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SOCIETE 


D'HISTOIRE  NATURELLE 


D'AUTUN 


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SOCIETE 


D'HISTOIRE  NATURELLE 


D'AUTUN 


TREIZIÈME  BULLETIN 


AUTUN 

IMPRIMERIE  ET  LIBRAIRIE   DEJUSSIEU 

1900 


,w*  STATUTS  ET  RÈGLEMENT 

DE  LA 

SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE 

D'AUTUN 

APPROUVÉS  PAR  ARRÊTÉ  PRÉFECTORAL 

EN  DATI  DU   1er  AVRIL   1886 
VT   MODITIÉ0 

d'après  l'instruction  du  conseil  d'état 

DU     15    DÉCEMBRE    1893 

— + — 


STATUTS 


BUT  ET  COMPOSITION  DE  L'ASSOCIATION 


Article  lep.  —  L'association  dite  Société  d'histoire  naturelle  d'Au- 
tun,  fondée  le  1er  avril  1886,  a  pour  but  exclusif  de  contribuer  au 
progrès  des  sciences  naturelles  et  préhistoriques,  d'en  propager  le 
goût,  de  rechercher  et  recueillir  tout  ce  qui  peut  se  rattacher  à  ces 
sciences.  Tous  les  membres  de  la  Société  devront  être  Français,  et 
tout  individu  appartenant  à  une  nationalité  étrangère  ne  pourra  en 
faire  partie  à  un  titre  quelconque.  Les  mineurs  ne  pourront  être 
admis,  sans  le  consentement  de  leurs  parents  ou  tuteurs. 

Elle  a  son  siège  à  Autun. 

Art.  2.  —  Les  moyens  d'action  de  l'association  sont  les  réunions, 
les  conférences,  les  excursions,  l'exposition  publique  de  ses  collec- 
tions, la  publication  d'un  Bulletin  annuel,  une  bibliothèque,  etc. 

Art.  3.  —  L'association  se  compose  de  membres  titulaires,  de 
membres  à  vie,  de  membres  d'honneur,  de  membres  bienfaiteurs 
et  de  membres  correspondants. 

Pour  être  membre  titulaire,  il  faut  :  1°  être  présenté  par  deux 
membres  de  l'association  et  agréé  par  le  conseil  d'administration; 
2°  payer  une  cotisation  annuelle,  dont  le  minimum  est  de  10  francs; 

Cette  cotisation  peut  être  rachetée,  en  versant  la  somme  de 
100  francs  qui  donne  alors  droit  au  titre  de  Membre  à  vie. 


VJ  STATUTS   ET    RÈGLEMENT. 

Les  membres  titulaires  ont  seuls  voix  délibérative  dans  les  réu- 
nions de  la  Société  et  sont  seuls  éligibles  aux  fonctions  qu'elle 
confère. 

Le  titre  démembre  d'honneur  sera  donné  par  la  Société,  en  assem- 
blée générale,  aux  personnes  qui  lui  auront  rendu  des  services  ou 
qui  occupent  un  rang  distingué  dans  les  sciences  ou  les  lettres. 

Les  propositions  pour  la  collation  de  ce  titre  devront  être  adres- 
sées au  conseil  d'administration  qui  n'y  donnera  suite  qu'après  s'être 
assuré  de  l'assentiment  de  la  personne  proposée. 

Le  titre  de  membre  bienfaiteur  est  accordé  à  toute  personne  fai- 
sant à  la  Société  un  don  en  espèces  ou  en  nature,  d'une  valeur  mini- 
mum de  500  francs. 

Les  membres  correspondants  ne  sont  pas  plus  soumis  au  paiement 
de  la  cotisation  que  les  membres  d'honneur.  Tous  sont  invités  à 
contribuer  à  la  prospérité  de  la  Société,  par  des  dons  manuels, 
communications,  etc.,  etc. 

Art.  4.  —  La  qualité  de  membre  de  l'association  se  perd  : 

1°  Parla  démission: 

2°  Par  la  radiation  prononcée,  pour  motifs  graves,  par  le  conseil 
d'administration,  le  membre  intéressé  ayant  été  préalablement 
appelé  à  fournir  ses  explications,  sauf  recours  à  l'assemblée  générale; 
ou  par  l'assemblée  générale,  sur  le  rapport  du  conseil  d'adminis- 
tration. 


ADMINISTRATION  ET  FONCTIONNEMENT 


Art.  5.  —  L'association  est  administrée  par  un  conseil  composé  au 
moins  de  seize  membres  élus  pour  trois  ans,  par  l'assemblée  géné- 
rale. 

En  cas  de  vacance,  le  conseil  pourvoit  au  remplacement  de  ses 
membres,  sauf  ratification  par  la  plus  prochaine  assemblée  générale. 

Le  renouvellement  du  conseil  a  lieu  intégralement  tous  les  trois 
ans. 

Les  membres  sortants  sont  rééligibles. 

Ce  conseil  choisit  parmi  ses  membres  un  bureau  composé  des 
président,  vice-présidents,  secrétaire,  trésorier. 

Le  bureau  est  élu  pour  trois  ans. 

Art.  6.  —  Le  conseil  se  réunit  tous  les  mois  et  chaque  fois  qu'il 
est  convoqué  par  son  président  ou  sur  la  demande  du  quart  de  ses 
membres. 

La  présence  du  tiers  des  membres  du  conseil  d'administration  est 
nécessaire  pour  la  validité  des  délibérations. 

Il  est  tenu  procès-verbal  des  séances. 

Les  procès-verbaux  sont  signés  par  le  président  et  le  secrétaire. 

Art.  7.  —  Toutes  les  fonctions  de  membre  du  conseil  d'adminis- 
tration et  du  bureau  sont  gratuites. 


STATUTS   ET   RÈGLEMENT.  Vlj 

Art.  8.  —  L'assemblée  générale  des  membres  titulaires  de  l'asso- 
ciation se  réunit  au  moins  une  fois  par  an  et  chaque  fois  qu'elle  est 
convoquée  par  le  conseil  d'administration  ou  sur  la  demande  au 
moins  du  quart  de  ses  membres. 

Son  ordre  du  jour  est  réglé  par  le  conseil  d'administration. 

Son  bureau  est  celui  du  conseil. 

Elle  entend  les  rapports  sur  la  gestion  du  conseil  d'administration, 
sur  la  situation  financière  et  morale  de  l'association. 

Elle  approuve  les  comptes  de  l'exercice  clos,  vote  le  budget  de 
l'exercice  suivant,  délibère  sur  les  questions  mises  à  l'ordre  du  jour 
et  pourvoit  au  renouvellement  des  membres  du  conseil  d'adminis- 
tration. 

Le  rapport  annuel  et  les  comptes  sont  adressés,  chaque  année,  à 
tous  les  membres,  au  préfet  du  département  et  au  ministre  de 
Tinté  rieur. 

Art.  9.  —  Les  dépenses  sont  ordonnancées  par  le  président.  L'as- 
sociation est  représentée,  en  justice  et  dans  tous  les  actes  de  la  vie 
civile,  par  le  président. 

Art.  10.  —  Les  délibérations  du  conseil  d'administration  relatives 
aux  acquisitions,  échanges  et  aliénations  d'immeubles,  aliénations 
de  valeurs  dépendant  du  fonds  de  réserve,  prêts  hypothécaires,  em- 
prunts, constitutions  d'hypothèques  et  baux  excédant  neuf  années, 
ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  de  l'assemblée  générale. 

Art.  11.  —  Les  délibérations  du  conseil  d'administration  relatives 
à  l'acceptation  des  dons  et  legs,  les  délibérations  de  l'assemblée 
générale  relatives  aux  acquisitions  et  échanges  d'immeubles,  alié- 
nation de  valeur  dépendant  du  fonds  de  réserve  et  prêts  hypothé- 
caires, ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  du  gouvernement. 


RESSOURCES  ANNUELLES  ET  FONDS  DE  RÉSERVE 


Art.  12.  —  Les  ressources  annuelles  de  l'association  se  compo- 
sent : 

1»  Des  cotisations  et  souscriptions  de  ses  membres; 

2°  Des  subventions  qui  pourront  lui  être  accordées  ; 

3°  Du  produit  des  ressources  créées  à  titre  exceptionnel  et,  s'il  y 
a  lieu,  avec  l'agrément  de  l'autorité  compétente  ; 

4°  Enfin,  du  revenu  de  ses  biens  et  valeurs  de  toute  nature. 

Ces  fonds  seront  exclusivement  employés  à  favoriser  le  progrès 
des  sciences  dont  elle  s'occupe. 

Toute  dépense  n'excédant  pas  50  francs  pourra  être  autorisée 
d'office  par  le  président.  Celles  qui  ne  dépasseront  pas  100  francs 
seront  votées  par  le  conseil;  au-dessus  de  ce  chiffre,  elles  ne  pour- 
ront être  autorisées  que  par  un  vote  de  la  Société. 


Vllj  STATUTS   ET    RÈGLEMENT. 

Art.  13.  —  Le  fonds  de  réserve  comprend  : 

1°  La  dotation; 

2°  Le  dixième  au  moins  de  l'excédent  des  ressources  annuelles; 

3°  Les  sommes  versées  pour  le  rachat  des  cotisations; 

4°  Le  produit  des  libéralités  autorisées  sans  affectation  spéciale; 

Art.  14.  —  Le  fonds  de  réserve  est  placé  en  rentes  nominatives 
3  %  sur  l'État,  ou  en  obligations  nominatives  de  chemins  de  fer  dont 
le  minimum  d'intérêt  est  garanti  par  l'État. 

Il  peut  également  être  employé  en  acquisitions  d'immeubles, 
pourvu  que  ces  immeubles  soient  nécessaires  au  fonctionnement  de 
la  Société,  ou  en  prêts  hypothécaires,  pourvu  que  le  montant  de  ces 
prêts  réuni  aux  sommes  garanties  par  les  autres  inscriptions  ou 
privilèges  qui  grèvent  l'immeuble  ne  dépasse  pas  les  deux  tiers  de 
sa  valeur  estimative. 


MODIFICATION  DES  STATUTS  ET  DISSOLUTION 


Art.  15.  —  Les  statuts  ne  peuvent  être  modifiés  que  sur  la  propo- 
sition du  conseil  d'administration  ou  du  dixième  des  membres  titu- 
laires, soumise  au  bureau,  au  moins  un  mois  avant  la  séance. 

L'assemblée  extraordinaire,  spécialement  convoquée  à  cet  effet, 
ne  peut  modifier  les  statuts  qu'à  la  majorité  des  deux  tiers  des 
membres  présents.  —  L'assemblée  doit  se  composer  du  quart,  au 
moins,  des  membres  en  exercice. 

Art.  16.  —  L'assemblée  générale  appelée  à  se  prononcer  sur  la 
dissolution  de  l'association  et  convoquée  spécialement  à  cet  effet, 
doit  comprendre,  au  moins,  la  moitié  plus  un  des  membres  en  exer- 
cice. La  dissolution  ne  peut  être  votée  qu'à  la  majorité  des  deux 
tiers  des  membres  présents. 

Art.  17.  —  En  cas  de  dissolution  ou  en  cas  de  retrait  de  la  recon- 
naissance de  l'association  comme  établissement  d'utilité  publique, 
l'assemblée  générale  désigne  un  ou  plusieurs  commissaires  chargés 
de  la  liquidation  des  biens  de  l'association.  Elle  attribue  les  collec- 
tions et  la  bibliothèque  à  la  ville  d'Autun,  et  l'actif  net  à  un  ou  plu- 
sieurs établissements  analogues,  publics  ou  reconnus  d'utilité 
publique.  —  Ces  délibérations  sont  adressées,  sans  délai,  au  ministre 
de  l'instruction  publique. 

Dans  le  cas  où  l'assemblée  générale  n'ayant  pas  pris  les  mesures 
indiquées,  un  décret  interviendrait  pour  y  pourvoir,  les  détenteurs 
des  fonds,  titres,  livres  et  archives  appartenant  à  l'association  s'en 
dessaisiront  valablement  entre  les  mains  du  commissaire  liquidateur 
désigné  par  ledit  décret. 

Art.  18.  —  Les  délibérations  de  l'assemblée  générale  prévues  aux 
articles  15,  16  et  17  ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  du 
gouvernement. 


STATUTS    ET    RÈGLEMENT.  IX 

Art.  19.  —  Un  règlement  adopté  par  l'assemblée  générale  et 
approuvé  par  le  ministre  de  l'intérieur,  après  avis  du  ministre  de 
l'instruction  publique,  arrête  les  conditions  de  détail  propres  à  assu- 
rer l'exécution  des  présents  statuts.  Il  peut  toujours  être  modifié 
dans  la  même  forme. 

Art.  20.  —  Le  ministre  de  l'instruction  publique  aura  le  droit  de 
faire  visiter  par  ses  délégués  les  établissements  fondés  par  l'associa- 
tion et  de  se  faire  rendre  compte  de  leur  fonctionnement. 


REGLEMENT   INTERIEUR 

ET   SURVEILLANCE 


Article  1er.  —  Le  président  est  chargé  de  maintenir  l'ordre  et  la 
régularité  dans  la  Société,  de  diriger  et  de  surveiller  l'impression 
des  publications  décidée  par  le  conseil,  et  de  pourvoir  d'une  manière 
générale  à  tous  les  détails  d'administration. 

Art.  2.  —  Les  vice-présidents  remplacent  le  président  en  l'absence 
de  celui-ci.  Ils  en  ont  tous  les  pouvoirs. 

Art.  3.  —  Le  secrétaire,  sur  l'invitation  du  président,  convoque 
aux  séances,  excursions,  etc.  ;  il  rédige  les  procès-verbaux. 

Art.  4.  —  Le  trésorier  recouvre  les  cotisations,  le  droit  de  diplôme, 
les  allocations  ou  dons  pécuniaires  faits  à  la  Société  et  en  délivre 
quittance. 

Il  acquitte  les  dépenses  sur  mandat  du  président. 

Il  tient,  en  un  mot,  un  compte  détaillé  des  recettes  et  des  dépenses 
de  toute  nature,  et  doit  rendre  compte  de  sa  gestion  à  la  première 
réunion  générale  de  chaque  année. 

Il  ne  pourra  démissionner  sans  avoir  fait  vérifier  ses  livres  par  le 
conseil. 

Art.  5.  —  Les  conservateurs  recueillent  et  classent  tous  les  objets 
d'histoire  naturelle  offerts  à  la  Société;  ils  donnent  les  soins  néces- 
saires aux  collections  et  au  mobilier. 

Art.  6.  —  Le  bibliothécaire-archiviste  est  chargé  de  la  conserva- 
tion des  livres,  papiers,  mémoires,  communications,  etc. 

Art.  7.  —  Le  conseil  déterminera  les  ouvrages  et  les  mémoires 
qui  devront  être  imprimés  par  la  Société. 

Art.  8.  —  Toutes  les  nominations  et  tous  les  votes  auront  lieu  au 
scrutin  secret  et  à  la  majorité  absolue  des  membres  présents,  à 
moins  que  le  vote  par  assis  et  levé  ne  rencontre  aucune  opposition. 

Art.  9.  —  Les  membres  titulaires  devront  acquitter,  dans  le  pre- 
mier trimestre  de  l'année,  la  cotisation  annuelle. 

Art.  10.  —  En  échange  du  diplôme  qu'ils  recevront  à  leur  réception, 
les  nouveaux  sociétaires  devront  payer  la  somme  de  2  francs. 


X  STATUTS    ET    RÈGLEMENT. 

Art.  il.  —  La  cotisation  donnera  le  droit  de  recevoir  gratuitement 
toutes  les  publications  de  la  Société  et  de  prendre  part  à  toutes  les 
excursions,  réunions  et  conférences  qu'elle  pourra  organiser. 

Art.  12.  —  Tous  les  livres  ou  objets  de  collection  donnés  à  la 
Société  porteront,  autant  que  possible  avec  son  estampille,  le  nom 
du  donateur. 

Art.  13.  —  L'auteur  d'un  mémoire  publié  parla  Société  pourra  en 
faire  exécuter,  à  ses  frais,  un  tirage  spécial  qui  devra  porter  en 
sous-titre  :  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun. 

Art.  14.  —  La  Société  fera  l'envoi  de  ses  publications  aux  sociétés 
qui  auront  été  déclarées  correspondantes. 

Art.  15.  —  La  Société  déposera  un  exemplaire  de  toutes  ses  publi- 
cations à  la  bibliothèque  de  la  ville  d'Autun. 

Art.  16.  —  Les  membres  titulaires  de  la  Société  auront  seuls  la 
faculté  d'emporter  à  domicile  les  livres  qui  appartiennent  à  la 
Société,  à  la  condition  expresse  d'en  laisser  un  reçu  sur  le  registre 
tenu  à  cet  effet  par  le  bibliothécaire,  et  d'opérer  eux-mêmes,  dans 
le  délai  d'un  mois,  la  restitution  des  ouvrages  qui  leur  auront  été 
confiés. 

Art.  17.  —  Si  la  Société  venait  à  se  dissoudre  librement,  sa  biblio- 
thèque et  ses  collections  deviendraient  la  propriété  de  la  ville  d'Au- 
tun, pour  être  réunies  aux  collections  publiques  existantes.  L'assem- 
blée générale  statuerait  sur  la  liquidation  du  mobilier  et  l'emploi  à 
donner  au  fonds  social,  conformément  au  premier  paragraphe  de 
l'article  17  des  statuts. 

Art.  18.  —  Toutes  discussions,  lectures  ou  impressions  politiques 
ou  religieuses  sont  formellement  interdites.  La  Société  n'entend 
d'ailleurs  prendre,  dans  aucun  cas,  la  reponsabilité  des  opinions 
émises  dans  les  ouvrages  qu'elle  pourra  publier. 


-**€- 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ l 


COMPOSITION  DU  BUREAU 


Président,  M.  Bernard  Renault,  assistant  au  Muséum,  &,  A.  Q, 
docteur  es  sciences  physiques  et  es  sciences  naturelles,  lauréat  de 
l'Institut,  correspondant  du  ministère  de  l'Instruction  publique, 
correspondant  de  l'Institut  géologique  de  Vienne  et  membre  associé 
de  l'Académie  royale  de  Belgique,  21,  avenue  des  Gobelins,  à  Paris. 

Président  d'honneur,  M.  Albert  Gaudry,  C  &,  membre  de  l'Institut, 
de  la  Société  royale  de  Londres,  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique, etc. 

M.  Fauconnet  Louis,  A.  Q,  rentier  à  Autun. 
M.  X.   Gillot,  docteur   en  médecine,   I.  $£, 
lauréat  de  l'Institut,  à  Autun. 
Vice- Présidents,     {    M.  Raymond,  ancien  ingénp  en  chef  des  mines 

de  la  Société  du  Creusot. 
M.  A.  Roche  I.  $£,  rentier  à  Autun. 
M.  E.  Schneider,  maître  de  forges  au  Creusot. 
Secrétaire,  M.  Victor  Berthier,  A.  0,  quincaillier  à  Autun. 
Secrétaire  adjoint,  M.  Marchal,  instituteur  au  Creusot. 
Bibliothécaire,  M.  Ch.  Demontmerot,  notaire  honoraire  à  Autun. 
Bibliothécaire  adjoint,  M.  Ch.  Clément,  rentier  à  Autun. 

M.  Bovet,  agent  d'assurances  (botanique). 
M.  le  vicomte  Henry  de  Chaignon,  *  (orni- 
thologie, géologie,  minéralogie). 
M.  Chevalier  Joseph,  rentier  (ovologie). 
M.  Dubois  Léon,  pharmacien. 
Conservateurs,       {    M.  Fauconnet  Louis,  A.  Q  (entomologie). 

M.  Pernot,    A.    Q ,    professeur   (conchylio- 
logie). 
M.  A.  Roche  I.  Q  (géologie,   paléontologie, 
minéralogie). 
\    M.  Vary,  pelletier  (zoologie). 
Conservateur  adjoint,  M.  Racouchot  Philippe. 
Trésorier,  M.  Jeannet,  banquier. 


/ 


I.  La  présente  liste  est  établie  au  :ïi  décembre  1900. 


Xij  MEMBRES   DE    LA   SOCIÉTÉ 


MEMBRES    D'HONNEUR 


M.  Edouard  Bornet,  O.  #,  membre  de  l'Institut,  27,  quai  des  Tour- 
neiles,  à  Paris. 

M.  Esnest  Chantre,  &,  lauréat  de  l'Institut,  sous-directeur  du 
Muséum  de  Lyon  et  secrétaire  général  de  la  Société  d'anthropo- 
logie de  Lyon. 

M.  Dehérain,  membre  de  l'Institut,  O.  &,  professeur  au  Muséum  et 
à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon,  1,  rue  d'Argenson, 
à  Paris. 

M.  Delafond,  jfe,  inspecteur  général  des  mines,  à  Paris,  108,  bou- 
levard Montparnasse. 

M.  Fayol,  #,  ingénieur,  directeur  général  de  la  Société  anonyme 
de  Commentry-Fourchambault. 

M.  Filhol,  O.  &,  membre  de  l'Institut  et  de  l'Académie  de  méde- 
cine, professeur  d'anatomie  comparée  au  Muséum,  9,  rue  Guéné- 
gaud,  à  Paris. 

M.  Albert  Gaudry,  membre  de  l'Institut,  C.  &,  professeur  de  paléon- 
tologie au  Muséum,  7  bis,  rue  des  Saints-Pères,  à  Paris. 

M.  Grand'Eury,  $t,  ingénieur  des  mines  et  correspondant  de  Tins- 

9 

titut,  5,  avenue  Victor-Hugo,  à  Saint-Etienne. 

M.  Ernest  Hamy,  O.  #,  membre  de  l'Institut,  professeur  d'anthro- 
pologie au  Muséum,  et  conservateur  du  Musée  d'ethnographie, 
36,  rue  Geoffroy-Saint-Hilaire,  à  Paris. 

M.  Alfred  Lacroix,  I.  Q>  professeur  de  minéralogie  au  Muséum,  8, 
quai  Henri  IV,  à  Paris. 

M.  Michel  Lévy,  $*,  membre  de  l'Institut,  ingénieur  en  chef  des 
mines,  directeur  de  la  Carte  géologique  détaillée  de  la  France,  62, 
boulevard  Saint-Michel,  Paris. 

M.  le  docteur  Loydreau  de  Neuilly,  #,  médecin  à  Neuilly,  com- 
mune de  Maligny  (Côte-d'Or). 

M.  Stanislas  Meunier,  &,  docteur  es  sciences,  lauréat  de  l'Institut 
et  professeur  de  géologie  au  Muséum,  7,  boulevard  Saint-Ger- 
main, à  Paris. 

Mme  F.  de  Montessus,  à  Chalon-sur-Saône. 

M.  Pellat,  O.  $t,  ancien  président  de  la  Société  géologique  de 
France,  inspecteur  général  honoraire  des  établissements  de  bien- 
faisance au  ministère  de  l'intérieur,  au  château  de  la  Tournette, 
par  Tara8con-8ur-Rhône  (Bouches-du-Rhône). 


MEMBRES   DE    LA   SOCIÉTÉ  XI lj 

M.  Edmond  Pbrrier,  O.  $s  membre  de  l'Institut,  directeur  du 
Muséum,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  rue  Cuvier,  au 
Muséum,  à  Paris. 

M.  Proteau  Éléonore-Jean,  juge  au  tribunal  civil,  à  Autun. 

M.  B.  Renault,  &,  A.  Q,  assistant  au  Muséum,  docteur  es  sciences 
physiques  et  es  sciences  naturelles,  lauréat  de  l'Institut,  corres- 
pondant du  ministère  de  l'Instruction  publique,  correspondant  de 
l'Institut  géologique  de  Vienne  et  membre  associé  de  l'Académie 
royale  de  Belgique. 

M.  Georges  Rouy,  &,  I.  Q,  secrétaire  général  du  Syndicat  de  la 
presse  parisienne,  président  de  l'Association  française  de  bota- 
nique, ancien  vice-président  delà  Société  botanique  de  France,  etc., 
41,  rue  Parmentier,  à  Asnières  (Seine). 

M.  Léon  Vaillant,  *,  professeur  de  géologie  au  Muséum,  Maison 
de  Buffon,  à  Paris. 

M.  Zeiller,  $s  ingénieur  en  chef  des  mines,  chargé  des  conférences 
de  paléontologie  végétale  à  l'Ecole  nationale  supérieure  des  Mines 
et  correspondant  de  l'Institut  géologique  de  Vienne,  8,  rue  du 
Vieux-Colombier,  à  Paris. 


MEMBRES  BIENFAITEURS 


Mw  DUCHAMP. 

M°"  Jules  Geoffroy. 

Mœe  F.  DE  MONTESSUS. 

MM. 

Vte  H.  de  Chaignon,  $s  au  château  de  Condal  (S.-et-L.),  et  14,  rue 

Guérin,  à  Autun. 
Docteur  X.  Gillot,  I.  y,  médecin  à  Autun. 
Capitaine  Lucand. 
A.  Mangeard. 
Docteur  F.  de  Montessus. 

m 

Proteau  Eléonore-Jean,  juge  au  tribunal  civil  d'Autun. 

Proteau  François. 

Roche,  I.  Q,  rentier  à  Autun. 

I.  Par  décision  prise  dans  la  séance  du  6  avril  1893,  la  Société  accorde  lo  titre 
de  Membre  bienfaiteur  à  toute  personne  qui  lui  fait  un  don  en  espèces  ou  en  nature 
d'une  valeur  minimum  de  500  francs. 


XIV  MEMBRES   DE   LA   SOCIÉTÉ 


MEMBRES  A  VIE 


MM. 

Berorron  Jules,  professeur  de  géologie  à  l'École  centrale,  sous- 
directeur  du  Laboratoire  de  géologie  à  la  Faculté  des  Sciences, 
157,  boulevard  Hausmann,  à  Paris. 

Bbrthier  Victor,  A.  Q,  à  Autun. 

Docteur  Boquin,  médecin  à  Autun,  lauréat  médaillé  de  la  Faculté 
de  médecine,  de  l'Académie  de  médecine  et  des  hôpitaux  de  Paris. 

Chevalier  Eugène,  directeur  de  l'agence  G  du  Crédit  Lyonnais, 
14,  rue  de  l'Abbaye,  à  Paris. 

Docteur  Daviot  Denis-Zacharie,  A.  Q,  médecin,  à  Saint-Léger-sur- 
Dheune. 

Durby  Léon,  A.  tyt  président  du  conseil  d'arrondissement,  à  Autun. 

Jeannet  Joseph,  à  Autun. 

Albert  Gaudry,  C  $f ,  membre  de  l'Institut  et  professeur  de  paléon- 
tologie au  Muséum,  à  Paris. 

Docteur  Jousseaume,  29,  rue  de  Gergovie,  à  Paris. 

Docteur  Lannois,  A.  1£,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine, 
médecin  des  hôpitaux  de  Lyon. 

Maurice  de  Laplanche,  au  château  de  Laplanche,  près  Luzy  (Nièvre). 

Mabille  Jules,  attaché  au  laboratoire  de  malacologie  du  Muséum, 
à  Paris. 

Marcailhou-d'Ayméric  Hippolyte,  pharmacien  de  1"  classe  à  Ax- 
les-Thermos  (Ariège). 

Michaud,  huissier  à  Nolay  (Côte-d'Or). 

Pic  Maurice,  entomologiste  à  Digoin. 

M"»  Maurice  Pic,  à  Digoin. 

Popet  Emile,  agent  d'assurances  à  Autun. 

Bernard  Renault,  *,  A.  Ç>,  assistant  au  Muséum,  à  Paris. 

Yovanno  Renault,  à  Autun. 

Hoyer  Lucien»  à  Barnay. 

Docteur  Valat,  médecin  à  Autun. 


t.  D'après  le  troisième  paragraphe  de  Part.  3  du  règlement,  tout  sociétaire  peut 
devenir  membre  à  vie  en  versant  une  fois  pour  toutes  la  somme  de  100  francs. 


MEMBRES  DE  LA   SOCIÉTÉ.  XV 


MEMBRES   TITULAIRES 


MM. 

abord  Charles,  juge  de  paix  à  Mesvres. 

Abord  Hippolyte,  A.  f|,  avocat  à  Autun. 

Abord  Victor,  receveur  municipal  à  Autun. 

André  Ernest,  café  Parisien  à  Vesoul. 

André  Georges,  vétérinaire  à  Autun. 

Andriot  Pierre,  négociant  à  Autun. 

Arbblot  Jean,  ancien  négociant  à  Autun. 

Aron  Alfred,  A.  il,  imprimeur  en  phototypie,à  Paris,  22,  rue  Denfert- 

Rochereau. 
Avondo  Fernand,  peintre  à  Autun. 

Bacqublot  Charles,  propriétaire  aux  Rondeaux,  commune  de  Saint- 
Nizier-sur-Arroux. 

m 

Bailly,  libraire  à  Etang. 

Bailly  Jacques,  propriétaire  à  Damerey. 

Balségur  Charles,  pharmacien  à  Autun. 

Ballivbt  Eugène,  rentier,  rue  de  l'Arquebuse,  à  Autun. 

Balvay  Francis,  chimiste,  rue  de  l'Eglise,  au  Creusot. 

Barbotte.  vétérinaire  à  Autun. 

Baret  Félix,  propriétaire  à  Dracy-Saint-Loup. 

Baroin,  propriétaire  à  la  Selle. 

Baroin  Simon,  négociant  à  Autun. 

Baron  Antoine,  notaire  à  Autun. 

Docteur  Baron  Joseph,  médecin  à  Autun. 

Barnby,  propriétaire,  faubourg  Saint-Biaise,  à  Autun. 

Bassal,  ingénieur  civil  des  mines,  11,  place  Schneider,  au  Creusot. 

Basset,  instituteur  à  Mont,  par  Bourbon-Lancy. 

Basdevant,  propriétaire  à  Anost. 

Baudran  Claude,  représentant  de  commerce  à  la  Grande- Verrière. 

Baudonnet,  pharmacien  au  Creusot. 

Baumann,  ingénieur,  directeur  de  l'usine  de  plombs  argentifères  de 

l'E?calette-Madrague-Montredon,  à  Marseille. 
Baumont  (de)  Xavier,  à  Martigny-le-Comte  (S.-et-L.). 
Baylb  Paul,  ingénieur,  directeur  de  la  Société  lyonnaise  des  schistes 

bitumineux,  à  Autun. 
Bazenet-Verrier,  négociant  au  Creusot. 
Bel,  tanneur  à  Autun. 

Béné-Nicot,  fabricant  de  plâtre  à  Ivry-en-Montagne  (Côte-d'Or). 
Berdin  Jacques,  greffier  à  Autun. 
Berger  Auguste,  avoué  à  Autun. 
Bbrgier,  professeur  au  Collège  d'Autun. 


XVJ  MEMBRES  DE  LA   SOCIÉTÉ. 

Berthier  Ernest,  rue  de  la  Sablière,  au  Creusot. 

Bertrand  E.,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  6,  rue 

d'Alger,  à  Amiens  (Somme). 
Beurton-Vieillard,  négociant  à  Liernais  (Côte-d'Or). 
Docteur  Bidault  Paul,  85,  rue  Vannerie  à  Dijon. 
Bidaut  Pierre,  préposé  en  chef  de  l'octroi  d'Autun. 
Bigeard  René,  à  Nolay  (Côte-d'Or). 
Docteur  Billout,  médecin  à  Autun. 

Blanvillain  Alexandre,  artiste,  54,  rue  Lamartine,  à  Paris. 
Bligny-Cottot,  libraire  à  Autun. 
Bligny,  industriel  à  Autun. 
Bois  Désiré,  assistant  au  Muséum,  secrétaire  rédacteur  de  la  Société 

nationale  d'horticulture  de  France,  15,  rue  Faidherbe,  à  Saint  - 

Mandé  (Seine). 
Boisseau  Paul,  employé  aux  usines  du  Creusot. 
Bonifacb  Henri,  ancien  percepteur  à  Autun. 
Bonjban  Antoine,  percepteur  à  Mesvres. 
Bonnard,  rentier,  rue  de  Chalon,  au  Creusot. 
Bonnetête  Hector,  conserv.  des  hypothèques  à  Limoux  (Aude). 
Bonnin  (l'abbé),  professeur  de  sciences  au  petit  séminaire  d'Autun. 
Bonny,  négociant  en  bois  à  Saint-Léger-sur-Dheune. 
Bontemps,  agent  d'affaires,  rue  du  Nord,  à  Montceau-les-Mines. 
De  Bontin  Henri,  au  château  de  Bontin,  commune  des    Ormes 

(Yonne),  et  à  Autun,  rue  Jeannin. 
Bordaz  G.,   planteur  à  la   Martinique   (Sainte-Marie),   habitation 

Union  et  en  bas. 
Bouillot  Lois,  propriétaire  à  Saint-Léger-sur-Dheune. 
Bourdot  Henri  (l'abbé),  curé  à  Saint-Priest-en-Murat,  par  Montma- 

rault  (Allier). 
Bourgeois  Eugène,  artiste  peintre,  à  Autun. 
Bourgeois  Cl.,  fleuriste  à  Autun. 
BOURGBOT  Philippe,  à  Arleuf. 
Boutillon  Gabriel,  notaire  à  Sully. 
Boutillon  Jules,  propriétaire  à  Montcenis. 
Bouvet,  pharmacien  à  Autun. 
Bouveyron  Jules,  pharmacien  à  Lagnieu  (Ain). 
Bouvier,  professeur  de  zoologie  au  Muséum,  à  Paris,  39,  rue  Claude- 
Bernard. 
Bovet  Antoine,  agent  d'assurances,  à  Autun. 
Braudey,  caissier  à  la  recette  des  finances,  à  Autun. 
Brblaud,  géomètre  à  Mazenay. 
Brintet  (l'abbé),  aumônier  du  Collège,  à  Autun. 
Briotet,  doreur  à  Autun. 

Brossard,  directeur  de  la  Société  Générale  à  Autun. 
Brosse,  ingénieur  en  chef  des  mines  à  Epinac. 
Bûcheron  Léon,  ingénieur,  sous-chef  du  dépôt  des  machines  du 

P.-L.-M.,  à  Nîmes. 
Bulliot  J.-G.,  *,  I.  Q,  président  de  la  Société  Éduenne,  à  Autun. 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ.  XVÎj 


Calignon,  rentier  à  Autun. 

Cambray  Antoine,  ingénieur  aux  Thelots,  près  Autun. 

Camusat  J.,  ingénieur  aux  hauts  fourneaux  du  Creusot,  2,  rue  de 

Dijon. 
C  an  dore  T  Jean,  entrepreneur,  152,  route  de  Couches,  au  Creusot. 
Canet,  notaire  à  Autun. 
Canet  Louis,  rue  Cocand,  à  Autun. 
Car  dot  Jules,  briologue  à  Stenay  (Meuse). 
Carion  Emile,  A.  Q,  conseiller  général  à  Armecy,  près  Toulon-sur- 

Arroux. 
Carrion  J.-M.,  instituteur  à  Marly-sous-Issy. 
Chagnot  Charles,  propriétaire  à  Chissey-en-Morvan. 
Vicomte  de  Chaignon  Henry,  $fc,  au  château  de  Condal,  près  Cui- 

seaux  (Saône-et-Loire),  et  44,  rue  Guérin,  à  Autun. 
Chambrun,  pharmacien  au  Creusot. 
Changarnier  Emile,  architecte  à  Chalon-sur-Saône. 
Chanliau  Gabriel,  propriétaire  à  Saint-Symphorien-de-Marmagne. 
Chanlon,  contremaître  au  Creusot,  5,  rue  de  Chalon. 
Chantelot,  ancien  négociant,   aux   Gravières,   près  Toulon-sur- 

Arroux. 
Chappé  Guillaume,  négociant  à  Moulins-Engilbert. 
Charmasse  (de)  Anatole,  vice-président  de  la  Société  Eduenne,  à 

Autun. 
Charollois  René,  peintre  à  Autun. 
Charollois,  professeur  d'arboriculture,  horticulteur-pépiniériste,  au 

Creusot. 
Châtain,  vétérinaire  à  Autun. 

Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte,  près  Marcigny. 
Chaumont  Marcel,  agent  d'assurances  à  la  Guiche  (Saône-et-Loire). 
Chaumonot  Alfred,  percepteur  à  Montcenis. 
Chevalier  Jean,  rentier  à  Paris-l'Hôpital. 
Chevalier  Joseph,  rentier  à  Autun. 
Chevalier  J.-B.,  entrepreneur  à  Autun. 
Chevalier  René,  négociant  à  Autun,  rue  de  la  République. 
Chevalier,  directeur  de  la  Grande  Tuilerie  à  Saint-Symphorien-lès- 

Autun. 
Chevailler  (l'abbé),  curé  à  Saint-Martin-de-Commune,  par  Couches. 
Chevrier  Charles,  représentant  de  commerce,  à  Autun. 
Chopin,  menuisier  à  Autun. 

Chubilleau  Eugène,  ingénieur  à  Saint-Pierre,  près  Laval. 
Clair  Albert,  agronome  à  Saint-Émiland  (S.-et-L.). 
Clair-Dumoulin,  rentier  à  Autun. 
Clément  Charles,  rentier  à  Autun. 
Clerc  E.,  quincaillier  à  Autun. 
Cochet  Auguste,  rentier,  9,  rue  Dufraigne,  à  Autun. 
Cochet  Emile  banquier  à  Toulon-sur-Arroux. 
Gognet  Louis-Joseph,  avoué  à  Autun. 

TOME  XIII.  b 


Xviij  MEMBRES  DE  LA   SOCIÉTÉ. 

Collette  Paul,  fabricant  de  produits  chimiques  à  Nevers. 

Collin  J.-B.,  banquier  à  Autun. 

Collot  Jules,  négociant  en  bois,  à  Autun. 

Commode  René,  représentant  de  commerce  à  Autun. 

Constant  A.,  villa  Niobé  au  Golfe- Juan  (Alpes-Maritimes). 

Coqueugniot,  imprimeur  à  Autun. 

Coqueugniot,  huissier  à  Montcenis. 

Cornu,  propriétaire  au  Creusot,  rue  des  Écoles. 

Cortet  Paul,  pharmacien  à  Alligny-en-Morvan  (Nièvre). 

Cortet- Rousseau,  négociant  à  Alligny-en-Morvan  (Nièvre). 

Coste  Etienne,  maître  de  forges,  à  Lacanche  (Côte-d'Or). 

Cottard  Lazare,  propriétaire  à  Saint-Pierre-lès-Autun. 

Cottin  Lazare,  inspecteur  du  Conservateur  au  Creusot. 

Cougnet  Alphonse,  directeur  de  l'usine  à  gaz  à  Autun. 

Courreau  Lazare,  facteur  de  pianos  à  Autun. 

Docteur  Courtois  Léon,  médecin  à  Saulieu. 

Creusevault,  relieur  à  Autun. 

Crbusvaux  Alfred,  à  Arnay-le-Duo. 

Croizier  Henri,  avoué  à  Autun. 

Dameron.  négociant  en  vins  à  Autun. 

Daviot  Hugues,  A.  Q,  ingénieur,  licencié  es  sciences  à  Gueugnon 

(Saône-et-Loire). 
Dechaume  François,  banquier  à  Autun. 
Docteur  Dechaume-Montcharmont,  médecin  à  Étang. 
Déchelette  Joseph,  à  Roanne. 
Deffoux  Louis,  2,  rue  Larrey,  à  Paris. 
Dejussieu  Ernest,  capitaine  au  14e  chasseurs  à  Dôle  (Jura). 
Dejussieu  François,  imprimeur-libraire  à  Autun. 
Dejussieu  Michel,  imprimeur-libraire  à  Autun. 
Delacour  Théodore,  membre  de  la  Société  botanique  de  France,  70, 

rue  de  la  Faisanderie,  à  Passy-Paris. 
Demonmerot  Emile,  notaire  à  Autun. 
Demontmerot  Charles,  notaire  honoraire  à  Autun. 
Derdaine,  limonadier  à  Autun. 

Deseilligny,  au  château  de  Mont-d'Arnaux,  commune  de  Broyé. 
Desh aires  Paul,  propriétaire  à  Marcigny  (Saône-et-Loire). 
Desmoulins,  horticulteur  à  Pierrefîtte,  près  Autun. 
Dessendre  Edmond,  propriétaire  aux  Daumas,  commune  de  Mesvres. 
Dessertenne,  négociant,  rue  d'Allier,  à  Moulins. 
Dessoly  J.-L.,  propriétaire  et  conseiller  municipal  au  Creusot. 
Destival,  ingénieur,  directeur  des  Houillères  à  Epinao. 
Desvernay  Maurice  (comte),  au  château  de  Chenevoux,  par  Néronde 

(Loire). 
Develay  Louis,  négociant  à  Autun. 
Devenet,  pharmacien  au  Creusot. 
Devieux,  hôtel  de  la  Gare,  à  Autun. 
Devillerdeau  Jules,  5,  rue  Léopold-Robert,  à  Paris. 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ.  XIX 

Devillebichot,  président  du  tribunal  civil  à  Autun. 

Docteur  Diard  G.,  médecin  au  Creusot. 

Docteur  DiGOY,  médecin  à  Saint-Léger-sous-Beuvray. 

Dirand  Eugène,  mécanicien-fondeur,  premier  adjoint  à  Autun. 

Doin  Octave,  libraire-éditeur,  8,  place  de  l'Odéon,  à  Paris. 

Douhéret  Gaston,  géomètre-expert  à  Montcenis. 

Douhéret  Marcel,  professeur  de  philosophie  au  lycée  de  Montluçon. 

Drake  del  Castillo,  #,  2  rue  Balzac,  à  Paris. 

Drillien,  charcutier  à  Autun. 

Drouhin  Félix,  propriétaire  à  Cirey-lès-Nolay  (Côte-d'Or). 

Druard   Philippe,   au  château   de  la   Défriche,  près   Toulon-sur- 

Arroux  (Saône-et-Loire). 
Dubois  Léon,  pharmacien  à  Autun. 
Duchemain  Charles,  au  château   du   Pignon-Blanc,  commune    de 

Brion  (Saône-et-Loire). 
Duchêne  Louis,  à  Saint-Martin-lès-Autun. 
Dumontet  Louis,  géomètre  aux  usines  du  Creusot. 
Dupuis  L.,  chef  de  bureau  aux  usines  du  Creusot,  avenue  de  Chan- 

liau. 
Durand,  ingénieur,  directeur  des  mines  à  Montchanin. 
Drioton  Clément,  à  Dijon. 


Fauconnet,  sculpteur  à  Autun. 

Fauconnet  Louis,  rentier  à  Autun. 

Faure  Michel,  avocat  à  la  cour  d'appel,  21,  quai  Fulchiron,  à  Lyon. 

Fesquet  Joseph,  mécanicien-électricien  à  Autun. 

Flageollet  (l'abbé),  curé  à  Rigny-sur-Arroux. 

Flèche  C,  entrepreneur  à  la  mine  au  Creusot. 

Fliche  Paul,  $fr,  professeur  à  l'École  forestière  de  Nancy,  9,  rue 

Saint-Dizier. 
Folin,  juge  au  tribunal  civil  d'Autun. 
Formant  Henri-Célestin,  atelier  de  moulage  du  Muséum  d'Histoire 

naturelle,  55,  rue  de  Buffon,  à  Paris. 
Fourneau  Joseph,  ingénieur  des  mines  à  la  Chazotte,  pr.  St-Etienne. 
Fournev,  contrôleur  des  mines  au  Creusot. 
Franchet  Louis,  céramiste  au  Golfe-Juan  (Alpes-Maritimes). 
Frérot  Lazare-Étienne-Joseph,  commis-principal,  chef  de  poste  des 

contributions  indirectes  à  Semur  (Côte-d'Or). 

Gadant  René,  receveur  de  l'enregistrement  à  Autun. 
Gagnepain,  préparateur  au  Muséum,  22,  avenue  d'Italie,  à  Paris. 
Docteur  Gaillard,  médecin  au  Creusot. 
Gallay,  pharmacien  à  Toulon-sur-Arroux. 

Garnier  J.-M.,  aux  Garriaux,  commune  de  Saint-Eugène  (S.-et-L.). 
Gaudry,  propriétaire  à  Saint-Nizier-sous-Charmoy  (S.-et-L.). 
Gaunet-Laplante,  Nouvel  Hôtel  à  Autun. 
GaUTHEY  Henri,  restaurateur  à  Autun. 


XX  MEMBRES  DE   LA  SOCIÉTÉ. 

Gauthier  Pierre,  maire  de  Saint-Pantaléon. 

Gautron  ou  Coudray  (vicomte),  au  château  de Grandry,  par  Sainte- 
Péreuse  (Nièvre). 

Gendre  Marc,  instituteur  à  Broyé. 

Genty  Paul-André,  botaniste  à  Dijon,  45,  rue  Garibaidi. 

Gérard,  négociant  à  Autun. 

Docteur  Gérard,  médecin  au  Creusot,  54,  rue  d' Autun. 

Gérardin,  professeur  au  Collège  d'Autun. 

Gillot,  correspondant  du  chemin  de  fer  à  Autun. 

Gillot  Joseph,  étudiant  à  Zurich. 

Gillot  E.-L.,  O  #,  lieutenant-colonel  d'artillerie,  directeur  du  ser- 
vice des  Forges,  5,  rue  Sainte-Beuve,  à  Paris. 

Gireau,  conducteur  principal  des  ponts  et  chaussées  à  Saint-Juiien- 
sur-Dheune. 

Giroux  Louis,  mécanicien  dentiste  à  Autun. 

Givry,  maître  d'hôtel  au  Creusot. 

Glaziou  A. -F. -M.,  46,  chemin  du  Parc,  au  Bouscat  (Gironde). 

Gloria  (l'abbé),  aumônier  du  Saint-Sacrement  à  Autun. 

Gobey,  photographe  à  Autun. 

Goulot  Jean-Marie,  droguiste  à  Autun. 

Gournay  (de),  4,  rue  Chauchat,  à  Paris. 

Gouthièrb,  négociant  au  Creusot. 

Graillot  Antony,  négociant  à  Autun. 

Graillot  Félix,  ingénieur  à  Montereau. 

Graillot  Léon,  négociant  à  Autun. 

Graillot  J. -M., directeur  des  contributions  indirectes  à  Montbrisson. 

Grappin,  I.  Qy  principal  du  Collège  à  Autun. 

Grézel  Louis,  A.  0,  professeur  au  Collège  d'Autun. 

Grillot  Henri,  étudiant  en  médecine,  8,  quai  d'Orléans,  à  Paris. 

Docteur  Griveaud  Louis,  médecin  à  Paray. 

Gubnard  Ernest,  architecte  à  Autun. 

Docteur  Gueneau,  médecin  à  Laroche-en-Brenil,  (Côte-d'Or). 

Gubuneau,  négociant  à  Dezize  (S.-et-L.). 

Guichard,  notaire  au  Creusot. 

Guillbmaut  Lucien,  sénateur,  à  Paris,  62,  boulevard  Saint-Germain. 

Hadet,  inspecteur  principal  de  l'exploitation  des  chemins  de  fer 

P.-L.-M.  à  Dijon. 
Hbnriot,  rentier  à  Autun. 
Docteur  HouzÉ,  médecin  à  Cussy-en-Morvan. 
Hua,  254,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 
Huet,  artiste  peintre  à  Autun. 
Humbert  Jules,  mécanicien  à  Autun. 

Jacob,  pharmacien  à  Château-Chinon. 

Jacquin,  pharmacien  de  1"  classe,  à  Chalon-sur-Saône. 

Jardot,  peintre  au  Creusot,  rue  de  Montchanin. 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ.  XXJ 

Jarlot  James,  notaire  à  Autun. 

Jarlot  Jean,  banquier  à  Autun. 

Jeannet,  banquier  à  Autun. 

Jeannet,  greffier  de  justice  de  paix  à  Toulon-sur-Arroux. 

Jeannin-Mangematin,  entrepreneur  à  Autun. 

Jouet  Gaston,  I.  if,  préfet  de  la  Vienne,  docteur  en  droit,  à  Poitiers. 

Jolivot  René  dit  Joseph,  8,  quai  du  Vault,  à  Lille  (Nord). 

Jonchery  Emile,  sculpteur,  28,  rue  d'Alésia,  à  Paris. 

Jondeau,  instituteur  à  Chagny. 

Jossier  Lucien,  administrateur  délégué  de  la  Compagnie  générale 

de  Navigation  H.-P.-L.-M.,  28,  boul.  de  la  Contrescarpe,  à  Paris. 
Jouvel  Léon,  employé  à  la  mine  du  Creusot. 
Jumart  Joseph-François,  graveur-dessinateur,  12,  rue  Grognard,  à 

Lyon. 

Lachot,  instituteur  à  Magny-la-Ville,  par  Semur  (Côte-d'Or). 

Lacomme  Emmanuel,  juge  au  tribunal  civil  d'Autun. 

Lacomme  Léon,  A.  Q,  docteur  en  droit  à  Mesvres. 

Docteur  Laguille,  #,  médecin  à  Autun. 

Laguille  Henri,  propriétaire  à  Antully. 

Lahaye  François,  cafetier  à  Autun. 

Lahaye  Louis,  cafetier  au  Creusot. 

Docteur  Lallier  Alphonse,  médecin  à  Tannay  (Nièvre). 

Landrot-Contassot,  ferblantier  au  Creusot. 

Langeron  Maurice,  étudiant  en  médecine,  11,  rue  Férou,  à  Paris. 

Lapret  L.,  chef  du  service  de  la  régie  du  domaine  des  usines,  au 

Creusot. 
Larchbr-Deguin,  conseiller  municipal  à  Autun. 
Larmjnat  (Henri  de),  président  de  la  Société  d'agriculture  d'Autun, 

au  château  de  la  Cour-de-Sommant. 
Larue-Duverne  fils,  relieur  à  Autun. 
Docteur  Latouche  Frédéric-Ferdinand,  médecin  à  Autun. 
Laurent,   inspecteur  des   enfants   assistés  de   la  Seine,  rue  des 

Marbres,  à  Autun. 
Lebègue,  confiseur  à  Autun. 

Lebrun  Edouard,  préparateur  au  Muséum,  57,  rue  Buffon,  à  Paris. 
Lecomte,  professeur  au  lycée  Saint-Louis,   14,  rue  des  Ecoles, 

à  Paris. 
Lbnoblb  Noël,  propriétaire  à  Antully. 

Lenoble-Theuriet,  propriétaire  à  la  Coudre,  commune  d'Auxy. 
Letort,  avocat  à  Autun. 
Lbtort,  pharmacien  à  Autun. 

Levier,  horloger,  cité  Antoine,  par  Montchanin-les-Mines. 
Lhommb  db  Mbrcby,  à  Mercey,  près  Cheilly  (S.-et-L.). 
Lignier  Octave,  professeur  de  botanique  à  la  Faculté  des  sciences 

de  Caen,  70,  rue  Basse. 
Louvernier,  professeur  à  l'École  primaire  supérieure  de  Cluny. 


Xxij  MEMBRES   DE  LA  SOCIÉTÉ. 


Magnien,  sénateur,  2,  boulevard  Raspail,  à  Paris. 

Maître  Alfred,  receveur  des  postes  au  Creusot. 

Malord  Claudiufl,  architecte  à  Autun. 

Malloizel  Godefroy,  sous-bibliothécaire  au  Muséum,  7,  rue  de 
l'Estrapade,  à  Paris. 

Mangematin-Follot,  ancien  négociant  à  Autun. 

Mangematin-Girard,  négociant  à  Autun. 

Mangin  Louis,  O.  #,  docteur  es  sciences  et  professeur  au  lycée 
Louis-lo-Grand,  2,  rue  de  la  Sorbonne,  à  Paris. 

Marchal  Ch.,  instituteur,  17,  rue  de  Strasbourg,  au  Creusot. 

Marchand,  instituteur,  31,  rue  de  Dijon,  au  Creusot. 

Marchand,  pharmacien  à  Autun. 

Marconnrt,  industriel  à  Autun. 

Maréchal  Jules,  instituteur  adjoint  à  Montcenis. 

Mariotte  Christophe,  tapissier  à  Autun. 

Marlot  Hippolyte,  à  Arleuf  (Nièvre). 

Maron  Albert,  13,  rue  du  Charnier,  à  Nevers. 

Martet  Alexandre,  imprimeur  au  Creusot. 

Martin  Emile,  agréé  à  Autun. 

Martin  Félix,  sénateur,  à  Paris,  36,  rue  des  Bernardins. 

Martin,  serrurier  à  Autun. 

Martinon  Lazare,  à  Autun. 

Marze,  $f,  chef  de  bataillon  au  22e  régiment  d'infanterie  à  Gap. 

Masson  Georges,  $fc,  libraire-éditeur,  120,  boulevard  Saint-Germain, 
à  Paris. 

Mauchien  E.,  négociant  à  Autun. 

Mazeron,  receveur  des  finances  à  Autun. 

Menant  Emile,  avoué  à  Autun. 

Menni  Jean-Ulrich  à  Devay,  près  Decize  (Nièvre). 

Mercier  Bertrand,  industriel  à  Autun. 

Merle  Antoine,  notaire  à  Montcenis. 

Meunier,  entrepreneur  à  Autun. 

Michaud-Chevribr,  ornithologiste  à  Autun. 

Miédan,  ancien  pharmacien,  10,  rempart  Saint-Pierre,  à  Chalon- 
sur-Saône. 

Millet  Léon  fils,  rentier  à  Lucenay-l'Evêque. 

Millot  Lucien,  14,  boulevard  Morland,  à  Paris. 

Millot  René,  industriel  à  l'Isle-sur-Serein  (Yonne). 

Miron  François,  ingénieur  civil,  83,  rue  de  la  Tour,  à  Paris. 

Moissenbt  Victor,  ancien  banquier  à  Autun. 

Monnerat  Eugène,  propriétaire  à  la  Marolle,  au  Creusot. 

Montcharmont,  conseiller  général  à  la  Grande-Verrière. 

Montmartin  L.,  employé  aux  usines  du  Creusot. 

Montmort  (comte  de)  Jean,  15,  rue  de  Siam,  à  Paris. 

Montpillard  Fernand,  A.  0,  micrographe,  22,  boulevard  Saint- 
Marcel,  à  Paris. 

Moreau  Henri,  vétérinaire  inspecteur  à  Chàtillon-en-Bazois. 


MEMBRES   DE   LÀ   SOCIÉTÉ.  XXiij 

Moreau  J.-B.,  négociant,  14,  boulevard  du  Guide,  au  Creusot. 

Morbl  Louis,  conducteur  de  la  voie  à  Montchanin. 

Morel,  professeur  de  philosophie  au  collège  d'Autun. 

Moriot,  instituteur  à  Gannay-sur- Loire  (Allier). 

Morot  Louis,  I.  Q,  docteur  es  sciences  naturelles,  assistant  au 

Muséum,  9,  rue  du  Regard,  à  Paris. 
Mouillon,  juge  de  paix  à  Bligny-sur-Ouche  (Côte-d'Or). 
Mouron,  banquier  à  Toulon-sur-Arroux. 
Moynot,  ingénieur  aux  usines  du  Creusot,  44,  rue  des  Écoles. 

Nan,   ingénieur,   directeur  des  mines  de  Villebœuf,  8,  place  de 

l'Hôtel-de-Ville,  à  Saint-Étienne. 
Nectoux,  négociant  en  vins  à  Autun. 
Nidiaut  J.,   dessinateur  au   Creusot,   maison  Vincent,  route  de 

Couches. 
Nié-Vantet,  propriétaire  à  Chassagne  (Côte-d'Or). 
Ninot  Edmond,  propriétaire  à  Saint-Léger-sur-Dheune. 
Noblat  Jean,  négociant  à  Autun. 
Nougaréde,  ingénieur,  24,  rue  Pradier,  à  Nîmes. 
Nourry  Dominique,  négociant  à  Autun. 
Nulbt,  receveur  d'octroi  à  Autun. 

Olivier  Alexandre,  marchand  de  fers  à  Autun. 
Ormezzano  Quentin,  entrepreneur  à  Marcigny. 
Ozanon  Charles,  propriétaire  à  Saint-Émiland,  par  Couches-les- 
Mines. 

Paillard  Joseph,  négociant  à  Autun. 

Paillard  Louis,  négociant  à  Autun. 

Paquis,  avoué  à  Autun. 

Paris  Paul,  vérificateur  des  poids  et  mesures  à  Autun. 

Parmbntier  Paul,  A.  $},  docteur  es  sciences  naturelles,  chargé  de 
cours  à  la  Faculté  des  sciences  de  Besançon,  14,  avenue  de  Fon- 
taine~d'Argent. 

Passier  Albert,  maire  à  Chissey. 

Pasteur,  ancien  commissaire-priseur  à  Amiens. 

Patron  Félix,  agent  voyer  d'arrondissement  faisant  fonctions 
d'ingénieur  ordinaire,  en  retraite,  à  Autun. 

Pautbt,  libraire  au  Creusot. 

Pelletier  Gustave,  ancien  bijoutier  à  Autun. 

Pelletier  Jérôme,  inspecteur  à  la  comptabilité  centrale  des  che- 
mins de  fer  P.-L.-M.,  à  Paris,  20,  boulevard  Diderot. 

Pelux,  adjoint  au  maire  à  Auxy. 

Périer  Germain,  avocat,  député,  conseiller  général,  maire  d'Autun. 

Pbrnot  Ernest,  A.  Qy  professeur  au  Collège  d'Autun. 

Docteur  Perraudin,  pharmacien,  70,  rue  Legendre,  à  Paris. 

Perreau  Louis,  fabricant  de  cierges  et  bougies  à  Santenay. 

Perriault  Emile,  négociant  à  Autun. 


Xxiv  MEMBRES   DE   LA   SOCIÉTÉ. 

Pkrrigueux,  jardinier  à  Autun. 

Perron,  plâtrier  à  Autun. 

Perruchot,  17,  rue  de  l'Arquebuse,  à  Autun. 

Perruchot  René-Marie,  instituteur  en  retraite  à  Auxy. 

Perrucot  C,  quincaillier  à  Autun. 

Pessey  dit  Fontaine,  négociant  en  vins  à  Autun. 

Petit,  instituteur  à  Tavernay. 

Pettit  A.,  docteur  es  sciences,  60,  rue  Saint-André-des-Arts,  à  Paris. 

Pidaut  Emile,  rentier,  faubourg  Saint-André,  à  Autun. 

Pinard,  agent  voyer  à  Étang. 

Pitavy,  notaire  au  Creusot. 

r 

Pitois  Etienne,  rue  aux  Cordiers,  à  Autun. 

Pitoiset,  pharmacien  à  Autun. 

Poirault  Georges,  docteur  es  sciences,  directeur  de  la  villa  Thuret, 

à  Antibes. 
Poirson  Paul,  imprimeur  à  Autun. 
Pons  Edouard,  chef  de  service  à  Margenne,  près  Autun. 
Porte  P.,  ébéniste  à  Autun. 
Pouillevet  Georges,  banquier  à  Autun. 
Pouly,  agent  voyer  à  Couches-les-Mines  (Saône-et-Loire). 
Prisse  d'Avennes  Emile,  homme  de  lettres,  26,  rue  d'Alésia,  à  Paris. 

De  Quercize  Eusèbe,  à  Lucenay-l'Evêque. 

Quesnel,  huissier  à  Autun. 

Quincy  Ch.,  journaliste  à  Chalon-sur-Saône. 

Quincy,  ingénieur  à  la  mine  au  Creusot,  13,  rue  Saint-Henri. 

Racouchot  Henri,  maître  d'hôtel  à  Autun. 

Ragot  J.,  ancien  industriel  à  Autun. 

Rasse,  négociant  à  Autun. 

Râteau  Gustave,  négociant  à  Autun. 

Raymond,  ancien  ingénieur  en  chef  des  mines  de  la  Société  du 

Creusot,  au  château  de  laPorte,àSaint-Symphorien-de-Marmagne. 
Raymond  Maurice,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  au  château 

des  Moreaux,  commune  de  Brion,  par  Autun. 
Docteur  Rebillard,  médecin  au  Creusot. 
Régnier  E.,  notaire  à  Roussillon. 
Régnier  Jules,  #,  ancien  président  du  tribunal  de  commerce  de 

Dijon,  16,  place  d'Armes,  à  Dijon. 
Rémond  F.,  ingénieur,  1,  Pelayo,  à  Barcelone,  Espagne. 
Renaud  aîné,  négociant  à  Autun. 
Renaud  Francis,  charpentier  à  Autun. 
Renaud  Louis,  négociant  â  Autun. 
Repoux  Léopold,  à  la  Ferrière,  commune  d'Anost. 
RérOlle  Louis,  directeur  du  musée  à  Grenoble. 
Réty,  imprimeur,  37,  rue  Gambetta,  à  Meulan  (Seine-et-Oise). 
Reyssibr  Joseph,  négociant  à  Autun. 
Ridard  Philippe,  négociant  en  vins  â  Santenay. 


MEMBRES   DE   LÀ   SOCIÉTÉ.  XXV 

Rigollot  François,  ancien  libraire  à  Autun. 

Rion,  mécanicien  à  Autun. 

Rivet,  instituteur  à  Autun. 

Docteur  Rochet,  médecin  au  Creusot. 

Rocquigny-Adanson  (G.  de),  au  château  de  Baleine,  près  Villeneuve- 

sur-Allier  (Allier). 
Rodary  Paul,  propriétaire  à  Monthelon. 
Général  Roidot  Albert,  O.  #,  chef  d  etat-major  du  15e  corps,  36,  rue 

Nicolas,  à  Marseille. 
Rondelbux,  industriel  à  Buxières-les-Mines  (Allier). 
Rougemont  J.-M.,  horticulteur-pépiniériste  à  Pierrefitte,  près  Autun. 
Rousselet  Charles,  pharmacien  à  Cublize  (Rhône), 
flânai?!-  £Vu*A,<l,  L%\cÎ<ÙAjlcAjl  À   Oa^aa^i  . 

Saint-Girons,  71,  rue  de  l'Université,  à  Paris. 

Saint-Innocent  (comte  de)  Gabriel,  à  Sommant. 

Baladin,  ingénieur  principal  aux  usines  du  Creusot. 

Salin  Pierre,  ingénieur  aux  mines  de  la  Machine  (Nièvre). 

Sauron  Henri,  à  Anost. 

Sauzay  Joanny,  ancien  notaire  à  Chalon-sur-Saône. 

Sauzay  Marc,  négociant  à  Autun. 

Sauzay  Maurice,  négociant  à  Autun. 

Sauzay  Paul,  négociant  à  Autun. 

Schneider  Eugène,  maître  de  forges  au  Creusot. 

Sebillb  (l'abbé),  curé-archiprêtre  à  Lucenay-l'Evôque. 

Sebille  (l'abbé),  curé-archiprêtre  à  Issy-l'Évôque. 

Seguin  Adrien,  négociant  à  Autun. 

Docteur  Seguin  Louis,  médecin  à  Autun. 

Seguin,  cafetier,  cordonnier  à  Auxy. 

Séminaire  (petit)  d'Autun. 

Silvestrb  J.-B.,  doreur  à  Autun. 

Sirdey,  chef  de  gare  en  retraite  à  Autun. 

Société  physiophile,  à  Montceau-les-Mines. 

Soudan  Edouard,  chef  de  gare  de  remplacement  à  Autun. 

Tacnet,  à  Santenay  (Côte-d'Or). 

Taragonet  Paul,  quincaillier  à  Briennon  (Yonne). 

Thbvenet,  orfèvre  à  Autun. 

Thbvenin  Armand,   préparateur  de  paléontologie  au  Muséum  à 

Paris,  43,  boulevard  Henri  IV. 
Thibault,  rentier  à  Autun. 
Thomeret  Jules,  à  Arnay-le-Duc. 
Tissier  Emile,  entrepreneur  à  Autun. 
Toussaint  Victor,  #,  ingénieur,  39,  boulevard  de  la  Trémouille,  à 

Dijon. 
Tremeau  Louis,  entrepreneur,  rue  de  la  République,  au  Creusot. 
Trbmeau  de  Rochebrunb  Alphonse,  docteur  en  médecine  et  assis* 

tant  au  Muséum,  106,  rue  Monge,  à  Paris. 


XXV j  MEMBRES   DE   LÀ   SOCIÉTÉ. 

Troussard  Georges,  avoué  à  Àutun.  f 

Trunel,  directeur  des  Verreries  à  Épinac  (Saône-et-Loire). 

Tupinier,  pharmacien  à  Autun. 

Varry,  directeur  de  l'École  publique,  boulevard  Saint-Quentin,  au 

Creusot. 
Vary  Jules,  pelletier  à  Autun. 
Vaudelin  Fr.,  ancien  notaire  à  Couches. 

Vauthier  Jean-Louis,  pharmacien,  96,  rue  du  Chemin- Vert,  à  Paris. 
Verdbreau  J.-B.,  rentier  à  Autun. 
Vergniaud  Louis,  libraire  à  Autun. 
Vermorel,  bijoutier  à  Autun. 

Viard  Claude,  ancien  négociant,  adjoint  au  maire  à  Autun. 
Vieillard  Eugène,  chapelier  à  Autun. 
Vincenot,  huissier  à  Couches. 
Virgille  (de),  négociant  à  Autun. 


MEMBRES  CORRESPONDANTS.  XXVlj 


MEMBRES    CORRESPONDANTS 


MM. 

Bazin,  instituteur  à  Villy-le-Moustier,  par  Corberon  (Côte-d'Or 

Bbllet  Daniel,  80,  rue  Claude-Bernard,  à  Paris. 

Bodet,  instituteur  à  Oyé  (Saône-et-Loire). 

Bonnet,  professeur  d'agriculture  et  de  viticulture  à  Nolay. 

Boule  Marcelin,  #,  assistant  au  Muséum  à  Paris. 

Budin,  instituteur  à  Saint-Léger-sous-Beuvray. 

Caillot  Paul,  à  la  Croix-Brenot. 

Canelle  Jules,  ingénieur  des  mines  à  Valenciennes  (Nord). 

Changarnier,  A.  y,  conservateur  des  musées  de  Beaune. 

Charpy,  instituteur  à  Sennecey-le-Grand. 

Chevalier,  instituteur  à  Saint-Jean-de-Trézy  (Saône-et-Loire). 

Collot  L.,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Dijon,  4,  rue 

du  Tilk*. 
Cottin  (abbé),  curé  à  Saint-Sernin-du-Plain. 
Dblhommeau,  inspecteur  primaire,  9,  rue  Rolland,  à  Dinan  (Côtes- 

du-Nord). 
Dubois  Claude,  instituteur  à  Donzy-le-National. 
Dupaquier,  professeur  à  l'École  préparatoire  supérieure  de  Nolay. 
Durand,  instituteur  à  Couches. 
Français,  instituteur  à  Saint-Léger-sous-Beuvray. 
François,  instituteur  à  la  Chapelle-sous-Uchon. 
Goublet,  rédacteur  au  ministère  de  l'Instruction  publique,  30,  rue 

du  Faubourg-Saint- Jacques,  à  Paris. 
Le  Directeur  de  l'institution  des  Frères  des  Ecoles  chrétiennes  à 

Autun. 
Jacquet,  instituteur  à  Charriez,  par  Vaivre  (Haute-Saône). 
Jacquier,  ingénieur,  directeur  des  mines  de  Sablé  (Sarthe). 
Janet  Charles,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  lauréat  de  l'Ins- 
titut, 83,  faubourg  Saint-Jacques,  à  Beauvais. 
Lassimonne  S.-E.,  secrétaire-trésorier  de  la  Revue  scientifique  du 

Bourbonnais,  buffet  de  .la  gare,  à  Moulins  (Allier). 
Lebèoue  Henri-Albert,  enseigne  de  vaisseau. 
Le  Directeur  des  mines  du  Bois-d'Asson,  par  Voix  (Basses-Alpes). 
LIard,  directeur  du  personnel  de  l'enseignement  supérieur  et  des 

Sociétés  savantes,  à  Paris. 
Malo  Léon,  ingénieur,  directeur  des  mines  de  Pyrimont-Seyssel(Ain). 
Massot  Joseph,  ingénieur,  directeur  de  la  Société  anonyme  de  Las 

Minas  de  Apatita  de  Jumilia,  à  Agramor,  province  de  Albacète 

(Espagne). 
Maujean,  directeur  de  l'Ecole  de  Loire  à  Nevers. 


XXVlij  MEMBRES   CORRESPONDANTS. 

Meunier  Benoît,  instituteur  adjoint  à  Couches. 

Moniot  Simon,  instituteur  à  Saint-Aubin,  par  Chassagne-Montrachet. 

Morot  Charles,  inspecteur  municipal  de  la  Boucherie  à  Troye. 

Mouillé,  instituteur  à  Savilly  (Côte-d'Or). 

Nectoux  A.,  conseiller  de  préfecture  à  Privas. 

Œhlert,  correspondant  de  l'Académie  des  sciences,  conservateur 

de  la  bibliothèque  et  du  musée  de  Laval  (Mayenne). 
Olivier  Ernest,  directeur  de  la  Revue  scientifique  du  Bourbonnais, 

à  Moulins  (Allier). 
Oustalet,  professeur  de  mammologie  et  d'ornithologie  au  Muséum, 

55,  rue  de  Buffon,  à  Paris. 
Parât  (l'abbé),  curé  de  Bois-d'Arcy  (Yonne). 

Pector  Eugène,  consul  général  plénipotentiaire  en  France  de  Sal- 
vador, 3,  rue  Rossini,  Paris. 
Pérot  Francis,  A.  ^,  44,  rue  du  Jeu-de-Paume,  à  Moulins  (Allier). 
Pochon,  ingénieur,  directeur  de  l'usine  à  gaz  de  Tarare. 
Privey  Paul,  I.  Q,  principal  du  Collège  de  Dôle. 
Raquin  Alfred,  instituteur  à  la  Comelle. 
Renault  Maurice,  commis  principal  de  1™  classe  des  contributions 

et  douanes  à  Papeete,  Tahiti  (Océanie). 
Henoux  (l'abbé),  curé  de  Lavoine,  par  Ferrières-sur-Sichon  (Allier). 
Revenu  Louis,  à  la  Selle- d'Auxy. 
Rigey,  instituteur  à  Curgy. 
Saint-Arroman  (de),  O.  $*,  chef  du  premier  bureau  au  ministère  de 

l'instruction  publique,  11,  rue  de  Verneuil,  à  Paris. 
Sauvage  H.-E.,  docteur,  directeur  de  la  station  aquicole  de  Bou- 

logne-sur-Mer  (Pas-de-Calais),  39  bis,  rue  Tour-Notre-Dame. 
Sorgubs,  instituteur  à  Vitry-en-Charollais  (Saône-et- Loire). 
Terrillon,  instituteur  à  Planay  (Côte-d'Or). 
Thibullen  Adrien,  72,  rue  d'Assas,  à  Paris. 
Treney,  instituteur  en  retraite  à  la  Baume,  par  Pouilly-en-Auxois 

(Côte-d'Or). 
Vince,  instituteur  à  Saint-Gervais-sur-Couches,  par  Nolay. 
Viturat  (l'abbé),  à  Saint-Agnan  (Saône-et-Loire). 


SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES.  XXix 


SOCIETES  CORRESPONDANTES 


SOCIÉTÉS  FRANÇAISES 

Ain. 

Bourg.  —  Société  d'émulation  et  d'agriculture  de  l'Ain. 

»       —  Société  des  sciences  naturelles  et  d'archéologie  de  l'Ain. 
»       —  Société  des  naturalistes  de  l'Ain. 

Allier. 
Moulins.  —  Société  d'émulation  de  l'Allier. 

Alpes  (Hautes). 
Gap.  —  Société  d'études  des  Hautes-Alpes. 

Aube. 

Troyes.  —  Société  académique  d'agriculture,  des  sciences,  arts  et 
belles-lettres  de  l'Aube. 

Aude. 
Car  cas  sonne.  —  Société  d'études  scientifiques  de  l'Aude. 

Aveyron. 
Rodez.  —  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  l'Aveyron. 

Bouches-du-Rhône. 

Marseille.  —  Faculté  des  sciences  de  Marseille. 
»  —  Institut  colonial  de  Marseille. 

Calvados. 
Gaen.  —  Société  Linnéenne  de  Normandie. 

Chare  n  te-Inférieu  re. 

La  Rochelle.  —  Académie  des  belles-lettres,  sciences  et  arts  de  la 

Rochelle. 
Rochefort.  —  Société  de  géographie,  d'agriculture,  lettres,  sciences 

et  arts  de  Rochefort. 

Côte-d'Or. 

Dijon.  —  Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon. 

»      —  Société  d'horticulture  et  viticulture  de  la  Côte-d'Or. 
Semur.  —  Société  des  sciences  naturelles  et  historiques  de  Semur. 

Deux-Sèvres. 
Niort.  —  Société  botanique  des  Deux-Sèvres. 

Doubs. 
Besançon.  —  Société  d'émulation  du  Doubs. 

Eure-et-Loir. 
Châteaudun.  —  Société  Dunoise. 


XXX  SOCIÉTÉS   CORRESPONDANTES. 

Gard. 
Nîmes.  —  Société  d'étude  des  sciences  naturelles  de  Nîmes. 

Gironde. 
Bordeaux.  —  Société  Linnéenne  de  Bordeaux. 

Hérault. 

Béziers.  —  Société  des  sciences  naturelles  de  Béziers. 
Montpellier.  —  Société  d'horticulture  et  d'histoire  naturelle  de 
l'Hérault. 

Isère. 

Grenoble.  —  Société  dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthropologie. 
»  —  Société  de  statistique  des  sciences  naturelles  et  des 

arts  industriels  du  département  de  l'Isère. 

Loir-et-Cher. 

Vendôme.  —  Société  archéologique,  scientifique  et  littéraire  du 
Vendômois. 

Blois.  —  Société  d'histoire  naturelle  de  Loir-et-Cher. 

Loire. 

Saint-Élieune.  —  Société  de  l'industrie  minérale. 

Loire- Inférieure. 

Nantes.  —  Société  des  sciences  naturelles  de  l'Ouest  de  la  France. 

Lot. 

Gahors.  —  Société  des  études  littéraires,  scientifiques  et  artistiques 
du  Lot. 

Maine-et-Loire. 

Augers.  —  Société  nationale  d'agriculture,  sciences  et  arts  d'Angers. 
»        —  Société  des  études  scientifiques  d'Angers. 

Manche. 

Salut-LÔ.  —  Société  d'agriculture,  d'histoire  naturelle  et  d'archéo- 
logie de  la  Manche. 

Cherbourg.  —  Société  des  sciences  naturelles  et  mathématiques  de 
Cherbourg. 

Manie. 
Reims.  —  Société  d'étude  des  sciences  naturelles  de  Reims. 

Meuse. 
Montmédy .  —  Société  des  amateurs  naturalistes  du  nord  de  la  Meuse. 

Puy-de-Dôme. 
Clermont.  —  Société  des  amis  de  l'Université  de  Clermont. 

Rhône. 

Beaujeu.  —  Société  des  sciences  et  arts  du  Beaujolais. 
Lyon.  —  Muséum  d'histoire  naturelle. 

»      —  Société  d'anthropologie  de  Lyon. 

»      —  Société  botanique  de  Lyon. 
Tarare.  —  Société  des  sciences  naturelles. 


SOCIÉTÉS   CORRESPONDANTES.  XXXJ 

Saône-et-Loire. 
Autun.  —  Société  Éduenne. 

Chalon-sur-Saône.  —  Société  des  sciences  naturelles  de  S.-et-L. 
Mftcon.  —  Académie  de  Mâcon. 

»       —  Société  d'histoire  naturelle  de  Màcon. 
Tournas.  —  Société  des  amis  des  arts  et  des  sciences  de  Tournus. 
Matour.  —  Société  d'études  agricoles,  scientifiques  et  historiques 
de  Matour. 

Savoie. 
Chambéry.  —  Société  d'histoire  naturelle  de  Savoie. 

Seine. 
Paris.  —  Muséum  d'histoire  naturelle. 
»      —  Société  d'anthropologie  de  Paris. 
»      —  Société  botanique  de  France. 
»      —  Société  de  spéléologie. 
d      —  Société  du  Club  alpin  français. 
»      —  Société  géologique  de  France. 
»      —  Société  philomatique  de  Paris. 
»      —  Société  zoologique  de  France. 

Seine-Inférieure. 
Elbeuf.  —  Société  d'étude  des  sciences  naturelles  d'Elbeuf. 
Rouen.  —  Société  des  amis  des  sciences  naturelles  de  Rouen. 

Somme. 
Amieus.  —  Société  Linnéenne  du  nord  de  la  France. 

Territoire  de  Belfort. 
Belfort.  —  Société  belfortaine  d'émulation. 

Vienne  (Haute). 

Limoges.  —  Société  botanique  du  Limousin. 

Rochechouart.  —  Société  des  amis  des  sciences  et  des  arts  de 

Rochechouart. 

Vosges. 

Épinal.  —  Société  d'émulation  des  Vosges. 

Yonne. 
Auxerre. — Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne. 


SOCIÉTÉS  ÉTRANGÈRES 

Afrique. 
Congo.  —  Musée  de  l'Etat  indépendant  du  Congo. 

Alsace-Lorraine. 
Strasbourg.  —   Société  des  sciences,  agriculture  et  arts  de   la 

Basse-Alsace. 

Amérique  du  Nord. 
Philadelphie.  —  Académie  des  sciences  naturelles  de  Philadelphie. 
Saint-Louis.  —  Académie  des  sciences  de  Saint-Louis. 

»  —  Jardin  botanique  du  Missouri. 

Washington.  —  Smithsonian  Institution. 


XXXij  SOCIÉTÉS    CORRESPONDANTES. 

Amérique  du  Sud. 
Brésil.  —  Revista  do  museu  Paulista  à  San-Paolo. 
Paragay.  —  Muséum  national  de  Montevideo. 
La  Piata.  —  Musée  national  de  Buenos-Ayres. 
Mexico.  —  Instituto  geologica  de  Mexico. 

—       —  Societad  Cientifica  «  Antonio  Alzate  ». 

Belgique. 
Bruxelles.  —  Société  royale  botanique  de  Belgique. 

»  —  Société  belge  de  géologie,  de  paléontologie  et  d'hy- 

drologie. 
»  —  Société  royale  malacologique  de  Belgique. 

Egypte. 
Le  Caire.  —  Comité  de  conservation  des  monuments  de  l'art  arabe. 

Italie. 
Milan.  —  Société  cryptogamique. 

Luxembourg. 
Luxembourg.  —  Société  botanique  du  grand  duché  de  Luxemboug. 
»  —  Société  des  naturalistes  luxembourgeois. 

Russie. 
Moscou.  —  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou. 
Odessa.  —  Société  des  naturalistes  d'Odessa. 
St-Pétersbourg.  —  Société  des  naturalistes  de  Saint-Pétersbourg. 

Suisse. 
Berne.  —  Société  helvétique  des  sciences  naturelles. 
Colre.  —  Société  d'histoire  naturelle  de  Ooire. 
Frlbourg.  —  Société  des  sciences  naturelles  fribourgeoises. 
Lausanne.  —  Société  Vaudoise  des  sciences  naturelles. 
Zurich.  —  Société  des  sciences  naturelles  de  Zurich. 


0. 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES 

AVEC  LESQUELLES  LA  SOCIÉTÉ  EST  EN  RELATIONS  D'ÉCHANGES 


Feuille  des  Jeunes  naturalistes  :  directeur  M.  Adrien  Dollfus, 

35,  rue  Pierre-Charron,  à  Paris. 
Revue  scientifique  du  Bourbonnais  :  directeur  M.  Ernest  Olivier, 

à  Moulins. 
Revue  bryologique  :  directeur  M.  Husnot,  à  Cahan,  par  Athis  (Orne). 
Revue  des  travaux  scientifiques,  publiée  par  le  comité  des  travaux 

historiques  et  scientifiques  au  ministère  de  l'instruction  publique. 
Le  Naturaliste  :  directeurs  Dkyrolle  fils,  à  Paris,  46,  rue  du  Bac. 
Bulletin  scientifique  de  la  France  et  de  la  Belgique,  publié  par 

M.  Alfred  Giard,  professeur  en  Sorbonne  et  maître  de  conférences 

à  l'École  normale  supérieure. 
Herbier  Boissier  continué  par  M.  W.  Barbey,  à  Chambesy,  près 

Genève. 
Journal  de  Conchyliologie,  publié  par  MM.  H.  Crosse  et  P.  Fischer. 


CATALOGUE  RAISONNE 

DBS 

PLANTES  PHANÉROGAMES  &  CRYPTOGAMES 

INDIGÈNES 

DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE 

(canton  d'ax-les-thermes,  etc.) 

PAR 

W*  et  Alex.  MARCAILHOU-D'AYMÉRIC  frères. 


•*• 


DEUXIÈME  PARTIE 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES 


Le  manuscrit  de  la  première  partie  de  notre  Catalogue 
raisonné  venait  à  peine  d'être  terminé,  lorsque  la  mort 
prématurée  de  notre  digne  et  regretté  frère,  collaborateur 
bien-aimé,  est  venue  interrompre  nos  travaux  ;  aussi  avons- 
nous  assumé  avec  appréhension  la  tâche  difficile  de  parfaire 
seul  l'œuvre  commune,  à  l'aide  de  matériaux  amassés 
depuis  plus  de  quinze  années,  et  le  soin  de  la  publier?  Notre 
excellent  collègue,  M.  le  Dr  Gillot,  dans  la  Notice  biogra- 
phique placée  en  tête  de  cet  ouvrage  et  consacrée  à  l'abbé 
Marcailhou-d'Ayméric,  a  retracé  à  grands  traits  la  vie  si 
bien  remplie  de  ce  digne  prêtre,  qui  n'a  pu  voir,  hélas  !  la 
terminaison  et  le  succès  de  son  œuvre  botanique.  Qu'il 
reçoive  ici  l'expression  de  notre  sincère  gratitude. 

Dans  la  deuxième  partie  de  ce  Catalogue  raisonné  nous 
avons    dressé  méthodiquement  et  aussi   exactement  que 

TOME  XIII.  1 


2  OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES. 

possible  l'inventaire  des  plantes  indigènes  du  bassin  de  la 
haute  Ariège.  Quelques  erreurs  do  détermination  ont  dû 
être  commises,  mais  quel  botaniste  pourrait  se  flatter  de 
n'avoir  pas  d'erreur  dans  son  herbier?  Nous  avons  eu 
cependant  l'inappréciable  avantage  de  la  revision  des 
espèces  critiques  ou  litigieuses  de  notre  riche  collection 
végétale  par  des  botanistes  compétents.  Nous  citerons  : 
1°  pour  les  phanérogames,  Timbal-Lagrave  et  A.  Huet  qui 
ne  sont  plus  de  ce  monde  !  et  MM.  G.  Rouy,  Foucaud, 
Dr  Gillot,  C.  Arvet-Touvet  (genre  Hieracium),  G.  Gautier, 
0.  Debeaux,  A.  Le  Grand,  abbé  Boulay  et  Sudre  (genre 
Rubus),  F.  Crépin  (genre  Rosa);  2°  pour  les  cryptogames  : 
MM.  F.  Renauld  et  L.  Corbière  [Muscinêes),  abbé  Olivier  et 
frère  Saltel  [Lichens),  frère  Jules  Bel  [Champignons),  etc. 
La  plupart  de  ces  botanistes  sont  venus  herboriser  à  Ax-les- 
Thermes;  nous  avons  eu  le  plaisir  de  les  accompagner  dans 
leurs  excursions  et  la  bonhe  fortune  de  soumettre  à  leur 
visa  les  espèces  critiques  de  notre  herbier  qui  comprend 
plus  de  60,000  parts  étiquetées  avec  soin  et  intoxiquées, 
mais  au  nombre  desquelles  nous  comptons  de  multiples 
duplicata.  C'est  la  solide  base  de  notre  Catalogue,  car  aucune 
indication  de  localité  n'a  été  insérée  sans  posséder  le  végétal 
qui  lui  correspond. 

L'énumération  des  familles,  des  tribus,  des  genres,  des 
espèces,  etc.,  a  été  faite  d'après  la  méthode  d'A.-L.  de 
Jussieu  modifiéo  et  complétée  par  A.-Pyr.  de  Candolle,  en 
y  opérant  de  légers  changements  commandés  par  la  marche 
de  la  science.  Malgré  ses  imperfections,  cette  classification 
est  la  plus  simple  de  toutes  ;  elle  a  été  adoptée  d'une 
manière  générale  par  MM.  Rouy  et  Foucaud  dans  leur 
récente  Flore  de  France^.  Nous  n'omettrons   pas  de  tenir 


1.  Flore  de  France  ou  description  des  plantes  qui  croissent  spon- 
tanément en  France,  en  Corse  et  en  Alsace-Lorraine.  Cinq  volumes 
ont  paru  do  1893  à  1899. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES.  3 

compte  des  travaux  d'anatomie  végétale  de  nature  à  modi- 
fier sensiblement  la  place  de  certaines  familles  et  de  cer- 
tains genres. 

Suivant  l'exemple  donné  par  Ad.  Engler,  de  Berlin,  et 
par  d'autres  Aoristes  allemands  et  suisses  très  scrupuleux 
dans  l'application  des  lois  de  la  nomenclature,  nous  don- 
nons aux  familles  les  désinences  acées  (du  latin  aceae), 
réservant  ées  (eae),  idées  (idae),  inées  (inae)  pour  les  tribus  et 
les  sous-tribus. 

Pour  quel  motif  maintenir,  en  effet,  à  la  suite  des  bota- 
nistes de  l'ancienne  école,  les  dénominations  défectueuses 
Violariées,  Cistinées,  Polygalées,  Caryophyllées,  etc.,  qui  ne 
répondent  à  rien,  au  lieu  de  Violacées,  Cis lacées,  Polygala- 
céesy  Caryophyllacées,  etc.  ?  Cependant,  comme  à  toute  règle 
il  y  a  des  exceptions,  on  peut  laisser  subsister  d'après 
l'usage  :  Crucifères,  Ombellifères,  etc.,  au  lieu  de  Cruciacéest 
Ombellacées,  etc. ,  même  ces  derniers  noms  seraient-ils  plus 
logiques  ? 

La  Botanique  n'étant  pas  une  science  de  mots  mais  de 
faits,  nous  nous  sommes  abstenu  le  plus  possible  de  modi- 
fier les  noms  génériques  et  spécifiques,  suivant  en  cela  les 
préceptes  du  code  de  nomenclature  adopté  par  le  Congrès 
international  de  botanique  tenu  à  Paris,  au  mois  d'août 
1867,  sous  la  présidence  d'Alph.  de  Candolle.  j 

La  clarté  dans  la  nomenclature  étant  le  but  à  poursuivre 
par  tout  botaniste  consciencieux  et  la  fixité  des  noms  un 
principe  d'ordre  supérieur,  nous  sommes  sobre  de  modi- 
fications dans  les  noms  et  corrigeons  seulement  les  dési- 
nences vicieuses,  les  expressions  incorrectes,  en  un  mot 
«  les  noms  fautifs  »  au  point  de  vue  grammatical  et 
rationnel,  comme  nous  y  invite  sagement  l'article  66  des 

1.  Lois  de  la  nomenclature  botanique  (brochure  in-8°,  Genève  et 
Paris,  1867)  contenant  une  Introduction  historique,  les  lois  proposées 
et  un  commentaire  détaillé,  rédigées  et  publiées  par  Alph.  de  Can- 
dolle. 


4  OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES. 

Lois  de  la  nomenclature  botanique1.  —  Ainsi,  nous  écrirons 
Corydaliis,  Barbarea,  Teesdalea,  Pirolay  Pirus,  Onothera, 
Alchemilla,  Âdiantum}  Allosorus,  etc.,  au  lieu  de  Corydaliis, 
Barbarxa,  Teesdalia,  Pyrola,  Pyrus  2,  QEnothera,  Alchimilla, 
Adianthum,  Allosums,  etc. 

Gomme  le  dit  si  judicieusement  M.  le  Dr  Gillot  [Questions 
d 'orthographe ,  lettre  à  M.  Malinvaud)  :  «  Le  respect  des  textes 
linnéens  ne  doit  pas  tourner  au  fétichisme  et  nous  faire 
accepter  sans  conteste  les  erreurs  ou  les  incorrections  d'un 
homme  qui,  malgré  son  talent,  ne  pouvait  être  universel 
et  infaillible,  et  a  trop  souvent  copié  ou  assimilé,  sans  con- 
trôle suffisant,  les  écrits  de  ses  devanciers.  On  discute 
bien  encore  aujourd'hui,  à  bon  droit  et  avec  profit,  les 
textes  de  la  Bible  ou  du  Droit  romain  qui,  pendant  long- 
temps, ont  été  aussi  des  arches  saintes  auxquelles  on  ne 
pouvait  toucher  sans  anathème,  et  on  les  corrige,  on  les 
rectifie,  on  les  éclaire  à  la  lumière  de  l'exégèse  et  de  la 
philologie  modernes.  C'est  donc  également,  à  mon  avis 
encore,  un  service  à  rendre  à  l'œuvre  de  Linné  que  de 
l'expurger  des  locutions  vicieuses  ou  erronées,  contraires 
à  l'étymologie  et  aux  règles  de  la  langue  latine »  3 

Nous  sommes  entièrement  de  l'avis  de  notre  distinguo 
collègue   pour   ce    qui    concerne   les   questions    d'ortho- 

1.  a  Art.  66.  Lorsqu'un  nom  tiré  du  grec  ou  du  latin  a  été  mal 
écrit  ou  mal  construit,  ou  qu'une  erreur  sur  le  genre  grammatical 
d'un  nom  a  entraîné  une  désinence  vicieuse  dans  les  noms  d'espèce, 
chaque  botaniste  est  autorisé  à  rectifier  le  nom  fautif  ou  les  dési- 
nences fautives,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'un  nom  très  ancien  et 
passé  entièrement  dans  l'usage  sous  sa  forme  erronée.  On  doit  user 
de  cette  faculté  avec  réserve  particulièrement  si  le  changement  doit 
porter  sur  la  première  syllabe,  surtout  sur  la  première  lettre  du 
nom.  » 

2.  Pyrus  a  le  double  tort  d'être  une  faute  d'orthographe  puisque 
les  Latins  écrivent  Pirus  et  de  sembler  transcrire  le  grec  nvpôç 
froment,  sans  compter  qu'il  fait  songer  à  la  pyrotechnie  (E.  Malin- 
vaud). 

3.  Bull.  Soc.  bot.  de  F>\,  tome  XLV,  séance  du  28  janvier  1898, 
pp.  69  et  70. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES.  5 

graphe  technique  et  de  nomenclature  ;  en  rectifiant 
l'orthographe  de  quelques  épithètes  défectueuses  ou  des 
pléonasmes  choquants !,  nous  évitons  ainsi  plusieurs  de 
ces  cacographies  privilégiées  que  les  botanistes  se  trans- 
mettent religieusement  depuis  Linné,  mais  nous  acceptons 
l'usage,  en  principe,  quand  il  n'est  pas  contraire  à  la  logique 
et  tout  en  tenant  compte  des  droits  d'antériorité. 

De  plus,  nous  rectifions  au  besoin  quelques  lapsus  calami 
de  Linné,  en  écrivant  Ranunculus  acer,  Euphorbia  hiber- 
nica,  etc.,  au  lieu  de/?,  acris,  E.  hyberna,  etc. 

Pour  ce  qui  concerne  le  genre  grammatical  des  noms 
génériques,  nous  avons  opéré  le  moins  de  changement  pos- 
sible, en  tenant  compte  des  règles  du  latin,  puisque  d'après 
l'article  6  des  Lois  de  la  nomenclature  a  les  noms  scienti- 
fiques des  plantes  sont  en  langue  latine  »  ;  par  conséquent 
toute  expression  qui  viole  les  règles  établies  depuis  long- 
temps dans  cette  langue  scientifique  doit  être  corrigée  et 
il  n'y  a  pas  de  raison  pour  retourner  au  grec  qui  est  peu 
intelligible  pour  la  plupart  des  botanistes  ;  cette  précision 
a  son  importance  pour  les  désinences  masculine,  féminine 
ou  neutre  des  adjectifs  spécifiques,  surtout  pour  les  mots 
latins  dérivés  du  grec  [Lotus,  Polygala,  Orchis,  etc.). 

Les  grammairiens  et  les  érudits  ont  victorieusement 
démontré  que  les  adjectifs  ayant  la  désinence  grecque 
oides  (de  ctâôç  «foo?  aspect,  ressemblance)  devront  prendre 
la  terminaison  latine  oideus,  oidea,  oideum  suivant  que  le 
genre  sera  masculin,  féminin  ou  neutre.  On  dit  bien  ovoi- 
deus  et  non  ovoïdes,  et  Linné  lui-même  qui  a  souvent 
nommé  des  plantes  ayant  la  terminaison  défectueuse  oides, 
a  cependant  créé  le  Sempervivum  arachnoideumf  Nous 
écrirons  donc  :  Astrocarpus  sesamoideus,  Radio  la  linoidea, 
Aronicum  scorpioideum,  etc. 


i.  Par  exemple  :  Raplianus  Raphaniatmm  L.,  Lathrœa  Clandes* 
tina  L.,  etc. 


O  OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES. 

La  règle  posée  par  M.  le  Dr  Saint-Lager  J,  au  sujet  des 
noms  spécifiques,  composés  :  1°  du  radical  d'un  substantif; 
2°  de  la  voyelle  de  liaison  i  ;  3°  d'un  suffixe  folius,  florus, 
formis,  fer,  etc.,  est  confirmée  par  le  plus  récent  mémoire 
écrit  en  allemand,  traduit  en  français  par  le  Dr  John  Bri- 
quet et  intitulé  :  Règles  de  la  nomenclature  pour  les  bota- 
nistes attachés  au  Jardin  botanique  et  au  Musée  royal  botanique 
de  Berlin y  par  Ad.  Engler  et  ses  assistants.  Voici  la  repro- 
duction intégrale  de  l'article  10  du  mémoire  précité  : 
«  Dans  la  formation  de  substantifs  ou  d'adjectifs  latins  ou 
grecs,  la  voyelle  placée  entre  les  deux  racines  devient 
voyelle  de  liaison  en  latin  i,  en  grec  o  ;  on  écrira  donc 
menth-i-folia  et  non  mentli&folia.  On  ne  peut  admettre  que 
le  génitif  du  premier  mot  entre  ici  dans  la  construction  du 
composé.  »  * 

Par  suite,  il  sera  donc  plus  correct  d'écrire  Thalictrum 
aquilegifolium  que  T.  aquilegiifolium  et  surtout  que  T.  aqui- 
legitvfolium  ;  de  même  les  adjectifs  composés  betonicifolius, 
veronicifolius,  urticifoliusy  erucifolius,  seront  plus  corrects 
que  betonicœfolius,  veronicxfolius,  urticxfolius,  erucxfolius. 
Nous  pourrions  multiplier  les  exemples. 

Au  point  de  vue  de  la  priorité  des  noms  de  plantes  nous 
nous  sommes  rallié  à  la  condition  exigée  par  les  législateurs 
réunis  en  congrès  botanique  à  Paris,  en  1867  et  1889,  et  à 
Bologne  en  1881  :  «  Linné  est  le  plus  ancien  naturaliste  ayant 
droit  à  la  priorité  »,  et  à  la  plus  récente  décision  votée  par  le 
Congrès  botanique  international,  tenu  à  Gênes,  au  mois  de 
septembre  1892  :  «  La  priorité  des  espèces  datera  de  1753  ». 

Nous   désignerons  donc  chaque  plante  par  le   nom  le 


1.  Un  Chapitre  de  Grammaire  à  l'usage  des  botanistes,  brochure 
in-8°,  23  pages,  Paris,  189*2. 

2.  Bull,  de  l'Herbier  Boissier,  tome  V,  1897,  p.  773.  —  Dans  le 
n#  20  de  son  Journal  de  botanique,  M.  Fi.  Morot  (11e  anneo  1897),  a 
donné  aussi  une  traduction  française  de  ces  mômes  Règles  de 
nomenclature,  etc. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES.  7 

plus  ancien  toutes  les  fois  que  les  droits  d'antériorité  nous 
paraîtront  incontestables  ;  dans  les  cas  douteux  nous  avons 
choisi  la  désignation  la  plus  généralement  connue. 

Comme  le  disait  si  justement  M.  Malinvaud  (Questions  de 
nomenclature,  etc.),  au  sujet  de  la  proposition  de  remplacer 
les  noms  linnéens  d'un  certain  nombre  de  genres  par  leurs 
synonymes  remontant  à  Tournefort  :  «  On  peut  sans  doute 
faire  valoir  de  justes  griefs  contre  beaucoup  d'expressions 
consacrées  par  un  long  usage,  elles  bénéficient  toutefois 
de  la  prescription1,  parce  qu'il  y  a  avantage  en  toutes 
choses  à  ne  pas  revenir  indéfiniment  sur  le  passé  et  à  clore 
les  contestations.  Le  principe  du  droit  de  priorité,  si  res- 
pectable qu'il  puisse  être,  serait  impuissant  à  faire  revenir 
sur  des  noms  surannés,  tels,  par  exemple,  que  Bugula  et 
Tithymalus,  dont  il  serait  indispensable  de  rappeler,  ou 
plutôt  d'apprendre  à  la  plupart  des  botanistes  contempo- 
rains, que  le  premier  est  synonyme  d'Ajuga  et  le  second 
à'Euphorbia;  n'est-il  pas  dès  lors  préférable  de  conserver 
Euphorbia  et  Ajuga  qui  n'ont  besoin  d'aucune  leçon?  C'est 
assurément  s'illusionner  de  croire  qu'il  ne  serait  «  ni  long 
ni  difficile  »  d'arriver  à  faire  table  rase  do  noms  géné- 
riques aussi  universellement  adoptés  que  la  plupart  de  ceux 
dont  il  s'agit  :  Phyteuma,  Anchusa,  Scutellaria,  Lythrum^ 
Humex,  Ononis,  etc.  Le  seul  résultat  d'une  tentative  aussi 
contraire  au  sentiment  général  serait  d'ajouter  un  nouveau 
contingent  à  la  synonymie,  c'est-à-dire  à  la  pluralité  des 
noms  pour  le  même  objet,  qui  est  le  plus  grave  défaut  de 
toute  nomenclature.2 


1.  «  Aujourd'hui  ces  abus  sont  légitimés  par  cent  ans  d'usage.  Il 
y  a,  comme  disent  les  jurisconsultes,  prescription.  »  (A.  de  Candolle, 
Lots  de  la  nomenclature  botanique,  lor  commentaire,  1867,  p.  57.) 

2.  Bull  Soc.  bot.  Fr.t  tome  XXXV  (1888),  p.  138.  —  M.  Malin- 
vaud a  reproduit  cette  citation  dans  son  travail  intitulé  :  Questions 
de  nomenclature.  —  Citation  complétée.  —  Une  divergence  d'opi- 
nions, et  publié  dans  le  Journal  de  botanique,  de  L.  Morot,  n°  du 
1"  décembre  1896. 


8  OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES. 

Pour  les  espèces  critiques  et  différemment  interprétées 
par  les  auteurs,  nous  avons  jugé  utile  d'inscrire  à  la  suite 
du  nom  de  la  plante  et  de  celui  de  l'auteur,  le  titre  de 
l'ouvrage  où  cette  plante  a  été  décrite,  en  l'accompagnant, 
lorsque  c'était  nécessaire  :  1°  de  la  date  de  la  publication, 
pour  démontrer  les  droits  de  priorité,  quand  nous  mention- 
nons plusieurs  synonymes;  2°  des  numéros  d'exsiccata 
connus  ;  3°  des  figures  ou  Icônes  florx  germanicse  et  helveticv 
simul  terrarum  adjacentium,  ergo  medix  Europœ,  de  Lud. 
Reichenbach  et  II. -G.  Reichenbach  fils !,  lorsque  cette  publi- 
cation, ces  exsiccata  et  ces  figures  nous  paraissaient  repré- 
senter exactement  la  plante  que  nous  possédions.  Les  espèces 
linnéennes  polymorphes  ont  été  accompagnées  d'indications 
générales  au  sujet  de  leur  démembrement,  en  plus  petits 
caractères  que  le  texte  ;  nous  avons  aussi  mentionné  les 
propriétés  des  plantes  médicinales,  et  ajouté,  à  la  suite  de 
certaines  plantes  rares,  méconnues  ou  litigieuses,  leurs 
caractères  distinctifs,  leurs  variations  secondaires,  souvent 
avec  notes  critiques  et  remarques  personnelles,  leur  mode 
d'interprétation  par  les  auteurs  et  quelquefois  aussi  des 
généralités  sur  leur  aire  de  dispersion  dans  les  Pyrénées,  etc. 

Les  noms  des  tribus  et  des  genres  ont  été  imprimés  en 
caractères  gras  ;  pour  éviter  à  première  vue  toute  confu- 


1.  Vingt-deux  volumes  de  cette  importante  publication,  imprimée 
à  Liepzig  et  basée  sur  le  Flora  germanica  excursoria  (2  vol.  in-12, 
1830-1832),  de  Ludovic  Reichenbach,  ont  seulement  paru  de  1834 
à  1884;  les  volumes  I-XII  ont  été  édités  par  H. -G. -Ludovic  Reichen- 
bach, directeur  du  Jardin  botanique  de  Dresde,  décédé  en  mars  1879, 
et  les  volumes  XIII-XXII,  par  II. -Gustave  Reichenbach  fils,  direc- 
teur du  Jardin  botanique  de  Hambourg,  décédé  le  6  mai  1889.  Nous 
possédons  la  collection  complète  de  tout  ce  qui  a  paru,  et  attendons 
prochainement  l'envoi  du  volume  XXIII  (sous  presse)  où  sont 
figurées  les  Onagrariées,  Crassulacées,  Saxifragées,  Grossulariées, 
etc.  Nous  savons  aussi,  de  source  certaine,  que  le  volume  XXIV 
renfermant  les  autres  familles  manquantes,  et  le  volume  XXV  ou 
dernier,  contenant  les  Rosacées  par  le  Dr  P.  Grœbner  attaché  au 
Muséum  botanique  de  Berlin,  sont  en  préparation. 


OBSERVATIONS  PRÉLIMINAIRES.  9 

sion  dans  la  valeur  et  l'appréciation  des  espèces  types  ou 
primordiales,  des  espèces  secondaires  ou  sous-espèces,  des 
formes  et  des  variétés,  nous  avons  adopté  des  caractères 
typographiques  différents ,  mais  en  n'employant  des 
numéros  d'ordre  que  pour  les  espèces  types.  Quant  aux 
espèces  subspontanées,  naturalisées,  adventices,  cultivées, 
qui  ont  l'avantage  de  fournir  des  indications  précieuses 
pour  la  géographie  botanique,  nous  les  mentionnons  sans 
numéro  d'ordre.  Il  en  est  de  même  des  hybrides  que  nous 
faisons  précéder  du  signe  X. 

Nous  n'avons  point  indiqué  de  localités,  mais  seulement 
des  stations  générales  pour  les  espèces  très  communes. 

Pour  faciliter  aux  botanistes  explorateurs  de  notre  con- 
trée la  recherche  de  certaines  plantes  rares,  nous  avons 
eu  soin  de  marquer  avec  la  précision  voulue  la  station  des 
plantes,  c'est-à-dire  le  milieu  qu'elles  affectionnent.  Nous 
indiquons  la  durée  et  l'époque  de  la  floraison,  V habitat  du 
végétal  (nature  du  sol  où  il  croît)  lorsque  ce  renseignement 
est  utile,  le  degré  d'abondance  ou  de  rareté  d'une  plante 
et  l'altitude  à  laquelle  elle  végète1.  Sauf  pour  les  plantes 
rares  ou  intéressantes  nous  n'indiquerons  pas  les  altitudes 
de  la  zone  inférieure. 

Ax-les-Thermes,  10  juillet  1899. 

Hle  Marcàilhou-d'Ayméric. 


1.  Les  altitudes  indiquées  se  rapportent  toujours  au-dessus  du 
niveau  moyen  de  la  mer. 


10  SIGNES   ET  ABRÉVIATIONS. 


Explication  des  signes  conventionnels  adoptés 
et  des  principales  abréviations.  < 

CC.  plante  très  commune. 
C.  —     commune. 

AC.  —     assez  commune. 

AR.  —     assez  rare. 

R.  —     rare. 

RR.  —     très  rare. 

Ces  signes  indiquent  le  degré  de  fréquence  ou  de  rareté  sur  tout 
le  territoire  de  notre  florule. 

! signe  de  certitude. 

? —    de  doute. 

X hybride. 

«,  /3,  7,  3,  etc.  ...  indiquent  les  numéros  d'ordre  des  formes,  des 

variétés,  etc.  *  sous-entendu  est  le  type  de 

l'espèce. 

ap apud  (dans,  chez). 

auct auctorum  (des  auteurs). 

Ax Ax-les-Thermes.  * 

éd.,  ed édition,  editio. 

emend emendatus  (corrigé,  modifié). 

ex de,  d'après. 

exsicc exsiccata  (collection  de  plantes  sèches  publiée 

avec  n°  d'ordre). 

(excl.) (à  l'exclusion  de). 

forma forme. 

f.  ou  fig figure. 

fl.  fr fleur,  fruit. 

FI.  franc Flore  française. 


1 .  Nous  n'avons  pas  dressé  la  liste  abréviative  des  noms  d'auteurs  ou  de  collec- 
teurs. Ces  abréviations  existent  dans  la  plupart  des  Flores  que  tout  botaniste  doit 
posséder.  Nous  citerons  :  la  Flore  de  France  de  MM.  Rouy  et  Foucaud,  tome  I 
(1893),  pp.  lxvii  à  lxxi,  les  Tableaux  synoptiques  de  la,  Flore  de  France  de  MM.  G. 
Donnier  et  de  Layens  (1894),  pp.  399  et  400,  la  Nouvelle  Flore  française  de  Gilcl 
et  Magne,  etc. 

2.  Par  décret  présidentiel  du  24  décembre  1888,  le  nom  d'Ax  a  été  changé  en 
celui  d'Ax-les-Thermes. 


SIGNES   ET   ABRÉVIATIONS.  11 

FI.  de  Fr Flore  de  France. 

herb herbarium  (herbier). 

ic.y  illustr icon  (figure,  image),  illustrations. 

le.  fi.  germ Icônes  flores  germaniese  et  helveticœ  de  Rei- 

chenbach. 

/.  c.  ou  loc.  cit...  loco  citato  (passage  cité). 

in dans,  chez. 

in  lit t in  littera  (dans  une  lettre). 

mult multorum  (de  plusieurs). 

non non  (négation);  ainsi  Fumaria  densiflora  DC. 

non  Pari,  signifie  que  de  deux  plantes  portant 
le  même  nom,  l'une  de  de  Candolle,  l'autre 
de  Parlatore,  c'est  la  première  que  nous  avons 
en  vue. 

n° numéro  d'ordre. 

op.  cit opère  citato  (ouvrage  cité). 

pp pages. 

(pr.p.)ou(pr.part.)  pro  parte  (pour  une  partie  seulement). 

{pr.  sp.) pro  specie  (pour  une  espèce). 

sec secundum  (selon,  d'après). 

sp.  nov species  nova  (espèce  nouvelle). 

subspec subspecies  (sous-espèce). 

t.  ou  tab tabula  (planche). 

var.,  s.  var varietas  (variété),  sous-variété). 

vulg vulgo  (vulgairement). 

z.  inf zone  ou  région  inférieure  (630m-1000œ). 

z.  subalp —  subalpine  (1000»- 1800»). 

z.  alp —  alpine  (1800»-2400»). 

z.  niv —  nivale  (2400»-2850»). 


12  PUBLICATIONS   BOTANIQUES. 


LISTE 

DE  NOS  PUBLICATIONS  BOTANIQUES1 


$  1.  —  Publications  botaniques 
d*Ht*  et  d'Alex.  Marcailhou  -  d'Ayméric  frères. 

1°  Un  Hieracium  nouveau  pour  la  flore  française  (H.  cryp- 
tanthum  Arv.-Touv.  et  Marc.-cTAym.),  Revue  de  bota- 
nique, ou  Bulletin  de  la  Soc.  fr.  de  bot.,  Toulouse, 
impr.  Vialelle,  t.  IX,  1891,  pp.  29-31. 

2°  Une  Liliacée  nouvelle  pour  la  flore  française  (Gagea 
puymaurensis  Marc-d'Aym.),  Rev.  de  bot.,  IX,  1891, 
pp.  229-230,  Toulouse,  impr.  Vialelle. 

3°  Note  rectificative  sur  le  Gagea  puymaurensis  Marc- 
d'Aym.  (Rev.  de  bot.,  IX,  1891,  pp.  291-293,  Toulouse, 
impr.  Vialelle). 

4°  Un  Taraxacum  nouveau  pour  la  flore  française  (T.  hyose- 
ridifolium  Arv.-Touv.  et  Marc-d'Aym.),  Rev.  de  bot.9 
X,  1892,  pp.  650-652,  Toulouse,  impr.  Vialelle. 

5°  L'Erigcron  frigidus  Boiss.  dans  les  Pyrénées  françaises 
(Rev.  de  bot.,  X,  1892,  pp.  675-680,  Toulouse,  impr. 
Vialelle). 

6°  La  Société  française  de  botanique  à  Ax-les-Thermes, 
session  extraordinaire  tenue  du  17  au  24  août  1892% 
programme,  etc.  (Ax-Thermal  du  DrDresch,  4e  année, 
n°  31 ,  mercredi  10  août  1892,  Foix,  impr.  Gadrat  aîné). 


1.  Nous  comprenons  sous  ce  titre  non  seulement  les  travaux  pure- 
ment botaniques,  mais  encore  ceux  où  il  est  secondairement  question 
de  la  science  de  Flore. 


PUBLICATIONS   BOTANIQUES.  13 

7°  Compte  rendu  des  excursions  de  la  Société  française 
de  botanique  :  ir#  excursion,  18  août,  au  lac  de 
Naguilles;  2e  excursion,  19-20  août,  au  port  de  Pail- 
lères,  etc.  (Ax-Thermal,  n°35,  mercredi  31  août  1892)  ; 
3e  excursion,  22-23  août,  à  la  caserne  des  mines  de 
Puymaurens,  aux  sources  de  r  Ariège  et  aux  monts 
frontières  de  l'Andorre  (Ax-Therrnal,  n°  36,  mercredi 
7  septembre  1892,  Foix,  impr.  Gadrat  aîné). 

8°  Excursion  botanique  au  port  de  Saleix,  canton  de 
Videssos,  Ariège  (Rev.  de  botanique,  tome  XI,  1893, 
pp.  419-431,  Toulouse,  impr.  Vialelle  et  Perry). 

9°  Le  Subularia  aquatica  L.,  les  Isoetes  Brochoni  Motelay 
et  lacustris  L.  dans  les  lacs  du  bassin  de  la  haute 
Ariège  et  du  bassin  limitrophe  de  Lanoux  (Pyr-Or.)  ; 
une  variété  remarquable  du  Carex  sempervirens  Vill . 
(C.  semperv.  var.  aurigerana  Marc.-d'Aym.).  Notes  lues 
à  la  session  de  la  Société  française  de  botanique,  à 
Ax-les-Thermes,  le  18  août  1892,  aux  bords  du  lac 
de  Naguilles,  et  le  20  août  1892,  dans  la  cabane- 
abri  du  port  de  Paillères  (Rev.  de  bot.,  tome  XII, 
1894,  pp.  302-311,  ou  pp.  64-73  du  fascicule  spécial 
de  la  session  extraordinaire). 

10°  Catalogue  général  des  plantes  phanérogames  et  cryp- 
togames cellulo-vasculaires,  observées  ou  récoltées 
par  les  membres  de  la  Société  française  de  botanique 
dans  le  bassin  de  la  haute  Ariège  (Rev.  de  bot.,  XII, 
1894,  pp.  323-414,  ou  pp.  85-176  du  fascicule  spécial 
de  la  session  extraordinaire). 

11°  Les  Onagrariées  du  bassin  de  la  haute  Ariège  (Monde 
des  plantes,  de  M.  H.  Leveillé,  rev.  bimens.  illustr., 
organe  de  l'Acad.  intern.  de  géogr.  bot.,  3e  année, 
n°  35,  1er  mars  1894,  le  Mans,  impr.  Ed.  Monnoyer). 

12°  Le  Vieux  Château  de  Montgaillard,prèsde  Foix  (Ariège). 
Histoire.  Géologie.  Botanique  (Ax-Thermalt  7e  année, 
n°  57,  14  août  1895,  Foix,  impr.  Gadrat  aine). 


14  PUBLICATIONS   BOTANIQUES. 

13°  Supplément  aux  Onagrariées  du  bassin  de  la  haute 
Ariège  [Monde  des  plantes,  de  M.  H.  Leveillé,  7e  année, 
2e  série,  n'  97,  1er  décembre  1897,  pp.  43-46  et 
n°  98,  1er  janvier  1898,  pp.  50-51,  le  Mans,  impr. 
Ed.  Monnoyer).  1 


§  II.  —  Publications  botaniques  d*H*«  Marcailhou-d'Ayméric. 

1°  Excursion  botanique  en  Andorre  les  13  et  14  août  1888 
[Feuille  des  jeunes  naturalistes,  n°219,  1er  janvier  1889, 
pp.  33-35;  n°  220,  1er  février  1889,  pp.  48-49;  n°  221, 
1er  mars  1889,  pp.  57-62,  Paris,  typ.  Oberthur;  — 
Revue  des  Pyrénées  et  de  la  France  méridionale,  tome  I, 
fasc.  3e,  1889,  pp.  332-352,  avec  carte  hydrogra- 
phique et  routière  de  l'Andorre,  Toulouse,  impr. 
Douladoure-Pri  vat) . 

2°  Excursion  botanique  au  lac  de  Lanoux  et  au  pic  Car- 
litte  (Pyr.-Or.),  les  29,  30  et  31  juillet  1888,  en  colla- 
boration de  M.  A.  Galissier  [Rev.  des  Pyr.y  etc., 
tome  II,  fasc.  3,  1890,  pp.  573-587).  2 

3°  Excursion  botanique  aux  montagnes  de  Prades  (Ariège), 
le  10  juin  1889  [Revue  de  botanique  ou  BulL  de  la  Soc. 
fr.  de  bot.,  tome  VII,  1889,  pp.  200-208,  Toulouse, 
imprim.  Vialelle). 

4°  Excursion  botanique  au  pic  de  S '-Barthélémy  (Ariège), 
les  16  et  17  août  1889  [Rev.  de  bot.t  tome  VIII,  1890, 
pp.  257-264,  impr.  Vialelle). 

5°  Une  Espèce  nouvelle  pour  les  Pyrénées  [Hieracium 
glanduliferum  Hoppe),  Rev.  de  bot.,  tome  VIII,  1890, 
pp.  308-309,  impr.  Vialelle. 


1.  Ce  travail  avait  été  rédigé  en  juillet  1897,  quelques  jours  à  peine 
avant  la  mort  prématurée  de  notre  frère  et  collaborateur  bien-aimé. 

2.  Plusieurs  erreurs  typographiques  regrettables  se  sont  glissées 
dans  ce  travail,  par  suite  du  manque  d'envoi  des  épreuves  à  corriger. 


PUBLICATIONS   BOTANIQUES.  15 

6°  Excursion  botanique  au  Llata,  au  col  de  Joux  et  au  cap 
du  Larguis  (Ax-Thermal  du  Dr  Dresch,  2#  année, 
n°  12,  31  juillet  1890,  et  n°  13,  7  août  1890,  Foix, 
impr.  Gadrat  aine). 

7°  Excursion  botanique  aux  mines  de  Puymaurens,  aux 
sources  de  l'Ariège  et  aux  crêtes  frontières  de 
l'Andorre  (Ax-Thermal,  5e  année,  n°*  41-44  des  16, 
23  et  30  août  et  6  septembre  1893,  Foix,  impr. 
Gadrat  aine). 

8°  Excursion  botanique  dans  les  Pyrénées  franco-espa- 
gnoles; de  Salau  à  Luchon  par  le  val  d'Aran  (Bull. 
de  la  Soc.  Ramond,  xxxie  année,  26  série,  tome  I, 
3e  trimestre  1896,  pp.  151-172,  Bagnères-de-Bigorre, 
impr.  D.  Bérot). 

9°  Première  Ascension  au  pic  de  Serrère  (291  lm),  limite 
de  la  France  et  de  l'Andorre.  Description.  Panorama. 
Géologie.  Flore>  etc.  (Bull.  Soc.  Ramond,  xxxii6  année, 
2e  série,  tome  II,  1er  trimestre,  1897,  pp.  5-23,  impr. 
D.  Bérot). 

10°  Contribution  à  la  flore  de  l'Andorre.  Ascensions  au 
puig  de  Coma-Pedrosa  (2946m)  et  au  puig  dels 
Pessons  (2865m)  (Bull.  Soc.  Ramond,  xxxin6  année, 
28  série,  tome  III,  1er  trimestre,  1898,  pp.  28-58, 
impr.  D.  Bérot). 

11°  Le  Biscutella  lucida  DC.  acquis  à  la  flore  française 
(Monde  des  plantes,  de  M.  II.  Leveillé,  7°  année, 
fascicule  n°  100,  1er  mars  1898,  pp.  97-98,  le  Mans, 
impr.  Ed.  Monnoyer). 

1 2°  Les  Pedicularis  pyrenaica  Gay ,  mixta  Gren . ,  rostrata  L . , 
des  Pyrénées  et  leurs  affinités  (Monde  des  pla?ites, 
7e  année,  n°  101,  1er  avril  1898,  pp.  102-107,  le  Mans, 
impr.  Ed.  Monnoyer). 

13°  Une  Ascension  au  pic  de  Brasseil  (2220m).  Description. 
Géologie.  Flore,  etc.  (Ax-Thermal,  10°  année,  n°  82, 
30  juillet  1898,  Foix,  impr.  Gadrat  aîné). 


16  PUBLICATIONS   BOTANIQUES. 

14°  Le  Massif  de  Tabe  :  Description.  Panorama.  Géologie. 
Flore.  Altitude.  Légendes.  Itinéraires  divers,  etc. 
(Bull.  Soc.  Rarnond,  xxxin*  année,  2*  série,  tome  III, 
3e  trimestre  1898,  pp.  172-202,  impr.  D.  Bérot). 

15°  Aperçus  généraux  sur  la  Flore  du  Japon  (Monde  des 
plantes,  8e  année,  3e  série  (du  n°  112,  mars  1899,  au 
n°  121,  décembre  1899,  passim),  le  Mans,  typogr.  Ch. 
Monnoyer). 

16°  Coexistence  des  lsoetes  et  des  Truites  dans  la  plupart 
des  lacs  de  l'Ariège,  des  Pyrénées-Orientales  et  de 
l'Andorre  (Mémoire  communiqué  au  37e  Congrès  des 
Sociétés  savantes,  tenu  à  Toulouse,  du  4  au  8  avril 
1899,  imprimé  dans  le  volume  de  ce  Congrès,  section 
des  sciences;  publié  aussi  dans  le  fascicule  n°  6, 
juin  1899,  du  Bull,  de  la  Soc.  centr.  d'aquiculture 
et  de  pêche,  pp.  184-191,  Paris). 

17°  Observations  sur  les  Anémone  alpina  et  sulphurea  L. 
(Bull,  de  l'Association  française  de  botanique,  2e  année,- 
n°  18,  juin  1899,  pp.  141-144,  le  Mans,  typogr. 
Ch.  Monnoyer). 

18°  Le  Montcalm  et  le  pic  d'Estats  (3080ra  et  3141m)  :  Des- 
cription. Panorama.  Géologie.  Flore.  Altitude.  Folle 
des  Pyrénées.  (Doit  paraître  dans  la  XXXVe  année, 
2e  série,  tome  V,  1900,  du  Bulletin  de  la  Société 
namond,  à  Bagnères-de-Bigorre,  impr.  D.  Bérot.)1 


1.  Le  manuscrit  a  été  adressé  au  président  de  la  Société  Ramond, 
le  28  juin  1899. 


Embranchement  I. 

PHANÉROGAMES 

(Linné). 

Classe  I. 
DICOTYLÉDONES 

(Jussieu). 

Sous-Classe  I.  —  THALAMIFLORES  (de  Candolle). 


Famille  I.  —  RENONCULACÉES  (Jussieu). 

Tribu  1.  —  Clématidées  (de  Candolle). 

Genre  :  Glematls  L. 

1  —  C.  Vitalba  L.  CC.  Haies,  bords  des  chemins, 
murs,  etc.,  de  la  z.  inf.  —  Juin-août. 

Notre  type  correspond  à  la  var.  integrata  DC.  (pr.  spec.)  Prodr.,  I, 
p.  4,  à  folioles  entières  ou  très  peu  dentées.  Malgré  nos  actives 
recherches  nous  n'avons  pu  rencontrer  dans  notre  région  la  var. 
crenata  Jord.  (pi\  sp.)  in  Bill.  Annot.  fl.  de  Fr.  et  d'Allem.  p.  12,  et 
Diagn.  p.  21,  qui  s'en  distingue  seulement  par  ses  folioles  crénelées. 

La  Clématite  vigne-blanche  est  très  irritante  et  même  révulsive  à 
l'état  de  complet  développement  ;  ses  feuilles  appliquées  sur  la  peau 
produisent  des  plaies  superficielles  et  son  suc  acre  est  vanté  contre 
le  cancer.  Néanmoins  les  rameaux  feuilles  et  les  jeunes  pousses 
sont  impunément  mangés  par  le  bétail. 

Tribu  2.  —  Anémonées  DC. 
Tballclrum  L. 

2  —  T.  aquilegifolium  L.  —  C.  Bois,  prés  couverts, 
lieux  ombragés,  bords  des  torrents,  etc.,  de  la  z.  inf.  jus- 
qu'à la  z.  alp.  —  Juin  à  sept.,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  d'herbier  (33  localités)  ont  été  récoltés 

de  6201"  (bords  de  l'Ariègo  à  Perles),  jusqu'à  2050111  (pelouses 

sur  le  lac  bleu  du  Nagear),  et  principalement  :  dans    les 

vallées  du  Nagear  et  de  l'Ariège  (Mérens,  l'Hospitalet);  à  la 

tome  xiii.  2 


18  PLANTES  INDIGÈNES 

fontaine  du  Draze  t  ;  à  la  jasso  du  lac  de  Naguilles  ;  dans  la  vallée 
latérale  d'Orgeix  ;  dans  la  haute  vallée  de  la  Lauze,  etc. 

Suivant  la  juste  remarque  de  Timbal-Lagrave  et  Jeanbernat  (Mas- 
sif du  Llaurenti,  p.  134  du  tirage  à  part),  cette  plante  «  varie  dans 
les  Pyrénées  et  souvent  Ton  rencontre  côte  à  côte  diverses  formes 
de  cette  espèce  très  variable  dans  ses  caractères  secondaires.  Ainsi 
les  étamines  sont  tantôt  d'un  blanc-jaunâtre,  tantôt  plus  ou  moins 
bleues;  les  lobes  des  feuilles  sont  plus  ou  moins  profonds  et  la  taille 
offre  des  variations  considérables.  Ces  modifications  disparaissent 
rapidement  par  quelques  essais  de  culture  et  ne  méritent  certaine- 
ment pas  l'importance  que  certains  botanistes  ont  cru  devoir  leur 
donner.  »  Ce  sont,  on  effet,  de  simples  lusus  dont  on  ne  saurait 
tenir  compte. 

Var.  umbelliforme  Costa.,  Ampl.  ad  Cat.  pi.  de  Cataluna% 
1873,  p.  2!;  Willk.  et  Lange  Prodr.  fi.  hisp.,  III,  1880, 
p.  955;  Rouy.  et  Fouc.  FI.  de  Fr.,  I,  p.  9. 

AR.  Prairies,  bois  et  pelouses  de  la  z.  subalp.;  s'élève 
aussi  dans  la  z.  alp.  —  Juillet-octobre. 

Vallée  latérale  d'Orgeix,  sous  la  jassedu  Ressec  (1350m); 
bois  de  Fontfrède  de  Prades,  bords  du  chemin  forestier 
(1370m);  l'Hospitalet,  rive  droite  de  TArioge,  en  amont  du 
pont  Cerda  (1570m);  plan  incliné  de  la  Llatte  sous  le  col 
de  Puymaurens  (1825m),  etc. 

Elle  est  quelquefois  mélangée  au  type,  dont  elle  diffère  surtout 
par  sa  panicule  plus  fournie,  ses  fl.  presque  en  ombelle  et  les 
lobes  des  feuilles  plus  profonds,  à  peine  crénelés. 

3  —  T.  Jacquinianum  Koch.  —  Nous  ne  possédons  pas 
le  type,  mais  la  forme  suivante  : 

T.  pyrenaicum  Jord.  (pr.  sp.),  Diagn.  esp.  noui;.,  1864, 
p.  29  1.  —  R.  Pelouses  sèches  et  roch.  cale,  ou  schisto-calc. 
des  z.  subalp.  et  alp.  —  Juillet-août. 

t.  Àl.  Jordan  (op.  cit.)  l'indique  :  *<  Pyrenœis  contralibus  circa  Darèges,  Ereslid, 
Aiguecluse,  ubi  copiosissime  legi  et  in  pluribus  aliis  locis  Pyrenaoorum  inde  spe- 
cimina  habtii.  »  Ce  botaniste  la  rapproche  du  T.  oreiles  et  ajoute  comme  obser- 
vation importante  :  «  le  T.  saxatile  DC,  Syst.,  I,  p.  168.  comprend  aussi  cette 
espèco  ;  elle  a  été  rapportée  pareillement  au  T.  saxalile  dans  la  FL  de  Fr.,  de 
MM.  Grenier  et  Godron..    » 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ÀRIÈGK.  19 

Sous  le  signal  de  Caussou,  vers  le  vallon  de  l'Ourza  (1 770m)  ; 
col  des  Scaramus  (181 0m)  au  N.  du  Roc  de  même  nom,  mon- 
tagnes de  Prades;  Roc-Blanc,  versant  du  vallon  de  Bax- 
ouillade  (2250m).  —  Nos  exemplaires  ont  été  vérifiés  par 
M.  G.  Rouy,  en  août  1890. 

MM.  Rouy  et  Foucaud  FI.  de  Fr.,  I,  p.  16,  indiquent  le  Th.  pyre- 
naicum  Jord.  «  au  pech  de  Foix  »,  d'après  M.  Oiraudias  ;  les  exem- 
plaires que  nous  possédons  de  cette  localité  sont  d'un  vert  plus  foncé, 
à  folioles  plus  étroites  et  plus  acutiuscules,  à  inflor.  plus  étalée,  etc. 
Ces  modifications  proviennent  sans  doute  des  différences  d'altitude, 
d'exposition,  de  station,  etc.  Nous  n'avons  pas  observé  de  différences 
sensibles  entre  nos  exemplaires  du  bassin  de  la  haute  Ariège  et  les 
spécimens  de  cette  même  plante  dans  l'herbier  Timbal-Lagrave, 
récoltés  par  ce  botaniste,  en  juillet-septembre  1850,  «  à  la  montagne 
d'Esquierry  près  de  Bagnères-de-Luchon.  » 

Anémone  L. 

4  —  A.  vernalis  L.  ;  Pulsatilla  vemalis  Mill.  —  C.  Pâtu- 
rages à  sol  siliceux  des  z.  alp.  et  niv.  —  Fin  mai  à  juillet, 
suiv.  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (46  localités)  ont  été  récoltés  de  1870ra 
(pelouses  du  sarrat  de  Fontfrède  vers  Mateport),  à  2800m 
(éboulis  granitiques  du  signal  de  Lasqueille  ou  pic  occi- 
dental de  la  Font-Nègre),  et  principalement  :  dans  les  mon- 
tagnes situées  au  S.-O.  d'Ax;  au  port  de  Paillères;  dans 
les  montagnes  d'Orlu,  de  Mérens  et  de  l'Hospitalet;  àPuy- 
maurens  (col,  mines  et  pic)  ;  aux  crêtes  de  la  Solana  d'An- 
dorre (mont  Maya,  pic  S.  d'Ortafa),  etc.  C'est  Tune  des 
premières  fleurs  qui  apparaissent  à  la  fonte  des  neiges. 

5  —  A.  sulphurea  L.  Mant.  pi.  lre  édit.  (1767),  p.  78, 
n#  23;  A.  apiifolia*  Scop.,  FI.  carn.  éd.  2  (1772),  n°  663, 
p.  385,  et  Wulf.  in  Jacq.  Miscell.  austr.  2  (1781),  t.  IV,  p.  47  ! 


1.  Le  radical  d'apium  est  api;  il  faut  donc  écrire  A.  apiifolia  et  non  àpifolia,  la 
Toyelle  i  serrant  de  liaison  entre  le  radical  &pi  et  la  désinence  folia. 


20  PLANTES  INDIGÈNES 

A.  myrrhidifolia  var.  /3.  Vill.  Hist.  pi.  Dauph.,  3  (1789). 
pp.  727  et  728;  Puisât  Ma  Burseriana  Rchb..  /3  lutea  (Puis, 
lutea  G.  Bauhin,  Pin.  177),  Flor.  exours.  2  (1832),  p.  733, 
n°  4654;  Puis,  apiifolia  Rchb.  lcon.  fl.  germ.%  IV  (1840),  t.  LI, 
f.  4654/8.  —  Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  2727.  —  C.  Pâturages 
et  roch.  siliceux  (terrains  granitiques  et  schisteux)  des 
z.  alp.  et  niv.  —  Fin  mai  à  fin  août,  suivant  l'altitude.  Nos 
exemplaires  (48  localités)  ont  été  récoltés  de  1460m 
(pelouses  aux  environs  de  la  fontaine  du  Drazet),  à  2815m 
(éboulis  schisteux  du  pic  Pédroux  Sud),  et  principalement, 
à  partir  de  1900ra  en  société  de  VA.  vernalis,  dans  les 
mêmes  montagnes. 

Dans  la  note  intitulée  :  Observations  sur  les  Anémone  alpina  L. 
et  A.  sulphurea  L.,  publiée  par  nous  dans  le  Bull,  de  V Associât,  fr. 
de  botanique,  2e  année,  n°  18,  juin  1899,  pp.  141-144,  nous  avons 
démontré,  par  l'étude  des  caractères  comparatifs  de  ces  deux  plantes 
à  l'état  adulte,  des  différences  des  cotylédons  et  de  l'habitat,  «  que 
VA.  sulphurea  L.  mérite  d'être  considéré  comme  une  espèce  de  bon 
aloi  et  non  comme  une  simple  variété  à  fleurs  jaunes  de  VA.  alpina 
L.  »  Nous  ajouterons  que  les  sépales  de  cette  jolie  plante  sont  d'un 
jaune  d'autant  plus  vif  que  le  sol  où  elle  croît  est  plus  siliceux. 

6  —  A.  narcissiflora  L.  —  AC.  Pelouses  et  pâturages 
des  rochers  siliceux  et  calcaires,  dans  les  z.  subalp.,  alp. 
et  niv.  —  Fin  juin  à  mi-août.  Nos  exemplaires  (28  localités) 
ont  été  récoltés  de  1720m  (éboulis  calo.  du  Roc  des  Sca- 
ramus  sur  le  vallon  de  l'Ourza),  à  2700m  (pic  de  l'Albe,  pas- 
sage du  chasseur),  et  principalement  dans  les  mêmes  mon- 
tagnes où  Ton  rencontre  VA.  vernalis  (Paillères,  massif  de 
la  haute  vallée  d'Orlu,  massif  de  Puymaurens,  etc.). 

Nous  avons  rencontré  çà  et  là  des  formes  naines  (8-12  cent,  de 
hauteur),  d'autres  qui  atteignent  25-35  centim.  et  quelquefois  côte  à 
côte;  de  plus  les  tiges  sont  tantôt  à  fleurs  nombreuses,  disposées  en 
ombelle,  tantôt  à  involucre  biflore  et  même  uniflore(var.  p.  monan- 
tha  DC.  Prodr.  I,  p.  22).  Cette  dernière  variété  n'appartient  qu'aux 
spécimens  nains  ou  rabougris  du  type  et  n'a  pas  de  constance. 


DU   BASSIN  DE  LA   HAtJTE  ARIÈGE.  21 

7  —  A.  ranunculoidea  L.  —  AR.  Pelouses,  prairies  de 
la  z.  inf.  jusqu'à  la  limite  de  la  z.  subalp.  —  Avril-juin.  Ax, 
prairie  de  Notre-Dame  en  face  de  la  gare  ;  prairies  du  parc 
d'Orgeix  et  de  la  rive  gauche  de  TOriège  en  face  du  com- 
munal d'Orlu;  pelouses  sous  le  signal  de  Caussou  (1750m); 
éboulis  et  pelouses  du  Roc  des  Scaramus  (1800ra),  etc. 

8  —  A.  nemorosa  L  — C.  Prairies,  bois,  taillis  de  la  z.  inf. 
jusqu'à  la  z.  alp.  —  Mars  à  juillet,  suivant  l'altitude  et  l'expo- 
sition. Nos  exemplaires  (16  localités)  ont  été  récoltés  de  700m 
(Ax,  prairie  de  Notre-Dame,  en  face  de  la  gare),  à  2150m 
(pelouses  près  de  la  fontaine  des  mines  de  Puymaurens),  et 
principalement  :  au  parc  de  la  forge  d'Orlu;  dans  les  mon- 
tagnes de  Prades  ;  au  col  de  Joux  ;  au  cap  de  Larguis  ;  au 
port  de  Paillères,  etc. 

Cette  plante  varie  pour  la  grandeur  et  la  coloration  de  la  fleur 
suivant  les  stations  ;  mais  généralement  on  la  rencontre,  dans  les 
z.  subalp.  et  alp.,  à  fl.  d'un  beau  rose. 

9  —  A.  Hepatica  L.  (1762);  Hepatica  triloba  Ghaix  in 
Vill.  (1786).  —  CC.  Prairies  et  lieux  ombragés  de  la  z.  inf.  ; 
s'élève  jusque  dans  la  z.  alp.  —  Mars-août,  suiv.  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  20  localités)  ont  été  récoltés  de 
700m  (environs  d'Ax,  bords  du  canal  de  TEsquiroulet),  à 
2040m  (pelouses  du  bac  del  More). 

Les  fleurs  de  cette  espèce,  qui  varie  du  bleu,  au  rose  et  au  blanc, 
apparaissent  avant  les  feuilles.  La  coloration  paraît  tenir  à  la  nature 
du  sol,  car  nous  avons  observé  la  couleur  rose  tendre  surtout  sur 
les  calcaires.  Cette  plante  a  joui  autrefois  d'une  réputation  surfaite 
pour  guérir  les  obstructions  du  foie;  elle  est  maintenant  inusitée, 
mais  comme  toutes  les  Anémones  elle  renferme  un  principe  actif, 
Yanèmonine,  qui  se  dissipe  et  se  détruit  par  la  dessiccation,  au  point 
que  les  bestiaux  peuvent  la  manger  sans  danger,  à  l'état  sec. 

Tribu  3.  —  Actseés  Rouy  et  Fouc. 

Acttea  L. 

10  —  A.  spicata  L.  —  AR.  Lieux  humides,  ombragés, 
riches  en  humus,  dans  les  terrains  siliceux  de  la  z.  subalp. 


22  PLANTES  INDIGÈNES 

— •  Juin-août.  Bois  des  Gouttines,  bords  de  la  route  de 
Prades  (1425m)  ;  bois  du  Drazet  (1450™1)  ;  vallée  du  Nagear, 
bois  de  la  Grillole,  sur  les  Esquers  d'en  haut  (1470m)  ;  bois 
de  Pontfrède  de  Prades  (1480111),  etc. 

Cette  plante,  dangereuse  pour  le  bétail,  exhale  par  le  froissement 
une  odeur  désagréable;  ses  baies  sont  purgatives. 

Tribu  4.  —  Renunculées  DG. 
Ranunculus  L. 

Section  I.  —  Batrachium  DC. 

11  —  R.  hederaceus  L.  —  Coss.  et  Germ.  AU.  fl.  paris. 
(1845),  tab.  1,  fig.  1  et  2;  Batrachium  hederaceum  Fries, 
Summa  veget.  Scandi?i.  (1846),  p.  26.  —  AR.  Mares,  fossés  de 
la  z.  inf.  ;  s'élève  dans  la  z.  subalp.  —  Mai  à  septembre. 
Fontaine  du  vacant  communal  du  Castelet;  Ax,  fossés  de  la 
route  d'Espagne  près  du  pont  de  la  Gailline  ;  Orgeix,  maré- 
cages de  Bernadel;  Mérens,  ruisseau  du  Cargathi,  près  des 
métairies  Marchand  (1120m),  etc. 

12  —  R.  aquatilis  L.  Spec.  pi.  édit.  2  (1762),  p.  781 
(excl.  var.)  et  auct.  plur.  (pro  parte);  R.  diversifolius  Gilib. 
Fl.  Lithuan.  5,  p.  262  (1782)  non  Schrank  Baiersche  Flora  (1789), 
p.  103;  Batrachium  aquati le  Wimm.  Fl.  v.  Schles.  (1841). 

Cette  espèce  linnéenne  très  polymorphe,  présente  de  nombreuses 
variations  dans  la  longueur  de  ses  tiges,  la  forme  de  ses  feuilles 
flottantes,  les  dimensions  de  ses  fleurs,  etc..  ;  ces  variations  subissent 
l'influence  de  leur  station.  Les  diverses  modifications  observées  dans 
les  feuilles  dépendent  du  calme  ou  de  la  rapidité  des  eaux  et  aussi 
de  son  habitat  dans  l'eau  ou  à  sec,  par  suite  de  la  baisse  ou  de 
l'évaporation  de  l'eau.  Suivant  la  juste  observation  de  M.  L.  Cor* 
bière  '  «  ce  sont  là  non  des  variétés,  mais  des  formes  temporaires 
résultant  d'une  adaptation  de  la  plante  à  des  conditions  physiolo* 
giques  nouvelles;  plusieurs  de  ces  formes  peuvent  se  trouver  réunies 
sur  le  même  pied.  » 

1.  Nouvelle  flore  de  Normandie,  1893,  p.  16. 


DU  BASSIN   DE   LA  HAUTE  ARIÈGE.  23 

Nous  avons  observé  dans  notre  région  les  deux  variétés  suivantes 
disjointes  du  groupe  du  R.  aquatilis  L.  et  auct.  mult.  * 

Var.  quinquelobus  Koch.,  Syn.  éd.  2  (1844),  p.  13;  R.  elon- 
gatus  Hiern,  in  Joum  of  botany  (1871),  p.  46  et  p.  98.  Exsicc. 
Billot,  n°  3802. 

RR.  —  Lac2  de  la  z.  alp.  —  Août-octobre.  Estagnol  du 
Nagear  (1895*),  sous  le  lac  Bleu,  abondant. 

Var.  rhipiphyllu8  Bast.  (pr.  specie)  ap.  Bor.  FI.  du  Cent. 
éd.  3,  p.  11  ;  Batrachium  rhîpiphyllum  Dum.  —  Exsic.  Soc. 
dauph.,  n°  4017?  Ch.  Magnier,  FI.  sélect.,  n°  2913. 3 

AC.  Lacs  et  torrents  des  z.  subalp.  et  alp.  Fin  juillet  à 
octobre.  — Vallée  du  Mourgouillou  :  bord  du  torrent  de  ce 
nom,  près  de  la  fontaine  des  Fièvres  (1560ra),  très  abon- 
dant; lac  du  Comté  (1715m),  abondant;  lac  Vidal  (2090m),  R.  ; 
lac  de  Couart  (2230ra),  R.  à  son  extrémité  orientale.  — 
Vallon  du  Sisca  :  extrémité  S.  du  lac  de  ce  nom,  RR.  — 
Vallon  de  Gnôles  :  lac  de  Naguilles  (1854m),  abondant  aux 
extrémités  N.  et  S.  —  Vallée  de  l'Oriège  :  lac  de  Beys, 
près  de  l'île  (1950m),  AC. 

En  dehors  des  limites  de  notre  catalogue,  mais  sur  les  confins  du 
bassin  de  la  haute  Ariège  nous  avons  récolté  cette  môme  plante 
jusque  dans  la  zone  niv.  et  dans  les  lacs  suivants  : 

Pyr.-Or.  —  !•  Lacs  du  bassin  de  Lanoux  :  Font-Vive  (1860m), 
Lanoux  (2154m),  Rouzet  (2l90m),  laquet  ou  estagnol  de  Coume-d'Or 


1.  Nos  exemplaires  ont  été  vérlÛés  par  M.  Rouy  en  août  1890,  et  par  M.  J. 
Foucaud  en  septembre  1897.  L'unique  localité  ariégeoise  du  R.  elongatus  est  citée 
dans  le  tome  I,  p.  65  de  la  Flore  de  France  de  MM.  Rouy  et  Foucaud. 

2.  Nous  préférons  employer  le  mot  lac  pour  désigner  les  nappes  d'eau  de  nos 
montagnes  plutôt  que  le  nom  impropre  d'étang  qui  figure  sur  la  carte  de  l'État* 
Major  au  80,000*  et  sur  la  carte  de  France  au  100,000*  dressée  par  ordre  du 
ministère  de  l'intérieur;  le  nom  local  d'estagnol  convient  bien  pour  désigner  les 
petits  lacs  ou  laquets. 

3.  Suivant  M.  Freyn,  le  savant  monographe  des  Ranunculus,  la  plante  récoltée 
par  le  frère  Faustinien  aux  étangs  do  Montrond  (Loire),  distribuée  en  1884  par  la 
8ociètè  dauphinoise  sous  le  n*  4017  et  nommée  Batrachium  rhîpiphyllum  Dum., 
se  rapporte  au  B.  pcllatum  (aqualile)  var.  quinquelobum  {R.  peltatus  Schr.  var. 
quinquelobus  K.)  (Note  de  M.  Hervier,  in  13°  Bull,  de  la  Soc.  dauph.,  1886,  p.  542). 
Pour  ce  motif  nous  n'avons  cité  le  numéro  de  cet  e.x«icca/a,  qu'avec  un  point  de 
doute  ? 


24  PLANTES  INDIGÈNES 

(2465");  2°  lacs  du  massif  du  Carlitte  :  Soubirans  (2310ra),  Gouberne 
(2285™),  Casteilla  (2260m),  Liât  (2160»),  Commasa  (2l40m),  Vivé(2H5»)  ; 
3°  lac  de  la  région  de  Camporeils  :  lac  del  Sautadou  ou  du  Saout  del 
porc  (2220m). 

Ariège.  —  Lac  de  Fontargente  (2146œ),  sur  la  limite  de  l'Andorre. 

Andorre.  —  Vallée  du  rio  Madriu  :  estanys  furcats  (2330œ);  Coume 
des  Pessons  :  estany  entravessat  (2490m),  etc. 

Section  IL  —  Ficaria  Boise. 

13  —  R.  Ficaria  L.  Spec.  pi.  éd.  2  (1762),  p.  774  ;  Ficaria 
vema  Huds.  Fl.  angl.  (1762),  p.  214  ;  Ficaria  ranunculoidea 
Roth.  Tent.  fl.  germ.,  I  (1788),  p.  241,  et  Mœnch,  Meth.  pi. 
(1794),  p.  115.  Exsicc.  Soc.  rochel.  n°  2796. 

CC.  Lieux  ombragés  et  humides,  prairies  de  la  zone  inf. 
sur  tous  les  terrains.  —  Mars-mai. 

Elle  peut  être  mangée  comme  herbe  potagère  à  l'état  cuit,  en  guise 
d'épinards.  On  l'emploie  contre  les  hémorroïdes,  le  scorbut  et  la 
scrofule.  Les  tubercules,  qui  contiennent  un  principe  acre  et  irritant, 
sont  vénéneux;  on  les  a  comparés  au  fie,  sorte  de  tumeur  chez  les 
quadrupèdes,  d'où  le  nom  de  Ficaria. 

Cette  plante  présente  de  nombreuses  variations,  dans  la  forme  et 
la  grandeur  des  feuilles,  qui  sont  tantôt  entières,  crénelées  ou  den- 
tées, ovales,  arrondies  ou  orbiculaires  et  dont  le  sinus  est  formé 
tantôt  par  les  lobes  rapprochés  ou  un  peu  incombants  dans  les 
feuilles  inférieures  (F.  ambigua  Bor.  Fl.  du  Cent.  éd.  3,  II,  p.  20) 
tantôt  divergents  (R.  Ficaria  Jord.  et  auct.  mull);  les  fleurs  varient 
aussi  beaucoup  dans  leur  grandeur,  ce  qui  a  conduit  Lamotte  (Prodr. 
fl.  pi.  Centr.  p.  52),  à  créer  deux  variétés  :  parviflora  et  grandiflora, 
mais  tous  ces  caractères  y  compris  ceux  observés  sur  la  couleur  et 
les  taches  des  feuilles  n'ont  aucune  fixité  et  on  les  trouve  quelquefois 
réunis  sur  le  môme  pied;  l'humidité  plus  ou  moins  grande  du 
sol  et  la  quantité  de  calorique,  paraissent  donner  lieu  à  toutes 
ces  variations.  Nous  admettons  la  suivante,  comme  sous-espèce 
distincte  : 

Subspec.  /?.  flcariformi8  *  F.  Schultz.  (pr.  specie)  Arch. 
de  FL,  p.  123  (1855),  p.  297  (1861),  et  p.  332  (1864);  fl.  Ffoa- 

t.  Dénomination  plus  correcte  grammaticalement  que  R.  ficariseformis  F.  Schultz. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  25 

ria  L.  var.  caUhifolius1  Guss.  Prodr.  Fl.  sic,  II,  1828,  p.  45; 
Ficaria  grandiflora  Robert,  Cat.  Toulon,  1838,  pp.  57  et 
112;  R.  caWnfolius  Jord.  Observ.  fasc.  VI,  1848,  pp.  2-4; 
F.  caUhifolia  GG.  FI.  deFr.,  I,  1848,  p.  39  non  Rchb.  Exsicc. 
Soc.  dauph.,  n°  4021  (du  Var),  n°  4021  bis  (de  l'Ariège).  — 
AR.  Avril-mai.  Ax,  bords  du  ruisseau  de  la  Fouis  ou  de 
Sorgeat,  derrière  le  parc  de  l'hôtel  Boyé,  etc. 

Elle  est  caractérisée  par  la  grandeur  de  ses  fleurs  (3-5  cent,  de 
diamètre),  ses  feuilles  presque  orbiculaires,  larges,  épaisses,  à  bords 
entiers  ou  peu  dentés,  à  lobes  très  rapprochés  ou  incombants,  et 
son  aspect  plus  robuste  que  celui  du  R.  Ficaria  L.  La  tige  est  sou- 
vent dressée  et  rameuse. 

Dans  l'Ariège,  cette  plante  croît  à  Pamiers,  d'où  A.  Huet  Ta 
envoyée  à  la  Société  dauphinoise  pour  la  distribuer  en  1885,  sous 
le  n*  4021  bis,  et  dans  les  vignes  du  pech  deFoix,  à  Flassa,  où  notre 
confrère,  M.  Giraudias,  Ta  récoltée  abondamment  en  1889. 

Le  F.  caUhifolia  Rchb.  FI.  germ.  cxcurs.,  p.  718,  n°  4571  et 
le.  fl.  germ.,  III,  fi  g.  4571,  décrit  et  figuré  par  cet  auteur  sur  des 
exemplaires  récoltés  en  Dalmatie,  s'en  distingue  par  ses  feuilles 
petites,  à  lobes  très  rapprochés  à  la  base,  sa  tige  presque  nulle  et 
son  pédoncule  scapiforme;  d'après  Willk.  et  Lange  (Prodr.  Fl. 
hisp.,  III,  p.  943),  cette  plante  serait  spéciale  à  l'Europe  orientale. 

Section  III.  —  Leucoranunculus.  Boiss. 
14  —  R.  aconitifolius  L. 

Le  type  linnéen  a  été  subdivisé  par  de  Candolle  en  2  variétés  : 

Var.  «  humilia  DC.  Syst.,  I,  p.  240.  —  AC.  Lieux  humides, 
bords  des  ruisseaux  de  la  zone  alpine.  —  Juillet-août.  Nos 
exemplaires  (plus  de  20  localités)  ont  été  récoltés  de  1810ra 
(jasse  de  las  Traouquères  sous  le  Saquet),  à  2405m  (jonction 
des  7  sources  de  rAriège),ret  principalement  :  dans  les  mon- 
tagnes de  Paillères,  d'Orlu,  del'Hospitalet,  de  Puymaurens, 
de  la  Solana  d'Andorre,  etc. 


1.  Calthifoliuo  est  plus  correct  que  c&lthœfoliut. 


26  PLANTES  INDIGÈNES 

Sauf  quelquefois  l'absence  de  dents  aux  bractées,  nos  exemplaires 
répondent  exactement  à  la  description  de  de  Candolle  (op.  cit.);  les 
pédicelles  sont  velus  comme  dans  le  type,  mais  cette  variété  paraît 
n'être  que  la  forme  pauciflore  et  alpine,  réduite  par  l'altitude,  du 
R.  aconitifolius  normal. 

Var.  /3  crassicaulis  DC.  loc.  cit.  ;  R.  heterophyllus  Lap. 
non  Sm.  —  AC.  Prairies  tourbeuses,  pâturages  humides 
des  z.  subalp.  et  alp.  —  Juin-août.  —  Elle  est  caustique 
et  vésicante  pour  le  bétail. 

Nos  exemplaires  (plus  de  12  localités)  ont  été  récoltés 
de  1020ra  (vallée  du  Nagcar,  prairies  delà  Bédeille),  à  1680m 
(pelouses  au  bord  du  ruisseau  de  Rial,  sous  le  col  de  Joux), 
et  principalement  :  dans  la  vallée  latérale  d'Orgeix  ;  aux 
environs  de  l'Hospilalet  ;  à  la  fontaine  du  Drazet  ;  dans  la 
vallée  du  Mourgouiliou  ;  dans  le  vallon  de  Gnôles,  etc. 

Cette  variété  est  caractérisée  :  par  ses  feuilles  palmatiséquées, 
à  3-5  divisions,  la  médiane  distincte  jusqu'au  pétiole,  en  segments 
ovales  dentés  ;  par  sa  taille  élevée,  par  ses  tiges  flexueuses  ordi- 
nairement épaisses  et  rameuses,  formant  un  corymbe  lâche,  et 
munies  le  plus  souvent  dans  leur  partie  supérieure  de  poils  apprî- 
mes. —  Le  caractère  attribué  aux  bractées  qui  doivent  être  lancéo- 
lées-denticulées  n'est  pas  constant;  il  en  est  de  môme  de  la  pubes- 
cence  des  pédoncules  disparaissant  à  la  maturité  de  la  plante. 

Subspec.  R.  platanifoliu8  L.  ;  F.  Schultz.  Herb.  norm. 
11e  cent.,  n°  1002.  R.  aconitifolius  L.,  var.  platanifolius 
Auct.  mult.  —  AR.  Bois,  pentes  herbeuses  et  sèches,  plus 
rarement  prairies  et  lieux  humides  de  la  z.  subalp.  ;  s'élève 
quelquefois  dans  la  z.  alp.  —  Juillet-août. 

De  Mérens  à  l'Hospitalet,  près  des  métairies  Marchand 
(1120m);  Bisp  d'Orlu,  pelouses  près  de  la  fontaine  de  Oaral 
(1140m);  vallon  del  Pradel,  à  i'Eycherque  (1470m);  sommet 
du  bois  des  Fargues  (1500m);  l'Hospitalet,  pelouses  entre 
les  1er  et  2e  lacets  de  la  route  nationale  (1510m);  Soulane 
d'Andorre,  sous  la  jasse  de  Baquemorte  (1680™)  ;  bords  du 
ruisseau  d'En-Garcias  (1750m),  sous  le  col  de  Puymaurens; 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  27 

les  Bizornes  sous  le  Saquet  (1770m);  schistes  du  ruisseau  de 
Costo-Redoun  (2,000m)  et  jasse  de  Pont-Nègre  (2075,u),  etc. 

Cette  plante  a  été  considérée  comme  une  espèce  distincte  du 
li.  aconilifolius  par  Linné,  Lapeyrouse,  Lecoq  et  Lamotte,  Grenier 
et  Godron,  Reuter,  etc.,  mais  beaucoup  d'auteurs  (de  Candolle, 
Kock,  Reichenbach,  Zetterstedt,  etc.)  l'ont  envisagée  comme  une 
simple  variété  du  R.  aconitifolius,  dont  elle  se  distingue  par  sa  taille 
plus  élevée,  ses  tiges  plus  rameuses,  ses  fleurs  plus  grandes  portées 
sur  des  pédoncules  dressés,  grêles  et  glabrescents,  ses  feuilles  plus 
amples,  palmatiséquées  à  5-7  lobes  plus  ou  moins  soudés  entre  eux, 
moins  profondément  divisés,  à  divisions  plus  étroites  et  plus  lan- 
céolées, enfin  par  ses  fruits  plus  gros,  à  bec  plus  large  et  plus  droit.  1 

Quelques  variations  intermédiaires  rencontrées  çà  et  là  servent 
de  transition  entre  les  H.  platanifolius  et  R.  aconitifolius,  quoique 
ces  deux  plantes,  que  nous  pouvons  considérer  comme  deux  sous- 
espèces  ou  mieux  deux  races  stationnelles  d'un  môme  type  ne  crois- 
sent pas  dans  les  mêmes  lieux,  ainsi  que  l'ont  déjà  fait  observer  Lecoq 
et  Lamotte,  en  1847,  dans  leur  Catalogue  rais,  des  pi.  vascul.  du  pi. 
centr.  de  la  France.  Nous  lisons  en  effet,  p.  51  du  catalogue  cité  : 
«  le  R.  platanifolius  habite  les  pentes  herbeuses  et  sèches  des  mon- 
tagnes; il  est  rare  de  le  trouver  dans  les  prés  humides  où  il  acquiert 
de  grandes  dimensions.  Le  R.  aconitifolius  au  contraire  croit  dans 
les  lieux  tourbeux,  les  bois  marécageux,  sur  le  bord  des  eaux  et 
descend  jusque  dans  les  plaines.  »  Cette  observation  est  fort  juste, 
et  il  nous  a  été  facile  d'en  contrôler  l'exactitude. 

15  —  R.  glacialis  L.  —  Oxygraphis  vulgaris  Freyn,  in 
Flora,  1887.  —  RR.  Débris  des  rochers  siliceux  do  la  z.  niv. 


1.  Nous  n'aroas  pas  avec  intention  cité,  pour  cette  plante,  la  ligure  de  Reichen- 
bach; d'après  cet  auteur,  il  y  a  eu  erreur  de  transposition  de  noms,  dans  ses  [cônes 
FL  germ.  et  helv.,  tome  III  (1838-1839).  Nous  lisons  en  effet  à  la  pago  10  de  ce 
volume  :  c  N*  4585,  R.  aconitifolius  L.  Codex  4076.  Rchb.  FL  germ.,  p.  720  et 
0  platanifolius  L.  Codex  4077,  transiro  videntur  in  vice  m,  sed  in  tabula,  nomina 
sunt  commutanda,  planta  sinistra  ex  alpibus  editioribus  foliis  palmatis,  peduneulis 
brevibus  est  H. platanifolius,  et  dextra  H.  aconitifolius  in  moutanis  crescens,  cujus 
folia  subdigitata,  pedunculi  elongati.  Utraquo  floribus  majoribus  minoribusvc 
occurrit.  »  Malgré  cette  observation,  passée  inaperçue  sans  doute,  les  auteurs  pos- 
térieurs à  Reichenbach  :  Grenier  et  Oodron  (FL  de  Fr.f  I,  1848,  p.  28),  Lamotte 
(Prodn  fl.  pL  centr.,  I,  1877,  p.  46),  Rouy  et  Foucaud  [FL  de  Fr.,  I,  1893,  p.  74), 
etc.,  ont  cité  dans  leurs  ouvrages  la  fi  g.  4  Ô85  pour  le  R.  aconilifolius  ot  la  fi  g.  4585  p 
pour  le  R.  platanifolius. 


28  PLANTES  INDIGÈNES 

—  Juillet- septembre.  Haute  vallée  du  Mourgouillou, 
passade  del  Cassairé  (passage  du  Chasseur),  sur  le  versant 
septentrional  du  pic  de  l'Albe,  à  2700m  d'alt. 

C'est  la  plante  nivale  par  excellence,  qui  croît  près  des  neiges  fon- 
dantes et  qui  est  très  recherchée  par  les  isards,  malgré  sa  saveur 
acre  et  poivrée.  Nous  possédons  la  var.  holosericeus  Gaud.  FI.  helv.  3, 
p.  528  (à  tiges  et  feuilles  plus  ou  moins  abondamment  pourvues  de 
longs  poils  blancs  et  mous),  de  la  portella  dels  Pessons  (2780m),  en 
Andorre,  où  nous  l'avons  abondamment  récoltée,  dans  les  granités 
émiettés,  le  20  juillet  1894.  Zetterstedt  (PL  vascul.  Pyr.  princ,  1857, 
p.  5)  indique  le  R.  glacialis  «  sur  les  moraines  de  la  région  glaciale, 
auprès  des  glaciers  et  des  neiges  éternelles  (2700-3000m)  et  il  cite 
plusieurs  localités  pyrénéennes  comprises  dans  les  altitudes  ci-dessus 
indiquées.  M.  le  comte  R.  de  Bouille,  dans  son  travail  sur  «  le  Pic  du 
Midi  d'O&sau  ou  de  Pau  (2885m),  sa  faune,  sa  flore,  etc.1,  signale  «  un 
champ  de  renoncules  glaciales  broutées  par  les  isards  »  a,  aux  pâtu- 
rages de  Mondeils  sur  le  flanc  septentrionnal  du  pic  du  Midi,  au  pied 
d'un  escarpement,  à  2150m  d'alt.  environ  ;  mais  c'est  une  exception,  et 
la  plante  a  dû  être  entraînée  de  plus  haut  par  une  avalanche,  comme 
l'auteur  nous  l'a  lui-même  affirmé  de  vive  voix. 

Section  IV.  —  Thora  DC. 

16  —  R.  Thora  L.}R.scutatus  Waldst.et  Kit.  —  RR.  Pâtu- 
rages et  roch.  cale,  de  la  z.  subalp.  ;  s'élève  aussi  dans  la 
z.  alp.  —  Juin-juillet.  Escarpements  du  Roc  des  Scaramus, 
au-dessus  des  éboulis  calcaires  (1770  et  1780m)  ;  versant 
occidental  du  pic  de  Serembarre  (1830m). 

Var.  bû8ilari8  Marc.-d'Aym.  in  herb.  (1887);  fl.  hybridus 
Timb.-Lagr.  (1888),  non  Biria;  R.  dubius  Rouy  et  Fouc.  FI. 
de  Fr.  I  (1893),  p.  78.  —  RR.  Même  habitat  que  le  R:  Thora  L. 

—  Juin-juillet. 

Éboulis  cale,  du  Roc  des  Scaramus,  sur  le  vallon  de 
TOurza  (1750m)  ;  fissures  des  escarpements  cale,  du  Roc  des 
Scaramus,  au-dessus  des  éboulis  (1770m  et  1780m)t  Tous 
nos  exemplaires  ont  été  vus  par  M.  Rouy,  en  août  1890  1 

1.  Annuaire  du  Club  Alpin  français,  12*  volume,  1885,  pp.  152-178. 

2.  Loc.  cit.,  p.  161. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  29 

Notre  variété  est  caractérisée  par  la  présence  d'une  ou  rarement 
de  deux  feuilles  basilaires 4,  réniformes,  longuement  pétiolées,et  par 
ses  racines  grêles,  allongées.  Nous  l'avons  déjà  observée  le  21  juin 
4887  et  avons  soumis  nos  exemplaires  à  l'examen  de  Timbal-Lagrave. 
Ce  botaniste  crut  y  reconnaître  le  R.  hybridus  Biria3  et  il  publia  sous 
le  titre  de  Note  sur  trois  plantes  intéressantes  de  la  florule  d'Ax 
(Ariège)3,  une  notice  sommaire  sur  VHieracium  Vahlii  Frœl,  le 
Ran.  hybridus  Biria  et  le  Myosotis  lingulata  Lehm.  var.  glabrescens 
Marc.-d'Aym.  et  Timb.  La  détermination  de  Timbal-Lagrave  est  à  rec- 
tifier ;  en  effet  :  1°  après  étude  attentive  de  nos  exemplaires  récoltés 
les  21  juin  1887,  7  juillet  1889  et  9  juillet  1890,  tous  pourvus  d'une 
gaine  basilaire  se  prolongeant  en  un  pétiole  muni  d'un  limbe  plus 
ou  moins  bien  développé;  2°  après  comparaison  avec  des  exemplaires 
authentiques  du  R.  hybridus  Biria  provenant  des  pâturages  alpins 
de  Sexten  (Tyrol)  2000m  environ,  legit  Huter,  7  juillet  1874,  et 
de  la  vallée  de  Vi tel li( Lombard ie)2200m,  6  juillet  1890  ;  3°  après  rap- 
prochement de  la  figure  4592  (R.  phthora  Crantz,  synonyme  du  R. 
hybridus  Biria  d'après  Rchb.,  Koch,  etc.)  du  tome  III  des  Icônes  fl. 
germ.  et  helvet.  de  Reichenbach,  nous  avons  conclu  que  tous  nos 
spécimens  ne  se  rapportent  point  à  cette  espèce,  mais  bien  à  la  variété 
que  nous  nommons  basilaris  pour  rappeler  le  caractère  principal  et 
qui  est  un  synonyme  antérieur  de  cinq  ans  à  la  forme  dubius  Rouy 
et  Fouc.  Fl.  de  Fr.,  I,  1893,  p.  78. 

Le  R.  hybridus  Biria,  n'a  d'ailleurs  pas  encore  été  trouvé  en 
France;  il  diffère  du  R.  Thora  L.par  la  présence  d'une  feuille  radicale 
longuement  pétiolée,  subréniforme,  incisée  en  avant  et  entière  sur 
les  côtés,  et  par  les  feuilles  caulinaires  semblables  à  la  feuille  radi- 
cale. 4  ' 


1.  D.  Boutigny,  garde-général  des  Eaux  et  Forêts  à  Lourdes  (H.-Pyr.),  avait  déjà 
attiré  l'attention  de  C.  Billot  sur  cette  variation  du  R.  Thora  lorsqu'il  réooltait, 
en  1852,  pour  la  10*  centurie  du  Flora  Galliœ  et  Germaniœ  exsiccata  (herbier  publié 
par  C.  Billot)  c  un  certain  nombre  d'échantillons  de  cette  espèce  avec  feuilles 
radicales  »  (Voytz  Arch.  de  la.  Fl.  de  Fr.  et  d'Allem.  de  F.  Schultz,  février  1853, 
p.  '263),  mais  sans  y  attacher  de  l'importance  et  considérant  sans  doute  ce  caractère 
comme  accidentel  ou  instable.  Cette  anomalie  en  effet  disparait  par  la  culture, 
ainsi  que  J'ont  constaté  MM.  Songeon  et  Chabert  (Herbor.  aux  environs  de  C/tam- 
bèry,  1896.  p.  26). 

2.  Hist.  nat.  et  mèdic.  des  Renoncules,  p.  38,  thèse  soutenue  à  la  Faculté  de 
méd.  de  Montpellier,  en  1813,  par  le  Dr  Biria. 

3.  Rev.  de  la  Soc.  fr.  de  bot.  Toulouse,  t.  VI  (1887-1888),  p.  213-214. 

4.  Gr.  et  Godr.  Fl.  de  Fr.,  I,  p.  26. 


30  PLANTES  INDIGÈNES 

Section  V.  —  Ranuncella  Spach. 

17  —  R.  parnassifolius  L.1  —  RR.  Éboulis  et  rochers 
schisteux  de  la  z.  niv.  —  Juillet-août.  —  Col  de  Terres 
(2410m)  et  pic  de  la  porteille  d'Orlu  (2425m);  pio  de  Terres 
(2500m),  abondant  en  ce  lieu. 

Nous  n'avons  point  rencontré  la  var.  pauciflorus  DC.  Syst.  I,  p.  244, 
Rchb.  le.  germ.  III,  fi  g.  4579  bis,  caractérisée  par  ses  fleurs  plus 
petites  et  ses  feuilles  souvent  acutiuscules;  elle  a  été  constatée 
seulement  en  Savoie  et  en  Dauphiné.  Nous  ferons  la  même  remarque 
pour  la  var.  angustifolius  G.  G.  FI.  de  Fr.  I,  p.  28,  que  M.  Rouy  a 
nommée  R.  Luizeti  (Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.  t.  XL,  1893,  p.*  215)  et  qui 
est  un  hybride  des  R.  parnassifolius  et  R.  pyrenœus>  récoltée  par 
M.  Luizet,  dans  la  vallée  d'Eynes  (Pyr.-Or.)  à  2500m  d'alt.,  et  au 
voisinage  des  parents.  Nous  la  possédons  en  herbier  de  cette  même 
localité  où  M.  G.  Gautier  Ta  récoltée  «  le  10  juillet  1894,  au  contact 
du  granit  et  des  éboulis  schisteux,  aux  premiers  lacets  du  col  de 
Nuria.  » 

18  —  R.  amplexicaulis  L.  —  RR.  Pâturages  tourbeux  de 
la  z.  alp.  —  Juillet-août.  —  Versant  oriental  de  la  porteille 
d'Orlu  (2230m),  sur  le  vallon  de  Galba;  bords  du  lac  Faury 
d'en  haut  (2290m). 

En  dehors  de  notre  circonscription  florale  nous  avons  récolté  cette 
espèce  rare  le  12  juillet  1892,  dans  les  pelouses  de  la  rive  droite  du 
lac  de  Lanoux  (2154m),  Pyr.-Orient. 

Var.  uniftorus  DC.  FI.  fr.  IV,  p.  890.  —  RR.  Pelouses  du 
port  de  Fray-Miquel  ou  d'En-Valira  (2460ra),  Andorre.  — 
7  août  1890! 

Cette  variété,  non  reconnue  par  la  plupart  des  auteurs  modernes, 
est  seulement  caractérisée  par  sa  tige  uni  flore  et  ses  feuilles  plus 


1.  Cette  orthographe  est  seule  correcte;  R.  parnà88iifoliu$  et  surtout  R. parnat- 
aiœfolius  sont  des  désinences  vicieuses. 

2.  Lapeyrouse  [Hist.  abr.  pi.  Pyr.  p.  314),  l'indiquera au  port  de  Pail  lères  »  ; 

la  plante  a  dû  être  signalée  en  cette  localité,  où  nous  Pavons  vainement  cherchée, 
par  confusion  avec  une  forme  à  feuilles  larges  et  un  peu  embrassantes  du 
H.  pyrenœus. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  31 

étroites  (DC.  loc.  cit.).  Dans  notre  Catalog.  gèn.  des  p/ianér.,  etc. 
récoltées  pendant  la  session  tenue  à  Ax-Ies-Thermes,  en  août  1892  ', 
nous  l'avons  désignée  par  erreur  sous  le  nom  de  var.  humilia  DO. 
M.  G.  Gautier  dans  son  Cal.  rais,  de  la  fl.  des  Pyr.-Or.,  1898,  p.  64,  a 
rectifié,  suivant  nos  conseils,  cette  erreur,  et  il  signale  cette  même 
variété  comme  RR.  pour  les  Pyr.-Or.  «  dans  les  tourbières  de  la 
Glèbe,  au-dessus  du  col  de  Jau  ». 

19  —  R.  pyrenœus  L. 

Cette  espèce  présente  trois  variétés  principales,  que  Ton  rencontre 
assez  communément  dans  notre  région  et  qui  diffèrent  entre  elles 
par  des  tiges  uni  ou  pluriflores,  des  pédoncules  plus  ou  moins 
velus,  des  fleurs  de  grandeur  variable  et  des  feuilles  plus  ou  moins 
étroites. 

Var.  a  bupleurifoliu8  DC.  Syst.,  I,  p.  243;  R.  bupleurifolius 
Lap.  —  CC.  Pâturages  humides  des  z.  subalp.,  alp.  et  niv.  — 
Juin-août.  —  Nos  exemplaires  (plus  de  50  localités)  ont  été 
récoltés  de  1670"  (pelouses  de  Manseille  sur  le  chalet 
forestier),  jusqu'à  2730™  (sous  le  signal  du  Siscarou). 

Var.  p  plantagineus  DC.  Fl.  fr.  3e  édit.,  IV,  p.  889, 
n°  4624;  R.  plantagineus  Ail.  —  AR.  Pelouses  sèches,  dans 
les  mêmes  zones  que  la  variété  précédente.  —  Juin-juillet. 
—  Pelouses  de  Manseille  vers  Mateport  (1720m);  pelouses 
de  Sey,  sur  le  Bisp  d'Orlu  (1750ia);  pelouses  desséchées 
avoisinant  le  grand  lac  de  la  Baouzeille  du  Tarbézou 
(1980m)2;  plateau  de  Paillères  (1980m)  et  pinouse  de  Pail- 
lères  (1990m);  col  de  Beil  (2150ra)  et  col  de  Terre-Nègre 
(2200m);  pic  de  Castille  (2250m);  serre  du  Llcrbés,  près 
fontaine  de  la  Birado  (2350ra)  ;  sarrat  de  l'Ëtang-Rébcnty 
(2360m)  ;  versant  oriental  de  la  porteille  du  Siscarou  (2450m)  ; 
sous  la  porteillette  de  l'Albc,  versant  du  Sisca  (2500m)  ;  escar- 
pements du  pic  de  Rulle,  versant  de  Couart  (2720m). 


1.  Bull,  de  la  Soc.  fr.  de  bot.  Toulouse,  tome  XII,  1894,  p.   324,  ou  p.   8G   du 
tirage  à  part. 

2.  Lapeyr.  (Hisl.  abr.  Pyr.  p.  314),    l'indique  en  cette  localité  qu'il   nomme  à 
tort  :  a  Bauzeille  de  Paillères  ». 


32  PLANTES  INDIGENES 

Nous  l'avons  aussi  récoltée  en  Andorre  :  pelouses  sur  Vestany 
nègre  inferior  de  Coma-Pedrosa  (2610»)  et  haute  vallée  du  rio 
Madriu,  sur  les  éstanys  furcuts  (2350Œ).  Beaucoup  plus  rare  que  la 
précédente,  cette  variété  a  une  station  toute  différente  :  tandis  que 
la  var.  bupleurifolius  croit  toujours  sur  les  pelouses  rases  et 
humides,  aussitôt  après  la  fonte  des  neiges,  la  var.  plantagineus,  au 
contraire,  ne  se  rencontre  que  sur  les  pelouses  sèches,  souvent  au 
milieu  des  touffes  de  Festuca  eskia  Ram.  On  la  distingue  à  première 
vue  à  ses  tiges  multiflores  (3-7  fleurs),  ses  feuilles  plus  largement 
lancéolées,  ses  carpelles  nombreux  disposés  en  épis  coniques,  etc. 

Var.  y  angu8tifoliu8  F.  Schultz.  ;  R.  angustifolius  DC. 
Rapp.  voy.  bot.  I,  1808,  p.  78  et  FI.  fr.  3#  éd.  V,  p.  636.  — 
R.  Pelouses  humides  de  la  z.  alp.  —  Juillet-août.  —  Jasse 
de  las  Traouquères,  sous  le  Saquet  (1800m);  plateau  du  col 
de  Puymaurens  (1880m)  et  bords  du  ruisseau  d'En-Garcias 
(1900™)  ;  vallée  des  Bésines,  près  du  lac  desséché  de  même 
nom  (1980m);  pelouses  au-dessus  de  la  cabane  de  Mourtés 
(2000m)  ;  vallon  d'Embizon,  jasse  de  même  nom  (2100m);  col 
de  Beil  (2 1 50m)  ;  clots  de  la  Couillade  de  Pédourés  (2250m). 

Nous  l'avons  aussi  récoltée  dans  les  Pyr.-Or.  :  bords  du  lac  de 
Lanoux  (2l54m)  et  en  Andorre  :  Coume  dels  Pessons,  pelouses  de 
Vestany  inferior  de  las  crevetinas  (2390m). 

Après  examen  comparatif  de  nos  échantillons  de  R.  angustifolius 
DC.  avec  ceux  de  la  var.  bupleurifolius  DC,  nous  n'avons  pu 
adopter  l'opinion  de  Grenier  et  Godron,  FI.  de  Fr.  I,  p.  29,  de  Timbal- 
Lagrave  (note  manuscrite  placée  dans  notre  herbier)  et  de  Will- 
komm  et  Lange,  Prodr.  fl.  hisp.  III,  p.  916,  n°4966.  Ces  auteurs  con- 
sidèrent le  R.  angustifolius  DC.  comme  une  bonne  espèce  1  A 
l'exemple  de  Zetterstedt  (PL  vascul.  Pyr.  prmc,  1857,  p.  6)  et  de 
M.  G.  Vallot  (Plantes  rares  ou  critiques  de  Cauterets,  in  Bull.  Soc.  bot. 
de  Fr.  XXXIIe  vol.,  1886,  p.  47),  nous  devons  considérer  cette 
plante,  bien  qu'elle  se  présente  le  plus  souvent,  avec  des  feuilles 
caulinaires  un  peu  amplexicaules,  comme  une  variété  à  pédoncule 
glabre  du  R.  pyrenœus  L.  var.  bupleurifolius  DC.  Les  feuilles  de 
ces  deux  plantes  sont  d'ailleurs  plus  ou  moins  étroites  souvent 
subumplexicaules  ou  très  largement  sessiles  ;  leurs  tiges  sont  ordi- 
nairement uniflores.  On  les  rencontre  quelquefois  ensemble,  mais  la 
var.  angustifolius  est  toujours  plus  rare. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  AR1ÈGE.  33 

Section  VI.  —  Flammula  Webb.,  teste  Spach  ! 

20  — R.  Flammula  L.  —  CC.  Lieux  marécageux,  prairies 
tourbeuses>  bords  des  ruisseaux  fangeux,  sur  tous  les 
terrains  de  la  z.  inf.,  jusque  dans  la  z.  subalp.,  de  650m  à 
1100m  dalt.  —Juin  à  octobre. 

Var.  reptans  G.  G.  Fl.  de  Fr.  I,  1848,  p.  30;  R.  reptans 
Thuill.  FI.  paris.,  1790,  p.  273  et  auct.  mult.  non  L.  J  — 
AR.  Tourbières  et  marécages  des  terrains  siliceux,  quel- 
quefois mélangée  au  type  mais  s'élevant  plus  haut  que  lui 
dans  la  zone  subalp.  —  Juin-septembre. 

Savignac,  marécages  de  Pradadel,  rive  g.  de  l'Ariège 
(670m);  vallée  de  la  Lauze,  marécages  de  Montmija,  à 
l'entrée  du  vallon  de  Combe-Grande  ou  de  Gabantsa 
(1380m),  etc. 

Elle  est  caractérisée  :  par  sa  tige  grôle,  rampante,  ses  feuilles 
presque  linéaires,  ses  pétales  obovés-arrondis,  à  onglet  large,  etc. 
Nos  paysans  savent  que  c'est  une  plante  vénéneuse  pour  les  bêtes  à 
laine  et  prétendent  qu'elle  provoque  chez  elles  la  maladie  connue 
sous  le  nom  de  pourriture  ;  sa  saveur  est  caustique. 

Section  VII.  —  Ranunculastrum  DC. 

21  —  R.  flabellatus  Desfont.  FI.  allant.  I,  1799,  p.  438, 
tab.  114.  Freyn,  Œsterreich.  bot.  zeit.  XXVI,  1876,  p.  128-129 

1.  Lo  H.  reptans  L.  spec.  773  (pro  specie),  figuré  dans  Rchb.  le.  fl.  germ.  III, 
f.  4595  fi,  diffère  du  R.  reptans  Thuill.  cl  mult.  auct.,  surtout  par  ses  pétales  plus 
étroits,  à  onglet  plus  long  linéaire-cylindrique  et  par  ses  carpelles  moins  nombreux 
à  bec  plus  long  et  recourbé  seulement  au  sommet.  Il  n'est  point  spécial  à  la 
Suède  et  au  Danemark,  puisqu'on  le  rencontro  suivant  Reuter  [Cat.pl.  Genève  ?*  édit., 
1861,  p.  4)  «  dans  les  graviers  humides  au  bord  du  lac  do  Genève,  à  Versoix,  abon- 
damment ;  près  du  Vangeron;  à  la  pointe  de  Bellerive,  à  Nyon.  Ne  serait-il  pas 
descendu  en  ces  localités,  des  contreforts  du  Jura  neuchàtelois  (la  Dole,  etc.)? 
MM.  Rouy  et  Fouc.,  Fl.  de  Fr.  I,  p.  83,  l'indiquent  seulement  dans  la  Haute- 
Savoie  :  bords  du  lac  de  Genève  et  dans  les  Alpes  :  mont  de  Lans,  etc.  D'après 
Ch.  Bailey  (The  journal  of  botany  british  and  forereign  edit.  by  James  Britlen, 
vol.  XXV,  1887,  London,  p.  135)  :  «  Le  R.  reptans  L.  serait  une  forme  boréale  et 
l'un  des  derniers  témoins  de  la  flore  arctique  contemporaine  de  la  période  gla- 
ciaire, qu'on  ne  retrouve  plus  aujourd'hui  qu'aux  hautes  altitudes  ou  dans  les 
régions  polaires  ». 

TOME  XIII.  3 


34  PLANTES  INDIGÈNES 

et  ap.  Willk.  et  Lgc,  Prodr.  fi.  hisp.,  III,  1880,  pp.  923- 
926;  /?.  chœrophyllos  DC.  Syst.,  I,  1818,  p.  254  et  auct.  mult. 
non  L.  —  Exsicc.  Soc.  dauph.  n°  1484  et  bis. 

Espèce  très  polymorphe  dans  laquelle  le  botaniste  autrichien 
Freyn  (op.  cit.),  a  distingué  quatorze  formes  ou  variétés  parmi 
lesquelles  nous  ne  possédons  que  la  suivante  : 

Var.  acutilobus  Freyn,  loc.  cit.  p.  128  ;  R.  dimorphorhizus 
Brot.  (1827);  R.  chœrophylloideus  Jord.  (1848);  R.  chœro- 
phyllos Trimen  (1872),  in  Journ.  of  botany,  London,  vol.  I, 
2°  série,  p.  225.  —  AR.  Lieux  secs,  rochers  siliceux  de  la 
zone  inf.  —  Mai-juin.  —  Rochers  sous  le  village  de  Perles 
(640m);  le  Castelet,  rochers  en  face  du  parc  du  château 
(650ra);  rochers  du  pas  étroit  de  la  plaine  de  Savignac,  sur 
la  route  nationale  (670ra);  environs  d'Ax,  pelouses  sèches 
sur  le  rocher  dit  des  Pendus  et  au-dessus  du  trou  des 
Fourches  (750ra)  ;  route  de  Vaïchis ,  rochers  de  Coudine 
(800™  environ). 

La  diagnose  linnéenne  du  R.  chœrophyllos  L.  ou  mieux  R.  chœro- 
phyllus  manque  de  précision  et  parait  s'appliquer  moins  exactement 
à  la  plante  française  connue  sous  ce  nom  jusqu'à  ce  jour,  qu'à  une 
forme  voisine  habitant  l'Italie  où  elle  avait  été  d'abord  observée  par 
G.  Bauhin  aux  environs  de  Bologne  et  nommée  depuis  R.  Agerii  par 
Bertoloni.  A  ce  sujet  de  nombreuses  interprétations  ont  été  émises 
pour  essayer  de  démontrer  l'affinité  ou  la  différence  qui  existe  entre 
le  R.  flabellatus  Desf.  et  le  R.  chœrophyllos  L.  D'un  côté,  les  bota- 
nistes qui  se  sont  attachés  à  démontrer  qu'il  fallait  conserver  l'an- 
cienne nomenclature  (Grenier  et  Godron*,  Henry  Trimen3,  l'abbé 
Ohaboisseau  3,  E.  Boissier  4,  MM.  E.  Malinvaud5,  E.  Burnat6,  etc.), 

1.  Flore  de  France  I,  1848,  p.  36. 

2.  Ran.  chœrophyllos  L.  et  Auct.,  in  Jersey,  Journ.  of  botany  brit.  and.  for. 
I,  2«  série,  1872,  pp.  225-228. 

3.  Deuxième  Bulletin  de  la  Soc.  dauphin,  pp.  38  et  39,  1875. 

4.  Suppl.  FI.  orient,  éd.  R.  Buscr,  1888,  p.  G. 

5.  Ran.  chœrophyllos  et  flabellatus  Desf.  in  Bull.  Soc.  linn.  de  Korm.  4*  série, 
2*  vol.  1889,  p.  135;  Questions  de  nomenclature  in  Journ.  de  Botanique  do 
L.  Morot.  t.  II,  n°  du  16  décembre  1888,  p.  4'i7  et  t.  III,  n°  du  16  janvier  1889, 
p.  27;  Récentes  vicissitudes  du  R.  chœrophyllos,  etc..  in  Bull.  Soc.  bot.  de  Fr. 
t.  XXXVII,  1890,  sess.  extraord.  à  la  Rochelle,  pp.  lxxxi-lxxxviii. 

6.  Flore  des  Alpes  maritim.  ou  Cat.  raisonné,  vol.  I.  1892.  p.  36. 


DU   BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  35 

pour  lesquels  :  le  R.  chœrophyllos  est  une  plante  française,  le  R. 
fiabellatus  Desf.,  une  forme  africaine  ou  un  simple  synonyme,  et  le 
R.  Agerii  Bert.,  une  plante  spéciale  à  la  Grèce  et  à  l'Italie. 

Dans  l'autre  camp,  nous  citerons  MM.  Freyn*,  G.  Rouya,  A. 
Franchet 3,  Foucaud 4,  etc.  qui  considèrent  au  contraire  le  R.  fiabel- 
latus Desf.  comme  l'espèce  type  d'où  dérivent  de  nombreuses 
variétés  ou  formes,  et  le  R.  chœrophyllos  comme  une  espèce  des  plus 
douteuses  sur  laquelle  les  auteurs  qui  interprètent  différemment  le 
texte  de  Linné  (Spec.  plant,  éd.  1  et  2,  «  calycibus  retroflexis,pedun- 
culis  sulcatis  »),  ne  pourront  jamais  se  mettre  d'accord;  aussi,  selon 
MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.  I,p.  88,  il  vaut  mieux  abandonner 
un  nom,  qui  d'après  la  diagnose  même  de  Linné  ne  peut  s'appliquer 
à  une  plante  française,  mais  plutôt  au  R.  mille foliatus  Vahl.,  au 
R.  Agerii  Bert.  et  au  R.  peloponesiacus  Boiss.  et  accepter  le  nom 
de  R.  fiabellatus  Desfont,  [sensu  amplissimo).  Nous  nous  rangeons 
à  cette  dernière  opinion,  tout  en  prévoyant  que  la  controverse  n'est 
pas  encore  terminée  et  en  constatant  aussi  que  des  botanistes,  môme 
des  plus  fidèles  aux  lois  de  la  nomenclature,  resteront  longtemps 
encore  divisés. 

Section  VIII.  —  Euranunculus  Gr.  et  Godr.  (emend.) 

22  —  R.  montanus  Willd.  Linnœi  sp.  plant.,  II,  1799, 
n°  1321  ;  R.  nivalis  Crantz,  Stirp.  Austr.  éd.  1,  fasc.  n,  1763, 
p.  92,  tab.  4,  fig.  4,  et  éd.  2,  1769,  p.  1165,  non  Jacq. 

Sous  le  nom  de  R.  montanus  les  Aoristes  pyrénéens  ont  compris 
plusieurs  variétés  élevées  quelquefois  au  rang  d'espèces  par  certains 
auteurs.  Nous  avons  observé  les  suivantes  :  6 


1.  Sur  quelques  espèces  du  genre  Ranunculus  «  zur  Kentniss  einiger  arten  der 
gattung  RamiDculus  »,  publié  dans  le  Journal  de  botanique  d'Autriche  :  Œsterrei- 
chitche  bot.  zeitschrift,  etc.,  1876,  pp.  128  et  129. 

2.  Suites  à  la  Flore  de  France  do  Or.  et  Godr.,  I,r  fascicule,  1887,  pp.  19-22  et 
Flore  de  France,  I,  1893,  p.  88. 

3.  Note  sur  le  Ranunculus  chœrophyllos  in  Journ.  de  bot.  de  Morot,  3*  année, 
n*  du  !•'  janvier  1889,  pp.  11. 

4.  Flore  de  France,  I,  1893,  pp.  88-90. 

h.  Malgré  la  priorité  du  nom  donné  par  Crantz,  nous  avons  adopté  la  dénomi- 
nation donnée  par  Willdenow,  figurant  dans  toutes  les  Flores  et  sur  la  signification 
de  laquelle  aucun  doute  n'est  possible.  C'est  par  l'absence  de  ce  scrupule  que  se 
distinguent  les  prioritaires  intransigeants  ;  le  droit  d'antériorté  si  on  l'appliquait 
ici  rigoureusement,  ne  ferait  que  créer  une  confusion  des  plus  nuisibles. 

6.  Tous  nos  exemplaires  du  groupe  montanuë  ont  été  revus  par  M.  Foucaud,  en 
1896. 


36  PLANTES   INDIGÈNES 

Var.  genuinu8  Freyn,  QEsterreich.  bot.  zeit.  xxvi,  1876; 
R.  montanus  Koch,  G.  et  G.  !  Rchb.  le.  fi.  germ.  III,  n°  4604  !  ; 
R.  montanus  Willd.  var.  arbascensis  Timb.-Lagr.,  in  Massif 
d'Arbas  (Bull.  Soc.  se.  phys.  et  nat.  Toulouse,  II,  1874, 
pp.  447-448  et  p.  478  ou  pp.  83-84  et  114  du  tirage  à  part. 
—  AR.  Pelouses  calcaires  de  la  z.  subalp.  —  Juin-juillet.  — 
Fontaine  du  Drazet  (1460m);  vallon  de  TOurza  sur  le  bois 
de  Bramefam  (1660m)  ;  pelouses  de  la  Nère,  sur  la  fontaine 
d'Audouze  (1670m),  etc. 

Elle  se  distingue  de  la  suivante  par  ses  carpelles  terminés  en  un 
bec  crochu  égalant  environ  la  moitié  de  son  diamètre,  par  sa  pubes- 
cence  et  par  ses  fleurs  plus  grandes. 

Var.  gracilis  Schleich.,  Cat.  pi.  helvet.,  éd.  1,  1800,  p.  24. 
(prospecie)>non  DC.  Syst.  I,  1818,  p.  256;  Rchb./c.  fi.  germ. 
n°  4603.  —  AC.  Pâturages  de  la  zone  subalp.,  principale- 
ment sur  le  calcaire  ;  quelquefois  mélangée  avec  la  variété 
précédente.  —  Mai-août.  —  Chemin  de  traverse  du  col 
d'En-Ferré  au  col  de  Marmare(1400m);  éboulis  cale,  sur  la 
fontaine  de  Monclar,  au-dessus  de  Prades  (1500m);  pelouses 
de  la  Nère,  sur  la  fontaine  d'Audouze  (1660m),  mélangée  à  la 
var.  genuinus  ;  éboulis  cale,  du  Roc  des  Scaramus  (1750m) 
et  base  de  l'escarpement  de  ce  Roc  (1770-i780m)  ;  versant 
oriental  du  pic  de  Coumefrède  (1780m);  roch.  cale,  de  la 
croix  du  port  de  Paillères  (1910m);  pelouses  du  port  de 
Pailières  (1970m);  crête  cale,  de  Paillères  (1990œ),  etc. 

Cette  variété  ne  nous  paraît  différer  de  la  précédente  que  par  ses 
fleurs  plus  petites,  les  lobes  de  ses  feuilles  plus  étroits,  plus  écartés 
et  plus  aigus,  ses  carpelles  à  bec  court  et  à  peine  crochu,  et  par  sa 
glabrescence. 

Var.  geraniifolius  Pourret  (pr.  specie)^  Chlor.  narb.^  in  Mém. 
Acad.  Toul.  série  1,  vol.  3,  1788,  p.  326;  Timbal,  Reliq. 
Pourret,  in  Bull.  Soc.  se.  phys.  et  nat.  Toul.  II,  1874,  p.  138 
et  Massif  d'Arbas^  loc.  cit.  p.  448  ou  p.  82  du  tirage  à  part, 
et  in  Bull.   Soc.  bot.   do  Fr.  XIX,  1872,  p.  exu,  note  B. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE   ÀRIÈGE.  37 

—  AC.  Pelouses  calcaires  et  schisteuses  des  z.  subalp., 
alp.,  et  même  nivale.  —  Juin-août.  —  Monticule  de  la  Mate, 
en  face  de  Prades  (1350m),  abondant;  col  de  la  Nère,  sous 
le  Roc  des  Scaramus  (1660m);  col  de  Pourtetgés,  sous  le  pic 
de  Géralde  (1680)  ;  plateau  de  Paillères,  sous  le  pic  de  Mou- 
négou  (2000m);  pelouses  du  Clôt  del  Diable,  sous  le  port  de 
Saldeu  (2400m  et  2470m);  port  de  Fray-Miquel  (2450m),  etc. 

Nous  possédons  le  R.  geraniifolius  Pourr.,  du  col  de  l'Hommenet, 
val  de  Bai  11  ers,  entre  Montfort  et  Sainte-Colombe  (Aude),  localité 
classique,  d'après  Timbal  (Massif  du  Llaurenti,  p.  137  du  tirage  à 
part),  où  ce  botaniste  Ta  récolté  le  13  juin  1876  et  nous  en  a  donné 
des  exemplaires  qui  paraissent  semblables  aux  nôtres.  Cette  plante, 
rarement  décrite  dans  les  ouvrages  que  les  botanistes  méridionaux 
ont  à  leur  disposition  «  se  distingue  du  R.  gracilis  Schleich.,  et  du 
R.  montanus  var.  arbascensis  Timb.,  par  ses  feuilles  inférieures  à 
cinq  lobes,  chacun  tridenté,  à  sinus  obtus;  celles  qui  viennent 
ensuite,  à  cinq  lobes  aussi  mais  très  profonds,  laissant  entre  eux,  à 
la  base,  un  vide  ovale  et  puis  se  réunissant  ;  ces  lobes  sont  en  outre 
tri  dentés  à  dents  acuminées  aiguës.  Ces  feuilles  sont  semblables  à 
celles  du  Saxifraga  geranioidca  L.  Les  supérieures,  1-2  sur  la  tige, 
trifides,  à  lobes  fendus  jusqu'à  la  base,  obtus.  Elle  se  distingue 
aussi  par  ses  capitules  globuleux,  par  ses  carpelles  noirs,  lenticu- 
laires, assez  longs,  droits  et  recourbés  au  sommet,  caractère  qui 
n'appartient  pas  aux  deux  autres.  Le  R.  geraniifolius  Pourr.  ne 
peut  se  rapporter  aux  deux  formes  du  R.  montanus  figurées  par 
Jacquin  »  * . 

Subspec.  I.  /?.  Breyninu8  Crantz,  Stirp.Austr.  fasc.  n,  1763, 
lrt  édit.  p.  91  2,  tab.  4,  fig.  2  (pro  specie);  R.   Grenerianus 


1.  Timbal-Lagrave,  Rapport  eur  la  course  faite  a  Font-Romeu  (Pyr.-Or.)  le 
5  août  1872,  in  Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.  t.  XIX,  1872,  sess.  extraord.  à  Prades-Mont- 
Louis  p.  cm,  note  B.  Cette  note  est  reproduite,  in  extenso,  clans  la  Florule  des 
Corbières,  œuvre  posthume  publiée  par  les  soins  de  M.  l'abbé  Marçais  (Rev.  de 
bot .  Toulouse,  t.  X,  1892,  p.  25). 

2.  C'est  à  la  page  91  de  la  1"  édition  et  à  la  page  115  de  la  2*  édition  publiée 
en  1769  que  se  trouve  la  description  du  R.  Dreyninuê.  C'est  donc  à  tort,  selon 
nous,  que  Koch.  dans  son  Syn.  éd.  2,  p.  18,  Rouy  et  Fouc.  dans  leur  Flore  de 
France,  I,  p.  94,  Willk.  et  Lange  dans  leur  Prodr.  fl.  hisp.  III,  p.  934,  indiquent  la 
page  115,  sans  citer  l'édition  du  Stirp.  Au$tr.  Dans  ses  deux  éditions,  Crantz  écrit 
Breyninua  et  non  pas  Breynianus.  Quelques  auteurs  rapportent  le  R.  Dreyninua  au 
H.  nemorosu*  DC.  ;  d'autres  le  rapprochent  du  R.  monlanuê  et  c'est  aussi  notre 


38  PLANTES   INDIGÈNES 

Jord.  ap.  Billot  Arch.  de  la  FI.  de  Fr.  et  d'AU.,  1854,  pp.  304  et 
305. 

Nous  ne  possédons  pas  le  type  mais  la  variété  suivante  dont 
l'unique  exemplaire  a  été  vérifié  par  M.  J.  Foucaud,  en  1897  : 

Var.  Gautieri  Freyn  (pr.  $/>.),  in  lit  t.  ;  Rouy  et  Fouc.  FI.  de 
Fr.  I,  p.  94.  —  RR.  Au-dessus  des  éboulis  du  Roc  des 
Scaramus  (177001),  montagnes  de  Prades  (Ariège),  7  juillet 
1889. 

Elle  se  distingue  du  type,  en  ce  qu'elle  est  plus  grêle  et  plus 
petite  dans  toutes  ses  parties  (15-20  centiin.);  elle  est  par  rapport  au 
H.  Breyninus  ce  que  la  var.  gracilis  est  au  R.  montanus  var.  genui- 
nus  Freyn. 

Subspec.  II.  R.  Gouani  Willd.  spec.  pi.  2,  1799,  n°  1322; 
R.  pyrenœus  major  Gouan,  Illustr.  et  Obs.  bot.,  1773,  p.  33, 
tab.  xvn,  fig.  2,  non  L.  ;  Rchb.  Ic.germethelv.  m,  fig.  4608  b? 

—  Exsicc.  Soc.  dauph.  n°  659  et  659  bis  (Hautes  et  Basses-Pyr.) 
R.  Pelouses  humides  de  la  z.  subalp  ;  s'élève  aussi  dans  les 

z.  alp.  et  niv.  —  Mai-juillet.  —  Vallée  de  TOriège,  prairies 
du  Bisp,  près  de  la  fontaine  de  Majesté  (U20m);  jasse  de 
l'Orryot,  sous  le  lac  de  Naguilles  (1750™);  plateau  de  Camp- 
Ras,  dominant  le  Llaurenti  (2470m),  etc. 

Var.  minor  Timb.  FI.  des  Corb.  in  Rev.  de  bot.  X,  1892, 
p.  26  ;  R.  pyrenxus  minor  Gouan,  loc.  cit.  et  tab.  xvn,  Gg.  3. 

—  AR.  Pelouses  et  éboulis  subalp.,  jusqu'à  la  z.  niv.  —  Juin- 
juillet.  —  Vallée  de  TOriège,  pelouses  humides  sur  Gaudu, 
vers  le  col  de  Castillou  (1600m);  jasse  des  Amarels  (1660m)  ; 
sur  le  lac  de  Naguilles,  vers  le  pic  de  la  Bayneye  (1950m); 
jasse  d'En-Sur  (2020m)  ;  éboulis  de  la  porteille  d'Orlu  (2180m)  ; 
versant  N.  du  col  de  Castillou  sur  Paraou  (2200in)  ;  pelouses 


opinion.  Le  nom  do  Breyninus  lui  a  été  donné  par  Crantz,  l.  cit.,  parce  qu'elle  croit 
«  in  Schneleiten-Breyn  alpen  »  et  non  on  souvenir  de  J.  Breyn  (1G37-1GU7),  riche 
marchand  de  Dantzîg  passionné  pour  la  culture  des  plantes  rares  dont  il  donna 
la  description  dans  ses  Plant,  exotic.  aliârumque  minus  cognit.,  centuria  prima 
(Gedani,  1678,  in-folio.) 


DU   BASSIN  DE  LÀ  HAUTE  ARIÈGE.  39 

sur  les  Couilladous  de  Balboune  (2220m)  ;  plateau  de  Camp- 
Ras,  près  du  pic  de  ce  nom  (2500),  etc. 

C'est  la  forme  exiguë  ou  réduite  du  type,  mais  cependant  à  fleurs 
encore  grandes. 

Var.  alpicola  Timb.-Lagr.  (pr.  specie),  in  Bull.  Soc.  bot. 
de  Fr.  XV,  1868,  p.  xc  de  la  sess.  extraord.  à  Pau;  R.  Vil- 
larsii  G.  G.  FI.  de  Fr.  I,  p.  31  quoad  plant.  Pyrcn.,  non  DC. 
sec.  Timbal.  —  AR.  Pelouses  des  mêmes  zones  que  la 
variété  précédente.  —  Juin-juillet.  —  Monticule  de  la  Mate 
de  Prades  (1350m);  vallon  de  Baxouillade,  au  pied  du  Roc- 
Blanc  (2100m);  vallon  d'En-Garcias,  fontaine  sous  la  porteille 
de  Kerfourg  (2350m) ;  porteille  de  Coume-d'Or  (2480m),  etc. 

Elle  se  reconnaît  :  à  sa  taille  assez  grande,  45-25  centim.;  à  sa  tige 
uniflore,  à  fleurs  presque  aussi  grandes  que  celles  du  type  R.  Gouani  ; 
à  ses  feuilles  radicales  et  caulinaires  à  divisions  inégales,  profondes, 
pubescentes  ou  hérissées;  à  sa  souche  oblique  non  tronquée,  à  fibres 
grosses,  fortes,  etc. 

A  l'exemple  de  MM.  Rouy  et  Fouc.  FI.  de  Fr.  I,  p.  95,  nous  avons 
rattaché  cette  plante  au  R.  Gouani  Willd.  ;  elle  sert,  en  effet,  do 
transition  entre  cette  dernière  et  le  R.  montanus  Wild.  var.  genui- 
nus.  Suivant  les  justes  observations  de  Zetterstedt  (PI.  vascul.  Pyr. 
princ.  p.  7)  et  de  M.  J.  Vallot(PZ.  rares  ou  critiques  de  Cauterets, 
in  Bull.  Soc.  bot.  Fr.  t.  XXXII,  1885,  p.  48),  on  rencontre  dans  la  zone 
alpine  des  échantillons  petits,  presque  glabres,  servant  de  passage 
entre  le  R.  Gouani  et  les  variétés  du  groupe  R.  montanus.  Ces  diffé- 
rences tiennent,  selon  nous,  à  la  nature  du  sol,  à  l'influence  de 
l'altitude  et  de  l'exposition.  S'appuyant  même  sur  l'opinion  de  Ben- 
tham  (Catal.  pi.  indig.  Pyr.t  4826,  p.  445  et  de  Koch.  (Syn.  fl.  germ. 
et  helv.  éd.  2,  4843,  p.  48),  Zetterstedt  supposait  qu'il  fallait 
réunir  les  deux  espèces  de  Willdenow,  mais  il  ne  connaissait  pas  la 
plante  décrite  par  Timbal-Lagrave,  en  4868,  sous  le  nom  de  R.  alpicola 
et  commune  au  port  de  Vénasque,  à  Castanèze  et  ailleurs.  Pour 
nous,  le  R.  Gouani  Willd.  bien  développé,  se  distingue,  à  première 
vue,  par  ses  feuilles  radicales  amples  et  largement  découpées,  les 
caulinaires  palmées  fortement  embrassantes  et  à  lobes  lancéolés 
dentés,  par  ses  fleurs  très  grandes,  par  sa  taille  élevée  (15-40  cent.) 
et  par  sa  forte  villosité.  En  raison  inverse  de  l'altitude,  la  plante 
diminue  de  taille,  ses  fleurs  et  ses  feuilles  deviennnent  plus  petites, 


40  PLANTES   INDIGÈNES 

mais  sa  villosité  et  se»  feuilles  caulinaires  palmées  (et  non  digitées) 
à  lobes  lancéolés  dentés  (et  non  linéaires  entiers)  ne  permettent  point 
de  la  confondre  avec  les  diverses  variétés  du  groupe  montanus 
Auct.  mult. 

23.  —  R.  nemorosus  DC.  Syst  nat.y  I,  1818,  p.  280;  R. 
silvaticus  G,  et  G.  FI.  de  Fr.,  I,  1848,  p.  33,  non  Thuill. 

Cette  espèce  polymorphe  comprend  plusieurs  variations  (variétés, 
formes,  sous-espèces)  parmi  lesquelles  nous  avons  observé  les  sui- 
vantes : 

Var.  paucifloru8  DC.  loc.  cit.,  1818;  R.  aureus  Schleich. 
{pr.  sp.),  Centur.  exsicc,  1821  ;  R.  sprelus  Jord.  ap.  Bor.  Fi.  du 
Cent.  éd.  3,  1857,  p.  17  etDiagn.,  1864,  p.  78.  — Exsicc.  Soc. 
dauph.y  n°  2351.  —  AR.  Pelouses  de  la  zone  alpine.  — 
Juillet-août.  —  Plateau  de  Serembarre,  près  du  pic  de  même 
nom  (1840m);  petit  vallon  de  la  Casa  à  l'O.  du  lac  de  Font- 
Nègre  (2370ra),  et  planels  de  la  Casa  (2380nl)  ;  fontaine  du 
port  de  Fray-Miquel  (2400m),  etc. 

Cette  plante  qui  a  le  port  du  R.  montanus  selon  MM.  Rouy  et  Fouc. 
FI.  de  Fr.,  I,  p.  96,  est  remarquable  par  son  aspect  grêle,  ses  tiges 
ascendantes,  ses  petites  feuilles  légèrement  velues,  ses  fleurs  assez 
grandes,  d'un  jaune  vif  parfois  orangé,  etc.  Nous  ne  l'avons  rencon- 
trée que  dans  la  zone  alpine. 

/?.  Amansii  Jord.  (pr.  specie)  Diagn.,  1864,  p.  79;  R.  villosus 
S-Am.  FI.  agen.  bouq.  tab.  5,  p.  227, 1821,  non  DC.  — Exsicc. 
Soc.  dauph.  n°  277.  — AC. —  Prairies  et  bois  des  z.  inf.  et 
subalp.  —  Juin-septembre.  —  Bois  du  Besset,  sur  Colmajou 
(950ra);  prairies  du  Bisp  d'Orlu  (1080m);  fontaine  du  Drazet 
(1460œ);  bords  du  chemin  forestier  de  Bonascre  à  Manseille 
(1450m  et  1580m);  foret  de  Mansèdre(1620,n);  pelouses  de  la 
fontaine  d'Audouze  (1655m);  vallée  latérale  d'Orgeix,  sous 
le  col  do  Surle  (1700ffl);  jasse  des  Bizornes  (1730™),  etc. 

On  la  reconnaît  aisément  :  à  sa  tige  et  à  ses  pétioles  couverts  de 
poils  ordinairement  réfléchis;  à  ses  feuilles  à  divisions  largement 
obovales  subrhomboîdales,  souvent  se  recouvrant  par  leurs  bords 
dans  les  feuilles  radicales;  à  ses  carpelles  à  bec  roulé  en  cercle,  lar- 
gement épaissi  à  la  base. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  41 

R.  polyanthemoideu8  Bor.  (pr.  specie),  FI.  du  Cent.  éd.  2, 
n°  46,  et  éd.  3,  n°  56,  pp.  16-17.  —  Exsicc.  Soc.  dauph. 
n°  2735.  —  RR.  —  Bois  de  la  z.  subalp.  —  Juillet-août.  — 
Vallée  de  l'Oriège,  bois  de  Chourlot  (1350m)  ;  montagnes 
de  Prades,  pelouses  du  bois  del  Clôt  de  Baillar  (1500m). 

Sa  souche  épaisse,  sa  tige  grêle  de  4-8  décim.,  dressée,  fistuleuse, 
multiflore,  couverte  de  poils  ordinairement  dressés-appliques,  plus 
rarement  subétalés,  ses  feuilles  à  div.  cunéiformes,  étroites,  les  radi- 
cales divisées  en  3-5  lobes  profonds,  trifides,  incisés  à  segments 
aigus  écartés,  le  médian  étroitement  cunéiforme,  allongé,  ses 
carpelles  lenticulaires,  à  bec  court,  très  crochu,  etc.,  la  distinguent 
de  la  forme  précédente. 

Subspec.  /?.  Timbali  Mab.  et  Gaud.  (pr.  sp.)t  Note  sur  le 
genre  Ranunculus,  1874  *  ;  R.  Perusia?ius  Timbal-Lagr.  Massif 
du  Llaurenti,  in  Bull.  Soc.  se.  phys.  et  nat.  de  Toulouse, 
2e  livraison,  1875-1876,  p.  329;  R.  tuberosus  Timb.-Lagr.,  in 
F.  Schultz,  Archiv.  de  Flore,  1855,  pp.  181-186  et  in  Bull. 
Soc.  bot.  de  Fr.,  XI,  1864,  p.  xxxvi,  an  Lap.  Hist.  abr.  pi. 
Pyr.  1813,  p.  320?  DC.  Syst.  I,  1818,  pp.  281-282?;  /?.  lanu- 
ginosus  auct.  pyr.  plur.,  nonhl  —  Exsicc.  Bordère  PI.  Pyr. 
ait.  n°  68.  —  AR.  Bois,  prairies,  pelouses  de  la  zone 
subalp.  —  Juillet-août.  —  Bois  de  Fontfrède  de  Prades,  bords 
du  chemin  forestier  (1420m);  versant  N.  du  Coumel  de  Bras- 
scil9  sur  la  jasse  de  Cabane-Longue  (I550ra);  pelouses  de  la 
vallée  latérale  d'Orgeix,  à  lajonct.  desruiss.  d'Aiguelonguo 
et  d'En-Sur  (1580,n)  ;  sur  le  col  des  Sept-Fonts,  vers  le  pic 
Dolent  (1800ra). 

Cette  plante,  étudiée  particulièrement  par  Timbal-Lagravo  (loc. 
cit.),  est  restée  longtemps  litigieuse  ;  contrairement  à  l'opinion  de 
Jordan  (Diagn.  pp.  75  et  76)  et  des  botanistes  de  son  école,  elle  ne 
saurait  être  réunie  au  R.  Amansii  Jord.;  mais  comme  le  nom  de 
tuberosus  lui  a  été  improprement  donné  par  Lapeyrouse  et  vu  que 


1.  Brochure  io-8*  de  16  pages,  Paris,  1874.  Lo  compte  rendu  analytique  de  cette 
brochure  a  été  publié  par  M.  Malinvaud  dans  lo  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  Fr.,  t.  XXI, 
1874,  p.  '216,  Revue  bibliographique. 


42  PLANTES    INDIGÈNES 

cette  épithète  exprime  un  caractère  faux,  la  racine  n'étant  pas  tubé- 
reuse, Timbal  a  proposé  de  la  nommer  Perusianus  (il  est  plus 
correct  d'écrire  Peyrousianus  pour  ne  pas  estropier  le  nom  du 
botaniste  toulousain  et  faire  songer  à  une  ville  d'Italie  <),  en  souvenir 
de  l'auteur  de  l'espèce.  Mais  selon  la  judicieuse  remarque  de 
MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.>  I,  p.  98,  renvoi  1  :  «  La  diagnose 
de  Lapeyrouse  est  incomplète,  ne  parlant  pas  des  pédoncules  et  des 
réceptacles  ;  d'autre  part  celle  de  de  Candolle  attribuant  à  cette 
espèce  des  pédoncules  arrondis,  alors  que  la  plante  recueillie  aux 
localités  citées  par  Lapeyrouse  est  à  pédoncules  nettement  sillonnés, 
ainsi  que  l'a  déjà  fait  remarquer  Timbal-Lagrave  (op.  cit.),  il  y  a 
donc  lieu  d'abandonner  le  nom  de  R.  tuberosus  Lapeyr.,  création 
ambiguë  et  d'ailleurs  impropre,  puisque  la  plante  a  une  souche  hori- 
zontale, non  tubéreuse.  » 

Pour  ces  raisons  sans  doute,  MM.  J.  Mabille  et  Gaudefroy  dans 
leur  opuscule  (loc.  cit.)  ont  proposé  d'abandonner  le  nom  de  Peru- 
sianus créé  par  Timbal,  pour  la  nommer  R.  Timbali,  et  ils  l'ont 
classée  dans  un  groupe  spécial  caractérisé  par  la  racine  plus  ou 
moins  horizontale  et  les  pédoncules  sillonnés  2,  groupe  intermédiaire 
entre  ceux  du  K.  nemorosus  et  du  R.  acer  L.  Nous  dirons  enfin  que  le 
R.  Timbali  est  surtout  caractérisé  par  sa  souche  grosse,  plus  ou 
moins  horizontale,  souvent  très  courte,  à  racines  fortes;  par  ses 
feuilles  grandes,  réniformes,  pentagonales  presque  triséquées  et  à 
divisions  rapprochées,  et  par  ses  fleurs  grandes,  d'un  beau  jaune 
d'or. 

24  —  R.  repens  L.  —  CC.  Champs  humides,  bords  des 
fossés,  chemins,  des  z.  inf.  et  subalp.,  sur  tous  les  terrains. 
—  Mai-août. 

Var. prostratus  Oaud.  ;  R.  reptabundus  Jord.  (pr.  sp.)  Diagn. 
p.  83.  —  AC.  Mêmes  zones  que  le  type.  —  Mai-juillet. 
Prairie  sous  la  métairie  du  Cap-del-Roc,  aux  environs  d'Ax  ; 


t.  Pérouse,  en  latin  Perusia,  en  italien  Perugia,  ville  de  l'ancienne  Ombrie 
(aujourd'hui  prov.  de  Pérouse),  au  N.  de  Rome. 

2.  D'après  M.  Malinvaud,  le  caractère  tiré  des  pédoncules  sillonnés  ou  non, 
parait  assez  sûr  dans  les  Renoncules,  quoique  les  auteurs  se  contredisent  à  ce 
sujet,  pour  certaines  espèces  ;  mais  si  l'on  veut  s'entendre,  il  faut  comparer  des 
individus  de  mémo  âge  ou  à  peu  près,  par  exemple  au  moment  de  la  maturité  des 
carpelles,  et  non  pas  une  plante  en  boutons,  avec  une  autre  en  fruits  mûrs.  (Voir 
Récentes  vicissitudes  du  Ran.  chœrophyllos  et  du  Globul&ria  vulgaria,  in  Bull. 
Soc.  bot.  de  Fr.  XXXVII,  1890,  sess.  extraord.  à  la  Rochelle,  p.  lxxxv,  renvoi  2). 


DU   BASSIN   DE   LA   HAUTE    ARIÈGE.  43 

lieux  humides  du  bois  de  la  Luzéro,  sur  la  forge  d'Ascou 
(1250m),  etc. 

Ses  feuilles  plus  profondément  divisées,  à  dents  plus  aiguës,  son 
port  plus  grêle,  sa  tige  couchée,  radicante,  mollement  velue,  etc., 
la  distinguent  aisément  du  type. 

25  —  R.  auricomus  L.  —  AR.  Pelouses  et  éboulis  des 
terrains  calcaires  et  siliceux  de  la  z.  subalp.  —  Juin-juillet. 
Monticule  de  la  Mate,  sur  le  village  de  Prades  (I330m); 
éboulis  cale,  du  Roc  des  Scaramus,  sur  le  vallon  de  TOurza 
(1720m)  et  pelouses  du  sommet  de  ce  même  roc  (1830ra)  ;  pel. 
entre  le  pic  de  Serembarre  et  le  col.  des  Sept-Fonts(1820m). 

Les  botes  à  laine  la  mangent  à  cause  de  sa  faible  âcreté. 

Malgré  nos  recherches,  nous  n'avons  pu  observer  cette  plante 
dans  les  lieux  frais  et  ombragés  de  la  zone  infér.,  mais  nous  possé- 
dons un  hybride  du  R.  auricomus  et  du  R.  montanus,  décrit  par 
M.  G.  Rouy,  auquel  nous  avions  communiqué  nos  exemplaires,  dans 
sa  Flore  de  France,  I,  p.  101,  en  note,  sous  le  nom  de  R,  aurigeranus 
qui  signifie  Renoncule  de  l'Ariège.  Voici  sa  note  reproduite  : 

«  X  /?.  aurigeranus  Rouy  in  litt.  ;  if.  auricomus  X  montanus. 
Diffère  du  R.  auricomus  dont  il  a  les  feuilles  radicales 
longuement  pétiolées,  les  tiges  nues  jusqu'à  la  première 
feuille,  celle-ci  à  lobes  incisés-dentés  ;  par  le  réceptacle 
faiblement  pubescent,  la  feuille  supérieure  à  divisions 
courtes,  largement  lancéolées,  presque  semblables  à  celle 
du  R.  montanus. 

Hab.  Ariège  :  Roc  des  Scaramus1,  commune  de  Prades, 
ait.  1830m,  avec  les  parents  !  (Marc.-d'Aym.,  in  herb.  Rouy.  » 

Nous  n'hésitons  pas,  vu  la  variabilité  des  feuilles  radicales  du 
R.  auricomus,  d'après  la  planche  xv  du  tome  III  des  Icônes  fl. 
germ.  de  Rchb.,  à  adopter  l'opinion  de  M.  Rouy.  Nous  avons  récolté 
cette  plante  à  la  localité  susindiquée,  le  29  juin  4888.  Comme  les 
hybrides  non  fixés  sont  des  formes  fugaces  ou  instables,  nous 
n'avons  pu  la  retrouver  à  cette  môme  localité  dans  nos  visites  ultc- 

1.  Per  error.  typogr.  Eàcaramus. 


44  PLANTES    INDIGÈNES 

Heures  en  4889  et  1890  ;  c'est  seulement,  en  compagnie  de  M.  l'abbé 
Mailho,  dans  une  excursion  faite  le  10  juillet  1895,  que  nous  avons 
eu  la  bonne  fortune  de  l'y  récolter  do  nouveau,  au  môme  lieu;  ces 
derniers  exemplaires  ont  été  aussi  vérifiés  par  M.  O.  Rouy. 

26  —  R.  acer  L. i 

Sous  ce  nom,  on  comprend  plusieurs  formes  élevées  au  rang 
d'espèces,  surtout  par  Jordan  (Observ.  pi.  crit.  ;  Diagn.,  etc.)  et  par 
Boreau  (FI.  du  Cent.  éd.  3),  mais  que  la  plupart  des  botanistes  con- 
sidèrent, à  juste  titre,  comme  de  simples  variations  du  R.  acer  (plus 
correct  que  R.  acris).  Dans  l'étude  de  ces  formes,  à  l'aide  de  nos 
exemplaires,  nous  avons  constaté  qu'elles  offrent  des  transitions 
d'une  plante  à  l'autre  et  que  les  différences  ne  tiennent  souvent  qu'à 
la  longueur  plus  ou  moins  grande  du  bec  et  des  carpelles,  à  l'abon- 
dance des  poils,  à  la  largeur  et  à  la  découpure  des  feuilles,  etc. 
Voici  cependant,  celles  que  nous  avons  observées  dans  notre  région 
et  dont  les  spécimens  ont  été  vérifiés  par  M.  Foucaud  en  1896. 

R.  rectus  Bor.  (pr.  sp.)  loc.  cit.  p.  15;  if.  acris  Rchb.  le. 
germ.y  III,  fig.  4606  sec.  Lamotte  Prodr.  II.  pi.  centr.  I,  p.  47. 
—  C.  Prairies  et  pelouses,  bords  des  sentiers  de  la  zone 
inf.  principalement  sur  les  terrains  siliceux.  —  Mai-juillet. 

Boreau  [op.  cit.)  attribue  le  nom  de  la  plante  à  J.  Bauhin  (Hist. 
plant,  univ.  ann.  1650,  3,  p.  416,  fig.  1,  pr.  specie),et  fait  remarquer 
après  sa  description  «  que  les  feuilles  sont  plus  découpées  et  le 
bec  plus  allongé  que  dans  le  R.  Steveni  Andrz.  »;  il  ajoute  ensuite  : 
«  le  R.  silvaticus  Thuill  !  non  Gr.  et  Godr.,  me  semble  se  rapporter 
ici,  comme  forme  velue.  »  Quelques  botanistes  rapportent  à  tort  le 
R.  rectus,  en  synonyme  au  R.  Doreanus  Jord.  Observ.  fragm.  6,  p.  19; 
ces  deux  plantes  sont  seulement  affines. 

R.  pascuicolus  Jord.  {pr.  sp.)  Diagn.  p.  73;  R.  rivularis 
Arv.-Touv.  notes,  1883,  p.  24,  non  Banks.  —  AR.  Prairies 
et  pelouses  humides  des  z.  inf.  et  subalp.  —  RR.  dans  la 


1.  Le  mot  acer  est  l'adjectif  masculin  qui  peut  seul  s'accorder  avec  le  genre 
Ranunculus  ;  R.  acris  est  un  lapsus  calami  de  Linné  et  cette  faute  grammaticale  a 
été  copiéo  par  la  plupart  des  auteurs  anciens,  mais  rectifiée  cependant  par  beau- 
coup d'auteurs  modernes,  par  ex.  Loret,  Flore  de  Montpellier,  Rouy  et  Fouc,  FI. 
de  France,  etc.). 


DU    BASSIN    DE   LA   HAUTE   ARIÈGE.  45 

z.  alp.  —  Juin-août.  Prairies  humides  de  Laucate  (660m)  ; 
Savignac,  au  Couzillou  (68Qm)  ;  Ax,  pelouse  sous  la  châtai- 
gneraie d'En-Castel  (715m);  vallée  de  TOriège,  rochers 
humides  de  Gaudu  (1350m);  Soulane  d'Andorre,  schistes  du 
ruiss.  de  Costo-Redoun  (2000m)  ;  etc. 

Voisine  de  la  forme  R.stipatus  Jord.  (pr.  sp.)  cette  plante  est  ordi- 
nairement basse,  à  fl.  petites,  à  carpelles  peu  nombreux  et  à  bec 
relevé,  etc. 

R.  Steve  ni  Andrz.  (pr.  specie)  ap.  Bess.  Enum.  pi.  in 
Volhynia  collect.,  1822,  n°  683,  pp.  22-23;  Rchb.  le.  fl. 
germ.,  III,  f.  4605  ;  R.  acer  Jord.  Obs.  fragm.  6,  pp.  15-17  non 
L.nec  plur.  auct.  —  C.  Prairies,  pâturages,  clairières,  bords 
des  chemins,  des  terrains  siliceux  de  la  z.  inf.,  de  700ID 
(Ax,  prairie  Notre-Dame,  en  face  de  la  gare),  à  1910ra  (fon- 
taine du  col  de  Puymaurens).  —  Juin-juillet. 

Cette  plante  a  le  port  du  R.  nemorosus  forma  Amansii,  mais  elle 
s'en  distingue  par  sa  souche  rampante  à  rhizome  allongé,  ses  feuilles 
moins  profondément  divisées,  à  lobes  ovales,  cunéiformes,  écartés, 
et  le  bec  des  carpelles  très  court,  à  peine  courbé. 

R.  Frie8eanu8  Jord.1  (pr.  specie)  Obs.  fragm.  6,  p.  17;  R. 
silvaticus  Fries  non  Thuill.  !  —  AR.  Pelouses,  prairies, 
éboulis  de  la  z.  inf.  et  de  la  z.  subalp.  —  Juin-juillet. 

Savignac,  rive  dr.  de  TAriège,  près  du  pont  (680m)  ; 
prairies  de  Coudine,  sous  le  village  de  Vaïchis  (820m)  ; 
éboulis  d'Aiguebonne  au  pied  du  roc  de  la  Spélugue  et  sur 
la  route  d'Espagne  (1040m). 

Caractérisée  :  par  ses  feuilles  radicales  à  lobes  élargis,  peu  profon- 
dément incisés  et  se  recouvrant  l'un  l'autre  par  leurs  bords  ;  par  le 
bec  des  carpelles  très  court,  droit,  à  peine  crochu  et  caduc  ;  par  sa 
tige  couverte  de  longs  poils  fauves  ou  roussâtres,  très  étalés,  etc. 

R.  uulgatus  Jord.  (pr.  specie)  in  Bor.  FL  du  Cent.  éd.  3, 
1857,  p.  15,  et  Jord.  Diagn.,  1864,  p.  77  ;  R.  Frieseanus  Reut. 

1.  R.  Frieseanus  est  plus'correct  que  H.  Friesi&nus. 


46  PLANTES   INDIGÈNES 

Cat.  pi.  Genèv.  2e  édit.,  1861,  p.  5,  non  Jord.  ! — AC.  Fossés, 
haies,  prairies  humides  de  la  z.  inf.  —  Mai-juin. 

Se  distingue  de  la  précédente  forme,  par  sa  villosité  blanchâtre 
veloutée,  par  le  bec  des  carpelles  assez  long,  recourbé  en  hameçon 
et  persistant,  etc. 

27  —  R.  bulbosus  L. 

Le  type  linnéen  est  très  polymorphe;  il  varie  à  feuilles  plus  ou 
moins  velues,  à  pédoncules  grêles  ou  robustes,  courts  ou  longs,  à 
tiges  simples  ou  rameuses,  dressées  ou  étalées  sur  le  sol.  Parmi  les 
variations  démembrées  du  type  ou  plutôt  de  ce  groupe,  nous  avons 
observé  les  trois  variétés  et  la  forme  suivante,  dont  tous  les  exem- 
plaires ont  été  vérifiés  par  M.  Foucaud  en  1896. 

Var.  bulbifer.  Gren.  Revue  de  la  fl.  des  monts  Jura,  1875, 
p.  29.  R.  bulbifer  Jord.  (pr.  specie)  Diagn.  d'esp.  nouv.  p.  80. 
—  AC.  Pelouses,  prairies,  champs  incultes  de  la  z.  inf. 
jusqu'à  la  z.  subalp.  —  Juin-août. 

Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  680™  (Savignac, 
vacant  communal  du  Couzillou),  jusqu'à  1040m  (Sorgeat, 
prairies  à  l'embranchement  des  routes  de  Prades  et 
d'Ignaux),  etc. 

D'après  Jordan  (op.  ct(.)  cette  plante  correspond  à  la  forme 
du  R.  bulbosus  la  plus  répandue  et  caractérisée  «  par  sa  racine 
grosse,  bul  bi  forme ,  ses  tiges  élevées,  dressées,  hérissées,  ses 
feuilles  d'un  vert  clair,  subhérissées  et  biternées,  à  dents  aiguës, 
ses  carpelles  grands ,  à  bec  large  à  la  base  subonciné  au 
sommet.  » 

Nous  avons  observé  quelquefois  des  exemplaires  nains  ou  rabou- 
gris, très  velus  et  à  tige  subuniflore  ;  c'est  la  var.  parvulus  Coss.  et 
Germ.,  FL  paris,  éd.  2,  1861,  p.  18. 

Var.  sparsipilu8  Gren.  loc.  cit.  p.  29.  —  R.  sparsipilus 
Jord.  loc.  cit.  p.  80  (pr.  specie).  —  AC.  Lieux  humides, 
pelouses  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Juin-août.  —  Nos  exem- 
plaires ont  été  récoltés  de  715m  (Ax,  pelouses  sous  la  châ- 
taigneraie d'En-Castel),  jusqu'à  1550m  (montagnes  d'Ignaux, 
pelouses  du  gourg  de  la  Garde),  etc. 


DU    BASSIN   DE   LA   HAUTE   ARIÈGE.  47 

Elle  diffère  de  la  var.  précédente  par  sa  tige  moins  élevée,  étalée, 
plus  diffuse,  couverte  ainsi  que  les  feuilles  d'une  pubesoence 
éparse  (d'où  son  nom),  ses  feuilles  d'un  vert  foncé  plus  petites,  sim- 
plement ternies,  à  foliole  médiane  pétiolulée,  à  dents  subobtuses, 
ses  fleurs  plus  petites  et  ses  carpelles  à  bec  grêle  et  étroit  à  la  base, 
subonciné. 

Var.  uillo8U8  DC.  Cat.  pi.  hort.  Monsp.,  1813,  p.  54  ; 
var.  valdepubens  Gren.  loc.  cit.  p.  30;  R.  valdepubens  Jord. 
loc.  cit.  p.  82  (pr.  specie).  —  AR.  Prairies,  murs,  talus,  etc. 
de  la  z.  subalp.  —  Mai-juin.  —  RR.  dans  la  z.  alp.  —  Juillet. 

Nos  exemplaires  récoltés  de  650m  (murs  des  champs,  à 
Perles),  à  1920™  (pelouses  de  la  croix  du  port  de  Paillères). 

D'après  Jordan  (op.  cit.)  on  peut  définir  cette  plante  comme  suit  : 
«  C'est  un  R.  bulbosus  très  velu,  plus  petit,  et  plus  tardif  que  la 
forme  ordinaire,  à  bec  plus  allongé  et  à  bulbe  plus  élargi  ». 

Nous  n'avons  pas  observé  jusqu'à  ce  jour  la  var.  albonaevus  Gren. 
loc.  cit.  (R.  albonœvus  Jord.  Diagn.  p.  81)  caractérisée  surtout  par 
ses  feuilies  d'un  vert  cendré,  maculées  de  taches  blanches  (d'où  son 
nom),  velues  ternées  et  ses  carpelles  à  bec  allongé,  élargi  à  la  base. 

Nous  possédons  la  forme  suivante  : 

R.  Aleœ  Willk.  (pr.  spec.)  Pug.  pi.  nov.,  in  Linnaea  XXX, 
1859,  p.  84  et  Prodr.  fl.  hisp.,  III,  1880,  p.  931  ;  R.  bulbosus 
L.  var.  neapolitanus  Coss.  PL  crit.  fasc.  1,  1848,  p.  3; 
fl.  neapolitanus  G.  G.  Fl.  de  Fr.,  I,  1848,  non  Tenore; 
fl.  bulbosus  L.  var.  Alex  Burn.  Fl.  Alp.  mari  t.,  1, 1892,  p.  33. 

—  AC.  Prairies  et  lieux  tourbeux  des  z.   inf.  et  subalp. 

—  RR.  dans  la  z.  alp.  —  Avril-juillet. 

Nos  exemplaires  récoltés  de  700m  (environs  d'Ax-les- 
Thermes,  à  En-Fountangé,  etc.),  à  2150m  (col  de  Beil). 

Par  sa  souche  non  bulbiforme,  mais  munie  de  fibres  radicales 
épaissies,  napiformes,  ses  pédoncules  arrondis,  à  peine  striés  au 
sommet,  ses  nombreux  carpelles  (30-40)  à  bec  recourbé  en  hameçon, 
son  aspect  velu-blanchâtre,  etc.,  cette  plante  se  distingue  assez 
nettement  des  autres  variations  du  groupe  R.  bulbosus  duquel  elle 
se  rapproche  cependant  par  son  calice  réfléchi  et  sa  souche  tubéri- 
forme.  D'une  judicieuse  dissertation,  sur  les  caractères  distinctifs  de 


I  '  1 


I 


48  PLANTES    INDIGÈNES 

cette  plante,  M.  E.  Burnat,  loc.  cit.,  p.  34,  conclut  :  «  En  résumé,  le 
R.  Aléas  a  été  basé  sur  une  réunion  de  caractères  qui  n'est  point 
constante  ;  il  constitue  une  race  méridionale  qu'on  a  observée  en 
Algérie,  qui  remplace,  paraît-il,  le  R.  bulbosus  type  en  Espagne  et 
s'étend  dans  le  midi  de  la  France,  comme  dans  l'Italie  moyenne. 
D'après  M.  Kerner  qui  comprend,  comme  nous,  les  caractères  et 
l'aire  du  R.  Aleac  (Sched.  fl.  exsicc.  austro-hung.  fasc.  V,  1888,  p.  43, 
il  atteindrait  Tri  este  et  le  Tyrol  méridional.  » 

M.  J.  Foucaud,  qui  a  vérifié  en  1896  tous  nos  exemplaires  de 
R.  Alèse,  y  a  discerné,  en  mélange,  la  sous-variété  suivante  : 

S.-var.  glabratu8  Rouy  et  Fouc.  FI.  deFr.,  II,  p.  321.  Add. 
et  correct,  du  tome  I.  Tige  glabre  infér1  ou  munie  de 
quelques  longs  poils  blanchâtres.  —  R.  Ax,  champs  d'En- 
Castel  (710m);  prairies  de  Coudine,  sous  Vaïchis  (820m). 

28  —  R.  Sardous  Crantz,  S  tir  p.  austr.,  éd.  1,  fasc.  2 
(1763!),  p.  84  *;  R.  philonotis  Ehrh.  Beitr.  zur.  nat.  fasc.  2 
(1788),  p.  145  ;  Retz.  Obs.  bot.  fasc.  VI  (1791),  p.  31.  —  Exsicc. 
Soc.  dauph.  n°  4813  (sub  R.  philonotis  Retz.)  —  C.  Terrains 
humides  ou  inondés  pendant  l'hiver,  dans  la  z.  inf.  — 
Juin-septembre. 

Cette  espèce  varie,  à  tiges  plus  ou  moins  élevées,  dressées  ou  cou- 
chées, simples  ou  rameuses,  velues  ou  plus  rarement  presque 
glabres,  à  feuilles  radicales  dont  les  segments  sont  plus  ou  moins 
incisés  dentés,  le  plus  souvent  trilobées,  le  lobe  moyen  étant  quel- 
quefois pétiolulé,  parfois  entières  ;  les  dimensions  des  fleurs  sont 
aussi  très  variables  ;  les  carpelles  sont  tantôt  lisses,  tantôt  tubercu- 
leux, etc.,  de  là,  les  diverses  variétés  suivantes  :  var.  intermedius 


1.  Voir  Aug.  Gras  :  Sur  la  synonymie  d'une  espèce  de  Ranunculus,  Bull.  Soc. 
bot.  Fr.,  IX  (180?),  pp.  324-336.  Cet  érudit  bibliothécaire  do  l'Acad.  roy.  des  sciences 
de  Turin,  a  commis  une  orreur  do  date,  en  indiquant  Tannée  176?  pour  celle  delà 
publication  du  2*  fascicule  de  la  tr*édit.  des  Stirp.  aust.  En  effet,  d'après  les  ren- 
seignements obligeamment  fournis  par  M.  Eug.  Autran,  conservateur  de  l'Herbier 
Boissier,  la  1™  édit.  du  volume  do  Crantz,  devenue  très  rare,  est  composée  de 
3  fascicules  (xxxvi-320  pages  in-8*  et  15  pi.),  imprimés  à  Vienne  et  à  Leipzig,  le 
lêt  fasc.  en  1762  par  Kûrtzbock,  le  2«  en  1763  et  le  36  en  1767,  par  Kraus.  La 
2*  édition  (éd.  altéra  aucta,  etc.)  imprimée  à  Vienne  par  Kraus,  en  1769,  comprend 
6  fascicules,  516  pages  in-4'et  18  pi.,  en  deux  parties.  Nous  l'avons  consultée  à  la 
bibliothèque  publique  de  la  ville  de  Toulouse. 


DU    BASSIN    DE   LA   HAUTE    ARIÈGE.  49 

DC.  [R.  intermediixs  Poir.);  var.  tuberculatus  Celak;  var.  lœvis 
Celak.  (var.  inermis  Babey),  etc.  Dans  les  lieux  secs  ou  abandonnés 
par  l'eau  depuis  un  certain  temps,  la  plante  devient  naine,  uniflore: 
c'est  alors  la  var.  parvulus  DC,  Fl.  fr.,  V,  p.  639,  n°4649  (R.  parvulus 
L.,  Mant.  pi.,  p.  79  (pr.  specie),  R.  parvifloinxs  Gouan,  Fl.  monsp., 
non  L!) 

Cette  dernière  variété  n'a  pas  encore  été  observée  dans  notre 
circonscription. 

Section  IX.  —  Echinella  DC. 

29  —  R.  arvensis  L.  —  CC.  Moissons,  champs  cultivés 
de  la  z.  inf.  (700m),  jusqu'à  la  z.  subalp.  (MbO"1)  ;  sur  tous  les 
terrains.  —  Juin-août. 

Tribu  5.  —  Helléborées  DC. 
Gallha  L. 

30  —  C.  palustris  L.  —  CC.  Prairies  humides  et  tour- 
beuses, marécages,  ruisseaux,  surtout  dans  les  terrains  sili- 
ceux de  la  z.  inf.  jusqu'à  la  z.  alp.  —  Avril-août,  suivant 
l'altitude. 

Nos  exemplaires  (nombreuses  localités)  ont  été  récoltés 
de  700œ  (Ax,  à  En-Fountangé),  jusqu'à  2290ra  (déversoir  du 
lac  de  Font-Nègre). 

Les  animaux  respectent  cette  plante,  à  cause  de  son  âcreté. 

Selon  la  juste  remarque  de  La  mot  te  (Prodr.  fl.  plat,  cent.,  I,  p.  53)  : 
a  Plusieurs  des  nombreuses  formes  que  présente  ce  Caltha  ont  été 
élevées  au  rang  d'espèce  par  quelques  auteurs  ;  elles  ne  sont  proba- 
blement qu'accidentelles  et  il  faut  les  considérer  comme  de  simples 
variétés.  »  C'est  aussi  notre  avis,  car  ces  variations  accidentelles  ou 
passagères  ne  diffèrent  que  par  la  couleur,  la  grandeur  et  la  forme 
des  sépales,  par  les  crénelures  et  le  rétrécissement  plus  ou  moins 
marqué  des  feuilles,  etc. 

Les  variétés  les  plus  répandues  dans  notre  circonscription 
sont  : 

Var.  Gueranguerii  Lamotte,  loc.  cit.  (C.  Gueranguerii  Bor. 
in  Bill.  Annot.  fl.  de  Fr.  et  d'Ail.,  1856,  p.  11 ,  et  Bor.,  Fl.  du 
Cent.,  éd.  3,  1857,  p.  21).  —  Exsicc.  Soc.  dauph.  n°  3606.  — 

TOME  XIII.  4 


50  PLANTES   INDIGÈNES 

AC.  z.  subalp.  et  alp.,  de  1260m  à  2080,n,  pour  nos  exem- 
plaires récoltés. 

Var.  flabellifolia  Lamotte,  L  cit.  (C.  flabellifolia  Bor.,  loc. 
c^.,p.  26,anPursch.,  Fl.  bor.  amer.  2,  p.  390,  tab.  17?  —  AR. 
Marécages  du  parc  d'Orgeix  (800m),  dans  une  prairie  ;  lieux 
humides  à  Prades  (1235m);  marécages  de  la  forêt  du  Larguis 
(1650*),  très  abondant  en  ce  lieu. 

D'après  nos  observations  basées  sur  l'examen  de  multiples  exem- 
plaires vivants,  le  type  a  les  fleurs  d'un  jaune  clair,  les  sépales  con- 
tigus  à  la  base,  les  feuilles  très  grandes.  C'est  la  forme  luxuriante, 
qui  correspond,  selon  nous,  à  la  var.  vulgaris  Rouy  et  Fouc,  Fl.  de 
Fr.,  I,  p.  114  ;  C.  vulgaris  Schott,  Nym.  et  Kotschy,  Analect.  bot.  p.  33  ; 
C.  pallidiflora  de  Martr.-Don.,  PL  crit.  du  Tarn,  p.  6,  et  Florule  du 
Tarn,  p.  20.  —  La  var.  Gueranguerii  a  les  fleurs  d'un  jaune  d'or,  aussi 
grandes,  les  sépales  souvent  rétrécis  à  la  base  et  non  contigus,  le 
bec  des  follicules  droit  à  la  maturité,  les  feuilles  plus  petites  et  plus 
crénelées.  —  La  var.  flabellifolia  a  les  fleurs  de  moitié  moins 
grandes,  la  tige  grêle,  les  feuilles  souvent  bordées  de  dents  aiguës, 
le  bec  des  follicules  crochu  à  la  maturité. 

Nous  possédons  aussi  la  var.  mlnor  DC. ,  Syst.>  I,  p.  309,  non  Lamotte 
loc.  cit.\  var.  decumbens  Lamotte,  loc.  cit.t  p.  53,  à  fl.  plus  petites,  à 
feuilles  finement  crénelées  ou  dentées,  surtout  à  la  base,  et  à  tige 
entièrement  étalée  sur  le  sol;  comme  dans  la  var.  Gueranguerii,  le 
bec  des  follicules  est  droit  à  la  maturité.  —  Cette  variété  minor  est 
RR.  dans  notre  région;  nous  la  possédons  seulement  en  herbier,  de 
la  fontaine  du  pla  de  la  Garde  (1460m),  dans  le  territoire  de  la  com- 
mune d'Ignaux,  où  elle  a  été  récoltée  par  nous,  le  15  juin  1888. 

Trolllus  L. 

31  —  T.  europœus  L.  —  var.  «  genuinus  Rouy  et  Pouc. 
Fl.  de  Fr.,  I,  p.  115.  —  AC.  Prairies  et  pâturages  des 
z.  subalp.  et  alp.;  s'élève  aussi  quelquefois,  mais  rabougri 
(0m25  de  hauteur),  dans  la  z.  niv.  —  Mai-août.. —  Descend 
rarement  dans  la  z.  inf.  —  Plante  vénéneuse. 

Nos  exemplaires  (plus  de  20  localités)  ont  été  récoltés  de 
820aB  (prairies  do  la  rive  g.  de  l'Oriège,  entre  Orgeix  et  Orlu), 
à  2500"  (crête  de  Camp-Ras  sous  le  pic  de  ce  nom),  et  princi- 


DU    BASSIN   DE   LA   HAUTE   ARIÉGE.  51 

paiement  dans  les  montagnes  :  d'Ascou  (pics  de  Serembarre 
et  de  Coumefrède,  etc.),  d'Orlu  (canals  de  Brasseil,  bague 
de  Seyt,  col  des  Liausés,  etc.),  de  Mérens  et  de  l'Hospitalet 
(vallée   des  Bésines,  jasse  de  Pedroux,  pont  Cerda,  etc.). 

Var.  p.  napellifoliu8  Rœp.  (pr.  sp.)  in  Flora  oder  Allgem. 
bot.  zeit.  (1820),  p.  105.  —  AR.  Prairies  humides  des  zones 
inf.  et  subalp.  —  Juin-juillet.  —  Prairies  de  Savignac,  à 
la  hauteur  de  la  cascade  du  Nagear  (800m  env.)  ;  vallée  de 
la  Lauze,  prairies  de  la  forge  d'Ascou  (1075m)  ;  vallée  de 
TOriège,  prairies  du  Bisp  d'Orlu  (1080m);  fontaine  et  bois 
du  Drazet(1460m  et  1480m)  ;  pel.  sous  le  col  des  Spéréguils, 
versant  de  Pontfrède  de  Prades  (1640™);  jasse  de  las 
Traouquères  (1810"),  sous  le  Saquet,  etc. 

Cette  variété  est  plus  élevée  que  le  type,  à  feuilles  grandes  très 
découpées  analogues  à  celles  de  YAconitum  Napellus,  à  dents 
allongées  aiguës,  à  fleurs  légèrement  pédonculées,  etc. 

Malgré  nos  recherches  nous  n'avons  point  rencontré  la  var.  humilis 
Crantz  {pr.  sp.),  Stirp.  austr.,  éd.  1,  fasc.  II  (1763),  p.  123  ;  Rchb.,  le. 
germ.,lV,  f.  4715,  var.  ce,  qui  est  la  miniature  du  type  et  habite  les 
régions  très  élevées. 

Helleborus  L. 

32  —  H.  viridis  L.  —  var.  occidentalis  Rouy  et  Fouç., 
FI.  de  Fr.}  I,  p.  117;  H.  viridis  Auct.  gall.  ;  //.  occidentalis 
Reuter,  Cat.  graines  du  Jard.  bot.  de  Genève  (1 869)  ;  Schiffner, 
die  gattung  Helleborus,  in  Engler's  bot.  jahrb.,  t.  XI,  Heft.  1  et 
2  (1889),  p.  138,  et  tab.  vu  !  ;  Corbière,  Nouv.  fl.  de  Normandie 
(1893),  p.  23.  —  Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  283  (Hautes-Pyr.  leg. 
Autheman,  1874),  per  error.  typogr.  n°  284.  —  C.  Prairies 
fraîches,  buissons,  bois  humides,  bords  des  ruisseaux,  des 
z.  inf.  et  subalp.;  s'élève  aussi  mais  RR.  dans  la  z.  alp. — 
Mars  à  juillet,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  700ra  (Ax,  prairie  de 
Notre-Dame,  en  face  de  la  gare),  à  1910m  (pelouses  cale,  de 
la  croix  du  port  de  Paillères). 


52  PLANTES   INDIGÈNES 

Le  type  linnéen  de  VH.  viridis  a  été  divisé  en  plusieurs  espèces 
et  la  phrase  «  H.  caule  multifloro,  folioso,  foliis  digitatis  »  par 
laquelle  le  célèbre  législateur  suédois  le  caractérise  dans  son  Species 
plantarum,  éd.  2  (1762),  p.  784,  est  trop  vague  pour  qu'elle  puisse 
s'appliquer  avec  certitude  à  une  forme  plutôt  qu'à  une  autre. 

D'après  Reuter  (op.  cit.)  VH.  viridis  de  Linné  et  des  auteurs 
anciens  renfermerait  deux  espèces,  dont  Tune  H.  occidentales  est 
commune  dans  l'O.  de  la  France,  les  Pyrénées,  le  N.  de  la  France  et 
l'Angleterre;  le  nom  de  viridis  conviendrait  à  la  plante  de  l'Europe 
orientale,  depuis  le  Dauphiné,  la  Suisse  et  le  Piémont,  l'Italie 
septentrionale  jusque  dans  l'Allemagne,  l'Autriche,  etc. 

Voici  d'ailleurs  la  description  même  de  Reuter,  extraite  de  son 
Catalogue  des  graines  recueillies  en  1868  et  offertes  en  échange  par 
le  Jardin  botanique  de  Genève,  ouvrage  imprimé  en  1869  et  devenu 
très  rare  :  «  H.  occidentalis  Reut.  mss.  —  H.  caule  bifido  vel  subdi- 
chotome  ramoso,  foliisque  glabris  folio  radicali  solitario,  palmati- 
pedato,  reticulato-venoso,  segmentis  lanccolatis  simplicibus  bi  vel 
trifidis;  floribus  2-3  ad  apices  ramorum,  sepalis  ovatis  plus  minus 
inter  se  imbricatis  vel  contiguis,  apice  acutiusculis  vel  subapicu- 
latis;  carpellis  transverse  nervosis  stylo  incurvo  eis  breviori  supe- 
ratis,  seminibus  atris  subtrigonis  reticulato  insculptis  nitidulis. 

«  Hab.  in  Gallia  occidentali  circa  Pau,  Deu.\*-Sôures,  Agen,  etc. , 
in  Pyrenseis  centralibus  supra  Luchon,  Gèdre,  Gavarnie,  etc.;  in 
mont.  Hispaniae  borealis,  inter  Dilbao  et  Santander  et  in  Britannia. 
H.  viridis  Engl.  bot.  tab.  200  ! 

«  Differt  ab  H.  viridi,  glabritate,  floribus  minoribus  2-3  in  uno- 
quoque  ramo  nec  1-2,  sepalis  magis  ovatis,  carpellis  brevioribus, 
stylo  incurvo.  »  * 

Reuter  reconnaît,  en  outre,  dans  sa  note,  que  les  caractères 
distinctifs  de  ces  deux  espèces  ne  sont  pas  très  absolus  et  varient 
pour  chacune,  dans  certaines  limites;  il  ajoute  que  17/.  Bocconi  Ten. 
habitant  l'Italie  et  la  Dalmatie  en  est  très  distinct  par  ses  feuilles 
multifides,  etc. 

M.  le  Dr  John  Briquet,  de  Genève,  a  étudié  de  nouveau  cette 
question  dans  la  Flore  des  Alp.  marit.  de  M.  E.  Burnat,  t.  I,  1892, 
pp.  44  et  45,  et  après  un  sérieux  examen  des  formes  de  transition 
des  herbiers  Boissier  et  Burnat,  formes  qui  établissent  le  passage  de 
VH.  viridis  type,  tel  que  l'ont  compris  Schiffner  (op.  cit.)  et  A.  Masclef 


1.  Un  extrait  de  ce  Catalogue  a  été  publié  dans  la  Rev.  bibliogr.  du  Bull,  de  la 
Soc.  bot.  de  Fr.,  tome  XVI,  1869,  p.  53. 


DU    BASSIN    DE   LA   HAUTE   ARIÈGE.  53 

(les  Formes  critiques  d'Hellébores  de  la  Savoie  et  du  Dauphinè)  ',  à 
VH.  occidentalis  Reut.,  il  a  démontré  que  cette  dernière  plante  : 
«  Est  une  variété  de  VH.  viridis,  dont  les  caractères  sont  mal  fixés 
et  qui  passe  continuellement  au  type  par  des  formes  intermédiaires 
nombreuses  ;  ces  formes  sont  répandues  dans  toute  l'aire  de  VH. 
occidentalis  y  comme  nous  avons  pu  nous  en  convaincre,  dit-il,  par 
l'examen  de  nombreux  échantillons  de  diverses  provenances » 

MM.  Rouy  et  Foucaud,  dans  leur  Flore  de  France ,  I,  p.  117> 
ajoutent  en  note  ce  qui  suit  :  «  Des  plantes  du  Calvados,  de  l'Orne,  des 
Hautes-Pyrénées  et  des  Alpes-Maritimes,  réunissant  les  var.  occiden- 
talis et  viridis  ;  des  plantes  de  la  Somme,  du  Calvudos  et  de  la 
Haute-Garonne,  réunissent  les  var.  occidentalis  et  stenophyllus  ;  à 
Charance  près  Gap,  se  rencontre  une  variation  de  la  var.  subalpinus 
qui  établit  le  passage  avec  la  var.  viridis,  et  la  var.  subalpinus 
est  tout  à  fait  intermédiaire  entre  les  var.  viridis  et  Personnati 
Mascl.  » 

D'après  cela,  on  peut  conclure  que  toutes  les  formes  du  groupe 
viridis  appartiennent  à  une  seule  et  même  espèce  et  ne  sont  que 
des  transformations  du  type  primitif,  qui  se  serait  modifié  à  mesure 
de  son  éloignement  de  son  centre  de  dispersion. 

33  —  H.  fœtidus  L.  —  AC.  Lieux  pierreux,  bords  des 
chemins,  sur  les  terrains  siliceux  mais  de  préférence  sur 
les  terrains  cale,  de  la  z.  subalp.,  où  il  s'élève  jusqu'à 
HOO™.  —  Mars-juin,  suivant  l'altitude. 

Cette  plante  et  la  précédente  sont  irritantes  et  déterminent  des 
entérites  quelquefois  mortelles. 

Isopyrum  L. 

34  —  I.  thalictroideum  L.  ;  Helleborus  thalictroideus  DC. 
—  AR.  Bords  des  ruisseaux  ombragés,  lieux  frais,  prairies 
des  terrains  granitiques,  dans  les  z.  inf.  et  subalp.  —  Avril- 
mai.  —  Allées  du  parc  d'Orgeix,  près  de  la  fontaine  (800m), 
abondant;  Orlu,  prairies  de  la  riv.  g.  de  l'Oriège  (820m); 
parc  de  la  forge  d'Orlu,  sous  le  canal  d'amenée  (940m)  ; 


1.  Revue  générale  de  botanique,  dirigée  par  M.  G.  Bonnier,  t.  J,  livraison  du 
15  décembre  1889,  p.  597  et  suiv. 


54  PLANTES  INDIGÈNES 

vallée  de  la  Lauze,  prairies  cTAscou  en  aval  du  pont  Subra 
(980m)  ;  bords  du  chemin  forestier  entre  le  col  d'En-Ferrié  et 
la  fontaine  du  Drazet  (1430m)  ;  fontaine  du  Drazet  (1460m). 

Aqullegla  L. 

35  —  A.  vulgaris  L. 

Sous  ce  nom,  les  anciens  botanistes  comprenaient  plusieurs 
plantes,  variables  dans  la  taille,  la  largeur  des  feuilles  radicales,  la 
grandeur  des  fleurs,  la  longueur  des  pétioles,  etc.;  aussi  Boreau  dans 
sa  Flore  du  Centre,  éd.  3, 1857,  p.  24,  Al.  Jordan  dans  seaDiagnoses 
d'esp.  nouv.,  1864,  pp.  83-87,  et  Timbal-Lagrave  dans  diverses  publi- 
cations1, ont-ils  décrit  comme  espèces  des  formes  démembrées  du 
type  A.  vulgaris,  après  les  avoir  soumises  à  des  essais  de  culture 
pendant  plusieurs  années.  Ces  formes  sont  énumérées  dans  un 
tableau  dichotomique  de  la  Flore  de  France  de  MM.  Rouy  et  Fouc, 
t.  I,  p.  124. 

Nous  avons  récolté  les  formes  suivantes  dans  notre  circonscrip- 
tion; elles  ne  sont  jamais  broutées  par  les  bestiaux. 

A.  nemorali8  Jord.  (pr.  .sp.)  Diagn.  p.  83.  —  C.  Bois  et 
prairies  des  terrains  granitiques  des  z.  inf.  et  subalp.,  — 
R.  dans  la  z.  alp.  —  Juin-août,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  15  localités)  ont  été  récoltés  de 
750m  (Ax,  bosquet  Clauselles,  sur  la  gare),  à  1880m  (la 
Malèze  sur  le  lac  de  Naguilles),  et  principalement  :  aux 
alentours  d' Ax  ;  aux  parcs  d'Orgeix  et  d'Orlu  ;  dans  le  vallon 
de  Montaud  ;  dans  le  bois  de  Fonfrède  de  Prades,  etc. 2 

D'après  Timbal-Lagrave  cette  plante  représente  VA.  vulgaris  de 
la  flore  du  bassin  sous-pyrénéen. 

A.  cyclophylla  Timb.  et  Jeanb.,  Massif  du  Llaur  en,  ti,  note  1, 
p.  363  du  tirage  à  part;  A.  alpina  Pourr.,  Itiner.  Pyr?^  non 


1.  Nous  citerons  :  Précis  des  herborisai,  faites  par  la  Soc.  d'hiat.  natur.  de  Tou- 
louse eu  1870,  impr.  eu  1871;  le  Massif  d'Arbas,  publié  en  1874;  le  Massif  du 
Llaurenti  publié  en  1875-1870,  et  tiré  à  part  en  1879  seulement. 

2.  Les  exemplaires  récoltés  jusqu'à  1887  inclusivement  ont  été  vérifiés  par 
Timbal-Lagrave  ;  ceux  récoltés  do  1888  à  1891  inclusivement,  vérifiés  par  MM.  Rouy 
et  Foucaud. 


DU   BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  55 

L.  nec  Lamk.  —  AR.  Pelouses  et  roch.  surtout  cale,  de  la 
z.  alp.  —  Juillet-août.  —  Croix  du  port  de  Paillères  (l920m)  ; 
sous  la  porteille  d'Orlu  (2 ISO™);  sous  la  por teille  de 
Baxouillade  (2i60m)  et  Roc-Blanc,  versant  d'Orlu  (2250m)1. 
M.  G.  Rouy  a  vérifié  nos  exemplaires,  en  1890,  lors  de  son 
court  séjour  à  Àx. 

Cette  forme  est  caractérisée  par  sa  petite  taille  (2  décim.),  ses  tiges 
rougeâtres,  grosses,  la  pubescence  tomenteuse  de  tous  ses  organes 
de  végétation,  ses  fleurs  petites,  à  éperon  sacciforme,  sensiblement 
pi  us  court  que  la  lame  des  pétales,  ses  capsules  petites  très  glandu- 
leuses atténuées  à  la  base,  et  par  ses  feuilles  inférieures  rondes  dans 
leur  contour  (inde  nomenj  à  lobes  profonds  et  dont  les  folioles  ont 
les  lobes  rapprochés.  C'est  l'espèce  commune  au  Canigou  (Rouy),  au 
Llaurenti  (Timbal). 

Delphinlum  L. 

36  —  D.  verdunenseBalb.  Cat.  hort.  taur.,  p.  31  (1813); 
D.  cardiopetalum  DC,  Syst.  I,  p.  347  (1818);  D.  Garumme 
LdL^.ySuppl.  Hist.  abr.  Pyr.,ip.  73(1818);  D.peregrinum Lamk. 
Dict.  II,  p.  264  et  auct.  mult.,  non  L.  —  Exsicc.  F.  Schultz, 
Herb.  norm.}  n°  1006  et  Soc.  dauph.,  n°9.  —  AR.  Champs  et 
moissons,  principalement  dans  les  terrains  calcaires  des 
z.  inf.  etsubalp.  — Juillet-août.  —  Chemin  de  Perles  à  Unac, 
champs  de  la  rive  droite  de  TAriège  (680"1)  ;  moissons  de 
Prades,  sous  le  chemin  de  la  Fajolle,  vers  le  bois  de  Font- 
.  frède,  abondant  de  1240m  à  1250m. 

Le  Dr  Puel  (Revis,  crit.  (ï.  du  Lot*)  après  avoir  fait  l'historique 
du  D.peregrinum  L.  plante  du  S.  de  l'Europe  (Italie,  Sicile,  Malte, 
Espagne)  et  établi  l'aire  géographique  du  D.  verdunense  Balb.  8 
s'étendant  seulement  dans  le  S.-O.  de  la  France  et  le  N.  de  l'Es- 


1.  Cette  dernière  localité  est  citée  par  MM.  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.%  1,  p.  12G, 
mais  il  faut  corriger  une  grossière  erreur  typographique  et  lire  :  Roc-Blanc,  ver- 
sant d'Orlu,  au  lieu  de  :  Roc-Blanc  versant  d'Arles. 

2.  Bull.  Soc.  bot.  de  Fr„  t.  VII  (1861),  pp.  203-209. 

3.  Ce  nom  a  été  donné  par  Balbis  en  1813  pour  un  Delphinium  récolté  par  le  bota- 
niste voyageur  Eraéric,  à  Verdun-sur-Garonne  (Tarn-et-Garonne),  chef-lieu  de  canton 
de  l'arrondissement  de  Castelsarrazin,  et  dont  le  jardin  botanique  de  Turin  avait 
reçu  des  graines. 


56  PLANTES  INDIGÈNES 

pagne,  a  observé  qu'elle  affecte  spécialement  les  terrains  calcaires  et 
de  préférence  le  calcaire  jurassique  ;  pour  l'Ariège,  ce  botaniste  cite 
les  localités  suivantes,  qui  nous  avoisinent  :  «  Mijanés  (F.  Petit), 
Quérigut  !  (Pourr.,  in  herb.  Mus.  par.  »  —  Les  fleurs  en  grappes 
plus  ou  moins  denses,  le  limbe  des  pétales  latéraux  cordé-orbicu- 
laire,  trois  fois  plus  court  que  l'onglet,  distinguent  nettement  le  D. 
vcrdunensc  du  D.  peregrinum  L.  qui  a,  au  contraire,  les  fleurs 
plus  ou  moins  lâches,  le  limbe  des  pétales  latéraux  atténué  vers  la 
base  et  une  fois  plus  court  que  l'onglet. 

Aconitum  L. 

37  —  A.  Anthora  L.  * 

Espèce  polymorphe  dont  nous  possédons  seulement  les  deux 
variétés  suivantes  : 

Var.  «  uulgare  Ser.,  Mus.  helv.  d'hist.  nat.^  I,  p.  130,  tab.  15, 
f.  1-3-4  et  47  ;  DC,  Prodr.  I,  p.  56  ;  Rchb.,  Monogr.  gen.  Acon. 
(1820),  p.  63,  et  le.  germ.,  IV,  f.  4711.  — Exsicc.  Soc.  dauph., 
n°  3174.  —  R.  Pelouses  sèches  et  rochers  cale,  ou  schist. 
desz.  subalp.  et  alp.  — Août-septembre.  —  Vallon  de  Bala- 
gués,  sur  Montaillou,  bords  du  ruisseau  (1550m);  versant 
oriental  du  port  de  Paillères,  sur  le  roc  de  l'Encladou 
(1890m). 

En  dehors  de  notre  circonscription  nous  l'avons  récoltée  aussi,  en 
Andorre  :  de  Saldeu  à  Canillo,  éboulis  cale,  du  chemin  (1630m)  et  dans 
les  Pyr.-Orient.  :  chemin  de  Porté  au  lac  de  Font- Vive  (1700m). 

Var.  p  Jacquinianum.  Ser. ,loc.  cit.,  p.  131  ;  A.  AnthoraJacq., 
FI.  austr.  te,  tab.  382;  A.  Jacquinii  Rchb.,  Monogr.,  p.  66, 
tab.  2,  et /c.^rm.,  IV,  f.  4711  7. — Exsicc.  Reliq.  Maill., n°913. 
—  AC.  Même  habitat  et  mômes  zones  que  la  variété  pré- 
cédente. 


t.  Cetto  plante  acre  et  caustique  ne  perd  pas  entièrement  ses  propriétés  véné- 
neuses par  la  dessiccation  ;  ses  tubercules  très  dangereux  pour  le  bétail  doivent  leur 
activité  à  un  alcaloïde  puissant,  Vaconitine,  que  l'on  retrouve  également  dans  les 
autres  Aconits  de  nos  montagnes  et  dont  l'emploi  comme  calmant  et  narcotique, 
en  médecine,  est  fréquent  contre  les  rhumatismes,  les  paralysies,  les  névralgies, 
les  maladies  de  la  peau,  etc. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  57 

Pelouses  cale,  sous  le  col  de  Rieufrède  (1550m);  pelouses 
du  bac  de  Jacob,  sur  le  bois  de  Mateliave  (1580œ)  et  pel.  du 
col  de  Rieufrède  (i600ra)  ;  coi  des  Sept-Fonts  (1750ra);  sous 
le  pic  de  Pénédis,  vers  le  Roc  de  la  Llisse  (1760ra)  ;  éboulis 
cale,  du  Roc  des  Scaramus  (1780m),  versant  de  l'Ourza; 
versant  occidental  du  port  de  Paillères  (1900m)  et  pel.  cal. 
de  la  croix  de  Paillères  (1920m),  etc. 

Cette  variété  diffère,  à  première  vue,  de  la  précédente,  par  ses 
feuilles  à  divisions  plus  fines  et  ses  fleurs  plus  grandes,  presque 
glabres. 

38  —  A.  Lycoctonum  L.  var.  Lamarckii  Rchb.,  lllustr. 
gen.  Aconiti  atque  Delph.  (1823-1827),  tab.  55,  et  le.  germ., 
IV,  f.  4681  b.  (sub.  A.  ranunculifolium  Rchb);  A.  pyrenai- 
cum Lamk.  Dict.  1,  p.  33  (non  L.  spec.  751).  — Exsicc.  Bour- 
geau,  PL  pyr.  e$pagn.y  n°  91.  —  C.  Bois,  prairies,  pelouses 
des  z.  subalp.  et  alp.  —  Juillet-septembre;  quelquefois  sur 
le  calcaire. 

Nos  exemplaires  (plus  de  25  localités)  ont  été  récoltés  de 
1080m  (vallée  de  l'Oriège,  prairies  du  Bisp,  à  la  base  du 
pic  de  Brasseil),  à  2405m  (jonction  des  7  sources  de  l'Ariège), 
et  principalement  :  à  la  fontaine  du  Drazet  et  au  bois  de 
ce  nom  ;  dans  les  prairies  de  THospitalet,  sur  le  pont  Cerda  ; 
à  la  Soulane  d'Andorre;  à  Puymaurens;  dans  les  Vaillettes 
des  Padrons;  dans  la  vallée  latérale  d'Orgeix,  etc. 

