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1
A
/
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BULLETIN MENSUEL
DE LA
SoGie iDiliislrielle el Agrlcole
d' Angers
et du departement de Maine-et' Loire
76^. ANNEE
JA.NVIER ISOS
1° A nos lecteurs.
2° Proces-'verbal de la Seance mensuelle du 28 Janvier 1906.
3° Trois annees d'Etudes sur les xnouts et les vins de notre region.
- Resuitats en viie de la repression des fraudes. Premiere partie, par
M. MoREAU, directeur de la Station oenologique de Maine-et-Loire,
membre titulaire.
4° Action et efficacite des engrais sur les plantes , suivant le mode
de leur application au sol, par M. Lavallke, membre titulaire.
5° La Foire aux vins d'Anjou des 9, 10 et 11 Janvier 1905, par M. Leon
BouRCiER', membre titulaire.
ANGERS
GERMAIN & G. GRA8SIN, IMPRIMEUKS-EDITEURS
40, rue du Comet et rue Saint'Laud
1905
-I
BULLETIN MENSUEL
DE LA
miM INDliSTRIELLE ET AGBICOLE
D'ANOERS
et du d^partement de Maine-et-Loire
76" ANNfiE
. Bureau de la Soci6t6 pour 1905
President,
Vice-Presidents ,
Secretaire general ,
Vice-Secretaire ,
M. le Senateur 0« de BLOIS.
M. BORDEAUX-MONTRIEUX,
M. HUAULT-DUPUY.
M . le Docteur SIGAUD.
M. Andre HUAU.
Archii^iste-bibliothecaire , M. A. SUAUDEAU.
Tr4sorier ,
M. Prosper JAMIN.
-A. VIS
M. le Tresorier a Fhonneur de prevenir MM. les Societaii*es
que les quittances de Tannee courante sont a leur disposition au
siege de la Society , rue Saint-Blaise , nP 7 ; le bureau est ouvert
tous les jours de i heure a 4 heures, les dimanches et fStes exceptes.
MM. les Societaires sont pries de vouloir bien faire solder leurs
quittances dans le courant de I'annee, ce qui ^vitera des frais
eleves de recouvrement.
Apr^s le I®' oclobre, les quittances non retirees seront remises
k r Administration des Postes, autorisee, en vertu d'une loi du
7 avril 1879, k faire les recouvrenients de cette nature.
M. le Tresorier prie instamment MM. les Societaires de vouloir
bien alors donner des ordres pour que les quittances soient
payees a presentation a domicile. Le mode de recouvrement par
la poste est le seul possible et M. le Tresorier ne pouvant Stre
responsable de la forme sous laquelle le paiement est reclame,
sera tres heureux de le voir accepter.
Toutes les communications ou demandes de renseignements
doivent Stre adressees a M. le President ou 4 M. le Secretaire
general, 7, rue Saint-Blaise, Angers.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
I
et
d^ Angers
et du d^partement de Maine-eU Loire
76= ANNEE
ANNEE 1905
ANGERS
(iERMAlN & G. GRA8SIN, IMPRIMEUKS-EDITEURS
40, rue du Comet et rue Sainl-LMUd
1905
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>'^">'"7 BULLETIN MENSUEL
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DE LA
7
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SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du d^partement de Maine-et-Loire
A NOS LECTEURS
• Nous presentons anos lecteurs le premier bulletin mensuel
de la Soci^t^ industrielle et agricole d' Angers et du departe-
ment de Maine-et-Loire. '
Cette innovation, ou plutdt cette transformation, du bulle-
tin annuel en une publication mensuelle s'imposait et nous
sommes certains qu'elle recevra le meilleur accueil et, en
m^me temps, Tapprobation unanime de nos coUegues.
Elle realise, en effet, un desir souvent exprime et remplit
une promesse faite a tous ceux qui, en 1904, sont entres
dans nos rahgs et nous ont apport^ leur precieux concours
et leur bienveillant appui.
La Societe industrielle et agricole d' Angers, cr^atrice de
tant d'oeuvres utiles et constamment a la recherche du pro-
gr^s, avait le devoir d'offrir k ses nombreux societaires un
bulletin plus en rapport avec les exigences et les besoins de
notre epoque et publiant, le plus rapidement possible, les
travaux originaux de ses membres.
— 6 —
Le bulletin mensuel donnera , nous en sommes persuades ,
enti^re satisfaction a tons et permettra de faire connaitre , a
bref d^lai, les etudes etles observations presentees achaque
stance mensuelle et ayant trait le plus souvent a des ques-
tions d' actualite .
II sera lu , en outre , en temps utile et d'une fa^on profi-
table par tons ceux qui, pour une raison ou pour une autre,
ne peuvent assister a nos seances.
Les elements nouveaux de notre Societe et le nombre tou-
Jours croissant de ses membres actifs, laborieux et devoues,
sont une garantie certaine pour la reussite de ce bulletin
mensuel appele a rendre des services signales a Tindustrie ,
a Tagriculture et a la viticulture, sources principales de la
richesse de TAnjou.
Nous sommes convaincus que la Societe industrielle et
agricole d' Angers sera recompensee du sacrifice qu^elle
s'impose et nous avons le ferme espoir que cette publication
nouvelle sera un mode de propagande tres appr^cie.
Le Comite de publication.
- 7 -
Procls-verbal de la Stance du 28 Janvier 1905
Pr^sidence de M. le comte de Blois, s6nateur, president.
Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, Huault-Dupuy,
Prosper Jamin, D' Sigaud, Andre Huau, membres du Bureau;
•Gilles-Deperriere , Grignon^ Joseph Joftbert, general Joly, Leon
Bourcier, Lavallee, Moreau, Grau, Massignon, Halope, Bigeard,
Daignere, Chaillou, Brault, Clemot, Abraham, Bernard-Chauvu*^,
Billard, D' Cordon, de la Moriniere, Paul Lorm, de Lavergne,
Paul Sigaud Ills, Herrouet, Felix Fourmond fils, commandant de
Padirac, Lafarge.
Le proems-verbal de la derni^re seance est lu et adopte sans
observations.
M. le President donne lecture d'une lettre de la Societe des
Agriculteurs de France, invitant notre Societe k se faire repre-
senter k I'assemblee des delegues de societes, comices ou syn-
dicats qui aura lieu le samedi i8 mars, 7, rue d'Athenes, et dans
laquelle les delegues seront pries d'exposer et de discuter les
motifs de leurs voeux et resolutions.
M. Stanislas de la Moriniere, M. Leon Bourcier, M. Massignon,
M. Hiiault-Dupuy esperent pouvoir representer la Society Indus
trielle et agricole d* Angers k cette reunion.
1° Communications du Bureau, — ^^ M. le comte de Blois rappelle
3u'4 Foccasion du Concours des animaux reproducteurs du mois
'octobre dernier, un certain nombre de nos collegues avaient
eu Fidee d'offrir a M. le D' Sigaud, pour le renlercier de son zele
et de son activity dans ses fonctions de secretaire general, une
medaille au nom de la Societe industrielle et agricole d' Angers.
Diverses circonstances ont emp^che la realisation de ce projet;
aujourd'hui M. le comte de Blois est heureux de pouvoir le mettre
k execution et il se fait Finterpr^te de tons pour adresser a notre
coUegue ses remerciements pour le concours devou6 qu'il n'a
cesse de prodiguer a notre Society , il lui offre , au nom de tons
nos collegues , une medaille d'or comme un temoignage de leur
reconnaissance.
M. le D' Siffaud remercie en quelques paroles emues : « Per-
mettez-moi, dit-il, d' accepter cette belle medaille d*or, non pas
seulement comme la recompense de services rendus, mais sur-
tout comme un encouragement k mieux faire et k remplir avec
plus de z^le et de devouement les fonctions de secretaire general
<jue vous m'avez confiees. »
M. le President j)rend de nouveau la parole et dit qu'il est tr^s
heureux de pouvoir annoncer aujourd'hui une excellente nou-
^elle : mardi dernier , a la reunion du Bureau de la Societe des
Agriculteurs de France, il a ete decide en principe que la demande
faite par M. le comte de Blois, pour obtenir une subvention en
vue (Fun Concours regional, pour le departement de Maine-et-
Loire , etait favorablement accueillie , et qu*une somme de 25.000
francs serait mise a la disposition de la Societe industrielle et
agricole d' Angers , qui serait chargee d'organiser en 1907 , sous
le haut patronage de la Societe des Agriculteurs de France , un
— a-
Concours regional k Angers, dans le genre de celui qui a eu lieu
a Saint-Brieuc en 1896. Les d^pense^, il est vrai, se sont elevees
• a 54.000 francs , mais il y a lieu de croire que le Conseil General
de Maine-etrLoire et le Conseil Municipal d' Angers n'hesiteront
pas a inscrire a leur budget une certaine sonune pour subven-
tionner ce Concours appele a rendre un service signal^ au depar-
tement et a profiter 4 la ville d' Angers. De mSme , Tindustrie et
le commerce angevins ne manqueront certainement pas de s'in-
teresser k cette fSte a^ricole. M, Prosper Gervais, reminent
viticulteur, a promis dej^ d' organiser k Angers, a cette occasion,
un Congr^s viticole qui s^ terminera par des visites dans les^
principaux vignobles de FAnjou. De mfime, les organisateurs du
Concours hippique et, en tfite, leur sympathique et devoue pre-
sident , M. Roger de Terves , seront heureux de nous pr6tei> leur
materiel et de nous oftrir I'hospitalite sur le Champ-de-Mars. Le
Concours aurait lieu entre les ffetes du Concours hippique et les
courses d* Angers.
Le President de la Soci^te d'horticulture , M. Louis -Anatole'
Leroy, a repondu egalement avec empressement que sa Societe
prendrait certainement, dans cette circonstance, Tinitiative d*une
Exposition horticole, pour contribuer k donner plus d'eclat au
Concours.
Les Syndicats agricoles , les communes aisees pourront Egale-
ment subventionner , suivant leurs ressources , ce Coficours dont -
rutilit6 agricole sera tres grande.
En resume , ce projet de Concours s'annonce sous les meilleurs-
auspices et nous sommes persuades -qu'en 1907 la ville d'Anffer^
aura Thonneur de voir un Concours digne de tons ceux aont
nous avons garde le souvenir.
2° Communications de la Station cenologique, — M. Moreau,'
directeur de la Station et membre titulaire de notre Society, lit
un travail intitul6 : Trois ann^es d'dtudes sur les modts et les
vins de notre region; r^sultats en vue de la repression des^
fraudes, (Premiere partie.)
M. le President adi^esse ses remerciements k M. Moreau pour
son tr^s interessant travail , qui sera public dans notre Bulletin
mensuel.
3° Rapport sur les comptes financiers de la Station cenologique,
pour I'ann^e igod. — Au nom d'une Commission compos^e de
MM. le D^ Sigaud, Daignere et LEon Bourcier, M. Bourcier lit
son rapport dont les conclusions sont les suivantes :
Les recettes se sont 61evEes k la somme de. . 5. 804 55
Les depenses se sont elev6es a la somme de . . 5 . 749 ^5
D'od un excedent de recettes de . 55 3o
Reste en Caisse 4^ >> ! 55 3o
Reste k devoir lO 3o i
Le rapporteur fait remarquer que toutes les d6penses sont
appuyees par des pieces iustificatives et, qu'en consequence, la
Commission est d'avis d approuver les comptes presentes par
M. le Directeur de la Station, et f^licite M. Moreau de sa gestion
a.insi que de son devouement a la Soci6te industrielle et agricole
d' Angers. L'approbation des comptes, tels qu'ils ont ete arr^tes-
pour rannee 1904, est votee sans observations.
— 9 -'
4° La Foire aux vins d'AQ,jou des o, lo et it Janvier igo5 ,
par M. L6on Kourcier, membre titulaire. — Ce compte rendu
revolt a plusieurs reprises les applaudissements d6 tous nos col-
logues et ensuite les felicitations de M. le comte de Blois, qui est
heureux de pouvoir dire que M. Leon Bourcier nous rappelle,
par la forme humoristiaue de son style, notre regrette secretaire
•general, M. Bouchard, dont U scmble un veritable disciple, digne
du talent du maitre. Cette etude paraitra en entier dans le Bulle-
tin mensuel.
5° De Vaction des engrais chimiques sur les plantes, suivant
leur mode de repartition, par M. Lavallee, membre titulaire. —
M. Lavallee fait en quelques mots Thistorique de cette impor-
tante question, puis fait connaitre a la Societe les circonstances
qui Font amene k poursuivre des recherches en ce sens a la
ferme exp6rimentale d'Avrille.
II signale toutes les precautions prises pour Petablissement
des parcelles d'experiences (analyse chimique et physique du sol
et du sous-sol, pesees rigoureuses des engrais, des semences,
des recoltes) ; la nature des engrais sur lesquels ont porte les
recherches ; les plantes de grande culture (ble, avoine, orge, bet-
terave et pommes de terre) ayant servi a I'experimentation. ■
Pour tirer des conclusion s plus g^nerales , il a ^galement etu-
die la forme sous laquelle les divers Elements de fertilite conve-
nait le mieux aux sols de nptre region, en chiffrant les supplements
de recoltes obtenues.
Les resultats sur les plantes sarcl6es seront communiques k la
prochaine seance.
Pour les cer^ales, M. Lavallee conclut que I'epandage en ligne
du fumier de ferme et des engrais potassiques ne saurait Stre
envisage si ce n'est dans la culture en billons. 11 en donne les
raisons.
Pour les engrais azotes , le cultivateur n'est pas assez certain
de la necessite de leur apport pour s'engager a les incorporer au
sol en m^me temps que les semences, lorsqu'il s'agit des
semailles d'hiver. Quant aux engrais phosphates, malgre Texce-
dent de recolte trOs superieur en faveur de 1' agglomeration,
M. Lavallee fait certaines reserves. A I'epoque des semailles,
dit-il, le praticien doit porter de ce c6te toute I'activite de son per-
sonnel et r^nergie de ses attelages. L'epandage des engrais
phophast^s pouvant, sans aucun inconvenient, ^tre fait avant de
aonner au sol les dernieres famous qui precedent I'ensemencement
et au printemps, lorsque la terre est inabordable aux instruments
de culture , il pense que cette consideration doit-^tre envisagee a.
cdte de Teconomie qni resulte de Temploi des engrais en ligne ;
c'est au praticien qu'il appartient de resoudre ce probleme.
M. Lavallee demontre, en outre, que ce sont les terres les plus
Sauvres qui beneficient le plus des engrais places au voisinage
es semences ; or , dans ces terres , la pratique du semoir en
lignes pour la repartition des semences etant peu repandue, il
pense que Femploi d'un semoir trop complique et par cela m&me
plus cottteux, pourrait retarder Tusage des semis en lignes.
M.le President remercie M. Lavallee de son travail trOs pratique
ct fort int6ressant, qui sera public dans notre Bulletin mensuel.
' 6** A propos du Concours des primes culturales il est convenu
qa'une note sera mise le plus tdt possible dans les joumaux de
- 40 -
Maine-et-Loire , indiquant les arrondissements et les cantons
dans lesquels aura lieu le Concours de igoS. Ce sont tous les
cantons de I'krrondissement de Segr6 et ceux de Farrondisse-
nient d' Angers, a Fexception de ceux de Thouarce et de Vihiers.
Quant a FExposilion de Lie^e, les Bureaux de la Soci^te
industrielle et ae FUnion des viliculleurs etudieront les moyens
d'admettre a participer k notre exposition la station ampelogra-
phique des RecoUets de Saumur, qui serait heureuse de pouvoir
presenter des raisins de sa magniuque collection de vignes com-
prenant pres de 1.200 vari^tes. Erie pourrait, en octobre.ou
lin septembre, envoyer des raisins de 3 ou 4<^ variet^s par
exemple.
En dehors de cette exposition de raisins, les stations oenolo-
gique et amp^lographique feront des expositions techniques
concemant leurs etudes et leurs travaux.
7° Reception des candidats presentes a la derniere seance :
M. Rene Lepage , ingenieur-agronome , industriel k Segre , pr6-
sente par M\I. Moreau et le D' Sigaud ;
M. le D^ Georges Desvaux, 16, rue Paul-Bert, a Angers, pre-
sents par MM. le D'' Brin et le D' Sigaud ;
M. le marquis de Contades, chateau de MontgeofFroy, par Maze,
presente par MM. le comte de Blois et de Livonniere.
Sont elus a Funanimite.
8" Presentation de candidats :
M. Florestan Bauge, proprietaire , 10, passage Rochetiere,
Angers, presente par MM. Fabbe Hy et le D^ Sigaud ;
M. le D^ Henri Prion, a Quince-Brissac, presente par MM. Forest
et le D'' Sigaud ;
M. Naveau , Andre , proprietaire au Champ , presente par
MM. le D"^ Sigaud et An(fr6 Huau;
M. Andre-Blain, directeur d'assurances , rue Beclard, Angers,
presente par MM. le comte de Blois et Huault-Dupuy.
L'ordre du jour etant epuise , la seance est levSe a 4 heures.
Trois ana^es d'^tudes sur les mouts et les
vins d'une region (i)
Les resultats en oue de la repression desfraudes
. Par M. MoREAU, directeur de la Station oenologique de
Maine-et-Loire, membre titulaire
Si de tout temps — et a juste titre — la question des fraudes
a preoccupe les pouvoirs publics et les viticulteurs, il sem^ble
que depuis un an — et on en eonnait la raison — la question
soit de venue plus pressante encore. Elle est done de toute
actualite, et il est du devoir de tous ceux auxquels les interSts
(i) Cette etude a paru egalement dans le Progres Agricole et Viticole
de Montpellier,
— 11 —
de la. viticulture sont chers , d'apporter sa contribution a la
resolution de ce probl^me tant soit peu compUque, pour bien
des raisons.
Je dis cc compliqii4 » parce qu'il est souvent peu facile de
sauvegarder les inter^ts de tous, et sous pretexte de proteger
Pierre, de ne pas nuire en meme temps a Paul. Si le premier
est heureux, le second pent avoir de serieux motiis de se
plaindre. Je dis encore cc complique x> parce qu'on s'est
retourne du c5te du chimiste pour lui demander aide et
protection et que celui-ci nest pas toujours en mesure de
repondre categoriquement a la question.
On a nomme des commissions , des comites , en vue d'etu-
dier les'moyens de concilier les interns de tout le monde.
Je ne sais s'ils y parviendront completement, mais on peut
6tre assure que leurs membres y apporteront toute leur
science et tbute leur bonne voloute. Aussi, loin de les decou-
rager, examinons s'il n'est pas possible de leur Stre quelque
peu utile.
Je lisais dernierement que M. V. Arnould, commentant
un article de M. Fallot, mon coUegue de Blois, appelait a
son aide les chimistes.
« Quelle difficulte, disait-il, y aurait-il a pr^Iever dans
« chaque region, en tenant compte du climat, du cepage, de
« I'etat physique du sol, de sa nature geologique, etc., des
« echantillons moyens de vin dont Tanalyse servirait de
« type de comparaison pour une annee ? Le laboratoire exi-
« gerait, ce qui est rarement impossible, la declaration d'ori-
« gine de Techantillon et pourrait silrement dire si ce vin se
« rapporte au type ou s'il a subi des manipulations. »
Ce qui manque au chimiste, ce sont les bases d'appre*
ciations, ajoutait M. Arnolild.
Ces bases d' appreciations ^ je les ai reunies depuis 3 ans,
dans ma region ; c'est done mieux qu'une opinion , ce sont
des chiffres que je puis apporter ici. Examinons maintenant
si des analyses non seulement de vins, mais encore de moMs
de raisin, peuvent ^trede quelque utilite.
En vue d'un travail d'ensemble sur les vins d'Anjou,
depuis trois ans, au moment des vendan^es, nous nous ren-
dons chez les proprietaires qui veulent bien s'y prater — ils
sont toujours tres nombreux, dans les bonnes annees — et
nous prelevons nous-m^mes un echantillon de moilt, non
encore fermente, soit — suivant I'heure de la journee — au
sortir du pressoir, soit dans la cuve pour les rouges, soit
dans les barriques pour les blancs. L' echantillon, additionn^
de quelques gouttes d'essence de moutarde pour emp^cher
le depart de la fermentation, est analyse le lendemain au
laboratoire.
On a pris soin de marquer la barrique dans laquelle
rechantillon a ete pr^lev^ ou celle qui doit recevoir le moM
pris a Vanche, de meme la cuve dans laquelle va fermenter
— is-
le moM rouge. Au deeuvage pour les rouges, du deuxieme
soutirage pour les rouges et les blancs, les proprietaires nous
envoient des echantillons de vin que nous analysons aussitdt
leur reception ; vins pris dans les barriques marquees et qui
doivent par consequent correspondre au moilt d^ja analys^.^
Je n'ai pas la naivete de croire que tous les echantillons de
vins qui nous sont ainsi envoyes ont bien ete preleves dans
les barriques que nous avons marquees, mais je suis certain
que beaucoup de proprietaires se font un scrupule et un
devoir de ne pas nous tromper. Inutile de dire que ces echan-
tillons — les plus nombreux que nous pouvons — sont pris
dans toutes les regions viticoles du departement, sans
exception.
Nous laissons en plus aux proprietaires deux question-
naires k remplir. Sur le premier, ils nous donnent des rensei-
gnements sur la culture de la vigne, son age, le porte-greffe,
les traitements , les maladies , la nature du terrain , Fetat de
la vendange, etc. ; sur le second, ils notent le depart et la fin
de la fermentation tumultueuse , la marche de cette fermen-
tation, la date de^ soutirages, les differentes operations ou
additions qu'ils ont fait subir au mout, depuis la vendange
jusqu'au deuxieme soutirage du vin.
Nous avons pu r^unir ainsi , sur la culture de la vigne en
Anjou et sur la fabrication du vin, de tres nombreux et
curieux documents qui, joints aux analyses faites sur les
mouts , sur les vins au deuxieme soutirage et sur les m^mes
vins, Tannee suivante, constituent, comme nous le disions
tout a I'heure, de serieuses bases d' appreciations, Le travail
ayant ete fait trois annees de suite pour les vins blancs et
deux annees seulement pour les vins rouges, annees pendant
lesquelles — on le sait — les conditions de maturation ont
ete tres differentes, nous sommes en mesure aujourd'hui de
voir les avantages que Ton a pu en retirer jusqu'ici et d'etu-
dier ceux qu'on pourra en retirer, pour la question qui nous
occupe actuellement.
L' analyse et Texamen des moMs et des vins nous ont per-
mis tr^s souvent d'avertir le proprietaire , soit des defauts
dans la composition du vin , soit des maladies dont il &vait
contracte le germe, et par suite de lui indiquer, au bon
moment, le remede efficace qui pourrait y ^tre apporte.
A suivre la marche de la fermentation , soit sur les ques-
tionnaires du proprietaire, soit — lorsque la chose nous a
ete possible — a la propriete m^me — ce qui etait preferable,
— nous avons pu nous rendre compte des pratiques defec-
tueuses en usage et par suite, en faire adopter d'autres; de
m^me que nous avons pu faire profiter certains viticultem^s
de bonnes pratiques employees pap d'autres et qu'ils igno-
raient completement.
Ge sont la des services qui n'interessent que les proprie-
taires de la region.
— 13 —
L' analyse des vins absolument naturels nous a permis de
constater parfois certaines anomalies dans leur composition
— j'en ai signale dans le Progres, Tete dernier, — anomalies
qui auraient pu les faire maljuger paries chimistes etrangers
a la region. J'estime en eftet — et e'est une opinion qui ne
m'est pas personnelle t— que pour certaines denrees agri-
coles, a composition tres variable, comme le vin — on
pourra s'en rendre compte tout a Theure, — les laboratoires
de la .region ont seuls qiialite — je ne dirai pas pour les
analyser — mais pour interpreter, d'une fa^on la moins
erroiaee possible, les resultats de leur analyse. Connaissant
le Ueu d'origine d'un vin — ne pourrait-on pas, dans les
marches, toujours Texigei'? — il taudrait — et c'est ce qu'a
compris le Comite technique d'cenologie — le soumettre- a
Fexamen du laboratoire du lieu d'origine. Dans ces condi-
tions, on eviterait bien des malentendus et ce serait tout
benefice pour les viticulteurs et les chimistes. Lorsque la
chose n'est pas possible, un travail d'ensemble comme le
ndtre , dont les resultats paraissent tous les ans dans le Bal-
letin de notre station oenologiqiie , pourra rendre quelque
service et facihter la bonne entente entre vendeurs, acheteurs
et chimistes ; probleme qui n'est peut-^tre pas insoluble !
Arrivons maintenant a Texamen des chiffres fournis par
r analyse des moMs rouges et blancs de notre region, depuis
trois ans, et voyons s'il est possible d*avoir des bases a ap-
preciations pouvant servir a etablir, pour une annee et un
cepage, un type auquel tous les autres seraient rapportes.
Nous examinerons plus tard la composition des vins de ces*
trois dernieres ahnees et verrons — si la premiere analyse
est impuissante a nous satisfaire — si la s^conde nous apporte
plus de chances de reussite.
Nous commencerons par Tetude des moMs de raisins rou-
ges. Les plus cultives en Anjou sont : le Cabernet fraYic, le
CabernetSau^ignon , les Gamays divers et le Gros-lot de
Cinq-Mars,
D apres les chiffres du tableau ci-joint, — ceux donnas
pour I'alcool ont ete pris dans les tableaux mis a la dispo-
sition des viticulteurs par les fabricants de mustim^tres , —
on voit, pour le sucre qui nous interesse specialement, des
variations importantes d'un cepage a un autre ; des variations,
dans la mSme annee, pour diffe rentes regions, et surtout des
variations considerables d'une ann6e k I'autre ; il est virai
que j'ai pris 1^, pour les rouges, deux ann^es extremes.
—. u —
Sucre en glucose ^Minimum.
par litre de . ] Maximum
mout . ( Moyenne .
Acidit6 totale en
acide sulfurique
par litre
Alcool possible
d'apres
le Sucre
Minimum.
Maximum
Moyenne .
i Minimum.
< Maximum
( Moyenne .
Nombre d'^chant. examines...
ii3.6
i5i.5
134. 1
8.1
6«5
8«Q
78
8
182.7
239.1
206 2
4.6
.25
.1
i
I0»
i3«
12" I
10
CABERNET
SauvignoQ
1903
gr.
II3.6
8
D
i42!8
i33.5
7.8
10.7
9-2
6' 5
8«3
7° 8
4
ICO
13-9
Si on veut se servir des analyses de moMs — et je crois
qu elles sont aussi indispensables que les analyses de vins
— pour etablir — je ne dis ^^asjixer — les limites entre les-
quelles pent osciller la richesse en sucre des moMs de raisin
pour une region, et par suite le degre alcoolique du vin, il
faudra chaque annee faire ce travail , prelever de nombreux
echantillons, le faire pour chaque eepage et negliger, comme
cela n'a pas ete fait dans le tableau ci-dessus, quelques
exeeptionnels maxima dus parfois a une maturite trop avan-
eee du raisin, qui se revele, du reste, par d'autres caracteres
dans Texamen ulterieur du vin. Dans ces conditions la,
d'apres le tableau precedent, on voit, pour notre region et
pour les cepages rouges etudies, que I'ecart entre le minimum
et le maximum est, en alcool, de 2°5 a 3^ tout au plus, corres-
Fondant a peu pres a la quantite d'alcool que pent donner
addition de 10 kil. de sucre par barrique. Serait-il possible,
par Tanalyse des moMs et des vins rouges d'une region,
a etablir chaque annee deux types, en dehors desquels — ce
ne serait pas math^matique — il y aurait lieu de suspecter
le vin examine ? Bien entendu , avant de conclure — est-il
besoin de le dire — le chimiste prudent s'entourerait de tous
les renseignements desirables concern ant le vin incrimine.
II est un peu t6t de se prononcer, n'ayant pas encore exa-
mine les vins. Cependant — ce qui prouve que le probleme
ainsi pose n'est pas aussi simple a resoudre que quelques-uns
pourraient le croire au premier abord, — par Tetablissement
d'une limite maxima, m^me avec une l^gere tolerance, on
emp^chera, par exemple — et pour nous borner aujourd'hui
a ce cas particulier — les proprietaires poss^dant les moMs
les plus riches de Fannee a remonter leurs moMs, tout au
moins dans les m^mes proportions que leurs voisins moins
favorises. C'est la une mesure d' exception qui ne sera pas
facile a prendre , car le proprietaire en question pourra tou-
jour s dire qu'il ignoraitla composition de son moM et qu'il
a chaptalise dans les limites admises par la loi.
— 15 —
S'il n'est pas impossible — on en a vu cependant la diffi-
eulte — d'etablir une base d' appreciation pour les vin&
rouges, la chose devient plus difficile, pour notre region tout
au moins, s'il s'agit de vins blancs.
Le Chenin blanc, qui est le seul cepage blanc cultive abon-
damment en Anjou, a une composition tres variable, pouvajit
aller, pour le sucre, du simple au double. Suivant la region,
suivant I'exposition, la nature du sol et la pente, suivant que
la vigne est conduite pour la production ou la quality , sui-
vant les accidents divers auxquels le Chenin est sujet et les
maladies , suivant enfin qu'on laisse se developper ou non la
pourriture noble et qu'on vendange plus ou moins t5t, on
obtient des mouts et par suite des vins de composition tres
variable, d'une annee a I'autre et dans la m^me annee.
J'ai pu analyser, en 1902, pres de ^o echantillons de
motlts et vins blancs, a peu pres le mSme nombre en 1908 et
plus de 100 en 1904, detoutes les regions de T Anjou o^ le
Chenin est cultive.
Le Sucre a varie, en 1902, de loy gr. 5q a 2o3 gr. 5y ;
j'ai m^me eu un echantillon qui est all^ jusqu'a 240 gr. ;
en 1903, la teneur en sucre est passee de 102 a i85 gr. Cette
annee, qui est une bonne annee pour la region, la teneur
en sucre des moMs s'est elevee, pour plusieurs echantillons,
k 260 gr, par litre; la moyenne, que j'ai etablie pour
14 regions differentes, est, a part une seule region, supe-
rieure a 170 gr. par litre et, pour 8 regions, superieure a
200 gr., allant m^me jusqu'a 222 gr., ce qui est joli pour une
moyenne portant, pour cette region, sur i5 Echantillons-
II n'est pas premature, d'apres ces chiffres — et j'ai deja
d'autres bases d' appreciation — de dire que la qualite de&
vins d' Anjou s'annonce comme devant ^tre bonne, ce qui
assurera le succes de la foire aux vins qui doit se tenir a
Angers les 9, 10 et 11 Janvier et a Saumur le samedi suivant.
Les doses les plus laibles de sucre constatees cette annee
ont ete die i32 gr. 5 et i/fS gr. pour deux vins provenant
de vignes conduites en vue de la production. Si nous ecartons
ces 2 cas exceptionnels — 2 sur 104 echantillons examines
— le minimum qu'on retrouve est de i5i gr. C'est done
encore un ecart considerable, puisque le degrE alcoolique,
en supposant que tout le sucre se transforme en alcool , pent
varier de 5°p a'j^°6; le degi*e alcoolique passait de 6°v? a
75° en 1902 et de 0° a JO^p en 1903.
Voici, du reste, a titre de document, un tableau donnant
la composition des mouts de Chenin blanc pendant les trois
annees qui viennent de s'ecouler. J'ai pu, pour chacun de
ces 1 1 moMs differents , me procurer chaque annee le motit
du mSme clos ou du clos voism , ce qui donne plus d'inter^t
a Texamen du tableau.
On voit, d'apres ces chiffres, qu'il devient tres difficile —
je parle de ma region et de notre cEpage blanc ; j'ai constate.
— 16 —
en eflPet, sur qiielques echantillons de Muscadet, que les
variations etaient bien moins considerables, ce qui s'explique
aiseinent — d' avoir une base d'appreciation serieuse et de
fixer une moyenne. Je ne crois pas qu'il en soit de m^me
partout ailleurs ; mais c'est a d'autres de nous renseigner sur
■ce point.
■
Composition de moAts de Chetiin blanc (1902 a 1904)
N°
D ORDRE
I
2
3
4
5
6
9
10
II
i5o.oo
i5o.oo
146. i5
142.50
196 . 5o
190.00
158.33
148 80
121.20
142.04
169.0
125.0
142.8
*i35.i
128.2
i56.2
i5i.5
102 o
i32.5
126 6
14:7.2
165.5
2o3.8
230.4
177.4
2X1.5
239.1
229.1
211. 5
220.8
170.9
212.6
240.9
ACIDITY TOTALE
(par litre, en acide sulfurique)
1902
10.62
10 6
95
II. 16
9. II
7.04
9.01
II. i5
JO. 28
II. 16
12.6
1903
1904
gr.
gr.
11.07
8.72
id.3o
5.58
8.52
6 66
10. 38
7.84
10.48
10.19
5 5o
11.66
6.57
11.70
8.43
10.68
8.52
9.21
6.56
9 41
7.54
On pourrait, en rep^tant tous les ans, et sur des echantil-
lons nombreux, le travail que nous venons de faire a la sta-
tion, avoir de tres utiles renseignements , qui pourraient
guider les chimistes dans Tappreciation des resultats d'ana-
^ses de vins ; mais c'est la un travail un peu fastidieux et
qui ne presente pas beaucoup d'attrait. II faudrait pour cela
aux chefs de laboratoire un personnel , du temps et de Tar-
gent : trois choses qui leur font parfois defaut.
Nous veiTons un peu plus tard , si I'analyse des vins pent
nous donner satisfaction et nous conclurons ensuite.
AGRICULTURE
Action et efficacit^ des engrais sur les plantes
suivant le mode de leur application au sol
Par M. Lavallee, membre titulaire
L'etendue de I'efBcacit^ des engrais, notamment des
engrais mineraux, suivant qu'ils sont agglomer^s au voisi-
nage des racines ou intimement melanges a toute la surface
— il —
du sol, a fait Tobjet d'exp^riences nombreuses pendant ce&
demieres ann^es. Celles de notre savant maltre, M. Th,
Schloesing, furent Tobjet de communications k TAcademie
des Sciences dans les seances des 7 et i4novembre 1892. Ces
experiences demontraient nettement qu'en disposant les
matieres fertilisantes au voisinage des semences, la vegeta-
tion en tirait un meilleur parti au'en les repartissant sur
toute la surface du terrain. M. Schloesing ayant opere sur un
sol compose artificiellement, les conclusions auxquelles il
etait arrive demandaient a Stre confirmees par la pratique,
agricole.
« Son but, disait-il, etait d'appeler Tatt^ntion des prati-
ciens sur une question interessante et de provoquer de l^ur.
part des etudes qui promettaient quelques progres dans,
remploi des engrais. »
Ces etudes avaient dejk ete envisagees auparavant, elles
furent continuees ensuite par divers experimentateurs , •
notamment M. Berthault et Bretignieres, Derome, H.-E. Ca-
valier, Cazeaux-Gazalet , Capus, etc.; mais les cas speciaux
qu'ils avaient envisages, tout en demontrant les avantages^
qu'il y avait a agglomerer les engrais au pied des plantes,
ne permettaient pas de.gen^raliser leurs observations. La
section d' agriculture de la Societe des Agriculteurs de France
etait done men inspiree en sollicitant, en 1901, parvoie de»
concours, des recherches completers sur ce sujet.
C^est dans le but de prendre .part a ce concours que nous
avons crj^e, a notre ferme experimentale, en 1901 et en 1902,
neuf champs d'exp^riences, dans lesquels nous avons soumis
a la methode e:xperimentale Taction de differentes fumureS'
appliquees aux principales plantes de grande culture.
Les champs n^^ i , 2 et 3 ont eX€ consacres aux cereales
d'automne et de printemps, — ble, avoine et orge; — les
champs /i°^ 4^, 5, 6 e^ y aux plantes sarclees, — oetteraves
et pommes de terre.
Pour chaque culture , une double etude s!imposait : la pre-
miere devait mettre en Evidence Taction de la fumure, la
seconde sa plus ou moins grande efficacite suivant le mode
de repartition adopts.
Une s^rie de parcelles temoins sans engrais recevant les
mSmes famous culturales, les mSmes semences, les mSmes
soins d'entretien que les parcelles voisines avec fumure,
permettait de r^soudre le premier point ; le second Tetait en
comparant entre elles les recoltes fournies par les differentes
parcelles ayant regu les engrais en lignes ou sur toute leur
surface.
L'economie des engrais a aussi ete envisagee, car c'est un
point excessivement important pour le cultivateur de con-
naitre la forme sous laquelle les principes fertilisants dont il
a besoin lui laissent le plus de benefices ponr une m^me
depense.
— 18 —
G*est ainsi que le sulfate de potasse a ete experiments a la
dose de i5o kil. ; le chlorure de potassium a celle de i8q kil. ;
la kainite a celle de 670 kil., parce que dans les trois cas,
Tappoii; de potasse se traduisait par une mdme dSpense de
42 fr. 75 a 1 nectare.
Le superphosphate 14/16 a 616 experiments aux doses de
400 et de 600 kil. a Thectare, soit une depense de 29 francs
dans un cas et de 43 fr. 5o dans Tautre ; pour des sommes
^uivalentes, nous nous procurions 485 kil. ou 726 kil. de
scoj^ies Thomas que Ton mettait en comparaison avec les
doses de superphosphate indiquees ci-dessus,
Les engrais azotes, nitrate et sulfate d*ammoniaque, ont ete
experimentes k raison de 100 kil. k Thectare, soit une
dSpense de 22 francs avec le premier et de 32 francs avec le
second de ce^ engrais.
En un mot, uous recherchions la forme sous laquelle Tap-
port des principes fertilisants Stait le plus avantageux, en
second lieu, le mode d' application des Tumures donnant les
meilleurs rSsultats.
Pour completer ces indications gSnSrales et bien faire con-
naitre les conditions de milieu dans lesquelles nous avons
opSre , nous faisons precSder les analyses physiques et chi-
miques du sol et du sous-sol de nos champs d'experiences ,
du releve^des observations meteoroloffiques faites en 1901 et
1902, par M. A. Cheux, le distingue airecteur de I'observa-
toire de la Beaumette, prSs Angers.
