tambert. On sait qu'il faut aux tourbières une température
moyenne inférieure à 10° pour qu'elles se forment, et c'est
précisément entre ces localités ou aux environs que les
tourbières sont le plus fréquentes. Au mois de mai, les
chatons mâles des Saules cendrés n'ont point encore disparu,
la sève commence à peine à circuler quand partout ailleurs
la verdure apparaît et les fleurs s'épanouissent. Les
moindres gelées, qui ne sont ailleurs que des rosées froides,
sont capables, dans ces humides dépressions du sol, de
brûler les frondes des Fougères femelles et des Osmondes
royales. Et c'est un dicton plaisant qu'il y gèle toujours la
veille de la gelée.
Des documents officiels nous permettent de préciser
davantage les conditions climatiques de la région par les
observations météorologiques faites à 8aint-Léger-des-
Vignes, à l'extrémité ouest de la région, et à Fours, de
25 kilomètres plus à l'est. Ces documents sont condensés
dans les tableaux suivants :
160 F. GAGNEPAIN.
PLUIB
Hauteur annuelle en millimètres.
SAIHT-LÉGBR fours
1892-93 575. 8 789,4
1893-94 448,6 643,6
1894-95 626 735,8
1895-96 962 1,013,8
1896-97 786 910,8
1897-98 481 583,5
1898-99 » 700,5
Totaux 3, 879,4 5, 377,4
Moyennes... 646,5 768,2
Moyennne pour la région : 707,3.
On remarquera que Fours reçoit plus d'eau que Saint-Léger.
Cette différence au profit de Fours est très régulière chaque
année. Elle s'explique par la différence d'altitude et surtout
par le voisinage des bois et des montagnes morvandelles, qui
ont le privilège d'amener une rapide condensation des nuées.
Enfin les vents pluvieux soufflent davantage à Fours qu'à
Saint-Léger : c'est ce qui résulte du tableau suivant :
Nombre de
/ 1892-93 51
VENTS
jours dans cbaqne direction.
SECS PLUVIEUX
N.-B. B. 8.-E. TOT. S. S.-W. W. N.-W.
77 23 32 183 23 28 23 16
TOT.
90
[ 1893-94
68 102
14
14
198
18 18
66
62
164
\ 1894-95
99
61
49
18
227
25 41
40
32
138
Saint-Léger 1 1895-96
111
55
21
5
192
50 36
60
28
174
i 1896-97
106
52
37
13
208
12 13
81
51
157
f 1897-9S
61
89
51
10
211
9 42
82
20
153
\ Totaux
496 436 195
92
1219
137 178 352 209
876
Moyennes ann.. .
83
73
32
15 203
23 30
59
34
146
/ 1892-93
51
6
91
15
163
74 25
61
40
200
1893-94
37
16
39
37
129
70 47
61
58
236
l 1894-95
39
20
43
48
150
30 76
49
59
214
o H 895-96
56
27
35
24
142
34 115
32
42
223
j 1896-97
46
19
35
32
132
27 142
30
34
233
/ 1897-98
26
14
42
53
135
35 131
24
36
226
1898-99
43
22
34
48
147
32 90
31
45
198
Totaux 298 124 319 257 998 302 626 288 314 1530
Moyennes ann... 43 18 45 37 143 43 89 41 45 218
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 161
De ce tableau il résulte qu'à Saint-Léger :
Les vents dominants sont les vents secs qui soufflent
57 jours par an de plus que les autres ;
Le vent dominant vient du nord ;
Le plus dominant des vents secs est une fois quatre
dixièmes plus dominant que le plus dominant des vents
humides.
Cependant Saint-Léger, par son exposition, serait plutôt
exposé aux vents pluvieux;
Tandis qu'à Fours
Les vents dominants sont les vents pluvieux qui soufflent
7b jours par an de plus que les autres ;
Le vent dominant vient du sud.
Le plus dominant des vents pluvieux est deux fois plus
fréquent que le plus dominant des vents secs.
Cependant Fours, par son exposition même, semblerait
davantage subir ces vents froids et secs.
Ce fait également constaté, mais en sens contraire,
indique non des courants dus à la topographie du lieu, à
l'exposition, à l'influence des vallées, mais répond à des
causes plus générales, telles que l'éloignement ou le voisi-
nage des forêts et des montagnes qui, produisant une con-
densation rapide de l'humidité atmosphérique, déterminent
par là même un appel d'air et la persistance des vents
pluvieux.
TEMPÉRATURE
Miyinai
Ityeaie
MijeoDei
dei Bixina.
des Biniou.
gênéraUi.
/
1893-94
16,81
5,20
11,»»
[
1894-95
16,85
4,46
10,60
int- Léger. </
1895-96
1896-97
15,93
6,21
11,07
1
1897-98
18,01
5,39
11,70
l
Totaux
67,60
21,26
44,37
Moyennes
ann. . . .
16,90
5,31
11,09
TOME XIII.
11
162
Fours
F. GAGNKPAIN.
Moyenne
Mayenne
Meyennei
des natimi.
étt Biniou.
glofalu.
/ 1893-94
16,34
5,67
11,01
1 1894-95
16,21
4,98
10,59
\ 1895-96
15,81
5,55
10,68
1 1896-97
15.71
5,87
10,79
i 1897-98
18,13
5,61
11,87
[ 1898-99
18,»»
5,56
11,78
\ Totaux
100,20
33,24
66,72
Moyennes ann. . . .
16,7
5,54
11,12
On voit que :
La moyenne des maxima est presque toujours plus grande
à Saint-Léger ;
Au contraire, la moyenne des minima est presque tou-
jours supérieure à Fours ; ce qui s'explique du reste très
bien par l'humidité plus grande qui s'oppose au rayonnement.
Si l'on pouvait sur de si petites différences établir des
catégories tranchées, Saint -Léger se rapprocherait du
climat continental et Fours du climat maritime.
C'est du reste ce que corrobore souvent le tableau des
maxima et minima absolus pour l'une et l'autre localités.
Xaiimi tbttlni
SAINT-LÉGER FOURS
1893-94 38° 35*5
1894-95 36 36
1895-96 »» 33«5
1896-97 34 33<>5
1897-98 39 39*5
1898-99 24o5 25*12
Minima ibnln
SAINT-LÉGER
FOURS
— 200
— 230
»» ))»
— 13«>5
— 8
— 905
— 9*10
— 9*5
— 1*25
— 0°50
STATISTIQUE VÉGÉTALE
Plantes vulgaires indigènes.
Les espèces qui constituent le tapis végétal et qu'on
retrouve pour ainsi dire à chaque pas peuvent se répartir
dans les catégories suivantes :
TOPOGRAPHIK BOTANIOUE. 168
Espèces forestières,
— des champs,
— des prés naturels,
— aquatiques,
— des chemins, des terrains vagues, des décombres.
I. — Forêts : klO kilom. carrés.
Les environs de Cercy participent de la richesse fores-
tière de la Nièvre sans être aussi boisés que d'autres
régions du département.
Les principales forêts sont les suivantes :
Grands bois de Fours ; forêt de Montambert; bois de laNocle;
de Mazille, du Prieur, de Thaix; bois de Saint-Honoré, du
Piémont, près Montigny, de Vincences ; de Diennes ; bois du
Vanzé, près Verneuil ; forêts des Glenons et de Thianges.
Mais il y a loin de ces bois à la belle végétation forestière
du centre du département. Les hautes futaies y sont à peu
près inconnues et les bois particuliers, exploités tous les
quinze ou vingt ans, n'ont pas cet aspect de vigueur et de
majesté que Ton admire dans certaines futaies. Cela tient
sans doute aussi à la pauvreté du sol et à la présence du tuf
argileux dans la région méridionale.
Des artisans qui connaissent parfaitement la qualité du
bois pour l'avoir employé souvent dans leurs travaux,
prétendent que les chênes de cette région sont sensible-
ment inférieurs à ceux qui proviennent des bonnes terres.
La flore silvatique peut se répartir en trois catégories :
1° Espèces dominantes de la forêt; 2° sous-bois et mort-
bois ; 3° tapis herbacé. De là, trois listes de plantes classées
par ordre de fréquence.
I. — Espèces dominantes.
Quercus pedunculata, Fraxinus excelsior,
Q. sessiliflora, Populus Tremula,
Carpinus Betulus, Acer campestre,
Fagus silvatica. Prunus avium.
Betula verrucosa
164
F. GAGNEPA1N.
II. — Sous-bois et mort-bois.
Ilex Aquifolium,
Rhamnus Frangula,
Hedera Hélix
Corylus Avellana,
Salix aurita,
S. cinerea,
Juniperus communis,
Sarothamnus scoparius,
III. — Tapis herbacé.
a Espèces vasculaires.
Calluna vulgaris,
Rubus,
Cratœgus oxyacantha,
Prunus spinosa,
Cornus sanguinea,
Ligustrum vulgare,
Lonicera Péri clymen uni,
Etc., etc.
Digitalis purpurea,
Fragaria vesca,
Potentilla Tormentilla,
Convallaria majalis,
Oxalis Acetosella,
Veronica officinal is,
Holcus mollis,
Festuca ovina,
Teucriura scorodonium,
Euphrasia ofticinalis,
Euphorbia amygdaloides,
Luzula pilosa,
Cantharellus cibarius,
Clavaria fia va,
Hydnum repandum,
Boletus aurantiacus,
6. îereus,
Hussula lepida,
R. virescens,
Lac tari us volemus,
Brachypodium silvaticum,
Pteris aquilina,
Hieracium murorum,
II. umbellatum,
H. vulgatum,
Scrophularia nodosa,
Carex panicea,
Solidago Virga-aurea,
Angelica silvestris,
Carex glauca,
Polystichum filix-mas,
Etc.
b Mousses.
c Lichens.
d Champignons.
Hygrophorus eburneus
Hypholoma sublateritium,
H. fasciculare,
Tricholoma melaleucum,
T. terreum,
Amanita muscaria,
A. Mappa,
A. rubescens,
Etc..
L. piperatus,
Parmi les espèces silvatiques, certaines ont un besoin
absolu de lumière ; elles se plaisent davantage dans les
taillis où elles ont une végétation exubérante ; mais à
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 16Ô
mesure que les espèces forestières grandissent elles cèdent
à la force et disparaissent peu à peu.
Qui n'a remarqué la richesse des coupes récentes en
Digitales pourprées et en Verges -d'or éclatantes! Les
Genêts qui envahissent les taillis de deux et trois ans se
perdent dès la huitième année et on ne trouve plus que
leurs squelettes desséchés tombant en brindilles par
l'action des intempéries.
D'autres espèces au contraire recherchent une ombre
bienfaisante, indispensable à leur végétation ou au moins à
leur floraison.
Le gracieux Muguet n'a que des feuilles dans les coupes
ensoleillées, et les grelots d'argent de sa hampe gracieuse
n'aiment que l'ombre des grands bois. L'Anémone silvie
développe ses feuilles aux dépens de sa fleurette quand elle
est exposée aux rudes caresses du plein air et du chaud
soleil. Il est bien rare que Milium effusum ne croisse pas
de même à l'ombre des vieux taillis exclusivement.
Certaines espèces ont, sous le rapport de la lumière, des
préférences moins faciles à constater. Il est bien vrai que
la Canche flexueuse domine dans les jeunes taillis arénacés ;
mais les grands bois n'empêchent point complètement sa
floraison, et pour qu'elle se réduise au gazon vert, dense
et moelleux, il faut l'ombre épaisse des plantations touffues
de Picea excelsa que l'on observe dans le haut Morvan.
C'est donc apporter d'utiles documents à la biologie et à
la géographie botaniques que d'insister sur cette préférence
des plantes pour la lumière.
Espèces plus spéciales aux taillis.
Sarothamnus scoparius, Melampyrum pratense,
Fragaria vesca, Teucrium scorodonium,
Solidago Virga-aurea, Euphorbia amygdaloides,
Hieracium, Festuca ovina,
Veronica officinalis, Digitalis purpurea,
Euphrasia, Viola silvestris,
166 F. GAGNEPAIN.
Hypericum humifusum, Erigeron canadensis,
H. pulchrum, Senecio silvaticus,
Rhamnus Frangula, Etc., etc.
II. — Champs : 23b kilom. carrés.
C'est en général au voisinage des cours d'eau importants
que se trouvent les terres soumises à la culture. En pré-
levant à droite et à gauche de ces cours d'eau deux bandes
de chacune 4 kilom. de large pour la Loire et l'Aron,
2 kilom. pour la Canne et l'Haleine, on aurait approxima-
tivement la surface occupée par les champs et les prés.
Les prairies à elles seules occupent moins du tiers de cette
surface. Au bord de la Loire, des prés médiocres s'étendent
à environ 1 kilom. du fleuve avec de nombreuses lacunes ;
dans les vallées de l'Aron et de la Canne, il faut compter
moins de 1/2 kilomètre de part et d'autre. C'est à peu près
la surface prise sur la carte par les alluvions modernes.
Suit la liste des espèces vulgaires des champs :
Papaver Rhseas, *Chenopodium album,
Raphanus eilvestris, *Rumex Acetosella,
8inapis arvensis, *Polygonum aviculare,
*Capsella Bursa-pastoris. Euphorbia Helioscopia,
Viola tricolor, E. exigua,
Agrostemma Githago, Mercurialis annua,
* Senecio vulgaris, Panicum sanguinale,
Achillea Millefolium, *Setaria viridis,
Filago germanica, Agrostis vulgaris,
Filago arvensis, * Agropyrum repens,
Centaurea Cyanus, Arrhenatherum elatius,
*8onchu8 oleraceus, *Ranunculus repens,
Linaria vulgaris, Draba verna,
Ranunculus arvensis, Silène inflata,
Linaria spuria, *Stellaria média,
L. Elatine, *Cerastium vulgatum,
Veronica arvensis, Medicago Lupulina,
Galeopsis Ijadanum, Tri fol iu m arvense,
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE.
167
Potentilla reptans,
*Daucus Carota,
A2thusa Cynapium,
Leucanthemum vulgare,
Filago minima,
Cir8ium arvense,
Cichorium Intybus,
Lampsana communis,
Hypochaeris radicata,
Sonchus arvensis,
*Anagal)is phœnicea,
*Convolvulus arvensis,
Myosotis interraedia,
Mentha arvensis,
Atriplex patula,
*Polygonum Convolvulus,
Alopecurus agrestis,
Poa compressa,
Serrafalcus arvensis,
S. mollis,
Fumaria ofiicinalis,
Arabis Thaliana,
Lepidium campestre,
*Spergula arvensis,
Linum catharticum,
Erodium cicutarium,
Hypericum perforatum,
Melilotus officinal is,
Vicia angustifolia,
Ervum tetraspermum,
Alchemilla arvensis,
Scleranthus annuus,
S. perennis,
*Portulaca oleracea,
Torilis Anthriscus,
Sherardia arvensis,
Valerianella olitoria,
Tussilago Far far a,
Echium vulgare,
Crépis taraxacifolia. Etc.
III. — Prés : 96 kilom. carrés.
S'il est assez difficile, même empiriquement, d'estimer
la fréquence des espèces messicoles, on peut employer un
procédé simple, bien qu'un peu long, pour calculer le pour-
centage de la florule praticole.
Il est facile de se procurer un cercle de fil de fer embras-
sant une surface de 50 décimètres carrés par exemple,
soit de 798ram de diamètre ou 2m50 de tour. En le jetant
à plat à plusieurs reprises, on a soin chaque fois de noter
les individus des espèces comprises dans sa circonférence.
En opérant sur des points à végétation variée assez distants,
en répétant l'opération à plusieurs saisons de Tannée, on
aura acquis dans ces conditions des résultats très précis.
Par ce procédé deux prés ont été étudiés.
1° Pré d'Aron, naturel, de fertilité réduite, reposant sur
les alluvions anciennes de la rivière, fournit un grand
168 F. GAGNEPAIN.
nombre d'espèces généralement dures, de mauvaise qua-
lité et de faible rendement.
2° Pré Buchenot, bord de la Canne, à Montigny, très fer-
tile, voisin du pré des Trois Cheminées qui engraisse deux
bœufs à l'hectare, meilleurs prés de la Nièvre, sol argilo-
calcaire ; petit nombre d'espèces, chacune représentée par
un nombre considérable d'individus.
Artn liitigoy
°/o individus °/0 iidiridai
ttromus racemosus 13 78
Plantago lanceolata 10 »
Galium verum 9 »
Trifolium pratensc 9 »
Anthoxanthum odoratum 7 »
Lolium perenne 5 10
Ranunculus bulbosus 5 »
Cynosurus cristatus 4
Ranunculus acris 4
Trisetum flavescens 4 »
Briza média 3 »
Lathyrus pratensis 3 »
Carex hirta 2 »
Festuca o vina 2 »
Leucanthemum vulgare 2 »
Trifolium minus 2 »
Alopecurus pratensis 1 10
Rumex Acetosa \ 1 2
Etc.
Une connaissance précise des prés, acquise facilement
par ce procédé, a, au point de vue scientifique pur, l'avan-
tage de faire connaître la densité relative en espèces et
individus.
Au point de vue agricole, on aurait une idée très exacte
de certains facteurs de la qualité et du rendement de la
prairie.
La connaissance du pourcentage des bons prés serait une
»
»
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE.
169
incitation et un conseil pour l'amélioration des prairies
qu'on aurait reconnues inférieures par cette pratique. *
L'étude de deux prés par ce procédé ne peut donner le
tableau complet de la florule praticole de la région. La liste
suivante obtenue empiriquement y suppléera.
Cardamine pratensis,
*Anthoxanthum odoratum,
*Alopecurus pratensis,
*Phleum pratense,
Holcus lanatus,
Trisetum flavescens,
*Poa pratensis,
Briza média,
*I)actylis glomerata,
Cynosurus cristatus,
Festuca elatior,
Ranunculus bulbosus,
R. acris,
Trifolium pratense,
*T. repens,
T. minus Rœhl,
Lotus corniculatus,
Lathyrus pratensis,
Silaus pratensis,
Galium verum,
Scabiosa Succisa,
Bellis perennis,
'Taraxacum dens-leonis,
Medicago maculata,
Tragopogon pratensis,
*Veronica serpyllifolia,
Salvia pratensis,
Betonica oflicinalis,
Ajuga reptans,
Plantago média,
Rumex Acetosa,
R. obtusifolius,
R. crispus,
* Luzula campestris,
Carex hirta,
C. prsecox,
C. glauca,
C. vulpina,
Pimpinella Saxifraga,
Heracleum Sphondylium,
Achillea Ptarmica,
Ficaria ranunculoides. Etc.
IIH. — Espèces aquatiques, palustres ou hydrophiles.
'Ranunculus aquatilis,
Lycopus europseus,
Alnus glutinosa,
Salix alba,
8. purpurea, S. triandra,
*Juncus communis,
Iris pseudo-Acorus,
*Glyceria fluitans,
Ranunculus Flammula,
Roripa amphibia,
Lythrum Salicaria,
Œnanthe Phellandrium,
1. Voyez, entre autres, le travail botanique et statistique si documenté et si inté-
ressant du docteur Stebler et du professeur Schroter, de Zurich : Beitrage zur
Kenntniss der Mutlen und Weiden der Schweiz (Rechercha sur la composition
des prairies et des pâturages de Suisse), in Landvtirtschlafltches, Iahrbuch der
Schweiz, 1892, p. 95-212.
170
F. GAGNEPAIN.
Eupatorium cannabinum,
Pulicaria vulgaris,
P. dysenterica,
Myosotis palustris,
Veronica Beccabunga,
*V. Anagallis,
Mentha aquatica,
*Alisma Plantago,
Potamogeton crispus,
*Lemna minor,
*Eleocharis palustris,
*Scirpus lacustris,
Oarex acuta,
C. panicea,
C. paludosa,
C. stellulata,
*Baldingera arundinacea,
Equisetum palustre ,
E. limosum,
*Caltha palustris,
*Nasturtium officinale.
Malachium aquaticum,
Spiraea Ulmaria,
Epilobium hirsutum,
E. parviflorum,
Galium palustre,
Gnaphalium uliginosum,
Lysimachia vulgaris,
Scrophularia aquatica,
Polysronum Persicaria,
P. Hydropiper,
*Callitriche aquatica,
* Potamogeton natans,
Etc., etc.
V. — Espèces des rues, des murs, des décombres,
des haies et broussailles.
Viola odorata,
Prunus spinosa,
Crataegus oxyacantha,
Veronica hederifolia,
Mentha Pulegium,
*Thymus Serpyllum,
*Urtica dioica,
Arum maculatum,
*Poa annua,
Bromus sterilis,
Sisymbrium Alliaria,
Polygala vulgaris.
Arenaria serpyllifolia,
Malva rotundifolia,
M. silvestris,
Potentilla Fragariastrum,
Agrimonia Eupatoria,
Bryonia dioica,
Ribes Uva crispa,
Chœrophyllum temulum,
Cornus sanguinea,
Sambucus nigra,
Viburnum Lantana,
Oalium Cruciata,
G. Mollugo,
*G. Aparine,
Dipsacus silvestris,
Lappa minor,
Ligustrum vulgare,
Convolvulus sepium,
*Clinopodium vulgare,
Glechoma hederacea,
Stachys silvatica,
Ballota fœtida,
*Verbena ofticinalis,
* Plantago major,
Rumex crispus,
R. conglomeratus,
Euphorbia Cyparissias,
Humulus Lupulus,
Juncus glaucus,
Ranunculus auricomus,
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 171
Clematis Vitalba, Evonymus europaeus,
Chelidonium majus, Vicia Cracca,
Sisyrabrium officinale, *Potentilla Anserina,
Melandryum pratense, Eryngium campes tre,
Stellaria Holostea, Sambucus Ebulus,
S. grarainea, Viburnum Opulus,
Acer campestre, Carlina vulgaris,
Géranium Robertianum, Artemisia vulgaris,
G. dissectum, Senecio Jacobsea. Etc., etc.
Telles sont les espèces les plus répandues dans la région ;
elles sont rangées par ordre de fréquence décroissante,
sans préciser le groupe des espèces CCC, celui des
espèces CC, ou C.
Mais dans les espèces fréquentes de toutes ces listes, on
peut faire deux catégories et distinguer celles qui sont
fréquentes dans le centre, dans la France, de celles dites
ubiquistes, c'est-à-dire à aire très vaste occupant un tiers
de la surface des continents.
A. de Candolle, dans sa Géographie botanique raisonnée,
p. 580, donne la liste des espèces ubiquistes au nombre de
117, dont 18 seulement occupent la moitié de la terre.
Dans les listes précédentes les espèces ubiquistes les plus
répandues dans la région sont distinguées par *.
Toutefois, il existe un certain nombre d'espèces consi-
dérées comme ubiquistes au sens général et qui manquent
complètement ou sont rares dans la petite circonscription
étudiée.
TABLEAU GÉNÉRAL
DE LA FLORE SPONTANÉE
Il comprend toutes les espèces qui ne sont ni adventices,
ni naturalisées. Elles sont : CCC, très vulgaires; CC, très
communes; C, communes; AC, assez communes; PC, peu
communes; AR, assez rares; R, rares; RR, très rares ou
RRR, rarissimes.
H2 K. GAGNEPAIK.
Elles sont classées le plus souvent dans l'ordre suivi par
M. G. Camus, dans son Catalogue des Plantes de France, de
Suisse et de Belgique.
Le degré de fréquence est particulier à la région étudiée ;
dès lors, des espèces très répandues dans d'autres régions
du centre de la France porteront très bien Tépithète RR ;
de même, mais plus rarement, des espèces généralement
regardées comme R pourront paraître PC ou AC.
A côté de l'espèce type se trouvent parfois une ou plu-
sieurs variétés. Celles-ci ont été étudiées avec un soin qui
paraîtra peut-être trop minutieux; mais la précision n'est-
elle pas de mise dans un travail de ce genre? Enfin, il est
intéressant do connaître Taire géographique des formes ou
variétés de nos espèces légitimes et cette connaissance
contribuera sans doute à accorder à certaines une priorité
sur les autres, à établir la hiérarchie des formes. Afin que
l'espèce ne fût point noyée parmi elles il était nécessaire
d'indiquer clairement l'une et les autres par une disposition
typographique convenable.
C'est ainsi que les hybrides ont été désignés par le
caractère X qui leur est généralement attribué dans les
ouvrages similaires. On trouvera plus loin la liste de toutes
les espèces spontanées, variétés ou hybrides, quel que soit
leur degré de fréquence, ainsi que les stations et les localités
des moins répandues.
Espèces adventices.
Les nouvelles cultures, l'extension des transports des
graines et des produits étrangers, d'une extrémité à l'autre
de la France et de l'Europe, contribuent à augmenter le
nombre des plantes adventices. Grâce aux communications
faciles, les aires de dispersion des espèces s'étendent et
chaque jour nous rapproche de l'époque, encore reculée,
où telle plante croîtra dans toutes les localités où elle trou-
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 173
vera réunies les conditions indispensables de sol et de
climat. Dès lors la géographie botanique sera plus sûre,
plus complète et plus fertile en conclusions.
On est surpris* de la facilité avec laquelle certaines
espèces se propagent. L'Ortie et le Plantain suivent, dit-on,
l'homme partout où il émigré. Sous ce rapport les graines
fines semblent devoir être mises au premier rang.
A la place d'une botte de paille déposée dans un bois,
nous avons vu tout un cortège d'espèces messicoles à
graines ténues : Arabis Thaliana, Draba vema, Valerianella
olitoria, Alchemilla arvensis, Veronica hederifblia, etc..
C'est toute une étude que celle des plantes adventices.
Pour mieux suivre les progrès de l'invasion de ces espèces,
on peut explorer minutieusement les voies ferrées et les
gares. C'est ce qui a été fait pour les environs de Cercy
en 1896-1899. *
Quoique de multiples recherches nous aient donné des
résultats nombreux, nous ne voulons point tirer de si peu
de faits des conclusions forcément hasardées. Un travail
complet, résumé dans une statistique scrupuleusement
exacte, pourrait éclairer le problème fort complexe de la
dispersion des végétaux. Il serait d'ailleurs trop important
pour être renfermé dans un cadre aussi étroit que celui
de cet ouvrage. 2
La liste des plantes adventices publiées à la fin de notre
travail se borne à en faire quatre catégories :
1. Pour obteoir l'autorisation de circuler à pied sur les voies ferrées il fallait
encore, en 1897, faire une doublo domande à la direction du réseau des chemins de
fer et à M. le ministre des travaux publics. Dorénavant il n'y aura qu'à s'adresser
à son chef de service si l'on est fonctionnaire.
2. M. le Dr Gillot a appelé l'attention sur l'importance des flores adventices au
Congre» de» Société» savante» de Paris et de» département» à la Sorbonne, dans la
séance du 13 avril 1898. 11 y divise les espèces adventices en indigènes et étrangère»
ou exotiques ; puis en passagères, naturalisées, ou subspontanées, erratique» ou
pèrégrine»; et enfla, d'après l'origine de leur introduction, en rudèralea, agricole»,
horticoles^ forestière», industrielle» et aporadique» (Dr X. Gillot. Des flore» adven-
tice», en particulier de» environ» d'Autun, in Compte» rendu» Congre» Soc. »av.,
1898, p. 85).
174
F. GAGNEPAIN.
1° Échappées des jardins ou des parcs ;
2° Propagées par la grande culture ;
3° Propagées par les chemins de fer ;
4* Dispersées par d'autres causes. *
C'est du reste ce qui ressort du tableau suivant qui en est
le résumé numérique :
Tableau numérique des espèces adventices,
Par catégories de dispersion et par famille.
i
Renonculacées 3
Berbéridacées i
Crucifères 2
Caryophyllacées 2
Linacées »
Malvacées 1
Géraniacées 1
Ampélidacées »
Légumineuses 3
Amygdalacées 2
Rosacées 5
Onothéracées 1
Ribésiacées 2
Ombellifères 4
Cornacées 1
Rubiacées »
Composées 3
Ambrosiacées »
Campanulacées »
Frimulacées i
Borraginacées 4
Solanacées 2
Scrophulariacées i
Labiacées 2
Fhytolaccacées »
Amarantacées »
Salsolacées 1
Polygonacées 2
Euphorbiacées 1
Moracées 1
Cannabinacées i
Abiétacées 1
Hydrocharidacées »
Graminées »
Totaux 45
II
m
IV
TOTAL
»
»
»
3
»
»
»
{
2
6
9
12
3
1
»
6
1
»
»
»
»
»
»
»
»
1
»
»
7
3
1
14
»
»
»
9
)>
»
»
5
»
»
1
2
»
»
»
2
i
1
»
6
)>
»
»
1
1
»
»
1
3
7
2
15
1
1
»
9
»
1
»
1
))
»
»
1
9
»
1
4
))
»
»
2
)>
1
»
9
1
1
»
4
»
1
»
1
»
3
»
3
»
»
»
1
1
»
»
3
»
»
»
1
»
»
»
4
»
»
»
4
»
»
»
1
»
»
9
A,
9
6
4
4
11
0
30
10
145
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 175
En tenant compte de la distance de dispersion des
espèces adventices, on peut dresser le tableau suivant :
I II III IV
Adventices régionales... 18 + 16 + 10 -f » = 44 = 38 °/o
— françaises... 19 + *° + 13 + 4 = 46 = 40 %
— étrangères . . 9 + 4 + 7 + 5 == 25 = 22 %
Totaux 46 + 30 + 3ÏT + ¥ = TÏ5 = ÎÔÔ
Les espèces de la région, les espèces françaises sont en
proportions à peu près égales ; la facilité des communica-
tions et des transports en rendent l'explication simple ; et
les epèces du midi ou du nord de la France ont sous le
rapport de l'adventicité autant de chances que celles des
départements limitrophes.
Il ne paraîtra pas davantage surprenant que les espèces
étrangères soient en minorité.
Mais leur petit nombre est largement compensé par leur
intérêt propre, par le fait que l'Amérique en a donné trois
fois plus que l'Europe.
Certaines d'entre elles sont d'importation relativement
récente, et les localités des environs de Cercy où elles ont
été apportées fortuitement sont parmi les plus remarquables
de la flore adventice de la France.
Tableau numérique de toutes les plantes de la ftorule.
Le tableau numérique ci-après est un résumé numérique
général de toutes les individualités de la région classées
par familles et par catégories.
La première colonne numérique à gauche porte pour
chaque famille le nombre des espèces ligneuses indigènes ;
La deuxième, celle des espèces herbacées ;
La troisième, celle des espèces annuelles et bisannuelles,
soit monocarpiennes ;
La quatrième, celle des rhizocarpiennes et caulocar-
piennes, soit polycarpiennes ;
176 F. GAGNEPAIX.
La cinquième comprend toutes les espèces les plus vul-
gaires CCC;
La sixième, les espèces très communes CC ;
La septième, les espèces communes C ;
La huitième, dans un total, résume toutes les espèces
indigènes ;
La neuvième, comprenant les espèces adventices déjà
énumérées dans le tableau précédent, vient ici compléter
le tableau général ;
La dixième comprend les hybrides, tous naturels ;
La onzième, les sous-espèces et variétés, reconnues dans
la circonscription ;
La douzième donne le total général des individualités
(espèces indigènes ou adventices, hybrides, variétés).
Tableau numérique général et récapitulatif.
UmWUt Itfktt iriigèits hii. Ijb. Yir. fttal.
L\g. Horb.Mon. PoL eee. oc. e. Tôt.
Renonculacées 1 27 11 17 » 7 8 «8 3 » 21 52
Berbéridacées » » » » » » » » 1 » » 1
Nymphéacées » 2 » 2 » » 1 S » » 1 3
Papavéracées » 5 4 1 » » 1 tt 1 » 2 8
Fumariacécs » 1 1 » » 1 » l » » 1 2
Crucifères » 36 30 6 5 6 4 36 12 1 19 67
Cistacées »> 2 1 1 » 1 » 2 » » 3 5
Violacées » 7 1 6 1 1 1 7 » 1 17 25
Résédacées » 3 3 » » 1 » 3 » » » 3
Polygalacées » 4 » 4 » » 1 4 » » 1 5
Droséracées » 3 2 1 » » » 3 » *> » 3
Caryophyllacées.... » 38 24 14 » 8 7 38 4 2 22 66
Elatinacées » 2 1 1 » » » 2 » » » 2
Linacées » 2 3 1» » 1 4 1» » 5
Tiliacées 1 » » 1 » » » i » » » 1
Malvacées » 6 » 6 » 2 1 6 1 » 1 8
Géraniacées » 7 6 1 » 2 » 7 1 » 3 11
Hypéricacées » 7 » 7 » 1 1 7 » » » 7
Balsaminacées » 1 1 » » » » I » » » 1
Acéracées 1 » » 1 » » 1 i » » » 1
Ampélidacées » » » » » » » m 1 » » 1
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE.
haflto
Oxalidacées
Aquifoliacées
Légumineuses
Ut.)
Onotlieracées
1 Ialoragéacées
Callitrichacéea
Ceratophjllaeéos . . .
Cucurbitacées
Ribésiacées
Ombellifères
Araliacées
Cornacées
Loranthacécs
it&®
Capri foliacées
Rubiacées
Valérianacées
Dipsacées
Composées
Ambrosiacées
Campanulacées
Éricacées
Monotropacées
Lentibulariacées . . ,
Primulacées
Oléacées
Asclépiadacées
Oentianaoées
Convolvulacées
Borraginacées
Solanacées
TOME XIii.
177
Mr. Bjk. Vir. Tu.
33 3 9 7 61 14
71 5 8 7 79 7
t 27 103
7 40 126
10 1 1 1 19
95 47 48 6 17 27 9« 15 2 21 133
F. GAGNKPÀIN.
Li« H
... » h
Orobanehacées a
Labiacéea » 4
s »
X ... »
Salsolacéos » i
Polygon&cées » 1
Thyméléacées »
Santalacées »
t )
Moréacées »
Ulmaoées 2
Urticacéee »
Cannabinacées »
Cupulitères 6
SalicacéeB 10
Bé tu lacées 2
Abietacées »
Cupreasacéea »
Aliaraacées »
Butomacées »
ColchJoacées *
Liliacéea h '
Smilacéos 1
Dioscoréacées »
Iridacées »
'& » i
« 1
NaïadacéeB »
Lemnacéos »
Aroldacées »
Typhacées »
5 15 48 2 I
1 2
9 i
49 i 8 29 90
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 179
hnillej Eipèeei iidigèoei AdT. Hyb. Var. T#L
Llg. Herb. Mon. Pol. cce. ce. e. Tôt.
Joncacées » 15 2 13 » 5 3 18 » » 5 20
Cypéracées » 46 4 42 » 7 6 46 » » 8 54
Graminacées » 91 33 58 10 14 10 91 11 1 27 130
Fougères » 16 » 16 1 1 2 16 » » 3 19
Equisétacées » 7 » 7 » » 2 7 » » 1 8
Marsiliacées » 2 » 2 » » » S » » » 2
Lycopodiacées » 1 » 1 » » » i » » » 1
108 Familles 106 903 363 646 48 149 186 1009 116 31 319 1475
Conclusion à la statistique botanique.
A. de Candolle, l'illustre auteur de la Géographie bota-
nique raisonnée, a tiré grand parti de la statistique botanique.
Entre ses mains, les chiffres, appuyés sur des documents
considérables, sont venus confirmer des lois aperçues et
découvrir des lois insoupçonnées. Il insiste tout particu-
lièrement, du poids d'une haute autorité et d'une expé-
rience sans cesse renouvelée, dans tout le corps de son
magistral ouvrage, pour que des tableaux numériques syn-
thétisent les différentes parties d'un travail floristique etque
leur groupement facile, leur rapprochement avec d'autres
permettent des comparaisons avantageuses à la science.
C'est ainsi qu'il conseille (p. 1166) d'établir les propor-
tions des Phanérogames et Cryptogames, des Dicotylé-
dones et Monocotylédones, des groupes naturels supérieurs
aux familles et inférieurs aux classes, tels que espèces her-
bacées et ligneuses, monocarpiennes et polijcarpiennes. « Voilà
des éléments à constater dans tout assemblage de végétaux. »
Nous ne pouvons mieux faire que de suivre aussi exac-
tement que possible les conseils de l'illustre maître.
Comparaison des Dicotylédones et des Monocotylédones.
Itytiif
Familles °/0 Espèeti °/0 parVanillt.
Dicotylédones 81 = 82,65 762 = 77,6 9,4
Monocotylédones 17 — 17,35 221 = 22,4 13
Totaux 98 100 983 100
180 F. GAGNEPAIN.
Comparaison des Phanérogames aux Cryptogames vasculaires.
Mtyeon
Faaillei °/0 Bipfcei % par Famille.
Phanérogames. . . 98 = 96,1 982 = 97,33 10 liyeoie générait.
Cryptogames 4= 3,9 27= 2,67 6,5 8,25
La proportion des Dicotylédones aux Monocotylédones
s'éloigne de celle indiquée par le Dr Lindley (in DC. loc. cit.
p. 1177) qui est la suivante pour la végétation du globe :
Dicotylédones 83 %
Monocotylédones.... 17 °/o
Cette différence n'a rien qui doive surprendre, attendu
que les surfaces en vue sont incomparables et qu'en outre
la proportion change clans chaque pays suivant qu'on
s'éloigne ou se rapproche des tropiques, même en ne
tenant pas compte des particularités locales.
D'après la Géographie botanique raisonnée, la Flore du
Centre, par Boreau, 2e édition, 1840, donnerait les propor-
tions suivantes :
Dicotylédones ... 1191 espèces soit 79,08 °/0
Monocotylédones. 339 » » 20,92 °/o
Les environs de Cercy sont donc moins riches en Dico-
tylédones que le bassin de la Loire, bien que les proportions
soient peu différentes. Avec la Flore des Environs de Ratis-
bonne, de FUrnrohr, la proportion est plus voisine encore :
Dicotylédones . . . 830 espèces soit 78,08 °/o
Monocotylédones. 223 » » 21,92%
Si, comme l'avance A. de Candolle, les pays humides
offrent une proportion de Monocotylédones plus forte, les
environs de Cercy seraient donc plus humides que les
autres régions ayant servi aux comparaisons ; et c'est ce
qu'il importerait de vérifier par des documents météoro-
logiques les concernant.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE.
181
Végétation ligneuse et herbacée.
Voici la liste des familles et le nombre d'espèces ligneuses
correspondantes, les familles ligneuses exclusives étant
marquées d'un *
Rosacées 55
'Salicacées 10
Légumineuses 7
*Cupulifères 6
* Caprifoliacées 3
*Èricacées 3
* Rhamnacées
*Ribésiacées
*01éacées
*Ulmacées
*Bétulacées
Sarabucacées
o
o
*Tiliacées
*Acéracées
'Célaslracécs . .
*Aquifoliacées .
*Araliacées
Cornacées
* Loranthacées .
Reuonculacées
Euphorbiacées
Smilacées
Total 106
En résumé, on voit :
Phanérog.
Ligneuses... 106 soit 10,8 °/«
Herbacées... 876 soit 89,2 °/c
Tandis que la Flore du Centre offre les proportions
suivantes :
Ligneuses.... 135 soit 9,23 °/o
Herbacées.,.. 1371 soit 90,77 °/0
D'où Ton conclut que les environs de Cercy sont plus
riches en végétaux ligneux, toutes proportions gardées, que
la végétation spontanée de la Flore du Centre, 2e édition.
Les familles exclusivement herbacées, sont, en ne citant
que les principales :
Composées 95 esp.
Labiacées 49 »
Scrophulariacées 43 »
Ombellifères 39 »
Caryophyllacoes . 38 »
Crucifères 36 esp.
Borraçinacées ... 20 »
Polygonacéos 17 »
Rubiacées 16 »
Salsolacées 12 »
182 F. GAGNEPAIN.
Onothéracées 12 esp. Géraniacées 7 esp.
Crassulacées 10 » Hypéricacées 7 »
Primulacées 10 » Orobanchacées . . 7 »
Campanulacées . . 9 » Valérianacées ... 6 »
Qentianacées 8 »
Violacées 7 »
Total 449 esp.
Les familles précédentes classées par ordre d'importance
décroissante représentent donc environ 50 % des espèces
herbacées.
Espèces monocarpiennes et polycarpiennes.
Le tableau suivant comprend l'ensemble des Phanéro-
games monocarpiennes et polycarpiennes ainsi distribuées :
MtDfcarp. Paljearp.
Dicotylédones 318 444
Monocotylédones 46 174
Phanérogames 364 = 37 % 618 = 63 %
En appliquant les calculs de A. de Candolle, il résulte pour
la Flore du Centre, de Boreau, les proportions suivantes :
Itittarp. Polyarp.
Phanérogames. 548 = 36,4 °/0 958 = 63,6 °/o
On voit que pour les environs de Cercy-la-Tour, comme
pour la Flore du Centre, les proportions sont très sensible-
ment les mêmes.
Il ne sera pas inutile de dresser la liste des principales
familles et la proportion pour chacune des monocarpiennes
surle total de ses Phanérogames. Les voici classées suivant
l'importance en monocarpiennes.
Orobanchacées... 7/7 = 100°/o Rubiacées 8/16= 50*/o
Salsolaoées 11/12 = 91 Borraginacées . . . . 10/20 = 50
Géraniacées 6/7 = 85 Composées 48/96 = 50
Crucifères 30/36 = 83 Euphorbiacées ... 7/14 = 50
Caryophyllacées . . 24/38= 63 Polygonacées 8/17= 47
Qentianacées 5/8 = 62 Légumineuses 28/61= 46
Sorophulariacées. 23/43= 53 Crassulacées 4/10= 40
Valérianacées 3/6 = 50 Primulacées 4/10 = 40
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 183
Ombellifères 1 5/39 = 38 •/• Orchidacées 1/20 = 5 <>/o
Graminacées 33/91 = 36 Rosacées 4/72 = 1
Campanulacées 3/9 = 33 Hypéricacées 0/7 =0
Renonculacées 11/38 = 28 Onothéracées 0/12 = 0
Labiacées 13/49 = 26 Amentacées 0/18 = 0
Violacées 1/7 =14 Liliacées 0/12 = 0
Joncacées 2/15 = 13 Potamacées 0/11=0
Cypéracées 4/42 = 9
En résumé : une famille est monocarpienne exclusive.
Quatre sont également partagées.
Cinq sont exclusivement polycarpiennes.
En se bornant aux familles supérieures à six phanéro-
games, on obtient au total 85 °/0 des monocarpiennes en
général.
Fréquence.
On peut établir ainsi (e bilan général de la Flore en
espèces CCC, CC, C :
tu ce e
Dicotylédones. ... 35 + 118 + 160 = 313 soit 31,9 % des Phan.
Monocotylédones. 13+ 31+ 26= 70 » 7,1
»
»
Totaux 48 + 149 + 186 = 383 » 39,»
D'ailleurs, on peut classer les familles par rapport à leurs
espèces CCC, CC et C, en indiquant le pourcentage en pro-
portion de toutes les espèces de la famille. Les familles
ayant la plus forte proportion d'espèces communes occupe-
ront donc un rang plus élevé dans la liste suivante :
1 Amentacées (Cupulifères,
Salicacées, Bétulacées). sur 18 esp. 13 comm. soit 72 %
2 Polygonacées »
3 Renonculacées »
4 Joncacées »
5 Composées »
6 Euphorbiacées »
7 Scrophulariacées »
8 Labiacées »
9 Crucifères »
10 Ombellifères »
1 1 Caryophyllacées »
17
»
12
»
70
28
»
15
»
54
15
»
8
»
53
95
»
50
»
52
14
»
7
»
50
43
»
20
»
46
49
»
22
»
45
36
»
15
»
41
39
»
16
»
41
38
»
15
»
40
184 P. GAGNEPAIN.
12 Graminacées sur 91 esp. 34 comra. soit 38 °/©
13 Légumineuses » 61 » 19 » 31
14 Cypéracées » 46 » 13 » 28
15 Borraginacées » 20 » 5 » 25
16 Salsolacées » 12 » 2 » 16
17 Orchidacées » 20 » 2 » 10
Bien que l'appréciation de fréquence soit, pour chaque
espèce et pour chaque auteur, bien variable, et que les
résultats obtenus ne soient point exactement identiques et
comparables, on peut toujours rapprocher cette liste des
listes analogues de Boreau, pour le centre de la France, et
de Ftirnrohr pour les environs de Ratisbonne, listes établies
par A. de Candolle (loc. cit., p. 465 et suiv.)
Si le pourcentage peut ne point concorder par différence
d'appréciation tout individuelle, les familles devraient au
moins se succéder dans un ordre peu différent.
Voici ces listes :
Bassin dt la Ltirt. Ha listant.
1-16 Salsolacées 1-4 Joncacées
2-8 Labiacées 2 Rubiacées
3-2 Polygonacées 3-2 Polygonacées
4-4 Joncacées 4-8 Labiacées
5-1 Amentacées 5-15 Borraginacées
6-11 Caryophyllacées 6-13 Légumineuses
7-7 Scrophulariacées 7-5 Composées
8-5 Composées 8-16 Salsolacées
9-15 Borraginacées 9-12 Graminacées
10 Rosacées 10-7 Scrophulariacées
11-6 Euphorbiacées 11-10 Ombellifères
12-3 Renoncuiacées 12-1 Amentacées
13 Crassulacées 13-3 Renoncuiacées
14-12 Graminacées 14-11 Caryophyllacées
15-13 Légumineuses 15 Rosacées
16-10 Ombellifères 16-9 Crucifères
17-9 Crucifères 17-14 Cypéracées
18 Rubiacées 18-17 Orchidacées
19 Onothéracées 19 Liliacées
Comme nos numéros d'ordre figurent en regard des
familles des deux dernières listes, il est facile de recon-
naître quelles différences énormes il y a entre les trois
listes. Les Salsolacées, les Labiacées, les Borraginacées, descen-
dent considérablement dans la liste par rapport au Bassin de
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 185
la Loire, tandis que les Crucifères, les Ombellifères, les
Renonculacées, les Euphorbiacées , et surtout les Amenta-
cées de notre florule remontent beaucoup.
Nos Joncacées, Labiacées, Borraginacées, Légumineuses,
Salsolacées, baissent dans la liste relative à Ratisbonne ; nos
Caryophyllacées, Renonculacées, Amentacées, Composées , au
contraire, s'élèvent plus ou moins.
Ces différences tiennent évidemment à des différences de
végétation, car si on peut admettre que chaque auteur com-
prenne la fréquence et l'estime à sa manière, on ne peut rai-
sonnablement objecter qu'il la comprenne et l'estime diffé-
remment suivant les familles, et que son appréciation ne soit,
d'un bout à l'autre de son travail, logique avec elle-même.
Donc, lorsque des familles occupent un numéro d'ordre
plus élevé pour Cercy que pour le bassin de la Loire entier,
on peut inférer qu'elles y sont ici moins répandues, moins
communes, et qu'au contraire les familles qui occupent dans
les listes de Cercy un rang prépondérant à celui qu'elles
occupent dans la liste de Boreau, doivent être plus fréquen-
tes dans notre florule que dans l'ensemble du bassin.
Si une famille donnée est plus commune ici qu'ailleurs,
c'est qu'elle y rencontre mieux les conditions locales de
stations, d'humidité ou de sécheresse, etc , pour s'y
répandre davantage au point qu'un plus grand nombre
d'espèces y soient communes.
Il ne faudrait pas confondre cette donnée avec celle du
plus grand nombre d'espèces par famille, que Ton verra
tout à l'heure, et qui semble plutôt amener la conclu-
sion que la famille se trouve, à l'endroit considéré, plus
près du centre de son aire d'extension. La première, celle
qui vient d'être apportée, tiendrait davantage à la climatique,
la seconde, à la distribution des espèces hors des centres de
création.
C'est ce dernier genre de documents qui va être présenté
dès maintenant.
186 F. GAGNE PAIN.
Proportion des espèces de différentes familles par
rapport aux Phanérogames.
« En général, dans tout pays certaines familles sont
» dominantes sous le point de vue de la proportion de leurs
» espèces.
» Certaines familles sont caractéristiques dans ce sens
» qu'elles sont propres à la région que l'on considère.
» L'absence totale ou presque totale d'une famille dans une
» région est aussi un caractère qui ne doit pas être négligé. »
(A. de Candolle, Géog. bot. rais., p. 1170.)
Il faut comprendre aussi sans nul doute qu'il y a avantage
à connaître les familles qui, sans être dominantes ni com-
plètement absentes, se trouvent représentées dans la région
considérée par un plus grand ou un moins grand nombre
d'espèces qu'ailleurs, et que toute variation en ce sens peut
apporter d'utiles documents à la géographie botanique.
L'objet de la liste suivante est ainsi tout expliqué.
Famille à espèces nombreuses
FI. eut. Ptslh.
Composées 95 esp. sur 982 Phanérog. = 9,78 •/<> 10 •/<> 12 °/o
Graminacées 91 — — 9,16 8 8
Rosacées 72 — — 7,33 » 4
Légumineuses. ... 59 — — 6.»» 7 6
Labiacées 49 — — 5,»» 4 6
Cypéracées 46 — — 4,68 5 4
Scrophulariacées. 43 — — 4,38 3,7 3,5
Ombellifères 39 — — 3,96 5 5
Caryophyllacées.. 38 — — 3,76 4 4
Crucifères 36 — — 3,56 5,5 5
Renonculacées. .. 28 — — 3,»» 2,8 3,5
Orchidacées 20 — — 2,03 2,5 »
Polygonacées 17 — — 1,73 » »
Rubiacées 16 — — 1,6 » »
Joncacées 15 — — 1,5 » »
Salsolacées 12 — — 1,2 » »
Liliacées 12 — — 4,2 » »
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 187
Comparons ces résultats à ceux obtenus par A. de
Candolle d'après Boreau, et d'après la florule de Pesth
(loc. cit., p. 1201).
Par rapport aux deux régions considérées comparative-
ment à la florule de Gercy, les Graminacées, les Scrophula-
riacées sont caractéristique de majorité ou dominantes ; —
les Légumineuses, Labiacées, Cypéracées et Renonculacées
sont intermédiaires; — enfin les Composées^ Ombellifères,
Caryophyllacées, Crucifères se trouvent en minorité.
Si on compare les résultats que nous avons obtenus dans
la liste précédente à ceux que A. de Candolle donne pour
Ratisbonne (p. 1169) on remarquera que les Graminacées
restent encore dominantes, que les Légumineuses le devien-
nent et que les Composées se trouvent toujours en minorité.
Et les exemples de Ratisbonne et de Pesth, à surface à peu
près égale, à totaux des Phanérogames peu supérieurs,
rendent les conclusions plus fortes et plus nettes. Pesth a
en outre l'avantage d'être à latitude à peu près égale à
celle de Cercy.
« Les familles prédominantes dans la plupart des pays
» tempérés de notre hémisphère sont au premier degré les
» Composées, Graminacées, Cypéracées, Légumineuses ;
» ensuite les Crucifères, Ombellifères, Caryophyllacées; enfin
» d'une manière moins constante les Labiacées, Rosacées,
» Scrophulariacées. » (A. de C, loc. cit., p. 1245).
D'après cet ordre, les
Cypéracées .... passant du 3e au 5° rang,
Crucifères » 56 » 9e »
Caryophyllacées » 7a » 8e »
Ombellifères... » 6e » 7e »
sont pour Cercy des caractéristiques d'infériorité, en
comparaison avec tout l'hémisphère.
188 F. GAGNE PAIN.
Au contraire les
Légumineuses . . passant du 4e au 3e rang,
Labiacées » 8e » 4e »
Scrophulariacées » 10e » 6° »
sont donc bien des dominantes dans la force du terme et
dans son acception la plus absolue.
A. de Candolle reconnaît, comme loi générale , que plus
une flore est riche en espèces d'une manière absolue, plus
il faut énumérer de familles, en commençant par les plus
nombreuses en espèces pour comprendre une moitié du
nombre total des Phanérogames.
Les huit premières familles ainsi classées suffisent pour
comprendre 50 °/o des espèces de Boreau, de la flore de
Festh, de la florule de Cercy ; mais nos Rosacées grossies
de nombreux Rubus et Rosa ont par cela même conquis un
rang qu'elles n'ont point toujours dans les autres travaux,
et pour rendre la comparaison plus juste il conviendrait
peut-être de les réduire aux espèces linnéennes.
Dans ce cas, neuf familles seraient nécessaires pour
comprendre la moitié du total des Phanérogames, et la
Géographie botanique raisonnée vient ici mettre au premier
rang la richesse de notre florule par une assertion aussi
impartiale qu'il soit possible de la désirer.
M. G. Camus, dans son Catalogue des plantes de France,
de Suisse et de Belgique, arrête à 4,802 les espèces spontanées,
adventices et cultivées croissant dans ces trois contrées qui
réunissent des altitudes, des stations, des climats si variés.
Si aux 1,009 espèces spontanées du domaine scientifique
de Cercy-la-Tour, on ajoute les 116 espèces adventices, on
obtient un total de 1,125 espèces. Le rapport est de 23 °/°
environ, c'est-à-dire que Cercy possède environ quatre fois
moins d'espèces que les trois contrées du Catalogue.
Il existe des départements français tellement favorisés
que leur flore se compte par 2,000 espèces ; par contre,
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 189
d'autres, avec une surface huit ou dix fois supérieure à
celle de notre florule, arrivent à peine à atteindre le chiffre
de 1,200 espèces.
Dire que la flore du département de la Nièvre comprend
1,600 espèces généralement admises, c'est être au-dessus
de la vérité, puisque la Flore de Boreau, 2e édition, non
encore grossie de nombreuses variétés à prétention spéci-
fique, comprend la flore de la Nièvre si bien étudiée par
l'auteur, et ne compte pour le centre de la France que
1,530 phanérogames. Mais en supposant même que cela soit,
il ne manquerait à notre Topographie botanique que 550
espèces propres à la région subalpine du haut Morvan ou
aux calcaires de l'infra-lias, du lias et du crétacé qui sont
ici de si petite étendue.
MODIFICATIONS DE LA FLORE
Après avoir reconnu sommairement l'état de la végétation
contemporaine, franchissons par la pensée les nombreux
siècles qui nous séparent de l'époque où l'homme n'avait
point changé la parure de la terre par la culture envahis-
sante.
La partie septentrionale de la région devait être couverte
de forêts luxuriantes sur toute la surface non occupée
par les étroites et humides vallées des livières. Sans doute
le Chêne pédoncule ne formait point comme aujourd'hui
l'essence dominante, avec son frère à glands sessiles ; ils
luttaient mal contre le Hêtre, roi de la forêt.
Dans les dépressions du sol les eaux s'amassaient,
coulant faiblement, endiguées et corrompues par les détritus
des branches tombées et des feuilles mortes. C'était le
refuge des herbes aquatiques les plus communes aujour-
d'hui.
190 P. GAGNBPAIN.
Ce n'est que plus récemment que les vallons furent
endigués pour tirer profit de ces terrains stériles.
Les prairies, qui longent aujourd'hui nos grands cours
d'eau, étaient alors sablonneuses et arides ou humides et
marécageuses.
C'est là cependant que les hommes préhistoriques
avaient élu domicile, car les silex taillés apportés de
carrières lointaines ne se trouvent aujourd'hui que dans
les vallées.
L'âge du fer a présidé à la coupe des forêts exploitées
pour le chauffage ou le charbon destiné aux fonderies ou
forges. L'agriculture primitive, pourvue d'outils rudimen-
taires, a marché à la conquête des bois qu'elle a défrichés
fort lentement.
Pour se retracer à l'imagination ces états antérieurs, il
faut savoir que des troncs d'arbres carbonisés par le temps
ont été retirés des alluvions profondes quand on creusa les
puits de l'avenue de la gare à Cercy, signe du voisinage
des bois et des prés marécageux.
La tradition représente la vallée de l'Aron comme une
mare immense, qu'on retrouve encore dans les g anches
nombreuses et les fausses rivières, restes éloquents des
anciens lits. Le nom Joncs de la Guette est doublement
expressif pour indiquer le marais et le gué. En ce temps,
les rares voitures qui traversaient la vallée avaient de l'eau
jusqu'à l'essieu, et les piétons s'aventuraient en tremblant
sur une primitive passerelle plus tremblante encore. Les
forêts empiétaient beaucoup sur ces mauvais prés; on peut
retrouver çà et là dans les vallées même les places à four-
neau des charbonniers, qui font des taches indélébiles et
sont des attestations écrites que les bois s'étendaient
jusque-là.
Pour revoir la végétation primitive des calcaires, on peut
explorer la pente des Vreilles près Martigny. La nature n'a
été que timidement inquiétée par la charrue, de même qu'à
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 191
Devay, à l'endroit où, sur la pente rapide, on domine les
vignes sans deviner encore les cultures du plateau. Les
Ronces, l'Aubépine, le Prunellier y constituent à eux seuls
la végétation ligneuse que complètent les herbes suivantes :
Helianthemum vulgare, Hippoorepis comosa, Coronilla variay
Peucedanum Cervaria, Campanula glamerata, etc..
A Tétang Millot, près Teinte, le monticule qui domine la
carrière est absolument vierge de toute culture. En voici
la végétation caractéristique : Anthyllis vulneraria, Trifo-
lium rubenS) Brunella alba, Teucrium Chamœdrys, Cirsium
acaule, Hippocrepis comosa, Polygala calcareay Seseli monta-
num} Helleborus fœtidus, Globularia Wilkommi, Bupleurum
falcatum, Linum tenuifolium, Dianlhus Carthusianorum,
Cerasus Mahaleb, etc.
Dans la région méridionale et orientale la nature pri-
mitive se retrouve dans les clairières àCallune, des environs
de Montambert, et surtout dans les tourbières que la cul-
ture essaie timidement de conquérir.
L'emplacement des étangs actuels n'était autrefois
qu'une vaste tourbière, car ces étangs sont artificiels; la
preuve en existe dans les chaussées qui murent, pour chacun
d'eux, la partie la plus étroite du vallon. Le Donjon, l'étang
des Nénuphars, les Fontaines Vaillant, les tourbières de
l'étang du Bord, près Montaron, les bruyères des environs
de Montambert nous disent la végétation vierge de cette
pauvre région.
Quand les hommes, fatigués de prodiguer leurs sueurs à
une terre ingrate, l'abandonnent pendant quelques années,
la végétation messicole fait place aux plantes primitives.
Les champs, tout blancs de gravier, deviennent roses des
cloches de la Digitale, rouges de la Petite Oseille, qui
mérite bien le surnom d'herbe de sang qu'on lui donne. Les
Anarrhines montrent leurs gracieux épis bleus, le Coryné-
phore sa glauque verdure en laissant la place aux Gnavelles
annuelles et bisannuelles, à l'Arnoseris, aux Canches caryo-
192 F. GAGNEPAIN.
phyllées, à la Corrigiole, car dans la nature il y a place
pour tous, grands et petits. L'Ornithopus s'étale sur un sol
qu'il avait quitté à regret et montre ses fruits en forme de
griffes où avait fleuri la Téesdalie. Viennent les spores
légères de la Fougère commune, les fines semences de la
Gallune, les gousses de Sarothamne qu'apporte le hasard
souillant par là, c'est une végétation plus robuste qui fait
son invasion. Un oiseau probablement sèmera dans ses
déjections les Ronces qui se cramponnent par les deux
bouts. Les détritus accumulés permettront la végétation
des arbres, et tel était sans doute l'état de la région avant la
période des grands bois où dominait aussi le Hêtre, puisque
la Canche flexueuse qui l'annonce souvent est dans nos
bois la graminée la plus répandue.
Les noms de localités sont parfois tirés de ceux des
arbres et des plantes ; ils peuvent donner une idée de la
végétation primitive dans son ensemble et compléter ce que
des observations, le raisonnement par analogie, la tradition,
ont déjà fourni de documents probables. Guidé par l'ouvrage
de M. Hippolyte Cocheris * nous avons dressé pour Cercy
et les environs la liste reproduite à la fin du volume. Les
appellations dont l'étymologie est étudiée rappellent pro-
bablement l'ancien aspect du pays couvert d'immenses
Bruyères. Sur les hauteurs, des Genêts, des Chaumes, des
Fougères; dans les fonds, des marécages, des Aunes, des
Saules; dans les bois des Hêtres, des Bouleaux et peut-être
des Tilleuls, mais peu de Chênes, car une seule appellation
rappelle le roi des forêts contemporaines, c'est le « Chêne
du Tiers » près Montambert.
I . Hippolyte Cocheris. Origine et formation de$ nome de lieu, pp. 34 et suivantes.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 193
FLORE SPONTANEE
Renonculacées.
Ranunculus hederaceus L. — Sources, bords des ruis-
seaux. — La Crevée, près Charrin ; Saint-Hilaire, route
de Thareau ; pont de la Cressonne, sur la route de
Cronat; en Briffaut, à Montaron; Regon, près Briet;
bas de Lanty ; route de Champvert à Decize; étang de
la Boue, près Remilly. AR. !
R. tripartitus DC. — Eaux stagnantes. Cercy, etc. C.
R. Baudoti God. — Canal du Nivernais à Martigny, à Saint-
Gervais.
— — var. fluitans GG. — Ganche de la Loire,
rive gauche en face Thareau ; canal à Martigny, avec la
— — var. submersus GG. RR.
R. conpusus God.
— — var. submersus Freyn. — Eaux courantes.
Ganche aux Cornuelles à Cercy et barrage ; vers Brinay
toujours dans l'Aron ; dans la Loire (Mass) sous le nom
de R. fluitans. RR.
fl. aquatilis L. — Eaux stagnantes. CC.
1. Le degré de fréquence est exprimé par rapport à la région ; on trouve dans les
Flores de France le degré de fréquence absolu. Nous avons désigné sous la rubrique
de variétés (var.) les variations accidentelles, le plus souvent liées aux influences
de milieu et qui sont étroitement rattachées au type spécifique. Quant aux formes
végétales, d'un ordre un peu plus élevé, mais basées ordinairement sur de simples
caractères quantitatifs, et qu'on trouve décrites dans les Flores sous le titre de
Bouê'espèces, races, (ormes, etc., nous los avons subordonnées aux principales
espèces, à l'aide do tirets ( — — ), sans oser nous prononcer sur leur valeur. La
plupart d'entre elles ne doivont être considérées que comme des races régionales
ou même locales.
TOME XIII 13
194 F. GAGNEPAJN.
R. diversifolius Gilib. — Eaux stagnantes. CC.
— — R. peltatus Schrank. — C.
— — R. floribundus Bab. — Comaille, près
Champvert.
— — R. truncatus Koch. — Coulongette. C.
— — R. radiatus Bor. — Vernizy, près Cercy.
— — /?. e long a tus Hiern. — Rémilly, ruisseau
de Lanty.
R. trichophyllus Chaix. — Eaux stagnantes. CC.
R. divaricatus Schrank. — Rivières, Loire : Aron, Canne,
canal du Nivernais. PC.
R. Flammula L. — Prés frais, marécages, bois humi-
des. CC.
— — var. serratus DC. — Cercy.
— — var. ovatus Pers. — Cercy.
— — var. arenarius DC. — Tige droite, feuilles
linéaires. — Bois Clair, près Fours.
R. auricomus L. — Prés frais, bois. C.
— — R. pseudopsis Jord. R. et F. — Pont de
Martigny, près Cercy; barrage; prés d'Aron. Aussi C.
que le type.
R. acer L. — Prés. CC.
— — R. Friesianus Jord. — Cercy.
R. nemorosus DC.
— — R. Amansii Jord. — Bois. Croux, Fileuse,
près Cercy ; Thaix ; Vandencsse ; Montaron ; la Ma-
chine, etc. AC.
R. bulbosus L. — Prés, champs, bords des chemins. CC.
R. Monspeliacus L.
— — R. Lugdunensis Jord. — Decize au stand ;
promenade (Joannin-Déponge), levée de la Loire à
Thareau, près Saint-Hilaire.
Observation. — Comme l'espèce suivante, apportée par la Loire.
Il est possible qu'elle ait été trouvée à Saint-Privé (Loiret) en 1834,
puisqu'on la trouve aux environs de Cercy et môme à Nevers (octo-
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 195
bre 1896). — Fleurit très rarement et donne d'épais gazons par ses
stolons souterrains filiformes. RR.
R. flabellatus Desf. = R. chœrophyllos Auct. — Sables de
la Loire. Abonde entre Decize et Devay; près du
domaine de l'Ile, commune de Charrin; Thareau, près
Saint-Hilaire. RR.
— — var. acinacilobus Freyn. — Carrière de
cailloux, près Gannay.
Obs. — Si la plante est enfouie trop profondément sous les sables,
elle remonte pour retrouver son niveau et présente alors deux amas
de racines grumeuses.
R. Philonotis Ehrh. = R. sardous Crantz. — Champs
humides, jardins. C.
— — var. parvulus DC. — Moissons sablon-
neuses : Thaix, Cercy, etc. AC.
— — var. intermedius Poir. — Jardin à Cercy.
Obs. — Le type peut acquérir dans les jardins frais de grandes
dimensions : fortes tiges, nombreuses, en buisson, hautes de 50 cen-
timètres ; feuilles très vertes, glabres, comme le reste de la plante.
Velue dans les terrains secs.
R. arvensis L. — Moissons CC.
R. sceleratus L. — Mares, dans les vases humides. — Brain,
près Decize (Mass!); Reugny, commune de Saint-
Gratien; rive droite à 1 kilom. aval du barrage de
Saint-Léger. R.
— — var. minimus DC. — Petit lac servant de
déversoir aux eaux tièdes des puits de la Machine.
Ficaria ranunculoides Mœch. — Haies, prés frais. CC.
— — var. grandiflora Rob. = F. calth&folia GG.
Vignes au-dessus de la gare de Decize.
Myosurus minimus L. — Terrains sablonneux, arénacés. —
Digue de Thareau et l'Ile, près Saint-Hilaire; ferme du
Page, commune de Champvert. R.
196 F. GAGNEPAIN.
Clematis Vitalba L. — Bois, haies. C.
06s. — La var. crenata (Jord.). 0.
Thalictrum flavum L. — Prés, bords des eaux. Brain, près
Decize (Mass) ! — Aval du barrage de Cercy, en face
Martigny, Chaumigny et Mazille sur l'Aron ; Champ-
vert, port du canal. PR.
Anémone nemorosa L. — Bois, buissons. C.
Caltha palustris L. — Prés humides, ruisseaux. C.
Helleborus fœtidus L. — Bois, haies, landes calcaires. —
Saint- Léger; la Machine; Bussière ; Anlezy ; Ville-
Langy; Champvert; Saint-Honoré, Vieille-Montagne.
Obs. — Cette espèce est éminemment calcicole; de là sa rareté ou
son absence aux environs immédiats de Cercy. Si elle croit sur le
mamelon granitique do la Vieille-Montagne, c'est qu'elle y trouve
l'élément calcaire dans les ruines romaines, ou, suivant M. le DrGillot,
dans les minéraux feldspathiques décomposés.
Isopyrum thalictroides L. — Bois, bords du ruisseau du
Ponteau, entre la Machine et Decize. RR.
Delphinium Consolida L. — Champs, moissons calcaires.
Decize; la Chapelle, près Ville-Langy, Anlezy. R.
Aquilegia vulgaris L. — Bois, taillis, haies. — Cercy,
Vandenesse, Verneuil. C.
Nymphéacées.
Nymphwa alba L. — Mares, étangs, rivières. — Canne ;
Haleine ; Donjon ; Nénuphars ; Royan ; étang du Pont,
près Saône-et-Loire; Pré Charpin, près La Machine;
Vauvray, près Rémilly. AC.
— — var. minor Besl. — Donjon.
Nuphar luteum Smith. — Mêmes stations. C.
Papavéracées.
Papaver Rhmas L. — Moissons. CCC.
— — P. se g étale Jord. — Croux.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 197
P. dubium L. — Moissons, jachères sablonneuses. —
Saint-Hilaire; Decize; Teinte, près Sougy, etc. AC.
P. Argemone L. — Moissons sablonneuses. — Donjon;
Copine, près Champvert ; Martigny; sables de Loire.
— — P. micranthum Bor. — Gannay-sur-Loire
(Moriot Revue se. Bourb., p. 166, 1899), Briffaut, com-
mune de Cercy. R. sur l'arène.
P. hybridum L. — Moissons sablonneuses. — Thareau,
près Saint-Hilaire, etc. AC.
Chelidonium majus L. — Murs et décombres. C.
Fumar iacées .
Fumaria officinalis L. — Champs, jardins. CC.
— — var. scandens Cos. et Ger. — Cercy. C.
Crucifères.
Raphanus silvestris Lam. — Champs, jachères. CC.
— — var. ochroleucus Koch. — Sables. C.
Sinapis arvensis L. — Moissons, jachères. CCC.
— — var. Schkuhriana Lge. Reich. — Verneuil,
route de la Machine.
5. Cheiranthus Koch. — Champs sablonneux, bords de la
Loire. C.
Cheiranthus Cheiri L. — Murs : remparts de Decize, natu-
ralisé de longue date.
Barbarea vulgaris R. Br. — C.
— — B. rivularis de Mart. — Prés, bords des
rivières; Canne, Aron.
— — B. arcuata Rchb. — Briet, Martigny, Fours.
B. patula Fries. = B. prœcox R. Br. — Terrains vagues et
frais. — Domaine Aurousseau, près Fours; le Plessis
et Semelay ; Bussière, près la Machine. R.
Sisymbrium officinale Scop. — Bords des chemins. CC.
S. Alliara Scop. — Bois, haies, bords des chemins. CC.
198 F. GAGNEPAIN.
S. Sophia L. — Décombres, abords des maisons. — Decize ;
Saint-Hilaire ; Copine, près Champvert; Teinte, près
Sougy ; voie ferrée de Nevers à Cercy (adventice). AR.
Nasturtium officinale R. Br. — Fontaines, ruisseaux. CC.
— — var. siifoliwn Rchb. — Saint-Gratien ; ligne
de Chagny ; Arbelats vers Faye ; Chaumigny, près Cercy.
N. silvestre R. Br. — Endroits frais, sables, rives. C.
Arabis hirsuta Scop. — Terrains calcaires, pelouses. Rempart
de Cercy; monticules calcaires de Teinte, près Sougy.
— — A. accedens Jord. — Pelouses des bords
du canal à la Coulongette (adventice).
A. perfoliata Lamk. = Turritis glabra L. — Pelouses sablon-
neuses de la Loire : Decize; Teinte. R.
A. Thaliana L. — Champs sablonneux. C.
Cardamine pratensis L. — Prés frais. CCC.
— — C. dentata Schult. — Vendonne, près Cercy.
— — C. herbivaga Jord. — Cercy, bois de Vauvray .
— — C. udicola Jord. — Prés d'Aron; de Vroux,
près Thaix. C.
C. Impatiens L. — Bois taillis, sables, décombres. — Bailly,
commune de Montigny; carrières de Biches; Brinay;
bois de Vanzé, près Verneuil (Joannin-Déponge) ; sables
de Loire, à la Mothe, près Decize. R.
C. hirsuta L. — Terrains frais et sablonneux. — Decize,
Devay, Saint-Hilaire, Champvert, Cercy. PC.
C. silvatica Link. — Bois frais et ombreux. — Étang du
Tronsain, près Diennes; bois accidentés autour de la
Machine. R.
Alyssum calycinum L. — Sables et arènes. CC.
Obs. — Espèce xérophile qu'on trouve ailleurs dans les calcaires.
Une curieuse forme à sépales caducs !! tige droite bi ou trifurquée
à la base. Gare de Decize.
Erophila vulgaris DC. = Draba verna L. — Pelouses sablon-
neuses CCC.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 199
— — E. prxcox DG. — Mur à Cercy. R.
— — E. majuscula Jord. — Champs et prés. C.
— — E. spathulata Lang. — AC.
— — E. leptophylla Jord. — AC.
Roripa nasturtioides Spach. = Nasturtium palustre DC. —
Rives et étangs, Loire, Canne, Aron, étangs Marnant,
Donjon. AC.
R. pyrenaica Spach. — Sables. Bords de la Loire. Nul
ailleurs. R.
R. amphibia Bess. — Rives limoneuses. CC.
XR* terrestre Celak = Nasturtium terrestre Tauch. = Roripa
amphibia X Nasturtium silvestre. — Bord de la Canne
entre Chevillon et Cercy, près de R. amphibia ; 1894 —
30 juillet 96 — 22 juillet 99. — Bord de l'Haleine,
près de son confluent inférieur, parmi R. amphibia
(1899).
Obs. — Tige droite, puis étalée; feuilles larges à divisions dentées
sur le bord inférieur seulement; fleurs grandes; siliques toujours
arides, rares. Rapport des pollens sains aux stériles, vus sur le sec
et dans l'eau : 102/80. Les pollens sains sont de môme forme et de
mômes dimensions que ceux de R. amphibia. — Nasturtium anceps
Rchb, qui lui ressemble beaucoup, a des pollens bien constitués, ce
qui rejette toute idée d'hybridité; ses tiges sont souvent penchées,
môme jeunes; les siliques sont nettement comprimées, larges de
1 à 2 mi 11 i m. et non linéaires, bien fertiles et bien venues; les feuilles
sont presque toujours incisées profondément sur toute la périphérie
de leurs segments primaires, à dents aiguës et profondes sur les
pieds bien adultes.
Myagrum perfoliatum L. — Moissons calcaires. — Decize
(Bor., Mass!) Copine, près Champvert. R.
Neslia paniculata Desv. — Moissons calcaires. Copine, près
Champvert. R.
Biscutella lœvigata L.
— — B. controversa Bor. — Sables de la gare
de Sougy. RRR.
200 F. GAGNEPAIN.
Obs. — Apportée par la Loire; elle existe aussi à Digoin et à
Bourbon-Lancy, dans la vallée du fleuve.
Iberis amara L. — Moissons calcaires. — Carrière de Vande-
nesse. R. Se retrouvera vers Thianges, Ville-Langy.
Teesdalia nudicaulis R. Br. — Champs sablonneux ou aré-
nacés. Toute la région entre Aron et Loire. AC.
Thlaspi arvense L. — Champs, vignes. — Copine, près
Champvert; Verneuil; vignes de Lanty, etc. PR.
T. perfoliatum L. — Calcaire. — Vignes de Saint-Léger,
Charrin, Devay; Teinte. PC.
Capsella Bursa-pastoris Mœnch. — Champs, jardins, che-
mins. CCC.
— — var. virgata (Jord.) Rouy et Fouc. — Sables
d'Aron.
— — var. prxcox (Jord.) R. et F. — Champvert.
Lepidium campestre R. Br. CCC.
— — var. foliosum Rouy et F. — Cercy.
— — var. campicolum (Jord.) R. et F. — Prés
d'Aron.
— — var. eonfusum Rouy et F. — Gannay, bord
du canal.
L. ruderale L. — Décombres, murs, rues. Fours à chaux de
Cercy (1894-1899). — Port de la Charbonnière et pont
à Decize; Copine, près Champvert; moulin du Loup
à Saint-Hilaire. R.
Obs. — Souvent adventice indigène.
L. graminifolium L. — Sables et murs. — Bords de la
Loire : Decize; Sougy ; Verneuil, dans un mur, apporté
avec le sable.
Senebiera Coronopus Poir. — Endroits battus, Cercy, etc. AC.
Cistacées.
Helianthemum vulgare Gsertn. — Landes, pelouses. CC.
— — H. nummularium Mill. — Extrémité du
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 201
village de Devay avant de descendre vers Charrin, sur
des collines (Bor.).
Helianthemum vulgare = H. serpyllifolium Mill. Sables de
Loire, Gannay, etc.
H. gititatum Mill. = //. Milleri R. et F. — Sables de Loire.
— Gannay, carrière de cailloux. Decize, au champ de
tir, vers la plantation de conifères. HR.
Obs. — Selon l'herbier Boreau, le comte Jaubert aurait cueilli cette
plante à Brain, près Decize.
Violacées.
Viola silvatica Fries.
— — V. Reichenbachiana Jord. ap. Boreau. — Bois
et prés. — Cercy, Devay, Verneuil. C.
— — V. Riviniana Rchb. — Vanzé et Riégeot,
près Champvert. C.
— — — var. barbata Gagn. — Pétales supé-
rieurs souvent barbus comme les latéraux. Variation
parallèle à la var. barbata Car. et Saint-Lag. de V. Rei-
chenbachiana. Faye près Verneuil, dans un jeune taillis.
V. canina L. — Prés et buissons. — Riégeot et Paillanges,
près Champvert; Brunettes, près Cercy. R.
— — V. ericetorum Rchb. — Nénuphars, près
Cercy.
V. odorata L. — Prés, haies. CCC.
V. alba Bess. — Le coteau d'Isenay à Champvert. 0.
— — V. scotophylla Jord. Plus abondante.
V. hirta L. — Principalement sur le calcaire. AC.
— — V. Foudrasi Jord. — Brain, près Decize.
X V. permixta Jord. — Pente des Vreilles, près Cercy. R.
06s. — Regardée généralement comme hybride de V. odorata
X hirta. Nombreuses rosettes naissant de stolons souterrains et
gazonnants. Feuilles inférieures réniformes comme dans V. odorata,
les supérieures plus lancéolées comme dans V. hirta.
202 P. GAGNEPAIN.
V. palustrish. — Marais tourbeux. — Donjon; Fontaines-
Vaillant; Montambert, aux Gouttes Bauduron, etc. R.
V. tricolor L. — Champs. CC.
Parmi les nombreuses variations ou formes de cette espèce décrites
par les auteurs, nous avons cru reconnaître les suivantes :
— — V. arvensis Murr.
— — V. agrestis Jord. — Gare de Panneçot, près
Moulins-Engilbert.
— — V. variata Jord.
— — V. Provostii Jord. — Teinte, près Sougy.
— — V. segetalis Jord. — CC.
— — F. gracilescens Jord. — Teinte ; Arbelats,
près Charrin ; voie ferrée de Nevers ; les
Roses, près Cercy.
— — V. Deseglisei Jord. — Sables de Teinte.
— — V. menti ta Jord. — Decize.
— — V. subtilis Jord. — Ligne de Chagny, près
Cercy.
— — V. Paillouœi Jord. — Vieille Montagne
(G. Rouy). — Teinte près Sougy.
— — V. Kitaibeliana Rœm. et Schult. — Moisson
au-dessus des Gouttes Bauduron, à Montambert; Thaix.
Résédacées.
Reseda lutea L. — Champs calcaires. Verneuil, Thianges,
Anlezy. AR.
R. luteola L. — Murs, jachères sablonneuses, décombres. CC.
Asterocarpus Clusii Gay. — Avril-sur-Loire, Druy, Sougy,
Montambert, entre Decize et Lamenay (Bor). Dans toute
la région arénacée et dans les sables de Loire. AC.
Polygalacées.
Polygala vulgaris L. — Gazons, landes. C.
— — P. Deseglisei Le Gr. — Entre le Châtelier
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 203
et le mur de soutènement, près du canal, commune de
Verneuil. RR.
P. calcarea Schult. — Pelouses calcaires. — Teinte ; Riégeot
et Paillange, près Champvert; carrières de Biches. R.
P. depressa Wend. = P. serpyllacea Weihe. — Bois taillis.
Donjon; Cercy; Diennes; bois du Prieur à Montaron ;
Vieille-Montagne. PC.
Droséracées.
Droserarotundifolia L. — Tourbières. — Nénuphars; Donjon;
Ousiaux, commune de Verneuil ; Montambert ; Monta-
ron; Thaix; Fontaines Vaillant, près Saint-Hilaire. AC.
D. intermedia Hayne. — Tourbières. — Donjon; Nénu-
phars; Montambert ; Fontaines Vaillant ; entre Rémilly
et la Nocle. AR.
Parnassia palustris L. — Tourbières. — Nénuphars; Mon-
tambert; Donjon; entre Fours et Coddes; bas de
Lanty, etc. PR.
Caryophyllacées .
Cucubalus baccifer L. — Haies. — Cercy, Saint-Hilaire,
Montigny-sur-Canne, etc. AC.
Silène inflala. 8m. = S. vesicaria Schrad. — Champs,
jachères. C.
— — var. pubescens DC. — Roche, etc.
— — 5. oleracea Bor. — Cercy, etc.
5. conica L. — Sables de Loire à Rosières, près Decize.
R, Mais abondant par places. Apporté sur les voies
ferrées avec le ballast : ligne de Chagny.
S. Armeria L. — Route de Decize, au-dessus de Mingat, près
Druy (Bor.), bord de la Loire à Brain, 1860 (Mass!),
parc Morlon, près Cercy (spontané?). RR.
S. Otites Sm. — Sables de Loire. — Sougy, Decize, route
de Fours, en face Champvert (Bor.) ; lieux sablonneux
204 F. GAGNE PAIN.
à Brain, 1861 (Mass!). Stand de Decize vers la planta-
tion de pins ; carrière de Teinte, près Sougy. R.
06s. — Ce n'est qu'en 1897 que nous avons pu contrôler la station
de Boreau « en face Champvert ». — Route de Fours, à Corcelles!
Lychnis floS'Ciiculi L. — Prés frais. C.
Melandrium pratense Rœhl . = Lychnis dioica DC . —
Haies. CC.
M. silvestre Rœhl = L. silvestris Hoppe. — Bois, haies des
vallées. — Haleine, Aron au-dessous du confluent;
Thaix; Fours (Bor!) — Lanty ; Saint-Honoré, la Nocle,
Faye, commune de Verneuil; bois des Glenons et Fonds
Judas. PC.
X Melandrium pratense *o x silvestre d* = M. intermedium
Schur. = Lychnis vespertina X diuma. — Haies. —
Route de Vandenesse, au-dessus de la gare; Thaix
entre Técole et l'église, à droite; village des Arreaux;
bord du canal entre Cercy et la Coulongette ; jardin du
château de Couëron, près Thaix.
Cet hybride diffère du père par ses feuilles onduleuses au bord,
plus turgides, plus ternesT plus veluest par ses pétales moins rouges
et plus veinés, sou inflorescence plus ample, par sa capsule plus
lignifiée, à dents non enroulées pendant ou après la déhiscence,
enfin par ses graines de couleur plus claire. — Il diffère de la mère
par ses pétales rosés et non d'un blanc pur, par Y an thèse diurne, les
dents de la capsule plus dèjetèes extérieurement ; enfin par ses
graines d'un gris violatre au lieu de jaune fauve. En somme il est
intermédiaire entre les parents, tout en se rapprochant davantage
de la mère. C'est, à première vuet un Lychnis vespertina à fleurs
rosées.
X Melandrium silvestre «° X pratense o* = M. dubium
Schur. = Lychnis diuma «o x vespertina o*. — Avec
le précédent hybride entre la route de Fours et celle
de Moulins, le long du ruisseau de Champlevois, près
des Arreaux à Cercy.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 205
Cet hybride diffère du père par son port plus petit, ses feuilles
moins étroites, moins onduleuses, moins turgides, moins ternes,
moins velues, ses pétioles plus ailés, ses pétales presque rouges, son
inflorescence plus contractée, sa capsule plus arrondie, peu ou pas
étranglée au sommet, ses dents dèjetèes à la dèhiscence, à ouverture
plus large, ses graines plus foncées, sa floraison plus précoce et son
anthèse diurne. — Il diffère de la mère par son port plus élevé, ses
feuilles plus lancéolées, ses pétales moins purpurins surtout en
dessous; sa capsule plus grosse, plus lignifiée, ce qui rend les dents
moins enroulées à la dèhiscence; ses graines fauves, devenant vio-
lâtres à l'humidité; sa floraison plus tardive. Intermédiaire entre
les parents, tout en se rapprochant de la mère. C'est un L. diurna
de grande taille à inflorescence large à fleurs pâlies.
Pour déterminer sûrement les hybrides sur le terrain, il importe
de rechercher toujours les parents et d'établir la distance de la
mère. En règle générale, l'hybride est plus rapproché topographi-
quement, comme morphologiquement, de la mère que du père.
Obs. — Pour ce qui concerne ces deux hybrides rares et souvent
méconnus, voyez nos deux notes dans le Bul. Soc. bot. France,
t. XLIII, p. 129 et t. XLIV, p. 441, où il est question de ces hybrides
artificiels et naturels.
Agrostemma Githago L. — Moissons. CO.
Saponaria officinalis L. — Prés, sables. Aron et Loire. AC.
Gypsophila muralis L . — Sables ; chemins et sentiers
arénacés. — Loire; Montambert, Thaix, Champvert,
Cercy, etc., etc. AC.
Dianthus prolifer L. — Sables et arènes. Bords de la
Loire. C.
D. Armeria L. — Haies. — Decize, Cercy, Verneuil, la
Machine, Montigny, Fertrèves, la Nocle, Ville-Langy,
etc. PR.
D. Carthusianorum L. — Pelouses arides et calcaires. Car-
rière de l'étang Millot à Teinte, dans la tranchée de
la voie ferrée. RR.
Sagina ciliata Fries. — Verneuil, vieux château ; Cercy,
bourg. Parfois des pétales, et des stolons enracinés.
S. apetala L. — Sols arénacés, gazons. C.
206 F. GAGNE PAIN.
S. apetala L. = S. filicaulis Jord. — Moissons et sentiers
des bois. — Cercy, Thaix, etc.
— — var. imberbis Penz. — Coddes, près Cercy.
5. procumbens L. — Sols arénacés de la région méridio-
nale. C.
— — var. corollina Fenzl. — Thareau; Thaix;
Semelay. Plus R. que
— — var. apetala Fenzl.
Alsine tenuifolia Crantz. — Sables. Bords de la Loire. PC.
— — var. viscida GG. = A. viscidula Thuil. —
Pelouses rases des bords de la Loire. — Dans l'Ile,
près Charrin. R.
Mœrhingia Irinervia Clairv. — Fossés; bois ombreux;
haies. C.
Arenaria serpyllifolia L. — Murs, jardins, bords des che-
mins. C.
— — var. scabra Fenzl. — Cercy. C.
Stellaria média Wild. — Champs, jardins. CC.
— — S. Bormana Jord. — Sables de Corcelles et
Brain, près Decize; Teinte, près Sougy, etc... AR.
Obs. — Remarquable par ses touffes rases, jaunâtres, et ses feuilles
comme ses proportions très réduites.
— — var. g label la Rouy et Fouc.
— Gare de Cercy. RR.
— — var. brachypetala (Opiz.) R. et F. — Terrains
maigres, murs. — Cercy.
S. uliginosa Murr. — Sources, ruisseaux d'eau vive. — Cercy ;
Donjon; Nénuphars; Royan; Fontaines Vaillant, près
Saint-Hilaire ; Pont de la Cressonne, etc. PR.
S. Holostea L. — Bois, haies. CC.
S. graminea L. — Prés frais, haies. CC.
Holostevm umbellatum L. — Sables et arènes, Chau-
mières. CC.
— — var. roseum. — Teinte, près Sougy.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 207
06s. — Ailleurs dans les sols calcaires ; sur les chaumières ; indif-
rente au sol ; xérophile.
Cerastium erectum Cos. et Germ. = Mœnchia qua terne lia
Ehrh. — Gazons ras des sables ou arènes. — Ile, près
Charrin; Reugny et Chevillon, près Cercy; Page,
commune de Champvert ; Champlevois ; route de Cercy
à Fours ; etc. PC.
Obs. — Plante naine difficile à voir si on ne la cherche pas avec
quelque attention. Sa rareté n'est donc que relaiive.
C. arvense L. — Champs, prés sablonneux. — Thaix, Maison
Rouge; sables de Loire, à l'Ile ; Brain. R. Seulement la
— — var. angustifolium Fenzl.
C. triviale Link. — Champs, prés. CC.
— — var. hirsutum Fries. — Domine dans la
région.
C. glomeratwn Thuill. — Champs surtout sablonneux. CC.
— — var. corollinum Fenzl. — Seule observée.
C. brachypetalum Desp. Pers. — Gazons, talus des chemins,
champs.
— — var. eglandulosum Fenzl. — Canal Cou-
longette près Cercy; Verneuil ; Thaix; Teinte, près
Sougy; champs de Druy (CC). AR.
C. pumilum Curt. Sables.
— — C. glutinosum Fries, GG. — Vallée de la
Loire, Decize, Saint-Hilaire; Cercy. AC.
— — C. pallens F. Schultz. — Teinte; Thareau.
— — C. tetrandrum Curt. — Brain et Corcelles,
près Decize ; Teinte, près Sougy.
C. semidecandrum L. — Gazons ras des sables; bords des
chemins ; jachères. — Bords de la Loire : Decize,
Charrin, Saint-Hilaire, etc. PR.
— — var. abortivum Cos. et Germ. — Moulin du
Vanzé, Verneuil; Saint-Hilaire; Decize.
Malackium aquaticum Fries. — Marais. AC.
208 F. GAGNEPAIN.
Spergula arvensis L.
— — var. vulgaris Koch. — Sables de Loire,
arènes, ballast des lignes. AC.
5. pentandra L. — Sables de Loire. — Charrin, Devay,
Saint-Hilaire, etc. Entre Loire et Haleine. PC.
S. Morisonii Bor. — Teinte, près Sougy; Charrin, sur une
chaumière. R.
Spergularia rubra Pers. — Vallées des cours d'eau, champs
arénacés. AC.
Élatinacées.
E latine hexandra DC. — Vases des étangs sablonneux, sous
l'eau ou au bord. — Étang Marnant, à la Nocle, étang
Donjon asséché; la Boire, prise d'eau à Decize. R.
E. Alsinastrum L. — Eaux profondes et tranquilles. Entre
Lanty et Avrée, et Pêcherie de Nogent, commune de
Lamenay (Bor.). — Tuilerie de Montambert. RR.
Linum gallicum L. — Champs et chaumes gazonnées. —
Néreuil, près Cercy; Chaumigny, près Saint-Gratien ;
chemin de Bansard, près Verneuil. R.
L. tenuifolium L. — Chaumes et landes calcaires. — Étang
Millot, près Sougy. R.
t. catharticum L. — Champs, jachères, landes. C.
Radiola linoides Gmel. — Gazons ras des bois. — Fontaines
Noires, à Cercy et Briet; Couëron, près Thaix; Mon-
taron, etc. C. mais difficile à apercevoir.
Tiliacées.
Tilia silvestris Dess. — Bois. — Croux et Coulonges, près
Cercy (individus isolés); Donjon, bois; Bussières, près
la Machine. AR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 209
Malvacées.
Malva Alcea L. — Sables dans notre région; ailleurs, dans
le calcaire. Thareau ; Decize, au stand. AR.
M. moschata L. — Prés. C.
— — var. heterophylla Lej. et Court. — Canne,
Aron, Loire. Domine dans la région et dans le dépar-
tement.
Malva silvestris L. — Chemins, cours des villages. CC.
M. rotundifolia L. — Même habitat. CC.
Allhœa officinalis L. — Prés, vallées et rives, chemins. —
Canne, Aron, Loire; Verneuil, etc.
Obs. — Probablement cultivée autrefois dans les villages et sub-
spontanée.
A. hirsuta L. — Champs, jachères calcaires. — Maumigny,
près Verneuil; Champvert; Bussière, près la Machine ;
la Chapelle, près Ville-Langy ; Anlezy ; Vandenesse ;
Montaron, etc.
Obs. — On trouve sur le môme individu des calices à 5 et à 6 divi-
sions par bipartition de l'une d'elles. Poils pluricellulaires et étoiles,
à 5 branches.
Géraniacées.
Géranium columbinum L. — Cercy, Verneuil. AC.
G. pyrenaicum L. — Parc de Rosières, Corcelles, près
Decize ; Voïlly, près Cercy ; château de Faye ; pont de
Gannay. R.
G. rotundifolium L. — Haies et chemins. — Teinte ; Decize;
gare de Cercy. AR.
G. dissectum L. — Haies et chemins. CC.
G. molle L. — Haies et chemins. CC.
G. pusillum L. — Champs, chemins, çà et là. AC.
Erodium cicatarium L'Hér. — Champs et prés sablonneux,
talus des routes.
TOME xiii 14
210 F. GAGNE PAIN.
— — E. pimpinellifolium DC. — CCC.
— *— E. bipinnatum Wild.
— — — var. pilosum R. et F. — Peuillats, près
Dccize.
Hypéricacées.
Hypericum perforatum L. — Champs et jachères. CC.
H. tetraplerum Fries. — Bords des ruisseaux, des étangs.
— Cercy, Saint-Hilaire, Charrin, Montambert, etc., AC.
H. humifusum L. — Champs, bois arénacés. — Toute la
région entre Loire et Aron; Montigny, etc. C.
H. pulchrum L. — Bois de la région arénacée. — Charrin,
Devay, Fours, la Nocle, etc. AC.
//. hirsutum L. — Champs, haies des terrains argileux ou
humides. — Cercy, Verneuil, Fertrèves, etc., etc. AC.
H. Andros&mum L. = Androsœmum officinale Ail. — Bois. —
Forêt des Glenons, près la Machine (Bor.), Vieille-
Montagne, près Saint-Honoré (G. Rouy), bois du Vanzé,
près Verneuil (Joannin-Déponge !), — forêt de Vin-
cences. Nous a été indiqué aussi à Diennes. R.
E Iodes palustris Spach. — Marais tourbeux. Tuilerie, près
Montambert; Fontaines Vaillant. RR.
Balsaminacées.
Impatiens Noli tangere L. — Vallons et ravins des sols gra-
nitiques. — Saint-Honoré (Bor.).
Oxalis Acetosella L. — Bois. C.
0. stricta L. — Champs et jardins. — Decize, sables; vallon
du Fond Judas vers la Machine ; Saint-Gratien ; Cercy ;
Saint-Hilaire. PC.
Célastracées.
Evonymus europanis L. — Bois et haies. C.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 211
Aquifoliacées.
llex Aquifolium L. — Haies et bois. C.
— — var. heterophylla Rchb. — En Châtillon,
près Saint-Honoré. — Feuilles supérieures à un seul
spicule terminal.
Rhamnacées.
Rhamnus Frangula L. — Bois frais. CC.
R. cathar tiens L. — Haies. — Cercy, Fours, la Nocle,
Lanty, Verneuil, Fertrèves, etc. PC.
Papilionacées.
Ulex europœus L. Sm. — Haies, lisière des bois. — Le Ver-
net, près Charrin; route de Saint-Hilaire en face
du moulin du Loup ; Brain, près Decize ; Saint-Michel,
près Rémilly; Saint-Gratien. R. Probablement planté
et subspontané.
U. nanus L. — Landes et bois. — Reugny, près Saint-Gra-
tien; surtout au sud-est de l'Aron, AC. : Thaix, Saint-
Hilaire, Charrin, Fours, Montaron, Rémilly, Lanty, etc.
Sarothamnus scoparius Koch. — Bois et jachères aréna-
cées. CCC.
Obs. — A signaler une fasciation complète de S. scoparius qui
paraît rare dans cet arbuste et observée à Brain par M. Mass.
S. purgans GG. — Sables de Loire. — Teinte, près Sougy ;
stand de Decize ; entre Decize et Charrin. Nul ailleurs
que dans la vallée du fleuve. Vient de l'Ardèche par la
Loire qui le sème sur tout son parcours dans la Nièvre
et même jusqu'à Saumur, suivant Boreau.
Genista sagittalis L. — Talus des fossés, lisière des bois. —
Devay, Charrin, la Machine, Cercy, etc. PC.
G. pilosa L. — Bois, bruyères. — Entre Saint-Michel et
Saint-Honoré ; Vieille-Montagne et mont Genièvre. R.
212 F. GAGNEPAIN.
G. tinctoria L. — Prés de Canne, d'Aron, etc. AC. Seule-
ment la var. vulgaris Spach.
G. anglica DC. — Bruyères, bois, prés. — Cercy, Saint-
Hilaire, Montambert, Fours, etc. AC.
Ononis vulgaris Rouy.
— — 0. procurrens Wallr. — Talus des chemins,
champs maigres. C.
— — 0. campestris Koch. — Champs. C.
Anthyllis vulneraria L. — Landes calcaires; bois. — Les
Glenons, route de la Machine à Decize; Champvert;
Teinte. PC.
Medicago Lupulina L. — Champs. CCC.
— — var. eriocarpa Rouy. — Çàet là. C. — Cercy,
Saint-Gratien, etc.
M. falcata L. — Champs secs. — Decize, Saint-Léger,
Champvert, Thianges, Ville-Langy. AC. R. ailleurs.
— — var. diffusa Schur. — Bord du canal, aux
Feuillats, près Decize.
— — M. cyclocarpa Hy. — Four à chaux de Cor-
celles, près Decize. R.
X M. sativa x falcata = M. varia Martyn. — Carrière de
l'étang Millot, près Sougy. RRR.
Tiges droites robustes, feuilles larges et denticulées, fleurs vio-
lacées variables et stériles pour la plupart. Se rapporte bien à
X M. spuria Hy = M. cyclocarpaX, sativa l sauf pour les tiges qui
sont droites et non « caule robusto decumbente ». La prédominance
des caractères de M. sativa indique que sativa serait la mère; selon
l'opinion de M. Rouy (t. V, p. 15), ce serait une var. pseudo sativa =
M. sativa > falcata. Nous adoptons d'autant plus volontiers cette
détermination que la plante de Sougy n'est pas identique à 3/. falcata X
sativa que nous avons étudié en détail, qui s'en distingue par les
tiges rampantes et dures et les feuilles plus étroites, et qui croissait
à côté de M. falcata à 50 m. de M. sativa, près la Charité-sur-Loire.
Ajoutons que les pollens de cette dernière plante affirment l'hybri-
1. F. Hy. — Observât, sur Medic&go média, Persoon in Journ. bot. de Morot,
numéro 1" déc. 1885.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 213
dite la plus incontestable : sur 134 pollens, 16 sains, 18 malformés,
100 avortés. A défaut d'observations micrographiques concluantes
sur Thybridité de la plante de Sougy, il n'en existe pas moins, même
à ce point de vue et par analogie, de fortes probabilités voisines de
la certitude.
M. denticulata GG. — Champs, terrains vagues. — La Ma-
chine ; Isenay ; Verneuil; Coulongette, près Cercy;
Thaix ; Perrat, près Ville-Langy. AR.
M. apiculata Willd. — Même habitat. — Chevillon, près
Cercy ; Montceneau, près Fertrèves. AR.
M. maculata Willd. — Prés frais, fertiles. CC.
M. minima Lamk. — Sables. — Vallée de la Loire. C;
Sougy. Nul ailleurs.
Obs. — Une forme remarquable à tiges dressées, à Gannay, sables
de Loire.
M. rigidula Desr. = M. Gerardi Willd.
— — M. cinerascens Jord. Bor. — Sables. —
Sougy (Bor.), mêmes stations que l'espèce précédente.
Nul hors des sables de Loire.
Melilotus of/icinalis Lamk. — Champs et moissons. C.
M. macrorhiza Koch. — Rives des rivières : Aron, Loire, etc.
PR.
Trifolium incamatumL. — Champs. Adventice.
— — T. Molinieri Balb. — Prés. — Vroux, com.
de Thaix ; Brain, près Decize (Mass.)
Obs. — Près de Teinte, T. incarnatum et T. Molinieri ont été
trouvés ensemble dans un pré avec l'apparence complète de spon-
tanéité.
T. rubens L. — Landes et champs calcaires. — Brain, près
Decize (Mass!) Teinte, près Sougy, coteau de Verneuil-
Champvert. PC.
T.pratense L. — Çà et là. Champs et prés. C.
T. ochroleucum L. — Prés naturels. — Brain, près Decize
(Mass!); Canne; Aron; Bussière, près la Machine; Vil-
lage-Gaudry, près Cercy. R. ou nul ailleurs.
• 2
214 F. GAG NE PAIN.
T. maritimum Huds. — Prés. — Pré Mandé, à Brain, près
Decize, 1860 (Mass); bord du canal latéral, à droite,
au-dessous de l'écluse de Gannay-sur-Loire .
T. arvense L. — Champs sablonneux ou arénacés. CC.
— — T. gracile Rchb. — Sables de Loire ; Lant'y.
— — T. rubellum Jord. — Sables de Loire.
— — T. agrès tinum Jord. — Saint-Hilaire.
T. striatum L. — Prés; pelouses sablonneuses. Loire. R.
ailleurs; prés d'Aron. — Vroux, commune de Thaix;
Semelay. PC.
Obs. — Dans les terrains arides, sables de Loire, une forme ram-
pante, var. nanum Rouy.
T. scabrum L. — Pelouses sèches des sables ou des calcaires.
Sables de Loire au confluent, à Decize. RR.
T. subterraneum L. — Pelouses rases des sables. Loire.
Nul ailleurs.
— — var. brachycladum Gib. et Mell. — Sables
de Loire.
T. fragiferu/m L. — Pelouses calcaires ou arénacées, sèches
ou humides. CC.
T.elegans Savi. — Gazons, talus des chemins. — Decize (Bor.),
Cercy, Champvert, la Machine, Montigny, Charrin,
Verneuil,Ville-Langy, Fertrèves, forêt de Vincences. AC.
T. repens L. — Prés, gazons. CCC.
T. païens Schreb. — Bords des chemins, talus. — Charancy,
près Thianges; écluse de Gannay, bord droit du canal
latéral. RR.
T. campestre Schreb. — Bois, champs sablonneux. CC.
— — var. genuinum Rouy = T. procumbens var.
campestre Ser. DC. — C.
— — var. Schreberi Rouy = T. Schreberi Jord. C.
T. minus Relh. — Fours, la Nocle, etc. PR.
Lotus corniculatus L. — Prés, bois. CC.
— — var. arvensis Ser. DC. — Forme dominante.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 215
06s. — On trouve à Bussière, près la Machine, une forme parti-
culière très remarquable. Souche volumineuse et rameuse. Tiges
courtes étalées. Feuilles losangiques très petites et glauques. Fleurs
petites et jaunes. Cette forme, qui rappelle lavar. crassifolius Ser.,
offre toutefois des différences appréciables avec la forme du littoral.
— — L. tenuis Kit. — Étang de la Verrerie, entre
Verneuil et Diennes; Charbonneau, près Cercy. PC.
L. uliginosus Sckh. — Prés, bois frais ou marécageux. CC.
Astragalus glycyphyllus L. — Haies, bois, fossés. AC.
Vicia angustifolia Reichdt. — Champs, terrains vagues. C.
— — V. Bobartii Koch. — Région entre Loire
et Aron.
— — K. uncinata Desv. — Même habitat.
— — V. segetalis Koch. — Sables de Loire.
V. lathyroides L. — Pelouses sablonneuses. Loire, C. Nul
ailleurs.
V. lutea L. — Sables et champs calcaires. — Decize; Char-
rin; Gannay; Champvert; Chapelle, près Ville-Langy.
AR.
V.sepium L. — Bois, surtout les haies ombragées. — Cercy;
Verneuil; Champvert, etc. C.
V. Cracca L. — Champs, haies. C.
— — var. argentea Cos. et Germ. = V. incana
Thuill. — Cercy.
V. tenuifolia. Roth. — Rondelet et Simons, près Brain, com-
mune de Decize (Mass).
Ervum hirsutum L. — Moissons, prés, haies. CC.
E. tetraspermum L. — Môme habitat. C.
E. gracile DC. = Vicia gracilis Loisel. — Étang de la Ver-
rerie, près Villevelle. R.
E. Ervilia Willd. — Champs. — Récolté une seule fois à
Martigny, près Cercy, après la moisson. RR. Peut-être
adventice.
Lathyrus latifolius L. — Entre Champvert et Verneuil (Bor.)
— Brain, près Decize. (Mass!) RR.
216 F. GAGNEPAIN.
L. silvestris L. — Broussailles, buissons calcaires. — Tout
le coteau depuis Saint-Léger, jusqu'à Isenay. Çà et
là. AR.
L. tuberosus L. — Terres fortes. — Isenay; Roche et Ville-
velle, près Verneuil ; Montaron; Champvert, etc. PC.
L. pratensis L. — Prés. CC.
L. angulatus L. — Sables. — Charrin, Saint-Hilaire, Gan-
nay. R.
L. sphœricus Retz. — Moissons. — Village Donjon, près
Fours. RR.
L. hirsutus L. — Moissons, landes, prés. — Saint-Hilaire,
Tremblay, près Isenay; Cercy; Vanclenesse; Ville-
Langy. PR.
L. Nissolia L. — Haies, gazons. — Brain, près Decize(Massl);
Charrin, vers la Crevée; Isenay; Cercy, Sougy; Saint-
Hilaire, gare; Petit Quartier à Montigny; moulin du
Loup ou du Breu. PC.
L. Aphaca L. — Moissons, haies calcaires. — Surtout sur le
coteau de Saint-Léger à Isenay; Thianges, Anlezy. PC.
Orobus tuberosus L. — Bois. CC.
— — 0. pyrenaicus L. part. = 0. tuberosus var.
latifolius (Herb. Bor. Nevers). — Bois de la Machine
(Bor. FI. cent, et Herb. Nevers).
Obs. — Dans les bois de Montigny-sur-Canne se trouve une forme
identique à celle de Boreau. Entre le Petit Quartier et le Bailly.
Variation peu remarquable.
Coronilla varia L. — Chaumes calcaires. — Saint-Gervais,
près Verneuil; Vernizy, près Cercy; Champvert;
Teinte; Decize. PC.
Omithopus perpusillus L. — Sables et arènes. — Loire
et jusqu'à l'Aron. PC.
Hippocrepis comosa L. — Champs et jachères calcaires. —
Brain; Devay; Teinte; Champvert; Verneuil; Faye ;
Thianges; etc. PC.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 2 il
Rosacées.
Prunus Padus L. — Entre Semelay et le Plessis, au-dessus
de l'Haleine. RR. Parfois subspontané.
P. Mahaleb. L. — Coteaux calcaires. — Brain, près Decize
(Mass!); Devay; Teinte ; carrière de Vandenesse; Briet,
près Cercy (spontané?) dans un sol fortement aré-
nacé. PC.
P. avium L. — Bois, haies. C.
P. spinosa L. — Haies, bois. CCC.
— — P. fruticans Weihe. — Haies. — Montigny-
sur-Canne; Isenay ; Briet, près la ferme; Montceneau,
près Fertrèves. PC.
— — var. fallacinaGag. — Taille et port du P. fru-
ticans; rameaux subinermes ou inermes; feuilles lan-
céolées grandes; fruits petits. — Ombre, près Thaix, etc.
Spirxa Ulmaria L. — Ruisseaux, prés humides. CC.
Geum urbanum L. — Haies, fossés. CC.
Potentilla Ânserina L. — Fossés, bords des chemins. C.
P. argentea L. — Champs, terrains vagues. — Cercy;
Teinte; Verneuil; bords de la Loire. AC.
P. verna L. — Pelouses; sables. Loire, etc. AC.
P. Tormentilla Scop. — Bois frais; bruyères. CC.
P. replans L. — Champs, jardins. CCC.
P. Fragariastrum Ehrh. — Haies et buissons. CC.
Comarum palustre L. — Tourbières. — Donjon; Marnant;
Montambert ; le Breu, près Saint-Hilaire ; étang du Bord,
près Montaron; tourbières deGannay, près l'écluse. R.
Fragaria elatior Ehrh. — Cercy. R.
F. vesca L. — Bois, clairières. CCC.
Rubus.
La plupart des formes de Rubus et de Rosa énumérées ici, ont
été revues par M. le Dr Gillot et comparées par lui aux spécimens
authentiques de son herbier, déterminés pour les Ronces d'après
2 18 P. GAGNEPAIN.
M. N. Boulay; pour les Roses d'après M. Crépin, Déséglise, etc.
M. N. Boulay a bien voulu déterminer lui-même une importante
récolte de Ronces^ celle de 1899.
Rubus idœus L. — Bois des montagnes, rarement des
plaines. — Vieille-Montagne, près Saint-Honoré. C ;
Donjon; petit étang, près la Machine; étang de la Boue,
près Thaix; bois de Briffaut, route de Montambert. RR.
R. suberecti.
R. plicatus W. et N. — Haies.
X R- plicatus X thyrsoideus? Boulay. — Gouttes Bauduron
à Montambert.
X R- plicatus X nitidus Boulay. — Bussière,près la Machine.
R. nitidus W. et N. — Forme à fleurs d'un beau rose. —
Ris d'Agne, près Thaix.
R. sulcatus Vest. — La Machine.
R. discolores*
R. ulmifolius Schott. — C. haies.
— — R. s pieu h férus Mull. — Au-dessous d'Isenay .
Semblable à l'échantillon publié par M. Boulay dans
Rubi prœsertim gallici, n° 23 (Gillot).
Rubus rusticanus Merc. — Haies. CC.
X R> rusticanus X Kœhleri var. Reuteri Boulay. — Bauduron,
près Montambert.
R. bifrons Vest. — La Machine.
R. hedycarpus Focke.
— — R. Gilloti N. Boulay. — Route de Lamenay,
à la Mothe, près Decize; Ombre, près Thaix; Briet,
près Cercy; bois de Briffaut.
— — /?. vulnerificus Lef. — Vernillats, près Cercy.
X R. Morvannicus Gillot = R. Gilloti X serpent ? Boulay. —
Ris d'Agne, près Thaix, près du parc; digue supé-
rieure de l'étang du Breu, près Montambert.
R. thyrsoideus Wimm. — Bois de Briffaut, route de Mon-
tambert.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 2 19
R. Spectabiles.
A. vestitus W. et N.
— — A. acutidens Boulay. — Route de St-Hilaire,
près Briffaut ; étang de la Gilette, près St-Hilaire.
X A. vestUusXhirtus Boulay. — Bois de Briffaut.
A. Radula Weih. — Vernillats, près Cercy ; la Machine.
A. scaber W. et N. — Ris d'Agne, près Thaix.
A. Menkei W. et N. — La Machine; entre Briet et les
Roses ; Ris d'Agne, près Thaix.
A. Kœhleri W. et N.
— — A. Reuteri Merc. — Gillette, près Saint-
Hilaire; bois de Briffaut.
A. rudis W. et N. — Coulongette, près Cercy.
A. Bloxami Bor. — Forêt de Vincences.
R. Giandulosi.
A. serpens Weih. — Forme locale ; turion très gros rampant,
très hérissé, spiculé, rougeâtre ; folioles larges comme
la main, plus réduites sur les rameaux florifères en
zigzags, à panicule feuillée, peu développée. — Briffaut,
route de Saint-Hilaire.
A. hirtus Waldst. et Kit. — Ris d'Agne, près Thaix.
X A. hir lus X Menkei? Boulay. — Bois de Briffaut, près
Saint-Hilaire.
R. Triviales.
A. cœsius L. — C.
— — A. agrès lis Waldst. — Isenay, etc.
— — A. ligerinus Boulay. — Bois de Bussières,
près la Machine.
X A. cœsius X Boulay. — Jonc, près du cimetière de
Cercy.
Rosa.
R. Systylœ.
A. arvensis Huds. — Haies, lisière des bois. CCC.
A. stylosa Desv. — Haies. — Champlevois, près Cercy.
~j
220 F. gagnepàin.
— — R. systyla Bast. — Bords d'Aron; Saint-
Gratien; Thaix; Verneuil; route de la Machine; Perrat,
près Thianges. PC.
R. Gallican».
/?. q allie a L. — Bois de Brain, près Decize (Mass !)
R. Caninœ.
a. Lutetianœ.
R. lutetiana Lem. — CCC.
— — R. Touranginiana Bor. — Coulongette,
près Cercy.
— — R. fallens Déségl. — Chevillon, près Cercy.
— — /?. mucronulata Déségl. — Saint-Gratien :
Cercy; Saint-Hilaire. PC.
b. Bisserratœ.
R. du m a lis Beschst. — Prés d'Aron. — Cercy; Vandenesse.
R. squarrosa Rau. — Cercy, etc. C.
— — R. Carioti Chab. — Lanty.
c. Hispidœ.
R. Ândegavensis Bast. — AC.
— — R. vinealis Rip? — Charrin.
— — R. agraria Rip. — Même lieu.
R. Aunieri Car. — Bords de la Loire; Cercy, etc.
d. Pubescentes.
R. obtusifolia Desv. — Cercy; Montambert; Fours, route
du Crot-Favé; entre Rémilly et laNocle.
R. dumetorum Thuill. — AC.
— — il. urbica Lem. — Briet; la Guette, près
Cercy.
— — R. trichoneura Rip.
— — R. semiglabra Rip. — Cercy, la Nocle.
— — R. obscura Pug. — Arreaux.
— — R. hemitricha Rip. — Champlevois.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. $21
e. Collinœ.
fi. Deseglisei Bor. — Cercy; Champlevois; Briet, etc. CC.
f. Tomentellœ.
R. tomentella Lem. — Cercy; Verneuil; Saint-Hilaire; entre
Diennes et Verneuil. PC.
R. Rubiginosœ.
a. Rubiginosœ verse.
/?. Jandzilliana Bess. — Cercy; entre Champvert et Ver-
neuil.
— — R. subolida Déségl. — Ile, près Saint-Hilaire.
b. Sepiacex.
R. sepium Thuill. — Cercy; Saint-Gratien; Saint-Hilaire;
Montambert. C.
— — var. agrestis Savi. — Cercy; la Nocle;
Saint-Hilaire.
— — var. pubescens Rip.
c. Graveolentes.
fi. graveolens GG. — Le type inconnu à Cercy.
— — R. JSduensis Déségl. et Gillot. — Ile, près
Saint-Hilaire; champ de tira Decize; Fours. PC.
— — R. Letnanii Bor. — Saint-Hilaire; stand de
Decize.
d. Micrantheœ.
R. micrantha S m. — PC.
— — R. glabrata Boullu. — Ile, près S'-Hilaire.
H. septicola Déségl. — Au-dessus de la gare de Saint-Hilaire;
Cercy; Fours; Lanty; Perrat, près Thianges. AC.
— — fi. permixta Déségl. — Fours; Cercy;
Montambert; Lanty ; Verneuil.
e. Suavifoliœ.
R. rubiginosa L. ex part. = R. comosa Rip. — Stand de
Decize; Arreaux ; Ile, près Saint-Hilaire. R.
222 F. GAGNEPAIN.
Tomentosœ.
R. dumosa Pug. — Vandenesse; Montaron; Faye, près
Vemeuil. AR.
— — R. cinerascens Dumorst. — Entre le moulin
et le cimetière de Verneuil. R.
— — R. Marcyana Boullu. — Ile, commune de
Saint-Gratien, dans une haie de jardin.
Obs. — D'après le Dr Gillot, semble identique aux échantillons de
Marcy-l'Etoile. Cette forme considérée comme hybride des R. gallica
et tomentosa peut se retrouver dans les haies au voisinage des
jardins, où de nombreuses formes semi -doubles et par conséquent
fertiles de R. gallica sont fréquemment cultivées.
R. tomentosa Smith. — Vinée,prèslaNocle;carrièressurlarive
droite de la Dragne à Vandenesse ; Saint-Hilaire ; Cercy ;
Lanty ; Briet et Fontaines Noires ; Vernizy, près Ver-
neuil ; Saint-Michel, près Rémilly ; Verneuil ; Thianges.
— — R. subglobosa Smith. — Boulats, près Char-
rin ; Cercy; Champlevois; Ousiaux, commune de Ver-
neuil ; Montambert, tuilerie; Montaron; Lanty.
— — /?. properata Boullu. — Entre les Arreaux
et la Grand'Noue.
— — var. confusa. — Village-Gaudry, près Cercy.
R. similata Pug. — Rompouez, vers Coddes; entre Mau-
migny et Vernizy, commune de Verneuil.
R. cuspidatoides Crépin. — Entre la gare de Cercy et les
Arreaux ; Champlevois.
— — R. pseudo-cuspidata Crépin. — Route de
Rémilly, près Montaron; Riégeot, près Champvert;
Reugny, près Saint-Gratien.
Agrimonia Eupatoria L. — Haies, lisières des bois. CC.
A. odorata Mill. — Même habitat dans l'arène. — Entre
Vandenesse et Saint-Honoré ; Briet, près Cercy. AR.
Poterium dictyocarpum Spach. — Sables de Loire et endroits
secs. AC.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 223
P. muricatum Spach. — Prairies artificielles et autres. C.
Sanguisorba offioinalis L. — Sables de Loire. — Decize,
Avril-sur-Loire (Bor.) Gannay (Moriot), — gare de
Cronat ; Ile, près Saint-Hilaire; Decize, fossé gauche du
canal entre la gare du P.-L.-M. et la Copine. R.
Alchemilla arvensis Scop. — Champs sablonneux. CC.
Mespilus Germanica L. — Bois, haies. — Cercy ; Montam-
bert; les Glenons; etc. C.
Cratœgus oxyacantha L.
— — C. oxyacanthoides Thuill. Haies. — Cercy ;
Verneuil; Montigny ; etc. PR.
— — C. monogyna Jacq. — CC.
Obs. — On trouve dans les deux sous-espèces ci-dessus une var. à
fruits velus ou pubescents étant jeunes.
Pyrus Malus L.
— — P. acerba DC. — Bois, haies. CC.
P. communis L. — Bois, haies. C.
— — P. pyraster Bork. PC.
— — P. Achras Gaertn. AC.
Sorbus dômes tica L. — Bois. R.
S. Aucuparia L. — Vieille-Montagne, près Saint-Honoré.
Nul ailleurs.
5. aria Crantz. — Même localité (Bor. !). Nul ailleurs.
S. torminalis Crantz. — Bois. — Bois Ramonay, près Mon-
tambert ; la Machine; Rémilly; etc. AC.
Onothéracées.
Epilobium palustre L. — Marécages tourbeux. — Nénuphars ;
Montambert; Étang du Bord, vers Montaron; Fontaines
Vaillant, près Saint-Hilaire. R.
Obs. — Aux Nénuphars, outre E. palustre, il existe une forme
remarquable croissant dans la tourbe. Stolons filiformes feuilles ;
feuilles lancéolées, denticulées, revolutées, vertes et rapprochées ;
c'est d'après M. Léveillé une var. nouvelle de E. palustre que le
savant spécialiste nommera revoluta (Lév. in litt.).
224 F. GAGNEPAIN.
E. tetragonum L. — Fossés, taillis. — Cercy ; Saint-Hilaire ;
Verneuil. C.
— — E. Gilloti Léveillé (vidit Léveillé) = E.
obscumm Schreb. pro parte. — Ruisseaux. — Baudu-
ron, près de la ferme, com. de Montambert ; la Char-
bonnière, près Saint-Léger. RR.
— — E. Lamyi F. Schultz (vidit Léveillé). —
Ruisseau de la Vernière, près Saint-Hilaire; route de
Verneuil, à Champvert. AR.
E. roseum Schreb. — Fossés, bords des chemins, murs. —
Verneuil ; la Machine, ruisseau de Champlevois. R.
E. montanum L. — Haies, bois. — Cercy; Verneuil; la
Machine; Charrin; la Nocle ; Rémilly; etc. AC.
E. lanceolatum Seb. et Maur. — Haies ombragées. — Ravin
du Croux, près Cercy; Saint-Gratien ; Briet, près la
barrière de la ligne de Gilly; Lanty; Brienne, près
Brinay. AR.
E. collinum Gmel. — Haies. — Chez Renard, près Mon-
tambert. R.
E. parviflorum Schreb. — Fossés, marais. CC.
E. hirsutum L. — Marais. CC.
E. spicatum Lamk. — Bois humides. — Bois des Glenons, la
Machine; Champvert (Bor.). Introuvable pour nous.
Isnardia palustris L. — Rives et marais, étangs. — Aron ;
Loire ; Montambert, Saint-Hilaire ; la Nocle ; Lanty ;
Thaix ; etc. PR.
Circœa lutetiana L. — Bois frais, ombreux. — Cercy; Mon-
tigny ; Verneuil ; Diennes ; Saint-Hilaire ; etc. AC.
Haloragacées.
Myriophyllum verticillatum L. — Mare de la Loire, à Brain
(Mass !) R.
— — var. pectinatum DC. — Marais. — Pont
Canneau, à Cercy. R.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 225
M. spicatum L. — Eaux profondes. — Canal, ganches
d'Aron, de Loire. C.
M. alterniflorum. — Etangs Donjon et Marnant asséchés. RR.
Trapa natans L. — Rivières, étangs. — Aron ; Chample-
vois; Donjon; étang du Tronsain, près Diennes; Breu;
étang de Bord, à Montaron ; étang du Pont, près
Saint-Hilaire ; etc. AC.
Callitrichacées.
Callitriche stagnalis. Scop. — Eaux stagnantes. C.
C platycarpa Ktitz. — G.
C. verna Ktttz. — CC.
C. hamulata Ktitz. — Fontaine de Brain, près Decize (Mass !).
— — var. homoiophylla GG. — Chez Renard,
près Montambert. R.
Cératophyllacées.
Ceratophyllum demersum L. — Aron, Loire, canal. C.
Obs. — Dans un endroit profond de TAron un individu porte de
fines villosités. — L'espèce fructifie rarement.
Lythrariacées.
Lythrum Salicaria L. — Fossés, marais, rives. CC.
L. hyssopifolia L. — Fossés, lieux exondés. — Cercy; Ver-
neuil; Saint-Gratien ; Saint-Hilaire; Montaron; Ville-
velle, près Diennes. AC.
Peplis Portula L. — Limons et boues des étangs, des ma-
rais. — Saint-Hilaire ; Charrin ; Nénuphars ; Montam-
bert; Saint-Gratien, etc. AC.
Cucurbitacées.
Bryonia dioica L. — Haies, broussailles. C.
TOME XIII 15
226 F. GAGNEPAIN.
Portulacacées.
Portulaca oleracea L. — Endroits secs, chauds. C.
Obs. — Sur le plat-fond du canal tari, le Pourpier se donne libre
carrière et fleurit un mois après la retraite des eaux par le chômage.
La graine a dû passer une année dans l'eau sans dommage et atten-
dre les rayons solaires et la terre sèche pour germer. Exemple frap-
pant de la résistance de certaines graines à l'action de l'eau, résis-
tance qui permet la dissémination par les cours d'eau.
Montia minor Gmel. — Champs et prés, rives des terrains
arénacés. — Reugny, près Saint-Gratien; Haleine;
Saint-Hilaire ; Page, commune deChampvert; Faye;
Thaix; Champlevois. PR.
M. rivularis Gmel. — Eaux vives des terrains granitiques. —
Saint-Honoré; bas de Lanty; entre Rémilly et Fours. R.
Paronychiacées.
lllecebrum verticillatum L. — Sables frais et granits. —
Decize (?) et Saint-Honoré (Bor.)! — Vieille-Montagne;
Donjon, près la route de Fours; étangs du Breu et du
Pont, près Saint-Hilaire, de la Boue, près Rémilly. R.
Herniaria glabra L. — Sables et arènes; champs. Loire. —
Cercy; Saint-Gratien. C.
H. hirsutaL. — Même habitat; mêmes stations. C.
Corrigiola lUtoralis L. — Sables, arènes; parfois C.
Scleranthus annuus L. — Moissons des sols arénacés. AC.
S. perennis L. — Pelouses sèches, sols arénacés. C.
Obs. — Dans les sables de Loire, une forme naine absolument de
l'aspect de Polycnemum minus Jord.
Crassulacées.
Tillœa muscosa L. — Champs sablonneux. — Sentier des
Gouttes Bauduron, près Montambert. RR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 227
Sedum Fabaria Koch. = Sedum purpurascens Bor. — Bois
frais. — Cercy; Vandenesse; Faye; Montigny; la Ma-
chine; les Nénuphars. AC.
06s. — Sedum Carioni Bor. du Morvan autunois, s'en distingue
surtout par ses proportions plus grêles, ses feuilles plus étroites et
à dents moins profondes, ses ovaires connivents par le sommet.
S. Cepœa L. — Haies, surtout de sols sablonneux. — Cercy;
Arreaux ; Verneuil ; Fours ; Thaix ; Isenay ; Charrin ;
Lanty; Villevelle, près Diennes, etc. AC.
S. rubens L. — Endroits secs. — Thareau ; Arreaux; Cercy;
Vandenesse ; Semelay ; Lanty ; Verneuil ; Thaix ; la
Nocle; Decize. Plante sporadique. AC.
S. album L. — Sables de Loire; chaumières. C.
S. acre L. — Sables, murs. Loire, etc. C.
S. seœangulare GG. — Sables do Loire, de Sougy, à
Gannay. PC.
5. reflexum L. — Sables, chaumières, vignes. Loire. Peu
commun ailleurs.
— — S. rupestre L . — Sables de Loire . Thareau . R.
— — S. albescens Haw. — Brain, près Decize
(Mass !)
5. altissimum Poir. — Vignes. — Au-dessus de la gare de
Decize. RR.
Sempervivum tectorum L. — Chaumières. — Champlevois;
Charin ; Devay ; Saint-Hilaire. PC.
Ribésiacées.
Ribes Uva-crispa L. — Haies, troncs des Saules têtards. —
Cercy; Verneuil; Saint-Hilaire; etc. CC. Spontané!
Fruits très petits, velus, jaunâtres; feuilles petites,
plissées, tomenteuses.
fl. rubrum L. — Tronc des Saules têtards. — Ça et là dans
les vallées. PC.
226 F. GAGNEPAIN.
Portulacacées.
Portulaca oleracea L. — Endroits secs, chauds. C.
Obs. — Sur le plat-fond du canal tari, le Pourpier se donne libre
carrière et fleurit un mois après la retraite des eaux par le chômage.
La graine a dû passer une année dans l'eau sans dommage et atten-
dre les rayons solaires et la terre sèche pour germer. Exemple frap-
pant de la résistance de certaines graines à l'action de l'eau, résis-
tance qui permet la dissémination par les cours d'eau.
Montia minor Gmel. — Champs et prés, rives des terrains
arénacés. — Reugny, près Saint-Gratien; Haleine;
Saint-Hilaire ; Page, commune deChampvert; Faye;
ThaixJ Champlevois. PR.
M. rivularis Gmel. — Eaux vives des terrains granitiques. —
Saint-Honoré ; bas de Lanty ; entre Rémilly et Fours. R.
Paronychiacées.
lllecebrum verticillatum L. — Sables frais et granits. —
Decize (?) et Saint-Honoré (Bor.)! — Vieille-Montagne;
Donjon, près la route de Fours; étangs du Breu et du
Pont, près Saint-Hilaire, de la Boue, près Rémilly. R.
Herniaria glabra L. — Sables et arènes ; champs. Loire. —
Cercy; Saint-Gratien. G.
H. hirsutah. — Même habitat; mêmes stations. C.
Corrigiola UUoralis L. — Sables, arènes; parfois C.
Scleranthus annuus L. — Moissons des sols arénacés. AC.
S. perennis L. — Pelouses sèches, sols arénacés. C.
Obs. — Dans les sables de Loire, une forme naine absolument de
l'aspect de Polycnemum minus Jord.
Crassulacées.
Till&a muscosa L. — Champs sablonneux. — Sentier des
Gouttes Bauduron, près Montambert. RR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 227
Sedum Fabaria Koch. = Sedum purpurascens Bor. — Bois
frais. — Cercy; Vandenesse; Faye; Montigny; la Ma-
chine; les Nénuphars. AC.
Obs. — Sedum Carioni Bor. du Morvan autunois, s'en distingue
surtout par ses proportions plus grêles, ses feuilles plus étroites et
à dents moins profondes, ses ovaires connivents par le sommet.
S. Cep&a L. — Haies, surtout de sols sablonneux. — Cercy;
Arreaux ; Verneuil ; Fours ; Thaix ; Isenay ; Charrin ;
Lanty; Villevelle, près Diennes, etc. AC.
S. rubens L. — Endroits secs. — Thareau ; Arreaux; Cercy ;
Vandenesse ; Semelay ; Lanty ; Verneuil ; Thaix ; la
Nocle; Decize. Plante sporadique. AC.
S. album L. — Sables de Loire; chaumières. C.
S. acre L. — Sables, murs. Loire, etc. C.
5. sexangulare GG. — Sables de Loire, de Sougy, à
Gannay. PC.
S. reflexum L. — Sables, chaumières, vignes. Loire. Peu
commun ailleurs.
— — S. rupestre L . — Sables de Loire . Thareau . R.
— — S. albescem Haw. — Brain, près Decize
(Mass !)
5. altissimum Poir. — Vignes. — Au-dessus de la gare de
Decize. RR.
Sempervivum tectorum L. — Chaumières. — Champlevois;
Charin ; Devay; Saint-Hilaire. PC.
Ribésiacées.
Ribes Uva-crispa L. — Haies, troncs des Saules têtards. —
Cercy; Verneuil; Saint-Hilaire; etc. CC. Spontané!
Fruits très petits, velus, jaunâtres; feuilles petites,
plissées, tomenteuses.
/?. rubrum L. — Tronc des Saules têtards. — Çà et là dans
les vallées. PC.
228 F. GAGNEPAIN.
Saxifragacées.
Saxifraga granulata L. — Pelouses, prés sablonneux. — De
Decize à la Machine, à Teinte ; stand de Decize ; Devay ;
Charrin. Ne quitte guère la vallée de la Loire. PC.
S. tridactylites L. — Toitures de tuiles, de chaume ; murs,
terrains secs. AC.
Chrysosplenium alternifolium L. — Eaux vives des terrains
granitiques. — Saint-Honoré (Bor.). Introuvable pour
nous. RR.
C. oppositifolium L. — Même habitat. — Mont et Vieille-
Montagne, près Saint-Honoré; — tourbière de Gannay
(Moriot!). R.
Ombellifères.
Daucus Carota L. — Champs. CCC.
Turgenia latifolia Hofïm. — Champs calcaires. — Coteau
de Saint-Léger; Isenay; Champvert; Verneuil; Brain,
près Decize (Mass !).
Obs. — Parfois adventice : Copine et pré Charpin,près la Machine.
Caucalis daueoidesh. — Champs surtout calcaires. — Cercy ;
Verneuil; Devay; Vandenesse. PC.
06s. — Souvent importée avec des semences étrangères de céréales.
Torilis Anthriscus Gmel. — Haies. CC.
T. helvetica Gmel. — Champs, moissons. CC.
Angelica silvestris L. — Fossés, bois humides. CC.
Peucedanum parisiense DC. — Bois. — Lamenay, Sougy
(Bor.)
P. Cervaria Lap. — Landes, vignes calcaires. — Entre Ver-
neuil et Champvert; Copine; Saint-Léger; Devay;
Decize. PC.
P. carvifoliam Vill. — Pelouses. — Jonction, près De-
cize. R.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 229
P. palustre Mœnch. — Bords des eaux. — Canal latéral en
face Brain (Mass !). RR.
Pastinaca sativa L.
— — P. pratensis Jord. — Sables. — Decize(Bor.)!
au champ de tir, Saint-Hilaire. AC.
Heracleum Sphondylium L. — Prés. CC.
Tordylium maximum L. — Haies et champs calcaires. —
Vandenesse; Teinte, près Sougy ; Champvert. R.
Silaus pralensis L. — Prés fertiles. CC.
Seseli montanum L. — Landes et pelouses calcaires. —
Copine; carrières de Teinte, de Champvert, de Biches;
Charancy, près Thianges; Ville-Langy, etc. PC.
Mthusa Cynapium L. — Jardins, cultures. CCC.
QEnanlhe silaifolia Bieb. — Prairies naturelles. Canne,
Aron. — Page, com. de Champvert; Fond Judas, près
la Machine; Montaron ; Vandenesse, etc. C.
06s. — C'est absolument la plante décrite et figurée par M. Fou-
caud sous le vocable de O. silaifolia M. Bieb. (J. Foucaud :
Recherches sur quelques Œnanthe in Act. soc. lin. Bord. 1893), à
l'exclusion d'CE. peucedanifoliu Poil, confondue avec elle.
QE. fistulosa L. — Marécages. C.
Œ. Phellandrium L. — Marécages ; eaux stagnantes. CC.
Buplevrum falcatum L. — Pelouses et rocailles calcaires,
vignes. — Sougy; Champvert; Saint-Léger; Devay ;
Charrin. Nul ailleurs.
B. rotundifolium L. — Champs et vignes calcaires. — Ver-
neuil, Champvert. AR.
Berula angustifolia Koch = Sium angustifolium L. —
Ruisseaux, eaux vives. PC.
Pimpinella magna L. — Haies, prés frais, lisière des bois
humides. — Cercy ; Isenay; Vandenesse; Montigny;
Montaron. PC.
06s. — Forme à feuilles luisantes et serrulées et à fleurs blanches.
P. Saxifraga L. — Pelouses, prés. CC.
230 F. GAGNEPAIN.
— — var. poteriifblia Cariot. — AR.
— — var. dissectifolia Wal. — CC.
Bunium verticillatum GG. — Prés humides et tourbeux de
la région arénacée. C.
B. Carvi Bieb. — Prés secs. — Vroux, commune de Thaix ;
entre Bussière et Verneuil; Saint-Gervais et Faye;
entre la Charbonnière et Teinte, prés de Loire. R.
B. Bulbocastanum L. — Cultures dans le calcaire. — Champ-
vert. R.
Mgopodium Podagraria L. — Haies, près des villages où
la plante a été fréquemment cultivée pour l'usage
médicinal, de même que Melissa, Leonurus, Tanacetum.
— Saint-Honoré (Bor.)! couvent des sœurs; Bussière,
près la fontaine. RR.
Siso7i Amomum L. — Haies, dans le calcaire seulement. —
Decize ; Cercy; Verneuil; Champvert; Montigny ;
Fertrèves ; Villevelle, près Diennes. AR.
Helosciadium nodiflorum Koch. — Eaux vives, ruisseaux.
PC. ; manque en plusieurs communes.
Scandix Pecten-Veneris L. — Moissons, surtout calcaires. AC.
Anthriscus vulgaris Pers. — Abords des villages, rues,
décombres, gares. — Decize; Teinte; Saint-Hilaire ;
Charrin. PC.
A. si Iv es tris Hoffm. — Bords des eaux, prés. — Champvert;
Copine. RR.
Conopodium denudatum Koch. — Gazons. — Jardin de
Couëron, près Thaix. RR.
Chxrophyllum temulum L. — Haies des champs. CC.
Conium maculatum L. — Décombres aux abords des vil-
lages, sables des cours d'eau. AC.
Hydrocotyle vulgaris L. — Prés marécageux; pointes des
étangs; région arénacée. C.
Eryngium campestre L. — Endroits secs; coteaux et
sables. CC.
Sanicula europœa L. — Bois frais. C.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 231
Hédéracées.
Hedera Hélix L. — Bois, murailles. CC.
Loranthacées.
Viscum album L. — Peupliers, surtout P. nigra, CC. ; Poi-
riers, C. ; Pommiers, C.; Tilleuls, PC; Robinier, C. ;
Aubépine, R. à Montigny et Decize.
Cornacées.
Cornus sanguinea L. Bois, haies. CC.
Caprifoliacées.
Adoxa Moschatellina L. — Haies des prés; lisière des bois.
Vallées de Loire et d'Aron C. ; R. ailleurs.
Sambucus Ebulus L. — Terrains vagues sur le calcaire sur-
tout. C.
S. nigra L. — Haies et bois. C.
S. racemosa L. — Saint-Honoré (Bor.) ! — Vieille-Montagne.
C. ; nul ailleurs.
Viburnum Lantana L. — Fossés et bois humides. C.
V. Opulus L. — Même habitat. Plus R.
Lonicera Periclymenum L. — Bois. C.
Rubiacées.
Galium Cruciata L. — Gazons, talus, prés. CC.
G. verum L. — Prés. CC.
X G. decolorans GG. = G. verumxerectum. Absolument sem-
blable à des échantillons reçus de Déséglise par M. le
Dr Gillot sous le nom do G. decolorans. — Parc de Faye,
non loin de la ferme, dans un pré naturel. Les parents
présumés sont C. dans les environs.
G. Mollugo GG. — Haies, lisières des bois. CCC.
232 F. GAGNEPAIN.
G. silvestre Poil. Prés, bords des bois. C.
— — G. l<eve Thuill. — Prés. — Croux, com-
mune de Thaix ; bords du canal Cercy. R.
G.saxatile L. — Rochers granitiques. — Vieille-Montagne.
Commun dans le Morvan.
G. palustre L. — Marécages, fossés. CC.
G. elongatum Presl. — Même habitat, AC.
G. uliginosum L. — Bruyères humides des sols maigres.
AC.
G. divaricatum Lamk. — Sables de Loire. Decize. RR.
G. Âparine L. — Haies. C.
G. tricorne With. — Moissons calcaires. — La Chapelle et
Ville-Langy; Anlezy. R.
Asperula odorala L. — Bois ombreux. — Bords de l'Ha-
leine; les Glenons. R.
A. Cynanchica L. — Sables ou calcaires secs. — Teinte.
Loire. AC.
A. galioides M. Bieb. DC. — Prés. — Vroux, commune de
Thaix; Faye, commune de Verneuil; entre Bussière et
Verneuil. R.
Sherardia arvensis L. — Champs, plutôt siliceux. CC.
Crucianella angustifolia L. — Sables. — Loire entre Teinte
et Gannay. Non partout. R.
Valérianacées.
Valeriana oflicinalis L. — Haies humides, fossés. CC.
V. dioica L. — Marais, tourbières. C.
Valerianella olitoria Poil. — Jardins et champs. C.
V. carinata Lois. — Terrains vagues ; champs. — Cercy.
AC.
V. Auricula DC. — Champs ; moissons. PC.
— — V. denlata DC. — Même habitat. — Reu-
gny, près Saint-Gratien. R.
V. Morisonii DC. — Champs calcaires. — Champvert. R.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 233
Dipsacées.
Dipsacus silvestris Mill. — Coteaux, terrains vagues, chemins.
— — var. dentata Cariot. — Fortes dents aux
feuilles supérieures. — Lamenay.
Knautia arvensis Koch. — Champs surtout calcaires ou
argilo-calcaires. R. sur le granit. — Lanty.
Scabiosa Columbaria L. — Champs, sables. — Cercy ; Saint-
Gratien ; Loire ; Lanty. PR.
S. Succisa L. — Bois et prés. CGC.
Composées.
Eupatorium cannabinumh. — Endroits humides; fossés. CC.
Tussilago Far far a L. — Terres fortes. CC.
Solidago Virga-aurea L. — Bois, surtout les taillis. C.
Erigeron acris L. — Prés secs; calcaires ou sablonneux ! C.
Bellis perennis L. — Prés, bois. CCC.
— — var. gracilenta Gagnep. — Rosette de
feuilles peu fournie; feuilles minces, pubescentes, cen-
drées ; tige grêle et élevée terminée par un capitule
léger. Bois arénacés. — Fours.
Senecio vulgaris L. — Cultures. CCC.
S. viscosus L. — Sables. Loire C. — R. Cercy et ailleurs.
S. silvaticus L. — Bois arénacés. — Saint-Honoré (Bor.) !
Fontaines-Vaillant et étang du Pont ; Donjon ; Thaix. AR.
S. adonidifolius Lois. — Bois et landes granitiques. —
Marnant ; Breu ; Vieille-Montagne ; — Lamenay (Bor.).
S. Jacobea L. — Landes, broussailles. C.
— — S. nemorosus Jord. — Bois de Montaron,
Briffaut.
— — S. neglectus Desv. GG. — Bois humide à la
Meule, près la Machine (Bor.).
S. aquaticus Huds. — Prés. C.
— — S. pratensis Richt. Bor. — Ressemble à S.
erraticus Bert, mais a des feuilles floconneuses et ses
234 F. GAGNEPAIN.
branches, nées plus haut, sont moins étalées. — Thaix,
près du parc; la Mothe, près Decize sur la route de
Lamenay.
S. erraticus Bert. = S. barbarewfolius Rchb. — Cercy, Ver-
neuil ; Ville-Langy ; Decize.
S. Fuchsii Gmel. — Montagnes granitiques (St-Honoré C.) ;
descend dans la plaine arénacée. — Montambert et
Breu ; étang des Chaumes, près Diennes ; pré Marchand,
entre Fours et Coddes. R.
Cineraria spathulifolia Gmel. — Bord droit du canal aw-
dessous de Lamenay (Bor. FI. Cent., éd. m, p. 342). —
Bord gauche du canal au-dessus de Lamenay (Bor.
Herb. Nevers). Double contradiction ! Il serait bon
de comprendre la rive d'un canal, comme celle d'un
cours d'eau ordinaire, pour éviter toute confusion. —
La plante en question s'est dérobée à toutes nos
recherches.
Ârtemisia vulgaris L. — Haies, cours, champs. C.
A. campeslris L. — Sables de Loire. C. Nul ailleurs. R.
Leucanthemum vulgare Lamk. — Champs et prés. CC.
Matricaria Chamomilla L. — Champs. C.
Obs. — Sans doute plus rare du temps de Boreau (1837), qui prend
soin d'indiquer toutes les stations de cette espèce dans son herbier :
Decize (Bor.)
M. inodora L. — Champs. C.
Ormenis nobilis Gay. — Routes et sentiers des bois aréna-
cés. CC.
Anthémis arvensis L. — Champs sablonneux. Loire. R.
A. Cotula L. — Champs. C.
A. montana L. = A. coltina Jord. — Graviers et cailloux
de la Loire : de Gannay à Teinte. AC. N. ailleurs.
Achillea Millefolium L. — Champs. CC.
— — var. rosea. AR.
A. PtarmicaL. — Marécages, prés humides. C.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 235
Bidens tripartita L. — Marais; rives; fossés. C.
B. cernua L. — Même habitat. Plus R.
— — var. hispida Jord. — Nénuphars.
— — var. minima L. Bor. — Gannay, ruisseau
de Rosière (Moriot.)
Obs. — M. Moriot ajoute (Revue se. Bourbonnais, n° 139, p. 168) :
« J'en ai récolté plusieurs échantillons dans l'eau et où, par consé-
quent, la plante avait les conditions requises pour atteindre de
grandes dimensions. »
Inula Helenium L. — Prés, lieux bas. — Brain, près
Decize (Mass!); Cercy; Saint-Gervais ; digue du mou-
lin du Loup; Villevelle, près Verneuil. R.
/. salicinah. — Coteaux calcaires arides. — Entre Champ-
vert et Verneuil. R.
L Conyza DC. — Talus des chemins, terrains vagues. AC.
L britannica L. — Ile Hoquet, à Brain, près Decize, 1878
(Mass!). RR.