Bentham  (Cat.  pi.  indig.  Pyr.,  p.  57)  et  Zetterstedt  (PL  vase.  Pyr. 
princ.f  p.  il)  prétendent  n'avoir  observé  dans  les  Pyrénées  que  la 
var.  pyrenaicum  Ser.  in  DC.  Prodr.  (A.  pyrenaicum  Lamk)  qui  se 
distingue  de  l'A.  Lycoctonum  L.  par  ses  fleurs  d'un  jaune  vif  dis- 
posées en  grappe  allongée  velue,  à  poils  jaunâtres,  par  ses  feuilles 
très  charnues  recouvertes  d'un  duvet  de  poils  d'un  blano  jaune,  etc. 

Malgré  nos  recherches,  nous  n'avons  pas  rencontré  dans  notre 
circonscription  la  var.  pyrenaicum  L.  (pr.  specie),  Spec.pL,  p.  751 
non  Willd.  nec  Lamk  ;  Rchb.  loc.  cit.,  tab.  48  et  Icon.  germ.,  IV, 
f.  4678.  Elle  est  indiquée  par  MM.  Rouy  etFouc,  Fl.de  Fr.,  I,  p.  139 
«  dans  toute  la  chaîne  des  Pyrénées  »;  cette  indication,  qui  nous 
paraît  erronée,  a  dû  ôtre  reproduite  d'après  Grenier  et  Godron,  FL 


58  PLANTES  INDIGÈNES 

deFr.,  I,  p.  50.  D'après  la  fig.  citée  des  Icônes  de  Reichenbach  (que 
nous  possédons),  VA.  pyrenaicum  L.  et  Lamk.  (sic)  diffère,  au  pre- 
mier aspect,  de  la  var.  Lamarckii  Rchb.,  par  ses  fleurs  plus  petites, 
à  éperon  moins  arqué,  disposées  en  panicule  rameuse  étalée,  et  par 
ses  feuilles  moins  découpées  et  très  velues.  C'est,  selon  nous,  une 
simple  forme  de  TA.  Lycoctonum. 

Comme  ses  congénères,  l'Aconit  tue-loup  a  des  propriétés 
toxiques  et  il  est  ordinairement  respecté  par  le  bétail. 

39  -  A.  NapeUus  L. 

Espèce  très  polymorphe  comprenant  un  grand  nombre  de  varia- 
tions et  présentant  dans  notre  circonscription,  la  seule  sous-espèce 
suivante  :  ■ 

Subspec.  A.  uulgare  DC.,  Syst.,  I,  1818,  p.  371;  Bor.,  FI. 
du  Cent.,  éd.  3,  1857,  p.  26  (pr.  specie).  Nous  possédons  les 
cinq  variétés  suivantes,  bien  décrites  par  MM.  Rouy  et 
Fouc,  FI.  de  Fr.}  I,  pp.  142-143  : 

a  Lobelianum  Rchb.,  Illustr.  (loc.  cit.),  tab.  2,  f.  3  ;  A.  Napel- 
lus  L.  var.  capsiriense  Timb.,  in  le  Capsir,  p.  51.  —  Exsicc. 
Reverchon,  PL  de  Corse,  n°  202.  —  AR.  Prairies  et  pentes 
herbeuses  des  z.  subalp.  et  alp.  —  Juillet-août.  —  RR.  dans 
la  z.  niv.  —  Août.  —  Vallée  de  la  Lauze,  prairies  de  Mont- 
mija  (1400m)  ;  pelouses  au  S.-E.  du  col  del  Pradel  (1680M)  ; 
jasse  du  lac  de  Naguilles  (1860m)  ;  Coume  de  Paraou  (1900m)  ; 
versant  occidental  du  pic  de  Coume-d'Or  (2700"). 

Nous  l'avons  aussi  récoltée  en  Andorre  et  dans  les  Pyr. -Orient.,  sur 
les  limites  de  notre  florule. 

p  compactum  Rchb.,  Illustr.,  tab.  2,  fig.  1  et  2.  —  A. 
NapeUus  var.  p.  Vill  ;  A.  NapeUus  DC. ,  FI.  fr.y  IV,  p.  917.  — 
Exsicc.  Billot,  n°  503.  —  CC.  Pelouses  et  pâturages  des 
z.  subalp.  et  alp.  —  Juin-août. 


1.  Nous  ne  possédons  aucune  variété,  ni  aucune  forme  de  la  sous-espèce  A. 
pyramidale  (Mill?)  Rchb.  {pr.  spec);  A.  NapeUus  Bor.,  FI.  du  Cent.,  éd.  3,  p.  26 
et  L.  Spec.  751  ex  descript.)  qui  est  spéciale  aux  plaines  et  aux  basses  montagnes 
de  la  France  et  n'a  pas  été  signalée  jusqu'à  ce  jour  dans  les  Pyrénées. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  59 

Nos  exemplaires  (plus  de  20  localités)  ont  été  récoltés  de 
1470™  (versant  oriental  du  col  de  Peyreblanque,  sur  le 
Drazet),  à  2270m  (vallon  del  Baladra,  jasse  des  Padrons  d'en 
haut.) 

y  multifldum  Koch,  ap.  Rchb.,  lllustr.,  tab.  70,  et  le.  germ. , 
IV,  t.  90,  f.  4696.  —  C.  Même  habitat  et  mêmes  zones  que 
la  var.  précédente.  —  Juin-septembre. 

Nos  exemplaires  (18  localités)  ont  été  récoltés  de  1460m 
(environs  de  la  fontaine  du  Drazet),  à  2375m  (pelouses  de  la 
fontaine  del  Maya,  sur  la  Soulane  d'Andorre). 

Le  23  août  1894,  nous  avons  récolté  des  échantillons  à/7,  blanches 
et  à  fl.  lilas,  de  cette  variété,  sur  les  pelouses  près  de  la  cabane  de 
las  Passadères,  au  val  de  Campcardos  (Pyr.-Orient.).Timbal-Lagrave 
avait  déjà  signalé  dans  les  Pyrénées  V Aconit  napel  à  fleurs  blanches 
et  môme  à  fl.  panachées  de  blanc  ou  de  jaune;  la  couleur  la  plus 
habituelle  est  le  bleu  d'azur. 

a  Schleicheri  Rchb.,  Illustr.,  tab.  1  ;  A.  tauricum  Schleich., 
Cat.  pi.  helv.%  p.  5,  non  Wulf.  —  RR.  Pelouses  sèches  de 
la  z.  alp.  —  Août-septembre.  —  Vallon  de  Saint-Joseph, 
jasse  de  Baquemorte  (1770°)  ;  versant  oriental  du  pic  de 
Serembarre  (1820m). 

t  Iuxurian8 Rchb., Illustr.,  tab. 2;  4.  Napellusv&r. bracteatum 
Lamotte,  Prodr.  fl.  plat,  cent.,  p.  58.  —  AR.  Lieux  boisés  et 
humides,  pelouses  des  z.  subalp.  et  alpine.  —  Août-octobre. 
Bois  des  Gouttines  (1440m)  et  fontaine  du  Drazet  (1460*); 
bois  du  bac  de  Jacob  (I550m)  ;  vallée  des  Bésines  :  jasse  du 
Pla  (1990m)  et  pelouses  près  de  la  cascade  du  clôt  dels 
Pujols  (2150ra). 

D'après  Lamotte,  loc.  cit.,  cette  variété  est  ainsi  caractérisée  : 
«  plante  plus  robuste,  rameuse  et  munie  de  longues  bractées  folia- 
cées presque  jusqu'au  sommet  de  l'épi.  » 

Nota.  —  L'Aconit  napel  (la  toro  de  nos  paysans)  est  un  poison 
narcotico-âcre,  dangereux  pour  les  animaux  qui  pâturent  sur  nos 
montagnes.  Des  empoisonnements  ont  été  occasionnés  par  du  miel 
provenant  d'abeilles  qui  avaient  butiné  sur  ses  fleurs . 


60  PLANTES  INDIGÈNES 

Espèces  à  rechercher  ou  à  exclure. 

Picot  de  Lapeyrouse  est  le  seul  botaniste,  à  notre  connaissance, 
qui  ait  indûment  signalé  quelques  Renonculacées  dans  plusieurs  loca- 
lités du  bassin  de  la  haute  Ariège/En  voici  l'énumération,  suivie  de 
nos  observations  critiques,  et  d'après  l'Histoire  abrégée  des  plantes 
des  Pyrénées  de  cet  auteur. 

(P.  304  de  VHist.  abr.  Pyr.}.  Delphinlum  Consolida  L....  «  vulgaire 
dans  les  récoltes  à  Ax.  »  C'est  une  plante  des  régions  basses  et  cal- 
caires qui  ne  croît  pas  à  Ax. 

(P.  305,  loc.  cit.)  Aconltum  neomontanum  Koelle «  au  port 

de  Paillères,  à  la  Soutane.  »  Simple  forme  pubescente,  de  VA.  Napel- 
lus,  que  l'on  rencontre  dans  les  lieux  secs,  suivant  DC,  FI.  fr.y  t.  V, 
éd.  3,  p.  642,  qui  lui  donne  comme  synonyme^,  tauricum  Schleich., 
PL  exsicc,  non  Wulf.  ;  Lapeyrouse  (op.  cit.,  p.  306)  dit  d'ailleurs 
que  cette  plante  est  «  bien  voisine  de  l'A.  Napellus  ». 

(P.  306,  loc.  cit.)  Aquilegia  alpina  L «  à  Orlu  ».  Cette  espèce 

manque  dans  notre  circonscription  florale,  où  elle  est  remplacée  par 
\'Aq.  cyclophylla  Timb.  récolté  par  nous  dans  quelques  localités 
alpines  de  la  vallée  d'Orlu,  de  2150m  à  2250m  d'alt. 

(P.  308,  loc.  cit.)  Anémone  alpina  L.  var.  ]9  major  Lamk «  au 

port  de  Paillères,  à  la  Soutane »  Confondu  avec  VA.  sulphurea  L. 

(4.  apiifolia  Scop.,  Wulf.). 

(P.   313,  loc.   cit.)  Ranunculus  gramlueus  L «  au  pied  de 

Paillères  ».  Espèce  des  basses  montagnes  et  de  la  plaine,  confondue 
avec  une  forme  luxuriante  du  R.  Flammula,  suivant  Timbal-Lagrave, 
(Massif  du  Llaurenti,  p.  345  du  tirage  à  part).  Le  R.  gramineus  vai- 
nement cherché  par  nous  à  la  localité  indiquée  par  Lapeyrouse  est 
très  rare  dans  les  Pyrénées;  nous  le  possédons  en  herbier  des  pentes 
sèches  du  pech  calcaire  de  Montgaillard  près  de  Foix  (Ariège),  où 
notre  zélé  collègue  M.  H.  Guilhot  l'a  récolté,  le  25  juin  4891,  à  600» 
d'alt.  environ. 

(P.  317,  loc.  cit.).  R.  heterophyllus  La  p.  var.  ininor «  hPail- 

lèrou  »  (sommet  de  Paillères).  C'est  une  forme  exiguë  du  R.  platani- 
folius  L.,  sans  aucune  permanence. 

Famille  IL  —  PAPAVÉRACÉES. 
Papaver  (Tourn.)  L. 

40  —  P.  Rhaeas  L.  (sensu  lato).  — CC.  Champs,  moissons 
et  lieux  cultivés  de  la  z.  inf.  —  AR.  dans  la  z.  subalp.  — 
Mai-septembre,  suivant  l'altitude. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  61 

Plante  ubiquiste  et  très  polymorphe  dont  les  pétales  se  recouvrent 
largement  l'un  l'autre,  et  plus  larges  que  longs,  passent  à  toutes  les 
nuances  du  rousse  au  rose  et  même  au  bleu;  la  forme  de  la  capsule 
varie  aussi  beaucoup  ;  les  feuilles  tantôt  vertes,  tantôt  glaucescentes 
ou  glauques,  sont  divisées  en  lobes  courts  et  larges,  ou  longs  et 
étroits,  dentés  ou  incisés,  etc.  C'est  sur  ces  variations  diverses  qu'ont 
été  établies  plusieurs  variétés  et  formes  élevées  môme  au  rang 
d'espèces  par  quelques  auteurs.  Voici  l'énumération  de  celles  que 
Ton  rencontre  le  plus  ordinairement  dans  nos  moissons  : 

Var.  *  Rhœas  L.  (pr.  sp.)t  P.  céréale  Jord.  ;  —  var.  /3  strigosuni 
Bœnnisrh  (pr.  var.),  P.  rusticum  Jord.  ;  —  var.  y  pallldum  G.  et  G., 
P.  uniflorum  Balb.;  var.  &  veslltum  Gr.  etGodr.  et  les  deux  formes 
suivantes  :  P.  Intermedlum  Beck.  (pr.  sp.)>  P.  Dodonœi *  Timb.- 
Lagr.  ;  P.  erraticum  Jord.  (pr.  spec),  P.  Fuchsii*  Timb. 

En  résumé  le  P.  Rhœas  L.  et  Auct.  comprend,  d'après  Jordan  et 
Timbal-Lagrave,  un  groupe  d'espèces  affines  et  très  nombreuses, 
qu'on  doit  selon  nous,  considérer  comme  de  simples  formes,  vu  la 
difficulté  que  le  botaniste  éprouve  à  les  différencier.  Le  type  d'où 
sont  dérivées  toutes  ces  formes,  aurait  été  apporté,  d'après  Alph.  de 
Candolle  3,  de  la  Grèce  en  France,  en  même  temps  que  d'autres 
plantes  messicoles  introduites  avec  la  culture  des  céréales. 

C'est  une  plante  sédative  et  narcotique  dont  les  fleurs  sont  usitées 
comme  pectorales  et  diaphorétiques. 

41  —  P.  dubium  L.,  P.  Ixvigatum  Rchb.  ;  P.  LamoUei 
Bor.  —  CC.  Champs,  moissons  des  terrains  siliceux  et 
calcaires,  dans  les  mêmes  zones  que  le  P.  Rhœas  L.,  jusqu'à 
la  limite  de  la  culture  des  céréales.  —  Mai-août. 

Au  groupe  spécifique  complexe  du  P.  dubium  L.  et  auct.  les  par- 
tisans de  l'école  mulliplicatrice,  surtout  Jordan 4  et  Boreau  5,  ont 
rattaché  diverses  formes  et  variétés,  considérées  par  eux  comme 


1.  Ainsi  nommé  de  Rembert  Dodoëns  ou  Dodonams,  botaniste  hollandais  du 
seizième  siècle,  auteur  des  Slirpium  Historiée  Pemptades  sex,  in- fol.  .Anvers,  1583, 
où  ce  pavot  est  mentionné  à  la  page  477  du  chap.  12,  sous  le  nom  de  P.  erraticum. 

2.  Du  nom  de  Fuchsius  (Léonhard  Fuchs),  botaniste  allemand,  auteur  d'un  IJist. 
Stirp.  commentât ii  insignes,  etc.,  1  vol.  in-fol.,  1542.  Ce  pavot  est  mentionné  sous 
le  nom  de  P.  erraticum  alterum  à  la  page  51 G  de  cet  ouvrage,  cum  icône. 

Z.Géogr.  botanique  raisonnée.  1855. 

4.  Surtout  dans  le  Pugill.  pi.  nov.,  1852,  le  Breviarium  pi.  nov.,  !•'  fasc,  1806, 
et  les  Icônes  ad  (l.  Europe  I,  1866,  ces  deux  derniers  en  collaboration  do  J.  Four- 
reau. 

5.  Principalement  dans  la  Flore  du  Centre  de  /a  France,  3*  édition,  1857. 


62  PLANTES  INDIGÈNES 

espèces.  Parmi  celles  que  nous  avons  observées  dans  notre  région 
nous  citerons  les  trois  formes  suivantes  :  P.  modes  tu  m  Jord.  (pr. 
spec);  P.  collinum  Bogenh.  (pr.  spec),  P.  dubium  Rchb.  non  L!; 
P.  Lecoqull  Lamotte  (pr.  specie). 

42  —  P.  Argemone  L.  —  C.  Moissons,  champs,  bords 
des  chemins,  sur  tous  les  terrains,  dans  les  mêmes  zones 
que  les  P.  Rh<vas  et  dubium.  —  Mai-juillet,  suivant  l'alti- 
tude. 

06s.  Nous  l'avons  récolté  jusqu'à  4250"  d'alt.  dans  les  moissons  de 
Frades.  Une  var.  glabrum  Koch,  a  la  capsule  glabre,  mais  il  ne  faut 
pas  la  confondre  avec  les  formes  du  P.  dubium  qui  s'en  éloignent 
par  les  filets  des  étamines  non  dilatés  à  la  base. 

43  —  P.  alpinum  L.  var.  flauiflorum  G.  et  G.  (1848); 
P.  pyrenaicum  Willd.  (1809);  P.  aurantiacum  Lois  (1806); 
P.  suaveolens  Lap.  (1818).  —  Rchb.  le.  germ.,  III,  tab.  13, 
fig.  4472.  —  Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  2130  !  —  RR.  Rocailles 
schisteuses  de  la  z.  niv.  —  Juillet-août.  — Éboulis  schisteux 
du  pic  de  la  mine  de  Puymaurens  (2600m),  près  du  sommet, 
22  août  1892,  legit  Guûhotl 

Dans  notre  Catal.  gèn.  des  phanèrog.,  etc.,  récoltées  pendant  la 
session  d'Ax-les-Thermes  (août  1892)  et  publié  dans  la  Revue  de 
Botanique,  t.  XII,  1894,  nous  avons  oublié  de  mentionner  à  la  page 
326  (p.  88  du  tirage  à  part),  cette  rarissime  plante,  l'un  des  bijoux  de 
la  haute  montagne.  Notre  zélé  collègue  et  ami,  M.  H.  Guilhot,  en 
compagnie  de  M.  le  Dr  Gillot,  d'Autun,  la  récoltait  à  la  localité 
ci-dessus  indiquée,  pendant  que  nous  explorions  les  alentours  de  la 
mine  de  Puymaurens.  Nous  la  possédions  déjà  des  éboulis  du  pic  de 
Carlitte  (Pyr. -Orient.)  où  nous  avions  eu  le  plaisir  de  la  récolter  le 
30  juillet  1888,  à  une  semblable  altitude,  2600m,  qu'elle  affectionne 
particulièrement.  Dans  les  Pyrénées,  cette  plante  a  été  signalée  : 
1°  à  Cambredases,  au  Mail  de  Cristal,  au  pic  du  Midi,  à  Endretlis,  au 
Marboré  et  au  sommet  du  port  de  Plan,  par  Lapeyrouse  (Hist.  abr. 
pi.  Pyr. ,  p.  296;  2° aux  quatre  dernières  de  ces  localités,  par  Zetterstedt 
(PI.  vascul.  Pyr.  prtnc.,p.  12), d'après  Lapeyrouse;  3°  au  puy  de  Pri- 
£ue,  au  Carlitte  (Pyr.-Orient.),  à  Castanèze,  à  Malibierne(Pyr.  arago- 
naises)  par  Timbal-Lagrave  et  Jeanbernat  (Massif  du  Llaurenti, 
p.  348  du  tirage  à  part)  ;  4°  sur  les  granités  et  les  schistes  décomposés 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉOE.  63 

de  la  région  alp.  sup.  de  la  chaîne  frontière  des  Pyr. -Orient,  et  de 
l'Espagne,  entre  la  vallée  de  Mantet  et  celle  d'Err,  et  au  pic  de  Car- 
litte,  etc., par  M.  G.  Gautier (Cat.  rais,  de  la  fi.  des  Pyr.  orient.,  p.  72). 
Elle  descend  rarement  au-dessous  de  2600  mètres  et  sa  fleur  jaune 
devient  orangée  par  la  dessiccation.  4 

Meoonopsls  Viguier. 

44  —  M.  cambrica  Vig.  Dissert.,  p.  48,  fig.  3;  Papaver 
cambricum  L.  —  AC.  Bois  et  lieux  ombragés  de  la  z. 
subalp.  —  Descend  rarement  clans  la  z.  inf.  —  Fin  juin  à 
août,  suiv.  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  12  localités)  ont  été  récoltés  de 
640™  (parc  de  l'ancien  château  du  Castelet,  près  de  la  vanne, 
i  la  sortie  du  canal  couvert),  à  1475m  (bois  du  Drazet)  et 
principalement  :  dans  les  prairies  du  Bisp  d'Orlu;  dans  le 
vallon  de  Montaud  ;  sur  les  bords  du  chemin  forestier  du 
bac  du  Llata;  dans  le  vallon  del  Pradel;  dans  le  bois  des 
Gouttines,  etc.  * 

Lapeyrouse  (Hist.  abr.  pi.  Pyr.,  p.  297)  l'indique  entre  autres  loca- 
lités pyrénéennes  <*  à  la  dent  d'Orlu  »  et  Grenier  et  Godron  (FI.  de 
Fr.  I,  p.  60),  l'indiquent  «  au  port  de  Paillères.  »  Malgré  nos 
recherches,  nous  n'avons  pu  découvrir  cette  plante  aux  localités 
ci-dessus  désignées  et  beaucoup  trop  alpines  selon  nous  pour  qu'elle 
y  croisse,  car  elle  n'atteint  môme  pas,  dans  notre  circonscription, 
1500»  d'altitude  ! 

Ghelldonlum  (Tournef.)  L. 

45  —  C.  majus  L.  —  CC.  Murs  des  jardins,  décombres, 
lieux  pierreux  et  humides,  aux  environs  d'Ax-les-Thermes. 
—  Avril-septembre.  S'élève  rarement  dans  la  z.  subalp. 

Son  suc  gommo-réstneux  et  caustique  a  une  réputation  exagérée 
contre  les  verrues,  chez  nos  paysans.  La  décoction  de  ses  feuilles 
est  quelquefois  utilisée  dans  les  maladies  de  peau  et  dans  la  jaunisse. 


I.  D'après  M.  H.  Correvon,  directeur  du  Jardin  alpin  d'acclimatation  de  Genève 
[Flore  coloriée  de  poche  a  l'usage  du  touriste  dans  les  montagnes  de  la  Suisse,  de 
la  Savoie,  du  Dauphiné,  des  Pyrénées,  etc.  avec  144  pi.  coloriées,  I  vol.  in-1 2, 1894), 
cette  jolie  plante  est,  parait-il,  Tune  des  plus  faciles  à  cultiver  dans  les  jardins. 


6i  PLANTES  INDIGÈNES 

Famille  III.  —  FUMARIÀCÉE3. 
Fnmarla  (Toarn.  pr.  p.\  L. 

46  —  F.  officinal!*  L.  —  CC.  Champs  et  lieux  cultivés, 
murs,  décombres,  sur  tous  les  terrains  de  la  zone  inf.,  mais 
de  préférence  sur  le  calcaire.  —  Mai-septembre. 

Var.  pdensiflora  Pari,  non  DC:  var.  floribunda  Koch.  ; 
var.  pycnantha  Loret  et  Barr.  —  AC.  Terrains  calcaires, 
murs  bâtis  à  pierre  et  chaux  dans  les  zones  inf.  et  subalp. 
—  Juin-août.  —  Ax,  murs  du  jardin  Duran,  derrière  les 
thermes  du  Couloubret  [H0m);  champs  de  Prades  vers 
Cornus  ■'1230wj  et  sous  le  chemin  du  bois  de  Fontfrède 
(1250*;  ;  champs  de  la  Bouyche,  sur  Montaillou  (1380*),  etc. 

On  la  distingue  du  type  par  ses  tiges  plus  fermes  et  non  diffuses, 
ses  feuilles  à  pétiole  assez  rigide,  non  ou  à  peine  contourné-accro- 
chant,  ses  fleurs  d'un  pourpre  foncé,  nombreuses  et  en  grappes  denses. 

Les  paysans  emploient  comme  technique  et  dépuratif  le  suc  acre 
de  la  fumeterre  officinale,  dans  les  affections  scrofuleuses,  dar- 
treuses,  la  jaunisse,  le  traitement  de  la  gale ,  etc. 

Corydallls*  DC. 

47  —  C.  solida  Swartz  (1819);  Smith  (1825);  C.  bulbosa 
DC.  (1805)  non  Pers.;  Fumaria  solida  Ehrh.  (1791). 

Cette  espèce  présente  plusieurs  variétés,  mais  nous  ne  possédons 
que  la  suivante,  correspondant  au  type  et  caractérisée  par  ses 
bractées  profondément  incisées-digitées. 

Var.  adigitata  F.  Schultz,  Arch.de  fl.  deFr.  et  d' AIL,  p.  53 
et  Exsicc.  fl.  galL  et  germ.,  n°  4  ;  —  C.  digitata  Pers.,  Syn.  2, 
(1807),  p.  269.  —  AC.  Prairies,  bois,  taillis  des  z.  inf.  et 
subalp.  —  Avril-juillet,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  10  localités)  ont  été  récoltés 
do  725fn  (Ax,  parc  de  THorte)  à  1670m  (pelouses  sous  les 
éboulis  cale,  du  roc  des  Scaramus,  versant   de  TOurza, 


1.  A  l'exemple  do  MM.  Rouy  et  Foucaud,  Fl.  de  Fr.t  I,  p.  xm  (Introduction)  et 
p.  184,  nous  écrivons  Corydallis  et  non  Corydâlis. 


DU   BASSIN   DE  LA   HAUTE  ARIÈf.E.  65 

principalement  :  au  parc  d'Orgeix;  dans  les  prairies  d'Orlu; 

dans  la  vallée  latérale  d'Orgeix  ;  dans  le  bois  de  la  Venne 

de  Prades,  etc. 

Ses  tubercules  ont  une  matière  amylacée  chargée  d'un  principe 
acre  qui  ne  disparaît  pas  par  la  cuisson. 

48  —  C.  claviculata  DC .  ;  Fumaria  claviculata  L. — Exsicc. 

Soc.  dauph.,  n°  1080.  —  RR.  Rochers  et  éboulis  des  terrains 

granitiques,  dans  la  zone  subalp.  —  Juillet.  —  Éboulis  du  Roc 

de  la  Spélugue  (1080ra),  au  quartier  d'Aiguebonne,  sur  la 

route  d'Espagne. 

Plante  très  rare  dans  la  région  pyrénéenne,  et  qui  n'a  été  rencontrée 
jusqu'à  ce  jour  que  dans  les  Pyr. -Orient.  :  «  taillis  sous  le  pic  de 
Madrés  en  descendant  au  bord  de  l'Aiguette  »,  d'après  Timbal- 
Lagrave  et  Jeanbernat  [le  Capsir,  p.  63),  et  dans  l'Ariège,  «  aux  envi- 
rons de  Foix  »,  d'après  Galissier. 

Bentham  (Cat.  pi.  Pyr.,  p.  73)  l'indique  dans  les  Pyr.-Orient.  mais 
sans  citer  une  localité.  D'autres  botanistes  pyrénéens,  Lapeyrouse, 
J.  Oay,  Zetterstedt,  etc.,  ne  la  mentionnent  pas  dans  leurs  ouvrages. 
Pourret  dit  l'avoir  vue  à  Quérigut  dans  le  Donnézan,  mais  il  paraît 
que  la  plante  inscrite  sous  ce  nom  dans  l'herbier  de  ce  botaniste 
conservé  au  Muséum  d'histoire  naturelle  n'est  autre,  d'après  M.  G. 
Gautier,  que  le  Fumaria  parviflora  Lamk. 

Companyo,  dans  son  Hist.  nat.  des  Pyr.-Orient.,  prétend  qu'elle 
habite  les  environs  de  Canet,  la  vallée  du  Réart  et  le  plateau  des 
Aspres.  Ces  indications  paraissent  fantaisistes,  puisque  aucun  bota- 
niste n'a  pu  retrouver  le  Corydalis  claviculata  aux  localités  sus- 
nommées. On  sait,  d'ailleurs,  comme  le  font  justement  remarquer 
Timbal  et  Jeanbernat  (loc.  çit.),\e  peu  de  créance  qu'il  faut  accorder 
aux  renseignements  fournis  par  Companyo. 

Fam.  IV.  —  CRUCIFÈRES  ou  CRUCIACÉES.  4 

Tribu  1 .  —  Arabidées  DC. 

Chelranthus  L.  (ex.  p.)  R.  Brown. 

C.  fruticulosus  L.  —  CC.  Vieux  murs  et  parfois  rochers 
voisins  des  habitations,  aux  environs  d'Ax.  —  Mars-mai. 

1.  La  dénomination  de  Cruciacée$  a  l'inconvénient  do  pouvoir  tout  aussi  bien 
s'appliquer  aux  Rubiacées(Ga/ium  cniciàta  L.). 

TOME  XIII.  5 


66  PLANTES  INDIGÈNES 

Nous  n'avons  pas  numéroté,  aveo  intention,  cette  plante  d'un  indi- 
génat  très  douteux  et  qui  est  naturalisée  dans  presque  toute  la 
France.  D'après  Aiph.  de  Candolle  (Gèogr.  bot.  raisonnèe,  1855, 
p.  651),  elle  est  originaire  de  la  Grèce.  Elle  se  distingue  du  Ch. 
Cheiri  L.,  suivant  Lamotte  (Prodr.  fi.  pi.  centr.  Fr.y  I,  p.  70),  par  ses 
fleurs  plus  petites,  toujours  d'un  jaune  uniforme  et  non  veinées,  ses 
feuilles  plus  étroites  et  plus  blanches  en  dessous. 

Barbarea 4  R.  Br. 

49  —  B.  vulgaris  R.  Br.  ;  Erysimum  Barbarea  L.  —  C. 
Prairies,  lieux  ombragés  et  humides  dans  les  z.  inf.  et 
subalp.  —  Mai-juillet. 

Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  800m  (prairies  du 
parc  d'Orgeix),  à  1760™  (jasse  de  TOrryot,  sous  le  lac  de 
Naguilles). 

Cette  plante,  qui  varie  beaucoup  pour  la  direction  des  siliques, 
possède  une  forme  ombreuse  :  le  B.  arcuata  Rchb.  (pr.  sp.),  Bot.  zeit. 
(1820)  et  le.  germ.,  II,  f.  4357,  reliée  au  type  par  tous  les  intermé- 
diaires possibles  ;  elle  s'en  distingue  à  peine  par  ses  siliques  arquées 
dans  leur  jeunesse,  puis  étalées  et  en  grappes  plus  lâches.  Les 
caractères  donnés  par  quelques  auteurs  pour  les  feuilles  de  cette 
forme  n'ont  point  de  constance. 

La  Barbarée  vulgaire  n'est  point  recherchée  par  les  animaux  à 
cause  de  son  amertume;  elle  est  antiscorbutique  et  ses  feuilles, 
macérées  dans  l'huile,  forment  un  baume  pour  les  blessures. 

50  —  B.  intermedia  Boreau,  FI.  du  Cent,.,  éd.  1  (1840), 
p. 48,  et  éd.  3  (1857), p.  40;  B.  sicula  G.  G.,  Fl.de  fr.,I,p.92, 
non  Presl2,  sec.  Jord.,  Diagn.,  p.  106;  F.  Schultz,  Herb.  norm., 
n°  212  et  bis.  —  O.  Lieux  humides  des  z.  inf.  et  subalp. 
R.  dans  la  z.  alp.  —  Mai-septembre,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  12  localités)  ont  été  récoltés  de 
675m  (prairies  humides  de  Savignac),  à  2140m  (éboulis  près 
de  la  caserne  des  mineurs  de  Puymaurens). 

1.  Tous  nos  exemplaires  du  genre  Barbarea  ont  été  revus  en  août  1897  par  M.  J. 
Foucaud. 

2.  Le  Barbarea  sicula  Presl,  Del.  Prag.,  p.  17,  d'après  MM.  Rouy  et  Foucaud  [FI. 
de  Fr.%  I,  p.  199),  est  une  espèce  exclusive  à  la  Corse  et  à  l'Italie  (Calabre,  Sicile) 
et  à  l'Asie  Mineure. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  67 

Notre  type  correspond  à  la  var.  erecfaRouy  et  Fouc,  Fl.  de  Fr., 

1,  p.  200,  à  siliques  dressées. 

Var.  pfallax.  Loret  et  Barrandon,  Fl.  de  Montpell.,  éd.  1, 
p.  42  (exclud.  synom.);  siliques  étalées.  Récoltée  par  nous, 
dans  les  pelouses  sur  la  caserne  des  mineurs  de  Puymau- 
rens,  à  2180m  d'alt,  le  8  août  1889. 

Loret  dans  ses  Glanes  d'un  botaniste  (Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.9  VI, 
(1859),  p.  90)  indique  le  B.inter média  Bor.  récolté  par  lui  «  en  juillet 
et  août  1858  à  l'Hospitalet  et  à  Mérens  »,  mais  il  a  confondu  sous  le 
nom  de  B.  sicula  la  plante  de  Presl  ?  avec  celle  décrite  par  Grenier 
et  Godron,  et  il  l'indique,  entre  autres  localités,  à  Prades-de-Mon- 
taillou  (Ariège),  fin  juillet  1858  !,  en  ajoutant  la  phrase  suivante  :  «  Les 
plantes  de  ces  diverses  localités  sont  identiques  avec  celles  que  j'ai 
recueillies  dans  les  fossés  de  la  citadelle  de  Mont-Louis  (Pyr.-Or.), 
où  Ton  signale  le  B.  sicula.  »  Loret  a  rectifié  son  opinion  sur  cette 
espèce,  dans  ses  Notes  sur  plusieurs  plantes  nouv.  pour  la  fl.  de 
Montpell.  et  de  V Hérault,  et  a  fait  justement  remarquer  «  que  le  B. 
intermedia  Bor.  varie  à  siliques  appliquées  ou  étalées,  comme  dans 
la  plupart  des  espèces  du  genre,  et  ne  lui  parait  pas  différer  aujour- 
d'hui spécifiquement  du  B.  sicula  Gr.  et  Godr.,  Presl  ?  ' 

51  —  B.  prœcox  R.  Br.  ;  B.  patula  Fries;  Erysimum 
prœcox  Smith.  —  C.  Fossés,  bords  des  chemins  et  des 
champs,  pelouses  humides  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Fin 
mai  à  août. 

Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  700m  (fossés  de  la 
gare  d'Ax),  à  1660m  (fontaine  d'Audouze,  sous  le  pic  do 
Géralde). 

On  la  distingue  des  espèces  précédentes  :  par  ses  siliques  étalées 
très  longues  et  ses  feuilles  à  lobes  plus  nombreux,  les  supérieures 
pinnatifides;  de  plus,  suivant  la  juste  observation  de  Boreau,  Fl.  du 
Cent.,  éd.  3,  p.  40,  «  les  feuilles  de  cette  espèce  que  l'on  mange  en 
salade  ont  la  saveur  piquante  agréable  du  cresson,  ce  qui  la  fait  dis- 
tinguer facilement  des  deux  autres  qui  sont  amères.  Smith.,  Fl.  brit. 

2,  p.  708,  attribue  lui-môme  ce  caractère  à  sa  plante.  » 


1.  Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.y  X  (18G3),  p.  379. 


08  PLANTKS    INDIGÈNES 

Nasturtlam  R.  Br. 

52  —  N.  officinale  R.  Br.  ;  Sisymbrium  Nasturtium  L.  — 
CC.  Fossés  humides  et  marécageux,  fontaines  et  ruis- 
seaux d'eau  vive,  etc.,  sur  les  terrains  granitiques  de  la 
z.  inf.,  aux  environs  d'Ax  (Savignac,  Castelet,  Orgeix, 
Orlu,  etc.)  —  Mai  à  septembre. 

Plusieurs  variétés  ont  été  créées  par  les  auteurs  aux  dépens  de 
cette  espèce,  mais  comme  le  font  observer  MM.  Rouy  et  Foucaud, 
FI.  de  Fr.y  I,  p.  205  :  «  On  rencontre  parfois  sur  le  même  pied  les 
feuilles  des  variétés  asarifolium  et  genuinum,  siifolium  et  genuu 
num,  etc.  »  Tout  botaniste  sérieux  ne  doit  donc  pas  y  attacher  de  l'im- 
portance, car  suivant  que  les  eaux  sont  plus  ou  moins  profondes,  la 
plante  subit  des  modifications  dans  la  grandeur  et  la  forme  des  seg- 
ments des  feuilles,  la  hauteur  des  tiges,  etc. 

On  emploie  les  feuilles  fraîches  du  cresson  de  fontaine  comme 
assaisonnement  et  comme  antiscorbutique;  ses  propriétés  stimu- 
lantes sont  dues  à  l'huile  volatile  sulfurée  (analogue  à  celle  des 
autres  Crucifères)  qu'il  renferme.  Il  est  aussi  diurétique  et  expecto- 
rant. 

ArabU  L.  • 

53  —  A.  perfoliata  Lamk.  ;  Turritis  glabra  L.  ;  Sisym- 
brium simplicissimum  Lap.  —  AC.  Lieux  secs,  champs, 
rochers,  etc.,  surtout  dans  les  terrains  siliceux  de  la  z.  inf. 
—  Mai-juillet.  —  Plaine  de  Savignac  ;  rochers  de  l'Esqui- 
roulet  ;  bosquet  Clauselles  ;  gare  d*  Ax  ;  parc  d'Orgeix  ;  etc. 

54  —  A.  brassiciformis 2  Wallr.  —  Brassica  alpina  L.  — 
RR.  Bois  et  taillis,  lieux  pierreux  de  la  z.  subalp.  —  Mai- 
juillet.  —  Monticule  de  la  Mate,  sur  Prades(Ariège),  à  1350"1  ; 
THospitalet  (Loret,  Glanes  d'un  botaniste). 

Cette  espèce  a  été  récoltée  le  28  juillet  1856  par  H.  Loret  (conf. 
Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.t  VI,  1859,  p.  90)  ;  ce  botaniste  ajoute  en  note  : 
«  Cette  espèce  qu'on  dit  être  commune  dans  l'E.  de  la  France  (conf. 


1.  La  plupart  de  nos  exemplaires  de  ce  genre  ont  été  revus  par  M.  A.  Le  Grand, 
en  mars  1899. 

2.  Plus  correct  que  br&ssicxformis. 


DU   BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  69 

Gr.  et  Godr.,  FL  de  Fr.,  I,  p.  99)  est  plus  rare  dans  les  Pyrénées  et 
dans  le  Midi  qu*on  ne  le  croit  généralement  ;  j'en  ai  donné  à  des 
botanistes  qui  avaient  herborisé,  trente  à  quarante  ans,  dans  ces 
régions,  sans  la  rencontrer.  » 

55  —  A.  stricte  Huds.  ;  A.  hirta  Lamk.  —  R.  Rochers 
cale,  des  z.  subalp.  et  alp.  —  Juin-juillet.  —  Vallon  del 
Pradel,  rochers  sur  la  fontaine  de  Boutas  (1525m)  ;  rochers 
de  la  croix  du  port  de  Paillères  (1910m);  filon  calcaire  à 
l'entrée  du  trou  de  Vor  de  Baxouillade  (2070ra). 

Nous  n'avons  pas  observé  dans  notre  région  les  deux  formes 
biennis Timb.,  FLCorb.,  p.  48,  et  corbariensis  Timb.,  loc.  cit.  D'après 
Zetterstedt  (PL  vascul.,  Pyr.  princip.,  p.  18),  VA.  stricta  «  est  une 
petite  espèce  qui  se  distingue  habituellement  par  ses  fleurs  peu 
nombreuses  (5-7)  et  par  ses  f.  caulin.  (3-4),  très  petites,  oblongues 
presque  entières  »  et  nous  ajouterons  :  par  ses  feuilles  radicales 
coriaces  luisantes,  en  rosette  dense,  et  par  son  port  rigide. 

56  —  A.  arcuata  Shuttl.  ad  amicos  (1835  !)  et  in  Godet, 
Enum.  végét.  vase,  du  canton  de  Neuchâtel  (1838),  var.  hirsuta 
Godet,  FI.  Jura,  p.  38;  A.  ciliata  K.  var.  hirsuta  Koch, 
Synopsis,  éd.  i  (1837),  p.  39  et  éd.  2  (1843),  p.  42  non  R.  Br.  *  ; 
Turritis  alpestris  8chleiéh.}  PL  exsicc.  Helvet.  ;  Arabis  alpestris 
Rchb.,  le.  germ.,  II  (1837-1838),  fig.  4338  b;  —  Exsicc.  Soc. 
daupk.,  n°  5186  sub.  A.  arcuata  Schuttl.  —  C.  Prairies  et 
pâturages  rocailleux  des  z.  subalp.  et  alp.  ;  souvent  sur  le 
calcaire.  —  Juin-août. 

Nos  exemplaires  (plus  de  25  localités)  ont  été  récoltés  de 
1220™  (rochers  de  la  grande  route  sous  le  village  de  Prades, 
vers  Camurat),  à  2185m  (sarrat  de  la  Coumeto  de  Baxouil- 


\.  L' Arabis  ci UtUà  R.  Brown  in  Ait.  llorl.  kew.  éd.  2;  A.  Brownii  Jord.,  Diagn. 
pi.  nouv.,  p.  123,  est  une  espèce  particulière  aux  Iles- Britanniques  et  qui  habite 
surtout  les  bords  de  la  mer  en  Irlande.  La  dénomination  d'A.  ciliata  Koch,  qui 
exprime  un  attribut  peu  convenable,  doit  donc  être  abandonnée  et  remplacée  par 
celle  d'A.  arcua/a  Shuttleworih  qui  a  d'ailleurs  sur  elle  la  priorité  (confér.  Burnat, 
FI.  Alp.  marit.,  I  (1892),  p.  97;  Rouy  et  Fouc,  FL  de  Fr.  (1893),  p.  214);  cette 
dernière  plante  a  en  effet  été  distribuée  par  le  botaniste  anglais  Shuttleworth,  à 
ses  amis  (de  Charpentier,  etc.)  sous  le  nom  d'A.  arcuata,  à  la  suite  d'herborisa- 
tions faites  dans  le  Valais  au  mois  d'août  1835  ! 


70  PLANTES    INDIGÈNES 

lade),  et  principalement  :  dans  les  montagnes  calcaires  de 
la  vallée  de  la  Lauze  (pic  de  Serembarre,  Paillères,  etc.), 
et  de  la  vallée  de  TOriège  (fontaine  du  Roc-Blanc,  etc.). 

Elle  ressemble  assez  comme  aspect  à  VA.  hirsuta  Scop.  mais  s'en 
distingue  par  ses  feuilles  caulinaires  arrondies  à  la  base  et  non  tron- 
quées ou  auriculées.  Nous  n'avons  pas  observé  la  var.  glabrata  Godet, 
qui  diffère  seulement  de  la  variété  précédente  par  ses  tiges  glabres 
et  ses  feuilles  ciliées  sur  les  bords,  mais  nous  possédons  la  forme 
suivante  : 

?A.  cenisia  Reuter.  Cat.  Jard.bot.  Genève,  1853,  et  Cat.  pi. 
vascul.  env.  Genève,  2e  édit.,  1861,  p.  13.  —  RR.  Pâturages 
rocailleux  et  calcaires  de  laz.  subalp.  —  Juin.  —  Monticule 
de  la  Mate,  sur  Prades  (1350m)  ;  pelouses  des  Cayrannes, 
sous  le  col  de  Pourtetgés  (1570m). 

Cette  plante  est  caractérisée  par  ses  tiges  naines  de  3-5  centim. 
de  hauteur,  ses  fleurs  en  corymbes  compacts  et  ses  siliques  courtes  ? 
Nous  n'avons  pu  vérifier  ce  dernier  caractère  sur  nos  exemplaires 
récoltés  seulement  en  fleurs  et  revus  par  M.  A.  Le  Grand;  pour  ce 
motif  nous  avons  placé  un  point  de  doute  à  côté  du  nom  de  cette 
forme. 

57  —  A.  sagittata  DC.,  FI.  fr.}  V,  p.  592;  A.  hispida 
Lamk  ;  A.  hirsuta  Scop.  (pr.  parte),  var.  sagittata  Burnat,  FI. 
Alp.  marit.,  I,  p.  98.  —  AC.  Prairies  et  pelouses  sèches, 
rochers,  éboulis,  etc.  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Avril-juillet. 
—  R.  dans  la  z.  alp.  —  Castelet,  parc  de  l'ancien  château  ; 
Savignac,  tranchée  du  chemin  de  fer  près  de  la  galerie 
d'Eychenac  ;  environs  d'Ax-les-Thermes  (l'Esquiroulet,  En- 
Fountangé,  En-Cas  tel,  parc  du  Teich,  château  Matt)  ;  éboulis 
d'Aiguebonne,  sur  la  route  d'Espagne  (1040")  ;  bois  de  Font- 
frède  de  Prades,  bords  du  chemin  forestier  (1400m)  ;  sommet 
du  pic  Dolent  (1805-),  etc. 

Notre  plante  a  les  feuilles  caulinaires  plus  ou  moins  auriculées* 
sagittées  à  oreillettes  étalées,  les  siliques  pourvues  d'une  nervure 
médiane  courte  et  les  graines  étroitement  ailées. 

Nous  possédons  la  forme  suivante  : 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  71 

A.  rigidula  Jord.  {pr.  spec.),  Diagn.,  p.  109.  —  RR.  Mai. 
Bords  de  la  route  nationale,  près  du  pont  sur  le  ruisseau 
d'Eychenac  (690m). 

58  —  A.  alpina  L.  —  C.  Murs,  lieux  pierreux,  fentes  des 
roch.  cale,  et  siliceux  des  z.  inf.  et  subalp.,  et  jusque  dans 
la  z.  al  p.  —  Mai-juillet,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  15  localités)  ont  été  récoltés  de 
700m  (vieux  murs  à  Ax),  à  2250m  (vallon  de  Baxouillade,  sous 
le  Roc-Blanc)  et  principalement  dans  les  montagnes  de 
Prades. 

Var.  p  empâta  Koch,Syn.,  éd.  2, p.  42;  A.  crispata  Willd.; 
Rchb.,  le.  germ^ll,  f.  4328.  — R.  —  Juin-août.  —  Grand  clôt 
de  Chourlot  (1680m)  et  Coume  de  Paraou  (1950m);  jasse  de 
Pinet  (2 1 50-)  ;  sarrat  de  la  Coumeto  de  Baxouillade  (2180m). 

Elle  diffère  du  type  :  par  sa  pubescence  moins  abondante,  par  ses 
feuilles  caulinaires  plus  larges,  moins  allongées,  profondément  den- 
tées et  ondulées,  les  radicales  spatulées,  par  ses  pétales  plus  grands 
et  ses  siliques  étalées. 


59  —  A.  Turrita  L.  ;  Turritis  ochroleuca  Lamk.  —  AR. 
Bois,  lieux  pierreux,  rochers  ombragés  de  la  z.  inf.  —  RR. 
dans  la  z.  subalp.  —  Mai-juillet.  —  Castelet,  talus  de  la  voie 
ferrée  (650m)  ;  parc  de  la  forge  d'Orgeix  (810ra);  bois  de  Gour- 
dou,  sous  Ignaux  (850m)  ;  rochers  du  chemin  forestier  dans 
le  bois  de  Fontfrède  de  Prades  (1320m). 

D'après  le  Dr  Bras  (Caf.  pi.  vascul.  de  VAveyron,  p.  34),  cette 
plante  en  herbier  macule  le  papier  d'une  belle  couleur  violette.  Nous 
n'avons  pu  observer  ce  caractère  sur  nos  exemplaires  intoxiqués, 
soit  au  sublimé  corrosif,  soit  à  l'arséniate  de  soude. 

60  —  A.  bellidifolia  Jacq.,  Fi.  aust.,  t.  180;  A.  Soyeri 
Reuter  et  Huet  du  Pavillon,  in  Ann.  se.  natn  3e  série,  XIX 
(1853),  p.  251  ;  A.  bellidifolia  var.  Soyeriana  G.  et  G.,  FI.  de 
Fr.,  p.  105,  sec.  Grenier  ap.  Billot,  Arch.  fl.  Fr.  et  AIL  (février 
1853),  p.  273!  —  RR.  Pâturages  humides  des  z.  subalp.  et 


~'l  PLANTES  INDIGENES 

aip.  —  Juin-août.  —  Bois  Je  Ciiourlot,  sur  le  Bisp  d'Orlu 
1480*;;  base  du  Roc- Blanc  2180"  f  versant  d'Orlu,  sous  la 
porteille  de  Baxouillade.  * 

Cette  intéressante  espèce  a  le  port  et  l'aspect  de  VA.  arcuata 
Shuttl.  var.  glabra,  mais  elle  s'en  distingue  facilement  :  par  ses  fleurs 
deux  fois  plus  grandes,  ses  feuilles  caulinaires  plus  larges  très 
ovales,  ses  silîques  plus  grandes  et  sa  souche  ligneuse.  La  fi  g.  4331 
du  tome  II  des  Icônes  gerrn.  de  Rchb.  ne  représente  pas  la  plante 
de  Jacquin,  d'après  Grenier  ap.  Billot,  loc.  cit.,  mais  bien  celle  de 
Cl uai us  nommée  ,4.  subcoriacea  Gren.,  spéciale  aux  Alpes  du  Dau- 
phiné  et  de  la  Savoie,  au  Lautaret,  et  indiquée  seulement  dans  une 
seule  localité  pyrénéenne  :  à  Esquierry  (Herb.  Loret). 

61  — A.  Tbaliana  L.(1753);  Sisymbrium  Thalianum  Gay 
(1826);  Conringia  T ha  lia  ni  Rchb.  (1832};  Stenophragma 
Thalianum  Celak.,  Prodr.  fi.  Bôhmen  (1872),  p.  445  —  CC. 
Champs,  vieux  murs,  rochers  siliceux,  etc.,  de  la  z.  inf.  — 
Mars-août. 

Les  feuilles  radicales  sont  couvertes  de  poils  rameux  portés  sur  un 
petit  tubercule.  Comme  le  fait  justement  observer  Lamotte  (Pr.  fl.  pi. 
cent. f  I,  p.  76)  :  «  cette  espèce  par  son  port  et  l'ensemble  de  ses  carac- 
tères extérieurs  appartient  au  genre  Arabie,  mais  elle  est  une 
Sisymbrée  par  ses  graines  à  radicule  dorsale,  aussi  a-t-elle  été 
placée  tour  à  tour  dans  les  genres  Arabis  et  Sisymbrium.  »  De  plus, 
Reichenbach  (Fl.  excurs.,  p.  686  et  Icon.  germ.t  fig.  4380)  la  rattache 
au  genre  Conringia  et  Celakowski,  loc.  cit.,  en  fait  une  espèce  du 
genre  Stenophragma.  MM.  Rouy  et  Foucaud  ont  adopté  ce  dernier 
nom  dans  leur  FL  de  Fr.t  II,  p.  24.  C'est  une  tendance  très  heureuse 
qu'ont  les  botanistes  actuels  d'élever  au  rang  de  genre  bien  établi 
certains  types  aberrants. 

Cardamlne  L. 

62  —  C.  latifolia  Vahl;  C.  chelidonia  Lamk.  —  CC. 
Prairies    humides   et  tourbeuses,   bords    des    ruisseaux, 


1.  Le  botaniste  F.  Petit  (Herb.  Muséum,  Paris)  l'indique  à  cette  môme  localité 
a  au  pied  du  Roc-Blanc  dansl'Ariège,  sub  nom.  A.  pumilœ  »  d'après  MM.  Rony  et 
Fouc.,F/.  de  Fr.,  I,  p.  226.  Il  a  herborisé  dans  les  Pyrénées  de  1824a  1829,  et  a 
signalé  dans  deux  localités  du  bassin  de  la  haute  Ariège  :  le  Reseda  glauca,  L.  et 
le  Sediim  Rhodiola  DC.  (Voir  p.  101  du  premier  fascicule  de  notre  C&tal.  raisonné). 


DU   BASSIN  DE  LA  HAUTE   ARIÈGE.  73 

sources,   des  z.  inf.  et  subalp.  —  R.  dans  la  z.  alp.  (fon- 
taine des  Coungérals,  sous  le  pic  de  Mounégou  (2025m).  — 
Mai-août . 
Nos  paysans  l'appellent  rimma  et  la  mangent  en  salade. 

63  —   C.   pratensis  L.   —  GC.  Prairies  et  pelouses 

humides,  bords  des  eaux,  sur  tous  les  terrains,  dans  les 

zones  inf.   et  subalp.  —  Avril-juillet.  —  Nos  exemplaires 

récoltés  de  700œ  (Ax,  prairie  sur  la  gare),  à  1650ra  (vallée  du 

Nagear,  jasse  de  la  Pu  joie). 

Notre  plante  correspond  à  la  var.  genuina  R.  et  Fouc,  FL  de  Fr., 
I,p.  232;  elle  est  à  fleurs  grandes  et  d'un  lilas  plus  ou  moins  foncé, 
suivant  l'altitude,  à  taille  plus  ou  moins  élevée,  etc.,  mais  dans  les 
pelouses  de  la  z.  subalp.  nous  avons  aussi  observé  çà  et  là  les  deux 
variétés  :  monticola  Timb.  (pr.  spec.)\\\  Bull.  Soc.  hist.  nat.  Tou- 
louse, 3  (1870),  p.  412,  à  fleurs  petites,  d'un  rose  clair,  et  orophila 
Timb.  (pr.  spec),  loc.  cit.,  à  fleurs  petites  et  blanches,  etc.  Ces  deux 
variétés  sont  d'ailleurs  assez  communes  dans  les  Pyrénées  arié- 
geoises.  Le  cresson  des  prairies  peut  remplacer  le  cresson  de  fon- 
taine dans  tous  ses  usages,  mais  on  l'utilise  assez  rarement. 

64  —  C.  amara  L.  —  CC.  Bords  des  ruisseaux  et  des 
fontaines  des  terrains  granitiques,  delà  z.  inf.  jusqu'à  limite 
inf.  de  la  z.  nivale.  —  Juin-août,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (18  localités)  ont  été  récoltés  de  650m 
(parc  du  château  du  Gastelet,  sous  la  vanne  du  canal 
couvert),  à  2405m  (jonction  des  7  sources  de  l'Ariège). 

On  peut  la  manger  en  salade;  malgré  sa  saveur  amère  elle  a  le 
goût  piquant  et  agréable  du  cresson  de  fontaine.  Nous  avons  remar- 
qué selon  les  localités  et  l'altitude  des  variations  très  sensibles  dans 
la  hauteur  des  tiges,  la  forme  et  la  grandeur  des  folioles,  etc.,  mais 
ces  variations  ne  sont  que  transitoires.  D'après  Gr.  et  Godr.,  FL  de 
Fr.,I,p.  10S,  la  forme  hérissée  serait  le  C.  umbrosa  Lejeune,  FL  Spa, 
2,  f.  63,  mais  cette  plante,  basse,  à  tiges  rameuses  et  dressées,  à 
feuilles  dont  les  segments  sont  rapprochés  et  plus  ou  moins  velus , 
qui  est  commune  dans  le  N.  et  l'E.  de  la  France,  ne  nous  parait  pas 
exister  dans  notre  bassin  de  la  haute  Ariège. 

65  —  C.  impatiens  L.  —  C.  Bois  humides,  prairies, 
bords  des  ruisseaux,  dans  les  terrains  siliceux  des  z.  inf. 


74  PLANTES  INDIGÈNES 

et  subalp.  — Juin-août.  —  Nos  exemplaires  ont  été  récoltés 
de  720m  (Ax,  parc  de  THorte),  à  1520m  (bois  du  Larguis). 

66  —  C.  hirsute  L.  —  CC.  Bords  des  chemins  et  des 
fossés,  pied  des  murs,  rochers  humides  de  la  z.  inf.  — 
Avril-juin. 

Var.  multicauli8  Hoppe,  Cent.exsicc.  (pr.  sp.)  ;  C.  parviflora 
Lap.,  Hist.  abr.  Pyr.,  p.  376,  non  L.  —  AC.  Ça  et  là  avec  le 
type  aux  environs  d'Ax;  s'élève  cependant  jusqu'à  la  z. 
subalp.  —  Avril-juillet.  —  Nous  l'avons  en  effet  récoltée,  à 
1505m  d'alt,  près  de  la  cabane  de  la  Planelle  ou  du  Larguis. 

Elle  diffère  seulement  du  type  par  sa  tige  rameuse  dès  la  base  et 
ses  fleurs  assez  grandes. 

Subspec.  C.  siluatica  Link.  —  Exsicc.  Soc.  dauph., 
n°  1954  et  bis.  —  AG.  Lieux  ombragés  et  bords  des  eaux 
de  la  z.  inf.  —  Avril-juillet.  —  Savignac,  bords  du  canal  du 
moulin  ;  route  d'Espagne,  fontaine  de  la  métairie  de  Coro- 
nameil,  etc. 

D'après  le  Dr  Carion  (Cat.  rais,  dèpartem.  Saône-ct- Loire,  1859),  les 
C.  hirsuta  et  silvatica  ne  sont  que  deux  formes  d'une  même  espèce; 
la  dernière  se  distingue  uniquement  de  la  première  par  la  largeur 
et  l'abondance  de  ses  feuilles,  ce  qui  tient  à  son  habitat  toujours 
ombragé.  Cette  opinion  nous  paraît  exagérée  car  nous  reconnais- 
sons toujours  le  C.  silvatica  :  à  sa  tige  ordinairement  plus  élevée,  à 
ses  feuilles  caulinaires  aussi  grandes  ou  plus  grandes  que  les  radi- 
cales à  segments  plus  nombreux  qui  sont  mucronés,  à  ses  fl.  ordi- 
nairement à  6  étamines  non  dépassées  ou  à  peine  dépassées  par  les 
siliques  inférieures.  On  confond  souvent  le  C.  silvatica  avec  la  forme 
um6rosaL.ec.  et  Lam.  (Cat.  pi.  cent.  Fr.t  p.  64,)  servant  de  transition 
au  C.  hirsuta  et  se  rapprochant  de  cette  dernière  plante  par  ses 
pédicelles  et  ses  siliques  dressés. 

67  —  C.  resedifolia  L.  ;  C.  heterophylla  Lap.,  Hist.  abr. 
Pyr.y  p.  377,  et  FL  pyr.}  t.  134!  —  OC.  Pelouses,  éboulis 
et  rochers  humides  des  montagnes  granitiq.  et  schist., 
dans  les  z.  subalp.,  alp.  et  niv.  —  Juin-septembre.  —  Nos 
exemplaires  (61  localités  !)  ont  été  récoltés  de  1550m  (bloc 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  75 

de  gneiss  dans  la  vallée  du  Nabré),  à  2790m  (éboulis  schist. 
du  pic  Pédroux  Sud). 

Exceptionnellement  nous  avons  rencontré  cette  espèce  à  900» 
d'alt.  sur  les  rochers  de  la  rive  dr.  de  l'Ariège,  près  du  pont  de  Ber- 
duquet,  mais  elle  a  dû  être  entraînée  en  ce  lieu  d'une  station  plus 
élevée,  par  les  eaux.  On  observe  des  variations  dans  la  taille,  la 
forme  et  la  découpure  des  feuilles,  etc.,  de  nos  multiples  exem- 
plaires, mais  ces  transformations,  comme  le  font  justement  remar- 
quer Jeanbernat  et  Timbal-Lagrave  (Massif  du  Llaurenti,  p.  159  du 
tirage  à  part)  au  sujet  du  C.  heterophylla  Lap.  (loc.  cit.),  à  taille  plus 
grande  et  à  feuilles  super,  simplement  lyrées,  et  aussi  au  sujet  de 
la  var.  p  Lap.  (loc.  cit.,  p.  375)  du  C.resedifolia  L.,  à  feuilles  presque 
entières  et  sublyrées,  «  ne  paraissent  être  dues  qu'aux  influences 
physiques  et  chimiques  du  sol,  à  l'altitude  et  à  la  pérennance  de  la 
plante,  qui,  à  mesure  qu'elle  avance  en  âge,  varie  dans  ses  organes 
appendiculaires  et  ne  sauraient  être  décrites  séparément;  elles 
constituent  une  seule  et  môme  espèce,  le  C.  resedifolia  L.  »  A  l'état 
normal  cette  jolie  planteg  azonnante  (5-15  centim.)  est  caractérisée  : 
par  son  aspect  glauque,  ses  feuilles  radicales  entières  arrondies  ou 
oblongues,  ses  f.  caulinaires  à  3  ou  7  lobes  et  ses  petites  fl.  blanches 
en  épis  dressés. 

68  —  C.  alpina  Willd.  ;  C.  bellidifolia  Ail.  non  L  !  — 
CC.  Pelouses  fraîches,  graviers,  éboulis,  etc.,  des  z.  alp. 
et  niv.  —  Juillet-août.  —  Nos  exemplaires  (35  localités) 
récoltés  de  2035m  (col  de  Lègue),  à  2750m  (escarpement 
oriental  du  pic  de  Rul  ou  Rulle) . 

Dans  les  régions  élevées  cette  plante  et  la  précédente  peuvent  être 
mangées,  en  guise  de  cresson. 

Dentarla  (Tournef.)  L. 

69  —  D.  pinnata  Lamk.;  D.  heptaphyllos  Glus.,  sec.  Rchb. 
Icgerm.j  II,  f.  4319.  — Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  3181.  —  AR. 
Bois,  lieux  ombragés  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Avril-août. 
—  Prairies  d'Orlu,  rive  g.  de  TOriège,  bords  du  ruisseau  de 
Negeart  (820m)  ;  bois  des  Gouttines,  bords  du  chemin  (i420ra) 
et  près  de  la  fontaine  des  Embriats1  (I410m);  environs  do  la 

1.  Fontaine  dos  ivrognes. 


76  PLANTES  INDIGÈNES 

fontaine  du  Drazet  (1460m)j;  bois  de  Fontfrède  de  Prades, 
aux  alentours  de  la  fontaine  (1470m);  bois  du  clôt  de 
Baillar,  près  du  Drazet  (1500m)  ;  bois  de  la  Goût,  sur  Mon- 
taillou  (1530m)  ;  bois  de  Bramefam,  sur  le  hameau  de  Bou- 
digou  (1550m). 

Tribu  2.  —  Sisymbriées  DC. 

Hesperls  (Tournef.)  L. 

70  —  H.  matronalis  L.  —  RR.  Lieux  ombragés  de  la 
z.  subalp.  —  Juin.  — Gorges  de  la  Frau  :  bords  du  ruisseau 
de  l'Hers,  à  la  limite  du  canton  d'Ax  (1030m). 

Elle  est  souvent  cultivée  dans  les  jardins  où  ses  fleurs  deviennent 
doubles  et  sont  très  odorantes  (var.  hortensis  DC.) 

Slsymbrlum  L.  (emend.). 

71  —  S.  Sophia  L.  —  RR.  Bords  des  chemins,  talus, 
décombres,  près  des  habitations  dans  la  z.  subalp.  —  Juillet. 
L'Hospitalet,  décombres  près  du  pont  de  Sainte-Suzanne 
(1440m);  rochers  à  TE.  de  l'Hospitalet,  sous  le  lacet  de  la 
route  nationale  (1450m). 

On  l'a  vantée  comme  vulnéraire. 

72  —  S.  austriacum  Jacq.  (sensu  lato),  FI.  austr.,3,  p.  35, 
t.  262;  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  15.  —  Lieux 
incultes,  bords  des  chemins,  vieux  murs,  rochers,  etc., des 
z.  inf.  et  subalp.  —  Juin-août. 

Espèce  polymorphe  dont  nous  possédons  seulement  les  trois 
formes  suivantes,  revues  par  M.  A.  Le  Grand  : 

S.  chrysanthum  Jord.  (pr.  sp.),  Diagn.,  p.  148;  Sinapispyre- 
naica  L.,  non  AU!  —  Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  3193.  —  AR. 
Juin.  —  Ax,  lieux  sablonneux  de  la  gare  et  décombres  près 
du  pont  d'En-Castel  ;  rochers  près  du  pont  de  Runac. 

S.  montiuagum  Jord.  (pr.  sp.),  loc.  cit. ,  p.  146  ;  S.  acutangulum 
var.  pyrenaicum  Gaud.  (excl.  syn.).  —  Exsicc.  Bourg  eau  pi. 
Pyr.  esp.y  n°  425.  —  AR.  Juin.  —  Ax,  murs  de  la  rue  du 
Moulinas  et  ancien  mur  d'enceinte  de  la  ville. 


DU   BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  77 

S.  Villarsii  Jord.  (pr.  sp.),  loc.  cit.,  p.  143;  S.  pyrenaicum 
Vill.  ;  Sinapis  pyrenaica  AU.  non  L!  —  Exsicc.  Soc.  dauph., 
n*  24.  —  AC.  Juillet-août.  —  Bords  de  la  rive  droite  de 
l'Ariège,  sous  le  pont  de  Runac  (870m)  et  entre  les  ponts 
del  Fraré  et  de  Berduquet  (900m)  ;  murs  de  la  route  natio- 
nale en  face  du  pont  des  Bordes-Hautes  de  Mérens  (1155m)  ; 
fossés  à  l'entrée  du  village  de  l'Hospitalet  (1 430m)  et  près 
du  pont  de  Sainte-Suzanne  (1440m)  ;  murs  des  prairies  de  la 
Soulane  d'Andorre,  près  des  granges  de  Lapatrie  (1610m),  etc. 

Cette  plante,  douée  de  propriétés  antiscorbutiques,  se  distingue 
facilement  :  par  ses  siliques  du  double  plus  larges  que  dans  les  autres 
formes,  courtes  (15-25  millimètres),  parsemées  de  poils,  et  son  style 
épaissi  et  linéaire. 

73  —  S.  officinale  Scop.  ;  Erysimum  officinale  L.  —  CC. 
Bords  des  chemins,  friches,  lieux  cultivés,  décombres,  etc., 
de  la  z.  inf.  —  Mai-septembre.  —  Semble  préférer  les 
terrains  calcaires. 

C'est  une  plante  tonique,  expectorante,  jadis  très  usitée  contre  les 
affections  de  poitrine,  mais  aujourd'hui  très  négligée.  Il  faut  l'arra- 
cher avec  soin  des  terrains  qu'elle  infeste. 

74  —  S.  pinnatifidum  DC.  ;  Braya  pinnatifida  Koch; 
Sisymb.  bursifolium  Lap.  var.  «  et  p  (excl.  syn.)}  non  L  !  — 
GC.  Rochers  et  pelouses,  bords  des  torrents,  dans  les 
terrains  granitiques  et  schisteux  des  z.  su  bal  p.,  alp.  et 
nivale.  —  Juin-septembre,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (58  localités!)  ont  été  récoltés  de  1660m 
(bois  du  col  de  Joux),  à  2630m  (éboulis  gneissiques  du  pic 
d'Auriol). 

Vu  ses  propriétés  stimulantes,  on  peut  la  manger  en  salade,  à 
défaut  de  cresson.  Suivant  la  juste  observation  de  Zetterstedt 
{PL  vascul.  Pyr.  princ,  p.  18),  «  les  feuilles  de  cette  espèce  sont 
d'une  forme  très  variable,  souvent  sur  le  même  individu.  En  automne 
on  la  trouve  souvent  munie  de  rosettes  stériles,  avec  des  feuilles 
larges,  moins  divisées,  avec  les  feuilles  caulinaires  les  plus  hautes 
tout  à  fait  entières.  »  Nous  avons  discerné  dans  nos  exemplaires  la 


78  PLANTES  INDIGÈNES 

variété  suivante,  caractérisée  d'après  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.9 
II,  pp.  22-23,  «  par  sa  souche  vivace,  glabrescente,  verte;  ses  tiges 
grêles;  ses  feuilles  minces,  les  radicales  entières  ou  faiblement 
sinuèes,  longuement  pétiolées,  les  caulinaires  irrégulièrement  et 
peu  profondément  pinnatifides  à  lobe  terminal  plus  large  et  plus 
grand  *>  : 

Var.  Boryanum  Fourn.  Rech.  Sisymb.,  p.  99;  S.  Boryi  Nym., 
Syll.,  p.  189;  Cardamine  Boryi  Boiss.,  Elench., n°  9.  — AC. 
Mêmes  stations,  dans  les  mêmes  zones  que  le  S.  pinnatifi- 
dum  DC.  —  Juillet-septembre. 

Nos  exemplaires  (10  localités)  ont  été  récoltés  de  1950B 
(pelouses  du  lac  de  Beys),  à  2450m  (porteille  du  Sisca). 

Nous  avons  aussi  récolté  cette  variété  dans  les  Pyrénées-Orient.  : 

bords  du  lac  de  Lanoux  (2154m),  18  août  1891,  et  cirque  sous  la 

porteille  de  Maranges  (2430»),  23  août  1894.  —  Elle  a  été  observée 

dans  les  Hautes-Pyrénées,  au  pic  de  Néouvieille  (Franqueville,  in 

herb.  Rouy). 

Alllarla  Adans. 

75  — A.  offîcinalis  Andrz.  in  DC.  Syst.  2,  p.  489;  Brysi- 
mum  Alliaria  L.  ;  Sisymbrium  Alliaria  Scop.  —  C.  Haies, 
lieux  ombragés  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Avril-juin. 

Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  720m  (Ax,  parc  de 
l'Horte),  à  1460n  (fontaine  du  Drazet)  et  principalement  dans 
les  parcs  des  anciennes  forges  d'Orgeix  et  d'Orlu. 

Les  bestiaux  la  respectent  à  cause  de  sa  forte  odeur  alliacée  ;  elle 
est  antiscorbutique,  diurétique  et  béchique. 

Eryslmum  L. 

76  —  E.  pumilumGaud.,  FI.  helvet.,  IV (1829),  p.  365,  non 
DC,  nec  Hornem.  ;  Cheiranthus  pumilus  Schleich.  Cat.  pi. 
helv.  (1815),  p.  16,  et  Mûri  th.,  Bot.  valais.,]).  61;  Erys.  alpestre 
Jord.  —  Rchb.  le.  germ.y  II,  fig.  4392.  —  Exsicc.  Soc.  dauph. 
n°  1514.  —  AR.  Rocailles  et  éboulis  des  rochers  schisteux, 
dans  les  z.alp.  et  niv.  —  Juillet-août. —  Bloc  de  micaschiste 
dans  le  vallon  d'Eychounzé,  sur  le  lac  de  Naguilles(à2100m); 
éboulis  schisteux  de  la  porteille  de  Mortes,  dite  d'Espagne 


DU  BASSIN  DE  LA    HAUTE  AR1ÈGE.  79 

(à  2440m);  éboulis  schist.  du  pic  Pédroux  Sud,  de  2460m  à 
2750m;  éboulis  schist.  de  la  porteille  de  Coume  d'Or 
(à  2470m),  vers  le  laquet  de  ce  nom  ;  schistes  satinés  du  pic  du 
Llauzié  (à  2550ra)  ;  pic  de  Coume  d'Or  (de  2620111  à  2670m) . 

Cette  jolie  plante  gazonnante,  que  quelques  botanistes  considè- 
rent comme  une  forme  rabougrie  ou  naine  de  YE.  ochroleucum  DC, 
d'autres  comme  une  forme  alpine  de  YE.  helveticum  DC.  (espèce  des 
Alpes  non  indiquée  dans  les  Pyrénées),  a  été  souvent  confondue  avec 
YE.  aurosicum  Jord  !  Nos  exemplaires  ont  une  souche  vivace  émet- 
tant des  tiges  courtes  (5-12  centim.),  des  feuilles  vertes  linéaires 
presque  entières,  des  fl.  généralement  grandes  et  d'un  beau  jaune 
d'or,  une  grappe  fructifère  assez  courte  mais  portant  des  siliques 
étroites,  longues  et  dressées  (4-6  centim.,  quelquefois  plus);  toute  la 
plante  a  un  aspect  gris  cendré.  Vu  l'impossibilité  de  récolter  en 
même  temps  des  échantillons  munis  de  fleurs  et  de  fruits,  il  ne  nous 
a  pas  été  permis  de  discerner  avec  certitude,  dans  nos  spécimens,  les 
formes  jordaniennes  de  cette  espèce,  décrites  par  MM.  Rouy  et  Fou- 
caud,  FL  de  Fr.t  II,  p.  35.  —  Exception  faite  pour  une  seule  localité, 
cette  plante  ne  se  rencontre  dans  notre  région  qu'à  la  limite  de 
l'Ariège  et  des  Pyr. -Orientales  ;  nous  l'avons  récoltée  aussi  dans  ce 
dernier  département  :  1°  aux  éboulis  schist.  du  pic  Carlitte  (à  2600m) 
et  au  sommet  de  ce  pic  (2921°);  2*  sur  le  flanc  du  pic  occidental 
de  Col-Rouge,  contrefort  du  Carlitte  (à  2750m). 

Tribu  3.  —  Brassicées  DC. 
Hlrschfeldla  Mœnch. 

77  —  H.  adpressa  Mœnch;  Sinapis  incana  L.  ;  Erucas- 
trum  incanum  Koch. 

C.  Lieux  incultes,  bords  des  chemins,  etc.,  de  la  z.  inf., 
surtout  aux  environs  d'Ax.  —  Juin-septembre.  —  Abondante 
dans  les  haies,  près  de  la  gare  des  marchandises  où  elle 
est  très  probablement  adventice. 

Suivant  la  remarque  de  M.  Burnat,  FL  Alp.  marit.,  I,  p.  76,  ren- 
voi 1,  «  le  nom  d'Hirschfeldia  incana  doit  être  admis  d'après  les  lois 
delà  nomenclature  (art.  57),  au  lieu  de  celui  adopté  par  Mœnch. 
Cet  auteur  eût  dû  laisser  subsister  le  nom  spécifique  linnéen,  lors- 
qu'il a  fait  passer  l'espèce  dans  un  autre  genre.  »  La  qualification 


80  PLANTES   INDIGÈNES 

d'adpressa  qui  indique  le  caractère  des  siliques  appliquées  contre  la 
tige  nous  paraît  cependant  plus  exacte  que  celle  d'incana,  la  plante 
(sauf  les  fleurs)  étant  plutôt  verte  que  blanchâtre. 

Diplotaxls  DC. 

78  —  D.  Erucastrum  G.  et  G.,  FI.  de  Fr.}  I,  p.  81  ;  Bros- 
sica  Erucastrum  L.  sec.  G.  et  G.,  loc.  cit.  ;  Erucastrum  obtus- 
angulum  Rchb.  —  RR.  dans  la  z.  inf.  —  Juillet.  —  Fossés  du 
village  du  Castelet  (665m),  où  les  graines  ont  été  peut-être 
apportées  par  le  vent? 

Elle  jouit  de  propriétés  stimulantes  analogues  à  celle  de  la  Roquette 
cultivée,  aussi  lui  donne-t-on  le  nom  de  Roquette  sauvage  ;  on  la 
rencontre  abondamment  aux  environs  de  Pamiers,  de  Foix  et  de 
Tarascon. 

Brasslca  L. 

Les  B.  Napus  L.,  Râpa  L. 4,  Oleraoea  L.  et  leurs  variétés  se 
rencontrent,  à  l'état  subspontané,  autour  des  habitations.  Nous  avons 
observé  surtout  la  variété  «  campestris  Koch,  du  B.  Râpa  L.  (B.  cam* 
pestris  L.),  aux  alentours  d'Ax-les-Thermes. 

Le  B.  nigra  Koch  (S inapis  nigra  L.),  que  nous  avons  vainement 
cherché  aux  alentours  d'Ax,  ne  paraît  pas  remonter  dans  la  vallée  de 
l'Ariège  en  amont  d'Ussat-les-Bains. 

Slnapls  L. 

79  —  S.  Cheiranthus  Koch,  Synopsis,  éd.  2,  p.  60. 

Espèce  polymorphe  dont  nous  possédons  en  herbier  les  quatre 
variétés  et  la  forme  suivantes  vérifiées  par  M.  J.  Foucaud,  en  août 

1897  : 

Var.  corbariensis  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  57.; 
S.  corbariensis  Timb.,  FI.  Corb.,  p.  42.  —  AR.  Lieux  sablon- 
neux, rochers  des  z.  inf.  subalp.  et  alp.  —  Juin-août.  — 
Rochers  de  la  gorge  de  Mérens,  près  du  pont  de  Runac 
(880m);  vallée  de  TOriège  :  ruisseau  de  l'éboulement  près 


1.  Le  Navet,  la  Rave  et  leurs  variétés  sont  originaires  de  l'Europe  tempérée  et 
septentrionale  où  se  trouvent  des  formes  extrêmement  rapprochées,  si  non  iden- 
tiques aux  nôtres  (A.  Le  Grand.,  FI.  analyt.  du  Berry,  2*  édit.,  1894,  p.  il). 


DU    BASSIN   DE   LA   HAUTE   ARIÉGE.  81 

de  la  fontaine  de  Mousquère  (1220m);  bords  du  ruisseau  de 
Chourlot  (1450");  rochers  aux  bords  du  lac  de  Naguilles 
(1854")  ;  rochers  de  la  Coume  de  Paraou  (1950m);  etc. 

Nous  l'avons  aussi  récoltée  sur  les  pelouses  du  versant  oriental 
du  col  de  Puymauren8  (à  1830m),  dans  les  Pyr.-Or.,  près  de  notre 
limite  naturelle  du  bassin  de  la  haute  Ariège. 

Var.  rupicola  Lamotte,  Prodr.  fl.  plat,  centr.,  p.  84.  — 
RR.  juillet.  Bords  de  la  route  nationale,  près  des  éboulis 
d'Aiguebonne  (980ra). 

Var.  racemiflora  Rouy  et  Fouc,  loc.  cit. ,  p.  58  ;  B.  cheiranti- 
ftora DC.  (pr.  p.);  B.  racemiflora  Jord.,  Diagn.,  p.  184  (pr.  sp.)] 
Sisymbrium  obtusangulum  Lap.  (pr.  part).  —  AR.  Rochers, 
lieux  secs  de  la  z.  inf.  —  Juillet-août.  —  Rochers  de  la 
gorge  de  Berduquet,  au  bord  de  la  route  nationale  (890m); 
coi  des  Escales,  sur  la  gorge  de  Berduquet  (960m),  etc. 

Var.  arenosa  Rouy  et  Fouc,  loc.  cit.,  p.  58;  Br.  arenosa 
Jord.,  Diagn.,  p.  181  (pr.  sp.).  —  RR.  Octobre.  —  Bords  de 
la  route  nationale,  en  face  de  la  métairie  del  Fraré  (950m). 

S.  Oandollei  Rouy  et  Fouc,  loc.  cit.,  p.  59;  Brassica  mon- 
tana  DC.  (pr.  sp.),  non  Pourr.  nec  Rafin. 1  ;  B.  pyrenxa  Jord. 
{pr.  sp.)  ;  Sisymbrium  obtusangulum  Lap.  (pr.  parte). 

AG.  Lieux,  sablonneux,  rochers,  éboulis,  etc.,  des  z. 
su  bal  p.,  alp.  etniv.  — Juillet-septembre.  Nos  exemplaires 
(plus  de  10  localités)  ont  été  récoltés  de  1020m  (éboulis  d'Ai- 
guebonne,  sur  la  route  d'Espagne  et  au  pied  du  Roc  de  la 
Spélugue),  à  2490m  (plateau  de  Camp-Ras  dominant  le  Llau- 
renti),  et  principalement  dans  les  montagnes  de  la  haute 
vallée  de  TOriège  (Roc-Blanc,  Baxouillade,  Balboune,  etc.) 

Sous  le  nom  de  Brassica  montana,  Fourret  a  désigné,  en  1788 
(Mèm.  Acad.  Toul.,  série  1,  p.  308),  une  plante  croissant  exclusive- 
ment dans  les  Corbières,  et  de  Candolle  en  1805  (FI.  fr.y  éd.,  3,  IV, 

1.  Le  Br.  montana  RaÛnesque  Speech,  délia  Sicilia,  2,  p.  60  (1814),  est,  suivant 
Timbal  {FI.  Corb.y  p.  44),  de  la  môme  section  oleracea  que  celui  de  Pourrct  et 
n'en  est  pas  très  éloigné;  Gussone  en  fait  une  var.  longiroatria  du  B.  rupeetris 
Rafin.,  de  la  Sicile;  de  Candolle  Prodr.,  I,  p.  217,  le  réunit  au  Br.  balearica  Pers., 
de  la  Sardaigne  et  de  la  Corse. 

TOME  XIII.  6 


82  PLANTES   INDIGÈNES 

p.  651),  une  autre  plante  spéciale  aux  Alpes  et  aux  Pyrénées. 
Al.  Jordan  dans  ses  Diagnoses,  etc.,  parues  en  1864,  a  cru  nécessaire 
de  modifier  ce  nom  (op.  cit.,  pp.  187-188),  en  créant  le  Br.  pyrenaea 
pour  la  plante  des  Pyrénées  et  réservant  celui  de  B.  cheiranthos 
Vill.,  Hist.  pi.  Daup/i.,  II,  p.  332,  pour  la  plante  des  Alpes.  Timbal- 
Lagrave  et  Jeanbernat  (Massif  du  Llaurenti,  p.  154  du  tirage  à  part) 
ont  adopté  cette  opinion,  mais  MM.  Rouy  et  Foucaud,  dans  leur 
FI.  de  Fr.,  II,  p.  53,  désireux  d'éviter  toute  confusion,  ont  appelé 
B.  Pourretii  (sous-espèce  du  groupe  o/eracea),  la  plante  de  Pourret, 
et  S.  Candollei  (forme  du  S.  Cheiranthus  Koch),  celle  de  de  Candolle. 
Sous  le  nom  de  Sisymbrium  obtusangulum  Willd.,  Lapeyrouse, 
dans  son  Hist.  abr.  pi.  Pyr.y  pp.  380  et  381,  a  confondu  les  deux 
plantes  susnommées  et  en  outre  le  B.  cheirantiflora  DC,  parce 
qu'il  considérait  l'espèce  de  Willdenow  comme  un  type  très  variable, 
et  ne  connaissait  pas  bien  les  variations  du  S.  cheiranthus,  suivant 
l'altitude  et  la  station.  Grâce  aux  travaux  de  phytographie  moderne, 
on  est  mieux  éclairé  sur  ce  groupe  d'espèces  affines  et  leur  syno- 
nymie est  connue  avec  certitude. 

80  —  S.  arvensis  L.  —  C.  Champs  et  lieux  cultivés  des 
z.  inf.  et  subalp.  —  Mai-juillet.  De  préférence  sur  le  cal- 
caire. Nous  l'avons  constatée  jusqu'à  1250m  d'alt.,  dans  les 
champs  de  Prades. 

Var.  «  oriental!»  Coss.  etGerm.  (S.  orientalis  L.).  Siliques  dres- 
sées et  hérissées  de  poils,  rarement  glabres  non  toruleuses  à  la 
maturité,  à  trois  nervures,  à  bec  unique  ancipité,  etc.  Correspond 
au  type. 

Var.  (3  Schkuhriana  Rchb.  (pr.  spec),  le.  germ.,  II,  tab.  87, 
f.  4425  6.  —  Ex8icc.  Soc.  dauph.,  n°|3626.  Souvent  mélangée  au  type, 
mais  caractérisée  par  ses  siliques  grêles  toruleuses,  à  5  nervures  et 
à  bec  conique-subulé,  ses  pédicelles  allongés,  ses  il.  plus  petites  et 
plus  pâles,  ses  feuilles  caulin.  lyrées  ou  lobées,  etc.  Son  fruit  ren- 
ferme 9  à  12  graines  tandis  que  celui  de  la  var.  a  n'en  contient  que 
3  à  9. 

Eruca  (Tournef.)  DC. 

E.  sativa  Lamk.  ;  Brassica  Eruca  h.;  communément  cultivée  dans 
les  jardins  potagers  de  la  z.  infér.  —  Avril-août.  On  la  rencontre  à 
l'état  adventice  accidentel  dans  les  champs;  elle  possède  des  pro- 
priétés diurétiques  et  antiscorbutiques. 


DU   BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  83 

Tribu  4.  —  Raphanées  DC.  (entend,) 

Raphanus  L. 

SI  —  R.  silvester  Lamk.  ;  R.  Raphanistrum  L.  ! 

Le  type  ne  paraît  pas  exister  dans  notre  région  ;  il  ne  dépasse 
guère,  dans  les  Pyrénées-Orientales,  la  zone  de  l'olivier,  mais  nous 
possédons  la  forme  et  la  sous-variété  suivantes,  dont  les  exemplaires 
ont  été  revus  par  M.  J.  Foucaud  en  1897  : 

R.  microcarpu8  Lange  (pr.  specie),  PugilL,  p.  276.  —  CC. 
Moissons,  lieux  incultes  de  la  z.  inf.,  aux  alentours  d'Ax- 
les-Thermes.  —  Avril-octobre. 

S.  var.  intermediu8  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  67. 

—  C.  Mêmes  stations,  mais  s'élève  jusque  dans  la  z.  subalp.  : 
champs  de  Sorgeat,  vers  Ascou  (i060m),  etc. 

Le  Radis  (Raphanus  sativus  L.)  se  rencontre  quelquefois,  à  l'état 
subspontané,  autour  des  habitations.  Sa  racine  renflée,  charnue,  à 
saveur  piquante,  est  tantôt  petite,  rose  et  blanche  (R.  radicula  Pers.), 
tantôt  grosse  comme  un  navet  et  noire  extérieurement  (R.  nigra 
Mérat). 

Tribu  5.  —  Crambées  Coss. 
Raplstrum  Crantz  (1769),  emend. 

82  —  R.  rugosum  Bergeret,  Phytonom.  univ.y  III  (1784), 
p.  171  ;  Ail.,  FI.  ped.,  I  (1785),  p.  257;  Myagrum  rugosum  L. 

—  C.  Champs,  décombres,   fossés  de  la   z.    inf.   —  Juin- 
septembre. 

Tribu  6.  —  Lepidinées  DO.  (emend.). 
Lepldlum  L.  (emend.) 

83  —  L.  caxnpestre  II.  Br.  ;  Tklaspi  campestre  L.  —  AC. 
Champs,  bords  des  chemins,  etc.,  de  la  z.  infér.  —  Mai-août. 

—  Ax  :  gare,  parc  de  THorte;  route  nationale  près  du  pont 
de  Rial,  etc. 

1.  Dénomination  vicieuse  par  tautologie.  C'est  un  pléonasme  choquant. 


84  PLANTES  INDIGÈNES 

84  —  L.  heterophyllum  Benth.,  Cat.  pi.  indig.  Pyr., 
p.  95  (1826). 

Les  trois  variétés  suivantes  basées  seulement  sur  la  glabrescenoe 
ou  la  pubescence  des  feuilles  et  des  pédicelles  ont  été  créées,  par 
les  auteurs,  aux  dépens  de  cette  espèce  : 

Var.  «  alpestreF.  Schultz(1840);  var.  pyrenaicum  GG.  (1848). 
—  AC.  Bords  des  chemins,  lieux  stériles,  fossés,  pelouses, 
tertres,  etc.,  dans  tous  les  terrains  des  z.  inf.  et  subalp.  ;  — 
RR.  dans  la  z.  alp.  —  Mai-août.  —  Chemin  de  Perles,  prairies 
en  face  du  passage  à  niveau  du  Castelet;  Ax  :  prairie  de 
Saint-Udaut  et  chemin  de  traverse  près  du  lacet  de  Bel- 
Air;  prairies  sur  le  village  d'Ignaux  (1030m)  ;  vallée  latérale 
d'Orgeix,  bords  du  chemin  (1420,n);  vallée  du  Mourgouillou, 
aux  Llabérolés  (1550ra);  vallon  de  Saint-Joseph  (2050),  etc. 

Var.  p  médium  R.  etFouc,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  83.  —  AC. 
Mêmes  habitats,  dans  les  z.  inf.  et  subalp.  — Mai-juillet.  — 
Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  650™  (Castelet,  rochers 
sur  les  cascades  de  TAriège),  à  1400ra  (pelouses  delà  serre 
de  Vaïchis). 

Var.  y  campestre  F.  Schultz(1840)  ;  var.  canescens  GG.  (1848); 
L.  Smithii  Hook.,  Brit.  fl.}  éd.  3,  p.  300.  —  Exsicc.  Soc.  dauph., 
n°  3196  et  bis.  —  AC.  Mêmes  habitats,  dans  les  z.  inf., 
subalp.  et  alp.  —  Mai-août.  —  Nos  exemplaires  ont  été 
récoltés  de  85001  (chemin  de  Vaïchis,  col  de  Coudine),  à 
2100m  (pelouses  sous  les  mines  de  fer  de  Puymaurens). 

On  trouve  quelquefois  aux  environs  d'Ax,  à  l'état  subspontané,  le 
L.  sativum  L.,  cresson  a/éuoîs,  nasitort,  qui  est  cultivé  dans  les 
jardins  pour  l'usage  de  la  cuisine,  comme  assaisonnement,  à  la  place 
du  cresson  de  fontaine,  mais  il  est  irritant  et  même  sternutatoire. 

Hutchlnsia  R.  Brown. 

85^-H.alpinaR.  Br.  (1812);  Noccxa alpinaRchb.  (1832); 
Lepidium  alpinum  L.  —  C.  Lieux  rocailleux  et  sablonneux, 
bords  des  torrents,  rochers  et  éboulis,  dans  les  terrains  gra- 


du£bassin  de  la  Haute  ariège.  85 

nitiques  et  schisteux  des  z.  alp.  et  niv.  —  Juin-août.  —  Nos 
exemplaires  (plus  de  30  localités  !)  ont  été  récoltés  de  1900m 
(aux  bords  du  ruisseau  de  la  Coume  de  Paraou),  à  2828m  (som- 
met du  pic  PédrouxSud),  et  principalement  :  dans  les  hauts 
massifs  d'Orlu,  de  Mérens,  de  l'Hosuitalet,  de  Pont-Nègre  ; 
sur  les  crêtes  schisteuses  de  la  Solana  d'Andorre,  etc. 

Cette  plante  nivale  par  excellence  forme  une  salade  exquise,  à  une 
altitude  où  le  cresson  ne  se  rencontre  plus.  On  la  retrouve  rare- 
ment dans  la  z.  alpine,  mais  le  long  des  ruisseaux. 

86  —  H.  petraaa  R.  Br.  ;  Lepidium  petrœum  L.  ;  Teesdalea 
petrœa  Rchb.  —  AR.  Lieux  pierreux,  et  champs  des  ter- 
rains calcaires,  vieux  murs,  etc.,  de  la  z.  subalp.  —  Juin. 
Prades,  murs  des  champs  (1235m)  et  lieux  pierreux  du 
Fronteil  sur  le  chemin  de  la  Fajolle  (1340in);  champs  de  la 
Bouyche,  sur  Montaillou  (1380m). 

Capsella  Medik  (1792)  ;  Mœnch  (1794). 

87  —  C.  Bursa-Pastoris  Mœnch,  Melh.  p/.,  p.  271  ; 
Thlaspi  Bursa-Pastoris  L.,  Sp.  plant.,  éd.  2, 11(1753),  p.  903. 

Espèce  très  variable,  ubiquiste  et  synanthrope,  glabre  ou  velue,  et 
que  l'on  emploie  vulgairement  comme  tonique  et  astringente  dans 
nos  campagnes  contre  les  hémorragies  et  les  dysenteries.  On  la 
rencontre  dans  tous  les  terrains  siliceux  de  la  z.  inf.  jusque  dans 
la  z.  alp.,  où  on  la  retrouve  autour  des  cabanes  de  bergers  sous  la 
forme  pygmœa,  en  compagnie  du  Chenopodium  Bonus- II enricus  L. 
du  Rumex  alpinus  L.,  des  Urtica  dioica  L.  et  urens  L.,  du  Sper- 
gularia  rubra  Pers.,  de  Y Euphorbia  cyparissias  L.,  etc. 

Nous  possédons  les  variétés  suivantes  qui  ne  sont  dues,  suivant 
Timbal-Lagrave1,  qu'à  des  influences  locales,  soit  à  l'action  de  la 
chaleur  qui  peut  activer  le  mouvement  plus  ou  moins  précipité  des 
organes  sur  lesquels  sont  fondés  leurs  caractères  distinctifs  : 

Var.  ruderalis  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Frn  II,  p.  94  ;  C.  ru- 
deralis  Jord.  (pr.  sp.).  —  Avril-juillet.  Laucate,  à  la  limite 


1.  Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.,  sess.  extraord.  à  Prades-Mont-Loui9,  tomo  XIX  (1872), 
note  D,  p.  cxv. 


86  PLANTES   INDIGÈNES 

du  canton  d'Ax  ;  Ax,  talus  de  la  route  nationale,  en  face  de 
la  gare;  Prades,  chemin  de  la  Pajolle  (1240m),  etc. 

Var.  agrestis  R.  et  Fouc.  (loc.  cit.)  ;  C.  agrestis,  Jord.  (pr. 
sp.)  —  Avril-septembre.  Savignac,  talus  près  du  pont  sur 
TAriège;  Ax,  parc  du  Teich,  près  de  la  cascade;  bords  du  lac 
de  Naguilles  (1854ra),  près   de  la  cabane  du  pêcheur,    etc. 

Var.  integrifolia  DC,  FI.  /r.,  IV,  p.  709.  —  Avril-sep- 
tembre. Ax  :  pied  des  murs  des  maisons  de  la  rue  du  Mou- 
linas, métairie  de  la  Julie,  route  d'Espagne,  etc.  ;  Sorgeat, 
décombres  sous  l'église  (1040m);  rochers,  près  du  trou  de 
Vor  de  Baxouillade  (2080m),  etc. 

Var.  macrocarpa  Albert,  PL  du  Var,  p.  10.  — Juin.  Ax,  rive 
gauche  de  TOriège,  près  du  pont  métallique  du  Teich,  etc. 

Var.  pygmœa  Bœnitz,  in  Herb.  Europ.  ;  C.  humilis  Rouy 
et  Pouc,  loc.  cit.,  p.  96  (pr.  forma).  —  Août.  Débouché  du 
vallon  d'En-Garcias,  sur  le  plateau  de  Puymaurens  (1935m)  ; 
caserne  des  mineurs  de  Puymaurens  (2140m),  et  éboulis 
schisteux  de  la  mine  de  Puymaurens  (2150m);  jasse  des 
Vaillettes  des  Padrons  (2290m). ! 

Var.  rubella  Loret,  FI.  Montpell.,  2°  éd.,  p.  47;  C.  rubella 
Reuter, Z?u/Z.  Soc.  Hall.,  1854,  p.  18 (pr. sp.)]  C.  rubescensPer- 
sonnat,  Bull.  Soc.  bot.  AV.,  VII,  1860,  p.  511.  —  Exsicc.  Soc. 
dauph.,n°  \962etbis.  — Avril-juin.  —  Savignac,  fossésdela 
route  nationale,  en  face  de  l'église;  lieux  incultes  aux  envi- 
rons d'Ax,  etc. 

Nous  avons  considéré  comme  une  simple  variété  cette  dernière 
plante  souvent  rougeàtre,  qui  diffère  du  C.  Bursa-pastoris  :  par  ses 
pétales  dépassant  à  peine  le  calice  et  par  les  bords  latéraux  de  la 
capsule  presque  toujours  à  courbe  rentrante. 

Le Capsclla  gracilis Grenier,  FI.  massil.advcna,p.  17(1857)  emend.  ; 
de  Lacroix,  in  Bull.  Soc.  bot.  Fr.t  tome  VIII,  1861,  p.  261,  n'a  pas 
encore  été  observé  par  nous,  dans  le  bassin  de  la  haute  Ariège,  mais 

I.  C'est  la  seule  localité  pyrénéenne  citée  par  MM.  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr., 
I,  p.  96,  d'après  les  échantillons  donnés  par  nous  à  M.  G.  Rouy. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  87 

nous  le  possédons  des  environs  immédiats  de  ce  bassin.  D'après  cer- 
tains auteurs  (Jordan,  de  Martrin,  Loret,  Debeaux,  Timbal-La- 
grave,  etc.),  cette  plante  méconnue  serait  un  état  maladif  du  C .  Dur  sa- 
pastoris,  à  siltcules  avortées;  d'après  d'autres  (Grenier,  ttavoux, 
Albert,  Corbière,  abbé  Ily,  etc.),  elle  serait  un  hybride  des  C.  Bursa- 
pastoris  et  rubella,  avec  lesquels  elle  croit  toujours,  et  l'on  aurait 
pris  pour  elle  les  diverses  formes  abortives  de  ces  deux  espèces 
parentes,  ce  qui  explique  la  divergence  d'opinion  sur  son  compte. 
Le  C.  gracilis  semble  emprunter  en  effet  des  caractères  mixtes  aux 
parents  qu'on  lui  suppose  :  il  a  la  teinte  rougeâtre  et  la  base  de  la 
silicule  du  C.  rubella;  il  a  le  haut  de  la  silicule  et  la  longueur  des 
pétales  du  C.  Bursa-pasloris,  dont  il  égale  la  taille  développée. 

Tribu  7.  —  Biscutellées  (Kirschl.  cmend.)  Coss. 

Blscutella  L. * 

88  —  B.  lsevigata  L. 

Espèce  polymorphe  qui  présente  pour  notre  région  les  sous-espèces 
et  formes  suivantes  : 

Subspec.  I.  —  B.  long  if o  lia  Vill. 

Le  type  existe  seulement  dans  l'Isère,  les  Hautes-Alpes,  la  Savoie 
et  la  Haute-Savoie,  d'après  MM.  Houy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.,  H, 
pp.  106-107,  mais  nous  possédons  les  formes  et  variétés  suivantes  : 

B.  8axatili8  Schleich.,  Cent,  exsicc,  n°  69  (pr.  sp.).  —  AC. 
Lieux  arides  et  rochers  calcaires  de  la  z.  subalp.  —  Mai-août. 
—  Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  1280m  (bords  du  che- 
min de  grande  communication  n°  3,  entre  le  col  de  Marmare 
et  Prades),  à  1972ra  (port  de  Paillères),  et  principalement 
dans  les  montagnes  de  Prades. 

Var.  leiocarpa  Rouy  et  Fouc,  loc.  cit.,  p.  106  ;  B.  alpicola 
Jord.  (pr.  sp.).  —  Silicules  lisses,  à  échancrure  plus  ou  moins 
profonde.  —  RR.  Août.  —  Rochers  à  l'entrée  des  gorges 
de  la  Frau,  sous  le  bois  de  Fontfrède  de  Prades  (J100,n). 


i.  Tous  nos  exemplaires  ont  été  revus  par  M.  J.  Foucaud  en  1897. 


88  PLANTES  INDIGENES 

Var.  angu8tifolia  Timb.  (pr.  sp.),  Flor.  Corb.,  p.  56.  — 
Silicules  très  peu  scabres  (Timb.),  feuilles  plus  étroites 
lancéolées  obtuses.  —  R.  Juin-août.  —  Éboulis  cale,  du  roc 
des  Llamprés  (1280"1)  ;  Coumeil  del  Fau,  dans  le  bois  de 
Fontfrède  de  Prades  (1360m). 

Var.  napifolia  Timbal-Lagrave  (in  litt.).  —  Taille  élevée 
(4-5  décim.),  feuilles  larges  ayant  la  forme  de  celles  du 
Brassica  Napus)  etc.  —  R.  —  Août.  Bords  de  la  voie  ferrée  à 
Laucate  (630m),  limite  du  canton  d'Ax  ;  rochers  sous  le  vil- 
lage de  Perles  (650m). 

Nos  exemplaires  ont  été  déterminés  par  Timbal-Lagrave  qui  n'a 
point  publié  la  description  de  cette  plante. 

B.  flexuo8a  Jord.  (pr.  sp.),  var.  scabrida  Rouy  et  Fouc.  ; 
B.  picridifolia  Lap.,  var  crepidifolia  Lap.,  Hist.  abr.  Pyr., 
p.  373;  B.  Timbali  Giraudias,  Not.  crit.  FI.  Arièg.,  1888, 
p.  9.  —  C.  Talus  schisteux,  pelouses  et  roch.  cale,  etc., 
des  z.  inf.  et  subalp.  —  Juin-septembre.  —  Nos  exemplaires 
(plus  de  20  localités),  récoltés  de  620m  (Laucate,  talus  de 
la  voie  ferrée,  près  du  tunnel),  à  1830m  (sommet  du  Roc  des 
Scaramus),  ont  les  silicules  scabres. 

MM.  Rouy  et  Fouc.  indiquent  cette  plante  (loc.  cit.,  p.  107)  «  dans 
la  vallée  de  Sorgeat,  Marc.-d'Aym.  in  herb.  Rouy.  »  ;  c'est  :  vallon 
de  Montaud,  roch.  cale,  de  VEstreit  (1240œ),  qu'il  faut  lire. 

B.  breuifolia  Rouy  et  Fouc.  (loc.  cit.,  p.  107);  B.  pyre- 
naica  bot.  plur.,  non  Huet  du  Pav.  —  AR.  Rochers  et 
éboulis  des  z.  alp.  et  niv.  —  Juillet-août.  Éboulis  de  la  por- 
teille  de  Baxouillade,  versant  d'Orlu  (2270m)  et  rochers  de 
cette  porteille  (2420m)  ;  plateau  de  Camp-Ras,  dominant  le 
Llaurenti  (2470m). 

D'après  MM.  Rouy  et  Fouc.  (loc.  cit.>  p.  108),  la  plante  indiquée 
sous  le  nom  de  Bise,  minor  Bordère  «  au  vallon  de  Barbouillère  en 
montant  au  Soula  des  Artigous  »,  par  Jeanbernat  et  Timbal  (Massif 
du  Llaurenti,  p.  160  du  tirage  à  part),  doit  être  rapportée  au  B.  bre» 
vifolia. 


DU  BASSIN  DE  LA.  HAUTE  ARIÈGE.  89 

Subspec.  II.  —  B.  lucida  DC.  {pr.sp.),  Syst.  2  (1821),  p.  414, 
et  Dissert.  n°  20,  tab.  7;  B.  lœvigata  var.  glabra  Gaud.,  FI. 
helv.y  IV  (1829),  p.  235. — AR.  Pelouses  et  éboulis  des  z.  alp. 
etniv. — Juillet-août.  —  Base  du  Roc-Blanc,  versant  d'Orlu 
(2080m)  ;  sarrat  de  la  Coumeto  (petit  vallon)  de  Baxouillade 
(2190m);  pas  de  Camp-Ras  (2280m)  ;  porteille  de  Baxouillade 
(2420™)  ;  plateau  de  Camp-Ras  dominant  le  Llaurenti  (2475°) 
et  sommet  du  pic  de  Camp-Ras  (2554m). 

Nos  exemplaires  ont  les  feuilles  glabres  luisantes  ciliées,  entières 
ou  à  peine  dentées,  la  plupart  radicales  oblongues  ou  linéaires 
oblongues;  les  silicules  sont  glabres,  etc. 

Dans  la  note  intitulée  :  le  Biscutella  lucioa  DC.  acquis  à  la  flore 
française  ',  nous  avons  démontré,  après  comparaison  faite  par 
M.  G.  Rouy,  de  spécimens  de  notre  herbier  avec  des  échantillons 
authentiques  de  cette  plante,  du  Tyrol,  de  la  Bavière,  de  la  Suisse 
méridionale,  de  l'Italie  septentrionale  et  centrale,  qu'elle  existait 
dans  le  bassin  de  la  haute  Ariège,  et  nous  avons  aussi  reproduit 
in  extenso  la  description  du  B.  lucida,  d'après  l'auteur  même  de 
l'espèce  (que  nous  considérons  comme  une  sous-espèce  de  B.  lœvi- 
gala),  et  celle  donnée  par  Gaudin,  qui  envisage  le  B.  lucida  comme 
une  variété  glabre  du  B.  lœvigata  h.  —  Les  exemplaires  que  nous 
possédons  en  herbier  des  prairies  du  Mont-Cenis  (Piémont),  ont  la 
taille  plue  élevée  que  les  nôtres. 

Subspec.  III.  —  B.  pyrenaica  Huet  du  Pavillon  (pr.  sp.)t 
Ann.  se.  nat.9  3a  série,  tome  XIX  (1853),  p.  252;  B.  coro- 
nopifolia  Lap.  non  L.  !  —  AC.  Débris  schisteux,  granités 
émiettés  de  la  z.  niv.  —  R.  dans  la  z.  alp.  —  Juillet-août. 

Nos  exemplaires  (16  localités)  ont  été  récoltés  de  2100in 

(vallon  d'En-Garcias),  à  2828m  (sommet  du  pic  Pédroux  Sud), 

et  principalement  :    dans  les  hauts  massifs  schisteux  de 

Moustier,  des  Piques-Rouges,  du  Pédroux,  de  Puymaurens  ; 

dans  le  massif  granitique  de  Font-Nègre,  etc. 

En  dehors  de  notre  circonscription,  nous  avons  aussi  récolté  cette 
plante,  en  Andorre  :  dans  les  granités  émiettés  de  la  portella  dels 
Pessons  (2780m)  et  du  sommet  du  puig  dels  Pessons  (2865m). 

1.  Le  Monde  des  plantes,  organe  de  l'Acad.  intern.  de  géogr.  bot.  et  Bull,  de 
l'Assoc.  fr.  de  bot.,  7e  année,  2*  série,  n*  100,  fascic.  de  mars,  1898,  pp.  97  et  98. 


90  PLANTES   INDIGÈNES 

D'après  II.  Loret  (Glanes  d'un  botaniste,  \nl3ull.  Soc.  bot.  de  f'r., 
VI  (1859),  p.  90),  qui  accompagnait  le  botaniste  genevois  Alfr.  Huet  du 
Pavillon,  le  24  août  1 852,  lors  de  la  découverte  de  cette  plante  au 
sommet  de  la  vallée  d'Eynes  (Pyr.-Or.)  :  «  La  brièveté  de  la  tige  semble 
être  due  à  une  station  des  plus  élevées,  et  quoiqu'elle  paraisse 
ascendante,  il  suffit  de  l'examiner  pour  reconnaître  que  ce  port  n'est 
qu'accidentel.  Les  débris  schisteux,  amoncelés  au  lieu  où  croît  cette 
plante,  l'ont  recouverte  peu  à  peu  au-dessus  du  collet  et  lui  ont 
imprimé  une  direction  forcée,  comme  je  l'ai  vu  ,  quelquefois , 
pour  d'autres  Discutella  et  pour  des  espèces  dont  le  port  naturelle- 
ment dressé  était  altéré  par  la  pression  lente  mais  continue  des 
débris  mouvants  qui  tendaient  à  l'ensevelir »  Mais  outre  le  carac- 
tère de  la  brièveté  de  la  tige,  il  y  en  a  d'autres  qui  permettent  de 
distinguer  nettement  cette  plante  :  souche  vivace  et  gazonnante, 
feuilles  spatulées  à  3-5  dents  profondes  au  sommet  seulement, 
vertes  et  velues  hérissées;  fl.  relativement  grandes  ;  silicules  scabres 
non  ailées,  disposées  en  corymbe  dense,  etc. 

Tribu  8.  —  Thlaspidées  DG. 
Iberls  L. 

89  —  Ib.  sempervirens  L. ,  Spec.  pi. ,  p.  905  ;  Lap. ,  Hist.  abr. 
Pyr.,  p.  370;  Rchb.,  le.  germ.,  II,  f.  4199  ;  —  Ib.  garrexiana 
Ail.  Auct.  ad.  syn.  meth.  stirp.  hort.  taur.  (1770-1773),  p.  73, 
et  Fl.  ped.  (1785),  I,  n°920,  p.  250,  tab.  40,  fig.  3,  et  tab.  54, 
fig.  2  ;  Rchb.,  legerm.,  II,  f.  4198.  —  Exsicc.  Soc.  dauph., 
n°  4458  et  bis.  —  C.  Rochers  et  éboulis  des  terrains  schist. 
et  cale,  des  z.  subalp.,alp.  et  niv.  —  Juillet-sept. 

Nos  exemplaires  (plus  de  25  localités)  ont  été  récoltés  de 
1680m  (roch.  cale. ,  à  l'entrée  de  la  grotte  d'Audouze),  à  2680m 
(éboulis  schist.  du  pic  de  la  fontaine  des  Isards),  et  princi- 
palement :  au  Roc  des  Scaramus  ;  à  la  crête  de  Paillères  ;  au 
Roc-Blanc  ;  aux  pics  de  Camp-Ras  et  de  Terres  ;  dans  le 
massif  de  Puymaurens;  aux  crêtes  frontières  de  l'Andorre 
(porteille  du  Siscarou),  etc. 

Nos  spécimens  ont  les  fleurs  d'une  dimension  très  variable,  quel- 
quefois roses  quand  elles  croissent  à  la  limite  du  schiste  et  du  gra- 
nité; les  silicules  sont  tantôt  aiguës,  tantôt  arrondies  ou  obtuses. 
D'après  M.  Burnat,  FL  des  Alp.  marit.,  I  (1892).  p.  137,  et  d'après 


DU   BASSIN  DE  LA.  HAUTE  ARIÈGE.  91 

MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.t  II  (1895),  p.  119,  renvoi  1  :  l'examen 
de  nombreux  pieds  d'Ib.  sempervirens  de  la  Grèce  et  de  l'Asie 
Mineure  et  d'Ib.  garrexiana  d'Italie,  des  Alpes  et  des  Pyrénées,  ne 
leur  a  pas  oermis  de  trouver  des  différences  constantes  entre  ces 
deux  formes?  d'une  seule  et  môme  espèce  et  permettant  de  les 
séparer.  —  Sur  les  limites  de  notre  flore,  nous  avons  observé  dans 
les  gorges  de  la  Frau,  à830m  d'alt.,la  var.  concolor  R.  et  Fouc,  FI. 
de  Fr.,  II,  p.  120,  caractérisée  par  les  filets  des  étamines  blancs  (et 
non  violets)  dans  toute  leur  longueur. 

90  —  Ib.  amara  L. 

Plusieurs  formes  ont  été  démembrées  de  cette  espèce  par  Jordan; 
nous  ne  possédons  que  la  suivante  dont  les  échantillons  ont  été  véri- 
fiés par  M.  J.  Foucaud  eu  1897  : 

/6.  Forestier!'  Jord.  (pr.  5/?.),  Adnot.  in  Cat.  jard.  Grenoble, 
1849,  p.  21,  et  Diagn.j  1864,  p.  287.  —  Exsicc.  Soc.  dauph., 
n°  2760.  —  G.  champs  et  lieux  cultivés  des  z.  inf.  et  subalp. 
principalement  sur  le  calcaire.  —  Juin-août,  suiv.  l'alti- 
tude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  15  localités)  ont  été  récoltés 
de  700m  (Ax,  square  aux  bords  de  l'Ariège  et  en  face  de 
la  gare),  à  1360™  (champs  de  Montaillou),  et  principalement 
dans  les  champs  de  Prades.  —  Loret,  dans  ses  Glanes  d'un 
botaniste,  l'indique  «  récolté  à  Ax,  le  20  juin  1856.  » 

D'après  Jordan,  loc.  cit.,  qui  a  établi  sa  plante  sur  des  échantillons 
envoyés  par  de  Forestier  de  plusieurs  localités  des  Hautes  et  des 
Basses-Pyrénées,  elle  diffère  de  176.  amara  dont  elle  est  très  voisine  : 
«  par  ses  11.  plus  petites,  par  ses  silicules  orbicul.  plus  largement 
ailées,  à  échancrure  plus  ouverte,  dont  les  lobes  dépassent  un  peu 
le  style  (lequel  est  au  contraire  saillant  dans  17.  amara),  par  ses 
feuilles  plus  minces  à  dents  plus  courtes  et  plus  aiguës,  par  son  port 
plus  grêle  et  sa  floraison  constamment  plus  précoce  de  près  d'un 
mois,  dans  un  môme  lieu.  »  En  dehors  des  départements  situés  sur  la 
frontière  des  Pyrénées,  cette  forme  de  17.  amara  n'est  indiquée  que 
dans  l'Aude  :  gorges  de  Saint-George  (Foucaud  et  G.  Gautier). 
Nous  avons  vainement  cherché,  dans  notre  circonscription  florale,  les 
Iberis  pinnata  L.,  Gouan,  et  /.  panduriformis  Pourret,  signalés 
dans  nos  départements  méridionaux. 


92  PLANTES   INDIGÈNES 

Teesdalea  *  R.  Br. 

91  —  T.  nudicaulis  R.  Br.  ;  Iberis  nudicaulis  L.  —  CC. 
Lieux  sablonneux,  bords  des  chemins,  rochers  9e  la  z.  inf. 

—  Avril-juin. 

Thlaspl  (Dill.)  L. 

92  —  T.  arvense  L.  —  AC.  Décombres,  lieux  cultivés, 
champs  de  la  z.  subalp.  —  Juin-août. 

Nos  exemplaires  récoltés  de  1230m  (talus  de  la  route  sous 
le  village  de  Prades),  à  1600m  (prairies  de  la  Solana  d'An- 
dorre près  des  granges  de  Lapatrie),  et  principalement  :  dans 
les  champs  et  les  décombres  de  Prades  et  de  l'Hospitalet. 

D'après  nos  paysans,  la  viande  des  moutons  qui  mangent  cette 
plante  rudérale  et  souvent  calcicole,  possède  un  goût  désagréable. 

93  —  T.  perfoliaium  L.  —  Bords  des  chemins,  champs, 
rochers  des  terrains  calcaires.  —  R.  dans  la  z.  inf.  —  AO. 
dans  la  z.  subalp.  —  Avril-mai. 

Nos  exemplaires  récoltés  de  820m  (murs  des  prés  de  la 
rive  g.  de  TOriège,  en  face  du  vacant  communal  d'Orlu),  à 
1280m  (rochers  de  la  grande  route  entre  le  col  de  Marmare 
et  Prades),  et  principalement  dans  les  champs  des  environs 
de  Prades. 

Nous  possédons  aussi  la  forme  suivante  : 

T.  erraticum  Jord.  {pr.  sp.),  Pugill.,  p.  12,  et  Diagn.,  p.  251. 

—  AC.  Talus  et  champs  des  terrains  cale,  de  la  z.  subalp. 

—  Mai-juin.  —  Çà  et  là  avec  le  type. 

Cette  plante  ne  nous  paraît  différer  du  type  perfoliaium  dont  elle 
est  la  miniature,  que  par  son  aspect  grêle,  sa  taille  plus  petite,  ses 
rameaux  fructifères  plus  courts  et  ses  fl.  plus  petites. 

94  —  T.  brachypetalum  Jord.,  Obs.  fragm.  3,  p.  5  (sept. 
1846);  T.  virgatum  G.  G.,Prosp.  FI.  de  Fr.}  p.  8  (nov.  1846); 


I .  Plus  correct  que  Teesd&lià.  Cette  espèce  a  été  dédiée  par  Robert  Brown  à  son 
ami  Tcesdale,  botaniste  anglais. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  93 

T.  alpestre  L.  (sec.  Jord.)  et  Vill.,  non  auct.  ait.1  —  AR. 
Prairies  et  pâturages  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Mai-août.  — 
Prairies  du  parc  d'Orgeix  (800m)  ;  bois  du  clôt  de  Baillar, 
près  du  col  de  Peyreblanque  (1480m  et  1505m). 

Loret,  dans  ses  Glanes  d'un  botaniste  *,  signale  le  T.  vulcanorum 
Lamotte  «  sur  les  rochers  granitiques  à  fleur  de  terre  dans  les 
prairies  de  l'Hospitalet  (Ariège)  »  et  il  ajoute  :  «  cette  détermination 
que  je  fis  dans  les  montagnes  sur  la  plante  vivante  d'après  mes  notes 
sur  les  espèces  de  récente  création,  notes  indispensables  quand  on 
herborise  longtemps  loin  de  ses  livres,  a  été  confirmée  depuis  par 
l'auteur  de  l'espèce.  »  Or,  cette  plante  est  spéciale  aux  terrains  volca- 
niques de  l'Auvergne,  puisque  Lamotte,  dans  ses  Notes  sur  quelq. 
pi.  nouv.  du  pi.  centr.,  1855,  p.  24,  ajoute  après  la  description  de  cette 
espèce  :  a  Toujours  sur  le  terrain  volcanique,  bois,  taillis,  champs  en 
friche,  etc.,  voisin  du  T.  brachypctalum  Jord.  et  du  T.  alpestre  Jord.  » 
Cette  erreur  a  été  rectifiée  par  MM.  Rouy  et  Fouo.,qui  dans  leur  FI. 
de  Fr.y  II,  p.  149,  rapportent  au  T.  brachypetalum  Jord.  la  plante 
indiquée  sous  le  nom  de  T.  vulcanorum,  à  l'Hospitalet,  par  H.  Loret 
dont  l'herbier  se  trouve  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 

95  —  T.  silvestre  Jord.,  loc.  cit.,  p.  9,  et  Diagn.,  p.  261. 
T.  alpestre  auct.  non  L.  —  AR.  Pâturages  des  z.  subalp.  et 
alp.,  principalement  sur  le  calcaire.  —  Juin-juillet.  —  Près 
du  chalet  forestier  de  Courtal  Juan  (1530m);  bois  de  la  Gri- 
lole,  près  du  ruisseau  de  la  Crémade  (1670m);  les  Bizornes, 
sous  le  pic  de  Carroutch  (1750m);  sommet  du  pic  de  Serem- 
barre  (1854m)  ;  roch.  cale,  de  la  croix  du  port  de  Paillères 
(1910m). 

Nous  possédons  aussi  la  forme  suivante  : 

T.  Gaudinianum  Jord.  (pr.  sp.),  loc.  cit.,  p.  14,  et  Diagn., 
p.  264;  T.  alpestre  Gaud.  —  R.  Pelouses  de  la  z.  subalp.  — 
Juin-juillet.  —  Crête  de  Montalzéou,  au  N.-O.  du  bois  de 


I.  D'après  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.>  II,  p.  147,  la  diagnose  linnéenne 
du  T.  alpestre  ne  peut  s'appliquer  qu'au  T.  brachypetalum  Jord.,  mais  pour  éviter 
une  confusion  regrettable,  ils  estiment  préférable  d'abandonner  lo  nom  de  T.  alpestre, 
véritable  source  d'erreurs,  et  de  laisser  le  nom  de  T.  alpestre  auct.  sous  celui  de 
T.  silvestre  Jord. 

"2.  Bull.  Soc.  bot.  deFr.,  VI  (1859),  p.  93. 


94  PLANTES   INDIGÈNES 

Fontfrède  de  Prades  (1630m)  ;  mouillères  del  Rey,  sigrMont- 
mija  (1680m). 

Elle  ne  nous  parait  différer  du  type  que  par  ses  silicules  plus 
petites  et  par  son  style  dépassant  Téchancrure  ;  mais  ce  dernier  carac- 
tère a  même  peu  de  valeur,  car  la  profondeur  des  sinus  de  la  silicule 
et  la  longueur  du  style  varient  beaucoup.  De  plus  Grenier,  dans  sa 
Flore  jurassique,  p.  70,  a  fait  de  justes  observations  sur  la  légiti- 
mité plus  ou  moins  grande  des  espèces  établies  par  Jordan  au  moyen 
du  démembrement  du  Th.  alpestre,  notamment  en  ce  qui  concerne 
la  couleur  des  anthères,  etc. 

Tribu  9.  —  My agrées  Rouy  et  Fouc. 
Myagrum  (Tournef.)  L. 

96  —  M.  perfoliatum  L.  —  RR.  Moissons  des  terrains 
cale,  de  la  z.  subalp.  —  Juin.  —  Champs  de  Prades,  près 
du  pont  de  Coumener  (1315m). 

Neslea  Desv.  (sub  Neslla).  4 

97  —  N.  paniculata  Desv.,  in  Joum.  de  bot.  (1813),  p.  162, 
t.  XXV,  fig.  1  ;  Vogelia  paniculata  Horn.  Hort.  llaffn.  (1813), 
p.  594  ;  Myagrum  paniculatum  L.  —  AR.  Champs,  mois- 
sons, parfois  décombres  des  z.  inf.  et  subalp.,  surtout  sur 
le  calcaire.  —  Juin-août. 

Décombres  au-dessus  de  la  gare  d'Ax,  dans  la  prairie 
Boyé  (705m)  ;  moissons,  sur  le  village  de  Prades  (1260  et 
1280m);  champs  de  Montaillou ,  sur  le  château  fort 
(1380m),  etc. 

Tiubu  10.  —  Buniadées  DC. 
Bunlas  R.  Br. 

98  — B.  Erucago  L.  —  C.  Champs,  bords  des  chemins, 
prairies  de  la  z.  inf.  —  Avril-août.  —  Environs  d'Ax,  de 
Savignac,  du  Castelet,  etc. 

1 .  Il  est  plus  correct  d'écrire  Neslea  que  Neslia,  du  nom  latin  du  botaniste  J.  A.  N. 
de  Nesle,  professeur  à  Poitiers,  mort  en  1818,  auquel  cette  plante  a  été  dédiée 
par  Desvaux. 


DU    BASSIN   DE   LA   HAUTE   ARIÈGE.  95 

C'est  une  plante  expectorante.  Nous  avons  observé  sur  la  plupart 
de  nos  échantillons  les  ailes  de  la  silicule  peu  dentées  et  plus  courtes 
que  son  diamètre  (B.  brachyptera  Jord.  (pr.  sp.),  Diagn.,  p.  343), 
mais  nous  ne  possédons  pas  la  forme  B.  macroptera  Rchb.,  dont 
les  crêtes  du  fruit  sont  plus  longues  que  son  diamètre  et  incisées- 
dentées,  et  qui  croît  dans  les  plaines  de  la  basse  Ariège,  ni  la  forme 
B.  arvensis  Jord.,  loc.  cit.,  dont  les  silicules  sont  à  angles  non  ailés. 
Nous  ne  pensons  pas  qu'il  faille  attacher  une  grande  importance 
aux  dimensions  très  variables  de  la  silicule,  car  suivant  les  lieux 
on  trouve  quelquefois  sur  le  même  pied  de  nombreuses  transitions 
d'une  forme  à  l'autre,  selon  le  développement  plus  ou  moins  avancé 
de  la  plante. 

Tribu  11.  —  Alyssinées  DC. 

Lunarla  (Tournef.)  L. 

99  —  L.  rediviva  L.  —  RR.  Lieux  frais  et  couverts.  — 
Juin.  —  Fossés  humides  du  chemin,  en  descendant  du 
hameau  de  l'Ourza  aux  gorges  de  la  Frau  (12601"). 

On  rencontre  çà  et  là  dans  la  z.  inf.,  à  l'état  subspontané,  la 
L.  biennis  Mœnch  (L.  annua  L.,  Spec,  911),  vulgairement  monnaie 
du  Pape;  ses  graines  ailées  ont  été  emportées,  par  le  vent,  des  par- 
terres où  on  la  cultive  pour  l'agrément. 

Alyssum  L. 

100  —  A.  montanum  L.  {sensu  lato). 

C'est  une  plante  polymorphe  des  montagnes  calcaires  de  nos  z. 
subalp.  et  alp.  —  Jordan  et  Fourreau,  dans  leur  Breviarium  pl.nov., 
fasc.  II  (1868),  pp.  7-1 1,  en  ont  démembré  plusieurs  espèces  ?  affines, 
plus  tard  rattachées  au  groupe  de  la  sous-espèce  A.  collicolum 
Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  180,  comme  simples  formes;  Tim- 
bal-Lagrave  et  Jeanbernat  (11e  Bull.  Soc.  dauph.,  1884,  pp.  458  et 
459;  Rev.Soc.  fr.  de  bot.,  3,  1884-1885,  pp.  104-107,  tab.  1,  fig.  A. 
B.  et  C),  ont  aussi  démembré  trois  formes  de  VA.  montanum.,  que 
MM.  Rouy  et  Fouc,  loc.  cit.,  ont  rattaché  à  la  sous  -espèce  A.  diffu- 
sumTen.  Nous  possédons  ces  trois  formes,  basées  surtout  sur  la  dif- 
férence de  couleur  et  d'aspect  des  graines,  etc.  Nous  les  considé- 
rons comme  de  simples  variétés. 


96  PLANTES   INDIGENES 

Var.  «  helianthemifolium  J1  et  Timbal.,  loc.  cit.,  p.  458  et 
459,  et  p.  105,  fig.  A.  —  Feuilles  petites,  blanches  incanes 
sur  les  deux  faces  ;  silicules  ovales  suborbiculaires  à  graines 
brunes  elliptiques,  atténuées  au  sommet  et  mucronées.  — 
AR.  Pelouses  et  éboulis  cale,  de  la  z.  subalp.  —  Juin-juillet. 

—  Éboulis  du  Roc  d'En-Calqué  (1265m)  ;  éboulis  du  Roc  des 
Scaramus,  vers  le  vallon  de  l'Ourza  (de  1670m  à  1760m),  etc. 

Var.  p  orbiculare  J'  et  Timb.,  loc.  cit.,  p.  459,  etp.  106,  f.  B. 

—  Feuilles  grisâtres  ou  légèrement  blanches  ;  silicules 
orbiculaires  à  graines  d'un  rouge  brique,  rondes  et  mucro- 
nées. AR.  —  Même  habitat  et  même  zone  que  la  var.  a.  — 
Pelouses  de  la  Nère,  sur  la  fontaine  d'Audouze  (1665ra); 
éboulis  du  Roc  des  Scaramus  (1750™),  etc. 

Var.  7  marginatum  J1  et  Timb.,  loc.  cit.,  p.  459,  et  p.  107, 
f.  C.  —  Feuilles  d'un  vert  cendré;  silicules  suborbiculaires 
à  graines  roussâtres,  rondes  et  bordées  d'une  aile  blanc 
jaunâtre.  AC.  —  Rochers  cale,  des  z.  subalp.  et  alp.  Juillet- 
août.  —  Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  1100m  (vallon 
de  la  Frau,  sous  le  village  de  Cornus),  à  2000m  (crête  cale, 
de  Paillères),  et  principalement  dans  les  montagnes  cal- 
caires :  de  Prades,  de  Montaillou,  d'Ascou,  etc. 

D'après  MM.  Rouy  et  Fouc,  cette  dernière  variété  correspondrait 
à  leur  var.  genuinum,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  181,  de  VA.  diffusum  Ten. 
(sous-espèce  de  VA.  montanum  L.).  Nous  possédons  des  exemplaires 
en  fleurs  seulement,  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible,  vu  l'absence 
de  caractères  suffisants,  de  rapporter  à  l'une  des  trois  variétés 
ci-dessus  énumérées.  Nous  les  avons  classés  dans  notre  herbier  sous 
le  nom  spécifique  d'Alyssum  montanum  L.  (sensu  lato). 

101  —  A.  calycinum  L.  —  C.  Champs,  lieux  sablonneux 
et  pierreux  des  z.  inf.  et  subalp.  — Juin-août.  —  Préfère  les 
terrains  argilo-calcaires.  —  Nos  exemplaires  récoltés  de 
670m  (plaine  de  Savignac,  vacant  sablonneux  près  de  la 
voie  ferrée),  à  1275m  (banquette  de  la  route  nationale,  au 
lacet  de  Saliens),  paraissent  se  rapporter  à  la  forme 
A.  erraticum  Jord.  (pr.sp.). 


DU    BASSIN    DE    LA    HAUTE    ARIÈGE.  97 

Rorlpa  Scop.  (1760);  Adans.  (1763). 

102  —  E.  pyrenaioa  Spach,  Vég.  phanér.,  6,  p.  508; 
Sisymbrium  pyrenaicum  L.  ;  Nasturtium  pyrenaicum  R.  Br. 

—  C.  Lieux  sablonneux,  granitiques,  bords  des  chemins, 
etc.,  de  la  z.  inf.  —  R.  dans  la  z.  subalp.  —  Mars-octobre. 

Nos  exemplaires  récoltés  de  650m  (rochers  humides  près 
du  pont  du  chemin  de  fer,  au  Castelet),  à  1655m  (fontaine 
des  Amarels,  sous  le  lac  de  Naguilles). 

Var.  hispanica  Willk.  et  Lge.  (pr.  sp.),  Prodr.  fl.  hisp.^  III, 
p.  845;  Nasturtium  pyrenaicum  Boiss.,  non  R.  Br.  —  AR. 
Rochers  et  bois  humides  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Juillet- 
octobre.  —  Castelet,  bords  de  l'Ariège  sous  le  grand  pont 
du  chemin  de  fer  (630m);  rochers  de  la  route  d'Espagne 
près  du  pont  de  Runac  (880m);  bords  de  la  route  de  Pointe- 
Couronne,  sous  le  Roc  de  Baulou  (1045œ)  ;  vallée  d'Orlu, 
rochers  dans  le  bois  de  Chourlot  (1250m). * 

Voisine  du  type  avec  lequel  elle  est  souvent  confondue,  cette 
variété,  signalée  seulement  dans  les  Hautes-Pyrénées  et  les  Pyr- 
Orientales  par  MM.  Rouy  et  Foucaud,  s'en  distingue  :  par  ses  fleurs 
plus  petites,  et  surtout  par  ses  silicules  ellipsoïdes  cylindriques 
égalant  le  pédicelle  (et  non  ovoïdes  oblongues). 

Kernera  Medik. 

103  —  K.  saxatilis  Rchb.  in  Môssl.  Handb.,  éd.  2,  vol.  2, 
p.  1 1 42  ;  Flor.  eœcurs.,  II,  1832,  p.  609;  le.  germ.  II,  f.  4264; 
Myagrum  saxatile  L.  —  RR.  Rochers  cale,  de  la  z.  subalp. 

—  Juin.  —  Vallée  de  l'Oriège,  bande  schisto-calcairc  en 
descendant  du  col  de  Gastillou  à  Gaudu  (1840m). 

Cette  plante  varie  à  feuilles  entières  ou  dentées;  elle  n'est  indiquée 
que  dans  les  rochers  et  rocailles2  des  Basses-Pyrénées  et  des 
Hautes-Pyrénées  par  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  204. 
Nous  possédons  aussi  les  deux  formes  suivantes  : 

1.  Tous  nos  spécimens  ont  été  vérifiés  par  M.  J.  Foucaud,  en  août  1897. 

2.  Alpb.  de  CanJolle,  Géogr.  bot.  raisonnèe,  1855,  p.  437,  la  signale  comme 
propre  aux  sols  calcaires. 

TOME   XIII.  ~i 


98 


PLANTES  INDIGENES 


K.  decipiens  Nym.  (pr.spec),  Syll.  fl.  Europ.,  1854,  p.  199; 
K.  sagittata  Miègeville,  Bull.  Soc.  bot.  Fr.,XIV,  1867,  p.  145. 
—  R.  Zones  subalp.  et  alp.  —  Juin-août.  —  Gorges  de  la 
Frau,  rochers  cale,  en  face  de  l'embranchement  du  vallon 
du  Basqui  (1030m)  et  sous  le  bois  de  Fontfrède  (1100m); 
rochers  cale,  en  allant  du  port  de  Paillères  au  Roc  de 
Lorry  (1980m).  » 

K.  auriculata  Rchb.,  loc.  cit.  (pr.  specie),  et  le.  germ., 
II,  f.  4265  ;  Myagrum  auriculatum  DC.  —  AR.  —  Calcaires  de 
laz. subalp.  —  Juin-juillet.  — Crête  du  soulade  Montalzéou, 
au  N.-O.  du  bois  de  Fontfrède  de  Prades  (1620m);  sommet 
du  bac  de  l'Ourza  (17 10ra)  ;  éboulis  du  Roc  des  Scaramus 
(1720m);  pelouses  du  Roc  des  Scaramus  (1800m). 

Voici  le  tableau  comparatif,  dressé  par  nous,  des  caractères  diffé- 
rentiels du  Kernera  saxatilis  Rchb.  et  de  ses  deux  formes  : 


KERNKRA  SAXATILIS 

Tige  élevée  (  1  -3  dôci  m .  ) 
ordin1  rougeâtre,  presque 
toujours  garnie  de  poils 
à  la  base. 

Feuilles  caul inaires  at- 
ténuées à  la  base,  non 
auriculées  ni   sagittées. 

Grappe  fructifère  lâche 
et  allongée. 

Silicule  arrondie  obo- 
vale  non  contractée  à  la 
base,  ni  stipitée. 


KERNERA.  DECIPIENS 

Tige  moins  élevée  (l- 
2  décim  )  presque  glabre 
à  la  baso. 

Feuilles  caulin.  auri- 
culées-sagittées. 

Grappe  fructifère 
courte. 

Silicule  ovoïde  non  sti- 
pitée à  la  base. 


KERNERA  AURICULATA 

Tige  basse  (5-10  cent, 
entièrement  glabre  à  la 
base. 

Feuilles  caulin.  auri- 
culées. 

Grappe  fructifère  ser- 
rée. 

Silicule  obovale  ou 
obovale-elliptiquc  con- 
tractée à  la  base,  pres- 
que stipitée  et  plus  petite. 


Draba  L. 


104  —  D.  aizoidea  L. 2  {sensu  lato). 


Nous  possédons  dans  ce  groupe  spécifique  les  deux  variétés  sui- 
vantes : 


1.  MM.  Rouy  et  Foucaud,  Fl.  de  F/*.,  II.  p.  20.'),  la  signalent  dans  PAriôge  d'après 
notre  indication  et  d'après  celle  de  Timbal-Lagrave. 

2.  Plus  correct  que  D.  aizoides. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈ6E.  99 

Var.  «  al  pi n  a  Koch,  Syn.,  éd.  2,  p.  67;  D.  aizoidea  «  vul- 
garis  Rchb.,  le.  germ.,  II,  fig.  4254  0;  D.  alpestris  Jord., 
Diagn.,  p.  204  (pr.  spec.)  —  AC.  Rochers  et  éboulis  calcaires 
ou  schisteux  des  z.  subalp.,  alp.  et  niv.  —  Juin-août,  sui- 
vant l'altitude. 

Nos  exemplaires  (plus  de  20  localités)  ont  été  récoltés  de 
1530™  (éboulis  de  la  Coste-Aurane  sur  Prades),  à  2830m 
(sommet  du  signal  de  Siscarou)  et  principalement  dans  les 
montagnes  :  de  Prades  (Roc  des  Scaramus,  etc.),  d'Ascou 
(pic  de  Serembarre,  etc.),  d'Orlu  (porteille  de  Baxouillade, 
Roc-Blanc,  etc.),  de  THospitalet  (pics  de  Siscarou  et  de  la 
Cabanette,  etc.). 

Nous  reconnaissons  cette  plante  :  à  ses  souches  compactes,  à  ses 
tiges  courtes  (5-10  cent.),  à  ses  feuilles  étroites  ciliées  sur  les  bords 
et  ramassées  en  rosettes  serrées,  à  ses  fl.  d'un  jaune  vif  en  grappe 
courte,  et  à  ses  siliques  de  grandeur  médiocre  (4-6  millim.  de  lon- 
gueur) brièvement  elliptiques,  glabres  sur  les  deux  faces,  mais  ciliées 
et  égalant  à  peine  la  longueur  des  pédioelles. 

Var.  p  af finis  Koch,  loc.  cit.;  D.  af finis  Host(pr.  $p.)}  FL 
austr.,  2,  p.  238;  D.  aizoidea  var.  grandiflora  Rchb.,  le. 
germ.)  fig.  4254  y  ;  D.  saxigena  Jord.  (pr.  sp.),  loc.  cit.,  p.  203. 
—  AC.  Éboulis  schisteux,  rarement  granitiques,  des  z.  alp.  et 
niv.  —  Juillet-août.  —  Nos  exemplaires  (15  localités)  ont  été 
récoltés  de  2180m  (base  du  Roc-Blanc,  versant  d'Orlu),  à 
2828m  (sommet  du  pic  Pédroux  Sud),  et  principalement  dans 
les  massifs  :  de  Camp-Ras,  de  Terres,  de  Coume-d'Or,  de 
Kerfourg,  des  Padrons,  etc.  ;  au  port  de  Saldeu  (2580m),  etc. 

Cette  variété,  que  nous  avons  aussi  récoltée  en  dehors  de  notre 
circonscription,  dans  les  granités  émiettés,  au  sommet  du  puig  dels 
Fessons  (Andorre),  à  2865m  d'alt.,  ne  descend  pas  dans  la  z.  subalp.  ; 
sa  floraison  est  d'un  mois  plus  précoce  que  celle  de  la  var.  «  à  une 
égale  altitude;  elle  en  diffère  au  premier  aspect  par  sa  taille  plus 
robuste,  ses  feuilles  plus  allongées  linéaires-aiguës,  sa  fleur  plus 
grande  et  ses  fruits  de  10-12  millim.  de  long,  ordinairement  velus  et 
dépassant  souvent  la  longueur  du  pédicelle,  à  la  complète  matu- 
rité. 


100  PLANTES   INDIGÈNES 

105  —  D.  tomentosa  Wahlenbg.,  Veget.  et  clim.  Helv. 
septentr.^  p.  123,  t.  3,  1813;  D.  hirta  Vill.  non  L! 

Plusieurs  formes  ont  été  démembrées  de  cette  espèce.  Nous  pos- 
sédons les  deux  suivantes,  que  nous  considérons  comme  de  simples 
variétés  à  l'exemple  de  Grenier  et  Godron  : 

Var.  «  genuina  G  et  G.,  Flore  de  France,  I,  p.  123.  —  RR. 
Fentes  des  rochers  cale,  et  schist.  des  z.  alp.  et  niv.  — 
Juillet-septembre.  —  Crête  calcaire  de  Paillères  (2000m); 
sommet  schisteux  du  pic  de  Coume-d'Or  (2750m). 

On  la  reconnaît  aisément  :  à  ses  feuilles  cotonneuses,  petites,  for- 
mant une  rosette  dense,  à  ses  fleurs  blanches  à  pédoncules  hérissés, 
et  à  ses  silicules  ovales  et  ciliées. 

Var.  p  frigida  G.  et  G.,  loc.  cit.  ;  D.  frigida  Sauter  (pr.  sp.), 
Regsb.  bot.  zeit.,  1825,  p.  72;  D.  nivalis  Lap.  non  Liljebl.; 
—  Exsicc.  Soc.  dauph.)  n°  2362.  —  R.  — Même  habitat  que 
la  var.  *.  —  Couilladous  de  Balboune  (2180m);  fissures  du 
Roc-Blanc,  versant  d'Orlu  (à  2300m  et  2360m);  fentes  des 
roch.  schist.,  au  S.  de  la  porteille  du  Siscarou  (2530m); 
sommet  du  pic  Pédroux  Sud  (2828m). 

Elle  se  distingue  de  la  précédente  :  par  ses  fl.  un  peu  plus  petites 
et  moins  blanches  et  surtout  par  ses  silicules  oblongues  et  glabres. 

106  —  D.  carinthiaca  Hoppe,  in  Flora,  6  (1823),  p.  437; 
D.  nivalis  DC.  (pr.  p.)  Gaud.,  Balbis,  Bertoloni,  non  Liljebl.; 
D.Johannis  Host  (1831);  —  Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  2361.  — 
RR.  Rochers  cale,  des  z.  alp.  et  niv.  — Juillet.  —  Crête  cale, 
de  Paillères  (2000111),  fissures  des  rochers  à  l'ombre  ;  por- 
teille de  Baxouillade  (2420m),  éboulis  calcaires. 

Quelques  auteurs  ont  considéré  cette  plante  comme  une  forme  à 
pédicelles  et  à  siliques  glabres  du  D.  tomentosa,  mais  suivant  la 
juste  observation  de  Zetterstedt,  PL  vascul.  Pyr.  princ,  p.  24 
(1857)  :  «  Il  n'est  pas  possible  de  confondre  cette  espèce  avec  la  pré- 
cédente. Elles  diffèrent  dans  toutes  leurs  parties.  Notre  plante  pyré- 
néenne répond  parfaitement  à  la  description  de  Koch  (voir  Syn.t 
p.  68);  elle  est  très  grêle  mais  atteint  parfois  une  hauteur  d'un  déci- 


DU   BASSIN   DE   LA   HAUTE   ARIÈGE.  101 

mètre.  Feuilles  des  rosettes  étroites  lancéolées,  atténuées  à  la  base 
et  un  peu  ciliées,  couvertes  sur  les  deux  faces  de  poils  étoiles,  un  peu 
canescentes;  tiges  munies  de  1-2  feuilles  plus  courtes  et  plus  larges 
que  les  radicales  mais  également  couvertes  de  poils  étalés.  Au-dessus 
des  feuilles  caulinaires  les  tiges  sont  entièrement  glabres  ainsi  que  les 
pédoncules  et  les  silicules.  Calices  glabres,  un  peu  hérissés;  fleurs 
blanches  moitié  plus  petites  que  celles  du  D.  tomentosa;  style  très 
court.  »  Nos  spécimens  concordent  avec  ces  caractères. 

107  —  D.  verna  L.;  Brophila  vulgaris  DC,  Syst.,  II, 
p.  356  (sensu  amplo).  —  Plante  ubiquiste,  très  commune  de 
février  à  mai,  sur  les  murs,  aux  bords  des  chemins,  dans 
les  lieux  sablonneux,  etc.,  de  la  zone  inférieure. 

Suivant  Jordan,  cette  plante  polymorphe  serait  une  collection  de 
nombreuses  espèces  méconnues.  Aussi  a-t-elle  donné  lieu  à  la 
création  d'un  certain  nombre  de  races  ou  mieux  de  formes  considé- 
rées à  tort  comme  espèces  dont  la  validité  incombe  à  leur  auteur  *. 
Les  partisans  de  l'école  multiplicatrice  pourront  consulter  utilement 
sur  cette  question  les  ouvrages  suivants  d'A.  Jordan  :  Pugill.  pi. 
nov.,  1852,  pp.  9-11;  Diagn.  desp.  nouv.,  1864,  pp.  207-247;  Icônes 
ad  fl.  Europ.  nov.  fundam.,  etc.,  livr.  1,  1866,  pi.  1  à  5;  Espèces 
végét.  affines,  1873,  p.  13  et  suiv.  Plus  de  200  espèces  nouvelles  ? 
sont  décrites  dans  ces  ouvrages  par  le  botaniste  lyonnais  1  —  Voici 
l'énumération  des  formes  que  nous  avons  observées  dans  notre 
région  et  qui  nous  paraissent  être  de  simples  variations  dues  à 
leurs  stations  diverses,  à  la  nature  du  terrain,  à  l'exposition,  à  l'hu- 
midité, etc. 

E.  glabrescens  Jord.  (pr.  sp.),  Pugill.,  p.  10.  —  CC.  Bords 
des  chemins,  vieux  murs,  friches,  etc.,  des  terrains  siliceux 
et  calcaires  dans  les  z.  inf.  et  subalp.  —  Avril-mai,  suiv. 
l'altitude. 

E .  hirtella  Jord.  (pr.  sp.),  loc.  cil.yp.  10 ;  Draba verna Rchb., 
le.  germ.,  II,  f.  4234,  sec.  Lamotte,  Prod.  fl.  plat,  centr.,  I, 
p.  93.  —  AC.  Champs,  talus,  etc.,  des  terrains  calcaires  de 
la  z.  subalp.  —  Mai. 

1.  Voira  ce  sujet:  Alph.  de  Candolle,  Nouv.  rem&rq.  sur  l&  nomencl.  bot.,  1883, 
pp.  49-53;  J.-E.  Planchon,  le  Morcellement  de  l'espèce  en  botanique  et  le  Jord*- 
nitme  (Rev.  des  Deux-Mondes,  livraison  du  15  sept.  1874). 


102  PLANTES  INDIGÈNES 

E . prœcox  DC. ,  Syst. ,  H,  p.  356  ;  Drabaprxcox  Stev.  ;  Erophila 
brachycarpa  Jord.  !  (pr.  sp.),  selon  Willk.  et  Lange,  Prodr.  fl. 
hisp.,  III,  p.  841,  n°4804.  —  C.  Champs  sablonneux,  rochers, 
fossés,  etc.,  de  tous  les  terrains  des  z.  inf.  et  subalp.  — 
—  R.  Dans  le  sol  calcaire.  —  Mars-mai,  suivant  l'altitude. 

£.  Krockeri  Andrez.,  ap.  Bess.,  Enum.  pi.  Volhyn.,  pp.  82 
et  103;  Er.  stenocarpa  Jord.  (pr.  sp.),  selon  Rouy  etPoucaud, 
Fl.  de  Fr.y  II,  p.  222;  Draba  verna  L.,  var.  Krockeri  Rchb., 
le.  germ.,  II,  f.  4234.  —  AC.  Fossés,  rochers,  talus,  etc., 
des  terrains  siliceux  de  la  z.  inf.  —  Mars-avril. 


Tribu  12.  —  Camélinées  Coss.  (DC.  emend.) 

Gamellna  Crantz. 

108  —  C.  silvestris  Wallr.,  Sched.  crit.,  p.  347;  C.  sativa 
Brot.,  non  Crantz,  nec  Rchb.  —  RR.  Plante  erratique.  — 
Août.  —  Champs  du  Coussinal,  entre  le  château  fort  en 
ruines  de  Montaillou  et  le  monticule  de  la  Mate  (1380m). 

Notre  plante  correspond  à  la  var.  genuina  Rouy  et  Fouc,  FI.  de 
Fr.,  II,  p.  234  (C.  mterocarpa  Lamotte,  non  Andrz.) 

Tribu  13.  —  Subulariées  DC. 
Subularla  L. 

109  —  S.  aquatica  L.  ;  Draba  subularia  Lamk.,  Illustr., 
t.    556,    f.   3;    Rchb.,    /c.    germ.,    n,    t.    XII,  f.    4232; 

F.  Schultz,  Arch.  de  la  flore  de  Fr.  et  d'Allem.,  1850,  p.  158, 
et  FI.  Gall.  et  Germ.  exsicc,  4e  centurie  de  C.  Billot,  n°  318  ; 

G.  Rouy,  Suites  à  la  FI.  deFr.  de  Gr.  et  Godr.,  fasc.  I,  1887, 
pp.  44  et  45. 

Lacs  des  terrains  granitiques.  —  RR.  dans  la  z.  subalp. 
—  AC.  dans  la  z.  alp.  —  Juillet-septembre.  —  Lac  du  Comté 
(1715m);  lac  deNaguilles(1854m)  :  sous  la  cabane  du  pêcheur, 
sous  l'affluent  du  ruisseau  de  Pinet  et  extrémité  N.  ;  extré- 
mité S.  du  lac  de  Beys  (1950m);  estagnol  del  Freg  (1970,n)  ; 
extrémités  N.  et  S.  du  lac  du  Sisca  (2160m). 


OU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  103 

Cette  minuscule  crucifère  vient  à  une  profondeur  variable  dans  nos 
lacs,  ordinairement  de  0m30  à  0m60  au  bas  étiage  ;  elle  affectionne 
le  sable  de  préférence  à  la  vase  et  vit  souvent  en  société  des  Isoetes 
Drockoni  Mot.  etlacustris  L.,  du  R.  aauatilis  L.  var.  rhipipliyllus 
Bast.  (pr.  sp.)f  du  Sparganium  minimum  Fries,  du  Myriophyllum 
alterniflorum  DO.,  du  Callitriclie  minima  Hoppe,  etc.  D'après 
MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI  de  Fr.t  II,  p,  236,  cette  plante  est  indi- 
quée en  France  seulement  dans  les  lacs  des  Vosges  et  des  Pyrénées. 
Nous  avons  établi  dans  deux  mémoires  scientifiques  '  que,  sauf  de 
rares  exceptions,  elle  n'existe  que  dans  les  lacs  poissonneux. 

En  dehors  du  bassin  de  la  haute  Ariège,  nous  avons  observé  le 
Subularia  aquatica  dans  les  lacs  suivants  : 

Ariège.  —  1*  Lac  du  Donnézan  :  Rabassoles  ou  Artounant  (1830m), 
sous  le  pic  de  Tarbézou;  2°  lac  de  la  haute  vallée  d'Aston  :  estagnol 
de  Rulle  (2090m);  3*  lacs  des  montagnes  de  Siguer  :  Brouquenat  d'en 
haut  (1510m),  Pey regrand  (I840œ):  4°  lacs  des  montagnes  d' Au zat  : 
Izourt(1642m),longdeBassiès(1685in)l  grand  lac  de  Bassiès  (t705m); 
5°  lacs  des  montagnes  de  Suc  :  Arbu  (1750m  env.)  ;  6°  lac  des  mon- 
tagnes de  Gourbit  :  Blaou  (bleu),  1800"  environ. 

Pyrénées-Orientales.  —  1°  Lacs  du  bassin  de  Lanoux  :  Font-Vive 
(1860-),  Lanoux  (2154"),  Rouzet  (2190*)  ;  2°  lacs  de  la  région  du  Car- 
litte  :  la  Goberne  (2285*),  del  Casteilla(2260"),  de  las  Dougnes  (2205"), 
de  Baleil  (2180"),  Long  (2170*),  Liât  (2160*)  a;  3°  lacs  de  la  région  de 
Camporeils  :  estagnol  del  Sautadou  ou  du  Saout  del  porc  (2220a). 

Andorre.  —  1°  Haute  vallée  du  rio  Madriu  :  estany  furcat  (2330"), 
estany  nègre  del  Mutch  (2450");  2°  Ooume  (vallon)  des  Pessons  : 
estany  del  pich  (ou  puig)  (2510"),  estany  Entravessat  (2490"),  estany 
gran  dels  Pessons  (2320"). 

O'est  donc  en  Andorre  que  nous  avons  observé  cette  plantule  à  la 
plus  grande  altitude,  puisqu'elle  y  croît  même  dans  la  région  nivale 
et  à  des  profondeurs  variant  de  0"25  à  0"50. 


1.  1*  Le  Subularia  aqu&tica  L.,  les  Isoetes  Brochoni  Motelay  et  lacustris  L., 
dans  les  lacs  du  bassin  de  la  haute  Ariège  et  du  bassin  limitrophe  de  Lanoux 
(Pyr.-Or.)  —  {Rev.  de  la  Soc.  fr.  de  bot.,  tome  XII  (1894),  pp.  302-306.  Session 
eztraord.  à  Ax-les-Thermes).  —  2°  Coexistence  des  Isoetes  et  des  Truites  dans  la 
plupart  des  lacs  de  l' Ariège,  des  Pyr. -Orientales  et  de  l'Andorre.  (Volume  du 
Congrès  des  Sociétés  savantes,  tenu  à  Toulouse  du  4  au  8  avril  1899,  section  des 
sciences,  pp.  120-126.  Paris,  imp.  nationale). 

2.  C'est  le  seul  lac  des  Pyrénées  où  le  Subularia  aquatica  L.  ait  été  découvert 
le  23  août  1849,  par  V.  Reboud,  chirurgien  sous- aide,  et  l'abbé  Ouinand.  Nos 
multiples  recherches  (ont  largement  étendu  l'aire  de  dispersion  de  cette  Crueifère. 


104  PLANTES  INDIGÈNES 

Espèces  à  rechercher  ou  à  exclure. 

(Lap.,  Hist.  abr.  pi.  Pyr.y  p.  362.)  Myagrum  sativum  L.  «  dans 
les  récoltes  à  Ax  ».  Synonyme  de  Camelina  sativa  Crantz,  espèce  du 
centre  de  la  France,  souvent  cultivée  dans  le  Midi  comme  plante 
oléifère. 

(Ici.  p.  377.)  Sisymbrlum  silvestre  L.  «  Coume  d'Asparagou  (de 
Faraou),  Orlu,  Axt  etc.  »  Synonyme  de  Nasturtium  silvestre  R.  Br., 
plante  commune  dans  les  basses  montagnes  de  l'Auvergne,  du 
Midi,  etc. 

(Id.t  p.  379.)  Sisymbrlum  burslfollum  L.  «  Paillères,  Asparagou 
(Paraou)  ».  Espèce  exclue  de  la  flore  française  par  Grenier  et  Oodron 
(FI.  de  Fr.,  I,  p.  157)  et  par  Bubani  (Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.,  XVI 
(1869),  p.  322);  confondue  par  Lapeyrouse  avec  le  S.  bursifolium 
Vill.  (Braya  pinnatifîda  K.) 

(/cf.,  p.  388.)  Chelranthus  eryslmoideus  Jacq.,  «à  la  montagne 
d'Amsur  (En-Sur),  à  la  dent  d'OWu...  »  Confondue  avec  VErysimum 
pumilum  Gaud.,  plante  des  terrains  schisteux  des  z.  alp.  et  nivale, 
qui  pourrait  croître  dans  la  première  des  localités  indiquées  mais  où 
nous  l'y  avons  inutilement  cherchée. 

Timbal  et  Jeanbernat  (Massif  du  Llaurenti,  pp.  155  et  363,  du  tirage 
à  part)  indiquent  leur  Erysimum  aurlgeranum  «  au  port  de  Pail- 
lères, versant  oriental.  »  Elle  a  été  vainement  cherchée  par  nous  à 
cette  localité,  reproduite  par  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  deFr.t  II, 
p.  28,  qui  la  signalent  aussi  dans  l'Aude,  d'après  Foucaud,  Gautier 
et  Loret.  MM.  les  abbés  Goste  et  Soulié  l'ont  récoltée  aux  environs 
de  Millau  (Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.,  sess.  extraord.  à  Barcelonnette, 
1897,  tome  XLIV,  p.  xci.) 

Fam.  V.  —  RÉSÉDAOÉES. 
Reseda  L. 

110  —  R.  Phyteuma  L.  —  C.  —  Ubiquiste  ;  lieux  arides, 
champs  sablonneux,  etc.,  de  la  z.  inf.  —  Mai-août.  S'élève 
dans  la  z.  subalp.  jusqu'à  1350e11  (col  de  Marmare,  talus  de 
la  route). 

On  rencontre  quelquefois  aux  environs  d'Ax,  le  R.  odorata  L. 
communément  cultivé  dans  les  parterres  pour  ses  fleurs  très  odo- 
rantes et  qui  diffère  surtout  du  R.  Phyteuma  par  ses  pédicelles 
une  fois  plus  longs  que  le  calice  et  ses  anthères  orangées. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  105 

111  —  R.  lutea  L.  —  AR.  Lieux  sablonneux  et  arides, 
bords  des  chemins  de  la  z.  inf.  —  Mai-juin.  —  Ax,  près  de 
la  gare  des  marchandises,  etc. 

Var.  gracilis  G.  et  G.,  FI.  de  Fr.,  I,  p.  188;  R.  gracilis 
Lecoq  et  Lamotte,  Cal.  rais.  plat.  cent.  Fr.y  p.  90,  non  Ten. , 
iiec  Rchb.  Fleurs  et  capsules  un  peu  plus  petites,  grappe 
plus  courte;  plante  plus  grêle,  à  feuilles  étroites  et  à  divi- 
sions linéaire8-mucronulées.  —  RR.  Juin.  —  Plaine  de 
Savignac,  sables  de  la  voie  ferrée  près  du  passage  à 
niveau  de  la  route  nationale  (670m). 

D'après  Lamotte,  Prodr.  plat.  cent.  Fr.,  I,  p.  123,  cette  forme  n'est 
pas  suffisamment  distincte  du  R.  lutea  pour  en  être  séparée  ;  aussi 
ne  la  cousidère-t-il  plus,  dans  l'ouvrage  cité,  que  comme  une  simple 
variété  dont  les  différences  ne  sont  dues  qu'à  l'aridité  des  lieux  où 
elle  croit. 

112  —  R.  glauca  L.  —  RR.  —  Rochers  et  éboulis  de  la 

z.  alp.  —  Juillet-août.  —  Jasse  du  lac  de  Naguilles  (1860ra), 

sur  les  graviers  ;  éboulis  du  Roc-Blanc,  sur  la  porteille  de 

Baxouillade(2450m). 

Lapeyrouse,  dans  son  Hist.  abr.  pi.  Pyr.,  indique  cette  plante 
«  aux  Lorry  d'Etigaudue,  à  la  montagne  d'Amsur,  d'Orlu,  dans  les 
bois  »,  et  Petit  in  Mutel,  FI.  />.,  Ier  vol.,  p.  126,  «  à  Orlu,  au  pas  de 
la  Yose  »;  c'est  sans  doute  au  pas  (col)  des  Liausés  qu'il  faut  lire. 
Nous  l'avons  vainement  cherchée  dans  ces  localités. 

113  —  R.  luteola  L.  —  CC.  Bords  des  chemins,  champs, 
fossés,  décombres,  etc.,  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Juin-août. 
Environs  de  Sorgeat,  de  Vaïchis,  de  Prades,  etc.,  jusqu'à 
1300m  d'alt. 

Elle  est  acre,  sudorifîque  et  diurétique.  On  peut  en  retirer  une 
matière  colorante  jaune. 

Astrooarpus  Necker. 

114  —  A.  sesamoideus  J.  Gay,  apud  F.  Schultz,  Arch. 
fl.  Fr.  et  AU.,  1842,  p.  33.  —  CC.  Pelouses,  gazons,  pentes 
rocailleuses,  éboulis  des  z.  subalp.,  alp.  et  nivale.  —  Juillet- 
septembre. 


106  PLANTES  INDIGÈNES 

Nos  exemplaires  (36  localités),  revus  par  M.  J.  Foucaud 
en  juillet  1896,  ont  été  récoltés  de  1720™  (vallée  de  la  Lauze, 
sous  la  jasse  de  Couillet),  à  2826m  (sommet  du  signal  de 
Coume-d'Or). 

Nous  l'avons  aussi  récoltée  en  Andorre,  dans  diverses  localités 
alpines,  et  entre  autres  au  sommet  du  puig  dels  Fessons  (2865m). 

Var.  firmus  J.  Mtill.,  Monogr.  Resed.,  p.  221  ;  ^4.  sesa- 
moideus  Rchb.,  le.  germ.,  II,  fîg.  4441!  —  RR.  Ancien 
chemin  muletier  du  col  de  Puymaurens,  sur  la  limite  de 
l'Ariège  et  des  Pyr.-Or.  (1750). 

Cette  variété,  a  été  encore  rencontrée  par  nous  sur  le  chemin  de 
Porté  au  lac  de  Font- Vive  (Pyr.-Or.),  à  1680m  et  à  1760m  d'alt. 

Espèce  à  rechercher  ou  à  exclure. 

Astrocarpus  mlnor  Lange,  signalé  «  au  port  de  Paillères  »  par 
Jeanbernat  et  Timbal,  Massif  du  Llaurenti,  p.  153  du  tirage  à 
part.  — Willk.  etLge,  Prodr.  fl.  hisp.,  III,  p.  899,  l'indiquent  seule- 
ment «  inter  segetes  regionis  mont.  inf.  regni  Legionensis  (prope 
el  puerto  de  Mauzanal)  Lange.  »  Il  est  donc  fort  douteux  que  cette 
plante  messicole  puisse  croître  au  port  de  Paillères,  à  près  de  2000m 
d'altitude,  où  nous  l'avons  vainement  cherchée.  MM.  Rouy  et  Fou- 
caud, FL  de  Fr.y  II,  p.  253,  l'indiquent  cependant  dans  quelques 
localités  alpines  des  Pyrénées,  d'après  divers  botanistes,  entre 
autres  M.  Gautier.  Or  les  échantillons  que  nous  avons  reçus  de  ce 
dernier  floriste  :  «  le  Canigou,  10  août  1876  »,  et  étiquetés  var.  minor 
Lange  (pr.  sp.  ?),  paraissent  se  rapporter  plutôt  à  une  forme  naine  ou 
rabougrie  de  ÏAst.  sesamoideus  J.  Gay,  qu'à  la  description  de  Willk. 
et  Lange,  loc.cit. 

Pam.  VI.  -  OISTAOÈES.  « 
Hellanthemum  (Tournef.) 

115  —  H.  vulgare  Gœrtn. 

Cette  espèce  polymorphe,  qui  croît  dans  tous  les  terrains  et  à 
diverses  altitudes,  dans  les  z.  inf.,  subalp.  et  alp.,  de  mai  à  juillet,  a 
été  subdivisée  par  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FL  de  Fr.t  II,  p.  295  et 

1.  Toutes  nos  Cistacécs  ont  été  revues,  en  août  1897,  par  M.  J.  Foucaud. 


DU    BASSIN    DE   LA   HAUTE   ARIÈGE.  107 

guiv.,  en  plusieurs  formes  auxquelles  ils  ont  rattaché  de  nombreuses 
variétés.  Nous  possédons  les  suivantes  : 

H.  chamœci8tu8  Mill.  var.  p  lanceolatum  R.  et  Fouc,  loc. 
cit.,  H.  obscurum  Pers.  —  RR.  Juillet.  Montagnes  de  Mon- 
taillou  :  rochers  cale,  du  pic  d'Esquenodazé,  vers  Pénédis 
(I8i0m.) 

//.  8erpyllifolium  Mill.  «  oualifolium  R.  et  Fouc,  loc.  cit., 
p.  297.  —  R.  Juillet.  —  Pelouses  do  la  rive  dr.  de  l'Ariège, 
en  face  du  pont  del  Fraré  (950m)  ;  roch.  cale,  du  col  des 
Sept-Fonts  (1750m). 

p.  hirsutum  R.  et  F.,  loc.  cit.\  H.  tomentosum  Dunal  in  DC, 
Prodr.,  I,  p.  279.  —  C.  Pelouses,  éboulis  et  roch.  cale,  ou 
schist.,  depuis  laz.  inf.  jusque  dans  la  z.  niv.  —  Juin-août. 

Nos  exemplaires  (plus  de  15  localités)  ont  été  récoltés  de 
720m  (Ax,  rochers  d'En-Fountangé),  à  2470m  (plateau  de 
Camp-Ras,  dominant  le  Llaurenti). 

7  oblongifolium  R.  et  F.,  loc.  cit.  —  R.  Juillet.  —  Route 
de  Sorgeat,  prairie  d'Arnet  (950ra);  trou  de  Vor  de  Baxouil- 
lade  (2070m),  sur  les  rochers. 

Ces  trois  variétés  ne  diffèrent  entre  elles  que  par  des  caractères 
peu  sensibles  :  forme  des  feuilles,  villosité,  etc. 

H.  grandiflorum  DC,  FI.  /V.,  IV,  p.  821.  —  AC.  Rochers  et 
pelouses  des  z.  subalp.  et  alp.  —  Juillet-août.  —  Nos  exem- 
plaires (plus  de  10  localités)  récoltes  de  1350m  (serre  de 
Valchis,  roch.  cale,  sur  la  mine  de  plomb  de  Prunière),  à 
2170™  (schistes  satinés  du  rec  del  Bouillidou,  sous  le  port 
de  Fray-Miquel). 

Ses  fl.  très  grandes,  d'un  jaune  d'or  brillant,  ses  feuilles  vertes 
sur  les  deux  faces,  ses  tiges  nombreuses  ascendantes  de  2-3  déo.,  etc., 
la  caractérisent. 

H.  Scopolii  R.  et  Fouc,  loc.  cit.,  p.  298,  var.  oualifolium 
R.  et  F.  —  RR.  Août.  —  Bac  de  la  Casa,  sous  le  port  de 
Fray-Miquel  (2400m). 


108  PLANTES  INDIGÈNES 

116  —  H.  polifolium  (Mill.)  DC.,  PL  /r.,  IV,  p.  823, 
«  angu8tifolium  Koch.,  Syn.,  éd.  2,  p.  88;  H.  pulverulentum 
DC,  /.  cit.  —  AR.  Roch.  cale,  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Juin- 
juillet.  —  Bords  du  chemin  de  Perles  à  Unac,  au  lieu  dit 
la  Roche  blanche  (690m)  ;  roch.  bordant  la  route  de  Prades  à 
Cornus  (1160m);  escarpements  cale,  et  éboulis  du  Roc  des 
Llamprès  (1280-1370m);  sommet  du  Roc  d'En-Calqué 
(I390m);  col  du  Traguier  (1430m),  etc. 

C'est  un  arbustule  aux  longs  rameaux  étalés  ou  dressés,  à  feuilles 
lin.-oblong.,  velues-grisâtres  en  dessus  et  très  fortement  enroulées, 
à  capsule  grosse  renflée.  La  taille  et  la  grandeur  des  fleurs  sont  très 
variables. 

Var.  P  oblongifolium  Koch(Zoc.  cit.);  H.  apenninumDG.  (pr. 
sp.),  loc.  cit.,  p.  824.  —  RR.  Août.  —  Col  de  Surle  (1780m). 

D'après  M.  L.  Corbière,  Nouv.  FI.  de  Normandie,  1893,  p.  75  : 
«  Cette  plante  sert  sensiblement  de  transition  entre  les  H.  vulgare 
et  pulverulentum  et  môme,  sans  la  couleur  blanche  de  ses  fleurs, 
c'est  plutôt  à  VH.  vulgare  qu'il  faudrait  la  subordonner.  »  On  la  dis- 
tingue surtout  :  par  ses  tiges  fines,  grêles,  couchées,  ses  feuilles 
vertes,  grisâtres  en  dessous,  planes  et  peu  enroulées  sur  les  bords. 

Subspec.  —  H.  pilosum  Pers.  (pr.  spec),  Syn.,  2,  p.  79.  — 
RR.  Août.  —  Filons  des  roch.  cale,  de  Laucate,  à  la  limite 
du  canton  d'Ax-les-Thermes  (660"). 

On  la  reconnaît  :  à  ses  feuilles  très  étroites  et  très  roulées  en  des- 
sous par  la  base,  à  ses  rameaux  ligneux  presque  dénudés,  à  ses 
sépales  à  nervures  tomenteuses  et  à  sa  capsule  ovale  renflée  de 
moitié  plus  petite  que  celle  de  l'if,  polifolium. 

X  H.  sulfureum  Willd.  {pr.  sp.),  Enum.  pi.,  suppl.,  p.  39; 
//.  pulverulento-vulgare  de  Martr.  —  RR.  Juillet.  —  Col  de 
Peyreblanque,  versant  du  vallon  de  Sahuquet  (1520m). 

117  —  H.  vineale  Pers.,  Syn.  2,  p.  77,  var.  canum  Dun. 
in  DC,  Prodr.,  I,  p.  277  (pr.  sp.).  —  C.  Lieux  arides  et 
rocailleux,  roch.  cale,  de  la  z.  subalp.  —  R.  dans  les  z.  inf. 
et  alp.  —  Mai-août,  suiv.  l'altitude.  —  Nos  exemplaires  (21 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  109 

localités)  récoltés  de  680m  (chemin  de  Perles  à  Unac,  lieu 
dit  la  Roche-Blanche),  à  1920ra  (éboulis  du  signal  de  Caus- 
sou),  et  principalement  dans  les  montagnes  calcaires  :  de 
Prades,  de  Montaillou,  de  Sorgeat  et  d'Ascou. 

C'est  une  plante  naine  (6-8  cent,  de  hauteur)  et  touffue,  à  feuilles 
ovales  étroites,  blanchâtres  et  velues,  surtout  sur  la  faoe  infér.,  à 
fleurs  petites,  jaunes,  réunies  en  grappes  courtes, peu  fournies. 

D'après  Timbal-Laçrave,  Reliquiœ  Pourretianœ,  p.  G4,  note  6  du 
tirage  à  part,  et  in  litt.,  le  véritable  H.  canum  Dunal  serait  la  plante 
qui  croît  communément  dans  les  Corbières,  tandis  que  celle  que  l'on 
rencontre  dans  plusieurs  localités  françaises  en  dehors  de  la  région 
des  oliviers,  notamment  à  la  Dôle,  au  Mont-Dore,  dans  la  Haute- 
Marne,  dans  Saône-et-Loire,  etc.,  serait  17/.  vineale  Pers.  (Cistus 
cànvs  L.)  ;  mais  postérieurement,  Timbal  a  indiqué  (Florale  des  Cor- 
bières,  p.  77 4),  les  H.  canum  et  vineale  dans  diverses  localités  des 
Corbières,  en  mentionnant  les  différences  entre  ces  deux  plantes? 

Var.  alpinum  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.,  II,  p.  310  ;  Cistus 
piloselloideus  Lap.,  Hist.  abr.  pi.  Pyr.,  p.  301 ,  et  FI.  py>\,  tab. 
112;  Hel.  piloselloideum2 Timb.,  FI.  Corb.,  p.  77.  —  Exsicc. 
Soc.  dauph.,  n°  4834  (HtM-Pyr.),  legit  Gautier  sub  Cistus 
(1886).  — AR.  Roch.  cale,  des  z.  subalp.  et  alp.  —  Juin-août. 
—  Sommet  du  roc  d'En-Calqué,  sur  la  route  de  Prades 
(I390m)  ;  pic  de  Serembarre,  versant  du  col  del  Pradel 
(1700n);  croix  du  port  de  Paillères  (1900m);  crête  cale,  de 
Paillères  (1990m),  et  Roc  Courb,  près  de  cette  crête  (2000ra). 

D'après  C.  Billot,  Annot.  à  la  FI.  de  Fr.  et  d'AZf.,  17e  centurie, 
n«  1613  (1855),  p.  8,  on  observerait  les  différences  suivantes  entre  les 
deux  variétés  précédentes,  selon  une  note  rédigée  à  ce  sujet  par 
Alb.  de  Franqueville  :  «  1*  //.  piloselloideum  est  plus  frutescent,  ses 
poils  sont  plus  raides,  ses  têtes  plus  droites,  ses  touffes  plus  four- 
nies, plus  étendues,  et  il  est  beaucoup  plus  alpin.  L'fT.  canum  semé 
ou  transplanté,  en  mottes  de  3décim.,  à  la  hauteur  où  croît  VH.  pilo- 
selloideum, y  a  péri  toujours  pendant  l'hiver  qui  a  suivi  la  germina- 
tion ou  la  transplantation.  »  Nous  ne  partageons  pas  cette  dernière 
opinion,  car  nous  trouvons,  dans  notre  contrée,  17/.  canum ,  à  des 

1.  OEurre  posthume,  publiée  par  les  soins  de  M.  l'abbé  Marçais. 

2.  Dénomination  plus  correcte  que  H.  piloselloides. 


110  PLANTES  INDIGÈNES 

altitudes  presque  aussi  grandes  que  celles  où  croit  Y  H.  piloselloU 
deum,  dont  le  port  et  les  caractères  sont  un  peu  différents  ;  celui-ci  se 
distingue  en  effet  de  YH.  canum,  outre  les  caractères  précédemment 
énoncés  :  par  ses  feuilles  ellipt.  blanches,  à  poils  étoiles  et  hérissées 
sur  la  face  supérieure  de  poils  simples,  espacés,  analogues  à  ceux 
de  YHier&cium  pilosella.  — Willk.  et  Lange,  Pr.  fi.  hisp.,  III,  p.  741, 
réunissent  Y  H.  piioselloideum  comme  var.  b  incanum,  s.  var.  y 
alpinum,k  YH.  montanum  Vis. 

Fumana  Spach. 

118  —  F.  procumbens  G.  et  G.,  FI.  de  Fr.}  I,  p.  173; 
Cistus  Fumana  L.  (pr.  sp.).  —  AR.  Roch.  cale,  exposés  au 
soleil,  dans  les  z.  inf.,  subalp.  et  alp.  —  Juin-sept.,  suiv. 
l'altitude.  —  Rochers  du  chemin  de  Perles  à  Unac  (700111); 
sommet  du  Roc  des  Llamprés  (1380ra);  crête  cale,  de  Pail- 
lères  (1990m). 

Notre  plante  est  un  arbustule  bas  et  grêle,  à  rameaux  étalés  et 
garnis  de  feuilles  étroites  aiguës  et  alternes,  à  fleurs  jaunes  dont  les 
pétales  sont  caducs  et  ne  s'ouvrent  qu'au  soleil,  à  pédoncules  des 
fruits  la  plupart  renversés  et  à  peine  égaux  en  longueur  aux  feuilles. 

Fam.  VII.  —  VIOLACÉES. 

Viola  (Tournef.)  L.  « 

Section  I.  —  Nominium  Ging. 

119  —  V.  canina  L.  —  AR.  Pâturages  secs,  lieux  décou- 
verts de  la  z.  inf.  jusqu'à  la  z.  alp.  —  Mai-août.  —  Ax, 
pelouses  d'En-Castel  (710ra);  plateau  du  col  de  Puymaurens 
(1900-),  etc. 

Nos  spécimens  correspondent  à  la  var.  genuina  Rony  et  Fouo., 
FI.  de  Fr.y  III,  p.  5.  Cette  violette  est  peu  commune  dans  le  bassin 
de  la  haute  Ariège,  comme  d'ailleurs  dans  les  régions  montagneuses 


1.  Tous  nos  exemplaires,  récoltés  jusqu'en  1887  inclusivement,  ont  été  revus  par 
Timbal-Lagravo.  En  juin  1899,  M.  le  Dr  Gillot  a  bien  voulu  consentir  à  revoir 
tous  nos  Viola,  et  à  les  comparer  avec  des  échantillons  types  et  authentiques  de 
Jordan,  Ozanon  et  d'autros  distributeurs  ;  nous  l'en  remercions  vivement.  Nous 
devons  offrir  aussi  nos  remerciements  à  M.  A.  Le  Grand,  pour  sa  revision  de  nos 
Viola,  du  groupe  tricoter. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  111 

des  Pyrénées.  Le  type  disparaît  pour  y  être  représenté  par  des 
formes  basses,  montagnardes,  et  alors  comme  les  axes  sont  raccour- 
cis, il  devient  difficile  de  le  différencier  des  petites  formes  du 
V.  Riviniana  Rchb.,  autrement  que  par  la  forme  des  feuilles,  la 
couleur  des  fleurs,  etc.  Du  reste  V.  canina  et  V.  silvestris  t  surtout 
la  forme  Riviniana,  sont  confondues  à  tort  par  un  grand  nombre 
de  botanistes,  qui  ne  les  ont  pas  suffisamment  étudiées;  dans  le 
V.  canina,  les  tiges  naissent  du  rhizome  et  non  des  aisselles  d'une 
rosette  de  feuilles  qui  manque;  tandis  que  dans  le  V.  silvestris,  l'axe 
central  est  terminé  par  une  rosette  de  feuilles  émettant  à  leur  ais- 
selle des  tiges  florifères.  Nous  avons  distingué  dans  nos  exemplaires 
la  variété  suivante  : 

Var.  minor  DC,  Prodr.,  1(1824),  p.  298;  var  sabulosa  Rchb., 
PL  excurs.,  11(1832),  p.  706,  et  le.  germ.,  III,  f.  4501  «  et  P\ 
V.  flavicomis  Smith.  —  AC.  Bruyères  et  pelouses  sèches 
des  terrains  primitifs,  lieux  sablonneux,  dans  les  z.  inf.  et 
subalp.  —  R.  dans  la  z.  alp.  —  Mai-Juillet. 

Nos  exemplaires  ont  été  récoltés  de  740m  (Ax,  pelouses 

du  trou  des  Fourches),*  1850™ (pelouses du  Cap  du  Larguis). 

Cette  variété,  remarquable  par  ses  tiges  peu  élevées  (5-10  cent.), 
ses  feuilles  glabres,  très  petites,  à  peine  ovales  en  cœur  et  ses  pédon- 
cules florifères  de  2-5  centim.,  se  rapporte  bien  à  la  description  de 
la  var.  sa&ufosa  Rchb.,  dans  la  FI.  deFr.,  III,  p.  6,  de  MM.  Rouy  et 
Foucaud,  mais  à  part  les  tiges  basses  et  courtes,  il  est  impossible 
de  la  distinguer  de  la  var.  ericetorum  Rchb.,  Rouy  et  Fouc,  loc. 
cit.,  V.  ericetorum  Schrad.  et  auct.  plur.  ;  toutes  ces  variations  étant 
dues  uniquement  aux  stations  sèches,  sablonneuses  ou  élevées  dans 
lesquelles  elles  croissent,  nous  préférons  les  réunir  sous  le  nom  de 
var.  minor  DC.  qui  a  la  priorité  de  date. 

120  —  V.  silvestris  Lamk.,  FI.  fr.y  éd.  2,  II  (1793), 
p.  680;  V.  silvatica  Fries,  FI.  holl.  (1817),  p.  64,  et  auct.  plur. 

Cette  espèce,  suivant  la  grandeur  des  fleurs,  leur  coloration  et 
principalement  celle  de  leur  éperon,  la  forme  des  feuilles,  etc.,  a 
été  subdivisée  par  les  auteurs  modernes  en  deux  formes  principales, 
qu'il  est  difficile  de  reconnaître  en  herbier  : 

V.  Reichenbachiana  Jord.  (pr.  sp.)  in  Bor.,  FI.  cent.,  éd.  3 

(1857),  p.  78;    V.  silvestris  Rchb.,   FL  excurs.,  p.  707  et  le. 

germ.j  III,  f.  4503.  — Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  1978.  — C.  Bois, 


1 1  2  PLANTES  INDIGÈNES 

lieux  frais  et  ombragés,  pelouses,  bords  des  ruisseaux,  etc., 
depuis  la  z.  inf.  jusqu'à  la  limite  supérieure  de  la  z.  alp. 
—  Avril-août,  suiv.  l'altitude.  —  Nos  exemplaires  (plus  de 
15  localités)  ont  été  récoltés  de  7tOm  (Ax,  pelouses  d'En- 
Castel),  à  2400m  (fontaine  du  port  de  Fray-Miquel). 

Cette  plante,  qui  suivant  Reuter,  Cat.  pi.  Genève.,  2eédit.,p.28,  est 
le  V.  canina  de  presque  tous  les  auteurs  (Lamk.,  AU.,  DO.,  Koch, 
Gren.  et  Godr.,  Bertol.,  Bor.,  etc.),  mais  non  de  Linné,  se  reconnaît 
sur  le  vif  :  à  ses  fl.  nombreuses  et  petites  d'un  violet  lilas  ou  pâle,  à 
éperon  entier,  allongé,  violet  et  à  sépales  supérieurs  dont  les 
appendices  sont  arrondis  et  disparaissent  sur  le  fruit  mûr.  Selon  la 
juste  observation  de  Zetterstedt  {PI.  vase.  Pyr.  princ,  p.  33)  :  «  la 
plante  alpine  est  plus  petite,  à  tiges  courtes,  mais  à  pédoncules  sou- 
vent allongés  et  dépassant  de  beaucoup  les  feuilles.  » 

V.  Riuiniana  Rchb.  (pr.  sp.),  FI.  eœcurs.,  p.  706,  le.  crit.,  f. 
202-203,  et  le.  germ.,  III,  f.  4502  ;  V.  silvestris,  var.  Riviniana 
Koch;  V.  silvatica,  var.  maerantha  Fries;  V.  silv.,  var.  gran- 
diflora  G.  G.  —  C.  Lieux  ombragés  des  terrains  siliceux 
et  calcaires  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Avril-juillet.  —  Nos 
exemplaires  (25  localités)  ont  été  récoltés  de  650*  (Castelet, 
prairie  du  parc  du  château),  à  1450m  (bois  du  Drazet)  et 
principalement  aux  alentours  d'Ax-les-Thermes. 

Bien  voisine  de  la  précédente,  cette  forme  en  diffère  surtout  :  par 
ses  fl.  plus  grandes,  à  éperon  blanchâtre  échancré  au  sommet,  plus 
gros  et  plus  court;  par  les  appendices  des  sépales  supérieurs  pro- 
longés et  anguleux,  persistant  sur  le  fruit  mûr.  Elle  fleurit  un  peu 
plus  tard  et  ne  s'élève  pas  dans  la  z.  alpine.  Ces  caractères  ne  sont 
pas  constants  ;  aussi  les  échantillons  à  feuilles  médiocrement  grandes, 
à  fleurs  bleues  médiocres  et  sans  fruits,  ne  peuvent  absolument 
pas  être  différenciés  en  herbier  de  la  forme  Reichenbachiana 
Jord.  ;  il  est  indispensable  de  joindre  aux  spécimens  une  note  prise 
sur  le  vif.  Nous  possédons  cependant  dans  notre  collection  quelques 
échantillons  nettement  déterminés  et,  de  plus,  la  variété  suivante  : 

Var.  pumila  Coss.  et  Germ.,  FL  paris.,  éd.  1  (1845),  p.  111  ; 
V.  arenicola  Chabert,  in  Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.,  tome  XVIII 
(1871),  p.   196;  V.  Riviniana,  var.  arenaria  Gillot,  in  herb. 


DU  BASSIN   DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  113 

Rouy  (1875).  —  AR.  Lieux  sablonneux,  rochers,  etc.,  des 
z.  subalp.  et  alp.  —  Mai-Juillet.  —  Sables  de  la  fontaine 
de  Maley  (1120m);  Prades,  talus  de  la  route  près  du  pont  de 
Coumener  (1305ra)  ;  rochers  de  la  grande  route,  entre  le  col 
de  Marmare  et  Prades  (1320m)  ;  en  montant  du  lac  de 
Naguilles  aux  clotes  du  port  d'En-Sur  (2070ra)  ;  vallon  de 
Pédourés,  jasse  de  Brougnic  (2 1 30m)  ;  Roc-Blanc,  versant 
d'Orlu  (2250m). 

Nos  exemplaires  paraissent  identiques  à  ceux  que  nous  a  adressés 
M.  le  Dr  Gillot  :  «  de  Monthelon,  près  Autun  »,  localité  citée  par 
MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.,  III,  p.  15.  La  var.  pumila  est  au 
V.  silvestris  ce  que  la  var.  minor  DC.  est  au  V.  canina  L.,  c'est- 
à-dire  la  variation  réduite  par  l'altitude,  la  nature  du  terrain,  etc. 

121  —  V.  arenaria  DC,  FI.  fr.}  IV,  3e  édit.  (1804), 
p.  806  ;  V.  Allionii  Pio,  Diss.  Viol.,  p.  20,  f.  2  (1813)  ;  Rchb., 
le.  germ.,  III,  f.  4500  «;  Exsicc.  Soc.  dauph.y  n°  312.  —  RR. 
Pelouses  rocailleuses  et  éboulis  cale,  de  la  z.  subalp.  — 
Mai-Juin.  —  Montagnes  de  Prades  :  lisière  des  champs,  sous 
les  éboulis  de  la  Coste-Aurane  (1390m)  ;  pelouses  de  la 
Nère,  sur  la  fontaine  d'Audouze  (1660m). 

Cette  plante,  peu  répandue  dans  les  Pyrénées,  se  reconnaît  à  ses 
tiges  de  2-8  centim.,  à  ses  feuilles  petites  ovales,  cordi formes, 
obtuses  crénelées  et  à  la  puboscence  courtement  tomenteuse  qui  la 
recouvre.  Nos  exemplaires  sont  semblables  à  ceux  récoltés  par 
Reverchon,  au  Lautaret,  en  juin  1869,  et  que  nous  possédons  en  her- 
bier. Le  V.  arenaria  a  été  confondu  par  Bordère  avec  le  V.  pyre- 
naica  Ram.,  et  distribué  par  ce  botaniste  sous  ce  dernier  nom,  pro- 
venant de  Héas  (Hautes-Pyrénées),  en  1869. 

122  —  V.  hirta  L.  —  AC.  Lieux  découverts,  bords  des 
bois,  prairies,  haies,  talus,  champs,  etc.,  des  z.  inf.  et 
subalp.  —  Mars-juillet. 

Nos  exemplaires  récoltés  de  710m  (Ax,  prairies  d'En- 
Fountangé),  à  1325m  (bords  de  la  grande  route,  entre  le  col 
de  Marmare  et  le  pont  de  la  Réjade). 

Cette  Violette,  qui  varie  à  fl.  blanches,  lilacées  ou  roses,  inodores, 
ne  se  présente  pas,  dans  le  bassin  de  la  haute  Ariège,  sous  la  forme 

TOME   XIII.  8 


114  PLANTES  INDIGÈNES  . 

vulgaris  Ginç.  ap.  DC,  Prodr.  1,  p.  295;  Rchb.,  FI.  excurs.,  p.  705, 
si  commune  dans  le  centre  de  la  France.  Les  feuilles  sont  plus 
petites  les  souches  plus  courtes,  plus  ramassées,  etc.  Elle  se 
rapproche  bien  plus  de  la  forme  décrite  par  Jordan  dans  ses  Obser- 
vations, fragm.  7,  p.  5,  sous  le  nom  de  V.  propera  Jord. 

Var.  fraterna  Rchb.,  FI.  excurs.y  p.  705  et  Iconogr.  1, 
p.  39;  V.  parvula  Opiz;  V.  hirta  var.  pratensis  Hausskn.  ; 
J.  Briquet,  Le  mont  Vuache,  Étude  floristique,  etc.,  in  Bull. 
trav.  Soc.  bot.  de  Genève,  VII  (1892-1894),  p.  76  et  extrait, 
p.  53. 

RR.  —  Pelouses  à  l'entrée  du  bois  de  Fontfrède  de 
Prades  (1265m).  —  Mai. 

Reichenbach,  loc.  cit.,  la  décrit  ainsi  :  «  Foliis  parvis,  pedunculis 
multo  brevioribus,  sepalis  ovalibus.  »  —  John  Briquet,  loc.  cit.,  dit  : 
«  Cette  variété  forme  des  touffes  courtes,  gazonnantes,  à  f.  vernales 
minuscules;  les  entre-nœuds  sont  très  courts;  les  pédoncules  beau- 
coup plus  longs  que  les  f.  vernales,  hautes  de  3-6  centim.;  les 
pétales  sont  plus  ou  moins  foncés  et  les  éperons  longs  de  10-17  mil.: 
enfin,  les  pétioles  des  f.  estivales  sont  à  peine  une  fois  et  demie 
plus  longs  que  le  limbe.  »  Ce  botaniste  l'indique  au  mont  Vuache 
(Savoie);  elle  serait  donc  une  plante  montagnarde.  De  Martrin-Donos 
la  signale  dans  plusieurs  localités  du  Tarn. I 

Subspec.  —  V.  sciaphila  Koch  (pr.  sp.)y  Syn.,  éd.  2,  p.  90; 
Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.}  III,  p.  22. 

La  plante  indiquée  à  Ax,  26  juin  1856,  par  Loret,  dans  ses  Glanes 
d'un  botaniste  (Bull.  Soc.  bot.  Fr.t  VI,  1859,  p.  112),  n'est  pas  le  type 
du  V.  sciaphila  mais  la  race  pyrénéenne  ou  mieux  la  forme  sui- 
vante, considérée,  à  tort,  comme  une  espèce  par  quelques  auteurs  : 

V.  pyrenaica  Ram.,  ap.  DC,  FI.  fr.y  IV,  p.  803;  V.  pyre- 
naica  Miègeville,  in  Bull.  Soc.  bot.  Fr.  XXXVIIe  "(1890), 
pp.  138  et  139  !  —  Exsicc.  Soc.  dauph.,  n°  4797. 

AR.  —  Champs,  prairies,  pelouses  sèches,  éboulis,  etc., 
des  z.  inf.  et  subalp.  —  Mars-juillet.  Ax,  prairies  d'En- 
Fountangé   et   champs  sous   le    monticule  d'Esquinodazé 

1.  Florule  du  Tarn,  vol.  1, 1864,  p.  76. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  115 

(710-750")  ;  pelouses  sous  le  Roc  des  Scaramus,  vers  le 
col  de  Pourtetgés  (1670"),  et  sous  les  éboulis  calcaires  du 
Roc  des  Scaramus  (1700m). 

Picot  de  Lapeyrouse  (Hist.  abr.  pi.  Pyr.,  p.  122  et  suppl.,  p.  40)  a 
considéré  le  V.  pyrenaica  Ram.  comme  var.  ]3  alpinadu  V.  canina; 
de  Candolle  (Fl.  />.,  IV,  p.  803,  n<>  4457)  Ta  rapproché  du  V.  odo- 
rata  et  Ta  nettement  caractérisé,  mais  dans  le  tome  V  ou  VIe  volume 
de  ce  même  ouvrage,  il  ajoute  malheureusement  la  phrase  suivante 
(p.  617)  :  «  Cette  plante,  que  j'ai  retrouvée  à  la  montagne  d'Esquierri 
près  Bagnères-de-Luchon,  ne  me  paraît  être  qu'une  simple  variété 
de  la  Violette  des  marais,  dont  elle  ne  diffère  que  parce  que  ses 
feuilles  sont  un  peu  moins  obtuses;  elle  ne  ressemble  nullement  à 
la  V.  canina,  à  laquelle  M.  Lapeyrouse  Ta  réunie.  » 

D'autre  part,  nous  voyons  la  plupart  des  Aoristes  modernes,  et 
entre  autres  Rapin  (Bull.  Soc.  vaud.  se.  nat.,  XI)  et  Grenier  (Rcv. 
fl.  monts  Jura,  p.  45),  identifier  le  V.  pyrenaica  Ram.  au  V.  sciaphila 
Koch.  De  plus,  suivant  M.  Burnat  (Fl.  Alpes  marit.9  I,  p.  167),  la 
plante  de  Ramond  imparfaitement  décrite  par  de  Candolle  est  repré- 
sentée dans  l'herbier  de  ce  grand  botaniste,  à  Genève,  seulement  par 
deux  échantillons  dont  l'un  sans  fleurs  ni  capsules,  et  l'autre  avec 
une  fleur;  sans  l'identifier  au  V.  sciaphila  cet  auteur  consciencieux 
l'en  rapproche,  mais  il  l'éloigné  aussi  du  V.  palustris.  —  Le  V.  pyre- 
naica Ram.  diffère  en  effet  du  V.  palustris  :  par  sa  souche  épaisse, 
dure,  sans  stolons  grêles  hypo  ou  épigés,  par  la  forme  des  feuilles 
subcordiformes-ovales,  à  sommet  plus  aigu,  par  les  stipules  plus 
étroites,  longuement  ciliées,  etc..  En  un  mot,  c'est  une  tout  autre 
plante  et  on  ne  peut  la  rapporter  qu'au  groupe  des  V.  fnrta,  per- 
mixta,  sciaphila,  collina,  etc. 

En  outre,  suivant  M.  le  Dr  Gillot  qui  a  étudié  avec  soin  tous  nos 
spécimens  :  «  Il  est  impossible,  en  l'absence  de  feuilles  estivales  et 
de  capsules  développées,  d'identifier  sûrement  les  V.  sciaphila  K. 
et  pyrenaica  Ram.,  sur  des  échantillons  d'herbier,  mais  si  l'on  tient 
compte  des  descriptions  des  auteurs  et  de  la  comparaison  avec  des 
échantillons  authentiques,  on  est  amené  à  les  rattacher  l'un  à  l'autre 
et  à  considérer  le  V.  pyrenaica  Ram.  et  Auct.  comme  une  forme  ou 
race  pyrénéenne  du  V.  sciaphila  K.  —  Bordère  a  distribué,  en  1869, 
sous  le  nom  de  V.  sciaphila,  une  Violette  des  environs  de  Gèdre 
qui  se  rapporte  assez  bien  à  la  plante  de  la  haute  Ariège.  Parmi  les 
échantillons  vus  par  moi,  à  l'état  jeune  (floraison  vernale)  comme  vos 
spécimens  des  environs  d'Ax,  je  trouve  ceux-ci  très  assimilables  à 


116  PLANTES  INDIGÈNES 

ceux  du  V.  sciaphila  du  mont  Seneppe,  avril  1884,  près  la  Mure 
(Isère),  distribués  par  l'abbé  Sauze  (Soc.  dauph.,  1885,  n°  4797)  et 
surtout  à  un  petit  échantillon  en  fleurs  étiqueté  :  V.  pyrenaica 
Ram.,  V.  sciaphila  Koch,  de  la  Haute -Savoie  (mont  Vuache, 
ait.  700-900",  31  mai  1891),  distribué  par  A.  Schmidely  dans  le  Flora 
selecta  exsicc.  de  C.  Magnier,  sous  le  n°  2657.  La  forme  du  Dauphiné 
a  les  fleurs  un  peu  plus  grandes  et  donne  une  touffe  plus  compacte, 
mais  il  n'existe  pas  de  différences  sensibles  dans  les  caractères.  Je 
rattache  donc  sans  hésiter  V.  pyrenaica  Ram.  à  V.  sciaphila  Koch, 
dont  il  n'est  que  la  forme  pyrénéenne:  à  souche  plus  courte,  moins 
épaisse  et  moins  rameuse,  à  feuilles  plus  petites,  plus  largement 
ovales,  subobtuses  et  moins  acuminées,  à  fleurs  un  peu  plus 
grandes,  à  éperon  plus  saillant,  etc.,  mais  ce  sont  là  de  simples 
variations  ou  différences  quantitatives » 

123  —  V.  odorata  L.  — AC.  Prairies,  lieux  sablonneux, 
bords  des  bois  de  la  z.  inf.  —  Mai-juin.  Prairies  d'Orgeix 
et  d'Orlu  (810-830m),  etc. 

Ses  fl.  émollientes,  béchiques  et  sudorifiques  font  partie  des 
quatre  espèces  pectorales.  Elle  est  très  longuement  stolonifère,  à 
feuilles  en  cœur,  arrondies  obtuses,  à  fleurs  éparses,  violettes  ou 
blanches  et  à  capsule  déprimée.  Parmi  les  nombreuses  formes 
démembrées  de  cette  espèce  par  Jordan  (Pugill.  pi.  nov.,  1852, 
pp.  16-21),  nous  n'avons  observé,  sur  le  vif  et  aux  environs  de  notre 
circonscription,  que  la  forme  subcarnea.  Nous  possédons  en  herbier 
la  variété  hortensis  à  feuilles  très  larges  et  à  fleurs  doubles,  récoltée 
au  Castelet,  à  l'entrée  du  parc  du  château;  elle  nous  parait  être  une 
variété  cultivée,  échappée  d'un  jardin. 

124  —  V.  alba  Bess.,  Prim.  fl.  Galic,  1,  p.  171.  —  AR. 
Pelouses  et  prairies  de  la  z.  inf.  —  Mars-avril.  Environs 
d'Ax-les-Thermes  :  En-Castel,  En-Fountangé,  etc. 

La  fleur  de  cette  espèce,  comme  semble  l'indiquer  son  nom,  n'est 
pas  toujours  blanche;  on  la  rencontre  souvent  à  fleurs  violettes. 
Deux  formes  jordaniennes  y  sont  ordinairement  rattachées  :  1°  V. 
scotophylla  Jord.,  Observât,  fragment  vu,  p.  9,  à  feuilles  adultes  d'un 
vert  sombre,  à  éperon  et  à  capsule  violacés;  2°  V.  virescens  Jord. 
ap.  Bor.,  FL  du  Cent.,  éd.  3,  p.  77,  à  feuilles  adultes  d'un  vert  c/air,  à 
éperon  et  capsule  verdâtres  ou  jaunâtres.  Ces  caractères  sont  incons- 
tants et  ne  permettentguère  de  distinguer  ces  deux  formes  en  herbier, 


OU   BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  117 

en  l'absence  de  notes  prises  sur  le  vif.  Nous  ne  les  avons  pas  encore 
observées  avec  certitude,  dans  le  bassin  de  la  haute  Ariège. 

125  —  V.  palustris  L.  —  C.  Lieux  humides,  bords  des 
sources,  prairies  tourbeuses  des  montagnes  granitiques  de 
la  z.  alpine.  —  Juin-août.  —  Nos  exemplaires  (12  localités) 
ont  été  récoltés  de  1800ra  (pelouses  humides  sur  TOrry  des 
Escanels,  en  montant  à  la  Baouzeille  du  Tarbézou),  à  2370" 
(vallon  de  la  Casa,  sous  le  port  de  Fray-Miquel). 

Elle  est  nettement  caractérisée  :  par  sa  souche  émettant  des  stolons 
grêles,  ses  feuilles  rèniformes  orbiculaires,  ses  fleurs  bleu  cendré 
veinées  de  violet,  ses  capsules  glabres,  etc.  C'est  une  plante  essen- 
tiellement montagnarde. 

Section  II.  —  Melanium  DC.  * 

126  —  V,  cornuta  L.  —  CC.  Prairies,  taillis  frais, 
pelouses  des  z.  subalp.  et  alp.  —  R.  dans  la  z.  inf.  —  Juin- 
août,  suivant  l'altitude.  — Nos  exemplaires  (plus  de  40  loca- 
lités) ont  été  récoltés  de  910m  (collet  d'Ascou,  rive  gauche 
de  la  Lauze),  à  1980m  (schistes  satinés  du  ruisseau  de  Costo- 
Redoun)  et  principalement  :  dans  les  montagnes  de  Prades, 
d'Ascou,  d'Orlu,  de  Mérens,  etc. 

Elle  est  remarquable  :  par  ses  grandes  fleurs  d'un  bleu  violacé,  à 
éperon  grêle  et  très  long,  par  ses  feuilles  larges,  ovales,  échancrées 
en  cœur  à  la  base  et  par  ses  stipules  non  pinnatifîdes,  à  lobe  term  inal 
triangulaire»  —  Nous  possédons  aussi  des  spécimens  à  fleurs 
blanches  :  pelouses  du  vieux  chemin  du  col  de  Marmare  au  col  d'En- 
Ferrié  (1375m);  mais  ce  fait  n'est  pas  rare  chez  les  Pensées  de  cette 
section  Melanium,  qui  ont  une  tendance  à  passer  du  violet  au  blanc, 
suivant  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.y  III,  renvoi  1  de  la  page  37. 


t.  La  section  Diêchidium  Ging.,  qui  no  possède  qu'une  seule  espèce  :  V.  biflora  L. 
n'est  pas  représentée  dans  notre  circonscription.  Nous  avons  vainement  recherché 
cette  plante,  sous  l'abri  des  rochers  siliceux  des  z.  subalp.  et  alp.  Elle  manque  dans 
le  massif  du  Carlitte,  mais  elle  a  été  récoltée  par  nous  :  1*  en  compagnie  de  M.  G. 
Gautier,  le  22  août  1894,  dans  une  vallée  avoisinant  l'Andorre,  mais  faisant  partie 
des  Pyr.-Orient.  :  Val  de  Campardos,  sous  la  porteille  de  Font-Nègre  (2300"»)  et 
2*  dans  r  Ariège  :  au  port  de  Salcix  (1300")  et  sur  les  pelouses  de  la  Coume  d'Ar- 
tigues,  versant  d'Aulus  (1760  ),  le  18  juillet  1889,  en  compagnie  de  M.  l'abbé 
Mailho. 


118  PLANTES  INDIGÈNES 

127  —  V.  tricolor  L. 

L'espèce  linnéenne  a  été  scindée  par  l'école  multiplicatrice  (Jordan, 
Observ.  fragra.,  1  et  2,  et  Pugill.  pi.  nov.;  Boreau,  FI.  du  Centre, 
éd.  3),  en  une  vingtaine  de  types  micromorphes,  reliés  entre  eux  par 
de  nombreux  intermédiaires;  aussi  l'on  est  souvent  embarrassé  pour 
classer  certains  exemplaires,  même  en  se  bornant  aux  caractères 
essentiels.  En  décrivant  comme  espèces  toutes  les  formes  qui  se  pré- 
sentent à  l'observation,  on  aboutit  à  des  classifications  inextricables, 
qui  ont  le  double  inconvénient  d'éloigner  beaucoup  de  botanistes  de 
l'étude  des  plantes  litigieuses  et  de  faire  disparaître,  sous  un  nivel- 
lement artificiel,  l'ordre  hiérarchique  établi  par  la  nature. 

Après  revision  de  nos  spécimens  par  divers  botanistes  compétents 
(Timbal-Lagrave,  À.  Le  Grand,  Dr  Gillot),  nous  avons  groupé,  les 
formes  du  Viola  tricolor  de  notre  circonscription,  en  deux  sous- 
espèces. 

Subspec.  I.  —  V.  alpestris  Auct.  plur.  (Jord?) ! 

V.  luteola  Jord.  (pr.  sp.),  Pugill.  p.  27.  —  C.  Prairies, 
fossés,  eto.,  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Juin-août.  —  Nos 
exemplaires  (10  localités)  ont  été  récoltés  de  970™  (bords 
de  la  route  nationale,  près  de  la  fontaine  du  Roc  des  Balets, 
en  face  des  métairies  del  Fraré),  à  1650m  (prairies  de  la 
Solana  d'Andorre). 

La  plupart  de  nos  spécimens  sont  très  ressemblants  aux  échantil- 
lons authentiques  de  cette  môme  plante,  provenant  de  Jordan  lui- 
même  et  récoltés  à  Maladuze  (Pyrénées),  août  1861. 

V.  uiuariensis  Jord.  (pr.  sp.),  Obs.  fragm.,  1.  p.  19,  t.  2; 
(V. Sagoti  Jord?)  ;  —  Exsicc.  Billot, n° 3525.  —  AC.  Pelouses, 
lieux  sablonneux  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Juin-septembre. 

Nos  exemplaires  (12  localités)  ont  été  récoltés  de  950m 
(bois  du  Besset),  à  I720m  (pelouses  de  Manseille  vers  Mate- 
port). 

1 .  Nous  proférons  le  vocable  de  V.  alpestris  qui  indique  la  station  montagnarde 
do  la  plupart  des  formes  de  cette  sous-espèce,  au  nom  impropre  de  V.  s&x&tilis 
Schmidt,  adopté  par  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.,  III,  p.  41,  les  plantes  de 
ce  groupe  no  croissant  pas  ordinairement,  sauf  exception,  sur  les  rochers  ou  dans 
les  lieux  pierreux. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  119 

Par  son  port,  ses  stipules  palmatipartites,  à  lobes  étroits  digités,  à 
lobe  médian  entier,  court;  par  ses  longs  pédoncules  subfiliformes; 
par  ses  fleurs  d'un  beau  bleu  violet,  etc.,  cette  plante  est  suffisam- 
ment caractérisée.  Il  est  impossible  de  la  distinguer  du  V.  Sagoti 
Jord.  qui  est  une  forme  régionale,  un  peu  élancée,  à  stipules  plus 
élargies,  à  lobe  médian  plus  allongé,  en  un  mot  une  simple  variation 
locale.  Toutefois,  nos  spécimens  ne  cadrent  pas  avec  le  vrai  V.  Sagoti 
Jord.  récolté  à  l'Espérou  (Gard),  en  juillet  1861,  par  l'auteur  de  cette 
forme;  malgré  l'opinion  de  MM.  Rouy  et  Foucaud,  FI.  de  Fr.,  III, 
p.  51,  nous  n'hésitons  pas  à  considérer  le  V.  vivariensis  comme  une 
simple  forme  et  non  comme  une  sous-espèce  du  V.  tricolor  L.' 

If.  Paillouxi  Jord.  (pr.  sp.),  Obs.  fragm.  2,  p.  36.  —  Exsicc. 
Soc.  dauph.,  2*  série,  n°  585.  —  AC.  Prairies,  champs, 
talus,  rochers,  etc.,  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Mars-août.  — 
Nos  exemplaires  (8  localités)  récoltés  de  700m  (champs  de 
l'Esquiroulet),  à  1630"  (vallon  d'Embizon,  rochers  delajasse 
de  Lieuceran). 

C'est  la  forme,  à  stipules  dont  le  lobe  médian  est  entier  ou  foliacé 
denté,  à  feuilles  et  à  sépales  un  peu  plus  aigus,  etc.  Quelques-uns 
de  nos  spécimens  correspondent  bien  aux  exemplaires  de  V.  Paillouxi 
des  montagnes  granitiques  du  centre  de  la  France,  d'après  Boreau, 
Cari  on,  etc. 

If.  monticola  Jord.  (pr.  sp.),  loc.  cit.,  p.  37.  —  Exsicc. 
Billot,  23e  centurie,  1858,  n°  2222. 

AC.  —  Fossés,  champs,  prairies,  etc.,  des  z.  inf.  et 
subalp.  —  Juillet-août.  —  Nos  exemplaires  (10  localités) 
récoltés  de  710m  (rochers  de  la  prairie  Boyé  sur  la  tranchée 
de  la  gare  d'Ax-les-Thermes),  à  1660m  (prairies  de  la  Solana 
d'Andorre). 

Elle  se  distingue  du  V.  Paillouxi,  surtout  par  ses  stipules  à  lobe 
médian  ovale,  subfoliacé?  Nos  spécimens  récoltés  le  18  août  1892, 
dans  les  fossés  de  la  forge  d'Orlu  (930m),se  rapportent  bien  avec  ceux 
de  la  vallée  de  Lienz  (Hautes-Pyr.,  legit  Franqueville,  22  août  1857, 

1.  Jordan,  dans  ses  Obaerv.y  ?*  fragm.,  p.  34,  décrit  avec  doute  le  V.  Sagoti 
comme  distinct  du  V.  vivariensis  et  il  déclare  que  ces  deux  plantes  sont  tellement 
voisines,  qu'il  les  signale  a  de  nouvelles  observations. 


120  PLANTES  INDIGÈNES 

et  distribués  par  Billot  (Flora  Galliœ  et  Germanise  exsiccata),  sous  le 
no  2222. 

?  V.  meduanensis  Boreau  {pr.  $p.)}  FL  du  Cent.,  éd.  3,  p.  80. 

—  RR.  Juillet.  —  Vallon  d'Embizon,  jasse  des  Pradels 

(1460ra). 

Nous  indiquons  cette  forme,  «  à  fleurs  grandes  d'un  beau  violet  et  à 
feuilles  bien  plus  courtes  que  les  entre-nœuds  »  (Boreau),  avec  un  point 
de  doute.  M.  le  Dr  Gillot  a  joint  à  nos  échantillons  la  note  suivante  : 
a  Les  spécimens  que  j'ai  vus  sont  bien  moins  développés.  Ici  l'épe- 
ron semble  dépasser  sensiblement  les  appendices  du  calice,  mais  il 
doit  y  avoir  forcément  des  différences  entre  un  Viola  de  la  Mayenne 
et  de  l'Ariège  ;  je  ne  saurais  du  reste  à  quelle  forme  la  rattacher  à 
moins  d'inventer  un  nom  nouveau  et  il  yen  a  déjà  trop.  » 

Subspec.  II.  —  V.  aruensis  Murray  (pr.  sp.),  Prodr.  stirp. 
GoU.,  p.  73,  et  auct.  mult. 

V.  segetalis  Jord.  (pr.sp.),  Obs.,  fragm.  2,  p.  12, 1. 1,  fîg.  B., 
et  auct.  plur.  —  CC.  Champs,  lieux  incultes,  prairies 
sèches,  pelouses  des  z.  inf.  et  subalp.  —  RR.  dans  la  z.alp. 

—  Avril-août,  suivant  l'altitude.  —  Nos  exemplaires  (plus 
de  15  localités)  récoltés  de  7iOm  (Ax,  champs  d'En-Castel), 
à  2000m  (pelouses  en  montant  du  lac  de  Naguilles  aux 
clotes  du  port  d'En-Sur). 

Elle  est  reconnaissablé  aisément  :  à  ses  tiges  et  rameaux  dressés  à 
angle  aigu,  à  ses  stipules  pinnatifides,  à  lobes  étroits,  le  médian  lan- 
céolé, à  peine  foliacé,  peu  ou  point  denté,  à  ses  pétales  plus  courts 
que  le  calice,  etc. 

V.  gracilescens  Jord.  (pr.  sp.),  loc.  cit.,  p.  20,  t.  2,  f.  B.  — 
AR.  —  Juin-août.  Murs  du  chemin  conduisant  de  la  route 
nationale  au  village  de  Perles  (660m);  vallée  du  Mour- 
gouillou,  aux  Escales  (1480ra),  etc. 

Bien  voisine  do  la  forme  précédente,  celle-ci  s'en  distingue  :  par  son 
port  grêle,  ses  longs  pédoncules,  son  éperon  violacé  plus  long  que 
les  appendices  calicinaux,  ses  sépales  ciliés  très  acuminés,  ses 
feuilles  profondément  crénelées,  etc. 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  121 

V.  agrestis  Jord.  (pr.  sp.),  L  cit.,  p.  15  ;  V.  ruralis  Jord. 
ap.  Bor.,  FI.  du  Cent.,  éd.  3,  p.  81  (pr.  sp.).  —  C.  Champs, 
lieux  incultes,  etc.,  des  z.  inf.  et  subalp.  —  Mai-juillet.  — 
Nos  exemplaires  récoltés  de  710m(Ax,  champs  d'En-Castel), 
à  1240m  (fossés  et  murs  de  la  grande  route,  près  du  village 
de  Prades). 

Cette  Pensée  est  caractérisée  :  par  la  pubescence  de  toutes  ses 
parties,  ses  tiges  serrées  et  multicaules,  son  lobe  médian  des  sti- 
pules grand,  denté  et  semblable  aux  feuilles,  ses  stipules  palmati- 
fîdes,  ses  fleurs  assez  grandes,  ses  feuilles  inf.  ovales  profondément 
crénelées,  etc. 

Nous  réunissons  à  cette  forme  le  V.  ruralis  Jord.,  qui  en  diffère 
àpeine  :  par  ses  feuilles  plus  larges,  ses  larges  stipules,  ses  sépales 
souvent  glabres  et  souvent  non  ciliés,  etc.,  variations  sans  impor- 
tance; de  même,  le  caractère  indiqué  par  la  plupart  des  Flores 
pour  la  distance  des  bractéoles  à  la  fleur  est  insignifiant  et  sans 
valeur.  C'est  pour  nous  une  seule  et  même  forme,  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  de  distinguer. 

V.  Timbali  Jord.  (pr.  specie),  Pugill.  pi.  nov.y  p.  22.  — 
Exsicc.  C.  Billot,  FI.  Gall.  et  Germ.,  cent.  24  (1858),  n#  2313. 
—  AC.  Prairies  et  champs.  —  Mai-août.  —  Nos  exem- 
plaires (7  localités)  récoltés  de  670m  (champs  du  Castelet), 
à  1100m  (champs  de  Gardeillou,  sur  Vaïchis). 

La  plupart  de  nos  spécimens  paraissent  identiques,  d'après  M.  le 
Dr  Gillot,  aux  échantillons  de  Castelnau-d'Estretefonds  (Hte-Gar.), 
12  juin  1885,  récoltés  par  Timbal-Lagrave  et  Fages,  et  distribués 
par  la  Soc.  dauphinoise  sous  le  n°  4838,  en  1886,  et  à  ceux  distri- 
bués par  VExsiccata  de  C.  Billot,  loco  citato.  Cette  plante  parait 
n'être  qu'une  simple  forme  régionale  du  V.  segetalis,  à  stipules 
dont  le  lobe  médian  est  entier  ou  presque  entier,  à  feuilles  d'un 
vert  pâle,  planes,  les  inférieures  ovales-oblongues  atténuées  à  la 
base  en  un  long  pétiole,  brièvement  dentées,  etc. 

On  trouve  çà  et  là,  subspontané  autour  des  jardins,  le  V.  tricolor 
L.,  var.  hortensis  DO.,  de  mai  à  septembre  et  l'on  emploie  sous  le  nom 
de  pensées  sauvages ,  comme  dépuratives,  les  fleurs  du  V.  arvcn- 
sis  Murr.,  et  principalement  des  formes  segetalis,  agrestis,  Tim- 
bali, etc. 


122  PLANTES  INDIGÈNES 

Espèces  à  rechercher  ou  à  exclure. 

Lap.  (Hist.  abr.  Pyr.t  p.  122)  indique  :  Viola  mou  tau  a  L.  «  au  port 
de  Paillères  ».  C'est  une  simple  forme  à  grandes  fleurs  (var.  macran- 
tha  GG.)  du  V.  canina  L.,  vainement  recherchée  par  nous  en  ce  lieu. 

Lap.,  loc.  cit.,  V.  mirabilis  L.  «  entre  Mèrens  et  Ax,  dans  les  lieux 
frais  et  ombragés,  au  pied  des  rochers  ».  —  Espèce  qui  abonde  dans 
les  bois  des  montagnes  de  l'E.  et  du  S.-E.,  rare  ailleurs,  et  non 
signalée  jusqu'à  ce  jour  dans  les  Pyrénées,  mais  observée  dans  la 
Lozère,  le  Gard  et  l'Aveyron.  Elle  a  dû  être  confondue  par  Lapey- 
rouse  avec  une  forme  luxuriante  du  V.  silvestris  Lamk.  Cette  erreur 
a  été  reproduite  par  M.  le  Dr  Clos  dans  son  opuscule  intitulé  :  Quel- 
ques jours  d' herborisations  autour  d'Ax  (Ariège)  et  paru  dans  le 
Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  Fr.,  tome  XXVI  (1879),  pp.  216-225.  Ce  bota- 
niste l'indique  (loc.  cit.,  p.  220)  «  dans  un  petit  sentier  à  droite  du 
pont  d'Espagne,  sur  la  route  de  Mérens.  » 

Pam.  VIII.  —  DROSÉRAOÉES. 
Drosera  L. 

128  —  D.  rotundifolia  L.  —  C.  Prairies  tourbeuses, 
pacages  spongieux,  humides  et  marécageux,  des  terrains 
siliceux  dans  les  z.  subalp.  et  alp.  —  R.  dans  la  z.  inf.  — 
Juillet-septembre,  suivant  l'altitude. 

Nos  exemplaires  (15  localités)  récoltés  de  900"  (prairies 
de  Petches,  sur  le  bois  de  Biscarabé),  à  2390m  (source  du 
Mourgouillou,  sur  le  lac  supérieur  de  TAlbe),  et  principale- 
ment dans  les  hautes  montagnes  d'Ascou  et  de  l'Hospi- 
talet. 

Cette  plante  est  astringente  et  caustique;  nos  paysans  l'emploient, 
en  infusion,  contre  les  toux  invétérées.  Elle  est  considérée  comme 
Carnivore,  vu  sa  faculté  d'agir  sur  les  matières  azotées,  à  la  façon 
du  suc  gastrique  <  ;  les  cils  glanduleux  irritables  de  ses  feuilles  se 
replient  sur  le  limbe  au  contact  d'un  corps  étranger. 

1.  Voir  pour  plus  amples  détails  le  Traité  de  botanique  de  M.  Van  Tieghem, 
pp.  207  et  352-353.—  D'après  les  expériences  faites  au  Jardin  botanique  de  Lyon,  par 
M.  Raphaël  Dubois,  et  communiquées  en  1890  à  l'Académie  des  sciences,  par  M.  P. 
Duchartre  :  la  facullé  carnivore  des  plantes  n'est  pas  réelle  et  la  digestion  des 
matières  animales  par  la  végétation  n'est  qu'apparente.  La  plante ,  improprement 
dite  Carnivore,  sécrète  un  liquide  non  doué  de  propriétés  chimiques  analogues  à 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÈGE.  123 

Parnassia  (Tournef.)  L. * 

129  —  P.  palustris  L.  —  CC.  Marécages,  prairies  tour- 
beuses parmi  les  Sphagnum,  depuis  la  z.  inf.  jusqu'à  la 
limite  sup.  de  laz.  alp.  —  Juillet-septembre,  suivant  l'al- 
titude. 

Nos  exemplaires  (18  localités)  ont  été  récoltés  de  840œ 
(fossés  humides  de  la  route  de  Mérens,  près  de  la  fontaine 
du  Moulinas),  à  2390m  (marécages  de  la  source  du  Mour- 
gouillou,  en  société  du  Drosera  rotundifolia  L.). 

Elle  est  réputée  astringente. 

Pam.  IX.  —  POLYGALAOÉE8. 
Polygala  L.  a 

130  —  P.  vulgare  L.  —  CC.  Prairies  sèches,  bois, 
pelouses,  etc.,  des  terrains  siliceux,  depuis  laz.  inf.  jusqu'à 
la  z.  alp.  —  Mai-Juillet.  —  Nos  exemplaires  (plus  de  20  loca- 
lités), récoltés  de  680m  (Castelet,  rochers  sur  le  village),  à 
2200m  (Solana  d'Andorre,  au  sarrat  de  Ribenfest.) 

Les  fleurs  varient  du  rose  au  bleu  et  au  blanc.  Les  vaches  recher- 
chent les  feuilles  de  cette  plante  arrière,  tonique  et  diurétique  et  nos 
paysans  croient  que  cette  nourriture  augmente  la  sécrétion  lactée. 
On  réunit  généralement,  sous  le  nom  de  P.  vulgare,  de  nombreuses 
variétés  qui  se  rapprochent  de  la  plante  ainsi  désignée  par  les 
auteurs;  parmi  ces  variétés  nous  avons  distingué  les  suivantes  : 


celles  de  la  pepsine,  et  les  phénomènes  de  désagrégation  et  de  fausse  digestion 
sont  dus,  sans  aucun  doute,  à  l'action  rapide  d'animalcules  (bactéries,  etc.),  intro- 
duits dans  l'organe  sécréteur  après  son  éclosion  et  venus  du  dehors.  Ce  fait  ne 
constitue  donc  pas  un  véritable  phénomène  de  digestion  végétale,  comme  on  Ta 
cru  jusqu'ici.  (Voir  fa  Science  pour  tout,  XXXV*  année,  n°  36,  6  sept.  1890,  p.  28? 
et  n*  43,  25  oc  t.  1890,  p.  342). 

1.  Bien  que  la  place  du  genre  Parnaaaia,  soit  contestée,  l'usage  prévaut  jusqu'ici 
de  le  classer  dans  les  Droséracées  ;  c'est  peut-être  un  genre  de  transition.  Quelques 
auteurs  modernes  inclinent  à  le  rapprocher  des  Sazifragacées. 

2.  Tous  nos  Polygala  ont  été  revus  par  M.  A.  Legrand,  en  1895.  À  l'exemple  do 
Timbal,  FI.  Corb.t  p.  87,  et  de  MM.  Rouy  et  Fouc,  FI.  de  Fr.,  III,  p.  60,  nous 
avons  adopté  le  genre  grammatical  neutre  pour  le  nom  Polygala. 


124  PLANTES  INDIGÈNES 

Var.  /3  alpestre  Koch,  Syn.,  éd.  2,  p.  99,  non  Rchb.  ;  var. 
pseudo-alpestre  Gren.,  FI.  chaîne  jurassiq.,  p.  98.  —  AC. 
Pâturages  secs  des  terraius  siliceux  et  cale,  des  z.  subalp. 
et  alp.  —  Juillet-août.  —  Nos  exemplaires  (1 1  localités)  ont 
été  récoltés  de  1620m  (crête  du  soula  de  Montalzéou,  à  TO. 
de  Cornus),  à  2520m  (pelouses  sous  le  pic  de  Rul)  et  princi- 
palement :  dans  les  montagnes  de  Prades,  de  Paillères  et  de 
la  haute  vallée  d'Orlu. 

Tiges  moins  élevées,  feuilles  largement  lancéolées,  plus  rappro- 
chées, fleurs  en  grappe  plus  courte,  etc. 

Var.  7  oxypterum  Bonnet,  Petite  fi.  paris.,  1883,  p.  58; 
P.  oxypterum  Bor.  et  auct.  mult.  (an  Rchb.?).  —  R.  Juin- 
août.  —  Ax,  pelouses  d'En-Fountangé  (720m);  pelouses  du 
bac  de  Jacob,  sur  le  bois  de  Mateliave  (1520m). 

Caractérisée  :  par  ses  tiges  plus  ou  moins  étalées  puis  redressées, 
ses  ailes  à  peine  plus  longues  que  la  capsule  et  plus  étroites. 

Var.  $  paruiflorum  Coss.  et  Germ.,  FI.  paris.,  éd.  1  (1845), 
p.  57,  et  éd.  2  (1861),  p.  72;  P.  Lensei  Bor.,  Précis  herb.  (1862), 
p.  20.  —  R.  Pelouses  et  bruyères  des  montagnes  grani- 
tiques des  z.  subalp.  et  alp.  —  Mai-août.  —  Vallée  de 
TOriège  :  prairies  du  Bisp,  sous  le  pic  du  Brasseil  (1080™); 
vallée  latérale  d'Orgeix,  sous  le  pic  de  Perregeat  (1600m). 

Plante  ayant  le  port  du  P.  comosum,  mais  à  souche  grêle,  à 
tiges  basses,  à  grappes  plus  courtes  que  le  type,  à  ailes  plus  élargies 
égalant  la  longueur  de  la  capsule,  à  fleurs  d'un  bleu  plus  fonoé  et 
à  nervures  obscurément  anastomosées. 

131  —P.  serpyllaceum  Weihe,  in  Flora  (1826),  2,  p.  745, 
tab.  1  ;  P.  depressum  Wender.  (1821)  (pr.part.).  —  C.  Pelouses, 
bruyères  des  terrains  siliceux,  dans  la  z.  inf.  jusque  dans 
la  z.  alp.  —  Mai-août,  suiv.  l'altit.  —  Nos  exemplaires 
(10  localités)  ont  été  récoltés  de  800m  (Ax,  lieux  boisés  sur 
le  trou  des  Fourches),  à  2200ro  (vallon  d'Eychounzé,  sous  le 
pic  d'Outxis). 

A  l'exemple  du  savant  monographe  des  Polygala,  M.  Ghodat  (Bull. 
Soc.  bot.  de  Genève,  1889,  n°  5,  p.  158),  nous  considérons  le  P.  ser- 


DU  BASSIN  DE  LA  HAUTE  ARIÉGE.  125 

pyllaceum  comme  une  espèce  et  non  comme  une  simple  forme  à 
feuilles  opposées  du  P.  vulgare  dont  il  diffère  surtout  :  par  ses  tiges 
filiformes  diffuses,  ses  fleurs  peu  nombreuses  en  grappes  courtes, 
les  terminales  devenant  latérales  par  le  développement  d'un  rameau 
axilliaire  et  par  ses  feuilles  inférieures,  la  plupart  opposées. 

132  —  P.  calcareum  F.  Schultz,  in  Flora  (1837),  vol.  2, 
p.  752  ;  P.  amarellum  Coss.  et  Germ.  (1845).  —  CC.  Pelouses 
et  bruyères,  rochers  des  terrains  calcaires  et  siliceux  de  la 
z.  inf.,  jusque  dans  la  z.  nivale.  —  Mai-août.  —  Nos  exem- 
plaires (34  localités)  ont  été  récoltés  de  720m  (roch.  cale, 
du  chemin  de  Perles  à  Unac),  à  ?520ra  (pelouses  sous  le  pic 
de  Rul  ou  Rulle),  et  principalement  :  dans  les  montagnes 
calcaires  de  Prades  et  d'Ascou. 

133  —  P.  alpinum  Perrier  et  Songeon,  Notes  pi.  nouv. 
Savoie,  in  Billot,  Annot.  à  la  Fl.deFr.  et  d'Ail.,  1859,  pp.  187- 
189;  P.  niveum  Miègeville,  in  Bull.  Soc.  bot.  de  Fr.}  XII, 
1865,  p.  341  !  —  R.  Rochers  cale,  et  pâturages  des  z.  alp. 
et  niv.  —  Juin-août.  —  Roc-Blanc,  versant  d'Orlu  (2180m 
et2240m);  col  de  Castillou  ou  de  la  Gréoulère,  sous  le  pic 
de  Pinet  (2245m);  crête  de  Camp- Ras,  sous  le  pic  de  ce 
nom  (2500m). 

Ses  tiges  formant  de  petites  touffes  denses,  entièrement  étalées 
sur  le  sol,  l'axe  central  de  chaque  rosette  toujours  terminé  par  une 
pousse  stérile,  ses  petites  fleurs  (4  millim.)  d'un  bleu  clair,  rare- 
ment blanches,  et  dont  la  nervure  moyenne  ne  s'anastomose  jamais 
avec  les  nervures  latérales,  etc.,  lui  donnent  un  aspect  particulier  et 
permettent  de  la  distinguer  aisément  des  espèces  voisines. 

Espèce  à  exclure. 

Polygala  austrlacum  Crantz,  indiqué  par  Lapeyrouse  (Hist. 
abr.  Pyr.t  p.  401),  «  à  Paillères  ».  —  C'est  une  plante  de  la  région 
parisienne  confondue  avec  le  P.  calcareum  Schultz,  et  qui  ne  peut 
croître  à  2000  mètres  d'altitude  ! 


-»-$B-«- 


EXPLICATION  DE  QUELQUES  TERMES 
DES  PYRÉNÉES  ARIÉGEOISES,  USITÉS  DANS  NOTRE 

CATALOGUE  RAISONNÉ  : 

Bac,  ubac,  loubac  :  versants  des  montagnes  exposés  à  l'ombre, 
O.  et  N. 

Clôt y  dote,  cloutade,  cloutel  :  dépression  occupant  remplacement 
d'un  ancien  marais  ou  d'un  laquet  desséché. 

Couillade  (du  catalan  collada)  :  col  ou  passage. 

Couillet,  couilladou  (diminutifs  de  couillade)  :  petit  col. 

Coume  (du  catalan  coma)  :  correspond  à  peu  près  au  mot  français 
combe  (petite  vallée  resserrée  entre  deux  hautes  montagnes). 

Coumeto,  coumeil>  coumeille  (diminutifs  de  coume)  :  petit  vallon. 

E&tagnol  (du  catalan  estany)  :  lac  de  peu  d'étendue. 

Fountanal  :  fontaine  ou  source  très  abondante. 

Jasse  (du  latin  jacere)  :  le  lieu  où  pacagent  et  couchent  les  bestiaux 
(moutons,  vaches,  chevaux,  porcs,  etc.),  sous  la  garde  des  pâtres. 

Jassette  (diminutif  de  jasse)  :  petite  jasse. 

Llabardouse  :  le  lieu  où  abonde  le  Llabardas  (Rhododendron). 

Mate  (du  catalan  mata,  mato)  :  noisette,  et  par  extension  :  petit  bois 
de  noisetiers. 

Mouillère  :  espace  mouillé,  terrain  tourbeux  ou  marécageux,  occu- 
pant le  plus  souvent  l'emplacement  d'un  ancien  marécage  ou  d'un 
lac  comblé  par  les  avalanches  ou  la  végétation  aquatique. 

Orry  ou  Orrhy  :  le  lieu  où  l'on  fabrique  les  fromages  avec  le  lait 
de  brebis  et  de  vache. 

Orryot  (diminutif  du  mot  orry)  :  petit  orry. 

Pas,  passade  :  passage  difficile  entre  deux  sommets  ou  sur  une  crête. 

Plat  planel  :  petit  plateau  situé  entre  deux  montagnes,  dans  une 
vallée  ou  sur  une  crête  élargie. 

Porteille  (du  catalan  portell,  portella)  :  col  très  étroit. 

Serre,  sarrat  (de  l'espagnol  sierra)  :  chaîne  de  montagnes,  et  quelque- 
fois montagne  seule. 

Son/a,  soutane  :  versants  des  montagnes  exposés  au  soleil,  E.,  S.-E.,  S. 

Tartiè,  tartièro  :  éboulis,  amas  de  gros  blocs  de  rochers. 

Tos,  tose  (du  catalan  tossal,  tozal)  :  sommet  élevé,  pic. 

HlB  Marcailhou-d'Ayméric. 


*- 


CONTRIBUTION 

A  L'ÉTUDE  DE  LA  GÉOGRAPHIE  BOTANIQUE  DE  LA  FRANGE 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE 


DU 


ENVIRONS  DE  CERC  Y- LA-TOUR  (NIÈVRE) 

Par  F.  QAGNEPAIN 

INSTITUTEUR,   MEMBRE   DE  LA   SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE   FRANCE, 
DE    L'ASSOCIATION  FRANÇAISE  DE   BOTANIQUE, 
DE    LA    SOCIETE    D'HISTOIRE    NATURELLE     D'AUTUN  , 
LAUREAT  DE  L'ACADÉMIE  INTERNATIONALE  DE  GÉOGRAPHIE   BOTANIQUE 


»»»—>#»— 


PRÉFACE 

Après  huit  années  d'herborisations  continuelles,  nous  songions  à 
élaborer  le  Catalogue  de  la  florule  nivernaise. 

Nous  étions,  comme  aujourd'hui,  bien  convaincu  qu'un  herbier 
méconnu,  difficile  à  compulser,  est  un  trésor  enfoui,  d'une  utilité 
scientifique  restreinte,  et  que  des  publications  incessantes  seules 
sont  capables  de  donner  aux  documents  qu'il  renferme  l'utilité  que 
ne  comportait  guère  leur  vie  latente  et  obscure.  C'est  cette  convic- 
tion qui  a  présidé  à  l'élaboration  des  notes  et  mémoires  que  nous 
avons  antérieurement  publiés.  * 

Tels  étaient  nos  projets  et  nos  principes,  quand  M.  le  Dr  Gillot, 
d'Autun,  insista  sur  l'avantage  de  réunir  en  un  travail  complet  les 
matériaux  déjà  amassés  sur  la  florule  de  Cercy-la-Tour.  Cette  inspi- 
ration devait  être  un  germe  fécond  trouvant  un  terrain  tout  préparé. 

Depuis  lors,  depuis  cinq  ans,  l'étude  obstinée,  méthodique  de  ce 
domaine  scientifique,  absorba  en  entier  ce  que  le  labeur  de  l'ensei- 
gnement nous  laissait  de  temps  et  de  forces.  Aujourd'hui,  800  kilo- 
mètres carrés  sont  explorés  en  détail  et  bien  peu  d'entre  eux  ont 
échappé  aux  mailles  de  plus  en  plus  serrées  de  nombreux  itinéraires 
représentant  une  longueur  minimum  de  3.500  kilomètres. 

Pour  grouper,  pour  utiliser  ces  matériaux  précis,   nous  avons 

1.  Voir  à  la  page  129  la  liste  de  ces  publications. 


128  F.  GAGNEPAIN. 

profité  des  directions  d'un  botaniste  aussi  savant  qu'obligeant  et 
dévoué;  elles  furent  de  tous  les  instants,  comme  en  témoigne  une 
volumineuse  correspondance;  et  le  manuscrit,  vu  et  revu  par  M.  le 
Dr  Gillot,  amendé  et  émondé  suivant  ses  conseils,  doit  présenter 
les  résultats  d'une  double  collaboration  :  Autun  donnant  l'esprit, 
Cercy,  la  force  vive. 

Cette  force  se  serait  sans  doute  évanouie  si  elle  n'avait  été  sou- 
tenue par  la  satisfaction  morale  de  loisirs  bien  employés  et  l'ambi- 
tion vivace  d'être  un  jour  utile  à  la  science. 

Mais,  nous  ne  l'oublions  pas,  l'intérêt  que  nous  ont  témoigné  plu- 
sieurs savants,  leurs  encouragements  précieux,  leurs  conseils,  leurs 
critiques  même  sont  venus  soutenir  le  chercheur  dans  cette  tâche 
laborieuse  acceptée  avec  une  confiance  toute  juvénile.  La  science 
est  une  belle  chose,  puisque  ses  adeptes,  unis  par  l'idéal  de  ses  pro- 
grès, s'aident  les  uns  les  autres,  les  forts  prêtant  au  faible  une  main 
secourable. 

Ce  n'est  pas  sans  une  gratitude  émue  que  nous  évoquons  ici  le 
souvenir  de  concours  aussi  désintéressés  qu'efficaces,  soit  pour  le 
travail  présent,  soit  pour  les  notes  parues  ou  à  paraître;  et  le  lieu 
et  le  moment  pourraient-ils  être  mieux  choisis  pour  donner  à  chacun 
le  juste  tribut  de  remerciements  qu'il  mérite? 

Le  nom  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  est  inséparable 
de  celui  de  M.  le  Dr  Gillot  qui  lui  consacre  entièrement  ses  forces. 
Merci  à  elle  de  l'accueil  qu'elle  a  réservé  à  nos  publications  bota- 
niques et  du  sacrifice  qu'elle  s'impose  en  élargissant  au  profit  de  la 
Topographie  botanique  le  cadre  d'un  Bulletin  si  important  et  si  volu- 
mineux! 

Grâce  à  M.  Malinvaud,  secrétaire  général  de  la  Société  botanique 
de  France,  l'hospitalité4"!*  plus  large  nous  a  été  réservée  dans  son 
Bulletin,  et  la  compétence  toute  spéciale  du  savant  a  daigné  nous 
venir  en  aide  par  la  détermination  du  genre  polymorphe  des  Menthes. 

C'est  avec  une  érudition  et  une  obligeance  non  moins  grandes  que 
toute  une  récolte  de  Ronces  a  été  revue  par  M.  Boulay,  le  savant 
maître  qui  s'est  fait  au  sujet  du  genre  Rubus  une  réputation  univer- 
selle. 

Non  content  de  lire  ligne  par  ligne,  avec  une  sollicitude  toute  par- 
ticulière, le  manuscrit  de  notre  Topographie  botanique^  M.  Ch.  Fla- 
hault,  professeur  à  la  faculté  des  sciences  de  Montpellier,  a  voulu 
l'annoter  longuement,  et  en  donner  une  appréciation  si  bienveillante 
que  nous  tenons  à  honneur  de  la  mériter  entièrement  en  suivant  de 
point  en  point  des  directions  si  autorisées. 


i 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  129 

Cent  pollens  avaient  été  décrits  et  figurés  dans  un  essai  timide^ 
Four  nous  permettre  d'approfondir  et  d'étendre  le  sujet,  de  faire 
accepter  la  valeur  indéniable  des  caractères  polliniques  en  taxinomie, 
en  hybridologie,  aussi  bien  qu'en  organographie,  deux  maîtres  émi- 
nents,  par  leurs  travaux  et  leurs  titres,  ont  daigné  nous  soutenir, 
nous  encourager  dans  une  œuvre  qui,  élaborée  à  loisir  par  un  savant 
de  laboratoire,  serait  fertile  en  conclusions  et  en  applications  inat- 
tendues. Nous  avons  désigné  ici  M.  Bernard  Renault,  du  Muséum, 
l'éminent  président  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  qui 
lui  doit  la  plus  grande  partie  de  son  lustre,  et  M.  Ed.  Bornet,  do 
l'Institut,  dont  la  science  est  rehaussée  par  une  extrême  bienveil- 
lance. 

Cette  longue  preuve  d'une  excessive  obligeance  partie  de  tant  de 
points  du  monde  savant  ne  saurait  être  ici  une  vaine  et  complai- 
sante ostentation;  c'est  l'expression  bien  sincère,  quoique  faible, 
d'une  profonde  reconnaissance  ;  mais  c'est  aussi  l'engagement  formel 
de  mieux  profiter  à  l'avenir  d'un  concours  précieux,  si  les  nécessités 
d'une  profession  absorbante  nous  en  laissent  le  loisir. 

Puissions-nous  en  même  temps  avoir  convaincu  les  jeunes  débu- 
tants comme  nous,  que  leur  bonne  volonté  et  leurs  efforts  persis- 
tants ne  seront  jamais  ni  dédaignés,  ni  réduits  à  eux-mêmes  1 


PUBLICATIONS  DE  M.  F.  GAGNEPA1N  : 

Lettre  sur  diverses  observations  tératologiques,  Bul.  Soc.  bot.  Fr.  p.  3o9 —  1893 

Nouveaux  cas  tératologiques,                                                Idem. ...  p.  269  —  1894 

Nouvelles  notes  tératologiques ,                                            Idem....  p.  605 —  1894 

Espèces  ou  localités  nouvelles  2>our  la  Nièvre,                   Idem....  p.  598 —  1895 

Idem                             Idem                             Idem....  p.  449  —  1896 

Sur  un  hybride  artificiel  des  Lychnis  diuma  et  vesp.,      Idem....  p.  129  —  1896 

Dates  de  floraison  en  i895pour  la  Nièvre,  Bul.  Soc.  Hist.  nat.,  Autun  p.     44  —  1 896 

Végétation  sur  les  laitiers  des  hauts  fourneaux,                Idem....  p.     47  —  1896 

Notes  tératologiques,                                                           Idem....  p.     67 — 1896 

Dates  de  floraison  des  pi.  è  Cercy 'la-Tour,                       Idem....  p.  263 —  1896 

Notes  tératologiques,                                                              Idem....  p.  269  —  1896 

Herborisations  à  Sancoins  (Cher],                    Bul.  Soc.  bot.  Fr. ..  p.     59  —  1897 

Sur  un  hybride  artific.  des  Lychnis  diuma  et  vespert.,     Idem....  p.  441  —  1897 

Végétation  èpiphyle  des  Saules  têtards  (Nièvre),  Bul.  S.  H.  n.  Autun.  p.     77  —  1897 

Sur  la  dispersion  du  Gui,                                                     Idem. ...  p.  146  —  1897 
Végétation  calamicole  et  murale.                                        Idem  p.  230  et  305  —  1897 

Espèces  ou  localités  nouvelles  pour  la  Nièvre,  Bul.  Soc.  bot.  Fr..  p.  129  —  1898 

A  travers  les  pollens  indigènes,  Bul.  Soc.  hist.  nat.,  Autun p.  217 — 1898 

Hybrides  des  Galeopsis  dubia  et  angustifolia,  Assoc.  franc,  bot...  p.     43 —  1899 


•♦• 


TOME   XIII.  9 


130  F.    GAGNKPAIN. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES 


Pour  l'étranger  qui  veut  herboriser  dans  la  Nièvre,  plu- 
sieurs localités  peuvent  être  choisies  comme  quartier 
général.  Cercy  est  une  de  ces  localités  privilégiées;  sa  gare 
importante  et  les  lignes  qui  y  aboutissent  permettent  des 
excursions  dans  quatre  directions  différentes.  Par  celle  de 
Nevers-Chagny,  on  peut  étudier  les  bords  de  la  Loire,  les 
environs  de  Decize  et,  à  Test,  Luzy,  c'est-à-dire  la  chaîne 
granitique  du  Morvan  dans  sa  partie  méridionale  ;  par  celle 
de  Laroche,  on  peut  se  porter  facilement  au  nord  et  recon- 
naître la  partie  ouest  des  montagnes  morvandelles  et  la 
grasse  vallée  de  l'Aron  ;  par  l'embranchement  de  Gilly,  on 
a  un  facile  trajet  vers  Saint-Hilaire,  Cronat,  clans  la  riche 
vallée  de  la  Loire. 

Mais  les  environs  de  Cercy-la-Tour  possèdent  une  flore 
qui,  pour  être  celle  du  plat  pays,  n'en  est  pas  moins  inté- 
ressante et  qui  a  en  outre  le  mérite  d'être  peu  connue. 

Boreau 1  est,  à  notre  connaissance,  le  premier  botaniste  qui 
ait  véritablement  herborisé  dans  ces  parages  ;  encore  n'a-t-il 
signalé  son  passage  que  par  quelques  noms  de  localités  bien 
insuffisants  pour  donner  la  moindre  idée  de  la  flore.  Ses 
séjours  ont  dû  y  être  très  brefs;  mais  s'il  a  omis  de  noter 
dans  son  important  ouvrage  certaines  plantes  intéressantes 
que  ce  savant  botaniste  a  pris  la  peine  de  citer  ailleurs,  il 
en  est  d'autres  que  les  cours  d'eau,  les  vents,  les  cultures 
et  les  autres  causes  multiples  de  la  dispersion  des  espèces 

1.  A.  Boreau,  Voyage  aux  montagnes  du  Morvan,  suivi  d'observations  sur  tes 
végétaux  de  cette  contrée,  Nevcrs,  1832,  in-12,  146  p.  —  Flore  du  centre  de  la 
France,  lr*  édition,  18i0;  2\  I8'.9,  3%  1857.  —  Herbier  de  Severs.  1832  (hôtel  de 
ville  de  Nevers). 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  131 

y  ont  apportées  depuis  et  qu'il  n'a  pu  indiquer;  en  outre,  il 
existe  toute  une  catégorie  de  plantes  adventices  étrangères 
qui  se  propagent  de  plus  en  plus  en  France,  et  ces  faits, 
quoique  rares,  mais  intéressants,  de  géographie  botanique, 
nous  semblent  devoir  être  soigneusement  consignés. 

Cercy  se  trouve  précisément  pour  plusieurs  de  ces 
espèces  sur  la  limite  septentrionale  de  leur  aire  d'exten- 
sion, et  son  sol  paraît  leur  être  assez  hospitalier  pour  qu'il 
en  soit  fait  mention. 

Enfin  une  lacune  importante  est  à  combler.  Le  départe- 
ment de  la  Nièvre,  qui  suit  si  facilement  en  cent  autres  cir- 
constances la  voie  du  progrès,  n'a  point  jusqu'à  présent 
ajouté  son  catalogue  ou  sa  flore  aux  flores  ou  catalogues 
des  départements  voisins  ;  et  la  botanique,  science  aimable 
et  utile  entre  toutes,  y  est  trop  négligée.  Cependant  tous 
les  spécialistes  déplorent  le  manque  presque  absolu  de 
documents  sur  la  flore  de  la  région  et  surtout  l'ignorance 
des  changements  qui  s'y  sont  produits  depuis  la  dernière 
édition  de  la  Flore  du  Centre  de  Boreau  (1857).  Le  besoin 
d'un  catalogue  surtout  se  fait  vivement  sentir  et  naguère 
une  notabilité  scientifique  daignait  nous  en  conseiller  la 
rédaction. 

Malheureusement  nos  loisirs  sont  trop  bornés  pour  mener 
seul  à  bonne  fin  un  travail  de  cette  importance.  Puisse  cet 
essai  sur  la  florule  de  Cercy  avoir  dans  la  Nièvre  des  imi- 
tateurs! Puisse-t-il  nous  donner  de  nouveaux  collaborateurs 
pour  nous  permettre  de  continuer  et  de  publier  rapidement 
le  Catalogue,  déjà  fort  avancé,  des  espèces  vasculaires  du 
département  ! 

Combien  de  régions,  de  districts  n'ont  pas  encore  été  par- 
courus en  tous  sens!  Et  quelles  surprises  leur  flore  médio- 
crement connue  ne  réserve- t-elle  pas  à  ceux  qui  en  feront 
l'étude  consciencieuse  ! 

«  Si  divers  botanistes  s'appliquaient  à  publier  avec  un 
»  soin  scrupuleux  pour  chaque  canton   français  le  relevé 


132  F.   GAGNEPAIN. 

»  des  richesses  florales,  il  suffirait  de  coordonner  tous  ces 
»  travaux  particuliers  pour  former  une  flore  générale  de  la 
»  France  bien  établie.  Ce  serait  un  monument  dijrne  de 
»  passer  à  la  postérité  et  d'une  valeur  incontestable.  » 1 

Si  ce  vœu,  qui  est  aussi  le  nôtre,  se  réalise  un  jour,  on 
aura  une  connaissance  très  nette  de  la  flore  française,  par 
la  précision  de  l'étendue  des  aires  géographiques,  la  notion 
exacte  de  la  fréquence  des  espèces,  celle  des  différentes 
formes  que  revêtent  les  espèces  suivant  les  climats,  les 
régions,  les  stations.  Le  tableau  de  la  végétation  française 
sera  à  jamais  fixé  dans  le  temps  pour  la  postérité  et  c'est 
un  bienfait  que  nous  devront  nos  arrière-neveux.  Car  les 
progrès  des  défrichements,  des  assainissements,  de  la  cul- 
ture de  plus  en  plus  empiétante,  opèrent  des  changements 
rapides  à  notre  époque,  et  deux  siècles  de  progrès  boule- 
verseront aussi  sûrement  la  végétation  d'un  pays  que  la 
charrue  transforme  la  jachère  en  quelques  semaines. 

M.  Flahault,  l'éminent  professeur  de  Montpellier,  a  tenté 
l'entreprise  d'une  carte  géobotanique  de  la  France.  Ce 
projet  grandiose  appelle  toutes  les  adhésions,  toutes  les 
bonnes  volontés.  C'est  apporter  sa  pierre  à  l'édifice  que  de 
se  partager  la  besogne  et  d'étudier  chacun  son  district  pour 
en  dresser  l'inventaire  floristique.  La  fin  d'une  œuvre  aussi 
monumentale  serait  peut-être  la  solution  des  problèmes  les 
plus  passionnants  de  la  géographie  botanique  :  la  corréla- 
tion des  espèces  aux  sols  et  peut-être  aux  époques  géolo- 
giques, le  transformisme  à  travers  les  âges  du  monde. 

Si  nous  avions  ici  le  droit  de  critique,  nous  verrions  dans 
les  tendances  actuelles  deux  obstacles  à  cette  réalisation 
lointaine. 

Les  amateurs  sont  parfois  trop  exclusivement  collection- 
neurs ;  leur  ambition  consiste  à  entasser  cartons  sur  cartons 


l.MM.  Marcailhou-d'Ayméric,  Plantes  phanérogames  et  cryptogames  indigènes 
du  bassin  de  la  haute  Ariège  (introduction)  in  Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Autun,  XI,  1 
(1898),  p.  250. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  133 

comme  si  leur  savoir  et  leur  dévouement  étaient  en  rela- 
tion directe  avec  le  volume  des  herbiers;  ils  lâchent  en 
quelque  sorte  la  proie  pour  l'ombre  et  la  science  pour  son 
simulacre.  Un  herbier,  même  volumineux,  est  d'une  utilité 
bien  restreinte  s'il  n'est  connu  ;  c'est  un  trésor  enfoui  que 
guettent  ces  deux  ennemis,  —  le  géant  et  le  nain,  —  le  temps 
et  l'insecte  également  destructeurs.  Trop  de  faits  intéres- 
sants de  pure  science  dorment  à  jamais  ensevelis  dans  les 
herbiers!  Il  faudrait  en  les  composant  les  publier,  c'est-à- 
dire  les  révéler,  les  grandir  et  les  limiter  à  une  région 
déterminée,  en  prenant  comme  maxime  directrice  :  «  Mon 
verre  n'est  pas  grand,  mais  je  bois  dans  mon  verre.  » 

Le  second  obstacle  à  la  connaissance  précise  de  la  flore 
française  est  précisément  ce  qui  s'augmente  de  plus  en 
plus  par  l'intermédiaire  de  certaines  sociétés  savantes  :  la 
tendance  aux  échanges.  Il  est  bien  évident  qu'une  espèce 
ou  variété  distribuée  à  cent  parts  grossit  cent  herbiers,  ce 
qui  est  bien  une  garantie  contre  les  attaques  du  temps  et 
des  insectes,  et  une  connaissance  de  plus  acquise  par  cent 
personnes,  mais  ce  n'est  en  somme  qu'un  seul  document 
géobotanique  valable.  Celui  qui  échange  n'a  point  tant 
l'ambition  de  connaître  son  canton,  que  de  découvrir 
quelques  stations  abondantes  d'espèces  rares,  généralement 
demandées  et  propres  aux  centuries.  Sans  prétendre 
empêcher  les  échanges,  qui  offrent  des  avantages  incontes- 
tables dans  nombre  de  cas,  nous  voudrions,  si  nous  avions 
l'autorité  voulue  pour  cela,  inviter  les  amateurs  à  publier 
davantage  et  à  multiplier  leurs  recherches  personnelles. 


134  P.    GAGNEPAIN. 


HISTORIQUE 

La  lecture  de  la  Flore  du  Centre,  de  À.  Boreau,  profes- 
seur de  botanique  à  Angers,  ancien  pharmacien  à  Ne  vers, 
convaincra  que  le  savant  auteur  a  promené  son  œil  scruta- 
teur dans  la  plupart  des  communes  de  la  Nièvre,  et  si 
deux  cents  communes  sont  signalées  par  des  découvertes 
d'espèces  notables,  il  devait  aussi  marquer  ses  itinéraires 
aux  environs  de  Cercy-la-Tour  :  Biches  (forêt  de  Vincences), 
Montigny,  les  bords  de  la  Canne  et  de  l'Aron,  Moulins- 
Engilbert,  Saint-Honoré  et  la  Vieille-Montagne,  la  Machine 
et  la  forêt  des  Glenons,  Verneuil  et  Champvert,  Decize  et 
Devay,  Charrin  et  les  sables  de  Loire,  Lamenay  et  la 
Nocle,  Fours  et  les  rives  de  l'Haleine,  treize  communes  sur 
trente  de  notre  circonscription  devraient  conserver  ailleurs 
que  dans  la  flore  l'empreinte  de  ses  pas. 

A  en  juger  par  la  distance  de  Nevers  à  Cercy,  par  la  dif- 
ficulté des  communications  à  cette  époque,  les  séjours  de 
Boreau  ont  été  rares  dans  nos  environs;  cependant  un 
coup  d'œil  sûr,  la  divination  que  donne  le  talent  de  bota- 
niste, ont  dû  guider  ses  pas  à  travers  nos  campagnes  et 
permettre  les  découvertes  intéressantes  indiquées  dans  sa 
Flore. 

Le  grand  herbier  de  Boreau  est  à  Angers,  mais  avant  de 
prendre  la  direction  du  Jardin  botanique  de  cette  ville,  de 
1832  à  1837,  Boreau  avait  collectionné  pour  la  ville  de 
Nevers.  Huit  volumes  importants  de  plantes  de  la  Nièvre 
sont  conservés  à  l'hôtel  de  ville  avec  le  soin  un  peu  jaloux 
que  comporte  leur  importance,  car  toutes  les  espèces  remar- 
quables mentionnées  dans  la  Flore  du  Centre  et  concernant 
la  Nièvre  y  figurent  avec  une  liste  surabondante  de  stations 
diverses.  L'herbier  de  Nevers  est  donc  aussi  la  confirmation 
de  l'ouvrage    magistral   de  Boreau  ;  par   la  précision   des 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  135 

't. 

stations,  l'abondance  des  documents,  c'est  une  collection 
précieuse  pour  le  département. 

Grâce  à  l'herbier  Boreau,  de  Nevers,  parcouru  en 
entier  le  crayon  à  la  main,  on  trouvera  plus  loin  des  docu- 
ments qu'on  chercherait  vainement  dans  la  Flore  du  Centre, 
ouvrage  trop  général  pour  les  contenir. 

Autant  que  possible  nous  avons  contrôlé  ses  stations,  avec 
la  satisfaction  intime  et  mélancolique  de  suivre  les  pas 
du  maître  disparu  et  d'appuyer  sa  grande  autorité  de  notre 
modeste  témoignage.  Si  plusieurs  ont  échappé  à  nos 
recherches,  il  ne  faut  accuser  ni  sa  sincérité,  ni  notre  per- 
sistance, mais  reconnaître  l'impossibilité  où  l'on  se  trouve 
souvent  de  reconnaître  une  station  forcément  trop  peu 
précisée,  en  même  temps  que  les  progrès  d'une  culture 
envahissante  qui  a  réduit  depuis  lors  plus  d'une  à  néant. 

Un  autre  auteur,  encore  dans  la  force  de  son  talent, 
M.  G.  Rouy,  le  savant  auteur  de  la  Flore  de  France, 
dont  cinq  volumes  seulement  parus  font  attendre  les  autres 
avec  une  légitime  impatience,  M.  G.  Rouy,  disions-nous, 
dans  un  court  séjour  à  la  station  de  Saint-Honoré-les-Bains, 
a  fait  quelques  récoltes  que  nous  avons  été  heureux  de  con- 
naître et  d'utiliser  à  l'avantage  du  lecteur  et  dans  l'intérêt 
d'une  documentation  complète.  * 

Il  en  est  de  même  de  la  Notice  sur  la  Flore  de  Saint' 
Honoré-les  Bains,  publiée  par  notre  collaborateur  et  ami, 
M.  le  Dr  Gillot2,  et  qui  complète  nos  renseignements  sur 
ce  coin  du  Morvan. 

Un  ancien  élève  de  A.  Pérard,  de  Montluçon,  compagnon 
de  ses  excursions  multiples,  organisateur  de  son  herbier, 
M.  J.-B.  Moriot,  instituteur  à  Gannay-sur-Loire  (Allier),  a 
employé  consciencieusement  les  trop  rares  loisirs  que  lui 
laissent  l'école  et  la  mairie,  à  étudier  la  flore  de  ses  envi- 


1.  O.  Rouy,  in  Bull.  Soc.  bot.  Fr.y  XXII  (1875),  p.  70. 

2.  Publiée  dans  le  Guide  aux  eaux  de  Saint- Honoré  (Nièvre),  par  le  Dr  Binet, 
Paris,  1883,  p.  40,  et  extrait,  Tournus,  1883,  29  p. 


136  F.    GAGNEPAIN. 

rons,  champs  arénacés  et  sables  de  Loire.  La  Topographie 
botanique  doit  à  notre  excellent  collègue  et  ami  plusieurs 
indications  de  plantes  rares. 1 

M.  Joannin-Déponge,  de  Verneuil,  est  un  esprit  aussi 
curieux  qu'énergique.  Seul  il  a  acquis  une  instruction  plus 
qu'ordinaire,  au  prix  d'efforts  mal  récompensés  par  ses 
modestes  fonctions  de  cantonnier  du  canal  du  Nivernais. 
Son  ardeur  d'herborisant,  sa  connaissance  étendue  des 
plantes  des  environs  de  Verneuil,  doivent  être  citées  en 
exemple  aux  personnes  d'une  solide  instruction  que  décou- 
ragent les  difficultés  d'une  analyse.  Nous  avons  été  ample- 
ment payé  des  directions  et  des  conseils  à  lui  fournis,  par 
les  découvertes  qu'il  a  faites  et  en  particulier  celle  d'Oro- 
banche  Picridis.  Merci  à  cet  ami  aussi  vaillant  que  modeste  ! 
De  1860  à  1890,  M.  Mass,  de  Brain,  près  Decize,  a  multi- 
plié ses  recherches  dans  ses  environs  immédiats  bien  con- 
nus de  lui.  Ses  récoltes  faites  dans  un  rayon  de  trois  kilo- 
mètres environ  concernent  surtout  la  pente  calcaire  de 
Decize-Devay  et  les  sables  du  plateau.  Son  herbier,  ren- 
fermé dans  six  boites,  bien  préparé,  bien  empoisonné  et 
classé,  a  une  importance  locale  remarquable  par  la  préci- 
sion des  stations  et  la  date  des  récoltes  trop  oubliées  des 
débutants.  Le  comte  Jaubert,  l'académicien,  ami  et  maitrc 
de  Boreau,  avait  un  pied-à-terre  au  château  de  Brain,  chez 
ses  parents,  et  plus  d'une  fois  il  a  vu  les  plantes  de  M.  Mass, 
lui  a  réservé  l'honneur  d'une  promenade  botanique  en 
commun.  Nous  devons  aux  recherches  intelligentes  de 
M.  Mass,  à  son  amour  de  la  botanique,  à  son  accueil  si 
cordial,  à  son  obligeance  si  aimable,  plusieurs  espèces 
encore  introuvées  dans  l'étendue  de  notre  florule. 

Après  avoir  restitué  à  chacun  la  part  qui  lui  revient  de 
droit  dans  ce  travail,  ajoutons  que  notre  herbier  personnel 


1.  J.-B.  Moriot,  in  Revue  scientifique  du  Bourbonnais  (1899),  n°  du  15  juillet, 
p.  165. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  137 

comprenant  onze  volumineux  cartons  de  plantes  nivernaises 
pour  la  plupart,  contient,  à  part  quelques  rares  exceptions, 
toutes  les  espèces  ou  variétés  un  peu  remarquables  mention- 
nées plus  loin,  souvent  en  plusieurs  parts  provenant  de 
localités  différentes,  et  qu'un  album  de  plus  de  trois  cents 
espèces,  crayonné  par  nous,  indique  les  caractères  analy- 
tiques les  plus  précis.  Un  tel  album  excelle  surtout  à  faire 
connaître  et  retenir  les  caractères  génériques  qui  échap- 
pent souvent  à  la  mémoire  des  herborisants. 

Tout  herbier  doit  être  la  base  d'un  travail  consciencieux, 
lequel  est  en  quelque  sorte  l'édifice  qui  le  couronne,  et  on  ne 
conçoit  pas  plus  un  édifice  sans  fondation  qu'une  fondation 
sans  édifice,  c'est-à-dire  sans  publication  qui  fasse  con- 
naître la  collection,  la  révèle  en  multipliant  son  utilité. 


SURFACE 


Si  Ton  décrit  sur  une  carte  du  département  de  la  Nièvre  une 
circonférence  de  16  kilomètres  de  rayon,  avec  Cercy  comme 
centre,  elle  comprendrait  assez  exactement  l'étendue  de  la 
florule  étudiée.  Cette  circonférence  passerait  sensiblement 
à  Decize,  Lamenay,  Gannay,  Cronat,  la  Nocle-Maulaix, 
Rémilly,  Semelay,  Saint-Honoré-les- Bains,  Biches,  Fer- 
trèves,  Anlezy,  Ville-Langy,  Thianges,  la  Machine,  Saint- 
Léger-des-Vignes  ;  elle  circonscrirait  en  dedans  des  quinze 
localités  précédentes  les  quatorze  suivantes  :  Champvert, 
Devay, Charrin,  Saint-Hilaire-Fontaine,  Montambert,  Fours, 
Thaix,  Montaron,  Vandenesse,  Isenay,  Saint-Gratien,  Mon- 
tigny-sur-Canne,  Diennes,  Verneuil  et  Cercy.  En  ajoutant 
une  pointe  avancée  vers  Sougy  et  Druy,  on  arrivera  au 
nombre  de  trente  communes  étudiées.  Ces  communes 
appartiennent  aux  cantons  de  Decize,  Fours,  Luzy,  Mou- 
lins-Engilbert,  Châtillon-en-Bazois,  Saint-Benin  -d'Azy , 
dans  le  département  de  la  Nièvre.  Le  domaine  scientifique 


138  F.   GAGNEPAIN. 

de  Gercy  n'est  donc  point  administratif,  bien  qu'il  touche 
aux  départements  de  l'Allier  par  Gannay  et  de  Saône-et- 
Loire  par  Cronat  ;  mais  ses  limites  ne  sont  pas  non  plus 
très  naturelles,  puisqu'il  empiète  sur  le  Bazois  (N.)  et  les 
Amogues  (N.-W.),  tout  en  se  bornant  au  Morvan  (E.)  et  à  la 
Loire  (S.).  « 

La  surface  de  ce  territoire  est  facile  à  calculer,  étant 
donnée  sa  régularité,  et  elle  peut  être  évaluée  à  800  kilo- 
mètres carrés,  c'est-à-dire  la  660e  partie  de  celle  de  la 
France  et  la  9e  partie  de  celle  de  la  Nièvre. 

Ses  limites  extrêmes  sont  comprises  entre  46°  43'  et  47°  1' 
de  latitude  nord,  et  entre  1°  7'  et  1°  31'  de  longitude  est. 


RELIEF  DU  SOL 

Du  haut  de  la  Vieille-Montagne  de  Saint-Honoré,  dont 
le  mamelon  couronné  de  grands  arbres  atteint  une  altitude 
de  565  mètres,  l'observateur  découvre,  par  un  ciel  propice, 
Cercy-la-Tour,  la  plaine  qui  l'environne  et  qui  se  continue 
plus  loin  sous  le  nom  de  Plaine  du  Nivernais.  Au  contraire 
du  Morvan  accidenté  et  pittoresque,  qu'on  laisse  à  Test 
derrière  soi,  on  aperçoit  à  peine  les  petites  vallées,  les 
molles  ondulations  de  nos  environs,  et  tout  cela  semblerait 
bien  monotone  si  les  cultures  diverses,  les  bois  disséminés 
ne  venaient  mettre  un  peu  de  variété  dans  la  disposition  et 
dans  les  couleurs.  La  Loire,  dont  on  aperçoit  par  un  ciel 
pur  la  ligne  argentée,  est  à  200  mètres  d'altitude  quand 
elle  passe  dans  notre  région  vers  Saint-Hilaire-Fontai:?e, 
et  à  190  mètres  quand  elle  en  sort  à  l'ouest  de  Decize. 

Depuis  le  fleuve  et  sa  vallée  de  plusieurs  kilomètres  de 
largeur,  le  pays  se  relève  légèrement  pour  séparer  le  bassin 
de  la  Loire  des  petites  rivières  tributaires  qui  ne  sont  guère 
qu'à  200  mètres.  Le  gros  bourg  de  Cercy  se  trouve  en  effet 

I.  Dans  tout  cet  ouvrage  est  adoptée  l'initiale  W  pour  Ouest,  usage  admis  par 
les  Annales  de  Géographie. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  139 

au  confluent  de  trois  rivières  de  second  ordre  :  la  Canne, 
qui  coule  du  nord,  l'Haleine,  de  l'est,  l'Aron,  du  nord-est 
et  qui  reçoit  les  deux  premières.  De  là  le  sol  s'élève  pro- 
gressivement dans  la  direction  de  leurs  sources  pour 
atteindre  310  mètres  au  nord  et  565  à  la  Vieille-Montagne; 
la  pente  générale  se  trouve  dans  la  direction  N.-E.-S.-W., 
comme  l'indique  la  fuite  des  eaux. 


GÉOLOGIE 

Le  sol  de  cette  région  est  intermédiaire  entre  celui 
des  Amognes  et  du  Bazois,  d'une  part,  et  celui  du  Morvan, 
d'autre  part  ;  et  c'est  précisément  cette  participation  remar- 
quable à  deux  natures  différentes  de  terrain  qui  contribue 
à  la  richesse  du  tapis  végétal  de  ce  petit  coin  de  terre. 

Calcaire. 

(130  kilomètres  carrés.) 