Resume des observations ni^teorologiqnes de Vobserpatoire
de la Beaumette (pres Angers) altitude 3o^5o
TEMPERATURE MOYENNE MENSUELLE
5
a
CS
•-9
i»o4
4»65
Eta
6-69
4«i8
£
5-98
9«o3
ii»58
ii»a3
5
iS'OT
ii«45
g
'S
"-9
'3
2lM3
19-53
1
£
I
£
1
II" 80
ii»a4
£
ja
4«8o
:*23
£
1
4«38
4»7i
S
1
m
I90I
190a
i8'36
16" 23
19077
i8'55
I7»i5
ID" 83
II-3
11° I
I90I
190a
HAUTEUR d'EAU EN MILLIMETRES PAR MOIS
21,7
16, ao
68,5
46,6
14.4
i3,8
54,6
:,i
32,7
4a,:
41,4
38,1
78, a
56,5
a3,a
39,3
8
^:?
44,0
29,3
i5,8
49,3
Total
i4,'o 48?,'
^'a
Ce relev6 est tres interessant a consulter; il demontre que
nos essais n'ont ete entraves ni par lin froid trop rigoureux,
ni par une secheresse prolong^e.
— 19 —
Analyse physiq^ue et chimique du sol et da sous-sol
des champs d experiences de laferme exp^rimentale d'A^rille
V ANALYSE PHYSIQUE
Champs tv i et 2
Sol
Elements siliceux. . 67,92
Arffile 12,46
Calcaire o,35
Debris organiques . 2,ii
Humus 0,48
Cailloux i5,5i
Eau 1,27
Totaux 100,00
Terre fine 84,49
ANALYSE
%
Azote 1,26
Acide phosphorique. 0,67
Chaux 1,96
Potasse 4>86
Magnesie o,65
100,00
2° ANALYSE PHYSIQUE
Champs »•• 3-4-5-6-^-8 et g
Sous-sol
Sol
Sous-sol
°/o
°/o
%
60,52
57,35
65,95
19*07
19,12
8,55
0,34
0,69
o,36
i,i3
2,5o
2,80
traces
o,5o
• traces
17,53
18,70
21,25
1,41
1,14
1,29
82,47
CHIMIQUE
0,84
0.55
1,90
4,81
0,80
100,00
8i,3o
1,68
0,86
3,76
4,43
0,90
100,00
78,75
1,40
0,69
2,01
43i
0,60
La terra de la ferme experimentale d'Avrill^ appartient
aux terres de transition ; elle est le r^sultat de la decompo-
sition de schistes siluriens ayant donn6 sur place un sol et
un sous-sol argilo-siliceux. La silice se trouvant k Tetat de
grains extrSmement fins, la terre retient Teau sans Mre par
trop impermeable, elle se rechauffe lentement au printemps ;
c'est une terre froide.
Le climat de FAnjou att^nue heureusement ses defauts,
car si les pluies sont abondantes dans la region pendant la
p^riode hivernale et le commencement du printemps , elles
sont manifestement insuffisantes pendant les mois de juin,
juillet, aoM et septembre ; si les reserves du sol en eau n'inter-
venaient pas k cette ^poque, les effets de la s^cheresse se
feraient plus cruellement sentir. Jusqu'au moment ou nous
avons pris la direction de cette exploitation, septembre 1901,
la surfece du sol 6tait disposee en billons, de i metre a
i"»,20 de large; Temploi des instruments du culture per-
fectionnee et des engrais chimiques y etait inconnu. Geci
indique la lenteur avec laquelle le progr^s agricole se diffuse
€t les efforts restant a faire pour qu'il penetre au sein de nos
campagnes.
En cnangeant le materiel de culture , en labourant a plat ,
en ameublissant conv enablement le sol, en faisant usage du
semoir, en employant judicieusement les engrais et amende-
ments, nous avons presque double les r^coltes.
— 20 —
Au point de vue chimique, la terre d'Avrille, comme toutes
celles de mSme formation geologique, -est tres riche en
potasse, insuffisamment pourvue en acide phosphorique ,
manque surtout de chaux ; T azote s'y touve en bonne pro-
portion , mais par suite de la nature argileuse du sol et i ab-
sence de calcaire, il nitrifie lentement. Nous etions done
dans d'excellentes conditions pour soumettre a la methode
experimentale les differents modes de repartition des engrai&
n'ayant pas a redouter dans Tinterpretation des resultat&
rinfluenee des fumures mine rales anterieures.
PREMIERE PARTIE
EXPERIENCES SUR CEREALES
Dispositions generales. — Deduction faite des bordurec,
il y avait sur terrain parfaitement homogene :
Dans le champ n° i . 4q parcelles en avoine grise d'hiver.
Dans le champ n° j2 . 3^ parcelles en bl^ d'automne (ble
Dattel.)
Dans le champ n° 3 . 32 parcelles en orge de j^rintemps.
Soit un total de . . 109 parcelles.
Pour envisager les divers cas de la pratique courante , un
certain nombre de parcelles furent semees a la vol^e, les
autres en lignes espacees de o°^,i6 ou de o"',20. Les dimensions
de chaque parcelle ^taient de 5 metres de long sur a*", 40 de
large, mais a la recolte, on retrancha o"",2o de chaque cdt6
des parcelles semees a la volee, la premiere et la aerniere
ligne, dans les parcelles semees en lignes, pour eliminer Tin-
fluence reciproque des bordures.-
La largeur fut ainsi ramenee a 2 metres pour les semis k
la vol^e ou en lignes espacees de o"^,20, et a 2°^,o8 pour les
semis en lignes distantes de o°^,i6. Dans ce dernier cas, la
surface des- parcelles devenait egale ^ 5™ X 2™,o8 = 10^*^,40,
dans les autres parcelles , elle etait exactement de 10 metres
carres. Il restait 10 lignes dans les parcelles ou elles etaient
ecart^es de o™,20, et i3 dans celles qui Tetaient de o'^,i6.
Dans la fumure en plein , les engrais etaient repandus k la
volee , sur le dernier lai)our precedant les semaules et inti-
moment melanges au sol, k Taide de la houe a main.
Lorsque les matieres fertilisantes devaient Stre agglo-
merees , on les deposait au fond de petites rigoles creusees
avec une houe de jardinier a bee arrondi ; elles etaient ensuite
recouvertes de 2 centimetres de terre pour qu'il n'y eM pas
contact direct avec la semence qu'on epandait immediate-
ment apres. Pour obtenir une repartition rigoureusement
^gale des engrais et des semences, on pesa les uns et les
autres pour cnaque parcelle et chaque ligne.
— 21 —
Assolement des champs d^expMences. — Les champs
n^ I et 2 furent etablis au milieu d'une pi^ce de terre de
90 ares, ayant porte I'annee prec^dente du bl6 sans fumure,
sur d^frichement de luzerne. Le champ n° 3 avait porte du
ble sans engrais en 1900, des choux fourragers avec une
fumure de do.ooo kil. de boues de ville a Thectare en 1901 ;
apr^s effeuillages successifs , le sol fut libre en mars 1902 et
re^ut les famous necessaires pour se trouver dans de bonnes
conditions pour Tetablissement du champ d'experiences sur
orge.
Les semailles ont ete operees sur terre parfaitement pre-
paree, les 10 et 11 octobre pour Tavoine grise d'hiver, les
18 et 19 du m^me mois pour le bl^, le i®^ avril pour Torge.
La quantite de semence a Thectare a ete la mSme pour
tous les semis en lignes de chaque cereale , quel que soit
Fecartement adopte, mais elle est inferieure d'un quart ou
d'un cinquieme aux semis a la volee. Les doses employees
sont les suivantes : ^
Semis a la volee Semis en lignes
Avoine d'hiver .... 100 ^5
B16 126 100
Orge i3o 100
Nous tenons a faire remarquer que ces doses de semences
sont peu elevees, mais vu les soins speciaux donnes a la
terre avant d'executer les semailles, elles etaient largement
suffisantes.
Au printemps , on a opere un binage et un sarclage dans
les semis d'automne pour favoriser le depart de la vegetation
et assurer la destruction des mauvaises herbes ; les mSmes
operations ont ete executees pour Torge dans la premiere
quinzaine de mai. '
Recolte, — La moisson eut lieu apres complete maturite :
le 26 iuillet pour I'avoine ; le 27 juillet pour le ble ; le 2 aoM
pour I'orge.
Les javelles, apres ^tre restees quelques jours sur le sol,
ont ete mises en gerbes et battues immediatement a leur
sortie du champ.
Une premiere pesee donnait le poids total de la recolte,
une deuxieme celui du grain , par difference , on avait celui
de la paille y compris les balles.
On sera certainement frappe des rendements eleves que
nous accusons pour la ps^ille dans les experiences d'avoine ,
aussi tenons-nous a faire remarquer que les tiges mesuraient
I™, 80 a 2 metres de hauteur (i).
Pour mieux faire ressortir Tinfluence des fumures, les
recoltes ont ete evaluees en argent en estimant les 100 kil.
(i) Voir le rapport du D' Sigaud, secretaire general de la Societe
agricole et industrielle de Maine-et-Loire , sur la ferme experiinentale
d Avrille , dans le Bulletin de la Societe des Agricultears de France du
i5 decembre 1903.
- 22 -
grain a i6 francs, pour r"avoine, a 20 francs, pour le ble
a i5 francs pour I'orge. La paille d'avoine a ete cote©
de
32 francs la tonne, celle de ble ^o francs at celle d'orge
32 francs.
Ces estimations n'ont rien d'absolu, ce sorit des moyennes
pouvant subir, suivant les circonstances et les milieux, cer-
taines modifications. 11 sera d'ailleurs facile de ramener les
choses au point pour une situation donnee, puisque nous
indiquons separement les rendements en grain ct en paille
pour cbaque cereale. (A siiwre.)
Rapport sur la cinquidme Foire des
vins d'Anjou
Par M. Leon Bourcier, maire de Rablay, membre titulaire,
vice-president de TUnion des viticulteurs de Maine-et-Loire
Monsieur le President,
Messieurs,
La cinquieme Foire aux vins d'Aniou a Angers, vu les
promesses de nos vignobles, aux mois a aout et de septembre,
semblait devoir Stre fort importante ; mais le resultat obtenu
a, je dois le dire, depasse toutes nos provisions, meme les
plus optimistes.
Jamais encore, il ne nous avait ete donnO de constater une
semblable reussite.
Les exposants, venus au nombre de plus de trois cents ,
presenter de superbes echantillons de vins de tons les points
de notre beau departement, ont vu defilej:* devant eux plus
de six mille visiteurs, pas tons acheteurs, helas! mais tons
amateurs et beaucoup fins connaisseurs.
Enfin ! au milieu de la seconde journee les tickets d'entree
faisaient defaut, c'est tout dire !
C'est le lundi 9 Janvier, a i li. 1/2 de Tapr^s-midi, que les
portes du Cirque s'ouvrent devant une foule aussi compacte
quimpatiente. La vast e coupole... en planches, est promp-
tement envahie, on pent difficilement circuler; a grande
peine, nos presidents : M. le senateur comte de Blois et
M. Massignon, arrivent a .prendre place sur Testrade avec
M. Convert, Teminent professeur de i'lnstitut Agronomique,
que nous avons I'honneur et la bonne fortune de recevoir
parmi nous. lis sont bientdt entoures d'un grand nombre de
notabilites angevines parmi lesquellesje cite au hasard :
« MM. Merlet et Bodinier, senateurs ; de la Bourdonnaye,
de Grandmaison,'F. Bougere, deputes; Grignon, president
du Conseil general ; Joxe , maire d' Angers ; Proust , adjoint ;
Bordeaux-Montrieux, Bruas, Richou , V avasseur , secretaire
general de TUnion des viticulteurs d'Indre-et-Loire , etc... )>
Les conversations vont leur train, mais le bruit en est
bientdt domine par une puissante voix de baryton qui , avec
- is —
une insistance louable, reclame le silence; on parvient a
Tobtenir presque complet.
M. le comte de Blois profile de Taccalmie pour proclamer
la Foire ouverte et donne la parole a M. Massignon, presi-
dent de rUnion des viticulteurs de Maine-et-Loire, qui, avec
autorit^, -prononce un discours dont la p^roraison, tres
applaudie, adresse un chaleureux appel k tons les viticulteurs,
les conviant a venir se ranger nonvbreux sous la banniere de
rUnion.
Par guelques phrases aimables , modelees avec cette tour-
nure pleine de charme dont il a le secret, M. le comte de
Blois, souhaite la bienvenue a M. Convert et lui dit combien
nous sommes heureux de le voir parmi nous. Dans une deli-
cate improvisation M. Convert repond a M. le comte de Blois
et remercie I'Anjou de son aimable accueil.
Le vin d'honneur est ensuite servi. Les coupes de Faye 1900
cru de Brian^on, s'entrechoguent joyeusement et sont vid^es
au succes de la cinquieme Foire des vins d'Anjou ; il est du
reste d'ores et dej^ assure, grace au zele et a Tinitiative
entendue des devoues commissaires organisateurs : MM. Mas-
signon, D' Sigaud, Bieron, de Boissard, O. Chaillou, Deper-
riere, Fourmond fils, Andre Huau, Lafarge, G. Prieur,
Secher, commandant Ancelot, Leon Bourcier.
On se rend apres aux differents comptoirs et la degustation
commence. Les crus reputes sont litteralement assieges et
degustes avec inter^t ; la circulation est presque impossible
autour des pancartes ou flamboient les noms de Faye, Beau-
lieu, Bonnezeau, Chaumes, Rablay, Saint-Lambert-du-Lattay,
Saint-Aubin-de-Luigne, Thouarce, Saint-Barthelemy, Saven-
nieres, Epire, Martigne-Briand , Huille, TAubance, Breze,
Saint-Cyr-en-Bourg, Montsoreau, Dampierre, Brion, Briollay,
Parnay, etc., etc. J'en oublie et des meilleurs, que Ton fasse
credit a mon bon vouloir.
• Tous ces crus fameux et renommes ont, cette annee du
moins, si j'en juge par les echantillons que j'ai degustes,
retrouve leur antique valeur, cette traicheur, ce bouquet
fruite qui en ont etabli la seculaire reputation et leur ont valu
ce qualifiaatif enviable de cc douce amahilite, x>
Lorsque la curiosite de chacun fut satisfaite , il fut bien
doux aux organisateurs de cette Foire d' entendre sortir de
toutes les bouches des louanges sinceres et bien merit^es,
sur le confortable et la boime organisation d'une installation
qui leur avait donne tant de soucis.
Ce flit pour eux la meilleure des recompenses. Mais, Mes-
sieurs les organisateurs, je vous sais trop equitables pour
ne pas reconnaitre avec moi qu'une grosse part de ces elo-
gieux propos doit revenir a la cheville ouvri^re de notre
oeuvre, k notre sympathique Secretaire general.
C'est, en effet, vous le savez tous. Messieurs, en grande
partie au labeur incessant du D'^ Paul Sigaud , k son d^voue-
jnent aussi desinteress^ qu'illimite et a son zWe infatigable.
— 24 -
si bien seconds par notre vaillant agent g^n^ral, M. le com-
mandant Ancelot, que nons devons une reussite aussi com-
plete.
C'est un grand bonheur pour moi, mon cher Secretaire
general, de saisir I'occasion qui m'est ainsi offerte aujour-
ahui, de vous donner publiquement , en cette enceinte, le
respectueux temoignage de Testime et de Taffectueuse sym-
patnie que, depuis plus de aS ans que nous sommes amis et
que je vous vois a Toeuvre, j'ai toujours cues pour votre
caract^re.
Naguere, en ce beau canton de Tierce, c'etait pour vos
chers malades que vous vous plaisiez a abuser de ce talent ,
dont vous a doue la Providence, de savoir vous depenser
sans compter; aujourd'hui, c'estpour T Agriculture , pauvre
fille de France bien souffrante elle aussi, que vous vous
donnez tout en tier. Puissent vos efforts Stre fructueux et
couronnes de succes! Quoi qu'il arrive, merci, mon cher
Docteur, au nom de la Societe industrielle , merci, au nom
de r Union des Viticulteurs qui, de bien grand coeur, applau-
dissait en sV associant pleinement, a Thommage que sa sceur
ainee rendait, il n'y a qu'un instant, a une precieuse colla-
boration qui, deja, compte de si nombreux services.
Et maintenant, Messieurs, examinons si vous le voulez
bien le resultat pratique obtenu par tant d'efforts.
Cette foire, au point de vue des transactions, a-t-elle
repondu a nos esperances ? Je crains bien que non !
Quoiqu on ne puisse pas dire que ses resultats aient el6
nuls, il est certain, cependant, que la foire aux vins d'Anjou
ne donne pas ce quelle devrait donner. Pourquoi? Est-ce
parce que, comme je I'ai entendu dire, le commerce parisien
ou autre, desireux de nous faire tirer la langue, s'abstient
de nous visiter pour avoir plus tard notre marchandise a vil
prix ? Peut-Stre nien ! Je laisse a plus comp^tents le soin de
penetrer le mystere !
N^anmoins , a ma connaissance , environ deux mille hecto-
litres de vin ont ete places durant ces deux journees, c'est
peu, sans doute, mais ce resultat est bien superieur, je crois,
k celui des precedentes foires.
Ne perdons done pas courage , et , comme nous le conseil-
lait notre distingue President au banquet du 9 Janvier, unis-
sons nos efforts et je suis certain qu'en nous entendant bien,
nous obligerons ceux qui ont besoin de notre produit rege-
n^rateur a frequenter assidument nos marches.
G'est sur cet espoir. Messieurs, que je veux cesser d'abu-
ser d'une bienveillante attention, dont il serait vraiment
ingrat d'omettre de vous remercier.
Brianqojiy le a^ Janvier igo5,
Le G4rant, G. Grassin.
AxLgers, imp. Germain et G. Grmssin. — 580-5,
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETE INDUSTRIELLl ET AGRICOLl
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-et-Loire
Proc^s-verbal de la s6ance du 25 ffivrier 1905
Pr6sidence de M. le comte de Blois, senateur
Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux , Huault-
Dupuy, Jamin, docteur Sigaud, Suaudeau et Andr^ Huau
membres du bureau, M. Gilles Deperriere , vice-president
honoraire. MM. Laurent Bougere, Maurice Massignon,
de Fougerolles, Lavallee, Moreau, de Livonniere, docteur
Cordon, docteur Maisonneuve, Daign^re, Tabb^ Hy, Henne-
quin-Denis, O. Chaillou, Leon Bourcier, Ur^eau, Cl^mot,
baron Le Guay, Lafaree, Ch. Bouttier, Lemonnier, Alleau,
Thomas, Grau, Gallard, Fourmond fils, de Lavergne, Sigaud
fills, Abraham, Mignot, Betton-Allard, Ferre-Hamon,
Catroux, docteur Desvaux, Aug6, membres titulaires.
— Lecture du proc^s-verbal de la pr.^c^dente seance. Le
proces-verbal est adopte sans observations.
— M. le President donne lecture d'une lettre de M. le Maire
d' Angers, remerciant, au nom du Conseil municipal d' Angers,
la Society Industrielle et TUnion des Viticulteurs de Maine-
et-Loire du don de vin fait aux ^tablissements charitables ,
^ la suite de la foire aux vins d'Anjou.
— Communications de la station oenologique.
M. Moreau, directeur de la station, donne lecture de son
rapport sur la chaptalisation des vins envisag^e au point de
vue oenologique.
— 26 —
M. le President adresse ses felicitations a notre savant
collogue pour cette etude tres remarquable dont la lecture a
ete suivie des applaudissements de tout^ Tauditoire.
Une discussion s' engage ensuite au sujet de cette question
qui interesse vivement notre departement. MM. Laurent Bou-
ffere, Massignon, Dai^nere, Urseau, docteur Maisonneuve,
docteur Cordon, Mignot, Huault-Dupuy , Lemonnier,
Suaudeau, Gilles Deperriere et Jamin fcnt part de leurs
observations d'oii il resulte que le rapport de M. Moreau
et celui de M. B^con lu par M. le docteur Sigaud, et presente
le i®^ fevrier a la reunion de la 17® section des Viticulteurs
de France et d'ampelographie , ont eu Tun et T autre leurs
chauds partisans, aussi leur ferons-nous Thonneur de les
publier m-extenso dans notre bulletin mensuel ainsi que les
resolutions prises a cette reunion.
— Discussion sur les modifications a apporter au regime
des bouilleurs de cru.
M. Laurent Bougere, depute, dit qu'il votera a la Chambre
pour ramendement Morlot, faute de mieux, mais qu'il ne
signera point la petition qui circule en ce moment dans notre
departement; il est d'avis que nos populations viticoles ne
doivent pas laisser entrevoir qu elles se contentent de cet
amendement; il aurait mieux valu demander de^lus grands
adoucissements k la loi draconnienne qui a cause un si grand
prejudice a tous nos viticUlteurs.
M. Daignere serait desireux de voir aj outer a Famendeijient
Morlot que les vignerons attaches au vignoble soient consi-
deres comme faisant partie des membres de la famille et,
par suite, puissent profiter d'une augmentation 4e 5 litres
a alcool pur par individu. Cette observation fort juste revolt
r approbation de nos coUegues.
M. le President fait observer que T amendement Morlot va
devenir, s'il est accepte, un nouveau projet de loi, Tarticle 3
entre autres qui est le point le plus delicat et le plus important
de la loi va ^tre comply tement modifie. Au reste, la Societe
des A'griculteurs de France a prefere se rallier k cet amen-
dement , bien qu'il ne donne pas satisfaction a beaucoup de
viticultem's. En consequence, il croit devoir les engager k
signer la petition mise en circulation.
— La Persicaire de Tile Sakhaline. Etude par M. Hennequin-
Denis, membre titulaire.
M. Hennequin-Denis presente des racines, des bourgeons,
des tiges et des feuilles avec fleur§ seches de la persicaire de
Sakhaline ; cette plantle qui tout d'abord a ete introduite en
France, comme une plante fourragere de grand merite et
precieuse pour fixer les sols sablonneux et autres , pourrait
aider puissamment (d'apres Fauteur) a la navigation de la
Loire, d'abord pour fixer a leur origine les sables qui 1' en-
— 27 —
comb rent constamment , et ensuite pour empdcher la degra-
dation de ses rives. G'est une plante vivace, une veritable
pieuvre vegetale , resistant a toute epreuve , s'accommodant
aussi bien du climat Siberien que des sables du Sahara,
supportant egalement 4o degres de froid comme 4o degres
de chaleur. Tout d'abord on lui a reproche dans notre pays
d'etre trop envahissante, ce qui serait plut6t une qualite pour
Tusage en vue duquel on la propose aujourd'hui. Elle pousse
bien dans tous les terrains, s'implante vigoureusement dans
les sols sableux les plus pauvres, toutes les expositions lui
conviennent, elle resiste k toute les intemperies et s'adapte
assez facilement k toutes les terres.
M. Hennequin est j)ersuade qu'une plantation de persicaire
faite en amont de la Loire viendrait completer le travail fait
en aval et donnerait d'excellents resultats pratiques.
Les travaux n^cessit^s par cette plantation sont des plus
simples et des moins coMeux. Mais actuellement on ne
poss^de en France que tr^s peu de ten^ains ou la persicaire
ait ^te plantee, tandis que des millions de bourgeons
seraient n6cessaires pour une plantation de cette importance,
aussi M. Henne(^uin ne serait-il pas ^loigne de les aller
chercher a Sakhaline mSme.
Les quelques carres plantes a titre d'essais en Anjou
pourront Hre visites en avril ou mai par ceux que cette
plante interesse,- M. Hennequin sera tr^s heuj^eux de se
mettre a leur disposition.
M. le President remercie M. Hennequin de sa tres int^-
ressante communication, et nous savons qu'a notre prochaine
reunion un de nos savants collegues nous fournira sur la per-
sicaire des renseignements supplementaires qui donneront
un nouvel interSt a cette plante et a ses usages.
— M. Prosper Jamin, tr^sorier, lit son rapport sur le compte
financier pour Fannie 1904. II en r^sulte que les recettes se
sont 6le\6es a 19.834 fr. 76, les depenses a 16.462 fr. 85, d'od
un excedent de recettes de 3,3ni fr. 90.
M. le President remercie M. le Tr^sorier et nomme une
Gommisson composee de : MM. Daignere, Ghaillou et Lafarge
qui sera chargee d'examiner ce rapport.
— Reception des candidats pr^sent^s a la pr^cedente
reunion :
M. Florestan Bauge, propri6taire, 10, passage Rocheti^re,
Angers.
M. le docteur Henri Prion, a Quince-Brissac.
M. Naveau, Andr6, proprietaire au Ghamp.
M. Andre-Blain, du'ecteur d' assurances , rue B^clard,
Angers.
M. Martin de Kergurione, industriel, rue Boisnet, Angers.
Tous ces candidats sont regus k Funanimit^ des voix.
. — 28 -
. — Presentation de candidats : . ' *
M, Edouard Normandiere , proprietaire k Brain-sur-rAu-
thion, pr^sente p ar MM . Edouard Lafarge et le docteur Sigaud .
M. Gabriel de Loz6, proprietaire; 33, rue des Arenes, k
Angers, presente par MM. le comte de Blois et le commandant
de Padirac.
M. Raoul du Grandlaunay, proprietaire, chateau de la Herpi-
niere, Tm-quant, par Montsoreau, presente par MM. Maurice
Massignon et le docteur Sigaud.
L'ordre du jour etant epuise la seance est lev6e a
4 heures 1/2.
Le Secretaire general,
T>^ P. Sigaud.
Rapport de la Commission des finances
sur le compte financier de I'ann^e 1904
par M. Lafarge, rapporteur
Messieurs ,
La Commission que vous avez nommee dans votre stance
du 25 fevrier i9o5,et composee de MM. O. Chaillou, Daignere
et Lafarge, a constate que les pieces de la comptabilite justi-
fient toutes les depenses inscrites au compte presents par
M. le Tresorier, au cours de Texercice 1904.
Les recettes s'elevent k la somme de . . 19.834 76
Et les depenses a celle de , . . ... . 16.462 85
• Soit une difference de . , • 3.3^1 90
qui formera le premier article des recettes de Tannee 1905.
La Commission se plait a faire remarquer que toutes les
cotisations (moins deux) ont 6te encaissees au coilrs de
Tannic 1904 ; elle en felicite a la fois M. le Tr^sorier et
M. r Agent general dont le z^le et le devouement meritent
les eloges et les remerciements de la Societe.
Nous avons, en consequence, Messieurs, Fhonneur de
vous proposer Tapprobation des comptes de la Society pour
Texercice 1904.
Angers, le 11 mars igo5»
m
Ont signe , les membres de la Commission :
O. Chaillou, Daignere, Lafarge.
— 29 —
A NOS LECTEURS
Contrairement a notre intention de presenter dans chaque
Bulletin mensuel une ou plusieurs etudes agricoles en m^me
temps que des travaux vitieoles, nous avons cru devoir
d^roger cette fois a notre programme en consacrant ce
Bulletin presque en entier a la viticulture.
L'importance du sucrage des moMs ou chaptalisation est
telle aujourd'hui qu'il nous a semble du plus grand inter^t
pour ceux de nos lecteurs, et ils sont nombreux, qui s'adonnent
a la viticulture, d'etre mis au courant et renseignes d'une
faQon precise sur la question du sucrage au moment mSme
ou la Chambre des Deputes et le Senat vont Stre appeles , a
tour de r6le, a introduire certaines modifications plus ou
moins serieuses a une loi qui a des adversaires convaincus
en m^me temps que de chauds partisans.
Nous sommes persuades que tons liront avec plaisir et
beaucoup avec profit les savants rapports de notre distingu^
collogue, M. Moreau, directeur de la Station oenologique de
Maine-et-Loire , et de M. Bacon, professeur de viticultm»e a
Saumur, ainsi que les resolutions prises a la reunion de la
dix-septieme section de la Society des Viticulteurs de France
et d'Ampelographie le 19 fevrier 1905.
Le Comite de publication.
DU-sepUime secUon de la Soclite des YlllGolleurs de Fraoce
et d'MograpDie
AssembMe du ig fevrier igo5
Les membres de la dix-septieme section de la Soci^t^ des
Viticulteurs de France et d'Amp^lographie se sont r6unis
le 19 fevrier igoB dans une salle de THotel de Ville d'Angers,
sous la prdsidence de M. le D"" Peton, maire de Saumur,
president de la dix-septieme section.
M. le President donne la parole a M. Moreau, directeur
de la Station oenologique d'Angers, pour la lecture de son
rapport sur le sucrage des moAts ou chaptalisation.
— 30 —
Rapport de M. Moreau
PREMIERE PARTIE
Ce serait line erreur de croire que Femploi de matieres sucr^es
pour am61iorer la vendange remonte au si^cle dernier. Le mauvais
temps, les annees froides et pluvieuses, Talteration des raisins
due a des causes diverses ne sont point le privilege de notre
epoque. Nos anc^tres ont connu, comme nous, tons ces accidents
et ont cherch6 a remedier a tpus ces inconvenients. S'ils ne
connaissaient pas le sucre , les anciens (les Romains en particu-
Her) avaient recours k plusieurs procedes pour augmenter la
richesse saccharine de leurs moMs. Le miel, le passeriUage , la
dessiccation sur claies exposees au soleil , la torsion sur le pied
du p6dicule des grappes, la concentration des moMs par la
cuisson ^talent alors les moyens employes pour accroltre la
teneur en sucre des moMs de raisin et, par suite, la richesse
alcoolique des vins.
L'utihte de ce proc6de de vinification a 6te demontree exp6ri-
mentalement par Macquer en 1776; mais c'est Chaptal qui s'est
fait le promoteur de ce procede en le d^crivant dans son traite
d'oenologie en 1807, d'oti son nom de chaptalisation qui lui a 6te
conserve.
« Cette addition de matieres sucrees au jus de raisin, disait
« Gay-Lussac, est un veritable progrjes dans Fart viticole que
« Ton doit a Chaptal et en faire une cause de falsification serait
« m4connaltre les principes les plus simples de F amelioration
« des vins. »
La chaptalisation, qu'il ne faut pas confondre avec la gallisa-
tion ou addition d'eau sucree aux moflts et aux vins , ni avec le
petiotage ou addition d'eau sucree aux marcs de raisins frais,
additions permises au moment de la crise phylloxerique et qui
n*ont plus leur raison d'etre aujourd'hui, est une operation
reconnue jusqu'ici licite et recommandable ; c'est pour I'expliquer
et la defendre qu'il nous faut entrer dans qu^lques details.
Sans vouloir faire un cours d'oenologie — bien inutile dans une
Assemblee composee d'aussi distingues viticulteurs, — qu'il me
soit permis de vous dormer les raisons qui militent dans nos
regions en faveur du sucrage et du sucrage seal, comme moyen
de parfaire le travail inacheve de la nature. II est bien evident
que, si chaque annee les conditions climateriques etaient telles
que nos raisins arrivassent touiours a la maturite desirable, la
question ne se poserait pas. II n'en est malheureusement pas
ainsi et, sous nos climats extremes de la culture de la vigne,
plusieurs fois, dans I'espace de dix annees, la maturation n'est
pas complete.
Est-il preferable de livrer k nos concitoyens, sous pretexte
qu'elle est naturelle , une boisson plus acide qu' alcoolique , inca-
Eable de se conserver et desagreable au palais et k I'estomac?
es medecins vous repondront : non ; les oenologues vous repon-
dront : non; les vrais d^gustateurs vous repondront : non; les
marchands vous repondront : non, et les consommateurs de tous
pays, s'ils veulent abandoimer quelques vieux prejug^s qui ne
tiennent pas debout , vous repondront : non.
— 31 —
Si tout le monde semble d'accord, voyons done comment
obvier aux inconvenients d'une maturite incomplete.
Le raisin renferme deux sucres : dextrose et levulose en propor-
tions presque egales au moment de la maturite ; des substances
acides : acides proprement dits, comme Tacide tartrique et
Facide malique et sels acides comme le bitartrate de potasse;
des substances azot^es ; des principes min^raux , comme les
phosphates ; des tanins ; des matieres colorantes ; des huiles
essentielles , etc., etc. Sous Tinfluence des levures, lorsque les
conditions de milieu sont realisees, les sucres fermentent et se
transforment en differents principes qui sont : Falcool, 4^,67 0/0
du poids du sucre, d'apres Pasteur; Facide carbonique, 4^,4^ 0/0;
la glycerine, 3,20 0/0; 1 acide succinique, 0,61 0/0, puis, en quan-
tites bien plus faibles, des alcools homologues de Falcool ordi-
naire , des acides volatils ; puis , en dehors du sucre lui-m^me ,
mais gr^ce a lui comme aliment et par consequent en rapport
avec son poids, la levure, d'apres certains auteurs, secrete une
mati^re odorante particuliere qui constitue la partie la plus
delicate du bouquet du vin (D^ Carles , Journal des Agriculteurs
et Viticulteurs , 20 avril iQoS). Dans ce nouveau milieu, different
du premier, des reactions vont s'accomplir; malgre la produc-
tion de nouveaux acides, Facidite totale va diminuer, par suite
de la precipitation de la creme de tartre, insoluble dans un
melange d'eau et d'alcool et d'autant plus insoluble qu'il y a
plus d alcool; le tanin et la matiere colorante vont se dissoudre
proportionnellement a la quantite d' alcool et de glycerine
contenue dans le liquide, c'est-4-dire que plus un moAt sera
Sucre, d'apres le D' Carles, plus il deviendra alcoolique et glyce-
rin6, plus il s'enrichira en fruits et en matieres extractives du
raisin ; enfin, il va se former des ethers, proportionnellement k la
quantite d'alcool et d'acide contenus dans le liguide. Nous
voyons done quel role va jouer le sucre et ses derives dans la
composition des vins , r61e qui — jusgu'a une certaine limite —
sera d'autant plus actif, d'autant plus bienfaisant que le sucre et
ses derives seront en plus grande quantite et, par consequent,
sera d'autant plus diminue, d'autant plus attenue, que le sucre
et ses derives seront en moins grande quantity.
En presence de telles consequences, nous arrivons forc6ment
et logiquement a etudier les moyens d'augmenter la richesse
saccharme de nos moMs et, par suite, le degre alcoolique de nos
vins, lorsque cette richesse sera insuffisante pom* nous assurer,
non pas le maximum, mais le quantum desu^able, obligatoire,
des avantages enumeres en partie plus haut.
Parmi ces moyens, les uns, comme le linage, n'apportent
qu'un des elements principaux, Y alcool et quelques produits
secondaires; les autres, comme les moats concentres, les glucoses
du commerce, apportent des sucres et d'autres principes; les
troisi^mes, enfin, comme le sucre cristallis^ ou saccharose , k
99 0/0 de purete environ, n' apportent que* Felement qui fait
defaut : le sucre. Nous allons les examiner successivement et
rapidement :
V Le vinage. — Cette operation, actuellement interdite , mais
que beaucoup demandent de retablir, seduit au premier abord
les viticulteurs pour plusieurs raisons. Quoi de plus naturel,
de plus logique en apparence et de plus ^conomique que de dis-
tiller ses vins, marcs et lies et de conserver Falcool produit pour
•v>-
— 32 —
augmenter le de^re alcoolioue des vins lorsque, certaines ann6es,
il sera trop faible ? C'est a'abord rutilisation de vins avari^s ,
puis I'emploi du vin lorsque, dans les annees d'abondance, il
n'aura pas trouve prenenr. Pourquoi s'adresser k la betterave
pour se procurer le sucre et par suite Falcool , alors que nous
pouvons avoir k notre disposition cet alcool m^me, provenant
de notre vin k nous ? En somnie , nous enlevons par la distilla-
tion Talcool k du vin, pour le restituer ensuite plus tard a du
vin, lorsque les besoins s'en feront sentir. Quels inconvenients
y voyez-vous ? Et n'est-ce pas Ik le moyen de resoudre la crise et
He donner satisfaction aux ennemis du sucrage, tout enprenant
soin des int^r^ts des populations du Centre et de I'Ouest qui ont
besoin de remonter le degre alcoolique de leurs vins !
D'abord, par ce moyen, nous ne desarmerons pas les anti-
sucreiirs ; ils ont d'autres raisons que celles que vous mettez en
avant pour interdire le sucre ; ils ne seront plus anti-sucreurs ,
ils deviendront anti-^ineurs ; puis par le linage, en supposant
que vous n'employez pas des eaux-de-vie de vins avaries, des
eaux-de-vie de provenance etrangere au vin, vous ne corrigerez
qu'imparfaitement le travail inacheve de la nature ; vous n'appor-
terez qu'un Element ; I'alcool, puis certains aromes et certains
bouquets. Mais nous avons vu que le sucre, en se decomposant,
donnait naissance k d'autres substances , en particulier a la gly-
cerine — et je n'appreindrai rien aux proprietaires de vins blangs
en leur disant quel r6le joue cet element dans le moelleux de
leur vin. Done le vinage, en se pla^ant seulement au point de
vue oenologique , est une operation incomplete et par suite nous
devons chercher mieux.
a° L'emploi des modts concentre doit au contraire retenir
notre attention. II est bien entendu que je n'entends parler ici,
pour augmenter la richesse saccharine des moMs pauvres, que
de Femploi des moMs concentres de la m^me region. J'aurais
lieu de craindre et de considerer comme mauvais Femploi de
moAts concentres de provenance etrang^re au pays, moMs qui
nous apporteraient non seulement le sucre, mais les goMs de
fruits particuliers aux cepages d'origine et par consequent pour-
raient dans une certaine limite masquer le fruite special de nos
vins et leur enlever tout ou partie de leur cachet. II se pourrait
cependant que , pour des vins communs , il y eAt avantage d, les
additionner de moAts concentres , provenant de cepages plus fins
et superieurs. Si je fais done des reserves pour cet emploi de
moCits concentres etrangers, je considere Foperation, au point
de vue oenologique seulement , comme devant donner de Dons
resultats, si elle est faite avec des moAts de meme provenance.