Pulicaria dysenterica Gsertn. — Ruisseaux, prés humides. C.
P. vulgaris Gœrtn. — Endroits bas exondés. AC.
Gnaphalium luteo-album L. — Champs, bois. Toujours peu
abondant. AC.
G. silvaticum L. — Bois arénacés. PR.
G. ulïginosum L. — Limons asséchés, terrains exondés. CC.
Antennaria dioica Gaertn. — Pelouses sèches, bruyères.
Saint-Honoré (Bor.). A échappé à toutes nos recher-
ches.
Filago germanica L. — Champs sablonneux. CC.
— — var. canescens GG. — Domine ou unique.
F. arvensis L. — Champs sablonneux. CC.
F. minima Duby. — Même habitat. CC.
X F. minima X arvensis = F. média Gagn. — Thareau,
près Saint-Hilaire; champs sablonneux, parmi les
parents, également communs dans toute la vallée.
30 juillet 1899. Un seul individu.
236 F. GAGNBPAIN.
Obs. — Racine grêle annuelle rameuse; tige buissonnante très
rameuse dès la base, de 1 décimètre de haut, à rameaux grêles.
Feuilles linéaires lancéolées aiguës, cotonneuses, presque incanes,
assez longues et écartées du rameau, les supérieures dépassant,
mais de peu, les glomérules.
Glomérules axillaires ou terminaux assez distants, composés de
3-5 capitules petits ovoïdes coniques, peu laineux; involucres à
écailles scarieuses, jaunâtres au sommet.
Akènes souvent stériles, petits, cendrés, striés, plus courts d'un
tiers que dans F. arvensis.
Diffère de F. arvensis par sa tige plus fine, plus rameuses, ses
feuilles plus courtes, plus étroites, plus serrées; par ses glomérules
moins fournis, ses capitules d'un tiers plus petits, ses akènes plus
courts, son indumentum général moins cotonneux blanchâtre.
Diffère de F. minima par sa tige très rameuse, ses feuilles plus
longues, moins serrées imbriquées, ses capitules d'un tiers plus gros,
moins aigus; son indumentum plus blanc. Se rapproche davantage
de F. minima, quoique bien distinct. Ce n'est point le F. subspi-
cata Bor. = F. arvensis X germanica dont il diffère essentiellement.
Logfia subula ta Cass. = L. gallica Coss. et Germ. — Champs
sablonneux. AC.
Silybum Marianum Gaertn. — Autour des villages, au pied
des murs. — Champvert, Brain, près Decize. R.
Onopordon Acanthium L. — Décombres, terrains vagues. AC.
Cirsium eriophorum Scop. — Terrains vagues ; sables. —
Loire. — Vandenesse, etc. PC.
C. lanceolatum L. — Bords des chemins. C.
C. acaule Ail. — Gazons des collines, talus, surtout cal-
caires. PC.
C. anglicum DC. — Prés humides et tourbeux. AC.
Obs. — M. Mass a récolté une forme très intéressante de C. angli-
cum. Feuilles raides, à dents profondes, tige basse à hampe trapue,
terminée par trois capitules. N'est pas C. bulbosum, mais se rap-
proche beaucoup de C. médium Ail. Bor. ==C. bulboso-acaule. Est
probablement C. anglicum X acaule. Marais du pré de la Brosse,
commune de Devay.
C. palustre Scop. — Marais des champs, surtout des bois. CC.
C. arvense Scop. — Champs et jachères, prés. CCC.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 237
Carduus erispus L. — Autour des maisons. — Cercy. Nul
ailleurs. RR.
C. nutans L. Champs, bords des chemins. C.
Centaurea Jacea L. — Prés. CCC.
— — C. Duboisii Bor. — Prés. Çà et là. AR.
— — C. pratensis Thuill. — Bois du Buisson,
près Vandenesse (Bor.).
C. nigra L.= C. nemoralis Jord. — Bois de la région sili-
ceuse. CC.
Obs. — Il existe des formes à appendices, ovales, obtus au som-
met sur les écailles inférieures; d'autres à appendices aigus et des
fils aranéeux sur les capitules. Les involucres deviennent cendrés,
de brun fauve qu'ils sont habituellement, pour peu que la station
soit humide.
C. Scabiosa L.— Champs calcaires. — Vandenesse, Champvert;
même sur le granit : Lanty ; peut-être ici hétérotopique.
C. maculosa Lamk. — Sables. — Loire; de Teinte à Gan-
nay. C. Nul ailleurs.
C. Cyanus L. — Champs et moissons. CC.
C. Calcitrapa L. — Terrains vagues et secs, chemins. C.
Loire; région calcaire.
Obs. — Serratula tinctoria pourrait se trouver dans la région, par
exemple, vers Sougy, dans les bois. A rechercher 1
Carlina vulgaris L. — Gazons en pente secs; talus des
chemins. C.
Lappa minor DC. — Terrains vagues, cours. C.
— — L. pubens Bor. — Çà et là. PC.
L. major Gœrtn. — Terrains vagues, cours. — Cercy et
environs immédiats. C. AR. ailleurs.
L. tomentosa Lamk. — Saint-Honoré (1871, G. Rouy.)
Cichorium bxtybus L. — Champs et jachères. CC. Rarement
à fleurs rosées.
Arnoseris pusilla Gœrtn. — Jachères des sols arénacés.
AC. Nul ailleurs.
238 F. GAGNEPAIN.
Lampsana communis L. — Haies. CC.
Hypochxris radicata L. — Prés, chemins des bois. C.
Thrincia hirta Roth. — Moissons, jachères. C.
Leonlodon autumnalis L. — Sables de Loire, au Brain, près
Decize (Mass !). Paraît R.
Leonlodon proleiformis Vill. — Pelouses, prés.
— — i&v.glabralus Koch. — La Machine (Bor.) RR.
— — var. vulgaris Koch. = L. hispidus L. — C.
Picris hieracioides L. — Talus, bords des chemins. CCC.
Obs. — Certaines formes à capitules en ombelles !
Scorzonera humilis L. — Prés et bois humides de la région
siliceuse. C.
Tragopogon pratensis L. — Prés. — Cercy; Champvert;
Thianges, etc. AC.
— — var. tortilis GG. — Cercy.
Chondrilla juncea L. — Champs sablonneux. Loire : C.
Aron : Saint-Gervais. R.
Ob8. — Cette plante végète ailleurs en plein calcaire : xéro-
phile !
Taraxacum Dem-Leonis Desf. — Prés. CCC.
— — T. officinale Wigg. — C.
— — T. rubrinerve Jord. — Cercy. C.
— T. palustre DC. — Prés humides à fond tour-
beux. — Boulats, près Charrin ; Haleine ; Riégeot,
près Champvert. AC.
— — T. udum Jord. — Chèvre, entre Vandenesse
et Rémilly.
Lactuca saligna L. — Champs calcaires, de Champvert à
Isenay; de Saint-Léger à Anlezy. AC.
L. Scariola L. — Haies, terrains vagues. C.
L. virosa L. — Terrains vagues, Saint-Hilaire ; Cercy; Ver-
neuil. RR.
L. muralis Fres. = Prenanthes muralis L. — Bois. C.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 239
L. perennis L. — Moissons, vignes calcaires. — Verneuil,
Thianges ; Ville-Langy. AR.
Sonchus oleraceus L. — Champs, jardins. CC.
— — S. asper Vill. — Champs, jardins. C.
S. arvensis L. — Moissons. C.
Mulgedium Plumier i DC. — Bois, prés des montagnes. —
Vieille-Montagne, près Saint-Honoré (Bor.). RR.
Crépis taraœacifolia Thuill. = Barkhausia — DC — Prés
secs et montueux, surtout du calcaire. CC.
C. fœtfda L. — Champs calcaires, parfois dans l'arène. R.
C. biennis L. — Prés fertiles. AC.
C. nicœensis Balb. — Prés. — Rive gauche de la Canne,
au-dessus du pont Canneau ; Cercy. RR.
C. agrestis W. et K. — Prés. — Vroux, près Thaix. R.
Obs. — Très ressemblant à l'espèce suivante mais à capitules plus
gros du double.
C. virens L. Vill. — Champs et prés. C.
— — var. diffusa DC. — Cercy; etc. AC.
C. pulchra L. — Champs et vignes calcaires. — Champvert,
Biches, Ville-Langy, Thianges, etc. AR.
Hieracium Pilosella L. — Prés secs, talus. CC.
— — var. nigrescens Fries. — Çà et là.
H. Pelleteria?ium Mérat. — Sables et graviers. — Loire. R.
H. Auricuia L. — Prés secs, talus. C.
H. murorum L. — Bois. C.
H. vulgatum Fries. — Bois de la région siliceuse. AC.
H. umbellatum L. — Bois et taillis. C.
Ambrosiacées.
Xanthium slrumarium L. — Fossés, chemins, cours.— Cercy,
àla Guette; Châtelier, près Verneuil (Joannin-Déponge)!
moulin du Breu, près Saint-Hilaire. AR.
Obs. — Si X. macrocarpum n'est point reconnu plus tard dans
notre circonscription aux bords de la Loire, il faudra en conclure
240 F. GAGNEPAIN.
que l'Allier l'apporte dans le fleuve au-dessous de son confluent. Ce
Xanthium abonde en effet aux bords de l'Allier et de la Loire en
aval de Nevers.
Campanulacées.
Jasione montana L. — Jachères et champs sablonneux. C.
/. perennis L. — Le type, répandu en Auvergne, est rem-
placé par
— — J. Carioni Bor. — Pelouses granitiques ou
sablonneuses. — Vieille-Montagne (G. Rouy). Sables
de Sougy. R.
Phyteuma spicatum L. — Bois. — Cercy ; le Royan, près
Charrin; Montaron; Montambert; Thaix; la Machine.
PC.
Specularia Spéculum A. DC. — Champs calcaires de Saint-
Léger à Verneuil et à Ville-Langy. PC.
Campanula glomerata L. — Pelouses sèches calcaires et
granitiques. — Cercy ; Decize ; Vandenesse ; — Vieille-
Montagne et Lanty en plein granit.
C. TracheliumL. — Haies. — Cercy; Isenay, Verneuil;
Champvert. AC.
C. rotundifolia L. — Calcaires, granits, sables. Sables de
Loire. R. ailleurs.
C. Rapunculus L. — Haies. — Cercy ; Verneuil ; Champ-
vert; Saint-Léger; Lanty; AR.
C. patula L. — Haies et broussailles ombreuses. — Sougy
(Bor.), entre Chaumigny et Vroux ; Cercy ; Thaix ;
Vandenesse ; stand de Decize. R.
Ericacées.
Calluna vulgaris Salisb. — Clairières des plaines et mon-
tagnes. CCC.
Erica tetralix L. — Tourbières. — Lamenay (Bor.); bois de
Brain, près Decize (Mass !) ; — Donjon; Briffaut; Fon-
taines-Vaillant, près Montambert. R.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 241
E. cinerea L. — Terrains arides et siliceux. — Maulaix, près
la Nocle (Bor.) ; Briet ; Donjon ; route de Saint-Hilaire
à la Nocle ; Montambert. AR.
06s. — Près Montambert, à l'étang Vaillant, une forme remar-
quable par sa haute taille porte de longues grappes unilatérales très
fournies (var. compacta Gagnp.)
Monotropacées.
Monotropa Hypopithys L. = M. glabra DC. — Bois d'es-
sences diverses ; bois de chênes — Pré Mandé,' à Brain,
près Decize (Mass!); Donjon; environs de l'étang du
Breu ; forêt de Vincences. R.
Lentibulariacées.
Utricularia vulgaris L. — Eaux dormantes et croupis-
santes. PC.
Primulacées .
Hotlonia palustris L. — Eaux dormantes et croupissantes.
— Cercy; Saint-Hilaire. Manque en plusieurs loca-
lités. AR.
Primula officinalis Jacq. — Prés sains. CC.
P. elalior Jacq. — Haies et broussailles, bois. Çà et là.
Non partout.
X P. digenea Kern. = P. officinalis X elatior. — Entre le
château de Champlevois et le village. RRR. Cultivé côte
à côte avec P. elatior, il a été l'objet de la description
et des comparaisons suivantes :
06s. — Feuilles ridées, pétiole ailé, peu denticulé, limbe brusque-
ment étalé, velu en dessus, moins en dessous. Hampes minces un
peu velues, ressemblant à celles de P. officinalis. Bractées intermé-
diaires pour la longueur, aiguës, blanchâtres. Pédoncules velus
autant que ceux de P. elatior, mais pâles. Calice large, renflé, pâle,
un peu vert ; à dents, égalant le tiers du tube, allongées, larges,
intermédiaires. Corolle un peu évasée, moins que dans P. elatior,
veinée pâle comme dans P. elatior, gorge peu orangée en dehors,
TOME XIII. 16
242 F. GAGNEPÀIN.
marquée de 5 lignes assez orangées en dedans. Odeur peu accusée.
Pollen des étamines supérieures plus arrondi que celui de P. offici-
nalis, avec malformations! A première vue semble être un P. offi-
cinalish, fleurs évasées et pâles. Se rapproche d'ailleurs davantage
de lui pour l'ensemble des caractères qui sont intermédiaires !
Lysimachia vulgaris L. — Ruisseaux, broussailles maréca-
geuses. C.
L. Nummularia L. — Haies et prés frais, fossés. C.
L. nemorum L. — Bois ombreux, frais. — Paye ; Page, com-
mune de Champvert; Regon, près les Nénuphars;
Bussière, près la Machine; Saint-Michel, près Ré-
milly; Vieille-Montagne. R.
Centunculus minimus L. — Chemins sous bois, dans le
gazon ras. — Entre Champlevois et Paye ; raccourci
des Roses à Briet; chaumes de l'étang du Loup à
Diennes. R.
Anagallis phxnicea Lamk. — Cultures des calcaires et des
sables. C.
A. c&rulea Schr. — Cultures des calcaires. C. — Nul ailleurs.
A. tenella L. — Tourbières. — Donjon; Nénuphars; Mon-
tambert; Fontaines-Vaillant; Montaron; etc. AR.
Oléacées.
Fraxinus excelsior L. — Bois humides, haies. CC.
Ligustrum vulgare L. — Haies, buissons, lisières. C.
Apocynacées.
Vinca minor L. — Haies et bois ombreux. C.
V. major L. — Bois. — Parc des Brunettes. Toute l'appa-
rence de la spontanéité; au moins naturalisé.
Asclépiadacées.
Vincetoxicum officinale Mœnch. — Haies, landes calcaires.
— Decize, sables ; Chapelle, près Ville-Langy ; Anlezy ;
R. Nul ailleurs.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 243
— — var. pubescens Cariot. — Tiges et feuilles
densément veloutées. — Decize, confluent d'Aron.
(Disparu, oct. 1899.)
Gentianacées.
Erythr&a pulchella Frics. — Pelouses sèches ou humides,
sableuses ou calcaires. — Cercy; Saint-Léger; Ver-
neuil ; la Machine ; forêt du Vincences. PR.
E. Ceniaurium Pers. — Bois. C.
Cicendia filiformis Delarb. — Pelouses humides ou om-
breuses, jamais dans le calcaire. — Breu ; bois de
Couëron, à Thaix ; chemins forestiers de Champlevois;
Montaron ; Regon, près Briet ; bois Clair et de la Vinée,
près Fours; étang du Loup à Diennes. PC.
C pasilla Griseb. — Même habitat, souvent mêmes stations.
06s. — Ces deux Gnntianacèes auxquelles il faut joindre Centun-
culus minimus et Radiola linoides, sont difficiles à apercevoir à
cause de leur ténuité et du peu d'éclat de leurs fleurs. On les porte
rares dans bien des Flores parce qu'elles ont été rarement obser-
vées; mais cette rareté n'est que relative. Partout où le hasard nous
a fait découvrir Radiola linoides nous avons aperçu après dos recher-
ches minutieuses au moins l'une des Cicendies. Toutes ces plantes
affectionnent les mômes stations siliceuses, humides, ombreuses,
gazonnées, un peu battues comme les sentiers des bois.
Chloraperfoliata L. — Coteaux et broussailles calcaires. —
Brain, Devay (Mass!) ; entre la Copine et Saint-Léger,
aux carrières de kaolin ; Châtelier, près Verneuil. R.
Gentiana Cruciata L. — Gazons et clairières du calcaire. —
Champ vert, sur Trochereau (Bor.)
Menyanthes trifoliata L. — Prés marécageux et tourbeux.
— Donjon ; Nénuphars ; Montambert ; Montaron ;
Lanty. AC. Nul hors de la région siliceuse.
Limnanthemum nymphoides Lamk = Villarsia — Vent. —
Marais, ganches ou relaissés de la Loire. — Gannay-
sur-Loire, gonse Claire (Moriot!); pont de pierre de
Decize. RR.
244 F. GAGNEPAIN.
Convolvulacées.
Convolvulus sepium L. — Haies. C.
C. arvensis L. — Champs et jardins. CC.
Cuscuta europœa L. = C. major Bauhin. — Endroits frais ;
haies, broussailles. — Druy, Charrin (Bor.), Cercy,
barrage et Vreilles. AR. — Sur l'Ortie dioïque, le Hou-
blon, les Ronces, Cirsium arvense.
C. epithymum L. — Tertres, talus. Sur la Bugrane, le Ser-
pollet, le Scandix, Convolvulus arvensis, Lotus cornicu-
latus, etc. AR.
C. Trifolii Bab. — Infeste les Trèfles et Luzernes. CC.
Borrago offîcinalis L. — Décombres, jardins, jamais hors
des villages. AC.
Symphytum officinale L. — Prés humides, fossés. — Cercy,
Vandenesse, etc. PR.
— — var. rosea. — Cercy.
Anchusa ilalica Retz. — Moissons calcaires, au moins
sèches. — Coteau de Saint-Léger, à Isenay ; Thianges ;
Anlezy, etc. AR.
Lycopsis arvensis L. — Champs secs, terrains vagues. C.
Lilhospermum purpureo-cœruleum L. — Broussailles cal-
caires et montueuses. — Devay, à la Gargole, entre
Champvert et Decize. R.
L. officinale L. — Haies, broussailles. AC.
L. arvense L. — Champs sablonneux. C.
— — var. cœruleum DC. — Fleurs bleues ou roses.
Devay; Champvert; Cercy; Saint-Hilaire ; bords de la
Loire. PC. Avec le type.
Echium vulgare L. — Champs secs, sables. CC
— — E. Wierzbickii Haberl. — Loire.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 245
Pulmonaria vulgaris Mérat. = P. tuberosa Schr. — Bois,
haies. C.
Myosotis palustrisWith. — Prés marécageux; bois.
— — var. strigulosa Mert. et Koch. — Canne;
Bussière; Champlevois. CC.
M. lingula ta Lehm. = M. cœspitosa Sch. — Fossés, ruisseaux.
— Martigny ; Coddes, près Cercy; Gannay-sur-Loire. R.
— — M. rnultiflora Mérat. — Decize (Bor).
M. stricta Link. — Champs sablonneux. AC.
J/. versicolor Pers. — Champs sablonneux ou arénacés. C.
if. hispida Schl. — Sables de Loire; Champvert, etc. AC.
M. inter média Link. — Partout, champs et jardins. CC.
M. silvatica Hoffm. — Bois, haies humides ou ombreux. —
Cercy C; Montigny. AR. ailleurs.
Echinospermum Lappula Lehm. — Vignes. — Lanty. R.
Rechercher à Devay et Charrin.
Cynoglossum officinale L. — Pelouses calcaires, décombres.
C. dans la région calcaire. R. ailleurs.
Heliotropium Europœum L. — Sables ; parfois sur le calcaire ;
xérophile ! — Sables de Brain (Mass !). — Sougy. R.
Solanacées.
Solanum nigrum L. — Cultures.
— — 5. ochroleucum Spenner. — C. bords de la
Loire (Bor.) — Cercy. C.
— — 5. miniatum Willd. — C. bords de la Loire
(Bor.)
5. Dulcamara L. — Bords des ruisseaux, haies, broussailles
marécageuses. C.
Atropa Belladona L. — Taillis. — Moulins-Engilbert(Bor.) RR.
Physalis Alkekengi L. — Vignes. — Moulins-Engilbert(Bor.);
Brain, près Decize (Mass!) Verneuil, au-dessus du
canal (Joannin-Déponge) ; Devay; Charrin; Saint-
Léger. AR.
V
246 F. GAGNEPAIN.
Datura Stramonium L. — Décombres, jardins. AC, le plus
souvent adventice.
Hyoscyamus niger L. — Décombres, jardins; jamais à l'écart
des villages. AC.
Verbascacées.
Verbascum Thapsus L. — Çà et là, chemins, jachères.
V. Thapsiforme Schrad. — Sables de Loire. G. Nul ailleurs.
V. BlaUaria L. — Prés, haies. C.
V. floccosum Waldst. et Kit. — Terrains vagues, chemins,
jachères. C.
V. LychnUis L. — Même habitat. — Decize, Saint-Hi-
laire, etc. AC.
— — V. album Mill. — Même habitat. — Sougy,
route de Vandenesse à Saint-Honoré. R. — C. en
Morvan sur le granit; se trouve aussi sur le calcaire!!
06s. — Sur le sec, très difficile à distinguer du type à fleurs jaunes,
car dans l'un et l'autre les fleurs rougissent par la dessiccation.
V. nigrum L. — Terrains vagues, bords des chemins. —
Moulins-Engilbert (Bor.); Haleine à Rémilly, Fours et
Cercy; Lanty, C; Saint-Honoré, AR.
X V. nothum Koch = V. thapsiforme x floccosum. — Avec
les parents, digue de Thareau. (1894-1899). RRR.
Obs. — Facile à distinguer par ses fortes proportions, sa tige un
peu ailée, un peu floconneuse ainsi que les feuilles, ses nombreux
rameaux effilés à fleurs intermédiaires qui avortent presque toujours.
X V. collinum Schr. = V. Thapsus X nigrum- — Avec les
parents, au pont des Arreaux, près la ligne de Gilly
(1895-1896). RRR.
Obs. — Reconnaissable à la verdure sombre des feuilles, à leur
forme subcordée, à la tige violacée sous le duvet, aux fleurs à
poils staminaux violacés.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 247
X V. Bastardi Rœm. et Schult. Bor. = V. Thapsi forme X Blat-
taria. — Au milieu de V. Thapsiforme, à une dizaine de
mètres de V. BLattaria, ce qui fait supposer que ce
dernier est le porte-pollen. — Gare de Cercy, dépôt
des machines (oct. 1896). RRR.
Obs. — Dimensions de V. Thapsiforme réduites, rameaux florifères
en longues verges dénudées par avortement des capsules.
Scrophulariacées.
Scrophularia nodosa L. — Bois, haies. C.
S. aquatica L. — Rives, eaux courantes. C.
S. canina L. — Sables. — Loire C. Ailleurs accidentelle-
ment. AR.
— — var. albiflora Gagnp. — Avec le type. N'en
diffère que par la coloration plus verte et non rougeâtre
des tiges, des feuilles, par les fleurs blanches. Est au
S. canina ce qu'est au Mibora minima sa var. alba Bor.
Decize, sous le pont de pierre ; carrière de galets de
Lamenay. RR.
Anlirrhinum Orontium L. — Cultures. C.
A. majus L. — Murailles. — Remparts de Decize. C. Nul
ailleurs.
Anarrhinum bellidifbliam Desf. — Jachères arénacées. Ré-
gion comprise entre Loire et Haleine. AC. — Sougy;
Decize, Avril-sur-Loire (Bor.)! Brain, près Decize
(Mass !).
Obs. — On remarque, après un été pluvieux, des tiges fouillées,
crépues jusqu'au sommet, sans trace de fleurs môme avortées. Ce
n'est qu'un état tératologique de virescence.
Linaria Cymbalaria Mill. — Murailles. — Cercy, Decize. C.
R. ailleurs.
Obs. — Fréquemment cultivée en pots sous le nom bizarre de
c Ruines de Rome. » D'origine adventice, cette plante se naturalise
très facilement sur les murs.
248 F. GAGNEPAIN.
Linaria spuria Mill. — Moissons sèches. C.
L. Elatine Desf. — Avec la précédente. CC.
L. vulgaris Mœnch. — Champs, après la moisson. CC.
L. stria ta DC. — Moissons surtout dans l'arène. C.
X L. oc/iroleuca de Bréb. s. lat. = i. striata X vulgaris. —
Avec les parents, au château du Rompois, près Cercy. RR.
Obs. — Buissons touffus à tiges étalées redressées. Sommet des
tiges parfois avorté ce qui fait que les rameaux sont plus longs que
les tiges principales. Feuilles primordiales longues de 3-4 centim.
linéaires aiguës. Feuilles raméales de moitié plus petites. Pédoncules
de 3 millim. Calice à 5 divisions linéaires de 3-4 millim. de long.
Corolle longue de 18 millim., éperon compris, jaune blanchâtre
sans stries; palais à lèvre inférieure jaune soufre, trifide à lobes non
divergents; à lèvre supérieure bifide; éperon de 3 millim. de long,
translucide, droit, conique, aigu. Capsule globuleuse surmontée par
le style marcescent, à commissure profonde. Graines non ailées,
anguleuses trigones quand elles ne sont pas avortées.
Très voisin de L. striata par l'ensemble des caractères. Bien diffé-
rent du L. vulgaris X striata, qui se rapproche davantage de L. vul-
garis, et que nous avons pu étudier à notre aise aux environs de la
Charité et qui est plus commun.
Linaria minor Desf. — Moissons, jardins. C.
Gratiola officinalis L. — Rives, fossés, étangs. — Vallées
de Loire, Aron, etc. AC.
Lindemia pyxidaria L. — Sables limoneux des baies ou
ganchesd'Aron, de Loire. — Chaumigny ; Mazille, près
Montaron; Cercy, au-dessous du barrage; boire àDe-
cize. R. et non tous les ans selon les crues.
L. gratioloides Lloyd. = llisanthes — Benth. — Sables limo-
neux. Brain, près Decize (Mass!). Boire, ganche de
Loire, à Decize. RR.
Obs. — Certains botanistes prétendent, et sans doute avec raison,
que cette dernière espèce tend à dominer, à remplacer de plus en plus
L. pyxidaria. Les deux plantes sont annuelles et de ce chef les
chances de résister sont égales. MaisL. gratioloides fleurit environ
huit ou quinze jours (20 août-lcr septembre) après sa compagne; elle
peut éviter ainsi les crues d'orages de juillet et août qui ont pu
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 249
noyer L. pyxidaria. En outre sa floraison se poursuit jusqu'en sep-
tembre et octobre. Ses fleurs sont toujours ouvertes; le L. pyxidaria
les a souvent petites et cleistogames. Il y a donc là une série de
supériorités pour la plante adventice. *
Veronica Teucrium L. — Gazons, tertres, pentes des
coteaux secs. — La Machine; Teinte ; Champvert ; Devay .
AC; AR. ailleurs.
V. prostrata L. — Decize (Bor.).
V. Chamxdrys L. — Haies, bords des chemins, prés secs. C.
V. Beccabunga L. — Eaux courantes. C.
V. Anagallis L. — Même habitat. AC.
V. scutellata L. — Prés marécageux. C.
V. nwntana L. — Bois frais et ombreux. — • La Machine
(Bor.); Cercy; Faye; Champvert; Riégeot ; Vieille-
Montagne. AR.
V. officinalis L. — Bois et taillis. CC.
V. serpyllifolia L. — Prés fertiles; champs. C.
V. arvensis L. — Champs et prés sains. C.
V. persica Poir. = V. Buxbaumii Pers. — Champs. — Cercy ;
Faye; Champvert; Decize. PR.
V. verna L. — Sables de Loire; Teinte; Devay; Saint-
Hilaire. R.
V. acinifolia L. — Sables, terres légères. — Loire, AC.
AR. ailleurs.
V. triphyllos L. — Sables et champs sablonneux. — Loire.
AC. Nul ailleurs.
V. agrestis L. — Cultures de terre légère. AC.
V. didyma GG. = V. polita Fries. — Même habitat. C.
V. hederifolia L. — Haies et murs. CC.
Limosella aquatica L. — Sables limoneux humides. Loire,
Aron, étangs. AC.
1. L'extension de cette petite plante vers l'Est do la France a déjà été signalée
par M. le Dr Gillot : Noies de géographie botanique. Dispersion, des espèces. {Le
Monde des plantes, n* 98, l*r janvier 1898. Bull, assoc. fr. de botanique^ p. 60.)
ÎSO F. OAON'EPAIN.
bigitalit purpurea L. — Haies, bois. Fuit le calcaire avec
persistance. — Decize. Fours, Moulins-Engilbert Bor. !
Toute la région siliceuse et en outre la Machine. C.
t). lutta L. — Bois et haies du calcaire. — Entre la
Vieille-Montagne et le mont Torchon, tout près des
sources captées pour le château, en plein granit ! RR.
tiuphratia officinalis L. — Sentiers des bois, bruyères. CC.
— — R. maialis Jord. — Pré d'en Briffaut, près
Montaron. RR.
Odontites rubra Pers. — Haies, champs.
— — 0. verna Rchb. — C.
— — 0. serotina Rchb. — Endroits humides,
marécageux. AC.
lihinanthus major Ehrh. — Prés sains. C.
— — var. glaber Sch. — C.
— — var. hirsutus DC. Sch. — Cercy, bords du
canal.
Pedicularis palustris L. — Marais herbeux ; tourbières. —
Marnant ; en Briffaut, près Montaron ; bois de Vauvray
et étang do la Boue, près Rémilly. R.
P. silvatica L. — Bois siliceux et humides. G. entre Aron
et Loire.
Melampyrum arvense L. — Champs et moissons calcaires
seulement. AG.
M. pratense L. — Bois et taillis. C.
Orobanchacées.
Orobanche Hapum Thuill. — Sur Sarothamnus scoparius.
C. Sur S. purgans à Teinte. R.
()b&. — A Champlevois et à Saint-Michel près Rémilly, une forme
de moitié plus petite appauvrie, presque méconnaissable à l'aspect,
croissant parmi des Graminées (forme depauperata Qagnp.)
0. Galii Vauch. — Sur Galium Mollugo — Pendants, près
Decize (Mass!). RR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 251
0. epithymum DC. — Sur le Serpollet. — Vreilles, près
Cercy. R.
0. Teucrii Holl. — Sur Teucrium Cham&drys. — Grand- Vivier
près Druely, non loin de nos limites. R.
0. Picridis Vauch. — Sur Picris hieracioides. — St-Gervais,
près Verneuil, bord du canal (Joannin-Déponge !). RRR.
0. minor Sutt. — Sur Trifolium sativum, ligne de Gilly au
Village-Gaudry, près Cercy ; trouvé dans le jardin de
Roche sur les boutures d'un Pelargonium horticole
(Joannin-Déponge). RR.
0. amethystea Thuill. = 0. Eryngii Vauch. — Sur Eryn-
gium campestre. — Sougy (Bor.); pente de la carrière
de Teinte, tournée vers la Loire (1895-99). Probable-
ment la station reconnue par Boreau.
Genre Mentha. 1
Spicatœ.
a. Rotundifoliœ.
Mentha rotundifolia L. — Prés, chemins, champs. C.
b. Silvestres spuriœ.
(Hybrides des M. rotundifolia, silvestris et viridis.)
X M. silvestris X rotundifolia Mlvd ! — Ruisseau de Cotensé,
au-dessous des Vignes, près Cercy.
c. Virides.
M. viridis L. — Haies, jardins des villages, ça et là.
M. ocymiodora Opiz. — Plante cultivée dans les jardins,
comme Thé d'Europe et parfois adventice le long des
haies.
1. M. Malinvaud a bien voulu déterminer les variétés de nos échantillons de
Menthes avec l'autorité de sa science do spécialiste. Toutefois, dans bien des cas,
la variabilité des formes ne permet pas une identification absolue, mais un rappro-
chement aussi exact que possible. C'est donc sous ces réserves que M. Malinvaud
nous a données et que nous reproduisons ses appréciations. — Les micromorphes
sont analogues à certaines valeurs mathématiques dont on peut approcher beau-
coup sans pouvoir les atteindre exactement.
252 P. GAGNKPAIN.
cl. Silvestres legitimœ.
M. silvestris L. — Fossés, bord des chemins. — Cercy, les
Roses; la Charbonnière, près Saint-Léger-des-Vignes.
AR.
M. candicans Crantz, Mlvd exsicc. — Cercy gare, près de la
remise des machines. RR.
Capitatœ.
a. Aquaticœ.
M. aquatica L. — Fossés, ruisseaux, marécages. C.
— — f* monocephala Mlvd. (M. hirsuta Nonnull.)
— Fontaines-Vaillant, près Montambert.
— — f* major Mlvd. — Confluent inférieur de
l'Haleine.
M. affinis Bor. — Canal du Nivernais à Cercy.
M. capitata Opiz. — Bords de l'Haleine, à Fours ; Briet,
près Cercy; Cercy.
M. Lloydii Bor. — Haleine, à Fours.
Verticillatœ.
a. Sativœ.
(Hybrides des M. aquatica et arvensis).
X M. saliva L. — Haleine à Fours, à Cercy.
X — — f* subglabra Mlvd. — Pont d'Haleine à
Cercy.
X ^/. cœrulea Opiz. — Haleine à Fours.
X M. ovalifolia Opiz. Se rapproche aussi de M. plicata
Opiz. — Étang de Montambert.
X M. palus tris Nonnull. — Etang de Breu, près Saint-
Hilaire.
b. Arvenses legitimœ.
M. arvensis L. — Champs, fossés, marécages. C.
— — var. lurfosa F. Schultz. — Marais du
Chailloux, près Fertrèves.
M. minor Opiz? — Chez Renard, près Montambert.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 253
M. origanifolia Bor. non Host. — Champ à Chaumigny.
Parait C.
M. dubia Schreb. — Haleine à Fours.
M. Allionii Bor. — Champlevois, route.
M. nemorum Bor. — Marais du Chailloux, près Fertrèves,
avec la var. turfosa Schultz.
M. Pulegium L. — Vieux chemins, fossés. CC.
Lycopus europœus L. — Ruisseaux; marécages. CC.
Origanum vulgare L. — Talus; coteaux secs. AC. surtout
sur le calcaire.
Thymus Serpyllum L. — Gazons ; pentes herbeuses et
sèches. C.
Calamintha oflicinalis Mœnch. — Haies ; lisières. C.
C. Acinos Clairv. — Champs jachères, prés secs ; calcaires
et arènes. AC.
— — var. canescens Coss. = Acinos villosus Pers.
— Saint-Gratien ; Vandenesse.
Clinopodium vulgare L. — Haies, broussailles. C.
Salvia pi*atensis L. — Champs, prés secs, montueux. C.
Nepeta Cataria L. — Décombres, haies, rues des villages.
— Brain, près Decize (Mass !) ; Thareau, près Saint-
Hilaire. R.
Glechoma liederacea L. — Haies, broussailles, lisières. CC.
Lamium amplexicaule L. — Sables des grands cours d'eau.
Loire. C.
— — var. intermedium Gagnep. — Paillanges,
commune de Champvert, dans une haie.
Obs. — Forme remarquable par ses grandes proportions, ses
feuilles, longuement pétiolées au milieu de la tige, encore pétiolées
mais brièvement au sommet, à limbe longuement décurrent sur le
pétiole, profondément incisé comme dans L. incisum , à dents
obtuses comme dans L. amplexicaule, ses fleurs petites, incluses
dans le tube du calice. L'hypothèse d'hybridité est à rejeter à cause
de la distance de L. amplexicaule éloigné de plusieurs kilomètres.
254 F. GAG NE PAIN.
L. incisum Willd. = L. hybridum Vill. — Cultures, jardins,
bords des chemins, terrains vagues, sables. — Cercy ;
Devay ; Champvert ; Charrin ; Montaron ; Decize ;
etc. PC.
L. hirsutum Lamk. — Haies et pieds des murs, autour des
villages. — Cercy, CC. Plus R. ailleurs.
— — L. maculatum L. — Forme à feuilles macu-
lées de blanc, préfère les calcaires . — Verneuil ;
Isenay ; Fours. R.
L. purpureum L. — Cultures, champs et jardins, haies,
pied des murs. C.
— — var. albiflorum Hagenbach. — Fleurs blan-
ches, seul caractère différenciel. — Route de Thareau
à Saint-Hilaire ; Vendonnc, près Cercy. R.
L. album L. — Prés, fossés, haies des villages, cours. —
Montigny; Isenay; Semelay; Decize. C, non partout.
Galeobdolon luteum Huds. — Haies, broussailles et bois
frais. AC.
Leonurus Cardiaca L. — Terrains vagues, haies des villages.
— Champlevois et Coddes ; Donjon ; Breu ; Fours ;
Teinte ; Bussière, près la Machine. AR.
06s. — Toujours avec l'apparence d'une plante subspontanée et
cultivée autrefois comme la Mélisse, la Tanaisie.
Galeopsis Ladanum Lamk. = G. angustifolia Ehrh ! (Briq.
s. esp.). — Champs, surtout après la moisson. CC.
— — G. arvatica Jord. — Avec la sous-espèce
angustifolia C.
G. dubia Leers. — Champs, après la moisson, presque
exclusivement dans les sols siliceux. C.
X G. Wirtgeni Ludw. = G. dubia X angustifolia. — Avec
les parents en face le château'de Chaumigny, vers le
Croux, près Cercy. RRR.
Obs. — Plante plus ou moins grande se rapprochant par la taille
de l'un ou l'autre des parents, dépassant parfois G. dubia ; rameaux
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 255
plus ou moins courts, horizontaux ou obliques ; feuilles caulinaires
(non raméales) de 7 à 10 % de largeur, à 5-7 paires de dents, géné-
ralement molles et pâles ; corolle de 15-18 % de long (partie exserte),
de 10-14 % de large d'un lobe latéral à l'autre de la lèvre inférieure,
d'un jaune rosé, rarement orangé, qui rougit à la dessiccation ; fer-
tilité égale à celle des parents ; pollen bien constitué.
X G. Gilloti Gagnep. = G. angustifolia X dubia. — Même
station, mais plus abondant. RRR.
Obs. — Plante rameuse, à rameaux ascendants rougeâtres, velus,
à poils apprîmes, quelquefois glanduleux; feuilles caulinaires (non
raméales) larges de 5-8 %, lancéolées, linéaires à 4 paires de dents et
de nervures ; glomérules 2-3 rapprochés au sommet de la tige et des
rameaux; calice velu, à dents étalées de 8 % de pointe à pointe,
muerons de 1 1/2 %; corolle de 17 % de long (partie exserte), de 12
à 16 % entre les lobes latéraux, tube très nettement strié de rose
violacé, lèvre supérieure à peine rosée, lèvre inférieure à saillies
violacées, pâles, nectarosèmes jaune soufre, le reste à peine rosé.
Toute la corolle nettement jaune dans le bouton. Cet hybride tient
beaucoup de la mère par l'aspect général.
Ces deux produits sont à rechercher partout où le voisinage des
éléments siliceux et calcaire permet le voisinage ou le mélange des
deux parents. Hybrides très rarement signalés en France. Le pre-
mier ressemble à G. dubia à fleurs rosées ou rouges ; le second
se rapproche beaucoup de G. angustifolia^ mais a des fleurs d'un
blanc strié de rouge, jaunes dans le bouton. Voyez pour plus amples
informations notre note : Hybrides des Galeopsis angustifolia et
dubia observés à Cercy -la-Tour in Bull, assoc. franc, botanique
(1899) et tirage à part.
G. Telrahit L. — Champs, terrains vagues, haies. CC.
— — var. prœcox Gren. — Cercy.
Stachys germanica L. — Champs, dans le calcaire. — Saint-
Gratien; Cercy; Verneuil; Champvert; Vandenesse,
etc. PC.
5. alpina L. — Haies, fossés. — Vieille-Montagne, mame-
lon ; entre les carrières de Vandenesse et le pont de
Dragne ; rencontre des routes de Verneuil et Bussière ;
carrières de Biches ; Romenay. R.
256 F. GAGNEPAIN.
S. silvatica L. — Haies, broussailles. C.
S. palustris L. — Rives, prés frais. — Aron; Haleine. C.
S. arvensis L. — Champs et moissons des terres légères. AC.
S. annua L. — Champs et moissons calcaires. AC.
S. recta L. — Décombres, chemins, coteaux. — Thareau ;
Teinte ; Decize. AR.
Betonica officinalis L. = B. hirta Rchb. — Prés naturels et
bois. CC. La var. hirta domine ou est unique ici.
Ballota fœtida Lamk. — Terrains vagues, bords des che-
mins. CC.
— — var. albiflora Gagnep. — Fleurs entièrement
blanches. — Anlezy, près du moulin. RR.
Marrubium vulgare L. — Terrains vagues, cours des fermes.
AC. partout.
Scutellaria galérien la ta L. — Rives. — Isenay; Cercy ;
Saint-Honoré. AC.
— — var. cinerascens Gagnep. * — Tourbières et
marécages des sols arénacés . — Montambert ; le
Royan ; Donjon ; Breu ; Montaron ; Fontaines-Vaillant ;
Nénuphars, etc. AC.
Obs. — Tige toujours droite et velue à rameaux verticaux s'ils exis-
tent ; feuilles toutes couvertes d'un duvet blanc cendré, dense ; corolle
sans renflement prononcé sous la gorge, bleu pâle, tube à courbure
assez régulière, velu à poils réfléchis ainsi que sur la lèvre supé-
rieure; calice velu, même sur le sec, non glanduleux, un peu atténué
à la base.
S. minor L. — Tourbes; prés frais. — Nénuphars; Mon-
tambert ; Fontaines - Vaillant ; Fours ; Vieille - Mon-
tagne; Breu, etc. PC.
— — var. umbrosa Gagnep. — Bois humides et
tourbeux, ombreux. — Ris-d'Agne, prèsThaix; Briet;
Saint-Michel, près Rémilly. AR.
1. Bull. Soc. bot. Fr., t. XL1I (1895), p. 609. Espèces ou localités nouvelles
pour le département de la Nièvre,
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 257
Obs. — Tige plus grande, droite penchée ou rampante ; feuilles
grandes, aspect général de S. galericulata.
Brunella vulgaris Mœnch. — Gazons. CC.
— — var. pinnatifida Godr. — Cercy.
B. alba Pall. — Pelouses sèches, talus. AC.
— — var. pinnatifida Koch. — Ile, près Thareau.
Ajuga reptans L. — Gazons, prés frais. CC.
— — var. albiflora Gagnep. — Entre les chaumes
de Briet et le Donjon. R.
A. genevensis L. — Pelouses sèches des calcaires et des
sables. — Saint-Gratien, etc. Vallée de la Loire. AC.
— — var. longistyla Matth. — Sables de Teinte.
A. Chamxpitys Schr. — Moissons calcaires. — Saint-Gra-
tien ; Champvert ; Bussière ; Vandenesse, etc. PC.
Teucrium Bolrys L. — Vignes et champs calcaires. —
Decize ; Anlezy ; Ville-Langy. — Thaix, sur la silice,
probablement adventice agricole.
T. Scorodonia L. — Bois et bruyères. CC.
7\ Chamœdrys L. — Pentes et champs calcaires. — Van-
denesse; Champvert; Devay. PC.
Obs. — Si on examine attentivement à la loupe les jeunes anthères
de certaines Lab lacées, on constate la présence de petits tubercules
à la partie où le lobe s'adapte sur le connectif. Ces tubercules en
collier disparaissent à l'anthèse, alors que l'étamine se couvre de
poils collecteurs. On peut les observer dans Melissa officinalis,
Lamium et surtout L. maculatum, Galeopsis Ladanum, Stachys
germanica, Betonica officinalis, Ajuga reptans, Teucrium Botrys
et T. Scorodonia. Il y a une connexion probable entre eux et les
poils collecteurs des anthères.
Verbénacées.
Verbena officinalis L. — Bords des chemins, terrains
battus. CC.
TOME XIII. 17
258 F. GAGNEPAIN.
Planta ginacées.
Plantago major L. — Endroits battus, bords des chemins,
cours. CC.
— — P. intermedia Gilib. — Donjon, près Fours.
P. média L. — Pelouses et prés secs. CC.
P. Coronopus L. — Bords des routes et sentiers des sols
siliceux. — Entre Haleine et Loire. C.
P. lanceolata L. — Prés et gazons secs. CC.
— — var. lanuginosa Koch. — Sables de Loire.
06s. — Une variété monstrueuse à plusieurs épis entourés de
petites feuilles, à Cercy. C'est une forme parallèle à P. média var.
Gidoniana Izoard. (Monde des Plantes, revue de bibliographie n° 4,
1er octobre 1899, p. 65.) M. Château nous a communiqué un échan-
tillon en tout semblable, originaire de Saône-et-Loire. On ne peut
guère faire de ces monstruosités une variété légitime que si la
monstruosité se perpétue par le semis.
P. arenaria Waldst. — Sables des grands cours d'eau. —
Loire. C. Nul ailleurs.
Littorella lacustris L. — Grèves sablonneuses ou argileuses
des étangs. — Région arénacée. AC.
Obs. — Les feuilles inférieures, complètement submergées,
deviennent grosses, fistuleuses, presque méconnaissables. — Donjon
et Marnant M
Plumbaginacées.
Ar meria p lantaginea Willd. = A. sabulosa Jord. — Sables.
de la Loire. AC. Nul ailleurs.
Globulariacées.
Globularia Wilkommii Nym. = G. vulgaris Auct. plur. —
Landes et friches calcaires. — Étang Millot, près
Sougy; Druy. RR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 259
Amarantacées.
Amarantus silvestris Desf. — Bords des chemins, au pied
des murs. AG.
Euxolus viridis Moq. — Même habitat. AC.
Polycnemum arvense L. = P. minus Jord. — Endroits secs
et nus. — Saint-Seine (Bor.). Sables de la Loire. AR.
Salsolacées.
Atriplex fias ta ta L. — Endroits frais des vallées, rives limo-
neuses. AG.
— — var. pulverulenta Le Grand. — Bords de
l'Aron; de la Canne; la Machine.
Obs. — Cette var. est droite; les feuilles deltoïdes et parfaitement
tronquées à la base sont presque toujours exactement opposées, sur-
tout les inférieures. Elles ont le limbe peu épais, mais distinctement
farineux ; les valves du fruit sont fortement crôtées de chaque côté
de la nervure médiane. A beaucoup de rapports avec var. y pu/ue-
rulenta de M. A. Le Grand. (Stat. bot. Forez, p. 20i.)
A. patula L. CCC.
— — A. erecta Huds. Sm. — Champs et jardins;
Çà et là.
Chenopodium Botrys L. — Sables, décombres, scories. —
Vallée de la Loire. Apporté avec le ballast sur les voies
ferrées. R.
C. polyspermum L. — Jardins, champs, terrains vagues. AC.
Obs. — Deux formes de Ch. polyspermum sont bien distinctes :
— — var. acutifolium W. Sm. — Tige dressée, rameuse
dès la base, à rameaux fins étalés; feuilles minces, pâles, sommet
ordinairement aigu; grappes longues, aphyllesau sommet, à ramus-
cules distants, déliés; graines roussâtres, petites. CC.
— — var. humifusum Gagnp. — Tige et rameaux rampants,
robustes, feuilles à sommet obtus, vertes, épaisses; fleurs rares en
glomérules compacts axillaires, distants; graines plus grosses d'un
tiers. — Bords de la Loire, dans les endroits vaseux des sables,
souvent avec la var. précédente.
260 F. GAGNE PAIN.
C. Vulvaria L. — Pieds des murs, cours, terrains vagues.
AC, non partout.
C. album L. — Cultures. — CCC.
— — C. paganum Rchb. — PC.
— — C. concatenatum Thuill. — C. .
C. hybridum L. — Jardins et champs AC, non partout.
C. urbicum L .
— — var. intermedium GG. — Cours des fermes,
terrains vagues aux abords des villages. — Isenay;
Cercy; Verneuil; Breu, près Montambert. PC.
C. murale. L. — Même habitat. PC.
C. glaucum L. — Autour des fumiers, des étables. —
Saint-Gratien ; Arreaux ; Verneuil ; Saint-Honoré ; la
Machine. AC.
C. rubrum L. = C. vulgare Wallr. — Gare de Cercy. R.
C. Bonus-Henricus L. — Bords des chemins, autour des
maisons. AC.
Polygonacées.
Rumex pulcher L. — Haies, cours, terrains vagues. C.
/}. obtusifolius L. — Autour des fermes, cours. AC
R. conglomeratus Murr. — Haies, cours, terrains vagues. C.
R. nemorosus Schur. — Endroits vagues, frais et ombreux,
bois. C.
R. a eu tus L. — Ruisseaux, endroits marécageux. — Source
des Vreilles, près Cercy. RR.
R. crispus. L. — Haies, prés, terrains vagues. C.
R. Hydrolapalhum Huds. — Rivières, canaux. — Canal du
Nivernais. C. Plus R. ailleurs.
R. Acetosa L. — Prés gras et frais. CC.
— — var. fissa DC. — Brain, près Decize
(Mass!)
R. Acetosella L. — Champs argileux, surtout sablonneux. CC.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 26 i
Polygonum amphibium L. — Étangs, mares, canaux, mais
aussi terres fortes.
Obs. — La plante terrestre végétant dans un endroit sec et chaud
peut devenir velue hérissée et même densément glanduleuse, pour
résister mieux à la chaleur et à l'évaporation.
P. lapathifolium L. — Bords des fossés et des cours
d'eau. C.
P. Persicaria L. — Endroits humides et champs. CC.
P. mite Schr. — Endroits humides, étangs asséchés. C.
P. aviculare L. — Lieux battus, bords des chemins. CCC.
P. Bellardi Ail. — Varennes de Brain, près Decize (Mass!).
RR.
P, Convolvulus L. — Champs des terres argileuses. C.
P. dumetorum L. — Buissons des endroits humides. C.
Thyméléacées.
Prasserina annua Spreng. — Champs secs, surtout calcaires.
— Coteau de Saint-Léger à Isenay ; Thianges ; Ville-
lès-Anlezy. AR.
Santalacées.
Thesium hwnifusum DC. — Pentes et pelouses sèches des
calcaires; sables. — Vallée de la Loire; Teinte et
Druy. R.
Aristolochiacées .
Aristolochia Clematitis L. — Haies des vignes et champs
calcaires; sables! — Coulongette, près Cercy; Saint-
Léger-des-Vignes ; Teinte; Thareau; R.
Euphorbiacées.
Buphorbia Helioscopia L. — Cultures. CCC.
E. platyphylla L. — Terres fortes et humides. — Saint-
Gratien ; Bussière, etc.
262 F. GAGNE PAIN.
Obs. — Une forme à tige grosse, robuste, élevée, à feuilles larges
de t à 2 centim., à nombreux rayons sous l'ombelle principale, croit
à Saint-Gratien, Bussière et Champy, près Ville-Langy. Elle mérite
par son faciès particulier d'être distinguée du type commun
(var. robu&ta Gagnp.)
E. stricta L. — Fossés, bords des champs. C.
E. dulcis L. — Broussailles ou bois humides, dans le cal-
caire, comme dans l'arène ou le grès. — Devay! Ver-
neuil ! Vauvray ! les Glenons !
Obs. — Partout la var. à glandes du périanthe d'un rouge bien
foncé : E. purpurata Thuill.
E. verrucosa Lamk. — Prés, bois. — Decize ; Champvert ; les
Glenons; surtout dans le calcaire. AR.
E. eœigua L. — Moissons. CCC.
E. Peplus L. — Haies, presque toujours au nord. C.
E. amygdaloides L. = E. silvatica Jacq. — Bois, taillis,
haies aux approches des bois. GC.
E. Lathyris L. — Jardins, voisinage des maisons. Spora-
dique.
06s. — Toute l'apparence d'une plante cultivée autrefois pour la
médecine rurale.
E. Esula L.
— — E. riparia Jord. — Rives de la Loire, AR.,
de l'Aron; Saint-Gervais, près Verneuil. R.
E. Cyparissias L. — Pelouses et champs secs. C.
Mercurialis annua L. — Cultures. CCC.
M. perennis L. — Broussailles calcaires. — Montigny ;
carrières de Vandenesse; d'Isenay à Biches; Vieille-
Montagne, mamelon (en plein granit! !). AR.
Buxus sempervirens L. — Calcaires rocheux. — Forêt de
Vincences (Bor.) ; Biches, roches près du canal. RR.
— — var. latifolius DC. — Même station, en
rares individus.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 263
Ulmacées.
Ulmus campestris L. — Haies des champs. CC.
— — var. suberosa Koch. — 0.
U. pedunculata Lamk. = U. efpusa Willd. — Prés d'Aron ;
Mazille, Chaumigny, Cercy; Verneuil; Decize; près
d'Haleine, moulin de Coddes. RR.
06s. — Les individus, émondés pour la plupart, dispersés sans
ordre, paraissent spontanés. Beaucoup sont remarquables par
leur énorme tronc creux, noueux, qui accuse plusieurs siècles
d'existence.
Urticacées.
Urtica urens L. — Pied des murs, décombres des villages. C.
U. dioica L. — Haies, cours, décombres, terrains vagues. CCC.
Cannabinacées.
Humulus Lupulus L. — Haies des terres fortes, brous-
sailles des rives. C.
Cupulifères.
Fagus silvatica L. — Bois. C.
Castanea vulgaris Lamk. — Bois. — Rémilly, Semelay,
Saint-Honoré. C ; R. ou nul ailleurs, du moins spontané.
Quercus sessiliflora Sm. — Bois. C.
Q. pubescens Willd. — Coteaux calcaires. — Grand-Vivier,
près Druy.
Q . pedunculata Ehrh. — Bois. CCC.
— — var. palmata de Morogues. — Chaumigny,
près Cercy.
Ob8. — Semble se rapporter à la forme décrite par le baron
E. de Morogues (Sur quelques espèces de Chênes du Loiret). —
Feuilles très obovales, avec crénelures profondes divergentes ;
pédoncule commun de 10 centim., pendant. Forme observée aussi
dans le Cher : bord droit du canal, aval du port de la Chapelie-
Montlinard.
264 F. GAGNEPAIN.
Corylus Avellana L. — Bois, haies. CCC.
Carpinus Betulus L. Bois. CCC.
Salicacées.
Salix fragilis L. — Haies. — Apponay, près Rémilly ; Cercy ;
étang de la Boue. RR.
S. alba L. — Haies, endroits humides. CCC.
— — var. vitellina Ser. — Planté près des mai-
sons dans les vignes. PC.
Obs. — Çà et là une var. remarquable de S. alba à jeunes rameaux
d'un rouge sombre, à feuilles blanchâtres* à chatons courts. — Cercy;
Vandenesse. R.
5. triandra Dub. — Rives. — Loire et Aron. C.
5. purpurea L. — Rives. — Aron et Loire. CC.
5. rubra Huds. — Rives. — Vallée d'Aron à Cercy. C.
A rechercher ailleurs. Toujours parmi 5. purpurea très
abondant.
Obs. — Les étamines fourchues du S. rubra ont fait croire à son
origine hybride qui a été contestée avec cette raison que S. rubra
se reproduit facilement et abonde, au contraire des autres hybrides,
dans les localités où il se rencontre. L'étude des pollens que nous
avons trouvés plissés de 1 à 4 plis anormaux (inconnus dans ceux
des bonnes espèces), nous fait pencher vers cette opinion que
S. rubra est très probablement un Saule hybride, et la forme régu-
lière des pollens qui indique leur vitalité conclut à sa fertilité. La
ressemblance avec S. purpurea indique celui-ci comme la mère pro-
bable.
S. viminalisL. — Rives de Loire, AC, d'Aron, R.
S. cifïerea L. — Vallées, bords des étangs, endroits hu-
mides. CC.
- — _ var. aquatica Sm. — C.
Obs. — Dans les bois de Vauvray, à Saint-Michel, près Rémilly,
croît une var. remarquable par ses feuilles lancéolées très sembla-
bles par la forme à celles de S. alba. Est-ce Salix acuminata Sm.?
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 265
S.CapreaL. — Haies, lisières des bois des endroits secs. AC.
S. aurita L. — Vallées et prés frais. C.
X S. Pontedereana Schl. = S. Caprea ou aurita X purpurea.
— Pont de Martigny, près Cercy, dans le talus du
canal. RRR.
Obs. — Arbuste de 3 mètres, à longs rameaux effilés; feuilles obo-
vales lancéolées crispulées sur les bords; chatons femelles longs
et effilés, un peu coniques, blanchâtres-laineux; chatons mâles à
étamines soudées dans leur moitié inférieure, parfois jusqu'au des-
sous des anthères. Voisin de Salix Caprea et S. aurita, à 50 mètres
de S. purpurea qui serait le porte-pollen (1897-98-99!). L'étude des
pollens conclut à l'hybridité : 1° par la présence de 1, 2 ou 3 plis
anormaux; 2° par la présence de pollens absolument déformés et
stériles; 3° par les dimensions, voisines de S. Caprea et S. aurita,
d'un huitième plus fortes que dans S. purpurea.
XS. Seringeana Gaud. ==S . Smithiana Willd. — Rive gauche
de l'étang de la Boue, près Rémilly, dans une baie
voisine de la queue de l'étang. (27 mai 1897-27 avril
1899.) RRR.
Obs. — Arbuste jeune de 2 mètres de haut à écorce lisse, d'un gris
cendré, rameaux d'un an subverticillés, grêles, gris rougeâtre,
ceux de l'année à base entourée d'une touffe de poils courts, à
pubescence apprimée grisâtre, presque filiformes; stipules nulles;
feuilles très semblables à celles de S. a/ba, lancéolées, acuminées
doublement, légèrement sinuées, dentées à page supérieure bien
verte et glabre, l'inférieure velue grisâtre canescente surtout dans le
jeune âge, à nervures roussâtres, surtout la médiane; chatons
mâles, rares, courts, obtus, souvent rabougris, à écailles noirâtres et à
soies blanches ; 2 étamines à anthères rosées ; pollen toujours informe,
presque trigone (forme aperçue dans S. Pontedereana et qui serait
un signe indubitable d'hybridité), presque vide, irrégulièrement len-
ticulaire dans l'eau, au lieu d'être franchement globuleux. — On a
varié sur l'appréciation du rôle des parents dans la création de ce
produit; pour les uns c'est un S. Caprea X ïncana; pour les autres
S. tfiminah'-cinerea Wimm, c'est-à-dire S. cinerea X viminalis. La
première opinion doit être rejetée dans notre cas puisque S. incana
n'existe pas à Cercy, ni même dans le bassin de la Loire! La seconde
266 F. GAGNEPAIN.
est beaucoup plus admissible par le voisinage de S. cinerea très
abondant, même dans ses formes acuminées et rufinerves, et que
S. viminalis se trouve à 16 kilomètres de là sur les bords de la Loire.
Il est possible que cethybride soit un S. cinerea var. acuminata X vi-
minalis ou peut-être X &• alba. La forme des feuilles rend cette
dernière hypothèse très probable, d'autant que la fréquence de ce
dernier est incomparablement plus grande que celle de S. viminalis.
Populus Tremula L. — Bois frais. CC.
Bétulacées.
Betula verrucosa Ehrh. — Bois. C.
— — B. pubescens Ehrh.
06s. — Il faut rapporter à cette forme des individus de B. verrucosa
plantés au Brain, près Decize, dans un sol sec et sablonneux et dont
les jeunes rameaux et les pétioles sont décidément velus. On sait que
B. pubescens affectionne surtout les lieux humides et il devient inté-
ressant de constater que, végétant depuis vingt-cinq ans en un tout
autre habitat, il ne perd point les poils qui le caractérisent.
Alnus glutinosa Gaertn. — Prés et bois humides, rives. CC.
Cupressacées.
Juniperus communis L. — Bois. C.
Alismacées.
Alisma Plantago L. — Fossés, marécages. C.
— — var. lanceolatum GG. — Canal du Niver-
nais, au chômage.
Obs. — Feuilles rubanées longues, disparaissant rapidement
lorsque le canal est à sec pour être remplacées par les feuilles ordi-
naires. Cette var. est donc une métamorphose due à la végétation
sous l'eau; il n'y a pas lieu d'en tenir compte autrement que pour
l'intérêt biologique qui s'y rattache.
A. natans L. — Lamenay, aux étangs Foiroux (Bor.). RR.
Damasonium stellatum Pers. — Sables limoneux des bords
des étangs. — Marnant et étang du Loup. RR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 267
Sagitlaria sagittifolia L. — Eaux paisibles ou dormantes.
— Aron; Canne; relaissés do la Loire. AC.
Butomacées.
Butomus umbellatus L. — Bords des eaux; canal du Niver-
nais; Aron, C; AR. ailleurs.
Colchicacées.
Colchicum autumnale L. — Prés, AC ; paraît R. dans la
région siliceuse.
Liliacées.
Tulipa silvestris L. — Vignes ou champs calcaires. Vignes,
près la gare de Decize. RR.
Scilla autumnalis L. — Prés. — Avril-sur-Loire (Bor.) ! pré
de Brain, 1860 (Mass!); promenade de Decize(C. Saul,
1831, d'après Bor.). R.
S. bifolia L. — Bois, broussailles. — Lamenay (Bor.); Ma-
melon de la Vieille-Montagne; escarpement de la
Dragne, près le moulin de Vandenesse. R.
Obs. — La var. à fleurs bleues uniquement.
Omithogalum pyrenaicum L. = 0. sulfureum Rœm. et Sch.
— Haies, broussailles des calcaires. — Do Saint-Léger
à Isenay; Vandenesse; Fertrèves. PR.
0. umbellatum L. — Champs sablonneux ou calcaires. —
Decize et sables de Loire; Montigny. PC.
Gagea arvensis Sch. — Champs, vignes. — Brain, près
Decize (Mass!).
Allium vineale L. — Vignes, bords des chemins. CC.
A. sphxrocephalum L. — Vignes. — Saint-Léger; Champ-
vert, Ville-Langy. R.
A. ursinum L. — Bois, broussailles, fossés ombreux. —
Montigny-sur-Canne, au Petit-Quartier; Fond-Judas,
près la Machine et jusqu'à la Copine. R.
268 F. GAGNEPÀIN.
A. oleraceum L. — Vignes, champs calcaires. AC.
Muscari racemosum DC. — Champs calcaires. — Devay;
Charrin. PC.
M. comosum Mill. — Même habitat. C.
Smilacées.
Paris quadrifolia L. — Bois, broussailles humides et om-
breuses. — Croux, près Cercy; le Royan; pré Nadin,
près Faye; Chétif-Étang, près la Machine. R.
Polygonatum vulgare Desf. — Bois et haies. — Cercy ;
Devay; Vandenesse; etc.
P. muUifiorum Ail. — Bois. AC.
Convallaria maialis L. — Bois frais. C. Ne fleurit plus dans
les taillis.
Ruscus aculeatus L. — Bois. — La Nocle (Bor.) ; Montam-
bert; Champvert; lavoir de Saint-Gervais. AR.
Dioscoréacées.
Tamus communis L. — Bois, haies épaisses. CC.
Iridacées.
Iris pseudo-Acorus L. — Ruisseaux; marécages. CC.
y. fœtidissima L. — Bois; broussailles. — Route de Decize,
près le kilom. 15 (Bor.); entre la Charbonnière et
Rosières, le long de la voie ferrée et de la route de
Nevers ; près du pont-viaduc, borne 27 ; Grand-Vivier,
près Béard, non loin de nos limites. RR.
Obs. — La localité que nous indiquons se confond probablement
avec celle de Boreau.
Amaryllidacées.
Narcissus pseudo-Narcissus L. — Arènes humides, tour-
bières. — Lamenay (Bor.) ; Nénuphars, près Cercy ;
Donjon, corne de Crot-Favé. R.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 269
Orchidacées.
Aceras anthropophora R. Br. — Pelouses calcaires. — Brain,
près Decize (Mass !) ; Teinte, près Sougy. RR.
Loroglossum hircinum Rich. — Pentes herbeuses du sol
calcaire. — Brain, près Decize (Mass!); Saint-Gervais
et Châtelier, près Verneuil (Joannin-Déponge !). R.
Ânacamptis pyramidalis Rich. — Pelouses calcaires. —
Rondelet, à Brain, près Decize (Mass !). RR.
Orchis Morio L. — Prés frais. C.
Obs. — Les variations violacées, roses, blanches, C. à Cercy,
Champvert, Rémilly. Dans les prés d'Aron à Cercy, une var. remar-
quable : Bractées panachées de blanc et de violet, éperon complète-
ment blanc ou pourpre; quelquefois sépale du sommet seul violet,
ainsi que l'extrémité du labelle. Pour deux fleurs consécutives, les
deux moitiés voisines sont de môme couleur.
0. us tu la ta L. — Prés frais et coteaux secs. — Aron,
Canne; la Machine. PC.
0. coriophora L. — Decize (Bor.).
0. purpurea Huds. = 0. fusca Jacq. — Pentes calcaires. —
Brain (Mass !); Vernizy; St-Léger; Sougy; Devay. AR.
0. galeala Poiret = 0. militaris L. — Pentes calcaires. —
Rondelet à Brain, près Decize (Mass!). RR.
0. mascula L. — Prés et bois. PC.
0. latifolia L. — Prés marécageux, tourbeux. C.
0. incamata L. — Même habitat. Avec le précédent, mais
plus R.
0. maculata L. — Bruyères et bois frais. AC.
Obs. — Une forme à fleurs très pâles et à éperon plus long que
l'ovaire. Bois de Vauvray entre Vandenesse et Chèvre. R. Peut-être
O. elodes Gris.
Platanthera bifolia Rich. — Bruyères fraîches. AC.
Cœloglossum viride Hart. = Gymnadenia viridis Rich. —
Prés frais. — Pont Canneau, près Cercy ; Vroux, près
Thaix; Bussière et Riégeot, près la Machine. R.
270 F. GAGNEPAIN.
Obs. — Se distingue difficilement dans l'herbe à cause de ses fleurs
vertes; c'est sans doute ce qui fait qu'on le méconnaît et qu'on le
croit rare.
Ophrys arachnites Rich. — Pelouses des pentes calcaires.
— Brain, près Decize (Mass!); Grand-Vivier, près
Druy. RR.
0. apifera Huds. — Même habitat. — Chatelier et Saint-
Gervais, près Verneuil (Joannin-Déponge !); Vreilles,
près Cercy. RR.
Epipactis latifolia AH. — Coteaux calcaires. — Croux, près
Cercy; Champlevois. AR.
E. palustris Crantz. — Marécages, tourbes. — Roche, près
Verneuil (Joannin-Déponge !) ; Nénuphars. RR.
Listera ovata R. Br. — Gazons et broussailles du calcaire. PC.
Neottia Nidus-avis Rchb. — Bois frais. — La Machine
(Bor.)! — Cercy; Montigny; Champvert. R.
Hydrocharidacées.
Hydrocharis Morsus-ranw L. — Eaux tranquilles des étangs,
des ganches. — Loire; Aron; étang de Couëron, près
Thaix. AR.
Potamogétacées.
Potamogeton natans L. — Étangs, mares. CCC.
P. fluitans Roth. — Eaux courantes tranquilles ; Canne,
Aron. AR.
P. polygonifolius Pourr. — Eaux vives des tourbières. —
Donjon ; Marnant ; Montambert ; Nénuphars ; Monta-
ron; Thaix; Rémilly. Seulement dans la région aréna-
cée. AC.
P. grarnineus L.
— — var. heterophyllus GG. — Canal du Niver-
nais, sur le plat-fond à Vernizy et Saint-Gervais, au
moment du chômage. RR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 271
P. lucens L. — Eaux profondes. — Canal, Canne, Aron. C.
— — var. longifolius Gay. — Même habitat.
Bassin do Ceroy. AR.
P. perfoliatus L. — Eaux profondes. CC.
P. crispus L. — Eaux profondes, marais. CC.
P. compressas L. — Canal du Nivernais ; paraît RR.
P. obtusifolius M. et K. — Étangs. — En Briffaut, près
Montaron. RR.
P. pusillus L. — Mares de la Loire au Brain, près Decize
(Mass!). RR.
— — P. Berchtoldi Faber. — Trous et mares. —
Tuilerie de Montambert ; canal du Nivernais à Vernizy
(échantillon imparfait à tigo légèrement comprimée) ?
P. pectinatus L. — Bassin du confluent à Cercy. RR.
P. densus L. — Eaux vives et froides, près des fontaines. AR .
Zannichellia paluslris L. — Mares, canaux. — Mare de
Loire, à Brain, près Decize (Mass!); extrémité de la
digue de Thareau; canal du Nivernais. R.
Naïadacées.
Caulinia fragilis Willd. = Naias minor Ail. — Sous l'eau ;
mares, relaissés, canaux. — Près du Brain (Mass !) à
Decize; Bac de Thareau (Dr Gillot et Gagnep.); canal à
Cercy, Saint-Gervais, Roche. R.
Naias major Roth. Ail. — Sous l'eau, rivières et canaux. —
Aron à Cercy; canal du Nivernais à Cercy, Verneuil. R.
Lemnacées.
Lemna trisulca L. — Eaux stagnantes. — Brain, près Decize
(Mass !). RR.
Lemna minor L. — Eaux stagnantes. CCC.
L.polyrhiza L. — Même habitat. — Relaissé de la Boire à
Decize. R.
272 F. GAGNEPAIN.
Aroïdacées.
Arum maculatum L. — Haies, broussailles. CCC.
— — var. immaculatum. — Presque aussi abon-
dant que le type.
Typhacées.
Typha latifolia L. — Marécages, queue des étangs. —
Donjon ; Nénuphars ; Cercy ; Champvert. AC.
T. angustifolia DC. — Souvent avec l'espèce précédente. —
Aron et Canne; Nénuphars; Petit-Quartier à Mon-
tigny ; Tronsain, près Diennes; Crot-d'Ombre, près
Verneuil. AC.
Obs. — Parfois à épis mâle et femelle distants : Briet, près Cercy.
Sparganium ramosum Huds. — Rives, marécages. C.
S. simplex Huds. — Marécages vaseux. — Brain, près
Decize (Mass !); Marnant et Nénuphars. R.
Joncacées.
Juncus conglomérats L. — Rives et marécages. CC.
/. effusus L. — Même habitat. CC.
/. glaucusEhrh. — Chaumes humides des terrains argileux. C.
/. supinus Mœnch. — Eaux vives des tourbières. AC.
— — var. repens GG. — AC.
— — var. aquatilis GG. — AC.
Juncus lamprocarpus Ehrh. — Prés et bois humides ou ma-
récageux. C.
J. silvaticus Rchb. — Même habitat. C.
J. tennis Willd. = /. Germanorum Steudel. — Sentiers des
bois siliceux. — Entre Montaron et l'étang du Bord ;
bois du Prieur, entre les deux maisons forestières;
raccourci entre Briet et les Roses ; Petit-Étang, près
Saint-Honoré ; bois Clair, près Fours. AR. Toute l'ap-
parence d'une espèce spontanée.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 273
«
/. compressas Jacq. — Rives, prés humides. — Cercy;
Chaumigny; ruisseau de Vernizy; Donjon; Ousiaux et
Roche, commune de Verneuil. AR.
/. Tenageia L. — Grèves arénacées des étangs. — Sougy
et la Machine (Bor.); Marnant; Donjon. PC.
J. bufonius L. — Sables humides où l'eau filtre, ruisseaux,
fossés. C.
— — var. fasciculatus GG. = J. hybridus Brot.
— Bois de pins, près St-Honoré (G. Rouy, 1871). R.
Luzula pilosa Willd. — Bois et taillis. CC.
L. Forsleri DC. — Même habitat. AC.
L. silvatica Gaud. = L. maxima DC. — Bois arénacés. —
Donjon; Montaron; Thaix; Rémilly; les Glenons, etc.
AC.
L. campestris DC. — Prés, taillis. CC.
— — var. congesta Bor. — Sables de la Loire.
L. multiflora Lej. — Bois arénacés. C.
— — var. pallescens Hoppe. GG. — Bois de la
région siliceuse. — Donjon ; Royan. AC.
Cypéracées.
Cyperus fuscus L. — Marais, tourbières. AC.
C. flavescens L. — Même habitat. — Donjon; Nénuphars;
Montambert ; Lanty, etc. PR.
— — var. longibracteatum Gagnp. — Feuilles
supérieures, dépassant de 12 centimètres les glo-
mérules d'épis. — Même habitat. — Schistes de la
Machine.
Eriophorum angustifolium Roth. — Tourbières. — Monta-
ron; Donjon; Royan, etc. AC.
E. latifolium Hopp. — Tourbières. — Saint-Hilaire ; Né-
nuphars; Verneuil. PC.
Scirpus siivaticus L. — Fossés, ruisseaux. C.
tome xiii. 18
274 F. GAGNEPAIN.
S. Michelianus L. — Sables de la Loire. — Brain, près Decize
(Massi). RR.
S. maritimus L. — Étangs, marais. — Relaissé de la Boire,
prise d'eau à Decize. RR.
S. lacustris L. — Rivières, étang. C.
S. setaceus R. Br. — Sentiers des bois, taillis humides et
arénacés; tourbières. AC.
S. acicularis L. — Limons des étangs et des rivières. C.
— — var. fluitans E. de Vicq. — Canal. R.
Obs. — On trouve des individus à 3-4 fleurs, chétifs, d'autres à
gaine violacée, scarieuse, et à 10-12 fleurs à bractées noirâtres :
ceux-oi à l'étang du Donjon, asséché.
Eleocharis palustris R. Br. — Marécages. CC.
E. multicaulis Diet. — Marécages tourbeux. — Nénu-
phars; Fontaines-Vaillant; Montambert; Donjon; do-
maine Aurousseau, près Fours. PR.
Rhynchospora alba Vahl. — Tourbières. — Nénuphars ;
Fontaines- Vaillant ; Domaine Aurousseau, près Fours;
Montambert, etc. PR.
Carex pseudo-C yperus L. — Marécages, fossés herbeux. —
Nénuphars ; Pré Charpin à la Machine ; Vernillats, près
Cercy; Ris-d'Agne, près Thaix; Royan et Ousiaux; —
Châtelier, près Verneuil, contre-fossés du canal (Joan-
nin-Déponge !).
C. ve si cari a L. — Rivières, ruisseaux. C.
C. ampullacea Good. — Marécages et étangs tourbeux. —
Ris-d'Agne et Thaix; Vinée, près la Nocle; le Page,
commune de Champvert; Cercy ; étang des Chaumes,
près Diennes ; Croix de Montaron ; Petit-Quartier, près
Montigny; Donjon. PC.
C. riparia Curt. — Rivières.
C. hirta L. — Marécages; prés frais; terres fortes. CC.
C. distans L. — Prés marécageux. — Pré Charpin, près la
Machine; Verneuil; Grand-Vivier, prèsDruy; Riégeot,
commune de Champvert. AR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 275
C. flava L. — Marécages. — Nénuphars, etc. PC.
— — C. ÛEderi Coss. et Germ. — Sables humides
des marécages et des bois. CC.
C. silvatica Huds. — Bois frais et ombreux AC. ; parait plus
R. dans la région siliceuse.
C. lœvigata Sm. = C. biligularis DC. — Marécages tour-
beux. — Nénuphars; Donjon; Ris-d'Agne, près Thaix;
Royan ; Vernière, près Saint-Hilaire; bois de Vauvray,
près Rémilly. RR.
C. maxima Scop. — Marécages vaseux. — Pré Charpin et
route de la Machine à Decize. R.
C. pallcscens L. — Bois argileux, surtout arénacés. AC.
C. panicea L. — Prés marécageux; tourbières. C.
C. digitata L. — Bois ombreux. — Vallée du Ponteau, au
chemin des Deux-Prés, entre Champvert et la Ma-
chine. RR.
C. pilulifera L. — Bois arénacés ou gréseux. AC.
C. prœcox Jacq. — Bruyères ; sables ; talus des chemins. CC.
— — var. nigricans. — Épis noirs. — Bords de
la Loire.
C. tomentosa L. — Endroits frais ou marécageux, calcaire
ou arène. — Verneuil; Champvert; Saint-Léger-des-
Vignes; Donjon, etc. AR.
C. glauca Scop. — Marécages et argiles humides. C.
C. stricta Good. — Tourbières. — Écluse de Gannay. RR.
C. acuta L. — Rives, marécages. CC.
C. vulgaris Fries. = C. csespitosa Good. — Prés humides
arénacés voisins des étangs tourbeux. PC.
C. paniculatà L. — Étangs, tourbières. — Ses énormes
touffes, qui résistent sous le pied, sont très utiles pour
l'exploration de ces stations. C.
C. paradoxa Willd. — Tourbières. — Écluses de Gannay. RR.
C. elongata L. — Ruisseaux, rives et marécages. — Canal
à Cercy ; Royan, près Charrin ; Fond-Judas, près Champ-
vert; entre la forêt de Vincences et leChailloux. R.
276 F. GAGNEPAIN.
C. leporina L. — Prés et haies humides. C.
C. Schreberi Schrank. — Sables de la Loire, entre Charrin
et Devay. RR.
C. disticha Huds. — Prés marécageux, tourbières. AC.
Obs. — Si le marécage est assaini la taille est réduite, les épis
blanohissent et avortent en partie; c'est une forme depauperata. —
Reugny, près Ceroy.
C. remota L. — Marécages des prés et des bois. C.
C. canescens L. — Tourbières des sols arénacés. — Donjon ;
en Briffaut et étang du Loup, près Montaron ; bois de
Vauvray, près Rémilly. AR.
C. stellulata Good. = C. echinata Murr. — Marécages. CC.
C. vulpina L. — Rives et marais. AR.
— — C. nemorosa Willd. — Bois frais. — Bus-
sière, près la Machine. Très ressemblant au type, mais
à épi plus grêle et de taille très élancée. A recher-
cher !
C. muricata L. — Haies, fossés, gazons un peu secs. CC.
— — var. genuina GG. = C. contigua Hoppc. AC.
— — var. guestphalica Bonn. — Ça et là.
C. divulsa Good. — Montigny ; Cercy ; AR.
C. Pairwi F. Schultz (Etudes sur quelques Carex, Haguenau,
1868.) Carrières de Biches et rive droite du canal, vers
Brienne, dans le talus broussailleux. RRR.
Obs. — Espèce nouvelle pour le Centre, assez semblable à C.
muricata dont elle diffère à première vue par les fibres noirâtres
qui se trouvent à la base des feuilles et par les utricules serrés un
peu étalés.
C. pulicaris L. — Gazons des tourbières. — Nénuphars ;
domaine Aurousseau, près Fours ; Page, commune de
Champvert; Croix de Montaron, étang de la Boue et
bois de Vauvray, près Rémilly. AR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 277
Graminacées.
Leersia oryzoides Soland. — Rives marécageuses; étangs.
— Vandenesse, forêt de Vincences (Bor.). — Aron,
Haleine, Loire. AC.
Baldingera arundinacea Dum. — Prés et rives. C.
Ânthoœanthum odoratum L. — Prés, taillis. CCC.
Mibora verna P.B. = M. minima Desv. — Arènes, plus
souvent sables de Loire. AC.
— — var. albiflora. — Çà et là avec le type. —
Decize, Sougy ; Charrin; Saint-Hilaire. R.
Crypsis alopecuroides Schr. — Chemins humides des sols
argileux ou calcaires. — Montigny- sur-Canne (Bor.). RR.
06s. — Sa ressemblance avec Alopecurus geniculatus fait croire
à cette rareté, peut-être un peu exagérée.
Phleum pratense L. — Prés et gazons des chemins. CCC.
— — var. nodosum Gaud. — AC.
Alopecurus pratensis. L. — Prés. CCC.
Obs. — Dans un pré récemment amélioré par l'apport de graines
étrangères, se trouvait une forme glauque assez remarquable :
feuilles plus larges , franchement glauques ; épis plus ovoides ;
grandes proportions.
A. agrestis L. — Champs, moissons. CC.
A. geniculatus L. — Marécages asséchés. AC.
— — A, fulvus Sm. — Vernillats, près Cercy ;
Ousiaux, commune de Verneuil. R.
Setaria glauca P.B. et var. prostrata Bréb. — Champs sablon-
neux ou arénacés. C.
5. viridis P.B. — Cultures, jardins. C.
Obs. — Dans les sables de Loire, les individus de cette espèce ont
tous une tige décombante comme dans S. glauca. Môme remarque
faite sur ceux des laitiers des hauts fourneaux. Port extraordinaire
causé par l'aridité de la station.
S. verticillata P.B. — Jardins. — Decize (Mass!); Cercy;
Saint-Gratien. R.
278 F. ÔAGNEPAÎN.
Panicum Crus-Galli L. — Fossés, lieux inondés l'hiver;
jardins frais. AC.
Obs. — Sur le môme individu, comme sur des individus différents,
la longueur des arêtes varie beaucoup ; les rameaux de l'inflorescence
peuvent ôtre verticillés.
P. sanguinale L. = Digitaria sanguinalis Scop. — Jardins
et champs. C.
P. glabrum Gaud. = Digitaria filiformis Koel. — Sols légers
des champs ou des terrains vagues. — Cercy; Ver-
neuil, etc. PC.
Cynodon Dactylon Pers. — Sables de Loire. Nul ailleurs.
Ândropogon hchxmum L. — Sables, pelouses calcaires. —
Sables de Loire. Teinte, près Sougy, R. ou nul ailleurs.
Phragmites communia Trin. — Étangs, eaux tranquilles. C.
Calamagrostis Epigeios lloth. — Vignes calcaires ; bois aré-
nacés. — Champvert; Charrin; Devay; Decize ;
Teinte; bois de Briffaut, vers Montambert. AR.
Agrostis alba L. — Champs. — Cercy. C.
— — var. genuina G. =A. stolonifera Host.
A. vulgaris With. — Champs et jachères. CCC.
A. caninah. — Bois taillis, abord des étangs. — Druy (Bor.);
Cercy, etc. AC.
Apera Spica-venti P. B. — Moissons. C.
G as Iridium lendigerum Gaud. — Champs et chemins de
desserte. — Forêt de Vincences et Biches (Bor.); la
Chapelle près Ville-Langy. RR. Espèce méridionale
qui doit être considérée comme adventice indigène dans
notre région.
Milium effusum L. — Bois et taillis. — La Machine (Bor. !)
— Faye; Cercy; Verneuil; etc. C. Paraît plus R. dans
la région arénacéc.
Corynephorus canescens P. B. — Sables de Loire, terrains
arénacés. C. — Sud des communes de Champvert,
Verneuil, Cercy ; Montambert. PC.
Topographie botanique. $79
AiramulticulmisDum =A. aggregata Timeroy, Bor. — Mois-
sons arénacées. — Vandenesse; Montaron; bois Ra-
monay; Ousiaux, commune de Verneuil. AR.
A. prœcox L. — Pelouses sèches, talus des solsarénacés. AC.
A. caryophyllea L. — Même habitat. C.
Deschampsia cœspitosa P. B. — Endroits humides des bois,
prés ; abords des étangs. PR. — Glumelles à 3-4 dents
très distinctes.
D. flexuosa Nées. — Bois de la région siliceuse. CC. —
Glumelle inférieure à 3 dents peu prononcées, quelques
poils à la base.
Ventenata avenacea Kœl. — Sables et arènes, dans les champs.
— Loire à Thareau; près du moulin du Loup. R.
Avena pubescens L. — Prés. — Bords du canal, C; prés
d'Aron, C ; Isenay ; Teinte ; Decize ; Montaron, etc. AC.
Gaudinia fragilis P. B. — Prés. — Cercy ; Verneuil; Lanty;
Montambert; la Machine. PR.
Arrhenatherum elatiusM. et K. — Prés. C.
— — var. bulbosum Gaud. = Avena precatoria
Thuill. — Champs. C.
Obs. — Quelquefois attaqué par l'Ergot (Claviceps purpurea).
Trisetum flavesoens P. B. — Prairies.
— — var. lutescens. — C.
— — var. variegata. — C.
Holcus lanatus L. — Bois. C.
H. rnollisL. — Prés. CC.
Kœleria cristata Pers. — Pelouses calcaires (pas d'exemple
ici). Pelouses sablonneuses de Loire. AC. Nul ailleurs.
— — var. macrostachya Gagnp. — Tige grosse à
gaines velues ; panicule 2 fois et demie plus large, à
fleurs plus violacées.
Catabrosa aquatica P. B. — Étangs. — Ousiaux, près Briet. R.
Glyceria fluitans R. Br. — Eaux paisibles, prés marécageux. C.
— — var. erecta. — Dans un pré marécageux,
grandes proportions, tige droite.
280 F. GAGNEPA1N.
G. lo lia ce a God. — Sentiers des bois. — _Ousiaux, à 50 m.
dans le bois le long d'un sentier. RRR.
Qbs. — Petite plante que l'on prendrait à première vue pour Poa
nemoralis. Nouvelle pour le bassin de la Loire.
G. aquatica Wahl. — Étangs; rives; canaux. — Canal du
Nivernais, C ; la Nocle; Donjon; Briffaut, etc. AC.
Poa annua L. — Endroits battus. CCC.
Poa nemoralis L. — Bois, haies ombreuses. CC.
— — var. firmula Gaud. — Çà et là; Cercy, etc.
P. serotina Ehrh. — Étangs parmi les Joncs et Carex. —
Breu, près Saint-Hilaire. RR.
P. bulbosa L. — Pelouses sablonneuses, chaumières. —
Vallée de la Loire. C.
— — var. vivipara Auct. = Poa crispa Thuill.
— Aussi commun que le type.
P. compressa L. — Champs secs, murs. CC. Se contente de
0,8 °/o de calcaire. Xérophile, à base rameuse.
— — var. pauciflora Cariot. — Bussière, près la
Machine.
Obs. — Forme élevée, longues feuilles, petites panicules, à épil-
lets de 2-3 fleurs au lieu de 8, oroissant à l'ombre des bois, parmi la
bruyère.
Poa pratensis L. — Prés et gazons. CCC.
— — var. angustifolia Sm. — C.
P. trivialis L. — Chemins des bois : Fours, etc. PC.
Briza média L. — Prés secs. CC.
Obs. — Une forme assez répandue dans les bruyères, au bord
des chemins, entre Bussière et la Machine, se fait remarquer par ses
grandes proportions et ses épillets blanchâtres. C'est probablement
la var. pallens Coss. et Germ. = B. lutescens Fouc.
Melica uniflora Retz. — Rocailles, bois; calcaire et arène.
— Vieille-Montagne, extrême mamelon; Fond-Judas,
près la Machine. PC.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 281
Scleropoa rigida Gris. — Bords des chemins, terres cal-
caires. — Carrière de Teinte ; levée de la Loire, près la
caserne de Decize. R.
Dactylis glomerata L. — Prés. CCC.
— — var. vivipara. — Cas tératologique. R.
Molinia cxrulea Mœnch. — Marécages, tourbières. AC.
— — var. altissima Car. = M. altissima Link.
Obs. — Diffère de la Molinie des tourbes par ses touffes volumi-
neuses, ses tiges élevées, ses épillets à 2 fleurs, la seconde (supé-
rieure) réduite aux glumelles; sa panicule d'un violet pâle verdâtre
à longs rameaux. Bois et bruyères fraîches. Plus commun que le type.
Danthonia decumbens DC. — Prés maigres, pelouses des
bois de la région siliceuse. C. — Rare ailleurs : Ver-
neuil; Champvert; la Machine.
Cynosurus cris ta tus L. — Prés et gazons des bois. CC.
Vulpia pseudo-myuros Soy.-Will. — Bord des chemins des
sols sablonneux. C.
V. sciuroides Gmel. — Même habitat. CC.
V. Myuros Rchb. — Même habitat. PC.
Vulpia geniculata Link. — Avenue de la gare, à Fours!
RRR.
Festuca gigantea Vill. — Bois et broussailles humides, om-
breuses. — Nénuphars ; étang du Pont, près la Cres-
sonnc ; bois accidentés de la Machine ; Coulongette et
Croux, près Cercy. AR.
F. arundinacea Schr. — Lieux frais des prés et des rives. PC.
F. elatior L. = F. pratensis Huds. — Prairies. CC.
— — F. pseudo-loliacea Pries. — Épillets presque
sessiles sur Taxe. — Cercy.
F. heterophylla Lamk. — Prairies, bois taillis. AC.
F. rubra L. — Sables de Loire.
F. duriuscula L. = F. sulcata Hack. — Prés arénacés, secs.
— Sables de Loire, et en outre : Faye; Verneuil;
Ousiaux. AC.
282 t\ gagnePaiN.
F. glauca Lamk. — Sables de Loire. C.
F. ovina L.
— —F. longifolia Thuill. — Bois et prés aré-
nacés.
— — F . capillata Lamk. — Bois et prés aréna-
cés. C.
X F. loliacea Curt. = Festuca pratensis X Lolium perenne.
— Prés, avec les parents. — Château de Champlevois ;
Roche, près Verneuil ; Canne, aval de Chevillon, près
Cercy. R.
Obs. — Différences sensibles dans les hybrides : à Champlevois,
tige de 10 décimètres; épi de 25 centimètres, épillets de 12 fleurs;
ces caractères indiquent la prédominance de F. pratensis et môme
probablement F. arundinacea (F. arundinacea X Lolium perenne.)
Aux bords de la Canne : tige de 6-7 décimètres ; épis plus courts,
épillets à 7-8 fleurs. Probablement Lolium perenne X F. pratensis.
En tout cas Lolium perenne abonde beaucoup plus que l'autre parent.
Bromus tectorum L. — Champs sablonneux, gares. —
Bords de la Loire. C.
B. sterilis L. — Haies, bords des chemins. CGC.
Obs. — A quelques mètres de distance, on trouve le type glabre et
une variation à feuilles pubescentes sur les deux pages; parallèle à la
var. piliferus de Br. erectus.
B. asper L. — Bois secs, ombreux. — Faye; Diennes ; Saint-
Léger; Brinay. AR.
B. erectus Huds. — Prés secs, surtout des pentes cal-
caires. AC.
— — var. piliferus. — Çà et là plus rare que
le type glabre. Feuilles pubescentes cendrées, épis à
villosité tomenteuse rase.
Serrafalcus secalinus God. — Haies des champs, moissons.
— Cercy; Montambert; Montaron; Champ vert; Ville-
Langy. PC.
TOPOGRAPHIE BOTAtfîQUfi. 283
— — var. macros lachij s God. — Forme domi-
nante.
5. arvensis God. — Champs, bords des chemins. C.
5. racemosus Pari. =5. commutatus God. — Prés fertiles.
— Canne, Aron, Andarge. AC.
5. mollis Pari. — Champs, prés. CC.
— — var. compactus Bréb. — La var. à pani-
cule contractée domine de beaucoup.
Hordeum murinum L. — Chemins, cours. CC.
//. secalinum Schr. — Prés fertiles. — Decize (Mass!);
Cercy ; Montigny ; Verneuil ; prés d'Aron ; Ville -
Langy, etc. PC.
Agropyrum pungens Rœm. et Schult. Bor. — Sables. —
Loire à Decize; nul ailleurs.
A. campesire GG. Bor. — Même habitat, mêmes stations.
A. repens P. B. — Champs, jachères. CCC.
A. caninum Rœm. et Sch. — Semble préférer les stations
plus fraîches. C.
Brachypodium silvaticwn Rœm. et Sch. P. B. — Haies, bois,
bruyères. C.
B. pinnatum R. Br. P. B. — Bois, pâturages, prairies. C.
Lolium perenne L. — Prés, pelouses. CCC.
— — var. tenue L. — Bois siliceux. AC.
— — var. ramosum L. — Axe très flexueux,
épis large distique à épillets serrés. AR. N'est proba-
blement qu'une monstruosité accidentelle.
L. multiflorum Lam. — Prés, bois, chemins. — Montaron ;
Faye; Verneuil; la Nocle, etc. AC.
L. temulentum L. — Champs, moissons ou cultures. AR.
Seulement la var. microchœtum Car.
Nardurus Lachenalii God. — Champs sablonneux. — Druy,
Sougy (Bor. ! !) ; sables de Loire; voies ferrées. C.
— — var. genuinus GG. — Seule dans la région.
Nardus stricta L. — Prés humides, maigres, voisins des
étangs, dans la région arénacée. AC.
284 F. GAGNEPAIN.
Fougères.
Ophioglossum vulgatum L. — Prés frais ou tourbeux. —
Bailly, près Montigny; Paillango et Riégeot, près
Champvert. R.
Osmunda regalis L. — Marécages tourbeux, plutôt ombra-
gés. — Donjon; Nénuphars; Montambert; Montaron;
Ris-d'Agne, près Thaix, etc. PR. mais dans la région
arénacée uniquement.
06s. — Dans les bois du Ris-d'Agne, les épis avaient gelé en 1896;
des frondes stériles se transformèrent au sommet, les lobes se rétré-
cirent, se crispèrent, portant des sporanges sur leurs contours.
Ceterach officinarum Willd. — Murs. — Chatillon-en-Bazois !
Moulins-Engilbert (Bor.); Châtillon, mur de la route,
au bord du canal ; Gercy, pont du confluent de Canne. R.
Obs. — Sporange non élastique, à déchirure centrale étoilée.
Polypodium vulgare L. — Murs, haies, souches des arbres
dans les bois. — Cercy, disparu; haie du Village-
Gaudry ; Verneuil; bois de Faye; Montambert; Vieille-
Montagne. C. ; en général R.
Obs. — Sporanges munis de fibrilles élatéri formes; spores pédi-
cellées, ellipsoïdes, réticulées.
Âspidium aculeatum Sw. — Éboulis et broussailles des
ravins. — Croux, près Cercy; Savigny, près Saint-
Gratien; ravin de Brienne, près Brinay; Rémilly. R.
Polyslichum Thelypteris Roth. — Marécages. — Nénu-
phars. RR.
P. Filix-mas Roth. — Bois. CC.
Obs. — Spores ellipsoïdes à large bordure irrégulière, sinueuse.
P. spinulosum DC. — Haies et surtout bois humides des
sols arénacés, tourbeux. AC.
P. dilatatum Willd. — Fours (Bor. !); Donjon; bois Ramo-
nay, près Montambert; Ris-d'Agne, près Thaix. PC.
Cystopteris fragilis Bernh. — Ravins, murs humides, om-
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 285
breux. — Croux, près Cercy; Thaix; entre Villars et
Fleury, près Biches ; fontaine du Brain, près Decize. R.
Athyrium Filix-femina Roth. — Marécages des bois. AC.
— — A. trifidum Roth. — Var. à fines spicules
tridactyles. — Ris-d'Agne, près Thaix.
Asplenium Trichomanes L. — Murs, chemins creux. C.
Obs. — Sporange élastique à déchirure périphérique; spores bor-
dées d'une marge crénelée.
A. Ruta-muraria L. — Murs. AO.
A. Adiantum- nigrum L. — Chemins creux, broussailles,
murs. — Écluse inférieure de Cercy; bourg de Thaix;
Cluses-Bardenne, près Saint-Honoré ; route de Coddes
à Champlevois. R.
Scolopendrium officinale Sm. — Puits et fontaines rocheu-
ses. C.
Obs. — Spore à contour irrégulier, couverte d'aspérités peu sail-
lantes.
Blechnum Spicant Roth. — Bois humides, surtout des sols
tourbeux, bords des eaux claires. — Donjon ; Nénu-
phars; Montambert; Crot-Favé, près Fours et vers
Briffaut; Ris-d'Agne, près Thaix; bois de Vauvray ;
forêt de Vincences. PR.
Obs. — Sporange glanduleux; spore bordée d'une aile plus claire,
étroite.
Pteris aquilina L. — Bois argileux ou siliceux. CCC.
— — var. turfosa Gagnp. — Individus nains de
55 centimètres de haut, feuillage jaunâtre ; lobes de
troisième ordre ovales, arrondis; souche peu pro-
fonde. — Ris-d'Agne, près Thaix.
06s. — Fréquemment stérile dans les bois épais. Sporange cir-
culaire, peu élastique ; à déhiscence périphérique; spores non
bordées, munies de piquants.
Équisétacées.
Equisetum arvense L. — Champs argileux. — Cercy, Saint-
Gratien, C. R. ailleurs.
286 F. GAGNEPAIN.
Obs. — Tiges vertes, ordinairement stériles, de E. arvense por-
tant parfois des fructifications, devenant alors un peu pâles, gaines
à nervures et dents vertes ; épi rose verdâtre, acuminé. N'a guère
qu'un intérêt biologique et non taxinomique. — Ballast de la ligne
de Chagny à Coddes, près Cercy (juin 1896). Forme accidentelle, car
il a été impossible de la revoir en 4899.
E. Telmateia Ehrh. = E. maximum Lamk. — Fossés,
rigoles vaseuses. — Dans un petit ravin à l'extrémité
du village de Devay (Bor. !) ; Devay, à la Gargole ! à la
Creuse! Station indiquée par Boreau, mais doublée et
précisée. RR.
E. hyemale L. — Bois frais, non loin de l'eau. — Moulins-
Engilbert (Bor.); vallon du Ponteau, aux Deux-Prés,
entre Champvert et la Machine. RR.
E. palustre L. — Marécages. C.
E. limosum L. — Marécages. C.
E. ramosissimum Desf. — Sables des grands cours d'eau. —
Bords de la Loire. C. Nul ailleurs, sauf sur les voies
ferrées où cette espèce rare est transportée avec le
ballast.
E. variegatum Sch. Bor. — Sables des grands cours d'eau.
— Bords de la Loire, à Decize, au confluent d' Aron. RR.
Marsiliacées.
Marsilia quadrifolia L. — Sud du département. C. (Bor.).
— Bien que la circonscription de Cercy occupe le sud
de la Nièvre, il nous a été impossible d'y voir cette
intéressante espèce une seule fois.
Pilularia globulifera L. — Limons des étangs taris. — Don-
jon, étang asséché. RR.
Lycopodiacées.
Lycopodium inundatum L. — Corne du Donjon, voisine du
Crot-Favé, altitude 220 mètres. RRR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 281
FLORE ADVENTICE
**
I. — Sorties des jardins ou parcs. 4
Adonis autumnalis L. — Décombres à Decize. R. Fugace.
* Nigella damascena L. — La Machine ; Roche, près Ver-
neuil. Se resème de lui-même dans les jardins.
* Delphinium Ajacis L. — Cercy. Se resème dans les jardins.
Berberis vulgaris L. — Champlevois et Paye. R.
Cheiranthxis cheiri L. — Vieux château de Decize.
Connu en Angleterre dès 1597 sous le nom de fleur
des murailles. (A. DC).
* Lunaria biennis L. — Cercy; fugace. R.
Silène pendu la. — Decize; Cercy; fugace. R.
* Lavatera trimestris L. — Cercy, AC. Apporté avec des
graines potagères ; se retrouve tous les ans.
* Géranium pratense L. — La Machine. R.
Spartium junceum L. — Se resème à Teinte, près de la
Carrière. R.
* Galega officinalis L. — Remplit le jardin du château de
Champlevois; Roche, près Verneuil.
* Cercis siliquastrum L. — Digue de la Loire à Teinte. N'a
pas été remarqué en plantations aux environs.
** Gleditschia triacanthos. — Confluent d'Aron à Decize.
Prunus Padus L. — Subspontané à Brain, près Decize
(Mass !)
P. insititia L. — Cercy. Provient des pruniers greffés qui,
se propageant, retournent à l'état sauvage. Les
fruits conservent la couleur qui leur est propre
1. Sont distinguées par * les plantes étrangères au centre do la France, par **
les espèces exotiques.
288 F. GAGNEPAIN.
(violet, bleu glauque, jaune), mais deviennent
acerbes. Toujours autour des villages.
** Spir&a opulifolia. — Haie près la gare de Verneuil.
Apporté des pépinières avec l'Aubépine. R.
* S. salicifolia L. — Haies à Saint-Honoré. Retrouvé au
bord de l'Aron et alors propagé par les eaux.
** Cratetgus Crux-galli. — Haies, près la gare de Verneuil.
Provient des pépinières .
** C. coccinea L. — Même station, même observation.
Sorbus domestica L. — Haie à Brain, près Decize (Mass!)
Sur d'autres points de la Nièvre AC, dans les bois.
** Onothera suaveolens. — Se reproduit très bien dans les jar-
dins où on l'a semé et finit par les infester en peu de
temps. Se retrouverait aux bords delà Loire (Moriot).
* Ribes nigrum L. — Aperçu sur des Saules têtards à Ver-
neuil. Apporté par les oiseaux.
R. rubrum L. — Saules têtards : Cercy, Saint-Hilaire,
Verneuil, etc. CC.
* Fœniculum officinale AH. — Décombres à la Machine,
Decize.
Pastinaca sativa Mill. — Lanty ; fugace.
Petroselinum sativum Hofîm. — Haies des villages. Peu
durable .
Anthriscus Cerefolium Hoffm. — Même station, mais C. ;
résiste longtemps en se resemant. Cercy.
CentranthusruberDG.— Murailles, remparts de Decize. RR.
** Symphoricarpus racemosus Michx. — Cercy, près du cime-
tière, acclimaté.
* Artemisia Absinthium L. — Haies des jardins; se resème
difficilement. Loire, à Brain, près Decize, par trans-
port fluvial.
* Tanacetum vulgare L. — Toujours autour des villages :
haies et prés.
* Pyrethrum Parlhenium Sm. — Cercy. Ne doit se resemer
que difficilement à cause de la duplicature des fleurs.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 289
Primula grandi flor a Lamk. — Vignes à Cercy. Disparu.
* Borrago officinalisL. — Jardins, décombres. Se resème très
bien; observé pendantaumoins9années consécutives.
** Nicandra physalodes L. — Cercy ; depuis neuf ans dans les
mêmes jardins où il n'a pas été semé intentionnelle-
ment. Arrive avec les graines potagères.
Lycium barbarum L. — Pont suspendu à Decize. Très
envahissant.
Antirrhinum majus L. — Château et remparts de Decize.
RR.
Melissa officinalis L. — Haies, chemins : Cercy ; Verneuil ;
Isenay; Champlevois. Toujours autour des villages.
Reste des anciennes cultures pour la médecine rurale .
** Phytolacca decandra L. — Écluse de Chaumigny ; taillis
de Couëron, près Thaix. Plante apportée d'Amérique
il y a deux siècles pour colorer les vins. En 1843,
Pyrénées-Orientales; en 1765, près de Narbonne; en
1768, en Italie; se répand vite (A. DC).
Atriplex hortensis L.
— — var. rubra L. — Cercy. Paraît et disparaît
autour des jardins.
* Rumex Patientia L. — Champvert, près d'une ferme,
sur la route de Verneuil. RR.
** Polygonum orientale L. — Se resème dans certains jar-
dins depuis neuf ans.
Euphorbia Lathyris L. — Jardins et décombres. Spora-
dique. Reste de cultures entretenues en vue de la
médecine rurale.
* Ficus Carica L. — Se trouve quelquefois en très petits
individus sur des murs à exposition chaude. Pro-
viennent des figues du Midi qui font ici aussi le régal
des enfants et dont les akènes supportent sans
souffrir l'action des sucs digestifs.
* Pinus silveslris L. — Se sème dans les bois où on l'a
préalablement planté. R.
TOME XIII. 19
290 F. OAGNEPAIN.
* Asparagus officinalis L. — A la faveur des oiseaux qui se
jouent avec les graines brillantes, l'Asperge quitte
les jardins. — Châtelier, près Verneuil; Fontaine,
près Saint-Hilaire ; Brain, près Decize (Mass) !
II. — Propagées par la grande culture.
Erysimum orientale R. Br. — Pré Charpin, près la
Machine; Coddes, près Cercy. Se retrouve dans les
grenailles des basses-cours.
** Camelina saliva L. — Champ à Brain, près Decize (Mass).
RR.
* Silène g allie a L. — Luzernière à Cercy; champ de trèfle
entre Vandenesse et les Quiots, à Saint-Honoré ;
route de Saint-Pierre, à Decize, près du canal latéral.
* Saponaria Vaccaria L. — Moissons. — Cercy; Donjon;
Saint-Gratien. Aux abords des fermes. Semée inten-
tionnellement avec la Vesce cultivée à laquelle elle
prête sa tige ferme.
* Linum usitatissimum L. — Avoines à Cercy, décombres.
Vitis vinifera L. — Dans les haies. — Saint-Hilaire, la
Nocle, Cercy, Verneuil. Les individus de Cercy ont
un podogyne orangé très développe, ce qui n'em-
pêche pas les fleurs d'avorter constamment avec un
pollen abondant et fertile. La Vigne se reproduit
facilement de pépins; mais les jeunes plantes mal
aoûtées, encore en herbe, ne résistent pas aux
rigueurs de l'hiver, sauf peut-être dans les haies où
les oiseaux sèment plutôt les pépins et où la tigelle
trouve abri et terreau.
Medicago saliva L. — Çà et là. PC.
Vicia sativa L. — Aussi R. et seulement dans les moissons.
V. narbonensis L., var. serratifolia Koch. — Dans une
prairie récente à Cercy. Apportée avec des graines
fourragères. RRR.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 291
Trifolium incarnatum L. — Champs, moissons. — Près
Sougy, s'est trouvé côte à côte avec T. Molinieri
Balb. dans une prairie, comme si l'un et l'autre pro-
venaient d'un môme semis. Le T. Molinieri n'est
peut-être que T. incarnatum légèrement transformé
dans sa coloration par la subspontanéité.
T. hybridum L. — Çà et là dans les prairies récentes, au
bord des chemins.
* Lathyrus sativus L. — Saint-llilaire, dans une moisson.
RR. Cette Gesse n'est jamais cultivée ici.
Onobrychis sativa Lamk. — Çà et là, le Sainfoin étant
rarement cultivé dans la région.
* Anethum graveolens L. — Moissons près Lanty (Boreau).
Asperula galioides M. Bieb. — Prés de Vroux, commune
de Thaix; de Faye au-dessus du moulin; entre
Bussière et Verneuil ; RR. Peut-être spontané.
* Centaurea solstUialis L. — Luzernière à Brain, près
Decize 1862 (Mass!)RR.
* Cota tinctoria Gay. — Village Donjon, près Fours, dans
une jachère. Provient du Midi avec les semences de
céréales.
* Tragopogon porrifolius L. — Bords du canal, près Cercy.
Apporté avec les graines fourragères du commerce.
RR.
** Ambrosia artemisixfolia L. — Derrière le château de
Champlevois, à l'angle ouest du bois; entre le Rom-
pouez et la route de Fours, près Cercy. Persiste,
disent les cultivateurs, depuis huit ou dix ans. La
fauchaison des céréales provoque dans l'Ambroisie
une ramification qui ne nuit pas du tout à la repro-
duction. Quelques individus semés en notre jardin
l'ont infesté de leurs générations. Non loin de Fleury
(Joannin-Déponge). Abonde à Gannay, Lamenay,
depuis vingt ans (Moriot). — D'origine améri-
caine.
292 P. GAGNEPAIN.
**
Amsinckia intermedia Pisch. et Mey. — Décombres près de
la Loire à la Charbonnière ; basse-cour à Cercy, dont
les volailles étaient nourries des grenailles d'un
moulin, lequel avait utilisé des froments du Havre,
quelques années auparavant; pré Charpin, à la Ma-
chine, dans une cour de volailles (L, Monsinjon!).
Apportée avec les blés de provenance américaine ! ! !
— Canal latéral à la Garonne en 1845-1847, venu
du Chili avec des graines reçues par le comice agri-
cole (A. DC.)
** Symphytum asperrimwn Murr. — Prés d'Aron ; mélangé
aux graines fourragères; quelquefois semé intention-
nellement. HE.
Teucrium Bolnjs L. — Adventice dans les champs sablon-
neux qu'il fuit naturellement : Thaix.
Cannabis sativa L. — Jardins, décombres, à cause des
cultures de plus en plus répandues.
Fagopyrum esculentum Mœnch. — Sols arénacés, autour
des fermes et dans les champs. PC. et peu durable.
Gastridium lendigerum Gaud. — Jachère au Rompouez,
près Cercy. Adventice par sa station, mais espèce
indigène citée par Boreau dans la Nièvre et reconnue
telle ailleurs par nous-même.
* Panicum miliaceum L. — Copine, près Champvert. RR.
Âvenasativa L., Hordeum vulgare L., Secale céréale L., 7Vz-
ticumvulgareViïï. — Çà et là, mais dégénérant promp-
tement à la seconde génération quand elle existe.
Obs. — Dans cette liste il aurait fallu comprendre, d'après A. de
Candolle (Géographie botanique raisonnèe, p. 649), les adventices
messicoles depuis longtemps naturalisées : les Papaver, Centaurea
cyanusy etc., qui en France ne sont spontanées qu'à la faveur d'un
habitat spécial, longuement préparé par la culture.
t. Voy. à propos de cette espèce : Feuille des jeunes naturalistes, numéros du
i#r février 1893 et du t*r septembre 189'», et en outre Bull. Soc.hist. nat. Autun,
séance du 20 septembre 1896.
**
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 293
III. — Introduites par les chemins de fer.
* Rœmeria violacea Gesn. — Gare de Panneçot, près Mou-
lins-Engilbert. RR.
Sinapis alba L. — Gare de la Copine, près Champvert. R.
Sinapis nigra L. = Brassica nigra Koch. — Quai et Pont
Caneau à Cercy ; Roche, près Verneuil. R.
Diplotaxis lenuifolia DC. — Gares de la Copine, de Decize,
de Cercy ; etc. AR.
* Erucastrum obtusangulum Rchb. — Gare de la Copine,
balayures des wagons. RR.
* Alyssum campestre L. — Gares de la Copine et Moulins-
Engilbert. R.
Lepidhim virginicum L. — Cronat, au pied du mur du parc
et non loin de la gare ; sables de Loire à la Mothe,
près Decize. N'est pas toujours propagé par les voies
ferrées, puisque hors de nos environs il a été récolté
à la Vache, près Raveau, à six kilomètres de la voie
la plus prochaine, et dans l'établissement de la Chaus-
sade à Guérigny1. RR. — Introduit dans le lazaret
de Bayonne, depuis de longues années (À. DC.)
* Silène gallica L. =S. quinquevulnera L. — Voie de garage
de Decize ; nombreux et magnifiques individus appor-
tés avec les marchandises du Midi. Accidentel.
* Trifolium resupinatwa L. — Gare de Moulins-Engilbert ;
schistes de la Machine. — N'est pas uniquement
introduit par les chemins de fer puisqu'il a été
récolté à Roche, près Verneuil, sur le bord droit du
canal (Joannin-Déponge !). R.
* Melilolus alba Lamk. — Champs de Cercy; bords du canal ;
gares de Cercy, de Saint-Hilaire, de la Copine ;
sables de Loire; ligne de Gilly; la Machine et
1. Voy. au sujet de cette plante intéressante, une note de M. le Dr Gillot in
Bull. Soc.hist. nat. Aulun, séance du 20 sept. 1 896.
294 P. ÔAÔNEPAIN.
Saint-Léger-des-Vignes. De plus en plus fréquente,
cette espèce, rare du temps de Boreau, s'étend par
les cultures, les cours d'eau, aussi bien que par les
chemins de fer.
Vicia varia Host. — Gares de la Copine, près Champvert,
de Panneçot, près Moulins-Engilbert. Accidentel.
Pthycholis heterophylla Koch. — Gare de la Copine, sur
des balayures de wagons. Accidentel.
* Centaurea alba L. = C. splendens Auct. ital. — Gare de
Decize, voie de garage. Plante d'Italie, d'Espagne,
de Suisse. Exemple très frappant de la propagation
des plantes à longue distance par les chemins de fer.
* Anacyclusradiatus Lois. — Gare de la Copine, près Champ-
vert. Sur balayures de wagons avec l'espèce suivante.
* A. clavatus Pers. — Même localité. RR.
* Chrysanthemum segetum GG. — Gare de Decize, en com-
pagnie de Silène quinquevulnera et Centaurea alba. RR.
** Stenactis annua Nées. — Entre les Nénuphars et le pont
des Fontaines-Noires,sur la ligne de Gilly et dans la
direction de Briflaut, à quelques hectomètres (1894-
1899). En bonne voie de naturalisation car la station
s'étend chaque année. RRR. — Jardins botaniques
du temps de Linné : en 1670, près d'Altona; Gmelin
le cite dans le duché de Bade ; en 1789, bords de
l'Isère ; Italie depuis 1802 (A. DC.)
* Pterotheca nemausensis Cass. — Gare de la Copine; bords
du canal ensemencés en graines fourragères du
commerce, et alors adventice agricole. R.
Crépis setosa Hall. — Gare de Cercy ; — champs de Brain,
dans les cultures près Decize (Mass !), et alors adven-
tice agricole.
* Xanthium spinosum L. — Copine, balayures des wagons
(oct. 1899). RR.
Specularia hybrida A. DC. — Voie directe de la gare de
Cercy. Accidentel.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 295
* Linaria supina Desf. — Gares de Decize et de Verneuil.
Se retrouve ailleurs dans beaucoup de gares de la
Nièvre : la Charité, Pouilly, Corbigny, etc. R.
* Salvia verticillata L. — Copine, près Champvert, sur les
balayures de wagons. Se trouve ailleurs, loin des
gares : Guérigny. RR.
** Amarantas albus L. — Gare de Fours. Apporté par les
cours d'eau également. RR. — Plante d'Amérique;
Turin, Gènes, Montpellier (1809) répandue dans le
midi de la France; autour de Paris (1855); Nevers
(1837) (A. DC).
** A. rétro flexus L. — Gares, décombres, bords des chemins.
C. en France depuis 1778 (A. DC).
Polycnemum majus A. Br. — Copine, près Champvert.
Abondant dans des champs calcaires, hors de nos
limites.
* Alopecurusutriculatus Pers. — Gare de Moulins-Engilbert.
R.
* Eragrostis pilosa P.B. — Rémilly, Fours, Vernizy, Decize,
etc. Parfois dans les sols légers.
* E. megastach ya Link. — Verneuil; Fours; Copine, près
Champvert. PC. — Ces deux espèces se naturalisent
de plus en plus.
*E. poxoides P.B. — Gare de Fours et probablement
dans d'autres gares de la circonscription , car il
abonde dans toutes celles de la Nièvre explorées
en août-sep t. 1896 : la Charité, Pouilly, Corbigny,
Nevers, Saint-Pierre. Signalé en outre à Millay
(Dr Gillot).
IV. — Causes de dispersion variées.
** Lepidium Draba L. — Marnière de Brain, près Decize,
1877 (Mass!); pont du canal, près la gare de Decize.
Gares de Moulins, Vandenesse, Cercy. AR. — Ori-
ginaire du Caucase, CC. Italie. (A. DC.)
296 F. GAGNEPAIN.
* Berteroa incana DC. = Alyssum incanum L. — Bords du
canal à Gannay (Moriot).
** Onothera biennis L. — Sables de la Loire, voies ferrées. CC.
— Cultivé dans les jardins botaniques depuis 1519.
Répandu dans les vallées maintenant. (A. DC)
** Eriger on canadensis L. — Champs, jardins, taillis. CCC.
Naturalisé. — Jardin de Blois (1655). Europe méri-
dionale (1673). (A. DC.)
* llelminthia echioides L. — La Machine, dans un terrain
vague près du ruisseau d'assainissement. RR.
* Cerinthe minor L. — Terrain vague, près l'entrepôt des
bois à la Machine. RR. Probablement descendu des
montagnes avec les arbres employés par la Compa-
gnie du Creusot.
* Vallisneria spiralis L. — Canal et Aron. CC. Passe d'un
canal à l'autre par les jonctions et dans les rivières
par les prises d'eau. Naturalisé. — Établi dans le
canal du Midi au commencement du siècle ; Aude et
Garonne en 1813 ; paraît spontané dans le Rhône et
en Italie. (A. DC.)
** Elodea canadensis Michx. — Mêmes stations et en outre
contre-fossés du canal, Boire, à Decize. Même ori-
gine américaine que pour l'espèce précédente. Les
oiseaux aquatiques et les poissons ne sont pas
étrangers à leur dispersion rapide. L'Elodea n'offre
que des individus femelles. — Près de Berwick (1842).
C. en Angleterre (1855); puis en Hollande. (A. DC.)
.*-
TABLE ALPHABÉTIQUE
IDE NOMS VULGAIRES
EN USAGE DANS LA NIEVRE
Ail de serpent. — Muscari co-
mosum.
Allâtre, aillatre. — Sonchus ole-
raceus.
Aperpin, auperpin. — Cratœgus
oxyacantha (sensu larg.).
Argolat. — Ilex Aquifolium.
Arlicat. — Anthyllis vulneraria.
Aubèpin. - Crataegus oxyacan-
tha.
Aubis. — Clematis Vitalba.
Artichaut bâtard. — Sempervi-
vum tectorum.
Balai. — Sarothamnus scoparius.
Baume. — Genre Mentha.
Baume des jardins. — Mentha
viridis.
Beurrée. — Cardamine pratensis.
Bois de la gale. — Rhamnus ca-
tharticus.
Bois de Sainte-Lucie ou Sainte-
Urcie. — Cerasus Mahaleb.
Bois noir. — Rhamnus Frangula.
Bonnet carré. — Evonymus eu-
ropseus.
Bonnet de prêtre. — Id.
Boulât, boulatier. — Betula alba.
Boulue. — Lathyrus tuberosus.
Cannelle. — Angelica silvestris.
Cannelle. — Phragmites com-
muais.
Capulège. capillaire. — Adiantum
Triehomanes et A. Ruta-mu-
raria.
Cardinal. — Dipsacus silvestris.
Chancre. — Cuscuta minor, var.
Trifolii.
Chardon Roland ou Roulant. —
Eryngium campestre et Cen-
taurea Calcitrapa.
Chêne ou Chagne franc. — Quer-
cus sessiliflora.
Clar-bassin ou Clair-bassin. —
Ranunculus repens.
Cloche. — Aquilegia vulgaris.
Cocuasse. — iEthusa Cynapium.
Coi ou mieux Quoi. — Ilex aquifo-
lium (duceltique,que/en,houx?).
Corsier. — Ilex Aquifolium.
Cœudre. — Corylus Aveilana.
Cœudre mant tanne. — Viburnum
Lantana.
Com m un. — Silaus pratensis.
Corbier. — Sorbus domestiqua.
Cornuelle. — Trapanatans (fruit).
Coupeau. — Lappa major et L.
minor.
Cray croix Croyer. — Malus acerba.
Craie ou Croie. — Son fruit.
Cresson de cheval. — Veronica
Anagallis,V. Beccabunga,Sium
angustifolium.
298
F. GagnePàin.
Derlin. — Quercus pedunculata.
Doucette. — Valerianella.
Engrougne. — Torilis arvensis,
Caucalis daucoides.
Épinard rouge. — Atriplex hor-
tensia.
Épinard sauvage. — Chenopo-
dium Bonus-Henricus.
Étoile de mai. — Stellaria Ho-
lostea.
Favèe. — Lathyrus tuberosus
(tubercule).
Foile. — Fagus silvatica.
Foirolle. — Mercurialis annua.
Foyard. — Fagus silvatica.
Fromagère. — Malva silvestris et
M. rotundifolia.
Friottier. — Fragaria vesca.
Friotte. — Le fruit de Fragaria
vesca.
Fougère. — Pteris aquilina.
Fougère égarée. — Blechnum
spicant.
Fougère d'Espagne. — Tanace-
tum vulgare.
Fougère mâle. — Aspienium Filix-
mas ou Blechnum spicant.
Garloufrier. — Cerasus Mahaleb.
Giroflée. — Cheiranthus cheiri.
Goutte de sang. — Adonis.
Gras de mouton. — Lampsana
vulgaris (en feuilles radicales).
Grenouillette . — Ranunculus
aquatilis.
Herbe à la console. — Symphy-
tum officinale.
Herbe à la coupure. — 8edum
purpurascens.
Herbe à la craupe. — Picris hie-
racioides.
Herbe à la forcée.— Vincaminor.
Herbe à Veffort. — Geum urba-
num.
Herbe à la louée. — Scrofularia
nodosa.
Herbe aux coliques. — Lythrum
salicaria.
Herbe au charpentier. — Agri-
monia Eupatoria.
Herbe aux cors. — Polygonatum.
Herbe aux verrues. — Chelido-
nium majus.
Herbe de sang. — Rumex Aceto-
sella. — Soit par sa couleur,
soit par sa réputation d'amener
l'hématurie chez le bétail.
Herbe de Saint- Jean. — Glecho-
ma hederacea.
Herbe de Saint-Joseph. — Agri-
monia.
Herbe du roi. — Eupatorium
cannabinum.
Hiarre bois ou Hierre bois. —
Iledera Hélix.
Injonc. — Ulex europaeus.
Jobles. — Sambucus Ebulus.
Ivrae. — Lolium temulentum.
Jeannette. — Narcissus pseudo-
Narcissus.
Laines. — Agrostemma Githago.
Laiteron ou laideron. — Sonchus
oleraceus.
Lappe. — Lappa, Xanthium stru-
marium.
Luzerne sauvage. — Melilotus.
Maillons. — Centaurea Jacea.
Mal aux yeux. — Euphorbia.
Métier. — Mespilus germanica.
Miche au coucou. — Oxalis Ace-
tosella.
Millasse. — Setaria.
Minette. — Medicago Lupulina.
topographie botanique.
299
Morelle. — Melampyrum pra-
tense.
Moircn. — Anthémis Cotula,
Matricaria inodora.
Mouron. — Stellaria média.
Mordon. — Cerastium arvense.
Nymphia. — Nymplnea alba ou
Nuphar luteum.
Oseille au lièvre. — Rumex Ace-
toselia.
Pain d'alouette. — Briza média.
Pannais ou Pannèe. — Heracleum
Sphondylium.
Pdquette des bœufs. — Primula
elatior ou Anémone nemo-
rosa.
Patte de chat. — Orobus tubero-
sus.
Peigne au loup. — happa.
Peigne bourrique ou de cochon.
— Dipsacus silvestris.
Perlin ou Peurlin. — Ligustrum
vulgare et Cornus sanguinea.
Picots. — Lappa.
Pétassier. — Ribes Uva-crispa.
Plateau. — Nuphar luteum.
Pinvin. — Arrhenaterum elatius.
Pissenlit de cochon. — Barkhau-
sia taraxacifolia.
Pisse-vinaigre. — Berberis vul-
garis.
Queue noire. — Potentilla rep-
tans.
Quinte feuille. — Id.
Ramiau. — Sinapis arvensis,
Raphanus raphanistrum.
Ramonât. — Hordeum murinum.
Rauche. — Les grands Carex.
Ravasson, ravenelle. — Sinapis
arvensis.
Rembroche. — Vitis vinifera
(subspontané).
Réveil-matin. — Euphorbia.
Riaule. — Acer campestre.
Rose punaise ou Ropunais. —
Papaver Rhœas.
Rougeole. — Melampyrum ar-
vense.
Rougie. — Id.
Saigne-langue. — Galium Apa-
rine.
Saigne-nez. — Achillea.
Scapulaire. — Adiantum Tricho-
manes.
Seule. — Sambucus nigra.
Taillaut. — Tilia microphylla.
Talosse. — Centaurea Jacea.
Teigne et Teignon. — Cuscuta
minor.
Thé. — Mentha viridis.
Thé perlé. — Lithospermum offi-
cinale ou L. arvense.
Tendron. — Ononis procurrens.
Tête d'alouette. — Centaurea
Jacea.
Tcrziolet. — Medicago Lupulina,
Melilotus.
Traînasse. — Clematis Vitalba,
Potentilla reptans.
Veilleuse. — Colchicum autum-
nale.
Verdiau. — Salix purpurea.
Vric. — Evonymus europœus.
Vrille ou Vrillée. — Convolvulus
arvensis.
Voïllye. — Id.
NOMS DES LOCALITÉS
TIRÉS DES PLANTES 4
Arblats, près Charrin, signifie lieu planté d'érables : du celtique
ar, le et rabl, érable. Aujourd'hui encore on appelle l'Erable, arrable.
Par corruption et par contraction ar rab est devenu arblat qu'on
prononce ainsi dans le pays et qu'on a tort d'écrire Arbelats.
Argolat, près la Nocle : du celtique ar, le, et quelen, houx, et
signifie le houx. D'autres le font venir du latin acer, érable, qui
donne er ou air, renforcé par arbor, arbre (Grandgagnage, Diez,
Dr Meynier), d'où les noms analogues de Arblade (Gers), Arblay
(Yonne), etc., ou tout simplement du latin argulus, aigu, piquant.
On appelle aux environs de Cercy le houx Argolat ou Argoulas.
Le môme terme s'applique dans le Morvan autunois au Genista
anglica L.
Aunal (bois d'), près la Nocle, ainsi nommé du latin alnus, aulne,
verne.
Boulais, commune de Charrin; Boulats, près Montaron; les Bou-
lassots, entre Thaix et Hémilly : de boula, bocla, bois, taillis. Autre
étymologie plus probable : lieu fertile en bouleaux, du latin betula,
en vieux français, boula, boule. Boulât signifie encore bouleau dans
le patois.
Brosse (la); les Brosses, entre Champvcrt et Devay; les Brosses,
près des Arblats; les Brosses, vers Thianges; la Grande-Brosse, près
Lanty, indiquent l'immense surface occupée par les broussailles, les
buissons, broca, brossa, brussa et brotta, appartiennent à la même
famille que brogilum, garenne et viennent du kymri brwg, d'où en
bas-breton bruck, brug, en picard bruche, en berrichon breusse, en
provençal brossu, en vieux français brosse, brousse, brotte, etc.
(Dr Meynier). On trouve des localités du nom de Brousse dans des
1. Nous avons suivi pas à pas, dans la recherche de ces étymologies, l'ouvrage
Origine et Formation des noms de lieu, pp. 34 et suiv., par M. Hippolytc Cocheris.
Voir également : Les Noms de lieux, romains en France et à l'étranger, par le
D' J. Meynier; Flore, in Mémoires Soc. èmul. du Doubs, ?• série, III (1898), p. 120.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. 301
départements à sol maigre : Aveyron, Creuse, Aude, Aube, Eure,
Orne. *
Bruyères - Denis ; Bruyères - du - Mont, près Montambert ;
Bruyères-Buftées, vers la Nocle; Bruyères-Bateau, près Sougy,
sont des localités qui ne mentent point à leur nom. C'est entre Mon-
tambert et la Nocle que Ton trouve abondamment Erica cinerea et
E. tetralix. Bruyère vient également du kymri brwg et du bas-latin
brtiscum, en provençal brusc, en vieux français brux, bruz.
La Cœudrie, près Thianges, devait être fertile en Noisetiers.
Corylus a formé Cœudre, appellation par laquelle on désigne les
longues tiges droites et flexibles du Noisetier ou Coudrier qui ser-
vent à divers ouvrages de vannerie dans les campagnes. Les noms
de Coudraie, Coudrcaux sont très répandus.
Chaume, près Fertrèves; Chaume de la Forêt. De calmae,calmis,
en latin roman, lieu stérile, d'où en vieux français chalme, chaulme,
chaume, chame. Dans le patois, on appelle chaume un terrain vague ;
les chaumes communales.
Fougère, entre Decize et Faye, dans la vallée de l'Aron, indique
l'extension prise par les Fougères qui abordaient les belles vallées,
aujourd'hui de vertes prairies. De F 'dix, fîlicariœ et fulgariœ qui a
produit Foulgaire et Fougère.
Faye, commune de Verneuil; Faye, entre Semelay et Montaron,
rappellent les antiques forêts de hêtres : fagus, fagUellus; lieu
planté de hêtres : fagetum et faiacus. Le bois de la Fayaie près des
Roses n'est pas plus riche en hêtres aujourd'hui que celui de Faye,
près Verneuil.
Le Jonc, les Joncs de la Guette, près Cercy. Le premier, village
sur le coteau de Cercy, devait être autrefois remplacé par des chau-
mes où le jonc était la principale végétation, comme près de là, au
Croux, à Chevillon. Les Joncs de la Guette indiquent l'immense
marécage de la vallée d'Aron s'étendant depuis le quai jusqu'à
l'emplacement actuel de la gare de Cercy.
Les Roses. Etymologie parlante de Rosa, Eglantier. On trouve
l'appellation le Roz,les Roz,les Uos, très fréquente dansle Morbihan,
et les savants y voient les traces du breton ros, qui signifie tertre
couvert de fougères, de bruyères.
Vernillats, marais près Cercy; Vernlère, près Fours, dans la
vallée de rilalène; les Vernellers, près la Machine; la Veruée,
1. Près Murlin, il y a le champ de la Grand-Bourse, corruption de Grande-
Brousse ; il se trouve aux abords des bois, la broussaille y abonde-
302 F. GAGNKPAIN.
petit bois tourbeux, près Saint-Hilaire; Verneuil, bourg au bord de
l'Andarge où se trouvent aujourd'hui des prés fertiles; Vernlzy, au
bord de l'Aron ; les Verne», entre Montigny et Diennes, indiquent
les marécages où les Aunes constituaient principalement la végé-
tation arborescente. De l'armoricain gwern, aune, en latin vernus,
vernetum, en vieux français, nerne, vergne, vargne.
Salnt-Léger-dea-VIgnes rappelle le pays viticole,
Tremblay vient peut-être de Tr émula, tremble, quoiqu'on ne
trouve pas ce peuplier plus abondant là qu'ailleurs.
Sauleux et Sautées rappellent les Saules.
Thalx vient peut-être de Tilia qui a formé Theil (Calvados, Creuse,
Eure), le Teilh (Ardèche), They (Meurthe), etc. Cette appellation indi-
querait d'antiques bois de Tilleuls aujourd'hui disparus et dont il
reste cependant quelques individus autour du Donjon, de Cercy, de
Bussière. Le bois de Tilleul est peu estimé pour le chauffage et
l'industrie ; ainsi s'explique sa disparition des coupes forestières.
Cercy-la-Tour, le 30 novembre 1899.
-h-®-
CONSIDERATIONS NOUVELLES
SUR
LES TOURBES ET LES HOUILLES
PAR
M. Bernard RENAULT
Lauréat do l'Institut,
Membre associé de l'Académie royale de Belgique,
Membre de la Société linnéenne de Londres,
Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, etc.
-•o-
On a souvent émis l'hypothèse que la Houille avait passé
par les états de tourbe et de lignite avant d'acquérir les
propriétés caractéristiques qui la distinguent maintenant.
Les amas si considérables de ce combustible ne seraient
que d'immenses tourbières dont les débris auraient subi une
altération plus profonde que ceux que l'on rencontre dans
les lignites et les tourbes, parce qu'ils seraient plus anciens.
Cette opinion parait recevoir une confirmation dans la
répartition ordinaire des combustibles fossiles à travers les
différentes couches géologiques, les tourbes et les lignites
occupant les assises supérieures aux terrains primaires, les
houilles et les anthracites ayant au contraire leurs gise-
ments principaux dans les terrains primaires eux-mêmes.
Mais cette répartition des combustibles est loin d'être
aussi rigoureuse, et les lignites, les charbons lignitoïdes
descendent fort avant dans les terrains primaires. *
1. Les charbons lignitoïdes se distinguent de la houille par une coloration moins
foncée, un aspect moins brillant, et surtout par la propriété qu'ils possèdent,
réduits en poudre, de céder à l'ammoniaque ou aux dissolutions étendues de soude
ou de potasse, des composés ulmiques colorés.
304 B. RENAULT.
Les charbons miocènes d'Advent-Bay (Spitzberg), oligo-
cènes de Zsily (Transylvanie), liasiques du Turkestan, de
Madagascar, du Tonkin et bien d'autres, prouvent l'exis-
tence de marais tourbeux dans toutes les assises tertiaires
et secondaires.
Cette existence est d'ailleurs aussi naturelle que celle
des rivières, des étangs et des lacs qui se sont creusés à la
surface des terres émergées, pendant les diverses époques
géologiques.
Nous allons démontrer leur présence dans les terrains
primaires, permien, houiller et anthracifère, et par consé-
quent nous serons obligé de conclure que les houilles qui
se formaient en même temps que les charbons lignitoïdes,
n'ont pas été forcées de passer par l'état de lignite, mais
que leur production a été contemporaine et indépendante.
A Dracy-Saint-Loup-lez-Autun, près et sous la ligne du
chemin de fer, nous avons signalé la présence d'amas
d'écorces de Sigillaria Brardi, de Stigmaria, de feuilles de
Sigillaires diverses, transformées en lignite, mais recon-
naissables et minéralisées par la silice. Malgré cette miné-
ralisation les débris cèdent une quantité notable de prin-
cipes ulmiques aux dissolutions alcalines; c'est un marais
permien envahi par des eaux siliceuses qui a conservé les
végétaux dans l'état de décomposition même où ils étaient
quand ils ont été minéralisés, c'est-à-dire à l'état de lignite.
Un autre exemple remarquable nous est fourni par les
charbons de Milenino, de Tovarkowo, de Malevka, du Gou-
vernement de Toula (Russie), placés à la partie supérieure
de la formation houillère de cette région (Culm inférieur),
et composés uniquement de cuticules de Bothrodendron{ et
d'acide ulmique interposé qui forme en certains points les
quatre cinquièmes de la masse. Les cuticules sont couvertes
1. Les Bothrodendrons sont des Lycopodiacées arborescentes fort anciennes,
distinctes des Lépidodendrons par leurs cicatrices et par quelques autres particu-
larités.
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 305
sur les deux faces de Bactériacées nombreuses telles que le
Bacillus moscovianus, B. exiguus, Micrococcus Zeilleri, var. a,
var. b] tous les autres tissus, écorce, tissu cellulaire ou
ligneux ont disparu sous l'influence microbienne. Les cuti-
cules présentent comme on se le rappelle la composition
suivante :
Cendres 8,77
La matière organique contient :
C 74,69
H 9,75
0 14,59
Az 0,97
La composition des cuticules d'Agave et de Lierre est :
CC... 68,29 T . CC... 68,42
AgaVeÎH... 9,55 Lierre(H... 9,48
Ou en tenant compte des cendres :
IC... 74,84 I 74,99
Agave J H... 10,47 Lierre I 10,39
/ 0,Az 14,67 ( 14,61
L'analyse des membranes de Tovarkowo donne pour le
rapport du carbone à l'hydrogène et à l'oxygène :
£ = 7,6, -£ =5,1, et celle des cuticules d'Agave et de
Lierre £ = 7,1, £ = 5,1 : -§ = 7,2, £ = 5,1.
De part et d'autre les rapports sont sensiblement les
mêmes, et il est à croire que les cuticules de Bothrodendron
n'ont pas changé de composition depuis l'époque du Culm.
Le travail bactérien a été arrêté par l'abondance croissante
d'acide ulmique, tous les autres tissus ont été détruits, les
cuticules auraient fini par disparaître elles-mêmes si les
produits ulmiques avaient pu être éliminés à mesure de
TOME XIII. 20
306 B. RENAULT.
leur production ; mais il est à remarquer que les résidus des
membranes attaquées de moins en moins abondants con-
servaient, toutefois, la même composition chimique, et
celle-ci peut être considérée comme une des limites vers
lesquelles tendaient les débris végétaux soumis à la macé-
ration des tourbières anciennes situées à l'intérieur des
continents.
Le charbon de Tovarkowo résulte donc d'une sélection
qui n'a conservé qu'une portion extrêmement restreinte
des tissus végétaux (cuticules) ; beaucoup de charbons
russes appartenant au même niveau, sont formés d'un
nombre plus varié d'organes ou portions d'organes. Nous
citerons entre autres ceux qui proviennent des mines
d'Alexandrewski, de Kourakino, de Murajewnja, etc. Ils
renferment des macrospores et des microspores de taille
et de forme très différentes, des Algues nombreuses venant
se ranger dans les genres Subtetrapedia, Pila, Cladisco-
thallus, des cuticules de Cryptogames vasculaires, des
épidermes, etc.
Le charbon russe de la mine Alexandrewski a fourni à
l'analyse les données suivantes :
Densité 1,34
Carbone 53,J2
Hydrogène 6,19
Azote 1,67
Oxygène et soufre . . 13,32
Cendres 25,70
Les proportions entre le carbone et l'hydrogène sont à
peu près les mêmes que dans le boghead d'Autun. En effet
le rapport -§" est 8,5, tandis que dans le boghead d'Autun
il est égal à 8. Mais la quantité d'oxygène est notable-
ment plus forte ; le rapport -5- n'y dépasse guère 5, tandis
que dans le combustible autunois ce même rapport atteint
80. Le charbon russe renferme donc plus d'oxygène que
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 307
les bogheads de France, d'Angleterre et d'Australie
uniquement formés d'Algues ; il en renferme également
plus que les cannels ordinaires. Sa composition rap-
pelle au contraire celle des cuticules que nous venons de
donner.
Cuticules -|- = 7,6 : ~ = 5,1.
Charbons d'Alexandrewski -| = 8,5 : -| = 5.
Les charbons russes se rapprochent de la limite marquée
par la composition des cuticules fossiles de Tovarkowo et
doivent être considérés comme faisant partie de la Classe
des charbons lignitoïdes. Tous ceux que nous avons exa-
minés offrent du reste une surface de cassure assez terne,
cèdent une quantité considérable d'acide ulmique à une
dissolution ammoniacale. Ils ont dû se former dans des
marais tourbeux d'une grande étendue, situés à l'intérieur
de continents, et ne pouvant se débarrasser facilement des
produits ulmiques résultant de la fermentation.
Par les quelques lignes qui précèdent, nous voyons que
les marais tourbeux capables de donner naissance à des
charbons lignitoïdes ont existé au moins depuis les couches
inférieures du Culm jusqu'aux terrains tertiaires supé-
rieurs. Ils ont fonctionné simultanément et concurremment
avec les lacs et les estuaires où la houille se formait comme
nous le préciserons plus loin.
D'autre part, nous avons cité plus haut des écorces de
Sigillaires, et des Stigmaries transformés en lignite,
envahis par des eaux minéralisantes qui les avaient con-
servés tels qu'ils avaient été rencontrés. Le fait est loin
d'être isolé, et un grand nombre de fragments siliceux
fossilifères, des environs d'Autun, de Saint-Hilaire, de
Grand'Croix, etc., montrent, quand ils sont réduits en
préparations, une organisation presque identique à celle
que l'on observe dans des préparations faites au moyen
d'une petite quantité de tourbe actuelle. Nous donnons,
308 B. RENAULT.
ûg. 1, te dessin d'une portion de tourbe silioifiée de Grand'-
Croix près Saint- Etienne : les eaux siliceuses ont maintenu
à distance les différents débris, qui se rapportent aux
Tourbe houillère siliclflée de Grand'Croli. Gr. ?~
■/ Grain do pollen de Cordalle ;
b/ c/ Débris amorphe d'aspect floconneux formant, lorsqu'ils soûl réunis et
soudés, une sorte do matière fondamentale;
d! Lambeaux de fibres hypodermiques.
plantes de l'époque : bois, écorce, feuilles, pollen de Cor-
daïte, pinnules de Fougères Pecopteris, Alethopteris, etc. ;
Calamodendron, Arthropitus, graines variées, eto.
Au milieu de ces menus débris se voient de nombreuses
petites masses amorphes, d'aspect floconneux, qui, si
l'ensemble avait été desséché et légèrement comprimé,
auraient formé une sorte de ciment (matière fondamentale)
reliant entre eux les fragments présentant ou non quelque
structure.
Ces tourbes silicifiées renferment en outre des dépouilles
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 309
d'Infusoires, des Desmidiées, des Chytridinées *, des fila-
ments mycéliens, des Chytridinées3, des Mucorinées, des
Algues, des œufs d'Insectes aquatiques, etc.3
Dans toutes, on rencontre soit dans la silice qui empri-
sonne les fragments, soit dans les fragments eux-mêmes,
un nombre considérable de Bactériacées. 4
Flg. î.
Tourbe actuelle (Fragny). Gi =£
«/ Carapace siliceuse d'Amiboide ;
b/ Fragment de vaisseau ponctua ;
cf Divers débris floconneux amorphes formant la matière fondamentale;
df Fragment d'épidernio ou de cuticule.
La deuxième figure représente une tourbe de Fragny
près Autun, délayée dans un peu d'eau de tourbière. L'as-
pect général est exactement le même que celui de la tourbe
I. Orand'Croix, Saint-Hilafre.
î. Autun. Grand'Croix.
3. Eanost près Autun.
4. On sait que les premières Bactériacées fossiles ont été signalées par H. Van
Tieghem dans les silex de Grand'Croix, Compte* rendu* de VInititiU, 1879.
310 B. RENAULT.
ancienne ; les fragments sont également irréguliers ,
microscopiques, mais appartiennent à des espèces diffé-
rentes de végétaux.
Les débris proviennent de tissus variés de Saules, de
Fougères, de Mousses. Les Diatomées que nous n'avons pas
encore rencontrées dans les tourbes houillères, y sont au con-
traire fréquentes ainsi que les Infusoires et les Amiboïdes.
L'état de division des organes est le résultat, sans doute,
du travail microbien sur les membranes communes, travail
0
qui a donné le même aspect aux tourbes anciennes et aux
tourbes récentes.
La similitude d'aspect n'entraînait pas, toutefois, la
même similitude dans la composition. On remarque, en
effet, assez souvent dans la tourbe silicifiée, contrairement
à ce que nous avons établi pour les couches de combus-
tible de Tovarkowo et des mines Alexandrewski, un assez
grand nombre de débris (tissus ligneux ou corticaux, cel-
lules en palissade, endotesta de graines, etc.), transformés
en une matière noire souvent opaque, tapissant les mem-
branes moyennes ou rétractées en masses irrégulières
ressemblant à de la houille. Ce fait s'explique en consi-
dérant que les plantes qui séjournaient dans ces marais
étaient envahies par une grande quantité de Bactériacées,
dont les unes faisaient disparaître peu à peu toutes les
espèces de tissus, comme le montrent les préparations
mêmes, sans aucune production de houille ; les autres, au
contraire, transformaient les couches d'épaississement en
cette substance.