Les  calcaires  jurassiques  qui  couvrent  des  espaces 
immenses  dans  d'autres  parties  du  département  (Clamecy, 
Armes,  Dornecy,  Neuffontaines,  Varzy,  Châteauneuf,  Donzy , 
Pouilly,  la  Charité,  Pougues,  Ne  vers),  n'ont  ici  que  de 
timides  prolongements.  Cependant  ce  n'est  pas  en  vain  que 
nous  nous  trouvons  sur  le  passage  de  cette  grande  écharpe 
jurassique  qui  traverse  la  France  depuis  Niort  jusqu'à  Bar- 
le-Duc,  et  l'étage  liasien  constitue  en  quelque  sorte  les 
fondations  plus  ou  moins  apparentes  et  superficielles  du 
sol  des  environs  de  Cercy.  Par  les  érosions  des  cours  d'eau 
voisins,  par  les  exploitations  anciennes  ou  actives  des 
carrières,  on  peut  assez  facilement  faire  l'étude  élémen- 
taire et  géologique  du  sol. 

Comme  on  peut  s'en  rendre  compte  par  un  simple  coup 
d'œil  jeté  sur  la  carte,  les  calcaires  avoisinent  surtout  les 
cours  d'eau.  Depuis  Biches  jusqu'à  Saint-Léger,  aux  bords 


140  F.  GAGNE PAIN 

de  l'Aron;  depuis  Saint-Hilaire  jusqu'à  Decize,  aux  bords  de 
la  Loire,  régnent  de  longs  rubans  calcaires  qui  appar- 
tiennent à  différentes  formations.  Le  long  de  la  Canne,  le 
long  de  l'Ândarge,  le  calcaire  se  montre  aussi  ;  à  l'écart  un 
important  gisement  occupe  Bussière,  Thianges,  Ville- 
Langy,  Anlezy  et  Fertrèves. 

1°  Bassin  de  Mazille.  —  Ce  bassin  comprend  la  partie 
N.-E.  du  calcaire  et  s'étend  sur  Vandenesse,  Isenay,  le 
Tremblay,  Saint-Gratien  sur  la  rive  droite  de  l'Aron,  sur 
Mazille  et  Pouligny,  sur  la  rive  gauche.  La  Gryphée  arquée 
abonde  dans  la  roche  dure  de  texture  cristalloïde.  Nous 
avons  remarqué  la  même  pierre  à  la  carrière  de  l'étang 
Millot,  près  Teinte.  Suivant  la  carte  géologique  c'est  le 
calcaire  à  entroques. 

2°  Bassin  de  Cercy-Verneuil.  — La  nature  du  coteau  cal- 
caire change  au  village  de  Chaumigny.  Le  lias  devient 
tendre,  marneux.  Nous  n'y  avons  rencontré  que  de  rares 
fossiles  qui  prouvent  par  leur  organisation  supérieure  des 
dépôts  plus  récents  ;  ils  consistent  en  vertèbres  de  pois- 
sons ou  de  reptiles  pénétrés  par  une  matière  si  tendre  qu'on 
ne  peut  guère  en  recueillir  que  des  débris  presque  mécon- 
naissables. C'est  tout  le  long  de  l'Aron,  depuis  Chaumigny 
jusqu'à  Verneuil,  que  règne  ce  calcaire  particulier  dont  on 
retrouve  des  traces  non  équivoques  en  l'Ile,  sur  la  rive 
gauche  de  la  Canne,  et  à  Devay,  sur  le  bord  de  la  Loire.  Il 
semble  former  le  sous-sol  du  territoire  compris  entre  Saint- 
Gratien  et  Devay,  Verneuil  et  Saint-Hilaire,  quoique  la 
surface  soit  occupée  par  les  sables  et  graviers  de  Chagny. 
A  Verneuil,  des  sondages  lui  ont  révélé  une  épaisseur  de 
60  mètres.  D'après  la  carte  géologique,  c'est  le  calcaire  à 
phryganes.  A  Montigny-sur-Canne  existent  les  manies  supra- 
liasiques  qui  s'en  rapprochent  beaucoup. 

3°  Bassin  du  Vanzé- Devay.  —  L'Andarge  sépare  à  Verneuil 
la  formation  précédente  de  celle-ci  qui  occupe  une  faible 
étendue  de  territoire;  mais  vraisemblablement  le  banc  se 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  141 

continue  sous  les  graviers  de  Chagny  pour  affleurer  à 
Devay,  grâce  aux  érosions  de  la  Loire.  Il  est  absolument 
parallèle  au  précédent.  Nous  rappellerons  le  calcaire  de  la 
Limagne. 

4°  Bassin  de  Champvert.  —  Il  comprend  le  territoire  de 
Champvert  et  ses  importantes  carrières,  Bussières,  entre  la 
Machine  et  Verneuil,  le  Brain,  entre  Decize  et  Devay,  la 
bande  calcaire  des  Glenons,  la  carrière  de  Teinte,  Sougy. 
Les  Gryphées  et  les  Belemnites  y  abondent;  on  trouve  les 
Pentacrinites,  mais  plus  rarement,  à  l'étage  supérieur.  C'est 
le  lias  inférieur  d'après  la  carte  géologique. 

5°  Bassin  d'Anlezy-Fer  trêves.  —  Il  se  relie  à  Champvert  par 
Bussières  et  Poisson  et  comprend  Perrat,  Ville-Langy, 
Anlezy,  une  partie  de  Diennes  jusqu'à  Fertrèves,  avec  des 
formations  de  différents  âges. 

6°  Marnes  irisées.  —  Elles  sont  abondantes  et  on  peut  dire 
qu'elles  forment  la  ceinture  presque  inévitable  des  bancs 
calcaires  de  l'Ouest  et  du  Nord-Ouest.  Elles  se  distinguent 
par  une  coloration  sanguine;  des  suintements  d'eau,  même 
des  sources,  les  indiquent  très  suffisamment  dans  cette 
région,  outre  la  végétation  calcicole  qu'elles  portent  : 
Polygala  calcarea%  Peucedanum  Cervaria,  Chlora  perfo- 
liata,  etc..  Entre  Sougy  et  Saint-Léger,  aux  environs  de 
Thianges,  le  banc  est  considérable.  Au  Riégeot,  à  Paillanges, 
elles  sont  parfaitement  caractérisées. 

L'arkose  kaolinique  a  un  gisement  sous  le  coteau,  depuis 
Saint-Léger  à  la  Copine,  commune  de  Champvert.  Les 
carrières  souterraines  de  kaolin  viennent  affleurer  à  la 
surface  du  sol  et  méritent  de  nous  arrêter  un  instant.  Le 
coteau  qu'elles  occupent  présente  des  éléments  disparates. 
Au  sommet,  c'est  l'argile  caillouteuse,  puis  des  noyaux 
plus  ou  moins  volumineux  que  nous  avons  cru  être  l'ar- 
kose, émergent  d'une  argile  sanguine  qui  se  retrouve  plus 
loin  vers  Saint-Léger  et  Rosières  ;  enfin,  tout  en  bas,  le  cal- 
caire tendre  se  trouvant  au  niveau  du  chemin  de  fer.  On 


142  F.   GAGNEPAIN. 

comprend  que  sur  ce  substratum  aux  éléments  variés  naisse 
une  végétation  hétérotopique  bien  faite  pour  surprendre 
l'herborisant. 

Mais  si  le  botaniste  a  droit  d'être  étonné  en  parcourant 
cette  région,  il  n'en  est  pas  de  même  du  géologue,  et  la 
proximité  du  carboniférien  à  la  Machine,  du  kaolin  à  Saint- 
Léger,  du  gypse  à  Sougy,  est  une  preuve  indiscutable  des 
cataclysmes  qui  ont  bouleversé  le  pays.  Certains  de  ces 
phénomènes  ont  dû  se  produire  à  une  époque  relativement 
récente,  et  l'observation  des  stratifications  discordantes  du 
calcaire  de  Teinte,  en  apportant  son  appui  à  cette  assertion, 
fait  connaître  un  cas  remarquable  de  la  dispersion  des 
plantes. 

Teinte  a  trois  carrières  peu  distantes  les  unes  des  autres  : 
celle  de  l'étang  Millot,  coupée  par  une  tranchée  de  la 
ligne  de  Chagny,  présente  une  jonchée  de  gryphées  sur 
tout  le  banc  supérieur;  les  stratifications  sont  très  obliques 
et  toute  la  carrière  domine  le  terrain  environnant.  Celle  de 
Teinte  occupe  un  faible  plateau  dominant  la  Loire  et  for- 
tement enlisé  dans  le  sable.  On  remarque  dans  le  banc  des 
excavations  qui  semblent  creusées  par  une  eau  abondante, 
peut-être  le  cours  souterrain  d'une  source.  Précisément 
une  fontaine  précipite  tout  près  ses  eaux  dans  le  fleuve. 
Elle  semble  dire  qu'elle  a  été  brutalement  dérangée  de  son 
cours  primitif  par  le  soulèvement  de  la  carrière  de  Teinte. 

La  troisième  qui  semble  la  continuer  est  du  même  âge 
que  la  première  et  l'ondulation  qu'elle  occupe  se  dirige 
vers  Sougy. 

Tout  autour  git  un  sable  aussi  pur  que  celui  de  la  Loire, 
et  les  habitants  du  village  trouvent  dans  leurs  jardins  des 
lits  de  gravier  évidemment  apportés  par  les  eaux.  Cepen- 
dant ils  dominent  de  10  mètres  au  moins  le  niveau  du  fleuve 
distant  de  200  mètres.  Un  affaissement  a  fait  plonger  la 
carrière  de  l'étang  Millot  et  produit  une  dépression  consi- 
dérable où   le   fleuve  s'est  précipité,  apportant  ses  sables 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  143 

qui  sur  plusieurs  points  bravent  toute  culture.  Entré  Béard, 
Sougy  et  Teinte,  la  plaine  fut  inondée  ;  mais  soit  qu'un 
soulèvement  ait  chassé  le  fleuve,  ou  que  la  Loire  se  soit 
retirée  par  la  diminution  de  ses  eaux,  les  sables  restent 
seuls,  couvrant  une  surface  immense.  Si  la  Loire  a  apporté 
ces  sables,  elle  a  dû,  depuis  la  période  tertiaire  peut-être, 
avoir  semé  Sarothamnus  purgans,  Biscutella  controvwsa  Bor. 
et  Jasione  Carioni,  qui  sont  en  certains  points  fort  éloignés 
du  niveau  actuel. 

Silice. 

(670  kilomètres  carrés.) 

L'Aron  forme  presque  partout  la  limite  des  sables  de  la 
région  méridionale.  Decize,  Devay,  Charrin,  Saint-Hilaire, 
le  sud  de  la  commune  de  Cercy,  Fours,  la  Nocle,  Thaix  et 
une  partie  de  Montaron,  Saint-Honoré,  Semelay,  Rémilly, 
ont  en  partage  l'argile  affleurant  quelquefois  à  la  surface  du 
sol,  mais  généralement  recouverte  et  souvent  sur  une  grande 
épaisseur  par  l'arène  fine  ou  le  gravier  quartzeux.  C'est  le 
pays  pauvre  où  la  végétation  est  lente,  où  les  robustes 
chênes  croissent  eux-mêmes  noueux  et  rabougris.  C'est  le 
sol  granitique  moins  les  roches  d'acier  constituées  par  les 
granités ,  granulites  et  microgranulites  ;  c'est  un  petit 
Morvan  ayant  en  moins  l'altitude. 

Les  sables  et  graviers  des  plateaux  sont  limités  au  nord 
par  TAron.  Cependant  à  Aubigny-le-Chétif,  au  Chétif-Quar- 
tier,  ils  ont  envahi  une  surface  notable,  bien  indiquée  par 
l'appellation  des  localités.  Mais  d'une  manière  générale 
partout  où  ces  sables  s'étendent,  ils  ne  se  trouvent  presque 
jamais  aussi  purs  et  stériles  que  dans  la  région  orientale 
et  méridionale.  L'argile  domine  dans  l'arène  et  parfois  elle 
se  trouve  en  si  faible  épaisseur  que  la  charrue  du  labou- 
reur, ou  la  plus  insignifiante  tranchée  du  chemin,  mettent  à 
nu  le  calcaire  fertilisant.  Au  point  de  vue  botanique,  les 


144  F.   GAGNEPAIN. 

grès  hoviïllers  où  l'élément  siliceux  est  prépondérant  doivent 
être  rangés  dans  les  sables  et  arènes.  Les  environs  de  la 
Machine,  les  bois  de  Thianges,  la  forêt  des  Glenons  sont 
très  gréseux.  Cependant  il  est  indispensable  d'ajouter  que 
leur  végétation  n'a  point  toujours  le  caractère  particulier 
de  celle  des  bois  de  la  région  arénacée.  Les  époques  géo- 
logiques influeraient-elles  donc  si  sérieusement  sur  la  végé- 
tation contemporaine  ? 

Quelles  intempéries  ont  sévi  en  les  émiettant  sur  les 
sommets  du  Morvan  !  Quels  glaciers  ont  charrié  leurs 
moraines  sur  le  bas  pays  !  L'Haleine  qui  descend  du  mont 
Dône  nous  indique  par  sa  large  vallée  quels  flots  abon- 
dants elle  a  roulés.  Çà  et  là  on  découvre  à  la  surface  du  sol 
des  amas  caractéristiques.  Ici  c'est  une  carrière  de  sable 
de  plusieurs  mètres  d'épaisseur  dominant  les  champs  avoi- 
sinants  et  qui  fait  rêver  de  quel  rocher  monstrueux  elle 
occupe  sans  doute  remplacement.  Là  c'est  une  terre 
blanche  qui  a  alimenté  la  porcelainerie  de  Fours  et  sert 
encore  à  la  confection  de  la  poterie  fine  de  Decize.  Si  la 
mer  jurassique  a  procédé  à  la  formation  des  assises  de  notre 
sous-sol,  la  roche  superficielle  n'est  plus  au  sud  et  à  l'est 
que  la  résultante  des  désagrégations  des  rochers  que  le 
temps,  les  glaciers,  les  cours  d'eau  ont  fait  tomber  des 
épaules  du  vieux  Morvan,  et  il  faut  se  représenter  cette 
région  onduleuse  comme  le  champ  de  démolition  d'un  édi- 
fice dont  les  ruines  attestent  la  grandeur  dans  les  temps 
passés. 

En  maint  endroit,  on  retrouve  les  vestiges  des  apports 
de  ces  époques  reculées,  et  cependant  combien  de  mains, 
de  volontés  opiniâtres,  de  forces  accumulées  ont  tenté 
de  les  faire  disparaître.  C'est  le  même  sol  qu'à  Saint- 
Honoré  et  à  Lanty  où  commence  le  granité.  On  trouve 
ces  champs  quartzeux  à  Vroux,  à  Briet,  au  Donjon,  même 
au  Page,  sur  le  territoire  de  Champvert,  entre  Loire  et 
Aron. 


-  «•  • 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  145 

La  chaume  des  Genièvres,  entre  Vroux  et  Mazille,  qui, 
sur  une  étendue  d'un  hectare  à  peu  près,  domine  les  champs 
environnants,  est  entièrement  constituée  par  une  arène 
quelquefois  employée  pour  les  constructions  ;  elle  présente 
des  excavations  artificielles  dont  les  parois  verticales  sont 
précieuses  à  étudier  dans  leur  composition,  leur  dureté, 
Thétérogénie  de  leurs  éléments.  Tout  en  haut,  c'est  une 
couche  de  terre  végétale  si  mince  que  le  Genévrier,  la  Cal- 
lune,  les  Rosienf,  la  Danthonie,  la  Verge  d'Or,  rabougris  sur 
ce  sol  avare,  peuvent  à  peine  y  enfoncer  leurs  racines.  Les 
couches  suivantes,  bien  minces  aussi,  sont  constituées  par 
du  gravier  mélangé  de  sable  fin  et  ferrugineux  ;  puis  les 
stratifications  s'effacent,  des  lignes  blanches  et  tendres  sillon- 
nent la  masse,  plus  favorables  à  la  pénétration  des  racines. 
On  dirait  les  veines  d'un  bloc  de  marbre.  A  Couëron,  à 
Briet,  nous  avons  reconnu  des  poudingues  qu'un  ciment 
naturel  avait  agglutinés. 

Sur  cette  même  arène,  sur  cette  argile  provenant  des 
ciments  alcalino-terreux  des  granités  grossiers,  végètent 
des  espèces  calcicoles  ou  au  moins  calciphiles,  là  où  la 
moindre  parcelle  de  chaux  n'a  été  apportée  qu'artificielle- 
ment. Ces  plantes,  évidemment  hé  ter  otopiques,  prouvent  qu'il 
y  a  plus  d'une  analogie  avec  les  terrains  granitiques  du  bois 
Gautheron,  du  vallon  de  la  Gagère  dans  le  Morvan  autunois, 
dont  il  est  question  dans  l'article  si  suggestif  de  M.  le 
docteur  Gillot. 1 

Une  autre  similitude  entre  le  Morvan  et  la  partie  méri- 
dionale et  orientale  de  notre  région  frappe  le  botaniste  à 
ses  premiers  pas;  ce  sont  ces  mouilles,  gouttes2  ou  prés 
tourbeux  si  nombreux  aux  environs  de  Champlevois,  Mon- 
tambert,  Fours,  etc.  A  explorer  les  Sphagnum  imprégnés 


1.  Dr  X.  Gillot,  Influence  de  la  composition  minèralogique  des  roches  sur  la 
végétation  ;  colonies  végétales  hétérotopiques,  in  Bull.  Soc.  Bot.  France,  XL1 
(1894),  session  extraordinaire  a  Genève,  p.  xvi. 

2.  Viviers,  levains,  fontaines,  dans  le  langage  de  l'endroit. 

TOME   XIII.  10 


1  46  F.   GAGNEPAIN. 

d'une  eau  traîtresse  cachée  sous  leur  apparence  trompeuse 
de  verdure  et  de  sécurité,  on  se  croirait  dans  certaines 
localités  de  la  vallée  de  l'Yonne,  au  pré  Pernis,  à  Glux,  en 
plein  Morvan.  C'est  pourquoi  quelques  espèces  presque 
subalpines,  dont  la  préférence  pour  ces  stations  n'est  point 
douteuse,  ont  consenti  à  descendre  et  à  se  perpétuer  à  une 
altitude  qui  étonne  pour  des  espèces  montagnardes. 

Pour  terminer  par  une  comparaison  si  frappante  qu'elle 
peut  se  passer  de  commentaires,  nous  avancerons  que  le 
sol  de  la  région  méridionale  et  orientale  tient  au  Morvan 
par  les  mêmes  liens  qui  unissent  le  terrain  siliceux  de 
l'Allier  et  du  sud  du  Cher  au  Plateau  central. 


CONCLUSIONS 

Combien  sont  différents  d'aspect  et  de  nature  les  ter- 
rains au  bord  de  l'Aron  !  C'est  le  bon  pays,  le  sol  fertile, 
les  terres  à  blé,  les  meilleurs  pâturages  de  la  Nièvre.  Les 
fermes  et  les  villages  y  ont  meilleur  air  que  dans  la  région 
arénacée.  Les  étangs  n'y  manquent  point  ;  ou  ils  sont  ali- 
mentés par  des  sources,  fait  rare,  ou  ils  sont  le  rendez- 
vous  des  eaux  pluviales.  Donc  pas  de  ruisselets  aux  eaux 
claires,  pas  de  mousses  humides,  et  la  tourbe  y  est  rem- 
placée par  des  limons  qui  ont  comme  végétation  toujours 
les  mêmes  Carex  et  les  Joncs  vulgaires.  C'est  de  la  plus 
désespérante  monotonie  pour  le  botaniste,  et  l'on  conçoit 
que  dans  notre  liste  nous  rappelions  fort  peu  les  localités 
de  cette  région. 

Souvent  dans  les  dépressions  du  sol,  autour  des  étangs, 
se  remarquent  des  lits  do  sable  et  des  bancs  de  cailloux 
roulés  qui  attestent  l'abondance  des  eaux  de  l'époque  ter- 
tiaire. Les  effets  mécaniques  dus  à  cette  période  se  sont 
fait  sentir  dans  tous  les  terrains  ;  les  variations  de  niveau,  les 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  147 

plissements  encore  fréquents  ont  imprimé  leurs  traces  un 
peu  partout;  ils  ont  égrené  le  sable  sur  le  lias  et  détruit  la 
régularité  des  éléments  divers.  Ce  serait  donc  une  erreur 
de  croire  à  l'extrême  précision  des  indications  de  notre  carte, 
lesquelles  donnent  plutôt  l'ensemble  que  les  détails. 


VÉGÉTATION  HÉTÉROTOPIQUE 

M.  le  docteur  Gillot  appelle  plantes  hétérotopiques1  celles 
qui  semblent  égarées  sur  un  sol  étranger,  en  apparence,  à 
leurs  stations  ordinaires.  Des  espèces  généralement  admises 
comme  silicicoles  croissant  sur  un  sol  calcaire,  des  espèces 
calcicoles  végétant  sur  un  sol  riche  en  silice,  constituent 
donc  des  plantes  hétérotopiques. 

Voici,  pour  notre  circonscription,  quelques  stations  de 
plantes  hétérotopiques,  dont  quelques-unes  ont  été  l'objet 
d'analyses  chimiques  destinées  à  déterminer  les  quantités 
relatives  des  éléments  alcalino-terreux,  chaux,  potasse, 
soude  : 

1°  Briffant  ;  talus  du  fossé  de  la  route  de  Saint-Hilaire  : 

Inulsi  Conyza2;  Deschampsia  flexuosa,  Digitalis  purpurea,  Cal- 
luna  vulgaris,  etc. 

2°  Chaumes  de  Briet,  près  Champlevois  : 

Inula  Conyza,  Trifolium  médium,  Epipactis  latifolia;  Deschamp- 
sia flexuosa,  Agrimonia  odorata. 

Calcaire 1,2      •/, 

Potasse 0,051  7, 

Soude 0,038  °/t 

1.  Dr  Gillot,  loc.  cit.  Voyez  également  René  Maire,  Annotations  a  la  flore  de  Lor- 
raine, in  Feuille  de$  Jeunes  naturalistes,  3*  série,  25*  année,  n*  292, 1"  février  1895'; 
F.  Bestel,  De  la  terre  végétale,  sa  formation,  sa  nature,  ses  rapports  avec  la  végéta- 
tion qu'elle  supporte  in  Bull.  Soc  hist.  nat.  des  Ardennes,  1"  série,  I  (1894).  p.  45, 
III  (1896),  p.  35;  et  P.  Mailfoit,  Considérations  générales  sur  la  flore  du  départe- 
ment des  Ardennes,  ibid.,  p.  28  ;  M.  Audio,  Plantes  calcicoles  du  haut  Beaujolais, 
in  Ann.Soc.  bot.  Lyon,  XXIII  (1898). 

2.  Les  espèces  calcicoles  sont  seules  en  italique. 


o 


148  F.  GAGNEPA1N. 

3*  Rompouez,  rouie  de  Saint-Hilaire  : 

Inula  Conyza,  Barhhausia  fœtida;  Linaria  vulgaris,  Lin  aria 
ftriata,  Digitalis  purpurea,  Sarothamnus  scoparius,  etc. 

Calcaire 0 

Potasse 0,049  % 

Soude 0,039  °/0 

4°  Arreaux  près  de  la  ligne  de  Gilly  : 

Cynoglossum  officinale. 

Calcaire 0 

Potasse 0,073  % 

Soude 0,065  °/# 

5*  Chaume  des  Genièvres  près  Vroux  : 

Barhhausia  fœtida;  Danthonia  decumbens,  Calluna  vulgaris, 
QeniHta  anglica, 

Calcaire 0,4      °/c 

Potasse 0,044  °/0 

Soude 0,109  °/0 

6d  Vroux,  embranchement  route  de  Thaix  : 

Veronica  Teucrium,  plante  calcicole. 

Calcaire 9         % 

Potasse 0,078  % 

Soude 0,080  Vo1 

7°  Bois  du  Croux,  lisière  : 
Epipactis  latifolia,  Trifolium  médium. 
Terrain  fortement  siliceux. 

8°  Bourg  de  Lanty  : 

Campanula  glomerata,  Origanum  vulgare,  Thlaspi  aruerwe,  EchU 
nospermum  Lappula. 

Sol  granitique. 

1.  Analyse*  faites  sur  des  terres  passées  au  tamis  de  \mm  par  M.  Mancheron, 
directeur  du  laboratoire  d'agriculture  de  la  Nièvre.  Nous  saisissons  l'occasion  pour 
lui  faire  ici  nos  vifs  remerciements. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  149 

Les  espèces  en  italique  sont  généralement  regardées 
comme  calciphiles  et  cependant  elles  végètent  dans  des 
sols  renfermant  peu  ou  point  de  calcaire.  N'est-ce  pas  le 
cas  d'invoquer,  à  l'instar  de  M.  le  Dr  Gillot2,  les  appétences 
chimiques  de  ces  plantes  pour  certains  éléments  minéraux 
des  roches  granitiques  (feldspath,  oligoclase,  calcite)  dont 
leurs  racines  activent  la  décomposition  et  s'emparent  de 
l'élément  préféré  mis  en  liberté? 


HYDROGRAPHIE 

Fleuve  et  Rivières.  —  Les  grands  cours  d'eau  abondent 
aux  environs  de  Cercy  et  cela  nécessairement  au  détriment 
des  petits  qui  ne  sont  pour  la  plupart  que  de  minces  filets 
d'eau  fort  irréguliers.  Les  sources  abondantes  y  sont  rares, 
mais  en  revanche  les  étangs,  les  mares,  les  g  anches  ou 
fausses  rivières  s'y  rencontrent  fréquemment, 

La  Loire,  ce  fleuve  qui  descend  de  TArdèche  par  le  Forez 
et  le  Bourbonnais,  occupe  une  vallée  de  plusieurs  kilo- 
mètres de  largeur  entre  Saint-Hilaire  et  Lamenay,  entre 
Devay  et  les  Feuillats,  près  Decize.  Son  cours  assez  rapide 
y  apporte  les  graviers  et  les  sables,  et,  pendant  les  crues  si 
redoutables,  des  limons  qui  fertilisent  les  maigres  terrains 
environnants.  En  se  retirant,  les  grandes  eaux  laissent  de9 
gours,  des  g  anches  dont  l'eau  plus  ou  moins  croupissante 
est  envahie  par  de  nombreuses  espèces  aquatiques.  C'est 
surtout  entre  Saint-Hilaire  et  Decize  qu'existent  ces 
relaissés,  là  où  la  vallée  est  la  plus  large  et  le  sol  plus 
horizontal. 

Le  fleuve  longe  à  l'étiage  des  alluvions  bien  différentes 
par  leur  richesse  végétale.  Près  de  l'eau  sont  les  limons 
noirâtres  et  rares  que  les  inondations  déposent,  que  les 

1.  Dr  Gillot,  loc.  cit.  et  Bull.  Soc.  hist.  n&t.  Autun,  VII  (1894),  Procès-verbaux 
des  séances,  p.  197. 


150  F.   GAGNKPAIN. 

flots  rongent  peu  à  peu,  puis  le  sable  fin  où  croissent  quelques 
espèces  vulgaires.  Les  Saules  pourpres  y  végètent,  opposant 
par  leurs  racines  un  obstacle  invincible  à  l'érosion.  Viennent 
ensuite  les  galets  plus  secs,  rendez-vous  des  espèces  du 
haut  pays,  intéressants  à  explorer.  Ça  et  là,  plus  ou  moins 
vastes,  mais  toujours  unies,  s'étendent  les  pelouses  sablon- 
neuses riches  au  printemps.  Arrosées  par  les  pluies  d'hiver 
et  les  débordements  fertilisants  du  fleuve,  elles  se  parent 
d'une  fraîche  végétation  aux  premiers  beaux  jours.  C'est  à 
cette  époque  qu'il  sera  profitable  de  les  explorer  par  le 
menu  et  à  demi-courbé  pour  ne  rien  laisser  inaperçu  de 
leurs  plantes  naines.  N'y  venez  pas  un  mois  plus  tard  :  le 
chaud  soleil  qui  fane  les  prairies  n'aura  épargné  que  les 
plantes  vulgaires  et  les  squelettes  desséchés  des  espèces  inté- 
ressantes subsisteront  seuls  pour  vous  les  faire  regretter. 

La  station  des  broussailles  se  trouve  souvent  très 
voisine  ;  outre  qu'elle  peut  laisser  croître  des  plantes  rares 
apportées  du  haut  pays,  elle  vaut  la  peine  d'être  parcourue 
pour  ses  collections  de  Rosiers  qui  en  certains  endroits 
couvrent  des  hectares  entiers. 

En  dehors  des  broussailles  et  des  pelouses,  s'étendent 
les  maigres  champs,  où  se  révèle  le  mélange  plus  ou  moins 
complet  des  plantes  agrestes  et  messicoles. 

Ce  que  nous  ne  saurions  trop  rappeler,  c'est  que  le  grand 
fleuve,  cette  route  qui  va  seule,  est  la  voie  naturelle  de 
dissémination  de  certaines  plantes  des  Cévennes  et  du 
Forez,  et  qu'il  contribue  pour  une  large  part  à  enrichir 
notre  petite  région  déjà  favorisée  par  l'espèce  de  transition 
qu'elle  établit  entre  des  sols  si  différents. 

On  trouve  sur  les  bords  du  fleuve  ou  aux  environs  : 

Ranunculus  Chaerophyllos,  Roripa  pyrenaïca, 

R.  monspeliacus,  Silène  Otites, 

R.  hederaceus,  S.  conica, 

Myosurus  minimus,  Alsine  viscida  GG. 

Diplotaxis  tenuifolia,  Malva  Alcea, 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  151 

Sarothamnus  purgans,  XV.  phlomoîdes  X  floccosum 

Medicago  Gerardi,  Veronica  verna 

M.  minima,  V.  acinifolia, 

Trifolium  gracile,  V.  triphyllos, 

T.  striatum,  Lindernia  gratioloïdes, 

T.  8ubterraneum  L.  pyxidaria, 

Vicia  lathyroides  Hydrocharis  morsus  ranœ, 

V.  lutea,  Naïas  minor, 

Lathyrus  angulatus,  Scirpus  maritimus, 

Sedum  sexangulare,  Carex  Schreberi, 

Saxifraga  granulata,  Ventenata  avenacea, 

Crucianella  angustifolia,  Kœleria  cristata, 

Centaurea  maculosa,  Agropyrum  campestre, 

Artemisia  campestris,  A.  pungens, 

Anthémis  collina,  Jord.,  Equisetum  ramosum, 

Verbascum  phlomoîdes,  E.  variegatum.  Etc.,  etc. 

La  paresseuse  Âron,  qui  vient  lentement  des  collines  du 
Nivernais  par  le  Bazois,  serpente  dans  les  prés  fertiles 
qu'elle  inonde  régulièrement  au  printemps  et  à  l'automne. 
Rarement  elle  a  sur  ses  bords  un  sable  fin  et  limoneux;  ça 
et  là,  elle  s'élargit  et  forme  des  marécages  intéressants  à 
parcourir.  A  partir  de  Chaumigny,  son  cours,  arrêté  par  la 
prise  d'eau  de  Cercy,  est  encore  plus  lent  ;  ses  eaux  plus 
profondes  ne  laissent  apercevoir  que  quelques  espèces 
aquatiques,  vulgaires  comme  celles  des  prés  voisins. 
C'est  le  lieu  de  rappeler  un  fait  qui  éclaire  dans  une 
certaine  mesure  les  phénomènes  de  dispersion  des  plantes 
aquatiques.  La  Vallisnérie  infeste  depuis  une  dizaine  d'an- 
nées le  canal  du  Nivernais  et  constitue  un  obstacle  sérieux 
à  la  navigation.  Arrachée  par  les  soins  de  l'administration, 
elle  se  propage  en  dépit  des  e  (Torts  et  encombre  les  biefs 
de  concert  avec  YAnacharis  dû  Canada.  La  Vallisnérie 
infeste  aussi  l'Aron,  en  aval  de  Cercy,  depuis  quelques 
années,  et,  à  la  faveur  du  barrage  qui  retient  le  courant, 
elle  remonte  la  rivière  à  plusieurs  centaines  de  mètres 
au-dessus  de  la  prise  d'eau  et  du  bassin  de  Cercy.  Ainsi  le 
transport  des  graines  ou  des  hibernacles  (Ch.  Royer)  des 


152  F.   GAGNEPAIN. 

plantes  aquatiques  par  les  oiseaux  n'est  pas  la  cause  unique 
de  leur  dispersion  ;  elles  peuvent  remonter  un  faible  courant, 
se  fixer  à  la  faveur  d'un  atterrissage,  profiter  des  remous  et 
envoyer  des  migrations  plus  haut  encore,  par  étapes  successi- 
ves, et  cela  en  moins  de  temps  qu'on  ne  pourrait  le  supposer. 1 
A  signaler  sur  les  bords  de  l'Aron  ou  dans  le  courant  : 

Ranunculus  divaricatus,  Hottonia  palustris, 

Thalictrum  flavum,  Lindernia  pyxidaria, 

Nymphaea  alba,  Limosella  aquatica, 

Tri  fol  i  uni  striatum,  Veronica  scutellata, 

T.  ochroleucum,  Utricularia  vulgaris, 

Isnardia  palustris,  Vallisneria  spiralis, 

Trapa  natans,  Elodea  canadensis, 

Œnanthe  fistulosa,  Naias  major, 

Œ.  silaîfolia,  Gaudinia  fragilis, 
Inuia  Helenium,  Etc.,  etc. 

L'Haleine,  qui  vient  du  mont  Dône,  glisse  sur  les 
cailloux  brillants  de  son  lit  que  son  eau  claire  permet 
d'apercevoir  ;  elle  apporte  quelques  espèces  du  Morvan  par 
les  affluents  qui  en  viennent  ;  elle  ombrage  sous  les  brous- 
sailles de  ses  rives,  sous  les  saules  et  les  aulnes,  des 
plantes  qui  recherchent  la  fraîcheur.  Dans  les  prés  envi- 
ronnants, abondent  surtout  les  plantes  vulgaires.  Il  faut 
citer  pour  l'Haleine  : 

Nymphœa  alba  Verbascum  nigrum, 

Montia  minor,  Galeobdolon  luteum, 

Cirsium  palustre,  Etc.,  etc. 
C.  anglicum, 

Les  prairies  de  la  Canne  sont  renommées  par  l'excellence 
de  leurs  herbages  et  nourrissent  de  magnifiques  bestiaux. 
On  trouve  vers  la  partie  inférieure  de  son  cours  les  maré- 
cages du  pont  Canneau  ;  dans  ces  marécages  ou  aux  alen- 

t.  Nous  avons  remarqué  à  la  Vache,  près  la  Charité,  un  exemple  frappant  de 
propagation  do  la  Vallisnérie  qui  croit  dans  la  fontaine  à  6  kilom.  du  canal  latéral 
à  la  Loiro,  où  elle  abonde.  Il  est  impossible  qu'elle  soit  venue  à  la  fontaine  de  la 
Vache  par  eau.  Les  oiseaux  aquatiques  se  sont  chargés  du  transport. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  153 

tours  se  réfugient  quelques  espèces  moins  communes,  entre 
autres  : 

Nymphaea  alba,  Utricularia  vulgaris, 

X  Roripa  terrestris  Tausch,  Sagittaria  sagittifolia, 

Trifolium  ochroleucum,  Typha  média, 

(Enanthe  silaîfolia,  Hordeum  secalinum, 
Pimpinella  magna,  Etc.,  etc. 

Elodea  canadensis, 

Ces  trois  rivières,  l'Aron,  la  Canne  et  l'Haleine  forment 
des  gauches  (ganches  aux  Cornuelles,  de  la  Coulon- 
gette,  etc.),  dont  les  eaux  croupissantes  méritent  d'être 
explorées  en  détail. 

Canal  du  Nivernais.  —  Le  canal  du  Nivernais  longe 
l'Aron  et  traverse  les  environs  de  Cercy  en  arc  de  cercle 
du  nord  à  l'ouest.  Il  a  été  exploré  depuis  Isenay  jusqu'à 
Champvert,  sur  une  longueur  de  18  kilomètres  environ. 

Il  est  intéressant  de  suivre  ses  bords  au  mois  de  mai, 
alors  que  l'eau  claire  laisse  pénétrer  le  regard  jusqu'à  la 
verdure  des  Renoncules  aquatiques,  des  Myriophylles,  des 
Potamots  submergés  qui  en  forment  la  végétation  la  plus 
apparente.  Mais  c'est  surtout  à  l'époque  du  chômage,  quand 
le  canal  est  presque  vide,  qu'il  faut  prendre  une  barque 
pour  explorer  les  bassins  de  réserve  et  étudier  la  végéta- 
tion naine  qui  tapisse  le  plat-fond  :  les  gazons  épais  de 
Vallisnérie  du  Canada,  Elodea,  mélangés  des  touffes  de 
Naïade  et  des  guirlandes  de  Potamots. 

Ailleurs  où  quelques  centimètres  d'eau  recouvrent  par- 
fois un  limon  épais,  il  est  bon  de  se  risquer  prudemment 
sur  les  bords  inclinés  pour  recueillir  les  plantes  intéres- 
santes. Comme  les  canaux  sont  tous  alimentés  par  des 
rivières,  ils  possèdent  une  végétation  analogue  à  celle  des 
eaux  courantes  augmentée  encore  de  celle  qui  est  propre 
aux  eaux  paisibles. 

Dans  les  eaux  du  canal  du  Nivernais  on  peut  cueillir  sui- 
vant ia  saison  : 


154  F.   GAGNEPAIN. 

Ranunculus  Baudoti,  Vallisneria  spiralis, 

R.  confusus,  Elodea  canadensis, 

Myriophyllum  spicatum,  Potamogeton  heterophyllus, 

Butomus  umbellatus,  Carex  elongata, 
Naias  major,  Etc.,  etc. 

N.  minor, 

Étangs.  —  Les  étangs  promettent,  après  les  bords  de  la 
Loire,  de  fructueuses  récoltes.  Très  multipliés  autrefois, 
ils  ont  été  réduits  en  nombre  et  en  étendue  par  les  pro- 
grès des  assainissements.  Nous  citerons  en  particulier  ceux 
du  Donjon,  des  Nénuphars,  du  Marnant,  du  Royan,  de  Mon- 
tambert,  du  Loup  ou  du  Breu  et  des  Fontaines-Vaillant. 

Le  Donjon,  entre  Fours  et  Montambert,  occupe  une 
surface  d'environ  22  hectares  et  se  trouve  enclavé  dans  les 
bois  de  Montambert  à  l'ouest,  tandis  qu'il  est  libre  à  Test 
vers  le  village  Donjon,  dans  la  direction  de  Fours.  Par  les 
nombreuses  cornes,  les  prés  tourbeux,  la  ligne  irrégulière 
de  son  contour,  ses  rives  atteignent  peut-être  un  dévelop- 
pement de  10  kilomètres.  Il  faut  citer  comme  particulière- 
ment intéressants  à  explorer  la  corne  du  Crot-Favé  et  le 
déversoir,  les  prés  spongieux  qui  s'étendent  vers  la  ligne 
sommière  de  Champlevois  à  Fours  et  les  baies  voisines 
de  la  route  de  Montambert,  dont  l'une  se  continue  fort  avant 
dans  les  bois  par  des  prés  riches  en  tourbe,  en  Sphaignes 
et  en  Carex.  On  trouve  au  Donjon  ou  aux  alentours  : 

Viola  palustris,  Menyanthes  trifoliata, 

Polygala  depressa,  Scutellaria  galericulata,  var. 

Drosera  intermedia,  cinerascens, 

Oomarum  palustre,  Littorella  lacustris, 

Trapa  natans,  Potamogeton  polygonifolius, 

Bunium  verticillatum,  Typha  média, 

Erica  cinerea,  Cyperus  flavescens, 

E.  tetralix,  Carex  canescens  et  autres, 

Anagallis  tenella,  Lomaria  spicant.  Etc.,  etc. 

Quelle  ravissante  peinture  que  le  tableau  des  Nénu- 
phars par  le  célèbre  paysagiste  Hector  Hanoteau  !  C'est  la 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  155 

reproduction,  ornée  au  gré  d'une  imagination  artiste,  d'un 
étang  que  nous  appelons  les  Nénuphars  en  mémoire  de 
cette  belle  toile.  Et  le  botaniste,  pour  qui  les  jouissances 
de  l'esthétique  ne  sont  pas  inconnues,  pourra  admirer 
l'œuvre  et  explorer  l'original  à  Briet,  près  Cercy,  en 
s'adressant  au  bon  accueil  de  M.  Marcel  Hanoteau.  L'étang 
est  une  pièce  d'eau  noirâtre  qui  se  continue  par  des  prés 
tourbeux  à  souhait.  Un  bouquet  de  bois,  une  eau  où 
s'épanouissent  les  gracieux  Nymphéas,  lis  des  étangs,  les 
feuilles  flottantes  des  Potamots,  une  verte  ceinture  de  Carex 
et  de  Typha,  des  prés  marécageux  étendus  :  c'est  sauvage, 
et  on  rêve  des  descriptions  de  Walter  Scott.  La  culture 
interviendrait  vainement  pendant  longtemps,  les  drainages 
seraient  impuissants  à  enlever  l'eau  qui  filtre  partout,  et 
le  bétail  n'ose  se  risquer  sur  ces  prés  incertains  comme 
des  radeaux.  Aussi  y  a-t-il  à  faire  là  une  bonne  moisson  de 
plantes  rares  qui  dédommageront  des  bains  forcés  pris  dans 
la  tourbe.  Tout  autour,  c'est  l'arène  trèsquartzeuse,  le  cran, 
avec  sa  végétation  particulière.  Les  bords  de  l'étang  don- 
nent : 

Drosera  intermedia,  Sparganium  simplex, 

Parnas8ia  palustris,  Narcissus  pseudo-narcissus, 

Epilobium  palustre,  Cyperus  fuscus, 

Hydrocotyle  vulgaris,  C.  flavescens, 

Anagallis  tenella,  Rhynchospora  alba, 

Menyanthes  trifoliata,  Eleocharis  multicaulis, 

Scutellaria  minor,  Carex  pseudo-cyperus, 

S.  galericulata,  var.  cine-  C.  cespitosa, 

rascens.  C.  panicnlata,  etc. 

Epipactis  palustris,  Osmunda  regalis, 

Typha  média,  Polystichum  Thelipteris.  Etc. 

D'une  surface  à  peu  près  égale  au  Donjon,  l'étang  Mar- 
nant, à  la  Nocle,  n'a  plus  le  même  aspect  sauvage.  Ses 
rives  sont  nues  et  les  grands  bois  ne  se  reflètent  point 
dans  ses  eaux  claires  pour  leur  donner  l'apparence  sombre 
de  la  profondeur.  D'un  point  quelconque  de  sa  rive,  on 


f  -  *.,'  i* 


156  F.   GAGNEPA1N. 

découvre  une  grande  partie  de  sa  surface,  sauf  les  points 
extrêmes  des  cornes  de  Longimone  et  de  la  Nocle.  Ses 
grèves  sablonneuses  s'enfoncent  lentement  sous  l'eau  claire 
comme  pour  faire  admirer  plus  longtemps  le  sable  blanc 
dont  elles  sont  formées  ;  elles  sont  faciles  à  parcourir  et  pré- 
sentent les  tiges  traçantes  d'E latine  hexandra.  On  trouve 
encore  : 

Parnassia  palustris,  Senecio  adonidifolius, 

Menyanthes  trifoliata,  Rhynchospora  alba, 

Pedicularis  palustris,  Damasonium  stellatum.  Etc. 

La  route  des  Roses  aux  Arbelats  passe  près  d'une  pièce 
d'eau  que  l'on  découvre  en  entier.  Au  dessus,  c'est  un  bois 
aux  arbres  rabougris,  au  sable  blanc  où  distille  l'eau  de 
roche  tout  doucement  parmi  les  mousses.  La  corne  se 
prolonge  assez  loin,  complétant  le  grand  triangle  compris 
par  l'étang  du  Royan.  Pour  y  faire  bonne  chasse  et  bonne 
pêche,  il  faut  suivre  le  bord  de  très  près  et  rejoindre  la 
queue  ;  on  récoltera  principalement  : 

Peplis  portula,  Carex  pseudo-cyperus, 

Scutellariagalericulatavar.  C.  elongata, 

cinerascens,  C.  pilulifera, 

Paris  quadrifolia,  Leersia  oryzoides.  Etc. 

Montambert  possède  un  grand  étang  à  végétation  très 
vulgaire  que  nous  avons  étudiée  par  acquit  de  conscience, 
mais  dans  la  direction  N.-W.,  on  trouve  des  prés  tourbeux 
qui,  d'apparence  tout  ordinaire,  tiennent  beaucoup  plus 
qu'ils  ne  promettent,  car  on  peut  y  cueillir  : 

Elodes  palustris,  Scutellaria  minor, 

Drosera  intermedia,  Rhynchospora  alba. 

Comarum  palustre,  Lomaria  spicant, 
Senecio  Fuchsii,  Etc.,  etc. 

Derrière  l'école  se  trouve  un  autre  étang  au  bord  duquel 
on  peut  récolter  dans  la  tourbe  : 

Drosera  intermedia,  Scirpus  multicaulis, 

Rhynchospora  alba,  Etc. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE. 


157 


En  suivant  le  ruisseau  qui  emprunte  son  eau  à  l'étang 
de  Montambert,  on  arrive  à  l'étang  du  Breu  ou  du  Loup 
qui  se  développe  sur  une  grande  longueur  dans  la  direction 
de  Saint-Hilaire.  La  queue  est  intéressante  à  explorer.  La 
végétation  est  caractérisée  par  : 


Comarum  palustre4, 
Montia  minor, 
Ulecebrum  verticillatum, 
Gnaphalium  luteo-album, 
Inula  Helenium, 
Senecio  adonidifolius, 
3.  Fuchsii, 


Oicendia  filiformis, 

C.  pusilla, 

Scutellaria  minor, 

S.  galericulata  var.  cinerascens, 

Damasonium  stellatum, 

Poa  serotina, 

Nardus  stricta.  Etc.,  etc. 


Les  Gouttes  ou  Fontaines  Vaillant  occupent  la  gauche  de 
la  route  de  Saint-Hilaire  à  la  Nocle,  non  loin  des  Bruyères 
Denis.  C'est  une  dépression  remarquable,  en  entonnoir, 
riche  en  tourbe  et  en  Sphaignes.  On  pourra  y  cueillir  : 


Viola  paluetris, 
Drosera  intermedia, 
Elodes  palustris, 
Erica  tetralix, 
Anagallis  tenella, 
Scutellaria  minor, 


S.  galericulata  var.  cinerascens, 
Scirpus  multicaulis, 

Rhynchospora  alba, 

Carex  stellulata, 

C.  ampullacea, 

C.  pulicaris.  Etc.,  etc. 


MÉTÉOROLOGIE 

M.  E.  Roze2  a  publié  une  note  sur  le  Retard  de  la  fleu- 
raison  des  plantes  printanières  aux  environs  de  Paris  en  1895. 
A  Cercy,  nous  prenions  en  même  temps  des  notes  iden- 
tiques dans  le  même  but.  Les  résultats  obtenus  peuvent 


t.  Espèce  découverte  par  M.  J.  de  Fabry,  de  Nantes,  dans  une  excursion  qu'il 
fit  avec  nous,  à  notre  grand  plaisir. 

2.  Bull.  Soc    France,  t.  XL1I(1895),  p.  330. 


158 


F.   GAGNEPAIN. 


entrer  en  comparaison  et  faire  connaître  les  différences  de 
température  entre  les  deux  régions  : 


lipètti  ini  l'épqwU  la  Icanim 
i  été  ftorvée. 

Draba  verna 

Viola  odorata 

Lamium  purpureum.. 

Ulmus  campestris. . . . 

Salix  caprea 

Adoxa  Moschatellina. 

Ficaria  ranunculoîdes 

Veronica  hederifolia. 

Primula  ofïicinalis  . . . 

Glechoma  hederaceum 

Mibora  minima 


An  tifinu  Au  «tirai  RétilUU 

di  PiriL  de  Ctrey.  ptnr  Gtrcy. 

2e  diz.  de  mars . .  20  mars . 

dern.  j.  de  mars.  20  mars,  avance. 

in  diz.  avril 3  avril. 

idem 3  avril. 

idem 5  avril. 

2e  quinz.  avril  ..  8  avril.,  avance. 

idem 5  avril.,  avance. 

idem 20  mars .  avance . 

idem 8  avril. .  avance . 

idem 8  avril.,  avance. 

idem 30  mars,  avance. 


Observation.  —  Adoxa  Moschatellina  occupait  une  excel- 
lente exposition  ;  Veronica  hederifolia  était  déjà  prête  à 
fleurir  au  20  décembre  précédent;  Mibora  minima  végétait 
dans  les  sables  de  Loire. 

De  ce  petit  tableau,  il  résulte  que  sur  onze  plantes  quatre 
ont  fleuri  sensiblement  à  la  même  époque  à  Cercy  et  à 
Paris  ; 

Que  quatre  ont  une  avance  de  quelques  jours  seulement 
sur  Paris  ; 

Qu'en  conséquence  la  température  de  Cercy  ne  serait 
guère  supérieure  à  celle  de  la  capitale,  bien  que  Paris  se 
trouve  de  2  degrés  plus  au  nord  ; 

Que  les  bords  sablonneux  de  la  Loire  semblent  avoir  une 
avance  de  trois  ou  quatre  jours  sur  Cercy,  fait  qui  nous  a 
d'ailleurs  frappé  plus  d'une  fois  dans  nos  herborisations. 

Les  brouillards,  dus  aux  nombreux  cours  d'eau,  s'étendent 
souvent  le  matin  comme  une  vaste  nappe  d'où  émergent 
seulement  les  coteaux;  ces  brouillards  sont  sans  aucun 
doute  une  cause  importante  de  refroidissement.  Il  faut  faire 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  159 

entrer  aussi  en  ligne  de  compte  les  inondations  qui  amènent 
dans  le  pays  une  quantité  d'eau  considérable  et  chan- 
gent la  vallée  de  l'Âron  en  un  grand  lac  aux  eaux  bour- 
beuses. 

Des  personnes  âgées  prétendent  que,  depuis  le  perce- 
ment du  canal,  la  température  s'est  assez  refroidie  pour 
rendre  improductive  la  culture  de  la  vigne.  Outre  la 
quantité  d'eau  qui  se  trouve  augmentée  directement  par  ce 
fait,  le  niveau  de  l'Aron  se  trouve  élevé  par  les  prises 
d'eau.  On  ne  cultive  plus  la  vigne  à  Cercy  et  il  n'en  reste 
plus  que  le  nom  attribué  à  un  faubourg.  Au  contraire,  à 
mesure  qu'on  se  rapproche  de  la  Loire,  la  vigne  résiste  à 
Gharrin,  Devay,  Saint-Léger. 

La  partie  la  plus  froide  de  la  région  serait  Fours  et  Mon- 
tambert.  On  sait  qu'il  faut  aux  tourbières  une  température 
moyenne  inférieure  à  10°  pour  qu'elles  se  forment,  et  c'est 
précisément  entre  ces  localités  ou  aux  environs  que  les 
tourbières  sont  le  plus  fréquentes.  Au  mois  de  mai,  les 
chatons  mâles  des  Saules  cendrés  n'ont  point  encore  disparu, 
la  sève  commence  à  peine  à  circuler  quand  partout  ailleurs 
la  verdure  apparaît  et  les  fleurs  s'épanouissent.  Les 
moindres  gelées,  qui  ne  sont  ailleurs  que  des  rosées  froides, 
sont  capables,  dans  ces  humides  dépressions  du  sol,  de 
brûler  les  frondes  des  Fougères  femelles  et  des  Osmondes 
royales.  Et  c'est  un  dicton  plaisant  qu'il  y  gèle  toujours  la 
veille  de  la  gelée. 

Des  documents  officiels  nous  permettent  de  préciser 
davantage  les  conditions  climatiques  de  la  région  par  les 
observations  météorologiques  faites  à  8aint-Léger-des- 
Vignes,  à  l'extrémité  ouest  de  la  région,  et  à  Fours,  de 
25  kilomètres  plus  à  l'est.  Ces  documents  sont  condensés 
dans  les  tableaux  suivants  : 


160  F.    GAGNEPAIN. 

PLUIB 
Hauteur  annuelle  en  millimètres. 

SAIHT-LÉGBR  fours 

1892-93 575. 8 789,4 

1893-94 448,6 643,6 

1894-95 626 735,8 

1895-96 962 1,013,8 

1896-97 786 910,8 

1897-98 481 583,5 

1898-99 » 700,5 

Totaux 3, 879,4 5, 377,4 

Moyennes...  646,5 768,2 

Moyennne  pour  la  région  :  707,3. 

On  remarquera  que  Fours  reçoit  plus  d'eau  que  Saint-Léger. 
Cette  différence  au  profit  de  Fours  est  très  régulière  chaque 
année.  Elle  s'explique  par  la  différence  d'altitude  et  surtout 
par  le  voisinage  des  bois  et  des  montagnes  morvandelles,  qui 
ont  le  privilège  d'amener  une  rapide  condensation  des  nuées. 

Enfin  les  vents  pluvieux  soufflent  davantage  à  Fours  qu'à 
Saint-Léger  :  c'est  ce  qui  résulte  du  tableau  suivant  : 


Nombre  de 
/  1892-93      51 

VENTS 

jours  dans  cbaqne  direction. 

SECS                                      PLUVIEUX 

N.-B.     B.     8.-E.     TOT.                S.     S.-W.    W.   N.-W. 

77    23    32    183         23    28    23    16 

TOT. 

90 

[  1893-94 

68  102 

14 

14 

198 

18    18 

66 

62 

164 

\  1894-95 

99 

61 

49 

18 

227 

25    41 

40 

32 

138 

Saint-Léger  1 1895-96 

111 

55 

21 

5 

192 

50    36 

60 

28 

174 

i  1896-97 

106 

52 

37 

13 

208 

12    13 

81 

51 

157 

f  1897-9S 

61 

89 

51 

10 

211 

9    42 

82 

20 

153 

\  Totaux 

496  436  195 

92 

1219 

137  178  352  209 

876 

Moyennes  ann.. . 

83 

73 

32 

15  203 

23    30 

59 

34 

146 

/ 1892-93 

51 

6 

91 

15 

163 

74    25 

61 

40 

200 

1893-94 

37 

16 

39 

37 

129 

70    47 

61 

58 

236 

l  1894-95 

39 

20 

43 

48 

150 

30    76 

49 

59 

214 

o                   H  895-96 

56 

27 

35 

24 

142 

34  115 

32 

42 

223 

j 1896-97 

46 

19 

35 

32 

132 

27  142 

30 

34 

233 

/ 1897-98 

26 

14 

42 

53 

135 

35  131 

24 

36 

226 

1898-99 

43 

22 

34 

48 

147 

32    90 

31 

45 

198 

Totaux   298  124  319  257    998       302  626  288  314  1530 
Moyennes  ann...       43    18    45    37  143  43    89    41    45  218 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  161 

De  ce  tableau  il  résulte  qu'à  Saint-Léger  : 

Les  vents  dominants  sont  les  vents  secs  qui  soufflent 
57  jours  par  an  de  plus  que  les  autres  ; 

Le  vent  dominant  vient  du  nord  ; 

Le  plus  dominant  des  vents  secs  est  une  fois  quatre 
dixièmes  plus  dominant  que  le  plus  dominant  des  vents 
humides. 

Cependant  Saint-Léger,  par  son  exposition,  serait  plutôt 
exposé  aux  vents  pluvieux; 

Tandis  qu'à  Fours 

Les  vents  dominants  sont  les  vents  pluvieux  qui  soufflent 
7b  jours  par  an  de  plus  que  les  autres  ; 

Le  vent  dominant  vient  du  sud. 

Le  plus  dominant  des  vents  pluvieux  est  deux  fois  plus 
fréquent  que  le  plus  dominant  des  vents  secs. 

Cependant  Fours,  par  son  exposition  même,  semblerait 
davantage  subir  ces  vents  froids  et  secs. 

Ce  fait  également  constaté,  mais  en  sens  contraire, 
indique  non  des  courants  dus  à  la  topographie  du  lieu,  à 
l'exposition,  à  l'influence  des  vallées,  mais  répond  à  des 
causes  plus  générales,  telles  que  l'éloignement  ou  le  voisi- 
nage des  forêts  et  des  montagnes  qui,  produisant  une  con- 
densation rapide  de  l'humidité  atmosphérique,  déterminent 
par  là  même  un  appel  d'air  et  la  persistance  des  vents 
pluvieux. 


TEMPÉRATURE 

Miyinai 

Ityeaie 

MijeoDei 

dei  Bixina. 

des  Biniou. 

gênéraUi. 

/ 

1893-94 

16,81 

5,20 

11,»» 

[ 

1894-95 

16,85 

4,46 

10,60 

int-  Léger.      </ 

1895-96 
1896-97 

15,93 

6,21 

11,07 

1 

1897-98 

18,01 

5,39 

11,70 

l 

Totaux 

67,60 

21,26 

44,37 

Moyennes 

ann. . . . 

16,90 

5,31 

11,09 

TOME  XIII. 

11 

162 


Fours 


F.    GAGNKPAIN. 

Moyenne 

Mayenne 

Meyennei 

des  natimi. 

étt  Biniou. 

glofalu. 

/     1893-94 

16,34 

5,67 

11,01 

1     1894-95 

16,21 

4,98 

10,59 

\     1895-96 

15,81 

5,55 

10,68 

1     1896-97 

15.71 

5,87 

10,79 

i     1897-98 

18,13 

5,61 

11,87 

[     1898-99 

18,»» 

5,56 

11,78 

\     Totaux 

100,20 

33,24 

66,72 

Moyennes  ann. . . . 

16,7 

5,54 

11,12 

On  voit  que  : 

La  moyenne  des  maxima  est  presque  toujours  plus  grande 
à  Saint-Léger  ; 

Au  contraire,  la  moyenne  des  minima  est  presque  tou- 
jours supérieure  à  Fours  ;  ce  qui  s'explique  du  reste  très 
bien  par  l'humidité  plus  grande  qui  s'oppose  au  rayonnement. 

Si  l'on  pouvait  sur  de  si  petites  différences  établir  des 
catégories  tranchées,  Saint -Léger  se  rapprocherait  du 
climat  continental  et  Fours  du  climat  maritime. 

C'est  du  reste  ce  que  corrobore  souvent  le  tableau  des 
maxima  et  minima  absolus  pour  l'une  et  l'autre  localités. 

Xaiimi  tbttlni 

SAINT-LÉGER       FOURS 

1893-94 38°  35*5 

1894-95 36  36 

1895-96 »»  33«5 

1896-97 34  33<>5 

1897-98 39  39*5 

1898-99 24o5  25*12 


Minima  ibnln 

SAINT-LÉGER 

FOURS 

—  200 

—  230 

»»  ))» 

—  13«>5 

—    8 

—      905 

—    9*10 

—    9*5 

—    1*25 

—    0°50 

STATISTIQUE  VÉGÉTALE 

Plantes  vulgaires  indigènes. 

Les  espèces  qui  constituent  le  tapis  végétal  et  qu'on 
retrouve  pour  ainsi  dire  à  chaque  pas  peuvent  se  répartir 
dans  les  catégories  suivantes  : 


TOPOGRAPHIK    BOTANIOUE.  168 

Espèces  forestières, 

—  des  champs, 

—  des  prés  naturels, 

—  aquatiques, 

—  des  chemins,  des  terrains  vagues,  des  décombres. 

I.  —  Forêts  :  klO  kilom.  carrés. 

Les  environs  de  Cercy  participent  de  la  richesse  fores- 
tière de  la  Nièvre  sans  être  aussi  boisés  que  d'autres 
régions  du  département. 

Les  principales  forêts  sont  les  suivantes  : 

Grands  bois  de  Fours  ;  forêt  de  Montambert;  bois  de  laNocle; 
de  Mazille,  du  Prieur,  de  Thaix;  bois  de  Saint-Honoré,  du 
Piémont,  près  Montigny,  de  Vincences  ;  de  Diennes  ;  bois  du 
Vanzé,  près  Verneuil  ;  forêts  des  Glenons  et  de  Thianges. 

Mais  il  y  a  loin  de  ces  bois  à  la  belle  végétation  forestière 
du  centre  du  département.  Les  hautes  futaies  y  sont  à  peu 
près  inconnues  et  les  bois  particuliers,  exploités  tous  les 
quinze  ou  vingt  ans,  n'ont  pas  cet  aspect  de  vigueur  et  de 
majesté  que  Ton  admire  dans  certaines  futaies.  Cela  tient 
sans  doute  aussi  à  la  pauvreté  du  sol  et  à  la  présence  du  tuf 
argileux  dans  la  région  méridionale. 

Des  artisans  qui  connaissent  parfaitement  la  qualité  du 
bois  pour  l'avoir  employé  souvent  dans  leurs  travaux, 
prétendent  que  les  chênes  de  cette  région  sont  sensible- 
ment inférieurs  à  ceux  qui  proviennent  des  bonnes  terres. 

La  flore  silvatique  peut  se  répartir  en  trois  catégories  : 

1°  Espèces  dominantes  de  la  forêt;  2°  sous-bois  et  mort- 
bois  ;  3°  tapis  herbacé.  De  là,  trois  listes  de  plantes  classées 
par  ordre  de  fréquence. 

I.  —  Espèces  dominantes. 

Quercus  pedunculata,  Fraxinus  excelsior, 

Q.  sessiliflora,  Populus  Tremula, 

Carpinus  Betulus,  Acer  campestre, 

Fagus  silvatica.  Prunus  avium. 
Betula  verrucosa 


164 


F.    GAGNEPA1N. 


II.  —  Sous-bois  et  mort-bois. 

Ilex  Aquifolium, 
Rhamnus  Frangula, 
Hedera  Hélix 
Corylus  Avellana, 
Salix  aurita, 
S.  cinerea, 

Juniperus  communis, 
Sarothamnus  scoparius, 

III.  —  Tapis  herbacé. 
a    Espèces  vasculaires. 


Calluna  vulgaris, 
Rubus, 

Cratœgus  oxyacantha, 
Prunus  spinosa, 
Cornus  sanguinea, 
Ligustrum  vulgare, 
Lonicera  Péri clymen uni, 
Etc.,  etc. 


Digitalis  purpurea, 
Fragaria  vesca, 
Potentilla  Tormentilla, 
Convallaria  majalis, 
Oxalis  Acetosella, 
Veronica  officinal is, 
Holcus  mollis, 
Festuca  ovina, 
Teucriura  scorodonium, 
Euphrasia  ofticinalis, 
Euphorbia  amygdaloides, 
Luzula  pilosa, 


Cantharellus  cibarius, 
Clavaria  fia  va, 
Hydnum  repandum, 
Boletus  aurantiacus, 
6.  îereus, 
Hussula  lepida, 
R.  virescens, 
Lac  tari  us  volemus, 


Brachypodium  silvaticum, 
Pteris  aquilina, 
Hieracium  murorum, 
II.  umbellatum, 
H.  vulgatum, 
Scrophularia  nodosa, 
Carex  panicea, 
Solidago  Virga-aurea, 
Angelica  silvestris, 
Carex  glauca, 
Polystichum  filix-mas, 
Etc. 

b  Mousses. 
c  Lichens. 
d    Champignons. 

Hygrophorus  eburneus 
Hypholoma  sublateritium, 
H.  fasciculare, 
Tricholoma  melaleucum, 
T.  terreum, 
Amanita  muscaria, 
A.  Mappa, 
A.  rubescens, 
Etc.. 


L.  piperatus, 

Parmi  les  espèces  silvatiques,  certaines  ont  un  besoin 
absolu  de  lumière  ;  elles  se  plaisent  davantage  dans  les 
taillis  où   elles  ont  une    végétation   exubérante  ;    mais    à 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  16Ô 

mesure  que  les  espèces  forestières  grandissent  elles  cèdent 
à  la  force  et  disparaissent  peu  à  peu. 

Qui  n'a  remarqué  la  richesse  des  coupes  récentes  en 
Digitales  pourprées  et  en  Verges -d'or  éclatantes!  Les 
Genêts  qui  envahissent  les  taillis  de  deux  et  trois  ans  se 
perdent  dès  la  huitième  année  et  on  ne  trouve  plus  que 
leurs  squelettes  desséchés  tombant  en  brindilles  par 
l'action  des  intempéries. 

D'autres  espèces  au  contraire  recherchent  une  ombre 
bienfaisante,  indispensable  à  leur  végétation  ou  au  moins  à 
leur  floraison. 

Le  gracieux  Muguet  n'a  que  des  feuilles  dans  les  coupes 
ensoleillées,  et  les  grelots  d'argent  de  sa  hampe  gracieuse 
n'aiment  que  l'ombre  des  grands  bois.  L'Anémone  silvie 
développe  ses  feuilles  aux  dépens  de  sa  fleurette  quand  elle 
est  exposée  aux  rudes  caresses  du  plein  air  et  du  chaud 
soleil.  Il  est  bien  rare  que  Milium  effusum  ne  croisse  pas 
de  même  à  l'ombre  des  vieux  taillis  exclusivement. 

Certaines  espèces  ont,  sous  le  rapport  de  la  lumière,  des 
préférences  moins  faciles  à  constater.  Il  est  bien  vrai  que 
la  Canche  flexueuse  domine  dans  les  jeunes  taillis  arénacés  ; 
mais  les  grands  bois  n'empêchent  point  complètement  sa 
floraison,  et  pour  qu'elle  se  réduise  au  gazon  vert,  dense 
et  moelleux,  il  faut  l'ombre  épaisse  des  plantations  touffues 
de  Picea  excelsa  que  l'on  observe  dans  le  haut  Morvan. 

C'est  donc  apporter  d'utiles  documents  à  la  biologie  et  à 
la  géographie  botaniques  que  d'insister  sur  cette  préférence 
des  plantes  pour  la  lumière. 

Espèces  plus  spéciales  aux  taillis. 

Sarothamnus  scoparius,  Melampyrum  pratense, 

Fragaria  vesca,  Teucrium  scorodonium, 

Solidago  Virga-aurea,  Euphorbia  amygdaloides, 

Hieracium,  Festuca  ovina, 

Veronica  officinalis,  Digitalis  purpurea, 

Euphrasia,  Viola  silvestris, 


166  F.  GAGNEPAIN. 

Hypericum  humifusum,  Erigeron  canadensis, 

H.  pulchrum,  Senecio  silvaticus, 

Rhamnus  Frangula,  Etc.,  etc. 


II.  —  Champs  :  23b  kilom.  carrés. 

C'est  en  général  au  voisinage  des  cours  d'eau  importants 
que  se  trouvent  les  terres  soumises  à  la  culture.  En  pré- 
levant à  droite  et  à  gauche  de  ces  cours  d'eau  deux  bandes 
de  chacune  4  kilom.  de  large  pour  la  Loire  et  l'Aron, 
2  kilom.  pour  la  Canne  et  l'Haleine,  on  aurait  approxima- 
tivement la  surface  occupée  par  les  champs  et  les  prés. 
Les  prairies  à  elles  seules  occupent  moins  du  tiers  de  cette 
surface.  Au  bord  de  la  Loire,  des  prés  médiocres  s'étendent 
à  environ  1  kilom.  du  fleuve  avec  de  nombreuses  lacunes  ; 
dans  les  vallées  de  l'Aron  et  de  la  Canne,  il  faut  compter 
moins  de  1/2  kilomètre  de  part  et  d'autre.  C'est  à  peu  près 
la  surface  prise  sur  la  carte  par  les  alluvions  modernes. 

Suit  la  liste  des  espèces  vulgaires  des  champs  : 

Papaver  Rhseas,  *Chenopodium  album, 

Raphanus  eilvestris,  *Rumex  Acetosella, 

8inapis  arvensis,  *Polygonum  aviculare, 

*Capsella  Bursa-pastoris.  Euphorbia  Helioscopia, 

Viola  tricolor,  E.  exigua, 

Agrostemma  Githago,  Mercurialis  annua, 

*  Senecio  vulgaris,  Panicum  sanguinale, 

Achillea  Millefolium,  *Setaria  viridis, 

Filago  germanica,  Agrostis  vulgaris, 

Filago  arvensis,  *  Agropyrum  repens, 

Centaurea  Cyanus,  Arrhenatherum  elatius, 

*8onchu8  oleraceus,  *Ranunculus  repens, 

Linaria  vulgaris,  Draba  verna, 

Ranunculus  arvensis,  Silène  inflata, 

Linaria  spuria,  *Stellaria  média, 

L.  Elatine,  *Cerastium  vulgatum, 

Veronica  arvensis,  Medicago  Lupulina, 

Galeopsis  Ijadanum,  Tri  fol  iu  m  arvense, 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE. 


167 


Potentilla  reptans, 
*Daucus  Carota, 

A2thusa  Cynapium, 

Leucanthemum  vulgare, 

Filago  minima, 

Cir8ium  arvense, 

Cichorium  Intybus, 

Lampsana  communis, 

Hypochaeris  radicata, 

Sonchus  arvensis, 
*Anagal)is  phœnicea, 
*Convolvulus  arvensis, 

Myosotis  interraedia, 

Mentha  arvensis, 

Atriplex  patula, 
*Polygonum  Convolvulus, 

Alopecurus  agrestis, 

Poa  compressa, 

Serrafalcus  arvensis, 

S.  mollis, 


Fumaria  ofiicinalis, 
Arabis  Thaliana, 
Lepidium  campestre, 

*Spergula  arvensis, 
Linum  catharticum, 
Erodium  cicutarium, 
Hypericum  perforatum, 
Melilotus  officinal is, 
Vicia  angustifolia, 
Ervum  tetraspermum, 
Alchemilla  arvensis, 
Scleranthus  annuus, 
S.  perennis, 

*Portulaca  oleracea, 
Torilis  Anthriscus, 
Sherardia  arvensis, 
Valerianella  olitoria, 
Tussilago  Far  far  a, 
Echium  vulgare, 
Crépis  taraxacifolia.  Etc. 


III.  —  Prés  :  96  kilom.  carrés. 

S'il  est  assez  difficile,  même  empiriquement,  d'estimer 
la  fréquence  des  espèces  messicoles,  on  peut  employer  un 
procédé  simple,  bien  qu'un  peu  long,  pour  calculer  le  pour- 
centage de  la  florule  praticole. 

Il  est  facile  de  se  procurer  un  cercle  de  fil  de  fer  embras- 
sant une  surface  de  50  décimètres  carrés  par  exemple, 
soit  de  798ram  de  diamètre  ou  2m50  de  tour.  En  le  jetant 
à  plat  à  plusieurs  reprises,  on  a  soin  chaque  fois  de  noter 
les  individus  des  espèces  comprises  dans  sa  circonférence. 
En  opérant  sur  des  points  à  végétation  variée  assez  distants, 
en  répétant  l'opération  à  plusieurs  saisons  de  Tannée,  on 
aura  acquis  dans  ces  conditions  des  résultats  très  précis. 

Par  ce  procédé  deux  prés  ont  été  étudiés. 

1°  Pré  d'Aron,  naturel,  de  fertilité  réduite,  reposant  sur 
les   alluvions   anciennes  de  la  rivière,   fournit  un  grand 


168  F.    GAGNEPAIN. 

nombre  d'espèces  généralement  dures,  de  mauvaise  qua- 
lité et  de  faible  rendement. 

2°  Pré  Buchenot,  bord  de  la  Canne,  à  Montigny,  très  fer- 
tile, voisin  du  pré  des  Trois  Cheminées  qui  engraisse  deux 
bœufs  à  l'hectare,  meilleurs  prés  de  la  Nièvre,  sol  argilo- 
calcaire  ;  petit  nombre  d'espèces,  chacune  représentée  par 
un  nombre  considérable  d'individus. 

Artn  liitigoy 

°/o  individus  °/0  iidiridai 

ttromus  racemosus 13  78 

Plantago  lanceolata 10  » 

Galium  verum 9  » 

Trifolium  pratensc 9  » 

Anthoxanthum  odoratum 7  » 

Lolium  perenne 5  10 

Ranunculus  bulbosus 5  » 

Cynosurus  cristatus 4 

Ranunculus  acris 4 

Trisetum  flavescens 4  » 

Briza  média 3  » 

Lathyrus  pratensis 3  » 

Carex  hirta 2  » 

Festuca  o vina 2  » 

Leucanthemum  vulgare 2  » 

Trifolium  minus 2  » 

Alopecurus  pratensis 1  10 

Rumex  Acetosa \  1  2 

Etc. 

Une  connaissance  précise  des  prés,  acquise  facilement 
par  ce  procédé,  a,  au  point  de  vue  scientifique  pur,  l'avan- 
tage de  faire  connaître  la  densité  relative  en  espèces  et 
individus. 

Au  point  de  vue  agricole,  on  aurait  une  idée  très  exacte 
de  certains  facteurs  de  la  qualité  et  du  rendement  de  la 
prairie. 

La  connaissance  du  pourcentage  des  bons  prés  serait  une 


» 
» 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE. 


169 


incitation  et  un  conseil  pour  l'amélioration  des    prairies 
qu'on  aurait  reconnues  inférieures  par  cette  pratique.  * 

L'étude  de  deux  prés  par  ce  procédé  ne  peut  donner  le 
tableau  complet  de  la  florule  praticole  de  la  région.  La  liste 
suivante  obtenue  empiriquement  y  suppléera. 


Cardamine  pratensis, 
*Anthoxanthum  odoratum, 
*Alopecurus  pratensis, 
*Phleum  pratense, 

Holcus  lanatus, 

Trisetum  flavescens, 
*Poa  pratensis, 

Briza  média, 
*I)actylis  glomerata, 

Cynosurus  cristatus, 

Festuca  elatior, 

Ranunculus  bulbosus, 

R.  acris, 

Trifolium  pratense, 
*T.  repens, 

T.  minus  Rœhl, 

Lotus  corniculatus, 

Lathyrus  pratensis, 

Silaus  pratensis, 

Galium  verum, 

Scabiosa  Succisa, 


Bellis  perennis, 
'Taraxacum  dens-leonis, 

Medicago  maculata, 

Tragopogon  pratensis, 
*Veronica  serpyllifolia, 

Salvia  pratensis, 

Betonica  oflicinalis, 

Ajuga  reptans, 

Plantago  média, 

Rumex  Acetosa, 

R.  obtusifolius, 

R.  crispus, 
*  Luzula  campestris, 

Carex  hirta, 

C.  prsecox, 

C.  glauca, 

C.  vulpina, 

Pimpinella  Saxifraga, 

Heracleum  Sphondylium, 

Achillea  Ptarmica, 

Ficaria  ranunculoides.  Etc. 


IIH.  —  Espèces  aquatiques,  palustres  ou  hydrophiles. 


'Ranunculus  aquatilis, 

Lycopus  europseus, 

Alnus  glutinosa, 

Salix  alba, 

8.  purpurea,  S.  triandra, 
*Juncus  communis, 


Iris  pseudo-Acorus, 
*Glyceria  fluitans, 
Ranunculus  Flammula, 
Roripa  amphibia, 
Lythrum  Salicaria, 
Œnanthe  Phellandrium, 


1.  Voyez,  entre  autres,  le  travail  botanique  et  statistique  si  documenté  et  si  inté- 
ressant du  docteur  Stebler  et  du  professeur  Schroter,  de  Zurich  :  Beitrage  zur 
Kenntniss  der  Mutlen  und  Weiden  der  Schweiz  (Rechercha  sur  la  composition 
des  prairies  et  des  pâturages  de  Suisse),  in  Landvtirtschlafltches,  Iahrbuch  der 
Schweiz,  1892,  p.  95-212. 


170 


F.    GAGNEPAIN. 


Eupatorium  cannabinum, 

Pulicaria  vulgaris, 

P.  dysenterica, 

Myosotis  palustris, 

Veronica  Beccabunga, 
*V.  Anagallis, 

Mentha  aquatica, 
*Alisma  Plantago, 

Potamogeton  crispus, 
*Lemna  minor, 
*Eleocharis  palustris, 
*Scirpus  lacustris, 

Oarex  acuta, 

C.  panicea, 

C.  paludosa, 

C.  stellulata, 
*Baldingera  arundinacea, 


Equisetum  palustre  , 
E.  limosum, 
*Caltha  palustris, 
*Nasturtium  officinale. 
Malachium  aquaticum, 
Spiraea  Ulmaria, 
Epilobium  hirsutum, 
E.  parviflorum, 
Galium  palustre, 
Gnaphalium  uliginosum, 
Lysimachia  vulgaris, 
Scrophularia  aquatica, 
Polysronum  Persicaria, 
P.  Hydropiper, 
*Callitriche  aquatica, 
*  Potamogeton  natans, 
Etc.,  etc. 


V.  —  Espèces  des  rues,  des  murs,  des  décombres, 
des  haies  et  broussailles. 


Viola  odorata, 

Prunus  spinosa, 

Crataegus  oxyacantha, 

Veronica  hederifolia, 

Mentha  Pulegium, 
*Thymus  Serpyllum, 
*Urtica  dioica, 

Arum  maculatum, 
*Poa  annua, 

Bromus  sterilis, 

Sisymbrium  Alliaria, 

Polygala  vulgaris. 

Arenaria  serpyllifolia, 

Malva  rotundifolia, 

M.  silvestris, 

Potentilla  Fragariastrum, 

Agrimonia  Eupatoria, 

Bryonia  dioica, 

Ribes  Uva  crispa, 

Chœrophyllum  temulum, 

Cornus  sanguinea, 


Sambucus  nigra, 
Viburnum  Lantana, 
Oalium  Cruciata, 
G.  Mollugo, 

*G.  Aparine, 
Dipsacus  silvestris, 
Lappa  minor, 
Ligustrum  vulgare, 
Convolvulus  sepium, 

*Clinopodium  vulgare, 
Glechoma  hederacea, 
Stachys  silvatica, 
Ballota  fœtida, 

*Verbena  ofticinalis, 

*  Plantago  major, 
Rumex  crispus, 
R.  conglomeratus, 
Euphorbia  Cyparissias, 
Humulus  Lupulus, 
Juncus  glaucus, 
Ranunculus  auricomus, 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  171 

Clematis  Vitalba,  Evonymus  europaeus, 

Chelidonium  majus,  Vicia  Cracca, 

Sisyrabrium  officinale,  *Potentilla  Anserina, 

Melandryum  pratense,  Eryngium  campes tre, 

Stellaria  Holostea,  Sambucus  Ebulus, 

S.  grarainea,  Viburnum  Opulus, 

Acer  campestre,  Carlina  vulgaris, 

Géranium  Robertianum,  Artemisia  vulgaris, 

G.  dissectum,  Senecio  Jacobsea.  Etc.,  etc. 

Telles  sont  les  espèces  les  plus  répandues  dans  la  région  ; 
elles  sont  rangées  par  ordre  de  fréquence  décroissante, 
sans  préciser  le  groupe  des  espèces  CCC,  celui  des 
espèces  CC,  ou  C. 

Mais  dans  les  espèces  fréquentes  de  toutes  ces  listes,  on 
peut  faire  deux  catégories  et  distinguer  celles  qui  sont 
fréquentes  dans  le  centre,  dans  la  France,  de  celles  dites 
ubiquistes,  c'est-à-dire  à  aire  très  vaste  occupant  un  tiers 
de  la  surface  des  continents. 

A.  de  Candolle,  dans  sa  Géographie  botanique  raisonnée, 
p.  580,  donne  la  liste  des  espèces  ubiquistes  au  nombre  de 
117,  dont  18  seulement  occupent  la  moitié  de  la  terre. 

Dans  les  listes  précédentes  les  espèces  ubiquistes  les  plus 
répandues  dans  la  région  sont  distinguées  par  *. 

Toutefois,  il  existe  un  certain  nombre  d'espèces  consi- 
dérées comme  ubiquistes  au  sens  général  et  qui  manquent 
complètement  ou  sont  rares  dans  la  petite  circonscription 
étudiée. 


TABLEAU  GÉNÉRAL 

DE  LA  FLORE  SPONTANÉE 

Il  comprend  toutes  les  espèces  qui  ne  sont  ni  adventices, 
ni  naturalisées.  Elles  sont  :  CCC,  très  vulgaires;  CC,  très 
communes;  C,  communes;  AC,  assez  communes;  PC,  peu 
communes;  AR,  assez  rares;  R,  rares;  RR,  très  rares  ou 
RRR,  rarissimes. 


H2  K.    GAGNEPAIK. 

Elles  sont  classées  le  plus  souvent  dans  l'ordre  suivi  par 
M.  G.  Camus,  dans  son  Catalogue  des  Plantes  de  France,  de 
Suisse  et  de  Belgique. 

Le  degré  de  fréquence  est  particulier  à  la  région  étudiée  ; 
dès  lors,  des  espèces  très  répandues  dans  d'autres  régions 
du  centre  de  la  France  porteront  très  bien  Tépithète  RR  ; 
de  même,  mais  plus  rarement,  des  espèces  généralement 
regardées  comme  R  pourront  paraître  PC  ou  AC. 

A  côté  de  l'espèce  type  se  trouvent  parfois  une  ou  plu- 
sieurs variétés.  Celles-ci  ont  été  étudiées  avec  un  soin  qui 
paraîtra  peut-être  trop  minutieux;  mais  la  précision  n'est- 
elle  pas  de  mise  dans  un  travail  de  ce  genre?  Enfin,  il  est 
intéressant  do  connaître  Taire  géographique  des  formes  ou 
variétés  de  nos  espèces  légitimes  et  cette  connaissance 
contribuera  sans  doute  à  accorder  à  certaines  une  priorité 
sur  les  autres,  à  établir  la  hiérarchie  des  formes.  Afin  que 
l'espèce  ne  fût  point  noyée  parmi  elles  il  était  nécessaire 
d'indiquer  clairement  l'une  et  les  autres  par  une  disposition 
typographique  convenable. 

C'est  ainsi  que  les  hybrides  ont  été  désignés  par  le 
caractère  X  qui  leur  est  généralement  attribué  dans  les 
ouvrages  similaires.  On  trouvera  plus  loin  la  liste  de  toutes 
les  espèces  spontanées,  variétés  ou  hybrides,  quel  que  soit 
leur  degré  de  fréquence,  ainsi  que  les  stations  et  les  localités 
des  moins  répandues. 

Espèces  adventices. 

Les  nouvelles  cultures,  l'extension  des  transports  des 
graines  et  des  produits  étrangers,  d'une  extrémité  à  l'autre 
de  la  France  et  de  l'Europe,  contribuent  à  augmenter  le 
nombre  des  plantes  adventices.  Grâce  aux  communications 
faciles,  les  aires  de  dispersion  des  espèces  s'étendent  et 
chaque  jour  nous  rapproche  de  l'époque,  encore  reculée, 
où  telle  plante  croîtra  dans  toutes  les  localités  où  elle  trou- 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  173 

vera  réunies  les  conditions  indispensables  de  sol  et  de 
climat.  Dès  lors  la  géographie  botanique  sera  plus  sûre, 
plus  complète  et  plus  fertile  en  conclusions. 

On  est  surpris*  de  la  facilité  avec  laquelle  certaines 
espèces  se  propagent.  L'Ortie  et  le  Plantain  suivent,  dit-on, 
l'homme  partout  où  il  émigré.  Sous  ce  rapport  les  graines 
fines  semblent  devoir  être  mises  au  premier  rang. 

A  la  place  d'une  botte  de  paille  déposée  dans  un  bois, 
nous  avons  vu  tout  un  cortège  d'espèces  messicoles  à 
graines  ténues  :  Arabis  Thaliana,  Draba  vema,  Valerianella 
olitoria,  Alchemilla  arvensis,  Veronica  hederifblia,  etc.. 

C'est  toute  une  étude  que  celle  des  plantes  adventices. 
Pour  mieux  suivre  les  progrès  de  l'invasion  de  ces  espèces, 
on  peut  explorer  minutieusement  les  voies  ferrées  et  les 
gares.  C'est  ce  qui  a  été  fait  pour  les  environs  de  Cercy 
en  1896-1899.  * 

Quoique  de  multiples  recherches  nous  aient  donné  des 
résultats  nombreux,  nous  ne  voulons  point  tirer  de  si  peu 
de  faits  des  conclusions  forcément  hasardées.  Un  travail 
complet,  résumé  dans  une  statistique  scrupuleusement 
exacte,  pourrait  éclairer  le  problème  fort  complexe  de  la 
dispersion  des  végétaux.  Il  serait  d'ailleurs  trop  important 
pour  être  renfermé  dans  un  cadre  aussi  étroit  que  celui 
de  cet  ouvrage.  2 

La  liste  des  plantes  adventices  publiées  à  la  fin  de  notre 
travail  se  borne  à  en  faire  quatre  catégories  : 


1.  Pour  obteoir  l'autorisation  de  circuler  à  pied  sur  les  voies  ferrées  il  fallait 
encore,  en  1897,  faire  une  doublo  domande  à  la  direction  du  réseau  des  chemins  de 
fer  et  à  M.  le  ministre  des  travaux  publics.  Dorénavant  il  n'y  aura  qu'à  s'adresser 
à  son  chef  de  service  si  l'on  est  fonctionnaire. 

2.  M.  le  Dr  Gillot  a  appelé  l'attention  sur  l'importance  des  flores  adventices  au 
Congre»  de»  Société»  savante»  de  Paris  et  de»  département»  à  la  Sorbonne,  dans  la 
séance  du  13  avril  1898. 11  y  divise  les  espèces  adventices  en  indigènes  et  étrangère» 
ou  exotiques  ;  puis  en  passagères,  naturalisées,  ou  subspontanées,  erratique»  ou 
pèrégrine»;  et  enfla,  d'après  l'origine  de  leur  introduction,  en  rudèralea,  agricole», 
horticoles^  forestière»,  industrielle»  et  aporadique»  (Dr  X.  Gillot.  Des  flore»  adven- 
tice», en  particulier  de»  environ»  d'Autun,  in  Compte»  rendu»  Congre»  Soc.  »av., 
1898,  p.  85). 


174 


F.    GAGNEPAIN. 


1°  Échappées  des  jardins  ou  des  parcs  ; 
2°  Propagées  par  la  grande  culture  ; 
3°  Propagées  par  les  chemins  de  fer  ; 
4*  Dispersées  par  d'autres  causes.        * 
C'est  du  reste  ce  qui  ressort  du  tableau  suivant  qui  en  est 
le  résumé  numérique  : 

Tableau  numérique  des  espèces  adventices, 

Par  catégories  de  dispersion  et  par  famille. 

i 

Renonculacées 3 

Berbéridacées i 

Crucifères 2 

Caryophyllacées 2 

Linacées » 

Malvacées 1 

Géraniacées 1 

Ampélidacées » 

Légumineuses 3 

Amygdalacées 2 

Rosacées 5 

Onothéracées 1 

Ribésiacées 2 

Ombellifères 4 

Cornacées 1 

Rubiacées » 

Composées 3 

Ambrosiacées » 

Campanulacées » 

Frimulacées i 

Borraginacées 4 

Solanacées 2 

Scrophulariacées i 

Labiacées 2 

Fhytolaccacées » 

Amarantacées » 

Salsolacées 1 

Polygonacées 2 

Euphorbiacées 1 

Moracées 1 

Cannabinacées i 

Abiétacées 1 

Hydrocharidacées » 

Graminées » 

Totaux 45 


II 

m 

IV 

TOTAL 

» 

» 

» 

3 

» 

» 

» 

{ 

2 

6 

9 

12 

3 

1 

» 

6 

1 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

1 

» 

» 

7 

3 

1 

14 

» 

» 

» 

9 

)> 

» 

» 

5 

» 

» 

1 

2 

» 

» 

» 

2 

i 

1 

» 

6 

)> 

» 

» 

1 

1 

» 

» 

1 

3 

7 

2 

15 

1 

1 

» 

9 

» 

1 

» 

1 

)) 

» 

» 

1 

9 

» 

1 

4 

)) 

» 

» 

2 

)> 

1 

» 

9 

1 

1 

» 

4 

» 

1 

» 

1 

» 

3 

» 

3 

» 

» 

» 

1 

1 

» 

» 

3 

» 

» 

» 

1 

» 

» 

» 

4 

» 

» 

» 

4 

» 

» 

» 

1 

» 

» 

9 

A, 

9 

6 

4 

4 

11 

0 

30 

10 

145 

TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  175 

En  tenant  compte  de  la  distance  de  dispersion  des 
espèces  adventices,  on  peut  dresser  le  tableau  suivant  : 

I  II  III  IV 

Adventices  régionales...   18  +  16  +  10  -f  »  =  44  =  38  °/o 

—  françaises...   19  +  *°  +  13  +  4  =  46  =  40  % 

—  étrangères  . .        9  +    4  +    7  +  5  ==    25  =    22  % 

Totaux 46  +  30  +  3ÏT  +  ¥  =  TÏ5  =  ÎÔÔ 

Les  espèces  de  la  région,  les  espèces  françaises  sont  en 
proportions  à  peu  près  égales  ;  la  facilité  des  communica- 
tions et  des  transports  en  rendent  l'explication  simple  ;  et 
les  epèces  du  midi  ou  du  nord  de  la  France  ont  sous  le 
rapport  de  l'adventicité  autant  de  chances  que  celles  des 
départements  limitrophes. 

Il  ne  paraîtra  pas  davantage  surprenant  que  les  espèces 
étrangères  soient  en  minorité. 

Mais  leur  petit  nombre  est  largement  compensé  par  leur 
intérêt  propre,  par  le  fait  que  l'Amérique  en  a  donné  trois 
fois  plus  que  l'Europe. 

Certaines  d'entre  elles  sont  d'importation  relativement 
récente,  et  les  localités  des  environs  de  Cercy  où  elles  ont 
été  apportées  fortuitement  sont  parmi  les  plus  remarquables 
de  la  flore  adventice  de  la  France. 

Tableau  numérique  de  toutes  les  plantes  de  la  ftorule. 

Le  tableau  numérique  ci-après  est  un  résumé  numérique 
général  de  toutes  les  individualités  de  la  région  classées 
par  familles  et  par  catégories. 

La  première  colonne  numérique  à  gauche  porte  pour 
chaque  famille  le  nombre  des  espèces  ligneuses  indigènes  ; 

La  deuxième,  celle  des  espèces  herbacées  ; 

La  troisième,  celle  des  espèces  annuelles  et  bisannuelles, 
soit  monocarpiennes  ; 

La  quatrième,  celle  des  rhizocarpiennes  et  caulocar- 
piennes,  soit  polycarpiennes  ; 


176  F.    GAGNEPAIX. 

La  cinquième  comprend  toutes  les  espèces  les  plus  vul- 
gaires CCC; 

La  sixième,  les  espèces  très  communes  CC  ; 

La  septième,  les  espèces  communes  C  ; 

La  huitième,  dans  un  total,  résume  toutes  les  espèces 
indigènes  ; 

La  neuvième,  comprenant  les  espèces  adventices  déjà 
énumérées  dans  le  tableau  précédent,  vient  ici  compléter 
le  tableau  général  ; 

La  dixième  comprend  les  hybrides,  tous  naturels  ; 

La  onzième,  les  sous-espèces  et  variétés,  reconnues  dans 
la  circonscription  ; 

La  douzième  donne  le  total  général  des  individualités 
(espèces  indigènes  ou  adventices,  hybrides,  variétés). 

Tableau  numérique  général  et  récapitulatif. 

UmWUt  Itfktt  iriigèits  hii.  Ijb.  Yir.  fttal. 

L\g.  Horb.Mon.  PoL  eee.     oc.      e.         Tôt. 

Renonculacées 1  27  11  17  »  7  8  «8  3  »  21  52 

Berbéridacées »  »  »  »  »  »  »  »  1  »  »  1 

Nymphéacées »  2  »  2  »  »  1  S  »  »  1  3 

Papavéracées »  5  4  1  »  »  1  tt  1  »  2  8 

Fumariacécs »  1  1  »  »  1  »  l  »  »  1  2 

Crucifères »  36  30  6  5  6  4  36  12  1  19  67 

Cistacées »>  2  1  1  »  1  »  2  »  »  3  5 

Violacées »  7  1  6  1  1  1  7  »  1  17  25 

Résédacées »  3  3  »  »  1  »  3  »  »  »  3 

Polygalacées »  4  »  4  »  »  1  4  »  »  1  5 

Droséracées »  3  2  1  »  »  »  3  »  *>  »  3 

Caryophyllacées....  »  38  24  14  »  8  7  38  4  2  22  66 

Elatinacées »  2  1  1  »  »  »  2  »  »  »  2 

Linacées »  2  3  1»  »  1  4  1»  »  5 

Tiliacées 1  »  »  1  »  »  »  i  »  »  »  1 

Malvacées »  6  »  6  »  2  1  6  1  »  1  8 

Géraniacées »  7  6  1  »  2  »  7  1  »  3  11 

Hypéricacées »  7  »  7  »  1  1  7  »  »  »  7 

Balsaminacées »  1  1  »  »  »  »  I  »  »  »  1 

Acéracées 1  »  »  1  »  »  1  i  »  »  »  1 

Ampélidacées »  »  »  »  »  »  »  m  1  »  »  1 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE. 


haflto 

Oxalidacées 

Aquifoliacées 

Légumineuses 

Ut.) 

Onotlieracées 

1  Ialoragéacées 

Callitrichacéea 

Ceratophjllaeéos  . .  . 

Cucurbitacées 

Ribésiacées 

Ombellifères 

Araliacées 

Cornacées 

Loranthacécs 

it&®  

Capri  foliacées 

Rubiacées 

Valérianacées 

Dipsacées 

Composées 

Ambrosiacées 

Campanulacées 

Éricacées 

Monotropacées 

Lentibulariacées  . . , 

Primulacées 

Oléacées 

Asclépiadacées 

Oentianaoées 

Convolvulacées 

Borraginacées 

Solanacées 

TOME  XIii. 


177 
Mr.  Bjk.  Vir.  Tu. 


33    3      9      7       61     14 

71    5      8      7       79      7 


t    27    103 
7    40    126 


10      1    1      1      19 


95    47    48    6    17    27       9«    15    2    21    133 


F.    GAGNKPÀIN. 


Li«  H 

...  »  h 

Orobanehacées a 

Labiacéea »    4 

s » 

X  ...  » 

Salsolacéos »    i 

Polygon&cées »    1 

Thyméléacées » 

Santalacées » 

t    ) 

Moréacées » 

Ulmaoées 2 

Urticacéee » 

Cannabinacées » 

Cupulitères 6 

SalicacéeB 10 

Bé  tu  lacées 2 

Abietacées » 

Cupreasacéea » 

Aliaraacées » 

Butomacées » 

ColchJoacées * 

Liliacéea h    ' 

Smilacéos 1 

Dioscoréacées » 

Iridacées » 

'&  »    i 

«    1 

NaïadacéeB » 

Lemnacéos » 

Aroldacées » 

Typhacées » 


5    15       48      2    I 


1    2 
9    i 


49      i    8    29     90 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  179 

hnillej  Eipèeei  iidigèoei  AdT.  Hyb.  Var.  T#L 

Llg.  Herb.  Mon.  Pol.  cce.     ce.      e.         Tôt. 

Joncacées »  15  2  13  »  5  3  18  »  »  5  20 

Cypéracées »  46  4  42  »  7  6  46  »  »  8  54 

Graminacées »  91  33  58  10  14  10  91  11  1  27  130 

Fougères »  16  »  16  1  1  2  16  »  »  3  19 

Equisétacées »  7  »  7  »  »  2  7  »  »  1  8 

Marsiliacées »  2  »  2  »  »  »  S  »  »  »  2 

Lycopodiacées »  1  »  1  »  »  »  i  »  »  »  1 

108  Familles 106  903  363  646  48  149  186  1009  116  31  319  1475 

Conclusion  à  la  statistique  botanique. 

A.  de  Candolle,  l'illustre  auteur  de  la  Géographie  bota- 
nique raisonnée,  a  tiré  grand  parti  de  la  statistique  botanique. 
Entre  ses  mains,  les  chiffres,  appuyés  sur  des  documents 
considérables,  sont  venus  confirmer  des  lois  aperçues  et 
découvrir  des  lois  insoupçonnées.  Il  insiste  tout  particu- 
lièrement, du  poids  d'une  haute  autorité  et  d'une  expé- 
rience sans  cesse  renouvelée,  dans  tout  le  corps  de  son 
magistral  ouvrage,  pour  que  des  tableaux  numériques  syn- 
thétisent les  différentes  parties  d'un  travail  floristique  etque 
leur  groupement  facile,  leur  rapprochement  avec  d'autres 
permettent  des  comparaisons  avantageuses  à  la  science. 

C'est  ainsi  qu'il  conseille  (p.  1166)  d'établir  les  propor- 
tions des  Phanérogames  et  Cryptogames,  des  Dicotylé- 
dones et  Monocotylédones,  des  groupes  naturels  supérieurs 
aux  familles  et  inférieurs  aux  classes,  tels  que  espèces  her- 
bacées et  ligneuses,  monocarpiennes  et  polijcarpiennes.  «  Voilà 
des  éléments  à  constater  dans  tout  assemblage  de  végétaux.  » 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  suivre  aussi  exac- 
tement que  possible  les  conseils  de  l'illustre  maître. 

Comparaison  des  Dicotylédones  et  des  Monocotylédones. 

Itytiif 

Familles  °/0  Espèeti  °/0        parVanillt. 

Dicotylédones 81    =    82,65        762    =    77,6         9,4 

Monocotylédones 17    —    17,35        221    =    22,4        13 

Totaux 98  100  983  100 


180  F.  GAGNEPAIN. 

Comparaison  des  Phanérogames  aux  Cryptogames  vasculaires. 

Mtyeon 

Faaillei       °/0         Bipfcei         %      par  Famille. 

Phanérogames. . .     98  =  96,1        982  =  97,33        10     liyeoie générait. 
Cryptogames 4=   3,9         27=    2,67         6,5         8,25 

La  proportion  des  Dicotylédones  aux  Monocotylédones 
s'éloigne  de  celle  indiquée  par  le  Dr  Lindley  (in  DC.  loc.  cit. 
p.  1177)  qui  est  la  suivante  pour  la  végétation  du  globe   : 

Dicotylédones 83  % 

Monocotylédones....       17  °/o 

Cette  différence  n'a  rien  qui  doive  surprendre,  attendu 
que  les  surfaces  en  vue  sont  incomparables  et  qu'en  outre 
la  proportion  change  clans  chaque  pays  suivant  qu'on 
s'éloigne  ou  se  rapproche  des  tropiques,  même  en  ne 
tenant  pas  compte  des  particularités  locales. 

D'après  la  Géographie  botanique  raisonnée,  la  Flore  du 
Centre,  par  Boreau,  2e  édition,  1840,  donnerait  les  propor- 
tions suivantes  : 

Dicotylédones  ...     1191  espèces      soit    79,08  °/0 
Monocotylédones.      339       »  »       20,92  °/o 

Les  environs  de  Cercy  sont  donc  moins  riches  en  Dico- 
tylédones que  le  bassin  de  la  Loire,  bien  que  les  proportions 
soient  peu  différentes.  Avec  la  Flore  des  Environs  de  Ratis- 
bonne,  de  FUrnrohr,  la  proportion  est  plus  voisine  encore  : 

Dicotylédones  . . .       830  espèces      soit    78,08  °/o 
Monocotylédones.       223       »  »      21,92% 

Si,  comme  l'avance  A.  de  Candolle,  les  pays  humides 
offrent  une  proportion  de  Monocotylédones  plus  forte,  les 
environs  de  Cercy  seraient  donc  plus  humides  que  les 
autres  régions  ayant  servi  aux  comparaisons  ;  et  c'est  ce 
qu'il  importerait  de  vérifier  par  des  documents  météoro- 
logiques les  concernant. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE. 


181 


Végétation  ligneuse  et  herbacée. 

Voici  la  liste  des  familles  et  le  nombre  d'espèces  ligneuses 
correspondantes,  les  familles  ligneuses  exclusives  étant 
marquées  d'un  * 


Rosacées 55 

'Salicacées 10 

Légumineuses 7 

*Cupulifères 6 

*  Caprifoliacées 3 

*Èricacées 3 

*  Rhamnacées 

*Ribésiacées 

*01éacées 

*Ulmacées 

*Bétulacées 

Sarabucacées 


o 
o 


*Tiliacées 

*Acéracées 

'Célaslracécs  . . 

*Aquifoliacées  . 

*Araliacées 

Cornacées 

*  Loranthacées  . 
Reuonculacées 
Euphorbiacées 
Smilacées 


Total 106 


En  résumé,  on  voit  : 


Phanérog. 


Ligneuses...     106  soit  10,8  °/« 
Herbacées...     876  soit  89,2  °/c 


Tandis  que  la  Flore  du  Centre  offre  les  proportions 
suivantes  : 

Ligneuses....     135  soit    9,23  °/o 
Herbacées.,..   1371  soit  90,77  °/0 

D'où  Ton  conclut  que  les  environs  de  Cercy  sont  plus 
riches  en  végétaux  ligneux,  toutes  proportions  gardées,  que 
la  végétation  spontanée  de  la  Flore  du  Centre,  2e  édition. 

Les  familles  exclusivement  herbacées,  sont,  en  ne  citant 
que  les  principales  : 


Composées 95  esp. 

Labiacées 49    » 

Scrophulariacées  43    » 

Ombellifères 39    » 

Caryophyllacoes .  38    » 


Crucifères 36  esp. 

Borraçinacées ...  20    » 

Polygonacéos 17    » 

Rubiacées 16    » 

Salsolacées 12    » 


182  F.   GAGNEPAIN. 

Onothéracées 12  esp.  Géraniacées 7  esp. 

Crassulacées 10    »  Hypéricacées 7    » 

Primulacées 10    »                  Orobanchacées . .  7    » 

Campanulacées . .  9    »                 Valérianacées ...  6    » 


Qentianacées 8    » 

Violacées 7     » 


Total 449  esp. 


Les  familles  précédentes  classées  par  ordre  d'importance 
décroissante  représentent  donc  environ  50  %  des  espèces 
herbacées. 

Espèces  monocarpiennes  et  polycarpiennes. 

Le  tableau  suivant  comprend  l'ensemble  des  Phanéro- 
games monocarpiennes  et  polycarpiennes  ainsi  distribuées  : 

MtDfcarp.  Paljearp. 

Dicotylédones 318  444 

Monocotylédones 46  174 

Phanérogames 364  =  37  %        618  =  63  % 

En  appliquant  les  calculs  de  A.  de  Candolle,  il  résulte  pour 
la  Flore  du  Centre,  de  Boreau,  les  proportions  suivantes  : 

Itittarp.  Polyarp. 

Phanérogames.     548  =  36,4  °/0      958  =  63,6  °/o 

On  voit  que  pour  les  environs  de  Cercy-la-Tour,  comme 
pour  la  Flore  du  Centre,  les  proportions  sont  très  sensible- 
ment les  mêmes. 

Il  ne  sera  pas  inutile  de  dresser  la  liste  des  principales 
familles  et  la  proportion  pour  chacune  des  monocarpiennes 
surle  total  de  ses  Phanérogames.  Les  voici  classées  suivant 
l'importance  en  monocarpiennes. 

Orobanchacées...    7/7   =  100°/o      Rubiacées 8/16=  50*/o 

Salsolaoées 11/12  =  91  Borraginacées . . . .  10/20  =  50 

Géraniacées 6/7   =  85  Composées 48/96  =  50 

Crucifères 30/36  =  83  Euphorbiacées  ...    7/14  =  50 

Caryophyllacées . .  24/38=  63  Polygonacées 8/17=  47 

Qentianacées 5/8  =  62  Légumineuses 28/61=  46 

Sorophulariacées.  23/43=  53  Crassulacées 4/10=  40 

Valérianacées 3/6  =  50  Primulacées 4/10  =  40 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  183 

Ombellifères 1  5/39  =  38  •/•  Orchidacées 1/20  =  5  <>/o 

Graminacées 33/91  =  36  Rosacées 4/72  =  1 

Campanulacées 3/9  =  33  Hypéricacées 0/7   =0 

Renonculacées 11/38  =  28  Onothéracées 0/12  =  0 

Labiacées 13/49  =  26  Amentacées 0/18  =  0 

Violacées 1/7   =14  Liliacées 0/12  =  0 

Joncacées 2/15  =  13  Potamacées 0/11=0 

Cypéracées 4/42  =   9 

En  résumé  :  une  famille  est  monocarpienne  exclusive. 

Quatre  sont  également  partagées. 

Cinq  sont  exclusivement  polycarpiennes. 

En  se  bornant  aux  familles  supérieures  à  six  phanéro- 
games, on  obtient  au  total  85  °/0  des  monocarpiennes  en 
général. 

Fréquence. 

On  peut  établir  ainsi  (e  bilan  général  de  la  Flore  en 
espèces  CCC,  CC,  C  : 

tu         ce  e 

Dicotylédones. ...     35  + 118  +  160  =  313  soit  31,9  %  des  Phan. 
Monocotylédones.     13+  31+  26=  70   »     7,1 


» 


» 


Totaux 48  +  149  +  186  =  383    »    39,» 

D'ailleurs,  on  peut  classer  les  familles  par  rapport  à  leurs 
espèces  CCC,  CC  et  C,  en  indiquant  le  pourcentage  en  pro- 
portion de  toutes  les  espèces  de  la  famille.  Les  familles 
ayant  la  plus  forte  proportion  d'espèces  communes  occupe- 
ront donc  un  rang  plus  élevé  dans  la  liste  suivante  : 

1  Amentacées    (Cupulifères, 

Salicacées,  Bétulacées).  sur  18  esp.  13  comm.  soit  72  % 

2  Polygonacées » 

3  Renonculacées » 

4  Joncacées » 

5  Composées » 

6  Euphorbiacées » 

7  Scrophulariacées » 

8  Labiacées » 

9  Crucifères » 

10  Ombellifères » 

1 1  Caryophyllacées » 


17 

» 

12 

» 

70 

28 

» 

15 

» 

54 

15 

» 

8 

» 

53 

95 

» 

50 

» 

52 

14 

» 

7 

» 

50 

43 

» 

20 

» 

46 

49 

» 

22 

» 

45 

36 

» 

15 

» 

41 

39 

» 

16 

» 

41 

38 

» 

15 

» 

40 

184  P.   GAGNEPAIN. 

12  Graminacées sur  91  esp.  34  comra.  soit  38  °/© 

13  Légumineuses »    61    »    19  »  31 

14  Cypéracées »    46    »    13  »  28 

15  Borraginacées »    20    »      5  »  25 

16  Salsolacées »    12    »      2  »  16 

17  Orchidacées »    20    »      2  »  10 

Bien  que  l'appréciation  de  fréquence  soit,  pour  chaque 
espèce  et  pour  chaque  auteur,  bien  variable,  et  que  les 
résultats  obtenus  ne  soient  point  exactement  identiques  et 
comparables,  on  peut  toujours  rapprocher  cette  liste  des 
listes  analogues  de  Boreau,  pour  le  centre  de  la  France,  et 
de  Ftirnrohr  pour  les  environs  de  Ratisbonne,  listes  établies 
par  A.  de  Candolle  (loc.  cit.,  p.  465  et  suiv.) 

Si  le  pourcentage  peut  ne  point  concorder  par  différence 
d'appréciation  tout  individuelle,  les  familles  devraient  au 
moins  se  succéder  dans  un  ordre  peu  différent. 

Voici  ces  listes  : 

Bassin  dt  la  Ltirt.  Ha  listant. 

1-16  Salsolacées  1-4  Joncacées 

2-8  Labiacées  2  Rubiacées 

3-2  Polygonacées  3-2  Polygonacées 

4-4  Joncacées  4-8  Labiacées 

5-1  Amentacées  5-15  Borraginacées 

6-11  Caryophyllacées  6-13  Légumineuses 

7-7  Scrophulariacées  7-5  Composées 

8-5  Composées  8-16  Salsolacées 

9-15  Borraginacées  9-12  Graminacées 

10  Rosacées  10-7  Scrophulariacées 

11-6  Euphorbiacées  11-10  Ombellifères 

12-3  Renoncuiacées  12-1  Amentacées 

13  Crassulacées  13-3  Renoncuiacées 

14-12  Graminacées  14-11  Caryophyllacées 

15-13  Légumineuses  15  Rosacées 

16-10  Ombellifères  16-9  Crucifères 

17-9  Crucifères  17-14  Cypéracées 

18  Rubiacées  18-17  Orchidacées 

19  Onothéracées  19  Liliacées 

Comme  nos  numéros  d'ordre  figurent  en  regard  des 
familles  des  deux  dernières  listes,  il  est  facile  de  recon- 
naître quelles  différences  énormes  il  y  a  entre  les  trois 
listes.  Les  Salsolacées,  les  Labiacées,  les  Borraginacées,  descen- 
dent considérablement  dans  la  liste  par  rapport  au  Bassin  de 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  185 

la   Loire,  tandis  que  les   Crucifères,   les    Ombellifères,  les 

Renonculacées,  les  Euphorbiacées ,  et  surtout  les  Amenta- 

cées  de  notre  florule  remontent  beaucoup. 

Nos  Joncacées,  Labiacées,  Borraginacées,  Légumineuses, 
Salsolacées,  baissent  dans  la  liste  relative  à  Ratisbonne  ;  nos 

Caryophyllacées,  Renonculacées,  Amentacées,  Composées ,  au 

contraire,  s'élèvent  plus  ou  moins. 

Ces  différences  tiennent  évidemment  à  des  différences  de 
végétation,  car  si  on  peut  admettre  que  chaque  auteur  com- 
prenne la  fréquence  et  l'estime  à  sa  manière,  on  ne  peut  rai- 
sonnablement objecter  qu'il  la  comprenne  et  l'estime  diffé- 
remment suivant  les  familles,  et  que  son  appréciation  ne  soit, 
d'un  bout  à  l'autre  de  son  travail,  logique  avec  elle-même. 

Donc,  lorsque  des  familles  occupent  un  numéro  d'ordre 
plus  élevé  pour  Cercy  que  pour  le  bassin  de  la  Loire  entier, 
on  peut  inférer  qu'elles  y  sont  ici  moins  répandues,  moins 
communes,  et  qu'au  contraire  les  familles  qui  occupent  dans 
les  listes  de  Cercy  un  rang  prépondérant  à  celui  qu'elles 
occupent  dans  la  liste  de  Boreau,  doivent  être  plus  fréquen- 
tes dans  notre  florule  que  dans  l'ensemble  du  bassin. 

Si  une  famille  donnée  est  plus  commune  ici  qu'ailleurs, 
c'est  qu'elle  y  rencontre  mieux  les  conditions  locales  de 

stations,   d'humidité  ou  de  sécheresse,    etc ,  pour  s'y 

répandre  davantage  au  point  qu'un  plus  grand  nombre 
d'espèces  y  soient  communes. 

Il  ne  faudrait  pas  confondre  cette  donnée  avec  celle  du 
plus  grand  nombre  d'espèces  par  famille,  que  Ton  verra 
tout  à  l'heure,  et  qui  semble  plutôt  amener  la  conclu- 
sion que  la  famille  se  trouve,  à  l'endroit  considéré,  plus 
près  du  centre  de  son  aire  d'extension.  La  première,  celle 
qui  vient  d'être  apportée,  tiendrait  davantage  à  la  climatique, 
la  seconde,  à  la  distribution  des  espèces  hors  des  centres  de 
création. 

C'est  ce  dernier  genre  de  documents  qui  va  être  présenté 
dès  maintenant. 


186  F.   GAGNE PAIN. 

Proportion  des  espèces  de  différentes  familles  par 
rapport  aux  Phanérogames. 

«  En  général,  dans  tout  pays  certaines  familles  sont 
»  dominantes  sous  le  point  de  vue  de  la  proportion  de  leurs 
»  espèces. 

»  Certaines  familles  sont  caractéristiques  dans  ce  sens 
»  qu'elles  sont  propres  à  la  région  que  l'on  considère. 
»  L'absence  totale  ou  presque  totale  d'une  famille  dans  une 
»  région  est  aussi  un  caractère  qui  ne  doit  pas  être  négligé.  » 
(A.  de  Candolle,  Géog.  bot.  rais.,  p.  1170.) 

Il  faut  comprendre  aussi  sans  nul  doute  qu'il  y  a  avantage 
à  connaître  les  familles  qui,  sans  être  dominantes  ni  com- 
plètement absentes,  se  trouvent  représentées  dans  la  région 
considérée  par  un  plus  grand  ou  un  moins  grand  nombre 
d'espèces  qu'ailleurs,  et  que  toute  variation  en  ce  sens  peut 
apporter  d'utiles  documents  à  la  géographie  botanique. 
L'objet  de  la  liste  suivante  est  ainsi  tout  expliqué. 

Famille  à  espèces  nombreuses 

FI.  eut.  Ptslh. 

Composées 95  esp.  sur  982  Phanérog.  =  9,78  •/<>  10  •/<>  12  °/o 

Graminacées 91             —            —            9,16          8  8 

Rosacées 72             —            —             7,33          »  4 

Légumineuses. ...  59             —             —             6.»»          7  6 

Labiacées 49             —             —            5,»»          4  6 

Cypéracées 46             —            —            4,68          5  4 

Scrophulariacées.  43             —            —             4,38  3,7  3,5 

Ombellifères 39             —            —            3,96          5  5 

Caryophyllacées..  38             —             —             3,76          4  4 

Crucifères 36             —            —             3,56  5,5  5 

Renonculacées. ..  28            —            —            3,»»  2,8  3,5 

Orchidacées 20             —            —             2,03  2,5  » 

Polygonacées 17            —            —            1,73          »  » 

Rubiacées 16             —             —             1,6            »  » 

Joncacées 15             —             —             1,5            »  » 

Salsolacées 12             —            —             1,2            »  » 

Liliacées 12             —             —             4,2            »  » 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  187 

Comparons  ces  résultats  à  ceux  obtenus  par  A.  de 
Candolle  d'après  Boreau,  et  d'après  la  florule  de  Pesth 
(loc.  cit.,  p.  1201). 

Par  rapport  aux  deux  régions  considérées  comparative- 
ment à  la  florule  de  Gercy,  les  Graminacées,  les  Scrophula- 
riacées  sont  caractéristique  de  majorité  ou  dominantes  ;  — 
les  Légumineuses,  Labiacées,  Cypéracées  et  Renonculacées 
sont  intermédiaires;  —  enfin  les  Composées^  Ombellifères, 
Caryophyllacées,  Crucifères  se  trouvent  en  minorité. 

Si  on  compare  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  dans 
la  liste  précédente  à  ceux  que  A.  de  Candolle  donne  pour 
Ratisbonne  (p.  1169)  on  remarquera  que  les  Graminacées 
restent  encore  dominantes,  que  les  Légumineuses  le  devien- 
nent et  que  les  Composées  se  trouvent  toujours  en  minorité. 
Et  les  exemples  de  Ratisbonne  et  de  Pesth,  à  surface  à  peu 
près  égale,  à  totaux  des  Phanérogames  peu  supérieurs, 
rendent  les  conclusions  plus  fortes  et  plus  nettes.  Pesth  a 
en  outre  l'avantage  d'être  à  latitude  à  peu  près  égale  à 
celle  de  Cercy. 

«  Les  familles  prédominantes  dans  la  plupart  des  pays 
»  tempérés  de  notre  hémisphère  sont  au  premier  degré  les 
»  Composées,  Graminacées,  Cypéracées,  Légumineuses  ; 
»  ensuite  les  Crucifères,  Ombellifères,  Caryophyllacées;  enfin 
»  d'une  manière  moins  constante  les  Labiacées,  Rosacées, 
»  Scrophulariacées.  »  (A.  de  C,  loc.  cit.,  p.  1245). 

D'après  cet  ordre,  les 

Cypéracées  ....  passant  du  3e  au  5°  rang, 

Crucifères »  56  »  9e     » 

Caryophyllacées  »  7a  »  8e      » 

Ombellifères...  »  6e  »  7e     » 

sont    pour    Cercy    des    caractéristiques    d'infériorité,     en 
comparaison  avec  tout  l'hémisphère. 


188  F.   GAGNE PAIN. 

Au  contraire  les 

Légumineuses . .  passant  du  4e  au  3e  rang, 

Labiacées »  8e    »    4e      » 

Scrophulariacées  »         10e    »    6°      » 

sont  donc  bien  des  dominantes  dans  la  force  du  terme  et 
dans  son  acception  la  plus  absolue. 

A.  de  Candolle  reconnaît,  comme  loi  générale ,  que  plus 
une  flore  est  riche  en  espèces  d'une  manière  absolue,  plus 
il  faut  énumérer  de  familles,  en  commençant  par  les  plus 
nombreuses  en  espèces  pour  comprendre  une  moitié  du 
nombre  total  des  Phanérogames. 

Les  huit  premières  familles  ainsi  classées  suffisent  pour 
comprendre  50  °/o  des  espèces  de  Boreau,  de  la  flore  de 
Festh,  de  la  florule  de  Cercy  ;  mais  nos  Rosacées  grossies 
de  nombreux  Rubus  et  Rosa  ont  par  cela  même  conquis  un 
rang  qu'elles  n'ont  point  toujours  dans  les  autres  travaux, 
et  pour  rendre  la  comparaison  plus  juste  il  conviendrait 
peut-être  de  les  réduire  aux  espèces  linnéennes. 

Dans  ce  cas,  neuf  familles  seraient  nécessaires  pour 
comprendre  la  moitié  du  total  des  Phanérogames,  et  la 
Géographie  botanique  raisonnée  vient  ici  mettre  au  premier 
rang  la  richesse  de  notre  florule  par  une  assertion  aussi 
impartiale  qu'il  soit  possible  de  la  désirer. 

M.  G.  Camus,  dans  son  Catalogue  des  plantes  de  France, 
de  Suisse  et  de  Belgique,  arrête  à  4,802  les  espèces  spontanées, 
adventices  et  cultivées  croissant  dans  ces  trois  contrées  qui 
réunissent  des  altitudes,  des  stations,  des  climats  si  variés. 

Si  aux  1,009  espèces  spontanées  du  domaine  scientifique 
de  Cercy-la-Tour,  on  ajoute  les  116  espèces  adventices,  on 
obtient  un  total  de  1,125  espèces.  Le  rapport  est  de  23  °/° 
environ,  c'est-à-dire  que  Cercy  possède  environ  quatre  fois 
moins  d'espèces  que  les  trois  contrées  du  Catalogue. 

Il  existe  des  départements  français  tellement  favorisés 
que  leur  flore  se  compte  par  2,000  espèces  ;  par  contre, 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  189 

d'autres,  avec  une  surface  huit  ou  dix  fois  supérieure  à 
celle  de  notre  florule,  arrivent  à  peine  à  atteindre  le  chiffre 
de  1,200  espèces. 

Dire  que  la  flore  du  département  de  la  Nièvre  comprend 
1,600  espèces  généralement  admises,  c'est  être  au-dessus 
de  la  vérité,  puisque  la  Flore  de  Boreau,  2e  édition,  non 
encore  grossie  de  nombreuses  variétés  à  prétention  spéci- 
fique, comprend  la  flore  de  la  Nièvre  si  bien  étudiée  par 
l'auteur,  et  ne  compte  pour  le  centre  de  la  France  que 
1,530  phanérogames.  Mais  en  supposant  même  que  cela  soit, 
il  ne  manquerait  à  notre  Topographie  botanique  que  550 
espèces  propres  à  la  région  subalpine  du  haut  Morvan  ou 
aux  calcaires  de  l'infra-lias,  du  lias  et  du  crétacé  qui  sont 
ici  de  si  petite  étendue. 


MODIFICATIONS  DE  LA  FLORE 

Après  avoir  reconnu  sommairement  l'état  de  la  végétation 
contemporaine,  franchissons  par  la  pensée  les  nombreux 
siècles  qui  nous  séparent  de  l'époque  où  l'homme  n'avait 
point  changé  la  parure  de  la  terre  par  la  culture  envahis- 
sante. 

La  partie  septentrionale  de  la  région  devait  être  couverte 
de  forêts  luxuriantes  sur  toute  la  surface  non  occupée 
par  les  étroites  et  humides  vallées  des  livières.  Sans  doute 
le  Chêne  pédoncule  ne  formait  point  comme  aujourd'hui 
l'essence  dominante,  avec  son  frère  à  glands  sessiles  ;  ils 
luttaient  mal  contre  le  Hêtre,  roi  de  la  forêt. 

Dans  les  dépressions  du  sol  les  eaux  s'amassaient, 
coulant  faiblement,  endiguées  et  corrompues  par  les  détritus 
des  branches  tombées  et  des  feuilles  mortes.  C'était  le 
refuge  des  herbes  aquatiques  les  plus  communes  aujour- 
d'hui. 


190  P.   GAGNBPAIN. 

Ce  n'est  que  plus  récemment  que  les  vallons  furent 
endigués  pour  tirer  profit  de  ces  terrains  stériles. 

Les  prairies,  qui  longent  aujourd'hui  nos  grands  cours 
d'eau,  étaient  alors  sablonneuses  et  arides  ou  humides  et 
marécageuses. 

C'est  là  cependant  que  les  hommes  préhistoriques 
avaient  élu  domicile,  car  les  silex  taillés  apportés  de 
carrières  lointaines  ne  se  trouvent  aujourd'hui  que  dans 
les  vallées. 

L'âge  du  fer  a  présidé  à  la  coupe  des  forêts  exploitées 
pour  le  chauffage  ou  le  charbon  destiné  aux  fonderies  ou 
forges.  L'agriculture  primitive,  pourvue  d'outils  rudimen- 
taires,  a  marché  à  la  conquête  des  bois  qu'elle  a  défrichés 
fort  lentement. 

Pour  se  retracer  à  l'imagination  ces  états  antérieurs,  il 
faut  savoir  que  des  troncs  d'arbres  carbonisés  par  le  temps 
ont  été  retirés  des  alluvions  profondes  quand  on  creusa  les 
puits  de  l'avenue  de  la  gare  à  Cercy,  signe  du  voisinage 
des  bois  et  des  prés  marécageux. 

La  tradition  représente  la  vallée  de  l'Aron  comme  une 
mare  immense,  qu'on  retrouve  encore  dans  les  g  anches 
nombreuses  et  les  fausses  rivières,  restes  éloquents  des 
anciens  lits.  Le  nom  Joncs  de  la  Guette  est  doublement 
expressif  pour  indiquer  le  marais  et  le  gué.  En  ce  temps, 
les  rares  voitures  qui  traversaient  la  vallée  avaient  de  l'eau 
jusqu'à  l'essieu,  et  les  piétons  s'aventuraient  en  tremblant 
sur  une  primitive  passerelle  plus  tremblante  encore.  Les 
forêts  empiétaient  beaucoup  sur  ces  mauvais  prés;  on  peut 
retrouver  çà  et  là  dans  les  vallées  même  les  places  à  four- 
neau des  charbonniers,  qui  font  des  taches  indélébiles  et 
sont  des  attestations  écrites  que  les  bois  s'étendaient 
jusque-là. 

Pour  revoir  la  végétation  primitive  des  calcaires,  on  peut 
explorer  la  pente  des  Vreilles  près  Martigny.  La  nature  n'a 
été  que  timidement  inquiétée  par  la  charrue,  de  même  qu'à 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  191 

Devay,  à  l'endroit  où,  sur  la  pente  rapide,  on  domine  les 
vignes  sans  deviner  encore  les  cultures  du  plateau.  Les 
Ronces,  l'Aubépine,  le  Prunellier  y  constituent  à  eux  seuls 
la  végétation  ligneuse  que  complètent  les  herbes  suivantes  : 
Helianthemum  vulgare,  Hippoorepis  comosa,  Coronilla  variay 
Peucedanum  Cervaria,  Campanula  glamerata,  etc.. 

A  Tétang  Millot,  près  Teinte,  le  monticule  qui  domine  la 
carrière  est  absolument  vierge  de  toute  culture.  En  voici 
la  végétation  caractéristique  :  Anthyllis  vulneraria,  Trifo- 
lium  rubenS)  Brunella  alba,  Teucrium  Chamœdrys,  Cirsium 
acaule,  Hippocrepis  comosa,  Polygala  calcareay  Seseli  monta- 
num}  Helleborus  fœtidus,  Globularia  Wilkommi,  Bupleurum 
falcatum,  Linum  tenuifolium,  Dianlhus  Carthusianorum, 
Cerasus  Mahaleb,  etc. 

Dans  la  région  méridionale  et  orientale  la  nature  pri- 
mitive se  retrouve  dans  les  clairières  àCallune,  des  environs 
de  Montambert,  et  surtout  dans  les  tourbières  que  la  cul- 
ture essaie  timidement  de  conquérir. 

L'emplacement  des  étangs  actuels  n'était  autrefois 
qu'une  vaste  tourbière,  car  ces  étangs  sont  artificiels;  la 
preuve  en  existe  dans  les  chaussées  qui  murent,  pour  chacun 
d'eux,  la  partie  la  plus  étroite  du  vallon.  Le  Donjon,  l'étang 
des  Nénuphars,  les  Fontaines  Vaillant,  les  tourbières  de 
l'étang  du  Bord,  près  Montaron,  les  bruyères  des  environs 
de  Montambert  nous  disent  la  végétation  vierge  de  cette 
pauvre  région. 

Quand  les  hommes,  fatigués  de  prodiguer  leurs  sueurs  à 
une  terre  ingrate,  l'abandonnent  pendant  quelques  années, 
la  végétation  messicole  fait  place  aux  plantes  primitives. 
Les  champs,  tout  blancs  de  gravier,  deviennent  roses  des 
cloches  de  la  Digitale,  rouges  de  la  Petite  Oseille,  qui 
mérite  bien  le  surnom  d'herbe  de  sang  qu'on  lui  donne.  Les 
Anarrhines  montrent  leurs  gracieux  épis  bleus,  le  Coryné- 
phore  sa  glauque  verdure  en  laissant  la  place  aux  Gnavelles 
annuelles  et  bisannuelles,  à  l'Arnoseris,  aux  Canches  caryo- 


192  F.    GAGNEPAIN. 

phyllées,  à  la  Corrigiole,  car  dans  la  nature  il  y  a  place 
pour  tous,  grands  et  petits.  L'Ornithopus  s'étale  sur  un  sol 
qu'il  avait  quitté  à  regret  et  montre  ses  fruits  en  forme  de 
griffes  où  avait  fleuri  la  Téesdalie.  Viennent  les  spores 
légères  de  la  Fougère  commune,  les  fines  semences  de  la 
Gallune,  les  gousses  de  Sarothamne  qu'apporte  le  hasard 
souillant  par  là,  c'est  une  végétation  plus  robuste  qui  fait 
son  invasion.  Un  oiseau  probablement  sèmera  dans  ses 
déjections  les  Ronces  qui  se  cramponnent  par  les  deux 
bouts.  Les  détritus  accumulés  permettront  la  végétation 
des  arbres,  et  tel  était  sans  doute  l'état  de  la  région  avant  la 
période  des  grands  bois  où  dominait  aussi  le  Hêtre,  puisque 
la  Canche  flexueuse  qui  l'annonce  souvent  est  dans  nos 
bois  la  graminée  la  plus  répandue. 

Les  noms  de  localités  sont  parfois  tirés  de  ceux  des 
arbres  et  des  plantes  ;  ils  peuvent  donner  une  idée  de  la 
végétation  primitive  dans  son  ensemble  et  compléter  ce  que 
des  observations,  le  raisonnement  par  analogie,  la  tradition, 
ont  déjà  fourni  de  documents  probables.  Guidé  par  l'ouvrage 
de  M.  Hippolyte  Cocheris  *  nous  avons  dressé  pour  Cercy 
et  les  environs  la  liste  reproduite  à  la  fin  du  volume.  Les 
appellations  dont  l'étymologie  est  étudiée  rappellent  pro- 
bablement l'ancien  aspect  du  pays  couvert  d'immenses 
Bruyères.  Sur  les  hauteurs,  des  Genêts,  des  Chaumes,  des 
Fougères;  dans  les  fonds,  des  marécages,  des  Aunes,  des 
Saules;  dans  les  bois  des  Hêtres,  des  Bouleaux  et  peut-être 
des  Tilleuls,  mais  peu  de  Chênes,  car  une  seule  appellation 
rappelle  le  roi  des  forêts  contemporaines,  c'est  le  «  Chêne 
du  Tiers  »  près  Montambert. 

I .  Hippolyte  Cocheris.  Origine  et  formation  de$  nome  de  lieu,  pp.  34  et  suivantes. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  193 


FLORE  SPONTANEE 


Renonculacées. 

Ranunculus  hederaceus  L.  —  Sources,  bords  des  ruis- 
seaux. —  La  Crevée,  près  Charrin  ;  Saint-Hilaire,  route 
de  Thareau  ;  pont  de  la  Cressonne,  sur  la  route  de 
Cronat;  en  Briffaut,  à  Montaron;  Regon,  près  Briet; 
bas  de  Lanty  ;  route  de  Champvert  à  Decize;  étang  de 
la  Boue,  près  Remilly.  AR. ! 

R.  tripartitus  DC.  —  Eaux  stagnantes.  Cercy,  etc.  C. 

R.  Baudoti  God.  —  Canal  du  Nivernais  à  Martigny,  à  Saint- 

Gervais. 

—  —  var.  fluitans  GG.  —  Ganche  de  la  Loire, 
rive  gauche  en  face  Thareau  ;  canal  à  Martigny,  avec  la 

—  —  var.  submersus  GG.  RR. 
R.  conpusus  God. 

—  —  var.  submersus  Freyn.  —  Eaux  courantes. 
Ganche  aux  Cornuelles  à  Cercy  et  barrage  ;  vers  Brinay 
toujours  dans  l'Aron  ;  dans  la  Loire  (Mass)  sous  le  nom 
de  R.  fluitans.  RR. 

fl.  aquatilis  L.  —  Eaux  stagnantes.  CC. 


1.  Le  degré  de  fréquence  est  exprimé  par  rapport  à  la  région  ;  on  trouve  dans  les 
Flores  de  France  le  degré  de  fréquence  absolu.  Nous  avons  désigné  sous  la  rubrique 
de  variétés  (var.)  les  variations  accidentelles,  le  plus  souvent  liées  aux  influences 
de  milieu  et  qui  sont  étroitement  rattachées  au  type  spécifique.  Quant  aux  formes 
végétales,  d'un  ordre  un  peu  plus  élevé,  mais  basées  ordinairement  sur  de  simples 
caractères  quantitatifs,  et  qu'on  trouve  décrites  dans  les  Flores  sous  le  titre  de 
Bouê'espèces,  races,  (ormes,  etc.,  nous  los  avons  subordonnées  aux  principales 
espèces,  à  l'aide  do  tirets  (  —  —  ),  sans  oser  nous  prononcer  sur  leur  valeur.  La 
plupart  d'entre  elles  ne  doivont  être  considérées  que  comme  des  races  régionales 
ou  même  locales. 

TOME   XIII  13 


194  F.   GAGNEPAJN. 

R.  diversifolius  Gilib.  —  Eaux  stagnantes.  CC. 

—  —  R.  peltatus  Schrank.  —  C. 

—  —  R.    floribundus    Bab.    —  Comaille,    près 

Champvert. 

—  —  R.  truncatus  Koch.  —  Coulongette.  C. 

—  —  R.  radiatus  Bor.  —  Vernizy,   près  Cercy. 

—  —  /?.  e  long  a  tus  Hiern.   —  Rémilly,  ruisseau 

de  Lanty. 
R.  trichophyllus  Chaix.  —  Eaux  stagnantes.  CC. 
R.  divaricatus  Schrank.  —  Rivières,  Loire  :  Aron,  Canne, 

canal  du  Nivernais.  PC. 
R.  Flammula  L.   —  Prés    frais,   marécages,   bois  humi- 
des. CC. 

—  —  var.  serratus  DC.  —  Cercy. 

—  —  var.  ovatus  Pers.  —  Cercy. 

—  —  var.  arenarius  DC.  —  Tige  droite,  feuilles 

linéaires.  —  Bois  Clair,  près  Fours. 
R.  auricomus  L.  —  Prés  frais,  bois.  C. 

—  —  R.  pseudopsis  Jord.  R.  et  F.  —  Pont  de 
Martigny,  près  Cercy;  barrage;  prés  d'Aron.  Aussi  C. 
que  le  type. 

R.  acer  L.  —  Prés.  CC. 

—  —  R.  Friesianus  Jord.  —  Cercy. 
R.  nemorosus  DC. 

—  —  R.  Amansii  Jord.  —  Bois.  Croux,  Fileuse, 
près  Cercy  ;  Thaix  ;  Vandencsse  ;  Montaron  ;  la  Ma- 
chine, etc.  AC. 

R.  bulbosus  L.  —  Prés,  champs,  bords  des  chemins.  CC. 
R.  Monspeliacus  L. 

—  —  R.  Lugdunensis  Jord.  —  Decize  au  stand  ; 
promenade  (Joannin-Déponge),  levée  de  la  Loire  à 
Thareau,  près  Saint-Hilaire. 

Observation.  —  Comme  l'espèce  suivante,  apportée  par  la  Loire. 
Il  est  possible  qu'elle  ait  été  trouvée  à  Saint-Privé  (Loiret)  en  1834, 
puisqu'on  la  trouve  aux  environs  de  Cercy  et  môme  à  Nevers  (octo- 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  195 

bre  1896).  —  Fleurit  très  rarement  et  donne  d'épais  gazons  par  ses 
stolons  souterrains  filiformes.  RR. 

R.  flabellatus  Desf.  =  R.  chœrophyllos  Auct.  —  Sables  de 
la  Loire.  Abonde  entre  Decize  et  Devay;  près  du 
domaine  de  l'Ile,  commune  de  Charrin;  Thareau,  près 
Saint-Hilaire.  RR. 

—  —  var.  acinacilobus  Freyn.    —  Carrière    de 

cailloux,  près  Gannay. 

Obs.  —  Si  la  plante  est  enfouie  trop  profondément  sous  les  sables, 
elle  remonte  pour  retrouver  son  niveau  et  présente  alors  deux  amas 
de  racines  grumeuses. 

R.  Philonotis    Ehrh.   =    R.   sardous   Crantz.   —    Champs 

humides,  jardins.  C. 

—  —  var.   parvulus   DC.   —  Moissons  sablon- 

neuses :  Thaix,  Cercy,  etc.  AC. 

—  —  var.  intermedius  Poir.  —  Jardin  à  Cercy. 

Obs.  —  Le  type  peut  acquérir  dans  les  jardins  frais  de  grandes 
dimensions  :  fortes  tiges,  nombreuses,  en  buisson,  hautes  de  50  cen- 
timètres ;  feuilles  très  vertes,  glabres,  comme  le  reste  de  la  plante. 
Velue  dans  les  terrains  secs. 

R.  arvensis  L.  —  Moissons  CC. 

R.  sceleratus  L.  —  Mares,  dans  les  vases  humides.  —  Brain, 
près  Decize  (Mass!);  Reugny,  commune  de  Saint- 
Gratien;  rive  droite  à  1  kilom.  aval  du  barrage  de 
Saint-Léger.  R. 

—  —  var.  minimus  DC.  —  Petit  lac  servant  de 
déversoir  aux  eaux  tièdes  des  puits  de  la  Machine. 

Ficaria  ranunculoides  Mœch.  —  Haies,  prés  frais.  CC. 

—  —  var.  grandiflora  Rob.  =  F.  calth&folia  GG. 

Vignes  au-dessus  de  la  gare  de  Decize. 
Myosurus  minimus  L.  —  Terrains  sablonneux,  arénacés.  — 
Digue  de  Thareau  et  l'Ile,  près  Saint-Hilaire;  ferme  du 
Page,  commune  de  Champvert.  R. 


196  F.   GAGNEPAIN. 

Clematis  Vitalba  L.  —  Bois,  haies.  C. 
06s.  —  La  var.  crenata  (Jord.).  0. 

Thalictrum  flavum  L.  —  Prés,  bords  des  eaux.  Brain,  près 
Decize  (Mass)  !  —  Aval  du  barrage  de  Cercy,  en  face 
Martigny,  Chaumigny  et  Mazille  sur  l'Aron  ;  Champ- 
vert,  port  du  canal.  PR. 

Anémone  nemorosa  L.  —  Bois,  buissons.  C. 

Caltha  palustris  L.  —  Prés  humides,  ruisseaux.  C. 

Helleborus  fœtidus  L.  —  Bois,  haies,  landes  calcaires.  — 
Saint- Léger;  la  Machine;  Bussière  ;  Anlezy  ;  Ville- 
Langy;  Champvert;  Saint-Honoré,  Vieille-Montagne. 

Obs.  —  Cette  espèce  est  éminemment  calcicole;  de  là  sa  rareté  ou 
son  absence  aux  environs  immédiats  de  Cercy.  Si  elle  croit  sur  le 
mamelon  granitique  do  la  Vieille-Montagne,  c'est  qu'elle  y  trouve 
l'élément  calcaire  dans  les  ruines  romaines,  ou,  suivant  M.  le  DrGillot, 
dans  les  minéraux  feldspathiques  décomposés. 

Isopyrum  thalictroides  L.  —   Bois,  bords  du  ruisseau  du 

Ponteau,  entre  la  Machine  et  Decize.  RR. 

Delphinium  Consolida  L.  —  Champs,  moissons  calcaires. 

Decize;  la  Chapelle,  près  Ville-Langy,  Anlezy.  R. 

Aquilegia  vulgaris  L.   —  Bois,  taillis,   haies.   —  Cercy, 

Vandenesse,  Verneuil.  C. 

Nymphéacées. 

Nymphwa  alba  L.  —  Mares,  étangs,  rivières.  —  Canne  ; 
Haleine  ;  Donjon  ;  Nénuphars  ;  Royan  ;  étang  du  Pont, 
près  Saône-et-Loire;  Pré  Charpin,  près  La  Machine; 
Vauvray,  près  Rémilly.  AC. 

—  —  var.  minor  Besl.  —  Donjon. 
Nuphar  luteum  Smith.  —  Mêmes  stations.  C. 

Papavéracées. 

Papaver  Rhmas  L.  —  Moissons.  CCC. 

—  —  P.  se  g  étale  Jord.  —  Croux. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  197 

P.    dubium  L.    —    Moissons,  jachères    sablonneuses.    — 

Saint-Hilaire;  Decize;  Teinte,  près  Sougy,  etc.  AC. 

P.  Argemone   L.    —  Moissons  sablonneuses.   —   Donjon; 

Copine,  près  Champvert  ;  Martigny;  sables  de  Loire. 

—  —  P.  micranthum  Bor.  —  Gannay-sur-Loire 
(Moriot  Revue  se.  Bourb.,  p.  166,  1899),  Briffaut,  com- 
mune de  Cercy.  R.  sur  l'arène. 

P.  hybridum  L.    —  Moissons  sablonneuses.   —   Thareau, 

près  Saint-Hilaire,  etc.  AC. 
Chelidonium  majus  L.  —  Murs  et  décombres.  C. 

Fumar  iacées . 

Fumaria  officinalis  L.  —  Champs,  jardins.  CC. 

—  —  var.  scandens  Cos.  et  Ger.  —  Cercy.  C. 

Crucifères. 

Raphanus  silvestris  Lam.  —  Champs,  jachères.  CC. 

—  —  var.  ochroleucus  Koch.  —  Sables.  C. 
Sinapis  arvensis  L.  —  Moissons,  jachères.  CCC. 

—  —  var.  Schkuhriana  Lge.  Reich.  —  Verneuil, 

route  de  la  Machine. 
5.  Cheiranthus  Koch.  —  Champs  sablonneux,  bords  de  la 

Loire.  C. 
Cheiranthus  Cheiri  L.  —  Murs  :  remparts  de  Decize,  natu- 
ralisé de  longue  date. 
Barbarea  vulgaris  R.  Br.  —  C. 

—  —  B.  rivularis  de  Mart.  —  Prés,  bords  des 

rivières;  Canne,  Aron. 

—  —  B.  arcuata  Rchb.  —  Briet,  Martigny,  Fours. 
B.  patula  Fries.  =  B.  prœcox  R.  Br.  —  Terrains  vagues  et 

frais.  —  Domaine  Aurousseau,  près  Fours;  le  Plessis 
et  Semelay  ;  Bussière,  près  la  Machine.  R. 

Sisymbrium  officinale  Scop.  —  Bords  des  chemins.  CC. 

S.  Alliara  Scop.  —  Bois,  haies,  bords  des  chemins.  CC. 


198  F.   GAGNEPAIN. 

S.  Sophia  L.  —  Décombres,  abords  des  maisons.  —  Decize  ; 
Saint-Hilaire  ;  Copine,  près  Champvert;  Teinte,  près 
Sougy  ;  voie  ferrée  de  Nevers  à  Cercy  (adventice).  AR. 

Nasturtium  officinale  R.  Br.  —  Fontaines,  ruisseaux.  CC. 

—  —  var.  siifoliwn  Rchb.  —  Saint-Gratien  ;  ligne 
de  Chagny  ;  Arbelats  vers  Faye  ;  Chaumigny,  près  Cercy. 

N.  silvestre  R.  Br.  —  Endroits  frais,  sables,  rives.  C. 
Arabis  hirsuta  Scop.  —  Terrains  calcaires,  pelouses.  Rempart 
de  Cercy;  monticules  calcaires  de  Teinte,  près  Sougy. 

—  —  A.  accedens  Jord.   —  Pelouses  des  bords 

du  canal  à  la  Coulongette  (adventice). 
A.  perfoliata  Lamk.  =  Turritis  glabra  L.  —  Pelouses  sablon- 
neuses de  la  Loire  :  Decize;  Teinte.  R. 
A.  Thaliana  L.  —  Champs  sablonneux.  C. 
Cardamine  pratensis  L.  —  Prés  frais.  CCC. 

—  —  C.  dentata  Schult.  —  Vendonne,  près  Cercy. 

—  —  C.  herbivaga  Jord. — Cercy,  bois  de  Vauvray . 

—  —  C.  udicola  Jord.  —  Prés  d'Aron;  de  Vroux, 

près  Thaix.  C. 
C.  Impatiens  L.  —  Bois  taillis,  sables,  décombres.  —  Bailly, 

commune  de  Montigny;  carrières  de  Biches;  Brinay; 

bois  de  Vanzé,  près  Verneuil  (Joannin-Déponge)  ;  sables 

de  Loire,  à  la  Mothe,  près  Decize.  R. 
C.  hirsuta  L.  —  Terrains  frais  et  sablonneux.  —  Decize, 

Devay,  Saint-Hilaire,  Champvert,  Cercy.  PC. 
C.  silvatica  Link.  —  Bois  frais  et  ombreux.  —  Étang  du 

Tronsain,  près  Diennes;  bois  accidentés  autour  de  la 

Machine.  R. 
Alyssum  calycinum  L.  —  Sables  et  arènes.  CC. 

Obs.  —  Espèce  xérophile  qu'on  trouve  ailleurs  dans  les  calcaires. 
Une  curieuse  forme  à  sépales  caducs  !!  tige  droite  bi  ou  trifurquée 
à  la  base.  Gare  de  Decize. 

Erophila  vulgaris  DC.  =  Draba  verna  L.  —  Pelouses  sablon- 
neuses CCC. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  199 

—  —  E.  prxcox  DG.  —  Mur  à  Cercy.  R. 

—  —  E.  majuscula  Jord.  —  Champs  et  prés.  C. 

—  —  E.  spathulata  Lang.  —  AC. 

—  —  E.  leptophylla  Jord.  —  AC. 

Roripa  nasturtioides  Spach.  =  Nasturtium  palustre  DC.  — 
Rives  et  étangs,  Loire,  Canne,  Aron,  étangs  Marnant, 
Donjon.  AC. 

R.  pyrenaica  Spach.  —   Sables.  Bords   de   la   Loire.   Nul 

ailleurs.  R. 

R.  amphibia  Bess.  —  Rives  limoneuses.  CC. 

XR*  terrestre  Celak  =  Nasturtium  terrestre  Tauch.  =  Roripa 
amphibia  X  Nasturtium  silvestre.  —  Bord  de  la  Canne 
entre  Chevillon  et  Cercy,  près  de  R.  amphibia  ;  1894  — 
30  juillet  96  —  22  juillet  99.  —  Bord  de  l'Haleine, 
près  de  son  confluent  inférieur,  parmi  R.  amphibia 
(1899). 

Obs.  —  Tige  droite,  puis  étalée;  feuilles  larges  à  divisions  dentées 
sur  le  bord  inférieur  seulement;  fleurs  grandes;  siliques  toujours 
arides,  rares.  Rapport  des  pollens  sains  aux  stériles,  vus  sur  le  sec 
et  dans  l'eau  :  102/80.  Les  pollens  sains  sont  de  môme  forme  et  de 
mômes  dimensions  que  ceux  de  R.  amphibia.  —  Nasturtium  anceps 
Rchb,  qui  lui  ressemble  beaucoup,  a  des  pollens  bien  constitués,  ce 
qui  rejette  toute  idée  d'hybridité;  ses  tiges  sont  souvent  penchées, 
môme  jeunes;  les  siliques  sont  nettement  comprimées,  larges  de 
1  à  2  mi  11  i  m.  et  non  linéaires,  bien  fertiles  et  bien  venues;  les  feuilles 
sont  presque  toujours  incisées  profondément  sur  toute  la  périphérie 
de  leurs  segments  primaires,  à  dents  aiguës  et  profondes  sur  les 
pieds  bien  adultes. 

Myagrum  perfoliatum  L.  —  Moissons  calcaires.  —  Decize 

(Bor.,  Mass!)  Copine,  près  Champvert.  R. 
Neslia  paniculata  Desv.  —  Moissons  calcaires.  Copine,  près 

Champvert.  R. 
Biscutella  lœvigata  L. 

—  —  B.  controversa  Bor.  —  Sables  de  la  gare 

de  Sougy.  RRR. 


200  F.    GAGNEPAIN. 

Obs.  —  Apportée  par  la  Loire;  elle  existe  aussi  à  Digoin  et  à 
Bourbon-Lancy,  dans  la  vallée  du  fleuve. 

Iberis  amara  L.  — Moissons  calcaires.  —  Carrière  de  Vande- 

nesse.  R.  Se  retrouvera  vers  Thianges,  Ville-Langy. 

Teesdalia  nudicaulis  R.  Br.  —  Champs  sablonneux  ou  aré- 

nacés.  Toute  la  région  entre  Aron  et  Loire.  AC. 

Thlaspi  arvense  L.  —  Champs,  vignes.   —   Copine,   près 

Champvert;  Verneuil;  vignes  de  Lanty,  etc.  PR. 

T.  perfoliatum  L.  —  Calcaire.  —  Vignes  de  Saint-Léger, 

Charrin,  Devay;  Teinte.  PC. 
Capsella  Bursa-pastoris  Mœnch.  —  Champs,  jardins,  che- 
mins. CCC. 

—  —  var.  virgata  (Jord.)  Rouy  et  Fouc.  —  Sables 

d'Aron. 

—  —  var.  prxcox  (Jord.)  R.  et  F.  —  Champvert. 
Lepidium  campestre  R.  Br.  CCC. 

—  —  var.  foliosum  Rouy  et  F.  —  Cercy. 

—  —  var.  campicolum  (Jord.)  R.  et  F.  —  Prés 

d'Aron. 

—  —  var.  eonfusum  Rouy  et  F.  —  Gannay,  bord 

du  canal. 

L.  ruderale  L.  —  Décombres,  murs,  rues.  Fours  à  chaux  de 

Cercy  (1894-1899).  —  Port  de  la  Charbonnière  et  pont 

à  Decize;  Copine,  près  Champvert;  moulin  du  Loup 

à  Saint-Hilaire.  R. 

Obs.  —  Souvent  adventice  indigène. 

L.  graminifolium  L.  —  Sables  et  murs.  —  Bords  de  la 
Loire  :  Decize;  Sougy  ;  Verneuil,  dans  un  mur,  apporté 
avec  le  sable. 

Senebiera  Coronopus  Poir.  —  Endroits  battus,  Cercy,  etc.  AC. 

Cistacées. 

Helianthemum  vulgare  Gsertn.  —  Landes,  pelouses.  CC. 

—  —  H.  nummularium  Mill.  —   Extrémité   du 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  201 

village  de  Devay  avant  de  descendre  vers  Charrin,  sur 

des  collines  (Bor.). 
Helianthemum  vulgare  =  H.  serpyllifolium  Mill.  Sables  de 

Loire,  Gannay,  etc. 
H.  gititatum  Mill.  =  //.  Milleri  R.  et  F.  —  Sables  de  Loire. 

—  Gannay,  carrière  de  cailloux.  Decize,  au  champ  de 

tir,  vers  la  plantation  de  conifères.  HR. 

Obs.  —  Selon  l'herbier  Boreau,  le  comte  Jaubert  aurait  cueilli  cette 
plante  à  Brain,  près  Decize. 

Violacées. 

Viola  silvatica  Fries. 

—  —  V.  Reichenbachiana  Jord.  ap.  Boreau.  —  Bois 

et  prés.  —  Cercy,  Devay,  Verneuil.  C. 

—  —  V.  Riviniana  Rchb.  —  Vanzé  et  Riégeot, 

près  Champvert.  C. 

—  —  —  var.  barbata  Gagn.  —  Pétales  supé- 
rieurs souvent  barbus  comme  les  latéraux.  Variation 
parallèle  à  la  var.  barbata  Car.  et  Saint-Lag.  de  V.  Rei- 
chenbachiana. Faye  près  Verneuil,  dans  un  jeune  taillis. 

V.  canina  L.  —  Prés  et  buissons.  —  Riégeot  et  Paillanges, 

près  Champvert;  Brunettes,  près  Cercy.  R. 

—  —  V.  ericetorum  Rchb.   —  Nénuphars,   près 

Cercy. 
V.  odorata  L.  —  Prés,  haies.  CCC. 
V.  alba  Bess.  —  Le  coteau  d'Isenay  à  Champvert.  0. 

—  —  V.  scotophylla  Jord.  Plus  abondante. 
V.  hirta  L.  —  Principalement  sur  le  calcaire.  AC. 

—  —  V.  Foudrasi  Jord.  —  Brain,  près  Decize. 
X  V.  permixta  Jord.  —  Pente  des  Vreilles,  près  Cercy.  R. 

06s.  —  Regardée  généralement  comme  hybride  de  V.  odorata 
X  hirta.  Nombreuses  rosettes  naissant  de  stolons  souterrains  et 
gazonnants.  Feuilles  inférieures  réniformes  comme  dans  V.  odorata, 
les  supérieures  plus  lancéolées  comme  dans  V.  hirta. 


202  P.   GAGNEPAIN. 

V. palustrish.  — Marais  tourbeux.  —  Donjon;  Fontaines- 
Vaillant;  Montambert,  aux  Gouttes  Bauduron,  etc.  R. 
V.  tricolor  L.  —  Champs.  CC. 

Parmi  les  nombreuses  variations  ou  formes  de  cette  espèce  décrites 
par  les  auteurs,  nous  avons  cru  reconnaître  les  suivantes  : 

—  —  V.  arvensis  Murr. 

—  —  V.  agrestis  Jord.  —  Gare  de  Panneçot,  près 

Moulins-Engilbert. 

—  —  V.  variata  Jord. 

—  —  V.  Provostii  Jord.  —  Teinte,  près  Sougy. 

—  —  V.  segetalis  Jord.  —  CC. 

—  —  F.  gracilescens  Jord.  —  Teinte  ;  Arbelats, 

près  Charrin  ;  voie  ferrée  de  Nevers  ;  les 
Roses,  près  Cercy. 

—  —  V.  Deseglisei  Jord.  —  Sables  de  Teinte. 

—  —  V.  menti  ta  Jord.  —  Decize. 

—  —  V.  subtilis  Jord.  —  Ligne  de  Chagny,  près 

Cercy. 

—  —  V.   Paillouœi  Jord.  —   Vieille    Montagne 

(G.  Rouy).  —  Teinte  près  Sougy. 

—  —  V.  Kitaibeliana  Rœm.  et  Schult.  —  Moisson 
au-dessus  des  Gouttes  Bauduron,  à  Montambert;  Thaix. 

Résédacées. 

Reseda  lutea  L.  —  Champs  calcaires.  Verneuil,  Thianges, 

Anlezy.  AR. 

R.  luteola  L.  —  Murs,  jachères  sablonneuses,  décombres.  CC. 

Asterocarpus  Clusii  Gay.  —  Avril-sur-Loire,  Druy,  Sougy, 
Montambert,  entre  Decize  et  Lamenay  (Bor).  Dans  toute 
la  région  arénacée  et  dans  les  sables  de  Loire.  AC. 

Polygalacées. 

Polygala  vulgaris  L.  —  Gazons,  landes.  C. 

—  —  P.  Deseglisei  Le  Gr.  —  Entre  le  Châtelier 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  203 

et  le  mur  de  soutènement,  près  du  canal,  commune  de 

Verneuil.  RR. 
P.  calcarea  Schult.  —  Pelouses  calcaires.  —  Teinte  ;  Riégeot 

et  Paillange,  près  Champvert;  carrières  de  Biches.  R. 
P.  depressa  Wend.  =  P.  serpyllacea  Weihe.  —  Bois  taillis. 

Donjon;  Cercy;  Diennes;  bois  du  Prieur  à  Montaron  ; 

Vieille-Montagne.  PC. 

Droséracées. 

Droserarotundifolia  L. —  Tourbières. — Nénuphars;  Donjon; 
Ousiaux,  commune  de  Verneuil  ;  Montambert  ;  Monta- 
ron; Thaix;  Fontaines  Vaillant,  près  Saint-Hilaire.  AC. 

D.  intermedia  Hayne.  —  Tourbières.  —  Donjon;  Nénu- 
phars; Montambert  ;  Fontaines  Vaillant  ;  entre  Rémilly 
et  la  Nocle.  AR. 

Parnassia  palustris  L.  —  Tourbières.  —  Nénuphars;  Mon- 
tambert; Donjon;  entre  Fours  et  Coddes;  bas  de 
Lanty,  etc.  PR. 

Caryophyllacées . 

Cucubalus  baccifer  L.   —  Haies.  —  Cercy,  Saint-Hilaire, 

Montigny-sur-Canne,  etc.  AC. 
Silène  inflala.   8m.  =  S.  vesicaria    Schrad.    —    Champs, 

jachères.  C. 

—  —  var.  pubescens  DC.  —  Roche,  etc. 

—  —  5.  oleracea  Bor.  —  Cercy,  etc. 

5.  conica  L.  —  Sables  de  Loire  à  Rosières,  près  Decize. 
R,  Mais  abondant  par  places.  Apporté  sur  les  voies 
ferrées  avec  le  ballast  :  ligne  de  Chagny. 

S.  Armeria  L.  —  Route  de  Decize,  au-dessus  de  Mingat,  près 
Druy  (Bor.),  bord  de  la  Loire  à  Brain,  1860  (Mass!), 
parc  Morlon,  près  Cercy  (spontané?).  RR. 

S.  Otites  Sm.  —  Sables  de  Loire.  —  Sougy,  Decize,  route 
de  Fours,  en  face  Champvert  (Bor.)  ;  lieux  sablonneux 


204  F.  GAGNE PAIN. 

à  Brain,  1861  (Mass!).  Stand  de  Decize  vers  la  planta- 
tion de  pins  ;  carrière  de  Teinte,  près  Sougy.  R. 

06s.  —  Ce  n'est  qu'en  1897  que  nous  avons  pu  contrôler  la  station 
de  Boreau  «  en  face  Champvert  ».  —  Route  de  Fours,  à  Corcelles! 

Lychnis  floS'Ciiculi  L.  —  Prés  frais.  C. 

Melandrium   pratense    Rœhl .  =  Lychnis    dioica   DC .    — 

Haies.  CC. 

M.  silvestre  Rœhl  =  L.  silvestris  Hoppe.  —  Bois,  haies  des 
vallées.  —  Haleine,  Aron  au-dessous  du  confluent; 
Thaix;  Fours  (Bor!)  —  Lanty  ;  Saint-Honoré,  la  Nocle, 
Faye,  commune  de  Verneuil;  bois  des  Glenons  et  Fonds 
Judas.  PC. 

X  Melandrium  pratense  *o  x  silvestre  d*  =  M.  intermedium 
Schur.  =  Lychnis  vespertina  X  diuma.  —  Haies.  — 
Route  de  Vandenesse,  au-dessus  de  la  gare;  Thaix 
entre  Técole  et  l'église,  à  droite;  village  des  Arreaux; 
bord  du  canal  entre  Cercy  et  la  Coulongette  ;  jardin  du 
château  de  Couëron,  près  Thaix. 

Cet  hybride  diffère  du  père  par  ses  feuilles  onduleuses  au  bord, 
plus  turgides,  plus  ternesT  plus  veluest  par  ses  pétales  moins  rouges 
et  plus  veinés,  sou  inflorescence  plus  ample,  par  sa  capsule  plus 
lignifiée,  à  dents  non  enroulées  pendant  ou  après  la  déhiscence, 
enfin  par  ses  graines  de  couleur  plus  claire.  —  Il  diffère  de  la  mère 
par  ses  pétales  rosés  et  non  d'un  blanc  pur,  par  Y  an  thèse  diurne,  les 
dents  de  la  capsule  plus  dèjetèes  extérieurement  ;  enfin  par  ses 
graines  d'un  gris  violatre  au  lieu  de  jaune  fauve.  En  somme  il  est 
intermédiaire  entre  les  parents,  tout  en  se  rapprochant  davantage 
de  la  mère.  C'est,  à  première  vuet  un  Lychnis  vespertina  à  fleurs 
rosées. 

X  Melandrium  silvestre  «°  X  pratense  o*  =  M.  dubium 
Schur.  =  Lychnis  diuma  «o  x  vespertina  o*.  — Avec 
le  précédent  hybride  entre  la  route  de  Fours  et  celle 
de  Moulins,  le  long  du  ruisseau  de  Champlevois,  près 
des  Arreaux  à  Cercy. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  205 

Cet  hybride  diffère  du  père  par  son  port  plus  petit,  ses  feuilles 
moins  étroites,  moins  onduleuses,  moins  turgides,  moins  ternes, 
moins  velues,  ses  pétioles  plus  ailés,  ses  pétales  presque  rouges,  son 
inflorescence  plus  contractée,  sa  capsule  plus  arrondie,  peu  ou  pas 
étranglée  au  sommet,  ses  dents  dèjetèes  à  la  dèhiscence,  à  ouverture 
plus  large,  ses  graines  plus  foncées,  sa  floraison  plus  précoce  et  son 
anthèse  diurne.  —  Il  diffère  de  la  mère  par  son  port  plus  élevé,  ses 
feuilles  plus  lancéolées,  ses  pétales  moins  purpurins  surtout  en 
dessous;  sa  capsule  plus  grosse,  plus  lignifiée,  ce  qui  rend  les  dents 
moins  enroulées  à  la  dèhiscence;  ses  graines  fauves,  devenant  vio- 
lâtres  à  l'humidité;  sa  floraison  plus  tardive.  Intermédiaire  entre 
les  parents,  tout  en  se  rapprochant  de  la  mère.  C'est  un  L.  diurna 
de  grande  taille  à  inflorescence  large  à  fleurs  pâlies. 

Pour  déterminer  sûrement  les  hybrides  sur  le  terrain,  il  importe 
de  rechercher  toujours  les  parents  et  d'établir  la  distance  de  la 
mère.  En  règle  générale,  l'hybride  est  plus  rapproché  topographi- 
quement,  comme  morphologiquement,  de  la  mère  que  du  père. 

Obs.  —  Pour  ce  qui  concerne  ces  deux  hybrides  rares  et  souvent 
méconnus,  voyez  nos  deux  notes  dans  le  Bul.  Soc.  bot.  France, 
t.  XLIII,  p.  129  et  t.  XLIV,  p.  441,  où  il  est  question  de  ces  hybrides 
artificiels  et  naturels. 

Agrostemma  Githago  L.  —  Moissons.  CO. 

Saponaria  officinalis  L.  —  Prés,  sables.  Aron  et  Loire.  AC. 

Gypsophila  muralis  L .  —  Sables  ;  chemins  et  sentiers 
arénacés.  —  Loire;  Montambert,  Thaix,  Champvert, 
Cercy,  etc.,  etc.  AC. 

Dianthus  prolifer    L.   —   Sables   et  arènes.  Bords  de  la 

Loire.  C. 

D.  Armeria  L.  —  Haies.  —  Decize,  Cercy,  Verneuil,  la 
Machine,  Montigny,  Fertrèves,  la  Nocle,  Ville-Langy, 
etc.  PR. 

D.  Carthusianorum  L.  —  Pelouses  arides  et  calcaires.  Car- 
rière de  l'étang  Millot  à  Teinte,  dans  la  tranchée  de 
la  voie  ferrée.  RR. 

Sagina  ciliata  Fries.  —  Verneuil,  vieux  château  ;  Cercy, 
bourg.  Parfois  des  pétales,  et  des  stolons  enracinés. 

S.  apetala  L.  —  Sols  arénacés,  gazons.  C. 


206  F.    GAGNE  PAIN. 

S.  apetala  L.  =  S.  filicaulis  Jord.  —  Moissons  et  sentiers 

des  bois.  —  Cercy,  Thaix,  etc. 

—  —  var.  imberbis  Penz.  —  Coddes,  près  Cercy. 
5.  procumbens  L.  —  Sols  arénacés  de  la  région  méridio- 
nale. C. 

—  —  var.  corollina  Fenzl.  —  Thareau;  Thaix; 

Semelay.  Plus  R.  que 

—  —  var.  apetala  Fenzl. 

Alsine  tenuifolia  Crantz.  —  Sables.  Bords  de  la  Loire.  PC. 

—  —  var.  viscida  GG.  =  A.  viscidula  Thuil.  — 
Pelouses  rases  des  bords  de  la  Loire.  —  Dans  l'Ile, 
près  Charrin.  R. 

Mœrhingia   Irinervia  Clairv.    —   Fossés;    bois    ombreux; 

haies.  C. 

Arenaria  serpyllifolia  L.  —  Murs,  jardins,  bords  des  che- 
mins. C. 

—  —  var.  scabra  Fenzl.  —  Cercy.  C. 
Stellaria  média  Wild.  —  Champs,  jardins.  CC. 

—  —  S.  Bormana  Jord.  —  Sables  de  Corcelles  et 
Brain,  près  Decize;  Teinte,  près   Sougy,  etc...  AR. 

Obs.  —  Remarquable  par  ses  touffes  rases,  jaunâtres,  et  ses  feuilles 
comme  ses  proportions  très  réduites. 

—  —  var.  g  label  la  Rouy  et  Fouc. 

—  Gare  de  Cercy.  RR. 

—  —  var.  brachypetala  (Opiz.)  R.  et  F.  —  Terrains 

maigres,  murs.  —  Cercy. 
S.  uliginosa  Murr.  —  Sources,  ruisseaux  d'eau  vive.  —  Cercy  ; 
Donjon;  Nénuphars;  Royan;  Fontaines  Vaillant,  près 
Saint-Hilaire  ;  Pont  de  la  Cressonne,  etc.  PR. 
S.  Holostea  L.  —  Bois,  haies.  CC. 
S.  graminea  L.  —  Prés  frais,  haies.  CC. 
Holostevm    umbellatum  L.   —  Sables    et    arènes,    Chau- 
mières. CC. 

—  —  var.  roseum.  —  Teinte,  près  Sougy. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  207 

06s.  —  Ailleurs  dans  les  sols  calcaires  ;  sur  les  chaumières  ;  indif- 
rente  au  sol  ;  xérophile. 

Cerastium  erectum  Cos.  et  Germ.  =  Mœnchia  qua  terne  lia 
Ehrh.  — Gazons  ras  des  sables  ou  arènes. —  Ile,  près 
Charrin;  Reugny  et  Chevillon,  près  Cercy;  Page, 
commune  de  Champvert  ;  Champlevois  ;  route  de  Cercy 
à  Fours  ;  etc.  PC. 

Obs.  —  Plante  naine  difficile  à  voir  si  on  ne  la  cherche  pas  avec 
quelque  attention.  Sa  rareté  n'est  donc  que  relaiive. 

C.  arvense  L.  —  Champs,  prés  sablonneux.  —  Thaix,  Maison 
Rouge;  sables  de  Loire,  à  l'Ile  ;  Brain.  R.  Seulement  la 

—  —  var.  angustifolium  Fenzl. 
C.  triviale  Link.  —  Champs,  prés.  CC. 

—  —  var.  hirsutum  Fries.  —  Domine  dans  la 

région. 
C.  glomeratwn  Thuill.  —  Champs  surtout  sablonneux.  CC. 

—  —  var.  corollinum  Fenzl.  —  Seule  observée. 
C.  brachypetalum  Desp.  Pers.  —  Gazons,  talus  des  chemins, 

champs. 

—  —  var.  eglandulosum  Fenzl.  —  Canal  Cou- 
longette  près  Cercy;  Verneuil  ;  Thaix;  Teinte,  près 
Sougy;  champs  de  Druy  (CC).  AR. 

C.  pumilum  Curt.  Sables. 

—  —  C.  glutinosum  Fries,  GG.  —  Vallée  de  la 

Loire,  Decize,  Saint-Hilaire;  Cercy.  AC. 

—  —  C.  pallens  F.  Schultz.  —  Teinte;  Thareau. 

—  —  C.  tetrandrum  Curt.  —  Brain  et  Corcelles, 

près  Decize  ;  Teinte,  près  Sougy. 
C.  semidecandrum  L.  —  Gazons  ras  des  sables;  bords  des 
chemins  ;  jachères.  —  Bords  de    la  Loire   :   Decize, 
Charrin,  Saint-Hilaire,  etc.  PR. 

—  —  var.  abortivum  Cos.  et  Germ.  —  Moulin  du 

Vanzé,  Verneuil;  Saint-Hilaire;  Decize. 
Malackium  aquaticum  Fries.  —  Marais.  AC. 


208  F.   GAGNEPAIN. 

Spergula  arvensis  L. 

—        —  var.  vulgaris  Koch.  —  Sables  de  Loire, 

arènes,  ballast  des  lignes.  AC. 
5.  pentandra  L.  —  Sables  de  Loire.  —   Charrin,  Devay, 

Saint-Hilaire,  etc.  Entre  Loire  et  Haleine.  PC. 
S.  Morisonii  Bor.  —  Teinte,  près  Sougy;  Charrin,  sur  une 

chaumière.  R. 
Spergularia  rubra  Pers.  —  Vallées  des  cours  d'eau,  champs 

arénacés.  AC. 

Élatinacées. 

E latine  hexandra  DC.  —  Vases  des  étangs  sablonneux,  sous 
l'eau  ou  au  bord.  —  Étang  Marnant,  à  la  Nocle,  étang 
Donjon  asséché;  la  Boire,  prise  d'eau  à  Decize.  R. 

E.  Alsinastrum  L.  —  Eaux  profondes  et  tranquilles.  Entre 
Lanty  et  Avrée,  et  Pêcherie  de  Nogent,  commune  de 
Lamenay  (Bor.).  —  Tuilerie  de  Montambert.  RR. 


Linum  gallicum  L.  —  Champs  et  chaumes  gazonnées.  — 
Néreuil,  près  Cercy;  Chaumigny,  près  Saint-Gratien  ; 
chemin  de  Bansard,  près  Verneuil.  R. 

L.  tenuifolium  L.  —  Chaumes  et  landes  calcaires.  —  Étang 

Millot,  près  Sougy.  R. 

t.  catharticum  L.  —  Champs,  jachères,  landes.  C. 

Radiola  linoides  Gmel.  —  Gazons  ras  des  bois.  —  Fontaines 
Noires,  à  Cercy  et  Briet;  Couëron,  près  Thaix;  Mon- 
taron,  etc.  C.  mais  difficile  à  apercevoir. 

Tiliacées. 

Tilia  silvestris  Dess.  —  Bois.  —  Croux  et  Coulonges,  près 
Cercy  (individus  isolés);  Donjon,  bois;  Bussières,  près 
la  Machine.  AR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  209 

Malvacées. 

Malva  Alcea  L.  —  Sables  dans  notre  région;  ailleurs,  dans 

le  calcaire.  Thareau  ;  Decize,  au  stand.  AR. 
M.  moschata  L.  —  Prés.  C. 

—         —  var.  heterophylla  Lej.  et  Court.  —  Canne, 

Aron,  Loire.  Domine  dans  la  région  et  dans  le  dépar- 
tement. 
Malva  silvestris  L.  —  Chemins,  cours  des  villages.  CC. 
M.  rotundifolia  L.  —  Même  habitat.  CC. 
Allhœa  officinalis  L.  —  Prés,  vallées  et  rives,  chemins.  — 

Canne,  Aron,  Loire;  Verneuil,  etc. 

Obs.  —  Probablement  cultivée  autrefois  dans  les  villages  et  sub- 
spontanée. 

A.  hirsuta  L.  —  Champs,  jachères  calcaires.  —  Maumigny, 
près  Verneuil;  Champvert;  Bussière,  près  la  Machine  ; 
la  Chapelle,  près  Ville-Langy  ;  Anlezy  ;  Vandenesse  ; 
Montaron,  etc. 

Obs.  —  On  trouve  sur  le  môme  individu  des  calices  à  5  et  à  6  divi- 
sions par  bipartition  de  l'une  d'elles.  Poils  pluricellulaires  et  étoiles, 
à  5  branches. 

Géraniacées. 

Géranium  columbinum  L.  —  Cercy,  Verneuil.  AC. 
G.  pyrenaicum   L.    —    Parc  de  Rosières,  Corcelles,   près 
Decize  ;  Voïlly,  près  Cercy  ;  château  de  Faye  ;  pont  de 
Gannay.  R. 
G.  rotundifolium  L.  —  Haies  et  chemins.  — Teinte  ;  Decize; 

gare  de  Cercy.  AR. 
G.  dissectum  L.  —  Haies  et  chemins.  CC. 
G.  molle  L.  —  Haies  et  chemins.  CC. 
G.  pusillum  L.  —  Champs,  chemins,  çà  et  là.  AC. 
Erodium  cicatarium  L'Hér.  —  Champs  et  prés  sablonneux, 

talus  des  routes. 
TOME  xiii  14 


210  F.    GAGNE  PAIN. 

—  —  E.  pimpinellifolium  DC.  —  CCC. 

—  *—  E.  bipinnatum  Wild. 

—  —  —  var.  pilosum  R.  et  F.  —  Peuillats,  près 

Dccize. 
Hypéricacées. 

Hypericum  perforatum  L.  —  Champs  et  jachères.  CC. 

H.  tetraplerum  Fries.  —  Bords  des  ruisseaux,  des  étangs. 
—  Cercy,  Saint-Hilaire,  Charrin,  Montambert,  etc.,  AC. 

H.  humifusum  L.  —  Champs,  bois  arénacés.  —  Toute  la 

région  entre  Loire  et  Aron;  Montigny,  etc.  C. 

H.  pulchrum  L.  —  Bois  de  la  région  arénacée.  —  Charrin, 

Devay,  Fours,  la  Nocle,  etc.  AC. 

//.  hirsutum  L.  —  Champs,  haies  des  terrains  argileux  ou 
humides.  —  Cercy,  Verneuil,  Fertrèves,  etc.,  etc.  AC. 

H.  Andros&mum  L.  =  Androsœmum  officinale  Ail.  —  Bois. — 
Forêt  des  Glenons,  près  la  Machine  (Bor.),  Vieille- 
Montagne,  près  Saint-Honoré  (G.  Rouy),  bois  du  Vanzé, 
près  Verneuil  (Joannin-Déponge  !),  —  forêt  de  Vin- 
cences.  Nous  a  été  indiqué  aussi  à  Diennes.  R. 

E  Iodes  palustris  Spach.  —  Marais  tourbeux.  Tuilerie,  près 

Montambert;  Fontaines  Vaillant.  RR. 

Balsaminacées. 

Impatiens  Noli  tangere  L.  —  Vallons  et  ravins  des  sols  gra- 
nitiques. —  Saint-Honoré  (Bor.). 


Oxalis  Acetosella  L.  —  Bois.  C. 

0.  stricta  L.  —  Champs  et  jardins.  —  Decize,  sables;  vallon 

du  Fond  Judas  vers  la  Machine  ;  Saint-Gratien  ;  Cercy  ; 

Saint-Hilaire.  PC. 

Célastracées. 

Evonymus  europanis  L.  —  Bois  et  haies.  C. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  211 

Aquifoliacées. 

llex  Aquifolium  L.  —  Haies  et  bois.  C. 
—        —  var.  heterophylla  Rchb.  —    En  Châtillon, 

près  Saint-Honoré.  —  Feuilles  supérieures  à  un  seul 
spicule  terminal. 

Rhamnacées. 

Rhamnus  Frangula  L.  —  Bois  frais.  CC. 
R.  cathar tiens  L.  —  Haies.  —   Cercy,   Fours,  la  Nocle, 
Lanty,  Verneuil,  Fertrèves,  etc.  PC. 

Papilionacées. 

Ulex  europœus  L.  Sm.  —  Haies,  lisière  des  bois.  —  Le  Ver- 
net,  près  Charrin;  route  de  Saint-Hilaire  en  face 
du  moulin  du  Loup  ;  Brain,  près  Decize  ;  Saint-Michel, 
près  Rémilly;  Saint-Gratien.  R.  Probablement  planté 
et  subspontané. 

U.  nanus  L.  —  Landes  et  bois.  —  Reugny,  près  Saint-Gra- 
tien; surtout  au  sud-est  de  l'Aron,  AC.  :  Thaix,  Saint- 
Hilaire, Charrin,  Fours,  Montaron,  Rémilly,  Lanty,  etc. 

Sarothamnus  scoparius    Koch.   —  Bois  et  jachères  aréna- 

cées.  CCC. 

Obs.  —  A  signaler  une  fasciation  complète  de  S.  scoparius  qui 
paraît  rare  dans  cet  arbuste  et  observée  à  Brain  par  M.  Mass. 

S.  purgans  GG.  —  Sables  de  Loire.  —  Teinte,  près  Sougy  ; 
stand  de  Decize  ;  entre  Decize  et  Charrin.  Nul  ailleurs 
que  dans  la  vallée  du  fleuve.  Vient  de  l'Ardèche  par  la 
Loire  qui  le  sème  sur  tout  son  parcours  dans  la  Nièvre 
et  même  jusqu'à  Saumur,  suivant  Boreau. 

Genista  sagittalis  L.  —  Talus  des  fossés,  lisière  des  bois.  — 

Devay,  Charrin,  la  Machine,  Cercy,  etc.  PC. 

G.  pilosa  L.  —  Bois,  bruyères.  —  Entre  Saint-Michel  et 
Saint-Honoré  ;  Vieille-Montagne  et  mont  Genièvre.  R. 


212  F.    GAGNEPAIN. 

G.  tinctoria  L.  —  Prés  de  Canne,  d'Aron,  etc.  AC.  Seule- 
ment la  var.  vulgaris  Spach. 
G.  anglica  DC.  —   Bruyères,  bois,  prés.  —  Cercy,  Saint- 

Hilaire,  Montambert,  Fours,  etc.  AC. 
Ononis  vulgaris  Rouy. 

—  —  0.  procurrens  Wallr.  —  Talus  des  chemins, 

champs  maigres.  C. 

—  —  0.  campestris  Koch.  —  Champs.  C. 
Anthyllis  vulneraria  L.  —  Landes  calcaires;  bois.  —  Les 

Glenons,  route  de  la  Machine  à  Decize;  Champvert; 
Teinte.  PC. 
Medicago  Lupulina  L.  —  Champs.  CCC. 

—  —  var.  eriocarpa  Rouy.  —  Çàet  là.  C.  —  Cercy, 

Saint-Gratien,  etc. 
M.  falcata  L.  —  Champs  secs.  —   Decize,    Saint-Léger, 
Champvert,  Thianges,  Ville-Langy.  AC.  R.  ailleurs. 

—  —  var.  diffusa  Schur.  —  Bord  du  canal,  aux 

Feuillats,  près  Decize. 

—  —  M.  cyclocarpa  Hy.  —  Four  à  chaux  de  Cor- 

celles,  près  Decize.  R. 
X  M.  sativa  x  falcata  =  M.  varia  Martyn.  —  Carrière  de 

l'étang  Millot,  près  Sougy.  RRR. 

Tiges  droites  robustes,  feuilles  larges  et  denticulées,  fleurs  vio- 
lacées variables  et  stériles  pour  la  plupart.  Se  rapporte  bien  à 
X  M.  spuria  Hy  =  M.  cyclocarpaX,  sativa l  sauf  pour  les  tiges  qui 
sont  droites  et  non  «  caule  robusto  decumbente  ».  La  prédominance 
des  caractères  de  M.  sativa  indique  que  sativa  serait  la  mère;  selon 
l'opinion  de  M.  Rouy  (t.  V,  p.  15),  ce  serait  une  var.  pseudo  sativa  = 
M.  sativa  >  falcata.  Nous  adoptons  d'autant  plus  volontiers  cette 
détermination  que  la  plante  de  Sougy  n'est  pas  identique  à  3/.  falcata  X 
sativa  que  nous  avons  étudié  en  détail,  qui  s'en  distingue  par  les 
tiges  rampantes  et  dures  et  les  feuilles  plus  étroites,  et  qui  croissait 
à  côté  de  M.  falcata  à  50  m.  de  M.  sativa,  près  la  Charité-sur-Loire. 
Ajoutons  que  les  pollens  de  cette  dernière  plante  affirment  l'hybri- 

1.  F.  Hy.  —  Observât,  sur  Medic&go  média,  Persoon  in  Journ.  bot.  de  Morot, 
numéro  1"  déc.  1885. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  213 

dite  la  plus  incontestable  :  sur  134  pollens,  16  sains,  18  malformés, 
100  avortés.  A  défaut  d'observations  micrographiques  concluantes 
sur  Thybridité  de  la  plante  de  Sougy,  il  n'en  existe  pas  moins,  même 
à  ce  point  de  vue  et  par  analogie,  de  fortes  probabilités  voisines  de 
la  certitude. 

M.  denticulata  GG.  —  Champs,  terrains  vagues.  —  La  Ma- 
chine ;    Isenay  ;    Verneuil;   Coulongette,   près  Cercy; 
Thaix  ;  Perrat,  près  Ville-Langy.  AR. 
M.  apiculata  Willd.  —  Même  habitat.  —  Chevillon,  près 

Cercy  ;  Montceneau,  près  Fertrèves.  AR. 
M.  maculata  Willd.  —  Prés  frais,  fertiles.  CC. 
M.  minima  Lamk.  —   Sables.  —  Vallée  de  la  Loire.  C; 

Sougy.  Nul  ailleurs. 

Obs.  —  Une  forme  remarquable  à  tiges  dressées,  à  Gannay,  sables 
de  Loire. 

M.  rigidula  Desr.  =  M.  Gerardi  Willd. 

—  —  M.  cinerascens  Jord.  Bor.  —  Sables.  — 
Sougy  (Bor.),  mêmes  stations  que  l'espèce  précédente. 
Nul  hors  des  sables  de  Loire. 

Melilotus  of/icinalis  Lamk.  —  Champs  et  moissons.  C. 

M.  macrorhiza  Koch.  —  Rives  des  rivières  :  Aron,  Loire,  etc. 

PR. 

Trifolium  incamatumL.  —  Champs.  Adventice. 

—  —  T.  Molinieri  Balb.  —  Prés.  —  Vroux,  com. 

de  Thaix  ;  Brain,  près  Decize  (Mass.) 

Obs.  —  Près  de  Teinte,  T.  incarnatum  et  T.  Molinieri  ont  été 
trouvés  ensemble  dans  un  pré  avec  l'apparence  complète  de  spon- 
tanéité. 

T.  rubens  L.  —  Landes  et  champs  calcaires.  —  Brain,  près 
Decize  (Mass!)  Teinte,  près  Sougy,  coteau  de  Verneuil- 
Champvert.  PC. 

T.pratense  L.  —  Çà  et  là.  Champs  et  prés.  C. 

T.  ochroleucum  L.  —  Prés  naturels.  —  Brain,  près  Decize 
(Mass!);  Canne;  Aron;  Bussière,  près  la  Machine;  Vil- 
lage-Gaudry,  près  Cercy.  R.  ou  nul  ailleurs. 


•  2 


214  F.    GAG  NE  PAIN. 

T.  maritimum  Huds.  —  Prés.  —  Pré  Mandé,  à  Brain,  près 
Decize,  1860  (Mass);  bord  du  canal  latéral,  à  droite, 
au-dessous  de  l'écluse  de  Gannay-sur-Loire . 

T.  arvense  L.  —  Champs  sablonneux  ou  arénacés.  CC. 

—  —  T.  gracile  Rchb.  —  Sables  de  Loire  ;  Lant'y. 

—  —  T.  rubellum  Jord.  —  Sables  de  Loire. 

—  —  T.  agrès  tinum  Jord.  —  Saint-Hilaire. 

T.  striatum  L.  —  Prés;  pelouses  sablonneuses.  Loire.  R. 
ailleurs;  prés  d'Aron.  —  Vroux,  commune  de  Thaix; 
Semelay.  PC. 

Obs.  —  Dans  les  terrains  arides,  sables  de  Loire,  une  forme  ram- 
pante, var.  nanum  Rouy. 

T.  scabrum  L.  —  Pelouses  sèches  des  sables  ou  des  calcaires. 

Sables  de  Loire  au  confluent,  à  Decize.  RR. 
T.  subterraneum  L.  —  Pelouses  rases  des  sables.  Loire. 

Nul  ailleurs. 

—  —  var.  brachycladum  Gib.  et  Mell.  —  Sables 

de  Loire. 
T.  fragiferu/m  L.  —  Pelouses  calcaires  ou  arénacées,  sèches 

ou  humides.  CC. 
T.elegans  Savi. — Gazons,  talus  des  chemins. — Decize  (Bor.), 

Cercy,  Champvert,  la  Machine,    Montigny,    Charrin, 

Verneuil,Ville-Langy,  Fertrèves,  forêt  de  Vincences.  AC. 
T.  repens  L.  —  Prés,  gazons.  CCC. 
T.  païens  Schreb.  —  Bords  des  chemins,  talus.  —  Charancy, 

près  Thianges;  écluse  de  Gannay,  bord  droit  du  canal 

latéral.  RR. 
T.  campestre  Schreb.  —  Bois,  champs  sablonneux.    CC. 

—  —         var.  genuinum  Rouy  =  T.  procumbens  var. 

campestre  Ser.  DC.  —  C. 

—  —  var.  Schreberi  Rouy  =  T.  Schreberi  Jord.  C. 
T.  minus  Relh.  —  Fours,  la  Nocle,  etc.  PR. 

Lotus  corniculatus  L.  —  Prés,  bois.  CC. 

—  —         var.  arvensis Ser.  DC.  —  Forme  dominante. 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  215 

06s.  —  On  trouve  à  Bussière,  près  la  Machine,  une  forme  parti- 
culière très  remarquable.  Souche  volumineuse  et  rameuse.  Tiges 
courtes  étalées.  Feuilles  losangiques  très  petites  et  glauques.  Fleurs 
petites  et  jaunes.  Cette  forme,  qui  rappelle  lavar.  crassifolius  Ser., 
offre  toutefois  des  différences  appréciables  avec  la  forme  du  littoral. 

—  —      L.  tenuis  Kit.  —  Étang  de  la  Verrerie,  entre 
Verneuil  et  Diennes;  Charbonneau,  près  Cercy.  PC. 

L.  uliginosus  Sckh.  —  Prés,  bois  frais  ou  marécageux.  CC. 
Astragalus  glycyphyllus  L.  —  Haies,  bois,  fossés.  AC. 
Vicia  angustifolia  Reichdt.  —  Champs,  terrains  vagues.  C. 

—  —  V.  Bobartii  Koch.  —  Région  entre  Loire 

et  Aron. 

—  —  K.  uncinata  Desv.  —  Même  habitat. 

—  —  V.  segetalis  Koch.  —  Sables  de  Loire. 

V.  lathyroides  L.  —  Pelouses  sablonneuses.  Loire,  C.  Nul 

ailleurs. 

V.  lutea  L.  —  Sables  et  champs  calcaires.  —  Decize;  Char- 

rin;  Gannay;  Champvert;  Chapelle,  près  Ville-Langy. 

AR. 

V.sepium  L. — Bois,  surtout  les  haies  ombragées.  —  Cercy; 

Verneuil;  Champvert,  etc.  C. 
V.  Cracca  L.  —  Champs,  haies.  C. 

—  —  var.  argentea  Cos.  et  Germ.  =  V.  incana 

Thuill.  —  Cercy. 
V.  tenuifolia.  Roth.  —  Rondelet  et  Simons,  près  Brain,  com- 
mune de  Decize  (Mass). 
Ervum  hirsutum  L.  —  Moissons,  prés,  haies.  CC. 
E.  tetraspermum  L.  —  Môme  habitat.  C. 
E.  gracile  DC.  =  Vicia  gracilis  Loisel.  —  Étang  de  la  Ver- 
rerie, près  Villevelle.  R. 
E.  Ervilia  Willd.  —  Champs.  —  Récolté  une  seule  fois  à 
Martigny,  près  Cercy,  après  la  moisson.  RR.  Peut-être 
adventice. 
Lathyrus  latifolius  L.  —  Entre  Champvert  et  Verneuil  (Bor.) 

—  Brain,  près  Decize.  (Mass!)  RR. 


216  F.    GAGNEPAIN. 

L.  silvestris  L.  —  Broussailles,  buissons  calcaires.  — Tout 

le  coteau  depuis  Saint-Léger,  jusqu'à  Isenay.  Çà  et 

là.  AR. 

L.  tuberosus  L.  —  Terres  fortes.  —  Isenay;  Roche  et  Ville- 

velle,  près  Verneuil  ;  Montaron;  Champvert,  etc.  PC. 

L.  pratensis  L.  —  Prés.  CC. 

L.  angulatus  L.  —  Sables.  —  Charrin,  Saint-Hilaire,  Gan- 

nay.  R. 
L.  sphœricus  Retz.  —  Moissons.  —  Village  Donjon,    près 

Fours.  RR. 

L.  hirsutus  L.  —  Moissons,  landes,  prés.  —  Saint-Hilaire, 

Tremblay,    près    Isenay;  Cercy;  Vanclenesse;   Ville- 

Langy.  PR. 
L.  Nissolia  L.  —  Haies,  gazons.  —  Brain,  près  Decize(Massl); 
Charrin,  vers  la  Crevée;  Isenay;  Cercy,  Sougy;  Saint- 
Hilaire,  gare;  Petit  Quartier  à  Montigny;  moulin  du 
Loup  ou  du  Breu.  PC. 
L.  Aphaca  L.  —  Moissons,  haies  calcaires.  —  Surtout  sur  le 
coteau  de  Saint-Léger  à  Isenay;  Thianges,  Anlezy.  PC. 
Orobus  tuberosus  L.  —  Bois.  CC. 
—        —  0.  pyrenaicus  L.  part.  =  0.  tuberosus  var. 

latifolius  (Herb.  Bor.  Nevers).  —  Bois  de  la  Machine 
(Bor.  FI.  cent,  et  Herb.  Nevers). 

Obs.  —  Dans  les  bois  de  Montigny-sur-Canne  se  trouve  une  forme 
identique  à  celle  de  Boreau.  Entre  le  Petit  Quartier  et  le  Bailly. 
Variation  peu  remarquable. 

Coronilla  varia  L.  —  Chaumes  calcaires.  —  Saint-Gervais, 

près    Verneuil;    Vernizy,    près    Cercy;    Champvert; 

Teinte;  Decize.  PC. 
Omithopus  perpusillus  L.   —  Sables  et  arènes.  —  Loire 

et  jusqu'à  l'Aron.  PC. 
Hippocrepis  comosa  L.  —  Champs  et  jachères  calcaires.  — 

Brain;  Devay;  Teinte;  Champvert;  Verneuil;  Faye  ; 

Thianges;  etc.  PC. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  2 il 

Rosacées. 

Prunus  Padus  L.  —  Entre  Semelay  et  le  Plessis,  au-dessus 

de  l'Haleine.  RR.  Parfois  subspontané. 

P.  Mahaleb.  L.  —  Coteaux  calcaires.  —  Brain,  près  Decize 
(Mass!);  Devay;  Teinte  ;  carrière  de  Vandenesse;  Briet, 
près  Cercy  (spontané?)  dans  un  sol  fortement  aré- 
nacé.  PC. 

P.  avium  L.  —  Bois,  haies.  C. 

P.  spinosa  L.  —  Haies,  bois.  CCC. 

—  —  P.  fruticans  Weihe.  —  Haies.  —  Montigny- 
sur-Canne;  Isenay  ;  Briet,  près  la  ferme;  Montceneau, 
près  Fertrèves.  PC. 

—  —  var.  fallacinaGag. — Taille  et  port  du  P.  fru- 
ticans; rameaux  subinermes  ou  inermes;  feuilles  lan- 
céolées grandes;  fruits  petits. — Ombre,  près  Thaix,  etc. 

Spirxa  Ulmaria  L.  —  Ruisseaux,  prés  humides.  CC. 

Geum  urbanum  L.  —  Haies,  fossés.  CC. 

Potentilla  Ânserina  L.  —  Fossés,  bords  des  chemins.  C. 

P.  argentea  L.   —  Champs,   terrains   vagues.    —    Cercy; 

Teinte;  Verneuil;  bords  de  la  Loire.  AC. 

P.  verna  L.  —  Pelouses;  sables.  Loire,  etc.  AC. 

P.  Tormentilla  Scop.  —  Bois  frais;  bruyères.  CC. 

P.  replans  L.  —  Champs,  jardins.  CCC. 

P.  Fragariastrum  Ehrh.  —  Haies  et  buissons.  CC. 

Comarum  palustre  L.  —  Tourbières.  —  Donjon;  Marnant; 
Montambert  ;  le  Breu,  près  Saint-Hilaire  ;  étang  du  Bord, 
près  Montaron;  tourbières  deGannay,  près  l'écluse.  R. 

Fragaria  elatior  Ehrh.  —  Cercy.  R. 

F.  vesca  L.  —  Bois,  clairières.  CCC. 

Rubus. 

La  plupart  des  formes  de  Rubus  et  de  Rosa  énumérées  ici,  ont 
été  revues  par  M.  le  Dr  Gillot  et  comparées  par  lui  aux  spécimens 
authentiques  de  son  herbier,  déterminés  pour  les  Ronces  d'après 


2 18  P.    GAGNEPAIN. 

M.  N.  Boulay;  pour  les  Roses  d'après  M.  Crépin,  Déséglise,  etc. 
M.  N.  Boulay  a  bien  voulu  déterminer  lui-même  une  importante 
récolte  de  Ronces^  celle  de  1899. 

Rubus  idœus  L.  —  Bois  des  montagnes,  rarement  des 
plaines.  —  Vieille-Montagne,  près  Saint-Honoré.  C  ; 
Donjon;  petit  étang,  près  la  Machine;  étang  de  la  Boue, 
près  Thaix;  bois  de  Briffaut,  route  de  Montambert.  RR. 

R.  suberecti. 

R.  plicatus  W.  et  N.  —  Haies. 

X  R- plicatus  X  thyrsoideus?  Boulay.  —  Gouttes  Bauduron 

à  Montambert. 
X  R-  plicatus  X  nitidus  Boulay.  —  Bussière,près  la  Machine. 
R.  nitidus  W.  et  N.  —  Forme  à  fleurs  d'un  beau  rose.  — 

Ris  d'Agne,  près  Thaix. 
R.  sulcatus  Vest.  —  La  Machine. 

R.  discolores* 

R.  ulmifolius  Schott.  —  C.  haies. 

—  —  R.  s  pieu  h férus  Mull.  — Au-dessous  d'Isenay . 
Semblable  à  l'échantillon  publié  par  M.  Boulay  dans 
Rubi  prœsertim  gallici,  n°  23  (Gillot). 

Rubus  rusticanus  Merc.  —  Haies.  CC. 

X  R>  rusticanus  X  Kœhleri  var.  Reuteri  Boulay.  —  Bauduron, 

près  Montambert. 
R.  bifrons  Vest.  —  La  Machine. 

R.  hedycarpus  Focke. 

—  —  R.  Gilloti  N.  Boulay.  —  Route  de  Lamenay, 
à  la  Mothe,  près  Decize;  Ombre,  près  Thaix;  Briet, 
près  Cercy;  bois  de  Briffaut. 

—  —  /?.  vulnerificus  Lef. — Vernillats,  près  Cercy. 
X  R.  Morvannicus  Gillot  =  R.  Gilloti  X  serpent  ?  Boulay.  — 

Ris  d'Agne,  près  Thaix,  près  du  parc;  digue  supé- 
rieure de  l'étang  du  Breu,  près  Montambert. 
R.  thyrsoideus  Wimm.  —  Bois  de  Briffaut,  route  de  Mon- 
tambert. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  2 19 

R.  Spectabiles. 

A.  vestitus  W.  et  N. 

—  —  A.  acutidens  Boulay.  —  Route  de  St-Hilaire, 
près  Briffaut  ;  étang  de  la  Gilette,  près  St-Hilaire. 

X  A.  vestUusXhirtus  Boulay.  —  Bois  de  Briffaut. 

A.  Radula  Weih.  —  Vernillats,  près  Cercy  ;  la  Machine. 

A.  scaber  W.  et  N.  —  Ris  d'Agne,  près  Thaix. 

A.  Menkei  W.  et  N.  —  La   Machine;   entre   Briet  et  les 

Roses  ;  Ris  d'Agne,  près  Thaix. 
A.  Kœhleri  W.  et  N. 

—  —  A.  Reuteri  Merc.  —  Gillette,  près  Saint- 

Hilaire;  bois  de  Briffaut. 
A.  rudis  W.  et  N.  —  Coulongette,  près  Cercy. 
A.  Bloxami  Bor.  —  Forêt  de  Vincences. 

R.  Giandulosi. 

A.  serpens  Weih.  —  Forme  locale  ;  turion  très  gros  rampant, 
très  hérissé,  spiculé,  rougeâtre  ;  folioles  larges  comme 
la  main,  plus  réduites  sur  les  rameaux  florifères  en 
zigzags,  à  panicule  feuillée,  peu  développée.  —  Briffaut, 
route  de  Saint-Hilaire. 

A.  hirtus  Waldst.  et  Kit.  —  Ris  d'Agne,  près  Thaix. 

X  A.  hir lus X Menkei?  Boulay.  —  Bois   de   Briffaut,  près 

Saint-Hilaire. 

R.  Triviales. 

A.  cœsius  L.  —  C. 

—  —  A.  agrès  lis  Waldst.  —  Isenay,  etc. 

—  —  A.  ligerinus  Boulay.  —  Bois  de  Bussières, 

près  la  Machine. 

X  A.  cœsius  X  Boulay.  —  Jonc,  près  du  cimetière  de 

Cercy. 

Rosa. 

R.  Systylœ. 

A.  arvensis  Huds.  —  Haies,  lisière  des  bois.  CCC. 

A.  stylosa  Desv.  —  Haies.  —  Champlevois,  près  Cercy. 


~j 


220  F.  gagnepàin. 

—  —  R.  systyla  Bast.  —  Bords  d'Aron;  Saint- 
Gratien;  Thaix;  Verneuil;  route  de  la  Machine;  Perrat, 
près  Thianges.  PC. 

R.  Gallican». 

/?.  q  allie  a  L.  —  Bois  de  Brain,  près  Decize  (Mass  !) 

R.  Caninœ. 

a.  Lutetianœ. 

R.  lutetiana  Lem.  —  CCC. 

—  —  R.    Touranginiana   Bor.    —    Coulongette, 

près  Cercy. 

—  —  R.  fallens  Déségl.  —  Chevillon,  près  Cercy. 

—  —  /?.  mucronulata  Déségl.  —  Saint-Gratien  : 

Cercy;  Saint-Hilaire.  PC. 

b.  Bisserratœ. 

R.  du  m  a  lis  Beschst.  —  Prés  d'Aron.  —  Cercy;  Vandenesse. 
R.  squarrosa  Rau.  —  Cercy,  etc.  C. 

—  —  R.  Carioti  Chab.  —  Lanty. 

c.  Hispidœ. 

R.  Ândegavensis  Bast.  —  AC. 

—  —  R.  vinealis  Rip?  —  Charrin. 

—  —  R.  agraria  Rip.  —  Même  lieu. 

R.  Aunieri  Car.  —  Bords  de  la  Loire;  Cercy,  etc. 

d.  Pubescentes. 

R.  obtusifolia  Desv.  —  Cercy;  Montambert;  Fours,  route 

du  Crot-Favé;  entre  Rémilly  et  laNocle. 
R.  dumetorum  Thuill.  —  AC. 

—  —  il.  urbica  Lem.  —  Briet;  la  Guette,  près 

Cercy. 

—  —  R.  trichoneura  Rip. 

—  —  R.  semiglabra  Rip.  —  Cercy,  la  Nocle. 

—  —  R.  obscura  Pug.  —  Arreaux. 

—  —  R.  hemitricha  Rip.  —  Champlevois. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  $21 

e.  Collinœ. 
fi.  Deseglisei  Bor.  —  Cercy;  Champlevois;  Briet,  etc.  CC. 

f.  Tomentellœ. 

R.  tomentella  Lem.  —  Cercy;  Verneuil;  Saint-Hilaire;  entre 

Diennes  et  Verneuil.  PC. 

R.  Rubiginosœ. 
a.  Rubiginosœ  verse. 

/?.  Jandzilliana  Bess.  —  Cercy;  entre  Champvert  et  Ver- 
neuil. 

—  —  R.  subolida  Déségl.  —  Ile,  près  Saint-Hilaire. 

b.  Sepiacex. 

R.  sepium  Thuill.  —  Cercy;  Saint-Gratien;  Saint-Hilaire; 

Montambert.  C. 

—  —  var.    agrestis   Savi.  —   Cercy;    la  Nocle; 

Saint-Hilaire. 

—  —  var.  pubescens  Rip. 

c.  Graveolentes. 

fi.  graveolens  GG.  —  Le  type  inconnu  à  Cercy. 

—  —  R.  JSduensis  Déségl.  et  Gillot.  —  Ile,  près 

Saint-Hilaire;  champ  de  tira  Decize;  Fours.  PC. 

—  —  R.  Letnanii  Bor.  —  Saint-Hilaire;  stand  de 

Decize. 

d.  Micrantheœ. 

R.  micrantha  S  m.  —  PC. 

—  —  R.  glabrata  Boullu.  —  Ile,  près  S'-Hilaire. 
H.  septicola  Déségl.  —  Au-dessus  de  la  gare  de  Saint-Hilaire; 

Cercy;  Fours;  Lanty;  Perrat,  près  Thianges.  AC. 

—  —  fi.    permixta   Déségl.    —    Fours;    Cercy; 

Montambert;  Lanty  ;  Verneuil. 

e.  Suavifoliœ. 

R.  rubiginosa  L.  ex  part.  =  R.  comosa  Rip.   —  Stand  de 

Decize;  Arreaux  ;  Ile,  près  Saint-Hilaire.  R. 


222  F.   GAGNEPAIN. 

Tomentosœ. 

R.  dumosa  Pug.  —  Vandenesse;   Montaron;   Faye,    près 

Vemeuil.  AR. 

—  —  R.  cinerascens  Dumorst.  —  Entre  le  moulin 

et  le  cimetière  de  Verneuil.  R. 

—  —  R.  Marcyana  Boullu.  —  Ile,  commune  de 

Saint-Gratien,  dans  une  haie  de  jardin. 

Obs.  —  D'après  le  Dr  Gillot,  semble  identique  aux  échantillons  de 
Marcy-l'Etoile.  Cette  forme  considérée  comme  hybride  des  R.  gallica 
et  tomentosa  peut  se  retrouver  dans  les  haies  au  voisinage  des 
jardins,  où  de  nombreuses  formes  semi -doubles  et  par  conséquent 
fertiles  de  R.  gallica  sont  fréquemment  cultivées. 

R.  tomentosa  Smith. — Vinée,prèslaNocle;carrièressurlarive 
droite  de  la  Dragne  à  Vandenesse  ;  Saint-Hilaire  ;  Cercy  ; 
Lanty  ;  Briet  et  Fontaines  Noires  ;  Vernizy,  près  Ver- 
neuil ;  Saint-Michel,  près  Rémilly  ;  Verneuil  ;  Thianges. 

—  —  R.  subglobosa  Smith.  —  Boulats,  près  Char- 
rin  ;  Cercy;  Champlevois;  Ousiaux,  commune  de  Ver- 
neuil ;  Montambert,  tuilerie;  Montaron;  Lanty. 

—  —  /?.  properata  Boullu.  —  Entre  les  Arreaux 

et  la  Grand'Noue. 

—  —  var.  confusa. — Village-Gaudry,  près  Cercy. 
R.  similata  Pug.  —  Rompouez,  vers  Coddes;  entre  Mau- 

migny  et  Vernizy,  commune  de  Verneuil. 
R.  cuspidatoides  Crépin.  —  Entre  la  gare  de  Cercy  et  les 

Arreaux  ;  Champlevois. 

—  —  R.  pseudo-cuspidata  Crépin.  —  Route  de 
Rémilly,  près  Montaron;  Riégeot,  près  Champvert; 
Reugny,  près  Saint-Gratien. 

Agrimonia  Eupatoria  L.  —  Haies,  lisières  des  bois.  CC. 
A.  odorata  Mill.  —  Même  habitat  dans  l'arène.  —  Entre 
Vandenesse  et  Saint-Honoré  ;  Briet,  près  Cercy.  AR. 
Poterium  dictyocarpum  Spach.  — Sables  de  Loire  et  endroits 

secs.  AC. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  223 

P.  muricatum  Spach.  —  Prairies  artificielles  et  autres.  C. 

Sanguisorba  offioinalis  L.  —  Sables  de  Loire.  —  Decize, 
Avril-sur-Loire  (Bor.)  Gannay  (Moriot),  —  gare  de 
Cronat  ;  Ile,  près  Saint-Hilaire;  Decize,  fossé  gauche  du 
canal  entre  la  gare  du  P.-L.-M.  et  la  Copine.  R. 

Alchemilla  arvensis  Scop.  —  Champs  sablonneux.  CC. 

Mespilus  Germanica  L.  —  Bois,  haies.  —  Cercy  ;  Montam- 

bert;  les  Glenons;  etc.  C. 
Cratœgus  oxyacantha  L. 

—  —  C.  oxyacanthoides  Thuill.  Haies.  —  Cercy  ; 

Verneuil;  Montigny  ;  etc.  PR. 

—  —  C.  monogyna  Jacq.  —  CC. 

Obs.  —  On  trouve  dans  les  deux  sous-espèces  ci-dessus  une  var.  à 
fruits  velus  ou  pubescents  étant  jeunes. 

Pyrus  Malus  L. 

—  —  P.  acerba  DC.  —  Bois,  haies.  CC. 
P.  communis  L.  —  Bois,  haies.  C. 

—  —  P.  pyraster  Bork.  PC. 

—  —  P.  Achras  Gaertn.  AC. 
Sorbus  dômes tica  L.  —  Bois.  R. 

S.  Aucuparia  L.  —  Vieille-Montagne,   près  Saint-Honoré. 

Nul  ailleurs. 
5.  aria  Crantz.  —  Même  localité  (Bor.  !).  Nul  ailleurs. 
S.  torminalis  Crantz.  —  Bois.  —  Bois  Ramonay,  près  Mon- 

tambert  ;  la  Machine;  Rémilly;  etc.  AC. 

Onothéracées. 

Epilobium  palustre  L.  —  Marécages  tourbeux.  —  Nénuphars  ; 
Montambert;  Étang  du  Bord,  vers  Montaron;  Fontaines 
Vaillant,  près  Saint-Hilaire.  R. 

Obs.  —  Aux  Nénuphars,  outre  E.  palustre,  il  existe  une  forme 
remarquable  croissant  dans  la  tourbe.  Stolons  filiformes  feuilles  ; 
feuilles  lancéolées,  denticulées,  revolutées,  vertes  et  rapprochées  ; 
c'est  d'après  M.  Léveillé  une  var.  nouvelle  de  E.  palustre  que  le 
savant  spécialiste  nommera  revoluta  (Lév.  in  litt.). 


224  F.    GAGNEPAIN. 

E.  tetragonum  L.  —  Fossés,  taillis.  —  Cercy  ;  Saint-Hilaire  ; 

Verneuil.  C. 

—  —  E.  Gilloti  Léveillé  (vidit  Léveillé)  =  E. 
obscumm  Schreb.  pro  parte.  —  Ruisseaux.  —  Baudu- 
ron,  près  de  la  ferme,  com.  de  Montambert  ;  la  Char- 
bonnière, près  Saint-Léger.  RR. 

—  —  E.  Lamyi  F.  Schultz  (vidit  Léveillé).  — 
Ruisseau  de  la  Vernière,  près  Saint-Hilaire;  route  de 
Verneuil,  à  Champvert.  AR. 

E.  roseum  Schreb.  —  Fossés,  bords  des  chemins,  murs.  — 

Verneuil  ;  la  Machine,  ruisseau  de  Champlevois.  R. 

E.  montanum  L.  —  Haies,  bois.  —  Cercy;  Verneuil;  la 

Machine;  Charrin;  la  Nocle  ;  Rémilly;  etc.  AC. 

E.  lanceolatum  Seb.  et  Maur. —  Haies  ombragées. —  Ravin 

du  Croux,  près  Cercy;  Saint-Gratien  ;  Briet,  près   la 

barrière  de  la  ligne  de  Gilly;  Lanty;  Brienne,  près 

Brinay.  AR. 
E.  collinum  Gmel.  —  Haies.  —  Chez  Renard,  près  Mon- 
tambert. R. 
E.  parviflorum  Schreb.  —  Fossés,  marais.  CC. 
E.  hirsutum  L.  —  Marais.  CC. 
E.  spicatum  Lamk.  —  Bois  humides.  —  Bois  des  Glenons,  la 

Machine;  Champvert  (Bor.).  Introuvable  pour  nous. 
Isnardia  palustris  L.  —  Rives  et  marais,  étangs.  —  Aron  ; 

Loire  ;  Montambert,  Saint-Hilaire  ;  la  Nocle  ;  Lanty  ; 

Thaix  ;  etc.  PR. 
Circœa  lutetiana  L.  — Bois  frais,  ombreux.  —  Cercy;  Mon- 

tigny  ;  Verneuil  ;  Diennes  ;  Saint-Hilaire  ;  etc.  AC. 

Haloragacées. 

Myriophyllum  verticillatum  L.  —  Mare  de  la  Loire,  à  Brain 

(Mass  !)  R. 

—  —  var.  pectinatum  DC.  —  Marais.  —  Pont 

Canneau,  à  Cercy.  R. 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  225 

M.  spicatum   L.   —  Eaux  profondes.    —    Canal,  ganches 

d'Aron,  de  Loire.  C. 
M.  alterniflorum.  —  Etangs  Donjon  et  Marnant  asséchés.  RR. 
Trapa  natans  L.  —  Rivières,  étangs.  —  Aron  ;  Chample- 

vois;  Donjon;  étang  du  Tronsain,  près  Diennes;  Breu; 

étang   de  Bord,    à    Montaron  ;    étang  du  Pont,   près 

Saint-Hilaire  ;  etc.  AC. 

Callitrichacées. 

Callitriche  stagnalis.  Scop.  —  Eaux  stagnantes.  C. 
C  platycarpa  Ktitz.  —  G. 
C.  verna  Ktttz.  —  CC. 

C.  hamulata  Ktitz.  —  Fontaine  de  Brain,  près  Decize  (Mass  !). 
—        —  var.   homoiophylla  GG.   —  Chez  Renard, 

près  Montambert.  R. 

Cératophyllacées. 

Ceratophyllum  demersum  L.  —  Aron,  Loire,  canal.  C. 

Obs.  —  Dans  un  endroit  profond  de  TAron  un  individu  porte  de 
fines  villosités.  —  L'espèce  fructifie  rarement. 

Lythrariacées. 

Lythrum  Salicaria  L.  —  Fossés,  marais,  rives.  CC. 

L.  hyssopifolia  L.  —  Fossés,  lieux  exondés.  —  Cercy;  Ver- 
neuil;  Saint-Gratien ;  Saint-Hilaire;  Montaron;  Ville- 
velle,  près  Diennes.  AC. 

Peplis  Portula  L.  —  Limons  et  boues  des  étangs,  des  ma- 
rais. —  Saint-Hilaire  ;  Charrin  ;  Nénuphars  ;  Montam- 
bert; Saint-Gratien,  etc.  AC. 

Cucurbitacées. 

Bryonia  dioica  L.  —  Haies,  broussailles.  C. 

TOME  XIII  15 


226  F.   GAGNEPAIN. 

Portulacacées. 

Portulaca  oleracea  L.  —  Endroits  secs,  chauds.  C. 

Obs.  —  Sur  le  plat-fond  du  canal  tari,  le  Pourpier  se  donne  libre 
carrière  et  fleurit  un  mois  après  la  retraite  des  eaux  par  le  chômage. 
La  graine  a  dû  passer  une  année  dans  l'eau  sans  dommage  et  atten- 
dre les  rayons  solaires  et  la  terre  sèche  pour  germer.  Exemple  frap- 
pant de  la  résistance  de  certaines  graines  à  l'action  de  l'eau,  résis- 
tance qui  permet  la  dissémination  par  les  cours  d'eau. 

Montia  minor  Gmel.  —  Champs  et  prés,  rives  des  terrains 

arénacés.   —    Reugny,  près   Saint-Gratien;   Haleine; 

Saint-Hilaire  ;   Page,  commune  deChampvert;  Faye; 

Thaix;  Champlevois.  PR. 
M.  rivularis  Gmel.  —  Eaux  vives  des  terrains  granitiques.  — 

Saint-Honoré;  bas  de  Lanty;  entre  Rémilly  et  Fours.  R. 

Paronychiacées. 

lllecebrum  verticillatum  L.  —  Sables  frais  et  granits.  — 
Decize  (?)  et  Saint-Honoré  (Bor.)!  —  Vieille-Montagne; 
Donjon,  près  la  route  de  Fours;  étangs  du  Breu  et  du 
Pont,  près  Saint-Hilaire,  de  la  Boue,  près  Rémilly.  R. 

Herniaria  glabra  L.  —  Sables  et  arènes;  champs.  Loire.  — 

Cercy;  Saint-Gratien.  C. 

H.  hirsutaL.  —  Même  habitat;  mêmes  stations.  C. 

Corrigiola  lUtoralis  L.  —  Sables,  arènes;  parfois  C. 

Scleranthus  annuus  L.  —  Moissons  des  sols  arénacés.  AC. 

S.  perennis  L.  —  Pelouses  sèches,  sols  arénacés.  C. 

Obs.  —  Dans  les  sables  de  Loire,  une  forme  naine  absolument  de 
l'aspect  de  Polycnemum  minus  Jord. 

Crassulacées. 

Tillœa  muscosa  L.  —  Champs  sablonneux.  —  Sentier  des 

Gouttes  Bauduron,  près  Montambert.  RR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  227 

Sedum  Fabaria  Koch.  =  Sedum  purpurascens  Bor.  —  Bois 
frais.  —  Cercy;  Vandenesse;  Faye;  Montigny;  la  Ma- 
chine; les  Nénuphars.  AC. 

06s. — Sedum  Carioni  Bor.  du  Morvan  autunois,  s'en  distingue 
surtout  par  ses  proportions  plus  grêles,  ses  feuilles  plus  étroites  et 
à  dents  moins  profondes,  ses  ovaires  connivents  par  le  sommet. 

S.  Cepœa  L.  —  Haies,  surtout  de  sols  sablonneux.  —  Cercy; 

Arreaux  ;  Verneuil  ;    Fours  ;  Thaix  ;  Isenay  ;  Charrin  ; 

Lanty;  Villevelle,  près  Diennes,  etc.  AC. 
S.  rubens  L.  —  Endroits  secs.  —  Thareau  ;  Arreaux;  Cercy; 

Vandenesse  ;    Semelay  ;  Lanty  ;  Verneuil  ;   Thaix  ;   la 

Nocle;  Decize.  Plante  sporadique.  AC. 
S.  album  L.  —  Sables  de  Loire;  chaumières.  C. 
S.  acre  L.  —  Sables,  murs.  Loire,  etc.  C. 
S.   seœangulare   GG.    —    Sables   do   Loire,  de    Sougy,   à 

Gannay.  PC. 
5.  reflexum  L.  —  Sables,  chaumières,  vignes.  Loire.  Peu 

commun  ailleurs. 

—  —  S.  rupestre  L . — Sables  de  Loire .  Thareau .  R. 

—  —  S.  albescens  Haw.   —   Brain,    près   Decize 

(Mass  !) 
5.  altissimum  Poir.  —  Vignes.  —  Au-dessus  de  la  gare  de 

Decize.  RR. 
Sempervivum  tectorum  L.  —  Chaumières.  —  Champlevois; 

Charin  ;  Devay  ;  Saint-Hilaire.  PC. 

Ribésiacées. 

Ribes  Uva-crispa  L.  —  Haies,  troncs  des  Saules  têtards.  — 
Cercy;  Verneuil;  Saint-Hilaire;  etc.  CC.  Spontané! 
Fruits  très  petits,  velus,  jaunâtres;  feuilles  petites, 
plissées,  tomenteuses. 

fl.  rubrum  L.  —  Tronc  des  Saules  têtards.  —  Ça  et  là  dans 

les  vallées.  PC. 


226  F.   GAGNEPAIN. 


Portulacacées. 

Portulaca  oleracea  L.  —  Endroits  secs,  chauds.  C. 

Obs.  —  Sur  le  plat-fond  du  canal  tari,  le  Pourpier  se  donne  libre 
carrière  et  fleurit  un  mois  après  la  retraite  des  eaux  par  le  chômage. 
La  graine  a  dû  passer  une  année  dans  l'eau  sans  dommage  et  atten- 
dre les  rayons  solaires  et  la  terre  sèche  pour  germer.  Exemple  frap- 
pant de  la  résistance  de  certaines  graines  à  l'action  de  l'eau,  résis- 
tance qui  permet  la  dissémination  par  les  cours  d'eau. 

Montia  minor  Gmel.  —  Champs  et  prés,  rives  des  terrains 

arénacés.   —    Reugny,  près   Saint-Gratien;   Haleine; 

Saint-Hilaire  ;   Page,  commune  deChampvert;  Faye; 

ThaixJ  Champlevois.  PR. 
M.  rivularis  Gmel.  —  Eaux  vives  des  terrains  granitiques.  — 

Saint-Honoré  ;  bas  de  Lanty  ;  entre  Rémilly  et  Fours.  R. 

Paronychiacées. 

lllecebrum  verticillatum  L.  —  Sables  frais  et  granits.  — 
Decize  (?)  et  Saint-Honoré  (Bor.)!  —  Vieille-Montagne; 
Donjon,  près  la  route  de  Fours;  étangs  du  Breu  et  du 
Pont,  près  Saint-Hilaire,  de  la  Boue,  près  Rémilly.  R. 

Herniaria  glabra  L.  —  Sables  et  arènes  ;  champs.  Loire.  — 

Cercy;  Saint-Gratien.  G. 

H.  hirsutah.  —  Même  habitat;  mêmes  stations.  C. 

Corrigiola  UUoralis  L.  —  Sables,  arènes;  parfois  C. 

Scleranthus  annuus  L.  —  Moissons  des  sols  arénacés.  AC. 

S.  perennis  L.  —  Pelouses  sèches,  sols  arénacés.  C. 

Obs.  —  Dans  les  sables  de  Loire,  une  forme  naine  absolument  de 
l'aspect  de  Polycnemum  minus  Jord. 

Crassulacées. 

Till&a  muscosa  L.  —  Champs  sablonneux.  —  Sentier  des 

Gouttes  Bauduron,  près  Montambert.  RR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  227 

Sedum  Fabaria  Koch.  =  Sedum  purpurascens  Bor.  —  Bois 
frais.  —  Cercy;  Vandenesse;  Faye;  Montigny;  la  Ma- 
chine; les  Nénuphars.  AC. 

Obs. — Sedum  Carioni  Bor.  du  Morvan  autunois,  s'en  distingue 
surtout  par  ses  proportions  plus  grêles,  ses  feuilles  plus  étroites  et 
à  dents  moins  profondes,  ses  ovaires  connivents  par  le  sommet. 

S.  Cep&a  L.  —  Haies,  surtout  de  sols  sablonneux.  —  Cercy; 

Arreaux  ;  Verneuil  ;    Fours  ;  Thaix  ;  Isenay  ;  Charrin  ; 

Lanty;  Villevelle,  près  Diennes,  etc.  AC. 
S.  rubens  L.  —  Endroits  secs.  —  Thareau  ;  Arreaux;  Cercy  ; 

Vandenesse  ;    Semelay  ;  Lanty  ;  Verneuil  ;    Thaix  ;   la 

Nocle;  Decize.  Plante  sporadique.  AC. 
S.  album  L.  —  Sables  de  Loire;  chaumières.  C. 
S.  acre  L.  —  Sables,  murs.  Loire,  etc.  C. 
5.   sexangulare   GG.    —    Sables   de   Loire,  de    Sougy,   à 

Gannay.  PC. 
S.  reflexum  L.  —  Sables,  chaumières,  vignes.  Loire.  Peu 

commun  ailleurs. 

—  —  S.  rupestre  L . — Sables  de  Loire .  Thareau .  R. 

—  —  S.  albescem  Haw.   —   Brain,    près   Decize 

(Mass  !) 
5.  altissimum  Poir.  —  Vignes.  —  Au-dessus  de  la  gare  de 

Decize.  RR. 
Sempervivum  tectorum  L.  —  Chaumières.  —  Champlevois; 

Charin  ;  Devay;  Saint-Hilaire.  PC. 

Ribésiacées. 

Ribes  Uva-crispa  L.  —  Haies,  troncs  des  Saules  têtards.  — 
Cercy;  Verneuil;  Saint-Hilaire;  etc.  CC.  Spontané! 
Fruits  très  petits,  velus,  jaunâtres;  feuilles  petites, 
plissées,  tomenteuses. 

/?.  rubrum  L.  —  Tronc  des  Saules  têtards.  —  Çà  et  là  dans 

les  vallées.  PC. 


228  F.  GAGNEPAIN. 

Saxifragacées. 

Saxifraga  granulata  L.  —  Pelouses,  prés  sablonneux.  —  De 
Decize  à  la  Machine,  à  Teinte  ;  stand  de  Decize  ;  Devay  ; 
Charrin.  Ne  quitte  guère  la  vallée  de  la  Loire.  PC. 

S.  tridactylites  L.  —  Toitures  de  tuiles,  de  chaume  ;  murs, 

terrains  secs.  AC. 

Chrysosplenium  alternifolium  L.  —  Eaux  vives  des  terrains 
granitiques.  —  Saint-Honoré  (Bor.).  Introuvable  pour 
nous.  RR. 

C.  oppositifolium  L.  —  Même  habitat.  —  Mont  et  Vieille- 
Montagne,  près  Saint-Honoré;  —  tourbière  de  Gannay 
(Moriot!).  R. 

Ombellifères. 

Daucus  Carota  L.  —  Champs.  CCC. 

Turgenia  latifolia  Hofïm.  —  Champs  calcaires.  —  Coteau 

de  Saint-Léger;  Isenay;  Champvert;  Verneuil;  Brain, 

près  Decize  (Mass  !). 

Obs.  —  Parfois  adventice  :  Copine  et  pré  Charpin,près  la  Machine. 

Caucalis  daueoidesh.  —  Champs  surtout  calcaires.  —  Cercy  ; 

Verneuil;  Devay;  Vandenesse.  PC. 

06s.  —  Souvent  importée  avec  des  semences  étrangères  de  céréales. 

Torilis  Anthriscus  Gmel.  —  Haies.  CC. 

T.  helvetica  Gmel.  —  Champs,  moissons.  CC. 

Angelica  silvestris  L.  —  Fossés,  bois  humides.  CC. 

Peucedanum  parisiense  DC.    —  Bois.  —  Lamenay,  Sougy 

(Bor.) 

P.  Cervaria  Lap.  —  Landes,  vignes  calcaires.  —  Entre  Ver- 
neuil et  Champvert;  Copine;  Saint-Léger;  Devay; 
Decize.  PC. 

P.  carvifoliam  Vill.  —  Pelouses.  —  Jonction,  près  De- 
cize. R. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  229 

P.  palustre  Mœnch.  —  Bords  des  eaux.  —  Canal  latéral  en 

face  Brain  (Mass  !).  RR. 
Pastinaca  sativa  L. 
—         —  P.  pratensis  Jord.  —  Sables.  —  Decize(Bor.)! 

au  champ  de  tir,  Saint-Hilaire.  AC. 
Heracleum  Sphondylium  L.  —  Prés.  CC. 
Tordylium  maximum  L.  —  Haies  et  champs  calcaires.  — 
Vandenesse;  Teinte,  près  Sougy  ;  Champvert.  R. 
Silaus  pralensis  L.  —  Prés  fertiles.  CC. 
Seseli  montanum  L.  —   Landes  et  pelouses  calcaires.  — 
Copine;  carrières  de  Teinte,  de  Champvert,  de  Biches; 
Charancy,  près  Thianges;  Ville-Langy,  etc.  PC. 
Mthusa  Cynapium  L.  —  Jardins,  cultures.  CCC. 
QEnanlhe   silaifolia  Bieb.   —    Prairies    naturelles.    Canne, 
Aron.  —  Page,  com.  de  Champvert;  Fond  Judas,  près 
la  Machine;  Montaron  ;  Vandenesse,  etc.  C. 

06s.  —  C'est  absolument  la  plante  décrite  et  figurée  par  M.  Fou- 
caud  sous  le  vocable  de  O.  silaifolia  M.  Bieb.  (J.  Foucaud  : 
Recherches  sur  quelques  Œnanthe  in  Act.  soc.  lin.  Bord.  1893),  à 
l'exclusion  d'CE.  peucedanifoliu  Poil,  confondue  avec  elle. 

QE.  fistulosa  L.  —  Marécages.  C. 

Œ.  Phellandrium  L.  —  Marécages  ;  eaux  stagnantes.  CC. 

Buplevrum  falcatum  L.  —  Pelouses  et  rocailles   calcaires, 

vignes.  —  Sougy;  Champvert;  Saint-Léger;  Devay  ; 

Charrin.  Nul  ailleurs. 
B.  rotundifolium  L.  —  Champs  et  vignes  calcaires.  —  Ver- 

neuil,  Champvert.  AR. 
Berula    angustifolia   Koch   =    Sium  angustifolium  L.   — 

Ruisseaux,  eaux  vives.  PC. 
Pimpinella  magna  L.  —  Haies,  prés  frais,  lisière  des  bois 

humides.  —  Cercy  ;  Isenay;    Vandenesse;    Montigny; 

Montaron.  PC. 

06s.  —  Forme  à  feuilles  luisantes  et  serrulées  et  à  fleurs  blanches. 
P.  Saxifraga  L.  —  Pelouses,  prés.  CC. 


230  F.   GAGNEPAIN. 

—  —  var.  poteriifblia  Cariot.  —  AR. 

—  —  var.  dissectifolia  Wal.  —  CC. 

Bunium  verticillatum  GG.  —  Prés  humides  et  tourbeux  de 

la  région  arénacée.  C. 
B.  Carvi  Bieb.  —  Prés  secs.  —  Vroux,  commune  de  Thaix  ; 
entre   Bussière  et  Verneuil;  Saint-Gervais   et  Faye; 
entre  la  Charbonnière  et  Teinte,  prés  de  Loire.  R. 
B.  Bulbocastanum  L.  —  Cultures  dans  le  calcaire.  —  Champ- 
vert.  R. 
Mgopodium  Podagraria  L.  —  Haies,  près  des  villages  où 
la  plante  a  été  fréquemment   cultivée    pour   l'usage 
médicinal,  de  même  que  Melissa,  Leonurus,  Tanacetum. 
—  Saint-Honoré  (Bor.)!  couvent  des  sœurs;  Bussière, 
près  la  fontaine.  RR. 
Siso7i  Amomum  L.  —  Haies,  dans  le  calcaire  seulement.  — 
Decize  ;    Cercy;    Verneuil;     Champvert;     Montigny  ; 
Fertrèves  ;  Villevelle,  près  Diennes.  AR. 
Helosciadium  nodiflorum  Koch.  —  Eaux  vives,  ruisseaux. 

PC.  ;  manque  en  plusieurs  communes. 

Scandix  Pecten-Veneris  L. —  Moissons,  surtout  calcaires.  AC. 

Anthriscus  vulgaris    Pers.   —   Abords  des  villages,  rues, 

décombres,  gares.  —  Decize;   Teinte;   Saint-Hilaire ; 

Charrin.  PC. 

A.  si  Iv  es  tris  Hoffm. — Bords  des  eaux,  prés.  —  Champvert; 

Copine.  RR. 
Conopodium  denudatum  Koch.    —    Gazons.  —  Jardin   de 

Couëron,  près  Thaix.  RR. 
Chxrophyllum  temulum  L.  —  Haies  des  champs.  CC. 
Conium  maculatum  L.  —  Décombres  aux  abords  des  vil- 
lages, sables  des  cours  d'eau.  AC. 
Hydrocotyle  vulgaris  L.  —  Prés  marécageux;  pointes  des 

étangs;  région  arénacée.  C. 
Eryngium  campestre   L.    —    Endroits    secs;    coteaux    et 

sables.  CC. 
Sanicula  europœa  L.  —  Bois  frais.  C. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  231 

Hédéracées. 

Hedera  Hélix  L.  —  Bois,  murailles.  CC. 

Loranthacées. 

Viscum  album  L.  —  Peupliers,  surtout  P.  nigra,  CC.  ;  Poi- 
riers, C.  ;  Pommiers,  C.;  Tilleuls,  PC;  Robinier,  C.  ; 
Aubépine,  R.  à  Montigny  et  Decize. 

Cornacées. 

Cornus sanguinea  L.  Bois,  haies.  CC. 

Caprifoliacées. 

Adoxa  Moschatellina  L.  —  Haies  des  prés;  lisière  des  bois. 

Vallées  de  Loire  et  d'Aron  C.  ;  R.  ailleurs. 
Sambucus  Ebulus  L.  —  Terrains  vagues  sur  le  calcaire  sur- 
tout. C. 
S.  nigra  L.  —  Haies  et  bois.  C. 

S.  racemosa  L.  —  Saint-Honoré  (Bor.)  !  —  Vieille-Montagne. 

C.  ;  nul  ailleurs. 
Viburnum  Lantana  L.  —  Fossés  et  bois  humides.  C. 
V.  Opulus  L.  —  Même  habitat.  Plus  R. 
Lonicera  Periclymenum  L.  —  Bois.  C. 

Rubiacées. 

Galium  Cruciata  L.  —  Gazons,  talus,  prés.  CC. 

G.  verum  L.  —  Prés.  CC. 

X  G.  decolorans  GG.  =  G.  verumxerectum.  Absolument  sem- 
blable à  des  échantillons  reçus  de  Déséglise  par  M.  le 
Dr  Gillot  sous  le  nom  do  G.  decolorans.  —  Parc  de  Faye, 
non  loin  de  la  ferme,  dans  un  pré  naturel.  Les  parents 
présumés  sont  C.  dans  les  environs. 

G.  Mollugo  GG.  —  Haies,  lisières  des  bois.  CCC. 


232  F.    GAGNEPAIN. 

G.  silvestre  Poil.  Prés,  bords  des  bois.  C. 

—  —  G.  l<eve   Thuill.  —  Prés.   —  Croux,  com- 

mune de  Thaix  ;  bords  du  canal  Cercy.  R. 
G.saxatile  L.  —  Rochers  granitiques.  —  Vieille-Montagne. 

Commun  dans  le  Morvan. 
G.  palustre  L.  —  Marécages,  fossés.  CC. 
G.  elongatum  Presl.  —  Même  habitat,  AC. 
G.  uliginosum  L.  —  Bruyères  humides   des  sols  maigres. 

AC. 
G.  divaricatum  Lamk.  —  Sables  de  Loire.  Decize.  RR. 
G.  Âparine  L.  —  Haies.  C. 

G.  tricorne  With.  —  Moissons  calcaires.  —  La  Chapelle  et 

Ville-Langy;  Anlezy.  R. 
Asperula  odorala  L.  —  Bois  ombreux.  —  Bords  de   l'Ha- 
leine; les  Glenons.  R. 
A.  Cynanchica  L.  —  Sables  ou  calcaires  secs.  —  Teinte. 

Loire.  AC. 

A.  galioides  M.  Bieb.  DC.  —  Prés.  — Vroux,  commune  de 

Thaix;  Faye,  commune  de  Verneuil;  entre  Bussière  et 

Verneuil.  R. 

Sherardia  arvensis  L.  —  Champs,  plutôt  siliceux.  CC. 

Crucianella  angustifolia  L.  —  Sables.  —  Loire  entre  Teinte 

et  Gannay.  Non  partout.  R. 

Valérianacées. 

Valeriana  oflicinalis  L.  —  Haies  humides,  fossés.  CC. 
V.  dioica  L.  —  Marais,  tourbières.  C. 
Valerianella  olitoria  Poil.  —  Jardins  et  champs.  C. 
V.  carinata  Lois.  —  Terrains  vagues  ;  champs.  —  Cercy. 

AC. 
V.  Auricula  DC.  —  Champs  ;  moissons.  PC. 

—  —  V.  denlata  DC.  —  Même  habitat.  —  Reu- 

gny,  près  Saint-Gratien.  R. 
V.  Morisonii  DC.  —  Champs  calcaires.  —  Champvert.  R. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  233 

Dipsacées. 

Dipsacus  silvestris  Mill.  —  Coteaux,  terrains  vagues,  chemins. 

—  —  var.  dentata  Cariot.  —  Fortes  dents  aux 

feuilles  supérieures.  —  Lamenay. 
Knautia  arvensis  Koch.  —   Champs  surtout  calcaires   ou 

argilo-calcaires.  R.  sur  le  granit.  —  Lanty. 
Scabiosa  Columbaria  L.  —  Champs,  sables.  — Cercy  ;  Saint- 

Gratien  ;  Loire  ;  Lanty.  PR. 
S.  Succisa  L.  —  Bois  et  prés.  CGC. 

Composées. 

Eupatorium  cannabinumh.  —  Endroits  humides;  fossés.  CC. 
Tussilago  Far  far  a  L.  —  Terres  fortes.  CC. 
Solidago  Virga-aurea  L.  —  Bois,  surtout  les  taillis.  C. 
Erigeron  acris  L.  —  Prés  secs;  calcaires  ou  sablonneux  !  C. 
Bellis  perennis  L.  —  Prés,  bois.  CCC. 

—  —  var.  gracilenta  Gagnep.  —  Rosette  de 
feuilles  peu  fournie;  feuilles  minces,  pubescentes,  cen- 
drées ;  tige  grêle  et  élevée  terminée  par  un  capitule 
léger.  Bois  arénacés.  —  Fours. 

Senecio  vulgaris  L.  —  Cultures.  CCC. 

S.  viscosus  L.  —  Sables.  Loire  C.  —  R.  Cercy  et  ailleurs. 

S.  silvaticus  L.  —  Bois  arénacés.  —  Saint-Honoré  (Bor.)  ! 

Fontaines-Vaillant  et  étang  du  Pont  ;  Donjon  ;  Thaix.  AR. 
S.  adonidifolius  Lois.  —   Bois  et  landes  granitiques.  — 

Marnant  ;  Breu  ;  Vieille-Montagne  ;  —  Lamenay  (Bor.). 
S.  Jacobea  L.  —  Landes,  broussailles.  C. 

—  —  S.  nemorosus  Jord.  —  Bois  de  Montaron, 

Briffaut. 

—  —         S.  neglectus  Desv.  GG.  —  Bois  humide  à  la 

Meule,  près  la  Machine  (Bor.). 
S.  aquaticus  Huds.  —  Prés.  C. 

—  —  S.  pratensis  Richt.  Bor.  —  Ressemble  à  S. 
erraticus  Bert,  mais  a  des  feuilles  floconneuses  et  ses 


234  F.   GAGNEPAIN. 

branches,  nées  plus  haut,  sont  moins  étalées.  —  Thaix, 
près  du  parc;  la  Mothe,  près  Decize  sur  la  route  de 
Lamenay. 

S.  erraticus  Bert.  =  S.  barbarewfolius  Rchb.  —  Cercy,  Ver- 

neuil  ;  Ville-Langy  ;  Decize. 

S.  Fuchsii  Gmel.  —  Montagnes  granitiques  (St-Honoré  C.)  ; 
descend  dans  la  plaine  arénacée.  —  Montambert  et 
Breu  ;  étang  des  Chaumes,  près  Diennes  ;  pré  Marchand, 
entre  Fours  et  Coddes.  R. 

Cineraria  spathulifolia  Gmel.  —  Bord  droit  du  canal  aw- 
dessous  de  Lamenay  (Bor.  FI.  Cent.,  éd.  m,  p.  342).  — 
Bord  gauche  du  canal  au-dessus  de  Lamenay  (Bor. 
Herb.  Nevers).  Double  contradiction  !  Il  serait  bon 
de  comprendre  la  rive  d'un  canal,  comme  celle  d'un 
cours  d'eau  ordinaire,  pour  éviter  toute  confusion.  — 
La  plante  en  question  s'est  dérobée  à  toutes  nos 
recherches. 

Ârtemisia  vulgaris  L.  —  Haies,  cours,  champs.  C. 

A.  campeslris  L.  —  Sables  de  Loire.  C.  Nul  ailleurs.  R. 

Leucanthemum  vulgare  Lamk.  —  Champs  et  prés.  CC. 

Matricaria  Chamomilla  L.  —  Champs.  C. 

Obs.  —  Sans  doute  plus  rare  du  temps  de  Boreau  (1837),  qui  prend 
soin  d'indiquer  toutes  les  stations  de  cette  espèce  dans  son  herbier  : 
Decize  (Bor.) 

M.  inodora  L.  —  Champs.  C. 

Ormenis  nobilis  Gay.  —  Routes  et  sentiers  des  bois  aréna- 

cés.  CC. 
Anthémis  arvensis  L.  —  Champs  sablonneux.  Loire.  R. 
A.  Cotula  L.  —  Champs.  C. 

A.  montana  L.  =  A.  coltina  Jord.  —  Graviers  et  cailloux 
de  la  Loire  :  de  Gannay  à  Teinte.  AC.  N.  ailleurs. 
Achillea  Millefolium  L.  —  Champs.  CC. 

—        —  var.  rosea.  AR. 

A.  PtarmicaL.  —  Marécages,  prés  humides.  C. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  235 

Bidens  tripartita  L.  — Marais;  rives;  fossés.  C. 
B.  cernua  L.  —  Même  habitat.  Plus  R. 

—  —  var.  hispida  Jord.  —  Nénuphars. 

—  —  var.  minima  L.  Bor.  —  Gannay,  ruisseau 

de  Rosière  (Moriot.) 

Obs.  —  M.  Moriot  ajoute  (Revue  se.  Bourbonnais,  n°  139,  p.  168)  : 
«  J'en  ai  récolté  plusieurs  échantillons  dans  l'eau  et  où,  par  consé- 
quent, la  plante  avait  les  conditions  requises  pour  atteindre  de 
grandes  dimensions.  » 

Inula  Helenium  L.  —  Prés,  lieux  bas.  —  Brain,  près 
Decize  (Mass!);  Cercy;  Saint-Gervais  ;  digue  du  mou- 
lin du  Loup;  Villevelle,  près  Verneuil.  R. 

/.  salicinah.  —  Coteaux  calcaires  arides.  —  Entre  Champ- 
vert  et  Verneuil.  R. 

L  Conyza  DC.  —  Talus  des  chemins,  terrains  vagues.  AC. 

L  britannica  L.  —  Ile  Hoquet,  à  Brain,  près  Decize,  1878 

(Mass!).  RR. 

Pulicaria  dysenterica  Gsertn.  —  Ruisseaux,  prés  humides.  C. 

P.  vulgaris  Gœrtn.  —  Endroits  bas  exondés.  AC. 

Gnaphalium  luteo-album  L.  —  Champs,  bois.  Toujours  peu 

abondant.  AC. 

G.  silvaticum  L.  —  Bois  arénacés.  PR. 

G.  ulïginosum  L.  —  Limons  asséchés,  terrains  exondés.  CC. 

Antennaria  dioica  Gaertn.  —  Pelouses  sèches,  bruyères. 
Saint-Honoré  (Bor.).  A  échappé  à  toutes  nos  recher- 
ches. 

Filago  germanica  L.  —  Champs  sablonneux.  CC. 

—  —  var.  canescens  GG.  —  Domine  ou  unique. 
F.  arvensis  L.  —  Champs  sablonneux.  CC. 

F.  minima  Duby.  —  Même  habitat.  CC. 

X  F.  minima  X  arvensis  =  F.  média  Gagn.  —  Thareau, 
près  Saint-Hilaire;  champs  sablonneux,  parmi  les 
parents,  également  communs  dans  toute  la  vallée. 
30  juillet  1899.  Un  seul  individu. 


236  F.   GAGNBPAIN. 

Obs.  —  Racine  grêle  annuelle  rameuse;  tige  buissonnante  très 
rameuse  dès  la  base,  de  1  décimètre  de  haut,  à  rameaux  grêles. 

Feuilles  linéaires  lancéolées  aiguës,  cotonneuses,  presque  incanes, 
assez  longues  et  écartées  du  rameau,  les  supérieures  dépassant, 
mais  de  peu,  les  glomérules. 

Glomérules  axillaires  ou  terminaux  assez  distants,  composés  de 
3-5  capitules  petits  ovoïdes  coniques,  peu  laineux;  involucres  à 
écailles  scarieuses,  jaunâtres  au  sommet. 

Akènes  souvent  stériles,  petits,  cendrés,  striés,  plus  courts  d'un 
tiers  que  dans  F.  arvensis. 

Diffère  de  F.  arvensis  par  sa  tige  plus  fine,  plus  rameuses,  ses 
feuilles  plus  courtes,  plus  étroites,  plus  serrées;  par  ses  glomérules 
moins  fournis,  ses  capitules  d'un  tiers  plus  petits,  ses  akènes  plus 
courts,  son  indumentum  général  moins  cotonneux  blanchâtre. 

Diffère  de  F.  minima  par  sa  tige  très  rameuse,  ses  feuilles  plus 
longues,  moins  serrées  imbriquées,  ses  capitules  d'un  tiers  plus  gros, 
moins  aigus;  son  indumentum  plus  blanc.  Se  rapproche  davantage 
de  F.  minima,  quoique  bien  distinct.  Ce  n'est  point  le  F.  subspi- 
cata  Bor.  =  F.  arvensis  X  germanica  dont  il  diffère  essentiellement. 

Logfia  subula ta  Cass.  =  L.  gallica  Coss.  et  Germ.  —  Champs 

sablonneux.  AC. 

Silybum  Marianum  Gaertn.  —  Autour  des  villages,  au  pied 

des  murs.  —  Champvert,  Brain,  près  Decize.  R. 

Onopordon  Acanthium  L.  —  Décombres,  terrains  vagues.  AC. 

Cirsium  eriophorum  Scop.  —  Terrains  vagues  ;  sables.  — 

Loire.  —  Vandenesse,  etc.  PC. 
C.  lanceolatum  L.  —  Bords  des  chemins.  C. 
C.  acaule  Ail.  —  Gazons  des  collines,   talus,   surtout  cal- 
caires. PC. 
C.  anglicum  DC.  —  Prés  humides  et  tourbeux.  AC. 

Obs.  —  M.  Mass  a  récolté  une  forme  très  intéressante  de  C.  angli- 
cum. Feuilles  raides,  à  dents  profondes,  tige  basse  à  hampe  trapue, 
terminée  par  trois  capitules.  N'est  pas  C.  bulbosum,  mais  se  rap- 
proche beaucoup  de  C.  médium  Ail.  Bor.  ==C.  bulboso-acaule.  Est 
probablement  C.  anglicum  X  acaule.  Marais  du  pré  de  la  Brosse, 
commune  de  Devay. 

C.  palustre  Scop.  —  Marais  des  champs,  surtout  des  bois.  CC. 
C.  arvense  Scop.  —  Champs  et  jachères,  prés.  CCC. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  237 

Carduus  erispus  L.  —  Autour  des  maisons.  —  Cercy.  Nul 

ailleurs.  RR. 
C.  nutans  L.  Champs,  bords  des  chemins.  C. 
Centaurea  Jacea  L.  —  Prés.  CCC. 

—  —  C.  Duboisii  Bor.  —  Prés.  Çà  et  là.  AR. 

—  —  C.  pratensis  Thuill.   —  Bois  du  Buisson, 

près  Vandenesse  (Bor.). 
C.  nigra  L.=  C.  nemoralis  Jord.  —  Bois  de  la  région  sili- 
ceuse. CC. 

Obs.  —  Il  existe  des  formes  à  appendices,  ovales,  obtus  au  som- 
met sur  les  écailles  inférieures;  d'autres  à  appendices  aigus  et  des 
fils  aranéeux  sur  les  capitules.  Les  involucres  deviennent  cendrés, 
de  brun  fauve  qu'ils  sont  habituellement,  pour  peu  que  la  station 
soit  humide. 

C.  Scabiosa  L.—  Champs  calcaires. — Vandenesse,  Champvert; 

même  sur  le  granit  :  Lanty  ;  peut-être  ici  hétérotopique. 

C.  maculosa  Lamk.  —  Sables.  —  Loire;  de  Teinte  à  Gan- 

nay.  C.  Nul  ailleurs. 
C.  Cyanus  L.  —  Champs  et  moissons.  CC. 
C.  Calcitrapa  L.  —  Terrains  vagues  et  secs,  chemins.  C. 

Loire;  région  calcaire. 

Obs.  —  Serratula  tinctoria  pourrait  se  trouver  dans  la  région,  par 
exemple,  vers  Sougy,  dans  les  bois.  A  rechercher  1 

Carlina  vulgaris  L.   —   Gazons  en  pente  secs;   talus  des 

chemins.  C. 
Lappa  minor  DC.  —  Terrains  vagues,  cours.  C. 

—  —  L.  pubens  Bor.  —  Çà  et  là.  PC. 

L.  major  Gœrtn.  —  Terrains  vagues,  cours.  —   Cercy  et 

environs  immédiats.  C.  AR.  ailleurs. 
L.  tomentosa  Lamk.  —  Saint-Honoré  (1871,  G.  Rouy.) 
Cichorium  bxtybus  L.  —  Champs  et  jachères.  CC.  Rarement 

à  fleurs  rosées. 
Arnoseris   pusilla  Gœrtn.   —   Jachères  des  sols  arénacés. 

AC.  Nul  ailleurs. 


238  F.    GAGNEPAIN. 

Lampsana  communis  L.  —  Haies.  CC. 
Hypochxris  radicata  L.  —  Prés,  chemins  des  bois.  C. 
Thrincia  hirta  Roth.  —  Moissons,  jachères.  C. 
Leonlodon  autumnalis  L.  —  Sables  de  Loire,  au  Brain,  près 

Decize  (Mass  !).  Paraît  R. 
Leonlodon  proleiformis  Vill.  —  Pelouses,  prés. 

—  —  i&v.glabralus  Koch. — La  Machine  (Bor.)  RR. 

—  —  var.  vulgaris  Koch.  =  L.  hispidus  L.  — C. 
Picris  hieracioides  L.  —  Talus,  bords  des  chemins.  CCC. 

Obs.  —  Certaines  formes  à  capitules  en  ombelles  ! 

Scorzonera  humilis  L.  —  Prés  et  bois  humides  de  la  région 

siliceuse.  C. 
Tragopogon  pratensis  L.   —  Prés.  —  Cercy;  Champvert; 

Thianges,  etc.  AC. 

—  —  var.  tortilis  GG.  —  Cercy. 

Chondrilla  juncea  L.   —  Champs  sablonneux.  Loire  :    C. 

Aron  :  Saint-Gervais.  R. 

Ob8.  —  Cette  plante  végète  ailleurs  en  plein  calcaire  :  xéro- 
phile  ! 

Taraxacum  Dem-Leonis  Desf.  —  Prés.  CCC. 

—  —  T.  officinale  Wigg.  —  C. 

—  —  T.  rubrinerve  Jord.  —  Cercy.  C. 

—  T.  palustre  DC.  —  Prés  humides  à  fond  tour- 
beux. —  Boulats,  près  Charrin  ;  Haleine  ;  Riégeot, 
près  Champvert.  AC. 

—  —  T.  udum  Jord.  —  Chèvre,  entre  Vandenesse 

et  Rémilly. 
Lactuca  saligna  L.  —  Champs  calcaires,  de  Champvert  à 

Isenay;  de  Saint-Léger  à  Anlezy.  AC. 
L.  Scariola  L.  —  Haies,  terrains  vagues.  C. 
L.  virosa  L.  —  Terrains  vagues,  Saint-Hilaire  ;  Cercy;  Ver- 

neuil.  RR. 
L.  muralis  Fres.  =  Prenanthes  muralis  L.  —  Bois.  C. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  239 

L.  perennis  L.  —  Moissons,  vignes  calcaires.  —  Verneuil, 

Thianges  ;  Ville-Langy.  AR. 
Sonchus  oleraceus  L.  —  Champs,  jardins.  CC. 

—  —  S.  asper  Vill.  —  Champs,  jardins.  C. 
S.  arvensis  L.  —  Moissons.  C. 

Mulgedium  Plumier i  DC.  —  Bois,  prés  des  montagnes.  — 

Vieille-Montagne,  près  Saint-Honoré  (Bor.).  RR. 

Crépis  taraœacifolia  Thuill.  =  Barkhausia —  DC  —  Prés 

secs  et  montueux,  surtout  du  calcaire.  CC. 
C.  fœtfda  L.  —  Champs  calcaires,  parfois  dans  l'arène.  R. 
C.  biennis  L.  —  Prés  fertiles.  AC. 

C.  nicœensis  Balb.  —  Prés.  —   Rive  gauche  de  la  Canne, 

au-dessus  du  pont  Canneau  ;  Cercy.  RR. 
C.  agrestis  W.  et  K.  —  Prés.  —  Vroux,  près  Thaix.  R. 

Obs.  —  Très  ressemblant  à  l'espèce  suivante  mais  à  capitules  plus 
gros  du  double. 

C.  virens  L.  Vill.  —  Champs  et  prés.  C. 

—  —  var.  diffusa  DC.  —  Cercy;  etc.  AC. 

C.  pulchra  L.  —  Champs  et  vignes  calcaires.  —  Champvert, 

Biches,  Ville-Langy,  Thianges,  etc.  AR. 
Hieracium  Pilosella  L.  —  Prés  secs,  talus.  CC. 

—  —  var.  nigrescens  Fries.  —  Çà  et  là. 

H.  Pelleteria?ium  Mérat.  —  Sables  et  graviers.  —  Loire.  R. 

H.  Auricuia  L.  —  Prés  secs,  talus.  C. 

H.  murorum  L.  —  Bois.  C. 

H.  vulgatum  Fries.  —  Bois  de  la  région  siliceuse.  AC. 

H.  umbellatum  L.  —  Bois  et  taillis.  C. 

Ambrosiacées. 

Xanthium  slrumarium  L.  —  Fossés,  chemins,  cours.— Cercy, 
àla  Guette;  Châtelier,  près  Verneuil  (Joannin-Déponge)! 
moulin  du  Breu,  près  Saint-Hilaire.  AR. 

Obs.  —  Si  X.  macrocarpum  n'est  point  reconnu  plus  tard  dans 
notre  circonscription  aux  bords  de  la  Loire,  il  faudra  en  conclure 


240  F.  GAGNEPAIN. 

que  l'Allier  l'apporte  dans  le  fleuve  au-dessous  de  son  confluent.  Ce 
Xanthium  abonde  en  effet  aux  bords  de  l'Allier  et  de  la  Loire  en 
aval  de  Nevers. 

Campanulacées. 

Jasione  montana  L.  —  Jachères  et  champs  sablonneux.  C. 
/.  perennis  L.  —  Le  type,  répandu  en  Auvergne,  est  rem- 
placé par 
—        —        J.  Carioni  Bor.  —  Pelouses  granitiques  ou 
sablonneuses.  —  Vieille-Montagne  (G.  Rouy).  Sables 
de  Sougy.  R. 
Phyteuma  spicatum  L.  —  Bois.  —  Cercy  ;  le  Royan,  près 
Charrin;  Montaron;  Montambert;  Thaix;  la  Machine. 
PC. 
Specularia  Spéculum  A.  DC.  —  Champs  calcaires  de  Saint- 

Léger  à  Verneuil  et  à  Ville-Langy.  PC. 
Campanula  glomerata  L.  —  Pelouses  sèches  calcaires  et 
granitiques.  —  Cercy  ;  Decize  ;  Vandenesse  ;  —  Vieille- 
Montagne  et  Lanty  en  plein  granit. 
C.   TracheliumL.  —  Haies.  —  Cercy;   Isenay,  Verneuil; 

Champvert.  AC. 
C.  rotundifolia  L.  —  Calcaires,  granits,  sables.  Sables  de 

Loire.  R.  ailleurs. 
C.  Rapunculus  L.  —  Haies.  —  Cercy  ;  Verneuil  ;  Champ- 
vert;  Saint-Léger;  Lanty;  AR. 
C.  patula  L.  —  Haies  et  broussailles  ombreuses.  —  Sougy 
(Bor.),    entre  Chaumigny   et  Vroux  ;  Cercy  ;   Thaix  ; 
Vandenesse  ;  stand  de  Decize.  R. 

Ericacées. 

Calluna  vulgaris  Salisb.  —  Clairières  des  plaines  et  mon- 
tagnes. CCC. 

Erica  tetralix  L. —  Tourbières.  —  Lamenay  (Bor.);  bois  de 
Brain,  près  Decize  (Mass !)  ;  —  Donjon;  Briffaut;  Fon- 
taines-Vaillant, près  Montambert.  R. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  241 

E.  cinerea  L.  —  Terrains  arides  et  siliceux.  —  Maulaix,  près 
la  Nocle  (Bor.)  ;  Briet  ;  Donjon  ;  route  de  Saint-Hilaire 
à  la  Nocle  ;  Montambert.  AR. 

06s.  —  Près  Montambert,  à  l'étang  Vaillant,  une  forme  remar- 
quable par  sa  haute  taille  porte  de  longues  grappes  unilatérales  très 
fournies  (var.  compacta  Gagnp.) 

Monotropacées. 

Monotropa  Hypopithys  L.  =  M.  glabra  DC.  —  Bois  d'es- 
sences diverses  ;  bois  de  chênes  —  Pré  Mandé,'  à  Brain, 
près  Decize  (Mass!);  Donjon;  environs  de  l'étang  du 
Breu  ;  forêt  de  Vincences.  R. 

Lentibulariacées. 

Utricularia  vulgaris  L.  —  Eaux   dormantes    et    croupis- 
santes. PC. 

Primulacées . 

Hotlonia  palustris  L.  —  Eaux  dormantes  et  croupissantes. 

—   Cercy;   Saint-Hilaire.   Manque  en  plusieurs  loca- 
lités. AR. 
Primula  officinalis  Jacq.  —  Prés  sains.  CC. 
P.  elalior  Jacq.  —  Haies  et  broussailles,  bois.  Çà  et  là. 

Non  partout. 
X  P.  digenea  Kern.  =  P.  officinalis  X  elatior.  —  Entre  le 

château  de  Champlevois  et  le  village.  RRR.  Cultivé  côte 

à  côte  avec  P.  elatior,  il  a  été  l'objet  de  la  description 

et  des  comparaisons  suivantes  : 

06s.  —  Feuilles  ridées,  pétiole  ailé,  peu  denticulé,  limbe  brusque- 
ment étalé,  velu  en  dessus,  moins  en  dessous.  Hampes  minces  un 
peu  velues,  ressemblant  à  celles  de  P.  officinalis.  Bractées  intermé- 
diaires pour  la  longueur,  aiguës,  blanchâtres.  Pédoncules  velus 
autant  que  ceux  de  P.  elatior,  mais  pâles.  Calice  large,  renflé,  pâle, 
un  peu  vert  ;  à  dents,  égalant  le  tiers  du  tube,  allongées,  larges, 
intermédiaires.  Corolle  un  peu  évasée,  moins  que  dans  P.  elatior, 
veinée  pâle  comme  dans  P.  elatior,  gorge  peu  orangée  en  dehors, 

TOME  XIII.  16 


242  F.   GAGNEPÀIN. 

marquée  de  5  lignes  assez  orangées  en  dedans.  Odeur  peu  accusée. 
Pollen  des  étamines  supérieures  plus  arrondi  que  celui  de  P.  offici- 
nalis,  avec  malformations!  A  première  vue  semble  être  un  P.  offi- 
cinalish,  fleurs  évasées  et  pâles.  Se  rapproche  d'ailleurs  davantage 
de  lui  pour  l'ensemble  des  caractères  qui  sont  intermédiaires  ! 

Lysimachia  vulgaris  L.  —  Ruisseaux,  broussailles  maréca- 
geuses. C. 

L.  Nummularia  L.  —  Haies  et  prés  frais,  fossés.  C. 

L.  nemorum  L.  —  Bois  ombreux,  frais.  —  Paye  ;  Page,  com- 
mune de  Champvert;  Regon,  près  les  Nénuphars; 
Bussière,  près  la  Machine;  Saint-Michel,  près  Ré- 
milly;  Vieille-Montagne.  R. 

Centunculus  minimus  L.  —  Chemins  sous  bois,  dans  le 
gazon  ras.  —  Entre  Champlevois  et  Paye  ;  raccourci 
des  Roses  à  Briet;  chaumes  de  l'étang  du  Loup  à 
Diennes.  R. 

Anagallis  phxnicea  Lamk.  —  Cultures  des  calcaires  et  des 

sables.  C. 

A.  c&rulea  Schr.  —  Cultures  des  calcaires.  C.  — Nul  ailleurs. 

A.  tenella  L.  —  Tourbières.  —  Donjon;  Nénuphars;  Mon- 
tambert;  Fontaines-Vaillant;  Montaron;  etc.  AR. 

Oléacées. 

Fraxinus  excelsior  L.  —  Bois  humides,  haies.  CC. 
Ligustrum  vulgare  L.  —  Haies,  buissons,  lisières.  C. 

Apocynacées. 

Vinca  minor  L.  —  Haies  et  bois  ombreux.  C. 
V.  major  L.  —  Bois.  —  Parc  des  Brunettes.  Toute  l'appa- 
rence de  la  spontanéité;  au  moins  naturalisé. 

Asclépiadacées. 

Vincetoxicum  officinale  Mœnch.  —  Haies,  landes  calcaires. 
—  Decize,  sables  ;  Chapelle,  près  Ville-Langy  ;  Anlezy  ; 
R.  Nul  ailleurs. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  243 

—        —  var.  pubescens  Cariot.  —  Tiges  et  feuilles 

densément    veloutées.  —  Decize,    confluent  d'Aron. 
(Disparu,  oct.  1899.) 

Gentianacées. 

Erythr&a  pulchella  Frics.  —  Pelouses  sèches  ou  humides, 
sableuses  ou  calcaires.  —  Cercy;  Saint-Léger;  Ver- 
neuil  ;  la  Machine  ;  forêt  du  Vincences.  PR. 

E.  Ceniaurium  Pers.  —  Bois.  C. 

Cicendia  filiformis  Delarb.  —  Pelouses  humides  ou  om- 
breuses, jamais  dans  le  calcaire.  —  Breu  ;  bois  de 
Couëron,  à  Thaix  ;  chemins  forestiers  de  Champlevois; 
Montaron  ;  Regon,  près  Briet  ;  bois  Clair  et  de  la  Vinée, 
près  Fours;  étang  du  Loup  à  Diennes.  PC. 

C  pasilla  Griseb.  —  Même  habitat,  souvent  mêmes  stations. 

06s.  — Ces  deux  Gnntianacèes  auxquelles  il  faut  joindre  Centun- 
culus  minimus  et  Radiola  linoides,  sont  difficiles  à  apercevoir  à 
cause  de  leur  ténuité  et  du  peu  d'éclat  de  leurs  fleurs.  On  les  porte 
rares  dans  bien  des  Flores  parce  qu'elles  ont  été  rarement  obser- 
vées; mais  cette  rareté  n'est  que  relative.  Partout  où  le  hasard  nous 
a  fait  découvrir  Radiola  linoides  nous  avons  aperçu  après  dos  recher- 
ches minutieuses  au  moins  l'une  des  Cicendies.  Toutes  ces  plantes 
affectionnent  les  mômes  stations  siliceuses,  humides,  ombreuses, 
gazonnées,  un  peu  battues  comme  les  sentiers  des  bois. 

Chloraperfoliata  L.  — Coteaux  et  broussailles  calcaires.  — 
Brain,  Devay  (Mass!)  ;  entre  la  Copine  et  Saint-Léger, 
aux  carrières  de  kaolin  ;  Châtelier,  près  Verneuil.  R. 

Gentiana  Cruciata  L.  —  Gazons  et  clairières  du  calcaire.  — 

Champ  vert,  sur  Trochereau  (Bor.) 

Menyanthes  trifoliata  L.  —  Prés  marécageux  et  tourbeux. 
—  Donjon  ;  Nénuphars  ;  Montambert  ;  Montaron  ; 
Lanty.  AC.  Nul  hors  de  la  région  siliceuse. 

Limnanthemum  nymphoides  Lamk  =  Villarsia  —  Vent.  — 
Marais,  ganches  ou  relaissés  de  la  Loire.  —  Gannay- 
sur-Loire,  gonse  Claire  (Moriot!);  pont  de  pierre  de 
Decize.  RR. 


244  F.   GAGNEPAIN. 

Convolvulacées. 

Convolvulus  sepium  L.  —  Haies.  C. 

C.  arvensis  L.  — Champs  et  jardins.  CC. 

Cuscuta  europœa  L.  =  C.  major  Bauhin.  —  Endroits  frais  ; 
haies,  broussailles.  —  Druy,  Charrin  (Bor.),  Cercy, 
barrage  et  Vreilles.  AR.  —  Sur  l'Ortie  dioïque,  le  Hou- 
blon, les  Ronces,  Cirsium  arvense. 

C.  epithymum  L.  —  Tertres,  talus.  Sur  la  Bugrane,  le  Ser- 
pollet,  le  Scandix,  Convolvulus  arvensis,  Lotus  cornicu- 
latus,  etc.  AR. 

C.  Trifolii  Bab.  —  Infeste  les  Trèfles  et  Luzernes.  CC. 


Borrago  offîcinalis  L.  —  Décombres,  jardins,  jamais  hors 

des  villages.  AC. 
Symphytum  officinale  L.  —  Prés  humides,  fossés.  —  Cercy, 

Vandenesse,  etc.  PR. 

—  —  var.  rosea. — Cercy. 

Anchusa  ilalica  Retz.  —  Moissons  calcaires,  au  moins 
sèches.  —  Coteau  de  Saint-Léger,  à  Isenay  ;  Thianges  ; 
Anlezy,  etc.  AR. 

Lycopsis  arvensis  L.  —  Champs  secs,  terrains  vagues.  C. 

Lilhospermum  purpureo-cœruleum  L.  —  Broussailles  cal- 
caires et  montueuses.  —  Devay,  à  la  Gargole,  entre 
Champvert  et  Decize.  R. 

L.  officinale  L.  —  Haies,  broussailles.  AC. 

L.  arvense  L.  —  Champs  sablonneux.  C. 

—  —  var.  cœruleum  DC.  — Fleurs  bleues  ou  roses. 
Devay;  Champvert;  Cercy;  Saint-Hilaire  ;  bords  de  la 
Loire.  PC.  Avec  le  type. 

Echium  vulgare  L.  —  Champs  secs,  sables.  CC 

—  —  E.  Wierzbickii   Haberl.  —  Loire. 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  245 

Pulmonaria  vulgaris  Mérat.  =  P.  tuberosa  Schr.  —  Bois, 

haies.  C. 
Myosotis  palustrisWith.  —  Prés  marécageux;  bois. 

—  —  var.  strigulosa  Mert.  et  Koch.  —  Canne; 

Bussière;  Champlevois.  CC. 

M.  lingula ta  Lehm.  =  M.  cœspitosa  Sch.  —  Fossés,  ruisseaux. 

—  Martigny  ;  Coddes,  près  Cercy;  Gannay-sur-Loire.  R. 