Du reste , cette pratique n'est pas nouvelle et ce moyen d'accroitre
la richesse en sucre des moCits etait employ^ autrefois dans
certaines con trees de FAnjou. On chaufTait le moCit — la moitie
de la barrique — dans des chaudieres a bascule , a mesure qu'il
sortait du pressoir, apres Favoir au pr^alable tamise, et on por-
tait iusqu'a 60° Reaumur. L'operation pouvait etre dangereuse et
il fallait eviter de donner un goAt de cuit et de carameliser le
Sucre. II existe aujourd'hui des appareils beaucoup plus perfec-
tionnes permettant la concentration des motlts et des vins. Je ne
puis ici et aujoiu*d'hui entrer dans les details et je ne puis
vous dire si, pour notre region, ce proc6de serait pratique et
economique ; il n'en constitue pas moins un procede tres rationnel
de Famelioration de la vendange et meritait d'etre sig^al^.
— 33 -
L'emploi du miel, du glucose commercial contenant de la
dextrine , etc. , a rinconvenient d'apporter des substances etran-
geres aux vins et doit etre reiete.
3° Reste le dernier procede , le plus employ^ de tous : c'est le
sucrage au moyen de sucre cristaflis^, de betterave ou de canne,
Ce Sucre est du saccharose qui, sous Faction des acides et des
levures de vin, se dedouble en parties 4gale^ en dextrose et
l^vulose, qui sont, nous I'avons vu, les deux sucres du raisin. De
sorte que, une fois ce dedoublement , cette interversion operes,
soit avant son introduction dans la vendange , soit pendant Fope-
ration meme de la fermentation, nous nous trouvons, k peu prds,
au point de vue du sucre , dans les mSmes conditions que si nous
avions eu reellement affaire a'lme vendange, a im moM ayant
mtiri normalement ; c'est bien Ik le procede rationnel par excel-
lence de Fam^lioration du moftt. • ^
Aussitdt que cette transformation du sucre est operee , si elle
est complete — et lorsque Foperation a ete bien faite, en temps
opportun, en quantite voulue, <ians de bonnes conditions en un
mot, elle est toujours complete — on ne pent plus affirmer que
le Sucre que Fon-trouve est bien naturel ou a ete ajoute; seule
d ce moment-Id la quantite trop elevee d' acides que Fon ren-
contre pourrait faire presumer de Faddition-de sucre. Puis
alors ce suqre se transforme en alcool , acide carbonique , acide
succinique, glycerine et autres produits, tout comme le sucre
naturel, et on obti^it un.vin qui oifiere peu, a F analyse chimique,
comme composition , d'un vin de m6me provenance , ayant mime
degre alcoohque ; si Facidite est plus i^le\6e au debut, elle dispa-
ralt a la longue; ce vin vieillit et acguiert de la finesse et du
bouquet. Je n'ai pas la pretention de dire que , par cette opera-
tion du sucrage, on obtiendra des grands vins, mais je crois 6tre
d'accord avec tous, en reconnaissant qu'on am^liore sensible-
ment le vin , ce qui est tout b6n6fice pour le producteur et pour
le consommateur.
On dit que ces vins ne donnent pas dans la suite ce qu'ils
semblaient promettre au debut. La chose n'a rien qui doive nous
surprendre. II est bien evident qu*un vin qu'on a amen^ a io°,
par suite du remontage,- n'est pas semblaLle a un vin naturel
de 10°. Par Faddition de sucre on ne retablit pas, dans la pro-
portion qu'ils ont dans un moflt naturellement mtlri, tous les
elements constitutifs du moftt et par consequent le vin resultant
de cette operation ne doit pas se comporter de la m^me fa^on
Sue le vin naturel. L'operation du remontage des moMs n'a pas
'autre but que d'am61iorer la vendange ; c est dej^ beaucoup si
elle y reussit et il ne faut pas lui en demander davantage.
II r^gne encore sur le sucrage, ou plus exactement sur la chapta-
lisation, une multitude de prejuges qu'une 6tude plus approfondie
de la question pent faire evanouir successivement.
Supposons tr6is' cas ;
1° Le Sucre ajoute s'est transforme com,pUtem,ent en sucre de
raisin, puis compldtemeat en alcool; on obtient un vin sec ne
contenant plus trace de sucre -^ i gramme environ par litre
toujours ; — dans ces conditions, je ne vols pas ce que Fon pourrait
reprocher a la chaptalisation et je ne vois que des avantages
gour le vin et le consommateur : plus d' alcool, moins d'acidite,
quide mieux equilibre, susceptible d'acqu^rir plus de bouquet
et de se conserver.
2° Le Sucre transforme en sucre de raisin n'a pas completement
— 34 —
fermenU, il en reste line certaine dose dans le liquide. Nous
nous trouvons alors, pour les vins blancs, dans le cas de tons nos
vins liquoreux; ces vins ont — en ne considerant que le sucre
bien entendu — les mSmes avantages et les mSmes inconvenients
que les vins liquoreux naturels : ils sont susceptibles de subir
des fermentations, soit en barriques, soit en bouteilles, suscep-
tibles d'Mre attaqu^s-par les memes ferments et transformes
dans les m^mes produits. Done, pour les vins blancs rendus ainsi
liquoreux, je ne vois-^rlen k leur reprocher que je i:ie reprocherais
aux vins liquoreux naturels. S'il s'agit de i^ins rouges, la chose
est differente et les inconvenients sont graves. C'est pourquoi cette
operation du remont<age des moAts ne pent etre faite k la legere,
11 y a des precautions k prendre et surtout des doses k employer,
des optima a realiser qui ne peuvent ^tre depasses, pour les vins
rouges, sans causer de graves prejudices aux vins. Mais, dans ce
cas, est-ce la faute du sucre ou de I'operateur? et faut-il
condamner le preijiier parce que le second ne salt pas Tem-
ployer? La mesure serait rigoureuse et injuste et je considere
qjill vaut mieux instruire I'operateur que de prohiber la mar-
chandise.
3° Le Sucre ne • s'est pas completement transforme en sucre de
raisin et reste par consequent a I'etat de saccharose. Ce cas ne
pent se produire que lorsque F operation a 6t6 mal faite ^ klo. fin
de la fermentation, et k doses liiassives, ou bien lorsqu'on a
aioute le sucre, non plus au moM, mais au vin; dans ce cas ce
n est plus de la chaptalisation. Le vin ainsi compose , si la dose
est assez forte, a un goftt doucereux qui ne trompe pas les degus-
tateurs et , comme le consommateur n'est pas trompe , comme le
chimiste pent, par des moyens tres simples, doser ce sucre et le
caracteriser , le vin est condamne de lui-m6me et je ne vols pas
pourquoi, pour un cas qui se presente rarement et qu'il est facile
de caracteriser et par suite de devoiler, on condamnerait la
pratique du sucrase. Du reste , avec la limitation ■ que nous
etudierons tout k Fheure, ce cas ne devra se produire que tres
peu souvent. Les vins contenant encore du saccharose seront
sujets aux m^mes inconvenients que les vins de la deuxieme
serie.
En resume , lorsque cette operation de la chaptalisation a ete
faite dans de bonnes conditions et a des doses convenables —
doses forcement limitees, surtout pour les vins rouges — les vins
qui en beneficient ont des compositions sensiblement normales ,
pr6sentent sur les vins de m^me provenance, de mSme annee, non
remontes , Favantage d'etre plus alcooliques , moins acides , plus
riches en fflyc6rine , en tanins , en matieres extractives , en cou-
leur, en ethers, en fruits et bouquets; ils vieillissent normalement
en s'ameliorant et , slls ne peuvent devenir de grands vins , ils
sont et demeurent des vins de bonne conservation, sains et hygie-
niques.
DEUXIEME PARTIE
Nous venons, dans une premiere partie , d'examirier la chapta-
lisation au point de vue scientifique. Voyons maintenant, aans
une deuxieme partie, ce que pensent de cette operation, ses adver-
saires et ses partisans et voyons aussi si leur maniere de voir
est d' accord avec ce que Fcenologie nous enseigne.
Les adversaires du remontage des motlts sont de deux sortes.
En premier lieu, on pent ranger ceux qui ignorent les avantages
— 38 —
du precede et s'en tiennent k la routine : Quand rannee est
bonne, tant mieux; quand elle est mauvaise, tant pis. Le nombre
de ces adversaires diminue chaque annee. Leur avez-vous jamais
entendu formuler, en termes precis , leurs revendications? Quels
arguments, reposant sur des oases s^rieuses , en dehors de toute
declamation, ont-ils jamais apportes contre cette pratique du
sucrage, consideree, bien entendu, au seul point de vue auquel je
me place dans cette etude ! Combien en avons-nous connu de ces
intransigeants , de ces irreductibles , qui ont ete obliges de
slncliner devant I'evidence et surtout devant le refus des mar-
chands de prendre leur vin; ils ont amene depuis le drapeau
blanc! En deuxi^me lieu, on pent ranger ceux qui n'ont pas
besoin du remontage, ceux qui, comme tons les viticulteurs du
Midi, ont pour euxle soleil, ce grand bienfaiteur des vignerons.
J'admets «)rt bien que dans leur milieu ils prohibent le sucrage,
mais ce que je ne j)uis admettre , c'est qu'ils le defendent dans
d'autres regions, moins favorisees ; k ce compte-14, on arriverait
k ne permettre certaines cultures que dans certaines contrees,
sous certains climats , et notez bien qiie ce n'est pas la premiere
fois que nous entendons dire qu'on ne doit pas lutter contre le
climat; alors pour la vigne, adieu les bons crus de Champagne,
adieu notre Anjou, adieu la Bourgogne avec ses Montrachet, ses
Pomard, ses Volney, ses clos Voug^eot, et peut-6tre m^me adieu
le Bordelais; que nous resterait-d? Les vins d'Aramon et de
Clairette ! C'est maigre, et je vous assure que beaucoup de d6gus-
tateurs ne s'en contenteraient pas! Parmi les adversaires que
nous trouvons dans nos regions, il y a ceux — et j'en connais —
qui, mSme en mauvaise annee, ont des expositions et des terrains
tels qu'ils produisent encore des vins de 9 a 10° ; ce sont, pour la
plupart, les propri^taires de nos grands crus. Que craignent-ils ,
ceux-lk? hsi concurrence? Mais c'est avouer quele remontage des
moflts est une operation excellente ; c'est plaider — indirectement,
je le reconnais — plus en faveur du sucrage que contre cette
operation. Et puis, le client, le degustateur, qu'est-ce qu'il devient
dans tout cela? Alors, s'lI n'a pas le moyen de se payer une
barrique a 3oo francs et mSme plus, vous le condamnez k boire
de la piquette ! C'est bien rigoureux et je proteste. Que ces adver-
saires, d ailleurs, se rassurent. Je ne crois pas qu'actuellement il
y ait m^vente sur les grands vins ; je sais que cette ann^e tons
les bons crus sont partis. Et puis, mfeme avec le sucrage k hautes
doses, on n'arrivera jamais k egaler, m^me de loin, les grands
crus. On a redoute autrefois les levures selectionnees , les gluco-
sides, les s^ves , tons les produits preconises pour I'amelioration
des vins; je ne sache pas qu'on soit arrive, avec des vins com-
muns, k I'aide de tons ces procedes, k faire des grands vins; —
on pent les ameliorer, c'est dejk beaucoup; — on n'y arrivera
pas davantage avec le sucrage. Ce n'est m le sucre, ni I'alcool,
qu'on paie i.ooo francs et plus dans une barrique de Ch&teau-
Yquem, de Musigny-Vogue ou de Chftteau-Laffite ; c'est ce je ne
sais quoi qui fait le bouquet, le cachet particulier du cru et qui
ne se trouve realist dans toute sa perfection qu'au cru m^me et
pas k c6te.
Que les proprietaires de grands crus se rassurent done; ils
n'ont qu'une chose k faire, c'est de maintenir la quality de leurs
vins, sans chercher d accroltre la quantity de leurs produits, et
j'ai Ueu de croire que la crise viticole passera sur eux sans les
- 36 —
atteindre ; car, tant qu'il y aura des amateurs de bons vins sur la
terre, les grands crus trouveront leur debouche.
Ce que craignent surtout les adversaires du sucrage et mSme
ceux qui veulent la limitation de ce droit, c'est quelle sucrajpe
non limite ne soit suivi de mouillage. Le mouillage est, je crois,
Texception dans notre region; mais je sais que dans le Midi,
lorsque le degrevement des sucres fat opere, on se mit k faire
des vins de sucre en masse et k encombrer le marche d'une fa^on
telle que la crise, accrue par ime annee de production, sevit
encore. Or — ph^nom^ne gui n'a pas lieu de trop nous surprendre
— c'est surtout le Midi qui a pecne dans la circonstance et c'est
nous, par Tabolition complete du droit de remontage, qui devrions
en supporter les consequences! Ge n'est pas juste et nous ne
sommes pas d'humeur k nous laisser faire.
Si on etait stir que le remontage des motlts ne fCit pas suivi de
mouillage, le nombre des adversaires du sucrage dimmuerait sen-
siblement. II en restera encore qui, pour d'autres raisons aux-
quelles nous repondrons par la limitation du droit de sucrage,
seront opposes a cette operation; mais il est bien evident qu'il
est impossiblc'de satisfaire tout le monde; c'est Tinterfit du plus
grand nombre au'il faut viser ici. .
Ceci nous amene k examiner les revendications des partisans
de la chaptalisation.
Les uns veulent que le remontage soit permis sans aucune
mesure, que chacun, en un mot, puisse remonter les motits
comme bon lui semble ; les autres, au contraire , sont partisans
d'une limitation fix6e une fois pour toutes.
Evidemment le sucrage ad libitum serait le plus rationnel et le
plus juste, s'il pouvait ^tre pratique avec mesure, apres une
etude prealable du motlt. Mais combien pen de viticulteurs ,
encore de nos jours, prennent la densite de leurs motlts? Com-
bien peu sont encore fixes sur la quantite de sucre k employer,
le moment de I'aj outer a la vendange, etc., etc. ?
Et alors, on arrive k ceci : c'est qu'on sucre k tort et k travers,
sans mesure, ni discernement; on ajoute souvent la mfeme dose
tons les ans, sans savoir s'il en faut plus ou moins. Or, c'est en
presence de ces exc^s qui jettent le discredit sur ime region,
c'est surtout dans la crainte du mouillage, soit chez le I'ecoltant,
soit, le plus souvent, chez I'intermediaire, qu'on a pense qu'il
etait juste d'y mettre un terme en vue de prot^ger le commerce
honnSte et aussi certains viticulteurs contre eux-mfemes; ils ne
s'en rendent pas toujours compte au debut, crient k I'arbitraire,
mais se rangeront t6t ou tard a I'avis des plus prudents et des
plus avises.
Nous arrivons ainsi k la limitation du droit de sucrage.
Le meilleur mode serait une limitation non fixe, variable sui-
vant I'annee, suivant la region. Est-elle possible? est-elle pra-
tique? En principe, la chose n'est pas in^ossible : il est toujours
facile de se rendre compte de la composition du moM et on pent
supposer un labor atoire dont le personnel se deplacerait a
I'epogue des vendanges et indiquerait — son arrfit ayant force
de loi — quelle est la quantite de sucre qui doit ^tre ajoutee au
mo tit, par region; ce serait le remontage scientifiquement 4tahli,
Est-ce pratique ? Je n'ai pas etudie a fond la question pour
aujourd!^'hui, mais je vols quelques difficultes dans I'application
de ce proc6de. Nous arrivons done tout naturellement k la
1
- 37 —
limitation 6tablie une fois pour toutes , qui a des inconv6nients ,
je le reconnais, mais qui est peut-^tre la seule pratique. La
[oi a permis le remontage a raison de lo kilos par 3 hecto-
litres de vendange, ce qui fait environ une augmentation de
deux degres pour le titre alcoolique du vin. Je reconnais, apr^s
reflexion, que dans certaines ann^es, pour certains cepages
et pour quelques rejjions, la- dose est un pen faible. En uxant
a lo kilos^ la quantite de sucre a aj outer, on n*a pas eu en
vue de permettre au proprietaire de faire de grands vins, mais
on a pense que c'etait une dose suffisante pour assurer tou-
jours une bonne conservation du produit. Je crois que pour nos
vins blancs — je parle de I'Anjou que je connais bien — la dose
est sufQsante pour le but que Ton se propose ; pour certains
vins rouges ou rougets, elle est peut-^tre un peu faible, cer-
taines annees. Si le Tegislateur ne revient pas sur sa decision, si
on maintient le statu quo^ c'est au proprietaire k prendre soin
d'obtenir un degre en plus environ. Le peut-il ? Je crois que par
le choix des cepages appropries k la region, le choix du terrain
et de I'exposition, la conduite de la taille, F^poque de la ven-
dange — importante pour bien des ?aisons — la concentration
des moMs , la marche de la fermentation — eviter les pertes en
alcool pendant le cuvage — on pourrait arriver a augmenter de
I degre Falcool du vin, ce qui, avec les 2 degres que Ton obtient par
le remontage, pourrait assurer la conservation de nos vins. Si nous
ne pouvons obtenir ce degre supplementaire , nous connaissons
aujourd'hui bon nombre de procedes licites qui permettent la
conservation des vins, m^me a faible degr6; je ne puis entrer
dans des details , n'ayant pas Tintention de vous faire un cours
d'oenologie.
Enfin, pour terminer, il faut dire un mot des mesures que Ton
emploie pour s' assurer que la loi a ete observee et que Ton n'a
pas Sucre k des doses non permises. Ces moyens sont parfois
imparfaits, quelques-uns arbitraires et vexatoires ; on propose de
les modifier ou cle les adoucir; je n'en parlerai pas parce que la
question n'est plus de mon ressort. Semement , on s est demande
plus qu'il n'etait permis
Voici trois ans que je suis de pres, par Fanalyse, la vinifi-
cation de nos raisins rouges et blancs. II est inutile de vous
dire combien est variable cette composition, d'un cepage a un
autre, d'une ann6e k une autre et, pour une iiiSme ann^e , d'une
region a une autre. J'en suis arrive a conclure que, pour les vins
rouges, il serait possible au chimiste de dire si le sucrage a ete
fait a trop fortes doses , mais rien de plus , car il y a souvent
2 degres et demi a 3 degres de difference, pour la meme annee et
pour la m^me cepage , suivant la region , pour des vins naturels ;
mais le chimiste ne pourrait ^tre affirmatit qu'a la condition d' avoir
fait cheque annee de tres nombreuses prises et analj^ses de motlts.
Pour les blancs, la chose est encore possible pour certaines regions
et dans certaines conditions; dans les regions, par exemple, ou la
duree de la cueillette est peu etendue ; on obtient en effet des vins
ne diff<6rant entre eux que de 3 degres environ; la chose devient, je
crois , presque impossible — les etudes sur ce point ne sont pas
achevees — pour certaines regions comme TAnjou, par exemple,
et pour notre cepage, le Chenin blanc, car on constate des ecarts
-38-
considerables dans la m6me ann^e; il faudrait alors multiplier
les prises d'essais et les analyses.
Force est done d'en arriver k la surveillance des sucres, le
chimiste ne pouvant jouer que le rdle d'arbitre entre la regie et
le viticulteur dans cette question du sucrage.
En resume, apr^s ces etudes, nous arrivons a conclure : i° que
le reniontage des moftts est une operation n^cessaire certaines
ann^es, dans nos regions; sa suppression aurait des c\)ns6quences
graves pour une grande partie ae la viticulture fran^aise et non
fa moins interessante ; 2° que la limitation rationnelle laissee a
Tappreciation des viticulteurs presentant de grandes difficultes
dans son application, le sucrage ad libitum ne peut Mre autorise ;
3° que la limitation fixee k 10 kilos par 3 hectolitres de vendange
pourrait Stre, k la rigueur, relev6e (Tun quart environ; 4° qii^, si
on maintient le premier chiffre admis, les viticulteurs peuvent
par des proced^s divers : choix du terrain, choix du cepage,
taille, epoque de la vendange ou bien concentration des motlts,
procedes de cuvage, etc., augmenter assez facilement de i degre
le titre alcpolique de leur vin ; 5° qu'ils ont k leur disposition, pour
la conservation de leurs vins, des procedes licites qu'un bon viti-
culteur ne peut ignorer et qu'on peut leur rappeler dans des con-
ferences et des brochures, etc. ; 6° que la surveillance des sucres
est indispensable pour eviter la fraude et le remontage k outrance,
la chimie ne pouvant pas toujours, vu la grande variation dans
la composition des moMs, deceler ce remontage; 7° que toutes
les fraudes ayant pour but d' augmenter la quantity de vin, telles
que le mouillage , ou bien de lui donner une quality apparente
par Femploi de substances nocives, telles que la saccharine,
doivent ^tre poursuivies avec la plus grande rigueur.
En s'inspirant de ces Etudes et de ces conclusions pour la con-
fection des lois et la redaction des decrets, le 16gislateur donnera
satisfaction k la majorite des viticulteurs, sans nuire auxinterets
de la viticulture frangaise, consideree dans son ensemble.
Le Directeur de la Station oenologique,
L. MOREAU.
N. B, — La chaptalisation, dans cette etude, n'a ete envisag6e
qu'au point de vue oenologique ; je tenais de nouveau a le faire
remarquer en terminant. L. M.
M. le President donne ensuite la parole k M. Bdcon, pro-
fesseur d'agricuUure a Saumur, pour la lecture de son rap-
port sur le sucrage des vins en Anjou.
Rapport de M. Bacon
La grave question qui met en emoi tout le monde viticole
comporte deux parties distinctes :
1° L'adjonction du sucre k la vendange, dans le but de relever
le titre alcoolique des vins faibles en annees defavorables ; c'est
la chaptalisation ;
^ 39 -
Qp La fabrication des vins de sucre, obtenue en versant de
I'eau edulcoree avec du sucre sur le marc, les lies, pour obtenir
des vins dits de seconde cuvee.
Si la chaptalisation moderee pent Stre utile dans notre pays,
ce qui est loin d'etre prouve , il n'en est pas de mftrae pour les
vins de seconde cuvee qui, admirablement masques, sont venus
faire une concurrence redoutable aux vins naturels en creant un
avilissement general des pri^c. Nous n'hesitons pas k les
condamner. II convient de prendre les mesures les plus ener-
giques pour reprimer la fraude , qui est Susceptible de porter le
plus grand prejudice k notre viticulture.
Le departement de Maine-et-Loire , tout en ne possedant que
3o.ooo hectares, de vignes sur 42-000 qui existaient avant la crise
phyUoxerique , produit neanmoins plus de vins qu' autrefois.
Beaucoup de terrains plus ou moins calcaires et consequem-
ment plus ou moins difficiles k reconstituer , en raison de
Fadaptation du porte-ffreffe k employer, ont ete ecart^s, pendant
que Fon s'est lance a une fa^on exag6ree k la plantation de
terrains faciles, de plaines, de defrichements , de d^boisements,
qui n'etaient qu'insufiisanmient aptes a porter de bonnes vignes
k vins solides.
II en est resulte une surproduction de vins a titre faible qui
seuls seraient capables de b^neficier de la chaptalisation.
Ge serait une erreur grave que de supposer nos vins rougets ,
Groslot, Gamay d'Orleans, capables de recevoir avantageuse-
ment pour leur qualite des doses massives de sucre.
Ce serait faire disparaltre leurs caracteres naturels de fral-
cheur et de fruite qui les font rechercher et en font d'exceUents
produits pour la consommation courante.
Quant aux vins blancs de Chenin, ils sont , sauf en terrains de
plaine defavorables , toujours assez riches en alcool dans la
proportion de 8 4 10° en moyenne.
II faut se bien p6netrer aune chose, c'est que Televation du
titre alcoolique n est pas un brevet assure de parfaite conser-
vation du liquide. Certes, Falcool est un puissant antiseptique ;
mais il faut aj outer que le sucrage a pour resultat aelever
surtout le titre alcoolique, ce qui pent determiner dans le vin
une rupture d'equilibre entre les elements constituants. Pour ^tre
logique, il faut parfaire le travail en ajoutant tout ce qui est
necessaire k Fobtention d'un vin artificiel complet. Cela pent,
comme on le voit, nous entralner bien loin.
La faculte d'elever de 2 ou 3 degres les vins en annee k maturity
difficile est, selon nous, amplement suffisante pour remedier
aux defauts naturels que des soins culturaux et une taille
rationnelle devront rendure exceptionnels. AUer plus haut, c'est
faciliter le dedoublement des vms, le mouillage et, par conse-
quent, la fraude.
L'usage libre du sucre, malgre les dires de ses partisans,
aurait pour resultante de decourager les vignerons conscien-
cieux qui s'adonnent a Fobtention de bons vins naturels de con-
sommation courante ; de les inviter k allonger leur taille , dans
le but d'obtenir du vignoble, par le jeu, men entendu, des
engrais, le maximum de ren dement, sans se preoccuper de la
qualite et Vie la maturity , que Fon est assur6 de trouver artifi-
ciellement par Fintervention du sucre. Bien plus, pour sau-
vegarder la quantite , le vigneron aura tout interfet k vendanger
prematur6ment ; toutes les ann^es deviendront , par cela mSme,
~ 40 -
d^favorables, au dire des sucreurs, et Fon en arrive k se deman-
der ce que deviendra la reputation de nos produits dans cette
miiiication generale. Ce serait porter un terrible coup a notre
viticulture locale. Or , on salt combien ont et6 grands les frais
Ji6cessites par la reconstitution du vignoble ; on salt quel effort
ffigantesque a ete accompli pour assurer, sup tout le territoire
frangais et par le greffage Fint^grite absolue de nos divers
cms si renomm^s. •
Car enfln, le renom des bons vins d'Anjou remonte le cours
de Fhistoire.
Si la crise phylloxerique a eloign^ , temporairement il faut le
croire, nos clients du Nord, de la Belgique, de la HoUande,
Fhistoire locale a conserve les noms de deux Hollandais , Van
Rossum et Van Voorn , personnes qualifiees notables qui , au
xvn® siecle, habitaient la commune de Souzay, pres Saumur, et
qui etaient charg^es d'acheter et d'expedier , par bateaux sur la
Loire , les vins ou Saumurois.
C'est .assez dire que ces populations appreciaient a leur juste
valeur les produits de notre sol et qu'il n'etait pas utile d' avoir
recours au sucrage pour assurer k ces vins une bonne conserva-
tion durant ces lon^s voyages.
Gertes, il faut bien Favouer, un certain engouement semble
s'^tre manifeste par les consommateurs en faveur des vins sucres ;
mais, en y regardant de pr^s, on s'aper^oit que cet etat de choses
a tout particuli^rement ete cree par des negociants allant chercher
trop souvent loin du pays des petits vins a bon marche, qu'ils
remontaient ensuite et qu'ils baptisaient vins de Saumur ou
d'Anjou dans leurs caves. Et, si des propri^taires vignerons ont
tendance a se laisser glisser sur la pente du sucrage, c'est sur
Finvitation formelle de certains negociants pour lesquels la
periode d'attente de reconstitution, alors qu'u y avait peu de
vignes, fut des plus fructueuses. Cet engouement ne pent qu'Stre
factice et de courte duree; si, suivant la formule, il y a plus de
consommateurs que de connaisseurs, il faut esperer que F6duca-
tion gustative des premiers fera bientot grossir les rangs des
seconds.
Les annees viticoles sont loin de se ressembler, surtout dans
notre pays, situe sur les confins de Faire septentrionale de la
culture de la vigne. Les partisans du sucrage en profitent, se
basant sur Fexemple fourni par les fabricants de mousseux, qui
recherchent toujours un produit neutre, pour lui demander de
remedier a la nature en obtenant touiours un vin identique k lui-
mSme. Mais les deux vins ne sont nullement comparables.
Nous croyons , au contraire , que la valeur de nos vins locaux
reside justement dans leurs diverses modifications annuelles,
suivant les fantaisies solaires, et que chaque annee, en somme,
comporte un cachet que ceux qui apprecient le vin savent toujours
lui reconnaltre. II est pour nous, a Fheure presente, un precieux
enseignement dans les manifestations qui retentissent dans la
region meridionale.
Le Midi a demande , il y a quelques annees , le sucrage , qu'on
s'est empresse de lui accorder. Aujourd'hui, apr^s une decisive
experience, il demande purement et simplement sa suppression.
II a done reconnu que le sucrage presentait plus d'inconvenients
que d'avanta^es ; une nouvelle tentative dans notre region du
centre pourrait aboutir au m^me desastre. Cet enseignement est
k m^diter.
— 41 —
• >
La fabrication des vins de Sucre a rendu de grands sendees k
la consommation , ouand la crise phylloxerique vint creer une
deplorable penurie'ae vins fran^ais. C*est pourquoi le legislateur
crut bon de Fencourager par la loi du 29 iuillet 1884, qui reduisit
des 3/5 la taxe perdue sup les sucres ordinaires en laveur des
sucres de vendanges.
Ce regime de faveur, apres la reconstitution , n'a plus repondu
aux mSmes necessit^s que par le passe. Dans toutes les regions
viticoles, des plaintes se sont elev6es contre Tabus de cette
pratique qui, en favorisant les vins artiliciels, est devenue une
cause de depreciation pour les vins naturels.
Les lois du i4 avril 1889, 11 juillet 1B91, 6 avril 1897, votees en
vue de prot^ger la vente de nos vins naturels, ne donn^rent pas
les resultats (jue Ton esperait ; il fallut done recourir de nouveau
a Fintervention du legislateur qui, par la loi de finances du
29 decembre 1900 (art. 16), limita d'apres les besoins presumes
de la consommation familiale des producteurs les quantites de
Sucre susceptibles d'^re employees $. tarif reduit dans la fabrica-
tion des vins.
Mais la loi du 28 Janvier 1908 supprima le tarif de faveur
etabli au profit des sucres destines au sucrage des vendanges
et abaissa Fimpot general sur le sucre de 60 ^ 25 fr. les 100 kilos,
c'est>a-dire au taiix mSme de Fancienne taxe reduite.
Le nouveau texte etait appel6 k faciliter le sucrage, qui n'allait
plus s'effectuer avec des sucres re^us dans des conditions parti-
culieres, mais avec des produits pris un peu partout, dans le
commerce general. Pour parer a ce danger, on a essaye de
restreindre la liberte du sucrage par une r^glementation particu-
liere, determinee par la loi du 28 Janvier 1908; il semblait que les
dispositions de Farticle 7 de la loi du 28 Janvier 1908 donnaient
de serieuses garanties contre les exc^s du sucrage; or, Fexp6-
rience faite en 1903 a dementi ces provisions.
La hausse exceptionnelle du prix des vins en 1908 offrait une
telle prime au sucrage que cette pratique a pris de suite une
extension considerable. On a dit m6me que de ce fait la produc-
tion des vins aurait ete au^mentee en France de 16 millions
d'hectolitres. Quoi qu'il en soit de Fexageration du cMffre , il est
incontestable qu'il y a eu surproduction et un avilissement des
prix qui s'est manifeste en 1904.
Le mal est surtout venu des spOculateurs qui n'hesitent pas a
acheter les recoltes sur pied aux propriOtaires ; ces vendanges
sont transportees au loin , pour y 6tre avantageusement sucrees ,
mises en fermentation et convenablement mouillees.
C'est la que reside le danger pour la viticulture honn^te.
A tout ce desordre, les parquets, la regie, les chimistes ne
peuvent rien. Et, si Fon ajoute que tout cela se produit en confor-
mite de la loi de 1908, on se fera une idee des proportions que
peut atteindre la fraude par le sucrage clandestin , en se dispen-
sant de faire k la regie aucune declaration.
Toutes ces considerations generales denotent que le danger est
grand et qu'il est de toute necessite d'apporter un remede ener-
gique, si Fon veut sauveffarder la reputation des vins de France.
Le moyen que tons les vignerons s'accordent a demander
consiste k suivre le sucre affecte aux vendanges de sa sortie de
Fusine ou des depots jusque chez le vigneron, k Faide d'un
acquit k caution. II faut , de plus , punir avec la derniere sevOrite
tous les fraudeurs qui auront ainsi 6te rOveles a la justice.
/^
— 42 -
Parmi les projets pr6sent6s aux deliberations des associations
viticoles, nous devons signaler :
1° Le projet Gazeaux-Gazalet, qui prescrit la declaration obli-
tatoire de la recolte et qui, par cela m^me, a peu de chance
'Stre accepte;
n"" Le projet Saint-Germain, qui permet de suivre le sucre de
sa sortie de Tusine, mais n'oflre pas une prime stimulant le zele
de la regie;
3p Le projet du Gomite technique d'oenologie dont voici le
texte :
Gonsiderant que la viticulture frangaise n'a besoin de recourir
au sucrage des vendanges que dans des cas exceptionnels , emet
Favis de :
1° Modifier ainsi qu'il suit le texte du premier paragraphe de
Farticle 7 de la loi du 28 Janvier igoS : « Le sucrage des ven-
danges , des moMs , des lies et des marcs de raisin est interdit ,
sauf aux r^coltants et pour leurs propres r^coltes. Tout r^coltant
qui voudra aj outer du sucre k sa propre recolte est tenu d*en
mire la declaration, trois jours au moins k Favance, a la recette
buraliste des Gontributions indirectes; la quantite de sucre
ajoutee ne pourra 6tre superieure k 10 kilogrammes par 3 hecto-
litres de vendange; le sucre ainsi employe sera passible d'une
surtaxe de 35 francs par 100 kilos.
« Les fabricants de vins mousseux pourront, a titre exceptionnel
et moyennant une declaration speciale et prealable, aj outer chez
eux a la vendange ache tee , et sous la surveillance de Fadminis-
tration , la quantite de sucre prevue par le present article » ;
2° Supprimer le deuxieme paragraphe dfu mfime article et le
remplacer par le texte ci-apr^s ; « Toutes les dispositions ant6-
rieures concernant la fabrication du vin de sucre pour la con-
sommation familiale, sont et demeurent abrog^es »;.
3° Dans le troisieme paragraphe du m^me article , ajouter le
mot lies aux mots vendanges, moMs ou marcs de raisins ;
4° Ajouter k Farticle 7 une disposition ainsi con^ue : « En cas
d'infraction aux dispositions du present article , toutes les quan-
tites de vins trouvees en la possession de celui qui aura commis
Finfraction seront consid^rees comme provenant du sucrage des
vendanges. et par suite soumises a la surtaxe de 35 francs , en
comptant un hecto de vin conune Fequivalent de 5 kilogrammes
de Sucre, sans prejudice de F application des sanctions penales
edictees par le present article » ;
5° Soumettre la circulation du sucre au contrdle de Fadminis-
tration des Gontributions indirectes dans les conditions suivantes :
Pour les quantites de 100 kilogr. et au-dessus , lieu de Facquit
a caution.
Pour les quantites de 20 k 100 kilogr. obligation du laissez-
passer.
Pour les quantites de 20 kilogr. et au-dessous, libre circu-
lation.
Gharles Bacon,
Professeur d' Agriculture k Saumur.
Apr^s la lecture de ces deux rapports, qui ont vivement
int6ress6 Tauditoire, I'Assembl^e resume la discussion qui
— 43 —
s'ensuivit dans le projet de resolutions r^dig^ par le secre-
taire de la stance, M. Lemonnier, avocat, propri6taire-viti-
culteur, projet qui est adopts k Tunanimite moins deux voix :
Projet de resolutions pr6sent6 k TAssembl^e
de la dix-septidme Section de la Soci6t6 des
Viticulteurs de France et d'ampSlographie
et accepts par elle dans sa stance du
19 f6vrier 1905.
Les membres de la 17^ section de la Society des viticul-
teurs et d'ampeiographie r^unis k Angers le 19 fevrier
1905 ;
Apr^s avoir entendu les rapports de MM. Bacon, profes-
seur d'agriculture k Saumur, et Moreau, directeur de la
station oenologique de Maine-et-Loire ,
Considerant qu'il est de n^cessit^ absolue, pour la sauve-
garde des int^r^ts viticoles de cette section, de permettre
aux propri^taires r^coltants de proc^der a la chaptalisation
de leurs vins ; que ce proc^d^ de vinification permet une
vente plus facile des produits, qu'il ameliore et donne une
plus grande satisfaction aux consomraateurs; considerant,
a autre part, dans le mfime int^rSt de la viticulture, qu'il
faut poursuivre ^nergiquement la repression des fraudes ;
Considerant que la liberty absolue du sucrage, m6me chez
les proprietaires r^coltants, pourrait donner lieu k des abus;
qu'il est preferable que la quantite maxima de sucre k
ajouter au vin soit fixee par la loi ; qu'il serait, d'autre part,
utile, pour empScher les fraudes qui pourraient etre com-
mises, que le sucre soit accompagne d'une piece de regie,
de I'usine du fabricant jusque chez I'acheteur qui doit I'em-
ployer. ;
Considerant que la fabrication des boissons dites fami-
liales, produites par la fermentation des marcs ou lies
additionnes d'eau et de sucre, pourrait permettre aux
fraudeurs de tourner la loi et de jeter sur le marche une
quantite appreciable de vins falsifies dont il n'a nul besoin,
k la majorite emettent les voeux suivants :
1° Que la chaptalisation des vins soit autorisee, mais
seulement pour les proprietaires recoltants et pour leurs
recoltes ;
— 44 —
2** Que la quantity de sucre k ajouter au vin ne puisse
d^passer celle actuellement pr^vue par la loi du 28 Janvier
1908, c'est-a-dire, 10 kilos par 3 hectolitres de vendange;
3® Que la fabrication des boissons dites familiales, pro-
duites par la fermentation des marcs ou lies additipnn^s
d'eau et de sucre, soit formellement interdite ;
^^ Que le sucre eirculant par (juantit^ de 5o kilos et
au-dessus soit accompagn^ d'une pi6ce de r^gie , de Tusine
du fabricant jusque chez le consommateur qui doit Tem-
ployer, que Tadministration prenne toutes les mesures
n^cessaires pour r^primer les fraudes et se rendre compte
de la destination et de Temploi du sucre, notamment en
imposant aux entrepositaires , d^positaires de sucre , la
tenue de registres sp^ciaux sur lesquels ils mentionneraient
les noms des acheteurs de moins ae 5o kilos , les dates de
livraison et la quantity de chaque livraison;
5® Que des repr^sentants de chaque region viticole fassent
partie des Commissions ^tablies pour ^Elaboration des
rfeglements qui touchent les int^rSts viticoles ;
6° Que la Chambre veuille bien voter le projet de loi
propose par la Commission chargEe d'examiner les amen-
dements pr^sent^s k la loi du 3o mars igeS ;
7<^ Occident Timpression des rapports de MM. B&con et
Moreau dont il a 616 donn6 lecture a cette seance.