L'existence de marais anciens parait donc démontrée par
les observations que nous venons de mentionner, mais il
y a lieu d'y distinguer deux catégories :
1° L'une où les Bactériacées de la houille n'ont pu se
développer, ou bien sont restées en petit nombre, comme
dans les marais où s'accumulaient les troncs de Bothroden-
dron qui ont fourni les cuticules de Tovarkowo, les char-
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 311
bons bogheads et les cannels du bassin de Moscou, com-
bustibles riches en principes ulmiques, ces marais étaient
situés plus ou moins profondément à l'intérieur des conti-
nents et peu exposés aux dénudations.
2° Les marais littoraux formant la deuxième catégorie,
moins enfoncés dans les terres, répartis à la surface des
deltas, étaient exposés à de fréquentes inondations. Les
principes ulmiques ne pouvaient s'y accumuler et empêcher
le développement non seulement des Bactériacées de la
houille, mais de celles qui attaquaient les tissus, sans for-
mation de ce produit1. Les fragments de plantes plus ou
moins volumineux étaient entraînés dans les lacs et les
estuaires ; les Bactériacées anaérobies, favorisées par des
eaux plus profondes, achevaient la houillification commencée
dans les marais des deltas.
L'explication que nous venons de donner peut paraître
hypothétique; elle a besoin de s'étayer sur des faits précis
fournis par l'observation.
Nous avons signalé dans le bois des tourbières (Bouleaux,
Aulnes) de nombreux mycéliums de Champignons, les uns
mesurent 4 à 5 (jl de diamètre, les autres 1,5 [x seulement.
Tantôt ils ont pénétré entre les cellules ligneuses sous
forme de longs filaments rectilignes ou sinueux ; tantôt ils
se sont pelotonnés à l'intérieur des cellules qu'ils ont rem-
plies de leurs circonvolutions.
La substance qui forme les mycéliums étant difficilement
attaquée par les Bactériacées, ils apparaissent avec une
grande netteté, même quand les parois des cellules sont
fortement altérées. D'autre part la fi g. 3 montre un fila-
ment A'Hyphomycetes stephanensis engagé à l'intérieur d'un
fragment de bois houillifié du terrain de Commentry ; d'autres
filaments, non figurés, pelotonnés sur eux-mêmes, se
1. Les préparations faites dans la tourbe siliciûée dos houillères, montrent en
effet les tissus à tous les états de décomposition, depuis une conservation parfaite
jusqu'à une matière amorphe mucilagineuse sans trace d'organisation.
312 B. RENAULT.
remarquent danB les cellules voisines. On en trouve ayant
exactement|les dimensions et les allures de ceux qui se déve-
Fig 3_ loppentdansleboisdes
tourbières. De nom-
breuxMicrocoques sont
disséminés dans la
houille produite aux
dépens des épaissisBe-
ments des cellules et
des vaisseaux ligneux.
■Q II est évident que ces
mycéliums ont du pé-
nétrer dans lebois avant
sa houillification , on
doit donc admettre
qu'il a séjourné quelque
temps dans des étangs
ou des marais tourbeux
avant d'être transporté
fragment de bois houiilifié. Or. 55? dans des lacs plus pro-
fonds où la houillifica-
tion s'est complétée.
La substance qui formait les filaments mycéliens a peu
diminué et les contours sont nets. On peut conclure qu'elle
était aussi difficilement détruite par les Bactériacées, à
l'époque de la houille que maintenant.
D'autres formes d'organismes, communes aux houilles et
aux tourbes, peuvent encore être signalées ; elles ont été
fournies principalement par la tourbière de Louradou, près
de Caillac.1
La tourbière est située en amont et en contact de la
1. II. Harty, conservateur du Musée d'Àurillac, • tenu à taire exécuter à ses
frais les fouilles nécessaires à l'étude de celle tourbière el à fournir les ren-
aelguementa que nous mentionnons. Nous le prions d'agréer nos vif* remercie-
LES TOUHBES ET LES HOUILLES. ait"
moraine de Louradou ; elle occupe le fond du cirque g\a-
ciaire qui précède cette moraine frontale quaternaire.
N.-E. S.-0. — (Aie do la vallée de la Cèro.)
y>g. 4.
LÉGENDE
1° Tourbière à la cote de 6'
'!" 11 oi ii hit frontale.
3* Micaschiste a la cote do
N° 1. Tourbe Jaunâtre.
N* ?. Tourbe brune.
N" 3. Tourbe noire.
N* 4. Galets apportés par les eaux dea
pentes voisines.
N* S. Tronc d'Aulne d'où proviennent les
échantillons de bols qui ont fourni les
mloroorgsnisme* étudiés.
Fi8. 5.
La tourbe de Louradou est faite à partir de un mètre
au-dessous de la surface du sol. Nous y avons rencontré
de nombreux organismes décrits, en partie, dans le Bul-
letin de la Société de l'Industrie minérale (1899-1900).
Nous no citerons ici que quelques formes bactériennes qui
se rencontrent également dans la houille de bois de Cor-
daïtes et d'Arthropitus de Commentry et de Saint-Étienne.
314 B. BENA.ULT.
Les Microcoques y sont nombreux et viennent se grouper
autour des Microcoecus paludis var. « et jS; les Bacilles sont
également fréquents ; nous y avons signalé le Bacillus agilis,
le Bacillus rigidus, des Streptocoques, et des formes voisines
des Streptothryx ou deB Cladothryx?1. Nous nous arrêterons
particulièrement sur ces dernières qui se retrouvent plus
ou moins complètes dans la houille.
Streptothryx (Cladothryx) Martyi2. Bactériacée fila-
menteuse, anaérobie à éléments droits dépourvus de gaine,
disposée en chaînettes de longueur variable, à l'intérieur
Flg. 6.
Streptothryx (CUdothryx) Martyi très fortement grossi, 1S00 b
a/ Rameau composé de sept articles, divisé en deux branches de t ei
des cellules et des vaisseaux ligneux, se continuant quel-
quefois à l'une de leurs extrémités en deux branches
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 316
formées d'articles tous semblables (a, Qg. 6) légèrement
étranglés vers le milieu.
L'écartement des deux branches est de 120°. Quelquefois
la ramification, au lieu de simuler une dichotomie, paraît
latérale par rapport au rameau.
On ne peut indiquer la grandeur que pourraient atteindre
les rameaux de cette Bactériacée, car nous n'avons pas
observé d'individus complets, le mode d'extraction, effectue
soit au moyen d'un tube de verre effilé, soit par une légère
pression sur le fragment de bois qui les renferme, ne
donnant que des spécimens incomplets.
La Bactériacée que nous décrivons se désarticule promp-
tement au contact de l'air, aussi ne l'observe-t-on le plus
souvent qu'en chaînettes composées de quelques articles
seulement, ainsi que le montre la fig. 7. Les Chaînettes se
résolvent en articles isolés comme on le voit dans beau-
Streplolhryx [Cladothryxl Marlj/i. Gros- ™
a/ 6/ Portions de chalneltes formées d'un nombre variable d'articles, colle
désignée par la lettre b, montre une spore placée sur la ligne de contact de deui
articles.
c/ Trois spores soudées en étoile.
t(/ Articles isolés montrant un étranglement vers leur milieu.
c/ Spore libre.
316 B. RENAULT.
coup de points de la figure en d, par exemple. C'est à cet
état ou bien groupés par deux qu'on les rencontre le
plus communément à l'intérieur des cellules et des vais-
seaux.
Les articles ou bâtonnets sont courts, ils mesurent 2,5 (x
de longueur et 1,2 (x de largeur; ils sont mobiles, arrondis
aux deux extrémités, l'épaisseur de leur membrane est de
0,2 à 0,3 jx; le contenu est très réfringent, ce qui fait
paraître l'enveloppe plus foncée.
Quand les circonstances continuent à être défavorables,
les articles eux-mêmes subissent une division, le proto-
plasme de chacun d'eux se réunit en deux masses distinctes,
s'arrondit (d fig. 7); la cellule s'étrangle, les deux moitiés
se séparent et constituent chacune une spore d'attente (e).
Ce travail de séparation s'effectue tout aussi bien à l'in-
térieur des cellules et des vaisseaux du bois que dans le
liquide extrait de celui-ci. Les spores mesurent 0,8 jjl de
diamètre, sont très réfringentes, se teignent difficilement
par les réactifs colorés ordinaires ; elles sont animées d'un
mouvement brownien très accentué qu'elles conservent en
préparations closes pendant des années.
Il est permis de croire, d'après cela, que le Streptothryx
Martyi est une Bactériacée endosporée et que les spores
sont des arthrospores.
Les colonies qu'il peut former à l'intérieur de certains
bois des tourbières sont fort importantes et contribuent
sans doute dans une large part à la transformation des
végétaux en tourbe.
La culture des arthrospores est toutefois indispensable,
pour s'assurer si elles reproduisent bien le Streptothryx
Martyi. Nous devons ajouter que quelques-unes de nos
préparations ont montré deux groupements intéressants ;
sur la figure 7, en c, trois spores sont réunies en forme
d'étoile à trois rayons ; sur la fig. 8, en a, on observe
le groupement analogue ; mais deux des spores se sont
LES TOURBES ET LES HOUILLES.
317
allongées, l'une a atteint presque les dimensions d'un
bâtonnet. 11 est clair que l'on pourrait y voir les premiers
développements du Streptothryœ Martyi. Les Bacilles dispo-
sés comme les rayons d'une étoile forment entre eux un
Fjg> g. angle de 120"; ils mesu-
rent 0,8 p de diamètre
et 1,6 à 2 u. de longueur,
suivant leur état de dé-
veloppement. En se mul-
tiplant ils donneraient
naissance à des Bactéria-
cées ayant la forme b de
la fig. 6, les branches
n'ayant pas nécessaire-
ment un égal accroisse-
ment. Mais le plus sou-
vent l'une des spores
semble avorter, il n'y a
que deux branches qui
se produisent inclinées
plus ou moins l'une sur
l'autre (fïg. 6) ; d'autres
fois l'écartement des b ran-
ches augmente, et la Bac-
tériacée prend une forme arquée, quelquefois presque rec-
tiligne, mais fréquemment on distingue en un point de la
longueur où deux articles se touchent, la spore qui a
avorté (è, fig. 7.)
Arlbrospores de Streptothryx (Cladothryx)
Martyi. Gros. ™
■/ Arlhrospores groupées par Irais, deux
d'entre! elles se sont allongées cd articles;
bj Spore Isolée.
Eacillus collètus {fig. 9). D'autre part on rencontre
quelquefois dans la houille d'Artkropitus, une Bactériacée
fort intéressante se présentant en articles isolés, mais fré-
quemment aussi en chainette (o, à'). Dans l'exemplaire
figuré, les fragments de chaînettes se composent de quatre
à neuf articles, la membrane est difficilement visible à
318 B. RENAULT.
cause du peu de différence de teinte qui existe entre elle
et la houille environnante.
Le protoplasme houilliflé se voit au contraire nettement
à cause de sa couleur plus foncée, et c'est lui qui permet
de reconnaître la disposition en chaînette des Bacilles.1
L'intervalle qui sépare deux masses protoplasmiques de
deux bâtonnets continus est de 0,5 u., ce qui donne pour
BtcsUai coUélui. Chaînettes dans de la houille d'Arthropitui. Gro». ™
», a'/ Chaînettes formées de Bacilles la plupart dlplosporés.
6/ Groupe de spores.
e/ Chaînette avec un commencement de ramification.
l'épaisseur probable de la membrane 0,25 u.. La longueur
totale du Bacille est de 2,5 |i environ et sa largeur de 0,6 u..
Dans beaucoup d'articles libres et dans quelques-uns de
i blanc et les parois des cellules en
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 319
ceux qui sont engagés dans les chaînettes (a, fig. 9), le
protoplasme s'est rassemblé en deux masses sphériques
réfringentes constituant deux spores1; on en rencontre
quelques-unes à l'état do liberté, elles mesurent 0,6 |x.
La description de cette Bactériacée rappelle, par certains
détails, celle que nous avons donnée au sujet du Streptothryx
Martyi. Celui-ci présente, en effet, plusieurs phases dans
son évolution; il a été rencontré en articles isolés, diplos-
porés ou en chaînettes. Ces caractères sont communs aux
deux Bactériacées vivante et fossile ; cette dernière toute-
fois présente des dimensions un peu plus faibles pour ses
articles et ses spores, mais nous sommes loin de prétendre
que ces deux espèces sont les mêmes, et malgré les ana-
logies remarquables nous croyons que Ton ne doit pas les
confondre pour le moment, le nom spécifique de collêtus
signifie simplement que les articles diplosporés restent
soudés entre eux pendant assez longtemps.
Si la forme suivante pouvait être rattachée au Bacillus
collêtus avec certitude, les ressemblances seraient bien
plus accentuées et les espèces vivante et fossile pourraient
faire partie d'un même genre.
Streptothryx anthracis. Quelques fragments de bois
d'Arthropittis de Saint-Etienne montrent dans les vaisseaux
houillifiés de nombreux filaments très grêles rectilignes ou
arqués, quelquefois divisés en deux branches (a, fig. 10), la
plupart incomplets ou brisés.
Sous un grossissement de 600 diamètres, on les voit
formés d'articles disposés en chainettes.
La membrane confondue avec la houille environnante,
n'est pas distincte, mais l'intérieur, rempli d'une matière
noire qui en indique suffisamment l'étendue, permet
d'effectuer les mesures suivantes : la longueur des articles
1. Leur plus grande réfringence, appréciable môme au milieu de la houille,
éloigne l'idée que l'on se trouve en présence de Microcoques.
t-
320 B. RENAULT.
est de 1 à 1 ,8 y. leur largeur de 0,5 p, et l'épaisseur de l'enve-
loppe de 0,2 |a.
Le protoplasme ne paraît pas avoir, dans les échantillons
examinés, donné
Fig. io. , ,
naissance a des ar-
throspores aussi net-
tes que dans le Bacil-
lus collêtus.
Lorsque les fila-
ments se bifurquent
les branches sont
ù inégales, souvent ar-
quées, voici les me-
' sures prises sur l'un
d'eux : longueur du
rameau principal
7,2 p comprenant
strtptothryx anihi-aci*. oros. '-^5 quatre articles ; les
a/ Individu entier divisé en trois branches taisant deux branches me-
enlre elles on angle de tîCf.
6/ Une branche désarticulée formant chaînette. surent 6,7 \i. et 3,0 (X
ej Article iaoïé. aveo quatre et trois
d/ Spores disséminées dans la houille. ^
articles. A cet état
cette Baotériacée rappelle quelque peu le Streptothryx ehro-
mogenes de Oasperini réduit en segments, mais dont les
articles seraient allongés au lieu d'être sphériques. La
mauvaise conservation de ces échantillons ne permet pas
de faire des rapprochements plus complets et justifie l'opi-
nion que nous avons émise plus haut, c'est-à-dire que ces
chaînettes brisées représentent les restes de Bactériacées
ayant pénétré dans les tissus avant leur houillification.
La présence de Champignons, et de Bactériacées très
analogues, dans les bois des tourbières et dans les bois
transformés en houille, fournit un appui sérieux à l'hypo-
thèse que nous avons émise plus haut, du séjour plus ou
moins prolongé d'un certain nombre de végétaux et de
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 321
leurs débris dans des étangs ou marais tourbeux, mais n'en*
traine pas cependant comme conséquence que toutes les
plantes houillifiées y ont passé, beaucoup d'entre elles ont
été entraînées directement dans les lacs houillers, par les
rivières et les fleuves.
Il nous parait démontré qu'aux époques primaires, il
existait deux modes indépendants de formation de combus-
tibles, l'un, s'effectuant dans de vastes marécages où s'éla-
boraient des charbons lignitoïdes, l'autre dans des lacs pro-
fonds ou des estuaires favorables à la production de la
houille et de ses variétés.
Les plantes pouvaient, suivant le milieu où elles se trou-
vaient, passer à l'état de lignite et de charbon lignitoïde,
ou bien à l'état de houille sans avoir besoin d'avoir été
lignite.
Cette transformation s'est faite dans les deux cas à la
suite d'une perte de carbone, d'oxygène et d'hydrogène,
éprouvée par la cellulose et ses isomères sous des influences
diverses entre autres l'action microbienne.
Cette perte de matière effectuée sous forme d'eau, d'acide
carbonique, d'hydrogène, de méthane, etc., n'a pas été la
même pour chaque espèce de combustible et a laissé un
résidu extrêmement variable dans sa composition.
Ainsi, en prenant la moyenne des analyses de quelques
tourbes, on obtient, pour le carbone, l'hydrogène et l'oxy-
gène, les chiffres suivants :
C=57,64 :H=5,88: 0=31,36, le rapport|=9,8et£ = i,8
On sait que pour la cellulose ces rapports sont -|- = 7,2
et -§- = 0,9.
Il y a donc eu élimination d'hydrogène et d'oxygène ; la
matière s'est enrichie en carbone; cet enrichissement
provient en partie de ce que les différents organes qui ont
résisté : cellules de liège, épiderme, cuticules, etc., sont
plus riches en carbone que la cellulose proprement dite et
TOME XIII. 21
322 B. RENAULT.
en partie de la pulpe amorphe provenant de la destruction
des parois des cellules. L'acide ulmique qui imprègne sou-
vent ces divers débris contribue également à augmenter la
teneur en carbone.
La composition de quelques lignites a fourni en moyenne
les rapports ~ = 12,6 : ij- = 3,6 comparés à ceux des
tourbes, on voit que dans celles-ci l'hydrogène et l'oxy-
gène se trouvent en proportion plus considérable que dans
les lignites. Les tourbes s'éloignent moins de la cellulose,
sont moins avancées en décomposition que les lignites;
ces derniers combustibles renferment quatre fois moins
d'oxygène et deux fois moins environ d'hydrogène que la
cellulose.
Les lignites et les tourbes sont formés des mêmes élé-
ments ligneux; les premiers comparativement au carbone
renferment 1,3 fois moins d'hydrogène et deux fois moins
d'oxygène que les tourbes. Il en résulte que ces deux
sortes de combustibles sont peu différentes l'une de l'autre,
que la distinction porte surtout sur une richesse plus
grande en carbone, pour les lignites, déterminée par une
fermentation plus complète, et qu'on peut les regarder
comme deux termes voisins d'une même série.
La couche de charbon de Tovarkowo, formée de cuti-
cules végétales, doit être considérée comme un exemple
intéressant, mais rare, de la conservation d'un tissu unique
d'une plante ; sa composition correspond à celle du même
tissu dans les plantes vivantes .
Le charbon lignitoîde d'Alexandrewski nous a fourni les
rapports suivants : -£ = 8,5 : -§- = 5 qui se rapprochent
des rapports que nous avons trouvés pour les cuticules. La
grande quantité d'enveloppes de spores, de macrospores
presque aussi peu altérables que les cuticules, qui entre
dans sa constitution, peut être l'une des causes de l'analogie
de ces rapports.
Il n'est pas possible d'exprimer par une formule unique
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 323
l'ensemble des réactions qui se sont produites sur chacun
des tissus dont se composait un Bothrodendron, ou sur les
Algues et les fructifications de Cryptogames qui ont formé
le charbon de la mine Alexandrewski. On peut supposer
que dans les deux cas la composition finale tendait, d'une
part, vers celle des cuticules, appartenant aux tiges et aux
rameaux de Bothrodendron, et de l'autre, vers celle des
cuticules des fructifications de Cryptogames variées.
Quoi qu'il en soit, ces limites sont fort différentes de
celles fournies par les végétaux transformés en houille. En
effet, on trouve pour les houilles à longues flammes
|L= 14}6 : -^- = 4,7 ; pour la houille pure d'un bois de
Cordaïte. ~ = 17 : ~ = 7; pour les houilles grasses
§. = 18,4 : ^= 19,6; pour l'anthracite | = 32 : % = 32.
Le tableau suivant où nous réunissons quelques exemples
Cellulose f = 7,2 — -§- = 0,9
Tourbes f-= 9,8 — -§ = 1,8
Lignites | = 12,6 — £= 3,6
[ Charbons lignitoïdes -^ = 8,5 — -2. = 5
Houille à longue flamme g- = 14,6 — ~ = 4,7
Houille pure d'un bois de Cordaïte -| = 17 — -£ = 7
Houille grasse de forge —- = 17,4 — -g- = 11
Houille grasse £ = 18,4 — £ = 20
Houille maigre anthraciteuse -g- = 21,5 — -5- = 21,5
Anthracite £ = 32 — £ = 32
montre que le passage de la cellulose à l'état de lignite ou
de houille se fait par une déshydrogénation et une désoxy-
génation simultanées; les rapports -g-, -^ vont en augmen-
tant en allant des composés lignitoïdes aux composés
houillifiés.
L'allure du phénomène est sensiblement la même, qu'on
l'observe dans les tourbes et les lignites, ou que Ton
324 B. RENAULT.
s'adresse aux combustibles comme les houilles et l'anthra-
cite. Le travail bactérien a eu pour résultat le départ plus
ou moins complet de l'oxygène et de l'hydrogène ; le terme
final pour les houilles aurait été la production de carbone.
Nous ne savons si cette limite a été atteinte, mais les
chiffres inscrits dans le tableau précédent, montrent que les
variétés de houille tendent vers cette limite à mesure
qu'elles sont plus anciennes.
On comprend l'impossibilité où l'on est ici, comme pour
les composés lignitoïdes, de représenter par une formule
unique la série de réactions chimiques qui ont transformé
les différents tissus des plantes en houille. En effet, un
fragment de cette substance renferme de nombreux débris
d'organes arrivés à des degrés divers de houillification, les
cuticules, les membranes moyennes des cellules, les épais-
sissements, les fructifications de Fougères et de Lycopo-
diacées, etc., n'ont pas donné une houille de même compo-
sition et de même apparence, l'analyse d'un fragment pris
au hasard ne fournit donc que la composition de beaucoup
de variétés de houille mélangées.
Cependant, en choisissant un morceau de bois houillifié
à' Arthropitus ou de Cordaïte, le tissu ligneux de ces plantes
étant parfaitement homogène, on peut admettre que l'analyse
porte sur une seule espèce de houille fournie par les membra-
nes communes des fibres ligneuses et leurs épaississements.
L'analyse d'une houille semblable a donné dans le cas
d'un Calamodendron :
o h o AZ
82,95 V78 11,39 0,48 — f = 17,3; £ = 7,2
d'une Cordaïte :
82,84 4,88 11,84 0,44 — £ = 16,9 ;§ = 7
conduisant sensiblement à la formule C9H60.
En transformant la matière végétale en houille, les Bac-
tériacées lui ont fait perdre les quatre cinquièmes de sa
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 325
substance primitive, perte due & la formation de produits
gazeux tels que l'acide carbonique, le méthane et l'eau; le
cinquième restant est de la houille.
La formule suivante exprime à peu près la nature des
réactions qui finalement ont dû se produire :
blIillM. BmÎIIi. ïrlham. t. tiibdiqii. lit.
(CsH,0O5)8 = 2{C°H60) + 14(CH*) + 16£COa) + 6(H*0)
Le composé solide C9H60 est la formule d'une houille pure
do Cordaïte; les produits gazeux ou liquide énumérés se
forment dans un grand nombre de fermentations actuelles. En
se transformant en houille les différents tissus végétaux ont
fis- il-
Coupe faite ilans un bols d'Arthropilus houilliûé. Gros, -p
0/ Daeillu» Carbo isolé,
b/ 6. Carbo réunis en chalnetlo.
cf Micrococcut Carbo disséminés dans la houille.
ci/ Vacuoles de formo cl de grandeur variées contenant les gaz produits par la
fermentai Ion.
326 B. RENAULT.
subi, suivant leur nature et la compression éprouvée, une
diminution considérable comprise entre -^ et ^ du volume
primitif. Si les Bactériacées s'étaient houillifiées et eussent
subi une semblable diminution de volume, elles seraient
complètement invisibles.
La présence de produits gazeux encore retenus dans la
houille par affinité capillaire, et sous l'influence d'une
certaine pression, est malheureusement rendue trop cer-
taine par les accidents qui se produisent si fréquemment
dans les mines.
Un centimètre cube de houille de la Bouble (Puy-de-
Dôme), par exemple, longtemps après son extraction,
contient 6,94 cent, cubes de gaz composés de 95,04 de
méthane, 3,70 d'acide carbonique et 1,25 d'azote; une
partie de ces gaz se dégage par simple pulvérisation, une
autre par diminution de pression, une troisième quand on
chauffe au-dessus de 100°, mais bien au-dessous cependant
de la température de décomposition du charbon.
Les préparations de houille ne peuvent être faites, avec
des fragments extraits récemment de la mine, si on n'a pas
soin de les chauffer pendant quelque temps à 100°. La
sortie continuelle des gaz empêche l'adhérence des lamelles
de houille sur le porte-objet.
L'émission gazeuse est due non seulement à une dimi-
nution de la pression atmosphérique sur les fragments
de houille amenés à la surface, mais encore au remplace-
ment de ces mêmes gaz par l'air, qui prend leur place en
déterminant une élévation de température suffisante pour
produire des accidents, quand les fragments sont mis en
tas un peu volumineux.
Le méthane et l'acide carbonique sont maintenus dans
la houille, non seulement comme nous l'avons dit par affi-
nité capillaire, mais occupent encore de nombreuses vacuoles
qu'ils ont creusées. La fig. 11 montre en effet une prépa-
ration faite dans un hois houillifié d' Àrthropitus ; on voit en a
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 327
ot en b des Bacillus Carbo isolés ou couplés par deux ; en c
des Micrococcus Carbo et des coupes transversales de Bacilles ;
en d et en e, des sections de vacuoles, les unes sphériques,
les autres elliptiques, ou plus ou moins irrégulières. L'in-
térieur de ces vacuoles est transparent et ne renferme que
des gaz; ceux-ci, produits lors de la fermentation provo-
quée par les Bactériacées que l'on distingue encore dans
la houille qu'ils ont formée, n'ont pu se dégager entière-
ment à cause de la viscosité de la matière ; ils sont restés
emprisonnés lors de son durcissement. On ne doit pas
s'étonner, dès lors, que la pulvérisation de la houille mette
en liberté une certaine quantité du méthane et de l'acide
carbonique contenu dans ces cavités.
Les préparations faites dans la houille ordinaire laissent
bien discerner également de nombreuses vacuoles, mais
elles sont généralement comprimées et tellement défor-
mées qu'on peut hésiter à y voir des poches microscopiques
à grisou. La houille des troncs ligneux plus compacte,
moins aplatie, permet au contraire de constater nettement
à l'intérieur des cellules dont on devine les contours, la
houille qui les remplit tenant en suspension des bulles
gazeuses et des Bactériacées.
Nous avons, à plusieurs reprises, fait remarquer l'analogie
do formation existant entre la houille et les composés
lignitoïdes, analogie portant sur la désoxygénation et la
déshydrogénation de la cellulose, sous l'influence micro-
bienne. Dans la houille la présence de bulles gazeuses a été
rendue évidente par la fig. 11, qui montre, en même temps
que les bulles, les Bactériacées qui les ont produites.
Des préparations faites dans des pétioles de palmiers
recueillis à Vegroni, province de Vicenza (Italie), et appar-
tenant à l'étage Tongrien, offrent des états fort divers dans
la décomposition des tissus. Tantôt, dans certaines frondes,
les cellules et les vaisseaux paraissent presque intacts, des
eaux calcaires les ont pénétrés et de nombreux cristaux
j
328 B. RENAULT.
spathiquea se sont formés à leur intérieur ; tantôt les frondes
n'ont pas été minéralisées, les tissus se sont plus profon-
dément altérés, les parois des éléments ligneux ont à peu
près disparu (fig. 12) et on reconnaît sensiblement l'aspect
offert par les préparations faites dans la houille d'Arthro-
Coupe longitudinale [alto dans un pétiole de palmier transformé
en lignite. Gros. ~
a/ Colonie de Micracoatu» lignitùm.
6/ Mfcrocoquea ûpara dans le lignite,
c/ Formo bacillaire mais peu fréquente.
d, ej Vacuoles de formes variées contenant les gaz produits par la fermentation.
pitus (fig. 11). Ici comme là, au milieu de la substance qui
remplit les cellules et provenant de l'altération des parois,
on remarque des vacuoles de formes variées, incolores,
contenant ou ayant contenu des produits gazeux issus de
la fermentation microbienne. Dans le cas présent il semble
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 329
que ce sont des Microcoques plutôt que des Bacilles qui
l'ont provoquée, car on voit dans et entre les bulles gazeuses
un nombre considérable de ces organismes.
CONCLUSIONS
1° Les marais dans lesquels se sont formés les tourbes,
les lignites et les charbons lignitoïdes, paraissent avoir
existé à toutes les époques géologiques ainsi que le
prouvent :
aj Le charbon miocène de Advent-Bay (Spitzberg); le
charbon oligocène de la Zsily (Transylvanie); les charbons
liasiques du Turkestan, de Madagascar, etc., et bien
d'autres ;
bj Les écorces de Sigillaires et les Stigmaries de Dracy-
Saint-Loup, transformés en lignite puis minéralisés par la
silice;
c/ Les couches de charbon beaucoup plus anciennes de
ïovarkowo, de Malevka, formées de cuticules, et celles des
mines Alcxandrewski, qui appartiennent au Culm inférieur
du bassin de Moscou ;
d\ Les préparations faites dans les magmas silicifiés de
Grand'Croix, d'Autun, etc., qui montrent les débris végé-
taux sous le même aspect que celui offert par des prépa-
rations de tourbe actuelle ; de part et d'autre, on y ren-
contre des dépouilles d'Infusoires, des Desmidiées, des
Mucorinécs, des Algues, des œufs d'Insectes aquatiques, etc.
2° Il y a lieu de distinguer deux sortes de marais tour-
beux, les uns où se sont formés les lignites et les charbons
lignitoïdes, situés à l'intérieur des terres et où pouvaient
s'accumuler les produits ulmiques ; les autres occupant les
deltas, exposés aux inondations, et où, dès lors, ces mêmes
produits ne pouvaient séjourner, les végétaux qui les occu-
paient disparaissaient complètement sous l'influence micro-
330 B. RENAULT.
tienne, ou étaient entraînés, lors des crues, dans des lacs
profonds ou des estuaires après y avoir subi un commence-
ment de houillification.
3° Le séjour d'un certain nombre de végétaux dans les
tourbières avant leur houillification est mis en évidence par
la présence dans les troncs houillifiés de mycéliums de
Champignons et de Bactériacées (Streptothryx) analogues à
ceux que Ton observe dans les bois des tourbières.
4° Aux époques primaires les plantes pouvaient être
transformées en houille sans avoir besoin de passer par
l'état de charbon lignitoïde.
5° Les transformations en charbons lignitoïdes et en
houilles étaient contemporaines, mais s'effectuaient dans
des milieux différents, marais tourbeux d'une part, lacs,
eaux profondes de l'autre, par conséquent étaient indépen-
dantes.
6° De part et d'autre la transformation en houille ou en
charbon lignitoïde était accompagnée de l'élimination d'une
certaine quantité d'hydrogène, d'oxygène et de carbone
sous forme d'hydrogène protocarboné et d'acide carbonique,
mais en proportions différentes pour chacun d'eux.
7° Le passage à l'état de composés lignitoïdes et à l'état
de houille et d'anthracite s'est fait par une déshydrogéna-
tion et une désoxygénation simultanées ; les rapports -§- et
-§ vont en augmentant successivement en allant des com-
posés lignitoïdes aux houilles et aux anthracites.
8° On peut, pour la houille pure provenant d'un tissu
homogène, indiquer, au moyen d'une formule approchée,
les réactions chimiques qui se sont produites dans la trans-
formation de la cellulose :
(C6H'°05)* = 2(C9H60) + 14(CH*) + 16(C02) + 6(420).
La houille C9H60 représente un cinquième du poids pri-
mitif de la cellulose. Les autres quatre cinquièmes sont
des produits gazeux ou liquides.
LES TOURBES ET LES HOUILLES. 331
9° Des préparations faites dans des bois houillifiés de
Cordaïtes ou d'Ârthropitus montrent souvent des cellules
dont on distingue vaguement les contours, remplies de la
houille provenant des épaississements ; cette houille con-
tient, en même temps que des bulles gazeuses fossiles, les
Bactériacées (Bacilles et Microcoques) qui leur ont donné
naissance.
10° Les lignitcs qui se sont formés également sous
l'influence d'un travail bactérien, laissent voir aussi à
l'intérieur des cellules et des vaisseaux ligneux, au milieu
de la substance qui les remplit, des bulles gazeuses empri-
sonnées, et des Bactériacées (Microcoques) auxquelles elles
doivent leur origine.
11° Les lignites et les houilles, quoique fort différents par
leur aspect et leurs propriétés, ont donc une origine bac-
térienne analogue ; les milieux de formation dissemblables
entraînant comme conséquence des Bactériacées différentes,
peuvent donner la raison des variétés nombreuses constatées
dans les combustibles fossiles.
>K
CONTRIBUTIONS
A i/ÉTUDE
DE LA FLORE FOSSILE
DE SÉZANNE
PAR
Maurice LANGERON
(2e FASCICULE) (1)
Dans ce deuxième fascicule de nos Contributions à la
flore fossile de Sézanne, nous proposons un certain nombre
de noms nouveaux pour des empreintes dont l'identifica-
tion nous parait très probable. Comme ces espèces ont été
reconnues au hasard des découvertes, il n'y a pas de lien
effectif entre les divers fascicules de cette publication. Les
espèces ne se suivent dans Tordre naturel que dans Tinté-
rieur d'un même fascicule. Aussi donnerons-nous, après la
description des espèces nouvelles que nous proposons, un
tableau récapitulatif, réunissant, d'après leurs affinités,
toutes les espèces que nous avons déjà décrites, de façon
à bien représenter au lecteur l'ensemble de la flore de
Sézanne, telle que nous la concevons actuellement.
(1) ERRATA DU PREMIER FASCICULE
Lors de la publication de notre premier fascicule, l'explication des planches a
été oubliée au brochage. Bien que le nécessaire ait été fait pour munir les lecteurs
du Bulletin de ces feuillets indispensables & l'intelligence des figures, nous croyons
devoir rappeler ici quelques indications essentielles.
Toutes les figures de la planche II sont de grandeur naturelle ; il en est de
mémo pour celles de la planche III. Les fruits vivants représentés dans les
figures 5, 8. 9 de cette planche sont des fruits de Spondiaa, de la famille des
Anacardiacées (groupe des Rutacées). Los figures 5 et 8 représentent un fruit lisse
provenant de Manille, rapporté en 1843 par Lieutaud (Voyage de la Danaïde, coll.
du Muséum, n* 329). La figure 9 se rapporte à un autre fruit provenant de Mara-
caybe et portant le n* 2914 de la coll. du Muséum. Ce fruit est encore muni d'une
partie de sa pulpe et présente des faisceaux saillants caractéristiques. Dans la
planche IV, les figures 1, 2, 3 sont en demi-grandeur. Dans la planche V, toutes
les figures sont de grandeur naturelle.
334 MAURICE LÀNGERON.
Nous nous sommes surtout attaché à compléter les
groupes dont l'existence a été établie avec certitude par
de Saporta. Nous avons ainsi choisi parmi les diverses
hypothèses que suggère l'étude d'un échantillon, celle qui
est, à priori, la plus simple et la plus plausible. Par ce que
Ton sait déjà de la richesse de la végétation de Sézanne,
tout permet de croire que chaque groupe pouvait être lar-
gement représenté. Cette conduite nous a paru la plus
sage. On sait quelle incertitude pèse sur les déterminations
des feuilles de Dicotylédones et comment les mêmes formes
de limbe et les mêmes modes de nervation se retrouvent
dans des familles très éloignées les unes des autres. Bien
souvent on a reproché aux paléobotanistes d'avoir attribué
tel échantillon à telle famille, sans raison apparente, alors
qu'il se rapprochait au moins autant de telle autre. L'ou-
vrage de Schimper et Schenk est rempli de critiques de ce
genre et, du reste, parfaitement justes. Sans pouvoir éviter
de tomber dans les mêmes erreurs, nous avons voulu jus-
tifier, dans la mesure du possible, nos déterminations, en
choisissant l'hypothèse qui semblait la plus probable, non
seulement par les caractères extérieurs de l'échantillon,
mais aussi par son aptitude à cadrer avec les résultats pré-
cédemment acquis et à former avec eux un ensemble aussi
rationnel que possible. La coexistence de formes tropicales
ou subtropicales et d'espèces des zones tempérées, bien
signalée par de Saporta et sur laquelle nous avons à notre
tour insisté, donne toute vraisemblance à cette manière
de voir. Il n'y a rien d'étonnant à ce que des représentants
d'une même famille, appartenant actuellement à des cli-
mats très différents, aient été autrefois réunis. Cette
manière de voir s'impose d'autant plus qu'à Sézanne nous
avons affaire à une flore très différente de toutes celles qui
Pont précédée ou suivie. Outre le mélange de l'élément
européen avec l'élément tropical, ou mieux subtropical,
nous voyons ici apparaître pour la première fois un cer-
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 335
tain nombre de types européens qui disparaissent ensuite
pour ne reparaître que dans le miocène. Évidemment cette
absence est due à la rareté des dépôts favorables à la con-
servation des empreintes végétales et non à la disparition
de ces types. Il est donc très intéressant de rencontrer
dans la flore de Sézanne une sorte de synthèse de la végé-
tation au début de l'éocène.
CUPULACÉES
Quercites vesicatus n. sp.
PI. V, fig. 2 et 3.
Q. foliis lanceolatis, acuminatis, dentibus obtuse acutis in dimidio
superiore instructis; nervis secundariis alternis vel Buboppositis, in
apicem dentium excurrentibus et abrupte desinentibus, non recte
sed post sulcum coxœ et emissionem rami anastomotici; in dimidio
inferiore nervi areolatim conjuncti sunt; nervis tertiariis plus
minusve transversis, varie inflexis et geniculatis, fere utcumque
simplicibus : omnibus nervis fortiter impressis, totum limbum tur-
gidum sicutque vesicatum eflicientibus.
Les deux empreintes représentées par les figures 2 et 3
de la planche V se complètent réciproquement, et, grâce à
leur parfait état de conservation, nous permettent de nous
faire une idée très exacte de ces feuilles qui ont dû appar-
tenir à un Chêne. Les fortes dents localisées dans la moitié
supérieure, les nervures secondaires craspédodromes et
brusquement terminées à l'extrémité de ces dents, les ner-
vures tertiaires assez espacées, généralement horizontales
et quelquefois géniculées, la forme lancéolée du limbe, sa
consistance coriace, la netteté d'impression des nervures,
tous ces caractères rapprochent cette empreinte d'un
groupe de chênes chinois à petites feuilles coriaces parmi
lesquels nous citerons : Quercus lanuginosa Don.,(). glane a
Thunb., Q. semicarpifolia Sm., Q. phyllirœoïdes A. Gr.
Généralement, dans les Chênes, lorsque les nervures secon-
daires sont nettement craspédodromes leur trajet est
direct, presque rectiligne, sans inflexions. Ici c'est bien le
336 MAURICE LANGERON.
faisceau direct qui s'avance jusqu'à l'extrémité de la dent
et non un rameau de ce faisceau, mais, avant d'y pénétrer,
il contracte une anastomose avec la nervure supérieure et
présente, en ce point, un angle rentrant très prononcé.
Nous avons observé une tendance à cette disposition dans
les Chênes que nous venons de signaler mais jamais avec
la netteté qu'elle présente dans le fossile. Notons enfin que
ces feuilles présentent un aspect bùllé tout à fait caracté-
ristique et qui se rencontre aussi à divers degrés dans les
espèces précitées.
MORACÉES
Protoficus crispans n. sp.
PI. V, fig. 5.
P. foliis angustis, in longum productis, lanceolatis, integerrimis
sed margine undulatis et sicut crispis, penninerviis; nervis secun-
dariis suboppositis,mox repetite furcatis Juxta marginem conjuncto-
anastomosatis, inter illos nervi debiliores et abbreviati, sed verisi-
militer secundarii ordinis, regulariter nascuntur et in reticulo mox
evanescunt; omnibus aliis nervis haud vel obscure conspicuis.
Assez commun à Sézanne.
Ce Protoficus diffère notablement de tous ceux qui ont
été décrits par de Saporta : dans aucun de ses Ficus penni-
nerves on n'observe de nervures secondaires plusieurs fois
bifurquées comme dans celui que nous allons décrire. Nous
avons ici une feuille étroite et allongée, très entière mais
ondulée et crispée aux bords : elle devait être légèrement
arrondie à la base et acuminée au sommet. Les nervures
secondaires sont opposées ou subopposées, obliquement
ascendantes, puis, après un parcours plus ou moins long,
plusieurs fois dichotomes. Le long de la marge, ces rami-
fications s'unissent diversement entre elles de façon à former
des aréoles de dimensions variées. Entre chaque paire de
nervures secondaires nait une nervure plus faible et plus
courte qui est peut-être aussi de second ordre et qui dispa-
rait bientôt dans le réseau général. Les deux paires infé-
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 337
rieures de nervures secondaires ont une obliquité plus con-
sidérable que les autres, ce qui montre, comme de Saporta
Ta déjà indiqué, la tendance de ces feuilles à l'ordonnance
palmatinerve. Nous retrouvons une structure analogue dans
divers Ficus, notamment dans Ficus pisifera Wall, de
Penang (King, n° 1564), et dans F. lutea Vahl. de l'Yemen
(Schweinfurth, n° 797). Signalons aussi divers Ficus dont
les analogies sont moins frappantes mais où Ton retrouve
bien des traits de notre fossile : Ficus umbonata Wall,
de l'Inde (Hooker et Thomson); F. unigîandulosa Wall.
(Pinang. Wallich, n° 4479); F. rostrata Bl. de Java, F. ri-
gida Bl. de Java (Zollinger, n° 2271); plusieurs Ficus sans
nom de l'Inde (Jacquemont, n° 698) et de Timor (Riedle,
n° 4). Ces affinités sont si nettes qu'il n'est guère possible
de ne pas ranger cette empreinte parmi les Ficus, mais
nous croyons devoir signaler la curieuse ressemblance
qu'elle présente avec certains Sterculia à feuilles entières,
étroites et allongées, ressemblance qui pourrait être trom-
peuse si l'on n'examinait les fins détails de la nervation.
Dans les Sterculia lanceolata Cav. de l'Inde, S. fœtida L. de
l'Inde et de l'Australie, S. coccinea Roxb. de l'Inde, on
retrouve le même contour foliaire, les mêmes ondulations
marginales et des nervures secondaires à peu près sem-
blablement ordonnancées. Mais ici la bifurcation de ces
nervures est beaucoup moins précoce et surtout beau-
coup moins nette ; il semble plutôt que la nervure infé-
rieure envoie une ramification vers la supérieure sans que
cette dernière donne aucune branche externe ; la nervation
est centripète. De plus, les nervures incomplètes, si visibles
dans notre Protoficus et dans les Ficus dont il se rap-
proche, font ici presque complètement défaut; on ne
retrouve pas non plus l'obliquité plus prononcée des deux
paires inférieures. Il semble donc que rien n'autorise à
placer dans les Sterculiacées une empreinte qui se rappro-
che beaucoup plus des Ficus à nervation pennée.
TOME XIII. 22
,n
338 MAURICK LANGKUON.
TERNSTRŒMIACÉES
Sauraja roborans n. sp.
pi. v, fig. i.
S. foliis ovatis vel ovato lanceolatis, crenatis, apice verisimiliter
acuminatis ; nervis sat fortiter impressis, secundariis alternis vel
suboppositis, oblique ascendentibus, secus marginem arcuatim con-
junctis; nervis tertiariis transversim obliquis, paucis.
On sait que de Saporta a décrit avec doute un Sauraja
(S. robusta) provenant de Sézanne et peut-être voisin du
S. spectabilis Hort. Ce Sauraja est représenté par la partie
inférieure d'une feuille crénelée, munie d'une très forte
nervure médiane et de nervures secondaires opposées,
repliées le long de la marge et soudées en arc. La plante
que nous figurons, pi. V, fig. 1, semble bien se rapporter
aussi au genre Sauraja et confirmer l'attribution de M. de
Saporta. Avec ses feuilles crénelées, ovales oblongues, ses
nervures repliées en camptodromie à une faible distance
du bord, elle rappelle tout à fait les feuilles du Sauraja
trislyla DC. de l'Inde (Hooker et Thomson), ou des îles
Célèbes (Koorders, n° 1082, Hb. Mus. Paris).
COLUMNIFÈRES
Le groupe des Columnifères ou Malvoïdées est un de
ceux qui ont fourni le plus d'espèces à de Saporta, dans
l'étude des restes fossiles de Sézanne. Les types déjà
décrits sont au nombre de neuf; l'examen des matériaux
conservés au Muséum nous a permis d'augmenter ce
nombre et de compléter l'étude de ce groupe qui semble
avoir occupé une place prépondérante dans la flore de
Sézanne.
De Saporta a bien caractérisé la nervation des feuilles de
ces plantes et précisé les caractères utiles au paléobota-
niste.
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 339
L'ordonnance palmatinerve et la tendance à cette ordon-
nance avec toutes ses conséquences semble bien en être le
type générateur. Les nervures peuvent affecter deux types :
ou bien elles sont dysomères et marginicursives, par con-
séquent atteignant directement le bord de la feuille ; ou
bien elles sont synomères, c'est-à-dire anastomosées. Dans
les deux cas elles produisent un système mixte dans lequel
les nervures atteignent partiellement le bord, lorsqu'il pré-
sente des découpures, et sont en même temps réunies par
des veines de jonction ou des replis et des arcs infra-mar-
ginaux, qui, eux aussi, peuvent envoyer dans les dents des
rameaux indirects.
Ces caractères ne peuvent malheureusement servir à éta-
blir des coupures bien nettes et ne facilitent guère le clas-
sement des empreintes, car on les retrouve à la fois dans
les mêmes genres. Un troisième caractère, très constant,
nous est fourni par l'angle d'émergence des nervures ter-
tiaires qui naissent à 90° et transversalement dans l'inter-
valle des secondaires.
Naturellement ce type de nervation subit des variations
assez considérables et peut être masqué par des déforma-
tions diverses. On le rencontre très pur dans les feuilles
élargies, à contour plus ou moins orbiculaire. Il est au con-
traire méconnaissable dans les feuilles simples, étroites,
irrégulières et dans les folioles des feuilles digitées des
Bombacées et de certaines Sterculiacées. Le développement
des nervures secondaires se trouve arrêté par la forme
étroite du limbe et, au lieu de s'étendre librement, elles se
replient en formant de larges aréoles accompagnées de
mailles plus petites et décroissant vers les bords. L'angle
d'émergence des nervures tertiaires se trouve par là même
modifié.
De Saporta a bien fait ressortir la difficulté de classer
les restes fossiles d'après ces caractères, les seuls dont nous
puissions disposer. A cause même de la persistance du type
340 MAURICE LANGERON.
général au milieu de toutes les variations parallèles, les
déviations ne sont jamais assez nettes, ni surtout assez
stables, pour permettre d'édifier un système de caractères
différentiels. Aussi de Saporta n'a-t-il pu établir que trois
coupes génériques dans l'ensemble des espèces de Sézanne.
Dans le type Sterculia rentrent toutes les feuilles palma-
tinerves entières ou faiblement lobées, non dentées.
Le nom de P ter osper mi tes a servi à désigner des empreintes
très nombreuses et très caractérisées voisines des Dombeya
et Pterospermutn.
Le genre Grewiopsis Sap. comprend toute une série d'em-
preintes palmatinerves, cordiformes, à dents aiguës, très
voisines des Tiliacées actuelles : Luhea, Apeiba, Grewia,
Tilia. Toutes ces feuilles ont une tendance à la dissymétrie.
L'étude des matériaux conservés au Muséum ne nous a
pas permis de nous en tenir à ces coupures et d'y faire
rentrer les nouveaux types que nous avons observés. Nous
avons dû établir d'autres divisions justifiées parles rapports
très étroits que présentent les empreintes avec d'autres
genres actuellement vivants.
Nous rapporterons au genre Grewiopsis une feuille appar-
tenant certainement à un type disparu, mais qui rappelle
cependant les Grewia.
Le genre Luheopsis gen. nov. comprendra tous les restes,
et ils sont nombreux, qui confinent de très près et presque
exclusivement aux Luhea actuels.
Enfin les genres Echinocarpeopsis et E lœocarpeopsis gen.
nov. désigneront d'autres feuilles plus éloignées du type
général de la famille mais très voisines des Sloanées et
des Éléocarpées actuelles.
Grewiopsis producta n. sp.
PI. III, fig. 3 (demi-grandeur).
G. foliis crassis et validis, angustis et praelongis, angulatis, cete-
rum integerrimis, basi dissymetris, trinerviis; nervis primariis
FLORE FOSSILE DE SEZANNE. 341
inaequaliter productis et ramosis, secundariis paucis (3 a 4 paria)
suboppositis, simplicibus, in apicem angulorum pergentibus : nervis
tertiariis distantibus, rectis vel geniculatis.
Malgré la mauvaise conservation de cette empreinte il
est facile de suppléer aux parties détruites et d'envisager
la feuille telle qu'elle était dans son intégrité. Elle présente
bien les caractères des feuilles des Ch'ewia et des genres
voisins Columbia et Diplophractum. Le limbe est forte-
ment inéquilatère, relativement étroit, très allongé, nette-
ment anguleux : chaque nervure secondaire en atteignant
le bord ne détermine pas la formation d'une véritable dent,
mais entraîne la portion du limbe qui l'environne comme
le serait une étoffe fortement tendue par une tringle métal-
lique : d'où la production d'une série d'angles ou pointe-
ments saillants séparés par des sinus à concavité peu pro-
fonde. Nous retrouverons ces angles dans d'autres Columni-
fères de Sézanne. Les nervures secondaires sont peu nom-
breuses , subopposées , obliquement ascendantes ; les
tertiaires leur sont perpendiculaires ; elles sont parallèles
entre elles, droites ou infléchies au milieu : on voit en
quelques points le réseau polygonal qui les unissait.
Il est assez difficile de retrouver de nos jours ces carac-
tères réunis dans un même type : toutes les feuilles de
Grewia qui présentent la même forme et la même nerva-
tion sont beaucoup plus petites. De plus, les Grewia ont
une grande tendance à être toutes munies de dents petites
et nombreuses, et non d'angles obtus comme notre Grewiopsis.
Dans les genres Diplophractum et Columbia nous retrouvons
aussi, quoique avec quelques modifications, la plupart des
traits saillants de notre plante. Nous y voyons la même dis-
symétrie, la même ordonnance trinerve, mais les angles
sont plus rapprochés, plus nombreux; ils sont souvent
transformés en dents aiguës par suite de l'cxcurrence do
la nervure qui entraîne avec elle une petite portion trian-
gulaire du limbe. Citons parmi les plantes les plus propres
342 MAURICE LANGERON.
aux comparaisons : Columbia serratifolia DC. de Manille,
plusieurs Columbia de Bornéo (Hb. du Muséum, sine
nomine), Diplophractum auriculatum Desf. de Cochin-
chine.
Bien que les affinités intimes de cette plante restent
douteuses, elle n'en appartient pas moins manifestement
à la tribu des Grewiécs, aussi la nommerons-nous Grewiopsis
producta tout en faisant remarquer qu'elle n'est en rien
voisine des Grewiopsis de Sézanne décrits par de Saporta,
qui se rapportent toutes à un autre type de Grewia.
Luheopsis gen. nov.
Nous appliquerons ce nom à des empreintes qui rappel-
lent étonnamment les Luhea du continent américain. Les
nombreuses espèces du genre Luhea forment un ensemble
très homogène où la forme des feuilles varie peu. Une dis-
symétrie quelquefois très accentuée, un espace considérable
séparant les nervures basilaires des autres nervures secon-
daires; tels sont les deux traits principaux qui caractérisent
ces feuilles. On peut y ajouter d'autres caractères secon-
daires, tels que la tendance des nervures secondaires à se
terminer brusquement dans les dents, presque sans dimi-
nuer de volume, et leur allure rectiligne, presque toujours
exempte de courbes, qui donne aux feuilles un faciès rigide
tout spécial.
Au point de vue de pure morphologie foliaire où nous
sommes obligé de nous placer, nous pouvons distinguer
dans les Luhea deux groupes assez nets. L'un renfermera
les feuilles à limbe élargi, à dents généralement espacées,
aiguës, à nervures secondaires et tertiaires peu nombreuses.
L'autre comprendra des feuilles plus allongées, à nervures
plus nombreuses et plus serrées, surtout les nervures ter-
tiaires, à dents généralement plus aiguës et plus rappro-
chées. Nous allons retrouver ces deux types dans deux
formes différentes observées à Sézanne.
FLOUE FOSSILE DE SEZANNE. 343
Luheopsis dissymetra n. sp.
PI. I, fig. 5, et pi. II, fig. 5.
L. foliis crassis, basi inaequaliter productis, angulatis vel obscure
dentatis, trinerviis; nervis seoundariis medio genitis oppositis vel
suboppositis, cum superioribus arcuatim religatis : illis autem, qui
a lateralibus oriuntur, modo in parte externa productis, verisimiliter
craspedrodomis, rectis vel curvatis ; nervis tertiariis ad perpendicu-
lum secundariorum factis, distantibus, rectis vel medio geniculatis;
venulis haud conspicuis.
Assez commun à Sézanne.
Cette belle empreinte représente une feuille largement
ovale, très inéquilatère. Bien que l'intégrité du contour
laisse beaucoup à désirer, il est facile d'y reconnaître des
saillies anguleuses, correspondant à la terminaison des
nervures. Ces saillies sont très caractérisées dans Luheopsis
dissymetra : elles ne peuvent être confondues avec des
dents et se retrouvent sur un grand nombre d'échantillons.
Cette feuille devait être épaisse et coriace : si elle était
couverte de poils à la face inférieure, comme la plupart des
Luhea actuels, cette pubescence n'a guère laissé de traces.
Par suite de la dissymétrie du limbe le développement des
nervures latérales inférieures est très inégal. L'une donne
naissance à des rameaux rectilignes ou arqués, assez longs,
un peu anguleux, qui aboutissent directement aux saillies
marginales; l'autre, très voisine du bord, ne fournit que
des branches très courtes et arquées. Les autres nervures
secondaires sortent de la médiane après un intervalle assez
grand ; elles sont opposées ou alternes et se terminent au
bord de la feuille, soit directement, soit après bifurcation.
Les nervures tertiaires sont perpendiculaires aux secon-
daires, quelquefois rectilignes, souvent coudées au milieu
de leur parcours. Elles sont peu nombreuses et assez
espacées.
Les espèces actuellement vivantes dont cette empreinte
se rapproche le plus sont : Luhea macropetala Rich. de
344 MAURICE LÀNGERON.
Cuba (Ramon de la Sagra) et Luhea rufescëns Saint-Hil. du
Brésil. Nous rattachons à cette espèce la petite feuille très
bien conservée que nous figurons pi. II, fig. 5. Bien qu'elle
diffère par quelques détails du type que nous venons de
décrire elle présente avec lui trop de liens pour que nous
puissions l'en séparer. Elle complète nos notions sur la ter-
minaison des nervures secondaires et elle présente à un
haut degré dans toutes ses nervures l'allure raide et angu-
leuse que nous retrouvons dans les Luhea actuels.
Nous ne devons pas négliger non plus les analogies que
ces feuilles présentent avec les genres Columbia et Diplo-
phraclum, notamment dans les saillies marginales angu-
leuses, et avec le genre Apeiba.
Luheopsis verisimilis n. sp.
PI. I, fig. i et 2, et pi. II, fig. 2.
L. foliis incessu rigente, verisimiliter ovato-lanceolatis, basi
insequaliter attenuatis, excursu nervorum dentatis prsecipue ad
summum, tri nerviis; nervis primariis longe ascendentibus; nervis
secundariis alternis vel suboppositis,primum oblique dein fere recte
ascendentibus, omnibus craspedodromis, usque ad ultimum dentem
firmis et regidis; inferioribus et pariter praocipuia infimis extus
ramosis, ramulis arcuatis, areolatim conjunctis vol craspedodromis;
nervis tertiariis velut in Luheopsi dissymetra sed multis, densis et
saepe bifurcatis.
Commun à Sèzanne.
Cette description s'applique à un certain nombre d'em-
preintes qui se rapprochent manifestement des Luhea à
feuilles allongées et assez étroites, à dents faibles et loca-
lisées dans les deux tiers supérieurs. Parmi ces Luhea >
étudiés dans l'Herbier du Muséum, nous pouvons citer :
Luhea ferruginea Turcz. du Mexique.
L. densiflora Saint-Hil. du Brésil.
L. rufescëns Saint-Hil. du Brésil.
L. ochrophylla Marts. du Brésil.
L. paniculata Marts. du Brésil et de la Bolivie.
FLORE FOSSILE DE SÉZÀNNE. 345
Les feuilles de ces Luhea ont pour caractères communs :
un port un peu raide dû à l'allure rectiligne des nervures
obliquement ascendantes ; un contour sensiblement ovale,
inégalement atténué à la base, généralement arrondi ou
même obtus au sommet. Les dents sont courtes, aiguës ;
les nervures secondaires s'y terminent brusquement,
presque sans avoir diminué de volume dans leur parcours.
Les dents sont surtout marquées dans les deux tiers supé-
rieurs de la feuille, bien qu'elles puissent occuper tout le
contour. Les nervures tertiaires sont transversales, géné-
ralement rectilignes ou faiblement coudées, nombreuses et
serrées. Cette description s'applique exactement à nos
empreintes. La dissymétrie y est seulement plus accusée
que dans la plupart des Luhea vivants.
ECHINOCARPEOPSIS ET EL.EOCARPEOPSIS gen. nOV.
Dans les deux tribus des Sloaneœ et des Elœocarpex on
observe des feuilles de grandes dimensions, épaisses et
coriaces, munies de nervures solides réunies en campto-
dromie le long de la marge, de façon à former des arcs
réguliers. On peut distinguer ces deux tribus Tune de
l'autre précisément par la structure de ces arcs. Dans les
Sloaneœ, et notamment dans les genres Sloanea et Echino*
carpus} les nervures secondaires, après un certain trajet, se
divisent en deux branches dont Tune se recourbe vivement
à l'intérieur pour s'anastomoser avec la nervure supérieure,
tandis que l'autre, beaucoup plus faible, continue à monter
en produisant des branches rectilignes et internes qui
limitent des aréoles décroissantes. Nous avons donc surtout
ici un développement centripète des nervures. Au contraire
dans les Elœooarpex^ dont le type est le genre El&ocarpus,
la ramification est plutôt centrifuge : les nervures secon-
daires se bifurquent plus ou moins vite, tantôt dès le
milieu de leur parcours ou même avant, tantôt seulement
346 MAURICE LANGE BON.
près de la marge : les deux branches se bifurquent à leur
tour plusieurs fois et circonscrivent ainsi des aréoles mar-
ginales. Ces dispositions ne sont pas absolument cons-
tantes, mais elles permettent de distinguer suffisamment
ces deux tribus et d'y répartir les empreintes qui présentent
ces caractères différentiels. Le réseau tertiaire offre tou-
jours une disposition uniforme; il est formé de faisceaux
parallèles, rectilignes, assez espacés, délimitant des plages
rectangulaires remplies d aréoles polygonales.
Echinocarpeopsis fastigata n. sp.
PL II, fig. 9.
E. foliis crassis, oblongo-lanceolatis, acuminatis, argute dentatis :
costa média valida, nervissecundariis al ternis, oblique ascendentibus,
juxta marginem arcuatim conjunctis,dein areolas seriatim dispositas
delineantibus ; tertiariis transversis, distantibus, typice ordinatis.
La conservation de cette empreinte permet d'établir
pour elle des rapprochements assez certains. Elle présente
le port un peu raide et l'aspect solide et coriace des feuilles
de Sloanées. Elle est acuminée au sommet et munie sur le
pourtour de dents petites, aiguës, nombreuses; visibles
sur plusieurs points de la feuille (fig. 9, a). La nervure
médiane est épaisse, elle donne naissance à des nervures
secondaires généralement alternes et effectuant le trajet
que nous avons donné comme caractéristique des Bchino-
carpus. Il semble bien ici que la ramification des nervures
secondaires soit purement centripète. Les nervures tertiaires
sont rectilignes, mais elles peuvent ou être complètes, c'est-
à-dire réunir directement deux nervures secondaires, ou
n'effectuer qu'une moitié de ce trajet et se joindre par une
ligne brisée. On retrouve dans beaucoup d' Echinocarpus des
traits communs avec cette feuille, mais surtout dans Echi-
nocarpus dasycarpa Oenth. de l'Inde. Signalons aussi
quelques ressemblances avec Elxocarpus apiculatus Maing.
de la péninsule Malaise.
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 347
Elaeocarpeopsis décora n. sp.
PI. I, fig. 4.
E. foliis crassis, solidis, ovatis, integris vel undulatis, nervis
fortiter impressis ; nervomedio lato, secundariis alternis, juxtamar-
ginem conjunctis et a basi areolas decrescentes delineantibus ; nervi
imperfecti inter illos huo et illuo videntur ; nervis tertiariis flexuosis,
varie anastomosatis, sat paucis.
L'empreinte de cette plante intéressante représente une
feuille à bords entiers, robuste, épaisse et probablement
charnue, munie de nervures très développées. Malgré son
intégrité apparente, cette empreinte ne présente pas tout
ce qui est nécessaire pour une identification certaine. Il
manque le sommet et la plus grande partie des bords; la
base et la partie moyenne du limbe sont seules intactes.
Néanmoins il est impossible de n'y pas reconnaître le type
de nervation de Elœocarpus et des Echinocarpus. Les ner-
vures secondaires sont alternes, elles naissent sous un
angle d'environ 45°, montent obliquement puis se replient
par des arcs limitant des aréoles décroissantes. A la partie
inférieure, le long du bord, une petite nervure, issue direc-
tement des faisceaux pétiolaires, limite aussi par ses arcs
successifs une série d'aréoles. A côté de ces nervures
secondaires complètes on en trouve un certain nombre
d'autres à trajet incomplet ; elles naissent généralement en
opposition avec les autres secondaires et, après un court
trajet, disparaissent dans le réseau tertiaire. Ce réseau,
dont la direction générale est perpendiculaire aux fais-
ceaux secondaires, est formé de linéaments rectilignes ou
sinueux, quelquefois réunis par une ligne brisée intermé-
diaire, d'autres fois soudés en forme d'H, etc. Le fin réseau
contenu dans les intervalles n'est pas visible. Tous
ces détails de nervation rapprochent beaucoup notre
empreinte des Echinocarpus Sigun Blume, de Java, E, stercu-
liacew Benth. de l'Inde, et surtout E. Jackianus Wall. (Malay
peninsula, King, n°5515).
x--»" -
348 MAURICE LANGERON.
Mais, dans cette dernière espèce, on constate des caractères
accessoires que nous n'avons pu retrouver dans le fossile ;
c'est ainsi que les nervures sont couvertes d'un duvet
serré sur les deux faces de la feuille : l'examen attentif de
l'empreinte n'a pu nous faire découvrir aucune trace de
poils semblables. Sur les échantillons desséchés que nous
avons consultés, les aréoles de la partie basilaire et l'étroite
marge qui les borde sont beaucoup moins visibles que sur
l'empreinte, mais cela est dû au recroquevillement de cette
marge non soutenue par des faisceaux vasculaires et qui,
lors de la dessiccation de ces feuilles charnues, a dû se
rétracter fortement.
Elœocarpeopsis mutila n. sp.
PI. I, fig. 3.
E. foliis crassis, latis, apice acuminatis, fartasse dentatis, penni-
nerviis; nervis secundariis valde impressis, oppositis, primum cur-
vato-ascendentibus, dein repetite furcatis, varie anastomosatis;
nervis tertiariis transversis, paucis.
Bien que cette feuille ne nous présente que sa partie
supérieure elle est en réalité plus facile à identifier que la
précédente, parce qu'elle offre plus de détails caractéris-
tiques. Le limbe devait être épais et coriace, avec des
bords dentés ou simplement ondulés; il était très proba-
blement terminé par une pointe courte et triangulaire. Les
nervures secondaires étaient opposées au moins dans la
partie supérieure ; elles montaient en décrivant un arc très
ouvert à quelque distance du bord, puis se bifurquaient en
deux branches dont Tune continuait le même trajet et dont
l'autre allait s'anastomoser avec l'arc fourni par la nervure
inférieure. En outre, chaque branche pouvait se diviser à
nouveau plusieurs fois. C'est là l'ordonnance typique de la
nervation chez les Elœocarpus. La bifurcation est plus ou
moins précoce : tantôt elle a lieu assez près du bord comme
dans EL oblonga Gœrtn., El. aristatus Roxb. ; d'autres fois
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 349
elle se produit dès le milieu du faisceau comme dans
EL apiculatus Maing., EL petiolatitsWsAl. Notre empreinte
se rattache au premier groupe, d'autant plus que ses affi-
nités la rapprochent étroitement do certaines feuilles
d'Elœocarpus oblonga Gœrtn. de l'Inde, dont elle reproduit
manifestement les détails de nervation. Les nervures ter-
tiaires sont peu nombreuses et peu visibles, mais leurs ves-
tiges sont encore conformes à la structure des Elœocarpus.
Signalons en dernier lieu Y Echinocarpus sterculianus Benth.
de l'Himalaya, qui touche d'assez près à notre fossile.
RHAMNACÉES
Rhamnus L.
Il n'est pas surprenant de trouver parmi les empreintes,
provenant de Sézanne, de nombreux représentants du
genre Rhamnus. La famille des Rhamnées est déjà très abon-
damment et très sûrement représentée par le Zizyphus
Raincourtii Sap., l'une des plantes de Sézanne les plus
communes, et par le Zizyphus subaffinis Lang. De Saporta
a décrit aussi un Rhamnus, le Rh. argulidens Sap., dont
l'unique échantillon est un fragment très incomplet, mais
néanmoins suffisamment déterminable. Nous sommes donc
autorisés à rapporter aux Rhamnus un certain nombre
d'empreintes qui présentent les caractères de nervation
de ce genre ou des genres voisins, notamment des Ceanothus.
Cette nervation est assez caractéristique et à peu près
constante, aussi le nombre des plantes fossiles rapportées
aux Rhamnus est-il considérable. Les nervures secondaires
sortent de la médiane suivant le mode penné : souvent
l'aspect des feuilles rappelle celui des feuilles de Cornus
avec des nervures secondaires longuement recourbées
ascendantes. Mais les feuilles de Rhamnus se distinguent
par leur denticulation, dans la plupart des cas, et, dans les
350 MAURICE LANGE HO N.
espèces à feuilles entières, par le nombre plus considé-
rable, la courbure moins accentuée des nervures secon-
daires et surtout par les arcs marginaux et les séries d'aréoles
que Ton n'observe jamais chez les Cornus.
Rhamnus progenitrix n. sp.
PI. III, fig. 2.
Rh. îoUïb ovatis, tenuiter crenatis, glabris et politis; nervis secun-
dariis alternis vel suboppositis, secua marginem arcuatim conjunctis :
arcus con8picui in ligulis sequalibus et ordinatis totum folium divi-
dunt et marginem angustam lucidamque séparant; postautem gène-
rationem arcûs, fasciculi reliquium juxta marginem areolas decres-
centes gignit usque ad arcum superiorem : nervis tertiariis multis,
sinuatis, fere semper transversim, saepe invicem perfectis et imper-
fectis.
On pourrait donner pour ancêtre à Tune des sections
Eurhamnus Koch ou Frangula DC, et peut-être à toutes
deux, la plante que nous nommons Rhamnus progenitrix.
Elle est en effet très voisine de ces deux groupes et pré-
sente d'étroites similitudes avec les Rhamnus cornifolia
Boiss. et Koch du Kurdistan et de la Perse, Rh. libanotica
Boiss. du Liban et du Taurus, d'une part, et de l'autre avec
les Rh. rupestris Scop. de la péninsule Hellénique et
Rh. grandifolia Fisch. et Mey. de la Perse. Les affinités les
plus remarquables se manifestent pour Rh. cornifolia Boiss.
et Koch. Notre feuille est ovale oblongue, sinuée-dentée,
avec des dents arrondies qui sont plutôt des crénelures.
Les nervures secondaires sont nombreuses et leur parcours
est caractéristique.
Après être restées parallèles jusque près du bord de la
feuille, elles se recourbent de façon à s'anastomoser un
peu plus haut avec la nervure supérieure : une ramification
va former sur la marge très nette, séparée du limbe par
ces arcs successifs, une série d'aréoles décroissantes. Les
nervures tertiaires sont nombreuses, transverses, parai-
FLORE FOSS1LK DK 8ÉZÀNNE. 351
lèles, rectilignes; elles sont alternativement complètes ou
incomplètes, c'est-à-dire que les unes réunissent directe-
ment deux faisceaux secondaires, tandis que dans l'inter-
valle une autre nervure se résout en nervilles à peine
visibles. Cette ordonnance des nervures tertiaires n'est du
reste pas absolument constante. Aucun fossile, à notre con-
naissance, ne peut être comparé à cette empreinte.
Rhamnus pristina n. sp.
PI. II, fig. 7, et pi. IV, fig. 3.
Rh. foliis breviter oblongo-lanceolatis, aoutis, in utroque summo
attenuatis, integerrimis; nervo medio infirmo, nervis secundariis
parallelis, curvatis, juxta marginem plus minusve obscure arcuatim
conjunctis; nervis tertiariis paucis, secundariis perpendicularibus.
Dans le groupe des Palœofrangula, nous devons encore
faire rentrer deux empreintes qui ne diffèrent guère que
par la taille. Ce sont des feuilles ovales-lancéolées, atté-
nuées aux deux extrémités, mais surtout à la partie supé-
rieure, parfaitement entières et présentant la nervation
caractéristique des Rhamnus. Les nervures secondaires
sont assez nombreuses (6 à 8 paires), alternes ou suboppo-
sées, arquées, réunies en camptodromie sur les bords par
des arcs assez nets. Les nervures tertiaires sont perpendi-
culaires aux secondaires généralement complètes, quel-
quefois incomplètes, alternes et réunies par une ligne
brisée, parallèle aux nervures secondaires. La nervure
médiane est mince comme dans beaucoup de Rhamnus.
Cette plante ressemble beaucoup au Rhamnus pontica Boiss.
publié par Balansa sous le nom de Rh. spathul&folia
(Balansa. PL d'Orient). Le Rhamnus Eridani Ung, figuré par
Heer d'après un échantillon du Groenland (Flor. foss.
Grônlandica, tab. xlix, fig. 10), ressemble beaucoup à notre
espèce. Mais son limbe est plus élargi et moins allongé.
L'extrémité supérieure manque. Les autres figures du
Rh. Eridani ne concordent du reste pas avec notre Rhamnus.
352 MAURICE LANGERON.
Rhamnus catharticœfolia n. sp.
PI. III, fi g. 5 et 8, et pi. II, fig. 4 et 3.
Les Palœocervispina sont représentés à Sézanne par un
certain nombre d'empreintes qui offrent les mêmes carac-
tères de nervation, mais qui, par la forme et les dimensions
de leurs feuilles, semblent appartenir sinon à deux espèces,
au moins à deux variétés bien distinctes.
Var. « procera.
PI. III, fig. 5 et 8.
Rh. foliis oblongo-lanceolatis, argute serratis; nervis secundariis
paucis, plerumque alternis, distantibus, breviter curvatis dcin longo
ascendentibus, tandem arcubus obscure conjunctis, nervis super-
numerariis quandoquc in ter alias nascentibus ; tertiariis haud cons-
picuis.
Les feuilles de cette variété sont assez grandes, lan-
céolées, généralement étroites, finement denticulées. La
nervation est très caractéristique : les nervures secondaires
sont peu nombreuses (4 à 5 paires), alternes ou subopposées,
très distantes; elles naissent à angle aigu, décrivent un
arc court puis deviennent presque rectilignes, longuement
et obliquement ascendantes : elles s'anastomosent ensuite
avec la nervure supérieure par un arc court, la branche
principale continue son trajet et se perd dans le réseau
tertiaire marginal. Ce réseau peu visible devait être formé
de mailles sinueuses. Entre les nervures secondaires prin-
cipales naissent, à intervalles inégaux, des nervures acces-
soires dont le parcours est limité. Parmi les Ceroispina
vivants qui se rapprochent de ces empreintes signalons :
Rhamnus cathartica L. et sa var. davurica} Rh. polymorpha
Turcz. de l'Inde, Rh. persicœfolia Mory. de la Sardaigne,
Rh. virgata Roxb. de l'Inde.
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 353
Var. /3 minuta.
PI. Il, fig. 1 et 3.
Rh. foliis minoribu8, angustioribus, in utramque partem longe
attenuatis, ceterum foliis Rhamni catharticasfoliœ similibus sed
nervis ssepius suboppositis.
Les caractères de nervation et de denticulation sont les
mêmes que pour la var. procera, mais les feuilles sont
beaucoup plus étroites et plus allongées. Les analogies sont
plutôt avec Rhamnus japonica Maxim, du Japon, Rh. hirsuta
Wight., et Rh. virgata Roxb., tous deux de l'Inde.
Rhamnus ceanothifolia n. sp.
PI. IV, fig. 5.
Rh. foliis oblongo-lanceolatis, serratis multis dentibus exiguis et
acutis ; nervis secundariis multis, oppositis vel rarius suboppositis,
juxta marginem arcuatim conjunctis dein areolas decrescentes
delineantibus : nervis tertiariis transversim parallelis.
Ce Rhamnus est, comme son nom l'indique, très proche
parent des Ceanothus. II ressemble étonnamment au Rhamnus
(Ceanothus) Wightii Arn., au Rh. nepalensis Wallich et au
Ceanothus triquetra Wallich, tous trois de l'Inde ; cette
dernière espèce appartient aux Ceanothus à nervation
pennée. Notre empreinte représente une feuille ovale
oblongue, atténuée au sommet; les bords sont munis de
dents fines, nombreuses, aiguës. La surface de la feuille
était lisse, le limbe d'épaisseur moyenne. Les nervures
secondaires nombreuses sont généralement opposées,
quelquefois subopposées. Après un assez long parcours
presque parallèle, elles se recourbent brusquement en
dedans pour envoyer à la nervure supérieure une branche
anastomotique. Le faisceau continue son trajet et donne
naissance à une série d'aréoles décroissantes qui garnissent
le bord de la feuille. Les nervures tertiaires sont normales
tome xui. 23
354 MAURICE LANGERON.
et suivent un trajet perpendiculaire aux secondaires, tout
en restant rectilignes et parallèles entre elles. Ce Rhamnus
peut être comparé au- Rhamnus Gaudini Heer. Il est très
semblable pour la forme et la denticulation à l'échantillon
représenté dans la fig. t de la planche cxxv (Heer. Flora
tertiaria Helvetiœ, III) ; cependant les dents de notre feuille
paraissent plus nombreuses et plus aiguës. Les nervures
secondaires du Rh. Gaudini sont moins régulièrement
opposées, le réseau tertiaire est plus oblique. Enfin le
parcours des nervures secondaires est moins étendu : elles
sont moins longuement ascendantes ; l'aréolation marginale
est moins développée et la première anastomose, si nette
dans notre Rhamnus, Test beaucoup moins dans la plante
de Heer. Néanmoins l'évidente parenté de ces deux plantes
d'âge si différent est intéressante à signaler. Les autres
échantillons de Rhamnus Gaudini figurés par Heer dans les
pi. cxxiv, fig. 4 à 15, et cxxv, fig. 7 et 13, et auxquels il
consacre une assez longue diagnose, s'éloignent beaucoup
plus de notre plante. Leur contour est plus ovale, les dents
sont moins nombreuses, la nervation plus arquée. D'après
les descriptions que donne Heer la plante représentée
pi. cxxv, fig. 1, s'éloignerait un peu du type du Rh. Gaudini
tel qu'il le conçoit, mais il déclare formellement que malgré
ces différences elle se rattache bien à la même espèce.
Heer s'efforce manifestement de ne pas multiplier les
espèces et de ranger sous le même nom le plus d'em-
preintes possible. Louable tendance, surtout lorsqu'il s'agit
d'empreintes provenant d'un même gisement. Mais la plante
qui ressemble tant à notre Rh. ceanothifolia et qui s'éloigne
des autres Rh. Gaudini devrait peut-être former une espèce
à part, plus voisine des Ceanothus que des Rhamnus. Du
reste Heer rapproche sa plante du Ceanothus grandifolius
F. et Mey. du Caucase.
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 355
ACÉRACÊES
Acer L.
La samare que nous avons décrite et figurée dans notre
précédente publication établit incontestablement la haute
antiquité du genre Acer et sa présence dans les forêts de
Sézanne. Nous sommes donc autorisés à rapporter à ce
groupe des empreintes de feuilles que leur forme et leur
nervation rapprochent beaucoup des Acer fossiles déjà
décrits. Le genre Acer a été très soigneusement étudié par
Pax dans une monographie publiée dans le Botanische Jar-
bucher d'Engler (1885-1886). Les groupes qu'il a établis
ont été adoptés par la plupart des botanistes et des paléobota-
nistes, notamment par Schimper et Schenk dans la Paléon-
tologie de Zittel. Nous nous servirons donc des mêmes sub-
divisions pour classer les Érables de Sézanne.
Pax distingue huit sections dans le genre Érable :
1. — Palœo-rubra.
2. — Palxo-spicata.
3. — PaLvo-palmata.
4. — Palxo-negundo.
5. — PaLco-campestria.
6. — PaLvo-platanoïdea.
7. — Palxo-saccharina.
8. — Palœo-macrantha.
Ces sections correspondent exactement à celles qui sont
établies pour les espèces vivantes. Les caractères tirés de
la forme des feuilles, du nombre des lobes, de la conforma-
tion des dents, enfin de l'aspect de l'aile du fruit sont suffi-
sants pour les distinguer entre elles. Ces sections sont ainsi
représentées à Sézanne :
Palaeospicata. — Acer Pseudoplatanus eocenicum.
Palasopalmata. — Acer palœopalmalum.
Palœocampestria. — Acer sezannense.
356 MAURICE LANGERON.
Palœoplatanoïdea. — Acer lœtum eocenicum.
Palœomacrantha. — Acer subtenuilobatum.
Il est curieux de constater dans la même localité une aussi
grande variété d'Érables. La coexistence de ces formes
montre bien que dès cette époque reculée le genre Acer était
déjà constitué dans ses lignes principales et que les ancêtres
des groupes actuels étaient déjà depuis longtemps apparus.
Ajoutons que de Saporta, en étudiant la flore fossile de
Meximieux, a donné une foule de considérations ingé-
«
nieuses sur la filiation des Érables de divers groupes,
notamment du groupe Opulifolium^ et sur la distribution
géographique de ces Érables aux temps géologiques et à
l'époque contemporaine. Nous avons pu mettre à profit ces
minutieuses observations pour la détermination des Érables
de Sézanne.
Il est difficile d'indiquer celle de nos espèces à laquelle
appartient le fruit que nous avons décrit précédemment. Il
pourrait provenir de Y Acer sezannense, comme semblerait
l'indiquer son analogie avec les fruits de Y Acer opulifolium.
Acer Pseudoplatanus eocenicum n. sp.
PI. IV, fig. 1.
A. foliis quinquelobatis, solidis, sinuato-lobulatis; lobo medio
majore, lobis basilaribus verosimiliter minimis; nervis primariis
leviter arcuatis, secundariis sub angulo acuto produis, rectis
vel inflexis, oblique ascendentibus, craspedodromis; tertiariis illis
transversis, brevibus, mox in retioulo solutis.
La ressemblance étonnante qui existe entre cette
empreinte et les feuilles de certains Acer Pseudoplatanus ne
nous permet pas de lui donner un autre nom. C'est sur-
tout avec une plante provenant de l'Herbier Schur (n° 6220),
et recueillie probablement en Hongrie (Hb. du Muséum),
que les analogies sont frappantes. On retrouve dans les
deux plantes les mêmes caractères de forme et de nerva-
tion, le même développement prépondérant du lobe médian
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 357
et jusqu'à la légère courbure à gauche des nervures
médianes. Du reste les diverses feuilles du même échan-
tillon diffèrent plus les unes des autres que le fossile ne
s'éloigne de l'une d'elles. Bien qu'aucun Érable voisin du
Pseudoplatanus n'ait encore été signalé à un niveau aussi
ancien, il est difficile d'admettre pour cette empreinte une
autre interprétation. Quoiqu'il ne subsiste guère qu'une
moitié de l'organe, il est facile de voir qu'il possédait cinq
lobes dont le médian était le plus développé. Le limbe
devait être de consistance ferme, le bord était orné de
lobules médiocres plutôt que de véritables dents ; les
nervures secondaires naissent à angle aigu et sont légère-
ment arquées dans leur trajet ascendant, elles aboutissent
à l'extrémité des dents ou des lobules; les nervures ter-
tiaires naissent à angle droit et se résolvent bientôt en un
réseau sinueux dont quelques détails ont été bien con-
servés.
Acer palœopalmatum n. sp.
PI. II, fig. 4 et 6.
A. foliis quinque-vel plus-lobatis : lobis productis, ovato-lan-
ceolatis, argute dentatis : nervis leviter impressis, camptodromis.
La reproduction de cette empreinte a présenté des diffi-
cultés particulières à cause de la forme contournée et
repliée de l'échantillon. Nous avons été obligé de figurer à
part un des lobes où les dents se montrent précisément
avec une grande netteté (fig. 6); les lettres a, a se corres-
pondent dans les fig. 4 et 6. Il est infiniment probable que
nous sommes en présence d'un Érable du groupe des Palmo-
palmata : une feuille présentant au moins cinq lobes pro-
fonds, ovales-acuminés, finement dentés au bord, à ner-
vures peu saillantes à la page supérieure, n'éveille guère
d'autre idée. Notre plante est extrêmement voisine de
YAcerpolymorpliiim(palmatum)pliocenicum Sap. des ciné-
358
rites du Cantal,
considérable il*
nombreuses. P
tum Thunl). et
se rapproche 1
Acer Campbellit
de dents nomb
songer à rappr-
feuilles sont ^
mais il n'exis!
aussi nomhrcu
traire, dans h
dents minuscu
Acer sezan
A. foliis tril(i*
miuimis, gros.--
tructis; lobo v
apieem loboru:
sitis, paucis, i
nonnunquam •
et llexuosis, p
La forme
ment des .1*.
hyrc'inum V
C'est une l
peut-être c
mais peu i
nombre de
donnent pr
importance
recourbées
d' hyrcv
i
ii
• i
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 361
développement relatif des lobes, concordent assez bien avec
les deux espèces fossiles. Néanmoins, dans A. nigrum, les
bords ont une tendance très manifeste à rester entiers,
comme du reste Hcer (loc. cit.) le fait très bien remarquer :
« der Blattrand ist nur wenig gezahnt. » Au contraire,
dans Y Acer opulifolium, nous retrouvons des dents sem-
blables à celles des deux fossiles. Il semble donc qu'en
définitive leurs affinités soient surtout dirigées vers A. opu-
lifolium. Si Ton admet avec Pax que Y Acer italum Lauth
soit le type de ce groupe, on sera porté à rapprocher
Y Acer brachyphyllum plutôt de la ss. esp. variabile Pax, ren-
fermant les var. opulifolium Vill. (pro specie) et opalus Ait
(pro specie), tandis que Y Acer sezannense se reliera à la
ss. esp. hyreanum Fisch. et Mey. (pro specie) et à lass. esp.
subhispanicum Pourret var. granatense Boiss.
Quant à l'Érable de Meximieux, si semblable à Y Acer
opulifolium que de Saportan'a pu lui donner un autre nom,
il est loin d'être identique à l'Érable de Sczanne. Il est
beaucoup plus rapproché que lui de Y Acer opulifolium Vill.
type. Son lobe médian est peu développé, ses nervures
secondaires sont rectilignes et obliques : néanmoins nous
ne devons pas négliger ses rapports avec la var. granatense
et par là même avec notre empreinte
L'Ac&r recognitum Sap. du miocène de Manosque, qui
pourrait représenter un intermédiaire entre les Acer hyrea-
num et opulifolium var. granatense^ diffère aussi notable-
ment de notre empreinte par le peu d'ampleur de son lobe
médian et le développement relativement considérable des
lobes basilaircs.
Si donc l'on considère les rapports de notre empreinte
avec la race particulière de Y Acer opulifolium dont le type
est YAcer hyreanum et qui elle-même est voisine de la
var. granatense, il semble que nous ayons affaire à l'ancêtre
de ce groupe aujourd'hui très limité. Ce serait là la souche
tertiaire dont de Saporta soupçonnait l'existence lorsqu'il
360 MAURICE LANGERON.
ques et plutôt un peu recourbées en dedans, tandis que
dans A. brachyphyllum elles se replient un peu en dehors.
La direction des nervures secondaires de la feuille repré-
sentée fig. 10, concorderait assez bien avec celle des ner-
vures de notre Érable, mais leur nombre et leur disposi-
tion sont bien différents. L'espèce créée par Heer est sus-
ceptible de variations assez étendues. Les quatre figures
données par l'auteur diffèrent notablement entre elles :
dans les fig. 10, 11, 13, le lobe médian est beaucoup plus
important et plus développé que les latéraux ; au contraire
dans la fig. 12 les lobes latéraux sont prépondérants.
Le rapprochement établi entre Acer sezannense et A. bra-
chyphyllum est d'autant plus intéressant que la parenté de
ce dernier est loin d'être bien connue. Heer Ta rapporté
au groupe de Y Acer opulus Ait, et Ta placé à côté des Acer
platyphyllum A. Braun et A. opuloïdes Heer, ce qui corres-
pond au groupe des Palœocampestria de Pax (loc. cit.). Au
contraire, Pax rapporte Y Acer brachyphyllum. de Heer au
groupe des Palœospicata, ce qui l'éloigné de Y Acer opuloïdes
Heer et des espèces vivantes qui dérivent de Y Acer opulifo-
lium Ait. Schimper rapprochait A. brachyphyllum de Y Acer
nigrum Michx. de l'Amérique du Nord : il se trouverait
ainsi placé dans le groupe des Palxosaccharina, très voisin
lui-même des Platanoïdea. A quoi attribuer une telle diver-
gence d'opinions? Elle ne peut provenir que du nombre
insuffisant d'échantillons vivants examinés par les auteurs.
Après une étude attentive des figures données par Heer et
des plantes conservées dans l'Herbier du Muséum, nous
restons convaincu qu'il est assez difficile de faire dans Acer
brachyphyllum et dans A. sezannense la, part de ce qui revient
à YA. opulifolium et à 1M. nigrum^ mais nous ne pouvons
admettre l'opinion de Pax et ranger ces deux empreintes
dans le groupe des Palœospicata. Dans les échantillons
à! Acer opulifolium aussi bien que dans ceux d'A. nigrum on
trouve des feuilles qui pour le contour, les dimensions, le
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 361
développement relatif des lobes, concordent assez bien avec
les deux espèces fossiles. Néanmoins, dans A. nigrum, les
bords ont une tendance très manifeste à rester entiers,
comme du reste Heer (loc. cit.) le fait très bien remarquer :
« der Blattrand ist nur wenig gezahnt. » Au contraire,
dans Y Acer opulifolium, nous retrouvons des dents sem-
blables à celles des deux fossiles. Il semble donc qu'en
définitive leurs affinités soient surtout dirigées vers A. opu-
lifolium. Si Ton admet avec Pax que Y Acer italum Lauth
soit le type de ce groupe, on sera porté à rapprocher
Y Acer brachyphyllum plutôt de la ss. esp. variabile Pax, ren-
fermant les var. opulifolium Vill. (pro specie) et opalus Ait
(pro specie), tandis que Y Acer sezannense se reliera à la
ss. esp. hyrcanum Fisch. et Mey. (pro specie) et à lass. esp.
subhispanicum Pourret var. granatense Boiss.
Quant à l'Érable de Meximieux, si semblable à Y Acer
opulifolium que de Saportan'a pu lui donner un autre nom,
il est loin d'être identique à l'Érable de Sézanne. Il est
beaucoup plus rapproché que lui de Y Acer opulifolium Vill.
type. Son lobe médian est peu développé, ses nervures
secondaires sont rectilignes et obliques : néanmoins nous
ne devons pas négliger ses rapports avec la var. granatense
et par là même avec notre empreinte
L'Acei* recognitum Sap. du miocène de Manosque, qui
pourrait représenter un intermédiaire entre les Acer hyrca-
num et opulifolium var. granatense, diffère aussi notable-
ment de notre empreinte par le peu d'ampleur de son lobe
médian et le développement relativement considérable des
lobes basilaires.
Si donc Ton considère les rapports de notre empreinte
avec la race particulière de Y Acer opulifolium dont le type
est Y Acer hyrcanum et qui elle-même est voisine de la
var. granatense, il semble que nous ayons affaire à l'ancêtre
de ce groupe aujourd'hui très limité. Ce serait là la souche
tertiaire dont de Saporta soupçonnait l'existence lorsqu'il
362 MAURICE LANGERON.
indiquait, dans la flore des tufs pliocènes de Meximieux,
les rapports des différents groupes que Ton peut établir
entre les nombreuses variations de Y Acer opulifolium (Études
sur les tufs de Meximieux, p. 159). Il est en tous cas curieux
de constater que cet archétype de 1^4. opulifolium ne répond
pas exactement à la forme la plus répandue du type actuel,
mais à un petit groupe actuellement localisé dans le bassin
méditerranéen en Espagne (var. granaiense) et en Asie
Mineure (A. hyreanum).
Acer subtenuilobatum n. sp.
PI. IV, fig. 4.
A. foliis suborbiculatis, basi verisimiliter rotundatis vel cordatis,
trilobatis; lobis lateralibus mediocris, tenuiter acuminatis, cum
dentibus paucis, angustis, productis et argutis; lobo medio majore,
verisimiliter sicut latérales, etiam longius, mucronato; nervis pri-
mariis rectis, craspedodromis ; secundariis in medio limbo oppositis,
in lobis lateralibus unice externis, ad extremum dentium pergen-
tibus; tertiariis distantibus, plerumque geniculatis.
Coll. du Muséum, n° 2185.
Cette empreinte a beaucoup de rapport avec Y Acer tenui-
lobatum Sap. du Bois-d'Asson près Manosque. Il est très
probable que, comme lui, il peut être rapproché des Acer
du groupe des Macrantha. C'est une feuille de dimension
moyenne, trilobée. Le contour est ovale, ou mieux subor-
biculaire, la base devait être simplement arrondie, peut-
être échancrée en cœur. Il en part trois nervures princi-
pales : les deux latérales forment un angle aigu avec la
médiane et se dirigent vers deux lobes très peu développés,
terminés par une fine pointe acuminée. Ces lobes étaient
armés de quelques dents profondément découpées, mais
très aiguës et très ténues (fig. 4 a). Ce qui reste du lobe
médian permet de penser qu'il était beaucoup plus déve-
loppé que les latéraux comme du reste encore de nos jours
dans certains échantillons d'Acer pectinaium, capillipesj
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 363
tegmentosum, rufinerve, pensylvanicum. Il était probablement
terminé comme les autres par un acumen long et fin. Les
dents sont beaucoup moins nombreuses que dans les espèces
actuelles du groupe des Macrantha, mais la forme de la
feuille et l'allure de la nervation permettent d'établir un
rapprochement. Il est juste de dire que Y Acer caudatum
Heer (Flora fossilis groenlandica, t. LXV, f. 1 et 2) que Ton
peut rapportera ce groupe est aussi presque privé de dents.
Acer laetum eocenicum n. sp.
PI. IV, fig. 6, et pi. III, fig. 4 et 6.
A. foliis quinquelobatis, latis, tenuibus, integerrimis; lobis bre-
vibus, ovatis, plus minusve subito mucronatis, lateralibus potius
angustis, ceterum toto limbo basi sicut truncato; nervis primariis
radiantibus, pagina superiore leviter impressis; secundariis quasi
deletis, scilicet paucis, oblique productis, ad marginem inflexis.
La section des Platanoïdea renferme deux types bien
distincts mais qui, cependant, passent facilement de l'un à
l'autre. Ce sont, d'une part, Y Acer lœlum C. Mey, accom-
pagné des Acer cultratum Wall, et A. pictum Thb. ; d'autre
part, Y Acer platanoïdes et son congénère A. saccharinum. La
feuille fossile qui nous occupe a des affinités bien mani-
festes avec le premier groupe. C'est une large feuille, dont
le squelette est formé de nervures rayonnantes aboutissant
à des lobes étalés, peu profonds, étroits, parfaitement
entiers. D'après ce qui reste de la feuille représentée
pi. IV, fig. 6, les lobes médians étaient plus développés
que les basilaires. Un seul de ces derniers a été conservé,
il est bien plus étroit que les autres et pourvu d'un acumen
plus finement atténué, absolument comme dans certains
Acer lœtum. L'acumen pouvait naître plus ou moins brus-
quement ainsi que le montrera la comparaison des fig. 6
de la pi. IV et 6 de la pi. III. Ces feuilles devaient être
minces, glabres et lisses. Les nervures sont faiblement
imprimées sur la page supérieure, la seule que nous ayons
364 MAURICE LANGERON.
pu voir. Cet Acer peut être comparé aux formes quinqué-
lobées de YAcerpictum Thb., et surtout à Y Acer laetum C. Mey.
Il est peu distinct de Y Acer lœlum pliocenicum Sap. des tufs
de Meximieux. Les lobes latéraux sont plus développés que
dans ce dernier et l'acumen est moins long. Ce qui reste
des nervures secondaires présente une direction analogue
avec la même tendance à se recourber en arc le long des
bords.
Nous rapporterons à la même espèce une empreinte que
nous figurons pi. III, fig. 4. Elle diffère des feuilles pré-
cédentes, autant que la conservation de l'échantillon
permet d'en juger, par un développement plus considé-
rable du lobe médian. Cependant l'aspect mince et lisse de
cette feuille et la forme du sinus qui est visible à la partie
inférieure (fig. 4, a) l'en rapproche manifestement. Cet
échantillon présente même un détail intéressant, la pré-
sence tout à fait à la base d'un petit lobe que Ton ne retrouve
que dans certaines formes asiatiques de Y A. lœtum (fig. 4, b),
notamment dans de jeunes feuilles lYA. lœtum provenant du
Caucase (Brotherus, Plantx Caucasicœ, n° 324). On pourrait
donc considérer cette empreinte comme représentant une
jeune feuille d'Acer lœtum cocenicum.
AMPÉLIDACÉES
Cissus mucronata n. sp.
PI. II, fig. 8.
C. foliis potius angustis, obscure subdeltoideis, acumine retuso
porrectis, sinuato-dentatis : nervis secundariis craspedodromis
typice ordinatis : per limbum paucis (duo aut très paria) plane oppo-
sitis, in puncto emersionis turgescentibus : basi autem binis, simi-
liter tumescentibus et oppositis, ramis externis instructis ; nervis
tertiariis haud conspicuis.
Après une comparaison attentive, avec les échantillons
types de Cissus primxva Sap. et avec les nombreuses
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 365
empreintes que Ton peut y rattacher, malgré de notables
variations dans la forme et surtout dans les dimensions,
nous n'avons pas cru pouvoir rapporter à cette espèce
l'empreinte que nous nommons Cissus mucronata. Le Cissus
primœva Sap. est certainement Tune des attributions les
plus sûres de la Flore de Sézanne. On y retrouve les
nervures opposées, épaisses et saillantes des Cissus et des
Vilis. Les nervures basilaires sont bien, comme dans les
espèces vivantes, ramifiées extérieurement avec le rameau
inférieur plus développé, correspondant à une échancrure
du limbe. Mais, dans tous les échantillons que Ton peut
rapporter au type du Cissus primœva, nous retrouvons une
forme élargie subdeltoîde, un peu échancrée à la base,
obtuse au sommet, bien éloignée de l'aspect que présente
notre Cissus. Cette feuille est plutôt ovale lancéolée, étroite,
un peu élargie à la base, assez brusquement terminée par
un mucron moyennement allongé, à pointe arrondie : les
bords sont légèrement sinués-dentés, l'extrémité d'une
nervure secondaire aboutit à chacun de ces lobules. La
nervation est la même que celle du Cissus primœva, la
nervure principale se termine brusquement au sommet de
Tapicule : les nervures secondaires sont exactement oppo-
sées et parallèles, elles émettent en haut un rameau anas-
tomotique destiné à la nervure supérieure : les nervures
tertiaires sont faiblement imprimées, celles qui apparaissent
sont perpendiculaires aux secondaires.
Cette feuille paraît être un organe jeune et notre pre-
mière idée avait été de la rapporter à ce titre au Cissus pn-
mœva} mais, après avoir examiné les Cissus de l'Herbier du
Muséum , nous nous sommes convaincu que , chez les
Cissus, les feuilles, même très peu développées, ont les
mêmes proportions que les organes adultes, et que jamais,
chez un individu à feuilles élargies, à sommet obtus, les
jeunes feuilles ne présentaient une forme lancéolée et un
apicule.
356 MAURICE LANGERON.
Palœoplatanoïdea. — Acer Ixtum eocenicum.
Palœomacrantha. — Acer subtenuilobalum.
Il est curieux de constater dans la même localité une aussi
grande variété d'Érables. La coexistence de ces formes
montre bien que dès cette époque reculée le genre Acer était
déjà constitué dans ses lignes principales et que les ancêtres
des groupes actuels étaient déjà depuis longtemps apparus.
Ajoutons que de Saporta, en étudiant la flore fossile de
Meximieux, a donné une foule de considérations ingé-
nieuses sur la filiation des Érables de divers groupes,
notamment du groupe Opulifolium, et sur la distribution
géographique de ces Érables aux temps géologiques et à
l'époque contemporaine. Nous avons pu mettre à profit ces
minutieuses observations pour la détermination des Érables
de Sézanne.
Il est difficile d'indiquer celle de nos espèces à laquelle
appartient le fruit que nous avons décrit précédemment. Il
pourrait provenir de Y Acer sezannense, comme semblerait
l'indiquer son analogie avec les fruits de Y Acer opulifolium.
Acer Pseudoplatanus eocenicum n. sp.
PI. IV, fig. 1.
A. foliis quinquelobatis, solidis, sinuato-lobulatis; lobo medio
majore, lobis basilanbus verosimiliter minimis; nervis primariis
leviter arcuatis, secundariis sub angulo acuto produis, rectis
vel inflexis, oblique ascendentibus, craspedodromis; tertiariis illis
transversis, brevibus, mox in reticulo solutis.
La ressemblance étonnante qui existe entre cette
empreinte et les feuilles de certains Acer Pseudoplatanus ne
nous permet pas de lui donner un autre nom. C'est sur-
tout avec une plante provenant de l'Herbier Schur (n° 6220),
et recueillie probablement en Hongrie (Ilb. du Muséum),
que les analogies sont frappantes. On retrouve dans les
deux plantes les mêmes caractères de forme et de nerva-
tion, le même développement prépondérant du lobe médian
FLORE FOSSILE DE SÉZANNE. 357
et jusqu'à la légère courbure à gauche des nervures
médianes. Du reste les diverses feuilles du même échan-
tillon diffèrent plus les unes des autres que le fossile ne
s'éloigne de Tune d'elles. Bien qu'aucun Érable voisin du
Pseudoplatanus n'ait encore été signalé à un niveau aussi
ancien, il est difficile d'admettre pour cette empreinte une
autre interprétation. Quoiqu'il ne subsiste guère qu'une
moitié de l'organe, il est facile do voir qu'il possédait cinq
lobes dont le médian était le plus développé. Le limbe
devait être de consistance ferme, lo bord était orné do
lobules médiocres plutôt que de véritables dents ; les
nervures secondaires naissent à angle aigu et sont légère-
ment arquées dans leur trajet ascendant, elles aboutissent
à l'extrémité des dents ou des lobules; les nervures ter-
tiaires naissent à angle droit et se résolvent bientôt en un
réseau sinueux dont quelques détails ont été bien con-
servés.
Acer palaeopalmatum n. sp.
PI. II, fig. 4 et 6.
A. foliis quinque-vel plus-lobatis : lobis productis, ovato-lan-
ceolatis, argute dentatis : nervis levitor impressis, camptodrorais.
La reproduction de cette empreinte a présenté des diffi-
cultés particulières à cause de la forme contournée et
repliée de l'échantillon. Nous avons été obligé de figurer à
part un des lobes où les dents se montrent précisément
avec une grande netteté (fig. 6); les lettres a, a se corres-
pondent dans les fig. 4 et 6. Il est infiniment probable que
nous sommes en présence d'un Érable du groupe des Palœo-
palmata : une feuille présentant au moins cinq lobes pro-
fonds, ovales-acuminés, finement dentés au bord, à ner-
vures peu saillantes à la page supérieure, n'éveille guère
d'autre idée. Notre plante est extrêmement voisine de
Y Acer polymorphum (palmatum) pliocenicum Sap. des ciné-
368 MAURICE LANGERON.
Tout ceci est surtout visible à la page inférieure, la page
supérieure n'offrant généralement qu'un dessin peu
accentué.
L'autre type de Marlea, bien représenté par il. begonix-
folia Roxb., possède des feuilles trinerves, à contour ovale
lancéolé, arrondies ou légèrement échancrées à la base,
généralement longuement atténuées au sommet. Sa nerva-
tion est du type trinerve, mais très variable dans ses détails,
craspédodrome ou camptodrome suivant que la feuille est
dentée ou non. Le caractère constant qu'elles présentent
est une dissymétrie très accentuée.
L'empreinte que nous figurons pi. V, fig. 4, est extrême-
ment voisine de Marlea plat a ni folia Sieb. et Zucc. : nous y
retrouvons les trois lobes avec leurs rapports de position
et de dimensions, la base échancrée et dissymétrique, bien
visible malgré les cassures de cette partie. Malheureuse-
ment les nervures secondaires n'ont pas été conservées :
c'est le seul indice dont l'absence empêche d'affirmer l'iden-
tité de la plante vivante et de la plante fossile. Ajoutons que
l'aspect de l'empreinte dénote une feuille mince et lisse
sur la face supérieure comme dans les Marlea actuels.
Cornus neglecta n. sp.
Pi. ni, fig. 1.
C. foliis ovato-lanceolatis, integerrimis ; nervis secundariis paucis,
longe curvato-ascendentibus, ad apicem fero conjunctis.
A côté du Cornus platyphylla Sap. et du C. sesannensis
Lang. nous placerons cette empreinte mutilée mais cepen-
dant suffisamment déterminable. Sa nervation très carac-
téristique la rattache étroitement au genre Cornus, mais elle
ditïèro trop des doux espèces précédentes pour que nous
puissions la rapporter à l'une d'elles.
Elle s'éloigne du Cornus platyphylla Sap. par sa forme
plus allongée, l'absence des nervures tertiaires qui sont
invisibles; do plus, les nervures secondaires, tout en ayant
FLORE FOSSILE DE SÉZÀNNE. 369
la même direction, sont moins nombreuses; la dernière
paire de nervures secondaires naît très loin du sommet,
grâce à sa direction ascendante presque verticale et paral-
lèle à la nervure médiane, le limbe est suffisamment sou-
tenu pour qu'une autre paire ne puisse prendre naissance
sans troubler l'équidistance des faisceaux.
D'autre part, le Cornus sezannensis Lang. a des nervures
très nettement alternes et séparées, du moins au sommet,
par de longs intervalles. Ici la paire supérieure est opposée,
la paire suivante devait être seulement subopposée ou
peut-être alterne, autant que l'on peut en juger par la
direction des parties conservées. Leur courbure assez
accentuée se rapprocherait plus de l'allure des faisceaux
du Cornus platyphylla. Remarquons en passant que l'une
des figures de cette espèce données par de Saporta pour-
rait se rapporter plutôt à un Rhamnus tel que notre Rh. pris-
tina plutôt qu'à un Cornus (pi. XI, fig. 4). De Saporta
lui-même fait remarquer quelle différence de taille existe
entre les deux empreintes, mais il n'a pas fait suffisam-
ment ressortir les différences qui existent dans le nombre
et la direction des nervures.
Nous rassemblons dans le tableau suivant les trente-huit
espèces que nous avons déjà décrites. On trouvera indiqué
pour chaque famille le nombre d'espèces du même groupe
précédemment étudiées par de Saporta dans le Prodrome
de la flore fossile de Sézanne.
TOME XIII. 24
370 MAURICE LANGEBON. FLORE FOSSILE DE
NNE.
FAMILLES
Fougère*
» # • •
MOJfOCOTTLÉIXKfBfl
Smilacéet
dicotyledones
Chowpétalm
Cupulacées
ESPÈCES NOUVELLES
AdUntophyllum reiieulaium . .
Prototamus paucinerviê.
ESPECES
Décrite far i* Siprla
13 sp.
!
Quercitea integerrimua
Q. attenuattia ^ ...
Q. aezannenaia \ Dryophyllum, 4 gp.
Q. veaicaiua ,
-- . _ \ Protoflcuê dentatus
Moracéet { p crispan9
Protoflcus, 4 sp.
Artocarpoldes, 2 gp.
Laurus, 6 sp.
Lauraoéei { Tetranttieroldea polilû J Sassafras, 1 sp.
Daphnogene, 3 gp.
Ternstrœmiacéet
Sauraja roboranê I S aura j a robusta.
Grewiopsiê producta
Luheopsii diaaymetra,
L. veriaimilia I Sterculia, 2 sp.
Columninées ( Echinocarpeopaia f&êtigata . . . . L Grewiopsis, 6 sp.
Elœocarpeopaia décora Ç Pterospermites, 1 sp.
E. mutila
Astrapœitea pumicoaua
Bixaoéet
Anaoardiacéei . . .
Scolopioîdea palœocenica
Spondimcarpon dubium.
Rhamnaoéet.
Rhamnus progenitrix ,
R. Pc2*™eœiolia .' .' .' .' .' ! ( Rhamnus argutidens.
R. ceanothifolia ( ZlzyPhus R«Mourtu.
Zfzyplittê aubaf finis ,
Ampélidaoéei....
Ciaéusfnucronata.
C. intégra
Buphorbiaoées...
Euphorbiophloioa aezannensia.
Alchorneites mallotoldes.
Aoéraoées
Acer Paeudoplatanua eocenicum
A . palœopalmatum .
A. aezannense.
A. aubtenuilobatum,
A. lœtum eocenicum.
A. antiqutim.
Cornaoées
Cornue aezannenaia,
C. neglecta
Marlea primœva . . .
Cissus, 2 sp.
Vitis sezannensis.
Araliaoées \ Oreopanax aezannense
Cornus platyphylla.
Aralia, 6 sp.
Hedera prisca.
^_^£^f??;/L- £^j^>y
NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR
ALPHONSE MILNE-EDWARDS
DIRECTEUR DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
LUE A LA SÉANCE DE LA SOCIÉTÉ D'iIISTOlRE NATURELLE D'AUTUN
DU 30 SEPTEMBRE 19U0
PAJt
M. Bernard RENAULT
PRÉSIDENT
«O»
En ouvrant la séance du 22 avril 1900, j'ai annoncé la
mort de notre Président d'honneur M. A. Milne-Edwards
arrivée la veille, et la séance a été levée immédiatement en
signe de deuil.
C'est à la suite d'une maladie de foie dont il souffrait
depuis plusieurs années, et dont il a supporté courageuse-
mont les tortures, qu'il a succombé ; dans les derniers mois
de sa vie, une affection stomacale était venue augmenter
ses souffrances, et tout espoir fut perdu quand une attaque
d'influenza détermina une congestion pulmonaire et une
longue agonie.
Il est mort entre les bras de sa sœur Mrao Dumas, qui,
avec une grande sollicitude et un dévouement sans borne,
tenait sa maison depuis la mort de sa femme en 1887.
Mme Milne-Edwards était fille de Desnoyers, ancien biblio-
thécaire du Muséum ; d'une intelligence remarquable, elle
aidait souvent son mari dans ses travaux scientifiques,
372 B. RENAULT.
et partageait avec lui la joie si pure que les inventeurs
éprouvent en voyant éclore et grandir leurs découvertes.
L'affection de Milne-Edwards pour son épouse était
immense. Lorsqu'il la perdit, il ressentit une douleur
intense dont jamais il ne se guérit, et qui jeta sur sa vie un
voile de tristesse que rien ne fit disparaître. Chacun de
ceux qui avaient l'occasion de le visiter, se rappelle avoir vu
en permanence, sur sa table de travail, le portrait de celle
qu'il aimait; il puisait dans une contemplation muette le
courage et la force nécessaires à l'accomplissement d'un
labeur excessif et continuel. « Dans la nuit de sa mort
il fit apporter le portrait de sa femme, le tint sur son lit
face à face avec lui, demanda une lumière pour le mieux
voir et quand il l'eut regardé il dit : Je meurs sans regrets^
je vais retrouver celle que faime{. » C'est le 21 avril, à deux
heures du matin, qu'il s'éteignit ayant conservé jusqu'à
l'heure fatale une lucidité d'esprit extraordinaire et une
admirable résignation.
De nombreux discours ont été prononcés sur sa tombe,
le 25 avril, par des orateurs les plus haut placés et les plus
autorisés, retraçant en paroles éloquentes et attristées les
qualités morales, intellectuelles et scientifiques de l'illustre
défunt; il faudrait les citer tous pour faire sentir retendue
de la perte que la science française, le Muséum et ses amis
ont éprouvée. Nous ne croyons mieux faire que d'en citer
quelques extraits.
Le ministre de l'Instruction publique, M. Leygues,
rappelle que « Milne-Edwards, souffrant depuis long-
temps, avait cru pouvoir reprendre, malgré le mal qui le
minait, sa place au bureau de l'Académie, une rechute
plus grave l'a emporté brusquement, ses forces physiques
ont trahi son énergie morale ; il est tombé victime de son
devoir. Né à Paris le 13 octobre 1835, la carrière de Milne-
1. Discours de M. Gsudry au nom du Muséum d'histoire naturelle.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 373
Edwards fut rapide et brillante, il ignora l'âpre lutte, les
déceptions, la longue attente, qui marquent souvent les
débuts de tant de maitres.
» Dès l'âge de six ans, il vécut au Muséum, grandissant au
milieu des collections, à l'ombre des arbres vénérables du
vieux « jardin du roy » et sous l'œil vigilant de son père,
Henri Milne-Edwards dont la réputation scientifique était
européenne. Plus tard, chercheur infatigable, esprit curieux,
actif, clair, il porta sans défaillance le poids de ce nom
illustre, et ajouta de nouveaux rayons à ceux dont son père
l'avait déjà illuminé.
» Pendant près d'un demi-siècle Milne-Edwards n'a cessé
de produire ; en quelques mots, le Ministre rappelle les
recherches anatomiques, zoologiques, paléontologiques sur
les Chevrotins, les Crustacés fossiles, les Oiseaux fossiles
de France et de Madagascar, entreprises par A. Milne-
Edwards, mais son œuvre la plus considérable, dit-il, est
celle qu'il accomplit à bord du Travailleur et du Talisman ;
il avait reçu la direction active de ces explorations qui,
commencées dans le golfe de Gascogne, furent poursuivies
sur les côtes de l'Espagne, du Maroc, et dans la mer des
Sargasses. Ces explorations furent couronnées d'un succès
éclatant. Milne-Edwards prouva que la vie était possible
dans les solitudes de la mer, à une profondeur de plusieurs
kilomètres, sur des plages privées de végétation et vouées
éternellement, croyait-on, à l'immobilité et à la mort.
» A la tête du Muséum Milne-Edwards déploya une
activité infatigable, il réorganisa et compléta les collections
zoologiques ; il demanda et obtint la construction et l'ins-
tallation des galeries de Paléontologie, d'Anatomie com-
parée et d'Anthropologie; c'était un homme d'action; sous
une enveloppe délicate il cachait une volonté très ferme et
une âme passionnée.
» Milne-Edwards se donnait tout entier aux œuvres qu'il
entreprenait et à ceux qu'il aimait ; le Ministre insiste sur
374 B. RENAULT.
ce trait de désintéressement touchant : en 1898, il demanda
au Ministre d'échanger la croix de Commandeur qui lui
était destinée contre une croix d'officier et deux croix de
chevalier qui furent données à ses collaborateurs.
» Son observation était très pénétrante et il y avait en
lui un fond de sensibilité insoupçonné ; il racontait de nom-
breux et admirables traits de courage, de sacrifice, et de
charité qu'il avait surpris chez les bêtes; il avait connu un
chevreau intrépide comme Bayard et un frêle oiseau des
îles, doux et bon comme saint Vincent de Paul, etc. ; il
citait des faits et des dates : sa parole s'échauffait, son œil
mobile et brillant s'attendrissait.
» Professeur administrateur, membre de l'Institut, mem-
bre ou président de nos grandes associations scientifiques,
Milne-Edwards apporta partout la même exactitude, le
même zèle chaleureux et attentif : il fut l'un des meilleurs
parmi les bons serviteurs de la science et de l'État. »
Au nom du Bureau de l'Académie des sciences M. Maurice
Lévy, président, prononce un discours dont nous extrayons
les lignes suivantes : « L'Académie des sciences a marqué
le deuil de son vice - président en levant sa dernière
séance publique. A quelque titre que nous portions la
parole, n'aurons-nous pas tous à exprimer une même
pensée, pensée d'admirative tristesse et de pieuse commé-
moration ?
» A. Milne-Edwards, qui a eu le rare privilège d'ajouter
un nouvel éclat à un nom déjà illustre, était de l'école de
Cuvier, il aimait à appuyer la science sur l'observation plus
que sur la pure raison. Il ne passait pas volontiers de la
théorie scientifique à la doctrine. La théorie est imperson-
nelle en ce sens qu'une fois faite et bien assise chacun
peut la vérifier et la faire sienne. La doctrine reste toujours
impersonnelle et invérifiable. Il a étudié la vie à des milliers
de mètres de profondeur sous les mers ; mais l'âme humaine
il la jugeait placée à des profondeurs insondables, il n'a
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 375
pas passé la frontière mal jalonnée, selon lui, qui va des
sciences naturelles à la psychologie.
» Le directeur du Muséum était admiré de tous ses col-
lègues pour son initiative, sa vigilance, son activité extraor-
dinaire qui lui a peut-être coûté la vie. De ces précieuses
qualités nous n'avons eu que des témoignages trop courts
au Comité administratif de l'Académie des sciences. L'ayant
à mes côtés comme vice-président, ce qui était à la fois un
grand honneur et un charme véritable, car il était de rela-
tions parfaites, je devais espérer que l'un des plus doux
parmi les honneurs attachés à ma présidence, serait d'avoir
à la lui transmettre à la fin de l'année, elle ne pouvait pas
aller à des mains plus dignes, à un nom plus honoré, à
une science plus éprouvée. Au lieu de la présidence ce
sont les éternels adieux de l'Académie et de son Bureau que
j'ai la cruelle mission de lui offrir. »
Le discours de M. Filhol, membre de l'Académie des
sciences, prononcé au nom de l'Académie, fait ressortir
principalement la valeur des travaux scientifiques de Milne-
Edwards : « La zoologie française perd dans ce savant un
des adeptes les plus dévoués, un de ceux qui l'ont le plus
honorée et le mieux servie.
» L'exemple incomparable du travail incessant et de son
immense puissance lui fut donné par son père, M. Milne-
Edwards, qui lui transmit ses hautes qualités d'observa-
teur, son jugement sûr et cet esprit de dévouement absolu
à la science qui lui a valu le respect, l'admiration de tous
ceux qui l'ont connu. On peut dire que le but qu'il pour-
suivit toute sa vie fut d'accroître nos connaissances scien-
tifiques non seulement en publiant ses nombreux et si impor-
tants travaux personnels, mais encore en facilitant les
recherches des zoologistes à quelque école qu'ils aient
appartenu, de quelque nationalité dont ils fussent issus.
» Il entra de bonne heure dans la voie des recherches
scientifiques, car il avait à peine vingt ans lorsqu'il publia
376 B. RENAULT.
son premier travail consacré à l'étude des globules du sang de
certains reptiles (Axolotl). A partir de ce moment ses œuvres
allaient se porter sur les sujets les plus divers de nos sciences
zoologiques. Ce ne sont pas seulement les êtres qui peu-
plent nos continents, les rivages ou les fonds de nos mers
qui seront le sujet de ses savantes investigations; il va
étendre ses recherches aux populations disparues, ayant
vécu à la surface de la terre durant les temps géologiques.
Il nous apprendra quels furent leurs caractères distinctifs,
leurs distributions géographiques, les liens qui les ratta-
chaient entre elles, ainsi que ceux qui les relient à la faune
moderne. Ces travaux embrassant des sujets d'une grande
diversité témoignent d'une érudition vraiment surprenante ;
ne pouvant les embrasser tous, je signalerai seulement
ceux qui ont fixé plus particulièrement l'attention du monde
scientifique.
» En 1868, sur la proposition d'une commission spéciale
dont Élie de Beaumont était le rapporteur, l'Académie
choisit pour sujet du prix Bordin l'étude comparative des
faunes ou des flores des diverses parties du globe situées au
sud du 25° parallèle de latitude australe. Milne-Edwards
aborda l'une des séries de recherches et fit parvenir à
l'Institut un ouvrage manuscrit sur les faunes des régions
australes, accompagné d'un atlas de 175 cartes représen-
tant graphiquement la distribution des principales espèces
animales, tant marines que terrestres, dont ces faunes se
composaient. Ces études confirmées depuis par la Belgica
ont montré que le continent antarctique, fort pauvre en
oiseaux terrestres qui tous pouvaient avoir une provenance
étrangère, était au contraire nettement caractérisé par ses
oiseaux nageurs. D'autre part, aucune des influences biolo-
giques connues ne permet d'expliquer la diversité des
formes animales peuplant les terres antarctiques. Cette
faune pélagique spéciale parait s'être étendue progressive-
ment du continent polaire situé sous le méridien de l'Aus-
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 377
tralie vers le Nord et vers l'Est, de manière à gagner en
se divisant en deux branches, d'une part, les parages de
la Nouvelle-Zélande, d'autre part, les îles américaines
antarctiques, puis les îles de la région Kerguélienne, les
côtes du sud de l'Australie. Il ressort aussi de ce travail,
conclusion plus importante encore, que la faune avienne
des terres antarctiques est différente en partie (oiseaux
nageurs) de celle des terres arctiques, et que la théorie de
la condensation des mêmes formes animales aux deux pôles
est fausse. L'Académie couronna cet œuvre en lui décer-
nant, le 24 décembre 1873, le prix Bordin, et en décidant
son impression dans le recueil des savants étrangers à
l'Académie.
» Depuis Desmarest, dont l'ouvrage date de 1822, les
naturalistes avaient abandonné l'étude des Crustacés fos-
siles, les matériaux en étaient rares et dispersés. A. Milne-
Edwards visita les principales collections de l'Europe, il
recueillit d'autre part de très nombreux échantillons dans
divers gisements fossilifères. Il commença alors la publica-
tion de plus de cinquante notes ou mémoires où il
décrivit et fit figurer un nombre considérable d'espèces
ou de genres nouveaux. Il montra que les Crustacés fos-
siles pouvaient fournir des renseignements du plus haut
intérêt pour la détermination de l'âge des terrains; il
devint ainsi le fondateur delà Paléontologie carcinologique.
» Si l'étude des Crustacés anciens avait été négligée,
celle des Oiseaux fossiles avait été également laissée de
côté. En 1859, E. Blanchard avait établi que les caractères
ostéologiques du squelette des Oiseaux étaient susceptibles
de fournir des éléments de détermination aussi rigoureux
que ceux des autres animaux vertébrés. A. Milne-Edwards
commença une longue série de recherches ayant pour objet
l'établissement des caractères ostéologiques de chacun des
groupes naturels de cette Classe, puis la réunion des débris
que pouvaient avoir laissé dans les divers terrains, les
378 B. RENAULT.
Oiseaux des périodes géologiques ; il appliqua à la détermi-
nation rigoureuse de ces restes, les données fournies par
l'étude des espèces vivantes, comme il l'avait fait pour les
Crustacés. A. Milne-Edwards visita, tant en France qu'à
l'étranger, les collections publiques ou privées. Les terrains
tertiaires du Bourbonnais de la Limagne, du midi de la
France (Sansan entre autres) ; les alluvions des cavernes lui
fournirent plus de 10,000 échantillons.
» Ce travail considérable formant 4 volumes in-4° publiés
en 40 livraisons et accompagnés de 200 planches, ne s'est
terminé qu'en 1872, mais en 1866 le travail était considé-
rablement avancé, 38 livraisons avaient déjà paru, aussi
l'Académie jugea-t-elle devoir accorder à A. Milne-Edwards
le grand prix des sciences physiques et naturelles pour
l'année 1866.
» A partir de ce moment la Paléontologie ornithologique
était assise sur des bases inébranlables.
» L'étude des Mammifères comme celle des Oiseaux atti-
rèrent longtemps ses e (Torts, et nous lui devons la descrip-
tion de plus de 100 espèces des premiers de ces animaux;
il se préoccupa tout particulièrement de leur constitution
anatomique. Je ne saurais passer sous silence ses beaux
mémoires sur l'appareil respiratoire des Oiseaux et la
magnifique publication qu'il fit paraitre en collaboration
avec M. Grandidier, sur les Lémuriens rapportés de Mada-
gascar par notre savant confrère. Les monographies des
Indris, des Propithèques des Avahis accompagnées de cen-
taines de planches d'anatomie constituent un monument
scientifique pouvant rivaliser avec les plus belles publica-
tions parues à l'étranger.
» Jusqu'en 1860, faute de documents précis, on ignorait
si le fond des mers était habité par des espèces animales.
Une heureuse circonstance permit à Milne-Edwards de
résoudre définitivement cette question.
A cette époque une rupture vint à se produire dans le
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 379
câble télégraphique immergé entre Bône et Cagliari,
depuis plus de deux ans ; le câble était cassé en un point où
la profondeur atteignait plus de 2,000 mètres. Un fragment
fut remis à Milne-Edwards, et celui-ci constata que plu-
sieurs Polypiers et diverses Coquilles se trouvaient fixés
naturellement à sa surface. Les animaux étaient vivants à
leur sortie de l'eau, car les parties molles étaient conser-
vées. La présence d'êtres vivants à une grande profondeur
était donc démontrée.
» C'est à partir de ce moment que furent résolues les
grandes campagnes scientifiques d'exploration sous-marines
auxquelles nous devons la connaissance de la faune des
abîmes si riche, si curieuse, qui semblait devoir échapper
éternellement aux investigations humaines. Sur la demande
pressante de H. et de A. Milne-Edwards, le gouvernement
français organisa les expéditions du Travailleur et du
Talisman. Les résultats de ces recherches furent mis sous
les yeux du public savant qui en fut émerveillé. La Société
de géographie accorda à A. Milne-Edwards, qui avec une
énergie, un savoir incomparables, avait dirigé ces difficiles
recherches, sa grande médaille d'or, 1884.
» Quand on jette un regard d'ensemble sur l'œuvre
accomplie par A. Milne-Edwards, on est profondément
frappé de l'étendue du travail accompli, ainsi que de l'im-
portance qu'eurent ses découvertes sur la marche des
sciences zoologiques.
» Le travail fut la joie de notre regretté confrère durant
le printemps et l'été de sa vie, et lorsque, l'automne venu,
un malheur épouvantable lui ravit la compagne qu'il ché-
rissait, il devint sa suprême consolation. Ceux qui l'ont
approché n'oublieront jamais son accueil bienveillant, sa
courtoisie parfaite, sa loyauté, la sûreté de sa parole, sa
bonté, l'esprit du devoir qu'il poussait, hélas, trop loin, car
nous lui devons de le pleurer aujourd'hui. »
M. A. Oaudry, membre de l'Institut, au nom du Muséum
380 B. RENAULT.
d'histoire naturelle, a énuméré en termes pleins demotion
les services rendus à l'établissement par son bien-aimé
Directeur.
« Paléontologiste et géographe en même temps que
zoologiste, il a embrassé l'étude des êtres à travers les âges
et à travers les différentes contrées de la terre; il n'a pas
seulement observé les créatures que le soleil éclaire, mais à
bord du Talisman et du Travailleur il a dirigé quatre expé-
ditions sous-marines où, avec la collaboration de Natura-
listes, appartenant la plupart au Muséum, il a découvert
beaucoup d'êtres jusqu'alors cachés dans les profondeurs des
océans.
» A. Milne-Edwards a été jusqu'à sa mort un maître
admirable, incontesté, pour l'étude des Oiseaux vivants et
fossiles, des Mammifères et des Crustacés.
» Quand même nous le considérerions uniquement au
point de vue de ses publications, nous pourrions dire qu'il est
une des plus grandes gloires du Muséum. Mais ce n'est pas le
principal titre qu'il ait à notre reconnaissance. Nommé pré-
parateur de son père à la Sorbonne en 1856, il en est
devenu aide-naturaliste au Muséum, en 1862. Il a été appelé
à la chaire de Mammologie et d'Ornithologie en 1876. Cette
chaire, extrêmement importante, impose des devoirs mul-
tiples, car elle comprend les services de la Ménagerie, des
Collections, le montage d'animaux, etc. En 1891, nous
l'avons choisi pour être Directeur du Muséum.
» Il a été un Directeur incomparable; il y a dans le
Jardin des Plantes tant de savants éminents et de dévoués
auxiliaires dont il faut faciliter la tâche, tant de richesses
scientifiques qui s'accroissent chaque jour, tant de bâtiments
à entretenir, tant d'animaux à nourrir, tant de détails de toute
nature, qu'à moins d'avoir été mêlé à son administration, il
est difficile de se rendre compte du labeur qu'elle exige.
» A. Milne-Edwards connaissait tout, était présent partout ;
il avait su communiquer un entrain universel ; notre vieux
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 381
Muséum rajeunissait, et le Directeur, à force de donner
l'exemple du travail, s'était fait une auréole d'affectueux
respect.
» Au moment où sa maladie s'est déclarée plus intense
il commençait à établir des liens plus intimes entre le
Muséum et les institutions coloniales que l'on prépare en
ce moment.
» Il est extraordinaire qu'un homme auquel on doit tant
de beaux travaux de science pure et dont tout le temps
semblait devoir être pris par l'administration du Muséum
ait pu continuer à faire un cours à l'École de pharmacie, ait
participé aux recherches de la Société nationale d'agricul-
ture, et soit devenu un des membres les plus actifs de la
Société de géographie. Il avait une intelligence exception-
nelle, le travail pour lui n'était qu'un jeu; il a eu tous les
honneurs avec la conscience de les avoir mérités. Docteur
en médecine, docteur es sciences, professeur à l'École de
pharmacie, puis professeur au Muséum, membre de l'Ins-
titut; cette année vice-président, et par conséquent appelé
à devenir président en 1901, membre de l'Académie de
médecine, membre de la Société nationale centrale d'agri-
culture, président de la Société de géographie, comman-
deur de la Légion d'honneur, décoré de plusieurs ordres
étrangers, enfin directeur d'un vaste établissement où tous
ses efforts étaient couronnés de succès.
t Cher ami, vous êtes heureux maintenant d'avoir
retrouvé celle que vous aimez; vous jouissez d'avoir fait un
peu de bien sur notre pauvre terre en facilitant le plaisir
que donne à quelques hommes d'étude les merveilles de la
nature. Mais nous, dans ces jours de printemps où le
Jardin des Plantes devient joli et joyeux, nous sommes
tristes en suivant les allées où nous ne vous verrons plus.
Je ne crois pas que jamais directeur du Muséum ait montré,
plus de dévouement que vous, et ait causé par sa mort de
plus universels regrets. »
382 D. RENAULT.
Le Muséum, comme chacun sait, est un établissement
qui, par sa raison d'être, par son but principal et caracté-
ristique, est en relation avec le monde entier, recevant de
partout, soit par la voie des missions, soit par l'intermé-
diaire des consuls, soit par celle des voyageurs envoyés
spécialement dans des régions peu connues ou inexplorées
de nos colonies, de nombreux objets d'histoire naturelle,
la plupart du temps nouveaux, ou venant combler les vides
existant dans les collections.
L'étude de ces envois incessants nécessite les efforts
ininterrompus de toute une légion de travailleurs; des
aperçus nouveaux, des espèces, des genres inconnus sur-
gissent à chaque instant, et s'ils ne peuvent immédiatement
fournir la matière de mémoires étendus, ils réclament du
moins une note suffisamment détaillée pour prendre date
dans la science.
C'est pour répondre à ce besoin urgent de sauvegarder les
résultats des recherches des nombreux savants du Muséum
que Milne-Edwards a fondé en 1895 le Bulletin du Muséum.
Le dernier mardi de chaque mois a lieu une réunion de
tous les Naturalistes du Muséum, qui viennent tour à tour,
très simplement, exposer les résultats des recherches du
mois, et faire connaître à leurs collègues et amis les faits
scientifiques nouveaux qu'un travail heureux leur a fait
découvrir.
A chaque séance, une nombreuse correspondance, venant
de tous les coins du globe, lue à l'assemblée, donne un
aperçu des recherches qui s'effectuent au loin et met en
communication permanente les naturalistes sédentaires du
Muséum avec les naturalistes voyageurs accomplissant
leurs explorations lointaines et non dépourvues de dangers.
A leur retour, ils reçoivent de leurs collègues du Muséum
le plus chaleureux accueil et charment l'auditoire par le
récit souvent mouvementé de leurs lointains voyages, récit
toujours accompagné de cartes et de la projection de nom-
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 383
breuses photographies qui étalent aux yeux le panorama
des contrées parcourues, les plantes composant la Flore du
pays, les animaux qui en constituent la Faune et surtout
les types authentiques qui forment la population indigène. t
L'institution des réunions des Naturalistes du Muséum
réalisée par A. Milne-Edwards leur fournit l'occasion de
s'apprécier en se connaissant mieux; c'est un stimulant
précieux, les séances sont toujours instructives et attrayantes
et bien des savants étrangers à l'établissement, viennent
assister avec plaisir et profit à ces entretiens scientifiques
exempts de toute pédanterie. Avant ces réunions nul ne
s'était douté de la somme de travail qui s'exécute en un
mois, dans les différents laboratoires du Muséum.
Il est évident que pour rendre les voyages le plus profi-
tables possible à la science, éviter les mécomptes, ne porter
son attention que sur les choses ayant un véritable intérêt,
il faut que le voyageur soit Naturaliste, c'est-à-dire zoolo-
giste, botaniste, minéralogiste, géologue, paléontologiste,
parfois chimiste et hygiéniste; il faut qu'il ait vu, touché,
manié, préparé, étudié, de nombreux objets d'histoire
naturelle, analogues à ceux que le hasard ou des recherches
préméditées peuvent lui faire rencontrer.
Aussi Milne-Edwards a-t-il institué au Muséum un
enseignement spécial pour les voyageurs2; enseignement
consistant en des cours, des conférences, faits par les pro-
fesseurs et quelques assistants du Muséum. Ces confé-
1. Parmi les nombreux voyageurs qui ont rendu compte de leurs voyages on
peut citer, entre autres, les noms do MM. Diguet, en basse Californie; Gautier, sur
la géologie de Madagascar; François, dans les Nouvelles-Hébrides, les tles
Banko, etc.; Maurice Maindron, au golfe d'Oman; ChafTanjon, voyage à travers
l'Asie: prince Albert de Monaco, explorations océanographiques dans les régions
polaires; le prince Henri d'Orléans à travers l'Asie; MM. Bastard, Grandidicr,
père et (Ils, dans l'île de Madagascar; Dibowsky, Chevalier, dans l'Afriquo aus-
trale, etc., etc.
2. Il était indispensable, croyons-nous, d'insister sur ces deux créations de Milne-
Edwards. qui sont en pleine prospérité, donnent un cachet particulier à rétablis-
sement ot y entretiennent uno émulation extraordinaire et des plus fécondes.
384 B. RENAULT.
ronces sont accompagnées d'une série de leçons pratiques
des plus variées dans lesquelles les futurs voyageurs se
font l'œil et la main, acquièrent l'expérience indispensable
pour mettre et conserver en bon état beaucoup d'objets
délicats et fragiles ; de plus, des excursions entomologiques,
botaniques, minéralogiques, géologiques aux environs de
Paris sont faites pour les habituer aux recherches fruc-
tueuses et en tirer le meilleur parti.
M. Moissan, membre de l'Institut, au nom de l'École de
pharmacie, rappelle que Milne-Edwards n'avait pas trente
ans quand il fut nommé professeur de zoologie, t II fut et
il resta un professeur remarquable, dit-il, son enseigne-
ment était méthodique, clair et précis. Après avoir traité
toutes les parties de son programme il abordait les grandes
questions de physiologie et d'hygiène qu'il décrivait d'une
façon magistrale. Il enrichissait ainsi son cours de conseils
utiles, de théories nouvelles, d'idées générales auxquelles il
tenait beaucoup; son enseignement était vivant et fécond;
toujours maitre de lui, de relation sûre, fidèle à ses amitiés,
il ne se livrait qu'à bon escient.
» Il étonnait par la finesse de son jugement, par l'esprit
de ses reparties et surtout par les qualités de son cœur : il
a conservé jusqu'à la fin de sa vie une grande et sincère
affection pour les jeunes savants qui venaient travailler
avec lui. Son plus grand bonheur après celui de l'étude
était de découvrir des intelligences, de les encourager au
travail, puis de les pousser dans la carrière et de les aider
de ses conseils et de son influence. Tout cela était fait
avec une discrétion et un tact parfaits. Il était travailleur
par plaisir et bon administrateur par tempérament. Nous
pouvons dire qu'il est mort à la tâche, ne voulant pas s'ar-
rêter, refusant d'écouter les conseils de ses amis et les
affectueuses représentations d'une sœur qui l'adorait.
» L'idée du devoir a dominé toute sa vie, et pour son ini-
tiative, pour son abnégation, pour sa conscience, nous lui
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 385
devons le tribut de nos regrets que, comme une poignée
de fleurs, nous apportons sur sa tombe. »
Du discours de M. Hutinel, prononcé au nom de l'Acadé-
mie de médecine, qui rappelle en termes excellents les
qualités d'administrateur et de savant, la douceur et la
ténacité, la finesse et l'activité do Milne-Edwards, nous
citerons les paroles suivantes : « Ce n'est pas sans quelque
fierté que nous voyons, nous médecins, des hommes comme
Milne-Edwards venir s'asseoir à nos côtés. Après avoir
étudié la vie dans ses manifestations les plus curieuses et
les plus diverses, ils sont pour nous des guides incompa-
rables pour l'étude de l'homme. Ils nous montrent combien
sont complexes les fonctions des êtres vivants et combien
sont variables les appareils qui en assurent l'exécution ; ils
élargissent notre horizon et nous apprennent à envisager
l'homme sain ou malade, d'une façon plus élevée et plus
philosophique. Il y a toujours parmi nous des savants qui,
sans être médecins, dans le sens absolu du mot, font plus
que nous-mêmes pour la médecine. C'est à cette classe
d'hommes qu'appartiennent Pasteur, Claude Bernard, H.
Milne-Edwards père et A. Milne-Edwards; ils portent
devant nous le flambeau qui éclaire la voie dans laquelle
nous devons marcher. »
M. Oustalet, alors assistant de la chaire de A. Milne-
Edwards, maintenant professeur de la même chaire, a passé
de longues années avec le maître, il a vécu plus que personne
dans une intimité scientifique journalière, et s'exprime ainsi :
« Milne-Edwards avait toutes les qualités d'un bon chef :
la rectitude de jugement, la décision, la fermeté sans
rudesse. Tous ceux qui étaient placés sous ses ordres savaient
qu'il avait le souci constant des intérêts qui lui étaient con-
fiés, que s'il était avare de promesses, il tenait toujours
plus qu'il n'avait promis. Ils savaient aussi qu'on ne faisait
jamais inutilement appel à son cœur, et plusieurs d'entre
eux ont eu des preuves de sa discrète bonté.
TOME XIII. 25
386 B. RENAULT.
» Les qualités dominantes de Milne-Edwards donnaient
à son enseignement une netteté incomparable, et la variété
de ses connaissances lui permettaient de guider ses élèves
dans les voies les plus diverses.
» Parmi ceux qui se sont succédé dans ce laboratoire
des Hautes Études que Milne-Edwards a dirigé pendant
plus de trente ans, les uns professent au Muséum, en Sor-
bonne, dans les Universités de province et à l'étranger,
les autres occupent des situations plus modestes; mais
quelles que soient leurs fonctions, leur âge, les oppositions
de leurs idées ou de leurs caractères, tous s'associent dans
les mêmes regrets, tous revoient, sans doute, en pensée
ces salles où groupés autour de Milne-Edwards qui les sti-
mulait par son exemple et les initiait souvent à ses propres
travaux. Pendant de longues années les traditions de bienveil-
lance de la part du maître, de confiance réciproque entre
les élèves, ont été précieusement maintenues; et c'est ainsi
que se sont établis entre tous ceux qui ont travaillé sous sa
direction, des liens de sympathie que le temps ne peut affai-
blir et à la formation desquels il a puissamment contribué.
» Aussi est-ce de tout cœur que nous, ses anciens élèves,
nous nous joignons à ceux qui, hier encore, suivaient son
enseignement, pour offrir à sa mémoire un suprême hom-
mage de respect et d'affection. Cher maître, adieu! »*
Mais la bienveillance d'A. Milne-Edwards, et son désir de
rendre service et de faire le bien, ne s'arrêtait pas à son
entourage et à ses élèves, sa bonté rayonnait bien au delà
des murs de son laboratoire, et de ceux de Paris ; partout
1. D'autres discours ont été prononcés au nom de la Société nationale d'agri-
culture, par M. L. Passy, membre de l'Institut ; au nom de la Société de géogra-
phie, par M. Maunoir, etc. Tous développent en sens divers les qualités excep-
tionnelles de Milne-Edwards ; nous ne pouvons que les indiquer ici.
M. Perrier, membre de l'Institut, directeur du Muséum, a, en outre, le 26 juin
dernier, prononcé un éloge remarquable et très documenté sur II. Milne-Edwards
et A. Milne-Edwards à la réunion des Naturalistes du Muséum; le texte en sera
publié dans les Nouvelles Archives du Muséum; étant encore inédit, nous devons
seulement le signaler à l'attention des savants.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 387
en province, comme près de lui, là où il y avait un travail-
leur s'adressant à ses lumières, il l'encourageait, l'aidait
de ses avis et lui fournissait les moyens de comparaison
qui manquent généralement loin des grandes collections;
on pourrait citer beaucoup de savants de Reims, de Lyon
et d'ailleurs qui n'ont eu qu'à se louer de son obligeance,
de son amabilité et de ses conseils.
Quand il reconnaissait, quoique éloigné, un Naturaliste
plein de persévérance s'adonnant sérieusement à surprendre
les secrets de la nature, il ne manquait pas de lui faire
obtenir, d'une façon discrète, quelques encouragements et
quelques récompenses. Notre département entre autres a
vu, dans bien des cas, des présidents, vice-présidents, secré-
taires de sociétés savantes, recevoir des distinctions méri-
tées, grâce à l'intervention pour ainsi dire anonyme de
Milne-Edwards.
Dès le début de l'existence de notre Société, l'éminent
naturaliste voulut bien figurer sur la liste des membres
d'honneur, puis plus tard, à la mort du Dr B. de Montessus,
accepter le titre de Président d'honneur.
Ce qui l'avait séduit, c'est la vitalité scientifique qui
anime notre Société, vitalité qui ne s'est pas démentie
depuis son origine. Il a guidé ses premiers pas, lui a donné
les conseils les plus affectueux, l'a aidée dans une certaine
mesure à obtenir des locaux spacieux, pour loger les col-
lections de Montessus dont il connaissait toute la valeur;
chaque année, grâce à son influence bienveillante, des allo-
cations importantes ont été accordées pour aider à la publi-
cation de nos Bulletins dont il appréciait le grand intérêt.
La Société d'histoire naturelle d'Autun a donc le devoir de
mêler sa voix au concert de louanges adressées, d'une façon
si éloquente, par tant de célébrités scientifiques, au grand
savant, à l'homme de bien qui n'est plus, et en même
temps de faire entendre les accents douloureux de la plus
profonde tristesse et des plus amers regrets.
388 B. RENAULT.
En quelques lignes nous résumerons la carrière rapide
et brillante de Milne-Edwards.
Comme nous l'avons dit plus haut, A. Milne-Edwards
naquit le 13 octobre 1835, il vint à l'âge de six ans habiter
le Muséum. Son premier travail inséré dans les Annales des
sciences naturelles (1856) fut une étude sur les globules du
sang chez les animaux à sang froid. La même année il fut
nommé préparateur de son père à la Faculté des sciences.
En 1860, il soutint, pour obtenir le grade de docteur en
médecine, une thèse ayant pour sujet : Étude chimique et
physiologique sur les os.
En 1861, il obtint le diplôme de docteur es sciences en
présentant comme thèse : Histoire des Crustacés podoph thaï-
maires fossiles.
En 1862, il fut nommé aide-naturaliste au Muséum, à la
chaire de Zoologie.
En 1864, il passa avec succès les examens d'agrégation
de l'École de pharmacie, en présentant comme sujet de
thèse un travail Sur la famille des Solanées. La même année
il fut reçu pharmacien de première classe; le travail pré-
senté comme thèse était une Étude sur la famille des Che-
vrotins.
En 1865, il fut nommé professeur de zoologie à l'École
supérieure de pharmacie.
En 1 866, l'Académie lui décerna le grand prix des sciences
physiques pour son travail sur les Oiseaux vivants et fossiles,
dont 38 fascicules sur 40 avaient paru.
En 1868, il fut nomméjchevalier de la Légion d'honneur.
En 1869, lorsque l'École des Hautes Études fut fondée, il
prit la sous-direction du laboratoire de zoologie anatomique.
En 1870-1871, sans interrompre ses travaux, il prit part,
dans les rangs de la garde nationale, à la défense de Paris. *
1 . Il refusa tout grade, et il eut pour chefs de simples préparateurs, et même de
simples garçons de laboratoire du Muséum, anciens militaires, fort embarrassés
quelquefois d'avoir à commander une corvée à leur supérieur civil.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 389
En 1873, le 24 novembre, l'Académie des sciences lui
décerne le prix Bordin pour ses recherches sur la Faune
des régions australes.
En 1876, il succédait à son père comme professeur au
Muséum dans la chaire comprenant l'étude des Mammi-
fères et des Oiseaux.