—  —  M.  rnultiflora  Mérat.  —  Decize  (Bor). 
M.  stricta  Link.  —  Champs  sablonneux.  AC. 

J/.  versicolor  Pers.  —  Champs  sablonneux  ou  arénacés.  C. 
if.  hispida  Schl.  —  Sables  de  Loire;  Champvert,  etc.  AC. 
M.  inter média  Link.  —  Partout,  champs  et  jardins.  CC. 
M.  silvatica  Hoffm.  —  Bois,  haies  humides  ou  ombreux.  — 

Cercy  C;  Montigny.  AR.  ailleurs. 
Echinospermum  Lappula   Lehm.   —  Vignes.  —   Lanty.  R. 

Rechercher  à  Devay  et  Charrin. 
Cynoglossum  officinale  L.  —  Pelouses  calcaires,  décombres. 

C.  dans  la  région  calcaire.  R.  ailleurs. 

Heliotropium  Europœum  L.  —  Sables  ;  parfois  sur  le  calcaire  ; 

xérophile  !  —  Sables  de  Brain  (Mass  !).  —  Sougy.  R. 

Solanacées. 

Solanum  nigrum  L.  —  Cultures. 

—  —  5.  ochroleucum  Spenner.  —  C.  bords  de  la 

Loire  (Bor.)  —  Cercy.  C. 

—  —  5.  miniatum  Willd.  —  C.  bords  de  la  Loire 

(Bor.) 
5.  Dulcamara  L.  —  Bords  des  ruisseaux,  haies,  broussailles 

marécageuses.  C. 
Atropa  Belladona  L. — Taillis.  —  Moulins-Engilbert(Bor.)  RR. 
Physalis  Alkekengi  L.  —  Vignes.  — Moulins-Engilbert(Bor.); 
Brain,    près    Decize  (Mass!)   Verneuil,   au-dessus    du 
canal    (Joannin-Déponge) ;    Devay;     Charrin;    Saint- 
Léger.  AR. 


V 


246  F.    GAGNEPAIN. 

Datura  Stramonium  L.  —  Décombres,  jardins.  AC,  le  plus 

souvent  adventice. 
Hyoscyamus  niger  L.  —  Décombres,  jardins;  jamais  à  l'écart 

des  villages.  AC. 

Verbascacées. 

Verbascum  Thapsus  L.  —  Çà  et  là,  chemins,  jachères. 
V.  Thapsiforme  Schrad.  —  Sables  de  Loire.  G.  Nul  ailleurs. 
V.  BlaUaria  L.  —  Prés,  haies.  C. 

V.  floccosum  Waldst.  et  Kit.  —  Terrains  vagues,  chemins, 

jachères.  C. 
V.  LychnUis  L.   —   Même  habitat.  —   Decize,   Saint-Hi- 

laire,  etc.  AC. 

—        —  V.  album  Mill.  —  Même  habitat.  —  Sougy, 

route  de   Vandenesse  à  Saint-Honoré.   R.  —   C.  en 

Morvan  sur  le  granit;  se  trouve  aussi  sur  le  calcaire!! 

06s.  —  Sur  le  sec,  très  difficile  à  distinguer  du  type  à  fleurs  jaunes, 
car  dans  l'un  et  l'autre  les  fleurs  rougissent  par  la  dessiccation. 

V.  nigrum  L.  —  Terrains  vagues,  bords  des  chemins.  — 
Moulins-Engilbert  (Bor.);  Haleine  à  Rémilly,  Fours  et 
Cercy;  Lanty,  C;  Saint-Honoré,  AR. 

X  V.  nothum  Koch  =  V.  thapsiforme  x  floccosum.  —  Avec 
les  parents,  digue  de  Thareau.  (1894-1899).  RRR. 

Obs.  —  Facile  à  distinguer  par  ses  fortes  proportions,  sa  tige  un 
peu  ailée,  un  peu  floconneuse  ainsi  que  les  feuilles,  ses  nombreux 
rameaux  effilés  à  fleurs  intermédiaires  qui  avortent  presque  toujours. 

X  V.  collinum  Schr.  =  V.  Thapsus  X  nigrum-  —  Avec  les 
parents,  au  pont  des  Arreaux,  près  la  ligne  de  Gilly 
(1895-1896).  RRR. 

Obs.  —  Reconnaissable  à  la  verdure  sombre  des  feuilles,  à  leur 
forme  subcordée,  à  la  tige  violacée  sous  le  duvet,  aux  fleurs  à 
poils  staminaux  violacés. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  247 

X  V.  Bastardi  Rœm.  et  Schult.  Bor.  =  V.  Thapsi forme  X  Blat- 
taria.  —  Au  milieu  de  V.  Thapsiforme,  à  une  dizaine  de 
mètres  de  V.  BLattaria,  ce  qui  fait  supposer  que  ce 
dernier  est  le  porte-pollen.  —  Gare  de  Cercy,  dépôt 
des  machines  (oct.  1896).  RRR. 

Obs.  —  Dimensions  de  V.  Thapsiforme  réduites,  rameaux  florifères 
en  longues  verges  dénudées  par  avortement  des  capsules. 

Scrophulariacées. 

Scrophularia  nodosa  L.  —  Bois,  haies.  C. 

S.  aquatica  L.  —  Rives,  eaux  courantes.  C. 

S.  canina  L.  —  Sables.  —  Loire  C.  Ailleurs  accidentelle- 
ment. AR. 
—        —  var.  albiflora  Gagnp.  —  Avec  le  type.  N'en 

diffère  que  par  la  coloration  plus  verte  et  non  rougeâtre 
des  tiges,  des  feuilles,  par  les  fleurs  blanches.  Est  au 
S.  canina  ce  qu'est  au  Mibora  minima  sa  var.  alba  Bor. 
Decize,  sous  le  pont  de  pierre  ;  carrière  de  galets  de 
Lamenay.  RR. 

Anlirrhinum  Orontium  L.  —  Cultures.  C. 

A.  majus  L.  —  Murailles.  —  Remparts  de  Decize.  C.  Nul 

ailleurs. 

Anarrhinum  bellidifbliam  Desf.  —  Jachères  arénacées.  Ré- 
gion comprise  entre  Loire  et  Haleine.  AC.  —  Sougy; 
Decize,  Avril-sur-Loire  (Bor.)!  Brain,  près  Decize 
(Mass  !). 

Obs.  —  On  remarque,  après  un  été  pluvieux,  des  tiges  fouillées, 
crépues  jusqu'au  sommet,  sans  trace  de  fleurs  môme  avortées.  Ce 
n'est  qu'un  état  tératologique  de  virescence. 

Linaria  Cymbalaria  Mill.  —  Murailles.  —  Cercy,  Decize.  C. 

R.  ailleurs. 

Obs.  —  Fréquemment  cultivée  en  pots  sous  le  nom  bizarre  de 
c  Ruines  de  Rome.  »  D'origine  adventice,  cette  plante  se  naturalise 
très  facilement  sur  les  murs. 


248  F.    GAGNEPAIN. 

Linaria  spuria  Mill.  —  Moissons  sèches.  C. 
L.  Elatine  Desf.  —  Avec  la  précédente.  CC. 
L.  vulgaris  Mœnch.  —  Champs,  après  la  moisson.  CC. 
L.  stria  ta  DC.  —  Moissons  surtout  dans  l'arène.  C. 
X  L.  oc/iroleuca  de  Bréb.  s.  lat.  =  i.  striata  X  vulgaris.  — 
Avec  les  parents,  au  château  du  Rompois,  près  Cercy.  RR. 

Obs.  —  Buissons  touffus  à  tiges  étalées  redressées.  Sommet  des 
tiges  parfois  avorté  ce  qui  fait  que  les  rameaux  sont  plus  longs  que 
les  tiges  principales.  Feuilles  primordiales  longues  de  3-4  centim. 
linéaires  aiguës.  Feuilles  raméales  de  moitié  plus  petites.  Pédoncules 
de  3  millim.  Calice  à  5  divisions  linéaires  de  3-4  millim.  de  long. 
Corolle  longue  de  18  millim.,  éperon  compris,  jaune  blanchâtre 
sans  stries;  palais  à  lèvre  inférieure  jaune  soufre,  trifide  à  lobes  non 
divergents;  à  lèvre  supérieure  bifide;  éperon  de  3  millim.  de  long, 
translucide,  droit,  conique,  aigu.  Capsule  globuleuse  surmontée  par 
le  style  marcescent,  à  commissure  profonde.  Graines  non  ailées, 
anguleuses  trigones  quand  elles  ne  sont  pas  avortées. 

Très  voisin  de  L.  striata  par  l'ensemble  des  caractères.  Bien  diffé- 
rent du  L.  vulgaris  X  striata,  qui  se  rapproche  davantage  de  L.  vul- 
garis, et  que  nous  avons  pu  étudier  à  notre  aise  aux  environs  de  la 
Charité  et  qui  est  plus  commun. 

Linaria  minor  Desf.  — Moissons,  jardins.  C. 

Gratiola  officinalis  L.  —  Rives,  fossés,  étangs.  —  Vallées 

de  Loire,  Aron,  etc.  AC. 

Lindemia  pyxidaria  L.  —  Sables  limoneux  des  baies  ou 
ganchesd'Aron,  de  Loire.  —  Chaumigny  ;  Mazille,  près 
Montaron;  Cercy,  au-dessous  du  barrage;  boire  àDe- 
cize.  R.  et  non  tous  les  ans  selon  les  crues. 

L.  gratioloides  Lloyd.  =  llisanthes —  Benth.  —  Sables  limo- 
neux. Brain,  près  Decize  (Mass!).  Boire,  ganche  de 
Loire,  à  Decize.  RR. 

Obs.  —  Certains  botanistes  prétendent,  et  sans  doute  avec  raison, 
que  cette  dernière  espèce  tend  à  dominer,  à  remplacer  de  plus  en  plus 
L.  pyxidaria.  Les  deux  plantes  sont  annuelles  et  de  ce  chef  les 
chances  de  résister  sont  égales.  MaisL.  gratioloides  fleurit  environ 
huit  ou  quinze  jours  (20  août-lcr  septembre)  après  sa  compagne;  elle 
peut  éviter  ainsi  les  crues  d'orages  de  juillet  et  août  qui  ont  pu 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  249 

noyer  L.  pyxidaria.  En  outre  sa  floraison  se  poursuit  jusqu'en  sep- 
tembre et  octobre.  Ses  fleurs  sont  toujours  ouvertes;  le  L.  pyxidaria 
les  a  souvent  petites  et  cleistogames.  Il  y  a  donc  là  une  série  de 
supériorités  pour  la  plante  adventice.  * 

Veronica  Teucrium  L.  —  Gazons,  tertres,  pentes  des 
coteaux  secs. —  La  Machine;  Teinte  ;  Champvert  ;  Devay . 
AC;  AR.  ailleurs. 

V.  prostrata  L.  —  Decize  (Bor.). 

V.  Chamxdrys  L.  —  Haies,  bords  des  chemins,  prés  secs.  C. 

V.  Beccabunga  L.  —  Eaux  courantes.  C. 

V.  Anagallis  L.  —  Même  habitat.  AC. 

V.  scutellata  L.  —  Prés  marécageux.  C. 

V.  nwntana  L.  —  Bois  frais  et  ombreux.  — •  La  Machine 
(Bor.);  Cercy;  Faye;  Champvert;  Riégeot ;  Vieille- 
Montagne.  AR. 

V.  officinalis  L.  —  Bois  et  taillis.  CC. 

V.  serpyllifolia  L.  —  Prés  fertiles;  champs.  C. 

V.  arvensis  L.  —  Champs  et  prés  sains.  C. 

V.  persica  Poir.  =  V.  Buxbaumii  Pers.  —  Champs.  —  Cercy  ; 

Faye;  Champvert;  Decize.  PR. 

V.  verna  L.  —  Sables  de  Loire;  Teinte;  Devay;  Saint- 

Hilaire.  R. 

V.  acinifolia  L.  —  Sables,  terres  légères.  —  Loire,  AC. 

AR.  ailleurs. 

V.  triphyllos  L.  —  Sables  et  champs  sablonneux.  —  Loire. 

AC.  Nul  ailleurs. 

V.  agrestis  L.  —  Cultures  de  terre  légère.  AC. 

V.  didyma  GG.  =  V.  polita  Fries.  —  Même  habitat.  C. 

V.  hederifolia  L.  —  Haies  et  murs.  CC. 

Limosella  aquatica  L.  —  Sables  limoneux  humides.  Loire, 

Aron,  étangs.  AC. 


1.  L'extension  de  cette  petite  plante  vers  l'Est  do  la  France  a  déjà  été  signalée 
par  M.  le  Dr  Gillot  :  Noies  de  géographie  botanique.  Dispersion,  des  espèces.  {Le 
Monde  des  plantes,  n*  98,  l*r  janvier  1898.  Bull,  assoc.  fr.  de  botanique^  p.  60.) 


ÎSO  F.   OAON'EPAIN. 

bigitalit  purpurea  L.  —  Haies,  bois.  Fuit  le  calcaire  avec 
persistance.  —  Decize.  Fours,  Moulins-Engilbert  Bor.  ! 
Toute  la  région  siliceuse  et  en  outre  la  Machine.  C. 

t).  lutta  L.  —  Bois  et  haies  du  calcaire.  —  Entre  la 
Vieille-Montagne  et  le  mont  Torchon,  tout  près  des 
sources  captées  pour  le  château,  en  plein  granit  !  RR. 

tiuphratia  officinalis  L.  —  Sentiers  des  bois,  bruyères.  CC. 

—  —  R.  maialis  Jord.  —  Pré  d'en  Briffaut,  près 

Montaron.  RR. 
Odontites  rubra  Pers.  —  Haies,  champs. 

—  —  0.   verna  Rchb.  —  C. 

—  —  0.   serotina  Rchb.   —  Endroits  humides, 

marécageux.  AC. 
lihinanthus  major  Ehrh.  —  Prés  sains.  C. 

—  —  var.  glaber  Sch.  —  C. 

—  —  var.  hirsutus  DC.  Sch.  —  Cercy,  bords  du 

canal. 

Pedicularis  palustris  L.  —  Marais  herbeux  ;  tourbières.  — 

Marnant  ;  en  Briffaut,  près  Montaron  ;  bois  de  Vauvray 

et  étang  do  la  Boue,  près  Rémilly.  R. 

P.  silvatica  L.  —  Bois  siliceux  et  humides.  G.  entre  Aron 

et  Loire. 
Melampyrum  arvense  L.  —  Champs  et  moissons  calcaires 

seulement.  AG. 
M.  pratense  L.  —  Bois  et  taillis.  C. 

Orobanchacées. 

Orobanche  Hapum  Thuill.  —  Sur  Sarothamnus  scoparius. 

C.  Sur  S.  purgans  à  Teinte.  R. 

()b&.  —  A  Champlevois  et  à  Saint-Michel  près  Rémilly,  une  forme 
de  moitié  plus  petite  appauvrie,  presque  méconnaissable  à  l'aspect, 
croissant  parmi  des  Graminées  (forme  depauperata  Qagnp.) 

0.  Galii  Vauch.  —  Sur  Galium  Mollugo  —  Pendants,  près 

Decize  (Mass!).  RR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  251 

0.  epithymum  DC.  —  Sur  le  Serpollet.  —  Vreilles,  près 

Cercy.  R. 

0.  Teucrii  Holl.  — Sur  Teucrium  Cham&drys.  —  Grand- Vivier 

près  Druely,  non  loin  de  nos  limites.  R. 

0.  Picridis  Vauch.  —  Sur  Picris  hieracioides.  —  St-Gervais, 
près  Verneuil,  bord  du  canal  (Joannin-Déponge  !).  RRR. 

0.  minor  Sutt.  —  Sur  Trifolium  sativum,  ligne  de  Gilly  au 
Village-Gaudry,  près  Cercy  ;  trouvé  dans  le  jardin  de 
Roche  sur  les  boutures  d'un  Pelargonium  horticole 
(Joannin-Déponge).  RR. 

0.  amethystea  Thuill.  =  0.  Eryngii  Vauch.  —  Sur  Eryn- 
gium  campestre.  —  Sougy  (Bor.);  pente  de  la  carrière 
de  Teinte,  tournée  vers  la  Loire  (1895-99).  Probable- 
ment la  station  reconnue  par  Boreau. 

Genre  Mentha. 1 

Spicatœ. 
a.  Rotundifoliœ. 
Mentha  rotundifolia  L.  —  Prés,  chemins,  champs.  C. 

b.  Silvestres  spuriœ. 
(Hybrides  des  M.  rotundifolia,  silvestris  et  viridis.) 

X  M.  silvestris  X  rotundifolia  Mlvd  !  —  Ruisseau  de  Cotensé, 

au-dessous  des  Vignes,  près  Cercy. 

c.  Virides. 

M.  viridis  L.  —  Haies,  jardins  des  villages,  ça  et  là. 

M.  ocymiodora  Opiz.  —  Plante  cultivée  dans  les  jardins, 

comme  Thé  d'Europe  et  parfois  adventice  le  long  des 

haies. 


1.  M.  Malinvaud  a  bien  voulu  déterminer  les  variétés  de  nos  échantillons  de 
Menthes  avec  l'autorité  de  sa  science  do  spécialiste.  Toutefois,  dans  bien  des  cas, 
la  variabilité  des  formes  ne  permet  pas  une  identification  absolue,  mais  un  rappro- 
chement aussi  exact  que  possible.  C'est  donc  sous  ces  réserves  que  M.  Malinvaud 
nous  a  données  et  que  nous  reproduisons  ses  appréciations.  —  Les  micromorphes 
sont  analogues  à  certaines  valeurs  mathématiques  dont  on  peut  approcher  beau- 
coup sans  pouvoir  les  atteindre  exactement. 


252  P.    GAGNKPAIN. 

cl.  Silvestres  legitimœ. 

M.  silvestris  L.  —  Fossés,  bord  des  chemins.  —  Cercy,  les 
Roses;  la  Charbonnière,  près  Saint-Léger-des-Vignes. 

AR. 
M.  candicans  Crantz,  Mlvd  exsicc.  —  Cercy  gare,  près  de  la 

remise  des  machines.  RR. 

Capitatœ. 

a.  Aquaticœ. 

M.  aquatica  L.  —  Fossés,  ruisseaux,  marécages.  C. 

—  —  f*  monocephala  Mlvd.  (M.  hirsuta  Nonnull.) 

—  Fontaines-Vaillant,  près  Montambert. 

—  —  f*  major  Mlvd.  —  Confluent  inférieur  de 

l'Haleine. 
M.  affinis  Bor.  —  Canal  du  Nivernais  à  Cercy. 
M.  capitata  Opiz.  —  Bords  de   l'Haleine,  à  Fours  ;  Briet, 

près  Cercy;  Cercy. 
M.  Lloydii  Bor.  —  Haleine,  à  Fours. 

Verticillatœ. 

a.  Sativœ. 
(Hybrides  des  M.  aquatica  et  arvensis). 

X  M.  saliva  L.  —  Haleine  à  Fours,  à  Cercy. 

X  —        —  f*  subglabra  Mlvd.   —  Pont  d'Haleine   à 

Cercy. 

X  ^/.  cœrulea  Opiz.  —  Haleine  à  Fours. 

X  M.  ovalifolia  Opiz.   Se   rapproche  aussi   de  M.  plicata 

Opiz.  —  Étang  de  Montambert. 

X  M.  palus  tris  Nonnull.  —  Etang  de  Breu,   près   Saint- 

Hilaire. 
b.  Arvenses  legitimœ. 

M.  arvensis  L.  —  Champs,  fossés,  marécages.  C. 

—  —  var.    lurfosa    F.    Schultz.    —    Marais    du 

Chailloux,  près  Fertrèves. 
M.  minor  Opiz?  —  Chez  Renard,  près  Montambert. 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  253 

M.  origanifolia  Bor.  non  Host.  —   Champ  à  Chaumigny. 

Parait  C. 
M.  dubia  Schreb.  —  Haleine  à  Fours. 
M.  Allionii  Bor.  —  Champlevois,  route. 
M.  nemorum  Bor.  —  Marais  du  Chailloux,  près  Fertrèves, 

avec  la  var.  turfosa  Schultz. 
M.  Pulegium  L.  —  Vieux  chemins,  fossés.  CC. 

Lycopus  europœus  L.  —  Ruisseaux;  marécages.  CC. 
Origanum  vulgare  L.  —  Talus;  coteaux  secs.  AC.  surtout 

sur  le  calcaire. 
Thymus  Serpyllum  L.    —   Gazons  ;    pentes   herbeuses   et 

sèches.  C. 
Calamintha  oflicinalis  Mœnch.  —  Haies  ;  lisières.  C. 
C.  Acinos  Clairv.  —  Champs  jachères,  prés  secs  ;  calcaires 

et  arènes.  AC. 

—  —        var.  canescens  Coss.  =  Acinos  villosus  Pers. 

—  Saint-Gratien  ;  Vandenesse. 
Clinopodium  vulgare  L.  —  Haies,  broussailles.  C. 
Salvia  pi*atensis  L.  —  Champs,  prés  secs,  montueux.  C. 
Nepeta  Cataria  L.  —  Décombres,  haies,  rues  des  villages. 
—  Brain,  près  Decize  (Mass  !)  ;  Thareau,  près  Saint- 
Hilaire.  R. 
Glechoma  liederacea  L.  —  Haies,  broussailles,  lisières.  CC. 
Lamium  amplexicaule  L.  —  Sables  des  grands  cours  d'eau. 

Loire.  C. 

—  —        var.    intermedium  Gagnep.   —   Paillanges, 

commune  de  Champvert,  dans  une  haie. 

Obs.  —  Forme  remarquable  par  ses  grandes  proportions,  ses 
feuilles,  longuement  pétiolées  au  milieu  de  la  tige,  encore  pétiolées 
mais  brièvement  au  sommet,  à  limbe  longuement  décurrent  sur  le 
pétiole,  profondément  incisé  comme  dans  L.  incisum ,  à  dents 
obtuses  comme  dans  L.  amplexicaule,  ses  fleurs  petites,  incluses 
dans  le  tube  du  calice.  L'hypothèse  d'hybridité  est  à  rejeter  à  cause 
de  la  distance  de  L.  amplexicaule  éloigné  de  plusieurs  kilomètres. 


254  F.    GAG  NE  PAIN. 

L.  incisum  Willd.  =  L.  hybridum  Vill.  — Cultures,  jardins, 
bords  des  chemins,  terrains  vagues,  sables.  —  Cercy  ; 
Devay  ;  Champvert  ;  Charrin  ;  Montaron  ;  Decize  ; 
etc.  PC. 

L.  hirsutum  Lamk.  —  Haies  et  pieds  des  murs,  autour  des 

villages.  —  Cercy,  CC.  Plus  R.  ailleurs. 

—  —  L.  maculatum  L.  —  Forme  à  feuilles  macu- 
lées de  blanc,  préfère  les  calcaires .  —  Verneuil  ; 
Isenay  ;  Fours.  R. 

L.  purpureum  L.   —  Cultures,  champs  et  jardins,   haies, 

pied  des  murs.  C. 

—  —  var.  albiflorum  Hagenbach.  —  Fleurs  blan- 
ches, seul  caractère  différenciel.  —  Route  de  Thareau 
à  Saint-Hilaire  ;  Vendonnc,  près  Cercy.  R. 

L.  album  L.  —  Prés,  fossés,  haies  des  villages,  cours.  — 

Montigny;  Isenay;  Semelay;  Decize.  C,  non  partout. 

Galeobdolon   luteum  Huds.  —  Haies,  broussailles  et  bois 

frais.  AC. 
Leonurus  Cardiaca  L.  —  Terrains  vagues,  haies  des  villages. 
—   Champlevois  et  Coddes  ;   Donjon  ;  Breu  ;   Fours  ; 
Teinte  ;  Bussière,  près  la  Machine.  AR. 

06s.  —  Toujours  avec  l'apparence  d'une  plante  subspontanée  et 
cultivée  autrefois  comme  la  Mélisse,  la  Tanaisie. 

Galeopsis  Ladanum  Lamk.  =  G.  angustifolia  Ehrh  !  (Briq. 
s.  esp.).  —  Champs,  surtout  après  la  moisson.  CC. 

—  —        G.   arvatica  Jord.   —  Avec  la  sous-espèce 

angustifolia  C. 
G.  dubia  Leers.   —  Champs,   après  la  moisson,   presque 

exclusivement  dans  les  sols  siliceux.  C. 
X  G.  Wirtgeni  Ludw.  =  G.  dubia  X  angustifolia.  —  Avec 
les  parents  en  face  le  château'de  Chaumigny,  vers  le 
Croux,  près  Cercy.  RRR. 

Obs.  —  Plante  plus  ou  moins  grande  se  rapprochant  par  la  taille 
de  l'un  ou  l'autre  des  parents,  dépassant  parfois  G.  dubia  ;  rameaux 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  255 

plus  ou  moins  courts,  horizontaux  ou  obliques  ;  feuilles  caulinaires 
(non  raméales)  de  7  à  10  %  de  largeur,  à  5-7  paires  de  dents,  géné- 
ralement molles  et  pâles  ;  corolle  de  15-18  %  de  long  (partie  exserte), 
de  10-14  %  de  large  d'un  lobe  latéral  à  l'autre  de  la  lèvre  inférieure, 
d'un  jaune  rosé,  rarement  orangé,  qui  rougit  à  la  dessiccation  ;  fer- 
tilité égale  à  celle  des  parents  ;  pollen  bien  constitué. 

X  G.  Gilloti  Gagnep.  =  G.  angustifolia  X  dubia.  —  Même 

station,  mais  plus  abondant.  RRR. 

Obs.  —  Plante  rameuse,  à  rameaux  ascendants  rougeâtres,  velus, 
à  poils  apprîmes,  quelquefois  glanduleux;  feuilles  caulinaires  (non 
raméales)  larges  de  5-8  %,  lancéolées,  linéaires  à  4  paires  de  dents  et 
de  nervures  ;  glomérules  2-3  rapprochés  au  sommet  de  la  tige  et  des 
rameaux;  calice  velu,  à  dents  étalées  de  8  %  de  pointe  à  pointe, 
muerons  de  1  1/2  %;  corolle  de  17  %  de  long  (partie  exserte),  de  12 
à  16  %  entre  les  lobes  latéraux,  tube  très  nettement  strié  de  rose 
violacé,  lèvre  supérieure  à  peine  rosée,  lèvre  inférieure  à  saillies 
violacées,  pâles,  nectarosèmes  jaune  soufre,  le  reste  à  peine  rosé. 
Toute  la  corolle  nettement  jaune  dans  le  bouton.  Cet  hybride  tient 
beaucoup  de  la  mère  par  l'aspect  général. 

Ces  deux  produits  sont  à  rechercher  partout  où  le  voisinage  des 
éléments  siliceux  et  calcaire  permet  le  voisinage  ou  le  mélange  des 
deux  parents.  Hybrides  très  rarement  signalés  en  France.  Le  pre- 
mier ressemble  à  G.  dubia  à  fleurs  rosées  ou  rouges  ;  le  second 
se  rapproche  beaucoup  de  G.  angustifolia^  mais  a  des  fleurs  d'un 
blanc  strié  de  rouge,  jaunes  dans  le  bouton.  Voyez  pour  plus  amples 
informations  notre  note  :  Hybrides  des  Galeopsis  angustifolia  et 
dubia  observés  à  Cercy -la-Tour  in  Bull,  assoc.  franc,  botanique 
(1899)  et  tirage  à  part. 

G.  Telrahit  L.  —  Champs,  terrains  vagues,  haies.  CC. 
—        —         var.  prœcox  Gren.  —  Cercy. 

Stachys  germanica  L.  —  Champs,  dans  le  calcaire.  —  Saint- 
Gratien;  Cercy;  Verneuil;  Champvert;  Vandenesse, 
etc.  PC. 

5.  alpina  L.  —  Haies,  fossés.  —  Vieille-Montagne,  mame- 
lon ;  entre  les  carrières  de  Vandenesse  et  le  pont  de 
Dragne  ;  rencontre  des  routes  de  Verneuil  et  Bussière  ; 
carrières  de  Biches  ;  Romenay.  R. 


256  F.    GAGNEPAIN. 

S.  silvatica  L.  —  Haies,  broussailles.  C. 
S.  palustris  L.  —  Rives,  prés  frais.  —  Aron;  Haleine.  C. 
S.  arvensis  L.  —  Champs  et  moissons  des  terres  légères.  AC. 
S.  annua  L.  —  Champs  et  moissons  calcaires.  AC. 
S.  recta  L.  —  Décombres,  chemins,  coteaux.  —  Thareau  ; 

Teinte  ;  Decize.  AR. 
Betonica  officinalis  L.  =  B.  hirta  Rchb.  —  Prés  naturels  et 
bois.  CC.  La  var.  hirta  domine  ou  est  unique  ici. 
Ballota  fœtida  Lamk.  —  Terrains  vagues,  bords  des  che- 
mins. CC. 

—  —        var.  albiflora  Gagnep.  —  Fleurs  entièrement 

blanches.  —  Anlezy,  près  du  moulin.  RR. 
Marrubium  vulgare  L.  —  Terrains  vagues,  cours  des  fermes. 

AC.  partout. 
Scutellaria  galérien  la  ta  L.   —  Rives.  —  Isenay;   Cercy  ; 

Saint-Honoré.  AC. 

—  —  var.  cinerascens  Gagnep. *  —  Tourbières  et 
marécages  des  sols  arénacés .  —  Montambert  ;  le 
Royan  ;  Donjon  ;  Breu  ;  Montaron  ;  Fontaines-Vaillant  ; 
Nénuphars,  etc.  AC. 

Obs.  —  Tige  toujours  droite  et  velue  à  rameaux  verticaux  s'ils  exis- 
tent ;  feuilles  toutes  couvertes  d'un  duvet  blanc  cendré,  dense  ;  corolle 
sans  renflement  prononcé  sous  la  gorge,  bleu  pâle,  tube  à  courbure 
assez  régulière,  velu  à  poils  réfléchis  ainsi  que  sur  la  lèvre  supé- 
rieure; calice  velu,  même  sur  le  sec,  non  glanduleux,  un  peu  atténué 
à  la  base. 

S.  minor  L.  — Tourbes;  prés  frais.  — Nénuphars;  Mon- 
tambert ;  Fontaines  -  Vaillant  ;  Fours  ;  Vieille  -  Mon- 
tagne; Breu,  etc.  PC. 

—  —  var.  umbrosa  Gagnep.  —  Bois  humides  et 
tourbeux,  ombreux.  —  Ris-d'Agne,  prèsThaix;  Briet; 
Saint-Michel,  près  Rémilly.  AR. 


1.  Bull.  Soc.   bot.   Fr.,  t.  XL1I  (1895),   p.  609.   Espèces  ou  localités  nouvelles 
pour  le  département  de  la  Nièvre, 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  257 

Obs.  —  Tige  plus  grande,  droite  penchée  ou  rampante  ;  feuilles 
grandes,  aspect  général  de  S.  galericulata. 

Brunella  vulgaris  Mœnch.  —  Gazons.  CC. 

—  —        var.  pinnatifida  Godr.  —  Cercy. 
B.  alba  Pall.  —  Pelouses  sèches,  talus.  AC. 

—  —        var.  pinnatifida  Koch.  —  Ile,  près  Thareau. 
Ajuga  reptans  L.  —  Gazons,  prés  frais.  CC. 

—  —        var.  albiflora  Gagnep.  —  Entre  les  chaumes 

de  Briet  et  le  Donjon.  R. 

A.  genevensis  L.  —  Pelouses  sèches  des   calcaires  et  des 

sables.  —  Saint-Gratien,  etc.  Vallée  de  la  Loire.  AC. 

—  —        var.  longistyla  Matth.  —  Sables  de  Teinte. 
A.  Chamxpitys  Schr.  —  Moissons  calcaires.  —  Saint-Gra- 
tien ;  Champvert  ;  Bussière  ;  Vandenesse,  etc.  PC. 

Teucrium  Bolrys  L.  —  Vignes  et  champs  calcaires.  — 
Decize  ;  Anlezy  ;  Ville-Langy.  —  Thaix,  sur  la  silice, 
probablement  adventice  agricole. 

T.  Scorodonia  L.  —  Bois  et  bruyères.  CC. 

7\  Chamœdrys  L.  —  Pentes  et  champs  calcaires.  —  Van- 
denesse; Champvert;  Devay.  PC. 

Obs.  —  Si  on  examine  attentivement  à  la  loupe  les  jeunes  anthères 
de  certaines  Lab lacées,  on  constate  la  présence  de  petits  tubercules 
à  la  partie  où  le  lobe  s'adapte  sur  le  connectif.  Ces  tubercules  en 
collier  disparaissent  à  l'anthèse,  alors  que  l'étamine  se  couvre  de 
poils  collecteurs.  On  peut  les  observer  dans  Melissa  officinalis, 
Lamium  et  surtout  L.  maculatum,  Galeopsis  Ladanum,  Stachys 
germanica,  Betonica  officinalis,  Ajuga  reptans,  Teucrium  Botrys 
et  T.  Scorodonia.  Il  y  a  une  connexion  probable  entre  eux  et  les 
poils  collecteurs  des  anthères. 

Verbénacées. 

Verbena    officinalis   L.    —    Bords  des    chemins,    terrains 

battus.  CC. 

TOME  XIII.  17 


258  F.    GAGNEPAIN. 

Planta  ginacées. 

Plantago  major  L.  —  Endroits  battus,  bords  des  chemins, 

cours.  CC. 

—  —  P.  intermedia  Gilib.  —  Donjon,  près  Fours. 
P.  média  L.  —  Pelouses  et  prés  secs.  CC. 

P.  Coronopus  L.  —  Bords  des  routes  et  sentiers  des  sols 

siliceux.  —  Entre  Haleine  et  Loire.  C. 
P.  lanceolata  L.  —  Prés  et  gazons  secs.  CC. 

—  —  var.  lanuginosa  Koch.  —  Sables  de  Loire. 

06s.  —  Une  variété  monstrueuse  à  plusieurs  épis  entourés  de 
petites  feuilles,  à  Cercy.  C'est  une  forme  parallèle  à  P.  média  var. 
Gidoniana  Izoard.  (Monde  des  Plantes,  revue  de  bibliographie  n°  4, 
1er  octobre  1899,  p.  65.)  M.  Château  nous  a  communiqué  un  échan- 
tillon en  tout  semblable,  originaire  de  Saône-et-Loire.  On  ne  peut 
guère  faire  de  ces  monstruosités  une  variété  légitime  que  si  la 
monstruosité  se  perpétue  par  le  semis. 

P.  arenaria  Waldst.  —  Sables  des  grands  cours  d'eau.  — 

Loire.  C.  Nul  ailleurs. 
Littorella  lacustris  L.  —  Grèves  sablonneuses  ou  argileuses 

des  étangs.  —  Région  arénacée.  AC. 

Obs.  —  Les  feuilles  inférieures,  complètement  submergées, 
deviennent  grosses,  fistuleuses,  presque  méconnaissables.  —  Donjon 
et  Marnant  M 

Plumbaginacées. 

Ar meria  p lantaginea  Willd.  =  A.  sabulosa  Jord.  —  Sables. 

de  la  Loire.  AC.  Nul  ailleurs. 

Globulariacées. 

Globularia  Wilkommii  Nym.  =  G.  vulgaris  Auct.  plur.  — 
Landes  et  friches  calcaires.  —  Étang  Millot,  près 
Sougy;  Druy.  RR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  259 

Amarantacées. 

Amarantus  silvestris  Desf.  —  Bords  des  chemins,  au  pied 

des  murs.  AG. 
Euxolus  viridis  Moq.  —  Même  habitat.  AC. 
Polycnemum  arvense  L.  =  P.  minus  Jord.  —  Endroits  secs 
et  nus.  —  Saint-Seine  (Bor.).  Sables  de  la  Loire.  AR. 

Salsolacées. 

Atriplex  fias  ta  ta  L.  —  Endroits  frais  des  vallées,  rives  limo- 
neuses. AG. 

—  —  var.  pulverulenta  Le  Grand.  —  Bords  de 

l'Aron;  de  la  Canne;  la  Machine. 

Obs.  —  Cette  var.  est  droite;  les  feuilles  deltoïdes  et  parfaitement 
tronquées  à  la  base  sont  presque  toujours  exactement  opposées,  sur- 
tout les  inférieures.  Elles  ont  le  limbe  peu  épais,  mais  distinctement 
farineux  ;  les  valves  du  fruit  sont  fortement  crôtées  de  chaque  côté 
de  la  nervure  médiane.  A  beaucoup  de  rapports  avec  var.  y  pu/ue- 
rulenta  de  M.  A.  Le  Grand.  (Stat.  bot.  Forez,  p.  20i.) 

A.  patula  L.  CCC. 

—  —  A.  erecta  Huds.  Sm.  —  Champs  et  jardins; 

Çà  et  là. 
Chenopodium  Botrys  L.  —  Sables,  décombres,  scories.  — 

Vallée  de  la  Loire.  Apporté  avec  le  ballast  sur  les  voies 

ferrées.  R. 
C.  polyspermum  L.  —  Jardins,  champs,  terrains  vagues.  AC. 

Obs.  —  Deux  formes  de  Ch.  polyspermum  sont  bien  distinctes  : 

—  —  var.  acutifolium  W.  Sm.  —  Tige  dressée,  rameuse 
dès  la  base,  à  rameaux  fins  étalés;  feuilles  minces,  pâles,  sommet 
ordinairement  aigu;  grappes  longues,  aphyllesau  sommet,  à  ramus- 
cules  distants,  déliés;  graines  roussâtres,  petites.  CC. 

—  —  var.  humifusum  Gagnp. — Tige  et  rameaux  rampants, 
robustes,  feuilles  à  sommet  obtus,  vertes,  épaisses;  fleurs  rares  en 
glomérules  compacts  axillaires,  distants;  graines  plus  grosses  d'un 
tiers.  —  Bords  de  la  Loire,  dans  les  endroits  vaseux  des  sables, 
souvent  avec  la  var.  précédente. 


260  F.   GAGNE PAIN. 

C.  Vulvaria  L.  —  Pieds  des  murs,  cours,  terrains  vagues. 

AC,  non  partout. 
C.  album  L.  —  Cultures.  —  CCC. 

—  —  C.  paganum  Rchb.  —  PC. 

—  —  C.  concatenatum  Thuill.  —  C.   . 

C.  hybridum  L.  —  Jardins  et  champs  AC,  non  partout. 
C.  urbicum  L . 

—  —  var.  intermedium  GG.  —  Cours  des  fermes, 
terrains  vagues  aux  abords  des  villages.  —  Isenay; 
Cercy;  Verneuil;  Breu,  près  Montambert.  PC. 

C.  murale.  L.  —  Même  habitat.  PC. 

C.  glaucum  L.   —  Autour  des   fumiers,  des    étables.   — 

Saint-Gratien  ;   Arreaux  ;  Verneuil  ;  Saint-Honoré  ;  la 

Machine.  AC. 
C.  rubrum  L.  =  C.  vulgare  Wallr.  —  Gare  de  Cercy.  R. 
C.  Bonus-Henricus  L.  —  Bords   des  chemins,  autour   des 

maisons.  AC. 


Polygonacées. 

Rumex  pulcher  L.  —  Haies,  cours,  terrains  vagues.  C. 
/}.  obtusifolius  L.  —  Autour  des  fermes,  cours.  AC 
R.  conglomeratus  Murr.  —  Haies,  cours,  terrains  vagues.  C. 
R.  nemorosus  Schur.  —  Endroits  vagues,  frais  et  ombreux, 

bois.  C. 
R.  a  eu  tus  L.  —  Ruisseaux,  endroits  marécageux.  —  Source 

des  Vreilles,  près  Cercy.  RR. 
R.  crispus.  L.  —  Haies,  prés,  terrains  vagues.  C. 
R.  Hydrolapalhum  Huds.  —  Rivières,  canaux.  —  Canal  du 

Nivernais.  C.  Plus  R.  ailleurs. 
R.  Acetosa  L.  —  Prés  gras  et  frais.  CC. 

—        —  var.    fissa   DC.    —    Brain,    près    Decize 

(Mass!) 
R.  Acetosella  L.  —  Champs  argileux, surtout  sablonneux.  CC. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  26 i 

Polygonum  amphibium  L.  —  Étangs,  mares,  canaux,  mais 

aussi  terres  fortes. 

Obs.  —  La  plante  terrestre  végétant  dans  un  endroit  sec  et  chaud 
peut  devenir  velue  hérissée  et  même  densément  glanduleuse,  pour 
résister  mieux  à  la  chaleur  et  à  l'évaporation. 

P.  lapathifolium   L.  —    Bords   des   fossés   et   des   cours 

d'eau.  C. 
P.  Persicaria  L.  —  Endroits  humides  et  champs.  CC. 
P.  mite  Schr.  —  Endroits  humides,  étangs  asséchés.  C. 
P.  aviculare  L.  —  Lieux  battus,  bords  des  chemins.  CCC. 
P.  Bellardi  Ail.  —  Varennes  de  Brain,  près  Decize  (Mass!). 

RR. 
P,  Convolvulus  L.  —  Champs  des  terres  argileuses.  C. 
P.  dumetorum  L.  —  Buissons  des  endroits  humides.  C. 

Thyméléacées. 

Prasserina  annua  Spreng.  —  Champs  secs,  surtout  calcaires. 
—  Coteau  de  Saint-Léger  à  Isenay  ;  Thianges  ;  Ville- 
lès-Anlezy.  AR. 

Santalacées. 

Thesium  hwnifusum  DC.  —  Pentes  et  pelouses  sèches  des 
calcaires;  sables.  — Vallée  de  la  Loire;  Teinte  et 
Druy.  R. 

Aristolochiacées . 

Aristolochia  Clematitis  L.  —  Haies  des  vignes  et  champs 
calcaires;  sables!  —  Coulongette,  près  Cercy;  Saint- 
Léger-des-Vignes ;  Teinte;  Thareau;  R. 

Euphorbiacées. 

Buphorbia  Helioscopia  L.  —  Cultures.  CCC. 
E.  platyphylla  L.  —  Terres  fortes  et  humides.  —  Saint- 

Gratien  ;  Bussière,  etc. 


262  F.   GAGNE  PAIN. 

Obs.  —  Une  forme  à  tige  grosse,  robuste,  élevée,  à  feuilles  larges 
de  t  à  2  centim.,  à  nombreux  rayons  sous  l'ombelle  principale,  croit 
à  Saint-Gratien,  Bussière  et  Champy,  près  Ville-Langy.  Elle  mérite 
par  son  faciès  particulier  d'être  distinguée  du  type  commun 
(var.  robu&ta  Gagnp.) 

E.  stricta  L.  —  Fossés,  bords  des  champs.  C. 

E.  dulcis  L.  —  Broussailles  ou  bois  humides,  dans  le  cal- 
caire, comme  dans  l'arène  ou  le  grès.  —  Devay!  Ver- 
neuil  !  Vauvray  !  les  Glenons  ! 

Obs.  —  Partout  la  var.  à  glandes  du  périanthe  d'un  rouge  bien 
foncé  :  E.  purpurata  Thuill. 

E.  verrucosa  Lamk.  —  Prés,  bois.  —  Decize  ;  Champvert  ;  les 

Glenons;  surtout  dans  le  calcaire.  AR. 
E.  eœigua  L.  —  Moissons.  CCC. 
E.  Peplus  L.  —  Haies,  presque  toujours  au  nord.  C. 
E.  amygdaloides  L.  =  E.  silvatica  Jacq.  —  Bois,  taillis, 

haies  aux  approches  des  bois.  GC. 
E.  Lathyris  L.  —  Jardins,  voisinage  des  maisons.  Spora- 

dique. 

06s.  —  Toute  l'apparence  d'une  plante  cultivée  autrefois  pour  la 
médecine  rurale. 

E.  Esula  L. 

—  —  E.  riparia  Jord.  —  Rives  de  la  Loire,  AR., 

de  l'Aron;  Saint-Gervais,  près  Verneuil.  R. 
E.  Cyparissias  L.  —  Pelouses  et  champs  secs.  C. 
Mercurialis  annua  L.  —  Cultures.  CCC. 
M.   perennis  L.    —  Broussailles   calcaires.  —   Montigny  ; 
carrières  de  Vandenesse;  d'Isenay  à  Biches;  Vieille- 
Montagne,  mamelon  (en  plein  granit!  !).  AR. 
Buxus  sempervirens  L.  —  Calcaires  rocheux.  —  Forêt  de 
Vincences  (Bor.)  ;  Biches,  roches  près  du  canal.  RR. 

—  —  var.   latifolius  DC.  —   Même  station,  en 

rares  individus. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  263 

Ulmacées. 

Ulmus  campestris  L.  —  Haies  des  champs.  CC. 

—  —  var.  suberosa  Koch.  —  0. 

U.  pedunculata  Lamk.  =  U.  efpusa  Willd.  —  Prés  d'Aron  ; 
Mazille,  Chaumigny,  Cercy;  Verneuil;  Decize;  près 
d'Haleine,  moulin  de  Coddes.  RR. 

06s.  —  Les  individus,  émondés  pour  la  plupart,  dispersés  sans 
ordre,  paraissent  spontanés.  Beaucoup  sont  remarquables  par 
leur  énorme  tronc  creux,  noueux,  qui  accuse  plusieurs  siècles 
d'existence. 

Urticacées. 

Urtica  urens  L.  —  Pied  des  murs,  décombres  des  villages.  C. 
U.  dioica  L.  —  Haies,  cours,  décombres,  terrains  vagues.  CCC. 

Cannabinacées. 

Humulus  Lupulus   L.  —  Haies  des  terres  fortes,  brous- 
sailles des  rives.  C. 

Cupulifères. 

Fagus  silvatica  L.  —  Bois.  C. 

Castanea  vulgaris  Lamk.  —  Bois.  —  Rémilly,  Semelay, 

Saint-Honoré.  C  ;  R.  ou  nul  ailleurs,  du  moins  spontané. 

Quercus  sessiliflora  Sm.  —  Bois.  C. 

Q.  pubescens  Willd.  —  Coteaux  calcaires.  —  Grand-Vivier, 

près  Druy. 
Q .  pedunculata  Ehrh.  —  Bois.  CCC. 

—  —  var.  palmata  de  Morogues.  —  Chaumigny, 

près  Cercy. 

Ob8.  —  Semble  se  rapporter  à  la  forme  décrite  par  le  baron 
E.  de  Morogues  (Sur  quelques  espèces  de  Chênes  du  Loiret).  — 
Feuilles  très  obovales,  avec  crénelures  profondes  divergentes  ; 
pédoncule  commun  de  10  centim.,  pendant.  Forme  observée  aussi 
dans  le  Cher  :  bord  droit  du  canal,  aval  du  port  de  la  Chapelie- 
Montlinard. 


264  F.   GAGNEPAIN. 

Corylus  Avellana  L.  —  Bois,  haies.  CCC. 
Carpinus  Betulus  L.  Bois.  CCC. 

Salicacées. 

Salix  fragilis  L.  —  Haies.  —  Apponay,  près  Rémilly  ;  Cercy  ; 

étang  de  la  Boue.  RR. 
S.  alba  L.  —  Haies,  endroits  humides.  CCC. 
—        —  var.  vitellina  Ser.  —  Planté  près  des  mai- 

sons dans  les  vignes.  PC. 

Obs.  —  Çà  et  là  une  var.  remarquable  de  S.  alba  à  jeunes  rameaux 
d'un  rouge  sombre,  à  feuilles  blanchâtres*  à  chatons  courts.  —  Cercy; 
Vandenesse.  R. 

5.  triandra  Dub.  —  Rives.  —  Loire  et  Aron.  C. 
5.  purpurea  L.  —  Rives.  —  Aron  et  Loire.  CC. 
5.  rubra  Huds.   —   Rives.  —   Vallée  d'Aron  à  Cercy.  C. 

A  rechercher  ailleurs.  Toujours  parmi  5.  purpurea  très 

abondant. 

Obs.  —  Les  étamines  fourchues  du  S.  rubra  ont  fait  croire  à  son 
origine  hybride  qui  a  été  contestée  avec  cette  raison  que  S.  rubra 
se  reproduit  facilement  et  abonde,  au  contraire  des  autres  hybrides, 
dans  les  localités  où  il  se  rencontre.  L'étude  des  pollens  que  nous 
avons  trouvés  plissés  de  1  à  4  plis  anormaux  (inconnus  dans  ceux 
des  bonnes  espèces),  nous  fait  pencher  vers  cette  opinion  que 
S.  rubra  est  très  probablement  un  Saule  hybride,  et  la  forme  régu- 
lière des  pollens  qui  indique  leur  vitalité  conclut  à  sa  fertilité.  La 
ressemblance  avec  S.  purpurea  indique  celui-ci  comme  la  mère  pro- 
bable. 

S.  viminalisL.  —  Rives  de  Loire,  AC,  d'Aron,  R. 
S.  cifïerea  L.  —  Vallées,  bords  des  étangs,  endroits  hu- 
mides. CC. 
-  —        _  var.  aquatica  Sm.  —  C. 

Obs.  —  Dans  les  bois  de  Vauvray,  à  Saint-Michel,  près  Rémilly, 
croît  une  var.  remarquable  par  ses  feuilles  lancéolées  très  sembla- 
bles par  la  forme  à  celles  de  S.  alba.  Est-ce  Salix  acuminata  Sm.? 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  265 

S.CapreaL.  —  Haies,  lisières  des  bois  des  endroits  secs.  AC. 

S.  aurita  L.  —  Vallées  et  prés  frais.  C. 

X  S.  Pontedereana  Schl.  =  S.  Caprea  ou  aurita  X  purpurea. 

—  Pont  de  Martigny,  près  Cercy,  dans   le  talus   du 

canal.  RRR. 

Obs.  —  Arbuste  de  3  mètres,  à  longs  rameaux  effilés;  feuilles  obo- 
vales  lancéolées  crispulées  sur  les  bords;  chatons  femelles  longs 
et  effilés,  un  peu  coniques,  blanchâtres-laineux;  chatons  mâles  à 
étamines  soudées  dans  leur  moitié  inférieure,  parfois  jusqu'au  des- 
sous des  anthères.  Voisin  de  Salix  Caprea  et  S.  aurita,  à  50  mètres 
de  S.  purpurea  qui  serait  le  porte-pollen  (1897-98-99!).  L'étude  des 
pollens  conclut  à  l'hybridité  :  1°  par  la  présence  de  1,  2  ou  3  plis 
anormaux;  2°  par  la  présence  de  pollens  absolument  déformés  et 
stériles;  3°  par  les  dimensions,  voisines  de  S.  Caprea  et  S.  aurita, 
d'un  huitième  plus  fortes  que  dans  S.  purpurea. 

XS.  Seringeana  Gaud.  ==S .  Smithiana  Willd. —  Rive  gauche 
de  l'étang  de  la  Boue,  près  Rémilly,  dans  une  baie 
voisine  de  la  queue  de  l'étang.  (27  mai  1897-27  avril 
1899.)  RRR. 

Obs.  —  Arbuste  jeune  de  2  mètres  de  haut  à  écorce  lisse,  d'un  gris 
cendré,  rameaux  d'un  an  subverticillés,  grêles,  gris  rougeâtre, 
ceux  de  l'année  à  base  entourée  d'une  touffe  de  poils  courts,  à 
pubescence  apprimée  grisâtre,  presque  filiformes;  stipules  nulles; 
feuilles  très  semblables  à  celles  de  S.  a/ba,  lancéolées,  acuminées 
doublement,  légèrement  sinuées,  dentées  à  page  supérieure  bien 
verte  et  glabre,  l'inférieure  velue  grisâtre  canescente  surtout  dans  le 
jeune  âge,  à  nervures  roussâtres,  surtout  la  médiane;  chatons 
mâles,  rares,  courts,  obtus,  souvent  rabougris,  à  écailles  noirâtres  et  à 
soies  blanches  ;  2  étamines  à  anthères  rosées  ;  pollen  toujours  informe, 
presque  trigone  (forme  aperçue  dans  S.  Pontedereana  et  qui  serait 
un  signe  indubitable  d'hybridité),  presque  vide,  irrégulièrement  len- 
ticulaire dans  l'eau,  au  lieu  d'être  franchement  globuleux.  —  On  a 
varié  sur  l'appréciation  du  rôle  des  parents  dans  la  création  de  ce 
produit;  pour  les  uns  c'est  un  S.  Caprea  X  ïncana;  pour  les  autres 
S.  tfiminah'-cinerea  Wimm,  c'est-à-dire  S.  cinerea  X  viminalis.  La 
première  opinion  doit  être  rejetée  dans  notre  cas  puisque  S.  incana 
n'existe  pas  à  Cercy,  ni  même  dans  le  bassin  de  la  Loire!  La  seconde 


266  F.   GAGNEPAIN. 

est  beaucoup  plus  admissible  par  le  voisinage  de  S.  cinerea  très 
abondant,  même  dans  ses  formes  acuminées  et  rufinerves,  et  que 
S.  viminalis  se  trouve  à  16  kilomètres  de  là  sur  les  bords  de  la  Loire. 
Il  est  possible  que  cethybride  soit  un  S.  cinerea  var.  acuminata  X  vi- 
minalis ou  peut-être  X  &•  alba.  La  forme  des  feuilles  rend  cette 
dernière  hypothèse  très  probable,  d'autant  que  la  fréquence  de  ce 
dernier  est  incomparablement  plus  grande  que  celle  de  S.  viminalis. 

Populus  Tremula  L.  —  Bois  frais.  CC. 

Bétulacées. 

Betula  verrucosa  Ehrh.  —  Bois.  C. 

—  —  B.  pubescens  Ehrh. 

06s.  —  Il  faut  rapporter  à  cette  forme  des  individus  de  B.  verrucosa 
plantés  au  Brain,  près  Decize,  dans  un  sol  sec  et  sablonneux  et  dont 
les  jeunes  rameaux  et  les  pétioles  sont  décidément  velus.  On  sait  que 
B.  pubescens  affectionne  surtout  les  lieux  humides  et  il  devient  inté- 
ressant de  constater  que,  végétant  depuis  vingt-cinq  ans  en  un  tout 
autre  habitat,  il  ne  perd  point  les  poils  qui  le  caractérisent. 

Alnus  glutinosa  Gaertn.  —  Prés  et  bois  humides,  rives.  CC. 

Cupressacées. 

Juniperus  communis  L.  —  Bois.  C. 

Alismacées. 

Alisma  Plantago  L.  —  Fossés,  marécages.  C. 

—  —  var.  lanceolatum  GG.  —  Canal  du  Niver- 

nais, au  chômage. 

Obs.  —  Feuilles  rubanées  longues,  disparaissant  rapidement 
lorsque  le  canal  est  à  sec  pour  être  remplacées  par  les  feuilles  ordi- 
naires. Cette  var.  est  donc  une  métamorphose  due  à  la  végétation 
sous  l'eau;  il  n'y  a  pas  lieu  d'en  tenir  compte  autrement  que  pour 
l'intérêt  biologique  qui  s'y  rattache. 

A.  natans  L.  —  Lamenay,  aux  étangs  Foiroux  (Bor.).  RR. 

Damasonium  stellatum  Pers.  —  Sables  limoneux  des  bords 

des  étangs.  —  Marnant  et  étang  du  Loup.  RR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  267 

Sagitlaria  sagittifolia  L.  —  Eaux  paisibles  ou  dormantes. 

—  Aron;  Canne;  relaissés  do  la  Loire.  AC. 

Butomacées. 

Butomus  umbellatus  L.  —  Bords  des  eaux;  canal  du  Niver- 
nais; Aron,  C;  AR.  ailleurs. 

Colchicacées. 

Colchicum  autumnale  L.   —  Prés,  AC  ;  paraît  R.  dans  la 

région  siliceuse. 

Liliacées. 

Tulipa  silvestris  L.  —  Vignes  ou  champs  calcaires.  Vignes, 

près  la  gare  de  Decize.  RR. 

Scilla  autumnalis  L.  —  Prés.  —  Avril-sur-Loire  (Bor.)  !  pré 
de  Brain,  1860  (Mass!);  promenade  de  Decize(C.  Saul, 
1831,  d'après  Bor.).  R. 

S.  bifolia  L.  —  Bois,  broussailles.  —  Lamenay  (Bor.);  Ma- 
melon de  la  Vieille-Montagne;  escarpement  de  la 
Dragne,  près  le  moulin  de  Vandenesse.  R. 

Obs.  —  La  var.  à  fleurs  bleues  uniquement. 

Omithogalum  pyrenaicum  L.  =  0.  sulfureum  Rœm.  et  Sch. 

—  Haies,  broussailles  des  calcaires.  —  Do  Saint-Léger 

à  Isenay;  Vandenesse;  Fertrèves.  PR. 
0.  umbellatum  L.  —  Champs  sablonneux  ou  calcaires.  — 

Decize  et  sables  de  Loire;  Montigny.  PC. 
Gagea  arvensis  Sch.  —   Champs,   vignes.    —   Brain,  près 

Decize  (Mass!). 
Allium  vineale  L.  —  Vignes,  bords  des  chemins.  CC. 
A.  sphxrocephalum  L.  —  Vignes.  — Saint-Léger;  Champ- 
vert,  Ville-Langy.  R. 
A.  ursinum  L.  —  Bois,  broussailles,   fossés  ombreux.    — 

Montigny-sur-Canne,  au  Petit-Quartier;  Fond-Judas, 

près  la  Machine  et  jusqu'à  la  Copine.  R. 


268  F.  GAGNEPÀIN. 

A.  oleraceum  L.  —  Vignes,  champs  calcaires.  AC. 
Muscari  racemosum  DC.  —  Champs  calcaires.  —  Devay; 

Charrin.  PC. 
M.  comosum  Mill.  —  Même  habitat.  C. 

Smilacées. 

Paris  quadrifolia  L.  —  Bois,  broussailles  humides  et  om- 
breuses. —  Croux,  près  Cercy;  le  Royan;  pré  Nadin, 
près  Faye;  Chétif-Étang,  près  la  Machine.  R. 
Polygonatum  vulgare  Desf.   —   Bois  et  haies.  —  Cercy  ; 

Devay;  Vandenesse;  etc. 
P.  muUifiorum  Ail.  —  Bois.  AC. 

Convallaria  maialis  L.  —  Bois  frais.  C.  Ne  fleurit  plus  dans 

les  taillis. 

Ruscus  aculeatus  L.  —  Bois.  —  La  Nocle  (Bor.)  ;  Montam- 

bert;  Champvert;  lavoir  de  Saint-Gervais.  AR. 

Dioscoréacées. 

Tamus  communis  L.  —  Bois,  haies  épaisses.  CC. 

Iridacées. 

Iris  pseudo-Acorus  L.  —  Ruisseaux;  marécages.  CC. 

y.  fœtidissima  L.  —  Bois;  broussailles.  —  Route  de  Decize, 
près  le  kilom.  15  (Bor.);  entre  la  Charbonnière  et 
Rosières,  le  long  de  la  voie  ferrée  et  de  la  route  de 
Nevers  ;  près  du  pont-viaduc,  borne  27  ;  Grand-Vivier, 
près  Béard,  non  loin  de  nos  limites.  RR. 

Obs.  —  La  localité  que  nous  indiquons  se  confond  probablement 
avec  celle  de  Boreau. 

Amaryllidacées. 

Narcissus  pseudo-Narcissus  L.  —  Arènes  humides,  tour- 
bières. —  Lamenay  (Bor.)  ;  Nénuphars,  près  Cercy  ; 
Donjon,  corne  de  Crot-Favé.  R. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  269 

Orchidacées. 

Aceras  anthropophora  R.  Br.  —  Pelouses  calcaires.  —  Brain, 

près  Decize  (Mass  !)  ;  Teinte,  près  Sougy.  RR. 

Loroglossum  hircinum  Rich.    —  Pentes  herbeuses  du  sol 

calcaire.  —  Brain,  près  Decize  (Mass!);  Saint-Gervais 

et  Châtelier,  près  Verneuil  (Joannin-Déponge  !).  R. 

Ânacamptis  pyramidalis  Rich.  —  Pelouses   calcaires.  — 

Rondelet,  à  Brain,  près  Decize  (Mass  !).  RR. 
Orchis  Morio  L.  —  Prés  frais.  C. 

Obs.  —  Les  variations  violacées,  roses,  blanches,  C.  à  Cercy, 
Champvert,  Rémilly.  Dans  les  prés  d'Aron  à  Cercy,  une  var.  remar- 
quable :  Bractées  panachées  de  blanc  et  de  violet,  éperon  complète- 
ment blanc  ou  pourpre;  quelquefois  sépale  du  sommet  seul  violet, 
ainsi  que  l'extrémité  du  labelle.  Pour  deux  fleurs  consécutives,  les 
deux  moitiés  voisines  sont  de  môme  couleur. 

0.  us  tu  la  ta  L.   —  Prés  frais   et  coteaux  secs.  —  Aron, 

Canne;  la  Machine.  PC. 
0.  coriophora  L.  —  Decize  (Bor.). 

0.  purpurea  Huds.  =  0.  fusca  Jacq.  —  Pentes  calcaires.  — 

Brain  (Mass  !);  Vernizy;  St-Léger;  Sougy;  Devay.  AR. 

0.  galeala  Poiret  =  0.  militaris  L.  —  Pentes  calcaires.  — 

Rondelet  à  Brain,  près  Decize  (Mass!).  RR. 
0.  mascula  L.  —  Prés  et  bois.  PC. 
0.  latifolia  L.  —  Prés  marécageux,  tourbeux.  C. 
0.  incamata  L.  —  Même  habitat.  Avec  le  précédent,  mais 

plus  R. 
0.  maculata  L.  —  Bruyères  et  bois  frais.  AC. 

Obs.  —  Une  forme  à  fleurs  très  pâles  et  à  éperon  plus  long  que 
l'ovaire.  Bois  de  Vauvray  entre  Vandenesse  et  Chèvre.  R.  Peut-être 
O.  elodes  Gris. 

Platanthera  bifolia  Rich.  —  Bruyères  fraîches.  AC. 

Cœloglossum  viride  Hart.  =  Gymnadenia  viridis  Rich.  — 
Prés  frais.  —  Pont  Canneau,  près  Cercy  ;  Vroux,  près 
Thaix;  Bussière  et  Riégeot,  près  la  Machine.  R. 


270  F.    GAGNEPAIN. 

Obs.  —  Se  distingue  difficilement  dans  l'herbe  à  cause  de  ses  fleurs 
vertes;  c'est  sans  doute  ce  qui  fait  qu'on  le  méconnaît  et  qu'on  le 
croit  rare. 

Ophrys  arachnites  Rich.  —  Pelouses  des  pentes  calcaires. 
—  Brain,  près  Decize  (Mass!);  Grand-Vivier,  près 
Druy.  RR. 
0.  apifera  Huds.  —  Même  habitat.  —  Chatelier  et  Saint- 
Gervais,  près  Verneuil  (Joannin-Déponge  !);  Vreilles, 
près  Cercy.  RR. 
Epipactis  latifolia  AH.  —  Coteaux  calcaires.  —  Croux,  près 

Cercy;  Champlevois.  AR. 
E.  palustris  Crantz.  —  Marécages,  tourbes.  —  Roche,  près 

Verneuil  (Joannin-Déponge  !)  ;  Nénuphars.  RR. 
Listera  ovata  R.  Br.  —  Gazons  et  broussailles  du  calcaire.  PC. 
Neottia    Nidus-avis    Rchb.    —  Bois   frais.  —  La  Machine 

(Bor.)!  —  Cercy;  Montigny;  Champvert.  R. 

Hydrocharidacées. 

Hydrocharis  Morsus-ranw  L.  —  Eaux  tranquilles  des  étangs, 
des  ganches.  —  Loire;  Aron;  étang  de  Couëron,  près 
Thaix.  AR. 

Potamogétacées. 

Potamogeton  natans  L.  —  Étangs,  mares.  CCC. 

P.  fluitans  Roth.  —   Eaux  courantes  tranquilles  ;  Canne, 

Aron.  AR. 

P.  polygonifolius  Pourr.  —  Eaux  vives  des  tourbières.  — 
Donjon  ;  Marnant  ;  Montambert  ;  Nénuphars  ;  Monta- 
ron;  Thaix;  Rémilly.  Seulement  dans  la  région  aréna- 
cée.  AC. 

P.  grarnineus  L. 
—        —  var.  heterophyllus  GG.  —  Canal  du  Niver- 

nais, sur  le  plat-fond  à  Vernizy  et  Saint-Gervais,  au 
moment  du  chômage.  RR. 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  271 

P.  lucens  L.  —  Eaux  profondes.  —  Canal,  Canne,  Aron.  C. 

—  —  var.    longifolius  Gay.  —    Même    habitat. 

Bassin  do  Ceroy.  AR. 
P.  perfoliatus  L.  —  Eaux  profondes.  CC. 
P.  crispus  L.  —  Eaux  profondes,  marais.  CC. 
P.  compressas  L.  —  Canal  du  Nivernais  ;  paraît  RR. 
P.  obtusifolius  M.   et  K.  —  Étangs.  —  En  Briffaut,    près 

Montaron.  RR. 
P.  pusillus  L.  —  Mares  de  la  Loire  au  Brain,  près  Decize 

(Mass!).  RR. 

—  —  P.  Berchtoldi  Faber.  —  Trous  et  mares.  — 
Tuilerie  de  Montambert  ;  canal  du  Nivernais  à  Vernizy 
(échantillon  imparfait  à  tigo  légèrement  comprimée)  ? 

P.  pectinatus  L.  —  Bassin  du  confluent  à  Cercy.  RR. 

P.  densus  L.  —  Eaux  vives  et  froides,  près  des  fontaines.  AR . 

Zannichellia  paluslris  L.  —  Mares,  canaux.  —  Mare  de 
Loire,  à  Brain,  près  Decize  (Mass!);  extrémité  de  la 
digue  de  Thareau;  canal  du  Nivernais.  R. 

Naïadacées. 

Caulinia  fragilis  Willd.  =  Naias  minor  Ail.  —  Sous  l'eau  ; 

mares,  relaissés,  canaux.  —  Près  du  Brain  (Mass  !)  à 

Decize;  Bac  de  Thareau  (Dr  Gillot  et  Gagnep.);  canal  à 

Cercy,  Saint-Gervais,  Roche.  R. 
Naias  major  Roth.  Ail.  —  Sous  l'eau,  rivières  et  canaux.  — 

Aron  à  Cercy;  canal  du  Nivernais  à  Cercy,  Verneuil.  R. 

Lemnacées. 

Lemna  trisulca  L.  —  Eaux  stagnantes.  —  Brain,  près  Decize 

(Mass  !).  RR. 
Lemna  minor  L.  —  Eaux  stagnantes.  CCC. 
L.polyrhiza  L.  —  Même  habitat.  —  Relaissé  de  la  Boire  à 

Decize.  R. 


272  F.   GAGNEPAIN. 

Aroïdacées. 

Arum  maculatum  L.  —  Haies,  broussailles.  CCC. 

—  —  var.  immaculatum.  —  Presque  aussi  abon- 

dant que  le  type. 

Typhacées. 

Typha    latifolia  L.  —   Marécages,  queue   des  étangs.  — 

Donjon  ;  Nénuphars  ;  Cercy  ;  Champvert.  AC. 

T.  angustifolia  DC.  —  Souvent  avec  l'espèce  précédente.  — 
Aron  et  Canne;  Nénuphars;  Petit-Quartier  à  Mon- 
tigny  ;  Tronsain,  près  Diennes;  Crot-d'Ombre,  près 
Verneuil.  AC. 

Obs.  —  Parfois  à  épis  mâle  et  femelle  distants  :  Briet,  près  Cercy. 

Sparganium  ramosum  Huds.  —  Rives,  marécages.  C. 
S.  simplex  Huds.  —  Marécages  vaseux.   —    Brain,    près 

Decize  (Mass  !);  Marnant  et  Nénuphars.  R. 

Joncacées. 

Juncus  conglomérats  L.  —  Rives  et  marécages.  CC. 

/.  effusus  L.  —  Même  habitat.  CC. 

/.  glaucusEhrh. — Chaumes  humides  des  terrains  argileux.  C. 

/.  supinus  Mœnch.  —  Eaux  vives  des  tourbières.  AC. 

—  —  var.  repens  GG.  —  AC. 

—  —  var.  aquatilis  GG.  —  AC. 

Juncus  lamprocarpus  Ehrh.  —  Prés  et  bois  humides  ou  ma- 
récageux. C. 

J.  silvaticus  Rchb.  —  Même  habitat.  C. 

J.  tennis  Willd.  =  /.  Germanorum  Steudel.  —  Sentiers  des 
bois  siliceux.  —  Entre  Montaron  et  l'étang  du  Bord  ; 
bois  du  Prieur,  entre  les  deux  maisons  forestières; 
raccourci  entre  Briet  et  les  Roses  ;  Petit-Étang,  près 
Saint-Honoré  ;  bois  Clair,  près  Fours.  AR.  Toute  l'ap- 
parence d'une  espèce  spontanée. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  273 

« 

/.  compressas  Jacq.  —  Rives,   prés  humides.   —  Cercy; 
Chaumigny;  ruisseau  de  Vernizy;  Donjon;  Ousiaux  et 
Roche,  commune  de  Verneuil.  AR. 
/.  Tenageia  L.  —  Grèves  arénacées  des  étangs.  —  Sougy 

et  la  Machine  (Bor.);  Marnant;  Donjon.  PC. 
J.  bufonius  L.  —  Sables  humides  où  l'eau  filtre,  ruisseaux, 

fossés.  C. 

—  —  var.  fasciculatus  GG.  =  J.  hybridus  Brot. 
—  Bois  de  pins,  près  St-Honoré  (G.  Rouy,  1871).  R. 

Luzula  pilosa  Willd.  —  Bois  et  taillis.  CC. 

L.  Forsleri  DC.  —  Même  habitat.  AC. 

L.  silvatica  Gaud.  =  L.  maxima  DC.  —  Bois  arénacés.  — 

Donjon;  Montaron;  Thaix;  Rémilly;  les  Glenons,  etc. 

AC. 
L.  campestris  DC.  —  Prés,  taillis.  CC. 

—  —  var.  congesta  Bor.  —  Sables  de  la  Loire. 
L.  multiflora  Lej.  —  Bois  arénacés.  C. 

—  —  var.  pallescens  Hoppe.  GG.  —  Bois  de  la 

région  siliceuse.  — Donjon  ;  Royan.  AC. 


Cypéracées. 

Cyperus  fuscus  L.  —  Marais,  tourbières.  AC. 
C.  flavescens  L.  —  Même  habitat.  —  Donjon;  Nénuphars; 

Montambert  ;  Lanty,  etc.  PR. 
—        —  var.  longibracteatum  Gagnp.    —   Feuilles 

supérieures,    dépassant    de    12   centimètres    les  glo- 
mérules  d'épis.  —  Même   habitat.  —  Schistes  de  la 
Machine. 
Eriophorum  angustifolium  Roth.  —  Tourbières.  —  Monta- 
ron; Donjon;  Royan,  etc.  AC. 
E.  latifolium  Hopp.  —  Tourbières.  —  Saint-Hilaire  ;  Né- 
nuphars; Verneuil.  PC. 
Scirpus  siivaticus  L.  —  Fossés,  ruisseaux.  C. 

tome  xiii.  18 


274  F.    GAGNEPAIN. 

S.  Michelianus  L.  — Sables  de  la  Loire.  —  Brain,  près  Decize 

(Massi).  RR. 
S.  maritimus  L.  —  Étangs,  marais.  —  Relaissé  de  la  Boire, 

prise  d'eau  à  Decize.  RR. 
S.  lacustris  L.  —  Rivières,  étang.  C. 
S.  setaceus  R.  Br.  —   Sentiers  des  bois,  taillis  humides  et 

arénacés;  tourbières.  AC. 
S.  acicularis  L.  —  Limons  des  étangs  et  des  rivières.  C. 
—        —  var.  fluitans  E.  de  Vicq.  —  Canal.  R. 

Obs.  —  On  trouve  des  individus  à  3-4  fleurs,  chétifs,  d'autres  à 
gaine  violacée,  scarieuse,  et  à  10-12  fleurs  à  bractées  noirâtres  : 
ceux-oi  à  l'étang  du  Donjon,  asséché. 

Eleocharis  palustris  R.  Br.  —  Marécages.  CC. 

E.  multicaulis  Diet.  —  Marécages  tourbeux.  —  Nénu- 
phars; Fontaines-Vaillant;  Montambert;  Donjon;  do- 
maine Aurousseau,  près  Fours.  PR. 

Rhynchospora  alba  Vahl.  —  Tourbières.  —  Nénuphars  ; 
Fontaines- Vaillant  ;  Domaine  Aurousseau,  près  Fours; 
Montambert,  etc.  PR. 

Carex  pseudo-C  yperus  L.  —  Marécages,  fossés  herbeux.  — 
Nénuphars  ;  Pré  Charpin  à  la  Machine  ;  Vernillats,  près 
Cercy;  Ris-d'Agne,  près  Thaix;  Royan  et  Ousiaux;  — 
Châtelier,  près  Verneuil,  contre-fossés  du  canal  (Joan- 
nin-Déponge  !). 

C.  ve  si  cari  a  L.  —  Rivières,  ruisseaux.  C. 

C.  ampullacea  Good.  —  Marécages  et  étangs  tourbeux.  — 

Ris-d'Agne  et  Thaix;  Vinée,  près  la  Nocle;  le  Page, 

commune  de  Champvert;  Cercy  ;  étang  des  Chaumes, 

près  Diennes  ;  Croix  de  Montaron  ;  Petit-Quartier,  près 

Montigny;  Donjon.  PC. 
C.  riparia  Curt.  —  Rivières. 

C.  hirta  L.  —  Marécages;  prés  frais;  terres  fortes.  CC. 

C.  distans  L.  —  Prés  marécageux.  —  Pré  Charpin,  près  la 

Machine;  Verneuil;  Grand-Vivier,  prèsDruy;  Riégeot, 

commune  de  Champvert.  AR. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  275 

C.  flava  L.  —  Marécages.  —  Nénuphars,  etc.  PC. 

—  —  C.  ÛEderi  Coss.  et  Germ.  —  Sables  humides 

des  marécages  et  des  bois.  CC. 

C.  silvatica  Huds.  —  Bois  frais  et  ombreux  AC.  ;  parait  plus 

R.  dans  la  région  siliceuse. 

C.  lœvigata  Sm.  =  C.  biligularis  DC.  —  Marécages  tour- 
beux. —  Nénuphars;  Donjon;  Ris-d'Agne,  près  Thaix; 
Royan  ;  Vernière,  près  Saint-Hilaire;  bois  de  Vauvray, 
près  Rémilly.  RR. 

C.  maxima  Scop.  —  Marécages  vaseux.  —  Pré  Charpin  et 

route  de  la  Machine  à  Decize.  R. 

C.  pallcscens  L.  —  Bois  argileux,  surtout  arénacés.  AC. 

C.  panicea  L.  —  Prés  marécageux;  tourbières.  C. 

C.  digitata  L.  —  Bois  ombreux.  —  Vallée  du  Ponteau,  au 
chemin  des  Deux-Prés,  entre  Champvert  et  la  Ma- 
chine. RR. 

C.  pilulifera  L.  —  Bois  arénacés  ou  gréseux.  AC. 

C.  prœcox  Jacq.  —  Bruyères  ;  sables  ;  talus  des  chemins.  CC. 

—  —  var.  nigricans.  —  Épis  noirs.  —  Bords  de 

la  Loire. 

C.  tomentosa  L.  —  Endroits  frais  ou  marécageux,  calcaire 
ou  arène.  —  Verneuil;  Champvert;  Saint-Léger-des- 
Vignes;  Donjon,  etc.  AR. 

C.  glauca  Scop.  —  Marécages  et  argiles  humides.  C. 

C.  stricta  Good.  —  Tourbières.  —  Écluse  de  Gannay.  RR. 

C.  acuta  L.  —  Rives,  marécages.  CC. 

C.  vulgaris  Fries.  =  C.  csespitosa  Good.  —   Prés  humides 

arénacés  voisins  des  étangs  tourbeux.  PC. 

C.  paniculatà  L.  —  Étangs,  tourbières.  —  Ses  énormes 
touffes,  qui  résistent  sous  le  pied,  sont  très  utiles  pour 
l'exploration  de  ces  stations.  C. 

C.  paradoxa  Willd.  — Tourbières.  —  Écluses  de  Gannay.  RR. 

C.  elongata  L.  —  Ruisseaux,  rives  et  marécages.  —  Canal 
à  Cercy  ;  Royan,  près  Charrin  ;  Fond-Judas,  près  Champ- 
vert; entre  la  forêt  de  Vincences  et  leChailloux.  R. 


276  F.    GAGNEPAIN. 

C.  leporina  L.  —  Prés  et  haies  humides.  C. 
C.  Schreberi  Schrank.  —  Sables  de  la  Loire,  entre  Charrin 

et  Devay.  RR. 
C.  disticha  Huds.  —  Prés  marécageux,  tourbières.  AC. 

Obs.  —  Si  le  marécage  est  assaini  la  taille  est  réduite,  les  épis 
blanohissent  et  avortent  en  partie;  c'est  une  forme  depauperata.  — 
Reugny,  près  Ceroy. 

C.  remota  L.  —  Marécages  des  prés  et  des  bois.  C. 

C.  canescens  L.  —  Tourbières  des  sols  arénacés.  —  Donjon  ; 

en  Briffaut  et  étang  du  Loup,  près  Montaron  ;  bois  de 

Vauvray,  près  Rémilly.  AR. 
C.  stellulata  Good.  =  C.  echinata  Murr.  —  Marécages.  CC. 
C.  vulpina  L.  —  Rives  et  marais.  AR. 

—  —  C.  nemorosa  Willd.  —  Bois  frais.  —  Bus- 
sière,  près  la  Machine.  Très  ressemblant  au  type,  mais 
à  épi  plus  grêle  et  de  taille  très  élancée.  A  recher- 
cher ! 

C.  muricata  L.  —  Haies,  fossés,  gazons  un  peu  secs.  CC. 

—  —  var.  genuina  GG.  =  C.  contigua  Hoppc.  AC. 

—  —  var.  guestphalica  Bonn.  —  Ça  et  là. 
C.  divulsa  Good.  —  Montigny  ;  Cercy  ;  AR. 

C.  Pairwi  F.  Schultz  (Etudes  sur  quelques  Carex,  Haguenau, 
1868.)  Carrières  de  Biches  et  rive  droite  du  canal,  vers 
Brienne,  dans  le  talus  broussailleux.  RRR. 

Obs.  —  Espèce  nouvelle  pour  le  Centre,  assez  semblable  à  C. 
muricata  dont  elle  diffère  à  première  vue  par  les  fibres  noirâtres 
qui  se  trouvent  à  la  base  des  feuilles  et  par  les  utricules  serrés  un 
peu  étalés. 

C.  pulicaris  L.  —  Gazons  des  tourbières.  —  Nénuphars  ; 
domaine  Aurousseau,  près  Fours  ;  Page,  commune  de 
Champvert;  Croix  de  Montaron,  étang  de  la  Boue  et 
bois  de  Vauvray,  près  Rémilly.  AR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  277 

Graminacées. 

Leersia  oryzoides  Soland.  —  Rives  marécageuses;  étangs. 

—  Vandenesse,  forêt  de  Vincences  (Bor.).   —   Aron, 

Haleine,  Loire.  AC. 
Baldingera  arundinacea  Dum.  —  Prés  et  rives.  C. 
Ânthoœanthum  odoratum  L.  —  Prés,  taillis.  CCC. 
Mibora  verna  P.B.  =  M.  minima  Desv.  —  Arènes,   plus 

souvent  sables  de  Loire.  AC. 

—  —  var.  albiflora.  —  Çà  et  là  avec  le  type.  — 

Decize,  Sougy  ;  Charrin;  Saint-Hilaire.  R. 

Crypsis  alopecuroides  Schr.  —   Chemins  humides  des  sols 

argileux  ou  calcaires.  —  Montigny- sur-Canne  (Bor.).  RR. 

06s.  —  Sa  ressemblance  avec  Alopecurus  geniculatus  fait  croire 
à  cette  rareté,  peut-être  un  peu  exagérée. 

Phleum  pratense  L.  —  Prés  et  gazons  des  chemins.  CCC. 

—  —  var.  nodosum  Gaud.  —  AC. 
Alopecurus  pratensis.  L.  —  Prés.  CCC. 

Obs.  —  Dans  un  pré  récemment  amélioré  par  l'apport  de  graines 
étrangères,  se  trouvait  une  forme  glauque  assez  remarquable  : 
feuilles  plus  larges ,  franchement  glauques  ;  épis  plus  ovoides  ; 
grandes  proportions. 

A.  agrestis  L.  —  Champs,  moissons.  CC. 

A.  geniculatus  L.  —  Marécages  asséchés.  AC. 

—  —  A,  fulvus  Sm.  —  Vernillats,  près  Cercy  ; 

Ousiaux,  commune  de  Verneuil.  R. 
Setaria  glauca  P.B.  et  var.  prostrata  Bréb.  — Champs  sablon- 
neux ou  arénacés.  C. 
5.  viridis  P.B.  —  Cultures,  jardins.  C. 

Obs.  —  Dans  les  sables  de  Loire,  les  individus  de  cette  espèce  ont 
tous  une  tige  décombante  comme  dans  S.  glauca.  Môme  remarque 
faite  sur  ceux  des  laitiers  des  hauts  fourneaux.  Port  extraordinaire 
causé  par  l'aridité  de  la  station. 

S.   verticillata  P.B.  —  Jardins.  —  Decize  (Mass!);  Cercy; 

Saint-Gratien.  R. 


278  F.    ÔAGNEPAÎN. 

Panicum  Crus-Galli  L.  —  Fossés,  lieux  inondés  l'hiver; 

jardins  frais.  AC. 

Obs.  —  Sur  le  môme  individu,  comme  sur  des  individus  différents, 
la  longueur  des  arêtes  varie  beaucoup  ;  les  rameaux  de  l'inflorescence 
peuvent  ôtre  verticillés. 

P.  sanguinale  L.  =  Digitaria  sanguinalis  Scop.  —  Jardins 

et  champs.  C. 
P.  glabrum  Gaud.  =  Digitaria  filiformis  Koel.  —  Sols  légers 

des  champs  ou  des   terrains  vagues.  —  Cercy;  Ver- 

neuil,  etc.  PC. 
Cynodon  Dactylon  Pers.  —  Sables  de  Loire.  Nul  ailleurs. 
Ândropogon  hchxmum  L.  —  Sables,  pelouses  calcaires.  — 

Sables  de  Loire.  Teinte,  près  Sougy,  R.  ou  nul  ailleurs. 
Phragmites  communia  Trin.  —  Étangs,  eaux  tranquilles.  C. 
Calamagrostis  Epigeios  lloth.  —  Vignes  calcaires  ;  bois  aré- 

nacés.    —    Champvert;     Charrin;    Devay;     Decize  ; 

Teinte;  bois  de  Briffaut,  vers  Montambert.  AR. 
Agrostis  alba  L.  —  Champs.  —  Cercy.  C. 

—        —  var.  genuina  G.  =A.  stolonifera  Host. 

A.  vulgaris  With.  —  Champs  et  jachères.  CCC. 
A.  caninah.  — Bois  taillis,  abord  des  étangs.  — Druy  (Bor.); 

Cercy,  etc.  AC. 
Apera  Spica-venti  P.  B.  —  Moissons.  C. 
G  as  Iridium  lendigerum  Gaud.  —  Champs  et  chemins  de 

desserte.  —  Forêt  de  Vincences  et  Biches  (Bor.);  la 

Chapelle  près  Ville-Langy.  RR.  Espèce   méridionale 

qui  doit  être  considérée  comme  adventice  indigène  dans 

notre  région. 
Milium  effusum  L.  —  Bois  et  taillis.  —  La  Machine  (Bor.  !) 

—  Faye;  Cercy;  Verneuil;  etc.  C.  Paraît  plus  R.  dans 

la  région  arénacéc. 
Corynephorus  canescens  P.  B.  —  Sables  de  Loire,  terrains 

arénacés.    C.  —  Sud  des  communes   de  Champvert, 

Verneuil,  Cercy  ;  Montambert.  PC. 


Topographie  botanique.  $79 

AiramulticulmisDum  =A.  aggregata  Timeroy,  Bor.  —  Mois- 
sons arénacées.  —  Vandenesse;  Montaron;  bois  Ra- 
monay;  Ousiaux,  commune  de  Verneuil.  AR. 

A.  prœcox  L.  —  Pelouses  sèches,  talus  des  solsarénacés.  AC. 

A.  caryophyllea  L.  —  Même  habitat.  C. 

Deschampsia  cœspitosa  P.  B.  —  Endroits  humides  des  bois, 
prés  ;  abords  des  étangs.  PR.  —  Glumelles  à  3-4  dents 
très  distinctes. 

D.  flexuosa  Nées.  —  Bois  de  la  région  siliceuse.  CC.  — 
Glumelle  inférieure  à  3  dents  peu  prononcées,  quelques 
poils  à  la  base. 

Ventenata  avenacea  Kœl.  —  Sables  et  arènes,  dans  les  champs. 
—  Loire  à  Thareau;  près  du  moulin  du  Loup.  R. 

Avena  pubescens  L.  —  Prés.  —  Bords  du  canal,  C;  prés 
d'Aron,  C  ;  Isenay  ;  Teinte  ;  Decize  ;  Montaron,  etc.  AC. 

Gaudinia  fragilis  P.  B.  —  Prés.  —  Cercy  ;  Verneuil;  Lanty; 

Montambert;  la  Machine.  PR. 

Arrhenatherum  elatiusM.  et  K.  —  Prés.  C. 

—  —  var.  bulbosum   Gaud.  =  Avena  precatoria 

Thuill.  —  Champs.  C. 
Obs.  —  Quelquefois  attaqué  par  l'Ergot  (Claviceps  purpurea). 
Trisetum  flavesoens  P.  B.  —  Prairies. 

—  —  var.  lutescens.  —  C. 

—  —  var.  variegata.  —  C. 
Holcus  lanatus  L.  —  Bois.  C. 

H.  rnollisL.  — Prés.  CC. 

Kœleria  cristata  Pers.  —  Pelouses  calcaires  (pas  d'exemple 
ici).  Pelouses  sablonneuses  de  Loire.  AC.  Nul  ailleurs. 

—  —  var.  macrostachya  Gagnp.  —  Tige  grosse  à 
gaines  velues  ;  panicule  2  fois  et  demie  plus  large,  à 
fleurs  plus  violacées. 

Catabrosa  aquatica  P.  B.  —  Étangs.  —  Ousiaux,  près  Briet.  R. 
Glyceria  fluitans  R.  Br.  — Eaux  paisibles,  prés  marécageux.  C. 

—  —  var.  erecta.  —  Dans  un  pré  marécageux, 
grandes  proportions,  tige  droite. 


280  F.    GAGNEPA1N. 

G.  lo  lia  ce  a  God.  —  Sentiers  des  bois.  —  _Ousiaux,  à  50  m. 

dans  le  bois  le  long  d'un  sentier.  RRR. 

Qbs.  —  Petite  plante  que  l'on  prendrait  à  première  vue  pour  Poa 
nemoralis.  Nouvelle  pour  le  bassin  de  la  Loire. 

G.  aquatica  Wahl.  —  Étangs;  rives;  canaux.  —  Canal  du 
Nivernais,  C  ;  la  Nocle;  Donjon;  Briffaut,  etc.  AC. 
Poa  annua  L.  —  Endroits  battus.  CCC. 
Poa  nemoralis  L.  —  Bois,  haies  ombreuses.  CC. 

—  —  var.  firmula  Gaud.  —  Çà  et  là;  Cercy,  etc. 
P.  serotina  Ehrh.  —  Étangs  parmi  les  Joncs  et  Carex.  — 

Breu,  près  Saint-Hilaire.  RR. 
P.  bulbosa  L.  —  Pelouses  sablonneuses,  chaumières.  — 

Vallée  de  la  Loire.  C. 

—  —  var.  vivipara  Auct.  =  Poa  crispa  Thuill. 

—  Aussi  commun  que  le  type. 
P.  compressa  L.  —  Champs  secs,  murs.  CC.  Se  contente  de 

0,8  °/o  de  calcaire.  Xérophile,  à  base  rameuse. 

—  —  var.  pauciflora  Cariot.  —  Bussière,  près  la 

Machine. 

Obs.  —  Forme  élevée,  longues  feuilles,  petites  panicules,  à  épil- 
lets  de  2-3  fleurs  au  lieu  de  8,  oroissant  à  l'ombre  des  bois,  parmi  la 
bruyère. 

Poa  pratensis  L.  —  Prés  et  gazons.  CCC. 

—  —  var.  angustifolia  Sm.  — C. 

P.  trivialis  L.  —  Chemins  des  bois  :  Fours,  etc.  PC. 
Briza  média  L.  —  Prés  secs.  CC. 

Obs.  —  Une  forme  assez  répandue  dans  les  bruyères,  au  bord 
des  chemins,  entre  Bussière  et  la  Machine,  se  fait  remarquer  par  ses 
grandes  proportions  et  ses  épillets  blanchâtres.  C'est  probablement 
la  var.  pallens  Coss.  et  Germ.  =  B.  lutescens  Fouc. 

Melica  uniflora  Retz.  —  Rocailles,  bois;  calcaire  et  arène. 
—  Vieille-Montagne,  extrême  mamelon;  Fond-Judas, 
près  la  Machine.  PC. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  281 

Scleropoa  rigida  Gris.  —  Bords  des  chemins,  terres  cal- 
caires. —  Carrière  de  Teinte  ;  levée  de  la  Loire,  près  la 
caserne  de  Decize.  R. 

Dactylis  glomerata  L.  —  Prés.  CCC. 

—  —  var.  vivipara.  —  Cas  tératologique.  R. 
Molinia  cxrulea  Mœnch.  —  Marécages,  tourbières.  AC. 

—  —  var.  altissima  Car.  =  M.  altissima  Link. 

Obs.  —  Diffère  de  la  Molinie  des  tourbes  par  ses  touffes  volumi- 
neuses, ses  tiges  élevées,  ses  épillets  à  2  fleurs,  la  seconde  (supé- 
rieure) réduite  aux  glumelles;  sa  panicule  d'un  violet  pâle  verdâtre 
à  longs  rameaux.  Bois  et  bruyères  fraîches.  Plus  commun  que  le  type. 

Danthonia  decumbens  DC.  —  Prés  maigres,  pelouses  des 
bois  de  la  région  siliceuse.  C.  —  Rare  ailleurs  :  Ver- 
neuil;  Champvert;  la  Machine. 

Cynosurus  cris  ta  tus  L.  —  Prés  et  gazons  des  bois.  CC. 

Vulpia  pseudo-myuros  Soy.-Will.  —  Bord  des  chemins  des 

sols  sablonneux.  C. 

V.  sciuroides  Gmel.  —  Même  habitat.  CC. 

V.  Myuros  Rchb.  —  Même  habitat.  PC. 

Vulpia  geniculata  Link.  —  Avenue  de  la  gare,  à   Fours! 

RRR. 

Festuca  gigantea  Vill.  —  Bois  et  broussailles  humides,  om- 
breuses. —  Nénuphars  ;  étang  du  Pont,  près  la  Cres- 
sonnc  ;  bois  accidentés  de  la  Machine  ;  Coulongette  et 
Croux,  près  Cercy.  AR. 

F.  arundinacea  Schr.  —  Lieux  frais  des  prés  et  des  rives.  PC. 

F.  elatior  L.  =  F.  pratensis  Huds.  —  Prairies.  CC. 

—  —  F.  pseudo-loliacea  Pries.  —  Épillets  presque 

sessiles  sur  Taxe.  —  Cercy. 
F.  heterophylla  Lamk.  —  Prairies,  bois  taillis.  AC. 
F.  rubra  L.  —  Sables  de  Loire. 
F.  duriuscula  L.  =  F.  sulcata  Hack.  —  Prés  arénacés,  secs. 

—   Sables  de  Loire,  et  en  outre  :  Faye;  Verneuil; 

Ousiaux.  AC. 


282  t\  gagnePaiN. 

F.  glauca  Lamk.  —  Sables  de  Loire.  C. 
F.  ovina  L. 

—  —F.  longifolia  Thuill.  —  Bois  et  prés  aré- 

nacés. 

—  —  F .  capillata  Lamk.  —  Bois  et  prés  aréna- 

cés.  C. 
X  F.  loliacea  Curt.  =  Festuca  pratensis  X  Lolium  perenne. 

—  Prés,  avec  les  parents.  —  Château  de  Champlevois ; 
Roche,  près  Verneuil  ;  Canne,  aval  de  Chevillon,  près 
Cercy.  R. 

Obs.  —  Différences  sensibles  dans  les  hybrides  :  à  Champlevois, 
tige  de  10  décimètres;  épi  de  25  centimètres,  épillets  de  12  fleurs; 
ces  caractères  indiquent  la  prédominance  de  F.  pratensis  et  môme 
probablement  F.  arundinacea  (F.  arundinacea  X  Lolium perenne.) 

Aux  bords  de  la  Canne  :  tige  de  6-7  décimètres  ;  épis  plus  courts, 
épillets  à  7-8  fleurs.  Probablement  Lolium  perenne  X  F.  pratensis. 
En  tout  cas  Lolium  perenne  abonde  beaucoup  plus  que  l'autre  parent. 

Bromus   tectorum  L.   —    Champs   sablonneux,   gares.    — 

Bords  de  la  Loire.  C. 
B.  sterilis  L.  —  Haies,  bords  des  chemins.  CGC. 

Obs.  —  A  quelques  mètres  de  distance,  on  trouve  le  type  glabre  et 
une  variation  à  feuilles  pubescentes  sur  les  deux  pages;  parallèle  à  la 
var.  piliferus  de  Br.  erectus. 

B.  asper  L.  —  Bois  secs,  ombreux.  — Faye;  Diennes  ;  Saint- 
Léger;  Brinay.  AR. 
B.  erectus  Huds.    —  Prés   secs,   surtout  des   pentes  cal- 
caires. AC. 

—  —  var.  piliferus.  —  Çà  et  là  plus  rare  que 
le  type  glabre.  Feuilles  pubescentes  cendrées,  épis  à 
villosité  tomenteuse  rase. 

Serrafalcus  secalinus  God.  —  Haies  des  champs,  moissons. 

—  Cercy;  Montambert;  Montaron;  Champ  vert;  Ville- 
Langy.  PC. 


TOPOGRAPHIE   BOTAtfîQUfi.  283 

—  —  var.    macros lachij s  God.  —  Forme  domi- 

nante. 
5.  arvensis  God.  —  Champs,  bords  des  chemins.  C. 
5.  racemosus  Pari.  =5.  commutatus  God.  —  Prés  fertiles. 

—  Canne,  Aron,  Andarge.  AC. 
5.  mollis  Pari.  —  Champs,  prés.  CC. 

—  —  var.  compactus  Bréb.  —  La  var.  à  pani- 

cule  contractée  domine  de  beaucoup. 

Hordeum  murinum  L.  — Chemins,  cours.  CC. 

//.  secalinum  Schr.  —  Prés   fertiles.  —  Decize  (Mass!); 

Cercy  ;    Montigny  ;    Verneuil  ;    prés    d'Aron  ;    Ville  - 

Langy,  etc.  PC. 

Agropyrum  pungens  Rœm.   et  Schult.   Bor.  —  Sables.  — 

Loire  à  Decize;  nul  ailleurs. 
A.  campesire  GG.  Bor.  —  Même  habitat,  mêmes  stations. 
A.  repens  P.  B.  —  Champs,  jachères.  CCC. 

A.  caninum  Rœm.  et  Sch.  —  Semble  préférer  les  stations 

plus  fraîches.  C. 
Brachypodium  silvaticwn  Rœm.  et  Sch.  P.  B.  —  Haies,  bois, 

bruyères.  C. 

B.  pinnatum  R.  Br.  P.  B.  —  Bois,  pâturages,  prairies.  C. 
Lolium  perenne  L.  —  Prés,  pelouses.  CCC. 

—  —  var.  tenue  L.  —  Bois  siliceux.  AC. 

—  —  var.  ramosum  L.  —  Axe  très  flexueux, 
épis  large  distique  à  épillets  serrés.  AR.  N'est  proba- 
blement qu'une  monstruosité  accidentelle. 

L.  multiflorum  Lam.  —  Prés,  bois,  chemins.  —  Montaron  ; 

Faye;  Verneuil;  la  Nocle,  etc.  AC. 
L.  temulentum  L.  —  Champs,  moissons  ou  cultures.  AR. 

Seulement  la  var.  microchœtum  Car. 

Nardurus  Lachenalii  God.  —  Champs  sablonneux.  —  Druy, 

Sougy  (Bor.  !  !)  ;  sables  de  Loire;  voies  ferrées.  C. 

—  —  var.  genuinus  GG.  —  Seule  dans  la  région. 
Nardus  stricta  L.  —  Prés  humides,  maigres,  voisins  des 

étangs,  dans  la  région  arénacée.  AC. 


284  F.   GAGNEPAIN. 

Fougères. 

Ophioglossum  vulgatum  L.  —  Prés  frais  ou  tourbeux.  — 
Bailly,  près  Montigny;  Paillango  et  Riégeot,  près 
Champvert.  R. 

Osmunda  regalis  L.  —  Marécages  tourbeux,  plutôt  ombra- 
gés. —  Donjon;  Nénuphars;  Montambert;  Montaron; 
Ris-d'Agne,  près  Thaix,  etc.  PR.  mais  dans  la  région 
arénacée  uniquement. 

06s.  —  Dans  les  bois  du  Ris-d'Agne,  les  épis  avaient  gelé  en  1896; 
des  frondes  stériles  se  transformèrent  au  sommet,  les  lobes  se  rétré- 
cirent, se  crispèrent,  portant  des  sporanges  sur  leurs  contours. 

Ceterach  officinarum  Willd.  —  Murs.  —  Chatillon-en-Bazois  ! 
Moulins-Engilbert  (Bor.);  Châtillon,  mur  de  la  route, 
au  bord  du  canal  ;  Gercy,  pont  du  confluent  de  Canne.  R. 

Obs.  —  Sporange  non  élastique,  à  déchirure  centrale  étoilée. 

Polypodium  vulgare  L.  —  Murs,  haies,  souches  des  arbres 
dans  les  bois.  —  Cercy,  disparu;  haie  du  Village- 
Gaudry  ;  Verneuil;  bois  de  Faye;  Montambert;  Vieille- 
Montagne.  C.  ;  en  général  R. 

Obs.  —  Sporanges  munis  de  fibrilles  élatéri formes;  spores  pédi- 
cellées,  ellipsoïdes,  réticulées. 

Âspidium  aculeatum  Sw.  —  Éboulis  et  broussailles  des 
ravins.  —  Croux,  près  Cercy;  Savigny,  près  Saint- 
Gratien;  ravin  de  Brienne,   près  Brinay;  Rémilly.  R. 

Polyslichum  Thelypteris  Roth.  —  Marécages.  —  Nénu- 
phars. RR. 

P.  Filix-mas  Roth.  —  Bois.  CC. 

Obs.  —  Spores  ellipsoïdes  à  large  bordure  irrégulière,  sinueuse. 

P.  spinulosum  DC.  —  Haies  et  surtout  bois  humides  des 

sols  arénacés,  tourbeux.  AC. 

P.  dilatatum  Willd.  —  Fours  (Bor.  !);  Donjon;  bois  Ramo- 

nay,  près  Montambert;  Ris-d'Agne,  près  Thaix.  PC. 

Cystopteris  fragilis  Bernh.  —  Ravins,  murs  humides,  om- 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  285 

breux.  —  Croux,  près  Cercy;  Thaix;  entre  Villars  et 
Fleury,  près  Biches  ;  fontaine  du  Brain,  près  Decize.  R. 
Athyrium  Filix-femina  Roth.  —  Marécages  des  bois.  AC. 

—  —  A.  trifidum  Roth.  —  Var.  à  fines  spicules 

tridactyles.  —  Ris-d'Agne,  près  Thaix. 

Asplenium  Trichomanes  L.  —  Murs,  chemins  creux.  C. 

Obs.  —  Sporange  élastique  à  déchirure  périphérique;  spores  bor- 
dées d'une  marge  crénelée. 

A.  Ruta-muraria  L.  —  Murs.  AO. 

A.  Adiantum-  nigrum  L.  —  Chemins  creux,  broussailles, 

murs.  — Écluse  inférieure  de  Cercy;  bourg  de  Thaix; 

Cluses-Bardenne,  près  Saint-Honoré  ;  route  de  Coddes 

à  Champlevois.  R. 
Scolopendrium  officinale  Sm.  —  Puits  et  fontaines  rocheu- 
ses. C. 

Obs.  —  Spore  à  contour  irrégulier,  couverte  d'aspérités  peu  sail- 
lantes. 

Blechnum  Spicant  Roth.  —  Bois  humides,  surtout  des  sols 
tourbeux,  bords  des  eaux  claires.  —  Donjon  ;  Nénu- 
phars; Montambert;  Crot-Favé,  près  Fours  et  vers 
Briffaut;  Ris-d'Agne,  près  Thaix;  bois  de  Vauvray  ; 
forêt  de  Vincences.  PR. 

Obs.  —  Sporange  glanduleux;  spore  bordée  d'une  aile  plus  claire, 
étroite. 

Pteris  aquilina  L.  —  Bois  argileux  ou  siliceux.  CCC. 

—  —  var.  turfosa  Gagnp.  —  Individus  nains  de 
55  centimètres  de  haut,  feuillage  jaunâtre  ;  lobes  de 
troisième  ordre  ovales,  arrondis;  souche  peu  pro- 
fonde. —  Ris-d'Agne,  près  Thaix. 

06s.  —  Fréquemment  stérile  dans  les  bois  épais.  Sporange  cir- 
culaire, peu  élastique  ;  à  déhiscence  périphérique;  spores  non 
bordées,  munies  de  piquants. 

Équisétacées. 

Equisetum  arvense  L.  —  Champs  argileux.  —  Cercy,  Saint- 

Gratien,  C.  R.  ailleurs. 


286  F.   GAGNEPAIN. 

Obs.  —  Tiges  vertes,  ordinairement  stériles,  de  E.  arvense  por- 
tant parfois  des  fructifications,  devenant  alors  un  peu  pâles,  gaines 
à  nervures  et  dents  vertes  ;  épi  rose  verdâtre,  acuminé.  N'a  guère 
qu'un  intérêt  biologique  et  non  taxinomique.  —  Ballast  de  la  ligne 
de  Chagny  à  Coddes,  près  Cercy  (juin  1896).  Forme  accidentelle,  car 
il  a  été  impossible  de  la  revoir  en  4899. 

E.  Telmateia  Ehrh.  =  E.  maximum  Lamk.  —  Fossés, 
rigoles  vaseuses.  —  Dans  un  petit  ravin  à  l'extrémité 
du  village  de  Devay  (Bor.  !)  ;  Devay,  à  la  Gargole  !  à  la 
Creuse!  Station  indiquée  par  Boreau,  mais  doublée  et 
précisée.  RR. 

E.  hyemale  L.  —  Bois  frais,  non  loin  de  l'eau.  —  Moulins- 
Engilbert  (Bor.);  vallon  du  Ponteau,  aux  Deux-Prés, 
entre  Champvert  et  la  Machine.  RR. 

E.  palustre  L.  —  Marécages.  C. 

E.  limosum  L.  —  Marécages.  C. 

E.  ramosissimum  Desf.  —  Sables  des  grands  cours  d'eau.  — 
Bords  de  la  Loire.  C.  Nul  ailleurs,  sauf  sur  les  voies 
ferrées  où  cette  espèce  rare  est  transportée  avec  le 
ballast. 

E.  variegatum  Sch.  Bor.  —  Sables  des  grands  cours  d'eau. 
—  Bords  de  la  Loire,  à  Decize,  au  confluent  d' Aron.  RR. 

Marsiliacées. 

Marsilia  quadrifolia  L.  —  Sud  du  département.  C.  (Bor.). 
—  Bien  que  la  circonscription  de  Cercy  occupe  le  sud 
de  la  Nièvre,  il  nous  a  été  impossible  d'y  voir  cette 
intéressante  espèce  une  seule  fois. 

Pilularia  globulifera  L.  — Limons  des  étangs  taris. —  Don- 
jon, étang  asséché.  RR. 

Lycopodiacées. 

Lycopodium  inundatum  L.  —  Corne  du  Donjon,  voisine  du 

Crot-Favé,  altitude  220  mètres.  RRR. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  281 


FLORE  ADVENTICE 


** 


I.  —  Sorties  des  jardins  ou  parcs. 4 

Adonis  autumnalis  L.  —  Décombres  à  Decize.  R.  Fugace. 

*  Nigella  damascena  L.  —  La  Machine  ;  Roche,  près  Ver- 

neuil.  Se  resème  de  lui-même  dans  les  jardins. 

*  Delphinium  Ajacis  L.  —  Cercy.  Se  resème  dans  les  jardins. 
Berberis  vulgaris  L.  —  Champlevois  et  Paye.  R. 
Cheiranthxis    cheiri   L.    —    Vieux    château    de    Decize. 

Connu  en  Angleterre  dès  1597  sous  le  nom  de  fleur 
des  murailles.  (A.  DC). 

*  Lunaria  biennis  L.  —  Cercy;  fugace.  R. 
Silène  pendu  la.  —  Decize;  Cercy;  fugace.  R. 

*  Lavatera  trimestris  L.  —  Cercy,  AC.  Apporté  avec  des 

graines  potagères  ;  se  retrouve  tous  les  ans. 

*  Géranium  pratense  L.  —  La  Machine.  R. 

Spartium  junceum  L.  —  Se  resème  à  Teinte,  près  de  la 

Carrière.  R. 

*  Galega  officinalis  L.  —  Remplit  le  jardin  du  château  de 

Champlevois;  Roche,  près  Verneuil. 

*  Cercis  siliquastrum  L.  —  Digue  de  la  Loire  à  Teinte.  N'a 

pas  été  remarqué  en  plantations  aux  environs. 
**  Gleditschia  triacanthos.  —  Confluent  d'Aron  à  Decize. 
Prunus  Padus  L.  —  Subspontané  à  Brain,  près  Decize 

(Mass  !) 

P.  insititia  L.  —  Cercy.  Provient  des  pruniers  greffés  qui, 

se  propageant,    retournent  à    l'état   sauvage.    Les 

fruits  conservent  la    couleur   qui   leur   est  propre 


1.  Sont  distinguées  par  *  les  plantes  étrangères  au  centre  do  la  France,  par  ** 
les  espèces  exotiques. 


288  F.    GAGNEPAIN. 

(violet,     bleu    glauque,    jaune),    mais    deviennent 
acerbes.  Toujours  autour  des  villages. 
**  Spir&a  opulifolia.  —  Haie  près  la  gare  de   Verneuil. 

Apporté  des  pépinières  avec  l'Aubépine.  R. 

*  S.  salicifolia  L.  —  Haies  à  Saint-Honoré.  Retrouvé  au 

bord  de  l'Aron  et  alors  propagé  par  les  eaux. 
**  Cratetgus  Crux-galli.  —  Haies,  près  la  gare  de  Verneuil. 

Provient  des  pépinières . 
**  C.  coccinea  L.  —  Même  station,  même  observation. 
Sorbus  domestica  L.  —  Haie  à  Brain,  près  Decize  (Mass!) 
Sur  d'autres  points  de  la  Nièvre  AC,  dans  les  bois. 
**  Onothera  suaveolens.  —  Se  reproduit  très  bien  dans  les  jar- 
dins où  on  l'a  semé  et  finit  par  les  infester  en  peu  de 
temps.  Se  retrouverait  aux  bords  delà  Loire  (Moriot). 

*  Ribes  nigrum  L.  —  Aperçu  sur  des  Saules  têtards  à  Ver- 

neuil. Apporté  par  les  oiseaux. 
R.  rubrum  L.  —  Saules  têtards  :  Cercy,  Saint-Hilaire, 

Verneuil,  etc.  CC. 

*  Fœniculum  officinale  AH.  —  Décombres  à  la  Machine, 

Decize. 
Pastinaca  sativa  Mill.  —  Lanty  ;  fugace. 
Petroselinum  sativum  Hofîm.  —  Haies  des  villages.  Peu 

durable . 
Anthriscus  Cerefolium  Hoffm.  —  Même  station,  mais  C.  ; 

résiste  longtemps  en  se  resemant.  Cercy. 
CentranthusruberDG.— Murailles,  remparts  de  Decize.  RR. 
**  Symphoricarpus  racemosus  Michx.  —  Cercy,  près  du  cime- 
tière, acclimaté. 

*  Artemisia  Absinthium  L.  —  Haies  des  jardins;  se  resème 

difficilement.  Loire,  à  Brain,  près  Decize,  par  trans- 
port fluvial. 

*  Tanacetum  vulgare  L.  —  Toujours  autour  des  villages  : 

haies  et  prés. 

*  Pyrethrum  Parlhenium  Sm.  —  Cercy.  Ne  doit  se  resemer 

que  difficilement  à  cause  de  la  duplicature  des  fleurs. 


TOPOGRAPHIE   BOTANIQUE.  289 

Primula  grandi flor a  Lamk.  —  Vignes  à  Cercy.  Disparu. 

*  Borrago officinalisL.  — Jardins,  décombres.  Se  resème  très 

bien;  observé pendantaumoins9années consécutives. 
**  Nicandra  physalodes  L.  —  Cercy  ;  depuis  neuf  ans  dans  les 
mêmes  jardins  où  il  n'a  pas  été  semé  intentionnelle- 
ment. Arrive  avec  les  graines  potagères. 
Lycium  barbarum  L.  —  Pont  suspendu  à   Decize.  Très 

envahissant. 
Antirrhinum  majus  L.  —  Château  et  remparts  de  Decize. 

RR. 

Melissa  officinalis  L.  —  Haies,  chemins  :  Cercy  ;  Verneuil  ; 

Isenay;  Champlevois.  Toujours  autour  des  villages. 

Reste  des  anciennes  cultures  pour  la  médecine  rurale . 

**  Phytolacca  decandra  L.  —  Écluse  de  Chaumigny  ;  taillis 

de  Couëron,  près  Thaix.  Plante  apportée  d'Amérique 

il  y  a  deux  siècles  pour  colorer  les  vins.  En   1843, 

Pyrénées-Orientales;  en  1765,  près  de  Narbonne;  en 

1768,  en  Italie;  se  répand  vite  (A.  DC). 

Atriplex  hortensis  L. 

—        —  var.  rubra  L.  —  Cercy.  Paraît  et  disparaît 

autour  des  jardins. 

*  Rumex  Patientia  L.   —  Champvert,   près  d'une    ferme, 

sur  la  route  de  Verneuil.  RR. 
**  Polygonum  orientale  L.  —  Se  resème  dans  certains  jar- 
dins depuis  neuf  ans. 
Euphorbia  Lathyris  L.  —  Jardins  et  décombres.   Spora- 
dique.   Reste  de  cultures  entretenues  en  vue  de  la 
médecine  rurale. 

*  Ficus  Carica  L.  —  Se  trouve  quelquefois  en  très  petits 

individus  sur  des  murs  à  exposition  chaude.  Pro- 
viennent des  figues  du  Midi  qui  font  ici  aussi  le  régal 
des  enfants  et  dont  les  akènes  supportent  sans 
souffrir  l'action  des  sucs  digestifs. 

*  Pinus  silveslris  L.  —  Se  sème  dans  les   bois  où  on   l'a 

préalablement  planté.  R. 

TOME  XIII.  19 


290  F.   OAGNEPAIN. 

*  Asparagus  officinalis  L.  —  A  la  faveur  des  oiseaux  qui  se 

jouent  avec  les  graines  brillantes,  l'Asperge  quitte 
les  jardins.  —  Châtelier,  près  Verneuil;  Fontaine, 
près  Saint-Hilaire  ;  Brain,  près  Decize  (Mass)  ! 

II.  —  Propagées  par  la  grande  culture. 

Erysimum  orientale  R.   Br.   —    Pré   Charpin,    près    la 
Machine;  Coddes,  près  Cercy.  Se  retrouve  dans  les 
grenailles  des  basses-cours. 
**  Camelina  saliva  L.  —  Champ  à  Brain,  près  Decize  (Mass). 

RR. 

*  Silène  g  allie  a  L.  —  Luzernière  à  Cercy;  champ  de  trèfle 

entre  Vandenesse  et  les  Quiots,  à  Saint-Honoré  ; 
route  de  Saint-Pierre,  à  Decize,  près  du  canal  latéral. 

*  Saponaria  Vaccaria  L.  —  Moissons.  —  Cercy;  Donjon; 

Saint-Gratien.  Aux  abords  des  fermes.  Semée  inten- 
tionnellement avec  la  Vesce  cultivée  à  laquelle  elle 
prête  sa  tige  ferme. 

*  Linum  usitatissimum  L.  —  Avoines  à  Cercy,  décombres. 
Vitis  vinifera  L.  —  Dans  les  haies.  —  Saint-Hilaire,  la 

Nocle,  Cercy,  Verneuil.  Les  individus  de  Cercy  ont 
un  podogyne  orangé  très  développe,  ce  qui  n'em- 
pêche pas  les  fleurs  d'avorter  constamment  avec  un 
pollen  abondant  et  fertile.  La  Vigne  se  reproduit 
facilement  de  pépins;  mais  les  jeunes  plantes  mal 
aoûtées,  encore  en  herbe,  ne  résistent  pas  aux 
rigueurs  de  l'hiver,  sauf  peut-être  dans  les  haies  où 
les  oiseaux  sèment  plutôt  les  pépins  et  où  la  tigelle 
trouve  abri  et  terreau. 

Medicago  saliva  L.  —  Çà  et  là.  PC. 

Vicia  sativa  L.  —  Aussi  R.  et  seulement  dans  les  moissons. 

V.  narbonensis  L.,  var.  serratifolia  Koch.  —  Dans  une 
prairie  récente  à  Cercy.  Apportée  avec  des  graines 
fourragères.  RRR. 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  291 

Trifolium  incarnatum  L.  —  Champs,  moissons.  —  Près 
Sougy,  s'est  trouvé  côte  à  côte  avec  T.  Molinieri 
Balb.  dans  une  prairie,  comme  si  l'un  et  l'autre  pro- 
venaient d'un  môme  semis.  Le  T.  Molinieri  n'est 
peut-être  que  T.  incarnatum  légèrement  transformé 
dans  sa  coloration  par  la  subspontanéité. 

T.  hybridum  L.  —  Çà  et  là  dans  les  prairies  récentes,  au 

bord  des  chemins. 

*  Lathyrus  sativus  L.  —  Saint-llilaire,  dans  une  moisson. 

RR.  Cette  Gesse  n'est  jamais  cultivée  ici. 
Onobrychis  sativa  Lamk.  —  Çà  et  là,  le  Sainfoin  étant 

rarement  cultivé  dans  la  région. 

*  Anethum  graveolens  L.  —  Moissons  près  Lanty  (Boreau). 
Asperula  galioides  M.  Bieb.  —  Prés  de  Vroux,  commune 

de   Thaix;   de    Faye    au-dessus   du   moulin;   entre 
Bussière  et  Verneuil  ;  RR.  Peut-être  spontané. 

*  Centaurea  solstUialis   L.    —  Luzernière    à    Brain,  près 

Decize  1862  (Mass!)RR. 

*  Cota  tinctoria  Gay.  —  Village  Donjon,  près  Fours,  dans 

une  jachère.  Provient  du  Midi  avec  les  semences  de 
céréales. 

*  Tragopogon  porrifolius  L.  —  Bords  du  canal,  près  Cercy. 

Apporté  avec  les  graines  fourragères  du  commerce. 
RR. 
**  Ambrosia  artemisixfolia  L.  —  Derrière  le  château  de 
Champlevois,  à  l'angle  ouest  du  bois;  entre  le  Rom- 
pouez  et  la  route  de  Fours,  près  Cercy.  Persiste, 
disent  les  cultivateurs,  depuis  huit  ou  dix  ans.  La 
fauchaison  des  céréales  provoque  dans  l'Ambroisie 
une  ramification  qui  ne  nuit  pas  du  tout  à  la  repro- 
duction. Quelques  individus  semés  en  notre  jardin 
l'ont  infesté  de  leurs  générations.  Non  loin  de  Fleury 
(Joannin-Déponge).  Abonde  à  Gannay,  Lamenay, 
depuis  vingt  ans  (Moriot).  —  D'origine  améri- 
caine. 


292  P.    GAGNEPAIN. 


** 


Amsinckia  intermedia  Pisch.  et  Mey.  —  Décombres  près  de 
la  Loire  à  la  Charbonnière  ;  basse-cour  à  Cercy,  dont 
les  volailles  étaient  nourries  des  grenailles  d'un 
moulin,  lequel  avait  utilisé  des  froments  du  Havre, 
quelques  années  auparavant;  pré  Charpin,  à  la  Ma- 
chine, dans  une  cour  de  volailles  (L,  Monsinjon!). 
Apportée  avec  les  blés  de  provenance  américaine  !  !  ! 
—  Canal  latéral  à  la  Garonne  en  1845-1847,  venu 
du  Chili  avec  des  graines  reçues  par  le  comice  agri- 
cole (A.  DC.) 
**  Symphytum  asperrimwn  Murr.  —  Prés  d'Aron  ;  mélangé 
aux  graines  fourragères;  quelquefois  semé  intention- 
nellement. HE. 

Teucrium  Bolnjs  L.  —  Adventice  dans  les  champs  sablon- 
neux qu'il  fuit  naturellement  :  Thaix. 

Cannabis  sativa  L.  —  Jardins,  décombres,  à  cause  des 

cultures  de  plus  en  plus  répandues. 

Fagopyrum  esculentum  Mœnch.  —  Sols  arénacés,  autour 
des  fermes  et  dans  les  champs.  PC.  et  peu  durable. 

Gastridium  lendigerum  Gaud.  —  Jachère  au  Rompouez, 

près  Cercy.   Adventice  par  sa  station,  mais  espèce 

indigène  citée  par  Boreau  dans  la  Nièvre  et  reconnue 

telle  ailleurs  par  nous-même. 

*  Panicum  miliaceum  L.  —  Copine,  près  Champvert.  RR. 

Âvenasativa  L.,  Hordeum  vulgare  L.,  Secale céréale  L.,  7Vz- 
ticumvulgareViïï.  —  Çà  et  là,  mais  dégénérant  promp- 
tement  à  la  seconde  génération  quand  elle  existe. 

Obs.  —  Dans  cette  liste  il  aurait  fallu  comprendre,  d'après  A.  de 
Candolle  (Géographie  botanique  raisonnèe,  p.  649),  les  adventices 
messicoles  depuis  longtemps  naturalisées  :  les  Papaver,  Centaurea 
cyanusy  etc.,  qui  en  France  ne  sont  spontanées  qu'à  la  faveur  d'un 
habitat  spécial,  longuement  préparé  par  la  culture. 

t.  Voy.  à  propos  de  cette  espèce  :  Feuille  des  jeunes  naturalistes,  numéros  du 
i#r  février  1893  et  du  t*r  septembre  189'»,  et  en  outre  Bull.  Soc.hist.  nat.  Autun, 
séance  du  20  septembre  1896. 


** 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  293 

III.  —  Introduites  par  les  chemins  de  fer. 

*  Rœmeria  violacea  Gesn.  —  Gare  de  Panneçot,  près  Mou- 

lins-Engilbert.  RR. 
Sinapis  alba  L.  —  Gare  de  la  Copine,  près  Champvert.  R. 
Sinapis  nigra  L.  =  Brassica  nigra  Koch.  —  Quai  et  Pont 

Caneau  à  Cercy  ;  Roche,  près  Verneuil.  R. 
Diplotaxis  lenuifolia  DC.  —  Gares  de  la  Copine,  de  Decize, 

de  Cercy  ;  etc.  AR. 

*  Erucastrum  obtusangulum  Rchb.  —  Gare  de  la  Copine, 

balayures  des  wagons.  RR. 

*  Alyssum  campestre  L.  —  Gares  de  la  Copine  et  Moulins- 

Engilbert.  R. 
Lepidhim  virginicum  L.  —  Cronat,  au  pied  du  mur  du  parc 
et  non  loin  de  la  gare  ;  sables  de  Loire  à  la  Mothe, 
près  Decize.  N'est  pas  toujours  propagé  par  les  voies 
ferrées,  puisque  hors  de  nos  environs  il  a  été  récolté 
à  la  Vache,  près  Raveau,  à  six  kilomètres  de  la  voie 
la  plus  prochaine,  et  dans  l'établissement  de  la  Chaus- 
sade  à  Guérigny1.  RR. —  Introduit  dans  le  lazaret 
de  Bayonne,  depuis  de  longues  années  (À.  DC.) 

*  Silène  gallica  L.  =S.  quinquevulnera  L.  —  Voie  de  garage 

de  Decize  ;  nombreux  et  magnifiques  individus  appor- 
tés avec  les  marchandises  du  Midi.  Accidentel. 

*  Trifolium  resupinatwa  L.  —  Gare  de  Moulins-Engilbert  ; 

schistes  de  la  Machine.  —  N'est  pas  uniquement 
introduit  par  les  chemins  de  fer  puisqu'il  a  été 
récolté  à  Roche,  près  Verneuil,  sur  le  bord  droit  du 
canal  (Joannin-Déponge  !).  R. 

*  Melilolus  alba  Lamk.  —  Champs  de  Cercy;  bords  du  canal  ; 

gares  de  Cercy,  de  Saint-Hilaire,  de  la  Copine  ; 
sables    de    Loire;   ligne  de  Gilly;    la   Machine    et 


1.  Voy.  au  sujet  de  cette  plante  intéressante,  une  note  de  M.  le  Dr  Gillot  in 
Bull.  Soc.hist.  nat.  Aulun,  séance  du  20  sept.  1 896. 


294  P.    ÔAÔNEPAIN. 

Saint-Léger-des-Vignes.  De  plus  en  plus  fréquente, 

cette  espèce,  rare  du  temps  de  Boreau,  s'étend  par 

les  cultures,  les  cours  d'eau,  aussi  bien  que  par  les 

chemins  de  fer. 

Vicia  varia  Host.  —  Gares  de  la  Copine,  près  Champvert, 

de  Panneçot,  près  Moulins-Engilbert.  Accidentel. 

Pthycholis  heterophylla  Koch.  —  Gare  de  la  Copine,  sur 

des  balayures  de  wagons.  Accidentel. 

*  Centaurea  alba  L.  =  C.  splendens  Auct.  ital.  —  Gare  de 

Decize,  voie  de  garage.  Plante  d'Italie,  d'Espagne, 
de  Suisse.  Exemple  très  frappant  de  la  propagation 
des  plantes  à  longue  distance  par  les  chemins  de  fer. 

*  Anacyclusradiatus  Lois.  — Gare  de  la  Copine,  près  Champ- 

vert.  Sur  balayures  de  wagons  avec  l'espèce  suivante. 

*  A.  clavatus  Pers.  —  Même  localité.  RR. 

*  Chrysanthemum  segetum  GG.  —  Gare  de  Decize,  en  com- 

pagnie de  Silène  quinquevulnera  et  Centaurea  alba.  RR. 

**  Stenactis  annua  Nées.  —  Entre  les  Nénuphars  et  le  pont 
des  Fontaines-Noires,sur  la  ligne  de  Gilly  et  dans  la 
direction  de  Briflaut,  à  quelques  hectomètres  (1894- 
1899).  En  bonne  voie  de  naturalisation  car  la  station 
s'étend  chaque  année.  RRR.  —  Jardins  botaniques 
du  temps  de  Linné  :  en  1670,  près  d'Altona;  Gmelin 
le  cite  dans  le  duché  de  Bade  ;  en  1789,  bords  de 
l'Isère  ;  Italie  depuis  1802  (A.  DC.) 

* Pterotheca  nemausensis  Cass.  — Gare  de  la  Copine;  bords 
du  canal  ensemencés  en  graines  fourragères  du 
commerce,  et  alors  adventice  agricole.  R. 
Crépis  setosa  Hall.  —  Gare  de  Cercy  ;  —  champs  de  Brain, 
dans  les  cultures  près  Decize  (Mass  !),  et  alors  adven- 
tice agricole. 

*  Xanthium  spinosum  L.  —  Copine,  balayures  des  wagons 

(oct.  1899).  RR. 
Specularia  hybrida  A.  DC.  —  Voie  directe  de  la  gare  de 

Cercy.  Accidentel. 


TOPOGRAPHIE    BOTANIQUE.  295 

*  Linaria  supina  Desf.  — Gares  de  Decize  et  de  Verneuil. 

Se  retrouve  ailleurs  dans  beaucoup  de  gares  de  la 
Nièvre  :  la  Charité,  Pouilly,  Corbigny,  etc.  R. 

*  Salvia  verticillata  L.  —  Copine,  près  Champvert,  sur  les 

balayures  de   wagons.  Se  trouve  ailleurs,  loin  des 

gares  :  Guérigny.  RR. 
**  Amarantas  albus  L.  —  Gare  de  Fours.  Apporté   par  les 

cours  d'eau  également.  RR.  —  Plante  d'Amérique; 

Turin,   Gènes,  Montpellier  (1809)  répandue  dans  le 

midi  de  la  France;  autour  de  Paris  (1855);  Nevers 

(1837)  (A.  DC). 
**  A.  rétro flexus  L.  —  Gares,  décombres,  bords  des  chemins. 

C.  en  France  depuis  1778  (A.  DC). 
Polycnemum  majus  A.   Br.  —  Copine,  près  Champvert. 

Abondant  dans   des  champs  calcaires,  hors  de   nos 

limites. 

*  Alopecurusutriculatus  Pers.  —  Gare  de  Moulins-Engilbert. 

R. 

*  Eragrostis  pilosa  P.B.  —  Rémilly,  Fours,  Vernizy,  Decize, 

etc.  Parfois  dans  les  sols  légers. 

*  E.  megastach ya  Link.  —  Verneuil;  Fours;  Copine,  près 

Champvert.  PC.  —  Ces  deux  espèces  se  naturalisent 
de  plus  en  plus. 
*E.  poxoides  P.B.  —  Gare  de  Fours  et  probablement 
dans  d'autres  gares  de  la  circonscription ,  car  il 
abonde  dans  toutes  celles  de  la  Nièvre  explorées 
en  août-sep  t.  1896  :  la  Charité,  Pouilly,  Corbigny, 
Nevers,  Saint-Pierre.  Signalé  en  outre  à  Millay 
(Dr  Gillot). 

IV.  —  Causes  de  dispersion  variées. 

**  Lepidium  Draba  L.  —  Marnière  de  Brain,  près  Decize, 
1877  (Mass!);  pont  du  canal,  près  la  gare  de  Decize. 
Gares  de  Moulins,  Vandenesse,  Cercy.  AR.  —  Ori- 
ginaire du  Caucase,  CC.  Italie.  (A.  DC.) 


296  F.    GAGNEPAIN. 

*  Berteroa  incana  DC.  =  Alyssum  incanum  L.  —  Bords  du 

canal  à  Gannay  (Moriot). 
**  Onothera  biennis  L.  —  Sables  de  la  Loire,  voies  ferrées.  CC. 
—  Cultivé  dans  les  jardins  botaniques  depuis  1519. 
Répandu  dans  les  vallées  maintenant.  (A.  DC) 
**  Eriger  on  canadensis  L.  —  Champs,  jardins,  taillis.  CCC. 
Naturalisé.  —  Jardin  de  Blois  (1655).  Europe  méri- 
dionale (1673).  (A.  DC.) 
* llelminthia  echioides  L.  —  La  Machine,  dans  un  terrain 

vague  près  du  ruisseau  d'assainissement.  RR. 

*  Cerinthe  minor  L.  —  Terrain  vague,  près  l'entrepôt  des 

bois  à  la  Machine.  RR.  Probablement  descendu  des 
montagnes  avec  les  arbres  employés  par  la  Compa- 
gnie du  Creusot. 

*  Vallisneria  spiralis  L.  —  Canal  et  Aron.  CC.  Passe  d'un 

canal  à  l'autre  par  les  jonctions  et  dans  les  rivières 
par  les  prises  d'eau.  Naturalisé.  —  Établi  dans  le 
canal  du  Midi  au  commencement  du  siècle  ;  Aude  et 
Garonne  en  1813  ;  paraît  spontané  dans  le  Rhône  et 
en  Italie.  (A.  DC.) 
**  Elodea  canadensis  Michx.  —  Mêmes  stations  et  en  outre 
contre-fossés  du  canal,  Boire,  à  Decize.  Même  ori- 
gine américaine  que  pour  l'espèce  précédente.  Les 
oiseaux  aquatiques  et  les  poissons  ne  sont  pas 
étrangers  à  leur  dispersion  rapide.  L'Elodea  n'offre 
que  des  individus  femelles.  —  Près  de  Berwick  (1842). 
C.  en  Angleterre  (1855);  puis  en  Hollande.  (A.  DC.) 


.*- 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 
IDE   NOMS  VULGAIRES 


EN  USAGE  DANS  LA  NIEVRE 


Ail  de  serpent.  —  Muscari  co- 
mosum. 

Allâtre,  aillatre.  — Sonchus  ole- 
raceus. 

Aperpin,  auperpin.  — Cratœgus 
oxyacantha  (sensu  larg.). 

Argolat.  —  Ilex  Aquifolium. 

Arlicat.  —  Anthyllis  vulneraria. 

Aubèpin.  -  Crataegus  oxyacan- 
tha. 

Aubis.  —  Clematis  Vitalba. 

Artichaut  bâtard.  —  Sempervi- 
vum  tectorum. 

Balai.  —  Sarothamnus  scoparius. 

Baume.  —  Genre  Mentha. 

Baume  des  jardins.  —  Mentha 
viridis. 

Beurrée.  —  Cardamine  pratensis. 

Bois  de  la  gale.  —  Rhamnus  ca- 
tharticus. 

Bois  de  Sainte-Lucie  ou  Sainte- 
Urcie.  —  Cerasus  Mahaleb. 

Bois  noir.  —  Rhamnus  Frangula. 

Bonnet  carré.  —  Evonymus  eu- 
ropseus. 

Bonnet  de  prêtre.  —  Id. 

Boulât,  boulatier. —  Betula  alba. 

Boulue.  —  Lathyrus  tuberosus. 

Cannelle.  —  Angelica  silvestris. 

Cannelle.  —  Phragmites  com- 
muais. 


Capulège.  capillaire. —  Adiantum 

Triehomanes   et  A.  Ruta-mu- 

raria. 
Cardinal.  —  Dipsacus  silvestris. 
Chancre.  —  Cuscuta  minor,  var. 

Trifolii. 
Chardon  Roland  ou  Roulant.  — 

Eryngium  campestre  et  Cen- 

taurea  Calcitrapa. 
Chêne  ou  Chagne  franc. — Quer- 

cus  sessiliflora. 
Clar-bassin  ou   Clair-bassin.  — 

Ranunculus  repens. 
Cloche.  —  Aquilegia  vulgaris. 
Cocuasse.  — iEthusa  Cynapium. 
Coi  ou  mieux  Quoi.  —  Ilex  aquifo- 
lium (duceltique,que/en,houx?). 
Corsier.  —  Ilex  Aquifolium. 
Cœudre.  —  Corylus  Aveilana. 
Cœudre  mant  tanne. — Viburnum 

Lantana. 
Com  m  un.  —  Silaus  pratensis. 
Corbier.  —  Sorbus  domestiqua. 
Cornuelle. — Trapanatans  (fruit). 
Coupeau.  —  Lappa  major  et  L. 

minor. 
Cray  croix  Croyer. — Malus  acerba. 
Craie  ou  Croie.  —  Son  fruit. 
Cresson  de  cheval.  —  Veronica 

Anagallis,V.  Beccabunga,Sium 

angustifolium. 


298 


F.  GagnePàin. 


Derlin.  —  Quercus  pedunculata. 
Doucette.  —  Valerianella. 
Engrougne.  —  Torilis  arvensis, 

Caucalis  daucoides. 
Épinard  rouge.  —  Atriplex  hor- 
tensia. 
Épinard  sauvage.  —  Chenopo- 

dium  Bonus-Henricus. 
Étoile  de  mai.  —  Stellaria  Ho- 

lostea. 
Favèe.   —   Lathyrus  tuberosus 

(tubercule). 
Foile.  —  Fagus  silvatica. 
Foirolle. — Mercurialis  annua. 
Foyard.  —  Fagus  silvatica. 
Fromagère. —  Malva  silvestris  et 

M.  rotundifolia. 
Friottier.  —  Fragaria  vesca. 
Friotte.  —  Le  fruit  de  Fragaria 

vesca. 
Fougère.  —  Pteris  aquilina. 
Fougère  égarée.    —    Blechnum 

spicant. 
Fougère  d'Espagne.  —  Tanace- 

tum  vulgare. 
Fougère  mâle. — Aspienium  Filix- 

mas  ou  Blechnum  spicant. 
Garloufrier.  —  Cerasus  Mahaleb. 
Giroflée.  —  Cheiranthus  cheiri. 
Goutte  de  sang.  —  Adonis. 
Gras  de  mouton.  —  Lampsana 

vulgaris  (en  feuilles  radicales). 
Grenouillette .    —    Ranunculus 

aquatilis. 
Herbe  à  la  console.  —  Symphy- 

tum  officinale. 
Herbe  à  la  coupure.  —  8edum 

purpurascens. 
Herbe  à  la  craupe.  —  Picris  hie- 

racioides. 
Herbe  à  la  forcée.—  Vincaminor. 


Herbe  à  Veffort.  —  Geum  urba- 

num. 
Herbe  à  la  louée.  —  Scrofularia 

nodosa. 
Herbe  aux  coliques.  —  Lythrum 

salicaria. 
Herbe  au  charpentier.  —  Agri- 

monia  Eupatoria. 
Herbe  aux  cors.  —  Polygonatum. 
Herbe  aux  verrues.  —  Chelido- 

nium  majus. 
Herbe  de  sang.  —  Rumex  Aceto- 

sella.  —  Soit  par  sa  couleur, 

soit  par  sa  réputation  d'amener 

l'hématurie  chez  le  bétail. 
Herbe  de  Saint- Jean.  —  Glecho- 

ma  hederacea. 
Herbe  de  Saint-Joseph.  —  Agri- 

monia. 
Herbe  du  roi.   —   Eupatorium 

cannabinum. 
Hiarre  bois  ou  Hierre  bois.  — 

Iledera  Hélix. 
Injonc.  —  Ulex  europaeus. 
Jobles.  —  Sambucus  Ebulus. 
Ivrae.  —  Lolium  temulentum. 
Jeannette.  —  Narcissus  pseudo- 

Narcissus. 
Laines.  —  Agrostemma  Githago. 
Laiteron  ou  laideron. — Sonchus 

oleraceus. 
Lappe.  —  Lappa,  Xanthium  stru- 

marium. 
Luzerne  sauvage.  —  Melilotus. 
Maillons.  —  Centaurea  Jacea. 
Mal  aux  yeux.  —  Euphorbia. 
Métier.  —  Mespilus  germanica. 
Miche  au  coucou.  —  Oxalis  Ace- 

tosella. 
Millasse.  —  Setaria. 
Minette.  —  Medicago  Lupulina. 


topographie  botanique. 


299 


Morelle.   —   Melampyrum    pra- 

tense. 
Moircn.    —    Anthémis    Cotula, 

Matricaria  inodora. 
Mouron.  —  Stellaria  média. 
Mordon.  —  Cerastium  arvense. 
Nymphia.  —  Nymplnea  alba  ou 

Nuphar  luteum. 
Oseille  au  lièvre.  —  Rumex  Ace- 

toselia. 
Pain  d'alouette.  —  Briza  média. 
Pannais  ou  Pannèe. — Heracleum 

Sphondylium. 
Pdquette  des  bœufs.  —  Primula 

elatior    ou    Anémone    nemo- 

rosa. 
Patte  de  chat.  —  Orobus  tubero- 

sus. 
Peigne  au  loup.  —  happa. 
Peigne  bourrique  ou  de  cochon. 

—  Dipsacus  silvestris. 
Perlin  ou  Peurlin.  —  Ligustrum 

vulgare  et  Cornus  sanguinea. 
Picots.  —  Lappa. 
Pétassier.  —  Ribes  Uva-crispa. 
Plateau.  —  Nuphar  luteum. 
Pinvin. — Arrhenaterum  elatius. 
Pissenlit  de  cochon.  —  Barkhau- 

sia  taraxacifolia. 
Pisse-vinaigre.  —  Berberis  vul- 

garis. 
Queue  noire.  —  Potentilla   rep- 

tans. 
Quinte  feuille.  —  Id. 
Ramiau.    —    Sinapis    arvensis, 

Raphanus  raphanistrum. 
Ramonât. —  Hordeum  murinum. 
Rauche.  —  Les  grands  Carex. 


Ravasson,  ravenelle.  —  Sinapis 

arvensis. 
Rembroche.    —    Vitis    vinifera 

(subspontané). 
Réveil-matin.  —  Euphorbia. 
Riaule.  —  Acer  campestre. 
Rose  punaise  ou  Ropunais.  — 

Papaver  Rhœas. 
Rougeole.   —   Melampyrum  ar- 
vense. 
Rougie.  —  Id. 
Saigne-langue.  —  Galium  Apa- 

rine. 
Saigne-nez.  —  Achillea. 
Scapulaire.  —  Adiantum  Tricho- 

manes. 
Seule.  —  Sambucus  nigra. 
Taillaut.  —  Tilia  microphylla. 
Talosse.  —  Centaurea  Jacea. 
Teigne  et  Teignon.  —  Cuscuta 

minor. 
Thé.  —  Mentha  viridis. 
Thé  perlé.  —  Lithospermum  offi- 
cinale ou  L.  arvense. 
Tendron.  —  Ononis  procurrens. 
Tête    d'alouette.    —    Centaurea 

Jacea. 
Tcrziolet.  —  Medicago  Lupulina, 

Melilotus. 
Traînasse.  —  Clematis  Vitalba, 

Potentilla  reptans. 
Veilleuse.  —  Colchicum  autum- 

nale. 
Verdiau.  —  Salix  purpurea. 
Vric.  —  Evonymus  europœus. 
Vrille  ou  Vrillée.  —  Convolvulus 

arvensis. 
Voïllye.  —  Id. 


NOMS    DES   LOCALITÉS 


TIRÉS  DES  PLANTES  4 


Arblats,  près  Charrin,  signifie  lieu  planté  d'érables  :  du  celtique 
ar,  le  et  rabl,  érable.  Aujourd'hui  encore  on  appelle  l'Erable,  arrable. 
Par  corruption  et  par  contraction  ar  rab  est  devenu  arblat  qu'on 
prononce  ainsi  dans  le  pays  et  qu'on  a  tort  d'écrire  Arbelats. 

Argolat,  près  la  Nocle  :  du  celtique  ar,  le,  et  quelen,  houx,  et 
signifie  le  houx.  D'autres  le  font  venir  du  latin  acer,  érable,  qui 
donne  er  ou  air,  renforcé  par  arbor,  arbre  (Grandgagnage,  Diez, 
Dr  Meynier),  d'où  les  noms  analogues  de  Arblade  (Gers),  Arblay 
(Yonne),  etc.,  ou  tout  simplement  du  latin  argulus,  aigu,  piquant. 
On  appelle  aux  environs  de  Cercy  le  houx  Argolat  ou  Argoulas. 
Le  môme  terme  s'applique  dans  le  Morvan  autunois  au  Genista 
anglica  L. 

Aunal  (bois  d'),  près  la  Nocle,  ainsi  nommé  du  latin  alnus,  aulne, 
verne. 

Boulais,  commune  de  Charrin;  Boulats,  près  Montaron;  les  Bou- 
lassots,  entre  Thaix  et  Hémilly  :  de  boula,  bocla,  bois,  taillis.  Autre 
étymologie  plus  probable  :  lieu  fertile  en  bouleaux,  du  latin  betula, 
en  vieux  français,  boula,  boule.  Boulât  signifie  encore  bouleau  dans 
le  patois. 

Brosse  (la);  les  Brosses,  entre  Champvcrt  et  Devay;  les  Brosses, 
près  des  Arblats;  les  Brosses,  vers  Thianges;  la  Grande-Brosse,  près 
Lanty,  indiquent  l'immense  surface  occupée  par  les  broussailles,  les 
buissons,  broca,  brossa,  brussa  et  brotta,  appartiennent  à  la  même 
famille  que  brogilum,  garenne  et  viennent  du  kymri  brwg,  d'où  en 
bas-breton  bruck,  brug,  en  picard  bruche,  en  berrichon  breusse,  en 
provençal  brossu,  en  vieux  français  brosse,  brousse,  brotte,  etc. 
(Dr  Meynier).  On  trouve  des  localités  du  nom  de  Brousse  dans  des 


1.  Nous  avons  suivi  pas  à  pas,  dans  la  recherche  de  ces  étymologies,  l'ouvrage 
Origine  et  Formation  des  noms  de  lieu,  pp.  34  et  suiv.,  par  M.  Hippolytc  Cocheris. 
Voir  également  :  Les  Noms  de  lieux,  romains  en  France  et  à  l'étranger,  par  le 
D' J.  Meynier;  Flore,  in  Mémoires  Soc.  èmul.  du  Doubs,  ?•  série,  III  (1898),  p.  120. 


TOPOGRAPHIE  BOTANIQUE.  301 

départements  à  sol  maigre  :  Aveyron,  Creuse,  Aude,  Aube,  Eure, 
Orne.  * 

Bruyères  -  Denis  ;  Bruyères  -  du  -  Mont,  près  Montambert  ; 
Bruyères-Buftées,  vers  la  Nocle;  Bruyères-Bateau,  près  Sougy, 
sont  des  localités  qui  ne  mentent  point  à  leur  nom.  C'est  entre  Mon- 
tambert et  la  Nocle  que  Ton  trouve  abondamment  Erica  cinerea  et 
E.  tetralix.  Bruyère  vient  également  du  kymri  brwg  et  du  bas-latin 
brtiscum,  en  provençal  brusc,  en  vieux  français  brux,  bruz. 

La  Cœudrie,  près  Thianges,  devait  être  fertile  en  Noisetiers. 
Corylus  a  formé  Cœudre,  appellation  par  laquelle  on  désigne  les 
longues  tiges  droites  et  flexibles  du  Noisetier  ou  Coudrier  qui  ser- 
vent à  divers  ouvrages  de  vannerie  dans  les  campagnes.  Les  noms 
de  Coudraie,  Coudrcaux  sont  très  répandus. 

Chaume,  près  Fertrèves;  Chaume  de  la  Forêt.  De  calmae,calmis, 
en  latin  roman,  lieu  stérile,  d'où  en  vieux  français  chalme,  chaulme, 
chaume,  chame.  Dans  le  patois,  on  appelle  chaume  un  terrain  vague  ; 
les  chaumes  communales. 

Fougère,  entre  Decize  et  Faye,  dans  la  vallée  de  l'Aron,  indique 
l'extension  prise  par  les  Fougères  qui  abordaient  les  belles  vallées, 
aujourd'hui  de  vertes  prairies.  De  F 'dix,  fîlicariœ  et  fulgariœ  qui  a 
produit  Foulgaire  et  Fougère. 

Faye,  commune  de  Verneuil;  Faye,  entre  Semelay  et  Montaron, 
rappellent  les  antiques  forêts  de  hêtres  :  fagus,  fagUellus;  lieu 
planté  de  hêtres  :  fagetum  et  faiacus.  Le  bois  de  la  Fayaie  près  des 
Roses  n'est  pas  plus  riche  en  hêtres  aujourd'hui  que  celui  de  Faye, 
près  Verneuil. 

Le  Jonc,  les  Joncs  de  la  Guette,  près  Cercy.  Le  premier,  village 
sur  le  coteau  de  Cercy,  devait  être  autrefois  remplacé  par  des  chau- 
mes où  le  jonc  était  la  principale  végétation,  comme  près  de  là,  au 
Croux,  à  Chevillon.  Les  Joncs  de  la  Guette  indiquent  l'immense 
marécage  de  la  vallée  d'Aron  s'étendant  depuis  le  quai  jusqu'à 
l'emplacement  actuel  de  la  gare  de  Cercy. 

Les  Roses.  Etymologie  parlante  de  Rosa,  Eglantier.  On  trouve 
l'appellation  le  Roz,les  Roz,les  Uos,  très  fréquente  dansle  Morbihan, 
et  les  savants  y  voient  les  traces  du  breton  ros,  qui  signifie  tertre 
couvert  de  fougères,  de  bruyères. 

Vernillats,  marais  près  Cercy;  Vernlère,  près  Fours,  dans  la 
vallée  de  rilalène;  les  Vernellers,  près  la  Machine;  la  Veruée, 


1.  Près  Murlin,  il   y  a  le   champ   de  la  Grand-Bourse,  corruption  de  Grande- 
Brousse  ;  il  se  trouve  aux  abords  des  bois,  la  broussaille  y  abonde- 


302  F.    GAGNKPAIN. 

petit  bois  tourbeux,  près  Saint-Hilaire;  Verneuil,  bourg  au  bord  de 
l'Andarge  où  se  trouvent  aujourd'hui  des  prés  fertiles;  Vernlzy,  au 
bord  de  l'Aron  ;  les  Verne»,  entre  Montigny  et  Diennes,  indiquent 
les  marécages  où  les  Aunes  constituaient  principalement  la  végé- 
tation arborescente.  De  l'armoricain  gwern,  aune,  en  latin  vernus, 
vernetum,  en  vieux  français,  nerne,  vergne,  vargne. 

Salnt-Léger-dea-VIgnes  rappelle  le  pays  viticole, 

Tremblay  vient  peut-être  de  Tr émula,  tremble,  quoiqu'on  ne 
trouve  pas  ce  peuplier  plus  abondant  là  qu'ailleurs. 

Sauleux  et  Sautées  rappellent  les  Saules. 

Thalx vient  peut-être  de  Tilia  qui  a  formé  Theil  (Calvados,  Creuse, 
Eure),  le  Teilh  (Ardèche),  They  (Meurthe),  etc.  Cette  appellation  indi- 
querait d'antiques  bois  de  Tilleuls  aujourd'hui  disparus  et  dont  il 
reste  cependant  quelques  individus  autour  du  Donjon,  de  Cercy,  de 
Bussière.  Le  bois  de  Tilleul  est  peu  estimé  pour  le  chauffage  et 
l'industrie  ;  ainsi  s'explique  sa  disparition  des  coupes  forestières. 


Cercy-la-Tour,  le  30  novembre  1899. 


-h-®- 


CONSIDERATIONS  NOUVELLES 


SUR 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES 


PAR 


M.  Bernard  RENAULT 

Lauréat  do  l'Institut, 

Membre  associé  de   l'Académie   royale  de  Belgique, 

Membre  de  la  Société  linnéenne  de  Londres, 

Assistant  au   Muséum  d'Histoire  naturelle,  etc. 


-•o- 


On  a  souvent  émis  l'hypothèse  que  la  Houille  avait  passé 
par  les  états  de  tourbe  et  de  lignite  avant  d'acquérir  les 
propriétés  caractéristiques  qui  la  distinguent  maintenant. 
Les  amas  si  considérables  de  ce  combustible  ne  seraient 
que  d'immenses  tourbières  dont  les  débris  auraient  subi  une 
altération  plus  profonde  que  ceux  que  l'on  rencontre  dans 
les  lignites  et  les  tourbes,  parce  qu'ils  seraient  plus  anciens. 

Cette  opinion  parait  recevoir  une  confirmation  dans  la 
répartition  ordinaire  des  combustibles  fossiles  à  travers  les 
différentes  couches  géologiques,  les  tourbes  et  les  lignites 
occupant  les  assises  supérieures  aux  terrains  primaires,  les 
houilles  et  les  anthracites  ayant  au  contraire  leurs  gise- 
ments principaux  dans  les  terrains  primaires  eux-mêmes. 

Mais  cette  répartition  des  combustibles  est  loin  d'être 
aussi  rigoureuse,  et  les  lignites,  les  charbons  lignitoïdes 
descendent  fort  avant  dans  les  terrains  primaires.  * 

1.  Les  charbons  lignitoïdes  se  distinguent  de  la  houille  par  une  coloration  moins 
foncée,  un  aspect  moins  brillant,  et  surtout  par  la  propriété  qu'ils  possèdent, 
réduits  en  poudre,  de  céder  à  l'ammoniaque  ou  aux  dissolutions  étendues  de  soude 
ou  de  potasse,  des  composés  ulmiques  colorés. 


304  B.   RENAULT. 

Les  charbons  miocènes  d'Advent-Bay  (Spitzberg),  oligo- 
cènes de  Zsily  (Transylvanie),  liasiques  du  Turkestan,  de 
Madagascar,  du  Tonkin  et  bien  d'autres,  prouvent  l'exis- 
tence de  marais  tourbeux  dans  toutes  les  assises  tertiaires 
et  secondaires. 

Cette  existence  est  d'ailleurs  aussi  naturelle  que  celle 
des  rivières,  des  étangs  et  des  lacs  qui  se  sont  creusés  à  la 
surface  des  terres  émergées,  pendant  les  diverses  époques 
géologiques. 

Nous  allons  démontrer  leur  présence  dans  les  terrains 
primaires,  permien,  houiller  et  anthracifère,  et  par  consé- 
quent nous  serons  obligé  de  conclure  que  les  houilles  qui 
se  formaient  en  même  temps  que  les  charbons  lignitoïdes, 
n'ont  pas  été  forcées  de  passer  par  l'état  de  lignite,  mais 
que  leur  production  a  été  contemporaine  et  indépendante. 

A  Dracy-Saint-Loup-lez-Autun,  près  et  sous  la  ligne  du 
chemin  de  fer,  nous  avons  signalé  la  présence  d'amas 
d'écorces  de  Sigillaria  Brardi,  de  Stigmaria,  de  feuilles  de 
Sigillaires  diverses,  transformées  en  lignite,  mais  recon- 
naissables  et  minéralisées  par  la  silice.  Malgré  cette  miné- 
ralisation les  débris  cèdent  une  quantité  notable  de  prin- 
cipes ulmiques  aux  dissolutions  alcalines;  c'est  un  marais 
permien  envahi  par  des  eaux  siliceuses  qui  a  conservé  les 
végétaux  dans  l'état  de  décomposition  même  où  ils  étaient 
quand  ils  ont  été  minéralisés,  c'est-à-dire  à  l'état  de  lignite. 
Un  autre  exemple  remarquable  nous  est  fourni  par  les 
charbons  de  Milenino,  de  Tovarkowo,  de  Malevka,  du  Gou- 
vernement de  Toula  (Russie),  placés  à  la  partie  supérieure 
de  la  formation  houillère  de  cette  région  (Culm  inférieur), 
et  composés  uniquement  de  cuticules  de  Bothrodendron{  et 
d'acide  ulmique  interposé  qui  forme  en  certains  points  les 
quatre  cinquièmes  de  la  masse.  Les  cuticules  sont  couvertes 


1.  Les  Bothrodendrons  sont  des  Lycopodiacées  arborescentes  fort  anciennes, 
distinctes  des  Lépidodendrons  par  leurs  cicatrices  et  par  quelques  autres  particu- 
larités. 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  305 

sur  les  deux  faces  de  Bactériacées  nombreuses  telles  que  le 
Bacillus  moscovianus,  B.  exiguus,  Micrococcus  Zeilleri,  var.  a, 
var.  b]  tous  les  autres  tissus,  écorce,  tissu  cellulaire  ou 
ligneux  ont  disparu  sous  l'influence  microbienne.  Les  cuti- 
cules présentent  comme  on  se  le  rappelle  la  composition 

suivante  : 

Cendres 8,77 

La  matière  organique  contient  : 

C 74,69 

H 9,75 

0 14,59 

Az 0,97 

La  composition  des  cuticules  d'Agave  et  de  Lierre  est  : 

CC...     68,29  T  .         CC...     68,42 

AgaVeÎH...       9,55  Lierre(H...       9,48 

Ou  en  tenant  compte  des  cendres  : 

IC...     74,84  I  74,99 

Agave  J  H...     10,47  Lierre  I  10,39 

/  0,Az     14,67  (  14,61 

L'analyse  des  membranes  de  Tovarkowo  donne  pour  le 
rapport  du  carbone  à  l'hydrogène  et  à  l'oxygène  : 

£  =  7,6,  -£  =5,1,  et  celle  des  cuticules  d'Agave  et  de 
Lierre  £  =  7,1,  £  =  5,1  :  -§  =  7,2,  £  =  5,1. 

De  part  et  d'autre  les  rapports  sont  sensiblement  les 
mêmes,  et  il  est  à  croire  que  les  cuticules  de  Bothrodendron 
n'ont  pas  changé  de  composition  depuis  l'époque  du  Culm. 
Le  travail  bactérien  a  été  arrêté  par  l'abondance  croissante 
d'acide  ulmique,  tous  les  autres  tissus  ont  été  détruits,  les 
cuticules  auraient  fini  par  disparaître  elles-mêmes  si  les 
produits  ulmiques  avaient  pu  être  éliminés  à  mesure  de 

TOME   XIII.  20 


306  B.   RENAULT. 

leur  production  ;  mais  il  est  à  remarquer  que  les  résidus  des 
membranes  attaquées  de  moins  en  moins  abondants  con- 
servaient, toutefois,  la  même  composition  chimique,  et 
celle-ci  peut  être  considérée  comme  une  des  limites  vers 
lesquelles  tendaient  les  débris  végétaux  soumis  à  la  macé- 
ration des  tourbières  anciennes  situées  à  l'intérieur  des 
continents. 

Le  charbon  de  Tovarkowo  résulte  donc  d'une  sélection 
qui  n'a  conservé  qu'une  portion  extrêmement  restreinte 
des  tissus  végétaux  (cuticules)  ;  beaucoup  de  charbons 
russes  appartenant  au  même  niveau,  sont  formés  d'un 
nombre  plus  varié  d'organes  ou  portions  d'organes.  Nous 
citerons  entre  autres  ceux  qui  proviennent  des  mines 
d'Alexandrewski,  de  Kourakino,  de  Murajewnja,  etc.  Ils 
renferment  des  macrospores  et  des  microspores  de  taille 
et  de  forme  très  différentes,  des  Algues  nombreuses  venant 
se  ranger  dans  les  genres  Subtetrapedia,  Pila,  Cladisco- 
thallus,  des  cuticules  de  Cryptogames  vasculaires,  des 
épidermes,  etc. 

Le  charbon  russe  de  la  mine  Alexandrewski  a  fourni  à 
l'analyse  les  données  suivantes  : 

Densité     1,34 

Carbone 53,J2 

Hydrogène 6,19 

Azote 1,67 

Oxygène  et  soufre  . .  13,32 

Cendres 25,70 

Les  proportions  entre  le  carbone  et  l'hydrogène  sont  à 
peu  près  les  mêmes  que  dans  le  boghead  d'Autun.  En  effet 
le  rapport  -§"  est  8,5,  tandis  que  dans  le  boghead  d'Autun 
il  est  égal  à  8.  Mais  la  quantité  d'oxygène  est  notable- 
ment plus  forte  ;  le  rapport  -5-  n'y  dépasse  guère  5,  tandis 
que  dans  le  combustible  autunois  ce  même  rapport  atteint 
80.  Le  charbon  russe  renferme  donc  plus  d'oxygène  que 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  307 

les  bogheads  de  France,  d'Angleterre  et  d'Australie 
uniquement  formés  d'Algues  ;  il  en  renferme  également 
plus  que  les  cannels  ordinaires.  Sa  composition  rap- 
pelle au  contraire  celle  des  cuticules  que  nous  venons  de 
donner. 

Cuticules  -|-  =  7,6  :  ~  =  5,1. 

Charbons  d'Alexandrewski  -|  =  8,5  :  -|  =  5. 

Les  charbons  russes  se  rapprochent  de  la  limite  marquée 
par  la  composition  des  cuticules  fossiles  de  Tovarkowo  et 
doivent  être  considérés  comme  faisant  partie  de  la  Classe 
des  charbons  lignitoïdes.  Tous  ceux  que  nous  avons  exa- 
minés offrent  du  reste  une  surface  de  cassure  assez  terne, 
cèdent  une  quantité  considérable  d'acide  ulmique  à  une 
dissolution  ammoniacale.  Ils  ont  dû  se  former  dans  des 
marais  tourbeux  d'une  grande  étendue,  situés  à  l'intérieur 
de  continents,  et  ne  pouvant  se  débarrasser  facilement  des 
produits  ulmiques  résultant  de  la  fermentation. 

Par  les  quelques  lignes  qui  précèdent,  nous  voyons  que 
les  marais  tourbeux  capables  de  donner  naissance  à  des 
charbons  lignitoïdes  ont  existé  au  moins  depuis  les  couches 
inférieures  du  Culm  jusqu'aux  terrains  tertiaires  supé- 
rieurs. Ils  ont  fonctionné  simultanément  et  concurremment 
avec  les  lacs  et  les  estuaires  où  la  houille  se  formait  comme 
nous  le  préciserons  plus  loin. 

D'autre  part,  nous  avons  cité  plus  haut  des  écorces  de 
Sigillaires,  et  des  Stigmaries  transformés  en  lignite, 
envahis  par  des  eaux  minéralisantes  qui  les  avaient  con- 
servés tels  qu'ils  avaient  été  rencontrés.  Le  fait  est  loin 
d'être  isolé,  et  un  grand  nombre  de  fragments  siliceux 
fossilifères,  des  environs  d'Autun,  de  Saint-Hilaire,  de 
Grand'Croix,  etc.,  montrent,  quand  ils  sont  réduits  en 
préparations,  une  organisation  presque  identique  à  celle 
que  l'on  observe  dans  des  préparations  faites  au  moyen 
d'une  petite  quantité  de  tourbe  actuelle.  Nous  donnons, 


308  B.    RENAULT. 

ûg.  1,  te  dessin  d'une  portion  de  tourbe  silioifiée  de  Grand'- 
Croix  près  Saint- Etienne  :  les  eaux  siliceuses  ont  maintenu 
à   distance  les   différents  débris,  qui   se   rapportent  aux 


Tourbe  houillère   siliclflée  de  Grand'Croli.     Gr.   ?~ 

■/  Grain  do  pollen  de  Cordalle  ; 

b/  c/  Débris  amorphe   d'aspect  floconneux    formant,   lorsqu'ils  soûl   réunis  et 
soudés,  une  sorte  do  matière  fondamentale; 
d!  Lambeaux  de  fibres  hypodermiques. 

plantes  de  l'époque  :  bois,  écorce,  feuilles,  pollen  de  Cor- 
daïte,  pinnules  de  Fougères  Pecopteris,  Alethopteris,  etc.  ; 
Calamodendron,  Arthropitus,  graines  variées,  eto. 

Au  milieu  de  ces  menus  débris  se  voient  de  nombreuses 
petites  masses  amorphes,  d'aspect  floconneux,  qui,  si 
l'ensemble  avait  été  desséché  et  légèrement  comprimé, 
auraient  formé  une  sorte  de  ciment  (matière  fondamentale) 
reliant  entre  eux  les  fragments  présentant  ou  non  quelque 
structure. 

Ces  tourbes  silicifiées  renferment  en  outre  des  dépouilles 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  309 

d'Infusoires,  des  Desmidiées,  des  Chytridinées  *,  des  fila- 
ments mycéliens,  des  Chytridinées3,  des  Mucorinées,  des 
Algues,  des  œufs  d'Insectes  aquatiques,  etc.3 

Dans  toutes,  on  rencontre  soit  dans  la  silice  qui  empri- 
sonne les  fragments,  soit  dans  les  fragments  eux-mêmes, 
un  nombre  considérable  de  Bactériacées. 4 

Flg.  î. 


Tourbe  actuelle  (Fragny).    Gi    =£ 
«/  Carapace  siliceuse  d'Amiboide  ; 
b/  Fragment  de  vaisseau  ponctua  ; 

cf  Divers  débris  floconneux  amorphes  formant  la  matière  fondamentale; 
df  Fragment  d'épidernio  ou  de  cuticule. 

La  deuxième  figure  représente  une  tourbe  de  Fragny 
près  Autun,  délayée  dans  un  peu  d'eau  de  tourbière.  L'as- 
pect général  est  exactement  le  même  que  celui  de  la  tourbe 

I.  Orand'Croix,  Saint-Hilafre. 
î.  Autun.  Grand'Croix. 

3.  Eanost  près  Autun. 

4.  On  sait  que  les  premières  Bactériacées  fossiles  ont  été  signalées  par  H.  Van 
Tieghem  dans  les  silex  de  Grand'Croix,  Compte*  rendu*  de  VInititiU,  1879. 


310  B.   RENAULT. 

ancienne  ;  les  fragments  sont  également  irréguliers , 
microscopiques,  mais  appartiennent  à  des  espèces  diffé- 
rentes de  végétaux. 

Les  débris  proviennent  de  tissus  variés  de  Saules,  de 
Fougères,  de  Mousses.  Les  Diatomées  que  nous  n'avons  pas 
encore  rencontrées  dans  les  tourbes  houillères,  y  sont  au  con- 
traire fréquentes  ainsi  que  les  Infusoires  et  les  Amiboïdes. 

L'état  de  division  des  organes  est  le  résultat,  sans  doute, 
du  travail  microbien  sur  les  membranes  communes,  travail 

0 

qui  a  donné  le  même  aspect  aux  tourbes  anciennes  et  aux 
tourbes  récentes. 

La  similitude  d'aspect  n'entraînait  pas,  toutefois,  la 
même  similitude  dans  la  composition.  On  remarque,  en 
effet,  assez  souvent  dans  la  tourbe  silicifiée,  contrairement 
à  ce  que  nous  avons  établi  pour  les  couches  de  combus- 
tible de  Tovarkowo  et  des  mines  Alexandrewski,  un  assez 
grand  nombre  de  débris  (tissus  ligneux  ou  corticaux,  cel- 
lules en  palissade,  endotesta  de  graines,  etc.),  transformés 
en  une  matière  noire  souvent  opaque,  tapissant  les  mem- 
branes moyennes  ou  rétractées  en  masses  irrégulières 
ressemblant  à  de  la  houille.  Ce  fait  s'explique  en  consi- 
dérant que  les  plantes  qui  séjournaient  dans  ces  marais 
étaient  envahies  par  une  grande  quantité  de  Bactériacées, 
dont  les  unes  faisaient  disparaître  peu  à  peu  toutes  les 
espèces  de  tissus,  comme  le  montrent  les  préparations 
mêmes,  sans  aucune  production  de  houille  ;  les  autres,  au 
contraire,  transformaient  les  couches  d'épaississement  en 
cette  substance. 

L'existence  de  marais  anciens  parait  donc  démontrée  par 
les  observations  que  nous  venons  de  mentionner,  mais  il 
y  a  lieu  d'y  distinguer  deux  catégories  : 

1°  L'une  où  les  Bactériacées  de  la  houille  n'ont  pu  se 
développer,  ou  bien  sont  restées  en  petit  nombre,  comme 
dans  les  marais  où  s'accumulaient  les  troncs  de  Bothroden- 
dron  qui  ont  fourni  les  cuticules  de  Tovarkowo,  les  char- 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  311 

bons  bogheads  et  les  cannels  du  bassin  de  Moscou,  com- 
bustibles riches  en  principes  ulmiques,  ces  marais  étaient 
situés  plus  ou  moins  profondément  à  l'intérieur  des  conti- 
nents et  peu  exposés  aux  dénudations. 

2°  Les  marais  littoraux  formant  la  deuxième  catégorie, 
moins  enfoncés  dans  les  terres,  répartis  à  la  surface  des 
deltas,  étaient  exposés  à  de  fréquentes  inondations.  Les 
principes  ulmiques  ne  pouvaient  s'y  accumuler  et  empêcher 
le  développement  non  seulement  des  Bactériacées  de  la 
houille,  mais  de  celles  qui  attaquaient  les  tissus,  sans  for- 
mation de  ce  produit1.  Les  fragments  de  plantes  plus  ou 
moins  volumineux  étaient  entraînés  dans  les  lacs  et  les 
estuaires  ;  les  Bactériacées  anaérobies,  favorisées  par  des 
eaux  plus  profondes,  achevaient  la  houillification  commencée 
dans  les  marais  des  deltas. 

L'explication  que  nous  venons  de  donner  peut  paraître 
hypothétique;  elle  a  besoin  de  s'étayer  sur  des  faits  précis 
fournis  par  l'observation. 

Nous  avons  signalé  dans  le  bois  des  tourbières  (Bouleaux, 
Aulnes)  de  nombreux  mycéliums  de  Champignons,  les  uns 
mesurent  4  à  5  (jl  de  diamètre,  les  autres  1,5  [x  seulement. 
Tantôt  ils  ont  pénétré  entre  les  cellules  ligneuses  sous 
forme  de  longs  filaments  rectilignes  ou  sinueux  ;  tantôt  ils 
se  sont  pelotonnés  à  l'intérieur  des  cellules  qu'ils  ont  rem- 
plies de  leurs  circonvolutions. 

La  substance  qui  forme  les  mycéliums  étant  difficilement 
attaquée  par  les  Bactériacées,  ils  apparaissent  avec  une 
grande  netteté,  même  quand  les  parois  des  cellules  sont 
fortement  altérées.  D'autre  part  la  fi  g.  3  montre  un  fila- 
ment A'Hyphomycetes  stephanensis  engagé  à  l'intérieur  d'un 
fragment  de  bois  houillifié  du  terrain  de  Commentry  ;  d'autres 
filaments,    non    figurés,    pelotonnés    sur    eux-mêmes,    se 


1.  Les  préparations  faites  dans  la  tourbe  siliciûée  dos  houillères,  montrent  en 
effet  les  tissus  à  tous  les  états  de  décomposition,  depuis  une  conservation  parfaite 
jusqu'à  une  matière  amorphe  mucilagineuse  sans  trace  d'organisation. 


312  B.   RENAULT. 

remarquent  danB  les  cellules  voisines.  On  en  trouve  ayant 
exactement|les  dimensions  et  les  allures  de  ceux  qui  se  déve- 
Fig  3_  loppentdansleboisdes 

tourbières.  De  nom- 
breuxMicrocoques  sont 
disséminés  dans  la 
houille  produite  aux 
dépens  des  épaissisBe- 
ments  des  cellules  et 
des  vaisseaux  ligneux. 
■Q  II  est  évident  que  ces 
mycéliums  ont  du  pé- 
nétrer dans  lebois  avant 
sa  houillification ,  on 
doit  donc  admettre 
qu'il  a  séjourné  quelque 
temps  dans  des  étangs 
ou  des  marais  tourbeux 
avant  d'être  transporté 
fragment  de  bois  houiilifié.   Or.  55?  dans  des  lacs  plus  pro- 

fonds où  la  houillifica- 
tion  s'est   complétée. 
La  substance  qui  formait  les  filaments  mycéliens  a  peu 
diminué  et  les  contours  sont  nets.  On  peut  conclure  qu'elle 
était  aussi    difficilement  détruite  par  les  Bactériacées,  à 
l'époque  de  la  houille  que  maintenant. 

D'autres  formes  d'organismes,  communes  aux  houilles  et 

aux  tourbes,  peuvent  encore  être  signalées  ;  elles  ont  été 

fournies  principalement  par  la  tourbière  de  Louradou,  près 

de  Caillac.1 

La  tourbière  est  située  en  amont  et  en  contact  de  la 


1.  II.  Harty,  conservateur  du  Musée  d'Àurillac,  •  tenu  à  taire  exécuter  à  ses 
frais  les  fouilles  nécessaires  à  l'étude  de  celle  tourbière  el  à  fournir  les  ren- 
aelguementa  que  nous  mentionnons.  Nous   le   prions   d'agréer    nos   vif*  remercie- 


LES  TOUHBES  ET  LES  HOUILLES.  ait" 

moraine  de  Louradou  ;  elle  occupe  le  fond  du  cirque  g\a- 
ciaire  qui  précède  cette  moraine  frontale  quaternaire. 

N.-E.  S.-0.  —  (Aie  do  la  vallée  de  la  Cèro.) 

y>g.  4. 


LÉGENDE 

1°  Tourbière  à  la  cote  de  6' 

'!"   11  oi ii hit  frontale. 

3*  Micaschiste  a  la  cote  do 


N°  1.  Tourbe  Jaunâtre. 
N*  ?.  Tourbe  brune. 

N"  3.  Tourbe  noire. 

N*  4.  Galets  apportés  par   les  eaux  dea 

pentes  voisines. 
N*  S.  Tronc  d'Aulne  d'où  proviennent  les 

échantillons    de    bols    qui   ont    fourni    les 
mloroorgsnisme*  étudiés. 


Fi8.  5. 

La  tourbe  de  Louradou  est  faite  à  partir  de  un  mètre 
au-dessous  de  la  surface  du  sol.  Nous  y  avons  rencontré 
de  nombreux  organismes  décrits,  en  partie,  dans  le  Bul- 
letin de  la  Société  de  l'Industrie  minérale  (1899-1900). 
Nous  no  citerons  ici  que  quelques  formes  bactériennes  qui 
se  rencontrent  également  dans  la  houille  de  bois  de  Cor- 
daïtes  et  d'Arthropitus  de  Commentry  et  de  Saint-Étienne. 


314  B.   BENA.ULT. 

Les  Microcoques  y  sont  nombreux  et  viennent  se  grouper 
autour  des  Microcoecus  paludis  var.  «  et  jS;  les  Bacilles  sont 
également  fréquents  ;  nous  y  avons  signalé  le  Bacillus  agilis, 
le  Bacillus  rigidus,  des  Streptocoques,  et  des  formes  voisines 
des  Streptothryx  ou  deB  Cladothryx?1.  Nous  nous  arrêterons 
particulièrement  sur  ces  dernières  qui  se  retrouvent  plus 
ou  moins  complètes  dans  la  houille. 

Streptothryx  (Cladothryx)  Martyi2.  Bactériacée  fila- 
menteuse, anaérobie  à  éléments  droits  dépourvus  de  gaine, 
disposée  en  chaînettes  de  longueur  variable,  à  l'intérieur 

Flg.   6. 


Streptothryx  (CUdothryx)  Martyi  très  fortement  grossi,  1S00  b 
a/  Rameau  composé  de  sept  articles,  divisé  en  deux  branches  de  t  ei 


des  cellules  et  des  vaisseaux  ligneux,  se  continuant  quel- 
quefois  à  l'une   de  leurs  extrémités   en   deux   branches 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  316 

formées  d'articles  tous  semblables  (a,  Qg.  6)  légèrement 
étranglés  vers  le  milieu. 

L'écartement  des  deux  branches  est  de  120°.  Quelquefois 
la  ramification,  au  lieu  de  simuler  une  dichotomie,  paraît 
latérale  par  rapport  au  rameau. 

On  ne  peut  indiquer  la  grandeur  que  pourraient  atteindre 
les  rameaux  de  cette  Bactériacée,  car  nous  n'avons  pas 
observé  d'individus  complets,  le  mode  d'extraction,  effectue 
soit  au  moyen  d'un  tube  de  verre  effilé,  soit  par  une  légère 
pression  sur  le  fragment  de  bois  qui  les  renferme,  ne 
donnant  que  des  spécimens  incomplets. 

La  Bactériacée  que  nous  décrivons  se  désarticule  promp- 
tement  au  contact  de  l'air,  aussi  ne  l'observe-t-on  le  plus 
souvent  qu'en  chaînettes  composées  de  quelques  articles 
seulement,  ainsi  que  le  montre  la  fig.  7.  Les  Chaînettes  se 
résolvent  en  articles  isolés  comme  on  le  voit  dans  beau- 


Streplolhryx  [Cladothryxl  Marlj/i.     Gros-  ™ 

a/  6/  Portions  de  chalneltes  formées  d'un  nombre  variable  d'articles,  colle 
désignée  par  la  lettre  b,  montre  une  spore  placée  sur  la  ligne  de  contact  de  deui 
articles. 

c/  Trois  spores  soudées  en  étoile. 

t(/  Articles  isolés  montrant  un  étranglement  vers  leur  milieu. 

c/  Spore  libre. 


316  B.  RENAULT. 

coup  de  points  de  la  figure  en  d,  par  exemple.  C'est  à  cet 
état  ou  bien  groupés  par  deux  qu'on  les  rencontre  le 
plus  communément  à  l'intérieur  des  cellules  et  des  vais- 
seaux. 

Les  articles  ou  bâtonnets  sont  courts,  ils  mesurent  2,5  (x 
de  longueur  et  1,2  (x  de  largeur;  ils  sont  mobiles,  arrondis 
aux  deux  extrémités,  l'épaisseur  de  leur  membrane  est  de 
0,2  à  0,3  jx;  le  contenu  est  très  réfringent,  ce  qui  fait 
paraître  l'enveloppe  plus  foncée. 

Quand  les  circonstances  continuent  à  être  défavorables, 
les  articles  eux-mêmes  subissent  une  division,  le  proto- 
plasme de  chacun  d'eux  se  réunit  en  deux  masses  distinctes, 
s'arrondit  (d  fig.  7);  la  cellule  s'étrangle,  les  deux  moitiés 
se  séparent  et  constituent  chacune  une  spore  d'attente  (e). 

Ce  travail  de  séparation  s'effectue  tout  aussi  bien  à  l'in- 
térieur des  cellules  et  des  vaisseaux  du  bois  que  dans  le 
liquide  extrait  de  celui-ci.  Les  spores  mesurent  0,8  jjl  de 
diamètre,  sont  très  réfringentes,  se  teignent  difficilement 
par  les  réactifs  colorés  ordinaires  ;  elles  sont  animées  d'un 
mouvement  brownien  très  accentué  qu'elles  conservent  en 
préparations  closes  pendant  des  années. 

Il  est  permis  de  croire,  d'après  cela,  que  le  Streptothryx 
Martyi  est  une  Bactériacée  endosporée  et  que  les  spores 
sont  des  arthrospores. 

Les  colonies  qu'il  peut  former  à  l'intérieur  de  certains 
bois  des  tourbières  sont  fort  importantes  et  contribuent 
sans  doute  dans  une  large  part  à  la  transformation  des 
végétaux  en  tourbe. 

La  culture  des  arthrospores  est  toutefois  indispensable, 
pour  s'assurer  si  elles  reproduisent  bien  le  Streptothryx 
Martyi.  Nous  devons  ajouter  que  quelques-unes  de  nos 
préparations  ont  montré  deux  groupements  intéressants  ; 
sur  la  figure  7,  en  c,  trois  spores  sont  réunies  en  forme 
d'étoile  à  trois  rayons  ;  sur  la  fig.  8,  en  a,  on  observe 
le  groupement  analogue  ;  mais  deux  des  spores  se  sont 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES. 


317 


allongées,  l'une  a  atteint  presque  les  dimensions  d'un 
bâtonnet.  11  est  clair  que  l'on  pourrait  y  voir  les  premiers 
développements  du  Streptothryœ  Martyi.  Les  Bacilles  dispo- 
sés comme  les  rayons  d'une  étoile  forment  entre  eux  un 
Fjg>  g.  angle  de  120";  ils  mesu- 

rent  0,8  p  de  diamètre 

et  1,6  à  2  u.  de  longueur, 
suivant  leur  état  de  dé- 
veloppement. En  se  mul- 
tiplant  ils  donneraient 
naissance  à  des  Bactéria- 
cées  ayant  la  forme  b  de 
la  fig.  6,  les  branches 
n'ayant  pas  nécessaire- 
ment un  égal  accroisse- 
ment. Mais  le  plus  sou- 
vent l'une  des  spores 
semble  avorter,  il  n'y  a 
que  deux  branches  qui 
se  produisent  inclinées 
plus  ou  moins  l'une  sur 
l'autre  (fïg.  6)  ;  d'autres 
fois  l'écartement  des  b  ran- 
ches  augmente,  et  la  Bac- 
tériacée  prend  une  forme  arquée,  quelquefois  presque  rec- 
tiligne,  mais  fréquemment  on  distingue  en  un  point  de  la 
longueur  où  deux  articles  se  touchent,  la  spore  qui  a 
avorté  (è,  fig.  7.) 


Arlbrospores  de  Streptothryx  (Cladothryx) 

Martyi.     Gros.  ™ 
■/  Arlhrospores   groupées   par  Irais,   deux 
d'entre!  elles  se  sont  allongées  cd  articles; 
bj  Spore  Isolée. 


Eacillus  collètus  {fig.  9).  D'autre  part  on  rencontre 
quelquefois  dans  la  houille  d'Artkropitus,  une  Bactériacée 
fort  intéressante  se  présentant  en  articles  isolés,  mais  fré- 
quemment aussi  en  chainette  (o,  à').  Dans  l'exemplaire 
figuré,  les  fragments  de  chaînettes  se  composent  de  quatre 
à  neuf  articles,  la  membrane  est  difficilement  visible  à 


318  B.   RENAULT. 

cause  du  peu  de  différence  de  teinte  qui  existe  entre  elle 
et  la  houille  environnante. 

Le  protoplasme  houilliflé  se  voit  au  contraire  nettement 
à  cause  de  sa  couleur  plus  foncée,  et  c'est  lui  qui  permet 
de  reconnaître  la  disposition  en  chaînette  des  Bacilles.1 

L'intervalle  qui  sépare  deux  masses  protoplasmiques  de 
deux  bâtonnets  continus  est  de  0,5  u.,  ce  qui  donne  pour 


BtcsUai  coUélui.  Chaînettes  dans  de  la  houille  d'Arthropitui.     Gro».   ™ 
»,  a'/  Chaînettes  formées  de  Bacilles  la  plupart  dlplosporés. 
6/  Groupe  de  spores. 
e/  Chaînette  avec  un  commencement  de  ramification. 

l'épaisseur  probable  de  la  membrane  0,25  u..  La  longueur 

totale  du  Bacille  est  de  2,5  |i  environ  et  sa  largeur  de  0,6  u.. 

Dans  beaucoup  d'articles  libres  et  dans  quelques-uns  de 

i  blanc  et  les  parois  des  cellules  en 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  319 

ceux  qui  sont  engagés  dans  les  chaînettes  (a,  fig.  9),  le 
protoplasme  s'est  rassemblé  en  deux  masses  sphériques 
réfringentes  constituant  deux  spores1;  on  en  rencontre 
quelques-unes  à  l'état  do  liberté,  elles  mesurent  0,6  |x. 

La  description  de  cette  Bactériacée  rappelle,  par  certains 
détails,  celle  que  nous  avons  donnée  au  sujet  du  Streptothryx 
Martyi.  Celui-ci  présente,  en  effet,  plusieurs  phases  dans 
son  évolution;  il  a  été  rencontré  en  articles  isolés,  diplos- 
porés  ou  en  chaînettes.  Ces  caractères  sont  communs  aux 
deux  Bactériacées  vivante  et  fossile  ;  cette  dernière  toute- 
fois présente  des  dimensions  un  peu  plus  faibles  pour  ses 
articles  et  ses  spores,  mais  nous  sommes  loin  de  prétendre 
que  ces  deux  espèces  sont  les  mêmes,  et  malgré  les  ana- 
logies remarquables  nous  croyons  que  Ton  ne  doit  pas  les 
confondre  pour  le  moment,  le  nom  spécifique  de  collêtus 
signifie  simplement  que  les  articles  diplosporés  restent 
soudés  entre  eux  pendant  assez  longtemps. 

Si  la  forme  suivante  pouvait  être  rattachée  au  Bacillus 
collêtus  avec  certitude,  les  ressemblances  seraient  bien 
plus  accentuées  et  les  espèces  vivante  et  fossile  pourraient 
faire  partie  d'un  même  genre. 

Streptothryx  anthracis.  Quelques  fragments  de  bois 
d'Arthropittis  de  Saint-Etienne  montrent  dans  les  vaisseaux 
houillifiés  de  nombreux  filaments  très  grêles  rectilignes  ou 
arqués,  quelquefois  divisés  en  deux  branches  (a,  fig.  10),  la 
plupart  incomplets  ou  brisés. 

Sous  un  grossissement  de  600  diamètres,  on  les  voit 
formés  d'articles  disposés  en  chainettes. 

La  membrane  confondue  avec  la  houille  environnante, 
n'est  pas  distincte,  mais  l'intérieur,  rempli  d'une  matière 
noire  qui  en  indique  suffisamment  l'étendue,  permet 
d'effectuer  les  mesures  suivantes  :  la  longueur  des  articles 


1.  Leur  plus  grande   réfringence,  appréciable  môme  au  milieu  de  la  houille, 
éloigne  l'idée  que  l'on  se  trouve  en  présence  de  Microcoques. 


t- 


320  B.   RENAULT. 

est  de  1  à  1 ,8  y.  leur  largeur  de  0,5  p,  et  l'épaisseur  de  l'enve- 
loppe de  0,2  |a. 
Le  protoplasme  ne  paraît  pas  avoir,  dans  les  échantillons 

examinés,  donné 
Fig.  io.  ,    , 

naissance  a  des  ar- 

throspores  aussi  net- 
tes que  dans  le  Bacil- 
lus  collêtus. 

Lorsque  les  fila- 
ments se  bifurquent 
les     branches     sont 
ù  inégales,  souvent  ar- 

quées, voici  les  me- 
'  sures  prises  sur  l'un 
d'eux  :  longueur  du 
rameau  principal 
7,2  p  comprenant 
strtptothryx  anihi-aci*.   oros.  '-^5  quatre  articles  ;  les 

a/  Individu  entier  divisé  en  trois  branches  taisant  deux  branches   me- 
enlre  elles  on  angle  de  tîCf. 
6/  Une  branche  désarticulée  formant  chaînette.  surent  6,7  \i.  et  3,0  (X 

ej  Article  iaoïé.  aveo  quatre  et  trois 

d/  Spores  disséminées  dans  la  houille.  ^ 

articles.  A  cet  état 
cette  Baotériacée  rappelle  quelque  peu  le  Streptothryx  ehro- 
mogenes  de  Oasperini  réduit  en  segments,  mais  dont  les 
articles  seraient  allongés  au  lieu  d'être  sphériques.  La 
mauvaise  conservation  de  ces  échantillons  ne  permet  pas 
de  faire  des  rapprochements  plus  complets  et  justifie  l'opi- 
nion que  nous  avons  émise  plus  haut,  c'est-à-dire  que  ces 
chaînettes  brisées  représentent  les  restes  de  Bactériacées 
ayant  pénétré  dans  les  tissus  avant  leur  houillification. 

La  présence  de  Champignons,  et  de  Bactériacées  très 
analogues,  dans  les  bois  des  tourbières  et  dans  les  bois 
transformés  en  houille,  fournit  un  appui  sérieux  à  l'hypo- 
thèse que  nous  avons  émise  plus  haut,  du  séjour  plus  ou 
moins  prolongé  d'un  certain  nombre  de  végétaux  et  de 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  321 

leurs  débris  dans  des  étangs  ou  marais  tourbeux,  mais  n'en* 
traine  pas  cependant  comme  conséquence  que  toutes  les 
plantes  houillifiées  y  ont  passé,  beaucoup  d'entre  elles  ont 
été  entraînées  directement  dans  les  lacs  houillers,  par  les 
rivières  et  les  fleuves. 

Il  nous  parait  démontré  qu'aux  époques  primaires,  il 
existait  deux  modes  indépendants  de  formation  de  combus- 
tibles, l'un,  s'effectuant  dans  de  vastes  marécages  où  s'éla- 
boraient des  charbons  lignitoïdes,  l'autre  dans  des  lacs  pro- 
fonds ou  des  estuaires  favorables  à  la  production  de  la 
houille  et  de  ses  variétés. 

Les  plantes  pouvaient,  suivant  le  milieu  où  elles  se  trou- 
vaient, passer  à  l'état  de  lignite  et  de  charbon  lignitoïde, 
ou  bien  à  l'état  de  houille  sans  avoir  besoin  d'avoir  été 
lignite. 

Cette  transformation  s'est  faite  dans  les  deux  cas  à  la 
suite  d'une  perte  de  carbone,  d'oxygène  et  d'hydrogène, 
éprouvée  par  la  cellulose  et  ses  isomères  sous  des  influences 
diverses  entre  autres  l'action  microbienne. 

Cette  perte  de  matière  effectuée  sous  forme  d'eau,  d'acide 
carbonique,  d'hydrogène,  de  méthane,  etc.,  n'a  pas  été  la 
même  pour  chaque  espèce  de  combustible  et  a  laissé  un 
résidu  extrêmement  variable  dans  sa  composition. 

Ainsi,  en  prenant  la  moyenne  des  analyses  de  quelques 
tourbes,  on  obtient,  pour  le  carbone,  l'hydrogène  et  l'oxy- 
gène, les  chiffres  suivants  : 

C=57,64  :H=5,88: 0=31,36,  le rapport|=9,8et£  =  i,8 

On  sait  que  pour  la  cellulose  ces  rapports  sont  -|-  =  7,2 
et  -§-  =  0,9. 

Il  y  a  donc  eu  élimination  d'hydrogène  et  d'oxygène  ;  la 
matière  s'est  enrichie  en  carbone;  cet  enrichissement 
provient  en  partie  de  ce  que  les  différents  organes  qui  ont 
résisté  :  cellules  de  liège,  épiderme,  cuticules,  etc.,  sont 
plus  riches  en  carbone  que  la  cellulose  proprement  dite  et 

TOME  XIII.  21 


322  B.  RENAULT. 

en  partie  de  la  pulpe  amorphe  provenant  de  la  destruction 
des  parois  des  cellules.  L'acide  ulmique  qui  imprègne  sou- 
vent ces  divers  débris  contribue  également  à  augmenter  la 
teneur  en  carbone. 

La  composition  de  quelques  lignites  a  fourni  en  moyenne 
les  rapports  ~  =  12,6  :  ij-  =  3,6  comparés  à  ceux  des 
tourbes,  on  voit  que  dans  celles-ci  l'hydrogène  et  l'oxy- 
gène se  trouvent  en  proportion  plus  considérable  que  dans 
les  lignites.  Les  tourbes  s'éloignent  moins  de  la  cellulose, 
sont  moins  avancées  en  décomposition  que  les  lignites; 
ces  derniers  combustibles  renferment  quatre  fois  moins 
d'oxygène  et  deux  fois  moins  environ  d'hydrogène  que  la 
cellulose. 

Les  lignites  et  les  tourbes  sont  formés  des  mêmes  élé- 
ments ligneux;  les  premiers  comparativement  au  carbone 
renferment  1,3  fois  moins  d'hydrogène  et  deux  fois  moins 
d'oxygène  que  les  tourbes.  Il  en  résulte  que  ces  deux 
sortes  de  combustibles  sont  peu  différentes  l'une  de  l'autre, 
que  la  distinction  porte  surtout  sur  une  richesse  plus 
grande  en  carbone,  pour  les  lignites,  déterminée  par  une 
fermentation  plus  complète,  et  qu'on  peut  les  regarder 
comme  deux  termes  voisins  d'une  même  série. 

La  couche  de  charbon  de  Tovarkowo,  formée  de  cuti- 
cules végétales,  doit  être  considérée  comme  un  exemple 
intéressant,  mais  rare,  de  la  conservation  d'un  tissu  unique 
d'une  plante  ;  sa  composition  correspond  à  celle  du  même 
tissu  dans  les  plantes  vivantes . 

Le  charbon  lignitoîde  d'Alexandrewski  nous  a  fourni  les 
rapports  suivants  :  -£  =  8,5  :  -§-  =  5  qui  se  rapprochent 
des  rapports  que  nous  avons  trouvés  pour  les  cuticules.  La 
grande  quantité  d'enveloppes  de  spores,  de  macrospores 
presque  aussi  peu  altérables  que  les  cuticules,  qui  entre 
dans  sa  constitution,  peut  être  l'une  des  causes  de  l'analogie 
de  ces  rapports. 

Il  n'est  pas  possible  d'exprimer  par  une  formule  unique 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  323 

l'ensemble  des  réactions  qui  se  sont  produites  sur  chacun 
des  tissus  dont  se  composait  un  Bothrodendron,  ou  sur  les 
Algues  et  les  fructifications  de  Cryptogames  qui  ont  formé 
le  charbon  de  la  mine  Alexandrewski.  On  peut  supposer 
que  dans  les  deux  cas  la  composition  finale  tendait,  d'une 
part,  vers  celle  des  cuticules,  appartenant  aux  tiges  et  aux 
rameaux  de  Bothrodendron,  et  de  l'autre,  vers  celle  des 
cuticules  des  fructifications  de  Cryptogames  variées. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  limites  sont  fort  différentes  de 
celles  fournies  par  les  végétaux  transformés  en  houille.  En 
effet,  on  trouve  pour  les  houilles  à  longues  flammes 
|L=  14}6  :  -^-  =  4,7  ;  pour  la  houille  pure  d'un  bois  de 
Cordaïte.  ~  =  17  :  ~  =  7;  pour  les  houilles  grasses 
§.  =  18,4  :  ^=  19,6;  pour  l'anthracite  |  =  32  :  %  =  32. 
Le  tableau  suivant  où  nous  réunissons  quelques  exemples 

Cellulose f  =    7,2  — -§-  =   0,9 

Tourbes f-=    9,8  — -§  =    1,8 

Lignites |  =  12,6  —  £=   3,6 

[  Charbons  lignitoïdes -^  =   8,5  —  -2.  =    5 

Houille  à  longue  flamme g-  =  14,6  —  ~  =   4,7 

Houille  pure  d'un  bois  de  Cordaïte  -|  =  17     —  -£  =    7 

Houille  grasse  de  forge —-  =  17,4  —  -g-  =  11 

Houille  grasse £  =  18,4  —  £  =  20 

Houille  maigre  anthraciteuse -g-  =  21,5  —  -5-  =  21,5 

Anthracite £  =  32     —  £  =  32 

montre  que  le  passage  de  la  cellulose  à  l'état  de  lignite  ou 
de  houille  se  fait  par  une  déshydrogénation  et  une  désoxy- 
génation  simultanées;  les  rapports  -g-,  -^  vont  en  augmen- 
tant en  allant  des  composés  lignitoïdes  aux  composés 
houillifiés. 

L'allure  du  phénomène  est  sensiblement  la  même,  qu'on 
l'observe  dans  les   tourbes   et  les  lignites,  ou  que   Ton 


324  B.   RENAULT. 

s'adresse  aux  combustibles  comme  les  houilles  et  l'anthra- 
cite. Le  travail  bactérien  a  eu  pour  résultat  le  départ  plus 
ou  moins  complet  de  l'oxygène  et  de  l'hydrogène  ;  le  terme 
final  pour  les  houilles  aurait  été  la  production  de  carbone. 
Nous  ne  savons  si  cette  limite  a  été  atteinte,  mais  les 
chiffres  inscrits  dans  le  tableau  précédent,  montrent  que  les 
variétés  de  houille  tendent  vers  cette  limite  à  mesure 
qu'elles  sont  plus  anciennes. 

On  comprend  l'impossibilité  où  l'on  est  ici,  comme  pour 
les  composés  lignitoïdes,  de  représenter  par  une  formule 
unique  la  série  de  réactions  chimiques  qui  ont  transformé 
les  différents  tissus  des  plantes  en  houille.  En  effet,  un 
fragment  de  cette  substance  renferme  de  nombreux  débris 
d'organes  arrivés  à  des  degrés  divers  de  houillification,  les 
cuticules,  les  membranes  moyennes  des  cellules,  les  épais- 
sissements,  les  fructifications  de  Fougères  et  de  Lycopo- 
diacées,  etc.,  n'ont  pas  donné  une  houille  de  même  compo- 
sition et  de  même  apparence,  l'analyse  d'un  fragment  pris 
au  hasard  ne  fournit  donc  que  la  composition  de  beaucoup 
de  variétés  de  houille  mélangées. 

Cependant,  en  choisissant  un  morceau  de  bois  houillifié 
à' Arthropitus  ou  de  Cordaïte,  le  tissu  ligneux  de  ces  plantes 
étant  parfaitement  homogène,  on  peut  admettre  que  l'analyse 
porte  sur  une  seule  espèce  de  houille  fournie  par  les  membra- 
nes communes  des  fibres  ligneuses  et  leurs  épaississements. 

L'analyse  d'une  houille  semblable  a  donné  dans  le  cas 
d'un  Calamodendron  : 

o  h  o  AZ 

82,95    V78     11,39    0,48  —  f  =  17,3;  £  =  7,2 

d'une  Cordaïte  : 

82,84    4,88     11,84    0,44  —  £  =  16,9  ;§  =  7 

conduisant  sensiblement  à  la  formule  C9H60. 

En  transformant  la  matière  végétale  en  houille,  les  Bac- 
tériacées  lui  ont  fait  perdre  les  quatre  cinquièmes  de  sa 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  325 

substance  primitive,  perte  due  &  la  formation  de  produits 
gazeux  tels  que  l'acide  carbonique,  le  méthane  et  l'eau;  le 
cinquième  restant  est  de  la  houille. 

La  formule  suivante  exprime  à  peu  près  la  nature  des 
réactions  qui  finalement  ont  dû  se  produire  : 

blIillM.  BmÎIIi.  ïrlham.  t.  tiibdiqii.  lit. 

(CsH,0O5)8  =  2{C°H60)  +  14(CH*)  +  16£COa)  +  6(H*0) 

Le  composé  solide  C9H60  est  la  formule  d'une  houille  pure 

do  Cordaïte;  les  produits  gazeux  ou  liquide  énumérés  se 

forment  dans  un  grand  nombre  de  fermentations  actuelles.  En 

se  transformant  en  houille  les  différents  tissus  végétaux  ont 

fis-  il- 


Coupe  faite  ilans  un  bols  d'Arthropilus  houilliûé.    Gros,  -p 
0/  Daeillu»  Carbo  isolé, 
b/  6.  Carbo  réunis  en  chalnetlo. 
cf  Micrococcut  Carbo  disséminés  dans  la  houille. 

ci/  Vacuoles  de  formo  cl  de  grandeur  variées  contenant  les  gaz  produits  par  la 
fermentai  Ion. 


326  B.   RENAULT. 

subi,  suivant  leur  nature  et  la  compression  éprouvée,  une 
diminution  considérable  comprise  entre  -^  et  ^  du  volume 
primitif.  Si  les  Bactériacées  s'étaient  houillifiées  et  eussent 
subi  une  semblable  diminution  de  volume,  elles  seraient 
complètement  invisibles. 

La  présence  de  produits  gazeux  encore  retenus  dans  la 
houille  par  affinité  capillaire,  et  sous  l'influence  d'une 
certaine  pression,  est  malheureusement  rendue  trop  cer- 
taine par  les  accidents  qui  se  produisent  si  fréquemment 
dans  les  mines. 

Un  centimètre  cube  de  houille  de  la  Bouble  (Puy-de- 
Dôme),  par  exemple,  longtemps  après  son  extraction, 
contient  6,94  cent,  cubes  de  gaz  composés  de  95,04  de 
méthane,  3,70  d'acide  carbonique  et  1,25  d'azote;  une 
partie  de  ces  gaz  se  dégage  par  simple  pulvérisation,  une 
autre  par  diminution  de  pression,  une  troisième  quand  on 
chauffe  au-dessus  de  100°,  mais  bien  au-dessous  cependant 
de  la  température  de  décomposition  du  charbon. 

Les  préparations  de  houille  ne  peuvent  être  faites,  avec 
des  fragments  extraits  récemment  de  la  mine,  si  on  n'a  pas 
soin  de  les  chauffer  pendant  quelque  temps  à  100°.  La 
sortie  continuelle  des  gaz  empêche  l'adhérence  des  lamelles 
de  houille  sur  le  porte-objet. 

L'émission  gazeuse  est  due  non  seulement  à  une  dimi- 
nution de  la  pression  atmosphérique  sur  les  fragments 
de  houille  amenés  à  la  surface,  mais  encore  au  remplace- 
ment de  ces  mêmes  gaz  par  l'air,  qui  prend  leur  place  en 
déterminant  une  élévation  de  température  suffisante  pour 
produire  des  accidents,  quand  les  fragments  sont  mis  en 
tas  un  peu  volumineux. 

Le  méthane  et  l'acide  carbonique  sont  maintenus  dans 
la  houille,  non  seulement  comme  nous  l'avons  dit  par  affi- 
nité capillaire,  mais  occupent  encore  de  nombreuses  vacuoles 
qu'ils  ont  creusées.  La  fig.  11  montre  en  effet  une  prépa- 
ration faite  dans  un  hois  houillifié  d' Àrthropitus ;  on  voit  en  a 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  327 

ot  en  b  des  Bacillus  Carbo  isolés  ou  couplés  par  deux  ;  en  c 
des  Micrococcus  Carbo  et  des  coupes  transversales  de  Bacilles  ; 
en  d  et  en  e,  des  sections  de  vacuoles,  les  unes  sphériques, 
les  autres  elliptiques,  ou  plus  ou  moins  irrégulières.  L'in- 
térieur de  ces  vacuoles  est  transparent  et  ne  renferme  que 
des  gaz;  ceux-ci,  produits  lors  de  la  fermentation  provo- 
quée par  les  Bactériacées  que  l'on  distingue  encore  dans 
la  houille  qu'ils  ont  formée,  n'ont  pu  se  dégager  entière- 
ment à  cause  de  la  viscosité  de  la  matière  ;  ils  sont  restés 
emprisonnés  lors  de  son  durcissement.  On  ne  doit  pas 
s'étonner,  dès  lors,  que  la  pulvérisation  de  la  houille  mette 
en  liberté  une  certaine  quantité  du  méthane  et  de  l'acide 
carbonique  contenu  dans  ces  cavités. 

Les  préparations  faites  dans  la  houille  ordinaire  laissent 
bien  discerner  également  de  nombreuses  vacuoles,  mais 
elles  sont  généralement  comprimées  et  tellement  défor- 
mées qu'on  peut  hésiter  à  y  voir  des  poches  microscopiques 
à  grisou.  La  houille  des  troncs  ligneux  plus  compacte, 
moins  aplatie,  permet  au  contraire  de  constater  nettement 
à  l'intérieur  des  cellules  dont  on  devine  les  contours,  la 
houille  qui  les  remplit  tenant  en  suspension  des  bulles 
gazeuses  et  des  Bactériacées. 

Nous  avons,  à  plusieurs  reprises,  fait  remarquer  l'analogie 
do  formation  existant  entre  la  houille  et  les  composés 
lignitoïdes,  analogie  portant  sur  la  désoxygénation  et  la 
déshydrogénation  de  la  cellulose,  sous  l'influence  micro- 
bienne. Dans  la  houille  la  présence  de  bulles  gazeuses  a  été 
rendue  évidente  par  la  fig.  11,  qui  montre,  en  même  temps 
que  les  bulles,  les  Bactériacées  qui  les  ont  produites. 

Des  préparations  faites  dans  des  pétioles  de  palmiers 
recueillis  à  Vegroni,  province  de  Vicenza  (Italie),  et  appar- 
tenant à  l'étage  Tongrien,  offrent  des  états  fort  divers  dans 
la  décomposition  des  tissus.  Tantôt,  dans  certaines  frondes, 
les  cellules  et  les  vaisseaux  paraissent  presque  intacts,  des 
eaux  calcaires  les  ont  pénétrés  et  de  nombreux  cristaux 


j 


328  B.   RENAULT.    

spathiquea  se  sont  formés  à  leur  intérieur  ;  tantôt  les  frondes 
n'ont  pas  été  minéralisées,  les  tissus  se  sont  plus  profon- 
dément altérés,  les  parois  des  éléments  ligneux  ont  à  peu 
près  disparu  (fig.  12)  et  on  reconnaît  sensiblement  l'aspect 
offert  par  les  préparations  faites  dans  la  houille  d'Arthro- 


Coupe  longitudinale  [alto  dans  un  pétiole  de  palmier  transformé 
en  lignite.    Gros.  ~ 
a/  Colonie  de  Micracoatu»  lignitùm. 
6/  Mfcrocoquea  ûpara  dans  le  lignite, 
c/  Formo  bacillaire  mais  peu  fréquente. 
d,  ej  Vacuoles  de  formes  variées  contenant  les  gaz  produits  par  la  fermentation. 

pitus  (fig.  11).  Ici  comme  là,  au  milieu  de  la  substance  qui 
remplit  les  cellules  et  provenant  de  l'altération  des  parois, 
on  remarque  des  vacuoles  de  formes  variées,  incolores, 
contenant  ou  ayant  contenu  des  produits  gazeux  issus  de 
la  fermentation  microbienne.  Dans  le  cas  présent  il  semble 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  329 

que  ce  sont  des  Microcoques  plutôt  que  des  Bacilles  qui 
l'ont  provoquée,  car  on  voit  dans  et  entre  les  bulles  gazeuses 
un  nombre  considérable  de  ces  organismes. 


CONCLUSIONS 

1°  Les  marais  dans  lesquels  se  sont  formés  les  tourbes, 
les  lignites  et  les  charbons  lignitoïdes,  paraissent  avoir 
existé  à  toutes  les  époques  géologiques  ainsi  que  le 
prouvent  : 

aj  Le  charbon  miocène  de  Advent-Bay  (Spitzberg);  le 
charbon  oligocène  de  la  Zsily  (Transylvanie);  les  charbons 
liasiques  du  Turkestan,  de  Madagascar,  etc.,  et  bien 
d'autres  ; 

bj  Les  écorces  de  Sigillaires  et  les  Stigmaries  de  Dracy- 
Saint-Loup,  transformés  en  lignite  puis  minéralisés  par  la 
silice; 

c/  Les  couches  de  charbon  beaucoup  plus  anciennes  de 
ïovarkowo,  de  Malevka,  formées  de  cuticules,  et  celles  des 
mines  Alcxandrewski,  qui  appartiennent  au  Culm  inférieur 
du  bassin  de  Moscou  ; 

d\  Les  préparations  faites  dans  les  magmas  silicifiés  de 
Grand'Croix,  d'Autun,  etc.,  qui  montrent  les  débris  végé- 
taux sous  le  même  aspect  que  celui  offert  par  des  prépa- 
rations de  tourbe  actuelle  ;  de  part  et  d'autre,  on  y  ren- 
contre des  dépouilles  d'Infusoires,  des  Desmidiées,  des 
Mucorinécs,  des  Algues,  des  œufs  d'Insectes  aquatiques,  etc. 

2°  Il  y  a  lieu  de  distinguer  deux  sortes  de  marais  tour- 
beux, les  uns  où  se  sont  formés  les  lignites  et  les  charbons 
lignitoïdes,  situés  à  l'intérieur  des  terres  et  où  pouvaient 
s'accumuler  les  produits  ulmiques  ;  les  autres  occupant  les 
deltas,  exposés  aux  inondations,  et  où,  dès  lors,  ces  mêmes 
produits  ne  pouvaient  séjourner,  les  végétaux  qui  les  occu- 
paient disparaissaient  complètement  sous  l'influence  micro- 


330  B.  RENAULT. 

tienne,  ou  étaient  entraînés,  lors  des  crues,  dans  des  lacs 
profonds  ou  des  estuaires  après  y  avoir  subi  un  commence- 
ment de  houillification. 

3°  Le  séjour  d'un  certain  nombre  de  végétaux  dans  les 
tourbières  avant  leur  houillification  est  mis  en  évidence  par 
la  présence  dans  les  troncs  houillifiés  de  mycéliums  de 
Champignons  et  de  Bactériacées  (Streptothryx)  analogues  à 
ceux  que  Ton  observe  dans  les  bois  des  tourbières. 

4°  Aux  époques  primaires  les  plantes  pouvaient  être 
transformées  en  houille  sans  avoir  besoin  de  passer  par 
l'état  de  charbon  lignitoïde. 

5°  Les  transformations  en  charbons  lignitoïdes  et  en 
houilles  étaient  contemporaines,  mais  s'effectuaient  dans 
des  milieux  différents,  marais  tourbeux  d'une  part,  lacs, 
eaux  profondes  de  l'autre,  par  conséquent  étaient  indépen- 
dantes. 

6°  De  part  et  d'autre  la  transformation  en  houille  ou  en 
charbon  lignitoïde  était  accompagnée  de  l'élimination  d'une 
certaine  quantité  d'hydrogène,  d'oxygène  et  de  carbone 
sous  forme  d'hydrogène  protocarboné  et  d'acide  carbonique, 
mais  en  proportions  différentes  pour  chacun  d'eux. 

7°  Le  passage  à  l'état  de  composés  lignitoïdes  et  à  l'état 
de  houille  et  d'anthracite  s'est  fait  par  une  déshydrogéna- 
tion  et  une  désoxygénation  simultanées  ;  les  rapports  -§-  et 
-§  vont  en  augmentant  successivement  en  allant  des  com- 
posés lignitoïdes  aux  houilles  et  aux  anthracites. 

8°  On  peut,  pour  la  houille  pure  provenant  d'un  tissu 
homogène,  indiquer,  au  moyen  d'une  formule  approchée, 
les  réactions  chimiques  qui  se  sont  produites  dans  la  trans- 
formation de  la  cellulose  : 

(C6H'°05)*  =  2(C9H60)  +  14(CH*)  +  16(C02)  +  6(420). 

La  houille  C9H60  représente  un  cinquième  du  poids  pri- 
mitif de  la  cellulose.  Les  autres  quatre  cinquièmes  sont 
des  produits  gazeux  ou  liquides. 


LES  TOURBES  ET  LES  HOUILLES.  331 

9°  Des  préparations  faites  dans  des  bois  houillifiés  de 
Cordaïtes  ou  d'Ârthropitus  montrent  souvent  des  cellules 
dont  on  distingue  vaguement  les  contours,  remplies  de  la 
houille  provenant  des  épaississements  ;  cette  houille  con- 
tient, en  même  temps  que  des  bulles  gazeuses  fossiles,  les 
Bactériacées  (Bacilles  et  Microcoques)  qui  leur  ont  donné 
naissance. 

10°  Les  lignitcs  qui  se  sont  formés  également  sous 
l'influence  d'un  travail  bactérien,  laissent  voir  aussi  à 
l'intérieur  des  cellules  et  des  vaisseaux  ligneux,  au  milieu 
de  la  substance  qui  les  remplit,  des  bulles  gazeuses  empri- 
sonnées, et  des  Bactériacées  (Microcoques)  auxquelles  elles 
doivent  leur  origine. 

11°  Les  lignites  et  les  houilles,  quoique  fort  différents  par 
leur  aspect  et  leurs  propriétés,  ont  donc  une  origine  bac- 
térienne analogue  ;  les  milieux  de  formation  dissemblables 
entraînant  comme  conséquence  des  Bactériacées  différentes, 
peuvent  donner  la  raison  des  variétés  nombreuses  constatées 
dans  les  combustibles  fossiles. 


>K 


CONTRIBUTIONS 


A    i/ÉTUDE 


DE  LA  FLORE  FOSSILE 

DE  SÉZANNE 

PAR 

Maurice  LANGERON 


(2e  FASCICULE)  (1) 


Dans  ce  deuxième  fascicule  de  nos  Contributions  à  la 
flore  fossile  de  Sézanne,  nous  proposons  un  certain  nombre 
de  noms  nouveaux  pour  des  empreintes  dont  l'identifica- 
tion nous  parait  très  probable.  Comme  ces  espèces  ont  été 
reconnues  au  hasard  des  découvertes,  il  n'y  a  pas  de  lien 
effectif  entre  les  divers  fascicules  de  cette  publication.  Les 
espèces  ne  se  suivent  dans  Tordre  naturel  que  dans  Tinté- 
rieur  d'un  même  fascicule.  Aussi  donnerons-nous,  après  la 
description  des  espèces  nouvelles  que  nous  proposons,  un 
tableau  récapitulatif,  réunissant,  d'après  leurs  affinités, 
toutes  les  espèces  que  nous  avons  déjà  décrites,  de  façon 
à  bien  représenter  au  lecteur  l'ensemble  de  la  flore  de 
Sézanne,  telle  que  nous  la  concevons  actuellement. 

(1)  ERRATA  DU  PREMIER  FASCICULE 

Lors  de  la  publication  de  notre  premier  fascicule,  l'explication  des  planches  a 
été  oubliée  au  brochage.  Bien  que  le  nécessaire  ait  été  fait  pour  munir  les  lecteurs 
du  Bulletin  de  ces  feuillets  indispensables  &  l'intelligence  des  figures,  nous  croyons 
devoir  rappeler  ici  quelques  indications  essentielles. 

Toutes  les  figures  de  la  planche  II  sont  de  grandeur  naturelle  ;  il  en  est  de 
mémo  pour  celles  de  la  planche  III.  Les  fruits  vivants  représentés  dans  les 
figures  5,  8.  9  de  cette  planche  sont  des  fruits  de  Spondiaa,  de  la  famille  des 
Anacardiacées  (groupe  des  Rutacées).  Los  figures  5  et  8  représentent  un  fruit  lisse 
provenant  de  Manille,  rapporté  en  1843  par  Lieutaud  (Voyage  de  la  Danaïde,  coll. 
du  Muséum,  n*  329).  La  figure  9  se  rapporte  à  un  autre  fruit  provenant  de  Mara- 
caybe  et  portant  le  n*  2914  de  la  coll.  du  Muséum.  Ce  fruit  est  encore  muni  d'une 
partie  de  sa  pulpe  et  présente  des  faisceaux  saillants  caractéristiques.  Dans  la 
planche  IV,  les  figures  1,  2,  3  sont  en  demi-grandeur.  Dans  la  planche  V,  toutes 
les  figures  sont  de  grandeur  naturelle. 


334  MAURICE   LÀNGERON. 

Nous  nous  sommes  surtout  attaché  à  compléter  les 
groupes  dont  l'existence  a  été  établie  avec  certitude  par 
de  Saporta.  Nous  avons  ainsi  choisi  parmi  les  diverses 
hypothèses  que  suggère  l'étude  d'un  échantillon,  celle  qui 
est,  à  priori,  la  plus  simple  et  la  plus  plausible.  Par  ce  que 
Ton  sait  déjà  de  la  richesse  de  la  végétation  de  Sézanne, 
tout  permet  de  croire  que  chaque  groupe  pouvait  être  lar- 
gement représenté.  Cette  conduite  nous  a  paru  la  plus 
sage.  On  sait  quelle  incertitude  pèse  sur  les  déterminations 
des  feuilles  de  Dicotylédones  et  comment  les  mêmes  formes 
de  limbe  et  les  mêmes  modes  de  nervation  se  retrouvent 
dans  des  familles  très  éloignées  les  unes  des  autres.  Bien 
souvent  on  a  reproché  aux  paléobotanistes  d'avoir  attribué 
tel  échantillon  à  telle  famille,  sans  raison  apparente,  alors 
qu'il  se  rapprochait  au  moins  autant  de  telle  autre.  L'ou- 
vrage de  Schimper  et  Schenk  est  rempli  de  critiques  de  ce 
genre  et,  du  reste,  parfaitement  justes.  Sans  pouvoir  éviter 
de  tomber  dans  les  mêmes  erreurs,  nous  avons  voulu  jus- 
tifier, dans  la  mesure  du  possible,  nos  déterminations,  en 
choisissant  l'hypothèse  qui  semblait  la  plus  probable,  non 
seulement  par  les  caractères  extérieurs  de  l'échantillon, 
mais  aussi  par  son  aptitude  à  cadrer  avec  les  résultats  pré- 
cédemment acquis  et  à  former  avec  eux  un  ensemble  aussi 
rationnel  que  possible.  La  coexistence  de  formes  tropicales 
ou  subtropicales  et  d'espèces  des  zones  tempérées,  bien 
signalée  par  de  Saporta  et  sur  laquelle  nous  avons  à  notre 
tour  insisté,  donne  toute  vraisemblance  à  cette  manière 
de  voir.  Il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce  que  des  représentants 
d'une  même  famille,  appartenant  actuellement  à  des  cli- 
mats très  différents,  aient  été  autrefois  réunis.  Cette 
manière  de  voir  s'impose  d'autant  plus  qu'à  Sézanne  nous 
avons  affaire  à  une  flore  très  différente  de  toutes  celles  qui 
Pont  précédée  ou  suivie.  Outre  le  mélange  de  l'élément 
européen  avec  l'élément  tropical,  ou  mieux  subtropical, 
nous  voyons  ici  apparaître  pour  la  première  fois  un  cer- 


FLORE   FOSSILE   DE   SÉZANNE.  335 

tain  nombre  de  types  européens  qui  disparaissent  ensuite 
pour  ne  reparaître  que  dans  le  miocène.  Évidemment  cette 
absence  est  due  à  la  rareté  des  dépôts  favorables  à  la  con- 
servation des  empreintes  végétales  et  non  à  la  disparition 
de  ces  types.  Il  est  donc  très  intéressant  de  rencontrer 
dans  la  flore  de  Sézanne  une  sorte  de  synthèse  de  la  végé- 
tation au  début  de  l'éocène. 

CUPULACÉES 
Quercites  vesicatus  n.  sp. 

PI.  V,  fig.  2  et  3. 

Q.  foliis  lanceolatis,  acuminatis,  dentibus  obtuse  acutis  in  dimidio 
superiore  instructis;  nervis  secundariis  alternis  vel  Buboppositis,  in 
apicem  dentium  excurrentibus  et  abrupte  desinentibus,  non  recte 
sed  post  sulcum  coxœ  et  emissionem  rami  anastomotici;  in  dimidio 
inferiore  nervi  areolatim  conjuncti  sunt;  nervis  tertiariis  plus 
minusve  transversis,  varie  inflexis  et  geniculatis,  fere  utcumque 
simplicibus  :  omnibus  nervis  fortiter  impressis,  totum  limbum  tur- 
gidum  sicutque  vesicatum  eflicientibus. 

Les  deux  empreintes  représentées  par  les  figures  2  et  3 
de  la  planche  V  se  complètent  réciproquement,  et,  grâce  à 
leur  parfait  état  de  conservation,  nous  permettent  de  nous 
faire  une  idée  très  exacte  de  ces  feuilles  qui  ont  dû  appar- 
tenir à  un  Chêne.  Les  fortes  dents  localisées  dans  la  moitié 
supérieure,  les  nervures  secondaires  craspédodromes  et 
brusquement  terminées  à  l'extrémité  de  ces  dents,  les  ner- 
vures tertiaires  assez  espacées,  généralement  horizontales 
et  quelquefois  géniculées,  la  forme  lancéolée  du  limbe,  sa 
consistance  coriace,  la  netteté  d'impression  des  nervures, 
tous  ces  caractères  rapprochent  cette  empreinte  d'un 
groupe  de  chênes  chinois  à  petites  feuilles  coriaces  parmi 
lesquels  nous  citerons  :  Quercus  lanuginosa  Don.,().  glane  a 
Thunb.,  Q.  semicarpifolia  Sm.,  Q.  phyllirœoïdes  A.  Gr. 
Généralement,  dans  les  Chênes,  lorsque  les  nervures  secon- 
daires sont  nettement  craspédodromes  leur  trajet  est 
direct,  presque  rectiligne,  sans  inflexions.  Ici  c'est  bien  le 


336  MAURICE   LANGERON. 

faisceau  direct  qui  s'avance  jusqu'à  l'extrémité  de  la  dent 
et  non  un  rameau  de  ce  faisceau,  mais,  avant  d'y  pénétrer, 
il  contracte  une  anastomose  avec  la  nervure  supérieure  et 
présente,  en  ce  point,  un  angle  rentrant  très  prononcé. 
Nous  avons  observé  une  tendance  à  cette  disposition  dans 
les  Chênes  que  nous  venons  de  signaler  mais  jamais  avec 
la  netteté  qu'elle  présente  dans  le  fossile.  Notons  enfin  que 
ces  feuilles  présentent  un  aspect  bùllé  tout  à  fait  caracté- 
ristique et  qui  se  rencontre  aussi  à  divers  degrés  dans  les 
espèces  précitées. 

MORACÉES 
Protoficus  crispans  n.  sp. 

PI.  V,  fig.  5. 

P.  foliis  angustis,  in  longum  productis,  lanceolatis,  integerrimis 
sed  margine  undulatis  et  sicut  crispis,  penninerviis;  nervis  secun- 
dariis  suboppositis,mox  repetite  furcatis  Juxta  marginem  conjuncto- 
anastomosatis,  inter  illos  nervi  debiliores  et  abbreviati,  sed  verisi- 
militer  secundarii  ordinis,  regulariter  nascuntur  et  in  reticulo  mox 
evanescunt;  omnibus  aliis  nervis  haud  vel  obscure  conspicuis. 

Assez  commun  à  Sézanne. 

Ce  Protoficus  diffère  notablement  de  tous  ceux  qui  ont 
été  décrits  par  de  Saporta  :  dans  aucun  de  ses  Ficus  penni- 
nerves  on  n'observe  de  nervures  secondaires  plusieurs  fois 
bifurquées  comme  dans  celui  que  nous  allons  décrire.  Nous 
avons  ici  une  feuille  étroite  et  allongée,  très  entière  mais 
ondulée  et  crispée  aux  bords  :  elle  devait  être  légèrement 
arrondie  à  la  base  et  acuminée  au  sommet.  Les  nervures 
secondaires  sont  opposées  ou  subopposées,  obliquement 
ascendantes,  puis,  après  un  parcours  plus  ou  moins  long, 
plusieurs  fois  dichotomes.  Le  long  de  la  marge,  ces  rami- 
fications s'unissent  diversement  entre  elles  de  façon  à  former 
des  aréoles  de  dimensions  variées.  Entre  chaque  paire  de 
nervures  secondaires  nait  une  nervure  plus  faible  et  plus 
courte  qui  est  peut-être  aussi  de  second  ordre  et  qui  dispa- 
rait bientôt  dans  le  réseau  général.  Les  deux  paires  infé- 


FLORE   FOSSILE    DE   SÉZANNE.  337 

rieures  de  nervures  secondaires  ont  une  obliquité  plus  con- 
sidérable que  les  autres,  ce  qui  montre,  comme  de  Saporta 
Ta  déjà  indiqué,  la  tendance  de  ces  feuilles  à  l'ordonnance 
palmatinerve.  Nous  retrouvons  une  structure  analogue  dans 
divers  Ficus,  notamment  dans  Ficus  pisifera  Wall,  de 
Penang  (King,  n°  1564),  et  dans  F.  lutea  Vahl.  de  l'Yemen 
(Schweinfurth,  n°  797).  Signalons  aussi  divers  Ficus  dont 
les  analogies  sont  moins  frappantes  mais  où  Ton  retrouve 
bien  des  traits  de  notre  fossile  :  Ficus  umbonata  Wall, 
de  l'Inde  (Hooker  et  Thomson);  F.  unigîandulosa  Wall. 
(Pinang.  Wallich,  n°  4479);  F.  rostrata  Bl.  de  Java,  F.  ri- 
gida  Bl.  de  Java  (Zollinger,  n°  2271);  plusieurs  Ficus  sans 
nom  de  l'Inde  (Jacquemont,  n°  698)  et  de  Timor  (Riedle, 
n°  4).  Ces  affinités  sont  si  nettes  qu'il  n'est  guère  possible 
de  ne  pas  ranger  cette  empreinte  parmi  les  Ficus,  mais 
nous  croyons  devoir  signaler  la  curieuse  ressemblance 
qu'elle  présente  avec  certains  Sterculia  à  feuilles  entières, 
étroites  et  allongées,  ressemblance  qui  pourrait  être  trom- 
peuse si  l'on  n'examinait  les  fins  détails  de  la  nervation. 
Dans  les  Sterculia  lanceolata  Cav.  de  l'Inde,  S.  fœtida  L.  de 
l'Inde  et  de  l'Australie,  S.  coccinea  Roxb.  de  l'Inde,  on 
retrouve  le  même  contour  foliaire,  les  mêmes  ondulations 
marginales  et  des  nervures  secondaires  à  peu  près  sem- 
blablement  ordonnancées.  Mais  ici  la  bifurcation  de  ces 
nervures  est  beaucoup  moins  précoce  et  surtout  beau- 
coup moins  nette  ;  il  semble  plutôt  que  la  nervure  infé- 
rieure envoie  une  ramification  vers  la  supérieure  sans  que 
cette  dernière  donne  aucune  branche  externe  ;  la  nervation 
est  centripète.  De  plus,  les  nervures  incomplètes,  si  visibles 
dans  notre  Protoficus  et  dans  les  Ficus  dont  il  se  rap- 
proche, font  ici  presque  complètement  défaut;  on  ne 
retrouve  pas  non  plus  l'obliquité  plus  prononcée  des  deux 
paires  inférieures.  Il  semble  donc  que  rien  n'autorise  à 
placer  dans  les  Sterculiacées  une  empreinte  qui  se  rappro- 
che beaucoup  plus  des  Ficus  à  nervation  pennée. 

TOME  XIII.  22 


,n 


338  MAURICK    LANGKUON. 

TERNSTRŒMIACÉES 
Sauraja  roborans  n.  sp. 

pi.  v,  fig.  i. 

S.  foliis  ovatis  vel  ovato  lanceolatis,  crenatis,  apice  verisimiliter 
acuminatis  ;  nervis  sat  fortiter  impressis,  secundariis  alternis  vel 
suboppositis,  oblique  ascendentibus,  secus  marginem  arcuatim  con- 
junctis;  nervis  tertiariis  transversim  obliquis,  paucis. 

On  sait  que  de  Saporta  a  décrit  avec  doute  un  Sauraja 
(S.  robusta)  provenant  de  Sézanne  et  peut-être  voisin  du 
S.  spectabilis  Hort.  Ce  Sauraja  est  représenté  par  la  partie 
inférieure  d'une  feuille  crénelée,  munie  d'une  très  forte 
nervure  médiane  et  de  nervures  secondaires  opposées, 
repliées  le  long  de  la  marge  et  soudées  en  arc.  La  plante 
que  nous  figurons,  pi.  V,  fig.  1,  semble  bien  se  rapporter 
aussi  au  genre  Sauraja  et  confirmer  l'attribution  de  M.  de 
Saporta.  Avec  ses  feuilles  crénelées,  ovales  oblongues,  ses 
nervures  repliées  en  camptodromie  à  une  faible  distance 
du  bord,  elle  rappelle  tout  à  fait  les  feuilles  du  Sauraja 
trislyla  DC.  de  l'Inde  (Hooker  et  Thomson),  ou  des  îles 
Célèbes  (Koorders,  n°  1082,  Hb.  Mus.  Paris). 

COLUMNIFÈRES 

Le  groupe  des  Columnifères  ou  Malvoïdées  est  un  de 
ceux  qui  ont  fourni  le  plus  d'espèces  à  de  Saporta,  dans 
l'étude  des  restes  fossiles  de  Sézanne.  Les  types  déjà 
décrits  sont  au  nombre  de  neuf;  l'examen  des  matériaux 
conservés  au  Muséum  nous  a  permis  d'augmenter  ce 
nombre  et  de  compléter  l'étude  de  ce  groupe  qui  semble 
avoir  occupé  une  place  prépondérante  dans  la  flore  de 
Sézanne. 

De  Saporta  a  bien  caractérisé  la  nervation  des  feuilles  de 
ces  plantes  et  précisé  les  caractères  utiles  au  paléobota- 
niste. 


FLORE   FOSSILE   DE   SÉZANNE.  339 

L'ordonnance  palmatinerve  et  la  tendance  à  cette  ordon- 
nance avec  toutes  ses  conséquences  semble  bien  en  être  le 
type  générateur.  Les  nervures  peuvent  affecter  deux  types  : 
ou  bien  elles  sont  dysomères  et  marginicursives,  par  con- 
séquent atteignant  directement  le  bord  de  la  feuille  ;  ou 
bien  elles  sont  synomères,  c'est-à-dire  anastomosées.  Dans 
les  deux  cas  elles  produisent  un  système  mixte  dans  lequel 
les  nervures  atteignent  partiellement  le  bord,  lorsqu'il  pré- 
sente des  découpures,  et  sont  en  même  temps  réunies  par 
des  veines  de  jonction  ou  des  replis  et  des  arcs  infra-mar- 
ginaux,  qui,  eux  aussi,  peuvent  envoyer  dans  les  dents  des 
rameaux  indirects. 

Ces  caractères  ne  peuvent  malheureusement  servir  à  éta- 
blir des  coupures  bien  nettes  et  ne  facilitent  guère  le  clas- 
sement des  empreintes,  car  on  les  retrouve  à  la  fois  dans 
les  mêmes  genres.  Un  troisième  caractère,  très  constant, 
nous  est  fourni  par  l'angle  d'émergence  des  nervures  ter- 
tiaires qui  naissent  à  90°  et  transversalement  dans  l'inter- 
valle des  secondaires. 

Naturellement  ce  type  de  nervation  subit  des  variations 
assez  considérables  et  peut  être  masqué  par  des  déforma- 
tions diverses.  On  le  rencontre  très  pur  dans  les  feuilles 
élargies,  à  contour  plus  ou  moins  orbiculaire.  Il  est  au  con- 
traire méconnaissable  dans  les  feuilles  simples,  étroites, 
irrégulières  et  dans  les  folioles  des  feuilles  digitées  des 
Bombacées  et  de  certaines  Sterculiacées.  Le  développement 
des  nervures  secondaires  se  trouve  arrêté  par  la  forme 
étroite  du  limbe  et,  au  lieu  de  s'étendre  librement,  elles  se 
replient  en  formant  de  larges  aréoles  accompagnées  de 
mailles  plus  petites  et  décroissant  vers  les  bords.  L'angle 
d'émergence  des  nervures  tertiaires  se  trouve  par  là  même 
modifié. 

De  Saporta  a  bien  fait  ressortir  la  difficulté  de  classer 
les  restes  fossiles  d'après  ces  caractères,  les  seuls  dont  nous 
puissions  disposer.  A  cause  même  de  la  persistance  du  type 


340  MAURICE   LANGERON. 

général  au  milieu  de  toutes  les  variations  parallèles,  les 
déviations  ne  sont  jamais  assez  nettes,  ni  surtout  assez 
stables,  pour  permettre  d'édifier  un  système  de  caractères 
différentiels.  Aussi  de  Saporta  n'a-t-il  pu  établir  que  trois 
coupes  génériques  dans  l'ensemble  des  espèces  de  Sézanne. 

Dans  le  type  Sterculia  rentrent  toutes  les  feuilles  palma- 
tinerves  entières  ou  faiblement  lobées,  non  dentées. 

Le  nom  de  P  ter  osper  mi  tes  a  servi  à  désigner  des  empreintes 
très  nombreuses  et  très  caractérisées  voisines  des  Dombeya 
et  Pterospermutn. 

Le  genre  Grewiopsis  Sap.  comprend  toute  une  série  d'em- 
preintes palmatinerves,  cordiformes,  à  dents  aiguës,  très 
voisines  des  Tiliacées  actuelles  :  Luhea,  Apeiba,  Grewia, 
Tilia.  Toutes  ces  feuilles  ont  une  tendance  à  la  dissymétrie. 

L'étude  des  matériaux  conservés  au  Muséum  ne  nous  a 
pas  permis  de  nous  en  tenir  à  ces  coupures  et  d'y  faire 
rentrer  les  nouveaux  types  que  nous  avons  observés.  Nous 
avons  dû  établir  d'autres  divisions  justifiées  parles  rapports 
très  étroits  que  présentent  les  empreintes  avec  d'autres 
genres  actuellement  vivants. 

Nous  rapporterons  au  genre  Grewiopsis  une  feuille  appar- 
tenant certainement  à  un  type  disparu,  mais  qui  rappelle 
cependant  les  Grewia. 

Le  genre  Luheopsis  gen.  nov.  comprendra  tous  les  restes, 
et  ils  sont  nombreux,  qui  confinent  de  très  près  et  presque 
exclusivement  aux  Luhea  actuels. 

Enfin  les  genres  Echinocarpeopsis  et  E lœocarpeopsis  gen. 
nov.  désigneront  d'autres  feuilles  plus  éloignées  du  type 
général  de  la  famille  mais  très  voisines  des  Sloanées  et 
des  Éléocarpées  actuelles. 

Grewiopsis  producta  n.  sp. 

PI.  III,  fig.  3  (demi-grandeur). 

G.  foliis  crassis  et  validis,  angustis  et  praelongis,  angulatis,  cete- 
rum   integerrimis,  basi   dissymetris,  trinerviis;  nervis  primariis 


FLORE   FOSSILE   DE   SEZANNE.  341 

inaequaliter  productis  et  ramosis,  secundariis  paucis  (3  a  4  paria) 
suboppositis,  simplicibus,  in  apicem  angulorum  pergentibus  :  nervis 
tertiariis  distantibus,  rectis  vel  geniculatis. 

Malgré  la  mauvaise  conservation  de  cette  empreinte  il 
est  facile  de  suppléer  aux  parties  détruites  et  d'envisager 
la  feuille  telle  qu'elle  était  dans  son  intégrité.  Elle  présente 
bien  les  caractères  des  feuilles  des  Ch'ewia  et  des  genres 
voisins  Columbia  et  Diplophractum.  Le  limbe  est  forte- 
ment inéquilatère,  relativement  étroit,  très  allongé,  nette- 
ment anguleux  :  chaque  nervure  secondaire  en  atteignant 
le  bord  ne  détermine  pas  la  formation  d'une  véritable  dent, 
mais  entraîne  la  portion  du  limbe  qui  l'environne  comme 
le  serait  une  étoffe  fortement  tendue  par  une  tringle  métal- 
lique :  d'où  la  production  d'une  série  d'angles  ou  pointe- 
ments  saillants  séparés  par  des  sinus  à  concavité  peu  pro- 
fonde. Nous  retrouverons  ces  angles  dans  d'autres  Columni- 
fères  de  Sézanne.  Les  nervures  secondaires  sont  peu  nom- 
breuses ,  subopposées ,  obliquement  ascendantes  ;  les 
tertiaires  leur  sont  perpendiculaires  ;  elles  sont  parallèles 
entre  elles,  droites  ou  infléchies  au  milieu  :  on  voit  en 
quelques  points  le  réseau  polygonal  qui  les  unissait. 

Il  est  assez  difficile  de  retrouver  de  nos  jours  ces  carac- 
tères réunis  dans  un  même  type  :  toutes  les  feuilles  de 
Grewia  qui  présentent  la  même  forme  et  la  même  nerva- 
tion sont  beaucoup  plus  petites.  De  plus,  les  Grewia  ont 
une  grande  tendance  à  être  toutes  munies  de  dents  petites 
et  nombreuses,  et  non  d'angles  obtus  comme  notre  Grewiopsis. 
Dans  les  genres  Diplophractum  et  Columbia  nous  retrouvons 
aussi,  quoique  avec  quelques  modifications,  la  plupart  des 
traits  saillants  de  notre  plante.  Nous  y  voyons  la  même  dis- 
symétrie, la  même  ordonnance  trinerve,  mais  les  angles 
sont  plus  rapprochés,  plus  nombreux;  ils  sont  souvent 
transformés  en  dents  aiguës  par  suite  de  l'cxcurrence  do 
la  nervure  qui  entraîne  avec  elle  une  petite  portion  trian- 
gulaire du  limbe.  Citons  parmi  les  plantes  les  plus  propres 


342  MAURICE   LANGERON. 

aux  comparaisons  :  Columbia  serratifolia  DC.  de  Manille, 
plusieurs  Columbia  de  Bornéo  (Hb.  du  Muséum,  sine 
nomine),  Diplophractum  auriculatum  Desf.  de  Cochin- 
chine. 

Bien  que  les  affinités  intimes  de  cette  plante  restent 
douteuses,  elle  n'en  appartient  pas  moins  manifestement 
à  la  tribu  des  Grewiécs,  aussi  la  nommerons-nous  Grewiopsis 
producta  tout  en  faisant  remarquer  qu'elle  n'est  en  rien 
voisine  des  Grewiopsis  de  Sézanne  décrits  par  de  Saporta, 
qui  se  rapportent  toutes  à  un  autre  type  de  Grewia. 

Luheopsis  gen.  nov. 

Nous  appliquerons  ce  nom  à  des  empreintes  qui  rappel- 
lent étonnamment  les  Luhea  du  continent  américain.  Les 
nombreuses  espèces  du  genre  Luhea  forment  un  ensemble 
très  homogène  où  la  forme  des  feuilles  varie  peu.  Une  dis- 
symétrie quelquefois  très  accentuée,  un  espace  considérable 
séparant  les  nervures  basilaires  des  autres  nervures  secon- 
daires; tels  sont  les  deux  traits  principaux  qui  caractérisent 
ces  feuilles.  On  peut  y  ajouter  d'autres  caractères  secon- 
daires, tels  que  la  tendance  des  nervures  secondaires  à  se 
terminer  brusquement  dans  les  dents,  presque  sans  dimi- 
nuer de  volume,  et  leur  allure  rectiligne,  presque  toujours 
exempte  de  courbes,  qui  donne  aux  feuilles  un  faciès  rigide 
tout  spécial. 

Au  point  de  vue  de  pure  morphologie  foliaire  où  nous 
sommes  obligé  de  nous  placer,  nous  pouvons  distinguer 
dans  les  Luhea  deux  groupes  assez  nets.  L'un  renfermera 
les  feuilles  à  limbe  élargi,  à  dents  généralement  espacées, 
aiguës,  à  nervures  secondaires  et  tertiaires  peu  nombreuses. 
L'autre  comprendra  des  feuilles  plus  allongées,  à  nervures 
plus  nombreuses  et  plus  serrées,  surtout  les  nervures  ter- 
tiaires, à  dents  généralement  plus  aiguës  et  plus  rappro- 
chées. Nous  allons  retrouver  ces  deux  types  dans  deux 
formes  différentes  observées  à  Sézanne. 


FLOUE   FOSSILE   DE   SEZANNE.  343 

Luheopsis  dissymetra  n.  sp. 

PI.  I,  fig.  5,  et  pi.  II,  fig.  5. 

L.  foliis  crassis,  basi  inaequaliter  productis,  angulatis  vel  obscure 
dentatis,  trinerviis;  nervis  seoundariis  medio  genitis  oppositis  vel 
suboppositis,  cum  superioribus  arcuatim  religatis  :  illis  autem,  qui 
a  lateralibus  oriuntur,  modo  in  parte  externa  productis,  verisimiliter 
craspedrodomis,  rectis  vel  curvatis  ;  nervis  tertiariis  ad  perpendicu- 
lum  secundariorum  factis,  distantibus,  rectis  vel  medio  geniculatis; 
venulis  haud  conspicuis. 

Assez  commun  à  Sézanne. 

Cette  belle  empreinte  représente  une  feuille  largement 
ovale,  très  inéquilatère.  Bien  que  l'intégrité  du  contour 
laisse  beaucoup  à  désirer,  il  est  facile  d'y  reconnaître  des 
saillies  anguleuses,  correspondant  à  la  terminaison  des 
nervures.  Ces  saillies  sont  très  caractérisées  dans  Luheopsis 
dissymetra  :  elles  ne  peuvent  être  confondues  avec  des 
dents  et  se  retrouvent  sur  un  grand  nombre  d'échantillons. 
Cette  feuille  devait  être  épaisse  et  coriace  :  si  elle  était 
couverte  de  poils  à  la  face  inférieure,  comme  la  plupart  des 
Luhea  actuels,  cette  pubescence  n'a  guère  laissé  de  traces. 
Par  suite  de  la  dissymétrie  du  limbe  le  développement  des 
nervures  latérales  inférieures  est  très  inégal.  L'une  donne 
naissance  à  des  rameaux  rectilignes  ou  arqués,  assez  longs, 
un  peu  anguleux,  qui  aboutissent  directement  aux  saillies 
marginales;  l'autre,  très  voisine  du  bord,  ne  fournit  que 
des  branches  très  courtes  et  arquées.  Les  autres  nervures 
secondaires  sortent  de  la  médiane  après  un  intervalle  assez 
grand  ;  elles  sont  opposées  ou  alternes  et  se  terminent  au 
bord  de  la  feuille,  soit  directement,  soit  après  bifurcation. 
Les  nervures  tertiaires  sont  perpendiculaires  aux  secon- 
daires, quelquefois  rectilignes,  souvent  coudées  au  milieu 
de  leur  parcours.  Elles  sont  peu  nombreuses  et  assez 
espacées. 

Les  espèces  actuellement  vivantes  dont  cette  empreinte 
se  rapproche  le  plus   sont  :  Luhea  macropetala  Rich.  de 


344  MAURICE   LÀNGERON. 

Cuba  (Ramon  de  la  Sagra)  et  Luhea  rufescëns  Saint-Hil.  du 
Brésil.  Nous  rattachons  à  cette  espèce  la  petite  feuille  très 
bien  conservée  que  nous  figurons  pi.  II,  fig.  5.  Bien  qu'elle 
diffère  par  quelques  détails  du  type  que  nous  venons  de 
décrire  elle  présente  avec  lui  trop  de  liens  pour  que  nous 
puissions  l'en  séparer.  Elle  complète  nos  notions  sur  la  ter- 
minaison des  nervures  secondaires  et  elle  présente  à  un 
haut  degré  dans  toutes  ses  nervures  l'allure  raide  et  angu- 
leuse que  nous  retrouvons  dans  les  Luhea  actuels. 

Nous  ne  devons  pas  négliger  non  plus  les  analogies  que 
ces  feuilles  présentent  avec  les  genres  Columbia  et  Diplo- 
phraclum,  notamment  dans  les  saillies  marginales  angu- 
leuses, et  avec  le  genre  Apeiba. 

Luheopsis  verisimilis  n.  sp. 

PI.  I,  fig.  i  et  2,  et  pi.  II,  fig.  2. 

L.  foliis  incessu  rigente,  verisimiliter  ovato-lanceolatis,  basi 
insequaliter  attenuatis,  excursu  nervorum  dentatis  prsecipue  ad 
summum,  tri nerviis;  nervis  primariis  longe  ascendentibus;  nervis 
secundariis  alternis  vel  suboppositis,primum  oblique  dein  fere  recte 
ascendentibus,  omnibus  craspedodromis,  usque  ad  ultimum  dentem 
firmis  et  regidis;  inferioribus  et  pariter  praocipuia  infimis  extus 
ramosis,  ramulis  arcuatis,  areolatim  conjunctis  vol  craspedodromis; 
nervis  tertiariis  velut  in  Luheopsi  dissymetra  sed  multis,  densis  et 
saepe  bifurcatis. 

Commun  à  Sèzanne. 

Cette  description  s'applique  à  un  certain  nombre  d'em- 
preintes qui  se  rapprochent  manifestement  des  Luhea  à 
feuilles  allongées  et  assez  étroites,  à  dents  faibles  et  loca- 
lisées dans  les  deux  tiers  supérieurs.  Parmi  ces  Luhea > 
étudiés  dans  l'Herbier  du  Muséum,  nous  pouvons  citer  : 

Luhea  ferruginea  Turcz.  du  Mexique. 

L.  densiflora  Saint-Hil.  du  Brésil. 

L.  rufescëns  Saint-Hil.  du  Brésil. 

L.  ochrophylla  Marts.  du  Brésil. 

L.  paniculata  Marts.  du  Brésil  et  de  la  Bolivie. 


FLORE   FOSSILE   DE   SÉZÀNNE.  345 

Les  feuilles  de  ces  Luhea  ont  pour  caractères  communs  : 
un  port  un  peu  raide  dû  à  l'allure  rectiligne  des  nervures 
obliquement  ascendantes  ;  un  contour  sensiblement  ovale, 
inégalement  atténué  à  la  base,  généralement  arrondi  ou 
même  obtus  au  sommet.  Les  dents  sont  courtes,  aiguës  ; 
les  nervures  secondaires  s'y  terminent  brusquement, 
presque  sans  avoir  diminué  de  volume  dans  leur  parcours. 
Les  dents  sont  surtout  marquées  dans  les  deux  tiers  supé- 
rieurs de  la  feuille,  bien  qu'elles  puissent  occuper  tout  le 
contour.  Les  nervures  tertiaires  sont  transversales,  géné- 
ralement rectilignes  ou  faiblement  coudées,  nombreuses  et 
serrées.  Cette  description  s'applique  exactement  à  nos 
empreintes.  La  dissymétrie  y  est  seulement  plus  accusée 
que  dans  la  plupart  des  Luhea  vivants. 

ECHINOCARPEOPSIS  ET  EL.EOCARPEOPSIS  gen.   nOV. 

Dans  les  deux  tribus  des  Sloaneœ  et  des  Elœocarpex  on 
observe  des  feuilles  de  grandes  dimensions,  épaisses  et 
coriaces,  munies  de  nervures  solides  réunies  en  campto- 
dromie  le  long  de  la  marge,  de  façon  à  former  des  arcs 
réguliers.  On  peut  distinguer  ces  deux  tribus  Tune  de 
l'autre  précisément  par  la  structure  de  ces  arcs.  Dans  les 
Sloaneœ,  et  notamment  dans  les  genres  Sloanea  et  Echino* 
carpus}  les  nervures  secondaires,  après  un  certain  trajet,  se 
divisent  en  deux  branches  dont  Tune  se  recourbe  vivement 
à  l'intérieur  pour  s'anastomoser  avec  la  nervure  supérieure, 
tandis  que  l'autre,  beaucoup  plus  faible,  continue  à  monter 
en  produisant  des  branches  rectilignes  et  internes  qui 
limitent  des  aréoles  décroissantes.  Nous  avons  donc  surtout 
ici  un  développement  centripète  des  nervures.  Au  contraire 
dans  les  Elœooarpex^  dont  le  type  est  le  genre  El&ocarpus, 
la  ramification  est  plutôt  centrifuge  :  les  nervures  secon- 
daires se  bifurquent  plus  ou  moins  vite,  tantôt  dès  le 
milieu  de  leur  parcours  ou  même  avant,  tantôt  seulement 


346  MAURICE   LANGE  BON. 

près  de  la  marge  :  les  deux  branches  se  bifurquent  à  leur 
tour  plusieurs  fois  et  circonscrivent  ainsi  des  aréoles  mar- 
ginales. Ces  dispositions  ne  sont  pas  absolument  cons- 
tantes, mais  elles  permettent  de  distinguer  suffisamment 
ces  deux  tribus  et  d'y  répartir  les  empreintes  qui  présentent 
ces  caractères  différentiels.  Le  réseau  tertiaire  offre  tou- 
jours une  disposition  uniforme;  il  est  formé  de  faisceaux 
parallèles,  rectilignes,  assez  espacés,  délimitant  des  plages 
rectangulaires  remplies  d  aréoles  polygonales. 

Echinocarpeopsis  fastigata  n.  sp. 

PL  II,  fig.  9. 

E.  foliis  crassis,  oblongo-lanceolatis,  acuminatis,  argute  dentatis  : 
costa  média  valida,  nervissecundariis  al  ternis,  oblique  ascendentibus, 
juxta  marginem  arcuatim  conjunctis,dein  areolas  seriatim  dispositas 
delineantibus  ;  tertiariis  transversis,  distantibus,  typice  ordinatis. 

La  conservation  de  cette  empreinte  permet  d'établir 
pour  elle  des  rapprochements  assez  certains.  Elle  présente 
le  port  un  peu  raide  et  l'aspect  solide  et  coriace  des  feuilles 
de  Sloanées.  Elle  est  acuminée  au  sommet  et  munie  sur  le 
pourtour  de  dents  petites,  aiguës,  nombreuses;  visibles 
sur  plusieurs  points  de  la  feuille  (fig.  9,  a).  La  nervure 
médiane  est  épaisse,  elle  donne  naissance  à  des  nervures 
secondaires  généralement  alternes  et  effectuant  le  trajet 
que  nous  avons  donné  comme  caractéristique  des  Bchino- 
carpus.  Il  semble  bien  ici  que  la  ramification  des  nervures 
secondaires  soit  purement  centripète.  Les  nervures  tertiaires 
sont  rectilignes,  mais  elles  peuvent  ou  être  complètes,  c'est- 
à-dire  réunir  directement  deux  nervures  secondaires,  ou 
n'effectuer  qu'une  moitié  de  ce  trajet  et  se  joindre  par  une 
ligne  brisée.  On  retrouve  dans  beaucoup  d' Echinocarpus  des 
traits  communs  avec  cette  feuille,  mais  surtout  dans  Echi- 
nocarpus dasycarpa  Oenth.  de  l'Inde.  Signalons  aussi 
quelques  ressemblances  avec  Elxocarpus  apiculatus  Maing. 
de  la  péninsule  Malaise. 


FLORE   FOSSILE    DE    SÉZANNE.  347 

Elaeocarpeopsis  décora  n.  sp. 

PI.  I,  fig.  4. 

E.  foliis  crassis,  solidis,  ovatis,  integris  vel  undulatis,  nervis 
fortiter  impressis  ;  nervomedio  lato,  secundariis  alternis,  juxtamar- 
ginem  conjunctis  et  a  basi  areolas  decrescentes  delineantibus  ;  nervi 
imperfecti  inter  illos  huo  et  illuo  videntur  ;  nervis  tertiariis  flexuosis, 
varie  anastomosatis,  sat  paucis. 

L'empreinte  de  cette  plante  intéressante  représente  une 
feuille  à  bords  entiers,  robuste,  épaisse  et  probablement 
charnue,  munie  de  nervures  très  développées.  Malgré  son 
intégrité  apparente,  cette  empreinte  ne  présente  pas  tout 
ce  qui  est  nécessaire  pour  une  identification  certaine.  Il 
manque  le  sommet  et  la  plus  grande  partie  des  bords;  la 
base  et  la  partie  moyenne  du  limbe  sont  seules  intactes. 
Néanmoins  il  est  impossible  de  n'y  pas  reconnaître  le  type 
de  nervation  de  Elœocarpus  et  des  Echinocarpus.  Les  ner- 
vures secondaires  sont  alternes,  elles  naissent  sous  un 
angle  d'environ  45°,  montent  obliquement  puis  se  replient 
par  des  arcs  limitant  des  aréoles  décroissantes.  A  la  partie 
inférieure,  le  long  du  bord,  une  petite  nervure,  issue  direc- 
tement des  faisceaux  pétiolaires,  limite  aussi  par  ses  arcs 
successifs  une  série  d'aréoles.  A  côté  de  ces  nervures 
secondaires  complètes  on  en  trouve  un  certain  nombre 
d'autres  à  trajet  incomplet  ;  elles  naissent  généralement  en 
opposition  avec  les  autres  secondaires  et,  après  un  court 
trajet,  disparaissent  dans  le  réseau  tertiaire.  Ce  réseau, 
dont  la  direction  générale  est  perpendiculaire  aux  fais- 
ceaux secondaires,  est  formé  de  linéaments  rectilignes  ou 
sinueux,  quelquefois  réunis  par  une  ligne  brisée  intermé- 
diaire, d'autres  fois  soudés  en  forme  d'H,  etc.  Le  fin  réseau 
contenu  dans  les  intervalles  n'est  pas  visible.  Tous 
ces  détails  de  nervation  rapprochent  beaucoup  notre 
empreinte  des  Echinocarpus  Sigun  Blume,  de  Java,  E,  stercu- 
liacew  Benth.  de  l'Inde,  et  surtout  E.  Jackianus  Wall.  (Malay 
peninsula,  King,  n°5515). 


x--»"       - 


348  MAURICE    LANGERON. 

Mais,  dans  cette  dernière  espèce,  on  constate  des  caractères 
accessoires  que  nous  n'avons  pu  retrouver  dans  le  fossile  ; 
c'est  ainsi  que  les  nervures  sont  couvertes  d'un  duvet 
serré  sur  les  deux  faces  de  la  feuille  :  l'examen  attentif  de 
l'empreinte  n'a  pu  nous  faire  découvrir  aucune  trace  de 
poils  semblables.  Sur  les  échantillons  desséchés  que  nous 
avons  consultés,  les  aréoles  de  la  partie  basilaire  et  l'étroite 
marge  qui  les  borde  sont  beaucoup  moins  visibles  que  sur 
l'empreinte,  mais  cela  est  dû  au  recroquevillement  de  cette 
marge  non  soutenue  par  des  faisceaux  vasculaires  et  qui, 
lors  de  la  dessiccation  de  ces  feuilles  charnues,  a  dû  se 
rétracter  fortement. 

Elœocarpeopsis  mutila  n.  sp. 

PI.  I,  fig.  3. 

E.  foliis  crassis,  latis,  apice  acuminatis,  fartasse  dentatis,  penni- 
nerviis;  nervis  secundariis  valde  impressis,  oppositis,  primum  cur- 
vato-ascendentibus,  dein  repetite  furcatis,  varie  anastomosatis; 
nervis  tertiariis  transversis,  paucis. 

Bien  que  cette  feuille  ne  nous  présente  que  sa  partie 
supérieure  elle  est  en  réalité  plus  facile  à  identifier  que  la 
précédente,  parce  qu'elle  offre  plus  de  détails  caractéris- 
tiques. Le  limbe  devait  être  épais  et  coriace,  avec  des 
bords  dentés  ou  simplement  ondulés;  il  était  très  proba- 
blement terminé  par  une  pointe  courte  et  triangulaire.  Les 
nervures  secondaires  étaient  opposées  au  moins  dans  la 
partie  supérieure  ;  elles  montaient  en  décrivant  un  arc  très 
ouvert  à  quelque  distance  du  bord,  puis  se  bifurquaient  en 
deux  branches  dont  Tune  continuait  le  même  trajet  et  dont 
l'autre  allait  s'anastomoser  avec  l'arc  fourni  par  la  nervure 
inférieure.  En  outre,  chaque  branche  pouvait  se  diviser  à 
nouveau  plusieurs  fois.  C'est  là  l'ordonnance  typique  de  la 
nervation  chez  les  Elœocarpus.  La  bifurcation  est  plus  ou 
moins  précoce  :  tantôt  elle  a  lieu  assez  près  du  bord  comme 
dans  EL  oblonga  Gœrtn.,  El.  aristatus  Roxb.  ;  d'autres  fois 


FLORE   FOSSILE   DE    SÉZANNE.  349 

elle  se  produit  dès  le  milieu  du  faisceau  comme  dans 
EL  apiculatus  Maing.,  EL  petiolatitsWsAl.  Notre  empreinte 
se  rattache  au  premier  groupe,  d'autant  plus  que  ses  affi- 
nités la  rapprochent  étroitement  do  certaines  feuilles 
d'Elœocarpus  oblonga  Gœrtn.  de  l'Inde,  dont  elle  reproduit 
manifestement  les  détails  de  nervation.  Les  nervures  ter- 
tiaires sont  peu  nombreuses  et  peu  visibles,  mais  leurs  ves- 
tiges sont  encore  conformes  à  la  structure  des  Elœocarpus. 
Signalons  en  dernier  lieu  Y  Echinocarpus  sterculianus  Benth. 
de  l'Himalaya,  qui  touche  d'assez  près  à  notre  fossile. 


RHAMNACÉES 


Rhamnus  L. 


Il  n'est  pas  surprenant  de  trouver  parmi  les  empreintes, 
provenant  de  Sézanne,  de  nombreux  représentants  du 
genre  Rhamnus.  La  famille  des  Rhamnées  est  déjà  très  abon- 
damment et  très  sûrement  représentée  par  le  Zizyphus 
Raincourtii  Sap.,  l'une  des  plantes  de  Sézanne  les  plus 
communes,  et  par  le  Zizyphus  subaffinis  Lang.  De  Saporta 
a  décrit  aussi  un  Rhamnus,  le  Rh.  argulidens  Sap.,  dont 
l'unique  échantillon  est  un  fragment  très  incomplet,  mais 
néanmoins  suffisamment  déterminable.  Nous  sommes  donc 
autorisés  à  rapporter  aux  Rhamnus  un  certain  nombre 
d'empreintes  qui  présentent  les  caractères  de  nervation 
de  ce  genre  ou  des  genres  voisins,  notamment  des  Ceanothus. 
Cette  nervation  est  assez  caractéristique  et  à  peu  près 
constante,  aussi  le  nombre  des  plantes  fossiles  rapportées 
aux  Rhamnus  est-il  considérable.  Les  nervures  secondaires 
sortent  de  la  médiane  suivant  le  mode  penné  :  souvent 
l'aspect  des  feuilles  rappelle  celui  des  feuilles  de  Cornus 
avec  des  nervures  secondaires  longuement  recourbées 
ascendantes.  Mais  les  feuilles  de  Rhamnus  se  distinguent 
par  leur  denticulation,  dans  la  plupart  des  cas,  et,  dans  les 


350  MAURICE   LANGE  HO  N. 

espèces  à  feuilles  entières,  par  le  nombre  plus  considé- 
rable, la  courbure  moins  accentuée  des  nervures  secon- 
daires et  surtout  par  les  arcs  marginaux  et  les  séries  d'aréoles 
que  Ton  n'observe  jamais  chez  les  Cornus. 

Rhamnus  progenitrix  n.  sp. 

PI.  III,  fig.  2. 

Rh.  îoUïb  ovatis,  tenuiter  crenatis,  glabris  et  politis;  nervis  secun- 
dariis  alternis  vel  suboppositis,  secua  marginem  arcuatim  conjunctis  : 
arcus  con8picui  in  ligulis  sequalibus  et  ordinatis  totum  folium  divi- 
dunt  et  marginem  angustam  lucidamque  séparant;  postautem  gène- 
rationem  arcûs,  fasciculi  reliquium  juxta  marginem  areolas  decres- 
centes  gignit  usque  ad  arcum  superiorem  :  nervis  tertiariis  multis, 
sinuatis,  fere  semper  transversim,  saepe  invicem  perfectis  et  imper- 
fectis. 

On  pourrait  donner  pour  ancêtre  à  Tune  des  sections 
Eurhamnus  Koch  ou  Frangula  DC,  et  peut-être  à  toutes 
deux,  la  plante  que  nous  nommons  Rhamnus  progenitrix. 
Elle  est  en  effet  très  voisine  de  ces  deux  groupes  et  pré- 
sente d'étroites  similitudes  avec  les  Rhamnus  cornifolia 
Boiss.  et  Koch  du  Kurdistan  et  de  la  Perse,  Rh.  libanotica 
Boiss.  du  Liban  et  du  Taurus,  d'une  part,  et  de  l'autre  avec 
les  Rh.  rupestris  Scop.  de  la  péninsule  Hellénique  et 
Rh.  grandifolia  Fisch.  et  Mey.  de  la  Perse.  Les  affinités  les 
plus  remarquables  se  manifestent  pour  Rh.  cornifolia  Boiss. 
et  Koch.  Notre  feuille  est  ovale  oblongue,  sinuée-dentée, 
avec  des  dents  arrondies  qui  sont  plutôt  des  crénelures. 
Les  nervures  secondaires  sont  nombreuses  et  leur  parcours 
est  caractéristique. 

Après  être  restées  parallèles  jusque  près  du  bord  de  la 
feuille,  elles  se  recourbent  de  façon  à  s'anastomoser  un 
peu  plus  haut  avec  la  nervure  supérieure  :  une  ramification 
va  former  sur  la  marge  très  nette,  séparée  du  limbe  par 
ces  arcs  successifs,  une  série  d'aréoles  décroissantes.  Les 
nervures  tertiaires  sont  nombreuses,  transverses,  parai- 


FLORE   FOSS1LK   DK   8ÉZÀNNE.  351 

lèles,  rectilignes;  elles  sont  alternativement  complètes  ou 
incomplètes,  c'est-à-dire  que  les  unes  réunissent  directe- 
ment deux  faisceaux  secondaires,  tandis  que  dans  l'inter- 
valle une  autre  nervure  se  résout  en  nervilles  à  peine 
visibles.  Cette  ordonnance  des  nervures  tertiaires  n'est  du 
reste  pas  absolument  constante.  Aucun  fossile,  à  notre  con- 
naissance, ne  peut  être  comparé  à  cette  empreinte. 

Rhamnus  pristina  n.  sp. 

PI.  II,  fig.  7,  et  pi.  IV,  fig.  3. 

Rh.  foliis  breviter  oblongo-lanceolatis,  aoutis,  in  utroque  summo 
attenuatis,  integerrimis;  nervo  medio  infirmo,  nervis  secundariis 
parallelis,  curvatis,  juxta  marginem  plus  minusve  obscure  arcuatim 
conjunctis;  nervis  tertiariis  paucis,  secundariis  perpendicularibus. 

Dans  le  groupe  des  Palœofrangula,  nous  devons  encore 
faire  rentrer  deux  empreintes  qui  ne  diffèrent  guère  que 
par  la  taille.  Ce  sont  des  feuilles  ovales-lancéolées,  atté- 
nuées aux  deux  extrémités,  mais  surtout  à  la  partie  supé- 
rieure, parfaitement  entières  et  présentant  la  nervation 
caractéristique  des  Rhamnus.  Les  nervures  secondaires 
sont  assez  nombreuses  (6  à  8  paires),  alternes  ou  suboppo- 
sées, arquées,  réunies  en  camptodromie  sur  les  bords  par 
des  arcs  assez  nets.  Les  nervures  tertiaires  sont  perpendi- 
culaires aux  secondaires  généralement  complètes,  quel- 
quefois incomplètes,  alternes  et  réunies  par  une  ligne 
brisée,  parallèle  aux  nervures  secondaires.  La  nervure 
médiane  est  mince  comme  dans  beaucoup  de  Rhamnus. 
Cette  plante  ressemble  beaucoup  au  Rhamnus  pontica  Boiss. 
publié  par  Balansa  sous  le  nom  de  Rh.  spathul&folia 
(Balansa.  PL  d'Orient).  Le  Rhamnus  Eridani  Ung,  figuré  par 
Heer  d'après  un  échantillon  du  Groenland  (Flor.  foss. 
Grônlandica,  tab.  xlix,  fig.  10),  ressemble  beaucoup  à  notre 
espèce.  Mais  son  limbe  est  plus  élargi  et  moins  allongé. 
L'extrémité  supérieure  manque.  Les  autres  figures  du 
Rh.  Eridani  ne  concordent  du  reste  pas  avec  notre  Rhamnus. 


352  MAURICE    LANGERON. 

Rhamnus  catharticœfolia  n.  sp. 

PI.  III,  fi  g.  5  et  8,  et  pi.  II,  fig.  4  et  3. 

Les  Palœocervispina  sont  représentés  à  Sézanne  par  un 
certain  nombre  d'empreintes  qui  offrent  les  mêmes  carac- 
tères de  nervation,  mais  qui,  par  la  forme  et  les  dimensions 
de  leurs  feuilles,  semblent  appartenir  sinon  à  deux  espèces, 
au  moins  à  deux  variétés  bien  distinctes. 

Var.  «  procera. 

PI.  III,  fig.  5  et  8. 

Rh.  foliis  oblongo-lanceolatis,  argute  serratis;  nervis  secundariis 
paucis,  plerumque  alternis,  distantibus,  breviter  curvatis  dcin  longo 
ascendentibus,  tandem  arcubus  obscure  conjunctis,  nervis  super- 
numerariis  quandoquc  in  ter  alias  nascentibus  ;  tertiariis  haud  cons- 
picuis. 

Les  feuilles  de  cette  variété  sont  assez  grandes,  lan- 
céolées, généralement  étroites,  finement  denticulées.  La 
nervation  est  très  caractéristique  :  les  nervures  secondaires 
sont  peu  nombreuses  (4  à  5  paires),  alternes  ou  subopposées, 
très  distantes;  elles  naissent  à  angle  aigu,  décrivent  un 
arc  court  puis  deviennent  presque  rectilignes,  longuement 
et  obliquement  ascendantes  :  elles  s'anastomosent  ensuite 
avec  la  nervure  supérieure  par  un  arc  court,  la  branche 
principale  continue  son  trajet  et  se  perd  dans  le  réseau 
tertiaire  marginal.  Ce  réseau  peu  visible  devait  être  formé 
de  mailles  sinueuses.  Entre  les  nervures  secondaires  prin- 
cipales naissent,  à  intervalles  inégaux,  des  nervures  acces- 
soires dont  le  parcours  est  limité.  Parmi  les  Ceroispina 
vivants  qui  se  rapprochent  de  ces  empreintes  signalons  : 
Rhamnus  cathartica  L.  et  sa  var.  davurica}  Rh.  polymorpha 
Turcz.  de  l'Inde,  Rh.  persicœfolia  Mory.  de  la  Sardaigne, 
Rh.  virgata  Roxb.  de  l'Inde. 


FLORE   FOSSILE    DE   SÉZANNE.  353 

Var.  /3  minuta. 

PI.  Il,  fig.  1  et  3. 

Rh.  foliis  minoribu8,  angustioribus,  in  utramque  partem  longe 
attenuatis,  ceterum  foliis  Rhamni  catharticasfoliœ  similibus  sed 
nervis  ssepius  suboppositis. 