Angers , le ig fevrier igo5.
Le Secritaire^
E. Lemonnier,
Proppi6taire-Yiticulteur, avocat a Angers.
Le Gdrant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 798-5
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETE INDUSTRIELLE IT AGRICOLE
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-et-Loire
Proc6s-verbal de la stance du l*^ avril 1905
Pr6sidence de M. Prosper Jamin
Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, D' Sigaud,
membresdu Bureau; MM. Halop6, Moreau, Lavallee, Massi^on^
Grau, Thomas, Brichet, D'^ Cordon, GUles-Deperri^re , Clemot,
Bouttier, Fabb^ Hy^ Bernard-Chauvir6 , Abraham, Sigaud fils^
BUlard, de Padirac, O. Ghaillou, Baron, Bigeard, D' Motais,
Creorges Prieur, Betton-Allard.
M. le comte de Blois, M. Huault-Dupuy et M. Andr^ Huau ont
envoye des lettres d'excuses.
— M. le Secretaire lit une lettre du Ministfere de F Agriculture
invitant notre Soci6t6 k nommer un ou plusieurs d616gu6s au,
Congr^s des Soci6t6s savantes 4 Alger qui aura lieu pendant les
vacances de Pftques. Notre distingu6 collogue M. Moreau, ainsi
que M. Gasni6 acceptent de nous repr^senter.
— M. le D"^ Sigaud donne lecture du proci^s-verbal de la pr6c6-
dente stance. >
A propos de la communication relatee dans le proc^s-verbal sur
« la Renou6e de Sakhalin » , qui n'est pas une Persicaire , notre
savant collegue M. Fabbe Hy fait quelques remarques qu'il
resume en deux points :
!*> Pour peupler les sables du Sahara, Fidee semble 6trange de
proposer une plante originaire des rivages glaces de Sib^rie et qui
n'a dans son organisation aucun des caract^res d'adaptation
propres aux especes xerophiles. De ce qu'elle ait pu resister
aueiques iours, m^me quelques semaines, aux plus fortes chaleurs
es etes ae France, il ne s'en suitnullement qu'ellepuisse suppor-
— 46 —
ter impunement le& exize mois/de s6cheres»e ctbs<^ue qae subit en
moyeime le climat da desert , le contrctire nrftme est certain;
2° Quant 4 la fixation des sables de la Loire, il n'est pas besoin
de recourir aux flores exotiques poar la realiser. Nos plantes indi-
genes sont tr^s aptes k produire ce r6sultat spontan^ment sans
aucune main-d'oeuvre telle que ceUe sugg^r^e 4 ce pr^^pps. II suf-
firait, pour atteindre le but, de ne pas contr^rier les forces de la
nature, coknme on le fait trop sourent par une routine aveugte,
qui permet, par exemple, de raire pftturer les craves herbeuses ou
a'en laisser peler la surface par .des horticulteurs qui viennent
enlever k charret^es ce q&'ils appellent « leur sable pouf ».
M. le President remercie M. Fabb^ Hy de ses observations
judicieuses et serait tr^s' heureux de le voir traiter ult^rieurement
cette int6ressante question de la fixation des sables de la Loire ,
par nos plantes inoig^nes, comme pouvant rendre des services k
la navigabilite de la Loire.
— M. Moreau donne ensuite lecture de la deuxi^me partie de
son travail sur trois annees d'6tudes sur les moMs et les vins de
notre region.
M. le President adresse ses remerciements k M. Moreau pour
son travail tr^s int6ressant qui sera publi6 dans un de nos pro-
chains bulletins.
— M. le D"^ Sigaud, au nom de M. Lafarge, lit le rapport de la
Commission des finances sur Texercice de 1904 et les comptes
present6s k la stance pr^cedente par M. le Tresorier. Ce rapport
paraltra dans notre prochain bulletin.
— M. Lavallee donne lecture ensuite de la fin de son travail
sur « Taction des engrais chimiques suivant leur mode de repar-
tition »; travail d*un ^rand int^r^t pour ceux qui font de Tagri-
culture , aussi sa pubhcation sera-t^lle faite en entier dans riotre
bulletin mensuel.
— Reception des candidats pr^sent6s k la s6ance du a5 fe--
vrier 1906 :
MM. Edouard Normandiere,proprietaire4Brain-sur-rAuthion;
Gabriel de Loze, propri^taire, 53, rue des Ar^nes, Angers ; Raoul
du Grandlaunay, propri^taire, chd,teau de la Herpiniere, k Tur-
quant , par Montsoreau , sont regus k Funanimit^ membres de la
Doci^te ;
— Presentation de candidats :
MM. Henri Laig^e, directeur d'assurances, proprietaire-viticul-
teur, 48, rue Delaftge, Angers, presente par MM. Leboucher et le
D' Sigaud ; Paul Ban, propri6taire-viticulteur, k Malign^, commune
de Martigne-Briand , et 210 , rue de Rivoli , Paris , pr^sent6 par
MM. Maurice Massignon et le D"" Sigaud; Eugene Hamon, pro-
pria taire-viticulteur, k Rosseau, commune de Brain-sur-FAutmon,
pr6sente par MM. Ferr^-Hamon et le D"* Sigaud ; Edouard Cheignon,
proprietaire-viticulteur , a Ingrandes-sur-Loire, et 7, rue Gu^pin,
Nantes, presents par MM. Maurice Massignon et le D'^ Sigaud.
L'ordre du jour 6tant epuise, la stance est lev6e 4 3 h. 1/2.
Le Secretaire g^ndral,
D' P. Sigaud.
— 47 —
Trois annSes d'^tudes sur les mouts et les
vins d'une r6gion(i)
R4snltats en pue de la repression desfrandes
Deiixi^xne Partie : Etude des vins
Par M. MoREAu, directeur de la Station oenologique de
Maine-et-Loire , membre titulaire
Est-il possible , nous demandons-nous , dans une premiere
^tude, d'etablir chaque annee, pour une region bien deter-
min^e, nn type de oin m¥, auquel tous les autres
pourraient Sire compares ! On se souvient que ce desir avait
ete exprime parcertainespersonnes, soucieuses de voir mettre
un terme — ou tout au moins une limite — aux nombreuses
fraudes auxquelles le vin est soumis , avant d'arriver chez le
consommateur.
Les bases d' appreciations necessaires pour voir si ce desir
est realisable — dans quelles proportions et comment — ont
6Xe r6unies depuis 3 ans dans ma region et, sans prejuger de
ce que Ton pourra obtenir ailleurs et de ce que les ann^es
suivantes pourront nous apporter, on peut cependant, des
maintenant, tirer quelques conclusions.
L'etude des moMs faite dans les conditions que j'ai indi-
qu^es — et qui sera pour le chimiste charge de i analyse
une premiere garantie de la purete du vin qu'il examinera
Slus tard — nous a montre deja une variation assez grande
ans la teneur en sucre des moMs d'une m^me contree , d'un
mfime cepage pour une mSme ann^e ; voyons maintenant les
vins correspondant aux moftts.
Leur analyse a et^ faite au moment du 2® soutirage, epoque
k laquelle, dans notre region, les vins rouges deviennent
marcnands et a laquelle, le plus ordinairement , les blancs
quittent la propriety et entrent dans le commerce.
Pour etablir un type moyen de vin ou plui6t les limites
entre lesquelles , chaque annee , pour une region bien deter-
min^e, la composition du vin est susceptible ae varier, il faut
que ces variations ne soient pas trop grandes, autrement
vous laisserez passer les fraudes legeres et vous n'arrSterez
que les plus grossi^res, celles que Ton commet rarement
parce qu il est facile de les decouvrir ; par ailleurs des limites
trop etroites ou Tetablissement d'un type moyen pourraient
(I) Cette etude a paru dgalement dans le Progres Agricole et Viticole
de Montpellier*
- 48 —
avoir des inconv^nients pour les proprietaires eux-mSmes ;
car k toute regie il y a des exceptions et ici plus qu'ailleurs.
Les facteurs qui peuvent influer sur ces variations sont —
comme chacun le sait — la nature du cepage, les soins
donnes k la vigne , la region ou elle est cultivee (exposition
et nature du sol), I'^poque de la cueillette, les conditions cH-
materiques, les maladies, les procedes de vinification. II y
aura done lieu de tenir compte de tons ces facteurs, et on voit
deja que F^tablissement d'un type moyen de vin ou de types
limit^s , devra fitre fait chaque annee et pour chaque cepage
qui sera vinifie a part; ces divisions une fois ^tablies, il y
aura lieu d'examiner dans chaque groupe , le degre d'impor-
tance des autres facteurs sur la composition ; ce qui pourra
donner lieu a d' autres divisions. On voit combien le probleme
est complique si on veut s'entourer de toutes les garanties
possibles.
J'ai reuni, pour faciliter cette etude, dans un i®"^ tableau,
es chiffres extremes et moyens donnant la teneur en alcool,
acidite totale, extrait et cendres des differents cepages rouges,
cultives et vinifies a part, en Anjou :
Tableau I
Alcool
Acidite
totale
Maximum .
Minimum. .
Moyenne . .
Maximum .
Minimum. .
Moyenne . .
Maximum .
Extrait sec^ Minimum..
Moyenne . .
Cendres
Alcool
-|- acide
Alcool
Extrait
reduit
Maximum .
Minimum. .
Moyenne . .
Maximum .
Minimum. .
Moyenne . .
Maximum .
Minimum. .
Moyenne . .
8" 7
7.1
7.9
^'■•
6.27
4.1a
4-83
23.2
19.04
21.3
2.75
2.0
2.47
13.77
II 90
12.76
4.18
2.49
3.i5
ii°9
9-7
10.7
gr-
5.59
4.21
5. II
24.76
19.36
23.56
2.83
1.68
2.19
17.39
14.55
15.84
4.08
3.20
3.. 60
CABERNET
Sauvignon
3.3i
2.69
3.09
16.07
12.77
14.37
3.40
2.64
3.01
Une premiere remarque a faire , c'est que T^cart constate
dans notre premiere etude sur les modts, ppur le degre
— 49 -
alcoolique, calculi d'apres le sucre, et gui pouvait s'elever k
3<» ou /f*, ne se trouve plus aussi considerable dans le vin.
Cela tient a plusieurs causes ; i® reehantillon de moM,
malgr6 les precautions prises , ne represente pas toujours la
moyenne de la cuve, surtout lorsque celle-ci est de grandes
dimensions et n'a pas ete remplie dans la mSme journee ;
2® on op^re souvent au decuvage ou bien au premier soutirage,
des coupages qui unifient ainsi le vin ; 3° il y a toujours des
pertes en alcooi pendant le cuvage , et d'autant plus grandes
que le moftt etait plus sucre; elles dependent aussi du
mode de cuvage et de la temi)erature de fermentation. Ainsi,
toutes choses egales d'ailleurs, les pertes en alcooi ne se sont
jamais elevees au-dessus de 2° en 1908 ; elles ont parfois
depasse 3° en 1904; or, en 1908, les moMs etaient moins
sucres et la temperature de fermentation moins elev^e qu'en
1904.
Passons a Texamen detaille du tableau precedent : Tin-
fluencede Fannee est nette, il est inutile d'insister. L'influence
du cepage se d^gage egalement dans ce tableau; on voit,
quelle que soit Tannee, que I'acidite des vins de Cabernet est
toujours plus faible que I'acidite des vins des autres c^pages.
Le degre alcoolique est aussi generalement plus eleve; mais
il ne semble pas y avoir une relation aussi etroite que pour
les autres cepages et notamment pour les blancs, entre Talcool
et Tacidite totale; ainsi, en 1904, nous avons autant d'acide
et quelquefois plus qu'en 1903. II en resulte que la somme
alcool-acide s'abaisse souvent, pour ces vins, au-dessous de
i3 et de 12, 5; ce qui les ferait considerer comme mouilles.
Le rapport de Talcool a I'extrait reduit se trouve, la plupart
du temps , au-dessus de 3 et il pent atteindre 4 ; il siibit , du
reste, des variations, danslem^me sens, pour tons les cepages,
d'une ann^e a 1' autre. Si I'extrait sec est relativement faible,
pour ces deux cepages, cela tient d'abord a I'acidite peu
elevee et au mode de vinification le plus ordinairement em-
ploye : egrappage et vin de goutte non melange avec le vin
de presse.
Je retrouve des chiflfres tr^s voisins des miens dans les
tableaux d'analyse du Laboratoire municipal, concernant
les vins rouges de Maine-et-Loire et, bien que le cepage ne
soit pas design^ , il y a lieu de croire qu'ils se rapportent k
des vins de Cabernet, qui sont les vins fins de la region. Les
vins de Gamay et de Groslot s'eloignent moins de la moyenne
gen^rale des vins rouges.
Les hearts constates dans le degre alcoolique — maximum
et minimum — des Cabernets , sont moins considerables que
pour les deux autres cepages ; cela tient a ce que les echantil-
lons proviennent d'une m^me region oii ces cepages sont sur-
tout cultives et qu'ils sont soumis aux m^mes proc^des de
vinification ; les autres cepages sont cultives dans toute I'^ten-
due du d^partement, Le degr6 alcoolique du Groslot est moins
— 50 -
4le\6 que celui des autres vins; cela tient k la nature du
eepage et a ce que, suivant Texpression du pays, c'est un
plant d^abondance.
Que pouvons-nous en conclure relativement au but que
nous poursuivons?
L'^tablissement de types de vin , pour une region , devra
Stre fait chaque anneey surtout dans les regions extremes de
la culture de la vigne ou la maturity n'est pas toujours com-
plete, car les ecarts dans le degre alcoolique peuvent 6tre
assez Aleves, les ecarts dans I'acidite sont bien plus faibles,
ce qui nous donne, pour nos cepages rouges, une somme
alcool-acide assez variable d'une annee a I'autre, surtout pour
les cepages fins etqui-a une repercussion, du m^me ordre,
sur le rapport de Talcool a Fextrait reduit. II yaura lieu de tenir
compte aussi de la nature du eepage qui imprime son carac-
t^re. Ainsi, nos vins rouges de Cabernet sont caracteris^s —
nous venohsde le'voir — par une acidite relativement faible,
qui n'est pas toujours en rapport avec Talcool et par un
extrait ^ec egalement peu eleve, ce qui donne un rapport
alcool-extrait plus fort que pour les vins des autres cepages.
Les vins de Groslot sont moins alcooliques et plus acides.
Les Gamays tiennent le milieu. Ces considerations , une fois
etablies, etant donn6 que les differences entre les maxima et
les minima, pour Falcool et Tacidite, ne sont pas tr^s grandes,
pour nos vins rouges, je crois qu'il est possible, pour ces
vins, d'etablir chaque annee, apre§ le deuxieme soutirage,
pour chaque region et pour chaque eepage, deux types de
vins. L'influence du terrain et de I'exposition se laisant
sentir ; les procedes de vinification, pour une region, n' etant
pas tres diuerents ; les soins culturaux et la conduite de la
vigne, pour un m^me eepage, etant a peu pr^s les mdmes,
I'etablissement de ces types, en tenant compte de Tannic, du
eepage et de la region — les trois facteurs qui ont le plus
d'mfluence — me parait done possible et d'autant plus qu'on
melange souvent les vins rouges de plusieurs cepages, ce qui
fait disparaitre une des principales causes de variations ;
ces melanges nous ont touiom's, en effet, donne a Tanalyse,
pour la meme annee, des chiffres tres voisins.
Ces limites, ainsi etablies, ne sont ni trop grandes, ni trop
etroites et pourront, je crois, rendre quelques services. Nous
verrons, apres Texamen des vins blancs, ce que nous devons
conclure sur Futilite d'un travail comme celui qui a ete fait
ici depuis trois ans.
*
Pour les vins blancs, Tinfluence du eepage disparalt, pour
notre region , car celui que nous cultivons presque unique-
ment est le Chenin blanc ou Pineau blanc de la Loire. Mais
nous nous trouvons ici en presence d'un eepage qui n' arrive
— 51 —
pas tous les ans, sur beaucoup de points de notre departe-
ment, a maturity complete et nous allons trouver des ecarts
considerables dans la teneur en alcool et dans Tacidit^, non
seulement d'une ann^e a une autre , mais , pour le mSme
departement et la mfime annee, d'une localite a une autre.
De plus, Tepoque de la cueillette est tres ^tendue : il y a,
entre les extremes, un6cart d'un mois etdemi. L' exposition,
la nature du sol jouent un r6le marqu^ ; nous nous trouvons
aussi en presence de procedes de vinification assez distincts.
Les uns laissent se developper, sur le raisin, la pourriture
noble, les autres vendangent sans exc^s de maturite ; ce qui
nous explique les hearts considerables dans la teneur en
Sucre des moAts. Enfin, la marche de la fermentation n'est
paspartoutlam^me. Les uns font fermenter dans des celliers
a une temperature suffisante pour que la transformation du
^ucre en alcool soit assez rapide et complete ; les autres ,
comme dans le Saumurois, en mettant leurs moMs dans les
magnifiques caves creusees dans la roche turonienne, ont
une fermentation bien plus lente qui dure parfois plus d*un
mois ; je parle de la fermentation principale qui est loin,
dans ce cas, d'etre tumultueuse.
Dans ces conditions, avec autant de facteurs qui viennent
influer sur la composition des vins, on a des types assez
diff<§rents, et si tous ontle fruite caract^ristique dd au cepage
et qui est si appr^cie, ils sont loin de se ressembler, si on
n'envisage, comme nous le faisons ici, que leur composition
chimique. J'avais adopte autrefois, pour ces vins, une classi-
fication bas^e sur leur teneur en sucreet je les avals divises :
en vins liquoreux ayant plus de 4^ grammes de sucre par
litre, vins demi-liquoreux de 20 a 4o grammes, vins demi-secs
de 10 a 20 grammes et vins sees au-dessous de 10 grammes de
Sucre par litre. Cette division n'est pas aussi arbitraire qne
plusieurs ont pu le croire et bien qu elle n'ait rien d'absolu,
on pent voir, parle tableau ci-joint, que ces vins, classes
seulement d'apr^s leur teneur en sucre, ont beaucoup
d' autres caracteres communs : les ecarts pour I'alcool, dans
la m^me ann^e et m^me pour des annees differentes, ne sont
pas tres grands , de m^me pour Tacidit^ et les autres compo-
sants du jus ; leur somme alcool-acide est k pen pr^s cons-
tante. A mesure que Ton se rapproche des vins sees, les
hearts sont plus considerables et pour ces vins nous obte-
nons des chiflfres trop eloignes pour sejpermettre — sans
inconvenient — Tetablissement de types fimites. Ces ecarts
tiennent k plusieurs causes : Tegoque de la cueillette, la
marche db la fermentation, la taille de la vigne, les soins
culturaux qui lui sont donnas et le pays d'origine.
- 52 -
Tableau II
VINS
liquoreux
T^ , ( Maximum
,^%^^ minimum.
alcoolique (Moyenne..
. .,.., (Maximum
Acidite Minimum.
totaie (Moyenne..
Sucre
non
fermente
Maximum 70.58
Minimum.
Moyenne..
Extrait (Maximum
sec < Minimum.
(non reduit)( Moyenne..
Cendres
Alcool
Acide
Alcool
Extrait
reduit
(Maximum
< Minimum.
( Moyenne. .
Maximum
Minimum.
Moyenne..
Maximum
Minimum.
Moyenne. .
44.44
57.50
q6.32
88.*iO
92.26
2.2
1.6
1-9
17.26
17.04
17.15
3.3
1.6
2.45
72.80
5i.oo
60. i5
89.28
6S.60
75.92
2.8
2.04
2.29
18.23
16. 1
17.17
5.68
2.8
4>2i
34.28
3i.5o
32.89
72.40
64.00
67.20
1.7
1.6
1.65
17.36
17.34
17.35
2.1
2.7
2.4
38.46
20.00
25.98
56.72
39.5
47.28
2.96
1. 12
1.82
18.81
16.61
17.53
5.7
3.4
4.1
14.28
10.52
12.98
42.4
37.2
4o.5o
2 01
1.72
1.80
19.22
18.22
18.67
3.5
2.6
3.06
VINS SEGS
190a
16.66
10.87
14.00
41.8
31.32
35.84
2.12
1.20
1.40
18.64
i5.oi
X7.49
5.00
3.20
1903
100 8
704
9.21
II. 7
7.64
9.00
6.2
1.25
2.46
3l.I2
23.92
28.00
2.24
1-40
1.80
19.27
17.15
18.35
3.96
2.28
3 9 I 2.91
10° 6
606
807
gr-
10.48
6.86
9.31
4.07
1. 00
2.00
4i.a
22.64
25.17
3.12
1.48
2.18
18.34
16.27
17.42
3.55
4.09
4.81
1904
12° 4
805
10*8
8.82
5,19
6.32
8.93
1.57
3.80
31.09
19.12
22.80
2.12
1.20
1.58
IQ.14
14.87
17.13
5.36
3.42
4.00
Si les trois premieres classes etaient bien delimitees comme
region de production, on pourrait encore essay er Tetablis-
sement de types limites , mais elles sont produites un peu de
tons les cotes, cela necessiterait un trop grand nombre
d'analyses ; auant k vouloir les etablir pour les vins sees , je
ne crois pas la chose possible pour notre region, les hearts
soiit trop grands.
Si la chose n'est pas possible pour notre region et pour
notre cepage , pour les raisons indiqu^es tout a I'heure , elle
pent FMre, je crois, au meme titre que pour les vins rouges,
pour d'autres regions et des cepages difP^rents. En voici deux
exemples que je donne, en faisant cependant la reserve
suivante, cest que je n'ai pas eu de tres nombreux echan-
tillons entre les mains.
. Je me suis procure, cette annee, avec toutes les garanties
possibles, des echantillons de vins blancs naturels, au mSme
c6page que le n6tre, mais provenant d'une region — le Loir-
et-Cher — ou Tepoque de la cueillette est peu etendue , les
procedes de vinification et les soins donnes a la vigne iden-
tiques. Dans ces conditions les ecarts sont bien moins consi-
- 53 —
durables, les vins ont une composition chimique assez peu
variable, et retablissement de types limites, par anni^e, serait
possible.
Enfin, j'ai eu entre les mains, des eehantillons de Muscadet,
e^page de la Loire-Inferieure, cultive sur quelques points
seulement en Anjou.
Pour ce cepage, qui arrive plus souvent encore que le
Chenin a maturity, qui est cueilli en un temps tres court, sans
trace de pourriture, qui fermente completement, on obtient
des vins dont la composition est peu variable , et la encore ,
retablissement de types limites, par annee, serait possible.
En resume , pour arriver a Tetablissement de ces types de
vins que quelques personnes r^clament pour essayer de
diminuer les fraudes commises sur les vins, il y avait lieu,
tout d'abord , de proceder k un premier travail — celui que
nous venons de faire - pour voir quelle est Timportance, sur
la composition des vins , des divers facteurs susceptibles de
faire varier cette composition. On' arriver ait ainsi, chacun
f)our sa region, a 6tablir des divisions dans chacune desquelles
es causes de variations seraient peu nombreuses. Si ces causes,
peu nombreuses , donnaient des variations peu etendues , il
suffirait alors , chaque annee , de proceder pour chaque divi-
sion k r analyse de quelques Eehantillons de moMs et de vins.
II va sans dire que ces limites ne seraient pas absolument
infranchissables ; m^ais seul le chimiste de la region d'ou le
vin provient , ayant au moins le certificat d'origine du vin ,
pourrait se prononcer. Reste k savoir si les principaux int6-
teresses donneront les moyens aux laboratoires de faire ces
travaux. Est-il utile d*ajouter qu'en vue de la repression des
fraudes, ce travail ne dispenserait d'aucune des mesures
qu'on a cru devoir prendre, ni des regies qu'on a 6tablies ; il
compieterait les unes et les autres et augmenterait ainsi les
moyens qu'on a a sa disposition pour combattre les fraudeurs,
mais on n'a pas la pretention de les faire disparaltre !
Lorsque la limitation sera impossible a etablir, un travail
conrnie celui que je viens d'exposer, surtout s'il etait souvent
renouvelE, rendrait encore des services, puisqu'il permettrait,
comme je Tindiquais dans la premiere partie, aavertir les
proprietaires , soit des d^fauts dans la composition du vin ,
soit des maladies dont il a contracte le germe , et de plus de
signaler les anomalies dans cette composition dues au
cepage , a Fannee , aux procEdes de vinification et a tons les
autres facteurs que nouis avons passes en revue, anomalies
qui pourraient le faire mal juger par des laboratoires etr angers.
Les travaux generaux sur la composition des vins de France
remontent dejaloin, et depuis nous avons eu la reconstitution ;
les proced^s de culture et de vinification ont bien change
dans beaucoup de regions, et tons ces changments n'ont pas
ete sans avoir de repercussion sur la nature des vins. Un
travail comme celui-ci, complete par un apergu sur la culture
-Si-
de la vigne et sur la vinification, fait dans chacpie region viti-
cole de France, par la personne qui est le mieux en mesure
de connattre cette r4^on , ne manquerait pas d'interSt. Au
reste, il a ^te fait deja, je pense, pour bien des regions;
il suffirait de Fetendre a toute la France viticole et de reunir
tons ces documents.
AGRICULTURE
Action et efficacit^ des engrais sur les plantes
suivant le mode de leur application au sol
(suite)
Par M. Lavall^e, membre titulaire
EXPOSE DES RESULTATS
Nous diviserons Texpose des recherches sur c6reales dans
les champs n"^"^ i , 2 et 3 en trois grandes sections :
La Section A , relative aux essais avec engrais potas-
siques.
La Section B, relative aux essais avec engrais phos-
phates
La Section G , relative aux essais avec engrais azotes.
Section A — Engrais potassiques sur cdrdales
La Section A des champs d'experiences sur cer^ales com-
prend les essais avec engrais potassiques : sulfate de
potasse, chlorure de potassium et kainite,
Ces differents engrais ont ete experimentes a des doses
variables, correspondant toutes a une m^me depense de
42 fr. 75 a Thectare, comme nous Tavons pr^c^demment
indique. lis ont ete melanges a toute la surface du terrain ou
repartis en lignes sur des parcelles semees ensuite a la volee
ou en Kgnes espacees de o™i6. Pour mettre en Evidence leur
action , il y avait dans chaque champ deux series de parcelles
t^moins ; en prenant pour terme de comparaison leurs
recoltes moyennes, nous avions des bases d'appreciation
plus exactes qu'en nous en tenant aux resultats a une seule
parcelle. Nous ferons cependant remarquer que les diffe-
rences de production entre les parcelles temoins ont ete
insignifiantes , ce qui ne nous a pas surpris, etant donn^es
toutes les precautions prises pour etablir notre champ
d'experiences.
— 55 —
La section A des champs n^ i, 2 et 3 correspond k quatre
series d'essais :
La premiere, celle des parcelles t^moins.
La deuxi^me , celle des parcelles avec sulfate de
potasse.
La troisi^me , celle des parcelles avec chlorure de
potassium.
La qnatrieme , celle des parcelles avec kalnite.
Les resultats obtenus dans chaque s^rie sont resumes et
pr^sent^s ci-dessous sous forme de tableaux.
Resultats du champ n^ i
Essais sur Avoine grise d'Hiver
Tableau I. — Parcelles t^moins. Rendement et valeur
de leur production a Thectare :
Semis
a la vol6e
Semis
en lignes espac^es de o»i6
Parcelle n*» i
Parcelle n*» a
Recdte
a
Phectare
Valeur
argent
Recolte
a
Phectare
Valeur
argent
Grain
Paille
kil.
2.790
10.790
fr. c.
44640
345 3o
kil.
3.025
II. 145
fr. c.
35g 65
Total
i3.58o
791 70
14.170
840 65
La recolte des parcelles t^moins se chiffre done k 791 fr. 70
avec le semis a la volee et a 840 fr. 65 avec le semis en
ligne.
Tableau II. — Parcelles avec 150 kilos de sulfate
de potasse ^ Thectare (coM de la fumure 4^ &• 7^)*
Rendement et valeur de la production a I'hectare :
Grain ,
Paille.
Total.
engrais r6parti
8UR TOUTE LA SURFACE
Semailles
a la vol6e
Parcelle n* 3
R6colte
a
I'hectare
kil.
3 i35
11.680
14.815
Valeur
argent
fr. c.
5oi 60
373 75
875 35
Semailles
en lignes
Parcelle n' 4
R^^lte
a
Phectare
kil.
3.3oo
11.920
15.220
Valeur
argent
fr. c.
528 »
38i 45
909-45
ENGRAIS
EN LIGNES
Semailles
en lignes
Parcelle n* 5
Recolte
«
a
Phectare
kU.
3.235
11.865
I5.I0O
Valeur
argent
fr. c.
517 60
379 70
89730
— 56 —
DMuction faite da pnx d'achat de la fumure, nous rede-
Yons par rapport aux parcelles t^moins (tableau I) un bene-
fice de :
4o fr. 90 dans la parcelle 3 sem^e a la volee et engrais
r^parti de mSme ;
26 fr. o5 dans la parcelle 4 sem^e en lignes et engrais
r^parti a la volee ;
i3 fr. 90 dans la parcelle 5 semee en lignes et engrais
r^parti en lignes.
La conclusion k tirer est celle-ci :
Le sulfate de potasse a la dose de i5o kilos a V hectare
a M plus efficace dans les semailles a la oolee que dans
les semailles en lisnes ; il a donn4 de meilleurs r^sultats
r^partis sur toute La surface que localise sous les sentences.
Tableau III.— Parcelles avec 180 kilos de chlorure
de potassium k I'hectare (cofLt de la fumure , 4^ fr. 76).
Rendement et valeurs de la production a Thectare :
Grain.
PaiUe.
Total
ENGRAIS r6pARTI
SUR TOUTE LA SURFACE
Semailles
a la vol6e
Parcelle n« 6
Recolte
k
Phectare
kil.
3.090
10.090
i3.i8o
Valeup
argent
fr. c.
494 40
31IO 90
8i5 3o
Sem'ailles
en lignes
Parcelle n* j
Recolte
k
I'hectare
kil.
3.580
10.860
14.440
Valeur
argent
fr. c.
572 80
347 5o
9210 3o
ENGRAIS
EN LIGNES
Semailles
en lignes
Parcelle n' 8
Recolte
k
Phectare
kil.
3.545
10.675
14.220
Valeur
argent
fr. c.
567 20
341 60
908 80
En d^duisant le prix d'achat de la fumure et comparant
les resultats ci-dessus avec ceux des parcelles sans engrais
(tableau I) on trouve un benefice de :
81 fr. o5 dans la parcelle n<* 6 semee a la vol^e et engrais
r^parti de m^me ;
36 fr. 90 dans la parcelle n° 7 sem6e en lignes et engrais
reparti a la vol^e ;
25 fr. 40 dans la parcelle n<* 8 sem^e en lignes et engrais
reparti en lignes.
Conclusion. — Ces resultats sont du mSme ordre et s'in-
terpr^tent de la mfime maniere que ceux signales avec le
suliate de potasse.
Tableau IV. — Parcelles avec 570 kilos de kalnite
& I'hectare (coftt de la fumure, 42 fr* 75). Rendement et
valeur de la production a I'hectare :
— 57 —
ENGRAIS r6pARTI
8UR TOUTB LA SURFACE
Semailles
a la vol6e
Parcelle n« 9
Recolte
a
1' hectare
Grain.
PaiUe.
Total
kil.
2.^5
9-775
12.670
Valeup
argent
fr. c.
463 20
3ia 80
776 »
Semailles
en lignes
Parcelle n' 10
Recolte
a
Phectare
kil.
3.365
10.190
13.555
Valeur
argent
fr. c.
538 40
3a6 10
864 5o
ENGRAIS
EN LIGNES
Semailles
en lignes
Parcelle n« 11
Recolte
k
Phectare
kil.
2.855
8.920
II 775
Valeur
argent
fr. c.
456 80
295 40
752 25
Apr^s avoir deduit le prix d' achat de Tengrais, il en
r^sulte , comparativement aux parcelles temoins (tableau I)
que la kainite laisse un deficit de :
1 58 fr. 45 dans la parcelle n° 9 semee a la volee et engrais
reparti de mSme ;
18 fr. 90 dans la parcelle n° 10 semee en lignes et engrais
reparti k la volee ;
i3i fr. i5 dans la parcelle n° 11 sem^e en lignes et engrais
reparti en lignes.
Ces resultats etaient prevus d'apres les observations faites
sur la lenteur de la lev^e et les vides produits par I'engrais.
Nous verrons plus loin comment il faut employer la kainite
pour qu'elle produise de bons effets.
Resultats du champ n^ 2 (Section A)
Essais sur Froment dAutomne (Ble Dattel)
Tableau V. — Parcelles tdmoins. Rendement et valeur
de leur production a I'hectare : ,
Grain.
PaiUe.
Total
Semailles
failes a la vol6e
Parcelle n" 12
Recolte
a
I'hectare
9 200
Valeur
argent
fr.
c.
452
»
279
80
73i 80
Semailles
en lignes
Parcelle n' i3
R6colte
a
I'hectare
9-460
Valeur
argent
fr. c.
492 »
280 »
772 »
En resume, la valeur de la production de la parcelle temoin
sem^e k la vol^e se chiffre a 781 fr. 80 et a 772 fr. pour celle
semee en lignes
— 58 —
Tableau YI. — Parcelles tdmoins avec 150 kil. de
sulfate de potasse k I'hectare. (CoM de la fumure
42 fr. 75.) Rendement etvaleur de la production a Thectare :
ENGRAIS lUfePARTI
8UR TOUTS LA SURFACE
Semailles
k la yol6e
Parcelle n« i4
R6colte
k
1 'hectare
Grain,
PaiUe
Total.
kil.
2.325
8.335
10.660
Valeup
argent
fr. c.
))
40
797 40
Semailles
en lignes
Parcelle n» i5
R6colte
1
a
Phectare
ii.i55
Valeur
argent
kU.
fr.
c.
2.655
53i
»
8.5oo
340
»
871 »
ENGRAIS
EN LIQNES
Semailles
en lignes
Parcelle n« i6
R6colte
k
Phectare
Valeur
argent
kU.
2.665
8.490
fr. c.
533 »
33960
11.555
872 60
Deduction faite du prix d* achat de la fumure on constate
Sar rapport aux parcelles t^moins (tableau V) que le sulfate
e potasse laisse un benefice de :
22 fr. 85 pour la parcelle n<* i4 semee k la vol6e et engrais
r^parti k la volee ;
56 fr. 25 pour la parcelle n<* i5 sem^e en lignes et engrais
r^parti a la volee ;
07 fr. 85 pour la parcelle n° 16 semee en lignes et engrais
reparti en lignes.
Conclusion. — Quel que soit le mode de semailles, Tapport
de potasse sous forme de sulfate se traduit par une plus value
assez elevee , la diff(6rence de i fr . 60 entre Tengrais epandu
sur toute la surface et I'engrais agglomere sous les lignes est
negligeable.
Tableau VII. — Parcelles avec 180 kil. de chlorure
de potassium k Thectare. (CoM de la fumure 42 fr. 75.)
Rendement et valeur de la production a I'hectare :
Grain.
PaiUe.
Total,
ENGRAIS r6pARTI
SUR TOUTE LA SURFACE
Semailles
a la volee
Parcelle n" 17
R^colte
k
Phectare
kil.
2.465
7.755
10.220
Valeur
argent
fr. c.
493 »
3io 20
8o3 20
Semailles
en lignes
Parcelle n* 18
R6colte
«
a
I'hectare
kil.
2.680
7«765
10.445
Valeur
argent
fr. c.
536 »
3io 60
84660
ENGRAIS
EN LIGNES
Semailles
en lignes
Parcelle n» 19
Recolte
k
I'hectare
kil.
2.735
7.555
10.290
Valeur
argent
fr. c.
547 »
3o2 20
849 «>
— 59 -
En retranchant de la valeur totale de la r^colte le prix
d'achat de la fumure, il y a par rapport anx parcelles t^moins
(tableau n** V) un b^n^fice de :
28 fr. 65 dans la parcelle n*» 17 sem^e k la vol^e et engrais
reparti de mSme ;
5i fr. 85 dans la parcelle n<» 18 semee en lignes et engrais
reparti k la vol6e ;
34 fr. 4^ dans la parcelle n^ 19 semee en lignes et engrais
reparti en lignes.
Conclusion. — L'emploi du chlorure de potassium laisse
la r^colte en benefice, celui-ci est moins elev6 qu*avec le sul-
fate de potasse, ici encore la localisation de la lumure ne pr^-
sente pas un avantage marque.
Tableau YIII. — Parcelles avec 570 kil. de kainite
k I'hectare. (CoM de la fumure 42 fr. 75.) Rendement et
valeur de la production a Fhectare :
Grain,
PaiUe,
Total.
ENGRAIS REPARTI
8UR TOUTE LA SURF AGE
Semailles
k la yol6e
Parcelle n' ao
R6colte
k
Phectare
kil.
11.1185
6.640
Valeur
argent
fr. c.
457 »
ii65 60
8.925 1 7aa 60
Semailles
en lignes
Parcelle n* ai
R6colte
k
Phectare
kil.
2.590
6.920
9 5io
Valeur
argent
fr. c.
5i8 »
276 80
794 80
ENGRAIS
EN LIONES
S;emailles
en lignes
Parcelle n* 2a
R6colte
a
Phectare
kil.
2.610
6. 520
9.i3o
Valeur
argent
fr.
c.