En 1877, il fut nommé membre de l'Académie des
sciences dans la section de zoologie.
En 1880, il devint directeur du laboratoire de zoologie
des Hautes Études.
En 1881, on le nomma officier de la Légion d'honneur.
En 1884, la Société de géographie lui a décerné sa grande
médaille d'or.
En 1885, il est élu membre de l'Académie de médecine,
dans la section de thérapeutique et d'histoire naturelle.
En 1886, l'École do pharmacie le choisit comme asses-
seur de G. Planchon et le chargea de représenter les
intérêts de l'École, au Conseil de l'Université et au Conseil
académique.
En 1891, les professeurs du Muséum appelèrent Milne-
Edwarda à la direction de cet établissement, et lui con-
fièrent le soin de le représenter au Conseil supérieur de
l'instruction publique.
En 1892, il fut élu membre de la Société nationale
d'agriculture.
En 1896, il devint président de la Société de géo-
graphie.
En 1898, il demanda au ministre, que la croix de Com-
mandeur qui lui était destinée, lors de l'inauguration des
Galeries de Paléontologie et d'Anatomie comparée, fût
changée contre une croix d'officier et deux croix de cheva-
lier qui furent données à ses collaborateurs.
En 1899, il reçut la croix de Commandeur.
En 1899, l'Académie des sciences l'avait choisi comme
vice-président et si la mort n'était venue impitoyablement
390 B. RENAULT.
le frapper, il aurait inauguré le siècle en présidant l'auguste
Assemblée.
Comme président ou comme membre de toutes les grandes
Commissions ou Associations scientifiques, il a été mêlé à
tout ce qui s'est fait de grand et d'impérissable dans le
domaine des sciences naturelles. On ne peut s'étonner des
distinctions nombreuses dont il a été l'objet, si l'on parcourt
la liste de ses principaux travaux, devenus classiques, dont
nous donnons la liste ci-après.
LISTE
DES PRINCIPAUX TRAVAUX
PUBLIÉS PAR A. MILNE-EDWARDS
-K»40«-
1886
A. Milne-Edwards. Note sur les dimensions des globules du sang
chez quelques Vertébrés à sang froid. Ann. des se.
nat., V, 165, 1856.
— Influence du phosphate de chaux des aliments sur la for-
mation du cal. Gaz. hebd. de mèd. et de chirurgie, III,
857 et 291, 1856.
1860
— Études chimiques et physiologiques sur les os. Ann. des
se. nat. (4), XIII, 113-192. (Thèse de médecine, n' 136,
Paris, 1860.)
1861
— Expériences sur la nutrition des os. Ann. des se. nat. (4),
XV, 36, 1861.
— Les Crustacés fossiles des sables de Bauchamp. C. R.
Ac. Se, I, 60, 1860.
— Etudes zoologiques sur les Crustacés récents de la famille
des Portuniens. Nouv. Arch. du Muséum, X, 309, 11 pi.,
1861.
— Note sur les Crustacés fossiles. Bull. Soc. gèol. de France
(2), XVIII, 656, 1861.
— Histoire des Crustacés podophtalmaires fossiles, introduc-
tion. Ann. des se. nat. (4), XIV, 1861.
— Monographie des Portuniens fossiles. Ann. des se. nat. (4),
XIV, 175, 10 pi., 1861.
— Monographie des Thalassiniens fossiles. Ann. des se. nat. (4),
XIV, 294, 6 pi., 1861.
— Histoire des Crust. podopht. fossiles. (Thèse de doct.
es sciences, in-4°, 234 p., 16 pi., 1er mai 1861.)
392 B. RENAULT.
A. Milne-Edwards. Observations sur l'existence de divers Mol-
lusques et Zoophytes à de grandes profondeurs dans la
Méditerranée. Ann. des se. nat. (4), XV, 149, 1861.
1869
— Sur l'existence de Crustacés de la famille des Raniniens
pendant la période crétacée. C. R. Ac. Se, LV, 492, 1862.
— Existence de l'homme pendant le quaternaire, dans la grotte
de Lourdes. Ann. des se. nat. (4), XVII, 5, 1 pi., 1862.
1863
— Expériences sur l'infection des Moutons par Taenia caenurus.
Bull. Soc. philom., 6 juin 1863.
— Faune carcinologique de l'île de la Réunion. In Maillard.
Notes sur la Réunion, 1 vol. in-8°, 1863.
— Mémoire sur la distribution géologique des Oiseaux fossiles.
Ann. des se. nat., XX, 133, 1863.
1864
— Recherches sur la famille des Chevrotains. Ann. des se.
nat. (5), II, 49, (1 pi., 1864 (Thèse de pharmacien de
lre classe, 13 août 1864.)
— De la famille des Solanées. (Thèse d'agrégation, in -4°,
Paris.)
— Revision des Macroures de la famille des Atyoîdés. Ann.
Soc. entom. de Fr. (4), IV, 146, 1 pi., 1864.
— La Faune ornithologique de l'époque quaternaire. Bull.
Soc. philom., juillet 1865.
186»
— Sur quelques Crustacés nouveaux de la tribu des Malens.
Ann. Soc. entom. de Fr. (4), V, 133, 3 pi., 1865.
— Note sur un Crustacé décrit comme fossile et actuellement
vivant. Ann. des se. nat., III, 193, 1865.
— Note sur deux Crustacés fossiles du Néocomien de l'Yonne.
Bull, de la Soc. d'hist. nat. de l Yonne, XIX, 342, pi. 5.
— Note additionnelle sur l'appareil respiratoire de quelques
Oiseaux. Ann. des se. nat. (5), III, 136, 1865.
— Observations sur l'appareil respiratoire de quelques Oiseaux.
Ann. des se. nat. (5), III, 137, 1865.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE- EDWARDS. 393
A. Milne-Edwards. Sur VElaphurus davidianus, espèce nouvelle
de la famille des Cerfs. Nouv. Arch. du Muséum, II, 27,
3 pi., 1865.
— Description de quelques Crustacés nouveaux de la famille
des Leucosiens. Ann. de la Soc. entom. (4), V, 148,
1 pi., 1865.
— Etudes zoologiques sur les Crustacés récents de la famille des
Cancériens. Nouv. Arch. du Muséum, I, 177, 9 pi., 1865*
— Deux espèces de Crustacés de la Nouvelle-Calédonie. Ann.
de la Soc. entom. , V, 106, 1865.
1866
— Description de trois espèces nouvelles du genre Boscia.
Ann. de la Soc. entom., VI, 203, 1866.
— Recherches anatomiques et paléontologiques pour servir à
l'histoire des Oiseaux fossiles de la France, 4 vol. in-4*.
Atlas de 200 pi., Paris, 1866.
Ce travail a remporté le grand prix des sciences physiques et
naturelles décerné par l'Académie en 1866, 38 livraisons sur 40 avaient
paru à cette époque.
— Oiseaux de la caverne de Verezzi en Ligurie, in : Sopra
le Caverne di Liguria, par G. Ramorino, 1866.
— Les caractères ostéologiques des Psittacides et l'espèce
éteinte Ps. mauritianus. Ann. des se. nat. (5), VI, 91,
2 pi., 1866.
— Recherches sur les ossements de Dronte de l'île Maurice.
Ann. des se. nat. (5), V, 355, 5 pi., 1866.
1867
— Sur un Psittacien fossile de l'île Rodrigue. Ann. des se.
nat. (5), VIII, 145, 4. pi., 1867.
— Les affinités zoologiques du Gastornis Parisiensis. Ann.
des se. nat. (5), VII, 217, 1867.
— Sur une espèce éteinte du genre Fulica, habitant autrefois
l'île Maurice. Ann. des se. nat. (5), VIII, 195, 4 pi., 1867.
— Note sur la famille des Rallides. L'Institut, n« 1734, 1867.
— Necrozius Boverbanki, a new genus of Canceridœ from the
London Clay. The geological Magazine, IV, 531, pi. 21,
1867.
— Coup d'œil sur les Porcellanes et description d'une espèce
nouvelle. Les fonds de la mer, 128, 1867.
394 B. RENAULT.
A. Milne -Edwards. Description d'un nouveau Stomapode du genre
Squille. Les fonds de la mer, 137, 4867.
— Espèces nouvelles d'Ecureuils de l'ancien continent. Revue
zoologique, 1867.
— Observations sur quelques Mammifères de la Chine. Ann.
des se. nat. (5), VII, 375, 1867.
— Observations sur quelques Mammifères du Nord de la
Chine. Ann. des se. nat. (5), VIII, 374, 1867.
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Observations anatomiques
sur quelques Mammifères de Madagascar. Ann. des se.
nat., VIII, 314, 4 pi., 1867.
A. Milne-Edwards. Sur une nouvelle espèce du genre Nyticèbe.
Nouv. Arch. du Muséum, III, 1 pi., 1867.
— Sur le type d'une nouvelle famille de Rongeurs. Nouv. Arch.
du Muséum, III, p. 81, 5 pi., 1867.
1868
— Observations sur l'Hippopotame de Libéria, in : Recherches
pour servir à l'hist. nat. des Mammifères, in-4°, 5 pi.,
1868.
— Etudes pour servir à l'histoire de la faune mammalogique
de la Chine, in : Recherches pour servir à Vhist. nat. des
Mammifères, in-4°, 105 pi.
— La faune mammalogique du Thibet oriental, in : Recherches
pour servir à l'hist. nat. des Mammifères, in-4°, 105 pi.
— Les affinités zoologiques de VAphanapteryx, espèce éteinte
de Maurice. Ann. des se. nat. (5), X, 325, 4 pi., 1868.
— Sur un Pélican de grande taille des tourbières de l'Angle-
terre. Ann. des se. nat. (5), VIII, p. 285, 1 pi., 1868.
— La faune carcinologique des îles du Cap-Vert. Nouv. Arch.
du Muséum, IV, 49, 3 pi. 1868.
— Etudes sur quelques Crustacés des Célèbes. Nouv. Arch.
du Muséum, IV, 173, avec 2 pi., 1868.
— Crustacés nouveaux provenant des voyages de M. A. Gran-
didier. Nouv. Arch. du Muséum, IV, 1868.
1869
— Revision du genre Telphusa. Nouv. Arch. du Muséum, V,
161, 1869.
— Revision des genres Trichodactylus, Sylviocarcinus et
Dilocarcinus. Ann. de la Soc. entom., IX, 170, 1869.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 395
A. Milne-Edwards. Description de quelques Portuniens nouveaux.
Nouv. Arch. du Muséum, V, 145, 2 pi., 1869.
— Sur quelques nouvelles espèces du genre Sesarma. Nouv.
Arch. du Muséum, V, 29, 1869.
— Sur quelques nouvelles espèces de Crustacés du Cap-Vert.
Rev. de Zool., XXI, 350, 374, 409, 1869.
— Sur un hybride d'Hémione et de Jument. Bull. Soc. d'accl.
(2), II, 380, 1869.
— Sur un cas de transformation du pédoncule oculaire en
antenne chez une Langouste. C.R.Ac. Se., 24 octobre 1869.
— Article « Oiseaux fossiles ». Dict. d'Hist. naturelle, 2e édi-
tion, 1869.
— Observation sur l'organisation des Limules. V Institut, 215,
1869.
Â. Milne-Edwards et A. Grandidier. Nouvelles observations sur
les caractères et les affinités de YJEpyornis de Madagas-
car. Ann. des se. nat., XII, 167, 11 pi., 1869.
1870
A. Milne-Edwards. Note sur la disposition du placenta chez le
Chevrotain memina. Ann. des se. nat., XIII, 6, 1870.
— Sur une nouvelle espèce de Semnopithèque provenant de
Cochinchine. Nouv. Arch. du Muséum, VI, 2 pi., 1870.
— Sur quelques Mammifères du Thibet oriental. Ann. des se.
naturelles, XII, art. n* 10, 1870.
— Les animaux de la Sibérie, A l'époque du remplissage des
cavernes de l'Inga et du Tscharysch. Ann. des se. gèolog.,
1870.
— La faune ornithologique miocène du Bourbonnais. C. R. Ac.
des Se., 14 mars 1870.
— Note sur le nouveau genre de Brachyures Catometopes,
Catoptrus. Ann. des se. nat. (5), XIII, 82, 1870.
— Revision du genre Callianassa. Nouv. Arch. du Muséum,
VI, 75, 5 pi., 1870.
1871
— Sur la conformation du placenta chez le Tamandua. Ann.
des se. nat. (5), XV, 1 pi., 1871.
— Sur quelques points de l'embryologie des Lémuriens et sur
leurs affinités. Ann. des se. nat. (5), octobre 1871.
396 B. RENAULT.
A. Milne-Edwards. Classification des Lémuriens, Revue scienti-
fique, n° 10, septembre 1871.
— Sur une nouvelle espèce de Tatou à cuirasse incomplète.
Nouv. Arch. du Muséum, VII, 177, 1 pi. 1871.
1878
— Classification des Mammifères. Revue scientifique, n° 53,
1872.
A. Milne-edwards et A. Grandidibr. Description d'une nouvelle
espèce de Propithèque, Rev. et Mag. de zoologie, 273,
août 1872.
— Un nouvel Insectivore de Madagascar, Geogale aurita. Ann.
des se. natur. (5), XV, 1872.
A. Milnk-Edwards. Coup d'oeil sur les Mammifères de la Chine et du
Thibet oriental. Bull. Soc. d'acclimatation, IX, 239, 1872.
— La faune carcinologique de la Nouvelle-Calédonie. Nouv.
Arch. du Mus., VIII, IX, X, 22 pi., 1872.
— Les Crabes d'eau douce de Madagascar. Ann. des se. nat.,
art. n<> 20, 1872.
— Description de quelques espèces nouvelles de Brachyures.
Ami. de ta Soc. entomol., VII, 253.
— Un nouveau genre de Crustacés Cancériens. Ann. de la Soc.
entom., IX, 168, 1 pi.
— Recherches sur l'anatomie des Limules. Ann. des se. nat.
(5), XVII, 12 pi., 1872.
— Sur une variété mélanienne du Surmulot (Mus decumanus).
Ann. des se. nat. (5), XV, art. n° 7, 1872.
— Résumé des recherches sur les Oiseaux fossiles. C. R. Ac.
Sa, LXXIV, 1030, 1872.
1878
— Recherches sur la faune ancienne de l'île Rodrigue. C. jR. Ac.
Sa, LXXVII,n<> 15, 13 octobre 1873.
— Note sur quelques Crustacés fossiles des genres Ranina et
Galenopsis. Ann. des se. géologiques, III, 1 pi., 1873.
— Description des Crustacés fossiles de Biarritz, in : Bouille,
Paléont. de Biarritz, Paris, in-8°, 1 pi., 1873.
— Description de quelques Crustacés nouveaux du Musée
Godefroy. Journal des Muséums Godeffroy, Heft IV,
pi. 12 et 13, 1873.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 397
A. Milne-Edwards. Recherches sur la faune des régions australes,
ouvrage manuscrit accompagné de 175 cartes auquel
l'Académie des sciences, dans sa séance du 24 novem-
bre 1873, a décerné le prix Bordin, et dont elle a ordonné
l'impression dans le Recueil des savants étrangers à
l'Académie.
1874
— Note sur le Perodicticus Potto, Lémurien de l'Afrique occi-
dentale. Nouv. Arch. du Muséum, X, 2 pi., 1874.
— Note sur le Nephropsis Stewarti. Ann. des se. nat. (5), XIX,
art. n° 7, 1874.
187»
— Les Oiseaux fossiles des cavernes du sud-ouest de la France,
in : Lartet et Christy, Reliquiœ Aquitaniœ, mai 1875.
— Observations sur les oiseaux fossiles de Saucats et de Léo-
gnan. An. des se. géologiques, VI, art. n° 1, 1875.
— Nouveaux documents sur l'époque de disparition de la faune
ancienne de Rodrigue. C. R. Acad. Se, LXXX, 1212, 1875.
— Sur un nouveau crustacé, VEuphylax robustus. Les fonds
de la mer, II, 249, 1875.
— Sur l'appareil vocal de VIndris brevicaudatus. Ann. des se.
nat. (6), I, art. n° 8, 1 pi., 1875.
1876
— Sur deux espèces de Crustacés provenant de la Nouvelle-
Zélande. Ann. des se. nat. (6), IV, art. 9, 1 pi., 1876.
— Sur quelques Mammifères nouveaux. Bull. Soc. philom.,
12 février, 1876.
1877
— Sur les affinité du genre Phodilus. C. R. Ac. des Se,
17 décembre 1877.
— Les affinités du genre Phodilus, nouveau genre de Rapace
nocturne. Nouv. Arch. du Muséum (2), I, 2 pi., 1877.
— Sur un nouveau genre de Rapace nocturne provenant de
Madagascar. C. R. Ac. des Se 31 décembre 1877.
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Note sur la nidification de
l'Aye-aye. C. R. Ac. des Se, décembre 1877.
398 B. RENAULT.
A. Milne-Edwards. Notes sur quelques Mammifères nouveaux de
la Nouvelle-Guinée. C. R. Ac. des Se, 3 décembre 1877.
A. Milne-Edwards et Brocchi. Sur quelques Macrophtalmiens fos-
siles. Bull. Soc. philom., 1877.
— Note sur l'Ecureuil ferrugineux. Bull. Soc. philom., 16,
13 janvier 1877.
1878
A. Milnk-Edwards. Une nouvelle espèce de Midas et observations
sur Ateles variegatus. Nouv. Arch. du Muséum (2), 1 pi.,
1878.
— Sur une nouvelle espèce de Peramèle provenant de la Nou-
velle-Guinée. Ann. des se. nat. (6), VII, art. n° 3,
1 pi., 1878.
— Sur quelques nouvelles espèces de Crustacés du Cap-Vert.
Bull. Soc. philom., 22 juin 1878.
— Les Crustacées décapodes du genre Dynomène. Ann. des se.
nat. (6), 3 pi., 1878.
— Sur quelques Oxyrhynques nouveaux. Bull. Soc. philom.,
22 juin 1878.
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Note sur un nouveau genre
de Chéiroptères. Bull. Soc. philom., 22 juin 1878.
A. Milne-Edwards. Observations sur les Chauves-souris des Sey-
chelles. Bull. Soc. philom. , 22 juin 1878.
— Des affinités zoologiqùes du genre M es i tes. C. H. Ac. des
Se, 22 avril 1878.
— Remarques sur le genre Mesites et sa place dans la série
ornithologique. Ann. des se. nat. (6), VII, art. n° 6, 1878.
1876-1879
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Histoire naturelle des Oiseaux
de Madagascar, 4 vol. in-4°, atlas de 308 pi., 1876-1879.
1879
— Sur un Isopode des grandes profondeurs de la mer. C. R.
A cad. des Se, 6 janvier 1879.
— Considérations générales sur la distribution géographique
des animaux Ass. scient, de France, 19 janvier 1879.
— Addition à la famille des Thalassiniens. Bull. Soc. philom. ,
1879.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 399
1880
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Etudes préliminaires sur les
Crustacés recueillis par le Blake. Bull, of Mus. of C.
Zool.t VIII, n° 1, 68 p., 2 pi., 4880.
— Rapport sur les travaux de la Commission chargée d'étudier
la faune sous-marine dans les grandes profondeurs du
golfe de Gascogne. Bull. hebd. de l'Ass. scient, de
France, II, n<> 20, 306, 1880.
— Recherches sur la faune des régions australes. Ann. des se.
nat., IX, art. n° 9, 1880.
— Sur une nouvelle espèce du genre Dasyure, provenant de la
Nouvelle-Guinée, C. R. A Cad. des Se, XC, n» 26, 1518,
1880.
— Études sur les Xiphosures et les Crustacés podopht. de la
région mexicaine. Livr. 1 à 7, in-4°, 368 p., 73 pi., 1880.
— Note sur une nouvelle espèce de Crustacé aveugle des
grandes profondeurs. Ann. des se. nat., IX. art. n* 2, 1880.
— Note sur quelques Crustacés fossiles des environs de Biar-
ritz. Ann. Soc. gèolog., XI, cahier 3, 1880.
— Note sur un Crustacé fossile du genre Eumorphastœa. Ann.
Soc. gèolog., XI, art. n° 4 bis, 1880.
— Observations sur quelques animaux de Madagascar. C. R.
Ac. des Se, XCI, n°26, 1034, 1880.
1881
— Éléments de l'histoire naturelle des animaux. 1 vol. in-12,
avec 487 fi g. Paris, Masson, 1881.
— Observations sur le genre Thranistes (Crust.) Bull. Soc.
philom. (7), IV, 60, 1881.
— Observations sur les oiseaux de la région antarctique, C. R.
Ac. des Se, XCII, n» 5, 211, 1881.
— Faune carcinologique de la mer des Antilles. C. R. Ac. des
Se, XCII, n« 8, 384, 1881.
— Description de quelques Crustacées macrocères des grandes
profondeurs. Ann. des se. nat. (6), XI, art. n* 4, 1881.
— Recherches sur la faune des régions australes (suite). Ann.
des se. nat. (6), XII art. n° 7, avec 2 cartes, 1881.
A. Milne-Edwards. Exploration zoologique à bord du Travailleur.
C. R. Ac. des Se, XCII, n" 22, 876 et 931, 1881.
400 B. RENAULT.
A. Milne-Edwards. Etudes sur les Xiphosures et les Crustacés
podopht. du Mexique. Livr. 7 et 8, gr. in-4°, avec 14 pi.,
Paris, 1881.
— Compte rendu des recherches de M. Walcott sur les Trilo-
bites. Ann. des se. nat. (6), art. n° 3, avec 3 pi., 1881.
1888
— Les explorations du Travailleur dans l'Atlantique et la
Méditerranée en 1880-1881. Bull. Soc. géogr., 1er trimestre
1882.
— Recherches sur la faune des régions australes (3e partie).
Ann. des se. nat. (6), XIII, art. n° 4, 1882.
— Instructions zoologiques pour la mission du cap Horn. C. R.
Ac. des Se, XCIV, n«> 23, 1494, 1882.
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Description d'une nouvelle
espèce d'Insectivore de Madagascar. Le Naturaliste, n° 7,
55, 1882.
1883
A. Milne-Edwards. Anatomie et Physiologie animales. Paris, Masson,
406 p., 311 fîg., 1883.
— Rapport sur diverses propositions relatives aux Sociétés
scientifiques départementales. Rev. des trav. scientif.,
65, 1883.
1884
— Sur un Gorille de la ménagerie du Muséum. C. R. Ac. des
Se, XCVIII, no 16, 959, 1884.
— Sur les dispositions des enveloppes fœtales chez l'Aye-aye.
C. R. Ac. des Se, XCIX, n«6, 265, 1884.
— Sur les sacs respiratoires du Calao rhinocéros. C. R. Ac.
des Se, XCIX, 833, 1884.
1885
— De la faune malacologique des Açores. Bull. Soc. malacol.
deFr., II, n» 2, 313, 1885.
— L'Histoire naturelle de l'île Campbell et de la Nouvelle-
Zélande. C. R. Ac. des Se, CI, n<> 18, 855, 1885.
— Classification des Taupes de l'ancien continent. C. R. Ac.
des Se, XCIX, n<> 26, 1141.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 401
A. Milne-Edwards et Oustalet. Observations sur la faune de la
Grande-Comore, C. R. Ac. des Se, CI, n° 3, 218, 1885.
1886
A. Milne-Edwards. Description de quelques Telphuses du Congo.
Bull. Soc. philom., X, n° 3, 148, 1886.
— Observations sur les Crabes des eaux douces de l'Afrique.
Bibl. Hautes-Études, XXXIII, art. n° 4, 1886.
1887
A. Milne-Edwards et Oustalet. Observations sur quelques Oiseaux
de la Grande-Comore, Ann. des se. nat., II, not 3 et 4,
art. n» 4, 1887.
A. Milne-Edwards. Observations sur les Crabes des eaux douces
de l'Afrique. Ann. des Se. nat. (8), IV, art. n° 2, 3 pi ,
1887.
1888
— Note sur une nouvelle espèce de Dactylopsila (Mammifère).
Cent. Soc. philom., in-4°. Paris, avec 2 pi., 1888.
A. Milne-Edwards et Oustalet. Etude sur les Mammifères et les
Oiseaux des îles Comores. Nouv. Arch. du Muséum (2),
IX, 219, 6 pi., 1888.
1890
— Letterupon Equus Grevyi. Pr. Zool. Soc. London, IV, 647,
1890.
— Un nouveau Crustacé macroure de la Méditerranée. Bull.
Soc. zool deFr., XV, n° 7, 163, 1890.
— Note sur les Crustacés du genre Pelocarcinus. Nouv. Arch.
du Mus. d'hist. nat. (3), II, 169, 2 pi., 1890.
1891
— Sur les Oiseaux fossiles des dépôts éocènes de phosphates
de chaux du sud de la France. Congrès ornithol. de
Buda-Pesth, 18 mai 1891.
— Influence des grands froids sur les animaux de la ménagerie.
C. R. Ac. des Se, CXII, 201, 1891.
A. Milne-Edwards et Oustalet. Campagne scientifique de S. A. le
prince de Monaco. Pagurides nouveaux. Bull. Soc. zool.
deFr., XVI, n<> 5, 131, 1891.
tome xiti. 26
402 B. RENAULT.
A. Milne-Edwards. Mission du cap Horn. Mammifères, Crustacés.
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A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Sur les Paguriens du genre
Cancellus. Bull. Soc. philom. (8), III, n° 2, 66, 1891.
— Observations sur les Paguriens des Antilles et du golfe du
Mexique. Bull. Soc. philom. (8), III, n» 3, 102, 1891.
— Modifications des Pagures suivant la coquille qu'ils habitent.
Bull Soc. philom. (8), III, n<> 3, 151, 1891.
1892
— Observations préliminaires sur les Paguriens du Travailleur
et du Talisman. Ann. des se. nat. (7), XIII, 183-226,
1892.
A. Milne-Edwards. Une nouvelle espèce de Microgale de Madagas-
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1898-1900
— Leçon d'ouverture (Enseignement pour les voyageurs).
Broch. in-8°, Paris de 1893 à 1900.
A. Milne-Edwards et Oustalet. Sur quelques espèces d'Oiseaux
actuellement éteintes. Cent. Mus. d'hist. nat., 64 p.,
5 pi., 1893.
A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Les Paguriens de l'expédition
du Blake. Cambridge, in-4°, 172 p., 12 pi., 1893.
1894
A. Milne-Edwards. Sur deux Orangs-outangs adultes. C. R. Ac.
des Se, CXIX, 191, 1894.
A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Sur les modifications adap-
tatives chez les Galathéidés abyssaux. C. R. Se. biologie
(10), I, ^ 9, 231, 1894.
— Troisième campasrne du yacht YHirondelle. Genre Néoli-
thodes. Bull. Soc. zool. de France, XIX, n° 7, 120,
1894.
— Les Galathéidés des mers de France. Mèm. Soc. zool. de
France, VII, 208, 1894.
— Décapodes de YHirondelle et de la Princesse- Alice. Monaco,
in-4<>, 112 p., 11 pi., 1894.
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Observations sur les Mpyor-
nis de Madagascar. C. R. Ac. des Se, t. CXVIII, 122,
1894.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR A. MILNE-EDWARDS. 403
1895
A. Milne-Edwards. Sur l'incubation des Casoars émeus à la ména-
gerie. Bull du Muséum, I, n<> 6, 237, 1895.
— Observations sur deux Orangs-outangs morts à Paris. Nouv.
Arch. du Muséum (3), VII, 3i, 2 pi., 1895.
A. Milne-Edwards et A. Grandidier. Sur les ossements d'Oiseaux
provenant des terrains récents de Madagascar. Bull, du
Muséum, I, n° 1, 3, 1895.
1896
A. Milne-Edwards. Sur un hybride de Mouflon à manchette et de
Chèvre. C. R. Ac. des Se, CXXIII, 183, 1896.
— Sur les ressemblances entre la forme des Mascareignes et
celle de certaines îles du Pacifique austral. Ann. des
se. nat. (8), II, 117, 1896.
— Sur la coloration de la face du Doue à pieds noirs. Bull, du
Muséum, no 6, 313, 1896.
— Sur l'accroissement de taille et de poids d'un jeune Elé-
phant d'Asie. Bull du Muséum, n<> 8, 369, 1896.
— Sur quelques Oiseaux pris en mer à grande distance des
côtes. Bull, du Muséum, n« 7, 313, 1896.
1875-1897
— Histoire naturelle des Mammifères de Madagascar. 4 vol.
in-4». Atlas de 274 pi., 1875-1897.
— Sur une nouvelle espèce de Rhinopithèque. Bull, du
Muséum, n» 5, 156, 1897.
— Les Mammifères de l'Asie centrale. (Congrès zool. de Mos-
cou, 1897.)
— Note sur une incubation incomplète faite par un mâle de
Cygne noir. Bull, du Muséum, n° 5, 165, 1897.
A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Crustacés nouveaux provenant
des campagnes du Travailleur et du Talisman. Bull, du
Muséum, n°» 7 et 8, 297 et 364, 1897.
— Ressemblances et dimorphisme d'Eupagurus excavatus et
E. variabilis Bull. Soc. zool. de France, XXII, n° 7,
168, 1897.
— Observations sur le genre Sympagurus. Bull. Soc. zool. de
France, XXII, n" 5 et 6, 131, 1897.
— Les Galathéidés de l'expédition du Blake. Cambridge, in-4»
172, 12 pi., 1897.
404 B. RENAULT.
1898
A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Crustacés nouveaux provenant
du Travailleur et du Talisman. Bull, du Muséum, 32, 75,
153,492,234, 1898.
A. Milne-Edwards et G.Grandidier. Une nouvelle espèce de Muridé
de Madagascar. Bull, du Muséum, 179, 1898.
A. Milne-Edwards. Sur les animaux éteints de Madagascar, Con-
grès de zoologie de Cambridge, 1898.
1899
A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Décapodes de Y Hirondelle et
de la Princesse- Alice. Monaco, in-4°, 105 p., 4 pi., 1899.
— Les arbres à gutta de la Grande-Comore. Bull, du Muséum,
161, 1898.
A. Milne-Edwards. Les relations entre le Jardin des Plantes et les
colonies françaises. Revue des Cultures coloniales, 1899.
— Naissance de Myopotames. Bull, du Muséum, n° 2, 64, 1899.
— Les Éléphants de la ménagerie du Muséum. Bull, du Mu-
séum, no 8, 404, 1899.
— De l'existence d'une corne chez une Biche Wapiti. Bull, du
Muséum, n<> 3,115,1899.
— Le sentiment de la pitié chez les Oiseaux. Bull, du Muséum,
n»3, 116, 1899.
A. Milne-Edwards et Jungfleisch. La Gutta-percha recueillie à la
Grande-Comore, Bull, du Muséum, n* 4, 187, 1899.
A. Milne-Edwards et Oustalet. Note sur l'Emeu noir (Dromœus
ater) de l'île Decrès. (Australie). Bull, du Muséum, n° 5,
206, 1899.
A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Espèces nouvelles du genre
Palicus recueillies par le Blake. Bull, du Muséum, n° 3,
122, 1899.
— Dorippidés nouveaux recueillis par le Blake. Bull, du Mu-
séum, n° 7, 384, 1899.
1900
A. Milne-Edwards et Jungfleisch. La Gutta-percha à la Grande-
Comore. Bull, du Muséum, n° 1, 49, 1900.
A. Milne-Edwards. Description de deux espèces nouvelles de Ron-
geurs de la Nouvelle-Guinée, Bull, du Muséum, n° 4,
165, 4 fig., 1900.
SUE UN NODYEAU GENEE
DE TIGE FOSSILE
'0-
Il y a quelque vingt ans, M. Jutier, ingénieur en chef
des mines, me montra un échantillon de tige silicifiée,
trouvé sous un dolmen de la haute Alsace et provenant du
Culm de la région.
A cette époque, je ne pus qu'en prendre un moulage, et
en signaler l'existence. 1
L'examen de la surface de l'échantillon représenté pi. VI,
fi g. 1 à 4, me fit croire que c'était une tige lépidendroïde
dépourvue de Taxe vasculaire plein du Lepidodendron rho-
dumnense, ou du cylindre ligneux annulaire muni de moelle
du L. Harcourti, par conséquent constituant un type nouveau
auquel j'ai attribué le nom provisoire de Lepidodendron
Jutieri.
Depuis lors, j'obtins de M. Jutier l'autorisation d'enjdéta-
cher, à l'extrémité supérieure, une longueur de deux cen-
timètres, à la condition de lui fournir quelques préparations.
Après sa mort, l'École forestière de Nancy, qui avait reçu
l'échantillon, me permit d'en prélever une petite partie à
l'autre extrémité qui présentait une fracture; la région
intermédiaire se trouve dans les collections de l'École. 2
1. Structure comparée de quelques tiges de la. Flore carbonifère, Nouvelles
Archives du Muséum, 1879.
2. Je remercie l'Administration de l'École, et en particulier M. Fliche, des
facilités qui m'ont été fournies pour l'étude de cet échantillon.
406 B. RENAULT.
C'était un fragment de tige mesurant, suivant sa plus
grande longueur, 105 millimètres, fendu longitudinalement;
la section passe en dehors de l'axe qui est resté heureuse-
ment dans la partie trouvée sous le dolmen. A la base, le
diamètre atteint 58 millimètres; au sommet, le diamètre,
un peu plus faible, est de 40 millimètres seulement, la tige
était donc cylindro-conique.
Les figures 1 et 2, pi. VI, représentent en vraie gran-
deur et sur ses deux faces le moulage fait à l'origine. Sur
la fig. 1, on distingue les mamelons rhomboïdaux super-
ficiels disposés régulièrement autour de la tige ; la fig. 2
montre la surface de fracture contenant au centre la région
axiale a et des bandes vasculaires b, qui s'en détachent
pour se porter aux appendices.
Les fig. 3 et 4 représentent les extrémités inférieure et
supérieure; sur la fig. 4, la section du cylindre axial a, est
à peu près complète.
Mamelons superficiels. — La surface de l'échantillon
porte des mamelons fusiformes légèrement arrondis aux
extrémités; ceux qui sont à la partie inférieure, mesurent
13 à 14 millimètres de longueur et 5 à 6 millimètres dans
la partie la plus large. Les mamelons de la partie supé-
rieure, plus allongés, atteignent 22 à 23 millimètres en
hauteur et 5 à 6 millimètres en largeur; leur surface est
arrondie, lisse et ne présente aucun ornement. Tous sont
munis à leur extrémité supérieure d'une cicatricule unique
placée au fond d'une petite dépression elliptique, cette
cicatricule correspond à un faisceau vasculaire et déter-
mine un léger relief ponctiforme.
Les mamelons peuvent être compris sur deux lignes
spirales s'enroulant autour de la tige, de droite à gauche
et de gauche à droite, faisant entre elles un angle moyen
de 50 degrés.
Les distances des centres des mamelons varient entre
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIGE FOSSILE. 407
elles, puisque la grandeur de ceux-ci n'est pas la même de
la base au sommet.
L'ensemble des mamelons possède à première vue un
aspect knorriforme, mais que ne soutient pas un examen
approfondi, les proéminences superficielles ne se séparent
pas, en effet, les unes des autres en forme de prolonge-
ments cylindriques plus ou moins aplatis appliqués contre
la tige, et représentant comme l'on sait, chez les Knorria,
les faisceaux foliaires et leurs gaines ; ces mamelons sont
juxtaposés, contigus par leurs bords et paraissent être sim-
plement la continuation du tissu sous-jacent. Ils ne sont
recouverts ni par une couche épidermique ni par une
couche subéreuse continues ; à la partie inférieure de l'échan-
tillon, on trouve cependant les restes d'une mince assise de
liège formée de cellules à section rectangulaire disposées
en files radiales au nombre de huit ou dix, le cloisonne-
ment est tangentiel ; c'est surtout dans les sillons existant
entre les mamelons que le liège, moins exposé au frotte-
ment, est resté un peu plus épais.
En plus de la petite dépression dont nous avons parlé et
au milieu de laquelle se trouve la cicatricule marquant le
passage d'un faisceau vasculaire, il n'y a aucune cicatrice
indiquant l'insertion directe d'un organe appendiculaire,
feuille, piquant, etc. Nous devons en conclure que nous
n'avons pas la surface même de la tige, qui a subi une
usure plus ou moins sensible. Il est donc impossible actuel-
lement de rapprocher l'échantillon d'aucune autre tige à
cicatrices déterminées. Cependant la forme des mamelons
est comparable à celle de certaines tiges de Lépidoden-
drons décortiqués ou même à celles de stypes de Fougères
arborescentes.
La structure de la tige permettra de trancher la question
dans un sens ou dans l'autre, ou indiquera un type nouveau.
Structure anatomique de la tige. — La planche VII
montre, fig. 1, une section transversale d'une moitié de la
408 B. RENAULT.
tige; elle renferme la région centrale qui, à première vue,
rappelle un espace occupé par une moelle qui serait détruite
maintenant. Au milieu flottent quelques bandes vascu-
laires a, a' inégalement éloignées de Taxe; ces bandes
vasculaires, en s'écartant de plus en plus, pénètrent suc-
cessivement dans une zone brune de tissu sclérifié g ; à
leur entrée, elles s'accroissent d'une couche particulière b;
à leur sortie de la zone brune, cette couche a sensiblement
diminué; elles traversent ensuite une assise épaisse de tissu
cellulaire /", et leur section d'abord elliptique d, devient
de plus en plus allongée radialement en se rapprochant des
bords extérieurs e.
Ce qui ressort de ce premier examen, c'est que la section
comprend, au centre, un espace cylindrique qui semble
sans organisation et qui ne contient que quelques bandes
vasculaires indépendantes; plus en dehors, une gaine brune
solérifiée, entourée elle-même d'une assise épaisse de tissu
cellulaire. Ces deux couches sont traversées par les bandes
vasculaires parties du centre, dont les sections, plus ou
moins elliptiques, suivant la hauteur où elles ont été faites,
montrent que leur disposition autour de Taxe central affec-
tait un ordre parfaitement régulier.
La section, en outre, ne laisse voir ni tissu épidermique,
ni bandes d'hypoderme, mais seulement, par places, une
assise subéreuse, ce qui concorde avec les résultats fournis
par l'examen de la surface de l'échantillon, le tissu cellu-
laire parenchymateux s'étend souvent sans changement
jusqu'aux bords de la section. Pour faciliter la compa-
raison, nous avons mis en regard deux coupes se rapportant
à deux types différents de tiges lépidendroïdes bien connus :
le Lepidodendron Harcourti de Witham et le L. Rhodum-
nense B. R.
Le premier comprend, comme on sait, une moelle cen-
trale entourée par un cylindre ligneux composé d'une
assise continue de trachéides rayées l dont la différenciation
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIGE FOSSILE. 409
est centripète. A la surface externe de ce cylindre se trouve
une gaine discontinue de faisceaux trachéens a', qui, par
leurs rapprochement et écartement successifs et réguliers, y
déterminent un réseau à mailles allongées verticalement, et
intimement soudé au cylindre plus interne des trachéides,
lequel joue plutôt le rôle de soutien et de conducteur que
celui de réparateur, sa différenciation étant postérieure à
celle des cordons foliaires; la portion caulinaire de ceux-ci,
en se divisant, constitue le réseau placé à la surface du
cylindre ; la portion qui se dirige dans les feuilles part de
l'angle supérieur d'une maille du réseau, là où la partie
caulinaire se divise en deux branches pour former la moitié
supérieure de la maille.
Les cordons foliaires partant de la périphérie de l'anneau
ligneux traversent les différentes assises corticales /*, f, et
leurs sections sensiblement elliptiques se voient très net-
tement, a, dans l'assise extérieure de l'écorce f.
Ici les cordons s'écartent de points déterminés sur la
surface du cylindre ligneux, aux angles supérieurs des
mailles du réseau qui la recouvre.
Le second type représenté, fi g. 3, par un rameau de
L. rhodumnense est constitué d'une façon différente, il n'y
a pas de moelle centrale, le cylindre ligneux est plein / ;
à la périphérie se trouvent des masses trachéennes a où
s'insèrent les cordons foliaires ; les masses trachéennes ne
sont pas disposées en forme de réseau à la surface du
cylindre ligneux, comme cela arrive pour celles placées à
la surface de la couronne ligneuse du L. Harcourti, mais
elles sont disposées en lignes verticales parallèles, ana-
logues aux bandes de bois primaire de la tige des Sigillaires
à écorce lisse ou des Syringodendrons d'Esnost.
Dans les Lepidodendron Harcourti et L. rhodumnense, les
masses trachéennes foliaires viennent se mettre en rapport
avec un anneau ou un cylindre ligneux conducteur, tandis
que dans l'échantillon que nous étudions les bandes vascu-
410 B. RENAULT.
laires qui se rendent aux appendices paraissent (?) sans
relations entre elles ni avec une masse de tissu mécanique
conducteur, central.
Depuis longtemps I nous avons signalé la similitude
d'organisation du Lepidophloios crassicaulis (Lomatophloios
de Corda) avec celle du type lépidendroïde représenté par
le L. Harcourti, et fait ressortir que les parties caulinaires
des cordons foliaires formaient à la surface du cylindre
ligneux trachéidien un réseau à mailles allongées et non
des bandes parallèles comme dans le Lepidodendron rhodum-
nense.
A une époque plus récente 2 nous avons donné la descrip-
tion d'une tige diploxylée que l'on a comparée3 à une autre
tige rencontrée en Ecosse, à Dalmeny, présentant un cer-
tain nombre de caractères semblables à celle d'Esnost.
Nous avons donné à la tige d'Esnost le nom de Syringo-
dendron esnostense, à cause de son bois diploxylé rappelant
celui des Sigillaires. On se rappelle, en effet, que le bois
des Sigillaires à écorce lisse est formé de faisceaux ligneux
centripètes, verticaux, parallèles, soudés par leur face
externe au bois rayonnant centrifuge ; les cordons foliaires,
dans leur partie caulinaire, descendent quelque temps entre
les deux bois et s'y éteignent peu à peu complètement ; la
portion qui se dirige vers les feuilles est diploxylée. En
pénétrant dans l'écorce subéreuse le cordon est accompa-
gné latéralement de deux bandes de tissu qui sur les cica-
trices extérieures apparaissent sous forme de deux arcs
caractéristiques entre lesquels se trouve la cicatricule laissée
par le cordon.
Nous avons démontré que ces bandes représentaient prin-
cipalement des organes sécréteurs dans les jeunes et
1. Nouvelles Archives du Muséum, II, 2* série, 1879, p. 257, pi. 11.
2. Bulletin de là Société dW natxu d'Aubin, 1897, Renault et Roche.
3. On the structure and affinities ofa lepidodendroid Stem fromthe calciferous
sandston of Dolmeny, Scotland, possibily identical wich Lepidophloios Harcourti
(Witham). Bg. a. c. Seward. M. À., F. R 8.
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIGE FOSSILE. 411
les vieilles tiges de Sigillaires (Syringodendrons), (Bulletin
de la Société d'histoire naturelle d'Autun, 1888.)
Dans le Syringodendron esnostense la partie caulinaire des
cordons foliaires descend verticalement entre les deux bois
en formant des lignes parallèles et non disposées en réseau
comme dans le Lepidophloios crassicaulis ; la portion qui se
dirige vers les feuilles est monoxylée; elle est accompagnée,
en dessus, d'un faisceau cylindrique diploxylé, que nous
avons supposé se rendre à un ramule ou à une épine.
En outre, en pénétrant dans lapartie subéreuse de l'écorce,
au-dessous du cordon foliaire, on voit apparaître une bande
à section transversale elliptique le grand axe étant verti-
cal; cette bande est simple et formée d'un tissu de cellules
rameuses, lacuneux, nous l'avons considérée comme un
organe aérifère.
Le Syringodendron d'Esnost se rapproche plus des Sigil-
laires que des Lepidophloios crassicaulis et Lepidodendron
Harcourti. En effet, il a un bois diploxylé, une couche
subéreuse épaisse; les faisceaux vasculaires des appen-
dices descendent en lignes verticales parallèles entre les
deux bois, et non sous forme de réseau. Il diffère des Sigil-
laires par la forme des mamelons superficiels qui rappel-
lent plutôt ceux que l'on observe sur les tiges des Syrin-
godendrons monostigmès ; par la présence d'une bande unique
accompagnant le cordon foliaire, et par la nature du tissu
de cette bande qui représente un organe lacuneux aérifère
et non un organe sécréteur. Pour ces divers motifs nous
avons cru devoir maintenir, en partie, le genre Syrin-
godendron qui dès lors serait caractérisé par sa struc-
ture interne, par la présence d'un organe unique placé
au-dessous du cordon foliaire, et non par deux organes
sécréteurs placés à la même hauteur de chaque côté du
cordon foliaire, comme nous l'avons fait voir dans les jeunes
et vieilles écorces (ancien genre Syringodendron) de Sigil-
laires à structure conservée que nous avons décrites.
412 B. RENAULT.
Les quelques faits que nous venons de rappeler montrent
que le fragment de tige que nous étudions aujourd'hui,
malgré son aapect extérieur quelque peu lépidodendroïde,
ne doit pas être placé à côté des tiges qui ont pour types
le L. Harcourti, le L. rhodumnense et le Syringodendron
esnoslense, ce dernier rapproché à tort des Lepidophloios.
Cette conclusion est d'ailleurs confirmée par l'étude détaillée
des différent» organes que nous allons faire, autant que le
permettra leur conservation qui laisse beaucoup à désirer.
Faisceaux vasculaires. — Sur la fîg. 1, pi. VII, dans
l'espace qui était occupé par des tissus aujourd'hui détruits
Fia. i. ou mal conservés, se voient les sec-
tions un peu obliques de deux fais-
ceaux vasculaires, a, a'; d'autres, b,
coupés normalement, ont pénétré dans
l'assise moyenne de l'écorne. Voici ce
que montre l'examen microscopique
de ces organes.
Le faisceau vasculaire a est repré-
senté, fig. 1, pi. VIII, sous un gros-
sissement de 75 diamètres. La sec-
tion un peu oblique montre qu'il est
Section transversale d'unfais- constitué par deux masses distinctes
ceau vaacuiafre formé de très inégales : l'une e c b d, repliée en
tradiéi™es"ea forme de fer à cheval à branches rap-
e, b, c, d, masse qui sp frac- prochéea; l'autre, f, beaucoup plus
IloDnera en quatre bandes ... , . , , . . .. , .
distinctes- petite, placée entre les extrémités de
f, masse plus petits séparée celle-ci; une gaine continue entoure
h. m. gJn^wurimiiMdeux Ie8 tleux masses, elle est formée d'une
masses, formée de plusieurs rangée de cellules de liber, d'un péri-
assises ;libor,pérIcycle, en. , ,, . ,
doderme. réduites a une cycle et d un endoderme.
seule epsisseur de cellules; L'obliquité de la coupe permet de
a, v, cellules vasi formes en- , . ,
tourant la gaine, réunies en reconnaître que les masses vasculaires
groupeou isolées; eiies ont SOnt formées de trachéides rayées. En
été dissociées par les Bâclé-
ridées. dehors du faisceau on remarque en a,
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIGE FOSSILE. 413
fîg. 1, pi. VIII, et a, v, fig. 1 du texte, un certain nombre
de cellules vasiformes, courtes, de forme ovoïde, dont les
parois assez minces portent des ornements rayés ou réti-
cules. La longueur de ces cellules varie entre 31 et 53 p,
leur largeur entre 18 et 26 p; elles sont isolées ou bien
adhérentes au faisceau, mais généralement beaucoup plus
nombreuses du côté du faisceau qui regarde Taxe de la
tige.
Nous avons pu faire cinq sections transversales de cette
tige qui comprenaient la partie centrale; dans toutes les
coupes, prises soit à l'extrémité supérieure, soit au milieu,
soit à l'extrémité inférieure, les bandes vasculaires se sont
montrées libres, ne se rattachant à rien, mais seulement
revêtues d'une couche plus ou moins épaisse de ces cel-
lules vasiformes qui les accompagnent, même dan» leur
parcours à travers la zone la plus interne de l'écorce. On
voit en effet une sorte de couronne discontinue de ces cel-
lules tapissant la face interne de celles des bandes vascu-
laires qui ont déjà en partie pénétré dans l'assise moyenne
de l'écorce, flg. 2 et 3, pi. VIII. Dans le court trajet de
l'axe de la tige à l'écorce moyenne, la division du faisceau
primitif s'accentue et la masse la plus forte se sépare en
quatre cordons distincts; chacun d'eux est entouré d'un
péricycle et d'un endoderme, et accompagné de quelques
cellules libériennes; l'ensemble est enveloppé par une
écorce commune formée de cellules polyédriques à parois
épaissies et portant des ornements ponctués ou réticulés.
Chaque bande vasculaire peut être considérée comme un
faisceau composé de plusieurs cordons libéro- ligneux
réunis dans une même écorce.
Il est difficile, dans chacun d'eux, de distinguer les poin-
tements trachéens; cependant quelques-uns des cordons
les plus volumineux semblent en présenter deux placés de
chaque côté ; les faisceaux libéro-ligneux sont donc colla-
téraux.
414 B. RENAULT.
Sur une coupe longitudinale passant par Taxe de la tige,
fig. 1, pi. X, ayant rencontré l'un des faisceaux dont nous
venons d'examiner la coupe transversale, on peut remarquer
qu'après être descendu verticalement pendant quelque
temps le long de la paroi interne de l'écorce moyenne, il
se recourbe brusquement pour se diriger vers Taxe de la
tige, où il se termine; les trachéides diminuent de longueur
en se rapprochant de l'extrémité et semblent se résoudre
en cellules vasiformes, à parois réticulées, t>, dont nous
avons parlé plus haut et dont on voit des lambeaux en a,
pi. VIII, fig. 1.
On pourrait supposer que ces faisceaux ne sont plus
clans leur position primitive, que descendant d'abord le long
des parois internes de l'écorce moyenne, ils se sont tordus
après la destruction de l'écorce profonde par un phénomène
d'inégale dessiccation qui en aurait déterminé la rupture;
Tune des extrémités devenue libre se serait dirigée vers le
centre de la tige; mais alors, au-dessous de la rupture on
devrait rencontrer l'autre extrémité du faisceau, soit égale-
ment tordue du côté de l'axe, soit encore 'adhérente à la
paroi interne du cylindre cortical. Les préparations qui ont
fourni les photographies 1 et 2, pi. X, ne nous ont montré
rien de semblable. De plus, les tissus, au point où le fais-
ceau se recourbe, fig. 1, ne paraissent pas déchirés ni
distendus, ils l'auraient été infailliblement si la torsion
s'était produite après leur mort; en outre, si les cellules
vasiformes qui tapissent la surface interne de l'écorce
moyenne en faisaient réellement partie et n'appartenaient
pas en propre au faisceau, celui-ci, en se séparant de cette
surface, n'en serait pas recouvert sur le côté qui correspon-
drait à la déchirure.
Or, la fig. 2 du texte montre en v, c'est-à-dire sur le
côté du faisceau qui avant la torsion devait être soudée à
la face interne de l'écorce, une masse considérable de ces
cellules vasiformes.
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIQE FOSSILB.
415
Sur cette figure les trois cordons libéro-ligneux d, e, f,
appartiennent à la portion du cordon tournée vers l'exté-
rieur de la tige, et les trachéides p, r, o dépendent des
faisceaux libéro-ligneux situés plus près de l'axe. Les tra-
chéides qui constituent ces cordons vasculaires portent des
ornements variés ; en r, fig. 2, on peut voir une trachéide
munie intérieurement de deux rubans s'enroulant en spires
Coupa longitudinale d'un faisceau vasculaire laite en partie dans la région verticale
et en partie dans la région coudée.
d, e, f, coupe transversale oblique des trois cordons tournés vers la périphérie ;
p, r, o, trachéides appartenant am dam cordons regardant l'axe;
h, parenchyme, écorce commune;
o, cellules vasiformes recouvrant le faisceau vasculaire en tous sens.
écartées, fig. A, plus grossie. En p les ornements affectent
la disposition de raies quelquefois parallèles, mais souvent
aussi dirigées obliquement les unes par rapport aux autres ;
d'autres fois les ornements rayés, au lieu d'être disposés
les uns à la suite des autres assez régulièrement comme
en o, présentent des lacunes, fig. 1 , d, et fig. 4 d, e, pi. X,
comme si ces ornements avaient été partiellement détruits ;
416 B. RENAULT.
en dehors de l'endoderme qui entoure chacun des faisceaux
libéro-ligneux, le tissu cortical est constitué par des cellules
à section verticale sensiblement rectangulaire et à section
transversale polygonale. Les parois portent des amincisse-
ments ponctiformes, quelquefois on y observe des orne-
ments polygonaux ou réticulés, B, D, flg. 2 du texte;
parfois les parois portent un réseau irrégulier C très
apparent dont les mailles sont évidées.
L'intervalle compris entre les différents faisceaux vas-
culaires et l'écorce moyenne était rempli d'un tissu peu
résistant qui a presque complètement disparu ; nous pensons
qu'il formait l'assise la plus interne de l'écorce de la tige.
On en rencontre quelques vestiges en dehors des groupes
centraux des cellules vasiformes, ces vestiges sont repré-
sentés par les restes des membranes moyennes qui généra-
lement sont plissées et affaissées sur elles-mêmes. Toute-
fois, là où il n'y a pas eu d'écrasement, les mêmes mem-
branes transparentes ont conservé la forme de cellules
polyédriques isodiamétrales mesurant 18 à 20 p. Cette
destruction presque complète est due sans aucun doute à
un travail microbien très avancé qui a fait disparaître tous
les épaississements, ne laissant de visibles que des traces
de membranes et une sorte de mucilage provenant de ce
travail.
Les faisceaux vasculaires en pénétrant dans l'écorce
moyenne s'augmentent d'une masse importante d'un tissu
particulier, g, fig. 3, pi. VIII, à section transversale presque
circulaire, auquel le nom de parichnos dû à M. C.-E. Ber-
trand peut être attribué puisqu'il n'indique qu'une posi-
tion occupée par un tissu.
Les faisceaux et leur parichnos sont assez rapprochés
pour former une sorte de couronne continue qui limite en
dedans l'écorce moyenne, b, fig. 1, pi. VII.
Dans notre échantillon le parichnos est constitué par des
cellules à minces parois, dont la section transversale est
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIOE FOSSILE. 417
polygonale, et la section verticale rectangulaire ; leur lon-
gueur est sept à huit fois plus grande que leur largeur, d,
Gg. 4 du texte.
En se rapprochant de la périphérie de la tige les cellules
qui forment le contour du parichnos épaississent leurs
parois et acquièrent Fl0 3
plus de résistance.
Souvent la région
centrale montre des
déchirures, g, fig, 3,
pi. VIII: d'autres fois
les cellules centrales
paraissent remplies
d'une matière brune
g, fig. 2. peut-être un
T C Coupe longitudinale d'une portion de faisceau prise
produitdesecretlOn. à Intérieur de l'écwM moveune.
Mais généralement *' faisceau libéro-ligneui en partie détruit ; quelques
, ... .. fragments de trachéides sont encore visibles ;
a une très petite (lis- fr i&n<x commune au* cordons libéro-ligneui d'un
tance de l'axe, dans faisceau;
,, , , c, tissu réunissant l'écorce do faisceau au parichnos;
1 épaisseur de le- d, parichnos;
coree moyenne, tout e- aBSlM m°Jeaac da I'*»'«c d0 la "8e-
le parichnos est détruit à l'exception de la gaine de cellules
sclérifiées, k, fig. 1, pi. IX.
Ces organes diffèrent par la forme, la position, le nombre
et probablement par les fonctions des organes sécréteurs
que nous avons décrits avec détails dans notre notice sur les
Sigillaires ; ils diffèrent par leur position, leur nombre, de
ceux qui accompagnent le faisceau foliaire des Lepidodendron
Harcourti et L. selaginoides ; ils diffèrent également des
organes aérifères des Syringodendrons monostigmés d'Es-
nost; ils n'ont de commun avec ces derniers que leur voi-
sinage près des faisceaux libéro-ligneux se rendant aux
appendices.
Le parichnos d'un volume relativement considérable au
moment où le faisceau vasculaire vient se mettre en contact
tome xm. 27
418 B. RENAULT.
avec lui, g, fig. 3, pi. VIII, diminue notablement d'impor-
tance immédiatement après sa pénétration plus profonde à
l'intérieur de l'écorce, g', fig. 3; le faisceau vasculaire
composé du même nombre de cordons libéro-ligneux ne
change pas de grandeur. Les dimensions en largeur des
bandes de parichnos qui forment la couronne la plus
interne g est de lmm580, son épaisseur de 0mm699. Celles
qui forment la couronne suivante mesurent en largeur
0"m618 et en épaisseur 0mm 641 ; la diminution en largeur
des bandes de la première couronne provient de ce qu'elles
se dédoublent tour à tour dans le sens tangentiel pour se
mettre en rapport avec un nouveau faisceau vasculaire. Le
tissu qui les constitue, comme nous l'avons dit, se déchire
et se détruit facilement, fig. 3, pi. VIII, g, et fig. 1, pi. IX, k.
Dans cette dernière figure il ne reste plus que la gaine
fibreuse qui limite le parichnos; toute la partie formée de
cellules à minces parois a été désorganisée par les Bacté-
riacées, le faisceau vasculaire lui-même a disparu presque
complètement ; les lettres b, c, d, e, f marquent les places
qui étaient occupées par les cordons libéro-ligneux indiqués
sur la fig. 3, pi. VIII; les lames fibreuses qui divisent le
faisceau, fig. 1, pi. IX, ont en partie résisté. Cette section
est prise dans la zone lacuneuse de l'écorce A, fig. 1, pi. VII ;
l'altération va croissant à mesure que l'on s'approche de la
périphérie; la fig. 4, pi. VIII, prise dans la région paren-
chymateuse de l'écorce, ne permet de distinguer aucune
organisation, soit dans la partie f occupée autrefois par le
faisceau, soit dans celle occupée par le parichnos g ; les
gaines fibreuses elles-mêmes ont été désorganisées et
transformées en une pulpe noire, à peu près opaque.
Les faisceaux vasculaircs, en quittant l'axe, se dirigent
obliquement vers la couche moyenne corticale, fig. 1, 2,
pi. X, s'y élèvent verticalement, puis de là décrivent une
courbe oblique, b, fig. 2, pi. VI ; en se rapprochant de la
surface de la tige l'extrémité du faisceau devient horizon-
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIGE FOSSILE. 419
taie et sort perpendiculairement à la surface, e, e, fig. 1,
pi. VII. Cette section a été prise à la partie inférieure de
l'échantillon. Vers l'extrémité supérieure, la course des
faisceaux fait avec Taxe un angle d'écart moins ouvert, et
l'extrémité sort obliquement par rapport à la surface ;
l'élongation des mamelons du haut de la tige laissait prévoir
la différence que nous venons de constater dans la course
des faisceaux.
La distance angulaire des sorties des faisceaux est d'en-
viron 135°, ce qui donne pour l'ordre phyllotaxique la frac-
tion -§-
L'écorce qui nous a été conservée peut se diviser en trois
zones :
l°Une zone interne (?) entièrement formée, comme nous
l'avons dit, de cellules à minces parois réduites aux mem-
branes communes, repliées sur elles-mêmes, comprimées,
rarement ayant conservé la grandeur et la forme primitive,
difficilement visibles à cause de leur transparence; les
parois sont cependant occupées par de nombreux Micro-
coques mesurant de 0,4 à 0,5 (jl. Cette première assise
occupe l'intervalle compris entre l'axe ligneux central et
l'écorce moyenne ; elle est traversée par les faisceaux qui
se rendent de l'axe dans les appendices.
2° La zone moyenne est formée de cellules à parois
épaissies et sclérifiées; c'est elle qui constitue le cylindre
de couleur foncée g, fig. t, pi. VII; elle peut se subdiviser
en deux assises distinctes, la plus interne est composée de
cellules à parois épaissies, à sections longitudinales rec-
tangulaires, /', fig. 2, pi. X, plus hautes que larges, à sec-
tions transversales, carrées ou rectangulaires, /, fig. 2,
pi. IX, disposées au bord externe en lignes rayounantes /;
les parois sont marquées de nombreuses ponctuations pro-
venant d'amincissements arrondis ou irréguliers. Du côté
de l'axe cette région est traversée par de nombreux fais-
ceaux qui montent verticalement, et, en se touchant
420 B. RENAULT.
presque, forment une sorte de cylindre presque continu,
fig. 2 et 3, pi. VIII. Du côté de la périphérie elle semble
accompagner ces faisceux et leur forme une sorte de gaine
brune qui se détache nettement au milieu de la troisième
zone cellulaire de Técorce, fig. 1, pi VII, e. L'intérieur de
ces cellules contient de nombreux Microcoques, les uns
mesurant 1 \l à 1{jl3, les autres 0[x5 seulement.
La deuxième assise de l'écorce moyenne est composée
de cellules rameuses, h, fig. 2, pi. IX, dont les branches en
se rencontrant laissent entre elles de nombreux méats.
La fig. 3, pi. IX, montre le passage insensible de la pre-
mière à la deuxième assise A, sur une coupe longitudinale ;
ces deux assises concentriques constituent la partie la plus
solide de Técorce, celle quise détache en brun, fig. 1, pi. VII.
3° La zone la plus externe est constituée par du tissu
parenchymateux, composé de cellules polyédriques à peine
visibles à cause de l'altération des parois ; les épaississe-
ments ont disparu, il ne reste que les traces des membranes
communes, souvent même ces membranes sont réduites à
de simples lambeaux sur lesquels on distingue de nom-
breux Microcoques. Cette partie de Técorce est relative-
ment considérable, f, fig. 1 ; elle est traversée par les nom-
breux faisceaux qui ont conservé leur position primitive
malgré l'état de désorganisation du tissu dans lequel ils
sont plongés. La surface est généralement dépourvue d'épi-
derme et de liège enlevés par le frottement, on n'en trouve
des traces qu'au fond des sillons existant entre les mame-
lons.
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIGE FOSSILE. 421
EN RÉSUMÉ :
La tige dont nous venons de donner en quelques mots
la description peut être considérée comme formée :
1° Au centre, d'un axe constitué par des cellules vasi-
formes dans lesquelles viennent se fondre les faisceaux
vasculaires qui se rendent dans les appendices : le bois
des faisceaux libéro-ligneux étant en effet assez résistant,
se retrouverait certainement dans la constitution de cet
axe, si la transformation que nous avons indiquée n'avait
pas lieu ; les cellules vasiformes formaient donc une sorte
de cylindre servant de lien commun aux extrémités qui
venaient successivement y aboutir. L'axe est donc monos-
télique; chaque faisceau renferme cinq cordons libéro-
ligneux d'abord soudés entre eux, mais devenant distincts
en traversant l'assise interne de l'écorce. La plupart des
cellules vasiformes composant la partie monostélique do
Taxe ont été dissociées par un travail bactérien qui a déter-
miné la séparation des cellules et celle des extrémités des
faisceaux reliés par ce tissu spécial. Les cellules vasiformes,
devenues libres, sont restées les unes adhérentes aux fais-
ceaux, les autres se sont portées contre la surface interne
de l'écorce moyenne, l'assise interne de l'écorce ayant été
détruite par les Bactériacées.
2° D'une écorce très épaisse composée de trois couches
distinctes :
(a) ? Une couche interne composée de cellules à minces
parois, peu résistantes, qui ne sont représentées que par
leurs membranes moyennes, et qui par leur aplatissement
et leurs déchirures ont laissé un espace à peu près vide
entre l'extrémité recourbée des faisceaux. Cette couche
interne de l'écorce est analogue à celle qui existe autour
422 B. RENAULT.
de Taxe du Lepidodendron rhodumnense et L. Harcourti,
fig. 3 et 2, pi. VII.
(b). D'une couche moyenne dont les cellules de couleur
brune ont leurs parois sclérifiées et contribuaient, pour une
large part, à la rigidité de la tige ; elle peut se subdiviser
en deux assises :
La plus interne formée de cellules rectangulaires à
parois épaisses portant des amincissements ponctiformes
irréguliers ou en réseau ; la plus externe composée
de cellules rameuses constituant un tissu lacuneux cylin-
drique.
(c). Enfin une couche externe entièrement parenchyma-
teuse dont les cellules à minces parois ne sont souvent
représentées que par leurs membranes communes ; cepen-
dant l'ensemble n'a subi aucune déformation. A la surface
se voient des mamelons rhomboîdaux allongés, dépourvus
de cicatrices particulières, portant seulement à leur extré-
mité supérieure une cicatricule laissée par le faisceau
vasculaire des appendices. L'écorce était recouverte d'une
mince couche de tissu subéreux visible seulement entre les
mamelons.
Les faisceaux vasculaires, en s'éloignant de Taxe, se
recourbent brusquement et s'élèvent verticalement pendant
quelque temps le long de l'écorce moyenne en formant une
couronne presque continue, puis s'infléchissant, ils arrivent
vers les mamelons superficiels, horizontalement à la base
de l'échantillon, obliquement au contraire vers le sommet.
L'épaisseur relativement très considérable de la couche
externe de l'écorce devait en faire une tige charnue d'une
destruction facile.
La description qui précède fait ressortir les différences
profondes qui existent entre la tige que nous étudions et
SUR UN NOUVEAU GENRE DE TIGE FOSSILE. 423
les deux types lépidodendroïdes anciennement connus et
dans lesquels peuvent être rangés les différents genres de
Lycopodiacées fossiles.
Si Taxe ligneux est constitué tel que nous le pensons, il
ne peut être rapproché du cylindre ligneux annulaire du
Lepidodendron Harcourti d'où partent des cordons libéro-
ligneux qui se rendent aux feuilles, il constitue au contraire
une stèle pleine, d'une organisation spéciale, à laquelle
aboutissent des faisceaux vasculaires à cordons multiples.
Le système ligneux du Lepidodendron rhodumnense est bien
monostélique sans moelle incluse ; mais les cordons libéro-
ligneux qui se rendent aux appendices sont simples, et Taxe
ligneux n'offre aucune anomalie, il est formé de trachéides
rayées augmentant de calibre de la périphérie au centre.
La complexité du faisceau vasculaire qui pénètre dans
les appendices de notre tige n'est guère comparable qu'avec
celle que présentent certaines Fougères, appartenant aux
groupes des Cyathéacées, Marattiacées, Hyménophylla-
cées, etc.. Les mamelons superficiels que nous avons
décrits n'ont rien d'incompatible avec les cicatrices lais-
sées par des pétioles de petites dimensions, et qui auraient
subi quelque usure.
La gracilité des faisceaux vasculaires et des cordons libéro-
ligneux qui les constituent font songer à des Fougères à
pennes peu développées, filiformes, de Sphénoptéridées
par exemple si communes dans le Culm et le Dévonien.
On aurait affaire à une Filicinée présentant une tige
charnue assez développée mais ornée de frondes grêles et
de petites dimensions.
On pourrait objecter, il est vrai, que presque toutes les
Fougères arborescentes des terrains primaires ont les cica-
trices foliaires plus écartées et plus développées en hau-
teur, à la base qu'au sommet; sont munies de nombreuses
racines partant de très haut sur la tige et descendant tantôt
424 B. RENAULT.
à l'intérieur de l'écorce, tantôt à l'extérieur, formant un four-
reau épais, qui l'entoure et la soutient ; mais notre échan-
tillon peut appartenir à une famille de Fougère n'atteignant
pas une taille élevée, restant frutescente, n'ayant pas
besoin, comme cela arrive pour certaines tiges charnues,
de racines adventives partant du sommet.
Cependant, comme pour le moment il n'est guère possible
de préciser davantage et d'en faire une Fougère incontes-
table, et qu'il règne quelque doute sur la structure extra-
ordinaire de l'axe ligneux, nous désignerons cette tige
curieuse sous le nom de Adèlophylon Jutieri. {
1. À'àn'koç> peu connue; yvrov, plante.
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche I.
Pig. 1. Luheopsis verisimilis n. sp.
Grandeur naturelle.
— 2. Luheopsis verisimilis n. sp.
Jeune feuille, grandeur naturelle.
— 3. Elseocarpeopsis mutila n. sp.
Grandeur naturelle.
— 4. Elseocarpeopsis décora n. sp.
Grandeur naturelle.
— 5. Luheopsis clissijmetra n. sp.
Grandeur naturelle.
-<*>
Soc. H" Nat. d'Au
'A
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche II.
lïhamnus catharticœfolia n. sp,
Vnr. p minuta, grandeur naturelle.
Luhcopsis verisimilis n. sp.
Jeune feuille, grandeur naturelle.
Rhamnus cath&rticœfolia n. sp.
Var. p minuta, grandeur naturelle.
Acer palœopalmatum n. Bp.
Grandeur naturelle.
a/ indique le repli qui cache le lobe représenté pa
la figure 6.
Luheopsis dissymetra n. ap.
Jeune feuille, grandeur naturelle.
Acer palœopalmatum n. sp.
Un lobe de la feuille représentée figure 4.
a/ indique le repli correspondant à la ligne a/ de 1
figure 4.
Rhamnus pristina n. sp.
Grandeur naturelle.
Cissus mucronata n. sp.
Grandeur naturelle.
Echinocarpeopsis fastigata n. sp.
Grandeur naturelle.
a/ point où les dents ont été conservées.
Soc. H" Nat. d'Autu
EXPLICATION DES PLANCHES
i
Planche III.
Fig. 1. Cornus neglecta n. sp.
1 Grandeur naturelle.
— 2 Rhamnus progenitrix n. sp.
Grandeur naturelle.
— 3. Grewiopsis producta n. sp.
Demi-grandeur.
— 4. Acer lœtum eocenicum n. sp.
Jeune feuille, grandeur naturelle.
a/ sinus séparant deux lobes;
h/ petit lobe basilaire.
— 5. Rhamnus catharticœfolia n. sp.
Fragment de face supérieure d'une feuille de la
var. « procera, grandeur naturelle.
— i\. Acer lœtum eocenicum n. sp.
Grandeur naturelle.
— 7. Cissus intégra n. sp.
Grandeur naturelle.
— 8. Rhamnus catharticœfolia n. sp.
Var. « procera, grandeur naturelle.
Soc. H- Nat. d'Autun
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche IV.
Fig. 1. Acer Pseudoplat anus eocenicum n. sp.
Grandeur naturelle.
— 2. Acer sezannensc n. sp.
Grandeur naturelle.
— 3. Rhamnus pristina n. sp.
Grandeur naturelle.
— 4. Acer subtenuilobatum n. sp.
Grandeur naturelle.
a/ dent bien conservée.
— 5. Rhamnus ceanothifolia n. sp.
Grandeur naturelle.
— (>. Acer lœtum eocenicum n. sp.
Grandeur naturelle.
*
Soc. H" Nat. d'Au
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche V.
Fig. 1. Sauraja roborans n. sp.
Grandeur naturelle.
— 2et3.Quercites vesicatus n. sp.
Grandeur naturelle.
— 4. Marlea primseva n. sp.
Grandeur naturelle.
— 5. Protoficus crispans n. sp.
Grandeur naturelle.
■*=*&
Soc. H" Nat. d'Auto
oH/^v
*>»•
Planche VI.
EXPLICATION DES FIGURES
Fig. 1 . — Adèlophyton Jutieri, grandeur naturelle.
c / Mamelons fusiformes de la surface, disposés en alternance
sur des lignes spirales.
b I Cicatricule laissée par le passage du faisceau vase ul aire
se rendant dans un appendice.
Fig. 2. — Le même échantillon vu par l'autre face repré-
sentant une section longitudinale, passant un peu en
dehors de Taxe. Grandeur naturelle.
a / Cylindre central formé par la couche interne de l'écoroe
et le système ligneux.
b I Faisceau vasculaire se rendant dans un appendice.
Fig. 3. — Face inférieure du même.
a / Cylindre central, b / Faisceau vasculaire.
Fig. 4. — Face supérieure du même.
a / Cylindre central parcouru par les faisceaux qui se ren-
dent aux appendices extérieurs.
6 / Un de ces faisceaux.
Soc. H- Nai. dV
fl
ON/
X
'c+
Planche VII.
EXPLICATION DES FIGURES
Fig. \ . — Adèlophyton Jutieri, coupe transversale. Gros. 1 1/2.
a / Faisceaux vasculaires partant de Taxe pour se diriger
vers la périphérie.
a' / Faisceau vasculaire détaché un peu au-dessous et par
conséquent un peu plus éloigné du centre.
b I Un faisceau qui a pénétré dans la région corticale
moyenne et flanqué sur sa face externe d'une bande de tissu
mou (parichnos.)
c / Section d'un faisceau vasculaire traversant la couche
brune de cellules sclérifiées qui compose l'écorce moyenne.
d I Section transversale d'un autre faisceau, plus éloigné du
centre, la figure est plus elliptique et la bande de parichnos
a sensiblement diminué.
e / A la périphérie les faisceaux affectent une course presque
horizontale, et leurs sections prennent une forme elliptique très
allongée, à la partie inférieure de l'échantillon.
f I Portion extérieure de l'écorce composée de tissu paren-
chymateux, limitée par une mince assise de suber.
g I Écorce moyenne, composée de cellules scléreuses cons-
tituant un cylindre continu et jouant le rôle de tissu méca-
nique.
h I Portion extérieure de ce cylindre formée de cellules
rameuses et produisant par la réunion de leurs prolongements
un tissu lacuneux.
Fig. 2. — Lepidodendron Harcourti (type). Coupe transver-
sale. Grossie 2 fois.
a ' / a / Faisceaux foliaires partant de la surface du cylindre
ligneux central pour se porter à la périphérie.
/ / Cylindre ligneux central annulaire, formé de bois centri-
pète, sans bois secondaire et entourant une moelle.
h I Tissu généralement détruit dans certaines régions. Près
du cylindre central on rencontre des traces de tissus lacuneux.
f f Assise corticale extérieure constituée par un tissu paren-
chymateux. A la surfaco sont placés les mamelons foliaires.
Fig. 3. — Section transversale d'un rameau de Lepidoden-
dron rhodumnense. Grossi 45 fois.
a I a I Faisceaux ligneux primaires disposes au nombre de 1 1
autour du cylindre central, et qui le quitteront partiellement
pour se porter à la périphérie du rameau.
1 1 Axe ligneux plein, formé de trachéides rayées. Le liber
extérieur a été détruit, il est indiqué par une couronne muci-
lagineuse brune amorphe.
h I Assise interne de l'écorce complètement détruite.
s I Assise subéreuse composée en épaisseur de 4 à 5 ran-
gées de cellules rectangulaires.
f I Portion extérieure de l'écorce formée de cellules allon-
gées, à parois sclérifiées, diminuant de diamètre vers l'exté-
rieur et portant les coussinets foliaires.
r / Faisceau vasculaire pénétrant à la base d'une feuille.
•%o%
Soc. H" Nat. d'Autun
Planche VIII.
EXPLICATION DES FIGURES
Fig. 1. — Section transversale, un peu oblique, d'un fais-
ceau vasculaire composé de deux faisceau libéro-
ligneux, ce faisceau est désigné par la lettre a, fig. 1,
pi. VII. Gros. —.
a I Groupe de cellules vasi formes axiales où vont se ter-
miner les faisceaux vasculaires des appendices. La plus grande
partie a été dissociée par les Bactériacées et s'est dispersée.
b I c I d I e I Un cordon libéro-ligneux replié en fer à che-
val. Plus haut dans sa course il se divise en quatre cordons
distincts; les deux branches sont séparées par une lame mince
cellulaire (péricycle et endoderme).
f I Cordon plus petit également entouré par une lame cellu-
laire de môme nature.
Fig. 2. — Faisceau vasculaire coupé transversalement à
son entrée dans l'écorce moyenne. Gros. y.
b I c I d I e I f I Le faisceau vasculaire s'est séparé en ciuq
cordons libéro-ligneux distincts ; il s'est en outre augmenté
d'une bande de parichnos g formée en grande partie de cel-
lules allongées coupées carément à leurs extrémités, à minces
parois ; la partie centrale renferme des cellules plus courtes
contenant une matière brune.
Fig. 3. — Section de trois faisceaux vasculaires. Gros. j-.
g j Bande de parichnos placée à l'avant ou au-dessous du
faisceau; souvent la partie centrale est déchirée ou détruite.
i j Gaine corticale entourant les cordons libéro-ligneux.
b' I c' I d' I e' I f j Un faisceau vasculaire qui a pénétré
dans l'écorce moyenne ; le parichnos a diminué sensiblement
parce qu'il s'est dédoublé; en e' d', les vaisseaux ne se voient
plus, leur place est limitée par l'endoderme.
Fig. 4. — Coupe d'un faisceau vasculaire dans sa course à
travers la portion charnue de l'écorce. Gros, y. Les
tissus ont été détruits par le travail bactérien.
f I Partie occupée par le faisceau vasculaire.
g I Parichnos désorganisé.
Soc. H" Nat. d'A
'
Planche IX.
EXPLICATION DES FIGURES
Kig. 1. — Coupe transversale d'un faisceau vasculaire dans
l'écorce moyenne. Gros. :y.
h I d I Deux faisceaux libcro-ligneux dont les tissus ont
disparu.
c/ a I Deux autres cordons libëro-ligneux également détruits.
fi Cinquième cordon qui n'a pas été mieux conservé.
h I Ouine de cellules sclcrifiées qui a persisté.
// / Handc de parichnos en partie détruite placée extérieu-
rement au faisceau vasculaire.
h / Tissu lacuneux de l'écorce moyenne.
/ / Tissu cellulaire sclérifié rayonnant de l'écorce moyenne.
Kitf. "2. — (Joupc transversale de la partie lacuneuse de
l'écorce. Gros. \.
h I Tissu lacuneux. //Tissu rayonnant de l'écorce moyenne.
Kiir. .'t. — Coupe longitudinale du tissu lacuneux h. Gros. y.
Soc. H" Nat. d'Autun
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i" ;
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i
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Planche X.
EXPLICATION DES FIGURES
Fig. 1. — Coupe longitudinale d'un faisceau vasculaire se
portant vers Taxe par son extrémité recourbée. Gr. y-
d I Faisceau composé de cinq cordons, se terminant au
milieu de cellules vasiformes v.
a I Gaine corticale du faisceau.
b I Cellules appartenant au parichnos.
i / Cellules appartenant à l'écorce moyenne de la tige.
Fig. 2. — Coupe longitudinale d'un faisceau vasculaire
pénétrant dans l'écorco moyenne. Gros. y.
a / Faisceau vasculaire entouré, dans la partie qui se porte
vers l'axe, d'une gaine mucilagineuse formée par des cellules
vasiformes en partie détruites.
I I Cellules du parichnos ; VI cellules de l'écorce moyenne
de la tige.
Fig. 3. — Gaine de cellules vasiformes v entourant l'ex-
trémité des faisceaux vasculaires à leur terminaison
vers Taxe : les détails des ornements, visibles au
microscope, n'ont pu être rendus sur la photographie.
Fig. 4. — Coupe tangentiellc d'un faisceau vasculaire
faite dans la partie ou il se recourbe pour gagner
l'axe.
d I e I Cordons vasculaires formant la première paire.
f } Cordon impair. En d on voit les rubans, disposés en spi-
rales, de quelques trachéides.
v l Cellules vasiformes entourant le faisceau en tous sens,
leur nombre et leur coloration ont rendu la photographie
presque opaque.
Soc. H" Nat. d'Autu
PUBLICATIONS
DE LA
/ /
SOCIETE D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
1« Bulletin» Année 1888.
Les Vertébrés fossiles des environs d'Autun, par M. A. Gaudry.
— Note par M. le docteur Brocchi sur un Crustacé fossile recueilli
dans les schistes d'Autun. — Sur- l'existence de Mollusques pul-
monés terrestres dans le terrain permien de l'Autunois, par M. P.
Fischer. — Catalogue des oiseaux qui se reproduisent dans les
environs d'Autun, par M. A. Mangeard. — Notice sur les Sigillaires,
par M. B. Renault. — Etude sur les blés et leur culture, par
M. Tacnet. — Examen paléontologique du Calcaire à Saccamina de
Cussy-en-Morvan, par M. Stanislas Meunier. — Études sur les
Arkoses de Saône-et-Loire, par M. Devilerdeau.
Avec 14 planches et 30 figures dans le texte.
2* Bulletin. Année 1889.
Les tubercules des Légumineuses, par Ch.-M. Naudin. — Les
Poroxylons, par MM. C.-Eg. Bertrand et B. Renault. — Le Thé
et ses Succédanés, par M. Désiré Bois. — Notes sur quelques plantes
qui entrent dans la composition des prairies, par M. Tacnet. —
Catalogue raisonné des Champignons supérieurs (Hyménomycètes)
des environs d'Autun et du département de Saône-et-Loire, par
M. le docteur Gillot et M. le capitaine Lucand (lre partie). —
Examen lithologique de quelques roches provenant d'Anost, par
M. St. Meunier. — Notes sur les roches au point de vue de leur emploi
dans les constructions, par M. Devilerdeau. — L'Histoire naturelle
au Concours régional et aux Expositions industrielle et scolaire
d'Autun, par MM. le docteur Gillot et V. Berthier. — Communi-
cation faite par M. B. Renault au Congrès des sociétés savantes, le
23 mai 1888, sur les gisements de plantes fossiles d'Esnost.
Avec 12 planches et 48 figures dans le texte.
1. En vente chez MM. Dojussicu, imprimeurs-libraires à Autun, G. Masson,
libraire-éditeur, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris, et Doin, libraire-éditeur,
8, place de l'Odéon, à Paris. — - Prix de chaque volume : 15 francs.
TOME XIII. 28
426 PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
3o Bulletin. Année 1890.
Notice sur quatre stations néolithiques de la vallée de l'Arroux,
par M. Emile Carion. — Sur la faune de l'isthme de Suez, par
M. Eusèbe Vassel. — Note sur quelques oiseaux, par M. Marconnbt.
— Notice sur une Lycopodiacée arborescente du terrain houiller
du Brésil, par M. B. Renault. — Catalogue raisonné des Cham-
pignons supérieurs (Hyménomycètes) des environs d'Autun et du
département de Saône-et-Loire, par M. le docteur Gillot et M. le
capitaine Lucand (2e partie). — Glaciers quaternaires du Morvan,
par M. Ch. Demontmerot. — Philosophie naturelle et son Applica-
tion sociale, par M. le docteur Bergeret. — Les phosphates ali-
mentaires chez les animaux, par M. le docteur Bergeret. — Com-
munication faite par M. B. Renault sur un nouveau genre de tige
cycadéenne et sur la structure du faisceau foliaire des Lépidoden-
drons et des Sigillaires.
Avec 11 planches et 15 figures dans le texte.
4« Bulletin. Année 1891.
Paléoethnologie des vallées de la Loire, de la Bourbince et de
l'Arroux, par M. Fr. Pérot. — Notes sur les Céphalopodes dibran-
ches du Lias supérieur de Sainte-Colombe-lès-Avallon (Yonne), par
M. L. Millot. — Recherches sur les poissons du Lias supérieur de
l'Yonne, par M. H.-E. Sauvage. — Catalogue et distribution géo-
graphique des Mollusques terrestres, fluviatiles et marins d'une
partie de l'Indo-Chine, par M. le docteur P. Fischer. — Note sur le
Depressaria doronicella Wocke, par M. A. Constant. — Lis comes-
tibles, par MM. A. Paillbux et D. Bois, du Muséum de Paris. — Des
caractères que l'anatomie peut fournir à la classification des végé-
taux, par M. C-Eg. Bertrand, professeur à la Faculté des sciences
de Lille. — Note sur les Botryoptéridées, par M. B. Renault. —
Catalogue raisonné des Champignons supérieurs des environs d'Au-
tun et du département de Saône-et-Loire, par M. le docteur Gillot
et M. le capitaine Lucand (3e partie). — Contributions à la Flore
mycologique du département de Saône-et-Loire, par M. l'abbé Fla-
geolet. — Notice sur la Flore ornementale et le dessin des plantes
indigènes, par M. Ch. Quincy. — Communications faites par M. B.
Renault, sur la formation de la Houille et sur une nouvelle Lyco-
podiacée.
Avec 19 planches et 11 figures dans le texte.
5» Bulletin. Année 1892.
Contribution à l'étude de la Flore mycologique du département de
Saône-et-Loire, par M. G. Delacroix. — Liste annotée des Lépidop-
tères envoyés à la Société d'Histoire naturelle d'Autun, par M. A.
Constant. — Les Mines de diamant du Cap, par M. Th. Reunert,
traduction de M. le vicomte Jean de Montmort, suivie d'une étude
d'histoire naturelle d'autun. 427
minéralogique, par M. Couttolenc. — Note sur un nouveau genre
de Gymnosperme fossile du terrain permo-carbonifère d'Autun, par
M. B. Renault.— Brachiopodes, par MM. P. Fischer et D. P. Œhlert.
— Examen minéralogique de deux météorites bourguignonnes, par
M. Stanislas Meunier. — L'Ichtyosaurus Burgundiao, par M. Albert
Gaudry. — Conférences sur les racines et les stolons des Calamo-
dendrées, par M. B. Renault. — Communication faite par M. B.
Renault au Congrès des Sociétés savantes, dans la séance du 26 mai
1891, sur le genre Retinodendron. — Communication faite par
M. B. Renault sur un nouveau genre de Gymnosperme fossile. —
Recherche sur les Poissons du Lins supérieur de l'Yonne, par
M. II. -E. Sauvage.
Avec 25 figures dans le texte et 17 planches.
6« Bulletin. Année 1893.
Liste chronologique des travaux de M. Armand de Quatrefages,
par M. Godefroy Malloizel. — Recherches minéralogiques sur les
gisements diamantifères de l'Afrique australe, par M. Stanislas
Meunier. — Le Callibrachion Gaudry i, nouveau reptile fossile du
permien d'Autun, par M. Marcellin Boule et M. Philippe Glangeaud.
— Revision des fers météoriques de la collection du Muséum d'his-
toire naturelle de Paris, par M. Stanislas Meunier. — Le Travail du
sol et la Nitrification, par M. P. -P. Dehérain. — Reinschia austral ia
et premières remarques sur le Kérosène shale de la Nouvelle-Galles
du Sud, par MM. C.-Eg. Bertrand et B. Renault. — Note sur
quelques poissons du calcaire bitumineux d'Orbagnoux (Ain), par
M. H.-E. Sauvage. — Notice sur un atelier de fabrication de brace-
lets en schiste, par M. Francis Pérot. — Sur divers bracelets ou
brassards en schiste trouvés à Toulon-sur-Arroux. Note par M. V.
Berthier. — Un champignon nouveau pour la France, Dattarea
phalloïdes Pers., par M. Ernest Olivier. — Note sur les Hyménop-
tères de Saône-et-Loire de la famille des Mellifères, par M. C. Mar-
chal. — Communication faite par M. B. Renault au cours de la
séance du 24 avril 1892 sur le Boghead. — Communication faite par
M. B. Renault dans la séance du 25 septembre 1892, sur l'utilité de
l'étude des plantes fossiles au point de vue de l'évolution des organes.
Avec 26 figures dans le texte et 14 planches.
7» Bulletin. Année 1894.
Note sur un Ganoïde de genre nouveau, du Lias de Vassy (Yonne),
par M. H.-E. Sauvage. — Les Poissons du terrain permien d'Autun,
par M. H.-E. Sauvage. — Liste annotée des Lépidoptères envoyés
à la Société d'histoire naturelle d'Autun, par M. A. Constant. —
Note sur une dent de mammouth provenant d'un foyer ou habi-
tation préhistorique, par M. Francis Pérot. — Mémoire sur un
couteau en schiste noir, par M. Fr. Pérot. — Revision des Lithosi-
428 PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
dérites de la collection du Muséum d'histoire naturelle de Paris,
par M. St. Meunier. — Flore nouvelle de la chaîne jurassique et de
la Haute-Saône, à l'usage du botaniste herborisant, par M. Paul
Parmbntier. — Communication faite à la réunion de la Société
d'histoire naturelle d'Autun, le 22 avril 4895, par M. B. Renault,
sur quelques Bactéries des temps primaires.
Avec 38 figures dans le texte et 10 planches.
8* Bulletin. — Année 1895.
Notice sur les Calamariées, par M. B. Renault. — Recherches sur
les Péronosporées, par M. Louis Mangin. — Toxicologie africaine,
par M. A. T. de Rochebrune. — Note sur quelques Amblypterus
du terrain permien d'Autun, par M. E. Sauvage. — Contributions à
la Flore du Congo français, par M. A. Franchbt. — Mollusques des
Nouvelles-Hébrides, par M. Jules Mabille. — Mœurs et habitats
peu connus de quelques Coléoptères de Saône-et-Loire, par M. l'abbé
Viturat. — Liste annotée des fourmis de Saône-et-Loire, par M. C.
Marchal.
Aveo 56 figures dans le texte et 12 planches.
9« Bulletin. — Année 1896.
Toxicologie africaine (suite), par M. A. T. de Rochebrune. —Nou-
velles remarques sur le Kérosène Shale de la Nouvelle-Galles du
Sud, par M. C.-Eg. Bertrand. — Utilité des oiseaux. — Nécessité
d'une entente internationale pour en conserver les espèces, par
M. le docteur F. Bernard de Montessus. — Notice sur les Cala-
mariées (suite), par M. B. Renault. — Revision des Pierres météo-
riques de la collection du Muséum d'histoire naturelle de Paris, par
M. Stanislas Meunier. — Liste alphabétique des Pierres météori-
ques mentionnées dans le mémoire précédent. — Houille et Bacté-
riacées, par M. B. Renault.
Aveo 206 figures dans le texte et 14 planches.
10* Bulletin. — Année 1897.
Toxicologie africaine (suite), par M. A. T. de Rochebrune. — Notice
biographique sur J.-L. Lucand, par le docteur F.-X. Gillot. —
Répertoire sphagnologique, par M. Jules Cardot. — Bogheads, Bacté-
riacées, par M. B. Renault. — Lamium album, par MM. le docteur
F.-X. Gillot et P. Parmbntier. — Catalogue analytique et raisonné
des Coléoptères de Saône-et-Loire et des départements limitrophes,
par MM. l'abbé Viturat et L. Fauconnet. — Sur une nouvelle
Diploxylée, par MM. B. Renault et A. Roche. — Contribution à la
Flore du Congo français, famille des Liliacées, par M. Henri Hua.
Avec 93 figures dans le texte et 9 planches.
d'histoire naturelle d'autun. 429
11* Bulletin. — Année 1898.
Toxicologie africaine (suite), par M. A. T. de Rochebrunk. —
Note sur les Pachycormidés du Lias supérieur de Vassy (Yonne), par
M. H.-E. Sauvage. — Étude sur la constitution des lignites et les
organismes qu'ils renferment, suivie d'une note préliminaire sur les
schistes lignitifères de Menât et duBois-d'Asson,par MM. 6. Renault
et A. Roche. — Notice biographique sur M. l'abbé Alexandre Mar-
cailhou-d'Ayméric, par M. le docteur F.-X. Gillot. — Catalogue
raisonné des plantes phanérogames et cryptogames indigènes du
bassin de la haute Ariège, par MM. Hippolyte et l'abbé Alexandre
Marcailhou-d'Ayméric. — Notice sur les Calamariées (suite),
3e partie, par M. 8. Renault. — Catalogue analytique et raisonné
des coléoptères de Saône-et-Loire et des départements limitrophes,
par MM. l'abbé Viturat et Louis Fauconnet (suite). — Argiles à
silex de Saône- et-Loire, par M. J. Camusat. — Premières notes sur
les Hémyptères de Saône-et-Loire, par M. C. Marchal.
12a Bulletin. — Année 1899.
Toxicologie africaine (suite et fin de la 1" partie), par M. A. T.
DE Rochebrune. — Liste des coquilles recueillies à la Martinique,
par M. Gustave Bordaz. — Étude sur l'affleurement et les premières
recherches minières du gîte métallifère à sulfures complexes de Dun-
sur-Grandry (Nièvre), par M. le Vle Gautron du Coudra y. — Notice
biographique sur Ferdinand Bernard de Montessus de Ballore, par
M. le docteur F.-X. Gillot. — Etude sur les migrations des oiseaux.
— Statistique des oiseaux de la Faune française, par M. le docteur
Ferdinand Bernard de Montessus. — Contribution à l'étude géolo-
gique, chimique et minéralogique du Laurium (Grèce), par M. Hugues
Daviot. — Contribution à l'étude de la flore fossile de Sézanne, par
M. Maurice Langeron. — Silex taillés de la période néolithique
donnant des profils humains ou d'animaux, par M. Francis Pérot.
Publications de la Société.
1892 Contribution à l'étude de la Flore mycologique du dépar-
tement de Saône-et-Loire, par G. Delacroix 3 fr.
1895 Flore nouvelle de la Chaîne jurassique et de la Haute-
Saône, à l'usage du botaniste herborisant, par Paul
Parmentier 6 fr.
1897 Notice biographique sur Jean-Louis Lucand, par le
docteur F.-X. Gillot 2 fr.
INDEX ANALYTIQUE
DU XIIIe BULLETIN
•f
Pagos.
Acer 355
— laetum eocenicum... 363
— palœopalmatum 357
— pseudoplatanus eoce-
nicum 356
— sezannense 358
— subtenuilobatum . . . . 362
Adèlophyton Jutieri . 405, 423
Bacillus colletus 317
Cissus intégra 366
— mucronata 364
Columnifères 338
Cornus neglecta 368
Echinocarpeopsis décora. . 347
— fastigiata 346
Elaeocarpeopsis mutila. . . . 348
Gagnepain (P.) 127
Grewiopsis producta 340
Langeron (M.) 334
Lepidodendron Jutieri .... 405
Luheopsis dyssimetra .... 343
— verisimilis 344
Marcailhou-d'Ayméric. ... 1
Marlea primaeva 367
Milne-Edwards (A.) 371
Protoficus crispans 336
Quercites vesicatus 335
Pages.
Renault (B.)... 303, 371, 405
Rhamnus catharticœfolia . 352
— ceanothifolia . . . 353
— pristina 351
— progenitriz .... 350
Sauraja roborans 338
Streptothryx anthracis.. • . 319
— (Oladothryx) Martyi 314
Syringodendronesnostense 410
Topographie botanique des
environs de Oercy-
la-Tour 131
— Considérations géné-
rales 131
— Espèces adventices
172, 287
— Flore spontanée 193
— Géologie 139
— Historique 134
— Hydrographie 149
— Météorologie 157
— Modifications de la
flore 189
— Nomsde localités tirés
des plantes 300
— Noms vulgaires 297
— Préface 131
— Statistique végétale. 162
— Relief du sol 138
— Surface 137
— Végétation hétéroto-
topique 147
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Statuts et règlements v
Composition du bureau xj
Liste des membres de la Société xij
Liste des sociétés correspondantes xxix
Publications avec lesquelles la Société est en relations
d'échange xxxij
Catalogue raisonné des plantes phanérogames et cryptogames
indigènes du bassin de la haute Ariège, par MM. II. et
A. Marcailhou-d'Ayméric (deuxième partie) 1
Topographie botanique des environs de Cercy-la-Tour (Nièvre),
par F. Gagnepain 127
Considérations nouvelles sur les Tourbes et les Houilles, par
B. Renault 303
Contribution à l'étude de la flore fossile de Sézanne (deuxième
fascicule), par M. Langeron 333
Notice biographique sur Alphonse Milne-Edwards, par B.
Renault 371
Sur un nouveau genre de tige fossile, par B. Renault 405
Publications de la Société d'histoire naturelle d'Autun 425
-*K-
TABLE DES DESSINS
Pages.
Fig. i. Tourbe houillère silicifiée de Grand' Croix 308
» 2. Tourbe actuelle (Fragny) 309
» 3. Fragment de bois houiliifié 312
» 4. Tourbière de Louradou, profil 313
» 5. — coupe 313
» 6. Streptothryx (Cladothryx) Martyi 314
» 7. — — — 315
» 8. Arthrospores de Streptothryx (Cladothryx) Martyi... 317
» 9. Bacillus colle tus, chaînettes dans la houille d'Arthro-
pitus 318
» 10. Streptothryx anthracis 320
» 11. Coupe faite dans un bois d'Arthropitus houiliifié.... 325
» 12. Coupe longitudinale faite dans un pétiole de palmier
transformé en lignite 328
» 1. Section transversale d'un faisceau vasculaire d'Adè-
lophyton Jutieri 412
» 2. Coupe longitudinale d'un faisceau vasculaire d'Adè-
lophyton Jutieri 415
TABLE DES PLANCHES
Carte des environs de Cercy 129
Portrait d'Alphonse Milne-Edwards 371
Planche I à V. Flore fossile de Sézanne, hors texte.
— VI. Adèlophyton Jutieri.
— VII. Adèlophyton Jutieri. — Lepidodendron Har-
courti. — L. rhodumnense.
— VIII, IX, X. Adèlophyton Jutieri, sections et coupes diverses.
Aulun. — Imp. Dtjimleo.
ANNEE 1900
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
ET DES EXCURSIONS
PUBLICATIONS
DE LA
/ /
SOCIETE D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
1" Bulletin. Année 1888.
Les Vertébrés fossiles des environs d'Autun, par M. A. Gaudry.
— Note par M. le docteur Brocchi sur un Crustacé fossile recueilli
dans les schistes d'Autun. — Sur* l'existence de Mollusques pul-
monés terrestres dans le terrain permien de l'Autunois, par M. P.
Fischer. — Catalogue des oiseaux qui se reproduisent dans les
environs d'Autun, par M. A. Mangeard. — Notice sur les Sigillaires,
par M. B. Renault. — Etude sur les blés et leur culture, par
M. Tacnet. — Examen paléontologique du Calcaire à Saccamina de
Cussy-en-Morvan, par M. Stanislas Meunier. — Etudes sur les
Arkoses de Saône-et-Loire, par M. Devilerdeau.
Avec 14 planches et 30 figures dans le texte.
2« Bulletin. Année 1889.
Les tubercules des Légumineuses, par Ch.-M. Naudin. — Les
Poroxylons, par MM. C.-Eg. Bertrand et B. Renault. — Le Thé
et ses Succédanés, par M. Désiré Bois. — Notes sur quelques plantes
qui entrent dans la composition des prairies, par M. Tacnet. —
Catalogue raisonné des Champignons supérieurs (Hyménomycètes)
des environs d'Autun et du département de Saône-et-Loire, par
M. le docteur Gillot et M. le capitaine Lucand (lre partie). —
Examen lithologique de quelques roches provenant d'Ânost, par
M. St. Meunier. — Notes sur les roches au point de vue de leur emploi
dans les constructions, par M. Devilerdeau. — L'Histoire naturelle
au Concours régional et aux Expositions industrielle et scolaire
d'Autun, par MM. le docteur Gillot et V. Berthier. — Communi-
cation faite par M. B. Renault au Congrès des sociétés savantes, le
23 mai 1888, sur les gisements de plantes fossiles d'Esnost.
Avec 12 planches et 48 figures dans le texte.
1. En vente chez MM. Dejussleu, imprimeurs-libraires à Autun, G. Masson,
libraire-éditeur, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris, et Doin, libraire-éditeur,
8, place de l'Odôon, à Paris. — Prix de chaque volume : 15 francs.
TOME XIII. 28
_ 2 -
veille de l'ouverture de ces grandes assises artistiques,
industrielles et scientifiques, qui doivent servir chez nous et
en face du monde entier, de couronnement aux œuvres du
dix-neuvième siècle. Il s'agit pour tous les Français sou-
cieux de l'honneur de la patrie, de ne pas faillir à l'honneur
national. Aussi, notre Société s'est-elle empressée d'envoyer,
par un rapport détaillé, dont vous avez reçu communica-
tion1, son adhésion et ses offres de coopération au Minis-
tère. Des réponses favorables nous sont récemment parve-
nues (Circulaires du Ministère de l'Instruction publique et des
Beaux- Artsy en date des 22 janvier et 29 janvier 1900) ; avec
l'invitation d'envoyer l'ensemble de nos publications depuis
Tannée 1889, ainsi que les spécimens de nos plus belles
planches, pour figurer à l'Exposition. Il est à désirer qu'on
y adjoigne quelques-uns des moulages exécutés d'après les
fossiles si curieux et si remarquables de nos schistes autu-
hois, et cet ensemble de nos œuvres tiendrait, je n'en doute
pas, une place des plus honorables à l'exposition des Sociétés
savantes départementales.
C'est qu'en effet nous n'avons rien négligé, et, en cela,
nous n'avons peut-être pas, je dois l'avouer, été assez pru-
dents avec notre modeste budget, pour maintenir nos publi-
cations dernières à la hauteur des précédentes. Vous en
trouverez la preuve dans les deux beaux volumes qui sont
mis en distribution aujourd'hui.
L'un d'eux comprend la deuxième partie du XIe Bulletin
et renferme dans ses trois cents pages le texte des commu-
nications aussi variées qu'intéressantes apportées à nos
séances et dont quelques-unes sont de vrais mémoires, et
les comptes rendus des excursions de 1898, enrichis de
nombreux documents.
Le second constitue la première partie du XII6 Bulletin,
que l'abondance des matières nous oblige encore de scinder
i. Bull. Soc. fiist. nat. d'Autan, XII, 2 (1899), Procès-verbaux des séances,
p. 27-41.
— 3 r-
en deux volumes, et, parmi les Mémoires qui y ont pris
place, je citerai la suite de la Toxicologie africaine de
M. A -T. de Rochebrune; la Liste des coquilles recueillies à
la Martinique par G. Bordaz; VËtude sur le gîte métallifère
à sulfures complexes de Dun-sur-Grandry (Nièvre), par M. le
vicomte Gautron du Coudray ; la Notice biographique de F.-B.
de Montessus de Ballore, notre grand bienfaiteur, par le doc-
teur X. Gillot, suivie d'un mémoire inédit et posthume du
regretté savant sur YÉtude des migrations des oiseaux et la
Statistique des oiseaux de France ; puis la Contribution à
l'étude géologique, chimique et minéralogique du Laurium
(Grèce), par Hugues Daviot, ingénieur; la Contribution à
V étude de la flore fossile de Sézanne, par Maurice Langeron,
et les Silex taillés de la période néolithique à profils humains
ou d'animaux, par Francis Pérot, avec six belles planches
en phototypie et de nombreux dessins exécutés principale-
ment pour les trois derniers Mémoires.
La seconde partie de ce XIIe Bulletin, comprenant lest
Comptes rendus des séances et des excursions de 1899, est
en cours très avancé d'impression et ne tardera pas à être
également distribuée, ce qui mettra nos publications à jour.
J'allais presque dire en avance, car déjà le XIIIe Bulletin,
qui portera le millésime de 1900, est largement commencé
par l'impression de la deuxième partie de la Flore de la
haute Ariège, de M. H. Marcailhou-d'Ayméric, et de la Topogra-
phie botanique du canton de Cerc\j-la-Tour (Nièvre), qui cons-
titue une étude remarquable de statistique et de géographie
botanique locale, due aux observations persévérantes et
aux découvertes de notre modeste et très méritant collègue,
M. P. Gagnepain, instituteur à Cercy-la-Tour. Notre savant
compatriote M. A. Lacroix, professeur au Muséum, nous
réserve en outre un mémoire important sur les Gisements
manganésifères de Romanêche, etc.
Vous le voyez, Messieurs, la copie ne nous manque pas,
et de la meilleure ! Mais je doute que la plupart d'entre
— 4 —
vous se rende compte de la somme considérable de peine et
de travail que demande la mise en œuvre de tous ces maté-
riaux, réunis dans les quatre derniers volumes de nos
Bulletins publiés en moins de deux ans. Correspondance
multipliée avec les auteurs, revision de manuscrits, retouche
et parfois même réfection presque complète de notes
informes ou insuffisantes, rédaction des comptes rendus des
séances et des excursions, recherches bibliographiques, cor-
rection des épreuves, démarches de toutes sortes, etc., telle
est la tâche écrasante qui incombe à un seul homme, notre
très dévoué secrétaire, M. Victor Berthier. Sans doute, il a
trouvé parmi ses collègues du bureau quelque amicale assis-
tance ; sans doute la besogne lui a été facilitée également,
dans une certaine mesure, par l'obligeante collaboration de
nos imprimeurs, MM. Dejussieu, père et fils, qui veillent
toujours avec le même soin à l'exécution typographique
irréprochable des volumes sortis de leurs presses; mais
ceux-là seuls qui ont pu voir M. Berthier à l'œuvre, s'occu-
pant, avec une égale intelligence, une égale compétence et
un égal succès, des intérêts d'une maison de commerce
importante et prospère et de ceux de notre Société, semblant
se délasser d'un travail par l'autre, ceux-là seuls, Messieurs,
peuvent apprécier les services de plus en plus signalés
rendus à notre Société par M. Berthier, et que sa modestie
vous cacherait, si je ne considérais comme un devoir de les
proclamer, et de vous demander vos applaudissements pour
le zèle incessant de notre cher Secrétaire!
Sa besogne ne se borne pas, du reste, à l'écriture et à
l'impression de nos Bulletins. Elle est encore accrue par le
développement rapide et vraiment extraordinaire de nos
collections, entraînant des dépenses auxquelles nous sommes
obligés de faire face avec un budget insuffisant. Nos collec-
tions botaniques se sont accrues d'un très important her-
bier, renfermé dans plus de 200 cartons, comprenant 10 à
12,000 espèces et plus de 50,000 échantillons, dont il a déjà
— 5 —
été parlé par M. Bernard Renault dans la séance du
24 septembre 1899 l, et d'un second herbier, riche en
plantes du département de Saône-et-Loire et donné par
M. René Bigeard, ancien instituteur à Mouthier-en-Brosse.
M. le vicomte Henri de Chaignon, qui, depuis deux ans,
s'est fixé à Autun pour consacrer la plus grande partie de
son temps à la revision et au classement du Musée orni-
thologique de Montessus, a entrepris très activement la col-
lection des roches locales en échantillons de choix très
soigneusement étiquetés, et vient de mettre le comble à sa
libéralité en nous faisant cadeau du cabinet d'histoire natu-
relle considérable réuni par lui au château de Condal, avec
sa double compétence d'ornithologiste et de géologue. Ce
petit musée, riche de près d'un millier d'oiseaux et de
quatre mille spécimens de minéraux et de fossiles bien
échantillonnés et sûrement déterminés, a été transporté à
Autun par les soins de M. de Chaignon lui-même, et sera
bientôt exposé dans nos galeries, dont il complétera les
collections analogues.
M. A. Roche, notre savant vice-président, s'est également
dépouillé en faveur de la Société d'histoire naturelle
d' Autun d'une parlio de ses trésors paléontologiques et
minéralogiques. Une salle tout entière suffit à peine à les
contenir, et encore ne comprend-elle pas toute une collec-
tion préhistorique, précieuse au point de vue local, et que
M. Roche se propose d'y ajouter un peu plus tard. Vous
voudrez tous, Messieurs, je n'en doute pas, vous associer
dans un vote unanime de remerciements à l'égard de ces
généreux donateurs, grâce auxquels notre Musée deviendra
bientôt un des plus remarquables de France.
Les bonnes volontés, malheureusement trop peu nom-
breuses, de quelques amateurs bénévoles et zélés ne suf-
fisent pas pour mettre en ordre toutes nos collections ainsi
1. Herbier phanérogamique du Dr Gillot, io Bull. Soc. hist. nat. d'Autun
XII i 2, Comptes rendus des séances de i899> p. 263.
_ 6 —
que notre bibliothèque en augmentation continuelle, les
pourvoir d'étiquettes, en dresser les catalogues, et les rendre
accessibles et utiles au public. La nomination d'un conserva-
teur attitré s'imposait, et nous en avons offert le titre et les
fonctions à M. René Bigeard, ancien instituteur d'Auxy et de
Mouthier-en-Bresse, qui a bien voulu les accepter, y con-
sacrer les loisirs de sa retraite, et nous a, comme je l'ai dit
plus haut, rendus dépositaires de son intéressant herbier.
Nous le prions ici d'agréer l'expression de nos sentiments
de vive gratitude, et pour sa donation libérale et pour les
services que nous attendons de lui et que reconnaîtra bien
insuffisamment la modique rétribution que nous avons pu
lui offrir.
C'est qu'en effet si nous consultons notre livre de caisse,
et les comptes de notre excellent trésorier nous en fourni-
ront la preuve malheureusement trop certaine, notre doit
dépasse en ce moment notre avoir d'une façon inquiétante.
Il a fallu subvenir aux dépenses accoutumées de notre
exercice annuel, supporter des frais urgents d'entretien et
de réparation, et en plus du transport et de l'installation
du cabinet de Chaignon, faire honneur aux engagements
pris pour la publication de nos Bulletins, etc. Nous avons
été obligés d'escompter l'avenir et d'anticiper sur nos
recettes à recouvrer, avec l'espoir, Messieurs, que l'utilité
et le succès de notre œuvre commune, si propice et si digne
d'intérêt, stimulera votre zèle pour augmenter nos res-
sources par le recrutement de nouveaux membres et le
paiement régulier des cotisations. L'équilibre de notre
budget, déjà si compromis, risquerait, en effet, d'aboutir
à la faillite sans les subventions que nous ont contiuuées,
comme les années précédentes, et le Ministère de l'Instruc-
tion publique, grâce surtout aux démarches qu'a bien voulu
faire et à la haute considération dont jouit notre estimé
président, M. Bernard Renault; et le conseil général de
Saône-et-Loirê, sollicita par M. Périer, maire et député
— 7 —
d' Autun,' toujours attentif au succès des institutions qui
honorent la ville qu'il administre; et du conseil municipal,
dont la sympathie ne nous a encore jamais fait défaut. Le
renouvellement de notre gratitude, hautement exprimée,
encouragera, je l'espère bien, le renouvellement et, si faire
se peut, l'augmentation de ces subventions si bien placées !
Mais nous ne sommes pas seuls à émarger aux budgets
administratifs forcément limités, et je fais appel, avec le
vif désir d'être entendu, aux libéralités spontanées et très
désirables de nos sociétaires fortunés, et il en est certaine-
ment qui ne pourraient faire un meilleur usage de leur
superflu, dans nos rangs toujours pressés, et où de nou-
velles admissions remplissent heureuseusement les vides
trop nombreux occasionnés par la mort.
C'est, en première ligne, notre vénéré président d'hon-
neur, M. le Dr Ferdinand Bernard de Montessus de Bal-
lore, né à Chalon-sur-Saône, le 15 mai 1817, et décédé à
Rully, le 12 mars 1899, et à la mémoire duquel hommage
a été rendu par une notice biographique publiée dans le
douzième volume de nos Bulletins. *
Puis, notre savant compatriote, Charles Naudin, membre
de l'Institut, né à Autun, le 14 août 1815, mort à Antibes,
le 19 mars 1899, et dont M. Hernard Renault nous a retracé
la vie dans la séance du 9 avril 1899. 2
Philibert Joseph, décédé à Autun, le 27 janvier 1899,
dans sa quarante-neuvième année, n'avait pas la notoriété
scientifique des naturalistes qui précèdent, mais il a rendu
1. Notice biographique sur Ferdinand Bernard de Montessus de Ballore, par le
Dr X. Gillot, in Bull. Soc. hiat. nat. d' Autun, XII, 1 (1899), p. 199-268.
2. Charles Naudin, notice biographique, par M. B. Renault, in Bull. Soc.
hiat. nat. d' Autun t XII, 2, Comptes rendus des séances de 1899, p. 114-129. Des
articles bibliographiques et nécrologiques ont été récemment consacrés à la
mémoire de Ch. Naudin, dans les Bulle lina de la Société botanique de France,
XLVI (1899), p 119 et 127.
— 8 —
de réels services à la ville d'Aulun et à notre Société dont
il fut un des membres fondateurs. Il sut, à la tête d'une de
nos industries locales, la fabrication de brides à sabots, lui
donner un développement prospère et compter parmi les
négociants notables et les plus estimés de notre ville. Aussi
fut-il élu, en 1884, conseiller municipal; en 1893, juge
suppléant, et enfin, en 1897, juge titulaire du tribunal de
commerce. Il patronna toujours la Société d'histoire natu-
relle, soit au conseil municipal où il en appuya les demandes,
soit dans la vie privée en assistant aux séances et en recru-
tant des adhérents. Son caractère éminemment bon, bien-
veillant et charitable le rendait sympathique à tous, et sa
perte prématurée a été déplorée par ses nombreux amis
associés, dans une commune douleur, à sa jeune famille,
héritière de ses qualités industrielles et de ses vertus
domestiques.
Arthur de Gravillon mourait le 7 février, âgé de près
de soixante ans, dans sa belle villa de Saint-Pierre, à
Écully (Rhône), laissant dans le monde des arts et des
lettres lyonnais, la réputation d'un grand artiste et d'un
écrivain de talent. Après avoir étudié la théologie et le
droit, et y avoir conquis un double titre de docteur, A. de
Gravillon, incertain de sa vocation, entra dans la magistra-
ture et fut nommé substitut à Gex ; mais l'indépendance de
son caractère, les licences caustiques de sa plume l'obli-
gèrent à démissionner et à reprendre une liberté que sa
fortune considérable lui rendait plus facile. Sans se mêler
précisément à la vie publique, il s'intéressait aux questions
d'actualité qui se débattaient autour de lui, et manifestait
son opinion dans des écrits quelquefois illustrés de sa
propre main, où sa verve originale et humoristique se don-
nait libre carrière, et qui valurent au pamphlétaire de vives
polémiques. Mais il se consacra spécialement aux beaux-
arts, peinture et sculpture, et, trouvant enfin sa voie, devint
— a —
le statuaire bien connu, auquel on doit nombre d'œuvres
estimables et d'une originalité toute particulière, Peau d'A?iey
la Perle, le Semeur, la Première douleur, la Vestale^ Jeanne
d'Arc, le Sacré-Cœur, etc., qui décorent aujourd'hui les
musées de Lyon, de Marseille, l'église d'Écully, etc., et
notamment la statue de Divitiac, dont il a fait don à la
ville d'Autun, et qui se dresse actuellement sur remplace-
ment de la Porte des Marbres. Il avait, au cours d'un
voyage, été séduit par la situation pittoresque de notre
vieille cité et par ses richesses archéologiques, et pour
s'y attacher par des liens plus étroits, en devenir vraiment
citoyen, il s'était fait inscrire comme membre d'abord de
la Société Éduenne, puis de la Société d'histoire naturelle,
en artiste habitué à communier avec la nature et à trouver
dans ses produits et ses manifestations des inspirations
ingénieuses. Malheureusement la maladie qui l'empêcha
d'assister à la cérémonie d'inauguration de la statue de
Divitiac, le 14 octobre 1894 4, vint trop tôt ruiner sa robuste
santé, éteindre les élans de sa généreuse et primesautière
nature, à laquelle nous devons de l'avoir compté parmi nos
collègues, et, en mettant fin à ses voyages dans l'Autunois,
augmenter nos regrets de l'avoir trop peu connu et pendant
trop peu de temps. 2
Lacatte Jules, prêtre de Saint-Sulpice, décédé le
21 février 1899, dans sa soixante-dix-septième année, était
également l'un de nos membres fondateurs. L'abbé Lacatte,
né à Reims, le 11 janvier 1823, d'une honorable famille, fut
ordonné prêtre le 29 mai 1847, dans la compagnie de Saint-
1. Voyez : Vie de Divitiac, druide et chef èduen. Lettre à M, Périer, maire
d'Autun, par Arthur de Gravillon, Lyon, 1893, avec une planche; Discours
d'inauguration de la statue de Divitiac à Autun, par son statuaire, Arthur de
Gravillon, Lyon, 189-i.
2. Voyez t Arthur de Gravillon, sculpteur lyonnais, par J.-G. Bulliot, in
Mémoires Soc. Êduenne, nouvelle série, t. XXVII, séance [du 27 avril 1899,
p. 57. — Notice biographique, par Pierre Virés, dans Revue du Lyonnais,
5- série, t. XXVII (1899), n« 159.
— 10 -
Sulpice, et fut successivement économe de trois sémi-
naires, à Toulouse (1848-1849), à Issy (1850) et enfin à Autun
où, de 1850 à 1894, il remplit ces utiles et délicates fonc-
tions pendant quarante-trois ans, jusqu'à ce que des
attaques successives de paralysie partielle l'obligeassent à
prendre une retraite bien méritée, et qu'il demandât,
comme une faveur, de terminer dans ce grand séminaire
d'Autun, auquel il avait consacré sa vie, et où il fut, en
même temps qu'économe, professeur d'histoire ecclésias-
tique et de liturgie, maîlre des cérémonies et bibliothé-
caire. Son souvenir restera longtemps légendaire à Autun
par sa réputation de sobriété ascétique, de marcheur intré-
pide, de collectionneur passionné, et, en même temps, de
piété, de charité et de bienveillance inaltérable. Les traits
saillants de son caractère original, les services rendus par
lui au grand séminaire et au diocèse d'Autun ont été
rappelés, avec force détails anecdotiques, dans la biographie
que lui a consacrée M. J.-G. Bulliot, président de la Société
Eduenne1. C'était, en effet, un érudit en toutes choses.
Archéologue distingué, numismate émérite, il a réuni
d'importantes collections d'antiquités, de sceaux et de
médailles, dont a hérité le grand séminaire d'Autun. Épris
des sciences naturelles, il en a étudié toutes les branches :
botanique, entomologie, paléontologie. Il s'était constitué,
au cours de ses voyages de vacances, et dans ses inces-
santes pérégrinations aux environs d'Autun, des collections
botaniques et entomologiques, dont il a fait don au petit
séminaire de Semur-en-Brionnais. L'entomologie eut ses
premières faveurs, plus tard délaissée pour la paléontologie
végétale. Il disait sa messe avant jour et, toujours tête nue,
le chapeau sous le bras, il partait avant l'aube e:t rentrait
1. Voyez notice biographique sur M. l'abbé Lacitte, par M. l'abbé G. Bercy ,
dans la Semaine religieuse d'Autun, Chalon et Mâcon, 25° année; numéro, du
4 mars 1899, p. 179; et par M. J.-G. Bulliot, dans les Mémoire», de la. Société
Èduenne, nouvelle série, t. XXVII, séance du 2 septembre 1899, p. 413 ; et
dans le journal l'Autunois, numéro du 6 septembre 1899.
- 11 —
à la cloche sonnante de midi, après avoir visité, toujours à
pied et d'un pas plus que rapide, les gorges de la Canche
à Roussillon, la vallée du Ternin à Chissey-en-Morvan, les
montagnes d'Uchon, etc., les poches gonflées de fioles
pleines d'insectes, ou rapportant, dans son mouchoir lié
aux quatre coins, des fourmilières entières qu'il passait la
nuit à tamiser pour en extraire les coléoptères parasites ou
commensaux. La proximité de la maison de campagne du
grand séminaire d'Autun, ancienne abbaye de Saint-Martin,
et des gisements de bois silicifiés permiens du Champ de la
Justice^ lui procuraient l'occasion d'y faire des recherches
presque quotidiennes, qui ont abouti à la découverte d'une
grande quantité d'échantillons rares et précieux, quelques-
uns nouveaux et décrits par les savants du Muséum de
Paris avec lesquels il était en relations suivies, depuis
Adolphe Brongniart jusqu'à notre cher président, M. Ber-
nard Renault. Le Zygopteris Lacatiei B. Renault, belle fou-
gère fossile de la famille des Botryoptéridées *, qui lui a
été dédiée, conservera dans la science le nom de ce
modeste et sagace chercheur. La collection des bois sili-
cifiés de l'abbé Lacatte avait une réelle valeur, comme
nombre, comme choix, et comme types d'échantillons sciés
et polis. L'abbé Lacatte le savait mieux que personne ; il la
gardait avec un soin jaloux, comme un avare son trésor, et
n'en permettait de rares communications qu'à quelques pri-
vilégiés, stérilisant, en quelque sorte, le résultat de ses
découvertes, sans en rien divulguer et sans en rien écrire
que par l'intermédiaire de ses rares correspondants. Il prit
soin toutefois d'en assurer la conservation, en léguant cette
collection, avec son médaillier, au grand séminaire d'Autun,
où elle sera exposée et accessible aux amateurs, dans des
vitrines tout exprès construites à la bibliothèque. Il était
donc tout indiqué que ce prêtre édifiant et instruit, chez
1. Cf. B. Renault, Cours de botanique fossile fait au Afuséum d'histoire natu*
relie, t. III (1893), p. 101.
— 12 —
lequel la science et la religion faisaient si bon accord, qui
a inspiré le goût des recherches et des collections scienti-
fiques à de nombreux élèves, et auquel nous souhaitons
beaucoup d'imitateurs, se fût intéressé à la fondation de la
Société d'histoire naturelle d'Âutun, et se montrât assidu
aux séances, auxquelles manquera désormais sa physionomie
modeste, souriante et spirituelle.
Brongniart Charles- Jules -Edme, décédé à Paris,
le 18 avril, à l'âge de quarante ans, était le digne descen-
dant de cette dynastie scientifique des Brongniart qui,
durant près d'un siècle et demi, a donné au Jardin du Roy,
devenu le Jardin des Plantes, des chimistes comme Antoine
Brongniart, son bisaïeul, des géologues comme Alexandre
Brongniart, son aïeul, des paléobotanistes comme son père,
Adolphe Brongniart, le fondateur de la paléontologie végé-
tale. Né au Jardin des Plantes, encouragé par de puissantes
amitiés, Charles Brongniart se voua à la zoologie, plus par-
ticulièrement à l'étude des Arthropodes, et conquît une des
premières places parmi les entomologistes de notre temps.
Ses travaux sont nombreux, entre autres un monumental
ouvrage sur les Insectes de l'époque houillère, et ses études
aussi curieuses que pratiques sur les organismes parasi-
taires des Insectes, notamment sur les Champignons para-
sites des Insectes nuisibles, des Mouches, des Criquets, des
Hannetons, etc. Il dirigeait le laboratoire d'entomologie et
s'occupait activement du classement des collections du
Muséum ; et quand, par estime et par amitié pour notre
président, M. B. Renault, son collègue au Muséum, il nous
fit l'honneur de devenir membre de notre Société, il nous
promît, pour la détermination de nos Insectes, un concours,
auquel nous avions déjà fait appel, mais qui, malheureuse-
ment, n'a pas pu être utilisé. La mort impitoyable l'a enlevé
à l'affection de sa jeune famille et aux espérances de ses
•
amis, à l'heure où ses nombreux titres de Docteur es
— 13 -
sciences, d'assistant au Muséum d'histoire naturelle, d'offi-
cier de l'Instruction publique, de membre d'une quantité de
sociétés savantes françaises et étrangères, etc., lui assu-
raient prochainement une chaire de professeur, qu'il méri-
tait par un exemple bien rare d'atavisme scientifique. 1
C'est au même âge de quarante ans que nous perdions
un collègue autunois, de plus modeste position, mais très
sympathique à notre Société, Auguste Râteau, comptable,
décédé le 14 mai, et qui avait su par l'aménité de son
caractère, sa probité et son travail, mériter l'estime et
l'amitié des chefs de l'importante maison de commerce,
dont il était devenu l'homme de confiance !
Un mois après, le 13 juin, s'éteignait, dans sa propriété
de Couches-les-Mines, Albert Dupré, notaire à Blanzy,
puis à Épinac, où il exerçait depuis une quinzaine d'années.
Dupré n'était âgé que de cinquante-quatre ans. Ancien
élève du petit séminaire d'Autun, à une époque où les
sciences naturelles étaient en honneur dans cet établisse-
ment, Dupré avait conservé d'excellentes relations avec ses
anciens camarades, et avait accepté avec empressement, à
l'exemple de plusieurs d'entre eux, le titre de membre
titulaire de la Société d'histoire naturelle d'Autun. Il avait,
en dernier lieu, réuni de nombreux et précieux documents
sur Épinac et ses environs, et se proposait, quand la mort
est venue le surprendre, de publier une monographie, dont
la place serait plutôt dans les Mémoires de la Société
Éduenne.
Menni Giovanni, né à Samaden en Engadine, et décédé,
après une courte maladie, à l'âge de soixante ans, le
22 juin, à Schuls (Suisse), avait été élevé à Genève, puis
1. Voyez : Discours prononcés sur la tombe de Charles Brongoiart par
MM. A. M iloe- Edwards et E.-L. Bouvier, dans le Bulletin du Muséum d'his*
toire naturelle, année 1899, numéro 4.
— 14 —
avait dirigé avec succès une forte maison de commerce,
fers et quincaillerie, à Gênes (Italie). Un héritage de famille
ayant fait de M. Menni un riche propriétaire foncier de
l'Autunois et du Nivernais, il était venu habiter, pendant
une partie de l'année, sa propriété de Cernât, près Laizy,
où son hospitalité accueillante a laissé les meilleurs souve-
nirs chez tous ceux qui ont été à même de l'apprécier. La
Société d'histoire naturelle d'Autun lui avait inspiré un vif
intérêt, et il suivait très régulièrement nos séances et nos
excursions, où sa simplicité et sa bienveillante humeur atti-
raient les sympathies de ses collègues, et où il se faisait
volontiers accompagner par son jeune fils, M. Uhlrich Menni,
actuellement élève à l'École d'agriculture de Grignon, et
qui a bien voulu continuer d'occuper parmi nous la place
laissée vide par son regretté père.
Le 6 juillet, mourait à Reims, dans sa quarante-huitième
année, Couttolenc Léon-Gilbert, professeur de physique
et de chimie à l'École pratique du commerce et de l'in-
dustrie, officier d'Académie, membre de l'Académie
d'Amiens, etc., victime prématurée d'un excès de travail,
occasionné par ses études, les soucis d'un enseignement
technique et des cours publics du soir suivis par de nom-
breux auditeurs. Après de sérieuses études au laboratoire
de Frémy, au Muséum, Couttolenc avait débuté comme
chimiste de l'administration des contributions indirectes.
Nommé professeur à l'École professionnelle de Reims, à la
suite d'un brillant concours, en 1885, il avait pris, lors de
la réorganisation de l'École, à la suite de son rattache-
ment au Ministère du commerce, les fonctions de chef des
travaux chimiques. Couttolenc avait collaboré à nos Bulle-
tins en publiant YExamen de la terre diamantifère de la
mine de de Beers (Bull. Soc. hist. nat. d'Autun, V (1892),
p. 127-151), ce qui l'avait amené tout naturellement à rester
membre correspondant do la Société. Nous lui devons
— 15 —
également une collection de petit format, mais très com-
plète, de toutes les roches et de tous les minéraux rencon-
trés dans le percement de l'isthme de Panama.
C'est également dans la force de l'âge, à quarante-quatre
ans, que nous avons perdu, le 11 août 1899, un des trop
rares officiers que la carrière des armes ne laisse pas
étrangers et insensibles aux attraits des sciences naturelles,
et dont l'entrain et les intéressantes causeries animaient
les excursions auxquelles il prenait part. Madru Alfred-
Jean- Baptiste, capitaine au 29e régiment d'infanterie,
était né à Colmar, le 21 mars 1855. Enfant de troupe au
78e de ligne, dès le 2 janvier 1869, puis engagé volontaire
au même régiment, Madru passa par l'École d'Avord, fut
nommé sous-lieutenant, le 30 avril 1880, lieutenant le
18 mars 1885, et capitaine le 2 octobre 1891. Il prit service
en Afrique de 1872 à 1875, et au Tonkin de 1885 à 1887.
Il en rapporta les médailles du Tonkin, du Cambodge, du
Dragon de l'Annam, et enfin la croix, bien gagnée, de
chevalier de la Légion d'honnour. Il en rapporta également
le germe de la longue et cruelle maladie qui a brisé sa
carrière et a tué tristement cet Alsacien resté fidèle à sa
mère patrie et exilé de sa famille, sur un lit d'hôpital, où
il a été tout au moins assisté par de réconfortantes amitiés,
et où sa courageuse agonie a excité les regrets unanimes
de ses camarades et de ses amis, auxquels nous joignons
les nôtres!
Henry Levêque de Vilmorin, décédé à Verrières-le-
Buisson (Seine-et-Oise), le 23 août, était le chef de la mai-
son Vilmorin-Andrieux, connue dans le monde entier,
fondée en 1745 par Andrieux, et dont les directeurs du nom
de Vilmorin, pendant quatre générations, depuis 1780, ont
élevé la production et la propagation des graines de plantes
potagères, fourragères et ornementales à la hauteur d'une
science véritable. Botaniste et expérimentateur comme
- 16 —
son père, il a fait, comme lui, partie de la Société bota-
nique de France, et depuis 1856, dans les Bulletins de cette
Société, les noms de Louis et surtout d'Henry de Vilmorin
ont signé de nombreux articles sur les sujets les plus variés,
en particulier sur la fécondation du Maïs, sur l'hybridité
des végétaux, sur le croisement des différents blés (1880-
1883), etc. Henry de Vilmorin se montra toujours dévoué à
la Société botanique de France, qui ne lui ménagea pas les
charges en même temps que les honneurs, soit comme délé-
gué du conseil d'administration à la session extraordinaire
d'Amibes en 1883, soit comme président de la Société, en
1889, pendant l'Exposition et le Congrès international de
botanique. Naturellement distingué, d'une correction par-
faite, d'une affabilité sympathique, H. de Vilmorin aimait à
se trouver en relations avec ses collègues de la Société
botanique, soit qu'il les reçût officiellement et grandement
dans sa villa du Golfe-Juan, ou dans son château de
Verrières, soit qu'il les rencontrât isolément au cours de
ses voyages, comme cela est arrivé plusieurs fois à l'auteur
de ces lignes, notamment sur les ruines de Timgad, en
Algérie. Ses goûts scientifiques servaient aux intérêts de sa
maison; les cultures de Verrières-le-Buisson, de Remilly,
Massy, Palaiseau, étaient des champs d'expérience dont les
produits étaient livrés au commerce en même temps que
les résultats consignés dans de multiples et belles publi-
cations, sans cesse en progrès. Les catalogues illustrés de
la maison Vilmorin ont servi de modèles à tous les horti-
culteurs, et les beaux livres illustrés par Godard : Plantes
potagères et Fleurs de pleine terre, sont dans toutes les mains
des spécialistes et des amateurs. Henry de Vilmorin avait
apporté tous ses soins à diriger les perfectionnements de
ces œuvres. Emu, en outre, des crises contre lesquelles
luttait l'agriculture française, il avait poursuivi les études
et les expériences commencées par son grand-père en 1820,
et continuées par son père sur la culture des blés, la sélec-
— 17 -
tion et le choix des variétés, le croisement des races, l'in-
fluence du climat, des engrais, etc., et édita en 1880 un beau
livre : les Meilleurs Blés, avec 66 planches coloriées, repré-
sentant, en grandeur naturelle, les épis et les grains. Il
s'était occupé avec non moins de succès de la culture des
Pommes de terre, et divulguait les résultats de son expé-
rience dans une série de conférences, partout où il pouvait
espérer être utile, aux concours agricoles, au congrès de la
meunerie, aux séances de la Société d'agriculture de
France, et de la Société d'horticulture de France dont il fut
plusieurs fois vice-président. Il collabora à de nombreux
recueils : Journal d'agriculture pratique, Bulletin de la
Société royale d'horticulture d'Angleterre, le Jardin, Garde-
ner's chronicle, etc. , et fit à l'étranger de nombreux voyages,
en Angleterre, en Amérique, qu'il sut utiliser au profit de
la science et du commerce français. Ces services rendus à
la science et à la pratique valurent à H. de Vilmorin les dis-
tinctions les plus honorables et les mieux méritées : officier
de la Légion d'honneur, chevalier du Mérite agricole, che-
valier de Tordre de Léopold, membre de nombreuses
sociétés savantes, notamment de la Société royale d'horticul-
ture d'Angleterre qui lui décerna une médaille d'or en
1896, etc. Notre excellent collègue, M. Tacnet, employé à
la maison Vilmorin-Andrieux, avait intéressé M. de Vil-
morin aux efforts de décentralisation et de vulgarisation
scientifiques de la Société d'histoire naturelle d'Autun, et en
avait obtenu pour notre bibliothèque, le don gracieux des
ouvrages les plus importants édités par la maison : les
Plantes potagères, les Fleurs de pleine terre, Albums de plantes
cultivées, les Meilleurs Blés, avec toute une collection de
graines, entre autres de blés, dont l'exposition, en vases clos,
garnit les tablettes d'une de nos salles. Le titre de membre
d'honneur de la Société d'histoire naturelle d'Autun n'était
donc que la reconnaissance bien justifiée de ces libéralités,
que M. H. de Vilmorin avait promis de compléter. Cette pro-
S.H.N. 1900. 2
— 18 —
messe, nous l'espérons, sera tenue par son fils, M. Philippe
de Vilmorin, digne héritier des traditions de sa famille, et
déjà avantageusement connu par la publication d'un livre
d'actualité : les Fleurs à Paris.
Le 10 juillet 1898, pendant l'excursion de la Société à
l'Isle-sur-le-Serein, nous avions le plaisir de rencontrer un
couple de jeunes gens, séduisants, dès le premier abord,
par leur affabilité et leur solide instruction, M. et Mme Boise,
d'Étivey (Côte-d'Or). Cette rapide entrevue avait suffi pour
que M. Boise s'enrôlât dans notre Société, et nous étions
en droit de compter sur une collaboration effective de sa
part, quand, au bout d'un an à peine, la nouvelle de sa
mort survenue le 26 octobre 1899, dans sa trente-troisième
année, est venue nous attrister et détruire nos espérances.
Boise Charles-Paul-Constant, était né à Soulangy, com-
mune de Sarry, près Noyers-sur-le-Serein (Yonne), et n'était
venu se fixer à Étivey (Côte-d'Or) qu'en 1895, après son
mariage. Il avait commencé ses études au collège d' A vallon
et les avait terminées au lycée de Dijon, dont il fut un
brillant élève, et où il prit le goût de l'histoire naturelle.
Les soins d'une santé délicate le forcèrent à revenir dans
sa famille, où sa nature franche et gaie, sa vive imagina-
tion tempérée par un grand sens philosophique, son ardent
désir de savoir, lui firent mener de front les délassements
littéraires et les études des sciences naturelles, comme en
témoigne cette stance à Buffon :
Tu domines, Buffon, de ton œuvre géante,
Nos rôves, nos travaux, ô poète des champs.
La nature immortelle, en véritable amante,
A mis de son sourire au milieu de tes chants. *
Paul Boise a édité plusieurs poésies, dont le recueil le
plus connu est intitulé Violettes et Primevères (1897), et qui
1. Paul Boise, Violettes et Primevères, Auzerre, 1897, p. 39.
— 19 —
lui valurent des récompenses : médailles et diplômes à
l'Académie de Toulouse, à l'Athénée de France, etc.
Membre de la Société des sciences historiques et naturelles
de l'Yonne, de la Société entomologique de France, il a
publié dans les Bulletins de cette dernière Société et dans
la Feuille des jeunes naturalistes, divers articles entomolo-
giques, entre autres sur les Abeilles. Botaniste et géologue,
il avait réuni d'importantes collections, que sa veuve,
M,ue Boise-Ravérat, a pieusement conservées et mises en
ordre, restant ainsi en communion de sentiments avec son
cher défunt, et y trouvant une puissante consolation de sa
douleur. Paul Boise avait entrepris un compcndieux travail
sur l'histoire naturelle du canton de Noyers-sur-le-Serein,
et y travaillait avec ardeur, rêvant encore à d'autres études
ot à d'autres succès, quand un trépas prématuré est venu
briser à la fois la plume du naturaliste et le luth du poète,
par une fatalité qu'il avait pressentie dans ce cri de déses-
pérance :
Moi je croyais à la gloire,
Et puis, hélas ! sur mon cœur
S'étendit une ombre noire,
Qui voila de mon bonheur
La coupe que j'allais boire.
Alors, mes rêves, adieu 1
Fuyez loin de cette terre.
Ne restez pas en ce lieu,
Ma lyre, hélas I va se taire.4
Enfin, le 16 décembre, comme terme de ce long nécro-
loge, survenait la mort de Hubert-Antoine-Armand Ber-
theault de Noiron, dans la soixante-sixième année de
son âge. Descendant d'une vieille famille autunoise, très
dévoué à sa ville natale, et curieux de tout ce qui s'y pas-
sait, Armand de Noiron, depuis longtemps membre de la
1. Paul Boise, loc. cit.. Adieu, p. 68.
- 20 -
Société Éducnne, avait tenu à visiter le musée de la Société
d'histoire naturelle. Frappé de son rapide développement
et de son importance, il manifesta le désir d'y contribuer
et demanda spontanément son inscription sur nos listes.
Trait qui honore à la fois la Société qui l'a inspiré, et
Thomme qui en a été l'auteur, et dont le souvenir, espé-
rons-le, suscitera de nombreux imitateurs !
Ce vœu est d'autant plus opportun qu'il est essentielle
ne crains pas de le redire, pour la continuation du bon
renom et du fonctionnement de notre Société, de voir le
chiffre de nos membres non seulement se maintenir, mais
s'augmenter encore. Il est resté, d'ailleurs, sensiblement au
même niveau que l'année dernière, l'admission de vingt-
quatre nouveaux titulaires étant venue combler les vides
inévitables. Vingt membres d'honneur, onze membres
bienfaiteurs, vingt-deux membres à vie, quatre cent soixante-
deux titulaires et cinquante-cinq correspondants forment un
total de cinq cent soixante-dix sociétaires. A chacun de
vous, Messieurs, de recruter quelques prosélytes pour
inaugurer le vingtième siècle avec le nombre enviable de
six cents membres !
Il suffît, du reste, pour stimuler votre amour-propre, de
considérer une fois de plus en quelle estime est tenue notre
Société et les résultats qu'elle a obtenus. Près de cent
Sociétés françaises ou étrangères, exactement quatre-vingt-
dix-huit, échangent leurs publications avec les nôtres. Les
rapports les plus élogieux accueillent l'apparition de chacun
de nos Bulletins.
Récemment encore, un de nos membres, M. Jules Cardot,
recevait de l'Institut de France, Académie des sciences, le
prix Montagne, d'une valeur de mille francs, pour ses études
bryologiques, entre autres son Répertoire sp fia g no logique
publié dans notre XIe Bulletin.
La liste de nos membres d'honneur comprend les plus
hautes notabilités scientifiques, et l'éminent directeur du
— ?1 —
Muséum d'histoire naturelle de Paris, M. Alphonse Milne-
lidwards, a bien voulu accepter la présidence d'honneur de
notre Société. C'est une faveur que nous devons, sans doute,
en grande partie, à la légitime notoriété de notre cher et
dévoué président; mais nous devons, à son exemple, nous
en montrer dignes, en prenant de plus en plus à cœur les
intérêts de la Société. Elle est devenue presque une gloire
pour la ville d'Autun, qui est engagée d'honneur à la sou-
tenir, et je réitère un pressant appel à la bonne volonté de
tous nos compatriotes, avant tout des jeunes gens, pour
lesquels nous travaillons et que nous voudrions voir plus
nombreux et plus empressés parmi nous !
D'unanimes et sympathiques applaudissements accom-
pagnent ce rapport documenté, auquel on ne peut faire
qu'une critique. Une amitié trop bienveillante fait exagérer
à l'auteur l'importance des services rendus à la Société par
ses collègues, et sa modestie dissimule trop la part effective
et considérable qu'il prend à la collaboration de leurs
travaux.
En l'absence de M. Jeannet, malade en ce moment, la
situation financière de la Société est exposée de la façon
suivante :
Recettes faites en 1899 6,594 fr. 70
Dépenses id. 6,688 fr. 15
Déficit au 31 décembre 1899 93 fr. 45
Depuis, l'état de la caisse ne s'est pas amélioré, et le
recouvrement des cotisations a besoin d'être fait bien
régulièrement, pour combler le déficit.
D'après les diverses factures de 1899, payées cette
année, il y aurait un solde débiteur à ce jour de 403 fr. 55.
Les comptes de M. Jeannet sont approuvés et M. le pré-
sident félicite notre trésorier de sa bonne gestion, en le
remerciant en outre des avances qu'il a bien voulu faire
pour le compte de la Société.
— 22 -
M. Q. Ormezzano, de Marcigny, adresse les notes sui-
vantes dont il est donné lecture :
1° Pteris aquilina L. var. abbreviata Gillot. Dans un
voyage fait en Espagne, aux mois d'octobre et de novembre
1899, j'ai eu l'occasion de visiter la mine d'anthracite de
Villaverde, sur la ligne de Valmaceda à la Roble (province
de Léon). Cette mine est exploitée par la Société de la
Vieille-Castille ; les couches sont en affleurement, et varient
de 0m60 à lm05; on les exploite en galeries. L'anthracite
ne donne que 5 à 7 °/# de cendres; c'est le plus beau ren-
contré jusqu'à ce jour en Espagne, et qui peut rivaliser
avec les anthracites anglais.
Sur les schistes anthracifères, à peine recouverts de quel*
ques centimètres de terre végétale, j'ai remarqué en abon-
dance une forme naine, haute de 10 à 15 centimètres seu-
lement, de la Fougère commune, Pteris aquilina, qui m'a
rappelé absolument une forme analogue, récoltée autrefois
sur les schistes houillers du Creusot, en compagnie de mon
ami Ch. Quincy, et que M. le Dr Gillot a signalée et décrite
sous le nom de Pteris aquilina var. abbreviata, dans le
Bulletin de la Société botanique de France, XXIX (1882),
p. xxi. Le P. aquilina est très commun en Andalousie
où j'en ai observé de grandes quantités, sans rencontrer
nulle part ailleurs la forme minuscule de Villaverde.
Il m'a paru intéressant de signaler ces cas de nanisme
d'une espèce si commune constatée à si grande distance et
à si grande différence d'altitude : Villaverde, lat. N. 42°,
altit. 1,000 m. ; le Creusot, latit. N. 52°, altit. 300 m.
La cause en est évidemment dans des conditions biolo-
giques identiques, sécheresse et chaleur du sol. Il est à
remarquer toutefois qu'à Villaverde le P. aquilina vit. abbre-
viata, est moins déformé et plus fertile qu'au Creusot,
comme on peut le constater sur les échantillons rapportés
- 23 —
par moi et offerts à la Société d'histoire naturelle d'Au-
tun.