Les  caractères  de  nervation  et  de  denticulation  sont  les 
mêmes  que  pour  la  var.  procera,  mais  les  feuilles  sont 
beaucoup  plus  étroites  et  plus  allongées.  Les  analogies  sont 
plutôt  avec  Rhamnus  japonica  Maxim,  du  Japon,  Rh.  hirsuta 
Wight.,  et  Rh.  virgata  Roxb.,  tous  deux  de  l'Inde. 

Rhamnus  ceanothifolia  n.  sp. 

PI.  IV,  fig.  5. 

Rh.  foliis  oblongo-lanceolatis,  serratis  multis  dentibus  exiguis  et 
acutis  ;  nervis  secundariis  multis,  oppositis  vel  rarius  suboppositis, 
juxta  marginem  arcuatim  conjunctis  dein  areolas  decrescentes 
delineantibus  :  nervis  tertiariis  transversim  parallelis. 

Ce  Rhamnus  est,  comme  son  nom  l'indique,  très  proche 
parent  des  Ceanothus.  II  ressemble  étonnamment  au  Rhamnus 
(Ceanothus)  Wightii  Arn.,  au  Rh.  nepalensis  Wallich  et  au 
Ceanothus  triquetra  Wallich,  tous  trois  de  l'Inde  ;  cette 
dernière  espèce  appartient  aux  Ceanothus  à  nervation 
pennée.  Notre  empreinte  représente  une  feuille  ovale 
oblongue,  atténuée  au  sommet;  les  bords  sont  munis  de 
dents  fines,  nombreuses,  aiguës.  La  surface  de  la  feuille 
était  lisse,  le  limbe  d'épaisseur  moyenne.  Les  nervures 
secondaires  nombreuses  sont  généralement  opposées, 
quelquefois  subopposées.  Après  un  assez  long  parcours 
presque  parallèle,  elles  se  recourbent  brusquement  en 
dedans  pour  envoyer  à  la  nervure  supérieure  une  branche 
anastomotique.  Le  faisceau  continue  son  trajet  et  donne 
naissance  à  une  série  d'aréoles  décroissantes  qui  garnissent 
le  bord  de  la  feuille.  Les  nervures  tertiaires  sont  normales 
tome  xui.  23 


354  MAURICE    LANGERON. 

et  suivent  un  trajet  perpendiculaire  aux  secondaires,  tout 
en  restant  rectilignes  et  parallèles  entre  elles.  Ce  Rhamnus 
peut  être  comparé  au-  Rhamnus  Gaudini  Heer.  Il  est  très 
semblable  pour  la  forme  et  la  denticulation  à  l'échantillon 
représenté  dans  la  fig.  t  de  la  planche  cxxv  (Heer.  Flora 
tertiaria  Helvetiœ,  III)  ;  cependant  les  dents  de  notre  feuille 
paraissent  plus  nombreuses  et  plus  aiguës.  Les  nervures 
secondaires  du  Rh.  Gaudini  sont  moins  régulièrement 
opposées,  le  réseau  tertiaire  est  plus  oblique.  Enfin  le 
parcours  des  nervures  secondaires  est  moins  étendu  :  elles 
sont  moins  longuement  ascendantes  ;  l'aréolation  marginale 
est  moins  développée  et  la  première  anastomose,  si  nette 
dans  notre  Rhamnus,  Test  beaucoup  moins  dans  la  plante 
de  Heer.  Néanmoins  l'évidente  parenté  de  ces  deux  plantes 
d'âge  si  différent  est  intéressante  à  signaler.  Les  autres 
échantillons  de  Rhamnus  Gaudini  figurés  par  Heer  dans  les 
pi.  cxxiv,  fig.  4  à  15,  et  cxxv,  fig.  7  et  13,  et  auxquels  il 
consacre  une  assez  longue  diagnose,  s'éloignent  beaucoup 
plus  de  notre  plante.  Leur  contour  est  plus  ovale,  les  dents 
sont  moins  nombreuses,  la  nervation  plus  arquée.  D'après 
les  descriptions  que  donne  Heer  la  plante  représentée 
pi.  cxxv,  fig.  1,  s'éloignerait  un  peu  du  type  du  Rh.  Gaudini 
tel  qu'il  le  conçoit,  mais  il  déclare  formellement  que  malgré 
ces  différences  elle  se  rattache  bien  à  la  même  espèce. 
Heer  s'efforce  manifestement  de  ne  pas  multiplier  les 
espèces  et  de  ranger  sous  le  même  nom  le  plus  d'em- 
preintes possible.  Louable  tendance,  surtout  lorsqu'il  s'agit 
d'empreintes  provenant  d'un  même  gisement.  Mais  la  plante 
qui  ressemble  tant  à  notre  Rh.  ceanothifolia  et  qui  s'éloigne 
des  autres  Rh.  Gaudini  devrait  peut-être  former  une  espèce 
à  part,  plus  voisine  des  Ceanothus  que  des  Rhamnus.  Du 
reste  Heer  rapproche  sa  plante  du  Ceanothus  grandifolius 
F.  et  Mey.  du  Caucase. 


FLORE   FOSSILE    DE   SÉZANNE.  355 

ACÉRACÊES 

Acer  L. 

La  samare  que  nous  avons  décrite  et  figurée  dans  notre 
précédente  publication  établit  incontestablement  la  haute 
antiquité  du  genre  Acer  et  sa  présence  dans  les  forêts  de 
Sézanne.  Nous  sommes  donc  autorisés  à  rapporter  à  ce 
groupe  des  empreintes  de  feuilles  que  leur  forme  et  leur 
nervation  rapprochent  beaucoup  des  Acer  fossiles  déjà 
décrits.  Le  genre  Acer  a  été  très  soigneusement  étudié  par 
Pax  dans  une  monographie  publiée  dans  le  Botanische  Jar- 
bucher  d'Engler  (1885-1886).  Les  groupes  qu'il  a  établis 
ont  été  adoptés  par  la  plupart  des  botanistes  et  des  paléobota- 
nistes, notamment  par  Schimper  et  Schenk  dans  la  Paléon- 
tologie de  Zittel.  Nous  nous  servirons  donc  des  mêmes  sub- 
divisions pour  classer  les  Érables  de  Sézanne. 

Pax  distingue  huit  sections  dans  le  genre  Érable  : 

1.  —  Palœo-rubra. 

2.  —  Palxo-spicata. 

3.  —  PaLvo-palmata. 

4.  —  Palxo-negundo. 

5.  —  PaLco-campestria. 

6.  —  PaLvo-platanoïdea. 

7.  —  Palxo-saccharina. 

8.  —  Palœo-macrantha. 

Ces  sections  correspondent  exactement  à  celles  qui  sont 
établies  pour  les  espèces  vivantes.  Les  caractères  tirés  de 
la  forme  des  feuilles,  du  nombre  des  lobes,  de  la  conforma- 
tion des  dents,  enfin  de  l'aspect  de  l'aile  du  fruit  sont  suffi- 
sants pour  les  distinguer  entre  elles.  Ces  sections  sont  ainsi 
représentées  à  Sézanne  : 

Palaeospicata.  —  Acer  Pseudoplatanus  eocenicum. 
Palasopalmata.  —  Acer  palœopalmalum. 
Palœocampestria.  —  Acer  sezannense. 


356  MAURICE   LANGERON. 

Palœoplatanoïdea.  —  Acer  lœtum  eocenicum. 
Palœomacrantha.  —  Acer  subtenuilobatum. 

Il  est  curieux  de  constater  dans  la  même  localité  une  aussi 
grande  variété  d'Érables.  La  coexistence  de  ces  formes 
montre  bien  que  dès  cette  époque  reculée  le  genre  Acer  était 
déjà  constitué  dans  ses  lignes  principales  et  que  les  ancêtres 
des  groupes  actuels  étaient  déjà  depuis  longtemps  apparus. 

Ajoutons  que  de  Saporta,  en  étudiant  la  flore  fossile  de 
Meximieux,    a  donné  une  foule   de  considérations    ingé- 

« 

nieuses  sur  la  filiation  des  Érables  de  divers  groupes, 
notamment  du  groupe  Opulifolium^  et  sur  la  distribution 
géographique  de  ces  Érables  aux  temps  géologiques  et  à 
l'époque  contemporaine.  Nous  avons  pu  mettre  à  profit  ces 
minutieuses  observations  pour  la  détermination  des  Érables 
de  Sézanne. 

Il  est  difficile  d'indiquer  celle  de  nos  espèces  à  laquelle 
appartient  le  fruit  que  nous  avons  décrit  précédemment.  Il 
pourrait  provenir  de  Y  Acer  sezannense,  comme  semblerait 
l'indiquer  son  analogie  avec  les  fruits  de  Y  Acer  opulifolium. 

Acer  Pseudoplatanus  eocenicum  n.  sp. 

PI.  IV,  fig.  1. 

A.  foliis  quinquelobatis,  solidis,  sinuato-lobulatis;  lobo  medio 
majore,  lobis  basilaribus  verosimiliter  minimis;  nervis  primariis 
leviter  arcuatis,  secundariis  sub  angulo  acuto  produis,  rectis 
vel  inflexis,  oblique  ascendentibus,  craspedodromis;  tertiariis  illis 
transversis,  brevibus,  mox  in  retioulo  solutis. 

La  ressemblance  étonnante  qui  existe  entre  cette 
empreinte  et  les  feuilles  de  certains  Acer  Pseudoplatanus  ne 
nous  permet  pas  de  lui  donner  un  autre  nom.  C'est  sur- 
tout avec  une  plante  provenant  de  l'Herbier  Schur  (n°  6220), 
et  recueillie  probablement  en  Hongrie  (Hb.  du  Muséum), 
que  les  analogies  sont  frappantes.  On  retrouve  dans  les 
deux  plantes  les  mêmes  caractères  de  forme  et  de  nerva- 
tion, le  même  développement  prépondérant  du  lobe  médian 


FLORE   FOSSILE   DE   SÉZANNE.  357 

et  jusqu'à  la  légère  courbure  à  gauche  des  nervures 
médianes.  Du  reste  les  diverses  feuilles  du  même  échan- 
tillon diffèrent  plus  les  unes  des  autres  que  le  fossile  ne 
s'éloigne  de  l'une  d'elles.  Bien  qu'aucun  Érable  voisin  du 
Pseudoplatanus  n'ait  encore  été  signalé  à  un  niveau  aussi 
ancien,  il  est  difficile  d'admettre  pour  cette  empreinte  une 
autre  interprétation.  Quoiqu'il  ne  subsiste  guère  qu'une 
moitié  de  l'organe,  il  est  facile  de  voir  qu'il  possédait  cinq 
lobes  dont  le  médian  était  le  plus  développé.  Le  limbe 
devait  être  de  consistance  ferme,  le  bord  était  orné  de 
lobules  médiocres  plutôt  que  de  véritables  dents  ;  les 
nervures  secondaires  naissent  à  angle  aigu  et  sont  légère- 
ment arquées  dans  leur  trajet  ascendant,  elles  aboutissent 
à  l'extrémité  des  dents  ou  des  lobules;  les  nervures  ter- 
tiaires naissent  à  angle  droit  et  se  résolvent  bientôt  en  un 
réseau  sinueux  dont  quelques  détails  ont  été  bien  con- 
servés. 

Acer  palœopalmatum  n.  sp. 

PI.  II,  fig.  4  et  6. 

A.  foliis  quinque-vel  plus-lobatis  :   lobis    productis,   ovato-lan- 
ceolatis,  argute  dentatis  :   nervis  leviter  impressis,  camptodromis. 

La  reproduction  de  cette  empreinte  a  présenté  des  diffi- 
cultés particulières  à  cause  de  la  forme  contournée  et 
repliée  de  l'échantillon.  Nous  avons  été  obligé  de  figurer  à 
part  un  des  lobes  où  les  dents  se  montrent  précisément 
avec  une  grande  netteté  (fig.  6);  les  lettres  a,  a  se  corres- 
pondent dans  les  fig.  4  et  6.  Il  est  infiniment  probable  que 
nous  sommes  en  présence  d'un  Érable  du  groupe  des  Palmo- 
palmata  :  une  feuille  présentant  au  moins  cinq  lobes  pro- 
fonds, ovales-acuminés,  finement  dentés  au  bord,  à  ner- 
vures peu  saillantes  à  la  page  supérieure,  n'éveille  guère 
d'autre  idée.  Notre  plante  est  extrêmement  voisine  de 
YAcerpolymorpliiim(palmatum)pliocenicum  Sap.  des  ciné- 


358 

rites  du  Cantal, 
considérable    il* 
nombreuses.   P 
tum  Thunl).  et 
se  rapproche  1 
Acer  Campbellit 
de  dents  nomb 
songer  à  rappr- 
feuilles  sont   ^ 
mais  il  n'exis! 
aussi  nomhrcu 
traire,  dans  h 
dents  minuscu 

Acer  sezan 


A.  foliis  tril(i* 
miuimis,  gros.-- 
tructis;  lobo  v 
apieem  loboru: 
sitis,  paucis,  i 
nonnunquam  • 
et  llexuosis,  p 

La  forme 
ment  des  .1*. 
hyrc'inum  V 
C'est  une  l 
peut-être  c 
mais  peu  i 
nombre  de 
donnent  pr 
importance 
recourbées 
d'         hyrcv 


i 


ii 


•  i 


FLORE    FOSSILE   DE   SÉZANNE.  361 

développement  relatif  des  lobes,  concordent  assez  bien  avec 
les  deux  espèces  fossiles.  Néanmoins,  dans  A.  nigrum,  les 
bords  ont  une  tendance  très  manifeste  à  rester  entiers, 
comme  du  reste  Hcer  (loc.  cit.)  le  fait  très  bien  remarquer  : 
«  der  Blattrand  ist  nur  wenig  gezahnt.  »  Au  contraire, 
dans  Y  Acer  opulifolium,  nous  retrouvons  des  dents  sem- 
blables à  celles  des  deux  fossiles.  Il  semble  donc  qu'en 
définitive  leurs  affinités  soient  surtout  dirigées  vers  A.  opu- 
lifolium. Si  Ton  admet  avec  Pax  que  Y  Acer  italum  Lauth 
soit  le  type  de  ce  groupe,  on  sera  porté  à  rapprocher 
Y  Acer  brachyphyllum  plutôt  de  la  ss.  esp.  variabile  Pax,  ren- 
fermant les  var.  opulifolium  Vill.  (pro  specie)  et  opalus  Ait 
(pro  specie),  tandis  que  Y  Acer  sezannense  se  reliera  à  la 
ss.  esp.  hyreanum  Fisch.  et  Mey.  (pro  specie)  et  à  lass.  esp. 
subhispanicum  Pourret  var.  granatense  Boiss. 

Quant  à  l'Érable  de  Meximieux,  si  semblable  à  Y  Acer 
opulifolium  que  de  Saportan'a  pu  lui  donner  un  autre  nom, 
il  est  loin  d'être  identique  à  l'Érable  de  Sczanne.  Il  est 
beaucoup  plus  rapproché  que  lui  de  Y  Acer  opulifolium  Vill. 
type.  Son  lobe  médian  est  peu  développé,  ses  nervures 
secondaires  sont  rectilignes  et  obliques  :  néanmoins  nous 
ne  devons  pas  négliger  ses  rapports  avec  la  var.  granatense 
et  par  là  même  avec  notre  empreinte 

L'Ac&r  recognitum  Sap.  du  miocène  de  Manosque,  qui 
pourrait  représenter  un  intermédiaire  entre  les  Acer  hyrea- 
num et  opulifolium  var.  granatense^  diffère  aussi  notable- 
ment de  notre  empreinte  par  le  peu  d'ampleur  de  son  lobe 
médian  et  le  développement  relativement  considérable  des 
lobes  basilaircs. 

Si  donc  l'on  considère  les  rapports  de  notre  empreinte 
avec  la  race  particulière  de  Y  Acer  opulifolium  dont  le  type 
est  YAcer  hyreanum  et  qui  elle-même  est  voisine  de  la 
var.  granatense,  il  semble  que  nous  ayons  affaire  à  l'ancêtre 
de  ce  groupe  aujourd'hui  très  limité.  Ce  serait  là  la  souche 
tertiaire  dont  de  Saporta  soupçonnait  l'existence  lorsqu'il 


360  MAURICE   LANGERON. 

ques  et  plutôt  un  peu  recourbées  en  dedans,  tandis  que 
dans  A.  brachyphyllum  elles  se  replient  un  peu  en  dehors. 
La  direction  des  nervures  secondaires  de  la  feuille  repré- 
sentée fig.  10,  concorderait  assez  bien  avec  celle  des  ner- 
vures de  notre  Érable,  mais  leur  nombre  et  leur  disposi- 
tion sont  bien  différents.  L'espèce  créée  par  Heer  est  sus- 
ceptible de  variations  assez  étendues.  Les  quatre  figures 
données  par  l'auteur  diffèrent  notablement  entre  elles  : 
dans  les  fig.  10,  11,  13,  le  lobe  médian  est  beaucoup  plus 
important  et  plus  développé  que  les  latéraux  ;  au  contraire 
dans  la  fig.  12  les  lobes  latéraux  sont  prépondérants. 

Le  rapprochement  établi  entre  Acer  sezannense  et  A.  bra- 
chyphyllum est  d'autant  plus  intéressant  que  la  parenté  de 
ce  dernier  est  loin  d'être  bien  connue.  Heer  Ta  rapporté 
au  groupe  de  Y  Acer  opulus  Ait,  et  Ta  placé  à  côté  des  Acer 
platyphyllum  A.  Braun  et  A.  opuloïdes  Heer,  ce  qui  corres- 
pond au  groupe  des  Palœocampestria  de  Pax  (loc.  cit.).  Au 
contraire,  Pax  rapporte  Y  Acer  brachyphyllum.  de  Heer  au 
groupe  des  Palœospicata,  ce  qui  l'éloigné  de  Y  Acer  opuloïdes 
Heer  et  des  espèces  vivantes  qui  dérivent  de  Y  Acer  opulifo- 
lium  Ait.  Schimper  rapprochait  A.  brachyphyllum  de  Y  Acer 
nigrum  Michx.  de  l'Amérique  du  Nord  :  il  se  trouverait 
ainsi  placé  dans  le  groupe  des  Palxosaccharina,  très  voisin 
lui-même  des  Platanoïdea.  A  quoi  attribuer  une  telle  diver- 
gence d'opinions?  Elle  ne  peut  provenir  que  du  nombre 
insuffisant  d'échantillons  vivants  examinés  par  les  auteurs. 
Après  une  étude  attentive  des  figures  données  par  Heer  et 
des  plantes  conservées  dans  l'Herbier  du  Muséum,  nous 
restons  convaincu  qu'il  est  assez  difficile  de  faire  dans  Acer 
brachyphyllum  et  dans  A.  sezannense  la,  part  de  ce  qui  revient 
à  YA.  opulifolium  et  à  1M.  nigrum^  mais  nous  ne  pouvons 
admettre  l'opinion  de  Pax  et  ranger  ces  deux  empreintes 
dans  le  groupe  des  Palœospicata.  Dans  les  échantillons 
à! Acer  opulifolium  aussi  bien  que  dans  ceux  d'A.  nigrum  on 
trouve  des  feuilles  qui  pour  le  contour,  les  dimensions,  le 


FLORE   FOSSILE   DE   SÉZANNE.  361 

développement  relatif  des  lobes,  concordent  assez  bien  avec 
les  deux  espèces  fossiles.  Néanmoins,  dans  A.  nigrum,  les 
bords  ont  une  tendance  très  manifeste  à  rester  entiers, 
comme  du  reste  Heer  (loc.  cit.)  le  fait  très  bien  remarquer  : 
«  der  Blattrand  ist  nur  wenig  gezahnt.  »  Au  contraire, 
dans  Y  Acer  opulifolium,  nous  retrouvons  des  dents  sem- 
blables à  celles  des  deux  fossiles.  Il  semble  donc  qu'en 
définitive  leurs  affinités  soient  surtout  dirigées  vers  A.  opu- 
lifolium.  Si  Ton  admet  avec  Pax  que  Y  Acer  italum  Lauth 
soit  le  type  de  ce  groupe,  on  sera  porté  à  rapprocher 
Y  Acer  brachyphyllum  plutôt  de  la  ss.  esp.  variabile  Pax,  ren- 
fermant les  var.  opulifolium  Vill.  (pro  specie)  et  opalus  Ait 
(pro  specie),  tandis  que  Y  Acer  sezannense  se  reliera  à  la 
ss.  esp.  hyrcanum  Fisch.  et  Mey.  (pro  specie)  et  à  lass.  esp. 
subhispanicum  Pourret  var.  granatense  Boiss. 

Quant  à  l'Érable  de  Meximieux,  si  semblable  à  Y  Acer 
opulifolium  que  de  Saportan'a  pu  lui  donner  un  autre  nom, 
il  est  loin  d'être  identique  à  l'Érable  de  Sézanne.  Il  est 
beaucoup  plus  rapproché  que  lui  de  Y  Acer  opulifolium  Vill. 
type.  Son  lobe  médian  est  peu  développé,  ses  nervures 
secondaires  sont  rectilignes  et  obliques  :  néanmoins  nous 
ne  devons  pas  négliger  ses  rapports  avec  la  var.  granatense 
et  par  là  même  avec  notre  empreinte 

L'Acei*  recognitum  Sap.  du  miocène  de  Manosque,  qui 
pourrait  représenter  un  intermédiaire  entre  les  Acer  hyrca- 
num et  opulifolium  var.  granatense,  diffère  aussi  notable- 
ment de  notre  empreinte  par  le  peu  d'ampleur  de  son  lobe 
médian  et  le  développement  relativement  considérable  des 
lobes  basilaires. 

Si  donc  Ton  considère  les  rapports  de  notre  empreinte 
avec  la  race  particulière  de  Y  Acer  opulifolium  dont  le  type 
est  Y  Acer  hyrcanum  et  qui  elle-même  est  voisine  de  la 
var.  granatense,  il  semble  que  nous  ayons  affaire  à  l'ancêtre 
de  ce  groupe  aujourd'hui  très  limité.  Ce  serait  là  la  souche 
tertiaire  dont  de  Saporta  soupçonnait  l'existence  lorsqu'il 


362  MAURICE   LANGERON. 

indiquait,  dans  la  flore  des  tufs  pliocènes  de  Meximieux, 
les  rapports  des  différents  groupes  que  Ton  peut  établir 
entre  les  nombreuses  variations  de  Y  Acer  opulifolium  (Études 
sur  les  tufs  de  Meximieux,  p.  159).  Il  est  en  tous  cas  curieux 
de  constater  que  cet  archétype  de  1^4.  opulifolium  ne  répond 
pas  exactement  à  la  forme  la  plus  répandue  du  type  actuel, 
mais  à  un  petit  groupe  actuellement  localisé  dans  le  bassin 
méditerranéen  en  Espagne  (var.  granaiense)  et  en  Asie 
Mineure  (A.  hyreanum). 

Acer  subtenuilobatum  n.  sp. 

PI.  IV,  fig.  4. 

A.  foliis  suborbiculatis,  basi  verisimiliter  rotundatis  vel  cordatis, 
trilobatis;  lobis  lateralibus  mediocris,  tenuiter  acuminatis,  cum 
dentibus  paucis,  angustis,  productis  et  argutis;  lobo  medio  majore, 
verisimiliter  sicut  latérales,  etiam  longius,  mucronato;  nervis  pri- 
mariis  rectis,  craspedodromis  ;  secundariis  in  medio  limbo  oppositis, 
in  lobis  lateralibus  unice  externis,  ad  extremum  dentium  pergen- 
tibus;  tertiariis  distantibus,  plerumque  geniculatis. 

Coll.  du  Muséum,  n°  2185. 

Cette  empreinte  a  beaucoup  de  rapport  avec  Y  Acer  tenui- 
lobatum  Sap.  du  Bois-d'Asson  près  Manosque.  Il  est  très 
probable  que,  comme  lui,  il  peut  être  rapproché  des  Acer 
du  groupe  des  Macrantha.  C'est  une  feuille  de  dimension 
moyenne,  trilobée.  Le  contour  est  ovale,  ou  mieux  subor- 
biculaire,  la  base  devait  être  simplement  arrondie,  peut- 
être  échancrée  en  cœur.  Il  en  part  trois  nervures  princi- 
pales :  les  deux  latérales  forment  un  angle  aigu  avec  la 
médiane  et  se  dirigent  vers  deux  lobes  très  peu  développés, 
terminés  par  une  fine  pointe  acuminée.  Ces  lobes  étaient 
armés  de  quelques  dents  profondément  découpées,  mais 
très  aiguës  et  très  ténues  (fig.  4  a).  Ce  qui  reste  du  lobe 
médian  permet  de  penser  qu'il  était  beaucoup  plus  déve- 
loppé que  les  latéraux  comme  du  reste  encore  de  nos  jours 
dans   certains  échantillons  d'Acer  pectinaium,   capillipesj 


FLORE   FOSSILE   DE   SÉZANNE.  363 

tegmentosum,  rufinerve,  pensylvanicum.  Il  était  probablement 
terminé  comme  les  autres  par  un  acumen  long  et  fin.  Les 
dents  sont  beaucoup  moins  nombreuses  que  dans  les  espèces 
actuelles  du  groupe  des  Macrantha,  mais  la  forme  de  la 
feuille  et  l'allure  de  la  nervation  permettent  d'établir  un 
rapprochement.  Il  est  juste  de  dire  que  Y  Acer  caudatum 
Heer  (Flora  fossilis  groenlandica,  t.  LXV,  f.  1  et  2)  que  Ton 
peut  rapportera  ce  groupe  est  aussi  presque  privé  de  dents. 

Acer  laetum  eocenicum  n.  sp. 

PI.  IV,  fig.  6,  et  pi.  III,  fig.  4  et  6. 

A.  foliis  quinquelobatis,  latis,  tenuibus,  integerrimis;  lobis  bre- 
vibus,  ovatis,  plus  minusve  subito  mucronatis,  lateralibus  potius 
angustis,  ceterum  toto  limbo  basi  sicut  truncato;  nervis  primariis 
radiantibus,  pagina  superiore  leviter  impressis;  secundariis  quasi 
deletis,  scilicet  paucis,  oblique  productis,  ad  marginem  inflexis. 

La  section  des  Platanoïdea  renferme  deux  types  bien 
distincts  mais  qui,  cependant,  passent  facilement  de  l'un  à 
l'autre.  Ce  sont,  d'une  part,  Y  Acer  lœlum  C.  Mey,  accom- 
pagné des  Acer  cultratum  Wall,  et  A.  pictum  Thb.  ;  d'autre 
part,  Y  Acer  platanoïdes  et  son  congénère  A.  saccharinum.  La 
feuille  fossile  qui  nous  occupe  a  des  affinités  bien  mani- 
festes avec  le  premier  groupe.  C'est  une  large  feuille,  dont 
le  squelette  est  formé  de  nervures  rayonnantes  aboutissant 
à  des  lobes  étalés,  peu  profonds,  étroits,  parfaitement 
entiers.  D'après  ce  qui  reste  de  la  feuille  représentée 
pi.  IV,  fig.  6,  les  lobes  médians  étaient  plus  développés 
que  les  basilaires.  Un  seul  de  ces  derniers  a  été  conservé, 
il  est  bien  plus  étroit  que  les  autres  et  pourvu  d'un  acumen 
plus  finement  atténué,  absolument  comme  dans  certains 
Acer  lœtum.  L'acumen  pouvait  naître  plus  ou  moins  brus- 
quement ainsi  que  le  montrera  la  comparaison  des  fig.  6 
de  la  pi.  IV  et  6  de  la  pi.  III.  Ces  feuilles  devaient  être 
minces,  glabres  et  lisses.  Les  nervures  sont  faiblement 
imprimées  sur  la  page  supérieure,  la  seule  que  nous  ayons 


364  MAURICE   LANGERON. 

pu  voir.  Cet  Acer  peut  être  comparé  aux  formes  quinqué- 
lobées  de  YAcerpictum  Thb.,  et  surtout  à  Y  Acer  laetum  C.  Mey. 
Il  est  peu  distinct  de  Y  Acer  lœlum  pliocenicum  Sap.  des  tufs 
de  Meximieux.  Les  lobes  latéraux  sont  plus  développés  que 
dans  ce  dernier  et  l'acumen  est  moins  long.  Ce  qui  reste 
des  nervures  secondaires  présente  une  direction  analogue 
avec  la  même  tendance  à  se  recourber  en  arc  le  long  des 
bords. 

Nous  rapporterons  à  la  même  espèce  une  empreinte  que 
nous  figurons  pi.  III,  fig.  4.  Elle  diffère  des  feuilles  pré- 
cédentes, autant  que  la  conservation  de  l'échantillon 
permet  d'en  juger,  par  un  développement  plus  considé- 
rable du  lobe  médian.  Cependant  l'aspect  mince  et  lisse  de 
cette  feuille  et  la  forme  du  sinus  qui  est  visible  à  la  partie 
inférieure  (fig.  4,  a)  l'en  rapproche  manifestement.  Cet 
échantillon  présente  même  un  détail  intéressant,  la  pré- 
sence tout  à  fait  à  la  base  d'un  petit  lobe  que  Ton  ne  retrouve 
que  dans  certaines  formes  asiatiques  de  Y  A.  lœtum  (fig.  4,  b), 
notamment  dans  de  jeunes  feuilles  lYA.  lœtum  provenant  du 
Caucase  (Brotherus,  Plantx  Caucasicœ,  n°  324).  On  pourrait 
donc  considérer  cette  empreinte  comme  représentant  une 
jeune  feuille  d'Acer  lœtum  cocenicum. 

AMPÉLIDACÉES 
Cissus  mucronata  n.  sp. 

PI.  II,  fig.  8. 

C.  foliis  potius  angustis,  obscure  subdeltoideis,  acumine  retuso 
porrectis,  sinuato-dentatis  :  nervis  secundariis  craspedodromis 
typice  ordinatis  :  per  limbum  paucis  (duo  aut  très  paria)  plane  oppo- 
sitis,  in  puncto  emersionis  turgescentibus  :  basi  autem  binis,  simi- 
liter  tumescentibus  et  oppositis,  ramis  externis  instructis  ;  nervis 
tertiariis  haud  conspicuis. 

Après  une  comparaison  attentive,  avec  les  échantillons 
types  de    Cissus  primxva   Sap.  et  avec  les  nombreuses 


FLORE    FOSSILE    DE   SÉZANNE.  365 

empreintes  que  Ton  peut  y  rattacher,  malgré  de  notables 
variations  dans  la  forme  et  surtout  dans  les  dimensions, 
nous  n'avons  pas  cru  pouvoir  rapporter  à  cette  espèce 
l'empreinte  que  nous  nommons  Cissus  mucronata.  Le  Cissus 
primœva  Sap.  est  certainement  Tune  des  attributions  les 
plus  sûres  de  la  Flore  de  Sézanne.  On  y  retrouve  les 
nervures  opposées,  épaisses  et  saillantes  des  Cissus  et  des 
Vilis.  Les  nervures  basilaires  sont  bien,  comme  dans  les 
espèces  vivantes,  ramifiées  extérieurement  avec  le  rameau 
inférieur  plus  développé,  correspondant  à  une  échancrure 
du  limbe.  Mais,  dans  tous  les  échantillons  que  Ton  peut 
rapporter  au  type  du  Cissus  primœva,  nous  retrouvons  une 
forme  élargie  subdeltoîde,  un  peu  échancrée  à  la  base, 
obtuse  au  sommet,  bien  éloignée  de  l'aspect  que  présente 
notre  Cissus.  Cette  feuille  est  plutôt  ovale  lancéolée,  étroite, 
un  peu  élargie  à  la  base,  assez  brusquement  terminée  par 
un  mucron  moyennement  allongé,  à  pointe  arrondie  :  les 
bords  sont  légèrement  sinués-dentés,  l'extrémité  d'une 
nervure  secondaire  aboutit  à  chacun  de  ces  lobules.  La 
nervation  est  la  même  que  celle  du  Cissus  primœva,  la 
nervure  principale  se  termine  brusquement  au  sommet  de 
Tapicule  :  les  nervures  secondaires  sont  exactement  oppo- 
sées et  parallèles,  elles  émettent  en  haut  un  rameau  anas- 
tomotique  destiné  à  la  nervure  supérieure  :  les  nervures 
tertiaires  sont  faiblement  imprimées,  celles  qui  apparaissent 
sont  perpendiculaires  aux  secondaires. 

Cette  feuille  paraît  être  un  organe  jeune  et  notre  pre- 
mière idée  avait  été  de  la  rapporter  à  ce  titre  au  Cissus  pn- 
mœva}  mais,  après  avoir  examiné  les  Cissus  de  l'Herbier  du 
Muséum ,  nous  nous  sommes  convaincu  que ,  chez  les 
Cissus,  les  feuilles,  même  très  peu  développées,  ont  les 
mêmes  proportions  que  les  organes  adultes,  et  que  jamais, 
chez  un  individu  à  feuilles  élargies,  à  sommet  obtus,  les 
jeunes  feuilles  ne  présentaient  une  forme  lancéolée  et  un 
apicule. 


356  MAURICE   LANGERON. 

Palœoplatanoïdea.  —  Acer  Ixtum  eocenicum. 
Palœomacrantha.  —  Acer  subtenuilobalum. 

Il  est  curieux  de  constater  dans  la  même  localité  une  aussi 
grande  variété  d'Érables.  La  coexistence  de  ces  formes 
montre  bien  que  dès  cette  époque  reculée  le  genre  Acer  était 
déjà  constitué  dans  ses  lignes  principales  et  que  les  ancêtres 
des  groupes  actuels  étaient  déjà  depuis  longtemps  apparus. 

Ajoutons  que  de  Saporta,  en  étudiant  la  flore  fossile  de 
Meximieux,  a  donné  une  foule  de  considérations  ingé- 
nieuses sur  la  filiation  des  Érables  de  divers  groupes, 
notamment  du  groupe  Opulifolium,  et  sur  la  distribution 
géographique  de  ces  Érables  aux  temps  géologiques  et  à 
l'époque  contemporaine.  Nous  avons  pu  mettre  à  profit  ces 
minutieuses  observations  pour  la  détermination  des  Érables 
de  Sézanne. 

Il  est  difficile  d'indiquer  celle  de  nos  espèces  à  laquelle 
appartient  le  fruit  que  nous  avons  décrit  précédemment.  Il 
pourrait  provenir  de  Y  Acer  sezannense,  comme  semblerait 
l'indiquer  son  analogie  avec  les  fruits  de  Y  Acer  opulifolium. 

Acer  Pseudoplatanus  eocenicum  n.  sp. 

PI.  IV,  fig.  1. 

A.  foliis  quinquelobatis,  solidis,  sinuato-lobulatis;  lobo  medio 
majore,  lobis  basilanbus  verosimiliter  minimis;  nervis  primariis 
leviter  arcuatis,  secundariis  sub  angulo  acuto  produis,  rectis 
vel  inflexis,  oblique  ascendentibus,  craspedodromis;  tertiariis  illis 
transversis,  brevibus,  mox  in  reticulo  solutis. 

La  ressemblance  étonnante  qui  existe  entre  cette 
empreinte  et  les  feuilles  de  certains  Acer  Pseudoplatanus  ne 
nous  permet  pas  de  lui  donner  un  autre  nom.  C'est  sur- 
tout avec  une  plante  provenant  de  l'Herbier  Schur  (n°  6220), 
et  recueillie  probablement  en  Hongrie  (Ilb.  du  Muséum), 
que  les  analogies  sont  frappantes.  On  retrouve  dans  les 
deux  plantes  les  mêmes  caractères  de  forme  et  de  nerva- 
tion, le  même  développement  prépondérant  du  lobe  médian 


FLORE   FOSSILE   DE   SÉZANNE.  357 

et  jusqu'à  la  légère  courbure  à  gauche  des  nervures 
médianes.  Du  reste  les  diverses  feuilles  du  même  échan- 
tillon diffèrent  plus  les  unes  des  autres  que  le  fossile  ne 
s'éloigne  de  Tune  d'elles.  Bien  qu'aucun  Érable  voisin  du 
Pseudoplatanus  n'ait  encore  été  signalé  à  un  niveau  aussi 
ancien,  il  est  difficile  d'admettre  pour  cette  empreinte  une 
autre  interprétation.  Quoiqu'il  ne  subsiste  guère  qu'une 
moitié  de  l'organe,  il  est  facile  do  voir  qu'il  possédait  cinq 
lobes  dont  le  médian  était  le  plus  développé.  Le  limbe 
devait  être  de  consistance  ferme,  lo  bord  était  orné  do 
lobules  médiocres  plutôt  que  de  véritables  dents  ;  les 
nervures  secondaires  naissent  à  angle  aigu  et  sont  légère- 
ment arquées  dans  leur  trajet  ascendant,  elles  aboutissent 
à  l'extrémité  des  dents  ou  des  lobules;  les  nervures  ter- 
tiaires naissent  à  angle  droit  et  se  résolvent  bientôt  en  un 
réseau  sinueux  dont  quelques  détails  ont  été  bien  con- 
servés. 

Acer  palaeopalmatum  n.  sp. 

PI.  II,  fig.  4  et  6. 

A.  foliis  quinque-vel  plus-lobatis  :   lobis    productis,   ovato-lan- 
ceolatis,  argute  dentatis  :   nervis  levitor  impressis,  camptodrorais. 

La  reproduction  de  cette  empreinte  a  présenté  des  diffi- 
cultés particulières  à  cause  de  la  forme  contournée  et 
repliée  de  l'échantillon.  Nous  avons  été  obligé  de  figurer  à 
part  un  des  lobes  où  les  dents  se  montrent  précisément 
avec  une  grande  netteté  (fig.  6);  les  lettres  a,  a  se  corres- 
pondent dans  les  fig.  4  et  6.  Il  est  infiniment  probable  que 
nous  sommes  en  présence  d'un  Érable  du  groupe  des  Palœo- 
palmata  :  une  feuille  présentant  au  moins  cinq  lobes  pro- 
fonds, ovales-acuminés,  finement  dentés  au  bord,  à  ner- 
vures peu  saillantes  à  la  page  supérieure,  n'éveille  guère 
d'autre  idée.  Notre  plante  est  extrêmement  voisine  de 
Y  Acer  polymorphum  (palmatum)  pliocenicum  Sap.  des  ciné- 


368  MAURICE   LANGERON. 

Tout  ceci  est  surtout  visible  à  la  page  inférieure,  la  page 
supérieure  n'offrant  généralement  qu'un  dessin  peu 
accentué. 

L'autre  type  de  Marlea,  bien  représenté  par  il.  begonix- 
folia  Roxb.,  possède  des  feuilles  trinerves,  à  contour  ovale 
lancéolé,  arrondies  ou  légèrement  échancrées  à  la  base, 
généralement  longuement  atténuées  au  sommet.  Sa  nerva- 
tion est  du  type  trinerve,  mais  très  variable  dans  ses  détails, 
craspédodrome  ou  camptodrome  suivant  que  la  feuille  est 
dentée  ou  non.  Le  caractère  constant  qu'elles  présentent 
est  une  dissymétrie  très  accentuée. 

L'empreinte  que  nous  figurons  pi.  V,  fig.  4,  est  extrême- 
ment voisine  de  Marlea  plat  a  ni  folia  Sieb.  et  Zucc.  :  nous  y 
retrouvons  les  trois  lobes  avec  leurs  rapports  de  position 
et  de  dimensions,  la  base  échancrée  et  dissymétrique,  bien 
visible  malgré  les  cassures  de  cette  partie.  Malheureuse- 
ment les  nervures  secondaires  n'ont  pas  été  conservées  : 
c'est  le  seul  indice  dont  l'absence  empêche  d'affirmer  l'iden- 
tité de  la  plante  vivante  et  de  la  plante  fossile.  Ajoutons  que 
l'aspect  de  l'empreinte  dénote  une  feuille  mince  et  lisse 
sur  la  face  supérieure  comme  dans  les  Marlea  actuels. 

Cornus  neglecta  n.  sp. 

Pi.  ni,  fig.  1. 

C.  foliis  ovato-lanceolatis,  integerrimis  ;  nervis  secundariis  paucis, 
longe  curvato-ascendentibus,  ad  apicem  fero  conjunctis. 

A  côté  du  Cornus  platyphylla  Sap.  et  du  C.  sesannensis 
Lang.  nous  placerons  cette  empreinte  mutilée  mais  cepen- 
dant suffisamment  déterminable.  Sa  nervation  très  carac- 
téristique la  rattache  étroitement  au  genre  Cornus,  mais  elle 
ditïèro  trop  des  doux  espèces  précédentes  pour  que  nous 
puissions  la  rapporter  à  l'une  d'elles. 

Elle  s'éloigne  du  Cornus  platyphylla  Sap.  par  sa  forme 
plus  allongée,  l'absence  des  nervures  tertiaires  qui  sont 
invisibles;  do  plus,  les  nervures  secondaires,  tout  en  ayant 


FLORE    FOSSILE   DE   SÉZÀNNE.  369 

la  même  direction,  sont  moins  nombreuses;  la  dernière 
paire  de  nervures  secondaires  naît  très  loin  du  sommet, 
grâce  à  sa  direction  ascendante  presque  verticale  et  paral- 
lèle à  la  nervure  médiane,  le  limbe  est  suffisamment  sou- 
tenu pour  qu'une  autre  paire  ne  puisse  prendre  naissance 
sans  troubler  l'équidistance  des  faisceaux. 

D'autre  part,  le  Cornus  sezannensis  Lang.  a  des  nervures 
très  nettement  alternes  et  séparées,  du  moins  au  sommet, 
par  de  longs  intervalles.  Ici  la  paire  supérieure  est  opposée, 
la  paire  suivante  devait  être  seulement  subopposée  ou 
peut-être  alterne,  autant  que  l'on  peut  en  juger  par  la 
direction  des  parties  conservées.  Leur  courbure  assez 
accentuée  se  rapprocherait  plus  de  l'allure  des  faisceaux 
du  Cornus  platyphylla.  Remarquons  en  passant  que  l'une 
des  figures  de  cette  espèce  données  par  de  Saporta  pour- 
rait se  rapporter  plutôt  à  un  Rhamnus  tel  que  notre  Rh.  pris- 
tina  plutôt  qu'à  un  Cornus  (pi.  XI,  fig.  4).  De  Saporta 
lui-même  fait  remarquer  quelle  différence  de  taille  existe 
entre  les  deux  empreintes,  mais  il  n'a  pas  fait  suffisam- 
ment ressortir  les  différences  qui  existent  dans  le  nombre 
et  la  direction  des  nervures. 

Nous  rassemblons  dans  le  tableau  suivant  les  trente-huit 
espèces  que  nous  avons  déjà  décrites.  On  trouvera  indiqué 
pour  chaque  famille  le  nombre  d'espèces  du  même  groupe 
précédemment  étudiées  par  de  Saporta  dans  le  Prodrome 
de  la  flore  fossile  de  Sézanne. 


TOME  XIII.  24 


370       MAURICE  LANGEBON.  FLORE  FOSSILE  DE 


NNE. 


FAMILLES 


Fougère* 


»  #  •  • 


MOJfOCOTTLÉIXKfBfl 

Smilacéet 


dicotyledones 
Chowpétalm 


Cupulacées 


ESPÈCES  NOUVELLES 


AdUntophyllum  reiieulaium  . . 


Prototamus  paucinerviê. 


ESPECES 

Décrite  far  i*  Siprla 


13  sp. 


! 


Quercitea  integerrimua 

Q.  attenuattia ^        ... 

Q.  aezannenaia \  Dryophyllum,  4  gp. 

Q.  veaicaiua , 


-- .    _  \  Protoflcuê  dentatus 

Moracéet {  p  crispan9 


Protoflcus,  4  sp. 
Artocarpoldes,  2  gp. 


Laurus,  6  sp. 

Lauraoéei {  Tetranttieroldea  polilû J  Sassafras,  1  sp. 

Daphnogene,  3  gp. 


Ternstrœmiacéet 


Sauraja  roboranê I  S  aura j  a  robusta. 


Grewiopsiê  producta 

Luheopsii  diaaymetra, 

L.  veriaimilia I  Sterculia,  2  sp. 

Columninées (  Echinocarpeopaia  f&êtigata  . . . .  L  Grewiopsis,  6  sp. 

Elœocarpeopaia  décora Ç  Pterospermites,  1  sp. 

E.  mutila 

Astrapœitea  pumicoaua 


Bixaoéet 


Anaoardiacéei . . . 


Scolopioîdea  palœocenica 


Spondimcarpon  dubium. 


Rhamnaoéet. 


Rhamnus  progenitrix , 

R.  Pc2*™eœiolia  .' .' .'  .' .'  !  (  Rhamnus  argutidens. 

R.  ceanothifolia (  ZlzyPhus  R«Mourtu. 

Zfzyplittê  aubaf finis , 


Ampélidaoéei.... 


Ciaéusfnucronata. 
C.  intégra 


Buphorbiaoées... 


Euphorbiophloioa  aezannensia. 
Alchorneites  mallotoldes. 


Aoéraoées 


Acer  Paeudoplatanua  eocenicum 
A .  palœopalmatum . 
A.  aezannense. 
A.  aubtenuilobatum, 
A.  lœtum  eocenicum. 
A.  antiqutim. 


Cornaoées 


Cornue  aezannenaia, 

C.  neglecta 
Marlea  primœva . . . 


Cissus,  2  sp. 
Vitis  sezannensis. 


Araliaoées \  Oreopanax  aezannense 


Cornus  platyphylla. 


Aralia,  6  sp. 
Hedera  prisca. 


^_^£^f??;/L-  £^j^>y 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


SUR 


ALPHONSE  MILNE-EDWARDS 

DIRECTEUR  DU  MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 


LUE  A   LA  SÉANCE  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'iIISTOlRE  NATURELLE  D'AUTUN 

DU    30   SEPTEMBRE    19U0 


PAJt 


M.  Bernard  RENAULT 

PRÉSIDENT 


«O» 


En  ouvrant  la  séance  du  22  avril  1900,  j'ai  annoncé  la 
mort  de  notre  Président  d'honneur  M.  A.  Milne-Edwards 
arrivée  la  veille,  et  la  séance  a  été  levée  immédiatement  en 
signe  de  deuil. 

C'est  à  la  suite  d'une  maladie  de  foie  dont  il  souffrait 
depuis  plusieurs  années,  et  dont  il  a  supporté  courageuse- 
mont  les  tortures,  qu'il  a  succombé  ;  dans  les  derniers  mois 
de  sa  vie,  une  affection  stomacale  était  venue  augmenter 
ses  souffrances,  et  tout  espoir  fut  perdu  quand  une  attaque 
d'influenza  détermina  une  congestion  pulmonaire  et  une 
longue  agonie. 

Il  est  mort  entre  les  bras  de  sa  sœur  Mrao  Dumas,  qui, 
avec  une  grande  sollicitude  et  un  dévouement  sans  borne, 
tenait  sa  maison  depuis  la  mort  de  sa  femme  en  1887. 
Mme  Milne-Edwards  était  fille  de  Desnoyers,  ancien  biblio- 
thécaire du  Muséum  ;  d'une  intelligence  remarquable,  elle 
aidait   souvent  son  mari   dans  ses  travaux   scientifiques, 


372  B.    RENAULT. 

et  partageait  avec  lui  la  joie  si  pure  que  les  inventeurs 
éprouvent  en  voyant  éclore  et  grandir  leurs  découvertes. 

L'affection  de  Milne-Edwards  pour  son  épouse  était 
immense.  Lorsqu'il  la  perdit,  il  ressentit  une  douleur 
intense  dont  jamais  il  ne  se  guérit,  et  qui  jeta  sur  sa  vie  un 
voile  de  tristesse  que  rien  ne  fit  disparaître.  Chacun  de 
ceux  qui  avaient  l'occasion  de  le  visiter,  se  rappelle  avoir  vu 
en  permanence,  sur  sa  table  de  travail,  le  portrait  de  celle 
qu'il  aimait;  il  puisait  dans  une  contemplation  muette  le 
courage  et  la  force  nécessaires  à  l'accomplissement  d'un 
labeur  excessif  et  continuel.  «  Dans  la  nuit  de  sa  mort 
il  fit  apporter  le  portrait  de  sa  femme,  le  tint  sur  son  lit 
face  à  face  avec  lui,  demanda  une  lumière  pour  le  mieux 
voir  et  quand  il  l'eut  regardé  il  dit  :  Je  meurs  sans  regrets^ 
je  vais  retrouver  celle  que  faime{.  »  C'est  le  21  avril,  à  deux 
heures  du  matin,  qu'il  s'éteignit  ayant  conservé  jusqu'à 
l'heure  fatale  une  lucidité  d'esprit  extraordinaire  et  une 
admirable  résignation. 

De  nombreux  discours  ont  été  prononcés  sur  sa  tombe, 
le  25  avril,  par  des  orateurs  les  plus  haut  placés  et  les  plus 
autorisés,  retraçant  en  paroles  éloquentes  et  attristées  les 
qualités  morales,  intellectuelles  et  scientifiques  de  l'illustre 
défunt;  il  faudrait  les  citer  tous  pour  faire  sentir  retendue 
de  la  perte  que  la  science  française,  le  Muséum  et  ses  amis 
ont  éprouvée.  Nous  ne  croyons  mieux  faire  que  d'en  citer 
quelques  extraits. 

Le  ministre  de  l'Instruction  publique,  M.  Leygues, 
rappelle  que  «  Milne-Edwards,  souffrant  depuis  long- 
temps, avait  cru  pouvoir  reprendre,  malgré  le  mal  qui  le 
minait,  sa  place  au  bureau  de  l'Académie,  une  rechute 
plus  grave  l'a  emporté  brusquement,  ses  forces  physiques 
ont  trahi  son  énergie  morale  ;  il  est  tombé  victime  de  son 
devoir.  Né  à  Paris  le  13  octobre  1835,  la  carrière  de  Milne- 

1.  Discours  de  M.  Gsudry  au  nom  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.  MILNE-EDWARDS.  373 

Edwards  fut  rapide  et  brillante,  il  ignora  l'âpre  lutte,  les 
déceptions,  la  longue  attente,  qui  marquent  souvent  les 
débuts  de  tant  de  maitres. 

»  Dès  l'âge  de  six  ans,  il  vécut  au  Muséum,  grandissant  au 
milieu  des  collections,  à  l'ombre  des  arbres  vénérables  du 
vieux  «  jardin  du  roy  »  et  sous  l'œil  vigilant  de  son  père, 
Henri  Milne-Edwards  dont  la  réputation  scientifique  était 
européenne.  Plus  tard,  chercheur  infatigable,  esprit  curieux, 
actif,  clair,  il  porta  sans  défaillance  le  poids  de  ce  nom 
illustre,  et  ajouta  de  nouveaux  rayons  à  ceux  dont  son  père 
l'avait  déjà  illuminé. 

»  Pendant  près  d'un  demi-siècle  Milne-Edwards  n'a  cessé 
de  produire  ;  en  quelques  mots,  le  Ministre  rappelle  les 
recherches  anatomiques,  zoologiques,  paléontologiques  sur 
les  Chevrotins,  les  Crustacés  fossiles,  les  Oiseaux  fossiles 
de  France  et  de  Madagascar,  entreprises  par  A.  Milne- 
Edwards,  mais  son  œuvre  la  plus  considérable,  dit-il,  est 
celle  qu'il  accomplit  à  bord  du  Travailleur  et  du  Talisman  ; 
il  avait  reçu  la  direction  active  de  ces  explorations  qui, 
commencées  dans  le  golfe  de  Gascogne,  furent  poursuivies 
sur  les  côtes  de  l'Espagne,  du  Maroc,  et  dans  la  mer  des 
Sargasses.  Ces  explorations  furent  couronnées  d'un  succès 
éclatant.  Milne-Edwards  prouva  que  la  vie  était  possible 
dans  les  solitudes  de  la  mer,  à  une  profondeur  de  plusieurs 
kilomètres,  sur  des  plages  privées  de  végétation  et  vouées 
éternellement,  croyait-on,  à  l'immobilité  et  à  la  mort. 

»  A  la  tête  du  Muséum  Milne-Edwards  déploya  une 
activité  infatigable,  il  réorganisa  et  compléta  les  collections 
zoologiques  ;  il  demanda  et  obtint  la  construction  et  l'ins- 
tallation des  galeries  de  Paléontologie,  d'Anatomie  com- 
parée et  d'Anthropologie;  c'était  un  homme  d'action;  sous 
une  enveloppe  délicate  il  cachait  une  volonté  très  ferme  et 
une  âme  passionnée. 

»  Milne-Edwards  se  donnait  tout  entier  aux  œuvres  qu'il 
entreprenait  et  à  ceux  qu'il  aimait  ;  le  Ministre  insiste  sur 


374  B.    RENAULT. 

ce  trait  de  désintéressement  touchant  :  en  1898,  il  demanda 
au  Ministre  d'échanger  la  croix  de  Commandeur  qui  lui 
était  destinée  contre  une  croix  d'officier  et  deux  croix  de 
chevalier  qui  furent  données  à  ses  collaborateurs. 

»  Son  observation  était  très  pénétrante  et  il  y  avait  en 
lui  un  fond  de  sensibilité  insoupçonné  ;  il  racontait  de  nom- 
breux et  admirables  traits  de  courage,  de  sacrifice,  et  de 
charité  qu'il  avait  surpris  chez  les  bêtes;  il  avait  connu  un 
chevreau  intrépide  comme  Bayard  et  un  frêle  oiseau  des 
îles,  doux  et  bon  comme  saint  Vincent  de  Paul,  etc.  ;  il 
citait  des  faits  et  des  dates  :  sa  parole  s'échauffait,  son  œil 
mobile  et  brillant  s'attendrissait. 

»  Professeur  administrateur,  membre  de  l'Institut,  mem- 
bre ou  président  de  nos  grandes  associations  scientifiques, 
Milne-Edwards  apporta  partout  la  même  exactitude,  le 
même  zèle  chaleureux  et  attentif  :  il  fut  l'un  des  meilleurs 
parmi  les  bons  serviteurs  de  la  science  et  de  l'État.  » 

Au  nom  du  Bureau  de  l'Académie  des  sciences  M.  Maurice 
Lévy,  président,  prononce  un  discours  dont  nous  extrayons 
les  lignes  suivantes  :  «  L'Académie  des  sciences  a  marqué 
le  deuil  de  son  vice  -  président  en  levant  sa  dernière 
séance  publique.  A  quelque  titre  que  nous  portions  la 
parole,  n'aurons-nous  pas  tous  à  exprimer  une  même 
pensée,  pensée  d'admirative  tristesse  et  de  pieuse  commé- 
moration ? 

»  A.  Milne-Edwards,  qui  a  eu  le  rare  privilège  d'ajouter 
un  nouvel  éclat  à  un  nom  déjà  illustre,  était  de  l'école  de 
Cuvier,  il  aimait  à  appuyer  la  science  sur  l'observation  plus 
que  sur  la  pure  raison.  Il  ne  passait  pas  volontiers  de  la 
théorie  scientifique  à  la  doctrine.  La  théorie  est  imperson- 
nelle en  ce  sens  qu'une  fois  faite  et  bien  assise  chacun 
peut  la  vérifier  et  la  faire  sienne.  La  doctrine  reste  toujours 
impersonnelle  et  invérifiable.  Il  a  étudié  la  vie  à  des  milliers 
de  mètres  de  profondeur  sous  les  mers  ;  mais  l'âme  humaine 
il  la  jugeait  placée  à  des  profondeurs  insondables,  il  n'a 


NOTICE   BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  375 

pas  passé  la  frontière  mal  jalonnée,  selon  lui,  qui  va  des 
sciences  naturelles  à  la  psychologie. 

»  Le  directeur  du  Muséum  était  admiré  de  tous  ses  col- 
lègues pour  son  initiative,  sa  vigilance,  son  activité  extraor- 
dinaire qui  lui  a  peut-être  coûté  la  vie.  De  ces  précieuses 
qualités  nous  n'avons  eu  que  des  témoignages  trop  courts 
au  Comité  administratif  de  l'Académie  des  sciences.  L'ayant 
à  mes  côtés  comme  vice-président,  ce  qui  était  à  la  fois  un 
grand  honneur  et  un  charme  véritable,  car  il  était  de  rela- 
tions parfaites,  je  devais  espérer  que  l'un  des  plus  doux 
parmi  les  honneurs  attachés  à  ma  présidence,  serait  d'avoir 
à  la  lui  transmettre  à  la  fin  de  l'année,  elle  ne  pouvait  pas 
aller  à  des  mains  plus  dignes,  à  un  nom  plus  honoré,  à 
une  science  plus  éprouvée.  Au  lieu  de  la  présidence  ce 
sont  les  éternels  adieux  de  l'Académie  et  de  son  Bureau  que 
j'ai  la  cruelle  mission  de  lui  offrir.  » 

Le  discours  de  M.  Filhol,  membre  de  l'Académie  des 
sciences,  prononcé  au  nom  de  l'Académie,  fait  ressortir 
principalement  la  valeur  des  travaux  scientifiques  de  Milne- 
Edwards  :  «  La  zoologie  française  perd  dans  ce  savant  un 
des  adeptes  les  plus  dévoués,  un  de  ceux  qui  l'ont  le  plus 
honorée  et  le  mieux  servie. 

»  L'exemple  incomparable  du  travail  incessant  et  de  son 
immense  puissance  lui  fut  donné  par  son  père,  M.  Milne- 
Edwards,  qui  lui  transmit  ses  hautes  qualités  d'observa- 
teur, son  jugement  sûr  et  cet  esprit  de  dévouement  absolu 
à  la  science  qui  lui  a  valu  le  respect,  l'admiration  de  tous 
ceux  qui  l'ont  connu.  On  peut  dire  que  le  but  qu'il  pour- 
suivit toute  sa  vie  fut  d'accroître  nos  connaissances  scien- 
tifiques non  seulement  en  publiant  ses  nombreux  et  si  impor- 
tants travaux  personnels,  mais  encore  en  facilitant  les 
recherches  des  zoologistes  à  quelque  école  qu'ils  aient 
appartenu,  de  quelque  nationalité  dont  ils  fussent  issus. 

»  Il  entra  de  bonne  heure  dans  la  voie  des  recherches 
scientifiques,  car  il  avait  à  peine  vingt  ans  lorsqu'il  publia 


376  B.    RENAULT. 

son  premier  travail  consacré  à  l'étude  des  globules  du  sang  de 
certains  reptiles  (Axolotl).  A  partir  de  ce  moment  ses  œuvres 
allaient  se  porter  sur  les  sujets  les  plus  divers  de  nos  sciences 
zoologiques.  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  êtres  qui  peu- 
plent nos  continents,  les  rivages  ou  les  fonds  de  nos  mers 
qui  seront  le  sujet  de  ses  savantes  investigations;  il  va 
étendre  ses  recherches  aux  populations  disparues,  ayant 
vécu  à  la  surface  de  la  terre  durant  les  temps  géologiques. 
Il  nous  apprendra  quels  furent  leurs  caractères  distinctifs, 
leurs  distributions  géographiques,  les  liens  qui  les  ratta- 
chaient entre  elles,  ainsi  que  ceux  qui  les  relient  à  la  faune 
moderne.  Ces  travaux  embrassant  des  sujets  d'une  grande 
diversité  témoignent  d'une  érudition  vraiment  surprenante  ; 
ne  pouvant  les  embrasser  tous,  je  signalerai  seulement 
ceux  qui  ont  fixé  plus  particulièrement  l'attention  du  monde 
scientifique. 

»  En  1868,  sur  la  proposition  d'une  commission  spéciale 
dont  Élie  de  Beaumont  était  le  rapporteur,  l'Académie 
choisit  pour  sujet  du  prix  Bordin  l'étude  comparative  des 
faunes  ou  des  flores  des  diverses  parties  du  globe  situées  au 
sud  du  25°  parallèle  de  latitude  australe.  Milne-Edwards 
aborda  l'une  des  séries  de  recherches  et  fit  parvenir  à 
l'Institut  un  ouvrage  manuscrit  sur  les  faunes  des  régions 
australes,  accompagné  d'un  atlas  de  175  cartes  représen- 
tant graphiquement  la  distribution  des  principales  espèces 
animales,  tant  marines  que  terrestres,  dont  ces  faunes  se 
composaient.  Ces  études  confirmées  depuis  par  la  Belgica 
ont  montré  que  le  continent  antarctique,  fort  pauvre  en 
oiseaux  terrestres  qui  tous  pouvaient  avoir  une  provenance 
étrangère,  était  au  contraire  nettement  caractérisé  par  ses 
oiseaux  nageurs.  D'autre  part,  aucune  des  influences  biolo- 
giques connues  ne  permet  d'expliquer  la  diversité  des 
formes  animales  peuplant  les  terres  antarctiques.  Cette 
faune  pélagique  spéciale  parait  s'être  étendue  progressive- 
ment du  continent  polaire  situé  sous  le  méridien  de  l'Aus- 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  377 

tralie  vers  le  Nord  et  vers  l'Est,  de  manière  à  gagner  en 
se  divisant  en  deux  branches,  d'une  part,  les  parages  de 
la  Nouvelle-Zélande,  d'autre  part,  les  îles  américaines 
antarctiques,  puis  les  îles  de  la  région  Kerguélienne,  les 
côtes  du  sud  de  l'Australie.  Il  ressort  aussi  de  ce  travail, 
conclusion  plus  importante  encore,  que  la  faune  avienne 
des  terres  antarctiques  est  différente  en  partie  (oiseaux 
nageurs)  de  celle  des  terres  arctiques,  et  que  la  théorie  de 
la  condensation  des  mêmes  formes  animales  aux  deux  pôles 
est  fausse.  L'Académie  couronna  cet  œuvre  en  lui  décer- 
nant, le  24  décembre  1873,  le  prix  Bordin,  et  en  décidant 
son  impression  dans  le  recueil  des  savants  étrangers  à 
l'Académie. 

»  Depuis  Desmarest,  dont  l'ouvrage  date  de  1822,  les 
naturalistes  avaient  abandonné  l'étude  des  Crustacés  fos- 
siles, les  matériaux  en  étaient  rares  et  dispersés.  A.  Milne- 
Edwards  visita  les  principales  collections  de  l'Europe,  il 
recueillit  d'autre  part  de  très  nombreux  échantillons  dans 
divers  gisements  fossilifères.  Il  commença  alors  la  publica- 
tion de  plus  de  cinquante  notes  ou  mémoires  où  il 
décrivit  et  fit  figurer  un  nombre  considérable  d'espèces 
ou  de  genres  nouveaux.  Il  montra  que  les  Crustacés  fos- 
siles pouvaient  fournir  des  renseignements  du  plus  haut 
intérêt  pour  la  détermination  de  l'âge  des  terrains;  il 
devint  ainsi  le  fondateur  delà  Paléontologie  carcinologique. 

»  Si  l'étude  des  Crustacés  anciens  avait  été  négligée, 
celle  des  Oiseaux  fossiles  avait  été  également  laissée  de 
côté.  En  1859,  E.  Blanchard  avait  établi  que  les  caractères 
ostéologiques  du  squelette  des  Oiseaux  étaient  susceptibles 
de  fournir  des  éléments  de  détermination  aussi  rigoureux 
que  ceux  des  autres  animaux  vertébrés.  A.  Milne-Edwards 
commença  une  longue  série  de  recherches  ayant  pour  objet 
l'établissement  des  caractères  ostéologiques  de  chacun  des 
groupes  naturels  de  cette  Classe,  puis  la  réunion  des  débris 
que  pouvaient  avoir  laissé   dans   les  divers  terrains,  les 


378  B.    RENAULT. 

Oiseaux  des  périodes  géologiques  ;  il  appliqua  à  la  détermi- 
nation rigoureuse  de  ces  restes,  les  données  fournies  par 
l'étude  des  espèces  vivantes,  comme  il  l'avait  fait  pour  les 
Crustacés.  A.  Milne-Edwards  visita,  tant  en  France  qu'à 
l'étranger,  les  collections  publiques  ou  privées.  Les  terrains 
tertiaires  du  Bourbonnais  de  la  Limagne,  du  midi  de  la 
France  (Sansan  entre  autres)  ;  les  alluvions  des  cavernes  lui 
fournirent  plus  de  10,000  échantillons. 

»  Ce  travail  considérable  formant  4  volumes  in-4°  publiés 
en  40  livraisons  et  accompagnés  de  200  planches,  ne  s'est 
terminé  qu'en  1872,  mais  en  1866  le  travail  était  considé- 
rablement avancé,  38  livraisons  avaient  déjà  paru,  aussi 
l'Académie  jugea-t-elle  devoir  accorder  à  A.  Milne-Edwards 
le  grand  prix  des  sciences  physiques  et  naturelles  pour 
l'année  1866. 

»  A  partir  de  ce  moment  la  Paléontologie  ornithologique 
était  assise  sur  des  bases  inébranlables. 

»  L'étude  des  Mammifères  comme  celle  des  Oiseaux  atti- 
rèrent longtemps  ses  e (Torts,  et  nous  lui  devons  la  descrip- 
tion de  plus  de  100  espèces  des  premiers  de  ces  animaux; 
il  se  préoccupa  tout  particulièrement  de  leur  constitution 
anatomique.  Je  ne  saurais  passer  sous  silence  ses  beaux 
mémoires  sur  l'appareil  respiratoire  des  Oiseaux  et  la 
magnifique  publication  qu'il  fit  paraitre  en  collaboration 
avec  M.  Grandidier,  sur  les  Lémuriens  rapportés  de  Mada- 
gascar par  notre  savant  confrère.  Les  monographies  des 
Indris,  des  Propithèques  des  Avahis  accompagnées  de  cen- 
taines de  planches  d'anatomie  constituent  un  monument 
scientifique  pouvant  rivaliser  avec  les  plus  belles  publica- 
tions parues  à  l'étranger. 

»  Jusqu'en  1860,  faute  de  documents  précis,  on  ignorait 
si  le  fond  des  mers  était  habité  par  des  espèces  animales. 
Une  heureuse  circonstance  permit  à  Milne-Edwards  de 
résoudre  définitivement  cette  question. 

A  cette  époque  une  rupture  vint  à  se  produire  dans  le 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  379 

câble  télégraphique  immergé  entre  Bône  et  Cagliari, 
depuis  plus  de  deux  ans  ;  le  câble  était  cassé  en  un  point  où 
la  profondeur  atteignait  plus  de  2,000  mètres.  Un  fragment 
fut  remis  à  Milne-Edwards,  et  celui-ci  constata  que  plu- 
sieurs Polypiers  et  diverses  Coquilles  se  trouvaient  fixés 
naturellement  à  sa  surface.  Les  animaux  étaient  vivants  à 
leur  sortie  de  l'eau,  car  les  parties  molles  étaient  conser- 
vées. La  présence  d'êtres  vivants  à  une  grande  profondeur 
était  donc  démontrée. 

»  C'est  à  partir  de  ce  moment  que  furent  résolues  les 
grandes  campagnes  scientifiques  d'exploration  sous-marines 
auxquelles  nous  devons  la  connaissance  de  la  faune  des 
abîmes  si  riche,  si  curieuse,  qui  semblait  devoir  échapper 
éternellement  aux  investigations  humaines.  Sur  la  demande 
pressante  de  H.  et  de  A.  Milne-Edwards,  le  gouvernement 
français  organisa  les  expéditions  du  Travailleur  et  du 
Talisman.  Les  résultats  de  ces  recherches  furent  mis  sous 
les  yeux  du  public  savant  qui  en  fut  émerveillé.  La  Société 
de  géographie  accorda  à  A.  Milne-Edwards,  qui  avec  une 
énergie,  un  savoir  incomparables,  avait  dirigé  ces  difficiles 
recherches,  sa  grande  médaille  d'or,  1884. 

»  Quand  on  jette  un  regard  d'ensemble  sur  l'œuvre 
accomplie  par  A.  Milne-Edwards,  on  est  profondément 
frappé  de  l'étendue  du  travail  accompli,  ainsi  que  de  l'im- 
portance qu'eurent  ses  découvertes  sur  la  marche  des 
sciences  zoologiques. 

»  Le  travail  fut  la  joie  de  notre  regretté  confrère  durant 
le  printemps  et  l'été  de  sa  vie,  et  lorsque,  l'automne  venu, 
un  malheur  épouvantable  lui  ravit  la  compagne  qu'il  ché- 
rissait, il  devint  sa  suprême  consolation.  Ceux  qui  l'ont 
approché  n'oublieront  jamais  son  accueil  bienveillant,  sa 
courtoisie  parfaite,  sa  loyauté,  la  sûreté  de  sa  parole,  sa 
bonté,  l'esprit  du  devoir  qu'il  poussait,  hélas,  trop  loin,  car 
nous  lui  devons  de  le  pleurer  aujourd'hui.  » 

M.  A.  Oaudry,  membre  de  l'Institut,  au  nom  du  Muséum 


380  B.    RENAULT. 

d'histoire  naturelle,  a  énuméré  en  termes  pleins  demotion 
les  services  rendus  à  l'établissement  par  son  bien-aimé 
Directeur. 

«  Paléontologiste  et  géographe  en  même  temps  que 
zoologiste,  il  a  embrassé  l'étude  des  êtres  à  travers  les  âges 
et  à  travers  les  différentes  contrées  de  la  terre;  il  n'a  pas 
seulement  observé  les  créatures  que  le  soleil  éclaire,  mais  à 
bord  du  Talisman  et  du  Travailleur  il  a  dirigé  quatre  expé- 
ditions sous-marines  où,  avec  la  collaboration  de  Natura- 
listes, appartenant  la  plupart  au  Muséum,  il  a  découvert 
beaucoup  d'êtres  jusqu'alors  cachés  dans  les  profondeurs  des 
océans. 

»  A.  Milne-Edwards  a  été  jusqu'à  sa  mort  un  maître 
admirable,  incontesté,  pour  l'étude  des  Oiseaux  vivants  et 
fossiles,  des  Mammifères  et  des  Crustacés. 

»  Quand  même  nous  le  considérerions  uniquement  au 
point  de  vue  de  ses  publications,  nous  pourrions  dire  qu'il  est 
une  des  plus  grandes  gloires  du  Muséum.  Mais  ce  n'est  pas  le 
principal  titre  qu'il  ait  à  notre  reconnaissance.  Nommé  pré- 
parateur de  son  père  à  la  Sorbonne  en  1856,  il  en  est 
devenu  aide-naturaliste  au  Muséum,  en  1862.  Il  a  été  appelé 
à  la  chaire  de  Mammologie  et  d'Ornithologie  en  1876.  Cette 
chaire,  extrêmement  importante,  impose  des  devoirs  mul- 
tiples, car  elle  comprend  les  services  de  la  Ménagerie,  des 
Collections,  le  montage  d'animaux,  etc.  En  1891,  nous 
l'avons  choisi  pour  être  Directeur  du  Muséum. 

»  Il  a  été  un  Directeur  incomparable;  il  y  a  dans  le 
Jardin  des  Plantes  tant  de  savants  éminents  et  de  dévoués 
auxiliaires  dont  il  faut  faciliter  la  tâche,  tant  de  richesses 
scientifiques  qui  s'accroissent  chaque  jour,  tant  de  bâtiments 
à  entretenir,  tant  d'animaux  à  nourrir,  tant  de  détails  de  toute 
nature,  qu'à  moins  d'avoir  été  mêlé  à  son  administration,  il 
est  difficile  de  se  rendre  compte  du  labeur  qu'elle  exige. 

»  A.  Milne-Edwards  connaissait  tout,  était  présent  partout  ; 
il  avait  su  communiquer  un  entrain  universel  ;  notre  vieux 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  381 

Muséum  rajeunissait,  et  le  Directeur,  à  force  de  donner 
l'exemple  du  travail,  s'était  fait  une  auréole  d'affectueux 
respect. 

»  Au  moment  où  sa  maladie  s'est  déclarée  plus  intense 
il  commençait  à  établir  des  liens  plus  intimes  entre  le 
Muséum  et  les  institutions  coloniales  que  l'on  prépare  en 
ce  moment. 

»  Il  est  extraordinaire  qu'un  homme  auquel  on  doit  tant 
de  beaux  travaux  de  science  pure  et  dont  tout  le  temps 
semblait  devoir  être  pris  par  l'administration  du  Muséum 
ait  pu  continuer  à  faire  un  cours  à  l'École  de  pharmacie,  ait 
participé  aux  recherches  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture, et  soit  devenu  un  des  membres  les  plus  actifs  de  la 
Société  de  géographie.  Il  avait  une  intelligence  exception- 
nelle, le  travail  pour  lui  n'était  qu'un  jeu;  il  a  eu  tous  les 
honneurs  avec  la  conscience  de  les  avoir  mérités.  Docteur 
en  médecine,  docteur  es  sciences,  professeur  à  l'École  de 
pharmacie,  puis  professeur  au  Muséum,  membre  de  l'Ins- 
titut; cette  année  vice-président,  et  par  conséquent  appelé 
à  devenir  président  en  1901,  membre  de  l'Académie  de 
médecine,  membre  de  la  Société  nationale  centrale  d'agri- 
culture, président  de  la  Société  de  géographie,  comman- 
deur de  la  Légion  d'honneur,  décoré  de  plusieurs  ordres 
étrangers,  enfin  directeur  d'un  vaste  établissement  où  tous 
ses  efforts  étaient  couronnés  de  succès. 

t  Cher  ami,  vous  êtes  heureux  maintenant  d'avoir 
retrouvé  celle  que  vous  aimez;  vous  jouissez  d'avoir  fait  un 
peu  de  bien  sur  notre  pauvre  terre  en  facilitant  le  plaisir 
que  donne  à  quelques  hommes  d'étude  les  merveilles  de  la 
nature.  Mais  nous,  dans  ces  jours  de  printemps  où  le 
Jardin  des  Plantes  devient  joli  et  joyeux,  nous  sommes 
tristes  en  suivant  les  allées  où  nous  ne  vous  verrons  plus. 
Je  ne  crois  pas  que  jamais  directeur  du  Muséum  ait  montré, 
plus  de  dévouement  que  vous,  et  ait  causé  par  sa  mort  de 
plus  universels  regrets.  » 


382  D.    RENAULT. 

Le  Muséum,  comme  chacun  sait,  est  un  établissement 
qui,  par  sa  raison  d'être,  par  son  but  principal  et  caracté- 
ristique, est  en  relation  avec  le  monde  entier,  recevant  de 
partout,  soit  par  la  voie  des  missions,  soit  par  l'intermé- 
diaire des  consuls,  soit  par  celle  des  voyageurs  envoyés 
spécialement  dans  des  régions  peu  connues  ou  inexplorées 
de  nos  colonies,  de  nombreux  objets  d'histoire  naturelle, 
la  plupart  du  temps  nouveaux,  ou  venant  combler  les  vides 
existant  dans  les  collections. 

L'étude  de  ces  envois  incessants  nécessite  les  efforts 
ininterrompus  de  toute  une  légion  de  travailleurs;  des 
aperçus  nouveaux,  des  espèces,  des  genres  inconnus  sur- 
gissent à  chaque  instant,  et  s'ils  ne  peuvent  immédiatement 
fournir  la  matière  de  mémoires  étendus,  ils  réclament  du 
moins  une  note  suffisamment  détaillée  pour  prendre  date 
dans  la  science. 

C'est  pour  répondre  à  ce  besoin  urgent  de  sauvegarder  les 
résultats  des  recherches  des  nombreux  savants  du  Muséum 
que  Milne-Edwards  a  fondé  en  1895  le  Bulletin  du  Muséum. 

Le  dernier  mardi  de  chaque  mois  a  lieu  une  réunion  de 
tous  les  Naturalistes  du  Muséum,  qui  viennent  tour  à  tour, 
très  simplement,  exposer  les  résultats  des  recherches  du 
mois,  et  faire  connaître  à  leurs  collègues  et  amis  les  faits 
scientifiques  nouveaux  qu'un  travail  heureux  leur  a  fait 
découvrir. 

A  chaque  séance,  une  nombreuse  correspondance,  venant 
de  tous  les  coins  du  globe,  lue  à  l'assemblée,  donne  un 
aperçu  des  recherches  qui  s'effectuent  au  loin  et  met  en 
communication  permanente  les  naturalistes  sédentaires  du 
Muséum  avec  les  naturalistes  voyageurs  accomplissant 
leurs  explorations  lointaines  et  non  dépourvues  de  dangers. 

A  leur  retour,  ils  reçoivent  de  leurs  collègues  du  Muséum 
le  plus  chaleureux  accueil  et  charment  l'auditoire  par  le 
récit  souvent  mouvementé  de  leurs  lointains  voyages,  récit 
toujours  accompagné  de  cartes  et  de  la  projection  de  nom- 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  383 

breuses  photographies  qui  étalent  aux  yeux  le  panorama 
des  contrées  parcourues,  les  plantes  composant  la  Flore  du 
pays,  les  animaux  qui  en  constituent  la  Faune  et  surtout 
les  types  authentiques  qui  forment  la  population  indigène.  t 

L'institution  des  réunions  des  Naturalistes  du  Muséum 
réalisée  par  A.  Milne-Edwards  leur  fournit  l'occasion  de 
s'apprécier  en  se  connaissant  mieux;  c'est  un  stimulant 
précieux,  les  séances  sont  toujours  instructives  et  attrayantes 
et  bien  des  savants  étrangers  à  l'établissement,  viennent 
assister  avec  plaisir  et  profit  à  ces  entretiens  scientifiques 
exempts  de  toute  pédanterie.  Avant  ces  réunions  nul  ne 
s'était  douté  de  la  somme  de  travail  qui  s'exécute  en  un 
mois,  dans  les  différents  laboratoires  du  Muséum. 

Il  est  évident  que  pour  rendre  les  voyages  le  plus  profi- 
tables possible  à  la  science,  éviter  les  mécomptes,  ne  porter 
son  attention  que  sur  les  choses  ayant  un  véritable  intérêt, 
il  faut  que  le  voyageur  soit  Naturaliste,  c'est-à-dire  zoolo- 
giste, botaniste,  minéralogiste,  géologue,  paléontologiste, 
parfois  chimiste  et  hygiéniste;  il  faut  qu'il  ait  vu,  touché, 
manié,  préparé,  étudié,  de  nombreux  objets  d'histoire 
naturelle,  analogues  à  ceux  que  le  hasard  ou  des  recherches 
préméditées  peuvent  lui  faire  rencontrer. 

Aussi  Milne-Edwards  a-t-il  institué  au  Muséum  un 
enseignement  spécial  pour  les  voyageurs2;  enseignement 
consistant  en  des  cours,  des  conférences,  faits  par  les  pro- 
fesseurs et  quelques    assistants  du  Muséum.  Ces  confé- 


1.  Parmi  les  nombreux  voyageurs  qui  ont  rendu  compte  de  leurs  voyages  on 
peut  citer,  entre  autres,  les  noms  do  MM.  Diguet,  en  basse  Californie;  Gautier,  sur 
la  géologie  de  Madagascar;  François,  dans  les  Nouvelles-Hébrides,  les  tles 
Banko,  etc.;  Maurice  Maindron,  au  golfe  d'Oman;  ChafTanjon,  voyage  à  travers 
l'Asie:  prince  Albert  de  Monaco,  explorations  océanographiques  dans  les  régions 
polaires;  le  prince  Henri  d'Orléans  à  travers  l'Asie;  MM.  Bastard,  Grandidicr, 
père  et  (Ils,  dans  l'île  de  Madagascar;  Dibowsky,  Chevalier,  dans  l'Afriquo  aus- 
trale, etc.,  etc. 

2.  Il  était  indispensable,  croyons-nous,  d'insister  sur  ces  deux  créations  de  Milne- 
Edwards.  qui  sont  en  pleine  prospérité,  donnent  un  cachet  particulier  à  rétablis- 
sement ot  y  entretiennent  uno  émulation  extraordinaire  et  des  plus  fécondes. 


384  B.    RENAULT. 

ronces  sont  accompagnées  d'une  série  de  leçons  pratiques 
des  plus  variées  dans  lesquelles  les  futurs  voyageurs  se 
font  l'œil  et  la  main,  acquièrent  l'expérience  indispensable 
pour  mettre  et  conserver  en  bon  état  beaucoup  d'objets 
délicats  et  fragiles  ;  de  plus,  des  excursions  entomologiques, 
botaniques,  minéralogiques,  géologiques  aux  environs  de 
Paris  sont  faites  pour  les  habituer  aux  recherches  fruc- 
tueuses et  en  tirer  le  meilleur  parti. 

M.  Moissan,  membre  de  l'Institut,  au  nom  de  l'École  de 
pharmacie,  rappelle  que  Milne-Edwards  n'avait  pas  trente 
ans  quand  il  fut  nommé  professeur  de  zoologie,  t  II  fut  et 
il  resta  un  professeur  remarquable,  dit-il,  son  enseigne- 
ment était  méthodique,  clair  et  précis.  Après  avoir  traité 
toutes  les  parties  de  son  programme  il  abordait  les  grandes 
questions  de  physiologie  et  d'hygiène  qu'il  décrivait  d'une 
façon  magistrale.  Il  enrichissait  ainsi  son  cours  de  conseils 
utiles,  de  théories  nouvelles,  d'idées  générales  auxquelles  il 
tenait  beaucoup;  son  enseignement  était  vivant  et  fécond; 
toujours  maitre  de  lui,  de  relation  sûre,  fidèle  à  ses  amitiés, 
il  ne  se  livrait  qu'à  bon  escient. 

»  Il  étonnait  par  la  finesse  de  son  jugement,  par  l'esprit 
de  ses  reparties  et  surtout  par  les  qualités  de  son  cœur  :  il 
a  conservé  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie  une  grande  et  sincère 
affection  pour  les  jeunes  savants  qui  venaient  travailler 
avec  lui.  Son  plus  grand  bonheur  après  celui  de  l'étude 
était  de  découvrir  des  intelligences,  de  les  encourager  au 
travail,  puis  de  les  pousser  dans  la  carrière  et  de  les  aider 
de  ses  conseils  et  de  son  influence.  Tout  cela  était  fait 
avec  une  discrétion  et  un  tact  parfaits.  Il  était  travailleur 
par  plaisir  et  bon  administrateur  par  tempérament.  Nous 
pouvons  dire  qu'il  est  mort  à  la  tâche,  ne  voulant  pas  s'ar- 
rêter, refusant  d'écouter  les  conseils  de  ses  amis  et  les 
affectueuses  représentations  d'une  sœur  qui  l'adorait. 

»  L'idée  du  devoir  a  dominé  toute  sa  vie,  et  pour  son  ini- 
tiative, pour  son  abnégation,  pour  sa  conscience,  nous  lui 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  385 

devons  le  tribut  de  nos  regrets  que,  comme  une  poignée 
de  fleurs,  nous  apportons  sur  sa  tombe.  » 

Du  discours  de  M.  Hutinel,  prononcé  au  nom  de  l'Acadé- 
mie de  médecine,  qui  rappelle  en  termes  excellents  les 
qualités  d'administrateur  et  de  savant,  la  douceur  et  la 
ténacité,  la  finesse  et  l'activité  do  Milne-Edwards,  nous 
citerons  les  paroles  suivantes  :  «  Ce  n'est  pas  sans  quelque 
fierté  que  nous  voyons,  nous  médecins,  des  hommes  comme 
Milne-Edwards  venir  s'asseoir  à  nos  côtés.  Après  avoir 
étudié  la  vie  dans  ses  manifestations  les  plus  curieuses  et 
les  plus  diverses,  ils  sont  pour  nous  des  guides  incompa- 
rables pour  l'étude  de  l'homme.  Ils  nous  montrent  combien 
sont  complexes  les  fonctions  des  êtres  vivants  et  combien 
sont  variables  les  appareils  qui  en  assurent  l'exécution  ;  ils 
élargissent  notre  horizon  et  nous  apprennent  à  envisager 
l'homme  sain  ou  malade,  d'une  façon  plus  élevée  et  plus 
philosophique.  Il  y  a  toujours  parmi  nous  des  savants  qui, 
sans  être  médecins,  dans  le  sens  absolu  du  mot,  font  plus 
que  nous-mêmes  pour  la  médecine.  C'est  à  cette  classe 
d'hommes  qu'appartiennent  Pasteur,  Claude  Bernard,  H. 
Milne-Edwards  père  et  A.  Milne-Edwards;  ils  portent 
devant  nous  le  flambeau  qui  éclaire  la  voie  dans  laquelle 
nous  devons  marcher.  » 

M.  Oustalet,  alors  assistant  de  la  chaire  de  A.  Milne- 
Edwards,  maintenant  professeur  de  la  même  chaire,  a  passé 
de  longues  années  avec  le  maître,  il  a  vécu  plus  que  personne 
dans  une  intimité  scientifique  journalière,  et  s'exprime  ainsi  : 

«  Milne-Edwards  avait  toutes  les  qualités  d'un  bon  chef  : 
la  rectitude  de  jugement,  la  décision,  la  fermeté  sans 
rudesse.  Tous  ceux  qui  étaient  placés  sous  ses  ordres  savaient 
qu'il  avait  le  souci  constant  des  intérêts  qui  lui  étaient  con- 
fiés, que  s'il  était  avare  de  promesses,  il  tenait  toujours 
plus  qu'il  n'avait  promis.  Ils  savaient  aussi  qu'on  ne  faisait 
jamais  inutilement  appel  à  son  cœur,  et  plusieurs  d'entre 
eux  ont  eu  des  preuves  de  sa  discrète  bonté. 

TOME   XIII.  25 


386  B.    RENAULT. 

»  Les  qualités  dominantes  de  Milne-Edwards  donnaient 
à  son  enseignement  une  netteté  incomparable,  et  la  variété 
de  ses  connaissances  lui  permettaient  de  guider  ses  élèves 
dans  les  voies  les  plus  diverses. 

»  Parmi  ceux  qui  se  sont  succédé  dans  ce  laboratoire 
des  Hautes  Études  que  Milne-Edwards  a  dirigé  pendant 
plus  de  trente  ans,  les  uns  professent  au  Muséum,  en  Sor- 
bonne,  dans  les  Universités  de  province  et  à  l'étranger, 
les  autres  occupent  des  situations  plus  modestes;  mais 
quelles  que  soient  leurs  fonctions,  leur  âge,  les  oppositions 
de  leurs  idées  ou  de  leurs  caractères,  tous  s'associent  dans 
les  mêmes  regrets,  tous  revoient,  sans  doute,  en  pensée 
ces  salles  où  groupés  autour  de  Milne-Edwards  qui  les  sti- 
mulait par  son  exemple  et  les  initiait  souvent  à  ses  propres 
travaux.  Pendant  de  longues  années  les  traditions  de  bienveil- 
lance de  la  part  du  maître,  de  confiance  réciproque  entre 
les  élèves,  ont  été  précieusement  maintenues;  et  c'est  ainsi 
que  se  sont  établis  entre  tous  ceux  qui  ont  travaillé  sous  sa 
direction,  des  liens  de  sympathie  que  le  temps  ne  peut  affai- 
blir et  à  la  formation  desquels  il  a  puissamment  contribué. 

»  Aussi  est-ce  de  tout  cœur  que  nous,  ses  anciens  élèves, 
nous  nous  joignons  à  ceux  qui,  hier  encore,  suivaient  son 
enseignement,  pour  offrir  à  sa  mémoire  un  suprême  hom- 
mage de  respect  et  d'affection.  Cher  maître,  adieu!  »* 

Mais  la  bienveillance  d'A.  Milne-Edwards,  et  son  désir  de 
rendre  service  et  de  faire  le  bien,  ne  s'arrêtait  pas  à  son 
entourage  et  à  ses  élèves,  sa  bonté  rayonnait  bien  au  delà 
des  murs  de  son  laboratoire,  et  de  ceux  de  Paris  ;  partout 


1.  D'autres  discours  ont  été  prononcés  au  nom  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture, par  M.  L.  Passy,  membre  de  l'Institut  ;  au  nom  de  la  Société  de  géogra- 
phie, par  M.  Maunoir,  etc.  Tous  développent  en  sens  divers  les  qualités  excep- 
tionnelles de  Milne-Edwards  ;  nous  ne  pouvons  que  les  indiquer  ici. 

M.  Perrier,  membre  de  l'Institut,  directeur  du  Muséum,  a,  en  outre,  le  26  juin 
dernier,  prononcé  un  éloge  remarquable  et  très  documenté  sur  II.  Milne-Edwards 
et  A.  Milne-Edwards  à  la  réunion  des  Naturalistes  du  Muséum;  le  texte  en  sera 
publié  dans  les  Nouvelles  Archives  du  Muséum;  étant  encore  inédit,  nous  devons 
seulement  le  signaler  à  l'attention  des  savants. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.    MILNE-EDWARDS.  387 

en  province,  comme  près  de  lui,  là  où  il  y  avait  un  travail- 
leur s'adressant  à  ses  lumières,  il  l'encourageait,  l'aidait 
de  ses  avis  et  lui  fournissait  les  moyens  de  comparaison 
qui  manquent  généralement  loin  des  grandes  collections; 
on  pourrait  citer  beaucoup  de  savants  de  Reims,  de  Lyon 
et  d'ailleurs  qui  n'ont  eu  qu'à  se  louer  de  son  obligeance, 
de  son  amabilité  et  de  ses  conseils. 

Quand  il  reconnaissait,  quoique  éloigné,  un  Naturaliste 
plein  de  persévérance  s'adonnant  sérieusement  à  surprendre 
les  secrets  de  la  nature,  il  ne  manquait  pas  de  lui  faire 
obtenir,  d'une  façon  discrète,  quelques  encouragements  et 
quelques  récompenses.  Notre  département  entre  autres  a 
vu,  dans  bien  des  cas,  des  présidents,  vice-présidents,  secré- 
taires de  sociétés  savantes,  recevoir  des  distinctions  méri- 
tées, grâce  à  l'intervention  pour  ainsi  dire  anonyme  de 
Milne-Edwards. 

Dès  le  début  de  l'existence  de  notre  Société,  l'éminent 
naturaliste  voulut  bien  figurer  sur  la  liste  des  membres 
d'honneur,  puis  plus  tard,  à  la  mort  du  Dr  B.  de  Montessus, 
accepter  le  titre  de  Président  d'honneur. 

Ce  qui  l'avait  séduit,  c'est  la  vitalité  scientifique  qui 
anime  notre  Société,  vitalité  qui  ne  s'est  pas  démentie 
depuis  son  origine.  Il  a  guidé  ses  premiers  pas,  lui  a  donné 
les  conseils  les  plus  affectueux,  l'a  aidée  dans  une  certaine 
mesure  à  obtenir  des  locaux  spacieux,  pour  loger  les  col- 
lections de  Montessus  dont  il  connaissait  toute  la  valeur; 
chaque  année,  grâce  à  son  influence  bienveillante,  des  allo- 
cations importantes  ont  été  accordées  pour  aider  à  la  publi- 
cation de  nos  Bulletins  dont  il  appréciait  le  grand  intérêt. 
La  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  a  donc  le  devoir  de 
mêler  sa  voix  au  concert  de  louanges  adressées,  d'une  façon 
si  éloquente,  par  tant  de  célébrités  scientifiques,  au  grand 
savant,  à  l'homme  de  bien  qui  n'est  plus,  et  en  même 
temps  de  faire  entendre  les  accents  douloureux  de  la  plus 
profonde  tristesse  et  des  plus  amers  regrets. 


388  B.    RENAULT. 

En  quelques  lignes  nous  résumerons  la  carrière  rapide 
et  brillante  de  Milne-Edwards. 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  A.  Milne-Edwards 
naquit  le  13  octobre  1835,  il  vint  à  l'âge  de  six  ans  habiter 
le  Muséum.  Son  premier  travail  inséré  dans  les  Annales  des 
sciences  naturelles  (1856)  fut  une  étude  sur  les  globules  du 
sang  chez  les  animaux  à  sang  froid.  La  même  année  il  fut 
nommé  préparateur  de  son  père  à  la  Faculté  des  sciences. 

En  1860,  il  soutint,  pour  obtenir  le  grade  de  docteur  en 
médecine,  une  thèse  ayant  pour  sujet  :  Étude  chimique  et 
physiologique  sur  les  os. 

En  1861,  il  obtint  le  diplôme  de  docteur  es  sciences  en 
présentant  comme  thèse  :  Histoire  des  Crustacés  podoph  thaï- 
maires  fossiles. 

En  1862,  il  fut  nommé  aide-naturaliste  au  Muséum,  à  la 
chaire  de  Zoologie. 

En  1864,  il  passa  avec  succès  les  examens  d'agrégation 
de  l'École  de  pharmacie,  en  présentant  comme  sujet  de 
thèse  un  travail  Sur  la  famille  des  Solanées.  La  même  année 
il  fut  reçu  pharmacien  de  première  classe;  le  travail  pré- 
senté comme  thèse  était  une  Étude  sur  la  famille  des  Che- 
vrotins. 

En  1865,  il  fut  nommé  professeur  de  zoologie  à  l'École 
supérieure  de  pharmacie. 

En  1 866,  l'Académie  lui  décerna  le  grand  prix  des  sciences 
physiques  pour  son  travail  sur  les  Oiseaux  vivants  et  fossiles, 
dont  38  fascicules  sur  40  avaient  paru. 

En  1868,  il  fut  nomméjchevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

En  1869,  lorsque  l'École  des  Hautes  Études  fut  fondée,  il 
prit  la  sous-direction  du  laboratoire  de  zoologie  anatomique. 

En  1870-1871,  sans  interrompre  ses  travaux,  il  prit  part, 
dans  les  rangs  de  la  garde  nationale,  à  la  défense  de  Paris.  * 


1 .  Il  refusa  tout  grade,  et  il  eut  pour  chefs  de  simples  préparateurs,  et  même  de 
simples  garçons  de  laboratoire  du  Muséum,  anciens  militaires,  fort  embarrassés 
quelquefois  d'avoir  à  commander  une  corvée  à  leur  supérieur  civil. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  389 

En  1873,  le  24  novembre,  l'Académie  des  sciences  lui 
décerne  le  prix  Bordin  pour  ses  recherches  sur  la  Faune 
des  régions  australes. 

En  1876,  il  succédait  à  son  père  comme  professeur  au 
Muséum  dans  la  chaire  comprenant  l'étude  des  Mammi- 
fères et  des  Oiseaux. 

En  1877,  il  fut  nommé  membre  de  l'Académie  des 
sciences  dans  la  section  de  zoologie. 

En  1880,  il  devint  directeur  du  laboratoire  de  zoologie 
des  Hautes  Études. 

En  1881,  on  le  nomma  officier  de  la  Légion  d'honneur. 

En  1884,  la  Société  de  géographie  lui  a  décerné  sa  grande 
médaille  d'or. 

En  1885,  il  est  élu  membre  de  l'Académie  de  médecine, 
dans  la  section  de  thérapeutique  et  d'histoire  naturelle. 

En  1886,  l'École  do  pharmacie  le  choisit  comme  asses- 
seur de  G.  Planchon  et  le  chargea  de  représenter  les 
intérêts  de  l'École,  au  Conseil  de  l'Université  et  au  Conseil 
académique. 

En  1891,  les  professeurs  du  Muséum  appelèrent  Milne- 
Edwarda  à  la  direction  de  cet  établissement,  et  lui  con- 
fièrent le  soin  de  le  représenter  au  Conseil  supérieur  de 
l'instruction  publique. 

En  1892,  il  fut  élu  membre  de  la  Société  nationale 
d'agriculture. 

En  1896,  il  devint  président  de  la  Société  de  géo- 
graphie. 

En  1898,  il  demanda  au  ministre,  que  la  croix  de  Com- 
mandeur qui  lui  était  destinée,  lors  de  l'inauguration  des 
Galeries  de  Paléontologie  et  d'Anatomie  comparée,  fût 
changée  contre  une  croix  d'officier  et  deux  croix  de  cheva- 
lier qui  furent  données  à  ses  collaborateurs. 

En  1899,  il  reçut  la  croix  de  Commandeur. 

En  1899,  l'Académie  des  sciences  l'avait  choisi  comme 
vice-président  et  si  la  mort  n'était  venue  impitoyablement 


390  B.    RENAULT. 

le  frapper,  il  aurait  inauguré  le  siècle  en  présidant  l'auguste 
Assemblée. 

Comme  président  ou  comme  membre  de  toutes  les  grandes 
Commissions  ou  Associations  scientifiques,  il  a  été  mêlé  à 
tout  ce  qui  s'est  fait  de  grand  et  d'impérissable  dans  le 
domaine  des  sciences  naturelles.  On  ne  peut  s'étonner  des 
distinctions  nombreuses  dont  il  a  été  l'objet,  si  l'on  parcourt 
la  liste  de  ses  principaux  travaux,  devenus  classiques,  dont 
nous  donnons  la  liste  ci-après. 


LISTE 


DES   PRINCIPAUX  TRAVAUX 


PUBLIÉS  PAR  A.  MILNE-EDWARDS 


-K»40«- 


1886 

A.  Milne-Edwards.  Note  sur  les  dimensions  des  globules  du  sang 
chez  quelques  Vertébrés  à  sang  froid.  Ann.  des  se. 
nat.,  V,  165,  1856. 

—  Influence  du  phosphate  de  chaux  des  aliments  sur  la  for- 

mation du  cal.  Gaz.  hebd.  de  mèd.  et  de  chirurgie,  III, 
857  et  291,  1856. 

1860 

—  Études  chimiques  et  physiologiques  sur  les  os.  Ann.  des 

se.  nat.  (4),  XIII,  113-192.  (Thèse  de  médecine,   n'  136, 
Paris,  1860.) 

1861 

—  Expériences  sur  la  nutrition  des  os.  Ann.  des  se.  nat.  (4), 

XV,  36, 1861. 

—  Les  Crustacés  fossiles  des   sables  de    Bauchamp.  C.   R. 

Ac.  Se,  I,  60,  1860. 

—  Etudes  zoologiques  sur  les  Crustacés  récents  de  la  famille 

des  Portuniens.  Nouv.  Arch.  du  Muséum,  X,  309,  11  pi., 
1861. 

—  Note  sur  les  Crustacés  fossiles.  Bull.  Soc.  gèol.  de  France 

(2),  XVIII,  656,  1861. 

—  Histoire  des  Crustacés  podophtalmaires  fossiles,  introduc- 

tion. Ann.  des  se.  nat.  (4),  XIV,  1861. 

—  Monographie  des  Portuniens  fossiles.  Ann.  des  se.  nat.  (4), 

XIV,  175,  10  pi.,  1861. 

—  Monographie  des  Thalassiniens  fossiles.  Ann.  des  se.  nat.  (4), 

XIV,  294,  6  pi.,  1861. 

—  Histoire    des   Crust.   podopht.    fossiles.    (Thèse   de   doct. 

es  sciences,  in-4°,  234  p.,  16  pi.,  1er  mai  1861.) 


392  B.    RENAULT. 

A.  Milne-Edwards.  Observations  sur  l'existence  de  divers  Mol- 
lusques et  Zoophytes  à  de  grandes  profondeurs  dans  la 
Méditerranée.  Ann.  des  se.  nat.  (4),  XV,  149,  1861. 

1869 

—  Sur  l'existence  de  Crustacés  de  la  famille  des  Raniniens 

pendant  la  période  crétacée.  C.  R.  Ac.  Se,  LV,  492,  1862. 

—  Existence  de  l'homme  pendant  le  quaternaire,  dans  la  grotte 

de  Lourdes.  Ann.  des  se.  nat.  (4),  XVII,  5,  1  pi.,  1862. 

1863 

—  Expériences  sur  l'infection  des  Moutons  par  Taenia  caenurus. 

Bull.  Soc.  philom.,  6  juin  1863. 

—  Faune  carcinologique  de  l'île  de  la  Réunion.  In  Maillard. 

Notes  sur  la  Réunion,  1  vol.  in-8°,  1863. 

—  Mémoire  sur  la  distribution  géologique  des  Oiseaux  fossiles. 

Ann.  des  se.  nat.,  XX,  133, 1863. 

1864 

—  Recherches  sur  la  famille  des  Chevrotains.  Ann.  des  se. 

nat.  (5),  II,  49,   (1  pi.,   1864  (Thèse  de  pharmacien  de 
lre  classe,  13  août  1864.) 

—  De    la  famille  des  Solanées.   (Thèse  d'agrégation,    in -4°, 

Paris.) 

—  Revision  des  Macroures  de  la  famille  des  Atyoîdés.  Ann. 

Soc.  entom.  de  Fr.  (4),  IV,  146,  1  pi.,  1864. 

—  La  Faune  ornithologique  de  l'époque  quaternaire.   Bull. 

Soc.  philom.,  juillet  1865. 

186» 

—  Sur  quelques  Crustacés  nouveaux  de  la  tribu  des  Malens. 

Ann.  Soc.  entom.  de  Fr.  (4),  V,  133,  3  pi.,  1865. 

—  Note  sur  un  Crustacé  décrit  comme  fossile  et  actuellement 

vivant.  Ann.  des  se.  nat.,  III,  193,  1865. 

—  Note  sur  deux  Crustacés  fossiles  du  Néocomien  de  l'Yonne. 

Bull,  de  la  Soc.  d'hist.  nat.  de  l  Yonne,  XIX,  342,  pi.  5. 

—  Note  additionnelle  sur  l'appareil  respiratoire  de  quelques 

Oiseaux.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  III,  136,  1865. 

—  Observations  sur  l'appareil  respiratoire  de  quelques  Oiseaux. 

Ann.  des  se.  nat.  (5),  III,  137,  1865. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE- EDWARDS.  393 

A.  Milne-Edwards.  Sur  VElaphurus  davidianus,  espèce  nouvelle 
de  la  famille  des  Cerfs.  Nouv.  Arch.  du  Muséum,  II,  27, 
3  pi.,  1865. 

—  Description  de  quelques  Crustacés  nouveaux  de  la  famille 

des   Leucosiens.    Ann.  de  la  Soc.  entom.  (4),  V,  148, 

1  pi.,  1865. 

—  Etudes  zoologiques  sur  les  Crustacés  récents  de  la  famille  des 

Cancériens.  Nouv.  Arch.  du  Muséum,  I,  177,  9  pi.,  1865* 

—  Deux  espèces  de  Crustacés  de  la  Nouvelle-Calédonie.  Ann. 

de  la  Soc.  entom. ,  V,  106,  1865. 

1866 

—  Description   de   trois  espèces  nouvelles  du  genre  Boscia. 

Ann.  de  la  Soc.  entom.,  VI,  203,  1866. 

—  Recherches  anatomiques  et  paléontologiques  pour  servir  à 

l'histoire  des  Oiseaux  fossiles  de  la  France,  4  vol.  in-4*. 
Atlas  de  200  pi.,  Paris,  1866. 

Ce  travail  a  remporté  le  grand  prix  des  sciences  physiques  et 
naturelles  décerné  par  l'Académie  en  1866, 38  livraisons  sur  40  avaient 
paru  à  cette  époque. 

—  Oiseaux  de  la  caverne  de  Verezzi  en  Ligurie,  in  :  Sopra 

le  Caverne  di  Liguria,  par  G.  Ramorino,  1866. 

—  Les   caractères   ostéologiques   des  Psittacides  et  l'espèce 

éteinte  Ps.  mauritianus.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  VI,  91, 

2  pi.,  1866. 

—  Recherches  sur  les  ossements  de  Dronte  de  l'île  Maurice. 

Ann.  des  se.  nat.  (5),  V,  355,  5  pi.,  1866. 

1867 

—  Sur  un  Psittacien  fossile  de  l'île  Rodrigue.  Ann.  des  se. 

nat.  (5),  VIII,  145,  4. pi.,  1867. 

—  Les  affinités  zoologiques  du  Gastornis  Parisiensis.  Ann. 

des  se.  nat.  (5),  VII,  217,  1867. 

—  Sur  une  espèce  éteinte  du  genre  Fulica,  habitant  autrefois 

l'île  Maurice.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  VIII,  195,  4  pi.,  1867. 

—  Note  sur  la  famille  des  Rallides.  L'Institut,  n«  1734, 1867. 

—  Necrozius  Boverbanki,  a  new  genus  of  Canceridœ  from  the 

London  Clay.  The  geological  Magazine,  IV,  531,  pi.  21, 
1867. 

—  Coup  d'œil  sur  les  Porcellanes  et  description  d'une  espèce 

nouvelle.  Les  fonds  de  la  mer,  128,  1867. 


394  B.    RENAULT. 

A.  Milne -Edwards.  Description  d'un  nouveau  Stomapode  du  genre 
Squille.  Les  fonds  de  la  mer,  137,  4867. 

—  Espèces  nouvelles  d'Ecureuils  de  l'ancien  continent.  Revue 

zoologique,  1867. 

—  Observations  sur  quelques  Mammifères  de  la  Chine.  Ann. 

des  se.  nat.  (5),  VII,  375,  1867. 

—  Observations  sur    quelques  Mammifères  du  Nord   de  la 

Chine.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  VIII,  374,  1867. 
A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Observations  anatomiques 

sur  quelques  Mammifères  de  Madagascar.  Ann.  des  se. 

nat.,  VIII,  314,  4  pi.,  1867. 
A.  Milne-Edwards.  Sur  une  nouvelle  espèce  du  genre  Nyticèbe. 

Nouv.  Arch.  du  Muséum,  III,  1  pi.,  1867. 

—  Sur  le  type  d'une  nouvelle  famille  de  Rongeurs.  Nouv.  Arch. 

du  Muséum,  III,  p.  81,  5  pi.,  1867. 

1868 

—  Observations  sur  l'Hippopotame  de  Libéria,  in  :  Recherches 

pour  servir  à  l'hist.  nat.  des  Mammifères,  in-4°,  5  pi., 
1868. 

—  Etudes  pour  servir  à  l'histoire  de  la  faune  mammalogique 

de  la  Chine,  in  :  Recherches  pour  servir  à  Vhist.  nat.  des 
Mammifères,  in-4°,  105  pi. 

—  La  faune  mammalogique  du  Thibet  oriental,  in  :  Recherches 

pour  servir  à  l'hist.  nat.  des  Mammifères,  in-4°,  105  pi. 

—  Les  affinités  zoologiques  de  VAphanapteryx,  espèce  éteinte 

de  Maurice.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  X,  325,  4  pi.,  1868. 

—  Sur  un  Pélican  de  grande  taille  des  tourbières  de  l'Angle- 

terre. Ann.  des  se.  nat.  (5),  VIII,  p.  285,  1  pi.,  1868. 

—  La  faune  carcinologique  des  îles  du  Cap-Vert.  Nouv.  Arch. 

du  Muséum,  IV,  49,  3  pi.  1868. 

—  Etudes  sur  quelques  Crustacés  des  Célèbes.  Nouv.  Arch. 

du  Muséum,  IV,  173,  avec  2  pi.,  1868. 

—  Crustacés  nouveaux  provenant  des  voyages  de  M.  A.  Gran- 

didier. Nouv.  Arch.  du  Muséum,  IV,  1868. 

1869 

—  Revision  du  genre  Telphusa.  Nouv.  Arch.  du  Muséum,  V, 

161,  1869. 

—  Revision    des  genres  Trichodactylus,  Sylviocarcinus  et 

Dilocarcinus.  Ann.  de  la  Soc.  entom.,  IX,  170,  1869. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.  MILNE-EDWARDS.  395 

A.  Milne-Edwards.  Description  de  quelques  Portuniens  nouveaux. 
Nouv.  Arch.  du  Muséum,  V,  145,  2  pi.,  1869. 

—  Sur  quelques  nouvelles  espèces  du  genre  Sesarma.  Nouv. 

Arch.  du  Muséum,  V,  29, 1869. 

—  Sur  quelques  nouvelles  espèces  de  Crustacés  du  Cap-Vert. 

Rev.  de  Zool.,  XXI,  350,  374,  409,  1869. 

—  Sur  un  hybride  d'Hémione  et  de  Jument.  Bull.  Soc.  d'accl. 

(2),  II,  380,  1869. 

—  Sur  un  cas  de  transformation  du  pédoncule  oculaire  en 

antenne  chez  une  Langouste.  C.R.Ac.  Se., 24 octobre  1869. 

—  Article  «  Oiseaux  fossiles  ».  Dict.  d'Hist.  naturelle,  2e  édi- 

tion, 1869. 

—  Observation  sur  l'organisation  des  Limules.  V Institut,  215, 

1869. 
Â.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Nouvelles  observations  sur 
les  caractères  et  les  affinités  de  YJEpyornis  de  Madagas- 
car. Ann.  des  se.  nat.,  XII,  167,  11  pi.,  1869. 

1870 

A.  Milne-Edwards.  Note  sur  la  disposition  du  placenta  chez  le 
Chevrotain  memina.  Ann.  des  se.  nat.,  XIII,  6,  1870. 

—  Sur  une  nouvelle  espèce  de  Semnopithèque  provenant  de 

Cochinchine.  Nouv.  Arch.  du  Muséum,  VI,  2  pi.,  1870. 

—  Sur  quelques  Mammifères  du  Thibet  oriental.  Ann.  des  se. 

naturelles,  XII,  art.  n*  10,  1870. 

—  Les  animaux  de  la  Sibérie,  A  l'époque  du  remplissage  des 

cavernes  de  l'Inga  et  du  Tscharysch.  Ann.  des  se.  gèolog., 
1870. 

—  La  faune  ornithologique  miocène  du  Bourbonnais.  C.  R.  Ac. 

des  Se.,  14  mars  1870. 

—  Note  sur  le  nouveau  genre  de  Brachyures  Catometopes, 

Catoptrus.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  XIII,  82,  1870. 

—  Revision  du  genre  Callianassa.  Nouv.  Arch.  du  Muséum, 

VI,  75,  5  pi.,  1870. 

1871 

—  Sur  la  conformation  du  placenta  chez  le  Tamandua.  Ann. 

des  se.  nat.  (5),  XV,  1  pi.,  1871. 

—  Sur  quelques  points  de  l'embryologie  des  Lémuriens  et  sur 

leurs  affinités.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  octobre  1871. 


396  B.    RENAULT. 

A.  Milne-Edwards.  Classification  des  Lémuriens,  Revue  scienti- 
fique, n°  10,  septembre  1871. 

—  Sur  une  nouvelle  espèce  de  Tatou  à  cuirasse  incomplète. 

Nouv.  Arch.  du  Muséum,  VII,  177,  1  pi.  1871. 

1878 

—  Classification  des  Mammifères.  Revue  scientifique,  n°  53, 

1872. 
A.  Milne-edwards  et  A.  Grandidibr.  Description  d'une  nouvelle 
espèce  de  Propithèque,  Rev.  et  Mag.  de  zoologie,  273, 
août  1872. 

—  Un  nouvel  Insectivore  de  Madagascar,  Geogale  aurita.  Ann. 

des  se.  natur.  (5),  XV,  1872. 
A.  Milnk-Edwards.  Coup  d'oeil  sur  les  Mammifères  de  la  Chine  et  du 
Thibet  oriental.  Bull.  Soc.  d'acclimatation,  IX,  239,  1872. 

—  La  faune  carcinologique  de  la  Nouvelle-Calédonie.  Nouv. 

Arch.  du  Mus.,  VIII,  IX,  X,  22  pi.,  1872. 

—  Les  Crabes  d'eau  douce  de  Madagascar.  Ann.  des  se.  nat., 

art.  n<>  20,  1872. 

—  Description  de  quelques  espèces  nouvelles  de  Brachyures. 

Ami.  de  ta  Soc.  entomol.,  VII,  253. 

—  Un  nouveau  genre  de  Crustacés  Cancériens.  Ann.  de  la  Soc. 

entom.,  IX,  168, 1  pi. 

—  Recherches  sur  l'anatomie  des  Limules.  Ann.  des  se.  nat. 

(5),  XVII,  12  pi.,  1872. 

—  Sur  une  variété  mélanienne  du  Surmulot  (Mus  decumanus). 

Ann.  des  se.  nat.  (5),  XV,  art.  n°  7,  1872. 

—  Résumé  des  recherches  sur  les  Oiseaux  fossiles.  C.  R.  Ac. 

Sa,  LXXIV,  1030,  1872. 

1878 

—  Recherches  sur  la  faune  ancienne  de  l'île  Rodrigue.  C.  jR.  Ac. 

Sa,  LXXVII,n<>  15,  13  octobre  1873. 

—  Note  sur  quelques  Crustacés  fossiles  des  genres  Ranina  et 

Galenopsis.  Ann.  des  se.  géologiques,  III,  1  pi.,  1873. 

—  Description  des  Crustacés  fossiles  de  Biarritz,  in  :  Bouille, 

Paléont.  de  Biarritz,  Paris,  in-8°,  1  pi.,  1873. 

—  Description  de  quelques  Crustacés   nouveaux   du   Musée 

Godefroy.  Journal  des  Muséums  Godeffroy,  Heft  IV, 
pi.  12  et  13,  1873. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.  MILNE-EDWARDS.  397 

A.  Milne-Edwards.  Recherches  sur  la  faune  des  régions  australes, 
ouvrage  manuscrit  accompagné  de  175  cartes  auquel 
l'Académie  des  sciences,  dans  sa  séance  du  24  novem- 
bre 1873,  a  décerné  le  prix  Bordin,  et  dont  elle  a  ordonné 
l'impression  dans  le  Recueil  des  savants  étrangers  à 
l'Académie. 

1874 

—  Note  sur  le  Perodicticus  Potto,  Lémurien  de  l'Afrique  occi- 

dentale. Nouv.  Arch.  du  Muséum,  X,  2  pi.,  1874. 

—  Note  sur  le  Nephropsis  Stewarti.  Ann.  des  se.  nat.  (5),  XIX, 

art.  n°  7,  1874. 

187» 

—  Les  Oiseaux  fossiles  des  cavernes  du  sud-ouest  de  la  France, 

in  :  Lartet  et  Christy,  Reliquiœ  Aquitaniœ,  mai  1875. 

—  Observations  sur  les  oiseaux  fossiles  de  Saucats  et  de  Léo- 

gnan.  An.  des  se.  géologiques,  VI,  art.  n°  1,  1875. 

—  Nouveaux  documents  sur  l'époque  de  disparition  de  la  faune 

ancienne  de  Rodrigue.  C.  R.  Acad.  Se,  LXXX,  1212, 1875. 

—  Sur  un  nouveau  crustacé,  VEuphylax  robustus.  Les  fonds 

de  la  mer,  II,  249,  1875. 

—  Sur  l'appareil  vocal  de  VIndris  brevicaudatus.  Ann.  des  se. 

nat.  (6),  I,  art.  n°  8, 1  pi.,  1875. 

1876 

—  Sur  deux  espèces  de  Crustacés  provenant  de  la  Nouvelle- 

Zélande.  Ann.  des  se.  nat.  (6),  IV,  art.  9,  1  pi.,  1876. 

—  Sur  quelques  Mammifères  nouveaux.  Bull.  Soc.  philom., 

12  février,  1876. 

1877 

—  Sur  les  affinité  du   genre   Phodilus.  C.  R.  Ac.  des  Se, 

17  décembre  1877. 

—  Les  affinités  du  genre  Phodilus,  nouveau  genre  de  Rapace 

nocturne.  Nouv.  Arch.  du  Muséum  (2),  I,  2  pi.,  1877. 

—  Sur  un  nouveau  genre  de  Rapace  nocturne  provenant  de 

Madagascar.  C.  R.  Ac.  des  Se  31  décembre  1877. 
A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Note  sur  la  nidification  de 
l'Aye-aye.  C.  R.  Ac.  des  Se,  décembre  1877. 


398  B.    RENAULT. 

A.  Milne-Edwards.  Notes  sur  quelques  Mammifères  nouveaux  de 
la  Nouvelle-Guinée.  C.  R.  Ac.  des  Se,  3  décembre  1877. 

A.  Milne-Edwards  et  Brocchi.  Sur  quelques  Macrophtalmiens  fos- 
siles. Bull.  Soc.  philom.,  1877. 

—  Note  sur  l'Ecureuil  ferrugineux.  Bull.  Soc.  philom.,  16, 

13  janvier  1877. 

1878 

A.  Milnk-Edwards.  Une  nouvelle  espèce  de  Midas  et  observations 
sur  Ateles  variegatus.  Nouv.  Arch.  du  Muséum  (2),  1  pi., 
1878. 

—  Sur  une  nouvelle  espèce  de  Peramèle  provenant  de  la  Nou- 

velle-Guinée. Ann.  des  se.   nat.  (6),  VII,   art.  n°  3, 
1  pi.,  1878. 

—  Sur  quelques  nouvelles  espèces  de  Crustacés  du  Cap-Vert. 

Bull.  Soc.  philom.,  22  juin  1878. 

—  Les  Crustacées  décapodes  du  genre  Dynomène.  Ann.  des  se. 

nat.  (6),  3  pi.,  1878. 

—  Sur  quelques  Oxyrhynques  nouveaux.  Bull.  Soc.  philom., 

22  juin  1878. 
A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Note  sur  un  nouveau  genre 

de  Chéiroptères.  Bull.  Soc.  philom.,  22  juin  1878. 
A.  Milne-Edwards.  Observations  sur  les  Chauves-souris  des  Sey- 

chelles.  Bull.  Soc.  philom. ,  22  juin  1878. 

—  Des  affinités  zoologiqùes  du  genre  M  es  i  tes.  C.  H.  Ac.  des 

Se,  22  avril  1878. 

—  Remarques  sur  le  genre  Mesites  et  sa  place  dans  la  série 

ornithologique.  Ann.  des  se.  nat.  (6),  VII,  art.  n°  6, 1878. 

1876-1879 

A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Histoire  naturelle  des  Oiseaux 
de  Madagascar,  4  vol.  in-4°,  atlas  de  308  pi.,  1876-1879. 

1879 

—  Sur  un  Isopode  des  grandes  profondeurs  de  la  mer.  C.  R. 

A cad.  des  Se,  6  janvier  1879. 

—  Considérations  générales  sur  la  distribution  géographique 

des  animaux  Ass.  scient,  de  France,  19  janvier  1879. 

—  Addition  à  la  famille  des  Thalassiniens.  Bull.  Soc.  philom. , 

1879. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.  MILNE-EDWARDS.  399 

1880 

A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Etudes  préliminaires  sur  les 
Crustacés  recueillis  par  le  Blake.  Bull,  of  Mus.  of  C. 
Zool.t  VIII,  n°  1,  68  p.,  2  pi.,  4880. 

—  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Commission  chargée  d'étudier 

la  faune  sous-marine  dans  les  grandes  profondeurs  du 
golfe  de  Gascogne.  Bull.  hebd.  de  l'Ass.  scient,  de 
France,  II,  n<>  20,  306,  1880. 

—  Recherches  sur  la  faune  des  régions  australes.  Ann.  des  se. 

nat.,  IX,  art.  n°  9,  1880. 

—  Sur  une  nouvelle  espèce  du  genre  Dasyure,  provenant  de  la 

Nouvelle-Guinée,  C.  R.  A  Cad.  des  Se,  XC,  n»  26,  1518, 
1880. 

—  Études  sur  les  Xiphosures  et  les  Crustacés  podopht.  de  la 

région  mexicaine.  Livr.  1  à  7,  in-4°,  368  p.,  73  pi.,  1880. 

—  Note  sur  une  nouvelle  espèce  de   Crustacé  aveugle    des 

grandes  profondeurs.  Ann.  des  se.  nat.,  IX.  art.  n*  2, 1880. 

—  Note  sur  quelques  Crustacés  fossiles  des  environs  de  Biar- 

ritz. Ann.  Soc.  gèolog.,  XI,  cahier  3, 1880. 

—  Note  sur  un  Crustacé  fossile  du  genre  Eumorphastœa.  Ann. 

Soc.  gèolog.,  XI,  art.  n°  4  bis,  1880. 

—  Observations  sur  quelques  animaux  de  Madagascar.  C.  R. 

Ac.  des  Se,  XCI,  n°26,  1034,  1880. 

1881 

—  Éléments  de  l'histoire  naturelle  des  animaux.  1  vol.  in-12, 

avec  487  fi  g.  Paris,  Masson,  1881. 

—  Observations  sur  le  genre  Thranistes  (Crust.)  Bull.  Soc. 

philom.  (7),  IV,  60, 1881. 

—  Observations  sur  les  oiseaux  de  la  région  antarctique,  C.  R. 

Ac.  des  Se,  XCII,  n»  5,  211, 1881. 

—  Faune  carcinologique  de  la  mer  des  Antilles.  C.  R.  Ac.  des 

Se,  XCII,  n«  8,  384,  1881. 

—  Description  de  quelques  Crustacées  macrocères  des  grandes 

profondeurs.  Ann.  des  se.  nat.  (6),  XI,  art.  n*  4,  1881. 

—  Recherches  sur  la  faune  des  régions  australes  (suite).  Ann. 

des  se.  nat.  (6),  XII  art.  n°  7,  avec  2  cartes,  1881. 
A.  Milne-Edwards.  Exploration  zoologique  à  bord  du  Travailleur. 
C.  R.  Ac.  des  Se,  XCII,  n"  22,  876  et  931,  1881. 


400  B.    RENAULT. 

A.  Milne-Edwards.  Etudes  sur  les  Xiphosures  et  les  Crustacés 
podopht.  du  Mexique.  Livr.  7  et  8,  gr.  in-4°,  avec  14  pi., 
Paris,  1881. 

—  Compte  rendu  des  recherches  de  M.  Walcott  sur  les  Trilo- 

bites.  Ann.  des  se.  nat.  (6),  art.  n°  3,  avec  3  pi.,  1881. 

1888 

—  Les  explorations  du   Travailleur  dans   l'Atlantique  et  la 

Méditerranée  en  1880-1881.  Bull.  Soc.  géogr.,  1er  trimestre 
1882. 

—  Recherches  sur  la  faune  des  régions  australes  (3e  partie). 

Ann.  des  se.  nat.  (6),  XIII,  art.  n°  4, 1882. 

—  Instructions  zoologiques  pour  la  mission  du  cap  Horn.  C.  R. 

Ac.  des  Se,  XCIV,  n«>  23,  1494,  1882. 
A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Description  d'une  nouvelle 
espèce  d'Insectivore  de  Madagascar.  Le  Naturaliste,  n°  7, 
55,  1882. 

1883 

A.  Milne-Edwards.  Anatomie  et  Physiologie  animales.  Paris,  Masson, 
406  p.,  311  fîg.,  1883. 

—  Rapport  sur  diverses  propositions  relatives  aux  Sociétés 

scientifiques  départementales.  Rev.  des  trav.  scientif., 
65,  1883. 

1884 

—  Sur  un  Gorille  de  la  ménagerie  du  Muséum.  C.  R.  Ac.  des 

Se,  XCVIII,  no  16,  959,  1884. 

—  Sur  les  dispositions  des  enveloppes  fœtales  chez  l'Aye-aye. 

C.  R.  Ac.  des  Se,  XCIX,  n«6,  265,  1884. 

—  Sur  les  sacs  respiratoires  du  Calao  rhinocéros.  C.  R.  Ac. 

des  Se,  XCIX,  833,  1884. 

1885 

—  De  la  faune  malacologique  des  Açores.  Bull.  Soc.  malacol. 

deFr.,  II,  n»  2,  313,  1885. 

—  L'Histoire  naturelle  de  l'île  Campbell  et  de  la  Nouvelle- 

Zélande.  C.  R.  Ac.  des  Se,  CI,  n<>  18,  855,  1885. 

—  Classification  des  Taupes  de  l'ancien  continent.  C.  R.  Ac. 

des  Se,  XCIX,  n<>  26,  1141. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  401 

A.  Milne-Edwards  et  Oustalet.  Observations  sur  la  faune  de  la 
Grande-Comore,  C.  R.  Ac.  des  Se,  CI,  n°  3,  218, 1885. 

1886 

A.  Milne-Edwards.  Description  de  quelques  Telphuses  du  Congo. 
Bull.  Soc.  philom.,  X,  n°  3,  148,  1886. 

—  Observations  sur  les  Crabes  des  eaux  douces  de  l'Afrique. 

Bibl.  Hautes-Études,  XXXIII,  art.  n°  4,  1886. 

1887 

A.  Milne-Edwards  et  Oustalet.  Observations  sur  quelques  Oiseaux 

de  la  Grande-Comore,  Ann.  des  se.  nat.,  II,  not  3  et  4, 

art.  n»  4, 1887. 
A.  Milne-Edwards.  Observations  sur  les  Crabes  des  eaux  douces 

de  l'Afrique.  Ann.  des  Se.  nat.   (8),  IV,  art.  n°  2,  3  pi  , 

1887. 

1888 

—  Note  sur  une  nouvelle  espèce  de  Dactylopsila  (Mammifère). 

Cent.  Soc.  philom.,  in-4°.  Paris,  avec  2  pi.,  1888. 
A.  Milne-Edwards  et  Oustalet.  Etude  sur  les  Mammifères  et  les 
Oiseaux  des  îles  Comores.  Nouv.  Arch.  du  Muséum  (2), 
IX,  219,  6  pi.,  1888. 

1890 

—  Letterupon  Equus  Grevyi.  Pr.  Zool.  Soc.  London,  IV,  647, 

1890. 

—  Un  nouveau  Crustacé  macroure  de  la  Méditerranée.  Bull. 

Soc.  zool  deFr.,  XV,  n°  7,  163,  1890. 

—  Note  sur  les  Crustacés  du  genre  Pelocarcinus.  Nouv.  Arch. 

du  Mus.  d'hist.  nat.  (3),  II,  169,  2  pi.,  1890. 

1891 

—  Sur  les  Oiseaux  fossiles  des  dépôts  éocènes  de  phosphates 

de  chaux  du  sud  de  la  France.  Congrès  ornithol.  de 
Buda-Pesth,  18  mai  1891. 

—  Influence  des  grands  froids  sur  les  animaux  de  la  ménagerie. 

C.  R.  Ac.  des  Se,  CXII,  201,  1891. 
A.  Milne-Edwards  et  Oustalet.  Campagne  scientifique  de  S.  A.  le 
prince  de  Monaco.  Pagurides  nouveaux.  Bull.  Soc.  zool. 
deFr.,  XVI,  n<> 5,  131,  1891. 

tome  xiti.  26 


402  B.    RENAULT. 

A.  Milne-Edwards.  Mission  du  cap  Horn.  Mammifères,  Crustacés. 

In-4°  avec  pi.,  Paris,  4887-1891. 
A.  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier.  Sur  les  Paguriens  du  genre 

Cancellus.  Bull.  Soc.  philom.  (8),  III,  n°  2,  66,  1891. 

—  Observations  sur  les  Paguriens  des  Antilles  et  du  golfe  du 

Mexique.  Bull.  Soc.  philom.  (8),  III,  n»  3,  102,  1891. 

—  Modifications  des  Pagures  suivant  la  coquille  qu'ils  habitent. 

Bull  Soc.  philom.  (8),  III,  n<>  3, 151,  1891. 

1892 

—  Observations  préliminaires  sur  les  Paguriens  du  Travailleur 

et  du   Talisman.  Ann.  des  se.  nat.  (7),  XIII,  183-226, 
1892. 
A.  Milne-Edwards.  Une  nouvelle  espèce  de  Microgale  de  Madagas- 
car. Ann.  des  se.  nat.  (7),  XV,  98,  1893.' 

1898-1900 

—  Leçon  d'ouverture   (Enseignement    pour  les    voyageurs). 

Broch.  in-8°,  Paris  de  1893  à  1900. 
A.  Milne-Edwards  et  Oustalet.  Sur  quelques  espèces  d'Oiseaux 

actuellement  éteintes.  Cent.  Mus.  d'hist.  nat.,   64  p., 

5  pi.,  1893. 
A.  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier.  Les  Paguriens  de  l'expédition 

du  Blake.  Cambridge,  in-4°,  172  p.,  12  pi.,  1893. 

1894 

A.  Milne-Edwards.  Sur  deux  Orangs-outangs  adultes.  C.  R.  Ac. 
des  Se,  CXIX,  191,  1894. 

A.  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier.  Sur  les  modifications  adap- 
tatives chez  les  Galathéidés  abyssaux.  C.  R.  Se.  biologie 
(10),  I,  ^  9,  231,  1894. 

—  Troisième  campasrne  du  yacht  YHirondelle.  Genre  Néoli- 

thodes.  Bull.    Soc.  zool.  de  France,   XIX,   n°  7,   120, 
1894. 

—  Les  Galathéidés  des  mers  de  France.  Mèm.  Soc.  zool.  de 

France,  VII,  208,  1894. 

—  Décapodes  de  YHirondelle  et  de  la  Princesse- Alice.  Monaco, 

in-4<>,  112  p.,  11  pi.,  1894. 
A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Observations  sur  les  Mpyor- 
nis  de  Madagascar.  C.  R.  Ac.  des  Se,  t.  CXVIII,  122, 
1894. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE  SUR  A.   MILNE-EDWARDS.  403 

1895 

A.  Milne-Edwards.  Sur  l'incubation  des  Casoars  émeus  à  la  ména- 
gerie. Bull  du  Muséum,  I,  n<>  6,  237,  1895. 

—  Observations  sur  deux  Orangs-outangs  morts  à  Paris.  Nouv. 

Arch.  du  Muséum  (3),  VII,  3i,  2  pi.,  1895. 
A.  Milne-Edwards  et  A.  Grandidier.  Sur  les  ossements  d'Oiseaux 
provenant  des  terrains  récents  de  Madagascar.  Bull,  du 
Muséum,  I,  n°  1,  3,  1895. 

1896 

A.  Milne-Edwards.  Sur  un  hybride  de  Mouflon  à  manchette  et  de 
Chèvre.  C.  R.  Ac.  des  Se,  CXXIII,  183, 1896. 

—  Sur  les  ressemblances  entre  la  forme  des  Mascareignes  et 

celle  de  certaines  îles  du  Pacifique  austral.  Ann.  des 
se.  nat.  (8),  II,  117,  1896. 

—  Sur  la  coloration  de  la  face  du  Doue  à  pieds  noirs.  Bull,  du 

Muséum,  no  6,  313, 1896. 

—  Sur  l'accroissement  de  taille  et  de  poids  d'un  jeune  Elé- 

phant d'Asie.  Bull  du  Muséum,  n<>  8,  369, 1896. 

—  Sur  quelques  Oiseaux  pris  en  mer  à  grande  distance  des 

côtes.  Bull,  du  Muséum,  n«  7,  313,  1896. 

1875-1897 

—  Histoire  naturelle  des  Mammifères  de  Madagascar.  4  vol. 

in-4».  Atlas  de  274  pi.,  1875-1897. 

—  Sur  une    nouvelle    espèce    de    Rhinopithèque.   Bull,  du 

Muséum,  n»  5, 156,  1897. 

—  Les  Mammifères  de  l'Asie  centrale.  (Congrès  zool.  de  Mos- 

cou, 1897.) 

—  Note  sur  une  incubation  incomplète  faite  par  un  mâle  de 

Cygne  noir.  Bull,  du  Muséum,  n°  5, 165,  1897. 
A.  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier. Crustacés  nouveaux  provenant 
des  campagnes  du  Travailleur  et  du  Talisman.  Bull,  du 
Muséum,  n°»  7  et  8,  297  et  364,  1897. 

—  Ressemblances  et  dimorphisme  d'Eupagurus  excavatus  et 

E.  variabilis  Bull.  Soc.  zool.  de  France,  XXII,  n°  7, 
168,  1897. 

—  Observations  sur  le  genre  Sympagurus.  Bull.  Soc.  zool.  de 

France,  XXII,  n"  5  et  6,  131,  1897. 

—  Les  Galathéidés  de  l'expédition  du  Blake.  Cambridge,  in-4» 

172,  12  pi.,  1897. 


404  B.    RENAULT. 


1898 


A.  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier.  Crustacés  nouveaux  provenant 
du  Travailleur  et  du  Talisman.  Bull,  du  Muséum,  32,  75, 
153,492,234,  1898. 

A.  Milne-Edwards  et  G.Grandidier.  Une  nouvelle  espèce  de  Muridé 
de  Madagascar.  Bull,  du  Muséum,  179,  1898. 

A.  Milne-Edwards.  Sur  les  animaux  éteints  de  Madagascar,  Con- 
grès de  zoologie  de  Cambridge,  1898. 

1899 

A.  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier.  Décapodes  de  Y  Hirondelle  et 
de  la  Princesse- Alice.  Monaco,  in-4°,  105  p.,  4  pi.,  1899. 

—  Les  arbres  à  gutta  de  la  Grande-Comore.  Bull,  du  Muséum, 

161,  1898. 
A.  Milne-Edwards.  Les  relations  entre  le  Jardin  des  Plantes  et  les 
colonies  françaises.  Revue  des  Cultures  coloniales,  1899. 

—  Naissance  de  Myopotames.  Bull,  du  Muséum,  n°  2,  64, 1899. 

—  Les  Éléphants  de  la  ménagerie  du  Muséum.  Bull,  du  Mu- 

séum, no  8,  404,  1899. 

—  De  l'existence  d'une  corne  chez  une  Biche  Wapiti.  Bull,  du 

Muséum,  n<>  3,115,1899. 

—  Le  sentiment  de  la  pitié  chez  les  Oiseaux.  Bull,  du  Muséum, 

n»3,  116,  1899. 
A.  Milne-Edwards  et  Jungfleisch.  La  Gutta-percha  recueillie  à  la 

Grande-Comore,  Bull,  du  Muséum,  n*  4, 187,  1899. 
A.  Milne-Edwards  et  Oustalet.  Note  sur  l'Emeu  noir  (Dromœus 

ater)  de  l'île  Decrès.  (Australie).  Bull,  du  Muséum,  n°  5, 

206,  1899. 
A.  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier.  Espèces  nouvelles  du  genre 

Palicus  recueillies  par  le  Blake.  Bull,  du  Muséum,  n°  3, 

122,  1899. 

—  Dorippidés  nouveaux  recueillis  par  le  Blake.  Bull,  du  Mu- 

séum, n°  7,  384,  1899. 

1900 

A.  Milne-Edwards  et  Jungfleisch.  La  Gutta-percha  à  la  Grande- 
Comore.  Bull,  du  Muséum,  n°  1, 49,  1900. 

A.  Milne-Edwards.  Description  de  deux  espèces  nouvelles  de  Ron- 
geurs de  la  Nouvelle-Guinée,  Bull,  du  Muséum,  n°  4, 
165,  4  fig.,  1900. 


SUE  UN  NODYEAU  GENEE 


DE  TIGE  FOSSILE 


'0- 


Il  y  a  quelque  vingt  ans,  M.  Jutier,  ingénieur  en  chef 
des  mines,  me  montra  un  échantillon  de  tige  silicifiée, 
trouvé  sous  un  dolmen  de  la  haute  Alsace  et  provenant  du 
Culm  de  la  région. 

A  cette  époque,  je  ne  pus  qu'en  prendre  un  moulage,  et 
en  signaler  l'existence. 1 

L'examen  de  la  surface  de  l'échantillon  représenté  pi.  VI, 
fi  g.  1  à  4,  me  fit  croire  que  c'était  une  tige  lépidendroïde 
dépourvue  de  Taxe  vasculaire  plein  du  Lepidodendron  rho- 
dumnense,  ou  du  cylindre  ligneux  annulaire  muni  de  moelle 
du  L.  Harcourti,  par  conséquent  constituant  un  type  nouveau 
auquel  j'ai  attribué  le  nom  provisoire  de  Lepidodendron 
Jutieri. 

Depuis  lors,  j'obtins  de  M.  Jutier  l'autorisation  d'enjdéta- 
cher,  à  l'extrémité  supérieure,  une  longueur  de  deux  cen- 
timètres, à  la  condition  de  lui  fournir  quelques  préparations. 
Après  sa  mort,  l'École  forestière  de  Nancy,  qui  avait  reçu 
l'échantillon,  me  permit  d'en  prélever  une  petite  partie  à 
l'autre  extrémité  qui  présentait  une  fracture;  la  région 
intermédiaire  se  trouve  dans  les  collections  de  l'École. 2 


1.  Structure  comparée  de  quelques  tiges  de  la.  Flore  carbonifère,  Nouvelles 
Archives  du  Muséum,  1879. 

2.  Je  remercie  l'Administration  de  l'École,  et  en  particulier  M.  Fliche,  des 
facilités  qui  m'ont  été  fournies  pour  l'étude  de  cet  échantillon. 


406  B.    RENAULT. 

C'était  un  fragment  de  tige  mesurant,  suivant  sa  plus 
grande  longueur,  105  millimètres,  fendu  longitudinalement; 
la  section  passe  en  dehors  de  l'axe  qui  est  resté  heureuse- 
ment dans  la  partie  trouvée  sous  le  dolmen.  A  la  base,  le 
diamètre  atteint  58  millimètres;  au  sommet,  le  diamètre, 
un  peu  plus  faible,  est  de  40  millimètres  seulement,  la  tige 
était  donc  cylindro-conique. 

Les  figures  1  et  2,  pi.  VI,  représentent  en  vraie  gran- 
deur et  sur  ses  deux  faces  le  moulage  fait  à  l'origine.  Sur 
la  fig.  1,  on  distingue  les  mamelons  rhomboïdaux  super- 
ficiels disposés  régulièrement  autour  de  la  tige  ;  la  fig.  2 
montre  la  surface  de  fracture  contenant  au  centre  la  région 
axiale  a  et  des  bandes  vasculaires  b,  qui  s'en  détachent 
pour  se  porter  aux  appendices. 

Les  fig.  3  et  4  représentent  les  extrémités  inférieure  et 
supérieure;  sur  la  fig.  4,  la  section  du  cylindre  axial  a,  est 
à  peu  près  complète. 

Mamelons  superficiels.  —  La  surface  de  l'échantillon 
porte  des  mamelons  fusiformes  légèrement  arrondis  aux 
extrémités;  ceux  qui  sont  à  la  partie  inférieure,  mesurent 
13  à  14  millimètres  de  longueur  et  5  à  6  millimètres  dans 
la  partie  la  plus  large.  Les  mamelons  de  la  partie  supé- 
rieure, plus  allongés,  atteignent  22  à  23  millimètres  en 
hauteur  et  5  à  6  millimètres  en  largeur;  leur  surface  est 
arrondie,  lisse  et  ne  présente  aucun  ornement.  Tous  sont 
munis  à  leur  extrémité  supérieure  d'une  cicatricule  unique 
placée  au  fond  d'une  petite  dépression  elliptique,  cette 
cicatricule  correspond  à  un  faisceau  vasculaire  et  déter- 
mine un  léger  relief  ponctiforme. 

Les  mamelons  peuvent  être  compris  sur  deux  lignes 
spirales  s'enroulant  autour  de  la  tige,  de  droite  à  gauche 
et  de  gauche  à  droite,  faisant  entre  elles  un  angle  moyen 
de  50  degrés. 

Les  distances  des  centres  des  mamelons  varient  entre 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIGE  FOSSILE.  407 

elles,  puisque  la  grandeur  de  ceux-ci  n'est  pas  la  même  de 
la  base  au  sommet. 

L'ensemble  des  mamelons  possède  à  première  vue  un 
aspect  knorriforme,  mais  que  ne  soutient  pas  un  examen 
approfondi,  les  proéminences  superficielles  ne  se  séparent 
pas,  en  effet,  les  unes  des  autres  en  forme  de  prolonge- 
ments cylindriques  plus  ou  moins  aplatis  appliqués  contre 
la  tige,  et  représentant  comme  l'on  sait,  chez  les  Knorria, 
les  faisceaux  foliaires  et  leurs  gaines  ;  ces  mamelons  sont 
juxtaposés,  contigus  par  leurs  bords  et  paraissent  être  sim- 
plement la  continuation  du  tissu  sous-jacent.  Ils  ne  sont 
recouverts  ni  par  une  couche  épidermique  ni  par  une 
couche  subéreuse  continues  ;  à  la  partie  inférieure  de  l'échan- 
tillon, on  trouve  cependant  les  restes  d'une  mince  assise  de 
liège  formée  de  cellules  à  section  rectangulaire  disposées 
en  files  radiales  au  nombre  de  huit  ou  dix,  le  cloisonne- 
ment est  tangentiel  ;  c'est  surtout  dans  les  sillons  existant 
entre  les  mamelons  que  le  liège,  moins  exposé  au  frotte- 
ment, est  resté  un  peu  plus  épais. 

En  plus  de  la  petite  dépression  dont  nous  avons  parlé  et 
au  milieu  de  laquelle  se  trouve  la  cicatricule  marquant  le 
passage  d'un  faisceau  vasculaire,  il  n'y  a  aucune  cicatrice 
indiquant  l'insertion  directe  d'un  organe  appendiculaire, 
feuille,  piquant,  etc.  Nous  devons  en  conclure  que  nous 
n'avons  pas  la  surface  même  de  la  tige,  qui  a  subi  une 
usure  plus  ou  moins  sensible.  Il  est  donc  impossible  actuel- 
lement de  rapprocher  l'échantillon  d'aucune  autre  tige  à 
cicatrices  déterminées.  Cependant  la  forme  des  mamelons 
est  comparable  à  celle  de  certaines  tiges  de  Lépidoden- 
drons  décortiqués  ou  même  à  celles  de  stypes  de  Fougères 
arborescentes. 

La  structure  de  la  tige  permettra  de  trancher  la  question 
dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  ou  indiquera  un  type  nouveau. 

Structure  anatomique  de  la  tige.  —  La  planche  VII 
montre,  fig.  1,  une  section  transversale  d'une  moitié  de  la 


408  B.    RENAULT. 

tige;  elle  renferme  la  région  centrale  qui,  à  première  vue, 
rappelle  un  espace  occupé  par  une  moelle  qui  serait  détruite 
maintenant.  Au  milieu  flottent  quelques  bandes  vascu- 
laires  a,  a'  inégalement  éloignées  de  Taxe;  ces  bandes 
vasculaires,  en  s'écartant  de  plus  en  plus,  pénètrent  suc- 
cessivement dans  une  zone  brune  de  tissu  sclérifié  g  ;  à 
leur  entrée,  elles  s'accroissent  d'une  couche  particulière  b; 
à  leur  sortie  de  la  zone  brune,  cette  couche  a  sensiblement 
diminué;  elles  traversent  ensuite  une  assise  épaisse  de  tissu 
cellulaire  /",  et  leur  section  d'abord  elliptique  d,  devient 
de  plus  en  plus  allongée  radialement  en  se  rapprochant  des 
bords  extérieurs  e. 

Ce  qui  ressort  de  ce  premier  examen,  c'est  que  la  section 
comprend,  au  centre,  un  espace  cylindrique  qui  semble 
sans  organisation  et  qui  ne  contient  que  quelques  bandes 
vasculaires  indépendantes;  plus  en  dehors,  une  gaine  brune 
solérifiée,  entourée  elle-même  d'une  assise  épaisse  de  tissu 
cellulaire.  Ces  deux  couches  sont  traversées  par  les  bandes 
vasculaires  parties  du  centre,  dont  les  sections,  plus  ou 
moins  elliptiques,  suivant  la  hauteur  où  elles  ont  été  faites, 
montrent  que  leur  disposition  autour  de  Taxe  central  affec- 
tait un  ordre  parfaitement  régulier. 

La  section,  en  outre,  ne  laisse  voir  ni  tissu  épidermique, 
ni  bandes  d'hypoderme,  mais  seulement,  par  places,  une 
assise  subéreuse,  ce  qui  concorde  avec  les  résultats  fournis 
par  l'examen  de  la  surface  de  l'échantillon,  le  tissu  cellu- 
laire parenchymateux  s'étend  souvent  sans  changement 
jusqu'aux  bords  de  la  section.  Pour  faciliter  la  compa- 
raison, nous  avons  mis  en  regard  deux  coupes  se  rapportant 
à  deux  types  différents  de  tiges  lépidendroïdes  bien  connus  : 
le  Lepidodendron  Harcourti  de  Witham  et  le  L.  Rhodum- 
nense  B.  R. 

Le  premier  comprend,  comme  on  sait,  une  moelle  cen- 
trale entourée  par  un  cylindre  ligneux  composé  d'une 
assise  continue  de  trachéides  rayées  l  dont  la  différenciation 


SUR   UN    NOUVEAU   GENRE  DE  TIGE  FOSSILE.  409 

est  centripète.  A  la  surface  externe  de  ce  cylindre  se  trouve 
une  gaine  discontinue  de  faisceaux  trachéens  a',  qui,  par 
leurs  rapprochement  et  écartement  successifs  et  réguliers,  y 
déterminent  un  réseau  à  mailles  allongées  verticalement,  et 
intimement  soudé  au  cylindre  plus  interne  des  trachéides, 
lequel  joue  plutôt  le  rôle  de  soutien  et  de  conducteur  que 
celui  de  réparateur,  sa  différenciation  étant  postérieure  à 
celle  des  cordons  foliaires;  la  portion  caulinaire  de  ceux-ci, 
en  se  divisant,  constitue  le  réseau  placé  à  la  surface  du 
cylindre  ;  la  portion  qui  se  dirige  dans  les  feuilles  part  de 
l'angle  supérieur  d'une  maille  du  réseau,  là  où  la  partie 
caulinaire  se  divise  en  deux  branches  pour  former  la  moitié 
supérieure  de  la  maille. 

Les  cordons  foliaires  partant  de  la  périphérie  de  l'anneau 
ligneux  traversent  les  différentes  assises  corticales  /*,  f,  et 
leurs  sections  sensiblement  elliptiques  se  voient  très  net- 
tement, a,  dans  l'assise  extérieure  de  l'écorce  f. 

Ici  les  cordons  s'écartent  de  points  déterminés  sur  la 
surface  du  cylindre  ligneux,  aux  angles  supérieurs  des 
mailles  du  réseau  qui  la  recouvre. 

Le  second  type  représenté,  fi  g.  3,  par  un  rameau  de 
L.  rhodumnense  est  constitué  d'une  façon  différente,  il  n'y 
a  pas  de  moelle  centrale,  le  cylindre  ligneux  est  plein  /  ; 
à  la  périphérie  se  trouvent  des  masses  trachéennes  a  où 
s'insèrent  les  cordons  foliaires  ;  les  masses  trachéennes  ne 
sont  pas  disposées  en  forme  de  réseau  à  la  surface  du 
cylindre  ligneux,  comme  cela  arrive  pour  celles  placées  à 
la  surface  de  la  couronne  ligneuse  du  L.  Harcourti,  mais 
elles  sont  disposées  en  lignes  verticales  parallèles,  ana- 
logues aux  bandes  de  bois  primaire  de  la  tige  des  Sigillaires 
à  écorce  lisse  ou  des  Syringodendrons  d'Esnost. 

Dans  les  Lepidodendron  Harcourti  et  L.  rhodumnense,  les 
masses  trachéennes  foliaires  viennent  se  mettre  en  rapport 
avec  un  anneau  ou  un  cylindre  ligneux  conducteur,  tandis 
que  dans  l'échantillon  que  nous  étudions  les  bandes  vascu- 


410  B.    RENAULT. 

laires  qui  se  rendent  aux  appendices  paraissent  (?)  sans 
relations  entre  elles  ni  avec  une  masse  de  tissu  mécanique 
conducteur,  central. 

Depuis  longtemps I  nous  avons  signalé  la  similitude 
d'organisation  du  Lepidophloios  crassicaulis  (Lomatophloios 
de  Corda)  avec  celle  du  type  lépidendroïde  représenté  par 
le  L.  Harcourti,  et  fait  ressortir  que  les  parties  caulinaires 
des  cordons  foliaires  formaient  à  la  surface  du  cylindre 
ligneux  trachéidien  un  réseau  à  mailles  allongées  et  non 
des  bandes  parallèles  comme  dans  le  Lepidodendron  rhodum- 
nense. 

A  une  époque  plus  récente  2  nous  avons  donné  la  descrip- 
tion d'une  tige  diploxylée  que  l'on  a  comparée3  à  une  autre 
tige  rencontrée  en  Ecosse,  à  Dalmeny,  présentant  un  cer- 
tain nombre  de  caractères  semblables  à  celle  d'Esnost. 
Nous  avons  donné  à  la  tige  d'Esnost  le  nom  de  Syringo- 
dendron  esnostense,  à  cause  de  son  bois  diploxylé  rappelant 
celui  des  Sigillaires.  On  se  rappelle,  en  effet,  que  le  bois 
des  Sigillaires  à  écorce  lisse  est  formé  de  faisceaux  ligneux 
centripètes,  verticaux,  parallèles,  soudés  par  leur  face 
externe  au  bois  rayonnant  centrifuge  ;  les  cordons  foliaires, 
dans  leur  partie  caulinaire,  descendent  quelque  temps  entre 
les  deux  bois  et  s'y  éteignent  peu  à  peu  complètement  ;  la 
portion  qui  se  dirige  vers  les  feuilles  est  diploxylée.  En 
pénétrant  dans  l'écorce  subéreuse  le  cordon  est  accompa- 
gné latéralement  de  deux  bandes  de  tissu  qui  sur  les  cica- 
trices extérieures  apparaissent  sous  forme  de  deux  arcs 
caractéristiques  entre  lesquels  se  trouve  la  cicatricule  laissée 
par  le  cordon. 

Nous  avons  démontré  que  ces  bandes  représentaient  prin- 
cipalement  des    organes   sécréteurs    dans  les  jeunes   et 

1.  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  II,  2*  série,  1879,  p.  257,  pi.  11. 

2.  Bulletin  de  là  Société  dW  natxu  d'Aubin,  1897,  Renault  et  Roche. 

3.  On  the  structure  and  affinities  ofa  lepidodendroid  Stem  fromthe  calciferous 
sandston  of  Dolmeny,  Scotland,  possibily  identical  wich  Lepidophloios  Harcourti 
(Witham).  Bg.  a.  c.  Seward.  M.  À.,  F.  R  8. 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIGE  FOSSILE.  411 

les  vieilles  tiges  de  Sigillaires  (Syringodendrons),  (Bulletin 
de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  1888.) 

Dans  le  Syringodendron  esnostense  la  partie  caulinaire  des 
cordons  foliaires  descend  verticalement  entre  les  deux  bois 
en  formant  des  lignes  parallèles  et  non  disposées  en  réseau 
comme  dans  le  Lepidophloios  crassicaulis  ;  la  portion  qui  se 
dirige  vers  les  feuilles  est  monoxylée;  elle  est  accompagnée, 
en  dessus,  d'un  faisceau  cylindrique  diploxylé,  que  nous 
avons  supposé  se  rendre  à  un  ramule  ou  à  une  épine. 

En  outre,  en  pénétrant  dans  lapartie  subéreuse  de  l'écorce, 
au-dessous  du  cordon  foliaire,  on  voit  apparaître  une  bande 
à  section  transversale  elliptique  le  grand  axe  étant  verti- 
cal; cette  bande  est  simple  et  formée  d'un  tissu  de  cellules 
rameuses,  lacuneux,  nous  l'avons  considérée  comme  un 
organe  aérifère. 

Le  Syringodendron  d'Esnost  se  rapproche  plus  des  Sigil- 
laires que  des  Lepidophloios  crassicaulis  et  Lepidodendron 
Harcourti.  En  effet,  il  a  un  bois  diploxylé,  une  couche 
subéreuse  épaisse;  les  faisceaux  vasculaires  des  appen- 
dices descendent  en  lignes  verticales  parallèles  entre  les 
deux  bois,  et  non  sous  forme  de  réseau.  Il  diffère  des  Sigil- 
laires par  la  forme  des  mamelons  superficiels  qui  rappel- 
lent plutôt  ceux  que  l'on  observe  sur  les  tiges  des  Syrin- 
godendrons monostigmès  ;  par  la  présence  d'une  bande  unique 
accompagnant  le  cordon  foliaire,  et  par  la  nature  du  tissu 
de  cette  bande  qui  représente  un  organe  lacuneux  aérifère 
et  non  un  organe  sécréteur.  Pour  ces  divers  motifs  nous 
avons  cru  devoir  maintenir,  en  partie,  le  genre  Syrin- 
godendron qui  dès  lors  serait  caractérisé  par  sa  struc- 
ture interne,  par  la  présence  d'un  organe  unique  placé 
au-dessous  du  cordon  foliaire,  et  non  par  deux  organes 
sécréteurs  placés  à  la  même  hauteur  de  chaque  côté  du 
cordon  foliaire,  comme  nous  l'avons  fait  voir  dans  les  jeunes 
et  vieilles  écorces  (ancien  genre  Syringodendron)  de  Sigil- 
laires à  structure  conservée  que  nous  avons  décrites. 


412  B.    RENAULT. 

Les  quelques  faits  que  nous  venons  de  rappeler  montrent 
que  le  fragment  de  tige  que  nous  étudions  aujourd'hui, 
malgré  son  aapect  extérieur  quelque  peu  lépidodendroïde, 
ne  doit  pas  être  placé  à  côté  des  tiges  qui  ont  pour  types 
le  L.  Harcourti,  le  L.  rhodumnense  et  le  Syringodendron 
esnoslense,  ce  dernier  rapproché  à  tort  des  Lepidophloios. 
Cette  conclusion  est  d'ailleurs  confirmée  par  l'étude  détaillée 
des  différent»  organes  que  nous  allons  faire,  autant  que  le 
permettra  leur  conservation  qui  laisse  beaucoup  à  désirer. 
Faisceaux  vasculaires.  —  Sur  la  fîg.  1,  pi.  VII,  dans 
l'espace  qui  était  occupé  par  des  tissus  aujourd'hui  détruits 
Fia.  i.  ou  mal  conservés,  se  voient  les  sec- 

tions un  peu  obliques  de  deux  fais- 
ceaux vasculaires,  a,  a';  d'autres,  b, 
coupés  normalement,  ont  pénétré  dans 
l'assise  moyenne  de  l'écorne.  Voici  ce 
que  montre  l'examen  microscopique 
de  ces  organes. 

Le  faisceau  vasculaire  a  est  repré- 
senté, fig.  1,  pi.  VIII,  sous  un  gros- 
sissement de  75  diamètres.  La  sec- 
tion un  peu  oblique  montre  qu'il  est 
Section  transversale d'unfais-  constitué  par  deux  masses  distinctes 
ceau  vaacuiafre  formé  de  très  inégales  :  l'une  e  c  b  d,  repliée  en 
tradiéi™es"ea  forme  de  fer  à  cheval  à  branches  rap- 

e,  b,  c,  d,  masse  qui  sp  frac-   prochéea;   l'autre,  f,   beaucoup  plus 
IloDnera  en  quatre  bandes         ...  ,       .  ,       ,  .    .      ..  ,      . 

distinctes-  petite,  placée  entre  les  extrémités  de 

f,  masse  plus  petits  séparée  celle-ci;  une  gaine  continue  entoure 
h.  m.  gJn^wurimiiMdeux  Ie8  tleux  masses,  elle  est  formée  d'une 

masses,  formée  de  plusieurs  rangée  de  cellules  de  liber,  d'un  péri- 
assises  ;libor,pérIcycle,  en.  ,  ,,  .     , 

doderme.  réduites  a  une  cycle  et  d  un  endoderme. 

seule  epsisseur  de  cellules;       L'obliquité  de  la  coupe  permet  de 

a,  v,  cellules  vasi formes  en-  ,  .  , 

tourant  la  gaine,  réunies  en  reconnaître  que  les  masses  vasculaires 
groupeou  isolées;  eiies  ont  SOnt  formées  de  trachéides  rayées.  En 

été  dissociées  par  les  Bâclé- 

ridées.  dehors  du  faisceau  on  remarque  en  a, 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIGE  FOSSILE.  413 

fîg.  1,  pi.  VIII,  et  a,  v,  fig.  1  du  texte,  un  certain  nombre 
de  cellules  vasiformes,  courtes,  de  forme  ovoïde,  dont  les 
parois  assez  minces  portent  des  ornements  rayés  ou  réti- 
cules. La  longueur  de  ces  cellules  varie  entre  31  et  53  p, 
leur  largeur  entre  18  et  26  p;  elles  sont  isolées  ou  bien 
adhérentes  au  faisceau,  mais  généralement  beaucoup  plus 
nombreuses  du  côté  du  faisceau  qui  regarde  Taxe  de  la 
tige. 

Nous  avons  pu  faire  cinq  sections  transversales  de  cette 
tige  qui  comprenaient  la  partie  centrale;  dans  toutes  les 
coupes,  prises  soit  à  l'extrémité  supérieure,  soit  au  milieu, 
soit  à  l'extrémité  inférieure,  les  bandes  vasculaires  se  sont 
montrées  libres,  ne  se  rattachant  à  rien,  mais  seulement 
revêtues  d'une  couche  plus  ou  moins  épaisse  de  ces  cel- 
lules vasiformes  qui  les  accompagnent,  même  dan»  leur 
parcours  à  travers  la  zone  la  plus  interne  de  l'écorce.  On 
voit  en  effet  une  sorte  de  couronne  discontinue  de  ces  cel- 
lules tapissant  la  face  interne  de  celles  des  bandes  vascu- 
laires qui  ont  déjà  en  partie  pénétré  dans  l'assise  moyenne 
de  l'écorce,  flg.  2  et  3,  pi.  VIII.  Dans  le  court  trajet  de 
l'axe  de  la  tige  à  l'écorce  moyenne,  la  division  du  faisceau 
primitif  s'accentue  et  la  masse  la  plus  forte  se  sépare  en 
quatre  cordons  distincts;  chacun  d'eux  est  entouré  d'un 
péricycle  et  d'un  endoderme,  et  accompagné  de  quelques 
cellules  libériennes;  l'ensemble  est  enveloppé  par  une 
écorce  commune  formée  de  cellules  polyédriques  à  parois 
épaissies  et  portant  des  ornements  ponctués  ou  réticulés. 

Chaque  bande  vasculaire  peut  être  considérée  comme  un 
faisceau  composé  de  plusieurs  cordons  libéro- ligneux 
réunis  dans  une  même  écorce. 

Il  est  difficile,  dans  chacun  d'eux,  de  distinguer  les  poin- 
tements  trachéens;  cependant  quelques-uns  des  cordons 
les  plus  volumineux  semblent  en  présenter  deux  placés  de 
chaque  côté  ;  les  faisceaux  libéro-ligneux  sont  donc  colla- 
téraux. 


414  B.    RENAULT. 

Sur  une  coupe  longitudinale  passant  par  Taxe  de  la  tige, 
fig.  1,  pi.  X,  ayant  rencontré  l'un  des  faisceaux  dont  nous 
venons  d'examiner  la  coupe  transversale,  on  peut  remarquer 
qu'après  être  descendu  verticalement  pendant  quelque 
temps  le  long  de  la  paroi  interne  de  l'écorce  moyenne,  il 
se  recourbe  brusquement  pour  se  diriger  vers  Taxe  de  la 
tige,  où  il  se  termine;  les  trachéides  diminuent  de  longueur 
en  se  rapprochant  de  l'extrémité  et  semblent  se  résoudre 
en  cellules  vasiformes,  à  parois  réticulées,  t>,  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut  et  dont  on  voit  des  lambeaux  en  a, 
pi.  VIII,  fig.  1. 

On  pourrait  supposer  que  ces  faisceaux  ne  sont  plus 
clans  leur  position  primitive,  que  descendant  d'abord  le  long 
des  parois  internes  de  l'écorce  moyenne,  ils  se  sont  tordus 
après  la  destruction  de  l'écorce  profonde  par  un  phénomène 
d'inégale  dessiccation  qui  en  aurait  déterminé  la  rupture; 
Tune  des  extrémités  devenue  libre  se  serait  dirigée  vers  le 
centre  de  la  tige;  mais  alors,  au-dessous  de  la  rupture  on 
devrait  rencontrer  l'autre  extrémité  du  faisceau,  soit  égale- 
ment tordue  du  côté  de  l'axe,  soit  encore 'adhérente  à  la 
paroi  interne  du  cylindre  cortical.  Les  préparations  qui  ont 
fourni  les  photographies  1  et  2,  pi.  X,  ne  nous  ont  montré 
rien  de  semblable.  De  plus,  les  tissus,  au  point  où  le  fais- 
ceau se  recourbe,  fig.  1,  ne  paraissent  pas  déchirés  ni 
distendus,  ils  l'auraient  été  infailliblement  si  la  torsion 
s'était  produite  après  leur  mort;  en  outre,  si  les  cellules 
vasiformes  qui  tapissent  la  surface  interne  de  l'écorce 
moyenne  en  faisaient  réellement  partie  et  n'appartenaient 
pas  en  propre  au  faisceau,  celui-ci,  en  se  séparant  de  cette 
surface,  n'en  serait  pas  recouvert  sur  le  côté  qui  correspon- 
drait à  la  déchirure. 

Or,  la  fig.  2  du  texte  montre  en  v,  c'est-à-dire  sur  le 
côté  du  faisceau  qui  avant  la  torsion  devait  être  soudée  à 
la  face  interne  de  l'écorce,  une  masse  considérable  de  ces 
cellules  vasiformes. 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIQE  FOSSILB. 


415 


Sur  cette  figure  les  trois  cordons  libéro-ligneux  d,  e,  f, 
appartiennent  à  la  portion  du  cordon  tournée  vers  l'exté- 
rieur de  la  tige,  et  les  trachéides  p,  r,  o  dépendent  des 
faisceaux  libéro-ligneux  situés  plus  près  de  l'axe.  Les  tra- 
chéides qui  constituent  ces  cordons  vasculaires  portent  des 
ornements  variés  ;  en  r,  fig.  2,  on  peut  voir  une  trachéide 
munie  intérieurement  de  deux  rubans  s'enroulant  en  spires 


Coupa  longitudinale  d'un  faisceau  vasculaire  laite  en  partie  dans  la  région  verticale 
et  en  partie  dans  la  région  coudée. 
d,  e,  f,  coupe  transversale  oblique  des  trois  cordons  tournés  vers  la  périphérie  ; 
p,  r,  o,  trachéides  appartenant  am  dam  cordons  regardant  l'axe; 
h,  parenchyme,  écorce  commune; 
o,  cellules  vasiformes  recouvrant  le  faisceau  vasculaire  en  tous  sens. 


écartées,  fig.  A,  plus  grossie.  En  p  les  ornements  affectent 
la  disposition  de  raies  quelquefois  parallèles,  mais  souvent 
aussi  dirigées  obliquement  les  unes  par  rapport  aux  autres  ; 
d'autres  fois  les  ornements  rayés,  au  lieu  d'être  disposés 
les  uns  à  la  suite  des  autres  assez  régulièrement  comme 
en  o,  présentent  des  lacunes,  fig.  1 ,  d,  et  fig.  4  d,  e,  pi.  X, 
comme  si  ces  ornements  avaient  été  partiellement  détruits  ; 


416  B.    RENAULT. 

en  dehors  de  l'endoderme  qui  entoure  chacun  des  faisceaux 
libéro-ligneux,  le  tissu  cortical  est  constitué  par  des  cellules 
à  section  verticale  sensiblement  rectangulaire  et  à  section 
transversale  polygonale.  Les  parois  portent  des  amincisse- 
ments ponctiformes,  quelquefois  on  y  observe  des  orne- 
ments polygonaux  ou  réticulés,  B,  D,  flg.  2  du  texte; 
parfois  les  parois  portent  un  réseau  irrégulier  C  très 
apparent  dont  les  mailles  sont  évidées. 

L'intervalle  compris  entre  les  différents  faisceaux  vas- 
culaires  et  l'écorce  moyenne  était  rempli  d'un  tissu  peu 
résistant  qui  a  presque  complètement  disparu  ;  nous  pensons 
qu'il  formait  l'assise  la  plus  interne  de  l'écorce  de  la  tige. 
On  en  rencontre  quelques  vestiges  en  dehors  des  groupes 
centraux  des  cellules  vasiformes,  ces  vestiges  sont  repré- 
sentés par  les  restes  des  membranes  moyennes  qui  généra- 
lement sont  plissées  et  affaissées  sur  elles-mêmes.  Toute- 
fois, là  où  il  n'y  a  pas  eu  d'écrasement,  les  mêmes  mem- 
branes transparentes  ont  conservé  la  forme  de  cellules 
polyédriques  isodiamétrales  mesurant  18  à  20  p.  Cette 
destruction  presque  complète  est  due  sans  aucun  doute  à 
un  travail  microbien  très  avancé  qui  a  fait  disparaître  tous 
les  épaississements,  ne  laissant  de  visibles  que  des  traces 
de  membranes  et  une  sorte  de  mucilage  provenant  de  ce 
travail. 

Les  faisceaux  vasculaires  en  pénétrant  dans  l'écorce 
moyenne  s'augmentent  d'une  masse  importante  d'un  tissu 
particulier,  g,  fig.  3,  pi.  VIII,  à  section  transversale  presque 
circulaire,  auquel  le  nom  de  parichnos  dû  à  M.  C.-E.  Ber- 
trand peut  être  attribué  puisqu'il  n'indique  qu'une  posi- 
tion occupée  par  un  tissu. 

Les  faisceaux  et  leur  parichnos  sont  assez  rapprochés 
pour  former  une  sorte  de  couronne  continue  qui  limite  en 
dedans  l'écorce  moyenne,  b,  fig.  1,  pi.  VII. 

Dans  notre  échantillon  le  parichnos  est  constitué  par  des 
cellules  à  minces  parois,  dont  la  section  transversale  est 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIOE  FOSSILE.  417 

polygonale,  et  la  section  verticale  rectangulaire  ;  leur  lon- 
gueur est  sept  à  huit  fois  plus  grande  que  leur  largeur,  d, 
Gg.  4  du  texte. 

En  se  rapprochant  de  la  périphérie  de  la  tige  les  cellules 
qui  forment  le  contour  du  parichnos  épaississent  leurs 
parois  et  acquièrent  Fl0  3 

plus  de  résistance. 
Souvent  la  région 
centrale  montre  des 
déchirures,  g,  fig,  3, 
pi.  VIII:  d'autres  fois 
les  cellules  centrales 
paraissent  remplies 
d'une  matière  brune 
g,  fig.  2.  peut-être  un 

T  C  Coupe  longitudinale  d'une  portion  de  faisceau  prise 
produitdesecretlOn.  à  Intérieur  de  l'écwM  moveune. 

Mais     généralement  *'  faisceau  libéro-ligneui  en  partie  détruit  ;  quelques 

,  ...      ..  fragments  de  trachéides  sont  encore  visibles  ; 

a  une  très  petite  (lis-  fr   i&n<x  commune  au*  cordons  libéro-ligneui  d'un 

tance  de  l'axe,  dans        faisceau; 

,, ,  ,         c,  tissu  réunissant  l'écorce  do  faisceau  au  parichnos; 

1  épaisseur   de    le-    d,  parichnos; 

coree  moyenne,  tout     e-  aBSlM  m°Jeaac  da  I'*»'«c  d0  la  "8e- 

le  parichnos  est  détruit  à  l'exception  de  la  gaine  de  cellules 

sclérifiées,  k,   fig.  1,  pi.  IX. 

Ces  organes  diffèrent  par  la  forme,  la  position,  le  nombre 
et  probablement  par  les  fonctions  des  organes  sécréteurs 
que  nous  avons  décrits  avec  détails  dans  notre  notice  sur  les 
Sigillaires  ;  ils  diffèrent  par  leur  position,  leur  nombre,  de 
ceux  qui  accompagnent  le  faisceau  foliaire  des  Lepidodendron 
Harcourti  et  L.  selaginoides  ;  ils  diffèrent  également  des 
organes  aérifères  des  Syringodendrons  monostigmés  d'Es- 
nost;  ils  n'ont  de  commun  avec  ces  derniers  que  leur  voi- 
sinage près  des  faisceaux  libéro-ligneux  se  rendant  aux 
appendices. 

Le  parichnos  d'un  volume  relativement  considérable  au 

moment  où  le  faisceau  vasculaire  vient  se  mettre  en  contact 

tome  xm.  27 


418  B.    RENAULT. 

avec  lui,  g,  fig.  3,  pi.  VIII,  diminue  notablement  d'impor- 
tance immédiatement  après  sa  pénétration  plus  profonde  à 
l'intérieur  de  l'écorce,  g',  fig.  3;  le  faisceau  vasculaire 
composé  du  même  nombre  de  cordons  libéro-ligneux  ne 
change  pas  de  grandeur.  Les  dimensions  en  largeur  des 
bandes  de  parichnos  qui  forment  la  couronne  la  plus 
interne  g  est  de  lmm580,  son  épaisseur  de  0mm699.  Celles 
qui  forment  la  couronne  suivante  mesurent  en  largeur 
0"m618  et  en  épaisseur  0mm  641  ;  la  diminution  en  largeur 
des  bandes  de  la  première  couronne  provient  de  ce  qu'elles 
se  dédoublent  tour  à  tour  dans  le  sens  tangentiel  pour  se 
mettre  en  rapport  avec  un  nouveau  faisceau  vasculaire.  Le 
tissu  qui  les  constitue,  comme  nous  l'avons  dit,  se  déchire 
et  se  détruit  facilement,  fig.  3,  pi.  VIII,  g,  et  fig.  1,  pi.  IX,  k. 
Dans  cette  dernière  figure  il  ne  reste  plus  que  la  gaine 
fibreuse  qui  limite  le  parichnos;  toute  la  partie  formée  de 
cellules  à  minces  parois  a  été  désorganisée  par  les  Bacté- 
riacées,  le  faisceau  vasculaire  lui-même  a  disparu  presque 
complètement  ;  les  lettres  b,  c,  d,  e,  f  marquent  les  places 
qui  étaient  occupées  par  les  cordons  libéro-ligneux  indiqués 
sur  la  fig.  3,  pi.  VIII;  les  lames  fibreuses  qui  divisent  le 
faisceau,  fig.  1,  pi.  IX,  ont  en  partie  résisté.  Cette  section 
est  prise  dans  la  zone  lacuneuse  de  l'écorce  A,  fig.  1,  pi.  VII  ; 
l'altération  va  croissant  à  mesure  que  l'on  s'approche  de  la 
périphérie;  la  fig.  4,  pi.  VIII,  prise  dans  la  région  paren- 
chymateuse  de  l'écorce,  ne  permet  de  distinguer  aucune 
organisation,  soit  dans  la  partie  f  occupée  autrefois  par  le 
faisceau,  soit  dans  celle  occupée  par  le  parichnos  g  ;  les 
gaines  fibreuses  elles-mêmes  ont  été  désorganisées  et 
transformées  en  une  pulpe  noire,  à  peu  près  opaque. 

Les  faisceaux  vasculaircs,  en  quittant  l'axe,  se  dirigent 
obliquement  vers  la  couche  moyenne  corticale,  fig.  1,  2, 
pi.  X,  s'y  élèvent  verticalement,  puis  de  là  décrivent  une 
courbe  oblique,  b,  fig.  2,  pi.  VI  ;  en  se  rapprochant  de  la 
surface  de  la  tige  l'extrémité  du  faisceau  devient  horizon- 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIGE  FOSSILE.  419 

taie  et  sort  perpendiculairement  à  la  surface,  e,  e,  fig.  1, 
pi.  VII.  Cette  section  a  été  prise  à  la  partie  inférieure  de 
l'échantillon.  Vers  l'extrémité  supérieure,  la  course  des 
faisceaux  fait  avec  Taxe  un  angle  d'écart  moins  ouvert,  et 
l'extrémité  sort  obliquement  par  rapport  à  la  surface  ; 
l'élongation  des  mamelons  du  haut  de  la  tige  laissait  prévoir 
la  différence  que  nous  venons  de  constater  dans  la  course 
des  faisceaux. 

La  distance  angulaire  des  sorties  des  faisceaux  est  d'en- 
viron 135°,  ce  qui  donne  pour  l'ordre  phyllotaxique  la  frac- 
tion -§- 

L'écorce  qui  nous  a  été  conservée  peut  se  diviser  en  trois 
zones  : 

l°Une  zone  interne  (?)  entièrement  formée,  comme  nous 
l'avons  dit,  de  cellules  à  minces  parois  réduites  aux  mem- 
branes communes,  repliées  sur  elles-mêmes,  comprimées, 
rarement  ayant  conservé  la  grandeur  et  la  forme  primitive, 
difficilement  visibles  à  cause  de  leur  transparence;  les 
parois  sont  cependant  occupées  par  de  nombreux  Micro- 
coques mesurant  de  0,4  à  0,5  (jl.  Cette  première  assise 
occupe  l'intervalle  compris  entre  l'axe  ligneux  central  et 
l'écorce  moyenne  ;  elle  est  traversée  par  les  faisceaux  qui 
se  rendent  de  l'axe  dans  les  appendices. 

2°  La  zone  moyenne  est  formée  de  cellules  à  parois 
épaissies  et  sclérifiées;  c'est  elle  qui  constitue  le  cylindre 
de  couleur  foncée  g,  fig.  t,  pi.  VII;  elle  peut  se  subdiviser 
en  deux  assises  distinctes,  la  plus  interne  est  composée  de 
cellules  à  parois  épaissies,  à  sections  longitudinales  rec- 
tangulaires, /',  fig.  2,  pi.  X,  plus  hautes  que  larges,  à  sec- 
tions transversales,  carrées  ou  rectangulaires,  /,  fig.  2, 
pi.  IX,  disposées  au  bord  externe  en  lignes  rayounantes  /; 
les  parois  sont  marquées  de  nombreuses  ponctuations  pro- 
venant d'amincissements  arrondis  ou  irréguliers.  Du  côté 
de  l'axe  cette  région  est  traversée  par  de  nombreux  fais- 
ceaux qui  montent   verticalement,    et,   en   se    touchant 


420  B.    RENAULT. 

presque,  forment  une  sorte  de  cylindre  presque  continu, 
fig.  2  et  3,  pi.  VIII.  Du  côté  de  la  périphérie  elle  semble 
accompagner  ces  faisceux  et  leur  forme  une  sorte  de  gaine 
brune  qui  se  détache  nettement  au  milieu  de  la  troisième 
zone  cellulaire  de  Técorce,  fig.  1,  pi  VII,  e.  L'intérieur  de 
ces  cellules  contient  de  nombreux  Microcoques,  les  uns 
mesurant  1  \l  à  1{jl3,  les  autres  0[x5  seulement. 

La  deuxième  assise  de  l'écorce  moyenne  est  composée 
de  cellules  rameuses,  h,  fig.  2,  pi.  IX,  dont  les  branches  en 
se  rencontrant  laissent  entre  elles  de  nombreux  méats. 
La  fig.  3,  pi.  IX,  montre  le  passage  insensible  de  la  pre- 
mière à  la  deuxième  assise  A,  sur  une  coupe  longitudinale  ; 
ces  deux  assises  concentriques  constituent  la  partie  la  plus 
solide  de  Técorce,  celle  quise  détache  en  brun,  fig.  1,  pi.  VII. 

3°  La  zone  la  plus  externe  est  constituée  par  du  tissu 
parenchymateux,  composé  de  cellules  polyédriques  à  peine 
visibles  à  cause  de  l'altération  des  parois  ;  les  épaississe- 
ments  ont  disparu,  il  ne  reste  que  les  traces  des  membranes 
communes,  souvent  même  ces  membranes  sont  réduites  à 
de  simples  lambeaux  sur  lesquels  on  distingue  de  nom- 
breux Microcoques.  Cette  partie  de  Técorce  est  relative- 
ment considérable,  f,  fig.  1  ;  elle  est  traversée  par  les  nom- 
breux faisceaux  qui  ont  conservé  leur  position  primitive 
malgré  l'état  de  désorganisation  du  tissu  dans  lequel  ils 
sont  plongés.  La  surface  est  généralement  dépourvue  d'épi- 
derme  et  de  liège  enlevés  par  le  frottement,  on  n'en  trouve 
des  traces  qu'au  fond  des  sillons  existant  entre  les  mame- 
lons. 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIGE  FOSSILE.  421 


EN  RÉSUMÉ  : 

La  tige  dont  nous  venons  de  donner  en  quelques  mots 
la  description  peut  être  considérée  comme  formée  : 

1°  Au  centre,  d'un  axe  constitué  par  des  cellules  vasi- 
formes  dans  lesquelles  viennent  se  fondre  les  faisceaux 
vasculaires  qui  se  rendent  dans  les  appendices  :  le  bois 
des  faisceaux  libéro-ligneux  étant  en  effet  assez  résistant, 
se  retrouverait  certainement  dans  la  constitution  de  cet 
axe,  si  la  transformation  que  nous  avons  indiquée  n'avait 
pas  lieu  ;  les  cellules  vasiformes  formaient  donc  une  sorte 
de  cylindre  servant  de  lien  commun  aux  extrémités  qui 
venaient  successivement  y  aboutir.  L'axe  est  donc  monos- 
télique;  chaque  faisceau  renferme  cinq  cordons  libéro- 
ligneux  d'abord  soudés  entre  eux,  mais  devenant  distincts 
en  traversant  l'assise  interne  de  l'écorce.  La  plupart  des 
cellules  vasiformes  composant  la  partie  monostélique  do 
Taxe  ont  été  dissociées  par  un  travail  bactérien  qui  a  déter- 
miné la  séparation  des  cellules  et  celle  des  extrémités  des 
faisceaux  reliés  par  ce  tissu  spécial.  Les  cellules  vasiformes, 
devenues  libres,  sont  restées  les  unes  adhérentes  aux  fais- 
ceaux, les  autres  se  sont  portées  contre  la  surface  interne 
de  l'écorce  moyenne,  l'assise  interne  de  l'écorce  ayant  été 
détruite  par  les  Bactériacées. 

2°  D'une  écorce  très  épaisse  composée  de  trois  couches 
distinctes  : 

(a)  ?  Une  couche  interne  composée  de  cellules  à  minces 
parois,  peu  résistantes,  qui  ne  sont  représentées  que  par 
leurs  membranes  moyennes,  et  qui  par  leur  aplatissement 
et  leurs  déchirures  ont  laissé  un  espace  à  peu  près  vide 
entre  l'extrémité  recourbée  des  faisceaux.  Cette  couche 
interne  de  l'écorce  est  analogue  à  celle  qui  existe  autour 


422  B.    RENAULT. 

de  Taxe  du  Lepidodendron    rhodumnense  et  L.  Harcourti, 
fig.  3  et  2,  pi.  VII. 

(b).  D'une  couche  moyenne  dont  les  cellules  de  couleur 
brune  ont  leurs  parois  sclérifiées  et  contribuaient,  pour  une 
large  part,  à  la  rigidité  de  la  tige  ;  elle  peut  se  subdiviser 
en  deux  assises  : 

La  plus  interne  formée  de  cellules  rectangulaires  à 
parois  épaisses  portant  des  amincissements  ponctiformes 
irréguliers  ou  en  réseau  ;  la  plus  externe  composée 
de  cellules  rameuses  constituant  un  tissu  lacuneux  cylin- 
drique. 

(c).  Enfin  une  couche  externe  entièrement  parenchyma- 
teuse  dont  les  cellules  à  minces  parois  ne  sont  souvent 
représentées  que  par  leurs  membranes  communes  ;  cepen- 
dant l'ensemble  n'a  subi  aucune  déformation.  A  la  surface 
se  voient  des  mamelons  rhomboîdaux  allongés,  dépourvus 
de  cicatrices  particulières,  portant  seulement  à  leur  extré- 
mité supérieure  une  cicatricule  laissée  par  le  faisceau 
vasculaire  des  appendices.  L'écorce  était  recouverte  d'une 
mince  couche  de  tissu  subéreux  visible  seulement  entre  les 
mamelons. 

Les  faisceaux  vasculaires,  en  s'éloignant  de  Taxe,  se 
recourbent  brusquement  et  s'élèvent  verticalement  pendant 
quelque  temps  le  long  de  l'écorce  moyenne  en  formant  une 
couronne  presque  continue,  puis  s'infléchissant,  ils  arrivent 
vers  les  mamelons  superficiels,  horizontalement  à  la  base 
de  l'échantillon,  obliquement  au  contraire  vers  le  sommet. 
L'épaisseur  relativement  très  considérable  de  la  couche 
externe  de  l'écorce  devait  en  faire  une  tige  charnue  d'une 
destruction  facile. 

La  description  qui  précède  fait  ressortir  les  différences 
profondes  qui  existent  entre  la  tige  que  nous  étudions  et 


SUR  UN  NOUVEAU  GENRE  DE  TIGE  FOSSILE.  423 

les  deux  types  lépidodendroïdes  anciennement  connus  et 
dans  lesquels  peuvent  être  rangés  les  différents  genres  de 
Lycopodiacées  fossiles. 

Si  Taxe  ligneux  est  constitué  tel  que  nous  le  pensons,  il 
ne  peut  être  rapproché  du  cylindre  ligneux  annulaire  du 
Lepidodendron  Harcourti  d'où  partent  des  cordons  libéro- 
ligneux  qui  se  rendent  aux  feuilles,  il  constitue  au  contraire 
une  stèle  pleine,  d'une  organisation  spéciale,  à  laquelle 
aboutissent  des  faisceaux  vasculaires  à  cordons  multiples. 

Le  système  ligneux  du  Lepidodendron  rhodumnense  est  bien 
monostélique  sans  moelle  incluse  ;  mais  les  cordons  libéro- 
ligneux  qui  se  rendent  aux  appendices  sont  simples,  et  Taxe 
ligneux  n'offre  aucune  anomalie,  il  est  formé  de  trachéides 
rayées  augmentant  de  calibre  de  la  périphérie  au  centre. 

La  complexité  du  faisceau  vasculaire  qui  pénètre  dans 
les  appendices  de  notre  tige  n'est  guère  comparable  qu'avec 
celle  que  présentent  certaines  Fougères,  appartenant  aux 
groupes  des  Cyathéacées,  Marattiacées,  Hyménophylla- 
cées,  etc..  Les  mamelons  superficiels  que  nous  avons 
décrits  n'ont  rien  d'incompatible  avec  les  cicatrices  lais- 
sées par  des  pétioles  de  petites  dimensions,  et  qui  auraient 
subi  quelque  usure. 

La  gracilité  des  faisceaux  vasculaires  et  des  cordons  libéro- 
ligneux  qui  les  constituent  font  songer  à  des  Fougères  à 
pennes  peu  développées,  filiformes,  de  Sphénoptéridées 
par  exemple  si  communes  dans  le  Culm  et  le  Dévonien. 

On  aurait  affaire  à  une  Filicinée  présentant  une  tige 
charnue  assez  développée  mais  ornée  de  frondes  grêles  et 
de  petites  dimensions. 

On  pourrait  objecter,  il  est  vrai,  que  presque  toutes  les 
Fougères  arborescentes  des  terrains  primaires  ont  les  cica- 
trices foliaires  plus  écartées  et  plus  développées  en  hau- 
teur, à  la  base  qu'au  sommet;  sont  munies  de  nombreuses 
racines  partant  de  très  haut  sur  la  tige  et  descendant  tantôt 


424  B.    RENAULT. 

à  l'intérieur  de  l'écorce,  tantôt  à  l'extérieur,  formant  un  four- 
reau épais,  qui  l'entoure  et  la  soutient  ;  mais  notre  échan- 
tillon peut  appartenir  à  une  famille  de  Fougère  n'atteignant 
pas  une  taille  élevée,  restant  frutescente,  n'ayant  pas 
besoin,  comme  cela  arrive  pour  certaines  tiges  charnues, 
de  racines  adventives  partant  du  sommet. 

Cependant,  comme  pour  le  moment  il  n'est  guère  possible 
de  préciser  davantage  et  d'en  faire  une  Fougère  incontes- 
table, et  qu'il  règne  quelque  doute  sur  la  structure  extra- 
ordinaire de  l'axe  ligneux,  nous  désignerons  cette  tige 
curieuse  sous  le  nom  de  Adèlophylon  Jutieri.  { 


1.  À'àn'koç>  peu  connue;  yvrov,  plante. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


Planche  I. 


Pig.   1.     Luheopsis  verisimilis  n.  sp. 
Grandeur  naturelle. 

—  2.     Luheopsis  verisimilis  n.  sp. 

Jeune  feuille,  grandeur  naturelle. 

—  3.     Elseocarpeopsis  mutila  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  4.     Elseocarpeopsis  décora  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  5.     Luheopsis  clissijmetra  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 


-<*> 


Soc.  H"  Nat.  d'Au 


'A 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


Planche  II. 

lïhamnus  catharticœfolia  n.  sp, 
Vnr.  p  minuta,  grandeur  naturelle. 

Luhcopsis  verisimilis  n.  sp. 

Jeune  feuille,  grandeur  naturelle. 

Rhamnus  cath&rticœfolia  n.  sp. 
Var.  p  minuta,  grandeur  naturelle. 

Acer  palœopalmatum  n.  Bp. 
Grandeur  naturelle. 

a/  indique  le  repli  qui  cache  le  lobe  représenté  pa 
la  figure  6. 

Luheopsis  dissymetra  n.  ap. 

Jeune  feuille,  grandeur  naturelle. 

Acer  palœopalmatum  n.  sp. 

Un  lobe  de  la  feuille  représentée  figure  4. 
a/  indique  le  repli  correspondant  à  la  ligne  a/  de  1 
figure  4. 

Rhamnus  pristina  n.  sp. 
Grandeur  naturelle. 

Cissus  mucronata  n.  sp. 
Grandeur  naturelle. 

Echinocarpeopsis  fastigata  n.  sp. 
Grandeur  naturelle. 
a/  point  où  les  dents  ont  été  conservées. 


Soc.  H"  Nat.  d'Autu 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


i 


Planche  III. 


Fig.   1.     Cornus  neglecta  n.  sp. 
1  Grandeur  naturelle. 


—  2      Rhamnus  progenitrix  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  3.     Grewiopsis  producta  n.  sp. 

Demi-grandeur. 

—  4.    Acer  lœtum  eocenicum  n.  sp. 

Jeune  feuille,  grandeur  naturelle. 

a/  sinus  séparant  deux  lobes; 
h/  petit  lobe  basilaire. 

—  5.     Rhamnus  catharticœfolia  n.  sp. 

Fragment  de   face   supérieure    d'une   feuille  de  la 
var.  «  procera,  grandeur  naturelle. 

—  i\.    Acer  lœtum  eocenicum  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  7.     Cissus  intégra  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  8.     Rhamnus  catharticœfolia  n.  sp. 

Var.  «  procera,  grandeur  naturelle. 


Soc.  H-  Nat.  d'Autun 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


Planche  IV. 


Fig.   1.    Acer  Pseudoplat  anus  eocenicum  n.  sp. 
Grandeur  naturelle. 

—  2.    Acer  sezannensc  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  3.    Rhamnus  pristina  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  4.    Acer  subtenuilobatum  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

a/  dent  bien  conservée. 

—  5.    Rhamnus  ceanothifolia  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  (>.    Acer  lœtum  eocenicum  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 


* 


Soc.  H"  Nat.  d'Au 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


Planche  V. 


Fig.   1.    Sauraja  roborans  n.  sp. 
Grandeur  naturelle. 

—  2et3.Quercites  vesicatus  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  4.    Marlea  primseva  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 

—  5.    Protoficus  crispans  n.  sp. 

Grandeur  naturelle. 


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Soc.  H"  Nat.  d'Auto 


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Planche  VI. 


EXPLICATION  DES  FIGURES 

Fig.  1 .  —  Adèlophyton  Jutieri,  grandeur  naturelle. 

c  /  Mamelons  fusiformes  de  la  surface,  disposés  en  alternance 
sur  des  lignes  spirales. 

b  I  Cicatricule  laissée  par  le  passage  du  faisceau  vase ul aire 
se  rendant  dans  un  appendice. 

Fig.  2.  —  Le  même  échantillon  vu  par  l'autre  face  repré- 
sentant une  section  longitudinale,  passant  un  peu  en 
dehors  de  Taxe.  Grandeur  naturelle. 

a  /  Cylindre  central  formé  par  la  couche  interne  de  l'écoroe 
et  le  système  ligneux. 
b  I  Faisceau  vasculaire  se  rendant  dans  un  appendice. 

Fig.  3.  —  Face  inférieure  du  même. 

a  /  Cylindre  central,  b  /  Faisceau  vasculaire. 

Fig.  4.  —  Face  supérieure  du  même. 

a  /  Cylindre  central  parcouru  par  les  faisceaux  qui  se  ren- 
dent aux  appendices  extérieurs. 
6  /  Un  de  ces  faisceaux. 


Soc.  H-  Nai.  dV 


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Planche  VII. 


EXPLICATION  DES  FIGURES 

Fig.  \ .  —  Adèlophyton  Jutieri,  coupe  transversale.  Gros.  1  1/2. 

a  /  Faisceaux  vasculaires  partant  de  Taxe  pour  se  diriger 
vers  la  périphérie. 

a'  /  Faisceau  vasculaire  détaché  un  peu  au-dessous  et  par 
conséquent  un  peu  plus  éloigné  du  centre. 

b  I  Un  faisceau  qui  a  pénétré  dans  la  région  corticale 
moyenne  et  flanqué  sur  sa  face  externe  d'une  bande  de  tissu 
mou  (parichnos.) 

c  /  Section  d'un  faisceau  vasculaire  traversant  la  couche 
brune  de  cellules  sclérifiées  qui  compose  l'écorce  moyenne. 

d  I  Section  transversale  d'un  autre  faisceau,  plus  éloigné  du 
centre,  la  figure  est  plus  elliptique  et  la  bande  de  parichnos 
a  sensiblement  diminué. 

e  /  A  la  périphérie  les  faisceaux  affectent  une  course  presque 
horizontale,  et  leurs  sections  prennent  une  forme  elliptique  très 
allongée,  à  la  partie  inférieure  de  l'échantillon. 

f  I  Portion  extérieure  de  l'écorce  composée  de  tissu  paren- 
chymateux,  limitée  par  une  mince  assise  de  suber. 

g  I  Écorce  moyenne,  composée  de  cellules  scléreuses  cons- 
tituant un  cylindre  continu  et  jouant  le  rôle  de  tissu  méca- 
nique. 

h  I  Portion  extérieure  de  ce  cylindre  formée  de  cellules 
rameuses  et  produisant  par  la  réunion  de  leurs  prolongements 
un  tissu  lacuneux. 

Fig.  2.  —  Lepidodendron  Harcourti  (type).   Coupe  transver- 
sale. Grossie  2  fois. 

a  '  /  a  /  Faisceaux  foliaires  partant  de  la  surface  du  cylindre 
ligneux  central  pour  se  porter  à  la  périphérie. 

/  /  Cylindre  ligneux  central  annulaire,  formé  de  bois  centri- 
pète, sans  bois  secondaire  et  entourant  une  moelle. 

h  I  Tissu  généralement  détruit  dans  certaines  régions.  Près 
du  cylindre  central  on  rencontre  des  traces  de  tissus  lacuneux. 

f  f  Assise  corticale  extérieure  constituée  par  un  tissu  paren- 
chymateux.  A  la  surfaco  sont  placés  les  mamelons  foliaires. 

Fig.  3.  —  Section  transversale  d'un  rameau  de  Lepidoden- 
dron rhodumnense.  Grossi  45  fois. 

a  I  a  I  Faisceaux  ligneux  primaires  disposes  au  nombre  de  1 1 
autour  du  cylindre  central,  et  qui  le  quitteront  partiellement 
pour  se  porter  à  la  périphérie  du  rameau. 

1 1  Axe  ligneux  plein,  formé  de  trachéides  rayées.  Le  liber 
extérieur  a  été  détruit,  il  est  indiqué  par  une  couronne  muci- 
lagineuse  brune  amorphe. 

h  I  Assise  interne  de  l'écorce  complètement  détruite. 

s  I  Assise  subéreuse  composée  en  épaisseur  de  4  à  5  ran- 
gées de  cellules  rectangulaires. 

f  I  Portion  extérieure  de  l'écorce  formée  de  cellules  allon- 
gées, à  parois  sclérifiées,  diminuant  de  diamètre  vers  l'exté- 
rieur et  portant  les  coussinets  foliaires. 

r  /  Faisceau  vasculaire  pénétrant  à  la  base  d'une  feuille. 

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Soc.  H"  Nat.  d'Autun 


Planche  VIII. 


EXPLICATION  DES  FIGURES 

Fig.  1.  —  Section  transversale,  un  peu  oblique,  d'un  fais- 
ceau vasculaire  composé  de  deux  faisceau  libéro- 
ligneux,  ce  faisceau  est  désigné  par  la  lettre  a,  fig.  1, 
pi.  VII.     Gros.  —. 

a  I  Groupe  de  cellules  vasi formes  axiales  où  vont  se  ter- 
miner les  faisceaux  vasculaires  des  appendices.  La  plus  grande 
partie  a  été  dissociée  par  les  Bactériacées  et  s'est  dispersée. 

b  I  c  I  d  I  e  I  Un  cordon  libéro-ligneux  replié  en  fer  à  che- 
val. Plus  haut  dans  sa  course  il  se  divise  en  quatre  cordons 
distincts;  les  deux  branches  sont  séparées  par  une  lame  mince 
cellulaire  (péricycle  et  endoderme). 

f  I  Cordon  plus  petit  également  entouré  par  une  lame  cellu- 
laire de  môme  nature. 

Fig.  2.  —  Faisceau  vasculaire  coupé  transversalement  à 
son  entrée  dans  l'écorce  moyenne.     Gros.  y. 

b  I  c  I  d  I  e  I  f  I  Le  faisceau  vasculaire  s'est  séparé  en  ciuq 
cordons  libéro-ligneux  distincts  ;  il  s'est  en  outre  augmenté 
d'une  bande  de  parichnos  g  formée  en  grande  partie  de  cel- 
lules allongées  coupées  carément  à  leurs  extrémités,  à  minces 
parois  ;  la  partie  centrale  renferme  des  cellules  plus  courtes 
contenant  une  matière  brune. 

Fig.  3. — Section  de  trois  faisceaux  vasculaires.     Gros.  j-. 

g  j  Bande  de  parichnos  placée  à  l'avant  ou  au-dessous  du 
faisceau;  souvent  la  partie  centrale  est  déchirée  ou  détruite. 

i  j  Gaine  corticale  entourant  les  cordons  libéro-ligneux. 

b'  I  c'  I  d'  I  e'  I  f  j  Un  faisceau  vasculaire  qui  a  pénétré 
dans  l'écorce  moyenne  ;  le  parichnos  a  diminué  sensiblement 
parce  qu'il  s'est  dédoublé;  en  e'  d',  les  vaisseaux  ne  se  voient 
plus,  leur  place  est  limitée  par  l'endoderme. 

Fig.  4.  —  Coupe  d'un  faisceau  vasculaire  dans  sa  course  à 

travers  la  portion  charnue  de  l'écorce.     Gros,  y.  Les 

tissus  ont  été  détruits  par  le  travail  bactérien. 

f  I  Partie  occupée  par  le  faisceau  vasculaire. 
g  I  Parichnos  désorganisé. 


Soc.  H"  Nat.  d'A 


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Planche  IX. 


EXPLICATION  DES  FIGURES 

Kig.  1.  —  Coupe  transversale  d'un  faisceau  vasculaire  dans 
l'écorce  moyenne.     Gros.  :y. 

h  I  d  I  Deux  faisceaux  libcro-ligneux  dont  les  tissus  ont 
disparu. 

c/  a  I  Deux  autres  cordons  libëro-ligneux  également  détruits. 

fi  Cinquième  cordon  qui  n'a  pas  été  mieux  conservé. 

h  I  Ouine  de  cellules  sclcrifiées  qui  a  persisté. 

//  /  Handc  de  parichnos  en  partie  détruite  placée  extérieu- 
rement au  faisceau  vasculaire. 

h  /  Tissu  lacuneux  de  l'écorce  moyenne. 

/  /  Tissu  cellulaire  sclérifié  rayonnant  de  l'écorce  moyenne. 

Kitf.  "2.  —  (Joupc   transversale  de  la  partie  lacuneuse   de 
l'écorce.     Gros.  \. 

h  I  Tissu  lacuneux.  //Tissu  rayonnant  de  l'écorce  moyenne. 

Kiir.  .'t. — Coupe  longitudinale  du  tissu  lacuneux  h.  Gros.  y. 


Soc.  H"  Nat.  d'Autun 


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Planche  X. 


EXPLICATION  DES  FIGURES 

Fig.  1.  —  Coupe  longitudinale  d'un  faisceau  vasculaire  se 
portant  vers  Taxe  par  son  extrémité  recourbée.  Gr.  y- 

d  I  Faisceau  composé  de  cinq  cordons,  se  terminant  au 
milieu  de  cellules  vasiformes  v. 
a  I  Gaine  corticale  du  faisceau. 
b  I  Cellules  appartenant  au  parichnos. 
i  /  Cellules  appartenant  à  l'écorce  moyenne  de  la  tige. 

Fig.  2.  —  Coupe  longitudinale  d'un  faisceau  vasculaire 
pénétrant  dans  l'écorco  moyenne.     Gros.  y. 

a  /  Faisceau  vasculaire  entouré,  dans  la  partie  qui  se  porte 
vers  l'axe,  d'une  gaine  mucilagineuse  formée  par  des  cellules 
vasiformes  en  partie  détruites. 

I  I  Cellules  du  parichnos  ;  VI  cellules  de  l'écorce  moyenne 
de  la  tige. 

Fig.  3.  —  Gaine  de  cellules  vasiformes  v  entourant  l'ex- 
trémité des  faisceaux  vasculaires  à  leur  terminaison 
vers  Taxe  :  les  détails  des  ornements,  visibles  au 
microscope,  n'ont  pu  être  rendus  sur  la  photographie. 

Fig.  4.  —  Coupe  tangentiellc  d'un  faisceau  vasculaire 
faite  dans  la  partie  ou  il  se  recourbe  pour  gagner 
l'axe. 

d  I  e  I  Cordons  vasculaires  formant  la  première  paire. 
f  }  Cordon  impair.  En  d  on  voit  les  rubans,  disposés  en  spi- 
rales, de  quelques  trachéides. 

v  l  Cellules  vasiformes  entourant  le  faisceau  en  tous  sens, 
leur  nombre  et  leur  coloration  ont  rendu  la  photographie 
presque  opaque. 


Soc.   H"  Nat.  d'Autu 


PUBLICATIONS 


DE   LA 


/  / 


SOCIETE  D'HISTOIRE  NATURELLE 


D'AUTUN 


1«  Bulletin»  Année  1888. 

Les  Vertébrés  fossiles  des  environs  d'Autun,  par  M.  A.  Gaudry. 
—  Note  par  M.  le  docteur  Brocchi  sur  un  Crustacé  fossile  recueilli 
dans  les  schistes  d'Autun.  —  Sur-  l'existence  de  Mollusques  pul- 
monés  terrestres  dans  le  terrain  permien  de  l'Autunois,  par  M.  P. 
Fischer.  —  Catalogue  des  oiseaux  qui  se  reproduisent  dans  les 
environs  d'Autun,  par  M.  A.  Mangeard.  —  Notice  sur  les  Sigillaires, 
par  M.  B.  Renault.  —  Etude  sur  les  blés  et  leur  culture,  par 
M.  Tacnet.  —  Examen  paléontologique  du  Calcaire  à  Saccamina  de 
Cussy-en-Morvan,  par  M.  Stanislas  Meunier.  —  Études  sur  les 
Arkoses  de  Saône-et-Loire,  par  M.  Devilerdeau. 

Avec  14  planches  et  30  figures  dans  le  texte. 

2*  Bulletin.  Année  1889. 

Les  tubercules  des  Légumineuses,  par  Ch.-M.  Naudin.  —  Les 
Poroxylons,  par  MM.  C.-Eg.  Bertrand  et  B.  Renault.  —  Le  Thé 
et  ses  Succédanés,  par  M.  Désiré  Bois.  —  Notes  sur  quelques  plantes 
qui  entrent  dans  la  composition  des  prairies,  par  M.  Tacnet.  — 
Catalogue  raisonné  des  Champignons  supérieurs  (Hyménomycètes) 
des  environs  d'Autun  et  du  département  de  Saône-et-Loire,  par 
M.  le  docteur  Gillot  et  M.  le  capitaine  Lucand  (lre  partie).  — 
Examen  lithologique  de  quelques  roches  provenant  d'Anost,  par 
M.  St.  Meunier. — Notes  sur  les  roches  au  point  de  vue  de  leur  emploi 
dans  les  constructions,  par  M.  Devilerdeau.  —  L'Histoire  naturelle 
au  Concours  régional  et  aux  Expositions  industrielle  et  scolaire 
d'Autun,  par  MM.  le  docteur  Gillot  et  V.  Berthier.  —  Communi- 
cation faite  par  M.  B.  Renault  au  Congrès  des  sociétés  savantes,  le 
23  mai  1888,  sur  les  gisements  de  plantes  fossiles  d'Esnost. 

Avec  12  planches  et  48  figures  dans  le  texte. 

1.  En  vente  chez  MM.  Dojussicu,  imprimeurs-libraires  à  Autun,  G.  Masson, 
libraire-éditeur,  120,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris,  et  Doin,  libraire-éditeur, 
8,  place  de  l'Odéon,  à  Paris.  — -  Prix  de  chaque  volume  :  15  francs. 

TOME  XIII.  28 


426  PUBLICATIONS   DE    LA   SOCIÉTÉ 


3o  Bulletin.  Année  1890. 

Notice  sur  quatre  stations  néolithiques  de  la  vallée  de  l'Arroux, 
par  M.  Emile  Carion.  —  Sur  la  faune  de  l'isthme  de  Suez,  par 
M.  Eusèbe  Vassel.  — Note  sur  quelques  oiseaux,  par  M.  Marconnbt. 
—  Notice  sur  une  Lycopodiacée  arborescente  du  terrain  houiller 
du  Brésil,  par  M.  B.  Renault.  —  Catalogue  raisonné  des  Cham- 
pignons supérieurs  (Hyménomycètes)  des  environs  d'Autun  et  du 
département  de  Saône-et-Loire,  par  M.  le  docteur  Gillot  et  M.  le 
capitaine  Lucand  (2e  partie).  —  Glaciers  quaternaires  du  Morvan, 
par  M.  Ch.  Demontmerot.  —  Philosophie  naturelle  et  son  Applica- 
tion sociale,  par  M.  le  docteur  Bergeret.  —  Les  phosphates  ali- 
mentaires chez  les  animaux,  par  M.  le  docteur  Bergeret.  —  Com- 
munication faite  par  M.  B.  Renault  sur  un  nouveau  genre  de  tige 
cycadéenne  et  sur  la  structure  du  faisceau  foliaire  des  Lépidoden- 
drons  et  des  Sigillaires. 

Avec  11  planches  et  15  figures  dans  le  texte. 

4«  Bulletin.  Année  1891. 

Paléoethnologie  des  vallées  de  la  Loire,  de  la  Bourbince  et  de 
l'Arroux,  par  M.  Fr.  Pérot.  —  Notes  sur  les  Céphalopodes  dibran- 
ches  du  Lias  supérieur  de  Sainte-Colombe-lès-Avallon  (Yonne),  par 
M.  L.  Millot.  —  Recherches  sur  les  poissons  du  Lias  supérieur  de 
l'Yonne,  par  M.  H.-E.  Sauvage.  —  Catalogue  et  distribution  géo- 
graphique des  Mollusques  terrestres,  fluviatiles  et  marins  d'une 
partie  de  l'Indo-Chine,  par  M.  le  docteur  P.  Fischer.  —  Note  sur  le 
Depressaria  doronicella  Wocke,  par  M.  A.  Constant.  —  Lis  comes- 
tibles, par  MM.  A.  Paillbux  et  D.  Bois,  du  Muséum  de  Paris.  —  Des 
caractères  que  l'anatomie  peut  fournir  à  la  classification  des  végé- 
taux, par  M.  C-Eg.  Bertrand,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences 
de  Lille.  —  Note  sur  les  Botryoptéridées,  par  M.  B.  Renault.  — 
Catalogue  raisonné  des  Champignons  supérieurs  des  environs  d'Au- 
tun et  du  département  de  Saône-et-Loire,  par  M.  le  docteur  Gillot 
et  M.  le  capitaine  Lucand  (3e  partie).  —  Contributions  à  la  Flore 
mycologique  du  département  de  Saône-et-Loire,  par  M.  l'abbé  Fla- 
geolet. —  Notice  sur  la  Flore  ornementale  et  le  dessin  des  plantes 
indigènes,  par  M.  Ch.  Quincy.  —  Communications  faites  par  M.  B. 
Renault,  sur  la  formation  de  la  Houille  et  sur  une  nouvelle  Lyco- 
podiacée. 

Avec  19  planches  et  11  figures  dans  le  texte. 

5»  Bulletin.  Année  1892. 

Contribution  à  l'étude  de  la  Flore  mycologique  du  département  de 
Saône-et-Loire,  par  M.  G.  Delacroix.  —  Liste  annotée  des  Lépidop- 
tères envoyés  à  la  Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun,  par  M.  A. 
Constant.  —  Les  Mines  de  diamant  du  Cap,  par  M.  Th.  Reunert, 
traduction  de  M.  le  vicomte  Jean  de  Montmort,  suivie  d'une  étude 


d'histoire  naturelle  d'autun.  427 

minéralogique,  par  M.  Couttolenc.  —  Note  sur  un  nouveau  genre 
de  Gymnosperme  fossile  du  terrain  permo-carbonifère  d'Autun,  par 
M.  B.  Renault.— Brachiopodes,  par  MM.  P.  Fischer  et  D.  P.  Œhlert. 

—  Examen  minéralogique  de  deux  météorites  bourguignonnes,  par 
M.  Stanislas  Meunier.  —  L'Ichtyosaurus  Burgundiao,  par  M.  Albert 
Gaudry.  —  Conférences  sur  les  racines  et  les  stolons  des  Calamo- 
dendrées,  par  M.  B.  Renault.  —  Communication  faite  par  M.  B. 
Renault  au  Congrès  des  Sociétés  savantes,  dans  la  séance  du  26  mai 
1891,  sur  le  genre  Retinodendron.  —  Communication  faite  par 
M.  B.  Renault  sur  un  nouveau  genre  de  Gymnosperme  fossile.  — 
Recherche  sur  les  Poissons  du  Lins  supérieur  de  l'Yonne,  par 
M.  II. -E.  Sauvage. 

Avec  25  figures  dans  le  texte  et  17  planches. 

6«  Bulletin.  Année  1893. 

Liste  chronologique  des  travaux  de  M.  Armand  de  Quatrefages, 
par  M.  Godefroy  Malloizel.  —  Recherches  minéralogiques  sur  les 
gisements  diamantifères  de  l'Afrique  australe,  par  M.  Stanislas 
Meunier.  —  Le  Callibrachion  Gaudry  i,  nouveau  reptile  fossile  du 
permien  d'Autun,  par  M.  Marcellin  Boule  et  M.  Philippe  Glangeaud. 

—  Revision  des  fers  météoriques  de  la  collection  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle  de  Paris,  par  M.  Stanislas  Meunier.  —  Le  Travail  du 
sol  et  la  Nitrification,  par  M.  P. -P.  Dehérain.  —  Reinschia  austral ia 
et  premières  remarques  sur  le  Kérosène  shale  de  la  Nouvelle-Galles 
du  Sud,  par  MM.  C.-Eg.  Bertrand  et  B.  Renault.  —  Note  sur 
quelques  poissons  du  calcaire  bitumineux  d'Orbagnoux  (Ain),  par 
M.  H.-E.  Sauvage.  —  Notice  sur  un  atelier  de  fabrication  de  brace- 
lets en  schiste,  par  M.  Francis  Pérot.  —  Sur  divers  bracelets  ou 
brassards  en  schiste  trouvés  à  Toulon-sur-Arroux.  Note  par  M.  V. 
Berthier.  —  Un  champignon  nouveau  pour  la  France,  Dattarea 
phalloïdes  Pers.,  par  M.  Ernest  Olivier.  —  Note  sur  les  Hyménop- 
tères de  Saône-et-Loire  de  la  famille  des  Mellifères,  par  M.  C.  Mar- 
chal.  —  Communication  faite  par  M.  B.  Renault  au  cours  de  la 
séance  du  24  avril  1892  sur  le  Boghead.  —  Communication  faite  par 
M.  B.  Renault  dans  la  séance  du  25  septembre  1892,  sur  l'utilité  de 
l'étude  des  plantes  fossiles  au  point  de  vue  de  l'évolution  des  organes. 

Avec  26  figures  dans  le  texte  et  14  planches. 

7»  Bulletin.  Année  1894. 

Note  sur  un  Ganoïde  de  genre  nouveau,  du  Lias  de  Vassy  (Yonne), 
par  M.  H.-E.  Sauvage.  —  Les  Poissons  du  terrain  permien  d'Autun, 
par  M.  H.-E.  Sauvage.  —  Liste  annotée  des  Lépidoptères  envoyés 
à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  par  M.  A.  Constant.  — 
Note  sur  une  dent  de  mammouth  provenant  d'un  foyer  ou  habi- 
tation préhistorique,  par  M.  Francis  Pérot.  —  Mémoire  sur  un 
couteau  en  schiste  noir,  par  M.  Fr.  Pérot.  —  Revision  des  Lithosi- 


428  PUBLICATIONS   DE   LA   SOCIÉTÉ 

dérites  de  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris, 
par  M.  St.  Meunier.  —  Flore  nouvelle  de  la  chaîne  jurassique  et  de 
la  Haute-Saône,  à  l'usage  du  botaniste  herborisant,  par  M.  Paul 
Parmbntier.  —  Communication  faite  à  la  réunion  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun,  le  22  avril  4895,  par  M.  B.  Renault, 
sur  quelques  Bactéries  des  temps  primaires. 

Avec  38  figures  dans  le  texte  et  10  planches. 

8*  Bulletin.  —  Année  1895. 

Notice  sur  les  Calamariées,  par  M.  B.  Renault.  —  Recherches  sur 
les  Péronosporées,  par  M.  Louis  Mangin.  —  Toxicologie  africaine, 
par  M.  A.  T.  de  Rochebrune.  —  Note  sur  quelques  Amblypterus 
du  terrain  permien  d'Autun,  par  M.  E.  Sauvage.  —  Contributions  à 
la  Flore  du  Congo  français,  par  M.  A.  Franchbt.  —  Mollusques  des 
Nouvelles-Hébrides,  par  M.  Jules  Mabille.  —  Mœurs  et  habitats 
peu  connus  de  quelques  Coléoptères  de  Saône-et-Loire,  par  M.  l'abbé 
Viturat.  —  Liste  annotée  des  fourmis  de  Saône-et-Loire,  par  M.  C. 
Marchal. 

Aveo  56  figures  dans  le  texte  et  12  planches. 

9«  Bulletin.  —  Année  1896. 

Toxicologie  africaine  (suite),  par  M.  A.  T.  de  Rochebrune.  —Nou- 
velles remarques  sur  le  Kérosène  Shale  de  la  Nouvelle-Galles  du 
Sud,  par  M.  C.-Eg.  Bertrand.  —  Utilité  des  oiseaux.  —  Nécessité 
d'une  entente  internationale  pour  en  conserver  les  espèces,  par 
M.  le  docteur  F.  Bernard  de  Montessus.  —  Notice  sur  les  Cala- 
mariées  (suite),  par  M.  B.  Renault.  —  Revision  des  Pierres  météo- 
riques de  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  par 
M.  Stanislas  Meunier.  —  Liste  alphabétique  des  Pierres  météori- 
ques mentionnées  dans  le  mémoire  précédent.  —  Houille  et  Bacté- 
riacées,  par  M.  B.  Renault. 

Aveo  206  figures  dans  le  texte  et  14  planches. 

10*  Bulletin.  —  Année  1897. 

Toxicologie  africaine  (suite),  par  M.  A.  T.  de  Rochebrune. — Notice 
biographique  sur  J.-L.  Lucand,  par  le  docteur  F.-X.  Gillot.  — 
Répertoire  sphagnologique,  par  M.  Jules  Cardot. — Bogheads,  Bacté- 
riacées,  par  M.  B.  Renault.  —  Lamium  album,  par  MM.  le  docteur 
F.-X.  Gillot  et  P.  Parmbntier.  —  Catalogue  analytique  et  raisonné 
des  Coléoptères  de  Saône-et-Loire  et  des  départements  limitrophes, 
par  MM.  l'abbé  Viturat  et  L.  Fauconnet.  —  Sur  une  nouvelle 
Diploxylée,  par  MM.  B.  Renault  et  A.  Roche.  —  Contribution  à  la 
Flore  du  Congo  français,  famille  des  Liliacées,  par  M.  Henri  Hua. 

Avec  93  figures  dans  le  texte  et  9  planches. 


d'histoire  naturelle  d'autun.  429 


11*  Bulletin.  —  Année  1898. 

Toxicologie  africaine  (suite),  par  M.  A.  T.  de  Rochebrunk.  — 
Note  sur  les  Pachycormidés  du  Lias  supérieur  de  Vassy  (Yonne),  par 
M.  H.-E.  Sauvage.  —  Étude  sur  la  constitution  des  lignites  et  les 
organismes  qu'ils  renferment,  suivie  d'une  note  préliminaire  sur  les 
schistes lignitifères de  Menât  et  duBois-d'Asson,par  MM.  6.  Renault 
et  A.  Roche.  —  Notice  biographique  sur  M.  l'abbé  Alexandre  Mar- 
cailhou-d'Ayméric,  par  M.  le  docteur  F.-X.  Gillot.  —  Catalogue 
raisonné  des  plantes  phanérogames  et  cryptogames  indigènes  du 
bassin  de  la  haute  Ariège,  par  MM.  Hippolyte  et  l'abbé  Alexandre 
Marcailhou-d'Ayméric.  —  Notice  sur  les  Calamariées  (suite), 
3e  partie,  par  M.  8.  Renault.  —  Catalogue  analytique  et  raisonné 
des  coléoptères  de  Saône-et-Loire  et  des  départements  limitrophes, 
par  MM.  l'abbé  Viturat  et  Louis  Fauconnet  (suite).  —  Argiles  à 
silex  de  Saône- et-Loire,  par  M.  J.  Camusat.  —  Premières  notes  sur 
les  Hémyptères  de  Saône-et-Loire,  par  M.  C.  Marchal. 

12a  Bulletin.  —  Année  1899. 

Toxicologie  africaine  (suite  et  fin  de  la  1"  partie),  par  M.  A.  T. 
DE  Rochebrune.  —  Liste  des  coquilles  recueillies  à  la  Martinique, 
par  M.  Gustave  Bordaz.  —  Étude  sur  l'affleurement  et  les  premières 
recherches  minières  du  gîte  métallifère  à  sulfures  complexes  de  Dun- 
sur-Grandry  (Nièvre),  par  M.  le  Vle  Gautron  du  Coudra  y.  —  Notice 
biographique  sur  Ferdinand  Bernard  de  Montessus  de  Ballore,  par 
M.  le  docteur  F.-X.  Gillot.  —  Etude  sur  les  migrations  des  oiseaux. 
—  Statistique  des  oiseaux  de  la  Faune  française,  par  M.  le  docteur 
Ferdinand  Bernard  de  Montessus.  —  Contribution  à  l'étude  géolo- 
gique, chimique  et  minéralogique  du  Laurium  (Grèce),  par  M.  Hugues 
Daviot.  —  Contribution  à  l'étude  de  la  flore  fossile  de  Sézanne,  par 
M.  Maurice  Langeron.  —  Silex  taillés  de  la  période  néolithique 
donnant  des  profils  humains  ou  d'animaux,  par  M.  Francis  Pérot. 


Publications  de  la  Société. 

1892  Contribution  à  l'étude  de  la  Flore  mycologique  du  dépar- 
tement de  Saône-et-Loire,  par  G.  Delacroix 3  fr. 

1895  Flore  nouvelle  de  la  Chaîne  jurassique  et  de  la  Haute- 
Saône,  à  l'usage  du  botaniste  herborisant,  par  Paul 
Parmentier 6  fr. 

1897  Notice   biographique   sur  Jean-Louis    Lucand,   par   le 

docteur  F.-X.  Gillot 2  fr. 


INDEX  ANALYTIQUE 


DU  XIIIe   BULLETIN 


•f 


Pagos. 

Acer 355 

—  laetum  eocenicum...  363 

—  palœopalmatum 357 

—  pseudoplatanus  eoce- 

nicum    356 

—  sezannense 358 

—  subtenuilobatum . . . .  362 
Adèlophyton  Jutieri .  405,  423 

Bacillus  colletus 317 

Cissus  intégra 366 

—      mucronata 364 

Columnifères 338 

Cornus  neglecta 368 

Echinocarpeopsis  décora. .  347 

—  fastigiata  346 

Elaeocarpeopsis  mutila. . .  .  348 

Gagnepain  (P.) 127 

Grewiopsis  producta 340 

Langeron  (M.) 334 

Lepidodendron  Jutieri ....  405 

Luheopsis  dyssimetra ....  343 

—        verisimilis 344 

Marcailhou-d'Ayméric. ...       1 

Marlea  primaeva 367 

Milne-Edwards  (A.) 371 

Protoficus  crispans 336 

Quercites  vesicatus 335 


Pages. 

Renault  (B.)...  303,  371,  405 

Rhamnus  catharticœfolia  .  352 

—  ceanothifolia . . .  353 

—  pristina 351 

—  progenitriz  ....  350 

Sauraja  roborans 338 

Streptothryx  anthracis..  • .  319 

—     (Oladothryx)  Martyi  314 

Syringodendronesnostense  410 

Topographie  botanique  des 
environs  de  Oercy- 
la-Tour 131 

—  Considérations  géné- 

rales   131 

—  Espèces     adventices 

172,  287 

—  Flore  spontanée 193 

—  Géologie 139 

—  Historique 134 

—  Hydrographie 149 

—  Météorologie 157 

—  Modifications    de    la 

flore 189 

—  Nomsde  localités  tirés 

des  plantes 300 

—  Noms  vulgaires 297 

—  Préface 131 

—  Statistique  végétale.  162 

—  Relief  du  sol 138 

—  Surface 137 

—  Végétation  hétéroto- 

topique 147 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

Statuts  et  règlements v 

Composition  du  bureau xj 

Liste  des  membres  de  la  Société xij 

Liste  des  sociétés  correspondantes xxix 

Publications    avec   lesquelles   la    Société    est    en    relations 

d'échange xxxij 

Catalogue  raisonné  des  plantes  phanérogames  et  cryptogames 

indigènes  du  bassin  de  la  haute  Ariège,  par  MM.  II.  et 

A.  Marcailhou-d'Ayméric  (deuxième  partie) 1 

Topographie  botanique  des  environs  de  Cercy-la-Tour  (Nièvre), 

par  F.  Gagnepain 127 

Considérations  nouvelles  sur  les  Tourbes  et  les  Houilles,  par 

B.  Renault 303 

Contribution  à  l'étude  de  la  flore  fossile  de  Sézanne  (deuxième 

fascicule),  par  M.  Langeron 333 

Notice  biographique  sur  Alphonse   Milne-Edwards,   par  B. 

Renault 371 

Sur  un  nouveau  genre  de  tige  fossile,  par  B.  Renault 405 

Publications  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun 425 


-*K- 


TABLE  DES  DESSINS 


Pages. 

Fig.    i.    Tourbe  houillère  silicifiée  de  Grand' Croix 308 

»      2.    Tourbe  actuelle  (Fragny) 309 

»      3.    Fragment  de  bois  houiliifié 312 

»      4.    Tourbière  de  Louradou,  profil 313 

»      5.                      —                   coupe 313 

»      6.    Streptothryx  (Cladothryx)  Martyi 314 

»      7.            —                  —              —     315 

»  8.  Arthrospores  de  Streptothryx  (Cladothryx)  Martyi...  317 
»      9.    Bacillus  colle  tus,  chaînettes  dans  la  houille  d'Arthro- 

pitus 318 

»    10.    Streptothryx  anthracis 320 

»  11.  Coupe  faite  dans  un  bois  d'Arthropitus  houiliifié....  325 
»    12.    Coupe  longitudinale  faite  dans  un  pétiole  de  palmier 

transformé  en  lignite 328 

»      1.    Section  transversale  d'un  faisceau  vasculaire  d'Adè- 

lophyton  Jutieri 412 

»      2.    Coupe  longitudinale  d'un  faisceau  vasculaire  d'Adè- 

lophyton  Jutieri 415 


TABLE  DES  PLANCHES 


Carte  des  environs  de  Cercy 129 

Portrait  d'Alphonse  Milne-Edwards 371 

Planche  I  à  V.  Flore  fossile  de  Sézanne,  hors  texte. 

—  VI.  Adèlophyton  Jutieri. 

—  VII.  Adèlophyton  Jutieri.  —  Lepidodendron  Har- 

courti.  —  L.  rhodumnense. 

—  VIII,  IX,  X.  Adèlophyton  Jutieri,  sections  et  coupes  diverses. 


Aulun.  —  Imp.  Dtjimleo. 


ANNEE  1900 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


ET  DES  EXCURSIONS 


PUBLICATIONS 


DE   LA 


/  / 


SOCIETE  D'HISTOIRE  NATURELLE 


D'AUTUN 


1"  Bulletin.  Année  1888. 

Les  Vertébrés  fossiles  des  environs  d'Autun,  par  M.  A.  Gaudry. 
—  Note  par  M.  le  docteur  Brocchi  sur  un  Crustacé  fossile  recueilli 
dans  les  schistes  d'Autun.  —  Sur*  l'existence  de  Mollusques  pul- 
monés  terrestres  dans  le  terrain  permien  de  l'Autunois,  par  M.  P. 
Fischer.  —  Catalogue  des  oiseaux  qui  se  reproduisent  dans  les 
environs  d'Autun,  par  M.  A.  Mangeard.  —  Notice  sur  les  Sigillaires, 
par  M.  B.  Renault.  —  Etude  sur  les  blés  et  leur  culture,  par 
M.  Tacnet.  —  Examen  paléontologique  du  Calcaire  à  Saccamina  de 
Cussy-en-Morvan,  par  M.  Stanislas  Meunier.  —  Etudes  sur  les 
Arkoses  de  Saône-et-Loire,  par  M.  Devilerdeau. 

Avec  14  planches  et  30  figures  dans  le  texte. 

2«  Bulletin.  Année  1889. 

Les  tubercules  des  Légumineuses,  par  Ch.-M.  Naudin.  —  Les 
Poroxylons,  par  MM.  C.-Eg.  Bertrand  et  B.  Renault.  —  Le  Thé 
et  ses  Succédanés,  par  M.  Désiré  Bois.  —  Notes  sur  quelques  plantes 
qui  entrent  dans  la  composition  des  prairies,  par  M.  Tacnet.  — 
Catalogue  raisonné  des  Champignons  supérieurs  (Hyménomycètes) 
des  environs  d'Autun  et  du  département  de  Saône-et-Loire,  par 
M.  le  docteur  Gillot  et  M.  le  capitaine  Lucand  (lre  partie).  — 
Examen  lithologique  de  quelques  roches  provenant  d'Ânost,  par 
M.  St.  Meunier. — Notes  sur  les  roches  au  point  de  vue  de  leur  emploi 
dans  les  constructions,  par  M.  Devilerdeau.  —  L'Histoire  naturelle 
au  Concours  régional  et  aux  Expositions  industrielle  et  scolaire 
d'Autun,  par  MM.  le  docteur  Gillot  et  V.  Berthier.  —  Communi- 
cation faite  par  M.  B.  Renault  au  Congrès  des  sociétés  savantes,  le 
23  mai  1888,  sur  les  gisements  de  plantes  fossiles  d'Esnost. 

Avec  12  planches  et  48  figures  dans  le  texte. 

1.  En  vente  chez  MM.  Dejussleu,  imprimeurs-libraires  à  Autun,  G.  Masson, 
libraire-éditeur,  120,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris,  et  Doin,  libraire-éditeur, 
8,  place  de  l'Odôon,  à  Paris.  —  Prix  de  chaque  volume  :  15  francs. 

TOME  XIII.  28 


_  2  - 

veille  de  l'ouverture  de  ces  grandes  assises  artistiques, 
industrielles  et  scientifiques,  qui  doivent  servir  chez  nous  et 
en  face  du  monde  entier,  de  couronnement  aux  œuvres  du 
dix-neuvième  siècle.  Il  s'agit  pour  tous  les  Français  sou- 
cieux de  l'honneur  de  la  patrie,  de  ne  pas  faillir  à  l'honneur 
national.  Aussi,  notre  Société  s'est-elle  empressée  d'envoyer, 
par  un  rapport  détaillé,  dont  vous  avez  reçu  communica- 
tion1, son  adhésion  et  ses  offres  de  coopération  au  Minis- 
tère. Des  réponses  favorables  nous  sont  récemment  parve- 
nues (Circulaires  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux- Artsy  en  date  des  22  janvier  et  29  janvier  1900)  ;  avec 
l'invitation  d'envoyer  l'ensemble  de  nos  publications  depuis 
Tannée  1889,  ainsi  que  les  spécimens  de  nos  plus  belles 
planches,  pour  figurer  à  l'Exposition.  Il  est  à  désirer  qu'on 
y  adjoigne  quelques-uns  des  moulages  exécutés  d'après  les 
fossiles  si  curieux  et  si  remarquables  de  nos  schistes  autu- 
hois,  et  cet  ensemble  de  nos  œuvres  tiendrait,  je  n'en  doute 
pas,  une  place  des  plus  honorables  à  l'exposition  des  Sociétés 
savantes  départementales. 

C'est  qu'en  effet  nous  n'avons  rien  négligé,  et,  en  cela, 
nous  n'avons  peut-être  pas,  je  dois  l'avouer,  été  assez  pru- 
dents avec  notre  modeste  budget,  pour  maintenir  nos  publi- 
cations dernières  à  la  hauteur  des  précédentes.  Vous  en 
trouverez  la  preuve  dans  les  deux  beaux  volumes  qui  sont 
mis  en  distribution  aujourd'hui. 

L'un  d'eux  comprend  la  deuxième  partie  du  XIe  Bulletin 
et  renferme  dans  ses  trois  cents  pages  le  texte  des  commu- 
nications aussi  variées  qu'intéressantes  apportées  à  nos 
séances  et  dont  quelques-unes  sont  de  vrais  mémoires,  et 
les  comptes  rendus  des  excursions  de  1898,  enrichis  de 
nombreux  documents. 

Le  second  constitue  la  première  partie  du  XII6  Bulletin, 
que  l'abondance  des  matières  nous  oblige  encore  de  scinder 

i.  Bull.  Soc.  fiist.  nat.  d'Autan,  XII,  2  (1899),   Procès-verbaux  des  séances, 
p.  27-41. 


—    3    r- 

en  deux  volumes,  et,  parmi  les  Mémoires  qui  y  ont  pris 
place,  je  citerai  la  suite  de  la  Toxicologie  africaine  de 
M.  A  -T.  de  Rochebrune;  la  Liste  des  coquilles  recueillies  à 
la  Martinique  par  G.  Bordaz;  VËtude  sur  le  gîte  métallifère 
à  sulfures  complexes  de  Dun-sur-Grandry  (Nièvre),  par  M.  le 
vicomte  Gautron  du  Coudray  ;  la  Notice  biographique  de  F.-B. 
de  Montessus  de  Ballore,  notre  grand  bienfaiteur,  par  le  doc- 
teur X.  Gillot,  suivie  d'un  mémoire  inédit  et  posthume  du 
regretté  savant  sur  YÉtude  des  migrations  des  oiseaux  et  la 
Statistique  des  oiseaux  de  France  ;  puis  la  Contribution  à 
l'étude  géologique,  chimique  et  minéralogique  du  Laurium 
(Grèce),  par  Hugues  Daviot,  ingénieur;  la  Contribution  à 
V étude  de  la  flore  fossile  de  Sézanne,  par  Maurice  Langeron, 
et  les  Silex  taillés  de  la  période  néolithique  à  profils  humains 
ou  d'animaux,  par  Francis  Pérot,  avec  six  belles  planches 
en  phototypie  et  de  nombreux  dessins  exécutés  principale- 
ment pour  les  trois  derniers  Mémoires. 

La  seconde  partie  de  ce  XIIe  Bulletin,  comprenant  lest 
Comptes  rendus  des  séances  et  des  excursions  de  1899,  est 
en  cours  très  avancé  d'impression  et  ne  tardera  pas  à  être 
également  distribuée,  ce  qui  mettra  nos  publications  à  jour. 
J'allais  presque  dire  en  avance,  car  déjà  le  XIIIe  Bulletin, 
qui  portera  le  millésime  de  1900,  est  largement  commencé 
par  l'impression  de  la  deuxième  partie  de  la  Flore  de  la 
haute  Ariège,  de  M.  H.  Marcailhou-d'Ayméric,  et  de  la  Topogra- 
phie botanique  du  canton  de  Cerc\j-la-Tour  (Nièvre),  qui  cons- 
titue une  étude  remarquable  de  statistique  et  de  géographie 
botanique  locale,  due  aux  observations  persévérantes  et 
aux  découvertes  de  notre  modeste  et  très  méritant  collègue, 
M.  P.  Gagnepain,  instituteur  à  Cercy-la-Tour.  Notre  savant 
compatriote  M.  A.  Lacroix,  professeur  au  Muséum,  nous 
réserve  en  outre  un  mémoire  important  sur  les  Gisements 
manganésifères  de  Romanêche,  etc. 

Vous  le  voyez,  Messieurs,  la  copie  ne  nous  manque  pas, 
et  de  la  meilleure  !  Mais  je  doute  que  la  plupart  d'entre 


—  4  — 

vous  se  rende  compte  de  la  somme  considérable  de  peine  et 
de  travail  que  demande  la  mise  en  œuvre  de  tous  ces  maté- 
riaux, réunis  dans  les  quatre  derniers  volumes  de  nos 
Bulletins  publiés  en  moins  de  deux  ans.  Correspondance 
multipliée  avec  les  auteurs,  revision  de  manuscrits,  retouche 
et  parfois  même  réfection  presque  complète  de  notes 
informes  ou  insuffisantes,  rédaction  des  comptes  rendus  des 
séances  et  des  excursions,  recherches  bibliographiques,  cor- 
rection des  épreuves,  démarches  de  toutes  sortes,  etc.,  telle 
est  la  tâche  écrasante  qui  incombe  à  un  seul  homme,  notre 
très  dévoué  secrétaire,  M.  Victor  Berthier.  Sans  doute,  il  a 
trouvé  parmi  ses  collègues  du  bureau  quelque  amicale  assis- 
tance ;  sans  doute  la  besogne  lui  a  été  facilitée  également, 
dans  une  certaine  mesure,  par  l'obligeante  collaboration  de 
nos  imprimeurs,  MM.  Dejussieu,  père  et  fils,  qui  veillent 
toujours  avec  le  même  soin  à  l'exécution  typographique 
irréprochable  des  volumes  sortis  de  leurs  presses;  mais 
ceux-là  seuls  qui  ont  pu  voir  M.  Berthier  à  l'œuvre,  s'occu- 
pant,  avec  une  égale  intelligence,  une  égale  compétence  et 
un  égal  succès,  des  intérêts  d'une  maison  de  commerce 
importante  et  prospère  et  de  ceux  de  notre  Société,  semblant 
se  délasser  d'un  travail  par  l'autre,  ceux-là  seuls,  Messieurs, 
peuvent  apprécier  les  services  de  plus  en  plus  signalés 
rendus  à  notre  Société  par  M.  Berthier,  et  que  sa  modestie 
vous  cacherait,  si  je  ne  considérais  comme  un  devoir  de  les 
proclamer,  et  de  vous  demander  vos  applaudissements  pour 
le  zèle  incessant  de  notre  cher  Secrétaire! 

Sa  besogne  ne  se  borne  pas,  du  reste,  à  l'écriture  et  à 
l'impression  de  nos  Bulletins.  Elle  est  encore  accrue  par  le 
développement  rapide  et  vraiment  extraordinaire  de  nos 
collections,  entraînant  des  dépenses  auxquelles  nous  sommes 
obligés  de  faire  face  avec  un  budget  insuffisant.  Nos  collec- 
tions botaniques  se  sont  accrues  d'un  très  important  her- 
bier, renfermé  dans  plus  de  200  cartons,  comprenant  10  à 
12,000  espèces  et  plus  de  50,000  échantillons,  dont  il  a  déjà 


—  5  — 

été  parlé  par  M.  Bernard  Renault  dans  la  séance  du 
24  septembre  1899 l,  et  d'un  second  herbier,  riche  en 
plantes  du  département  de  Saône-et-Loire  et  donné  par 
M.  René  Bigeard,  ancien  instituteur  à  Mouthier-en-Brosse. 

M.  le  vicomte  Henri  de  Chaignon,  qui,  depuis  deux  ans, 
s'est  fixé  à  Autun  pour  consacrer  la  plus  grande  partie  de 
son  temps  à  la  revision  et  au  classement  du  Musée  orni- 
thologique  de  Montessus,  a  entrepris  très  activement  la  col- 
lection des  roches  locales  en  échantillons  de  choix  très 
soigneusement  étiquetés,  et  vient  de  mettre  le  comble  à  sa 
libéralité  en  nous  faisant  cadeau  du  cabinet  d'histoire  natu- 
relle considérable  réuni  par  lui  au  château  de  Condal,  avec 
sa  double  compétence  d'ornithologiste  et  de  géologue.  Ce 
petit  musée,  riche  de  près  d'un  millier  d'oiseaux  et  de 
quatre  mille  spécimens  de  minéraux  et  de  fossiles  bien 
échantillonnés  et  sûrement  déterminés,  a  été  transporté  à 
Autun  par  les  soins  de  M.  de  Chaignon  lui-même,  et  sera 
bientôt  exposé  dans  nos  galeries,  dont  il  complétera  les 
collections  analogues. 

M.  A.  Roche,  notre  savant  vice-président,  s'est  également 
dépouillé  en  faveur  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d' Autun  d'une  parlio  de  ses  trésors  paléontologiques  et 
minéralogiques.  Une  salle  tout  entière  suffit  à  peine  à  les 
contenir,  et  encore  ne  comprend-elle  pas  toute  une  collec- 
tion préhistorique,  précieuse  au  point  de  vue  local,  et  que 
M.  Roche  se  propose  d'y  ajouter  un  peu  plus  tard.  Vous 
voudrez  tous,  Messieurs,  je  n'en  doute  pas,  vous  associer 
dans  un  vote  unanime  de  remerciements  à  l'égard  de  ces 
généreux  donateurs,  grâce  auxquels  notre  Musée  deviendra 
bientôt  un  des  plus  remarquables  de  France. 

Les  bonnes  volontés,  malheureusement  trop  peu  nom- 
breuses, de  quelques  amateurs  bénévoles  et  zélés  ne  suf- 
fisent pas  pour  mettre  en  ordre  toutes  nos  collections  ainsi 

1.  Herbier  phanérogamique  du  Dr  Gillot,  io  Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Autun 
XII i  2,  Comptes  rendus  des  séances  de  i899>  p.  263. 


_  6  — 

que  notre  bibliothèque  en  augmentation  continuelle,  les 
pourvoir  d'étiquettes,  en  dresser  les  catalogues,  et  les  rendre 
accessibles  et  utiles  au  public.  La  nomination  d'un  conserva- 
teur attitré  s'imposait,  et  nous  en  avons  offert  le  titre  et  les 
fonctions  à  M.  René  Bigeard,  ancien  instituteur  d'Auxy  et  de 
Mouthier-en-Bresse,  qui  a  bien  voulu  les  accepter,  y  con- 
sacrer les  loisirs  de  sa  retraite,  et  nous  a,  comme  je  l'ai  dit 
plus  haut,  rendus  dépositaires  de  son  intéressant  herbier. 
Nous  le  prions  ici  d'agréer  l'expression  de  nos  sentiments 
de  vive  gratitude,  et  pour  sa  donation  libérale  et  pour  les 
services  que  nous  attendons  de  lui  et  que  reconnaîtra  bien 
insuffisamment  la  modique  rétribution  que  nous  avons  pu 
lui  offrir. 

C'est  qu'en  effet  si  nous  consultons  notre  livre  de  caisse, 
et  les  comptes  de  notre  excellent  trésorier  nous  en  fourni- 
ront la  preuve  malheureusement  trop  certaine,  notre  doit 
dépasse  en  ce  moment  notre  avoir  d'une  façon  inquiétante. 
Il  a  fallu  subvenir  aux  dépenses  accoutumées  de  notre 
exercice  annuel,  supporter  des  frais  urgents  d'entretien  et 
de  réparation,  et  en  plus  du  transport  et  de  l'installation 
du  cabinet  de  Chaignon,  faire  honneur  aux  engagements 
pris  pour  la  publication  de  nos  Bulletins,  etc.  Nous  avons 
été  obligés  d'escompter  l'avenir  et  d'anticiper  sur  nos 
recettes  à  recouvrer,  avec  l'espoir,  Messieurs,  que  l'utilité 
et  le  succès  de  notre  œuvre  commune,  si  propice  et  si  digne 
d'intérêt,  stimulera  votre  zèle  pour  augmenter  nos  res- 
sources par  le  recrutement  de  nouveaux  membres  et  le 
paiement  régulier  des  cotisations.  L'équilibre  de  notre 
budget,  déjà  si  compromis,  risquerait,  en  effet,  d'aboutir 
à  la  faillite  sans  les  subventions  que  nous  ont  contiuuées, 
comme  les  années  précédentes,  et  le  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  grâce  surtout  aux  démarches  qu'a  bien  voulu 
faire  et  à  la  haute  considération  dont  jouit  notre  estimé 
président,  M.  Bernard  Renault;  et  le  conseil  général  de 
Saône-et-Loirê,  sollicita  par  M.  Périer,   maire  et  député 


—  7  — 

d' Autun,'  toujours  attentif  au  succès  des  institutions  qui 
honorent  la  ville  qu'il  administre;  et  du  conseil  municipal, 
dont  la  sympathie  ne  nous  a  encore  jamais  fait  défaut.  Le 
renouvellement  de  notre  gratitude,  hautement  exprimée, 
encouragera,  je  l'espère  bien,  le  renouvellement  et,  si  faire 
se  peut,  l'augmentation  de  ces  subventions  si  bien  placées  ! 
Mais  nous  ne  sommes  pas  seuls  à  émarger  aux  budgets 
administratifs  forcément  limités,  et  je  fais  appel,  avec  le 
vif  désir  d'être  entendu,  aux  libéralités  spontanées  et  très 
désirables  de  nos  sociétaires  fortunés,  et  il  en  est  certaine- 
ment qui  ne  pourraient  faire  un  meilleur  usage  de  leur 
superflu,  dans  nos  rangs  toujours  pressés,  et  où  de  nou- 
velles admissions  remplissent  heureuseusement  les  vides 
trop  nombreux  occasionnés  par  la  mort. 

C'est,  en  première  ligne,  notre  vénéré  président  d'hon- 
neur, M.  le  Dr  Ferdinand  Bernard  de  Montessus  de  Bal- 
lore,  né  à  Chalon-sur-Saône,  le  15  mai  1817,  et  décédé  à 
Rully,  le  12  mars  1899,  et  à  la  mémoire  duquel  hommage 
a  été  rendu  par  une  notice  biographique  publiée  dans  le 
douzième  volume  de  nos  Bulletins.  * 

Puis,  notre  savant  compatriote,  Charles  Naudin,  membre 
de  l'Institut,  né  à  Autun,  le  14  août  1815,  mort  à  Antibes, 
le  19  mars  1899,  et  dont  M.  Hernard  Renault  nous  a  retracé 
la  vie  dans  la  séance  du  9  avril  1899.  2 

Philibert  Joseph,  décédé  à  Autun,  le  27  janvier  1899, 
dans  sa  quarante-neuvième  année,  n'avait  pas  la  notoriété 
scientifique  des  naturalistes  qui  précèdent,  mais  il  a  rendu 


1.  Notice  biographique  sur  Ferdinand  Bernard  de  Montessus  de  Ballore,  par  le 
Dr  X.  Gillot,  in  Bull.  Soc.  hiat.  nat.  d' Autun,  XII,  1  (1899),  p.  199-268. 

2.  Charles  Naudin,  notice  biographique,  par  M.  B.  Renault,  in  Bull.  Soc. 
hiat.  nat.  d' Autun  t  XII,  2,  Comptes  rendus  des  séances  de  1899,  p.  114-129.  Des 
articles  bibliographiques  et  nécrologiques  ont  été  récemment  consacrés  à  la 
mémoire  de  Ch.  Naudin,  dans  les  Bulle lina  de  la  Société  botanique  de  France, 
XLVI  (1899),  p   119  et  127. 


—  8  — 

de  réels  services  à  la  ville  d'Aulun  et  à  notre  Société  dont 
il  fut  un  des  membres  fondateurs.  Il  sut,  à  la  tête  d'une  de 
nos  industries  locales,  la  fabrication  de  brides  à  sabots,  lui 
donner  un  développement  prospère  et  compter  parmi  les 
négociants  notables  et  les  plus  estimés  de  notre  ville.  Aussi 
fut-il  élu,  en  1884,  conseiller  municipal;  en  1893,  juge 
suppléant,  et  enfin,  en  1897,  juge  titulaire  du  tribunal  de 
commerce.  Il  patronna  toujours  la  Société  d'histoire  natu- 
relle, soit  au  conseil  municipal  où  il  en  appuya  les  demandes, 
soit  dans  la  vie  privée  en  assistant  aux  séances  et  en  recru- 
tant des  adhérents.  Son  caractère  éminemment  bon,  bien- 
veillant et  charitable  le  rendait  sympathique  à  tous,  et  sa 
perte  prématurée  a  été  déplorée  par  ses  nombreux  amis 
associés,  dans  une  commune  douleur,  à  sa  jeune  famille, 
héritière  de  ses  qualités  industrielles  et  de  ses  vertus 
domestiques. 

Arthur  de  Gravillon  mourait  le  7  février,  âgé  de  près 
de  soixante  ans,  dans  sa  belle  villa  de  Saint-Pierre,  à 
Écully  (Rhône),  laissant  dans  le  monde  des  arts  et  des 
lettres  lyonnais,  la  réputation  d'un  grand  artiste  et  d'un 
écrivain  de  talent.  Après  avoir  étudié  la  théologie  et  le 
droit,  et  y  avoir  conquis  un  double  titre  de  docteur,  A.  de 
Gravillon,  incertain  de  sa  vocation,  entra  dans  la  magistra- 
ture et  fut  nommé  substitut  à  Gex  ;  mais  l'indépendance  de 
son  caractère,  les  licences  caustiques  de  sa  plume  l'obli- 
gèrent à  démissionner  et  à  reprendre  une  liberté  que  sa 
fortune  considérable  lui  rendait  plus  facile.  Sans  se  mêler 
précisément  à  la  vie  publique,  il  s'intéressait  aux  questions 
d'actualité  qui  se  débattaient  autour  de  lui,  et  manifestait 
son  opinion  dans  des  écrits  quelquefois  illustrés  de  sa 
propre  main,  où  sa  verve  originale  et  humoristique  se  don- 
nait libre  carrière,  et  qui  valurent  au  pamphlétaire  de  vives 
polémiques.  Mais  il  se  consacra  spécialement  aux  beaux- 
arts,  peinture  et  sculpture,  et,  trouvant  enfin  sa  voie,  devint 


—  a  — 

le  statuaire  bien  connu,  auquel  on  doit  nombre  d'œuvres 
estimables  et  d'une  originalité  toute  particulière,  Peau  d'A?iey 
la  Perle,  le  Semeur,  la  Première  douleur,  la  Vestale^  Jeanne 
d'Arc,  le  Sacré-Cœur,  etc.,  qui  décorent  aujourd'hui  les 
musées  de  Lyon,  de  Marseille,  l'église  d'Écully,  etc.,  et 
notamment  la  statue  de  Divitiac,  dont  il  a  fait  don  à  la 
ville  d'Autun,  et  qui  se  dresse  actuellement  sur  remplace- 
ment de  la  Porte  des  Marbres.  Il  avait,  au  cours  d'un 
voyage,  été  séduit  par  la  situation  pittoresque  de  notre 
vieille  cité  et  par  ses  richesses  archéologiques,  et  pour 
s'y  attacher  par  des  liens  plus  étroits,  en  devenir  vraiment 
citoyen,  il  s'était  fait  inscrire  comme  membre  d'abord  de 
la  Société  Éduenne,  puis  de  la  Société  d'histoire  naturelle, 
en  artiste  habitué  à  communier  avec  la  nature  et  à  trouver 
dans  ses  produits  et  ses  manifestations  des  inspirations 
ingénieuses.  Malheureusement  la  maladie  qui  l'empêcha 
d'assister  à  la  cérémonie  d'inauguration  de  la  statue  de 
Divitiac,  le  14  octobre  1894 4,  vint  trop  tôt  ruiner  sa  robuste 
santé,  éteindre  les  élans  de  sa  généreuse  et  primesautière 
nature,  à  laquelle  nous  devons  de  l'avoir  compté  parmi  nos 
collègues,  et,  en  mettant  fin  à  ses  voyages  dans  l'Autunois, 
augmenter  nos  regrets  de  l'avoir  trop  peu  connu  et  pendant 
trop  peu  de  temps.  2 

Lacatte  Jules,  prêtre  de  Saint-Sulpice,  décédé  le 
21  février  1899,  dans  sa  soixante-dix-septième  année,  était 
également  l'un  de  nos  membres  fondateurs.  L'abbé  Lacatte, 
né  à  Reims,  le  11  janvier  1823,  d'une  honorable  famille,  fut 
ordonné  prêtre  le  29  mai  1847,  dans  la  compagnie  de  Saint- 


1.  Voyez  :  Vie  de  Divitiac,  druide  et  chef  èduen.  Lettre  à  M,  Périer,  maire 
d'Autun,  par  Arthur  de  Gravillon,  Lyon,  1893,  avec  une  planche;  Discours 
d'inauguration  de  la  statue  de  Divitiac  à  Autun,  par  son  statuaire,  Arthur  de 
Gravillon,  Lyon,  189-i. 

2.  Voyez  t  Arthur  de  Gravillon,  sculpteur  lyonnais,  par  J.-G.  Bulliot,  in 
Mémoires  Soc.  Êduenne,  nouvelle  série,  t.  XXVII,  séance  [du  27  avril  1899, 
p.  57.  —  Notice  biographique,  par  Pierre  Virés,  dans  Revue  du  Lyonnais, 
5-  série,  t.  XXVII  (1899),  n«  159. 


—  10  - 

Sulpice,  et  fut  successivement  économe  de  trois  sémi- 
naires, à  Toulouse  (1848-1849),  à  Issy  (1850)  et  enfin  à  Autun 
où,  de  1850  à  1894,  il  remplit  ces  utiles  et  délicates  fonc- 
tions pendant  quarante-trois  ans,  jusqu'à  ce  que  des 
attaques  successives  de  paralysie  partielle  l'obligeassent  à 
prendre  une  retraite  bien  méritée,  et  qu'il  demandât, 
comme  une  faveur,  de  terminer  dans  ce  grand  séminaire 
d'Autun,  auquel  il  avait  consacré  sa  vie,  et  où  il  fut,  en 
même  temps  qu'économe,  professeur  d'histoire  ecclésias- 
tique et  de  liturgie,  maîlre  des  cérémonies  et  bibliothé- 
caire. Son  souvenir  restera  longtemps  légendaire  à  Autun 
par  sa  réputation  de  sobriété  ascétique,  de  marcheur  intré- 
pide, de  collectionneur  passionné,  et,  en  même  temps,  de 
piété,  de  charité  et  de  bienveillance  inaltérable.  Les  traits 
saillants  de  son  caractère  original,  les  services  rendus  par 
lui  au  grand  séminaire  et  au  diocèse  d'Autun  ont  été 
rappelés,  avec  force  détails  anecdotiques,  dans  la  biographie 
que  lui  a  consacrée  M.  J.-G.  Bulliot,  président  de  la  Société 
Eduenne1.  C'était,  en  effet,  un  érudit  en  toutes  choses. 
Archéologue  distingué,  numismate  émérite,  il  a  réuni 
d'importantes  collections  d'antiquités,  de  sceaux  et  de 
médailles,  dont  a  hérité  le  grand  séminaire  d'Autun.  Épris 
des  sciences  naturelles,  il  en  a  étudié  toutes  les  branches  : 
botanique,  entomologie,  paléontologie.  Il  s'était  constitué, 
au  cours  de  ses  voyages  de  vacances,  et  dans  ses  inces- 
santes pérégrinations  aux  environs  d'Autun,  des  collections 
botaniques  et  entomologiques,  dont  il  a  fait  don  au  petit 
séminaire  de  Semur-en-Brionnais.  L'entomologie  eut  ses 
premières  faveurs,  plus  tard  délaissée  pour  la  paléontologie 
végétale.  Il  disait  sa  messe  avant  jour  et,  toujours  tête  nue, 
le  chapeau  sous  le  bras,  il  partait  avant  l'aube  e:t  rentrait 

1.  Voyez  notice  biographique  sur  M.  l'abbé  Lacitte,  par  M.  l'abbé  G.  Bercy , 
dans  la  Semaine  religieuse  d'Autun,  Chalon  et  Mâcon,  25°  année;  numéro,  du 
4  mars  1899,  p.  179;  et  par  M.  J.-G.  Bulliot,  dans  les  Mémoire»,  de  la.  Société 
Èduenne,  nouvelle  série,  t.  XXVII,  séance  du  2  septembre  1899,  p.  413  ;  et 
dans  le  journal  l'Autunois,  numéro  du  6  septembre  1899. 


-  11  — 

à  la  cloche  sonnante  de  midi,  après  avoir  visité,  toujours  à 
pied  et  d'un  pas  plus  que  rapide,  les  gorges  de  la  Canche 
à  Roussillon,  la  vallée  du  Ternin  à  Chissey-en-Morvan,  les 
montagnes  d'Uchon,  etc.,  les  poches  gonflées  de  fioles 
pleines  d'insectes,  ou  rapportant,  dans  son  mouchoir  lié 
aux  quatre  coins,  des  fourmilières  entières  qu'il  passait  la 
nuit  à  tamiser  pour  en  extraire  les  coléoptères  parasites  ou 
commensaux.  La  proximité  de  la  maison  de  campagne  du 
grand  séminaire  d'Autun,  ancienne  abbaye  de  Saint-Martin, 
et  des  gisements  de  bois  silicifiés  permiens  du  Champ  de  la 
Justice^  lui  procuraient  l'occasion  d'y  faire  des  recherches 
presque  quotidiennes,  qui  ont  abouti  à  la  découverte  d'une 
grande  quantité  d'échantillons  rares  et  précieux,  quelques- 
uns  nouveaux  et  décrits  par  les  savants  du  Muséum  de 
Paris  avec  lesquels  il  était  en  relations  suivies,  depuis 
Adolphe  Brongniart  jusqu'à  notre  cher  président,  M.  Ber- 
nard Renault.  Le  Zygopteris  Lacatiei  B.  Renault,  belle  fou- 
gère fossile  de  la  famille  des  Botryoptéridées  *,  qui  lui  a 
été  dédiée,  conservera  dans  la  science  le  nom  de  ce 
modeste  et  sagace  chercheur.  La  collection  des  bois  sili- 
cifiés de  l'abbé  Lacatte  avait  une  réelle  valeur,  comme 
nombre,  comme  choix,  et  comme  types  d'échantillons  sciés 
et  polis.  L'abbé  Lacatte  le  savait  mieux  que  personne  ;  il  la 
gardait  avec  un  soin  jaloux,  comme  un  avare  son  trésor,  et 
n'en  permettait  de  rares  communications  qu'à  quelques  pri- 
vilégiés, stérilisant,  en  quelque  sorte,  le  résultat  de  ses 
découvertes,  sans  en  rien  divulguer  et  sans  en  rien  écrire 
que  par  l'intermédiaire  de  ses  rares  correspondants.  Il  prit 
soin  toutefois  d'en  assurer  la  conservation,  en  léguant  cette 
collection,  avec  son  médaillier,  au  grand  séminaire  d'Autun, 
où  elle  sera  exposée  et  accessible  aux  amateurs,  dans  des 
vitrines  tout  exprès  construites  à  la  bibliothèque.  Il  était 
donc  tout  indiqué  que  ce  prêtre  édifiant  et  instruit,  chez 

1.  Cf.  B.  Renault,  Cours  de  botanique  fossile  fait  au  Afuséum  d'histoire  natu* 
relie,  t.  III  (1893),  p.  101. 


—  12  — 

lequel  la  science  et  la  religion  faisaient  si  bon  accord,  qui 
a  inspiré  le  goût  des  recherches  et  des  collections  scienti- 
fiques à  de  nombreux  élèves,  et  auquel  nous  souhaitons 
beaucoup  d'imitateurs,  se  fût  intéressé  à  la  fondation  de  la 
Société  d'histoire  naturelle  d'Âutun,  et  se  montrât  assidu 
aux  séances,  auxquelles  manquera  désormais  sa  physionomie 
modeste,  souriante  et  spirituelle. 

Brongniart  Charles- Jules -Edme,  décédé  à  Paris, 
le  18  avril,  à  l'âge  de  quarante  ans,  était  le  digne  descen- 
dant de  cette  dynastie  scientifique  des  Brongniart  qui, 
durant  près  d'un  siècle  et  demi,  a  donné  au  Jardin  du  Roy, 
devenu  le  Jardin  des  Plantes,  des  chimistes  comme  Antoine 
Brongniart,  son  bisaïeul,  des  géologues  comme  Alexandre 
Brongniart,  son  aïeul,  des  paléobotanistes  comme  son  père, 
Adolphe  Brongniart,  le  fondateur  de  la  paléontologie  végé- 
tale. Né  au  Jardin  des  Plantes,  encouragé  par  de  puissantes 
amitiés,  Charles  Brongniart  se  voua  à  la  zoologie,  plus  par- 
ticulièrement à  l'étude  des  Arthropodes,  et  conquît  une  des 
premières  places  parmi  les  entomologistes  de  notre  temps. 
Ses  travaux  sont  nombreux,  entre  autres  un  monumental 
ouvrage  sur  les  Insectes  de  l'époque  houillère,  et  ses  études 
aussi  curieuses  que  pratiques  sur  les  organismes  parasi- 
taires des  Insectes,  notamment  sur  les  Champignons  para- 
sites des  Insectes  nuisibles,  des  Mouches,  des  Criquets,  des 
Hannetons,  etc.  Il  dirigeait  le  laboratoire  d'entomologie  et 
s'occupait  activement  du  classement  des  collections  du 
Muséum  ;  et  quand,  par  estime  et  par  amitié  pour  notre 
président,  M.  B.  Renault,  son  collègue  au  Muséum,  il  nous 
fit  l'honneur  de  devenir  membre  de  notre  Société,  il  nous 
promît,  pour  la  détermination  de  nos  Insectes,  un  concours, 
auquel  nous  avions  déjà  fait  appel,  mais  qui,  malheureuse- 
ment, n'a  pas  pu  être  utilisé.  La  mort  impitoyable  l'a  enlevé 
à  l'affection  de  sa  jeune  famille  et  aux  espérances  de  ses 

• 

amis,    à   l'heure  où  ses  nombreux  titres  de  Docteur  es 


—  13  - 

sciences,  d'assistant  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  d'offi- 
cier de  l'Instruction  publique,  de  membre  d'une  quantité  de 
sociétés  savantes  françaises  et  étrangères,  etc.,  lui  assu- 
raient prochainement  une  chaire  de  professeur,  qu'il  méri- 
tait par  un  exemple  bien  rare  d'atavisme  scientifique.  1 

C'est  au  même  âge  de  quarante  ans  que  nous  perdions 
un  collègue  autunois,  de  plus  modeste  position,  mais  très 
sympathique  à  notre  Société,  Auguste  Râteau,  comptable, 
décédé  le  14  mai,  et  qui  avait  su  par  l'aménité  de  son 
caractère,  sa  probité  et  son  travail,  mériter  l'estime  et 
l'amitié  des  chefs  de  l'importante  maison  de  commerce, 
dont  il  était  devenu  l'homme  de  confiance  ! 

Un  mois  après,  le  13  juin,  s'éteignait,  dans  sa  propriété 
de  Couches-les-Mines,  Albert  Dupré,  notaire  à  Blanzy, 
puis  à  Épinac,  où  il  exerçait  depuis  une  quinzaine  d'années. 
Dupré  n'était  âgé  que  de  cinquante-quatre  ans.  Ancien 
élève  du  petit  séminaire  d'Autun,  à  une  époque  où  les 
sciences  naturelles  étaient  en  honneur  dans  cet  établisse- 
ment, Dupré  avait  conservé  d'excellentes  relations  avec  ses 
anciens  camarades,  et  avait  accepté  avec  empressement,  à 
l'exemple  de  plusieurs  d'entre  eux,  le  titre  de  membre 
titulaire  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun.  Il  avait, 
en  dernier  lieu,  réuni  de  nombreux  et  précieux  documents 
sur  Épinac  et  ses  environs,  et  se  proposait,  quand  la  mort 
est  venue  le  surprendre,  de  publier  une  monographie,  dont 
la  place  serait  plutôt  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
Éduenne. 

Menni  Giovanni,  né  à  Samaden  en  Engadine,  et  décédé, 
après  une  courte  maladie,  à  l'âge  de  soixante  ans,  le 
22  juin,  à  Schuls  (Suisse),  avait  été  élevé   à  Genève,  puis 


1.  Voyez  :  Discours  prononcés  sur  la  tombe  de  Charles  Brongoiart  par 
MM.  A.  M iloe- Edwards  et  E.-L.  Bouvier,  dans  le  Bulletin  du  Muséum  d'his* 
toire  naturelle,  année  1899,  numéro  4. 


—  14  — 

avait  dirigé  avec  succès  une  forte  maison  de  commerce, 
fers  et  quincaillerie,  à  Gênes  (Italie).  Un  héritage  de  famille 
ayant  fait  de  M.  Menni  un  riche  propriétaire  foncier  de 
l'Autunois  et  du  Nivernais,  il  était  venu  habiter,  pendant 
une  partie  de  l'année,  sa  propriété  de  Cernât,  près  Laizy, 
où  son  hospitalité  accueillante  a  laissé  les  meilleurs  souve- 
nirs chez  tous  ceux  qui  ont  été  à  même  de  l'apprécier.  La 
Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  lui  avait  inspiré  un  vif 
intérêt,  et  il  suivait  très  régulièrement  nos  séances  et  nos 
excursions,  où  sa  simplicité  et  sa  bienveillante  humeur  atti- 
raient les  sympathies  de  ses  collègues,  et  où  il  se  faisait 
volontiers  accompagner  par  son  jeune  fils,  M.  Uhlrich  Menni, 
actuellement  élève  à  l'École  d'agriculture  de  Grignon,  et 
qui  a  bien  voulu  continuer  d'occuper  parmi  nous  la  place 
laissée  vide  par  son  regretté  père. 

Le  6  juillet,  mourait  à  Reims,  dans  sa  quarante-huitième 
année,  Couttolenc  Léon-Gilbert,  professeur  de  physique 
et  de  chimie  à  l'École  pratique  du  commerce  et  de  l'in- 
dustrie, officier  d'Académie,  membre  de  l'Académie 
d'Amiens,  etc.,  victime  prématurée  d'un  excès  de  travail, 
occasionné  par  ses  études,  les  soucis  d'un  enseignement 
technique  et  des  cours  publics  du  soir  suivis  par  de  nom- 
breux auditeurs.  Après  de  sérieuses  études  au  laboratoire 
de  Frémy,  au  Muséum,  Couttolenc  avait  débuté  comme 
chimiste  de  l'administration  des  contributions  indirectes. 
Nommé  professeur  à  l'École  professionnelle  de  Reims,  à  la 
suite  d'un  brillant  concours,  en  1885,  il  avait  pris,  lors  de 
la  réorganisation  de  l'École,  à  la  suite  de  son  rattache- 
ment au  Ministère  du  commerce,  les  fonctions  de  chef  des 
travaux  chimiques.  Couttolenc  avait  collaboré  à  nos  Bulle- 
tins en  publiant  YExamen  de  la  terre  diamantifère  de  la 
mine  de  de  Beers  (Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Autun,  V  (1892), 
p.  127-151),  ce  qui  l'avait  amené  tout  naturellement  à  rester 
membre   correspondant   do   la  Société.   Nous  lui  devons 


—  15  — 

également  une  collection  de  petit  format,  mais  très  com- 
plète, de  toutes  les  roches  et  de  tous  les  minéraux  rencon- 
trés dans  le  percement  de  l'isthme  de  Panama. 