522
»
260 80
782 80
Par rapport aux parcelles temoins (tableau V), Femploi de
la kainite, laisse un deficit de :
I fr. 95 dans la parcelle n<» 20 sem6e k la vol^s et engrais
reparti de mSme ;
19 fr. 95 dans la parcelle n® 21 semee en lignes et engrais
reparti k la vol^e.
5i fr. 95 dans la parcelle n<* 22 semee en lignes et engrais
reparti en lignes.
tHoNGLUSioN. — Elle est la mSme que celle que nous avons
formulae apr^s les essais sur Favoine grise d'hiver : la kainite
n'est pas un engrais a employer h la veille des semailles.
R68ultat8 du champ n^ 3* (Section A)
Essais sur Orge de Printemps
La levee des parcelles ensemenc^es en c^r^ales d'automne
ayant laiss6 k d^sirer dans les essais avec engrais potassiques
et cela pour les raisons que nous indiquons & la fin de ce
- 60 -
chapitre nous n'avons ^tabU sur Torge de printemps qu'tme
s^rie d*essais avec potasse , seul le sulfate de potasse a ^te
experiments k la dose de i5o kil. a Thectare.
Avant de sigualer les rSsultats obtenus nous ferons d'abord
connaltre les rendements et la valeur de la production k
Fhectare des parcelles t^moins semSes a la volSe ou en lignes
et pour ne pas nous rSpSter nous donnons dans le m^me
tableau la production de la parcelle n^ 26 semSe en lignes
espacSes de o°»20, cette derni^re devant servir de tSmoin
avec les prScSdentes dans les essais avec engrais phosphates.
Tableau IX. — Parcelles idmoiDs. Rendement et valeur
de la production k Fhectare :
Grain,
PaiUe.
X OTi%.li ••*.■.•
Semailles
k la vol^e
Parcelle n» a3
R6colte
a
I'hectare
kil.
i.oaS
4.685
6.610
Valeur
argent
fr. c.
288 75
i4o 55
42930
Semailles
en lignes de o">i6
Parcelle n» 34
Recolte
k
Phectare
kil.
a.i65
4.780
6:945"
Valeur
argent
fr. c.
32^ 75
143 40
468 i5
Semailles
en lignes de o^ao
Parcelle n» 25
R6colte
k
Phectare
kil.
2.250
3.780
6.o3o
Valeur
argent
fr. c.
337 5o
ii3 40
450 90
Comme Tindiquent les chiffres ci-dessus, la valeur totale
de la recolte des parcelles t^moins est de 429 fr. 3o pour celle
oui a et6 sem^e a la volee, de 468 fr. i5 pour celle semee en
lignes espac^es de o™i6 et de 45o fr. 90 pour celle sem^e en
lignes espacees de o^'ao. Examinons d'apr^s ces bases les
r^sultats relev^s dans les parcelles avec engrais.
Tableau X. — Parcelles avec 150 kilos de sulfate
de potasse k Fhectare. (CoM de la fumure 4^ fr. ^5.)
Rendement et valeur de la production a Fhectare :
engrais r^parti
SUR TOUTB LA SURFACE
Semailles
a la volee
Parcelle n» 26
Grain
Paille
Toi^ai^.
R6colte
«
a
Phectare
kU.
a. 200
4.5ia
6.712
Valeur
argent
fr. c.
33o »
i35 35
465 35
Semailles
en lignes
Parcelle n' 37
Recolte
a
Phectare
kil.
2.425
4.750
Valeur
argent
fr. c.
363 75
142 5o
5o6a5
ENGRAIS
EN LIGNES
Semailles
en lignes
Parcelle n" 98
R6colte
k
Phectare
Valeur
argent
kil.
2.3oo
4.300
fr. c.
345 25
129 »
6.600
474 a5
— 61 —
Dans chacune de ces parcelles, la valeur de la r^colte,
deduction faite du prix d achat de la fumurej est inferieure k
celle des parcelles temoins (tableau IX).
n y a moins-value de 6 fr. 70 dans la parcelle 26 sem^e h.
la volee et engrais r^parti a la volee,
4 fr . 75 dans la parcelle 27 sem^e en lignes et engrais r^parti
k la volee,
36 fr. 75 dans la parcelle 28 semee en lignes et engrais
reparti en lignes.
Ces essais demontrent : 1° Que le sol du champ n° 3 n'avait
pas besoin de potasse ; 2° Que le sulfate de potasse ne devait
Eas ^tre agglomere sous les semences. II en aurait proba-
lement 6te de mSme avec les autres engrais potassiques.
R6sum6
des r^sultats obtenus avec les engrais patassiques
sur les c^r^ales d'automne et de printemps
En groupant les differents resultats que nous venous d'ana-
lyser on constate, exception faite pour la kainite, que Fem-
ploi des engrais potassiques pour Tavoine d'hiver comme
pour le h\6 se traduit par d'heureux resultats.
Le sulfate de potasse laisse sur la r^colte d'avoine un
benefice moyen de 26 fr. 96 ; avec le chlorure de potassium il
s'^l^ve k 47 fr. 78. Sur le ble , les resultats sont d'un ordre
inverse, Temploi du sulfate de potasse procure un b^n^fice
moyen de 45 fr . 65 k Fhectare tandis qu'il est de 3i fr . 65 avec
le chlorure. Quoi qu'il en soit, et sans chercher a degager si
le sulfate est plus avantageux que le chlorure, nous pouvons
dire, en nous basant sur les r^coltes de 6 parcelles difl(6rentes,
Sue les engrais potassiques ont laisse un benefice moyen de
jfr* 36 pourl'aQoine d'hii^er et de 38 fr, 65 pour le bU,
des resultats sont d*autant plus int^ressants que nous avons
opere sur une terre trfes riche en potasse, puisqu'elle en ren-
fermait 4^86 pour 1:000. N'est-ce pas, une fois de plus, la
confirmation de faits souvent signales par la pratique agri-
cole? Ne d^montrent-ils pas que I'analyse cMmique avec les
moyens dont elle dispose a Theure actuelle ne saurait suffire
a eUe seule pour ^tablir les besoins du sol en elements ferti-
lisants? Elle doit toujours Stre contrdl^e par 1* analyse exp6-
rimentale, c'est-a-dire Fanalyse du sol par la plante.
Nous sommes d'autant plus convaincus du besoin de
potasse assimilable dans des terres consid^r^es comme pou-
vant se passer de cet Element que d'autres essais sur prairies
artificiefies et prairies naturelles ont donn^ lieu aux mSmes
remarques.
Les insucces relev^s avec la kainite confirment ce que
nous savons sur I'emploi de cet engrais. On ne doit jamais en
— 62 —
faire usage en m^me temps qu*on op^re les semailles, elle
exerce sur la lev^e et le depart de la vegetation une action
d^primante qui se fait sentir tant que les pluies n'ont pas
entrain^ hors de la partie des racines les impuretes qu'eUes
contiennent. G'est la ce qui explique les insucc^s des uns k
c6t6 des effets heureux enregistr^s ehaque ann^epard*autres
sur des terres et des cultures identiques.
G'est deux mois au moins avant de confier les semences au
sol qu'il faut y incorporer la kainite et si , pour une raison
quelconque, on n'a pu op^rer ainsi, il faut s adresser comme
source de potasse au chiorure de potassium ou au sulfate de
potasse. Ce dernier aura la preference lorsqu'on se rappro-
chera de Texecution des semailles. Mais Tunetrautre de ces
engrais gagnent e^alement a ^tre melanges intimement au
sof quelques semames avant Tensemencement. On ne peut
done songer a les localiser au voisinage des sem^ences. G*est
d'ailleurs ce qui ressort de Tensemble des chiffres releves
dans la section A de nos trois champs d' experiences.
Section B — Engrais phosphatte sur G^r^ales
Les recherches sur les engrais phosphates ont porte ,
comme nous Tavons pr6c6demment indique, sur avoine grise
d'hwer, bU d'automne et orge de printemps,
Ces differentes cereales ont ete sem^es a la volee ou en
lignes espacees de o°^i6 et de o°^20.
Les engrais ont ete epandus avant les semailles sur toute
la surface ou agglom^res sous les lignes. Nous avons fait
usage de superphosphate et de scories de dephosphoration
k doses variables, afin de determiner : 1° jusqu'a quel point
leur emploi etait economique ; 2° la forme sous laquelle
Tacide phosphorique convient le mieux dans les terrains
analogues aux ndtres ; 3° les avantages que presente pour
ces engrais la repartition en lignes.
Nous avons experimente des doses de 4oo et de 600 kilos
de superphosphate a Fhectare, soit une depense de 29 francs
ou de 45^ fr. 5o, correspondant a 485 kilos et 726 kilos de
scories a 6 francs les 100 kilos.
Les resultats obtenus sont reunis dans la Section B des
champs n"^ i , 2 et 3 eX, pour les rendre plus comparables ,
nous les avons egalement chiffres en argent, en cotant,
comme cela a ete dit precedemment, Favoine 16 francs, le
bie 20 francs, Forge i5 francs les 100 kilos ; la paille d'avoine
Sa francs, celle de bie ^o francs et celle d'orge 3o francs la
tonne.
>v .Zr' ^ r ""1 - •■■'
Ridsilltats du ciiaxtip Ix^ i
Culiure d'A^oioe griae d'
») Essais ai^ec les superphosphates
Ava&t de passer k rexamen des rendements obtenus avec
ces engfais, nous allons d'abbfd presenter ceux des parcelles
ternoins sans engrais seniles k la volee ou en lignes espaeees
de o"*i6 dans un cas et de o"^20 dans Fautre.
Tableau XI. — Rendemtot et valeurs comparatifs de la
production a T hectare des parcelles t^moins $ans
engrais :
Semailles
a la yolee
Parcelle n* ag
Grain.
PaUle .
Total,
Recolte
k
Phectare
kiL
a. 835
10.280
i3.ii5
Valeur
argent
fr. c.
453 60
328 95
782 55
Semailles
en lignes d« o»i6
Parcelle n" 3o
Recolte
k
I'hectare
kil.
3.i35
10.535
13.670
Valeur
argent
fr. c.
5oi 60
337 10
838 70
Semailles
en lignes de o*°9o
Parcelle n* 3i
Recolte
a
Phectare
kil.
3 020
10.535
13.555
Valeur
argent
fr. c.
483 20
33;? 10
820 36
Nous n'analyserons pas les resultats fournis par chacune
de ces parcelles suivant le mode de semis adopte, nous nous
contenterons de faire remarquer que la production totale de
la parcelle n° 29, semee a la volee, se chiffre a 782 fr. 55 a
rhectare, que celle de la parcelle n° 3o, semee en lignes
espaeees de o^'iG, est de 83o fr. 70, et que celle de la parcelle
n« 3i , sem^e en lignes espaeees de o'^ao, est de 820 fr. 3o.
*
Essais avec superphosphate
aux doses de 400 et de 600 kilos ^ Thectare
- dans des parcelles d'avoine grise d*hwer sem^es a la voUe
La parcelle n° 32 a ete semee k la volee apres avoir re^u
400 kuos de superphosphate a Thectare , et la parcelle n° 33
a 6te sem6e de mSme apr^s en avoir regu une quantity corres-
pondant a 600 kilos a Thectare.
Tableau XII. — Rendement et valeur comparatifs de la
production de ces parcelles a Thectare : •
Grain.
PaiUe.
— 64 —
400 kil. superphosphate
k I'hectare
r^parti sur toute la surface
Semailles
k la vol^
Parcelle n' 3a
R^colte
k
I'hectare
kil.
3.145
lo.Sio
Total
13.455
Valeur
argent
fr. c.
519 ao
3a9 90
849 10
600 kil. superphosphate
a Phectare
r^parti sur toute la surface
Semailles
k la volee
Parcelle n» 33 .
R^colte
k
I'hectare
kil.
3.400
ii.aSo
14.680"
Valeur
argent
fr.
5/
c.
»
90
904 90
DMuction du prix d' achat de Tengrais la Taleur de la r^colte
de la parcelle n° 82 est de (849 fr. 10 — 29fr.) = 820 fr. 10 et
celle de la parcelle n<> 33 de (904 fr. 90 — 4^fr. 5o) = 861 fr. 40.
Conclusion. — Par rapport a la parcelle n° 29, t^moin
sans engrais, le superphosphate k la dose de 400 kilos a
rhectare laisse un benefice de 3j fr. 55 et de jSfr. 85 k
la dose de 600 kilos.
L'utilite de I'engrais phosphate dans les parcelles sem^es
h. la volee se trouvant ainsi mis en relief, voyons comment
il s'est comporte dans les semailles en lignes selon qu'il a
€ii reparti sur toute la surface on en lignes sous les
semences.
(A snwre.)
Le G^rant, G. Grassin.
A.ngerB, imp. Germain et G. Grassin. — 1067-5.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r F
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du d^partement de Maine-ei-Loire
Proc^s-verbal de la stance du 29 avril 1905
Pr^sidence de M. le comte de Blois , senateur
Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, Huault-Dupuy,
Jamin, A. Huau, D"^ Sigaud, membres du Bureau; M. Gilles
Deperri^re, vice-pr6sident d'honneur;
MM. Lavallee, Halope, Betton-Allard , Massignon, Daign^re,
Lair, Urseau, Paul Brichet, Rene Bizard, de Lavergne, Paul
Sigaud fils, L6on Bourcier, Hacault, Normandi^re, Mignot, Paul
Lorin, Kiehl, Fourmond ills, Fabb^ Hy, Flore stan Bauge, Edouard
Lafarge.
M. le baron de Villebois-Mareuil s'est fait excuser.
— M. le D"^ Sigaud donne lecture du proces-verbal de la prece-
dente seance. Ce proces-verbal est adopte sans observations,
— M. le professeur Lavallee, membre titulaire, donne lecture
de son travail sur « les betteraves destinees k 1' alimentation du
b^tail ».
M. le comte de Blois remercie M. Lavallee de sa tr^s interessante
communication qui sera lue avec profit par tous nos societaires ,
dans un de nos prochains bulletins mensuels.
— M. Maurice Massignon, membre titulaire, parle du chauiTage
au bois et de ses avantages au point de vue hygienique.
M. le President adresse ses remerciements a M. Massignon qui
a cherch6 k indiquer un moyen pratique de d6velopper la consom-
mation du bois de chauffage delaisse de plus en plus et remplac6
par des combustibles dontiles inconvenients au point de vue
hygienique principalement sont beaucoup plus glands.
- 66 —
— M. le comte de Blois prend k son tour la parole pour faire
plusieurs communications importantes a ses collogues. II les
en£^age k ^tudier les moyens pratiques d'empficher la propagation
et renvaJiissement dans notredepartement des rongeurs appeles
lejpi
prevenu les conseiilers y6n6raux de Maine-et-Loire qu'une inva-
sion de campagnois 6tait signal6e dans le canton de Montreuil-
Bellay, dans la commune du Coudray-Macouard, et a demand^
au Conseil g^n^ral de voter une subvention permettant d'en-
treprendre la destruction de ces rongeurs. A ce jpropos , M. Ren6
Bizard dit que dans les Deux-S^vres les pouvoirs publics n*ont
rien fait de pratique, aussi les d^g&ts occasionnes par les campa-
gnois n'ont-ils cess6 d'augmenter.
Le virus preconise par I'lnstitut Pasteur et employe dans ce
d^partement n'a pas donne de resultats appreciables, parce qu*on
ne Ta pas employe imm6diatement , k retat frais (ce virus, en
effet, n etant plus efficace apr^s une quiazaine de jours de prepa-
ration); d'un autre c6te, les paysans n'ont appliqu6 aucune dili-
gence et aucun empressement a faire le traitement.
— M. le comte de Blois entretient ensuite I'Assemblee de I'orga-
nisation du concours agricole regional qui doit avoir lieu a
Angers en 1907. 11 rappelle que la Soci^te des Agriculteurs de
France a vote une somme de 26.000 fr. dans ce but et Ta charge
d' organiser ce concours sous sa responsabilite. On a reconnu
qu'aucun departement ne pouvait offrir, au point de vue de Ten-
tente agricole entre toutes les Societes et Comices agricoles de
Maine-et-Loire, un pareil ensemble, aussi la Societe des Agricul-
teurs de France n'a-t-elle pas hesite k choisir notre departement
pour b^neficier de ses largesses.
Ce concours tres important, puisque 12 departements de FOuest
pourront y prendre part, sera divise en plusieurs parties ou sec-
tions :
La partie hippique sera conflee a la Soci6te hippique d' Angers
dont le devQue president, M. R. de Terves, nous a promis le
concours avec enthousiasme. ^
La partie agricole sera organisee par notre Societe et le Syn-
dicat agricole d'Anjou qui auront la priacipale initiative.
Quant a la partie viticole, la Societe des Viticulteurs de France
se chargera de lui donner tout Teclat possible. A cette occasion,
MM. Viala et Prosper Gervais ont Tintention d' organiser un Con-
gres international de viticulture k Angers de concert avec 1' Union
des Viticulteurs de Maine-et-Loire, On en profitera pour faire des
excursions et visiter les vignobles etles chais les plus interessants
de I'Anjou. Nous serons tres heureux, dans la circonstance, d'user
des bons services du nouveau Syndicat d'initiative de I'Anjou qui
a ete cree ce mois-ci et auquel M. le comte de Blois souhaite
beaucoup de succes.
A cette partie pratique du concours regional sera ajout^e une
partie theorique.
11 y aura ainsi un Congr^s d'enseignement agricole dont la
Society des Agriculteurs de France se chargera de Torganisation.
II y aura de mSnte un Congr^s des Syndicats agricoles des
departements appeles a prendre part au concours.
-67-
Afln d'arriver k une bonne organisation, on cr^era k la Society
Industrielle un bureau permanent dont la direction principale
sera confiee au secretaire general et au vice-secretaure de la
Soci^te Industrielle et Agricole d' Angers ; au secretaire-general
et au directeur du Syndicat agricole a Anjou.
M. le comte de Blois demande ensuite k FAssemblee de vouloir
bien affilier la Society Industrielle et Agricole d' Angers au Syn-
dicat d'initiative de TAnjou.
Cette proposition revolt un accueil favorable et il est decide
que nous nous inscrirons pour une cotisation annuelle de 20 fr.
— M. Marcel Vacher, president du Syndicat cree pour facUiter
la vente des animaux, offrira au moment du concours de 1907, au
nom de son Syndicat, un objet d'art au plus bel animal ou au
plus bel ensemble d'animaux.
Pour le remercier, -notre Society adherera au Syndicat dont la
cotisation annuelle est de 10 fr.
II est decide, en outre, que la Soci6t6 Industrielle, d'apr^s la
demande de notre distingue coll^^e M. de la Morini^re , offrira
une medaille d*argent a I'Exposition d' Horticulture qui doit avoir
lieu en juin, rue du Quinconce.
— Reception des Candida ts presentes le i®'* avril igoS :
MM Henri Laigre , directeur d' assurances , proprietaire-viticul-
teur, 48, rue Delaftge, Angers; Paul Bail, proprietaire-viticulteur,
k Maligne (Martigne-Briand), et 210, rue d!e Rivoli, Paris; Eugene
Hamon, proprietaire-viticulteur, k Rosseau, commune de Brain-
sur-rAutnion; Edouaxd Cheignon, proprietaire-viticulteur, k
Ingrandes, et 7, rue Gu6pin, 4 Nantes, sont tons re^us k Funani-
mite des voix.
— Presentation de candidats :
MM. Philippe de Saint-Martin, proprietaire-viticulteur, a Mon-
treuil-Bellay, et 14, rue des Lices, k Angers, presente par
M. Maurice Massignon et M. le D^ Sigaud; le vicomte de Monti,
proprietaire au cMteau des Mines, par Doue-la-Fontaine , pre-
sente par M. le comte de Blois et M. le D^ Sigaud; Alfred Pineau,
propri6t8iire-viticulteur, k Beaulieu, presente par M. Maurice
Massignon et M. le D^ Sigaud; Charles-Eugene de Terves, pro-
prietaire-viticulteur, k Saint-Lambert-du-Lattay , i)resent6 par
M. le comte de Blois et M. le commandant de Padirac; I'abbe
Gasni6, proprietaire-viticulteur, k Souzay, presente par M. le
comte de Blois et M. le D"^ Sigaud.
L'ordre du jour etant 6puis6, la stance est lev^e k 4 heures.
Le Secretaire g^n^ral^
D^ P. Sigaud.
— 68 —
Note sur I'extension que pourrait prendre
la consommation du bois par un nouveau
mode de combustion.
Par M. Maurice Massignon, membre titulaire
La baisse de prix des bois de cUiaiufrage ne fait que
s'accentuer d'annee en annee.
Quelle est la cause de cette crise ?
Serait-il possible d'y porter remede ?
Evidemment la principale cause de la crise actuelle repose
tout entiere dans Temploi des charbons de terre qui s'est
repandu jusque dans les campagnes ; puisqu'on veut quel-
quefois dans les fermes faire cuire des aliments destines aux
^nimaux avec des charbons de terre !
Le charbon a egalite de calories occupe beaucoup moins
de place, ne demande pas k ^tre mis a Tabri, est d'un
transport moins coilteux.
Mais ce qui a surtout enray6, dans les villes, la consom-
mation du bois de chauffage, c'est Tapparition des poeles dits
a combustion lente,
C'estFingenieur Chouber ski quia compris, le premier, que
la cheminee telle qu*on la construit actuellement est un
goufTre a combustible, qui utilise de i o/o a 5 o/o du combus-
tible briile et renvoie le reste dans Tatmosphere.
Son poele permettait au contraire d'utiliser la i)lus grande
partie des calories produites , parce que le foyer etait a Vin-
terieur de la piece a chauffer, et que Tappel d'air exterieur
necessaire a la combustion etait tres minime. II entrait done
peu d'air froid du dehors, et Tatmosphere ambiante se
rechauffait autour du poSle par suite du brassage de Fair, dil
justement a la chaleur d^gagee.
De telle sorte que Teconomie produite par ce nouveau
systeme apparut si grande, que presque instantan^ment la
consommation du bois de chauffage tomba dans des pro-
portions enormes.
Les nombreux empoisonnements mortels produits par la
combustion trap lente de ces sortes de ponies n'enrayerent
pas Tengouement du public pour ce mode de chauffage.
On pent dire aujourd'hui qu on ne trouve pas une maison,
pas un appartement qui n'aient son poele plus ou moins rou-
lant et plus ou moins empoisonnant.
Mais je puis dire aussi que tous ceux qui se chauffent par
ce procede eprouvent des maux de tete, des maux d'estomac,
des troubles de toutes sortes.
Gela tient tout simplement a ce que dans tous ces appareils
la combustion est trop lente, Et elle est trop lente parce que
— 69 —
si on la rend plus vive, la chaleur devient insupportable
comme temperature et comme secheresse (I'eau contenue dans
Fair est absorbee tres vite et F^tat hygrometrique baisse
trop); on la rend trop lente aussi, parce que lorsquelle est
trop vive, ee mode de chauffage devient cher.
Enfin, un grand et incontestable avantage de ces podle&est
la combustion continue avec recharge facile et a grands inter-
valles de temps.
En 1901, la Soci6t6 des Agriculteurs de France, justement
emue des doleances des proprietaires de bois, institua un
concours d'appareils se cnauffant an hois.
Un seul concurrent , M. Faye, constructeur a Juvisy, fat
retenu par la commission et ses appareils furent exp^ri-
mentes au laboratoire de la Soci^te par le tres regrette
M. Aubin.
Rapport Aubin. — Une installation complete des diffe-
rents types construits par M. Faye fut faite dans le bureau
du laboratoire qui mesure 76 metres cubes. A cet effet
M. Faye adapta a la cheminee une plaque munie d'une base
pouvant recevoir le tuyau de fum^e d!e ses appareils. II fit
venir une provision de bois de chSne et de charme pour une
experience de quinze jours environ.
Dans les premiers jours de Janvier, je recevais deux poeles,
un grand et un petit modele, et le 6 de ce mois, je commen-
^ais Texperience avec le premier de ces appareils.
Entre le po^le et la cheminee, M. Faye interposa un
cyUndre en t6le travers6 par des tubes egalement en t6le
destines k chauffer Tair ambiant et, par ce fait, a recuperer
la chaleur entrainee en pure perte dans les produits de la
combustion s'echappant par la cheminee.
Avec le podle n° 4 (1^ pl^s grand de ses appareils), on
brMe facilement du bois d'un trait et entre 8 heures du matin
et 6 heures du soir, un nouveau chargement est, seul, neces-
saire vers i heure de I'apres-midi. Par une temperature exte-
rieure de o a 5 degres, nous n'avons brMe que i5 kil. debois
pour chauffer reguli^rement une piece a peu pres double de
celle oil nous operions ; c'est une depense d'environ o fr. 80,
au prix ou Ton vend le bois k Paris, pour un cube d'air de
i5o metres cubes.
L'allumage est facile et rapide, et au bout d'un quart
d'heure Tair de la piece se trouve suffisamment echauff(6 pour
qu'on puisse le constater facilement.
Aucune mauvaise odeur ne se degage. Quant au refoule-
ment des gaz d,e la combustion, il est peu k craindre si Ton a
soin d'etablir un coude emboite sur la base de la plaque de
cheminee.
J'ai mesure la temperature des gaz de la combustion a
leur sortie et j'ai constate qu'elle varie de 65 k i3o degres.
Ces chiffres demontrent qu'on perd encore beaucoup de
— 70 —
chaleur par les dispositifs employes et qu'on aurait le plus
grand interSt a avoir des recup6rateurs dans le genre du
cylindre ei/tdle que M. Faye met k la suite de son poSle.
Le i8 Janvier, on substitua le po6le n° i au grand modele
et Ton fit, chaque jour, une ration de bois de lo kil., soit,
a Paris, une depense de o fr. 54.
Dans le n° I, la marche fut moins bonne; mais, comme
pour le n° 4j deux chargements furent suffisants pour ali-
menter de 8 heures du matin a 10 heures du soir.
La combustion ^tant presque tombee, nous eonstat^mes
encore dans les gaz, a leur sortie, une temperature de
5o degres.
Comme ces appareils ne pr^sentent pas toujours une
herm^ticite sumsante et que les gaz de la combustion
peuvent se r^pandre dans la piece, il Itait bon d'en faire une
analyse dans les conditions ou Foxyde de carbone pent
prendre naissance, c'est-a-dire quand le bois est entierement
carbonis6 et que la braise est encore rouge. Un prelevement
fait au moyen de la trompe a mercure a donne aT analyse les
chiffres suivants :
Oxyg^ne 16 00
Acide carbonique 5 69
Oxyde de carbone o 07
Azote 78 24
100 00
Dans ces ponies, la combustion etait done aussi satisfai-
sante que possible. D*un autre c6te, la combustion se faisant
dans une cheminee en terre refractaire, on n'a pas a craihdre
les reactions de la fonte sur les composes du carbone.
On mit fin k I'experience, le la fevrier, en concluant a
Futilisation des poeles de M. Faye pour Femploi du bois dans
le chauffage des appartements et des maisons , mais tout en
desirant que Finventeur perfectionne ses r^cuperateurs , afin
de retenir la plus grande partie de la chaleur perdue et
entrainee dans la cheminee.
Je tiens bien a insister sur ce fait, que la proportion
d' oxyde de carbone produite dans le gaz provenant de la
combustion n'est que de 0,07 pour 100, alors que dans les
appareils a houilfe elle ne descend jamais au-dessous de
2 pour 100, c'est-a-dire 28 fois plus petite dans le premier
cas que dans le second.
Je me suis muni cet hiver d'un poele Faye, et je dois dire
que la chaleur degag^e est tres agreable, qu'il n'y a pas
degagement de la moindre odeur. Ma famille n'a jamais
eprouve , comme precedemment avec la houille , de maux de
tite. L'allumage est tres facile; on pent brftler n'importe
- 71 —
quel bois ou dechet; le reglaffe est commode et, lorsque
1 appareil marche k vitesse moderee, on pent tres bien ne le
recharger que toutes les 12 heures.
Mais je crois qu'il reste encore un perfectionnement a
apporter, c'est celui d'une meilleure utilisation des gaz
d echappement, surtout lorsqu'on marche k grande combus-
tion.
Les ponies vont bien, mais je consid^re que le perfection-
nement dont je parle les rendrait tres superieurs aux ponies
k houille a tons les points de vue.
Notre Societ6 fait les plus grands efforts pour encourager
agriculteurs et viticulteurs ; je lui demande de ne pas oubher
les sylviculteurs et , si cela etait possible , de faire elle aussi
un concours d'appareils k combustion par le bois.
Je trouve que la Society des Agriculteurs de France a trop
restreint son concours en n'admettant que les appareils de
chauffage ; car s'il etait possible de brMer dans les appareils
dits « cuisini^res » du Dois, nous aurions la un debouche
^norme.
Nous portons notre argent en Angleterre , en lui achetant
ses charoons. Pourquoi ne pas chercher plutdt un moyen
Sratique de consommer des bois de chauffage gui n'ont plus .
e valeur, le charbon de bois ^tant de moins en moins
employe et T^corce perdant tous les jours de sa valeur, par
suite aes proc^d^s nouveaux de tannage. Remarquez bien,
Messieurs, qu'en aidant les sylviculteurs, vous ne feriez que
rendre un immense service a Tagriculture , puisque les bois
sont les regulateurs indispensables du climat. Si les bois
arrivent a retrouver leurs anciens prix de vente , les reboi-
sements se feront a grande allure, comme s'est faite la recons-
titution des vignobles; et les agriculteurs n'auront plus k
redouter les changements brusques de temperature ni les
inondations.
Si notre Societe se decidait a faire le concours dont je
parle plus haut, il serait a desirer qu'une tr^s grande publi-
cite lui fM donnee; c*est le public qu'il faut convaincre; il
faut lui prouver que sa bourse et sa sante sont toutes deux
int^ressees a lui voir changer son mode de chauffage.
- 72 -
AGRICULTURE
Action et efEicacit^ des engrais sur les plantes
suivant le mode de leur application au sol
(suite)
Par M. Lavall^e, membre titulaire
h) Essais avec superphosphate
aux doses de 400 et de 600 kilos k I'hectare
dans des parcelles d'a^^oine grise d'hiver seniles en lignes
espacdes de o^i6.
La parcelle n° 34 a ete semee en lignes espaeees de o™i6,
elle a regu 4oo kil. de superphosphate epandu a la volee, la
parcelle n° 35 a ete semee dans les mSmes conditions, mais
1 engrais a ete place sous les lignes. Les m^mes essais ont ete
repet^s dans les parcelles n° 36 et 3'j avec 600 kil. de super-
phosphate.
Tableau XIIL — Rendement et valeur comparatifs de la
production a Thectare :
400 kil. de superphosphate
a I'hectare
Epandu
a la volee
Parcelle n» 34
Grain ....
PaiUe
Total
R6coIte
I'hectare
kil.
3.3oo
10.765
14.065
Yaleur
argent
fr. c.
528 »
344 5o
Epandu
sous les lignes
Parcelle n" 35
R6colte
riiectare
kil.
3.510
10.555
Valeur
argent
600 kil. superphosphate
a Phectare
epandu
a la volee
Parcelle n* 36
R6colte
I'hectare
fr. c. kil.
56i 60 3.580
337 75 11.535
899 35|i5.ii5
valeur
argent
fr. c.
572 80
369 10
941 90
epandu
sous les lignes
Parcelle n® 37
R6colte
I'hectare
kil.
3.610
II.630
15.240
Yaleur
argett
fr. c.
577 60
372 1 5
949 75
872 5o 14.065
Deduction faite du prix d'achat de Tengrais, la valeur nette
de la production de ces quatre parcelles est la suivante :
Parcelle n° 34, 843 fr. 5o, soit une plus value de 4 fr . 80 sur
la parcelle t^moin (n° 3o) ;
Parcelle n° 35, 870 fr. 35, soit une plus value de 3i fr. 65 sur
la parcelle temoin (n° 3o) ;
Parcelle n° 36, 898 fr. ^o, soit une plus value de Sq fr . 70 sur
la parcelle temoin (n^ 3o) ;
Parcelle n° 37, 906 fr. 25, soit une plus value de 67 fr. 55 sur
la parcelle temoin (n° 3o).
D'ou il ressort que le superphosphate place sous les lignes
procure un benefice supplementaire de ^i fr. 65 — 4 fr* 80)
= 26 fr. 85 a la dose de 400 kil. et de (69 fr. 55 — 69 fr. 70)
= 7 fr. 85 a la dose de 600 kil.
- 73 -
c) Essais avec superphosphate
aux doses de 400 et de 600 kilos k I'hectare
dans des partelles d'avoine grise d'hiver sem^es en lignes
espac^es de 0^20
Les essais de la serie b sont repet^s dans les pareelles
n°^ 38, 89, 4o et 41 senates en lignes espacees de o™2o.
Tableau XIV. — Rendement et valeur comparatifs de la
production a Thectare :
400 kil. de superphosphate
a I'hectare
Grain
PaiUe.
Total
epandu
a la volee
Parcelle n» 38
^paiidu
sous les lignes
Parcelle n' 39
600 kil. de superphosphate
a I'hectare
epandu
a la volee
Parcelle n" 40
Rficolte
d
I'hectare
kil.
3.195
I0.850
14*045
Yaleur
argent
fr. c.
5ii 5iO
547 20
858 40
R6colte
d
1 'hectare
kil.
3.410
10.790
14.200
Valeur
argent
fr. c.
545 60
345 3o
890 90
R6colte
a
I'hectare
kil.
3.550
10.920
14.470
Valeur
argent
fr. c.
568 »
34945
917 45
epandu
sous les lignes
Parcelle n® 41
R6colte
I'hectare
kil.
3.640
io.53o
14.170
Valeur
argent
fr. c.
582 40
336 95
919 35
En deduisant de la valeur totale de la reoolte le prix d'achat
de I'engrais (29 fr. ou 43 fr. 5o) la valeur nette de la produc-
tion de chacune de ces pareelles est la suivante :
Parcelle n° 38, 829 fr . 4^, soit une plus value de 9 fr . 10 sur
la parcelle temoin (n^ 3i) ;
Parcelle nP 39, 861 fr. 90, soit une plus value de 4i fr- 60 sur
la parcelle temoin (n° 3i) ;
Parcelle n^ ^o, 873 fr. 96, soit une plus value de 53 fr. 65 sur
la parcelle temoin (n** 3i) ;
Parcelle n° 4i> 875 fr. 85, soit une plus value de 55 fr. 55 sur
la parcelle temoin (n^ 3i).
Dans cette deuxieme serie d' essais, I'engrais agglomer6
donne un benefice supplementaire par rapport a la ftimure
en plein de (4i fr. 60 — 9 fr. 10) = 32 fr. 5o a la dose de
400 Ikil. a rhectare et de (55 fr . 55 — 53 fr. 65) = i fr . 90 a la
dose de 600 kil.
Conclusion. — De cet ensemble de resultats il ressort :
1° Que le superphosphate aux doses de 400 ou 600 kil. k
rhectare a ete d'un emploi economique puisque dans toutes
les pareelles la recolte est en excedent; avec la plus faible
dose, le.benefice moyen est de 24 fr- 94* avec la plus forte il
passe a 63 fr. 06 ;
— 74 —
Q® Que Faction du superphosphate r6parti sur toute la sur-
face a 6i6 plus active dans les parcelles sem^es k la vol6e que
dans eelles sem^es en lignes. Nous relevons, en effet, avec
400 kil. de superphosphate a Thectare un benefice de 3^ fr. 55
lorsque les semences sont projetees k la volee, tandis qu'il
n'est plus que de 4 li*- Bo dans les semailles en lignes espacees
de o™i6 et de 9 fr. 10 dans eelles de o^^ao (parcelles n°* 34 et 38).
Avec 600 kilos de superphosphate, le benefice s'^l^ve a
28 fr . 85 dans les semailles k la volee , mais il descend k
3Q fr. 70 et k 53 fr. 65 dans les semailles en lignes (parcelles
n°» 36 et 40).
3° Ces donn^es font prevoir que Tengrais concentre k la
Eortee des racines echappera davantage au pouvoir absor-
ant du sol et sera par suite d'une plus grande efficacite que
s'il est melange k toute la surface du terrain. Reparti en
lignes a la dose de 4oo kilos a Thectare , nous constatons une
pms-value de 26 fr. 85 dans la recolte des parcelles sem^es
en lignes ^cartees de o'"i6 et de 32 fr. 5o dans eelles qui le
sont de o"20, Mais k la dose de 600 kilos k Thectare , cette
plus-value en faveur de la localisation de Tengrais devient a
pen pr^s nulle ; elle est de 7 fr . 85 dans le premier cas et de
I fr. 90 dans le second. D'ou nous concluons que c'est seule-
ment pour la dose la moins forte qu'il y aurait int^rSt k pla-
cer le superphosphate en lignes sous les semences , si cette
operation pouvait se faire ^conomiquement ; de m^me nous
pouvons core que la localisation d!e Tengrais permet d'en
r^duire Tapport.
R6sultats avec les scories de ddphosplioration
Dans cette s^rie d'essais, les parcelles temoins sans engrais
pour les semailles a la volee, comme pour les semis en lignes,
sont les mSmes que pour le superphosphate. La parcelle
n° 29 est le temoin pour les semailles a la volee , la parcelle
n° 3o pour les semailles en lignes espacees de o"^i6, la par-
celle n° 3i pour les semailles en lignes espacees de o™20.
a') Nous exposons en premier lieu les r6sultats obtenus dans
les parcelles n°* 4^ et 43 semees k la volee. La premiere a
rcQU 485 kilos de scories de dephosphoration k 1 nectare ; la
seconde, 725 kilos, quantites equivalentes comme depense
k Tachat de 400 ou 600 kilos de superphosphate, soit 29 fr.,
pour la dose la moins elevee et 43 fr . 5o pour la plus forte ,
ainsi que nous Tavons precedemment indique.
Tableau XV. — Rendement et valeur de la production
k rhectare :
— 75 —
485 kil. de scories k Phect.
engrais reparti
sur toute la surface
725 kil. de sc<
engrais
sur toute
aries k Phect.
reparti
la surface
lilies
vol6e
Semailles
k la volee
Semt
a la
Parcelle n" 4«
Parcelle n«» 43
Recolte
k
I'hectare
Valeur
argent
Recolte
k
Phectare
Valeur
argent
Grain
PaiUe
kil.