2° Belette hermine capturée à Marcigny. Une Belette
hermine, Mus te la candida Roy, a été tuée le 15 décembre
dernier, à la Digue, près Marcigny, en face d'Artaix. Elle
était sur un saule occupée à poursuivre des mésanges. Ce
gentil animal est très rare dans notre région, où cependant
il avait été signalé plusieurs fois à la Digue; et le posses-
seur de l'individu capturé récemment, Ta fait naturaliser et
refuse jusqu'ici de s'en dessaisir. Les auteurs que j'ai
consultés disent que l'Hermine a le bout de la queue
noire en toute saison : ils auraient pu ajouter : et en pin-
ceau, car c'est un des caractères les plus faciles à constater.
3° Hirondelles et Punaises.
J'étais intrigué depuis longtemps par le dire de beaucoup
de personnes qui détruisaient les nids d'Hirondelles de
fenêtres, sous prétexte que les Hirondelles infestaient les
habitations de Punaises. D'après certaines affirmations,
dans une maison neuve les Punaises étaient apparues la
première année de sa construction, malgré la plus vigilante
attention, et les gens attribuaient cela aux nids d'Hirondelles
qui garnissaient les fenêtres de l'étage supérieur. — Il y a
quelques jours, j'ai pu constater par moi-même la véracité
du fait.
En effet, non seulement les nids d'hirondelles en étaient
remplis, mais aussi sur les parois des murs, le long de la
pierre de taille, entre le bois et la pierre, un peu partout
on retrouvait ces détestables insectes. De là à pénétrer
dans l'appartement, rien n'est plus facile, soit par les fis-
sures, soit simplement par les fenêtres ouvertes.
Il n'y aurait donc pas Cimex lectularius, Cimex hirundinis
C. columbarius, mais bien une seule espèce, habitant géné-
ralement dans les lits, mais aussi dans les nids où la plume
abonde et où règne une douce température.
Pairmaire (Hémiptères de France, p. 107) fait des espèces
— 24 —
distinctes de C. lectularius, C. hirundinis, C. columba-
riusy etc.; il n'indique pas leurs différences. Ernest Olivier
(Faune de V Allier. Les Hémiptères , dans Revue se. du Bourb.,
n° 143-144, de novembre, décembre 1899, p. 273), dit :
« Ces Punaises (C. lectularius) se trouvent parfois en grand
» nombre dans les poulaillers, les colombiers, les nids
» d'hirondelles et de chauves-souris. On en a fait autant
» d'espèces différentes (C. oolumbarius Jen., C. pipistrelli
» Jen., C. hirundinis Jen.) qui sont tout au plus de légères
» variétés et ne méritent pas d'être distinguées spécifique-
» ment. »
Maurice Girard (Métamorphoses des Insectes, p. 385) penche
pour une seule espèce.
D'après notre dévoué collègue et ami, M. Marchai, du
Creusot, il parait vraisemblable qu'il existe quelques diffé-
rences entre les Cimex des nids d'oiseaux et ceux vivant
dans les habitations; — il dit : « les Cimex vivent unique-
» ment de sang; celui des oiseaux n'est pas le même que
» celui de l'homme; la cohabitation et le parasitisme sur
» les oiseaux peuvent bien amener de légères variations
» de taille, de coloration, etc. »
La présence dans les nids des Cimex peut s'expliquer
par le transport des plumes et autres objets soyeux tapis-
sant le fond des nids d'hirondelles. D'autre part ces nids
durent de nombreuses années, c'est ce qui explique que
dans certains cas on puisse y rencontrer de véritables colo-
nies de punaises.
Marcigny, le 17 décembre 1899.
Q. Ormezza.no.
Lecture est donnée de la communication suivante
présentée par M. Maurice Pic, de Digoin :
— 25 —
Diagnoses de Coléoptères d'Orient récoltés
en 1899. 1
J'ai publié, Tan passé, deux articles sur un sujet ana-
logue. De même que dans les précédents articles la plupart
des insectes décrits ici proviennent de mes chasses faites
en 1899, et toutes les espèces ou variétés figurent dans ma
collection.
Amaurops dentatithorax. Brunâtre, brillant, à peine
ponctué et orné de poils jaunâtres plus ou moins soulevés.
Tête peu étroite, plus longue que large, subanguleuse sur
les côtés, sculptée sur le front et munie d'une carénule
latérale non crénelée. Antennes fortes avec les trois der-
niers articles de plus en plus épaissis, le terminal plus long
et très gros. Prothorax plus long que large, muni sur son
milieu d'un large sillon accompagné de chaque côté d'une
carénule, celle-ci relevée en forme de dent sur sa partie
inférieure, cet organe également sillonné et caréné sur les
côtés. Élytres modérément longs, convexes, impressionnés
et ornés antérieurement de replis carénés. Premier segment
de l'abdomen, un peu plus court que les élytres, rebordé
sur les côtés, orné sur sa base de trois fossettes à peu près
égales et pas très profondes. Pattes longues, à peine plus
claires que le dessus du corps, à premier article des tarses
long.
Var. A. rufipennis. Élytres d'un testacé roussâtre et par
là plus clair que l'avant-corps et surtout que l'abdomen qui
est très rembruni, pattes claires.
Long. 2-22 mill. Asie Mineure : Brousse (Pic).
Cette espèce étudiée avec les Pselaphides de Reitter (Best.
Tab., traduction de Leprieur Abeille, 1883) peut se placer
dans le voisinage de exarata Baudi, espèce italienne.
1. Excepté Brtic/tu« Millingeni provenant de la coll. Tournier.
- 26 -
Euconnus (Napochus)jordanensis. Roux clair, brillant,
avec Tavant-corps moins clair, glabre. Tête assez large, con-
vexe; yeux noirs, assez gros, à facettes grossières. Antennes
moyennes, à massue (ayant à peu près la longueur du reste
des antennes) composée de quatre articles, le dixième article
à peine plus court et plus large que les précédents, dernier
peu long. Pro thorax long, conique, fortement rétréci en
avant, subtriangulaire sur sa base avec une très faible
dépression transversale antébasale. Élytres peu longs, con-
vexes, un peu renflés, un peu plus larges que le prothorax
vers les épaules qui sont arrondies, dilatés vers leur milieu
et nettement atténués, puis un peu déclives à l'extrémité,
subarqués sur cette partie, dépourvus de dépressions anté-
rieures nettes. Pattes moyennes.
Long. 1,5 près de 2 mill. Palestine : Jéricho (Pic).
Diffère de la plupart des espèces du sous-genre par le
corps glabre ou du moins paraissant glabre ; de chrysocomus
Saulcy, par la structure des antennes, la forme terminale
des élytres. Paraît différer de saulcy anus Croiss. (Ann. Fr.
98, pi. 14, fig. 264) par les premiers articles de la massue
des antennes plus longs, la forme élytrale moins déprimée
sur le disque.
Euconnus (Euconnus) aôgyptiacus. Roussâtre, brillant,
orné de poils jaunâtres plus ou moins soulevés. Tête bril-
lante, atténuée en arrière, moins large que le prothorax.
Antennes roussâtres, peu grêles, à massue assez épaisse,
quelquefois un peu brunâtre, composée de trois articles, les
neuf et dix transverses. Prothorax robuste, assez long,
subconvexe, légèrement sillonné en avant de la base et muni
de chaque côté d'une faible fossette ; angles antérieurs arron-
dis. Élytres peu longs, un peu plus larges que le prothorax
vers les épaules, élargis vers leur milieu, puis nettement
atténués ensuite, ornés de petites impressions antérieures
et d'un repli humerai peu saillant. Pattes testacées.
Long. 1 mill. environ. Haute Egypte : Louxor (Pic).
— 27 —
A placer entre Peyroni Reitt. et intiitsus Schaum., il
semble différer de ce dernier en plus de la coloration plus
claire, par les impressions moins marquées, la massue plus
claire, non foncée; de Peyroni Reitt., par la massue des
antennes moins longue, les articles de cette massue plus
courts, etc.
Danacœa Lysholmi. Robuste, subparallèle, noir bronzé,
revêtu en dessus d'une pubescence jaune assez dense, en
dessous d'une pubescence blanche. Palpes foncées. Antennes
claires ou plus ou moins obscurcies, peu fortes, à articles
9-10 assez courts, surtout chez «o. Tête modérément courte,
robuste, biimpressionnée, à peu près de la largeur du pro-
thorax, très peu rétrécie en arrière. Prothorax orné d'une
pubescence uniformément disposée jusque près du bord
antérieur, biimpressionné latéralement, court, fortement
étranglé à la base, sinué sur les côtés antérieurs avec une
sorte de gibbosité médiane et les angles antérieurs bien
marqués. Écusson orné d'une pubescence grisâtre ou jau-
nâtre claire. Élytres peu longs, un peu plus larges que le
prothorax, explanés, subarrondis à l'extrémité. Pattes tes-
tacées avec les tarses ordinairement obscurcis.
Long. 4-4,3 mi 11. Caramanie : Mersina (Dr Lysholm et
M. Pic).
Rappelle de forme opulenta Schils., mais prothorax plus
transversal, aspect plus robuste. Une autre espèce (albella
Reitt.) d'Asie Mineure, est assez voisine de forme avec aussi
les pattes et antennes claires, mais le prothorax est moins
transversal à angles antérieurs plus prononcés, enfin la
pubescence du dessus est tout autre, blanche et plus serrée,
les élytres sont bordés de clair.
Mordellistena palaestina. Tout à fait étroit et allongé,
bicolor, noir et testacé-rougeâtre, cette première coloration
étendue seulement sur les élytres, l'abdomen, les yeux,
l'extrémité des antennes et partie des tarses. Tête courte
et large, convexe, distinctement ponctuée sur le front.
— 28 —
Antennes filiformes, obscurcies mais testacées à la base, à
articles allongés. Frothorax finement ponctué, un peu plus
long que large, bombé vers son milieu, un peu diminué
antérieurement, subarqué sur les côtés, nettement sinué à
la base avec les angles postérieurs marqués. Écusson petit,
d'un testacé rougeâtre. Élytres longs et étroits, pas plus
larges que le prothorax aux épaules, un peu atténués à l'ex-
trémité, ornés d'une pubescence fauve, à ponctuation pas
très forte, dense. Pattes claires avec les tarses, postérieurs
surtout, plus ou moins obscurcis, les tibias ayant des rai-
nures courtes et presque parallèles; épines terminales
claires. Abdomen foncé ; pygidium longuement prolongé
en pointe.
Long. 3 mill. environ. Jéricho (Pic).
Espèce remarquable par sa forme étroite jointe à sa colo-
ration. Peut se placer dans le voisinage de ReiUeri Schils.
Anaspis br umanensis . Assez étroit et allongé, peu
brillant, en majeure partie flave, orné d'une fine pubes-
cence grisâtre. Tête courte, noire à partir des yeux, flave
sur sa partie antérieure; palpes claires; antennes testacées
sur les premiers articles, d'un roux obscurci sur les der-
niers, ceux-ci peu longs. Prothorax flave, court et large,
légèrement déprimé, très peu diminué en avant, sinué sur
la base. Écusson flave, triangulaire. Élytres allongés, à peu
près de la largeur du prothorax vers les épaules, un peu
atténués à l'extrémité, déprimés antérieurement sur leur
milieu; ils sont flave s, étroitement obscurcis antérieure-
ment et à l'extrémité. Pattes testacées avec l'extrémité
des cuisses, des tibias et des tarses plus ou moins rem-
brunie ou obscurcie. Dessous du corps foncé ; abdomen
appendiculé o*.
Long. 3,3 mill. Mont Liban : Broumana (Pic).
Doit prendre place probablement près de Massipa Cyprica
Baudi, qui m'est inconnue, et diffère de cette espèce
(&r description) au moins par la coloration.
— 29 —
(Baris) Berthieri. Modérément allongé, sub-
elliptique, brillant, entièrement noir avec les élytres d'un
verdâtre métallique. Antennes noires. Rostre foncé, assez
arqué. Prothorax profondément sculpté, orné de fossettes
plus fortes et plus rapprochées sur le disque avec une ligne
médiane lisse effacée en avant. Écusson petit, presque carré.
Élytres un peu plus larges que le prothorax vers les épaules,
celles-ci un peu saillantes, modérément atténués en arrière,
striés avec les interstries très faiblement pointillés.
Long. 4 mill. environ. Beyrouth (Pic).
Très voisin de pertusus Kiesw, mais ponctuation protho-
racique différemment disposée, très forte et laissant une
faible ligne médiane lisse.
Je suis très heureux d'offrir le parrainage de cette nou-
veauté à notre sympathique et zélé secrétaire.
Assuanensius n. genre. J établis cette coupe générique
nouvelle pour une très petite espèce de la haute Egypte
décrite depuis longtemps par M. H. Tournier (Mitt. iv-73-179 ;
Abeille, 78, bibliographie, n° 10), sous le nom de Anthono-
rnus discoidalis et que j'ai retrouvée Tan passé dans les
environs d'Assouan, sur des Mimosa. Ce genre, intermé-
diaire entre Anthonomus Germ. et Sphincticrferxxs Mars., se
distinguera très facilement du premier par sa taille minus-
cule et sa forme relativement courte, les élytres irréguliè-
rement sculptés, les cuisses antérieures inermes, etc., se
rapproche davantage du second genre, mais bien moins atté-
nué en avant et tête autrement conformée, non étranglée
derrière les yeux. Rostre relativement court et assez épais.
Pattes relativement longues. Interstries des élytres en partie
costiformes, etc.
Chez A. discoidalis les élytres sont ordinairement maculés
de foncé, mais je possède un exemplaire à élytres imma-
culés.
Bagous robustior. Modérément allongé, peu large, noir
revêtu d'un enduit subcoailleux grisâtre ; pattes et antennes
- 30 —
en partie roussâtres. Rostre foncé, peu épais, long, modé-
rément arqué. Antennes grêles, roussâtres, à massue un peu
rembrunie. Prothorax pas plus long que large, subarqué
sur les côtés, nettement étranglé antérieurement, peu
rétréci en arrière. Élytres un peu plus larges que le
prothorax, parallèles antérieurement, nettement atténués
ensuite, subsinués près de l'extrémité, très étroits et
subarrondis sur cette partie, ces organes présentant des
traces de faibles stries avec les interstries légèrement con-
vexes. Pattes longues, grêles, roussâtres, avec les cuisses
noires sur leur milieu, troisième article des tarses peu long
et un peu plus largo que les précédents.
Long. 3,6 mill. Caramanie : Mersina (Pic).
Rappelle mingrelicus Tourn. mais plus robuste, élytres
moins étroits, coloration plus foncée, etc.
Bagous pallidipes. Petit, assez robuste, foncé à dessins
d'un gris sale ou jaunâtre, avec les pattes testacées. Rostre
court et robuste, un peu arqué. Antennes noires assez
épaisses. Prothorax court, un peu plus large que long, sinué
sur les côtés, rétréci en avant et en arrière, impressionné
en dessus et orné de lignes d'un gris sale peu distinctes.
Élytres relativement courts, nettement plus larges que le
prothorax, subparallèles puis courtement atténués à l'extré-
mité, un peu gibbeux lattéralement avant la déclivité ter-
minale avec la suture et quelques intervalles (3, 6, 9) un
peu costiformes; ils sont largement ornés d'écaillettes gri-
sâtres sur l'extrémité et d'une macule grisâtre (éloignée de
la suture) après le milieu. Pattes assez robustes, testacées, le
troisième article des tarses pas plus large que les précédents.
Long. 2 mill. Mont Liban à Broumana (Pic).
Par sa petite taille se rapproche un peu de Tournieri Pic,
mais prothorax moins étroit par rapport aux élytres, ces
derniers organes plus courts à dessins différents ; semble
moins trapu que minutissimus Fst. et présente les élytres
maculés.
— 31 —
Bruchus 1 Millingeni. Large, peu brillant, pubescent de
gris jaunâtre, cette pubeseence peu dense, corps entière-
ment roussâtre avec seulement la partie postérieure de la
tête obscurcie. Tête longue, antennes moyennes, peu fortes,
à derniers articles dentés. Prothorax assez large, un peu
diminué en avant, marqué sur le milieu de sa base d'une
tache de pubeseence jaune dense. Ecusson petit, pubescent.
Élytres courts et larges, nettement striés, concolors. Pygi-
dium assez densément pubescent, dépourvu de macules
foncées. Dessous du corps de la coloration du dessus.
Pattes robustes, construites comme chinensis L. et espèces
voisines.
Long. 3 mill. Mésopotamie (ex Dr Millingen).
Très voisin de ornatus Bohm. mais nettement séparable
(et au moins par les élytres concolors) par sa coloration uni-
forme.
Bruchus spiniger v . rubrithorax «o . Se distingue par la
coloration rougeâtre très étendue, celle-ci étendue sur la
tête, le prothorax, les antennes, une partie du dessous du
corps, la majeure partie des pattes et des élytres, ces der-
niers organes noirs seulement par côté, environ sur leurs
deux tiers postérieurs, avec une courte fascie blanchâtre
très nette au milieu de cette coloration.
Long. 3 mill. Jéricho (Pic).
Cette variété, ou du moins une variété analogue, a été
signalée par Baudi (Milabridi, 1886, page 48), sans être
nommée.
Helops (Raiboscelis) iconiensis. Assez allongé, subcy-
lindrique o*, un peu plus élargie *o , noir parfois à reflets bleuâ-
tres ou violacés très vagues. Prothorax modérément trans-
versal, peu convexe, légèrement déprimé sur les côtés, plus
ou moins nettement rebordé, à peine arqué latéralement, à
1. Synonymie Mylabris (Geoffroy) novator.
- 32 -
ponctuation peu forte et espacée ; angles antérieurs arrondis,
les postérieurs très émoussés. Elytres, à bord latéral non
tranchant en arrière, présentant des lignes de points peu
marqués avec les intervalles finement ponctués. Segment
anal rebordé sur les côtés seulement. Tibias antérieurs o*
assez fortement épaissis à l'extrémité, faiblement courbés.
Long. 14-15 mill. Asie Mineure, Konia (Korb, in coll. Pic).
Ne peut se rapporter à latimargo Seidl., car la description
de cette espèce indique le segment anal complètement
rebordé et le prothorax à angles postérieurs un peu saillants.
Peut-être variété de syriacus Reiche, à prothorax moins
convexe, nettement rebordé, ayant les stries ponctuées peu
marquées, etc.
Leptomastaxlatipennis. Roussâtre brillant, un peu plus
foncé sur les élytres avec les antennes en partie, les palpes
et pattes plus claires. Très voisin de L. Coquereli Fairm,
par la sculpture élytrale (ex Reitter in tableaux synoptiques,
Abeille, 1883) mais plus robuste, prothorax dilaté vers le
milieu, élytres relativement courts et très élargis au milieu.
Long. 2,3-2,5 mill. Syrie (Pic).
Maurice PIC.
M. Roche prend la parol^pour donner les explications
suivantes concernant les fossiles qu'il offre à la Société :
Archœoptérix et Ptérodactyle.
Messieurs,
En vous présentant ces deux beaux moulages en papier
mâché, de l'Archaeoptérix et du Ptérodactyle, que je joins
à ma collection à laquelle la Société a bien voulu donner
asile, j'ai cru utile de vous fournir quelques explications
sur ces êtres étranges d'un autre monde, d'une autre époque.
— 33 —
Lors de mon extrême jeunesse, il y a longtemps de cela,
bientôt trois quarts de siècle, on disait aux enfants qui
demandaient l'impossible : tu l'auras quand les poules
auront des dents. On ne se doutait guère alors que ce temps
avait existé, sinon pour les poules, au moins chez certains
oiseaux dont voici le représentant : YArcluvopteriœ, le pre-
mier oiseau connu qui ait laissé des traces déterminables.
En 1860, Hermann de Meyer signala une plume trouvée
dans le calcaire lithographique de Solenhofen qui appartient
à l'étage kimméridgien.
En 1861, on mit à jour dans le même gisement un sque-
lette muni de ses plumes. Richard Owen en donna la des-
cription. Si j'ai bonne mémoire, il fut acquis au prix de
80,000 francs par l'opulent British Muséum qui distança
ses concurrents dans cette lutte. Notre Société, un peu aux
abois dans ses finances, ne pourrait certainement se payer
de pareilles largesses. Si son rang est plus modeste, elle
peut pourtant montrer parmi quelques autres très précieuses
une pièce d'une grande rareté, dont la valeur dépasse
aujourd'hui 10,000 francs, le grand Pingouin, Alca impennis,
que je cite en passant, pour indiquer les richesses de nos
collections estimées plus de 200,000 francs.
Ce n'est donc qu'en 1861 que fut trouvé ce rara avis,
Y Archœopterix, qui fut ainsi nommé pour rappeler la plume
isolée qui avait précédé sa découverte (ancien, — plume).
Plus de trente notes furent publiées à ce sujet par les
savants français et étrangers, les plus expérimentés dans
l'étude des oiseaux fossiles, parmi lesquels nous citerons
Paul Gervais et Alphonse Milne-Edwards, notre distingué
président d'honneur, directeur du Muséum.
Plus récemment, M. Albert Gaudry, notre éminent membre
d'honneur, le grand maître de notre époque en paléonto-
logie, professeur au Muséum, a étudié à son tour, au point de
vue de l'évolution, cet étrange animal déjà oiseau, encore
reptile. Je ne puis mieux faire que de vous donner un court
S.H.N. 1900. 3
- 31 —
extrait du chapitre x : Oiseaux et mammifères secondaires,
ï do son remarquable ouvrage les Enchaînements du Monde
i animal.
Il signale d'abord les curieuses empreintes de pattes à
• trois doigts dont les moulages sont au Muséum, qui ont été
attribuées à des oiseaux et pour cette raison appelées des
*. Ornitichnites. Elles proviennent des grès triasiques du Con-
necticut ^Etats-UnisO dont l'épaisseur atteint trois cents
mètres de puissance. Cette simple trace n'a pu suffire pour
attribuer définitivement ces empreintes à un oiseau. D'ac-
cord avec d'autres savants. M. A. Gaudry ajoute : « L'idée
» que ces empreintes étaient dues à des oiseaux, n'a été
» exprimée qu'avec doute. Je serais disposé à croire qu'elles
» proviennent, comme beaucoup de celles du Connecticut,
» non pas d'oiseaux, mais de Dinosauriens. »
Pour rAreha\>ptërix. ce n'est plus une empreinte dou-
teuse, mais l'image fidèle, le squelette et ses plumes.
« Le plus ancien oiseau dont on possède le squelette est
» r.4iY;w\\i\VM/.r ."/;";: .'Mr'.j.M. trouvé dans la pierre litho-
» graphique de So. enhofen.
* Après l'acquisition par le Rrîtish Muséum de ce trésor
» iM.Vvi.v,'::;':,:' décrit par Richard Owen. on a trouvé
v récemment un second échantillon p'.u> parfait encore et
* acheté par le Musée de Berlin. M. Pâmes en a fait une
« étude très couve '.etc. * Ces: celui dont vous avez le
moulage sous les veux.
•
• L'.4,v,'...y;\v ■■: ;':* a viveme:.: excité !a curiosité des natu-
t ralistes. parce qu'il a présenté, à 1 état aiulte. des carac-
-.» tères qu'en général r.ous /: serves seulement dans la vie
» rectale ou dans u-ie extrême *e messe. Nous vovons là
» une preuve vie i 'un:for:r.::é .ie "olati :ui domine l'histoire
v de la nature: car. con:'or:::c:r.e::: aux théories de Louis
t A.ra>si.v ia marche su:\:e *ia:.s le o.éve.:*opement de la
• a
* classe des o:seaux. c.ura-.t '.c ccurs .U> âges géologiques,
— 35 —
» nous apparaît à peu de chose près la même que la marche
» suivie dans le développement des individus.
» Le caractère de l'Arch&opterix qui a causé le plus
» grand étonnement des naturalistes a été la disposition de
» sa queue.
9 La queue des oiseaux ordinaires a une forme très dif-
» férente de celle des autres vertébrés. Elle est courte et
» se termine par un renflement qu'on a comparé à un as de
» pique et qui est connu sous le nom de Croupion : le crou-
» pion a dans son milieu le bout de la colonne vertébrale
» qui forme une lame appelée l'os en soc de charrue. Les
» grandes plumes dites rectrices sont concentrées sur la
*> peau dont il est recouvert. Chez l'Archseopterix, la queue
» était moins différente de ce que l'on voit chez la plupart
» des vertébrés; elle était longue, se terminait en pointe
» et était formée de vingt-une vertèbres qui diminuaient
» successivement. Il n'y avait ni croupion, ni os en soc de
» charrue ; les plumes étaient disposées par paires symé-
» triques sur la peau de la queue dans toute sa longueur.
» L'allongement de la queue, ses vertèbres qui diminuent
» progressivement sans former d'os en soc de charrue, les
» pattes de devant avec des métacarpiens distincts et des
» doigts munis do griffes, la brièveté du sacrum, la peti-
» tesse du bassin et la séparation de l'ilion, du pubis, de
» l'ischion, sont des caractères qui rapprochent rArchaeop-
» terix des reptiles en même temps qu'ils le distinguent
» des oiseaux adultes. On peut ajouter que l'Archœopterix
» avait des dents, ainsi que M. John Evans l'a annoncé dès
» 1865, des vertèbres biconcaves, des côtes fines sans apo-
» physes récurrentes et, suivant M. Marsh, un péroné qui,
» à sa partie distale, se plaçait sur le devant du tibia : ce
» sont là encore des particularités qui ont été constatées
» chez les reptiles. C'est pourquoi on peut dire que
» l'Archacopterix, tout en étant un vrai oiseau, a commencé
» avec les dinosauriens à diminuer un peu l'intervalle entre
— 36 —
» le reptile qui se traîne à terre et l'oiseau qui plane dans
» les airs, c'est-à-dire entre les êtres qui sont en apparence
» les plus éloignés.
» Les dinosauriens (terrible, — lézard) ont vécu à l'époque
» secondaire. Quelques-uns atteignaient une taille gigan-
» tesque. Huxley les a inscrits sous le titre d'Ornithoscé-
» lidés afin de rappeler leurs traits de ressemblance avec
» les oiseaux ; ils ne rampaient point et pouvaient garder
» la position de bipèdes.
» Si les dinosauriens qui ne rampaient point devaient être
» des reptiles extraordinaires, il y a eu des reptiles plus
» extraordinaires encore, car ils s'élevaient dans les airs :
» on les appelle Ptérosauriens. Les Ptérodactyles en sont les
» plus célèbres. » (Vous avez sous les yeux, l'empreinte et la
contre-empreinte d'un exemplaire remarquable, le Ptero-
dactylus spectabilis, trouvé comme l'Archaeopterix dans le
calcaire lithographique de Solenhofen). « Ils ont été connus
» dès le milieu du siècle dernier. On conçoit quel étonne-
» ment le Ptérodactyle a dû causer. La tête est plus longue
» que le cou, plus grand lui-même que le reste du tronc.
» L'ensemble du tronc depuis la première vertèbre dorsale,
» jusqu'au bout de la queue, n'est que le tiers de la Ion-
» gueur de l'animal. Les membres du devant sont plus du
p double de ceux de derrière. Un des doigts dépasse six fois
» les autres en longueur. Ainsi, la tête, le cou et une paire
» de doigts prennent à eux seuls beaucoup plus de place
» que tout le reste du corps.
» Le Musée de Munich est celui qui renferme la plus
*> importante collection de ces ptérosauriens. Leur taille
» variait de celle d'une chauve-souris à celle des plus grands
» oiseaux. Les dents indiquent un régime Carnivore. A en
» juger par la grandeur des ailes, comparée à celle de
» l'ensemble du corps et par la mobilité que leur donnaient
» les nombreuses articulations des membres antérieurs qui
» les soutenaient, je pense qu'ils devaient assez bien voler.
— 37 —
» On n'a trouvé aucune trace d'écaillés comme chez les
» reptiles, ni aucun indice de duvet, de plumes ainsi que
» chez les oiseaux, ou de poils ainsi que chez les mammi-
» fères. Il est donc difficile de décider si les ptérosauriens
» avaient du sang chaud ou du sang froid. »
Quoique ces pièces n'aient rien à apprendre aux savants,
j'ai pensé qu'elles pouvaient être intéressantes pour les
amateurs et les curieux qui viennent puiser dans la visite de
nos collections de véritables leçons de choses. C'est surtout
pour eux que sont créés les musées.
M. le Dp Gillot donne lecture du travail suivant,
présenté par M. Gagnepain, instituteur à Cercy-1 a-Tour :
Nouvelles Notes de Tératologie végétale 1
1. — Stellarla Holostea.
17 avril 4898.
Un examen attentif des végétaux vivants au cours d'une
herborisation convainc facilement que les anomalies, bien
que peu apparentes, sont plus fréquentes qu'on ne le croit
communément.
Différentes monstruosités observées, en attirant notre
attention sur la Stellaire Holostée, nous ont amené à l'obser-
vation de la suivante :
Vigoureux individu. Une fleur épanouie porte 4 sépales
égaux et normaux pour les dimensions, 4 pétales dont
3 égaux et régulièrement bifides, le dernier est trifide et
plus large du tiers ; 4 étamines sont opposées aux sépales,
4 autres, les intérieures, aux pétales.
1. Suite à dos Notes têratologiques, Bull. Soc. bot. Fr., 1893, p. 309, et 1894,
pp. 269 et 605; Bull. Soc. bist. nat. AutUD, 1896, pp. 67 et 269.
— 38 —
Ici déjà on peut remarquer la tétramérie extraordinaire
succédant à la pentamérie normale ; mais il semble y avoir
un retour à cette dernière par la concrescence de deux pétales
en un seul plus large.
La fleur en bouton qui suit porte six sépales. Mais pétales
et étamines sont en nombre normal. Si l'équilibre dans
l'inflorescence n'est pas parfait, et alors la fleur supérieure
porterait 6 pétales et 12 étamines, on voit du moins qu'il
y a tendance vers cet équilibre.
Le retour à la tétramérie n'est du reste pas rare dans la
Stellaire Holostée, et un second individu nous en a offert
un exemple aussi complet que le premier.
2. — AUlum Porrum.
(PI. I.fig. 1,2.)
Le vulgaire Poireau porte ordinairement une seule fleur
à l'extrémité de chaque rayon de son ombelle globuleuse.
Mais deux exceptions sont assez remarquables pour mériter
une description :
1° Il y a concrescence de deux rayons voisins jusqu'aux
périanthes des deux fleurs qu'ils portent, ce qui produit un
rayon terminé par deux fleurs jumelles soudées par un
pétale commun.
Les étamines naissant à la base des pétales (tépales de
certains auteurs) ont normalement un filet aplani élargi à
trois pointes, la médiane seule étant un connectif et portant
l'anthère, tandis que les deux latérales sont stériles.
Or, dans Tune et l'autre fleur, à la base du pétale commun
les deux étamines sont dissemblables. L'une est réduite
à un seul seul filet mince sans pointes latérales stériles ;
l'autre comprend la concrescence de deux étamines por-
tant deux anthères séparées par une pointe médiane et
supportées par deux autres latérales.
2° Un rayon de l'ombelle porte six fleurs qui constituent
une ombellule. Mais tandis que la fleur de la base est de
— 39 —
volume normal, les cinq autres plus ou moins longuement
pédicellées sont assez réduites ; quelques-unes portent des
étamines sans pointes et même sans anthère ; souvent celles
qui sont opposées aux trois pétales intérieurs sont dans ce
cas, les autres, extérieures, étant parfois bidentées, chaque
dent portant un lobe d'anthère.
En résumé, on peut reconnaître dans ce cas :
Concrescence de deux rayons.
Soudure de deux pétales de fleurs jumelles.
Ablation des appendices staminaux.
Concrescence des filets staminaux.
Prolifération latérale d'un rayon d'ombelle.
Bipartition d'une anthère.
3. — Viola trlcolor var. arvensls.
Singulière anomalie qui change absolument le faciès de
la fleur : les appendices calicinaux longuement accrescents
enveloppent l'éperon, le dépassent et le cachent complè-
tement. Comme ces appendices ont grandi également en
largeur, la fleur parait sessile sur une feuille d'Oxalis à
l'état de sommeil.
4. — Phleum pratense.
Les superstitions populaires accordent aux épis géminés
du Blé les plus heureux augures si les cas sont un peu
plus fréquents ou un peu mieux observés que d'ordinaire.
Cet accident a été remarqué sur un individu de la
Phléole des prés croissant près de la gare d'Épiry (Nièvre).
Les deux épis jumeaux sont confondus à la base puis
divergents dès la troisième fleur. Les faces latérales de
chacun d'eux sont dépourvues d'épillets comme si le
contact dur de la gaine en avait causé l'avortement. Il
aurait été intéressant de semer les graines mûres et d'ob-
tenir une race géminée de Phleum pratense. C'aurait été
l'analogue du Tritioum compositum L. qui n'est sans doute
— 40 —
qu'une variété tératologique de Blé, cultivée depuis si
longtemps qu'elle a obtenu la Gxité de son caractère bizarre.
5. — Ranunculug bulboeus.
8 mai 1898.
Près du canal du Nivernais, dans un sol fertile, croissait
un vigoureux individu de Renoncule bulbeuse, dont la tige
principale est fasciée sur toute sa hauteur, 45 centimètres.
C'est un long ruban cannelé, strié de 16 millimètres à la
base. et de 8 millimètres au sommet. Sur les arêtes, presque
à la même hauteur, se voient deux rameaux normaux, à
l'aisselle de trois feuilles dont une naissant sur une face
latérale aurait dû protéger la base d'un troisième rameau
complètement avorté.
A 12 centimètres plus haut, sur le ruban de la tige,
deux feuilles indiquent encore l'avortement d'autant de
rameaux absents.
La hampe devient alors plus striée encore ; sa longueur
de 16 centimètres est exagérée par rapport aux rameaux
latéraux, comme si elle avait absorbé à leur détriment plus
de sève qu'il ne lui en était destiné.
L'unique fleur qui termine cette tige fasciée porte treize
sépales, douze pétales normaux, sauf quatre qui sont chif-
fonnés et plies en carène, enfin des étamines deux fois plus
nombreuses que normalement.
Les akènes fortement serrés figurent assez bien une
chenille allongée sur l'extrémité du ruban dans le sens de
sa largeur.
On ne doit pas supposer que le sol riche ait produit cette
anomalie. Mais comme cette plante avait été recouverte
l'été précédent par les limons de curage du canal, il est
plus rationnel de leur en attribuer la formation par l'obs-
tacle qu'ils ont opposé à la croissance. Cependant le cas
suivant, analogue sur bien des points, s'est trouvé dans des
conditions toutes différentes.
- 41 -
6. — Ranunculus bulbosus.
24 mai 1898.
L'unique individu, atteint de fascie, croissait dans les
sables de la Loire non loin du confluent du ruisseau de
Rosières, commune de Sougy.
Une seule tige issue de nombreuses feuilles radicales.
On sait que les Renoncules ont le plus souvent dès la base
plusieurs tiges distinctes. Dans ce cas, c'est un ruban de
20 centimètres de haut et de 10 à 12 millimètres de large.
Aucune feuille caulinaire sur les 10 centimètres inférieurs.
Elles naissent à cette hauteur, courtes, en groupe de deux
à quatre, au nombre de quatorze jusqu'en haut de la hampe
sans ordre évident. Elles sont un indice de la concrescence
de plusieurs tiges qui se sont individualisées pour porter
quatre fleurs dont deux bien normales et les autres souffre-
teuses et mal venues.
Dans les Renoncules que nous avons observées, les fas-
ciations sont dans l'ensemble très comparables entre elles.
La fasciation de la Valériane diolque est bien différente
et des plus singulières.
7. — Valeriana dioloa.
Avrilly (Allier), 15 juin 1899.
(Planche I, fig. 3, 4.)
M. Château, notre obligeant et dévoué confrère de Bourg-
le-Comte (Saône-et- Loire), a bien voulu nous communiquer
l'échantillon qui a motivé la description suivante :
Une souche qui porte la trace, par une cicatrice, de la
tige précédente porte latéralement la tige anomale, d'abord
ronde, à nœuds rapprochés. La présence de quelques
racines adventices indique l'enfoncement de cette souche
dans le sol humide, tourbeux, probablement recouvert de
détritus végétaux ou de Sphaignes.
— 42 —
Au-dessus de trois entre-nœuds, à quatre centimètres au-
dessus de la souche, naissent deux feuilles radicales à lobe
terminal unique ou très développé, absolument normales,
sinon par les proportions, du moins par la forme.
Alors la tige s'enroule en conque, ou en escargot, dont
les spires seraient étroites et nombreuses, et pourvues de
feuilles sur la partie opposée à l'évasement. La disposition
en ligne de ces feuilles, fait qu'elles rappellent confusément
une crinière hérissée. Les supérieures sont réduites à des
écailles d'abord en ligne, puis groupées en faisceau à la
partie supérieure de l'évasement de la corne d'abondance,
et simulant à peu près la tête du colimaçon qu'un danger
invite à une prudente retraite. A part cette légère occlu-
sion de la conque, elle est absolument vide et même trans-
lucide, et les spires extérieures s'y dessinent suffisamment
pour être vues à une observation attentive. Au lieu des
quatre tentacules du gastéropode entrevu, il existe une
aigrette qui se bifurque en trois branches elles-mêmes mul-
tipartites terminées par des fleurs et des calices plumeux.
Cette curieuse anomalie de la tige s'éloigne donc beau-
coup morphologiquement des fasciations ordinaires en
ruban mince, plus ou moins involuté dans son plan, puis-
qu'ici il y a tendance bien définie vers la forme turbinée
parfaite.
M. le Dr Gillot a décrit sous le nom de fasciation spiroïde,
une semblable anomalie dans Valeriana of/icinalis (Bull.
Soc. bol. Fr., 1894, p. 448). Par notre figure on pourra se
rendre compte que ces fasciations spiroïdes. ont la plus
grande ressemblance, et semblent particulièrement fré-
quentes dans le genre Valeriana.
Sans vouloir prétendre que la végétation tardive et rapide
d'une tige ou d'un rameau l'amène ordinairement à la fas-
ciation, nous sommes autorisé à penser que cette végéta-
tion anormale n'est pas incompatible avec la fasciation par
le cas suivant relatif à , Onothera biennis.
— 43 —
8. — Onothera blennls.
Fin octobre 1899.
Non loin de la Charbonnière, près Decize, clans les sables
de la Loire, une Onagre bisannuelle avait accompli le cycle
de sa végétation en donnant fleurs et fruits en abondance.
Mais soit que le substratum ait été plus fertile pour cet
individu particulier ou qu'une inondation soit venue don-
ner un coup de fouet à la sève, la tige munie de capsules
déhiscentes avait continué à croitre, s'était amincie en un
ruban vert de 5 centimètres de long abondamment pourvu
de feuilles réduites et de fleurs normales mais minuscules.
Tout porte à croire que les parties vivantes de la tige ont
subi la pression des cellules mortes et dures pour se
laminer ainsi dans la croissance inopportune d'une revivis-
cence.
9. — Plantago lanoeolata.
Environs de Bourg-Ie-Comte, 3 août 1899.
Échantillon dû à M. Château.
(Planche I, fig. 5.)
Pied vigoureux à belles feuilles radicales, d'où s'élancent
six hampes à différents degrés de développement.
La moins élevée porte à son sommet une rosette de six
feuilles, petites, tortiles. Elles enveloppent quatre épis,
subverticillés, l'un demi-grandeur naturelle, le second réduit
au quart, le central réduit à quelques écailles, ainsi que le
quatrième.
L'avortement de l'épi terminal, de très bonne heure, a
sans doute produit cette polystachie compliquée de phyllodie
des écailles inférieures.
A Cercy-la-Tour, dans un terrain vague, souvent piétiné
par les hommes et le bétail, le même cas a été rencontré,
mais à polystachie moins complète. Les meurtrissures se
présentent d'abord à l'esprit comme cause probable de cette
remarquable malformation.
— 44 —
10. — Colohlcum automnale.
9 octobre 1898.
Sur le bord du canal du Nivernais, près Cercy-la-Tour,
en face les Vreilles, croissent quelques rares individus de
Colchique d'automne. La rareté de l'espèce ou son absence
dans les prés voisins, indique clairement qu'ils ont été
apportés en graine avec les foins ou les fumiers des bateaux.
Le curage du canal, l'entretien du chemin de hâlage, ont
recouvert les bulbes qui ont donné en octobre de nombreuses
fleurs à tube long de 35 centimètres. La longueur en est
donc au moins triplée par suite de l'enfouissement pro-
fond.
Toutes les corolles sont mâles par l'avortement des
styles dont on ne trouve aucun vestige à 30 centimètres des
étamines, et la déchirure longitudinale montre le tube
formé de deux tuniques concentriques, comme si les styles
avortés avaient constitué l'interne. Il est excessivement
rare qu'une anomalie soit seule et les lobes de la corolle,
plus étroits, sont pour la plupart denticulés, tandis que les
anthères sont apiculées et stériles. Un des filets se pro-
longe en une languette falciforme de 24 % X 4 de plus grande
largeur; un bourrelet jaune qui en occupe la base démontre
la pétalodie de l'anthère. En somme : atrophie du gynécée,
— denticulation des pétales, — pétalodie de l'anthère, —
soudure du pistil atrophié avec le tube corollin, et, comme
conséquence, occlusion du tube corollin, telles sont les
parties saillantes du cas considéré.
11. — Valerlanella olitoria.
Rompois, près Billy-Chevannes, cote au calcaire à exposition chaude.
30 mai 1898.
Fleurs normales occupant le sommet des dichotomies,
les anormales en glomérules axillaires inférieurs, sessiles
ou à rameaux courts :
— 45 —
1° Corolle^verte phyllodiée plus grande que d'ordinaire ;
3 staminodes ; style filiforme vert et longuement accru.
Tout l'aspect d'une corolle hypogyne, normalement épigyne
dans les Valérianacées.
2* Akène verruqueux-ridé court, calice à peine indiqué ;
tube de la corolle gonflé, pléthorique, les divisions plus
accrues et vertes que dans le premier cas ; 3 étamines
presque sessiles, à lobes verts, gros, divergents en hal-
tères ; style claviforme au sommet qui est creusé en cornet.
La corolle phyllodiée atteint dans ce stade trois fois les
dimensions normales.
3° Akène deux fois plus volumineux que normalement ,
calice nettement induré en collerette à dents de 1 % de long ;
style énorme, plus gros qu'un fruit ordinaire, avec trois
pointes stigmatiques au sommet qui est nettement urcéolé.
Valerianella olitoria présente donc en résumé :
Virescence, phyllodie et accrescence de la corolle.
Stérilité des étamines et divergence du connectif.
Accrescence du style claviforme avec début de prolifé-
ration.
Enfin l' accrescence du calice est à comparer avec Larnp-
sana vulgaris dans lequel le même fait se retrouve.
Selon toute apparence, l'individu anormal qui vient
d'être décrit a passé l'hiver en bouton, ce que lui permettait
son exposition chaude; les fleurs hivernées sont seules
anormales pour avoir souffert des atteintes du froid ; elles
sont devenues reviviscentes aux premières chaleurs ; celles
qui sont nées plus tard à la saison convenable sont parfai-
tement normales et le traumatisme général produit par le
froid devient la cause évidente de l'anomalie.
12. — Tullpa silvestrls.
Culture, 20 avril 1898.
Tulipa si iv es tris est indiqué par Boreau (Flore Cent.), seu-
lement dans trois localités de la Nièvre. Une herborisation
— 46 -
dans Tune d'elles, la Maladrerie près Armes, nous permit
la récolte et la culture à Cercy de cette gracieuse Liliacée.
Le sol de la Maladrerie est un calcaire pierreux et
glaiseux, celui de Cercy est surtout argileux, et ces diffé-
rences bien appréciées permettaient d'espérer des écarts
dans la végétation.
A la première floraison, une fleur présente un début de
duplicature par une étamine supplémentaire ovaroîde, dans
laquelle l'anthère est remplacée par un appendice filiforme
ondulé nettement papilleux et stigmatifère.
Des individus ont offert la dichocéphalie dans la pro-
portion de 4 sur 6. Ces individus biflores ont toujours la
fleur supérieure plus vigoureuse, à périanthe plus large.
Au contraire, l'inférieure est réduite dans toutes ses parties
comme dans leur nombre, elle arrive alors au type tétra-
mère avec deux pétales extérieurs et deux intérieurs
accompagnés de quatre étamines fertiles. L'insertion de la
hampe supplémentaire se produit toujours à l'aisselle de
la feuille supérieure, et il y a toujours concrescence des
deux hampes sur une longueur de un à deux centimètres.
Les tulipes sont rarement biflores et la station abon-
dante de la Maladrerie ne nous a pas permis d'en constater
un seul exemple. La nature du sol, la plantation des bulbes
à une profondeur qui n'était pas prévue par la loi de niveau
ont donc certainement concouru à produire les anomalies
décrites. Cependant la première cause, influence du sol,
nous semble être la plus prépondérante, car nous n'avons
constaté dans les bulbes aucune tendance à monter ou à
descendre pour trouver le niveau préféré. Mais, d'autre
part, les bulbes de remplacement enfouis à nouveau ont
donné, malgré leur jeune âge, l'année suivante, des tiges
et des fleurs parfaitement normales. Et comme la nature
du sol n'a pas varié d'une année à l'autre, il faut expliquer
ce retour au faciès normal, par l'appauvrissement des
caïeux de remplacement séparés de la tige avant leur
— M —
évolution complète. Les bulbes qui n'avaient pas subi
cette mutilation ayant continué à perpétuer les mêmes
anomalies ci-dessus décrites, sont une preuve nouvelle de
leur production par le changement de terrain et l'influence
de la culture.
13. — Tulipa Geenerlana, races horticoles.
Jardin, 10 juin 1898.
( Planche I, fig. 6, 7. )
En partant de la monstruosité la plus simple, pour arri-
ver à la plus compliquée, on peut faire la description sui-
vante :
1° Fleur simple. Une étamine s'est souciée à la capsule
par le filet et lui reste adhérente jusqu'aux stigmates.
L'étamine, par la rapidité de son évolution, a retenu le
côté de la capsule auquel elle touche et a empêché son
accroissement symétrique. Au contraire, le côté opposé a
décrit un demi-cercle pour prendre la forme enroulée.
Le cas se complique de l'exocarpie des ovules : ils sortent
du périgone et saillent en dehors sans ordre bien marqué.
L'influence de la lumière a produit la coloration verte
chlorophyllienne bien caractérisée.
2° Fleur double panachée de jaune et de rose. Le cas pré-
cédent se complique de phyllodie des pétales souvent verts
sur la nervure médiane. En plus, les feuilles larges, pliées,
ondulées, grimpent jusqu'à la hampe en diminuant de pro-
portions. Dans trois individus sur quatre, elles se soudent à
la hampe par des décurrences ailées, sinueuses, larges,
l'extrémité du limbe se colorant en rouge et en jaune :
phyllopétalie.
3° Même race. En plus des anomalies précédentes (2°), la
capsule présente cinq cloisons au lieu de trois ; les stig-
mates sont lamelliformes, plissés, crispulés, confluents. Ils
laissent à la partie supérieure de la capsule une ouverture
— 48 —
béante qui laisse voir les ovules verts, beaucoup débordant
en dehors par une fissure médiane, irrégulière. A Tinté-
rieur ils deviennent lenticulaires, semi-circulaires, en vir-
gule, rarement samaroïdes par soudure dorsale.
4° Plus la duplicature augmente, plus la capsule se
déforme, en même temps que les décurrences s'accentuent,
que la phyllopétalie s'étend. La capsule s'ouvre par le som-
met en trois lobes étroits irréguliers, terminés par la cris-
pure épaisse des stigmates. Entre ces lobes apparaissent
quelques ovules avortés, verts et rougeâtres (pétalodie des
ovules). Ils descendent par les ouvertures béantes de la
capsule jusqu'à la base des étamines qui prennent dans
l'occasion la forme stigmatique.
Ce cas de monstruosité complète peut se résumer ainsi :
Concrescence staminocarpienne et asymétrie latérale du
fruit.
Exocarpie des ovules, leur phyllodie, leur pétalodie, leur
soudure.
Phyllodie des pétales, phyllopétalie des feuilles et leur
caulescence.
Multiplicature et disjonction des carpelles.
Staminostylie des étamines inférieures.
M. leDrGillot {Bull. Soc. bot. Fr.f XXIII (1876), p. 197), et
M. A. Acloque [Monde des Plantes, n° 95, p. 177), ont décrit
des anomalies analogues sous quelques rapports. Il est
improbable que la piqûre d'un insecte ait produit des mal-
formations aussi complètes que celles que nous avons
décrites ; nous ne pouvons donc nous ranger à cette opinion
présumée de M. Acloque. Mais comme les Tulipes ne sont
jamais reproduites que par les caïeux dans nos jardins, il
est possible que le manque de gymnastique fonctionnelle
de l'ovaire le fasse dégénérer dans les cas rares où l'ata-
visme n'a pas une influence prépondérante.
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche I.
Alllum porrum.
1 . Ombellule à 2 fleurs soudées par le dos (gr. nat.).
a,b, étamines voisines de la soudure; c, soudure de 2 étamines
(grossies).
d, étamine normale opposée à la soudure (grossie).
2. Ombellule à 5 fleurs, une sessile et quatre pédicellées avec
une bractée (spathellule), gr. nat.
c, étamine de la fleur inférieure pédicellée.
f, étamine de la môme fleur sans appendices latéraux du
filet et sans filet aplani.
Valerlana dioioa.
3. Aspect général de la fasciation spiroide ou en conque, vue
de face et réduite.
4. La conque vue de profil.
Plantago lanceolata (gr. nat.).
5. Sommet dune des hampes avec ses 6 feuilles et 2 épis; les
autres très réduits ne sont pas visibles.
Tulipa gesnerlana (gr. nat.)
0. Fruit déformé, ouvert ; on voit les ovules à droite.
7. Un autre à carpelles dissociés étalés; l'inférieur à droite est
une étamine évoluée en stigmate ; les ovules exocarpiens
descendent jusqu'à la base des étamines.
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE D'AtITUH
TÉRATOLOGIE VEGETALE
EXPLICATION DES
Planche
Barbarea vulgar
8. Silique devenue silicule.
9. Silicule plus accusée.
10. Dissociation des feuilles car
trueuse.
11. Phyllodie de la silique et pr<
12. Même stade avec corymbo p.
13 . La silique très accrue se cour
14. La silique devient un long
bractées et d'une branche
à carpelles dissociés : prof
15. Carpelles dissociés de la flei
16. Prolifération dégénérant en
les sépales et pétales phyl
la partie inférieure.
17. 18. Silique devenue silicule; on
étamines (grossi).
19. Etamines égales entourant la
Slsymbrium o
20. Sépales naviculaires, 2 pétai
silicule (gros.).
21. Môme stade; on voit 4 péta
22. Silicule; les feuilles carpella
et laissent voir le placenta
23. Silicule ouverte par la nervu
la cloison placentaire qui i
accrus (grossi).
24 . Silicule ouverte par les arête
sur la nervure médiane, ils .
25. Silicule irrégulièrement dép;
i
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE D'AUTO N
TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE
— 49 —
14. — Barbarea vulgaris.
Sables de Loire à Decize, 10 juillet 1898.
(Planche II, fig. 8 à 19.)
Parmi d'innombrables individus de la Barbarée vulgaire
qui croissaient à cette époque, se trouvaient de nombreux
pieds reviviscents par les cymes et c'était un singulier
aspect que celui de ces plantes sèches par la base et ver*
doyantes au sommet. Les crues peu importantes mais suc-
cessives de la Loire avaient recouvert les individus à une
grande hauteur et les feuilles mortes et le limon grisâtre
en témoignaient suffisamment. Les individus normaux por-
taient de nombreuses siliques serrées contre la tige et, fait
remarquable, ceux qui ne Tétaient pas étaient monstrueux
généralement sur toutes les sommités, tiges ou rameaux.
Tous ces pieds avaient baigné dans l'eau, cause probable
de l'anomalie, et si beaucoup n'offraient rien de singulier,
c'est que leur évolution était terminée et leurs cimes
mortes au moment des inondations. L'humidité surabon-
dante avait dû provoquer un surcroit de sève et d'énergie
qui s'était révélé sur les tissus plus jeunes des sommités à
évolution incomplète. Aussi, tandis que les siliques infé-
rieures sont normales, les suivantes, à peu près stériles,
arrivent progressivement à la prolifération qui acquiert
tout son développement au haut des grappes.
Voici, du simple au complexe, la description de cette
monstruosité : . . •
1° Sépales, pétales normaux autant qu'on puisse en juger
par les vestiges, mais silique devenue oblongue, courte,
presque siliculiforme. Alors les quelques graines qu'elle
contient sont à funicule très développé et le hile les enve-
loppe comme par une cupule.
2° La silique devient absolument silicule et se rapproche
de celle de Capsella bursa-pastoris.
S.H.N. 1900. 4
— 50 —
3° Les deux feuilles carpellaires se disjoignent par la
partie supérieure et réalisent ainsi la phyllodie des
siliques.
4° Le cas se complique de prolifération, car, outre les
deux feuilles carpellaires distinctes, la silique se couronne
d'un corymbe de quatre fleurs.
5° Le corymbe devient plus dense : on surprend déjà la
grappe feuillée comme dans les rameaux.
6° L'allongement des pédoncules est extrême ; la dupli-
cature de la fleur commence ; les pétales et étamines pcta-
loïdes sont accrescents, delà leur persistance anormale. La
silique elle-même atteint une longueur de 35 millimètres ;
les stigmates sont remplacés par un verticille de quatre
feuilles et une aigrette de trois fleurs.
7° La duplicature de la fleur est extrême : 12 phyllodes,
dont 4 sépales, 4 pétales, 4 étamines, et la silique appau-
vrie par un sytème foliaire si complet ne donne qu'une
timide prolifération.
8° La silique devient rameuse avec feuilles sur la partie
moyenne; une fleur supérieure devient elle-même proli-
fère et c'est la prolifération à double étage. La fleur de
seconde prolifération a une silicule en bourse à pasteur dans
laquelle les feuilles carpellaires s'individualisent et la cloi-
son placentaire disparaît.
9° La fleur devient une abondante touffe de feuilles don-
nant naissance à un rameau très vert et par lui s'atteint
la monstruosité la plus complète.
En effet il y a dans la plante deux fonctions bien diffé-
rentes : la fonction végétative localisée dans les racines,
tiges, feuilles, et la fonction reproductrice propre aux
étamines et au pistil.
Le calice et la corolle ont une fonction intermédiaire.
Or il est évident que si sépales et pétales se phyllodient,
la monstruosité est moindre que si ce sont les étamines et
le pistil. Et un pistil phyllodie ou raméal dégénérant en
— 51 —
fleur à pistil phyllodié est la double inversion des fonctions
si différentes de la plante.
Port du Fourneau, près Bourbon- Lancy.
Sables de Loire (18 mai 1899.)
En compagnie de MM. Basset, instituteur à Mont, et
Lauvernier, instituteur à Bourbon, au cours d'une très
agréable et fructueuse herborisation, nous eûmes le plaisir
de rencontrer dans les mêmes conditions la même mons-
truosité, moins complète à cause de la saison moins avancée.
D'autre part, la jeunesse relative des organes monstrueux
nous permit de compléter sur certains points les remarques
de la précédente description.
Les stades 1 et 2 sont identiques; le 3e est à peine indi-
qué, mais se complique d'un retour vers l'isodynamie des
étamines bien accentué par la didynamie très nette.
Les deux grandes étamines sont exactement opposées à
la suture carpellaire, c'est-à-dire se trouvent exactement
dans le plan du placenta. Au contraire les quatre inférieures,
plus courtes , sont groupées en deux paires , chacune
séparée par le prolongement du plan de dépression de la
silicule. C'est dire que ces silicules sont déprimées per-
pendiculairement à la cloison placentaire. Certaines fleurs
ont toutes les étamines égales, c'est-à-dire isodynames.
Enfin, en étudiant à la loupe bien attentivement les bou-
tons floraux les plus jeunes, on découvre la prolifération
simple à l'état tout à fait embryonnaire, le corymbe de
prolifération décrit ci-dessus au § 4. Ce fait amène à la
conviction que si les individus anormaux de Bourbon-Lancy
avaient eu le temps d'accomplir leur végétation complète,
ils auraient été identiques à ceux de Decize plus âgés d'un
mois.
Il sera très intéressant de comparer les proliférations de
la Barbarée vulgaire à celles d'une Crucifère voisine,
l'AUiaire si abondante sur les talus et dans les haies et que
— 52 —
nous avons eu le plaisir de trouver aux environs de Bour-
bon-Lancy également monstrueuse.
i5. — Slsymbrlum Alliara.
Arènes de la Somme, exposition chaude et aride.
Une trentaine de tiges égales sortent d'une racine grosse,
rampante, presque napiforme, et s'élèvent à 35 centimètres.
Toutes ces tiges sont terminées par des fleurs phyllodiées,
d'un vert foncé.
De la base de l'inflorescence au sommet l'anomalie se
complique progressivement et présente les stades suivants :
1° Fleur complète à verticilles accrescents; silique finis-
sant en eilicule chiffonnée longuement pédicellée.
2° Même cas, mais les sépales ont disparu, les pétales
sont longuement ongulés, fortement nervés, et finement
serrulés comme les feuilles.
3° La silicule se dissocie en deux feuilles carpellaires; au
centre plusieurs boutons blanchâtres qui indiquent la proli-
fération simple.
4° En plus, deux boutons floraux à la base des sépales
extérieurs; l'un de ces boutons est muni d'une bractée.
C'est donc une double furcation de l'axe floral.
5° Les quatre sépales, les quatre pétales ont chacun un
bouton floral à leur aisselle; l'axe de prolifération est très
court et l'ensemble de la fleur a l'aspect d'une rosette de
feuilles petites et chiffonnées. Fait extrêmement remar-
quable, ces boutons occupent exactement la place des
glandes de la fleur normale. Ces glandes ne seraient-elles
donc que des rudiments d'autant de fleurs avortées?
Dans cette opinion la fleur crucifère normale ne serait plus
une unité, mais l'expression éloquente d'une cime mal
évoluée.
Voici encore une prolifération de Crucifère, commune
au genre Sisymbrium.
— 53 —
16. — Sisymbrium officinale
Cercy, décombres humides.
(Planche II, fig. 20 à 28).
De la base au sommet des grappes de fleur, on rencontre
les stades suivants :
i° Sépales en nacelle, pétale phyllodiés; silique devenant
une silicule.
2° Les pétales entiers sont velus, hérissés ; la silicule pré-
sente, sur les faces comprimées, une double nervure
médiane qui indique la suture des deux feuilles carpel-
laircs avec Taxe placentaire perpendiculairement à la com-
pression.
3° Les feuilles carpellaires commencent à se dissocier du
placenta; la silicule est velue hérissée.
4° Les étamines stériles sont de même hauteur ; retour
à la régularité.
5° En ouvrant une silicule, on découvre des raphés très
allongés supportant des graines avortées. A un fort gros-
sissement, on aperçoit les raphés distinctement et longue-
ment velus.
6° Avec des étamines velues, capsule s'ouvrant à la partie
supérieure par la dissociation des feuilles carpellaires.
7° La fleur n'est plus qu'une rosace où les organes des
différents verticilles ne sont reconnaissables qu'à leur inser-
tion ; il est difficile de distinguer les feuilles carpellaires
réduites et dissociées des étamines phyllodiées.
La famille des Crucifères a sans doute une tendance
remarquable aux monstruosités florales puisqu'elle nous
donne encore le cas suivant.
17. — Sinapls arvensis.
Vignes de Chasnay, 21 sept. 1898.
(Planche II, fig. 29 à 38.)
Les vignes sont pleines d'individus complètement morts.
Un individu unique bien venu porte des siliques mûres
— 54 —
déhiscentes et des fleurs tardives qui semblent nées par
une reprise de végétation. Ce sont surtout les rameaux
qui portent les fleurs anormales, dont voici la description
par gradation successive de bas en haut et du moins au
plus.
1° Siliques supérieures stériles sur une longueur de dix
à quinze centimètres. L'axe de la grappe devient alors
densément pubescent à poils étalés ou réfractés. Les
siliques anormales sont devenues silicules à bec court,
tandis que les sépales sont accrus, les pétales virescents,
les étamines stériles et caduques.
2° La silicule longuement pédicellée, chiffonnée, ridée,
présente un début de prolifération. En l'ouvrant avec pré-
caution on observe rallongement du raphé, la transforma-
tion des graines en phyllodes blanchâtres.
3° Les fleurs anormales, moyennes et supérieures, offrent
la prolifération simple et complète ; car Taxe floral se con-
tinue en tige hispide couronnée par deux bractées vertes
et serrulées, et un corymbe de trois fleurs en bouton. En
analysant une de ces fleurs en bouton, on lui trouve six
sépales, dont trois intérieurs plus petits, pas de pétales,
cinq étamines égales opposées aux cinq sépales les plus
intérieurs.
4° Une fleur est prolifère par un long rameau à deux
feuilles aiguës et serrulées, opposées. A l'aisselle de l'une
d'elles s'élève un court pédoncule terminé par un bouton
dans lequel on découvre neuf sépales inégaux, quatre éta-
mines et une silique de forme et de coloration sensible-
ment normales. Au delà des deux grandes feuilles opposées,
l'axe se continue couronné d'un corymbe de huit fleurs.
5° Les feuilles carpellaires s'individualisent par le som-
met qui est aigu, serrulé comme dans les feuilles normales.
En déchirant avec précaution la bifidité du sommet de
la silicule, on observe sur chacune des feuilles les nervures,
les dents, l'involution qui fait que les deux feuilles se
- 55 —
soudent entre elle par leurs deux bords et deux à deux
avec Taxe floral pour former la cloison placentaire. Ici
cette suture n'est qu'indiquée, car Taxe placentaire à peine
développé est constitué par un court et minuscule massif de
seconde prolifération.
En résumé, pour ces phyllanthies de quatre Crucifères,
on a vu :
1° Accrescence générale des sépales et pétales phyllodiés.
2° Siliculose des siliques courtement pédicellées : Bar-
barea vulgaris, Sisymbrium officinale.
3° Siliculose des siliques longuement pédicellées : Sisym-
brium, Alliara, Sinapis arvensis.
4° Phyllodie des silicules ou dissociation des feuilles car-
pellaires.
5° Accrescence des raphés : Sisymbrium officinale, Sina-
pis arvensis.
6° Phyllodie des ovules : Sinapis arvensis.
7° Prolifération simple et rameuse : Sisymbrium, Alliara,
Sinapis arvensis.
8° Prolifération à double étage : Barbarea vulgaris.
9° Isodynamie de Tandrocée : Sisymbrium officinale^ Bar-
barea vulgaris.
Pour Barbarea vulgaris et Sisymbrium officinale, la cause
de la monstruosité peut être attribuée à l'excès d'humidité
arrivant avant la fin de l'évolution végétale. Pour les deux
autres espèces, cette cause pour être probable est moins
certaine.
(A suivre.)
Neuf nouveaux adhérents sont reçus à l'unanimité comme
membres titulaires :
M. Xavier de Baumont, à Martigny-lc-Comte, présenté
par MM. Charles Chevrier et V. Berthier.
M. Paul Collette, fabricant de produits chimiques
Nevers, présenté par MM. II. Marlot et V. Berthier.
- 56 -
M. d'Estival, ingénieur, directeur des houillères d'Epinac,
présenté par MM. Nougarède et Bayle.
M. Clément Drioton, à Dijon, présenté par MM. B.
Renault et Langeron.
M. Jules Maréchal, instituteur adjoint à Montcenis, pré-
senté par MM. Chaumonot et V. Berthier.
M. Moriot, instituteur à Gannay-sur-Loire, présenté par
M. Gagnepain et M. le Dr Gillot.
M. Nulet, receveur d'octroi à Autun, présenté par
MM. Roche et V. Berthier.
M. Pidaut Emile, rentier à Saint-André, présenté par
MM. J.-B. Chevallier et V. Berthier.
M. le Dr Roche t, médecin au Creusot, présenté par M. le
Dr Gillot et M. Camusat.
Le secrétaire fait connaître les envois et les dons faits à
la Société depuis la dernière réunion :
Par les Sociétés correspondantes, 44 volumes ou fasci-
cules de leurs Bulletins ou Mémoires.
Par les Revues scientifiques avec lesquelles la Société
est en relations d'échange, 25 numéros de leurs Publi-
cations périodiques.
Par M. Autran, les numéros 11 et 12 de l'Herbier Boissier,
tome VIP, ainsi que les fascicules 1 à 6 des Mémoires de
ce même Herbier.
Par M. Giard, le t. XXXII0 de son Bulletin scientifique.
Par M. le Dr Gillot, Mission géologique en Tunisie, en
avril, mai, juin 1888, par Georges Le Mesle.
Note sur un Crustacé fossile recueilli dans les schistes
d'Autwi) par M. P. Brochi. *
Par M. R. Zeiller, Sur quelques plantes fossiles de la Chine
méridionale. Note qu'il vient de publier à la date du
22 janvier 1900.
1. Kxtrait des Bulletins de la Société géologique de France, •'*• série,
. VIH», p. 5.
— 57 —
Par M. E.-T. Hamy, différents ouvrages dont il est
Fauteur : Analecta historico-naturalia 1-XXV, 1895-1898.
Un Égyptologue oublié, J.-B. Adanson (lu dans la séance
publique annuelle du 17 novembre 1899 de l'Institut).
Recherches sur les origines de renseignement de Vanatomie
humaine et de V anthropologie au Jardin des Plantes. *
William Davisson. 2
Un Précurseur de Guy de la Brosse, Jacques Gohory, et le
Lycium phylosophal de Saint-Marceau-lès-Paris. 3
Par M. Paul Gillot, de Paris, un quartz veiné, en filons
dans les ardoisières d'Haybes (Ardennes).
Par M. H. Marlot, une chlorite de la Goulotte, près de
Saint-Prix.
Par M. Marius Vachot, une concrétion calcaire pro-
venant de Saint-Claude-la-Rixouze (Jura).
Par M. Victor Gillot, un Platydactylus muralis Gecko,
rapporté par lui d'Alger.
Par M. Barillot, un nid d'une guêpe cartonnière.
Par Mmo de Montessus, le portrait de son mari, M. F. Ber-
nard de Montessus. M. le Dr Gillot fait valoir, à ce propos,
la délicate intention qui a guidé Mmo de Montessus, dans
cette nouvelle libéralité. La physionomie fine, bienveillante
et distinguée de notre regretté président d'honneur a été
fort bien rendue par un artiste autunois, M. Eugène
Bourgeois, l'un de nos sociétaires. Ce tableau, dont la place
est tout indiquée dans les galeries du Musée de Montessus,
rappellera les traits de son savant et généreux donateur.
L'ordre du jour étant épuisé, on procède à la distri-
bution des deux derniers volumes parus, et la séance est
levée.
1. Nouvelles archives du Muséum, 3e série (extrait).
2. id. id. id. id.
3. id. id. 4e série id.
SÉANCE DU 22 AVRIL 1900
PRÉSIDENCE DE M. B. RENAULT
En ouvrant la séance, M. le président prononce,
d'un ton ému, les paroles suivantes :
Messieurs,
Les journaux d'hier soir nous ont apporté, et ceux
de ce matin nous ont confirmé la triste nouvelle de
la mort de M. Alphonse Milne-Edwards, notre illustre
président d'honneur. Depuis la fondation de la Société
(1886), M. Milne-Edwards s'y était vivement inté-
ressé; il en a suivi les progrès avec la plus grande
sollicitude, a contribué largement à son succès par
ses conseils et par les subventions importantes qu'il a
obtenues pour elle, auprès du comité des Sociétés
savantes, dont il était vice-président, en faisant res-
sortir la valeur de nos travaux et de nos publications.
Ce n'est pas le moment d'écrire une notice détaillée
sur la vie si bien remplie du grand savant que la
France et le monde viennent de perdre; notre Bulletin
ne manquera pas d'en tracer les traits principaux,
qui tous seront à la louange de l'homme de science
et de l'homme privé. Aujourd'hui il suffira de citer
quelques lignes qui seront complétées d'ici peu :
— 59 —
« La mort vient de ravir à la science un homme de grand
mérite : M. Milne-Edwards, directeur du Muséum d'histoire
naturelle de Paris. Le savant naturaliste, qui souffrait déjà
d'une maladie de foie et d'une affection stomacale, avait
été frappé, il y a environ un mois, d'une attaque d'influenza
qui détermina une congestion pulmonaire. Il est mort
hier, à deux heures du matin, après une longue agonie
supportée courageusement et sous les yeux de sa sœur,
Mrae Dumas, qui l'avait soigné avec le plus grand dévoue-
ment.
» M. Milne-Edwards, fils du célèbre zoologue, était né à
Paris en 1835. Il n'était donc âgé que de soixante-cinq ans.
Continuant les belles recherches de son père, il a laissé de
remarquables ouvrages. Excessivement laborieux, en hiver
comme en été, il était chaque jour, dès sept heures du
matin, dans son cabinet de travail.
» On se rappelle sans doute les missions qu'il accomplit,
en 1882, à bord du Travailleur et du Talisman qui le con-
duisirent aux iles Canaries et tout le long des côtes occi-
dentales d'Afrique. Il opéra, dans ces régions de l'Océan
atlantique, des sondages qui donnèrent d'excellents résultats.
Il put ainsi enregistrer la température des eaux les plus
profondes et, à l'aide de dragages habilement exécutés, il
recueillit une précieuse collection de poissons, de crustacés
et de coquillages inconnus.
» M. Milne-Edwards complétant, pour ainsi dire, les
travaux de son père, avait publié une Histoire des crustacés
podophtalmaires fossiles. Il se spécialisa également dans
l'étude de la faune de Madagascar, qui lui fournit la matière
d'un livre important écrit en collaboration avec M. Gran-
didier, membre de l'Institut.
» Il fît paraître, en outre, des Recherches anatomiques,
zoologiques et paléontologiques sur la famille des chevrotains ;
des Recherches pour servir à l'histoire des oiseaux fossiles de
la France; d'autres sur la faune ornithologique éteinte des
- 60 -
îles Mascàreignes, enfin des rapports qui fourmillent d'obser-
vations précieuses.
» Ce savant naturaliste avait remplacé son père dans sa
chaire de zoologie au Muséum en 1876. Il devint directeur
de cet établissement en 1892, après la retraite de M. Frémy.
Membre de l'Académie des sciences depuis 1877 et ancien
président de la Société de géographie, il était commandeur
de la Légion d'honneur.
» Il était très aimé de tout le personnel du Muséum qui
lui doit sa prospérité actuelle. » *
Vous pensez comme moi, Messieurs, que cette séance
doit être levée en signe de la profonde tristesse et des regrets
unanimes que cette mort prématurée a provoqués parmi
nous.
A l'unanimité la séance est levée.
1. Le Petit Journal, n° 13631, 22 avril 1900.
-*-
— 61 —
SÉANCE DU 29 AVRIL 1900
PRÉSIDENCE DE M. B. RENAULT
Étaient présents : MM. Qeorges André; Bigeard; l'abbé
Bonnin; Chevalier J.-B.; Cottard; Devieuxetson fils; Des-
moulins; Dr Diard, du Creusot; Dubois; Frère Gabriel
Dr Gillot; Joseph Gillot; l'abbé Gloria; Frère J. Hospice
Jarlot James et son fils Gabriel; R. Lafrance, du Creusot
Nulet; Pernot; Perruchot, de Roussillon, et MUe Perruchot
Roche ; et V. Berthier.
La Société reçoit à l'unanimité, comme membres titu-
laires :
M. Louis Franchet, chimiste à Paris, présenté par
M. B. Renault et M. Hua.
M. E. Prisse d'Avesnes, publiciste à Paris, présenté par
M. le Dr Diard et M. Marchai.
M. Louis Vergniaud, libraire à Autun, présenté par
M. Rigollot et M. V. Berthier.
Sur la proposition de M. B. Renault, elle confère en outre,
à l'unanimité, le titre de membre bienfaiteur h M. de Chai-
gnon, en raison de sa libéralité et des services incessants
qu'il rend à la Société.
— 62 —
M. Maurice Langeron annonce dans les termes suivants
sa collaboration pour le prochain Bulletin :
« Nous nous proposons de présenter cette année à la
Société la suite de notre travail sur la flore fossile de
Sézanne.
» Nous avons pu reconnaître parmi les empreintes pro-
venant de cette localité plusieurs types nouveaux.
» Dans la famille des Cornacées nous avons pu rap-
procher certains échantillons des Marlea actuels, genre
du reste très ancien et probablement en voie de dispari-
tion : nous avons aussi une petite feuille d'un Cornus qui
nous parait différent de celui que nous avons décrit Tan
dernier.
» Nous avons pu retrouver des feuilles ayant incontesta-
blement appartenu à des Érables. Ces feuilles pourront être
rapprochées du fruit que nous avons décrit sous le nom
d'Acer antiquum. L'existence du genre Acer à cette époque
reculée se trouve donc définitivement établie.
» Enfin l'important groupe des Columnifères nous a fourni
toute un série d'empreintes que nous pouvons rapprocher
des genres Sterculia, Luhea, Grewia, ElrXocarpus% Echinocar-
pus, Bùttneria, etc. A en juger parla multiplicité des échan-
tillons, ces plantes devaient être très abondantes dans les
forêts de Sézanne.
» Comme dans notre premier travail , des photogra-
phies accompagneront la description des échantillons, et
lorsque ce sera nécessaire nous donnerons une représen-
tation des types vivants afin de mieux faire saisir les
analogies. »
En l'absence de M. Qautron du Coudray, il est donné
lecture de la communication suivante dont il est l'au-
teur :
— 63 -
Les Sphaignes du Morvan.
Les Sphaignes croissent spontanément dans les bois et
les prairies humides du Morvan. Les marais et les tourbières
sont leur habitat ordinaire.
Les racines de ces plantes, intimement entremêlées,
forment une couche fibreuse où se plaisent certaines plantes :
Drosera, Oxycoccus, Alnus, etc., en compagnie de salicinées,
de graminées et de fougères, comme YOsmunda regalis.
Ces végétaux acotylédonés cryptogames, de la famille des
Mousses, offrent un système particulier de cellules, dont la
paroi est formée d'une membrane trouée de pores et dou-
blée intérieurement d'un fil spirale et ponctué. Ils consti-
tuent, en raison de la contexture poreuse de leurs tiges et
de leurs feuilles, comme des éponges végétales, absorbant
une grande quantité d'eau 1 et la portant au contact de l'air
où elle s'évapore. Ils peuvent ainsi, dans certains cas, con-
vertir les terrains inondés en tourbières et contribuer à leur
dessèchement graduel. A. de Lapparent a du reste con-
sacré à ce sujet un chapitre concernant l'action des végé-
taux sur les tourbières, dans la partie de son Traité de géo-
logie relative aux actions physiologiques.
D'après cet auteur, cette Mousse est ainsi constituée chi-
miquement :
Carbone 49,88
Hydrogène 6,54
Oxygène 42,42
Azote 1,16
Total 100,00
1. Lesquereux (Mémoires de la Société des sciences naturelles de Neuchâlel,
III, 1845), a constaté qu'une touffe de Spbaigoe, conservée sèche pendant
un an, au plafond d'une chambre, gardait encore, au bout de ce temps, la
faculté d'absorber quinze fois son poids d'eau.
— 64 -
Les horticulteurs emploient plusieurs espèces de Sphag-
noïdées, appartenant au genre Sphagnum, qui, d'après les
derniers ouvrages de bryologie, renferme deux cent quinze
espèces cataloguées (J. Cardot, Répertoire sphagnologique,
1897 } extrait du Bulletin de la Société d'histoire naturelle
d'Autun, X, 1897 ; Schimper, Sphaignes d'Europe, etc.). Ces
Mousses, difficilement décomposables, constituant un subs-
tratum excellent pour les Orchidées, les Broméliacées, les
Primulacées, les Renonculacées, les Aroïdées et beaucoup
d'autres plantes délicates de serre chaude, en favorisent
singulièrement le développement en conservant autour de
leurs racines l'humidité qui leur est indispensable.
La culture des plantes épiphytes, s'étant fort développée,
dans ces dernières années surtout, il en est résulté dans le
commerce une demande assez considérable de Sphagnum,
dont le prix de vente s'est considérablement élevé. 1
Le Sphagnum a aussi la propriété d'écarter les vers rouges
qui détruisent la terre de bruyère. Pour éviter cet inconvé-
nient, on dépose généralement une couche de 0m15 à 0m20
de cette Mousse au fond des massifs ou corbeilles de
plantes de terre de bruyère; on suit le même procédé pour
les plantes cultivées en caisses ou en pots : on place alors
un peu de Sphagnum sur l'ouverture destinée à l'écoule-
ment des eaux d'arrosage et on empêche ainsi l'introduc-
tion des lombrics.
La récolte de cette Mousse, qui peutYeffeetuer en toutes
saison, est faite en majeure partie dans quelques mares des
environs de Paris et dans les départements du Nord. La
Somme, spécialement, en fournit en abondance au marché
parisien qui en absorbe annuellement plusieurs milliers de
kilos 2. Les Mousses dont les têtes sont les plus grosses
sont les plus estimées.
1. Communication de M. Philippe de Vilmorin.
2. Une seule maison de fournitures pour l'horticulture en absorbe une
moyenne de 30,000 k. par an.
— 65 —
Les principales espèces utilisées, sont en première ligne :
la Sphaigne à feuilles en bateau, Sphagnum cymbifolium Ehrh.
(J. Cardot, loc. cit., n° 48; et Sphaignes d'Europe, 1886,
p. 39); puis les Sphaigne à feuilles unilatérales, S. subsecun-
dum Nées, et S. à feuilles aiguës, S. acutifolium Ehrh. Ces
trois espèces se trouvent souvent mélangées et sont presque
également répandues dans les prés tourbeux, les bois et
les bruyères marécageuses des montagnes granitiques du
Morvan, où elles couvrent parfois de grands espaces.
Le Sphagnum cymbifolium est la plus robuste de toutes
les espèces européennes; ses feuilles plus larges et poreuses
la font rechercher de préférence. C'est aussi l'une des plus
communes, croissant indifféremment dans les plaines et
les montagnes.
Elle se reconnaît aux caractères botaniques suivants :
Tiges robustes, allongées, entourées de 3-4 couches de
grandes cellules corticales, à rameaux rapprochés, courts
et épais, formés de cellules égales; feuilles de la tige ren-
versées, longuement ovales, obtuses, sans marge; celles
des rameaux obtuses, concaves, imbriquées, à cellules sail-
lantes, à pores larges et nombreux; fleurs dioïques, à
grosses capsules elliptiques, subglobuleuses.
Elle comprend de nombreuses variétés, dont les auteurs
ont décrit une vingtaine, établies d'après la forme de la
feuille, la couleur, qui, ordinairement, d'un vert pâle ou
glaucescent, passe au rouge brun ou violacé dans les lieux
ensoleillés ou les bruyères humides. La principale variété
est la var. congestum Schimp. (S. compactum Brid.), qui
forme dans les tourbières peu profondes ou exposées au
soleil, des touffes plus denses, à rameaux très courts, obtus
et enlacés.
Le Sphagnum acutifolium Ehrh. se distingue à ses tiges
moins allongées, à 2-4 couches de cellules corticales, à ses
rameaux moins nombreux, plus étalés et grêles, formés de
cellules inégales, à ses feuilles lingulées, aiguës, fortement
S.H.N. 1900. 5
— 66 —
denticulées au sommet, à ses capsules urcéolées, à ses
fleurs monoïques. Il est souvent rougeâtre.
Le Sphagnum subsecundum, moins commun que les pré-
cédents, a les tiges plus courtes, recouvertes d'une seule
couche de cellules corticales, les rameaux, les uns arqués,
pendants, les autres étalés ou redressés, à cellules inégales,
les feuilles ovales lancéolées, arquées ethomotropes, comme
déjetées d'un seul côté.
Les Sphaignes jusqu'ici récoltées dans le Morvan appar-
tiennent aux espèces suivantes, par ordre de fréquence :
Sphagnum cymbifolium Ehrh., et la variété congestum
Schimp. (S. compactum Brid.) etvar. brachycladum Warms-
torf.
S. acutifolium Ehrh.
S. subsecundum Nées, et ses var. variegatum de Not.. et
squarrulosum Gravet.
S. squarrosum Pers.
S. cuspidatum Ehrh.
S. médium et var. purpurascens Warmstorf.
S. recurvum Angstr.
S. molluscum Bruch.
(Grognot, Calai, pi. cellul. Saône-et-Loire^ 1863, p. 36, et
abbé Sebille, in Bull. Soc. hist. nat. d'Autun, IV, 1891.
Comptes rendus des excursions, p. 553.) *
G. du C.
V mars 1900.
M. le Dr Gillot communique la seconde partie du
travail de M. Gagnepain, précédemment instituteur à
Cercy-la-Tour :
i. La description des caractères botaniques de ces Mousses est due à l'ama-
bilité de M. le docteur Gillot, le savant botaniste, vice-président de la Société
d'histoire naturelle d'Autun, à qui nous avons soumis des échantillons pro-
venant de la forêt de Grandry (Nièvre).
- 67 -
Nouvelles Notes de Tératologie végétale
Par F. Gagnepain
(suite) i
18. — Lampsana vulgarls.
23 juillet 1898.
(Planohe II, fig. 39 à 44; et planche III, fig. 45, 46.)
A Cercy, dans un jardin, au bord d'un trou qui reçoit les
eaux de pluie, croît un individu de Lampsane vulgaire qui
est très fort de proportions, dont les rameaux nombreux,
denses, robustes, changent l'aspect grêle de la Composée
bisannuelle. Par son propre poids ou plutôt par le pied du
jardinier, la tige se trouve penchée au-dessus du trou où
elle a puisé dans la vase une nourriture et une humidité
surabondante. Aussi les rameaux poursuivent-ils une crois-
sance qui devrait être terminée ; ils s'allongent, multipliant
à l'envi bractées et capitules, et comme si ces organes ne
suffisaient pas à absorber l'activité végétative, la pléthore
se trouve dépensée par de multiples proliférations dont la
description comprend les paragraphes suivants :
1° Les capitules inférieurs sont indurés, à bractées écar-
tées, à fleurons centrifuges ou divergents. On éprouve une
sensible difficulté à séparer les akènes du réceptacle et les
blessures laissent couler un latex abondant. Il y a donc
continuité très marquée entre les éléments du réceptacle
et ceux des akènes.
2° Prenons un akène en particulier : au lieu d'être fusi-
forme, il est cylindrique ; son sommet s'est épanoui en une
couronne de bractéoles calicinales qui remplacent les plu-
mules de l'aigrette. Or, on sait que l'aigrette manque tou-
1. Voyez séance du 25 février 1900, Procès- Verbaux, p. 87.
— 68 —
jours dans les Lampsanidées. Notre Lampsane sort de sa
tribu et cette intruse voisine avec Catananche cœrulea, Cicho-
rium intybus, Hedypnois polymoi-pha, etc., à akènes cou-
ronnés de paillettes.
3° Les akènes ainsi constitués sont stériles, et le style par
un accroissement anormal devient flexueux, embarrassé
qu'il est dans le lange d'une corolle marcescente.
4° Plus près de la cime la prolifération s'accentue ; les
capitules ne varient pas autrement, mais les styles épaissis,
écailleux se terminent en capitules infimes. La corolle est
devenue virescente, les filets des étamines sont devenus
distincts et le pollen, rare, parait du moins bien conformé.
5° Par une croissance continue les styles dépassent lon-
guement la ligule, se couvrent de bractéoles éparses, se
couronnent tous d'un capitule à 8-10 fleurs ligulées.
Ainsi l'akène est devenu rameau ; le calice toujours absent,
et à peine indiqué par les côtes, s'est formé; la corolle est
devenue à demi tubuleuse, les stigmates sont devenus deux
bractées opposées, et l'axe pistillaire, se continuant, a donné
lieu à une prolifération simple mais complète.
19. — Tragopogon pratensls.
(Planche III, fig. 47 à 50.)
Echantillons récoltés par M. le docteur Gillot, à Pancy près
l'Isle-sur-le-Serein (Yonne) ; excursion de la Société d'histoire
naturelle d'Autun, 10 juillet 1898.
Tige rameuse, souffreteuse, réduite ainsi que les
rameaux et les feuilles parsemées des pustules jaunâtres
d'une Urédinée , le Puccinia compositarum ; toutes les
bractées supérieures et la plupart des fleurs en sont infestées
bien que les iEcidies ne soient pas toujours bien appa-
rentes.
Le capitule terminal devient ombellifère, les bractées de
l'involucre simulent un involucro d'ombelle, les akènes
deviennent longs et ténus et figurent des rayons d'ombelle
— 69 —
couronnés par des involucelles (bractées) et des capitules
chevelus. Les capitules latéraux présentent la même mons-
truosité mais réduite.
L'ensemble de la prolifération se comprendra par la
description de celle d'un akène :
Akène remarquablement aminci, allongé, atteignant
35 millimètres ; rugosités et côtes disparues. Collerette de
l'aigrette transformée en calice à cinq sépales lancéolés
linéaires entiers. Il y a loin de cet état aux vingt rayons
pectines de l'aigrette normale.
Corolle marcescente, renflée à sa base ; présence de
nombreuses iEcidies à spores blanches et nombreuses
appartenant au Puccinia compositarwn Schlecht. La forme
de la corolle à peu près normale semble indiquer que
l'anomalie s'est accrue après la floraison, si même elle ne
lui est postérieure.
Étamines à filets souvent distincts; on peut apercevoir
les anthères libres, mais infertiles et desséchées.
Axe pistillaire dégénérant en prolifération : deux phyl-
lodes opposés figurent assez bien les deux lames du
stigmate normal, mais très accrues et lancéolées aiguës.
Parfois sur les capitules les moins monstrueux, on découvre
la continuation de Taxe pistillaire sous forme d'un minus-
cule rameau terminé par un capitule microscopique.
Dans les fleurs plus complètement anormales, ce capitule
est remplacé par un involucre velouté, composé de dix
bractées et portant autant de fleurons, les extérieurs nette-
ment ligules et devenant demi-fleurons, les autres à corolle
régulière mais soudée au sommet qui est phyllodié et
verdâtre. Il est très difficile de savoir, à cause de la ténuité
de ces fleurs, si Tandrocée et le gynécée subsistent sous
une forme ou une autre.
Prolifération générale, simple et complète.
Accrescence et stérilité des akènes;
Dégénérescence sépaloïde des rayons de l'aigrette ;
— 70 —
Marcescence de la corolle virescente.
Apostasie des anthères ;
Phyllodie des stigmates ;
Formation de capitules de prolifération ;
Différenciation de leurs fleurons en fleurons et demi-
fleurons ;
Tels sont les points les plus saillants de cette anomalie
aussi rare que bizarre.
Il semble au premier abord que cette monstruosité
remarquable soit due à la présence du champignon urédiné
parasite; plusieurs faits s'opposent à la confirmation de
cette opinion.
i° Le cas précédent relatif à Lampsana vulgaris n'offre
aucune trace de champignon à l'investigation la plus
minutieuse.
2° Quelques individus de Laitue cultivée, exposés au nord
à l'ombre d'un mur, ont présenté le début de cette mons-
truosité.
3° Le 5 mai 1899, Tragopogon pratensis nous a offert la
même anomalie, mais bien moins avancée, sans aucune
trace de Puccinia: calathides normales dans les proportions ;
akènes devenant pédoncules, fortement adhérents au
réceptacle ; aigrette foliacée plumeuse finement tomenteuse ;
corolle phyllodiée d'un vert jaunâtre.
Deux causes restent donc probables agissant simultané-
ment ou exclusivement : une tendance d'apparence fortuite
et tout individuelle ; une influence atmosphérique ou cli-
matique agissant sur la fleur en particulier, ou sur la circu-
lation de la sève par les racines.
20. — Gentaurea serotlna Bor.
Avrilly (Allier), 16 septembre 1899.
(Planohe III, fig. 51 à 56.)
L'unique individu que nous avons pu étudier, dessiner et
décrire, grâce à l'aimable obligeance de M. Château, insti-
— 7» —
tuteur à Bourg-le-Comte (Saône-et-Loire), a une tige très
avancée ainsi que le fait reconnaître l'époque de la récolte,
et surtout la presque disparition des feuilles normales et
la présence de capitules desséchés et vides. Cette tige
porte de nombreux rameaux courts terminés par une houppe
verte, plus ou moins allongée et fournie. Les feuilles qui
la composent sont nombreuses, linéaires, entières à la
base de la houppe, ordinairement denticulées au sommet.
L'axe de la touffe est le plus souvent entier, mais, parfois
aussi, nettement bifurque, à rameau latéral très court.
L'aspect général de la tige est donc très singulier, c'est
à peu près celui d'une tige morte sur laquelle on aurait
attaché à intervalles réguliers de gros pinceaux verts.
De jeunes capitules ont participé à cette phyllomanie
générale. L'involucre n'offre rien de bien remarquable, bien
que ses bractées se soient allongées et déjetées comme
par une poussée interne. Mais au lieu de fleurons tubuleux
rosés, le réceptacle conique, induré, charnu, porte d'abon-
dants phyllodes étroitement imbriqués et longuement
acuminés-linéaires (25mDIX 2). C'est, pour nous servir d'une
comparaison vulgaire, mais d'une exactitude absolue, tout
l'aspect d'un petit plumeau américain.
Cette anomalie a été retrouvée aux bords de la Loire par
M. Château, et à Ponay, commune de Tazilly (Nièvre), par
M. le Dr Oillot, et communiquée par eux à M. C. Marchai,
entomologiste distingué, au Creusot. L'opinion de nos
savants correspondants est qu'il s'agit d'une monstruosité
parasitaire ou Cêcidie, vraisemblablement une Acarocécidie,
due à un Phytoptide, qui a jusqu'ici échappé aux recherches.
Je ne puis, jusqu'à nouvel ordre, accepter cette opinion. Si
la monstruosité était due à un Phytoptide, on trouverait
certainement dans le réceptacle l'insecte transformateur ou
parasite ou au moins les alvéoles ou cavités de sa larve, ou
quelques vestiges chitineux. Mais de nombreuses coupes
longitudinales et transversales dans l'axe des capitules et
- 72 —
des phyllodies terminales ne m'ont pas révélé la plus petite
trace d'insecte. Il n'existe aucune lacune dans Taxe médul-
laire; les cellules végétales sont intactes; ce qu'il y a de
plus remarquable c'est le chaos des faisceaux libériens qui
devraient être rangés régulièrement autour du cylindre
central, tandis qu'ils empiètent beaucoup sur celui-ci un
peu au-dessous des premières écailles de Tinvolucre. Le
liber m'a montré nettement les tubes criblés qui sont carac-
téristiques. La plante devait être en pleine activité végé-
tale au moment de la récolte puisque ces tubes criblés
présentent non le stade hibernal mais le stade d'été.
Je me crois donc fondé à regarder cette anomalie
comme produite par un état climatique particulier donnant
un coup do fouet à la végétation épuisée, et ramenant
comme une reviviscence des fonctions organiques. Je
reconnais toutefois que la question n'est nullement résolue.
Raison de plus pour la signaler à la fois aux entomologistes
et aux botanistes qu'intéressent ces questions encore si peu
connues.
21. — Callaoa vulgaris.
Pré tourbeux du Montot, haut Morvan, 900 m. d'alt. 8 juillet 1898.
(Planche IV, fi?. 57 à 65.)
Au cours d'une herborisation faite , à Roussillon-en-
Morvan, dans l'aimable compagnie do M. le Dr Gillot et de
M. Lassimonne, nous avons trouvé cette monstruosité qui
n'a probablement jamais été observée.
Enfouie dans les Sphaignes, végétant dans la tourbe
humide et profonde, la Callune ne s'élevait qu'à quelques
centimètres au-dessus des mousses. De nombreuses racines
adventices pénétraient dans l'humide coussin. Les rameaux
supérieurs de cette Callune naine étaient couronnés d'une
seule fleur d'un rose très pâle, à pétales distincts très
doubles, avec une prolifération en rameau peu apparente :
un point vert sur une rosette microscopique.
On sait que normalement les fleurs sont disposées en
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche III.
Lampsana communie (suite).
45. Involucre et un akène d'un capitule à prolifération com-
plète (gr. nat.).
4P». Détail de la prolifération d'un akène (grossi).
a, akène.
6, calice.
c, corolle.
d, stigmates.
e, rameau de prolifération et bractées.
/", capitule de prolifération.
Tragopogon pratensls.
47. Capitule à prolifération complète (gr. nat.).
48. Un des akènes et sa prolifération : a, akène; 6, calice;
c, corolle ; c', étamines ; d, stigmates ; f, capitule de pro-
lifération, vu de faco et en projection horizontale; gf fleu-
ron ligule du capitule de prolifération ; hy fleuron tubu-
leux de ce même capitule (gros.).
49. 50. Akènes prolifères à un moindre degré que 48.
Cenlaurea Jacea var. serotina Bor.
51. Capitule phyllodié (gr. nat.).
r
52. 53 . Ecaille de l'involucre normale et écaille monstrueuse (gros.).
54, 55. Ecaille supérieure normale et écaille monstrueuse (gros.).
56. Phyllode du capitule (gros.).
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE D'iUTOH
TERATOLOGIE VEGETALE
EXPLICATION DES PLANCHES
Planche IV.
Galluna vulgaris.
57. Fleur terminale avec 2 rameaux de prolifération (grossi).
Salix aurlta (furcation des étamines) (gros.)-
r
58. Etamines à filets soudés; une avortée.
59. GO, 61, 62. Etamines à filets furqués.
63, 64. Etamines jeunes à 3 anthères sessiles.
65. Filet fascié en cornet.
Salix aurlta (androgyne) (gros.).
66. Une fleur mâle à étamines normales, quoique souffreteuses.
67. Fleur mâle; les filets des étamines sont soudés jusqu'au
milieu.
68. Les filets sont soudés presque jusqu'aux anthères. L'ovaire
(partie ombrée), commence à apparaître.
69. Fleur à ovaire atrophié couronné de deux anthères.
70. Une des pointes de la feuille carpcllaire se dessine.
71. Etamines soudées, l'une à anthère ovaroïde.
72. 73, 74, 75, 76. On distingue les deux pointes contournées des
feuilles carpellaires à différents degrés de développement.
La partie claire indique le tissu de l'anthère qui est jaune
dans les étamines étudiées.
77. Ovaire imparfait.
78. Ovaire parfait.
79. Ovaire couronné de 2 anthères soudées en croissant.
80. Les 2 anthères vues en projection horizontale.
81. D'entre les deux anthères jaillit un stylode.
82. Stylode mieux développé.
83. Ovaire couronné de 3 anthères.
84. Deux étamines soudées avec un ovaire concrescent avorté.
85. Ovaire flanqué d'une anthère.
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE D'AUTDN
TERATOLOGIE VÉGÉTALE
>o*V
39
•i-^
— 73 —
belle grappe dense, que les corolles sont monopétales,
urcéolées, à quatre divisions.
Ici les huit ou dix pétales, plies, étroitement imbriqués,
indiquent :
La muUiplicature florale, la disjonction des pétales, la
pétalodie des étamines. Les rameaux verts et courts issus de
la fleur au nombre de 1, rarement 2, indiquent une prolifé-
ration raméale occupant la place de la capsule. Enfin, une
seule fleur couronnant un rameau constitue une atrophie
considérable de l'inflorescence.
22. — Salix aurita.
15 avril 1898.
(Planche IV, fig. 66 à 85.)
Salix aurita ne possède normalement que deux étamines
à l'aisselle de chaque écaille et chacune porte deux lobes à
son anthère. Il en est tout autrement dans le cas suivant
dont on va lire la description.
Sur la route de Verneuil à Cercy, près Gharbonneau, un
Salix aurita mâle croit librement dans une haie ; son expo-
sition est excellente; cependant de deux tiges jumelles
Tune est souffrante, l'autre ne porte que des chatons
distants, chétifs et mal venus, et tandis que les uns ont des
anthères déshiscentes^es autres étamines saillent à peine
du rare duvet des écà^teâ florales.
En général les chatons sont nus à la base, par avorte-
ment, ce qui les fait paraître pédicellés ; les anthères sont
rouge vermillon avant la déhiscence, jaunes pendant, et noi-
râtres après.
L'anomalie commence nettement par l'absence d'une
étamine. Puis Tétamine est bifurquée à partir du milieu du
filet; elle devient ensuite trifurquée et même 4-5-furquée.
Dans les chatons tardifs la furcation est plus élevée et
voisine du connectif. Une des branches peut être atrophiée
et réduite à un rudiment peu apparent. Dans les étamines
— 74 —
jeunes la furcation est toujours moins marquée, mais n'en
existe pas moins. Parfois le cas se complique de la fascia-
tion du filet creusé en gouttière ou en cornet.
Examinés à un fort grossissement les grains de pollen
n'offrent rien d'anormal et ne diffèrent qu'insensiblement
de ceux de S. caprea et S. aurita.
On sait qu'il existe des Saules à étamines soudées par le
filet. S. purpurea = 5. monandra n'en possède qu'une ter-
minée par 2 anthères de chacune 2 lobes. 5. rubra Huds. =
S. fissa Ehrh. montre deux étamines parfois soudées à la base.
Il en est de même de S. Pontedereanea Schleich.
Ici on ne peut alléguer aucun caractère d'hybridité; et le
port, la disposition des rameaux, les nervilles sous l'écorce,
les feuilles, tout indique un S. aurita bien accusé.
A deux kilomètres de là et deux jours plus tard, à la
Guette, près Cercy, un autre Saule nous offrit le même aspect
souffreteux qui nous aida à retrouver la même anomalie.
Le 11 mars 1899, le premier Saule anormal, celui de
Charbonneau, nous donna la même monstruosité que la
première fois. A cette seconde date plus avancée, les chatons
étaient à peine ouverts, et comme ils étaient très avancés à
l'automne précédent et presque débarrassés de leurs volu-
mineuses écailles pour passer l'hiver, les étamines ont eu
beaucoup à souffrir de la température hivernale.
Près de Saint-Gratien, un Salix aurita croissant près de
l'école est, le 3 décembre 1899, encore muni de quelques
feuilles de seconde pousse; les chatons sont débarrassés en
petit nombre du lange de leurs écailles. Il est fort probable
que cet individu aura les étamines multifurquées des autres
pieds observés.
23. — Salix aurita.
15 avril 1898.
Après la duplicature de l'androcée, voici dans le Saule à
oreillettes la monœcie compliquée d'hermaphroditisme et
de stérilité.
- 75 -
Au-dessus de Charbonneau, près Cercy, sur la route de
Verneuil, notre attention fut attirée par un S. aurita dont les
chatons offraient des différences sensibles de coloration et
de forme. L'individu avait l'air misérable, végétant à
l'ombre d'une coupe do vingt ans qui lui mesurait, au midi,
très parcimonieusement la lumière.
Au lieu de la diœcie, individus mâles et femelles distincts,
nous trouvons un individu en même temps mâle et femelle.
Certains rameaux sont absolument o* ; d'autres portent en
grande majorité des fleurs «p. Enfin certaines branches sont
pourvues de chatons dont les fleurs staminées et pistillées
sont insérées côte à côte sur la même inflorescence :
rameaux hermaphrodites.
Une longue branche, forte et vigoureuse, est complète-
ment femelle ; elle parait en retard de feuillaison, ce qui
peut tenir à deux causes : ou bien les chatons femelles
absorbent davantage l'activité végétative, ou bien il y a
obéissance à cette loi générale qui hâte l'évolution de
l'androcéc en vue de la fécondation. C'est ainsi que parmi
les individus normaux les sujets femelles feuillent toujours
plus tard et que leurs chatons sont moins développés que
ceux de l'autre sexe à la même date.
Ici encore les rameaux mâles sont plus chétifs comme s'ils
ne donnaient des étamines que parce qu'ils ne sont pas
assez vigoureux pour donner des ovaires. Les chatons her-
maphrodites semblent naitre plutôt sur les rameaux de
moyenne vigueur. Dans ce cas les fleurs staminées se
trouvent pêle-mêle avec les fleurs pistillées, car les ovaires
peuvent aussi bien, quoique plus rarement, occuper la base
du chaton que le sommet. Il arrive que les deux sortes de
fleurs occupent latéralement les côtés du chaton, comme
s'il y avait concrescence d'un chaton mâle et d'un chaton
femelle.
Examinons en détail un chaton staminé exclusivement :
A la base des écailles normales, deux filets très velus, plus
— 76 —
que d'ordinaire ; glande un peu accrue. A partir du milieu
du chaton, les étamines se soudent par le filet dans la
moitié inférieure ; tout au sommet du chaton, la soudure
gagne tout le filet.
Les chatons femelles exclusifs ne présentent rien d'extra-
ordinaire, sauf la suture des deux feuilles carpellaires qui
est très marquée à droite et à gauche, comme s'il y avait
une tendance vers leur dissociation.
Enfin les chatons hermaphrodites sont très intéressants
à examiner, car ils offrent toutes les transitions possibles
entre les étamines furquées et l'ovaire bien constitué;
mais il est impossible de dire s'il y a progression dans le
sens de l'étamine ou dans le sens du pistil.
Le 11 mars 1899, une visite au même individu nous fit
retrouver la même anomalie; mais évidemment moins
avancée d'un mois environ. Le jeune âge des fleurs permet
de constater do manière très positive l'hermaphroditisme
de plusieurs fleurs portant à la fois un stigmate et une ou
deux anthères.
9
Ecluse d'Isenay, 4 mai 1899.
Au bord de l'Aron, un autre individu de 5. aurita, d'aspect
vigoureux, porte des feuilles très développées ; ses chatons
sont de différents âges, les plus jeunes présentent encore
des étamines bifurquées et les moins avancées d'entre elles
sont monandriques par soudure entière. Si on trouve des
filets complètement distincts, comme normalement, ils sont
toujours plus velus que d'ordinaire.
Enfin l'hermaphroditisme du chaton se continue jusqu'à
la fleur même :
Un ovaire est couronné de 2 anthères soudées et on hésite
à reconnaître ou une étamine à filet ovaroïde, ou un ovaire
staminé.
L'hermaphroditisme est complet, car un stigmate fili-
forme naît dans une autre fleur entre les deux anthères
soudées par la base.
— 77 —
Ce stigmate s'est encore accru et est parfaitement recon-
naissais.
Dans ces deux cas, du reste très homologues, on a
vu la transformation graduée et lente des étamines en
ovaire ; or la glande persiste toujours, opposée à l'écaillé
florale. Si cette glande avait été un pistil avorté de la fleur
mâle, elle se serait développée en style plutôt que Téta-
mine. Si, dans la fleur femelle, cette glande n'était qu'un
avortement de landrocée, on aurait vu la glande devenir
étamine dans les fleurs hermaphrodites. Nous le répétons,
la glande a toujours subsisté sans aucune métamorphose;
elle ne peut être ni androcée ni gynécée et ce n'est qu'une
pièce accessoire et mal développée du verticille floral pro-
tecteur. L'examen attentif d'un ovaire bien développé dans
la plante de l'écluse d'Isenay a révélé la présence de deux
glandes pour une même fleur, l'une ayant pris la place de
l'écaillé. Il faut donc que la glande comme l'écaillé ait plus
d'une analogie. Il semble qu'elle ne soit qu'une écaille évo-
luée en appendice nectarifère destiné à attirer les insectes
agents actifs de la fécondation.
Depuis notre découverte remontant à avril 1898, M. G.
Camus, notre savant et zélé confrère, a découvert de
curieuses malformations dans les Saules des environs de
Paris. Par exemple :
1° Un 5. Caprea qui a plus d'un rapport avec notre
S. aurita hermaphrodite de Charbonneau.
2° Un 5. triandra (S. Hoppeana) à chatons et fleurs her-
maphrodites ; c'est le cas que nous venons de décrire
appliqué à une autre espèce.
3° Des chatons androgynes de Saules hybrides. (Voyez
Bul. Soc. bot. Fr., 1899, p. 185.)
L'article de M. Camus et le nôtre se compléteront l'un
l'autre dans les descriptions et les figures. C'est la première
fois que ces remarquables monstruosités semblent frapper
l'attention des auteurs descripteurs et cette coïncidence
- 78 —
singulière d'observations faites à la même époque, en des
localités si distantes, prouve que les cas tératologiques sont
plus communs qu'on ne le suppose, et qu'il ne leur manque
pour être connus que l'attention des botanistes au cours de
recherches méthodiques.
Si une monstruosité animale est frappante, si elle étonne
et attire l'attention des foules et des savants, au point de
vue scientifique les anomalies végétales ne sont ni moins
intéressantes à étudier, ni moins fertiles en conclusions.
Les journaux ne s'en emparent point pour les répandre par
les mille voix de la presse, nul musée ne les montre à la
foule pensive, nul théâtre ne leur donnera la réputation
universelle d'Hélène-Judith ou de Rosa-Josépha. Cepen-
dant) au point de vue élevé de la science pure, cette chétive
branche de Saule androgyne est le second terme d'une
équation dont Marie-Madeleine Lefort ou Joseph Marzo est
le premier. Tout effet a une cause, tout phénomène une
loi, car le hasard, ce grand rien sur lequel on a édifié tant
d'erreurs, n'existe pas. Pénétrer autant que possible dans la
loi, dans la cause, c'est faire œuvre scientifique, que l'effort
s'applique à l'un ou à l'autre objet.
Mais la science des malformations végétales est à peine
née ; elle compte trop peu de descripteurs, et la téra-
togénie végétale n'a pas encore eu de Dareste.
Il importe donc que l'attention des botanistes se porte
sur les anomalies, que les découvertes soient signalées, que
les descriptions s'ajoutent aux descriptions, que des des-
sins clairs les précisent, afin qu'apparaissent timidement
d'abord les premiers linéaments des causes, devenues de
plus en plus certaines à mesure que s'accumuleront les
documents. Mais se borner à découvrir les cas, c'est peu;
les décrire méthodiquement, c'est bien ; le mieux, c'est de
saisir l'ensemble des circonstances biologiques qui déter-
minent l'individu monstrueux et qui peuvent guider dans
la recherche des lois productrices. Car il est pénible de se
— 79 -
sentir impuissant en présence d'un phénomène! L'idéal de
l'esprit scientifique est la lumière profuse; il a horreur
des pourquoi insolubles qui l'angoissent et reviennent le
frapper avec une énergie sans cesse renaissante. Son
triomphe, hélas! c'est de déchirer le voile du temple
d'Isis. t
La parole est à M. le D* Diard pour la lecture de la
note suivante, dont il est l'auteur :
Le Papyrus et ses usages.
La Société d'histoire naturelle d'Autun a bien voulu
admettre sur ma présentation parmi ses membres un de
mes plus anciens amis, M. Prisse d'Avennes, publiciste à
Paris. Ne pouvant pas vous le présenter en personne, vu
son éloigneraient, j'ai pensé que vous prendriez quelque
intérêt à un sujet sur lequel il a fait diverses publications
qu'il a lui-même empruntées à l'œuvre de son père, un
savant égyptologue longtemps méconnu, mais auquel,
grâce en partie aux efforts de notre nouveau collègue, jus-
tice commence à être rendue.
Le nom de Papyrus est communément appliqué à. une
classe de manuscrits dont la matière première était fobrnie
par la plante de ce nom.
Il n'est guère de représentant du règne végétal qui ait
rendu plus de services à l'humanité, depuis une époque plus
1. Tous dos remerciements bien sincères pour les envois de notre cher maître
le docteur Gillot, et de l'obligeant et zélé confrère qu'est M. Château. A inter-
valles plus ou moins réguliers, nous espérons publier les résultats de nos
futures observations tératologiques et nous recevrons avec reconnaissance
les échantillons anormaux que les herborisants voudront bien nous adresser,
22, avenue d'Italie, Paris.
— 80 —
immémoriale. Si l'histoire du Papyrus pouvait être recons-
tituée, elle serait vraisemblablement à peu de chose près
l'histoire même de récriture des premiers humains, car
elle se perd complètement dans la nuit des temps. Un
manuscrit âgé d'environ sept mille ans, dont j'aurai à vous
parler bientôt et qui est le plus ancien livre connu, ne fait
nulle mention de l'origine du tissu dit Papyms : il est
probable qu'à cette époque qui nous semble si lointaine,
l'usage de ce tissu pour l'écriture était déjà un fait ancien
et banal. Ce qui est certain, c'est que dans les temps les
plus reculés dont la mémoire nous soit parvenue, le
Papyrus a été, dans la basse Egypte, l'objet d'une culture,
d'une industrie et d'un commerce des plus importants,
qui se perpétuèrent jusque vers le douzième siècle de
notre ère.
Malgré la longueur de ce règne du Papyrus, il n'en a
survécu, ou du moins nous n'en possédons qu'un nombre
de spécimens relativement minime, et ceux qu'on possède
proviennent surtout des tombeaux égyptiens. Ils y ont été
recherchés avec persévérance et recueillis parfois à travers
de nombreux périls par divers savants qui nous ont révélé
une part importante de ce que fut en Egypte la civili-
sation antique : c'est à Prisse d'Avennes père que Ton doit
la découverte du plus ancien de tous, celui auquel je
faisais allusion il y a un instant.
La plante qui fournissait la matière première de ce tissu
a, elle aussi, presque disparu : les divers savants qui au
cours de ce siècle ont exploré l'Egypte, son principal
centre de développement au temps de son règne, l'ont vai-
nement recherchée à l'état natif. Il est avéré que ceux qui
ont prétendu l'avoir rencontrée ont commis une erreur
botanique.
Dans l'article du Dictionnaire de Larousse consacré au
Papyrus, il est dit que cependant la plante Papyrus subsiste
encore et serait utilisée par certains horticulteurs pour
Cyperus papyrus L.
Baae de la tige et spathe florale.
Cyperus papyrus L.
Représentation hiératique.
— 81 —
l'ornement des pièces d'eau. Mais assurément elle a bien
dégénéré et ne donne plus qu'une très imparfaite image
du Papyrus antique. D'après les descriptions des auteurs
qui l'ont connu, c'était un charmant spectacle que de voir
ce gracieux végétal onduler sous la moindre brise comme
nous voyons au printemps onduler nos seigles, mais avec
cette profonde différence que les harmonieux mouvements de
ces sveltes silhouettes se reflétaient dans l'eau des marais
encadrés dans l'admirable ciel de l'Orient. — Délaissé par
l'homme qui avait oublié ses longs et nombreux services,
il n'a sans doute plus trouvé dans les conditions clima-
tériques actuelles les éléments nécessaires à sa prospérité ;
ce vénérable ancêtre ne sera bientôt plus qu'un sou-
venir !
Et pourtant combien grand fut son rôle !
Sans compter les nombreux usages auxquels se prêtaient
chacun de ses organes, et sur lesquels je vais bientôt
revenir, quel service il a rendu à l'histoire humaine ! Les
monuments de pierre ou de bronze se sont écroulés, le
temps a effacé leurs inscriptions. Les révolutions ont fait
le désert là où florissaient des civilisations superbes. Le
langage et l'écriture de ces générations éteintes ont si bien
disparu de la mémoire htvùaine que ce qui en subsiste est
devenu incompréhensible^ tellement incompréhensible que
pour désigner un indéchiffrable grimoire il est devenu de
langage courant de le qualifier d'hiéroglyphe ! Mais sous
ces ruines quelque chose est resté qui a triomphé des
intempéries, triomphé des orages cosmiques et humains,
triomphé des insectes et des moisissures et, revenant à la
lumière après des centaines, non d'années, mais de siècles,
ce quelque chose va permettre aux chercheurs de reconsti-
tuer les écritures et les langues disparues. Après sept mille
ans, le Papyrus sort des tombeaux et vient nous révéler ce
qu'était la morale égyptienne à cette époque qui semblait
à tout jamais perdue pour l'histoire de l'humanité !
S.H.N. 1900. 6
- 82 —
Quel était cet intéressant végétal?
Voici ce que nous en savons :
Le Papyrus appartient à cette famille des Cypéracées
intermédiaire entre les Joncs et les Graminées et dans
laquelle rentrent les Carex et les Scirpus, hôtes actuels de
nos marais. Comme ceux-ci le Papyrus était une plante
essentiellement paludicole, mais il se rattachait à un autre
genre, celui des Cyperus ou Souchets, dont une variété, le
C. esculentus est cultivée pour ses tubercules comestibles.
Le C. esculentus est une humble plante ; tout autre était le
Papyrus. (PI. V.)
Son axe principal était un volumineux rhizome, ligneux,
très dur, susceptible d'un allongement considérable et qui
rampait dans la vase des marais.
De ce rhizome émanaient trois sortes d'organes :
1° Des racines relativement grêles : c'était la partie la
moins précieuse.
2U Des tubercules analogues à ceux du Cyperus escu-
lentus, mais beaucoup plus gros, riches en fécule aromati-
que et sucrée, alimentaire.
3° La tige ou axe aérien.
Cette tige prismatique, élancée, souple comme celle des
bambous, pouvait s'élever à plus de trois mètres.
A sa base, au voisinage du rhizome, sa grosseur était
à peu près celle du bras d'un homme ; elle allait diminuant
graduellement jusqu'à son extrémité supérieure. Cette base
était garnie de longues feuilles engainantes en partie
submergées. Dans tout le reste de son étendue la tige était
nue et ne présentait à noter que les nœuds dont l'intervalle
diminuait avec la hauteur. A son sommet elle se terminait
par un épanouissement foliacé en forme d'aigrette ou
ombelle très ample, très élégante, constituée par les épis
floraux et leurs bractées lanugineuses. La base de ce
groupe d'organes était entourée par un involucre à huit
larges folioles on forme d'épées. (PI. VI.)
— 83 —
L'ombelle du Papyrus a une importance surtout histo-
rique : les habitants de la basse Egypte en avaient fait
l'emblème, le symbole de leur région, comme la fleur du
lotus ou nénuphar bleu (Nymphœa c&rulea) était celui de la
haute Egypte.
La fleur (en vertu d'un système dont l'explication se
trouvera dans un travail que nous destine Prisse d'Avennes)
représentait dans récriture la lettre H, initiale de son nom.
Enfin le fruit, un akène triangulaire, renfermait une
amande comestible.
L'ombelle du Papyrus a été souvent représentée sur les
monuments de l'ancienne Egypte. (PI. VII.) Mais on en a eu
mieux que l'effigie : par suite sans doute de sa signification
symbolique elle a eu sa place dans les cérémonies funéraires
et on a trouvé, placées dans les mains de certaines momies
remontant à la XVIIIma dynastie (1822 ans av. J.-C), des
tiges de Papyrus auxquelles attenaient encore leurs om-
belles.
Tel était le Papyrus au point de vue morphologique.
L'élégance de son port, quelle qu'elle fût, était sa moindre
qualité : tous ses organes ont été plus ou moins utilisés et
voici d'après les écrits des auteurs anciens (Hérodote, Dios-
coride, Diodore de Sicile, Pline l'Ancien, etc.) quels en
étaient les principaux usages.
Avec le rhizome on fabriquait tous ces ustensiles qui
demandent un bois dur et résistant : boites, étuis, pilons,
navettes. Bref, il servait à peu près comme sert chez nous
la racine du buis. Mais ses dimensions, plus considérables,
fournissaient assurément des éléments plus amples et se
prêtant à de plus nombreuses utilisations. Les déchets
servaient de combustible ainsi que les racines dont on faisait
un charbon très estimé.
Les tubercules qui pouvaient être mangés, aussi bien
crus que cuits de diverses manières, étaient très recherchés
surtout pour l'alimentation des enfants.
— 84 —
On mangeait aussi de diverses façons la partie inférieure
de la tige, riche en matières sucrées.
Les feuilles, diversement associées à la partie externe de
Véeorce des tiges, avaient des usages multiples et impor-
tants, allant depuis ce que nous appelons maintenant
« sparterie » jusqu'à une textilité plus ou moins perfec-
tionnée. Les tissus ainsi obtenus étaient employés pour la
confection des vêtements, bandelettes à momies, voiles de
navire s, etc.
Avec la moelle de l'extrémité des tiges on faisait les
flambeaux funéraires.
Les parties les plus ligneuses de la tige, découpées,
entrelacées, puis agglutinées avec une sorte de goudron
(dont la formule a disparu), constituaient l'élément de cons-
truction de légers esquifs souvent figurés sur les monu-
ments. C'en est un peut-être qui porta Moïse sur les flots
du Nil. — Les Abyssins, parait-il, en construiraient actuel-
lement encore du même genre.
Mais l'usage mémorable entre tous, celui qui, pour nous
modernes, consacre à tout jamais le Papyrus comme le plus
précieux peut-être des végétaux qui aient été utilisés par
l'homme à travers les âges, c'est son utilisation pour
l'écriture.
Voici comment se préparait le papyrus des manuscrits, ce
précurseur de notre papier actuel qui semble lui devoir son
nom.
Les plus fortes tiges étaient coupées aux deux extré-
mités, de manière à garder seulement le morceau du
milieu et à éviter les nœuds. La longueur de ces tronçons
variait de 33 à 66 centimètres.
L'écorce enlevée, on séparait successivement avec un
outil pointu les lames concentriques constituant le liber
(une vingtaine environ). Ces lames étaient d'autant plus
minces et plus blanches qu'elles étaient plus rapprochées
du centre. De là diverses qualités de Papyrus dont certains
— 85 —
spécimens égalent en finesse nos plus luxueuses batistes.
Chacune de ces lames, sorte de ruban en forme de trapèze
très allongé (par suite de la diminution de calibre des tiges
de Tune à l'autre extrémité) était étendue longitudinale-
ment sur une surface plane, humectée d'eau. On les juxta-
posait dans le sens de leur longueur en alternant les bases
et les sommets, les bords empiétant très légèrement l'un
sur l'autre. Lorsqu'on en avait ainsi disposé un certain
nombre, suffisant pour réaliser le carré, on faisait dispa-
raître avec précaution toutes les irrégularités de cette pre-
mière couche, puis on l'arrosait avec l'eau limoneuse du
Nil. Sous l'influence de l'humidité les fibres végétales
laissaient probablement exsuder des produits mucilagineux
qui, s'unissant aux dépôts argileux de l'eau, constituaient
une sorte de colle assurant l'union des bandelettes entre
elles.
Sur cette première couche on appliquait alors de nou-
velles bandes disposées suivant le même procédé, mais en
croisant les précédentes en sens exactement inverse à
angle droit. Ces deux couches réunies formaient une
feuille. Celle-ci était alors passée à la presse, puis mise à
sécher au soleil, après quoi, pour l'amincir, on la battait
au marteau. Elle était ensuite soumise à un polissage
effectué avec la pierre ponce, puis divers instruments en
ivoire, écaille ou agate. Enfin après ces divers traitements
la feuille était plongée dans l'huile do cèdre qui lui com-
muniquait une grande résistance contre les insectes et les
moisissures.
Grâce à cette préparation si soignée, grâce aussi certai-
nement à la précaution avec laquelle ils ont été enfermés
dans des vases d'argile très secs et très bien clos, placés
eux-mêmes dans des tombeaux très sainement construits,
les manuscrits égyptiens ont réalisé la plus étonnante con-
servation qu'ait jamais atteinte l'écriture des hommes.
La ville d'Alexandrie parait avoir été de tout temps le
- 86 —
principal centre de la fabrication du papyrus qui constitua
pour elle une branche de commerce des plus importantes,
vu le prix élevé qu'atteignait ce tissu : la valeur d'une feuille
de papyrus hiératique était d'environ cinq francs de notre
monnaie actuelle.
De la basse Egypte qui fut longtemps son siège exclusif la
culture du Cyperus Papyrus s'étendit, surtout sous l'influence
romaine, sur un certain nombre de régions suffisamment
chaudes et humides. Rome en produisit et l'influence de son
industrie est marquée par les noms affectés à certaines qua-
lités de papyrus pour manuscrits. — Vers l'an 330 de notre
ère, au temps de saint Jérôme, l'usage en était à son apogée.
— C'est vers le douzième siècle qu'il disparut définitive-
ment, détrôné par le parchemin, bien moins coûteux et dont
surtout la matière première était bien plus facile à se pro-
curer en tous lieux. L'origine de cet heureux rival du papyrus
n'est pas sans intérêt : la voici en quelques mots :
Vers l'an 250 avant Jésus-Christ, Eumène, roi de Per-
game, rivalisant de faste avec Ptolémée II, monarque égyp-
tien, émit la prétention de créer dans sa capitale une biblio-
thèque égale ou même supérieure en importance à celle dont
s'enorgueillissait Alexandrie. Ptolémée, dans le but d'en-
lever à son adversaire les moyens matériels de réaliser son
projet, interdit rigoureusement toute exportation de papy-
rus. Dès lors, stimulés par leur roi, les savants de Pergame
cherchèrent avec ardeur le moyen de tourner la difficulté.
Qu'ils l'aient inventé ou qu'ils aient perfectionné une fabri-
cation restée jusque-là rudimentaire, il est certain qu'ils
imprimèrent à la production du parchemin un essor qui ne
fit plus que s'accroître. Il fallut toutefois environ quatorze
siècles à ceci pour tuer cela, et Ptolémée sans doute ne se
douta guère du mauvais service qu'il rendit à ses États en
suscitant une invention qui devait plus tard annihiler leur
plus florissante industrie.
Voici quelques détails sur les diverses espèces de papyrus
_ 81 -
industriels ou manuscrits. Je les emprunte à l'important
article concernant ce sujet dans le Dictionnaire de Larousse.
Les qualités supérieures fournies par les parties les plus
centrales de la plante étaient les plus blanches en même
temps que les plus fines. Leur minceur était telle qu'on n'y
pouvait écrire que d'un seul côté. Longtemps réservées
exclusivement à la confection des livres sacrés, elles étaient
de ce fait appelées Papyrus hiératique.
Sous le règne d'Auguste, pour flatter ce monarque, on
donna son nom et celui de Livie, son épouse, à ces papyrus
supérieurs qui devinrent le P. Auguste et le P. Livien. Le
nom d'hiératique passa au papyrus de troisième ordre.
La largeur de ces trois premières qualités était de 25 cen-
timètres par feuille pour l'Auguste et le Livien, de 21 centi-
mètres pour l'hiératique.
Sous l'empereur Claude, une nouvelle variété formée par
la réunion d'une feuille de papyrus Auguste avec une feuille
de Livien reçut le nom de P. Claudien.
Les qualités suivantes étaient : le P. Faunien (du nom de
son préparateur Faunius.) Il avait 19 centimètres de largeur.
Le P. Amphithéatrique, ainsi nommé parce qu'il se fabri-
quait à Alexandrie dans le quartier de l'Amphithéâtre. Il
mesurait 17 centimètres.
Le P. Saïtique, fait avec un papyrus de qualité inférieure,
mais très abondant autour de la ville de Sais.
Le P. Téniolique (de Tanis), le quartier d'Alexandrie où
on le préparait.
Le P. Cornélien, inventé sous Cornélius Gallus, préfet
d'Egypte sous Auguste.
Le P. Emporétique (11 centimètres), fait avec les pellicules
les plus rapprochées de l'écorce et les plus grossières.
C'était quelque chose comme nos papiers d'emballage.
Parmi les différents manuscrits sur papyrus, recueillis
dans les tombeaux égyptiens et précieusement conservés
dans les Musées, le plus intéressant à coup sûr, et en tout
— 88 —
cas le plus ancien actuellement connu (il a près de 7000 ans),
est désigné dans la science sous le nom de Papyrus de
Prisse d'Avennes.
Il est écrit en caractères hiératiques aux traits larges,
pleins, assurés, sur une feuille qui ne mesure pas moins de
8 mètres de longueur. Grâce à la traduction qui en a été
faite en français par M. Eugène Revillout, conservateur
adjoint des musées nationaux ', on sait qu'il contient une
réunion d'observations et de maximes, ainsi qu'un traité
de morale qui ne serait désavoué par aucune civilisation,
quelque perfectionnée fût-elle.
Ce manuscrit, d'un prix inestimable, a été découvert en
1843 par Prisse d'Avennes père, dans la nécropole de
Thèbes où il faisait à ses frais des recherches qui n'étaient
pas sans péril.
D'autres l'auraient gardé ou vendu.
Lui, il en Gt hommage à la Bibliothèque Nationale,
voulant qu'il fût à tous ceux qu'intéresse la science.
Ce trait de générosité n'est qu'un épisode dans la vie
de Prisse d'Avennes. Son existence, faite d'actes d'héroïsme
et de dévouement à la science, est racontée dans une
notice dont son fils a fait don à notre bibliothèque à l'appui
de sa candidature. La lecture en est des plus attrayantes
et je vous la recommande tout particulièrement.
Dr Diard.
M. B. Renault remercie M. le Dr Diard de son inté-
ressante communication, puis il dépose sur le bureau
la notice suivante consacrée à la mémoire de l'un dé
nos regrettés sociétaires :
1. Cette traduction a paru dans la Revue égyptologique, tome VU, série 4
'\7rknc-A*7r
— 89 —
La Vie et les Travaux de A. Franchet,
Par M. Henri HUA.
Adrien-René Franchet naquit à Pezou (Loir-et-Cher) le
19 avril 1834. Il était de cette région du centre de la France,
dont les habitants sont réputés présenter le mieux les qua-
lités propres au caractère français : la rectitude et la clarté
dans les idées, l'indépendance de l'esprit tempérée par
l'attachement aux traditions.
Entraîné dès son enfance par un goût inné vers l'étude
de la botanique, toute sa vie il cultiva sa science favorite
pour elle-même, sans y voir jamais une source d'honneurs
ou de fortune. Et si la fortune, qu'il ne recherchait pas,
ne vint pas à lui, si les honneurs extérieurs ne lui furent
pas prodigués, il eut du moins cette intime et haute satis-
faction de voir, à mesure qu'il avançait dans la vie, sa
renommée grandir en France et hors de France ; il put
avoir le légitime orgueil de devoir la considération univer-
selle qui l'entourait à la fin de sa carrière, uniquement à
la valeur de son œuvre, et non à l'éclat de la position qu'il
occupait.
Une pareille carrière est intéressante à suivre dans ses
diverses étapes, en tenant compte surtout des travaux qui
marquèrent ces étapes.
I
De bonne heure, Adrien Franchet montra le goût le plus
déterminé pour l'étude des plantes. Il n'avait que dix ans,
quand, chez le curé des Montils, près de Blois, qui l'ini-
tiait aux premiers éléments de la langue latine, — alors
considérée comme la seule base solide d'études destinées à
élargir l'esprit, — il ramassait les herbes et les fleurs du
- 90 -
jardin, les faisait sécher entre les pages de ses livres et
constituait ainsi son premier herbier.
Cette tendance à s'occuper des simples indiquait une véri-
table vocation. Mme Franchet, qui était restée veuve de bonne
heure, crut la favoriser et en même temps assurer pour
l'avenir une carrière honorable et lucrative à son fils, en le
faisant entrer chez un pharmacien de Blois.
Voilà donc le jeune Adrien, à l'âge de douze ans, élève
pharmacien. Les travaux de l'officine ne le séduisaient
guère, à vrai dire. Ce qu'il goûtait le plus, dans l'indépen-
dance relative dont il jouissait, c'était la faculté de se lever
avec le jour et de courir à la forêt de Russy faire une
bonne moisson de plantes avant de prendre son service. Il
trouvait un charme inexprimable à vivre à l'ombre des
grands arbres, à explorer le sous-bois, à fouiller les clai-
rières et les buissons, heureux des découvertes innombra-
bles qu'il faisait, dans cet intime contact avec la féconde
nature. Aussi, que de peine à s'arracher à cette jouissance,
pour regagner la ville, où son service l'appelait à sept
heures ! Chaque jour, il avait plus de mal à interrompre
ses recherches, qui chaque jour aussi l'entrainaient plus
loin. Bientôt il ne rentra qu'à midi; il alla même jusqu'à
se laisser surprendre par la tombée de la nuit.
Évidemment ce n'était qu'une préparation fort indirecte
à la profession de pharmacien. Au bout d'un mois, sa mère
dut le retirer de chez son patron et chercher une autre
voie pour le jeune indépendant, en lui faisant compléter
ses études classiques. Le petit séminaire de Blois avait
alors une réputation méritée pour la solide éducation et
l'instruction élevée qu'on y recevait. C'est dans cet établis-
sement et ensuite au grand séminaire, où il fît ses huma-
nités, qu'Adrien Franchet reçut la forte culture intellec-
tuelle qui fut une jouissance de toute sa vie. Il aimait les
lettres à régal des sciences, et dans sa jeunesse un de ses
passe-temps favoris était, pendant ses heures de loisir, de
- 91 -
concourir avec un camarade à qui tournerait le mieux une
pièce de vers latins. Il est permis de croire que par son
long séjour dans ce milieu spécial , parmi des jeunes
gens dont beaucoup s'apprêtaient à renoncer au monde
pour se consacrer au service du Dieu qui ordonne à ses
disciples le détachement des richesses et le perfectionne-
ment progressif de la vie, il affermit en lui cette idée du
devoir à accomplir, directrice de sa carrière entière, et qu'il
faisait passer avant toute autre considération, en particu-
lier avant les préoccupations d'argent.
Bien que, pendant ces années sérieuses, elle dût passer
au second plan, la botanique ne fut pas abandonnée. Plus
d'une fois, pendant les promenades du jeudi, le jeune élève
s'écartait de ses camarades pour aller herboriser. C'était
un accroc à la règle, mais sur lequel ses supérieurs passè-
rent, puisqu'ils le gardèrent jusqu'à l'âge de vingt ans.
Il va profiter de sa liberté pour se livrer avec plus d'ar-
deur à ses études favorites, tout en cherchant sa voie.
II
Vers le même temps, un autre passionné des curiosités
delà nature, mettant sa grande fortune au service de son
intelligence, s'adonnait à l'étude des premiers vestiges de
l'activité humaine et réunissait dans son château de Che-
verny les éléments d'une collection qui devait devenir,
plus tard, l'une des plus belles collections archéologiques et
géologiques, qu'ait jamais possédée un particulier.
Le marquis de Vibraye cherchait un collaborateur pour
lui confier le classement et la conservation de ses collec-
tions, quand il fit la rencontre de M. Franchet, suppléant
alors un professeur au collège de Pontlevoy. Il lui propose
ce poste.
C'était l'indépendance, la facilité la plus grande donnée
à ses études. Aussi M. Franchet n'hésite pas à accepter et
- 92 -
devient, en 1857, conservateur des collections du marquis de
Vibraye, poste qu'il conserva jusqu'en 1880.
Pendant la plus grande partie de cette période, la bota-
nique ne put être que le délassement du labeur quotidien,
consacré à l'archéologie préhistorique, à l'ethnographie, à
la géologie.
Il ne se contentait du reste pas d'un travail de cabinet :
il fut chargé de diriger des fouilles dans les principales
stations de France, de Suisse et de Belgique, où des docu-
ments préhistoriques pouvaient se rencontrer et enrichir
les collections dont il avait la garde. C'est ainsi qu'il
recueillit de précieux matériaux aux Eyzies, à Laugerie-
Haute et Laugerie-Basse, au Grand-Pressigny, dans le
Vendômois, en Auvergne. Appliquant l'esprit de méthode
essentiellement pratique qui fut la marque de son intelli-
gence, il s'efforça de mettre en regard des objets préhis-
toriques, les objets modernes en usage chez les peuples
sauvages qui se rapprochent le plus de ceux dont se ser-
vaient nos ancêtres lointains. De même il tenait à placer
en regard des coquilles fossiles, les espèces vivantes du
même genre qu'elles.
Ces belles collections devinrent un objet d'admiration
pour tous les hommes compétents, et en 1878 les plus
belles pièces figurèrent à l'Exposition universelle.
A cette consécration de l'œuvre de sa vie, le marquis de
Vibraye ne devait pas survivre. Il fut enlevé cette année
même à la science et aux siens. On put se demander ce
que deviendraient ces belles collections auxquelles la
féconde collaboration du propriétaire et du conservateur
avait donné une valeur hors ligne. L'amitié véritable por-
tée par le marquis de Vibraye à M. Franchet, et dont
celui-ci s'honorait, lui fut continuée par ses descendants,
et grâce à ces bonnes relations, ceux-ci purent, en 1897,
assurer la perpétuité de l'œuvre du chef de la famille en
faisant entrer la plus belle part de ses collections au
— 93 —
Muséum. La « Salle de Vibraye », dans les nouvelles gale-
ries d'Anthropologie, fait honneur à la fois à ceux qui en
ont groupé les éléments, à ceux qui les ont donnés et à
l'établissement où ils sont exposés.
III
Après la mort du marquis de Vibraye, Adrien Franchet
dut chercher un nouvel emploi à son activité scientifique.
Il rêvait d'être attaché à ce Muséum de Paris, où les maté-
riaux d'études accumulés depuis plus de deux siècles,
offrent aux travailleurs des ressources incomparables. Mais
les cadres réguliers du personnel attaché à cet établisse-
ment sont étroits ; aucune place n'était vacante. Sur ces
entrefaites une commission spéciale ayant constaté l'insuf-
fisance numérique du personnel dépendant du service de
l'Herbier, on obtint des Chambres les crédits nécessaires
pour y adjoindre deux botanistes auxiliaires. C'est à ce
titre que M. Franchet fut attaché au Muséum en 1881, et
qu'il y commença l'étude des riches collections rapportées
de la Chine par M. l'abbé Armand David, dont le nom est
lié à l'exploration scientifique de la Mongolie et du Thibet.
M. le professeur Bureau n'avait pas hésité à confier l'examen
de ce bel herbier à celui qui avait déjà montré sa compé-
tence dans l'étude de la Flore asiatique par la publication
des plantes rapportées du Japon par le Dr Savatier.
Les crédits destinés aux botanistes auxiliaires ne furent
pas maintenus. Ce fut une période difficile à passer pour
M. Franchet. Un homme moins détaché que lui des ques-
tions pécuniaires, et qui les eût fait passer avant l'amour
de la science, se fût rebuté devant les difficultés qu'il eut
alors pour se maintenir au Muséum. Mais il tenait à mener
à bien l'œuvre qui lui avait été confiée, et il voyait toute
la besogne indispensable à accomplir au profit de l'éta-
blissement auquel il avait été attaché. Il continua donc à
travailler à l'Herbier du Muséum.
— 94 —
IV
Le vrai mérite, quoi que disent certains désabusés, n'est
jamais complètement abandonné. Désireux de donner à
M. Franchet les moyens d'arriver à terminer l'importante
publication entreprise, un de ses compatriotes du Blaisois,
M. E. Drake del Castillo, qui commençait alors une collec-
tion botanique devenue depuis un admirable musée parti-
culier capable de rivaliser avec les célèbres herbiers des
De Candolle, des Boissier, des Cosson et des Burnat,
résolut de se rattacher comme conservateur. Sans négliger
son travail au Muséum, M. Franchet sut, en appliquant sa
grande science pratique des collections, aménager l'Her-
bier Drake avec une perfection remarquable. Il se faisait
une joie de présenter cet œuvre qu'il venait de terminer,
aux nombreux visiteurs que le Congrès international de
botanique annoncé pour l'Exposition de 1900 allait amener
à Paris. La mort impitoyable l'a enlevé avant qu'il pût
avoir cette satisfaction. M. Drake del Castillo devra, seul,
faire à ses invités les honneurs de l'œuvre accompli avec
son fidèle collaborateur. Il pourra, ce faisant, ressentir une
double fierté : être en possession d'une des plus belles
collections scientifiques du monde ; et avoir donné à son
collaborateur qui fut son ami, la possibilité de mettre en
valeur de rares facultés d'organisation qui se seraient avec
profit exercées sur un plus vaste champ, si les circons-
tances l'eussent permis.
V
Cependant, grâce aux instances répétées de M. le pro-
fesseur Bureau, M. Franchet avait pu en 1886 être rattaché
officiellement à son service du Muséum, comme répétiteur
au Laboratoire des Hautes-Études dépendant de la chaire
— 95 —
de Botanique (classifications et familles naturelles). Il avait
pour fonctions propres de renseigner les travailleurs qui
se présentaient à l'Herbier pour y chercher des éléments
d'étude. Sa profonde connaissance des plantes, sa vaste éru-
dition bibliographique, sa courtoisie parfaite, le rendaient
particulièrement apte à ce service. Le nombre est considé-
rable de ceux qu'il aida de son expérience dans leurs recher-
ches. Les plus savants même y avaient recours, et Ton peut,
sans diminuer en rien le mérite et la valeur exceptionnelle
de l'illustre auteur de l'Histoire des Plantes, Henri Bâillon,
dire qu'il fut mis en possession de certains documents
intéressants et sur la voie d'observations originales, par
Franchet qui se faisait une joie de collaborer ainsi avec ce
puissant génie, ignorant qu'il était lui-même de l'égoïsme
scientifique.
Ces deux hommes, de caractère très différent, étaient
arrivés par le contact permanent d'un travail également
assidu à une complète estime réciproque. Bâillon cherchait
à dégager le type générique dans son acception la plus
large, sans s'arrêter à la distinction des espèces et à leur
distribution sur le globe; Franchet s'efforçait de recon-
naître la série des formes spécifiques et la manière dont
cette série se développe et se modifie en passant d'une
région à l'autre; en revanche, nous verrons qu'il regar-
dait le genre comme une collection artificiellement limitée
pour la facilité de l'étude. Malgré ces divergences de vues,
tous deux s'accordaient dans un commun amour de la
science et dans le désir de mettre en œuvre les richesses
accumulées dans l'Herbier du Muséum , afin de ne pas
le laisser dépasser en valeur par les collections étran-
gères. Ils agissaient ainsi en bons savants et en bons Fran-
çais.
Avec les jeunes gens, Adrien Franchet cherchait toujours
à se rendre compte si chez eux l'amour de la science était
le principal motif de leurs recherches. Ceux-là seuls lui
- 96 -
semblaient dignes d'encouragement. Il aurait voulu voir
chacun, comme lui, trouver la science assez belle pour être
en soi seule un but, et ne jamais la rabaisser à un moyen
d'acquérir une position. Même quand on paraissait à ses
yeux avoir un sincère amour du travail, il éprouvait cet
amour en laissant chaque travailleur surmonter par lui-
même les difficultés, se bornant à mettre entre ses mains
les premiers documents pouvant l'amener à la découverte
de la vérité. C'était retarder les résultats des études entre-
prises par ses disciples, mais c'était assurer la formation
de leur esprit aux recherches scientifiques personnelles.
Les savants étrangers avaient aussi recours à sa bonne
volonté quand ils venaient au Muséum ou qu'ils désiraient
se procurer un renseignement sur une plante de nos col-
lections nationales. D'autre part il profitait des relations
ainsi acquises pour procurer à l'herbier des documents
nouveaux ou pour s'aider à interpréter les échantillons
y existant. Citer ses correspondants serait donner la liste
de tous ceux qui, dans le dernier quart de siècle, se sont
occupés de botanique systématique. Il était en relations
constantes avec les botanistes de Kew, de Genève, de
Berlin, de Saint-Pétersbourg, de Bruxelles, pour ne parler
que des grands centres botaniques d'Europe. Ceux avec
lesquels il eut les rapports les plus fréquents furent ceux
dont il fut l'émule pour faire connaître la Flore asiatique :
en Russie, Maximovicz ; en Angleterre, W. B. Hemsley.
Tout en cherchant à rendre service personnellement aux
uns ou aux autres, il pensait qu'être attaché à un herbier
comme celui du Muséum entraînait le devoir étroit d'en
mettre en valeur les richesses et de chercher à augmenter
ces richesses par tous les moyens possibles. Grâce à ses
relations avec les prêtres des missions étrangères établis en
Chine *, il assura à l'herbier du Muséum une place prépondé-
1. Mgr Biet, évêque de Diana, vicaire apostolique du Tibet, dont le zèle
scientiâque n'est plus à louer, lui fut du plus grand secours.
- 97 —
rante en ce qui concerne les plantes de cette région. Le
seul P. Delavay, avec lequel le mit en rapport le P. David
en 1881, envoya de 1883 à 1896, date de sa mort, plus de
sept mille cinq cents numéros représentant plus de trois mille
cinq cents espèces pour les deux tiers nouvelles provenant
de la province de Yunnan. Sans parler du R. P. David,
dont des collections, provenant de la Mongolie, de la Chine
occidentale et centrale et du Thibet oriental, étaient depuis
longtemps au Muséum, le R. P. Bodinier explora la Flore
de Hong-Kong, le R. P. Farges, celle de Tchen-Keou-Tin,
dans le Setchuen, le R. P. Soulié reprit celle du Thibet, le
R. P. Faurie s'attacha au Japon. De plus, la certitude de
voir leurs envois faire l'objet d'une étude attentive, encou-
rageait les voyageurs chargés de missions purement scien-
tifiques, ou appelés en Asie par leurs affaires personnelles,
à récolter des collections botaniques importantes destinées
au Muséum. Nous pouvons citer en particulier celles de
M. Fauvel aux environs de Tché-Fou, de M. Chaffanjon,
dans l'Issik-Koul, de M. Bonvalot et du prince Henri d'Or-
léans, de Dutreuil de Rhins, au Thibet, de M. de Poncins,
au Pamir, de M. et Mme de la Touche, au Fokien, etc.. Les
résultats généraux de chacun de ces voyages furent signalés
soit dans le Journal de botanique, soit à la Société bota-
nique, soit dans le Bulletin du Muséum.
M. Franchet encourageait de ses conseils tous ses cor-
respondants, rectifiait l'imperfection de leurs procédés de
récolte, leur signalait ce qu'il fallait faire. C'est ainsi que
tous en vinrent à envoyer des échantillons impeccables qui
font la gloire des collections du Muséum.
L'étude des documents ainsi réunis fournit à M. Franchet
la matière des travaux sur la Flore asiatique, auxquels il
consacra la seconde moitié de sa vie, et qui l'amenèrent
aux vues les plus intéressantes sur la géographie botanique
et sur les principes de la systématique, en particulier sur
la notion du genre.