C'est  également  dans  la  force  de  l'âge,  à  quarante-quatre 
ans,  que  nous  avons  perdu,  le  11  août  1899,  un  des  trop 
rares  officiers  que  la  carrière  des  armes  ne  laisse  pas 
étrangers  et  insensibles  aux  attraits  des  sciences  naturelles, 
et  dont  l'entrain  et  les  intéressantes  causeries  animaient 
les  excursions  auxquelles  il  prenait  part.  Madru  Alfred- 
Jean- Baptiste,  capitaine  au  29e  régiment  d'infanterie, 
était  né  à  Colmar,  le  21  mars  1855.  Enfant  de  troupe  au 
78e  de  ligne,  dès  le  2  janvier  1869,  puis  engagé  volontaire 
au  même  régiment,  Madru  passa  par  l'École  d'Avord,  fut 
nommé  sous-lieutenant,  le  30  avril  1880,  lieutenant  le 
18  mars  1885,  et  capitaine  le  2  octobre  1891.  Il  prit  service 
en  Afrique  de  1872  à  1875,  et  au  Tonkin  de  1885  à  1887. 
Il  en  rapporta  les  médailles  du  Tonkin,  du  Cambodge,  du 
Dragon  de  l'Annam,  et  enfin  la  croix,  bien  gagnée,  de 
chevalier  de  la  Légion  d'honnour.  Il  en  rapporta  également 
le  germe  de  la  longue  et  cruelle  maladie  qui  a  brisé  sa 
carrière  et  a  tué  tristement  cet  Alsacien  resté  fidèle  à  sa 
mère  patrie  et  exilé  de  sa  famille,  sur  un  lit  d'hôpital,  où 
il  a  été  tout  au  moins  assisté  par  de  réconfortantes  amitiés, 
et  où  sa  courageuse  agonie  a  excité  les  regrets  unanimes 
de  ses  camarades  et  de  ses  amis,  auxquels  nous  joignons 
les  nôtres! 

Henry  Levêque  de  Vilmorin,  décédé  à  Verrières-le- 
Buisson  (Seine-et-Oise),  le  23  août,  était  le  chef  de  la  mai- 
son Vilmorin-Andrieux,  connue  dans  le  monde  entier, 
fondée  en  1745  par  Andrieux,  et  dont  les  directeurs  du  nom 
de  Vilmorin,  pendant  quatre  générations,  depuis  1780,  ont 
élevé  la  production  et  la  propagation  des  graines  de  plantes 
potagères,  fourragères  et  ornementales  à  la  hauteur  d'une 
science   véritable.    Botaniste   et    expérimentateur   comme 


-  16  — 

son  père,  il  a  fait,  comme  lui,  partie  de  la  Société  bota- 
nique de  France,  et  depuis  1856,  dans  les  Bulletins  de  cette 
Société,  les  noms  de  Louis  et  surtout  d'Henry  de  Vilmorin 
ont  signé  de  nombreux  articles  sur  les  sujets  les  plus  variés, 
en  particulier  sur  la  fécondation  du  Maïs,  sur  l'hybridité 
des  végétaux,  sur  le  croisement  des  différents  blés  (1880- 
1883),  etc.  Henry  de  Vilmorin  se  montra  toujours  dévoué  à 
la  Société  botanique  de  France,  qui  ne  lui  ménagea  pas  les 
charges  en  même  temps  que  les  honneurs,  soit  comme  délé- 
gué du  conseil  d'administration  à  la  session  extraordinaire 
d'Amibes  en  1883,  soit  comme  président  de  la  Société,  en 
1889,  pendant  l'Exposition  et  le  Congrès  international  de 
botanique.  Naturellement  distingué,  d'une  correction  par- 
faite, d'une  affabilité  sympathique,  H.  de  Vilmorin  aimait  à 
se  trouver  en  relations  avec  ses  collègues  de  la  Société 
botanique,  soit  qu'il  les  reçût  officiellement  et  grandement 
dans   sa   villa  du   Golfe-Juan,    ou   dans   son    château   de 
Verrières,  soit  qu'il  les  rencontrât  isolément  au  cours  de 
ses  voyages,  comme  cela  est  arrivé  plusieurs  fois  à  l'auteur 
de  ces  lignes,  notamment  sur  les  ruines  de  Timgad,  en 
Algérie.  Ses  goûts  scientifiques  servaient  aux  intérêts  de  sa 
maison;  les  cultures  de  Verrières-le-Buisson,  de  Remilly, 
Massy,  Palaiseau,  étaient  des  champs  d'expérience  dont  les 
produits  étaient  livrés  au  commerce  en  même  temps  que 
les  résultats  consignés  dans  de  multiples  et  belles  publi- 
cations, sans  cesse  en  progrès.  Les  catalogues  illustrés  de 
la  maison  Vilmorin  ont  servi  de  modèles  à  tous  les  horti- 
culteurs, et  les  beaux  livres  illustrés  par  Godard  :  Plantes 
potagères  et  Fleurs  de  pleine  terre,  sont  dans  toutes  les  mains 
des  spécialistes  et  des  amateurs.  Henry  de  Vilmorin  avait 
apporté  tous  ses  soins  à  diriger  les  perfectionnements  de 
ces   œuvres.  Emu,  en  outre,   des  crises  contre  lesquelles 
luttait  l'agriculture  française,  il  avait  poursuivi  les  études 
et  les  expériences  commencées  par  son  grand-père  en  1820, 
et  continuées  par  son  père  sur  la  culture  des  blés,  la  sélec- 


—  17  - 

tion  et  le  choix  des  variétés,  le  croisement  des  races,  l'in- 
fluence du  climat,  des  engrais,  etc., et  édita  en  1880  un  beau 
livre  :  les  Meilleurs  Blés,  avec  66  planches  coloriées,  repré- 
sentant, en  grandeur  naturelle,  les  épis  et  les  grains.  Il 
s'était  occupé  avec  non  moins  de  succès  de  la  culture  des 
Pommes  de  terre,  et  divulguait  les  résultats  de  son  expé- 
rience dans  une  série  de  conférences,  partout  où  il  pouvait 
espérer  être  utile,  aux  concours  agricoles,  au  congrès  de  la 
meunerie,  aux  séances  de  la  Société  d'agriculture  de 
France,  et  de  la  Société  d'horticulture  de  France  dont  il  fut 
plusieurs  fois  vice-président.  Il  collabora  à  de  nombreux 
recueils  :  Journal  d'agriculture  pratique,  Bulletin  de  la 
Société  royale  d'horticulture  d'Angleterre,  le  Jardin,  Garde- 
ner's  chronicle,  etc. ,  et  fit  à  l'étranger  de  nombreux  voyages, 
en  Angleterre,  en  Amérique,  qu'il  sut  utiliser  au  profit  de 
la  science  et  du  commerce  français.  Ces  services  rendus  à 
la  science  et  à  la  pratique  valurent  à  H.  de  Vilmorin  les  dis- 
tinctions les  plus  honorables  et  les  mieux  méritées  :  officier 
de  la  Légion  d'honneur,  chevalier  du  Mérite  agricole,  che- 
valier de  Tordre  de  Léopold,  membre  de  nombreuses 
sociétés  savantes,  notamment  de  la  Société  royale  d'horticul- 
ture d'Angleterre  qui  lui  décerna  une  médaille  d'or  en 
1896,  etc.  Notre  excellent  collègue,  M.  Tacnet,  employé  à 
la  maison  Vilmorin-Andrieux,  avait  intéressé  M.  de  Vil- 
morin aux  efforts  de  décentralisation  et  de  vulgarisation 
scientifiques  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  et  en 
avait  obtenu  pour  notre  bibliothèque,  le  don  gracieux  des 
ouvrages  les  plus  importants  édités  par  la  maison  :  les 
Plantes  potagères,  les  Fleurs  de  pleine  terre,  Albums  de  plantes 
cultivées,  les  Meilleurs  Blés,  avec  toute  une  collection  de 
graines,  entre  autres  de  blés,  dont  l'exposition,  en  vases  clos, 
garnit  les  tablettes  d'une  de  nos  salles.  Le  titre  de  membre 
d'honneur  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  n'était 
donc  que  la  reconnaissance  bien  justifiée  de  ces  libéralités, 
que  M.  H.  de  Vilmorin  avait  promis  de  compléter.  Cette  pro- 

S.H.N.  1900.  2 


—  18  — 

messe,  nous  l'espérons,  sera  tenue  par  son  fils,  M.  Philippe 
de  Vilmorin,  digne  héritier  des  traditions  de  sa  famille,  et 
déjà  avantageusement  connu  par  la  publication  d'un  livre 
d'actualité  :  les  Fleurs  à  Paris. 

Le  10  juillet  1898,  pendant  l'excursion  de  la  Société  à 
l'Isle-sur-le-Serein,  nous  avions  le  plaisir  de  rencontrer  un 
couple  de  jeunes  gens,  séduisants,  dès  le  premier  abord, 
par  leur  affabilité  et  leur  solide  instruction,  M.  et  Mme  Boise, 
d'Étivey  (Côte-d'Or).  Cette  rapide  entrevue  avait  suffi  pour 
que  M.  Boise  s'enrôlât  dans  notre  Société,  et  nous  étions 
en  droit  de  compter  sur  une  collaboration  effective  de  sa 
part,  quand,  au  bout  d'un  an  à  peine,  la  nouvelle  de  sa 
mort  survenue  le  26  octobre  1899,  dans  sa  trente-troisième 
année,  est  venue  nous  attrister  et  détruire  nos  espérances. 
Boise  Charles-Paul-Constant,  était  né  à  Soulangy,  com- 
mune de  Sarry,  près  Noyers-sur-le-Serein  (Yonne),  et  n'était 
venu  se  fixer  à  Étivey  (Côte-d'Or)  qu'en  1895,  après  son 
mariage.  Il  avait  commencé  ses  études  au  collège  d' A  vallon 
et  les  avait  terminées  au  lycée  de  Dijon,  dont  il  fut  un 
brillant  élève,  et  où  il  prit  le  goût  de  l'histoire  naturelle. 
Les  soins  d'une  santé  délicate  le  forcèrent  à  revenir  dans 
sa  famille,  où  sa  nature  franche  et  gaie,  sa  vive  imagina- 
tion tempérée  par  un  grand  sens  philosophique,  son  ardent 
désir  de  savoir,  lui  firent  mener  de  front  les  délassements 
littéraires  et  les  études  des  sciences  naturelles,  comme  en 
témoigne  cette  stance  à  Buffon  : 

Tu  domines,  Buffon,  de  ton  œuvre  géante, 
Nos  rôves,  nos  travaux,  ô  poète  des  champs. 
La  nature  immortelle,  en  véritable  amante, 
A  mis  de  son  sourire  au  milieu  de  tes  chants.  * 

Paul  Boise  a  édité  plusieurs  poésies,  dont  le  recueil  le 
plus  connu  est  intitulé  Violettes  et  Primevères  (1897),  et  qui 

1.  Paul  Boise,  Violettes  et  Primevères,  Auzerre,  1897,  p.  39. 


—  19  — 

lui  valurent  des  récompenses  :  médailles  et  diplômes  à 
l'Académie  de  Toulouse,  à  l'Athénée  de  France,  etc. 
Membre  de  la  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles 
de  l'Yonne,  de  la  Société  entomologique  de  France,  il  a 
publié  dans  les  Bulletins  de  cette  dernière  Société  et  dans 
la  Feuille  des  jeunes  naturalistes,  divers  articles  entomolo- 
giques,  entre  autres  sur  les  Abeilles.  Botaniste  et  géologue, 
il  avait  réuni  d'importantes  collections,  que  sa  veuve, 
M,ue  Boise-Ravérat,  a  pieusement  conservées  et  mises  en 
ordre,  restant  ainsi  en  communion  de  sentiments  avec  son 
cher  défunt,  et  y  trouvant  une  puissante  consolation  de  sa 
douleur.  Paul  Boise  avait  entrepris  un  compcndieux  travail 
sur  l'histoire  naturelle  du  canton  de  Noyers-sur-le-Serein, 
et  y  travaillait  avec  ardeur,  rêvant  encore  à  d'autres  études 
ot  à  d'autres  succès,  quand  un  trépas  prématuré  est  venu 
briser  à  la  fois  la  plume  du  naturaliste  et  le  luth  du  poète, 
par  une  fatalité  qu'il  avait  pressentie  dans  ce  cri  de  déses- 
pérance : 

Moi  je  croyais  à  la  gloire, 
Et  puis,  hélas  !  sur  mon  cœur 
S'étendit  une  ombre  noire, 
Qui  voila  de  mon  bonheur 
La  coupe  que  j'allais  boire. 

Alors,  mes  rêves,  adieu  1 
Fuyez  loin  de  cette  terre. 
Ne  restez  pas  en  ce  lieu, 
Ma  lyre,  hélas I  va  se  taire.4 

Enfin,  le  16  décembre,  comme  terme  de  ce  long  nécro- 
loge, survenait  la  mort  de  Hubert-Antoine-Armand  Ber- 
theault  de  Noiron,  dans  la  soixante-sixième  année  de 
son  âge.  Descendant  d'une  vieille  famille  autunoise,  très 
dévoué  à  sa  ville  natale,  et  curieux  de  tout  ce  qui  s'y  pas- 
sait, Armand  de  Noiron,  depuis  longtemps  membre  de  la 

1.  Paul  Boise,  loc.  cit..  Adieu,  p.  68. 


-  20  - 

Société  Éducnne,  avait  tenu  à  visiter  le  musée  de  la  Société 
d'histoire  naturelle.  Frappé  de  son  rapide  développement 
et  de  son  importance,  il  manifesta  le  désir  d'y  contribuer 
et  demanda  spontanément  son  inscription  sur  nos  listes. 
Trait  qui  honore  à  la  fois  la  Société  qui  l'a  inspiré,  et 
Thomme  qui  en  a  été  l'auteur,  et  dont  le  souvenir,  espé- 
rons-le, suscitera  de  nombreux  imitateurs  ! 

Ce  vœu  est  d'autant  plus  opportun  qu'il  est  essentielle 
ne  crains  pas  de  le  redire,  pour  la  continuation  du  bon 
renom  et  du  fonctionnement  de  notre  Société,  de  voir  le 
chiffre  de  nos  membres  non  seulement  se  maintenir,  mais 
s'augmenter  encore.  Il  est  resté,  d'ailleurs,  sensiblement  au 
même  niveau  que  l'année  dernière,  l'admission  de  vingt- 
quatre  nouveaux  titulaires  étant  venue  combler  les  vides 
inévitables.  Vingt  membres  d'honneur,  onze  membres 
bienfaiteurs,  vingt-deux  membres  à  vie,  quatre  cent  soixante- 
deux  titulaires  et  cinquante-cinq  correspondants  forment  un 
total  de  cinq  cent  soixante-dix  sociétaires.  A  chacun  de 
vous,  Messieurs,  de  recruter  quelques  prosélytes  pour 
inaugurer  le  vingtième  siècle  avec  le  nombre  enviable  de 
six  cents  membres  ! 

Il  suffît,  du  reste,  pour  stimuler  votre  amour-propre,  de 
considérer  une  fois  de  plus  en  quelle  estime  est  tenue  notre 
Société  et  les  résultats  qu'elle  a  obtenus.  Près  de  cent 
Sociétés  françaises  ou  étrangères,  exactement  quatre-vingt- 
dix-huit,  échangent  leurs  publications  avec  les  nôtres.  Les 
rapports  les  plus  élogieux  accueillent  l'apparition  de  chacun 
de  nos  Bulletins. 

Récemment  encore,  un  de  nos  membres,  M.  Jules  Cardot, 
recevait  de  l'Institut  de  France,  Académie  des  sciences,  le 
prix  Montagne,  d'une  valeur  de  mille  francs,  pour  ses  études 
bryologiques,  entre  autres  son  Répertoire  sp  fia  g  no  logique 
publié  dans  notre  XIe  Bulletin. 

La  liste  de  nos  membres  d'honneur  comprend  les  plus 
hautes  notabilités  scientifiques,  et  l'éminent  directeur  du 


—  ?1  — 

Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  M.  Alphonse  Milne- 
lidwards,  a  bien  voulu  accepter  la  présidence  d'honneur  de 
notre  Société.  C'est  une  faveur  que  nous  devons,  sans  doute, 
en  grande  partie,  à  la  légitime  notoriété  de  notre  cher  et 
dévoué  président;  mais  nous  devons,  à  son  exemple,  nous 
en  montrer  dignes,  en  prenant  de  plus  en  plus  à  cœur  les 
intérêts  de  la  Société.  Elle  est  devenue  presque  une  gloire 
pour  la  ville  d'Autun,  qui  est  engagée  d'honneur  à  la  sou- 
tenir, et  je  réitère  un  pressant  appel  à  la  bonne  volonté  de 
tous  nos  compatriotes,  avant  tout  des  jeunes  gens,  pour 
lesquels  nous  travaillons  et  que  nous  voudrions  voir  plus 
nombreux  et  plus  empressés  parmi  nous  ! 

D'unanimes  et  sympathiques  applaudissements  accom- 
pagnent ce  rapport  documenté,  auquel  on  ne  peut  faire 
qu'une  critique.  Une  amitié  trop  bienveillante  fait  exagérer 
à  l'auteur  l'importance  des  services  rendus  à  la  Société  par 
ses  collègues,  et  sa  modestie  dissimule  trop  la  part  effective 
et  considérable  qu'il  prend  à  la  collaboration  de  leurs 
travaux. 

En  l'absence  de  M.  Jeannet,  malade  en  ce  moment,  la 
situation  financière  de  la  Société  est  exposée  de  la  façon 
suivante  : 

Recettes  faites  en  1899 6,594  fr.  70 

Dépenses  id.  6,688  fr.  15 

Déficit  au  31  décembre  1899 93  fr.  45 

Depuis,  l'état  de  la  caisse  ne  s'est  pas  amélioré,  et  le 
recouvrement  des  cotisations  a  besoin  d'être  fait  bien 
régulièrement,  pour  combler  le  déficit. 

D'après  les  diverses  factures  de  1899,  payées  cette 
année,  il  y  aurait  un  solde  débiteur  à  ce  jour  de  403  fr.  55. 

Les  comptes  de  M.  Jeannet  sont  approuvés  et  M.  le  pré- 
sident félicite  notre  trésorier  de  sa  bonne  gestion,  en  le 
remerciant  en  outre  des  avances  qu'il  a  bien  voulu  faire 
pour  le  compte  de  la  Société. 


—  22  - 

M.  Q.  Ormezzano,  de  Marcigny,  adresse  les  notes  sui- 
vantes dont  il  est  donné  lecture  : 


1°  Pteris  aquilina  L.  var.  abbreviata  Gillot.  Dans  un 
voyage  fait  en  Espagne,  aux  mois  d'octobre  et  de  novembre 
1899,  j'ai  eu  l'occasion  de  visiter  la  mine  d'anthracite  de 
Villaverde,  sur  la  ligne  de  Valmaceda  à  la  Roble  (province 
de  Léon).  Cette  mine  est  exploitée  par  la  Société  de  la 
Vieille-Castille  ;  les  couches  sont  en  affleurement,  et  varient 
de  0m60  à  lm05;  on  les  exploite  en  galeries.  L'anthracite 
ne  donne  que  5  à  7  °/#  de  cendres;  c'est  le  plus  beau  ren- 
contré jusqu'à  ce  jour  en  Espagne,  et  qui  peut  rivaliser 
avec  les  anthracites  anglais. 

Sur  les  schistes  anthracifères,  à  peine  recouverts  de  quel* 
ques  centimètres  de  terre  végétale,  j'ai  remarqué  en  abon- 
dance une  forme  naine,  haute  de  10  à  15  centimètres  seu- 
lement, de  la  Fougère  commune,  Pteris  aquilina,  qui  m'a 
rappelé  absolument  une  forme  analogue,  récoltée  autrefois 
sur  les  schistes  houillers  du  Creusot,  en  compagnie  de  mon 
ami  Ch.  Quincy,  et  que  M.  le  Dr  Gillot  a  signalée  et  décrite 
sous  le  nom  de  Pteris  aquilina  var.  abbreviata,  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France,  XXIX  (1882), 
p.  xxi.  Le  P.  aquilina  est  très  commun  en  Andalousie 
où  j'en  ai  observé  de  grandes  quantités,  sans  rencontrer 
nulle  part  ailleurs  la  forme  minuscule  de  Villaverde. 

Il  m'a  paru  intéressant  de  signaler  ces  cas  de  nanisme 
d'une  espèce  si  commune  constatée  à  si  grande  distance  et 
à  si  grande  différence  d'altitude  :  Villaverde,  lat.  N.  42°, 
altit.  1,000  m.  ;  le  Creusot,  latit.  N.  52°,  altit.  300  m. 

La  cause  en  est  évidemment  dans  des  conditions  biolo- 
giques identiques,  sécheresse  et  chaleur  du  sol.  Il  est  à 
remarquer  toutefois  qu'à  Villaverde  le  P.  aquilina  vit.  abbre- 
viata, est  moins  déformé  et  plus  fertile  qu'au  Creusot, 
comme  on  peut  le  constater  sur  les  échantillons  rapportés 


-  23  — 

par  moi  et  offerts  à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Au- 
tun. 

2°  Belette  hermine  capturée  à  Marcigny.  Une  Belette 
hermine,  Mus  te  la  candida  Roy,  a  été  tuée  le  15  décembre 
dernier,  à  la  Digue,  près  Marcigny,  en  face  d'Artaix.  Elle 
était  sur  un  saule  occupée  à  poursuivre  des  mésanges.  Ce 
gentil  animal  est  très  rare  dans  notre  région,  où  cependant 
il  avait  été  signalé  plusieurs  fois  à  la  Digue;  et  le  posses- 
seur de  l'individu  capturé  récemment,  Ta  fait  naturaliser  et 
refuse  jusqu'ici  de  s'en  dessaisir.  Les  auteurs  que  j'ai 
consultés  disent  que  l'Hermine  a  le  bout  de  la  queue 
noire  en  toute  saison  :  ils  auraient  pu  ajouter  :  et  en  pin- 
ceau,  car  c'est  un  des  caractères  les  plus  faciles  à  constater. 

3°  Hirondelles  et  Punaises. 

J'étais  intrigué  depuis  longtemps  par  le  dire  de  beaucoup 
de  personnes  qui  détruisaient  les  nids  d'Hirondelles  de 
fenêtres,  sous  prétexte  que  les  Hirondelles  infestaient  les 
habitations  de  Punaises.  D'après  certaines  affirmations, 
dans  une  maison  neuve  les  Punaises  étaient  apparues  la 
première  année  de  sa  construction,  malgré  la  plus  vigilante 
attention,  et  les  gens  attribuaient  cela  aux  nids  d'Hirondelles 
qui  garnissaient  les  fenêtres  de  l'étage  supérieur.  —  Il  y  a 
quelques  jours,  j'ai  pu  constater  par  moi-même  la  véracité 
du  fait. 

En  effet,  non  seulement  les  nids  d'hirondelles  en  étaient 
remplis,  mais  aussi  sur  les  parois  des  murs,  le  long  de  la 
pierre  de  taille,  entre  le  bois  et  la  pierre,  un  peu  partout 
on  retrouvait  ces  détestables  insectes.  De  là  à  pénétrer 
dans  l'appartement,  rien  n'est  plus  facile,  soit  par  les  fis- 
sures, soit  simplement  par  les  fenêtres  ouvertes. 

Il  n'y  aurait  donc  pas  Cimex  lectularius,  Cimex  hirundinis 
C.  columbarius,  mais  bien  une  seule  espèce,  habitant  géné- 
ralement dans  les  lits,  mais  aussi  dans  les  nids  où  la  plume 
abonde  et  où  règne  une  douce  température. 

Pairmaire  (Hémiptères  de  France,  p.  107)  fait  des  espèces 


—  24  — 

distinctes  de  C.  lectularius,  C.  hirundinis,  C.  columba- 
riusy  etc.;  il  n'indique  pas  leurs  différences.  Ernest  Olivier 
(Faune  de  V Allier.  Les  Hémiptères ,  dans  Revue  se.  du  Bourb., 
n°  143-144,  de  novembre,  décembre  1899,  p.  273),  dit  : 
«  Ces  Punaises  (C.  lectularius)  se  trouvent  parfois  en  grand 
»  nombre  dans  les  poulaillers,  les  colombiers,  les  nids 
»  d'hirondelles  et  de  chauves-souris.  On  en  a  fait  autant 
»  d'espèces  différentes  (C.  oolumbarius  Jen.,  C.  pipistrelli 
»  Jen.,  C.  hirundinis  Jen.)  qui  sont  tout  au  plus  de  légères 
»  variétés  et  ne  méritent  pas  d'être  distinguées  spécifique- 
»  ment.  » 

Maurice  Girard  (Métamorphoses  des  Insectes,  p.  385)  penche 
pour  une  seule  espèce. 

D'après  notre  dévoué  collègue  et  ami,  M.  Marchai,  du 
Creusot,  il  parait  vraisemblable  qu'il  existe  quelques  diffé- 
rences entre  les  Cimex  des  nids  d'oiseaux  et  ceux  vivant 
dans  les  habitations;  —  il  dit  :  «  les  Cimex  vivent  unique- 
»  ment  de  sang;  celui  des  oiseaux  n'est  pas  le  même  que 
»  celui  de  l'homme;  la  cohabitation  et  le  parasitisme  sur 
»  les  oiseaux  peuvent  bien  amener  de  légères  variations 
»  de  taille,  de  coloration,  etc.  » 

La  présence  dans  les  nids  des  Cimex  peut  s'expliquer 
par  le  transport  des  plumes  et  autres  objets  soyeux  tapis- 
sant le  fond  des  nids  d'hirondelles.  D'autre  part  ces  nids 
durent  de  nombreuses  années,  c'est  ce  qui  explique  que 
dans  certains  cas  on  puisse  y  rencontrer  de  véritables  colo- 
nies de  punaises. 

Marcigny,  le  17  décembre  1899. 

Q.  Ormezza.no. 


Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante 
présentée  par  M.  Maurice  Pic,  de  Digoin  : 


—  25  — 


Diagnoses  de  Coléoptères  d'Orient  récoltés 

en  1899. 1 

J'ai  publié,  Tan  passé,  deux  articles  sur  un  sujet  ana- 
logue. De  même  que  dans  les  précédents  articles  la  plupart 
des  insectes  décrits  ici  proviennent  de  mes  chasses  faites 
en  1899,  et  toutes  les  espèces  ou  variétés  figurent  dans  ma 
collection. 

Amaurops  dentatithorax.  Brunâtre,  brillant,  à  peine 
ponctué  et  orné  de  poils  jaunâtres  plus  ou  moins  soulevés. 
Tête  peu  étroite,  plus  longue  que  large,  subanguleuse  sur 
les  côtés,  sculptée  sur  le  front  et  munie  d'une  carénule 
latérale  non  crénelée.  Antennes  fortes  avec  les  trois  der- 
niers articles  de  plus  en  plus  épaissis,  le  terminal  plus  long 
et  très  gros.  Prothorax  plus  long  que  large,  muni  sur  son 
milieu  d'un  large  sillon  accompagné  de  chaque  côté  d'une 
carénule,  celle-ci  relevée  en  forme  de  dent  sur  sa  partie 
inférieure,  cet  organe  également  sillonné  et  caréné  sur  les 
côtés.  Élytres  modérément  longs,  convexes,  impressionnés 
et  ornés  antérieurement  de  replis  carénés.  Premier  segment 
de  l'abdomen,  un  peu  plus  court  que  les  élytres,  rebordé 
sur  les  côtés,  orné  sur  sa  base  de  trois  fossettes  à  peu  près 
égales  et  pas  très  profondes.  Pattes  longues,  à  peine  plus 
claires  que  le  dessus  du  corps,  à  premier  article  des  tarses 
long. 

Var.  A.  rufipennis.  Élytres  d'un  testacé  roussâtre  et  par 
là  plus  clair  que  l'avant-corps  et  surtout  que  l'abdomen  qui 
est  très  rembruni,  pattes  claires. 

Long.  2-22  mill.  Asie  Mineure  :  Brousse  (Pic). 

Cette  espèce  étudiée  avec  les  Pselaphides  de  Reitter  (Best. 
Tab.,  traduction  de  Leprieur  Abeille,  1883)  peut  se  placer 
dans   le    voisinage   de   exarata  Baudi,    espèce    italienne. 

1.  Excepté  Brtic/tu«  Millingeni  provenant  de  la  coll.  Tournier. 


-  26  - 

Euconnus  (Napochus)jordanensis.  Roux  clair,  brillant, 
avec  Tavant-corps  moins  clair,  glabre.  Tête  assez  large,  con- 
vexe; yeux  noirs,  assez  gros,  à  facettes  grossières.  Antennes 
moyennes,  à  massue  (ayant  à  peu  près  la  longueur  du  reste 
des  antennes)  composée  de  quatre  articles,  le  dixième  article 
à  peine  plus  court  et  plus  large  que  les  précédents,  dernier 
peu  long.  Pro thorax  long,  conique,  fortement  rétréci  en 
avant,  subtriangulaire  sur  sa  base  avec  une  très  faible 
dépression  transversale  antébasale.  Élytres  peu  longs,  con- 
vexes, un  peu  renflés,  un  peu  plus  larges  que  le  prothorax 
vers  les  épaules  qui  sont  arrondies,  dilatés  vers  leur  milieu 
et  nettement  atténués,  puis  un  peu  déclives  à  l'extrémité, 
subarqués  sur  cette  partie,  dépourvus  de  dépressions  anté- 
rieures nettes.  Pattes  moyennes. 

Long.  1,5  près  de  2  mill.  Palestine  :  Jéricho  (Pic). 

Diffère  de  la  plupart  des  espèces  du  sous-genre  par  le 
corps  glabre  ou  du  moins  paraissant  glabre  ;  de  chrysocomus 
Saulcy,  par  la  structure  des  antennes,  la  forme  terminale 
des  élytres.  Paraît  différer  de  saulcy  anus  Croiss.  (Ann.  Fr. 
98,  pi.  14,  fig.  264)  par  les  premiers  articles  de  la  massue 
des  antennes  plus  longs,  la  forme  élytrale  moins  déprimée 
sur  le  disque. 

Euconnus  (Euconnus)  aôgyptiacus.  Roussâtre,  brillant, 
orné  de  poils  jaunâtres  plus  ou  moins  soulevés.  Tête  bril- 
lante, atténuée  en  arrière,  moins  large  que  le  prothorax. 
Antennes  roussâtres,  peu  grêles,  à  massue  assez  épaisse, 
quelquefois  un  peu  brunâtre,  composée  de  trois  articles,  les 
neuf  et  dix  transverses.  Prothorax  robuste,  assez  long, 
subconvexe,  légèrement  sillonné  en  avant  de  la  base  et  muni 
de  chaque  côté  d'une  faible  fossette  ;  angles  antérieurs  arron- 
dis. Élytres  peu  longs,  un  peu  plus  larges  que  le  prothorax 
vers  les  épaules,  élargis  vers  leur  milieu,  puis  nettement 
atténués  ensuite,  ornés  de  petites  impressions  antérieures 
et  d'un  repli  humerai  peu  saillant.  Pattes  testacées. 

Long.  1  mill.  environ.  Haute  Egypte  :  Louxor  (Pic). 


—  27  — 

A  placer  entre  Peyroni  Reitt.  et  intiitsus  Schaum.,  il 
semble  différer  de  ce  dernier  en  plus  de  la  coloration  plus 
claire,  par  les  impressions  moins  marquées,  la  massue  plus 
claire,  non  foncée;  de  Peyroni  Reitt.,  par  la  massue  des 
antennes  moins  longue,  les  articles  de  cette  massue  plus 
courts,  etc. 

Danacœa  Lysholmi.  Robuste,  subparallèle,  noir  bronzé, 
revêtu  en  dessus  d'une  pubescence  jaune  assez  dense,  en 
dessous  d'une  pubescence  blanche.  Palpes  foncées.  Antennes 
claires  ou  plus  ou  moins  obscurcies,  peu  fortes,  à  articles 
9-10  assez  courts,  surtout  chez  «o.  Tête  modérément  courte, 
robuste,  biimpressionnée,  à  peu  près  de  la  largeur  du  pro- 
thorax, très  peu  rétrécie  en  arrière.  Prothorax  orné  d'une 
pubescence  uniformément  disposée  jusque  près  du  bord 
antérieur,  biimpressionné  latéralement,  court,  fortement 
étranglé  à  la  base,  sinué  sur  les  côtés  antérieurs  avec  une 
sorte  de  gibbosité  médiane  et  les  angles  antérieurs  bien 
marqués.  Écusson  orné  d'une  pubescence  grisâtre  ou  jau- 
nâtre claire.  Élytres  peu  longs,  un  peu  plus  larges  que  le 
prothorax,  explanés,  subarrondis  à  l'extrémité.  Pattes  tes- 
tacées  avec  les  tarses  ordinairement  obscurcis. 

Long.  4-4,3  mi  11.  Caramanie  :  Mersina  (Dr  Lysholm  et 
M.  Pic). 

Rappelle  de  forme  opulenta  Schils.,  mais  prothorax  plus 
transversal,  aspect  plus  robuste.  Une  autre  espèce  (albella 
Reitt.)  d'Asie  Mineure,  est  assez  voisine  de  forme  avec  aussi 
les  pattes  et  antennes  claires,  mais  le  prothorax  est  moins 
transversal  à  angles  antérieurs  plus  prononcés,  enfin  la 
pubescence  du  dessus  est  tout  autre,  blanche  et  plus  serrée, 
les  élytres  sont  bordés  de  clair. 

Mordellistena  palaestina.  Tout  à  fait  étroit  et  allongé, 
bicolor,  noir  et  testacé-rougeâtre,  cette  première  coloration 
étendue  seulement  sur  les  élytres,  l'abdomen,  les  yeux, 
l'extrémité  des  antennes  et  partie  des  tarses.  Tête  courte 
et  large,  convexe,  distinctement    ponctuée   sur  le  front. 


—  28  — 

Antennes  filiformes,  obscurcies  mais  testacées  à  la  base,  à 
articles  allongés.  Frothorax  finement  ponctué,  un  peu  plus 
long  que  large,  bombé  vers  son  milieu,  un  peu  diminué 
antérieurement,  subarqué  sur  les  côtés,  nettement  sinué  à 
la  base  avec  les  angles  postérieurs  marqués.  Écusson  petit, 
d'un  testacé  rougeâtre.  Élytres  longs  et  étroits,  pas  plus 
larges  que  le  prothorax  aux  épaules,  un  peu  atténués  à  l'ex- 
trémité, ornés  d'une  pubescence  fauve,  à  ponctuation  pas 
très  forte,  dense.  Pattes  claires  avec  les  tarses,  postérieurs 
surtout,  plus  ou  moins  obscurcis,  les  tibias  ayant  des  rai- 
nures courtes  et  presque  parallèles;  épines  terminales 
claires.  Abdomen  foncé  ;  pygidium  longuement  prolongé 
en  pointe. 

Long.  3  mill.  environ.  Jéricho  (Pic). 

Espèce  remarquable  par  sa  forme  étroite  jointe  à  sa  colo- 
ration. Peut  se  placer  dans  le  voisinage  de  ReiUeri  Schils. 

Anaspis  br umanensis .  Assez  étroit  et  allongé,  peu 
brillant,  en  majeure  partie  flave,  orné  d'une  fine  pubes- 
cence grisâtre.  Tête  courte,  noire  à  partir  des  yeux,  flave 
sur  sa  partie  antérieure;  palpes  claires;  antennes  testacées 
sur  les  premiers  articles,  d'un  roux  obscurci  sur  les  der- 
niers, ceux-ci  peu  longs.  Prothorax  flave,  court  et  large, 
légèrement  déprimé,  très  peu  diminué  en  avant,  sinué  sur 
la  base.  Écusson  flave,  triangulaire.  Élytres  allongés,  à  peu 
près  de  la  largeur  du  prothorax  vers  les  épaules,  un  peu 
atténués  à  l'extrémité,  déprimés  antérieurement  sur  leur 
milieu;  ils  sont  flave  s,  étroitement  obscurcis  antérieure- 
ment et  à  l'extrémité.  Pattes  testacées  avec  l'extrémité 
des  cuisses,  des  tibias  et  des  tarses  plus  ou  moins  rem- 
brunie ou  obscurcie.  Dessous  du  corps  foncé  ;  abdomen 
appendiculé  o*. 

Long.  3,3  mill.  Mont  Liban  :  Broumana  (Pic). 

Doit  prendre  place  probablement  près  de  Massipa  Cyprica 
Baudi,  qui  m'est  inconnue,  et  diffère  de  cette  espèce 
(&r  description)  au  moins  par  la  coloration. 


—  29  — 

(Baris)  Berthieri.  Modérément  allongé,  sub- 
elliptique, brillant,  entièrement  noir  avec  les  élytres  d'un 
verdâtre  métallique.  Antennes  noires.  Rostre  foncé,  assez 
arqué.  Prothorax  profondément  sculpté,  orné  de  fossettes 
plus  fortes  et  plus  rapprochées  sur  le  disque  avec  une  ligne 
médiane  lisse  effacée  en  avant.  Écusson  petit,  presque  carré. 
Élytres  un  peu  plus  larges  que  le  prothorax  vers  les  épaules, 
celles-ci  un  peu  saillantes,  modérément  atténués  en  arrière, 
striés  avec  les  interstries  très  faiblement  pointillés. 

Long.  4  mill.  environ.  Beyrouth  (Pic). 

Très  voisin  de  pertusus  Kiesw,  mais  ponctuation  protho- 
racique  différemment  disposée,  très  forte  et  laissant  une 
faible  ligne  médiane  lisse. 

Je  suis  très  heureux  d'offrir  le  parrainage  de  cette  nou- 
veauté à  notre  sympathique  et  zélé  secrétaire. 

Assuanensius  n.  genre.  J  établis  cette  coupe  générique 
nouvelle  pour  une  très  petite  espèce  de  la  haute  Egypte 
décrite  depuis  longtemps  par  M.  H.  Tournier  (Mitt.  iv-73-179  ; 
Abeille,  78,  bibliographie,  n°  10),  sous  le  nom  de  Anthono- 
rnus  discoidalis  et  que  j'ai  retrouvée  Tan  passé  dans  les 
environs  d'Assouan,  sur  des  Mimosa.  Ce  genre,  intermé- 
diaire entre  Anthonomus  Germ.  et  Sphincticrferxxs  Mars.,  se 
distinguera  très  facilement  du  premier  par  sa  taille  minus- 
cule et  sa  forme  relativement  courte,  les  élytres  irréguliè- 
rement sculptés,  les  cuisses  antérieures  inermes,  etc.,  se 
rapproche  davantage  du  second  genre,  mais  bien  moins  atté- 
nué en  avant  et  tête  autrement  conformée,  non  étranglée 
derrière  les  yeux.  Rostre  relativement  court  et  assez  épais. 
Pattes  relativement  longues.  Interstries  des  élytres  en  partie 
costiformes,  etc. 

Chez  A.  discoidalis  les  élytres  sont  ordinairement  maculés 
de  foncé,  mais  je  possède  un  exemplaire  à  élytres  imma- 
culés. 

Bagous  robustior.  Modérément  allongé,  peu  large,  noir 
revêtu  d'un  enduit  subcoailleux  grisâtre  ;  pattes  et  antennes 


-  30  — 

en  partie  roussâtres.  Rostre  foncé,  peu  épais,  long,  modé- 
rément arqué.  Antennes  grêles,  roussâtres,  à  massue  un  peu 
rembrunie.  Prothorax  pas  plus  long  que  large,  subarqué 
sur  les  côtés,  nettement  étranglé  antérieurement,  peu 
rétréci  en  arrière.  Élytres  un  peu  plus  larges  que  le 
prothorax,  parallèles  antérieurement,  nettement  atténués 
ensuite,  subsinués  près  de  l'extrémité,  très  étroits  et 
subarrondis  sur  cette  partie,  ces  organes  présentant  des 
traces  de  faibles  stries  avec  les  interstries  légèrement  con- 
vexes. Pattes  longues,  grêles,  roussâtres,  avec  les  cuisses 
noires  sur  leur  milieu,  troisième  article  des  tarses  peu  long 
et  un  peu  plus  largo  que  les  précédents. 

Long.  3,6  mill.  Caramanie  :  Mersina  (Pic). 

Rappelle  mingrelicus  Tourn.  mais  plus  robuste,  élytres 
moins  étroits,  coloration  plus  foncée,  etc. 

Bagous  pallidipes.  Petit,  assez  robuste,  foncé  à  dessins 
d'un  gris  sale  ou  jaunâtre,  avec  les  pattes  testacées.  Rostre 
court  et  robuste,  un  peu  arqué.  Antennes  noires  assez 
épaisses.  Prothorax  court,  un  peu  plus  large  que  long,  sinué 
sur  les  côtés,  rétréci  en  avant  et  en  arrière,  impressionné 
en  dessus  et  orné  de  lignes  d'un  gris  sale  peu  distinctes. 
Élytres  relativement  courts,  nettement  plus  larges  que  le 
prothorax,  subparallèles  puis  courtement  atténués  à  l'extré- 
mité, un  peu  gibbeux  lattéralement  avant  la  déclivité  ter- 
minale avec  la  suture  et  quelques  intervalles  (3,  6,  9)  un 
peu  costiformes;  ils  sont  largement  ornés  d'écaillettes  gri- 
sâtres sur  l'extrémité  et  d'une  macule  grisâtre  (éloignée  de 
la  suture)  après  le  milieu.  Pattes  assez  robustes,  testacées,  le 
troisième  article  des  tarses  pas  plus  large  que  les  précédents. 

Long.  2  mill.  Mont  Liban  à  Broumana  (Pic). 

Par  sa  petite  taille  se  rapproche  un  peu  de  Tournieri  Pic, 
mais  prothorax  moins  étroit  par  rapport  aux  élytres,  ces 
derniers  organes  plus  courts  à  dessins  différents  ;  semble 
moins  trapu  que  minutissimus  Fst.  et  présente  les  élytres 
maculés. 


—  31  — 

Bruchus 1  Millingeni.  Large,  peu  brillant,  pubescent  de 
gris  jaunâtre,  cette  pubeseence  peu  dense,  corps  entière- 
ment roussâtre  avec  seulement  la  partie  postérieure  de  la 
tête  obscurcie.  Tête  longue,  antennes  moyennes,  peu  fortes, 
à  derniers  articles  dentés.  Prothorax  assez  large,  un  peu 
diminué  en  avant,  marqué  sur  le  milieu  de  sa  base  d'une 
tache  de  pubeseence  jaune  dense.  Ecusson  petit,  pubescent. 
Élytres  courts  et  larges,  nettement  striés,  concolors.  Pygi- 
dium  assez  densément  pubescent,  dépourvu  de  macules 
foncées.  Dessous  du  corps  de  la  coloration  du  dessus. 
Pattes  robustes,  construites  comme  chinensis  L.  et  espèces 
voisines. 

Long.  3  mill.  Mésopotamie  (ex  Dr  Millingen). 

Très  voisin  de  ornatus  Bohm.  mais  nettement  séparable 
(et  au  moins  par  les  élytres  concolors)  par  sa  coloration  uni- 
forme. 

Bruchus  spiniger  v .  rubrithorax  «o .  Se  distingue  par  la 
coloration  rougeâtre  très  étendue,  celle-ci  étendue  sur  la 
tête,  le  prothorax,  les  antennes,  une  partie  du  dessous  du 
corps,  la  majeure  partie  des  pattes  et  des  élytres,  ces  der- 
niers organes  noirs  seulement  par  côté,  environ  sur  leurs 
deux  tiers  postérieurs,  avec  une  courte  fascie  blanchâtre 
très  nette  au  milieu  de  cette  coloration. 

Long.  3  mill.  Jéricho  (Pic). 

Cette  variété,  ou  du  moins  une  variété  analogue,  a  été 
signalée  par  Baudi  (Milabridi,  1886,  page  48),  sans  être 
nommée. 

Helops  (Raiboscelis)  iconiensis.  Assez  allongé,  subcy- 
lindrique o*,  un  peu  plus  élargie  *o ,  noir  parfois  à  reflets  bleuâ- 
tres ou  violacés  très  vagues.  Prothorax  modérément  trans- 
versal, peu  convexe,  légèrement  déprimé  sur  les  côtés,  plus 
ou  moins  nettement  rebordé,  à  peine  arqué  latéralement,  à 

1.  Synonymie  Mylabris  (Geoffroy)  novator. 


-  32  - 

ponctuation  peu  forte  et  espacée  ;  angles  antérieurs  arrondis, 
les  postérieurs  très  émoussés.  Elytres,  à  bord  latéral  non 
tranchant  en  arrière,  présentant  des  lignes  de  points  peu 
marqués  avec  les  intervalles  finement  ponctués.  Segment 
anal  rebordé  sur  les  côtés  seulement.  Tibias  antérieurs  o* 
assez  fortement  épaissis  à  l'extrémité,  faiblement  courbés. 

Long.  14-15  mill.  Asie  Mineure,  Konia  (Korb,  in  coll.  Pic). 

Ne  peut  se  rapporter  à  latimargo  Seidl.,  car  la  description 
de  cette  espèce  indique  le  segment  anal  complètement 
rebordé  et  le  prothorax  à  angles  postérieurs  un  peu  saillants. 

Peut-être  variété  de  syriacus  Reiche,  à  prothorax  moins 
convexe,  nettement  rebordé,  ayant  les  stries  ponctuées  peu 
marquées,  etc. 

Leptomastaxlatipennis.  Roussâtre  brillant,  un  peu  plus 
foncé  sur  les  élytres  avec  les  antennes  en  partie,  les  palpes 
et  pattes  plus  claires.  Très  voisin  de  L.  Coquereli  Fairm, 
par  la  sculpture  élytrale  (ex  Reitter  in  tableaux  synoptiques, 
Abeille,  1883)  mais  plus  robuste,  prothorax  dilaté  vers  le 
milieu,  élytres  relativement  courts  et  très  élargis  au  milieu. 

Long.  2,3-2,5  mill.  Syrie  (Pic). 

Maurice  PIC. 


M.  Roche  prend  la  parol^pour  donner  les  explications 
suivantes  concernant  les  fossiles  qu'il  offre  à  la  Société  : 

Archœoptérix  et  Ptérodactyle. 

Messieurs, 

En  vous  présentant  ces  deux  beaux  moulages  en  papier 
mâché,  de  l'Archaeoptérix  et  du  Ptérodactyle,  que  je  joins 
à  ma  collection  à  laquelle  la  Société  a  bien  voulu  donner 
asile,  j'ai  cru  utile  de  vous  fournir  quelques  explications 
sur  ces  êtres  étranges  d'un  autre  monde,  d'une  autre  époque. 


—  33  — 

Lors  de  mon  extrême  jeunesse,  il  y  a  longtemps  de  cela, 
bientôt  trois  quarts  de  siècle,  on  disait  aux  enfants  qui 
demandaient  l'impossible  :  tu  l'auras  quand  les  poules 
auront  des  dents.  On  ne  se  doutait  guère  alors  que  ce  temps 
avait  existé,  sinon  pour  les  poules,  au  moins  chez  certains 
oiseaux  dont  voici  le  représentant  :  YArcluvopteriœ,  le  pre- 
mier oiseau  connu  qui  ait  laissé  des  traces  déterminables. 

En  1860,  Hermann  de  Meyer  signala  une  plume  trouvée 
dans  le  calcaire  lithographique  de  Solenhofen  qui  appartient 
à  l'étage  kimméridgien. 

En  1861,  on  mit  à  jour  dans  le  même  gisement  un  sque- 
lette muni  de  ses  plumes.  Richard  Owen  en  donna  la  des- 
cription. Si  j'ai  bonne  mémoire,  il  fut  acquis  au  prix  de 
80,000  francs  par  l'opulent  British  Muséum  qui  distança 
ses  concurrents  dans  cette  lutte.  Notre  Société,  un  peu  aux 
abois  dans  ses  finances,  ne  pourrait  certainement  se  payer 
de  pareilles  largesses.  Si  son  rang  est  plus  modeste,  elle 
peut  pourtant  montrer  parmi  quelques  autres  très  précieuses 
une  pièce  d'une  grande  rareté,  dont  la  valeur  dépasse 
aujourd'hui  10,000  francs,  le  grand  Pingouin,  Alca  impennis, 
que  je  cite  en  passant,  pour  indiquer  les  richesses  de  nos 
collections  estimées  plus  de  200,000  francs. 

Ce  n'est  donc  qu'en  1861  que  fut  trouvé  ce  rara  avis, 
Y  Archœopterix,  qui  fut  ainsi  nommé  pour  rappeler  la  plume 
isolée  qui  avait  précédé  sa  découverte  (ancien,  —  plume). 

Plus  de  trente  notes  furent  publiées  à  ce  sujet  par  les 
savants  français  et  étrangers,  les  plus  expérimentés  dans 
l'étude  des  oiseaux  fossiles,  parmi  lesquels  nous  citerons 
Paul  Gervais  et  Alphonse  Milne-Edwards,  notre  distingué 
président  d'honneur,  directeur  du  Muséum. 

Plus  récemment,  M.  Albert Gaudry,  notre  éminent  membre 
d'honneur,  le  grand  maître  de  notre  époque  en  paléonto- 
logie, professeur  au  Muséum,  a  étudié  à  son  tour,  au  point  de 
vue  de  l'évolution,  cet  étrange  animal  déjà  oiseau,  encore 
reptile.  Je  ne  puis  mieux  faire  que  de  vous  donner  un  court 

S.H.N.  1900.  3 


-  31  — 

extrait  du  chapitre  x  :  Oiseaux  et  mammifères  secondaires, 

ï  do  son  remarquable   ouvrage  les  Enchaînements  du  Monde 

i  animal. 

Il  signale  d'abord  les  curieuses  empreintes  de    pattes  à 

•  trois  doigts  dont  les  moulages  sont  au  Muséum,  qui  ont  été 

attribuées  à  des  oiseaux  et  pour  cette  raison  appelées  des 

*.  Ornitichnites.  Elles  proviennent  des  grès  triasiques  du  Con- 

necticut  ^Etats-UnisO  dont  l'épaisseur  atteint  trois  cents 
mètres  de  puissance.  Cette  simple  trace  n'a  pu  suffire  pour 
attribuer  définitivement  ces  empreintes  à  un  oiseau.  D'ac- 
cord  avec  d'autres  savants.  M.  A.  Gaudry  ajoute  :  «  L'idée 
»  que  ces  empreintes  étaient  dues  à  des  oiseaux,  n'a  été 
»  exprimée  qu'avec  doute.  Je  serais  disposé  à  croire  qu'elles 
»  proviennent,  comme  beaucoup  de  celles  du  Connecticut, 
»  non  pas  d'oiseaux,  mais  de  Dinosauriens.  » 

Pour  rAreha\>ptërix.  ce  n'est  plus  une  empreinte  dou- 
teuse, mais  l'image  fidèle,  le  squelette  et  ses  plumes. 

«  Le  plus  ancien  oiseau  dont  on  possède  le  squelette  est 
»  r.4iY;w\\i\VM/.r  ."/;";: .'Mr'.j.M.  trouvé  dans  la  pierre  litho- 
»  graphique  de  So. enhofen. 

*  Après  l'acquisition  par  le  Rrîtish  Muséum  de  ce  trésor 
»  iM.Vvi.v,'::;':,:'  décrit  par  Richard  Owen.  on  a  trouvé 
v  récemment  un  second  échantillon  p'.u>  parfait  encore  et 

*  acheté  par  le  Musée  de  Berlin.  M.  Pâmes  en  a  fait  une 
«  étude  très   couve '.etc.   *    Ces:  celui   dont  vous  avez   le 

moulage  sous  les  veux. 

• 

•  L'.4,v,'...y;\v ■■: ;':*  a  viveme:.:  excité  !a  curiosité  des  natu- 
t  ralistes.  parce  qu'il  a  présenté,  à  1  état  aiulte.  des  carac- 
-.»  tères  qu'en  général  r.ous  /:  serves  seulement  dans  la  vie 
»  rectale  ou  dans  u-ie  extrême  *e  messe.  Nous  vovons  là 
»  une  preuve  vie  i 'un:for:r.::é  .ie  "olati  :ui  domine  l'histoire 
v  de  la  nature:  car.  con:'or:::c:r.e:::  aux  théories  de  Louis 
t  A.ra>si.v  ia  marche  su:\:e   *ia:.s  le  o.éve.:*opement  de  la 

•     a 

*  classe  des  o:seaux.  c.ura-.t  '.c  ccurs  .U>  âges  géologiques, 


—  35  — 

»  nous  apparaît  à  peu  de  chose  près  la  même  que  la  marche 
»  suivie  dans  le  développement  des  individus. 

»  Le  caractère  de  l'Arch&opterix  qui  a  causé  le  plus 
»  grand  étonnement  des  naturalistes  a  été  la  disposition  de 
»  sa  queue. 

9  La  queue  des  oiseaux  ordinaires  a  une  forme  très  dif- 
»  férente  de  celle  des  autres  vertébrés.  Elle  est  courte  et 
»  se  termine  par  un  renflement  qu'on  a  comparé  à  un  as  de 
»  pique  et  qui  est  connu  sous  le  nom  de  Croupion  :  le  crou- 
»  pion  a  dans  son  milieu  le  bout  de  la  colonne  vertébrale 
»  qui  forme  une  lame  appelée  l'os  en  soc  de  charrue.  Les 
»  grandes  plumes  dites  rectrices  sont  concentrées  sur  la 
*>  peau  dont  il  est  recouvert.  Chez  l'Archseopterix,  la  queue 
»  était  moins  différente  de  ce  que  l'on  voit  chez  la  plupart 
»  des  vertébrés;  elle  était  longue,  se  terminait  en  pointe 
»  et  était  formée  de  vingt-une  vertèbres  qui  diminuaient 
»  successivement.  Il  n'y  avait  ni  croupion,  ni  os  en  soc  de 
»  charrue  ;  les  plumes  étaient  disposées  par  paires  symé- 
»  triques  sur  la  peau  de  la  queue  dans  toute  sa  longueur. 

»  L'allongement  de  la  queue,  ses  vertèbres  qui  diminuent 
»  progressivement  sans  former  d'os  en  soc  de  charrue,  les 
»  pattes  de  devant  avec  des  métacarpiens  distincts  et  des 
»  doigts  munis  do  griffes,  la  brièveté  du  sacrum,  la  peti- 
»  tesse  du  bassin  et  la  séparation  de  l'ilion,  du  pubis,  de 
»  l'ischion,  sont  des  caractères  qui  rapprochent  rArchaeop- 
»  terix  des  reptiles  en  même  temps  qu'ils  le  distinguent 
»  des  oiseaux  adultes.  On  peut  ajouter  que  l'Archœopterix 
»  avait  des  dents,  ainsi  que  M.  John  Evans  l'a  annoncé  dès 
»  1865,  des  vertèbres  biconcaves,  des  côtes  fines  sans  apo- 
»  physes  récurrentes  et,  suivant  M.  Marsh,  un  péroné  qui, 
»  à  sa  partie  distale,  se  plaçait  sur  le  devant  du  tibia  :  ce 
»  sont  là  encore  des  particularités  qui  ont  été  constatées 
»  chez  les  reptiles.  C'est  pourquoi  on  peut  dire  que 
»  l'Archacopterix,  tout  en  étant  un  vrai  oiseau,  a  commencé 
»  avec  les  dinosauriens  à  diminuer  un  peu  l'intervalle  entre 


—  36  — 

»  le  reptile  qui  se  traîne  à  terre  et  l'oiseau  qui  plane  dans 
»  les  airs,  c'est-à-dire  entre  les  êtres  qui  sont  en  apparence 
»  les  plus  éloignés. 

»  Les  dinosauriens  (terrible,  —  lézard)  ont  vécu  à  l'époque 
»  secondaire.  Quelques-uns  atteignaient  une  taille  gigan- 
»  tesque.  Huxley  les  a  inscrits  sous  le  titre  d'Ornithoscé- 
»  lidés  afin  de  rappeler  leurs  traits  de  ressemblance  avec 
»  les  oiseaux  ;  ils  ne  rampaient  point  et  pouvaient  garder 
»  la  position  de  bipèdes. 

»  Si  les  dinosauriens  qui  ne  rampaient  point  devaient  être 
»  des  reptiles  extraordinaires,  il  y  a  eu  des  reptiles  plus 
»  extraordinaires  encore,  car  ils  s'élevaient  dans  les  airs  : 
»  on  les  appelle  Ptérosauriens.  Les  Ptérodactyles  en  sont  les 
»  plus  célèbres.  »  (Vous  avez  sous  les  yeux,  l'empreinte  et  la 
contre-empreinte  d'un  exemplaire  remarquable,  le  Ptero- 
dactylus  spectabilis,  trouvé  comme  l'Archaeopterix  dans  le 
calcaire  lithographique  de  Solenhofen).  «  Ils  ont  été  connus 
»  dès  le  milieu  du  siècle  dernier.  On  conçoit  quel  étonne- 
»  ment  le  Ptérodactyle  a  dû  causer.  La  tête  est  plus  longue 
»  que  le  cou,  plus  grand  lui-même  que  le  reste  du  tronc. 
»  L'ensemble  du  tronc  depuis  la  première  vertèbre  dorsale, 
»  jusqu'au  bout  de  la  queue,  n'est  que  le  tiers  de  la  Ion- 
»  gueur  de  l'animal.  Les  membres  du  devant  sont  plus  du 
p  double  de  ceux  de  derrière.  Un  des  doigts  dépasse  six  fois 
»  les  autres  en  longueur.  Ainsi,  la  tête,  le  cou  et  une  paire 
»  de  doigts  prennent  à  eux  seuls  beaucoup  plus  de  place 
»  que  tout  le  reste  du  corps. 

»  Le  Musée  de  Munich  est  celui  qui  renferme  la  plus 
*>  importante  collection  de  ces  ptérosauriens.  Leur  taille 
»  variait  de  celle  d'une  chauve-souris  à  celle  des  plus  grands 
»  oiseaux.  Les  dents  indiquent  un  régime  Carnivore.  A  en 
»  juger  par  la  grandeur  des  ailes,  comparée  à  celle  de 
»  l'ensemble  du  corps  et  par  la  mobilité  que  leur  donnaient 
»  les  nombreuses  articulations  des  membres  antérieurs  qui 
»  les  soutenaient,  je  pense  qu'ils  devaient  assez  bien  voler. 


—  37  — 

»  On  n'a  trouvé  aucune  trace  d'écaillés  comme  chez  les 
»  reptiles,  ni  aucun  indice  de  duvet,  de  plumes  ainsi  que 
»  chez  les  oiseaux,  ou  de  poils  ainsi  que  chez  les  mammi- 
»  fères.  Il  est  donc  difficile  de  décider  si  les  ptérosauriens 
»  avaient  du  sang  chaud  ou  du  sang  froid.  » 

Quoique  ces  pièces  n'aient  rien  à  apprendre  aux  savants, 
j'ai  pensé  qu'elles  pouvaient  être  intéressantes  pour  les 
amateurs  et  les  curieux  qui  viennent  puiser  dans  la  visite  de 
nos  collections  de  véritables  leçons  de  choses.  C'est  surtout 
pour  eux  que  sont  créés  les  musées. 


M.  le  Dp  Gillot  donne  lecture  du  travail  suivant, 
présenté  par  M.  Gagnepain,  instituteur  à  Cercy-1  a-Tour  : 

Nouvelles  Notes  de  Tératologie  végétale  1 

1.   —  Stellarla  Holostea. 

17  avril  4898. 

Un  examen  attentif  des  végétaux  vivants  au  cours  d'une 
herborisation  convainc  facilement  que  les  anomalies,  bien 
que  peu  apparentes,  sont  plus  fréquentes  qu'on  ne  le  croit 
communément. 

Différentes  monstruosités  observées,  en  attirant  notre 
attention  sur  la  Stellaire  Holostée,  nous  ont  amené  à  l'obser- 
vation de  la  suivante  : 

Vigoureux  individu.  Une  fleur  épanouie  porte  4  sépales 
égaux  et  normaux  pour  les  dimensions,    4  pétales  dont 

3  égaux  et  régulièrement  bifides,  le  dernier  est  trifide  et 
plus  large  du  tiers  ;  4  étamines  sont  opposées  aux  sépales, 

4  autres,  les  intérieures,  aux  pétales. 

1.  Suite  à  dos  Notes  têratologiques,  Bull.  Soc.  bot.  Fr.,  1893,  p.  309,  et  1894, 
pp.  269  et  605;  Bull.  Soc.  bist.  nat.  AutUD,  1896,  pp.  67  et  269. 


—  38  — 

Ici  déjà  on  peut  remarquer  la  tétramérie  extraordinaire 
succédant  à  la  pentamérie  normale  ;  mais  il  semble  y  avoir 
un  retour  à  cette  dernière  par  la  concrescence  de  deux  pétales 
en  un  seul  plus  large. 

La  fleur  en  bouton  qui  suit  porte  six  sépales.  Mais  pétales 
et  étamines  sont  en  nombre  normal.  Si  l'équilibre  dans 
l'inflorescence  n'est  pas  parfait,  et  alors  la  fleur  supérieure 
porterait  6  pétales  et  12  étamines,  on  voit  du  moins  qu'il 
y  a  tendance  vers  cet  équilibre. 

Le  retour  à  la  tétramérie  n'est  du  reste  pas  rare  dans  la 
Stellaire  Holostée,  et  un  second  individu  nous  en  a  offert 
un  exemple  aussi  complet  que  le  premier. 

2.  —  AUlum  Porrum. 

(PI.  I.fig.  1,2.) 

Le  vulgaire  Poireau  porte  ordinairement  une  seule  fleur 
à  l'extrémité  de  chaque  rayon  de  son  ombelle  globuleuse. 
Mais  deux  exceptions  sont  assez  remarquables  pour  mériter 
une  description  : 

1°  Il  y  a  concrescence  de  deux  rayons  voisins  jusqu'aux 
périanthes  des  deux  fleurs  qu'ils  portent,  ce  qui  produit  un 
rayon  terminé  par  deux  fleurs  jumelles  soudées  par  un 
pétale  commun. 

Les  étamines  naissant  à  la  base  des  pétales  (tépales  de 
certains  auteurs)  ont  normalement  un  filet  aplani  élargi  à 
trois  pointes,  la  médiane  seule  étant  un  connectif  et  portant 
l'anthère,  tandis  que  les  deux  latérales  sont  stériles. 

Or,  dans  Tune  et  l'autre  fleur,  à  la  base  du  pétale  commun 
les  deux  étamines  sont  dissemblables.  L'une  est  réduite 
à  un  seul  seul  filet  mince  sans  pointes  latérales  stériles  ; 
l'autre  comprend  la  concrescence  de  deux  étamines  por- 
tant deux  anthères  séparées  par  une  pointe  médiane  et 
supportées  par  deux  autres  latérales. 

2°  Un  rayon  de  l'ombelle  porte  six  fleurs  qui  constituent 
une  ombellule.  Mais  tandis  que  la  fleur  de  la  base  est  de 


—  39  — 

volume  normal,  les  cinq  autres  plus  ou  moins  longuement 
pédicellées  sont  assez  réduites  ;  quelques-unes  portent  des 
étamines  sans  pointes  et  même  sans  anthère  ;  souvent  celles 
qui  sont  opposées  aux  trois  pétales  intérieurs  sont  dans  ce 
cas,  les  autres,  extérieures,  étant  parfois  bidentées,  chaque 
dent  portant  un  lobe  d'anthère. 

En  résumé,  on  peut  reconnaître  dans  ce  cas  : 

Concrescence  de  deux  rayons. 

Soudure  de  deux  pétales  de  fleurs  jumelles. 

Ablation  des  appendices  staminaux. 

Concrescence  des  filets  staminaux. 

Prolifération  latérale  d'un  rayon  d'ombelle. 

Bipartition  d'une  anthère. 

3.  —  Viola  trlcolor  var.  arvensls. 

Singulière  anomalie  qui  change  absolument  le  faciès  de 
la  fleur  :  les  appendices  calicinaux  longuement  accrescents 
enveloppent  l'éperon,  le  dépassent  et  le  cachent  complè- 
tement. Comme  ces  appendices  ont  grandi  également  en 
largeur,  la  fleur  parait  sessile  sur  une  feuille  d'Oxalis  à 
l'état  de  sommeil. 

4.  —  Phleum  pratense. 

Les  superstitions  populaires  accordent  aux  épis  géminés 
du  Blé  les  plus  heureux  augures  si  les  cas  sont  un  peu 
plus  fréquents  ou  un  peu  mieux  observés  que  d'ordinaire. 

Cet  accident  a  été  remarqué  sur  un  individu  de  la 
Phléole  des  prés  croissant  près  de  la  gare  d'Épiry  (Nièvre). 
Les  deux  épis  jumeaux  sont  confondus  à  la  base  puis 
divergents  dès  la  troisième  fleur.  Les  faces  latérales  de 
chacun  d'eux  sont  dépourvues  d'épillets  comme  si  le 
contact  dur  de  la  gaine  en  avait  causé  l'avortement.  Il 
aurait  été  intéressant  de  semer  les  graines  mûres  et  d'ob- 
tenir une  race  géminée  de  Phleum  pratense.  C'aurait  été 
l'analogue  du  Tritioum  compositum  L.  qui  n'est  sans  doute 


—  40  — 

qu'une  variété   tératologique  de  Blé,  cultivée   depuis    si 
longtemps  qu'elle  a  obtenu  la  Gxité  de  son  caractère  bizarre. 

5.  —  Ranunculug  bulboeus. 

8  mai  1898. 

Près  du  canal  du  Nivernais,  dans  un  sol  fertile,  croissait 
un  vigoureux  individu  de  Renoncule  bulbeuse,  dont  la  tige 
principale  est  fasciée  sur  toute  sa  hauteur,  45  centimètres. 
C'est  un  long  ruban  cannelé,  strié  de  16  millimètres  à  la 
base. et  de  8  millimètres  au  sommet.  Sur  les  arêtes,  presque 
à  la  même  hauteur,  se  voient  deux  rameaux  normaux,  à 
l'aisselle  de  trois  feuilles  dont  une  naissant  sur  une  face 
latérale  aurait  dû  protéger  la  base  d'un  troisième  rameau 
complètement  avorté. 

A  12  centimètres  plus  haut,  sur  le  ruban  de  la  tige, 
deux  feuilles  indiquent  encore  l'avortement  d'autant  de 
rameaux  absents. 

La  hampe  devient  alors  plus  striée  encore  ;  sa  longueur 
de  16  centimètres  est  exagérée  par  rapport  aux  rameaux 
latéraux,  comme  si  elle  avait  absorbé  à  leur  détriment  plus 
de  sève  qu'il  ne  lui  en  était  destiné. 

L'unique  fleur  qui  termine  cette  tige  fasciée  porte  treize 
sépales,  douze  pétales  normaux,  sauf  quatre  qui  sont  chif- 
fonnés et  plies  en  carène,  enfin  des  étamines  deux  fois  plus 
nombreuses  que  normalement. 

Les  akènes  fortement  serrés  figurent  assez  bien  une 
chenille  allongée  sur  l'extrémité  du  ruban  dans  le  sens  de 
sa  largeur. 

On  ne  doit  pas  supposer  que  le  sol  riche  ait  produit  cette 
anomalie.  Mais  comme  cette  plante  avait  été  recouverte 
l'été  précédent  par  les  limons  de  curage  du  canal,  il  est 
plus  rationnel  de  leur  en  attribuer  la  formation  par  l'obs- 
tacle qu'ils  ont  opposé  à  la  croissance.  Cependant  le  cas 
suivant,  analogue  sur  bien  des  points,  s'est  trouvé  dans  des 
conditions  toutes  différentes. 


-  41  - 

6.  —  Ranunculus  bulbosus. 

24  mai  1898. 

L'unique  individu,  atteint  de  fascie,  croissait  dans  les 
sables  de  la  Loire  non  loin  du  confluent  du  ruisseau  de 
Rosières,  commune  de  Sougy. 

Une  seule  tige  issue  de  nombreuses  feuilles  radicales. 
On  sait  que  les  Renoncules  ont  le  plus  souvent  dès  la  base 
plusieurs  tiges  distinctes.  Dans  ce  cas,  c'est  un  ruban  de 
20  centimètres  de  haut  et  de  10  à  12  millimètres  de  large. 
Aucune  feuille  caulinaire  sur  les  10  centimètres  inférieurs. 
Elles  naissent  à  cette  hauteur,  courtes,  en  groupe  de  deux 
à  quatre,  au  nombre  de  quatorze  jusqu'en  haut  de  la  hampe 
sans  ordre  évident.  Elles  sont  un  indice  de  la  concrescence 
de  plusieurs  tiges  qui  se  sont  individualisées  pour  porter 
quatre  fleurs  dont  deux  bien  normales  et  les  autres  souffre- 
teuses et  mal  venues. 

Dans  les  Renoncules  que  nous  avons  observées,  les  fas- 
ciations  sont  dans  l'ensemble  très  comparables  entre  elles. 
La  fasciation  de  la  Valériane  diolque  est  bien  différente 
et  des  plus  singulières. 

7.  —  Valeriana  dioloa. 

Avrilly  (Allier),  15  juin  1899. 

(Planche  I,  fig.  3,  4.) 

M.  Château,  notre  obligeant  et  dévoué  confrère  de  Bourg- 
le-Comte  (Saône-et- Loire),  a  bien  voulu  nous  communiquer 
l'échantillon  qui  a  motivé  la  description  suivante  : 

Une  souche  qui  porte  la  trace,  par  une  cicatrice,  de  la 
tige  précédente  porte  latéralement  la  tige  anomale,  d'abord 
ronde,  à  nœuds  rapprochés.  La  présence  de  quelques 
racines  adventices  indique  l'enfoncement  de  cette  souche 
dans  le  sol  humide,  tourbeux,  probablement  recouvert  de 
détritus  végétaux  ou  de  Sphaignes. 


—  42  — 

Au-dessus  de  trois  entre-nœuds,  à  quatre  centimètres  au- 
dessus  de  la  souche,  naissent  deux  feuilles  radicales  à  lobe 
terminal  unique  ou  très  développé,  absolument  normales, 
sinon  par  les  proportions,  du  moins  par  la  forme. 

Alors  la  tige  s'enroule  en  conque,  ou  en  escargot,  dont 
les  spires  seraient  étroites  et  nombreuses,  et  pourvues  de 
feuilles  sur  la  partie  opposée  à  l'évasement.  La  disposition 
en  ligne  de  ces  feuilles,  fait  qu'elles  rappellent  confusément 
une  crinière  hérissée.  Les  supérieures  sont  réduites  à  des 
écailles  d'abord  en  ligne,  puis  groupées  en  faisceau  à  la 
partie  supérieure  de  l'évasement  de  la  corne  d'abondance, 
et  simulant  à  peu  près  la  tête  du  colimaçon  qu'un  danger 
invite  à  une  prudente  retraite.  A  part  cette  légère  occlu- 
sion de  la  conque,  elle  est  absolument  vide  et  même  trans- 
lucide, et  les  spires  extérieures  s'y  dessinent  suffisamment 
pour  être  vues  à  une  observation  attentive.  Au  lieu  des 
quatre  tentacules  du  gastéropode  entrevu,  il  existe  une 
aigrette  qui  se  bifurque  en  trois  branches  elles-mêmes  mul- 
tipartites  terminées  par  des  fleurs  et  des  calices  plumeux. 

Cette  curieuse  anomalie  de  la  tige  s'éloigne  donc  beau- 
coup morphologiquement  des  fasciations  ordinaires  en 
ruban  mince,  plus  ou  moins  involuté  dans  son  plan,  puis- 
qu'ici  il  y  a  tendance  bien  définie  vers  la  forme  turbinée 
parfaite. 

M.  le  Dr  Gillot  a  décrit  sous  le  nom  de  fasciation  spiroïde, 
une  semblable  anomalie  dans  Valeriana  of/icinalis  (Bull. 
Soc.  bol.  Fr.,  1894,  p.  448).  Par  notre  figure  on  pourra  se 
rendre  compte  que  ces  fasciations  spiroïdes.  ont  la  plus 
grande  ressemblance,  et  semblent  particulièrement  fré- 
quentes dans  le  genre  Valeriana. 

Sans  vouloir  prétendre  que  la  végétation  tardive  et  rapide 
d'une  tige  ou  d'un  rameau  l'amène  ordinairement  à  la  fas- 
ciation, nous  sommes  autorisé  à  penser  que  cette  végéta- 
tion anormale  n'est  pas  incompatible  avec  la  fasciation  par 
le  cas  suivant  relatif  à ,  Onothera  biennis. 


—  43  — 

8.  —  Onothera  blennls. 

Fin  octobre  1899. 

Non  loin  de  la  Charbonnière,  près  Decize,  clans  les  sables 
de  la  Loire,  une  Onagre  bisannuelle  avait  accompli  le  cycle 
de  sa  végétation  en  donnant  fleurs  et  fruits  en  abondance. 
Mais  soit  que  le  substratum  ait  été  plus  fertile  pour  cet 
individu  particulier  ou  qu'une  inondation  soit  venue  don- 
ner un  coup  de  fouet  à  la  sève,  la  tige  munie  de  capsules 
déhiscentes  avait  continué  à  croitre,  s'était  amincie  en  un 
ruban  vert  de  5  centimètres  de  long  abondamment  pourvu 
de  feuilles  réduites  et  de  fleurs  normales  mais  minuscules. 
Tout  porte  à  croire  que  les  parties  vivantes  de  la  tige  ont 
subi  la  pression  des  cellules  mortes  et  dures  pour  se 
laminer  ainsi  dans  la  croissance  inopportune  d'une  revivis- 
cence. 

9.  —  Plantago  lanoeolata. 

Environs  de  Bourg-Ie-Comte,  3  août  1899. 
Échantillon  dû  à  M.  Château. 

(Planche  I,  fig.  5.) 

Pied  vigoureux  à  belles  feuilles  radicales,  d'où  s'élancent 
six  hampes  à  différents  degrés  de  développement. 

La  moins  élevée  porte  à  son  sommet  une  rosette  de  six 
feuilles,  petites,  tortiles.  Elles  enveloppent  quatre  épis, 
subverticillés,  l'un  demi-grandeur  naturelle,  le  second  réduit 
au  quart,  le  central  réduit  à  quelques  écailles,  ainsi  que  le 
quatrième. 

L'avortement  de  l'épi  terminal,  de  très  bonne  heure,  a 
sans  doute  produit  cette  polystachie  compliquée  de  phyllodie 
des  écailles  inférieures. 

A  Cercy-la-Tour,  dans  un  terrain  vague,  souvent  piétiné 
par  les  hommes  et  le  bétail,  le  même  cas  a  été  rencontré, 
mais  à  polystachie  moins  complète.  Les  meurtrissures  se 
présentent  d'abord  à  l'esprit  comme  cause  probable  de  cette 
remarquable  malformation. 


—  44  — 

10.  —  Colohlcum  automnale. 

9  octobre  1898. 

Sur  le  bord  du  canal  du  Nivernais,  près  Cercy-la-Tour, 
en  face  les  Vreilles,  croissent  quelques  rares  individus  de 
Colchique  d'automne.  La  rareté  de  l'espèce  ou  son  absence 
dans  les  prés  voisins,  indique  clairement  qu'ils  ont  été 
apportés  en  graine  avec  les  foins  ou  les  fumiers  des  bateaux. 
Le  curage  du  canal,  l'entretien  du  chemin  de  hâlage,  ont 
recouvert  les  bulbes  qui  ont  donné  en  octobre  de  nombreuses 
fleurs  à  tube  long  de  35  centimètres.  La  longueur  en  est 
donc  au  moins  triplée  par  suite  de  l'enfouissement  pro- 
fond. 

Toutes  les  corolles  sont  mâles  par  l'avortement  des 
styles  dont  on  ne  trouve  aucun  vestige  à  30  centimètres  des 
étamines,  et  la  déchirure  longitudinale  montre  le  tube 
formé  de  deux  tuniques  concentriques,  comme  si  les  styles 
avortés  avaient  constitué  l'interne.  Il  est  excessivement 
rare  qu'une  anomalie  soit  seule  et  les  lobes  de  la  corolle, 
plus  étroits,  sont  pour  la  plupart  denticulés,  tandis  que  les 
anthères  sont  apiculées  et  stériles.  Un  des  filets  se  pro- 
longe en  une  languette  falciforme  de  24  %  X  4  de  plus  grande 
largeur;  un  bourrelet  jaune  qui  en  occupe  la  base  démontre 
la  pétalodie  de  l'anthère.  En  somme  :  atrophie  du  gynécée, 
—  denticulation  des  pétales,  —  pétalodie  de  l'anthère,  — 
soudure  du  pistil  atrophié  avec  le  tube  corollin,  et,  comme 
conséquence,  occlusion  du  tube  corollin,  telles  sont  les 
parties  saillantes  du  cas  considéré. 

11.  —  Valerlanella  olitoria. 

Rompois,  près  Billy-Chevannes,  cote  au  calcaire  à  exposition  chaude. 

30  mai  1898. 

Fleurs  normales  occupant  le  sommet  des  dichotomies, 
les  anormales  en  glomérules  axillaires  inférieurs,  sessiles 
ou  à  rameaux  courts  : 


—  45  — 

1°  Corolle^verte  phyllodiée  plus  grande  que  d'ordinaire  ; 
3  staminodes  ;  style  filiforme  vert  et  longuement  accru. 
Tout  l'aspect  d'une  corolle  hypogyne,  normalement  épigyne 
dans  les  Valérianacées. 

2*  Akène  verruqueux-ridé  court,  calice  à  peine  indiqué  ; 
tube  de  la  corolle  gonflé,  pléthorique,  les  divisions  plus 
accrues  et  vertes  que  dans  le  premier  cas  ;  3  étamines 
presque  sessiles,  à  lobes  verts,  gros,  divergents  en  hal- 
tères ;  style  claviforme  au  sommet  qui  est  creusé  en  cornet. 
La  corolle  phyllodiée  atteint  dans  ce  stade  trois  fois  les 
dimensions  normales. 

3°  Akène  deux  fois  plus  volumineux  que  normalement , 
calice  nettement  induré  en  collerette  à  dents  de  1  %  de  long  ; 
style  énorme,  plus  gros  qu'un  fruit  ordinaire,  avec  trois 
pointes  stigmatiques  au  sommet  qui  est  nettement  urcéolé. 

Valerianella  olitoria  présente  donc  en  résumé  : 

Virescence,  phyllodie  et  accrescence  de  la  corolle. 

Stérilité  des  étamines  et  divergence  du  connectif. 

Accrescence  du  style  claviforme  avec  début  de  prolifé- 
ration. 

Enfin  l' accrescence  du  calice  est  à  comparer  avec  Larnp- 
sana  vulgaris  dans  lequel  le  même  fait  se  retrouve. 

Selon  toute  apparence,  l'individu  anormal  qui  vient 
d'être  décrit  a  passé  l'hiver  en  bouton,  ce  que  lui  permettait 
son  exposition  chaude;  les  fleurs  hivernées  sont  seules 
anormales  pour  avoir  souffert  des  atteintes  du  froid  ;  elles 
sont  devenues  reviviscentes  aux  premières  chaleurs  ;  celles 
qui  sont  nées  plus  tard  à  la  saison  convenable  sont  parfai- 
tement normales  et  le  traumatisme  général  produit  par  le 
froid  devient  la  cause  évidente  de  l'anomalie. 

12.  —  Tullpa  silvestrls. 

Culture,  20  avril  1898. 

Tulipa  si  iv  es  tris  est  indiqué  par  Boreau  (Flore  Cent.),  seu- 
lement dans  trois  localités  de  la  Nièvre.  Une  herborisation 


—  46  - 

dans  Tune  d'elles,  la  Maladrerie  près  Armes,  nous  permit 
la  récolte  et  la  culture  à  Cercy  de  cette  gracieuse  Liliacée. 

Le  sol  de  la  Maladrerie  est  un  calcaire  pierreux  et 
glaiseux,  celui  de  Cercy  est  surtout  argileux,  et  ces  diffé- 
rences bien  appréciées  permettaient  d'espérer  des  écarts 
dans  la  végétation. 

A  la  première  floraison,  une  fleur  présente  un  début  de 
duplicature  par  une  étamine  supplémentaire  ovaroîde,  dans 
laquelle  l'anthère  est  remplacée  par  un  appendice  filiforme 
ondulé  nettement  papilleux  et  stigmatifère. 

Des  individus  ont  offert  la  dichocéphalie  dans  la  pro- 
portion de  4  sur  6.  Ces  individus  biflores  ont  toujours  la 
fleur  supérieure  plus  vigoureuse,  à  périanthe  plus  large. 
Au  contraire,  l'inférieure  est  réduite  dans  toutes  ses  parties 
comme  dans  leur  nombre,  elle  arrive  alors  au  type  tétra- 
mère  avec  deux  pétales  extérieurs  et  deux  intérieurs 
accompagnés  de  quatre  étamines  fertiles.  L'insertion  de  la 
hampe  supplémentaire  se  produit  toujours  à  l'aisselle  de 
la  feuille  supérieure,  et  il  y  a  toujours  concrescence  des 
deux  hampes  sur  une  longueur  de  un  à  deux  centimètres. 

Les  tulipes  sont  rarement  biflores  et  la  station  abon- 
dante de  la  Maladrerie  ne  nous  a  pas  permis  d'en  constater 
un  seul  exemple.  La  nature  du  sol,  la  plantation  des  bulbes 
à  une  profondeur  qui  n'était  pas  prévue  par  la  loi  de  niveau 
ont  donc  certainement  concouru  à  produire  les  anomalies 
décrites.  Cependant  la  première  cause,  influence  du  sol, 
nous  semble  être  la  plus  prépondérante,  car  nous  n'avons 
constaté  dans  les  bulbes  aucune  tendance  à  monter  ou  à 
descendre  pour  trouver  le  niveau  préféré.  Mais,  d'autre 
part,  les  bulbes  de  remplacement  enfouis  à  nouveau  ont 
donné,  malgré  leur  jeune  âge,  l'année  suivante,  des  tiges 
et  des  fleurs  parfaitement  normales.  Et  comme  la  nature 
du  sol  n'a  pas  varié  d'une  année  à  l'autre,  il  faut  expliquer 
ce  retour  au  faciès  normal,  par  l'appauvrissement  des 
caïeux   de   remplacement  séparés  de  la   tige   avant  leur 


—  M  — 

évolution  complète.  Les  bulbes  qui  n'avaient  pas  subi 
cette  mutilation  ayant  continué  à  perpétuer  les  mêmes 
anomalies  ci-dessus  décrites,  sont  une  preuve  nouvelle  de 
leur  production  par  le  changement  de  terrain  et  l'influence 
de  la  culture. 

13.  —  Tulipa  Geenerlana,  races  horticoles. 

Jardin,  10  juin  1898. 
(  Planche  I,  fig.  6,  7.  ) 

En  partant  de  la  monstruosité  la  plus  simple,  pour  arri- 
ver à  la  plus  compliquée,  on  peut  faire  la  description  sui- 
vante : 

1°  Fleur  simple.  Une  étamine  s'est  souciée  à  la  capsule 
par  le  filet  et  lui  reste  adhérente  jusqu'aux  stigmates. 

L'étamine,  par  la  rapidité  de  son  évolution,  a  retenu  le 
côté  de  la  capsule  auquel  elle  touche  et  a  empêché  son 
accroissement  symétrique.  Au  contraire,  le  côté  opposé  a 
décrit  un  demi-cercle  pour  prendre  la  forme  enroulée. 

Le  cas  se  complique  de  l'exocarpie  des  ovules  :  ils  sortent 
du  périgone  et  saillent  en  dehors  sans  ordre  bien  marqué. 
L'influence  de  la  lumière  a  produit  la  coloration  verte 
chlorophyllienne  bien  caractérisée. 

2°  Fleur  double  panachée  de  jaune  et  de  rose.  Le  cas  pré- 
cédent se  complique  de  phyllodie  des  pétales  souvent  verts 
sur  la  nervure  médiane.  En  plus,  les  feuilles  larges,  pliées, 
ondulées,  grimpent  jusqu'à  la  hampe  en  diminuant  de  pro- 
portions. Dans  trois  individus  sur  quatre,  elles  se  soudent  à 
la  hampe  par  des  décurrences  ailées,  sinueuses,  larges, 
l'extrémité  du  limbe  se  colorant  en  rouge  et  en  jaune  : 
phyllopétalie. 

3°  Même  race.  En  plus  des  anomalies  précédentes  (2°),  la 
capsule  présente  cinq  cloisons  au  lieu  de  trois  ;  les  stig- 
mates sont  lamelliformes,  plissés,  crispulés,  confluents.  Ils 
laissent  à  la  partie  supérieure  de  la  capsule  une  ouverture 


—  48  — 

béante  qui  laisse  voir  les  ovules  verts,  beaucoup  débordant 
en  dehors  par  une  fissure  médiane,  irrégulière.  A  Tinté- 
rieur  ils  deviennent  lenticulaires,  semi-circulaires,  en  vir- 
gule, rarement  samaroïdes  par  soudure  dorsale. 

4°  Plus  la  duplicature  augmente,  plus  la  capsule  se 
déforme,  en  même  temps  que  les  décurrences  s'accentuent, 
que  la  phyllopétalie  s'étend.  La  capsule  s'ouvre  par  le  som- 
met en  trois  lobes  étroits  irréguliers,  terminés  par  la  cris- 
pure  épaisse  des  stigmates.  Entre  ces  lobes  apparaissent 
quelques  ovules  avortés,  verts  et  rougeâtres  (pétalodie  des 
ovules).  Ils  descendent  par  les  ouvertures  béantes  de  la 
capsule  jusqu'à  la  base  des  étamines  qui  prennent  dans 
l'occasion  la  forme  stigmatique. 

Ce  cas  de  monstruosité  complète  peut  se  résumer  ainsi  : 

Concrescence  staminocarpienne  et  asymétrie  latérale  du 
fruit. 

Exocarpie  des  ovules,  leur  phyllodie,  leur  pétalodie,  leur 
soudure. 

Phyllodie  des  pétales,  phyllopétalie  des  feuilles  et  leur 
caulescence. 

Multiplicature  et  disjonction  des  carpelles. 

Staminostylie  des  étamines  inférieures. 

M.  leDrGillot  {Bull.  Soc.  bot.  Fr.f  XXIII  (1876),  p.  197),  et 
M.  A.  Acloque  [Monde  des  Plantes,  n°  95,  p.  177),  ont  décrit 
des  anomalies  analogues  sous  quelques  rapports.  Il  est 
improbable  que  la  piqûre  d'un  insecte  ait  produit  des  mal- 
formations aussi  complètes  que  celles  que  nous  avons 
décrites  ;  nous  ne  pouvons  donc  nous  ranger  à  cette  opinion 
présumée  de  M.  Acloque.  Mais  comme  les  Tulipes  ne  sont 
jamais  reproduites  que  par  les  caïeux  dans  nos  jardins,  il 
est  possible  que  le  manque  de  gymnastique  fonctionnelle 
de  l'ovaire  le  fasse  dégénérer  dans  les  cas  rares  où  l'ata- 
visme n'a  pas  une  influence  prépondérante. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


Planche  I. 

Alllum    porrum. 

1 .  Ombellule  à  2  fleurs  soudées  par  le  dos  (gr.  nat.). 

a,b,  étamines voisines  de  la  soudure;  c,  soudure  de  2  étamines 

(grossies). 
d,  étamine  normale  opposée  à  la  soudure  (grossie). 

2.  Ombellule  à  5  fleurs,  une  sessile  et  quatre  pédicellées  avec 

une  bractée  (spathellule),  gr.  nat. 
c,  étamine  de  la  fleur  inférieure  pédicellée. 
f,  étamine  de  la  môme  fleur  sans  appendices  latéraux  du 

filet  et  sans  filet  aplani. 

Valerlana  dioioa. 

3.  Aspect  général  de  la  fasciation  spiroide  ou  en  conque,  vue 

de  face  et  réduite. 

4.  La  conque  vue  de  profil. 

Plantago  lanceolata  (gr.  nat.). 

5.  Sommet  dune  des  hampes  avec  ses  6  feuilles  et  2  épis;  les 

autres  très  réduits  ne  sont  pas  visibles. 

Tulipa  gesnerlana  (gr.  nat.) 

0.  Fruit  déformé,  ouvert  ;  on  voit  les  ovules  à  droite. 

7.  Un  autre  à  carpelles  dissociés  étalés;  l'inférieur  à  droite  est 

une  étamine  évoluée  en  stigmate  ;  les  ovules  exocarpiens 

descendent  jusqu'à  la  base  des  étamines. 


SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE  D'AtITUH 


TÉRATOLOGIE  VEGETALE 


EXPLICATION   DES 


Planche 

Barbarea  vulgar 

8.  Silique  devenue  silicule. 

9.  Silicule  plus  accusée. 

10.  Dissociation  des  feuilles  car 

trueuse. 

11.  Phyllodie  de  la  silique  et  pr< 

12.  Même  stade  avec  corymbo  p. 

13 .  La  silique  très  accrue  se  cour 

14.  La  silique  devient  un    long 

bractées  et  d'une  branche 
à  carpelles  dissociés  :  prof 

15.  Carpelles  dissociés  de  la  flei 

16.  Prolifération  dégénérant  en 

les  sépales  et  pétales  phyl 
la  partie  inférieure. 

17.  18.    Silique  devenue  silicule;  on 

étamines  (grossi). 

19.  Etamines  égales  entourant  la 

Slsymbrium  o 

20.  Sépales  naviculaires,  2  pétai 

silicule  (gros.). 

21.  Môme  stade;  on  voit  4  péta 

22.  Silicule;  les  feuilles  carpella 

et  laissent  voir  le  placenta 

23.  Silicule  ouverte  par  la  nervu 

la  cloison  placentaire  qui  i 
accrus  (grossi). 

24 .  Silicule  ouverte  par  les  arête 

sur  la  nervure  médiane,  ils . 

25.  Silicule  irrégulièrement  dép; 


i 


SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE  D'AUTO N 


TÉRATOLOGIE  VÉGÉTALE 


—  49  — 

14.  —  Barbarea  vulgaris. 

Sables  de  Loire  à  Decize,  10  juillet  1898. 
(Planche  II,  fig.  8  à  19.) 

Parmi  d'innombrables  individus  de  la  Barbarée  vulgaire 
qui  croissaient  à  cette  époque,  se  trouvaient  de  nombreux 
pieds  reviviscents  par  les  cymes  et  c'était  un  singulier 
aspect  que  celui  de  ces  plantes  sèches  par  la  base  et  ver* 
doyantes  au  sommet.  Les  crues  peu  importantes  mais  suc- 
cessives de  la  Loire  avaient  recouvert  les  individus  à  une 
grande  hauteur  et  les  feuilles  mortes  et  le  limon  grisâtre 
en  témoignaient  suffisamment.  Les  individus  normaux  por- 
taient de  nombreuses  siliques  serrées  contre  la  tige  et,  fait 
remarquable,  ceux  qui  ne  Tétaient  pas  étaient  monstrueux 
généralement  sur  toutes  les  sommités,  tiges  ou  rameaux. 
Tous  ces  pieds  avaient  baigné  dans  l'eau,  cause  probable 
de  l'anomalie,  et  si  beaucoup  n'offraient  rien  de  singulier, 
c'est  que  leur  évolution  était  terminée  et  leurs  cimes 
mortes  au  moment  des  inondations.  L'humidité  surabon- 
dante avait  dû  provoquer  un  surcroit  de  sève  et  d'énergie 
qui  s'était  révélé  sur  les  tissus  plus  jeunes  des  sommités  à 
évolution  incomplète.  Aussi,  tandis  que  les  siliques  infé- 
rieures sont  normales,  les  suivantes,  à  peu  près  stériles, 
arrivent  progressivement  à  la  prolifération  qui  acquiert 
tout  son  développement  au  haut  des  grappes. 

Voici,  du  simple  au  complexe,  la  description  de  cette 
monstruosité  :  .     .    • 

1°  Sépales,  pétales  normaux  autant  qu'on  puisse  en  juger 
par  les  vestiges,  mais  silique  devenue  oblongue,  courte, 
presque  siliculiforme.  Alors  les  quelques  graines  qu'elle 
contient  sont  à  funicule  très  développé  et  le  hile  les  enve- 
loppe comme  par  une  cupule. 

2°  La  silique  devient  absolument  silicule  et  se  rapproche 
de  celle  de  Capsella  bursa-pastoris. 

S.H.N.  1900.  4 


—  50  — 

3°  Les  deux  feuilles  carpellaires  se  disjoignent  par  la 
partie  supérieure  et  réalisent  ainsi  la  phyllodie  des 
siliques. 

4°  Le  cas  se  complique  de  prolifération,  car,  outre  les 
deux  feuilles  carpellaires  distinctes,  la  silique  se  couronne 
d'un  corymbe  de  quatre  fleurs. 

5°  Le  corymbe  devient  plus  dense  :  on  surprend  déjà  la 
grappe  feuillée  comme  dans  les  rameaux. 

6°  L'allongement  des  pédoncules  est  extrême  ;  la  dupli- 
cature  de  la  fleur  commence  ;  les  pétales  et  étamines  pcta- 
loïdes  sont  accrescents,  delà  leur  persistance  anormale.  La 
silique  elle-même  atteint  une  longueur  de  35  millimètres  ; 
les  stigmates  sont  remplacés  par  un  verticille  de  quatre 
feuilles  et  une  aigrette  de  trois  fleurs. 

7°  La  duplicature  de  la  fleur  est  extrême  :  12  phyllodes, 
dont  4  sépales,  4  pétales,  4  étamines,  et  la  silique  appau- 
vrie par  un  sytème  foliaire  si  complet  ne  donne  qu'une 
timide  prolifération. 

8°  La  silique  devient  rameuse  avec  feuilles  sur  la  partie 
moyenne;  une  fleur  supérieure  devient  elle-même  proli- 
fère et  c'est  la  prolifération  à  double  étage.  La  fleur  de 
seconde  prolifération  a  une  silicule  en  bourse  à  pasteur  dans 
laquelle  les  feuilles  carpellaires  s'individualisent  et  la  cloi- 
son placentaire  disparaît. 

9°  La  fleur  devient  une  abondante  touffe  de  feuilles  don- 
nant naissance  à  un  rameau  très  vert  et  par  lui  s'atteint 
la  monstruosité  la  plus  complète. 

En  effet  il  y  a  dans  la  plante  deux  fonctions  bien  diffé- 
rentes :  la  fonction  végétative  localisée  dans  les  racines, 
tiges,  feuilles,  et  la  fonction  reproductrice  propre  aux 
étamines  et  au  pistil. 

Le  calice  et  la  corolle  ont  une  fonction  intermédiaire. 
Or  il  est  évident  que  si  sépales  et  pétales  se  phyllodient, 
la  monstruosité  est  moindre  que  si  ce  sont  les  étamines  et 
le  pistil.   Et  un   pistil  phyllodie  ou  raméal  dégénérant  en 


—  51  — 

fleur  à  pistil  phyllodié  est  la  double  inversion  des  fonctions 
si  différentes  de  la  plante. 

Port  du  Fourneau,  près  Bourbon- Lancy. 
Sables  de  Loire  (18  mai  1899.) 

En  compagnie  de  MM.  Basset,  instituteur  à  Mont,  et 
Lauvernier,  instituteur  à  Bourbon,  au  cours  d'une  très 
agréable  et  fructueuse  herborisation,  nous  eûmes  le  plaisir 
de  rencontrer  dans  les  mêmes  conditions  la  même  mons- 
truosité, moins  complète  à  cause  de  la  saison  moins  avancée. 
D'autre  part,  la  jeunesse  relative  des  organes  monstrueux 
nous  permit  de  compléter  sur  certains  points  les  remarques 
de  la  précédente  description. 

Les  stades  1  et  2  sont  identiques;  le  3e  est  à  peine  indi- 
qué, mais  se  complique  d'un  retour  vers  l'isodynamie  des 
étamines  bien  accentué  par  la  didynamie  très  nette. 

Les  deux  grandes  étamines  sont  exactement  opposées  à 
la  suture  carpellaire,  c'est-à-dire  se  trouvent  exactement 
dans  le  plan  du  placenta.  Au  contraire  les  quatre  inférieures, 
plus  courtes ,  sont  groupées  en  deux  paires ,  chacune 
séparée  par  le  prolongement  du  plan  de  dépression  de  la 
silicule.  C'est  dire  que  ces  silicules  sont  déprimées  per- 
pendiculairement à  la  cloison  placentaire.  Certaines  fleurs 
ont  toutes  les  étamines  égales,  c'est-à-dire  isodynames. 

Enfin,  en  étudiant  à  la  loupe  bien  attentivement  les  bou- 
tons floraux  les  plus  jeunes,  on  découvre  la  prolifération 
simple  à  l'état  tout  à  fait  embryonnaire,  le  corymbe  de 
prolifération  décrit  ci-dessus  au  §  4.  Ce  fait  amène  à  la 
conviction  que  si  les  individus  anormaux  de  Bourbon-Lancy 
avaient  eu  le  temps  d'accomplir  leur  végétation  complète, 
ils  auraient  été  identiques  à  ceux  de  Decize  plus  âgés  d'un 
mois. 

Il  sera  très  intéressant  de  comparer  les  proliférations  de 
la  Barbarée  vulgaire  à  celles  d'une  Crucifère  voisine, 
l'AUiaire  si  abondante  sur  les  talus  et  dans  les  haies  et  que 


—  52  — 

nous  avons  eu  le  plaisir  de  trouver  aux  environs  de  Bour- 
bon-Lancy  également  monstrueuse. 

i5.  —  Slsymbrlum  Alliara. 

Arènes  de  la  Somme,  exposition  chaude  et  aride. 

Une  trentaine  de  tiges  égales  sortent  d'une  racine  grosse, 
rampante,  presque  napiforme,  et  s'élèvent  à  35  centimètres. 
Toutes  ces  tiges  sont  terminées  par  des  fleurs  phyllodiées, 
d'un  vert  foncé. 

De  la  base  de  l'inflorescence  au  sommet  l'anomalie  se 
complique  progressivement  et  présente  les  stades  suivants  : 

1°  Fleur  complète  à  verticilles  accrescents;  silique  finis- 
sant en  eilicule  chiffonnée  longuement  pédicellée. 

2°  Même  cas,  mais  les  sépales  ont  disparu,  les  pétales 
sont  longuement  ongulés,  fortement  nervés,  et  finement 
serrulés  comme  les  feuilles. 

3°  La  silicule  se  dissocie  en  deux  feuilles  carpellaires;  au 
centre  plusieurs  boutons  blanchâtres  qui  indiquent  la  proli- 
fération simple. 

4°  En  plus,  deux  boutons  floraux  à  la  base  des  sépales 
extérieurs;  l'un  de  ces  boutons  est  muni  d'une  bractée. 
C'est  donc  une  double  furcation  de  l'axe  floral. 

5°  Les  quatre  sépales,  les  quatre  pétales  ont  chacun  un 
bouton  floral  à  leur  aisselle;  l'axe  de  prolifération  est  très 
court  et  l'ensemble  de  la  fleur  a  l'aspect  d'une  rosette  de 
feuilles  petites  et  chiffonnées.  Fait  extrêmement  remar- 
quable, ces  boutons  occupent  exactement  la  place  des 
glandes  de  la  fleur  normale.  Ces  glandes  ne  seraient-elles 
donc  que  des  rudiments  d'autant  de  fleurs  avortées? 
Dans  cette  opinion  la  fleur  crucifère  normale  ne  serait  plus 
une  unité,  mais  l'expression  éloquente  d'une  cime  mal 
évoluée. 

Voici  encore  une  prolifération  de  Crucifère,  commune 
au  genre  Sisymbrium. 


—  53  — 

16.  —  Sisymbrium   officinale 

Cercy,  décombres  humides. 
(Planche  II,  fig.  20  à  28). 

De  la  base  au  sommet  des  grappes  de  fleur,  on  rencontre 
les  stades  suivants  : 

i°  Sépales  en  nacelle,  pétale  phyllodiés;  silique  devenant 
une  silicule. 

2°  Les  pétales  entiers  sont  velus,  hérissés  ;  la  silicule  pré- 
sente, sur  les  faces  comprimées,  une  double  nervure 
médiane  qui  indique  la  suture  des  deux  feuilles  carpel- 
laircs  avec  Taxe  placentaire  perpendiculairement  à  la  com- 
pression. 

3°  Les  feuilles  carpellaires  commencent  à  se  dissocier  du 
placenta;  la  silicule  est  velue  hérissée. 

4°  Les  étamines  stériles  sont  de  même  hauteur  ;  retour 
à  la  régularité. 

5°  En  ouvrant  une  silicule,  on  découvre  des  raphés  très 
allongés  supportant  des  graines  avortées.  A  un  fort  gros- 
sissement, on  aperçoit  les  raphés  distinctement  et  longue- 
ment velus. 

6°  Avec  des  étamines  velues,  capsule  s'ouvrant  à  la  partie 
supérieure  par  la  dissociation  des  feuilles  carpellaires. 

7°  La  fleur  n'est  plus  qu'une  rosace  où  les  organes  des 
différents  verticilles  ne  sont  reconnaissables  qu'à  leur  inser- 
tion ;  il  est  difficile  de  distinguer  les  feuilles  carpellaires 
réduites  et  dissociées  des  étamines  phyllodiées. 

La  famille  des  Crucifères  a  sans  doute  une  tendance 
remarquable  aux  monstruosités  florales  puisqu'elle  nous 
donne  encore  le  cas  suivant. 

17.  —  Sinapls  arvensis. 

Vignes  de  Chasnay,  21  sept.  1898. 

(Planche  II,  fig.  29  à  38.) 

Les  vignes  sont  pleines  d'individus  complètement  morts. 
Un  individu  unique   bien  venu  porte  des  siliques  mûres 


—  54  — 

déhiscentes  et  des  fleurs  tardives  qui  semblent  nées  par 
une  reprise  de  végétation.  Ce  sont  surtout  les  rameaux 
qui  portent  les  fleurs  anormales,  dont  voici  la  description 
par  gradation  successive  de  bas  en  haut  et  du  moins  au 
plus. 

1°  Siliques  supérieures  stériles  sur  une  longueur  de  dix 
à  quinze  centimètres.  L'axe  de  la  grappe  devient  alors 
densément  pubescent  à  poils  étalés  ou  réfractés.  Les 
siliques  anormales  sont  devenues  silicules  à  bec  court, 
tandis  que  les  sépales  sont  accrus,  les  pétales  virescents, 
les  étamines  stériles  et  caduques. 

2°  La  silicule  longuement  pédicellée,  chiffonnée,  ridée, 
présente  un  début  de  prolifération.  En  l'ouvrant  avec  pré- 
caution on  observe  rallongement  du  raphé,  la  transforma- 
tion des  graines  en  phyllodes  blanchâtres. 

3°  Les  fleurs  anormales,  moyennes  et  supérieures,  offrent 
la  prolifération  simple  et  complète  ;  car  Taxe  floral  se  con- 
tinue en  tige  hispide  couronnée  par  deux  bractées  vertes 
et  serrulées,  et  un  corymbe  de  trois  fleurs  en  bouton.  En 
analysant  une  de  ces  fleurs  en  bouton,  on  lui  trouve  six 
sépales,  dont  trois  intérieurs  plus  petits,  pas  de  pétales, 
cinq  étamines  égales  opposées  aux  cinq  sépales  les  plus 
intérieurs. 

4°  Une  fleur  est  prolifère  par  un  long  rameau  à  deux 
feuilles  aiguës  et  serrulées,  opposées.  A  l'aisselle  de  l'une 
d'elles  s'élève  un  court  pédoncule  terminé  par  un  bouton 
dans  lequel  on  découvre  neuf  sépales  inégaux,  quatre  éta- 
mines et  une  silique  de  forme  et  de  coloration  sensible- 
ment normales.  Au  delà  des  deux  grandes  feuilles  opposées, 
l'axe  se  continue  couronné  d'un  corymbe  de  huit  fleurs. 

5°  Les  feuilles  carpellaires  s'individualisent  par  le  som- 
met qui  est  aigu,  serrulé  comme  dans  les  feuilles  normales. 

En  déchirant  avec  précaution  la  bifidité  du  sommet  de 
la  silicule,  on  observe  sur  chacune  des  feuilles  les  nervures, 
les  dents,  l'involution  qui  fait  que  les  deux  feuilles   se 


-  55  — 

soudent  entre  elle  par  leurs  deux  bords  et  deux  à  deux 
avec  Taxe  floral  pour  former  la  cloison  placentaire.  Ici 
cette  suture  n'est  qu'indiquée,  car  Taxe  placentaire  à  peine 
développé  est  constitué  par  un  court  et  minuscule  massif  de 
seconde  prolifération. 

En  résumé,  pour  ces  phyllanthies  de  quatre  Crucifères, 
on  a  vu  : 

1°  Accrescence  générale  des  sépales  et  pétales  phyllodiés. 

2°  Siliculose  des  siliques  courtement  pédicellées  :  Bar- 
barea  vulgaris,  Sisymbrium  officinale. 

3°  Siliculose  des  siliques  longuement  pédicellées  :  Sisym- 
brium, Alliara,  Sinapis  arvensis. 

4°  Phyllodie  des  silicules  ou  dissociation  des  feuilles  car- 
pellaires. 

5°  Accrescence  des  raphés  :  Sisymbrium  officinale,  Sina- 
pis arvensis. 

6°  Phyllodie  des  ovules  :  Sinapis  arvensis. 

7°  Prolifération  simple  et  rameuse  :  Sisymbrium,  Alliara, 
Sinapis  arvensis. 

8°  Prolifération  à  double  étage  :  Barbarea  vulgaris. 

9°  Isodynamie  de  Tandrocée  :  Sisymbrium  officinale^  Bar- 
barea vulgaris. 

Pour  Barbarea  vulgaris  et  Sisymbrium  officinale,  la  cause 

de  la  monstruosité  peut  être  attribuée  à  l'excès  d'humidité 

arrivant  avant  la  fin  de  l'évolution  végétale.  Pour  les  deux 

autres  espèces,  cette  cause  pour  être  probable  est  moins 

certaine. 

(A  suivre.) 

Neuf  nouveaux  adhérents  sont  reçus  à  l'unanimité  comme 
membres  titulaires  : 

M.  Xavier  de  Baumont,  à  Martigny-lc-Comte,  présenté 
par  MM.  Charles  Chevrier  et  V.  Berthier. 

M.    Paul  Collette,    fabricant  de    produits    chimiques 
Nevers,  présenté  par  MM.  II.  Marlot  et  V.  Berthier. 


-  56  - 

M.  d'Estival,  ingénieur,  directeur  des  houillères  d'Epinac, 
présenté  par  MM.  Nougarède  et  Bayle. 

M.  Clément  Drioton,  à  Dijon,  présenté  par  MM.  B. 
Renault  et  Langeron. 

M.  Jules  Maréchal,  instituteur  adjoint  à  Montcenis,  pré- 
senté par  MM.  Chaumonot  et  V.  Berthier. 

M.  Moriot,  instituteur  à  Gannay-sur-Loire,  présenté  par 
M.  Gagnepain  et  M.  le  Dr  Gillot. 

M.  Nulet,  receveur  d'octroi  à  Autun,  présenté  par 
MM.  Roche  et  V.  Berthier. 

M.  Pidaut  Emile,  rentier  à  Saint-André,  présenté  par 
MM.  J.-B.  Chevallier  et  V.  Berthier. 

M.  le  Dr  Roche t,  médecin  au  Creusot,  présenté  par  M.  le 
Dr  Gillot  et  M.  Camusat. 

Le  secrétaire  fait  connaître  les  envois  et  les  dons  faits  à 
la  Société  depuis  la  dernière  réunion  : 

Par  les  Sociétés  correspondantes,  44  volumes  ou  fasci- 
cules de  leurs  Bulletins  ou  Mémoires. 

Par  les  Revues  scientifiques  avec  lesquelles  la  Société 
est  en  relations  d'échange,  25  numéros  de  leurs  Publi- 
cations périodiques. 

Par  M.  Autran,  les  numéros  11  et  12  de  l'Herbier  Boissier, 
tome  VIP,  ainsi  que  les  fascicules  1  à  6  des  Mémoires  de 
ce  même  Herbier. 

Par  M.  Giard,  le  t.  XXXII0  de  son  Bulletin  scientifique. 

Par  M.  le  Dr  Gillot,  Mission  géologique  en  Tunisie,  en 
avril,  mai,  juin  1888,  par  Georges  Le  Mesle. 

Note  sur  un  Crustacé  fossile  recueilli  dans  les  schistes 
d'Autwi)  par  M.  P.  Brochi.  * 

Par  M.  R.  Zeiller,  Sur  quelques  plantes  fossiles  de  la  Chine 
méridionale.  Note  qu'il  vient  de  publier  à  la  date  du 
22  janvier  1900. 

1.   Kxtrait  des  Bulletins  de   la  Société    géologique   de   France,  •'*•  série, 
.  VIH»,  p.  5. 


—  57  — 

Par  M.  E.-T.  Hamy,  différents  ouvrages  dont  il  est 
Fauteur  :  Analecta  historico-naturalia  1-XXV,    1895-1898. 

Un  Égyptologue  oublié,  J.-B.  Adanson  (lu  dans  la  séance 
publique   annuelle   du  17   novembre    1899   de   l'Institut). 

Recherches  sur  les  origines  de  renseignement  de  Vanatomie 
humaine  et  de  V anthropologie  au  Jardin  des  Plantes.  * 

William  Davisson. 2 

Un  Précurseur  de  Guy  de  la  Brosse,  Jacques  Gohory,  et  le 
Lycium  phylosophal  de  Saint-Marceau-lès-Paris. 3 

Par  M.  Paul  Gillot,  de  Paris,  un  quartz  veiné,  en  filons 
dans  les  ardoisières  d'Haybes  (Ardennes). 

Par  M.  H.  Marlot,  une  chlorite  de  la  Goulotte,  près  de 
Saint-Prix. 

Par  M.  Marius  Vachot,  une  concrétion  calcaire  pro- 
venant de  Saint-Claude-la-Rixouze  (Jura). 

Par  M.  Victor  Gillot,  un  Platydactylus  muralis  Gecko, 
rapporté  par  lui  d'Alger. 

Par  M.  Barillot,  un  nid  d'une  guêpe  cartonnière. 

Par  Mmo  de  Montessus,  le  portrait  de  son  mari,  M.  F.  Ber- 
nard de  Montessus.  M.  le  Dr  Gillot  fait  valoir,  à  ce  propos, 
la  délicate  intention  qui  a  guidé  Mmo  de  Montessus,  dans 
cette  nouvelle  libéralité.  La  physionomie  fine,  bienveillante 
et  distinguée  de  notre  regretté  président  d'honneur  a  été 
fort  bien  rendue  par  un  artiste  autunois,  M.  Eugène 
Bourgeois,  l'un  de  nos  sociétaires.  Ce  tableau,  dont  la  place 
est  tout  indiquée  dans  les  galeries  du  Musée  de  Montessus, 
rappellera  les  traits  de  son  savant  et  généreux  donateur. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  on  procède  à  la  distri- 
bution des  deux  derniers  volumes  parus,  et  la  séance  est 
levée. 

1.  Nouvelles  archives  du  Muséum,  3e  série  (extrait). 

2.  id.  id.  id.  id. 

3.  id.  id.  4e  série        id. 


SÉANCE   DU    22  AVRIL    1900 


PRÉSIDENCE  DE  M.   B.    RENAULT 


En  ouvrant  la  séance,  M.  le  président  prononce, 
d'un  ton  ému,  les  paroles  suivantes  : 


Messieurs, 

Les  journaux  d'hier  soir  nous  ont  apporté,  et  ceux 
de  ce  matin  nous  ont  confirmé  la  triste  nouvelle  de 
la  mort  de  M.  Alphonse  Milne-Edwards,  notre  illustre 
président  d'honneur.  Depuis  la  fondation  de  la  Société 
(1886),  M.  Milne-Edwards  s'y  était  vivement  inté- 
ressé; il  en  a  suivi  les  progrès  avec  la  plus  grande 
sollicitude,  a  contribué  largement  à  son  succès  par 
ses  conseils  et  par  les  subventions  importantes  qu'il  a 
obtenues  pour  elle,  auprès  du  comité  des  Sociétés 
savantes,  dont  il  était  vice-président,  en  faisant  res- 
sortir la  valeur  de  nos  travaux  et  de  nos  publications. 

Ce  n'est  pas  le  moment  d'écrire  une  notice  détaillée 
sur  la  vie  si  bien  remplie  du  grand  savant  que  la 
France  et  le  monde  viennent  de  perdre;  notre  Bulletin 
ne  manquera  pas  d'en  tracer  les  traits  principaux, 
qui  tous  seront  à  la  louange  de  l'homme  de  science 
et  de  l'homme  privé.  Aujourd'hui  il  suffira  de  citer 
quelques  lignes  qui  seront  complétées  d'ici  peu  : 


—  59  — 

«  La  mort  vient  de  ravir  à  la  science  un  homme  de  grand 
mérite  :  M.  Milne-Edwards,  directeur  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris.  Le  savant  naturaliste,  qui  souffrait  déjà 
d'une  maladie  de  foie  et  d'une  affection  stomacale,  avait 
été  frappé,  il  y  a  environ  un  mois,  d'une  attaque  d'influenza 
qui  détermina  une  congestion  pulmonaire.  Il  est  mort 
hier,  à  deux  heures  du  matin,  après  une  longue  agonie 
supportée  courageusement  et  sous  les  yeux  de  sa  sœur, 
Mrae  Dumas,  qui  l'avait  soigné  avec  le  plus  grand  dévoue- 
ment. 

»  M.  Milne-Edwards,  fils  du  célèbre  zoologue,  était  né  à 
Paris  en  1835.  Il  n'était  donc  âgé  que  de  soixante-cinq  ans. 
Continuant  les  belles  recherches  de  son  père,  il  a  laissé  de 
remarquables  ouvrages.  Excessivement  laborieux,  en  hiver 
comme  en  été,  il  était  chaque  jour,  dès  sept  heures  du 
matin,  dans  son  cabinet  de  travail. 

»  On  se  rappelle  sans  doute  les  missions  qu'il  accomplit, 
en  1882,  à  bord  du  Travailleur  et  du  Talisman  qui  le  con- 
duisirent aux  iles  Canaries  et  tout  le  long  des  côtes  occi- 
dentales d'Afrique.  Il  opéra,  dans  ces  régions  de  l'Océan 
atlantique,  des  sondages  qui  donnèrent  d'excellents  résultats. 
Il  put  ainsi  enregistrer  la  température  des  eaux  les  plus 
profondes  et,  à  l'aide  de  dragages  habilement  exécutés,  il 
recueillit  une  précieuse  collection  de  poissons,  de  crustacés 
et  de  coquillages  inconnus. 

»  M.  Milne-Edwards  complétant,  pour  ainsi  dire,  les 
travaux  de  son  père,  avait  publié  une  Histoire  des  crustacés 
podophtalmaires  fossiles.  Il  se  spécialisa  également  dans 
l'étude  de  la  faune  de  Madagascar,  qui  lui  fournit  la  matière 
d'un  livre  important  écrit  en  collaboration  avec  M.  Gran- 
didier,  membre  de  l'Institut. 

»  Il  fît  paraître,  en  outre,  des  Recherches  anatomiques, 
zoologiques  et  paléontologiques  sur  la  famille  des  chevrotains  ; 
des  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  des  oiseaux  fossiles  de 
la  France;  d'autres  sur  la  faune  ornithologique  éteinte  des 


-  60  - 

îles  Mascàreignes,  enfin  des  rapports  qui  fourmillent  d'obser- 
vations précieuses. 

»  Ce  savant  naturaliste  avait  remplacé  son  père  dans  sa 
chaire  de  zoologie  au  Muséum  en  1876.  Il  devint  directeur 
de  cet  établissement  en  1892,  après  la  retraite  de  M.  Frémy. 
Membre  de  l'Académie  des  sciences  depuis  1877  et  ancien 
président  de  la  Société  de  géographie,  il  était  commandeur 
de  la  Légion  d'honneur. 

»  Il  était  très  aimé  de  tout  le  personnel  du  Muséum  qui 
lui  doit  sa  prospérité  actuelle.  »  * 

Vous  pensez  comme  moi,  Messieurs,  que  cette  séance 
doit  être  levée  en  signe  de  la  profonde  tristesse  et  des  regrets 
unanimes  que  cette  mort  prématurée  a  provoqués  parmi 
nous. 

A  l'unanimité  la  séance  est  levée. 


1.  Le  Petit  Journal,  n°  13631,  22  avril  1900. 


-*- 


—  61  — 


SÉANCE  DU  29  AVRIL  1900 


PRÉSIDENCE  DE  M.   B.   RENAULT 


Étaient  présents  :  MM.  Qeorges  André;  Bigeard;  l'abbé 
Bonnin;  Chevalier  J.-B.;  Cottard;  Devieuxetson  fils;  Des- 
moulins; Dr  Diard,  du  Creusot;  Dubois;  Frère  Gabriel 
Dr  Gillot;  Joseph  Gillot;  l'abbé  Gloria;  Frère  J.  Hospice 
Jarlot  James  et  son  fils  Gabriel;  R.  Lafrance,  du  Creusot 
Nulet;  Pernot;  Perruchot,  de  Roussillon,  et  MUe  Perruchot 
Roche  ;  et  V.  Berthier. 

La  Société  reçoit  à  l'unanimité,  comme  membres  titu- 
laires : 

M.  Louis  Franchet,  chimiste  à  Paris,  présenté  par 
M.  B.  Renault  et  M.  Hua. 

M.  E.  Prisse  d'Avesnes,  publiciste  à  Paris,  présenté  par 
M.  le  Dr  Diard  et  M.  Marchai. 

M.  Louis  Vergniaud,  libraire  à  Autun,  présenté  par 
M.  Rigollot  et  M.  V.  Berthier. 

Sur  la  proposition  de  M.  B.  Renault,  elle  confère  en  outre, 
à  l'unanimité,  le  titre  de  membre  bienfaiteur  h  M.  de  Chai- 
gnon,  en  raison  de  sa  libéralité  et  des  services  incessants 
qu'il  rend  à  la  Société. 


—  62  — 

M.  Maurice  Langeron  annonce  dans  les  termes  suivants 
sa  collaboration  pour  le  prochain  Bulletin  : 

«  Nous  nous  proposons  de  présenter  cette  année  à  la 
Société  la  suite  de  notre  travail  sur  la  flore  fossile  de 
Sézanne. 

»  Nous  avons  pu  reconnaître  parmi  les  empreintes  pro- 
venant de  cette  localité  plusieurs  types  nouveaux. 

»  Dans  la  famille  des  Cornacées  nous  avons  pu  rap- 
procher certains  échantillons  des  Marlea  actuels,  genre 
du  reste  très  ancien  et  probablement  en  voie  de  dispari- 
tion :  nous  avons  aussi  une  petite  feuille  d'un  Cornus  qui 
nous  parait  différent  de  celui  que  nous  avons  décrit  Tan 
dernier. 

»  Nous  avons  pu  retrouver  des  feuilles  ayant  incontesta- 
blement appartenu  à  des  Érables.  Ces  feuilles  pourront  être 
rapprochées  du  fruit  que  nous  avons  décrit  sous  le  nom 
d'Acer  antiquum.  L'existence  du  genre  Acer  à  cette  époque 
reculée  se  trouve  donc  définitivement  établie. 

»  Enfin  l'important  groupe  des  Columnifères  nous  a  fourni 
toute  un  série  d'empreintes  que  nous  pouvons  rapprocher 
des  genres  Sterculia,  Luhea,  Grewia,  ElrXocarpus%  Echinocar- 
pus,  Bùttneria,  etc.  A  en  juger  parla  multiplicité  des  échan- 
tillons, ces  plantes  devaient  être  très  abondantes  dans  les 
forêts  de  Sézanne. 

»  Comme  dans  notre  premier  travail ,  des  photogra- 
phies accompagneront  la  description  des  échantillons,  et 
lorsque  ce  sera  nécessaire  nous  donnerons  une  représen- 
tation des  types  vivants  afin  de  mieux  faire  saisir  les 
analogies.  » 

En  l'absence  de  M.  Qautron  du  Coudray,  il  est  donné 
lecture  de  la  communication  suivante  dont  il  est  l'au- 
teur : 


—  63  - 


Les  Sphaignes  du  Morvan. 

Les  Sphaignes  croissent  spontanément  dans  les  bois  et 
les  prairies  humides  du  Morvan.  Les  marais  et  les  tourbières 
sont  leur  habitat  ordinaire. 

Les  racines  de  ces  plantes,  intimement  entremêlées, 
forment  une  couche  fibreuse  où  se  plaisent  certaines  plantes  : 
Drosera,  Oxycoccus,  Alnus,  etc.,  en  compagnie  de  salicinées, 
de  graminées  et  de  fougères,  comme  YOsmunda  regalis. 

Ces  végétaux  acotylédonés  cryptogames,  de  la  famille  des 
Mousses,  offrent  un  système  particulier  de  cellules,  dont  la 
paroi  est  formée  d'une  membrane  trouée  de  pores  et  dou- 
blée intérieurement  d'un  fil  spirale  et  ponctué.  Ils  consti- 
tuent, en  raison  de  la  contexture  poreuse  de  leurs  tiges  et 
de  leurs  feuilles,  comme  des  éponges  végétales,  absorbant 
une  grande  quantité  d'eau 1  et  la  portant  au  contact  de  l'air 
où  elle  s'évapore.  Ils  peuvent  ainsi,  dans  certains  cas,  con- 
vertir les  terrains  inondés  en  tourbières  et  contribuer  à  leur 
dessèchement  graduel.  A.  de  Lapparent  a  du  reste  con- 
sacré à  ce  sujet  un  chapitre  concernant  l'action  des  végé- 
taux sur  les  tourbières,  dans  la  partie  de  son  Traité  de  géo- 
logie relative  aux  actions  physiologiques. 

D'après  cet  auteur,  cette  Mousse  est  ainsi  constituée  chi- 
miquement : 

Carbone 49,88 

Hydrogène 6,54 

Oxygène 42,42 

Azote 1,16 

Total 100,00 

1.  Lesquereux  (Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Neuchâlel, 
III,  1845),  a  constaté  qu'une  touffe  de  Spbaigoe,  conservée  sèche  pendant 
un  an,  au  plafond  d'une  chambre,  gardait  encore,  au  bout  de  ce  temps,  la 
faculté  d'absorber  quinze  fois  son  poids  d'eau. 


—  64  - 

Les  horticulteurs  emploient  plusieurs  espèces  de  Sphag- 
noïdées,  appartenant  au  genre  Sphagnum,  qui,  d'après  les 
derniers  ouvrages  de  bryologie,  renferme  deux  cent  quinze 
espèces  cataloguées  (J.  Cardot,  Répertoire  sphagnologique, 
1897 }  extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  X,  1897  ;  Schimper,  Sphaignes  d'Europe,  etc.).  Ces 
Mousses,  difficilement  décomposables,  constituant  un  subs- 
tratum  excellent  pour  les  Orchidées,  les  Broméliacées,  les 
Primulacées,  les  Renonculacées,  les  Aroïdées  et  beaucoup 
d'autres  plantes  délicates  de  serre  chaude,  en  favorisent 
singulièrement  le  développement  en  conservant  autour  de 
leurs  racines  l'humidité  qui  leur  est  indispensable. 

La  culture  des  plantes  épiphytes,  s'étant  fort  développée, 
dans  ces  dernières  années  surtout,  il  en  est  résulté  dans  le 
commerce  une  demande  assez  considérable  de  Sphagnum, 
dont  le  prix  de  vente  s'est  considérablement  élevé. 1 

Le  Sphagnum  a  aussi  la  propriété  d'écarter  les  vers  rouges 
qui  détruisent  la  terre  de  bruyère.  Pour  éviter  cet  inconvé- 
nient, on  dépose  généralement  une  couche  de  0m15  à  0m20 
de  cette  Mousse  au  fond  des  massifs  ou  corbeilles  de 
plantes  de  terre  de  bruyère;  on  suit  le  même  procédé  pour 
les  plantes  cultivées  en  caisses  ou  en  pots  :  on  place  alors 
un  peu  de  Sphagnum  sur  l'ouverture  destinée  à  l'écoule- 
ment des  eaux  d'arrosage  et  on  empêche  ainsi  l'introduc- 
tion des  lombrics. 

La  récolte  de  cette  Mousse,  qui  peutYeffeetuer  en  toutes 
saison,  est  faite  en  majeure  partie  dans  quelques  mares  des 
environs  de  Paris  et  dans  les  départements  du  Nord.  La 
Somme,  spécialement,  en  fournit  en  abondance  au  marché 
parisien  qui  en  absorbe  annuellement  plusieurs  milliers  de 
kilos  2.  Les  Mousses  dont  les  têtes  sont  les  plus  grosses 
sont  les  plus  estimées. 

1.  Communication  de  M.  Philippe  de  Vilmorin. 

2.  Une  seule  maison  de  fournitures  pour  l'horticulture  en  absorbe    une 
moyenne  de  30,000  k.  par  an. 


—  65  — 

Les  principales  espèces  utilisées,  sont  en  première  ligne  : 
la  Sphaigne  à  feuilles  en  bateau,  Sphagnum  cymbifolium  Ehrh. 
(J.  Cardot,  loc.  cit.,  n°  48;  et  Sphaignes  d'Europe,  1886, 
p.  39);  puis  les  Sphaigne  à  feuilles  unilatérales,  S.  subsecun- 
dum  Nées,  et  S.  à  feuilles  aiguës,  S.  acutifolium  Ehrh.  Ces 
trois  espèces  se  trouvent  souvent  mélangées  et  sont  presque 
également  répandues  dans  les  prés  tourbeux,  les  bois  et 
les  bruyères  marécageuses  des  montagnes  granitiques  du 
Morvan,  où  elles  couvrent  parfois  de  grands  espaces. 

Le  Sphagnum  cymbifolium  est  la  plus  robuste  de  toutes 
les  espèces  européennes;  ses  feuilles  plus  larges  et  poreuses 
la  font  rechercher  de  préférence.  C'est  aussi  l'une  des  plus 
communes,  croissant  indifféremment  dans  les  plaines  et 
les  montagnes. 

Elle  se  reconnaît  aux  caractères  botaniques  suivants  : 

Tiges  robustes,  allongées,  entourées  de  3-4  couches  de 
grandes  cellules  corticales,  à  rameaux  rapprochés,  courts 
et  épais,  formés  de  cellules  égales;  feuilles  de  la  tige  ren- 
versées, longuement  ovales,  obtuses,  sans  marge;  celles 
des  rameaux  obtuses,  concaves,  imbriquées,  à  cellules  sail- 
lantes, à  pores  larges  et  nombreux;  fleurs  dioïques,  à 
grosses  capsules  elliptiques,  subglobuleuses. 

Elle  comprend  de  nombreuses  variétés,  dont  les  auteurs 
ont  décrit  une  vingtaine,  établies  d'après  la  forme  de  la 
feuille,  la  couleur,  qui,  ordinairement,  d'un  vert  pâle  ou 
glaucescent,  passe  au  rouge  brun  ou  violacé  dans  les  lieux 
ensoleillés  ou  les  bruyères  humides.  La  principale  variété 
est  la  var.  congestum  Schimp.  (S.  compactum  Brid.),  qui 
forme  dans  les  tourbières  peu  profondes  ou  exposées  au 
soleil,  des  touffes  plus  denses,  à  rameaux  très  courts,  obtus 
et  enlacés. 

Le  Sphagnum  acutifolium  Ehrh.  se  distingue  à  ses  tiges 
moins  allongées,  à  2-4  couches  de  cellules  corticales,  à  ses 
rameaux  moins  nombreux,  plus  étalés  et  grêles,  formés  de 
cellules  inégales,  à  ses  feuilles  lingulées,  aiguës,  fortement 

S.H.N.  1900.  5 


—  66  — 

denticulées  au  sommet,  à  ses  capsules  urcéolées,  à  ses 
fleurs  monoïques.  Il  est  souvent  rougeâtre. 

Le  Sphagnum  subsecundum,  moins  commun  que  les  pré- 
cédents, a  les  tiges  plus  courtes,  recouvertes  d'une  seule 
couche  de  cellules  corticales,  les  rameaux,  les  uns  arqués, 
pendants,  les  autres  étalés  ou  redressés,  à  cellules  inégales, 
les  feuilles  ovales  lancéolées,  arquées  ethomotropes,  comme 
déjetées  d'un  seul  côté. 

Les  Sphaignes  jusqu'ici  récoltées  dans  le  Morvan  appar- 
tiennent aux  espèces  suivantes,  par  ordre  de  fréquence  : 

Sphagnum  cymbifolium  Ehrh.,  et  la  variété  congestum 
Schimp.  (S.  compactum  Brid.)  etvar.  brachycladum  Warms- 
torf. 

S.  acutifolium  Ehrh. 

S.  subsecundum  Nées,  et  ses  var.  variegatum  de  Not..  et 
squarrulosum  Gravet. 

S.  squarrosum  Pers. 

S.  cuspidatum  Ehrh. 

S.  médium  et  var.  purpurascens  Warmstorf. 

S.  recurvum  Angstr. 

S.  molluscum  Bruch. 

(Grognot,  Calai,  pi.  cellul.  Saône-et-Loire^  1863,  p.  36,  et 
abbé  Sebille,  in  Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Autun,  IV,  1891. 
Comptes  rendus  des  excursions,  p.  553.)  * 

G.  du  C. 

V  mars  1900. 

M.  le  Dr  Gillot  communique  la  seconde  partie  du 
travail  de  M.  Gagnepain,  précédemment  instituteur  à 
Cercy-la-Tour  : 


i.  La  description  des  caractères  botaniques  de  ces  Mousses  est  due  à  l'ama- 
bilité de  M.  le  docteur  Gillot,  le  savant  botaniste,  vice-président  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun,  à  qui  nous  avons  soumis  des  échantillons  pro- 
venant de  la  forêt  de  Grandry  (Nièvre). 


-  67  - 


Nouvelles  Notes  de  Tératologie  végétale 

Par  F.  Gagnepain 

(suite)  i 


18.  —  Lampsana  vulgarls. 

23  juillet  1898. 
(Planohe  II,  fig.  39  à  44;  et  planche  III,  fig.  45,  46.) 

A  Cercy,  dans  un  jardin,  au  bord  d'un  trou  qui  reçoit  les 
eaux  de  pluie,  croît  un  individu  de  Lampsane  vulgaire  qui 
est  très  fort  de  proportions,  dont  les  rameaux  nombreux, 
denses,  robustes,  changent  l'aspect  grêle  de  la  Composée 
bisannuelle.  Par  son  propre  poids  ou  plutôt  par  le  pied  du 
jardinier,  la  tige  se  trouve  penchée  au-dessus  du  trou  où 
elle  a  puisé  dans  la  vase  une  nourriture  et  une  humidité 
surabondante.  Aussi  les  rameaux  poursuivent-ils  une  crois- 
sance qui  devrait  être  terminée  ;  ils  s'allongent,  multipliant 
à  l'envi  bractées  et  capitules,  et  comme  si  ces  organes  ne 
suffisaient  pas  à  absorber  l'activité  végétative,  la  pléthore 
se  trouve  dépensée  par  de  multiples  proliférations  dont  la 
description  comprend  les  paragraphes  suivants  : 

1°  Les  capitules  inférieurs  sont  indurés,  à  bractées  écar- 
tées, à  fleurons  centrifuges  ou  divergents.  On  éprouve  une 
sensible  difficulté  à  séparer  les  akènes  du  réceptacle  et  les 
blessures  laissent  couler  un  latex  abondant.  Il  y  a  donc 
continuité  très  marquée  entre  les  éléments  du  réceptacle 
et  ceux  des  akènes. 

2°  Prenons  un  akène  en  particulier  :  au  lieu  d'être  fusi- 
forme,  il  est  cylindrique  ;  son  sommet  s'est  épanoui  en  une 
couronne  de  bractéoles  calicinales  qui  remplacent  les  plu- 
mules  de  l'aigrette.  Or,  on  sait  que  l'aigrette  manque  tou- 

1.  Voyez  séance  du  25  février  1900,  Procès- Verbaux,  p.  87. 


—  68  — 

jours  dans  les  Lampsanidées.  Notre  Lampsane  sort  de  sa 
tribu  et  cette  intruse  voisine  avec  Catananche  cœrulea,  Cicho- 
rium  intybus,  Hedypnois  polymoi-pha,  etc.,  à  akènes  cou- 
ronnés de  paillettes. 

3°  Les  akènes  ainsi  constitués  sont  stériles,  et  le  style  par 
un  accroissement  anormal  devient  flexueux,  embarrassé 
qu'il  est  dans  le  lange  d'une  corolle  marcescente. 

4°  Plus  près  de  la  cime  la  prolifération  s'accentue  ;  les 
capitules  ne  varient  pas  autrement,  mais  les  styles  épaissis, 
écailleux  se  terminent  en  capitules  infimes.  La  corolle  est 
devenue  virescente,  les  filets  des  étamines  sont  devenus 
distincts  et  le  pollen,  rare,  parait  du  moins  bien  conformé. 

5°  Par  une  croissance  continue  les  styles  dépassent  lon- 
guement la  ligule,  se  couvrent  de  bractéoles  éparses,  se 
couronnent  tous  d'un  capitule  à  8-10  fleurs  ligulées. 
Ainsi  l'akène  est  devenu  rameau  ;  le  calice  toujours  absent, 
et  à  peine  indiqué  par  les  côtes,  s'est  formé;  la  corolle  est 
devenue  à  demi  tubuleuse,  les  stigmates  sont  devenus  deux 
bractées  opposées,  et  l'axe  pistillaire,  se  continuant,  a  donné 
lieu  à  une  prolifération  simple  mais  complète. 

19.  —  Tragopogon  pratensls. 

(Planche  III,  fig.  47  à  50.) 

Echantillons  récoltés  par  M.  le  docteur  Gillot,  à  Pancy  près 
l'Isle-sur-le-Serein  (Yonne)  ;  excursion  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  d'Autun,  10  juillet  1898. 

Tige  rameuse,  souffreteuse,  réduite  ainsi  que  les 
rameaux  et  les  feuilles  parsemées  des  pustules  jaunâtres 
d'une  Urédinée ,  le  Puccinia  compositarum  ;  toutes  les 
bractées  supérieures  et  la  plupart  des  fleurs  en  sont  infestées 
bien  que  les  iEcidies  ne  soient  pas  toujours  bien  appa- 
rentes. 

Le  capitule  terminal  devient  ombellifère,  les  bractées  de 
l'involucre  simulent  un  involucro  d'ombelle,  les  akènes 
deviennent  longs  et  ténus  et  figurent  des  rayons  d'ombelle 


—  69  — 

couronnés  par  des  involucelles  (bractées)  et  des  capitules 
chevelus.  Les  capitules  latéraux  présentent  la  même  mons- 
truosité mais  réduite. 

L'ensemble  de  la  prolifération  se  comprendra  par  la 
description  de  celle  d'un  akène  : 

Akène  remarquablement  aminci,  allongé,  atteignant 
35  millimètres  ;  rugosités  et  côtes  disparues.  Collerette  de 
l'aigrette  transformée  en  calice  à  cinq  sépales  lancéolés 
linéaires  entiers.  Il  y  a  loin  de  cet  état  aux  vingt  rayons 
pectines  de  l'aigrette  normale. 

Corolle  marcescente,  renflée  à  sa  base  ;  présence  de 
nombreuses  iEcidies  à  spores  blanches  et  nombreuses 
appartenant  au  Puccinia  compositarwn  Schlecht.  La  forme 
de  la  corolle  à  peu  près  normale  semble  indiquer  que 
l'anomalie  s'est  accrue  après  la  floraison,  si  même  elle  ne 
lui  est  postérieure. 

Étamines  à  filets  souvent  distincts;  on  peut  apercevoir 
les  anthères  libres,  mais  infertiles  et  desséchées. 

Axe  pistillaire  dégénérant  en  prolifération  :  deux  phyl- 
lodes  opposés  figurent  assez  bien  les  deux  lames  du 
stigmate  normal,  mais  très  accrues  et  lancéolées  aiguës. 
Parfois  sur  les  capitules  les  moins  monstrueux,  on  découvre 
la  continuation  de  Taxe  pistillaire  sous  forme  d'un  minus- 
cule rameau  terminé  par  un  capitule  microscopique. 

Dans  les  fleurs  plus  complètement  anormales,  ce  capitule 
est  remplacé  par  un  involucre  velouté,  composé  de  dix 
bractées  et  portant  autant  de  fleurons,  les  extérieurs  nette- 
ment ligules  et  devenant  demi-fleurons,  les  autres  à  corolle 
régulière  mais  soudée  au  sommet  qui  est  phyllodié  et 
verdâtre.  Il  est  très  difficile  de  savoir,  à  cause  de  la  ténuité 
de  ces  fleurs,  si  Tandrocée  et  le  gynécée  subsistent  sous 
une  forme  ou  une  autre. 

Prolifération  générale,  simple  et  complète. 

Accrescence  et  stérilité  des  akènes; 

Dégénérescence  sépaloïde  des  rayons  de  l'aigrette  ; 


—  70  — 

Marcescence  de  la  corolle  virescente. 

Apostasie  des  anthères  ; 

Phyllodie  des  stigmates  ; 

Formation  de  capitules  de  prolifération  ; 

Différenciation  de  leurs  fleurons  en  fleurons  et  demi- 
fleurons  ; 

Tels  sont  les  points  les  plus  saillants  de  cette  anomalie 
aussi  rare  que  bizarre. 

Il  semble  au  premier  abord  que  cette  monstruosité 
remarquable  soit  due  à  la  présence  du  champignon  urédiné 
parasite;  plusieurs  faits  s'opposent  à  la  confirmation  de 
cette  opinion. 

i°  Le  cas  précédent  relatif  à  Lampsana  vulgaris  n'offre 
aucune  trace  de  champignon  à  l'investigation  la  plus 
minutieuse. 

2°  Quelques  individus  de  Laitue  cultivée,  exposés  au  nord 
à  l'ombre  d'un  mur,  ont  présenté  le  début  de  cette  mons- 
truosité. 

3°  Le  5  mai  1899,  Tragopogon  pratensis  nous  a  offert  la 
même  anomalie,  mais  bien  moins  avancée,  sans  aucune 
trace  de  Puccinia:  calathides  normales  dans  les  proportions  ; 
akènes  devenant  pédoncules,  fortement  adhérents  au 
réceptacle  ;  aigrette  foliacée  plumeuse  finement  tomenteuse  ; 
corolle  phyllodiée  d'un  vert  jaunâtre. 

Deux  causes  restent  donc  probables  agissant  simultané- 
ment ou  exclusivement  :  une  tendance  d'apparence  fortuite 
et  tout  individuelle  ;  une  influence  atmosphérique  ou  cli- 
matique agissant  sur  la  fleur  en  particulier,  ou  sur  la  circu- 
lation de  la  sève  par  les  racines. 

20.  —  Gentaurea  serotlna  Bor. 

Avrilly  (Allier),  16  septembre  1899. 
(Planohe  III,  fig.  51  à  56.) 

L'unique  individu  que  nous  avons  pu  étudier,  dessiner  et 
décrire,  grâce  à  l'aimable  obligeance  de  M.  Château,  insti- 


—  7»  — 

tuteur  à  Bourg-le-Comte  (Saône-et-Loire),  a  une  tige  très 
avancée  ainsi  que  le  fait  reconnaître  l'époque  de  la  récolte, 
et  surtout  la  presque  disparition  des  feuilles  normales  et 
la  présence  de  capitules  desséchés  et  vides.  Cette  tige 
porte  de  nombreux  rameaux  courts  terminés  par  une  houppe 
verte,  plus  ou  moins  allongée  et  fournie.  Les  feuilles  qui 
la  composent  sont  nombreuses,  linéaires,  entières  à  la 
base  de  la  houppe,  ordinairement  denticulées  au  sommet. 
L'axe  de  la  touffe  est  le  plus  souvent  entier,  mais,  parfois 
aussi,  nettement  bifurque,  à  rameau  latéral  très  court. 

L'aspect  général  de  la  tige  est  donc  très  singulier,  c'est 
à  peu  près  celui  d'une  tige  morte  sur  laquelle  on  aurait 
attaché  à  intervalles  réguliers  de  gros  pinceaux  verts. 

De  jeunes  capitules  ont  participé  à  cette  phyllomanie 
générale.  L'involucre  n'offre  rien  de  bien  remarquable,  bien 
que  ses  bractées  se  soient  allongées  et  déjetées  comme 
par  une  poussée  interne.  Mais  au  lieu  de  fleurons  tubuleux 
rosés,  le  réceptacle  conique,  induré,  charnu,  porte  d'abon- 
dants phyllodes  étroitement  imbriqués  et  longuement 
acuminés-linéaires  (25mDIX  2).  C'est,  pour  nous  servir  d'une 
comparaison  vulgaire,  mais  d'une  exactitude  absolue,  tout 
l'aspect  d'un  petit  plumeau  américain. 

Cette  anomalie  a  été  retrouvée  aux  bords  de  la  Loire  par 
M.  Château,  et  à  Ponay,  commune  de  Tazilly  (Nièvre),  par 
M.  le  Dr  Oillot,  et  communiquée  par  eux  à  M.  C.  Marchai, 
entomologiste  distingué,  au  Creusot.  L'opinion  de  nos 
savants  correspondants  est  qu'il  s'agit  d'une  monstruosité 
parasitaire  ou  Cêcidie,  vraisemblablement  une  Acarocécidie, 
due  à  un  Phytoptide,  qui  a  jusqu'ici  échappé  aux  recherches. 
Je  ne  puis,  jusqu'à  nouvel  ordre,  accepter  cette  opinion.  Si 
la  monstruosité  était  due  à  un  Phytoptide,  on  trouverait 
certainement  dans  le  réceptacle  l'insecte  transformateur  ou 
parasite  ou  au  moins  les  alvéoles  ou  cavités  de  sa  larve,  ou 
quelques  vestiges  chitineux.  Mais  de  nombreuses  coupes 
longitudinales  et  transversales  dans  l'axe  des  capitules  et 


-  72  — 

des  phyllodies  terminales  ne  m'ont  pas  révélé  la  plus  petite 
trace  d'insecte.  Il  n'existe  aucune  lacune  dans  Taxe  médul- 
laire; les  cellules  végétales  sont  intactes;  ce  qu'il  y  a  de 
plus  remarquable  c'est  le  chaos  des  faisceaux  libériens  qui 
devraient  être  rangés  régulièrement  autour  du  cylindre 
central,  tandis  qu'ils  empiètent  beaucoup  sur  celui-ci  un 
peu  au-dessous  des  premières  écailles  de  Tinvolucre.  Le 
liber  m'a  montré  nettement  les  tubes  criblés  qui  sont  carac- 
téristiques. La  plante  devait  être  en  pleine  activité  végé- 
tale au  moment  de  la  récolte  puisque  ces  tubes  criblés 
présentent  non  le  stade  hibernal  mais  le  stade  d'été. 

Je  me  crois  donc  fondé  à  regarder  cette  anomalie 
comme  produite  par  un  état  climatique  particulier  donnant 
un  coup  do  fouet  à  la  végétation  épuisée,  et  ramenant 
comme  une  reviviscence  des  fonctions  organiques.  Je 
reconnais  toutefois  que  la  question  n'est  nullement  résolue. 
Raison  de  plus  pour  la  signaler  à  la  fois  aux  entomologistes 
et  aux  botanistes  qu'intéressent  ces  questions  encore  si  peu 
connues. 

21.  —  Callaoa  vulgaris. 

Pré  tourbeux  du  Montot,  haut  Morvan,  900  m.  d'alt.  8  juillet  1898. 

(Planche  IV,  fi?.  57  à  65.) 

Au  cours  d'une  herborisation  faite ,  à  Roussillon-en- 
Morvan,  dans  l'aimable  compagnie  do  M.  le  Dr  Gillot  et  de 
M.  Lassimonne,  nous  avons  trouvé  cette  monstruosité  qui 
n'a  probablement  jamais  été  observée. 

Enfouie  dans  les  Sphaignes,  végétant  dans  la  tourbe 
humide  et  profonde,  la  Callune  ne  s'élevait  qu'à  quelques 
centimètres  au-dessus  des  mousses.  De  nombreuses  racines 
adventices  pénétraient  dans  l'humide  coussin.  Les  rameaux 
supérieurs  de  cette  Callune  naine  étaient  couronnés  d'une 
seule  fleur  d'un  rose  très  pâle,  à  pétales  distincts  très 
doubles,  avec  une  prolifération  en  rameau  peu  apparente  : 
un  point  vert  sur  une  rosette  microscopique. 

On  sait  que  normalement  les  fleurs  sont  disposées  en 


EXPLICATION   DES   PLANCHES 


Planche  III. 

Lampsana  communie  (suite). 

45.  Involucre  et  un  akène  d'un  capitule  à  prolifération  com- 

plète (gr.  nat.). 
4P».  Détail  de  la  prolifération  d'un  akène  (grossi). 

a,  akène. 

6,  calice. 

c,  corolle. 

d,  stigmates. 

e,  rameau  de  prolifération  et  bractées. 
/",   capitule  de  prolifération. 

Tragopogon  pratensls. 

47.  Capitule  à  prolifération  complète  (gr.  nat.). 

48.  Un  des  akènes  et  sa  prolifération  :  a,  akène;  6,   calice; 

c,  corolle  ;  c',  étamines  ;  d,  stigmates  ;  f,  capitule  de  pro- 
lifération, vu  de  faco  et  en  projection  horizontale;  gf  fleu- 
ron ligule  du  capitule  de  prolifération  ;  hy  fleuron  tubu- 
leux  de  ce  même  capitule  (gros.). 

49.  50.    Akènes  prolifères  à  un  moindre  degré  que  48. 

Cenlaurea  Jacea  var.  serotina  Bor. 

51.  Capitule  phyllodié  (gr.  nat.). 

r 

52.  53 .  Ecaille  de  l'involucre  normale  et  écaille  monstrueuse  (gros.). 
54,  55.  Ecaille  supérieure  normale  et  écaille  monstrueuse  (gros.). 
56.  Phyllode  du  capitule  (gros.). 


SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE  D'iUTOH 


TERATOLOGIE  VEGETALE 


EXPLICATION    DES    PLANCHES 


Planche  IV. 

Galluna  vulgaris. 

57.  Fleur  terminale  avec  2  rameaux  de  prolifération  (grossi). 

Salix  aurlta  (furcation  des  étamines)  (gros.)- 

r 

58.  Etamines  à  filets  soudés;  une  avortée. 

59.  GO,  61,  62.     Etamines  à  filets  furqués. 

63,  64.    Etamines  jeunes  à  3  anthères  sessiles. 

65.  Filet  fascié  en  cornet. 

Salix  aurlta  (androgyne)  (gros.). 

66.  Une  fleur  mâle  à  étamines  normales,  quoique  souffreteuses. 

67.  Fleur  mâle;  les  filets  des  étamines  sont  soudés  jusqu'au 

milieu. 

68.  Les  filets  sont  soudés  presque  jusqu'aux  anthères.  L'ovaire 

(partie  ombrée),  commence  à  apparaître. 

69.  Fleur  à  ovaire  atrophié  couronné  de  deux  anthères. 

70.  Une  des  pointes  de  la  feuille  carpcllaire  se  dessine. 

71.  Etamines  soudées,  l'une  à  anthère  ovaroïde. 

72.  73,  74,  75,  76.     On  distingue  les  deux  pointes  contournées  des 

feuilles  carpellaires  à  différents  degrés  de  développement. 
La  partie  claire  indique  le  tissu  de  l'anthère  qui  est  jaune 
dans  les  étamines  étudiées. 

77.  Ovaire  imparfait. 

78.  Ovaire  parfait. 

79.  Ovaire  couronné  de  2  anthères  soudées  en  croissant. 

80.  Les  2  anthères  vues  en  projection  horizontale. 

81.  D'entre  les  deux  anthères  jaillit  un  stylode. 

82.  Stylode  mieux  développé. 

83.  Ovaire  couronné  de  3  anthères. 

84.  Deux  étamines  soudées  avec  un  ovaire  concrescent  avorté. 

85.  Ovaire  flanqué  d'une  anthère. 


SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE  D'AUTDN 


TERATOLOGIE  VÉGÉTALE 


>o*V 


39 


•i-^ 


—  73  — 

belle  grappe  dense,  que  les  corolles  sont  monopétales, 
urcéolées,  à  quatre  divisions. 

Ici  les  huit  ou  dix  pétales,  plies,  étroitement  imbriqués, 
indiquent  : 

La  muUiplicature  florale,  la  disjonction  des  pétales,  la 
pétalodie  des  étamines.  Les  rameaux  verts  et  courts  issus  de 
la  fleur  au  nombre  de  1,  rarement  2,  indiquent  une  prolifé- 
ration raméale  occupant  la  place  de  la  capsule.  Enfin,  une 
seule  fleur  couronnant  un  rameau  constitue  une  atrophie 
considérable  de  l'inflorescence. 

22.  —  Salix  aurita. 

15  avril  1898. 
(Planche  IV,  fig.  66  à  85.) 

Salix  aurita  ne  possède  normalement  que  deux  étamines 
à  l'aisselle  de  chaque  écaille  et  chacune  porte  deux  lobes  à 
son  anthère.  Il  en  est  tout  autrement  dans  le  cas  suivant 
dont  on  va  lire  la  description. 

Sur  la  route  de  Verneuil  à  Cercy,  près  Gharbonneau,  un 
Salix  aurita  mâle  croit  librement  dans  une  haie  ;  son  expo- 
sition est  excellente;  cependant  de  deux  tiges  jumelles 
Tune  est  souffrante,  l'autre  ne  porte  que  des  chatons 
distants,  chétifs  et  mal  venus,  et  tandis  que  les  uns  ont  des 
anthères  déshiscentes^es  autres  étamines  saillent  à  peine 
du  rare  duvet  des  écà^teâ  florales. 

En  général  les  chatons  sont  nus  à  la  base,  par  avorte- 
ment,  ce  qui  les  fait  paraître  pédicellés  ;  les  anthères  sont 
rouge  vermillon  avant  la  déhiscence,  jaunes  pendant,  et  noi- 
râtres après. 

L'anomalie  commence  nettement  par  l'absence  d'une 
étamine.  Puis  Tétamine  est  bifurquée  à  partir  du  milieu  du 
filet;  elle  devient  ensuite  trifurquée  et  même  4-5-furquée. 
Dans  les  chatons  tardifs  la  furcation  est  plus  élevée  et 
voisine  du  connectif.  Une  des  branches  peut  être  atrophiée 
et  réduite  à  un  rudiment  peu  apparent.  Dans  les  étamines 


—  74  — 

jeunes  la  furcation  est  toujours  moins  marquée,  mais  n'en 
existe  pas  moins.  Parfois  le  cas  se  complique  de  la  fascia- 
tion  du  filet  creusé  en  gouttière  ou  en  cornet. 

Examinés  à  un  fort  grossissement  les  grains  de  pollen 
n'offrent  rien  d'anormal  et  ne  diffèrent  qu'insensiblement 
de  ceux  de  S.  caprea  et  S.  aurita. 

On  sait  qu'il  existe  des  Saules  à  étamines  soudées  par  le 
filet.  S.  purpurea  =  5.  monandra  n'en  possède  qu'une  ter- 
minée par  2  anthères  de  chacune  2  lobes.  5.  rubra  Huds.  = 
S.  fissa  Ehrh.  montre  deux  étamines  parfois  soudées  à  la  base. 
Il  en  est  de  même  de  S.  Pontedereanea  Schleich. 

Ici  on  ne  peut  alléguer  aucun  caractère  d'hybridité;  et  le 
port,  la  disposition  des  rameaux,  les  nervilles  sous  l'écorce, 
les  feuilles,  tout  indique  un  S.  aurita  bien  accusé. 

A  deux  kilomètres  de  là  et  deux  jours  plus  tard,  à  la 
Guette,  près  Cercy,  un  autre  Saule  nous  offrit  le  même  aspect 
souffreteux  qui  nous  aida  à  retrouver  la  même  anomalie. 

Le  11  mars  1899,  le  premier  Saule  anormal,  celui  de 
Charbonneau,  nous  donna  la  même  monstruosité  que  la 
première  fois.  A  cette  seconde  date  plus  avancée,  les  chatons 
étaient  à  peine  ouverts,  et  comme  ils  étaient  très  avancés  à 
l'automne  précédent  et  presque  débarrassés  de  leurs  volu- 
mineuses écailles  pour  passer  l'hiver,  les  étamines  ont  eu 
beaucoup  à  souffrir  de  la  température  hivernale. 

Près  de  Saint-Gratien,  un  Salix  aurita  croissant  près  de 
l'école  est,  le  3  décembre  1899,  encore  muni  de  quelques 
feuilles  de  seconde  pousse;  les  chatons  sont  débarrassés  en 
petit  nombre  du  lange  de  leurs  écailles.  Il  est  fort  probable 
que  cet  individu  aura  les  étamines  multifurquées  des  autres 
pieds  observés. 

23.  —  Salix  aurita. 
15  avril  1898. 

Après  la  duplicature  de  l'androcée,  voici  dans  le  Saule  à 
oreillettes  la  monœcie  compliquée  d'hermaphroditisme  et 
de  stérilité. 


-  75  - 

Au-dessus  de  Charbonneau,  près  Cercy,  sur  la  route  de 
Verneuil,  notre  attention  fut  attirée  par  un  S.  aurita  dont  les 
chatons  offraient  des  différences  sensibles  de  coloration  et 
de  forme.  L'individu  avait  l'air  misérable,  végétant  à 
l'ombre  d'une  coupe  do  vingt  ans  qui  lui  mesurait,  au  midi, 
très  parcimonieusement  la  lumière. 

Au  lieu  de  la  diœcie,  individus  mâles  et  femelles  distincts, 
nous  trouvons  un  individu  en  même  temps  mâle  et  femelle. 
Certains  rameaux  sont  absolument  o*  ;  d'autres  portent  en 
grande  majorité  des  fleurs  «p.  Enfin  certaines  branches  sont 
pourvues  de  chatons  dont  les  fleurs  staminées  et  pistillées 
sont  insérées  côte  à  côte  sur  la  même  inflorescence  : 
rameaux  hermaphrodites. 

Une  longue  branche,  forte  et  vigoureuse,  est  complète- 
ment femelle  ;  elle  parait  en  retard  de  feuillaison,  ce  qui 
peut  tenir  à  deux  causes  :  ou  bien  les  chatons  femelles 
absorbent  davantage  l'activité  végétative,  ou  bien  il  y  a 
obéissance  à  cette  loi  générale  qui  hâte  l'évolution  de 
l'androcéc  en  vue  de  la  fécondation.  C'est  ainsi  que  parmi 
les  individus  normaux  les  sujets  femelles  feuillent  toujours 
plus  tard  et  que  leurs  chatons  sont  moins  développés  que 
ceux  de  l'autre  sexe  à  la  même  date. 

Ici  encore  les  rameaux  mâles  sont  plus  chétifs  comme  s'ils 
ne  donnaient  des  étamines  que  parce  qu'ils  ne  sont  pas 
assez  vigoureux  pour  donner  des  ovaires.  Les  chatons  her- 
maphrodites semblent  naitre  plutôt  sur  les  rameaux  de 
moyenne  vigueur.  Dans  ce  cas  les  fleurs  staminées  se 
trouvent  pêle-mêle  avec  les  fleurs  pistillées,  car  les  ovaires 
peuvent  aussi  bien,  quoique  plus  rarement,  occuper  la  base 
du  chaton  que  le  sommet.  Il  arrive  que  les  deux  sortes  de 
fleurs  occupent  latéralement  les  côtés  du  chaton,  comme 
s'il  y  avait  concrescence  d'un  chaton  mâle  et  d'un  chaton 
femelle. 

Examinons  en  détail  un  chaton  staminé  exclusivement  : 

A  la  base  des  écailles  normales,  deux  filets  très  velus,  plus 


—  76  — 

que  d'ordinaire  ;  glande  un  peu  accrue.  A  partir  du  milieu 
du  chaton,  les  étamines  se  soudent  par  le  filet  dans  la 
moitié  inférieure  ;  tout  au  sommet  du  chaton,  la  soudure 
gagne  tout  le  filet. 

Les  chatons  femelles  exclusifs  ne  présentent  rien  d'extra- 
ordinaire, sauf  la  suture  des  deux  feuilles  carpellaires  qui 
est  très  marquée  à  droite  et  à  gauche,  comme  s'il  y  avait 
une  tendance  vers  leur  dissociation. 

Enfin  les  chatons  hermaphrodites  sont  très  intéressants 
à  examiner,  car  ils  offrent  toutes  les  transitions  possibles 
entre  les  étamines  furquées  et  l'ovaire  bien  constitué; 
mais  il  est  impossible  de  dire  s'il  y  a  progression  dans  le 
sens  de  l'étamine  ou  dans  le  sens  du  pistil. 

Le  11  mars  1899,  une  visite  au  même  individu  nous  fit 
retrouver  la  même  anomalie;  mais  évidemment  moins 
avancée  d'un  mois  environ.  Le  jeune  âge  des  fleurs  permet 
de  constater  do  manière  très  positive  l'hermaphroditisme 
de  plusieurs  fleurs  portant  à  la  fois  un  stigmate  et  une  ou 
deux  anthères. 

9 

Ecluse  d'Isenay,  4  mai  1899. 

Au  bord  de  l'Aron,  un  autre  individu  de  5.  aurita,  d'aspect 
vigoureux,  porte  des  feuilles  très  développées  ;  ses  chatons 
sont  de  différents  âges,  les  plus  jeunes  présentent  encore 
des  étamines  bifurquées  et  les  moins  avancées  d'entre  elles 
sont  monandriques  par  soudure  entière.  Si  on  trouve  des 
filets  complètement  distincts,  comme  normalement,  ils  sont 
toujours  plus  velus  que  d'ordinaire. 

Enfin  l'hermaphroditisme  du  chaton  se  continue  jusqu'à 
la  fleur  même  : 

Un  ovaire  est  couronné  de  2  anthères  soudées  et  on  hésite 
à  reconnaître  ou  une  étamine  à  filet  ovaroïde,  ou  un  ovaire 
staminé. 

L'hermaphroditisme  est  complet,  car  un  stigmate  fili- 
forme naît  dans  une  autre  fleur  entre  les  deux  anthères 
soudées  par  la  base. 


—  77  — 

Ce  stigmate  s'est  encore  accru  et  est  parfaitement  recon- 
naissais. 

Dans  ces  deux  cas,  du  reste  très  homologues,  on  a 
vu  la  transformation  graduée  et  lente  des  étamines  en 
ovaire  ;  or  la  glande  persiste  toujours,  opposée  à  l'écaillé 
florale.  Si  cette  glande  avait  été  un  pistil  avorté  de  la  fleur 
mâle,  elle  se  serait  développée  en  style  plutôt  que  Téta- 
mine.  Si,  dans  la  fleur  femelle,  cette  glande  n'était  qu'un 
avortement  de  landrocée,  on  aurait  vu  la  glande  devenir 
étamine  dans  les  fleurs  hermaphrodites.  Nous  le  répétons, 
la  glande  a  toujours  subsisté  sans  aucune  métamorphose; 
elle  ne  peut  être  ni  androcée  ni  gynécée  et  ce  n'est  qu'une 
pièce  accessoire  et  mal  développée  du  verticille  floral  pro- 
tecteur. L'examen  attentif  d'un  ovaire  bien  développé  dans 
la  plante  de  l'écluse  d'Isenay  a  révélé  la  présence  de  deux 
glandes  pour  une  même  fleur,  l'une  ayant  pris  la  place  de 
l'écaillé.  Il  faut  donc  que  la  glande  comme  l'écaillé  ait  plus 
d'une  analogie.  Il  semble  qu'elle  ne  soit  qu'une  écaille  évo- 
luée en  appendice  nectarifère  destiné  à  attirer  les  insectes 
agents  actifs  de  la  fécondation. 

Depuis  notre  découverte  remontant  à  avril  1898,  M.  G. 
Camus,  notre  savant  et  zélé  confrère,  a  découvert  de 
curieuses  malformations  dans  les  Saules  des  environs  de 
Paris.  Par  exemple  : 

1°  Un  5.  Caprea  qui  a  plus  d'un  rapport  avec  notre 
S.  aurita  hermaphrodite  de  Charbonneau. 

2°  Un  5.  triandra  (S.  Hoppeana)  à  chatons  et  fleurs  her- 
maphrodites ;  c'est  le  cas  que  nous  venons  de  décrire 
appliqué  à  une  autre  espèce. 

3°  Des  chatons  androgynes  de  Saules  hybrides.  (Voyez 
Bul.  Soc.  bot.  Fr.,  1899,  p.  185.) 

L'article  de  M.  Camus  et  le  nôtre  se  compléteront  l'un 
l'autre  dans  les  descriptions  et  les  figures.  C'est  la  première 
fois  que  ces  remarquables  monstruosités  semblent  frapper 
l'attention  des  auteurs  descripteurs  et  cette   coïncidence 


-  78  — 

singulière  d'observations  faites  à  la  même  époque,  en  des 
localités  si  distantes,  prouve  que  les  cas  tératologiques  sont 
plus  communs  qu'on  ne  le  suppose,  et  qu'il  ne  leur  manque 
pour  être  connus  que  l'attention  des  botanistes  au  cours  de 
recherches  méthodiques. 

Si  une  monstruosité  animale  est  frappante,  si  elle  étonne 
et  attire  l'attention  des  foules  et  des  savants,  au  point  de 
vue  scientifique  les  anomalies  végétales  ne  sont  ni  moins 
intéressantes  à  étudier,  ni  moins  fertiles  en  conclusions. 
Les  journaux  ne  s'en  emparent  point  pour  les  répandre  par 
les  mille  voix  de  la  presse,  nul  musée  ne  les  montre  à  la 
foule  pensive,  nul  théâtre  ne  leur  donnera  la  réputation 
universelle  d'Hélène-Judith  ou  de  Rosa-Josépha.  Cepen- 
dant) au  point  de  vue  élevé  de  la  science  pure,  cette  chétive 
branche  de  Saule  androgyne  est  le  second  terme  d'une 
équation  dont  Marie-Madeleine  Lefort  ou  Joseph  Marzo  est 
le  premier.  Tout  effet  a  une  cause,  tout  phénomène  une 
loi,  car  le  hasard,  ce  grand  rien  sur  lequel  on  a  édifié  tant 
d'erreurs,  n'existe  pas.  Pénétrer  autant  que  possible  dans  la 
loi,  dans  la  cause,  c'est  faire  œuvre  scientifique,  que  l'effort 
s'applique  à  l'un  ou  à  l'autre  objet. 

Mais  la  science  des  malformations  végétales  est  à  peine 
née  ;  elle  compte  trop  peu  de  descripteurs,  et  la  téra- 
togénie  végétale  n'a  pas  encore  eu  de  Dareste. 

Il  importe  donc  que  l'attention  des  botanistes  se  porte 
sur  les  anomalies,  que  les  découvertes  soient  signalées,  que 
les  descriptions  s'ajoutent  aux  descriptions,  que  des  des- 
sins clairs  les  précisent,  afin  qu'apparaissent  timidement 
d'abord  les  premiers  linéaments  des  causes,  devenues  de 
plus  en  plus  certaines  à  mesure  que  s'accumuleront  les 
documents.  Mais  se  borner  à  découvrir  les  cas,  c'est  peu; 
les  décrire  méthodiquement,  c'est  bien  ;  le  mieux,  c'est  de 
saisir  l'ensemble  des  circonstances  biologiques  qui  déter- 
minent l'individu  monstrueux  et  qui  peuvent  guider  dans 
la  recherche  des  lois  productrices.  Car  il  est  pénible  de  se 


—  79  - 

sentir  impuissant  en  présence  d'un  phénomène!  L'idéal  de 
l'esprit  scientifique  est  la  lumière  profuse;  il  a  horreur 
des  pourquoi  insolubles  qui  l'angoissent  et  reviennent  le 
frapper  avec  une  énergie  sans  cesse  renaissante.  Son 
triomphe,  hélas!  c'est  de  déchirer  le  voile  du  temple 
d'Isis.  t 


La  parole  est  à  M.  le  D*  Diard  pour  la  lecture  de  la 
note  suivante,  dont  il  est  l'auteur  : 


Le  Papyrus  et  ses  usages. 

La  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  a  bien  voulu 
admettre  sur  ma  présentation  parmi  ses  membres  un  de 
mes  plus  anciens  amis,  M.  Prisse  d'Avennes,  publiciste  à 
Paris.  Ne  pouvant  pas  vous  le  présenter  en  personne,  vu 
son  éloigneraient,  j'ai  pensé  que  vous  prendriez  quelque 
intérêt  à  un  sujet  sur  lequel  il  a  fait  diverses  publications 
qu'il  a  lui-même  empruntées  à  l'œuvre  de  son  père,  un 
savant  égyptologue  longtemps  méconnu,  mais  auquel, 
grâce  en  partie  aux  efforts  de  notre  nouveau  collègue,  jus- 
tice commence  à  être  rendue. 

Le  nom  de  Papyrus  est  communément  appliqué  à. une 
classe  de  manuscrits  dont  la  matière  première  était  fobrnie 
par  la  plante  de  ce  nom. 

Il  n'est  guère  de  représentant  du  règne  végétal  qui  ait 
rendu  plus  de  services  à  l'humanité,  depuis  une  époque  plus 


1.  Tous  dos  remerciements  bien  sincères  pour  les  envois  de  notre  cher  maître 
le  docteur  Gillot,  et  de  l'obligeant  et  zélé  confrère  qu'est  M.  Château.  A  inter- 
valles plus  ou  moins  réguliers,  nous  espérons  publier  les  résultats  de  nos 
futures  observations  tératologiques  et  nous  recevrons  avec  reconnaissance 
les  échantillons  anormaux  que  les  herborisants  voudront  bien  nous  adresser, 
22,  avenue  d'Italie,  Paris. 


—  80  — 

immémoriale.  Si  l'histoire  du  Papyrus  pouvait  être  recons- 
tituée, elle  serait  vraisemblablement  à  peu  de  chose  près 
l'histoire  même  de  récriture  des  premiers  humains,  car 
elle  se  perd  complètement  dans  la  nuit  des  temps.  Un 
manuscrit  âgé  d'environ  sept  mille  ans,  dont  j'aurai  à  vous 
parler  bientôt  et  qui  est  le  plus  ancien  livre  connu,  ne  fait 
nulle  mention  de  l'origine  du  tissu  dit  Papyms  :  il  est 
probable  qu'à  cette  époque  qui  nous  semble  si  lointaine, 
l'usage  de  ce  tissu  pour  l'écriture  était  déjà  un  fait  ancien 
et  banal.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  dans  les  temps  les 
plus  reculés  dont  la  mémoire  nous  soit  parvenue,  le 
Papyrus  a  été,  dans  la  basse  Egypte,  l'objet  d'une  culture, 
d'une  industrie  et  d'un  commerce  des  plus  importants, 
qui  se  perpétuèrent  jusque  vers  le  douzième  siècle  de 
notre  ère. 

Malgré  la  longueur  de  ce  règne  du  Papyrus,  il  n'en  a 
survécu,  ou  du  moins  nous  n'en  possédons  qu'un  nombre 
de  spécimens  relativement  minime,  et  ceux  qu'on  possède 
proviennent  surtout  des  tombeaux  égyptiens.  Ils  y  ont  été 
recherchés  avec  persévérance  et  recueillis  parfois  à  travers 
de  nombreux  périls  par  divers  savants  qui  nous  ont  révélé 
une  part  importante  de  ce  que  fut  en  Egypte  la  civili- 
sation antique  :  c'est  à  Prisse  d'Avennes  père  que  Ton  doit 
la  découverte  du  plus  ancien  de  tous,  celui  auquel  je 
faisais  allusion  il  y  a  un  instant. 

La  plante  qui  fournissait  la  matière  première  de  ce  tissu 
a,  elle  aussi,  presque  disparu  :  les  divers  savants  qui  au 
cours  de  ce  siècle  ont  exploré  l'Egypte,  son  principal 
centre  de  développement  au  temps  de  son  règne,  l'ont  vai- 
nement recherchée  à  l'état  natif.  Il  est  avéré  que  ceux  qui 
ont  prétendu  l'avoir  rencontrée  ont  commis  une  erreur 
botanique. 

Dans  l'article  du  Dictionnaire  de  Larousse  consacré  au 
Papyrus,  il  est  dit  que  cependant  la  plante  Papyrus  subsiste 
encore  et  serait  utilisée    par  certains   horticulteurs  pour 


Cyperus  papyrus  L. 
Baae  de  la  tige  et  spathe  florale. 


Cyperus  papyrus  L. 
Représentation  hiératique. 


—  81  — 

l'ornement  des  pièces  d'eau.  Mais  assurément  elle  a  bien 
dégénéré  et  ne  donne  plus  qu'une  très  imparfaite  image 
du  Papyrus  antique.  D'après  les  descriptions  des  auteurs 
qui  l'ont  connu,  c'était  un  charmant  spectacle  que  de  voir 
ce  gracieux  végétal  onduler  sous  la  moindre  brise  comme 
nous  voyons  au  printemps  onduler  nos  seigles,  mais  avec 
cette  profonde  différence  que  les  harmonieux  mouvements  de 
ces  sveltes  silhouettes  se  reflétaient  dans  l'eau  des  marais 
encadrés  dans  l'admirable  ciel  de  l'Orient.  —  Délaissé  par 
l'homme  qui  avait  oublié  ses  longs  et  nombreux  services, 
il  n'a  sans  doute  plus  trouvé  dans  les  conditions  clima- 
tériques  actuelles  les  éléments  nécessaires  à  sa  prospérité  ; 
ce  vénérable  ancêtre  ne  sera  bientôt  plus  qu'un  sou- 
venir  ! 

Et  pourtant  combien  grand  fut  son  rôle  ! 

Sans  compter  les  nombreux  usages  auxquels  se  prêtaient 
chacun  de  ses  organes,  et  sur  lesquels  je  vais  bientôt 
revenir,  quel  service  il  a  rendu  à  l'histoire  humaine  !  Les 
monuments  de  pierre  ou  de  bronze  se  sont  écroulés,  le 
temps  a  effacé  leurs  inscriptions.  Les  révolutions  ont  fait 
le  désert  là  où  florissaient  des  civilisations  superbes.  Le 
langage  et  l'écriture  de  ces  générations  éteintes  ont  si  bien 
disparu  de  la  mémoire  htvùaine  que  ce  qui  en  subsiste  est 
devenu  incompréhensible^  tellement  incompréhensible  que 
pour  désigner  un  indéchiffrable  grimoire  il  est  devenu  de 
langage  courant  de  le  qualifier  d'hiéroglyphe  !  Mais  sous 
ces  ruines  quelque  chose  est  resté  qui  a  triomphé  des 
intempéries,  triomphé  des  orages  cosmiques  et  humains, 
triomphé  des  insectes  et  des  moisissures  et,  revenant  à  la 
lumière  après  des  centaines,  non  d'années,  mais  de  siècles, 
ce  quelque  chose  va  permettre  aux  chercheurs  de  reconsti- 
tuer les  écritures  et  les  langues  disparues.  Après  sept  mille 
ans,  le  Papyrus  sort  des  tombeaux  et  vient  nous  révéler  ce 
qu'était  la  morale  égyptienne  à  cette  époque  qui  semblait 
à  tout  jamais  perdue  pour  l'histoire  de  l'humanité  ! 

S.H.N.  1900.  6 


-  82  — 

Quel  était  cet  intéressant  végétal? 

Voici  ce  que  nous  en  savons  : 

Le  Papyrus  appartient  à  cette  famille  des  Cypéracées 
intermédiaire  entre  les  Joncs  et  les  Graminées  et  dans 
laquelle  rentrent  les  Carex  et  les  Scirpus,  hôtes  actuels  de 
nos  marais.  Comme  ceux-ci  le  Papyrus  était  une  plante 
essentiellement  paludicole,  mais  il  se  rattachait  à  un  autre 
genre,  celui  des  Cyperus  ou  Souchets,  dont  une  variété,  le 
C.  esculentus  est  cultivée  pour  ses  tubercules  comestibles. 
Le  C.  esculentus  est  une  humble  plante  ;  tout  autre  était  le 
Papyrus.  (PI.  V.) 

Son  axe  principal  était  un  volumineux  rhizome,  ligneux, 
très  dur,  susceptible  d'un  allongement  considérable  et  qui 
rampait  dans  la  vase  des  marais. 

De  ce  rhizome  émanaient  trois  sortes  d'organes  : 

1°  Des  racines  relativement  grêles  :  c'était  la  partie  la 
moins  précieuse. 

2U  Des  tubercules  analogues  à  ceux  du  Cyperus  escu- 
lentus, mais  beaucoup  plus  gros,  riches  en  fécule  aromati- 
que et  sucrée,  alimentaire. 

3°  La  tige  ou  axe  aérien. 

Cette  tige  prismatique,  élancée,  souple  comme  celle  des 
bambous,  pouvait  s'élever  à  plus  de  trois  mètres. 

A  sa  base,  au  voisinage  du  rhizome,  sa  grosseur  était 
à  peu  près  celle  du  bras  d'un  homme  ;  elle  allait  diminuant 
graduellement  jusqu'à  son  extrémité  supérieure.  Cette  base 
était  garnie  de  longues  feuilles  engainantes  en  partie 
submergées.  Dans  tout  le  reste  de  son  étendue  la  tige  était 
nue  et  ne  présentait  à  noter  que  les  nœuds  dont  l'intervalle 
diminuait  avec  la  hauteur.  A  son  sommet  elle  se  terminait 
par  un  épanouissement  foliacé  en  forme  d'aigrette  ou 
ombelle  très  ample,  très  élégante,  constituée  par  les  épis 
floraux  et  leurs  bractées  lanugineuses.  La  base  de  ce 
groupe  d'organes  était  entourée  par  un  involucre  à  huit 
larges  folioles  on  forme  d'épées.  (PI.  VI.) 


—  83  — 

L'ombelle  du  Papyrus  a  une  importance  surtout  histo- 
rique :  les  habitants  de  la  basse  Egypte  en  avaient  fait 
l'emblème,  le  symbole  de  leur  région,  comme  la  fleur  du 
lotus  ou  nénuphar  bleu  (Nymphœa  c&rulea)  était  celui  de  la 
haute  Egypte. 

La  fleur  (en  vertu  d'un  système  dont  l'explication  se 
trouvera  dans  un  travail  que  nous  destine  Prisse  d'Avennes) 
représentait  dans  récriture  la  lettre  H,  initiale  de  son  nom. 
Enfin  le  fruit,  un  akène  triangulaire,  renfermait  une 
amande  comestible. 

L'ombelle  du  Papyrus  a  été  souvent  représentée  sur  les 
monuments  de  l'ancienne  Egypte.  (PI.  VII.)  Mais  on  en  a  eu 
mieux  que  l'effigie  :  par  suite  sans  doute  de  sa  signification 
symbolique  elle  a  eu  sa  place  dans  les  cérémonies  funéraires 
et  on  a  trouvé,  placées  dans  les  mains  de  certaines  momies 
remontant  à  la  XVIIIma  dynastie  (1822  ans  av.  J.-C),  des 
tiges  de  Papyrus  auxquelles  attenaient  encore  leurs  om- 
belles. 

Tel  était  le  Papyrus  au  point  de  vue  morphologique. 

L'élégance  de  son  port,  quelle  qu'elle  fût,  était  sa  moindre 
qualité  :  tous  ses  organes  ont  été  plus  ou  moins  utilisés  et 
voici  d'après  les  écrits  des  auteurs  anciens  (Hérodote,  Dios- 
coride,  Diodore  de  Sicile,  Pline  l'Ancien,  etc.)  quels  en 
étaient  les  principaux  usages. 

Avec  le  rhizome  on  fabriquait  tous  ces  ustensiles  qui 
demandent  un  bois  dur  et  résistant  :  boites,  étuis,  pilons, 
navettes.  Bref,  il  servait  à  peu  près  comme  sert  chez  nous 
la  racine  du  buis.  Mais  ses  dimensions,  plus  considérables, 
fournissaient  assurément  des  éléments  plus  amples  et  se 
prêtant  à  de  plus  nombreuses  utilisations.  Les  déchets 
servaient  de  combustible  ainsi  que  les  racines  dont  on  faisait 
un  charbon  très  estimé. 

Les  tubercules  qui  pouvaient  être  mangés,  aussi  bien 
crus  que  cuits  de  diverses  manières,  étaient  très  recherchés 
surtout  pour  l'alimentation  des  enfants. 


—  84  — 

On  mangeait  aussi  de  diverses  façons  la  partie  inférieure 
de  la  tige,  riche  en  matières  sucrées. 

Les  feuilles,  diversement  associées  à  la  partie  externe  de 
Véeorce  des  tiges,  avaient  des  usages  multiples  et  impor- 
tants, allant  depuis  ce  que  nous  appelons  maintenant 
«  sparterie  »  jusqu'à  une  textilité  plus  ou  moins  perfec- 
tionnée. Les  tissus  ainsi  obtenus  étaient  employés  pour  la 
confection  des  vêtements,  bandelettes  à  momies,  voiles  de 
navire  s,  etc. 

Avec  la  moelle  de  l'extrémité  des  tiges  on  faisait  les 
flambeaux  funéraires. 

Les  parties  les  plus  ligneuses  de  la  tige,  découpées, 
entrelacées,  puis  agglutinées  avec  une  sorte  de  goudron 
(dont  la  formule  a  disparu),  constituaient  l'élément  de  cons- 
truction de  légers  esquifs  souvent  figurés  sur  les  monu- 
ments. C'en  est  un  peut-être  qui  porta  Moïse  sur  les  flots 
du  Nil.  —  Les  Abyssins,  parait-il,  en  construiraient  actuel- 
lement encore  du  même  genre. 

Mais  l'usage  mémorable  entre  tous,  celui  qui,  pour  nous 
modernes,  consacre  à  tout  jamais  le  Papyrus  comme  le  plus 
précieux  peut-être  des  végétaux  qui  aient  été  utilisés  par 
l'homme  à  travers  les  âges,  c'est  son  utilisation  pour 
l'écriture. 

Voici  comment  se  préparait  le  papyrus  des  manuscrits,  ce 
précurseur  de  notre  papier  actuel  qui  semble  lui  devoir  son 
nom. 

Les  plus  fortes  tiges  étaient  coupées  aux  deux  extré- 
mités, de  manière  à  garder  seulement  le  morceau  du 
milieu  et  à  éviter  les  nœuds.  La  longueur  de  ces  tronçons 
variait  de  33  à  66  centimètres. 

L'écorce  enlevée,  on  séparait  successivement  avec  un 
outil  pointu  les  lames  concentriques  constituant  le  liber 
(une  vingtaine  environ).  Ces  lames  étaient  d'autant  plus 
minces  et  plus  blanches  qu'elles  étaient  plus  rapprochées 
du  centre.  De  là  diverses  qualités  de  Papyrus  dont  certains 


—  85  — 

spécimens  égalent  en  finesse  nos  plus  luxueuses  batistes. 
Chacune  de  ces  lames,  sorte  de  ruban  en  forme  de  trapèze 
très  allongé  (par  suite  de  la  diminution  de  calibre  des  tiges 
de  Tune  à  l'autre  extrémité)  était  étendue  longitudinale- 
ment  sur  une  surface  plane,  humectée  d'eau.  On  les  juxta- 
posait dans  le  sens  de  leur  longueur  en  alternant  les  bases 
et  les  sommets,  les  bords  empiétant  très  légèrement  l'un 
sur  l'autre.  Lorsqu'on  en  avait  ainsi  disposé  un  certain 
nombre,  suffisant  pour  réaliser  le  carré,  on  faisait  dispa- 
raître avec  précaution  toutes  les  irrégularités  de  cette  pre- 
mière couche,  puis  on  l'arrosait  avec  l'eau  limoneuse  du 
Nil.  Sous  l'influence  de  l'humidité  les  fibres  végétales 
laissaient  probablement  exsuder  des  produits  mucilagineux 
qui,  s'unissant  aux  dépôts  argileux  de  l'eau,  constituaient 
une  sorte  de  colle  assurant  l'union  des  bandelettes  entre 
elles. 

Sur  cette  première  couche  on  appliquait  alors  de  nou- 
velles bandes  disposées  suivant  le  même  procédé,  mais  en 
croisant  les  précédentes  en  sens  exactement  inverse  à 
angle  droit.  Ces  deux  couches  réunies  formaient  une 
feuille.  Celle-ci  était  alors  passée  à  la  presse,  puis  mise  à 
sécher  au  soleil,  après  quoi,  pour  l'amincir,  on  la  battait 
au  marteau.  Elle  était  ensuite  soumise  à  un  polissage 
effectué  avec  la  pierre  ponce,  puis  divers  instruments  en 
ivoire,  écaille  ou  agate.  Enfin  après  ces  divers  traitements 
la  feuille  était  plongée  dans  l'huile  do  cèdre  qui  lui  com- 
muniquait une  grande  résistance  contre  les  insectes  et  les 
moisissures. 

Grâce  à  cette  préparation  si  soignée,  grâce  aussi  certai- 
nement à  la  précaution  avec  laquelle  ils  ont  été  enfermés 
dans  des  vases  d'argile  très  secs  et  très  bien  clos,  placés 
eux-mêmes  dans  des  tombeaux  très  sainement  construits, 
les  manuscrits  égyptiens  ont  réalisé  la  plus  étonnante  con- 
servation qu'ait  jamais  atteinte  l'écriture  des  hommes. 

La  ville  d'Alexandrie  parait  avoir  été  de  tout  temps  le 


-  86  — 

principal  centre  de  la  fabrication  du  papyrus  qui  constitua 
pour  elle  une  branche  de  commerce  des  plus  importantes, 
vu  le  prix  élevé  qu'atteignait  ce  tissu  :  la  valeur  d'une  feuille 
de  papyrus  hiératique  était  d'environ  cinq  francs  de  notre 
monnaie  actuelle. 

De  la  basse  Egypte  qui  fut  longtemps  son  siège  exclusif  la 
culture  du  Cyperus  Papyrus  s'étendit,  surtout  sous  l'influence 
romaine,  sur  un  certain  nombre  de  régions  suffisamment 
chaudes  et  humides.  Rome  en  produisit  et  l'influence  de  son 
industrie  est  marquée  par  les  noms  affectés  à  certaines  qua- 
lités de  papyrus  pour  manuscrits.  —  Vers  l'an  330  de  notre 
ère,  au  temps  de  saint  Jérôme,  l'usage  en  était  à  son  apogée. 
—  C'est  vers  le  douzième  siècle  qu'il  disparut  définitive- 
ment, détrôné  par  le  parchemin,  bien  moins  coûteux  et  dont 
surtout  la  matière  première  était  bien  plus  facile  à  se  pro- 
curer en  tous  lieux.  L'origine  de  cet  heureux  rival  du  papyrus 
n'est  pas  sans  intérêt  :  la  voici  en  quelques  mots  : 

Vers  l'an  250  avant  Jésus-Christ,  Eumène,  roi  de  Per- 
game,  rivalisant  de  faste  avec  Ptolémée  II,  monarque  égyp- 
tien, émit  la  prétention  de  créer  dans  sa  capitale  une  biblio- 
thèque égale  ou  même  supérieure  en  importance  à  celle  dont 
s'enorgueillissait  Alexandrie.  Ptolémée,  dans  le  but  d'en- 
lever à  son  adversaire  les  moyens  matériels  de  réaliser  son 
projet,  interdit  rigoureusement  toute  exportation  de  papy- 
rus. Dès  lors,  stimulés  par  leur  roi,  les  savants  de  Pergame 
cherchèrent  avec  ardeur  le  moyen  de  tourner  la  difficulté. 
Qu'ils  l'aient  inventé  ou  qu'ils  aient  perfectionné  une  fabri- 
cation restée  jusque-là  rudimentaire,  il  est  certain  qu'ils 
imprimèrent  à  la  production  du  parchemin  un  essor  qui  ne 
fit  plus  que  s'accroître.  Il  fallut  toutefois  environ  quatorze 
siècles  à  ceci  pour  tuer  cela,  et  Ptolémée  sans  doute  ne  se 
douta  guère  du  mauvais  service  qu'il  rendit  à  ses  États  en 
suscitant  une  invention  qui  devait  plus  tard  annihiler  leur 
plus  florissante  industrie. 

Voici  quelques  détails  sur  les  diverses  espèces  de  papyrus 


_  81  - 

industriels  ou  manuscrits.  Je  les  emprunte  à  l'important 
article  concernant  ce  sujet  dans  le  Dictionnaire  de  Larousse. 

Les  qualités  supérieures  fournies  par  les  parties  les  plus 
centrales  de  la  plante  étaient  les  plus  blanches  en  même 
temps  que  les  plus  fines.  Leur  minceur  était  telle  qu'on  n'y 
pouvait  écrire  que  d'un  seul  côté.  Longtemps  réservées 
exclusivement  à  la  confection  des  livres  sacrés,  elles  étaient 
de  ce  fait  appelées  Papyrus  hiératique. 

Sous  le  règne  d'Auguste,  pour  flatter  ce  monarque,  on 
donna  son  nom  et  celui  de  Livie,  son  épouse,  à  ces  papyrus 
supérieurs  qui  devinrent  le  P.  Auguste  et  le  P.  Livien.  Le 
nom  d'hiératique  passa  au  papyrus  de  troisième  ordre. 

La  largeur  de  ces  trois  premières  qualités  était  de  25  cen- 
timètres par  feuille  pour  l'Auguste  et  le  Livien,  de  21  centi- 
mètres pour  l'hiératique. 

Sous  l'empereur  Claude,  une  nouvelle  variété  formée  par 
la  réunion  d'une  feuille  de  papyrus  Auguste  avec  une  feuille 
de  Livien  reçut  le  nom  de  P.  Claudien. 

Les  qualités  suivantes  étaient  :  le  P.  Faunien  (du  nom  de 
son  préparateur  Faunius.)  Il  avait  19  centimètres  de  largeur. 

Le  P.  Amphithéatrique,  ainsi  nommé  parce  qu'il  se  fabri- 
quait à  Alexandrie  dans  le  quartier  de  l'Amphithéâtre.  Il 
mesurait  17  centimètres. 

Le  P.  Saïtique,  fait  avec  un  papyrus  de  qualité  inférieure, 
mais  très  abondant  autour  de  la  ville  de  Sais. 

Le  P.  Téniolique  (de  Tanis),  le  quartier  d'Alexandrie  où 
on  le  préparait. 

Le  P.  Cornélien,  inventé  sous  Cornélius  Gallus,  préfet 
d'Egypte  sous  Auguste. 

Le  P.  Emporétique  (11  centimètres),  fait  avec  les  pellicules 
les  plus  rapprochées  de  l'écorce  et  les  plus  grossières. 
C'était  quelque  chose  comme  nos  papiers  d'emballage. 

Parmi  les  différents  manuscrits  sur  papyrus,  recueillis 
dans  les  tombeaux  égyptiens  et  précieusement  conservés 
dans  les  Musées,  le  plus  intéressant  à  coup  sûr,  et  en  tout 


—  88  — 

cas  le  plus  ancien  actuellement  connu  (il  a  près  de  7000  ans), 
est  désigné  dans  la  science  sous  le  nom  de  Papyrus  de 
Prisse  d'Avennes. 

Il  est  écrit  en  caractères  hiératiques  aux  traits  larges, 
pleins,  assurés,  sur  une  feuille  qui  ne  mesure  pas  moins  de 
8  mètres  de  longueur.  Grâce  à  la  traduction  qui  en  a  été 
faite  en  français  par  M.  Eugène  Revillout,  conservateur 
adjoint  des  musées  nationaux  ',  on  sait  qu'il  contient  une 
réunion  d'observations  et  de  maximes,  ainsi  qu'un  traité 
de  morale  qui  ne  serait  désavoué  par  aucune  civilisation, 
quelque  perfectionnée  fût-elle. 

Ce  manuscrit,  d'un  prix  inestimable,  a  été  découvert  en 
1843  par  Prisse  d'Avennes  père,  dans  la  nécropole  de 
Thèbes  où  il  faisait  à  ses  frais  des  recherches  qui  n'étaient 
pas  sans  péril. 

D'autres  l'auraient  gardé  ou  vendu. 

Lui,  il  en  Gt  hommage  à  la  Bibliothèque  Nationale, 
voulant  qu'il  fût  à  tous  ceux  qu'intéresse  la  science. 

Ce  trait  de  générosité  n'est  qu'un  épisode  dans  la  vie 
de  Prisse  d'Avennes.  Son  existence,  faite  d'actes  d'héroïsme 
et  de  dévouement  à  la  science,  est  racontée  dans  une 
notice  dont  son  fils  a  fait  don  à  notre  bibliothèque  à  l'appui 
de  sa  candidature.  La  lecture  en  est  des  plus  attrayantes 
et  je  vous  la  recommande  tout  particulièrement. 

Dr  Diard. 


M.  B.  Renault  remercie  M.  le  Dr  Diard  de  son  inté- 
ressante communication,  puis  il  dépose  sur  le  bureau 
la  notice  suivante  consacrée  à  la  mémoire  de  l'un  dé 
nos  regrettés  sociétaires  : 


1.  Cette  traduction  a  paru  dans  la  Revue  égyptologique,  tome  VU,  série  4 


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—  89  — 


La  Vie  et  les  Travaux  de  A.  Franchet, 

Par  M.  Henri  HUA. 

Adrien-René  Franchet  naquit  à  Pezou  (Loir-et-Cher)  le 
19  avril  1834.  Il  était  de  cette  région  du  centre  de  la  France, 
dont  les  habitants  sont  réputés  présenter  le  mieux  les  qua- 
lités propres  au  caractère  français  :  la  rectitude  et  la  clarté 
dans  les  idées,  l'indépendance  de  l'esprit  tempérée  par 
l'attachement  aux  traditions. 

Entraîné  dès  son  enfance  par  un  goût  inné  vers  l'étude 
de  la  botanique,  toute  sa  vie  il  cultiva  sa  science  favorite 
pour  elle-même,  sans  y  voir  jamais  une  source  d'honneurs 
ou  de  fortune.  Et  si  la  fortune,  qu'il  ne  recherchait  pas, 
ne  vint  pas  à  lui,  si  les  honneurs  extérieurs  ne  lui  furent 
pas  prodigués,  il  eut  du  moins  cette  intime  et  haute  satis- 
faction de  voir,  à  mesure  qu'il  avançait  dans  la  vie,  sa 
renommée  grandir  en  France  et  hors  de  France  ;  il  put 
avoir  le  légitime  orgueil  de  devoir  la  considération  univer- 
selle qui  l'entourait  à  la  fin  de  sa  carrière,  uniquement  à 
la  valeur  de  son  œuvre,  et  non  à  l'éclat  de  la  position  qu'il 
occupait. 

Une  pareille  carrière  est  intéressante  à  suivre  dans  ses 
diverses  étapes,  en  tenant  compte  surtout  des  travaux  qui 
marquèrent  ces  étapes. 


I 

De  bonne  heure,  Adrien  Franchet  montra  le  goût  le  plus 
déterminé  pour  l'étude  des  plantes.  Il  n'avait  que  dix  ans, 
quand,  chez  le  curé  des  Montils,  près  de  Blois,  qui  l'ini- 
tiait aux  premiers  éléments  de  la  langue  latine,  —  alors 
considérée  comme  la  seule  base  solide  d'études  destinées  à 
élargir  l'esprit,  —  il  ramassait  les  herbes  et  les  fleurs  du 


-  90  - 

jardin,  les  faisait  sécher  entre  les  pages  de  ses  livres  et 
constituait  ainsi  son  premier  herbier. 

Cette  tendance  à  s'occuper  des  simples  indiquait  une  véri- 
table vocation.  Mme  Franchet,  qui  était  restée  veuve  de  bonne 
heure,  crut  la  favoriser  et  en  même  temps  assurer  pour 
l'avenir  une  carrière  honorable  et  lucrative  à  son  fils,  en  le 
faisant  entrer  chez  un  pharmacien  de  Blois. 

Voilà  donc  le  jeune  Adrien,  à  l'âge  de  douze  ans,  élève 
pharmacien.  Les  travaux  de  l'officine  ne  le  séduisaient 
guère,  à  vrai  dire.  Ce  qu'il  goûtait  le  plus,  dans  l'indépen- 
dance relative  dont  il  jouissait,  c'était  la  faculté  de  se  lever 
avec  le  jour  et  de  courir  à  la  forêt  de  Russy  faire  une 
bonne  moisson  de  plantes  avant  de  prendre  son  service.  Il 
trouvait  un  charme  inexprimable  à  vivre  à  l'ombre  des 
grands  arbres,  à  explorer  le  sous-bois,  à  fouiller  les  clai- 
rières et  les  buissons,  heureux  des  découvertes  innombra- 
bles qu'il  faisait,  dans  cet  intime  contact  avec  la  féconde 
nature.  Aussi,  que  de  peine  à  s'arracher  à  cette  jouissance, 
pour  regagner  la  ville,  où  son  service  l'appelait  à  sept 
heures  !  Chaque  jour,  il  avait  plus  de  mal  à  interrompre 
ses  recherches,  qui  chaque  jour  aussi  l'entrainaient  plus 
loin.  Bientôt  il  ne  rentra  qu'à  midi;  il  alla  même  jusqu'à 
se  laisser  surprendre  par  la  tombée  de  la  nuit. 

Évidemment  ce  n'était  qu'une  préparation  fort  indirecte 
à  la  profession  de  pharmacien.  Au  bout  d'un  mois,  sa  mère 
dut  le  retirer  de  chez  son  patron  et  chercher  une  autre 
voie  pour  le  jeune  indépendant,  en  lui  faisant  compléter 
ses  études  classiques.  Le  petit  séminaire  de  Blois  avait 
alors  une  réputation  méritée  pour  la  solide  éducation  et 
l'instruction  élevée  qu'on  y  recevait.  C'est  dans  cet  établis- 
sement et  ensuite  au  grand  séminaire,  où  il  fît  ses  huma- 
nités, qu'Adrien  Franchet  reçut  la  forte  culture  intellec- 
tuelle qui  fut  une  jouissance  de  toute  sa  vie.  Il  aimait  les 
lettres  à  régal  des  sciences,  et  dans  sa  jeunesse  un  de  ses 
passe-temps  favoris  était,  pendant  ses  heures  de  loisir,  de 


-  91  - 

concourir  avec  un  camarade  à  qui  tournerait  le  mieux  une 
pièce  de  vers  latins.  Il  est  permis  de  croire  que  par  son 
long  séjour  dans  ce  milieu  spécial ,  parmi  des  jeunes 
gens  dont  beaucoup  s'apprêtaient  à  renoncer  au  monde 
pour  se  consacrer  au  service  du  Dieu  qui  ordonne  à  ses 
disciples  le  détachement  des  richesses  et  le  perfectionne- 
ment progressif  de  la  vie,  il  affermit  en  lui  cette  idée  du 
devoir  à  accomplir,  directrice  de  sa  carrière  entière,  et  qu'il 
faisait  passer  avant  toute  autre  considération,  en  particu- 
lier avant  les  préoccupations  d'argent. 

Bien  que,  pendant  ces  années  sérieuses,  elle  dût  passer 
au  second  plan,  la  botanique  ne  fut  pas  abandonnée.  Plus 
d'une  fois,  pendant  les  promenades  du  jeudi,  le  jeune  élève 
s'écartait  de  ses  camarades  pour  aller  herboriser.  C'était 
un  accroc  à  la  règle,  mais  sur  lequel  ses  supérieurs  passè- 
rent, puisqu'ils  le  gardèrent  jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans. 

Il  va  profiter  de  sa  liberté  pour  se  livrer  avec  plus  d'ar- 
deur à  ses  études  favorites,  tout  en  cherchant  sa  voie. 


II 

Vers  le  même  temps,  un  autre  passionné  des  curiosités 
delà  nature,  mettant  sa  grande  fortune  au  service  de  son 
intelligence,  s'adonnait  à  l'étude  des  premiers  vestiges  de 
l'activité  humaine  et  réunissait  dans  son  château  de  Che- 
verny  les  éléments  d'une  collection  qui  devait  devenir, 
plus  tard,  l'une  des  plus  belles  collections  archéologiques  et 
géologiques,  qu'ait  jamais  possédée  un  particulier. 

Le  marquis  de  Vibraye  cherchait  un  collaborateur  pour 
lui  confier  le  classement  et  la  conservation  de  ses  collec- 
tions, quand  il  fit  la  rencontre  de  M.  Franchet,  suppléant 
alors  un  professeur  au  collège  de  Pontlevoy.  Il  lui  propose 
ce  poste. 

C'était  l'indépendance,  la  facilité  la  plus  grande  donnée 
à  ses  études.  Aussi  M.  Franchet  n'hésite  pas  à  accepter  et 


-  92  - 

devient,  en  1857,  conservateur  des  collections  du  marquis  de 
Vibraye,  poste  qu'il  conserva  jusqu'en  1880. 

Pendant  la  plus  grande  partie  de  cette  période,  la  bota- 
nique ne  put  être  que  le  délassement  du  labeur  quotidien, 
consacré  à  l'archéologie  préhistorique,  à  l'ethnographie,  à 
la  géologie. 

Il  ne  se  contentait  du  reste  pas  d'un  travail  de  cabinet  : 
il  fut  chargé  de  diriger  des  fouilles  dans  les  principales 
stations  de  France,  de  Suisse  et  de  Belgique,  où  des  docu- 
ments préhistoriques  pouvaient  se  rencontrer  et  enrichir 
les  collections  dont  il  avait  la  garde.  C'est  ainsi  qu'il 
recueillit  de  précieux  matériaux  aux  Eyzies,  à  Laugerie- 
Haute  et  Laugerie-Basse,  au  Grand-Pressigny,  dans  le 
Vendômois,  en  Auvergne.  Appliquant  l'esprit  de  méthode 
essentiellement  pratique  qui  fut  la  marque  de  son  intelli- 
gence, il  s'efforça  de  mettre  en  regard  des  objets  préhis- 
toriques, les  objets  modernes  en  usage  chez  les  peuples 
sauvages  qui  se  rapprochent  le  plus  de  ceux  dont  se  ser- 
vaient nos  ancêtres  lointains.  De  même  il  tenait  à  placer 
en  regard  des  coquilles  fossiles,  les  espèces  vivantes  du 
même  genre  qu'elles. 

Ces  belles  collections  devinrent  un  objet  d'admiration 
pour  tous  les  hommes  compétents,  et  en  1878  les  plus 
belles  pièces  figurèrent  à  l'Exposition  universelle. 

A  cette  consécration  de  l'œuvre  de  sa  vie,  le  marquis  de 
Vibraye  ne  devait  pas  survivre.  Il  fut  enlevé  cette  année 
même  à  la  science  et  aux  siens.  On  put  se  demander  ce 
que  deviendraient  ces  belles  collections  auxquelles  la 
féconde  collaboration  du  propriétaire  et  du  conservateur 
avait  donné  une  valeur  hors  ligne.  L'amitié  véritable  por- 
tée par  le  marquis  de  Vibraye  à  M.  Franchet,  et  dont 
celui-ci  s'honorait,  lui  fut  continuée  par  ses  descendants, 
et  grâce  à  ces  bonnes  relations,  ceux-ci  purent,  en  1897, 
assurer  la  perpétuité  de  l'œuvre  du  chef  de  la  famille  en 
faisant    entrer  la  plus   belle  part  de  ses  collections  au 


—  93  — 

Muséum.  La  «  Salle  de  Vibraye  »,  dans  les  nouvelles  gale- 
ries d'Anthropologie,  fait  honneur  à  la  fois  à  ceux  qui  en 
ont  groupé  les  éléments,  à  ceux  qui  les  ont  donnés  et  à 
l'établissement  où  ils  sont  exposés. 

III 

Après  la  mort  du  marquis  de  Vibraye,  Adrien  Franchet 
dut  chercher  un  nouvel  emploi  à  son  activité  scientifique. 
Il  rêvait  d'être  attaché  à  ce  Muséum  de  Paris,  où  les  maté- 
riaux d'études  accumulés  depuis  plus  de  deux  siècles, 
offrent  aux  travailleurs  des  ressources  incomparables.  Mais 
les  cadres  réguliers  du  personnel  attaché  à  cet  établisse- 
ment sont  étroits  ;  aucune  place  n'était  vacante.  Sur  ces 
entrefaites  une  commission  spéciale  ayant  constaté  l'insuf- 
fisance numérique  du  personnel  dépendant  du  service  de 
l'Herbier,  on  obtint  des  Chambres  les  crédits  nécessaires 
pour  y  adjoindre  deux  botanistes  auxiliaires.  C'est  à  ce 
titre  que  M.  Franchet  fut  attaché  au  Muséum  en  1881,  et 
qu'il  y  commença  l'étude  des  riches  collections  rapportées 
de  la  Chine  par  M.  l'abbé  Armand  David,  dont  le  nom  est 
lié  à  l'exploration  scientifique  de  la  Mongolie  et  du  Thibet. 
M.  le  professeur  Bureau  n'avait  pas  hésité  à  confier  l'examen 
de  ce  bel  herbier  à  celui  qui  avait  déjà  montré  sa  compé- 
tence dans  l'étude  de  la  Flore  asiatique  par  la  publication 
des  plantes  rapportées  du  Japon  par  le  Dr  Savatier. 

Les  crédits  destinés  aux  botanistes  auxiliaires  ne  furent 
pas  maintenus.  Ce  fut  une  période  difficile  à  passer  pour 
M.  Franchet.  Un  homme  moins  détaché  que  lui  des  ques- 
tions pécuniaires,  et  qui  les  eût  fait  passer  avant  l'amour 
de  la  science,  se  fût  rebuté  devant  les  difficultés  qu'il  eut 
alors  pour  se  maintenir  au  Muséum.  Mais  il  tenait  à  mener 
à  bien  l'œuvre  qui  lui  avait  été  confiée,  et  il  voyait  toute 
la  besogne  indispensable  à  accomplir  au  profit  de  l'éta- 
blissement auquel  il  avait  été  attaché.  Il  continua  donc  à 
travailler  à  l'Herbier  du  Muséum. 


—  94  — 


IV 

Le  vrai  mérite,  quoi  que  disent  certains  désabusés,  n'est 
jamais  complètement  abandonné.  Désireux  de  donner  à 
M.  Franchet  les  moyens  d'arriver  à  terminer  l'importante 
publication  entreprise,  un  de  ses  compatriotes  du  Blaisois, 
M.  E.  Drake  del  Castillo,  qui  commençait  alors  une  collec- 
tion botanique  devenue  depuis  un  admirable  musée  parti- 
culier capable  de  rivaliser  avec  les  célèbres  herbiers  des 
De  Candolle,  des  Boissier,  des  Cosson  et  des  Burnat, 
résolut  de  se  rattacher  comme  conservateur.  Sans  négliger 
son  travail  au  Muséum,  M.  Franchet  sut,  en  appliquant  sa 
grande  science  pratique  des  collections,  aménager  l'Her- 
bier Drake  avec  une  perfection  remarquable.  Il  se  faisait 
une  joie  de  présenter  cet  œuvre  qu'il  venait  de  terminer, 
aux  nombreux  visiteurs  que  le  Congrès  international  de 
botanique  annoncé  pour  l'Exposition  de  1900  allait  amener 
à  Paris.  La  mort  impitoyable  l'a  enlevé  avant  qu'il  pût 
avoir  cette  satisfaction.  M.  Drake  del  Castillo  devra,  seul, 
faire  à  ses  invités  les  honneurs  de  l'œuvre  accompli  avec 
son  fidèle  collaborateur.  Il  pourra,  ce  faisant,  ressentir  une 
double  fierté  :  être  en  possession  d'une  des  plus  belles 
collections  scientifiques  du  monde  ;  et  avoir  donné  à  son 
collaborateur  qui  fut  son  ami,  la  possibilité  de  mettre  en 
valeur  de  rares  facultés  d'organisation  qui  se  seraient  avec 
profit  exercées  sur  un  plus  vaste  champ,  si  les  circons- 
tances l'eussent  permis. 

V 

Cependant,  grâce  aux  instances  répétées  de  M.  le  pro- 
fesseur Bureau,  M.  Franchet  avait  pu  en  1886  être  rattaché 
officiellement  à  son  service  du  Muséum,  comme  répétiteur 
au  Laboratoire  des  Hautes-Études  dépendant  de  la  chaire 


—  95  — 

de  Botanique  (classifications  et  familles  naturelles).  Il  avait 
pour  fonctions  propres  de  renseigner  les  travailleurs  qui 
se  présentaient  à  l'Herbier  pour  y  chercher  des  éléments 
d'étude.  Sa  profonde  connaissance  des  plantes,  sa  vaste  éru- 
dition bibliographique,  sa  courtoisie  parfaite,  le  rendaient 
particulièrement  apte  à  ce  service.  Le  nombre  est  considé- 
rable de  ceux  qu'il  aida  de  son  expérience  dans  leurs  recher- 
ches. Les  plus  savants  même  y  avaient  recours,  et  Ton  peut, 
sans  diminuer  en  rien  le  mérite  et  la  valeur  exceptionnelle 
de  l'illustre  auteur  de  l'Histoire  des  Plantes,  Henri  Bâillon, 
dire  qu'il  fut  mis  en  possession  de  certains  documents 
intéressants  et  sur  la  voie  d'observations  originales,  par 
Franchet  qui  se  faisait  une  joie  de  collaborer  ainsi  avec  ce 
puissant  génie,  ignorant  qu'il  était  lui-même  de  l'égoïsme 
scientifique. 

Ces  deux  hommes,  de  caractère  très  différent,  étaient 
arrivés  par  le  contact  permanent  d'un  travail  également 
assidu  à  une  complète  estime  réciproque.  Bâillon  cherchait 
à  dégager  le  type  générique  dans  son  acception  la  plus 
large,  sans  s'arrêter  à  la  distinction  des  espèces  et  à  leur 
distribution  sur  le  globe;  Franchet  s'efforçait  de  recon- 
naître la  série  des  formes  spécifiques  et  la  manière  dont 
cette  série  se  développe  et  se  modifie  en  passant  d'une 
région  à  l'autre;  en  revanche,  nous  verrons  qu'il  regar- 
dait le  genre  comme  une  collection  artificiellement  limitée 
pour  la  facilité  de  l'étude.  Malgré  ces  divergences  de  vues, 
tous  deux  s'accordaient  dans  un  commun  amour  de  la 
science  et  dans  le  désir  de  mettre  en  œuvre  les  richesses 
accumulées  dans  l'Herbier  du  Muséum ,  afin  de  ne  pas 
le  laisser  dépasser  en  valeur  par  les  collections  étran- 
gères. Ils  agissaient  ainsi  en  bons  savants  et  en  bons  Fran- 
çais. 

Avec  les  jeunes  gens,  Adrien  Franchet  cherchait  toujours 
à  se  rendre  compte  si  chez  eux  l'amour  de  la  science  était 
le  principal  motif  de  leurs  recherches.   Ceux-là  seuls  lui 


-  96  - 

semblaient  dignes  d'encouragement.  Il  aurait  voulu  voir 
chacun,  comme  lui,  trouver  la  science  assez  belle  pour  être 
en  soi  seule  un  but,  et  ne  jamais  la  rabaisser  à  un  moyen 
d'acquérir  une  position.  Même  quand  on  paraissait  à  ses 
yeux  avoir  un  sincère  amour  du  travail,  il  éprouvait  cet 
amour  en  laissant  chaque  travailleur  surmonter  par  lui- 
même  les  difficultés,  se  bornant  à  mettre  entre  ses  mains 
les  premiers  documents  pouvant  l'amener  à  la  découverte 
de  la  vérité.  C'était  retarder  les  résultats  des  études  entre- 
prises par  ses  disciples,  mais  c'était  assurer  la  formation 
de  leur  esprit  aux  recherches  scientifiques  personnelles. 

Les  savants  étrangers  avaient  aussi  recours  à  sa  bonne 
volonté  quand  ils  venaient  au  Muséum  ou  qu'ils  désiraient 
se  procurer  un  renseignement  sur  une  plante  de  nos  col- 
lections nationales.  D'autre  part  il  profitait  des  relations 
ainsi  acquises  pour  procurer  à  l'herbier  des  documents 
nouveaux  ou  pour  s'aider  à  interpréter  les  échantillons 
y  existant.  Citer  ses  correspondants  serait  donner  la  liste 
de  tous  ceux  qui,  dans  le  dernier  quart  de  siècle,  se  sont 
occupés  de  botanique  systématique.  Il  était  en  relations 
constantes  avec  les  botanistes  de  Kew,  de  Genève,  de 
Berlin,  de  Saint-Pétersbourg,  de  Bruxelles,  pour  ne  parler 
que  des  grands  centres  botaniques  d'Europe.  Ceux  avec 
lesquels  il  eut  les  rapports  les  plus  fréquents  furent  ceux 
dont  il  fut  l'émule  pour  faire  connaître  la  Flore  asiatique  : 
en  Russie,  Maximovicz  ;  en  Angleterre,  W.  B.  Hemsley. 

Tout  en  cherchant  à  rendre  service  personnellement  aux 
uns  ou  aux  autres,  il  pensait  qu'être  attaché  à  un  herbier 
comme  celui  du  Muséum  entraînait  le  devoir  étroit  d'en 
mettre  en  valeur  les  richesses  et  de  chercher  à  augmenter 
ces  richesses  par  tous  les  moyens  possibles.  Grâce  à  ses 
relations  avec  les  prêtres  des  missions  étrangères  établis  en 
Chine *,  il  assura  à  l'herbier  du  Muséum  une  place  prépondé- 

1.  Mgr  Biet,  évêque  de  Diana,  vicaire  apostolique  du  Tibet,  dont  le  zèle 
scientiâque  n'est  plus  à  louer,  lui  fut  du  plus  grand  secours. 


-  97  — 

rante  en  ce  qui  concerne  les  plantes  de  cette  région.  Le 
seul  P.  Delavay,  avec  lequel  le  mit  en  rapport  le  P.  David 
en  1881,  envoya  de  1883  à  1896,  date  de  sa  mort,  plus  de 
sept  mille  cinq  cents  numéros  représentant  plus  de  trois  mille 
cinq  cents  espèces  pour  les  deux  tiers  nouvelles  provenant 
de  la  province  de  Yunnan.  Sans  parler  du  R.  P.  David, 
dont  des  collections,  provenant  de  la  Mongolie,  de  la  Chine 
occidentale  et  centrale  et  du  Thibet  oriental,  étaient  depuis 
longtemps  au  Muséum,  le  R.  P.  Bodinier  explora  la  Flore 
de  Hong-Kong,  le  R.  P.  Farges,  celle  de  Tchen-Keou-Tin, 
dans  le  Setchuen,  le  R.  P.  Soulié  reprit  celle  du  Thibet,  le 
R.  P.  Faurie  s'attacha  au  Japon.  De  plus,  la  certitude  de 
voir  leurs  envois  faire  l'objet  d'une  étude  attentive,  encou- 
rageait les  voyageurs  chargés  de  missions  purement  scien- 
tifiques, ou  appelés  en  Asie  par  leurs  affaires  personnelles, 
à  récolter  des  collections  botaniques  importantes  destinées 
au  Muséum.  Nous  pouvons  citer  en  particulier  celles  de 
M.  Fauvel  aux  environs  de  Tché-Fou,  de  M.  Chaffanjon, 
dans  l'Issik-Koul,  de  M.  Bonvalot  et  du  prince  Henri  d'Or- 
léans, de  Dutreuil  de  Rhins,  au  Thibet,  de  M.  de  Poncins, 
au  Pamir,  de  M.  et  Mme  de  la  Touche,  au  Fokien,  etc..  Les 
résultats  généraux  de  chacun  de  ces  voyages  furent  signalés 
soit  dans  le  Journal  de  botanique,  soit  à  la  Société  bota- 
nique, soit  dans  le  Bulletin  du  Muséum. 

M.  Franchet  encourageait  de  ses  conseils  tous  ses  cor- 
respondants, rectifiait  l'imperfection  de  leurs  procédés  de 
récolte,  leur  signalait  ce  qu'il  fallait  faire.  C'est  ainsi  que 
tous  en  vinrent  à  envoyer  des  échantillons  impeccables  qui 
font  la  gloire  des  collections  du  Muséum. 

L'étude  des  documents  ainsi  réunis  fournit  à  M.  Franchet 
la  matière  des  travaux  sur  la  Flore  asiatique,  auxquels  il 
consacra  la  seconde  moitié  de  sa  vie,  et  qui  l'amenèrent 
aux  vues  les  plus  intéressantes  sur  la  géographie  botanique 
et  sur  les  principes  de  la  systématique,  en  particulier  sur 
la  notion  du  genre. 

S.H.N.  1900.  7 


—  98  — 


VI 


Jusqu'à  l'âge  de  trente-huit  ans,  il  ne  s'occupa  que  de 
plantes  françaises  et  européennes,  réunissant  un  herbier, 
mais  publiant  peu.  On  ne  trouve  guère  pendant  cette 
période  de  dix-huit  ans,  écoulés  depuis  sa  sortie  du  grand 
séminaire  de  Blois,  qu'une  dizaine  tout  au  plus  de  notes  ou 
mémoires.  Le  premier  dont  on  puisse  garder  le  souvenir 
est  la  description  d'un  Cirsium  des  Hautes-Alpes,  qu'il 
crut  nouveau  et  décrivit  dans  les  annotations  à  la  Flore  de 
France  et  d'Allemagne  de  Billot,  sous  le  nom  de  Cirsium 
fallax  :  c'était  la  même  espèce  que  le  Cirsium  decipiens  de 
Nymann,  reconnu  aujourd'hui  par  la  plupart  des  botanistes 
comme  rentrant  dans  le  Cnicus  acaulis  Wild. 

Dès  cette  époque,  il  se  préoccupait  des  causes  géogra- 
phiques de  la  distribution  des  plantes,  et  en  1866  il  donnait 
lecture  à  la  Société  archéologique  du  Vendômois  d'un 
intéressant  mémoire  sur  la  Distribution  géographique  des 
plantes  phanérogames  dans  le  département  de  Loir-et-Cher, 
d'après  le  cours  des  eaux  et  la  constitution  géologique  du 
sol  et  qu'on  rotouvera  un  peu  modifié  en  tête  de  la  Flore  de 
Loir-et-Cher.  Toute  sa  vie,  il  resta  fidèle  à  l'idée  exprimée 
en  tête  de  ce  mémoire.  «  L'étude  de  la  répartition  des 
plantes  sur  la  surface  de  la  terre,  disait-il,  peut  être  con- 
sidérée comme  l'une  des  plus  dignes  d'occuper  les  esprits 
curieux,  soit  que  l'on  s'y  livre  dans  le  but  de  se  procurer 
une  jouissance  purement  intellectuelle,  soit  que  l'on  se 
propose  un  résultat  pratique  en  demandant  à  la  nature  le 
secret  des  lois  qui  ont  présidé  à  la  naissance,  à  l'accroisse- 
ment, à  la  propagation  des  végétaux  qui  charment  les  regards 
de  l'homme  ou  servent  à  ses  besoins.  »  On  peut  dire  que 
dans  ces  quelques  lignes,  il  exposait  le  programme  des 
études  qu'il  poursuivit  jusqu'à  sa  mort. 

Sauf  une  note,  qui  peut  être  considérée  comme  une  pre- 
mière incursion  dans  les  flores  exotiques,  sxirl&Floruleadven- 


—  99  - 

tice  observée  dans  le  département  de  Loir-et-Cher  en  1871-1872, 
à  la  suite  du  séjour  des  armées  pendant  la  guerre  de  1870- 
1871,  tous  les  autres  travaux  de  cette  période  se  rapportent 
au  genre  Verbascum.  Leur  ensemble  constitue  un  monu- 
ment monographique  fondamental  pour  l'étude  de  ce  beau 
genre,  dans  lequel  la  distinction  des  espèces  est  rendue  dif- 
ficile par  la  facilité  avec  laquelle  elles  se  croisent.  Aussi 
l'étude  des  hybrides  tient-elle  une  grande  place  dans  ces 
travaux. 

En  1872,  le  Dr  Savatier  confiait  à  M.  Franchet  une  impor- 
tante collection  récoltée  au  Japon  dont  la  détermination 
fut  l'origine  des  études  de  botanique  asiatique  auxquelles 
A.  Franchet  se  consacra  dès  lors  presque  exclusivement.  Il 
voulut  pourtant  encore  donner  leur  couronnement  à  ses 
observations  sur  la  botanique  française,  en  publiant,  en 
1885,  cette  excellente  Flore  de  Loir-et-Cher,  préparée, 
peut-on  dire,  depuis  près  de  quarante  ans,  si  Ton  veut  voir 
déjà  dans  les  herborisations  de  l'enfant  l'ébauche  de  l'œuvre 
sans  cesse  perfectionnée  par  l'homme  fait.  Le  soin  apporté 
aux  descriptions  et  à  l'indication  de  la  distribution  dans  le 
monde  entier  des  espèces  citées  en  fait  un  travail  de  pre- 
mier ordre. 

Après  cette  publication,  ce  n'est  plus  qu'incidemment 
que  nous  le  verrons  sortir  de  son  sujet  principal.  En  ce  qui 
concerne  la  Flore  de  France,  ce  sera  surtout  pour  élucider 
quelque  point  douteux  en  s'appuyant  sur  la  connaissance 
des  nombreux  documents  de  l'Herbier  du  Muséum,  ratta- 
chant, par  exemple,  une  forme  curieuse  de  Myosotis,  trouvée 
par  l'abbé  Coste  à  Argelès  et  décrite  comme  espèce  nou- 
velle sous  le  nom  de  M.  bracteata  Rouy,  à  une  forme  abys- 
sinienne du  M.  hispida  Schlecht.  Ou  bien,  il  signalera, 
chose  rare,  la  présence  en  France  d'une  plante  méconnue, 
le  Botrychium  simplex,  autrefois  récolté  à  Malesherbes  par 
MM.  de  Chambine  et  Schœnefeld,  et  qui  a  été  reconnu  dans 
l'herbier  de  celui-ci  conservé  au  Muséum. 


—  100  - 


VII 

Avant  d'examiner  l'ensemble  des  travaux  concernant  la 
Flore  d'Asie  et  ses  rapports  avec  la  Flore  de  l'Europe,  cons- 
tatons que  A.  Franchet  ne  se  cantonna  pas  exclusivement 
dans  cet  ordre  d'idées. 

Le  soin  extrême  qu'il  apportait  à  ses  déterminations  lui 
fit  confier  l'étude  des  collections  botaniques  provenant  de 
diverses  missions  officielles.  Celle  de  G.  Révoil  aux  pays 
Çomalis,  lui  fournit  en  1882  les  éléments  du  Sertulum  Soma- 
lense,  et  c'est  à  propos  d'une  plante  de  ce  bouquet,  que 
furent  entreprises  des  recherches  de  détail  sur  les  Cleome  à 
pétales  appendiculés.  —  En  1887,  il  nommait  cent  soixante- 
cinq  espèces  récoltées  par  M.  Faurot  lors  de  la  mission  que 
lui  confia  le  ministère  de  l'Instruction  publique  pour  l'ex- 
ploration du  golfe  de  Tadjourah.  —  En  1888,  il  publiait  les 
Phanérogames  recueillies  par  la  Mission  du  cap  Horn. 

En  classant,  pour  les  faire  figurer  à  l'exposition  de  1889, 
les  herbiers  rapportés  du  Congo  par  Jacques  de  Brazza  et 
Thollon,  il  découvrait  de  curieuses  Bambusées  naines,  pour 
lesquelles  il  dut  créer  les  genres  nouveaux  Puelia,  Atracto- 
carpa,  Guaduella  et  Microcalamus.  Les  deux  premiers  sont 
bien  connus  des  lecteurs  du  Bulletin  de  la  Société  d'Autun, 
par  la  planche  IX  du  VIIIe  Bulletin,  où  ils  ont  été  figurés, 
à  la  suite  de  l'étude  d'ensemble  des  Graminées  du  Congo 
français,  publiée  dans  ce  recueil  en  1896. 

L'étude  sur  les  Strophanthus  de  l'Herbier  du  Muséum  de 
Paris  (1893),  donne  l'histoire  complète  de  ce  genre  d'Apocy- 
nées,  si  curieux  par  ses  fleurs  aux  corolles  infundibuli- 
formes  dont  les  appendices  se  prolongent  parfois  en  longues 
lanières,  et  par  ses  fruits  formés  d'un  double  follicule 
ordinairement  épais,  laissant  à  la  maturité  s'échapper  de 
nombreuses  graines  munies  d'une  aigrette  souvent  pédon- 
culée;  si  intéressant  par   les   propriétés  toxiques  de  ces 


—  101  — 

graines  qui  servent  de  base,  dit-on,  au  poison  des  flèches 
indigènes,  et  dont  l'alcaloïde  actif,  étudié  par  M.  Arnaud, 
professeur  de  chimie  au  Muséum,  est  susceptible  de  recevoir 
une  application  thérapeutique  comme  succédané  de  la  digi- 
tale. Dans  ce  mémoire  dix  espèces  nouvelles  sur  vingt-neuf 
que  comptait  alors  le  genre  sont  énumérées,  seize  des  plus 
intéressantes  et  des  moins  connues  sont  figurées.  Quelques 
années  plus  tard  M.  Franchet  déterminait  l'origine  morpho- 
logique de  l'aigrette  due  à  la  prolifération  exagérée  des 
cellules  des  bords  du  micropyle  de  l'ovule. 

Il  se  prête,  entre  temps,  à  donner  à  des  journaux  horti- 
coles des  articles  curieux,  tels  que  celui  où  il  fixe  l'origine 
des  Lilas  cultivés,  celle  du  Crosne  (Stachys  a f finis),  ce  nou- 
veau légume  répandu  depuis  quelques  années. 

VIII 

Tous  ces  travaux  n'étaient  que  des  hors-d'œuvre  dans  la 
pensée  de  leur  auteur.  L'étude  des  collections  du  Dr  Sava- 
tier,  publiée  de  1875  à  1879  sous  le  titre  d'Enumeratio  plan- 
tarum  in  Japonia  sponte  nascentium,  etc.,  lui  avait  révélé 
la  richesse  de  la  Flore  asiatique.  Celle  du  bel  herbier  de 
Mongolie  et  du  Thibet  déposé  au  Muséum  par  l'abbé 
Armand  David  et  qui  fournit  la  matière  des  deux  gros 
volumes  des  Plantes  Davidianœ,  publiés  en  1883-1884  pour 
la  Mongolie  et  la  Chine,  en  1888  pour  le  Thibet,  l'y  attache 
définitivement. 

Sans  négliger  complètement  le  Japon,  comme  le  montrent 
plusieurs  notes  données  au  Bulletin  de  la  Société  bota- 
nique ou  à  celui  de  la  Société  philomatique,  et  aussi  quel- 
ques études  spéciales  comme  le  très  important  mémoire 
sur  les  Carex  de  l'Asie  orientale  où  les  espèces  japonaises 
récoltées  par  le  P.  Faurie  forment  une  part  considérable, 
il  s'applique  surtout  à  l'étude  des  massifs  montagneux  de 
la  Chine  occidentale  ;  car  il  a  compris,  à  la  suite  des  pre- 
mières énumérations  de  plantes  publiées,  l'intérêt  présenté 


—  102  — 

par  ces  régions  pour  expliquer  la  distribution  géographique 
de  certains  groupes,  et  pour  nous  éclairer  sur  les  lois  diri- 
geant cette  distribution.  Mais  plusieurs  années  se  passent 
avant  qu'il  se  décide  à  formuler  quelqu'une  des  idées  géné- 
rales engendrées  par  la  contemplation  de  la  masse  d'es- 
pèces végétales  réunies  sur  ce  point  du  globe. 

Il  estime,  à  juste  titre,  qu'une  idée  générale,  avant 
d'être  formulée,  doit  s'appuyer  sur  un  faisceau  de  faits 
suffisant  pour  que  si  l'un  d'eux  vient  à  manquer,  les  autres 
soient  encore  assez  forts  pour  l'appuyer.  Il  ne  craint  rien 
plus  au  monde  que  ce  sophisme  appelé  par  l'École  la 
généralisation  prématurée,  qui  d'un  détail  intéressant 
observé  fait  déduire  une  théorie  générale  où  l'on  cherche 
à  faire  rentrer  tous  les  phénomènes  d'ordre  analogue  qui 
se  présentent.  Pour  lui  la  théorie  n'est  que  la  synthèse 
dernière  des  faits.  Que  de  fois  l'avons-nous  entendu  dire, 
en  parlant  des  grandes  théories  scientifiques  qui  agitent  le 
monde  savant  :  «  Les  théories  passent,  seuls  les  faits  posi- 
tifs demeurent.  »  Pourtant  il  était  également  éloigné  de 
l'excès  contraire,  trop  fréquent  de  nos  jours,  de  ceux  qui, 
dans  l'étude  des  sciences  naturelles  ne  voient  rien  autre 
qu'une  série  de  faits  juxtaposés,  sans  lien,  et  qui  sont  satis- 
faits quand  ils  ont  décrit  un  objet  nouveau  ou  réputé  tel, 
sans  se  préoccuper  de  rechercher  le  lien  qui  réunit  les  êtres. 
Dans  les  conversations  familières  que,  le  soir,  avant  de 
quitter  le  laboratoire  ou  en  sortant,  il  aimait  à  faire  avec 
ceux  qui  travaillaient  sous  sa  direction,  nous  avons  souvent 
avec  lui  comparé  ces  amoureux  du  fait  quand  même,  à 
d'ingénieux  ouvriers  extrayant  des  blocs  de  pierre  de  la 
carrière,  les  posant  pêle-mêle  au  bord  du  chemin,  plus  ou 
moins  dégrossis,  sans  se  préoccuper  jamais  de  savoir  s'ils 
pourront  être  assemblés  en  un  monument  durable.  Pour 
lui,  les  faits  devaient  nécessairement  aboutir  à  la  constitu- 
tion d'une  idée  d'ensemble  ;  il  fit  comme  le  moissonneur  qui, 
avant  de  lier  la  gerbe,  amasse  les  épis  dont  il  la  doit  former. 


—  103  — 

Ainsi  les  Plantas  Davidianae  et  les  premières  listes  des 
plantes  recueillies  par  l'abbé  Delavay  et  données  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  botanique  ne  comportent  aucun  com- 
mentaire général.  De  même  encore  les  Plantée  Delavay anx, 
œuvre  magistrale  dont  trois  fascicules  seulement  purent 
paraître  pour  avoir  été  entreprise  sur  des  bases  dépassant 
les  fonds  qu'il  eut  à  sa  disposition,  et  ensuite  plusieurs 
autres  listes  importantes  qu'il  publia  dans  le  Journal  de 
botanique  de  1894  à  1899,  pour  faire  connaître  les  nouveautés 
envoyées  par  les  divers  correspondants  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut. 

Ce  n'est  qu'assez  tard  qu'il  se  décida  à  donner  dans 
diverses  notes  de  détail  les  conclusions  d'une  étude  pro- 
longée avec  suite  pendant  plus  de  vingt  années.  Nous 
allons,  renonçant  à  analyser  la  multitude  des  travaux  con- 
cernant la  Flore  asiatique  et  ses  rapports  avec  la  Flore 
européenne,  essayer  d'en  dégager  ces  conclusions. 

IX 

Un  premier  fait  semble  dominer  tous  les  autres,  et  c'est 
dans  une  étude  sur  quelques  Gentiana  nouveaux  de  la  Chine 
occidentale^  publiée  en  1896  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
botanique,  qu'il  est  énoncé  peut-être  avec  le  plus  de 
généralité,  —  c'est  que,  «  à  notre  période  géologique,  c'est 
bien  dans  l'Asie  centrale  et  plus  particulièrement  dans  la 
Chine  occidentale  que  se  trouve  placé  le  grand  centre  spé- 
cifique de  la  plupart  des  genres  que  l'on  considère  à  bon 
droit  comme  caractéristiques  de  la  flore  alpine  euro- 
péenne. »  «  soit  que  ces  genres   aient  de  nombreux 

représentants  spécifiques,  comme  les  Delphinium  vivaces, 
les  Saxifraga,  les  Ligularia,  les  Saussurea,  les  Primulç,  les 
Rhododendron,  les  Pedicularis,  les  Gentiana }  soit  qu'ils  ne 
possèdent  relativement  que  peu  d'espèces,  telles  que  les 
Epimedium,  les   Berberis,  les  Pleurospermum,  les  Aster,  les 


—  104  — 

Gnaphalium  {Leontopodiuni),   les  Swertia,  les  Tofieldia,   les 
Cypripedium,  etc.,  etc.  » 

J'ai  cite  ce  passage,  de  préférence  à  d'autres  antérieurs, 
tels  qu'il  s'en  trouve  dans  un  travail  sur  les  Adonis  vivaces 
(Soc.  philomat.,  1894),  et  dès  1891,  dans  une  notice  concer- 
nant des  espèces  nouvelles  provenant  d'une  collection  de  plantes 
du  Thibet  chinois  envoyée  au  Muséum  par  M.  Vabbé  Soulié 
(Soc.  philomat.,  1891)  où  est  déjà  signalée  l'analogie  sin- 
gulière de  la  végétation  des  hautes  régions  de  l'Asie  cen- 
trale avec  celle  de  l'Europe  montagneuse  centrale  ou  occi- 
dentale, parce  qu'il  est  plus  aïïirmalif  et  qu'il  renferme  en 
outre  l'énumération  des  genres  principaux  sur  lesquels 
s'est  portée  particulièrement  l'attention  de  M.  Franchet,  et 
dont  il  a  décrit  un  nombre  considérable  d'espèces  nouvelles. 

Le  second  fait,  c'est  que  de  ce  foyer,  c'est-à-dire  du  lieu 
où  se  manifeste  pour  chaque  genre  le  maximum  d'espèces, 
et  aussi  le  plus  grand  nombre  de  formes  accentuées  per- 
mettant de  les  diviser  en  sous-genres  et  en  sections,  «  se 
détachent  vers  l'Ouest  et  vers  l'Est  des  rameaux  qui  vont  en 
s'amoindrissant  progressivement,  tandis  que,  vers  le  Nord, 
la  succession  des  espèces  se  fait  par  groupes,  sans  lien 
continu,  et  que,  vers  le  Sud,  il  y  a  arrêt  brusque  de  ces 
genres  qui  caractérisent  les  hautes  régions  des  pays  tem- 
pérés de  l'hémisphère  boréal. 

Des  exemples  intéressants  et  caractéristiques  de  cet 
amoindrissement  des  formes  en  allant  des  montagnes  de 
la  Chine  vers  l'Ouest  ou  vers  l'Est  sont  développés  dans 
les  notes  sur  les  Cypripedium  (1894),  les  Aletris  (1896),  les 
Coptis  et  les  Isopyrum  (1897),  les  Pamassia  (1897).  —  Pre- 
nons celui  offert  par  les  Cypripedium  de  la  section  des 
Foliosa  :  sur  vingt-neuf  espèces,  trois  seulement  viennent 
jusqu'en  Europe,  une  seule,  le  C.  Calceolus,  atteint  les 
montagnes  de  l'Ouest.  D'autre  part  un  rameau  disjoint  se 
trouve  en  Amérique  avec  l'espèce  mexicaine  connu  sous  le 
nom  de  Cypripedium  irapeanum. 


—  105  — 

Si,  au  lieu  d'examiner  la  diminution  dans  le  nombre  des 
espèces,  on  porte  l'attention  sur  l'amoindrissement  des 
formes  dans  une  même  espèce  en  s'éloignant  du  foyer  asia- 
tique, il  n'y  a  pas  de  meilleur  type  à  citer  que  le  Leonto- 
podium  alpinum  dont  les  transformations  ont  été  étudiées 
en  1892  dans  le  Bulletin  de  la  Société  botanique.  La  plante 
trapue,  à  rosette  de  bractées  serrées  disposées  en  étoiles 
laineuses  sous  les  capitules  condensés  hétérogames,  qui 
fait  la  joie  des  touristes  dans  les  Alpes,  sous  le  nom 
d'Edelweiss,  perd  en  allant  vers  l'Est  la  couronne  qui  fait 
sa  gloire  et  reprend  l'allure  d'un  vulgaire  Gnaphalium  :  en 
même  temps  il  devient  parfois  dioïque  et  toutes  les  transi- 
tions se  trouvent  entre  les  deux  formes. 

X 

Cette  variation  dans  la  manière  d'être  de  certaines 
plantes  suivant  les  stations  conduit  à  discuter  et  à  infirmer 
les  coupes  génériques  fondées  sur  l'existence  des  diffé- 
rences constatées.  On  est  ainsi  amené  à  supprimer  le 
genre  Leontopodium  et  avec  lui  les  Antennaria  pour  les 
réunir  au  genre  linnéen  Gnaphalium  d'où  ces  types  avaient 
été  séparés  par  Robert  Brown  et  Gaertner. 

La  considération  de  ces  immenses  séries  d'espèces 
s'étendant  sur  toute  la  zone  alpine,  depuis  l'extrémité  du 
continent  asiatique  jusqu'à  celle  du  continent  européen, 
avait  souvent  conduit  Franchet  à  des  doutes  sérieux  sur  la 
valeur  des  groupements  génériques. 

Ainsi,  il  voit  la  barrière  entre  les  genres  Androsace  et 
Primula  s'abaisser  à  mesure  qu'on  connaît  un  plus  grand 
nombre  d'espèces.  «  En  présence  de  cette  instabilité  de 
formes,  de  cette  sorte  d'échange  mutuel  de  notes  distinc- 
tives,  qui  fait  qu'il  n'est  pas  possible  d'en  indiquer  une  seule 
qui  soit  commune  à  toutes  les  espèces  de  l'un  ou  l'autre 
genre,  je  me  demande  s'il  ne  sera  pas  nécessaire  un  jour 


—  106  - 

de  les  fondre  sous  une  même  dénomination.  »  Mais  il 
hésite  à  le  faire  quant  à  présent,  reculant  devant  l'incon- 
vénient, tout  pratique,  d'amener  par  là  une  modification 
trop  considérable  dans  les  habitudes  consacrées  par  un 
long  usage. 

Cette  opinion  de  1886  persiste  en  1897  quand  le  même 
doute  se  présente  au  sujet  des  Coptis  et  des  lsopyrum.  Et  il 
est  amené  à  examiner  la  valeur  des  deux  méthodes  suivies 
par  les  botanistes  dans  l'établissement  des  coupes  géné- 
riques :  «  étendre  les  limites  du  genre  de  façon  à  y  faire 
entrer  les  espèces  récalcitrantes... ,  procédé  dont  le  moindre 
avantage  est  de  conserver  d'anciens  genres...  qui  se  trou- 
vent ainsi  consolidés.  »  Ou  bien  :  «  faire  autant  de  genres 
qu'on  trouve  de  particularités  dans  les  différents  organes, 
lors  même  que  ces  particularités  se  trouvent  réduites  à  une 
seule.  Cette  méthode  a  l'inconvénient  de  surcharger  fâcheu- 
sement une  nomenclature  qui  menace  d'écraser  à  bref 
délai  la  botanique  systématique,  et  en  attendant,  la  dis- 
crédite auprès  de  ceux  qui  ne  sont  pas  initiés  aux  finesses 
d'une  analyse  à  outrance.  » 

Et  on  est  conduit  à  cette  idée  pratique,  «  qu'il  ne  faut 
pas  considérer  le  genre  comme  une  entité  réelle  et  immua- 
ble ;  considéré  comme  un  simple  moyen  mnémotechnique, 
sa  notion  perdra  de  l'importance  qu'on  lui  attribue  mal  à 
propos,  et  ses  limites  seront  d'autant  mieux  acceptées 
qu'elles  seront  plus  facilement  appréciables.  » 

Cette  façon  toute  pratique  d'apprécier  la  notion  du  genre, 
montre  une  fois  de  plus  combien  M.  Franchet  se  préoccu- 
pait de  mettre  le  plus  de  clarté  possible  dans  les  notions 
fournies  par  la  systématique.  Sans  doute  il  estimait  cette 
partie  de  la  science  botanique  comme  la  base  de  toutes  les 
autres,  pensant,  avec  Bâillon,  qu'on  a  du  mal  à  parler  sai- 
nement de  choses  qu'on  connait  imparfaitement,  et  que  la 
première  condition  pour  faire  de  la  botanique  est  de  con- 
naître beaucoup  de  plantes.  Mais  il  se  gardait  d'en   faire 


—  107  — 

le  but  de  la  science.  Il  y  voyait  un  moyen  indispensable, 
mais  seulement  un  moyen. 

Bien  qu'il  ait  dans  sa  vie  décrit  près  de  deux  mille  espèces 
nouvelles  et  défini  vingt-huit  genres,  il  ne  voyait  pas  là  un 
bien  grand  titre  de  gloire.  Son  orgueil  était  la  découverte 
des  foyers  botaniques  dans  l'Asie  orientale,  sur  lesquels 
nous  attirions  l'attention  tout  à  l'heure.  La  mort  a  malheu- 
reusement arrêté  la  synthèse  définitive  qu'il  allait  faire 
de  l'œuvre  de  sa  vie,  en  réunissant  en  un  corps  unique  les 
notions  éparses  dans  tant  de  mémoires  de  détail  d'où  nous 
avons  cherché  à  extraire  les  plus  saillantes,  sans  nous 
flatter  de  les  avoir  mises  en  valeur  comme  elles  le  méritent. 

XI 

Si  A.  Franche t  n'est  pas  arrivé  plus  tôt  à  condenser 
l'œuvre  maitresse  qu'il  souhaitait  accomplir,  c'est  à  cause 
du  scrupule,  peut-être  excessif,  qu'il  avait  de  ne  jamais 
rien  livrer  à  la  publicité  qui  ne  fût  amplement  prouvé  à 
ses  propres  yeux.  Il  publiait  seulement  ce  dont  il  était 
rigoureusement  assuré.  Cela  explique  comment,  dans  les 
premières  années  de  sa  vie  scientifique,  les  œuvres  sont 
rares,  et  comment  elles  deviennent  de  plus  en  plus  touf- 
fues à  mesure  qu'il  avance  dans  sa  carrière  et  qu'il  est 
mieux  en  possession  de  ses  moyens. 

Il  s'était  formé  sans  maitre,  pour  ainsi  dire,  par  l'étude 
des  livres  qu'il  eut  entre  les  mains  :  d'abord  la  2e  édition 
de  la  Flore  du  Centre,  de  Boreau,  ensuite  la  Morphologie 
végétale  d'Aug.  Saint-Hilaire,  dont  celui-ci  lui  avait  fait 
don  ;  puis  peu  à  peu  la  bibliothèque  se  garnit,  car  l'amour 
des  livres  était  chez  lui  presque  aussi  grand  que  celui 
des  plantes. 

Quand  il  fut  à  Paris,  sa  grande  distraction  était  d'aller 
le  long  des  quais  à  la  recherche  de  quelque  livre  rare,  de 
fouiller  les  rayons  des  librairies  anciennes,  où  se  cachent 


—  108  — 

les  raretés  méconnues.  Il  réunit  ainsi  une  collection  remar- 
quable dans  laquelle  il  estimait  tout  particulièrement  les 
premières  éditions  de  toutes  les  œuvres  de  Linné,  parmi 
lesquelles  on  peut  admirer  le  Systema  naturœ,  grand  in-folio, 
de  7  feuilles  ;  le  Fundamenta  botanica,  le  Bibliotheca  bota- 
nica;  l'exemplaire  de  YHwrtus  Cliffortianus,  offert  par  Clif- 
fort  au  célèbre  médecin  hollandais  Van  Swieten,  enfin  un 
petit  livre  bien  modeste,  mais  des  plus  curieux,  YOrbiseru- 
diti  judicium,  apologie  de  Linné  par  lui-même  dont  quatre 
exemplaires  seulement  sont  connus.  Celui-ci  provient  de  la 
vente  Œrling,  faite  à  Stockholm  en  1888. 

Nous  ne  pourrions  donner  ici  la  liste  de  tous  les  ouvrages 
remarquables  renfermés  dans  cette  bibliothèque;  le  fils 
d'A.  Franchet,  qui  partageait  avec  lui  les  joies  de  la  recherche, 
donnera  sans  doute  quelque  jour  ce  précieux  catalogue,  en 
même  temps  qu'un  monument  sur  l'œuvre  de  son  père,  plus 
complet  que  cette  hâtive  notice. 

XII 

En  perdant  A.  Franchet,  la  botanique  française  a  été 
profondément  frappée.  Elle  a  perdu  un  de  ses  ouvriers  les 
plus  laborieux.  Il  ne  se  passait  guère  de  jour  qu'on  ne  le 
vit,  dès  huit  heures  du  matin,  au  laboratoire,  assis  et  écri- 
vant, ou  plus  souvent  compulsant  les  paquets  de  l'herbier, 
examinant  les  échantillons,  les  comparant  les  uns  aux 
autres,  ne  recourant  aux  descriptions  et  aux  originaux 
qu'après  s'être  bien  pénétré  des  caractères  de  l'exemplaire 
innommé  qu'il  avait  entre  les  mains. 

Il  cherchait  à  inspirer  autour  de  lui  l'ardeur  au  travail 
qui  l'animait  ;  son  ambition  eût  été  de  voir  les  galeries  de 
l'Herbier  du  Muséum  mises  en  valeur  complète  par  des 
botanistes  français  attachés  à  l'établissement,  par  un  amour 
désintéressé  de  la  science  plus  que  par  une  situation  lucra- 
tive ou  honorifique.  Et  l'on  peut  dire  que  si  son  rêve  n'a 


—  109  — 

pas  été  complètement  réalisé,  dumoinsa-t-ilpu,  au  moment 
suprême,  être  assuré  qu'il  laissait  derrière  lui  quelques 
jeunes  gens,  loin  d'avoir  sa  science  acquise,  mais  comme 
lui  désireux  avant  toute  chose  du  bon  renom  de  l'Herbier 
du  Muséum. 

A.  Franchet  est  mort,  peut-on  dire,  sur  la  brèche.  Le 
lundi  12  février  1900,  après  une  journée  de  travail,  il  quit- 
tait le  laboratoire  en  compagnie  de  celui  qui  écrit  ces 
lignes.  Il  se  plaignait  d'une  fatigue  légère,  prodromes  de 
grippe,  pensait-il.  Deux  jours  il  fut  absent;  le  soir  du 
deuxième  jour,  il  était  brusquerient  enlevé  à  l'affection  des 
siens  par  une  crise  aussi  soudaine  qu'inattendue.  Fin 
redoutable  pour  un  chrétien  comme  il  l'était,  ayant  gardé 
intacte  la  foi  de  sa  jeunesse,  mais  dont  les  craintes  suprêmes 
ont  dû  être  atténuées  par  la  conscience  d'avoir  toujours 
vécu  d'une  vie  droite,  d'avoir  accompli  courageusement  et 
fructueusement  le  labeur  quotidien,  et  d'avoir  cherché  à 
faire  autour  de  soi  tout  le  bien  que  permettait  une  position 
de  fortune  modeste. 

Cette  mort  cause  un  grand  vide  dans  le  laboratoire  du 
Muséum  qu'il  animait  de  sa  présence  constante.  Ses  con- 
seils manqueront  à  beaucoup.  Son  savoir  sera  difficilement 
compensé  du  jour  au  lendemain.  Mais  son  exemple  conti- 
nuera longtemps  à  soutenir  ceux  qui  l'ont  connu,  dans  leurs 
efforts  pour  maintenir  haut  et  ferme  le  drapeau  de  cette 
science  si  française  de  la  botanique  systématique  que  pen- 
dant de  longues  années  il  soutint  si  vaillamment. 


—  110  — 


ÉNUMÉRATION   DES   TRAVAUX   SCIENTIFIQUES 
DE    A.    FRANCHET    (1857-1900). 


Flore  de  France  et  d'Europe. 

1 857      —  4 .  Note  sur  une  nouvelle  espèce  de  Cirse  (Cirsium  fallax). 

—  Billot,  Annotations  à  la  Flore  de  France  et 
d'Allemagne,  p.  109. 

1861      —  2.  Note  sur  le  Verbascum  nothum  Kock.,  et  sur  le  Juncus 

heterophytlus  L.  Duf.  —  Billot,  Annotations...,  etc., 
p.  232. 

1866      —  3.  Essai  sur  la  distribution  géographique  des   plantes 

phanérogames  dans  le  département  de  Loir-et-Cher. 

—  Bull,  de  la  Soc.  archéologique  du  Vendômois, 
séance  du  12  nov.  1866. 

1868      —  4.  Essai  sur  les  espèces  du  genre  Verbascum  croissant 

spontanément  dans  le  centre  de  la  France,  et  plus 
particulièrement  sur  leurs  hybrides.  —  Mém.  de  la 
Soc.  académique  de  Maine-et-Loire,  XXÎI,  p.  65-204. 
Tiré  à  part,  avec  pi. 

1868      —  5.  Lettre  à  M.  Paillot  sur  quelques  Inula.  —  Billotia, 

p.  129. 

1868  —  6.  Notes  sur  quelques  Verbascum  hybrides  recueillis  dans 

les  vallées  de  la  Braye  et  de  la  Grasne.  —  Bull,  de 
la  Soc.  archéologique  et  scientifique  du  Vendômois. 
Tiré  à  part. 

1869  —   7.  Sur  les  variations  parallèles  chez  quelques  espèces  de 

Verbascum  croissant  en  France  ou  dans  le  centre  de 
l'Europe.  —  Bull,  de  la  Soc.  botanique  de  France, 
XVI,  p.  38-57. 

1872  —   8.  Sur  une  florule  adventice  observée  dans  le  département 

de  Loir-et-Cher  en  1871-72.  —  Id.,  XIX,  p.  195-202. 

1873  —   9.  Etude  sur  les  Verbascum  de  la  France  et  de  l'Europe 

centrale.  —  Bull,  de  la  Soc.  archéologique  et  scien- 
tifique du  Vendômois.  Tiré  à  part. 


—  111  — 

1880     — 10.  Note  sur  quelques  plantes  de  France  rares  ou  peu 

connues.  —  Bull,  de  la  Soc.  botanique  de  France, 
XXVII,  p.  xviii-xxiv. 

1882      —11.  Description  de  quatre  hybrides  nouveaux  du  genre 

Centaurea.  —  Bull,  de  la  Soc.  philomatique  de  Paris, 
T  série,  vol.  VI,  p.  214-219. 

1884  — 12.  Observations  sur  quelques  plantes  de  France.  —  Bull. 

de  la  Soc.  botanique  de  France,  XXXI,  p.  346-352. 

1885  —13.  Flore    de    Loir-et-Cher.    —    Blois,    1    petit    in-8°, 

lviii-15-792  p. 

1890      — 14.  Le  Carex  evoluta  Hartm.  aux  environs  de  Paris.  — 

Journ.  de  Bot.,  V,  p.  i-4,  fîg. 

—  —17.  A  propos  du  Myosotis  bracteata  Rouy.  —  Bull,  de  la 

Soc.  bot.  de  France,  XXXVIII,  p.  327-332. 

1892      — 18.  A  propos  du  Maillea  Urvillei.  —  Bull,  de  la  Soc.  bot. 

de  France,  XXXIX,  p.  270-274. 

1894      —19.  Sur  le  Centaurea  Fraylensis  Sch.  Bip.  —  Journ.  de 

Bot.,  VIII,  p.  386-390. 

1897      —20.  Un  Botrychium  nouveau  pour  la  Flore  de  France.  — 

Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  XLIV,  p.  64. 

—  —  21.  A  propos  du  Botrychium simplex trouvé*  Malesherbes. 

Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  XLIV,  p.  319. 


Flore  d'Asie. 

1875-79 —  1.  Enumeratio  plantarum  in  Japonia  sponte  nascentium 

hucusque  rite  cognitarum.  —  Paris,  2  vol. 

1878  —  2.  Sur  une  nouvelle  espèce  de  Sheareria.  —  Journal  of 

Botany,  XVI,  p.  257,  pi.  198. 

1879  —  3.  Stirpes  novae  vel  rariores  Florœ  japonicsa.  — Bull,  de 

la  Soc.  botanique  de  France,  XXVI,  p.  81-89. 

\  881      —  4.  Sur  le  Clematis  Savatieri.  —  Bull,  de  la  Soc.  linnéenne 

de  Paris,  I,  p.  298. 

1882      —   5.  Les  plantes  du  R.  P.  d'Incarville  dans  l'herbier  du 

Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  —  Bull,  de  la 
Soc.  botanique  de  France,  XXIX,  p.  2-13. 


—  112  — 

1882     —  6.  Sur  quelques  Delphinium  de  la  Chine.  —  Bull,  de  la 

Soc.  linnèenne  de  Paris,  I,  p.  330. 

1883-84 —  7.  Plantse  Davidianse  ex  Sinarum  imperio,  lre  partie  : 

plantes  de  la  Mongolie,  du  nord  et  du  centre  de  la 
Chine.  —  Nouv.  Archives  du  Muséum,  2e  série,  V, 
p.  1-126,  pi.  7-16;  VI,  p.  153-272,  pi.  11-18;  VII, 
p.  55-200,  pi.  6-14.  Tir.  à  part,  1  in-4«>,  390  p.,  27  pi. 

1884  —  8.  Plantes  du  Turkestan,  mission  Capus.  —  Ann.  des  se. 

nat.,  6«  série,  vol.  XV,  p.  214-268,  pi.  10-13;  XVI, 
p.  280-336,  pi.  15-18;  XVIII,  p.  207-277,  pi.  15-18. 

—  —  9.  Catalogue  des  plantes   recueillies  aux  environs    de 

Tché-Fou,  par  A.  Fauvel,  et  déterminées  par  A.  Fran- 
chet.  —  Mém.  de  la  Soc.  des  se.  nat.  et  math,  de 
Cherbourg,  XXIV,  p.  193-276. 

—  — 10.  Cyrtandracées  nouvelles  de  la  Chine.  — Bull,  de  la 

Soc.  linnèenne  de  Paris,  I,  p.  449. 

—  — 11.  Plantes  nouvelles  de  la  Chine.  —  Bull,  de  la  Soc. 

linnèenne  de  Paris,  p.  433. 

—  — 12.  Description  de    quelques    espèces    de    Gèntiana   du 

Yunnan.  —  Bull,  de  la  Soc.  bot.9  XXXI,  p.  373-378. 

1885  — 13.  Plantes  du  Yunnan,  récoltées  par  M.  l'abbé  Delavay. 

—  Ibid.,  XXXII,  p.  3-11  et  26. 

—  —  14.  Les  Primula  du  Yunnan.  —  Ibid.,  XXXII,  p.  264-272. 

—  — 15.  Sur  l'origine  spontanée  du  Saxifraga  Fortunei  Hook. 

—  Ibid.,  XXXII,  p.  153. 

—  — 16.  Observations  sur  les  Syringa  du  nord  de  la  Chine.  — 

Bull,  de  la  Soc.  philomatique  de  Pans,  7°  série,  IX, 
p.  121-127. 

1885-88—  17.  Note  sur  la  végétation  de  l'île  dTeso  et  diagnoses  de 

plantes  nouvelles  du  Japon.  —  Bull,  de  la  Soc.  philo- 
matique  de  Paris,  7*  série,  X,  p.  8-11, 101-107,  139-147  ; 
XII,  p.  85. 

1886  — 18.  Observations  sur  deux  Primula  monocarpiques  de  la 

Chine  et  descriptions  d'espèces  nouvelles  de  la  Chine 
et  du  Thibet  oriental.  —  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de 
France,  XXXIII,  p.  61-69. 

1886      — 19.  Sur  la  présence  du  Cijpripedium  arietinum  R.  Br. 

dans  le  Yunnan.  —  Ibid.9  XXXIII,  p.  206. 


-  113  — 

1886  —20.  Rhododendron   du   Thibet  et  du  Yunnan.  —  Ibid., 

XXXIII,  p.  223-236. 

—  —  21.  Sur  deux  Oléacèes  du  Yunnan.  —  Bull,  de  la  Soc.  lin- 

nèenne  de  Paris,  I,  p.  612. 

1887  — 22.  Plantas  Yunnanenses  (Ranunculaceœ-Anacardiacese). 

—  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  XXXIII,  p.  358-467 

—  —  23.  Two    new    Primula.    —   The    Gardener   Chronicle. 

30  avril  1887,  p.  575. 

—  —  24.  Descriptions  de  quelques  espèces  ou  variétés  nouvelles 

de  Rhododendron  du  Yunnan.  —  Bull,  de  la  Soc. 
bot.  de  France,  XXXIV,  p.  280. 

—  —25.  Le  genre  Cyananthus.  —  Journ.  de   Botanique,  I, 

p.  241-246;  259-260;  279-282. 

1888  — 26.  Planta;  Davidianas  ex  Sinarum   imperio,    2°  partie  : 

Plantes  du  Thibet  oriental.  —  Nouv.  Archives  du 
Muséum,  2°  série,  VIII,  Tir.  à  part,  1  in-4°,  334  p., 
15  pi. 

—  —27.  Les  Mutisiacées  du  Yunnan. —  Journ.  de  bot.,  II, 

p.  65-71,  pi.  ii-iii. 

—  —  29.  Cyrtandracèes  nouvelles  de  la  Chine.  —  Bull,  de  la 

Soc.  linnèenne  de  Paris,  I,  p.  715. 

—  —  30.  Note  sur  les  Cypripedium  de  la  Chine  occidentale.  — 

Bull,  de  la  Soc.  philomatique  de  Paris,  série  VII, 
tome  XII,  p.  134. 

—  —  31.  Note  sur  les  Saussurea  du  Yunnan.  —  Journ.  de  Bot., 

II,  p.  309-312;  337-341;  353-359. 

—  —  32.  Monographie  du  genre  Paris.  —  Société  philomatique 

de  Paris,  volume  du  Centenaire,  in-4°,  1  pi. 

1889  — 33.  Nomocharis,  genre  nouveau  de  Liliacées-Tulipées. — 

Journ.  de  Bot.,  III,  p.  113-114,  pi.  m. 

—  — 34.  Revue  des  travaux  sur  la  Botanique  descriptive  et  la 

Géographie  botanique  des  plantes  de  l'Asie,  publiés 
en  1888.—  Revue  générale  de  Botanique,  I,  p.  443-452. 

—  —  35.  Observations  sur  les  deux  Primula  à  graine  anatrope. 

Journ.  de  Bot.,  III,  p.  49-52. 

—  —  36.  Un  nouveau  type  de  Musa  :  Musa  lasiocarpa.  —  Journ. 

de  Bot.,  III,  p.  329-331. 

S.H.N.  1900.  8 


—  114  — 

1889  —37.  Plantœ  Delavayanœ.  —  Fasc.   1  à  3  (Ranunculaeeœ- 

Saxifraga),  240  p.,  45  pi.,  grand  in-8°,  Paris. 

1890  — 38.  Diagnoses  d'espèces  nouvelles  du  genre  Chrysople- 

nium.  —  Bull,  de  la  Soc.  philomatique  de  Paris, 
8e  série,  t.  III,  p.  102-106. 

—  — 39.  Monographie  du  genre  Chrysosplenium.   —    Nouv. 

Arch.  du  Muséum,  3e  série,  II,  p.  87-114,  pi.  m-vi; 
III,  p.  1-32,  pi.  i-vii. 

—  —  40.  Sur  une  Ombellifère  à  pétales  laciniés.  —  Bull,  de  la 

Soc.  philomatique  de  Paris,  8°  série,  t.  III,  p.  198-199. 

—  —  41.  Sur  quelques  plantes  rares  ou  nouvelles  du  nord  de  la 

Chine.  —  Journ.  de  Bot.,  IV,  p.  301-307;  317-320. 

1891  — 42.  En  collaboration  avec  M.  Bureau  :  Plantes  nouvelles 

du  Thibet  et  de  la  Chine  occidentale  recueillies  pen- 
dant le  voyage  de  M.  Bonvalot  et  du  prince  Henri 
d'Orléans,  en  1890.  —  Journ.  de  Bot.,  V,  p.  17-25; 
45-51  ;  69-77  ;  93-99;  103-109;  128-130;  136-142;  149-161  ; 
pi.  i-ii. 

1891  — 43.  Sur  une  Boraginée  à  nucules  déhiscentes.  —  Bull,  de 

la  Soc.  linncenne  de  Paris,  II,  p.  929-930. 

—  — 44.  Diagnoses  d'espèces  nouvelles  provenant  d'une  collec- 

tion de  plantes  du  Thibet  chinois  envoyée  au  Muséum 
par  M.  l'abbé  Soulié.  —  Bull,  de  la  Soc.  philomati- 
que de  Paris,  8°  série,  III,  p.  140-150. 

1892  —45.  Note  sur  les  Kellogia  de  la  Chine  et  du  Thibet  dans 

l'Herbier  du  Muséum  de  Paris.  —  Journ.  de  Bot.,  VI, 
p.  10-12. 

—  — 46.  Un  Decaisnea  de  la  Chine  occidentale.  —  Journ.  de 

Bot.,  VI,  p.  233-235. 

—  — 47.  Observations  sur  le  groupe  des   Leontopodium .   — 

Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  XXXIX,  p.  126. 

—  — 48.  Les  Lis  de  la  Chine  et  du  Thibet  dans  l'Herbier  du 

Muséum  de  Paris.  —  Journ.  de  Bot.,  VI,  p.  305-321. 

—  — 49.  Les  genres  Ligularia,  Senecillis,  Cremanthodium  et 

leurs  espèces  dans  l'Asie  centrale  et  orientale.  — 
Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  XXXIX,  p.  279-307. 

1893  — 50.  Fargesia,  nouveau  genre  do  Bambusées  de  la  Chine. 

Bull,  de  la  Soc.  linnèenne  de  Paris,  p.  1066-1069. 


—  115  — 

1893  —  51.  Un  Gerbera  de  la  Chine  occidentale.  —  Journ.  de  Bot., 

VII,  p.  153-155. 

—  — 5?.  Les  Delphinium  de  la  Flore  de  Chine.  —  Bull,  de  la 

Soc.  philomatique  de  Paris,  8°  série,  V,  C.  R.,  p.  6. 

—  53.  Exposition  synoptique  et  description  des  Delphinium 
de  la  Flore  de  Chine.  —  Ibid.,  p  177-187. 

1894  — 54.  Les  Adonis  vivaces  et  leur  répartition  géographique. 

—  Bull,  de  la  Soc.  philomatique  de  Paris,  8e  série, 
VI,  p.  80-93. 

—  —  55.  Les  Cypripedium  de  l'Asie  centrale  et  de  l'Asie  orien- 

tale. —  Jou m.  de  Bot.,  VIII,  p.  225-233;  249-256; 
265-271. 

—  —  56.  Plantes  nouvelles  de  la  Chine  occidentale.  —  Journ. 

de  Bot.,  VIII,  p.  273-286;  290-297;  337-345;  353-365. 

—  — 57.  Note  sur  quelques  Ombellifères  du  Yunnan.  —  Bull. 

de  la  Soc.  philomatique  de  Paris,  8e  série,  VI,  p.  1-42. 

—  —  58.  Sur  quelques  plantes  de  la  Chine  occidentale.  —  Bull. 

du  Muséum,  I,  p.  62-65. 

—  — 59.  Sur  quelques  Rheum  nouveaux  du  Thibet  oriental  et 

du  Yunnan.  —  Bull,  du  Muséum,  I,  p.  211-213. 

1895  — 60.  Observations  sur  les  plantes  rapportées  du  Thibet  par 

la  mission  Dutreuil  de  Rhins.  —  Bull,  du  Muséum, 
I,  p.  191-192. 

—  — 61.  Enumération  et  diagnoses  de  Carex  nouveaux  pour  la 

Flore  de  l'Asie  orientale.  —  Bull,  de  la  Soc.  philo- 
matique de  Paris,  8e  série,  VII,  p.  27-53. 

—  —  62.  Plantes  nouvelles  de  la  Chine  occidentale.  —  Journ.  de 

Bot.,  IX,  p.  255-260;  291-296;  364-372;  389-400;  448-452. 

—  —  63.  Additions  aux  Carex  nouveaux  pour  la  Flore  de  l'Asie 

orientale.  —  Bull,  de  la  Soc.  philomatique  de  Paris, 
8°  série,  VII,  p.  84-92. 