3.200
10.715
fr. c.
5l2 »
34290
kil.
3.145
11.735
ft. c.
5o3 20
375 5o
Total
13.915
85490
14.880
878 70
Deduction faite du prix d' achat de Fengrais, la valeur de
la production de la parcelle np 4^ devient ^gale a 826 fr. 90
et celle du nP 43 , ^ 835 fr. 20.
Soit par rapport a la. parcelle nP 29, temoin sans engrais,
une augmentation de 4^ fr- 35 dans la recolte de la parcelle
ayant re?u 485 kilos de scories et de 52 fr. 65 dans celle qui
en a regu 725 kilos a Thectare.
b') Essais avec scories de ddphosphoratipn
aux doses de 485 et de 725 kilos k Fhectare
dans les parcelles d'avoine grise d'hiver seniles en lignes
espac^es de 0^16.
Les 4 parcelles n°» 44' 4^> 4^ ^^ 4^ ^^* toutes et6 sem^es
en lignes ecart^es de o"™i6. — Dans les deux premieres la
dose d'engrais k Thectare a ete de 485 kilos , dans les deux
secondes de ^25 kilos. L' engrais frit melange a toute la sur-
face du terrain , dans les parcelles 44 ®t 4^, tandis que dans
les parcelles correspondantes n®* 4^ ^t 47 ^ ^tait depos6 en
lignes sous les semences.
Tableau XVI. — Rendement et valeur comparatifs de la
production a Fhectare :
Grain
PaiUe
Total.
485 kil. de scories
de d^phosphoration a Phect.
^pandues
a la vol^e
Parcelle n* 44
R6colte
a
I'hectare
kil.
3.3qo
lO.
i4.s55
Taleur
argent
fr. c.
543 20
347 5o
890 70
epandues
sous les lignes
Parcelle n* 4^
R6colte
I'hect re
kil.
3.490
10.715
i4-2o5
Valeur
argent
fr. c.
558 40
34^90
901 3o
^aS kil. de scories
de dephosphoration k Phect.
epandues
i. la vol6e
Parcelle n" 46
Rtoolle
k
I'hectare
kil.
3.400
11.720
I5.I20
Valeur
argent
fr. c.
544 »
375 o5
919 o5
Epandues
sous les lignes
Parcelle n» 47
Rtoolte
a
I'hectare
kU.
3.560
11.080
14.640
Valeur
argent
fr. c.
569 60
354 55
924 i5
- 76 -
Deduction faite du prix d' achat de Tengrais , la valeur de
la r6colte dans chacun des essais deviant egale a :
86i fr. 70 pour le n° 44> soit sur la parcelle temoin n° 3o
une plus-value de 23 fr. ;
872 fr. 3o pour le n° 4^, soit sur la parcelle temoin n® 3o
une plus-value de 33 fr. 60 ;
875 fr. 55 pour le n° 4^* soit sur la parcelle teYnoin n^ 3o
une plus-value de 36 fr. 85 ;
880 fr. 65 pour le n° 4^ > soit sur la parcelle temoin u9 3o
une plus-value de 4i fr- 95.
La plus-value en faveur de Tengrais place sous les lignes
se traduit par un excedent de recolte repr^sentant une somme
de (33 fr. 60 ~ 23) = 10 fr. 60 dans le premier cas et de
(4 1 fr. 95 — 36 fr. 85) = 5 fr. 10 dans le second.
Essais avec scories de ddphosphoration
aux doses de 485 et de 725 kilos k I'hectare
dans des parcelles d'avoine grise d'hiver sem^es en lignes
espacdes de 0^20,
Tableau XVII. — Nous repetons dans les parcelles n°^ 48>
49, 5o et 5i les essais precedents en modifiant Fespacement
entre les lignes au lieu de o™i6 nous adoptons o°^20.
Rendements et valeur de la production k Fhectare de
chaque parcelle :
Grain . . . . ,
PaiUe
Total.
485 kil. de scories
de dephosphoration a Phect.
epandues
a la volee
Parcelle n° 48
R6colte
k
I'hectare
kil.
3.2o5
11.040
14.245
Yaleur
argent
fr. c.
5ia 80
353 a5
866 o5
epandues
sous les lignes
Parcelle n' 49
R6colte
k
I'hectare
kU.
3.aQO
10.0^5
14.225
Yaleur
argent
fr. c.
526 40
349 90
876 3o
735 kil. de scories
de dephosphoration a Phect.
Epandues
a la volee
Parcelle n» 5o
R6coIte
k
I'hectare
kil.
3.5o5
10.140
13.645
Valeur
argent
fr. c.
56o 80
324 5o
885 3o
epandues
sous les lignes
Parcelle n» 5i
R6colte
a
I'hectare
kil.
3.610
io.o35
13.645
Yaleur
argent
fr. c.
577 60
3ai 10
898 :7o
En retranchant le prix d'achat de I'engrais la valeur de la
production de chaque parcelle devient egale k :
83^ fr. o5 pour le n® 4^ > plus- value sur la parcelle temoin
(n° 3i), i6 fr. 75;
847 fr. 3o pour le n° 49 > plus-value sur la parcelle temoin
(n° 3i), 27 fr. ;
841 fr. 80 pour le n^ 5o, plus-value sur la parcelle temoin
(n° 3i), 21 fr. 5o;
855 fr. 20 po'ur le n° 5i , plus- value sur la parcelle temoin
(n<» 3i), 34 fr. 90.
- 77 —
D'apr^s ces chiffres Tengrais place sous les lignes de
semences donne un supplement de benefice de (27 francs
— 16 fr. 76) = 10 fr. 35 dans un cas et de (34 fr. 90 — 21 fr, 5o)
= i3 fr. 40 dans F autre.
Conclusion. — 1° L'acide phosphorique sous forme de
scories de dephosphoration a produit des resultats analogues
mais un peu inferieurs dans 1 ensemble au superphosphate.
La moyenne des dix essais avec scories accuse un benefice
de 33 fr, i5 a I'hectare, tandis qu'il est de 44 fr. avec le
superphosphate, soit 10 fr. 85 a Fhectare en faveur de ce
dernier.
2° Les scories reparties sur toute la surface ont egalement
donne des resultats de m^me ordre que le superphosphate.
L'apport de 485 kilos a Fhectare procure un benefice de
43 fr. 35 dans la parcelle n° 4^ semee a la volee , tandis qu'il
n'est plus que de 25 fr. 10 pour la moyenne des essais n°* 44>
45 , 48 et 49 semees en lignes : la dose de 725 kilos a Fhectare
le gain est de 52 fr. 65 dans la parcelle n<* 43 semee a la
volee , contre 33 fr . 80 pour la moyenne de quatre parcelles
n°s 4^> 47> ^<> 6t 5i semees en lignes avec mSme fumure.
3° Les scories comme le superphosphate ont plus d' action
placees en lignes sous les semences qu'epandues sur toute la
surface. Dans le semis a 0^16 , la plus-value est de 10 fr. 60
avec la dose de 485 kilos a Fhectare , et de 5 fr . 60 avec celle
de 725 kilos. Dans les semailles k 0^20, les differences en
faveur de la localisation de Fengrais sont de 10 fr. 25 et de
i3 fr. 40 suivant Fintensite de la fumure.
Champ nP 2
Section B — Recherches sur les engrais phosphates
appliques au bl6 d'automne
Tableau XVIII. — Nous allons en premier lieu exposer
les resultats obtenus dans les parcelles temoins sans engrais
semees a la volee ou en lignes espacees de o'^iG ou de o™20.
Rendement et valeur de la production de chaque parcelle.
Grain
PaiUe
Total
Semailles
a la volee
Parcelle n" Sa
Recolte
a
I'hectare
Valeup
argent
kil.
2.205
7.810
fr. c.
441
3o2 40
io.oa5
74340
Semailles
en lignes de o"°i6
Parcelle n« 53
Recolte
a
I'hectare
Valeur
argent
kil.
2.3lO
7.710
fr. c.
462 »
3o8 40
10.020
770 40
Semailles
en lignes de 0^20
Parcelle n<» 54
R6colte
a
I'hectare
Valeur
argent
kil.
2.380
7.200
fr. c.
476 »
288 ))
9.580
764 »
— 78 —
En resume, la parcelle n® 62 sans engrais, semee k la volee,
accuse une recolte se chifTrant k Thectare a 74^ fr • 4^ , celle
du n° 53 semee en lignes, espacee de o"*i6, est de 770 fr. 40,
et celle du n° 54 semee en lignes, espacees de o™20, est de
764 fr. Tels sont les chiffres qui vont nous servir de base
pour faire ressortir Feflicacite de Tacide phosphorique
apporte a doses variables, soit sous forme de superphosphate,
soit sous celle de scories de dephosphoration.
Tableau XIX. — Resultats des semailles a la vol6e sur
parcelles ayant regu 400 ou 600 kilos de superphos-
phate k I'hectare.
Rendement et valeur comparatifs de la production de
chaque parcelle k Thectare.
Grain ,
PaiUe ,
Total.
400 kil. superphosphate
epandu a la vol6e
Parcelle n* 55
Recolte
a
I'hectare
10.365
Valeur
argent
fr. c.
481 »
3i8 40
799 40
600 kil. superphosphate
epandu a la volee
ParceUe n* 56
R6colte
a
I'hectare
io.i8a
Valeur
argent
fr.
c.
496
))
3o8
»
804 »
Deduction faite du prix d'achat de Tengrais , la valeur de
la recolte de la parcelle n° 55 est de 770 fr. ^o, celle du
u9 56 de 760 fr. 5o.
Par rapport a la parcelle n° 52, Umoin sans engrais, le
superphosphate a la dose de 400 kilos a I'hectare donne un
benefice de 37 fr., et de 17 fr. 10 a la dose de 600 kilos.
L'influence du superphosphate etant ainsi mise en Evidence,
passons en revue les resultats qu'il a produits dans les deux
series de semis en lignes, suivant qu'il s'est trouv6 melange
au sol ou agglomere au voisinage des semences.
Essais avec superphosphate
aux doses de 400 et de 600 kiL & I'hectare
dans les parcelles de bU d'automne seniles en lignes espacees
de 0^16
La parcelle n° 67 a re?u 4^0 kil. de superphosphate
Epandu a la vol^e;
La parcelle n° 58 a re^u 400 kil. de superphosphate epandu
sous fes lignes ;
- 79 —
La parcelle n® Sg a regu 600 kil. de superphosphate epandu
a la volee ;
La parcelle n° 60 a regu 600 kil. de superphosphate Epandu
sous les lignes.
Tableau XX. — Rendement et valeur de la production a
Fhectare de chaque parcelle :
Grain
PaiUe
Total.
400 kil. de superphosphate
k Phectare
epandu
k la Yol^e
Parcelle n" 5^
Rteolte
k
riiectare
*kil.
a. 545
7.765
lo.Sio
Yaleur
argeDt
fr. c.
509 »
3io 60
Epandu
sousles lig^nes
Parcelle n" 58
R6colte
k
I'hectare
kil.
a. 625
7.690
819 6o|io.6i5
Valeur
argent
fr. c.
** — •^
D20 ))
307 60
832 60
600 kil. de superphosphate
k I'hectare
Epandu
k la volee
Parcelle n" 59
Rteolte
'k
I'hectare
kil.
2.610
7.880
10.490
Valeur
argent
fr. c.
522 ))
3i5 20
837 20
Epandu
sous les lignes
Parcelle n« 60
Rteolte
k
I'hectare
kil.
2.680
8.100
10.780
Valeur
argent
fr. c.
536 »
324 »
860 »
En retranchant le prix d'achat de Tengrais, la r^cplte de
chaque parcelle devient 6gale a :
790 fr. 60 pour le n° 5^ , plus value sur la parcelle temoin
(n° 53), 20 fr. 20;
8o3 fr. pour le nP 58, plus value sur la parcelle temoin
(n<^ 53), 32 fr. 60;
793 fr. 70 pour le n° 59 , plus value sur la parcelle temoin
(n° 53), 23 fr. 3o;
816 fr. 5o pour le n° 60, plus value sur la parcelle temoin
(n° 60), 46 fr. 10.
D'apr^s ces chifTres, Fengrais plac6 sous les lignes procure
un supplement de benefice de 12 fr. 40 avec la plus faible
dose et de 22 fr. 80 avec la plus forte.
Essais de superphosphate
aux doses de 400 et 600 kil. k I'hectare
dans les parcelles de hl4 d'automne semdes en lignes espac^es
de 0^20
La parcelle n« 61 a re?u 400 kil. de superphosphate Epandu
a la vol6e ;
La parcelle n*' 62 a regu 400 kil* de superphosphate epandu
sous les lignes ;
La parcelle n® 63 a regu 600 kil. de superphosphate epandu
a la vol^e ;
La parcelle n° 64 a regu 600 kil. de superphosphate Epandu
sous ks lignes.
- 80-
Tableau XXI. — Rendem«at et valeur comparatifs de la
production de chaque parcelle a Thectare :
Grain
PaiUe
Total.
400 kil. de superphosphate
a I'hectare
60a kil. de superphosphate
i I'hectare
epandu
k la vol6e
Paroelle n" 61
R6colte
a
i'hectare
kil.
2.685
7.960
10. 645
Taleur
argent
fr. c.
537 »
3i8 40
855 40
Epandu
sous les lignes
Parcelle n' 63
Epandu
k la vol6e
Parcelle n« 63
Rteolte
a
I'hectare
kil.
2.820
7.985
io.8o5
Yaleur
argent
R6eolte
k
I'hectare
kil.
2.840
883 40 10.540
fr. c.
564 »
319 40
Valeur
argent
fr. c.
568 »
3o8 ))
876 ))
epandu
sous les lignes
Parcelle n" 64
R6colte
k
I'heetare
kil.
2.855
8.255
II. no
Valeur
argent
fr. c.
571 ))
33o 20
901 20
En deduisant le prix d' achat de I'engrais, la recolte de
chaque parcelle deyient egale k :
826 fr. 4^ pour le n° 61, plus value sur la parcelle temoin
(n« 54), 62 fr. 40;
854 fr- 40 pour le n° 62 , plus value sur la parcelle temoin
(ho 54), 90 fr. 40;
832 fr. 5o pour le np 63, plus value sur la parcelle temoin
(no 54), 68 fr. 25.
857 fr. 70 pour le no 64, t)lus value sur la parcelle temoin
(no 54), 90 fr. 70.
La fumure en lignes donne par rapport a la fumure en
plein un excedent de recolte de 20 fr. avec la dose de 400 kil. de
superphosphate a I'hectare et de 25 fr. 55 avec celle de 600 kil.
Conclusion. — 10 L'apport du superphosphate a la dose
de 400 kil- a I'hectare se traduit dans les cinq essais par un
benefice moyen de ^6 fr. 52, avec 600 kil. le gain est de
49 fr- ^7 ;
20 Contrairement k ce qui a 6t6 not^ pour I'avoine grise
d'hiver, Faction du superphosphate est plus marquee dans les
parcelles semees en lignes que dans celles oil les semailles
ont ete faites a la vol^e , cela tient sans doute a la maniere
dont le sol est fouille par les racines de ces deux plantes;
30 La localisation de I'engrais sous les lignes procure un
supplement de benefice de 12 fr. ^o et de 22 fr. 80 dans les
semis k o'"i6 et de 28 fr. ou de 25 fr. 55 dans ceux de o°*20,
suivant les doses de superphosphate employees.
Essais avec scories de d^phosphoration
aux doses de 485 et 725 kilos k rhectare
dans des parcelles de bU d'automne sem4es a la voUe
Tableau XXII. — Rendement et valeur comparatifs de la
production de chaque parcelle a I'hectare :
- 81 -•
485 kil. de scories
^pandues a la volee
725 kil. de scories
epaiidues a la volee
•
Parcelle n° 65
Recolte y^^^^
I'hectare ^^^^""^
Parcelle n" 66
Recolte y^j^^^
Phectare ^^«^^^
Grain
kil.
2.5^5
7.5io
fr. c.
5o5 lo
3oo 4o
8o5 5o
kU.
2.555
7.545
fr. c.
5oi ))
PaiUe
3oi 80
Total
io.o35
10.100
812 80
Si nous retranchons le prix d'acha^ de Fengrais (29 fr. ou
43 fr. 5o) suivant la guantite employee , nous trouvons que
le produit de la recolte de la parcelle n° 65 represente une
valeur de 776 Ir. 5o, celui de la parcelle n** 66 est de 769 fr. 3o.
La parcelle n° 62, temoin sans engrais, semee dans les
mSmes conditions ayant produit une recolte estimee ^43 fr. 40,
le benefice resultant de Femploi des scories a la dose de
485 kilos k I'hectare se traduit par 33 fr. 10 et par 25 fr. 85
pour la dose de 725 kilos. Voila un point acquis.
Essais avec scories de d^phosphoration
aux doses de 485 et 725 kilos k Thectare
dans des parcelles de hU d'automne seniles en lignes espacdes
de o'^iS
La parcelle n® 67 a rcQU 485 kilos de scories epandues k
la volee ;
La parcelle n° 68 a re^u 485 kilos de scories epandues sous
les lignes ;
La parcelle n° 69 a regu 725 kilos de scories epandues a
la volee ;
La parcelle n° 70 a regu 725 kilos de scories epandues
sous les lignes.
Tableau XXIII. — Rendement et valeur c6mparatifs de la
production a I'hectare de chaque parcelle :
Grain
PaiUe.
Total.
485 kil. de scories
de dephosphoration a I'hect.
Epandues
a la vol6e
Parcelle n" 67
R6colte
k
I'bectare
kU.
a.5QO
10.370
Valeor
argent
fr. c.
5i8 »
3ii so
8^9 ao
epandues
sous les lignes
Parcelle n« 68
R6colte
a
I'hectare
kil.
a. 795
7 3i5
10. no
Valeur
argent
fr. c.
559 ))
292 60
85i 60
725 kil. de scories
de dephosphoration a I'hect.
6pandues
a la volee
Parcelle n' 69
R6colte
k
I'hectare
kil.
2.055
7 665
10. 320
Valeur
argent
fr. c.
53i ))
3o6 60
837 60
Epandues
sous les lignes
Parcelle n« 70
R6colte
k
I'hectare
kil.
2.710
8 200
10.910
Valeur
argent
fr. c.
542 ))
328 ) )
870 »
.-82-
D^duction faite du prix d' achat de Tengrais, la valeur
nette de la r^colte de chaque parcelle est de :
800 fr. 20 pour le n** 67 , plus-value sur la parcelle temoin
(n° 53) , 29 fr. 80 ;
822 fr. 60 pour le n<» 68, plus-value sur la parcelle temoin
(bP 53), 52 fr. 20;
794 fr. 10 pour le n® 69, plus-value sur la parcelle t6inoin
(n° 53), 23 fr. 70;
826 fr . 5o pour le u9 70 , plus-value sur la parcelle temoin
n° 53), 56 fr. 10.
Soit en faveur de la ftimure agglomer^e une difKrence de
22 fr. 40 avec la dose la moins forte et de 32 fr. 40 avec la
plus elev6e. "
I
Essais avec scories aux doses de 485 et 725 kil.
di I'hectare
dans les parcelles de bU d'automne sem^es en lignes
espac4es de 0^20
La parcelle n° 71 a regu 485 kilos de scories ^pandues a la
volee ;
La parcelle n° 72 a re^u 485 kilos de scories epandues sous
les lignes ;
La parcelle n° 73 a re^u 725 kilos de scories Epandues a la
volee ;
La parcelle n° 74 a re^u 725 kilos de scories Epandues sous
les lignes.
Tableau XXIV. — Rendement et valeurs comparatifs de
la production de chaque parcelle a Thectare.
Grain
PaiUe......
Total.
485 kil. de scories
de d6phosphoration a I'hect.
epandues
a la vol6e
Parcelle n* 71
R6colte
k
I'hectare
kil.
2.665
7.780
10.445
Valeur
argent
fr. c.
533 »
3ii 20
844 ^
epandues
sous les lignes
Parcelle n® 72
Rficolte
a
rhectare
kil.
2.795
8.3i5
II. no
Valeur
argent
fr. c.
559 ))
332 60
891 60
jaS kil. de scories
de d^phosphoration a Phect.
epandues
a la volee
Parcelle n« 78
R6colte
a
I'hectare
kil.
2.755
8.480
11.235
Valeur
argent
fr. c.
55i »
339 20
890 20
Epandues
sous les lignes
Parcelle n* 74
R6oolte
a
i'hectare
kU.
2 820
8.930
11.750
Valeur
argent
fr. c.
564 »
357 20
921 20
Deduction faite du prix d' achat de I'engrais, la valeur de
la recolte de chaque parcelle est la suivante :
8i5 fr. 20 pour le n° 71 , plus-value sur la parcelle temoin
(n° 54), 5i fr . 20 ;
- 83 —
862 fr. 60 pour le n® 73 , plus-value sur la parcelle temoin
(no 54), 98 fr. 60 ;
846 fr. 70 pour le no 78, plus- value sur la parcelle temoin
(no 54), 82 fr. 70 ;
877 fr. 70 pour le no 74, plus-value sur la parcelle temoin
(no 54), ii3 fr. 70.
La fumure en lignes accuse, par rapport k la fumure en
plein, une plus-value de 47 ft** 4^ avec la dose la moius elevee
et de 3o fr. 40 avec la plus forte.
Conclusion. — 10 Les effets de Facide phosphorique sous
forme de scories de dephosphoration sont encore plus mar-
ques qiie sous celle de superphosphate. Le benefice moyen
resultant de Temploi de cet engrais se chiffre a 52 fr. 98 pour
Tapport de 485 kilos a I'hectare, et k 60 fr. ^o pour celui de
720 Kilos ;
20 Comme pour le superphosphate , Tefficacite des scories
est plus grande dans les semailles en lignes que dans les
semailles a la volee ; dans ces derni^res , les benefices sont
de 33 fr. 10 et de 25 fr. 85 suivant la quantite de scories
employees, tandis qu'ils sont en moyenne de 57 fr. 25 dans
les semis en lignes espacees de o"^i6 et de 69 fr. o5 dans ceux
de o'"20 ;
30 La recolte accuse en faveur de Tengrais dispose en
lignes sous les semences une plus-value de 22 fr. ^o pour la
dose de 485 kilos a I'hectare, et de 32 fr. ^o pour celle de
725 kilos dans les parcelles semees en lignes espacees de
o™i6. Dans les semailles en lignes espacees de o'"20 , la loca-
lisation de Tengrais correspond a une augmentation de pro-
duction de 47 fr • 40 avec la dose la plus faible , et a 3i fr.
avec la plus forte. Ces derniers chiflres demontrent assez,
ar eux-m^mes, les avantages que presente Tagglomeration
es engrais phosphates au voisinage des racines, ils dis-
pensent de tout commentaires.
I
-^ 84 —
Conseils pratiques sur remploi du soufrage
contre Toidium
Le soufrage est encore aujourd'hui le traitement le plus
efficace pour combAttre roidium.
Le soufre sublime ou fleur de soufre et le soufre tritiire
produisent les m^mes resultats s'ils presentent le m^mc
degre de division.
Le soufre triture et blute avee soin , lorsqu'il est suffisam-
ment fin, est meilleur marche que le soufre sublim^ et ne
s'agglom^re pas comme celui-ei. On est souvent obUg^, pour
eviter les grunieaux de la fleur de soufre, de la melanger avec
certaines poudres, comme le piatre ou la chaux hydraulique.
Le premier soufrage sera pratique lorsque les rameaux
ont 20 centimetres.
Le deuxieme soufrage doit toujours ^tre ex^cut^ en pleine
floraison; (le soufre favorise la fecondation des fleurs et
empeche ensuite le developpement du champignon de I'oidium
sur les ovaires des fleurs fecondees). Ce soufrage est le plus
important,
Le troisieme soufrage aura lieu quelques jours ai>ant la
v^raison. (On intercalera, entre ces operations, des sou-
frages supplementaires si les invasions d'oidium sont repetees
et violentes).
Le premier et le deuxieme traitement doivent toujouri*
6tre faits avec le soufre pur, Le troisieme pent Stre pratique
avec un melange de soufre et de platre ou de chaux nydrau-
lique , a parties egales ; on evite ainsi le grillage des raisins
et le goM de soufre communique au vin , surtout quand les
eirconstances obligent a soufrer peu avant la vendange, Le
soufrage sera fait de preference apr^s la disparition de la
rosee du matin (le soufre agit mieux sur les ieuilles s^ches
que sur les feuilles mouillees).
Eviter de soufrer par la pluie, par le grand vent et par les
chaleurs excessives.
Ne faire aucune operation culturale pendant les deux ou
trois jours qui suivent le soufrage.
Dans les vignes de peu d'etendue les Torpilles Vermorel
ou autres sont d'excellents instruments. Dans les vignobles
au-dessus de 10 hectares, les appareils h traction animate
ou mecanique rendent de tr^s grands services. Nous citerons,
entre autres, Fappareil construit par M. Gomot de Nimes,
d'apres les indications de notre savant coUegue Massignon.
Get appareil a traction animale fonctionne tres regulierement
et permet de traiter pres de 2 hectares par heure , avec un
seul homme et un seul cheval.
Le G^rant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1275-5.
BULLETIN MENSUEL
r r
SOCIETE INDUSTRIELLl ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du d^partement de Maine-et-Loire
Procte-verbal de la stance du 27 mai 1905
Presidence de M. Gilles Deperriere, vice-president honoraire,
puis de M. Bordeaux-Montrieux, vice-president.
Etaient presents : MM. Prosper Jamin et le D"" Sigaud, membres
du Bureau;
MM. Moreau, D"^ Cordon, marquis de Dampierre, Lavallee,
O. Chaillou, Gallard, Thomas, Massignon^ Bernard-Chauvire ,
Betton-Allard, Sigaud fils, Fourmond fils, Ferre-Hamon, Halope,
Rousseau, Hacaiut, Secher, Mignot, Bouttier,
— M. le President lit des lettres de MM. le s^nateur comte de
Blois , Huault-Dupuy, Andre Huau et L6on Bourcier, s'excusant
de ne pouvoir assister a la seance.
— M. le D"^ Sigaud donne lecture du proc^s-verbal de la prec6-
dente seance et s'empresse de reparer une omission bien invo-
lontaire qui a 6te faite dans le proces-verbal de cette seance.
M. le comte de Blois, en parlant des societ^s an^evines sur le
concours desquelles il est tres heureux de pouvoir compter, k
Toccasion du Concours regional de 1907, a signal^ tout particu-
li^rement la Soci6te d'horticulture d' Angers, dont le distingue
president , M. L.-A. Lerby, a offert spontan6ment et avec le plus
grand empressement la participation de sa Societe.
Apres cette rectification le proces-verbal est accepte.
— M. Gilles Deperriere rend compte, en quelques mots, du
voyage qu*il vient de faire k Paris, au sujet de Fexposition
speciale a*une magnifique collection de raisms que la Station
d amp^lognraphie de Saumur avait Tintention de faire a FExpo-
— se-
dition intemationale de lAhge, II n'a pais 6i6 satisfait de ses
d-marches et devant les exigences du Commissariat il est tres
probable que la Station ampelographique de Samnur ne prendra
pas part k cette Exposition et n^enverra pas, comme elle en avait
rintention , mie tr^s importante collection de raisins. II a appris
avec rearet que les deux tiers environ des exposants 6taient de
nationality frangaise, ce ({ui prouve aue les autres puissances
europeennes se sont d6sinteress6es oe cette Exposition, tr^s
probablement k cause des conditions exager6es qui leur ont 6te
laites.
— M. Maurice Massignon, president de FUnion des Viticulteurs
de Maine-et-Loire , donne quelcpies renseignements precis sur
FExposition de Cherbourg et croit qu'il n'y a pas lieu, pour notre
Societe, de prendre part k cette Exposition.
— M. Moreau donne lecture de son travail sur le /f^^ Congres
des Soci^t^s savantes a Al^er,
Notre savant coUegue fait un r^cit charmant et tr^s pittoresque
de son voyage en Alg^rie et revolt les applaudissements r6it6r^s
de Fauditoire.
M. le President, tout en le remerciant chaudement, constate
avec plaisir qu*on pent ^tre un litterateur et un veritable artiste
en mime temps qu'un homme de science.
— M. le D' Sigaud lit ensuite son rapport intitule : Difficult^s
d* organisation aun service d'inspection sanitaire des viandes de
boucherie dans les communes d^pourvues d'abattoir public,
M. le President remercie notre secretaire general de son rapport
qui presente des considerations pratiques aun grand inter^t.
— M. le president est heureux de saluer M. le marquis de
Dampierre qui assiste pour la premiere fois k une de nos seances
et annonce que notre nouveau collogue se propose, k notre seance
de juin, de nous lire un travail sur Favicidture. Cette branche
laisse beaucoup a desirer en Anjou et il serait utile de nous
preparer d^s maintenant pour ne pas paraitre trop inferieurs
aux departements voisins , k la Loire-Inferieure entre autres , au
moment du grand Concours regional de 1907 que la Societe
Industrielle doit organiser k Angers. II annonce, (fes maintenant,
le sujet qu'il traitera, afin de provoquer k la seance prochaine
la presence de ceux de nos collogues s'interessant k Favicul*
ture.
M. le D"^ Sigaud ajoute que, de son c6te, il a rcQU une tr^s
interessante etude sur le chauffage des serres par un de nos
savants coUegues , M. Charpentier, ingenieur k Paris. Ge travail
sera lu egalement a la prochaine seance. II espere qu'il sera le
point de depart d'observations pratiques de la part de ceux
d'entre nous qui ont une certaine competence sur ce sujet.
— Plusieurs coUeg^es demandent qa'k notre prochaine seance
on mette a Fordre du jour une question d'actuaute : le tir contre
la ffreie et en particulier les fusees contre la grfile ; deux de nos
colTegues, MM. Daign^re et le D^ Cordon, seront invites tout
specialement a nous donner les resultats de leur experience sur
cette question.
— 87 —
— Reception des caindidats preseiites le ap avril igoS :
MM. Philippe de Sain1>Martin , proprietaire-viticulteur 4 Mon-
Ireuil-Bellay, et 14, rue desLices, k Angers; le vicomte de Monti,
proprietaire au chateau des Mines , par Dou6-la-Fontaine ; Alfred
Pineau, propri^taire-viticulteur a Beaulieu; Charles-Eugene de
Terves, propri^taire-viticulteur a Saint-Lambert-du-Lattay, et
Tabb^ Louis Gasnier, propri^taire-viticulteur a Souzay, pr& de
Saumur, sont tous elus, k runanimite des voix, membres titulaires.
— Presentation de candidats :
M. Merlet, proprietaire au chateau de la Grande-Garde, com-
mune d'Avrille, presente par MM. le comte de Blois et Olivier
Chaillou;
M. Charles Fougeray, clerc de notaire k Rablay, present^
par MM. L6on Bourcier et Andre Huau;
M. Gavinet, propri6taire-viticulteur , ch&teau du Foumeau, k
Chalonnes-sur-Loire , present^ par MM. Maurice Massignon et
le D^ Sigaud.
L'ordre du jour etant ^puise, M. le President leve la s6ance
A 3 h. 1/2.
Le Secretaire g^n^ral,
jy^ Paul Sigaud.
43^ Congrds des SociStSs savantes
(Alger 1905)
Par M. L. Moreau, del^gue
C'est a Alger que se tenai%, en 1906, le 43*^ Conffr^s des
Societes savantes. Le souci de la v^rite m' oblige k dire que
le desir de visiter cette superbe region, a la porte de la
France et encore si peu connue des Frangais , avait , autant
que le congres lui-m^me , amen6 a Alger de tres nombreux
congressistes. C'est ce que faisaitjustementremarquerle pre-
sident du congres, M. Heron de Villefosse, lorsque, dans son
discours d'ouverture, il s'est plu a saluer « tout d'abord ceux
qui avaient appris a aimer T Al^erie, qui conservaient au fond
du coeur Tesperance de la revoir et qui ne pouvaient manquer
de saisir une occasion aussi favorable a leur desir, et a remer-
<5ier aussi ceux qui, n' ay ant pas encore eu la fortune d' admirer
<;e pays, ^taient venus si nombreux a Alger ». Quel que fM
d'ailleurs le motif qui edt pousse les delegues des Societes
Savantes k entreprendre ce voyage , il devait en resulter —
«t il en est stirement results — pour tous, une serie d'im-
— 88 —
pressions fortes et varices, de remarques int^ressantes, sugge-
r^es a chaque pas et a chaque minute par le spectacle qui
leur ^tait onert et qui out fait de ce voyage , non seulement
un voyage agreable, mais encore et surtout un voyage de&
plus instructifs , soit que Ton eftt ete attir^ par la beaut6 de&
sites ou la vegetation luxuriante de certaines contrees , soit
que Ton fAt venu pour retrouver les traces laiss^es par les
peuples qui se sont succede dans ce pays , soit enfin que le
seul but eM et6 de se m^ler un pen k la population indigene,
Sour 6tudier ses moeurs et ses coutumes et la saisir dans le»
iverses manifestations de sa vie courante.
Est-ce la personnalite m^me du president, qui appartient k
la section d archeologie du comite des travaux historiques et
scientifiques, conservateur au musee du Louvre , qui en est
cause? N'est-ce pas plutot le voisinage des Orientalistes, qui
tenaient leur congres aux m^mes jours, dans le mSme palais,
qu'il faut accuser? Les sciences experimentales — ce qui
n*est pas — sont-elles moins prosperes, leurs adeptes
moins voyageurs ou moins zeles que les autres ? Enfin,
I'influence du milieu ne s'est-elle pas trop fait sentir? —
ce que je croirais volontiers. Toujours est-il qu'il m'a
semble, par ce que j'ai pu voir et par les comptes-rendus
qui en ont ete donnes, que le congres s'est surtout occupe
ahistoire et de philologie, d'archeologie , de geographic, de
sciences economiqucs et sociales. II y avait bien des sections
de mathematiques, de physique, de chimie, de sciences natu-
relies ; mais les communications y etaient peu nombrcuses ,
sauf peut-Stre k la section de botanique ; F agronomic n'etait
pas representee.
Une seule excursion agricole dans le Sahel et la Mitidja
avait et6 organisee par les soins du Congres, le vendredi
21 avril. N'ayant pu la suivre, je me suis rendu le m^me jour
a Beni-Mered, entre Boufarick et Blida, chez M. Pech,
ingenieur agronome, pour visiter son exploitation viticole.
J'ai retrouve la les mSmes c^pages que dans le Midi de la
France, le meme mode de culture, les mSmes precedes de
vinification, avec des difficultes plus grandes pour la marche
de la fermentation , dues a la temperature et surmont6es par
la refrigeration des mofits. J*ai retrouve la ^galement, avec
un double plaisir, la souf reuse Massignon, qui accomplit
des merveilles et demeure, pour le moment, dans les pays de
frande culture, le seul instrument pratique faisant de bonne,
esogne; je suis heureux de retourner au pere tons les
compliments qu'on a fait devant moi de I'enfant . Le phylloxera,
qui a envahi depuis longtemps les departements de Constan-
tine et d'Oran, a respecte jusqu'ici celui d' Alger. G'esl par
une surveillance de tons les instants , par des mesures tres
rigoureuses contre les importations de plants, mesures qui
se traduisent par Famende et, je crois mSme, par la prison;
c'est aussi gr^ce aux soins culturaux donnes a la vigne que le.
. — 89 —
colon algerois est parvenu a lutter jusqu'ici et a proteger son
vignoble, qui s'etage sur les pentes du Sahel et s'6tend dans
la plaine de la Mitidja. Pour le cas — bien probable, malgr^
quelques exceptions — ou le phylloxera viendrait a se jouer
de toutes ces mesures , des sortes de societes de prevoyance
se sont fornixes, aliment^es par les cotisations assez elevees
de ses membres, en vue de faire face, plus tard et dans une
certaine mesure, aux frais de la reconstitution. La propri^t6
visit^e comprenait, en plus de la vigne, des champs de
cereales , des luzernes, qu'on pouvait arroser , enfin — et sa
situation entre Boufarick et Blida Tindique aisement —
quelques centaines d'orangers et de mandariniers portant
ensemble leurs fruits d*or et leurs fleurs immaculees, dont le
parfum violent etait r^pandu sur toute la plaine. Ces plan-
tations d'orangers sont entourees de cypres, qui les protegent
contre les grands vents, qui ont bien vite fait de precipiter a
terre une partie de la recolte et de transformer le sol en un
superbe tapis jaune d'or.
Ge n'est pas dans Tespace de i5 jours passes a parcourir
une region aussi vaste qu'on a le temps de bien etudier
Tagricidture d'un pays; les trains ont beau aller lentement,
le paysage defile encore trop vite; ce n'est done qu'une
impression d'ensemble — gu'un s^jour plus prolonge et
qu une etude plus approfondie auraient pu modifier — que
je puis donnerici. La region parcourue etait-elle plus pauvre
que les autres? c'^est possible; le pittoresque ne va pas force-
ment avec la fertilite du sol; la secheresse etait-elle plus
grande cette annee que les annees precedentes, malgre
quelques pluies qu'avait amenees — le fait a ete maintes fois
observe — la visite d'un souverain et d'un ministre? je ne
pourrais le dire; mais Timpression que j'ai ressentie pour le
pays visite est celle d'une region peu fertile. La configura-
tion du sol et le climat expliquent Tabsence de cours d'eau
importants ; les rivieres ne sont que des torrents souvent a
sec. Partout ou I'eau abonde, la vegetation est luxuriante;
partout ailleurs ou il ne faut compter, pour arroser les "
champs, que sur les pluies, la vegetation est rabougrie;
seule, la vigne m'a semble prosperer dans tout le pays — je
fais exception pour la culture des environs des villes, sur
tout le httoral, qui ne couvre d'ailleurs qu'une bande de
terrain assez etroite. Et cependant Fhistoire nous apprend
que cette region fut autrefois le grenier des Romains — les
traces imposantes qu'ils ont laissees de leur passage un peu
partout prouvent qu'ils s'y ^taient ^tablis fortement, m^me
dans rint6rieur des terres. Ont-ils 6puis^ le sol au point
qu'il ne puisse plus donner de nos jours que de faibles
r^coltes? les conditions climateriques se sont-elles k ce point
modifiees qu'elles ne pei*mettent plus des rendements elev^s ?