S.H.N. 1900. 7
— 98 —
VI
Jusqu'à l'âge de trente-huit ans, il ne s'occupa que de
plantes françaises et européennes, réunissant un herbier,
mais publiant peu. On ne trouve guère pendant cette
période de dix-huit ans, écoulés depuis sa sortie du grand
séminaire de Blois, qu'une dizaine tout au plus de notes ou
mémoires. Le premier dont on puisse garder le souvenir
est la description d'un Cirsium des Hautes-Alpes, qu'il
crut nouveau et décrivit dans les annotations à la Flore de
France et d'Allemagne de Billot, sous le nom de Cirsium
fallax : c'était la même espèce que le Cirsium decipiens de
Nymann, reconnu aujourd'hui par la plupart des botanistes
comme rentrant dans le Cnicus acaulis Wild.
Dès cette époque, il se préoccupait des causes géogra-
phiques de la distribution des plantes, et en 1866 il donnait
lecture à la Société archéologique du Vendômois d'un
intéressant mémoire sur la Distribution géographique des
plantes phanérogames dans le département de Loir-et-Cher,
d'après le cours des eaux et la constitution géologique du
sol et qu'on rotouvera un peu modifié en tête de la Flore de
Loir-et-Cher. Toute sa vie, il resta fidèle à l'idée exprimée
en tête de ce mémoire. « L'étude de la répartition des
plantes sur la surface de la terre, disait-il, peut être con-
sidérée comme l'une des plus dignes d'occuper les esprits
curieux, soit que l'on s'y livre dans le but de se procurer
une jouissance purement intellectuelle, soit que l'on se
propose un résultat pratique en demandant à la nature le
secret des lois qui ont présidé à la naissance, à l'accroisse-
ment, à la propagation des végétaux qui charment les regards
de l'homme ou servent à ses besoins. » On peut dire que
dans ces quelques lignes, il exposait le programme des
études qu'il poursuivit jusqu'à sa mort.
Sauf une note, qui peut être considérée comme une pre-
mière incursion dans les flores exotiques, sxirl&Floruleadven-
— 99 -
tice observée dans le département de Loir-et-Cher en 1871-1872,
à la suite du séjour des armées pendant la guerre de 1870-
1871, tous les autres travaux de cette période se rapportent
au genre Verbascum. Leur ensemble constitue un monu-
ment monographique fondamental pour l'étude de ce beau
genre, dans lequel la distinction des espèces est rendue dif-
ficile par la facilité avec laquelle elles se croisent. Aussi
l'étude des hybrides tient-elle une grande place dans ces
travaux.
En 1872, le Dr Savatier confiait à M. Franchet une impor-
tante collection récoltée au Japon dont la détermination
fut l'origine des études de botanique asiatique auxquelles
A. Franchet se consacra dès lors presque exclusivement. Il
voulut pourtant encore donner leur couronnement à ses
observations sur la botanique française, en publiant, en
1885, cette excellente Flore de Loir-et-Cher, préparée,
peut-on dire, depuis près de quarante ans, si Ton veut voir
déjà dans les herborisations de l'enfant l'ébauche de l'œuvre
sans cesse perfectionnée par l'homme fait. Le soin apporté
aux descriptions et à l'indication de la distribution dans le
monde entier des espèces citées en fait un travail de pre-
mier ordre.
Après cette publication, ce n'est plus qu'incidemment
que nous le verrons sortir de son sujet principal. En ce qui
concerne la Flore de France, ce sera surtout pour élucider
quelque point douteux en s'appuyant sur la connaissance
des nombreux documents de l'Herbier du Muséum, ratta-
chant, par exemple, une forme curieuse de Myosotis, trouvée
par l'abbé Coste à Argelès et décrite comme espèce nou-
velle sous le nom de M. bracteata Rouy, à une forme abys-
sinienne du M. hispida Schlecht. Ou bien, il signalera,
chose rare, la présence en France d'une plante méconnue,
le Botrychium simplex, autrefois récolté à Malesherbes par
MM. de Chambine et Schœnefeld, et qui a été reconnu dans
l'herbier de celui-ci conservé au Muséum.
— 100 -
VII
Avant d'examiner l'ensemble des travaux concernant la
Flore d'Asie et ses rapports avec la Flore de l'Europe, cons-
tatons que A. Franchet ne se cantonna pas exclusivement
dans cet ordre d'idées.
Le soin extrême qu'il apportait à ses déterminations lui
fit confier l'étude des collections botaniques provenant de
diverses missions officielles. Celle de G. Révoil aux pays
Çomalis, lui fournit en 1882 les éléments du Sertulum Soma-
lense, et c'est à propos d'une plante de ce bouquet, que
furent entreprises des recherches de détail sur les Cleome à
pétales appendiculés. — En 1887, il nommait cent soixante-
cinq espèces récoltées par M. Faurot lors de la mission que
lui confia le ministère de l'Instruction publique pour l'ex-
ploration du golfe de Tadjourah. — En 1888, il publiait les
Phanérogames recueillies par la Mission du cap Horn.
En classant, pour les faire figurer à l'exposition de 1889,
les herbiers rapportés du Congo par Jacques de Brazza et
Thollon, il découvrait de curieuses Bambusées naines, pour
lesquelles il dut créer les genres nouveaux Puelia, Atracto-
carpa, Guaduella et Microcalamus. Les deux premiers sont
bien connus des lecteurs du Bulletin de la Société d'Autun,
par la planche IX du VIIIe Bulletin, où ils ont été figurés,
à la suite de l'étude d'ensemble des Graminées du Congo
français, publiée dans ce recueil en 1896.
L'étude sur les Strophanthus de l'Herbier du Muséum de
Paris (1893), donne l'histoire complète de ce genre d'Apocy-
nées, si curieux par ses fleurs aux corolles infundibuli-
formes dont les appendices se prolongent parfois en longues
lanières, et par ses fruits formés d'un double follicule
ordinairement épais, laissant à la maturité s'échapper de
nombreuses graines munies d'une aigrette souvent pédon-
culée; si intéressant par les propriétés toxiques de ces
— 101 —
graines qui servent de base, dit-on, au poison des flèches
indigènes, et dont l'alcaloïde actif, étudié par M. Arnaud,
professeur de chimie au Muséum, est susceptible de recevoir
une application thérapeutique comme succédané de la digi-
tale. Dans ce mémoire dix espèces nouvelles sur vingt-neuf
que comptait alors le genre sont énumérées, seize des plus
intéressantes et des moins connues sont figurées. Quelques
années plus tard M. Franchet déterminait l'origine morpho-
logique de l'aigrette due à la prolifération exagérée des
cellules des bords du micropyle de l'ovule.
Il se prête, entre temps, à donner à des journaux horti-
coles des articles curieux, tels que celui où il fixe l'origine
des Lilas cultivés, celle du Crosne (Stachys a f finis), ce nou-
veau légume répandu depuis quelques années.
VIII
Tous ces travaux n'étaient que des hors-d'œuvre dans la
pensée de leur auteur. L'étude des collections du Dr Sava-
tier, publiée de 1875 à 1879 sous le titre d'Enumeratio plan-
tarum in Japonia sponte nascentium, etc., lui avait révélé
la richesse de la Flore asiatique. Celle du bel herbier de
Mongolie et du Thibet déposé au Muséum par l'abbé
Armand David et qui fournit la matière des deux gros
volumes des Plantes Davidianœ, publiés en 1883-1884 pour
la Mongolie et la Chine, en 1888 pour le Thibet, l'y attache
définitivement.
Sans négliger complètement le Japon, comme le montrent
plusieurs notes données au Bulletin de la Société bota-
nique ou à celui de la Société philomatique, et aussi quel-
ques études spéciales comme le très important mémoire
sur les Carex de l'Asie orientale où les espèces japonaises
récoltées par le P. Faurie forment une part considérable,
il s'applique surtout à l'étude des massifs montagneux de
la Chine occidentale ; car il a compris, à la suite des pre-
mières énumérations de plantes publiées, l'intérêt présenté
— 102 —
par ces régions pour expliquer la distribution géographique
de certains groupes, et pour nous éclairer sur les lois diri-
geant cette distribution. Mais plusieurs années se passent
avant qu'il se décide à formuler quelqu'une des idées géné-
rales engendrées par la contemplation de la masse d'es-
pèces végétales réunies sur ce point du globe.
Il estime, à juste titre, qu'une idée générale, avant
d'être formulée, doit s'appuyer sur un faisceau de faits
suffisant pour que si l'un d'eux vient à manquer, les autres
soient encore assez forts pour l'appuyer. Il ne craint rien
plus au monde que ce sophisme appelé par l'École la
généralisation prématurée, qui d'un détail intéressant
observé fait déduire une théorie générale où l'on cherche
à faire rentrer tous les phénomènes d'ordre analogue qui
se présentent. Pour lui la théorie n'est que la synthèse
dernière des faits. Que de fois l'avons-nous entendu dire,
en parlant des grandes théories scientifiques qui agitent le
monde savant : « Les théories passent, seuls les faits posi-
tifs demeurent. » Pourtant il était également éloigné de
l'excès contraire, trop fréquent de nos jours, de ceux qui,
dans l'étude des sciences naturelles ne voient rien autre
qu'une série de faits juxtaposés, sans lien, et qui sont satis-
faits quand ils ont décrit un objet nouveau ou réputé tel,
sans se préoccuper de rechercher le lien qui réunit les êtres.
Dans les conversations familières que, le soir, avant de
quitter le laboratoire ou en sortant, il aimait à faire avec
ceux qui travaillaient sous sa direction, nous avons souvent
avec lui comparé ces amoureux du fait quand même, à
d'ingénieux ouvriers extrayant des blocs de pierre de la
carrière, les posant pêle-mêle au bord du chemin, plus ou
moins dégrossis, sans se préoccuper jamais de savoir s'ils
pourront être assemblés en un monument durable. Pour
lui, les faits devaient nécessairement aboutir à la constitu-
tion d'une idée d'ensemble ; il fit comme le moissonneur qui,
avant de lier la gerbe, amasse les épis dont il la doit former.
— 103 —
Ainsi les Plantas Davidianae et les premières listes des
plantes recueillies par l'abbé Delavay et données dans le
Bulletin de la Société botanique ne comportent aucun com-
mentaire général. De même encore les Plantée Delavay anx,
œuvre magistrale dont trois fascicules seulement purent
paraître pour avoir été entreprise sur des bases dépassant
les fonds qu'il eut à sa disposition, et ensuite plusieurs
autres listes importantes qu'il publia dans le Journal de
botanique de 1894 à 1899, pour faire connaître les nouveautés
envoyées par les divers correspondants dont nous avons
parlé plus haut.
Ce n'est qu'assez tard qu'il se décida à donner dans
diverses notes de détail les conclusions d'une étude pro-
longée avec suite pendant plus de vingt années. Nous
allons, renonçant à analyser la multitude des travaux con-
cernant la Flore asiatique et ses rapports avec la Flore
européenne, essayer d'en dégager ces conclusions.
IX
Un premier fait semble dominer tous les autres, et c'est
dans une étude sur quelques Gentiana nouveaux de la Chine
occidentale^ publiée en 1896 dans le Bulletin de la Société
botanique, qu'il est énoncé peut-être avec le plus de
généralité, — c'est que, « à notre période géologique, c'est
bien dans l'Asie centrale et plus particulièrement dans la
Chine occidentale que se trouve placé le grand centre spé-
cifique de la plupart des genres que l'on considère à bon
droit comme caractéristiques de la flore alpine euro-
péenne. » « soit que ces genres aient de nombreux
représentants spécifiques, comme les Delphinium vivaces,
les Saxifraga, les Ligularia, les Saussurea, les Primulç, les
Rhododendron, les Pedicularis, les Gentiana } soit qu'ils ne
possèdent relativement que peu d'espèces, telles que les
Epimedium, les Berberis, les Pleurospermum, les Aster, les
— 104 —
Gnaphalium {Leontopodiuni), les Swertia, les Tofieldia, les
Cypripedium, etc., etc. »
J'ai cite ce passage, de préférence à d'autres antérieurs,
tels qu'il s'en trouve dans un travail sur les Adonis vivaces
(Soc. philomat., 1894), et dès 1891, dans une notice concer-
nant des espèces nouvelles provenant d'une collection de plantes
du Thibet chinois envoyée au Muséum par M. Vabbé Soulié
(Soc. philomat., 1891) où est déjà signalée l'analogie sin-
gulière de la végétation des hautes régions de l'Asie cen-
trale avec celle de l'Europe montagneuse centrale ou occi-
dentale, parce qu'il est plus aïïirmalif et qu'il renferme en
outre l'énumération des genres principaux sur lesquels
s'est portée particulièrement l'attention de M. Franchet, et
dont il a décrit un nombre considérable d'espèces nouvelles.
Le second fait, c'est que de ce foyer, c'est-à-dire du lieu
où se manifeste pour chaque genre le maximum d'espèces,
et aussi le plus grand nombre de formes accentuées per-
mettant de les diviser en sous-genres et en sections, « se
détachent vers l'Ouest et vers l'Est des rameaux qui vont en
s'amoindrissant progressivement, tandis que, vers le Nord,
la succession des espèces se fait par groupes, sans lien
continu, et que, vers le Sud, il y a arrêt brusque de ces
genres qui caractérisent les hautes régions des pays tem-
pérés de l'hémisphère boréal.
Des exemples intéressants et caractéristiques de cet
amoindrissement des formes en allant des montagnes de
la Chine vers l'Ouest ou vers l'Est sont développés dans
les notes sur les Cypripedium (1894), les Aletris (1896), les
Coptis et les Isopyrum (1897), les Pamassia (1897). — Pre-
nons celui offert par les Cypripedium de la section des
Foliosa : sur vingt-neuf espèces, trois seulement viennent
jusqu'en Europe, une seule, le C. Calceolus, atteint les
montagnes de l'Ouest. D'autre part un rameau disjoint se
trouve en Amérique avec l'espèce mexicaine connu sous le
nom de Cypripedium irapeanum.
— 105 —
Si, au lieu d'examiner la diminution dans le nombre des
espèces, on porte l'attention sur l'amoindrissement des
formes dans une même espèce en s'éloignant du foyer asia-
tique, il n'y a pas de meilleur type à citer que le Leonto-
podium alpinum dont les transformations ont été étudiées
en 1892 dans le Bulletin de la Société botanique. La plante
trapue, à rosette de bractées serrées disposées en étoiles
laineuses sous les capitules condensés hétérogames, qui
fait la joie des touristes dans les Alpes, sous le nom
d'Edelweiss, perd en allant vers l'Est la couronne qui fait
sa gloire et reprend l'allure d'un vulgaire Gnaphalium : en
même temps il devient parfois dioïque et toutes les transi-
tions se trouvent entre les deux formes.
X
Cette variation dans la manière d'être de certaines
plantes suivant les stations conduit à discuter et à infirmer
les coupes génériques fondées sur l'existence des diffé-
rences constatées. On est ainsi amené à supprimer le
genre Leontopodium et avec lui les Antennaria pour les
réunir au genre linnéen Gnaphalium d'où ces types avaient
été séparés par Robert Brown et Gaertner.
La considération de ces immenses séries d'espèces
s'étendant sur toute la zone alpine, depuis l'extrémité du
continent asiatique jusqu'à celle du continent européen,
avait souvent conduit Franchet à des doutes sérieux sur la
valeur des groupements génériques.
Ainsi, il voit la barrière entre les genres Androsace et
Primula s'abaisser à mesure qu'on connaît un plus grand
nombre d'espèces. « En présence de cette instabilité de
formes, de cette sorte d'échange mutuel de notes distinc-
tives, qui fait qu'il n'est pas possible d'en indiquer une seule
qui soit commune à toutes les espèces de l'un ou l'autre
genre, je me demande s'il ne sera pas nécessaire un jour
— 106 -
de les fondre sous une même dénomination. » Mais il
hésite à le faire quant à présent, reculant devant l'incon-
vénient, tout pratique, d'amener par là une modification
trop considérable dans les habitudes consacrées par un
long usage.
Cette opinion de 1886 persiste en 1897 quand le même
doute se présente au sujet des Coptis et des lsopyrum. Et il
est amené à examiner la valeur des deux méthodes suivies
par les botanistes dans l'établissement des coupes géné-
riques : « étendre les limites du genre de façon à y faire
entrer les espèces récalcitrantes... , procédé dont le moindre
avantage est de conserver d'anciens genres... qui se trou-
vent ainsi consolidés. » Ou bien : « faire autant de genres
qu'on trouve de particularités dans les différents organes,
lors même que ces particularités se trouvent réduites à une
seule. Cette méthode a l'inconvénient de surcharger fâcheu-
sement une nomenclature qui menace d'écraser à bref
délai la botanique systématique, et en attendant, la dis-
crédite auprès de ceux qui ne sont pas initiés aux finesses
d'une analyse à outrance. »
Et on est conduit à cette idée pratique, « qu'il ne faut
pas considérer le genre comme une entité réelle et immua-
ble ; considéré comme un simple moyen mnémotechnique,
sa notion perdra de l'importance qu'on lui attribue mal à
propos, et ses limites seront d'autant mieux acceptées
qu'elles seront plus facilement appréciables. »
Cette façon toute pratique d'apprécier la notion du genre,
montre une fois de plus combien M. Franchet se préoccu-
pait de mettre le plus de clarté possible dans les notions
fournies par la systématique. Sans doute il estimait cette
partie de la science botanique comme la base de toutes les
autres, pensant, avec Bâillon, qu'on a du mal à parler sai-
nement de choses qu'on connait imparfaitement, et que la
première condition pour faire de la botanique est de con-
naître beaucoup de plantes. Mais il se gardait d'en faire
— 107 —
le but de la science. Il y voyait un moyen indispensable,
mais seulement un moyen.
Bien qu'il ait dans sa vie décrit près de deux mille espèces
nouvelles et défini vingt-huit genres, il ne voyait pas là un
bien grand titre de gloire. Son orgueil était la découverte
des foyers botaniques dans l'Asie orientale, sur lesquels
nous attirions l'attention tout à l'heure. La mort a malheu-
reusement arrêté la synthèse définitive qu'il allait faire
de l'œuvre de sa vie, en réunissant en un corps unique les
notions éparses dans tant de mémoires de détail d'où nous
avons cherché à extraire les plus saillantes, sans nous
flatter de les avoir mises en valeur comme elles le méritent.
XI
Si A. Franche t n'est pas arrivé plus tôt à condenser
l'œuvre maitresse qu'il souhaitait accomplir, c'est à cause
du scrupule, peut-être excessif, qu'il avait de ne jamais
rien livrer à la publicité qui ne fût amplement prouvé à
ses propres yeux. Il publiait seulement ce dont il était
rigoureusement assuré. Cela explique comment, dans les
premières années de sa vie scientifique, les œuvres sont
rares, et comment elles deviennent de plus en plus touf-
fues à mesure qu'il avance dans sa carrière et qu'il est
mieux en possession de ses moyens.
Il s'était formé sans maitre, pour ainsi dire, par l'étude
des livres qu'il eut entre les mains : d'abord la 2e édition
de la Flore du Centre, de Boreau, ensuite la Morphologie
végétale d'Aug. Saint-Hilaire, dont celui-ci lui avait fait
don ; puis peu à peu la bibliothèque se garnit, car l'amour
des livres était chez lui presque aussi grand que celui
des plantes.
Quand il fut à Paris, sa grande distraction était d'aller
le long des quais à la recherche de quelque livre rare, de
fouiller les rayons des librairies anciennes, où se cachent
— 108 —
les raretés méconnues. Il réunit ainsi une collection remar-
quable dans laquelle il estimait tout particulièrement les
premières éditions de toutes les œuvres de Linné, parmi
lesquelles on peut admirer le Systema naturœ, grand in-folio,
de 7 feuilles ; le Fundamenta botanica, le Bibliotheca bota-
nica; l'exemplaire de YHwrtus Cliffortianus, offert par Clif-
fort au célèbre médecin hollandais Van Swieten, enfin un
petit livre bien modeste, mais des plus curieux, YOrbiseru-
diti judicium, apologie de Linné par lui-même dont quatre
exemplaires seulement sont connus. Celui-ci provient de la
vente Œrling, faite à Stockholm en 1888.
Nous ne pourrions donner ici la liste de tous les ouvrages
remarquables renfermés dans cette bibliothèque; le fils
d'A. Franchet, qui partageait avec lui les joies de la recherche,
donnera sans doute quelque jour ce précieux catalogue, en
même temps qu'un monument sur l'œuvre de son père, plus
complet que cette hâtive notice.
XII
En perdant A. Franchet, la botanique française a été
profondément frappée. Elle a perdu un de ses ouvriers les
plus laborieux. Il ne se passait guère de jour qu'on ne le
vit, dès huit heures du matin, au laboratoire, assis et écri-
vant, ou plus souvent compulsant les paquets de l'herbier,
examinant les échantillons, les comparant les uns aux
autres, ne recourant aux descriptions et aux originaux
qu'après s'être bien pénétré des caractères de l'exemplaire
innommé qu'il avait entre les mains.
Il cherchait à inspirer autour de lui l'ardeur au travail
qui l'animait ; son ambition eût été de voir les galeries de
l'Herbier du Muséum mises en valeur complète par des
botanistes français attachés à l'établissement, par un amour
désintéressé de la science plus que par une situation lucra-
tive ou honorifique. Et l'on peut dire que si son rêve n'a
— 109 —
pas été complètement réalisé, dumoinsa-t-ilpu, au moment
suprême, être assuré qu'il laissait derrière lui quelques
jeunes gens, loin d'avoir sa science acquise, mais comme
lui désireux avant toute chose du bon renom de l'Herbier
du Muséum.
A. Franchet est mort, peut-on dire, sur la brèche. Le
lundi 12 février 1900, après une journée de travail, il quit-
tait le laboratoire en compagnie de celui qui écrit ces
lignes. Il se plaignait d'une fatigue légère, prodromes de
grippe, pensait-il. Deux jours il fut absent; le soir du
deuxième jour, il était brusquerient enlevé à l'affection des
siens par une crise aussi soudaine qu'inattendue. Fin
redoutable pour un chrétien comme il l'était, ayant gardé
intacte la foi de sa jeunesse, mais dont les craintes suprêmes
ont dû être atténuées par la conscience d'avoir toujours
vécu d'une vie droite, d'avoir accompli courageusement et
fructueusement le labeur quotidien, et d'avoir cherché à
faire autour de soi tout le bien que permettait une position
de fortune modeste.
Cette mort cause un grand vide dans le laboratoire du
Muséum qu'il animait de sa présence constante. Ses con-
seils manqueront à beaucoup. Son savoir sera difficilement
compensé du jour au lendemain. Mais son exemple conti-
nuera longtemps à soutenir ceux qui l'ont connu, dans leurs
efforts pour maintenir haut et ferme le drapeau de cette
science si française de la botanique systématique que pen-
dant de longues années il soutint si vaillamment.
— 110 —
ÉNUMÉRATION DES TRAVAUX SCIENTIFIQUES
DE A. FRANCHET (1857-1900).
Flore de France et d'Europe.
1 857 — 4 . Note sur une nouvelle espèce de Cirse (Cirsium fallax).
— Billot, Annotations à la Flore de France et
d'Allemagne, p. 109.
1861 — 2. Note sur le Verbascum nothum Kock., et sur le Juncus
heterophytlus L. Duf. — Billot, Annotations..., etc.,
p. 232.
1866 — 3. Essai sur la distribution géographique des plantes
phanérogames dans le département de Loir-et-Cher.
— Bull, de la Soc. archéologique du Vendômois,
séance du 12 nov. 1866.
1868 — 4. Essai sur les espèces du genre Verbascum croissant
spontanément dans le centre de la France, et plus
particulièrement sur leurs hybrides. — Mém. de la
Soc. académique de Maine-et-Loire, XXÎI, p. 65-204.
Tiré à part, avec pi.
1868 — 5. Lettre à M. Paillot sur quelques Inula. — Billotia,
p. 129.
1868 — 6. Notes sur quelques Verbascum hybrides recueillis dans
les vallées de la Braye et de la Grasne. — Bull, de
la Soc. archéologique et scientifique du Vendômois.
Tiré à part.
1869 — 7. Sur les variations parallèles chez quelques espèces de
Verbascum croissant en France ou dans le centre de
l'Europe. — Bull, de la Soc. botanique de France,
XVI, p. 38-57.
1872 — 8. Sur une florule adventice observée dans le département
de Loir-et-Cher en 1871-72. — Id., XIX, p. 195-202.
1873 — 9. Etude sur les Verbascum de la France et de l'Europe
centrale. — Bull, de la Soc. archéologique et scien-
tifique du Vendômois. Tiré à part.
— 111 —
1880 — 10. Note sur quelques plantes de France rares ou peu
connues. — Bull, de la Soc. botanique de France,
XXVII, p. xviii-xxiv.
1882 —11. Description de quatre hybrides nouveaux du genre
Centaurea. — Bull, de la Soc. philomatique de Paris,
T série, vol. VI, p. 214-219.
1884 — 12. Observations sur quelques plantes de France. — Bull.
de la Soc. botanique de France, XXXI, p. 346-352.
1885 —13. Flore de Loir-et-Cher. — Blois, 1 petit in-8°,
lviii-15-792 p.
1890 — 14. Le Carex evoluta Hartm. aux environs de Paris. —
Journ. de Bot., V, p. i-4, fîg.
— —17. A propos du Myosotis bracteata Rouy. — Bull, de la
Soc. bot. de France, XXXVIII, p. 327-332.
1892 — 18. A propos du Maillea Urvillei. — Bull, de la Soc. bot.
de France, XXXIX, p. 270-274.
1894 —19. Sur le Centaurea Fraylensis Sch. Bip. — Journ. de
Bot., VIII, p. 386-390.
1897 —20. Un Botrychium nouveau pour la Flore de France. —
Bull, de la Soc. bot. de France, XLIV, p. 64.
— — 21. A propos du Botrychium simplex trouvé* Malesherbes.
Bull, de la Soc. bot. de France, XLIV, p. 319.
Flore d'Asie.
1875-79 — 1. Enumeratio plantarum in Japonia sponte nascentium
hucusque rite cognitarum. — Paris, 2 vol.
1878 — 2. Sur une nouvelle espèce de Sheareria. — Journal of
Botany, XVI, p. 257, pi. 198.
1879 — 3. Stirpes novae vel rariores Florœ japonicsa. — Bull, de
la Soc. botanique de France, XXVI, p. 81-89.
\ 881 — 4. Sur le Clematis Savatieri. — Bull, de la Soc. linnéenne
de Paris, I, p. 298.
1882 — 5. Les plantes du R. P. d'Incarville dans l'herbier du
Muséum d'histoire naturelle de Paris. — Bull, de la
Soc. botanique de France, XXIX, p. 2-13.
— 112 —
1882 — 6. Sur quelques Delphinium de la Chine. — Bull, de la
Soc. linnèenne de Paris, I, p. 330.
1883-84 — 7. Plantse Davidianse ex Sinarum imperio, lre partie :
plantes de la Mongolie, du nord et du centre de la
Chine. — Nouv. Archives du Muséum, 2e série, V,
p. 1-126, pi. 7-16; VI, p. 153-272, pi. 11-18; VII,
p. 55-200, pi. 6-14. Tir. à part, 1 in-4«>, 390 p., 27 pi.
1884 — 8. Plantes du Turkestan, mission Capus. — Ann. des se.
nat., 6« série, vol. XV, p. 214-268, pi. 10-13; XVI,
p. 280-336, pi. 15-18; XVIII, p. 207-277, pi. 15-18.
— — 9. Catalogue des plantes recueillies aux environs de
Tché-Fou, par A. Fauvel, et déterminées par A. Fran-
chet. — Mém. de la Soc. des se. nat. et math, de
Cherbourg, XXIV, p. 193-276.
— — 10. Cyrtandracées nouvelles de la Chine. — Bull, de la
Soc. linnèenne de Paris, I, p. 449.
— — 11. Plantes nouvelles de la Chine. — Bull, de la Soc.
linnèenne de Paris, p. 433.
— — 12. Description de quelques espèces de Gèntiana du
Yunnan. — Bull, de la Soc. bot.9 XXXI, p. 373-378.
1885 — 13. Plantes du Yunnan, récoltées par M. l'abbé Delavay.
— Ibid., XXXII, p. 3-11 et 26.
— — 14. Les Primula du Yunnan. — Ibid., XXXII, p. 264-272.
— — 15. Sur l'origine spontanée du Saxifraga Fortunei Hook.
— Ibid., XXXII, p. 153.
— — 16. Observations sur les Syringa du nord de la Chine. —
Bull, de la Soc. philomatique de Pans, 7° série, IX,
p. 121-127.
1885-88— 17. Note sur la végétation de l'île dTeso et diagnoses de
plantes nouvelles du Japon. — Bull, de la Soc. philo-
matique de Paris, 7* série, X, p. 8-11, 101-107, 139-147 ;
XII, p. 85.
1886 — 18. Observations sur deux Primula monocarpiques de la
Chine et descriptions d'espèces nouvelles de la Chine
et du Thibet oriental. — Bull, de la Soc. bot. de
France, XXXIII, p. 61-69.
1886 — 19. Sur la présence du Cijpripedium arietinum R. Br.
dans le Yunnan. — Ibid.9 XXXIII, p. 206.
- 113 —
1886 —20. Rhododendron du Thibet et du Yunnan. — Ibid.,
XXXIII, p. 223-236.
— — 21. Sur deux Oléacèes du Yunnan. — Bull, de la Soc. lin-
nèenne de Paris, I, p. 612.
1887 — 22. Plantas Yunnanenses (Ranunculaceœ-Anacardiacese).
— Bull, de la Soc. bot. de France, XXXIII, p. 358-467
— — 23. Two new Primula. — The Gardener Chronicle.
30 avril 1887, p. 575.
— — 24. Descriptions de quelques espèces ou variétés nouvelles
de Rhododendron du Yunnan. — Bull, de la Soc.
bot. de France, XXXIV, p. 280.
— —25. Le genre Cyananthus. — Journ. de Botanique, I,
p. 241-246; 259-260; 279-282.
1888 — 26. Planta; Davidianas ex Sinarum imperio, 2° partie :
Plantes du Thibet oriental. — Nouv. Archives du
Muséum, 2° série, VIII, Tir. à part, 1 in-4°, 334 p.,
15 pi.
— —27. Les Mutisiacées du Yunnan. — Journ. de bot., II,
p. 65-71, pi. ii-iii.
— — 29. Cyrtandracèes nouvelles de la Chine. — Bull, de la
Soc. linnèenne de Paris, I, p. 715.
— — 30. Note sur les Cypripedium de la Chine occidentale. —
Bull, de la Soc. philomatique de Paris, série VII,
tome XII, p. 134.
— — 31. Note sur les Saussurea du Yunnan. — Journ. de Bot.,
II, p. 309-312; 337-341; 353-359.
— — 32. Monographie du genre Paris. — Société philomatique
de Paris, volume du Centenaire, in-4°, 1 pi.
1889 — 33. Nomocharis, genre nouveau de Liliacées-Tulipées. —
Journ. de Bot., III, p. 113-114, pi. m.
— — 34. Revue des travaux sur la Botanique descriptive et la
Géographie botanique des plantes de l'Asie, publiés
en 1888.— Revue générale de Botanique, I, p. 443-452.
— — 35. Observations sur les deux Primula à graine anatrope.
Journ. de Bot., III, p. 49-52.
— — 36. Un nouveau type de Musa : Musa lasiocarpa. — Journ.
de Bot., III, p. 329-331.
S.H.N. 1900. 8
— 114 —
1889 —37. Plantœ Delavayanœ. — Fasc. 1 à 3 (Ranunculaeeœ-
Saxifraga), 240 p., 45 pi., grand in-8°, Paris.
1890 — 38. Diagnoses d'espèces nouvelles du genre Chrysople-
nium. — Bull, de la Soc. philomatique de Paris,
8e série, t. III, p. 102-106.
— — 39. Monographie du genre Chrysosplenium. — Nouv.
Arch. du Muséum, 3e série, II, p. 87-114, pi. m-vi;
III, p. 1-32, pi. i-vii.
— — 40. Sur une Ombellifère à pétales laciniés. — Bull, de la
Soc. philomatique de Paris, 8° série, t. III, p. 198-199.
— — 41. Sur quelques plantes rares ou nouvelles du nord de la
Chine. — Journ. de Bot., IV, p. 301-307; 317-320.
1891 — 42. En collaboration avec M. Bureau : Plantes nouvelles
du Thibet et de la Chine occidentale recueillies pen-
dant le voyage de M. Bonvalot et du prince Henri
d'Orléans, en 1890. — Journ. de Bot., V, p. 17-25;
45-51 ; 69-77 ; 93-99; 103-109; 128-130; 136-142; 149-161 ;
pi. i-ii.
1891 — 43. Sur une Boraginée à nucules déhiscentes. — Bull, de
la Soc. linncenne de Paris, II, p. 929-930.
— — 44. Diagnoses d'espèces nouvelles provenant d'une collec-
tion de plantes du Thibet chinois envoyée au Muséum
par M. l'abbé Soulié. — Bull, de la Soc. philomati-
que de Paris, 8° série, III, p. 140-150.
1892 —45. Note sur les Kellogia de la Chine et du Thibet dans
l'Herbier du Muséum de Paris. — Journ. de Bot., VI,
p. 10-12.
— — 46. Un Decaisnea de la Chine occidentale. — Journ. de
Bot., VI, p. 233-235.
— — 47. Observations sur le groupe des Leontopodium . —
Bull, de la Soc. bot. de France, XXXIX, p. 126.
— — 48. Les Lis de la Chine et du Thibet dans l'Herbier du
Muséum de Paris. — Journ. de Bot., VI, p. 305-321.
— — 49. Les genres Ligularia, Senecillis, Cremanthodium et
leurs espèces dans l'Asie centrale et orientale. —
Bull, de la Soc. bot. de France, XXXIX, p. 279-307.
1893 — 50. Fargesia, nouveau genre do Bambusées de la Chine.
Bull, de la Soc. linnèenne de Paris, p. 1066-1069.
— 115 —
1893 — 51. Un Gerbera de la Chine occidentale. — Journ. de Bot.,
VII, p. 153-155.
— — 5?. Les Delphinium de la Flore de Chine. — Bull, de la
Soc. philomatique de Paris, 8° série, V, C. R., p. 6.
— 53. Exposition synoptique et description des Delphinium
de la Flore de Chine. — Ibid., p 177-187.
1894 — 54. Les Adonis vivaces et leur répartition géographique.
— Bull, de la Soc. philomatique de Paris, 8e série,
VI, p. 80-93.
— — 55. Les Cypripedium de l'Asie centrale et de l'Asie orien-
tale. — Jou m. de Bot., VIII, p. 225-233; 249-256;
265-271.
— — 56. Plantes nouvelles de la Chine occidentale. — Journ.
de Bot., VIII, p. 273-286; 290-297; 337-345; 353-365.
— — 57. Note sur quelques Ombellifères du Yunnan. — Bull.
de la Soc. philomatique de Paris, 8e série, VI, p. 1-42.
— — 58. Sur quelques plantes de la Chine occidentale. — Bull.
du Muséum, I, p. 62-65.
— — 59. Sur quelques Rheum nouveaux du Thibet oriental et
du Yunnan. — Bull, du Muséum, I, p. 211-213.
1895 — 60. Observations sur les plantes rapportées du Thibet par
la mission Dutreuil de Rhins. — Bull, du Muséum,
I, p. 191-192.
— — 61. Enumération et diagnoses de Carex nouveaux pour la
Flore de l'Asie orientale. — Bull, de la Soc. philo-
matique de Paris, 8e série, VII, p. 27-53.
— — 62. Plantes nouvelles de la Chine occidentale. — Journ. de
Bot., IX, p. 255-260; 291-296; 364-372; 389-400; 448-452.
— — 63. Additions aux Carex nouveaux pour la Flore de l'Asie
orientale. — Bull, de la Soc. philomatique de Paris,
8° série, VII, p. 84-92.
1896 — 64. Note sur quelques Liliacées de la Chine occidentale. —
Bull, de la Soc. botanique de France, XLIII, p. 37-48.
— — 65. Sur les Aletris asiatiques. — Journ. de Bot., X,
p. 178-180.
-*• — 66. Notice sur les travaux du R. P. Delavay. — Bull, du
Muséum, II, p. 148.
- 116 —
— 67. Note sur quelques collections de plantes de l'Aaif
orientale parvenues récemment au Muséum. — Bull
du Muséum, II, p. 277-280.
— 68. Plantarum sinensium ecloge prima. — Journ. de Bot.
X, p, 260-269; 281-292; 301-319; 368-3S6; 409-423,
XI, p. 21-2*.
— 69. Gentiana nouveaux de la Chine occidentale. — Bull.
de la Soc. bot. de France, XLIII, p. 483-495.
— 70. Note sur une collection faite au Pamir par M. E. de
Poncina. — Bull, du Muséum, II, p. 342-347.
— 71. Deux Dioscorea nouveaux de la Chine. — Revue horti-
cole.
— 72. Les Rodgersia. — Revue horticole, p. 174.
— 73. Les Saussujca du Japon. — Bull, de l'Herbier Bois-
sier, V, p. 543-547.
— 74. Isopyrum et Coptis, leur distribution géographique.
— Journ. de Bot., XI, p. 154-166; 187-195; 218-233.
— 75. Les Parnassia de l'Asie orientale. — Bull, de la Soc.
bot. de France, XLIV, p. 244-263.
— 76. Plantes nouvelles du Thibet provenant de la mission
scientifique de MM. Dutreuil de Rhins, et Grénard.
— Bull, du Muséum, III, p. 340-345.
— 77. Soul ici, nouveau genre de Renonculacées-Helléboréea.
— Journ. de Bol., XII, p. 68-70.
— 78. Un nouveau genre de Primulacées de la tribu des
Ilottoniées. — Bull, de la Soc. bot. de France, XLV,
p. 177-180.
— 79. Les Carex de l'Asie orientale. — Nouv. Archives du
Muséum, 3- série, VIII, p. 179-256. pi. Il-Xlli; IX,
p. 113-200, pi. Il-vii; X, p. 89-120, pi. l-VHl.
— 80. Plantarum sinensium ecloge secunda. — Journ. de
Dot., XII, p. 190-196; 220-230; 253-264; 301-320.
— 81. A propos du Ribes Bnvidi. — Bull, de la Soc. linné-
en ne de Parie, nouvelle série, p. 87.
— 82. Sur la distribution géographique des Chênes de l'Asie
orientale. — Du», du .UtMf'um, V, p. 93-96.
- 117 -
1399 —83. Les Cyrtandracées nouvelles de l'Asie orientale dans
l'Herbier du Muséum de Paris. — Bull, du Muséum,
V, p. 249-252.
— — 84. Sur une collection de plantes réunies dans le Fokien
par M. et Mmo de la Touche. — Bull, de la Soc. bot.
de France, XLVI, p. 204-214, pi. vu.
— — 85. Plantarum sinensium ecloge tertia. — Journ. de Bot.,
XIII, p. 146-160; 193-208; 253-260.
— —86. Les Swertia et quelques au très Gentianées de la Chine.
— Bull, de la Soc. bot. de France, XLVI, p. 302-324.
— — 87. Sur les caractères de la distribution géographique des
Cyrtandracées de la Chine et description de quelques
espèces nouvelles. — Bull, de la Soc. linnèenne de
Paris, nouvelle série, p. 121.
1900 — 88. Les Scrofularinées de la Chine. — Bull, de la Soc.
bot. de France, XLVII, p. 10-37.
— — 89. Mutisiaceae Japonicœ a Dom. Faurie collectée. — Mèm.
de l'Herbier Boissier, I, pi. i.
Autres publications.
1882 — 1. Sertulum somalense. — Paris, in-8°, 70 p., 6 pi.
1883 — 2. Sur Linné considéré comme transformiste. —Bull, de
la Soc. philomatique de Paris, série VII, t. VII, p. 462.
1884 — 3. Sur un Isoetes de l'Amérique du Sud. — Bull, de la
Soc. bot. de France, XXXI, p. 395-396.
1886 — 4. Sur les espèces du genre Epimedium. — Bull, de la
Soc. bot. de France, XXXIII, p. 1-17.
1887 — 5. Plantes du voyage au Golfe de Tadjourah, recueillies
par M. Faurot. — Journ. de Bot., I, p. 117-123;
134-136.
— — 6. Sur les Cleome à pétales appendiculés. — Journ. de
Bot., I, p. 17-18; 37-41.
— — 7. Gênera nova GraminearumAfricœtropicœoocidentalis.
— Bull, de la Soc. linnèenne de Paris, I, 673-677.
- 118 -
1887 — 8. Notes de Bibliographie botanique. — Journ. de Dot.,
I, p. 171-174.
— — 9. Lcfrovia, genre nouveau de Mutisiacées. — Journ. de
Bot, II, p. 377-378.
— — 10. Mission du Cap Horn; Phanérogamie. — TomeV delà
Collection, in-4°, 86 p., 12 pi.
1889 — 11. Observations sur la plante produisant les Crosnes. —
Le Jardin, 20 mars 1889, p. 71.
— — 12. Observations sur le genre Guaduella Fr. — Journ. de
Bot., III, p. 305-306.
— — 13. Note sur deux nouveaux genres de Bambusées. —
Journ. de Bot.f III, p. 277-284.
— — 14. Note sur le Ranunculus chœrophyllos L. — Journ. de
Bot., III, p. 11-12.
1890 — 15. Les Bambusées à étamines monadelphes. — Revue
gèn. de botanique, II, p. 465-470, pi. xxv.
1891 — 16. Notice biographique sur J.-C. Maximovicz. — Journ.
de Bot., V, p. 79-81.
— — 17. Les Lilas, leurs espèces, leur origine. — Revue horti-
cole, p. 308.
1893 — 18. Sur quelques nouveaux Strophantlius de l'Herbier du
Muséum de Paris. — Journ. de Bot., VII, p. 297-303 ;
318-325.
— — 19. Études sur les Strophantlius de l'Herbier du Muséum
de Paris. — Nouv. Arch. du Muséum, 4e série, V,
p. 221-294, pi. vn-xvii.
— — 20. Note sur le fruit du Strophantlius glaber et sur quel-
ques Strophanthus de l'Afrique tropicale. — Journ.
de Bot.t VIII, p. 201-204.
— —21. Contributions à la Flore du Congo français : Famille
des Graminées. — Bull, de la Soc. d'histoire naturelle
d'Autun, VIIIe vol., p. 310-391; pi. vm-ix.
1896 — 22. Cnrricrea calycina Franch. — Revue hort., p. 497, 1 pi.
1898 — 23. Sur l'arête des Strophantus. — Bull, de la Soc. linnè-
enne de Paris, 2° série, p. 1.
— 119 —
RESUME
Flore de France et d'Europe 21 mémoires.
Flore d'Asie 89 —
Sujets divers 23 —
Total 133 mémoires.
Dans ces 133 mémoires, 28 genres nouveaux et environ 2,000
espèces nouvelles ont été décrits par A. Franchet. Les types en
sont conservés dans l'Herbier du Muséum de Paris.
DONS ET ENVOIS
Depuis sa dernière réunion, la Société a reçu, en dehors
des publications des Sociétés avec lesquelles elle est en
relation d'échange :
De M. P. de Champeaux, quelques fragments de fluorine
de Voltennes, contenant des mouches de galène et de
dioptasc.
De M. Hippolyte Marlot, un échantillon du minerai de
plomb argentifère qu'il vient de découvrir à Saint-André-
en-Terre-Plaine, et dont la richesse doit permettre une
prochaine exploitation.
De M. Chaumonot, un lot de silex taillés provenant des
environs de la Truchère et de Montcenis. (Nous reviendrons
sur ce don dans une séance ultérieure.)
De M. Roche, quatorze minéraux rares et de choix (dont
un fer météorique) de provenances diverses et quatre-vingt-
sept échantillons remarquables de fossiles et de moulages
dont il indique l'origine (Allemagne, Amérique, Angle-
terre, etc.), en donnant sur les principaux d'intéressants
renseignements.
- 120 —
De M. le Dr Gillot, un herbier cryptogamique, dont les
nombreux paquets sont exposés dans la salle, et sur le con-
tenu desquels le donateur fournit des détails dont voici le
résumé :
Herbier mycologique du docteur Gillot.
Dans la séance du 24 septembre 1899, notre excellent
président, M. B. Renault, rendant compte, dans des termes
amicalement élogieux du don fait à la Société par M. le
docteur Gillot de son important herbier phanérogamique,
enregistrait la promesse faite par notre vice-président d'y
joindre un herbier cryptogamique d'égale valeur. Cette
promesse reçoit aujourd'hui un commencement d'exécution
par le don fait par M. le Dr Gillot de collections mycolo-
giques composées principalement des exsiccata publiés par
C. Roumeguère, sous le nom de Fungi gallici exsiccati.
Cet herbier de Champignons supérieurs, et surtout infé-
rieurs (Micromycètes), a été publié par centuries à partir de
1879, et a été continué après la mort de C. Roumeguère,
de Toulouse, par R. Ferry, son gendre, mycologiste égale-
ment distingué et qui lui a succédé comme directeur do la
Revue mycologique, La collection donnée par M. le Dr Gillot
comprend soixante-deux centuries, par conséquent plus de
six mille numéros, que notre collègue a acquis par voie de
collaboration, d'échange ou de souscription. Elle renferme
un grand nombre d'espèces rares ou nouvelles dont les
descriptions ont été données dans la Revue mycologique. La
plupart des mycologistes contemporains français ou étran-
gers y ont collaboré et nous pouvons citer les noms de
Archangeli, Boudier, Bresadola, Briard, P. Brunaud, Cavara,
Debeaux, Fautrey, R. Ferry, Feuilleaubois, Gillot, Lam-
botte, Le Breton, Letendre, Mori, Oudemans, Patouillard,
Plowright, Rolland, Roze, Saccardo, J. Therry, Veuil-
liot, etc., sans compter les espèces provenant des herbiers
— 121 —
de Mougcot, Libert et même de notre compatriote autu-
nois Grognot, dont C. Roumeguère avait, comme on sait,
acheté l'herbier.
L'herbier mycologique donné par M. le Dr Gillot et dont
la valeur, par souscription, atteint presque le chiffre de
mille francs, vient d'être classé par M. R. Bigeard, et réuni
aux collections déjà existantes du Dr Carion, de Grognot,
du capitaine Lucand et de M. Bigeard, lui-même. La
Société d'histoire naturelle d'Autun va donc se trouver, de
ce fait, en possession d'un herbier de près de dix mille
espèces de Champignons bien déterminés, qui constituera
certainement une des collections les plus riches de province,
et qui sera des plus utiles à consulter pour les cryptoga-
mistes s'occupant des Champignons inférieurs si multipliés,
et souvent si difficiles à reconnaître.
Ajoutons que M. Gillot a tenu à prendre à sa charge les
frais de classement et d'installation de ces collections.
M. le président, en remerciant les donateurs au nom de
la Société, signale l'importance des deux derniers dons
dans les termes suivants :
« Vous ne l'avez pas oublié, Messieurs, au mois de sep-
tembre dernier, le docteur Gillot, notre éminent collègue,
donnait à l'herbier de la Société cinquante mille exem-
plaires largement échantillonnés, représentant onze à douze
mille espèces de plantes phanérogames *, nombre qui sera
encore augmenté dans de très larges proportions. Les
membres de la Société ont accueilli avec le plus vif intérêt
et la plus grande reconnaissance, cette donation, extrême-
ment précieuse, fruit de longues années de travail et de
connaissances botaniques. Notre dévoué confrère nous avait
fait espérer qu'elle serait suivie d'une autre aussi considé-
rable, celle de son herbier cryptogamique. Il n'a pas lassé
notre attente, car aujourd'hui il vient de vous annoncer
1. Le détail se trouye dans le compte rendu des séances de 1899, p. 263
- 122 -
qu'une partie de sa collection entre définitivement dans
l'herbier de la Société. Cette partie est très importante,
puisqu'elle comprend plus de six mille échantillons, déter-
minés et classés ; beaucoup sont d'une grande rareté. Us
sont réunis dans les nombreux cartons que vous avez là
sous les yeux. Je n'insisterai pas pour faire ressortir la
valeur scientifique d'un tel cadeau, qui sera si utile aux
nombreux amateurs et aux fervents des plantes cryptogames ;
la compétence du docteur Gillot en cette matière est un sûr
garant des services qu'il est appelé à rendre.
» Mais ce sur quoi je désire appeler plus particulièrement
votre attention, c'est sur le dévouement infatigable, le désin-
téressement absolu, dont notre savant collègue donne chaque
jour l'exemple le plus admirable. Si notre Société est pros-
père, c'est en grande partie aux idées larges et généreuses
qu'il possède et qu'il sait propager, aux impulsions inces-
santes qu'il donne dans toutes les branches de la science aux
travailleurs qui ont la bonne fortune de le rencontrer. Aussi,
Messieurs, je ne crains pas de me tromper en disant que
vous serez tous unanimes pour présenter à M. Gillot l'ex-
pression des sentiments de reconnaissance de la Société.
(Longs applaudissements.)
» Il y a une année à peine 1 , la Société adressait à M . Roche
ses plus vifs remerciements pour le don gracieux d'une
partie de ses collections , composée de magnifiques
spécimens de Bilobites et de Trilobites, etc., recueillis
dans des couches sédimentaires beaucoup plus anciennes
que celles de notre région, car on ne rencontre les assises
dévoniennes et siluriennes que par lambeaux, sans fossiles,
sur les bords extrêmes de notre bassin.
» A ces précieux échantillons étaient joints des ossements
d'oiseaux fossiles, accompagnés de plumes, circonstance
bien rare, provenant de Céreste et du Bois d'Asson, en
1. Séance du <J avril 1899.
— 123 —
outre, cent soixante-quinze Insectes conservés dans des mor-
ceaux d'ambre de Samland.
» Continuant de nous combler de ses largesses, M. Roche
offre aujourd'hui la magnifique collection d'empreintes et
de moulages dont il nous a entretenus, et que nos tables
sont impuissantes à contenir : de superbes minéraux vien-
nent en augmenter le prix. Ce lot important achèvera de
remplir la salle, déjà trop étroite, destinée à conserver
toutes ces richesses, plus de quatre mille échantillons
choisis. Cette salle portera, comme vous le savez, le nom de
notre digne vice-président qui a pris la tâche ardue de tout
étiqueter et de tout mettre en ordre, facilitant, dans une
large mesure, le travail de nos jeunes naturalistes. J'espère,
Messieurs, que vous voudrez bien vous joindre à moi pour
remercier chaleureusement notre si dévoué et si savant
collègue. (Vifs applaudissements.)
» Bientôt, grâce aux libéralités extraordinaires de MM. Gil-
lot, Roche, de Chaignon, nos collections se seront augmen-
tées, en peu de temps, de près de quatre-vingt mille échan-
tillons; des salles nouvelles ont été ou seront remplies
d'objets intéressants, et peut-être une inauguration s'impo-
sera-t-elle, pour bien attirer l'attention, sur l'étendue des
efforts, la somme de travail accomplie par un certain
nombre de membres de votre Bureau. »
En terminant, M. B. Renault offre à la Société deux
notes dont il est l'auteur : 1° Sur les Marais tourbeux aux
époques primaires * ; 2* Sur quelques nouvelles Bactériacées de
la Houille. 2
Parmi les ouvrages reçus depuis la dernière réunion,
M. Roche signale l'importance d'un travail de notre savant
président sur les Microorganismes des combustibles fossiles,
publié par la Société de l'Industrie minérale (3e série,
i. Extrait du Bulletin du Muséum d'histoire naturelle, 1900, n» 1, p. 44
2. Séance de l'Académie des sciences, 12 mars 1900.
— 124 -
tome XIII6, 1899). Dans ce volume, accompagné de seize
planches in-folio, M. B. Renault a réuni toutes les notes
qu'il avait fait paraître sur ce sujet dans les bulletins et
revues scientifiques, en y ajoutant des aperçus nouveaux
sur cette intéressante question. Les nombreuses figures
qui illustrent cet ouvrage sont la reproduction photogra-
phique, par conséquent fidèle, des préparations faites par
l'auteur lui-même, et sur lesquelles, il s'appuie pour établir
et développer sa théorie.
CORRESPONDANCE
La Société des sciences et arts du Beaujolais et l'Institut
géologique du Mexique sollicitent l'échange de nos publi-
cations avec les leurs. Accepté à l'unanimité.
Sur leur demande, M. B. Renault, M. le docteur Gillot et
M. le docteur Diard sont délégués par la Société pour la
représenter au prochain Congrès des sociétés savantes.
D'autres congrès internationaux seront également tenus
à Paris, cette année, à propos de l'Exposition universelle
de 1900 (Congrès de botanique, Congrès de géologie, Con-
grès de l'alpinisme). Les programmes sont mis à la dispo-
sition des intéressés.
Le ministère de l'instruction publique ayant avisé la
Société que comme exposant elle a droit à une carte
d'entrée permanente et gratuite pour l'un de ses membres,
M. B. Renault est désigné par acclamation pour bénéficier
de cette faveur et représenter la Société à l'Exposition uni-
verselle.
M. le président développe ensuite avec la clarté et la
précision qui lui sont familières, ses Considérations nou-
velles sur les Tourbes eu les Houilles, au point de vue biolo-
gique. Cette causerie scientifique est accompagnée de pro-
jections lumineuses faites avec de remarquables prépara-
— 125 —
tions qu'il a exécutées lui-même et que le R. F. Hospice
met en relief avec l'habileté dont il est coutumier.
La haute valeur de cette communication en fait décider
l'insertion immédiate au Bulletin actuellement à l'impres-
sion. *
La Société remercie chaleureusement M. B. Renault, de
vouloir bien lui réserver la primeur de ses découvertes
scientifiques, et le R. F. Hospice, de son infatigable et
précieux concours.
-*-
SÉANCE DU 8 JUILLET 1900
PÉSIDENCK DE M. A. ROCHE
Etaient présents : MM. l'abbé Bonnin, A. Bouvet, Vte H. de
Chaignon, Chevallier-Dechaume, Devillebichot, le Dr Diard
(du Creusot), L. Dubois, Gérardin, le Dr Gillot, abbé Gloria,
J. Humbert, Ch. Marchai (du Creusot), Marchand (du Creusot),
E. Pernot, Pidault, A. Roche, le Dr Valat.
M. le président rappelle que dans l'espace d'une année
la Société a perdu successivement deux présidents d'hon-
neur, M. le Dr F. B. de Montessus, notre grand bienfaiteur,
et M. Alphonse Milne-Edwards, directeur du Muséum, à la
mémoire desquels hommage a été rendu en temps et en
termes convenables. Il propose d'attribuer la présidence
d'honneur de la Société à M. Albert Gaudry, de l'Institut,
professeur de paléontologie au Muséum de Paris, qui, dès
1. Page 303 du XIII* Bulletin.
— 126 —
la première heure, a soutenu de ses encouragements et de
sa collaboration notre Société naissante, et n'a cessé depuis
de lui prodiguer ses témoignages d'intérêt et de lui prêter
l'appui de son haut patronage. La proposition est adoptée
par acclamation et à l'unanimité ; il est décidé qu'à l'issue de
la séance un télégramme sera adressé à M. A. Gaudry. 1
Sont ensuite présentées et votées à l'unanimité les admis-
sions :
Comme membre d'honneur, de M. Pilhol Henri, profes-
seur d'anatomie comparée au Muséum, membre de l'Ins-
titut, de l'Académie de médecine, officier de la Légion
d'honneur, etc.
Comme membres titulaires, de :
MM. Chevalier, directeur de la grande tuilerie de Saint-
Symphorien, présenté par MM. Roche et V. Berthier. —
Creusevault, relieur à Autun, par les mômes. — Gillot,
lieutenant-colonel d'artillerie, directeur des Forges, 5, rue
Sainte-Beuve, à Paris, présenté par MM. Camusat et
Dr Gillot. — Louvernier, professeur à l'École primaire
supérieure de Cluny, par MM. C. Basset et Dr Gillot. —
J. Paillard, négociant à Autun, par MM. Joseph Chevallier
et Viard. — Roidot-Errard, architecte à Autun, par MM. le
Dr Gillot et V. Berthier. — Sirdey, chef de gare en retraite
à Autun, par MM. Joseph Chevallier et Viard.
M. le président annonce qu'à la séance générale de clô-
ture du Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, le
9 juin 1900, deux de nos vice-présidents ont été nommés,
1. A l'issue de la séance, une dépêche fut en effet adressée à M. Albert
Gaudry :
« La Société d'histoire naturelle d'Autun acclame M. le professeur Gaudry,
président d'honneur. Respectueux compliments. »
M. A. Gaudry s'empressa d'y répondre par le télégramme suivant :
« Touché de grande faveur de présider la Société d'Autun qui fait tant
honneur à la science française. Chaleureux remerciements.
» Albert Gaodry. »
— 127 —
M. le Dr X.Gillot, officier de l'Instruction publique, et M. L.
Fauconnet, officier d'Académie.
MM. B. Renault et le Dr Gillot qui représentaient la
Société à ce Congrès ont lu, à la séance du 7 juin, les
deux mémoires suivants, le premier à la section de géo-
logie, le second à la section de botanique :
Sur la diversité du travail des Bactériacées
fossiles.
Noie de M. B. Rbn.mjlt, Correspondant du Ministère de l'Instruction publique.
Président de la Société d'histoire naturelle d'Autun,
présentée au Congrès des Sociétés savantes, 1900.
La plupart des formes de Bactériacées vivantes « Micro-
coques, Bacilles, Streptocoques, etc. » ont été retrouvées
à l'état fossile, réparties dans les différentes assises sédi-
mentaires, au sein des tissus animaux et végétaux protégés
contre une destruction complète par certains modes de
fossilisation.
Il était d'un grand intérêt scientifique de rechercher s'il
y avait eu dans le cours des âges une spécialisation ana-
logue à celle que Ton remarque chez les Bactériacées
actuelles.
Les restes des animaux ne sont guère représentés que
par des têts, des coquilles, des ossements, des écailles, des
dents, etc., toute la partie charnue a disparu.
L'examen de quelques-uns de ces débris, lorsqu'ils ont
été pétrifiés par la silice, le phosphate, le carbonate de
chaux, ou simplement lorsqu'ils sont inclus dans des copro-
lithes en bon état, a révélé la présence de nombreuses Bac-
tériacées.
1° A l'intérieur des os et des écailles, par exemple, con-
servés dans les coprolithes d'âges très divers, nous avons
reconnu des Microcoques venant se grouper autour du
- 128 —
Micrococcus lepidophagus et de ses variétés, des Bacilles
tels que Bacillas lepidophagus, B. arcuatus] longs de 2 à 3 ja
seulement. Ces diverses Bactériacées, toutes contenues au
sein même des cellules de l'ivoire ou des os, rappellent par
leur forme et leurs dimensions, celles qui actuellement
déterminent la carie des os et des dents; elles sont en place,
car aucune fissure visible n'a pu être constatée.
La matière qui entoure les fragments d'os et d'écaillés
montre de nombreuses formes coccoïdes, dont on ne peut
tenir compte à cause de la difficulté de distinguer les
Microcoques vrais de formes analogues mais d'origine
minérale.
Les Bacilles y sont nombreux, ce sont les Bacillus per-
miensis, B. granosus, B. lallyensis, B. flaccidus, etc. ; ils
mesurent 8 à 15 y. de longueur, dépassent de beaucoup
par conséquent la taille des Bacilles des dents et des
écailles.
2° Les Bactériacées des Algues, des Bogheads sont
représentées par plusieurs variétés de Micrococcus petrolei,
dont les diamètres varient do 0,4 à 0,9 {jl. Ces Microorga-
nismes sont tenus en suspension dans la gélose solidifiée,
provenant de la transformation de la cellulose en Boghead ;
cette position exclut la possibilité d'un transport accidentel,
après coup, venant de l'extérieur.
3° Le Micrococcus Carbo est la Bactériacée la plus répandue
dans la houille, elle mesure 0,5 \l\ quand on l'observe
dans un bois houillifié, on voit qu'elle occupe les paroi»
communes des cellules ou qu'elle est disséminée dans la
houille qui les remplit et qui provient des épaississements;
les cellules houillifiées sont toujours écrasées et ne présen-
tent jamais de cavité ; elles ne sont visibles qu'à cause de
la différence de teinte de la houille, des épaississements et
de celle qui provient des membranes moyennes.
4° Les Bacillus ozodeus, B. gramma, B. gomphosoideus
n'ont été rencontrés jusqu'ici que dans les sporanges de
— 129 —
Fougères, à la surface de Tépiderme interne de ces organes
et sur les cuticules des spores.
5° Le Micrococcus Guignardi se trouve dans les épaissis-
sements des parois des cellules ou vaisseaux ligneux, le
Micrococcus hymenophagus, au contraire, se voit sur les
membranes communes ; le premier mesure 2 à 3 jjl, le
second 0,5 jjl seulement.
Tous ces exemples, que l'on pourrait d'ailleurs multiplier,
montrent que les Bactériacées fossiles avaient, comme de
nos jours, des fonctions distinctes à accomplir, et que dans
une certaine mesure on peut les différencier par le genre
de travail qu'elles ont effectué et les résidus qu'elles ont
laissés.
Les Hybrides et les Métis de la flore française,
Par M. le Dp X. Gillot.
(Note présentée au Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne,
le ? juin 1900.)
La notion d'hybridité, à peine acceptée en botanique, il
y a un demi-siècle, s'est singulièrement accréditée, surtout
après les travaux d'expérimentation de Qodron, Gb. Nau-
din, Bornet, etc., tout en restant pendant longtemps encore
confinée plus particulièrement dans le domaine de l'horti-
culture, les hybrides spontanés étant considérés comme
tout à fait exceptionnels. La connaissance plus parfaite de
la flore indigène, et les observations ou expérimentations
instituées de toute part, ont modifié cette opinion, et, par
un excès en sens contraire, les Aoristes actuels seraient
tentés d'expliquer, dans bon nombre de cas, par une hybri-
dité hypothétique, certaines difficultés de la taxinomie. Il
suffit, pour s'en convaincre, de parcourir certains livres de
date récente (W.-O.-Focke, Die Planzen-Mischlinge, Berlin,
1881. — Nœgeli et Peter, Die Hieracien Mittel-Europas.
Monographisclie Bearbeitung des Piloselloïden, MUnchen, 1805),
S.H.N. 1900. 9
— 130 —
et surtout la statistique si complète des hybrides de la
flore française présentée au Congrès des Sociétés savantes
de 1898, par M. Camus (E. G. Camus, Statistique des plantes
hybrides signalées dans l'étendue de la flore française. Comptes
rendus du Congrès des Sociétés savantes, 1898, p. 197), et
développée par lui dans le Journal de botanique dirigé par
L. Morot (1898-1900, en cours de publication). La décou-
verte et l'étude de quelques hybrides de la flore française
m'ont suggéré, au point de vue phytographique, quelques
réflexions intéressantes, que je résumerai brièvement.
En parcourant les listes dressées avec tant de soin par
M. E.-G. Camus, on est frappé, de prime abord, de l'iné-
gale répartition des hybrides suivant les familles, dont une
grande partie n'en ont encore offert aucun exemple, et
suivant les genres, dont quelques-uns paraissent tout par-
ticulièrement affectés d'hybridomanic, Viola, Cistus, Rubus,
Rosa, Epilobium, Centaurea, Hieracium, Verbascum, Saliœ,
Orchis, etc. Tous ces genres sont riches en espèces très
florifères, ornées de corolles de grandes dimensions, pour-
vues de nectaires ou accompagnées de nombreuses étamines,
ou à chatons saillants et préfoliaires, merveilleusement
adaptées, par conséquent, à la fécondation croisée par les
insectes. Ceux-ci sont donc les principaux facteurs de la
fertilité de ces espèces, pour la plupart ubiquistes et très
répandues, aux formes nombreuses, et conséquemment des
croisements fréquents entre ces espèces ou leurs formes,
croisements qui semblent même destinés à favoriser la
multiplication de l'espèce chez beaucoup de plantes her-
maphrodites, et la fertilité plus grande par la fécondation
dichogamique que par l'autofécondation.
Il est à remarquer, en outre, que la plupart de ces genres,
à espèces prépondérantes dans notre flore indigène, offrent
des particularités biologiques bien propres à assurer leur
multiplication, aussi bien dans les types spécifiques que
dans leurs produits de croisement. Les Viola, Epilobium,
— 131 —
Rosa, Pilosella, Ment ha, etc., sont souvent munis de stolons
ou rejets vivaces qui en facilitent et en maintiennent la
propagation, et constituent, autour d'un individu initial,
des colonies parfois étendues 1. Il en est de même dans le
genre Rubus, dont la plupart des espèces s'enracinent faci-
lement par l'extrémité des tiges; j'ai pu constater souvent,
dans les montagnes du Morvan, riches en Ronces, des
espaces immenses envahis par les colonies d'un Rubus
incontestablement hybride, au point de donner l'illusion
d'une espèce légitime et prépondérante, observation con-
trôlée et confirmée par un des rubologistes français les plus
autorisés, M. l'abbé N. Boulay. Dans d'autres genres, Cir-
sium, Hieracium, Salix, etc., les graines, munies d'aigrettes,
disséminent abondamment, et parfois au loin, la semence,
et peuvent ainsi propager des formes hybrides dans un
périmètre étendu, souvent même éloigné de leurs parents.
Pour d'autres, Verbascum, Linaria, etc., c'est l'abondance
et la ténuité des graines qui est le principal élément de dis-
persion, en outre que la constitution anatomique des organes
floraux (anthères, pistils), facilite la fécondation. D'autres,
enfin, Orchidées, se fixent par leurs tubercules et peuvent
se retrouver indéfiniment dans les mêmes localités.
La plupart des genres ci-dessus semblent d'origine
récente dans l'évolution végétale, et, grâce aux particula-
rités précitées, leurs espèces pullulent et se substituent aux
espèces moins prolifiques ou moins bien adaptées aux fonc-
tions de la fécondation. Sans entrer dans aucune discussion
philosophique hors de propos, en dehors de l'opinion erronée
et justement condamnée de la transformation des espèces,
je crois à l'apparition successive de types végétaux dont
une des propriétés biologiques essentielle est de subir une
1. E. Malinvaud, Classification des espèces et hybrides du genre Ment ha in
Comptes rendus du Congrus des Sociétés savantes à la Sorbonne, en Î898, p. 217.
— Dr X. Gillot, les Menthes hijbrides, d'après les travaux de M. Malinvaud,
in Bull. Assoc. française de Botanique, III, 1900, p. 25.
- 132 -
évolution parallèle, dans les limites restreintes de lei
anatomie et de leur morphologie phylétiques, assez étei
dues cependant pour en diversifier les formes et constitw
ce que nous appelons des espèces actuelles, remplaçai
d'autres espèces ou d'autres groupes successivement éteint
C'est la vie de l'espèce qui mérite d'être considérée toi
comme la vie de l'individu. On comprend dès lors que I<
types, en voie d'évolution, dont l'énergie vitale débordi
pour ainsi dire, modifiés par l'adaptation aux influence
ambiantes, se diversifient, mais, il est vrai, avec une lei
teur qui nous étonne et dont nous ne pouvons pas êti
témoins, en nombreuses espèces, et celles-ci en formes o
races non moins nombreuses. Un des caractères de ce
espèces, dont l'origine, d'une souche commune, est encoi
relativement rapprochée, sera la facilité des croisement:
d'une part, entre les espèces fixées ou bien différenciée)
ce seront les véritables hybrides, d'autre part, entre U
formes secondaires, encore flottantes et variables, le
races en un mot, ce seront les métis. Ceux-ci, plus qu
ceux-là, possèdent des graines fertiles, en conséquence, 1
facilite de se reproduire, la tendance héréditaire au pli
haut degré. Souvent plus vigoureux que leurs auteur
qu'ils peuvent même supplanter à la longue, quand la trac
en sera perdue, ils arriveront forcément à être considère
comme des types spécifiques d'actualité. Ou bien, se croisai
les uns avec les autres, ils produiront, comme dans les race
animales, des métissages à quart, à huitième de sang, etc
aboutissant à un chaos inextricable de formes passagères
impossibles à classer et destinées, les unes à s'épuise
promptement, les autres à retourner plus ou moins vit
au type.
Tous ces croisements, du reste, ne varient que de part
cularités quantitatives de plus en plus atténuées, et k
beaux travaux histologiques de M. P. Parmentier 01
démontre qu'ils étaient sans action sur les caractères for
— 133 —
damentaux et qualificatifs de l'espèce. Les exemples les
plus probants nous sont fournis par le genre Rosa, où Thy-
bridité, d'abord mise en doute, a été si bien étudiée par
M. F. Crépin (Rosœ hybridœ in Bull, Soc. roy. bot. Belg., XXX
(1894), 149 p.), et où les espèces françaises seules, en ne
tenant compte que des espèces principales généralement
admises, ont déjà fourni à la statistique trente-deux com-
binaisons et plus de cent formes hybrides; par le genre
Rubus, où les croisements sont encore plus nombreux et
mal étudiés, et procréent tant de formes croisées à diffé-
rents degrés et que, faute de terminologie suffisante, nous
sommes obligés d'englober sous le nom d'hybrides, si bien
qu'un auteur compétent, J. Harmand, a pu écrire : « En
dehors des R. saxatilis et idœus, tous les Rubus proviennent
d'une même souche primitive. » *
L'application des considérations précédentes dans l'étude
des hybrides peut nous permettre d'apprécier la valeur
relative des genres et des espèces et de leur subordination.
Je prendrai pour exemples quelques hybrides rares, ou du
moins rarement observés, que j'ai signalés ou retrouvés
dans le centre de la France. J'ai signalé, dès 1876, à Saint-
Sernin-du-Bois (Saône-et-Loire), la trouvaille de X Mespi-
lusSmithii Ser. (Cralœgus oxyacantho-germanica Giliot=Ate$-
pilus germanica X Cratœgus oxyacantha)2, qu'au lieu de con-
sidérer comme un hybride bigénérique, je regarde comme
démontrant les rapprochements étroits des genres Mespilus
et CratrvguSj et le bien fondé de leur réunion en un seul
genre, à l'exemple de quelques auteurs.
Il en est de même pour le X Geum Billieti Gillot. (Geum
rivale X montanum), du Mont-Dore, dont j'ai obtenu la
1. J. Harmand, Description des différentes formes du genre Rubus observées
dans le département de Meurthe-et-Moselle in Revue de botanique, V (1886-1887,
p. 332).
2. Dr X. Gillot. Elude sur un hybride des Mespilus germanica L. et Cratœgus
oxyacantha L. [Craltegus oxyacantho-germanica) in Bull. Soc. bol. de France, XXIII,
1876, session extraordinaire à Lyon, p. ziv.
— 134 —
reproduction de ses propres graines fertiles, et qui ajoute
une raison péremptoire à la réunion du prétendu genre
Sieversia Wild. (Sieversia montana Sp.) au genre Geum{.
Il y aurait lieu de reviser, en conséquence de ces idées, les
coupes génériques des Orchidées, et, à mon avis, de réunir
de nouveau dans le genre Orchis, largement conçu, les
sous-genres détachés, Gymnadenia, Nigritella, etc., dont les
hybrides incontestables sont nombreux, et dont j'ai décrit
l'un des moins connus dans les Alpes gapençaises, au col
Bayard, y Gymnigritella Girodi Gillot {Nigritella angusti-
folia X Gymnadenia conopea. 2
Le X Scleranthus intermedius Schur (Sel. annuus X peren-
nis), rencontré aux environs d'Autun et de Moulins-sur-
Allier 3, ainsi que le X Centranthus Gilloti Giraudias (C. ruber
X angustifolius) 4, assez fréquent sur les coteaux calcaires
de Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or, m'ont démontré par
les variations de leurs organes, de leurs formes intermé-
diaires, établissant comme une série ininterrompue entre
les Centranthus latifoliuset angustifolius, l'origine commune
et relativement récente de ces deux espèces actuelles,
comme des Scleranthus annuus et perennis; et l'analyse
histologique de M. P. Parmentier a confirmé cette opinion,
qu'il a, pour sa part, acceptée, exposée avec toute sa compé-
tence de botaniste et d'anatomiste, et résumée dans cette
phrase : « l'unité de structure indique l'unité d'origine. » 5
1. Dr Gillot, Observations sur quelques plantes critiques de la France, in Bull.
Soc. bol. de France, XXXIII, 1896, p. 548.
2. E. G. Camus, Monographie des Orchidées de France, 1893 — Dr X. Gillot,
Contribution à l'étude des OrchidéesAe Mans, 1898, 22 p., extrait de Bull. A s soc.
française de botanique, I, 1898, p. 63.
3. Dr X. Gillot, Note sur le Scleranthus intermedius Schur, in Annales Soc.
bot. de Lyon, XIX, 1894, p. 114; et Revue scientifique du Bourbonnais et duCentre
de la France, VIII, 1895, p. 97.
4. Centranthus Gilloti Giraudias, in Bull. Assoc. pyrénéenne pour l'échange
des plantes, 2« année, 1891-1892, p. 24.
5. Paul Parmentier, Du rôle de l'anatomic pour la distinction des espèces cri*
tiques ou litigieuses in Annales des se. nat. Botanique, 1896, extr. 36 p. —
Recherches taxonomiques sur les Gnavelles de France, p. 7. Institut bot. de
Besançon, août 1899.
— 135 —
Il en est de môme pour X Orchis a la ta Fleury (0. morio X
laxiflora), si répandu dans un grand nombre de départe-
ments, notamment dans le département de Saône-et-Loire,
à Givry-près-rOrbize, Mouthier-en-Bresse, etc. J'avais cru
devoir, dans un mémoire datant déjà de quelques années1,
considérer cet Orchis comme une véritable espèce morpho-
logique, ou tout au moins comme une forme tranchée d'un
groupe spécifique comprenant les Orchis morio L., alata
Fleury, laxiflora Lam., palustris Jacq., etc. De nouvelles
observations, corroborées par l'étude anatomique que
M. P. Parmentier a bien voulu faire de tous ces Orchis,
m'ont amené à revenir sur cette opinion erronée, et à
reconnaître la nature hybride iï Orchis alata, dont les parents
sont séparés par des caractères distinctifs si peu nombreux
et si peu spécifiques qu'il pourrait bien se faire qu'ils fus-
sent de simples sous-espèces d'un même type. 2
Il en est vraisemblablement de même pour le groupe de
nos Primevères indigènes, désigné par Linné (Species
plant. y éd. 2, p. 204), sous le nom de Primula veris,
avec trois variétés « officinalis, p elatior, y acaulis, dont
on a fait autant d'espèces. Je suis tout à fait d'avis de
continuer à décrire dans les Flores ces trois espèces actuelles
de Primevères, mais comme issues, dans la série phy-
létique du type Primula, dune souche ou stirpe com-
mun, dont elles se sont différenciées peu à peu; et j'en
trouve la preuve dans leurs variations extérieures, formes
acaules, caulescentes, dimensions et colorations des
fleurs, etc., et dans les hybrides spontanés qu'elles for-
ment et qu'il est possible de retrouver presque partout où
ces espèces, adaptées à des conditions un peu différente*
de sol, d'exposition, de climat, etc., se trouvent en contact.
1. Dr X. Gillot, Note sur VOrehii alata, in Bull. Soc. bot. de France, XXVIII,
1891, p. 307.
2. P. Parmentier, in D' X. Gillot, Orchis alata Fleury. Morphologie et anato-
mic, in le Monde des plantes, V année, n° 100, 1898, p. 93, et Contribution à
l'étude des Orchidées, p. 3, extr. du Bull. Assoc. fr. de bot., I, 1898, p. 66.
- 136 -
Témoin le X Primula média Peterman (P. officinaUs X ela-
tior), qui passe pour rare, mais dont les stations deviennent
de plus en plus nombreuses en France1, signalé par
M. F. Gagnepain, à Égreuil, près Aunay-en-Bazois, à
Champlevois près Cercy-la-Tour 2, et récemment trouvé
par moi à Drevin, commune de Saint- Pierre-de-Varennes
(Saône-et-Loire).
Dans ces citations, qu'il serait facile de multiplier, j'ai
employé la notation adoptée par un grand nombre d'auteurs,
entre autres M. E.-G. Camus, c'est-à-dire la dénomination
binominale des hybrides précédée du signe X et suivie,
entre parenthèses, des noms des parents. Il serait dési-
rable d'établir une terminologie et une notation bien défi-
nies pour désigner les hybrides, les métis, l'action réciproque
de leurs facteurs, etc., mais les divergences des botanistes
sur la valeur de l'espèce ne le permettent guère en ce
moment, et je me réserve d'ailleurs de revenir sur cette
question. Dr Gillot.
La parole est donnée à M. le vicomte de Chaignon
pour la lecture de la note suivante :
Sur l'allure du filon quartzeux de Montjeu.
Dans le Bulletin de la Société des sciences naturelles
d'Autun, à la date du 6 août 1893, il est fait mention, sous
la conduite de M. V. Berthier, d'une visite dans le parc de
Montjeu pour étudier le filon quartzeux qui avait été mis
au jour plusieurs années auparavant, lors de travaux entre-
pris pour l'exploitation de matériaux d'empierrement.
1. R. Hubert, Nos Primevères, in Bull. Soc. d'étude des se. nat. d'Elbeuf, XVII,
1898, p. 62. — M. Gentil, Notice sur les Primevères sarthoises, in Bull. Soc.
agric. se. et arts de la Sarthe, 1899, p. 355.
2. F. Gagnepain, Topographie botanique des environs de Cercy-la-Tour, Àutuu,
1900, p. 117.
— 137 —
Le filon ne fut pas rencontré ; depuis longtemps il avait
été enfoui et recouvert par les éboulis. Ces messieurs se
contentèrent de rechercher dans les déblais la petite série
de minéraux signalée plus anciennement par M. de Char-
masse : Tourmaline, Grenat, Émeraude.
Tout récemment, avec l'autorisation qu'a bien voulu me
donner M. Rodary, et grâce avant tout aux indications très
précises fournies sur les lieux par M. Berthier, j'ai pu
reprendre la fouille, que j'avais tentée en vain Tannée der-
nière, et retrouver le filon en l'état où il avait été laissé il
y a bien des années. Après l'avoir dégagé sur la moitié de
son pourtour et sur une hauteur de lm50 environ, j'ai pu
constater qu'il a un pendage ou une obliquité bien marquée,
il plonge dans une direction sud-nord, sous un angle de
45 degrés environ. On ne peut rien dire de la longueur
puisqu'elle n'est pas visible; il est peu probable cependant
qu'il finisse brusquement ; au ras du sol creusé il a encore
les mêmes dimensions ; il doit se prolonger assez avant en
profondeur. Sa largeur serait comprise entre 0m50 et 0m60,
l'épaisseur un peu moindre peut-être. Ces chiffres ne sont
qu'approximatifs et le tout ne constituerait pas un prisme
absolument régulier, non plus qu'un seul bloc, mais une
masse fendillée dont les fragments, sans avoir été déplacés,
ont joué cependant grâce aux nombreuses fissures.
La partie quartzeuse est encaissée de chaque côté par
une salbande, si on peut l'appeler ainsi, d'une magnifique
Pegmatite rosée à très grandes parties, de 20 à 30 centi-
mètres d'épaisseur. Les deux formations, celle de Quartz
bien franche, celle de Pegmatite également, surtout en pro-
fondeur (dans les parties superficielles il y a commence-
ment d'altération) sont englobées dans une Granulite à grains
moyens, passant à l'état d'arène ; et le tout est intercalé
dans la masse gneissique qui affleure en rochers pittores-
ques le long de l'avenue conduisant à la porte de Broyé.
Faut-il voir dans ce noyau quartzeux ce qu'on est con-
— 138 —
venu d'appeler un Quartz filonien dans le sens propre du
mot? Je ne le pense pas.
Le Quartz de Montjeu est très cristallin, hyalin même.
Dans les filons quartzeux proprement dits, il est plutôt lai-
teux, opaque, amorphe et souvent fort hydraté, et ces der-
niers présentent généralement un développement bien plus
étendu.
Cette association à Montjeu ne constitue qu'une Pegma-
tite dont les parties sont d'autant plus grandes qu'on se
rapproche du centre où le Quartz domine et prend un
développement énorme.
Quant aux minéraux : Tourmaline, Grenat, Émeraude,
que j'ai récoltés en abondance, j'ai cru remarquer qu'ils se
trouvaient généralement au point de contact de la Pegma-
tite et du filon quartzeux : ce qui ne veut pas dire que de
beaux cristaux d'Émeraude ne se rencontrent pas en plein
Quartz, ainsi que la Tourmaline, mais c'est plutôt à la péri-
phérie qu'au centre.
L'Émeraude est la variété Béryl, dont la couleur est
vert pomme jaunâtre. Cependant quelques cristaux teintés
en vert bleuâtre, au moins partiellement, se rapprocheraient
de l'Aiguë marine.
Certains cristaux ayant subi une altération passent à
l'état grenu, et sont blanc jaunâtre. Il existe entre ces
deux tons des nuances intermédiaires, en même temps que
des degrés d'altération moins prononcés. Ces cristaux de
Béryl n'ont jamais leurs sommets; ils atteignent fréquem-
ment de grandes dimensions (17 centimètres en longueur,
6 à 7 centimètres en diamètre).
Les Grenats, variété almandine, sont plus abondants dans
la Pegmatite que dans le Quartz. Le plus gros a été trouvé
par M. l'abbé Honnin; il mesure près de 3 centimètres et
demi de diamètre. Ce cristal est un octaèdre rhomboïdal
dont toutes les faces ne sont pas unies, certaines sont striées
et les stries disposées en gradins. Il doit y avoir combinai-
— 139 —
son de formes, donnant naissance à un cristal modifié, dif-
férent de ceux qu'on rencontre généralement, le trapézoèdre,
dont toutes les faces sont unies. Peut-être est-ce la combi-
naison avec le scalénoèdre qui lui fait prendre cette dispo-
sition qu'affecte souvent le Grenat grossulaire. Mais je n'ose
être affirmatif, ma compétence n'allant pas jusque-là. Dans
tous les cas, les passages de ces deux formes Tune dans
l'autre sont fréquents. Les Grenats de Montjeu sont opaques
et d'un rouge brun très foncé.
La Tourmaline est le minéral le plus abondant de cette
petite association. C'est la variété noire ferrifère, la plus
répandue également dans les roches granitiques et qui
constitue un de leurs éléments accidentels. A Monjeu, elle
se présente sous forme de beaux cristaux prismes de
toutes grosseurs, quelques-uns atteignent 10 à 12 centi-
mètres de longueur sur 4 à 5 centimètres de diamètre. Le
musée possède un exemplaire de cette taille dont le sommet
est terminé et à peu près entier.
Je ne puis passer sous silence, en parlant de cette série
de minéraux, les beaux cristaux d'Orthose rose engagés
dans la Pegmatite et dont quelques-uns ont été retirés
entiers. Un exemplaire de 9 centimètres de longueur est
déposé au musée de la Société; d'autres chercheurs en ont
trouvé de plus ou moins gros et dans les mêmes conditions.
Le cristal que possède le musée n'est pas maclé, c'est un
cristal simple, aplati sur une des faces, comme ils le sont
généralement.
Dans tous les débris de cristaux d'Orthose, rencontrés à
Montjeu, je n'en ai pas remarqué offrant la particularité de
la macle.
Nota. — Je saisis cette occasion pour remercier M. Rodary
de toutes les facilités qu'il a eu l'obligeance de mettre à ma
disposition; elles m'ont permis de mener à bien mes
recherches. Vtc H. de Chaignon.
— 140 —
M. Q. Ormezzano, de Marcigny-sur-Loire, adresse les
communications suivantes :
Cas tératologiques.
1° ÉVERSION BIOLOGIQUE DU LILAS COMMUN.
Il s'agit d'une floraison anormale du Lilas ordinaire
(Syringa vulgaris L.), observé dans le jardin de M. Revi-
ron, à Marcigny, et dont M. Q. Ormezzano a envoyé, à la
date du 19 mai 1900, deux spécimens à M. le Dr Gillot,
vice-président de la Société à Autun. M. L. Letort, phar-
macien à Autun, a bien voulu photographier ces inflores-
cences anormales de Lilas, et son cliché très réussi a permis
d'en tirer en phototypie la reproduction ci-contre.
Voici les renseignements fournis, en outre, par M. Or-
mezzano :
« Ces inflorescences de Lilas ont toute l'apparence de
racines fleuries. Rien de plus singulier que de voir sur
place ce Lilas bien fleuri à fleur de terre, car toute la tige
était cachée, et Ton n'en voyait que les thyrses au ras du
sol. Ce ne sont pas des rhizomes, au sens propre du mot,
mais des branches souterraines se comportant comme des
rhizomes; et si les horticulteurs, qui recherchent les flo-
raisons extraordinaires, pouvaient reproduire cette ano-
malie, et créer des corbeilles de fleurs de lilas sans feuilles,
à fleur du sol, l'effet n'en serait pas banal !
» Il existait dans le jardin de M. Reviron trois thyrses
fleuris éloignés de 0m40 l'un de l'autre, le plus développé
à lm50 environ de la souche. Ces thyrses sont restés fleuris
pendant un mois. Cette floraison anormale n'a pas eu lieu
les années précédentes, mais je la surveillerai au printemps
prochain. D'ailleurs le propriétaire, observateur distingué,
ne fera bêcher autour du lilas qu'avec les plus grandes pré-
Soc. Hist. Nat. d'Autun.
LILAS COMMUN
(Tératologie.)
!■•■.
H
l
— 141 —
cautions, et peut-être reverrons-nous le curieux phénomène
d'éversion. Il n'existe qu'un seul pied isolé de Lilas, mesu-
rant 0m15 à la base. Il est planté dans une plate-bande,
de 0m80 de largeur, entourée de deux allées sablées. Le
terrain est mi-sec, peu entretenu, non fumé, mais néan-
moins meuble et léger. Tout autour du pied unique, il existe
des rejets feuilles, et môme passant par-dessous les allées,
jusqu'à trois mètres de distance.
» Il est possible que quelques-uns de ces rejets feuilles,
datant de Tannée précédente, et munis de boutons florifères,
aient été enterrés lors de la culture de la plate-bande, et,
au printemps de cette année, aient développé hors de terre
ces bourgeons floraux. Il est à remarquer, en effet, que les
branches souterraines donnant naissance à ces inflorescences
anormales, se rapprochent par leur aspect de la partie
hypogée des rejets feuilles ordinaires, et ne ressemblent
pas aux véritables racines. »
Les deux échantillons envoyés par M. Ormezzano et repro-
duits en phototypie, comprennent :
1° Une racine forte et rampante, munie de radicelles, et
d'où sort un rameau souterrain de Ûm25, portant quatorze
entre-nœuds à bourgeons très peu développés, et terminé
au ras du sol par un thyrse cQmposé de sept ramuscules
fleuris, à fleurs de dimensions, de couleur et d'odeur
normales. A remarquer que ce rameau s'élargit progressi-
vement vers le sommet.
2° Un rameau, à apparence de racines à sa partie infé-
rieure, également élargi de la base au sommet, portant
onze entre-nœuds enterrés, écailleux, à petits bourgeons,
et terminé par un thyrse ou panicule de trois rameaux seu-
lement. La base du rameau souterrain est blanchâtre, à
épidémie mince, comme dans les jeunes racines, la partie
supérieure seule grise et cuticulée
— 142 —
2° Grenouille a cinq pattes.
Il s'agit d'une jeune Grenouille verte (Rana viridis),
prise à la ligne par M. Chaumont, de Marcigny, dans le
canal de Roanne à Digoin, au mois de mai 1900, et qui
fut conservée vivante dans un bocal pendant quelques
jours.
Elle était bien portante et bien conformée du reste, mais
portait à l'angle de la hanche droite un membre supplé-
mentaire, ou cinquième patte, qui se divisait en deux
mains nettement séparées, et un peu atrophiées, démon-
trant qu'il s'agissait en réalité d'une soudure des deux
membres postérieurs d'un individu supplémentaire; c'est-
à-dire d'une montruosité polymélienne.
Pendant la vie, cette cinquième patte paraissait embar-
rasser l'animal et ne suivait pas les mouvements des autres
lorsque la Grenouille nageait. Elle agissait plutôt comme
un poids mort, faisant pencher de son coté le corps de
l'animal; néanmoins, quand la Grenouille était à la surface
de l'eau, dans la position d'immobilité qu'affectionnent
souvent ces batraciens, la cinquième patte ne pendait pas.
Elle restait étendue, mais à un niveau un peu inférieur à
celui des autres pattes, et alors la Grenouille se trouvait
dans la position normale ; les deux palmures de la cinquième
patte étant écartées paraissaient rétablir l'équilibre com-
promis parle poids de ce membre anormal.
La Grenouille posée à terre, la patte supplémentaire
paraissait inutile et gênait l'animal qui la traînait en mar-
chant et n'obtenait, malgré ses efforts, que des sauts minus-
cules.
M. l'abbé Bonnin, professeur de mathématiques au petit
Séminaire d'Àutun, a bien voulu photographier et radio-
graphier cette Grenouille. Les dessins que nous en donnons,
exécutés d'après ses clichés, montrent dans la radiographie
Gki.nuuii.u-. (kniui Mi hIïiiIii. t..) ois ti-ratul
— 143 —
très réussie que la patte supplémentaire renferme les sque-
lettes accolés de deux membres postérieurs ; il s'agit donc
en réalité d'une grenouille à six pattes, et non à cinq pattes.
Cette anomalie nous paraît rare. Q. Ormezzano.
M. Château, instituteur à Bourg-le-Comte, adresse
la note suivante :
A propos de plantes adventices.
Presque partout on trouve des plantes étrangères à la
région que le botaniste est tout étonné de rencontrer à des
distances souvent considérables de leur point d'origine.
Depuis longtemps on a recherché quels pouvaient être les
agents disséminateurs de ces plantes. On a reconnu de
nombreuses causes d'introduction, mais je ne sache pas
qu'on ait fait entrer en ligne de compte le botaniste échan-
giste. Et cependant il contribue, selon moi, à l'apport des
plantes étrangères dans sa localité, ainsi que le long des
voies ferrées.
Tout botaniste échangeant des plantes prépare avec le
plus grand soin des échantillons aussi complets que pos-
sible, ayant fleurs et fruits, portant souvent des graines pou-
vant germer. Les paquets qu'il prépare pour ses corres-
pondants, ne sont pas si bien enveloppés que quelques
graines ne puissent s'échapper, glisser du paquet et tomber
lorsque l'employé du chemin de fer remet à l'un de ses
collègues les colis arrivés à destination. Qu'une de ces
graines trouve à sa portée un terrain suffisamment bien
préparé, elle germera et donnera une plante adventice nou-
velle pour la localité. Voilà donc l'un des facteurs dont il faut
tenir compte quand on s'occupe des plantes naturalisées
autour des gares.
Il arrive aussi fréquemment que les graines échappées des
colis ne tombent pas à la gare même, mais restent sur le
— 144 —
plancher du wagon en attendant qu'un coup de vent les
emporte sur les talus de la voie, le train étant en marche.
Ceci me parait donner l'explication de la présence, sur les
voies ferrées, de plantes dont il était difficile de se faire
une idée nette en ne tenant pas compte des colis adressés
aux botanistes échangistes.
D'autre part, les colis postaux sont portés de la gare au
domicile du botaniste échangiste. En cours de route les
faits relates plus haut peuvent se reproduire, et Ton voit
apparaître, sur les bords du chemin, dans les champs avoi-
sinants, de nouvelles plantes adventices.
Ces faits me paraissent fondés et je dirai plus : toute
localité non étudiée au point de vue botanique est pauvre
en plantes; qu'un botaniste vienne s'y fixer et, avec lui,
arrivera un cortège de plantes spontanées ou subspontanées
dont une simple excursion n'aurait pas permis de soupçonner
la présence. En outre peu à peu les espèces adventices dis-
puteront la place aux espèces indigènes, ce qui me fait
dire que « toute localité bien explorée est riche en espèces
végétales, d
Les observations qui précèdent me sont suggérées par
des faits probants.
Je désire ardemment avoir un herbier aussi complet que
possible ; je fais de nombreux échanges, et chaque année je
récolte autour de moi des plantes que j'ai reçues de quel-
ques-uns de mes correspondants. C'est ainsi que j'ai reçu,
puis recueilli dans mon jardin, les espèces suivantes qui
n'appartiennent certes pas à la flore de Bourg-le-Comte.
Diplotaxiserucoides DO.
Erysimum australe Gay.
Sisymbrium Columnœ Jacq.
Cardamine resedifolia L.
Alyssum maritimum Lamk.
Thlaspi brachypetalum Jord.
Silène rupestris L.
Arenaria controversa Bois.
Linum gallicum L.
Géranium argenteum L.
Achillea nana L.
Carduus tenuiflorus Curt.
Salvia verticillata L.
TEgilops ovata L.
- 145 -
La famille des Crucifères est la mieux représentée, ce
qui n'a rien d'étonnant, si Ton tient compte des nombreuses
graines souvent arrivées à maturité, que porte chaque
échantillon.
Et maintenant me sera-t-il permis de dire qu'aux causes
connues qui contribuent à l'apport des plantes adventices,
il convient d'ajouter le botaniste lui-même et plus spéciale-
ment celui qui fait des échanges.
Bourg-le-Comte, le 22 février 1900.
E. Château.
M. C. Marchai, du Creusot, présente deux tubercules
de Pommes de terre atteints de filosité, et lit à ce sujet
la note qui suit :
La filosité des Pommes de terre.
Certaines années (et notamment en 1897, 1898 et 1899)
on a constaté, sur plusieurs points de la France, le phéno-
mène suivant :
Dans les plantations de pommes de terre, il y a un
grand nombre de pieds manquants, ou bien qui ne sont
représentés que par de maigres tiges filiformes. Si l'on
creuse à la place des manquants ou des pieds chétifs, on
trouve le tubercule planté à peu près intact, avec quelques
jeunes pommes de terre grosses comme des noisettes.
Le fait n'est pas rare ni nouveau ; cependant tel agricul-
teur qui, depuis cinquante ans, cultive la pomme de terre
en grand, dit l'avoir constaté pour la première fois en 1899.
Ayant planté « l'Institut de Beauvais, » il n'a pas eu 3 pour cent
de reprises. En fouillant le sol, il a trouvé toutes les mères
avortées dans l'état indiqué ci-dessus, et parfois avec des
germes pourris ou coupés sans avoir pu arriver au jour.
S.H.N. 1900. 10
— 1-46 —
Cette année même, un collègue du Creusot, ayant planté
vingt-cinq pieds de « Marjolin, » a eu trois reprises.
Les plants infertiles sont faciles à distinguer au moment
de la plantation : yeux à très fins rejets, ou bien pas de
fanes naissantes, ou encore de petits tubercules portés par
des filaments de un à deux centimètres.
Ce phénomène est désigné sous les noms de fi lo si té,
boutage, surjetage(Âgric. nouvelle, n° 444, 21 octobre 1899,
p. 836). Dans nos campagnes, nous avons entendu les
expressions : treuffes foules ou folles (environs du Creusot
et de Couches), pommes de terre martinées (Bourg-le-
Comte), etc.
Passons aux causes.
Dans les Charentes (Agric. nouvelle, n° 425, 10 juin 1899,
p. 455), on admet que, parmi les tubercules, il y a deux
formes, presque deux sexes, doués chacun de propriétés
différentes : ceux à bourgeons gonflés, produisant de
grosses fanes, sont des pommes de terre mâles ou femelles
et fertiles ; ceux à petits yeux, à pousses longues et effilées,
sont des mules et stériles.
P. Joigncaux, dans son Livre de la ferme, attribue la sté-
rilité de certains tubercules à un affaiblissement résultant
de plusieurs causes, la plupart confirmées par des expé-
riences toutes récentes. Nous allons résumer les unes et
les autres en trois paragraphes.
A. — Variétés cultivées depuis longtemps dans le pays,
dégénérées et s'affaiblissant dans la cave par un entasse-
ment sans précautions. Elles s'échauffent, germent de
bonne heure ; on supprime les rejets pour la vente et la
plantation : souvent, alors, le plant n'a plus la force de
germer de nouveau. Cela arrive fréquemment, dit-il, pour
le « Marjolin » acheté sur les marchés.
Nous ajouterons que toutes les espèces sont sujettes à
cette infertilité, mais plus spécialement « l'Institut de Beau-
vais, » vulgairement la « Bcauvoite. »M. Labourier, maire à
— 147 —
Bourg-le-Comte, a pratiqué des silos munis d'un tuyau do
drainage formant cheminée; celle-ci a été fermée pendant
les gelées et ouverte dès que la température devenait plus
douce. Résultat : pas ou presque pas de « martins » ; tandis
que dans les silos non aérés, les pommes de terre étaient
presque toutes « martinées. »
Autre expérience, souvent répétée. Faire, dans la cave,
deux tas de pommes de terre; dans le premier, disposer les
tubercules les uns à côté des autres, sans qu'ils se recouvrent
mutuellement : résultats excellents. Dans l'autre monceau,
composé d'un grand nombre de tubercules entassés, la
majeure partie devient fileuse.
B. — Lorsque, dans une plantation, les jeunes tuber-
cules étant déjà formés, survient une sécheresse, la végé-
tation s'arrête. Qu'une pluie arrive avant que les fanes
soient complètement mortes, la végétation reprend de nou-
veau ; les tubercules poussent comme si l'on venait de les
planter, ils deviennent mères et donnent naissance à d'autres,
qui leur sont réunies par des (ils, d'où les noms de pommes
de terre ficelées, folles. Ces mères, prématurément épui-
sées, doivent être rejetées lors du choix des plants.
C. — La (ilosité, jadis inconnue, serait devenue com-
mune, parce qu'on plante tardivement et qu'on récolte
avant maturité complète ; elle serait due aussi au retour
trop fréquent dans le même sol, au trop faible écartement
entre les pieds, à la mauvaise habitude de ne planter que
des avortons, etc. (Voir : Agric. nouvelle, numéros cités.)
Rare en Allemagne, le pays par excellence de la pomme
de terre, la filosité est assez commune en Autriche, surtout
chez les espèces précoces; elle semble acquérir une grande
fréquence dans notre région.
Château et Marchal.
— 148 —
Enfin, la parole est donnée à M. le Dr Diard, du
Creusot, qui fait une conférence très intéressante et
très documentée, qu'il a bien voulu résumer dans les
termes suivants :
La Cellule. — Les Amibes.
Lorsque dans l'étude des êtres vivants on arrive tout
au bas de l'échelle, les deux derniers échelons sont cons-
titués pour ainsi dire par les deux formes suivantes :
La Cellule ;
Les
Ces êtres répondent à ce qu'à notre époque on comprend
sous le nom de microbes (de m*ptç petit et p*©c vie, être
vivant), expression proposée en 1878 par Sédillot et devenue
rapidement populaire.
Voici en résumé comment est constitué Y être cellulaire :
Une masse microscopique de substance azotée à réaction
généralement neutre, dite proloplasmay limitée par une
paroi très mince où la présence de la cellulose caractérise
les espèces végétales; son absence, l'animalité. Dans ce
protoplasma, diverses agglomérations de matière : les
unes si tenues que sous les plus forts grossissements elles
ont un aspect en quelque sorte pulvérulent ; ce sont les
granulations. Les autres un peu plus considérables, quoique
toujours fort minimes, appelées, suivant leurs dimensions :
noyau, nucléole, nucléolules, auxquels s'ajoutent transitoire-
ment dans certains végétaux les sphères directrices.
Ces cellules sont tantôt isolées, indépendantes, tantôt
associées en nombre plus ou moins grand et plus ou moins
constant pour une même espèce, sous forme de bâtonnets
— 149 —
(bacilles), chaînettes (streptocoques) ou grappes (staphylo*
coques).
Malgré cette simplicité de structure ces êtres repré-
sentent, vous le savez, une des forces les plus formidables
de la nature. Rien ne leur résiste : les êtres vivants, les
objets inertes sont à tout instant actionnés et remaniés
par eux. Ils leur communiquent la vie, la leur ôtent ou
la transforment. Pour leur échapper il faudrait pouvoir
s'élever au-dessus de notre atmosphère ou s'enfoncer
aux plus intimes profondeurs de la terre. Et encore
y retrouve-t-on la marque de leur passage : notre pré-
sident M. Bernard Renault, dans de saisissantes études,
nous les montre ayant accompli dès les âges géologiques
les plus lointains une œuvre immense de transformation
au sein des terrains houillers et permiens. Ce sont eux
qui régissent, les épidémies, qui font les maladies de
l'homme, des animaux, des plantes, de nos boissons
(vin, cidre, bière, etc., etc.), qui viennent à bout des
substances les plus imputrescibles comme les cheveux ou
la soie. Ils s'attaquent aux éléments de nos édifices, y
produisant le salpêtrage, véritable maladie des habitations
et de la pierre. Ce sont eux qui, véhiculés par les fumiers
ou favorisés par le travail des instruments de culture,
fertilisent les terres et préparent les moissons. Nés sans
doute les premiers à la vie ils en seront probablement les
derniers refuges ! Quelque intéressante que soit l'étude de
ces êtres cellulaires je ne puis ici en donner que cette
vue à vol d'oiseau. Ce que je viens d'en dire n'est qu'à
titre de jalon, car nous allons retrouver une grande partie
de leurs caractères dans les Amibes qui constituent la plus
simple expression de la matière vivante et qui doivent être
le principal objet de cette causerie.
Dans un volume de notre bibliothèque du Creusot inti-
tulé : Histoire naturelle de la France, par Albert Granger,
tome XVII, je trouve la citation suivante de M. Edmond
— 150 —
Périer qui vient de remplacer à la direction du Muséum le
regretté Milne-Edwards. Il s'agit des Monères, espèce très
rapprochée des Amibes :
« Un grumeau de gelée, voilà tout ce que montrent en
» eux nos plus forts instruments d'optique, nos micros-
» copes les plus perfectionnés. Mais cette gelée est vivante.
» On la voit à chaque instant changer de forme, s'emparer
» d'êtres d'ordre élevé, les dissoudre, les incorporer dans
» sa propre substance. Ce grumeau de gelée grandit et se
» reproduit. Parfois il est entièrement transparent, entouré
» de prolongements grêles et de formes variées ; d'autres
n fois sa masse est parsemée de très fines granulations
» presque toujours entraînées par une sorte de mouvement
» circulaire désigné sous le nom de circulation proto-
» plasmique. »
Dans le même volume, les Amibes sont décrites comme
il suit, d'après Moquîn-Tandon :
« Imaginez-vous une gouttelette de matière demi-solide,
» demi-transparente, homogène, douée de mouvements
» volontaires. Elle s'agite en divers sens, se dilate, ou se
s resserre, adopte les figures les plus irrégulières et les
» plus inattendues. Quand on place l'animalcule sur le
» porte-objet du microscope, il glisse comme une gout-
» tclette d'huile, se déforme et se reforme. Véritable
» Protée, il est, suivant les moments, circulaire, oblong,
» échancré, sinueux, lobé, étoile, et même tout à fait
» rameux. »
Bien que l'ouvrage en question, qui d'ailleurs ne porte
nulle part la date de sa publication, soit moderne et rela-
tivement récent, la science a marché depuis le moment où
les maîtres ci-dessus nommés écrivaient les descriptions
que je viens de vous lire. Je vais vous en exposer uno
beaucoup plus avancée d'après les publications de M. Le
Dautec, maître de conférences à la faculté des sciences
de Lyon.
— 151 —
Avant d'entrer dans cette description, permettez- moi
d'attirer votre attention sur une expression familière à cet
auteur et que j'emploierai fréquemment car elle est très
commode : il s'agit du mot plastide. Sous cette dénomi-
nation très générale, nous comprendrons tous les orga-
nismes élémentaires, quels qu'ils soient. Tel plastide par
conséquent sera une Bactérie ou une Amibe, c'est-à-dire
des êtres pouvant vivre à l'état indépendant. Tel autre
plastide sera fibre musculaire, ou cellule du tissu con-
jonctif, ou globule du sang, autrement dit un élément de
tissu, pouvant être isolé des autres éléments semblables à
lui, mais qui normalement vit en association plus ou
moins intime avec eux. — Tel plastide sera végétal, tel
autre ressortira au règne animal.
Ceci étant bien compris, abordons l'étude de l'Amibe.
Loin d'être homogène, comme le croyait Moquin-Tandon,
l'Amibe, lorsqu'on l'examine dans des conditions suffisantes
de grossissement et d'éclairage, déposée sous le champ du
microscope dans de l'eau pure ne contenant aucun corps
solide en suspension, l'Amibe, dis-je, se présente à l'ob-
servateur sous l'aspect d'une sphérule composée de deux
zones, l'une externe, périphérique, très mince, ayant
l'apparence (mais l'apparence seulement) d'une paroi et
dite : Ectosarque, des mots grecs «toc, dehors, et, *"PXi
subtance ; l'autre plus centrale appelée Endosarque dans
laquelle on distingue des granulations, un ou plusieurs
noyaux, et, chez les Amibes où le développement atteint
son maximum de complexité, un nucléole et un nucléolule.
Quant à la substance qui englobe ces divers éléments,
c'est le protoplasma. Nous retrouvons donc ici, sauf la
paroi qui fait défaut, les mêmes éléments que dans la
cellule.
Quelques mots d'explication sur chacun de ces éléments
sont indispensables ; sans cette anatomie il serait impos-
sible de comprendre la physiologie de ces organismes ; et
— 152 —
c'est par celle-ci que nous apprendrons ce qu'il faut penser
de la volonté (par conséquent de l'intelligence) apparente
de ces êtres d'organisation très simple sans doute mais
qui se meuvent, saisissent des proies, les digèrent en
totalité ou en partie, en assimilant certaines portions, en
rejetant d'autres et semblant ainsi faire preuve de certaines
facultés de discernement.
Tout d'abord il faut établir que la paroi n'est qu'appa-
rente et que Ectosarque, Endosarque ne diffèrent en rien
l'un de l'autre. Effectivement cette apparence est le fait
d'un phénomène d'ordre exclusivement physique qui s'ap-
pelle la tension superficielle et sur lequel, vu son impor-
tance, il faut nous arrêter un moment. Il est indispensable
de bien se rendre compte de ce qu'est cette tension super-
ficielle, car elle est la véritable clef du fonctionnement
nutritif de l'Amibe.
Quelques expériences très simples vont vous la faire
comprendre sans difficulté.
Première expérience. — Prenons un verre bien trans-
parent. Mettons-y d'abord de l'eau sans le remplir com-
plètement. Sur cette eau faisons descendre avec précaution
soit du vin rouge, soit un alcool coloré, de manière que
ces liquides forment deux couches bien distinctes. Au bout
de quelques instants nous allons constater (comme a pu le
faire quiconque a préparé un grog) que peu à peu la ligne
de séparation devient confuse et qu'il se forme entre
chacun des liquides une zone intermédiaire où ils se
trouvent de plus en plus intimement mélangés.
Seconde expérience. — Dans un autre verre mettons
d'abord du mercure, ensuite de l'eau. Cette fois nous
aurions beau attendre, jamais nous ne verrions se produire
la diffusion que nous venons d'observer entre l'eau et le
vin.
Mais prenons une baguette de verre, très propre, bien
lavée à l'alcool. Plongeons-la dans notre second verre de
manière qu'elle traverse complètement la couche d'eau et
pénètre peu à peu dans le mercure. Qu'arrive-t-il? ceci :
Notre baguette ne peut pas toucher directement le
mercure.
En traversant l'eau elle s'en est mouillée et en entraine
avec elle une mince couche qui lui reste adhérente.
Quelque effort que nous fassions, quelque secousse que
nous lui imprimions, à quelque profondeur que noua l'en-
foncions dans le mercure, nous ne pourrons ni détacher
cette lamelle d'eau du verre de la baguette, ni empêcher
le mercure de fuir devant elle.
Faisons arriver jusque sur ce mercure une poudre fine
{qui ne soit, bien entendu, ni attaquable par lui chimique-
ment, ni soluble dans l'eau) et recommençons l'expérience :
dès que la baguette pénétrera dans le mercure, notre
poudre tombera dans cette espèce de puits d'eau établi
entre le métal et la baguette, aussi profondément que
nous enfoncerons celle-ci, et reviendra à la surface du
mercure à mesure que nous en retirerons la baguette,
retombant, si nous enfonçons celle-ci, dans cette pochette
constituée par la lamelle d'eau qui sépare le verre du
mercure. Tout se passe comme si une pellicule infiniment
ténue et infiniment extensible était tendue sur la surface
mercurielle.
— 154 —
Or, ceci n'est nullement le fait d'une différence de den-
sité : le phénomène se produirait identique avec de l'eau
et une huile lourde de densités égales.
La force qui maintient ainsi séparés deux liquides non
miscibles est ce qu'on a appelé la tension superficielle.
Cette force est mesurable. Elle est constante pour des
liquides déterminés (huile et eau, — eau et mercure, etc.),
les conditions ambiantes étant supposées constantes elles-
mêmes.
Quand elle est très forte, comme entre le mercure et
l'eau, les liquides ne peuvent jamais se mélanger ; mais
elle peut être très faible et alors susceptible d'être annulée
par certaines conditions de température, pression, etc.
Le premier cas est celui des Amibes vis-à-vis de l'eau.
On peut observer le second sur des plastides d'espèce
voisines appelés Gromies.
Entre ces extrêmes peuvent se rencontrer tous les inter-
médiaires.
Revenons maintenant à l'anatomie de notre Amibe et à
son protoplasma. Voyons comment la tension superficielle
y produit cette apparence de paroi appelée YEctosarque.
Le protoplasma, avons-nous dit, est homogène quant à
sa composition, et l'absence de granulations dans sa zone
périphérique est un fait d'ordre exclusivement mécanique.
On le démontre par l'expérience suivante dont j'emprunte
textuellement la description au volume de Le Dautec inti-
tulé : la Forme spécifique.
« Imaginez que vous avez dans une goutte d'eau un petit
» corps solide, mouillé par l'eau, de même densité qu'elle.
» — Laissez tomber cette goutte d'eau dans une huile
» lourde de même densité qu'elle. Elle prendra la forme
» sphérique et le grain solide suspendu à son intérieur ne
» touchera pas l'huile. Il en sera constamment séparé par
» une couche d'eau dont l'épaisseur a un minimum calcu-
» lable.
- 155 —
» Supposez maintenant que le nombre des corpuscules
» solides augmente de plus en plus dans la goutte d'eau ;
» chacun d'eux sera distant de la surface extérieure d'au
» moins ce minimum calculable. Il arrivera donc que tous
» les grains contenus dans la goutte seront en réalité
» rassemblés dans une sphère concentrique de dimensions
» plus petites. Il y aura ainsi dans cette goutte d'eau un
» endosarque chargé de granulations ayant la forme d'une
» sphérule située au centre de la goutte et un ectosarque
» clair, dépourvu de corps étrangers, formant une couche
*> périphérique qui, vue d'un point quelconque, donnera
» l'illusion d'une auréole translucide entourant une sphérule
» opaque. »
C'est que entre ces granulations et l'eau il s'est constitué
dans la goutte d'huile cette tension superficielle que nous
observions tout à l'heure sur le mercure et qui donne
l'illusion d'une membrane tendue à la surface du corps
non miscible à l'eau. Vous comprenez maintenant, je pense,
suffisamment ce fait de l'absence de paroi chez l'Amibe,
malgré l'apparence contraire, et pouvez saisir la différence
capitale qui sépare celle-ci de la cellule qui, elle, a toujours
une paroi.
J'ai présentement à vous parler des organes inclus dans
le protoplasma, soit : les granulations, le noyau et ses
accessoires, le nucléole et le nucléolule. Pour vous faire
bien comprendre l'origine et la nature des granulations je
vais, les laissant un instant de côté, exposer d'abord les
mouvements de l'Amibe, puis ses repas.
Retournons à l'objectif du microscope : l'Amibe n'a pas
gardé longtemps la forme sphéroïdale que nous lui voyions
tout à l'heure. Sous des influences multiples (sur lesquelles
je reviendrai bientôt), elle s'est déformée par production à
sa surface d'expansions analogues à celles qui se produi-
raient sur de l'huile glissant à la surface d'une toile cirée.
On donne à ces expansions le nom de pseudopodes (faux
— 156 —
pieds). D'autre part, sous l'influence de son propre poids,
l'Amibe descend peu à peu et finit par venir au voisinage
du porte-objet. L'extrémité du pseudopode qui arrive le
premier à cette position ne vient pas cependant toucher
celui-ci : avant que ce contact ait pu s'établir, le pseudo-
pode se recourbe horizontalement, s'allonge parallèlement
au plan du porte-objet, suivi par les autres pseudopodes
et finalement par la masse entière de l'Amibe qui, de plus
ou moins sphéroïdale ou ellipsoïdale qu'elle était, devient
par aplatissement progressif complètement discoïde. Or à
mesure qu'elle prend ce nouvel aspect, elle devient de plus
en plus adhérente au porte-objet et cette adhérence arrive
même à être assez considérable. Et cependant, quels que
soient cet aplatissement et cette adhérence, constamment
il restera une lamelle d'eau entre l'Amibe et le verre sous-
jacent, absolument comme nous avons vu une lamelle d'eau
séparer constamment du mercure notre baguette de verre
mouillée d'eau. Quelque importantes que puissent être les
attractions moléculaires qui le sollicitent au contact du
porte objet, l'Amibe en reste séparée par la tension super-
ficielle. C'est si bien d'un simple phénomène physique qu'il
s'agit là, qu'on peut le reproduire clans des conditions abso-
lument analogues mais plus accessibles à la vue, en dis-
posant dans l'eau, sur la paroi inférieure d'un cristallisoir,
une série de petits corps allant graduellement de la forme
sphéroïdale à la forme aplatie, discoïde. A mesure que
diminue la forme sphérique on constate que le corps flotte
moins facilement, et l'adhérence à la paroi sous-jacente
devient d'autant plus marquée que le corps est plus
discoïde, plus rapproché de la forme plane, mais toujours
il subsiste entre ce corps et la paroi du cristallisoir la
lamelle d'eau due à la tension superficielle.
Telle que nous l'avons observée jusqu'ici, c'est-à-dire
dans l'eau pure, l'Amibe était en définitive dans un milieu
artificiel, car son habitat normal est l'eau plus ou moins
— 157 —
stagnante, celle des mares principalement. Si nous l'exa-
minons dans ce milieu qui est le sien, nous remarquerons
qu'elle y a une activité bien différente de la passivité que
nous lui avons vue dans l'eau pure : à chaque instant elle
changera de direction, semblant le plus souvent poursuivre
quelque corpuscule destiné à devenir sa proie.
Pourquoi ce changement d'allure ? Est-ce que tout à
l'heure le chasseur restait au repos parce qu'il avait cons-
cience que tout gibier faisait défaut, et que maintenant,
présumant sa présence, il a jugé pouvoir se mettre utile-
ment en campagne ? Oh, non ! — C'est que l'eau de mare
est un milieu complexe au lieu d'un milieu simple comme
l'eau pure. C'est que l'Amibe s'y trouve sollicitée par des
influences multiples sur lesquelles le moment est venu de
jeter un coup d'oeil.
Ces influences sont de deux ordres : chimiques, physiques.
Les influences chimiques ont été vérifiées à l'aide d'ex-
périences nombreuses et probantes par lesquelles s'est
constituée une branche nouvelle de la science qui a reçu
le nom de Chimiotaxie. Je ne puis évidemment que vous
en indiquer ici les grandes lignes :
Certaines substances sont indispensables à l'existence
de certaines espèces ; les principales sont : l'oxygène en
première ligne. Suivant que les plastides peuvent ou non
se passer de son contact direct, ils sont dits aérobies ou
anaaérobies. Puis viennent le phosphore, le soufre, l'azote.
D'autres substances au contraire sont complètement incom-
patibles avec l'existence d'un nombre plus ou moins grand
d'espèces. Vous connaissez tous en cet ordre les puissantes
propriété du mercure et du chlore. Or le rôle de ces incom-
patibilités est des plus importants : il est tel que des
quantités même impondérables de certains principes sus-
pendent ou suppriment la vie d'espèces déterminées, tels
les sels d'argent vis-à-vis de certains Bacillus (prodigiosus ?)
dans les mémorables expériences de Raulin (de Lyon). Ce
— 158 -
remarquable phénomène permet d'utiliser ces substances à
titre do véritable réactif biologique et de vérifier la pré-
sence ou l'absence de certains organismes dans des milieux
où échouerait tout autre moyen d'investigation.
Sans être directement indispensables ou nuisibles aux
plastides, d'autres substances ont la propriété d'être absor-
bées par eux avec une plus ou moins grande intensité. Tels
certains colorants, grâce auxquels certains microbes long-
temps cherchés inutilement ont fini par être enfin décelés.
Le plus important et le premier ainsi reconnu, je crois, est
le Bacille de la tuberculose.
Il y a des substances qui attirent certains microbes et
d'autres qui les repoussent, et ceci en dehors de toute
affinité nutritive, car telle substance attirante peut être
mortelle à un plastide qui sera au contraire repoussé par
une autre où il pourrait trouver des éléments utiles à son
existence. Celles qui attirent un plastide sont dites positi-
vement chimiotaxique vis-à-vis de lui. Inversement elles sont
qualifiées négativement chimiotaxique si elles exercent une
action répulsive. Or, chose remarquable, ces propriétés
attractives ou répulsives ne sont pas constantes et peuvent
même alterner vis-à-vis d'un même plastide : telle subs-
tance qui était d'abord positivement chimiotaxique par
rapport à tel ou tel microbe, peut un peu plus tard le
devenir négativement pour revenir ultérieurement à une
chimiotaxie positive. Ces phénomènes d'attraction ou de
répulsion peuvent s'exercer à des distances relativement
considérables ; tels l'acide malique vis-à-vis des spores
de certaines fougères ou certaines toxines vis-à-vis des
leucocytes.
L'observation de ces curieuses propriétés a permis d'ex-
pliquer bien des faits jusqu'alors incompréhensibles et a
singulièrement élargi les moyens d'investigation scien-
tifique. Je n'insisterai pas autrement sur eux.
Ce que je viens d'exposer suffit pour faire comprendre à
— 159 —
combien d'actions chimiques peut être exposée l'Amibe dans
un milieu où se font incessamment des décompositions de
toutes sortes par suite de fermentations et de réactions
aussi continuelles que complexes.
Les influences physiques ne sont ni moins nombreuses,
ni moins importantes : à tout instant en effet cette eau de
mare n'est-elle pas influencée avec une infinie diversité de
nuances par la radiation solaire et ses diverses consé-
quences de température, d'évaporation, d'électricité, de
modifications dans la densité, la pression atmosphéri-
que, etc. Cette eau n'est-elle pas constamment agitée par
le vent qui lui apporte des éléments nouveaux, organiques
ou minéraux ; diluée par la pluie, modifiée par les consé-
quences mêmes de la vie de tous les êtres qui y pullulent
ou l'entourent? Il se passe dans ce microcosme des phéno-
mènes tout à fait comparables à ceux qui se produisent en
grand dans les océans où les modifications apportées à tout
instant par l'apport des eaux fluviales, les influences
astrales, le vent, la vie et les luttes d'innombrables êtres
vivants engendrent des réactions continues et les courants
les plus divers.
Parmi toutes ces causes que je viens de mentionner, il
en est une qui est particulièrement productrice de mouve-
ments pour les microorganismes, c'est la lumière solaire.
Son action est si nette sur certaines Bactéries qu'un
microbiologiste allemand, Engelman, prétend au moyen
de cet agent les diriger à volonté et en quelque sorte les
« prendre comme au piège ».
Vous voyez combien sont complexes les causes qui
peuvent influer sur la vie et les mouvements des plastides
et encore en ai -je laissé un grand nombre de côté qui
seraient fort intéressantes comme l'action des Anesthé-
siques, par exemple, mais je ne puis allonger cette digres-
sion destinée simplement à établir que « les mouvements
si variés des Amibes, y compris la formation des pseudo-
- 160 —
podes, n'a en réalité rien de mystérieux. Malgré leur
apparente spontanéité, ils n'échappent pas aux lois géné-
rales de la physique et de la chimie. » (Le Dautec).
Voyons alors ce qu'est le repas d'une Amibe et repre-
nons l'observation de celle-ci dans son milieu normal :
l'eau de mare. Voici un corpuscule quelconque, une spore
d'algue par exemple. Sous une des influences que nous
venons d'examiner, cette spore arrive au niveau d'un
pseudopode. Alors commence à s'effectuer une série de
mouvements dont l'ensemble constitue un phénomène
appelé Yenvacuolement et que nous allons étudier.
De même que tout à l'heure dans l'eau pure nous avons
vu l'Amibe s'aplatir peu à peu sur le porte-objet, tout en
restant séparée par une lamelle d'eau ; de même ici elle va
se déformer sur le corps étranger, investissant celui-ci avec
un ou plusieurs de ses pseudopodes. Mais entre ceux-ci et
la spore enveloppée subsistera comme entre l'Amibe de
tout à l'heure et le porte-objet, comme entre la baguette de
verre et le mercure, cette inévitable lamelle d'eau, consé-
quence obligée de la tension superficielle. De sorte qu'en
définitive le corpuscule englobé clans le protoplasma de
l'Amibe n'est pas en contact immédiat avec lui; il en est
séparé par une sorte d'atmosphère aqueuse qu'on appelle
la vacuole.
Voici donc notre corpuscule envacuolô, autrement dit
prisonnier.
Est-il à son aise en cette prison ? Nullement, car il y
subit une pression mathématiquement calculable, propor-
tionnelle à la tension superficielle, et relativement énorme,
la tension superficielle étant très considérable chez l'A-
mibe.
Voyons quelles vont être les conséquences de cette
pression :
Le protoplasma d'un être vivant est, d'après Van
Thieghem, un mélange avec l'eau d'un plus ou moins
- 161 —
grand nombre de principes immédiats, différents, en voie
do transformations continuelles par suite de réactions mul-
tiples entre ses propres éléments et les diverses substances
contenues dans le milieu ambiant.
Eh bien ! parmi les substances qui constituent ce mélange,
plusieurs sont rapidement diffusibles dans l'eau, d'autres
sont susceptibles d'être dédoublées par dialyse.
Or, la vacuole aqueuse emprisonnée et comprimée par le
protoplasma de l'Amibe offre des conditions éminemment
favorables à ces phénomènes de diffusion et de dialyse.
D'autre part, on sait que d'une façon générale une subs-
tance soumise à la dialyse, laisse passer son acide plus
vite que sa base. Si donc ici il y a enjeu quelque décom-
position de cet ordre, il y a lieu de prévoir que le liquide
de la vacuole va devenir petit à petit plus acide que le
milieu où elle est circonscrite. C'est effectivement ce qui
arrive : en procédant à des vérifications successives à l'aide
de réactifs suffisamment sensibles et appropriés, on cons-
tate qu'au bout d'un certain temps le contenu de la vacuole,
légèrement alcalin au début, devient d'une acidité mar-
quée bien que le milieu qui l'entoure soit alcalin.
Il a été démontré d'autre part par un savant nommé
Krukenberg que Ton peut extraire de la pepsine de cer-
tains protoplasmas.
Or le liquide vacuolique est devenu acide, c'est-à-dire
favorable à l'entrée en activité de la pepsine. Si celle-ci est
diffusée par le protoplama ambiant, le corps envacuolé va
être attaqué par elle et digéré.
C'est bien là en effet ce que nous verrions se produire
si nous restions suffisamment longtemps l'œil fixé sur l'ob-
jectif : nous constaterions que peu a peu la spore d'algue
envacuolée se dissout dans la vacuole et qu'au bout d'un
certain temps il n'en resterait plus d'autres traces que
quelques granulations formées de substances non atta-
quables dans les conditions présentes, et qui, n'étant
S.H.N. 1900. H
— 162 —
pas assimilées par l'Amibe, seront ultérieurement élimi-
nées.
Dans le repas auquel nous venons d'assister, le corps enva-
cuolé était un être organisé, utilisable. Mais toutes les inges-
tions d'une Amibe ne sont pas aussi profitables : l'envacuo-
lement n'étant, comme je vous le disait tout à l'heure, réglé
que par des causes d'ordre exclusivement physique, bien
souvent il s'exerce sur des corpuscules plus ou moins inertes
qui, plusou moins désagrégés, pourront séjourner un certain
temps au sein du protoplasma et y constitueront un autre
ordre de granulations destinées à l'élimination ultérieure.
Nous allons maintenant étudier le noyau.
Quelque minime que soit cet organisme, les microbiolo-
gistes ont pu arriver à en faire une étude assez approfondie
pour qu'il soit possible d'en entrevoir l'anatomie et la
physiologie.
Au point de vue anatomique voici ce que je puis vous
dire du noyau :
Sa forme prédominante est celle d'une vésicule sphérique,
ellipsoïdale ou discoïdale — La plus grande partie de sa
masse est constituée par une substance liquide hyaline,
c'est-à-dire rappelant l'aspect du verre (du mot grec ù«l©ç),
qu'on appelle suc nucléaire. Il paraît vraisemblable, au
moins pour un certain nombre d'espèces, que ce suc nuclé-
aire est séparé du protoplasma de l'Amibe comme celui-ci
lui-même l'est de l'eau par la simple tension superficielle,
et que s'il existe quelquefois une membrane nucléaire,
celle-ci n'est pas constante.
Dans le suc nucléaire on distingue soit une infinité de
petits granules disposés en une couche sphérique, soit un
petit nombre de corpuscules de dimensions relativement
plus considérables qu'on appelle nucléoles. Parfois il
n'existe qu'un seul nucléole, qui peut revêtir l'apparence
d'un ruban enroulé ou pelotonné. Lorsqu'il est relativement
volumineux et atteint son maximum de complexité, "on y
- 163 —
observe une vacuole centrale plus ou moins réfringente dite
nucléolule.
Dans l'espace compris entre le nucléole et la partie péri-
phérique du noyau se trouve un filament replié, pelotonné
sur lui-même, dont les replis sont anastomosés en réseau.
Ce filament est composé d'une substance hyaline et homo-
gène dans laquelle on distingue, disposées en séries, des
granulations plus réfringentes, de grosseurs variables, jouis-
sant de la propriété de fixer énergiquement les matières
colorantes. On a donné le nom de chromatine à la substance
qui donne aux granulations du filament cette propriété
fixative des matières colorantes et les filaments sont
appelés filaments chromatiques. La chromatine contient du
phosphore. Ces organes paraissent avoir une importance
considérable dans les phénomènes de la reproduction. On
les retrouve d'ailleurs avec des caractères presque iden-
tiques dans beaucoup de plastides ; vous en pourrez lire
une description bien plus approfondie que celle que je puis
vous faire ici, dans un ouvrage intitulé : Leçons élémentaires
de Botanique, par Aug. Daguillon, maître de conférences à
la faculté des sciences de Paris.
Les interstices laissés entre le filament chromatique et
les autres organes du noyau, ainsi que entre les mailles de
son réseau, sont remplis par le suc nucléaire qui est lui-
même d'une composition analogue à celle du protoplasma.
Pour en finir avec ce qui concerne le noyau, j'ajouterai
qu'il peut se mouvoir à l'intérieur du plastido comme
celui-ci se meut lui-même dans l'eau, et que ses mouve-
ments peuvent être attribués aux échanges effectués entre
lui et le protoplasma. Ces mouvements peuvent entraîner
pour le noyau des déformations absolument analogues à
celles que nous avons observées précédemment au cours
des évolutions de l'Amibe. Tous ces phénomènes sont de
même ordre et complètement superposables.
Abordons maintenant ce que j'ai tout à l'heure appelé la
— . 164 —
physiologie du noyau et voyons si elle peut nous donner
quelque indication sur la raison d'être de cet organe. — Les
notions acquises sur ce point sont dues surtout aux recher-
ches d'un Français, Balbiani. 1
Pour se rendre compte du rôle que peut jouer le noyau
clans un plastide, le procédé le plus naturel est d'isoler ce
noyau en divisant le plastide en deux portions, dont Tune
conservera le noyau, l'autre en étant privée.
Cette délicate opération porte le nom de mérolomiey des
mots grecs ^>oç, part; to^i™, couper. Les segments ainsi
obtenus sont appelés mérozoïtes de : ç«ov, animal, et tftoc,
forme, apparence, expression ingénieuse qui malgré sa
concision indique bien qu'il s'agit de simples portions de
quelque chose possédant, au moins en apparence, certains
caractères de l'animalité.
La mérotomie d'ailleurs n'est pas applicable exclusive-
ment aux infiniment petits. Balbiani en donne la définition
suivante : « C'est l'opération qui consiste à retrancher d'un
» organisme vivant une portion plus ou moins considérable,
» dans le but d'étudier les modifications anatomiques ou
» physiologiques qui surviennent dans la partie séparée du
» corps. »
Eh bien! voici notre Amibe divisé en deux mérozoïtes,
l'un pourvu, l'autre privé de noyau. Que va-t-il advenir?
Oh! fort peu de chose d'abord : vu la nature de son pro-
1. Le nom de ce savant eat, en dehors des milieux scientifiques, moins
connu qu'il ne mériterait de l'être. Balbiani est mort il n'y a guère plus d'un
au, professeur au Collège de France, en pleine activité scientifique malgré
ses soixante- dix-sept ans. Il fut un créateur : c'est lui qui a fondé et cons-
titué la branche scientifique appelée Embryogénie. Nul, écrivait le professeur
Laborde (Tribune môdicale du 2 août 1899), nul n'approfondit et ne poussa
plus loin que lui l'histoire naturelle des infiniment petits dont il a pénétré
et dévoilé la constitution normale, le développement et les maladies. Il
apportait dans ses recherches une perspicacité, dans ses descriptions une
clarté admirable. Il maniait le microscope avec une maîtrise incomparable.
Aussi modeste que savant et habile, toute sa vie, il a repoussé les honneurs,
mais il doit, avec Brown-Sequard, dont il était l'ami, rester une des gloires
de la science française.
— 165 —
toplasma homogène et doué d'une forte tension superficielle,
chacune des parties de l'Amibe coupée présente partout
au contact de l'eau la même surface, opposant à la diffusion
vers le milieu ambiant la même barrière que la surface
normale de l'Amibe entière. C'est comme si nous avions
divisé au milieu d'une masse d'eau, une goutte d'huile de
même densité que cette eau. Chacune des moitiés présen-
tera vis-à-vis des agents physiques ou chimiques des réac-
tions identiques, émettra des pseudopodes, captera des
corps étrangers, les envacuolera, les digérera. Au premier
abord rien ne différencie le mérozoite nucléé de l'autre.
Et cela durera des heures, des jours, voire même 8, 10,
13 jours !
Toutefois, au bout d'un temps qui variera suivant l'abon-
dance et la qualité des matériaux ingérés par le mérozoite
sans noyau, nous verrions celui-ci subir un ralentissement
croissant dans sa nutrition : tandis que l'autre s'accroit et
reprend rapidement le volume de l'Amibe primitive, le
mérozoite sans noyau n'augmente pas de volume ; son pro-
toplasma se remplit des produits de ses digestions, dégénère
et se trouve peu à peu disparaître n'étant pas renouvelé.
De cette première expérience de mérotomie, il résulte
donc que entre le mérozoite nucléé et celui qui n'a plus de
noyau la différence est que ce dernier peut bien pendant
un certain temps digérer, mais non plus assimiler. Son
protoplasma s'use proportionnellement à ses digestions et
ne se régénère plus. — Tout au contraire dans le mérozoite
nucléé le protoplasma non seulement assimile mais s'accroît :
son usure n'est pas seulement compensée, elle donne lieu
à un supplément de régénération.
Le noyau serait-il donc le primum movens, l'artisan de
la vie, l'âme du plastide?
Deux moyens s'offrent au chercheur pour arriver à la
solution do ce problème : l'expérimentation sous forme de
mérotomie du noyau.
— 166 —
L'Observation généralisée de la série des plast ides.
Voyons d'abord la Mérotomie nucléaire. — Elle a pu être
poursuivie non seulement sur les Amibes mais aussi dans
un grand nombre de plastides, et ces expériences ont acquis
des faits extrêmement importants :
D'abord on a constaté que le noyau, quel que soit le
plastide d'où il provient, se décompose rapidement au
contact de l'eau.
D'autre part il ne continue pas de vivre s'il est transporté
d'un plastide dans un autre d'espèce différente.
Par contre, tant qu'il reste en rapport direct avec le
protoplasma qui lui est normal, il vit et se développe. —
L'y divise-t-on en une ou plusieurs parties? chacun de ses
fragments regénère rapidement et complètement le noyau
entier. Quant à Y observation généralisée, elle apprend que
dans la série des plastides le noyau n'est pas un organe
univoque. Infinie au contraire est sa morphologie. Non
seulement on voit suivant les espèces l'anatomie des
noyaux être plus ou moins complexe, ceux-ci posséder ou
non nucléoles, nucléolules, filaments chromatiques, etc.,
mais là même où existent ces organes accessoires ils pré-
sentent d'innombrables variétés dans leur forme, leur
nombre, leurs dispositions relatives. Bien mieux il y a des
espèces où l'existence même du noyau est (ou parait être)
intermittente ! En définitive il semble résulter de l'étude de
l'évolution nucléaire dans la série des plastides que les
divers éléments des noyaux sont le fait d'une différencia-
tion progressive telle que, au point de départ, le noyau ne
diffère que fort peu du protoplasma, mais qu'il acquiert
progressivement nucléole, nucléolule, granulations et fila-
ments chromatiques à titre d'organes de perfectionnement.
Mais à travers cette infinie diversité, une chose reste
constante : c'est le rôle physiologique du (ou plus exacte-
- 167 —
ment) des noyaux. Et ce rôle est de maintenir constante la
composition du protoplasma.
Mais ce protoplasma, qu'est-il donc ?
Nous venons de voir que le noyau diffère tellement d'une
espèce à une autre qu'il est rapidement détruit si on le
transporte d'un plastide dans un autre d'espèce différente.
— Qu'inversement il prospère tant qu'il reste au contact
de son protoplasma normal et que les mutilations qu'il y
subit ne font que majorer son développement.
Donc ce milieu lui aussi est variable. — Donc on ne doit
pas plus dire le protoplasma qu'on ne doit dire le noyau.
Donc, contrairement à ce que croyait Claude Bernard, il
y a, non pas une substance fondamentale commune à tous
les êtres vivants et dénommée protoplasma, mais au con-
traire une multitude indéfinie de combinaisons protoplas-
miques dont chacune répond à une combinaison nucléaire
déterminée.
Différenciation protoplasmique, — Différenciation nucléaire,
tels sont donc en déûnitive les pivots de la Différenciation
des Espèces.
Ainsi s'éclaire d'un jour nouveau le problème de la
vie élémentaire ramené à deux termes seulement : un
simple rapport physico-chimique entre deux formes de
combinaisons : le protoplasma, — le noyau!
Complexe sans doute est chacune de ces formes, mais ne
différant somme toute de certaines combinaisons organiques
(actuellement bien définies chimiquement et réalisées par
synthèse) qu'en ceci seulement : la combinaison protoplas-
mique ou nucléaire est suceptible dans certaines conditions
d'entrer en état de mutation incessante, de mouvement
continu, tandis que la stabilité moléculaire caractérise toutes
les autres, leur est tellement nécessaire que leur molécule
se détruit si on lui soustrait le moindre de ses éléments,
comme se détruit pour tomber en poussière une larme
batavique dont on brise la pointe.
— 168 —
Or cette faculté de mutation continue qui est le propre
de la combinaison vivante n'entre en jeu que dans certaines
conditions déterminées. Celles-ci font-elles défaut? la com-
binaison redevient fixe, immobile, ne différant nullement
en apparence des autres formes de combinaison. Et cet état
d'immobilisation peut durer un temps fort long. Chacun
sait que les Tardigrades et les Rotifères peuvent être
desséchés pendant plusieurs jours sans que leur vie s'éteigne.
Certains petits animaux, les Entomostracés, continuent à
vivre après dessiccation. Il y a une quarantaine d'années, un
naturaliste recueillit dans une mare sèche huit mois sur
douze un peu de bourbe qui fut desséchée et envoyée en
Angleterre. Remise à l'eau, elle offrit à l'examen six espèces
différentes d'Entomostracés. Une partie de cette terre
resta de nouveau séchée pendant neuf ans. Au bout de ce
temps, après l'avoir mouillée, on y retrouva encore des
Entomostracés vivants. Je ne parlerai pas des grains de
blé trouvés dans des tombes de pharaons en Egypte et qui
auraient germé après des milliers d'années de séjour dans
les nécropoles, ce fait ayant été vigoureusement constesté
dans ces derniers temps et n'étant peut-être qu'une légende ;
mais le fait des Entomostracés subsiste et prouve suffisam-
ment que certaines combinaisons susceptibles de vie peu-
vent pendant des périodes de temps très prolongées rester
inertes comme la machine qui n'est pas actionnée par son
moteur approprié, comme le morceau de potassium qui
reste inerte tant qu'il est bien au sec, mais se met en mou-
vement et s'enflamme dès qu'il entre au contact avec une
masse d'eau suffisante. Et il n'est pas déraisonnable d'es-
pérer qu'un jour, lorsque physiciens et chimistes auront
perfectionné leurs méthodes et moyens d'investigation,
comme les biologistes ont perfectionné les leurs depuis
Claude Bernard et Moquin-Tandon, ils arriveront à serrer
de plus près cette énigme de la vie qui probablement n'est
pas univoque et dont une part plus ou moins importante
— 169 —
réside peut-être dans quelque problème d'équivalences de
chaleur spécifique. N'avons-nous pas un phénomène présen-
tant avec ceux-là quelque analogie dans le jeu de ces combi-
naisons ferro-manganiques qui prennent et cèdent alternati-
vement l'oxygène pendant un temps plus ou moins prolongé ?
Quoi qu'il en soit et puisse advenir, il résulte des faits
que nous venons d'examiner un ensemble de notions duquel
Le Dautec, l'auteur des ouvrages où j'ai surtout puisé les
éléments de cette étude, tire les conclusions que voici :
« Il semble établi d'une façon générale que les propriétés
» d'un être vivant sont inhérentes à la composition chi-
» mique du protoplasma de son œuf, et que les phénomènes
» mystérieux jusqu'ici (tels qu'adaptation, évolution, etc.)
» sont vraisemblablement réductibles à des actions physico-
» chimiques. »
Je laisse d'ailleurs à ce savant toute la responsabilité
de cette conclusion.
Nous n'avons examiné jusqu'ici les Amibes que dans
leurs rapports avec les êtres inférieurs et le monde inorga-
nique. Leur importance n'est pas moindre si on envisage
leurs rapports avec les êtres supérieurs.
Ces rapports peuvent être envisagés au point de vue de
la pathologie et au point de vue de la physiologie.
En ce qui concerne la pathologie, leur rôle comme causes
efficientes de maladie n'a encore été que peu étudié. On
sait toutefois qu'il est réel pour certaines affections, notam-
ment certaines dysenteries surtout dans les pays chauds.
On en a positivement rencontré dans le pus de certains
abcès du foie (Marshall, juin 1899).
Au point de vue physiologique, au contraire, leur rôle
est des mieux déterminés. Ce sont en effet de véritables
Amibes qui, sous le nom de Leucocytes, font partie de
l'économie des animaux supérieurs. Ce sont même des
Amibes perfectionnés en définitive, qui sont à ceux que
nous venons d'étudier quelque chose comme ce qu'est
-.i
— 170 -
l'homme civilisé par rapport à l'homme primitif, et c'esfl
merveille de voir avec quelle diligence et quelle ponctua-
lité ils veillent à la défense de ces sociétés polyzoîques qui
constituent les êtres supérieurs. A la moindre alerte, à la
moindre attaque de ces innombrables ennemis, qui mena-
cent à tout instant nos organismes compliqués, les Amibes-
Leucocytes accourent en troupes plus ou moins nombreuses
et luttent contre l'assaillant comme de courageux guerriers,
jusqu'à la mort quelquefois.
On peut enfin rapprocher de ces Amibes véritables (les
Leucocytes), d'autres organismes faisant partie de nos tissus
et qui sont susceptibles de mouvements d'expansion et de
retrait plus ou moins variés, qu'on a qualifiés d'Âmiboïdes.
Les plus remarquables sont les cellules nerveuses. Ces con-
sidérations prêteraient à certains développements qui ne
seraient pas sans intérêt, mais je ne veux pas abuser davan-
tage aujourd'hui de votre bienveillante attention.
8 juillet 1900. Dr D.
M. le président remercie M. le Dr Diard et nos autres
collègues des communications et lectures qu'ils ont bien
voulu faire, et signale tout particulièrement dans la cor-
respondance une lettre de M. Albert Gaudry, notre nouveau
président d'honneur, adressée à M. B. Renault, et accusant
réception de l'article nécrologique consacré à M. A. Milne-
Edwards, dans les termes suivants :
Muséum 28 avril 1900.
d'histoire naturelle.
Mon cher ami,
Je viens de communiquer à l'assemblée des professeurs du
Muséum votre extrait de la séance de la Société d'histoire naturelle
d'Autun. Nous vous remercions et nous remercions la Société
d'Autun des bonnes paroles qui ont été prononcées sur notre cher
directeur. Un éloge provenant d'une Société si laborieuse et si dis-
tinguée nous est précieux.
Votre bien dévoué : Albert Gaudry.
— m —
Sur la proposition de M. B. Renault, M. Goublet, rédac-
teur au ministère de l'instruction publique, est nommé
membre correspondant.
Parmi les dons et les envois faits à la Société, étalés
sur la table, et comprenant surtout un grand nombre de
brochures et publications envoyées par des Sociétés corres-
pondantes, M. le président signale plus particulièrement les
dons suivants :
De la part de M. Lucien Royer, propriétaire à Barnay,
une pointe de flèche en silex, d'un travail finement retou-
ché, et trouvée dans son jardin.
De la part du ministère des Travaux publics, les feuilles
« Bourg » et « Beaune » de la carte géologique de la
France.
De la part de M. R. Zeiller, le nouveau livre qu'il vient
de publier : Éléments de paléobotanique , Paris, Carré et
Naud, éditeurs, 1900.