1896  —  64.  Note  sur  quelques  Liliacées  de  la  Chine  occidentale.  — 

Bull,  de  la  Soc.  botanique  de  France,  XLIII,  p.  37-48. 

—  — 65.  Sur  les  Aletris  asiatiques.   —  Journ.   de  Bot.,  X, 

p.  178-180. 

-*•        — 66.  Notice  sur  les  travaux  du  R.  P.  Delavay.  —  Bull,  du 

Muséum,  II,  p.  148. 


-  116  — 

—  67.  Note  sur  quelques  collections  de  plantes  de   l'Aaif 

orientale  parvenues  récemment  au  Muséum.  — Bull 
du  Muséum,  II,  p.  277-280. 

—  68.  Plantarum  sinensium  ecloge  prima.  —  Journ.  de  Bot. 

X,  p,  260-269;  281-292;  301-319;  368-3S6;    409-423, 

XI,  p.  21-2*. 

—  69.  Gentiana  nouveaux  de  la  Chine  occidentale.  —  Bull. 

de  la  Soc.  bot.  de  France,  XLIII,  p.  483-495. 

—  70.  Note  sur  une  collection  faite  au  Pamir  par  M.    E.    de 

Poncina.  —  Bull,  du  Muséum,  II,  p.  342-347. 

—  71.  Deux  Dioscorea  nouveaux  de  la  Chine.  —  Revue  horti- 

cole. 

—  72.  Les  Rodgersia.  —  Revue  horticole,  p.  174. 

—  73.  Les  Saussujca  du  Japon.  —  Bull,  de  l'Herbier  Bois- 

sier,  V,  p.  543-547. 

—  74.  Isopyrum  et  Coptis,  leur  distribution  géographique. 

—  Journ.  de  Bot.,  XI,  p.  154-166;  187-195;  218-233. 

—  75.  Les  Parnassia  de  l'Asie  orientale.  —  Bull,  de  la  Soc. 

bot.  de  France,  XLIV,  p.  244-263. 

—  76.  Plantes  nouvelles  du  Thibet  provenant  de  la  mission 

scientifique  de  MM.  Dutreuil  de  Rhins,  et  Grénard. 

—  Bull,  du  Muséum,  III,  p.  340-345. 

—  77.  Soul ici,  nouveau  genre  de  Renonculacées-Helléboréea. 

—  Journ.  de  Bol.,  XII,  p.  68-70. 

—  78.  Un  nouveau  genre  de  Primulacées  de  la  tribu  des 

Ilottoniées.  —  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  XLV, 
p.  177-180. 

—  79.  Les  Carex  de  l'Asie  orientale.  —  Nouv.  Archives  du 

Muséum,   3-  série,  VIII,  p.   179-256.  pi.  Il-Xlli;  IX, 
p.  113-200,  pi.  Il-vii;  X,  p.  89-120,  pi.  l-VHl. 

—  80.  Plantarum  sinensium  ecloge  secunda.  —  Journ.  de 

Dot.,  XII,  p.  190-196;  220-230;  253-264;  301-320. 

—  81.  A  propos  du  Ribes  Bnvidi.  —  Bull,  de  la  Soc.  linné- 

en  ne  de  Parie,  nouvelle  série,  p.  87. 

—  82.  Sur  la  distribution  géographique  des  Chênes  de  l'Asie 

orientale.  —  Du»,  du  .UtMf'um,  V,  p.  93-96. 


-  117  - 

1399      —83.  Les  Cyrtandracées  nouvelles  de  l'Asie  orientale  dans 

l'Herbier  du  Muséum  de  Paris.  —  Bull,  du  Muséum, 
V,  p.  249-252. 

—  — 84.  Sur  une  collection  de  plantes  réunies  dans  le  Fokien 

par  M.  et  Mmo  de  la  Touche.  —  Bull,  de  la  Soc.  bot. 
de  France,  XLVI,  p.  204-214,  pi.  vu. 

—  —  85.  Plantarum  sinensium  ecloge  tertia.  —  Journ.  de  Bot., 

XIII,  p.  146-160;  193-208;  253-260. 

—  —86.  Les  Swertia  et  quelques  au  très  Gentianées  de  la  Chine. 

—  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  XLVI,  p.  302-324. 

—  —  87.  Sur  les  caractères  de  la  distribution  géographique  des 

Cyrtandracées  de  la  Chine  et  description  de  quelques 
espèces  nouvelles.  —  Bull,  de  la  Soc.  linnèenne  de 
Paris,  nouvelle  série,  p.  121. 

1900      — 88.  Les  Scrofularinées  de  la  Chine.  —  Bull,  de  la  Soc. 

bot.  de  France,  XLVII,  p.  10-37. 

—  —  89.  Mutisiaceae  Japonicœ  a  Dom.  Faurie  collectée.  —  Mèm. 

de  l'Herbier  Boissier,  I,  pi.  i. 


Autres  publications. 

1882  —   1.  Sertulum  somalense.  —  Paris,  in-8°,  70  p.,  6  pi. 

1883  —  2.  Sur  Linné  considéré  comme  transformiste.  —Bull,  de 

la  Soc.  philomatique  de  Paris,  série VII,  t.  VII,  p.  462. 

1884  —   3.  Sur  un  Isoetes  de  l'Amérique  du  Sud.  —  Bull,  de  la 

Soc.  bot.  de  France,  XXXI,  p.  395-396. 

1886  —   4.  Sur  les  espèces  du  genre  Epimedium.  —  Bull,  de  la 

Soc.  bot.  de  France,  XXXIII,  p.  1-17. 

1887  —  5.  Plantes  du  voyage  au  Golfe  de  Tadjourah,  recueillies 

par  M.  Faurot.  —  Journ.  de  Bot.,  I,  p.  117-123; 
134-136. 

—  —  6.  Sur  les  Cleome  à  pétales  appendiculés.  —  Journ.  de 

Bot.,  I,  p.  17-18;  37-41. 

—  —  7.  Gênera  nova  GraminearumAfricœtropicœoocidentalis. 

—  Bull,  de  la  Soc.  linnèenne  de  Paris,  I,  673-677. 


-  118  - 

1887      —  8.  Notes  de  Bibliographie  botanique.  — Journ.  de  Dot., 

I,  p.  171-174. 

—  —   9.  Lcfrovia,  genre  nouveau  de  Mutisiacées.  —  Journ.  de 

Bot,  II,  p.  377-378. 

—  — 10.  Mission  du  Cap  Horn;  Phanérogamie.  —  TomeV  delà 

Collection,  in-4°,  86  p.,  12  pi. 

1889  — 11.  Observations  sur  la  plante  produisant  les  Crosnes.  — 

Le  Jardin,  20  mars  1889,  p.  71. 

—  — 12.  Observations  sur  le  genre  Guaduella  Fr.  —  Journ.  de 

Bot.,  III,  p.  305-306. 

—  — 13.  Note  sur  deux  nouveaux  genres  de  Bambusées.    — 

Journ.  de  Bot.f  III,  p.  277-284. 

—  —  14.  Note  sur  le  Ranunculus  chœrophyllos  L.  —  Journ.  de 

Bot.,  III,  p.  11-12. 

1890  — 15.  Les  Bambusées  à  étamines  monadelphes.   —  Revue 

gèn.  de  botanique,  II,  p.  465-470,  pi.  xxv. 

1891  —  16.  Notice  biographique  sur  J.-C.  Maximovicz.  —  Journ. 

de  Bot.,  V,  p.  79-81. 

—  — 17.  Les  Lilas,  leurs  espèces,  leur  origine.  — Revue  horti- 

cole, p.  308. 

1893      —  18.  Sur  quelques  nouveaux  Strophantlius  de  l'Herbier  du 

Muséum  de  Paris.  — Journ.  de  Bot.,  VII,  p.  297-303  ; 
318-325. 

—  —  19.  Études  sur  les  Strophantlius  de  l'Herbier  du  Muséum 

de  Paris.  —  Nouv.  Arch.  du  Muséum,  4e  série,  V, 
p.  221-294,  pi.  vn-xvii. 

—  —  20.  Note  sur  le  fruit  du  Strophantlius  glaber  et  sur  quel- 

ques Strophanthus  de  l'Afrique  tropicale.  —  Journ. 
de  Bot.t  VIII,  p.  201-204. 

—  —21.  Contributions  à  la  Flore  du  Congo  français  :  Famille 

des  Graminées.  —  Bull,  de  la  Soc.  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  VIIIe  vol.,  p.  310-391;  pi.  vm-ix. 

1896      — 22.  Cnrricrea  calycina  Franch.  —  Revue  hort.,  p.  497,  1  pi. 

1898      —  23.  Sur  l'arête  des  Strophantus.  —  Bull,  de  la  Soc.  linnè- 

enne  de  Paris,  2°  série,  p.  1. 


—  119  — 


RESUME 

Flore  de  France  et  d'Europe 21  mémoires. 

Flore  d'Asie 89         — 

Sujets  divers 23         — 

Total 133  mémoires. 

Dans  ces  133  mémoires,  28  genres  nouveaux  et  environ  2,000 
espèces  nouvelles  ont  été  décrits  par  A.  Franchet.  Les  types  en 
sont  conservés  dans  l'Herbier  du  Muséum  de  Paris. 


DONS  ET  ENVOIS 

Depuis  sa  dernière  réunion,  la  Société  a  reçu,  en  dehors 
des  publications  des  Sociétés  avec  lesquelles  elle  est  en 
relation  d'échange  : 

De  M.  P.  de  Champeaux,  quelques  fragments  de  fluorine 
de  Voltennes,  contenant  des  mouches  de  galène  et  de 
dioptasc. 

De  M.  Hippolyte  Marlot,  un  échantillon  du  minerai  de 
plomb  argentifère  qu'il  vient  de  découvrir  à  Saint-André- 
en-Terre-Plaine,  et  dont  la  richesse  doit  permettre  une 
prochaine  exploitation. 

De  M.  Chaumonot,  un  lot  de  silex  taillés  provenant  des 
environs  de  la  Truchère  et  de  Montcenis.  (Nous  reviendrons 
sur  ce  don  dans  une  séance  ultérieure.) 

De  M.  Roche,  quatorze  minéraux  rares  et  de  choix  (dont 
un  fer  météorique)  de  provenances  diverses  et  quatre-vingt- 
sept  échantillons  remarquables  de  fossiles  et  de  moulages 
dont  il  indique  l'origine  (Allemagne,  Amérique,  Angle- 
terre, etc.),  en  donnant  sur  les  principaux  d'intéressants 
renseignements. 


-  120  — 

De  M.  le  Dr  Gillot,  un  herbier  cryptogamique,  dont  les 
nombreux  paquets  sont  exposés  dans  la  salle,  et  sur  le  con- 
tenu desquels  le  donateur  fournit  des  détails  dont  voici  le 
résumé  : 

Herbier  mycologique  du  docteur  Gillot. 

Dans  la  séance  du  24  septembre  1899,  notre  excellent 
président,  M.  B.  Renault,  rendant  compte,  dans  des  termes 
amicalement  élogieux  du  don  fait  à  la  Société  par  M.  le 
docteur  Gillot  de  son  important  herbier  phanérogamique, 
enregistrait  la  promesse  faite  par  notre  vice-président  d'y 
joindre  un  herbier  cryptogamique  d'égale  valeur.  Cette 
promesse  reçoit  aujourd'hui  un  commencement  d'exécution 
par  le  don  fait  par  M.  le  Dr  Gillot  de  collections  mycolo- 
giques  composées  principalement  des  exsiccata  publiés  par 
C.  Roumeguère,  sous  le  nom  de  Fungi  gallici  exsiccati. 

Cet  herbier  de  Champignons  supérieurs,  et  surtout  infé- 
rieurs (Micromycètes),  a  été  publié  par  centuries  à  partir  de 
1879,  et  a  été  continué  après  la  mort  de  C.  Roumeguère, 
de  Toulouse,  par  R.  Ferry,  son  gendre,  mycologiste  égale- 
ment distingué  et  qui  lui  a  succédé  comme  directeur  do  la 
Revue  mycologique,  La  collection  donnée  par  M.  le  Dr  Gillot 
comprend  soixante-deux  centuries,  par  conséquent  plus  de 
six  mille  numéros,  que  notre  collègue  a  acquis  par  voie  de 
collaboration,  d'échange  ou  de  souscription.  Elle  renferme 
un  grand  nombre  d'espèces  rares  ou  nouvelles  dont  les 
descriptions  ont  été  données  dans  la  Revue  mycologique.  La 
plupart  des  mycologistes  contemporains  français  ou  étran- 
gers y  ont  collaboré  et  nous  pouvons  citer  les  noms  de 
Archangeli,  Boudier,  Bresadola,  Briard,  P.  Brunaud,  Cavara, 
Debeaux,  Fautrey,  R.  Ferry,  Feuilleaubois,  Gillot,  Lam- 
botte,  Le  Breton,  Letendre,  Mori,  Oudemans,  Patouillard, 
Plowright,  Rolland,  Roze,  Saccardo,  J.  Therry,  Veuil- 
liot,  etc.,  sans  compter  les  espèces  provenant  des  herbiers 


—  121  — 

de  Mougcot,  Libert  et  même  de  notre  compatriote  autu- 
nois  Grognot,  dont  C.  Roumeguère  avait,  comme  on  sait, 
acheté  l'herbier. 

L'herbier  mycologique  donné  par  M.  le  Dr  Gillot  et  dont 
la  valeur,  par  souscription,  atteint  presque  le  chiffre  de 
mille  francs,  vient  d'être  classé  par  M.  R.  Bigeard,  et  réuni 
aux  collections  déjà  existantes  du  Dr  Carion,  de  Grognot, 
du  capitaine  Lucand  et  de  M.  Bigeard,  lui-même.  La 
Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  va  donc  se  trouver,  de 
ce  fait,  en  possession  d'un  herbier  de  près  de  dix  mille 
espèces  de  Champignons  bien  déterminés,  qui  constituera 
certainement  une  des  collections  les  plus  riches  de  province, 
et  qui  sera  des  plus  utiles  à  consulter  pour  les  cryptoga- 
mistes  s'occupant  des  Champignons  inférieurs  si  multipliés, 
et  souvent  si  difficiles  à  reconnaître. 

Ajoutons  que  M.  Gillot  a  tenu  à  prendre  à  sa  charge  les 
frais  de  classement  et  d'installation  de  ces  collections. 

M.  le  président,  en  remerciant  les  donateurs  au  nom  de 
la  Société,  signale  l'importance  des  deux  derniers  dons 
dans  les  termes  suivants  : 

«  Vous  ne  l'avez  pas  oublié,  Messieurs,  au  mois  de  sep- 
tembre dernier,  le  docteur  Gillot,  notre  éminent  collègue, 
donnait  à  l'herbier  de  la  Société  cinquante  mille  exem- 
plaires largement  échantillonnés,  représentant  onze  à  douze 
mille  espèces  de  plantes  phanérogames  *,  nombre  qui  sera 
encore  augmenté  dans  de  très  larges  proportions.  Les 
membres  de  la  Société  ont  accueilli  avec  le  plus  vif  intérêt 
et  la  plus  grande  reconnaissance,  cette  donation,  extrême- 
ment précieuse,  fruit  de  longues  années  de  travail  et  de 
connaissances  botaniques.  Notre  dévoué  confrère  nous  avait 
fait  espérer  qu'elle  serait  suivie  d'une  autre  aussi  considé- 
rable, celle  de  son  herbier  cryptogamique.  Il  n'a  pas  lassé 
notre  attente,  car  aujourd'hui  il  vient  de  vous  annoncer 

1.  Le  détail  se  trouye  dans  le  compte  rendu  des  séances  de  1899,  p.  263 


-   122  - 

qu'une  partie  de  sa  collection  entre  définitivement  dans 
l'herbier  de  la  Société.  Cette  partie  est  très  importante, 
puisqu'elle  comprend  plus  de  six  mille  échantillons,  déter- 
minés et  classés  ;  beaucoup  sont  d'une  grande  rareté.  Us 
sont  réunis  dans  les  nombreux  cartons  que  vous  avez  là 
sous  les  yeux.  Je  n'insisterai  pas  pour  faire  ressortir  la 
valeur  scientifique  d'un  tel  cadeau,  qui  sera  si  utile  aux 
nombreux  amateurs  et  aux  fervents  des  plantes  cryptogames  ; 
la  compétence  du  docteur  Gillot  en  cette  matière  est  un  sûr 
garant  des  services  qu'il  est  appelé  à  rendre. 

»  Mais  ce  sur  quoi  je  désire  appeler  plus  particulièrement 
votre  attention,  c'est  sur  le  dévouement  infatigable,  le  désin- 
téressement absolu,  dont  notre  savant  collègue  donne  chaque 
jour  l'exemple  le  plus  admirable.  Si  notre  Société  est  pros- 
père, c'est  en  grande  partie  aux  idées  larges  et  généreuses 
qu'il  possède  et  qu'il  sait  propager,  aux  impulsions  inces- 
santes qu'il  donne  dans  toutes  les  branches  de  la  science  aux 
travailleurs  qui  ont  la  bonne  fortune  de  le  rencontrer.  Aussi, 
Messieurs,  je  ne  crains  pas  de  me  tromper  en  disant  que 
vous  serez  tous  unanimes  pour  présenter  à  M.  Gillot  l'ex- 
pression des  sentiments  de  reconnaissance  de  la  Société. 
(Longs  applaudissements.) 

»  Il  y  a  une  année  à  peine 1 ,  la  Société  adressait  à  M .  Roche 
ses  plus  vifs  remerciements  pour  le  don  gracieux  d'une 
partie  de  ses  collections ,  composée  de  magnifiques 
spécimens  de  Bilobites  et  de  Trilobites,  etc.,  recueillis 
dans  des  couches  sédimentaires  beaucoup  plus  anciennes 
que  celles  de  notre  région,  car  on  ne  rencontre  les  assises 
dévoniennes  et  siluriennes  que  par  lambeaux,  sans  fossiles, 
sur  les  bords  extrêmes  de  notre  bassin. 

»  A  ces  précieux  échantillons  étaient  joints  des  ossements 
d'oiseaux  fossiles,  accompagnés  de  plumes,  circonstance 
bien  rare,  provenant  de  Céreste  et  du  Bois  d'Asson,  en 

1.  Séance  du  <J  avril  1899. 


—  123  — 

outre,  cent  soixante-quinze  Insectes  conservés  dans  des  mor- 
ceaux d'ambre  de  Samland. 

»  Continuant  de  nous  combler  de  ses  largesses,  M.  Roche 
offre  aujourd'hui  la  magnifique  collection  d'empreintes  et 
de  moulages  dont  il  nous  a  entretenus,  et  que  nos  tables 
sont  impuissantes  à  contenir  :  de  superbes  minéraux  vien- 
nent en  augmenter  le  prix.  Ce  lot  important  achèvera  de 
remplir  la  salle,  déjà  trop  étroite,  destinée  à  conserver 
toutes  ces  richesses,  plus  de  quatre  mille  échantillons 
choisis.  Cette  salle  portera,  comme  vous  le  savez,  le  nom  de 
notre  digne  vice-président  qui  a  pris  la  tâche  ardue  de  tout 
étiqueter  et  de  tout  mettre  en  ordre,  facilitant,  dans  une 
large  mesure,  le  travail  de  nos  jeunes  naturalistes.  J'espère, 
Messieurs,  que  vous  voudrez  bien  vous  joindre  à  moi  pour 
remercier  chaleureusement  notre  si  dévoué  et  si  savant 
collègue.  (Vifs  applaudissements.) 

»  Bientôt,  grâce  aux  libéralités  extraordinaires  de  MM.  Gil- 
lot,  Roche,  de  Chaignon,  nos  collections  se  seront  augmen- 
tées, en  peu  de  temps,  de  près  de  quatre-vingt  mille  échan- 
tillons; des  salles  nouvelles  ont  été  ou  seront  remplies 
d'objets  intéressants,  et  peut-être  une  inauguration  s'impo- 
sera-t-elle,  pour  bien  attirer  l'attention,  sur  l'étendue  des 
efforts,  la  somme  de  travail  accomplie  par  un  certain 
nombre  de  membres  de  votre  Bureau.  » 

En  terminant,  M.  B.  Renault  offre  à  la  Société  deux 
notes  dont  il  est  l'auteur  :  1°  Sur  les  Marais  tourbeux  aux 
époques  primaires  *  ;  2*  Sur  quelques  nouvelles  Bactériacées  de 
la  Houille.  2 

Parmi  les  ouvrages  reçus  depuis  la  dernière  réunion, 
M.  Roche  signale  l'importance  d'un  travail  de  notre  savant 
président  sur  les  Microorganismes  des  combustibles  fossiles, 
publié  par  la   Société    de    l'Industrie    minérale   (3e  série, 


i.  Extrait  du  Bulletin  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  1900,  n»  1,  p.  44 
2.  Séance  de  l'Académie  des  sciences,  12  mars  1900. 


—  124  - 

tome  XIII6,  1899).  Dans  ce  volume,  accompagné  de  seize 
planches  in-folio,  M.  B.  Renault  a  réuni  toutes  les  notes 
qu'il  avait  fait  paraître  sur  ce  sujet  dans  les  bulletins  et 
revues  scientifiques,  en  y  ajoutant  des  aperçus  nouveaux 
sur  cette  intéressante  question.  Les  nombreuses  figures 
qui  illustrent  cet  ouvrage  sont  la  reproduction  photogra- 
phique, par  conséquent  fidèle,  des  préparations  faites  par 
l'auteur  lui-même,  et  sur  lesquelles,  il  s'appuie  pour  établir 
et  développer  sa  théorie. 


CORRESPONDANCE 

La  Société  des  sciences  et  arts  du  Beaujolais  et  l'Institut 
géologique  du  Mexique  sollicitent  l'échange  de  nos  publi- 
cations avec  les  leurs.  Accepté  à  l'unanimité. 

Sur  leur  demande,  M.  B.  Renault,  M.  le  docteur  Gillot  et 
M.  le  docteur  Diard  sont  délégués  par  la  Société  pour  la 
représenter  au  prochain  Congrès  des  sociétés  savantes. 

D'autres  congrès  internationaux  seront  également  tenus 
à  Paris,  cette  année,  à  propos  de  l'Exposition  universelle 
de  1900  (Congrès  de  botanique,  Congrès  de  géologie,  Con- 
grès de  l'alpinisme).  Les  programmes  sont  mis  à  la  dispo- 
sition des  intéressés. 

Le  ministère  de  l'instruction  publique  ayant  avisé  la 
Société  que  comme  exposant  elle  a  droit  à  une  carte 
d'entrée  permanente  et  gratuite  pour  l'un  de  ses  membres, 
M.  B.  Renault  est  désigné  par  acclamation  pour  bénéficier 
de  cette  faveur  et  représenter  la  Société  à  l'Exposition  uni- 
verselle. 

M.  le  président  développe  ensuite  avec  la  clarté  et  la 
précision  qui  lui  sont  familières,  ses  Considérations  nou- 
velles sur  les  Tourbes  eu  les  Houilles,  au  point  de  vue  biolo- 
gique. Cette  causerie  scientifique  est  accompagnée  de  pro- 
jections lumineuses  faites  avec  de  remarquables  prépara- 


—  125  — 

tions  qu'il  a  exécutées  lui-même  et  que  le  R.  F.  Hospice 
met  en  relief  avec  l'habileté  dont  il  est  coutumier. 

La  haute  valeur  de  cette  communication  en  fait  décider 
l'insertion  immédiate  au  Bulletin  actuellement  à  l'impres- 
sion. * 

La  Société  remercie  chaleureusement  M.  B.  Renault,  de 
vouloir  bien  lui  réserver  la  primeur  de  ses  découvertes 
scientifiques,  et  le  R.  F.  Hospice,  de  son  infatigable  et 
précieux  concours. 


-*- 


SÉANCE  DU  8  JUILLET  1900 


PÉSIDENCK     DE    M.    A.    ROCHE 


Etaient  présents  :  MM.  l'abbé  Bonnin,  A.  Bouvet,  Vte  H.  de 
Chaignon,  Chevallier-Dechaume,  Devillebichot,  le  Dr  Diard 
(du  Creusot),  L.  Dubois,  Gérardin,  le  Dr  Gillot,  abbé  Gloria, 
J.  Humbert,  Ch.  Marchai  (du  Creusot),  Marchand  (du  Creusot), 
E.  Pernot,  Pidault,  A.  Roche,  le  Dr  Valat. 

M.  le  président  rappelle  que  dans  l'espace  d'une  année 
la  Société  a  perdu  successivement  deux  présidents  d'hon- 
neur, M.  le  Dr  F.  B.  de  Montessus,  notre  grand  bienfaiteur, 
et  M.  Alphonse  Milne-Edwards,  directeur  du  Muséum,  à  la 
mémoire  desquels  hommage  a  été  rendu  en  temps  et  en 
termes  convenables.  Il  propose  d'attribuer  la  présidence 
d'honneur  de  la  Société  à  M.  Albert  Gaudry,  de  l'Institut, 
professeur  de  paléontologie  au  Muséum  de  Paris,  qui,  dès 

1.  Page  303  du  XIII*  Bulletin. 


—  126  — 

la  première  heure,  a  soutenu  de  ses  encouragements  et  de 
sa  collaboration  notre  Société  naissante,  et  n'a  cessé  depuis 
de  lui  prodiguer  ses  témoignages  d'intérêt  et  de  lui  prêter 
l'appui  de  son  haut  patronage.  La  proposition  est  adoptée 
par  acclamation  et  à  l'unanimité  ;  il  est  décidé  qu'à  l'issue  de 
la  séance  un  télégramme  sera  adressé  à  M.  A.  Gaudry. 1 

Sont  ensuite  présentées  et  votées  à  l'unanimité  les  admis- 
sions : 

Comme  membre  d'honneur,  de  M.  Pilhol  Henri,  profes- 
seur d'anatomie  comparée  au  Muséum,  membre  de  l'Ins- 
titut, de  l'Académie  de  médecine,  officier  de  la  Légion 
d'honneur,  etc. 

Comme  membres  titulaires,  de  : 

MM.  Chevalier,  directeur  de  la  grande  tuilerie  de  Saint- 
Symphorien,  présenté  par  MM.  Roche  et  V.  Berthier.  — 
Creusevault,  relieur  à  Autun,  par  les  mômes.  —  Gillot, 
lieutenant-colonel  d'artillerie,  directeur  des  Forges,  5,  rue 
Sainte-Beuve,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Camusat  et 
Dr  Gillot.  —  Louvernier,  professeur  à  l'École  primaire 
supérieure  de  Cluny,  par  MM.  C.  Basset  et  Dr  Gillot.  — 
J.  Paillard,  négociant  à  Autun,  par  MM.  Joseph  Chevallier 
et  Viard.  —  Roidot-Errard,  architecte  à  Autun,  par  MM.  le 
Dr  Gillot  et  V.  Berthier.  —  Sirdey,  chef  de  gare  en  retraite 
à  Autun,  par  MM.  Joseph  Chevallier  et  Viard. 

M.  le  président  annonce  qu'à  la  séance  générale  de  clô- 
ture du  Congrès  des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne,  le 
9  juin  1900,  deux  de  nos  vice-présidents  ont  été  nommés, 


1.  A  l'issue  de  la  séance,  une  dépêche  fut  en  effet  adressée  à  M.  Albert 
Gaudry  : 

«  La  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  acclame  M.  le  professeur  Gaudry, 
président  d'honneur.  Respectueux  compliments.  » 

M.  A.  Gaudry  s'empressa  d'y  répondre  par  le  télégramme  suivant  : 
«  Touché  de  grande  faveur  de  présider  la  Société    d'Autun    qui   fait  tant 
honneur  à  la  science  française.  Chaleureux  remerciements. 

»  Albert  Gaodry.  » 


—  127  — 

M.  le  Dr  X.Gillot,  officier  de  l'Instruction  publique,  et  M.  L. 
Fauconnet,  officier  d'Académie. 

MM.  B.  Renault  et  le  Dr  Gillot  qui  représentaient  la 
Société  à  ce  Congrès  ont  lu,  à  la  séance  du  7  juin,  les 
deux  mémoires  suivants,  le  premier  à  la  section  de  géo- 
logie, le  second  à  la  section  de  botanique  : 


Sur  la  diversité  du  travail  des  Bactériacées 

fossiles. 

Noie  de  M.  B.  Rbn.mjlt,  Correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction  publique. 
Président  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun, 
présentée  au  Congrès  des  Sociétés  savantes,  1900. 

La  plupart  des  formes  de  Bactériacées  vivantes  «  Micro- 
coques, Bacilles,  Streptocoques,  etc.  »  ont  été  retrouvées 
à  l'état  fossile,  réparties  dans  les  différentes  assises  sédi- 
mentaires,  au  sein  des  tissus  animaux  et  végétaux  protégés 
contre  une  destruction  complète  par  certains  modes  de 
fossilisation. 

Il  était  d'un  grand  intérêt  scientifique  de  rechercher  s'il 
y  avait  eu  dans  le  cours  des  âges  une  spécialisation  ana- 
logue à  celle  que  Ton  remarque  chez  les  Bactériacées 
actuelles. 

Les  restes  des  animaux  ne  sont  guère  représentés  que 
par  des  têts,  des  coquilles,  des  ossements,  des  écailles,  des 
dents,  etc.,  toute  la  partie  charnue  a  disparu. 

L'examen  de  quelques-uns  de  ces  débris,  lorsqu'ils  ont 
été  pétrifiés  par  la  silice,  le  phosphate,  le  carbonate  de 
chaux,  ou  simplement  lorsqu'ils  sont  inclus  dans  des  copro- 
lithes  en  bon  état,  a  révélé  la  présence  de  nombreuses  Bac- 
tériacées. 

1°  A  l'intérieur  des  os  et  des  écailles,  par  exemple,  con- 
servés dans  les  coprolithes  d'âges  très  divers,  nous  avons 
reconnu   des   Microcoques   venant    se  grouper  autour  du 


-  128  — 

Micrococcus  lepidophagus  et  de  ses  variétés,  des  Bacilles 
tels  que  Bacillas  lepidophagus,  B.  arcuatus]  longs  de  2  à  3  ja 
seulement.  Ces  diverses  Bactériacées,  toutes  contenues  au 
sein  même  des  cellules  de  l'ivoire  ou  des  os,  rappellent  par 
leur  forme  et  leurs  dimensions,  celles  qui  actuellement 
déterminent  la  carie  des  os  et  des  dents;  elles  sont  en  place, 
car  aucune  fissure  visible  n'a  pu  être  constatée. 

La  matière  qui  entoure  les  fragments  d'os  et  d'écaillés 
montre  de  nombreuses  formes  coccoïdes,  dont  on  ne  peut 
tenir  compte  à  cause  de  la  difficulté  de  distinguer  les 
Microcoques  vrais  de  formes  analogues  mais  d'origine 
minérale. 

Les  Bacilles  y  sont  nombreux,  ce  sont  les  Bacillus  per- 
miensis,  B.  granosus,  B.  lallyensis,  B.  flaccidus,  etc.  ;  ils 
mesurent  8  à  15  y.  de  longueur,  dépassent  de  beaucoup 
par  conséquent  la  taille  des  Bacilles  des  dents  et  des 
écailles. 

2°  Les  Bactériacées  des  Algues,  des  Bogheads  sont 
représentées  par  plusieurs  variétés  de  Micrococcus  petrolei, 
dont  les  diamètres  varient  do  0,4  à  0,9  {jl.  Ces  Microorga- 
nismes sont  tenus  en  suspension  dans  la  gélose  solidifiée, 
provenant  de  la  transformation  de  la  cellulose  en  Boghead  ; 
cette  position  exclut  la  possibilité  d'un  transport  accidentel, 
après  coup,  venant  de  l'extérieur. 

3°  Le  Micrococcus  Carbo  est  la  Bactériacée  la  plus  répandue 
dans  la  houille,  elle  mesure  0,5  \l\  quand  on  l'observe 
dans  un  bois  houillifié,  on  voit  qu'elle  occupe  les  paroi» 
communes  des  cellules  ou  qu'elle  est  disséminée  dans  la 
houille  qui  les  remplit  et  qui  provient  des  épaississements; 
les  cellules  houillifiées  sont  toujours  écrasées  et  ne  présen- 
tent jamais  de  cavité  ;  elles  ne  sont  visibles  qu'à  cause  de 
la  différence  de  teinte  de  la  houille,  des  épaississements  et 
de  celle  qui  provient  des  membranes  moyennes. 

4°  Les  Bacillus  ozodeus,  B.  gramma,  B.  gomphosoideus 
n'ont  été  rencontrés  jusqu'ici  que  dans  les  sporanges  de 


—  129  — 

Fougères,  à  la  surface  de  Tépiderme  interne  de  ces  organes 
et  sur  les  cuticules  des  spores. 

5°  Le  Micrococcus  Guignardi  se  trouve  dans  les  épaissis- 
sements  des  parois  des  cellules  ou  vaisseaux  ligneux,  le 
Micrococcus  hymenophagus,  au  contraire,  se  voit  sur  les 
membranes  communes  ;  le  premier  mesure  2  à  3  jjl,  le 
second  0,5  jjl  seulement. 

Tous  ces  exemples,  que  l'on  pourrait  d'ailleurs  multiplier, 
montrent  que  les  Bactériacées  fossiles  avaient,  comme  de 
nos  jours,  des  fonctions  distinctes  à  accomplir,  et  que  dans 
une  certaine  mesure  on  peut  les  différencier  par  le  genre 
de  travail  qu'elles  ont  effectué  et  les  résidus  qu'elles  ont 
laissés. 


Les  Hybrides  et  les  Métis  de  la  flore  française, 

Par  M.  le  Dp  X.  Gillot. 

(Note  présentée  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne, 

le  ?  juin  1900.) 

La  notion  d'hybridité,  à  peine  acceptée  en  botanique,  il 
y  a  un  demi-siècle,  s'est  singulièrement  accréditée,  surtout 
après  les  travaux  d'expérimentation  de  Qodron,  Gb.  Nau- 
din,  Bornet,  etc.,  tout  en  restant  pendant  longtemps  encore 
confinée  plus  particulièrement  dans  le  domaine  de  l'horti- 
culture, les  hybrides  spontanés  étant  considérés  comme 
tout  à  fait  exceptionnels.  La  connaissance  plus  parfaite  de 
la  flore  indigène,  et  les  observations  ou  expérimentations 
instituées  de  toute  part,  ont  modifié  cette  opinion,  et,  par 
un  excès  en  sens  contraire,  les  Aoristes  actuels  seraient 
tentés  d'expliquer,  dans  bon  nombre  de  cas,  par  une  hybri- 
dité  hypothétique,  certaines  difficultés  de  la  taxinomie.  Il 
suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  parcourir  certains  livres  de 
date  récente  (W.-O.-Focke,  Die  Planzen-Mischlinge,  Berlin, 
1881.  —  Nœgeli  et  Peter,  Die  Hieracien  Mittel-Europas. 
Monographisclie  Bearbeitung  des  Piloselloïden,  MUnchen,  1805), 

S.H.N.  1900.  9 


—  130  — 

et  surtout  la  statistique  si  complète  des  hybrides  de  la 
flore  française  présentée  au  Congrès  des  Sociétés  savantes 
de  1898,  par  M.  Camus  (E.  G.  Camus,  Statistique  des  plantes 
hybrides  signalées  dans  l'étendue  de  la  flore  française.  Comptes 
rendus  du  Congrès  des  Sociétés  savantes,  1898,  p.  197),  et 
développée  par  lui  dans  le  Journal  de  botanique  dirigé  par 
L.  Morot  (1898-1900,  en  cours  de  publication).  La  décou- 
verte et  l'étude  de  quelques  hybrides  de  la  flore  française 
m'ont  suggéré,  au  point  de  vue  phytographique,  quelques 
réflexions  intéressantes,  que  je  résumerai  brièvement. 

En  parcourant  les  listes  dressées  avec  tant  de  soin  par 
M.  E.-G.  Camus,  on  est  frappé,  de  prime  abord,  de  l'iné- 
gale répartition  des  hybrides  suivant  les  familles,  dont  une 
grande  partie  n'en  ont  encore  offert  aucun  exemple,  et 
suivant  les  genres,  dont  quelques-uns  paraissent  tout  par- 
ticulièrement affectés  d'hybridomanic,  Viola,  Cistus,  Rubus, 
Rosa,  Epilobium,  Centaurea,  Hieracium,  Verbascum,  Saliœ, 
Orchis,  etc.  Tous  ces  genres  sont  riches  en  espèces  très 
florifères,  ornées  de  corolles  de  grandes  dimensions,  pour- 
vues de  nectaires  ou  accompagnées  de  nombreuses  étamines, 
ou  à  chatons  saillants  et  préfoliaires,  merveilleusement 
adaptées,  par  conséquent,  à  la  fécondation  croisée  par  les 
insectes.  Ceux-ci  sont  donc  les  principaux  facteurs  de  la 
fertilité  de  ces  espèces,  pour  la  plupart  ubiquistes  et  très 
répandues,  aux  formes  nombreuses,  et  conséquemment  des 
croisements  fréquents  entre  ces  espèces  ou  leurs  formes, 
croisements  qui  semblent  même  destinés  à  favoriser  la 
multiplication  de  l'espèce  chez  beaucoup  de  plantes  her- 
maphrodites, et  la  fertilité  plus  grande  par  la  fécondation 
dichogamique  que  par  l'autofécondation. 

Il  est  à  remarquer,  en  outre,  que  la  plupart  de  ces  genres, 
à  espèces  prépondérantes  dans  notre  flore  indigène,  offrent 
des  particularités  biologiques  bien  propres  à  assurer  leur 
multiplication,  aussi  bien  dans  les  types  spécifiques  que 
dans  leurs  produits  de  croisement.  Les  Viola,  Epilobium, 


—  131  — 

Rosa,  Pilosella,  Ment  ha,  etc.,  sont  souvent  munis  de  stolons 
ou  rejets  vivaces  qui  en  facilitent  et  en  maintiennent  la 
propagation,  et  constituent,  autour  d'un  individu  initial, 
des  colonies  parfois  étendues  1.  Il  en  est  de  même  dans  le 
genre  Rubus,  dont  la  plupart  des  espèces  s'enracinent  faci- 
lement par  l'extrémité  des  tiges;  j'ai  pu  constater  souvent, 
dans  les  montagnes  du  Morvan,  riches  en  Ronces,  des 
espaces  immenses  envahis  par  les  colonies  d'un  Rubus 
incontestablement  hybride,  au  point  de  donner  l'illusion 
d'une  espèce  légitime  et  prépondérante,  observation  con- 
trôlée et  confirmée  par  un  des  rubologistes  français  les  plus 
autorisés,  M.  l'abbé  N.  Boulay.  Dans  d'autres  genres,  Cir- 
sium,  Hieracium,  Salix,  etc.,  les  graines,  munies  d'aigrettes, 
disséminent  abondamment,  et  parfois  au  loin,  la  semence, 
et  peuvent  ainsi  propager  des  formes  hybrides  dans  un 
périmètre  étendu,  souvent  même  éloigné  de  leurs  parents. 
Pour  d'autres,  Verbascum,  Linaria,  etc.,  c'est  l'abondance 
et  la  ténuité  des  graines  qui  est  le  principal  élément  de  dis- 
persion, en  outre  que  la  constitution  anatomique  des  organes 
floraux  (anthères,  pistils),  facilite  la  fécondation.  D'autres, 
enfin,  Orchidées,  se  fixent  par  leurs  tubercules  et  peuvent 
se  retrouver  indéfiniment  dans  les  mêmes  localités. 

La  plupart  des  genres  ci-dessus  semblent  d'origine 
récente  dans  l'évolution  végétale,  et,  grâce  aux  particula- 
rités précitées,  leurs  espèces  pullulent  et  se  substituent  aux 
espèces  moins  prolifiques  ou  moins  bien  adaptées  aux  fonc- 
tions de  la  fécondation.  Sans  entrer  dans  aucune  discussion 
philosophique  hors  de  propos,  en  dehors  de  l'opinion  erronée 
et  justement  condamnée  de  la  transformation  des  espèces, 
je  crois  à  l'apparition  successive  de  types  végétaux  dont 
une  des  propriétés  biologiques  essentielle  est  de  subir  une 


1.  E.  Malinvaud,  Classification  des  espèces  et  hybrides  du  genre  Ment  ha  in 
Comptes  rendus  du  Congrus  des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne,  en  Î898,  p.  217. 
—  Dr  X.  Gillot,  les  Menthes  hijbrides,  d'après  les  travaux  de  M.  Malinvaud, 
in  Bull.  Assoc.  française  de  Botanique,  III,  1900,  p.  25. 


-  132  - 
évolution  parallèle,  dans  les  limites  restreintes  de  lei 
anatomie  et  de  leur  morphologie  phylétiques,  assez  étei 
dues  cependant  pour  en  diversifier  les  formes  et  constitw 
ce  que  nous  appelons  des  espèces  actuelles,  remplaçai 
d'autres  espèces  ou  d'autres  groupes  successivement  éteint 
C'est  la  vie  de  l'espèce  qui  mérite  d'être  considérée  toi 
comme  la  vie  de  l'individu.  On  comprend  dès  lors  que  I< 
types,  en  voie  d'évolution,  dont  l'énergie  vitale  débordi 
pour  ainsi  dire,  modifiés  par  l'adaptation  aux  influence 
ambiantes,  se  diversifient,  mais,  il  est  vrai,  avec  une  lei 
teur  qui  nous  étonne  et  dont  nous  ne  pouvons  pas  êti 
témoins,  en  nombreuses  espèces,  et  celles-ci  en  formes  o 
races  non  moins  nombreuses.  Un  des  caractères  de  ce 
espèces,  dont  l'origine,  d'une  souche  commune,  est  encoi 
relativement  rapprochée,  sera  la  facilité  des  croisement: 
d'une  part,  entre  les  espèces  fixées  ou  bien  différenciée) 
ce  seront  les  véritables  hybrides,  d'autre  part,  entre  U 
formes  secondaires,  encore  flottantes  et  variables,  le 
races  en  un  mot,  ce  seront  les  métis.  Ceux-ci,  plus  qu 
ceux-là,  possèdent  des  graines  fertiles,  en  conséquence,  1 
facilite  de  se  reproduire,  la  tendance  héréditaire  au  pli 
haut  degré.  Souvent  plus  vigoureux  que  leurs  auteur 
qu'ils  peuvent  même  supplanter  à  la  longue,  quand  la  trac 
en  sera  perdue,  ils  arriveront  forcément  à  être  considère 
comme  des  types  spécifiques  d'actualité.  Ou  bien,  se  croisai 
les  uns  avec  les  autres,  ils  produiront,  comme  dans  les  race 
animales,  des  métissages  à  quart,  à  huitième  de  sang,  etc 
aboutissant  à  un  chaos  inextricable  de  formes  passagères 
impossibles  à  classer  et  destinées,  les  unes  à  s'épuise 
promptement,  les  autres  à  retourner  plus  ou  moins  vit 
au  type. 

Tous  ces  croisements,  du  reste,  ne  varient  que  de  part 
cularités  quantitatives  de  plus  en  plus  atténuées,  et  k 
beaux  travaux  histologiques  de  M.  P.  Parmentier  01 
démontre  qu'ils  étaient  sans  action  sur  les  caractères  for 


—  133  — 

damentaux  et  qualificatifs  de  l'espèce.  Les  exemples  les 
plus  probants  nous  sont  fournis  par  le  genre  Rosa,  où  Thy- 
bridité,  d'abord  mise  en  doute,  a  été  si  bien  étudiée  par 
M.  F.  Crépin  (Rosœ  hybridœ  in  Bull,  Soc.  roy.  bot.  Belg.,  XXX 
(1894),  149  p.),  et  où  les  espèces  françaises  seules,  en  ne 
tenant  compte  que  des  espèces  principales  généralement 
admises,  ont  déjà  fourni  à  la  statistique  trente-deux  com- 
binaisons et  plus  de  cent  formes  hybrides;  par  le  genre 
Rubus,  où  les  croisements  sont  encore  plus  nombreux  et 
mal  étudiés,  et  procréent  tant  de  formes  croisées  à  diffé- 
rents degrés  et  que,  faute  de  terminologie  suffisante,  nous 
sommes  obligés  d'englober  sous  le  nom  d'hybrides,  si  bien 
qu'un  auteur  compétent,  J.  Harmand,  a  pu  écrire  :  «  En 
dehors  des  R.  saxatilis  et  idœus,  tous  les  Rubus  proviennent 
d'une  même  souche  primitive.  »  * 

L'application  des  considérations  précédentes  dans  l'étude 
des  hybrides  peut  nous  permettre  d'apprécier  la  valeur 
relative  des  genres  et  des  espèces  et  de  leur  subordination. 
Je  prendrai  pour  exemples  quelques  hybrides  rares,  ou  du 
moins  rarement  observés,  que  j'ai  signalés  ou  retrouvés 
dans  le  centre  de  la  France.  J'ai  signalé,  dès  1876,  à  Saint- 
Sernin-du-Bois  (Saône-et-Loire),  la  trouvaille  de  X  Mespi- 
lusSmithii  Ser.  (Cralœgus  oxyacantho-germanica  Giliot=Ate$- 
pilus  germanica  X  Cratœgus  oxyacantha)2,  qu'au  lieu  de  con- 
sidérer comme  un  hybride  bigénérique,  je  regarde  comme 
démontrant  les  rapprochements  étroits  des  genres  Mespilus 
et  CratrvguSj  et  le  bien  fondé  de  leur  réunion  en  un  seul 
genre,  à  l'exemple  de  quelques  auteurs. 

Il  en  est  de  même  pour  le  X  Geum  Billieti  Gillot.  (Geum 
rivale  X  montanum),   du   Mont-Dore,  dont    j'ai  obtenu  la 

1.  J.  Harmand,  Description  des  différentes  formes  du  genre  Rubus  observées 
dans  le  département  de  Meurthe-et-Moselle  in  Revue  de  botanique,  V  (1886-1887, 
p.  332). 

2.  Dr  X.  Gillot.  Elude  sur  un  hybride  des  Mespilus  germanica  L.  et  Cratœgus 
oxyacantha  L.  [Craltegus  oxyacantho-germanica)  in  Bull.  Soc.  bol.  de  France,  XXIII, 
1876,  session  extraordinaire  à  Lyon,  p.  ziv. 


—  134  — 

reproduction  de  ses  propres  graines  fertiles,  et  qui  ajoute 
une  raison  péremptoire  à  la  réunion  du  prétendu  genre 
Sieversia  Wild.  (Sieversia  montana  Sp.)  au  genre  Geum{. 

Il  y  aurait  lieu  de  reviser,  en  conséquence  de  ces  idées,  les 
coupes  génériques  des  Orchidées,  et,  à  mon  avis,  de  réunir 
de  nouveau  dans  le  genre  Orchis,  largement  conçu,  les 
sous-genres  détachés,  Gymnadenia,  Nigritella,  etc.,  dont  les 
hybrides  incontestables  sont  nombreux,  et  dont  j'ai  décrit 
l'un  des  moins  connus  dans  les  Alpes  gapençaises,  au  col 
Bayard,  y  Gymnigritella  Girodi  Gillot  {Nigritella  angusti- 
folia  X  Gymnadenia  conopea.  2 

Le  X  Scleranthus  intermedius  Schur  (Sel.  annuus  X  peren- 
nis),  rencontré  aux  environs  d'Autun  et  de  Moulins-sur- 
Allier 3,  ainsi  que  le  X  Centranthus  Gilloti  Giraudias  (C.  ruber 
X  angustifolius)  4,  assez  fréquent  sur  les  coteaux  calcaires 
de  Saône-et-Loire  et  de  la  Côte-d'Or,  m'ont  démontré  par 
les  variations  de  leurs  organes,  de  leurs  formes  intermé- 
diaires, établissant  comme  une  série  ininterrompue  entre 
les  Centranthus  latifoliuset  angustifolius,  l'origine  commune 
et  relativement  récente  de  ces  deux  espèces  actuelles, 
comme  des  Scleranthus  annuus  et  perennis;  et  l'analyse 
histologique  de  M.  P.  Parmentier  a  confirmé  cette  opinion, 
qu'il  a,  pour  sa  part,  acceptée,  exposée  avec  toute  sa  compé- 
tence de  botaniste  et  d'anatomiste,  et  résumée  dans  cette 
phrase  :  «  l'unité  de  structure  indique  l'unité  d'origine.  »  5 

1.  Dr  Gillot,  Observations  sur  quelques  plantes  critiques  de  la  France,  in  Bull. 
Soc.  bol.  de  France,  XXXIII,  1896,  p.  548. 

2.  E.  G.  Camus,  Monographie  des  Orchidées  de  France,  1893  —  Dr  X.  Gillot, 
Contribution  à  l'étude  des  OrchidéesAe  Mans,  1898,  22  p.,  extrait  de  Bull.  A  s  soc. 
française  de  botanique,  I,  1898,  p.  63. 

3.  Dr  X.  Gillot,  Note  sur  le  Scleranthus  intermedius  Schur,  in  Annales  Soc. 
bot.  de  Lyon,  XIX,  1894,  p.  114;  et  Revue  scientifique  du  Bourbonnais  et  duCentre 
de  la  France,  VIII,  1895,  p.  97. 

4.  Centranthus  Gilloti  Giraudias,  in  Bull.  Assoc.  pyrénéenne  pour  l'échange 
des  plantes,  2«  année,  1891-1892,  p.  24. 

5.  Paul  Parmentier,  Du  rôle  de  l'anatomic  pour  la  distinction  des  espèces  cri* 
tiques  ou  litigieuses  in  Annales  des  se.  nat.  Botanique,  1896,  extr.  36  p.  — 
Recherches  taxonomiques  sur  les  Gnavelles  de  France,  p.  7.  Institut  bot.  de 
Besançon,  août  1899. 


—  135  — 

Il  en  est  de  môme  pour  X  Orchis  a  la  ta  Fleury  (0.  morio  X 
laxiflora),  si  répandu  dans  un  grand  nombre  de  départe- 
ments, notamment  dans  le  département  de  Saône-et-Loire, 
à  Givry-près-rOrbize,  Mouthier-en-Bresse,  etc.  J'avais  cru 
devoir,  dans  un  mémoire  datant  déjà  de  quelques  années1, 
considérer  cet  Orchis  comme  une  véritable  espèce  morpho- 
logique, ou  tout  au  moins  comme  une  forme  tranchée  d'un 
groupe  spécifique  comprenant  les  Orchis  morio  L.,  alata 
Fleury,  laxiflora  Lam.,  palustris  Jacq.,  etc.  De  nouvelles 
observations,  corroborées  par  l'étude  anatomique  que 
M.  P.  Parmentier  a  bien  voulu  faire  de  tous  ces  Orchis, 
m'ont  amené  à  revenir  sur  cette  opinion  erronée,  et  à 
reconnaître  la  nature  hybride  iï Orchis  alata,  dont  les  parents 
sont  séparés  par  des  caractères  distinctifs  si  peu  nombreux 
et  si  peu  spécifiques  qu'il  pourrait  bien  se  faire  qu'ils  fus- 
sent de  simples  sous-espèces  d'un  même  type.  2 

Il  en  est  vraisemblablement  de  même  pour  le  groupe  de 
nos  Primevères  indigènes,  désigné  par  Linné  (Species 
plant. y  éd.  2,  p.  204),  sous  le  nom  de  Primula  veris, 
avec  trois  variétés  «  officinalis,  p  elatior,  y  acaulis,  dont 
on  a  fait  autant  d'espèces.  Je  suis  tout  à  fait  d'avis  de 
continuer  à  décrire  dans  les  Flores  ces  trois  espèces  actuelles 
de  Primevères,  mais  comme  issues,  dans  la  série  phy- 
létique  du  type  Primula,  dune  souche  ou  stirpe  com- 
mun, dont  elles  se  sont  différenciées  peu  à  peu;  et  j'en 
trouve  la  preuve  dans  leurs  variations  extérieures,  formes 
acaules,  caulescentes,  dimensions  et  colorations  des 
fleurs,  etc.,  et  dans  les  hybrides  spontanés  qu'elles  for- 
ment et  qu'il  est  possible  de  retrouver  presque  partout  où 
ces  espèces,  adaptées  à  des  conditions  un  peu  différente* 
de  sol,  d'exposition,  de  climat,  etc.,  se  trouvent  en  contact. 

1.  Dr  X.  Gillot,  Note  sur  VOrehii  alata,  in  Bull.  Soc.  bot.  de  France,  XXVIII, 
1891,  p.  307. 

2.  P.  Parmentier,  in  D'  X.  Gillot,  Orchis  alata  Fleury.  Morphologie  et  anato- 
mic,  in  le  Monde  des  plantes,  V  année,  n°  100,  1898,  p.  93,  et  Contribution  à 
l'étude  des  Orchidées,  p.  3,  extr.  du  Bull.  Assoc.  fr.  de  bot.,  I,  1898,  p.  66. 


-  136  - 

Témoin  le  X  Primula  média  Peterman  (P.  officinaUs  X  ela- 
tior),  qui  passe  pour  rare,  mais  dont  les  stations  deviennent 
de  plus  en  plus  nombreuses  en  France1,  signalé  par 
M.  F.  Gagnepain,  à  Égreuil,  près  Aunay-en-Bazois,  à 
Champlevois  près  Cercy-la-Tour 2,  et  récemment  trouvé 
par  moi  à  Drevin,  commune  de  Saint- Pierre-de-Varennes 
(Saône-et-Loire). 

Dans  ces  citations,  qu'il  serait  facile  de  multiplier,  j'ai 
employé  la  notation  adoptée  par  un  grand  nombre  d'auteurs, 
entre  autres  M.  E.-G.  Camus,  c'est-à-dire  la  dénomination 
binominale  des  hybrides  précédée  du  signe  X  et  suivie, 
entre  parenthèses,  des  noms  des  parents.  Il  serait  dési- 
rable d'établir  une  terminologie  et  une  notation  bien  défi- 
nies pour  désigner  les  hybrides,  les  métis,  l'action  réciproque 
de  leurs  facteurs,  etc.,  mais  les  divergences  des  botanistes 
sur  la  valeur  de  l'espèce  ne  le  permettent  guère  en  ce 
moment,  et  je  me  réserve  d'ailleurs  de  revenir  sur  cette 
question.  Dr  Gillot. 


La  parole  est  donnée  à  M.  le  vicomte  de  Chaignon 
pour  la  lecture  de  la  note  suivante  : 

Sur  l'allure  du  filon  quartzeux  de  Montjeu. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  naturelles 
d'Autun,  à  la  date  du  6  août  1893,  il  est  fait  mention,  sous 
la  conduite  de  M.  V.  Berthier,  d'une  visite  dans  le  parc  de 
Montjeu  pour  étudier  le  filon  quartzeux  qui  avait  été  mis 
au  jour  plusieurs  années  auparavant,  lors  de  travaux  entre- 
pris pour  l'exploitation  de  matériaux  d'empierrement. 

1.  R.  Hubert,  Nos  Primevères,  in  Bull.  Soc.  d'étude  des  se.  nat.  d'Elbeuf,  XVII, 
1898,  p.  62.  —  M.  Gentil,  Notice  sur  les  Primevères  sarthoises,  in  Bull.  Soc. 
agric.  se.  et  arts  de  la  Sarthe,  1899,  p.  355. 

2.  F.  Gagnepain,  Topographie  botanique  des  environs  de  Cercy-la-Tour,  Àutuu, 
1900,  p.  117. 


—  137  — 

Le  filon  ne  fut  pas  rencontré  ;  depuis  longtemps  il  avait 
été  enfoui  et  recouvert  par  les  éboulis.  Ces  messieurs  se 
contentèrent  de  rechercher  dans  les  déblais  la  petite  série 
de  minéraux  signalée  plus  anciennement  par  M.  de  Char- 
masse :  Tourmaline,  Grenat,  Émeraude. 

Tout  récemment,  avec  l'autorisation  qu'a  bien  voulu  me 
donner  M.  Rodary,  et  grâce  avant  tout  aux  indications  très 
précises  fournies  sur  les  lieux  par  M.  Berthier,  j'ai  pu 
reprendre  la  fouille,  que  j'avais  tentée  en  vain  Tannée  der- 
nière, et  retrouver  le  filon  en  l'état  où  il  avait  été  laissé  il 
y  a  bien  des  années.  Après  l'avoir  dégagé  sur  la  moitié  de 
son  pourtour  et  sur  une  hauteur  de  lm50  environ,  j'ai  pu 
constater  qu'il  a  un  pendage  ou  une  obliquité  bien  marquée, 
il  plonge  dans  une  direction  sud-nord,  sous  un  angle  de 
45  degrés  environ.  On  ne  peut  rien  dire  de  la  longueur 
puisqu'elle  n'est  pas  visible;  il  est  peu  probable  cependant 
qu'il  finisse  brusquement  ;  au  ras  du  sol  creusé  il  a  encore 
les  mêmes  dimensions  ;  il  doit  se  prolonger  assez  avant  en 
profondeur.  Sa  largeur  serait  comprise  entre  0m50  et  0m60, 
l'épaisseur  un  peu  moindre  peut-être.  Ces  chiffres  ne  sont 
qu'approximatifs  et  le  tout  ne  constituerait  pas  un  prisme 
absolument  régulier,  non  plus  qu'un  seul  bloc,  mais  une 
masse  fendillée  dont  les  fragments,  sans  avoir  été  déplacés, 
ont  joué  cependant  grâce  aux  nombreuses  fissures. 

La  partie  quartzeuse  est  encaissée  de  chaque  côté  par 
une  salbande,  si  on  peut  l'appeler  ainsi,  d'une  magnifique 
Pegmatite  rosée  à  très  grandes  parties,  de  20  à  30  centi- 
mètres d'épaisseur.  Les  deux  formations,  celle  de  Quartz 
bien  franche,  celle  de  Pegmatite  également,  surtout  en  pro- 
fondeur (dans  les  parties  superficielles  il  y  a  commence- 
ment d'altération)  sont  englobées  dans  une  Granulite  à  grains 
moyens,  passant  à  l'état  d'arène  ;  et  le  tout  est  intercalé 
dans  la  masse  gneissique  qui  affleure  en  rochers  pittores- 
ques le  long  de  l'avenue  conduisant  à  la  porte  de  Broyé. 

Faut-il  voir  dans  ce  noyau  quartzeux  ce  qu'on  est  con- 


—  138  — 

venu  d'appeler  un  Quartz  filonien  dans  le  sens  propre  du 
mot?  Je  ne  le  pense  pas. 

Le  Quartz  de  Montjeu  est  très  cristallin,  hyalin  même. 
Dans  les  filons  quartzeux  proprement  dits,  il  est  plutôt  lai- 
teux, opaque,  amorphe  et  souvent  fort  hydraté,  et  ces  der- 
niers présentent  généralement  un  développement  bien  plus 
étendu. 

Cette  association  à  Montjeu  ne  constitue  qu'une  Pegma- 
tite  dont  les  parties  sont  d'autant  plus  grandes  qu'on  se 
rapproche  du  centre  où  le  Quartz  domine  et  prend  un 
développement  énorme. 

Quant  aux  minéraux  :  Tourmaline,  Grenat,  Émeraude, 
que  j'ai  récoltés  en  abondance,  j'ai  cru  remarquer  qu'ils  se 
trouvaient  généralement  au  point  de  contact  de  la  Pegma- 
tite  et  du  filon  quartzeux  :  ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  de 
beaux  cristaux  d'Émeraude  ne  se  rencontrent  pas  en  plein 
Quartz,  ainsi  que  la  Tourmaline,  mais  c'est  plutôt  à  la  péri- 
phérie qu'au  centre. 

L'Émeraude  est  la  variété  Béryl,  dont  la  couleur  est 
vert  pomme  jaunâtre.  Cependant  quelques  cristaux  teintés 
en  vert  bleuâtre,  au  moins  partiellement,  se  rapprocheraient 
de  l'Aiguë  marine. 

Certains  cristaux  ayant  subi  une  altération  passent  à 
l'état  grenu,  et  sont  blanc  jaunâtre.  Il  existe  entre  ces 
deux  tons  des  nuances  intermédiaires,  en  même  temps  que 
des  degrés  d'altération  moins  prononcés.  Ces  cristaux  de 
Béryl  n'ont  jamais  leurs  sommets;  ils  atteignent  fréquem- 
ment de  grandes  dimensions  (17  centimètres  en  longueur, 
6  à  7  centimètres  en  diamètre). 

Les  Grenats,  variété  almandine,  sont  plus  abondants  dans 
la  Pegmatite  que  dans  le  Quartz.  Le  plus  gros  a  été  trouvé 
par  M.  l'abbé  Honnin;  il  mesure  près  de  3  centimètres  et 
demi  de  diamètre.  Ce  cristal  est  un  octaèdre  rhomboïdal 
dont  toutes  les  faces  ne  sont  pas  unies,  certaines  sont  striées 
et  les  stries  disposées  en  gradins.  Il  doit  y  avoir  combinai- 


—  139  — 

son  de  formes,  donnant  naissance  à  un  cristal  modifié,  dif- 
férent de  ceux  qu'on  rencontre  généralement,  le  trapézoèdre, 
dont  toutes  les  faces  sont  unies.  Peut-être  est-ce  la  combi- 
naison avec  le  scalénoèdre  qui  lui  fait  prendre  cette  dispo- 
sition qu'affecte  souvent  le  Grenat  grossulaire.  Mais  je  n'ose 
être  affirmatif,  ma  compétence  n'allant  pas  jusque-là.  Dans 
tous  les  cas,  les  passages  de  ces  deux  formes  Tune  dans 
l'autre  sont  fréquents.  Les  Grenats  de  Montjeu  sont  opaques 
et  d'un  rouge  brun  très  foncé. 

La  Tourmaline  est  le  minéral  le  plus  abondant  de  cette 
petite  association.  C'est  la  variété  noire  ferrifère,  la  plus 
répandue  également  dans  les  roches  granitiques  et  qui 
constitue  un  de  leurs  éléments  accidentels.  A  Monjeu,  elle 
se  présente  sous  forme  de  beaux  cristaux  prismes  de 
toutes  grosseurs,  quelques-uns  atteignent  10  à  12  centi- 
mètres de  longueur  sur  4  à  5  centimètres  de  diamètre.  Le 
musée  possède  un  exemplaire  de  cette  taille  dont  le  sommet 
est  terminé  et  à  peu  près  entier. 

Je  ne  puis  passer  sous  silence,  en  parlant  de  cette  série 
de  minéraux,  les  beaux  cristaux  d'Orthose  rose  engagés 
dans  la  Pegmatite  et  dont  quelques-uns  ont  été  retirés 
entiers.  Un  exemplaire  de  9  centimètres  de  longueur  est 
déposé  au  musée  de  la  Société;  d'autres  chercheurs  en  ont 
trouvé  de  plus  ou  moins  gros  et  dans  les  mêmes  conditions. 
Le  cristal  que  possède  le  musée  n'est  pas  maclé,  c'est  un 
cristal  simple,  aplati  sur  une  des  faces,  comme  ils  le  sont 
généralement. 

Dans  tous  les  débris  de  cristaux  d'Orthose,  rencontrés  à 
Montjeu,  je  n'en  ai  pas  remarqué  offrant  la  particularité  de 
la  macle. 

Nota.  — Je  saisis  cette  occasion  pour  remercier  M.  Rodary 
de  toutes  les  facilités  qu'il  a  eu  l'obligeance  de  mettre  à  ma 
disposition;  elles  m'ont  permis  de  mener  à  bien  mes 
recherches.  Vtc  H.  de  Chaignon. 


—  140  — 


M.  Q.  Ormezzano,  de  Marcigny-sur-Loire,  adresse  les 
communications  suivantes  : 

Cas  tératologiques. 

1°  ÉVERSION  BIOLOGIQUE  DU  LILAS  COMMUN. 

Il  s'agit  d'une  floraison  anormale  du  Lilas  ordinaire 
(Syringa  vulgaris  L.),  observé  dans  le  jardin  de  M.  Revi- 
ron,  à  Marcigny,  et  dont  M.  Q.  Ormezzano  a  envoyé,  à  la 
date  du  19  mai  1900,  deux  spécimens  à  M.  le  Dr  Gillot, 
vice-président  de  la  Société  à  Autun.  M.  L.  Letort,  phar- 
macien à  Autun,  a  bien  voulu  photographier  ces  inflores- 
cences anormales  de  Lilas,  et  son  cliché  très  réussi  a  permis 
d'en  tirer  en  phototypie  la  reproduction  ci-contre. 

Voici  les  renseignements  fournis,  en  outre,  par  M.  Or- 
mezzano : 

«  Ces  inflorescences  de  Lilas  ont  toute  l'apparence  de 
racines  fleuries.  Rien  de  plus  singulier  que  de  voir  sur 
place  ce  Lilas  bien  fleuri  à  fleur  de  terre,  car  toute  la  tige 
était  cachée,  et  Ton  n'en  voyait  que  les  thyrses  au  ras  du 
sol.  Ce  ne  sont  pas  des  rhizomes,  au  sens  propre  du  mot, 
mais  des  branches  souterraines  se  comportant  comme  des 
rhizomes;  et  si  les  horticulteurs,  qui  recherchent  les  flo- 
raisons extraordinaires,  pouvaient  reproduire  cette  ano- 
malie, et  créer  des  corbeilles  de  fleurs  de  lilas  sans  feuilles, 
à  fleur  du  sol,  l'effet  n'en  serait  pas  banal  ! 

»  Il  existait  dans  le  jardin  de  M.  Reviron  trois  thyrses 
fleuris  éloignés  de  0m40  l'un  de  l'autre,  le  plus  développé 
à  lm50  environ  de  la  souche.  Ces  thyrses  sont  restés  fleuris 
pendant  un  mois.  Cette  floraison  anormale  n'a  pas  eu  lieu 
les  années  précédentes,  mais  je  la  surveillerai  au  printemps 
prochain.  D'ailleurs  le  propriétaire,  observateur  distingué, 
ne  fera  bêcher  autour  du  lilas  qu'avec  les  plus  grandes  pré- 


Soc.  Hist.  Nat.  d'Autun. 


LILAS    COMMUN 
(Tératologie.) 


!■•■. 

H 


l 


—  141  — 

cautions,  et  peut-être  reverrons-nous  le  curieux  phénomène 
d'éversion.  Il  n'existe  qu'un  seul  pied  isolé  de  Lilas,  mesu- 
rant 0m15  à  la  base.  Il  est  planté  dans  une  plate-bande, 
de  0m80  de  largeur,  entourée  de  deux  allées  sablées.  Le 
terrain  est  mi-sec,  peu  entretenu,  non  fumé,  mais  néan- 
moins meuble  et  léger.  Tout  autour  du  pied  unique,  il  existe 
des  rejets  feuilles,  et  môme  passant  par-dessous  les  allées, 
jusqu'à  trois  mètres  de  distance. 

»  Il  est  possible  que  quelques-uns  de  ces  rejets  feuilles, 
datant  de  Tannée  précédente,  et  munis  de  boutons  florifères, 
aient  été  enterrés  lors  de  la  culture  de  la  plate-bande,  et, 
au  printemps  de  cette  année,  aient  développé  hors  de  terre 
ces  bourgeons  floraux.  Il  est  à  remarquer,  en  effet,  que  les 
branches  souterraines  donnant  naissance  à  ces  inflorescences 
anormales,  se  rapprochent  par  leur  aspect  de  la  partie 
hypogée  des  rejets  feuilles  ordinaires,  et  ne  ressemblent 
pas  aux  véritables  racines.  » 

Les  deux  échantillons  envoyés  par  M.  Ormezzano  et  repro- 
duits en  phototypie,  comprennent  : 

1°  Une  racine  forte  et  rampante,  munie  de  radicelles,  et 
d'où  sort  un  rameau  souterrain  de  Ûm25,  portant  quatorze 
entre-nœuds  à  bourgeons  très  peu  développés,  et  terminé 
au  ras  du  sol  par  un  thyrse  cQmposé  de  sept  ramuscules 
fleuris,  à  fleurs  de  dimensions,  de  couleur  et  d'odeur 
normales.  A  remarquer  que  ce  rameau  s'élargit  progressi- 
vement vers  le  sommet. 

2°  Un  rameau,  à  apparence  de  racines  à  sa  partie  infé- 
rieure, également  élargi  de  la  base  au  sommet,  portant 
onze  entre-nœuds  enterrés,  écailleux,  à  petits  bourgeons, 
et  terminé  par  un  thyrse  ou  panicule  de  trois  rameaux  seu- 
lement. La  base  du  rameau  souterrain  est  blanchâtre,  à 
épidémie  mince,  comme  dans  les  jeunes  racines,  la  partie 
supérieure  seule  grise  et  cuticulée 


—  142  — 

2°  Grenouille  a  cinq  pattes. 

Il  s'agit  d'une  jeune  Grenouille  verte  (Rana  viridis), 
prise  à  la  ligne  par  M.  Chaumont,  de  Marcigny,  dans  le 
canal  de  Roanne  à  Digoin,  au  mois  de  mai  1900,  et  qui 
fut  conservée  vivante  dans  un  bocal  pendant  quelques 
jours. 

Elle  était  bien  portante  et  bien  conformée  du  reste,  mais 
portait  à  l'angle  de  la  hanche  droite  un  membre  supplé- 
mentaire, ou  cinquième  patte,  qui  se  divisait  en  deux 
mains  nettement  séparées,  et  un  peu  atrophiées,  démon- 
trant qu'il  s'agissait  en  réalité  d'une  soudure  des  deux 
membres  postérieurs  d'un  individu  supplémentaire;  c'est- 
à-dire  d'une  montruosité  polymélienne. 

Pendant  la  vie,  cette  cinquième  patte  paraissait  embar- 
rasser l'animal  et  ne  suivait  pas  les  mouvements  des  autres 
lorsque  la  Grenouille  nageait.  Elle  agissait  plutôt  comme 
un  poids  mort,  faisant  pencher  de  son  coté  le  corps  de 
l'animal;  néanmoins,  quand  la  Grenouille  était  à  la  surface 
de  l'eau,  dans  la  position  d'immobilité  qu'affectionnent 
souvent  ces  batraciens,  la  cinquième  patte  ne  pendait  pas. 
Elle  restait  étendue,  mais  à  un  niveau  un  peu  inférieur  à 
celui  des  autres  pattes,  et  alors  la  Grenouille  se  trouvait 
dans  la  position  normale  ;  les  deux  palmures  de  la  cinquième 
patte  étant  écartées  paraissaient  rétablir  l'équilibre  com- 
promis parle  poids  de  ce  membre  anormal. 

La  Grenouille  posée  à  terre,  la  patte  supplémentaire 
paraissait  inutile  et  gênait  l'animal  qui  la  traînait  en  mar- 
chant et  n'obtenait,  malgré  ses  efforts,  que  des  sauts  minus- 
cules. 

M.  l'abbé  Bonnin,  professeur  de  mathématiques  au  petit 
Séminaire  d'Àutun,  a  bien  voulu  photographier  et  radio- 
graphier cette  Grenouille.  Les  dessins  que  nous  en  donnons, 
exécutés  d'après  ses  clichés,  montrent  dans  la  radiographie 


Gki.nuuii.u-.  (kniui  Mi hIïiiIii.  t..)  ois  ti-ratul 


—  143  — 

très  réussie  que  la  patte  supplémentaire  renferme  les  sque- 
lettes accolés  de  deux  membres  postérieurs  ;  il  s'agit  donc 
en  réalité  d'une  grenouille  à  six  pattes,  et  non  à  cinq  pattes. 
Cette  anomalie  nous  paraît  rare.  Q.  Ormezzano. 


M.  Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte,  adresse 
la  note  suivante  : 

A  propos  de  plantes  adventices. 

Presque  partout  on  trouve  des  plantes  étrangères  à  la 
région  que  le  botaniste  est  tout  étonné  de  rencontrer  à  des 
distances  souvent  considérables  de  leur  point  d'origine. 
Depuis  longtemps  on  a  recherché  quels  pouvaient  être  les 
agents  disséminateurs  de  ces  plantes.  On  a  reconnu  de 
nombreuses  causes  d'introduction,  mais  je  ne  sache  pas 
qu'on  ait  fait  entrer  en  ligne  de  compte  le  botaniste  échan- 
giste. Et  cependant  il  contribue,  selon  moi,  à  l'apport  des 
plantes  étrangères  dans  sa  localité,  ainsi  que  le  long  des 
voies  ferrées. 

Tout  botaniste  échangeant  des  plantes  prépare  avec  le 
plus  grand  soin  des  échantillons  aussi  complets  que  pos- 
sible, ayant  fleurs  et  fruits,  portant  souvent  des  graines  pou- 
vant germer.  Les  paquets  qu'il  prépare  pour  ses  corres- 
pondants, ne  sont  pas  si  bien  enveloppés  que  quelques 
graines  ne  puissent  s'échapper,  glisser  du  paquet  et  tomber 
lorsque  l'employé  du  chemin  de  fer  remet  à  l'un  de  ses 
collègues  les  colis  arrivés  à  destination.  Qu'une  de  ces 
graines  trouve  à  sa  portée  un  terrain  suffisamment  bien 
préparé,  elle  germera  et  donnera  une  plante  adventice  nou- 
velle pour  la  localité.  Voilà  donc  l'un  des  facteurs  dont  il  faut 
tenir  compte  quand  on  s'occupe  des  plantes  naturalisées 
autour  des  gares. 

Il  arrive  aussi  fréquemment  que  les  graines  échappées  des 
colis  ne  tombent  pas  à  la  gare  même,  mais  restent  sur  le 


—  144  — 

plancher  du  wagon  en  attendant  qu'un  coup  de  vent  les 
emporte  sur  les  talus  de  la  voie,  le  train  étant  en  marche. 
Ceci  me  parait  donner  l'explication  de  la  présence,  sur  les 
voies  ferrées,  de  plantes  dont  il  était  difficile  de  se  faire 
une  idée  nette  en  ne  tenant  pas  compte  des  colis  adressés 
aux  botanistes  échangistes. 

D'autre  part,  les  colis  postaux  sont  portés  de  la  gare  au 
domicile  du  botaniste  échangiste.  En  cours  de  route  les 
faits  relates  plus  haut  peuvent  se  reproduire,  et  Ton  voit 
apparaître,  sur  les  bords  du  chemin,  dans  les  champs  avoi- 
sinants,  de  nouvelles  plantes  adventices. 

Ces  faits  me  paraissent  fondés  et  je  dirai  plus  :  toute 
localité  non  étudiée  au  point  de  vue  botanique  est  pauvre 
en  plantes;  qu'un  botaniste  vienne  s'y  fixer  et,  avec  lui, 
arrivera  un  cortège  de  plantes  spontanées  ou  subspontanées 
dont  une  simple  excursion  n'aurait  pas  permis  de  soupçonner 
la  présence.  En  outre  peu  à  peu  les  espèces  adventices  dis- 
puteront la  place  aux  espèces  indigènes,  ce  qui  me  fait 
dire  que  «  toute  localité  bien  explorée  est  riche  en  espèces 
végétales,  d 

Les  observations  qui  précèdent  me  sont  suggérées  par 
des  faits  probants. 

Je  désire  ardemment  avoir  un  herbier  aussi  complet  que 
possible  ;  je  fais  de  nombreux  échanges,  et  chaque  année  je 
récolte  autour  de  moi  des  plantes  que  j'ai  reçues  de  quel- 
ques-uns de  mes  correspondants.  C'est  ainsi  que  j'ai  reçu, 
puis  recueilli  dans  mon  jardin,  les  espèces  suivantes  qui 
n'appartiennent  certes  pas  à  la  flore  de  Bourg-le-Comte. 


Diplotaxiserucoides  DO. 
Erysimum  australe  Gay. 
Sisymbrium  Columnœ  Jacq. 
Cardamine  resedifolia  L. 
Alyssum  maritimum  Lamk. 
Thlaspi  brachypetalum  Jord. 
Silène  rupestris  L. 


Arenaria  controversa  Bois. 
Linum  gallicum  L. 
Géranium  argenteum  L. 
Achillea  nana  L. 
Carduus  tenuiflorus  Curt. 
Salvia  verticillata  L. 
TEgilops  ovata  L. 


-   145  - 

La  famille  des  Crucifères  est  la  mieux  représentée,  ce 
qui  n'a  rien  d'étonnant,  si  Ton  tient  compte  des  nombreuses 
graines  souvent  arrivées  à  maturité,  que  porte  chaque 
échantillon. 

Et  maintenant  me  sera-t-il  permis  de  dire  qu'aux  causes 
connues  qui  contribuent  à  l'apport  des  plantes  adventices, 
il  convient  d'ajouter  le  botaniste  lui-même  et  plus  spéciale- 
ment celui  qui  fait  des  échanges. 

Bourg-le-Comte,  le  22  février  1900. 

E.  Château. 


M.  C.  Marchai,  du  Creusot,  présente  deux  tubercules 
de  Pommes  de  terre  atteints  de  filosité,  et  lit  à  ce  sujet 
la  note  qui  suit  : 

La  filosité  des  Pommes  de  terre. 

Certaines  années  (et  notamment  en  1897,  1898  et  1899) 
on  a  constaté,  sur  plusieurs  points  de  la  France,  le  phéno- 
mène suivant  : 

Dans  les  plantations  de  pommes  de  terre,  il  y  a  un 
grand  nombre  de  pieds  manquants,  ou  bien  qui  ne  sont 
représentés  que  par  de  maigres  tiges  filiformes.  Si  l'on 
creuse  à  la  place  des  manquants  ou  des  pieds  chétifs,  on 
trouve  le  tubercule  planté  à  peu  près  intact,  avec  quelques 
jeunes  pommes  de  terre  grosses  comme  des  noisettes. 

Le  fait  n'est  pas  rare  ni  nouveau  ;  cependant  tel  agricul- 
teur qui,  depuis  cinquante  ans,  cultive  la  pomme  de  terre 
en  grand,  dit  l'avoir  constaté  pour  la  première  fois  en  1899. 
Ayant  planté  «  l'Institut  de  Beauvais,  »  il  n'a  pas  eu  3  pour  cent 
de  reprises.  En  fouillant  le  sol,  il  a  trouvé  toutes  les  mères 
avortées  dans  l'état  indiqué  ci-dessus,  et  parfois  avec  des 
germes  pourris  ou  coupés  sans  avoir  pu  arriver  au  jour. 

S.H.N.  1900.  10 


—  1-46  — 

Cette  année  même,  un  collègue  du  Creusot,  ayant  planté 
vingt-cinq  pieds  de  «  Marjolin,  »  a  eu  trois  reprises. 

Les  plants  infertiles  sont  faciles  à  distinguer  au  moment 
de  la  plantation  :  yeux  à  très  fins  rejets,  ou  bien  pas  de 
fanes  naissantes,  ou  encore  de  petits  tubercules  portés  par 
des  filaments  de  un  à  deux  centimètres. 

Ce  phénomène  est  désigné  sous  les  noms  de  fi  lo  si  té, 
boutage,  surjetage(Âgric.  nouvelle,  n°  444,  21  octobre  1899, 
p.  836).  Dans  nos  campagnes,  nous  avons  entendu  les 
expressions  :  treuffes  foules  ou  folles  (environs  du  Creusot 
et  de  Couches),  pommes  de  terre  martinées  (Bourg-le- 
Comte),  etc. 

Passons  aux  causes. 

Dans  les  Charentes  (Agric.  nouvelle,  n°  425,  10  juin  1899, 
p.  455),  on  admet  que,  parmi  les  tubercules,  il  y  a  deux 
formes,  presque  deux  sexes,  doués  chacun  de  propriétés 
différentes  :  ceux  à  bourgeons  gonflés,  produisant  de 
grosses  fanes,  sont  des  pommes  de  terre  mâles  ou  femelles 
et  fertiles  ;  ceux  à  petits  yeux,  à  pousses  longues  et  effilées, 
sont  des  mules  et  stériles. 

P.  Joigncaux,  dans  son  Livre  de  la  ferme,  attribue  la  sté- 
rilité de  certains  tubercules  à  un  affaiblissement  résultant 
de  plusieurs  causes,  la  plupart  confirmées  par  des  expé- 
riences toutes  récentes.  Nous  allons  résumer  les  unes  et 
les  autres  en  trois  paragraphes. 

A.  —  Variétés  cultivées  depuis  longtemps  dans  le  pays, 
dégénérées  et  s'affaiblissant  dans  la  cave  par  un  entasse- 
ment sans  précautions.  Elles  s'échauffent,  germent  de 
bonne  heure  ;  on  supprime  les  rejets  pour  la  vente  et  la 
plantation  :  souvent,  alors,  le  plant  n'a  plus  la  force  de 
germer  de  nouveau.  Cela  arrive  fréquemment,  dit-il,  pour 
le  «  Marjolin  »  acheté  sur  les  marchés. 

Nous  ajouterons  que  toutes  les  espèces  sont  sujettes  à 
cette  infertilité,  mais  plus  spécialement  «  l'Institut  de  Beau- 
vais,  »  vulgairement  la  «  Bcauvoite.  »M.  Labourier,  maire  à 


—  147  — 

Bourg-le-Comte,  a  pratiqué  des  silos  munis  d'un  tuyau  do 
drainage  formant  cheminée;  celle-ci  a  été  fermée  pendant 
les  gelées  et  ouverte  dès  que  la  température  devenait  plus 
douce.  Résultat  :  pas  ou  presque  pas  de  «  martins  »  ;  tandis 
que  dans  les  silos  non  aérés,  les  pommes  de  terre  étaient 
presque  toutes  «  martinées.  » 

Autre  expérience,  souvent  répétée.  Faire,  dans  la  cave, 
deux  tas  de  pommes  de  terre;  dans  le  premier,  disposer  les 
tubercules  les  uns  à  côté  des  autres,  sans  qu'ils  se  recouvrent 
mutuellement  :  résultats  excellents.  Dans  l'autre  monceau, 
composé  d'un  grand  nombre  de  tubercules  entassés,  la 
majeure  partie  devient  fileuse. 

B.  —  Lorsque,  dans  une  plantation,  les  jeunes  tuber- 
cules étant  déjà  formés,  survient  une  sécheresse,  la  végé- 
tation s'arrête.  Qu'une  pluie  arrive  avant  que  les  fanes 
soient  complètement  mortes,  la  végétation  reprend  de  nou- 
veau ;  les  tubercules  poussent  comme  si  l'on  venait  de  les 
planter,  ils  deviennent  mères  et  donnent  naissance  à  d'autres, 
qui  leur  sont  réunies  par  des  (ils,  d'où  les  noms  de  pommes 
de  terre  ficelées,  folles.  Ces  mères,  prématurément  épui- 
sées, doivent  être  rejetées  lors  du  choix  des  plants. 

C.  —  La  (ilosité,  jadis  inconnue,  serait  devenue  com- 
mune, parce  qu'on  plante  tardivement  et  qu'on  récolte 
avant  maturité  complète  ;  elle  serait  due  aussi  au  retour 
trop  fréquent  dans  le  même  sol,  au  trop  faible  écartement 
entre  les  pieds,  à  la  mauvaise  habitude  de  ne  planter  que 
des  avortons,  etc.  (Voir  :  Agric.  nouvelle,  numéros  cités.) 

Rare  en  Allemagne,  le  pays  par  excellence  de  la  pomme 
de  terre,  la  filosité  est  assez  commune  en  Autriche,  surtout 
chez  les  espèces  précoces;  elle  semble  acquérir  une  grande 
fréquence  dans  notre  région. 

Château  et  Marchal. 


—  148  — 


Enfin,  la  parole  est  donnée  à  M.  le  Dr  Diard,  du 
Creusot,  qui  fait  une  conférence  très  intéressante  et 
très  documentée,  qu'il  a  bien  voulu  résumer  dans  les 
termes  suivants  : 


La  Cellule.  —  Les  Amibes. 

Lorsque  dans  l'étude  des  êtres  vivants  on  arrive  tout 
au  bas  de  l'échelle,  les  deux  derniers  échelons  sont  cons- 
titués pour  ainsi  dire  par  les  deux  formes  suivantes  : 

La  Cellule  ; 
Les 


Ces  êtres  répondent  à  ce  qu'à  notre  époque  on  comprend 
sous  le  nom  de  microbes  (de  m*ptç  petit  et  p*©c  vie,  être 
vivant),  expression  proposée  en  1878  par  Sédillot  et  devenue 
rapidement  populaire. 

Voici  en  résumé  comment  est  constitué  Y  être  cellulaire  : 
Une  masse  microscopique  de  substance  azotée  à  réaction 
généralement  neutre,  dite  proloplasmay  limitée  par  une 
paroi  très  mince  où  la  présence  de  la  cellulose  caractérise 
les  espèces  végétales;  son  absence,  l'animalité.  Dans  ce 
protoplasma,  diverses  agglomérations  de  matière  :  les 
unes  si  tenues  que  sous  les  plus  forts  grossissements  elles 
ont  un  aspect  en  quelque  sorte  pulvérulent  ;  ce  sont  les 
granulations.  Les  autres  un  peu  plus  considérables,  quoique 
toujours  fort  minimes,  appelées,  suivant  leurs  dimensions  : 
noyau,  nucléole,  nucléolules,  auxquels  s'ajoutent  transitoire- 
ment  dans  certains  végétaux  les  sphères  directrices. 

Ces  cellules  sont  tantôt  isolées,  indépendantes,  tantôt 
associées  en  nombre  plus  ou  moins  grand  et  plus  ou  moins 
constant  pour  une  même  espèce,  sous  forme  de  bâtonnets 


—  149  — 

(bacilles),  chaînettes  (streptocoques)  ou  grappes  (staphylo* 
coques). 

Malgré  cette  simplicité  de  structure  ces  êtres  repré- 
sentent, vous  le  savez,  une  des  forces  les  plus  formidables 
de  la  nature.  Rien  ne  leur  résiste  :  les  êtres  vivants,  les 
objets  inertes  sont  à  tout  instant  actionnés  et  remaniés 
par  eux.  Ils  leur  communiquent  la  vie,  la  leur  ôtent  ou 
la  transforment.  Pour  leur  échapper  il  faudrait  pouvoir 
s'élever  au-dessus  de  notre  atmosphère  ou  s'enfoncer 
aux  plus  intimes  profondeurs  de  la  terre.  Et  encore 
y  retrouve-t-on  la  marque  de  leur  passage  :  notre  pré- 
sident M.  Bernard  Renault,  dans  de  saisissantes  études, 
nous  les  montre  ayant  accompli  dès  les  âges  géologiques 
les  plus  lointains  une  œuvre  immense  de  transformation 
au  sein  des  terrains  houillers  et  permiens.  Ce  sont  eux 
qui  régissent,  les  épidémies,  qui  font  les  maladies  de 
l'homme,  des  animaux,  des  plantes,  de  nos  boissons 
(vin,  cidre,  bière,  etc.,  etc.),  qui  viennent  à  bout  des 
substances  les  plus  imputrescibles  comme  les  cheveux  ou 
la  soie.  Ils  s'attaquent  aux  éléments  de  nos  édifices,  y 
produisant  le  salpêtrage,  véritable  maladie  des  habitations 
et  de  la  pierre.  Ce  sont  eux  qui,  véhiculés  par  les  fumiers 
ou  favorisés  par  le  travail  des  instruments  de  culture, 
fertilisent  les  terres  et  préparent  les  moissons.  Nés  sans 
doute  les  premiers  à  la  vie  ils  en  seront  probablement  les 
derniers  refuges  !  Quelque  intéressante  que  soit  l'étude  de 
ces  êtres  cellulaires  je  ne  puis  ici  en  donner  que  cette 
vue  à  vol  d'oiseau.  Ce  que  je  viens  d'en  dire  n'est  qu'à 
titre  de  jalon,  car  nous  allons  retrouver  une  grande  partie 
de  leurs  caractères  dans  les  Amibes  qui  constituent  la  plus 
simple  expression  de  la  matière  vivante  et  qui  doivent  être 
le  principal  objet  de  cette  causerie. 

Dans  un  volume  de  notre  bibliothèque  du  Creusot  inti- 
tulé :  Histoire  naturelle  de  la  France,  par  Albert  Granger, 
tome  XVII,  je  trouve  la  citation  suivante  de  M.  Edmond 


—  150  — 
Périer  qui  vient  de  remplacer  à  la  direction  du  Muséum  le 
regretté  Milne-Edwards.  Il  s'agit  des  Monères,  espèce  très 
rapprochée  des  Amibes  : 

«  Un  grumeau  de  gelée,  voilà  tout  ce  que  montrent  en 
»  eux  nos  plus  forts  instruments  d'optique,  nos  micros- 
»  copes  les  plus  perfectionnés.  Mais  cette  gelée  est  vivante. 
»  On  la  voit  à  chaque  instant  changer  de  forme,  s'emparer 
»  d'êtres  d'ordre  élevé,  les  dissoudre,  les  incorporer  dans 
»  sa  propre  substance.  Ce  grumeau  de  gelée  grandit  et  se 
»  reproduit.  Parfois  il  est  entièrement  transparent,  entouré 
»  de  prolongements  grêles  et  de  formes  variées  ;  d'autres 
n  fois  sa  masse  est  parsemée  de  très  fines  granulations 
»  presque  toujours  entraînées  par  une  sorte  de  mouvement 
»  circulaire  désigné  sous  le  nom  de  circulation  proto- 
»  plasmique.  » 

Dans  le  même  volume,  les  Amibes  sont  décrites  comme 
il  suit,  d'après  Moquîn-Tandon  : 

«  Imaginez-vous  une  gouttelette  de  matière  demi-solide, 
»  demi-transparente,  homogène,  douée  de  mouvements 
»  volontaires.  Elle  s'agite  en  divers  sens,  se  dilate,  ou  se 
s  resserre,  adopte  les  figures  les  plus  irrégulières  et  les 
»  plus  inattendues.  Quand  on  place  l'animalcule  sur  le 
»  porte-objet  du  microscope,  il  glisse  comme  une  gout- 
»  tclette  d'huile,  se  déforme  et  se  reforme.  Véritable 
»  Protée,  il  est,  suivant  les  moments,  circulaire,  oblong, 
»  échancré,  sinueux,  lobé,  étoile,  et  même  tout  à  fait 
»  rameux.  » 

Bien  que  l'ouvrage  en  question,  qui  d'ailleurs  ne  porte 
nulle  part  la  date  de  sa  publication,  soit  moderne  et  rela- 
tivement récent,  la  science  a  marché  depuis  le  moment  où 
les  maîtres  ci-dessus  nommés  écrivaient  les  descriptions 
que  je  viens  de  vous  lire.  Je  vais  vous  en  exposer  uno 
beaucoup  plus  avancée  d'après  les  publications  de  M.  Le 
Dautec,  maître  de  conférences  à  la  faculté  des  sciences 
de  Lyon. 


—  151  — 

Avant  d'entrer  dans  cette  description,  permettez- moi 
d'attirer  votre  attention  sur  une  expression  familière  à  cet 
auteur  et  que  j'emploierai  fréquemment  car  elle  est  très 
commode  :  il  s'agit  du  mot  plastide.  Sous  cette  dénomi- 
nation très  générale,  nous  comprendrons  tous  les  orga- 
nismes élémentaires,  quels  qu'ils  soient.  Tel  plastide  par 
conséquent  sera  une  Bactérie  ou  une  Amibe,  c'est-à-dire 
des  êtres  pouvant  vivre  à  l'état  indépendant.  Tel  autre 
plastide  sera  fibre  musculaire,  ou  cellule  du  tissu  con- 
jonctif,  ou  globule  du  sang,  autrement  dit  un  élément  de 
tissu,  pouvant  être  isolé  des  autres  éléments  semblables  à 
lui,  mais  qui  normalement  vit  en  association  plus  ou 
moins  intime  avec  eux.  —  Tel  plastide  sera  végétal,  tel 
autre  ressortira  au  règne  animal. 

Ceci  étant  bien  compris,  abordons  l'étude  de  l'Amibe. 

Loin  d'être  homogène,  comme  le  croyait  Moquin-Tandon, 
l'Amibe,  lorsqu'on  l'examine  dans  des  conditions  suffisantes 
de  grossissement  et  d'éclairage,  déposée  sous  le  champ  du 
microscope  dans  de  l'eau  pure  ne  contenant  aucun  corps 
solide  en  suspension,  l'Amibe,  dis-je,  se  présente  à  l'ob- 
servateur sous  l'aspect  d'une  sphérule  composée  de  deux 
zones,  l'une  externe,  périphérique,  très  mince,  ayant 
l'apparence  (mais  l'apparence  seulement)  d'une  paroi  et 
dite  :  Ectosarque,  des  mots  grecs  «toc,  dehors,  et,  *"PXi 
subtance  ;  l'autre  plus  centrale  appelée  Endosarque  dans 
laquelle  on  distingue  des  granulations,  un  ou  plusieurs 
noyaux,  et,  chez  les  Amibes  où  le  développement  atteint 
son  maximum  de  complexité,  un  nucléole  et  un  nucléolule. 
Quant  à  la  substance  qui  englobe  ces  divers  éléments, 
c'est  le  protoplasma.  Nous  retrouvons  donc  ici,  sauf  la 
paroi  qui  fait  défaut,  les  mêmes  éléments  que  dans  la 
cellule. 

Quelques  mots  d'explication  sur  chacun  de  ces  éléments 
sont  indispensables  ;  sans  cette  anatomie  il  serait  impos- 
sible de  comprendre  la  physiologie  de  ces  organismes  ;  et 


—  152  — 

c'est  par  celle-ci  que  nous  apprendrons  ce  qu'il  faut  penser 
de  la  volonté  (par  conséquent  de  l'intelligence)  apparente 
de  ces  êtres  d'organisation  très  simple  sans  doute  mais 
qui  se  meuvent,  saisissent  des  proies,  les  digèrent  en 
totalité  ou  en  partie,  en  assimilant  certaines  portions,  en 
rejetant  d'autres  et  semblant  ainsi  faire  preuve  de  certaines 
facultés  de  discernement. 

Tout  d'abord  il  faut  établir  que  la  paroi  n'est  qu'appa- 
rente et  que  Ectosarque,  Endosarque  ne  diffèrent  en  rien 
l'un  de  l'autre.  Effectivement  cette  apparence  est  le  fait 
d'un  phénomène  d'ordre  exclusivement  physique  qui  s'ap- 
pelle la  tension  superficielle  et  sur  lequel,  vu  son  impor- 
tance, il  faut  nous  arrêter  un  moment.  Il  est  indispensable 
de  bien  se  rendre  compte  de  ce  qu'est  cette  tension  super- 
ficielle, car  elle  est  la  véritable  clef  du  fonctionnement 
nutritif  de  l'Amibe. 

Quelques  expériences  très  simples  vont  vous  la  faire 
comprendre  sans  difficulté. 

Première  expérience.  —  Prenons  un  verre  bien  trans- 
parent. Mettons-y  d'abord  de  l'eau  sans  le  remplir  com- 
plètement. Sur  cette  eau  faisons  descendre  avec  précaution 
soit  du  vin  rouge,  soit  un  alcool  coloré,  de  manière  que 
ces  liquides  forment  deux  couches  bien  distinctes.  Au  bout 
de  quelques  instants  nous  allons  constater  (comme  a  pu  le 
faire  quiconque  a  préparé  un  grog)  que  peu  à  peu  la  ligne 
de  séparation  devient  confuse  et  qu'il  se  forme  entre 
chacun  des  liquides  une  zone  intermédiaire  où  ils  se 
trouvent  de  plus  en  plus  intimement  mélangés. 

Seconde  expérience.  —  Dans  un  autre  verre  mettons 
d'abord  du  mercure,  ensuite  de  l'eau.  Cette  fois  nous 
aurions  beau  attendre,  jamais  nous  ne  verrions  se  produire 
la  diffusion  que  nous  venons  d'observer  entre  l'eau  et  le 
vin. 

Mais  prenons  une  baguette  de  verre,  très  propre,  bien 
lavée  à  l'alcool.  Plongeons-la  dans  notre  second  verre  de 


manière  qu'elle  traverse  complètement  la  couche  d'eau  et 
pénètre  peu  à  peu  dans  le  mercure.  Qu'arrive-t-il?  ceci  : 


Notre  baguette  ne  peut  pas  toucher  directement  le 
mercure. 

En  traversant  l'eau  elle  s'en  est  mouillée  et  en  entraine 
avec  elle  une  mince  couche  qui  lui  reste  adhérente. 
Quelque  effort  que  nous  fassions,  quelque  secousse  que 
nous  lui  imprimions,  à  quelque  profondeur  que  noua  l'en- 
foncions dans  le  mercure,  nous  ne  pourrons  ni  détacher 
cette  lamelle  d'eau  du  verre  de  la  baguette,  ni  empêcher 
le  mercure  de  fuir  devant  elle. 

Faisons  arriver  jusque  sur  ce  mercure  une  poudre  fine 
{qui  ne  soit,  bien  entendu,  ni  attaquable  par  lui  chimique- 
ment, ni  soluble  dans  l'eau)  et  recommençons  l'expérience  : 
dès  que  la  baguette  pénétrera  dans  le  mercure,  notre 
poudre  tombera  dans  cette  espèce  de  puits  d'eau  établi 
entre  le  métal  et  la  baguette,  aussi  profondément  que 
nous  enfoncerons  celle-ci,  et  reviendra  à  la  surface  du 
mercure  à  mesure  que  nous  en  retirerons  la  baguette, 
retombant,  si  nous  enfonçons  celle-ci,  dans  cette  pochette 
constituée  par  la  lamelle  d'eau  qui  sépare  le  verre  du 
mercure.  Tout  se  passe  comme  si  une  pellicule  infiniment 
ténue  et  infiniment  extensible  était  tendue  sur  la  surface 
mercurielle. 


—  154  — 

Or,  ceci  n'est  nullement  le  fait  d'une  différence  de  den- 
sité :  le  phénomène  se  produirait  identique  avec  de  l'eau 
et  une  huile  lourde  de  densités  égales. 

La  force  qui  maintient  ainsi  séparés  deux  liquides  non 
miscibles  est  ce  qu'on  a  appelé  la  tension  superficielle. 

Cette  force  est  mesurable.  Elle  est  constante  pour  des 
liquides  déterminés  (huile  et  eau,  —  eau  et  mercure,  etc.), 
les  conditions  ambiantes  étant  supposées  constantes  elles- 
mêmes. 

Quand  elle  est  très  forte,  comme  entre  le  mercure  et 
l'eau,  les  liquides  ne  peuvent  jamais  se  mélanger  ;  mais 
elle  peut  être  très  faible  et  alors  susceptible  d'être  annulée 
par  certaines  conditions  de  température,  pression,  etc. 

Le  premier  cas  est  celui  des  Amibes  vis-à-vis  de  l'eau. 

On  peut  observer  le  second  sur  des  plastides  d'espèce 
voisines  appelés  Gromies. 

Entre  ces  extrêmes  peuvent  se  rencontrer  tous  les  inter- 
médiaires. 

Revenons  maintenant  à  l'anatomie  de  notre  Amibe  et  à 
son  protoplasma.  Voyons  comment  la  tension  superficielle 
y  produit  cette  apparence  de  paroi  appelée  YEctosarque. 

Le  protoplasma,  avons-nous  dit,  est  homogène  quant  à 
sa  composition,  et  l'absence  de  granulations  dans  sa  zone 
périphérique  est  un  fait  d'ordre  exclusivement  mécanique. 
On  le  démontre  par  l'expérience  suivante  dont  j'emprunte 
textuellement  la  description  au  volume  de  Le  Dautec  inti- 
tulé :  la  Forme  spécifique. 

«  Imaginez  que  vous  avez  dans  une  goutte  d'eau  un  petit 
»  corps  solide,  mouillé  par  l'eau,  de  même  densité  qu'elle. 
»  —  Laissez  tomber  cette  goutte  d'eau  dans  une  huile 
»  lourde  de  même  densité  qu'elle.  Elle  prendra  la  forme 
»  sphérique  et  le  grain  solide  suspendu  à  son  intérieur  ne 
»  touchera  pas  l'huile.  Il  en  sera  constamment  séparé  par 
»  une  couche  d'eau  dont  l'épaisseur  a  un  minimum  calcu- 
»  lable. 


-  155  — 

»  Supposez  maintenant  que  le  nombre  des  corpuscules 
»  solides  augmente  de  plus  en  plus  dans  la  goutte  d'eau  ; 
»  chacun  d'eux  sera  distant  de  la  surface  extérieure  d'au 
»  moins  ce  minimum  calculable.  Il  arrivera  donc  que  tous 
»  les  grains  contenus  dans  la  goutte  seront  en  réalité 
»  rassemblés  dans  une  sphère  concentrique  de  dimensions 
»  plus  petites.  Il  y  aura  ainsi  dans  cette  goutte  d'eau  un 
»  endosarque  chargé  de  granulations  ayant  la  forme  d'une 
»  sphérule  située  au  centre  de  la  goutte  et  un  ectosarque 
»  clair,  dépourvu  de  corps  étrangers,  formant  une  couche 
*>  périphérique  qui,  vue  d'un  point  quelconque,  donnera 
»  l'illusion  d'une  auréole  translucide  entourant  une  sphérule 
»  opaque.  » 

C'est  que  entre  ces  granulations  et  l'eau  il  s'est  constitué 
dans  la  goutte  d'huile  cette  tension  superficielle  que  nous 
observions  tout  à  l'heure  sur  le  mercure  et  qui  donne 
l'illusion  d'une  membrane  tendue  à  la  surface  du  corps 
non  miscible  à  l'eau.  Vous  comprenez  maintenant,  je  pense, 
suffisamment  ce  fait  de  l'absence  de  paroi  chez  l'Amibe, 
malgré  l'apparence  contraire,  et  pouvez  saisir  la  différence 
capitale  qui  sépare  celle-ci  de  la  cellule  qui,  elle,  a  toujours 
une  paroi. 

J'ai  présentement  à  vous  parler  des  organes  inclus  dans 
le  protoplasma,  soit  :  les  granulations,  le  noyau  et  ses 
accessoires,  le  nucléole  et  le  nucléolule.  Pour  vous  faire 
bien  comprendre  l'origine  et  la  nature  des  granulations  je 
vais,  les  laissant  un  instant  de  côté,  exposer  d'abord  les 
mouvements  de  l'Amibe,  puis  ses  repas. 

Retournons  à  l'objectif  du  microscope  :  l'Amibe  n'a  pas 
gardé  longtemps  la  forme  sphéroïdale  que  nous  lui  voyions 
tout  à  l'heure.  Sous  des  influences  multiples  (sur  lesquelles 
je  reviendrai  bientôt),  elle  s'est  déformée  par  production  à 
sa  surface  d'expansions  analogues  à  celles  qui  se  produi- 
raient sur  de  l'huile  glissant  à  la  surface  d'une  toile  cirée. 
On  donne  à  ces  expansions  le  nom  de  pseudopodes  (faux 


—  156  — 

pieds).  D'autre  part,  sous  l'influence  de  son  propre  poids, 
l'Amibe  descend  peu  à  peu  et  finit  par  venir  au  voisinage 
du  porte-objet.  L'extrémité  du  pseudopode  qui  arrive  le 
premier  à  cette  position  ne  vient  pas  cependant  toucher 
celui-ci  :  avant  que  ce  contact  ait  pu  s'établir,  le  pseudo- 
pode se  recourbe  horizontalement,  s'allonge  parallèlement 
au  plan  du  porte-objet,  suivi  par  les  autres  pseudopodes 
et  finalement  par  la  masse  entière  de  l'Amibe  qui,  de  plus 
ou  moins  sphéroïdale  ou  ellipsoïdale  qu'elle  était,  devient 
par  aplatissement  progressif  complètement  discoïde.  Or  à 
mesure  qu'elle  prend  ce  nouvel  aspect,  elle  devient  de  plus 
en  plus  adhérente  au  porte-objet  et  cette  adhérence  arrive 
même  à  être  assez  considérable.  Et  cependant,  quels  que 
soient  cet  aplatissement  et  cette  adhérence,  constamment 
il  restera  une  lamelle  d'eau  entre  l'Amibe  et  le  verre  sous- 
jacent,  absolument  comme  nous  avons  vu  une  lamelle  d'eau 
séparer  constamment  du  mercure  notre  baguette  de  verre 
mouillée  d'eau.  Quelque  importantes  que  puissent  être  les 
attractions  moléculaires  qui  le  sollicitent  au  contact  du 
porte  objet,  l'Amibe  en  reste  séparée  par  la  tension  super- 
ficielle. C'est  si  bien  d'un  simple  phénomène  physique  qu'il 
s'agit  là,  qu'on  peut  le  reproduire  clans  des  conditions  abso- 
lument analogues  mais  plus  accessibles  à  la  vue,  en  dis- 
posant dans  l'eau,  sur  la  paroi  inférieure  d'un  cristallisoir, 
une  série  de  petits  corps  allant  graduellement  de  la  forme 
sphéroïdale  à  la  forme  aplatie,  discoïde.  A  mesure  que 
diminue  la  forme  sphérique  on  constate  que  le  corps  flotte 
moins  facilement,  et  l'adhérence  à  la  paroi  sous-jacente 
devient  d'autant  plus  marquée  que  le  corps  est  plus 
discoïde,  plus  rapproché  de  la  forme  plane,  mais  toujours 
il  subsiste  entre  ce  corps  et  la  paroi  du  cristallisoir  la 
lamelle  d'eau  due  à  la  tension  superficielle. 

Telle  que  nous  l'avons  observée  jusqu'ici,  c'est-à-dire 
dans  l'eau  pure,  l'Amibe  était  en  définitive  dans  un  milieu 
artificiel,  car  son  habitat  normal  est  l'eau  plus  ou  moins 


—  157  — 

stagnante,  celle  des  mares  principalement.  Si  nous  l'exa- 
minons dans  ce  milieu  qui  est  le  sien,  nous  remarquerons 
qu'elle  y  a  une  activité  bien  différente  de  la  passivité  que 
nous  lui  avons  vue  dans  l'eau  pure  :  à  chaque  instant  elle 
changera  de  direction,  semblant  le  plus  souvent  poursuivre 
quelque  corpuscule  destiné  à  devenir  sa  proie. 

Pourquoi  ce  changement  d'allure  ?  Est-ce  que  tout  à 
l'heure  le  chasseur  restait  au  repos  parce  qu'il  avait  cons- 
cience que  tout  gibier  faisait  défaut,  et  que  maintenant, 
présumant  sa  présence,  il  a  jugé  pouvoir  se  mettre  utile- 
ment en  campagne  ?  Oh,  non  !  —  C'est  que  l'eau  de  mare 
est  un  milieu  complexe  au  lieu  d'un  milieu  simple  comme 
l'eau  pure.  C'est  que  l'Amibe  s'y  trouve  sollicitée  par  des 
influences  multiples  sur  lesquelles  le  moment  est  venu  de 
jeter  un  coup  d'oeil. 

Ces  influences  sont  de  deux  ordres  :  chimiques,  physiques. 

Les  influences  chimiques  ont  été  vérifiées  à  l'aide  d'ex- 
périences nombreuses  et  probantes  par  lesquelles  s'est 
constituée  une  branche  nouvelle  de  la  science  qui  a  reçu 
le  nom  de  Chimiotaxie.  Je  ne  puis  évidemment  que  vous 
en  indiquer  ici  les  grandes  lignes  : 

Certaines  substances  sont  indispensables  à  l'existence 
de  certaines  espèces  ;  les  principales  sont  :  l'oxygène  en 
première  ligne.  Suivant  que  les  plastides  peuvent  ou  non 
se  passer  de  son  contact  direct,  ils  sont  dits  aérobies  ou 
anaaérobies.  Puis  viennent  le  phosphore,  le  soufre,  l'azote. 
D'autres  substances  au  contraire  sont  complètement  incom- 
patibles avec  l'existence  d'un  nombre  plus  ou  moins  grand 
d'espèces.  Vous  connaissez  tous  en  cet  ordre  les  puissantes 
propriété  du  mercure  et  du  chlore.  Or  le  rôle  de  ces  incom- 
patibilités est  des  plus  importants  :  il  est  tel  que  des 
quantités  même  impondérables  de  certains  principes  sus- 
pendent ou  suppriment  la  vie  d'espèces  déterminées,  tels 
les  sels  d'argent  vis-à-vis  de  certains  Bacillus  (prodigiosus  ?) 
dans  les  mémorables  expériences  de  Raulin  (de  Lyon).  Ce 


—  158  - 

remarquable  phénomène  permet  d'utiliser  ces  substances  à 
titre  do  véritable  réactif  biologique  et  de  vérifier  la  pré- 
sence ou  l'absence  de  certains  organismes  dans  des  milieux 
où  échouerait  tout  autre  moyen  d'investigation. 

Sans  être  directement  indispensables  ou  nuisibles  aux 
plastides,  d'autres  substances  ont  la  propriété  d'être  absor- 
bées par  eux  avec  une  plus  ou  moins  grande  intensité.  Tels 
certains  colorants,  grâce  auxquels  certains  microbes  long- 
temps cherchés  inutilement  ont  fini  par  être  enfin  décelés. 
Le  plus  important  et  le  premier  ainsi  reconnu,  je  crois,  est 
le  Bacille  de  la  tuberculose. 

Il  y  a  des  substances  qui  attirent  certains  microbes  et 
d'autres  qui  les  repoussent,  et  ceci  en  dehors  de  toute 
affinité  nutritive,  car  telle  substance  attirante  peut  être 
mortelle  à  un  plastide  qui  sera  au  contraire  repoussé  par 
une  autre  où  il  pourrait  trouver  des  éléments  utiles  à  son 
existence.  Celles  qui  attirent  un  plastide  sont  dites  positi- 
vement chimiotaxique  vis-à-vis  de  lui.  Inversement  elles  sont 
qualifiées  négativement  chimiotaxique  si  elles  exercent  une 
action  répulsive.  Or,  chose  remarquable,  ces  propriétés 
attractives  ou  répulsives  ne  sont  pas  constantes  et  peuvent 
même  alterner  vis-à-vis  d'un  même  plastide  :  telle  subs- 
tance qui  était  d'abord  positivement  chimiotaxique  par 
rapport  à  tel  ou  tel  microbe,  peut  un  peu  plus  tard  le 
devenir  négativement  pour  revenir  ultérieurement  à  une 
chimiotaxie  positive.  Ces  phénomènes  d'attraction  ou  de 
répulsion  peuvent  s'exercer  à  des  distances  relativement 
considérables  ;  tels  l'acide  malique  vis-à-vis  des  spores 
de  certaines  fougères  ou  certaines  toxines  vis-à-vis  des 
leucocytes. 

L'observation  de  ces  curieuses  propriétés  a  permis  d'ex- 
pliquer bien  des  faits  jusqu'alors  incompréhensibles  et  a 
singulièrement  élargi  les  moyens  d'investigation  scien- 
tifique. Je  n'insisterai  pas  autrement  sur  eux. 

Ce  que  je  viens  d'exposer  suffit  pour  faire  comprendre  à 


—  159  — 

combien  d'actions  chimiques  peut  être  exposée  l'Amibe  dans 
un  milieu  où  se  font  incessamment  des  décompositions  de 
toutes  sortes  par  suite  de  fermentations  et  de  réactions 
aussi  continuelles  que  complexes. 

Les  influences  physiques  ne  sont  ni  moins  nombreuses, 
ni  moins  importantes  :  à  tout  instant  en  effet  cette  eau  de 
mare  n'est-elle  pas  influencée  avec  une  infinie  diversité  de 
nuances  par  la  radiation  solaire  et  ses  diverses  consé- 
quences de  température,  d'évaporation,  d'électricité,  de 
modifications  dans  la  densité,  la  pression  atmosphéri- 
que, etc.  Cette  eau  n'est-elle  pas  constamment  agitée  par 
le  vent  qui  lui  apporte  des  éléments  nouveaux,  organiques 
ou  minéraux  ;  diluée  par  la  pluie,  modifiée  par  les  consé- 
quences mêmes  de  la  vie  de  tous  les  êtres  qui  y  pullulent 
ou  l'entourent?  Il  se  passe  dans  ce  microcosme  des  phéno- 
mènes tout  à  fait  comparables  à  ceux  qui  se  produisent  en 
grand  dans  les  océans  où  les  modifications  apportées  à  tout 
instant  par  l'apport  des  eaux  fluviales,  les  influences 
astrales,  le  vent,  la  vie  et  les  luttes  d'innombrables  êtres 
vivants  engendrent  des  réactions  continues  et  les  courants 
les  plus  divers. 

Parmi  toutes  ces  causes  que  je  viens  de  mentionner,  il 
en  est  une  qui  est  particulièrement  productrice  de  mouve- 
ments pour  les  microorganismes,  c'est  la  lumière  solaire. 
Son  action  est  si  nette  sur  certaines  Bactéries  qu'un 
microbiologiste  allemand,  Engelman,  prétend  au  moyen 
de  cet  agent  les  diriger  à  volonté  et  en  quelque  sorte  les 
«  prendre  comme  au  piège  ». 

Vous  voyez  combien  sont  complexes  les  causes  qui 
peuvent  influer  sur  la  vie  et  les  mouvements  des  plastides 
et  encore  en  ai -je  laissé  un  grand  nombre  de  côté  qui 
seraient  fort  intéressantes  comme  l'action  des  Anesthé- 
siques,  par  exemple,  mais  je  ne  puis  allonger  cette  digres- 
sion destinée  simplement  à  établir  que  «  les  mouvements 
si  variés  des  Amibes,  y  compris  la  formation  des  pseudo- 


-  160  — 

podes,  n'a  en  réalité  rien  de  mystérieux.  Malgré  leur 
apparente  spontanéité,  ils  n'échappent  pas  aux  lois  géné- 
rales de  la  physique  et  de  la  chimie.  »  (Le  Dautec). 

Voyons  alors  ce  qu'est  le  repas  d'une  Amibe  et  repre- 
nons l'observation  de  celle-ci  dans  son  milieu  normal  : 
l'eau  de  mare.  Voici  un  corpuscule  quelconque,  une  spore 
d'algue  par  exemple.  Sous  une  des  influences  que  nous 
venons  d'examiner,  cette  spore  arrive  au  niveau  d'un 
pseudopode.  Alors  commence  à  s'effectuer  une  série  de 
mouvements  dont  l'ensemble  constitue  un  phénomène 
appelé  Yenvacuolement  et  que  nous  allons  étudier. 

De  même  que  tout  à  l'heure  dans  l'eau  pure  nous  avons 
vu  l'Amibe  s'aplatir  peu  à  peu  sur  le  porte-objet,  tout  en 
restant  séparée  par  une  lamelle  d'eau  ;  de  même  ici  elle  va 
se  déformer  sur  le  corps  étranger,  investissant  celui-ci  avec 
un  ou  plusieurs  de  ses  pseudopodes.  Mais  entre  ceux-ci  et 
la  spore  enveloppée  subsistera  comme  entre  l'Amibe  de 
tout  à  l'heure  et  le  porte-objet,  comme  entre  la  baguette  de 
verre  et  le  mercure,  cette  inévitable  lamelle  d'eau,  consé- 
quence obligée  de  la  tension  superficielle.  De  sorte  qu'en 
définitive  le  corpuscule  englobé  clans  le  protoplasma  de 
l'Amibe  n'est  pas  en  contact  immédiat  avec  lui;  il  en  est 
séparé  par  une  sorte  d'atmosphère  aqueuse  qu'on  appelle 
la  vacuole. 

Voici  donc  notre  corpuscule  envacuolô,  autrement  dit 
prisonnier. 

Est-il  à  son  aise  en  cette  prison  ?  Nullement,  car  il  y 
subit  une  pression  mathématiquement  calculable,  propor- 
tionnelle à  la  tension  superficielle,  et  relativement  énorme, 
la  tension  superficielle  étant  très  considérable  chez  l'A- 
mibe. 

Voyons  quelles  vont  être  les  conséquences  de  cette 
pression  : 

Le  protoplasma  d'un  être  vivant  est,  d'après  Van 
Thieghem,  un  mélange  avec  l'eau  d'un  plus   ou  moins 


-  161  — 

grand  nombre  de  principes  immédiats,  différents,  en  voie 
do  transformations  continuelles  par  suite  de  réactions  mul- 
tiples entre  ses  propres  éléments  et  les  diverses  substances 
contenues  dans  le  milieu  ambiant. 

Eh  bien  !  parmi  les  substances  qui  constituent  ce  mélange, 
plusieurs  sont  rapidement  diffusibles  dans  l'eau,  d'autres 
sont  susceptibles  d'être  dédoublées  par  dialyse. 

Or,  la  vacuole  aqueuse  emprisonnée  et  comprimée  par  le 
protoplasma  de  l'Amibe  offre  des  conditions  éminemment 
favorables  à  ces  phénomènes  de  diffusion  et  de  dialyse. 

D'autre  part,  on  sait  que  d'une  façon  générale  une  subs- 
tance soumise  à  la  dialyse,  laisse  passer  son  acide  plus 
vite  que  sa  base.  Si  donc  ici  il  y  a  enjeu  quelque  décom- 
position de  cet  ordre,  il  y  a  lieu  de  prévoir  que  le  liquide 
de  la  vacuole  va  devenir  petit  à  petit  plus  acide  que  le 
milieu  où  elle  est  circonscrite.  C'est  effectivement  ce  qui 
arrive  :  en  procédant  à  des  vérifications  successives  à  l'aide 
de  réactifs  suffisamment  sensibles  et  appropriés,  on  cons- 
tate qu'au  bout  d'un  certain  temps  le  contenu  de  la  vacuole, 
légèrement  alcalin  au  début,  devient  d'une  acidité  mar- 
quée bien  que  le  milieu  qui  l'entoure  soit  alcalin. 

Il  a  été  démontré  d'autre  part  par  un  savant  nommé 
Krukenberg  que  Ton  peut  extraire  de  la  pepsine  de  cer- 
tains protoplasmas. 

Or  le  liquide  vacuolique  est  devenu  acide,  c'est-à-dire 
favorable  à  l'entrée  en  activité  de  la  pepsine.  Si  celle-ci  est 
diffusée  par  le  protoplama  ambiant,  le  corps  envacuolé  va 
être  attaqué  par  elle  et  digéré. 

C'est  bien  là  en  effet  ce  que  nous  verrions  se  produire 
si  nous  restions  suffisamment  longtemps  l'œil  fixé  sur  l'ob- 
jectif :  nous  constaterions  que  peu  a  peu  la  spore  d'algue 
envacuolée  se  dissout  dans  la  vacuole  et  qu'au  bout  d'un 
certain  temps  il  n'en  resterait  plus  d'autres  traces  que 
quelques  granulations  formées  de  substances  non  atta- 
quables dans   les  conditions  présentes,    et  qui,    n'étant 

S.H.N.  1900.  H 


—  162  — 

pas  assimilées  par  l'Amibe,   seront  ultérieurement  élimi- 
nées. 

Dans  le  repas  auquel  nous  venons  d'assister,  le  corps  enva- 
cuolé  était  un  être  organisé,  utilisable.  Mais  toutes  les  inges- 
tions d'une  Amibe  ne  sont  pas  aussi  profitables  :  l'envacuo- 
lement  n'étant,  comme  je  vous  le  disait  tout  à  l'heure,  réglé 
que  par  des  causes  d'ordre  exclusivement  physique,  bien 
souvent  il  s'exerce  sur  des  corpuscules  plus  ou  moins  inertes 
qui,  plusou  moins  désagrégés,  pourront  séjourner  un  certain 
temps  au  sein  du  protoplasma  et  y  constitueront  un  autre 
ordre  de  granulations  destinées  à  l'élimination  ultérieure. 

Nous  allons  maintenant  étudier  le  noyau. 

Quelque  minime  que  soit  cet  organisme,  les  microbiolo- 
gistes ont  pu  arriver  à  en  faire  une  étude  assez  approfondie 
pour  qu'il  soit  possible  d'en  entrevoir  l'anatomie  et  la 
physiologie. 

Au  point  de  vue  anatomique  voici  ce  que  je  puis  vous 
dire  du  noyau  : 

Sa  forme  prédominante  est  celle  d'une  vésicule  sphérique, 
ellipsoïdale  ou  discoïdale  —  La  plus  grande  partie  de  sa 
masse  est  constituée  par  une  substance  liquide  hyaline, 
c'est-à-dire  rappelant  l'aspect  du  verre  (du  mot  grec  ù«l©ç), 
qu'on  appelle  suc  nucléaire.  Il  paraît  vraisemblable,  au 
moins  pour  un  certain  nombre  d'espèces,  que  ce  suc  nuclé- 
aire est  séparé  du  protoplasma  de  l'Amibe  comme  celui-ci 
lui-même  l'est  de  l'eau  par  la  simple  tension  superficielle, 
et  que  s'il  existe  quelquefois  une  membrane  nucléaire, 
celle-ci  n'est  pas  constante. 

Dans  le  suc  nucléaire  on  distingue  soit  une  infinité  de 
petits  granules  disposés  en  une  couche  sphérique,  soit  un 
petit  nombre  de  corpuscules  de  dimensions  relativement 
plus  considérables  qu'on  appelle  nucléoles.  Parfois  il 
n'existe  qu'un  seul  nucléole,  qui  peut  revêtir  l'apparence 
d'un  ruban  enroulé  ou  pelotonné.  Lorsqu'il  est  relativement 
volumineux  et  atteint  son  maximum  de  complexité,  "on  y 


-  163  — 

observe  une  vacuole  centrale  plus  ou  moins  réfringente  dite 
nucléolule. 

Dans  l'espace  compris  entre  le  nucléole  et  la  partie  péri- 
phérique du  noyau  se  trouve  un  filament  replié,  pelotonné 
sur  lui-même,  dont  les  replis  sont  anastomosés  en  réseau. 
Ce  filament  est  composé  d'une  substance  hyaline  et  homo- 
gène dans  laquelle  on  distingue,  disposées  en  séries,  des 
granulations  plus  réfringentes,  de  grosseurs  variables,  jouis- 
sant de  la  propriété  de  fixer  énergiquement  les  matières 
colorantes.  On  a  donné  le  nom  de  chromatine  à  la  substance 
qui  donne  aux  granulations  du  filament  cette  propriété 
fixative  des  matières  colorantes  et  les  filaments  sont 
appelés  filaments  chromatiques.  La  chromatine  contient  du 
phosphore.  Ces  organes  paraissent  avoir  une  importance 
considérable  dans  les  phénomènes  de  la  reproduction.  On 
les  retrouve  d'ailleurs  avec  des  caractères  presque  iden- 
tiques dans  beaucoup  de  plastides  ;  vous  en  pourrez  lire 
une  description  bien  plus  approfondie  que  celle  que  je  puis 
vous  faire  ici,  dans  un  ouvrage  intitulé  :  Leçons  élémentaires 
de  Botanique,  par  Aug.  Daguillon,  maître  de  conférences  à 
la  faculté  des  sciences  de  Paris. 

Les  interstices  laissés  entre  le  filament  chromatique  et 
les  autres  organes  du  noyau,  ainsi  que  entre  les  mailles  de 
son  réseau,  sont  remplis  par  le  suc  nucléaire  qui  est  lui- 
même  d'une  composition  analogue  à  celle  du  protoplasma. 

Pour  en  finir  avec  ce  qui  concerne  le  noyau,  j'ajouterai 
qu'il  peut  se  mouvoir  à  l'intérieur  du  plastido  comme 
celui-ci  se  meut  lui-même  dans  l'eau,  et  que  ses  mouve- 
ments peuvent  être  attribués  aux  échanges  effectués  entre 
lui  et  le  protoplasma.  Ces  mouvements  peuvent  entraîner 
pour  le  noyau  des  déformations  absolument  analogues  à 
celles  que  nous  avons  observées  précédemment  au  cours 
des  évolutions  de  l'Amibe.  Tous  ces  phénomènes  sont  de 
même  ordre  et  complètement  superposables. 

Abordons  maintenant  ce  que  j'ai  tout  à  l'heure  appelé  la 


— .  164  — 

physiologie  du  noyau  et  voyons  si  elle  peut  nous  donner 
quelque  indication  sur  la  raison  d'être  de  cet  organe.  —  Les 
notions  acquises  sur  ce  point  sont  dues  surtout  aux  recher- 
ches d'un  Français,  Balbiani. 1 

Pour  se  rendre  compte  du  rôle  que  peut  jouer  le  noyau 
clans  un  plastide,  le  procédé  le  plus  naturel  est  d'isoler  ce 
noyau  en  divisant  le  plastide  en  deux  portions,  dont  Tune 
conservera  le  noyau,  l'autre  en  étant  privée. 

Cette  délicate  opération  porte  le  nom  de  mérolomiey  des 
mots  grecs  ^>oç,  part;  to^i™,  couper.  Les  segments  ainsi 
obtenus  sont  appelés  mérozoïtes  de  :  ç«ov,  animal,  et  tftoc, 
forme,  apparence,  expression  ingénieuse  qui  malgré  sa 
concision  indique  bien  qu'il  s'agit  de  simples  portions  de 
quelque  chose  possédant,  au  moins  en  apparence,  certains 
caractères  de  l'animalité. 

La  mérotomie  d'ailleurs  n'est  pas  applicable  exclusive- 
ment aux  infiniment  petits.  Balbiani  en  donne  la  définition 
suivante  :  «  C'est  l'opération  qui  consiste  à  retrancher  d'un 
»  organisme  vivant  une  portion  plus  ou  moins  considérable, 
»  dans  le  but  d'étudier  les  modifications  anatomiques  ou 
»  physiologiques  qui  surviennent  dans  la  partie  séparée  du 
»  corps.  » 

Eh  bien!  voici  notre  Amibe  divisé  en  deux  mérozoïtes, 
l'un  pourvu,  l'autre  privé  de  noyau.  Que  va-t-il  advenir? 

Oh!  fort  peu  de  chose  d'abord  :  vu  la  nature  de  son  pro- 


1.  Le  nom  de  ce  savant  eat,  en  dehors  des  milieux  scientifiques,  moins 
connu  qu'il  ne  mériterait  de  l'être.  Balbiani  est  mort  il  n'y  a  guère  plus  d'un 
au,  professeur  au  Collège  de  France,  en  pleine  activité  scientifique  malgré 
ses  soixante- dix-sept  ans.  Il  fut  un  créateur  :  c'est  lui  qui  a  fondé  et  cons- 
titué la  branche  scientifique  appelée  Embryogénie.  Nul,  écrivait  le  professeur 
Laborde  (Tribune  môdicale  du  2  août  1899),  nul  n'approfondit  et  ne  poussa 
plus  loin  que  lui  l'histoire  naturelle  des  infiniment  petits  dont  il  a  pénétré 
et  dévoilé  la  constitution  normale,  le  développement  et  les  maladies.  Il 
apportait  dans  ses  recherches  une  perspicacité,  dans  ses  descriptions  une 
clarté  admirable.  Il  maniait  le  microscope  avec  une  maîtrise  incomparable. 
Aussi  modeste  que  savant  et  habile,  toute  sa  vie,  il  a  repoussé  les  honneurs, 
mais  il  doit,  avec  Brown-Sequard,  dont  il  était  l'ami,  rester  une  des  gloires 
de  la  science  française. 


—  165  — 

toplasma  homogène  et  doué  d'une  forte  tension  superficielle, 
chacune  des  parties  de  l'Amibe  coupée  présente  partout 
au  contact  de  l'eau  la  même  surface,  opposant  à  la  diffusion 
vers  le  milieu  ambiant  la  même  barrière  que  la  surface 
normale  de  l'Amibe  entière.  C'est  comme  si  nous  avions 
divisé  au  milieu  d'une  masse  d'eau,  une  goutte  d'huile  de 
même  densité  que  cette  eau.  Chacune  des  moitiés  présen- 
tera vis-à-vis  des  agents  physiques  ou  chimiques  des  réac- 
tions identiques,  émettra  des  pseudopodes,  captera  des 
corps  étrangers,  les  envacuolera,  les  digérera.  Au  premier 
abord  rien  ne  différencie  le  mérozoite  nucléé  de  l'autre. 

Et  cela  durera  des  heures,  des  jours,  voire  même  8,  10, 
13  jours  ! 

Toutefois,  au  bout  d'un  temps  qui  variera  suivant  l'abon- 
dance et  la  qualité  des  matériaux  ingérés  par  le  mérozoite 
sans  noyau,  nous  verrions  celui-ci  subir  un  ralentissement 
croissant  dans  sa  nutrition  :  tandis  que  l'autre  s'accroit  et 
reprend  rapidement  le  volume  de  l'Amibe  primitive,  le 
mérozoite  sans  noyau  n'augmente  pas  de  volume  ;  son  pro- 
toplasma se  remplit  des  produits  de  ses  digestions,  dégénère 
et  se  trouve  peu  à  peu  disparaître  n'étant  pas  renouvelé. 

De  cette  première  expérience  de  mérotomie,  il  résulte 
donc  que  entre  le  mérozoite  nucléé  et  celui  qui  n'a  plus  de 
noyau  la  différence  est  que  ce  dernier  peut  bien  pendant 
un  certain  temps  digérer,  mais  non  plus  assimiler.  Son 
protoplasma  s'use  proportionnellement  à  ses  digestions  et 
ne  se  régénère  plus.  —  Tout  au  contraire  dans  le  mérozoite 
nucléé  le  protoplasma  non  seulement  assimile  mais  s'accroît  : 
son  usure  n'est  pas  seulement  compensée,  elle  donne  lieu 
à  un  supplément  de  régénération. 

Le  noyau  serait-il  donc  le  primum  movens,  l'artisan  de 
la  vie,  l'âme  du  plastide? 

Deux  moyens  s'offrent  au  chercheur  pour  arriver  à  la 
solution  do  ce  problème  :  l'expérimentation  sous  forme  de 
mérotomie  du  noyau. 


—  166  — 

L'Observation  généralisée  de  la  série  des  plast ides. 

Voyons  d'abord  la  Mérotomie  nucléaire.  —  Elle  a  pu  être 
poursuivie  non  seulement  sur  les  Amibes  mais  aussi  dans 
un  grand  nombre  de  plastides,  et  ces  expériences  ont  acquis 
des  faits  extrêmement  importants  : 

D'abord  on  a  constaté  que  le  noyau,  quel  que  soit  le 
plastide  d'où  il  provient,  se  décompose  rapidement  au 
contact  de  l'eau. 

D'autre  part  il  ne  continue  pas  de  vivre  s'il  est  transporté 
d'un  plastide  dans  un  autre  d'espèce  différente. 

Par  contre,  tant  qu'il  reste  en  rapport  direct  avec  le 
protoplasma  qui  lui  est  normal,  il  vit  et  se  développe.  — 
L'y  divise-t-on  en  une  ou  plusieurs  parties?  chacun  de  ses 
fragments  regénère  rapidement  et  complètement  le  noyau 
entier.  Quant  à  Y  observation  généralisée,  elle  apprend  que 
dans  la  série  des  plastides  le  noyau  n'est  pas  un  organe 
univoque.  Infinie  au  contraire  est  sa  morphologie.  Non 
seulement  on  voit  suivant  les  espèces  l'anatomie  des 
noyaux  être  plus  ou  moins  complexe,  ceux-ci  posséder  ou 
non  nucléoles,  nucléolules,  filaments  chromatiques,  etc., 
mais  là  même  où  existent  ces  organes  accessoires  ils  pré- 
sentent d'innombrables  variétés  dans  leur  forme,  leur 
nombre,  leurs  dispositions  relatives.  Bien  mieux  il  y  a  des 
espèces  où  l'existence  même  du  noyau  est  (ou  parait  être) 
intermittente  !  En  définitive  il  semble  résulter  de  l'étude  de 
l'évolution  nucléaire  dans  la  série  des  plastides  que  les 
divers  éléments  des  noyaux  sont  le  fait  d'une  différencia- 
tion progressive  telle  que,  au  point  de  départ,  le  noyau  ne 
diffère  que  fort  peu  du  protoplasma,  mais  qu'il  acquiert 
progressivement  nucléole,  nucléolule,  granulations  et  fila- 
ments chromatiques  à  titre  d'organes  de  perfectionnement. 

Mais  à  travers  cette  infinie  diversité,  une  chose  reste 
constante  :  c'est  le  rôle  physiologique  du  (ou  plus  exacte- 


-  167  — 

ment)  des  noyaux.  Et  ce  rôle  est  de  maintenir  constante  la 
composition  du  protoplasma. 

Mais  ce  protoplasma,  qu'est-il  donc  ? 

Nous  venons  de  voir  que  le  noyau  diffère  tellement  d'une 
espèce  à  une  autre  qu'il  est  rapidement  détruit  si  on  le 
transporte  d'un  plastide  dans  un  autre  d'espèce  différente. 
—  Qu'inversement  il  prospère  tant  qu'il  reste  au  contact 
de  son  protoplasma  normal  et  que  les  mutilations  qu'il  y 
subit  ne  font  que  majorer  son  développement. 

Donc  ce  milieu  lui  aussi  est  variable.  —  Donc  on  ne  doit 
pas  plus  dire  le  protoplasma  qu'on  ne  doit  dire  le  noyau. 

Donc,  contrairement  à  ce  que  croyait  Claude  Bernard,  il 
y  a,  non  pas  une  substance  fondamentale  commune  à  tous 
les  êtres  vivants  et  dénommée  protoplasma,  mais  au  con- 
traire une  multitude  indéfinie  de  combinaisons  protoplas- 
miques  dont  chacune  répond  à  une  combinaison  nucléaire 
déterminée. 

Différenciation  protoplasmique,  —  Différenciation  nucléaire, 
tels  sont  donc  en  déûnitive  les  pivots  de  la  Différenciation 
des  Espèces. 

Ainsi  s'éclaire  d'un  jour  nouveau  le  problème  de  la 
vie  élémentaire  ramené  à  deux  termes  seulement  :  un 
simple  rapport  physico-chimique  entre  deux  formes  de 
combinaisons  :  le  protoplasma,  —  le  noyau! 

Complexe  sans  doute  est  chacune  de  ces  formes,  mais  ne 
différant  somme  toute  de  certaines  combinaisons  organiques 
(actuellement  bien  définies  chimiquement  et  réalisées  par 
synthèse)  qu'en  ceci  seulement  :  la  combinaison  protoplas- 
mique ou  nucléaire  est  suceptible  dans  certaines  conditions 
d'entrer  en  état  de  mutation  incessante,  de  mouvement 
continu,  tandis  que  la  stabilité  moléculaire  caractérise  toutes 
les  autres,  leur  est  tellement  nécessaire  que  leur  molécule 
se  détruit  si  on  lui  soustrait  le  moindre  de  ses  éléments, 
comme  se  détruit  pour  tomber  en  poussière  une  larme 
batavique  dont  on  brise  la  pointe. 


—  168  — 

Or  cette  faculté  de  mutation  continue  qui  est  le  propre 
de  la  combinaison  vivante  n'entre  en  jeu  que  dans  certaines 
conditions  déterminées.  Celles-ci  font-elles  défaut?  la  com- 
binaison redevient  fixe,  immobile,  ne  différant  nullement 
en  apparence  des  autres  formes  de  combinaison.  Et  cet  état 
d'immobilisation  peut  durer  un  temps  fort  long.  Chacun 
sait  que  les  Tardigrades  et  les  Rotifères    peuvent   être 
desséchés  pendant  plusieurs  jours  sans  que  leur  vie  s'éteigne. 
Certains  petits  animaux,  les  Entomostracés,  continuent  à 
vivre  après  dessiccation.  Il  y  a  une  quarantaine  d'années,  un 
naturaliste  recueillit  dans  une  mare  sèche  huit  mois  sur 
douze  un  peu  de  bourbe  qui  fut  desséchée  et  envoyée  en 
Angleterre.  Remise  à  l'eau,  elle  offrit  à  l'examen  six  espèces 
différentes    d'Entomostracés.    Une  partie   de  cette   terre 
resta  de  nouveau  séchée  pendant  neuf  ans.  Au  bout  de  ce 
temps,   après  l'avoir  mouillée,   on  y  retrouva  encore  des 
Entomostracés  vivants.  Je  ne  parlerai  pas  des  grains  de 
blé  trouvés  dans  des  tombes  de  pharaons  en  Egypte  et  qui 
auraient  germé  après  des  milliers  d'années  de  séjour  dans 
les  nécropoles,  ce  fait  ayant  été  vigoureusement  constesté 
dans  ces  derniers  temps  et  n'étant  peut-être  qu'une  légende  ; 
mais  le  fait  des  Entomostracés  subsiste  et  prouve  suffisam- 
ment que  certaines  combinaisons  susceptibles  de  vie  peu- 
vent pendant  des  périodes  de  temps  très  prolongées  rester 
inertes  comme  la  machine  qui  n'est  pas  actionnée  par  son 
moteur  approprié,  comme   le  morceau   de   potassium  qui 
reste  inerte  tant  qu'il  est  bien  au  sec,  mais  se  met  en  mou- 
vement et  s'enflamme  dès  qu'il  entre  au  contact  avec  une 
masse  d'eau  suffisante.  Et  il  n'est  pas  déraisonnable  d'es- 
pérer qu'un  jour,  lorsque  physiciens  et  chimistes  auront 
perfectionné  leurs   méthodes   et   moyens   d'investigation, 
comme  les  biologistes  ont  perfectionné   les  leurs  depuis 
Claude  Bernard  et  Moquin-Tandon,  ils  arriveront  à  serrer 
de  plus  près  cette  énigme  de  la  vie  qui  probablement  n'est 
pas  univoque  et  dont  une  part  plus  ou   moins  importante 


—  169  — 

réside  peut-être  dans  quelque  problème  d'équivalences  de 
chaleur  spécifique.  N'avons-nous  pas  un  phénomène  présen- 
tant avec  ceux-là  quelque  analogie  dans  le  jeu  de  ces  combi- 
naisons ferro-manganiques  qui  prennent  et  cèdent  alternati- 
vement l'oxygène  pendant  un  temps  plus  ou  moins  prolongé  ? 

Quoi  qu'il  en  soit  et  puisse  advenir,  il  résulte  des  faits 
que  nous  venons  d'examiner  un  ensemble  de  notions  duquel 
Le  Dautec,  l'auteur  des  ouvrages  où  j'ai  surtout  puisé  les 
éléments  de  cette  étude,  tire  les  conclusions  que  voici  : 

«  Il  semble  établi  d'une  façon  générale  que  les  propriétés 
»  d'un  être  vivant  sont  inhérentes  à  la  composition  chi- 
»  mique  du  protoplasma  de  son  œuf,  et  que  les  phénomènes 
»  mystérieux  jusqu'ici  (tels  qu'adaptation,  évolution,  etc.) 
»  sont  vraisemblablement  réductibles  à  des  actions  physico- 
»  chimiques.  » 

Je  laisse  d'ailleurs  à  ce  savant  toute  la  responsabilité 
de  cette  conclusion. 

Nous  n'avons  examiné  jusqu'ici  les  Amibes  que  dans 
leurs  rapports  avec  les  êtres  inférieurs  et  le  monde  inorga- 
nique. Leur  importance  n'est  pas  moindre  si  on  envisage 
leurs  rapports  avec  les  êtres  supérieurs. 

Ces  rapports  peuvent  être  envisagés  au  point  de  vue  de 
la  pathologie  et  au  point  de  vue  de  la  physiologie. 

En  ce  qui  concerne  la  pathologie,  leur  rôle  comme  causes 
efficientes  de  maladie  n'a  encore  été  que  peu  étudié.  On 
sait  toutefois  qu'il  est  réel  pour  certaines  affections,  notam- 
ment certaines  dysenteries  surtout  dans  les  pays  chauds. 
On  en  a  positivement  rencontré  dans  le  pus  de  certains 
abcès  du  foie  (Marshall,  juin  1899). 

Au  point  de  vue  physiologique,  au  contraire,  leur  rôle 
est  des  mieux  déterminés.  Ce  sont  en  effet  de  véritables 
Amibes  qui,  sous  le  nom  de  Leucocytes,  font  partie  de 
l'économie  des  animaux  supérieurs.  Ce  sont  même  des 
Amibes  perfectionnés  en  définitive,  qui  sont  à  ceux  que 
nous  venons  d'étudier   quelque   chose  comme  ce  qu'est 


-.i 


—  170  - 

l'homme  civilisé  par  rapport  à  l'homme  primitif,  et  c'esfl 
merveille  de  voir  avec  quelle  diligence  et  quelle  ponctua- 
lité ils  veillent  à  la  défense  de  ces  sociétés  polyzoîques  qui 
constituent  les  êtres  supérieurs.  A  la  moindre  alerte,  à  la 
moindre  attaque  de  ces  innombrables  ennemis,  qui  mena- 
cent à  tout  instant  nos  organismes  compliqués,  les  Amibes- 
Leucocytes  accourent  en  troupes  plus  ou  moins  nombreuses 
et  luttent  contre  l'assaillant  comme  de  courageux  guerriers, 
jusqu'à  la  mort  quelquefois. 

On  peut  enfin  rapprocher  de  ces  Amibes  véritables  (les 
Leucocytes),  d'autres  organismes  faisant  partie  de  nos  tissus 
et  qui  sont  susceptibles  de  mouvements  d'expansion  et  de 
retrait  plus  ou  moins  variés,  qu'on  a  qualifiés  d'Âmiboïdes. 
Les  plus  remarquables  sont  les  cellules  nerveuses.  Ces  con- 
sidérations prêteraient  à  certains  développements  qui  ne 
seraient  pas  sans  intérêt,  mais  je  ne  veux  pas  abuser  davan- 
tage aujourd'hui  de  votre  bienveillante  attention. 

8  juillet  1900.  Dr  D. 

M.  le  président  remercie  M.  le  Dr  Diard  et  nos  autres 
collègues  des  communications  et  lectures  qu'ils  ont  bien 
voulu  faire,  et  signale  tout  particulièrement  dans  la  cor- 
respondance une  lettre  de  M.  Albert  Gaudry,  notre  nouveau 
président  d'honneur,  adressée  à  M.  B.  Renault,  et  accusant 
réception  de  l'article  nécrologique  consacré  à  M.  A.  Milne- 
Edwards,  dans  les  termes  suivants  : 

Muséum  28  avril  1900. 

d'histoire  naturelle. 

Mon  cher  ami, 

Je  viens  de  communiquer  à  l'assemblée  des  professeurs  du 
Muséum  votre  extrait  de  la  séance  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun.  Nous  vous  remercions  et  nous  remercions  la  Société 
d'Autun  des  bonnes  paroles  qui  ont  été  prononcées  sur  notre  cher 
directeur.  Un  éloge  provenant  d'une  Société  si  laborieuse  et  si  dis- 
tinguée nous  est  précieux. 

Votre  bien  dévoué  :  Albert  Gaudry. 


—  m  — 

Sur  la  proposition  de  M.  B.  Renault,  M.  Goublet,  rédac- 
teur au  ministère  de  l'instruction  publique,  est  nommé 
membre  correspondant. 

Parmi  les  dons  et  les  envois  faits  à  la  Société,  étalés 
sur  la  table,  et  comprenant  surtout  un  grand  nombre  de 
brochures  et  publications  envoyées  par  des  Sociétés  corres- 
pondantes, M.  le  président  signale  plus  particulièrement  les 
dons  suivants  : 

De  la  part  de  M.  Lucien  Royer,  propriétaire  à  Barnay, 
une  pointe  de  flèche  en  silex,  d'un  travail  finement  retou- 
ché, et  trouvée  dans  son  jardin. 

De  la  part  du  ministère  des  Travaux  publics,  les  feuilles 
«  Bourg  »  et  «  Beaune  »  de  la  carte  géologique  de  la 
France. 

De  la  part  de  M.  R.  Zeiller,  le  nouveau  livre  qu'il  vient 
de  publier  :  Éléments  de  paléobotanique ,  Paris,  Carré  et 
Naud,  éditeurs,  1900. 

De  la  part  de  M.  Pierre  Reyssier,  des  silex  de  la  craie, 
rapportés  par  lui  de  Nogent-sur-Seine. 

De  la  part  de  M.  A.  Thieullen  :  les  Ancêtres  d'Adam,  par 
Victor  Meunier,  relatant  l'historique  des  recherches  paléth- 
nologiques  de  Boucher  de  Perthes.  A  noter  que  Boucher 
de  Crèvecœur,  père  de  Boucher  de  Perthes,  est  né  à 
Paray-le-Monial  en  1737,  d'une  vieille  famille  de  Cham- 
pagne. 

Le  Bulletin  de  la  Société  de  Vindustrie  minérale,  3e  série, 
t.  XIV  (1900)  et  atlas,  6  planches  avec  67  figures  renfer- 
mant la  fin  du  travail  de  notre  président,  M.  B.  Renault  : 
Sur  quelques  Microorganismes  des  combustibles  fossiles.  Nous 
devons  rappeler  qu'un  grand  nombre  des  préparations 
microscopiques  qui  ont  servi  de  base  à  ce  travail,  sont  dues 
à  M.  A.  Roche,  l'habile  collaborateur  de  M.  Renault,  qui 
lui  a  dédié  deux  espèces  nouvelles  :  Anthracomycetes  Rochei, 
champignon  fossile  des  Ichthyodorulites  d'Igornay  (p.  34  et 


—  172  — 

pi.  II,  fi  g.  10  et  11);  et  Arthroon  Itochei,  œufs  fossiles  d'In- 
sectes observés  dans  les  radicelles  des  Lépidodendrons 
(p.  114  et  pi.  V,  fig.  12). 

Enfin  le  n°  185  de  la  Revue  linnéenne  l'Echange,  dont  le 
directeur  actuel  est  notre  savant  collègue,  M.  Pic,  entomo- 
logiste à  Digoin,  auquel  nous  devons  renvoi  de  ce  numéro. 

Après  les  remerciements  adressés  à  tous  les  donateurs, 
M.  le  président  annonce  que  la  municipalité  d'Autun  a  bien 
voulu  charger  un  de  ses  agents  de  surveiller  les  salles  du 
Musée  aux  jours  et  heures  de  visite  publique  et  de  se  tenir 
à  la  disposition  des  visiteurs.  Des  remerciements  sont 
adressés  à  la  municipalité. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levéo  à  quatre 
heures. 


RÉUNION  DU  30  SEPTEMBRE  1900. 


La  réunion  du  30  septembre  avait  surtout  pour  but  de 
fêter  la  récompense  décernée  à  la  Société,  à  l'Exposition 
universelle  de  1900,  les  distinctions  accordées  récemment 
à  quelques-uns  de  ses  membres,  et  de  remercier  solennel- 
lement M.  le  vicomte  de  Chaignon,  M.  le  Dr  X.  Gillot  et 
M.  A.  Roche,  des  magnifiques  et  importantes  collections 
dont  ils  ont  bien  voulu  se  dessaisir  en  faveur  de  notre  musée. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  un  déjeuner  amical,  pour  lequel 
on  avait  fait  quelques  invitations  très  gracieusement  accep- 
tées, avait  été  projeté  avant  la  réunion.  Il  réunit  quarante- 


-   173  - 

trois  adhérents1  à  l'hôtel  Saint -Louis,  et  beaucoup  de 
sociétaires  s'excusèrent  de  ne  pouvoir  y  prendre  part. 
M.  H.  Racouchot,  tenant  à  conserver  la  vieille  et  bonne 
réputation  de  sa  maison,  fit  un  menu  excellemment  servi 
que  notre  ami  Huet  eut  l'heureuse,  mais  trop  tardive,  idée 
d'illustrer  de  vues  variées  de  notre  vieille  cité. 

Un  autre  collègue,  M.  Charollois,  Témérité  horticul- 
teur du  Greusot,  eut  l'idée  non  moins  heureuse  de  nous 
faire  apprécier  son  talent,  en  apportant  un  énorme  panier 
de  fraises  dites  la  Constante.  C'était  une  rareté  pour  la 
saison.  Sur  la  demande  de  M.  B.  Renault,  M.  Charollois 
voulut  bien  donner  quelques  explications  sur  l'origine  de 
cette  fraise  qu'il  a  si  intelligemment  améliorée  et  qui  fut 
à  l'unanimité  déclarée  exquise,  à  bon  droit. 

Les  toasts  vinrent  ensuite.  M.  B.  Renault  en  ouvrit  la 
série  dans  les  termes  suivants  : 

«  Messieurs  et  chers  Collègues, 

d  La  Société  d'histoire  naturelle  s'est  réunie  aujourd'hui 
pour  applaudir  d'une  façon  cordiale,  aux  succès  obtenus 
par  plusieurs  de  ses  membres  au  dernier  congrès  des 
Sociétés  savantes  réuni  cette  année,  à  Paris,  et  pour  mani- 
fester sa  reconnaissance  à  MM.  Oillot,  Roche  et  de  Chai- 
gnon,  en  raison  des  richesses  importantes  qu'ils  ont  géné- 
reusement données  et  classées  méthodiquement  dans  les 
deux  salles  que  nous  allons  inaugurer. 

»  La  municipalité  d'Autun,  désireuse  de  participer  à  cette 
fête  amicale,  est  représentée  :  par  M.  Périer  qui,  donnant 


1.  MM.  Barbotte;  Bayle;  Bigeard,  de  Nolay;  le  docteur  Billout;  l'abbé 
Bonoio;  Bouvet;  Bovet;  Bulliot;  Camusat,  du  Greusot;  Ganet  Louis  ;  de  Chai- 
gnon;  Charollois  du  Crensot;  Cortet  d'Àlligny  ;  Cottard  ;  Cougnet;  Devilerdeau, 
de  Paris;  Dirand  ;  Dubois;  Duchemain,  du  Pignon-Blanc;  d'Estival,  d'Kpinac; 
Gadant;  le  docteur  Gillot  ;  Grappin  ;  Grézel;  Henriot;  Huet;  Lahaye;  Marchai, 
du  Creusot;  Moissenet,  Pernot;  Périer;  Pidault;  Ph.  Racouchot;  Raymond, 
du  Creusot;  B.  Renault;  Y.  Renault;  Roche;  Royer,  de  Barnay;  Sirdey; 
Trunel,  d'Epinac;  Tupinier;  Viard  et  Y.  Berthier. 


—  114  — 
une  nouvelle  preuve  d'intérêt  à  la  Société,  consent  à  écart' 
pour  quelques  instants,  un  souvenir  cruel  auquel  s'a8s< 
oient  tous  ses  concitoyens;  par  MM.  Dirand  et  Viard,  pr< 
mier  et  deuxième  adjoint,  et  par  un  certain  nombre  c 
conseillers  municipaux. 

»  Je  suis  l'interprète  de  tous  les  sociétaires  en  remet 
ciant  dignement  nos  édiles  de  nous  avoir  donné  cett 
marque  d'estime.  Il  est  en  effet  réconfortant  au  milieu  de 
travaux  incessants,  des  efforts  considérables  faits  par  plu 
sieurs  de  nos  collègues,  de  les  voir  encouragés  et  soutenu 
par  les  premiers  magistrats  élus  de  notre  cité.  Il  faut  biei 
se  convaincre,  Messieurs,  que  si  la  Société  a  eu  quelqn 
réussite,  a  pris  une  extension  qui  a  fait  et  qui  fait  encon 
l'étonnement  d'hommes  compétents  tels  que  A.  Milne 
Edwards,  Gaudry,  Meunier,  Michel  Lévy  et  bien  d'autres 
elle  le  doit  en  partie  àla  municipalité  d'Autun  qui  a  facilité  sot 
développement  par  ses  libéralités,  par  l'abandon  de  vaste; 
locaux  destinés  à  abriter  de  précieuses  collections  ;  ces 
sur  elle  que  nous  devons  reporter  une  grande  part  de  notre 
reconnaissance.  Je  vous  propose  donc,  chers  collègues,  de 
lever  nos  verres  en  l'honneur  de  M.  Périer  et  du  con- 
seil municipal.  Nous  devons  également  remercier  M.  Grap- 
pin, principal  du  collège,  du  bienveillant  accueil  qu'il  fail 
à  des  voisins  passionnés  par  l'amour  de  l'étude  et  des  col- 
lections, parfois  peut-être  gênants,  mais  assurément  ani- 
més d'un  attachement  profond  pour  les  intérêts  de  l'éta- 
blissement qu'il  dirige  avec  tant  de  bonheur  et  de  mérite. 

»  Il  est  évident  néanmoins  que  les  éléments  de  succè» 
auxquels  je  viens  de  faire  allusion,  auraient  été  insuffisants 
s'il  ne  s'était  trouvé  plusieurs  pléiades  de  savants  natura- 
listes tels  que  :  MM.  de  Montessus,  Gillot,  Roche,  Faucon- 
net,  Camusat,  Marchai,  Viturat,  Berthier,  de  Chaignon, 
Maurice  Pic,  Ormezzano,  Gagnepain,  Château,  Marchand 
etc.,  etc.,  pour  ne  citer  que  les  savants  de  notre  région  qui 
par  leurs  écrits,  par  les  dons  qu'ils  ont  faits,  le  travail  qu'ilt 


—  175  — 

ont  consacré  à  la  détermination,  au  classement  de  plusieurs 
centaines  de  mille  échantillons,  ont  mis  nos  collections  en 
état  d'être  citées  parmi  les  plus  belles  de  province. 

»  Leur  accroissement  a  été  des  plus  rapides,  et  cela,  grâce 
à  la  valeur  des  dons  que  nous  avons  reçus  ;  chacun  d'eux, 
en  effet,  avait  exigé  du  donateur,  souvent  plus  d'un  demi- 
siècle  d'efforts  pour  en  rassembler  les  éléments;  les  impor- 
tantes collections  classées,  dues  à  la  générosité  de  MM.  de 
Montessus,deChaignon,Gillot,  Lucand,Proteau,  Roche, etc., 
sont  là  pour  témoigner  du  temps,  des  soins  et  des  con- 
naissances nécessaires  pour  recueillir  et  coordonner  scien- 
tifiquement une  si  grande  masse  de  matériaux. 

»  Quelques  récompenses,  moins  nombreuses  assurément 
que  les  savants  qui  les  méritent,  sont  venues  entretenir  le 
courage,  les  efforts  et  donner  des  espérances  légitimes  pour 
l'avenir.  M.  Fauconnet,  vice-président  de  notre  Société,  vient 
d'obtenir  les  palmes  académiques  pour  ses  remarquables 
travaux  d'entomologie.  M.  le  Dr  Gillot  a  été  promu  au 
grade  d'officier  de  l'Instruction  publique  ;  les  rapports 
remarquables  et  remarqués,  publiés  chaque  année  sur  la 
marche  en  avant  de  notre  Société,  les  travaux  insérés  par 
notre  savant  confrère  dans  le  Bulletin  ont  légitimé  et 
au  delà  cette  distinction  qui,  réunie  à  d'autres  récompenses 
obtenues  antérieurement  par  plusieurs  de  nos  collègues,  a 
pu  faire  écrire  par  M.  de  Saint-Arroman  :  a  Qu'il  était  peu 
de  sociétés  en  France  ayant  reçu,  dans  un  si  court  espace 
de  temps,  un  aussi  grand  nombre  de  distinctions  honori- 
fiques. » 

»  Et  cependant,  Messieurs,  nos  espérances  vont  plus  loin  ; 
il  ne  serait  pas  impossible  qu'un  de  nos  confrères  les  plus 
méritants  et  les  plus  sympathiques  reçût  à  la  prochaine 
réunion  des  sociétés  savantes,  des  marques  nouvelles  de  la 
sollicitude  du  ministre  de  l'instruction  publique. 

»  Mais  ce  n'est  pas  seulement  par  des  récompenses  indi- 
viduelles que  le  bon  renom  de  la  Société  est  reconnu  et 


-  116  — 
confirmé  ;  vous  n'ignorez  pas  qu'une  médaille  d'argent  v 
do  nous  être  attribuée  à  l'Exposition  universelle  de  1 
par  lo  jury  de  la  classe  III,  chargé  de  distribuer  les  réc 
penses  aux  sociétés  savantes  de  France.  «  Pour  une  je 
société  c'est  un  début  des  plus  flatteurs,  comme  nou 
écrit  le  président  du  jury  d'examen.  » 

»  Jo  crois,  Messieurs,  qu'il  est  de  toute  justice  de  po 
un  toast  en  l'honneur  des  heureux  lauréats,  pour 
remercier  du  nouveau  lustre  que  leur  nomination 
rejaillir  sur  la  Société  tout  entière. 

»  Dans  quelques  instants  vous  pourrez  juger  de  l'ini] 
tance  des  collections  dont  notre  musée  s'est  enrichi  par 
libéralités  princières  de  MM.  Roche,  Gillot,  de  Chaign 
c'est  pour  leur  témoigner  notre  gratitude  que  ce  déjeu 
amical  a  été  dressé  ;  nous  ne  pouvons  mieux  faire,  en 
moment,  pour  accentuer  notre  reconnaissance  que  de  bo 
à  leur  santé!  » 

Ens'associantau  toast  de  M.  B.Renault,  M.  Périerrépoi 
dans  une  adroite  improvisation,  qu'il  constate  avec  le  p) 
grand  plaisir  la  marche  ascendante  des  Sociétés  Éduen 
et  d'Histoire  naturelle  qui  sont,  dit-il,  la  gloire  scientîfiq 
de  la  ville  d'Autun,  et  que  la  municipalité  est  heurcu 
d'encourager.  Il  en  félicite  les  présidents  et  tous  les  coli 
borateurs,  n'oublie  personne,  trouvant  un  mot  aimai 
pour  chacun,  notamment  pour  M.  E.  Schneider  et  M.  Rî 
moud,  dont  l'intelligente  bienveillance  a  favorisé  et  soutie 
l'active  section  du  Creusot;  —  pour  M.  Bulliot,  dont 
met  en  relief  le  savoir  et  le  mérite,  lui  qui,  le  premier, 
donné  l'exemple  du  travail  et  du  désintéressement,  en  co 
fiant  à  la  Société  Êducnne  la  conservation  de  ses  précieus 
collections. 

Au  nom  de  la  ville  d'Autun,  M.  le  maire  remercie  1 
nouveaux  donateurs  de  leur  libéralité,  et  conclut  en  buva 
à  la  prospérité  des  deux  Sociétés  amies,  qui  perpétue 


—  177  — 

les  traditions    d'étude ,    toujours    en   honneur  chez    les 
Éduens. 

M.  le  Dr  Gillot  se  lève  alors  et  dit  : 

«  Messieurs, 

»  Bien  que  les  remerciements  et  les  éloges  que  notre 
excellent  président,  M.  B.  Renault,  et  M.  le  maire 
d'Autun  viennent  d'adresser  aux  donateurs  de  la  Société 
d'Histoire  naturelle  soient  bien  exagérés,  nous  les  accep- 
tons, très  simplement  et  très  franchement  comme  un 
témoignage  d'amicale  estime  et  comme  la  meilleure  récom- 
pense des  services  que  nous  avons  pu  rendre  à  notre 
Société. 

»  Je  professe,  pour  ma  part,  et  les  actes  de  MM.  Roche 
et  de  Chaignon  prouvent  qu'ils  pensent  comme  moi,  qu'une 
collection  a  d'autant  plus  de  valeur  qu'elle  est  libéralement 
accessible  à  tous  et  peut  être  utilement  consultée.  Et  tout 
collectionneur  soucieux  de  l'œuvre,  longuement  et  labo- 
rieusement amassée,  doit  avoir  comme  principal  souci  d'en 
assurer  l'entretien  et  la  conservation. 

»  C'est  pourquoi  nous  avons  confié  nos  collections  à  la 
Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun,  etlafaveur  avec  laquelle 
vous  voulez  bien  les  accueillir  nous  est  un  sûr  garant 
qu'elles  y  sont  bien  placées. 

»  Je  m'associe,  en  y  insistant,  aux  sentiments  de  grati- 
tude que  M.  B.  Renault  vient  d'exprimer  en  si  bons  termes, 
à  l'égard  de  la  municipalité  d'Autun  tout  entière,  en  même 
temps  que  de  M.  le  principal  du  Collège,  dont  l'intelligent 
et  bienveillant  concours  nous  a  permis  de  loger  ces  collec- 
tions convenablement,  quoique  déjà  très  à  l'étroit. 

»  Je  tiens  à  déclarer,  en  outre,  que  nous  n'avons  fait  que 
suivre  un  exemple  récemment  donné  ;  ce  qui  prouve  que 
le  bon  exemple  est  contagieux!  M.  J.-G.  Bulliot,  dont  j'ai 
l'honneur  et  le  plaisir  de  saluer  en  face  de  moi  la  verte  et 
laborieuse  vieillesse,  n'a  pas  dédaigné  de  descendre  de  son 
s.h.n.  1900.  12 


—  178  — 

siège  présidentiel  de  la  Société  Ëduenne,  pour  s'assec 
sur  les  bancs  des  simples  membres  de  notre  Société  ;  < 
général,  devenant  simple  soldat,  dans  l'unique  désir 
servir  les  intérêts  de  la  science  et  de  sa  vieille  cité  éduenr 
qu'il  a  dotée  de  la  plus  précieuse  des  collections  antique 
Je  suis  heureux  de  lui  rapporter  l'honneur  de  l'initiati 
de  ces  dons  généreux. 

»  Je  vous  prierai,  Messieurs,  de  ne  pas  oublier  la  mé 
tante  phalanire  de  nos  collègues  creusotins,  dont  vient 
parler  M.  le  maire  d'Autun,  et  qui,  sous  le  haut  patrona 
do  M.  E.  Schneider  et  la  direction  de  M.  A.  Raymond,  o 
fondé  la  section  du  Creusot,  et  tant  contribué  aux  trava 
de  notre  Société.  Nous  les  en  remercions,  en  leur  appe 
tant  de  nouveaux  éléments  d'étude  par  nos  bibliothèqu 
et  nos  collections. 

»  Enfin,  rappel  de  bonnes  notes,  bien  des  fois  méritée 
à  notre  cher  secrétaire  général,  M.  V.  Berthier,  à  q 
revient,  comme  toujours,  la  plus  grande  part  dans  le  succi 
de  cette  amicale  réunion  ! 

»  A  la  bonne  harmonie  et  à  la  prospérité  de  nos  Société 
autunoises  !  A  la  santé  de  tous  nos  collaborateurs  présent 
et  absents  !  » 

Secondé  par  une  mémoire  exceptionnelle,  M.  Bullio 
répond  : 

«  Messieurs, 

»  Jules  Simon,  dans  un  discours  à  la  Sorbonne,  après 
avoir  énuméré  les  sciences  dont  les  découvertes  appliquées 
à  l'industrie  ont  accru  démesurément  la  fortune  publique 
et  particulière,  ajoute  ceci  :  «  Il  est  pourtant  une  science 
que  je  place  au-dessus  de  toutes  celles  que  je  viens  de  glo- 
rifier... C'est  la  métaphysique.  Savez-vous  pourquoi?  C'est 
qu'elle  ne  rapporte  rien.  » 

»  Les  collectionneurs  me  semblent  des  métaphysiciens 
de   Técole  de  Jules   Simon.  Ils  ne  visent  pas  à  la  fortune, 


—  179  — 

elle  leur  ménagerait  des  déceptions.  Ils  vivent  dans  un 
monde,  oh!  bien  plus  petit  que  l'autre,  mais  qui  suffit  à 
leur  ambition.  Ils  lui  consacrent  leur  temps,  leur  pensée, 
leur  amour,  quelquefois  un  peu,  quelquefois  même  beau- 
coup de  leur  bourse;  mais  rassurez-vous...  C'est  placé  à 
intérêt.  Les  satisfactions  intérieures  leur  rapportent  bien 
plus  que  le  capital  versé.  Un  jour,  cependant,  une  question 
douloureuse  se  pose  :  que  deviendront  après  moi  ces  objets 
tant  aimés?  Aflronteront-ils  la  débâcle  d'une  enchère 
publique?  Se  disperseront-ils  entre  les  mains  d'inconnus? 
Non.  —  Les  trois  collectionneurs  que  nous  fêtons  aujour- 
d'hui !  ont  trouvé  le  moyen  pratique,  que  je  conseille  à  tous, 
d'éterniser  leurs  collections,  en  se  dépouillant  en  faveur 
d'un  dépôt  public.  Là,  elles  conserveront  la  mémoire  des 
donateurs,  elles  serviront  aux  études  de  l'avenir,  elles 
n'auront  pas  appauvri  le  pays  par  leur  disparition.  C'est  là 
que  doivent  aboutir  toutes  les  collections  particulières  qui, 
après  avoir  fait  le  bonheur  de  leurs  possesseurs,  le  prolon- 
geront en  faisant  celui  des  autres.  » 

D'unanimes  applaudissements  couvrent  les  paroles  si 
pleines  d'à-propos  et  de  délicatesse  du  vénéré  président  de 
la  Société  Éduenne,  puis,  M.  Roche  demandant  la  parole  : 

«  Je  vous  propose,  Messieurs,  dit-il,  de  porter  un  toast 
à  la  prospérité  continue  de  notre  Société  et  à  la  santé  de 
nos  deux  présidents  :  M.  Gaudry,  notre  si  dévoué  président 
d'honneur,  et  M.  Bernard  Renault,  notre  savant  président. 

»  Notre  Société,  qu'ils  ont  su  faire  connaître  dans  le 
monde  savant,  leur  doit  une  partie  de  son  succès. 

»  Je  lève  mon  verre  en  leur  honneur!  » 

Nos  deux  présidents  sont  acclamés  ! 

Dans  une  de  ces  boutades  humouristiques  qui  lui  sont 
familières,   M.   Jules   Devilerdeau  jette   la  note  gaie   en 

1.  MM.  le  docteur  Gillot,  Roche  et  le  vicomte  de  Chaignon. 


—  180  — 

donnant,  à  sa  façon,  l'étymologic  du  nom  de  notre  dépai 
tement  :  Saône-et- Loire. 

M.  Dirand,  premier  adjoint  au  maire  d'Autun,  se  lè\ 
ensuite  pour  accentuer  les  sentiments  de  sympathie  de  1 
municipalité  autunoise,  à  l'égard  de  la  Société  d'histoii 
naturelle,  et  aflirmer  une  fois  de  plus  tout  l'intérêt  qu'ell 
porto  à  notre  œuvre  de  vulgarisation  scientifique.  Ausi 
croit-il  pouvoir  assurer  que  dans  l'avenir  nos  demandes 
seront,  comme  par  le  passé,  toujours  favorablement  accuei 
lies.  Sur  cette  bonne  promesse,  d'unanimes  remerciement 
sont  adressés  de  nouveau  à  la  municipalité  et  à  ses  repre 
sentants. 

M.  Viard,  deuxième  adjoint,  clôt  la  série  en  ajoutant  : 

«  Messieurs, 

»  Je  porte  un  toast  à  M.  Berthier,  notre  sympathique 
secrétaire,  pour  son  zèle,  son  dévouement  et  son  désinté- 
ressement; M.  Berthier  ne  demande  rien;  je  crois  pouvoir 
affirmer  au  nom  de  tous,  qu'il  est  récompensé  par  l'estime 
que  nous  avons  pour  lui.  Aussi,  Messieurs,  je  lève  mon 
verre  à  la  santé  de  M.  Berthier  et  aux  sentiments  d'union 
qui  nous  animent.  » 

Pressé  à  la  fois  par  l'heure  qui  avançait  et  par  le  règle- 
ment du  déjeuner,  le  secrétaire  ne  put  remercier,  comme 
il  l'aurait  désiré,  ceux  qui  apprécient  d'une  façon  si  indul- 
gente sa  faible  collaboration;  il  leur  en  exprime  ici  toute 
sa  gratitude.  Il  restait  juste  le  temps  de  se  rendre  à  l'heure 
fixée  à  la  salle  habituelle  des  réunions,  vers  laquelle  on  se 
dirige  sans  plus  tarder. 


—  181  — 


SÉANCE  DU  30  SEPTEMBRE  1900. 


PRESIDENCE  DE  M.  B.    RENAULT 


Étaient  présents  :  MM.  Barbotte  ;  Bayle;  Maurice  Ber- 
thier;  Bigeard,  de  Nolay;  l'abbé  Bonnin;  Bouvet;  Bovet; 
Bulliot;  Cambray;  Camusat,  du  Creusot;  le  vicomte  de 
Chaignon;  Charollois,  du  Creusot;  J.-B.  Chevallier;  Che- 
vrier;  Cortet,  d'Alligny;  Cougnet  ;  Devilerdeau,  de  Paris; 
Dirand;  Dubois;  Duchemain;  d'Estival,  d'Épinac;  Joseph 
Fesquet;  le  frère  Gabriel;  Gadant;  le  docteur  X.  Gillot; 
Joseph  et  Louis  Gillot;  Grappin;  Grézel;  Fernand  Guenot, 
du  Creusot;  Henriot;  Jules  Humbert;  Fr.  Lahaye;  Marchai, 
du  Creusot;  Georges  Mauchien,  du  Creusot;  Morel; 
Pidault;  Ph.  Racouchot;  Raymond,  du  Creusot;  Roche; 
Sirdey  ;  Trunel,  d'Épinac;  Tupinier;  Viard;le  frère  Xavier, 
et  V.  Berthier. 

Six  nouveaux  adhérents  sont  reçus  à  l'unanimité  comme 
membres  titulaires  : 

M.  l'abbé  Bonnin,  professeur  de  sciences  au  petit  Sémi- 
naire d'Autun,  présenté  par  M.  le  docteur  X.  Gillot  et 
M.  V.  Berthier. 

M.  Braudey,  caissier  à  la  recette  des  finances,  à  Autun, 
présenté  par  MM.  B.  Renault  et  Dessertenne. 

M.  Louis  Dessertenne,  négociant  à  Moulins,  présenté  par 
MM.  B.  Renault  et  Fr.  Lahaye. 

M.  Morel,  professeur  de  philosophie  au  collège  d1  Autun, 
présenté  par  MM.  B.  Renault  et  Cambray. 

M.  le  docteur  Perraudin,  pharmacien  à  Paris,  présenté 
par  MM.  B.  Renault  et  V.  Berthier. 


—  182  — 

M.  A.  Pettit,  docteur  es  sciences  à  Paris,  présenté  p 
les  mêmes. 

Sur  la  proposition  de  M.  B.  Renault,  la  Société  confè 
en  outre,  à  l'unanimité,  le  titre  de  membre  d'honneur 
M.  Bornet,  membre  de  l'Institut,  27,  quai  des  Tournellc 
à  Paris. 

M.  le  président  prend  la  parole  dans  les  term< 
suivants  : 

Messieurs, 

M.  Roche,  après  une  vie  extrêmement  laborieuse  et  bu 
remplie,  dans  l'industrie  régionale,  a  suivi  un  exemp 
donné  fréquemment  par  les  étrangers,  malheureuseme 
plus  rare  chez  nous  ;  il  a  consacré  et  il  consacre  enco 
ses  loisirs  au  culte  de  la  science  ;  avec  une  habileté  adm 
rable,  il  a  su  rassembler  de  précieux  matériaux  dans  tout 
les  branches  de  l'histoire  naturelle,  il  en  a  étudié  un  grrai: 
nombre,  et  beaucoup  de  notes  ou  mémoires  insérés  dai 
notre  Bulletin  sont  les  preuves  frappantes  de  l'érudition  < 
de  l'activité  de  notre  collègue. 

Les  échantillons  réunis  par  ses  recherches  personnelle 
ou  par  d'heureux  échanges  ont  formé  au  bout  de  quelque 
années  une  collection  considérable,  capable  de  remplir  ; 
elle  seule  une  salle  entière  ;  c'est  cette  collection  classée 
étiquetée,  que  M.  Roche  a  donnée  à  la  Société,  et  qu 
occupe  la  salle  qui  porte  son  nom  et  que  vous  allez  visite] 
dans  quelques  instants. 

Voici  un  exposé  très  sommaire  des  richesses  contenues 
dans  la  salle  Roche  et  qui  sont  réunies  dans  des  vitrines  ou 
étalées  sur  les  murs  au  nombre  de  plus  de  4,000  : 

La  Minéralogie  comprend  de  rares  et  très  beaux  cristaux, 
des  roches  variées,  des  métaux  natifs  tels  que  :  or,  argent, 
platine,  mercure,  cuivre,  etc.,  formant  un  total  de  1,500 
échantillons  environ. 

La  Paléontologie  des  terrains  cambrien,  silurien,  dévo- 


—  183  — 

nien  renferme  400  pièces  consistant  en  Trilobites,  Caly- 
mènes,  Dalmanites,  Asaphus,  Paradoxydes,  Erinucleus,  etc. . . 

Les  terrains  houiller  et  permien  sont  représentés  par 
800  empreintes  appartenant  au  Culm,  au  Terrain  houiller 
inférieur  et  supérieur  et  au  Terrain  permien.  On  y  remarque 
des  Lépidodendrons,  des  Sigillaircs,  des  rameaux  feuilles 
de  Cordaïtes,  une  grande  variété  de  Fougères,  enfin  la 
Faune  du  permien  depuis  l'étage  inférieur  d'Igomay  jus- 
qu'aux étages  supérieurs. 

On  sait  que  les  originaux  occupent  une  belle  place  dans 
les  galeries  de  Paléontologie  du  Muséum  de  Paris  ;  les 
moulages  remplissent,  dans  le  musée  Roche,  un  grand 
panneau  où  on  peut  voir,  à  côté  des  Protritons,  des  vertébrés 
à  vertèbres  encore  cartilagineuses,  et  d'autres,  comme  le 
StereorachiSj  à  vertèbres  complètement  ossifiées. 

La  Paléontologie  des  terrains  secondaire  et  tertiaire  est 
représentée  par  près  de  2,000  pièces  parmi  lesquelles  se 
trouvent  un  groupe  de  poissons  de  Solenhofen,  du  calcaire 
lithographique  de  Bavière  ;  un  autre  provenant  d'Orba- 
gnoux  où  ils  sont  actuellement  très  rares  ;  un  lot  d'osse- 
ments fossiles  appartenant  à  des  oiseaux  et  accompa- 
gnés d'empreintes  de  plumes;  un  autre  encore  venu  de 
Pikermi. 

Les  murs  sont  couverts  par  des  moulages  remar- 
quables représentant  des  Ichthyosaures,  des  Pentacrines, 
des  Poissons  bien  conservés,  enfin  par  une  série  de  Ptéro- 
dactyles et  un  bel  exemplaire  de  YArch&opterix,  être  curieux 
dans  l'histoire  de  l'évolution,  déjà  oiseau  par  ses  plumes, 
mais  encore  reptile  par  ses  dents  et  ses  pattes. 

D'autres  tableaux  ou  panoplies  montrent  les  premiers 
instruments  de  l'homme  à  l'âge  de  pierre,  depuis  le  Paléo- 
lithique jusqu'à  la  fin  du  Néolithique  ;  haches  taillées  et 
polies,  silex  divers,  nucléus,  grattoirs,  couteaux,  pointes  de 
flèches,  percuteurs,  polissoirs,  etc. 

On  doit  citer  en  outre  une  série  de  cent  morceaux  d'ambre, 


—  184  — 

î  polis  et  contenant  des  mouches,  des  araignées,  des  coléop- 

tères, etc.. 

Les  vitrines  vont  être  insuffisantes,  et  les  murs  seronl 
entièrement  garnis  par  les  magnifiques  moulages  arrivés 
récemment  et  sur  lesquels  notre  savant  collègue  va  nous 
fournir  des  renseignements  instructifs  et  pleins   d'intérêt. 

j  La  parole  est  à  M.  Roche  : 

i 
î 

1  Plésiosaures  et  Téléosaures. 1 

* 

Les  trois  grands  moulages  que  j'offre  à  la  Société  m'ont 
paru  devoir  mériter  quelques  mots  sur  ces  êtres  étranges 
disparus  depuis  longtemps. 

Le  Plesiosaurus  Dolichodeirus  provient  du  fameux  gise- 
ment du  Lias  supérieur  (Lyme  Régis)  Dorsctshire,  Angle- 
terre.   L'original  est  au  Musée  britannique  à  Londres  ;  il 
mesure  1IU80  de  longueur.  C'était  un  très  jeune  sujet,  comme 
vous  pouvez  en  juicer  par  quelques  débris  similaires,  pro- 
venant d'un  adulte  que  j'ai  trouvé  en  1875.  dans  une  carrière 
de   Dracy-Chalas,    près    de   Viévy   (Côte-d'Or).    Il    devait 
atteindre  8  mètres  à    10   mètres   de  longueur.  Parmi   ces 
débris  bien    conservés,   vous   remarquerez   une    vertèbre 
dorsale  de  0m850  de   diamètre,  avec  son  apophyse  entière 
et  adhérente,   un  humérus  mesurant  0"M6  à  la  base,  hau- 
teur 0m18,  un  cubitus,  hauteur  0m  12,  largeur  0m09,  de  belles 
et  grandes  phalanges,  des  côtes,  la   tête   et  une  dent  de 
sept  centimètres  de  longueur. 

Comme  l'Ichtyosaure  avec  lequel  on  le  représente  tou- 
jours en  lutte,  il  était  vivipare  ;  tous  deux  étaient  organises 
pour  vivre  en  pleine  mer  ;  ils  avaient  l'un  et  l'autre  deux 
paires  de  pattes  disposées  en  nageoires,  des  narines  placées 
près  des  yeux  et  quelques  autres  conformités. 

Le   Plésiosaure    était   moins    éloigné   des   lézards    que 

1.  Voir  les  Enchaînements  du  monde  animal  (Albert  Gaudry). 


—  185  — 

l'Ichtyosaure;  il  était  moins  massif,  et  au  lieu  d'avoir  un 
cou  raccourci  et  une  longue  queue,  il  avait  une  queue 
courte  et  un  cou  d'une  longueur  singulière.  Les  vertèbres 
cervicales  atteignaient  le  nombre  de  trente-trois,  tandis 
que  le  cou  du  cygne  a  seulement  vingt-trois  vertèbres.  Les 
mâchoires  étaient  plus  courtes  que  dans  l'Ichtyosaure; 
chaque  dent  avait  son  alvéole.  La  partie  de  dent  qui  accom- 
pagne les  débris  de  Dracy-Chalas  est  assez  curieuse. 

Vous  jugerez  de  l'intérêt  que  ces  êtres  ont  présenté, 
lors  de  leur  découverte,  par  ces  quelques  mots  de  Cuvier 
sur  l'Ichtyosaure  et  le  Plésiosaure,  dans  son  grand  ouvrage 
sur  les  ossements  fossiles  : 

«  Nous  voici  arrivés  à  ceux  de  tous  les  reptiles,  et 
»  peut-être  de  tous  les  animaux  fossiles  qui  ressemblent 
»  le  moins  à  ce  que  l'on  connaît  et  qui  sont  le  plus  faits 
»  pour  surprendre  le  naturaliste,  par  des  combinaisons  de 
»  structures  qui,  sans  aucun  doute,  paraîtraient  incroya- 
»  blés  à  quiconque  ne  serait  pas  à  portée  de  les  observer 
»  par  lui-même,  chez  l'Ichtyosaure,  un  museau  de  dauphin, 
»  des  dents  de  crocodile,  une  tête  et  un  sternum  de  lézard, 
»  des  pattes  de  cétacés,  mais  au  nombre  de  quatre,  enfin 
»  des  vertèbres  de  poissons  ;  chez  le  Plésiosaure,  avec  ces 
»  mêmes  pattes  de  cétacé,  une  tête  de  lézard  et  un  long 
n  cou  semblable  au  corps  d'un  serpent. 

»  Le  Plesiosaurus  est  peut-être  le  plus  hétéroclite  des 
»  habitants  de  l'ancien  monde  ;  c'est  celui  de  tous  qui 
»  parait  le  plus  mériter  le  nom  de  monstre.  » 

Ce  mot  de  monstre  ne  doit  pas  être  entendu  en  ce  sens 
que  le  Plesiosaurus  offre  des  caractères  extraordinaires, 
différents  de  ceux  des  êtres  actuels  ;  mais  il  signifie  que  le 
Plesiosaurus  réunit  des  apparences  propres  aujourd'hui  à 
des  animaux  de  classes  différentes. 

Dans  l'ouvrage  les  Enchaînements  du  monde  animal, 
terrains  secondaires,  de  notre  savant  et  illustre  président 
d'honneur,   M.  A.  Gaudry,  professeur  au  Muséum,  vous 


—  186  — 

I  pourrez    trouver    une    étude    remarquable    sur   ces  être 

?  étranges  des  terrains  secondaires. 

i  Mi/slriosaurus  (Teleosaurus)  longipes^  Boll,    Wurtemben 

Mgstriosaurus  (Teleosaurus)  Mandelslohi,  Holzmaden. 

Le  nom  de  Teleosaurus  qui  signifie  Lézard  achevé,  lei 
a  été  donné  parce  que  les  Teleosaurus  ont  semblé  des  re] 
tilcs  plus  perfectionnés  que  les  Ichtyosaurus  et  Plesû 
saurus. 

Les  Téléosaures  ressemblent  anatomiquement  aux  Cr< 
codiles  ou  Gavials  actuels  de  l'Inde;  ils  habitaient  1< 
rivages  de  la  mer  et  la  mer  elle-même.  Ils  étaient  pli 
élancés,  plus  agiles  et  plus  longs  que  les  crocodiles  actuels 
leur  taille  allait  jusqu'à  10  mètres  de  longueur,  dont  1  mèti 
et  jusqu'à  '2  mètres  pour  la  tète.  Avec  leur  énorme  gxieuli 
fendue  bien  au  delà  des  oreilles,  et  qui  avait  2  mètre 
d'ouverture,  ils  pouvaient  engloutir  dans  les  profondeur 
de  leur  monstrueux  palais  des  animaux  de  la  taille  d 
bœuf. 

Ces  animaux  vivaient  sans  doute  en  société,  car  leur 
squelettes  sont  accumulés  dans  certaines  localités.  Dan: 
les  Etudes  sur  les  étages  jurassiques  inférieurs  de  la  i\or> 
uiandie,  Eudes  Dcslongchamp  dit  au  sujet  des  squelette; 
des  carrières  d'Allemagne,  près  de  Caen  : 

«  La  surface  où  les  amas  d'ossements  ont  été  trouvés.., 
»  n'équivaut  certainement  pas  à  un  demi-kilomètre  carré. 
»  Si  l'on  considère  les  temps  antérieurs  où  ces  car- 
»  rières  étaient  déjà  exploitées,  remontant  au  moins  à  huit 

»  ou  dix  siècles ,  en  prenant  pour  base  le  nombre  des  os 

»  que  l'on  a  recueillis  depuis  quarante  ans,  on  trouverait 
»  à  peu  près  quatre  cent  cinquante  Téléosaures  gisant  dans 

»  un  aussi  petit  espace ,  les  environs  d'Allemagne,  c'est-à- 

»  dire  le  gros  banc  de   ses   carrières,  seraient  donc  une 
»  véritable  nécropole  de  Téléosauricns.  » 

On  a  trouvé  des  squelettes  entiers  où  les  os  sont  restés 
dans  leur  connexion  naturelle.  Le   lias  supérieur  d'IIolz- 


-  187  - 

maden  dans  le  Wurtemberg  en  a  fourni  de  nombreux 
échantillons. 

Etienne  Geoffroy  de  Saint-Hilaire  considérait  les  Teleo- 
saurus  comme  étant  la  souche  des  crocodiles  répandus 
aujourd'hui  dans  les  climats  chauds  des  deux  continents. 

Le  crâne  des  crocodiles  secondaires  se  distingue  de  celui 
des  crocodiles  actuels  par  la  grandeur  des  fosses  sustem- 
porales.  Cette  différence  s'est  atténuée  progressivement. 

Les  vertèbres  des  crocodiliens  secondaires  se  distinguent 
de  celles  des  crocodiles  d'aujourd'hui,  parce  que  leurs  corps 
ont  des  facettes  planes  en  avant  et  en  arrière,  au  lieu  que 
celles  des  crocodiles  de  notre  époque  sont  concaves  en  avant, 
convexes  en  arrière. 

La  forme  des  membres  des  Téléosauriens  porte  à  croire 
que  ces  reptiles  ne  restaient  pas  constamment  dans  l'eau 
et  qu'ils  devaient  se  promener  sur  les  rivages  des  mers. 
Cependant,  l'inégalité  de  leurs  membres  semble  indiquer 
qu'ils  étaient  moins  souvent  hors  de  l'eau  que  les  croco- 
diles actuels. 

Tous  ces  êtres  extraordinaires  à  taille  gigantesque,  aux 
formes  si  différentes  de  celles  des  animaux  de  nos  jours, 
après  avoir  traversé  une  partie  de  l'époque  secondaire,  ont 
disparu  dans  les  premiers  temps  de  l'époque  tertiaire,  pour 
faire  place  à  d'autres  êtres  moins  grands,  mais  plus  par- 
faits :  le  règne  du  beau  a  succédé  au  règne  du  grand. 


Notes  sur  les  Poissons  secondaires. 

Les  empreintes  et  moulages  de  poissons  que  j'offre 
aujourd'hui  à  la  Société,  forment  le  complément  à  la 
collection  des  poissons  secondaires,  découverts  dans  le 
calcaire  lithographique,  que  j'ai  présentés  dans  la  séance 
du  29  avril  dernier. 

Pour  permettre  de  distinguer  les  poissons  secondaires 


—  188  - 

et  autres  des  poissons  primaires,  j'ai  mis  à  côté  un  Amblyp- 
terus  Voltzii  du  Permien,  des  schistes  d'Autun. 

Les  poissons  primaires  se  différencient  de  ceux  des 
époques  plus  récentes  par  le  mode  de  terminaison  de  la 
colonne  vertébrale  ;  ou,  en  d'autres  termes,  par  la  disposi- 
tion de  la  queue. 

On  a  appelé  hétérocerques  ceux  dont  la  queue  a  des 
lobes  inégaux,  et  homocerques,  ceux  dont  la  queue  a  des 
lobes  égaux.  Les  dessins  théoriques  de  révolution  de  cette 
forme !  montrent  les  différents  états,  depuis  le  poisson 
diphycerque,  semi-hétérocerque,  hétérocerque,  stégoure, 
homocerque,  en  un  mot,  l'histoire  de  l'évolution  de  la  queue 
des  poissons  dans  les  temps  géologiques 

L'Amblypterus  du  permien  que  vous  avez  sous  les  yeux 
est  nettement  hétérocerque  (lobes  inégaux)  et  les  divers 
poissons  de  Solenhofen  sont  homocerques,  comme  ceux  de 
nos  jours  ;  la  partie  postérieure  est  partagée  en  deux 
moitiés  égales. 

D'après  les  recherches  et  travaux  de  Louis  Agassiz,  con- 
tinués par  Alexis  Agassiz,  sur  la  classe  des  poissons  fossiles 
et  l'étude  embryogénique  des  poissons  vivants,  les  nom- 
breuses figures  de  jeunes  poissons  qu'il  a  données,  montrent 
que  les  poissons  actuels  traversent,  depuis  l'état  embryon- 
naire jusqu'à  l'état  adulte,  les  mômes  phases  par  lesquelles 
ils  ont  passé  depuis  les  temps  primaires,  jusqu'aux  temps 
actuels. 

On  divise  la  classe  des  poissons  en  deux  sous-classes, 
celle  des  poissons  cartilagineux  et  celle  des  poissons  osseux. 
Nos  poissons  permiens  font  partie  des  premiers  et  ceux  du 
terrain  Kimméridgien  que  je  vous  présente  étaient  osseux. 

Entre  les  poissons  à  notocorde  cartilagineuse  et  les 
Téléostéens  à  notocorde  ossifiée,  on  trouve  des  poissons 
où  les  corps  des  vertèbres  sont  à  demi  ossifiés.  Cet  état 

1.  Enchaînements  du  monde  animal  (A.  Gaudry),  Fossiles  secondaires. 


-  189  - 


intermédiaire  a  été  remarqué  en  1850,  par  le  professeur 
autrichien  Hechel  qui  a  appelé  l'attention  des  savants  sur 
cette  particularité. 

Parmi  ces  poissons  secondaires,  le  Spathobatis,  poisson 
cartilagineux,  est  remarquable  par  quelques  traits  de 
ressemblance  avec  la  raie. 

Pour  les  autres  poissons  faisant  partie  de  ma  collection 
des  calcaires  lithographiques,  la  description  ne  serait  pas 
à  sa  place  ici,  il  est  utile  de  consulter  le  dictionnaire  uni- 
versel d'histoire  naturelle  de  Ch.  d'Orbigny  et  autres 
auteurs. 

Voici  la  nomenclature  de  ceux  que  j'offre  aujourd'hui  à 
la  Société  : 

Undina  pennicillata 
Eugnathus  microlepidotus 
Thrissops  formosus 
Spathobatis  Bugesiacus 
Aspidorhyncus  acutirostris 
Caturus  fur ca lus 
Macrorhipis  Munsteri 
Macrosemius  latiusculus 
Microdon  Bemardi 
Thrissops  Salmoneus 
Girodus  hexagonus 
Aethalion  angustus 
Caturus  macrurus 
Thrissops  cephalus 
Belenostomus 


(Wagner) 

Eichstatt. 

(Agassiz) 

id. 

(Agassiz) 

Kelheim. 

(Thioll.) 

Eichstatt. 

(Agassiz) 

id. 

(Agassiz) 

id. 

(Wagner) 

Kelheim. 

(Wagner) 

id. 

(Thioll.) 

id. 

(Agassiz) 

id. 

(Agassiz) 

Eichstatt. 

(Agassiz) 

id. 

(Agassiz) 

id. 

(Agassiz) 

Kelheim. 

(Agassiz) 

Franken. 

Note  sur  le  Diluvium  du  Soissonnais. 


Dans  un  récent  voyage  que  je  viens  de  faire  dans  le 
Soissonnais,  j'ai  pu  recueillir,  dans  le  cours  d'une  prome- 
nade, près  des  graviers  et  sables  de  Braisne,  cette  belle 


-  190  — 

j  dent  de  YEIephas  primigenius,  un  astragale  de  Cervidé,  u 

J  vertèbre  minuscule?  Un  amas  très  curieux  de  Nummuli 

montrant  de  nombreuses  coupes  transversales  et  vertical! 
des  dents  de  Lamna,  un  fragment  d'andouiller  et  un  b< 
tertiaire  dicotyledono,  puis  quelques  silex  et  bois  silicifi< 

J'ai  joint  deux  types  des  sables  et  graviers  renferma 
abondamment  les  silex  et  les  fossiles  de  l'âge  préhistoriqi 

Ces  sables  du  Diluvium  sont  les  mêmes  que  ceux  d'A 
bcville,  Amiens,  Saint-Acheul,  etc.,  célèbres  par  les  déco 
vertes  mémorables  de  Boucher  de  Perthes.  On  y  trouve 
nombreux  instruments  en  silex,  des  ossements  des  anima 
contemporains  de  l'homme. 

Le  département  de  l'Aisne  et  particulièrement  le  So 
sonnais  ont  donné  une  large  contribution  aux   études 
préhistorique.   Le    Soissonnais    et   surtout    le    canton 
Braisnc  ont  beaucoup  fourni  à  cette  science.  Les  déco 
vertes  de  M.  Moreau  et  de  MM.  de  Saint-Marceau,  ces  col! 
borateurs  bien  connus  de  Boucher  de  Perthes,  sont  cit 
dans  tous  les  ouvrages  sur  l'âge  de  pierre.  Mme   veuve 
Saint-Marceau  conserve  religieusement  les  collections  fait 
dans  la  contrée  par  MM.  do  Saint-Marceau  père  et  fils. 

Admirablement  installées  dans  de  superbes  vitrines,  c 
collections  comprennent  des  milliers  de  silex,  haches  taillée 
haches  polies,  couteaux,  grattoirs,  polissoirs,  percuteurs,  el 
Les  unes  contenant  l'âge  paléolithique,  les  autres  le  né 
lithique.  On  peut  ainsi  suivre  le  passage  de  la  pierre  gro 
sièrement  taillée  à  la  pierre  polie,  à  ces  fines  pointes  < 
flèches  si  artistement  taillées. 

Mme  de  Saint-Marceau  ouvre  les  portes  de  son  musée 
tous  les  visiteurs.  Nous  devons  la  remercier  de  l'obligeant 
avec  laquelle  elle  a  bien  voulu  nous  renseigner  sur  1< 
longs  travaux  et  les  belles  découvertes  de  MM.  de  Sain 
Marceau. 

Les  divers  amas  de  graviers  et  sables  sont  composés  d 
différents  bancs;  quelques-uns  donnent  des  quantités   à 


—  191  — 

silex  éclatés,  d'autres  renferment  les  silex  taillés  et  les 
ossements  des  animaux  contemporains  de  l'homme. 

Dans  la  carrière  qui  nous  a  fourni  la  dent  de  YElephas 
primigenius,  nous  avons  relevé  la  coupe  suivante  : 

N°  1 .  —  Terre  végétale 0m70 

N°  2.  —  Sable  gris  mêlé  de  silex  éclatés 0m80 

N°  3.  —  Sable  jaune  argileux  avec  cailloux  de  silex  lm35 
N°  4.  —  Sable  jaune  ferrugineux  avec  silex  roulés, 

(banc  de  la  dent  d'éléphantet  de  silex  taillés)  lm20 

N°  5.  —  Sable  plus  foncé  avec  cailloux  roulés 0m90 

4n95 

Tous  ces  bancs  renferment  des  quantités  de  Nummulites. 

L'astragale  et  les  dents  ont  été  trouvés  sur  les  tas  de 
sable  destinés  à  l'empierrement  des  routes. 

Par  ce  que  nous  avons  pu  recueillir  dans  une  prome- 
nade, on  peut  juger  des  richesses  que  renferment  ces  sables 
et  graviers. 

» 

M.  le  président  reprend  la  parole  : 

Un  autre  exemple  d'activité  infatigable,  dirigée  par  un 
savoir  très  étendu  nous  est  fourni,  depuis  quelques  années, 
par  M.  le  vicomte  de  Chaignon  ;  les  connaissances  si  variées 
de  notre  collègue  lui  ont  permis  de  réunir  une  collection 
considérable  d'objets  choisis  appartenant  au  règne  animal 
et  au  règne  minéral  ;  ces  richesses  scientifiques,  étique- 
tées et  classées  avec  le  plus  grand  soin,  ont  été  données 
généreusement  à  notre  Société;  en  voici  un  léger  aperçu. 

Oiseaux  d'Europe  :  463  espèces  représentées  par 
829  sujets. 

Coléoptères  de  France,  en  partie  :  1,200  espèces  environ. 

Minéraux  :  1,600  échantillons. 

Roches  :  1,300  échantillons. 

Marbres  :  60  échantillons  taillés  et  polis. 


1 


—  192  - 

»  i 


Géologie,  paléontologie,  fossiles  collés  sur  carton 
détachés  :  3,116. 

Quaternaire,  préhistorique,  sommairement  représen 
station  de  Solutré,  atelier  de  taille  de  Charbonnière,  p 
Mâcon,  abris  sous  roche  de  Bcaulieu,  près  Villefranche-s 
Mer,  grotte  de  Châteaubourg,  près  Valence  (ossemen 
quelques  silex  de  la  Vézère. 

Roches  et  minéraux  de  la  région,  principalement 
feuilles  d'Autun  et  de  Château-Chinon  :    628    échantill* 
sur  socles. 

Ce  qui  fait  un  total  de  7,533  échantillons. 

J'appellerai  tout  particulièrement  votre  attention  i 
cette  réunion  de  roches  et  de  minéraux  qui,  dans  quelq 
années  d'ici,  formera  la  plus  belle  collection  locale  de  ce 
nature,  existant  en  France;  elle  servira,  dès  Tannée  p 
chaine,  au  travail  de  revision  que  M.  Michel  Lévy,  dir 
teur  du  service  de  la  carte  géologique  de  France,  va  ent 
prendre  dans  nos  régions.  M.  de  Chaignon  a  bien  voi 
rédiger  une  note  intéressante  pour  en  souligner  l'imp 
tance. 

La  parole  est  à  M.  de  Chaignon  : 

M.  le  président  m'ayant  engagé  à  présenter  quelqi 
observations  sur  la  collection  des  roches  que  j'ai  commei 
à  réunir  dans  le  musée  de  la  Société,  je  m'empresse 
satisfaire  à  son  désir.  Je  les  passerai  en  revue  très  so 
mairement  et  autant  que  possible  dans  Tordre  où  je  les 
ramassées  sur  le  terrain,  sans  trop  sortir  des  feuil 
d'Autun  ou  de  Château-Chinon  de  la  carte  géologique,  < 
ne  sont  pas  les  moins  instructives  et  embrassent  plus  pj 
ticulièrement  la  région  autunoise. 

Le  gneiss  granulite  de  Couhard,  qui  est  le  plus  en  vue 
le  plus  à  portée,  par  exemple,  est  exploité  dans  quai 
carrières,    et  dans  chacune  la  roche  a  un  faciès  un  p 


—  193  — 

spécial;  dans  la  première  en  montant  de  Saint-Biaise,  elle 
est  à  grains  moyens,  avec  schistosité  bien  apparente;  le 
mica  blanc  est  abondant.  C'est  dans  celle-ci  que  se  ren- 
contre une  petite  série  de  minéraux  généralement  groupés 
ensemble  :  galène  en  cristaux  cubiques,  barytine  lamel- 
laire et  radiée,  fluorine  en  cristaux  jaunes  cubiques,  d'autres 
plus  petits  d'un  blanc  hyalin,  et  de  plus  petits  encore  violets 
à  la  surface  des  joints  ou  simplement  en  enduit.  Dans  les 
mêmes  conditions,  l'hydroxyde  de  manganèse  n'est  pas  rare, 
mais  toujours  en  enduit  sans  épaisseur.  Il  en  est  de  même 
pour  un  encroûtement  jaune-verdâtre,  très  tendre,  se  ratta- 
chant au  mica  potassique  (Damourite  d'après  M.  Lacroix). 
A  la  carrière  suivante,  le  grain  de  la  roche  est  plus  gros- 
sier, par  places  même,  le  gneiss  devient  glanduleux,  pas 
de  minéraux.  La  troisième  carrière  offre  assez  d'analogie 
avec  la  première  ;  dans  certains  points  cependant,  la  schis- 
tosité est  moins  sensible.  C'est  dans  celle-là  seulement  que 
j'ai  rencontré  TUranite,  en  paillettes  disséminées,  ou 
simulant  parfois  une  espèce  de  groupement,  mais  sans 
épaisseur,  sur  la  surface  des  joints,  toujours  plus  ou  moins 
altérés.  Il  peut  se  faire  que  ce  minéral  existe  dans  l'inté- 
rieur de  la  roche  franche.  Je  ne  l'y  ai  cependant  pas  remar- 
qué. Quelques  cristaux  de  pyrite  disposés  en  rognons, 
mais  très  rares.  La  quatrième  carrière  renferme  quelques 
filons  quartzeux  et  des  parties  presque  privées  de  schis- 
tosité qui  les  rapprocheraient  de  la  granulite  ;  le  contact 
est  d'ailleurs  visible.  La  Damourite  y  est  abondante  sans 
autres  minéraux. 

Morgelle,  au-dessus  de  Sully,  est  en  dehors  des  feuilles 
d'Autun  et  de  Château-Chinon,  mais  il  est  compris  sur  la 
carte  du  bassin  d'Autun  de  M.  Delafond.  A  hauteur  du 
village,  ancienne  carrière  dans  le  tuf  orthophyrique  très 
altéré  et  se  brisant  en  fragments  grossièrement  parallélipi- 
pédiques.  En  dessous  du  village,  dans  le  bas  de  la  vallée, 
puissante  coulée  de  porphyrite  micacée,  qui  passe  du  noir 

S.H.N.  1900.  13 


—  194  — 


foncé  au  jaune  et  au  rouge  suivant  altération,  en  se  chi 
4  j  géant  de  calcaire  à  la  périphérie,  probablement   au  voi 

i  '  nage  des  dolomics  triasiques. 

;  I  A  Thury,  plaquettes  de  grès  Rhétien  bien  typique,  ai 

lumachelles  de  l'infralias.  A  côté,  carrière  dans  les  m  an 
bariolées,  renfermant  des  bancs  de  grès  calcaréo-maei 
siens.  Sur  la  route  de  Thury  à  Épinac,  grande  carrit 
dans  le  tuf  orthophyrique,  offrant  tous  les  passages,  dep 
la  roche  la  plus  franche,  jusqu'à  celle  passant  à  l'état  t 
reux. 

Au  Buet,  autre  coulée  do  Porphyrite  dans  une  carri< 
qui  n'est  plus  exploitée;  c'est  un  orthophyre  micacé  e; 
pyroxène.  En  profondeur,  la  roche  est  d'un  noir  sombre 
jaunâtre  dans  les  parties  extérieures. 

Toutes  les  variétés  de  grès  du  mont  Pelé  (étag'e  moyen 
bassin  houiller).  Schistes  et  grès  du  Grand-Moloy  (houili 
supérieur).  Schistes  argilo-bitumincux  des  trois  nivea 
permiens  :  Boghead  du  niveau  supérieur;  Barre  blanc 
et  grise  de  l'étage  moyen  et  Dolomie  cristalline  du  pu; 
Selligues,  ainsi  que  le  calcaire  magnésien  du  Permr 
moyen  affleurant  sur  la  colline  qui  borde  la  Candie  au  si 
d'Igornay. 

A  la  Chaume,  au  nord  d'Igornay,  bel  épanchement  < 
roches  basiques.  Dans  le  ruisseau  de  la  Chaume  :  orth 
phyre  micacé  à  pyroxène  et  mica  noir;  une  autre  varié 
verdâtre  affleure  le  long  du  chemin;  sa  composition  c 
voisine,  orthophyre  à  pyroxène  et  mica  noir  ;  la  même  vi 
lacée  au-dessus  de  la  Chaume.  Dans  la  petite  carrière  d 
Ruchots,  située  à  mi-côte,  au-dessus  de  la  roule,  brèche  < 
Porphyrite  micacée,  cimentée  par  un  filon  de  fluorine,  ( 
Calcite  et  de  Calcédoine  :  Barytine  par  places. 

En  remontant  la  rive  gauche  de  l'Arroux,  jusqu'à  haï 
teur  de  Sivry,  filons  de  microgranulitc  et  orthophyre  à  mi< 
noir.  A  côté  de  l'auberge  des  Pelletiers,  non  loin  c 
Kcclcsnc,   existe  un  des  plus   complets  affleurements    i 


—  195  — 

Porphyrite,  signalés  par  M.  M.  Lévy;  il  présente  une 
grande  variété  de  types.  Dans  la  petite  carrière  à  côté  de 
l'auberge  :  Orthophyre  à  pyroxène  et  mica  noir,  roche 
verte.  Au-dessus  :  Orthophyre  à  pyroxène,  roche  violacée, 
avec  veines  siliceuses.  Enclaves  feldspathiques  et  calcédo- 
nieuses.  Le  tout  est  couronné  par  un  dôme  de  Mélaphyre 
labradorique  et  augitique,  injecté  de  Péridot,  bien  visible 
à  la  loupe  dans  certains  échantillons;  la  roche  est  noire. 
Cette  coulée  descend  jusqu'au  pied  du  dôme  et  traverse  un 
des  fossés  de  la  route. 

Toute  cette  masse  perce  le  porphyre  pétrosiliceux,  qui 
s'étend  en  une  longue  bande  de  Test  à  l'ouest,  et  offre  de 
nombreuses  variétés,  qu'il  soit  intact  ou  altéré.  A  la  Chaume 
des  Pelletiers,  sur  le  bord  de  la  voie  romaine,  petit  dôme 
de  Porphyrite,  compacte  en  profondeur,  et  vacuolaire  au 
sommet  de  la  coulée.  En  descendant  de  la  Chaume  des 
Pelletiers  sur  Collonge,  filon  mince  de  Porphyrite  andési- 
tique  à  pyroxène,  toujours  dans  le  porphyre  pétrosiliceux. 

Le  rocher  qui  supporte  la  statue  de  la  Vierge,  au-dessus 
de  Reclesne,  est  un  filon  quartzeux  bréchiforme  ;  il  perce 
le  porphyre  pétrosiliceux  et  en  englobe  des  fragments 
anguleux.  A  Enost,  les  schistes  du  Culm  sont  pinces  par 
failles  dans  le  porphyre  prétrosiliceux.  Au  delà  de  Sommant, 
tufs  orthophyrique.s.  Entre  Enost  et  Sommant,  belle  micro- 
granulite  porphyroïde,  à  texture  un  peu  lâche.  A  la  carrière 
d'Usseau,  à  un  kilomètre  avant  Lucenay-l'Évêque,  tuf 
orthophyrique  bien  typique,  exploité  pour  l'empierrement. 
La  roche  de  Sauche,  après  Lucenay,  est  un  massif  de 
schistes  dévoniens  très  tourmentés  et  plus  ou  moins  sili- 
cifiés  et  modifiés.  Granulite  à  mica  noir  au  moulin  de  Sou- 
vert,  entre  Lucenay  et  Chissey.  Bel  épanchement  d'Ortho- 
phyre  à  mica  noir  et  pyroxène  dans  la  carrière  à  côté  de  la 
cure  de  Chissey. 

En  amont  de  la  Selle  et  bordant  la  Canche,  plusieurs 
carrières  exploitées  ou  abandonnées  dans  la  granulite  à 


;  »  -  196  — 

i  ■• 

}  \  mica  noir,  variétés  de  grains.  Près  du  hameau  de  la  B 


i 


dans  un  mauvais  chemin,  schistes  dévoniens  non  indiq 
sur  la  carte  géologique.  Sur  la  route  du  Haut-Folii 
1  kilomètre  de  la  Bise,  carrières  dans  la  granulite  el 
microgranulite.  Au  Ilaut-Folin,  à  la  mine  de  Mispickel 
gros  tas  de  minerais  sont  restés  surplace.  Échantill 
variés  :  avec  pyrite,  chlorite,  kaolin  et  feldspaths  char 
d'hématite.  A  la  Groisette,  vers  la  première  maison  de  gai 
filon  de  porphyrite  micacée  très  altérée,  coupant  la  roi 

Grès  arkoscs  triasiques  de  différentes  provenances  ;  n 
toute  la  série  très  variée  des  diverses  carrières  du  plat 
d'Antully,  est  encore  à  rechercher.  L'étage  Rhétien  n 
également  qu'ébauché.  Cependant,  je  possède  déjà  qi 
ques  données  qui  me  permettront  peut-être  de  retroui 
au  moins  en  partie,  remplacement  où  ont  été  extraits 
matériaux  du  petit  appareil  romain  garnissant  à  l'extéri 
le  mur  d'enceinte  de  la  ville  d'Autun. 

Dans  l'espace  compris  entre  le  Pont-d'Ajoux,  Mesvr 
Broyé  et  Marmagne,  très  belle  série  de  roches  et  minerai 
Sillimanite  du  Pont-d'Ajoux  dans  un  gneiss  à  mica  bla 
Phlogopitc  du  hameau  de  Lativelet,  avec  apatite,  gren* 
quartz  en  petits  grains  roulés,  et  cristaux  d'orthose  ri 
empâtés.  C'est  une  roche  élastique  ou  détritique  dont 
mode  de  formation  doit  être  instructif.  Belles  pegmati 
roses  à  très  grandes  parties,  avec  Tourmaline.  L/apat 
se  trouve  exclusivement  disséminée  en  petites  moucl 
cristallines  verdatres,  dans  une  granulite  blanche  à  grai 
fins  ou  plutôt  moyens.  Je  n'ai  pas  encore  eu  la  bonne  f< 
tune  de  rencontrer  l'Émeraude  qui  s'y  trouve  cependai 
M.  Bertliier  en  a  cédé  au  musée  de  beaux  échantillons. 

Granité  du  bois  de  Vaux,  au  sud-est  de  Marnay,  Haul 
rive,  Lcptynite  granulitique  tourmalinifère  de  la  mer 
localité.  Serpentine  avec  talc  et  asbeste  de  Descloix  M* 
tigny  et  la  vieille  route  de  la  Croix-Blanchot  à  Marmagr 
Plusieurs  traînées  d'Amphibolite  ou  gneiss  à  amphibo] 


—  197  — 

pétries  par  places  de  petits  grenats,  se  rencontrent  dans  les 
mêmes  parages  ;  une  des  plus  importantes  est  celle  qui 
s'étend  au  sud  de  Marigny.  Granité  blanc  à  grandes  parties 
du  massif  d'Uchon.  Gneiss  feuilleté  sur  la  route  des  Corn- 
bards.  Quartz  résinite  de  la  Tagnère  avec  fer  et  manga- 
nèse oxydés.  A  1  kilomètre  de  Mesvres,  sur  la  route  de  la 
Chapellc-sous-Uchon,  exploitation  de  la  granulite  bien  en 
place  réduite  en  arène  très  tendre,  préparation  de  la  poudre 
d'or.  Au  nord  de  Sanvignes,  près  de  Montceau,  au  moulin 
de  Marciaux,  nombreuses  variétés  de  grès  rouge  ;  carrière 
sur  le  massif  de  Sanvignes  même,  également  dans  le  grès 
rouge.  Toutes  les  variétés  de  grès  et  schistes  houillère  de 
la  carrière  Saint-François  et  Sainte-Hélène,  à  Montceau- 
les-Mines. 

Au  nord  de  la  Comelle,  entre  la  Rebondie  et  les  Gaudriots, 
Leptynite  amphiboiique  grenue  dans  le  gneiss  plus  ou 
moins  amphiboiique.  Au  Tourde,  sur  la  ligne  du  chemin 
de  fer,  entre  Autun  et  Brion-Laizy,  même  affleurement 
d'un  gneiss  amphiboiique. 

Les  carrières  ouvertes  dans  le  massif  de  la  Roche-Mouron 
sont  dans  la  granulite  bien  typique  et  homogène  sur  toute 
son  étendue  ;  elle  est  sillonnée  par  de  nombreux  filons  de 
pegmatite. 

Voilà,  très  succinctement  indiquées,  les  principales  roches 
réunies  jusqu'à  aujourd'hui,  avec  les  localités  d'où  elles 
proviennent. 

Pour  en  faciliter  l'étude,  j'ai  disposé  l'ensemble  en  six 
grandes  catégories,  d'après  la  classification  adoptée  par 
M.  de  Lapparent,  dans  la  quatrième  édition  de  son  Traité 

de  géologie  : 

1°  Roches  acides.  —  Granité,  granulite,  pegmatite,  tous  les 
porphyres,  etc. 

2°  Roches  neutres.  —  Syénite,  dacite,  porphyrites,  andé- 
site, etc. 


î   I 
1 


\  \ 


—  198  — 

{  3°  Roches  basiques.  —  Dioritc,   diabase,  euphotide,  lhei 

j  zolite,  porphyrites  basiques,  basalte,  mélaphyre,  lim 

j  j  burgite,  labradorite. 

{ \  4°  Dépôts  détritiques.  —  Sables,  graviers,    grès,    poudin 

i\  gués,  schistes  argileux,  etc. 

!  \  Dépôts  chimiques.  —  Calcaires,  tripolis,  tufs,  dolomie 

)  ;  combustibles  minéraux,  etc. 

5°  Agglomérats  et  tufs  éruptifs.  —  Tufs,  Cinérites,  Wackes 

tufs  orthophyriques,  porphyritiques,  basaltiques. 
6°  Roches  cristallophyllicnnes  et  métamorphiques. —  Gneiss 
micaschiste,  leptynitc,  amphiboloschiste,  amphibolite 
pétrosilex,  chloritoschistes,  phyllades,  etc. 

Nota.  —  Dans  ma  note  sur  le  filon  quartzeux  de  Montjeu1 
j'ai  omis  de  mentionner  la  présence  du  mica.  Dans  le 
parties  très  quartzeuses,  le  mica,  variété  potassique  (Mus 
covite),  très  irrégulièrement  distribué,  est  en  grande 
lames*empilées  ou  juxtaposées  plusieurs  ensemble,  d'ui 
blanc  nacré  très  brillant  et  transparentes  quand  ces  lame 
sont  détachées  ;  quelques-unes  mesurent  de  6  à  8  centi 
mètres  de  côté.  Dans  la  pegmatite  encaissant  le  filon,  c'es 
encore  le  même  mica,  mais  en  lames  bien  plus  réduites. 

M.  le  président  remercie  MM.  Roche  et  de  Chaignor 
des  intéressants  renseignements  qu'ils  viennent  de  donner 
puis  il  continue  : 

Au  mois  de  septembre  dernier,  notre  confrère,  le  savani 
Dr  Gillot,  a  donné  à  l'herbier  de  la  Société,  cinquante  mille 
exemplaires,  représentant  onze  à  douze  mille  espèces  de 
plantes  phanérogames  ;  au  mois  d'avril  de  cette  année,  com- 
plétant son  magnifique  cadeau,  il  y  a  ajouté  une  partie  de 
son  herbier  cryptogamique,  se  composant  de  plus  de  sis 
mille   échantillons.   J'ai  remercié  au  nom    de  la    Société 

1.  Séance  fie  la  Sociale  d'histoire  naturelle  d'Autun  du  8  juillet  1900.  page  IJtî 
des  Procès- Verbaux,  XIIP  Jiulleliu, 


—  199  — 

d'histoire  naturelle  *  notre  généreux  confrère  de  cette  nou- 
velle marque  d'intérêt,  qui  élevait  à  cinquante-six  mille  le 
nombre  d'échantillons  parfaitement  choisis  et  étiquetés, 
dont  s'enrichissait  notre  herbier2.  Depuis  cette  époque' vous 
avez  pu  vous  rendre  compte  à  loisir  et  d'une  façon  plus 
complète,  de  la  grande  valeur  du  don  qui  nous  avait  été 
fait,  et  je  ne  crains  pas  de  vous  demander  de  vous  associer 
à  moi,  de  nouveau,  pour  remercier  notre  éminent  collègue. 

En  récapitulant,  Messieurs,  les  dons  principaux  faits  aux 
collections  de  la  Société  dans  le  courant  de  cette  année, 
nous  arrivons  au  chiffre  fantastique  de  soixante-sept  mille 
six  cents  échantillons  déterminés  et  mis  en  place.  On  peut 
affirmer  qu'il  n'y  a  pas  deux  sociétés  de  province  qui  dans 
un  si  court  espace  de  temps  aient  montré  autant  d'ardeur 
ni  déployé  autant  d'activité.  Et  comme  les  acteurs  de  cet 
immense  labeur,  les  auteurs  de  ces  accroissements  scien- 
tifiques sont  nos  dévoués  confrères,  Roche,  Gillot,  de  Chai- 
gnon,  je  vous  propose  de  les  comprendre  dans  un  même 
concert  d'éloges  et  de  remerciements. 

L'assemblée  s'associe  unanimement  et  bien  sympathi- 
quement  aux  conclusions  de  M.  B.  Renault. 

11  est  donné  lecture  des  quatre  communications 
suivantes  de  MM.  Pic,  Ormezzano,  de  Ghaignon  et 
Quincy  : 

Liste  de  Coléoptères  rares  ou  nouveaux 
pour  le  département. 

Tous  les  Coléoptères  de  la  présente  liste3  proviennent 
de  mes  chasses  et  la  plupart  ne  sont  pas  mentionnés  dans 
le  Catalogue  des  Coléoptères  de  Saône-et-Loire  de  M.  Fau- 

1.  Comptes  rendus  des  séances  de  1809,  p.  263. 

2.  L'herbier  si  considérable  du  Dr  Gillot  occupe  les  vitrines  inférieures  qui  font 
le  tour  de  la  salle  entière. 

3.  A  titre  de  renseignements  bibliographiques,  je  dois  dire  que  quelques  espèces 
de  cette  liste  figurent  déjà  soit  dans  la  Revue  du  Bourbonnais ,  numéro  du  15  avril 


-  200  — 

connet  (1887);  mais  je  dois  dire  que  plusieurs  des  espèces 
notées  ici  comme  nouvelles  ne  le  sont  en  réalité  que  pour 
cet  ouvrage,  car  elles  figurent  in  litteris  dans  le  nouveau 
Catalogue  de  MM.  L.  Fauconnet  et  abbé  Viturat1  en  cours 
de  publication,  catalogue  appelé  à  rendre  de  grands  services 
aux  coléoptéristes  du  centre  de  la  France.  Les  espèces  ou 
variétés  nouvelles  pour  le  département,  c'est-à-dire  pour 
le  Catalogue  de  M.  Fauconnet  de  1887,  n'ont  aucun  signe, 
celles  déjà  citées  sont  marquées  d'un  astérisque.  Je  ferai 
remarquer  que  les  deux  premières  espèces  de  Carabidœ 
sont  tout  à  fait  nouvelles  pour  le  département,  car  elles  ne 
sont  pas  mentionnées  en  Saône-et-Loire  dans  le  Catalogue 
de  MM.  Fauconnet  et  Viturat.  Bien  que  toutes  les  espèces 
de  mes  dernières  chasses  ne  soient  pas  citées  ici,  j'arrive 
à  un  total  de  soixante-quinze  espèces  nouvelles  pour  notre 
département,  ce  qui  représente  un  assez  joli  chiffre,  étant 
donné  surtout  que,  d'ordinaire,  je  chasse  peu  dans  notre 
région.  Par  sa  situation  je  crois  que  le  département  du 
Rhône,  son  voisin,  dépassera  toujours  en  richesses  notre 
département,  mai?  Saône-et-Loire  ne  peut-il  pas  lutter 
avec  d'autres  plus  riches  actuellement,  par  exemple  avec  le 
département  de  l'Allier? 

Le  département  de  Saône-et-Loire  ne  doit  pas  être  pauvre 
au  point  de  vue  de  l'entomologie,  et  son  infériorité  numé- 
rique tient  sans  doute  plutôt  à  ce  qu'il  a  été  moins  exploré 
que  d'autres.  Certaines  localités  n'ont  jamais  été  visitées, 
pourquoi  celles-ci  ne  nourriraient-elles  pas  des  espèces 
particulières,  connues  des  régions  avoisinantes  mais  encore 
inconnues  en  Saône-et-Loire  ? 


1898,  soit  au  Bull.  Fr.,  f  900,  p.  258,  soit  enfin  dans  divers  numéros  de  réchange 
1900.  M.  E.  Olivier  mentionne  aussi  sous  mon  nom(Rev.  scient,  du  Bourb.,  n*  151, 
p.  163),  plusieurs  espèces  de  mes  chasses  à  Saint-Bonnet-dc-Joux,  mais  les  trois 
premières  do  celles-ci  sont  inscrites  par  erreur  de  cette  région  et  les  habitats 
véritables  sont  notés  sur  la  présente  liste. 

1.  Catalogue  analytique  et  raisonné  des  Coléoptères  de  Saône-et-Loire  et  des 
départements  limitrophes,  publié  par  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun. 


—  201  — 

Cette  année,  sortant  de  mes  habitudes,  je  suis  allé  passer 
trois  jours  à  Saint-Bonnet-de-Joux  et  dans  les  environs, 
une  région  neuve  pour  l'entomologie,  et  j'en  ai  rapporté 
une  dizaine  d'espèces  nouvelles  pour  le  département,  dont 
deux  espèces  remarquables  :  Clytus  lama  Muls.  (espèce 
plutôt  alpine)  et  Dircœa  rufipes  Gylh.  (espèce  très  rare  en 
France).  Quelques  régions,  par  exemple  l'Autunois,  le 
Creusot,  Chalon,  Mâcon,  Cluny,  Tournus,  Saint-Julien-de- 
Civry,  Digoin,  Semur,  ont  fourni  presque  tout  le  contingent 
de  l'ancien  catalogue,  pourquoi?  Parce  que  ces  régions  ont 
été  les  seules  plus  ou  moins  explorées.  En  somme,  très  peu 
de  localités  ont  été  visitées  sérieusement,  de  nouvelles 
chasses  apporteront,  par  la  suite,  bon  nombre  de  découvertes 
dans  les  localités  connues;  donc,  à  plus  forte  raison, 
dans  les  localités  neuves.  Pendant  le  mois  de  juin  de 
cette  année,  le  meilleur  selon  moi  pour  nos  pays,  j'ai 
recueilli  en  nombre  plusieurs  espèces  non  encore  capturées, 
mais  qui  cependant  devaient  exister  depuis  longtemps 
dans  notre  région.  Les  détritus  d'une  inondation  de  la 
Loire,  le  10  juin  de  cette  année,  m'ont  permis  de  recueillir 
plus  de  cent  espèces,  parmi  lesquelles  environ  une  quin- 
zaine de  nouvelles  pour  le  département  et  deux  ou  trois 
Staphyli?iidx  que  je  n'avais  pas  en  collection.  Le  départe- 
ment de  Saône-et-Loire,  je  le  répète,  et  ce  que  je  viens  de 
dire  le  prouve,  est  plus  riche  qu'on  ne  peut  le  croire,  mais 
il  a  besoin  d'être  exploré  plus  à  fond  et  plus  complète- 
ment. Je  souhaite  que  la  présente  liste,  mentionnant  un 
certain  nombre  de  raretés,  stimule  un  peu  l'ardeur  de  nos 
collègues  et  les  encourage  à  chasser,  ainsi  que  je  l'ai  fait, 
plus  sérieusement  que  par  le  passé  *,  pour  que  chacun 
apporte  de  son  côté  un  contingent  de  captures  nouvelles 
au  Catalogue  des  Coléoptères  de  Saône-et-Loire  ;   il  faut 


1.  Mes  seules  chasses  de  1900,  en  juin,  juillet,  août,  m'ont  fourni  une  quarantaine 
environ  d'espèces  nouvelles  pour  le  Catalogue  de  1887,  entre  autres  les  quatre 
espèces  de  Nanophyes  et  tous  les  Staphilinidœ  (moins  2)  de  la  présente  liste. 


-  202  — 

que  notre  département  occupe  parmi  les  autres  un  bon 
rang  grâce  à  la  richesse  de  sa  faune,  un  rang  analogue 
à  celui  obtenu  par  les  publications  de  la  Société  d'his- 
toire naturelle  d'Autun,  dans  les  bibliothèques  scienti- 
fiques. 

Abacetus  (Astigis)  Salzmanni.  Digoin,  en  juin.  Détritus 
d'inondation  de  la  Loire. 

Tachys  4-signatus  Dufts.  id. 

*Badister  unipustulatus  Bon.  Digoin,  en  juin.  Un  exem- 
plaire sur  un  buisson. 

Chilopora  rubicunda  Er.  Digoin,  en  juin.  Inondation 
de  la  Loire. 

Myrmedonia  (Zyras)  Haworthi  Steph.  Les  Guerreaux, 
en  juin. 

Aleuonota  macella  Er.  Digoin,  en  juin.  Inondation  de 
la  Loire. 

A.  pallens  Rey.  id. 

Homalota  (Hydrosmecta)  longula  Heer.        id. 

H.  delicatula  Sharp.  id. 

H.  subtilissima  Kr.  id. 

Bledius  subterraneus  Er.  id. 

Thinobius  longipennis  Heer.  id. 

T.  delicatulus  Kr.  id. 

Ochthephilus  ou Ancyrophorus  longipennis  Frm.    id. 

0.  ou  A.  flexuosus  Muls-Rey.id. 

Compsochilus  palpalis  Er.  Digoin,  en  mars.  Au  bord 
d'un  étang. 

Boreaphilus  veloz  Heer.  Bois  d'Issanghy,  sur  Saint- 
Agnan  et  bois  de  la  Motte,  sur  la  Motte-Saint-Jean.  En 
tamisant  vers  la  fin  d'octobre. 

Phlœobium  clypeatum  MUll.  Les  Guerreaux,  en  juin. 
En  tamisant. 

Colon  affinis  Sturm.  Les  Guerreaux,  en  juillet.  En  filo- 
chant  dans  un  champ  de  trèfle  à  la  tombée  de  la  nuit. 

Liodes  (Anisotoma)  curta  Fairm.  id. 


—  203  — 

Triplas  melanocephala  Latr.  Digoin.  Sur  un  agaric. 

Symbiotes  (Microchondrus)rubiginosus  Heer.  Digoin, 
en  avril.  Terreau  d'un  vieux  sorbier  abattu. 

Antherophagus  nigricornis  F.  Les  Guerre  aux,  Digoin, 
en  juin  et  juillet.  En  filochant. 

*A.   silaceus  Herbst.  Les  Guerreaux,  en  juin.  Dans  les 
fleurs  de  Digitale. 

Berginus  tamarisci  Woll.  Les  Guerreaux,  en  juin  et 
juillet.  Sur  des  sapins  et  un  noyer. 

Brachypterus  cinereus  Heer.  var.  Les  Guerreaux,  en 
juin.  Sur  les  fleurs . 

Cychramus  fungicola  Heer.  Les  Guerreaux  et  Saint- 
Agnan.  Sur  les  fleurs  en  été,  ou  en  tamisant  en  automne. 

Synchita  (Ditoma)  juglandis  F.  ou  humeralis  F. 
Melay  et  les  Guerreaux,  en  juin.  Sur  un  vieux  poirier  et 
une  branche  sèche  de  charme. 

Globicornis  (Hadrotoma)  nigripes  F.  Digoin,  fin  mai. 
Sur  un  pin. 

*Trinodes  hirtus  F.  Les  Guerreaux  et  Beaubery,  en  juin, 
juillet.  Sur  un  arbre  vert  et  des  châtaigniers. 

Simplocaria  semistriata  F.  Digoin,  en  juin.  Inondation 
de  la  Loire. 

Anthaxia  4-punctata  L.  Entre  la  Motte  et  Saint-Agnan, 
en  juin. 

"Corœbus  undatus  F.  Les  Guerreaux,  en  août.  Sur  un 
tronc  de  chêne. 

*Elater  megerlei  Lac.  Les  Guerreaux,  en  avril.  Sous  une 
écorce  de  chêne  abattu. 

*E.  ruficeps  MuLs.  Les  Guerreaux,  en  juin.  A  la  chasse 
au  parasol,  sur  un  charme. 
*E.  nigerrimus  Lac.  Les  Guerreaux.  Sur  une  branche 
morte  de  châtaignier. 

Nota.  —  Ces  trois  espèces  d'Elater  sont  rares. 

Cardiophorus  nigerrimus  Er.  Beaubery,  fin  juin.  Sur 
un  arbre  vert. 


—  204  — 

Melanotus  tenebrosus  Er.  Beaubery,  fin  juin.  Au  vol, 
sur  le  sommet  du  mont  Bottet. 

* Sericosomus  brunneus  Ksw.  Digoin,  en  juin.  Sur  un 
arbre  vert. 

*Prionocyphon  serricornis  Mull.  Les  Guerreaux,  en 
juillet.  Sur  les  chênes.  Rare. 
*Cantharis  (Telephorus)  violacea  Payk.  Les  Guerreaux, 
en  juin.  Sur  les  buissons.  Cette  espèce  est  rare  dans  les 
régions  non  montagneuses. 

Maltbinus  bilineatus  Ksw.  Les  Guerreaux,  Saint-Agnan, 
Beaubery,  de  juin  à  août.  En  battant  les  chênes  principale- 
ment. Rare  espèce,  plutôt  méridionale. 

M.  balteatus  Suf.  (protestas  Bourg.)  Les  Guerreaux, 
Beaubery,  comme  le  précédent. 

Le  o*  de  cette  espèce  très  différent  de  coloration  est  bien 
plus  rare  que  la  «o.  J'ai  capturé  ce  sexe  pour  la  première 
fois  cette  année. 

Sans  doute  Merkli  Weise,  de  Turquie,  est  synonyme  de 
cette  espèce. 

Sphinginus  lobatus  01.  Bois  d'Issanghy  et  les  Guer- 
reaux, en  juin.  Sur  chêne  et  châtaignier. 

Opilo  mollis  L.  v.  Viturati  Pic  n.  var.  [V Échange,  n°  108). 
Les  Guerreaux,  en  juin.  Sur  un  charme. 
*Lymexylon  navale  L.  Les  Guerreaux,  en  juin.  Au  vol 
le  soir  ou  sur  un  vieux  châtaignier. 

Niptus  (Epaulœcus)  crenatus  F.  Melay.  En  tamisant. 

Hedobia  (Ptinomorphus)  regalis  Dufts.  Digoin,  en  juin. 
Vieux  bois. 

Gastrallus  lœvigatus  01.  Digoin.  Les  Guerreaux.  Sur 
des  tilleuls  et  vieux  charmes. 

Anobium  (Byrrhus)  fagi  Muls.  Les  Guerreaux,  en  juin. 
Sur  un  hêtre. 

A.  rufipes  F.  Digoin,  bois  d'Issanghy,  en  juin.  Un 
exemplaire  sur  un  hêtre  abattu  et  deux  sur  le  bois  mort 
des  haies  vives. 


-  205  — 

Ernobius  tabidus  Kiesw.  Les  Guerreaux,  en  mai  et 
juin.  Sur  les  arbres  verts.  Cette  espèce  intéressante  s'est 
ajoutée  récemment  à  la  faune  française  (Bull.  Fr.  1899, 
p.  119). 

E.  longicornis  Sturm.  Digoin,  fin  mai.  Sur  les  pins. 

E.  pruinosus  Muls.  Melay,  en  juin.  Sur  les  branches 
mortes  de  sapin. 

Xyletinus  pectinatus  F.  Les  Guerreaux,  en  juin.  Sur 
un  pieu  de  barricade. 

X.  oblongulus  Muls.  Digoin.  Vieux  bois. 

X.  (Sternoplus)  ater  Panz.  Les  Guerreaux,  en  juin.  Sur 
le  bois  mort  des  haies  vives. 

Aspidophorus  orbiculatus  Gylh.  Les  Guerreaux  et  bois 
d'Issanghy,  en  juin.  En  tamisant. 

AUecula  morio  F.  Les  Guerreaux,  en  juillet.  Sur  un 
châtaignier. 

Gonodera  luperus  Herbst.  Beaubery,  en  juin.  Sur  un 
arbre  vert. 

Orchesia  luteipalpis  Muls.  Melay,  en  juin.  Vieux  fagots 
de  chêne. 

Dircœa  (Serripalpus)  ruflpes  Gylh.  Beaubery,  en  juin. 
Sur  les  branches  mortes  d'un  chêne  et  d'un  châtaignier, 

* Mordellistena  abdominalis  F.  Melay,  en  juin. 

*Rhipiphorus  paradoxus  L.  Les  Guerreaux.  En  fauchant 
dans  une  prairie  à  la  tombée  de  la  nuit. 

Hylophilus  nigrinus  Germ.  et  var.  Digoin,  en  juin.  Sur 
jeunes  chênes  et  arbres  verts  ;  aussi  à  Marly-sous-Issy  (abbé 
Viturat)  et  à  Beaubery  (Pic). 

Notoxus  monoceros  L.  v.  immaculatus  Pic.  Digoin,  en 
juin.  Inondation  de  la  Loire. 

Anthicus  fuscicomis  Laf.  id. 

Cette  espèce  est  rarissime  dans  nos  régions  et  signalée 
seulement  de  l'Allier,  à  Brout-Vernet. 

A.  transversalis  Vila.  Avec  le  précédent.  Assez  rare 
espèce. 


-  206  - 

Pseudomyllocerus  sinuatus  F.  Digoin,  en  juillet.  Sur 
les  coudriers. 

*Trachodes  hispidus  L.  Saint-Agnàn  et  Digoin,  juillet 
et  août.  Sous  un  fagot  de  chêne. 

Erirrhinus  nereis  Payk.  Étang  de  Beauchamp  sur 
Neuvy,  en  octobre. 

Bagous  nodulosus  Gyl.  Étang  de  Beauchamp,  en  juillet. 

B.  tempestivus  Herbst.  Les  Guerreaux,  en  octobre  ;  en 
tamisant  des  roseaux. 

Orchestes  ou  Rhynchaenus  sparsus  Fahr.  Les  Guer- 
reaux, en  juillet. 

O.  iota  F.  Digoin,  fin  mai.  Un  exemplaire  sur  arbre  vert. 

O.  pratensis  Germ.  (tomentosus  Gylh.)  Les  Guerreaux, 
en  juin,  juillet.  En  filochant. 

Baris  scolopacea  Germ.  Bois  d'Issanghy,  en  août.  En 
filochant. 

Gymnetron  (Rhinusa)  herbarum  Bris.  Les  Guerreaux 
et  Saint-Agnan,  en  juin  et  juillet.  En  filochant. 

6.  bipustulatum  Rossi.  Digoin,  en  juin.  Sur  un  bouillon 
blanc. 

Nanophyes  circumscriptus  Aube  et  var.  '.  Les  Guer- 
reaux, en  juillet  et  août.  En  filochant,  dans  une  prairie 
humide. 

N.  hemisphœricus  Oliv.  Les  Guerreaux,  en  août.  Avec 
le  précédent. 

N.  globulus  Germ.  Bois  d'Issanghy  et  les  Guerreaux, 
en  août.  Sur  une  bruyère  et  probablement  aussi  sur  les 
joncs. 

N.  brevis  Boh.  Les  Guerreaux,  en  août.  Peut-être  sur 
Lythrum. 

La  v.  Theresœ  Pic,  présentant  une  coloration  générale 
foncée,  parait  très  rare  et  je  n'en  ai  capturé  qu'un  seul 
exemplaire. 

1.  Consulter  l'Échange,  n°  189,  pour  la  description  des  variétés. 


—  207  — 

*Magdalis  memnonia  Gylh.   Melay  et  Digoin,  en  juin. 
Sur  les  pins. 

Apoderus  intermedius  111.  Bois  de  la  Motte,  en  juillet. 

Rhynchites  giganteus  Kryn.  Les  Guerreaux,  en  juillet, 
août.  Sur  les  arbres  fruitiers. 

Bruchus  (Myiabris)cinerascens  Gylh,  Digoin,  en  juillet. 

LepturasanguinolentaL.  Saint-Bonnet-de-Joux,  en  juin. 
*Strangalia  4-fasciata  F.  Les  Guerreaux,  Saint-Agnan, 
en  août.  Sur  les  fleurs  d'ombellifères. 
*Obrium  brunneum  L.  Sur  sapin,  à  Melay  et  sur  fleurs 
de  ciguë  à  Saint-Bonnet-de-Joux,  en  juin. 

Plagionotus  arcuatus  v.  Reichei  Thoms.  Les  Guer- 
reaux. Sur  un  chêne  abattu. 

P.  arcuatus  v.  connatus  Mors.  Digoin  :  d'éclosion. 

Clytus  lama  Muls.  Sur  arbre  vert  au  mont  Bottet  près 
Beaubery,  fin  juin. 

Cette  espèce,  à  ma  connaissance,  n'avait  pas  encore  été 
prise  en  France,  en  dehors  de  la  région  alpine,  si  ce  n'est 
au  mont  Pilât. 

Gynandrophthalma  flavicollis  Charp.  Digoin,  les  Guer- 
reaux, en  juillet.  Sur  les  coudriers. 

Cryptocephalus  marginatus  F.  Beaubery,  en  juin.  Sur 
jeunes  pousses  de  bouleau. 

C.  vittatus  F.  v.  lotharingus  Pic  n.  var.  (Échange, 
n°  188).  Digoin. 

C*  pygmseus  F.  Les  Guerreaux,  en  juillet. 

Luperus  (Caloxnicrus) pinicola  Dufts.  Beaubery,  en  juin. 
Sur  les  pins. 

Cette  liste  de  75  espèces  ajoutée  aux  précédentes  (Bull. 
Autun,  1899,  p.  71  à  73  et  158-159)  qui  comprenaient 
38  espèces,  porte  à  plus  de  100  espèces  le  supplément  au 
«  Catalogue  raisonné  des  Coléoptères  de  Saône-et-Loire  », 
de  M.  L.  Fauconnet.  En  comptant  encore  les  7  espèces 
suivantes  : 

Microrrhagus  pygmaeus  F. ,  Eucnemis  capucina  Ahr. 


—  208  — 

Adelocera  quercea  Hrbst.,  Athous  mutilatus  Rosenh., 
Bhynchites  cœruleocephalus,  Schall.,  Grammoptera 
variegata  Germ.,  déjà  signalées  {Échange,  n°  188,  p.  61)  et 
Chry santhia  viridis  Schm.,  figurant  dans  V Échange,  n°  189, 
nous  aurons  un  total  de  120  espèces  et  d'un  certain  nombre 
de  variétés  nouvelles  pour  le  département  de  Saône-et- 
Loire,  celles-ci  provenant  toutes  du  Charollais.  Ainsi  que 
je  l'ai  dit,  je  ne  mentionne  pas  ici  toutes  les  espèces,  beau- 
coup, surtout  parmi  celles  recueillies  en  1900,  ne  sont  pas 
encore  étudiées. 

Digoin,  20  août  1900. 

M.  Pic. 


Les  sciences  naturelles  au  concours  agricole  et 

viticole  de  Marcigny. 

La  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Charolles, 
qui  en  est  à  sa  vingtième  année  d'existence,  tenait,  le 
dimanche  12  août,  un  concours  à  Marcigny. 

Le  soleil  s'était  mis  de  la  partie  et  les  habitants  de  notre 
charmante  cité  avaient  tenu  à  honneur  de  recevoir  digne- 
ment leurs  hôtes,  en  décorant  la  ville  de  verdure. 

Le  public  très  nombreux  a  paru  vivement  s'intéresser 
aux  diverses  expositions,  et  l'exposition  des  animaux,  de 
l'avis  de  tous,  ne  laissait  rien  à  désirer;  les  instruments 
agricoles  étaient  en  grand  nombre  et  très  variés. 

Nous  laissons  aux  personnes  compétentes  le  soin  de 
donner  un  compte  rendu  complet  de  ces  sections,  et  nous 
passons  sans  transition  à  la  partie  qui  nous  intéresse  plus 
spécialement,  en  ne  nous  occupant  du  concours  qu'au 
point  de  vue  des  sciences  naturelles. 

M.  Montmessin,  horticulteur  à  Clessy,  expose  un  lot 
sélectionné  de  pommes  de  terre,  dont  quatre  variétés 
absolument  nouvelles.  La  meilleure,  nous  dit-il,  est  la 
Géante  de  VOhio\  il  expose  en  outre  de  nombreuses  variétés 


—  209  — 

de  céréales,  blé,  orge,  avoine,  seigle  et  un  blé  nouveau 
désigné  sous  le  nom  pompeux  d'Hybride  du  Trésor.  Il  nous 
est  impossible  de  juger  de  la  valeur  cul  tu  raie  de  ce  blé  qui 
n'a  pas  été  expérimenté  dans  notre  région.  Nous  remar- 
quons chez  cet  exposant  la  Consoute  du  Caucase,  Symphy- 
tum  asperrimum,  et  le  fameux  Polygonum  Sakhalinense,  deux 
plantes  dont  les  essais  avaient  excité  un  enthousiasme  qui 
n'a  pas  duré.  Elles  devaient  fournir  des  quantités  prodi- 
gieuses d'un  excellent  fourrage  ;  les  résultats  qui  ont  suivi 
n'ont  pas  donné  ce  que  les  cultivateurs  en  attendaient,  et 
ces  plantes  retombent  peu  à  peu  dans  l'oubli. 

M.  Butty,  horticulteur  à  Paray-le-Monial,  expose  quel- 
ques fleurs  parmi  lesquelles  nous  citons  des  Pétunias  variés 
à  grandes  fleurs,  une  collection  de  roses  assez  intéressante, 
avec  Rosa  viridiflora,  la  fameuse  rose  verte  plutôt  curieuse 
que  belle,  et  qui  semble  n'être  qu'un  cas  de  tératologie 
végétale.  Nous  admirons  chez  cet  exposant  une  coupe  en 
fleurs  naturelles  vraiment  décorative,  servant  de  surtout 
pour  fruits.  A  noter  un  lot  d'arbres  verts,  composé  des 
espèces  que  l'on  emploie  le  plus  généralement  à  la  déco- 
ration des  parcs. 

M.  Butty  nous  montre  en  outre  une  certaine  quantité  de 
racines  fourragères  et  de  légumes,  parmi  lesquels  nous 
reconnaissons  la  Tétragone  cornue,  ou  Epinard  de  la  Nou- 
velle-Zélande, Tetragonia  expansa,  espèce  intéressante,  rus- 
tique et  productive,  mais  trop  peu  cultivée  dans  la  région  ; 
un  pied  de  patate,  Convolvulus  bâta  tas,  connue  sous  les 
noms  de  truffe  douce,  artichaut  des  Indes.  Les  gros  .tuber- 
cules analogues  à  ceux  du  Dahlia,  mais  beaucoup  plus 
farineux,  ont  le  goût  d'une  pomme  de  terre  un  peu  sucrée  ; 
c'est  un  aliment  très  répandu  dans  les  Indes  et  que  Ton 
essaie  d'introduire  en  Europe  depuis  quelques  années 
déjà,  sans  grand  succès,  croyons-nous,  jusqu'à  ce  jour.  A 
remarquer  également  un  greffage  de  la  tomate  sur  pomme 
de  terre,  ce  qui  n'a  rien  de  surprenant,  ces  deux  plantes 

S.H.N.  1900.  14 


—  210  — 

appartenant  à  la  même  famille  des  Solanacées.  Le  résultat 
est  d'ailleurs  peu  encourageant,  les  fruits  obtenus  n'étant 
guère  plus  gros  que  ceux  de  la  pomme  de  terre. 

Nous  regrettons  vivement  que  les  horticulteurs  de  Mar- 
cigny  n'aient  pas  cru  devoir  prendre  part  au  concours. 
Connaissant  la  richesse  de  leurs  serres,  nous  aurions  été 
heureux  d'avoir  sous  les  yeux,  pendant  quelques  heures, 
les  magnifiques  collections  qu'elles  renferment,  ce  qui 
aurait  été  d'ailleurs,  pour  tous,  l'occasion  de  prendre  une 
bonne  leçon  de  botanique,  en  étudiant  des  spécimens  parfai- 
tement étiquetés.  Cette  absence  inexplicable  n'est  pas  faite 
pour  rehausser  la  renommée  cependant  bien  méritée  dont 
nos  horticulteurs  jouissent  dans  la  région. 

M.  Balleydier,  de  Marcigny,  considérée  juste  titre  comme 
le  rénovateur  des  vignobles  de  la  région,  continue  son  œuvre 
active  de  propagation  en  exposant  les  divers  porte-greffes 
reconnus  comme  étant  les  plus  aptes  à  donner  satisfaction 
aux  desiderata  des  viticulteurs. 

Une  note  indique  pour  chaque  espèce  ou  hybride  la  dose 
calcimétrique  qui  lui  convient,  ce  qui  permet,  en  faisant 
analyser  son  terrain,  de  reconnaître  aussitôt  la  variété  à 
planter  de  préférence. 

Nous  notons  parmi  les  cépages  exposés  : 

Riparia  X  Ramond.  —  Riparia  X  Gloire  de  Montpellier.  — 
Solonis  X  Othello  1613.  —  Mourvèdre  X  rupestris  1202.  —  Riparia  X 
rupestris  3306.  —  Colombeau  X  rupestris  3103.  —  Taylor  X  Nar- 
bonne.  —  Rupestris  du  Lot.  —  Chasselas  X  rupestris  4401. 

• 

Toutes  ces  variétés  de  vigne  sont  fort  intéressantes,  mais 
il  faut  bien  le  reconnaître,  elles  attiraient  moins  l'attention 
des  visiteurs  que  le  canon  grélifuge  du  même  exposant. 

M.  Balleydier  en  explique  lui-même  le  mécanisme  en 
faisant  fonctionner  à  intervalles  réguliers,  et  au  grand  amu- 
sement des  curieux,  cette  nouvelle  artillerie,  toute  paci- 
fique, partant  en  guerre  contre  les  orages. 


—  211  — 

Tous  les  journaux  ont  raconté  les  résultats  merveilleux 
obtenus  en  Italie  et  en  Autriche  avec  ce  nouveau  canon. 
En  France,  à  Denicé  (Rhône),  les  essais  ont  été  concluants. 
Les  orages  de  montagnes  ne  paraissent  pas  résister  aux 
effets  dissociants  du  canon  grélifuge;  mais  il  appert  que 
nous  devons  attendre  la  confirmation  du  même  fait  con- 
cernant les  orages  de  plaines  où  les  nuages  plus  denses, 
d'ailleurs,  couvrent  de  grands  espaces. 

M.  Canet,  apiculteur  à  Marcigny,  expose  dans  les  meil- 
leures  conditions  tous  les  accessoires  nécessaires  à  la  cul- 
ture raisonnée  des  abeilles  :  hausses  de  diverses  formes, 
extracteur  simple  et  pratique,  plusieurs  modèles  de  ruches, 
dont  Tune  dite  la  Brionnaise^  est  de  son  invention;  la  forme 
en  est  très  coquette  et  parfaitement  disposée  à  l'intérieur. 
La  ruche  d'observation,  très  bien  présentée,  retenait  tous 
les  curieux,  car  c'était  plaisir  de  voir  travailler,  sans  en 
craindre  les  piqûres,  des  myriades  de  laborieuses  abeilles. 
Nous  admirons  des  échantillons  de  miel  superbe  et,  tout 
à  côté,  divers  produits  tirés  du  miel  :  hydromel,  vinaigre 
de  miel,  eau-de-vie  de  miel;  lesquels  dégustés  par  les 
amateurs  ont  été  reconnus  parfaits. 

M.  Canet  a  le  mérite  d'avoir  développé,  d'une  façon  con- 
sidérable, l'apiculture  dans  notre  région;  c'est  grâce  à  son 
esprit  d'observation,  à  son  initiative  et  surtout  à  son  dévoue- 
ment que  déjà,  sur  nos  collines  brionnaises,  se  rencontrent 
de  nombreux  ruchers  qui  deviendront  légion  lorsque  les 
cultivateurs  s'apercevront  des  résultats  obtenus.  Le  jury, 
reconnaissant  les  services  rendus  par  M.  Canet,  lui  a 
décerné  un  premier  prix  avec  médaille  de  vermeil. 

MM.  Drizard,  de  Charolles,  et  Besson,  instituteur  à  Saint- 
Didier,  ont  présenté,  dans  la  même  section,  des  produits 
magnifiques.  Les  miels  exposés  étaient  d'une  pureté  à 
tenter  les  plus  fins  gourmets. 

L'exposition  scolaire,  moins  remarquable  par  le  nombre 
des  exposants  que  par  la  valeur  des  travaux  exposés,  nous 


—  212  — 

a  procuré  l'occasion  d'étudier  quelques  remarquables  spé- 
cimens d'histoire  naturelle. 

École  de  Marcigny  dirigée  par  M.  Varriot. 

Les  cartes  agricoles,  les  tableaux  d'histoire  naturelle 
exécutés  les  uns  par  le  directeur  et  les  autres  par  les 
élèves  nous  ont  paru  appelés  à  rendre  de  signalés  services  ; 
il  en  est  de  même  de  la  série  des  produits  manufacturés 
exposés.  Voilà  bien  les  véritables  leçons  de  choses. 

Nous  avons  retrouvé  avec  intérêt  une  série  de  fossiles 
de  la  station  géologique  de  Chenoux,  patrie  de  l'Ichtyo- 
saure dont  on  a  tant  parlé  il  y  a  deux  ans.  Cet  étage 
appartient  au  Toarcien  d'Orbigny  ;  il  est  très  fossilifère  et 
nous  procurera  certainement  d'autres  heureuses  décou- 
vertes dans  l'avenir. 

A  noter  également  quelques  beaux  échantillons  de  miné- 
raux de  diverses  provenances  ;  mercure  (cinabre),  blende, 
calamine,  galène,  etc..  ;  mais  la  série  qui  nous  a  paru  le 
plus  digne  d'attention  était  formée  d'empreintes  magni- 
fiques du  bassin  houiller  du  nord,  provenant  de  la  mine 
d'Anzin  ;  spécimens  remarquables  autant  par  leurs  dimen- 
sions que  par  leur  conservation  et  le  choix  apporté  en  ne 
rassemblant  que  des  raretés. 

Nous  avons  noté  :  Sigillaria  lœvigata.  —  Lepidodendron 
elegans.  —  Lonchopleris  rugosa.  —  Alethopteris  mante  M.  — 
Calamités,  etc.,  etc. 

Nous  ne  saurions  trop  prier  M.  Varriot  d'avoir  le  plus 
grand  soin  de  cette  superbe  collection  des  terrains  carbo- 
nifères . 

Une  série  de  graines  potagères,  une  autre  de  graines 
fourragères,  parfaitement  étiquetées,  complétaient  le  musée 
exposé  par  le  directeur  de  l'école  de  Marcigny. 

L'exposition  des  élèves  était  non  moins  intéressante  ; 
nous  ne  retiendrons  que  celle  de  l'élève  Félix  Rolier,  dont 
la  collection  entomologique  mérite  tous  les  éloges.  Les  six 


—  213  — 

boîtes  exposées  étaient  rangées  et  étiquetées  avec  le  plus 
grand  soin.  Nous  citons  quelques  raretés  :  Rosalia  alpina, 
le  plus  joli  coléoptère  de  France.  Il  habite  les  Alpes  et  les 
Pyrénées,  mais  se  rencontre  tout  particulièrement  dans  le 
département  aux  bois  de  Semur  et  de  Saint-Julien  où  on  le 
capture  chaque  année.  —  Oryctes  nasicomis,  coléoptère  de 
grande  taille,  vulgairement  appelé  «  Rhinocéros.  »  Rare 
dans  le  département;  la  larve  vit  dans  le  tan.  Les  nom- 
breuses tanneries,  qui  existaient  ces  dernières  années, 
expliquent  sa  présence  à  Marcigny.  —  Oberea  oculata.  — 
Clytus  arcuatus  etc.,  etc.,  et  un  grand  nombre  d'autres 
espèces  rares  et  fort  intéressantes,  au  milieu  desquelles  la 
jolie  Iloplia  cœrulea,  des  oseraies  des  bords  de  la  Loire, 
attirait  tous  les  regards  par  sa  couleur  intense  du  plus  pur 
bleu-ciel. 

Les  autres  classes  d'insectes  étaient  représentées  par  de 
nombreux  exemplaires,  ce  qui  est  à  signaler,  car  les 
jeunes  entomologistes  ne  s'occupent  généralement  que  des 
Coléoptères.  Il  serait  pourtant  bien  à  désirer  que  leurs 
recherches  portent  dans  l'avenir  sur  les  Hémiptères,  Dip- 
tères, Hyménoptères,  divisions  moins  connues,  moins  étu- 
diées et  par  suite  plus  susceptibles  de  procurer  des  nou- 
veautés aux  collectionneurs.  A  citer,  dans  les  hémiptères,  la 
Cigale,  propre  aux  contrées  méridionales  et  très  rare  dans 
notre  région.  Un  lot  de  punaises,  fort  intéressant,  dont  les 
espèces  n'avaient  pas  encore  été  signalées  sur  d'autres 
points  du  département.  Notre  ami,  M.  Marchai,  du  Creusot, 
en  les  étudiant  a  trouvé  les  preuves  de  la  pénétration  dans 
notre  région,  des  espèces  du  Midi,  fait  qu'il  a  déjà  signalé 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun.1 

Le  Lecanium  robiniarum,  ou  cochenille  de  l'Acacia, 
espèce  nouvelle  pour  la  France,  découverte  au  Creusot  par 


1.  C.  Marchai,  Premières  Notes  sur  les  Hémiptères  de  S.-et-L.  in  Bull.  Soc, 
hist.  nat.  d'Autun,  xi-1  (1898),  p.  558. 


—  ?14  — 

M.  Marchai,  il  y  a  deux  ans  environ,  et  retrouvée  tout 
aussitôt,  la  même  semaine  à  Semur  et  à  Saint-Bonnet.  * 

A  signaler  dans  les  Hyménoptères,  en  dehors  des  nom- 
breux Bombus  exposés,  le  Sirex  gigas,  capturé  à  Marcigny, 
mais  probablement  introduit  avec  les  bois  de  sapin  prove- 
nant des  Vosges. 

Je  me  suis  étendu  à  dessein  sur  l'entomologie  afin  d'en- 
courager les  jeunes  gens  à  poursuivre  leurs  recherches.  Us 
peuvent  juger  par  ce  qui  précède  que  la  série  des  décou- 
vertes est  loin  d'être  close  et  qu'il  leur  reste  un  avenir  riche 
d'espérances. 

Je  profiterai  de  cette  occasion  pour  rappeler  le  souvenir 
de  la  collection  Chabert,  élève  aussi  de  M.  Varriot. 

Cette  collection  renferme  un  grand  nombre  de  coléop- 
tères rares  ;  lors  du  dernier  concours,  elle  valut  au  jeune 
collectionneur  d'alors  une  médaille  bien  méritée. 

École  de  Chenay.  —  Directeur  M.  Vuillaume. 

A  noter  des  comptes  rendus  très  complets  d'expériences 
agricoles,  un  mémoire  très  étudié  sur  l'enseignement  de 
l'agriculture,  des  plans  de  fermes,  d'exploitations  agricoles, 
des  instruments  aratoires  fabriques  par  les  élèves.  Des  col- 
lections de  graines  fourragères  et  potagères  complétaient 
cet  ensemble  indiquant  de  la  part  du  maitre  des  connais- 
sances raisonnées  et  approfondies  des  questions  agricoles. 
Quelques  fossiles,  de  petits  herbiers  d'élèves  et  un  autre 
plus  complet  du  professeur  représentaient  l'histoire  natu- 
relle. 

En  ce  qui  concerce  les  fossiles  il  est  bien  regrettable  que 
la  provenance  n'en  n'ait  pas  été  indiquée,  car  cet  oubli  fait 
perdre  aux  échantillons  toute  leur  valeur.  Nous  ne  saurions 
trop  insister  auprès  de  tous  les  collectionneurs  en  leur 
recommandant  de  noter  toujours  la  provenance  exacte  des 

1.  Bull.  Soc.  hiat.  nat.  d'Autun,  xi,  2  (1S98),  p.  96. 


-  215  — 

objets  qu'ils  exposent.  En  paléontologie  cette  condition  est 
essentielle  ;  il  en  est  d'ailleurs  de  même  pour  la  botanique. 
Nous  relevons  dans  l'herbier  du  maître,  Géranium  nodosum, 
jolie  plante  commune  dans  les  bois  de  Semur,  de  Glaine,  etc., 
et  absolument  inconnue  dans  le  reste  du  département.  Il 
nous  aurait  donc  été  très  agréable  de  connaître  la  station 
exacte  de  l'échantillon  exposé,  la  note  <c  trouvé  à  Artaix  » 
étant  un  peu  vague,  surtout  lorsqu'il  s'agit  d'une  plante  très 
rare  pour  Saône-et-Loire. 

École  de  Vindecy.  —  Directeur  M.  Maillard. 

A  citer  des  cahiers  d'agriculture  fort  bien  compris  et 
très  intéressants  ;  une  exposition  de  bois  collés  sur  carton 
et  comprenant  quarante-huit  échantillons.  Toutes  les 
essences  de  la  région  y  sont  représentées  par  une  coupe 
verticale  et  une  coupe  horizontale;  tous  nos  compliments 
à  M.  Maillard  pour  son  innovation  appelée  à  rendre  à  ses 
élèves  de  signalés  services,  pour  la  reconnaissance  des 
essences  variées  qu'ils  auront  un  jour  à  cultiver.  Cette 
collection  est  même  le  complément  indispensable  de  tout 
bon  herbier  scolaire.  A  citer  également  quelques  coquil- 
lages marins,  des  Hélix  reconnus  pour  être  de  la  région, 
quelques  minéraux  et  des  fossiles  très  bien  conservés, 
surtout  les  Belemnites  et  les  Limas;  malheureusement 
aucun  de  ces  échantillons  n'indiquait  le  lieu  de  prove- 
nance ;  je  renvoie  donc  le  lecteur  aux  observations  faites 
au  même  sujet  dans  l'article  précédent. 

Exposition  Geneste. 

Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  la  superbe  collec- 
tion minéralogique  exposée  par  ce  jeune  étudiant  de  notre 
ville.  Plus  de  cent  cinquante  échantillons  fort  bien  pré- 
sentés, bien  étiquetés,  ont  fait  l'admiration  de  tous  les 
visiteurs.  Ces  minéraux,  de  diverses  provenances,  mais 
surtout  du  plateau  central,  avaient  été  triés  avec  le  plus 


-  216  — 

grand  soin  et  dénotent  chez  M.  Geneste  des  aptitudes  spé- 
ciales que  nous  ne  saurions  trop  encourager.  A  citer  comme 
raretés  les  superbes  échantillons  d'Épidote;  ce  silicate 
d'alumine  ne  se  rencontre  en  France  que  dans  les  fentes 
des  roches  métamorphiques  du  Dauphiné,  et  cela  en  très 
beaux  cristaux  vert-foncé. 

École  de  Bourg -le-Comte.  —  Directeur  M.  Château. 

Nous  arrivons  enfin  à  une  exposition  de  botanique  d'un 
réel  intérêt  scientifique.  M.  Château  n'en  n'est  plus  à  ses 
débuts;  Tannée  dernière  l'Académie  internationale  de  géo- 
graphie botanique  lui  décerna  une  première  médaille  pour 
ses  nombreux  travaux  ;  aussi  ses  collections  de  plantes  et 
surtout  les  cécidies  exposées  ont  retenu  spécialement  notre 
attention.  Nous  pensons  être  agréable  à  nos  lecteurs  en 
donnant  quelques  détails  sur  cette  branche  de  l'histoire 
naturelle  presque  nouvelle  pour  la  France. 

A  part  une  étude  de  M.  Kieffer,  de  Bitche,  sur  les  céci- 
dies de  Lorraine1,  et  une  autre  de  M.  Martel  sur  celles  de 
la  Seine-Inférieure 2,  nous  n'avons  pas  d'ouvrages  français 
décrivant  les  galles  et  les  fausses  galles.  Je  ne  crois  pas 
être  indiscret  en  ajoutant  que  sous  peu  notre  ami  Marchai, 
du  Creusot,  aidé  en  cela  par  M.  Château  et  quelques  autres 
botanistes  de  la  région,  va  combler  cette  lacune,  en  publiant 
dans  les  Bulletins  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun, 
la  nomenclature  des  cécidies  de  Saône-et-Loire. 

Le  mot  cécidie  est  d'ailleurs  de  création  récente.  Il  a 
été  donné  et  défini  par  le  savant  cécidiologue  docteur  Fried 
Thomas,  d'Ohrdruf,  en  1873.  Par  ce  mot  on  entend  toute 
déformation  d'une  plante  produite  par  la  réaction  de  celle- 
ci  contre  l'invasion  d'un  parasite. 

Les  feuilles  minées  par  une  chenille  de  lépidoptère  ou 
par  une  larve  de  diptère   ou  de   coléoptère,   etc.,  offrent 

1.  Feuille  des  jeunes  naturalistes,  21*  année,  1890-1891,  et  22e  année,  1891-1892. 

2.  Bull.  Soc.  d'étude  des  se.  nat.  d'Elbeuf,  X,  1891,  p.  79,  et  XII,  1893,  p.  73. 


—  21?  — 

bien  à  nos  regards  une  déformation  souvent  extrêmement 
curieuse,  mais  cette  déformation  n'est  pas  du  domaine  de 
la  cécidiologie,  la  plante  n'ayant  été  que  passive  et  n'ayant 
pas  réagi  contre  l'invasion  du  parasite.  Certains  arbres 
portent  des  gerçures  occasionnées  par  les  grands  froids; 
ces  déformations  sont  également  exclues  des  cécidies,  car 
il  n'y  a  pas  eu  invasion  d'un  parasite.  Suivant  que  ce 
parasite  sera  du  règne  animal  ou  du  règne  végétal,  la 
déformation  sera  appelée  zoocécidie  ou  phytocécidie.  Les 
premières  sont  dues  à  des  insectes  (coléoptères,  hyménop- 
tères, lépidoptères,  diptères),  ou  à  des  arachnides  (phytop- 
tides),  ou  à  des  vers  (helmintides)  ;  les  secondes  doivent 
leur  origine  à  des  champignons. 

Cécidies  dues  à  des  Coléoptères  ou  Coléoptérocécidies. 

Le  groupe  des  coléoptères  si  riche  en  espèces  ne  tient 
que  le  quatrième  rang  parmi  les  insectes  cécidogènes.  Il 
ne  compte  guère  qu'une  cinquantaine  de  représentants 
gallicoles  connus.  Nous  relevons  parmi  les  espèces  expo- 
sées à  Marcigny  :  Apion  Gernari  Walt.,  qui  vit  dans  les 
renflements  nodaux  de  la  mercuriale  ;  Saperda  populnea  L., 
qui  habite  à  l'état  larvaire  les  rameaux  du  tremble  et  y 
provoque  un  renflement  de  forme  irrégulière  ;  Centhorhyn- 
chus  sulcicollis  Schœnh,  qui  forme  au  collet  de  la  racine 
de  diverses  crucifères  un  petit  renflement  de  la  grosseur 
d'un  pois,  etc.,  etc. 