6taient-ils meilleurs cultivateurs que nous, ou moins exi-
geants? Ce sont la les questions que Ton sepose et auxquelles
- 90 —
on ne repond pas toujours, faute de documents sous la
main.
Lorsqu apres avoir parcouru les hauts plateaux de la
Kabylie vous descendez vers le sud, I'aridite du sol s'aecen-
tue encore, le pay sage prend un aspect desole et une impres-
sion de tristesse vous envahit, qui va en augmentant, vous
etreint et vous oppresse, lorsqu' apres avoir Iranchi les der-
niers contreforts de 1' Aures , devant vous s'etend a Finfini ,
inonde de soleil, immobile et sans vie, le Sahara; des oasis,
petites bandes etroites de palmiers gigantesques , font seules
des taches vertes sur le fond mauve du desert.
A rhabitant de nos regions, habitu^ aux vertes et coquettes
vallees du Loir et de la Mayenne , aux horizons plus vastes
et a demi vaporeux de la Loire, le desert doit forcement
laisser cette impression penible d' abandon et de desolation ;
Yhaleine du desert ne pent avoir de prise sur lui et il
preferera au spectacle cependant nouveau de la vaste eten-
due, nue et morte, la fraicheur des oasis et la vegetation
debordante du jardin d'essai d' Alger. C'est la que je voulais
vous ramener, au milieu des bamoous, des yuccas, dressant
haut dans le ciel leurs feuilles accrues, des ficus geants
entremSlant leurs racines adventives dans un fouilus de
for^t vierge, des palmiers, des eucalyptus varies qu'en-
lagaient jusqu'aux plus hautes branches, dans un desordre
chatoyant aux yeux , des bougainvilleas aux bract^es
violettes ; au milieu de cette leerie des tropiques , j'ai
songe a notre coUegue, M. Hy, qui eM goMe la, j'en suis
certain, une des meilleures et des plus mrtes emotions de
sa vie de botanist e.
* *
C'est une precaution bien inutile que prennent les guides
de vous avertir que Tattrait du voyage n'est pas dans les
monuments, dans les collections d'oeuvres d'art, mais qu'il
reside moins dans le site lui-m^me que dans son originalite
pour des yeux d'Europeens, qu'il eclate dans la beaute de la
lumiere, Tetrangete de la vegetation et qu'il est fait surtout
du spectacle qu'offre la population indigene , de moeurs et de
civilisation si differentes des n6tres. C'est ce qui vous saisit a
peine debarque sur le sol africain, c'est ce qui vous poursuit,
en ime obsession toujours croissante, pendant toute la duree
du voyage et si, aux trois quarts de la route, Hammam
Meskoutine m'a laisse une aussi agreable impression, c'est
moins, je crois, a ses sources d'eaux chaudes a 96°, a sa belle
vegetation, a son site, que je la dois, mais bien plut6t parce
que j'ai pu echapper la,: pendant quelques heures, k cette
obsession, fatigante a force d'Mre prolon|;ee et dont je
n'avais pas encore eu le temps de me blaser. Pays de
contrastes, parfois violents, ainsi apparalt I'Algerie a celui
qui n a pas encore pousse une pointe vers I'Orient.
- 91 -
Si la vie indigene est plus interessante a etudier dans les
gourbis des Kabyles on bien au milieu des oasis sahariennes,
comme a Sidi Okba, lorsqu'on commence a s'eloigner de tout
centre europeen, il n'en est pas moins vrai que c'est dans les
villes , a Alger notamment , qu'il est plus facile de saisir les
differences de races et de civilisations, parce qu'elles se
trouvent la c6te a c6te et qu'elles se pr6sentent, a Foeil etonne
du nouveau debarque, en oppositions violentes. Al^er vous
offre, sans repos, a chaque instant, ces spectacles : ici c*est un
grand chef arabe dont le blanc burnous est orne de volumi-
neuses rosettes de la legion d'honneur et c'est a c5te un
brillant officier de nos troupes africaines; la c'est le plus
deguenille des arabes, drape comme un empereur romain
dans un manteau fait parfois de toile d'emballage ay ant plus
de trous que d'etoffe, et c'est aussi le plus elegant de nos
snobs circulant aussi a I'aise dans la rue Bab Azzoun que
dans la rue de Rivoli; ce sont, petites, embarrassees dans
d'enormes pantalons plisses de toile blanche qui leur donnent
une demarche peu gracieuse, quelques mauresques, ne
laissant voir de leur visage que deux grands yeux noirs, tres
brillants, et qui glissent, mysterieuses et silencieuses au
milieu des groupes, et ce sont encore, legeres, babillardes et
rieuses, nos algeriennes, v^tues a la derniere mode de la rue
de la Paix; c'est la maison arabe, toute blanche a I'exterieur,
avec sa terrasse , ses murs droits , sans autre ouverture sou-
vent que la porte, qui laisse voir parfois, a I'extremite du
couloir , une cour interieure dont les murs peints en bleu de
ciel tres tendre jettent une lueur etrange et douce sur des
scenes familiales et, c'est , tout proche , I'hdtel construit dans
le plus moderne des styles; c'est la ville arabe avec sonlaby-
rinthe de rues etroites, tortueuses, montantes, aux noms
pittoresques, formant un enchevetrement inoui et ce sont
aussi les grandes arteres de la ville europeenne, larges,
droites, aerees, plantees de palmiers et d'essences diverses;
c'est la paresse orientale qui s'etale sur les bancs des squares,
dans les cafes maures et au bas des trottoirs et c'est aussi
I'activite, la fievre d'Occident qui circule dans les rues et
bouscule les flaneurs ; c'est la mosqu6e aux murs nus, au sol
convert d'epais tapis qui eteignent le bruit des pas et oil
rfegne un mysterieux silence, et c'est I'^glise catholigue remplie
de fleurs, de parfums et des sonorites des grandes orgues;
c'est enfin le jour de P&ques, la foule sortant aux accents
d'une marche triomphale, se groupant sur les degres de la
cathedrale, faisant la haie jusqu'a fa porte de I'archev^che et
s'inclinant sous la main benissante du prelat, qui s'avance
lentement, rev^tu de toute la pompe romaine, et c'est,
quelques minutes plus tard, au haut du minaret de la
mosquee de la P^cherie, toute proche, un autre prMre appe-
lant son peuple a prier Dieu aussi, alors que, au bas, la
foule passe indifferente et qu'un mSme soleil, ^clatant, inonde
d'or tout Tensemble. Voila rAJgerie, voila I'Orient, voila
surtout Alger, et ces spectacles s'offrent a vous a chaque
minute, tout aussi van^s, tout aussi opposes les uns aux
autres et purs entre eux de tout melange.
Voila bientdt quatre-vingts ana qu'au haut dc la ville, dans
la Kasbah, dans un pavilion de deux metres carres tout an
plus, accroch^ k une galerie superieure, bariol6 de rouge et de
vert — petit decor pour un acte qui devait avoir de si grandes
consequences pour tout un penple — que le coup d'eventail
fut donn€; voila bientdt quatre-vingts ans que cette popula-
tion indigene vit a c6t6 de la n6tre, et cependant rien ne prouve
qu'elle nous ait pris quelque chose. Les deus races vivent c6te
k cOte sans se melanger et ilne semble pas qu'unjour ou I'autre
la fusion doive se faire. Jenecrois pas d'ailleursqu'on ait fait
beaucoup defForts pour cela ; ce ne pouvait fitre que du c6te
religieux que I'effort eOt pu fttre tente ; mais combien delicate
devait 6tre cette entreprise, lorsque Ton songe au fanatisme
musulman. La tentative de I'Angleteri'e de modemiser
rislam en voulant introduire dans le programme des etudes
de la grande universite musulmane du Caire, Al-Azhar,
quelqucs notions scientifiques, estvouee, bien probablement,
a un echec, car, comme le fait remarqucr le correspondant
du journal qui nous apporte cette nouvelle, « il serait plus
facile de supprimer I'antique et prospere Al-Azhar que de la
moderniser ; c'est la surtout que la tradition est plus forte
que la vie. Changer serait disparaltre. »
Un effort aurait cependant pu fitre tente du c6t^ de I'Ecole,
et rien jusqu'ici ne me paralt avoir ete fait. Je suis entr^ dans
plusieurs ^coles musulmaues ; le maltre lit le Coran, les 6i6ves,
- group6s k ses pieds, reprennenl en choeur le verset, et c'est
Ik, paralt-il, k quoi se borne toute I'instruction primaire
donn^e aux jeunes indigenes; lis ne savent rien de la France,
ni de son histoire, ils n'ont aucune notion des sciences les
plus elemental res,
H semble que nous nous soyons completement d^sint^i-esses
de faire la conqufite morale de ce peuple par I'instruction et
I'education; nous avons pris le sol, nous n'avonspas conquis
la race. Est-ce de la bonne politique et de la bonne coloni*
sation ? Je crois que Ton pourrait fournir d' aussi bona
<.^^„^^^t^ ^„..„ ~.,^ ~„«. — ^i^ suivant son temperament,
qui coneeme I'instruction des
ir ben Had] Said, au eongres
ndre quelques reclamations.
munication :
i I'bonneur de presenter k la
alistes a trait a renscignement
ecoles, que Ton appelle aussi
t les regions ou Ton se tixiuve,
les villes , oil elles sont nom-
— 93 —
breuses, dans les petites, dans les villages, en un mot dans
toutes les agglomerations. EUes se composent d'une piece
plus ou moins vaste , souvent insuffisamment aer^e, dont le
sol est reconvert de vieux tapis, on tout simplement de nattes
en alfa. La zaouia est dirigee par un maltre appele taleb,
cheikh ou mouaddeb, educateur.
« C'est dans ces ecoles que les indigenes, qui n'ont pas
d'ecoles frangaises a leur portee au qui pref^rent une edu-
cation exclusivement musulmane, envoient leurs enfants.
Ceux-ci y sont admis des leur plus tendre jeunesse. C'est
vgeneralement a T&ge de 5 ou 6 ans que le petit indigene
conmience a frequenter la zaouia. Le taleb lui apprend tout
d'abord a lire et a ecrire. La methode adoptee pour arriver
k ce premier resultat est deplorable et il n'est pas rare de
rencontrer de jeunes Aleves, frequentant la classe depuis a
ou 3 ans, ne sachant ni lire ni ecrire couramment TaraDe.
« D^s que Televe est en ^tat d'ecrire sous la dictee de son
maitre, commence T^tude du Goran. Le taleb dicte alors a
son 61eve, en augmentant progressivement la dictee, des
textes duLivre Saint, que Tenfiint ecrit sur une tablette appelee
louha. La louha est simplement une planchette en bois dur,
soigneusement rabot6e et polie, de Go k 70 centimetres de
long sur 25 ou 3o de large.
« Pour faire disparaitre un texte et en ecrire un autre a la
place, operation qui se renouvelle chaque jour, le jeudi
excepte, Televe trempe sa planchette dans un recipient plein
d'eau et, a Faide d'une Sponge, en efface les caracteres. Apres
cela, avec un petit morceau d'une esp^ce d'argile blanchatre,
il frotte sa tablette sur toute la surface, la polit avec la paume
de la main, la laisse secher un moment, et sa louha est
propre, assez blanche, prSte a recevoir le texte suivant.
« Les porte-plume dont on se sert dans ces zaouia sont en
roseau. L'encre y est sp6ciale et sa preparation merite d'etre
expliquee. Voici le procede dans toute sa simplicite, tout au
moins dans le departement de Constantine : on prend de la
laine graisseuse de mouton , celle de la queue de preference.
On la met dans un ustensile, qu'on ferme herm^tiquement, et
on fait cuire k petit feu. Au Dout d'un moment on obtient
ainsi une substance noire et gluante qu'on met par fragments
dans un encrier, on y ajoute un peu d'eau et on a de I'encre
noire. II va sans dire que cette encre est de beaucoup prefe-
rable a Tencre industrielle, en ce sens qu'elle s'efiace tres
facilement sous Tinfluence de Thumidite, sans laisser la
moindre trace sur les planchettes.
<( Je reviens done a mon sujet. L' enfant, sachant Ecrire,
commence la veritable etude du Goran. Son but, son but
unique, est d' arriver k le savoir par coeur. Pour arriver a
cette fin, il faut de nombreuses annees. Pourmanart, j'ai
mis sept ans pour en savoir seulement la moiti^. Comme je
n'ai jamais brille par la m^moire, mettons dix ans pour
— 94 —
Tapprendre en entierJ^On debute a six ans, comme je Tai dit
tout k I'heure. Par consequent, a i5 ans, pendant que le
jeune europeen est bachelier ou sur le point de T^tre, pen-
dant que le jeune europeen est dans les ecoles normales,
ecoles d^agriculture, d'arts et metiers, de commerce, ou qu'il
a quitte Tecole, emportant une bonne instruction primaire ou
pnmaire superieure, prepare k tout, connaissant tout, le
jeune indigene, lui, ne saura rien autre que le Goran. 11 le
recitera, tel un phonographe , sans y rien comprendre, sans
goiiter cette eloquence divine, sans pen^trer cette morale
Sure et douce dont les grands penseurs se plaisent aujour-
'hui a reconnaitre la superiorite, cette phuosophie simple
et profonde a la fois, ce monument de litterature que
quelques esprits , faute de comprendre , ont trouve vulgaire ;
en un mot , il restera insensible a ce Code de Tlslam , source
toujours vive et intarissable d'une grande civilisation qui a
provoque de tout temps le respect et 1' admiration sincere
des plus grands hommes du monde entier.
« Interrogez ce jeune indigene sur les questions les plus 61e-
mentaires, donnez-lui une addition ou une soustraction k
faire, demandez-lui les parties du monde, comment recon-
naitre les points cardinaux, Thistoire de la religion mdme de
ses peres, d ne saura vous repondre.
« veritablement, Messieurs, cet 6tat d'ignorance est des
plus regrettables et il est a souhaiter que la France, qui s'est
impose et ne cesse de s'imposer chaque jour davantage les
plus grands sacrifices pour repandre partout la science,
cette source inepuisable de lumiere et de verite, mette en
etude cette question de Forganisation des zaouia.
« Si le jeune taleb, Tetude du Goran terminee, d^sir6
pousser plus loin son instruction, la Medersa, ou la connais-
sance de la langue fran^aise, est rigoureusement exig^e, et
c'est Ik une excellente chose, la Medersa, dis-je, lui fermera
ses portes. II suit alors les cours d*un mouderres, qui lui
enseignera queloues notions elementaires de grammaire , de
theologie et de aroit musulman et , apres quelque temps, il
reviendra dans le sein de sa famille, sans ^tre guere plus
avance qu'a son depart, tout en croyant avoir conquis la
science. Gonclusion : deux bras de moins dans la famille
pour travailler et une bouche de plus k nourrir.
« Si, au contraire, le jeune tald^ n'est pas ambitieux et se
contente du Goran, il se mettra au travail et bientdt les
preoccupations de son nouvel etat, I'attention qu'il apportera
a son apprentissage etles soucis, quinetarderontpas avenir
et dont nul n'est exempt sur cette terre, le lui fcront bien
vite oublier, et je connais beaucoup de tobbas qui ont oublid
iusqu'a lire et ^crire. Gonclusion : dix annees de perdues
^dans I'existence. ^
« Messieurs, on ne decouvre pas un mal sans lui pr^co-
niser un remMe. Ge remede, vous le connaissez tons.
— 95 —
Messieurs, aussi bien que moi. En theorie, la chose est
simple et facile. Les difncultes sont dans T application de la
reforme que je pr^conise. Aussi je ne me fais pas d'illusion;
je sais seulement qu'il faut un commencement a tout. Qu'on
ne me taxe pas d'^re pour la suppression de Fenseignement
du Goran dans nos ecoles, car, bien loin de la est mapensee.
Seulement, le voudrais que Tenseignement coranique soit
donne dans les zaouia, concurremment avec les. sciences el6-
mentaires modernes professees dans les ecoles primaires
europeennes...
« Le jeune homme quitterait Tecole emportant un petit
bagage de connaissances utiles et pratiques, lui permettant
d' affronter les difficultes chaque jour grandissantes de la vie.
Tel qu'il se pratique, Fenseignement arabe ne d^veloppe
qu'une seule faculty : la memoire, au detriment de toutes les
autres facultes intellectuelles. L'eleve ne serait plus un per-
roquet, mais un jeune homme a I'intelligence ouverte, au
raisonnement juste et a Tesprit sain. S'il revenait dans les
champs , il travaillerait mieux que ses peres , etant a mSme
d'apprecier les avantages considerables des proc^des nou-
veaux introduits dans Fagriculture. S'il choisissait une pro-
fession, il ferait un excellent ouvrier et si, enfin, il poussait
ses etudes plus loin, il n'aurait pas inutilement perdu son
temps.
« JPour arriver 'a cet heureux resultat, pour realiser ces
reformes, il faut n^cessairement le concours devoue de FEtat
pour le recrutement du personnel enseignant et pour un
contrdle effectif.
« J'aime a croire qu'il m'a suffi d' avoir presents ce modeste
petit travail a votre auguste assemblee pour que le gouverne-
ment de la Republique frangaise et son Eminent et digne
representant en Algerie, qui ont fait beaucoup pour les
musulmans de ce pays , examinent ce voeu avec la nienveil-
lance et la sollicitude dont ils ont toujours fait preuve a notre
egard.
« La France ne reculera devant aucun sacrifice pour
accomplir cette noble et grande tache , puisqu'en travaillant
pour elever le niveau moral et intellectuel de ses sujets
musulmans, qu'elle consid^re comme ses fils adoptifs, elle
aura travaille pour la grandeur et la prosperite de sa plus
belle colonic et, par-dessus tout , fidele k ses traditions , elle
aura servi ces trois nobles et saintes causes : celles de la
science, de la civilisation et de Fhumanite. »
Plus instruit, FArabe se melangera-t-il mieux k la popu-
lation europeenne? celle-ci, de son c6te, se laissera-t-elle
p^n^trer? je Fignore; il y a un autre facteur qui entre en jeu
et dont il faut tenir compte, c'est la population algerienne
elle-m^me, n6e en Alg6rie d'Europ^ens ^tablis aussitdt la
conqu^te, population qui est algerienne peut-^tre avant
— 96 —
d'etre fran^aise, qui tient au sol natal autant que Tarabe, et
qui semble , du moins a certaines personnes qui habitent le
pays et Tetudient depuis longtemps, animee de tendances
separatistes dont Thistoire nous a iburni d'autres exemples.
Quel que soit le resultat des reformes a entreprendre et
quels que soient les progres de notre civilisation , le touriste
qui vient cherclier sur cette terre d'Afrique un peu de
couleur locale, des impressions nouvelles, des sensations
inconnues, prefer era encore Tetat actuel a un etatde progres
plus avanc^. H sera tente, dans son egoisme d' artiste et de
r^veur, de maudire un progres qui, tendant a passer tons les
individus dans un moule unique , enlevera toute originalite
aux productions de Tart et de Tesprit, qui, sous pretexte de
confort et d'hygiene , v^tira les hommes de la meme fagon,
les logera dans les memes demeures, les soumettra aux
mdmes prescriptions de police.
A cet arabe civilise il preferera encore ces grands gaillards
deguenilles et sales, nonchalamment accroupis sur les places
publiques et se laissant aller a je ne sais quelle reverie, a
Tombre des grands palmiers. G'est cet arabe nature que le
touriste aimera voir, soit chez lui lorsqu'il accorde Inospi-
talite, soit au marche lorsqu'il trafique des produits de son
sol, soit k la mosquee lorsqu'apres les ablutions d'usage il
va se prosterner au pied de quelque colonne, soit au nain
maure lorsque , le soir venu , il va s'etendre nu sur la dalle,
se faire masser et se reposer du repos de la journee, soit
encore au cimetiere lorsqu'il va prier sur la tombe des
ancMres et remplir d'eau pure, lorsque la periode des seche-
resses arrive, de petits reservoirs creuses a m^me la pierre
f)oui' permettre aux oiseaux de venir boire et rejouir de
eurs chants Tame des chers disparus — pensee touchante,
empreinte d*une poesie bien orientale.
Telle m'est apparue TAlgerie, telle le vous souhaite de la
voir. « Feerie inesperee et qui ravit Tesprit, Alger a passe
mes attentes », a dit de Maupassant ; « pays de delices, a dit
un autre ecrivain (i), aux hivers radieux comme des printemps,
pays couronne de verdure merveilleuse. Lk miirissent les
fruits d'or comme la datte et Torange ; la fut jadis le grenier
de la Rome imperiale. La, vivent des hommes d'une belle
race, drapes a rantique dans des blancs bournous, ou che-
vauchant sur des coursiers rapides a travers les vastes
plaines , le faucon au poing et les grands levriers au c6te ; et,
quand viennent des etrangers de marque, des banquets ou
diffa pantagrueliques , des danses suggestives d'almees, des
baise-mains repetes laissent a Tetranger I'impressiou d'un
pays original et riche, peuple par une race qui vit d'une vie
oisive et noble. »
Angers, mai iQoS.
(i) Ed. Gat, Preface de VAlgerie, 1901.
— 97 —
Difficult^s d'organisation d'un service d'ins-
pection sanitaire des viandes de boucherie
dans les communes d^pourvues d'abattoir
public.
Par M. le D"" Sigaud, secretaire general
Une loi nouvelle, promulgu6e en Janvier 1906, engage les
communes ne possedant pas d' abattoir public a fau'e pro-
ceder a Tinspection sanitaire des viandes. Pour couvrir les
frais de contrdle et d'inspection , les communes sont auto-
risees a percevoir un centime par kilogramme de viande
nette. Cette loi n'est pas encore obligatoire pour les com-
munes mais, si nous sommes bien iniorme, elle ne tardera
pas a r^tre.
Nous avons pens6 que les observations signalees recem-
ment par nous dans un rapport au Conseil municipal de
Tr^laze pourraient avoir quelque interfit pour la plupart de
nos coUegues et surtout pour ceux qui ont Thonneur de
representer leur commune comme maire ou comme conseiller
municipal.
L'idee premiere dont le legislateur a dH s'inspirer, le but
recherche par lui en creant cette loi sont assurement excel-
lents ;. Tinspection sanitaire consciencieusement faite est , en
effet , le seul moyen pratique d'entraver sinon d'emp^cher
completement le tranc des viandes malsaines. Mais nous
pensons que Tinspection sanitaire , dans les communes
depourvues d' abattoir public et, par suite, de veterinaire,
sera le plus souvent impraticable ou du moins soulevera des
difficultes de toute sorte , pr^judiciables aux int^rSts de la
commune , c'est ce que nous essaierons de d^montrer.
Supposons qu'un service d'inspection sanitaire des viandes
soit en v^ueur dans une commune depourvue d' abattoir
public, k Tr^laze par exemple.
Un boucher de cette commune vendant par semaine 5oo
kilogrammes de viande nette devra payer un imp6t annuel
de 260 fr. representant les droits de contr6le et d'inspection,
a raison de 0,01 par kilogramme. Ce sera pour le commer^ant
une charge nouvelle que vous lui imposerez, et cela sans
aucun avantage, sans aucune compensation. II vient tout
naturellement a Tesprit de supposer que le boucher, pour se
dedommager de cette perte s^che , augmentera le prix de sa
viande , peut-6tre m^me plus que de raison ; ce sera en defi-
nitive le consommateur qui paiera la difference.
Lorsqu'il existe un abattoir communal , tous les bouchers
ou charcutiers sont tenus de faire une declaration pr^alable
~ 98 —
d'abatage, d'indiquer d'une fagon precise a quelle heure ils
ont le desir de tuer et de designer exactement les animaux
qu'ils ont Tintention d'abattre. Or, cette declaration pr^a-
lable dans une commune depourvue d'abattoir oil Tinspec-
tion sanitaire seule aura lieu, sera-t-elle egalement obliga-
toire pour tous les bouchers et tous les charcutiers habitant
la commune ? On doit Tadmettre en principe , autrement
I'inspection serait une mesure completement illusoire,
depourvue de toute efflcacite.
Cette obligation deviendra pour les commergants une
reelle servitude determinant par suite de la perte de temps
un serieux prejudice. Les plaintes seront continuelles et
bientdt la plupart des bouchers chercheront a se soustraire
aux exigences de la loi.
Admettons maintenant que le boucher, pour se soumettre
a la loi, ait fait sa declaration prealable d'abatage, et comme
la commune ne possede pas a abattoir mais seulement des
tueries particulieres diss^minees k droite et a gauche dans
divers points de la localite et distantes les unes des autres
parfois de plusieurs kilometres , il y a lieu de se demander
oh se fera le contrdle. De deux choses Tune : ou les bouchers
et charcutiers devront apporter leurs viandes an domicile
du contrdleur, dans ce cas il y aura pour eux des fr^is et des
pertes de temps tr^s appreciables et la conmiune, de son
c5te , sera contrainte de choisir un local special affects a ce
service, ce qui suscitera pour elle de nouvelles depenses. Ou
bien le contrdleur devra se rendre en personne a toute
demande, au domicile de celui qui a declare vouloir abattre
un animal, k un jour fixe et k une heure determinee.
Cette seconde maniere de faire semble la plus rationnelle ,
elle devrait donner de preference satisfaction aux bouchers.
Dans une commune de pen d'importance ou les bouchers et
charcutiers sont en petit nombre et groupes dans une mSme
agglomeration, la difficult^ sera beaucoup moindre, il est
vrai, qu*a Trelaze, ou le contr6leur pourra Stre demande pres*
qu'en m^me temps par plusieurs Douchers habitant a une
assez grande distance les uns des autres , mais le le^slateur
doit avoir prevu tous les cas et songe a toutes les difficultes
d' application de la loi.
Et le contrdle le confierez-vous k un employe communal
quelconque ?
Evidemment non, le choix du contrdleur n'est pas la ques-
tion la moins importante ; vous devrez rechercher un homme
d'une certaine competence, ayant fait prealablement un staee
dans un abattoir public et capable de reconnaitre dans la
plupart des cas une viande malsaine.
II est admis qu'un inspecteur sanitaire ne s'improvise pas
et qu'un v6terinaire dipl6me quelconque n'est pas apte en
general k faire, sans etudes speciales prealables, un bon ins-
pecteur sanitaire ; il faut avoir pratique assez longtemps
- 99 —
dans un abattoir public pour acquerir les connaissances
indispensables pour pouvoir juger de la qualite d'une viande.
A Paris ou , par suite de rimportance considerable des abat-
toirs et des animaux abattus journellement, il est plus facile
que partout ailleurs de former de bons praticiens, 11 est
reconnu que ceux qui se destinent a faire des inspecteurs
sanitaires sont plusieurs ann^es avant d'etre absolument
sdrs de leur diagnostic. A plus forte raison dans les villes de
province ou les abattoirs sont par suite beaucoup moins
importants, les inspecteurs, pour remplir convenablement
leurs fonction^, doivent-ils faire un plus long stage dans les
-abattoirs de leur re^on et se consacrer tout entiers a T^tude
et a Fexamen des viandes ainsi qu'aux moyens de decouvrir
les nombreux procedes ou trues employes par les fraudeurs.
Aussi les simples contr6leurs employes par les communes
et qui n'auront point fait d'etudes speciales techniques offri-
ront-ils toujours une plus faible garantie et seront-ils suscep-
tibles d'erreurs frequentes prejudiciables aux int^resses. 11
ne faut pas perdre de vue, en effet, que la loi nouvelle a
pour but unique d'empScher le trafic des viandes malsaines,
et non de creer pour les communes une source particuliere
de revenus.
Mais si Ton exige du contrdleur choisi une certaine com-
petence dans Fexamen des viandes , il devra en outre ^tre
un homme d'une probite absolue , et ne faire preuve , dans
aucun cas, de complaisance en fermant les yeux sur certains
■abus, sur des fraudes qu'il est de son devoir de signaler ; sa
faiblesse coupable serait toujours nuisible au bon fonction-
nement du service sanitaire et par suite aux int^r^ts de la
commune et a la sante publique.
II faut, je le repete, que toutes les viandes livr^es a la con-
sommation aient ete prealablement soumises au contrdle et
reconnues saines , or on ne doit pas ignorer qu'en dehors des
bouchers et des charcutiers etablis sur le territoire commu-
nal, des etrangers a la commune y introduisent tres souvent
et librement des viandes quelconques provenant d' animaux
tues dans d'autres communes. II sera necessaire que ces
viandes soient soumises egalement au contrdle et k la taxe
<;omme les autres et je dirai mSme de preference aux autres :
des bouchers voisins ou mfime des ^leveurs fermiers cherchent
parfois , en effet, a ecouler en dehors de leur commune des
viandes suspectes difficiles k vendre dans leur entourage. Or
si Ton en croit les bouchers et les charcutiers de Trelaze
■convoques et interrog^s par nous, les viandes ^trangeres
saines ou non sont introduites dans la commune dans des
proportions tres appreciables.
Et ces viandes etrangeres , ou le contrdleur les examinera-
t-il, si la commune ne possMe point un local special affects
k ce service? Lorsqu'il existe un abattoir public, il n'y a pas
de difficult^ , toutes les viandes quelles qu'elles soient, tu^es
— 100 —
dans la commune ou venant du dehors, doivent Stre amen6ei»
a Fabattoir ou elles sont examinees, contrdlees et verifi^es
par rinspecteur sanitaire s'il y a lieu.
Et pourtant , mSme dans les villes pourvues d'un abattoir
et d'un octroi, les fraudes sont encore malheureusement trop
nombreuses et des viandes pro venant d'animaux malades ou
m^me creves entrent frauduleusement sans passer bien
entendu par Foctroi et T abattoir et sont vendues impune-
ment ensuite. Les fraudeurs sont, il faut le reconnaitre,
aussi ingenieux que malhonndtes , et le plus souvent le ser-
vice d'inspection est insufQsant pour les depister.
II nous reste encore a examiner plusieurs questions d'une
tr^s ffrande importance.
II faudra etablir avec precision pendant combien de temps
apres Tabatage des animaux les visceres devront rester adhe-
rents a la viande pour pouvoir en contr6ler la qualite? On
sait, en eflet, que les maladies les plus communes : la tuber-
culose, le charbon, la peripneumonie , par exemple, sont
reconnaissables surtout et presque uniquement a Texamen
des principaux visceres , comme les poumons et le foie, qui
presentent alors des lesions speciales particuli^res a chaque
maladie.
Faites disparaitre les visceres et les traces de maladie
disparaitront en m^me temps, On comprend facilement la
port^e considerable de cette mesure et les inconvenients de
toute sorte qui peuvent resulter de sa negligence. Mais si
Ton admet son application rigoureuse, il pourra arriver
qu'un boucher auquel on aura impose Tobligation de conser-
ver les visceres adherents k T animal tu6 pour les besoins de
sa boucherie sera expose , dans certains cas, a perdre tout
ou partie de la viande, si, par exemple, on tarde a faire le
contr6le ou bien si le veterinaire sanitaire demande, dans un
cas suspect, est empSche de venir a bref d^lai, pour une
raison ou pour une autre.
Supposons, d'un autre c6te, que la viande dont on a empS-
che 1 enlevement et, par suite, la vente en temps convenable,.
soit reconnue par le veterinaire sanitaire parfaitement saine
et exempte de maladie, n'y a-t-il pas lieu de croire que le
boucher qui aura subi, du fait de ce retard, un prejudice reel,
sera fort mecontent et demandera peut-^tre des dommages
et int^r^ts a la commune responsable des agissements et des
erreurs de ses employes? Voilk done une source de diffi-
cultes en perspective qui ne manqueront point de surgir de
temps a autre et cr^eront a la commune des embarras nou-
veaux. — Et, maintenant, supposons qu'il s'eleve une contes-
tation entre le contr6leur et le boucher, le premier suspectant
la qualite de la viande du second ; dans ce cas, le veterinaire
sanitaire sera appele. Mais dans quel delai devra-t-il se pre-
senter? II ne faut pas perdre de vue que, dans la commune
de Trelaze que nous avons prise pour exemple, il n'y a point
— 101 —
de veterinaire et qu'on sera oblige de chpisir eomme v^teri-
naire sanitaire un praticien d' Angers, demeurant a une cer-
taine distance de la commune, ay ant ses occupations profes-
sionnelles souvent tvbs absorbantes et susceptible, par suite,
d'etre la plupart du temps absent de son domicile. II r^sul-
tera de cette circonstance que le boucher ne pourra paa^
attendre le veterinaire au-dela d'un certain temps, sinon
dans certains cas tres frequents, k certaines epoques surtout,
il sera expos6 a perdre une grande partie de sa viande. II
est done difficile d'imposer a un boucher d'attendre dans
tous les cas la visite du veterinaire qui pent Stre absent ou
emp^che par ses charges et ses devoirs professionnels et
tarder a se rendre a Tappel qu'on lui aurait fait. Ne faut-il
Sas pr^voir aussi le cas ou le veterinaire attache au service
'inspection sera compl^tement empSche de venir? On sera
done oblige d' avoir recours alors a un autre veterinaire et,
par suite, de faire supporter au boucher un retard de plus en
plus prolonge et toujours nuisible a ses inter^ts.
II pent encore arriver ceci : le veterinaire appele est venu,
il a reconnu T animal abattu atteint de maladie et a interdit
la vente d'une partie de la viande ; le boucher acceptera-t-il
dans tous les cas, sans contestation, la decision du veterinaire
et se soumettra-t-il sans se plaindre? On rencontrera certai-
nement des bouchers qui feront opposition a ce jugement d'un
seul et ne voudront pas s'en rapporter a cet unique avis. II
faudra, dans ce cas, demander un ouplusieurs experts ; toutes
ces demarches exigeront un certain temps et souleveront de
veritables difficultes.
Ces contestations se presenteront encore assez souvent et
11 faudra y songer avant d'entreprendre un service d'inspec-
tion sanitaire dans une commune depourvue d*abattoir et,
par suite, de veterinaire special.
Des complications multiples peuvent done avoir lieu dans
ce service. En voiciun nouvel exemple : Si, en ete, aTepoque
des grandes chaleurs ou des orages , par suite du retard du
contr6leur ou du veterinaire sanitaire , la viande a examiner
se corrompt et devient invendable , qui devra supporter la
perte?
II est probable que le boucher portera plainte et cherchera
k rendre la commune responsable du prejudice dont il aura
ete victime.
II faudra done decider si le retard des agents communaux
cause une perte au boucher, dans quelles limites on devra
rindemniser. II arrivera parfois certainement que le boucher,
dont la declaration prealable d'abatage a ete regulierement
faite et dont la viande est prdte, attendra en vain le contrdleur
absent de chez lui au moment ou sa presence est necessaire.
Le boucher sera-t-il tenu d' attendre au-dela des limites con-
venables? Et si, par suite du retard de la visite du contrd-
leur, le boucher a perdu un client presse ou bien s'il n'a pu.
— 102 —
faire I'expedition de sa viande en temps utile, ne sera-t-il pas
■en droit de se plaindre et de rendre la commune f esponsalble
de la negligence ou de T absence involontaire de son agent?
En resume, Finspection sanitaire des viandes, dans les
-communes d^pourvues d'abattoir et de veterinaire , souleve
un grand nombre de questions delicates. Nous n'avons point
la pretention de les avoir toutes indiquees, la pratique en
fera certainement naitre beaucoup d'autres auxquelles nous
n'avons point songe. Nous esperons toutefois que le regle-
ment administratii qui suivra I'obligation de la mise en pra-
tique de la loi repondra nettement a toutes ces questions et,
en precisant le rdle et les pouvoirs du contrdleur et de I'ins-
pecteur sanitaire, enlevera aux communes une respons ability
qui sans cela p^serait lourdement sur elles et augmenterait
leurs charges.
Le Mildiou — Son traitement
Le mildiou est un champignon de la famille des peronos-
porees et du genre plasmospora d'oulenomde plasmospora
piticola. Le mildiou se developpe sur tons les organes verts
de la vigne : les rameaux herbaces , les feuilles et les fruits ,
on ne le voit jamais sur les bois aoMes. Les fructifications du
mildiou n'apparaissent qu'a la face inferieure des feuilles sous
forme de petites touffes blanches ressemblant a du sucre
repandu en poudre fine. Au debut de Tattaque du mildiou, la
face superieure des feuilles pr^sente par points isoles une
teinte plus jaune, ces taches deviennent brun clair, puis
brun livide et ensuite couleur feuille morte.
Le mildiou de la grappe se montre surtout quand le cham-
pignon s'est developpe avant ou pendant la floraison. Cette
forme est tres grave.
Le mildiou des grains jeunes porte le nom de rot sris.
Le mildiou se developpant sur les raisins , apr^s la verai-
son, porte le nom de rot brun,
Les eflets du mildiou sont graves : les feuilles atteintes
tombent et les raisins sont grilles et dessech^s ou leur deve-
loppement et leur maturity sont incomplets, il restent acides,
les feuilles alterees 6tant insuffisantes pour elaborer le
5ucre. Le bouquet et la qualite du vin disparaissent.
Les chasselas, les Pinots, I'Othello sont plus atteints que
le cabernet-sauvignon , le cabernet franc et la FoUe blanche.
Pour se d^velopper, le mildiou a besoin d'humidite et de
^haleur.
— 103 ^
Les plaines humides, les bords des rivieres sonl des mi-
lieux favorables.
II apparait surtout apr^s les pluies d'orage, lorsque la
temperature atteint aS®, les vents sees arr^tant subitement
son d^veloppement.
Le mildiou se perp^tue par les oeufs ou spores d'hiver et
par le mycelium des feuilles.
Traitement. — II est impossible de combattre le mildiou
par la destruction des fructifications ext^rieures, aussi bien
que par la destruction du mycelium et des spores d'hiver.