De la part de M. Pierre Reyssier, des silex de la craie,
rapportés par lui de Nogent-sur-Seine.
De la part de M. A. Thieullen : les Ancêtres d'Adam, par
Victor Meunier, relatant l'historique des recherches paléth-
nologiques de Boucher de Perthes. A noter que Boucher
de Crèvecœur, père de Boucher de Perthes, est né à
Paray-le-Monial en 1737, d'une vieille famille de Cham-
pagne.
Le Bulletin de la Société de Vindustrie minérale, 3e série,
t. XIV (1900) et atlas, 6 planches avec 67 figures renfer-
mant la fin du travail de notre président, M. B. Renault :
Sur quelques Microorganismes des combustibles fossiles. Nous
devons rappeler qu'un grand nombre des préparations
microscopiques qui ont servi de base à ce travail, sont dues
à M. A. Roche, l'habile collaborateur de M. Renault, qui
lui a dédié deux espèces nouvelles : Anthracomycetes Rochei,
champignon fossile des Ichthyodorulites d'Igornay (p. 34 et
— 172 —
pi. II, fi g. 10 et 11); et Arthroon Itochei, œufs fossiles d'In-
sectes observés dans les radicelles des Lépidodendrons
(p. 114 et pi. V, fig. 12).
Enfin le n° 185 de la Revue linnéenne l'Echange, dont le
directeur actuel est notre savant collègue, M. Pic, entomo-
logiste à Digoin, auquel nous devons renvoi de ce numéro.
Après les remerciements adressés à tous les donateurs,
M. le président annonce que la municipalité d'Autun a bien
voulu charger un de ses agents de surveiller les salles du
Musée aux jours et heures de visite publique et de se tenir
à la disposition des visiteurs. Des remerciements sont
adressés à la municipalité.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levéo à quatre
heures.
RÉUNION DU 30 SEPTEMBRE 1900.
La réunion du 30 septembre avait surtout pour but de
fêter la récompense décernée à la Société, à l'Exposition
universelle de 1900, les distinctions accordées récemment
à quelques-uns de ses membres, et de remercier solennel-
lement M. le vicomte de Chaignon, M. le Dr X. Gillot et
M. A. Roche, des magnifiques et importantes collections
dont ils ont bien voulu se dessaisir en faveur de notre musée.
Dans cet ordre d'idées, un déjeuner amical, pour lequel
on avait fait quelques invitations très gracieusement accep-
tées, avait été projeté avant la réunion. Il réunit quarante-
- 173 -
trois adhérents1 à l'hôtel Saint -Louis, et beaucoup de
sociétaires s'excusèrent de ne pouvoir y prendre part.
M. H. Racouchot, tenant à conserver la vieille et bonne
réputation de sa maison, fit un menu excellemment servi
que notre ami Huet eut l'heureuse, mais trop tardive, idée
d'illustrer de vues variées de notre vieille cité.
Un autre collègue, M. Charollois, Témérité horticul-
teur du Greusot, eut l'idée non moins heureuse de nous
faire apprécier son talent, en apportant un énorme panier
de fraises dites la Constante. C'était une rareté pour la
saison. Sur la demande de M. B. Renault, M. Charollois
voulut bien donner quelques explications sur l'origine de
cette fraise qu'il a si intelligemment améliorée et qui fut
à l'unanimité déclarée exquise, à bon droit.
Les toasts vinrent ensuite. M. B. Renault en ouvrit la
série dans les termes suivants :
« Messieurs et chers Collègues,
d La Société d'histoire naturelle s'est réunie aujourd'hui
pour applaudir d'une façon cordiale, aux succès obtenus
par plusieurs de ses membres au dernier congrès des
Sociétés savantes réuni cette année, à Paris, et pour mani-
fester sa reconnaissance à MM. Oillot, Roche et de Chai-
gnon, en raison des richesses importantes qu'ils ont géné-
reusement données et classées méthodiquement dans les
deux salles que nous allons inaugurer.
» La municipalité d'Autun, désireuse de participer à cette
fête amicale, est représentée : par M. Périer qui, donnant
1. MM. Barbotte; Bayle; Bigeard, de Nolay; le docteur Billout; l'abbé
Bonoio; Bouvet; Bovet; Bulliot; Camusat, du Greusot; Ganet Louis ; de Chai-
gnon; Charollois du Crensot; Cortet d'Àlligny ; Cottard ; Cougnet; Devilerdeau,
de Paris; Dirand ; Dubois; Duchemain, du Pignon-Blanc; d'Estival, d'Kpinac;
Gadant; le docteur Gillot ; Grappin ; Grézel; Henriot; Huet; Lahaye; Marchai,
du Creusot; Moissenet, Pernot; Périer; Pidault; Ph. Racouchot; Raymond,
du Creusot; B. Renault; Y. Renault; Roche; Royer, de Barnay; Sirdey;
Trunel, d'Epinac; Tupinier; Viard et Y. Berthier.
— 114 —
une nouvelle preuve d'intérêt à la Société, consent à écart'
pour quelques instants, un souvenir cruel auquel s'a8s<
oient tous ses concitoyens; par MM. Dirand et Viard, pr<
mier et deuxième adjoint, et par un certain nombre c
conseillers municipaux.
» Je suis l'interprète de tous les sociétaires en remet
ciant dignement nos édiles de nous avoir donné cett
marque d'estime. Il est en effet réconfortant au milieu de
travaux incessants, des efforts considérables faits par plu
sieurs de nos collègues, de les voir encouragés et soutenu
par les premiers magistrats élus de notre cité. Il faut biei
se convaincre, Messieurs, que si la Société a eu quelqn
réussite, a pris une extension qui a fait et qui fait encon
l'étonnement d'hommes compétents tels que A. Milne
Edwards, Gaudry, Meunier, Michel Lévy et bien d'autres
elle le doit en partie àla municipalité d'Autun qui a facilité sot
développement par ses libéralités, par l'abandon de vaste;
locaux destinés à abriter de précieuses collections ; ces
sur elle que nous devons reporter une grande part de notre
reconnaissance. Je vous propose donc, chers collègues, de
lever nos verres en l'honneur de M. Périer et du con-
seil municipal. Nous devons également remercier M. Grap-
pin, principal du collège, du bienveillant accueil qu'il fail
à des voisins passionnés par l'amour de l'étude et des col-
lections, parfois peut-être gênants, mais assurément ani-
més d'un attachement profond pour les intérêts de l'éta-
blissement qu'il dirige avec tant de bonheur et de mérite.
» Il est évident néanmoins que les éléments de succè»
auxquels je viens de faire allusion, auraient été insuffisants
s'il ne s'était trouvé plusieurs pléiades de savants natura-
listes tels que : MM. de Montessus, Gillot, Roche, Faucon-
net, Camusat, Marchai, Viturat, Berthier, de Chaignon,
Maurice Pic, Ormezzano, Gagnepain, Château, Marchand
etc., etc., pour ne citer que les savants de notre région qui
par leurs écrits, par les dons qu'ils ont faits, le travail qu'ilt
— 175 —
ont consacré à la détermination, au classement de plusieurs
centaines de mille échantillons, ont mis nos collections en
état d'être citées parmi les plus belles de province.
» Leur accroissement a été des plus rapides, et cela, grâce
à la valeur des dons que nous avons reçus ; chacun d'eux,
en effet, avait exigé du donateur, souvent plus d'un demi-
siècle d'efforts pour en rassembler les éléments; les impor-
tantes collections classées, dues à la générosité de MM. de
Montessus,deChaignon,Gillot, Lucand,Proteau, Roche, etc.,
sont là pour témoigner du temps, des soins et des con-
naissances nécessaires pour recueillir et coordonner scien-
tifiquement une si grande masse de matériaux.
» Quelques récompenses, moins nombreuses assurément
que les savants qui les méritent, sont venues entretenir le
courage, les efforts et donner des espérances légitimes pour
l'avenir. M. Fauconnet, vice-président de notre Société, vient
d'obtenir les palmes académiques pour ses remarquables
travaux d'entomologie. M. le Dr Gillot a été promu au
grade d'officier de l'Instruction publique ; les rapports
remarquables et remarqués, publiés chaque année sur la
marche en avant de notre Société, les travaux insérés par
notre savant confrère dans le Bulletin ont légitimé et
au delà cette distinction qui, réunie à d'autres récompenses
obtenues antérieurement par plusieurs de nos collègues, a
pu faire écrire par M. de Saint-Arroman : a Qu'il était peu
de sociétés en France ayant reçu, dans un si court espace
de temps, un aussi grand nombre de distinctions honori-
fiques. »
» Et cependant, Messieurs, nos espérances vont plus loin ;
il ne serait pas impossible qu'un de nos confrères les plus
méritants et les plus sympathiques reçût à la prochaine
réunion des sociétés savantes, des marques nouvelles de la
sollicitude du ministre de l'instruction publique.
» Mais ce n'est pas seulement par des récompenses indi-
viduelles que le bon renom de la Société est reconnu et
- 116 —
confirmé ; vous n'ignorez pas qu'une médaille d'argent v
do nous être attribuée à l'Exposition universelle de 1
par lo jury de la classe III, chargé de distribuer les réc
penses aux sociétés savantes de France. « Pour une je
société c'est un début des plus flatteurs, comme nou
écrit le président du jury d'examen. »
» Jo crois, Messieurs, qu'il est de toute justice de po
un toast en l'honneur des heureux lauréats, pour
remercier du nouveau lustre que leur nomination
rejaillir sur la Société tout entière.
» Dans quelques instants vous pourrez juger de l'ini]
tance des collections dont notre musée s'est enrichi par
libéralités princières de MM. Roche, Gillot, de Chaign
c'est pour leur témoigner notre gratitude que ce déjeu
amical a été dressé ; nous ne pouvons mieux faire, en
moment, pour accentuer notre reconnaissance que de bo
à leur santé! »
Ens'associantau toast de M. B.Renault, M. Périerrépoi
dans une adroite improvisation, qu'il constate avec le p)
grand plaisir la marche ascendante des Sociétés Éduen
et d'Histoire naturelle qui sont, dit-il, la gloire scientîfiq
de la ville d'Autun, et que la municipalité est heurcu
d'encourager. Il en félicite les présidents et tous les coli
borateurs, n'oublie personne, trouvant un mot aimai
pour chacun, notamment pour M. E. Schneider et M. Rî
moud, dont l'intelligente bienveillance a favorisé et soutie
l'active section du Creusot; — pour M. Bulliot, dont
met en relief le savoir et le mérite, lui qui, le premier,
donné l'exemple du travail et du désintéressement, en co
fiant à la Société Êducnne la conservation de ses précieus
collections.
Au nom de la ville d'Autun, M. le maire remercie 1
nouveaux donateurs de leur libéralité, et conclut en buva
à la prospérité des deux Sociétés amies, qui perpétue
— 177 —
les traditions d'étude , toujours en honneur chez les
Éduens.
M. le Dr Gillot se lève alors et dit :
« Messieurs,
» Bien que les remerciements et les éloges que notre
excellent président, M. B. Renault, et M. le maire
d'Autun viennent d'adresser aux donateurs de la Société
d'Histoire naturelle soient bien exagérés, nous les accep-
tons, très simplement et très franchement comme un
témoignage d'amicale estime et comme la meilleure récom-
pense des services que nous avons pu rendre à notre
Société.
» Je professe, pour ma part, et les actes de MM. Roche
et de Chaignon prouvent qu'ils pensent comme moi, qu'une
collection a d'autant plus de valeur qu'elle est libéralement
accessible à tous et peut être utilement consultée. Et tout
collectionneur soucieux de l'œuvre, longuement et labo-
rieusement amassée, doit avoir comme principal souci d'en
assurer l'entretien et la conservation.
» C'est pourquoi nous avons confié nos collections à la
Société d'Histoire naturelle d'Autun, etlafaveur avec laquelle
vous voulez bien les accueillir nous est un sûr garant
qu'elles y sont bien placées.
» Je m'associe, en y insistant, aux sentiments de grati-
tude que M. B. Renault vient d'exprimer en si bons termes,
à l'égard de la municipalité d'Autun tout entière, en même
temps que de M. le principal du Collège, dont l'intelligent
et bienveillant concours nous a permis de loger ces collec-
tions convenablement, quoique déjà très à l'étroit.
» Je tiens à déclarer, en outre, que nous n'avons fait que
suivre un exemple récemment donné ; ce qui prouve que
le bon exemple est contagieux! M. J.-G. Bulliot, dont j'ai
l'honneur et le plaisir de saluer en face de moi la verte et
laborieuse vieillesse, n'a pas dédaigné de descendre de son
s.h.n. 1900. 12
— 178 —
siège présidentiel de la Société Ëduenne, pour s'assec
sur les bancs des simples membres de notre Société ; <
général, devenant simple soldat, dans l'unique désir
servir les intérêts de la science et de sa vieille cité éduenr
qu'il a dotée de la plus précieuse des collections antique
Je suis heureux de lui rapporter l'honneur de l'initiati
de ces dons généreux.
» Je vous prierai, Messieurs, de ne pas oublier la mé
tante phalanire de nos collègues creusotins, dont vient
parler M. le maire d'Autun, et qui, sous le haut patrona
do M. E. Schneider et la direction de M. A. Raymond, o
fondé la section du Creusot, et tant contribué aux trava
de notre Société. Nous les en remercions, en leur appe
tant de nouveaux éléments d'étude par nos bibliothèqu
et nos collections.
» Enfin, rappel de bonnes notes, bien des fois méritée
à notre cher secrétaire général, M. V. Berthier, à q
revient, comme toujours, la plus grande part dans le succi
de cette amicale réunion !
» A la bonne harmonie et à la prospérité de nos Société
autunoises ! A la santé de tous nos collaborateurs présent
et absents ! »
Secondé par une mémoire exceptionnelle, M. Bullio
répond :
« Messieurs,
» Jules Simon, dans un discours à la Sorbonne, après
avoir énuméré les sciences dont les découvertes appliquées
à l'industrie ont accru démesurément la fortune publique
et particulière, ajoute ceci : « Il est pourtant une science
que je place au-dessus de toutes celles que je viens de glo-
rifier... C'est la métaphysique. Savez-vous pourquoi? C'est
qu'elle ne rapporte rien. »
» Les collectionneurs me semblent des métaphysiciens
de Técole de Jules Simon. Ils ne visent pas à la fortune,
— 179 —
elle leur ménagerait des déceptions. Ils vivent dans un
monde, oh! bien plus petit que l'autre, mais qui suffit à
leur ambition. Ils lui consacrent leur temps, leur pensée,
leur amour, quelquefois un peu, quelquefois même beau-
coup de leur bourse; mais rassurez-vous... C'est placé à
intérêt. Les satisfactions intérieures leur rapportent bien
plus que le capital versé. Un jour, cependant, une question
douloureuse se pose : que deviendront après moi ces objets
tant aimés? Aflronteront-ils la débâcle d'une enchère
publique? Se disperseront-ils entre les mains d'inconnus?
Non. — Les trois collectionneurs que nous fêtons aujour-
d'hui ! ont trouvé le moyen pratique, que je conseille à tous,
d'éterniser leurs collections, en se dépouillant en faveur
d'un dépôt public. Là, elles conserveront la mémoire des
donateurs, elles serviront aux études de l'avenir, elles
n'auront pas appauvri le pays par leur disparition. C'est là
que doivent aboutir toutes les collections particulières qui,
après avoir fait le bonheur de leurs possesseurs, le prolon-
geront en faisant celui des autres. »
D'unanimes applaudissements couvrent les paroles si
pleines d'à-propos et de délicatesse du vénéré président de
la Société Éduenne, puis, M. Roche demandant la parole :
« Je vous propose, Messieurs, dit-il, de porter un toast
à la prospérité continue de notre Société et à la santé de
nos deux présidents : M. Gaudry, notre si dévoué président
d'honneur, et M. Bernard Renault, notre savant président.
» Notre Société, qu'ils ont su faire connaître dans le
monde savant, leur doit une partie de son succès.
» Je lève mon verre en leur honneur! »
Nos deux présidents sont acclamés !
Dans une de ces boutades humouristiques qui lui sont
familières, M. Jules Devilerdeau jette la note gaie en
1. MM. le docteur Gillot, Roche et le vicomte de Chaignon.
— 180 —
donnant, à sa façon, l'étymologic du nom de notre dépai
tement : Saône-et- Loire.
M. Dirand, premier adjoint au maire d'Autun, se lè\
ensuite pour accentuer les sentiments de sympathie de 1
municipalité autunoise, à l'égard de la Société d'histoii
naturelle, et aflirmer une fois de plus tout l'intérêt qu'ell
porto à notre œuvre de vulgarisation scientifique. Ausi
croit-il pouvoir assurer que dans l'avenir nos demandes
seront, comme par le passé, toujours favorablement accuei
lies. Sur cette bonne promesse, d'unanimes remerciement
sont adressés de nouveau à la municipalité et à ses repre
sentants.
M. Viard, deuxième adjoint, clôt la série en ajoutant :
« Messieurs,
» Je porte un toast à M. Berthier, notre sympathique
secrétaire, pour son zèle, son dévouement et son désinté-
ressement; M. Berthier ne demande rien; je crois pouvoir
affirmer au nom de tous, qu'il est récompensé par l'estime
que nous avons pour lui. Aussi, Messieurs, je lève mon
verre à la santé de M. Berthier et aux sentiments d'union
qui nous animent. »
Pressé à la fois par l'heure qui avançait et par le règle-
ment du déjeuner, le secrétaire ne put remercier, comme
il l'aurait désiré, ceux qui apprécient d'une façon si indul-
gente sa faible collaboration; il leur en exprime ici toute
sa gratitude. Il restait juste le temps de se rendre à l'heure
fixée à la salle habituelle des réunions, vers laquelle on se
dirige sans plus tarder.
— 181 —
SÉANCE DU 30 SEPTEMBRE 1900.
PRESIDENCE DE M. B. RENAULT
Étaient présents : MM. Barbotte ; Bayle; Maurice Ber-
thier; Bigeard, de Nolay; l'abbé Bonnin; Bouvet; Bovet;
Bulliot; Cambray; Camusat, du Creusot; le vicomte de
Chaignon; Charollois, du Creusot; J.-B. Chevallier; Che-
vrier; Cortet, d'Alligny; Cougnet ; Devilerdeau, de Paris;
Dirand; Dubois; Duchemain; d'Estival, d'Épinac; Joseph
Fesquet; le frère Gabriel; Gadant; le docteur X. Gillot;
Joseph et Louis Gillot; Grappin; Grézel; Fernand Guenot,
du Creusot; Henriot; Jules Humbert; Fr. Lahaye; Marchai,
du Creusot; Georges Mauchien, du Creusot; Morel;
Pidault; Ph. Racouchot; Raymond, du Creusot; Roche;
Sirdey ; Trunel, d'Épinac; Tupinier; Viard;le frère Xavier,
et V. Berthier.
Six nouveaux adhérents sont reçus à l'unanimité comme
membres titulaires :
M. l'abbé Bonnin, professeur de sciences au petit Sémi-
naire d'Autun, présenté par M. le docteur X. Gillot et
M. V. Berthier.
M. Braudey, caissier à la recette des finances, à Autun,
présenté par MM. B. Renault et Dessertenne.
M. Louis Dessertenne, négociant à Moulins, présenté par
MM. B. Renault et Fr. Lahaye.
M. Morel, professeur de philosophie au collège d1 Autun,
présenté par MM. B. Renault et Cambray.
M. le docteur Perraudin, pharmacien à Paris, présenté
par MM. B. Renault et V. Berthier.
— 182 —
M. A. Pettit, docteur es sciences à Paris, présenté p
les mêmes.
Sur la proposition de M. B. Renault, la Société confè
en outre, à l'unanimité, le titre de membre d'honneur
M. Bornet, membre de l'Institut, 27, quai des Tournellc
à Paris.
M. le président prend la parole dans les term<
suivants :
Messieurs,
M. Roche, après une vie extrêmement laborieuse et bu
remplie, dans l'industrie régionale, a suivi un exemp
donné fréquemment par les étrangers, malheureuseme
plus rare chez nous ; il a consacré et il consacre enco
ses loisirs au culte de la science ; avec une habileté adm
rable, il a su rassembler de précieux matériaux dans tout
les branches de l'histoire naturelle, il en a étudié un grrai:
nombre, et beaucoup de notes ou mémoires insérés dai
notre Bulletin sont les preuves frappantes de l'érudition <
de l'activité de notre collègue.
Les échantillons réunis par ses recherches personnelle
ou par d'heureux échanges ont formé au bout de quelque
années une collection considérable, capable de remplir ;
elle seule une salle entière ; c'est cette collection classée
étiquetée, que M. Roche a donnée à la Société, et qu
occupe la salle qui porte son nom et que vous allez visite]
dans quelques instants.
Voici un exposé très sommaire des richesses contenues
dans la salle Roche et qui sont réunies dans des vitrines ou
étalées sur les murs au nombre de plus de 4,000 :
La Minéralogie comprend de rares et très beaux cristaux,
des roches variées, des métaux natifs tels que : or, argent,
platine, mercure, cuivre, etc., formant un total de 1,500
échantillons environ.
La Paléontologie des terrains cambrien, silurien, dévo-
— 183 —
nien renferme 400 pièces consistant en Trilobites, Caly-
mènes, Dalmanites, Asaphus, Paradoxydes, Erinucleus, etc. . .
Les terrains houiller et permien sont représentés par
800 empreintes appartenant au Culm, au Terrain houiller
inférieur et supérieur et au Terrain permien. On y remarque
des Lépidodendrons, des Sigillaircs, des rameaux feuilles
de Cordaïtes, une grande variété de Fougères, enfin la
Faune du permien depuis l'étage inférieur d'Igomay jus-
qu'aux étages supérieurs.
On sait que les originaux occupent une belle place dans
les galeries de Paléontologie du Muséum de Paris ; les
moulages remplissent, dans le musée Roche, un grand
panneau où on peut voir, à côté des Protritons, des vertébrés
à vertèbres encore cartilagineuses, et d'autres, comme le
StereorachiSj à vertèbres complètement ossifiées.
La Paléontologie des terrains secondaire et tertiaire est
représentée par près de 2,000 pièces parmi lesquelles se
trouvent un groupe de poissons de Solenhofen, du calcaire
lithographique de Bavière ; un autre provenant d'Orba-
gnoux où ils sont actuellement très rares ; un lot d'osse-
ments fossiles appartenant à des oiseaux et accompa-
gnés d'empreintes de plumes; un autre encore venu de
Pikermi.
Les murs sont couverts par des moulages remar-
quables représentant des Ichthyosaures, des Pentacrines,
des Poissons bien conservés, enfin par une série de Ptéro-
dactyles et un bel exemplaire de YArch&opterix, être curieux
dans l'histoire de l'évolution, déjà oiseau par ses plumes,
mais encore reptile par ses dents et ses pattes.
D'autres tableaux ou panoplies montrent les premiers
instruments de l'homme à l'âge de pierre, depuis le Paléo-
lithique jusqu'à la fin du Néolithique ; haches taillées et
polies, silex divers, nucléus, grattoirs, couteaux, pointes de
flèches, percuteurs, polissoirs, etc.
On doit citer en outre une série de cent morceaux d'ambre,
— 184 —
î polis et contenant des mouches, des araignées, des coléop-
tères, etc..
Les vitrines vont être insuffisantes, et les murs seronl
entièrement garnis par les magnifiques moulages arrivés
récemment et sur lesquels notre savant collègue va nous
fournir des renseignements instructifs et pleins d'intérêt.
j La parole est à M. Roche :
i
î
1 Plésiosaures et Téléosaures. 1
*
Les trois grands moulages que j'offre à la Société m'ont
paru devoir mériter quelques mots sur ces êtres étranges
disparus depuis longtemps.
Le Plesiosaurus Dolichodeirus provient du fameux gise-
ment du Lias supérieur (Lyme Régis) Dorsctshire, Angle-
terre. L'original est au Musée britannique à Londres ; il
mesure 1IU80 de longueur. C'était un très jeune sujet, comme
vous pouvez en juicer par quelques débris similaires, pro-
venant d'un adulte que j'ai trouvé en 1875. dans une carrière
de Dracy-Chalas, près de Viévy (Côte-d'Or). Il devait
atteindre 8 mètres à 10 mètres de longueur. Parmi ces
débris bien conservés, vous remarquerez une vertèbre
dorsale de 0m850 de diamètre, avec son apophyse entière
et adhérente, un humérus mesurant 0"M6 à la base, hau-
teur 0m18, un cubitus, hauteur 0m 12, largeur 0m09, de belles
et grandes phalanges, des côtes, la tête et une dent de
sept centimètres de longueur.
Comme l'Ichtyosaure avec lequel on le représente tou-
jours en lutte, il était vivipare ; tous deux étaient organises
pour vivre en pleine mer ; ils avaient l'un et l'autre deux
paires de pattes disposées en nageoires, des narines placées
près des yeux et quelques autres conformités.
Le Plésiosaure était moins éloigné des lézards que
1. Voir les Enchaînements du monde animal (Albert Gaudry).
— 185 —
l'Ichtyosaure; il était moins massif, et au lieu d'avoir un
cou raccourci et une longue queue, il avait une queue
courte et un cou d'une longueur singulière. Les vertèbres
cervicales atteignaient le nombre de trente-trois, tandis
que le cou du cygne a seulement vingt-trois vertèbres. Les
mâchoires étaient plus courtes que dans l'Ichtyosaure;
chaque dent avait son alvéole. La partie de dent qui accom-
pagne les débris de Dracy-Chalas est assez curieuse.
Vous jugerez de l'intérêt que ces êtres ont présenté,
lors de leur découverte, par ces quelques mots de Cuvier
sur l'Ichtyosaure et le Plésiosaure, dans son grand ouvrage
sur les ossements fossiles :
« Nous voici arrivés à ceux de tous les reptiles, et
» peut-être de tous les animaux fossiles qui ressemblent
» le moins à ce que l'on connaît et qui sont le plus faits
» pour surprendre le naturaliste, par des combinaisons de
» structures qui, sans aucun doute, paraîtraient incroya-
» blés à quiconque ne serait pas à portée de les observer
» par lui-même, chez l'Ichtyosaure, un museau de dauphin,
» des dents de crocodile, une tête et un sternum de lézard,
» des pattes de cétacés, mais au nombre de quatre, enfin
» des vertèbres de poissons ; chez le Plésiosaure, avec ces
» mêmes pattes de cétacé, une tête de lézard et un long
n cou semblable au corps d'un serpent.
» Le Plesiosaurus est peut-être le plus hétéroclite des
» habitants de l'ancien monde ; c'est celui de tous qui
» parait le plus mériter le nom de monstre. »
Ce mot de monstre ne doit pas être entendu en ce sens
que le Plesiosaurus offre des caractères extraordinaires,
différents de ceux des êtres actuels ; mais il signifie que le
Plesiosaurus réunit des apparences propres aujourd'hui à
des animaux de classes différentes.
Dans l'ouvrage les Enchaînements du monde animal,
terrains secondaires, de notre savant et illustre président
d'honneur, M. A. Gaudry, professeur au Muséum, vous
— 186 —
I pourrez trouver une étude remarquable sur ces être
? étranges des terrains secondaires.
i Mi/slriosaurus (Teleosaurus) longipes^ Boll, Wurtemben
Mgstriosaurus (Teleosaurus) Mandelslohi, Holzmaden.
Le nom de Teleosaurus qui signifie Lézard achevé, lei
a été donné parce que les Teleosaurus ont semblé des re]
tilcs plus perfectionnés que les Ichtyosaurus et Plesû
saurus.
Les Téléosaures ressemblent anatomiquement aux Cr<
codiles ou Gavials actuels de l'Inde; ils habitaient 1<
rivages de la mer et la mer elle-même. Ils étaient pli
élancés, plus agiles et plus longs que les crocodiles actuels
leur taille allait jusqu'à 10 mètres de longueur, dont 1 mèti
et jusqu'à '2 mètres pour la tète. Avec leur énorme gxieuli
fendue bien au delà des oreilles, et qui avait 2 mètre
d'ouverture, ils pouvaient engloutir dans les profondeur
de leur monstrueux palais des animaux de la taille d
bœuf.
Ces animaux vivaient sans doute en société, car leur
squelettes sont accumulés dans certaines localités. Dan:
les Etudes sur les étages jurassiques inférieurs de la i\or>
uiandie, Eudes Dcslongchamp dit au sujet des squelette;
des carrières d'Allemagne, près de Caen :
« La surface où les amas d'ossements ont été trouvés..,
» n'équivaut certainement pas à un demi-kilomètre carré.
» Si l'on considère les temps antérieurs où ces car-
» rières étaient déjà exploitées, remontant au moins à huit
» ou dix siècles , en prenant pour base le nombre des os
» que l'on a recueillis depuis quarante ans, on trouverait
» à peu près quatre cent cinquante Téléosaures gisant dans
» un aussi petit espace , les environs d'Allemagne, c'est-à-
» dire le gros banc de ses carrières, seraient donc une
» véritable nécropole de Téléosauricns. »
On a trouvé des squelettes entiers où les os sont restés
dans leur connexion naturelle. Le lias supérieur d'IIolz-
- 187 -
maden dans le Wurtemberg en a fourni de nombreux
échantillons.
Etienne Geoffroy de Saint-Hilaire considérait les Teleo-
saurus comme étant la souche des crocodiles répandus
aujourd'hui dans les climats chauds des deux continents.
Le crâne des crocodiles secondaires se distingue de celui
des crocodiles actuels par la grandeur des fosses sustem-
porales. Cette différence s'est atténuée progressivement.
Les vertèbres des crocodiliens secondaires se distinguent
de celles des crocodiles d'aujourd'hui, parce que leurs corps
ont des facettes planes en avant et en arrière, au lieu que
celles des crocodiles de notre époque sont concaves en avant,
convexes en arrière.
La forme des membres des Téléosauriens porte à croire
que ces reptiles ne restaient pas constamment dans l'eau
et qu'ils devaient se promener sur les rivages des mers.
Cependant, l'inégalité de leurs membres semble indiquer
qu'ils étaient moins souvent hors de l'eau que les croco-
diles actuels.
Tous ces êtres extraordinaires à taille gigantesque, aux
formes si différentes de celles des animaux de nos jours,
après avoir traversé une partie de l'époque secondaire, ont
disparu dans les premiers temps de l'époque tertiaire, pour
faire place à d'autres êtres moins grands, mais plus par-
faits : le règne du beau a succédé au règne du grand.
Notes sur les Poissons secondaires.
Les empreintes et moulages de poissons que j'offre
aujourd'hui à la Société, forment le complément à la
collection des poissons secondaires, découverts dans le
calcaire lithographique, que j'ai présentés dans la séance
du 29 avril dernier.
Pour permettre de distinguer les poissons secondaires
— 188 -
et autres des poissons primaires, j'ai mis à côté un Amblyp-
terus Voltzii du Permien, des schistes d'Autun.
Les poissons primaires se différencient de ceux des
époques plus récentes par le mode de terminaison de la
colonne vertébrale ; ou, en d'autres termes, par la disposi-
tion de la queue.
On a appelé hétérocerques ceux dont la queue a des
lobes inégaux, et homocerques, ceux dont la queue a des
lobes égaux. Les dessins théoriques de révolution de cette
forme ! montrent les différents états, depuis le poisson
diphycerque, semi-hétérocerque, hétérocerque, stégoure,
homocerque, en un mot, l'histoire de l'évolution de la queue
des poissons dans les temps géologiques
L'Amblypterus du permien que vous avez sous les yeux
est nettement hétérocerque (lobes inégaux) et les divers
poissons de Solenhofen sont homocerques, comme ceux de
nos jours ; la partie postérieure est partagée en deux
moitiés égales.
D'après les recherches et travaux de Louis Agassiz, con-
tinués par Alexis Agassiz, sur la classe des poissons fossiles
et l'étude embryogénique des poissons vivants, les nom-
breuses figures de jeunes poissons qu'il a données, montrent
que les poissons actuels traversent, depuis l'état embryon-
naire jusqu'à l'état adulte, les mômes phases par lesquelles
ils ont passé depuis les temps primaires, jusqu'aux temps
actuels.
On divise la classe des poissons en deux sous-classes,
celle des poissons cartilagineux et celle des poissons osseux.
Nos poissons permiens font partie des premiers et ceux du
terrain Kimméridgien que je vous présente étaient osseux.
Entre les poissons à notocorde cartilagineuse et les
Téléostéens à notocorde ossifiée, on trouve des poissons
où les corps des vertèbres sont à demi ossifiés. Cet état
1. Enchaînements du monde animal (A. Gaudry), Fossiles secondaires.
- 189 -
intermédiaire a été remarqué en 1850, par le professeur
autrichien Hechel qui a appelé l'attention des savants sur
cette particularité.
Parmi ces poissons secondaires, le Spathobatis, poisson
cartilagineux, est remarquable par quelques traits de
ressemblance avec la raie.
Pour les autres poissons faisant partie de ma collection
des calcaires lithographiques, la description ne serait pas
à sa place ici, il est utile de consulter le dictionnaire uni-
versel d'histoire naturelle de Ch. d'Orbigny et autres
auteurs.
Voici la nomenclature de ceux que j'offre aujourd'hui à
la Société :
Undina pennicillata
Eugnathus microlepidotus
Thrissops formosus
Spathobatis Bugesiacus
Aspidorhyncus acutirostris
Caturus fur ca lus
Macrorhipis Munsteri
Macrosemius latiusculus
Microdon Bemardi
Thrissops Salmoneus
Girodus hexagonus
Aethalion angustus
Caturus macrurus
Thrissops cephalus
Belenostomus
(Wagner)
Eichstatt.
(Agassiz)
id.
(Agassiz)
Kelheim.
(Thioll.)
Eichstatt.
(Agassiz)
id.
(Agassiz)
id.
(Wagner)
Kelheim.
(Wagner)
id.
(Thioll.)
id.
(Agassiz)
id.
(Agassiz)
Eichstatt.
(Agassiz)
id.
(Agassiz)
id.
(Agassiz)
Kelheim.
(Agassiz)
Franken.
Note sur le Diluvium du Soissonnais.
Dans un récent voyage que je viens de faire dans le
Soissonnais, j'ai pu recueillir, dans le cours d'une prome-
nade, près des graviers et sables de Braisne, cette belle
- 190 —
j dent de YEIephas primigenius, un astragale de Cervidé, u
J vertèbre minuscule? Un amas très curieux de Nummuli
montrant de nombreuses coupes transversales et vertical!
des dents de Lamna, un fragment d'andouiller et un b<
tertiaire dicotyledono, puis quelques silex et bois silicifi<
J'ai joint deux types des sables et graviers renferma
abondamment les silex et les fossiles de l'âge préhistoriqi
Ces sables du Diluvium sont les mêmes que ceux d'A
bcville, Amiens, Saint-Acheul, etc., célèbres par les déco
vertes mémorables de Boucher de Perthes. On y trouve
nombreux instruments en silex, des ossements des anima
contemporains de l'homme.
Le département de l'Aisne et particulièrement le So
sonnais ont donné une large contribution aux études
préhistorique. Le Soissonnais et surtout le canton
Braisnc ont beaucoup fourni à cette science. Les déco
vertes de M. Moreau et de MM. de Saint-Marceau, ces col!
borateurs bien connus de Boucher de Perthes, sont cit
dans tous les ouvrages sur l'âge de pierre. Mme veuve
Saint-Marceau conserve religieusement les collections fait
dans la contrée par MM. do Saint-Marceau père et fils.
Admirablement installées dans de superbes vitrines, c
collections comprennent des milliers de silex, haches taillée
haches polies, couteaux, grattoirs, polissoirs, percuteurs, el
Les unes contenant l'âge paléolithique, les autres le né
lithique. On peut ainsi suivre le passage de la pierre gro
sièrement taillée à la pierre polie, à ces fines pointes <
flèches si artistement taillées.
Mme de Saint-Marceau ouvre les portes de son musée
tous les visiteurs. Nous devons la remercier de l'obligeant
avec laquelle elle a bien voulu nous renseigner sur 1<
longs travaux et les belles découvertes de MM. de Sain
Marceau.
Les divers amas de graviers et sables sont composés d
différents bancs; quelques-uns donnent des quantités à
— 191 —
silex éclatés, d'autres renferment les silex taillés et les
ossements des animaux contemporains de l'homme.
Dans la carrière qui nous a fourni la dent de YElephas
primigenius, nous avons relevé la coupe suivante :
N° 1 . — Terre végétale 0m70
N° 2. — Sable gris mêlé de silex éclatés 0m80
N° 3. — Sable jaune argileux avec cailloux de silex lm35
N° 4. — Sable jaune ferrugineux avec silex roulés,
(banc de la dent d'éléphantet de silex taillés) lm20
N° 5. — Sable plus foncé avec cailloux roulés 0m90
4n95
Tous ces bancs renferment des quantités de Nummulites.
L'astragale et les dents ont été trouvés sur les tas de
sable destinés à l'empierrement des routes.
Par ce que nous avons pu recueillir dans une prome-
nade, on peut juger des richesses que renferment ces sables
et graviers.
»
M. le président reprend la parole :
Un autre exemple d'activité infatigable, dirigée par un
savoir très étendu nous est fourni, depuis quelques années,
par M. le vicomte de Chaignon ; les connaissances si variées
de notre collègue lui ont permis de réunir une collection
considérable d'objets choisis appartenant au règne animal
et au règne minéral ; ces richesses scientifiques, étique-
tées et classées avec le plus grand soin, ont été données
généreusement à notre Société; en voici un léger aperçu.
Oiseaux d'Europe : 463 espèces représentées par
829 sujets.
Coléoptères de France, en partie : 1,200 espèces environ.
Minéraux : 1,600 échantillons.
Roches : 1,300 échantillons.
Marbres : 60 échantillons taillés et polis.
1
— 192 -
» i
Géologie, paléontologie, fossiles collés sur carton
détachés : 3,116.
Quaternaire, préhistorique, sommairement représen
station de Solutré, atelier de taille de Charbonnière, p
Mâcon, abris sous roche de Bcaulieu, près Villefranche-s
Mer, grotte de Châteaubourg, près Valence (ossemen
quelques silex de la Vézère.
Roches et minéraux de la région, principalement
feuilles d'Autun et de Château-Chinon : 628 échantill*
sur socles.
Ce qui fait un total de 7,533 échantillons.
J'appellerai tout particulièrement votre attention i
cette réunion de roches et de minéraux qui, dans quelq
années d'ici, formera la plus belle collection locale de ce
nature, existant en France; elle servira, dès Tannée p
chaine, au travail de revision que M. Michel Lévy, dir
teur du service de la carte géologique de France, va ent
prendre dans nos régions. M. de Chaignon a bien voi
rédiger une note intéressante pour en souligner l'imp
tance.
La parole est à M. de Chaignon :
M. le président m'ayant engagé à présenter quelqi
observations sur la collection des roches que j'ai commei
à réunir dans le musée de la Société, je m'empresse
satisfaire à son désir. Je les passerai en revue très so
mairement et autant que possible dans Tordre où je les
ramassées sur le terrain, sans trop sortir des feuil
d'Autun ou de Château-Chinon de la carte géologique, <
ne sont pas les moins instructives et embrassent plus pj
ticulièrement la région autunoise.
Le gneiss granulite de Couhard, qui est le plus en vue
le plus à portée, par exemple, est exploité dans quai
carrières, et dans chacune la roche a un faciès un p
— 193 —
spécial; dans la première en montant de Saint-Biaise, elle
est à grains moyens, avec schistosité bien apparente; le
mica blanc est abondant. C'est dans celle-ci que se ren-
contre une petite série de minéraux généralement groupés
ensemble : galène en cristaux cubiques, barytine lamel-
laire et radiée, fluorine en cristaux jaunes cubiques, d'autres
plus petits d'un blanc hyalin, et de plus petits encore violets
à la surface des joints ou simplement en enduit. Dans les
mêmes conditions, l'hydroxyde de manganèse n'est pas rare,
mais toujours en enduit sans épaisseur. Il en est de même
pour un encroûtement jaune-verdâtre, très tendre, se ratta-
chant au mica potassique (Damourite d'après M. Lacroix).
A la carrière suivante, le grain de la roche est plus gros-
sier, par places même, le gneiss devient glanduleux, pas
de minéraux. La troisième carrière offre assez d'analogie
avec la première ; dans certains points cependant, la schis-
tosité est moins sensible. C'est dans celle-là seulement que
j'ai rencontré TUranite, en paillettes disséminées, ou
simulant parfois une espèce de groupement, mais sans
épaisseur, sur la surface des joints, toujours plus ou moins
altérés. Il peut se faire que ce minéral existe dans l'inté-
rieur de la roche franche. Je ne l'y ai cependant pas remar-
qué. Quelques cristaux de pyrite disposés en rognons,
mais très rares. La quatrième carrière renferme quelques
filons quartzeux et des parties presque privées de schis-
tosité qui les rapprocheraient de la granulite ; le contact
est d'ailleurs visible. La Damourite y est abondante sans
autres minéraux.
Morgelle, au-dessus de Sully, est en dehors des feuilles
d'Autun et de Château-Chinon, mais il est compris sur la
carte du bassin d'Autun de M. Delafond. A hauteur du
village, ancienne carrière dans le tuf orthophyrique très
altéré et se brisant en fragments grossièrement parallélipi-
pédiques. En dessous du village, dans le bas de la vallée,
puissante coulée de porphyrite micacée, qui passe du noir
S.H.N. 1900. 13
— 194 —
foncé au jaune et au rouge suivant altération, en se chi
4 j géant de calcaire à la périphérie, probablement au voi
i ' nage des dolomics triasiques.
; I A Thury, plaquettes de grès Rhétien bien typique, ai
lumachelles de l'infralias. A côté, carrière dans les m an
bariolées, renfermant des bancs de grès calcaréo-maei
siens. Sur la route de Thury à Épinac, grande carrit
dans le tuf orthophyrique, offrant tous les passages, dep
la roche la plus franche, jusqu'à celle passant à l'état t
reux.
Au Buet, autre coulée do Porphyrite dans une carri<
qui n'est plus exploitée; c'est un orthophyre micacé e;
pyroxène. En profondeur, la roche est d'un noir sombre
jaunâtre dans les parties extérieures.
Toutes les variétés de grès du mont Pelé (étag'e moyen
bassin houiller). Schistes et grès du Grand-Moloy (houili
supérieur). Schistes argilo-bitumincux des trois nivea
permiens : Boghead du niveau supérieur; Barre blanc
et grise de l'étage moyen et Dolomie cristalline du pu;
Selligues, ainsi que le calcaire magnésien du Permr
moyen affleurant sur la colline qui borde la Candie au si
d'Igornay.
A la Chaume, au nord d'Igornay, bel épanchement <
roches basiques. Dans le ruisseau de la Chaume : orth
phyre micacé à pyroxène et mica noir; une autre varié
verdâtre affleure le long du chemin; sa composition c
voisine, orthophyre à pyroxène et mica noir ; la même vi
lacée au-dessus de la Chaume. Dans la petite carrière d
Ruchots, située à mi-côte, au-dessus de la roule, brèche <
Porphyrite micacée, cimentée par un filon de fluorine, (
Calcite et de Calcédoine : Barytine par places.
En remontant la rive gauche de l'Arroux, jusqu'à haï
teur de Sivry, filons de microgranulitc et orthophyre à mi<
noir. A côté de l'auberge des Pelletiers, non loin c
Kcclcsnc, existe un des plus complets affleurements i
— 195 —
Porphyrite, signalés par M. M. Lévy; il présente une
grande variété de types. Dans la petite carrière à côté de
l'auberge : Orthophyre à pyroxène et mica noir, roche
verte. Au-dessus : Orthophyre à pyroxène, roche violacée,
avec veines siliceuses. Enclaves feldspathiques et calcédo-
nieuses. Le tout est couronné par un dôme de Mélaphyre
labradorique et augitique, injecté de Péridot, bien visible
à la loupe dans certains échantillons; la roche est noire.
Cette coulée descend jusqu'au pied du dôme et traverse un
des fossés de la route.
Toute cette masse perce le porphyre pétrosiliceux, qui
s'étend en une longue bande de Test à l'ouest, et offre de
nombreuses variétés, qu'il soit intact ou altéré. A la Chaume
des Pelletiers, sur le bord de la voie romaine, petit dôme
de Porphyrite, compacte en profondeur, et vacuolaire au
sommet de la coulée. En descendant de la Chaume des
Pelletiers sur Collonge, filon mince de Porphyrite andési-
tique à pyroxène, toujours dans le porphyre pétrosiliceux.
Le rocher qui supporte la statue de la Vierge, au-dessus
de Reclesne, est un filon quartzeux bréchiforme ; il perce
le porphyre pétrosiliceux et en englobe des fragments
anguleux. A Enost, les schistes du Culm sont pinces par
failles dans le porphyre prétrosiliceux. Au delà de Sommant,
tufs orthophyrique.s. Entre Enost et Sommant, belle micro-
granulite porphyroïde, à texture un peu lâche. A la carrière
d'Usseau, à un kilomètre avant Lucenay-l'Évêque, tuf
orthophyrique bien typique, exploité pour l'empierrement.
La roche de Sauche, après Lucenay, est un massif de
schistes dévoniens très tourmentés et plus ou moins sili-
cifiés et modifiés. Granulite à mica noir au moulin de Sou-
vert, entre Lucenay et Chissey. Bel épanchement d'Ortho-
phyre à mica noir et pyroxène dans la carrière à côté de la
cure de Chissey.
En amont de la Selle et bordant la Canche, plusieurs
carrières exploitées ou abandonnées dans la granulite à
; » - 196 —
i ■•
} \ mica noir, variétés de grains. Près du hameau de la B
i
dans un mauvais chemin, schistes dévoniens non indiq
sur la carte géologique. Sur la route du Haut-Folii
1 kilomètre de la Bise, carrières dans la granulite el
microgranulite. Au Ilaut-Folin, à la mine de Mispickel
gros tas de minerais sont restés surplace. Échantill
variés : avec pyrite, chlorite, kaolin et feldspaths char
d'hématite. A la Groisette, vers la première maison de gai
filon de porphyrite micacée très altérée, coupant la roi
Grès arkoscs triasiques de différentes provenances ; n
toute la série très variée des diverses carrières du plat
d'Antully, est encore à rechercher. L'étage Rhétien n
également qu'ébauché. Cependant, je possède déjà qi
ques données qui me permettront peut-être de retroui
au moins en partie, remplacement où ont été extraits
matériaux du petit appareil romain garnissant à l'extéri
le mur d'enceinte de la ville d'Autun.
Dans l'espace compris entre le Pont-d'Ajoux, Mesvr
Broyé et Marmagne, très belle série de roches et minerai
Sillimanite du Pont-d'Ajoux dans un gneiss à mica bla
Phlogopitc du hameau de Lativelet, avec apatite, gren*
quartz en petits grains roulés, et cristaux d'orthose ri
empâtés. C'est une roche élastique ou détritique dont
mode de formation doit être instructif. Belles pegmati
roses à très grandes parties, avec Tourmaline. L/apat
se trouve exclusivement disséminée en petites moucl
cristallines verdatres, dans une granulite blanche à grai
fins ou plutôt moyens. Je n'ai pas encore eu la bonne f<
tune de rencontrer l'Émeraude qui s'y trouve cependai
M. Bertliier en a cédé au musée de beaux échantillons.
Granité du bois de Vaux, au sud-est de Marnay, Haul
rive, Lcptynite granulitique tourmalinifère de la mer
localité. Serpentine avec talc et asbeste de Descloix M*
tigny et la vieille route de la Croix-Blanchot à Marmagr
Plusieurs traînées d'Amphibolite ou gneiss à amphibo]
— 197 —
pétries par places de petits grenats, se rencontrent dans les
mêmes parages ; une des plus importantes est celle qui
s'étend au sud de Marigny. Granité blanc à grandes parties
du massif d'Uchon. Gneiss feuilleté sur la route des Corn-
bards. Quartz résinite de la Tagnère avec fer et manga-
nèse oxydés. A 1 kilomètre de Mesvres, sur la route de la
Chapellc-sous-Uchon, exploitation de la granulite bien en
place réduite en arène très tendre, préparation de la poudre
d'or. Au nord de Sanvignes, près de Montceau, au moulin
de Marciaux, nombreuses variétés de grès rouge ; carrière
sur le massif de Sanvignes même, également dans le grès
rouge. Toutes les variétés de grès et schistes houillère de
la carrière Saint-François et Sainte-Hélène, à Montceau-
les-Mines.
Au nord de la Comelle, entre la Rebondie et les Gaudriots,
Leptynite amphiboiique grenue dans le gneiss plus ou
moins amphiboiique. Au Tourde, sur la ligne du chemin
de fer, entre Autun et Brion-Laizy, même affleurement
d'un gneiss amphiboiique.
Les carrières ouvertes dans le massif de la Roche-Mouron
sont dans la granulite bien typique et homogène sur toute
son étendue ; elle est sillonnée par de nombreux filons de
pegmatite.
Voilà, très succinctement indiquées, les principales roches
réunies jusqu'à aujourd'hui, avec les localités d'où elles
proviennent.
Pour en faciliter l'étude, j'ai disposé l'ensemble en six
grandes catégories, d'après la classification adoptée par
M. de Lapparent, dans la quatrième édition de son Traité
de géologie :
1° Roches acides. — Granité, granulite, pegmatite, tous les
porphyres, etc.
2° Roches neutres. — Syénite, dacite, porphyrites, andé-
site, etc.
î I
1
\ \
— 198 —
{ 3° Roches basiques. — Dioritc, diabase, euphotide, lhei
j zolite, porphyrites basiques, basalte, mélaphyre, lim
j j burgite, labradorite.
{ \ 4° Dépôts détritiques. — Sables, graviers, grès, poudin
i\ gués, schistes argileux, etc.
! \ Dépôts chimiques. — Calcaires, tripolis, tufs, dolomie
) ; combustibles minéraux, etc.
5° Agglomérats et tufs éruptifs. — Tufs, Cinérites, Wackes
tufs orthophyriques, porphyritiques, basaltiques.
6° Roches cristallophyllicnnes et métamorphiques. — Gneiss
micaschiste, leptynitc, amphiboloschiste, amphibolite
pétrosilex, chloritoschistes, phyllades, etc.
Nota. — Dans ma note sur le filon quartzeux de Montjeu1
j'ai omis de mentionner la présence du mica. Dans le
parties très quartzeuses, le mica, variété potassique (Mus
covite), très irrégulièrement distribué, est en grande
lames*empilées ou juxtaposées plusieurs ensemble, d'ui
blanc nacré très brillant et transparentes quand ces lame
sont détachées ; quelques-unes mesurent de 6 à 8 centi
mètres de côté. Dans la pegmatite encaissant le filon, c'es
encore le même mica, mais en lames bien plus réduites.
M. le président remercie MM. Roche et de Chaignor
des intéressants renseignements qu'ils viennent de donner
puis il continue :
Au mois de septembre dernier, notre confrère, le savani
Dr Gillot, a donné à l'herbier de la Société, cinquante mille
exemplaires, représentant onze à douze mille espèces de
plantes phanérogames ; au mois d'avril de cette année, com-
plétant son magnifique cadeau, il y a ajouté une partie de
son herbier cryptogamique, se composant de plus de sis
mille échantillons. J'ai remercié au nom de la Société
1. Séance fie la Sociale d'histoire naturelle d'Autun du 8 juillet 1900. page IJtî
des Procès- Verbaux, XIIP Jiulleliu,
— 199 —
d'histoire naturelle * notre généreux confrère de cette nou-
velle marque d'intérêt, qui élevait à cinquante-six mille le
nombre d'échantillons parfaitement choisis et étiquetés,
dont s'enrichissait notre herbier2. Depuis cette époque' vous
avez pu vous rendre compte à loisir et d'une façon plus
complète, de la grande valeur du don qui nous avait été
fait, et je ne crains pas de vous demander de vous associer
à moi, de nouveau, pour remercier notre éminent collègue.
En récapitulant, Messieurs, les dons principaux faits aux
collections de la Société dans le courant de cette année,
nous arrivons au chiffre fantastique de soixante-sept mille
six cents échantillons déterminés et mis en place. On peut
affirmer qu'il n'y a pas deux sociétés de province qui dans
un si court espace de temps aient montré autant d'ardeur
ni déployé autant d'activité. Et comme les acteurs de cet
immense labeur, les auteurs de ces accroissements scien-
tifiques sont nos dévoués confrères, Roche, Gillot, de Chai-
gnon, je vous propose de les comprendre dans un même
concert d'éloges et de remerciements.
L'assemblée s'associe unanimement et bien sympathi-
quement aux conclusions de M. B. Renault.
11 est donné lecture des quatre communications
suivantes de MM. Pic, Ormezzano, de Ghaignon et
Quincy :
Liste de Coléoptères rares ou nouveaux
pour le département.
Tous les Coléoptères de la présente liste3 proviennent
de mes chasses et la plupart ne sont pas mentionnés dans
le Catalogue des Coléoptères de Saône-et-Loire de M. Fau-
1. Comptes rendus des séances de 1809, p. 263.
2. L'herbier si considérable du Dr Gillot occupe les vitrines inférieures qui font
le tour de la salle entière.
3. A titre de renseignements bibliographiques, je dois dire que quelques espèces
de cette liste figurent déjà soit dans la Revue du Bourbonnais , numéro du 15 avril
- 200 —
connet (1887); mais je dois dire que plusieurs des espèces
notées ici comme nouvelles ne le sont en réalité que pour
cet ouvrage, car elles figurent in litteris dans le nouveau
Catalogue de MM. L. Fauconnet et abbé Viturat1 en cours
de publication, catalogue appelé à rendre de grands services
aux coléoptéristes du centre de la France. Les espèces ou
variétés nouvelles pour le département, c'est-à-dire pour
le Catalogue de M. Fauconnet de 1887, n'ont aucun signe,
celles déjà citées sont marquées d'un astérisque. Je ferai
remarquer que les deux premières espèces de Carabidœ
sont tout à fait nouvelles pour le département, car elles ne
sont pas mentionnées en Saône-et-Loire dans le Catalogue
de MM. Fauconnet et Viturat. Bien que toutes les espèces
de mes dernières chasses ne soient pas citées ici, j'arrive
à un total de soixante-quinze espèces nouvelles pour notre
département, ce qui représente un assez joli chiffre, étant
donné surtout que, d'ordinaire, je chasse peu dans notre
région. Par sa situation je crois que le département du
Rhône, son voisin, dépassera toujours en richesses notre
département, mai? Saône-et-Loire ne peut-il pas lutter
avec d'autres plus riches actuellement, par exemple avec le
département de l'Allier?
Le département de Saône-et-Loire ne doit pas être pauvre
au point de vue de l'entomologie, et son infériorité numé-
rique tient sans doute plutôt à ce qu'il a été moins exploré
que d'autres. Certaines localités n'ont jamais été visitées,
pourquoi celles-ci ne nourriraient-elles pas des espèces
particulières, connues des régions avoisinantes mais encore
inconnues en Saône-et-Loire ?
1898, soit au Bull. Fr., f 900, p. 258, soit enfin dans divers numéros de réchange
1900. M. E. Olivier mentionne aussi sous mon nom(Rev. scient, du Bourb., n* 151,
p. 163), plusieurs espèces de mes chasses à Saint-Bonnet-dc-Joux, mais les trois
premières do celles-ci sont inscrites par erreur de cette région et les habitats
véritables sont notés sur la présente liste.
1. Catalogue analytique et raisonné des Coléoptères de Saône-et-Loire et des
départements limitrophes, publié par la Société d'histoire naturelle d'Autun.
— 201 —
Cette année, sortant de mes habitudes, je suis allé passer
trois jours à Saint-Bonnet-de-Joux et dans les environs,
une région neuve pour l'entomologie, et j'en ai rapporté
une dizaine d'espèces nouvelles pour le département, dont
deux espèces remarquables : Clytus lama Muls. (espèce
plutôt alpine) et Dircœa rufipes Gylh. (espèce très rare en
France). Quelques régions, par exemple l'Autunois, le
Creusot, Chalon, Mâcon, Cluny, Tournus, Saint-Julien-de-
Civry, Digoin, Semur, ont fourni presque tout le contingent
de l'ancien catalogue, pourquoi? Parce que ces régions ont
été les seules plus ou moins explorées. En somme, très peu
de localités ont été visitées sérieusement, de nouvelles
chasses apporteront, par la suite, bon nombre de découvertes
dans les localités connues; donc, à plus forte raison,
dans les localités neuves. Pendant le mois de juin de
cette année, le meilleur selon moi pour nos pays, j'ai
recueilli en nombre plusieurs espèces non encore capturées,
mais qui cependant devaient exister depuis longtemps
dans notre région. Les détritus d'une inondation de la
Loire, le 10 juin de cette année, m'ont permis de recueillir
plus de cent espèces, parmi lesquelles environ une quin-
zaine de nouvelles pour le département et deux ou trois
Staphyli?iidx que je n'avais pas en collection. Le départe-
ment de Saône-et-Loire, je le répète, et ce que je viens de
dire le prouve, est plus riche qu'on ne peut le croire, mais
il a besoin d'être exploré plus à fond et plus complète-
ment. Je souhaite que la présente liste, mentionnant un
certain nombre de raretés, stimule un peu l'ardeur de nos
collègues et les encourage à chasser, ainsi que je l'ai fait,
plus sérieusement que par le passé *, pour que chacun
apporte de son côté un contingent de captures nouvelles
au Catalogue des Coléoptères de Saône-et-Loire ; il faut
1. Mes seules chasses de 1900, en juin, juillet, août, m'ont fourni une quarantaine
environ d'espèces nouvelles pour le Catalogue de 1887, entre autres les quatre
espèces de Nanophyes et tous les Staphilinidœ (moins 2) de la présente liste.
- 202 —
que notre département occupe parmi les autres un bon
rang grâce à la richesse de sa faune, un rang analogue
à celui obtenu par les publications de la Société d'his-
toire naturelle d'Autun, dans les bibliothèques scienti-
fiques.
Abacetus (Astigis) Salzmanni. Digoin, en juin. Détritus
d'inondation de la Loire.
Tachys 4-signatus Dufts. id.
*Badister unipustulatus Bon. Digoin, en juin. Un exem-
plaire sur un buisson.
Chilopora rubicunda Er. Digoin, en juin. Inondation
de la Loire.
Myrmedonia (Zyras) Haworthi Steph. Les Guerreaux,
en juin.
Aleuonota macella Er. Digoin, en juin. Inondation de
la Loire.
A. pallens Rey. id.
Homalota (Hydrosmecta) longula Heer. id.
H. delicatula Sharp. id.
H. subtilissima Kr. id.
Bledius subterraneus Er. id.
Thinobius longipennis Heer. id.
T. delicatulus Kr. id.
Ochthephilus ou Ancyrophorus longipennis Frm. id.
0. ou A. flexuosus Muls-Rey.id.
Compsochilus palpalis Er. Digoin, en mars. Au bord
d'un étang.
Boreaphilus veloz Heer. Bois d'Issanghy, sur Saint-
Agnan et bois de la Motte, sur la Motte-Saint-Jean. En
tamisant vers la fin d'octobre.
Phlœobium clypeatum MUll. Les Guerreaux, en juin.
En tamisant.
Colon affinis Sturm. Les Guerreaux, en juillet. En filo-
chant dans un champ de trèfle à la tombée de la nuit.
Liodes (Anisotoma) curta Fairm. id.
— 203 —
Triplas melanocephala Latr. Digoin. Sur un agaric.
Symbiotes (Microchondrus)rubiginosus Heer. Digoin,
en avril. Terreau d'un vieux sorbier abattu.
Antherophagus nigricornis F. Les Guerre aux, Digoin,
en juin et juillet. En filochant.
*A. silaceus Herbst. Les Guerreaux, en juin. Dans les
fleurs de Digitale.
Berginus tamarisci Woll. Les Guerreaux, en juin et
juillet. Sur des sapins et un noyer.
Brachypterus cinereus Heer. var. Les Guerreaux, en
juin. Sur les fleurs .
Cychramus fungicola Heer. Les Guerreaux et Saint-
Agnan. Sur les fleurs en été, ou en tamisant en automne.
Synchita (Ditoma) juglandis F. ou humeralis F.
Melay et les Guerreaux, en juin. Sur un vieux poirier et
une branche sèche de charme.
Globicornis (Hadrotoma) nigripes F. Digoin, fin mai.
Sur un pin.
*Trinodes hirtus F. Les Guerreaux et Beaubery, en juin,
juillet. Sur un arbre vert et des châtaigniers.
Simplocaria semistriata F. Digoin, en juin. Inondation
de la Loire.
Anthaxia 4-punctata L. Entre la Motte et Saint-Agnan,
en juin.
"Corœbus undatus F. Les Guerreaux, en août. Sur un
tronc de chêne.
*Elater megerlei Lac. Les Guerreaux, en avril. Sous une
écorce de chêne abattu.
*E. ruficeps MuLs. Les Guerreaux, en juin. A la chasse
au parasol, sur un charme.
*E. nigerrimus Lac. Les Guerreaux. Sur une branche
morte de châtaignier.
Nota. — Ces trois espèces d'Elater sont rares.
Cardiophorus nigerrimus Er. Beaubery, fin juin. Sur
un arbre vert.
— 204 —
Melanotus tenebrosus Er. Beaubery, fin juin. Au vol,
sur le sommet du mont Bottet.
* Sericosomus brunneus Ksw. Digoin, en juin. Sur un
arbre vert.
*Prionocyphon serricornis Mull. Les Guerreaux, en
juillet. Sur les chênes. Rare.
*Cantharis (Telephorus) violacea Payk. Les Guerreaux,
en juin. Sur les buissons. Cette espèce est rare dans les
régions non montagneuses.
Maltbinus bilineatus Ksw. Les Guerreaux, Saint-Agnan,
Beaubery, de juin à août. En battant les chênes principale-
ment. Rare espèce, plutôt méridionale.
M. balteatus Suf. (protestas Bourg.) Les Guerreaux,
Beaubery, comme le précédent.
Le o* de cette espèce très différent de coloration est bien
plus rare que la «o. J'ai capturé ce sexe pour la première
fois cette année.
Sans doute Merkli Weise, de Turquie, est synonyme de
cette espèce.
Sphinginus lobatus 01. Bois d'Issanghy et les Guer-
reaux, en juin. Sur chêne et châtaignier.
Opilo mollis L. v. Viturati Pic n. var. [V Échange, n° 108).
Les Guerreaux, en juin. Sur un charme.
*Lymexylon navale L. Les Guerreaux, en juin. Au vol
le soir ou sur un vieux châtaignier.
Niptus (Epaulœcus) crenatus F. Melay. En tamisant.
Hedobia (Ptinomorphus) regalis Dufts. Digoin, en juin.
Vieux bois.
Gastrallus lœvigatus 01. Digoin. Les Guerreaux. Sur
des tilleuls et vieux charmes.
Anobium (Byrrhus) fagi Muls. Les Guerreaux, en juin.
Sur un hêtre.
A. rufipes F. Digoin, bois d'Issanghy, en juin. Un
exemplaire sur un hêtre abattu et deux sur le bois mort
des haies vives.
- 205 —
Ernobius tabidus Kiesw. Les Guerreaux, en mai et
juin. Sur les arbres verts. Cette espèce intéressante s'est
ajoutée récemment à la faune française (Bull. Fr. 1899,
p. 119).
E. longicornis Sturm. Digoin, fin mai. Sur les pins.
E. pruinosus Muls. Melay, en juin. Sur les branches
mortes de sapin.
Xyletinus pectinatus F. Les Guerreaux, en juin. Sur
un pieu de barricade.
X. oblongulus Muls. Digoin. Vieux bois.
X. (Sternoplus) ater Panz. Les Guerreaux, en juin. Sur
le bois mort des haies vives.
Aspidophorus orbiculatus Gylh. Les Guerreaux et bois
d'Issanghy, en juin. En tamisant.
AUecula morio F. Les Guerreaux, en juillet. Sur un
châtaignier.
Gonodera luperus Herbst. Beaubery, en juin. Sur un
arbre vert.
Orchesia luteipalpis Muls. Melay, en juin. Vieux fagots
de chêne.
Dircœa (Serripalpus) ruflpes Gylh. Beaubery, en juin.
Sur les branches mortes d'un chêne et d'un châtaignier,
* Mordellistena abdominalis F. Melay, en juin.
*Rhipiphorus paradoxus L. Les Guerreaux. En fauchant
dans une prairie à la tombée de la nuit.
Hylophilus nigrinus Germ. et var. Digoin, en juin. Sur
jeunes chênes et arbres verts ; aussi à Marly-sous-Issy (abbé
Viturat) et à Beaubery (Pic).
Notoxus monoceros L. v. immaculatus Pic. Digoin, en
juin. Inondation de la Loire.
Anthicus fuscicomis Laf. id.
Cette espèce est rarissime dans nos régions et signalée
seulement de l'Allier, à Brout-Vernet.
A. transversalis Vila. Avec le précédent. Assez rare
espèce.
- 206 -
Pseudomyllocerus sinuatus F. Digoin, en juillet. Sur
les coudriers.
*Trachodes hispidus L. Saint-Agnàn et Digoin, juillet
et août. Sous un fagot de chêne.
Erirrhinus nereis Payk. Étang de Beauchamp sur
Neuvy, en octobre.
Bagous nodulosus Gyl. Étang de Beauchamp, en juillet.
B. tempestivus Herbst. Les Guerreaux, en octobre ; en
tamisant des roseaux.
Orchestes ou Rhynchaenus sparsus Fahr. Les Guer-
reaux, en juillet.
O. iota F. Digoin, fin mai. Un exemplaire sur arbre vert.
O. pratensis Germ. (tomentosus Gylh.) Les Guerreaux,
en juin, juillet. En filochant.
Baris scolopacea Germ. Bois d'Issanghy, en août. En
filochant.
Gymnetron (Rhinusa) herbarum Bris. Les Guerreaux
et Saint-Agnan, en juin et juillet. En filochant.
6. bipustulatum Rossi. Digoin, en juin. Sur un bouillon
blanc.
Nanophyes circumscriptus Aube et var. '. Les Guer-
reaux, en juillet et août. En filochant, dans une prairie
humide.
N. hemisphœricus Oliv. Les Guerreaux, en août. Avec
le précédent.
N. globulus Germ. Bois d'Issanghy et les Guerreaux,
en août. Sur une bruyère et probablement aussi sur les
joncs.
N. brevis Boh. Les Guerreaux, en août. Peut-être sur
Lythrum.
La v. Theresœ Pic, présentant une coloration générale
foncée, parait très rare et je n'en ai capturé qu'un seul
exemplaire.
1. Consulter l'Échange, n° 189, pour la description des variétés.
— 207 —
*Magdalis memnonia Gylh. Melay et Digoin, en juin.
Sur les pins.
Apoderus intermedius 111. Bois de la Motte, en juillet.
Rhynchites giganteus Kryn. Les Guerreaux, en juillet,
août. Sur les arbres fruitiers.
Bruchus (Myiabris)cinerascens Gylh, Digoin, en juillet.
LepturasanguinolentaL. Saint-Bonnet-de-Joux, en juin.
*Strangalia 4-fasciata F. Les Guerreaux, Saint-Agnan,
en août. Sur les fleurs d'ombellifères.
*Obrium brunneum L. Sur sapin, à Melay et sur fleurs
de ciguë à Saint-Bonnet-de-Joux, en juin.
Plagionotus arcuatus v. Reichei Thoms. Les Guer-
reaux. Sur un chêne abattu.
P. arcuatus v. connatus Mors. Digoin : d'éclosion.
Clytus lama Muls. Sur arbre vert au mont Bottet près
Beaubery, fin juin.
Cette espèce, à ma connaissance, n'avait pas encore été
prise en France, en dehors de la région alpine, si ce n'est
au mont Pilât.
Gynandrophthalma flavicollis Charp. Digoin, les Guer-
reaux, en juillet. Sur les coudriers.
Cryptocephalus marginatus F. Beaubery, en juin. Sur
jeunes pousses de bouleau.
C. vittatus F. v. lotharingus Pic n. var. (Échange,
n° 188). Digoin.
C* pygmseus F. Les Guerreaux, en juillet.
Luperus (Caloxnicrus) pinicola Dufts. Beaubery, en juin.
Sur les pins.
Cette liste de 75 espèces ajoutée aux précédentes (Bull.
Autun, 1899, p. 71 à 73 et 158-159) qui comprenaient
38 espèces, porte à plus de 100 espèces le supplément au
« Catalogue raisonné des Coléoptères de Saône-et-Loire »,
de M. L. Fauconnet. En comptant encore les 7 espèces
suivantes :
Microrrhagus pygmaeus F. , Eucnemis capucina Ahr.
— 208 —
Adelocera quercea Hrbst., Athous mutilatus Rosenh.,
Bhynchites cœruleocephalus, Schall., Grammoptera
variegata Germ., déjà signalées {Échange, n° 188, p. 61) et
Chry santhia viridis Schm., figurant dans V Échange, n° 189,
nous aurons un total de 120 espèces et d'un certain nombre
de variétés nouvelles pour le département de Saône-et-
Loire, celles-ci provenant toutes du Charollais. Ainsi que
je l'ai dit, je ne mentionne pas ici toutes les espèces, beau-
coup, surtout parmi celles recueillies en 1900, ne sont pas
encore étudiées.
Digoin, 20 août 1900.
M. Pic.
Les sciences naturelles au concours agricole et
viticole de Marcigny.
La Société d'agriculture de l'arrondissement de Charolles,
qui en est à sa vingtième année d'existence, tenait, le
dimanche 12 août, un concours à Marcigny.
Le soleil s'était mis de la partie et les habitants de notre
charmante cité avaient tenu à honneur de recevoir digne-
ment leurs hôtes, en décorant la ville de verdure.
Le public très nombreux a paru vivement s'intéresser
aux diverses expositions, et l'exposition des animaux, de
l'avis de tous, ne laissait rien à désirer; les instruments
agricoles étaient en grand nombre et très variés.
Nous laissons aux personnes compétentes le soin de
donner un compte rendu complet de ces sections, et nous
passons sans transition à la partie qui nous intéresse plus
spécialement, en ne nous occupant du concours qu'au
point de vue des sciences naturelles.
M. Montmessin, horticulteur à Clessy, expose un lot
sélectionné de pommes de terre, dont quatre variétés
absolument nouvelles. La meilleure, nous dit-il, est la
Géante de VOhio\ il expose en outre de nombreuses variétés
— 209 —
de céréales, blé, orge, avoine, seigle et un blé nouveau
désigné sous le nom pompeux d'Hybride du Trésor. Il nous
est impossible de juger de la valeur cul tu raie de ce blé qui
n'a pas été expérimenté dans notre région. Nous remar-
quons chez cet exposant la Consoute du Caucase, Symphy-
tum asperrimum, et le fameux Polygonum Sakhalinense, deux
plantes dont les essais avaient excité un enthousiasme qui
n'a pas duré. Elles devaient fournir des quantités prodi-
gieuses d'un excellent fourrage ; les résultats qui ont suivi
n'ont pas donné ce que les cultivateurs en attendaient, et
ces plantes retombent peu à peu dans l'oubli.
M. Butty, horticulteur à Paray-le-Monial, expose quel-
ques fleurs parmi lesquelles nous citons des Pétunias variés
à grandes fleurs, une collection de roses assez intéressante,
avec Rosa viridiflora, la fameuse rose verte plutôt curieuse
que belle, et qui semble n'être qu'un cas de tératologie
végétale. Nous admirons chez cet exposant une coupe en
fleurs naturelles vraiment décorative, servant de surtout
pour fruits. A noter un lot d'arbres verts, composé des
espèces que l'on emploie le plus généralement à la déco-
ration des parcs.
M. Butty nous montre en outre une certaine quantité de
racines fourragères et de légumes, parmi lesquels nous
reconnaissons la Tétragone cornue, ou Epinard de la Nou-
velle-Zélande, Tetragonia expansa, espèce intéressante, rus-
tique et productive, mais trop peu cultivée dans la région ;
un pied de patate, Convolvulus bâta tas, connue sous les
noms de truffe douce, artichaut des Indes. Les gros .tuber-
cules analogues à ceux du Dahlia, mais beaucoup plus
farineux, ont le goût d'une pomme de terre un peu sucrée ;
c'est un aliment très répandu dans les Indes et que Ton
essaie d'introduire en Europe depuis quelques années
déjà, sans grand succès, croyons-nous, jusqu'à ce jour. A
remarquer également un greffage de la tomate sur pomme
de terre, ce qui n'a rien de surprenant, ces deux plantes
S.H.N. 1900. 14
— 210 —
appartenant à la même famille des Solanacées. Le résultat
est d'ailleurs peu encourageant, les fruits obtenus n'étant
guère plus gros que ceux de la pomme de terre.
Nous regrettons vivement que les horticulteurs de Mar-
cigny n'aient pas cru devoir prendre part au concours.
Connaissant la richesse de leurs serres, nous aurions été
heureux d'avoir sous les yeux, pendant quelques heures,
les magnifiques collections qu'elles renferment, ce qui
aurait été d'ailleurs, pour tous, l'occasion de prendre une
bonne leçon de botanique, en étudiant des spécimens parfai-
tement étiquetés. Cette absence inexplicable n'est pas faite
pour rehausser la renommée cependant bien méritée dont
nos horticulteurs jouissent dans la région.
M. Balleydier, de Marcigny, considérée juste titre comme
le rénovateur des vignobles de la région, continue son œuvre
active de propagation en exposant les divers porte-greffes
reconnus comme étant les plus aptes à donner satisfaction
aux desiderata des viticulteurs.
Une note indique pour chaque espèce ou hybride la dose
calcimétrique qui lui convient, ce qui permet, en faisant
analyser son terrain, de reconnaître aussitôt la variété à
planter de préférence.
Nous notons parmi les cépages exposés :
Riparia X Ramond. — Riparia X Gloire de Montpellier. —
Solonis X Othello 1613. — Mourvèdre X rupestris 1202. — Riparia X
rupestris 3306. — Colombeau X rupestris 3103. — Taylor X Nar-
bonne. — Rupestris du Lot. — Chasselas X rupestris 4401.
•
Toutes ces variétés de vigne sont fort intéressantes, mais
il faut bien le reconnaître, elles attiraient moins l'attention
des visiteurs que le canon grélifuge du même exposant.
M. Balleydier en explique lui-même le mécanisme en
faisant fonctionner à intervalles réguliers, et au grand amu-
sement des curieux, cette nouvelle artillerie, toute paci-
fique, partant en guerre contre les orages.
— 211 —
Tous les journaux ont raconté les résultats merveilleux
obtenus en Italie et en Autriche avec ce nouveau canon.
En France, à Denicé (Rhône), les essais ont été concluants.
Les orages de montagnes ne paraissent pas résister aux
effets dissociants du canon grélifuge; mais il appert que
nous devons attendre la confirmation du même fait con-
cernant les orages de plaines où les nuages plus denses,
d'ailleurs, couvrent de grands espaces.
M. Canet, apiculteur à Marcigny, expose dans les meil-
leures conditions tous les accessoires nécessaires à la cul-
ture raisonnée des abeilles : hausses de diverses formes,
extracteur simple et pratique, plusieurs modèles de ruches,
dont Tune dite la Brionnaise^ est de son invention; la forme
en est très coquette et parfaitement disposée à l'intérieur.
La ruche d'observation, très bien présentée, retenait tous
les curieux, car c'était plaisir de voir travailler, sans en
craindre les piqûres, des myriades de laborieuses abeilles.
Nous admirons des échantillons de miel superbe et, tout
à côté, divers produits tirés du miel : hydromel, vinaigre
de miel, eau-de-vie de miel; lesquels dégustés par les
amateurs ont été reconnus parfaits.
M. Canet a le mérite d'avoir développé, d'une façon con-
sidérable, l'apiculture dans notre région; c'est grâce à son
esprit d'observation, à son initiative et surtout à son dévoue-
ment que déjà, sur nos collines brionnaises, se rencontrent
de nombreux ruchers qui deviendront légion lorsque les
cultivateurs s'apercevront des résultats obtenus. Le jury,
reconnaissant les services rendus par M. Canet, lui a
décerné un premier prix avec médaille de vermeil.
MM. Drizard, de Charolles, et Besson, instituteur à Saint-
Didier, ont présenté, dans la même section, des produits
magnifiques. Les miels exposés étaient d'une pureté à
tenter les plus fins gourmets.
L'exposition scolaire, moins remarquable par le nombre
des exposants que par la valeur des travaux exposés, nous
— 212 —
a procuré l'occasion d'étudier quelques remarquables spé-
cimens d'histoire naturelle.
École de Marcigny dirigée par M. Varriot.
Les cartes agricoles, les tableaux d'histoire naturelle
exécutés les uns par le directeur et les autres par les
élèves nous ont paru appelés à rendre de signalés services ;
il en est de même de la série des produits manufacturés
exposés. Voilà bien les véritables leçons de choses.
Nous avons retrouvé avec intérêt une série de fossiles
de la station géologique de Chenoux, patrie de l'Ichtyo-
saure dont on a tant parlé il y a deux ans. Cet étage
appartient au Toarcien d'Orbigny ; il est très fossilifère et
nous procurera certainement d'autres heureuses décou-
vertes dans l'avenir.
A noter également quelques beaux échantillons de miné-
raux de diverses provenances ; mercure (cinabre), blende,
calamine, galène, etc.. ; mais la série qui nous a paru le
plus digne d'attention était formée d'empreintes magni-
fiques du bassin houiller du nord, provenant de la mine
d'Anzin ; spécimens remarquables autant par leurs dimen-
sions que par leur conservation et le choix apporté en ne
rassemblant que des raretés.
Nous avons noté : Sigillaria lœvigata. — Lepidodendron
elegans. — Lonchopleris rugosa. — Alethopteris mante M. —
Calamités, etc., etc.
Nous ne saurions trop prier M. Varriot d'avoir le plus
grand soin de cette superbe collection des terrains carbo-
nifères .
Une série de graines potagères, une autre de graines
fourragères, parfaitement étiquetées, complétaient le musée
exposé par le directeur de l'école de Marcigny.
L'exposition des élèves était non moins intéressante ;
nous ne retiendrons que celle de l'élève Félix Rolier, dont
la collection entomologique mérite tous les éloges. Les six
— 213 —
boîtes exposées étaient rangées et étiquetées avec le plus
grand soin. Nous citons quelques raretés : Rosalia alpina,
le plus joli coléoptère de France. Il habite les Alpes et les
Pyrénées, mais se rencontre tout particulièrement dans le
département aux bois de Semur et de Saint-Julien où on le
capture chaque année. — Oryctes nasicomis, coléoptère de
grande taille, vulgairement appelé « Rhinocéros. » Rare
dans le département; la larve vit dans le tan. Les nom-
breuses tanneries, qui existaient ces dernières années,
expliquent sa présence à Marcigny. — Oberea oculata. —
Clytus arcuatus etc., etc., et un grand nombre d'autres
espèces rares et fort intéressantes, au milieu desquelles la
jolie Iloplia cœrulea, des oseraies des bords de la Loire,
attirait tous les regards par sa couleur intense du plus pur
bleu-ciel.
Les autres classes d'insectes étaient représentées par de
nombreux exemplaires, ce qui est à signaler, car les
jeunes entomologistes ne s'occupent généralement que des
Coléoptères. Il serait pourtant bien à désirer que leurs
recherches portent dans l'avenir sur les Hémiptères, Dip-
tères, Hyménoptères, divisions moins connues, moins étu-
diées et par suite plus susceptibles de procurer des nou-
veautés aux collectionneurs. A citer, dans les hémiptères, la
Cigale, propre aux contrées méridionales et très rare dans
notre région. Un lot de punaises, fort intéressant, dont les
espèces n'avaient pas encore été signalées sur d'autres
points du département. Notre ami, M. Marchai, du Creusot,
en les étudiant a trouvé les preuves de la pénétration dans
notre région, des espèces du Midi, fait qu'il a déjà signalé
dans le Bulletin de la Société d'histoire naturelle d'Autun.1
Le Lecanium robiniarum, ou cochenille de l'Acacia,
espèce nouvelle pour la France, découverte au Creusot par
1. C. Marchai, Premières Notes sur les Hémiptères de S.-et-L. in Bull. Soc,
hist. nat. d'Autun, xi-1 (1898), p. 558.
— ?14 —
M. Marchai, il y a deux ans environ, et retrouvée tout
aussitôt, la même semaine à Semur et à Saint-Bonnet. *
A signaler dans les Hyménoptères, en dehors des nom-
breux Bombus exposés, le Sirex gigas, capturé à Marcigny,
mais probablement introduit avec les bois de sapin prove-
nant des Vosges.
Je me suis étendu à dessein sur l'entomologie afin d'en-
courager les jeunes gens à poursuivre leurs recherches. Us
peuvent juger par ce qui précède que la série des décou-
vertes est loin d'être close et qu'il leur reste un avenir riche
d'espérances.
Je profiterai de cette occasion pour rappeler le souvenir
de la collection Chabert, élève aussi de M. Varriot.
Cette collection renferme un grand nombre de coléop-
tères rares ; lors du dernier concours, elle valut au jeune
collectionneur d'alors une médaille bien méritée.
École de Chenay. — Directeur M. Vuillaume.
A noter des comptes rendus très complets d'expériences
agricoles, un mémoire très étudié sur l'enseignement de
l'agriculture, des plans de fermes, d'exploitations agricoles,
des instruments aratoires fabriques par les élèves. Des col-
lections de graines fourragères et potagères complétaient
cet ensemble indiquant de la part du maitre des connais-
sances raisonnées et approfondies des questions agricoles.
Quelques fossiles, de petits herbiers d'élèves et un autre
plus complet du professeur représentaient l'histoire natu-
relle.
En ce qui concerce les fossiles il est bien regrettable que
la provenance n'en n'ait pas été indiquée, car cet oubli fait
perdre aux échantillons toute leur valeur. Nous ne saurions
trop insister auprès de tous les collectionneurs en leur
recommandant de noter toujours la provenance exacte des
1. Bull. Soc. hiat. nat. d'Autun, xi, 2 (1S98), p. 96.
- 215 —
objets qu'ils exposent. En paléontologie cette condition est
essentielle ; il en est d'ailleurs de même pour la botanique.
Nous relevons dans l'herbier du maître, Géranium nodosum,
jolie plante commune dans les bois de Semur, de Glaine, etc.,
et absolument inconnue dans le reste du département. Il
nous aurait donc été très agréable de connaître la station
exacte de l'échantillon exposé, la note <c trouvé à Artaix »
étant un peu vague, surtout lorsqu'il s'agit d'une plante très
rare pour Saône-et-Loire.
École de Vindecy. — Directeur M. Maillard.
A citer des cahiers d'agriculture fort bien compris et
très intéressants ; une exposition de bois collés sur carton
et comprenant quarante-huit échantillons. Toutes les
essences de la région y sont représentées par une coupe
verticale et une coupe horizontale; tous nos compliments
à M. Maillard pour son innovation appelée à rendre à ses
élèves de signalés services, pour la reconnaissance des
essences variées qu'ils auront un jour à cultiver. Cette
collection est même le complément indispensable de tout
bon herbier scolaire. A citer également quelques coquil-
lages marins, des Hélix reconnus pour être de la région,
quelques minéraux et des fossiles très bien conservés,
surtout les Belemnites et les Limas; malheureusement
aucun de ces échantillons n'indiquait le lieu de prove-
nance ; je renvoie donc le lecteur aux observations faites
au même sujet dans l'article précédent.
Exposition Geneste.
Nous ne pouvons passer sous silence la superbe collec-
tion minéralogique exposée par ce jeune étudiant de notre
ville. Plus de cent cinquante échantillons fort bien pré-
sentés, bien étiquetés, ont fait l'admiration de tous les
visiteurs. Ces minéraux, de diverses provenances, mais
surtout du plateau central, avaient été triés avec le plus
- 216 —
grand soin et dénotent chez M. Geneste des aptitudes spé-
ciales que nous ne saurions trop encourager. A citer comme
raretés les superbes échantillons d'Épidote; ce silicate
d'alumine ne se rencontre en France que dans les fentes
des roches métamorphiques du Dauphiné, et cela en très
beaux cristaux vert-foncé.
École de Bourg -le-Comte. — Directeur M. Château.
Nous arrivons enfin à une exposition de botanique d'un
réel intérêt scientifique. M. Château n'en n'est plus à ses
débuts; Tannée dernière l'Académie internationale de géo-
graphie botanique lui décerna une première médaille pour
ses nombreux travaux ; aussi ses collections de plantes et
surtout les cécidies exposées ont retenu spécialement notre
attention. Nous pensons être agréable à nos lecteurs en
donnant quelques détails sur cette branche de l'histoire
naturelle presque nouvelle pour la France.
A part une étude de M. Kieffer, de Bitche, sur les céci-
dies de Lorraine1, et une autre de M. Martel sur celles de
la Seine-Inférieure 2, nous n'avons pas d'ouvrages français
décrivant les galles et les fausses galles. Je ne crois pas
être indiscret en ajoutant que sous peu notre ami Marchai,
du Creusot, aidé en cela par M. Château et quelques autres
botanistes de la région, va combler cette lacune, en publiant
dans les Bulletins de la Société d'histoire naturelle d'Autun,
la nomenclature des cécidies de Saône-et-Loire.
Le mot cécidie est d'ailleurs de création récente. Il a
été donné et défini par le savant cécidiologue docteur Fried
Thomas, d'Ohrdruf, en 1873. Par ce mot on entend toute
déformation d'une plante produite par la réaction de celle-
ci contre l'invasion d'un parasite.
Les feuilles minées par une chenille de lépidoptère ou
par une larve de diptère ou de coléoptère, etc., offrent
1. Feuille des jeunes naturalistes, 21* année, 1890-1891, et 22e année, 1891-1892.
2. Bull. Soc. d'étude des se. nat. d'Elbeuf, X, 1891, p. 79, et XII, 1893, p. 73.
— 21? —
bien à nos regards une déformation souvent extrêmement
curieuse, mais cette déformation n'est pas du domaine de
la cécidiologie, la plante n'ayant été que passive et n'ayant
pas réagi contre l'invasion du parasite. Certains arbres
portent des gerçures occasionnées par les grands froids;
ces déformations sont également exclues des cécidies, car
il n'y a pas eu invasion d'un parasite. Suivant que ce
parasite sera du règne animal ou du règne végétal, la
déformation sera appelée zoocécidie ou phytocécidie. Les
premières sont dues à des insectes (coléoptères, hyménop-
tères, lépidoptères, diptères), ou à des arachnides (phytop-
tides), ou à des vers (helmintides) ; les secondes doivent
leur origine à des champignons.
Cécidies dues à des Coléoptères ou Coléoptérocécidies.
Le groupe des coléoptères si riche en espèces ne tient
que le quatrième rang parmi les insectes cécidogènes. Il
ne compte guère qu'une cinquantaine de représentants
gallicoles connus. Nous relevons parmi les espèces expo-
sées à Marcigny : Apion Gernari Walt., qui vit dans les
renflements nodaux de la mercuriale ; Saperda populnea L.,
qui habite à l'état larvaire les rameaux du tremble et y
provoque un renflement de forme irrégulière ; Centhorhyn-
chus sulcicollis Schœnh, qui forme au collet de la racine
de diverses crucifères un petit renflement de la grosseur
d'un pois, etc., etc.
Cécidies dues à des Hyménoptères ou Hyméaoptérocécidies.
Les cécidies produites par les Hyménoptères sont les
plus remarquables. La plupart d'entre elles sont produites
par des Cynipides, un certain nombre par des Tenthrédi-
nites, enfin quelques-unes seulement par des Ghalcidites.
Nous relevons sur le chêne Andriscus fecundatrix Hort.,
qui habite la déformation connue sous le nom vulgaire de
Rose du chêne, et consistant dans le développement anor-
— 218 -
mal d'un bourgeon qui prend la forme et les dimensions
d'un fruit de houblon.
Sur les rosiers : Rhodites rosœ L., déformation sphérique,
verte très commune, employée de tous temps par les sor-
ciers pour combattre la rage, etc., etc.
Ceci di es dues à des Diptères ou Diptérocécidies.
Cecidomyia cratœgi Winn., déforme les pousses de l'au-
bépine.
Cecidomyia rosaria H. Lw. est l'auteur des cécidies dites
Roses du saule, visibles surtout en hiver; hormomyia fagi,
Hart., sur les feuilles du hêtre, etc., etc.
Cécidies causées par des Arachnides, Phytoptides ou Acarocécidies.
Le groupe des phytoptides qui fait partie de la grande
famille des Acariens comprend les plus petits Cecidozoons.
Leur longueur varie de un à deux dixième de millimètre.
Il est donc très difficile pour ne pas dire impossible de
les découvrir à l'œil nu ; à l'aide d'une loupe on les aper-
çoit comme de petits vers blancs, et l'on reste même sou-
vent dans le doute jusqu'à ce qu'il leur plaise de se mettre
en mouvement. Malgré leur extrême petitesse, ces aca-
riens occasionnent sur les plantes des déformations généra-
lement bien apparentes et revêtent les formes les plus
diverses ; nous citerons seulement : Phytoptus erineus Nal,
sur le noyer; Phytoptus phyllocoptoïdes sur les saules, et
enfin Phytoptus vitis Landois, qui produit sur les feuilles de
vigne YErineum vitis, appelé vulgairement Erinose.
Cécidies causées par des Champignons ou Mycocécidies.
Presque toutes les plantes nourrissent des champignons
microscopiques, témoin la viticulture qui en souffre si
cruellement; nous citerons seulement : Ustilago segetum
appelé vulgairement charbon et altérant souvent d'une façon
désastreuse les graines des graminées, la Rouille et l'Épine-
vinette. Cecidium berberidis Gmel., qui vit sur l'épine-vinette,
— 219 —
et dont les deux autres phases se passent sur les grami-
nées où elles déterminent la rouille des céréales: en été, la
rouille jaune, sous la forme urédosporée, Uredo linearis
Lamk. ; en automne, la rouille noire, sous la forme téleu-
tosporée, Puceinia graminis Pers. Les cultivateurs doivent
donc détruire sans répit tous les pieds d'épine-vinette qu'ils
rencontreront dans les haies.
Nous regrettons de ne pouvoir citer toutes les espèces de
cécidies de la collection Château qui est déjà fort importante.
Nous le félicitons surtout de ne pas s'en être tenu à la science
proprement dite, mais d'être entré dans la pratique, en indi-
quant, pour chaque espèce cultivée, le moyen de combattre
la cécidie qui n'est en somme qu'une maladie de la plante.
M. Château, qui n'a pas craint d'aborder cette étude si
aride, sur les conseils de notre ami Marchai, pourra rendre
par la suite de grands services aux cultivateurs, en leur
indiquant les moyens de combattre les maladies qui attaquent
les plantes cultivées. L'étude des cécidies présente donc un
intérêt agricole tout particulier.
M. Château expose également une collection de plantes
fourragères, comprenant toutes les espèces indiquées dans
les ouvrages agricoles ; c'est là l'herbier pratique du culti-
vateur. Une note donne pour chaque espèce sa valeur cui-
turale, la quantité à semer à l'hectare, et le prix moyen du
kilogramme de graine ; autant de renseignements précieux
dont feront bien de profiter les agriculteurs.
A côté des plantes fourragères, nous trouvons les plantes
nuisibles à l'agriculture, à divers titres, étude pratique
appelée à rendre de réels services aux jeunes cultivateurs.
Que dire maintenant du superbe herbier exposé et con-
tenant cinq mille plantes bien classées et bien étiquetées ?
On voit que l'œuvre de M. Château est considérable, et le
jury, en le mettant hors concours et en lui décernant une
médaille de vermeil grand module, a parfaitement reconnu
son mérite et l'a récompensé dignement.
— 220 —
En écrivant ce compte rendu, nous n'avons eu qu'un but,
celui d'intéresser les jeunes gens aux sciences naturelles ;
MM. les instituteurs, admirablement placés pour observer
la nature, en sont les promoteurs tout indiqués. En
employant utilement leurs loisirs, ils éprouveront des jouis-
sances intellectuelles supérieures, et en intéressant les
élèves à l'étude de l'histoire naturelle, ils aideront à attacher
à leurs champs nos futurs cultivateurs.
Les conseils ne manqueront pas aux instituteurs pour
guider leurs premiers pas. Les naturalistes ayant acquis
quelque expérience sont nombreux ; de plus, nous avons
dans le département de Saône-et-Loire des sociétés d'his-
toire naturelle, en première ligne celle d'Autun qui consi-
dère comme un devoir d'aider les débutants.
Les instituteurs livrés à eux-mêmes n'ont pas toujours à
leur disposition les ouvrages nécessaires pour déterminer
tous les spécimens d'histoire naturelle qu'ils récoltent;
aussi, dans les concours agricoles, on relève presque toujours
des erreurs qui seraient évitées, si les échantillons avaient
été préalablement soumis aux naturalistes compétents.
Marcigny, 20 août 1900.
Q. Ormezzano.
Membre de la Société d'histoire naturelle
d'Autun, de l'Association française de
Botanique, de l'Académie de Màcon, etc.
Profil géologique du chemin de fer de
Montceau-les -Mines à la Guiche.
Ayant eu, à plusieurs reprises, l'occasion de séjourner à
Montceau, j'ai pu suivre à pied et étudier, surtout au point
de vue des roches, les différents terrains traversés par la
nouvelle ligne du chemin de fer à voie étroite qui, partant
de Montceau, se dirige sur Mont-Saint-Vincent, la Quiche
et doit se prolonger jusqu'à Saint-Bonnet-Beaubery, station
sur la ligne de Paray-le-Monial à Clermain,
— 221 —
En quittant la gare de Montceau, la ligne longe pendant
300 ou 400 mètres le bord du canal et passe sous le pont
de l'abattoir. Après le passage du pont, elle monte pendant
200 mètres environ sans emprunter le travail qui a été fait
pour un embranchement de la grande ligne, qu'on peut
cependant mentionner. Sur cet espace de 200 mètres, le
talus du côté de Test a été entamé sur une hauteur de 4 à
5 mètres au point le plus élevé. Il est entièrement formé de
cailloutis et d'alluvions à stratifications entremêlées, hori-
zontales ou obliques, indiquant bien les apports d'un cours
d'eau.
Nous rentrons sur le tracé de la petite ligne. Avant Lucy,
nouvelle tranchée de lm50 de hauteur sur 100 mètres de
longueur, toujours dans le même cailloutis. Après avoir
dépassé Lucy, autre tranchée de 200 mètres sur 3 mètres
de hauteur. Le cailloutis se montre encore à la partie supé-
rieure ; dans le bas on voit pointer quelques blocs de gneiss
granuli tique qui paraissent bien en place.
La voie redescend ensuite en remblai vers le canal
qu'elle quitte brusquement pour remonter au sud-est, en
passant sous la grande ligne de Montceau à Paray-le-
Monial. A la sortie du pont, autre tranchée, de 250 à
300 mètres : alluvions, cailloutis à fragments plus gros,
roulés, mais ne paraissant pas avoir subi un long charriage;
formés principalement de gneiss granulitiquo. Quelques
gros blocs de gneiss granulitique et de grès bigarré, non
roulés et non en place, indiqueraient qu'on touche à la
bordure des éboulis, ou dépôts meubles de pente.
Jusqu'à la ferme du Saule, les rails reposent directement
sur le sol, avec quelques remblais insignifiants.
Après avoir coupé le chemin qui conduit à Montceau, la
ligne descend franchement à l'est par une rampe assez pro-
noncée au milieu des prés, ne coupant que quelques talus
sans importance, avec terre végétale et éboulis terreux.
Traversée en remblai du vallon de la Bruyère et du ruis-
— 222 —
seaii la Raie de Serrecy, la ligne remonte le vallon, les rails
posés sur le sol; elle doit être sur le grès bigarré, qui
n'affleure pas, mais dont on aperçoit des blocs épars.
D'ailleurs en haut de la partie la plus prononcée de la
rampe : tranchée de 50 mètres de longueur sur 2 mètres en
moyenne de hauteur, entaillée dans le grès bien en place et
recouvert par la terre végétale. Ces grès paraissent très
silicifiés et offrent beaucoup d'analogie avec ceux du pla-
teau d'Antully.
A quelques pas de là, carrière du Saule dans la granulite
ou le gneiss granulitique, entièrement kaolinisé ; les parties
blanches, les plus pures et exemptes de fer, sont exploitées
comme terre réfractaire et expédiées au Creusot, le reste
est employé pour tuileries. Quelques blocs de grès bigarré
détachés sont empâtés à la surface.
La ligne monte toujours vers Test en pente douce et en
remblai, ce qui empêche toute observation jusqu'au hameau
de la route du Saule, qu'elle franchit en suivant un second
remblai de 150 mètres de longueur.
A partir de ce point, elle entre franchement dans le grès
arkose qui affleure sur une hauteur de 2m50 à 3 mètres,
dans une tranchée de 140 mètres de longueur, à l'endroit
nommé la Pierre. C'est le même grès qu'à la tranchée pré-
cédente, une partie des blocs détachés est exploitée pour
pavés.
A 300 mètres de cette tranchée rocheuse, la voie coupe
le chemin de Lucy, reposant toujours sur le grès bigarré,
puis elle franchit la route de Montceau à Saint- Vallier et
passe à côté de carrières exploitées pour tuileries. Ce sont
des marnes versicolores, épaisses de 1 mètre à lm50, hori-
zontalement déposées sur le grès dans des excavations qui
les mettent au jour. Le grès n'est pas visible dans la
carrière; mais à quelque distance de là, sur la route, un
puits creusé chez un habitant a rencontré la même succes-
sion : marnes bariolées de 0in60 à 0m80 d'épaisseur à la
- 223 -
partie supérieure, reposant sur le grès dont l'épaisseur n'a
pas été dépassée. Ces marnes devraient représenter l'étage
des marnes bariolées.
On arrive à la gare de Saint-Vallier, qui est le point
culminant dans cette partie du tracé. A 200 mètres au delà
de la gare, traces de marnes versicolores superficielles et
sans importance. Deux puits creusés dans le voisinage ont
fourni des indications plus précises. Celui de la gare, de
9 mètres de profondeur, a rencontré en haut les marnes
bariolées, puis l'arkose reposant sur le gneiss granulitique
altéré. Chez un habitant, à 150 mètres de la gare, un autre
puits de 12 mètres a traversé la même succession, et s'est
achevé dans le gneiss granulitique très dur et très résistant,
la roche à cette profondeur étant absolument franche.
Malheureusement je n'ai pu obtenir les diverses épaisseurs.
Ces marnes font-elles vraiment partie de l'étage des
marnes bariolées? Il faut convenir qu'elles sont bien
limitées, et ne se montrent pas ailleurs qu'aux environs
immédiats de la gare de Saint-Vallier. Elles ne renferment
aucun fragment de calcaire magnésien, et pourraient bien
n'être qu'un dépôt argileux grossier, très localisé, dont la
coloration due à la suroxydation du fer, leur donnerait
l'aspect de fausses marnes bariolées. Cependant, il est à
propos de mentionner le forage d'un puits dans le faubourg
de Bellevue-les-Mines, sur la route de Saint-Vallier, où
des marnes versicolores ont été rencontrées également,
au-dessus du grès et ont présenté la coupe suivante :
Terre végétale 0,25
Marnes jaunâtres 0,40
Argile verte sableuse 0,80
Grès grossier devenant plus fin
en profondeur 4à5 mètres.
Gneiss granulitique très altéré. . 1,50
Niveau d'eau
— 224 -
A 4 ou 500 mètres de la gare de Saint- Vallier et au croi-
sement du petit chemin de Saint-Vallier à Saint-Bange,
affleurement dans une tranchée de 3 mètres de hauteur,
d'un grès grossier coloré en brun. A l'angle formé par la
tranchée et le talus de la route on aperçoit toute l'épaisseur
du banc gréseux reposant sur le gneiss granulitique, à
l'état d'arène. A côté du domaine de Simbron, carrière de
grès arkose. Puis la ligne, après avoir décrit une grande
courbe, pénètre dans le bois de Saint-Bange, où elle est
constamment sur le grès bigarré, qui perce de distance en
distance, quand le talus atteint une certaine élévation.
En approchant de la Croix-Racot, une tranchée de
4 mètres de hauteur met au jour un affleurement de gneiss
granulitique, qui passe par places au gneiss glanduleux, le
mica blanc est abondant. Il renferme de nombreuses
enclaves d'un gneiss à grains fins plus ou moins désagrégé ;
lui-même sur toute cette épaisseur, est fort altéré.
La Croix-Racot est sur la granulite, que les travaux n'ont
pas entamée, ou n'ont fait qu'effleurer.
Pourtant, une particularité est à signaler : c'est le contact
du grès bigarré avec la granulite. Cette dernière ayant été
ravinée au moment du dépôt gréseux ou postérieurement,
a donné naissance à des mélanges d'éléments granulitiques
empâtés dans le quartz, qui est caverneux, contourné, et
présente des concrétions bizarres. Cette formation est sans
épaisseur et tout à fait superficielle.
La ligne se poursuit dans le bois des Rieppes, en suivant
une tranchée de plusieurs centaines de mètres de longueur
avec une hauteur moyenne de lm50 à 2 mètres, mais uni-
quement creusée dans les éboulis terreux : de loin en loin,
quelques débris détachés, entre autres un fragment d'une
granulite très compacte, d'un rouge sombre, et à grains
très fins, rappelant la variété Aplite ; si ce n'était la pré-
sence de quelques paillettes de mica blanc, elle pourrait
passer pour une microgranulite euritique.
— 225 —
Arrivée aux Rieppes, où les travaux d'installation 'de la
voie ont nécessité, sur une longueur de 60 mètres, l'aba-
tage d'une petite paroi rocheuse; ce sont toujours des
gneiss granulitiques, mais paraissant déjà se soustraire à
l'influence de la granulite, le mica blanc est rare, la roche
est plutôt grise que rose ; sur un point il y a contact du
gneiss porphyroïde avec un gneiss à grains fins.
Non loin de là apparaît, sur un très petit espace, à
l'extrémité d'une tranchée, un gneiss très schisteux, micacé;
c'est un véritable micaschiste, très altéré, les feuillets se
détachent à la main.
Après quelques détours le long de pentes qui ne sont
pas entamées et une rampe assez accentuée, la ligne
traverse la carrière des Gendarmes, non loin du bois de
Boulay ; c'est un gros filon de granulite rose, bien franche
exploitée pour l'empierrement.
Ce doit être la continuation de celui exploité plus bas
pour moellons dans la carrière du Bois-Tardif.
Au croisement d'un petit chemin descendant vers Gour-
don, le gneiss passe au micaschiste, très plissé et contourné
au voisinage d'une petite masse granuli tique, qui l'aurait
plus ou moins modifié. Immédiatement après, blocs d'arkose
triasique roulés, disséminés sur le gneiss granulitique sur
un espace de 50 mètres. A la tranchée suivante, 150 mètres
environ, toujours dans le gneiss, le grès ne reparait pas.
Remblai sur un espace de 300 mètres, jusqu'à la sortie
du bois. Petite tranchée de 20 mètres de gneiss granulitique
plissé, fîlonets de granulite, schistes micacés et nodules
quartzeux.
A 150 mètres, autre tranchée, le gneiss très plissé égale-
ment a l'air très franc et nullement pénétré par la granulite.
Le schiste micacé reparait par places; le tout est recouvert
par quelques blocs isolés d'arkose apportés de plus loin.
Nouveau remblai de 350 à 400 mètres jusqu'en dessous
de Séries ; petite tranchée rocheuse où le gneiss gris est
S.H.N. 1900. 15
— 226 -
franchement schisteux, rubané et tout à fait en dehors de
la zone d'influence de la granulite.
A 200 mètres, autre tranchée avec faciès du gneiss tou-
jours normal, rougeâtre sur les surfaces exposées à l'air,
pas de mica blanc, veinules de quartz.
Nouvelle tranchée à 200 mètres, gneiss moins plissé,
quelques rares filonets de granulite ou de pegmatite, très
quartzeux, et sans influence sur la masse.
De l'autre côté du mamelon de Selves, la roche est très
altérée, le gneiss est toujours traversé de veines quartzeuses
qui seules sont restées intactes. À 150 mètres d'un bois
d'épicéas, talus d'un des côtés de la voie avec gneiss de
moins en moins affecté par la granulite, filonets de pegma-
tite tourmalinifère, veines quartzeuses. Le gneiss est gris,
pas de rubéfaction par altération.
Vers le chemin allant des Maillards à la route de Saint-
Romain-sous-Gourdon, belle tranchée de 150 mètres : gneiss
gris très uniforme, quelques veines de pegmatite avec tour-
maline. A 500 mètres au delà, autre tranchée ; le gneiss
est de plus en plus typique, toute influence de la granulite
a cessé, les veines de pegmatite font défaut. En quelques
points seulement, enchevêtrement de micaschiste ou d'un
gneiss très schisteux. Même aspect à la tranchée suivante :
veines schisteuses micacées à grains fins entrecroisées dans
la masse.
Aux Perrons, réapparition des grès arkoses dans les
éboulis recouvrant le gneiss, ce dernier est masqué le long
de la ligne ; l'installation de la voie n'ayant nécessité aucun
travail en profondeur. Ce n'est qu'en montant des Perrons
à Mont-Saint-Vincent, qu'on peut en voir quelques rares
indices dans le talus des chemins. Tout le plateau ou pro-
montoire de Mont-Saint-Vincent est couronné par le grès,
sur une assez grande épaisseur, mais les éboulis, les jar-
dins empêchent de l'apprécier.
La gare de Mont-Saint-Vincent est bâtie sur le grès, que
— 227 —
Ton voit affleurer tout autour en bancs bien horizontaux.
Comme il semble être la continuation de ceux portant Mont-
Saint-Vincent, on peut avoir une idée de leur épaisseur;
la gare étant à une altitude bien moindre que le village.
En partant de la gare, la ligne entre dans le bois de
Molleron, où elle décrit une courbe creusée en tranchée,
de 300 mètres de longueur avec une hauteur de 1 mètre à
4 mètres. Blocs de grès détachés le long des talus, mais pas
de bancs en place; il ne s'agit là que d'éboulis.
Avant la halte des Brosses-Tillots, on passe à côté d'une
carrière de grès (carrière des Brosses-Tillots), exploitée
pour ballast. Les éboulis ne sont que superficiels, et à peu
de profondeur les bancs d'arkose apparaissent. Après la
halte on descend en pente douce jusqu'à la gare du Rous-
set située à la queue de l'étang du même nom. Tout ce
bas de la vallée est recouvert par les alluvions, sables et
graviers, et n'a nécessité aucun travail pour la pose des
rails. Il en est de même entre la gare du Rousset et celle
de Marizy ; la ligne longe le bord sud-est de l'étang, avec
quelques remblais sans importance.
Vers la gare de Marizy, à l'entrée du bois du Rousset,
une concasseuse à vapeur est installée sur le bord d'une
tranchée de 8 à 10 mètres de hauteur : cette coupure
laisse voir à sa base le premier affleurement du granité
rouge, à l'état d'arène. Il est recouvert par le grès arkose
qu'on exploite dans une vaste carrière à 4 ou 500 mètres
dans l'intérieur du bois et amené à la concasseuse.
La ligne se prolonge dans la forêt, sur un parcours de
3 kilomètres au moins ; elle traverse plusieurs tranchées
dont la hauteur varie de 1 mètre à 3 mètres; dans celles-ci,
elles mettent à découvert le grès bigarré, toujours en
bancs bien réglés ; nulle part elles ne sont assez profondé-
ment entaillées pour laisser voir le substratum granitique,
qui doit être le même que celui aperçu à l'entrée du bois.
Dans la carrière du Rousset, l'arkose n'offre rien de par-
- 228 —
ticulier; elle paraîtrait cependant plus grenue, moins com-
pacte, et surtout moins silicifiée que celle du plateau
d'Antully, la grosseur du grain est variable. On peut men-
tionner l'abondance du manganèse oxydé, en dendrites
dans l'intérieur de la roche et en enduits ou encroûtements
mamelonnés sur la surface des joints.
On rencontre également par places et en petite quantité,
une sorte d'opale blanche, plaquée sur le gneiss; très
hydratée et très tendre, douce au toucher comme un talc,
happant fortement à la langue : à première vue on pren-
drait ce produit pour un silicate magnésien (Magnésite). Il
offre d'ailleurs plusieurs variétés de dureté et de tons,
provenant sans doute du degré d'hydratation. Certains
échantillons sont teintés d'un joli bleu. C'est la variété
d'opale, désignée sous le nom de Cacholong.
Au sortir de la forêt du Rousset jusqu'à 500 mètres de
la Guiche, les rails reposent directement sur le sol. A partir
de ce point, deux grandes tranchées ont été ouvertes. La
première, que traverse le pont sur la route de Chevagny-
sur-Guye, laisse voir un beau développement du granité,
réduit presque entièrement en arène ; mais peu avant la
gare, à hauteur de la seconde tranchée, qui n'est à propre-
ment parler qu'une coupure à flanc de coteau, on a fait
sauter à la mine toute une paroi rocheuse d'un beau
granité rouge, très franc, très typique, porphyroïde par
places et faisant d'excellents matériaux de construction.
Dans le haut du village du Rousset, une carrière est
ouverte également dans le granité rouge, exploité comme
cran, c'est dire que ce dernier est entièrement altéré.
Cette particularité n'est à signaler que pour indiquer l'ex-
tension du granité de ce côté, car le village du Rousset est
en dehors du parcours de la ligne et à une altitude bien
supérieure à celle de sa station.
Soc. Hist. Nat. d'Autun.
EFFET DE MIRAGE
Observé daus la prairie île Sainl-Jcan-des-ViROûi.
— 229 -
Note sur un effet de mirage observé dans la prairie
de Saint-Jean-des-Vignes.
Vers la fin de juin dernier, par une journée très chaude,
j'eus occasion de traverser, dans le voisinage de Chalon, la
prairie de Saint-Jean-des-Vignes, qui s'étend de Sainte-
Marie jusqu'à Crissey, sur une longueur de 4 kilomètres
environ et sur une largeur de 1 kilomètre et demi.
Il était deux heures de l'après-midi, le soleil, de ses
rayons brûlants inondait cette vaste plaine qui était déjà
considérablement desséchée. Tout à coup je vis se dessiner
au nord et dans le voisinage de Crissey, une nappe d'eau
d'un beau bleu d'azur, et dans cette nappe se refléter le
paysage à l'horizon ainsi qu'un troupeau de vaches qui
paissaient au delà du phénomène produit.
J'avais devant moi l'illusion que donnent les mirages de
la basse Egypte? je n'en pouvais douter et je résolus
d'observer ce phénomène.
Mais la plaine qui s'étend au nord de Chalon a dû depuis
bien longtemps offrir cette illusion, et on a dû en faire
quelque part la relation : pour en avoir le cœur net j'eus
alors l'idée de signaler le fait et à deux reprises. Les 10
et 13 août, le Courrier de Saône- et-Loire attira l'attention des
Chalonnais sur ce phénomène ; on se rendit dans la prairie,
on observa le fait, comme si chacun en était témoin pour
la première fois, mais nulle lettre ne fut envoyée au jour-
nal pour affirmer que depuis longtemps des observations
analogues avaient été faites. Cependant une personne m'a
assuré avoir remarqué les effets de mirage de la prairie
vers 1870; mais je ne sais s'il en fut question différem-
ment.
Mes observations qui ont duré plus de deux mois me font
rapporter le phénomène qui se produit à Chalon aux mirages
si savamment observés dans la basse Egypte et décrits par
- 230 —
Monge dans les Mémoires de l'Institut du Caire. Ici comme
là-bas, lorsque la surface du sol est échauffée par la pré-
sence du soleil, le terrain semble inondé, chaque monti-
cule à l'horizon présente, au-dessous, son image renversée
comme s'il était entouré d'eau.
Il est vrai de dire qu'il faut ici se trouver placé dans cer-
taines conditions ; le phénomène n'est pas visible en même
temps pour plusieurs personnes de front qui sont de diffé-
rentes tailles.
Supposons, pour mieux nous faire comprendre, trois per-
sonnes ayant la première lm20, la deuxième 1"50 et
la troisième lm80 et toutes les trois placées à côté les unes
des autres sur un même plan horizontal. Si la première qui
a im50 de hauteur voit le phénomène, les deux autres ne
verront absolument rien autre que le paysage naturel. En
somme le phénomène ne s'observe bien qu'à lm50 environ
au-dessus du plan horizontal de la prairie, et le point visuel
ne peut guère se déplacer de plus de 20 à 30 centimètres
dans le sens vertical.
Faut-il exposer les causes du mirage ? Tous les diction-
naires et traités de physique les font connaître. Rappelons-
les succinctement.
Ce phénomène d'optique est dû à la raréfaction ou à
réchauffement des couches de l'air et par suite à la réfrac-
tion inégale des rayons du soleil. Les couches d'air immé-
diatement en contact avec le sol se trouvant à une tempé-
rature plus élevée que les couches supérieures et, étant par
conséquent moins denses, on y aperçoit très distinctement
les images droites et renversées des objets placés à l'horizon.
Ainsi que je l'ai dit, le mirage a été souvent observé par
l'armée française dans la basse Egypte. Lorsque nos soldats
entrèrent dans le désert, tout le pays formant une vaste
plaine leur parut couvert d'eau ; les villages bâtis sur les
petits tertres présentaient, outre leur aspect direct, une
image renversée. Les pauvres soldats, séduits par l'illusion,
- 231 —
couraient vainement vers cette eau imaginaire pour étan-
cher la soif qui les dévorait.
J'ai dit aussi que la prairie de Saint-Jean-des- Vignes avait
environ 4 kilomètres d'étendue. Comme il ne manque pas,
en France, de plaines qui ont au moins cette étendue, il est
probable qu'on peut encore ailleurs jouir du même spectacle.
La vallée de la Loire, pour ne parler que de la plus rap-
prochée de nous, a des plaines aussi dénudées que celle
dont nous parlons, des mirages doivent s'y produire; le
tout est de se trouver dans les conditions voulues pour les
apercevoir.
Pour terminer, je citerai quelques particularités notées
dans le cours de mes observations à Ghalon.
1° Si une personne, passant dans la prairie au moment
où l'on aperçoit le mirage, se trouve à être placée entre la
zone figurant l'eau et l'observateur, cette personne semble,
à un moment donné, marcher sur l'eau; mais alors il n'y
a pas de reflet.
2° Si une autre personne se trouve au delà de la zone,
mais assez près de son bord, l'image de cette personne se
reflète dans la nappe bleue et elle semble marcher sur une
glace : les pieds touchent aux pieds.
3° La nappe figurant l'eau ne paraît d'un beau bleu que
devant l'observateur et dans un angle de 45° à droite et de
45° à gauche de la ligne d'ombre de ce même observateur
projetée par le soleil.
Ainsi, un paysage dans une eau bleue étant vu à Test, le
paysage qui est en même temps vu au nord est renversé
dans une eau incolore.
Je me propose de faire photographier, l'an prochain, les
points de vue les plus remarquables. Une première photo-
graphie donnerait le paysage sans mirage, une seconde, au
moment où le mirage se produit. Il sera intéressant de
constater ainsi le phénomène.
Ch. Quincy.
— 232 —
M. le président donne lecture d'une notice biographique
qu'il a consacrée à notre savant et regretté membre d'hon-
neur, M. Milne-Edwards, directeur du Muséum d'histoire
naturelle de Paris. L'importance de ce travail en fait
décider l'insertion dans le treizième Bulletin, actuellement
à l'impression. 1
Le secrétaire énumère les envois et les dons faits à la
Société depuis la dernière réunion, en appelant tout par-
ticulièrement l'attention sur la collection complète des
comptes rendus de l'Académie des sciences, de 1875 à 1900,
offerte par M. B. Renault. Ce sont de précieux documents
classés avec soin, où les chercheurs trouveront d'utiles
renseignements, et que notre généreux président se propose
de compléter en continuant son abonnement à cette savante
publication.
La Société a reçu en outre :
De M. Paul Olinet, un échantillon scié et poli des bois
pétrifiés de l' Arizona (États-Unis), ainsi que des algues et
des galets rapportés par lui du Havre.
De M. Lunet, un tronc de Cordaïte silicifîé des environs
d'Autun.
De M. Louis Canet, une collection de marbres de Gaud
(Haute-Garonne).
De M. Ph. Racouchot, deux silex taillés trouvés par lui
à laComaille.
De M. Albertini, des pépites d'or de la Colombie.
De M. le docteur Bidault, de Dijon, un curieux nid
d'hyménoptère, à propos duquel notre collègue, M. Mar-
chai, du Creusot, a bien voulu rédiger la note suivante :
L'envoi consiste en deux fragments de bois blanc et
tendre, provenant d'une branche morte recueillie tout
récemment par le donateur dans un jeune bois aux environs
de Dijon.
1. Page 371.
— 233 —
On y remarque un canal long de 110 millimètres, largo
de 6 millimètres, rempli par un cylindre de neuf dés ou
godets emboîtés bout à bout. Chaque godet (12 millimètres
de longueur) est formé de parties de feuilles vertes, dont
cinq ou six circulaires pour les fonds, et les autres enrou-
lées en long. Les godets sont remplis à moitié d'une pâte
pollinique jaunâtre. C'est le nid de MegachilecentuncularisL.,
hyménoptère de la grande famille des Mellifères; aucun
doute n'est possible, car un individu mort se trouve dans les
mêmes fragments debois, au fond d'un autre canal ébauché.
Nous avons donné quelques détails sur le genre et l'es-
pèce dans le sixième Bulletin (1893), p. 476, de la Société
d'histoire naturelle d'Autun. Mais le présent échantillon offre
un intérêt particulier, en ce qu'il est un exemple d'un mode
de nidification non encore signalé pour cette espèce.
Ainsi, nous avons mentionné (1. c.) : un nid placé sous
une pierre ; un nid posé sur une branche, dans une haie; un
nid dans un trou de mur; et un autre dans une tige de
ronce creuse. Il faut donc ajouter : un nid creusé dans le
bois mort.
La plante qui a fourni les matériaux du nid n'a pas pu
être déterminée nettement.
C. Marchàl.
La correspondance comprend des lettres de remercie-
ment adressées par MM. Bornet, Roidot-Errard, Destival,
le colonel Gillot, Goublet pour leur admission.
MM. Prisse d'Avesnes, Jules Régnier, le docteur Laguille,
Rousselet, Maurice Pic, Maitre, etc., expriment tous leurs
regrets de ne pouvoir assister à la réunion et envoient
leurs photographies pour l'album de la Société.
Il est donné lecture d'une lettre dans laquelle M. Ous-
talet remercie la Société d'avoir bien voulu lui adresser ses
félicitations à propos de sa récente nomination à la chaire
de zoologie du Muséum (mammifères et oiseaux).
— 234 —
Dix exemplaires du programme du Congrès des Sociétés
savantes qui se tiendra à Nancy, en 1901, ont été adressés
par le Ministère de l'Instruction publique; ils sont mis à
la disposition des sociétaires qui auraient des communica-
tions à faire à ce congrès. M. le ministre rappelle que les
manuscrits devront parvenir au cinquième bureau de l'en-
seignement supérieur avant le 20 janvier prochain.
M. B. Renault entretient la Société de ses récents travaux
sur les Bactériacées fossiles et fait une communication sur
un Nouveau Type de tige lépidendroïde fossile. L'aridité du
sujet disparaît devant la clarté des savantes descriptions,
mises plus facilement encore à la portée de tous à l'aide
de projections très nettes et très habilement faites avec des
plaques photographiques dont M. B. Renault a préparé
lui-même les éléments.
Cette communication sera insérée dans le Bulletin de
1900 qu'elle terminera.
La Société adresse de chaleureuses félicitations à son
président, et ses remerciements à MM. les Frères des
Écoles chrétiennes pour l'amabilité avec laquelle ils veu-
lent bien prêter leur appareil à projections.
La distribution de la seconde partie du XII6 Bulletin se
fait, et, l'ordre du jour étant épuisé, on passe à l'inaugura-
tion des salles nouvellement affectées aux collections de
MM. de Chaignon, le docteur Gillot et Roche.
>K
— 235 —
SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1900
PRESIDENCE DE M. ROCHE
Étaient présents : MM. Abord Hippolyte; Bligny, indus-
triel; Bouvet; le vicomte de Chaignon; Chevalier J.-B.;
Devillebichot; Dubois; le Dr X. Gillot; Gillot, correspon-
dant du chemin de fer ; Gérardin ; l'abbé Gloria ; Grappin ;
Mangematin-Girard; Pernot; Roidot-Errard; Jean Sauzay;
Sirdey; le Dr Valat, et V. Berthier.
A l'ouverture de la séance, il est donné lecture de la
lettre suivante adressée par M. Albert Gaudry à M. B.
Renault.
Mon cher confrère,
Je vous remercie de votre intéressante notice sur notre regretté
ami Alphonse Edwards et de la seconde partie de votre douzième
Bulletin.
Comme président du Congrès géologique international, je vous
prie de dire à nos confrères de la Société d'histoire naturelle d'Autun,
que les membres du Congrès géologique, lors de leur visite au
Musée paléontologique du Jardin des Plantes, ont admiré les collec-
tions de fossiles permiens dues aux savantes reoherches des membres
de la Société d'histoire naturelle d'Autun, notamment aux vôtres
et à celles de MM. Roche, Bayle, Berthier, Cambray. Les géologues
étrangers, parmi lesquels, ainsi que vous l'avez vu, on comptait
beaucoup d'hommes illustres, ont été étonnés de voir en France
une si belle représentation de la faune qui a marqué la fin des
temps primaires. Quand je pense que les collections d'Autun n'ont
rien coûté au Muséum, qu'il n'a pas même eu à rembourser les frais
— §36 —
d'extraction, je ne sais ce qu'il faut admirer davantage, ou l'habi-
leté des explorateurs ou leur noblesse d'âme. En vérité, je suis fier
que de tels hommes m'aient nommé leur président d'honneur !
Votre affectionné,
Albert Gaudry.
La Société est informée que quatre de ses membres
viennent d'être l'objet de distinctions bien méritées dans
l'ordre de la Légion d'honneur, à l'occasion de l'Exposition
de 1900 : M. Albert Gaudry, élevé au grade de comman-
deur; MM. Edouard Bornet, Louis Mangin et de Saint-
Arroman, à celui d'officier.
D'enthousiastes félicitations sont votées aux nouveaux
légionnaires, à qui le secrétaire est chargé de les faire par-
venir sans le moindre retard.
Six nouveaux adhérents sont reçus à l'unanimité comme
membres titulaires :
M. Beurton-Vieillard, négociant à Liernais, présenté par
MM. Cortet-Rousseau et V. Berthier.
M. Brossard, directeur de la Société générale à Autun,
présenté par MM. Roche et V. Berthier.
M. Gobey, photographe à Autun, présenté par les
mêmes.
M. Jeannin, entrepreneur à Autun présenté par les
mêmes.
M. Rizet, instituteur, chef de la fanfare d'Autun, présenté
par MM. Roche et Dirand.
M. Seguin, cafetier et cordonnier à Auxy, présenté par
MM. Pelux et V. Berthier.
Sur la présentation de M. B. Renault et de M. le
Dr Gillot, la Société confère en outre à l'unanimité le titre
de membre d'honneur à M. Léon Vaillant, chevalier de la
Légion d'honneur, professeur de zoologie au Muséum, en
témoignage de reconnaissance pour l'intérêt qu'il veut bien
nous porter.
Il est donné lecture des notes suivantes :
— 237 —
Note sur les Arthropitus
PAR M. B. RENAULT,
Président de la Société d'histoire naturelle d'Autun.
Le petit nombre de fragments anglais contenant des
végétaux à structure conservée qui s'est trouvé à ma
disposition, ne m'a pas permis d'en faire une étude appro-
fondie et de me rendre compte, de visu, des détails de
structure publiés par les savants anglais ; de là est résulté
une certaine difficulté pour assimiler ou identifier plusieurs
organes de plantes semblables appartenant, les unes aux
terrains houillers moyens, les autres aux terrains houiller
supérieur et permien, et conservés, les premiers, au moyen
de carbonate de chaux, les seconds, par la silice. Le mode
différent et inégal de conservation soulève fréquemment des
doutes sur l'identification des mêmes organes.
C'est ainsi que dans certains Arthropitus (calamités) anglais
se trouvent au-dessous des articulations, des organes désignés
par Williamson infranodal canals, placés à l'angle supérieur
de deux coins ligneux; là où les branches de deux bifur-
cations voisines se réunissent, ils correspondent aux rayons
cellulaires qui séparent les deux coins; leur section trans-
versale est circulaire ; le contour externe est seul conservé ;
la région médiane est généralement détruite, et il est difficile
de leur attribuer un rôle en se basant sur leur constitution.
Ayant eu l'occasion d'examiner une section tangentielle
d'un Arthropitus de Manchester intéressant une articulation,
nous avons vu qu'au-dessous du nœud, se trouvent entre
chaque coin ligneux les organes de Williamson de forme
circulaire ; trois à quatre rangs de cellules allongées dans
le sens radial, rectangulaires, non ponctuées, en constituant
la portion périphérique. La partie centrale détruite a été
remplie de calcite en cristaux séparés par une matière
houillifiée; à la hauteur du nœud, mais au point où la
bifurcation des coins ligneux s'effectue, on observe la coupe
S.H.N. 1900. 16
— 238 -
transversale d'un cordon foliaire; au-dessus de l'articulation,
à l'angle inférieur formé par les deux branches de la bifur-
cation des coins ligneux, on remarque des organes n'exis-
tant que de loin en loin et non entre chaque intervalle des
bandes ligneuses; ces organes ont la structure des Âstro-
myelo?i que nous avons démontré être des racines spéciales
ou des stolons d'Arthropitus et de Calamodendron. Ces
organes ont donc, si l'orientation de Williamson est exacte,
un point d'origine placé au-dessus de l'articulation et par
conséquent au-dessus également des infranodal canals.
A cause de la symétrie parfaite des entre-nœuds, il est
difficile, au premier abord, de rcconnaitre quel est celui qui
doit être considéré comme supérieur à l'articulation et quel
est, au contraire, celui qui se trouve au-dessous? Cependant,
quand les cordons foliaires sont encore visibles, comme ils
correspondent nécessairement à un coin ligneux, et qu'ils
sont insérés près du point où le faisceau se divise en deux
branches, dans bien des coupes tangentielles faites à une
petite distance de la moelle et intéressant une articulation,
l'orientation est possible.
L'étude d'un grand nombre de tiges d' Arthropitus et
de Calamodendron de Saint-É tienne et d'Autun, moins
anciennes par conséquent que celles d'Angleterre, nous ont
présenté des organes que depuis longtemps nous avons
regardés comme des organes expectants, dont quelques-
uns pouvaient être le point de départ de racines adventives
quand les circonstances étaient favorables.
Ces organes, déjà figurés par Williamson, offrent une
section elliptique tantôt remplie de tissu, tantôt vide à la
partie centrale ; les cellules qui persistent sont prismatiques,
et leurs parois présentent des ornements ponctués. Ils occu-
pent l'angle supérieur formé par les deux branches résul-
tant de la bifurcation de deux coins ligneux voisins ; ils
sont donc placés au-dessous de l'articulation, et dans le
tissu secondaire fondamental séparant les coins ligneux
- 239 —
(rayons primaires de Williamson), ils occupent la même posi-
tion que les infranodal canals, mais ils en diffèrent légère-
ment par leur forme et leur organisation. Us sont aussi nom-
breux que les rayons cellulaires séparant les coins ligneux,
et lorsque les cordons foliaires sont distincts, ceux-ci sont
insérés en haut du coin ligneux, là où il se bifurque,
quelquefois même sur Tune des branches de la bifurcation;
les organes dont nous venons de parler sont donc bien
placés au-dessous des cordons foliaires et de l'articulation
et disposés en verticille.
L'étude récente que nous en avons faite montre que ce
sont des cylindres ligneux dirigés de haut en bas à travers le
bois de la tige.
Leur bois est formé de cellules courtes, rayées ou ponc-
tuées, placées à l'extérieur, disposées en files radiales, et
de vaisseaux plus intérieurs également rayés et ponctués
entourant une moelle à gros éléments. On ne distingue pas
de bois nettement centripète indiquant une racine, ni de
couronne interne de lacunes laissant supposer que Ton
a affaire à un rameau. Nous les avons considérés, nous le
rappelons, comme des organes expectants pouvant se
développer suivant les circonstances et leur position sur la
tige, tantôt comme des rameaux, tantôt comme des racines.
On sait en effet que dans les Équisétacées, les rameaux,
et les racines qui en naissent, alternent avec les cordons
foliaires, par conséquent, si certains Ârthropitus sont des
Équisétacées, il a pu arriver que les organes expectants, à
cause de leur position aérienne, aient pu se développer
comme des rameaux, par Tavortement des cellules rhizo-
gènes, ou comme des racines, à la base de la tige, par la
multiplication de ces dernières cellules et Tavortement de
celles qui devaient produire le rameau.
Quoi qu'il en soit, des coupes successives tangentielles
faites de façon à intéresser les organes expectants et les
stolons (?) montrent que ces derniers organes paraissent, à
— 240 —
cause de l'obliquité plus grande de leur course, placés
au-dessous des organes expectants à la périphérie; que
vers le milieu de l'épaisseur de la tige ils semblent au
même niveau et sur un même verticille ; tandis qu'à l'ori-
gine, ils sont placés au-dessus de l'articulation, et les
organes expectants placés au-dessous.
Un mémoire plus étendu accompagné de figures com-
plétera cette note.
Notes tératologiques.
MONSTRUOSITÉ DE LA PÊCHE COMMUNE
Mma la comtesse Jacques de Ganay, ayant remarqué la
singularité d'une pêche récoltée à la fin du mois de sep-
tembre dernier, sur un espalier de sa propriété de Visigneux,
près Lucenay-l'Évêque (Saône-et-Loire), a eu l'aimable
attention de l'adresser à la Société d'histoire naturelle
d'Autun, et nous avons pu en conserver le dessin grâce à
l'obligeance et à l'habileté photographique de notre col-
lègue M. Paul Sauzay.
Cette pêche se compose d'un beau fruit d'apparence tout
à fait normale dans ses trois quarts inférieurs et d'un dia-
mètre moyen de 65 millimètres. Mais la partie supérieure
est surmontée d'un appendice conoïde qui semble être un fruit
supplémentaire déformé et séparé, par un profond sillon,
de la partie inférieure, dans laquelle il semble s'enfoncer.
Une coupe centrale et verticale nous fait voir que la
partie appendiculaire charnue, et de même aspect que le
fruit principal, tout en étant intimement adhérente à
celui-ci, se distingue cependant légèrement par la direction
de ses éléments jusqu'au noyau.
Le noyau lui-même, bien conformé, présente à sa partie
supérieure et ventrale un écartement de ses deux valves,
dans lequel est comme enchâssé et intimement soudé un
noyau supplémentaire avorté et un peu saillant.
MONSTRUOSITE D'UNE PElHE COMMUNE
— 241 —
Il est donc évident que, dans cette pêche, deux ovules
ont été fécondés, qui se sont développés en deux fruits
superposés, étroitement unis, et, nous le répétons, comme
enchâssés l'un dans l'autre II y a donc syncarpie^ non seu-
lement par coalescence, mais par inclusion partielle.
La Société remercie Mine la comtesse de Ganay de son
envoi, et serait heureuse de voir cet exemple suivi par
toutes les personnes à même d'observer quelques curio-
sités naturelles. Dr Gillot.
UNE CAROTTE ANTHROPOMORPHE
Le 18 octobre dernier, notre zélé collègue, M. Q. Or-
mezzano, de Marcigny, nous envoyait une vulgaire carotte,
Daucus carotta L., d'une variété blanche et cultivée, mais
dont l'aspect présente un phénomène bizarre. Cette carotte,
conservée dans l'alcool, et par conséquent un peu contractée
et ridée, mesure 10 centimètres de longueur, 4 centimètres
d'épaisseur et 9 centimètres de circonférence. Elle se divise
au niveau et un peu au-dessous du tiers supérieur, en cinq
racines fusiformes, dont l'ensemble figure assez exacte-
ment le tronc d'un homme; les deux racines latérales et
supérieures, plus courtes,- représentant les bras, les deux
inférieures et médianes, plus longues, les jambes, et à la
naissance antérieure de celle-ci une radicule légèrement
renflée, de 15 millimètres, complétant, par un simulacre
d'appendice sexuel, la ressemblance avec un tronc masculin.
Il n'y manque que la tête, et les anciens botanophiles
n'auraient pas manqué de dénommer Carotte mâle ce curieux
phénomène, qui n'est en réalité qu'un cas tératologique de
division ou fissiparité d'organes. Q. Ormezzano.
PHYLLODIE DES PLANTAINS
M. E. Château, instituteur à Bourg-le-Comte, nous
signale deux cas de transformation des organes floraux en
— 242 -
feuilles, virescence ou phyllodie, dans deux espèces diffé-
rentes de Plantain.
1° Plantago lanceolata L. Sur plusieurs pieds de Plantain
lancéolé, le pédoncule, très allongé, se contourne à quelques
centimètres au-dessous de l'épi et donne naissance à une
touffe de feuilles, qui ne sont autre chose que les bractées
florales transformées en feuilles, et portant à leur aisselle,
les unes des fleurs d'une conformation normale, les autres
des épis secondaires longuement pédicellés et d'apparence
absolument normale. Il y a donc à la fois phyllodie et pro-
lifération florale. Ce phénomène n'est pas rare du reste
dans le Plantain, et est signalé dans tous les traités de
tératologie végétale (Moquin-Tandon. Éléments de tératologie
végétale, 1841, p. 202. — Maxwell T. Masters. Vegetable tera-
tology, 1869, p. 111, 243.) La fig. 56 de ce dernier ouvrage
est la reproduction exacte du cas tératologique observé par
M. E. Château, comme on peut s'en convaincre en compa-
rant la figure avec l'exemplaire desséché par M. Château.
2° Plantago major L. Sur un curieux pied de grand
Plantain, récolté le 18 septembre 1900, sur le bord du
canal de Roanne à Digoin, les feuilles radicales issues
d'une souche épaissie étaient desséchées ; une quinzaine
de pédoncules, les uns étalés, les autres redressés, por-
taient des épis complètement garnis de feuilles minus-
cules, comme si les graines avaient germé dans l'épi même.
Mais, en y regardant de près, il est facile de voir qu'il
s'agit d'un cas singulier de phyllomorphisme, portant sur
toutes les fleurs, sans exception, des nombreux épis. De
l'aisselle d'une bractée, elle-même virescente, les fleurs,
courtement pédicellées, sont composées d'un calice foliacé,
à quatre petites folioles complètement distinctes, d'une
corolle scarieuse à peu près normale mais étirée, du tube
de laquelle sort, entre des rudiments d'étamines avortées,
un ovaire pédicellé et d'apparence foliacée de plus en plus
accentué de la base au sommet, où l'ovaire finit par être
— 243 —
remplacé par un phyllode étalé et nervié. La virescence,
chloranthie ouphyllanthie, est donc des plus nettes et des plus
complètes. La cause ne semble pas devoir en être attribuée
à un excès de nutrition ou d'humidité, mais au contraire,
comme Ta déjà indiqué M. T. Masters (loc. cit., p. 279),
et comme on l'admet généralement pour la viviparité des
Graminées, à une lésion débilitante, écrasement, compres-
sion, etc., de la souche, d'où souffrance du système foliaire,
et, par compensation, par une sorte de balancement orga-
nique, développement phyllomorphique des organes floraux.
E. Château.
POMMES DE TERRE FOLLES
J'avais, cette année 1900, un carré de pommes de terre
dans mon jardin. Elles ont poussé vigoureusement en
émettant de longues tiges aériennes. La sécheresse étant
survenue, les tiges se sont couchées sur la terre et les
feuilles sont en partie tombées. Plus tard la pluie est arrivée
et avec elle la végétation a repris son cours. Toutes les
tiges ont émis des pousses axillaires à l'aisselle desquelles
se sont développés de nombreux tubercules ayant la gros-
seur d'une noisette ; quelques-uns seulement atteignaient
celle d'une noix. Ces tubercules, très irréguliers, munis de
plusieurs cornes, de couleur verdâtre, se terminaient presque
tous par une ou plusieurs petites feuilles. Ils me paraissent
être dus à un excès de végétation brusquement ralentie.
Mon carré de pommes de terre était établi dans un ter-
rain nouvellement mis en culture, qui était en pré Tannée
dernière. Les jeunes plants ayant trouvé une nourriture
abondante se sont développés avec une vigueur exception-
nelle. Les chaleurs étant survenues, la végétation a été
pour ainsi dire arrêtée, la sève a gonflé les bourgeons qui
se sont transformés en tubercules.
Toutes les tiges de mon carré étaient munies de petits
- 244 -
tubercules; j'ai examiné plusieurs champs de pommes de
terre, mais dans aucun le même fait ne s'était produit.
J'ai planté un de ces tubercules dans un pot à fleurs et
il s'est parfaitement développé.
C'est la première fois que j'observe pareil fait, qui doit
être rapproché de celui signalé, il y a dix ans, par M. le
DrGillot, à Montrézy, commune de Curgy (Saône-et-Loire),
dans la Feuille des jeunes naturalistes (21e année, n° 252, du
1er octobre 1891, p. 256), sous le titre de Pommes de terre
folles. Il s'agissait également d'une hypertrophie tératolo-
gique des bourgeons ou rameaux axillaires d'une tige de
pommes de terre, véritables tubercules épigés ou aériens.
Dans ces cas, en général, les tubercules normaux des racines
sont peu développés, et c'est également par balancement
organique que se produit le gonflement hypertrophique
anormal des bourgeons caulinaires.
E. Château.
Observations botaniques sur la flore du canal
de Roanne à Digoin.
L'époque du chômage en 1900 ayant correspondu à un
été exceptionnellement sec, et d'autre part les travaux à
effectuer au canal ayant nécessité l'assèchement des diffé-
rents biefs, les plantes aquatiques, si nombreuses les années
précédentes, n'ont pu se développer que là où l'eau a
séjourné. Toutefois, de nombreuses espèces des lieux
humides ont remplacé les premières avec une végétation
vraiment luxuriante. Ce sont :
Roripa amphibia Bess. Alisma Plantago L.,
— nasturtioides Spach., — lanceolatura G.G.,
Portulaca oleracea L., Heleocharis acicularis R. Br.,
Isnardia palustris L., Isolepis setacea R. Br.,
Oratiola officinal is L., Leersia ozyzoides Soland,
Scutellaria galericulata L., Panicum crus galli L.,
Polygonum Persicaria L., Glyceria aquatica Wahl.
— 245 -
C'est la première fois que je récolte Leersia oryzoides
dans le canal, où cette plante abondait cette année. Elle
n'a mis que deux mois pour se développer et fructifier, du
10 juin au 10 août. Je l'ai distribuée provenant de la queue
des étangs d'Avrilly (Allier) d'où elle a dû pénétrer dans le
canal.
Les deux formes d'Alisma ne diffèrent que par les feuilles
et l'époque de la floraison. A. lanceolatum, simple variété
d'A. Plantago, fleurit au moins quinze jours avant ce der-
nier.
La profondeur de l'eau n'influe en aucune façon sur la
forme des feuilles : les deux plantes vivent côte à côte, et
attirent plus particulièrement l'attention parce que l'une
porte déjà des fruits quand l'autre commence seulement à
ouvrir sa corolle.
Sagittaria sagiUifolia L., Butomus umbellatus L., Sparga-
nium simplex Huds., E latine hexandra D. C. prennent de
l'extension et disputent vigoureusement la place aux espèces
suivantes :
Vallisneria spiralis L., Myriophyllum spicatum L.,
Callitriche stagnalis Scop., et — verticillatum L.,
ses formes, — alterniflorum DC.
Ces dernières espèces ont cédé surtout devant Helodea
canadensis Rich. et Ceratophyllum demersum L. qui ont une
force d'adaptation peu ordinaire. Ces deux plantes se mul-
tiplient rapidement, envahissent toutes les parties du canal
où l'eau séjourne, enchevêtrent tellement leurs rameaux
que les espèces moins vigoureuses ne peuvent se frayer
passage.
Les Myriophyllum, Vallisneria et Callitriche ne disparais-
sent cependant pas, bien que le canal soit à sec et que son
lit présente l'aspect d'une route, le sol en ayant la dureté.
Quinze jours avant la reprise de la navigation, les ouver-
tures pratiquées dans les levées pour l'écoulement des
eaux ont été fermées; un orage étant survenu, une petite
— 246 —
quantité d'eau a été introduite dans le canal, ce qui a suffi
pour faire sortir de terre Myriophylle, Vallisnérie et Calli-
triche. L'eau a été mise dans le canal et est venue mettre
un terme à mes observations.
Les Potamots n'ont pas été très abondants, toujours par
suite du manque d'eau ; ils présentaient un aspect souffre-
teux et n'ont pas fleuri, bien que la chaleur tropicale de
l'été dernier eût dû contribuer à activer la floraison. J'ai
récolté :
Potamogeton natans L. , Potamogeton lucens L. ,
— perfoliatus L., — compressus L.,
— crispus L., — acutifolius Link.
— pusillus L.,
Il est impossible de distinguer nettement les deux der-
nières espèces sans fruits ; je ne vois guère comme carac-
tère que la longueur de la pointe qui termine la feuille et
qui est plus longue dans l'espèce acutifolius que dans l'es-
pèce compressus. J'avoue que pour moi c'est un caractère
bien faible, attendu qu'il arrive presque toujours qu'un
Potamogeton acutifolius sorti de l'eau perd en partie sa
pointe et ressemble à s'y méprendre au P. compressus.
Avec des échantillons en fruits, il n'y a pas à hésiter.
J'ai récolté, comme les années précédentes, un Nitella
non fructifié probablement impossible à nommer.
Caulinia fragilis Willd., localisé d'abord dans le bassin à
Avrilly (Allier), marche rapidement à la conquête du canal;
je l'ai noté cette année de Chambilly à Bourg-le-Comte,
partout où il y avait de l'eau. Naïas major Roth., abonde
dans le bassin, mais ne le quitte pas.