Cécidies  dues  à  des  Hyménoptères  ou  Hyméaoptérocécidies. 

Les  cécidies  produites  par  les  Hyménoptères  sont  les 
plus  remarquables.  La  plupart  d'entre  elles  sont  produites 
par  des  Cynipides,  un  certain  nombre  par  des  Tenthrédi- 
nites,  enfin  quelques-unes  seulement  par  des  Ghalcidites. 
Nous  relevons  sur  le  chêne  Andriscus  fecundatrix  Hort., 
qui  habite  la  déformation  connue  sous  le  nom  vulgaire  de 
Rose  du  chêne,  et  consistant  dans  le  développement  anor- 


—  218  - 

mal   d'un  bourgeon  qui  prend  la  forme  et  les  dimensions 
d'un  fruit  de  houblon. 

Sur  les  rosiers  :  Rhodites  rosœ  L.,  déformation  sphérique, 
verte  très  commune,  employée  de  tous  temps  par  les  sor- 
ciers pour  combattre  la  rage,  etc.,  etc. 

Ceci di es  dues  à  des  Diptères  ou  Diptérocécidies. 

Cecidomyia  cratœgi  Winn.,  déforme  les  pousses  de  l'au- 
bépine. 

Cecidomyia  rosaria  H.  Lw.  est  l'auteur  des  cécidies  dites 
Roses  du  saule,  visibles  surtout  en  hiver;  hormomyia  fagi, 
Hart.,  sur  les  feuilles  du  hêtre,  etc.,  etc. 

Cécidies  causées  par  des  Arachnides,  Phytoptides  ou  Acarocécidies. 

Le  groupe  des  phytoptides  qui  fait  partie  de  la  grande 
famille  des  Acariens  comprend  les  plus  petits  Cecidozoons. 
Leur  longueur  varie  de  un  à  deux  dixième  de  millimètre. 
Il  est  donc  très  difficile  pour  ne  pas  dire  impossible  de 
les  découvrir  à  l'œil  nu  ;  à  l'aide  d'une  loupe  on  les  aper- 
çoit comme  de  petits  vers  blancs,  et  l'on  reste  même  sou- 
vent dans  le  doute  jusqu'à  ce  qu'il  leur  plaise  de  se  mettre 
en  mouvement.  Malgré  leur  extrême  petitesse,  ces  aca- 
riens occasionnent  sur  les  plantes  des  déformations  généra- 
lement bien  apparentes  et  revêtent  les  formes  les  plus 
diverses  ;  nous  citerons  seulement  :  Phytoptus  erineus  Nal, 
sur  le  noyer;  Phytoptus  phyllocoptoïdes  sur  les  saules,  et 
enfin  Phytoptus  vitis  Landois,  qui  produit  sur  les  feuilles  de 
vigne  YErineum  vitis,  appelé  vulgairement  Erinose. 

Cécidies  causées  par  des  Champignons  ou  Mycocécidies. 

Presque  toutes  les  plantes  nourrissent  des  champignons 
microscopiques,  témoin  la  viticulture  qui  en  souffre  si 
cruellement;  nous  citerons  seulement  :  Ustilago  segetum 
appelé  vulgairement  charbon  et  altérant  souvent  d'une  façon 
désastreuse  les  graines  des  graminées,  la  Rouille  et  l'Épine- 
vinette.  Cecidium  berberidis  Gmel.,  qui  vit  sur  l'épine-vinette, 


—  219  — 

et  dont  les  deux  autres  phases  se  passent  sur  les  grami- 
nées où  elles  déterminent  la  rouille  des  céréales:  en  été,  la 
rouille  jaune,  sous  la  forme  urédosporée,  Uredo  linearis 
Lamk.  ;  en  automne,  la  rouille  noire,  sous  la  forme  téleu- 
tosporée,  Puceinia  graminis  Pers.  Les  cultivateurs  doivent 
donc  détruire  sans  répit  tous  les  pieds  d'épine-vinette  qu'ils 
rencontreront  dans  les  haies. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  citer  toutes  les  espèces  de 
cécidies  de  la  collection  Château  qui  est  déjà  fort  importante. 
Nous  le  félicitons  surtout  de  ne  pas  s'en  être  tenu  à  la  science 
proprement  dite,  mais  d'être  entré  dans  la  pratique,  en  indi- 
quant, pour  chaque  espèce  cultivée,  le  moyen  de  combattre 
la  cécidie  qui  n'est  en  somme  qu'une  maladie  de  la  plante. 

M.  Château,  qui  n'a  pas  craint  d'aborder  cette  étude  si 
aride,  sur  les  conseils  de  notre  ami  Marchai,  pourra  rendre 
par  la  suite  de  grands  services  aux  cultivateurs,  en  leur 
indiquant  les  moyens  de  combattre  les  maladies  qui  attaquent 
les  plantes  cultivées.  L'étude  des  cécidies  présente  donc  un 
intérêt  agricole  tout  particulier. 

M.  Château  expose  également  une  collection  de  plantes 
fourragères,  comprenant  toutes  les  espèces  indiquées  dans 
les  ouvrages  agricoles  ;  c'est  là  l'herbier  pratique  du  culti- 
vateur. Une  note  donne  pour  chaque  espèce  sa  valeur  cui- 
turale,  la  quantité  à  semer  à  l'hectare,  et  le  prix  moyen  du 
kilogramme  de  graine  ;  autant  de  renseignements  précieux 
dont  feront  bien  de  profiter  les  agriculteurs. 

A  côté  des  plantes  fourragères,  nous  trouvons  les  plantes 
nuisibles  à  l'agriculture,  à  divers  titres,  étude  pratique 
appelée  à  rendre  de  réels  services  aux  jeunes  cultivateurs. 

Que  dire  maintenant  du  superbe  herbier  exposé  et  con- 
tenant cinq  mille  plantes  bien  classées  et  bien  étiquetées  ? 

On  voit  que  l'œuvre  de  M.  Château  est  considérable,  et  le 
jury,  en  le  mettant  hors  concours  et  en  lui  décernant  une 
médaille  de  vermeil  grand  module,  a  parfaitement  reconnu 
son  mérite  et  l'a  récompensé  dignement. 


—  220  — 

En  écrivant  ce  compte  rendu,  nous  n'avons  eu  qu'un  but, 
celui  d'intéresser  les  jeunes  gens  aux  sciences  naturelles  ; 
MM.  les  instituteurs,  admirablement  placés  pour  observer 
la  nature,  en  sont  les  promoteurs  tout  indiqués.  En 
employant  utilement  leurs  loisirs,  ils  éprouveront  des  jouis- 
sances intellectuelles  supérieures,  et  en  intéressant  les 
élèves  à  l'étude  de  l'histoire  naturelle,  ils  aideront  à  attacher 
à  leurs  champs  nos  futurs  cultivateurs. 

Les  conseils  ne  manqueront  pas  aux  instituteurs  pour 
guider  leurs  premiers  pas.  Les  naturalistes  ayant  acquis 
quelque  expérience  sont  nombreux  ;  de  plus,  nous  avons 
dans  le  département  de  Saône-et-Loire  des  sociétés  d'his- 
toire naturelle,  en  première  ligne  celle  d'Autun  qui  consi- 
dère comme  un  devoir  d'aider  les  débutants. 

Les  instituteurs  livrés  à  eux-mêmes  n'ont  pas  toujours  à 
leur  disposition  les  ouvrages  nécessaires  pour  déterminer 
tous  les  spécimens  d'histoire  naturelle  qu'ils  récoltent; 
aussi,  dans  les  concours  agricoles,  on  relève  presque  toujours 
des  erreurs  qui  seraient  évitées,  si  les  échantillons  avaient 
été  préalablement  soumis  aux  naturalistes  compétents. 

Marcigny,  20  août  1900. 

Q.  Ormezzano. 

Membre  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  de  l'Association  française  de 
Botanique,  de  l'Académie  de  Màcon,  etc. 


Profil  géologique  du  chemin  de  fer   de 
Montceau-les -Mines  à  la  Guiche. 

Ayant  eu,  à  plusieurs  reprises,  l'occasion  de  séjourner  à 
Montceau,  j'ai  pu  suivre  à  pied  et  étudier,  surtout  au  point 
de  vue  des  roches,  les  différents  terrains  traversés  par  la 
nouvelle  ligne  du  chemin  de  fer  à  voie  étroite  qui,  partant 
de  Montceau,  se  dirige  sur  Mont-Saint-Vincent,  la  Quiche 
et  doit  se  prolonger  jusqu'à  Saint-Bonnet-Beaubery,  station 
sur  la  ligne  de  Paray-le-Monial  à  Clermain, 


—  221  — 

En  quittant  la  gare  de  Montceau,  la  ligne  longe  pendant 
300  ou  400  mètres  le  bord  du  canal  et  passe  sous  le  pont 
de  l'abattoir.  Après  le  passage  du  pont,  elle  monte  pendant 
200  mètres  environ  sans  emprunter  le  travail  qui  a  été  fait 
pour  un  embranchement  de  la  grande  ligne,  qu'on  peut 
cependant  mentionner.  Sur  cet  espace  de  200  mètres,  le 
talus  du  côté  de  Test  a  été  entamé  sur  une  hauteur  de  4  à 
5  mètres  au  point  le  plus  élevé.  Il  est  entièrement  formé  de 
cailloutis  et  d'alluvions  à  stratifications  entremêlées,  hori- 
zontales ou  obliques,  indiquant  bien  les  apports  d'un  cours 
d'eau. 

Nous  rentrons  sur  le  tracé  de  la  petite  ligne.  Avant  Lucy, 
nouvelle  tranchée  de  lm50  de  hauteur  sur  100  mètres  de 
longueur,  toujours  dans  le  même  cailloutis.  Après  avoir 
dépassé  Lucy,  autre  tranchée  de  200  mètres  sur  3  mètres 
de  hauteur.  Le  cailloutis  se  montre  encore  à  la  partie  supé- 
rieure ;  dans  le  bas  on  voit  pointer  quelques  blocs  de  gneiss 
granuli tique  qui  paraissent  bien  en  place. 

La  voie  redescend  ensuite  en  remblai  vers  le  canal 
qu'elle  quitte  brusquement  pour  remonter  au  sud-est,  en 
passant  sous  la  grande  ligne  de  Montceau  à  Paray-le- 
Monial.  A  la  sortie  du  pont,  autre  tranchée,  de  250  à 
300  mètres  :  alluvions,  cailloutis  à  fragments  plus  gros, 
roulés,  mais  ne  paraissant  pas  avoir  subi  un  long  charriage; 
formés  principalement  de  gneiss  granulitiquo.  Quelques 
gros  blocs  de  gneiss  granulitique  et  de  grès  bigarré,  non 
roulés  et  non  en  place,  indiqueraient  qu'on  touche  à  la 
bordure  des  éboulis,  ou  dépôts  meubles  de  pente. 

Jusqu'à  la  ferme  du  Saule,  les  rails  reposent  directement 
sur  le  sol,  avec  quelques  remblais  insignifiants. 

Après  avoir  coupé  le  chemin  qui  conduit  à  Montceau,  la 
ligne  descend  franchement  à  l'est  par  une  rampe  assez  pro- 
noncée au  milieu  des  prés,  ne  coupant  que  quelques  talus 
sans  importance,  avec  terre  végétale  et  éboulis  terreux. 

Traversée  en  remblai  du  vallon  de  la  Bruyère  et  du  ruis- 


—  222  — 

seaii  la  Raie  de  Serrecy,  la  ligne  remonte  le  vallon,  les  rails 
posés  sur  le  sol;  elle  doit  être  sur  le  grès  bigarré,  qui 
n'affleure  pas,  mais  dont  on  aperçoit  des  blocs  épars. 

D'ailleurs  en  haut  de  la  partie  la  plus  prononcée  de  la 
rampe  :  tranchée  de  50  mètres  de  longueur  sur  2  mètres  en 
moyenne  de  hauteur,  entaillée  dans  le  grès  bien  en  place  et 
recouvert  par  la  terre  végétale.  Ces  grès  paraissent  très 
silicifiés  et  offrent  beaucoup  d'analogie  avec  ceux  du  pla- 
teau d'Antully. 

A  quelques  pas  de  là,  carrière  du  Saule  dans  la  granulite 
ou  le  gneiss  granulitique,  entièrement  kaolinisé  ;  les  parties 
blanches,  les  plus  pures  et  exemptes  de  fer,  sont  exploitées 
comme  terre  réfractaire  et  expédiées  au  Creusot,  le  reste 
est  employé  pour  tuileries.  Quelques  blocs  de  grès  bigarré 
détachés  sont  empâtés  à  la  surface. 

La  ligne  monte  toujours  vers  Test  en  pente  douce  et  en 
remblai,  ce  qui  empêche  toute  observation  jusqu'au  hameau 
de  la  route  du  Saule,  qu'elle  franchit  en  suivant  un  second 
remblai  de  150  mètres  de  longueur. 

A  partir  de  ce  point,  elle  entre  franchement  dans  le  grès 
arkose  qui  affleure  sur  une  hauteur  de  2m50  à  3  mètres, 
dans  une  tranchée  de  140  mètres  de  longueur,  à  l'endroit 
nommé  la  Pierre.  C'est  le  même  grès  qu'à  la  tranchée  pré- 
cédente, une  partie  des  blocs  détachés  est  exploitée  pour 
pavés. 

A  300  mètres  de  cette  tranchée  rocheuse,  la  voie  coupe 
le  chemin  de  Lucy,  reposant  toujours  sur  le  grès  bigarré, 
puis  elle  franchit  la  route  de  Montceau  à  Saint- Vallier  et 
passe  à  côté  de  carrières  exploitées  pour  tuileries.  Ce  sont 
des  marnes  versicolores,  épaisses  de  1  mètre  à  lm50,  hori- 
zontalement déposées  sur  le  grès  dans  des  excavations  qui 
les  mettent  au  jour.  Le  grès  n'est  pas  visible  dans  la 
carrière;  mais  à  quelque  distance  de  là,  sur  la  route,  un 
puits  creusé  chez  un  habitant  a  rencontré  la  même  succes- 
sion :  marnes  bariolées  de  0in60  à  0m80  d'épaisseur  à  la 


-  223  - 

partie  supérieure,  reposant  sur  le  grès  dont  l'épaisseur  n'a 
pas  été  dépassée.  Ces  marnes  devraient  représenter  l'étage 
des  marnes  bariolées. 

On  arrive  à  la  gare  de  Saint-Vallier,  qui  est  le  point 
culminant  dans  cette  partie  du  tracé.  A  200  mètres  au  delà 
de  la  gare,  traces  de  marnes  versicolores  superficielles  et 
sans  importance.  Deux  puits  creusés  dans  le  voisinage  ont 
fourni  des  indications  plus  précises.  Celui  de  la  gare,  de 
9  mètres  de  profondeur,  a  rencontré  en  haut  les  marnes 
bariolées,  puis  l'arkose  reposant  sur  le  gneiss  granulitique 
altéré.  Chez  un  habitant,  à  150  mètres  de  la  gare,  un  autre 
puits  de  12  mètres  a  traversé  la  même  succession,  et  s'est 
achevé  dans  le  gneiss  granulitique  très  dur  et  très  résistant, 
la  roche  à  cette  profondeur  étant  absolument  franche. 
Malheureusement  je  n'ai  pu  obtenir  les  diverses  épaisseurs. 

Ces  marnes  font-elles  vraiment  partie  de  l'étage  des 
marnes  bariolées?  Il  faut  convenir  qu'elles  sont  bien 
limitées,  et  ne  se  montrent  pas  ailleurs  qu'aux  environs 
immédiats  de  la  gare  de  Saint-Vallier.  Elles  ne  renferment 
aucun  fragment  de  calcaire  magnésien,  et  pourraient  bien 
n'être  qu'un  dépôt  argileux  grossier,  très  localisé,  dont  la 
coloration  due  à  la  suroxydation  du  fer,  leur  donnerait 
l'aspect  de  fausses  marnes  bariolées.  Cependant,  il  est  à 
propos  de  mentionner  le  forage  d'un  puits  dans  le  faubourg 
de  Bellevue-les-Mines,  sur  la  route  de  Saint-Vallier,  où 
des  marnes  versicolores  ont  été  rencontrées  également, 
au-dessus  du  grès  et  ont  présenté  la  coupe  suivante  : 

Terre  végétale 0,25 

Marnes  jaunâtres 0,40 

Argile  verte  sableuse 0,80 

Grès  grossier  devenant  plus  fin 

en  profondeur 4à5  mètres. 

Gneiss  granulitique  très  altéré. .  1,50 

Niveau  d'eau 


—  224  - 

A  4  ou  500  mètres  de  la  gare  de  Saint- Vallier  et  au  croi- 
sement du  petit  chemin  de  Saint-Vallier  à  Saint-Bange, 
affleurement  dans  une  tranchée  de  3  mètres  de  hauteur, 
d'un  grès  grossier  coloré  en  brun.  A  l'angle  formé  par  la 
tranchée  et  le  talus  de  la  route  on  aperçoit  toute  l'épaisseur 
du  banc  gréseux  reposant  sur  le  gneiss  granulitique,  à 
l'état  d'arène.  A  côté  du  domaine  de  Simbron,  carrière  de 
grès  arkose.  Puis  la  ligne,  après  avoir  décrit  une  grande 
courbe,  pénètre  dans  le  bois  de  Saint-Bange,  où  elle  est 
constamment  sur  le  grès  bigarré,  qui  perce  de  distance  en 
distance,  quand  le  talus  atteint  une  certaine  élévation. 

En  approchant  de  la  Croix-Racot,  une  tranchée  de 
4  mètres  de  hauteur  met  au  jour  un  affleurement  de  gneiss 
granulitique,  qui  passe  par  places  au  gneiss  glanduleux,  le 
mica  blanc  est  abondant.  Il  renferme  de  nombreuses 
enclaves  d'un  gneiss  à  grains  fins  plus  ou  moins  désagrégé  ; 
lui-même  sur  toute  cette  épaisseur,  est  fort  altéré. 

La  Croix-Racot  est  sur  la  granulite,  que  les  travaux  n'ont 
pas  entamée,  ou  n'ont  fait  qu'effleurer. 

Pourtant,  une  particularité  est  à  signaler  :  c'est  le  contact 
du  grès  bigarré  avec  la  granulite.  Cette  dernière  ayant  été 
ravinée  au  moment  du  dépôt  gréseux  ou  postérieurement, 
a  donné  naissance  à  des  mélanges  d'éléments  granulitiques 
empâtés  dans  le  quartz,  qui  est  caverneux,  contourné,  et 
présente  des  concrétions  bizarres.  Cette  formation  est  sans 
épaisseur  et  tout  à  fait  superficielle. 

La  ligne  se  poursuit  dans  le  bois  des  Rieppes,  en  suivant 
une  tranchée  de  plusieurs  centaines  de  mètres  de  longueur 
avec  une  hauteur  moyenne  de  lm50  à  2  mètres,  mais  uni- 
quement creusée  dans  les  éboulis  terreux  :  de  loin  en  loin, 
quelques  débris  détachés,  entre  autres  un  fragment  d'une 
granulite  très  compacte,  d'un  rouge  sombre,  et  à  grains 
très  fins,  rappelant  la  variété  Aplite  ;  si  ce  n'était  la  pré- 
sence de  quelques  paillettes  de  mica  blanc,  elle  pourrait 
passer  pour  une  microgranulite  euritique. 


—  225  — 

Arrivée  aux  Rieppes,  où  les  travaux  d'installation 'de  la 
voie  ont  nécessité,  sur  une  longueur  de  60  mètres,  l'aba- 
tage  d'une  petite  paroi  rocheuse;  ce  sont  toujours  des 
gneiss  granulitiques,  mais  paraissant  déjà  se  soustraire  à 
l'influence  de  la  granulite,  le  mica  blanc  est  rare,  la  roche 
est  plutôt  grise  que  rose  ;  sur  un  point  il  y  a  contact  du 
gneiss  porphyroïde  avec  un  gneiss  à  grains  fins. 

Non  loin  de  là  apparaît,  sur  un  très  petit  espace,  à 
l'extrémité  d'une  tranchée,  un  gneiss  très  schisteux,  micacé; 
c'est  un  véritable  micaschiste,  très  altéré,  les  feuillets  se 
détachent  à  la  main. 

Après  quelques  détours  le  long  de  pentes  qui  ne  sont 
pas  entamées  et  une  rampe  assez  accentuée,  la  ligne 
traverse  la  carrière  des  Gendarmes,  non  loin  du  bois  de 
Boulay  ;  c'est  un  gros  filon  de  granulite  rose,  bien  franche 
exploitée  pour  l'empierrement. 

Ce  doit  être  la  continuation  de  celui  exploité  plus  bas 
pour  moellons  dans  la  carrière  du  Bois-Tardif. 

Au  croisement  d'un  petit  chemin  descendant  vers  Gour- 
don,  le  gneiss  passe  au  micaschiste,  très  plissé  et  contourné 
au  voisinage  d'une  petite  masse  granuli tique,  qui  l'aurait 
plus  ou  moins  modifié.  Immédiatement  après,  blocs  d'arkose 
triasique  roulés,  disséminés  sur  le  gneiss  granulitique  sur 
un  espace  de  50  mètres.  A  la  tranchée  suivante,  150  mètres 
environ,  toujours  dans  le  gneiss,  le  grès  ne  reparait  pas. 

Remblai  sur  un  espace  de  300  mètres,  jusqu'à  la  sortie 
du  bois.  Petite  tranchée  de  20  mètres  de  gneiss  granulitique 
plissé,  fîlonets  de  granulite,  schistes  micacés  et  nodules 
quartzeux. 

A  150  mètres,  autre  tranchée,  le  gneiss  très  plissé  égale- 
ment a  l'air  très  franc  et  nullement  pénétré  par  la  granulite. 
Le  schiste  micacé  reparait  par  places;  le  tout  est  recouvert 
par  quelques  blocs  isolés  d'arkose  apportés  de  plus  loin. 

Nouveau  remblai  de  350  à  400  mètres  jusqu'en  dessous 
de  Séries  ;  petite  tranchée  rocheuse  où  le  gneiss  gris  est 

S.H.N.  1900.  15 


—  226  - 

franchement  schisteux,  rubané  et  tout  à  fait  en  dehors  de 
la  zone  d'influence  de  la  granulite. 

A  200  mètres,  autre  tranchée  avec  faciès  du  gneiss  tou- 
jours normal,  rougeâtre  sur  les  surfaces  exposées  à  l'air, 
pas  de  mica  blanc,  veinules  de  quartz. 

Nouvelle  tranchée  à  200  mètres,  gneiss  moins  plissé, 
quelques  rares  filonets  de  granulite  ou  de  pegmatite,  très 
quartzeux,  et  sans  influence  sur  la  masse. 

De  l'autre  côté  du  mamelon  de  Selves,  la  roche  est  très 
altérée,  le  gneiss  est  toujours  traversé  de  veines  quartzeuses 
qui  seules  sont  restées  intactes.  À  150  mètres  d'un  bois 
d'épicéas,  talus  d'un  des  côtés  de  la  voie  avec  gneiss  de 
moins  en  moins  affecté  par  la  granulite,  filonets  de  pegma- 
tite tourmalinifère,  veines  quartzeuses.  Le  gneiss  est  gris, 
pas  de  rubéfaction  par  altération. 

Vers  le  chemin  allant  des  Maillards  à  la  route  de  Saint- 
Romain-sous-Gourdon,  belle  tranchée  de  150  mètres  :  gneiss 
gris  très  uniforme,  quelques  veines  de  pegmatite  avec  tour- 
maline. A  500  mètres  au  delà,  autre  tranchée  ;  le  gneiss 
est  de  plus  en  plus  typique,  toute  influence  de  la  granulite 
a  cessé,  les  veines  de  pegmatite  font  défaut.  En  quelques 
points  seulement,  enchevêtrement  de  micaschiste  ou  d'un 
gneiss  très  schisteux.  Même  aspect  à  la  tranchée  suivante  : 
veines  schisteuses  micacées  à  grains  fins  entrecroisées  dans 
la  masse. 

Aux  Perrons,  réapparition  des  grès  arkoses  dans  les 
éboulis  recouvrant  le  gneiss,  ce  dernier  est  masqué  le  long 
de  la  ligne  ;  l'installation  de  la  voie  n'ayant  nécessité  aucun 
travail  en  profondeur.  Ce  n'est  qu'en  montant  des  Perrons 
à  Mont-Saint-Vincent,  qu'on  peut  en  voir  quelques  rares 
indices  dans  le  talus  des  chemins.  Tout  le  plateau  ou  pro- 
montoire de  Mont-Saint-Vincent  est  couronné  par  le  grès, 
sur  une  assez  grande  épaisseur,  mais  les  éboulis,  les  jar- 
dins empêchent  de  l'apprécier. 

La  gare  de  Mont-Saint-Vincent  est  bâtie  sur  le  grès,  que 


—  227  — 

Ton  voit  affleurer  tout  autour  en  bancs  bien  horizontaux. 
Comme  il  semble  être  la  continuation  de  ceux  portant  Mont- 
Saint-Vincent,  on  peut  avoir  une  idée  de  leur  épaisseur; 
la  gare  étant  à  une  altitude  bien  moindre  que  le  village. 

En  partant  de  la  gare,  la  ligne  entre  dans  le  bois  de 
Molleron,  où  elle  décrit  une  courbe  creusée  en  tranchée, 
de  300  mètres  de  longueur  avec  une  hauteur  de  1  mètre  à 
4  mètres.  Blocs  de  grès  détachés  le  long  des  talus,  mais  pas 
de  bancs  en  place;  il  ne  s'agit  là  que  d'éboulis. 

Avant  la  halte  des  Brosses-Tillots,  on  passe  à  côté  d'une 
carrière  de  grès  (carrière  des  Brosses-Tillots),  exploitée 
pour  ballast.  Les  éboulis  ne  sont  que  superficiels,  et  à  peu 
de  profondeur  les  bancs  d'arkose  apparaissent.  Après  la 
halte  on  descend  en  pente  douce  jusqu'à  la  gare  du  Rous- 
set  située  à  la  queue  de  l'étang  du  même  nom.  Tout  ce 
bas  de  la  vallée  est  recouvert  par  les  alluvions,  sables  et 
graviers,  et  n'a  nécessité  aucun  travail  pour  la  pose  des 
rails.  Il  en  est  de  même  entre  la  gare  du  Rousset  et  celle 
de  Marizy  ;  la  ligne  longe  le  bord  sud-est  de  l'étang,  avec 
quelques  remblais  sans  importance. 

Vers  la  gare  de  Marizy,  à  l'entrée  du  bois  du  Rousset, 
une  concasseuse  à  vapeur  est  installée  sur  le  bord  d'une 
tranchée  de  8  à  10  mètres  de  hauteur  :  cette  coupure 
laisse  voir  à  sa  base  le  premier  affleurement  du  granité 
rouge,  à  l'état  d'arène.  Il  est  recouvert  par  le  grès  arkose 
qu'on  exploite  dans  une  vaste  carrière  à  4  ou  500  mètres 
dans  l'intérieur  du  bois  et  amené  à  la  concasseuse. 

La  ligne  se  prolonge  dans  la  forêt,  sur  un  parcours  de 
3  kilomètres  au  moins  ;  elle  traverse  plusieurs  tranchées 
dont  la  hauteur  varie  de  1  mètre  à  3  mètres;  dans  celles-ci, 
elles  mettent  à  découvert  le  grès  bigarré,  toujours  en 
bancs  bien  réglés  ;  nulle  part  elles  ne  sont  assez  profondé- 
ment entaillées  pour  laisser  voir  le  substratum  granitique, 
qui  doit  être  le  même  que  celui  aperçu  à  l'entrée  du  bois. 

Dans  la  carrière  du  Rousset,  l'arkose  n'offre  rien  de  par- 


-  228  — 

ticulier;  elle  paraîtrait  cependant  plus  grenue,  moins  com- 
pacte, et  surtout  moins  silicifiée  que  celle  du  plateau 
d'Antully,  la  grosseur  du  grain  est  variable.  On  peut  men- 
tionner l'abondance  du  manganèse  oxydé,  en  dendrites 
dans  l'intérieur  de  la  roche  et  en  enduits  ou  encroûtements 
mamelonnés  sur  la  surface  des  joints. 

On  rencontre  également  par  places  et  en  petite  quantité, 
une  sorte  d'opale  blanche,  plaquée  sur  le  gneiss;  très 
hydratée  et  très  tendre,  douce  au  toucher  comme  un  talc, 
happant  fortement  à  la  langue  :  à  première  vue  on  pren- 
drait ce  produit  pour  un  silicate  magnésien  (Magnésite).  Il 
offre  d'ailleurs  plusieurs  variétés  de  dureté  et  de  tons, 
provenant  sans  doute  du  degré  d'hydratation.  Certains 
échantillons  sont  teintés  d'un  joli  bleu.  C'est  la  variété 
d'opale,  désignée  sous  le  nom  de  Cacholong. 

Au  sortir  de  la  forêt  du  Rousset  jusqu'à  500  mètres  de 
la  Guiche,  les  rails  reposent  directement  sur  le  sol.  A  partir 
de  ce  point,  deux  grandes  tranchées  ont  été  ouvertes.  La 
première,  que  traverse  le  pont  sur  la  route  de  Chevagny- 
sur-Guye,  laisse  voir  un  beau  développement  du  granité, 
réduit  presque  entièrement  en  arène  ;  mais  peu  avant  la 
gare,  à  hauteur  de  la  seconde  tranchée,  qui  n'est  à  propre- 
ment parler  qu'une  coupure  à  flanc  de  coteau,  on  a  fait 
sauter  à  la  mine  toute  une  paroi  rocheuse  d'un  beau 
granité  rouge,  très  franc,  très  typique,  porphyroïde  par 
places  et  faisant  d'excellents  matériaux  de  construction. 

Dans  le  haut  du  village  du  Rousset,  une  carrière  est 
ouverte  également  dans  le  granité  rouge,  exploité  comme 
cran,  c'est  dire  que  ce  dernier  est  entièrement  altéré. 
Cette  particularité  n'est  à  signaler  que  pour  indiquer  l'ex- 
tension du  granité  de  ce  côté,  car  le  village  du  Rousset  est 
en  dehors  du  parcours  de  la  ligne  et  à  une  altitude  bien 
supérieure  à  celle  de  sa  station. 


Soc.  Hist.  Nat.  d'Autun. 


EFFET  DE  MIRAGE 

Observé  daus  la  prairie  île  Sainl-Jcan-des-ViROûi. 


—  229  - 


Note  sur  un  effet  de  mirage  observé  dans  la  prairie 

de  Saint-Jean-des-Vignes. 

Vers  la  fin  de  juin  dernier,  par  une  journée  très  chaude, 
j'eus  occasion  de  traverser,  dans  le  voisinage  de  Chalon,  la 
prairie  de  Saint-Jean-des-Vignes,  qui  s'étend  de  Sainte- 
Marie  jusqu'à  Crissey,  sur  une  longueur  de  4  kilomètres 
environ  et  sur  une  largeur  de  1  kilomètre  et  demi. 

Il  était  deux  heures  de  l'après-midi,  le  soleil,  de  ses 
rayons  brûlants  inondait  cette  vaste  plaine  qui  était  déjà 
considérablement  desséchée.  Tout  à  coup  je  vis  se  dessiner 
au  nord  et  dans  le  voisinage  de  Crissey,  une  nappe  d'eau 
d'un  beau  bleu  d'azur,  et  dans  cette  nappe  se  refléter  le 
paysage  à  l'horizon  ainsi  qu'un  troupeau  de  vaches  qui 
paissaient  au  delà  du  phénomène  produit. 

J'avais  devant  moi  l'illusion  que  donnent  les  mirages  de 
la  basse  Egypte?  je  n'en  pouvais  douter  et  je  résolus 
d'observer  ce  phénomène. 

Mais  la  plaine  qui  s'étend  au  nord  de  Chalon  a  dû  depuis 
bien  longtemps  offrir  cette  illusion,  et  on  a  dû  en  faire 
quelque  part  la  relation  :  pour  en  avoir  le  cœur  net  j'eus 
alors  l'idée  de  signaler  le  fait  et  à  deux  reprises.  Les  10 
et  13  août,  le  Courrier  de  Saône- et-Loire  attira  l'attention  des 
Chalonnais  sur  ce  phénomène  ;  on  se  rendit  dans  la  prairie, 
on  observa  le  fait,  comme  si  chacun  en  était  témoin  pour 
la  première  fois,  mais  nulle  lettre  ne  fut  envoyée  au  jour- 
nal pour  affirmer  que  depuis  longtemps  des  observations 
analogues  avaient  été  faites.  Cependant  une  personne  m'a 
assuré  avoir  remarqué  les  effets  de  mirage  de  la  prairie 
vers  1870;  mais  je  ne  sais  s'il  en  fut  question  différem- 
ment. 

Mes  observations  qui  ont  duré  plus  de  deux  mois  me  font 
rapporter  le  phénomène  qui  se  produit  à  Chalon  aux  mirages 
si  savamment  observés  dans  la  basse  Egypte  et  décrits  par 


-  230  — 

Monge  dans  les  Mémoires  de  l'Institut  du  Caire.  Ici  comme 
là-bas,  lorsque  la  surface  du  sol  est  échauffée  par  la  pré- 
sence du  soleil,  le  terrain  semble  inondé,  chaque  monti- 
cule à  l'horizon  présente,  au-dessous,  son  image  renversée 
comme  s'il  était  entouré  d'eau. 

Il  est  vrai  de  dire  qu'il  faut  ici  se  trouver  placé  dans  cer- 
taines conditions  ;  le  phénomène  n'est  pas  visible  en  même 
temps  pour  plusieurs  personnes  de  front  qui  sont  de  diffé- 
rentes tailles. 

Supposons,  pour  mieux  nous  faire  comprendre,  trois  per- 
sonnes ayant  la  première  lm20,  la  deuxième  1"50  et 
la  troisième  lm80  et  toutes  les  trois  placées  à  côté  les  unes 
des  autres  sur  un  même  plan  horizontal.  Si  la  première  qui 
a  im50  de  hauteur  voit  le  phénomène,  les  deux  autres  ne 
verront  absolument  rien  autre  que  le  paysage  naturel.  En 
somme  le  phénomène  ne  s'observe  bien  qu'à  lm50  environ 
au-dessus  du  plan  horizontal  de  la  prairie,  et  le  point  visuel 
ne  peut  guère  se  déplacer  de  plus  de  20  à  30  centimètres 
dans  le  sens  vertical. 

Faut-il  exposer  les  causes  du  mirage  ?  Tous  les  diction- 
naires et  traités  de  physique  les  font  connaître.  Rappelons- 
les  succinctement. 

Ce  phénomène  d'optique  est  dû  à  la  raréfaction  ou  à 
réchauffement  des  couches  de  l'air  et  par  suite  à  la  réfrac- 
tion inégale  des  rayons  du  soleil.  Les  couches  d'air  immé- 
diatement en  contact  avec  le  sol  se  trouvant  à  une  tempé- 
rature plus  élevée  que  les  couches  supérieures  et,  étant  par 
conséquent  moins  denses,  on  y  aperçoit  très  distinctement 
les  images  droites  et  renversées  des  objets  placés  à  l'horizon. 

Ainsi  que  je  l'ai  dit,  le  mirage  a  été  souvent  observé  par 
l'armée  française  dans  la  basse  Egypte.  Lorsque  nos  soldats 
entrèrent  dans  le  désert,  tout  le  pays  formant  une  vaste 
plaine  leur  parut  couvert  d'eau  ;  les  villages  bâtis  sur  les 
petits  tertres  présentaient,  outre  leur  aspect  direct,  une 
image  renversée.  Les  pauvres  soldats,  séduits  par  l'illusion, 


-  231  — 

couraient  vainement  vers  cette  eau  imaginaire  pour  étan- 
cher  la  soif  qui  les  dévorait. 

J'ai  dit  aussi  que  la  prairie  de  Saint-Jean-des- Vignes  avait 
environ  4  kilomètres  d'étendue.  Comme  il  ne  manque  pas, 
en  France,  de  plaines  qui  ont  au  moins  cette  étendue,  il  est 
probable  qu'on  peut  encore  ailleurs  jouir  du  même  spectacle. 

La  vallée  de  la  Loire,  pour  ne  parler  que  de  la  plus  rap- 
prochée de  nous,  a  des  plaines  aussi  dénudées  que  celle 
dont  nous  parlons,  des  mirages  doivent  s'y  produire;  le 
tout  est  de  se  trouver  dans  les  conditions  voulues  pour  les 
apercevoir. 

Pour  terminer,  je  citerai  quelques  particularités  notées 
dans  le  cours  de  mes  observations  à  Ghalon. 

1°  Si  une  personne,  passant  dans  la  prairie  au  moment 
où  l'on  aperçoit  le  mirage,  se  trouve  à  être  placée  entre  la 
zone  figurant  l'eau  et  l'observateur,  cette  personne  semble, 
à  un  moment  donné,  marcher  sur  l'eau;  mais  alors  il  n'y 
a  pas  de  reflet. 

2°  Si  une  autre  personne  se  trouve  au  delà  de  la  zone, 
mais  assez  près  de  son  bord,  l'image  de  cette  personne  se 
reflète  dans  la  nappe  bleue  et  elle  semble  marcher  sur  une 
glace  :  les  pieds  touchent  aux  pieds. 

3°  La  nappe  figurant  l'eau  ne  paraît  d'un  beau  bleu  que 
devant  l'observateur  et  dans  un  angle  de  45°  à  droite  et  de 
45°  à  gauche  de  la  ligne  d'ombre  de  ce  même  observateur 
projetée  par  le  soleil. 

Ainsi,  un  paysage  dans  une  eau  bleue  étant  vu  à  Test,  le 
paysage  qui  est  en  même  temps  vu  au  nord  est  renversé 
dans  une  eau  incolore. 

Je  me  propose  de  faire  photographier,  l'an  prochain,  les 
points  de  vue  les  plus  remarquables.  Une  première  photo- 
graphie donnerait  le  paysage  sans  mirage,  une  seconde,  au 
moment  où  le  mirage  se  produit.  Il  sera  intéressant  de 
constater  ainsi  le  phénomène. 

Ch.  Quincy. 


—  232  — 

M.  le  président  donne  lecture  d'une  notice  biographique 
qu'il  a  consacrée  à  notre  savant  et  regretté  membre  d'hon- 
neur, M.  Milne-Edwards,  directeur  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris.  L'importance  de  ce  travail  en  fait 
décider  l'insertion  dans  le  treizième  Bulletin,  actuellement 
à  l'impression. 1 

Le  secrétaire  énumère  les  envois  et  les  dons  faits  à  la 
Société  depuis  la  dernière  réunion,  en  appelant  tout  par- 
ticulièrement l'attention  sur  la  collection  complète  des 
comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  de  1875  à  1900, 
offerte  par  M.  B.  Renault.  Ce  sont  de  précieux  documents 
classés  avec  soin,  où  les  chercheurs  trouveront  d'utiles 
renseignements,  et  que  notre  généreux  président  se  propose 
de  compléter  en  continuant  son  abonnement  à  cette  savante 
publication. 

La  Société  a  reçu  en  outre  : 

De  M.  Paul  Olinet,  un  échantillon  scié  et  poli  des  bois 
pétrifiés  de  l' Arizona  (États-Unis),  ainsi  que  des  algues  et 
des  galets  rapportés  par  lui  du  Havre. 

De  M.  Lunet,  un  tronc  de  Cordaïte  silicifîé  des  environs 
d'Autun. 

De  M.  Louis  Canet,  une  collection  de  marbres  de  Gaud 
(Haute-Garonne). 

De  M.  Ph.  Racouchot,  deux  silex  taillés  trouvés  par  lui 
à  laComaille. 

De  M.  Albertini,  des  pépites  d'or  de  la  Colombie. 

De  M.  le  docteur  Bidault,  de  Dijon,  un  curieux  nid 
d'hyménoptère,  à  propos  duquel  notre  collègue,  M.  Mar- 
chai, du  Creusot,  a  bien  voulu  rédiger  la  note  suivante  : 

L'envoi  consiste  en  deux  fragments  de  bois  blanc  et 
tendre,  provenant  d'une  branche  morte  recueillie  tout 
récemment  par  le  donateur  dans  un  jeune  bois  aux  environs 
de  Dijon. 

1.  Page  371. 


—  233  — 

On  y  remarque  un  canal  long  de  110  millimètres,  largo 
de  6  millimètres,  rempli  par  un  cylindre  de  neuf  dés  ou 
godets  emboîtés  bout  à  bout.  Chaque  godet  (12  millimètres 
de  longueur)  est  formé  de  parties  de  feuilles  vertes,  dont 
cinq  ou  six  circulaires  pour  les  fonds,  et  les  autres  enrou- 
lées en  long.  Les  godets  sont  remplis  à  moitié  d'une  pâte 
pollinique  jaunâtre.  C'est  le  nid  de  MegachilecentuncularisL., 
hyménoptère  de  la  grande  famille  des  Mellifères;  aucun 
doute  n'est  possible,  car  un  individu  mort  se  trouve  dans  les 
mêmes  fragments  debois,  au  fond  d'un  autre  canal  ébauché. 

Nous  avons  donné  quelques  détails  sur  le  genre  et  l'es- 
pèce dans  le  sixième  Bulletin  (1893),  p.  476,  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun.  Mais  le  présent  échantillon  offre 
un  intérêt  particulier,  en  ce  qu'il  est  un  exemple  d'un  mode 
de  nidification  non  encore  signalé  pour  cette  espèce. 

Ainsi,  nous  avons  mentionné  (1.  c.)  :  un  nid  placé  sous 
une  pierre  ;  un  nid  posé  sur  une  branche,  dans  une  haie;  un 
nid  dans  un  trou  de  mur;  et  un  autre  dans  une  tige  de 
ronce  creuse.  Il  faut  donc  ajouter  :  un  nid  creusé  dans  le 
bois  mort. 

La  plante  qui  a  fourni  les  matériaux  du  nid  n'a  pas  pu 
être  déterminée  nettement. 

C.  Marchàl. 

La  correspondance  comprend  des  lettres  de  remercie- 
ment adressées  par  MM.  Bornet,  Roidot-Errard,  Destival, 
le  colonel  Gillot,  Goublet  pour  leur  admission. 

MM.  Prisse  d'Avesnes,  Jules  Régnier,  le  docteur  Laguille, 
Rousselet,  Maurice  Pic,  Maitre,  etc.,  expriment  tous  leurs 
regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réunion  et  envoient 
leurs  photographies  pour  l'album  de  la  Société. 

Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  dans  laquelle  M.  Ous- 
talet  remercie  la  Société  d'avoir  bien  voulu  lui  adresser  ses 
félicitations  à  propos  de  sa  récente  nomination  à  la  chaire 
de  zoologie  du  Muséum  (mammifères  et  oiseaux). 


—  234  — 

Dix  exemplaires  du  programme  du  Congrès  des  Sociétés 
savantes  qui  se  tiendra  à  Nancy,  en  1901,  ont  été  adressés 
par  le  Ministère  de  l'Instruction  publique;  ils  sont  mis  à 
la  disposition  des  sociétaires  qui  auraient  des  communica- 
tions à  faire  à  ce  congrès.  M.  le  ministre  rappelle  que  les 
manuscrits  devront  parvenir  au  cinquième  bureau  de  l'en- 
seignement supérieur  avant  le  20  janvier  prochain. 

M.  B.  Renault  entretient  la  Société  de  ses  récents  travaux 
sur  les  Bactériacées  fossiles  et  fait  une  communication  sur 
un  Nouveau  Type  de  tige  lépidendroïde  fossile.  L'aridité  du 
sujet  disparaît  devant  la  clarté  des  savantes  descriptions, 
mises  plus  facilement  encore  à  la  portée  de  tous  à  l'aide 
de  projections  très  nettes  et  très  habilement  faites  avec  des 
plaques  photographiques  dont  M.  B.  Renault  a  préparé 
lui-même  les  éléments. 

Cette  communication  sera  insérée  dans  le  Bulletin  de 
1900  qu'elle  terminera. 

La  Société  adresse  de  chaleureuses  félicitations  à  son 
président,  et  ses  remerciements  à  MM.  les  Frères  des 
Écoles  chrétiennes  pour  l'amabilité  avec  laquelle  ils  veu- 
lent bien  prêter  leur  appareil  à  projections. 

La  distribution  de  la  seconde  partie  du  XII6  Bulletin  se 
fait,  et,  l'ordre  du  jour  étant  épuisé,  on  passe  à  l'inaugura- 
tion des  salles  nouvellement  affectées  aux  collections  de 
MM.  de  Chaignon,  le  docteur  Gillot  et  Roche. 


>K 


—  235  — 


SÉANCE  DU  16  DÉCEMBRE  1900 


PRESIDENCE  DE  M.   ROCHE 


Étaient  présents  :  MM.  Abord  Hippolyte;  Bligny,  indus- 
triel; Bouvet;  le  vicomte  de  Chaignon;  Chevalier  J.-B.; 
Devillebichot;  Dubois;  le  Dr  X.  Gillot;  Gillot,  correspon- 
dant du  chemin  de  fer  ;  Gérardin  ;  l'abbé  Gloria  ;  Grappin  ; 
Mangematin-Girard;  Pernot;  Roidot-Errard;  Jean  Sauzay; 
Sirdey;  le  Dr  Valat,  et  V.  Berthier. 

A  l'ouverture  de  la  séance,  il  est  donné  lecture  de  la 
lettre  suivante  adressée  par  M.  Albert  Gaudry  à  M.  B. 
Renault. 

Mon  cher  confrère, 

Je  vous  remercie  de  votre  intéressante  notice  sur  notre  regretté 
ami  Alphonse  Edwards  et  de  la  seconde  partie  de  votre  douzième 
Bulletin. 

Comme  président  du  Congrès  géologique  international,  je  vous 
prie  de  dire  à  nos  confrères  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun, 
que  les  membres  du  Congrès  géologique,  lors  de  leur  visite  au 
Musée  paléontologique  du  Jardin  des  Plantes,  ont  admiré  les  collec- 
tions de  fossiles  permiens  dues  aux  savantes  reoherches  des  membres 
de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  notamment  aux  vôtres 
et  à  celles  de  MM.  Roche,  Bayle,  Berthier,  Cambray.  Les  géologues 
étrangers,  parmi  lesquels,  ainsi  que  vous  l'avez  vu,  on  comptait 
beaucoup  d'hommes  illustres,  ont  été  étonnés  de  voir  en  France 
une  si  belle  représentation  de  la  faune  qui  a  marqué  la  fin  des 
temps  primaires.  Quand  je  pense  que  les  collections  d'Autun  n'ont 
rien  coûté  au  Muséum,  qu'il  n'a  pas  même  eu  à  rembourser  les  frais 


—  §36  — 

d'extraction,  je  ne  sais  ce  qu'il  faut  admirer  davantage,  ou  l'habi- 
leté des  explorateurs  ou  leur  noblesse  d'âme.  En  vérité,  je  suis  fier 
que  de  tels  hommes  m'aient  nommé  leur  président  d'honneur  ! 

Votre  affectionné, 

Albert  Gaudry. 

La  Société  est  informée  que  quatre  de  ses  membres 
viennent  d'être  l'objet  de  distinctions  bien  méritées  dans 
l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  à  l'occasion  de  l'Exposition 
de  1900  :  M.  Albert  Gaudry,  élevé  au  grade  de  comman- 
deur; MM.  Edouard  Bornet,  Louis  Mangin  et  de  Saint- 
Arroman,  à  celui  d'officier. 

D'enthousiastes  félicitations  sont  votées  aux  nouveaux 
légionnaires,  à  qui  le  secrétaire  est  chargé  de  les  faire  par- 
venir sans  le  moindre  retard. 

Six  nouveaux  adhérents  sont  reçus  à  l'unanimité  comme 
membres  titulaires  : 

M.  Beurton-Vieillard,  négociant  à  Liernais,  présenté  par 
MM.  Cortet-Rousseau  et  V.  Berthier. 

M.  Brossard,  directeur  de  la  Société  générale  à  Autun, 
présenté  par  MM.  Roche  et  V.  Berthier. 

M.  Gobey,  photographe  à  Autun,  présenté  par  les 
mêmes. 

M.  Jeannin,  entrepreneur  à  Autun  présenté  par  les 
mêmes. 

M.  Rizet,  instituteur,  chef  de  la  fanfare  d'Autun,  présenté 
par  MM.  Roche  et  Dirand. 

M.  Seguin,  cafetier  et  cordonnier  à  Auxy,  présenté  par 
MM.  Pelux  et  V.  Berthier. 

Sur  la  présentation  de  M.  B.  Renault  et  de  M.  le 
Dr  Gillot,  la  Société  confère  en  outre  à  l'unanimité  le  titre 
de  membre  d'honneur  à  M.  Léon  Vaillant,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  professeur  de  zoologie  au  Muséum,  en 
témoignage  de  reconnaissance  pour  l'intérêt  qu'il  veut  bien 
nous  porter. 

Il  est  donné  lecture  des  notes  suivantes  : 


—  237  — 
Note  sur  les  Arthropitus 

PAR  M.   B.   RENAULT, 
Président  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun. 

Le  petit  nombre  de  fragments  anglais  contenant  des 
végétaux  à  structure  conservée  qui  s'est  trouvé  à  ma 
disposition,  ne  m'a  pas  permis  d'en  faire  une  étude  appro- 
fondie et  de  me  rendre  compte,  de  visu,  des  détails  de 
structure  publiés  par  les  savants  anglais  ;  de  là  est  résulté 
une  certaine  difficulté  pour  assimiler  ou  identifier  plusieurs 
organes  de  plantes  semblables  appartenant,  les  unes  aux 
terrains  houillers  moyens,  les  autres  aux  terrains  houiller 
supérieur  et  permien,  et  conservés,  les  premiers,  au  moyen 
de  carbonate  de  chaux,  les  seconds,  par  la  silice.  Le  mode 
différent  et  inégal  de  conservation  soulève  fréquemment  des 
doutes  sur  l'identification  des  mêmes  organes. 

C'est  ainsi  que  dans  certains  Arthropitus  (calamités)  anglais 
se  trouvent  au-dessous  des  articulations,  des  organes  désignés 
par  Williamson  infranodal  canals,  placés  à  l'angle  supérieur 
de  deux  coins  ligneux;  là  où  les  branches  de  deux  bifur- 
cations voisines  se  réunissent,  ils  correspondent  aux  rayons 
cellulaires  qui  séparent  les  deux  coins;  leur  section  trans- 
versale est  circulaire  ;  le  contour  externe  est  seul  conservé  ; 
la  région  médiane  est  généralement  détruite,  et  il  est  difficile 
de  leur  attribuer  un  rôle  en  se  basant  sur  leur  constitution. 

Ayant  eu  l'occasion  d'examiner  une  section  tangentielle 
d'un  Arthropitus  de  Manchester  intéressant  une  articulation, 
nous  avons  vu  qu'au-dessous  du  nœud,  se  trouvent  entre 
chaque  coin  ligneux  les  organes  de  Williamson  de  forme 
circulaire  ;  trois  à  quatre  rangs  de  cellules  allongées  dans 
le  sens  radial,  rectangulaires,  non  ponctuées,  en  constituant 
la  portion  périphérique.  La  partie  centrale  détruite  a  été 
remplie  de  calcite  en  cristaux  séparés  par  une  matière 
houillifiée;  à  la  hauteur  du  nœud,  mais  au  point  où  la 
bifurcation  des  coins  ligneux  s'effectue,  on  observe  la  coupe 

S.H.N.  1900.  16 


—  238  - 

transversale  d'un  cordon  foliaire;  au-dessus  de  l'articulation, 
à  l'angle  inférieur  formé  par  les  deux  branches  de  la  bifur- 
cation des  coins  ligneux,  on  remarque  des  organes  n'exis- 
tant que  de  loin  en  loin  et  non  entre  chaque  intervalle  des 
bandes  ligneuses;  ces  organes  ont  la  structure  des  Âstro- 
myelo?i  que  nous  avons  démontré  être  des  racines  spéciales 
ou  des  stolons  d'Arthropitus  et  de  Calamodendron.  Ces 
organes  ont  donc,  si  l'orientation  de  Williamson  est  exacte, 
un  point  d'origine  placé  au-dessus  de  l'articulation  et  par 
conséquent  au-dessus  également  des  infranodal  canals. 

A  cause  de  la  symétrie  parfaite  des  entre-nœuds,  il  est 
difficile,  au  premier  abord,  de  rcconnaitre  quel  est  celui  qui 
doit  être  considéré  comme  supérieur  à  l'articulation  et  quel 
est, au  contraire,  celui  qui  se  trouve  au-dessous?  Cependant, 
quand  les  cordons  foliaires  sont  encore  visibles,  comme  ils 
correspondent  nécessairement  à  un  coin  ligneux,  et  qu'ils 
sont  insérés  près  du  point  où  le  faisceau  se  divise  en  deux 
branches,  dans  bien  des  coupes  tangentielles  faites  à  une 
petite  distance  de  la  moelle  et  intéressant  une  articulation, 
l'orientation  est  possible. 

L'étude  d'un  grand  nombre  de  tiges  d' Arthropitus  et 
de  Calamodendron  de  Saint-É tienne  et  d'Autun,  moins 
anciennes  par  conséquent  que  celles  d'Angleterre,  nous  ont 
présenté  des  organes  que  depuis  longtemps  nous  avons 
regardés  comme  des  organes  expectants,  dont  quelques- 
uns  pouvaient  être  le  point  de  départ  de  racines  adventives 
quand  les  circonstances  étaient  favorables. 

Ces  organes,  déjà  figurés  par  Williamson,  offrent  une 
section  elliptique  tantôt  remplie  de  tissu,  tantôt  vide  à  la 
partie  centrale  ;  les  cellules  qui  persistent  sont  prismatiques, 
et  leurs  parois  présentent  des  ornements  ponctués.  Ils  occu- 
pent l'angle  supérieur  formé  par  les  deux  branches  résul- 
tant de  la  bifurcation  de  deux  coins  ligneux  voisins  ;  ils 
sont  donc  placés  au-dessous  de  l'articulation,  et  dans  le 
tissu   secondaire  fondamental    séparant  les  coins  ligneux 


-  239  — 

(rayons  primaires  de  Williamson),  ils  occupent  la  même  posi- 
tion que  les  infranodal  canals,  mais  ils  en  diffèrent  légère- 
ment par  leur  forme  et  leur  organisation.  Us  sont  aussi  nom- 
breux que  les  rayons  cellulaires  séparant  les  coins  ligneux, 
et  lorsque  les  cordons  foliaires  sont  distincts,  ceux-ci  sont 
insérés  en  haut  du  coin  ligneux,  là  où  il  se  bifurque, 
quelquefois  même  sur  Tune  des  branches  de  la  bifurcation; 
les  organes  dont  nous  venons  de  parler  sont  donc  bien 
placés  au-dessous  des  cordons  foliaires  et  de  l'articulation 
et  disposés  en  verticille. 

L'étude  récente  que  nous  en  avons  faite  montre  que  ce 
sont  des  cylindres  ligneux  dirigés  de  haut  en  bas  à  travers  le 
bois  de  la  tige. 

Leur  bois  est  formé  de  cellules  courtes,  rayées  ou  ponc- 
tuées, placées  à  l'extérieur,  disposées  en  files  radiales,  et 
de  vaisseaux  plus  intérieurs  également  rayés  et  ponctués 
entourant  une  moelle  à  gros  éléments.  On  ne  distingue  pas 
de  bois  nettement  centripète  indiquant  une  racine,  ni  de 
couronne  interne  de  lacunes  laissant  supposer  que  Ton 
a  affaire  à  un  rameau.  Nous  les  avons  considérés,  nous  le 
rappelons,  comme  des  organes  expectants  pouvant  se 
développer  suivant  les  circonstances  et  leur  position  sur  la 
tige,  tantôt  comme  des  rameaux,  tantôt  comme  des  racines. 

On  sait  en  effet  que  dans  les  Équisétacées,  les  rameaux, 
et  les  racines  qui  en  naissent,  alternent  avec  les  cordons 
foliaires,  par  conséquent,  si  certains  Ârthropitus  sont  des 
Équisétacées,  il  a  pu  arriver  que  les  organes  expectants,  à 
cause  de  leur  position  aérienne,  aient  pu  se  développer 
comme  des  rameaux,  par  Tavortement  des  cellules  rhizo- 
gènes,  ou  comme  des  racines,  à  la  base  de  la  tige,  par  la 
multiplication  de  ces  dernières  cellules  et  Tavortement  de 
celles  qui  devaient  produire  le  rameau. 

Quoi  qu'il  en  soit,  des  coupes  successives  tangentielles 
faites  de  façon  à  intéresser  les  organes  expectants  et  les 
stolons  (?)  montrent  que  ces  derniers  organes  paraissent,  à 


—  240  — 

cause  de  l'obliquité  plus  grande  de  leur  course,  placés 
au-dessous  des  organes  expectants  à  la  périphérie;  que 
vers  le  milieu  de  l'épaisseur  de  la  tige  ils  semblent  au 
même  niveau  et  sur  un  même  verticille  ;  tandis  qu'à  l'ori- 
gine, ils  sont  placés  au-dessus  de  l'articulation,  et  les 
organes  expectants  placés  au-dessous. 

Un  mémoire  plus  étendu  accompagné  de  figures  com- 
plétera cette  note. 

Notes  tératologiques. 

MONSTRUOSITÉ  DE  LA  PÊCHE  COMMUNE 

Mma  la  comtesse  Jacques  de  Ganay,  ayant  remarqué  la 
singularité  d'une  pêche  récoltée  à  la  fin  du  mois  de  sep- 
tembre dernier,  sur  un  espalier  de  sa  propriété  de  Visigneux, 
près  Lucenay-l'Évêque  (Saône-et-Loire),  a  eu  l'aimable 
attention  de  l'adresser  à  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  et  nous  avons  pu  en  conserver  le  dessin  grâce  à 
l'obligeance  et  à  l'habileté  photographique  de  notre  col- 
lègue M.  Paul  Sauzay. 

Cette  pêche  se  compose  d'un  beau  fruit  d'apparence  tout 
à  fait  normale  dans  ses  trois  quarts  inférieurs  et  d'un  dia- 
mètre moyen  de  65  millimètres.  Mais  la  partie  supérieure 
est  surmontée  d'un  appendice  conoïde  qui  semble  être  un  fruit 
supplémentaire  déformé  et  séparé,  par  un  profond  sillon, 
de  la  partie  inférieure,  dans  laquelle  il  semble  s'enfoncer. 

Une  coupe  centrale  et  verticale  nous  fait  voir  que  la 
partie  appendiculaire  charnue,  et  de  même  aspect  que  le 
fruit  principal,  tout  en  étant  intimement  adhérente  à 
celui-ci,  se  distingue  cependant  légèrement  par  la  direction 
de  ses  éléments  jusqu'au  noyau. 

Le  noyau  lui-même,  bien  conformé,  présente  à  sa  partie 
supérieure  et  ventrale  un  écartement  de  ses  deux  valves, 
dans  lequel  est  comme  enchâssé  et  intimement  soudé  un 
noyau  supplémentaire  avorté  et  un  peu  saillant. 


MONSTRUOSITE  D'UNE  PElHE  COMMUNE 


—  241  — 

Il  est  donc  évident  que,  dans  cette  pêche,  deux  ovules 
ont  été  fécondés,  qui  se  sont  développés  en  deux  fruits 
superposés,  étroitement  unis,  et,  nous  le  répétons,  comme 
enchâssés  l'un  dans  l'autre  II  y  a  donc  syncarpie^  non  seu- 
lement par  coalescence,  mais  par  inclusion  partielle. 

La  Société  remercie  Mine  la  comtesse  de  Ganay  de  son 
envoi,  et  serait  heureuse  de  voir  cet  exemple  suivi  par 
toutes  les  personnes  à  même  d'observer  quelques  curio- 
sités naturelles.  Dr  Gillot. 

UNE  CAROTTE   ANTHROPOMORPHE 

Le  18  octobre  dernier,  notre  zélé  collègue,  M.  Q.  Or- 
mezzano,  de  Marcigny,  nous  envoyait  une  vulgaire  carotte, 
Daucus  carotta  L.,  d'une  variété  blanche  et  cultivée,  mais 
dont  l'aspect  présente  un  phénomène  bizarre.  Cette  carotte, 
conservée  dans  l'alcool,  et  par  conséquent  un  peu  contractée 
et  ridée,  mesure  10  centimètres  de  longueur,  4  centimètres 
d'épaisseur  et  9  centimètres  de  circonférence.  Elle  se  divise 
au  niveau  et  un  peu  au-dessous  du  tiers  supérieur,  en  cinq 
racines  fusiformes,  dont  l'ensemble  figure  assez  exacte- 
ment le  tronc  d'un  homme;  les  deux  racines  latérales  et 
supérieures,  plus  courtes,- représentant  les  bras,  les  deux 
inférieures  et  médianes,  plus  longues,  les  jambes,  et  à  la 
naissance  antérieure  de  celle-ci  une  radicule  légèrement 
renflée,  de  15  millimètres,  complétant,  par  un  simulacre 
d'appendice  sexuel,  la  ressemblance  avec  un  tronc  masculin. 
Il  n'y  manque  que  la  tête,  et  les  anciens  botanophiles 
n'auraient  pas  manqué  de  dénommer  Carotte  mâle  ce  curieux 
phénomène,  qui  n'est  en  réalité  qu'un  cas  tératologique  de 
division  ou  fissiparité  d'organes.  Q.  Ormezzano. 

PHYLLODIE  DES  PLANTAINS 

M.  E.  Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte,  nous 
signale  deux  cas  de  transformation  des  organes  floraux  en 


—  242  - 

feuilles,  virescence  ou  phyllodie,  dans  deux  espèces    diffé- 
rentes de  Plantain. 

1°  Plantago  lanceolata  L.  Sur  plusieurs  pieds  de  Plantain 
lancéolé,  le  pédoncule,  très  allongé,  se  contourne  à  quelques 
centimètres  au-dessous  de  l'épi  et  donne  naissance  à  une 
touffe  de  feuilles,  qui  ne  sont  autre  chose  que  les  bractées 
florales  transformées  en  feuilles,  et  portant  à  leur  aisselle, 
les  unes  des  fleurs  d'une  conformation  normale,  les  autres 
des  épis  secondaires  longuement  pédicellés  et  d'apparence 
absolument  normale.  Il  y  a  donc  à  la  fois  phyllodie  et  pro- 
lifération florale.  Ce  phénomène  n'est  pas  rare  du  reste 
dans  le  Plantain,  et  est  signalé  dans  tous  les  traités  de 
tératologie  végétale  (Moquin-Tandon.  Éléments  de  tératologie 
végétale,  1841,  p.  202.  —  Maxwell  T.  Masters.  Vegetable  tera- 
tology,  1869,  p.  111,  243.)  La  fig.  56  de  ce  dernier  ouvrage 
est  la  reproduction  exacte  du  cas  tératologique  observé  par 
M.  E.  Château,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  compa- 
rant la  figure  avec  l'exemplaire  desséché  par  M.  Château. 

2°  Plantago  major  L.  Sur  un  curieux  pied  de  grand 
Plantain,  récolté  le  18  septembre  1900,  sur  le  bord  du 
canal  de  Roanne  à  Digoin,  les  feuilles  radicales  issues 
d'une  souche  épaissie  étaient  desséchées  ;  une  quinzaine 
de  pédoncules,  les  uns  étalés,  les  autres  redressés,  por- 
taient des  épis  complètement  garnis  de  feuilles  minus- 
cules, comme  si  les  graines  avaient  germé  dans  l'épi  même. 
Mais,  en  y  regardant  de  près,  il  est  facile  de  voir  qu'il 
s'agit  d'un  cas  singulier  de  phyllomorphisme,  portant  sur 
toutes  les  fleurs,  sans  exception,  des  nombreux  épis.  De 
l'aisselle  d'une  bractée,  elle-même  virescente,  les  fleurs, 
courtement  pédicellées,  sont  composées  d'un  calice  foliacé, 
à  quatre  petites  folioles  complètement  distinctes,  d'une 
corolle  scarieuse  à  peu  près  normale  mais  étirée,  du  tube 
de  laquelle  sort,  entre  des  rudiments  d'étamines  avortées, 
un  ovaire  pédicellé  et  d'apparence  foliacée  de  plus  en  plus 
accentué  de  la  base  au  sommet,  où  l'ovaire  finit  par  être 


—  243  — 

remplacé  par  un  phyllode  étalé  et  nervié.  La  virescence, 
chloranthie  ouphyllanthie,  est  donc  des  plus  nettes  et  des  plus 
complètes.  La  cause  ne  semble  pas  devoir  en  être  attribuée 
à  un  excès  de  nutrition  ou  d'humidité,  mais  au  contraire, 
comme  Ta  déjà  indiqué  M.  T.  Masters  (loc.  cit.,  p.  279), 
et  comme  on  l'admet  généralement  pour  la  viviparité  des 
Graminées,  à  une  lésion  débilitante,  écrasement,  compres- 
sion, etc.,  de  la  souche,  d'où  souffrance  du  système  foliaire, 
et,  par  compensation,  par  une  sorte  de  balancement  orga- 
nique, développement  phyllomorphique  des  organes  floraux. 

E.  Château. 


POMMES  DE  TERRE  FOLLES 

J'avais,  cette  année  1900,  un  carré  de  pommes  de  terre 
dans  mon  jardin.  Elles  ont  poussé  vigoureusement  en 
émettant  de  longues  tiges  aériennes.  La  sécheresse  étant 
survenue,  les  tiges  se  sont  couchées  sur  la  terre  et  les 
feuilles  sont  en  partie  tombées.  Plus  tard  la  pluie  est  arrivée 
et  avec  elle  la  végétation  a  repris  son  cours.  Toutes  les 
tiges  ont  émis  des  pousses  axillaires  à  l'aisselle  desquelles 
se  sont  développés  de  nombreux  tubercules  ayant  la  gros- 
seur d'une  noisette  ;  quelques-uns  seulement  atteignaient 
celle  d'une  noix.  Ces  tubercules,  très  irréguliers,  munis  de 
plusieurs  cornes,  de  couleur  verdâtre,  se  terminaient  presque 
tous  par  une  ou  plusieurs  petites  feuilles.  Ils  me  paraissent 
être  dus  à  un  excès  de  végétation  brusquement  ralentie. 

Mon  carré  de  pommes  de  terre  était  établi  dans  un  ter- 
rain nouvellement  mis  en  culture,  qui  était  en  pré  Tannée 
dernière.  Les  jeunes  plants  ayant  trouvé  une  nourriture 
abondante  se  sont  développés  avec  une  vigueur  exception- 
nelle. Les  chaleurs  étant  survenues,  la  végétation  a  été 
pour  ainsi  dire  arrêtée,  la  sève  a  gonflé  les  bourgeons  qui 
se  sont  transformés  en  tubercules. 

Toutes  les  tiges  de  mon  carré  étaient  munies  de  petits 


-  244  - 

tubercules;  j'ai  examiné  plusieurs  champs  de  pommes  de 
terre,  mais  dans  aucun  le  même  fait  ne  s'était  produit. 

J'ai  planté  un  de  ces  tubercules  dans  un  pot  à  fleurs  et 
il  s'est  parfaitement  développé. 

C'est  la  première  fois  que  j'observe  pareil  fait,  qui  doit 

être  rapproché  de  celui  signalé,  il  y  a  dix  ans,  par  M.  le 

DrGillot,  à  Montrézy,  commune  de  Curgy  (Saône-et-Loire), 

dans  la  Feuille  des  jeunes  naturalistes  (21e  année,  n°  252,  du 

1er  octobre  1891,  p.  256),  sous  le  titre  de  Pommes  de  terre 

folles.  Il  s'agissait  également  d'une  hypertrophie  tératolo- 

gique  des  bourgeons  ou  rameaux  axillaires  d'une  tige  de 

pommes  de  terre,  véritables  tubercules  épigés  ou  aériens. 

Dans  ces  cas,  en  général,  les  tubercules  normaux  des  racines 

sont  peu  développés,  et  c'est  également  par  balancement 

organique    que   se  produit  le  gonflement  hypertrophique 

anormal  des  bourgeons  caulinaires. 

E.  Château. 


Observations  botaniques  sur  la  flore  du  canal 

de  Roanne  à  Digoin. 

L'époque  du  chômage  en  1900  ayant  correspondu  à  un 
été  exceptionnellement  sec,  et  d'autre  part  les  travaux  à 
effectuer  au  canal  ayant  nécessité  l'assèchement  des  diffé- 
rents biefs,  les  plantes  aquatiques,  si  nombreuses  les  années 
précédentes,  n'ont  pu  se  développer  que  là  où  l'eau  a 
séjourné.  Toutefois,  de  nombreuses  espèces  des  lieux 
humides  ont  remplacé  les  premières  avec  une  végétation 
vraiment  luxuriante.  Ce  sont  : 

Roripa  amphibia  Bess.  Alisma  Plantago  L., 

—    nasturtioides  Spach.,  —    lanceolatura  G.G., 

Portulaca  oleracea  L.,  Heleocharis  acicularis  R.  Br., 

Isnardia  palustris  L.,  Isolepis  setacea  R.  Br., 

Oratiola  officinal is  L.,  Leersia  ozyzoides  Soland, 

Scutellaria  galericulata  L.,  Panicum  crus  galli  L., 

Polygonum  Persicaria  L.,  Glyceria  aquatica  Wahl. 


—  245  - 

C'est  la  première  fois  que  je  récolte  Leersia  oryzoides 
dans  le  canal,  où  cette  plante  abondait  cette  année.  Elle 
n'a  mis  que  deux  mois  pour  se  développer  et  fructifier,  du 
10  juin  au  10  août.  Je  l'ai  distribuée  provenant  de  la  queue 
des  étangs  d'Avrilly  (Allier)  d'où  elle  a  dû  pénétrer  dans  le 
canal. 

Les  deux  formes  d'Alisma  ne  diffèrent  que  par  les  feuilles 
et  l'époque  de  la  floraison.  A.  lanceolatum,  simple  variété 
d'A.  Plantago,  fleurit  au  moins  quinze  jours  avant  ce  der- 
nier. 

La  profondeur  de  l'eau  n'influe  en  aucune  façon  sur  la 
forme  des  feuilles  :  les  deux  plantes  vivent  côte  à  côte,  et 
attirent  plus  particulièrement  l'attention  parce  que  l'une 
porte  déjà  des  fruits  quand  l'autre  commence  seulement  à 
ouvrir  sa  corolle. 

Sagittaria  sagiUifolia  L.,  Butomus  umbellatus  L.,  Sparga- 
nium  simplex  Huds.,  E latine  hexandra  D.  C.  prennent  de 
l'extension  et  disputent  vigoureusement  la  place  aux  espèces 
suivantes  : 

Vallisneria  spiralis  L.,  Myriophyllum  spicatum  L., 

Callitriche  stagnalis  Scop.,  et  —    verticillatum  L., 

ses  formes,  —    alterniflorum  DC. 

Ces  dernières  espèces  ont  cédé  surtout  devant  Helodea 
canadensis  Rich.  et  Ceratophyllum  demersum  L.  qui  ont  une 
force  d'adaptation  peu  ordinaire.  Ces  deux  plantes  se  mul- 
tiplient rapidement,  envahissent  toutes  les  parties  du  canal 
où  l'eau  séjourne,  enchevêtrent  tellement  leurs  rameaux 
que  les  espèces  moins  vigoureuses  ne  peuvent  se  frayer 
passage. 

Les  Myriophyllum,  Vallisneria  et  Callitriche  ne  disparais- 
sent cependant  pas,  bien  que  le  canal  soit  à  sec  et  que  son 
lit  présente  l'aspect  d'une  route,  le  sol  en  ayant  la  dureté. 
Quinze  jours  avant  la  reprise  de  la  navigation,  les  ouver- 
tures pratiquées  dans  les  levées  pour  l'écoulement  des 
eaux  ont  été  fermées;  un  orage  étant  survenu,  une  petite 


—  246  — 

quantité  d'eau  a  été  introduite  dans  le  canal,  ce  qui  a  suffi 
pour  faire  sortir  de  terre  Myriophylle,  Vallisnérie  et  Calli- 
triche.  L'eau  a  été  mise  dans  le  canal  et  est  venue  mettre 
un  terme  à  mes  observations. 

Les  Potamots  n'ont  pas  été  très  abondants,  toujours  par 
suite  du  manque  d'eau  ;  ils  présentaient  un  aspect  souffre- 
teux et  n'ont  pas  fleuri,  bien  que  la  chaleur  tropicale  de 
l'été  dernier  eût  dû  contribuer  à  activer  la  floraison.  J'ai 
récolté  : 

Potamogeton  natans  L. ,  Potamogeton  lucens  L. , 

—  perfoliatus  L.,  —    compressus  L., 

—  crispus  L.,  —    acutifolius  Link. 

—  pusillus  L., 

Il  est  impossible  de  distinguer  nettement  les  deux  der- 
nières espèces  sans  fruits  ;  je  ne  vois  guère  comme  carac- 
tère que  la  longueur  de  la  pointe  qui  termine  la  feuille  et 
qui  est  plus  longue  dans  l'espèce  acutifolius  que  dans  l'es- 
pèce compressus.  J'avoue  que  pour  moi  c'est  un  caractère 
bien  faible,  attendu  qu'il  arrive  presque  toujours  qu'un 
Potamogeton  acutifolius  sorti  de  l'eau  perd  en  partie  sa 
pointe  et  ressemble  à  s'y  méprendre  au  P.  compressus. 
Avec  des  échantillons  en  fruits,  il  n'y  a  pas  à  hésiter. 

J'ai  récolté,  comme  les  années  précédentes,  un  Nitella 
non  fructifié  probablement  impossible  à  nommer. 

Caulinia  fragilis  Willd.,  localisé  d'abord  dans  le  bassin  à 
Avrilly  (Allier),  marche  rapidement  à  la  conquête  du  canal; 
je  l'ai  noté  cette  année  de  Chambilly  à  Bourg-le-Comte, 
partout  où  il  y  avait  de  l'eau.  Naïas  major  Roth.,  abonde 
dans  le  bassin,  mais  ne  le  quitte  pas. 

Je  n'ai  pu  retrouver  une  petite  hépatique,  Riccia  fluitansy 
L.  que  je  récoltais  les  années  précédentes. 

On  a  exaucé  les  levées;  avec  la  terre  amenée  on  a  intro- 
duit en  abondance  Physalis  alkekengi  L.  et  Hyosciamus  niger 
L.  L'administration  a  en  outre  fait  semer  un  Sorgho  pour 
retenir  la  terre,  et  Isatis  tincloria  L.  supplantera  bientôt  les 


—  247  — 

graminées  et  légumineuses  semées  le  long  des  chemins  de 
hâlage. 

Bourg-le-Comte,  21  septembre  1900. 

E.  Château. 

M.  E.  Château  nous  adresse  en  outre  les  notes 
suivantes  : 

Un  pied  de  trèfle  de  Pannonie  sur  les  bords 

de  la  Loire. 

Au  mois  d'avril  1897,  en  herborisant  sur  les  bords  de  la 
Loire,  je  découvrais,  sur  le  territoire  de  ja  commune  de 
Bourg-le-Comte,  un  pied  de  trèfle  qui  me  parut  une  espèce 
nouvelle  pour  la  région.  Ne  voulant  pas  exposer  cette 
plante  à  la  dent  des  animaux,  ce  qui  n'aurait  pas  manqué 
d'arriver  si  je  l'avais  laissée  à  la  place  qu'elle  occupait,  je 
la  déracinai  avec  précaution  et  la  plantai  dans  un  coin  de 
mon  jardin.  Au  mois  de  juillet  suivant  elle  portait  des 
fleurs  permettant  de  la  déterminer.  Je  reconnus  Trifolium 
pannonicum  Jacq.,  espèce  de  l'Europe  centrale,  qui  croît 
en  Lombardie  et  en  Carniole,  Croatie,  Hongrie,  Transyl- 
vanie, Volhynie,  Podolie,  Serbie,  Bosnie,  Monténégro,  etc. 

Je  pris  soin  de  mon  trèfle  qui  me  donna  des  graines  très 
bien  conformées,  toutes  capables  de  germer.  Au  printemps 
1898,  je  les  semai;  elles  donnèrent  naissance  à  une  ving- 
taine de  pieds  de  trèfle  qui  n'atteignaient  pas  quatre  cen- 
timètres à  la  fin  de  la  même  année,  et  pour  obtenir  ce  faible 
résultat,  je  dus  extirper  soigneusement  toutes  les  mauvaises 
herbes  sans  quoi  toutes  les  touffes  auraient  été  infaillible- 
ment étouffées. 

En  1899  les  pieds  qui  restaient  se  développèrent  norma- 
lement; je  pus  les  couper  deux  fois,  et  si  j'avais  eu  toute 
une  prairie  de  trèfle  de  Pannonie,  j'aurais  eu  une  récolte 
considérable.  Cette  année  1900,  j'aurais  pu  faire  trois  coupes 
malgré  la  sécheresse  estivale . 


—  248  — 

Le  trèfle  de  Pannonie,  plus  connu  sous  le  nom  de 
trèfle  de  Hongrie,  est  une  plante  vivace  qui,  par  sa  durée, 
pourrait  avantageusement  remplacer  la  luzerne  :  le  docteur 
Stebler,  le  savant  directeur  de  la  Société  fédérale  suisse 
d'essais  de  semences,  l'étudié  depuis  1882.  Il  a  des  cultures 
de  dix  ans  où  la  végétation  est  aussi  vigoureuse  que  la 
deuxième  année.  Dans  le  jardin  botanique  de  Zurich  il  y  a 
des  pieds  de  ce  trèfle  qui  ont  plus  de  vingt  ans  et  qui  sont 
toujours  vigoureux. 

Ce  serait  donc  une  plante  pouvant  rendre  de  réels  ser- 
vices à  l'agriculture  et  qu'il  faudrait  essayer  de  propager. 
Cependant  beaucoup  de  cultivateurs  hésiteront  à  l'admettre 
parce  qu'il  lui  faut  des  soins  particuliers  dans  sa  première 
année  de  végétation  ;  elle  est  en  effet  si  chétive 
qu'elle  ne  peut  se  conserver  que  si  elle  est  débarrassée  des 
mauvaises  herbes.  Le  travail  de  première  installation  d'une 
prairie  temporaire  formée  de  trèfle  de  Pannonie  serait 
néanmoins  largement  compensé  par  la  durée  de  la  prairie. 
D'autre  part  ce  trèfle  est  très  velu;  serait-il,  à  cause  de 
cette  villosité,  bien  accepté  des  animaux?  Quoi  qu'il  en 
soit,  plusieurs  personnes  ont  essayé  de  le  recommander  ; 
l'analyse  minérale  en  a  été  faite  et  voici  les  résultats. 
Pour  permettre  la  comparaison  je  donne  en  face,  pour  les 
autres  trèfles,  la  même  analyse  faite  par  Wolff. 

Irèflt  trèflt  irèflt  trèle 

dtPiBotnie.     vit  le  t.       hybride.         blaic. 

Acide  phosphorique  pour  1,000  5.79  9.66  10.09  12.69 

Potasse 19.38  32.20  27.83  21.42 

Soude 1.6  2.03  2.95  7.30 

Chaux 21.39  34.74  33.98  30.16 

Magnésie 9  10.84  12.56  9.36 

Acide  sulfurique 4.9  3.32  4.35  7.46 

Azote 24  14.97  18.69  17.10 

D'après  ce  tableau,  le  trèfle  de  Pannonie  parait  moins 
exigeant  que  les  autres  espèces  le  plus  souvent  cultivées. 
Il  a  de  plus,  sur  elles,  un  immense  avantage.  C'est  qu'il 


-  249  — 

apporte  au  sol  une  plus  forte  dose  d'azote.  Chacun  sait  que 
les  légumineuses  ont  la  faculté  de  s'emparer  de  l'azote 
atmosphérique  pour  en  faire  bénéficier  le  sol.  C'est  pour- 
quoi on  les  désigne  sous  le  nom  de  plantes  améliorantes. 

Le  trèfle  de  Pannonie  ou  de  Hongrie  me  parait  donc  une 
plante  à  recommander.  Il  sera  bon  de  faire  de  petits  essais 
et  de  ne  l'adopter  définitivement,  comme  plante  fourragère, 
que  s'il  donne  partout  les  résultats  obtenus  dans  mon  jardin. 

Le  trèfle  de  Pannonie  récolté  sur  les  bords  de  la  Loire  me 
parait  une  plante  adventice  nouvelle  pour  les  environs  de 
Marcigny.  C'est  une  plante  adventice  étrangère  et  en  même 
temps  adventice  culturale  fourragère,  car  il  ne  nous  parait  pas 
douteux  que  sa  présence,  dans  notre  région,  ne  soit  impu- 
table à  quelque  prairie  artificielle  où  elle  aura  été  cultivée 
à  titre  d'expérience,  et  d'où  quelque  capitule  ou  quelque 
graine  aura  été  transportée  au  loin  par  le  fleuve. 

C'était  d'ailleurs  le  seul  spécimen  qui  se  trouvait  sur  le 
bord  de  la  Loire;  depuis  1897,  j'en  ai  exploré  minutieuse- 
ment toutes  les  rives,  examinant  spécialement  tous  les 
trèfles  sans  découvrir  une  seule  fois  l'espèce  que  j'ai  trans- 
plantée dans  mon  jardin. 

Bourg-le-Comte,  le  i«  novembre  1900. 

E.  Château. 


Observation  sur  un  courant  atmosphérique 

tempéré. 

Vers  la  fin  du  mois  de  septembre  dernier,  par  une  tem- 
pérature de  17  degrés  environ,  nous  avons  remarqué,  en 
traversant  la  route  qui  conduit  de  Saint-Julien-de-Jonzy  à 
Semur-en-Brionnais,  et  à  3  kilomètres  500  mètres  environ 
de  cette  ville,  qu'une  température  douce  et  régulière  se 
fait  sentir  en  un  endroit  de  la  route  bordé  par  les  bois.  Le 
courant  d'air  qui  l'occasionne  est  peu  sensible  en  été  ;  on 


-  250  — 

ne  le  constate  que  le  soir  ou  de  grand  matin;  mais  il  est 
très  appréciable  l'hiver  ou  à  l'automne. 

Ce  courant  semble  s'orienter  du  S.-S.-E  au  N.-N.-O.  ; 
il  traverse  la  route  presque  à  angle  droit.  On  peut  évaluer 
sa  température  à  18  ou  20  degrés;  sa  longueur  ne  dépasse 
guère  9  à  11  mètres1.  La  température  de  ce  courant  d'air 
est  peu  variable,  au  dire  des  gens  qui  fréquentent  la  route. 
Les  hommes  comme  les  animaux  ne  le  traversent  point 
sans  surprise;  les  chevaux  ne  manquent  jamais  de  faire  un 
mouvement  au  passage. 

L'altitude  du  point  d'observation  peut  atteindre  310  m.  ; 
le  terrain  appartient  au  tertiaire  moyen;  il  ne  présente 
rien  d'anormal.  Autrefois  on  y  a  exploité  une  mine  de 
fer,  dont  on  voit  encore  les  vestiges.  Les  gens  du  pays 
attribuent  ce  phénomène  à  la  présence  du  fer  en  cet 
endroit  (???). 

Le  Bourbonnais  possède  aussi  un  courant  analogue;  on 
le  rencontre  à  Villcfranche,  grosse  bourgade  de  l'arrondis- 
sement de  Montluçon,  dont  elle  est  distante  de  20  kilo- 
mètres N.-E.-N.  Villefranche,  centre  d'un  vaste  bassin 
houiller,  est  situé  à  300  mètres  d'altitude;  le  courant  d'air 
tempéré  est  moins  élevé  que  celui  de  Saint-Julien-de-Jonzy, 
mais  il  couvre  une  largeur  plus  étendue;  il  n'est  sensible 
qu'à  une  température  voisine  de  6  degrés  centigrades.  On 
a  remarqué  que  tandis  que  la  neige  se  maintient  autour  du 
village,  le  bourg  n'en  reste  jamais  couvert;  la  neige  y  fond 
rapidement. 

Il  serait  intéressant  de  savoir  si  ces  courants  d'air  sont 
des  cas  isolés,  et  si  on  en  connaît  dans  d'autres  contrées? 
Aussi  publions-nous  cette  indication  pour  qu'elle  suscite  des 
observations  du  même  genre. 

Moulins,  octobre  1900. 

Francis  Pérot. 

t.  Les  chiffres  que  nous  donnons  ne  sont  qu'approximatifs. 


—  251  — 

M.  le  Dr  Gillot  a  la  parole  pour  les  communica- 
tions suivantes  : 

Plantes  rares  ou  nouvelles  pour  le  département 

de  Saône-et-Loire. 

La  flore  du  département  de  Saône-et-Loire,  bien  connue 
dans  ses  détails,  s'enrichit  néanmoins,  chaque  année,  grâce 
au  zèle  de  nos  correspondants,  de  quelques  nouvelles 
découvertes,  les  unes  dues  au  hasard,  les  autres  à  de 
sagaces  recherches,  pouvant  même  être  prévues  d'avance, 
notamment  quand  il  s'agit  des  hybrides  si  intéressants  à 
étudier. 

1°  Primula  média  Peterm.  Hybride  des  P.  oflicinalis  L. 
et  P.  elatior  Jacq.,  que,  l'un  des  premiers  en  France,  notre 
compatriote  Grognot  aîné,  avait  décrit,  sous  le  nom  de 
Primula  officinali-elatior,  à  Brisecou  près  Autun  (Addit.  à 
la  fl.  du  départ,  de  S.-et-L.  in  Mém.  hist.  nat.  de  la  Soc. 
Eduenne,  I,  p.  173),  en  même  temps  qu'Ad.  Gubler  le 
signalait  aux  environs  de  Paris,  à  Montfort-rAmaury  {Bull. 
Soc.  bot.  France,  VII  (1860),  p.  872  et  X  (1863),  p.  217).  Il  a 
été  retrouvé  depuis  dans  le  Centre  de  la  France,  en  Nor- 
mandie, et  plus  près  de  nous  dans  l'Allier  (A.  Migout,  Flore 
du  dép.  de  l'Allier,  2e  édition  (1890),  p.  256);  dans  la  Nièvre 
(F.  Gagnepain,  Topogr.  botaniq.  des  environs  de  Cercy-la- 
Tour  (1900),  p.  117).  Cet  hybride  n'est  peut-être  pas  très 
rare,  mais  ne  peut  se  rencontrer  que  dans  les  localités 
montagneuses  ou  humides,  où  les  deux  espèces  de  Prime- 
vères croissent  au  voisinage  immédiat  l'une  de  l'autre,  faci- 
litant la  fécondation  croisée  par  les  insectes,  surtout  en  sol 
argilo-calcaire.  Ces  conditions  se  trouvent  réalisées  aux 
environs  d'Autun,  notamment  sur  le  plateau  d'Antully,  où, 
le  2  mai  1900,  au  cours  d'une  herborisation  avec  nos 
collègues,  Ch.  Ozanon  et  H.  de  Chaignon,  j'ai  eu  le  plaisir 


—  252  — 

de  cueillir  sur  la  montagne  de  Drevin,  commune  de  Saint- 
Pierre-de-Varennes,  versant  ouest,  au  pied  du  mamelon 
basaltique,  et  sur  la  limite  des  calcaires  liasiques,  quelques 
pieds  d'hybrides,  dans  des  prés  où  pullulait  le  Primula 
officinalis  en  compagnie  de  P.  elatior,  moins  abondant,  et 
localisé  le  long  des  haies  ombragées. 

Les  hybrides  incontestables  se  sont  rencontrés  sous 
deux  formes,  l'une  plus  voisine  de  P.  officinalis,  l'autre  de 
P.  elatior,  suivant  l'action  prépondérante  de  l'un  ou  de 
l'autre  parent  : 

A.  —  Primula  média  Peterm.  forma  sub-officinalis.  (P.  offi- 
cinalis X  P.  elatior),  croissant  au  milieu  d'un  pré,  à  une  dis- 
tance notable  de  P.  elatior  et  en  société  avec  d'innom- 
brables pieds  de  P.  officinalis  qui  a  été,  sans  aucun  doute, 
le  porte-graines.  Port  de  P.  officinalis,  et  fleurs  de  P.  elatior; 
diffère  du  premier  par  ses  feuilles  glabrescentes  en  dessus, 
vertes  en  dessous,  à  limbe  contracté  à  la  base,  mais  non 
cordiforme,  par  son  tomentum  général  court,  mélangé  de 
poils  étalés,  par  le  tube  du  calice  moins  renflé,  la  corolle 
plus  grande,  plus  étalée,  d'un  jaune  soufre  pâle  à  taches 
peu  apparentes;  du  second  par  ses  pétioles  moins  ailés,  sa 
villosité  plus  courte,  tomenteuse,  le  calice  renflé  d'un  vert 
pâle,  à  dents  plus  courtes,  et  conniventes,  la  corolle  plus 
petite,  moins  plane,  à  taches  pâles  mais  distinctes. 

B.  —  Primula  média  Peterm.  forma  sub-elatior(P.  elatior  X 
P.  officinalis).  Un  seul  pied  récolté  dans  le  même  pré,  en 
étroite  connexion  avec  des  spécimens  normaux  de  P.  elatior, 
dont  il  avait  le  port,  l'inflorescence  pauciflore,  le  calice 
cylindrique,  à  peine  renflé,  à  nervures  vertes,  à  dents 
aiguës,  déjetées,  mais  avec  la  corolle  infundibuli forme 
d'un  jaune  soufre,  à  peine  plissée  et  tachée  à  la  gorge  de 
macules  orangées  très  pâles. 

Comme  il  peut  être  difficile,  la  plupart  du  temps,  de 
définir  bien  exactement  le  rôle  des  parents  dans  ces  croi- 
sements,  il  me  parait  bien   inutile  de  donner  des  noms 


—  253  — 

différents  à  ces  hybrides  de  divers  degrés,  et  préférable  de 
les  englober  sous  le  nom  binaire  de  P.  média. 

J'ai  rencontré,  en  outre,  dans  la  même  localité,  le  P.  offi- 
cinalis  L.,  offrant  tous  les  caractères  du  type  normal,  mais 
à  corolle  entièrement  jaune,  sans  taches  orangées  à  la 
gorge.  C'est  probablement  le  P.  unicolor  Nolte,  que  les 
auteurs  allemands  ont  considéré  comme  hybride  et  con- 
fondu avec  les  précédents,  mais  qu'A.  Franchet  (Flore  de 
Loir-et-Cher  (1885),  p.  369)  regarde,  après  avoir  étudié  des 
exemplaires  authentiques  de  Nolte,  comme  une  simple 
variation  de  P.  officinalis.  Il  faudrait  donc  l'appeler  P.  offi- 
cinalis  var.  concolor. 

2°  Asplenium  germanicum  Weiss.  (A.  Breynii  Retz). 
Cette  petite  fougère,  qui  n'est  pas  rare  en  France  dans  la 
région  centrale,  montagneuse  et  granitique  :  Auvergne, 
Forez,  Beaujolais,  et  même  dans  le  Bourbonnais  (A.  Migout. 
Flore  du  département  de  l'Allier,  2e  édition  (1890),  p.  414), 
vient  d'être  trouvée  pour  la  première  fois  dans  le  départe- 
ment de  Saône-et-Loire,  aux  environs  de  Bourbon-Lancy, 
par  conséquent  tout  près  du  département  de  l'Allier,  par 
M.  C.  Basset,  instituteur  à  Mont  (S.-et-L.).  Ce  zélé  bota- 
niste en  signale  deux  localités  :  Chalmoux,  sur  les  rochers 
du  Moulin-Philippe,  en  société  avec  les  A.  septentrionale  et 
A.  TriehomaneSj  7  juin  1900.  —  Gilly-sur-Loire,  rochers  au 
bord  de  la  route,  mélangé  avec  A.  septentrionale,  5  juillet 
1900.  Les  échantillons  de  Chalmoux,  bien  développés  et 
fructifies,  représentent  très  exactement  le  type  d'A.  germa- 
nicum,  si  bien  décrit  et  figuré  par  M.  C.  de  Rey-Pailhade 
(les  Fougères  de  France,  p.  24  et  planche  x),  à  4-5  paires  de 
segments  alternes,  distants,  cunéiformes,  2-3  fois  penna- 
tiséqués  ou  pennatifides,  incisés  dentés.  Ceux  de  Gilly- 
sur-Loire,  moins  avancés,  sont  moins  typiques,  et  ressem- 
bleraient davantage  à  de  jeunes  A.  septentrionale,  à  2-4  seg- 
ments terminaux  élargis.  Or,  on  sait  que  plusieurs  auteurs 
ont  considéré  VA.  germanicum  comme  hybride  de  VA.  sep- 

S.H.N.  1900  '  17 


—  254  — 

tentrionale  avec  A.  Rata  muraria  suivant  les  uns  (Bory),  avec 
A.  Trichomanes,  suivant  les  autres  (Ascherson).  Cette  Dora- 
dille  croît  en  effet,  le  plus  souvent,  en  société  avec  les 
autres  espèces,  surtout  VA.  sep tentrionale ,  mais  elle  existe 
cependant  dans  de  nombreuses  localités  françaises  et  étran- 
gères, seule  et  en  grande  quantité,  à  l'écart  de  toutes  les 
autres  Doradilles,  ce  qui  semble  infirmer  l'idée  d'hybridité, 
si  rare,  d'ailleurs,  chez  les  Fougères.  (A.  Migout  loc.  cit. 
J.  Milde,  Filices  Europœ  et  Atlantidis  (1867),  p.  83).  De  nou- 
velles observations  sont  donc  à  faire  au  sujet  de  cette  espèce, 
qui  semble  jusqu'ici  manquer  dans  tout  le  M  or  van,  où  elle 
est  à  rechercher  sur  les  rochers  ou  murs  siliceux,  et  qui  a 
pu  passer  inaperçue  par  confusion  avec  les  autres  espèces, 
A.  septentrionale  et  A.  Ruta  muraria.  Mon  savant  ami  P.-A. 
Genty,  directeur  du  jardin  botanique  de  Dijon,  m'a  dit 
l'avoir  recueillie  sur  les  rochers  granitiques,  à  la  limite  des 
départements  de  Saône-et-Loire  et  de  la  Côte-d'Or,  au- 
dessus  du  viaduc  de  Nolay,  par  conséquent  dans  le  voisi- 
nage de  l'Autunois. 

3°  M.  C.  Basset,  qui  l'année  dernière  a  publié  dans  nos 
Bulletins  le  compte  rendu  de  ses  intéressantes  Herborisa- 
tions  bourbonnaises  [Bull.  Soc.  hist.nat.d'Autun,  XII,  2  (1899), 
p.  318),  nous  signale  encore  cette  année  une  nouvelle  et 
abondante  station  de  Lepidium  Smithii  Hook.  [L.  hetero- 
phyllum  Benth.  var.  canescens  G.  G.),  près  de  l'étang  des 
Moinats,  commune  de  Mont.  Cette  espèce  de  l'ouest  de  la 
France,  appartient  donc  pleinement  à  notre  flore,  et  a 
même  été  retrouvée  à  l'autre  extrémité  de  notre  départe- 
ment, sur  ses  confins  immédiats,  à  Jullienas  (Rhône),  par 
M.  Marius  Audin,  de  Lyon. 

4°  La  flore  des  étangs  du  Bourbonnais  était  particulière- 
ment luxuriante  cette  année,  d'après  M.  Basset.  «  A  l'étang 
du  Moulin -Foulon,  les  Lindemia  Pyxidaria,  Limosella 
aquatica,  Littorella  lacustris,  Scirpus  Michelianus,  Scirpus 
ovatus,  etc.,  étaient  en  si  grande  abondance  que  chacune  de 


—  255  — 

ces  espèces  formait  de  vraies  prairies  et,  chose  curieuse, 
parfaitement  distinctes  ;  les  Lindernies  occupant  la  partie 
la  plus  fraîche  et  la  plus  rapprochée  de  l'eau  ;  un  peu  plus 
loin  le  Scirpus  ovatus,  et  tout  à  fait  en  dehors  le  Scirpus 
Michelianus.  Et  toutes  ces  plantes  étaient  en  pleine  florai- 
son au  milieu  de  juillet,  à  une  époque  où  jamais  je  ne  les 
avais  aperçues  à  cet  endroit.  Il  est  probable  que  le  prin- 
temps exceptionnellement  sec  avait  hâté  leur  développe- 
ment. »  C.  Basset  in  lit  t. 

5°  Voici,  pour  terminer,  la  liste,  également  communi- 
quée par  M.  Basset,  des  plantes  récoltées  par  lui  sur  les 
bords  de  la  Loire,  à  Gilly  (Saône-et-Loire),  le  5  juillet  1900. 


Nasturtium  anceps. 

—         8ilvestre. 
Lepidium  virginicum. 
Epilobium  rosmarinifolium. 
Onothera  biennis. 
Lythrum  hyssopifolium. 
Tordylium  maximum. 
Peucedanum  carvifolium. 
Crucianella  angustifolia. 


Anthémis  collina  Jord. 
Centaurea  maculosa. 
Cirsium  eriophorum. 
Andryala  integrifolia. 
Digitalis  lutea. 
Anarrhimum  bellidifolium. 
Asplenium   Adianthum  -  nigrum. 

—  septentrionale. 

—  germanicum. 


Singulier  bouquet  composé  de  plantes  adventices  exo- 
tiques, Lepidium  virginicum,  Onothera  biennis,  et  d'un 
mélange  d'espèces  indigènes,  silicicoles  et  psammicoles, 
Crucianella  angustifolia,  Anthémis  collina,  Anarrhinum 
bellidifolium,  etc.,  à  côté  d'espèces  calcicoles  avérées,  Epi" 
lobium  rosmarinifolium,  Tordylium  maximum, etc.,  mélange 
bien  fait  pour  étonner  au  premier  abord,  mais  qui  s'explique 
par  la  présence  de  carrières  de  marbre  aux  environs  de 
Gilly-sur-Loire. 


Dr  X.  Gillot. 


—  256  — 


L'empoisonnement  par  les  Champignons  et  l'étude 

des  Champignons  vénéneux. 

Le  Congrès  international  de  botanique  qui  s'est  tenu  à 

Paris,  du  1er  au  10  octobre,  s'est  beaucoup  occupé  de  myco- 
logie, à  tel  point  qu'on  la  surnommé  plaisamment  «  le 
«  Congrès  des  Champignons  »  (le  Temps,  numéro  du  7  octobre 
1900).  C'est  qu'en  effet  la  question  est  à  l'ordre  du  jour, 
tant  au  point  de  vue  scientifique  qu'au  point  de  vue  hygié- 
nique et  médical.  La  mycologie  a  fait  d'immenses  progrès 
depuis  un  quart  de  siècle,  et  pour  ne  parler  que  des  cham- 
pignons supérieurs,  on  en  compte  en  France  près  de  deux 
mille  bien  connus  et  décrits,  sur  lesquels  douze  cents  environ 
ont  déjà  été  recensés  dans  le  département  de  Saône-et- 
Loire.  Mais,  si  nous  abordons  les  déductions  pratiques 
qu'on  est  en  droit  d'en  espérer,  nous  nous  trouvons  beau- 
coup moins  avancés.  Les  idées  les  plus  fausses,  les  opinions 
les  plus  saugrenues  et  les  plus  erronées  ont  cours,  au  sujet 
des  champignons,  dans  le  public,  et  sont  même  partagées 
par  les  médecins  et  les  pharmaciens,  pour  la  plupart  fort 
peu  versés  dans  la  connaissance  des  champignons. 

D'une  part,  les  champignons  constituent  des  aliments 
excellents,  d'un  pouvoir  nutritif  considérable,  puisque  leur 
teneur  en  azote  les  met  au-dessus  de  tous  les  autres 
légumes,  et  il  est  fâcheux  de  voir  rester  sans  emploi  ces 
réserves  alimentaires.  Il  s'est  vendu  en  1899,  sur  le  marché 
de  Paris,  2,985,717  kilogrammes  du  seul  champignon  de 
couche,  représentant  une  valeur  de  3.788,688  francs1.  Quel 
commerce  et  quelles  sommes  représenterait  l'utilisation 
de  toutes  les  espèces  de  champignons  vraiment  comes- 
tibles ! 

1.  D.  Bois  et  C.  Gibout,  V Approvisionnement  des  halles  centrales  de  Paris  en 
1899.  Les  fruits  et  les  légumes.  (Journal  de  la  Société  nationale  d'horticulture  de 
France t  Paris,  1900.) 


-  257  — 

D'autre  part,  les  champignons  sont  la  cause  incontes- 
table de  graves  accidents,  et  chaque  année  la  presse  enre- 
gistre, à  l'automne,  de  nombreux  cas  d'empoisonnement, 
bien  faits  pour  décourager  les  amateurs. 

Il  semblerait  donc  que  l'attention  des  hygiénistes  et  des 
médecins  praticiens,  ait  dû  se  porter  depuis  longtemps  sur 
une  question  aussi  importante,  aussi  populaire,  et  que  les 
propriétés  alimentaires  ou  vénéneuses  des  principales 
espèces  de  champignons  dussent  être  bien  connues.  Il  n'en 
est  rien,  et  Ton  est  tout  étonné  au  contraire  du  peu  de 
notions  sérieuses  et  précises  que  nous  possédons  sur  ce 
sujet,  à  peine  plus  éclairé  qu'il  y  a  un  siècle,  du  temps  de 
Paulet  (Traité  des  champignons,  1793).  Il  suffit  pour  s'en 
convaincre  de  parcourir  le  livre  qu'a  publié  récemment  le 
docteur  Victor  Gillot,  comme  thèse  inaugurale1,  et  dont 
divers  comptes  rendus  élogieux  ont  fait  ressortir  la  valeur 
et  l'utilité  2.  Dans  ce  travail,  dont  il  m'est  permis  de  parler 
en  connaissance  de  cause,  l'auteur  a  fait  le  relevé  très  exact 
et  très  consciencieux  de  toutes  les  observations  authen- 
tiques d'empoisonnements  par  les  champignons,  publiées 
dans  les  recueils  scientifiques  ou  médicaux,  et  il  n'a  pu 
enregistrer  que  soixante-douze  observations,  ayant  atteint 
deux  cent  trente-deux  personnes,  et  causé  seulement  quatre- 
vingt-six  décès.  On  a  tout  lieu  encore  d'être  surpris  de  ces 
chiffres  en  face  de  la  quantité  d'empoisonnements  signalés 
chaque  année  par  les  journaux.  Mais  il  faut  dire  qu'en 
réalité,  et  heureusement,  les  cas  mortels  sont  assez  rares, 


1.  Étude  médicale  sur  l'empoisonnement  par  les  champignons,  par  le  Dr  Victor 
Gillot,  ancien  externe  des  hôpitaux  de  Lyon,  ancien  interne  en  médecine  des  hôpi- 
taux d'Alger,  Lyon  et  Paris,  1900. 

2.  Revue  mycologique,  XXIJ,  n#  88  (octobre  1900),  p.  143.  —  Revue  générale 
de  clinique  et  de  thérapeutique.  Journal  des  Praticiens,  4*  année,  numéro  47  bis, 
du  28  novembre  1900,  et  48,  du  5  décembre  1900.  —  Revue  scientifique,  4#  série, 
t.  XIV,  numéro  du  8  décembre  1900. —  Annales  de  la  Société  botanique  de  Lyon, 
XXV  (1900)  Comptes  rendus  des  séances,  p.  29.  —  La  Semaine  médicale,  numéro 
du   19   décembre  1900.  —  La  Feuille  des  jeunes  naturalistes,  numéro  363,  du 

!•'  janvier  1901,  etc. 


—  258  - 

et  que  presque  toujours  le  manque  de  précision  dans  les 
relations  d'empoisonnements  fongiques,  l'ignorance  absolue 
de  l'espèce  funeste,  empêchent  d'en  tenir  compte. 

Aussi  le  Congrès  international  de  botanique,  dans  sa 
séance  du  2  octobre  1900,  a-t-il  attiré  l'attention  sur  la 
nécessité  de  vulgariser  la  connaissance  des  champignons, 
et  a-t-il  voté  une  motion  tendant  à  faire  inscrire  cette 
étude  au  programme  de  l'instruction  primaire.  On  aurait  dû 
plutôt  dire  de  l'instruction  à  tous  les  degrés,  car  malheureu- 
sement les  personnes  les  plus  autorisées  et  les  plus  consul- 
tées, médecins, pharmaciens,  vétérinaires,  professeurs,  etc., 
n'en  savent,  en  général,  guère  plus  que  le  gros  public,  et 
l'enseignement  officiel  des  facultés  est  absolument  nul  à  cet 
égard,  aujourd'hui  surtout  que  les  études  botaniques  sont 
tombées  en  discrédit  dans  nos  écoles  de  médecine,  où  les 
herborisations  ne  sont  plus  suivies,  et  où  nos  futurs  méde- 
cins ou  pharmaciens,  très  versés  en  histologie,  en  micro- 
chimie, en  bactériologie,  etc.,  ne  sont  plus  capables  de 
distinguer  le  persil  de  la  ciguë,  la  cerise  de  la  belladone, 
encore  moins  un  savoureux  Mousseron  d'une  Amanite 
vénéneuse  ! 

De  toute  part,  cependant,  on  réclame  aujourd'hui  contre 
ces  lacunes  regrettables  de  renseignement,  et  on  a  cherché 
à  vulgariser  la  connaissance  des  champignons  vénéneux,  et 
par  conséquent  le  moyen  d'éviter  leurs  fâcheux  accidents, 
par  des  publications  spéciales,  atlas  à  bon  marché,  etc., 
pour  lesquels  on  a  même  demandé  le  concours  de  l'État  ou 
des  départements1.  D'autres,  peu  confiants,  à  juste  titre, 
dans  la  fausse  science  et  la  fausse  sécurité  que  donnent 
ces  ouvrages  forcément  incomplets,  réclament  la  nomina- 
tion d'inspecteurs  sérieux,  ayant  subi  dans  les  Écoles  de 
médecine  ou  de  pharmacie  un  examen  spécial  portant  sur 


1.  J.  Poisson,  les  Champignons  vénéneux  in  la  Nature,  24*  année,  n*  1220.  du 
17  octobre  1806,  p.  30G. 


—  259  — 

la  nature,  la  constitution  et  la  toxicologie  des  champi- 
gnons. * 

Mais  pour  que  ces  applications  scientifiques  puissent 
produire  leurs  heureux  résultats,  faut-il  encore  que  la 
science  soit  fixée  à  cet  égard  et  nous  venons  de  voir  qu'il 
est  loin  d'en  être  ainsi,  et  qu'en  réalité  il  était  peu  de 
question  scientifique  et  pratique  encore  aussi  obscure  que 
celle  de  l'empoisonnement  par  les  champignons.  Le  Dr  Victor 
Gillot  a  donc  rendu  un  réel  service  en  faisant  connaître  les 
quelques  faits  bien  acquis  jusqu'ici,  et  par  contre  les  nom- 
breux desiderata  de  la  science  et  de  la  pratique. 

Or,  ce  que  ses  recherches  établissent  c'est  qu'en  réalité 
le  nombre  des  champignons  vraiment  vénéneux,  c'est-à-dire 
renfermant  un  principe  toxique  capable  de  causer  la  mort, 
est,  en  somme,  très  peu  nombreux,  et  limité  aux  seuls 
champignons  pourvus  d'une  enveloppe  engainante  ou  volve, 
les  Amanites  et  les  Volvaires,  qui  peuvent  être  considérés 
comme  des  Amanites  à  spores  roses.  Parmi  ces  champi- 
gnons volvacés,  les  uns,  dont  le  type  est  l'Amanite  bulbeuse 
de  Bulliard  (A.  phalloïdes,  venenosa,  mappa,  citrina,  verna, 
virosa,  etc.),  doivent  leurs  propriétés  vénéneuses  à  une 
toxalbumine,  la  Phalline,  poison  du  sang,  presque  toujours 
mortel;  les  autres,  dont  le  type  est  la  Fausse  Oronge 
(Amanita  muscaria,  pantherina,  etc.),  renferment  un  alca- 
loïde, la  Muscarine,  également  toxique,  mais  à  un  moindre 
degré  et  entraînant  rarement  la  mort.  En  effet,  sur  quatre- 
vingt-six  décès,  scientifiquement  constatés  et  relevés  dans 
la  thèse  du  Dr  Victor  Gillot,  quatre-vingt-quatre  d'entre 
eux,  c'est-à-dire  la  presque  totalité,  sont  dus  aux  Amanites, 
dont  soixante-quatorze  au  groupe  de  l'Amanite  bulbeuse; 
et,  malgré  les  accidents  graves  et  inquiétants  dont  elle  a 
été  si  souvent  la  cause,  malgré  sa  mauvaise  réputation,  la 


1.  Paul  Bout  and,  les  Champignons  in  U  Santé  humaine,  2*  année,  n*  15,  du 
10  août  1900. 


—  260  — 

Fausse  Oronge  ne  compte  aucun  décès  certain  à  son 
actif.  Les  deux  autres  décès  imputables  aux  champignons 
sont  douteux;  de  sorte  qu'on  peut  tenir  pour  établi  qu'à 
l'heure  actuelle,  en  dehors  des  Amanites,  il  n'y  a  pas  eu 
d'empoisonnement  mortel  incontestablement  attribuable  à 
d'autres  espèces  de  champignons. 

Il  ne  faut  pas  croire  cependant,  et  telle  n'est  pas  la  pensée 
de  l'auteur  précité,  qu'il  n'existe  pas  d'autres  champignons 
vénéneux  que  les  Amanites.  Un  grand  nombre  d'espèces 
dans  les  genres  Russule,  Lactaire,  Hypholome,  Stro- 
phaire,  Bolet,  etc.,  passent,  à  bon  droit,  pour  suspectes, 
nuisibles  ou  malfaisantes,  mais  les  accidents  causés  par 
leur  ingestion,  quelque  alarmants  qu'ils  aient  été,  ont  paru 
se  borner  à  des  phénomènes  de  gastro-entérite,  accidents 
qui  pourraient,  par  leur  violence,  entraîner  la  mort,  bien 
que  le  fait  n'en  ait  pas  encore  été  sûrement  constaté,  mais 
qui  ne  paraissent  pas  dus  à  un  véritable  poison.  Ces  révé- 
lations, si  contraires  à  l'opinion  généralement  accréditée, 
même  parmi  les  hommes  de  science,  demandent  donc  con- 
firmation, et  il  est  à  désirer  que  de  toute  part,  sous  l'im- 
pulsion de  la  presse  et  des  sociétés  savantes,  des  recherches 
soient  entreprises  et  des  expériences  instituées  pour 
apporter  à  la  classification  des  champignons  comestibles, 
nuisibles  ou  vénéneux  d'autres  bases  que  celle  de  vagues 
imputations,  sans  fondement  sérieux,  et  répétées  sans  con- 
trôle par  tous  les  auteurs  ! 

Les  journaux  ont  récemment  reproduit  une  communica- 
tion du  Ministère  de  l'Agriculture  à  propos  d'un  «  Champi- 
gnon rose  vénéneux  de  France  »  *,  le  Stropharia  coronilla^ 
qu'on  a  pu  confondre  soit  avec  le  Mousseron,  Marasmius 
oreades,  soit  avec  le  champignon  rose  des  champs,  Psalliota 
campestris,  et  qui  sous  le  nom  de  «  Petit  rosé  »  aurait  causé, 


1.  Le  Naturaliste,  2*  série,  d°  330,  du  !•'  décembre  1900.  —  VAutunois,  n#  du 
28  Dovembro  1900.  —  Le  Courrier  de  Saône -el-Loire,  n°du  10  décembre  1900,  etc. 


—  261  — 

dans  le  Loiret,  un  empoisonnement  grave  mais  non  mortel  *. 
Cette  espèce  étant  très  commune  en  automne  sur  les 
pelouses,  il  serait  facile  d'en  contrôler  expérimentalement  les 
qualités  malfaisantes,  qui  semblent  s'être  bornées,  dans  le 
cas  cité,  à  une  violente  indigestion.  Combien  d'autres 
champignons  n'ont  pas  eu  l'honneur  d'attirer  l'attention  du 
monde  officiel  et  dont  les  propriétés  méconnues  demande- 
raient à  être  bien  établies,  les  Cèpes,  par  exemple.  Chez 
quelques  espèces  de  ce  genre,  Bolet  us  luridus,  Satanas, 
l'analyse  chimique  a  révélé  la  présence  de  la  Muscarine  ; 
ils  pourraient,  par  conséquent,  être  nuisibles,  bien  que 
jusqu'ici  encore  aucun  cas  bien  avéré  d'empoisonnement 
par  les  Cèpes  n'existe  dans  la  science. 

Les  préjugés  populaires  sont,  comme  je  l'ai  déjà  dit 
plus  haut,  aussi  faux  à  l'égard  des  propriétés  malfaisantes 
que  des  propriétés  comestibles  des  champignons.  C'est 
ainsi  que  la  coloration  bleue  ou  livide,  que  prend  la 
chair  de  plusieurs  Cèpes  ou  Bolets,  quand  on  la  coupe, 
répugne  au  public,  et  les  fait  considérer  comme  vénéneux. 
MM.  Bourquelot  et  Bertrand  ont  prouvé  que  ce  changement 
de  coloration  est  dû  à  l'oxydation,  au  contact  de  l'air,  de  chro* 
mogènes  inoffensives,  et  l'un  des  Bolets  qui  bleuissent  le  plus, 
le  Bolelus  cyanescens,  passe  même  pour  l'un  des  plus  délicats. 

En  revanche,  il  est  une  autre  croyance  vulgaire  des 
plus  dangereuses,  c'est  de  regarder  les  principes  toxiques 
des  champignons  comme  se  développant  avec  le  végétal, 
de  telle  sorte  que  les  très  jeunes  champignons  dont  le  cha- 
peau n'est  pas  encore  étalé,  mais  renfermé  dans  sa  bourse, 
ne  contiennent  pas  encore  de  poison  et  peuvent  être  con- 
sommés impunément.  C'est  une  grossière  erreur.  Les  Ama- 
nites vénéneuses  élaborent  leur  redoutable  poison  dès  le 
début  de  leur  croissance,  et  peuvent,  à  l'état  jeune,  être 


1.  Dr  Legendre,  Anjou  médical,  VII,  n0  du  1,r  janvier  1900.  —  D'  Labesse, 
Bull.  Soc.  scientif.  d'Angers,  nouvelle  série,  29*  année  (1899),  p.  193.  —  Dr  Victor 
Gillot,  loc.  cit.,  p.  233. 


—  262  — 

plus  facilement  confondues  avec  les  espèces  les  plus  recom- 
mandâmes, voire  même  le  champignon  de  couche.  C'est  cer- 
tainement à  une  regrettable  confusion  de  ce  genre  qu'est 
attribuable  l'empoisonnement  de  toute  une  famille,  sur- 
venu, cette  année  même,  à  Mazamet  (Tarn).  Le  docteur 
Bonneville,  qui  a  bien  voulu  fournir  des  renseignements 
détaillés  au  Dr  V.  Gillot,  insiste  sur  ce  fait  que  la  cueillette 
des  champignons  avait  été  faite  par  une  vieille  femme,  qui 
avait  ramassé  indistinctement  une  grande  quantité  de 
champignons  à  peine  sortis  de  terre,  et  de  couleur  variable, 
s'imaginant  que  «  si  petits,  ils  ne  faisaient  pas  de  mal,  une 
fois  blanchis.  »  Les  champignons  avaient,  en  effet,  été 
frits  à  l'huile,  après  avoir  été  simplement  lavés  à  l'eau 
chaude,  mais  sans  ébullition. 

On  a  peine  à  se  figurer  les  difficultés  qu'on  rencontre  en 
cas  d'enquête  sur  les  empoisonnements  réels  ou  supposés 
par  les  champignons.  L'indifférence  des  uns,  l'ignorance 
des  autres  n'aboutissent,  le  plus  souvent,  qu'à  de  vagues 
indications  où  la  diagnose  positive  des  espèces  incriminées 
est  le  plus  souvent  impossible.  Désireux  de  poursuivre  des 
études  commencées  avec  fruit,  mon  fils,  le  Dr  Victor  Gillot, 
a  noté,  au  cours  de  l'automne  dernier,  les  cas  d'empoison- 
nements fongiques  signalés  par  les  journaux  en  France,  et 
s'est  immédiatement  adressé  aux  médecins  des  localités 
signalées.  Moi-même,  j'ai  écrit,  sur  la  foi  de  nos  journaux 
locaux,  aux  adresses  indiquées  de  prétendues  victimes 
d'empoisonnements.  La  plupart  des  réponses,  quand  les 
intéressés  ont  bien  voulu  se  donner  la  peine  d'en  faire,  ont 
été  illusoires.  Dans  un  cas,  qui  paraissait  très  précis,  la 
victime  supposée  et  son  médecin,  dont  on  avait  donné  les 
noms  et  adresses,  ont  répondu  n'avoir  aucune  connaissance 
de  ce  racontar  d'un  correspondant  de  journal  probablement 
à  court  d'actualité  sensationnelle.  Dans  un  autre  cas,  la 
réponse  du  médecin  établissait  que  l'empoisonnement 
annoncé  n'était  autre  qu'un  cas  de  .rage,  etc. 


—  263  — 

Les  observations,  les  mieux  rapportées,  laissent  encore 
beaucoup  à  désirer.  C'est  ainsi  que  le  Bulletin  de  la  Société 
des  naturalistes  de  l'Ain,  n°  7  (26  bulletin  de  1900,  p.  56),  a 
relaté  l'empoisonnement  d'une  famille  de  neuf  personnes, 
avec  trois  décès,  attribués  à  la  Fausse  Oronge  et  signalé 
tout  d'abord  dans  le  Petit  Journal  (n°  du  20  septembre  1900). 
Le  Dr  Modrain,  de  Montchenu  (Drôme),  qui  a  été  appelé  à 
soigner  ces  malades  et  qui  a  bien  voulu  envoyer  au  Dr  V. 
Gillot  les  renseignements  qu'il  a  pu  recueillir,  avoue  lui- 
même  qu'ils  sont  incomplets.  Il  résulte  même  de  son  obser- 
vation qu'il  s'agissait  d'un  plat  composé  d'Oronges,  et  de 
Coulemelles;  or,  ce  dernier  nom  comme  ceux  de  Colemelles, 
Couquemelles,  désignent  non  pas  la  Fausse  Oronge,  mais 
Y  Oronge  blanche  ou  Boulé,  Amanita  ovo'idea,  et  le  plus 
souvent  la  Couleuvrée,  Lepiola  procera,  d'un  usage  fré- 
quent, et  qu'il  est  malheureusement  trop  facile  de  con- 
fondre avec  les  Amanita  phalloïdes,  et  A.  pantherina,  les 
plus  vénéneuses  du  genre.  Il  semble  bien,  en  effet,  d'après 
la  lecture  des  symptômes,  que  les  trois  enfants  qui  ont  suc- 
combé ont  présenté  le  syndrome  phalloïdien,  c'est-à-dire  les 
caractères  de  l'empoisonnement  par  VA.  phalloïdes  ou  les 
autres  espèces  du  groupe  de  l'Amanite  bulbeuse.  (Dr  V.  Gillot, 
loc.  cit.  p.  151). 

Ces  considérations  me  paraissent  plus  que  suffisantes 
pour  démontrer  la  nécessité  de  mieux  étudier  à  l'avenir  les 
empoisonnements  par  les  champignons,  et  de  faire  appel  à 
la  bonne  volonté  des  médecins,  des  desservants  de  paroisse, 
des  instituteurs,  voire  même  des  simples  mycophages,  les 
premiers  intéressés,  pour  signaler  les  accidents  parvenus 
à  leur  connaissance,  en  rechercher  et  décrire  les  causes  et 
les  symptômes,  rechercher  et  conserver  les  champignons 
semblables  ou  les  débris  des  champignons  ingérés,  et  les 
soumettre  à  l'examen  de  mycologistes  compétents.  Il  sera 
facile  de  trouver  dans  le  voisinage  quelque  savant  ou 
amateur,  médecin,  pharmacien,  ou  botaniste,  capable  de 


—  264  — 

déterminer  l'espèce  ou  les  espèces  incriminées  et  d'en  faire 
connaître  les  effets  au  grand  profit  de  la  science  et  de  la 
santé  publique. 

Quant  à  l'étude  des  champignons  comestibles  et  véné- 
neux, elle  peut  être  bien  simplifiée  dans  la  pratique  si  l'on 
considère  que  le  nombre  des  champignons  utiles  à  con- 
naître ne  dépasse  pas  deux  cents  au  maximum,  et  peut 
même  être  réduit  de  moitié  ;  que  sur  ce  nombre  il  existe  une 
vingtaine  d'espèces  réellement  vénéneuses,  appartenant 
aux  genres  Amanite  et  Volvaire,  etc.  ;  que  ce  sont  surtout 
ces  espèces  coupables  de  tous  les  empoisonnements  fatals 
enregistrés  jusqu'à  présent,  qu'il  s'agit  d'apprendre  à  bien 
reconnaître  et  de  différencier  des  espèces  comestibles  avec 
lesquelles  on  peut  les  confondre. 

J'ajouterai,  enfin,  que,  malgré  la  quantité  plus  restreinte 
qu'on  ne  le  croit  généralement,  des  empoisonnements 
mortels  dus  aux  champignons,  malgré  l'innocuité  réelle  ou 
apparente  de  la  plupart  des  espèces  charnues,  il  ne  convient 
nullement  de  se  laisser  aller  à  une  trop  grande  confiance, 
mais  de  tenir,  au  contraire,  jusqu'à  nouvel  ordre,  pour  sus- 
pects les  champignons  mal  connus.  Dans  tous  les  cas,  il 
est  prudent  de  n'en  consommer  aucun  sans  les  soumettre 
au  procédé  de  Gérard,  qui,  sans  rendre,  comme  le  procla- 
mait son  auteur,  inoffensifs  les  champignons  les  plus  dan- 
gereux, en  détruit  ou  tout  au  moins  en  diminue  considéra- 
blement la  toxicité. 

Le  voici  tel  qu'il  Ta  décrit  lui-même  :  «  Pour  chaque 
500  grammes  de  champignons  coupés  en  morceaux  d'une 
médiocre  grandeur,  en  quatre  pour  les  moyens,  en  huit 
pour  les  plus  gros,  il  faut  un  litre  d'eau  acidulée  par  trois 
cuillerées  de  vinaigre  ou  deux  cuillerées  de  sel  gris,  si  l'on 
n'a  pas  autre  chose;  dans  le  cas  où  l'on  n'aurait  que  de  l'eau 
à  sa  disposition,  il  faut  la  renouveler  une  ou  deux  fois.  On 
laisse  les  champignons  macérer  pendant  deux  heures,  puis, 
on  les  lave  à  grande  eau;  ils  sont  alors  mis  dans  l'eau 


—  265  — 

froide  qu'on  porte  à  l'ébullition  ;  et,  après  un  quart  d'heure, 
ou  mieux  encore  une  demi-heure,  on  les  retire,  on  les  lave, 
on  les  ressuie  et  on  les  apprête,  soit  comme  un  mets  spé- 
cial, et  ils  comportent  les  mêmes  assaisonnements  que  les 
autres,  soit  comme  condiments.  *>  (Fr.  Gérard,  Journal  des 
connaissances  médicales  pratiques,  1851 .  Académie  de  médecine, 
1852.  Dr  V.  Gillot,  Études  médicales  sur  V empoisonnement 
par  les  champignons,  p.  324.  Journal  des  praticiens,  1er  dé- 
cembre 1900,  p.  792,  etc.) 

L'enquête  que  je  sollicite,  par  le  concours  ou  plutôt  la 
collaboration  des  botanistes  mycologues  et  des  praticiens, 
voire  de  tous  les  gens  éclairés  et  de  bonne  volonté,  per- 
mettrait de  résoudre  certains  problèmes  des  plus  intéres- 
sants et  encore  fort  obscurs,  relatifs  à  la  biologie  et  à  la 
toxicologie  des  champignons.  Il  semble  que  la  vénénosité 
de  certains  champignons,  par  exemple,  de  la  Fausse 
Oronge,  varie  avec  la  saison  et  les  localités.  Son  ingestion, 
néfaste  dans  le  Midi,  serait  presque  innocente  dans  le  Nord 
et  dans  l'Est,  où  on  la  consomme  impunément  et  sans 
grandes  précautions,  notamment  en  Russie.  Il  y  a  longtemps 
déjà  que  l'attention  est  attirée  sur  les  influences  de 
climat  et  de  sol  qui  pourraient  avoir  plus  ou  moins  d'action 
sur  les  propriétés  vénéneuses  des  champignons,  sans  qu'elles 
soient  appuyées  par  des  observations  ou  des  études  suffi- 
santes. Il  en  est  de  même  des  altérations  subies  par  la  chair 
des  champignons  avec  l'âge,  et  la  production  de  crypto- 
maines  nuisibles  (A.  Houdé),  capables  de  déterminer  des 
accidents  de  botulisme,  analogues  à  ceux  que  produit 
l'alimentation  par  des  viandes  avariées.  A  rapprocher  des 
relations  qui  existent  entre  la  vénénosité  et  l'habitat  de 
certains  poissons,  suivant  l'âge,  la  sexualité  et  les  régions 
habitées,  le  thon,  par  exemple,  qui,  fort  bon  sur  nos  côtes, 
mérite  d'être  classé  parmi  les  poissons  les  plus  toxiques 
des  Antilles.  (Jacques  Pellegrin,  les  Poissons  vénéneux,  Paris, 
1899.  —  Rev.  se,  4°  s.,  t.  XIV,  n°  du  11  août  1900,  p.  158.) 


—  266  — 

Je  rappellerai,  en  terminant,  et  pour  montrer  une  fois 
de  plus  tout  l'intérêt  qui  s'attache  aux  recherches  chimiques, 
biologiques  et  expérimentales  sur  les  champignons,  l'im- 
portance pratique  qu'aurait  la  vérification  et  la  conGrmation 
des  faits  avancés  par  C.  Phisalix,  qui  aurait  trouvé  non 
seulement  dans  les  champignons  vénéneux  (Amanites,  Lac- 
taires), mais  dans  le  vulgaire  champignon  de  couche,  des 
substances  immunisantes  ou  antitoxines  vaccinantes  contre 
le  venin  des  vipères.  (Comptes  rendus  Acad.  des  sciences, 
décembre  1898.  —  Bull,  du  Muséum  d'hist.  naturelle,  1898, 

n°  8,  p.  390.) 

Dr  X.  Gillot. 


M.  René  Bigeard,  instituteur  en  retraite,  qui  a  bien  voulu 
mettre  en  ordre  les  collections  cryptogamiques  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun,  a  relevé,  au  cours  de  ce 
travail,  la  liste  suivante  qu'il  nous  transmet  à  titre  de  docu- 
ment, concernant  la  flore  mycologique  de  notre  région  : 

LISTE  DE  CHAMPIGNONS 

Qui  manquent  au  Catalogue  du  déparlement  de  Saône-et-Loire, 

mais  qui  se  trouvent  dans  les  collections  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun, 

récoltés  dans  le  département  ou  dans  les  départements  limitrophes  : 

1.  Lepiota  aspera  Pers.  =  Friesii  Lasch.,  Chapelle-de-Bragny, 

2  novembre  1889,  abbé  Flageollet  ;  Artonne,  près  la 
Charité-sur-Loire  (Nièvre),  Mme  Daulnoye. 

2.  —    acutesquamosa  Weinm.,  Lucand,  n°  45,  Artonne,  près  la 

Charité-sur-Loire  (Nièvre),  Mme  Daulnoye. 

3.  —    felina  Pers..  Environs  de  Moulins  (Allier),  15  novembre 

1896,  abbé  Bourdot.  ♦ 


1 .  Les  champignons  provenant  de  la  Chapelle-de-Bragny  (Saone-et-Loire)  ont 
été  transmis  à  M.  Lucand  par  M.  l'abbé  Flageollet  ;  ceux  de  Moulins  (Allier),  par 
M.  l'abbé  Bourdot  ;  ceux  d*  Artonne  (Nièvre),  par  M""  Daulnoye  ;  ceux  de  Mouthier- 
en-Bresse,  par  M.  Bigeard;  les  numéros  de  M.  Lucand  sont  ceux  de  la  collection 
de  ses  dessins  originaux  conservés  dans  la  bibliothèque  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  d'Autun. 


—  267  — 

4.  Lepiota  seminuda  Lasch. ,  Luc.  n°  73,  Artonne  (Nièvre),  2  octo- 

bre 1890. 

5.  —    Forquignoni  Quélet,  Moulins  (Allier),  23  septembre  1896. 

6.  Ar  m  Maria  rufa  Batt.,  Moulins  (Allier),  14  novembre  1892. 

7.  —    robusta  A.  et  S.,  Beaujeu  (Rhône),  25  novembre  1897, 

G.  Roûast. 

8.  Tricholoma  irinum  Fr.,  Moulins  (Allier),  22  octobre  1892. 

9.  —    arcuatum  Fr.,  Herbier  Carion,  septembre  1844. 

10.  Clitocybe  sinopica  Fr.,  Moulins  (Allier),  25  novembre  1893. 

11.  —    suaveolens  Fr.,  Artonne  (Nièvre),  19  octobre  1890. 

12.  —    parilis  Fr.  =obliqua  Pers.  Moulins  (Allier),  14oct.  1892. 

13.  —    nimbata  Fr.,  Lucand,  n°  233,  Autun,  pré  à  Ménancourt, 

23  octobre  1883. 

14.  Hygrophorus  pudorinus  Fr.,  Moulins  (Allier),  17  sept.  1890. 

15.  —    nitidus  Fr.,  Luc.  n°  14,  Chapelle-de-Bragny,  15  oct.  1889. 

16.  —    fu8co-albu8  Lasch.,  Autun,  parc  de  Montjeu,  18  octobre 

1889,  Roidot-Errard. 

17.  —    streptopus  Fr.,  Luc.  n°  38,  Moulins  (Allier),  16  oct.  1891. 

18.  —    sciophanus  Fr.,  Luc.  n°  46,  Chapelle-de-Bragny,  13  oct. 

1889;  Moulins  (Allier),  14  novembre  1892. 

19.  Collybia  pulla  Schaeff.,  Luc.  n°  355,  Mouthier,  bois  de  Dissey, 

11  octobre  1888. 

20.  Mycena  virens  Bull.,   Luc.   n°  439,   Autun,  Petit-Montjeu, 

18  octobre  1889. 

21.  —    lineata  v.  olivascens  Quel.,  Luc.  n°  440,  Autun,  Petit- 

Bois,  15  septembre  1887. 

22.  —    echinulata  Berkl.,  Chalon  Saint-Cosme,  sur  un  mûrier 

à  l'école  de  filles,  août  1896. 

23.  Omphalia  leucophylla  Fr.,  Luc.  n°  536,  Moulins,  20  nov.  1891. 

24.  —    campanella  Batsch.  v.  badipes,  Herbier  Grognot,  source 

de  l'Yonne,  bois  de  pins. 

25.  —    onisca  Fr.,  Moulins  (Ailier),  4  novembre. 

26.  Pleurotus  cornucopiae  Paul.  =  sapidus  Kalchbr.  =  dimi- 

diatus  Bull.,  Autun,  3  août  1891  ;  Roussillon,  5  août 
1891,  sur  les  troncs  de  frênes,  chônes,  ormes. 

27.  —    Eryngii  Fr.,  Artonne  (Nièvre),  20  octobre  1887. 

28.  Lactarius  umbrinus  Paul.,  Luc.  n°  30,  Rouvray  (Côte-d'Or), 

30  septembre  1874. 

29.  —    lignyotus  Fr.,  Luc.  n°  51,  Moulins  (Allier),  5  oct.  1892. 

30.  —   jecorinus  Fr.,  Près  de  Chàteau-Chinon  (Nièvre),  16  oct., 

Roidot-Errard. 


—  268  — 

3i.     Russula  mollis  Quélet,  Luc.  n°  48,  Artonne  (Nièvre),  12  oc  1. 1891. 

32.  Marasmius  calopus  Pers.,  Luc.  n°  27,  Autun,  31  octobre  1886; 

Brion,  4  octobre  1885,  D'  Gillot. 

33.  —    faveolaris  Fr.,  Chapelle-de-Bragny,  18  octobre  1889. 

34.  —    gramineus  Lév.,  Moulins  (Allier),  16  octobre  1892. 

35.  —    impudicus  Fr.,  Luc.  n°  24,  Moulins  (Allier),  8  juillet  et 

12  octobre  1892. 

36.  —    archyropus  Pers.,  Autun,  Montjeu,  1er  septembre  1890. 

37.  —    saccharinus  Batsch.,  Chapelle-de-Bragny,  5  oct.  1889. 

38.  Pluteus   cervinus   v.   ejccorians   Quélet,  Luc.  n°  656,   Luzy 

(Nièvre),  23  mai  1886. 

39.  Clitopilus  mundulus  Lasch.,  Luc.  n°  708,  Moulins  (Allier), 

20  novembre  1893. 

40.  —    cancrinus  Fr.,  Artonne  (Nièvre),  21  novembre  1892. 

41.  Leptonia  anatina    Lasch.,    Luc.    n°    724,    Moulins    (Allier), 

20  octobre  1890  et  19  octobre  1891. 

42.  —    euchlora   Lasch.,    Luc.    n°   737,   Chapelle-de-Bragny, 

27  septembre  1889. 

43.  Eccilia  griseo-rubella  Lasch.,  Luc.  n°774,Mouthier,  11  juil.  1891. 

44.  —    polita  Pers.,  Moulins,  21  novembre  1892. 

45.  Pholiota  comosa  Fr.,  Orléans  (Loiret),  7  octobre  1896. 

46.  —    humicola  Quélet  =  squarrosa  v.  gracilis  Q.,  Luc.  n°  808, 

Moulins  (Allier),  septembre  et  novembre  1890. 

47.  Cortinarius  argutus  Fr.,  Autun,  bois  de  la  Feuillie,  19  octobre 

1888;  Artonne  (Nièvre). 

48.  —    claricolor  Fr.,  Luc.  n*  2.  Artonne  (Nièvre),  3  nov.  1890. 

49.  —    Daulnoyœ  Quélet,  Luc.  n°  49,  Artonne  (Nièvre),  15  octo- 

bre 1888. 

50.  —    brunneus    Pers.,   Pierre  -  Bénite    (Rhône),    novembre, 

G.  Roùast. 

51.  —  brunneus  v.  Morvanus,  Luc.  n°  169,  Montjeu,  3  oct.  1881. 

52.  —  saturninus  Fr.,  Luc.  n°  191,  Sommant,  14  octobre  1882. 

53.  —  sciophyllus  Fr.,  Luc.  n*  203,  Sommant,  10  octobre  1882. 

54.  —  rigens  Pers.,  Moulins  (Allier),  9  et  24  octobre  1892. 

55.  —  fulvescens  Fr.,  Luc.  n°218,  Mouthier,  7  octobre  1888. 

56.  —  rigidus  Scop.,  Mouthier,  27  septembre  1897. 

57.  —  stemmatus  Quélet,  Mouthier,  23  octobre  1892. 

58.  —  fucatophyllus    Lasch.,    Luc.    n°  136.   Autun,  Montjeu, 

7  septembre  1883. 

59.  —    cotoneus  Fr.,  Luc.  n°138,  Artonne  (Nièvre),  13-23  octo- 

bre 1890. 


—  269  — 

60.  Hebeloma  truncatum  Fr.,  Luc.  n°  893,  apporté  par  le  DpGillot 

à  la  séance  du  21  sept.  1885  au  congrès  mycologique 
tenu  à  Autun. 

61.  Flammula  Liquiritiae  Pers.,  Autun,  bois  d'Ornée,  30  oct.  1889. 

62.  —    ochrochlora  Fr.,   Luc.    n°  938,   Autun,   près   Millery, 

10  septembre  1889. 

63.  —    scam6usFr.,Luc.no940,Autun,boisd'Ornée,17nov.l890. 

64.  —    conissahs  Fr.,  Luc.  n°  924,  Herbier  Grognot. 

65.  Gâtera  vittœformis  Fr.,  Luc.  n«  1012,  Moulins  (Allier),  9  octo- 

bre 1892. 

66.  Tubaria  paludosa  Fr.,  Luc.  n°  1025,  Saint-Émiland,  8  sep- 

tembre 1892,  D'  Gillot. 

67.  Crepidotus  junquilleus  Paul.,  Luc.  n°  1035,  Artonne  (Nièvre), 

28  septembre  1890. 

68.  Paxillus  ionipus  Quélet,  Luc.  n°  13,  Moulins  (Allier),  14  oct.  1892. 

69.  Pratella  hœmorroidaria  Kalch.,  Luc.  n°  1054,  Autun,  Montjeu, 

Artonne  (Nièvre),  25  octobre  1889. 

70.  —    echinata  Fr.,  Luc.  n°  1062,  Artonne  (Nièvre),  25  oct.  1891. 

71.  Stropharia  albo-nitens  Fr.,  Moulins  (Allier),  5  septembre  1896. 

» 

72.  Psilocybe  uda   Pers.,   Luc.   n°  1125,   Saint-Emiland,  8   sep- 

tembre 1892,  Dr  Gillot. 

73.  Dolbitius  conocephalus   Bull.,   Luc.    n°  6,    Herbier  Carion, 

Mouthier-en-Bresse. 

74.  Gomphidius  maculatus  Scop.,  Luc.  n°  3,  Autun,  Montjeu, 

18  octobre  1891,  5  novembre  1890. 

75.  Cantharellus  clavatus  Pers.,  Luc.  n°  9,  Jura,  30  septembre  1890, 

Mm6  Daulnoye. 

76.  Boletus  obsonium  Paul.,  Luc.  n°  52,  Artonne,  8  sept.  1887. 

77.  Polyporus  triqxieter  Pers.,  Bourg  (Ain),  G.  Rouast. 

78.  Cladomeris  umbellatus  Schsefî.,  Autun,  Montjeu,  7  août  1890, 

Roidot-Errard. 

79.  Poria  contigua  Pers.,  Moulins,  octobre  1890. 

80.  —    corticola  Fr.,  Autun,  Montjeu,  16  février  1892. 

81.  —    nitida  Pers.,  Mesvres,  3  octobre  1886,  Lucand. 

82.  Merulius  umbrinus  Rostk.,  Herbier  Carion,  Annecy  (Saône- 

et- Loire),  août  1862. 

83.  Lènzites  trametea  Quel.,   Issy-l'Evêque,  11  octobre  1882,  sur 

cerisier  ;  Moulins  (Allier). 

84.  Trametes  odorata  Wulf.,  Moulins  (Allier),  3  septembre. 

85.  —    cinnabarina  Fr.,  Luc.  n°  6,  Herbier  Grognot,  sur  des 

troncs  de  hêtre. 

S.H.N.  1900.  18 


—  270  — 

86.  Trametes  hexagonoidea  Fr.,    Le  Creusot,  mai   1886;    Aisy 

(Yonne),  janvier  1893;  environs  d'Autun. 

87.  Hydnum  cœruleum  FI.  D.,  Forêt  de  Montréal  (Ain),  G.  Roiiast. 

88.  Odontia  faacicularis  A.  et  S.,  Herbier  Cari  on,  sur  un  saule 

pourri. 

89.  Auricularia  Leveillei  Quélet  =  Cyphella  ampla  Lév.,  Moulins 

(Allier),  26  octobre  1894. 

90.  Telephora  Sowerbii  Berkl.,  Mouthier,  24  juillet  1888;  Rouvray 

(Côte-d'Or),  septembre  1883. 

91.  Stereum  Pini  Fr.,  Herbier  Carion,  Curgy. 

92.  —    avellanum  Fr.,  Herbier  Carion,  Annecy  (Saône-et-Loire), 

20  février  1863. 

93.  —    album  Quélet,  Autun,  mars  1889. 

94.  —    acermum  Pers.,  Herbier  Carion,  sur  l'érable  champêtre. 

95.  Clavaria  grisea  Pers.,  Mouthier,  23  septembre. 

96.  —    palmata  Pers.,  Herbiers  Grognot  et  Carion,  Montjeu  ; 

Moulins,  17  novembre  1890. 

97.  Pistillina    rubra   Fautr.    et   Roumeg.,   Noidan  (Côte- d'Or), 

août  1892. 

98.  Tremella  nigrescens  Fr.,  Àutun,  moulin  d'Ornée,  2  déc.  1889. 

99.  Dacrymyces  fragiformis  Pers.,  Herbier  Carion,  Creuse-d'Auxy, 

mars  1857. 

100.  —    stillatus  Nées.  =  Tremellaabietina Pers.,  Herbier  Carion. 

101.  —    chrysocomus  Bull.,  Herbier  Carion,  Saint-Symphorien 

et  Saint-Pierre,  près  Autun,  décembre  1855. 

102.  Cyathus  fimetarius  D.  C,  Herbier  Carion,  Abergement-lès- 

Seurre  (Côte-d'Or). 

103.  Bovista  pusilla  Batsch.,  Herbier  Grognot. 

104.  Onygena  piligena  Fr.,  Roussillon,  30  juillet  1876,  Dr  Gillot. 

105.  Morchella  elata  Fr.,  Autun,  9  juin  1888,  sur  de  la  sciure  de  bois. 

106.  —    deliciosa  Fr. ,  Autun,  8  mai  1890,  sur  de  la  sciure  de  bois, 

A.  Bouvet, 

107.  Cudonia  circinans   Pers.,    Herbier  Grognot,  source    de   la 

Canche,  octobre,  sapins. 

108.  Geoglossum  difforme  Fr.,  Uchon,  22  septembre  1887. 

109.  Aleuria  sulcata  Pers.,  Herbier  Carion. 

110.  —    pustulata  Pers.,  Herbier  Carion,  Brisecou,  août  1840. 

111.  —    purpurascens  Pers.,  Herbier  Carion,  bois  des  Renau- 

diots,  avril  1866. 

112.  Lachnea  brunneola  Desm.,  Herbier  Grognot. 

113.  —    ciliaris  Schrad.,  Herbier  Carion,  bois,  octobre  1843. 


—  271  — 

114.  Lachnea  crinita  Bull.,  Herbier  Carion,  aux  Renaudiots,  juin 

1841. 

115.  —    hyalina  Pers.,  Herbier  Carion,  Autun,  Saint -Claude, 

décembre  1855. 

116.  —    sulfurea  Pers.,  Herbier  Carion,  Brisecou. 

117.  —    brevipila  Rab.,  Herbier  Carion,  au  bas  du  Beuvray. 

118.  —    pineti  Batsch.,  Herbier  Carion,   Bois-le-Duc;  Herbier 

Grognot,  source  de  l'Yonne. 

119.  —    flavo-fuliginosa  A.  et  S.,  Herbier  Carion,  Renaudiots, 

juin  1841. 

120.  —    flammeaA.  et  S.,  Herbier  Carion,  Brisecou,  mars  1849. 

121.  —    micacea  Pers.,  Herbier  Carion,  Pont-l'Evôque,  fév.  1850. 

122.  —    dinjophila  Pers.  =  fuscescens  Pers.,  Herbier  Carion, 

montagne  Saint-Claude,  mars  1841. 

123.  —    relicina  Fr.,  Herbier  Grognot,  Grand-Montot,  commune 

de  Saint-Prix,  en  Morvan. 

124.  —    Aspidii  Lib.,  Herbier  Grognot,  Montjeu. 

125.  Phialea  chionea  Fr.,  Herbier  Carion,  Brisecou. 

126.  —  Cacaliœ  Pers.,  Herbier  Carion,  Pont-1'Evêque,  fév.  1852. 

127.  —  albida  Desm.,  Herbier  Carion,  Renaudiots. 

128.  —  Gentianœ  Pers.,  Herbier  Carion,  Brisecou,  octobre  1843. 

129.  —  fusca  Pers.,  Herbier  Carion. 

130.  —  eburnea  Desm.,  Herbier  Carion,  Montjeu. 

131.  Mollisia  fusaroïdca  Berkl.,  Herbier  Grognot. 

132.  —  atrovirens  Pers.,  Herbier  Grognot. 

133.  —  lacustris  Fr.,  Herbier  Grognot,  Montjeu. 

134.  —  melatephra  Lasoh.,  Herbier  Grognot. 

135.  —  xantostigma  Fr.,  Herbier  Grognot. 

136.  —  discolor,  Herbier  Grognot,  mont.  Saint-Georges. 

137.  r—  Ebuli  Fr.,  Herbier  Grognot. 

138.  —  obvelata  Lacroix,  Herbier  Grognot. 

139.  —  petiolaris  A.  et  S.,  Herbier  Carion. 

140.  —  Clematidis  Fr.,  Noidan  (Côte-d'Or),  Fautrey. 

141.  Ascobolus  Trifolii,  Herbier  Grognot. 

142.  Helotium  pallescens  Pers.,  Herbier  Carion. 

143.  —    Humuli,  Herbier  Grognot. 


272  — 


DONS  ET  ENVOIS. 

Parmi  les  publications  et  les  ouvrages  reçus  depuis  la 
dernière  réunion,  nous  citerons  la  thèse  soutenue  par 
M.  Victor  Gillot  pour  son  doctorat  de  médecine,  Étude 
médicale  sur  V empoisonnement  par  les  champignons  ;  le  Guide 
géologique  en  France,  publié  à  l'occasion  du  septième 
Congrès  géologique  international,  don  de  M.  P.  Bayle, 
ingénieur  ;  et  le  bulletin  de  l'association  des  anciens  élèves 
du' collège  d'Autun,  pour  Tannée  1900,  par  M.  Hippolyte 
Abord. 

L'attention  est  en  outre  appelée  1°  sur  un  très  joli  cristal 
de  pyrite  de  fer  donné  par  M.  André,  artiste  peintre,  et 
provenant  de  Monthermé  (Ardennes). 

2°  Sur  un  coquillage  servant  à  éplucher  les  fruits  à 
pain  destinés  à  être  mis  en  conserve,  offert  en  même 
temps  qu'un  beau  corail  blanc  par  notre  compatriote 
M.  Maurice  Renault  qui  a  rapporté  le  tout  de  l'île  de  Taïti. 

3°  Sur  une  petite  collection  de  silex  taillés  provenant 
d'Ouargla  et  que  la  Société  doit  au  bienveillant  intermé- 
diaire de  Mme  Rateau-Rollot.  C'est  en  effet  à  l'instigation 
de  cette  aimable  donatrice  que  ces  intéressants  objets  ont 
passé  du  désert  de  l'Algérie  dans  nos  vitrines.  Ils  ont  été 
trouvés  par  le  R.  P.  Huguenot,  de  la  congrégation  des 
Missions  africaines,  et  parent  de  Mne  Râteau,  qui  l'avait 
prié  de  les  recueillir  pour  notre  Société. 

Les  stations  de  l'homme  primitif  sont  nombreuses,  parait- 
il,  en  Algérie  et  en  même  temps  très  étendues;  on  est 
même  surpris  de  la  richesse  de  quelques-unes.  Ce  ne  sont 
pas  des  ateliers  puisqu'on  n'y  rencontre  pas  les  nucléi,  per- 
cuteurs, éclats,  etc.,  qui  les  constituent  ;  il  est  donc  éton- 
nant qu'une  si  grande  quantité  d'armes  et  d'outils  ait  été 
abandonnée  dans  ces  stations. 


—  273  — 

A  en  juger  par  les  échantillons  que  nous  avons  sous  les 
yeux,  les  silex  d'Ouargla  sont  de  petites  dimensions  et  d'un 
travail  délicat  —  ils  sont  taillés  dans  un  silex  pyromaque 
jaunâtre.  Les  couteaux,  racloirs,  scies  n'ont  de  particulier 
que  leur  petitesse;  les  pointes  de  flèche,  à  pédoncule, 
appartiennent  à  la  variété  triangulaire,  bien  que  quelques- 
unes  soient  un  peu  allongées.  De  petites  amulettes  faites 
avec  des  fragments  d'encrines  et  d'œufs  d'autruche  perforés 
complètent  ce  don. 

M.  le  Dr  Gillot  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de 
M.  Basset,  instituteur  à  Mont,  un  fascicule  d'herbier  tiré 
de  ses  dernières  récoltes,  et  de  la  part  de  M.  Château, 
instituteur  à  Bourg-le-Comte,  une  collection  importante  de 
Cécidies  du  département  de  Saône-et-Loire,  dont  M.  Châ- 
teau a  entrepris  l'étude  en  collaboration  avec  M.  Marchai, 
du  Creusot. 

D'unanimes  remerciements  sont  adressés  aux  donateurs. 

M.  de  Chaignon  donne  quelques  explications  sur  des 
oiseaux  rares  de  la  collection  de  Montessus,  qu'il  a  montés 
récemment,  et  qui  sont  considérés  comme  étant  d'Europe, 
bien  que  ne  figurant  pas  sur  la  liste  de  Oerbe  et  Degland. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée. 


^ 


COMPTES  RENDUS 


DES   EXCURSIONS 


DE  1900 


EXCURSION  A  SANTENAT  (Côte-d'Or), 

27  mai  1900. 


Dans  une  excursion  antérieure,  datant  déjà  de  dix  années 4, 
la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  n'avait  pu  consacrer 
que  quelques  minutes  d  attention  et  quelques  lignes  de 
compte  rendu  aux  sources  minérales  de  Santenay,  qui  con- 
tribuent aujourd'hui,  autant  que  ses  crus  appréciés,  à  la 
renommée  de  cette  localité,  et  guérissent  par  leurs  vertus 
curatives  les  accidents  goutteux  ou  lithiasiques  causés  par 
le  bon  vin.  Il  était  donc  indiqué  d'étudier  plus  complète- 
ment, comme  nous  l'avions  fait  pour  celle  de  Maizières  2, 
ces  eaux  minérales  également  connues  des  Romains  et 
susceptibles  d'applications  variées  et  efficaces. 

Débarqués  par  une  belle  matinée  du  mois  de  mai  à  la 
gare  de  Santenay,  à  9  h.  43,  au  nombre  de  vingt-quatre  : 
MM.   André   Georges  ;   Bigeard,    de    Nolay  ;    le    vicomte 

1.  Bull.  Soc.  hi8t.  nat.  d'Autun,   IV  (1891),  p.    518   :  Excursion  à  Santenay 
(Côte-d'Or),  1"  juin  1890. 

2.  Bull.  Soc.  hiat.  nat.  d'Autun,  t.  X,  ?  (1897),   p.  506  :  Excursion  à  Maizières, 
Arnay-le-Duc,  sources  de  l'Arroux,  13  mai  1897» 


—  276  — 

H.  de  Chaignon;  Chevalier  J.-B.  ;  Cochet  Auguste;  Cougnet  ; 
Croizier  Henri  et  ses  fils  Paul  et  Bernard;  G.  Douhéret,  de 
Montcenis;  Drouhin,  de  Cirey;  Gadant;  le  Dr  X.  Gillot  et 
son  fils  Victor;  Michaud,  de  Nolay  ;  Georges  de  Laplanche; 
Joseph  Reyssier  et  son  fils  Jean  ;  Rigollot  François  et  son 
fils  Pierre  ;  Joanni  Sauzay,  de  Chalon  ;  Paul  Sauzay  ; 
Adrien  Seguin,  etV.  Berthier;  nous  avons  le  plaisir  d'y  être 
rejoints  par  M.  Metman,  ancien  procureur  de  la  République 
à  Autun,  actuellement  avocat  distingué  de  Dijon,  et  son 
fils  M.  René  Metman,  jeune  étudiant  en  médecine,  déjà  très 
versé  dans  les  sciences  naturelles,  notamment  en  botanique, 
et  d'y  être  reçus  par  nos  aimables  collègues  de  Santenay, 
MM.  Tacnet  et  Louis  Perreau.  Ce  dernier,  bien  qu'il  vienne 
d'être  victime  d'un  incendie  tout  récent,  veut  absolument 
nous  offrir  un  vin  d'honneur,  que  nous  dégustons  avec 
reconnaissance,  tout  en  déplorant  la  raison  qui  empêche 
M.  Perreau  de  nous  accompagner,  comme  il  l'eût  désiré. 
En  quittant  la  maison  hospitalière  de  M.  Perreau,  auquel 
nous  réitérons  tous  nos  remerciements  pour  son  aimable 
accueil,  nous  trouvons  sur  la  place  publique  de  Santenay 
un  brave  homme  qui  nous  attend,  une  magnifique  Effraie  à 
la  main,  et  qui  s'en  retourne  tout  interdit  de  voir  que  non 
seulement  nous  refusons  son  oiseau,  dont  notre  Musée  pos- 
sède de  nombreux  exemplaires,  mais  que  nous  lui  adres- 
sons même  des  reproches  pour  le  meurtre  inutile  de  cet 
oiseau  grand  destructeur  de  souris,  mulots,  etc. 

Nous  remarquons,  au  passage,  le  long  d'une  rue  de 
Santenay,  l'extension  du  Lepidium  Draba  L.,  crucifère  d'ori- 
gine méridionale,  autrefois  inconnue  dans  le  pays,  et  qui  se 
répand  de  plus  en  plus  autour  des  gares  et  le  long  des 
voies  ferrées,  à  l'état  de  plante  adventice  indigène. 

Santenay  ne  possédait  autrefois  qu'une  seule  source 
minéralisée,  la  Fontaine  salée.  On  en  a  récemment  décou- 
vert et  utilisé  deux  autres  que  nous  visitons  successivement  : 
la  source  Camot  et  la  source  Lithium. 


—  277  — 

La  source  Carnot,  exploitée  par  M.  L.  Garreau,  pharma- 
cien à  Santenay,  est  la  dernière  en  date,  mais  la  plus  abon- 
dante, s'il  faut  en  croire  les  renseignements  recueillis  sur 
place,  puisqu'elle  débiterait  jusqu'à  240,000  litres  en  vingt- 
quatre  heures  par  un  puits  creusé  à  la  profondeur  de 
83  mètres  75.  Un  élégant  pavillon,  entouré  d'un  jardinet 
récemment  planté,  recouvre  la  buvette,  dont  le  trop  plein 
s'écoule  par  un  robinet  extérieur  et  les  magasins  d'expé- 
dition. 

Le  chiffre  donné  plus  haut  nous  parait  exagéré,  et  aurait 
besoin  d'être  vérifié.  En  effet,  lors  des  travaux  de  sondage 
effectués  pour  la  source  Carnot,  la  source  Lithium  s'est 
trouvée  presque  tarie,  et  l'écoulement  n'a  repris  qu'après 
avoir  ramené  le  diamètre  du  forage  de  la  source  Carnot  à 
0ra20  au  lieu  de  0m50.  Il  serait  donc  bien  étonnant  qu'au- 
jourd'hui chacune  de  ces  sources  donnât  une  quantité  d'eau 
supérieure  au  débit  primitif  de  la  première.  En  outre,  l'ac- 
cident signalé  prouve  que  les  deux  forages  ont  rencontré 
la  même  nappe  d'eau  minéralisée,  puisqu'elles  communi- 
quent, à  quelques  mètres,  il  est  vrai,  de  différence  en  pro- 
fondeur, et  dès  lors  nous  nous  expliquons  difficilement  les 
différences  signalées  dans  les  analyses  que  nous  rapportons 
plus  bas. 

La  source  Lithium,  qui  appartient  à  M.  Gagey,  propriétaire 
à  Santenay,  n'est  séparée  de  la  précédente  que  par  la  lar- 
geur du  chemin,  une  vingtaine  de  mètres  environ.  Décou- 
verte en  1889,  elle  jaillit  du  sol  au  lieu  dit  le  Pré  Cernay,  à 
220  mètres  d'altitude,  et  débite  actuellement,  par  vingt- 
quatre  heures,  200,000  litres  d'eau  d'une  densité  de  1,01 
et  à  la  température  de  +  1901.  Elle  est  captée  par  un  forage 
de  96  mètres  de  profondeur  et  jaillit  sous  un  petit  pavillon, 
où  l'eau  retombe  dans  la  vasque  de  la  fontaine  avec  une 


1.  Dr  Ch.  Thomas-Caramaa,  Coup  d'œil  sur  la,   source  Lithium  de  Santenay 
(Côte-d'Or),  in-1?,  1898. 


—  278  - 

apparence  laiteuse  due  aux  nombreuses  bulles  de  gaz  qui 
Témulsionnent,  et  dont  la  quantité  augmente  encore  par 
les  temps  d'orage  par  suite  de  la  baisse  barométrique; 
mais  elle  s'éclaircit  rapidement  dans  le  verre.  Un  établisse- 
ment en  forme  de  chalet,  construit  en  briques  avec  douze 
baignoires,  et  chambres  meublées  ouvrant  sur  un  balcon, 
permet  d'héberger  un  certain  nombre  de  malades,  qu'effraie 
la  distance  du  bourg  de  Santenay,  quinze  cents  mètres 
environ. 

De  nombreux  diplômes  d'honneur  ou  médailles  décernés 
aux  différents  concours  ou  expositions,  tant  en  France 
qu'à  l'étranger,  attestent  la  publicité  donnée  et  la  valeur 
attribuée  à  la  source  Lithium. 

Un  peu  plus  loin,  mais  en  contre-bas,  à  la  bifurcation 
même  des  deux  lignes  de  chemin  de  fer,  se  trouve  la  Fon- 
taine salée,  la  source  la  plus  ancienne  de  Santenay,  pro- 
priété de  la  famille  Abord,  d'Autun.  Louée  à  MM.  Vandal 
et  Compagnie,  elle  ne  le  cède  pas  à  la  précédente  en 
fait  de  diplômes  d'honneur  et  médailles  d'or,  témoignant 
de  ses  mérites,  avec  l'honneur  incontestable  du  droit 
d'ainesse.  Il  n'est  pas  douteux  que  cette  source  minérale 
ait  été  connue  des  Romains,  comme  en  ont  témoigné  des 
vestiges  de  captage  antique,  et  des  monnaies  romaines, 
mais  on  n'y  a  pas  trouvé  comme  à  Maizières  de  monuments 
archéologiques,  statuettes,  etc.1.  Les  vertus  de  ces  eaux 
sont  depuis  longtemps  établies,  car  on  trouve  dans  Cour- 
tépée  le  passage  suivant  relatif  à  Santenay2  :  «  Fontaine 
salée  dont  les  effets  merveilleux  ont  été  décrits  par  Pierre 
Quarré,  médecin  de  Charolles,  en  un  petit  volume  in-4°, 
imprimé  à  Dijon,  1633;  il  la  nomme  la  Nymphe  de  Santenay. 

1.  H.  do  Longuy,  Notice  archéologique  sur  Santenay  (Côte-d'Or),  in  Mèm.  de 
la  Soc.  italienne,  nouv.  série,  XII  (1883),  p.  125,  169.  —  Dr  Maurice  Binet.  De 
Veau  minérale  chlorurée  sodique  lithinéc  de  Santenay  (C6te-d'Or)%  Paris,  1883, 
hroch.  in- 8*,  16  pages. 

2.  Courtépée,  Description  générale  et  particulière  du  duché  de  Bourgogne,  2'  édi- 
tion, 1847,  II,  p.  341). 


—  279  — 

Son  bassin,  large  de  six  pieds,  au  pied  d'un  monticule 
appelé  la  Tête-de-Fer.  Ce  beau  présent  de  la  nature  est 
presque  inutile  aux  habitants,  l'approche  leur  en  étant 
interdite  par  des  gardes.  Le  directeur  de  la  ferme  de  Cha- 
lon  a  fait  jeter  en  1748  et  1750  beaucoup  de  mercure  dans 
les  trous  d'où  provenait  la  source,  et  fait  maçonner  dessus 
et  remplir  le  bassin  de  matière  fécale.  La  nature  outragée 
a  fait  sortir  la  source  quarante  pas  plus  bas,  et  offrait  son 
secours  aux  pauvres  paysans  souvent  inquiétés  par  des  argus 
impitoyables.  M.  Bannière  de  Beaucourt,  président  des 
gabelles  à  Chagny,  après  avoir  longtemps  examiné  cette 
source,  envoya  en  1749  un  mémoire  à  M.  de  Trudaine  qui 
pensait  y  établir  une  saline  comme  à  Montmorot  ;  mais  il 
fut  arrêté  par  des  représentations  et  par  la  mort  ;  on  tirait 
deux  onces  de  sel  de  deux  bouteilles  d'eau.  »  Cette  asser- 
tion de  l'historien  de  la  Bourgogne  semblerait  établir  que 
l'eau  de  Santenay  était  plus  riche  en  sel  à  cette  époque 
qu'aujourd'hui,  comme  nous  le  verrons  d'après  les  analyses 
récentes,  et  comme  l'affirme  la  tradition  populaire. 

On  a  prétendu  également  que  le  forage  des  puits  des 
nouvelles  sources  supérieures  avait  diminué  le  débit  de  la 
Fontaine  salée.  On  nous  affirme  qu'il  n'en  est  rien,  et  que 
si  le  chiffre  de  8,000  litres  donné  par  M.  A.  Carnot  dans 
son  rapport  (Journal  officiel  du  19  novembre  1881)  paraît 
trop  élevé  et  doit  être,  en  réalité,  ramené  à  6,000  litres  par 
vingt-quatre  heures,  cette  quantité  est  bien  suffisante  pour 
l'employer  en  boisson,  même  en  bains,  et  pour  subvenir  à 
un  important  commerce  d'expéditions  en  bouteilles.  Il  faut 
bien  remarquer,  du  reste,  que  la  Fontaine  salée  est  une 
source  naturelle,  et  non  le  résultat  d'un  sondage,  comme 
les  autres.  Il  est  donc  profondément  regrettable,  surtout  en 
face  de  la  concurrence,  qu'aucun  travail  sérieux  de  captage, 
réclamé  depuis  longtemps  (Dr  M.  Binet,  loc.  cit.)  n'ait  été 
entrepris  et  que  l'aménagement  de  la  source  et  de  ses 
dépendances  n'ait  pas  pris  plus  de  développement  et  de 


-  280  - 

confortable,  eu  égard  surtout  à  sa  vieille  réputation  et  à 
ses  effets  curatifs  incontestables  et  éprouvés.  La  tempéra- 
ture est  de  +  10°5.  C'est  donc  une  eau  froide.  Elle  a  un 
goût  salé,  d'où  lui  vient  son  nom,  mais  non  amer.  La 
saveur  n'en  est  pas  désagréable  et  se  rapproche  beaucoup 
de  celle  de  l'eau  d'huîtres  ;  on  s'y  habitue  facilement  et  on 
la  boit  sans  répugnance.  La  Fontaine  salée  attire  chaque 
année  un  nombre  respectable  de  buveurs  habitués  à  trouver 
à  son  Casino,  après  l'effet  purgatif  et  apéritif  voulu  de  la 
cure  thermale,  d'excellents  repas  arrosés  d'excellent  cru. 
Pour  faire  honneur  au  déjeuner  bien  servi  et  copieux, 
malgré  son  prix  modique,  qui  nous  a  été  préparé  par 
M.  L.  Perreau,  directeur  du  Casino  de  Santenay,  nous 
n'avons  pas  besoin  de  l'eau  salée,  que  nous  goûtons  cepen- 
dant par  devoir. 

Nous  achevons  de  nous  renseigner  sur  les  propriétés  des 
eaux  de  Santenay  en  lisant  les  brochures  et  prospectus  qui 
nous  ont  été  libéralement  distribués  à  chacun  des  établis- 
sements, et  qui  nous  donnent  la  composition  chimique  de 
chaque  source,  d'après  les  récentes  analyses  exécutées  à 
l'École  des  mines  de  Paris,  par  M.  Ad.  Carnot.  En  voici  le 
dosage  par  litre  : 

Ftnlaiii  salé*  Siiret  Lithi»  Suret  Gantl 

Acide  carbonique Ogr.  1286  Ogr-2540  Ofr.0062 

Bicarbonate  de  chaux 0     2670  0     3300  0     3663 

—  de  magnésie 0     0228  0     1540  »     »»»» 

—  deprotoxydedefer  0     0149  Traces  0     0066 

Silice 0     0345  0     0150  0     0165 

Chlorure  de  potassium 0     1953  0     1934  0     1795 

-  de  sodium 5     2313      5     6383      5     5038 

—  de  lithium 0     0929      0     1110      0     0935 

Sulfate  de  chaux 0     8767      0     3960      0     8643 

—  de  magnésie 0     1512      »     »»»»      0     1380 

—  de  soude 2     1962      2     0120      2     1574 

Matières  organiques Traces       Traces       Traces 

9  fr.  22  il      9  r- 3697      9  r- 3321 


—  281  - 

La  minéralisation  des  différentes  sources  de  Santenay 
est,  comme  on  le  voit,  presque  identique,  ce  qui  en  prouve 
l'origine  commune.  Elles  rentrent  dans  le  type  hydromi- 
néral des  eaux  chlorurées  sodiques,  et  sont  caractérisées 
surtout  par  la  proportion  du  chlorure  de  lithium,  qui  y 
atteint  près  de  dix  centigrammes,  et  qui,  en  outre  de  leurs 
propriétés  digestives,  diurétiques  et  laxatives,  les  rend  émi- 
nemment efficaces  pour  le  traitement  des  affections  viscé- 
rales arthritiques,  en  particulier  de  la  gravelle  et  de  la  goutte. 

Malgré  ces  rassurantes  perspectives,  il  est  peu  probable 
qu'aucun  de  nous  ait  besoin  de  sitôt  des  services  de  la 
Nymphe  de  Santenay,  à  voir  l'allure  alerte  avec  laquelle, 
aussitôt  en  sortant  de  table,  la  bande  d'excursionnistes  se 
dirige  vers  la  montagne.  Le  programme,  en  effet,  a  subi 
une  modification.  M.  René  Metman  ayant  été  chargé  par 
M.  Genty,  directeur  du  jardin  botanique  de  Dijon,  de  lui 
rapporter  des  pieds  vivants  du  Liseron  d'Espagne,  Convoi- 
vulus  cantabrica  L.,  il  est  décidé  que  nous  monterons  à  sa 
recherche  jusqu'à  la  banquise  de  rochers  qui  coupe,  à  mi- 
côte,  la  montagne  de  Santenay.  Les  botanistes  y  grimpent 
à  travers  les  sentiers  des  vignes,  et  ne  tardent  pas  à  faire 
une  récolte  abondante  de  jeunes  plants  de  Liseron,  et  en 
même  temps,  sur  les  pelouses  sèches  ou  les  corniches 
rocheuses,  des  espèces  calcicoles  caractéristiques  : 

Helianthemum  canum.  Trinia  vulgaris. 

—  polifolium.  Rubia  peregrina. 

Alsine  Jacquini.  Globularia  vulgaris. 

Linum  tenuifolium.  Inula  montana. 

—      Loreyi  BorI  Veronica  prostrata. 

Géranium  sanguineum.  Teucrium  montanum. 

Rhamnus  alpinus.  Thesium  divaricatum. 

Ononis  Columnœ.  Fhalangium  Liliago. 

Rosa  pimpinellifolia.  Sesleria  caerulea,  etc.,  etc. 
Amelanchier  vulgaris. 

Pendant  ce  temps,  le  reste  des  excursionnistes  contourne 
la    montagne    sur    la  gauche,  en   passant  au  climat  des 


—  282  — 

Maranges,  où  les  épigraphistes  copient  l'inscription   sui- 
vante qu'un  bon  Bourguignon  a  fait  mettre  sur  la  porte  de 

son  clos  : 

En  te  levant,  chaque  matin, 
Ami  passant  fête  mon  vin. 
Tu  garderas  ainsi  santé  parfaite. 
Mais  pour  félicité  complète 
Crois-moi,  le  soir  en  te  couchant 
Ne  manque  pas  d'en  faire  autant. 
Dixit  et  fecit.  —  Claudius  Charleux. 

Après  avoir  pris  bonne  note  du  conseil,  on  escalade  les 
pentes  du  mont  de  Sène,  ou  montagne  des  Trois-Croix, 
d'où  la  vue  s'étend  au  loin  sur  les  vallées  de  la  Dheune  et 
de  la  Saône,  jusqu'aux  montagnes  du  Morvan  à  l'ouest,  jus- 
qu'à celles  du  Jura  à  l'est.  Le  Calvaire,  dont  les  trois  croix 
se  dressent  sur  le  sommet  de  la  montagne  a  été  érigé  en 
1687,  par  Pierre  Maillard,  marchand  cordonnier  de  San- 
tenay1,  sur  l'emplacement  d'un  temple  romain  consacré  à 
Mercure,  et  dont  M.  J.-G.  Bulliot,  le  savant  président  de 
la  Société  Éduenne,  a  dirigé  et  raconté  les  fouilles.  2 

Dès  que  la  bande  s'est  ralliée  tout  entière,  nous  dévalons 
rapidement  le  revers  de  la  montagne,  cueillant  encore  dans 
les  éboulis  quelques  plantes  rares  :  Arabis  arenosa,  Cen- 
tranthus  angustifoliusy  Hieracium  prœcox  F.  Schultz,  Scro- 
fularia  Hoppii,  Plantago  Cynops  appelé  Pigeot  sauvage  par 
les  gens  du  pays,  etc.  Mais  nous  n'insisterons  pas  davantage 
sur  la  flore  de  Santenay,  bien  connue  depuis  les  herborisa- 
tions et  les  comptes  rendus  de  nos  collègues,  MM.  le 
Dr  Gillot,  Quincy,  etc. 3.  Nous  signalerons  seulement,  sur  la 
pente  herbacée  occidentale  du  mont  de  Sène  la  découverte 

1.  H.  de  Longuy,  loc.  cit.,  p.  158  et  '205. 

2.  Mèm.  de  la  Soc.  Êduenne,  nouv.  série,  III  (1874),  p.  139.  Le  Temple  du  mont 
de  Sène  à  Santenay,  par  M.  J.-G.  Bulliot,  avec  21  planches.  — H.  de  Longuy,  loc. 
cit.,  p.  159. 

3.  Bull.  Soc.  bot.  de  France,  XXIX  (188*2),  sos  si  on  extraordinaire  à  Dijon, 
p.  lxxi.  —  Bull.  Soc.  des  se.  nat.  de  Saône-et-Loire,  1882. —  Afém.Soc.  Éduenne, 
nouvelle  série  (1883),  p.  172.  —  Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Autun,lV  (1891), p.  518. 


—  283  — 

de  la  Filipendule,  Spirœa  Filipendula  L.,  qui  ne  semble  pas 
y  avoir  encore  été  observée. 

Mais  l'heure  est  à  l'archéologie  préhistorique. 

Nous  descendons  dans  la  direction  du  sud-ouest,  sous  la 
conduite  de  M.  Michaud,  de  Nolay,  et  de  M.  Ernest  Forain, 
de  Borgy,  deux  cicérone  grâce  auxquels  nous  ne  perdons 
pas  une  minute.  Ils  nous  mènent  d'abord  vers  une  grande 
pierre  tabulaire  dont  le  dessous  affleure  à  peine  le  sol  et 
qui  repose  sur  deux  pierres  de  même  nature,  mais  plus 
épaisses,  également  placées  horizontalement.  C'est  le 
dolmen  de  Cublanc  récemment  dégagé  par  les  soins  de 
M.  le  Dr  Variot,  de  Paris. 

Dans  son  état  actuel,  et  il  y  a  lieu  de  croire  que  c'est 
bien  sa  position  primitive,  on  le  prendrait  plutôt  pour  un 
abri  souterrain  sous  roche  que  pour  un  dolmen,  tels  qu'on 
les  représente  généralement,  c'est-à-dire  formés  de  pierres 
debout,  hors  de  terre,  surmontées  d'une  table  horizontale. 
Le  dessin  que  nous  en  donnons,  d'après  une  photographie 
faite  le  jour  même  par  notre  collègue,  M.  Gadant,  montre 
que  la  table  seule  émerge  à  peine  du  sol.  Il  n'y  a  cepen- 
dant pas  à  mettre  en  doute  l'authenticité  de  ce  monu- 
ment mégalithique,  absolument  identique  à  celui  que 
M.  H.  de  Longuy  a  fouillé  non  loin  de  là,  en  1891,  et  qu'il 
a  décrit  dans  les  Bulletins  de  la  Société  Éduenne  de  cette 
même  année.1 

Des  objets  recueillis  au  cours  de  cette  fouille,  «  haches 
et  marteau  en  jadéite,  bracelet  en  albâtre,  couteau  en  silex, 
boule  en  pierre  blanche,  aiguille  et  poinçon  en  os,  grains 
de  collier  en  terre  cuite  et  en  grenat,  »  on  peut  conclure  à 
une  sépulture.  Le  peu  d'élévation  des  dolmens  de  Borgy 
confirmerait  cette  hypothèse  et  laisserait  supposer  qu'au 
début  ils  furent  recouverts  par  des  tumulus  disparus  depuis 
longtemps. 

1.  Loc.  cit.,  p.  147  et  pi.  III. 


-  284  — 

A  quelques  mètres  de  là,  se  trouve  un  autre  dolmen, 
complètement  enterré,  dont  on  ne  voit  qu'une  partie  de  la 
table,  au  ras  du  sol.  Le  reste  disparait  sous  un  amas  de 
pierrailles. 

Un  peu  plus  loin,  au  lieu  dit  Chanteillou  ou  Champ-Teillou, 
on  nous  montre  un  dolmen  plus  intéressant,  représenté 
par  une  allée  couverte  dont  le  toit  a  disparu,  mais  à  pare- 
ments latéraux  bien  en  place  et  parfaitement  conservés  sur 
une  longueur  de  4ra70.  La  largeur,  assez  régulière,  est  d'en- 
viron ln50,  la  hauteur  des  dalles  verticales  hors  du  sol 
varie  entre  0m70  et  0IU85  ;  l'ouverture  était  à  Test. 

M.  Ernest  Forain  se  rappelle  avoir  vu  ce  dolmen  dans 
son  entier  en  1855.  L'allée  couverte  du  mont  de  Sène  est 
exactement  à  la  limite  des  communes  de  la  Rochepot  et  de 
Dezize,  —  les  deux  autres  dolmens  sont  situés  sur  cette 
dernière  commune.  Les  pierres  qui  ont  servi  à  ériger  ces 
trois  monuments  mégalithiques  appartiennent  à  la  grande 
oolithe  qui  affleure  en  maints  endroits  sur  la  montagne 
de  Santenay. 

Dans  le  champ  voisin,  une  plante  commune  du  sol  cal- 
caire, YAjuga  generensis  L.,  à  fleurs  ordinairement  d'un 
beau  bleu,  se  présente  en  colonie  avec  des  corolles  d'un 
rose  tendre. 

Revenant  sur  nos  pas,  nous  traversons  le  plateau  entre 
le  mont  de  Sène  et  le  mont  Juliard,  nous  dirigeant  sur 
le  hameau  de  Borgy.  En  passant  devant  la  propriété  de 
M.  E.  Maupoil,  nous  remarquons,  à  l'entrée  d'une  porte 
charretière,  des  pilastres  en  grès  creusés  de  cannelures 
parallèles  qui  nous  intriguent  au  premier  abord.  On  nous 
explique  que  ces  grès,  dont  nous  trouverons  plus  bas  des 
affleurements,  servent  aux  vignerons  à  aiguiser  leurs  outils, 
et  quelqu'un  rappelle  avoir  vu  aux  gorges  de  la  Chiiïah,  en 
Algérie,  des  stries  analogues  sillonnant  des  grès  sur 
lesquels  les  Arabes  aiguisent  également  leurs  outils,  par  un 
procédé  renouvelé  de  l'âge  de  pierre,  dont  tout  le  monde 


Soc.  Hist.  Nat.  d'Autan. 


DOLMEN  DE  CUBLANC,  PRÈS  BORGÏ 

Commune  de  Dezizo. 


ALLEE  COUVERTE  DE  CHAMP-TEILLON,  PRES  BORGÏ 


—  285  — 

connaît  les  roches-polissoirs  excoriées  par  l'usure  des 
hachettes  en  pierre  frottées  jusqu'au  poli  parfait. 

Un  chemin  à  pente  rapide  nous  amène  à  l'entrée  d'une 
vaste  excavation  ouverte  dans  l'à-pic  des  rochers.  Ce  sont 
les  carrières  de  gypse  ou  pierre  à  plâtre  exploitées  par 
M.  E.  Maupoil  qui  s'est  gracieusement  excusé  de  ne  pou- 
voir nous  accompagner,  mais  qui  a  donné  des  ordres 
pour  nous  en  faciliter  l'accès  et  la  visite.  Son  chef  mineur 
nous  y  attend  en  effet.  Il  nous  munit  de  lampes  de  mineurs 
et  nous  conduit  dans  les  galeries  longues  de  160  mètres, 
qui  descendent  par  une  douce  inclinaison  à  30  mètres 
de  profondeur  au-dessous  de  l'entrée.  On  en  trouvera  plus 
bas  la  description  géologique  qu'a  bien  voulu  en  faire 
notre  savant  collègue  M.  le  vicomte  H.  de  Chaignon. 

En  sortant  de  la  carrière,  nous  descendons  à  l'usine  dans 
laquelle  les  pierres  extraites  sont  amenées  au  four  et  trans- 
formées en  plâtre  d'excellente  qualité,  par  les  procédés 
ordinaires  que  nous  avons  déjà  décrits  dans  le  compte 
rendu  de  notre  excursion  d'Ivry. ! 

Nous  remercions  l'employé  de  M.  E.  Maupoil  de  sa 
complaisance,  et  le  chargeons  de  transmettre  à  son  patron 
la  plus  grande  part  de  ces  remerciements.  De  là,  les  uns 
gagnent  la  gare  de  Paris-1' Hôpital,  où,  arrivés  assez  long- 
temps avant  le  train  de  5  h.  52,  ils  s'occupent  à  butiner 
encore  qui  une  pierre,  qui  une  planj^qui  un  rafraîchisse- 
ment bien  opportun  après  cette  apVek-midi  de  course  au 
grand  air  et  au  grand  soleil.  *r 

Les  autres,  moins  fatigués,  vont  jusqu'à  Dezize  rendre 
visite  à  notre  collègue  M.  Gueneau  qui  leur  fait  le  plus 
cordial  accueil.  Impossible  de  résister  à  l'amabilité  avec 
laquelle  Mmo  Gueneau  offre  le  five-o'clock,  tandis  que  son 
mari  se  précipite  à  la  cave  d'où  il  revient  bientôt  chargé 
de  ces  poudreuses  bouteilles  à  la  vue  desquelles  les  plus 

1.  X*  Bulletin,  2-  partie,  p.  300. 

S.H.N.  1900.  19 


—  286  — 

sobres,  les  moins  bourguignons  ne  peuvent  se  défendre  de 
ce  sentiment  de  déférence  qu'inspire  toujours  la  vieillesse. 

Après  avoir  fait  honneur  au  vieux  vin  de  notre  hôte,  mais 
insuffisamment  à  son  gré,  nous  nous  rendons  à  l'église  où 
l'on  nous  a  signalé  un  médaillon  de  saint  Paul,  en  bois 
sculpté,  qui  n'est  pas  sans  mérite  en  effet.  Le  jeune 
desservant  de  la  paroisse,  un  compatriote,  M.  l'abbé  Man- 
gematin,  nous  montre  en  outre  une  sainte  Radegonde,sans 
valeur  artistique,  mais  encore  en  vénération  dans  le  pays. 
On  y  venait  jadis  en  pèlerinage  de  fort  loin,  parait-il,  pour 
la  guérison  des  boiteux. 

De  chaque  côté  de  la  porte  d'entrée,  deux  bénitiers 
taillés  dans  le  gypse  de  la  localité  représentent,  celui  de 
droite,  un  trèfle  d'assez  grandes  dimensions,  l'autre,  une 
coupe  soutenue  par  une  tête  d'ange. 

La  maison  voisine  qui  dépendait,  nous  dit-on,  de  Saint- 
Jean-de-Santenay  et  appartenait  aux  chevaliers  de  Saint- 
Jean-de-Jérusalem  n'a  rien  de  particulier  ;  elle  est  aujour- 
d'hui à  M.  de  Courtivron. 

Nous  prenons  congé  de  M.  Queneau  en  le  remerciant 
chaudement,  et  nous  descendons  à  travers  les  rochers  gra- 
nitiques sur  le  pittoresque  moulin  Pignot,  en  suivant  la 
voie  romaine  qui,  plus  tard,  devint  le  chemin  de  la 
Rochepot  au  château  de  Couches,  nous  arrêtant  à  chaque 
instant  pour  mieux  admirer  ce  coin  si  coquet  de  la  vallée 
de  la  Oosanne. 

Enfin,  nous  rejoignons  nos  camarades  et  nous  prenons 
ensemble  le  train  du  retour. 


—  287  - 


APERÇU  GÉOLOGIQUE 
SUR  LA  COURSE  DU  37  MAI  1900 

Par  M.  le  Vt«  de  Chaiqnon. 


Santenay  haut  et  bas  sont  en  partie  bâtis  sur  le  lias 
moyen.  Il  en  est  de  même  des  différents  établissements 
construits  pour  le  captage  des  eaux  salines,  dont  une  au 
moins  n'est  pas  loin  du  Pliocène  limoneux.  Mais  comme  la 
Société  ne  quitte  pas  les  routes  bordées  de  vignes  et  de 
jardins,  il  est  difficile  de  se  rendre  compte  de  la  présence 
de  cette  assise. 

Nul  doute  que  les  eaux  salines  ne  proviennent  des  marnes 
irisées  qui  affleurent  à  Borgy  et  que  nous  verrons  à  la  fin 
de  la  course.  Peut-être  ces  eaux  coulent-elles  souterraine- 
ment  en  suivant  le  pendage  des  couches  pour  venir  sourdre 
à  hauteur  de  Santenay.  Peut-être  aussi  les  marnes  irisées 
se  prolongent-elles  en  profondeur  sous  le  lias,  et  les  sources 
arrivent-elles  au  jour  en  le  traversant. 

La  présence  du  sel  n'a  pas  été  signalée  dans  les  carrières 
à  plâtre  de  Borgy,  ce  n'en  est  pas  moins  à  ce  niveau  qu'il 
doit  exister.  Sa  présence  n'y  est  pas  exclusive,  cependant 
c'est  généralement  dans  cette  assise  qu'on  le  rencontre.  Ces 
eaux  chargées  également  de  différents  sulfates,  le  doivent 
vraisemblablement  à  la  dissolution  du  gypse. 

La  Société  quitte  Santenay  et  ses  environs  pour  faire 
l'ascension  du  Calvaire.  Nous  passons  sur  le  lias  supé- 
rieur, le  calcaire  à  entroques,  voire  même  les  marnes  vésu- 
liennes  ;  le  tout  disposé  en  bandes  très  étroites  sur  le  flanc 
de  la  hauteur  et  masqué  plus  ou  moins  par  les  éboulis,  le 
long  du  sentier  suivi  par  la  Société.  Il  eût  été  intéressant 
de  rencontrer  les  marnes  du  lias  supérieur  en  contact  avec 
le    calcaire    à    entroques ,    c'eût    été    un   précieux    point 


-  288  — 

de  repaire;  pour  cela  il  fallait  s'écarter  du  sentier  suivi  et 
le  temps  faisait  défaut. 

En  arrivant  sur  la  bordure  du  plateau  assez  en  avant  du 
mamelon  portant  les  trois  croix,  nous  entrons  dans  la 
grande  oolithe  qui  peut  être  désignée  ainsi  stratigraphique- 
ment,  mais  au  point  de  vue  lithologique  le  faciès  oolithique 
paraît  rare,  pour  ne  pas  dire  absent;  je  ne  l'ai  pas  vu  en 
place,  mais  seulement  quelques  blocs  détachés,  en  mon- 
tant la  côte,  et  dont  la  provenance  est  incertaine. 

Le  sommet  du  dôme  est  couronné  par  la  dalle  nacrée 
(Bathonien  supérieur),  qui  n'offre  pas  en  ce  point  le  carac- 
tère que  l'on  remarque  dans  d'autres  localités  :  c'est-à-dire, 
un  calcaire  en  plaquettes  avec  nombreuses  et  grandes 
huitres  et  autres  fossiles  aplatis,  sorte  de  lumachelle.  Il 
est  remplacé  par  un  calcaire  magnésien  grenu,  cristallin, 
comme  à  Saint-Aubin  et  aux  carrières  de  la  montagne  de 
Santenay,  où  se  trouvent  la  brèche  et  les  grottes  à  osse- 
ments. 

Le  temps  a  manqué  pour  rechercher  Rynchonella  elegan- 
tula  ou  Rynch.  decorata  de  M.  J.  Martin,  et  Accrosulenia 
Lamarcki  propres  à  ce  niveau  et  très  communs  à  San- 
tenay. 

En  1876,  M.  J.  Martin  avait  donné,  dans  le  Bulletin  de 
la  Société  géologique,  la  coupe  de  la  montagne  de  San- 
tenay, sans  mentionner  la  nature  de  la  roche  affleurant  au 
sommet  du  Calvaire. 

Entre  le  pied  de  la  montagne  et  le  sommet  du  Calvaire, 
on  rencontre  le  calcaire  sous  quatre  aspects  différents  : 
quelques  blocs,  non  en  place,  et  dont  j'ai  déjà  parlé,  gros- 
sièrement oolithiques,  jaunâtres.  En  approchant  du  plateau, 
un  calcaire  également  jaunâtre,  compact,  à  grains  fins, 
avec  veines  cristallines.  Au  pied  du  dôme,  un  calcaire  gris, 
grossier,  avec  fossiles  brisés.  Et  enfin,  tout  à  fait  au  som- 
met, le  calcaire  magnésien,  cité  plus  haut,  représentant  la 
dalle  nacrée. 


—  289  - 

Il  ne  s'agit  là  que  d'un  simple  aperçu  sur  un  ensemble 
de  couches  qui  n'ont  été  vues  qu'en  passant  et  sur  un 
seul  point.  L'absence  de  couches  marneuses  rend  difficile 
l'étude  paléontologique,  les  calcaires  massifs  ne  refermant 
guère  que  des  fossiles  roulés  ou  en  débris. 

En  descendant  du  Calvaire,  du  côté  de  l'ouest,  nous  sui- 
vons le  pendage  des  couches  de  la  grande  oolithe  qui  ont 
l'inclinaison  de  la  pente.  Cette  pente  est  très  régulière  et 
peu  accidentée.  Il  peut  se  faire  que  la  couche  la  plus  super- 
ficielle, qui  apparaît  de  distance  en  distance,  là  où  manque 
le  gazon,  soit  la  même  qui  se  prolonge  jusqu'en  bas.  Les 
dolmens  qui  ont  été  mis  au  jour  en  ce  point,  viennent  de 
là,  sans  aucun  doute  ;  même  faciès  lithologique,  même 
disposition  tabulaire  sur  une  certaine  épaisseur.  Il  en  est 
de  même  pour  l'allée  couverte.  Toutes  ces  dalles  ont  été 
prises  sur  les  lieux. 

En  passant  au  pied  du  mont  Juliard,  le  sol  est  parsemé 
de  chailles  ou  rognons  siliceux,  dont  la  plupart  sont  très 
hydratés  et  altérés  ;  de  plus,  la  rencontre  d'un  moule  interne 
de  grande  pholadomie  ou  homomye,  indéterminable  spé- 
cifiquement, indique  cependant,  que  nous  sommes  encore 
dans  le  Bathonien  supérieur. 

Au  mont  Juliard,  quelques  petits  bancs  de  calcaire  cris- 
tallin lamellaire  sont  intercalés  dans  la  masse. 

En  quittant  le  mont  Juliard,  la  Société  se  dirige  sur  Borgy. 
A  partir  de  ce  point  la  succession  de  la  superposition  des 
couches  est  plus  apparente  et  plus  facile  à  étudier.  Un  peu 
avant  Borgy,  tous  les  murs  en  pierres  sèches  sont  bâtis  en 
calcaire  bleuâtre  avec  fossiles  appartenant  au  lias,  peut- 
être  est-ce  encore  le  Charmouthien  ;  dans  tous  les  cas,  à 
la  sortie  de  Borgy,  une  carrière  est  ouverte  dans  la  Luma- 
chelle  sinémurienne. 

En  descendant  vers  les  galeries  pour  l'exploitation  du 
gypse,  la  teinte  rouge  violette  du  terrain  indique  sans 
hésitation  que  nous  marchons  sur  les  marnes  irisées  ;  ce 


—  290  — 

que  nous  ne  tardons  pas  à  vérifier  quand  nous  nous  trou- 
vons en  face  de  la  carrière. 

Le  gypse  est  disposé  en  couches  horizontales,  avec  un 
léger  pendage  vers  le  nord,  dont  on  se  rend  compte  en 
pénétrant  dans  la  galerie  qui  suit  ce  pendage  des  couches 
et  descend  dans  la  même  direction» 

Le  gypse  est  en  masse  compacte  rose  et  blanche,  les 
deux  couleurs  très  irrégulièrement  distribuées,  sans  autres 
variétés.  De  distance  en  distance,  quelques  veines  de  gypse 
fibreux  parallèles  à  la  stratification,  sillonnent  les  parois 
des  galeries.  Toute  cette  masse  gypseuse  est  emballée 
dans  les  marnes  qui  se  sont  glissées  dans  les  moindres 
fissures  et  imprègnent  plus  ou  moins  chaque  bloc. 

Entre  le  Sinémurien  et  les  marnes  bariolées  nous  avous 
dû  traverser  un  petit  affleurement,  une  petite  bande  de  Rhé- 
tien,  mais  il  a  passé  inaperçu;  à  moins  qu'il  ne  faille  y  rap- 
porter quelques  plaquettes  gréseuses  ou  calcaréo-gréseuses 
sur  le  petit  mur  bordant  le  mauvais  chemin  qui  descend  à 
la  carrière.  On  ne  peut  être  afïirmatif,  cette  remarque 
ayant  été  faite  très  superficiellement. 

En  quittant  les  galeries  de  gypse  nous  descendons  sur 
la  gare  de  Paris-1' Hôpital.  A  mi-hauteur,  nous  ne  tardons 
pas  à  couper  le  grès  bigarré  qui  affleure  au  milieu  des 
vignes,  en  bancs  bien  horizontaux. 

Il  sert  de  substratum  aux  marnes  bariolées.  Le  grès 
est  à  grains  variables  suivant  les  points,  fins  ou  grossiers. 
Il  se  désagrège  facilement,  sa  texture  est  lâche,  il  est  peu 
fcldspathique  et  le  ciment  qui  relie  chaque  grain,  bien 
moins  dense  et  silicifié  que  dans  les  arkoses  du  plateau 
d'Antully,  par  exemple.  Il  ne  paraît  pas,  comme  ces  der- 
nières, avoir  été  affecté  par  des  sources  chargées  de 
silice. 

Ces  mêmes  grès  descendent  jusqu'au  pied  de  la  pente, 
au  niveau  de  la  gare  des  marchandises,  où  l'horizontalité 
des  couches  est  toujours  parfaite. 


—  291  — 

A  leur  tour,  ils  reposent  sur  le  granité  gneissique  qui 
affleure  en  dessous  ou  le  long  de  la  ligne  du  chemin  de  fer, 
entre  Paris-l'Hôpital  et  Sampigny.  C'est  un  granité  gris 
foncé,  à  grains  variables;  le  mica  noir  et  en  trainées  donne 
à  la  roche  une  certaine  schistosité.  Quelques  fines  paillettes 
de  mica  blanc  et  un  fond  de  teinte  rougeâtre  permettent 
de  croire  que  la  granulite  n'a  pas  été  sans  influence  sur 
lui.  Dans  tous  les  cas,  une  petite  carrière  a  été  creusée 
dans  le  voisinage,  pour  l'exploitation  de  la  granulite  en 
arène. 

Nota.  —  Je  profite  de  l'occasion  pour  rectifier,  dans  le 
compte  rendu  de  la  course  de  Chastellux,  une  interprétation 
erronée.  La  roche  que  j'avais  prise  pour  un  gneiss  modifié, 
provenant  de  la  carrière  de  Lautreville,  est  un  tuf porphy- 
ritique  absolument  semblable  à  celui  de  la  carrière  du 
Moulin  d'Ussau,  à  un  kilomètre  de  Lucenay-l'Êvêque. 


EXCURSION  A  AUXY, 
AU  VAL-SAINT-BENOIT  ET  A  MARVELAY 

(1er  juillet  1900). 

Une  excursion  ayant  le  Val-Saint-Benoît  pour  objectif 
semble,  au  premier  abord,  plus  archéologique  que  natura- 
liste. Mais  le  pays  à  parcourir  offre  de  nombreuses  curio- 
sités naturelles,  qu'il  est  bon  de  revoir  et  d'étudier.  Départ 
en  voiture  à  six  heures  et  demie  du  matin  *.  Premier  arrêt 
à  l'entrée  de  la  Creuse  d'Auxy,  près  de  la  maison  Rodary, 
pour  aller  visiter,  près  de  la  ferme  de  Champ -Chanoux,  un 

1.  MM.  Bigeard,  Jean  Bouvet,  Cambray  et  son  flla  aîné,  le  vicomte  de  Chalgnon, 
Chevalier  J.-B.,  Dovillebichot,  le  Dr  Gillol,  Pidaut,  Paul  Sauzay,  Adrien  Seguin, 
et  V.  Berthier. 


-  292  — 

arbre  singulier  qu'on  nous  a  signalé  comme  étant  moitié 
lierre  et  moitié  houx,  portant  sur  le  même  rameau  des 
feuilles  de  lierre  et  des  feuilles  de  houx.  En  réalité,  il 
s'agit  d'un  houx  fort  âgé,  à  tronc  arborescent  et  élancé, 
de  5  à  6  mètres  de  hauteur,  étroitement  enlacé  par  les 
rameaux  d'un  lierre  qui  s'élève  jusqu'au  sommet  arrondi 
et  formé  par  une  curieuse  intrication  des  rameaux  du 
lierre  et  du  houx. —  Montée  pédestre  de  la  Creuse  d'Auxy. 
Deuxième  arrêt  au  bourg  d'Auxy  pour  saluer  au  passage  le 
tilleul  au  tronc  énorme  et  creux,  qui  achève  à  l'entrée  du 
bourg  sa  végétation  caduque,  remontant,  d'après  la  tradi- 
tion, au  temps  de  Henri  IV,  et  appartenant  à  l'espèce  à 
grandes  feuilles,  Tilia  platyphy lia  Ehrh.  *  — Troisième  sta- 
tion, au  commencement  du  village  de  Repas,  pour  visiter 
une  carrière  en  exploitation,  dont  on  trouvera  plus  bas  la 
description  dans  les  notes  géologiques  et  minéralogiques 
de  M.  le  vicomte  H.  de  Chaignon. 

Nous  laissons  à  notre  droite  la  petite  chapelle  de  Repas, 
dont  l'origine  remonte  au  treizième  siècle,  et  aux  seigneurs 
de  Sully,  et  qui,  sous  les  vocables  de  saint  Antoine  et  de 
saint  Roch,  est  un  lieu  de  pèlerinage  pour  la  guérison  des 
plaies.  On  y  célèbre  la  messe  deux  fois  par  an,  le  17  janvier 
et  le  15  août. 

Après  quelques  hésitations  sur  l'itinéraire  à  suivre,  nous 
nous  décidons  à  explorer  le  bois  de  la  Forge  ou  des  Battées,  et 
la  grande  ligne  de  rochers  qui  domine  et  sépare  la  vallée  de 
Canada  de  la  vallée  de  la  Drée.  Un  sentier,  sous  bois,  à  gauche 
de  la  route,  à  partir  d'un  petit  moulin  en  ruine,  nous  conduit 
sur  la  crête  de  ce  dyke  quartzeux,  que  couronnent  de  maigres 
bouquets  de  pin  silvestre,  aux  rameaux  tordus  par  le  vent. 
Pendant  que  les  géologues  dissertent  sur  l'orientation  et 
l'origine  de  ces  roches,  les  botanistes  n'ont  guère  d'autre 
occupation  que  de  contempler  les  gracieuses  vallées,  qui, 

1.  Congràê  scientif.  de  France,  42*  session  tenue  à  Autuo  en  1876,  I,  p.  262. 


-  293  — 

montent  en  divergeant  vers  Tintry,  Digoine  et  Collonge-la- 
Madeleine.  Le  sol  en  effet,  exclusivement  siliceux  et  maigre, 
ne  comporte  qu'une  flore  des  plus  vulgaires  pour  nous. 

A  l'entrée  du  bois,  le  long  du  ruisseau,  nous  avons 
remarqué  la  Benoîte,  Geum  rivale>  et  l'Ail  des  ours,  Allium 
ursinum;  puis  dans  la  forêt  :  Hypericum  pulchrum,  Orobus 
ùuberosus,  Valeriana  officinalis,  PhyteumaspicatumyHypopithy$ 
glabra,  Melampyrum  pratense,  Luzula  maxima,  Aira  flexuosa, 
Festuca  heterophylla,  Poa  sudetica,  etc.,  etc.;  dans  les  clai- 
rières, ou  au  voisinage  des  rochers  :  Helianthemum  vulgare. 
Silène  7iutansi  à  fleurs  d'un  rose  prononcé  sur  les  rochers 
mêmes,  Hypericum  humifusum,  Genista  pilosa,  G.  sagittalis, 
Senecio  adonidifolius,  Calluna  vulgaris^  Rumex  Acelosella, 
Nardurus  Lachenalii,  etc. 

Le  petit  bois  plus  humide  qui  longe  le  ruisseau  de  Tintry, 
au-dessous  du  moulin  de  Canada,  nous  fournit  Carex 
brizoïdea  L.  et  quelques  champignons  assez  rares  pour  la 
saison  :  Amanita  pantherina ,  très  vénéneux,  Russula  cyano- 
xantha,  comestible,  etc.,  mais  nous  n'avons  pas  le  temps  de 
nous  attarder  à  leur  récolte,  car  les  voitures  nous  attendent 
sur  la  route,  près  du  hameau  de  la  Drée,  et  nous  devons 
déjeuner  à  midi  à  Epinac.  Nous  n'y  arrivons  qu'à  midi  et 
demi,  mais  la  table  est  servie  à  l'hôtel  des  Mines,  où  nous 
faisons  honneur  à  l'excellent  repas  préparé  par  le  maître 
d'hôtel,  M.  Lasnier. 

A  deux  heures,  nous  reprenons  la  route  de  la  Drée,  puis 
du  Val-Saint-Benoît,  autrefois  prieuré  important,  aujour- 
d'hui ferme  presque  abandonnée,  au  fond  d'une  petite  vallée 
dont  les  vastes  prairies  et  les  ombrages  touffus,  percés 
d'une  échappée  sur  Epinac,  respirent  le  calme  et  le 
recueillement,  sans  note  trop  sévère. 

En  attendant  la  monographie  du  prieuré  du  Val-Saint- 
Benoît  que  prépare  M.  l'abbé  Muguet,  curé  de  Sully,  nous 
trouvons  dans  les  Mémoires  de  la  Société  Éduenne  deux 
notices  publiées  par  M.  Devoucoux,  depuis  évêqued'Évreux, 


—  294  — 

et  M.  l'abbé  Dorot,  curé  de  Curgy,  qui  nous  renseignent 
sur  ses  origines *.  D'après  les  archives  du  château  de  Sully, 
Gaultier,  sire  de  Sully,  Savigny  et  Repas,  au  retour  d'un 
voyage  à  l'île  de  Rhodes  (1236),  après  avoir  échappé  au 
double  danger  de  la  mer  et  des  pirates  turcs,  avait  fait 
vœu  de  fonder  un  monastère  sur  ses  terres  du  Vau.  Il 
s'adressa  au  prieur  du  monastère  des  Bénédictins  du  Val- 
des-Choux  ou  Val-Croissant  (Côte-d'Or),  qui  lui  envoya  des 
religieux,  et  fît  en  conséquence  bâtir  le  monastère  du  Val- 
Saint-Benoit  en  1238.  Gomme  toutes  les  maisons  religieuses 
de  la  même  époque,  le  prieuré  du  Val-Saint-Benoit  eut  son 
heure  de  prospérité  ;  il  fut  successivement  dévasté  par  les 
Anglais  au  quatorzième  siècle,  par  les  Huguenots  au  sei- 
zième siècle,  puis  eut  des  difficultés  avec  l'autorité  royale, 
si  bien  que  sous  Louis  XIV  (1692)  le  monastère  fut  sup- 
primé, et  ses  revenus  affectés  à  la  dotation  du  grand  sémi- 
naire d'Autun  ;  la  réunion  canonique  n'eut  lieu  qu'en  1705. 
Une  maison  d'habitation  à  balustrade,  et  des  bâtiments 
de  ferme  occupent  actuellement  les  dépendances  du  monas- 
tère. L'église  existe  encore,  mais  convertie  en  grange;  elle 
est  de  l'époque  de  transition  interposée  entre  le  style 
roman  et  le  style  ogival,  et  se  composait  d'une  vaste  nef 
accompagnée  jadis  de  deux  transepts  et  terminée  par  un 
mur  en  ligne  droite  sans  trace  d'abside.  Dans  un  transept 
reste  une  élégante  chapelle,  construite  au  quinzième  siècle 
par  Simon  de  Loges,  chambellan  de  Louis  XI  et  grand 
écuyer  de  Bourgogne  (1477).  Cette  chapelle,  du  plus  pur 
gothique  flamboyant,  est  actuellement  dans  un  état  de 
pitoyable  délabrement,  et  mériterait  une  restauration  com- 
plète de  la  part  des  propriétaires,  les  châtelains  de  Sully. 
Elle  est  éclairée  par  des  fenêtres  et  une  rosace  remarquables 


1.  Comptes  rendus  des  travaux  do  la  Société  Éduenne  des  lettres,  sciences  et 
arts,  I  (I83G-1837).  Le  Prieuré  du  Val-S&int-Dcnoit,  par  l'abbé  Devoucouz,  secré- 
taire, p.  150,  avec  2  planches.  —Mémoires  de  la  Société  Éduenne,  nouvelle  série, 
XVII  (1889),  p.  504. 


—  295  — 

par  leurs  gracieux  détails  gothiques  et  communique  avec 
l'église  par  une  porte  découpée  à  jour,  merveilleusement 
sculptée.  La  voûte  est  sillonnée  en  tous  sens  par  de  légères 
nervures  qui  partent  de  huit  pilastres  ou  gerbes  de  soutè- 
nement, et  supportent  les  armes  de  la  famille  de  Loges, 
bienfaitrice  du  monastère.  Un  bas-relief  du  treizième  siècle 
(1239)  représente  les  funérailles  du  fondateur  Gauthier  de 
Sully1,  et  diverses  statues  sont  conservées  ainsi  que  les 
pierres  tombales  de  Hugues,  seigneur  de  Couches  (1262)  et  de 
son  fils  Jean  de  Couches  (1288).  Ces  débris  archéologiques 
achèvent  de  se  détériorer  dans  la  chapelle  humide  ou  dans 
le  préau  abandonné  aux  folles  herbes,  parmi  lesquelles 
nous  recueillons,  comme  souvenir,  de  beaux  spécimens  de 
Cardamine  impatiens  L.,  à  la  porte  même  de  la  chapelle  ! 

Une  prairie  entourée  de  grands  arbres,  parmi  lesquels 
nous  remarquons  des  Vernis  du  Japon,  Ailanthus  glandu- 
losa,  s'étend  au-dessous  du  prieuré  et  aboutit  à  une  pièce 
d'eau,  au  milieu  de  laquelle  un  petit  ilôt  maçonné,  sur 
lequel  M.  Lhomme  de  Mercey,  propriétaire  de  céans, 
sculpteur  autunois  et  non  sans  mérite,  avait  érigé  une  de 
ses  œuvres,  la  statue  en  marbre  blanc  de  Circé.  Il  en  a 
fait  don  à  la  Société  Éduenne,  lors  de  la  vente  de  sa  pro- 
priété à  M.  le  marquis  de  Mac  Mahon  en  1 885 2,  et  ce  n'est 
pas  sans  peine  que  cette  lourde  masse  a  pu  être  enlevée 
et  transportée  à  Autun  où  elle  orne  actuellement  la  cour 
de  l'hôtel  Rolin3.  Les  Saules  pleureurs  qui  restent  encore 


1.  Comptes  rendus  des  travaux  de  la  Soc.  Éduenne,  I  (1836-1837),  p.  151  et  pi.  I. 

'2.  C'est  ainsi  qu'au  bout  de  six  siècles,  et  après  bien  des  vicissitudes,  la  pro- 
priété du  Val-Saint-Benoit  flt  retour  au  château  de  Sully.  À  la  fin  du  siècle 
dernier,  elle  appartenait  au  séminaire  diocésain,  et  fut  achetée,  le  H  mai  1791, 
par  Joan- Louis  Gouttes,  évéque  constitutionnel  d'Autun,  dont  M.  Anatole  de  Char* 
masse  a  écrit  l'histoire  :  Mémoires  de  la  Société  Éduenne,  nouvelle  série,  XXIII 
(1895),  p.  470,  et  XXV  (1897),  p.  129.  M.  Lhomme  de  Mercey  ne  l'avait  acquise 
qu'en  janvier  1855. 

3.  Voyez  la  notice  publiée  sur  cette  statue  par  M.  J.-Q.  Bulliot  dans  les 
Mémoires  de  la  Société  Éduenne,  nouvelle  série,  XVI  (1888),  p.  397,  et,  du  mémo 
auteur,  la  biographie  de  M.  Guy-Bernard  Lhomme  de  Mercey,  ibid.,  XX  H 892), 
p.  161,  avec  une  phototypie  de  la  statue. 


—  296  — 

semblent  regretter  le  départ  de  leur  compagne,  en  inclinant 
leurs  rameaux  sur  les  eaux  sombres  qu'égayent  cependant 
les  blanches  corolles  du  Lis  des  eaux,  Nymph&a  alba%  les 
épis  roses  du  Polygonum  amphibium  et  les  fleurs  dfor  de 
Y  Iris  pseudo-acorus.  Sur  les  bords,  l'Herbe  aux  écus,  Lisy- 
machia  nummularia,  cache  à  demi  dans  l'herbe  ses  fleurs 
jaunes  à  odeur  prononcée  d'abricot,  et  dans  le  gazon  le 
Géranium  pyrenaicum,  plante  adventice  indigène,  semble 
complètement  naturalisé.  Le  Sureau  à  grappes,  Satnbucus 
racemosa,  la  Digitale  à  petites  fleurs,  Digitalis  lutea,  etc., 
croissent  au  bord  du  bois,  où  son  odeur  fétide  nous  fait 
trouver  sans  peine  un  curieux  Champignon,  le  Satyre  ou 
Phallus  impudicus.  Du  reste  l'humidité  du  sol  et  la  variété 
des  essences  forestières  font  des  bois  du  Val-Saint-Benoit 
une  excellente  localité  mycologique,  et  notre  collègue 
M.  R.  Bigeard,  qui  les  a  souvent  explorés,  depuis  Épinac,  a 
publié  à  plusieurs  reprises  dans  les  Bulletins  de  la  Société 
des  sciences  naturelles  de  Saône-et-Loire,  à  Chalon-sur- 
Saône,  les  listes  des  Champignons  récoltés  par  lui.  La  sai- 
son d'été  ne  nous  ayant  permis  que  d'en  retrouver  quelques 
espèces  seulement,  nous  reproduirons  à  titre  de  document 
utile,  à  la  fin  de  ce  compte  rendu,  l'énumération  complète 
et  méthodique  des  espèces  de  Champignons  signalées  par 
M.  Bigeard. 

Nous  suivons  la  route  forestière  de  la  forêt  des  Battées 
qui  tend  vers  Creusefond,  en  longeant  le  flanc  de  la  mon- 
tagne, et  tout  à  coup,  sur  notre  droite,  nous  voyons  se  dresser 
en  plein  bois  les  ruines  d'une  énorme  tour  carrée,  dite 
tour  de  Grosme,  au  centre  de  laquelle  a  poussé  un  Hêtre, 
dont  les  dimensions  (quatre  mètres  de  circonférence)  attes- 
tent Tâge  et  par  conséquent  la  destruction  déjà  bien  ancienne 
du  château  de  Grosme,  sur  lequel  on  a  fort  peu  de  rensei- 
gnements. On  a  prétendu  qu'il  aurait  été  bâti  au  quatorzième 
siècle  par  les  sires  de  la  Roche-Milay,  avec  l'assentiment 
des  ducs  de  Bourgogne  qui  en  conservaient  la  suzeraineté. 


—  297  — 

La  date  exacte  de  sa  construction  est  inconnue.  Les  seuls 
documents  précis  que  nous  ayons  pu  retrouver,  grâce  à 
l'obligeante  indication  de  M.  Anatole  de  Charmasse,  sont 
les  suivants  :  En  1521,  Perrin  de  Montjeu  et  Jehan  d'An- 
tully,  son  beau-frère,  sont  pris  pour  arbitres  par  Jehan  Le 
Roux,  seigneur  de  Sussy,  et  Girard  de  Chatillon,  seigneur 
de  la  Roche-Milay,  qui  se  disputaient  la  seigneurie  de 
Grôme { ;  et  plus  tard,  par  acte  du  mois  de  novembre  1360, 
Renaud  Maubernard,  évêque  d'Autun,  céda  à  Philippe  de 
Rouvre,  duc  de  Bourgogne,  les  droits  qu'il  possédait  sur 
Glenne  et  Flavigny  en  échange  de  la  châtellenie  de  Luce- 
nay-en-Duesmois  et  de  la  seigneurie  de  Grosme,  y  compris 
domum  fortem  de  Grôme  2.  A  en  juger  par  le  reste  des  tours, 
et  son  vaste  périmètre  délimité  par  des  murs  et  des  fossés 
encore  reconnaissables,  le  château  de  Grosme  devait  être 
fort  important.  Mais  sa  dévastation  a  été  complète,  bien 
avant  la  Révolution,  et  son  enceinte  disparait  aujourd'hui 
sous  un  vert  et  dense  tapis  de  Pervenches,  Vinca  minor, 
agrémenté  de  quelques  espèces  silvatiques  :  Asperula  odo- 
rata,  Campanula  Trachelium,  Primula  elatior,  Galeobdolon 
luteum,  Euphorbia  silvatica,  Car  ex  silvatica,  Milium  effuswn, 
Melica  uniflora,  Poa  sudetica,  etc. 

La  montagne  de  Grosme  fait  partie  de  la  bordure  méri- 
dionale du  bassin  houiller  d'Autun,  et  de  nombreux  puits 
actuellement  fermés  attestent  les  tentatives  faites  pour  y 
retrouver  les  couches  de  charbon.  En  effet,  depuis  le  Val 
jusqu'à  Creusefond,  sur  la  limite  sud  du  bassin  houiller, 
on  avait  observé  à  la  surface  du  sol  des  affleurements  de 
veines  minces  de  houille  se  suivant  assez  régulièrement. 
Là,  ont  été  faites,  dans  l'intervalle  de  1832  à  1838,  sur  les 
têtes  de  ces  veines,  un  grand  nombre  de  recherches  dont 
la  plupart  ne  donnèrent  pas  de  résultats  bien  décisifs  et 


1.  Mém.  de  la  Soc.  Éduennc,  nouvelle  série,  IX,   1880,  Montjeu   et  ses  Sei- 
gneurs, par  MM.  l'abbé  Doret  et  A.  de  Monard,  p.  38. 
'I.  Dom  Plancher,  Histoire  de  Bourgogne,  II,  p.  cclx. 


—  298  — 

furent  successivement  délaissées.  Les  seules  qui  méritent 
d'être  signalées  sont  celles  du  Val-Saint-Benoit  et  de  Grosme. 
Les  recherches  de  Grosme,  commencées  en  janvier  1838, 
à  travers  un  terrain  composé  de  grès  et  de  schistes 
alternatifs,  servirent  à  exploiter  une  couche  de  un  mètre 
inclinée  de  30°,  avec  pendage  au  nord-ouest,  et  composée 
d'un  charbon  très  pur  et  très  éclairant,  pour  l'exploitation 
duquel  fut  instituée  la  concession  dite  de  Sully,  par  ordon- 
nance royale  du  8  mars  1841 {.  D'autres  puits  furent  égale- 
ment foncés,  près  du  hameau  voisin  de  Marvelay,  traversant 
les  assises  inférieures  du  terrain  houiller  à  une  profondeur 
de  120  à  170  mètres.  L'extraction,  qui  s'éleva  pendant 
quelques  années  à  5,000  hectolitres  par  an  (30,000  hecto- 
litres de  1838  à  1844),  donnait  une  houille  de  bonne  qua- 
lité, préférée  même  à  celle  d'Épinac,  pour  la  cuisson  des 
tuiles  et  des  briques  ;  elle  s'allumait  facilement,  donnait  un 
feu  clair  et  procurait  un  agréable  chauffage.  On  lui  reprochait 
seulement  de  brûler  trop  vite  et  de  crasser  beaucoup  les 
conduits  de  fumée  2.  Mais  la  concession  de  Sully  fut  achetée 
le  31  août  1858  par  la  Société  des  houillères  d'Épinac, 
qui  exploita  encore,  à  Marvelay,  la  galerie  Sainte-Barbe 
de  1858  à  1860,  et  pendant  cette  période  de  temps,  l'extrac- 
tion fut  de  4,150  tonnes.  Elle  fut  définitivement  abandonnée 
le  26  avril  1860,  à  cause  de  l'épuisement  du  gite,  les  cou- 
ches rencontrées  dans  cette  partie  de  la  concession  étant 
de  faible  épaisseur  et  recoupées  par  de  nombreuses  failles. 
Les  puits  de  sondage  ou  d'extraction  sont  reconnaissables 
aux  débris  de  grès  et  de  schistes  dont  les  monticules,  ou 
cavaliers,  sont  depuis  longtemps  déjà  recouverts  d'une 
végétation  remarquable  par  la  présence  d'un  certain 
nombre  de  plantes  calcicoles,  qui  trouvent  sans  doute  dans 

1.  Études  des  gîtes  minéraux  publiées  par  les  soins  de  l'administration  des 
mines.  Mémoire  sur  les  bassins  houiller 8  de  Saône-et-Loire,  par  M.  Manès,  ingénieur 
en  chef  des  miucs.  Paris,  veuve  Dondey-Dupré,  1844,  in-4#,  173  pages,  avec  atlas. 

2.  Notice  sur  le  bassin  houiller  d'Autun,  par  A.  Guyot,  ingénieur  civil,  ex-direc- 
teur des  mines  de  Sully,  Autun,  M.  Dejussieu,  irap.,  1859,  in-8#,  24  pages. 


i-  299  — 

le  délitement  des  roches  profondes  les  éléments  calcaires 
qui  font  défaut  à  la  superficie  du  sol,  et  constituent  des 
colonies  hétérotopiques  :  Melilotus  officinalis%  Lathyrus  Nisso- 
lia,  L.  hirsutes^  Inula  Conyza,  Crépis  fœtida,  C.  pulchra,  Lac* 
tuca  Scariola,  Echium  vulgare,  etc.,  mélangés  aux  espèces 
autochtones  :  Lepidium  campestre,  Trifolium  elegans,  Epilo- 
bium  lanceolatum,  Digitalis  purpurea,  Teucrium  Scorodonia, 
Euphorbia  stricta,  Bromus  secalinus,  etc. 

Les  débris  houillère,  malgré  leur  altération,  permettent 
de  recueillir  encore  quelques  empreintes  végétales  carac- 
téristiques. Après  avoir  traversé  le  petit  village  de  Mar- 
velay,  à  moitié  inhabité,  nous  regagnons,  au  Puy,  la  route 
d'Êpinac  à  Autun,  et  y  retrouvons  nos  voitures  trop  tardi- 
vement pour  passer  par  Curgy,  dont  l'intéressante  église 
romane  et  les  carrières  de  calcaire  liasique  méritent  une 
visite,  remise  à  une  prochaine  excursion. 


NOTE  GÉOLOGIQUE 
SUR  LA  COURSE  DU  1"  JUILLET  1900 

Par  M.  le  Vu  de  Chaionon. 


En  remontant  la  Creuse  d'Auxy,  la  route  se  maintient 
clans  la  granulite  avec  quelques  affleurements  de  gneiss 
granulitique.  A  hauteur  des  premières  maisons  de  Bas- 
d'Auxy,  bel  affleurement  de  granulite  entaillée  pour  l'élar- 
gissement d'une  cour. 

Le  chemin  tourne  ensuite  au  nord-est  pour  se  diriger 
sur  Auxy  qui  repose  en  partie  sur  le  grès  bigarré  ;  nous  ne 
l'avons  pas  vu  en  place. 

En  continuant  sur  Repas,  nous  entrons  en  plein  dans  le 
Rhétien  qui  offre  un  beau  développement  dans  une  car- 
rière à  hauteur  des  premières  maisons  de  Repas.  Il  doit 
représenter  là  le  Rhétien  supérieur  ou   moyen.  C'est  un 


—  300  — 

calcaire  argilo-gréseux,  micacé,  en  bancs  bien  horizontaux. 
Certains  lits  sont  plus  argileux,  d'autres  plus  gréseux  :  il 
est  exploité  pour  chaux  hydraulique. 

L'épaisseur  visible  atteint  de  1  m.  à  1  m.  50.  Au  dessus, 
marnes  versicolores  de  peu  d'épaisseur,  mélangées  à  la  terre 
végétale.  Elles  peuvent  représenter  ce  que  M.  Pellat 
appelle  les  fausses  marnes  irisées  à  la  partie  supérieure 
du  Rhétien. 

A  la  surface  de  certains  bancs  existe  une  sorte  d'encroû- 
tement rugueux  accompagné  de  saillies  en  forme  de 
bâtonnets  de  la  grosseur  du  petit  doigt  avec  concrétions 
vermiformes  ou  en  enduit  de  carbonate  de  chaux.  Cet 
encroûtement  de  plusieurs  centimètres  d'épaisseur  est 
blanchâtre,  subcristallin  ;  il  renferme  de  la  chaux  carbo- 
natée  cristallisée,  beaucoup  de  silice  impalpable  et  un  peu 
d'argile,  ce  qui  le  rend  fusible  au  chalumeau  en  émail 
blanc;  il  en  est  de  même  pour  les  bâtonnets  dont  la  com- 
position est  identique  et  qui  font  corps  avec  l'encroûte- 
ment. Le  tout  est  légèrement  ferrugineux,  avec  nombreuses 
paillettes  de  mica  blanc. 

Dans  l'intérieur,  la  roche  est  gris  foncé,  verdâtre  ; 
l'argile  est  au  moins  en  aussi  grande  proportion  que  le 
calcaire,  peu  de  silice,  mica  en  paillettes  :  difficilement 
fusible  en  émail  brun.  Quelques  petits  lits  plus  particuliè- 
rement argileux  sont  intercalés  de  distance  en  distance. 

Aucun  fossile  n'a  été  signalé,  d'ailleurs  la  zone  moyenne 
est  peu  fossilifère. 

Jusqu'à  l'entrée  du  bois  de  Repas,  la  route  descend  dans 
cette  direction  et  doit  couper  le  Rhétien  inférieur.  Il  eût 
été  intéressant  de  s'écarter  du  chemin  et  de  rechercher 
cette  zone  si  bien  caractérisée  par  la  nature  de  son  grès 
et  de  ses  fossiles. 

A  l'entrée  du  bois,  importante  carrière  dans  le  grès 
bigarré.  L'arkose  paraît  très  silicifiée  et  offre  beaucoup 
d'analogie  avec  celle  du  plateau  d'Antully. 


—  301  - 

Nous  pénétrons  clans  le  bois  des  Buttées,  où  l'on  marche 
en  permanence  sur  le  même  grès  bigarré  ;  à  moitié  chemin 
nous  devons  couper  cependant  une  petite  langue  de  gneiss 
dirigée  est-ouest,  qui  n'affleure  pas,  ou  qui  a  passé  ina- 
perçue au  milieu  du  bois. 

Vers  ce  point,  nous  rencontrons  de  nombreux  blocs  de 
quartz  qui  jonchent  le  sol  et,  un  peu  plus  loin,  une  des 
extrémités  d'un  gros  filon  quartzeux  dont  la  longueur 
visible  est  bien  de  300  mètres.  Il  est  difficile  d'évaluer  sa 
largeur,  encadrée  qu'elle  est  d'un  côté  par  le  grès,  et  recou- 
verte en  partie  par  la  végétation.  Il  n'y  a  de  visible  que  la 
paroi  rocheuse  qui  constitue  un  dyke  épais  dirigé  nord-est 
sud-ouest  dont  on  tira  parti  jadis  pour  la  verrerie  d'Épinac. ! 

Le  filon  n'est  pas  rectiligne,  mais  décrit  une  courbe 
assez  prononcée  dont  la  concavité  regarde  le  nord-est. 

Le  contact  de  l'arkose  avec  le  filon  quartzeux  est  bien 
apparent  sur  la  bordure  de  ce  dernier,  il  y  a  mélange  de 
parties  granulaires  détritiques  empruntées  au  grès  bigarré 
et  englobées  dans  le  filon,  et  surtout  des  fragments  quart- 
zeux et  autres,  enpâtés,  qui  constituent  une  véritable  brèche. 
Il  eût  été  intéressant  de  descendre  au-dessous  de  la  paroi 
rocheuse  pour  s'assurer  si  de  ce  côté  apparaît  comme  au- 
dessus  le  grès  bigarré,  qui  serait  alors  traversé  en  entier 
par  le  filon. 

Là,  on  a  bien  affaire  à  un  quartz  filonien,  nullement  hyalin, 
contrairement  à  l'assertion  de  Manès  qui  le  considérait 
comme  du  quartz  pur,  et  qui  signale  en  outre,  près  du  Val- 
Saint-Benoit,  plusieurs  filons  minces  de  quartz  avec  fer  pero- 
xyde trop  peu  abondant  pour  être  utilisé2.  Ce  quartz  est,  au 
contraire,  blanc  laiteux,  même  jaunâtre,  faiblement  trans- 
lucide, avec  grandes  taches  rougeâtres  ou  violettes  qui  ne 
sont  pas  seulement  superficielles,  mais  pénètrent  à  l'in- 

1 .  M .  Manès,  ingénieur  en  chef  des  mines.  Mémoire  sur  les  bassins  houillère 
de  S*6ne~et-Loire,  Paris,  1844,  p.  16. 

2.  M.  Mânes,  loc.  cit. 

S.H.N.  1900.  20 


-  302  — 

térieur  :  comme  coloration,  d  ne  peut  mieux  le  comparer 
qu'à  certains  marbres  bigarrés,  brocatelles  des  Pyrénées. 

En  quittant  le  bois,  nous  marchons  pendant  quelque 
temps  sur  l'extrémité  du  filon,  dont  les  débris  jonchent  le 
chemin.  A  la  sortie  du  bois,  à  la  Forge,  ancien  puits  de 
recherche  qui  n'a  pas  amené  de  résultat,  blocs  de  grès 
disséminés.  Arrivée  à  la  Drée  qui  repose,  au  moins  super- 
ficiellement, sur  le  Pliocène  limoneux  et  le  cailloutis,  d'après 
la  carte  géologique  de  M.  Delafond.  Vraisemblablement  le 
Permien  et  peut-être  le  houiller  doivent  exister  en  pro- 
fondeur. 

Après  le  déjeuner  à  Épinac,  la  Société  repasse  à  la  Drée, 
au  sondage  de  la  Forge,  et  rentre  dans  le  bois  des  Battées 
en  se  dirigeant  sur  le  Val-Saint-Benoît.  Sur  tout  ce  par- 
cours, dans  l'intérieur  du  bois,  il  n'y  a  pas  d'affleurement  ; 
mais  des  blocs  disséminés  dans  le  talus  le  long  de  la  route 
indiquent  suffisamment  que  nous  nous  maintenons  dans  le 
grès  bigarré. 

En  descendant  le  mauvais  chemin  qui  mène  au  Val- 
Saint-Benoît,  le  grès  est  bien  visible  ;  en  avant  de  la  cha- 
pelle, une  partie  du  sol  est  formée  par  une  sorte  de  dal- 
lage naturel  de  bancs  en  place. 

A  quelques  centaines  de  mètres  de  là,  en  vue  de  la  vallée 
de  Marvelay,  puits  de  sondage  bouché,  débris  de  schistes. 
Dans  le  talus  à  côté,  fragments  de  gneiss  granulitique 
emballés  dans  les  éboulis,  mais  aucun  affleurement  en 
place  ;  ces  débris  ne  peuvent  cependant  venir  de  loin. 

On  entre  dans  le  bois  de  Grôme,  c'est  la  continuation 
de  celui  des  Battées.  Tour  de  Grôme,  entièrement  édifiée 
en  grès  arkose,  ainsi  que  ses  dépendances. 

A  la  sortie  du  bois,  la  Société  se  dirige  sur  le  cavalier 
d'un  ancien  puits  d'extraction,  au  fond  de  la  vallée  de 
Marvelay.  Quatre  ou  cinq  autres  puits  échelonnés  le  long 
de  la  vallée  étaient  également  exploités  et  le  charbon 
transporté  à  Autun. 


—  303  — 

M.  Cambray,  ingénieur  atlk  Thelots,  et  dont  la  compé- 
tence est  bien  connue,  a  bien  vite  soupçonné  que  les 
schistes  disséminés  sur  le  cavalier  sont  bitumineux  et 
appartiennent  au  Permien.  Une  analyse  faite  par  lui  ulté- 
rieurement dans  le  laboratoire,  n'a  fait  que  confirmer  cette 
appréciation. 

Le  sondage  aurait  donc  traversé  dans  la  partie  supé- 
rieure les  schistes  permiens,  recouvrant  en  profondeur  le 
permo-carbonifère  ou  le  houiller  supérieur  du  Grand- 
Molloy  h36  de  la  carte  géologique  de  M.  Delafond. 

Quelques  membres  de  la  Société,  remontant  le  flanc  de 
la  vallée,  se  dirigent  vers  le  château  du  Puy,  pour  exa- 
miner le  grès  rouge.  C'est  le  niveau  le  plus  élevé  du 
Permien  dans  le  bassin  d'Autun. 

Il  est  représenté  dans  la  région  par  une  formation  de 
grès  et  d'argiles  colorés  généralement  en  rouge  ou  rouge 
brun.  Us  ne  sont  pas  aussi  bien  caractérisés  que  dans 
d'autres  localités,  où  les  grès  offrent  une  texture  massive 
et  peuvent  se  débiter  en  moellons.  Ici  la  roche  est  désa- 
grégée, meuble,  et  en  grande  partie  détritique;  aussi 
est-elle  exploitée  pour  tuileries  dans  de  nombreuses  car- 
rières. 

Mais  l'heure  du  retour,  déjà  très  avancée,  ne  nous  permit 
pas  d'aller  jusque-là. 

En  descendant  sur  Creusefond,  bel  affleurement  de  grès 
et  poudingues  sur  le  bord  de  la  route.  Le  pendage  des 
couches  est  dirigé  de  l'ouest  à  Test  en  sens  opposé  à  la 
pente  de  la  route.  Cette  formation  peut  avoir  de  12  à 
15  mètres  d'épaisseur.  Elle  disparaît  brusquement  à  hau- 
teur du  village,  qui  occupe  le  fond  de  la  vallée.  On  peut 
supposer  en  ce  point  l'existence  d'une  faille,  ou  la  dispa- 
rition par  dénudation  du  prolongement  des  couches. 

Il  est  difficile  d'émettre  une  opinion  sur  le  rapport  qui 
peut  exister  entre  ces  grès  et  poudingues  et  le  petit  bassin 
de  Marvelay  qui  en  est  déjà  à  une  certaine  distance. 


—  304  — 

Dans  une  notice  sur  le  bassin  houiller  d'Autun,  publiée 
en  1859  par  M.  Guyot,  ingénieur  civil,  il  est  fait  mention, 
pour  le  petit  bassin  de  Marvelay,  d'un  pendage  différent  de 
celui  affectant  l'ensemble  des  couches  du  bassin  autunois, 
qui  ont  leur  inclinaison  dirigée  vers  le  centre.  Celles  de 
Marvelay  inclineraient  au  sud-est.  Les  grès  et  poudingues 
si  bien  visibles,  développés  sur  la  route,  constitueraient 
peut-être  de  ce  côté  la  bordure  la  plus  extérieure  de  son 
bassin  ;  et  l'ablation  de  ces  mêmes  grès,  à  hauteur  de 
Creusefond,  serait  le  résultat  d'une  faille. 


LISTE  DES  CHAMPIGNONS 

Récoltés,  de  189k  A  1900,  au  VaUSaint-Benolt  et  à  ta  Drêe  près  d'Épinac 

bois  de  sapins,  bois  de  chênes  et  prairies, 
par  M.   R.  BIGEARD,  instituteur  en  retraite. l 


Amanita  bulbosa,  2  novembre. 

—  muscaria,  13  octob.,  2  nov. 

—  pantherina,  12  septembre, 

13  octobre. 

—  uenenosa,  13  octobre. 

—  rubescertSy  1 3  octobre,  2  no- 

vembre. 

—  vaginata,  13  octobre. 
Lepiota  excoriata,  15  septembre. 

—  procera,  13  octobre. 

—  clypeolaria,  7,  16  septem- 

bre, sous  les  sapins. 

—  naucina,  13  octobre. 

—  granulosa,  1 3  octobre,  2  no- 

vembre. 

—  carcharias,  13,  31  octobre, 

sous  les  sapins. 


Lepiota  amiantina,  2  novembre, 
sous  les  sapins. 

Armillaria  mellea,  13  octobre. 

Tricholoma  rutilans,  7  septem- 
bre, 13  octobre,  sous  les 
sapins. 

Tricholomanudum,  2  novembre, 
sous  les  sapins. 

—  personatum,  13  octobre, 

sous  les  sapins. 

—  sordidum,  5  novembre. 

—  colombetta,  2  octobre. 

—  spermaticum,  19  septemb. 

—  acerbum,  2  novembre. 

—  fulvum,  16,  21  septembre. 

—  saponacetim,  19  septembre. 

—  melaleucum,  2  novembre. 


1.  Les  espèces  marquées  d'un  astérisque  no  se  trouvent  pas  dans  lo  Catalogue 
raisonné  des  Champignons  supérieurs  (Hymènomycètes)  de  Saônc*et-Loire%  de 
MM.  Gillot  et  Lucand  (1891).  Les  espèces  marquées  de  deux  astérisques  manquent 
également  à  la  Flore  des  Champignons  supérieurs  du  département  de  Saône-et- 
Loire  de  MM.  Bigeard  et  Jacquin  (1898).  La  nomenclature  adoptée  est  celle  de 
Fries  :  Hymènomycètes  Europœi  (1874). 


—  305  — 


Tricholomaterreum,  13  octobre, 
sous  les  sapins,  prairies. 

*  —    ectypum,  16  septembre,  la 

Drée,  prairies. 
Clitocybe  infundibuliformis ,  7 
septembre,  13  octobre. 

*  —    tuba,  10  septembre,  Val- 

Saint-Benoit. 

—  nebularis,  31  octobre,  sous 

les  sapins. 

*  —    gymnopodia,  10  septemb. 

—  catina,  13  octobre. 

—  laccata,  19  août,  13  octobre. 

—  amethystina,  13  octobre. 

—  tornata,  13  octobre. 

—  phyllophila,  13  octobre. 

—  dcaJ6ata,7  septembre,  13  oc- 

tobre. 

—  cerussafa,  2  novembre. 

—  expallens,  13  octobre. 

—  cyathiformis,  13  octobre, 

2  novembre. 

—  diatreta,  13  octobre. 

—  brumalis,  13,  31  octobre, 

sous  les  sapins. 

—  orbiformis,  31  octobre. 

*  —    obolusy  13,  31  octobre. 
Hygrophorus  eburneus,  19  sep- 
tembre, 13  octobre. 

aureus,  11  novembre. 
hypothejus,  2   novembre, 
sous  les  sapins. 

■  virgineus,  2  novembre. 

■  nemoreus,  1 3  octobre ,  2  no- 
vembre,  sous  les  sapins. 

•    psittacinus,  2  novembre. 

-  conicuSy  13  octobre,  2  no- 
vembre. 

-  nitratus,    14    septembre, 
Val-St-Benoît,  prairies. 

■  coccineus,  2  novembre. 


** 


Hygrophorus  chlorophanus,  13, 

31  octobre. 
Collybia  maculât  a,  31  octobre, 

sous  les  sapins. 

—  distorta,    14    septembre, 

sous  les  sapins. 

—  but  yracea,  13  octobre,  2  no- 

vembre. 

—  radicata,7  septembre,  13  oc- 

tobre. 

—  longipes,  2  novembre. 

—  fusipes,  19  août. 

—  cirrala,  19  septembre,  13  oc- 

tobre. 

—  conigena,  13,  31  octobre, 

2  novembre, sur  les  cônes 
de  sapins. 

—  dryophila,  31  octobre,  2, 

7  novembre. 

—  rancida,  31  octobre. 
MycenavulgariSj  13,  31  octobre, 

sous  les  sapins. 

—  epipterygia,  7  septembre, 

13,  31  octobre. 

—  rugosa,  13  octobre. 

—  parabolica,  1 3  octobre,  2  no- 

vembre. 

—  galericulata,  7  septembre, 

13  octobre. 

—  filopes,  13  octob.,  2  nov. 

*  —    elegans,  13  octobre,  2  no- 

vembre. 

—  corticola,  2  novembre. 

—  hiemalis,  13  octobre. 

—  pura,  13, 31  octobre. 

—  Adonis,  13  octobre. 

*  —    ammoniaca,  2  novembre. 

*  —    stannea,   2,  7   novembre, 

pâturages. 

*  —    vitrea,  13  octobre,  2  no- 

vembre, pâturages. 


—  306  - 


Omphaliaumbellifera,  13  octob., 
2  novemb. ,  sous  une  haie. 

—  fibula,  13  octobre. 
Pleurotus  olearius,  19,  30  août. 
Lactarius  deliciosus,  13  octobre, 

sous  les  sapins. 

—  acris,  1 9  août,  7  septembre. 

—  vietus,  13  octobre,  2  nov. 

—  blennius,  19  septembre. 

—  musteus,  7  septembre. 

—  piperatus,   1er  juillet,   19 

août. 

—  vellereus,  13  octobre. 

—  controversus,  13  octobre. 

—  torminosus,  13  octobre. 

—  pyrogalus,  7  septembre, 

—  glyciosmuSj  13, 14  octobre. 

—  camphoratus,  13  octobre. 

—  volemus,  19  août. 

—  subdulcis,  13  octobre. 
Russulanigricans,  19  septembre. 

—  delica,  7  septembre,  13  oct. 

—  lepida,  1er  juillet,  19  août. 

—  intégra,  31  août,  7  sept. 

—  a/utacea,    12    septembre, 

13  octobre. 

—  chamaeleontina,  2  novemb. 
— »    sanguînea,  13  octobre. 

—  rubra,  19  août,   21    sep- 

tembre. 

—  sardonia,  1er  septembre. 

*  —    fallax,  13  novembre. 

*  —    purpurea  Gillet,  19  août, 

13  octobre,  sous  les  sa- 
pins. 

—  violacea  Quélet,  7  sept. 
M  —    cyanoxantha,  19  juin. 

*  —    lilacea  Quélet,  13  octobre. 

*  —    xerampeZina,  2  novembre, 

sous  les  sapins. 

—  fœtens,  19  août. 


*Russula  fellea,  7  septembre. 

*  —    rainda,  19  août. 

—  virescens,  1er  juillet. 

—  consobrina,  16P  juillet. 
Marasmius  prasiosmtis,  31  oc- 
tobre, 2  novembre. 

—  oreades,  mai. 

—  androsaceus,  13  octobre. 

—  epiphyllus,  19  août. 

—  rameah's,  2  novembre. 

*  —    scorodonius,  14  septembre, 

au  pont  de  la  Drée. 
Lentinus  tigrinus,  13  octobre. 
Volvaria  paruu/a,  14  octobre. 
Pluteus  cervinus,  19  septembre. 
Entoloma  sericeum,  13  octobre. 

—  nidorosum,  13  octobre. 
Clitopilus  orcella,  7  septembre, 

13  octobre. 
Leptonia  sethiops,  14  septembre, 
prairies. 

—  lampropa,  14  septembre. 

—  chalybœa,    14   septembre, 

Val-Saint-Benoît,   prai- 
ries. 
Nolanea  pascua,   7   septembre, 
2  novembre. 

*  —    proletaria,  2  novembre. 
Claudopusvariabilis,  13  ootobre, 

2  novembre. 
Pholiota  unicolor,  13  octobre, 
2  novembre. 

—  mustelina,  13,  31  octobre, 

sous  les  sapins. 
Cortinarius  mucifiuus,  2  nov. 

—  delibutus,  13  octobre,    2 

novembre. 

*  —    Kiederi,19  septembre,  2  no- 

vembre. 

—  multiformis,  13  ootobre. 

*  —    prasinus,  19  septembre. 


-  307  — 


Cortinarius  glaucopus,  19  sept. 

—  purpurascensj septembre, 

13  octobre. 

—  caerulescens,  19  septembre. 

*  —    triumphans,  2  novembre. 

—  decoloratus,  2  novembre. 

—  ochroleucus,  13  octobre. 

—  anomalus,  19  septembre. 

—  raphanoides,  2  novembre. 

—  cinnamomeus,  13  octobre. 

—  scutulatus,  13  octobre. 

—  paleaceuSj  31  octobre. 

—  incisus,  2  novembre. 

—  armeniacus,  2  novembre. 

—  castaneus,    14   septembre, 

13  octobre. 

—  erythrinus,  31  octobre. 

—  decipiens,  2  novembre. 
Inocybe  obscura,  13  octobre. 

—  Jacera,  13  octobre. 

*  —    perbrevis,  19  août. 

—  rimosa,  2  novembre. 

—  fastigiata,  19  août. 

—  descissa,l9août,13octobre. 

—  lucifuga,  13  octobre. 

—  geophila  Bull.  var.  alba, 

7  septembre. 

*  —       —    var.  lilacina,  7  sept. 

*  —    scabella,  2  novembre. 

—  peliginosa,  13  octobre. 
Hebeloma   mesophœum,  13  oc- 
tobre, sous  les  sapins. 

—  crustulini forme,  13  oct. 

—  sinapizans,  13  octobre. 

—  Jongicaudum,7septembre. 
Flammulagummosa,  13  octobre. 
Naucoriamelinoides,  13  octobre. 
GaJera  ienera,  13  octobre,  2  no- 
vembre. 

*  —    apaia,  10  septembre,  prés 

du  Val-Saint-Benoît. 


Galera  sphagnorum,  14  sept. 
Tubaria  pellucida,  3  novembre. 

—  furfuracea,  14  septembre. 
Paxillus  involutus,  7  septembre, 

13  octobre. 
Pratella  cretacea,  13  octobre. 

—  campestris,  13  octobre. 

** —  /ia?morroïdarta,19  septem- 
bre, sous  les  sapins. 

Stropharia  œruginosa,  19, 27  sep- 
tembre, 13  octobre. 

—  stercoraria,  13  octobre. 

—  coronilla,  13  octobre. 
Hypholomaappendiculatum,  19 

août,  13  octobre. 

—  subiateri(ium,2novembre. 

—  fasciculare,  19  août,  2  no- 

vembre. 
*Psilocybe  ericœa,  13  octobre. 
Psathyra  gyroflexa,  2  novembre. 

—  conopilea,  2  novembre. 

—  corrugis,  10  septembre. 
Gomphidius  glutinosus,  7  sep- 
tembre, 13  octobre,  sous 
les  sapins. 

—  viscidus,    10  septembre, 

sous  les  sapins. 
Panasolus  sphinctrinus,  13  oct. 

—  retirugis,  7  septembre. 

—  campanulatus,ll  novemb. 
Psathyrella  gracilis,  11  novemb. 
Coprinus  comatus,  13  octobre. 

—  atramentarius,  13  octobre. 

—  lagopus,  20  sept.,  13  oct. 

—  micaceus,  2  novembre. 
Cantharellus  cibarius,  2  novemb. 

—  auranhacus,13,31  octobre, 

sous  les  sapins. 

—  infundibuliformis,  2  nov. 
Craterellus  cornucopioides,   13 

novembre. 


—  308  — 


Craterellus  sinuosus,  13  novemb. 

Boletus  flavus,  9  septembre,  31 

octobre,  sous  les  sapins. 

—  luteus,  13, 31  octobre,  sous 

les  sapins. 

—  rufus,  19  septembre. 

—  scaber,  19  août. 

—  aurantiacus,  13  octobre. 

—  badius,  13, 31  octobre,  sous 

les  sapins. 

—  bovinus,  7  septembre,  sous 

les  sapins. 

—  granulatus,    13    octobre, 

sous  les  sapins. 
*  —    versicolor,  19  septembre. 

—  chrysenteron,  31  octobre. 
Fistulinahepatica,  16  septembre. 
Polyporus  tomentosus,  été,  au- 
tomne (Dr  Carion). 

Cladomeris  sulfurea,  27  sept. 
Fomes  nigricans,  30  mai. 

—  pomaceus,  30  mai. 

** Polystictus  lacteus,  31  octobre. 
Porta  sinuosa,  23  juillet,   sep- 
tembre. 

—  obduccnSy  22  septembre. 
Dxdalea  unicolor,  10  septembre. 
Hydnum  repandum,  13  octobre. 

—  rufescens,  13  octobre. 

—  zonatum,  2  novembre. 

—  auriscalpum,  31    octobre, 

sur  les  cônes  de  sapins. 

Sistotrema  confluens,  2  novem- 
bre, sous  les  sapins. 

Irpex  furco-violaceus,  16  sep- 
tembre, sous  les  sapins. 

Thelephora  palmata,  2  novemb. 

—  laciniata,  16  septembre. 
Stereum  hirsutum,  2  novembre. 


Stereum  purpureum,  2  novemb. 
Corticium  lacteum,  31  août. 

—  quercinum,  2  novembre. 
Clavaria  Botrytis,  7  septembre. 

—  flava,  13  octobre. 

—  cinerea,  13  oct., 2  nov. 

—  cristata,  2  novembre. 

—  rugosa,  2  novembre. 

—  stricta,  10  septembre. 

*  —    flaccida,  2  novembre,  bois 

de  chênes. 

—  pistillaris,  13  novembre, 

sous  les  sapins. 

—  inœqualis,  2  novembre,  pâ- 

tures. 

Phallus  impudicus,  1er  juillet, 
1er  septembre. 

*Bovista  defossa,  14  septembre, 
Epinac,  hameau  de  la 
Forge,  pelouse,  près  d'un 
puits  de  mine  abandonné. 

'Lycoperdon  gemmatum,  13  oc- 
tobre. 

*  —    piri forme,  13  octobre. 

*  —    praten&e,  13  octobre. 
*Scleroderma  vu/gare,  13  octobre. 

*  —    verrucosum,  2  novembre. 
**Helvella  fallax  Quélet,  2  nov., 

sous  les  sapins. 
*Leotia  lubrica,  2  novembre. 

*  Spathularia  flavida,  10  septem- 

bre,  Val  -  Saint  -  Benoît , 

sous  les  sapins. 
*Aleuria  onotica,  16  septembre, 

Val-Saint-Benoît ,    sous 

les  sapins. 
Mrcynapunicea,  16  septembre, 

à  terre,  sur  les  brindilles 

de  sapins. 


■SB-h- 


INDEX  ANALYTIQUE 


DES 


PROCÈS-VERBAUX  ET  DES  EXCURSIONS 


DE  L'ANNÉE  1900 


Pages. 

Adventices  (à  propos  de)..  143 

Allium  Porrum 38 

Amaurops  dentatithorax. .     25 

Amibes  (les) 148 

Anaspis  brumanensis  ....     28 
Anthracomycetes  Rochei. .   171 

Archaeopteryx 32 

—  lithographica    34 

Arthroon  Rochei 172 

Arthropitus 237 

Asplenium  germanicum. .  253 

Assuanensius  n.  g 29 

Auxy  (excursion) 291 

Bactériacées  fossiles 127 

Bagous  pallidipes 30 

Bagous  robustior 29 

Barbarea  vulgaris 49 

Baridius  (Baris)  Berthieri.  29 

Battées  (bois  des) 301 

Basset  (C.) 273 

Belette  hermine 23 

Bidault  (Dr) 232 

Bigeard(R.).  6,  266,  296,  304 

Boise  (Ch. -Paul-Constant)  18 
Borgy  (carrières  de  gypse) 

285,  289 


Pages. 

Brongniart  (Charles) 12 

Bruchus  Millingeni 31 

Bruchus  spiniger  var.  ru- 

brithorax 31 

Bulliot 178 

Calluna  vulgaris 72 

Cardot  (Jules) 20 

Carotte  anthropomorphe..  241 

Caulinia  fragilis 246 

Cécidies 216 

Cellule  (la) 148 

Gentaurea  serotina 70 

Centranthus  Oilloti 134 

Champignons  de  Saône-et- 

Loire 266 

ChampignonsduVal-Saint- 

Benoît 296,  304 

Champignons  vénéneux  . .  256 
Chaignon  (V»  IL  de)  5,61, 

136,  191,  220,  273,  287,  299 
Château  (E.)....   143,  216, 

241,  243    244,247,  273 
Chemin  de  fer  de  Montceau- 

les-Mines  à   la  Guiche 

(profil  géologique) 220 

Oolchicum  autumnale. ...     44 


—  310  - 


Pages. 

Coléoptères  nouveaux  ou 
rares  pour  le  département  199 

Gourant  atmosphérique 
tempéré 249 

Gouttolenc  (Léon-Gilbert).     14 

Creusefond  (excursion)...  303 

Danacœa  Lysholmi 27 

Devilerdeau 179 

Dezize  (excursion) 286 

Diard  (Dr) 79,  148 

Diluvium  du  Soissonnais.  189 

Dirand 180 

Dolmen  de  Ohanteillou. . .  284 

—      de  Cublanc 283 

Dupré  (Albert) 13 

Empoisonnement  par  les 
Champignons 256 

Euconnus  (Euconnus)  se- 
gyptiacus 26 

Euconnus  (Napochus)  jor- 
danensis 26 

Filon  quartzeux  de  Mont- 
jeu 136 

Filosité  des  pommesde  terre  145 

Flore  du  canal  de  Roanne 
à  Digoin 244 

Forge  ou  des  Battées  (bois 
de  la) 292,  301 

Franchet  (Adrien,  notice 
biographique) 89 

Franchet  (énumération  de 
ses  travaux) 110 

Gagnepain  (F.) 37,  67 

Gaudry  (Albert) 125,  170 

Gautron  du  Coudray  (V").  62 

Geum  Billieti 133 


Pages. 

Gillot(D').  1,120,129,177, 

199,240,  251,  256 

Goublet 171 

Gravillon  (Arthur  de). . . .  8 

Grenouille  à  cinq  pattes. .  142 

Grosme  (tour  de) 296 

Gueneau 285 

Gymnigritella  Girodi 1 34 

Helops   (Raiboscelis)   ico- 

niensis 31 

Herbier    mycologique    du 

Df  Gillot 120 

Hirondelles  et  Punaises.. .  23 

Houx  de  Champ-Chanoux.  291 

Hua  (Henri) 89 

Hybrides   et   métis  de   la 

flore  française 129 

Jeannet 21 

Lacatte  (Jules) 9 

Lampsana  vulgaris 67 

Langeron  (Maurice) 62 

Lepidium  Draba 277 

—        Smithii 254 

Leptomastax  latipennis. ..  32 

Lilas  commun  (tératologie)  140 

Madru  (Alfred-J.-B.) 15 

Marchai  (O.) 145,  233 

Marcigny  (concours  agri- 
cole)   208 

Marvelay  (excursion).  291, 

298,  302 

Maupoil  (E) 285 

Menni  (Giovanni) 13 

Mespilus  Smithii 136 

Milne-Edwards(A.)21,58,  232 
Mirage  dans  la  prairie  de 

Saint-Jean-des- Vignes .  229 


—  311  — 


Pages. 

Mordellistena  palaestina..  27 
Montessus  (Dr  P.  B.  de).  7,  57 
Mustela  candida 23 

Naudin  (Ch.) 7 

Noiron  (Armand-Bertrand 
de) 19 

Onothera  biennis 43 

Orchis  alata 135 

Ormezzano  (Q.)..  22,140, 

208,  241 

Papyrus  et  ses  usages. ...     79 
Pèche  commune  monstru- 
euse   240 

Périer 176 

Pérot  (Francis) 249 

Philibert  (Joseph) 7 

Phleum  pratense 39 

Pic  (Maurice) 25,  199 

Plantago  lanceolata 43 

Plantains  (phyllodie) 241 

Plantes  rares  ou  nouvelles 

de  Saône-et-Loire 251 

Plésiosaures 184 

Poissons  secondaires 187 

Pommes  de  terre  (Pilosité 

des) 145 

Pommes  de  terre  folles. . .  243 
Potamogeton  acutifolius..  246 

Primula  média 136,251 

Pteris  aquilina  var.  abbre- 

viata 22 

Ptérodactyle 32 

Pterodactylus  spectabilis  •     36 

Quincy  (Charles) 229 


Pages. 

Ranunculus  bulbosus.  40,  41 

Râteau  (Auguste) 13 

Renault  (B.).  58,  124,127, 

171,  173,  182,  237 

Repas  (excursion)...  292,  299 
Roche  (A.)....  5,  32,  122, 

171,  179,  182,  184 

Salix  aurita 73,  74 

Santenay  (excursion) 276 

—  (fontaine  salée).  278 

—  (géologie) 287 

—  (source  Carnot).  277 

—  (source  Lithium)  277 
Scleranthus  intermedius. .  134 

Silex  taillés  d'Ouargla 272 

Sinapis  arvensis 53 

Sisymbrium  Alliaria 52 

—           officinale. ...  53 

Sphaignes  du  Morvan. ...  63 

Stellaria  Holostea 37 

Téléosaures 184,  186 

Tératologie  végétale. .  37, 

67,  140,  240 

Tilleul  d'Auxy 292 

Tragopogon  pratensis ....  68 

Trèfle  de  Pan  non  ie 247 

Tulipa  Gesneriana 47 

—      silvestris 45 

Valeriana  dioïca 41 

Valerianella  olitoria 44 

Val-Saint-Benoît   (excur- 
sion)  291,  293,  302 

Viard 180 

Vilmorin  (H.  Levôque  de)  15 

Viola  tricolor var.  arvensis  39 


© 


TABLE 


DBS 


SÉANCES  DE  L'ANNÉE  1900 


■•o«- 


Séance  du  25  février  1900. 

Pages. 

Rapport  annuel  par  M.  le  Dr  Gillot,  vice-président 1 

Compte  rendu  annuel  du  trésorier 21 

Notes  de  M.  Q.  Ormezzano  : 

1°  Pteris  aquilina  var.  abbreviata  Gillot 22 

2°  Belette  hermine 23 

3°  Hirondelles  et  Punaises 23 

Diagnoses  de  Coléoptères  d'Orient  récoltés  en  1899,  par  Mau- 
rice Pic 25 

Archaeoptéryx  et  Ptérodactyle  par  A.  Roche 33 

Nouvelles  notes  de  tératologie  végétale  par  F.  Gagnepain  ....  37 
Réception  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  Xavier  de 
Baumont,  Paul  Collette,  d'Estival,  Clément  Driotton,  Jules 

Maréchal,  Moriot,  Nulet,  Emile  Pidaut,  Dr  Rochet 55 

Dons  et  envois  faits  à  la  Société 56 

Don  du  portrait  de  M.  le  Dr  F.  B.  de  Montessus 57 

Séance  du  22  avril  1900. 

Décès  de  M.  Alphonse  Milne-Edwards,  président  d'honneur  . .  58 

Séance  levée  en  signe  de  deuil 60 

Séance  du  29  avril  1900. 

Réception  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  Louis  Fran- 

chet,  E.  Prisse  d'Avesnes,  Louis  Vergniaud 61 

M.  H.  de  Chaignon  nommé  membre  bienfaiteur 61 

M.  Maurice  Langeron  annonce  un  mémoire  sur  la  flore  fossile 

de  Sézanne 62 

Les*  Sphaignes  du  Morvan,  par  M.  Gautron  du  Coudray 63 


—  313  — 

Pages. 
Nouvelles  Notes  de  tératologie  végétale,  par  F.  Gagnepain 

(suite) 67 

Le  Papyrus  et  ses  usages,  par  le  Dr  Diard 79 

La  vie  et  les  travaux  de  A.  Franchet,  par  Henri  Hua 89 

Énumération  des  travaux  scientifiques  de  A.  Franchet  (1857- 

1900) 410 

Dons  et  envois 119 

Herbier  mycologique  du  Dr  Gillot 120 

Collections  paléontologiques  de  M.  A.  Roohe 122 

Nouvelles  publications  de  M.  B.  Renault 123 

Correspondance 124 

Conférence  de  M.  B.  Renault  sur  les  Tourbes  et  les  Houilles. .  124 

Séance  du  8  juillet  1900. 

Nomination  de  M.  le  professeur  Albert  Gaudry  comme  Prési- 
dent d'honneur 125 

Réception  comme   membre  d'honneur  de  M.  Henri   Filhol, 

professeur  d'anatomie  comparée  au  Muséum 126 

Réception  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  Chevalier,  Creu- 
sevault,  lieutenant-colonel  Gillot,  Louvernier,  J.  Paillard, 

Roidot-Errard,  Sirdey 126 

Nominations  de  M.  le  Dp  Gillot  comme  officier  d'Instruction 

publique  et  de  M.  L.  Fauconnet  comme  officier  d'Académie.    126 
Sur   la  diversité    du  travail   des    Bactériacées    fossiles    par 

B.  Renault 127 

Les  Hybrides  et  les  Métis  de  la  flore  française,  par  le  Dr  X. 

Gillot 129 

Sur  l'allure  du  filon  quartzeux  de  Montjeu,  par  le  Vte  H.  de 

Chaignon 136 

Cas  tératologiques,  par  Q.  Ormezzano  : 

1°  Éversion  biologique  du  lilas  commun 140 

2°  Grenouille  à  cinq  pattes 142 

A  propos  de  plantes  adventices,  par  E.  Château 143 

La  filosité  des  pommes  de  terre,  par  C.  Marchal 145 

La  Cellule.  —  Les  Amibes,  par  le  Dr  Diard 148 

Lettre  de  M.  Albert  Gaudry 170 

M.  Goublet,  rédacteur  au  ministère  de  L'Instruction  publique, 

nommé  membre  correspondant 171 

Dons  ^t  envois 171 

Surveillance  du  Musée  confiée  à  un  agent  municipal 172 


—  314  — 


Réunion  du  30  septembre  1900. 

Pages. 

Déjeuner  à  l'hôtel  Saint-Louis 172 

Toast  de  M.  B.  Renault 173 

Réponse  de  M.  Périer,  maire  d'Autun 176 

Toast  du  Dr  Gillot 177 

Réponse  de  M.  Bulliot 178 

Toast  de  M.  A.  Roche 179 

Toast  de  M.  Jules  Devilerdeau 179 

Toast  de  M.  Dirand,  adjoint 180 

Toast  de  M.  Viard,  adjoint 180 

Séance  du  30  septembre  1900. 

Réception  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  abbé  Bonnin, 

Braudey,  Louis  Dessertenne,  Morel,  Dr  Perraudin,  A.  Petit  181 
M.  le  Dr  Bornet,  membre  de  l'Institut,  nommé  membre  d'hon- 
neur   182 

Inauguration  de  la  salle  Roche;  allocution  de  M.  B.  Renault..  182 

Plésiosaures  et  Téléosaures,  par  A.  Roche 184 

Note  sur  les  Poissons  secondaires,  par  A.  Roche 187 

Note  sur  le  Diluvium  du  Soissonnais,  par  A.  Roche 189 

Collections  minéralogiques  de  M.  le  Ve  H.  de  Chaignon.     191,  192 

Herbiers  de  M.  le  Dr  Gillot 198 

Liste  de  Coléoptères  rares  ou  nouveaux  pour  le  département, 

par  M.  Maurice  Pic 199 

Les  sciences  naturelles  au  concours  agricole  et  viticole  de  Mar- 

cigny,  par  Q.  Ormezzano 208 

Profil  géologique  du  chemin  de  fer  de  Montceau-les-Mines  à 

la  Guiche,  par  le  Vte  II.  de  Chaignon 220 

Note  sur  un  effet  de  mirage  observé  dans  la  prairie  de  Saint- 

Jean-des-Vignes,  par  Ch.  Quincy 229 

Notice  biographique  de  M.  A.  Milne-Edwards,  par  B.  Renault.  232 

Dons  et  envois 232 

Note  sur  un  nid  d'Hyménoptère,  par  C.  Marchal 232 

Correspondance 233 

Conférence  de  M.  B.  Renault  sur  les  Bactériacées  fossiles  et 

sur  un  nouveau  type  de  tige  lépidendroide  fossile 234 

Distribution  du  XIIe  Bulletin,  deuxième  partie 234 


—  315  — 


Séance  du  18  décembre  1900. 

Pages. 

Lettre  de  M.  Albert  Gaudry 235 

Nominations  de  M.  Albert  Gaudry  comme  commandeur,  et  de 
MM.  Bornet,  Mangin  et  de  Saint-Arroman  comme  officiers  de 
la  Légion  d'honneur 236 

Réception  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  Beurton- 
Vieillard,  Brossard,  Gobey,  Jeannin,  Rizet  et  Seguin 236 

M.  Léon  Vaillant,  professeur  au  Muséum  de  Paris,  nommé 
membre  d'honneur 236 

Note  sur  les  Arthropitus,  par  B.  Renault 237 

Notes  tératologiques  :  Monstruosité  de  la  pêche  commune,  par 

le  D'  X.  Gillot 240 

Une  carotte  anthropomorphe,  par  Q.  Ormezzano 241 

Phyllodie  des  plantains,  par  E.  Château 241 

Pommes  de  terre  folles,  par  E.  Château 243 

Observations  botaniques  sur  la  flore  du  canal  de  Roanne  à 
Digoin,  par  E.  Château 244 

Un  pied  de  trèfle  de  Pannonie  sur  les  bords  de  la  Loire,  par 
E.  Château 247 

Observation  sur  un  courant  atmosphérique  tempéré,  par 
Francis  Pérot 249 

Plantes  rares  ou  nouvelles  pour  le  département  de  Saône-et- 
Loire,  par  le  Dr  X.  Gillot 251 

L'empoisonnement  par  les  Champignons  et  l'étude  des  Cham- 
pignons vénéneux,  par  le  Dr  X.  Gillot 256 

Liste  des  Champignons  qui  manquent  au  catalogue  du  dépar- 
tement de  Saône-et- Loire,  mais  qui  se  trouvent  dans  les 
collections  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  récol- 
tés dans  le  département  ou  les  départements  limitrophes, 
par  R.  Bigeard 266 

Dons  et  envois 272 

Silex  taillés  de  Ouargla 272 


TABLE 

EXCURSIONS   DE  L'ANNÉE  1900 


Pat». 

Excursion  à  Santenay  (Cote-d'Or),  27  mai  1900 276 

Aperçu  géologique  sur  la  course  du  37  mai  1900,  par  M.  le 
V"  H.  de  Chaignon 287 

Excursion  à  Auxy,  au  Val-Saint- Benoît  et  à  Marvelay,  1*  juil- 
let 1900 291 

Note  géologique  sur  la  course  du  1er  juillet  1900,  par  H.  le 
V"  de  Chaiokok 299 

Liste  des  Champignons  récoltés  de  1894  à  1900  au  Val-Saint- 
Benoît  et  à  la  Drée,  près  d'Épinac,  par  H.  R.  Bigeard 30* 


PLANCHES   DES   PROCES-VERBAUX 

ET  DES  EXCURSIONS 


Planche  I  et  II.        Tératologie  végétale 49 

—  III  et  IV.            —               — 73 

—  V,  VI,  VII.  Cyperus  papyrus 80 

Portrait  de  A.  Franchet 69 

Lilas  commun H0 

Grenouille  à  cinq  pattes 142 

Effet  de  mirage Ï29 

Monstruosité  d'une  pêche  commune 240 

Dolmen  de  Cublanc.  —  Allée  couverte  de  Champ-Teillou 284