Je n'ai pu retrouver une petite hépatique, Riccia fluitansy
L. que je récoltais les années précédentes.
On a exaucé les levées; avec la terre amenée on a intro-
duit en abondance Physalis alkekengi L. et Hyosciamus niger
L. L'administration a en outre fait semer un Sorgho pour
retenir la terre, et Isatis tincloria L. supplantera bientôt les
— 247 —
graminées et légumineuses semées le long des chemins de
hâlage.
Bourg-le-Comte, 21 septembre 1900.
E. Château.
M. E. Château nous adresse en outre les notes
suivantes :
Un pied de trèfle de Pannonie sur les bords
de la Loire.
Au mois d'avril 1897, en herborisant sur les bords de la
Loire, je découvrais, sur le territoire de ja commune de
Bourg-le-Comte, un pied de trèfle qui me parut une espèce
nouvelle pour la région. Ne voulant pas exposer cette
plante à la dent des animaux, ce qui n'aurait pas manqué
d'arriver si je l'avais laissée à la place qu'elle occupait, je
la déracinai avec précaution et la plantai dans un coin de
mon jardin. Au mois de juillet suivant elle portait des
fleurs permettant de la déterminer. Je reconnus Trifolium
pannonicum Jacq., espèce de l'Europe centrale, qui croît
en Lombardie et en Carniole, Croatie, Hongrie, Transyl-
vanie, Volhynie, Podolie, Serbie, Bosnie, Monténégro, etc.
Je pris soin de mon trèfle qui me donna des graines très
bien conformées, toutes capables de germer. Au printemps
1898, je les semai; elles donnèrent naissance à une ving-
taine de pieds de trèfle qui n'atteignaient pas quatre cen-
timètres à la fin de la même année, et pour obtenir ce faible
résultat, je dus extirper soigneusement toutes les mauvaises
herbes sans quoi toutes les touffes auraient été infaillible-
ment étouffées.
En 1899 les pieds qui restaient se développèrent norma-
lement; je pus les couper deux fois, et si j'avais eu toute
une prairie de trèfle de Pannonie, j'aurais eu une récolte
considérable. Cette année 1900, j'aurais pu faire trois coupes
malgré la sécheresse estivale .
— 248 —
Le trèfle de Pannonie, plus connu sous le nom de
trèfle de Hongrie, est une plante vivace qui, par sa durée,
pourrait avantageusement remplacer la luzerne : le docteur
Stebler, le savant directeur de la Société fédérale suisse
d'essais de semences, l'étudié depuis 1882. Il a des cultures
de dix ans où la végétation est aussi vigoureuse que la
deuxième année. Dans le jardin botanique de Zurich il y a
des pieds de ce trèfle qui ont plus de vingt ans et qui sont
toujours vigoureux.
Ce serait donc une plante pouvant rendre de réels ser-
vices à l'agriculture et qu'il faudrait essayer de propager.
Cependant beaucoup de cultivateurs hésiteront à l'admettre
parce qu'il lui faut des soins particuliers dans sa première
année de végétation ; elle est en effet si chétive
qu'elle ne peut se conserver que si elle est débarrassée des
mauvaises herbes. Le travail de première installation d'une
prairie temporaire formée de trèfle de Pannonie serait
néanmoins largement compensé par la durée de la prairie.
D'autre part ce trèfle est très velu; serait-il, à cause de
cette villosité, bien accepté des animaux? Quoi qu'il en
soit, plusieurs personnes ont essayé de le recommander ;
l'analyse minérale en a été faite et voici les résultats.
Pour permettre la comparaison je donne en face, pour les
autres trèfles, la même analyse faite par Wolff.
Irèflt trèflt irèflt trèle
dtPiBotnie. vit le t. hybride. blaic.
Acide phosphorique pour 1,000 5.79 9.66 10.09 12.69
Potasse 19.38 32.20 27.83 21.42
Soude 1.6 2.03 2.95 7.30
Chaux 21.39 34.74 33.98 30.16
Magnésie 9 10.84 12.56 9.36
Acide sulfurique 4.9 3.32 4.35 7.46
Azote 24 14.97 18.69 17.10
D'après ce tableau, le trèfle de Pannonie parait moins
exigeant que les autres espèces le plus souvent cultivées.
Il a de plus, sur elles, un immense avantage. C'est qu'il
- 249 —
apporte au sol une plus forte dose d'azote. Chacun sait que
les légumineuses ont la faculté de s'emparer de l'azote
atmosphérique pour en faire bénéficier le sol. C'est pour-
quoi on les désigne sous le nom de plantes améliorantes.
Le trèfle de Pannonie ou de Hongrie me parait donc une
plante à recommander. Il sera bon de faire de petits essais
et de ne l'adopter définitivement, comme plante fourragère,
que s'il donne partout les résultats obtenus dans mon jardin.
Le trèfle de Pannonie récolté sur les bords de la Loire me
parait une plante adventice nouvelle pour les environs de
Marcigny. C'est une plante adventice étrangère et en même
temps adventice culturale fourragère, car il ne nous parait pas
douteux que sa présence, dans notre région, ne soit impu-
table à quelque prairie artificielle où elle aura été cultivée
à titre d'expérience, et d'où quelque capitule ou quelque
graine aura été transportée au loin par le fleuve.
C'était d'ailleurs le seul spécimen qui se trouvait sur le
bord de la Loire; depuis 1897, j'en ai exploré minutieuse-
ment toutes les rives, examinant spécialement tous les
trèfles sans découvrir une seule fois l'espèce que j'ai trans-
plantée dans mon jardin.
Bourg-le-Comte, le i« novembre 1900.
E. Château.
Observation sur un courant atmosphérique
tempéré.
Vers la fin du mois de septembre dernier, par une tem-
pérature de 17 degrés environ, nous avons remarqué, en
traversant la route qui conduit de Saint-Julien-de-Jonzy à
Semur-en-Brionnais, et à 3 kilomètres 500 mètres environ
de cette ville, qu'une température douce et régulière se
fait sentir en un endroit de la route bordé par les bois. Le
courant d'air qui l'occasionne est peu sensible en été ; on
- 250 —
ne le constate que le soir ou de grand matin; mais il est
très appréciable l'hiver ou à l'automne.
Ce courant semble s'orienter du S.-S.-E au N.-N.-O. ;
il traverse la route presque à angle droit. On peut évaluer
sa température à 18 ou 20 degrés; sa longueur ne dépasse
guère 9 à 11 mètres1. La température de ce courant d'air
est peu variable, au dire des gens qui fréquentent la route.
Les hommes comme les animaux ne le traversent point
sans surprise; les chevaux ne manquent jamais de faire un
mouvement au passage.
L'altitude du point d'observation peut atteindre 310 m. ;
le terrain appartient au tertiaire moyen; il ne présente
rien d'anormal. Autrefois on y a exploité une mine de
fer, dont on voit encore les vestiges. Les gens du pays
attribuent ce phénomène à la présence du fer en cet
endroit (???).
Le Bourbonnais possède aussi un courant analogue; on
le rencontre à Villcfranche, grosse bourgade de l'arrondis-
sement de Montluçon, dont elle est distante de 20 kilo-
mètres N.-E.-N. Villefranche, centre d'un vaste bassin
houiller, est situé à 300 mètres d'altitude; le courant d'air
tempéré est moins élevé que celui de Saint-Julien-de-Jonzy,
mais il couvre une largeur plus étendue; il n'est sensible
qu'à une température voisine de 6 degrés centigrades. On
a remarqué que tandis que la neige se maintient autour du
village, le bourg n'en reste jamais couvert; la neige y fond
rapidement.
Il serait intéressant de savoir si ces courants d'air sont
des cas isolés, et si on en connaît dans d'autres contrées?
Aussi publions-nous cette indication pour qu'elle suscite des
observations du même genre.
Moulins, octobre 1900.
Francis Pérot.
t. Les chiffres que nous donnons ne sont qu'approximatifs.
— 251 —
M. le Dr Gillot a la parole pour les communica-
tions suivantes :
Plantes rares ou nouvelles pour le département
de Saône-et-Loire.
La flore du département de Saône-et-Loire, bien connue
dans ses détails, s'enrichit néanmoins, chaque année, grâce
au zèle de nos correspondants, de quelques nouvelles
découvertes, les unes dues au hasard, les autres à de
sagaces recherches, pouvant même être prévues d'avance,
notamment quand il s'agit des hybrides si intéressants à
étudier.
1° Primula média Peterm. Hybride des P. oflicinalis L.
et P. elatior Jacq., que, l'un des premiers en France, notre
compatriote Grognot aîné, avait décrit, sous le nom de
Primula officinali-elatior, à Brisecou près Autun (Addit. à
la fl. du départ, de S.-et-L. in Mém. hist. nat. de la Soc.
Eduenne, I, p. 173), en même temps qu'Ad. Gubler le
signalait aux environs de Paris, à Montfort-rAmaury {Bull.
Soc. bot. France, VII (1860), p. 872 et X (1863), p. 217). Il a
été retrouvé depuis dans le Centre de la France, en Nor-
mandie, et plus près de nous dans l'Allier (A. Migout, Flore
du dép. de l'Allier, 2e édition (1890), p. 256); dans la Nièvre
(F. Gagnepain, Topogr. botaniq. des environs de Cercy-la-
Tour (1900), p. 117). Cet hybride n'est peut-être pas très
rare, mais ne peut se rencontrer que dans les localités
montagneuses ou humides, où les deux espèces de Prime-
vères croissent au voisinage immédiat l'une de l'autre, faci-
litant la fécondation croisée par les insectes, surtout en sol
argilo-calcaire. Ces conditions se trouvent réalisées aux
environs d'Autun, notamment sur le plateau d'Antully, où,
le 2 mai 1900, au cours d'une herborisation avec nos
collègues, Ch. Ozanon et H. de Chaignon, j'ai eu le plaisir
— 252 —
de cueillir sur la montagne de Drevin, commune de Saint-
Pierre-de-Varennes, versant ouest, au pied du mamelon
basaltique, et sur la limite des calcaires liasiques, quelques
pieds d'hybrides, dans des prés où pullulait le Primula
officinalis en compagnie de P. elatior, moins abondant, et
localisé le long des haies ombragées.
Les hybrides incontestables se sont rencontrés sous
deux formes, l'une plus voisine de P. officinalis, l'autre de
P. elatior, suivant l'action prépondérante de l'un ou de
l'autre parent :
A. — Primula média Peterm. forma sub-officinalis. (P. offi-
cinalis X P. elatior), croissant au milieu d'un pré, à une dis-
tance notable de P. elatior et en société avec d'innom-
brables pieds de P. officinalis qui a été, sans aucun doute,
le porte-graines. Port de P. officinalis, et fleurs de P. elatior;
diffère du premier par ses feuilles glabrescentes en dessus,
vertes en dessous, à limbe contracté à la base, mais non
cordiforme, par son tomentum général court, mélangé de
poils étalés, par le tube du calice moins renflé, la corolle
plus grande, plus étalée, d'un jaune soufre pâle à taches
peu apparentes; du second par ses pétioles moins ailés, sa
villosité plus courte, tomenteuse, le calice renflé d'un vert
pâle, à dents plus courtes, et conniventes, la corolle plus
petite, moins plane, à taches pâles mais distinctes.
B. — Primula média Peterm. forma sub-elatior(P. elatior X
P. officinalis). Un seul pied récolté dans le même pré, en
étroite connexion avec des spécimens normaux de P. elatior,
dont il avait le port, l'inflorescence pauciflore, le calice
cylindrique, à peine renflé, à nervures vertes, à dents
aiguës, déjetées, mais avec la corolle infundibuli forme
d'un jaune soufre, à peine plissée et tachée à la gorge de
macules orangées très pâles.
Comme il peut être difficile, la plupart du temps, de
définir bien exactement le rôle des parents dans ces croi-
sements, il me parait bien inutile de donner des noms
— 253 —
différents à ces hybrides de divers degrés, et préférable de
les englober sous le nom binaire de P. média.
J'ai rencontré, en outre, dans la même localité, le P. offi-
cinalis L., offrant tous les caractères du type normal, mais
à corolle entièrement jaune, sans taches orangées à la
gorge. C'est probablement le P. unicolor Nolte, que les
auteurs allemands ont considéré comme hybride et con-
fondu avec les précédents, mais qu'A. Franchet (Flore de
Loir-et-Cher (1885), p. 369) regarde, après avoir étudié des
exemplaires authentiques de Nolte, comme une simple
variation de P. officinalis. Il faudrait donc l'appeler P. offi-
cinalis var. concolor.
2° Asplenium germanicum Weiss. (A. Breynii Retz).
Cette petite fougère, qui n'est pas rare en France dans la
région centrale, montagneuse et granitique : Auvergne,
Forez, Beaujolais, et même dans le Bourbonnais (A. Migout.
Flore du département de l'Allier, 2e édition (1890), p. 414),
vient d'être trouvée pour la première fois dans le départe-
ment de Saône-et-Loire, aux environs de Bourbon-Lancy,
par conséquent tout près du département de l'Allier, par
M. C. Basset, instituteur à Mont (S.-et-L.). Ce zélé bota-
niste en signale deux localités : Chalmoux, sur les rochers
du Moulin-Philippe, en société avec les A. septentrionale et
A. TriehomaneSj 7 juin 1900. — Gilly-sur-Loire, rochers au
bord de la route, mélangé avec A. septentrionale, 5 juillet
1900. Les échantillons de Chalmoux, bien développés et
fructifies, représentent très exactement le type d'A. germa-
nicum, si bien décrit et figuré par M. C. de Rey-Pailhade
(les Fougères de France, p. 24 et planche x), à 4-5 paires de
segments alternes, distants, cunéiformes, 2-3 fois penna-
tiséqués ou pennatifides, incisés dentés. Ceux de Gilly-
sur-Loire, moins avancés, sont moins typiques, et ressem-
bleraient davantage à de jeunes A. septentrionale, à 2-4 seg-
ments terminaux élargis. Or, on sait que plusieurs auteurs
ont considéré VA. germanicum comme hybride de VA. sep-
S.H.N. 1900 ' 17
— 254 —
tentrionale avec A. Rata muraria suivant les uns (Bory), avec
A. Trichomanes, suivant les autres (Ascherson). Cette Dora-
dille croît en effet, le plus souvent, en société avec les
autres espèces, surtout VA. sep tentrionale , mais elle existe
cependant dans de nombreuses localités françaises et étran-
gères, seule et en grande quantité, à l'écart de toutes les
autres Doradilles, ce qui semble infirmer l'idée d'hybridité,
si rare, d'ailleurs, chez les Fougères. (A. Migout loc. cit.
J. Milde, Filices Europœ et Atlantidis (1867), p. 83). De nou-
velles observations sont donc à faire au sujet de cette espèce,
qui semble jusqu'ici manquer dans tout le M or van, où elle
est à rechercher sur les rochers ou murs siliceux, et qui a
pu passer inaperçue par confusion avec les autres espèces,
A. septentrionale et A. Ruta muraria. Mon savant ami P.-A.
Genty, directeur du jardin botanique de Dijon, m'a dit
l'avoir recueillie sur les rochers granitiques, à la limite des
départements de Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or, au-
dessus du viaduc de Nolay, par conséquent dans le voisi-
nage de l'Autunois.
3° M. C. Basset, qui l'année dernière a publié dans nos
Bulletins le compte rendu de ses intéressantes Herborisa-
tions bourbonnaises [Bull. Soc. hist.nat.d'Autun, XII, 2 (1899),
p. 318), nous signale encore cette année une nouvelle et
abondante station de Lepidium Smithii Hook. [L. hetero-
phyllum Benth. var. canescens G. G.), près de l'étang des
Moinats, commune de Mont. Cette espèce de l'ouest de la
France, appartient donc pleinement à notre flore, et a
même été retrouvée à l'autre extrémité de notre départe-
ment, sur ses confins immédiats, à Jullienas (Rhône), par
M. Marius Audin, de Lyon.
4° La flore des étangs du Bourbonnais était particulière-
ment luxuriante cette année, d'après M. Basset. « A l'étang
du Moulin -Foulon, les Lindemia Pyxidaria, Limosella
aquatica, Littorella lacustris, Scirpus Michelianus, Scirpus
ovatus, etc., étaient en si grande abondance que chacune de
— 255 —
ces espèces formait de vraies prairies et, chose curieuse,
parfaitement distinctes ; les Lindernies occupant la partie
la plus fraîche et la plus rapprochée de l'eau ; un peu plus
loin le Scirpus ovatus, et tout à fait en dehors le Scirpus
Michelianus. Et toutes ces plantes étaient en pleine florai-
son au milieu de juillet, à une époque où jamais je ne les
avais aperçues à cet endroit. Il est probable que le prin-
temps exceptionnellement sec avait hâté leur développe-
ment. » C. Basset in lit t.
5° Voici, pour terminer, la liste, également communi-
quée par M. Basset, des plantes récoltées par lui sur les
bords de la Loire, à Gilly (Saône-et-Loire), le 5 juillet 1900.
Nasturtium anceps.
— 8ilvestre.
Lepidium virginicum.
Epilobium rosmarinifolium.
Onothera biennis.
Lythrum hyssopifolium.
Tordylium maximum.
Peucedanum carvifolium.
Crucianella angustifolia.
Anthémis collina Jord.
Centaurea maculosa.
Cirsium eriophorum.
Andryala integrifolia.
Digitalis lutea.
Anarrhimum bellidifolium.
Asplenium Adianthum - nigrum.
— septentrionale.
— germanicum.
Singulier bouquet composé de plantes adventices exo-
tiques, Lepidium virginicum, Onothera biennis, et d'un
mélange d'espèces indigènes, silicicoles et psammicoles,
Crucianella angustifolia, Anthémis collina, Anarrhinum
bellidifolium, etc., à côté d'espèces calcicoles avérées, Epi"
lobium rosmarinifolium, Tordylium maximum, etc., mélange
bien fait pour étonner au premier abord, mais qui s'explique
par la présence de carrières de marbre aux environs de
Gilly-sur-Loire.
Dr X. Gillot.
— 256 —
L'empoisonnement par les Champignons et l'étude
des Champignons vénéneux.
Le Congrès international de botanique qui s'est tenu à
Paris, du 1er au 10 octobre, s'est beaucoup occupé de myco-
logie, à tel point qu'on la surnommé plaisamment « le
« Congrès des Champignons » (le Temps, numéro du 7 octobre
1900). C'est qu'en effet la question est à l'ordre du jour,
tant au point de vue scientifique qu'au point de vue hygié-
nique et médical. La mycologie a fait d'immenses progrès
depuis un quart de siècle, et pour ne parler que des cham-
pignons supérieurs, on en compte en France près de deux
mille bien connus et décrits, sur lesquels douze cents environ
ont déjà été recensés dans le département de Saône-et-
Loire. Mais, si nous abordons les déductions pratiques
qu'on est en droit d'en espérer, nous nous trouvons beau-
coup moins avancés. Les idées les plus fausses, les opinions
les plus saugrenues et les plus erronées ont cours, au sujet
des champignons, dans le public, et sont même partagées
par les médecins et les pharmaciens, pour la plupart fort
peu versés dans la connaissance des champignons.
D'une part, les champignons constituent des aliments
excellents, d'un pouvoir nutritif considérable, puisque leur
teneur en azote les met au-dessus de tous les autres
légumes, et il est fâcheux de voir rester sans emploi ces
réserves alimentaires. Il s'est vendu en 1899, sur le marché
de Paris, 2,985,717 kilogrammes du seul champignon de
couche, représentant une valeur de 3.788,688 francs1. Quel
commerce et quelles sommes représenterait l'utilisation
de toutes les espèces de champignons vraiment comes-
tibles !
1. D. Bois et C. Gibout, V Approvisionnement des halles centrales de Paris en
1899. Les fruits et les légumes. (Journal de la Société nationale d'horticulture de
France t Paris, 1900.)
- 257 —
D'autre part, les champignons sont la cause incontes-
table de graves accidents, et chaque année la presse enre-
gistre, à l'automne, de nombreux cas d'empoisonnement,
bien faits pour décourager les amateurs.
Il semblerait donc que l'attention des hygiénistes et des
médecins praticiens, ait dû se porter depuis longtemps sur
une question aussi importante, aussi populaire, et que les
propriétés alimentaires ou vénéneuses des principales
espèces de champignons dussent être bien connues. Il n'en
est rien, et Ton est tout étonné au contraire du peu de
notions sérieuses et précises que nous possédons sur ce
sujet, à peine plus éclairé qu'il y a un siècle, du temps de
Paulet (Traité des champignons, 1793). Il suffit pour s'en
convaincre de parcourir le livre qu'a publié récemment le
docteur Victor Gillot, comme thèse inaugurale1, et dont
divers comptes rendus élogieux ont fait ressortir la valeur
et l'utilité 2. Dans ce travail, dont il m'est permis de parler
en connaissance de cause, l'auteur a fait le relevé très exact
et très consciencieux de toutes les observations authen-
tiques d'empoisonnements par les champignons, publiées
dans les recueils scientifiques ou médicaux, et il n'a pu
enregistrer que soixante-douze observations, ayant atteint
deux cent trente-deux personnes, et causé seulement quatre-
vingt-six décès. On a tout lieu encore d'être surpris de ces
chiffres en face de la quantité d'empoisonnements signalés
chaque année par les journaux. Mais il faut dire qu'en
réalité, et heureusement, les cas mortels sont assez rares,
1. Étude médicale sur l'empoisonnement par les champignons, par le Dr Victor
Gillot, ancien externe des hôpitaux de Lyon, ancien interne en médecine des hôpi-
taux d'Alger, Lyon et Paris, 1900.
2. Revue mycologique, XXIJ, n# 88 (octobre 1900), p. 143. — Revue générale
de clinique et de thérapeutique. Journal des Praticiens, 4* année, numéro 47 bis,
du 28 novembre 1900, et 48, du 5 décembre 1900. — Revue scientifique, 4# série,
t. XIV, numéro du 8 décembre 1900. — Annales de la Société botanique de Lyon,
XXV (1900) Comptes rendus des séances, p. 29. — La Semaine médicale, numéro
du 19 décembre 1900. — La Feuille des jeunes naturalistes, numéro 363, du
!•' janvier 1901, etc.
— 258 -
et que presque toujours le manque de précision dans les
relations d'empoisonnements fongiques, l'ignorance absolue
de l'espèce funeste, empêchent d'en tenir compte.
Aussi le Congrès international de botanique, dans sa
séance du 2 octobre 1900, a-t-il attiré l'attention sur la
nécessité de vulgariser la connaissance des champignons,
et a-t-il voté une motion tendant à faire inscrire cette
étude au programme de l'instruction primaire. On aurait dû
plutôt dire de l'instruction à tous les degrés, car malheureu-
sement les personnes les plus autorisées et les plus consul-
tées, médecins, pharmaciens, vétérinaires, professeurs, etc.,
n'en savent, en général, guère plus que le gros public, et
l'enseignement officiel des facultés est absolument nul à cet
égard, aujourd'hui surtout que les études botaniques sont
tombées en discrédit dans nos écoles de médecine, où les
herborisations ne sont plus suivies, et où nos futurs méde-
cins ou pharmaciens, très versés en histologie, en micro-
chimie, en bactériologie, etc., ne sont plus capables de
distinguer le persil de la ciguë, la cerise de la belladone,
encore moins un savoureux Mousseron d'une Amanite
vénéneuse !
De toute part, cependant, on réclame aujourd'hui contre
ces lacunes regrettables de renseignement, et on a cherché
à vulgariser la connaissance des champignons vénéneux, et
par conséquent le moyen d'éviter leurs fâcheux accidents,
par des publications spéciales, atlas à bon marché, etc.,
pour lesquels on a même demandé le concours de l'État ou
des départements1. D'autres, peu confiants, à juste titre,
dans la fausse science et la fausse sécurité que donnent
ces ouvrages forcément incomplets, réclament la nomina-
tion d'inspecteurs sérieux, ayant subi dans les Écoles de
médecine ou de pharmacie un examen spécial portant sur
1. J. Poisson, les Champignons vénéneux in la Nature, 24* année, n* 1220. du
17 octobre 1806, p. 30G.
— 259 —
la nature, la constitution et la toxicologie des champi-
gnons. *
Mais pour que ces applications scientifiques puissent
produire leurs heureux résultats, faut-il encore que la
science soit fixée à cet égard et nous venons de voir qu'il
est loin d'en être ainsi, et qu'en réalité il était peu de
question scientifique et pratique encore aussi obscure que
celle de l'empoisonnement par les champignons. Le Dr Victor
Gillot a donc rendu un réel service en faisant connaître les
quelques faits bien acquis jusqu'ici, et par contre les nom-
breux desiderata de la science et de la pratique.
Or, ce que ses recherches établissent c'est qu'en réalité
le nombre des champignons vraiment vénéneux, c'est-à-dire
renfermant un principe toxique capable de causer la mort,
est, en somme, très peu nombreux, et limité aux seuls
champignons pourvus d'une enveloppe engainante ou volve,
les Amanites et les Volvaires, qui peuvent être considérés
comme des Amanites à spores roses. Parmi ces champi-
gnons volvacés, les uns, dont le type est l'Amanite bulbeuse
de Bulliard (A. phalloïdes, venenosa, mappa, citrina, verna,
virosa, etc.), doivent leurs propriétés vénéneuses à une
toxalbumine, la Phalline, poison du sang, presque toujours
mortel; les autres, dont le type est la Fausse Oronge
(Amanita muscaria, pantherina, etc.), renferment un alca-
loïde, la Muscarine, également toxique, mais à un moindre
degré et entraînant rarement la mort. En effet, sur quatre-
vingt-six décès, scientifiquement constatés et relevés dans
la thèse du Dr Victor Gillot, quatre-vingt-quatre d'entre
eux, c'est-à-dire la presque totalité, sont dus aux Amanites,
dont soixante-quatorze au groupe de l'Amanite bulbeuse;
et, malgré les accidents graves et inquiétants dont elle a
été si souvent la cause, malgré sa mauvaise réputation, la
1. Paul Bout and, les Champignons in U Santé humaine, 2* année, n* 15, du
10 août 1900.
— 260 —
Fausse Oronge ne compte aucun décès certain à son
actif. Les deux autres décès imputables aux champignons
sont douteux; de sorte qu'on peut tenir pour établi qu'à
l'heure actuelle, en dehors des Amanites, il n'y a pas eu
d'empoisonnement mortel incontestablement attribuable à
d'autres espèces de champignons.
Il ne faut pas croire cependant, et telle n'est pas la pensée
de l'auteur précité, qu'il n'existe pas d'autres champignons
vénéneux que les Amanites. Un grand nombre d'espèces
dans les genres Russule, Lactaire, Hypholome, Stro-
phaire, Bolet, etc., passent, à bon droit, pour suspectes,
nuisibles ou malfaisantes, mais les accidents causés par
leur ingestion, quelque alarmants qu'ils aient été, ont paru
se borner à des phénomènes de gastro-entérite, accidents
qui pourraient, par leur violence, entraîner la mort, bien
que le fait n'en ait pas encore été sûrement constaté, mais
qui ne paraissent pas dus à un véritable poison. Ces révé-
lations, si contraires à l'opinion généralement accréditée,
même parmi les hommes de science, demandent donc con-
firmation, et il est à désirer que de toute part, sous l'im-
pulsion de la presse et des sociétés savantes, des recherches
soient entreprises et des expériences instituées pour
apporter à la classification des champignons comestibles,
nuisibles ou vénéneux d'autres bases que celle de vagues
imputations, sans fondement sérieux, et répétées sans con-
trôle par tous les auteurs !
Les journaux ont récemment reproduit une communica-
tion du Ministère de l'Agriculture à propos d'un « Champi-
gnon rose vénéneux de France » *, le Stropharia coronilla^
qu'on a pu confondre soit avec le Mousseron, Marasmius
oreades, soit avec le champignon rose des champs, Psalliota
campestris, et qui sous le nom de « Petit rosé » aurait causé,
1. Le Naturaliste, 2* série, d° 330, du !•' décembre 1900. — VAutunois, n# du
28 Dovembro 1900. — Le Courrier de Saône -el-Loire, n°du 10 décembre 1900, etc.
— 261 —
dans le Loiret, un empoisonnement grave mais non mortel *.
Cette espèce étant très commune en automne sur les
pelouses, il serait facile d'en contrôler expérimentalement les
qualités malfaisantes, qui semblent s'être bornées, dans le
cas cité, à une violente indigestion. Combien d'autres
champignons n'ont pas eu l'honneur d'attirer l'attention du
monde officiel et dont les propriétés méconnues demande-
raient à être bien établies, les Cèpes, par exemple. Chez
quelques espèces de ce genre, Bolet us luridus, Satanas,
l'analyse chimique a révélé la présence de la Muscarine ;
ils pourraient, par conséquent, être nuisibles, bien que
jusqu'ici encore aucun cas bien avéré d'empoisonnement
par les Cèpes n'existe dans la science.
Les préjugés populaires sont, comme je l'ai déjà dit
plus haut, aussi faux à l'égard des propriétés malfaisantes
que des propriétés comestibles des champignons. C'est
ainsi que la coloration bleue ou livide, que prend la
chair de plusieurs Cèpes ou Bolets, quand on la coupe,
répugne au public, et les fait considérer comme vénéneux.
MM. Bourquelot et Bertrand ont prouvé que ce changement
de coloration est dû à l'oxydation, au contact de l'air, de chro*
mogènes inoffensives, et l'un des Bolets qui bleuissent le plus,
le Bolelus cyanescens, passe même pour l'un des plus délicats.
En revanche, il est une autre croyance vulgaire des
plus dangereuses, c'est de regarder les principes toxiques
des champignons comme se développant avec le végétal,
de telle sorte que les très jeunes champignons dont le cha-
peau n'est pas encore étalé, mais renfermé dans sa bourse,
ne contiennent pas encore de poison et peuvent être con-
sommés impunément. C'est une grossière erreur. Les Ama-
nites vénéneuses élaborent leur redoutable poison dès le
début de leur croissance, et peuvent, à l'état jeune, être
1. Dr Legendre, Anjou médical, VII, n0 du 1,r janvier 1900. — D' Labesse,
Bull. Soc. scientif. d'Angers, nouvelle série, 29* année (1899), p. 193. — Dr Victor
Gillot, loc. cit., p. 233.
— 262 —
plus facilement confondues avec les espèces les plus recom-
mandâmes, voire même le champignon de couche. C'est cer-
tainement à une regrettable confusion de ce genre qu'est
attribuable l'empoisonnement de toute une famille, sur-
venu, cette année même, à Mazamet (Tarn). Le docteur
Bonneville, qui a bien voulu fournir des renseignements
détaillés au Dr V. Gillot, insiste sur ce fait que la cueillette
des champignons avait été faite par une vieille femme, qui
avait ramassé indistinctement une grande quantité de
champignons à peine sortis de terre, et de couleur variable,
s'imaginant que « si petits, ils ne faisaient pas de mal, une
fois blanchis. » Les champignons avaient, en effet, été
frits à l'huile, après avoir été simplement lavés à l'eau
chaude, mais sans ébullition.
On a peine à se figurer les difficultés qu'on rencontre en
cas d'enquête sur les empoisonnements réels ou supposés
par les champignons. L'indifférence des uns, l'ignorance
des autres n'aboutissent, le plus souvent, qu'à de vagues
indications où la diagnose positive des espèces incriminées
est le plus souvent impossible. Désireux de poursuivre des
études commencées avec fruit, mon fils, le Dr Victor Gillot,
a noté, au cours de l'automne dernier, les cas d'empoison-
nements fongiques signalés par les journaux en France, et
s'est immédiatement adressé aux médecins des localités
signalées. Moi-même, j'ai écrit, sur la foi de nos journaux
locaux, aux adresses indiquées de prétendues victimes
d'empoisonnements. La plupart des réponses, quand les
intéressés ont bien voulu se donner la peine d'en faire, ont
été illusoires. Dans un cas, qui paraissait très précis, la
victime supposée et son médecin, dont on avait donné les
noms et adresses, ont répondu n'avoir aucune connaissance
de ce racontar d'un correspondant de journal probablement
à court d'actualité sensationnelle. Dans un autre cas, la
réponse du médecin établissait que l'empoisonnement
annoncé n'était autre qu'un cas de .rage, etc.
— 263 —
Les observations, les mieux rapportées, laissent encore
beaucoup à désirer. C'est ainsi que le Bulletin de la Société
des naturalistes de l'Ain, n° 7 (26 bulletin de 1900, p. 56), a
relaté l'empoisonnement d'une famille de neuf personnes,
avec trois décès, attribués à la Fausse Oronge et signalé
tout d'abord dans le Petit Journal (n° du 20 septembre 1900).
Le Dr Modrain, de Montchenu (Drôme), qui a été appelé à
soigner ces malades et qui a bien voulu envoyer au Dr V.
Gillot les renseignements qu'il a pu recueillir, avoue lui-
même qu'ils sont incomplets. Il résulte même de son obser-
vation qu'il s'agissait d'un plat composé d'Oronges, et de
Coulemelles; or, ce dernier nom comme ceux de Colemelles,
Couquemelles, désignent non pas la Fausse Oronge, mais
Y Oronge blanche ou Boulé, Amanita ovo'idea, et le plus
souvent la Couleuvrée, Lepiola procera, d'un usage fré-
quent, et qu'il est malheureusement trop facile de con-
fondre avec les Amanita phalloïdes, et A. pantherina, les
plus vénéneuses du genre. Il semble bien, en effet, d'après
la lecture des symptômes, que les trois enfants qui ont suc-
combé ont présenté le syndrome phalloïdien, c'est-à-dire les
caractères de l'empoisonnement par VA. phalloïdes ou les
autres espèces du groupe de l'Amanite bulbeuse. (Dr V. Gillot,
loc. cit. p. 151).
Ces considérations me paraissent plus que suffisantes
pour démontrer la nécessité de mieux étudier à l'avenir les
empoisonnements par les champignons, et de faire appel à
la bonne volonté des médecins, des desservants de paroisse,
des instituteurs, voire même des simples mycophages, les
premiers intéressés, pour signaler les accidents parvenus
à leur connaissance, en rechercher et décrire les causes et
les symptômes, rechercher et conserver les champignons
semblables ou les débris des champignons ingérés, et les
soumettre à l'examen de mycologistes compétents. Il sera
facile de trouver dans le voisinage quelque savant ou
amateur, médecin, pharmacien, ou botaniste, capable de
— 264 —
déterminer l'espèce ou les espèces incriminées et d'en faire
connaître les effets au grand profit de la science et de la
santé publique.
Quant à l'étude des champignons comestibles et véné-
neux, elle peut être bien simplifiée dans la pratique si l'on
considère que le nombre des champignons utiles à con-
naître ne dépasse pas deux cents au maximum, et peut
même être réduit de moitié ; que sur ce nombre il existe une
vingtaine d'espèces réellement vénéneuses, appartenant
aux genres Amanite et Volvaire, etc. ; que ce sont surtout
ces espèces coupables de tous les empoisonnements fatals
enregistrés jusqu'à présent, qu'il s'agit d'apprendre à bien
reconnaître et de différencier des espèces comestibles avec
lesquelles on peut les confondre.
J'ajouterai, enfin, que, malgré la quantité plus restreinte
qu'on ne le croit généralement, des empoisonnements
mortels dus aux champignons, malgré l'innocuité réelle ou
apparente de la plupart des espèces charnues, il ne convient
nullement de se laisser aller à une trop grande confiance,
mais de tenir, au contraire, jusqu'à nouvel ordre, pour sus-
pects les champignons mal connus. Dans tous les cas, il
est prudent de n'en consommer aucun sans les soumettre
au procédé de Gérard, qui, sans rendre, comme le procla-
mait son auteur, inoffensifs les champignons les plus dan-
gereux, en détruit ou tout au moins en diminue considéra-
blement la toxicité.
Le voici tel qu'il Ta décrit lui-même : « Pour chaque
500 grammes de champignons coupés en morceaux d'une
médiocre grandeur, en quatre pour les moyens, en huit
pour les plus gros, il faut un litre d'eau acidulée par trois
cuillerées de vinaigre ou deux cuillerées de sel gris, si l'on
n'a pas autre chose; dans le cas où l'on n'aurait que de l'eau
à sa disposition, il faut la renouveler une ou deux fois. On
laisse les champignons macérer pendant deux heures, puis,
on les lave à grande eau; ils sont alors mis dans l'eau
— 265 —
froide qu'on porte à l'ébullition ; et, après un quart d'heure,
ou mieux encore une demi-heure, on les retire, on les lave,
on les ressuie et on les apprête, soit comme un mets spé-
cial, et ils comportent les mêmes assaisonnements que les
autres, soit comme condiments. *> (Fr. Gérard, Journal des
connaissances médicales pratiques, 1851 . Académie de médecine,
1852. Dr V. Gillot, Études médicales sur V empoisonnement
par les champignons, p. 324. Journal des praticiens, 1er dé-
cembre 1900, p. 792, etc.)
L'enquête que je sollicite, par le concours ou plutôt la
collaboration des botanistes mycologues et des praticiens,
voire de tous les gens éclairés et de bonne volonté, per-
mettrait de résoudre certains problèmes des plus intéres-
sants et encore fort obscurs, relatifs à la biologie et à la
toxicologie des champignons. Il semble que la vénénosité
de certains champignons, par exemple, de la Fausse
Oronge, varie avec la saison et les localités. Son ingestion,
néfaste dans le Midi, serait presque innocente dans le Nord
et dans l'Est, où on la consomme impunément et sans
grandes précautions, notamment en Russie. Il y a longtemps
déjà que l'attention est attirée sur les influences de
climat et de sol qui pourraient avoir plus ou moins d'action
sur les propriétés vénéneuses des champignons, sans qu'elles
soient appuyées par des observations ou des études suffi-
santes. Il en est de même des altérations subies par la chair
des champignons avec l'âge, et la production de crypto-
maines nuisibles (A. Houdé), capables de déterminer des
accidents de botulisme, analogues à ceux que produit
l'alimentation par des viandes avariées. A rapprocher des
relations qui existent entre la vénénosité et l'habitat de
certains poissons, suivant l'âge, la sexualité et les régions
habitées, le thon, par exemple, qui, fort bon sur nos côtes,
mérite d'être classé parmi les poissons les plus toxiques
des Antilles. (Jacques Pellegrin, les Poissons vénéneux, Paris,
1899. — Rev. se, 4° s., t. XIV, n° du 11 août 1900, p. 158.)
— 266 —
Je rappellerai, en terminant, et pour montrer une fois
de plus tout l'intérêt qui s'attache aux recherches chimiques,
biologiques et expérimentales sur les champignons, l'im-
portance pratique qu'aurait la vérification et la conGrmation
des faits avancés par C. Phisalix, qui aurait trouvé non
seulement dans les champignons vénéneux (Amanites, Lac-
taires), mais dans le vulgaire champignon de couche, des
substances immunisantes ou antitoxines vaccinantes contre
le venin des vipères. (Comptes rendus Acad. des sciences,
décembre 1898. — Bull, du Muséum d'hist. naturelle, 1898,
n° 8, p. 390.)
Dr X. Gillot.
M. René Bigeard, instituteur en retraite, qui a bien voulu
mettre en ordre les collections cryptogamiques de la Société
d'histoire naturelle d'Autun, a relevé, au cours de ce
travail, la liste suivante qu'il nous transmet à titre de docu-
ment, concernant la flore mycologique de notre région :
LISTE DE CHAMPIGNONS
Qui manquent au Catalogue du déparlement de Saône-et-Loire,
mais qui se trouvent dans les collections de la Société d'histoire naturelle d'Autun,
récoltés dans le département ou dans les départements limitrophes :
1. Lepiota aspera Pers. = Friesii Lasch., Chapelle-de-Bragny,
2 novembre 1889, abbé Flageollet ; Artonne, près la
Charité-sur-Loire (Nièvre), Mme Daulnoye.
2. — acutesquamosa Weinm., Lucand, n° 45, Artonne, près la
Charité-sur-Loire (Nièvre), Mme Daulnoye.
3. — felina Pers.. Environs de Moulins (Allier), 15 novembre
1896, abbé Bourdot. ♦
1 . Les champignons provenant de la Chapelle-de-Bragny (Saone-et-Loire) ont
été transmis à M. Lucand par M. l'abbé Flageollet ; ceux de Moulins (Allier), par
M. l'abbé Bourdot ; ceux d* Artonne (Nièvre), par M"" Daulnoye ; ceux de Mouthier-
en-Bresse, par M. Bigeard; les numéros de M. Lucand sont ceux de la collection
de ses dessins originaux conservés dans la bibliothèque de la Société d'histoire
naturelle d'Autun.
— 267 —
4. Lepiota seminuda Lasch. , Luc. n° 73, Artonne (Nièvre), 2 octo-
bre 1890.
5. — Forquignoni Quélet, Moulins (Allier), 23 septembre 1896.
6. Ar m Maria rufa Batt., Moulins (Allier), 14 novembre 1892.
7. — robusta A. et S., Beaujeu (Rhône), 25 novembre 1897,
G. Roûast.
8. Tricholoma irinum Fr., Moulins (Allier), 22 octobre 1892.
9. — arcuatum Fr., Herbier Carion, septembre 1844.
10. Clitocybe sinopica Fr., Moulins (Allier), 25 novembre 1893.
11. — suaveolens Fr., Artonne (Nièvre), 19 octobre 1890.
12. — parilis Fr. =obliqua Pers. Moulins (Allier), 14oct. 1892.
13. — nimbata Fr., Lucand, n° 233, Autun, pré à Ménancourt,
23 octobre 1883.
14. Hygrophorus pudorinus Fr., Moulins (Allier), 17 sept. 1890.
15. — nitidus Fr., Luc. n° 14, Chapelle-de-Bragny, 15 oct. 1889.
16. — fu8co-albu8 Lasch., Autun, parc de Montjeu, 18 octobre
1889, Roidot-Errard.
17. — streptopus Fr., Luc. n° 38, Moulins (Allier), 16 oct. 1891.
18. — sciophanus Fr., Luc. n° 46, Chapelle-de-Bragny, 13 oct.
1889; Moulins (Allier), 14 novembre 1892.
19. Collybia pulla Schaeff., Luc. n° 355, Mouthier, bois de Dissey,
11 octobre 1888.
20. Mycena virens Bull., Luc. n° 439, Autun, Petit-Montjeu,
18 octobre 1889.
21. — lineata v. olivascens Quel., Luc. n° 440, Autun, Petit-
Bois, 15 septembre 1887.
22. — echinulata Berkl., Chalon Saint-Cosme, sur un mûrier
à l'école de filles, août 1896.
23. Omphalia leucophylla Fr., Luc. n° 536, Moulins, 20 nov. 1891.
24. — campanella Batsch. v. badipes, Herbier Grognot, source
de l'Yonne, bois de pins.
25. — onisca Fr., Moulins (Ailier), 4 novembre.
26. Pleurotus cornucopiae Paul. = sapidus Kalchbr. = dimi-
diatus Bull., Autun, 3 août 1891 ; Roussillon, 5 août
1891, sur les troncs de frênes, chônes, ormes.
27. — Eryngii Fr., Artonne (Nièvre), 20 octobre 1887.
28. Lactarius umbrinus Paul., Luc. n° 30, Rouvray (Côte-d'Or),
30 septembre 1874.
29. — lignyotus Fr., Luc. n° 51, Moulins (Allier), 5 oct. 1892.
30. — jecorinus Fr., Près de Chàteau-Chinon (Nièvre), 16 oct.,
Roidot-Errard.
— 268 —
3i. Russula mollis Quélet, Luc. n° 48, Artonne (Nièvre), 12 oc 1. 1891.
32. Marasmius calopus Pers., Luc. n° 27, Autun, 31 octobre 1886;
Brion, 4 octobre 1885, D' Gillot.
33. — faveolaris Fr., Chapelle-de-Bragny, 18 octobre 1889.
34. — gramineus Lév., Moulins (Allier), 16 octobre 1892.
35. — impudicus Fr., Luc. n° 24, Moulins (Allier), 8 juillet et
12 octobre 1892.
36. — archyropus Pers., Autun, Montjeu, 1er septembre 1890.
37. — saccharinus Batsch., Chapelle-de-Bragny, 5 oct. 1889.
38. Pluteus cervinus v. ejccorians Quélet, Luc. n° 656, Luzy
(Nièvre), 23 mai 1886.
39. Clitopilus mundulus Lasch., Luc. n° 708, Moulins (Allier),
20 novembre 1893.
40. — cancrinus Fr., Artonne (Nièvre), 21 novembre 1892.
41. Leptonia anatina Lasch., Luc. n° 724, Moulins (Allier),
20 octobre 1890 et 19 octobre 1891.
42. — euchlora Lasch., Luc. n° 737, Chapelle-de-Bragny,
27 septembre 1889.
43. Eccilia griseo-rubella Lasch., Luc. n°774,Mouthier, 11 juil. 1891.
44. — polita Pers., Moulins, 21 novembre 1892.
45. Pholiota comosa Fr., Orléans (Loiret), 7 octobre 1896.
46. — humicola Quélet = squarrosa v. gracilis Q., Luc. n° 808,
Moulins (Allier), septembre et novembre 1890.
47. Cortinarius argutus Fr., Autun, bois de la Feuillie, 19 octobre
1888; Artonne (Nièvre).
48. — claricolor Fr., Luc. n* 2. Artonne (Nièvre), 3 nov. 1890.
49. — Daulnoyœ Quélet, Luc. n° 49, Artonne (Nièvre), 15 octo-
bre 1888.
50. — brunneus Pers., Pierre - Bénite (Rhône), novembre,
G. Roùast.
51. — brunneus v. Morvanus, Luc. n° 169, Montjeu, 3 oct. 1881.
52. — saturninus Fr., Luc. n° 191, Sommant, 14 octobre 1882.
53. — sciophyllus Fr., Luc. n* 203, Sommant, 10 octobre 1882.
54. — rigens Pers., Moulins (Allier), 9 et 24 octobre 1892.
55. — fulvescens Fr., Luc. n°218, Mouthier, 7 octobre 1888.
56. — rigidus Scop., Mouthier, 27 septembre 1897.
57. — stemmatus Quélet, Mouthier, 23 octobre 1892.
58. — fucatophyllus Lasch., Luc. n° 136. Autun, Montjeu,
7 septembre 1883.
59. — cotoneus Fr., Luc. n°138, Artonne (Nièvre), 13-23 octo-
bre 1890.
— 269 —
60. Hebeloma truncatum Fr., Luc. n° 893, apporté par le DpGillot
à la séance du 21 sept. 1885 au congrès mycologique
tenu à Autun.
61. Flammula Liquiritiae Pers., Autun, bois d'Ornée, 30 oct. 1889.
62. — ochrochlora Fr., Luc. n° 938, Autun, près Millery,
10 septembre 1889.
63. — scam6usFr.,Luc.no940,Autun,boisd'Ornée,17nov.l890.
64. — conissahs Fr., Luc. n° 924, Herbier Grognot.
65. Gâtera vittœformis Fr., Luc. n« 1012, Moulins (Allier), 9 octo-
bre 1892.
66. Tubaria paludosa Fr., Luc. n° 1025, Saint-Émiland, 8 sep-
tembre 1892, D' Gillot.
67. Crepidotus junquilleus Paul., Luc. n° 1035, Artonne (Nièvre),
28 septembre 1890.
68. Paxillus ionipus Quélet, Luc. n° 13, Moulins (Allier), 14 oct. 1892.
69. Pratella hœmorroidaria Kalch., Luc. n° 1054, Autun, Montjeu,
Artonne (Nièvre), 25 octobre 1889.
70. — echinata Fr., Luc. n° 1062, Artonne (Nièvre), 25 oct. 1891.
71. Stropharia albo-nitens Fr., Moulins (Allier), 5 septembre 1896.
»
72. Psilocybe uda Pers., Luc. n° 1125, Saint-Emiland, 8 sep-
tembre 1892, Dr Gillot.
73. Dolbitius conocephalus Bull., Luc. n° 6, Herbier Carion,
Mouthier-en-Bresse.
74. Gomphidius maculatus Scop., Luc. n° 3, Autun, Montjeu,
18 octobre 1891, 5 novembre 1890.
75. Cantharellus clavatus Pers., Luc. n° 9, Jura, 30 septembre 1890,
Mm6 Daulnoye.
76. Boletus obsonium Paul., Luc. n° 52, Artonne, 8 sept. 1887.
77. Polyporus triqxieter Pers., Bourg (Ain), G. Rouast.
78. Cladomeris umbellatus Schsefî., Autun, Montjeu, 7 août 1890,
Roidot-Errard.
79. Poria contigua Pers., Moulins, octobre 1890.
80. — corticola Fr., Autun, Montjeu, 16 février 1892.
81. — nitida Pers., Mesvres, 3 octobre 1886, Lucand.
82. Merulius umbrinus Rostk., Herbier Carion, Annecy (Saône-
et- Loire), août 1862.
83. Lènzites trametea Quel., Issy-l'Evêque, 11 octobre 1882, sur
cerisier ; Moulins (Allier).
84. Trametes odorata Wulf., Moulins (Allier), 3 septembre.
85. — cinnabarina Fr., Luc. n° 6, Herbier Grognot, sur des
troncs de hêtre.
S.H.N. 1900. 18
— 270 —
86. Trametes hexagonoidea Fr., Le Creusot, mai 1886; Aisy
(Yonne), janvier 1893; environs d'Autun.
87. Hydnum cœruleum FI. D., Forêt de Montréal (Ain), G. Roiiast.
88. Odontia faacicularis A. et S., Herbier Cari on, sur un saule
pourri.
89. Auricularia Leveillei Quélet = Cyphella ampla Lév., Moulins
(Allier), 26 octobre 1894.
90. Telephora Sowerbii Berkl., Mouthier, 24 juillet 1888; Rouvray
(Côte-d'Or), septembre 1883.
91. Stereum Pini Fr., Herbier Carion, Curgy.
92. — avellanum Fr., Herbier Carion, Annecy (Saône-et-Loire),
20 février 1863.
93. — album Quélet, Autun, mars 1889.
94. — acermum Pers., Herbier Carion, sur l'érable champêtre.
95. Clavaria grisea Pers., Mouthier, 23 septembre.
96. — palmata Pers., Herbiers Grognot et Carion, Montjeu ;
Moulins, 17 novembre 1890.
97. Pistillina rubra Fautr. et Roumeg., Noidan (Côte- d'Or),
août 1892.
98. Tremella nigrescens Fr., Àutun, moulin d'Ornée, 2 déc. 1889.
99. Dacrymyces fragiformis Pers., Herbier Carion, Creuse-d'Auxy,
mars 1857.
100. — stillatus Nées. = Tremellaabietina Pers., Herbier Carion.
101. — chrysocomus Bull., Herbier Carion, Saint-Symphorien
et Saint-Pierre, près Autun, décembre 1855.
102. Cyathus fimetarius D. C, Herbier Carion, Abergement-lès-
Seurre (Côte-d'Or).
103. Bovista pusilla Batsch., Herbier Grognot.
104. Onygena piligena Fr., Roussillon, 30 juillet 1876, Dr Gillot.
105. Morchella elata Fr., Autun, 9 juin 1888, sur de la sciure de bois.
106. — deliciosa Fr. , Autun, 8 mai 1890, sur de la sciure de bois,
A. Bouvet,
107. Cudonia circinans Pers., Herbier Grognot, source de la
Canche, octobre, sapins.
108. Geoglossum difforme Fr., Uchon, 22 septembre 1887.
109. Aleuria sulcata Pers., Herbier Carion.
110. — pustulata Pers., Herbier Carion, Brisecou, août 1840.
111. — purpurascens Pers., Herbier Carion, bois des Renau-
diots, avril 1866.
112. Lachnea brunneola Desm., Herbier Grognot.
113. — ciliaris Schrad., Herbier Carion, bois, octobre 1843.
— 271 —
114. Lachnea crinita Bull., Herbier Carion, aux Renaudiots, juin
1841.
115. — hyalina Pers., Herbier Carion, Autun, Saint -Claude,
décembre 1855.
116. — sulfurea Pers., Herbier Carion, Brisecou.
117. — brevipila Rab., Herbier Carion, au bas du Beuvray.
118. — pineti Batsch., Herbier Carion, Bois-le-Duc; Herbier
Grognot, source de l'Yonne.
119. — flavo-fuliginosa A. et S., Herbier Carion, Renaudiots,
juin 1841.
120. — flammeaA. et S., Herbier Carion, Brisecou, mars 1849.
121. — micacea Pers., Herbier Carion, Pont-l'Evôque, fév. 1850.
122. — dinjophila Pers. = fuscescens Pers., Herbier Carion,
montagne Saint-Claude, mars 1841.
123. — relicina Fr., Herbier Grognot, Grand-Montot, commune
de Saint-Prix, en Morvan.
124. — Aspidii Lib., Herbier Grognot, Montjeu.
125. Phialea chionea Fr., Herbier Carion, Brisecou.
126. — Cacaliœ Pers., Herbier Carion, Pont-1'Evêque, fév. 1852.
127. — albida Desm., Herbier Carion, Renaudiots.
128. — Gentianœ Pers., Herbier Carion, Brisecou, octobre 1843.
129. — fusca Pers., Herbier Carion.
130. — eburnea Desm., Herbier Carion, Montjeu.
131. Mollisia fusaroïdca Berkl., Herbier Grognot.
132. — atrovirens Pers., Herbier Grognot.
133. — lacustris Fr., Herbier Grognot, Montjeu.
134. — melatephra Lasoh., Herbier Grognot.
135. — xantostigma Fr., Herbier Grognot.
136. — discolor, Herbier Grognot, mont. Saint-Georges.
137. r— Ebuli Fr., Herbier Grognot.
138. — obvelata Lacroix, Herbier Grognot.
139. — petiolaris A. et S., Herbier Carion.
140. — Clematidis Fr., Noidan (Côte-d'Or), Fautrey.
141. Ascobolus Trifolii, Herbier Grognot.
142. Helotium pallescens Pers., Herbier Carion.
143. — Humuli, Herbier Grognot.
272 —
DONS ET ENVOIS.
Parmi les publications et les ouvrages reçus depuis la
dernière réunion, nous citerons la thèse soutenue par
M. Victor Gillot pour son doctorat de médecine, Étude
médicale sur V empoisonnement par les champignons ; le Guide
géologique en France, publié à l'occasion du septième
Congrès géologique international, don de M. P. Bayle,
ingénieur ; et le bulletin de l'association des anciens élèves
du' collège d'Autun, pour Tannée 1900, par M. Hippolyte
Abord.
L'attention est en outre appelée 1° sur un très joli cristal
de pyrite de fer donné par M. André, artiste peintre, et
provenant de Monthermé (Ardennes).
2° Sur un coquillage servant à éplucher les fruits à
pain destinés à être mis en conserve, offert en même
temps qu'un beau corail blanc par notre compatriote
M. Maurice Renault qui a rapporté le tout de l'île de Taïti.
3° Sur une petite collection de silex taillés provenant
d'Ouargla et que la Société doit au bienveillant intermé-
diaire de Mme Rateau-Rollot. C'est en effet à l'instigation
de cette aimable donatrice que ces intéressants objets ont
passé du désert de l'Algérie dans nos vitrines. Ils ont été
trouvés par le R. P. Huguenot, de la congrégation des
Missions africaines, et parent de Mne Râteau, qui l'avait
prié de les recueillir pour notre Société.
Les stations de l'homme primitif sont nombreuses, parait-
il, en Algérie et en même temps très étendues; on est
même surpris de la richesse de quelques-unes. Ce ne sont
pas des ateliers puisqu'on n'y rencontre pas les nucléi, per-
cuteurs, éclats, etc., qui les constituent ; il est donc éton-
nant qu'une si grande quantité d'armes et d'outils ait été
abandonnée dans ces stations.
— 273 —
A en juger par les échantillons que nous avons sous les
yeux, les silex d'Ouargla sont de petites dimensions et d'un
travail délicat — ils sont taillés dans un silex pyromaque
jaunâtre. Les couteaux, racloirs, scies n'ont de particulier
que leur petitesse; les pointes de flèche, à pédoncule,
appartiennent à la variété triangulaire, bien que quelques-
unes soient un peu allongées. De petites amulettes faites
avec des fragments d'encrines et d'œufs d'autruche perforés
complètent ce don.
M. le Dr Gillot dépose sur le bureau, de la part de
M. Basset, instituteur à Mont, un fascicule d'herbier tiré
de ses dernières récoltes, et de la part de M. Château,
instituteur à Bourg-le-Comte, une collection importante de
Cécidies du département de Saône-et-Loire, dont M. Châ-
teau a entrepris l'étude en collaboration avec M. Marchai,
du Creusot.
D'unanimes remerciements sont adressés aux donateurs.
M. de Chaignon donne quelques explications sur des
oiseaux rares de la collection de Montessus, qu'il a montés
récemment, et qui sont considérés comme étant d'Europe,
bien que ne figurant pas sur la liste de Oerbe et Degland.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
^
COMPTES RENDUS
DES EXCURSIONS
DE 1900
EXCURSION A SANTENAT (Côte-d'Or),
27 mai 1900.
Dans une excursion antérieure, datant déjà de dix années 4,
la Société d'histoire naturelle d'Autun n'avait pu consacrer
que quelques minutes d attention et quelques lignes de
compte rendu aux sources minérales de Santenay, qui con-
tribuent aujourd'hui, autant que ses crus appréciés, à la
renommée de cette localité, et guérissent par leurs vertus
curatives les accidents goutteux ou lithiasiques causés par
le bon vin. Il était donc indiqué d'étudier plus complète-
ment, comme nous l'avions fait pour celle de Maizières 2,
ces eaux minérales également connues des Romains et
susceptibles d'applications variées et efficaces.
Débarqués par une belle matinée du mois de mai à la
gare de Santenay, à 9 h. 43, au nombre de vingt-quatre :
MM. André Georges ; Bigeard, de Nolay ; le vicomte
1. Bull. Soc. hi8t. nat. d'Autun, IV (1891), p. 518 : Excursion à Santenay
(Côte-d'Or), 1" juin 1890.
2. Bull. Soc. hiat. nat. d'Autun, t. X, ? (1897), p. 506 : Excursion à Maizières,
Arnay-le-Duc, sources de l'Arroux, 13 mai 1897»
— 276 —
H. de Chaignon; Chevalier J.-B. ; Cochet Auguste; Cougnet ;
Croizier Henri et ses fils Paul et Bernard; G. Douhéret, de
Montcenis; Drouhin, de Cirey; Gadant; le Dr X. Gillot et
son fils Victor; Michaud, de Nolay ; Georges de Laplanche;
Joseph Reyssier et son fils Jean ; Rigollot François et son
fils Pierre ; Joanni Sauzay, de Chalon ; Paul Sauzay ;
Adrien Seguin, etV. Berthier; nous avons le plaisir d'y être
rejoints par M. Metman, ancien procureur de la République
à Autun, actuellement avocat distingué de Dijon, et son
fils M. René Metman, jeune étudiant en médecine, déjà très
versé dans les sciences naturelles, notamment en botanique,
et d'y être reçus par nos aimables collègues de Santenay,
MM. Tacnet et Louis Perreau. Ce dernier, bien qu'il vienne
d'être victime d'un incendie tout récent, veut absolument
nous offrir un vin d'honneur, que nous dégustons avec
reconnaissance, tout en déplorant la raison qui empêche
M. Perreau de nous accompagner, comme il l'eût désiré.
En quittant la maison hospitalière de M. Perreau, auquel
nous réitérons tous nos remerciements pour son aimable
accueil, nous trouvons sur la place publique de Santenay
un brave homme qui nous attend, une magnifique Effraie à
la main, et qui s'en retourne tout interdit de voir que non
seulement nous refusons son oiseau, dont notre Musée pos-
sède de nombreux exemplaires, mais que nous lui adres-
sons même des reproches pour le meurtre inutile de cet
oiseau grand destructeur de souris, mulots, etc.
Nous remarquons, au passage, le long d'une rue de
Santenay, l'extension du Lepidium Draba L., crucifère d'ori-
gine méridionale, autrefois inconnue dans le pays, et qui se
répand de plus en plus autour des gares et le long des
voies ferrées, à l'état de plante adventice indigène.
Santenay ne possédait autrefois qu'une seule source
minéralisée, la Fontaine salée. On en a récemment décou-
vert et utilisé deux autres que nous visitons successivement :
la source Camot et la source Lithium.
— 277 —
La source Carnot, exploitée par M. L. Garreau, pharma-
cien à Santenay, est la dernière en date, mais la plus abon-
dante, s'il faut en croire les renseignements recueillis sur
place, puisqu'elle débiterait jusqu'à 240,000 litres en vingt-
quatre heures par un puits creusé à la profondeur de
83 mètres 75. Un élégant pavillon, entouré d'un jardinet
récemment planté, recouvre la buvette, dont le trop plein
s'écoule par un robinet extérieur et les magasins d'expé-
dition.
Le chiffre donné plus haut nous parait exagéré, et aurait
besoin d'être vérifié. En effet, lors des travaux de sondage
effectués pour la source Carnot, la source Lithium s'est
trouvée presque tarie, et l'écoulement n'a repris qu'après
avoir ramené le diamètre du forage de la source Carnot à
0ra20 au lieu de 0m50. Il serait donc bien étonnant qu'au-
jourd'hui chacune de ces sources donnât une quantité d'eau
supérieure au débit primitif de la première. En outre, l'ac-
cident signalé prouve que les deux forages ont rencontré
la même nappe d'eau minéralisée, puisqu'elles communi-
quent, à quelques mètres, il est vrai, de différence en pro-
fondeur, et dès lors nous nous expliquons difficilement les
différences signalées dans les analyses que nous rapportons
plus bas.
La source Lithium, qui appartient à M. Gagey, propriétaire
à Santenay, n'est séparée de la précédente que par la lar-
geur du chemin, une vingtaine de mètres environ. Décou-
verte en 1889, elle jaillit du sol au lieu dit le Pré Cernay, à
220 mètres d'altitude, et débite actuellement, par vingt-
quatre heures, 200,000 litres d'eau d'une densité de 1,01
et à la température de + 1901. Elle est captée par un forage
de 96 mètres de profondeur et jaillit sous un petit pavillon,
où l'eau retombe dans la vasque de la fontaine avec une
1. Dr Ch. Thomas-Caramaa, Coup d'œil sur la, source Lithium de Santenay
(Côte-d'Or), in-1?, 1898.
— 278 -
apparence laiteuse due aux nombreuses bulles de gaz qui
Témulsionnent, et dont la quantité augmente encore par
les temps d'orage par suite de la baisse barométrique;
mais elle s'éclaircit rapidement dans le verre. Un établisse-
ment en forme de chalet, construit en briques avec douze
baignoires, et chambres meublées ouvrant sur un balcon,
permet d'héberger un certain nombre de malades, qu'effraie
la distance du bourg de Santenay, quinze cents mètres
environ.
De nombreux diplômes d'honneur ou médailles décernés
aux différents concours ou expositions, tant en France
qu'à l'étranger, attestent la publicité donnée et la valeur
attribuée à la source Lithium.
Un peu plus loin, mais en contre-bas, à la bifurcation
même des deux lignes de chemin de fer, se trouve la Fon-
taine salée, la source la plus ancienne de Santenay, pro-
priété de la famille Abord, d'Autun. Louée à MM. Vandal
et Compagnie, elle ne le cède pas à la précédente en
fait de diplômes d'honneur et médailles d'or, témoignant
de ses mérites, avec l'honneur incontestable du droit
d'ainesse. Il n'est pas douteux que cette source minérale
ait été connue des Romains, comme en ont témoigné des
vestiges de captage antique, et des monnaies romaines,
mais on n'y a pas trouvé comme à Maizières de monuments
archéologiques, statuettes, etc.1. Les vertus de ces eaux
sont depuis longtemps établies, car on trouve dans Cour-
tépée le passage suivant relatif à Santenay2 : « Fontaine
salée dont les effets merveilleux ont été décrits par Pierre
Quarré, médecin de Charolles, en un petit volume in-4°,
imprimé à Dijon, 1633; il la nomme la Nymphe de Santenay.
1. H. do Longuy, Notice archéologique sur Santenay (Côte-d'Or), in Mèm. de
la Soc. italienne, nouv. série, XII (1883), p. 125, 169. — Dr Maurice Binet. De
Veau minérale chlorurée sodique lithinéc de Santenay (C6te-d'Or)% Paris, 1883,
hroch. in- 8*, 16 pages.
2. Courtépée, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, 2' édi-
tion, 1847, II, p. 341).
— 279 —
Son bassin, large de six pieds, au pied d'un monticule
appelé la Tête-de-Fer. Ce beau présent de la nature est
presque inutile aux habitants, l'approche leur en étant
interdite par des gardes. Le directeur de la ferme de Cha-
lon a fait jeter en 1748 et 1750 beaucoup de mercure dans
les trous d'où provenait la source, et fait maçonner dessus
et remplir le bassin de matière fécale. La nature outragée
a fait sortir la source quarante pas plus bas, et offrait son
secours aux pauvres paysans souvent inquiétés par des argus
impitoyables. M. Bannière de Beaucourt, président des
gabelles à Chagny, après avoir longtemps examiné cette
source, envoya en 1749 un mémoire à M. de Trudaine qui
pensait y établir une saline comme à Montmorot ; mais il
fut arrêté par des représentations et par la mort ; on tirait
deux onces de sel de deux bouteilles d'eau. » Cette asser-
tion de l'historien de la Bourgogne semblerait établir que
l'eau de Santenay était plus riche en sel à cette époque
qu'aujourd'hui, comme nous le verrons d'après les analyses
récentes, et comme l'affirme la tradition populaire.
On a prétendu également que le forage des puits des
nouvelles sources supérieures avait diminué le débit de la
Fontaine salée. On nous affirme qu'il n'en est rien, et que
si le chiffre de 8,000 litres donné par M. A. Carnot dans
son rapport (Journal officiel du 19 novembre 1881) paraît
trop élevé et doit être, en réalité, ramené à 6,000 litres par
vingt-quatre heures, cette quantité est bien suffisante pour
l'employer en boisson, même en bains, et pour subvenir à
un important commerce d'expéditions en bouteilles. Il faut
bien remarquer, du reste, que la Fontaine salée est une
source naturelle, et non le résultat d'un sondage, comme
les autres. Il est donc profondément regrettable, surtout en
face de la concurrence, qu'aucun travail sérieux de captage,
réclamé depuis longtemps (Dr M. Binet, loc. cit.) n'ait été
entrepris et que l'aménagement de la source et de ses
dépendances n'ait pas pris plus de développement et de
- 280 -
confortable, eu égard surtout à sa vieille réputation et à
ses effets curatifs incontestables et éprouvés. La tempéra-
ture est de + 10°5. C'est donc une eau froide. Elle a un
goût salé, d'où lui vient son nom, mais non amer. La
saveur n'en est pas désagréable et se rapproche beaucoup
de celle de l'eau d'huîtres ; on s'y habitue facilement et on
la boit sans répugnance. La Fontaine salée attire chaque
année un nombre respectable de buveurs habitués à trouver
à son Casino, après l'effet purgatif et apéritif voulu de la
cure thermale, d'excellents repas arrosés d'excellent cru.
Pour faire honneur au déjeuner bien servi et copieux,
malgré son prix modique, qui nous a été préparé par
M. L. Perreau, directeur du Casino de Santenay, nous
n'avons pas besoin de l'eau salée, que nous goûtons cepen-
dant par devoir.
Nous achevons de nous renseigner sur les propriétés des
eaux de Santenay en lisant les brochures et prospectus qui
nous ont été libéralement distribués à chacun des établis-
sements, et qui nous donnent la composition chimique de
chaque source, d'après les récentes analyses exécutées à
l'École des mines de Paris, par M. Ad. Carnot. En voici le
dosage par litre :
Ftnlaiii salé* Siiret Lithi» Suret Gantl
Acide carbonique Ogr. 1286 Ogr-2540 Ofr.0062
Bicarbonate de chaux 0 2670 0 3300 0 3663
— de magnésie 0 0228 0 1540 » »»»»
— deprotoxydedefer 0 0149 Traces 0 0066
Silice 0 0345 0 0150 0 0165
Chlorure de potassium 0 1953 0 1934 0 1795
- de sodium 5 2313 5 6383 5 5038
— de lithium 0 0929 0 1110 0 0935
Sulfate de chaux 0 8767 0 3960 0 8643
— de magnésie 0 1512 » »»»» 0 1380
— de soude 2 1962 2 0120 2 1574
Matières organiques Traces Traces Traces
9 fr. 22 il 9 r- 3697 9 r- 3321
— 281 -
La minéralisation des différentes sources de Santenay
est, comme on le voit, presque identique, ce qui en prouve
l'origine commune. Elles rentrent dans le type hydromi-
néral des eaux chlorurées sodiques, et sont caractérisées
surtout par la proportion du chlorure de lithium, qui y
atteint près de dix centigrammes, et qui, en outre de leurs
propriétés digestives, diurétiques et laxatives, les rend émi-
nemment efficaces pour le traitement des affections viscé-
rales arthritiques, en particulier de la gravelle et de la goutte.
Malgré ces rassurantes perspectives, il est peu probable
qu'aucun de nous ait besoin de sitôt des services de la
Nymphe de Santenay, à voir l'allure alerte avec laquelle,
aussitôt en sortant de table, la bande d'excursionnistes se
dirige vers la montagne. Le programme, en effet, a subi
une modification. M. René Metman ayant été chargé par
M. Genty, directeur du jardin botanique de Dijon, de lui
rapporter des pieds vivants du Liseron d'Espagne, Convoi-
vulus cantabrica L., il est décidé que nous monterons à sa
recherche jusqu'à la banquise de rochers qui coupe, à mi-
côte, la montagne de Santenay. Les botanistes y grimpent
à travers les sentiers des vignes, et ne tardent pas à faire
une récolte abondante de jeunes plants de Liseron, et en
même temps, sur les pelouses sèches ou les corniches
rocheuses, des espèces calcicoles caractéristiques :
Helianthemum canum. Trinia vulgaris.
— polifolium. Rubia peregrina.
Alsine Jacquini. Globularia vulgaris.
Linum tenuifolium. Inula montana.
— Loreyi BorI Veronica prostrata.
Géranium sanguineum. Teucrium montanum.
Rhamnus alpinus. Thesium divaricatum.
Ononis Columnœ. Fhalangium Liliago.
Rosa pimpinellifolia. Sesleria caerulea, etc., etc.
Amelanchier vulgaris.
Pendant ce temps, le reste des excursionnistes contourne
la montagne sur la gauche, en passant au climat des
— 282 —
Maranges, où les épigraphistes copient l'inscription sui-
vante qu'un bon Bourguignon a fait mettre sur la porte de
son clos :
En te levant, chaque matin,
Ami passant fête mon vin.
Tu garderas ainsi santé parfaite.
Mais pour félicité complète
Crois-moi, le soir en te couchant
Ne manque pas d'en faire autant.
Dixit et fecit. — Claudius Charleux.
Après avoir pris bonne note du conseil, on escalade les
pentes du mont de Sène, ou montagne des Trois-Croix,
d'où la vue s'étend au loin sur les vallées de la Dheune et
de la Saône, jusqu'aux montagnes du Morvan à l'ouest, jus-
qu'à celles du Jura à l'est. Le Calvaire, dont les trois croix
se dressent sur le sommet de la montagne a été érigé en
1687, par Pierre Maillard, marchand cordonnier de San-
tenay1, sur l'emplacement d'un temple romain consacré à
Mercure, et dont M. J.-G. Bulliot, le savant président de
la Société Éduenne, a dirigé et raconté les fouilles. 2
Dès que la bande s'est ralliée tout entière, nous dévalons
rapidement le revers de la montagne, cueillant encore dans
les éboulis quelques plantes rares : Arabis arenosa, Cen-
tranthus angustifoliusy Hieracium prœcox F. Schultz, Scro-
fularia Hoppii, Plantago Cynops appelé Pigeot sauvage par
les gens du pays, etc. Mais nous n'insisterons pas davantage
sur la flore de Santenay, bien connue depuis les herborisa-
tions et les comptes rendus de nos collègues, MM. le
Dr Gillot, Quincy, etc. 3. Nous signalerons seulement, sur la
pente herbacée occidentale du mont de Sène la découverte
1. H. de Longuy, loc. cit., p. 158 et '205.
2. Mèm. de la Soc. Êduenne, nouv. série, III (1874), p. 139. Le Temple du mont
de Sène à Santenay, par M. J.-G. Bulliot, avec 21 planches. — H. de Longuy, loc.
cit., p. 159.
3. Bull. Soc. bot. de France, XXIX (188*2), sos si on extraordinaire à Dijon,
p. lxxi. — Bull. Soc. des se. nat. de Saône-et-Loire, 1882. — Afém.Soc. Éduenne,
nouvelle série (1883), p. 172. — Bull. Soc. hist. nat. d'Autun,lV (1891), p. 518.
— 283 —
de la Filipendule, Spirœa Filipendula L., qui ne semble pas
y avoir encore été observée.
Mais l'heure est à l'archéologie préhistorique.
Nous descendons dans la direction du sud-ouest, sous la
conduite de M. Michaud, de Nolay, et de M. Ernest Forain,
de Borgy, deux cicérone grâce auxquels nous ne perdons
pas une minute. Ils nous mènent d'abord vers une grande
pierre tabulaire dont le dessous affleure à peine le sol et
qui repose sur deux pierres de même nature, mais plus
épaisses, également placées horizontalement. C'est le
dolmen de Cublanc récemment dégagé par les soins de
M. le Dr Variot, de Paris.
Dans son état actuel, et il y a lieu de croire que c'est
bien sa position primitive, on le prendrait plutôt pour un
abri souterrain sous roche que pour un dolmen, tels qu'on
les représente généralement, c'est-à-dire formés de pierres
debout, hors de terre, surmontées d'une table horizontale.
Le dessin que nous en donnons, d'après une photographie
faite le jour même par notre collègue, M. Gadant, montre
que la table seule émerge à peine du sol. Il n'y a cepen-
dant pas à mettre en doute l'authenticité de ce monu-
ment mégalithique, absolument identique à celui que
M. H. de Longuy a fouillé non loin de là, en 1891, et qu'il
a décrit dans les Bulletins de la Société Éduenne de cette
même année.1
Des objets recueillis au cours de cette fouille, « haches
et marteau en jadéite, bracelet en albâtre, couteau en silex,
boule en pierre blanche, aiguille et poinçon en os, grains
de collier en terre cuite et en grenat, » on peut conclure à
une sépulture. Le peu d'élévation des dolmens de Borgy
confirmerait cette hypothèse et laisserait supposer qu'au
début ils furent recouverts par des tumulus disparus depuis
longtemps.
1. Loc. cit., p. 147 et pi. III.
- 284 —
A quelques mètres de là, se trouve un autre dolmen,
complètement enterré, dont on ne voit qu'une partie de la
table, au ras du sol. Le reste disparait sous un amas de
pierrailles.
Un peu plus loin, au lieu dit Chanteillou ou Champ-Teillou,
on nous montre un dolmen plus intéressant, représenté
par une allée couverte dont le toit a disparu, mais à pare-
ments latéraux bien en place et parfaitement conservés sur
une longueur de 4ra70. La largeur, assez régulière, est d'en-
viron ln50, la hauteur des dalles verticales hors du sol
varie entre 0m70 et 0IU85 ; l'ouverture était à Test.
M. Ernest Forain se rappelle avoir vu ce dolmen dans
son entier en 1855. L'allée couverte du mont de Sène est
exactement à la limite des communes de la Rochepot et de
Dezize, — les deux autres dolmens sont situés sur cette
dernière commune. Les pierres qui ont servi à ériger ces
trois monuments mégalithiques appartiennent à la grande
oolithe qui affleure en maints endroits sur la montagne
de Santenay.
Dans le champ voisin, une plante commune du sol cal-
caire, YAjuga generensis L., à fleurs ordinairement d'un
beau bleu, se présente en colonie avec des corolles d'un
rose tendre.
Revenant sur nos pas, nous traversons le plateau entre
le mont de Sène et le mont Juliard, nous dirigeant sur
le hameau de Borgy. En passant devant la propriété de
M. E. Maupoil, nous remarquons, à l'entrée d'une porte
charretière, des pilastres en grès creusés de cannelures
parallèles qui nous intriguent au premier abord. On nous
explique que ces grès, dont nous trouverons plus bas des
affleurements, servent aux vignerons à aiguiser leurs outils,
et quelqu'un rappelle avoir vu aux gorges de la Chiiïah, en
Algérie, des stries analogues sillonnant des grès sur
lesquels les Arabes aiguisent également leurs outils, par un
procédé renouvelé de l'âge de pierre, dont tout le monde
Soc. Hist. Nat. d'Autan.
DOLMEN DE CUBLANC, PRÈS BORGÏ
Commune de Dezizo.
ALLEE COUVERTE DE CHAMP-TEILLON, PRES BORGÏ
— 285 —
connaît les roches-polissoirs excoriées par l'usure des
hachettes en pierre frottées jusqu'au poli parfait.
Un chemin à pente rapide nous amène à l'entrée d'une
vaste excavation ouverte dans l'à-pic des rochers. Ce sont
les carrières de gypse ou pierre à plâtre exploitées par
M. E. Maupoil qui s'est gracieusement excusé de ne pou-
voir nous accompagner, mais qui a donné des ordres
pour nous en faciliter l'accès et la visite. Son chef mineur
nous y attend en effet. Il nous munit de lampes de mineurs
et nous conduit dans les galeries longues de 160 mètres,
qui descendent par une douce inclinaison à 30 mètres
de profondeur au-dessous de l'entrée. On en trouvera plus
bas la description géologique qu'a bien voulu en faire
notre savant collègue M. le vicomte H. de Chaignon.
En sortant de la carrière, nous descendons à l'usine dans
laquelle les pierres extraites sont amenées au four et trans-
formées en plâtre d'excellente qualité, par les procédés
ordinaires que nous avons déjà décrits dans le compte
rendu de notre excursion d'Ivry. !
Nous remercions l'employé de M. E. Maupoil de sa
complaisance, et le chargeons de transmettre à son patron
la plus grande part de ces remerciements. De là, les uns
gagnent la gare de Paris-1' Hôpital, où, arrivés assez long-
temps avant le train de 5 h. 52, ils s'occupent à butiner
encore qui une pierre, qui une planj^qui un rafraîchisse-
ment bien opportun après cette apVek-midi de course au
grand air et au grand soleil. *r
Les autres, moins fatigués, vont jusqu'à Dezize rendre
visite à notre collègue M. Gueneau qui leur fait le plus
cordial accueil. Impossible de résister à l'amabilité avec
laquelle Mmo Gueneau offre le five-o'clock, tandis que son
mari se précipite à la cave d'où il revient bientôt chargé
de ces poudreuses bouteilles à la vue desquelles les plus
1. X* Bulletin, 2- partie, p. 300.
S.H.N. 1900. 19
— 286 —
sobres, les moins bourguignons ne peuvent se défendre de
ce sentiment de déférence qu'inspire toujours la vieillesse.
Après avoir fait honneur au vieux vin de notre hôte, mais
insuffisamment à son gré, nous nous rendons à l'église où
l'on nous a signalé un médaillon de saint Paul, en bois
sculpté, qui n'est pas sans mérite en effet. Le jeune
desservant de la paroisse, un compatriote, M. l'abbé Man-
gematin, nous montre en outre une sainte Radegonde,sans
valeur artistique, mais encore en vénération dans le pays.
On y venait jadis en pèlerinage de fort loin, parait-il, pour
la guérison des boiteux.
De chaque côté de la porte d'entrée, deux bénitiers
taillés dans le gypse de la localité représentent, celui de
droite, un trèfle d'assez grandes dimensions, l'autre, une
coupe soutenue par une tête d'ange.
La maison voisine qui dépendait, nous dit-on, de Saint-
Jean-de-Santenay et appartenait aux chevaliers de Saint-
Jean-de-Jérusalem n'a rien de particulier ; elle est aujour-
d'hui à M. de Courtivron.
Nous prenons congé de M. Queneau en le remerciant
chaudement, et nous descendons à travers les rochers gra-
nitiques sur le pittoresque moulin Pignot, en suivant la
voie romaine qui, plus tard, devint le chemin de la
Rochepot au château de Couches, nous arrêtant à chaque
instant pour mieux admirer ce coin si coquet de la vallée
de la Oosanne.
Enfin, nous rejoignons nos camarades et nous prenons
ensemble le train du retour.
— 287 -
APERÇU GÉOLOGIQUE
SUR LA COURSE DU 37 MAI 1900
Par M. le Vt« de Chaiqnon.
Santenay haut et bas sont en partie bâtis sur le lias
moyen. Il en est de même des différents établissements
construits pour le captage des eaux salines, dont une au
moins n'est pas loin du Pliocène limoneux. Mais comme la
Société ne quitte pas les routes bordées de vignes et de
jardins, il est difficile de se rendre compte de la présence
de cette assise.
Nul doute que les eaux salines ne proviennent des marnes
irisées qui affleurent à Borgy et que nous verrons à la fin
de la course. Peut-être ces eaux coulent-elles souterraine-
ment en suivant le pendage des couches pour venir sourdre
à hauteur de Santenay. Peut-être aussi les marnes irisées
se prolongent-elles en profondeur sous le lias, et les sources
arrivent-elles au jour en le traversant.
La présence du sel n'a pas été signalée dans les carrières
à plâtre de Borgy, ce n'en est pas moins à ce niveau qu'il
doit exister. Sa présence n'y est pas exclusive, cependant
c'est généralement dans cette assise qu'on le rencontre. Ces
eaux chargées également de différents sulfates, le doivent
vraisemblablement à la dissolution du gypse.
La Société quitte Santenay et ses environs pour faire
l'ascension du Calvaire. Nous passons sur le lias supé-
rieur, le calcaire à entroques, voire même les marnes vésu-
liennes ; le tout disposé en bandes très étroites sur le flanc
de la hauteur et masqué plus ou moins par les éboulis, le
long du sentier suivi par la Société. Il eût été intéressant
de rencontrer les marnes du lias supérieur en contact avec
le calcaire à entroques , c'eût été un précieux point
- 288 —
de repaire; pour cela il fallait s'écarter du sentier suivi et
le temps faisait défaut.
En arrivant sur la bordure du plateau assez en avant du
mamelon portant les trois croix, nous entrons dans la
grande oolithe qui peut être désignée ainsi stratigraphique-
ment, mais au point de vue lithologique le faciès oolithique
paraît rare, pour ne pas dire absent; je ne l'ai pas vu en
place, mais seulement quelques blocs détachés, en mon-
tant la côte, et dont la provenance est incertaine.
Le sommet du dôme est couronné par la dalle nacrée
(Bathonien supérieur), qui n'offre pas en ce point le carac-
tère que l'on remarque dans d'autres localités : c'est-à-dire,
un calcaire en plaquettes avec nombreuses et grandes
huitres et autres fossiles aplatis, sorte de lumachelle. Il
est remplacé par un calcaire magnésien grenu, cristallin,
comme à Saint-Aubin et aux carrières de la montagne de
Santenay, où se trouvent la brèche et les grottes à osse-
ments.
Le temps a manqué pour rechercher Rynchonella elegan-
tula ou Rynch. decorata de M. J. Martin, et Accrosulenia
Lamarcki propres à ce niveau et très communs à San-
tenay.
En 1876, M. J. Martin avait donné, dans le Bulletin de
la Société géologique, la coupe de la montagne de San-
tenay, sans mentionner la nature de la roche affleurant au
sommet du Calvaire.
Entre le pied de la montagne et le sommet du Calvaire,
on rencontre le calcaire sous quatre aspects différents :
quelques blocs, non en place, et dont j'ai déjà parlé, gros-
sièrement oolithiques, jaunâtres. En approchant du plateau,
un calcaire également jaunâtre, compact, à grains fins,
avec veines cristallines. Au pied du dôme, un calcaire gris,
grossier, avec fossiles brisés. Et enfin, tout à fait au som-
met, le calcaire magnésien, cité plus haut, représentant la
dalle nacrée.
— 289 -
Il ne s'agit là que d'un simple aperçu sur un ensemble
de couches qui n'ont été vues qu'en passant et sur un
seul point. L'absence de couches marneuses rend difficile
l'étude paléontologique, les calcaires massifs ne refermant
guère que des fossiles roulés ou en débris.
En descendant du Calvaire, du côté de l'ouest, nous sui-
vons le pendage des couches de la grande oolithe qui ont
l'inclinaison de la pente. Cette pente est très régulière et
peu accidentée. Il peut se faire que la couche la plus super-
ficielle, qui apparaît de distance en distance, là où manque
le gazon, soit la même qui se prolonge jusqu'en bas. Les
dolmens qui ont été mis au jour en ce point, viennent de
là, sans aucun doute ; même faciès lithologique, même
disposition tabulaire sur une certaine épaisseur. Il en est
de même pour l'allée couverte. Toutes ces dalles ont été
prises sur les lieux.
En passant au pied du mont Juliard, le sol est parsemé
de chailles ou rognons siliceux, dont la plupart sont très
hydratés et altérés ; de plus, la rencontre d'un moule interne
de grande pholadomie ou homomye, indéterminable spé-
cifiquement, indique cependant, que nous sommes encore
dans le Bathonien supérieur.
Au mont Juliard, quelques petits bancs de calcaire cris-
tallin lamellaire sont intercalés dans la masse.
En quittant le mont Juliard, la Société se dirige sur Borgy.
A partir de ce point la succession de la superposition des
couches est plus apparente et plus facile à étudier. Un peu
avant Borgy, tous les murs en pierres sèches sont bâtis en
calcaire bleuâtre avec fossiles appartenant au lias, peut-
être est-ce encore le Charmouthien ; dans tous les cas, à
la sortie de Borgy, une carrière est ouverte dans la Luma-
chelle sinémurienne.
En descendant vers les galeries pour l'exploitation du
gypse, la teinte rouge violette du terrain indique sans
hésitation que nous marchons sur les marnes irisées ; ce
— 290 —
que nous ne tardons pas à vérifier quand nous nous trou-
vons en face de la carrière.
Le gypse est disposé en couches horizontales, avec un
léger pendage vers le nord, dont on se rend compte en
pénétrant dans la galerie qui suit ce pendage des couches
et descend dans la même direction»
Le gypse est en masse compacte rose et blanche, les
deux couleurs très irrégulièrement distribuées, sans autres
variétés. De distance en distance, quelques veines de gypse
fibreux parallèles à la stratification, sillonnent les parois
des galeries. Toute cette masse gypseuse est emballée
dans les marnes qui se sont glissées dans les moindres
fissures et imprègnent plus ou moins chaque bloc.
Entre le Sinémurien et les marnes bariolées nous avous
dû traverser un petit affleurement, une petite bande de Rhé-
tien, mais il a passé inaperçu; à moins qu'il ne faille y rap-
porter quelques plaquettes gréseuses ou calcaréo-gréseuses
sur le petit mur bordant le mauvais chemin qui descend à
la carrière. On ne peut être afïirmatif, cette remarque
ayant été faite très superficiellement.
En quittant les galeries de gypse nous descendons sur
la gare de Paris-1' Hôpital. A mi-hauteur, nous ne tardons
pas à couper le grès bigarré qui affleure au milieu des
vignes, en bancs bien horizontaux.
Il sert de substratum aux marnes bariolées. Le grès
est à grains variables suivant les points, fins ou grossiers.
Il se désagrège facilement, sa texture est lâche, il est peu
fcldspathique et le ciment qui relie chaque grain, bien
moins dense et silicifié que dans les arkoses du plateau
d'Antully, par exemple. Il ne paraît pas, comme ces der-
nières, avoir été affecté par des sources chargées de
silice.
Ces mêmes grès descendent jusqu'au pied de la pente,
au niveau de la gare des marchandises, où l'horizontalité
des couches est toujours parfaite.
— 291 —
A leur tour, ils reposent sur le granité gneissique qui
affleure en dessous ou le long de la ligne du chemin de fer,
entre Paris-l'Hôpital et Sampigny. C'est un granité gris
foncé, à grains variables; le mica noir et en trainées donne
à la roche une certaine schistosité. Quelques fines paillettes
de mica blanc et un fond de teinte rougeâtre permettent
de croire que la granulite n'a pas été sans influence sur
lui. Dans tous les cas, une petite carrière a été creusée
dans le voisinage, pour l'exploitation de la granulite en
arène.
Nota. — Je profite de l'occasion pour rectifier, dans le
compte rendu de la course de Chastellux, une interprétation
erronée. La roche que j'avais prise pour un gneiss modifié,
provenant de la carrière de Lautreville, est un tuf porphy-
ritique absolument semblable à celui de la carrière du
Moulin d'Ussau, à un kilomètre de Lucenay-l'Êvêque.
EXCURSION A AUXY,
AU VAL-SAINT-BENOIT ET A MARVELAY
(1er juillet 1900).
Une excursion ayant le Val-Saint-Benoît pour objectif
semble, au premier abord, plus archéologique que natura-
liste. Mais le pays à parcourir offre de nombreuses curio-
sités naturelles, qu'il est bon de revoir et d'étudier. Départ
en voiture à six heures et demie du matin *. Premier arrêt
à l'entrée de la Creuse d'Auxy, près de la maison Rodary,
pour aller visiter, près de la ferme de Champ -Chanoux, un
1. MM. Bigeard, Jean Bouvet, Cambray et son flla aîné, le vicomte de Chalgnon,
Chevalier J.-B., Dovillebichot, le Dr Gillol, Pidaut, Paul Sauzay, Adrien Seguin,
et V. Berthier.
- 292 —
arbre singulier qu'on nous a signalé comme étant moitié
lierre et moitié houx, portant sur le même rameau des
feuilles de lierre et des feuilles de houx. En réalité, il
s'agit d'un houx fort âgé, à tronc arborescent et élancé,
de 5 à 6 mètres de hauteur, étroitement enlacé par les
rameaux d'un lierre qui s'élève jusqu'au sommet arrondi
et formé par une curieuse intrication des rameaux du
lierre et du houx. — Montée pédestre de la Creuse d'Auxy.
Deuxième arrêt au bourg d'Auxy pour saluer au passage le
tilleul au tronc énorme et creux, qui achève à l'entrée du
bourg sa végétation caduque, remontant, d'après la tradi-
tion, au temps de Henri IV, et appartenant à l'espèce à
grandes feuilles, Tilia platyphy lia Ehrh. * — Troisième sta-
tion, au commencement du village de Repas, pour visiter
une carrière en exploitation, dont on trouvera plus bas la
description dans les notes géologiques et minéralogiques
de M. le vicomte H. de Chaignon.
Nous laissons à notre droite la petite chapelle de Repas,
dont l'origine remonte au treizième siècle, et aux seigneurs
de Sully, et qui, sous les vocables de saint Antoine et de
saint Roch, est un lieu de pèlerinage pour la guérison des
plaies. On y célèbre la messe deux fois par an, le 17 janvier
et le 15 août.
Après quelques hésitations sur l'itinéraire à suivre, nous
nous décidons à explorer le bois de la Forge ou des Battées, et
la grande ligne de rochers qui domine et sépare la vallée de
Canada de la vallée de la Drée. Un sentier, sous bois, à gauche
de la route, à partir d'un petit moulin en ruine, nous conduit
sur la crête de ce dyke quartzeux, que couronnent de maigres
bouquets de pin silvestre, aux rameaux tordus par le vent.
Pendant que les géologues dissertent sur l'orientation et
l'origine de ces roches, les botanistes n'ont guère d'autre
occupation que de contempler les gracieuses vallées, qui,
1. Congràê scientif. de France, 42* session tenue à Autuo en 1876, I, p. 262.
- 293 —
montent en divergeant vers Tintry, Digoine et Collonge-la-
Madeleine. Le sol en effet, exclusivement siliceux et maigre,
ne comporte qu'une flore des plus vulgaires pour nous.
A l'entrée du bois, le long du ruisseau, nous avons
remarqué la Benoîte, Geum rivale> et l'Ail des ours, Allium
ursinum; puis dans la forêt : Hypericum pulchrum, Orobus
ùuberosus, Valeriana officinalis, PhyteumaspicatumyHypopithy$
glabra, Melampyrum pratense, Luzula maxima, Aira flexuosa,
Festuca heterophylla, Poa sudetica, etc., etc.; dans les clai-
rières, ou au voisinage des rochers : Helianthemum vulgare.
Silène 7iutansi à fleurs d'un rose prononcé sur les rochers
mêmes, Hypericum humifusum, Genista pilosa, G. sagittalis,
Senecio adonidifolius, Calluna vulgaris^ Rumex Acelosella,
Nardurus Lachenalii, etc.
Le petit bois plus humide qui longe le ruisseau de Tintry,
au-dessous du moulin de Canada, nous fournit Carex
brizoïdea L. et quelques champignons assez rares pour la
saison : Amanita pantherina , très vénéneux, Russula cyano-
xantha, comestible, etc., mais nous n'avons pas le temps de
nous attarder à leur récolte, car les voitures nous attendent
sur la route, près du hameau de la Drée, et nous devons
déjeuner à midi à Epinac. Nous n'y arrivons qu'à midi et
demi, mais la table est servie à l'hôtel des Mines, où nous
faisons honneur à l'excellent repas préparé par le maître
d'hôtel, M. Lasnier.
A deux heures, nous reprenons la route de la Drée, puis
du Val-Saint-Benoît, autrefois prieuré important, aujour-
d'hui ferme presque abandonnée, au fond d'une petite vallée
dont les vastes prairies et les ombrages touffus, percés
d'une échappée sur Epinac, respirent le calme et le
recueillement, sans note trop sévère.
En attendant la monographie du prieuré du Val-Saint-
Benoît que prépare M. l'abbé Muguet, curé de Sully, nous
trouvons dans les Mémoires de la Société Éduenne deux
notices publiées par M. Devoucoux, depuis évêqued'Évreux,
— 294 —
et M. l'abbé Dorot, curé de Curgy, qui nous renseignent
sur ses origines *. D'après les archives du château de Sully,
Gaultier, sire de Sully, Savigny et Repas, au retour d'un
voyage à l'île de Rhodes (1236), après avoir échappé au
double danger de la mer et des pirates turcs, avait fait
vœu de fonder un monastère sur ses terres du Vau. Il
s'adressa au prieur du monastère des Bénédictins du Val-
des-Choux ou Val-Croissant (Côte-d'Or), qui lui envoya des
religieux, et fît en conséquence bâtir le monastère du Val-
Saint-Benoit en 1238. Gomme toutes les maisons religieuses
de la même époque, le prieuré du Val-Saint-Benoit eut son
heure de prospérité ; il fut successivement dévasté par les
Anglais au quatorzième siècle, par les Huguenots au sei-
zième siècle, puis eut des difficultés avec l'autorité royale,
si bien que sous Louis XIV (1692) le monastère fut sup-
primé, et ses revenus affectés à la dotation du grand sémi-
naire d'Autun ; la réunion canonique n'eut lieu qu'en 1705.
Une maison d'habitation à balustrade, et des bâtiments
de ferme occupent actuellement les dépendances du monas-
tère. L'église existe encore, mais convertie en grange; elle
est de l'époque de transition interposée entre le style
roman et le style ogival, et se composait d'une vaste nef
accompagnée jadis de deux transepts et terminée par un
mur en ligne droite sans trace d'abside. Dans un transept
reste une élégante chapelle, construite au quinzième siècle
par Simon de Loges, chambellan de Louis XI et grand
écuyer de Bourgogne (1477). Cette chapelle, du plus pur
gothique flamboyant, est actuellement dans un état de
pitoyable délabrement, et mériterait une restauration com-
plète de la part des propriétaires, les châtelains de Sully.
Elle est éclairée par des fenêtres et une rosace remarquables
1. Comptes rendus des travaux do la Société Éduenne des lettres, sciences et
arts, I (I83G-1837). Le Prieuré du Val-S&int-Dcnoit, par l'abbé Devoucouz, secré-
taire, p. 150, avec 2 planches. —Mémoires de la Société Éduenne, nouvelle série,
XVII (1889), p. 504.
— 295 —
par leurs gracieux détails gothiques et communique avec
l'église par une porte découpée à jour, merveilleusement
sculptée. La voûte est sillonnée en tous sens par de légères
nervures qui partent de huit pilastres ou gerbes de soutè-
nement, et supportent les armes de la famille de Loges,
bienfaitrice du monastère. Un bas-relief du treizième siècle
(1239) représente les funérailles du fondateur Gauthier de
Sully1, et diverses statues sont conservées ainsi que les
pierres tombales de Hugues, seigneur de Couches (1262) et de
son fils Jean de Couches (1288). Ces débris archéologiques
achèvent de se détériorer dans la chapelle humide ou dans
le préau abandonné aux folles herbes, parmi lesquelles
nous recueillons, comme souvenir, de beaux spécimens de
Cardamine impatiens L., à la porte même de la chapelle !
Une prairie entourée de grands arbres, parmi lesquels
nous remarquons des Vernis du Japon, Ailanthus glandu-
losa, s'étend au-dessous du prieuré et aboutit à une pièce
d'eau, au milieu de laquelle un petit ilôt maçonné, sur
lequel M. Lhomme de Mercey, propriétaire de céans,
sculpteur autunois et non sans mérite, avait érigé une de
ses œuvres, la statue en marbre blanc de Circé. Il en a
fait don à la Société Éduenne, lors de la vente de sa pro-
priété à M. le marquis de Mac Mahon en 1 885 2, et ce n'est
pas sans peine que cette lourde masse a pu être enlevée
et transportée à Autun où elle orne actuellement la cour
de l'hôtel Rolin3. Les Saules pleureurs qui restent encore
1. Comptes rendus des travaux de la Soc. Éduenne, I (1836-1837), p. 151 et pi. I.
'2. C'est ainsi qu'au bout de six siècles, et après bien des vicissitudes, la pro-
priété du Val-Saint-Benoit flt retour au château de Sully. À la fin du siècle
dernier, elle appartenait au séminaire diocésain, et fut achetée, le H mai 1791,
par Joan- Louis Gouttes, évéque constitutionnel d'Autun, dont M. Anatole de Char*
masse a écrit l'histoire : Mémoires de la Société Éduenne, nouvelle série, XXIII
(1895), p. 470, et XXV (1897), p. 129. M. Lhomme de Mercey ne l'avait acquise
qu'en janvier 1855.
3. Voyez la notice publiée sur cette statue par M. J.-Q. Bulliot dans les
Mémoires de la Société Éduenne, nouvelle série, XVI (1888), p. 397, et, du mémo
auteur, la biographie de M. Guy-Bernard Lhomme de Mercey, ibid., XX H 892),
p. 161, avec une phototypie de la statue.
— 296 —
semblent regretter le départ de leur compagne, en inclinant
leurs rameaux sur les eaux sombres qu'égayent cependant
les blanches corolles du Lis des eaux, Nymph&a alba% les
épis roses du Polygonum amphibium et les fleurs dfor de
Y Iris pseudo-acorus. Sur les bords, l'Herbe aux écus, Lisy-
machia nummularia, cache à demi dans l'herbe ses fleurs
jaunes à odeur prononcée d'abricot, et dans le gazon le
Géranium pyrenaicum, plante adventice indigène, semble
complètement naturalisé. Le Sureau à grappes, Satnbucus
racemosa, la Digitale à petites fleurs, Digitalis lutea, etc.,
croissent au bord du bois, où son odeur fétide nous fait
trouver sans peine un curieux Champignon, le Satyre ou
Phallus impudicus. Du reste l'humidité du sol et la variété
des essences forestières font des bois du Val-Saint-Benoit
une excellente localité mycologique, et notre collègue
M. R. Bigeard, qui les a souvent explorés, depuis Épinac, a
publié à plusieurs reprises dans les Bulletins de la Société
des sciences naturelles de Saône-et-Loire, à Chalon-sur-
Saône, les listes des Champignons récoltés par lui. La sai-
son d'été ne nous ayant permis que d'en retrouver quelques
espèces seulement, nous reproduirons à titre de document
utile, à la fin de ce compte rendu, l'énumération complète
et méthodique des espèces de Champignons signalées par
M. Bigeard.
Nous suivons la route forestière de la forêt des Battées
qui tend vers Creusefond, en longeant le flanc de la mon-
tagne, et tout à coup, sur notre droite, nous voyons se dresser
en plein bois les ruines d'une énorme tour carrée, dite
tour de Grosme, au centre de laquelle a poussé un Hêtre,
dont les dimensions (quatre mètres de circonférence) attes-
tent Tâge et par conséquent la destruction déjà bien ancienne
du château de Grosme, sur lequel on a fort peu de rensei-
gnements. On a prétendu qu'il aurait été bâti au quatorzième
siècle par les sires de la Roche-Milay, avec l'assentiment
des ducs de Bourgogne qui en conservaient la suzeraineté.
— 297 —
La date exacte de sa construction est inconnue. Les seuls
documents précis que nous ayons pu retrouver, grâce à
l'obligeante indication de M. Anatole de Charmasse, sont
les suivants : En 1521, Perrin de Montjeu et Jehan d'An-
tully, son beau-frère, sont pris pour arbitres par Jehan Le
Roux, seigneur de Sussy, et Girard de Chatillon, seigneur
de la Roche-Milay, qui se disputaient la seigneurie de
Grôme { ; et plus tard, par acte du mois de novembre 1360,
Renaud Maubernard, évêque d'Autun, céda à Philippe de
Rouvre, duc de Bourgogne, les droits qu'il possédait sur
Glenne et Flavigny en échange de la châtellenie de Luce-
nay-en-Duesmois et de la seigneurie de Grosme, y compris
domum fortem de Grôme 2. A en juger par le reste des tours,
et son vaste périmètre délimité par des murs et des fossés
encore reconnaissables, le château de Grosme devait être
fort important. Mais sa dévastation a été complète, bien
avant la Révolution, et son enceinte disparait aujourd'hui
sous un vert et dense tapis de Pervenches, Vinca minor,
agrémenté de quelques espèces silvatiques : Asperula odo-
rata, Campanula Trachelium, Primula elatior, Galeobdolon
luteum, Euphorbia silvatica, Car ex silvatica, Milium effuswn,
Melica uniflora, Poa sudetica, etc.
La montagne de Grosme fait partie de la bordure méri-
dionale du bassin houiller d'Autun, et de nombreux puits
actuellement fermés attestent les tentatives faites pour y
retrouver les couches de charbon. En effet, depuis le Val
jusqu'à Creusefond, sur la limite sud du bassin houiller,
on avait observé à la surface du sol des affleurements de
veines minces de houille se suivant assez régulièrement.
Là, ont été faites, dans l'intervalle de 1832 à 1838, sur les
têtes de ces veines, un grand nombre de recherches dont
la plupart ne donnèrent pas de résultats bien décisifs et
1. Mém. de la Soc. Éduennc, nouvelle série, IX, 1880, Montjeu et ses Sei-
gneurs, par MM. l'abbé Doret et A. de Monard, p. 38.
'I. Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, II, p. cclx.
— 298 —
furent successivement délaissées. Les seules qui méritent
d'être signalées sont celles du Val-Saint-Benoit et de Grosme.
Les recherches de Grosme, commencées en janvier 1838,
à travers un terrain composé de grès et de schistes
alternatifs, servirent à exploiter une couche de un mètre
inclinée de 30°, avec pendage au nord-ouest, et composée
d'un charbon très pur et très éclairant, pour l'exploitation
duquel fut instituée la concession dite de Sully, par ordon-
nance royale du 8 mars 1841 {. D'autres puits furent égale-
ment foncés, près du hameau voisin de Marvelay, traversant
les assises inférieures du terrain houiller à une profondeur
de 120 à 170 mètres. L'extraction, qui s'éleva pendant
quelques années à 5,000 hectolitres par an (30,000 hecto-
litres de 1838 à 1844), donnait une houille de bonne qua-
lité, préférée même à celle d'Épinac, pour la cuisson des
tuiles et des briques ; elle s'allumait facilement, donnait un
feu clair et procurait un agréable chauffage. On lui reprochait
seulement de brûler trop vite et de crasser beaucoup les
conduits de fumée 2. Mais la concession de Sully fut achetée
le 31 août 1858 par la Société des houillères d'Épinac,
qui exploita encore, à Marvelay, la galerie Sainte-Barbe
de 1858 à 1860, et pendant cette période de temps, l'extrac-
tion fut de 4,150 tonnes. Elle fut définitivement abandonnée
le 26 avril 1860, à cause de l'épuisement du gite, les cou-
ches rencontrées dans cette partie de la concession étant
de faible épaisseur et recoupées par de nombreuses failles.
Les puits de sondage ou d'extraction sont reconnaissables
aux débris de grès et de schistes dont les monticules, ou
cavaliers, sont depuis longtemps déjà recouverts d'une
végétation remarquable par la présence d'un certain
nombre de plantes calcicoles, qui trouvent sans doute dans
1. Études des gîtes minéraux publiées par les soins de l'administration des
mines. Mémoire sur les bassins houiller 8 de Saône-et-Loire, par M. Manès, ingénieur
en chef des miucs. Paris, veuve Dondey-Dupré, 1844, in-4#, 173 pages, avec atlas.
2. Notice sur le bassin houiller d'Autun, par A. Guyot, ingénieur civil, ex-direc-
teur des mines de Sully, Autun, M. Dejussieu, irap., 1859, in-8#, 24 pages.
i- 299 —
le délitement des roches profondes les éléments calcaires
qui font défaut à la superficie du sol, et constituent des
colonies hétérotopiques : Melilotus officinalis% Lathyrus Nisso-
lia, L. hirsutes^ Inula Conyza, Crépis fœtida, C. pulchra, Lac*
tuca Scariola, Echium vulgare, etc., mélangés aux espèces
autochtones : Lepidium campestre, Trifolium elegans, Epilo-
bium lanceolatum, Digitalis purpurea, Teucrium Scorodonia,
Euphorbia stricta, Bromus secalinus, etc.
Les débris houillère, malgré leur altération, permettent
de recueillir encore quelques empreintes végétales carac-
téristiques. Après avoir traversé le petit village de Mar-
velay, à moitié inhabité, nous regagnons, au Puy, la route
d'Êpinac à Autun, et y retrouvons nos voitures trop tardi-
vement pour passer par Curgy, dont l'intéressante église
romane et les carrières de calcaire liasique méritent une
visite, remise à une prochaine excursion.
NOTE GÉOLOGIQUE
SUR LA COURSE DU 1" JUILLET 1900
Par M. le Vu de Chaionon.
En remontant la Creuse d'Auxy, la route se maintient
clans la granulite avec quelques affleurements de gneiss
granulitique. A hauteur des premières maisons de Bas-
d'Auxy, bel affleurement de granulite entaillée pour l'élar-
gissement d'une cour.
Le chemin tourne ensuite au nord-est pour se diriger
sur Auxy qui repose en partie sur le grès bigarré ; nous ne
l'avons pas vu en place.
En continuant sur Repas, nous entrons en plein dans le
Rhétien qui offre un beau développement dans une car-
rière à hauteur des premières maisons de Repas. Il doit
représenter là le Rhétien supérieur ou moyen. C'est un
— 300 —
calcaire argilo-gréseux, micacé, en bancs bien horizontaux.
Certains lits sont plus argileux, d'autres plus gréseux : il
est exploité pour chaux hydraulique.
L'épaisseur visible atteint de 1 m. à 1 m. 50. Au dessus,
marnes versicolores de peu d'épaisseur, mélangées à la terre
végétale. Elles peuvent représenter ce que M. Pellat
appelle les fausses marnes irisées à la partie supérieure
du Rhétien.
A la surface de certains bancs existe une sorte d'encroû-
tement rugueux accompagné de saillies en forme de
bâtonnets de la grosseur du petit doigt avec concrétions
vermiformes ou en enduit de carbonate de chaux. Cet
encroûtement de plusieurs centimètres d'épaisseur est
blanchâtre, subcristallin ; il renferme de la chaux carbo-
natée cristallisée, beaucoup de silice impalpable et un peu
d'argile, ce qui le rend fusible au chalumeau en émail
blanc; il en est de même pour les bâtonnets dont la com-
position est identique et qui font corps avec l'encroûte-
ment. Le tout est légèrement ferrugineux, avec nombreuses
paillettes de mica blanc.
Dans l'intérieur, la roche est gris foncé, verdâtre ;
l'argile est au moins en aussi grande proportion que le
calcaire, peu de silice, mica en paillettes : difficilement
fusible en émail brun. Quelques petits lits plus particuliè-
rement argileux sont intercalés de distance en distance.
Aucun fossile n'a été signalé, d'ailleurs la zone moyenne
est peu fossilifère.
Jusqu'à l'entrée du bois de Repas, la route descend dans
cette direction et doit couper le Rhétien inférieur. Il eût
été intéressant de s'écarter du chemin et de rechercher
cette zone si bien caractérisée par la nature de son grès
et de ses fossiles.
A l'entrée du bois, importante carrière dans le grès
bigarré. L'arkose paraît très silicifiée et offre beaucoup
d'analogie avec celle du plateau d'Antully.
— 301 -
Nous pénétrons clans le bois des Buttées, où l'on marche
en permanence sur le même grès bigarré ; à moitié chemin
nous devons couper cependant une petite langue de gneiss
dirigée est-ouest, qui n'affleure pas, ou qui a passé ina-
perçue au milieu du bois.
Vers ce point, nous rencontrons de nombreux blocs de
quartz qui jonchent le sol et, un peu plus loin, une des
extrémités d'un gros filon quartzeux dont la longueur
visible est bien de 300 mètres. Il est difficile d'évaluer sa
largeur, encadrée qu'elle est d'un côté par le grès, et recou-
verte en partie par la végétation. Il n'y a de visible que la
paroi rocheuse qui constitue un dyke épais dirigé nord-est
sud-ouest dont on tira parti jadis pour la verrerie d'Épinac. !
Le filon n'est pas rectiligne, mais décrit une courbe
assez prononcée dont la concavité regarde le nord-est.
Le contact de l'arkose avec le filon quartzeux est bien
apparent sur la bordure de ce dernier, il y a mélange de
parties granulaires détritiques empruntées au grès bigarré
et englobées dans le filon, et surtout des fragments quart-
zeux et autres, enpâtés, qui constituent une véritable brèche.
Il eût été intéressant de descendre au-dessous de la paroi
rocheuse pour s'assurer si de ce côté apparaît comme au-
dessus le grès bigarré, qui serait alors traversé en entier
par le filon.
Là, on a bien affaire à un quartz filonien, nullement hyalin,
contrairement à l'assertion de Manès qui le considérait
comme du quartz pur, et qui signale en outre, près du Val-
Saint-Benoit, plusieurs filons minces de quartz avec fer pero-
xyde trop peu abondant pour être utilisé2. Ce quartz est, au
contraire, blanc laiteux, même jaunâtre, faiblement trans-
lucide, avec grandes taches rougeâtres ou violettes qui ne
sont pas seulement superficielles, mais pénètrent à l'in-
1 . M . Manès, ingénieur en chef des mines. Mémoire sur les bassins houillère
de S*6ne~et-Loire, Paris, 1844, p. 16.
2. M. Mânes, loc. cit.
S.H.N. 1900. 20
- 302 —
térieur : comme coloration, d ne peut mieux le comparer
qu'à certains marbres bigarrés, brocatelles des Pyrénées.
En quittant le bois, nous marchons pendant quelque
temps sur l'extrémité du filon, dont les débris jonchent le
chemin. A la sortie du bois, à la Forge, ancien puits de
recherche qui n'a pas amené de résultat, blocs de grès
disséminés. Arrivée à la Drée qui repose, au moins super-
ficiellement, sur le Pliocène limoneux et le cailloutis, d'après
la carte géologique de M. Delafond. Vraisemblablement le
Permien et peut-être le houiller doivent exister en pro-
fondeur.
Après le déjeuner à Épinac, la Société repasse à la Drée,
au sondage de la Forge, et rentre dans le bois des Battées
en se dirigeant sur le Val-Saint-Benoît. Sur tout ce par-
cours, dans l'intérieur du bois, il n'y a pas d'affleurement ;
mais des blocs disséminés dans le talus le long de la route
indiquent suffisamment que nous nous maintenons dans le
grès bigarré.
En descendant le mauvais chemin qui mène au Val-
Saint-Benoît, le grès est bien visible ; en avant de la cha-
pelle, une partie du sol est formée par une sorte de dal-
lage naturel de bancs en place.
A quelques centaines de mètres de là, en vue de la vallée
de Marvelay, puits de sondage bouché, débris de schistes.
Dans le talus à côté, fragments de gneiss granulitique
emballés dans les éboulis, mais aucun affleurement en
place ; ces débris ne peuvent cependant venir de loin.
On entre dans le bois de Grôme, c'est la continuation
de celui des Battées. Tour de Grôme, entièrement édifiée
en grès arkose, ainsi que ses dépendances.
A la sortie du bois, la Société se dirige sur le cavalier
d'un ancien puits d'extraction, au fond de la vallée de
Marvelay. Quatre ou cinq autres puits échelonnés le long
de la vallée étaient également exploités et le charbon
transporté à Autun.
— 303 —
M. Cambray, ingénieur atlk Thelots, et dont la compé-
tence est bien connue, a bien vite soupçonné que les
schistes disséminés sur le cavalier sont bitumineux et
appartiennent au Permien. Une analyse faite par lui ulté-
rieurement dans le laboratoire, n'a fait que confirmer cette
appréciation.
Le sondage aurait donc traversé dans la partie supé-
rieure les schistes permiens, recouvrant en profondeur le
permo-carbonifère ou le houiller supérieur du Grand-
Molloy h36 de la carte géologique de M. Delafond.
Quelques membres de la Société, remontant le flanc de
la vallée, se dirigent vers le château du Puy, pour exa-
miner le grès rouge. C'est le niveau le plus élevé du
Permien dans le bassin d'Autun.
Il est représenté dans la région par une formation de
grès et d'argiles colorés généralement en rouge ou rouge
brun. Us ne sont pas aussi bien caractérisés que dans
d'autres localités, où les grès offrent une texture massive
et peuvent se débiter en moellons. Ici la roche est désa-
grégée, meuble, et en grande partie détritique; aussi
est-elle exploitée pour tuileries dans de nombreuses car-
rières.
Mais l'heure du retour, déjà très avancée, ne nous permit
pas d'aller jusque-là.
En descendant sur Creusefond, bel affleurement de grès
et poudingues sur le bord de la route. Le pendage des
couches est dirigé de l'ouest à Test en sens opposé à la
pente de la route. Cette formation peut avoir de 12 à
15 mètres d'épaisseur. Elle disparaît brusquement à hau-
teur du village, qui occupe le fond de la vallée. On peut
supposer en ce point l'existence d'une faille, ou la dispa-
rition par dénudation du prolongement des couches.
Il est difficile d'émettre une opinion sur le rapport qui
peut exister entre ces grès et poudingues et le petit bassin
de Marvelay qui en est déjà à une certaine distance.
— 304 —
Dans une notice sur le bassin houiller d'Autun, publiée
en 1859 par M. Guyot, ingénieur civil, il est fait mention,
pour le petit bassin de Marvelay, d'un pendage différent de
celui affectant l'ensemble des couches du bassin autunois,
qui ont leur inclinaison dirigée vers le centre. Celles de
Marvelay inclineraient au sud-est. Les grès et poudingues
si bien visibles, développés sur la route, constitueraient
peut-être de ce côté la bordure la plus extérieure de son
bassin ; et l'ablation de ces mêmes grès, à hauteur de
Creusefond, serait le résultat d'une faille.
LISTE DES CHAMPIGNONS
Récoltés, de 189k A 1900, au VaUSaint-Benolt et à ta Drêe près d'Épinac
bois de sapins, bois de chênes et prairies,
par M. R. BIGEARD, instituteur en retraite. l
Amanita bulbosa, 2 novembre.
— muscaria, 13 octob., 2 nov.
— pantherina, 12 septembre,
13 octobre.
— uenenosa, 13 octobre.
— rubescertSy 1 3 octobre, 2 no-
vembre.
— vaginata, 13 octobre.
Lepiota excoriata, 15 septembre.
— procera, 13 octobre.
— clypeolaria, 7, 16 septem-
bre, sous les sapins.
— naucina, 13 octobre.
— granulosa, 1 3 octobre, 2 no-
vembre.
— carcharias, 13, 31 octobre,
sous les sapins.
Lepiota amiantina, 2 novembre,
sous les sapins.
Armillaria mellea, 13 octobre.
Tricholoma rutilans, 7 septem-
bre, 13 octobre, sous les
sapins.
Tricholomanudum, 2 novembre,
sous les sapins.
— personatum, 13 octobre,
sous les sapins.
— sordidum, 5 novembre.
— colombetta, 2 octobre.
— spermaticum, 19 septemb.
— acerbum, 2 novembre.
— fulvum, 16, 21 septembre.
— saponacetim, 19 septembre.
— melaleucum, 2 novembre.
1. Les espèces marquées d'un astérisque no se trouvent pas dans lo Catalogue
raisonné des Champignons supérieurs (Hymènomycètes) de Saônc*et-Loire% de
MM. Gillot et Lucand (1891). Les espèces marquées de deux astérisques manquent
également à la Flore des Champignons supérieurs du département de Saône-et-
Loire de MM. Bigeard et Jacquin (1898). La nomenclature adoptée est celle de
Fries : Hymènomycètes Europœi (1874).
— 305 —
Tricholomaterreum, 13 octobre,
sous les sapins, prairies.
* — ectypum, 16 septembre, la
Drée, prairies.
Clitocybe infundibuliformis , 7
septembre, 13 octobre.
* — tuba, 10 septembre, Val-
Saint-Benoit.
— nebularis, 31 octobre, sous
les sapins.
* — gymnopodia, 10 septemb.
— catina, 13 octobre.
— laccata, 19 août, 13 octobre.
— amethystina, 13 octobre.
— tornata, 13 octobre.
— phyllophila, 13 octobre.
— dcaJ6ata,7 septembre, 13 oc-
tobre.
— cerussafa, 2 novembre.
— expallens, 13 octobre.
— cyathiformis, 13 octobre,
2 novembre.
— diatreta, 13 octobre.
— brumalis, 13, 31 octobre,
sous les sapins.
— orbiformis, 31 octobre.
* — obolusy 13, 31 octobre.
Hygrophorus eburneus, 19 sep-
tembre, 13 octobre.
aureus, 11 novembre.
hypothejus, 2 novembre,
sous les sapins.
■ virgineus, 2 novembre.
■ nemoreus, 1 3 octobre , 2 no-
vembre, sous les sapins.
• psittacinus, 2 novembre.
- conicuSy 13 octobre, 2 no-
vembre.
- nitratus, 14 septembre,
Val-St-Benoît, prairies.
■ coccineus, 2 novembre.
**
Hygrophorus chlorophanus, 13,
31 octobre.
Collybia maculât a, 31 octobre,
sous les sapins.
— distorta, 14 septembre,
sous les sapins.
— but yracea, 13 octobre, 2 no-
vembre.
— radicata,7 septembre, 13 oc-
tobre.
— longipes, 2 novembre.
— fusipes, 19 août.
— cirrala, 19 septembre, 13 oc-
tobre.
— conigena, 13, 31 octobre,
2 novembre, sur les cônes
de sapins.
— dryophila, 31 octobre, 2,
7 novembre.
— rancida, 31 octobre.
MycenavulgariSj 13, 31 octobre,
sous les sapins.
— epipterygia, 7 septembre,
13, 31 octobre.
— rugosa, 13 octobre.
— parabolica, 1 3 octobre, 2 no-
vembre.
— galericulata, 7 septembre,
13 octobre.
— filopes, 13 octob., 2 nov.
* — elegans, 13 octobre, 2 no-
vembre.
— corticola, 2 novembre.
— hiemalis, 13 octobre.
— pura, 13, 31 octobre.
— Adonis, 13 octobre.
* — ammoniaca, 2 novembre.
* — stannea, 2, 7 novembre,
pâturages.
* — vitrea, 13 octobre, 2 no-
vembre, pâturages.
— 306 -
Omphaliaumbellifera, 13 octob.,
2 novemb. , sous une haie.
— fibula, 13 octobre.
Pleurotus olearius, 19, 30 août.
Lactarius deliciosus, 13 octobre,
sous les sapins.
— acris, 1 9 août, 7 septembre.
— vietus, 13 octobre, 2 nov.
— blennius, 19 septembre.
— musteus, 7 septembre.
— piperatus, 1er juillet, 19
août.
— vellereus, 13 octobre.
— controversus, 13 octobre.
— torminosus, 13 octobre.
— pyrogalus, 7 septembre,
— glyciosmuSj 13, 14 octobre.
— camphoratus, 13 octobre.
— volemus, 19 août.
— subdulcis, 13 octobre.
Russulanigricans, 19 septembre.
— delica, 7 septembre, 13 oct.
— lepida, 1er juillet, 19 août.
— intégra, 31 août, 7 sept.
— a/utacea, 12 septembre,
13 octobre.
— chamaeleontina, 2 novemb.
— » sanguînea, 13 octobre.
— rubra, 19 août, 21 sep-
tembre.
— sardonia, 1er septembre.
* — fallax, 13 novembre.
* — purpurea Gillet, 19 août,
13 octobre, sous les sa-
pins.
— violacea Quélet, 7 sept.
M — cyanoxantha, 19 juin.
* — lilacea Quélet, 13 octobre.
* — xerampeZina, 2 novembre,
sous les sapins.
— fœtens, 19 août.
*Russula fellea, 7 septembre.
* — rainda, 19 août.
— virescens, 1er juillet.
— consobrina, 16P juillet.
Marasmius prasiosmtis, 31 oc-
tobre, 2 novembre.
— oreades, mai.
— androsaceus, 13 octobre.
— epiphyllus, 19 août.
— rameah's, 2 novembre.
* — scorodonius, 14 septembre,
au pont de la Drée.
Lentinus tigrinus, 13 octobre.
Volvaria paruu/a, 14 octobre.
Pluteus cervinus, 19 septembre.
Entoloma sericeum, 13 octobre.
— nidorosum, 13 octobre.
Clitopilus orcella, 7 septembre,
13 octobre.
Leptonia sethiops, 14 septembre,
prairies.
— lampropa, 14 septembre.
— chalybœa, 14 septembre,
Val-Saint-Benoît, prai-
ries.
Nolanea pascua, 7 septembre,
2 novembre.
* — proletaria, 2 novembre.
Claudopusvariabilis, 13 ootobre,
2 novembre.
Pholiota unicolor, 13 octobre,
2 novembre.
— mustelina, 13, 31 octobre,
sous les sapins.
Cortinarius mucifiuus, 2 nov.
— delibutus, 13 octobre, 2
novembre.
* — Kiederi,19 septembre, 2 no-
vembre.
— multiformis, 13 ootobre.
* — prasinus, 19 septembre.
- 307 —
Cortinarius glaucopus, 19 sept.
— purpurascensj septembre,
13 octobre.
— caerulescens, 19 septembre.
* — triumphans, 2 novembre.
— decoloratus, 2 novembre.
— ochroleucus, 13 octobre.
— anomalus, 19 septembre.
— raphanoides, 2 novembre.
— cinnamomeus, 13 octobre.
— scutulatus, 13 octobre.
— paleaceuSj 31 octobre.
— incisus, 2 novembre.
— armeniacus, 2 novembre.
— castaneus, 14 septembre,
13 octobre.
— erythrinus, 31 octobre.
— decipiens, 2 novembre.
Inocybe obscura, 13 octobre.
— Jacera, 13 octobre.
* — perbrevis, 19 août.
— rimosa, 2 novembre.
— fastigiata, 19 août.
— descissa,l9août,13octobre.
— lucifuga, 13 octobre.
— geophila Bull. var. alba,
7 septembre.
* — — var. lilacina, 7 sept.
* — scabella, 2 novembre.
— peliginosa, 13 octobre.
Hebeloma mesophœum, 13 oc-
tobre, sous les sapins.
— crustulini forme, 13 oct.
— sinapizans, 13 octobre.
— Jongicaudum,7septembre.
Flammulagummosa, 13 octobre.
Naucoriamelinoides, 13 octobre.
GaJera ienera, 13 octobre, 2 no-
vembre.
* — apaia, 10 septembre, prés
du Val-Saint-Benoît.
Galera sphagnorum, 14 sept.
Tubaria pellucida, 3 novembre.
— furfuracea, 14 septembre.
Paxillus involutus, 7 septembre,
13 octobre.
Pratella cretacea, 13 octobre.
— campestris, 13 octobre.
** — /ia?morroïdarta,19 septem-
bre, sous les sapins.
Stropharia œruginosa, 19, 27 sep-
tembre, 13 octobre.
— stercoraria, 13 octobre.
— coronilla, 13 octobre.
Hypholomaappendiculatum, 19
août, 13 octobre.
— subiateri(ium,2novembre.
— fasciculare, 19 août, 2 no-
vembre.
*Psilocybe ericœa, 13 octobre.
Psathyra gyroflexa, 2 novembre.
— conopilea, 2 novembre.
— corrugis, 10 septembre.
Gomphidius glutinosus, 7 sep-
tembre, 13 octobre, sous
les sapins.
— viscidus, 10 septembre,
sous les sapins.
Panasolus sphinctrinus, 13 oct.
— retirugis, 7 septembre.
— campanulatus,ll novemb.
Psathyrella gracilis, 11 novemb.
Coprinus comatus, 13 octobre.
— atramentarius, 13 octobre.
— lagopus, 20 sept., 13 oct.
— micaceus, 2 novembre.
Cantharellus cibarius, 2 novemb.
— auranhacus,13,31 octobre,
sous les sapins.
— infundibuliformis, 2 nov.
Craterellus cornucopioides, 13
novembre.
— 308 —
Craterellus sinuosus, 13 novemb.
Boletus flavus, 9 septembre, 31
octobre, sous les sapins.
— luteus, 13, 31 octobre, sous
les sapins.
— rufus, 19 septembre.
— scaber, 19 août.
— aurantiacus, 13 octobre.
— badius, 13, 31 octobre, sous
les sapins.
— bovinus, 7 septembre, sous
les sapins.
— granulatus, 13 octobre,
sous les sapins.
* — versicolor, 19 septembre.
— chrysenteron, 31 octobre.
Fistulinahepatica, 16 septembre.
Polyporus tomentosus, été, au-
tomne (Dr Carion).
Cladomeris sulfurea, 27 sept.
Fomes nigricans, 30 mai.
— pomaceus, 30 mai.
** Polystictus lacteus, 31 octobre.
Porta sinuosa, 23 juillet, sep-
tembre.
— obduccnSy 22 septembre.
Dxdalea unicolor, 10 septembre.
Hydnum repandum, 13 octobre.
— rufescens, 13 octobre.
— zonatum, 2 novembre.
— auriscalpum, 31 octobre,
sur les cônes de sapins.
Sistotrema confluens, 2 novem-
bre, sous les sapins.
Irpex furco-violaceus, 16 sep-
tembre, sous les sapins.
Thelephora palmata, 2 novemb.
— laciniata, 16 septembre.
Stereum hirsutum, 2 novembre.
Stereum purpureum, 2 novemb.
Corticium lacteum, 31 août.
— quercinum, 2 novembre.
Clavaria Botrytis, 7 septembre.
— flava, 13 octobre.
— cinerea, 13 oct., 2 nov.
— cristata, 2 novembre.
— rugosa, 2 novembre.
— stricta, 10 septembre.
* — flaccida, 2 novembre, bois
de chênes.
— pistillaris, 13 novembre,
sous les sapins.
— inœqualis, 2 novembre, pâ-
tures.
Phallus impudicus, 1er juillet,
1er septembre.
*Bovista defossa, 14 septembre,
Epinac, hameau de la
Forge, pelouse, près d'un
puits de mine abandonné.
'Lycoperdon gemmatum, 13 oc-
tobre.
* — piri forme, 13 octobre.
* — praten&e, 13 octobre.
*Scleroderma vu/gare, 13 octobre.
* — verrucosum, 2 novembre.
**Helvella fallax Quélet, 2 nov.,
sous les sapins.
*Leotia lubrica, 2 novembre.
* Spathularia flavida, 10 septem-
bre, Val - Saint - Benoît ,
sous les sapins.
*Aleuria onotica, 16 septembre,
Val-Saint-Benoît , sous
les sapins.
Mrcynapunicea, 16 septembre,
à terre, sur les brindilles
de sapins.
■SB-h-
INDEX ANALYTIQUE
DES
PROCÈS-VERBAUX ET DES EXCURSIONS
DE L'ANNÉE 1900
Pages.
Adventices (à propos de).. 143
Allium Porrum 38
Amaurops dentatithorax. . 25
Amibes (les) 148
Anaspis brumanensis .... 28
Anthracomycetes Rochei. . 171
Archaeopteryx 32
— lithographica 34
Arthroon Rochei 172
Arthropitus 237
Asplenium germanicum. . 253
Assuanensius n. g 29
Auxy (excursion) 291
Bactériacées fossiles 127
Bagous pallidipes 30
Bagous robustior 29
Barbarea vulgaris 49
Baridius (Baris) Berthieri. 29
Battées (bois des) 301
Basset (C.) 273
Belette hermine 23
Bidault (Dr) 232
Bigeard(R.). 6, 266, 296, 304
Boise (Ch. -Paul-Constant) 18
Borgy (carrières de gypse)
285, 289
Pages.
Brongniart (Charles) 12
Bruchus Millingeni 31
Bruchus spiniger var. ru-
brithorax 31
Bulliot 178
Calluna vulgaris 72
Cardot (Jules) 20
Carotte anthropomorphe.. 241
Caulinia fragilis 246
Cécidies 216
Cellule (la) 148
Gentaurea serotina 70
Centranthus Oilloti 134
Champignons de Saône-et-
Loire 266
ChampignonsduVal-Saint-
Benoît 296, 304
Champignons vénéneux . . 256
Chaignon (V» IL de) 5,61,
136, 191, 220, 273, 287, 299
Château (E.).... 143, 216,
241, 243 244,247, 273
Chemin de fer de Montceau-
les-Mines à la Guiche
(profil géologique) 220
Oolchicum autumnale. ... 44
— 310 -
Pages.
Coléoptères nouveaux ou
rares pour le département 199
Gourant atmosphérique
tempéré 249
Gouttolenc (Léon-Gilbert). 14
Creusefond (excursion)... 303
Danacœa Lysholmi 27
Devilerdeau 179
Dezize (excursion) 286
Diard (Dr) 79, 148
Diluvium du Soissonnais. 189
Dirand 180
Dolmen de Ohanteillou. . . 284
— de Cublanc 283
Dupré (Albert) 13
Empoisonnement par les
Champignons 256
Euconnus (Euconnus) se-
gyptiacus 26
Euconnus (Napochus) jor-
danensis 26
Filon quartzeux de Mont-
jeu 136
Filosité des pommesde terre 145
Flore du canal de Roanne
à Digoin 244
Forge ou des Battées (bois
de la) 292, 301
Franchet (Adrien, notice
biographique) 89
Franchet (énumération de
ses travaux) 110
Gagnepain (F.) 37, 67
Gaudry (Albert) 125, 170
Gautron du Coudray (V"). 62
Geum Billieti 133
Pages.
Gillot(D'). 1,120,129,177,
199,240, 251, 256
Goublet 171
Gravillon (Arthur de). . . . 8
Grenouille à cinq pattes. . 142
Grosme (tour de) 296
Gueneau 285
Gymnigritella Girodi 1 34
Helops (Raiboscelis) ico-
niensis 31
Herbier mycologique du
Df Gillot 120
Hirondelles et Punaises.. . 23
Houx de Champ-Chanoux. 291
Hua (Henri) 89
Hybrides et métis de la
flore française 129
Jeannet 21
Lacatte (Jules) 9
Lampsana vulgaris 67
Langeron (Maurice) 62
Lepidium Draba 277
— Smithii 254
Leptomastax latipennis. .. 32
Lilas commun (tératologie) 140
Madru (Alfred-J.-B.) 15
Marchai (O.) 145, 233
Marcigny (concours agri-
cole) 208
Marvelay (excursion). 291,
298, 302
Maupoil (E) 285
Menni (Giovanni) 13
Mespilus Smithii 136
Milne-Edwards(A.)21,58, 232
Mirage dans la prairie de
Saint-Jean-des- Vignes . 229
— 311 —
Pages.
Mordellistena palaestina.. 27
Montessus (Dr P. B. de). 7, 57
Mustela candida 23
Naudin (Ch.) 7
Noiron (Armand-Bertrand
de) 19
Onothera biennis 43
Orchis alata 135
Ormezzano (Q.).. 22,140,
208, 241
Papyrus et ses usages. ... 79
Pèche commune monstru-
euse 240
Périer 176
Pérot (Francis) 249
Philibert (Joseph) 7
Phleum pratense 39
Pic (Maurice) 25, 199
Plantago lanceolata 43
Plantains (phyllodie) 241
Plantes rares ou nouvelles
de Saône-et-Loire 251
Plésiosaures 184
Poissons secondaires 187
Pommes de terre (Pilosité
des) 145
Pommes de terre folles. . . 243
Potamogeton acutifolius.. 246
Primula média 136,251
Pteris aquilina var. abbre-
viata 22
Ptérodactyle 32
Pterodactylus spectabilis • 36
Quincy (Charles) 229
Pages.
Ranunculus bulbosus. 40, 41
Râteau (Auguste) 13
Renault (B.). 58, 124,127,
171, 173, 182, 237
Repas (excursion)... 292, 299
Roche (A.).... 5, 32, 122,
171, 179, 182, 184
Salix aurita 73, 74
Santenay (excursion) 276
— (fontaine salée). 278
— (géologie) 287
— (source Carnot). 277
— (source Lithium) 277
Scleranthus intermedius. . 134
Silex taillés d'Ouargla 272
Sinapis arvensis 53
Sisymbrium Alliaria 52
— officinale. ... 53
Sphaignes du Morvan. ... 63
Stellaria Holostea 37
Téléosaures 184, 186
Tératologie végétale. . 37,
67, 140, 240
Tilleul d'Auxy 292
Tragopogon pratensis .... 68
Trèfle de Pan non ie 247
Tulipa Gesneriana 47
— silvestris 45
Valeriana dioïca 41
Valerianella olitoria 44
Val-Saint-Benoît (excur-
sion) 291, 293, 302
Viard 180
Vilmorin (H. Levôque de) 15
Viola tricolor var. arvensis 39
©
TABLE
DBS
SÉANCES DE L'ANNÉE 1900
■•o«-
Séance du 25 février 1900.
Pages.
Rapport annuel par M. le Dr Gillot, vice-président 1
Compte rendu annuel du trésorier 21
Notes de M. Q. Ormezzano :
1° Pteris aquilina var. abbreviata Gillot 22
2° Belette hermine 23
3° Hirondelles et Punaises 23
Diagnoses de Coléoptères d'Orient récoltés en 1899, par Mau-
rice Pic 25
Archaeoptéryx et Ptérodactyle par A. Roche 33
Nouvelles notes de tératologie végétale par F. Gagnepain .... 37
Réception de nouveaux membres titulaires : MM. Xavier de
Baumont, Paul Collette, d'Estival, Clément Driotton, Jules
Maréchal, Moriot, Nulet, Emile Pidaut, Dr Rochet 55
Dons et envois faits à la Société 56
Don du portrait de M. le Dr F. B. de Montessus 57
Séance du 22 avril 1900.
Décès de M. Alphonse Milne-Edwards, président d'honneur . . 58
Séance levée en signe de deuil 60
Séance du 29 avril 1900.
Réception de nouveaux membres titulaires : MM. Louis Fran-
chet, E. Prisse d'Avesnes, Louis Vergniaud 61
M. H. de Chaignon nommé membre bienfaiteur 61
M. Maurice Langeron annonce un mémoire sur la flore fossile
de Sézanne 62
Les* Sphaignes du Morvan, par M. Gautron du Coudray 63
— 313 —
Pages.
Nouvelles Notes de tératologie végétale, par F. Gagnepain
(suite) 67
Le Papyrus et ses usages, par le Dr Diard 79
La vie et les travaux de A. Franchet, par Henri Hua 89
Énumération des travaux scientifiques de A. Franchet (1857-
1900) 410
Dons et envois 119
Herbier mycologique du Dr Gillot 120
Collections paléontologiques de M. A. Roohe 122
Nouvelles publications de M. B. Renault 123
Correspondance 124
Conférence de M. B. Renault sur les Tourbes et les Houilles. . 124
Séance du 8 juillet 1900.
Nomination de M. le professeur Albert Gaudry comme Prési-
dent d'honneur 125
Réception comme membre d'honneur de M. Henri Filhol,
professeur d'anatomie comparée au Muséum 126
Réception de nouveaux membres titulaires : MM. Chevalier, Creu-
sevault, lieutenant-colonel Gillot, Louvernier, J. Paillard,
Roidot-Errard, Sirdey 126
Nominations de M. le Dp Gillot comme officier d'Instruction
publique et de M. L. Fauconnet comme officier d'Académie. 126
Sur la diversité du travail des Bactériacées fossiles par
B. Renault 127
Les Hybrides et les Métis de la flore française, par le Dr X.
Gillot 129
Sur l'allure du filon quartzeux de Montjeu, par le Vte H. de
Chaignon 136
Cas tératologiques, par Q. Ormezzano :
1° Éversion biologique du lilas commun 140
2° Grenouille à cinq pattes 142
A propos de plantes adventices, par E. Château 143
La filosité des pommes de terre, par C. Marchal 145
La Cellule. — Les Amibes, par le Dr Diard 148
Lettre de M. Albert Gaudry 170
M. Goublet, rédacteur au ministère de L'Instruction publique,
nommé membre correspondant 171
Dons ^t envois 171
Surveillance du Musée confiée à un agent municipal 172
— 314 —
Réunion du 30 septembre 1900.
Pages.
Déjeuner à l'hôtel Saint-Louis 172
Toast de M. B. Renault 173
Réponse de M. Périer, maire d'Autun 176
Toast du Dr Gillot 177
Réponse de M. Bulliot 178
Toast de M. A. Roche 179
Toast de M. Jules Devilerdeau 179
Toast de M. Dirand, adjoint 180
Toast de M. Viard, adjoint 180
Séance du 30 septembre 1900.
Réception de nouveaux membres titulaires : MM. abbé Bonnin,
Braudey, Louis Dessertenne, Morel, Dr Perraudin, A. Petit 181
M. le Dr Bornet, membre de l'Institut, nommé membre d'hon-
neur 182
Inauguration de la salle Roche; allocution de M. B. Renault.. 182
Plésiosaures et Téléosaures, par A. Roche 184
Note sur les Poissons secondaires, par A. Roche 187
Note sur le Diluvium du Soissonnais, par A. Roche 189
Collections minéralogiques de M. le Ve H. de Chaignon. 191, 192
Herbiers de M. le Dr Gillot 198
Liste de Coléoptères rares ou nouveaux pour le département,
par M. Maurice Pic 199
Les sciences naturelles au concours agricole et viticole de Mar-
cigny, par Q. Ormezzano 208
Profil géologique du chemin de fer de Montceau-les-Mines à
la Guiche, par le Vte II. de Chaignon 220
Note sur un effet de mirage observé dans la prairie de Saint-
Jean-des-Vignes, par Ch. Quincy 229
Notice biographique de M. A. Milne-Edwards, par B. Renault. 232
Dons et envois 232
Note sur un nid d'Hyménoptère, par C. Marchal 232
Correspondance 233
Conférence de M. B. Renault sur les Bactériacées fossiles et
sur un nouveau type de tige lépidendroide fossile 234
Distribution du XIIe Bulletin, deuxième partie 234
— 315 —
Séance du 18 décembre 1900.
Pages.
Lettre de M. Albert Gaudry 235
Nominations de M. Albert Gaudry comme commandeur, et de
MM. Bornet, Mangin et de Saint-Arroman comme officiers de
la Légion d'honneur 236
Réception de nouveaux membres titulaires : MM. Beurton-
Vieillard, Brossard, Gobey, Jeannin, Rizet et Seguin 236
M. Léon Vaillant, professeur au Muséum de Paris, nommé
membre d'honneur 236
Note sur les Arthropitus, par B. Renault 237
Notes tératologiques : Monstruosité de la pêche commune, par
le D' X. Gillot 240
Une carotte anthropomorphe, par Q. Ormezzano 241
Phyllodie des plantains, par E. Château 241
Pommes de terre folles, par E. Château 243
Observations botaniques sur la flore du canal de Roanne à
Digoin, par E. Château 244
Un pied de trèfle de Pannonie sur les bords de la Loire, par
E. Château 247
Observation sur un courant atmosphérique tempéré, par
Francis Pérot 249
Plantes rares ou nouvelles pour le département de Saône-et-
Loire, par le Dr X. Gillot 251
L'empoisonnement par les Champignons et l'étude des Cham-
pignons vénéneux, par le Dr X. Gillot 256
Liste des Champignons qui manquent au catalogue du dépar-
tement de Saône-et- Loire, mais qui se trouvent dans les
collections de la Société d'histoire naturelle d'Autun, récol-
tés dans le département ou les départements limitrophes,
par R. Bigeard 266
Dons et envois 272
Silex taillés de Ouargla 272
TABLE
EXCURSIONS DE L'ANNÉE 1900
Pat».
Excursion à Santenay (Cote-d'Or), 27 mai 1900 276
Aperçu géologique sur la course du 37 mai 1900, par M. le
V" H. de Chaignon 287
Excursion à Auxy, au Val-Saint- Benoît et à Marvelay, 1* juil-
let 1900 291
Note géologique sur la course du 1er juillet 1900, par H. le
V" de Chaiokok 299
Liste des Champignons récoltés de 1894 à 1900 au Val-Saint-
Benoît et à la Drée, près d'Épinac, par H. R. Bigeard 30*
PLANCHES DES PROCES-VERBAUX
ET DES EXCURSIONS
Planche I et II. Tératologie végétale 49
— III et IV. — — 73
— V, VI, VII. Cyperus papyrus 80
Portrait de A. Franchet 69
Lilas commun H0
Grenouille à cinq pattes 142
Effet de mirage Ï29
Monstruosité d'une pêche commune 240
Dolmen de Cublanc. — Allée couverte de Champ-Teillou 284