C'est par Tobstacle que les proced^s de traitement mettent
k la formation des zoospores qu*ils ont une efficacite r^elle
contre le mildiou.
Les sels de cuivre appliques a temps, preVen^ip^me/i^, sont
d'une efficacite absolue contre le mildiou. M. Millardet a
enonc^ le principe suivant : Les sels de cuivre dowent se
trouper sur les feuilles et se dissoudre dans les gouttelettes
d'eau ou de rosee apant le moment oil les conidies y sont
d^posees et {?ont g-ermer, Les traitements seront done pre-
VKNTIFS.
Lorsque le mal est tres accentu^ on n' arrive a rien; si les
taches sont en petit nombre on pent arrdter la formation d6
nouvelles taches.
Les sels. de cuivre ont donne des mecomptes lorsque les
applications ont 6te faites trop tardivement, non renouvel^es
assez sou vent ou. mal executees..
Les solutions de sels de cuivre doivent rester adherentes
aux feuilles pour ne pas ^tre entrain^es par les pluies ou les
vents sees persistants.
Dans notre region le premier traitement doit 6tre fait au
commencement de juin (les sels de cuivre aux doses ou ils
sont employes ne sont d'aucune nocuit6 pendant la flo-
raison).
La bouillie bordelaise est le procede le plus usit^
aujourd'hui.
On Tobtient en versant un lait de chaux dans une solution
de sulfate de cuivre. II se forme un hydrate d'oxyde de cuivre
qui agit sur la germination des conidies, quand on Ta depose
sur les organes verts de la vigne.
La formule suivante est la meilleiu'e :
Sulfate de cuivre 2 kilos
Chaux vive i kilo
Eau 100 litres
(Faire dissoudre prealablement le sulfate de cuivre dans
90 litres d'eau environ, et faire ^teindre la chaux dans 10 litres
d'eau, on malaxe et on obtient un lait de chaux epais mais
homogene ; verser peu a peu ce lait de chaux dans la solution
de sulfate de cuivre. Remuer le melange pendant Toperation
et chaque fois qu'on s'en sert. Se servir de comportes ou de
— 104 -
barriques en bois et puiser avec des vases en bois ou en
cuivre.)
Preferer les chaux grasses. Si la chaux est eteinte il faut
5 kilos au lieu d'un.
L'emploi se fera par un temps calme , au moyen de pulv6-
risateurs. Un ou deux jours sont n^cessaires pour que
Tadh^rence soit parfaite.
Le premier traitement (dans notre region) se fait du i®'' au
i5 Juin.
Le deuxieme au moment ou les fruits sont noues, quelques
jours par suite aprfes le soufrage qui coincide avec la floraison.
Si une invasion se produisait, on avancerait ce sulfatage.
Le troisii6me traitement a lieu au moins vingt jours avant
la maturite des raisins.
Dans les ann^es de grandes invasions, des traitements
supplementaires sont parfois n^cessaires.
On pent faire des traitements complementaires aux poiidres :
soufre sulfate k lo o/o, sulfost^atite, etc.
Ne pas oublier de sulfater souvent les pepinieres de greffes-
boutures.
BouiLLiES DivERSES. — Nous citcrous comme 6tant des
preparations reconimandables :
La bouillie bourguignonne dont la formule est la suivante :
Sulfate de cuivre dissous dans lo litres d'eau. . . 2 kilos
Cristaux de carbonate de sonde (dissous dans
10 litres d'eau) 3 kilos
Eau 80 litres
Le Qerdet gris ou acetate bibasique de cuivre en solution
constitue un des procedes les plus parfaits de traitement
contrele midiou. Adherence remarquable, jamais de brMure
a redouter :
Verdet gris 2 kilos
Eau 100 litres
Laisser macerer les 2 kilos de verdet pendant deux ou
trois jours dans 10 litres d'eau, ^tendre ensuite en ajoutant
90 litres d'eau au moment de l'emploi et en agitant le liquide.
11 existe egalement dans le commerce certaines bouillies
toutes prepar^es , d'un emploi tres facile et donnant de tr^s
bons resultats.
Le Girant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1483-5.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-et-Loire
Proc6s-verbal de la stance du 24 juin 1^05
\
Pr6sideiice de M. Huault-Dupuy, puis de M. le comte de Blois
Etaient presents : MM. Jamin, le D'^ Siffaud et Andr6 Huau,
membres du bureau et MM. Lavallee, le marquis de Dam-
pierre, O. Chaillou, Lemaneeau, Bernard-Chauvire , Betton-
AUard, Bouvier, Grau, D'^ Maisonneuve, Tabbe Hy, Moreau,
Sigaud fils, de Lavergne, Baron, Florestau Bauge, Massignon,
Auge, Secher, Mignot, Briehet, deBossard, Halop^, Herroufit,
membres titulaires.
M. le President lit des lettres de MM. de Grandmaison,
Joseph Joftbert et Gilles Deperriere s*excusant de ne pouvoir
assister a la seance.
— M. Moreau, direeteur de la station CBnologique, parle de
Tutilisation des lies; il a ecrit k plusieurs fai)ricants de
tartre et en particulier k M. Ordonneau de Cognac; d'apr^s
les renseignements qui lui ont ^te donnes, fes fabricants
{talent en general o fr. 80 par unit6 de bitartrate de potasse.
1 n'y aurait avantage a utiliser ce mode d'emploi des lies
qu'autant qu un certain nombre de propri^taires se groupe-
raient ensemble pour expedier une quantity notable de hes
dessech^es.
— M. le marquis de Dampierre parle de Vaoiculture en
Maine-et'Loire et des perfectionnements ajyapporter, (Gette
etude remarquable sera r^sum^e dans notre prochain bul-
letin.) M. le President remercie M. le^marquis de Dampierre
(
— 106 —
«
de la tr^s interessante conference qu'il vient de nous faire
et qui a re^u les applaudissements de tout Tauditoire. II recon-
nait en lui les quautes brillantes de son grand'p^re, le marquis
de Dampierre, qui a joue un rdle si brillant k la Soci6t6 des
Agriculteurs de France.
M. le marauis de Dampieri^e propose ensuite a la Soci6t6
industrielle ae nommer une commission charg^e d'examiner
les meilleurs moyens d'ameliorer Tavicultiu'e. II est bon,
dit-il, de se preparer de bonne heiu'e pour le grand concours
regional de 1907 qui aura lieu a Angers. Ne pourrait-on pas
grouper les principaux 61eveurs et faire une exposition
speciale preparatoire?
II est convenu que le biu'eau de la Society industrielle ,
auquel sera adjoint M. le marquis de Dampierre, se r^unira
dans le but d'^tudier cette question.
— Une discussion, k laquelle prennent part plusieurs denos
coUegues et entre autres M. Mignot, a lieu sur Fartillerie
contre la grfile. On semble d'accord pour admettre que,
d'apres les nombreuses experiences faites en France et a
Fetr anger, les fus6es sont superieures aux canons. II est
convenu que cette question importance sera mise a Tordre du
jour de la prochaine stance. M. Moreau, directeur de la
station oenologique, est charge de faire le r^sum6 des travaux
parus jusqu a ce jour sur ce sujet.
M. le D' Sigaud a re^u un tres int6ressant travail d'un de
nos distingues membres titulaires : M. G. Gharpentier, inge-
nieur E. C. sur le chauffage des serves, M. le President, en
raison de Theure avancee, prie notre secretaire-g6n6ral
d'ajom'ner cette lecture a la prochaine stance.
— Reception des candidats pr^sentes le 29 avril 1906 :
MM. Merlet, proprietaire, chateau de la Grande-Garde,
commune d' Avrul^ ;
Charles Fougeray, clerc de notaire a Rablay ;
Alfred Gavinet, proprietaire-viticulteur, chateau du Four-
neau, par Ghalonnes-sur-Loire,
sont 61us membres titulaires a Funanimite des voix.
— Presentation de candidat :
M. Eugene Mesnard, directeur de la Mutuelle du Mans,
3o rue Desjardins k Angers, pr^sente par MM. Andre Huau
et L^on Bourcier.
Le Secretaire g^n^ral,
D'^ Paul Sigaud.
— 107 ~
Essai sur I'Aviculture en Maine-et-Loire
et sur les ameliorations k y apporter
Par M. le marquis de Dampierre, membre titulaire
Messieurs ,
II me faut tout d'abord remercier M. le President de
rhonneur qu il me fait en me donnant ici la parole. J'ajoute
qu'il semble y avoir quelque outrecuidance k un tard venu
comme je le suis parmi vous de paraitre vouloir indiquer,
en agriculture, des voies nouvelles a une Assemblee aussi
savante et aussi experiment^e que la Societe Agricole et
Industrielle de Maine-et-Loire. L'avouerai-je , cependant?
Fannonce, pour 1907, a Angers, d'un grand Goneours
Regional Agricole, oii Taviculture doit ^tre representee, n'a
pas ete sans m'inspirer quelques inquietudes ; et c'est de la
que sont nees les guelques reflexions que je me permets de
vous soumettre aujourd'hui.
D'une etude impartiale de la question, il resulte en eflet
que Taviculture (Felevage des animaux de basse-cour) est, en
Maine-et-Loire, tr^s loin de pouvoir etre comparee tant a la
production du m^me departement dans les autres branches
de Tagriculture qu'a la production purement avicole des
departements voisins : si nous nous en tenons a Televage en
general- dans le departement de Maine-et-Loire, nous cons-
tatons avec plaisir les progres remarquables qui y ont ete
realises, dans presque toutes les branches, par les eftorts
coordonnes et perseverants des eleveurs. La race chevaline
y a ete sans cesse amelioree depuis un demi-siecle par des
apports judicieux de sang anglais. Les bovides ont beneficie
d' ameliorations du m^me ordre , parmi lesquelles il ne sau-
rait ^tre permis de passer ici sous silence les remarquables
efforts de MM. de Falloux et d'Andigne pour perfectionner
a Taide du Durham et pour fixer dans ses nouvelles qualites
la belle et bonne race anglo-mancelle. Dans I'espece porcine
enfin, ne possedons-nous pas cette admirable race craonnaise,
dont Fampl^ur et la rusticite contrebalancent hautement ,
dans la ferme, les qualites toutes differentes des races
anglaises ?
Dans nos basses-cours, malheureusement, rien de compa-
rable ! Ni fixite dans les races, ni m^thode dans Televage, ni
recompenses dans les concours, ni place dans les grands
marches! Alors que Televeur de chevaux, debestiaux, de
pores et m^me de moutons se voit eclair^ , guide , soutenu
par un remarquable ensemble de comices agricoles et de
concours departementaux , Taviculteur, abandonn6 k. lui-
— 108 —
m^ine, ne salt comment egaler ses voisins plus experimentes
et, le plus souvent, abandonne la lutte. Et pourtant les
examples ne lui manqueraient pas : Un arrondissement
vpisin, detache lui-meme (comme le Craonnais) de Faniique
province d'Anjou, T arrondissement de La Fleche, n'est-il
pas justement cel^bre pour sa merveilleuse race de volailles
et ses chapons universellement apprecies? Et^, si Ton
trpuve trop speciale cette Industrie des chapons fins, n'est-il
pas legitime de comparer notre pays au departement voisin ,
la Loire-Inferieure , si semblable k bien des points de vue ,
comme sol , comme productions , comme mode de culture ?
Eh bien, la Loire-Inferieure a su, elle, se creer une race de
volailles adaptee a son usage, et son exemple est de ceux que
doivent et que peuvent mediter avec fruit et nos grands
agriculteurs et nos simples fermiers.
En effet, dans toutes les exploitations agricoles, petites et
grandes, de notre departement, on trouve, comme partout,
des volailles ; il n'est pas de fermiere qui ne cherche un
appoint d'argent liquide destine a ^quilibrer les depenses
courantes du menage, dans la vente des oeufs de ses poules
et m^me de quelques couples de poulets ; il n'est pas de
petit bourg dans la contree ou ne se trouvent un ou plusieurs
« coqueniers » vivant de ce petit commerce. Et pourtant
cette production gene rale ne parvient pas a s' Clever
au-dessus du mediocre ! Aux Halles de Paris, les poulets
d'Anjou sont ignores. Aux marches d' Angers, les produits
courants sont d'une deplorable insuflisance et, si les cours
restent infimes, c'est que le poids et I'etat des sujets les jus-
tifient. C'est a peine si sur deux points du departement, a
Beaufort, a Brissac, il existe de veritables marches de
volailles ; mais, Ik mSme, les cours les plus eleves ne depassent
guere 3 I'r. a 3 fr. 5o par piece (6 a 7 fr, le couple) dans la
saison oil les poulets sont le plus cher (mai), tandis qu'au
marche de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Inferieure) ,
par exemple, il n'est pas rare de voir, a la mSme epoque,
des poulets gras de 4 a 5 mois, pesant de 2 kil. a 2 kU. 5oo
la piece (poids vif), se vendre 4 fi'^ 4 fr* ^^ et 5 fr. (jo fr. le
couple).
Quelles sont done les raisons de cet etat d'inferiorite de
I'agriculture angevine en matiere avicole? Et quels remedes
peut-on y apporter sans rien bouleverser dans I'equilibre
actuel de nos fermes? Telles sont, Messieurs, les questions
que je voudrais exposer devant vous.
Si la production avicole du dej)artement de Maine-et-Loire
est encore en arriere de ce qu'elle devrait etre , cela tient a
deux causes principales : tout d'abord a ce que les fermieres
ont eleve a la hauteur d'un axiome ce principe errone que ,
dans une ferme bien conduite , la volaiUe doit se nourrir et
s'elever toute seule; en second Keu, a ce que, feme de
— 109 —
cette idee fausse, la m^me fermiere a repousse ou laisse
degenerer toutes les fortes races , grosses mangeuses / pour
s'en tenir ou en revenir presque toujours a la petite race
noire du pays, prompte h s'emplumer, lente a grossir, habile
a trouver sa nourriture et extrdmement resistante. On allegue
bien encore une troisieme raison, T^troitesse du marche et
la faiblesse des cours ; mais ce n*est la qu'un sophisme ,
Fexperience ayant demontre qu'une production sup^rieure
finit bientdt par relever, a son profit, le cours d'un produit
aussi universellement demande que la volaille. Si elle est
isolee , elle fait prime ; si elle se generalise , elle etablit un
courant commercial regulier. Des tentativcs isolees comme
celle qu a faite Fannee derni^re Tauteur de la presente etude,
comme celle que poursuit en ce moment M'^^« la Vicomtesse
de Tredern (i), demontrent surabondamment que la volaille
fine se vend toujours son prix, mSme a Angers. Ce qui n'est
pas achete par des particuliers est enleve par de grosses
maisons de commission (2), qui ne sont pas en peine de les
^couler aux Halles de Paris ou ailleurs.
La negligence de nos fermieres est done seule coupable ,
mais elle peut dans une certaine mesure s'expliquer. II est
incontestable, en efTet, que, dans une ferme men conduit e,
il ne faut acheter, pour les b^tes qu'on eleve, que certains
produits accessoires, exotiques, ou accidentellement man-
quant ; Talimentation courante , en tout cas , doit leur ^tre
integralement fournie par le sol mSme de la ferme. Or, il faut
reconnaltre que presque tons les produits qui, dans la ferme,
peuvent servir a Falimentation des volailles sont, dans nos
contrees , employes a une autre Industrie non moins lucra-
tive : celle du pore. Le petit lait et le lait caille, les pommes
de terre, le ble noir, le son, etc. sont soigneusement reserves
Ear la fermiere aux portees de porcelets qui, s'ils se vendent
ien, lui assureront de beaux btoefices. Uniquement preoc-
cupee d'eux et, d'autre part, ne voulant rien acheter (ce en
quoi elle a raison), elle consent tout au plus a jeter a ses
poulets quelques poign^es de petit grain, de « venailles »,
et, quel que soit le produit de sa basse-cour, elle doit Testimer
appreciaDle, puisqu'apres tout il ne lui a rien coMe !
Ce raisonnement n'est pourtant pas irrefutable. En efiet,
si la vente des pores de six semaines est incontestablement
une affaire merveilleuse qiiand les cours sont bons, elle peut
devenir desastreuse quand , par suite de surproduction , ces
cours s'eftbndrent. Or, Ton sait si les fluctuations de ce
marche sont brusques et d^concertantes ! II nous a done tou-
jours semble tres imprudent, dans nos fermes, de pousser a
(i) Dans son exploitation de Ilsle-Briand , dont les produits : lait ,
beurre , volailles lines , sont en vente dans un luagasin de detail de la
rue Saint-Laud, a Angers.
(a) Comme la maison Gaunet-Salmon, aux Justices^ pres d' Angers.
— 110 —
une production exageree des porcelets; j'entends par la une
production telle, qu en cas de resserrement du marche on se
trouve dans Timpossibilit^ de continuer a nourrir les b^tes
et dans Tpbligation de les liquider a tout prix. 11 nous sem-
blerait sage , tout en conservant a Felevage si remunerateur
du pore une place legitime, de reserver pour les volailles une
bonne partie des produits destines a cet elevage. Gette com-
binaison presenterait , a notre sens, un triple avantage :
1° doter la ferme d'un element de transactions d'une produc-
tion delicate, sans doute, mais d'un prix remunerateur et
d'une vente reguli^re , le cours de la volaille grasse ne con-
naissant, en dehors des variations annuelles, que des oscilla-
tions insignifiantes ; 2^ presenter pour le proprietaire une
reelle economic de constructions , 1 accroissement de la pro-
duction porcine ne laissant pas d'obliger souvent a des ame-
nagements onereux ; 3° de permettre, en cas de mevente des
porcelets , de garder ces animaux a la ferme , en diminuant
momentanement (ce qui est toujours facile) la production
avicole et en reportant a la porcherie la part de nourriture
qui J est necessaire pour attendre des cours meilleurs.
Ainsi comprise, comme production accessoire, I'aviculture,
bien conduite, ne pent manquer de donner a la fermi^re de
beaux benefices; mais a la condition, bien entendu, qu'elle
soit ici encore penetree de cette verite fondamentale : qu on
n'obtient rien sans efforts et sans risques et que, pour reussir,
en aviculture comme ailleurs, il faut quelques depenses et
beaucoup de soin, de perseverance et d entente. C'est seule-
ment gr^ce a cela qu'elle sortira de Torniere et parviendra a
Eerfectionner ses methodes et a ameliorer ses races , double
ut que nous voudrions proposer a Femulation de nos com-
j)atriotes.
Pour obtenir un perfectionnement notable de I'aviculture
en Maine-et-Loire , il importe en eflet de diriger a la fois ses
efforts et sur le mode d' elevage, et sur le selectionnement des
reproducteurs. L'aviculture en cela d' ailleurs n'echappe point
aux lois qui regissent, en agriculture, Tamelioration detoutes
les especes domestiques. Et ici une qiiestion se pose tout
d'abord : existe-t-il une race de volailles particuliere a
FAnjou?
La reponse est delicate, les caracteres d'une race locale
ayant toujours quelque chose d' unpen flottant et d'arbitraire,
tant que celle-ci n'a pas ete longuement et minutieusement
selectionnee, et n'etant bien souvent definis avec une precision
rigoureuse par les eleveurs que pour distinguer le type de
leur choix de celui des voisins. Les diffcrentes races de
volailles veritablement originaires de I'Europe Occidentale
se ramenaient sans doute, en principe, a trois ou quatre
varietes de plumage au plus : noir (Bresse, Barbezieux,
Minorque, Espagnol, Le Mans, La Fleche, Crevecoeur,
— Ill —
Caumont, etc.); gris barre ou coucou (Coucou de Rennes,
Bresse gris,. Scotch -Grey, Concou de Flandres, Cam-
Eine. etc.); cailloute (Houdan, Hambourg, etc.); blanc (Bresse
lane, Gatinais, etc.). Mais les eleveurs ont tellement croise,
varie, selectionne en sens divers ces quelqpies types que,
dans Textr^me confusion qu'engendre la multiplicite des
1 » .
races actuelles (encore augmentee par celles d'origine asia-
tique et autres), il est bien difficile de savoir quelle race ou
quelle variete reste la plus voisine du vieux coq gaulois
primitif.
Serait-ce en Anjou qu'il faudrait chercher ce type? C'est
une supposition qui fait trop d'honneur aux brillantes qualites
de nos compatriotes pour que lious Tabandonnions sans nous
y arrSter ! Nous devons constater en effet que, ce pays-ci
etant reste jusqu'k ce jour a Fabri des efforts des aviculteurs
Eour ameliorer les races, les volailles qui peuplent nos
asses-cours sont tres probablement du m^me type que
celles qui, depuis de longs siecles, servaient d'heureux sym-
bole a nos peres. Or, que voyons-nous dans nos fermes?
Des coqs et des poules grises ou coucou (barrees gris et
marron plus ou moins regulierement) , sans doute les mSines
que celles qui, ameliorees en Bretagne, sont connues sous le
nom de Coucou de Rennes ; des coqs et des poules noires a
reflets brillants, les unes a cr^te plate (race du Mans), les
autres a cr^te double, en forme de petites cornes (La Fleche),
quelques-unes entierement d'un noir mat, avec une petite
huppe (Caumont) ; enfin des volailles sans type defini, noires,
cailloutees, blanches ou jaunes, bSitardes departout, souvent
deplumees autour du cou , ce qui fait croire a des races spe-
ciales et n'est en realite qu*une maladie, d*ailleurs souvent
her^ditaire (i).
Mais, parmi toutes ces volailles bariolees qui peuplent nos
basses-cours, il en est une que Ton rencontre plus frequem-
ment que les autres et dans toutes les parties du departe-
ment. Certaines fermieres m^me lui attribuent des qualites
speciales et il semble bien qu'elle soit la veritable poule du
pays d' Anjou. En relevant avec soin les caracteres extericurs
que Ton trouve le plus communement reproduits chez ces
volailles , dans les fermes ou elles se trouvent a peu pr^s
seules, voici quelle description Ton pourrait en donner.
Caracteres generaux, — Animaux de taille moyenne,
ayant a peu pres le volume, le galbe et Failure de la poule
de Bresse, tres sauvages, tres rustiques, ayant meme con-
serve des aptitudes au vol tres remarquables (2).
(i) Nous connaissons des FaveroUes qui, abandonnees dans une
ferme avec d'autres volailles de divers types, ont presente cette parti-
cularite.
(2) Nous avons observe des poulettes qui, effrayees, franchissaient
en plein vol des distances de 100 a i5o metres au moins, a une hauteur
moyenne de a metres environ.
— 112 —
Au point de vue de I'elevage : production facile, elevage
naturel a peu pres infaillible ; les poulets s'emplument tres
vite et se nourrissent facilement, a condition d' avoir avec
leur mere la plus entiere liberte ; par centre, ils grossissent
lentement et ne sent pas bons a manger avant 6 ou 7 mois
au moins.
Au point de vue de Fengraissement : resultat mediocre ;
chair naturellement fine, mais' engraissement difficile par
suite de la nervosite des sujets, qui supportent mal Tepinette
et moins encore le gavage. Les sujets gras depassent rare-
ment i.5oo grammes.
Au point de vue de la ponte : aucun rel^vement precis n'a
encore ete fait, mais les fermieres s'accordent a exalter les
qualites remarquables de ces volailles a ce point de vue. —
CEufs moyens de 5o a 60 grammes.
En resume, au point de vue pratique : race economique
par excellence. Au point de vue exterieur : race elegante et
d'une dimorphic sexuelle tres accentuee, comme on va le
voir par ce qui suit.
Caracteres particuliers au coq et a la poule :
CoQ. — Deux varietes : argentee, dor^e. (Dans quelques
fermes on trouve des coqs entierement noirs, mais ils sont
assez rares) (i). — Les caracteres communs sont :
Crete : simple, droite, dimensions moyennes, analogue a
la cr^te des Bresse (2).
Oreillons : sables (3).
Barbillons : tres fins, de dimensions moyennes.
CEil : jaune.
Bee : gris-clair.
Joues : rouges.
Pattes : lisses (4), bleu ardoise, a quatre doigts.
Ongles : gris clair.
Plumage : pour les deux varietes, fond noir, a reflets
bleus , le plastron entierement noir.
La queue comporte des faucilles et des rectrices noires,
les rectrices avec des reflets verts tres brillants, les faucilles
implantees bien verticalement.
Les ailes ont egalement les remiges noires et les tectrices
a reflets verts.
De plus, dans la variety doree, le camail et les lanceties
sont dores, d'une teinte d'or fence, liseree de noir, caracte-
(i) Ces coqs noirs pnt presque tous les barbillons blancs et la crete
plate oil double.
(2) 11 se trouve aussi des cretes plates ou doubles, mais elles ne nous
semblent pas aussi frequentes.
(3) C'est-a-dire meles de rouge et de blanc, de maniere a n'etre nette-
ment ni I'un ni I'autre.
(4) Et non pas emplumees, ce qui caracterise generalement un croi-
sement asiatique plus ou moins lointain.
-- 113 —
ristique ; les plumes du dos, entre le camail et les lancettes,
■^sont rouges et vertes.
Dans la variete argentee, les parties rouges ou dorees du
plumage sont remplacees par des parties blanches (i).
PouLE, — CrSte : simple, petite, generalement droite (2).
Plumage : uniformement noir, a reflets bleus earaeteris-
tiques (3), la queue droite, tres relevee. II n'y a qu un seul
type, quelle que soit la variete du coq.
Les autres caracteres (oreillons, joues, bee, pattes et
ongles) comme le coq.
Telle est a peu pres. Messieurs, la race commuue de notre
f)ays, sans que nous osions pretendre qu'elle lui soit particu-
iere. Telle qu'elle est, avec sa rusticite de sauvageonne et son
mediocre rendement, devons-nous la supprimer pour la rem-
placer par une meilleure ? Devons-nous au contraire I'ame-
liorer par croisement ou selection pour lui donner les
qualites qui lui manquent? G'estune question que je soumets
aux meditations des hommes competents ; les deux systemes
ont leurs avantages, Je me bornerai done a en rappeler ici'
les principes.
Pour ameliorer la race exist ante, sans la detruire, il est
incontestable qu'il faudrait d'abord en fixer les caracteres et
pour cela operer, non sur une basse-cour en particulier,
mais dans toute une region, de preference. Un comice agri-
cole cantonal, par exemple, en encourageant par des primes
les reproducteurs correspondant a un type donne, aurait vite
fait de g^neraliser ce type dans les exploitations agricoles de
son ressort. Cela fait, des eleveurs serieux et perseverants
pourraient ameliorer ce type, en le croisant alternativement
avec des sujets de races bien choisies, en s^lectionnant les
produits obtenus de maniere a conserver les principaux carac-
teres du type primitif et en repandant autour d*eux les repro-
ducteurs amsi obtenus, de maniere a constituer dans la
region une veritable race originale. C'est ainsi qu'ont ete
constituees de nos jours des races comme la Dorking, en
Angleterrcjcomme la Faverolles, en France, et Ton sait quel
succes ont eu ces creations !
Mais, pour une pareille entreprise, il faut de la science, de
la perseverance etune entente entre les proprietaires d'une
contrees restant assez sombre et leurs plumes dorees ou argentees
comportant toujours des parties noires.
(2) On trouve aussi, comme chez le coq, des cretes multiples ; quel-
quefois aussi des cretes simples, mais couchees.
(3) Et non pas des reflets verts qui, comme les plumes aux pattes,
recelent souvent du sang de Langsnan.
- 114 —
region. II faut aussi bien savoir ce que Ton veut faire et si,
par exemple , on veut obtenir avant tout une race de ponteT
ou bien une race de viande. Les races primitives, en effet,
auxquelles il convient de demander des reproducteurs
capahles d'ameliorer la ndtre, ne possedent pas egalement
ces qualit^s et c'est d' autre part k ces races primitives qu'il
faut s'adresser toujours pour des croisements de ce genre,
elles seules ayant a la fois la rusticity et la fixite de carac-
teres qui permettent k I'eleveur d'operer k bon escient (i).
C'est ainsi que, pour obtenir un accroissement de la taille,
on devra s'adresser aux races Asiatiques : on choisira de pre-
ference des coqs Malais ou Indiens , des Cochinchinois ou
des Brahmas , ou encore des Langshan , les premiers appor-
tant, outre la taille, un caractere independant et combatif qui
est excellent pour des volailles de ferme, les seconds donnant
les formes massives et le volume enorme qui ont fait le succes
des Faverolles , les derniers constituant en quelque sorte un
type interm^diaire qui semble particulieremement heureux
pour r amelioration directe des races communes.
Pour obtenir des qualites de ponte , au contraire , ce sont
des races europ6ennes qui semnlent donner les meilleurs
resultats. On sait quelles brillantes pondeuses sont les
Leghorn, ces poules italiennes dont le seul defaut est d' avoir
les pattes et la viande jaune, ce qui les rend difficilement utili-
sables pour la chair; les poules russes Poltava ou Warna,
dont on vante a juste titre la remarquable ponte d'hiver ; les
races du nord, Campine, Brackel, Hambourg, auxquelles
certains eleveurs ont donne le nom quelque peu ambitieux
de « poule pond tous les jours », et enfin la Minorque, celle de
toutes les races pondeuses qui a le plus d^affinites avec les
ndtres, celle en tout cas qui a le plus fort volume (car toutes
les autres sont petites) et dont les croisements ont donne
jusqu'ici les plus brill ants resultats.
Mais trouverons-nous les aviculteurs experts et desinte-
resses qui entreprendront de doter notre pays d'une race
originale vraiment productive? Nous poilvon^ le souhaiter,
sans trop y compter peut-Stre, et nous devons rappeler aux
gens presses qu'il existe pour tous les besoins des races
toutes faites, lentement elaborees par de savants eleveurs de
France, dc Belgique ou d' Angleterre , et dont 11 suffit de
garnir sa basse-cour pour ^tre assure d'avance d'un resultat
satisfaisant. Ces races « a tout faire », comme on les a appelees,
sont le fruit de croisements m^thodiques, semblables a ceux
dont je parlais tout a Theure, et de selectionnements rigou-
reux, destines a perpetuer leurs qualites. Nous nous borne-
rons a en cite^r les principales :
(t) Ainsi des croisements fails entre une race simple comme la
ndtre et une race deja croisee comme la Faverolles ou I'Orpington ne
donnera que des produits. defectueux, sans unite de type et sans meuie
les qualites de leurs parents.
— 115 —
La Faverolles, issue de la poule commune des environs de
Paris, amelioree d'abord avec le Dorking, auquel elle doit le
camail et le plastron saumone, puis avec les races asiatiques
(Cochin, Brahma), qui lui ont donne Tampleur de formes,
est une race dejk ancienne aujourd'hui, tres precoce, suffi-
samment pondeuse, tres rustique et qu'on pent adopter sans
crainte comme race pratique , si Ton a soin de bien choisir
chaque annee les reproducteurs , car la fixite des caracteres
ext^rieurs n'est pas encore completement assuree.
La race Coucou de Malines, souvent appelee la FaveroUes
beige , est issue d'un metissage analogue et presente a peu
pres les mSmes forces et les mSmes qualites que la celebre
volaille frangaise, dont elle se distingue surtout par son plu-
mage coucou.
\J Orpington, noir, blanc, fauve, etc., est une race plus
recente, creee en Angleterre par le croisement du Langshan,
animal a forte taiUe, avec la Minorque, animal a forte ponte.
Cette race, tres volumineuse, bonne pondeuse, assez precoce,
est fort a la mode en ce moment et semble destinee a un
brillant avenir.
En dehors de ces races principales, il en existe d'ailleurs
beaucoup d'autres, moins bien fixees et moins celebres, mais
qui, produites par des croisements bien conduits, n'en
aonnent pas moins d'excellents resultats. Cest ainsi que les
fermieres de la region de Saint-Philbert de Grand-Lieu (Loire-
Inferieure) par exemple ont, il y a aS ou 3o ans, introduit
dans leurs basses-cours un certain nombre de sujets Lang-
shan, importes k cette epoque, ou cette race venait d'arriver
en Europe, par un amateur intelligent. Les croisements ainsi
produits , appuyes par une selection soigneuse et generale ,
ont fini par confirmer dans le pays une race de plumage
analogue a nos volailles communes, mais a pattes emplumees,
k tailfe plus forte , k precocite plus grande et que Ton pour-
rait fort bien adopter directement dans nos fermes.
Mais, quelle que soit la race, directe ou crois6e, lointaine ou
proche, que Ton introduise dans nos exploitations, on n'aura
rien fait pour Taviculture en Maine-et-Loire tant qu on n'aura
pas reforme d'abord I'insouciance des fermieres a Tegard de
leurs volailles. Est-ce a dire qu'il faille, pour cela, creer des
etablissements mpdeles, adopter en grand des procedes per-
fectionnes, fonder en un mot des entreprises d'aviculture
industrielle ? Nous ne le pensons pas. L'experience a prouve
maintes fois qu'une grande exploitation purement avicole
n'est pas viable. La mortalite des poulets, la diminution de
la ponte provenant de T agglomeration des pondeuses ,
Tenorme accroissement des depenses alimentaires pour des
volailles tenues en parquets , les frais generaux croissants ,
maintes autres causes encore condamnent Tentreprise a un
echec certain.
1
— 116 —
Mais comme annexe , comme Industrie accessoire, il n'en
est plus de m^me. A la ferme, dans Tenclos d'une habitation
bourgeoise, quelques bandes de poulets et de pondeuses
trouvent a glaner de quoi reduire notablement la depense de
leur nourriture , et cela dans les meilleures conditions pour
leur hygiene. Dans une laiterie ou une beurrerie, comme
celle de risle-Briand, par exemple, beaucoup de sous-pro-
duits sans grande valeur deviennent d'une utilisation f6conde
pour Tengraissement de quelques poulets fins. II est m^me
indubitable,' croyons-nous, que plus Texploitation avicole est
Eetite, plus son rendement sera grand, Taviculteur le plus
eureux 6tant celui dont quatre poules et un coq forment
toute la bande et qui pent nourrir toutes ses bfites sans bourse
delier , avec les restes de sa table , le fumier de son ecurie ,
les d^chets de sa laiterie et de son jardin. Celui-la sera siir
d'obtenir des resultats remarquables et, s'il pent y avoir
assurement des basses-cours plus grandes qui restent remu-
n^ratrices , il n'en est pas moins certain que Taviculture est
par excellence Tindustrie des plus petites bourses, le sport
des petits proprietaires.
Seulement pour que cette Industrie soit lucrative, pour
que ce sport donne des resultats satisfaisants, il faut en con-
naitre les methodes et les appHquer avec discernement. Or,
la production des volailles fines comporte au moins trois
f)roced6s bien differents d'engraissement : le pMonnement,
e gavage, Tepinette. Le pdtonnement , qui n'a guere varie
comme recette depuis Caton , Pline et Columelle , consiste a
introduire k la main, dans le gosier de T animal, des boulettes
facilement digestibles et prealablement trempees dans du
lait. C'est un procede fort lent, delicat, dispendieux, mais
qui assure aux chapons et poulardes du Maine leur prix
eleve, leur saveur remarquable et leur uxiiverselle renommee.
— Le Ravage a pour effet d'envoyer mecaniquement dans le
jabot du poulet une pfttee liquide de petit lait et de farine
d'orge. Cest la methode de Houdan, celle qui assure aux
poulets de cette region la blancheur et la finesse de leur
chair, ainsi que la Constance de leur cours. — Enfin Yepi-
nette est la cage etroite ou la menagere soigneuse enferme
ses volailles pour les soumettre dans une piece obscure et
close a ce qu'on appelle « Tengraissement libre », c'est-a-dire
celui ou Ton ne laisse aux animaux d' autre liberte que celle
de manger les p§.tees abondantes et varices qu'on met a leur
disposition.
De ces trois methodes , la premiere est , on pent le dire ,
exceptionnelle ; la seconde , qui donne de forts beaux pro-
duits (a la condition d'operer sur des sujets de races speciales,
prealablement nourris d'une certaine maniere, et aussi d'ap-
porter a Toperation beaucoup d'adresse et d' experience) , la
seconde, dis-je, a pour inconvenient de revenir assez cher,
rinstallation, la valeur des matieres premieres ne permettant
— 117 —
guere d'esperer des benefices, a moins de vendre les produits
au prix du poulet fin, c*est-a-dire de i fr. a i fr. aS la livre. ^
Quant a la troisieme methode , generalement dedaignee par
les bons auteurs, nous pr^tendons qu'elle pent donner, avec
moins de frais et d'embarras, des resultats tres appreciables.
Nous Tavons vu appliquer en grand dans la region de Saint-
Philbert-de-Grand-Lieu et, cette region ayant a beaucoup de
points de vue des analogies avec certaines contrees du depar-
tement de Maine-et-Loire , nous ne croyons pas inutile de
decrire ici, sommairement, les procedes d' aviculture qui y
sont en usage.
Tout d'abord, h&tons-nous de le dire, la region de Saint-
Philbert, pays de cereales, d'elevage (bovides et chevaux) et
de vignobles, comme I'Anjou, ne connalt pas Televaffe du
pore, la porcherie contenant tout au plus dans chaque ferme
un ou deux sujets a Fengrais, destines a nourrir la famille.
Cette Industrie est, la-bas, entierement remplacee par Tavi-
culture, qui y a pris en consequence, et surtout depuis quel-
ques annees, une extension remarquable. 11 y a done, dans
chaque ferme, une bande de reproducteurs soigneusement
choisis pour leur taille ; car c'est le poulet gras que Ton fait
la-bas et nonius oeufs, qui sont Taccessoire; et chaque exploi-
tation de trente hectares environ tiendra a honneur de mener
au marche jusqu'a trois cents poulets gras dans son annee.
A cet effet, des que, Thiver, la fermiere a pu mener a bien
une couvee , elle a soin de porter poule et poussins en plein
champ, non loin de la ferme. La, au revers d'un talus bien
sec , expose au soleil et abrite du vent , on a fait , avec des
planches et du ^en^t , une sorte de niche recouverte de terre
et a demi enfouie dans le talus mfime , avec une seule ouver-
ture du c6te du soleil. La grosse poule pourra tout juste se
retourner a Taise dans cette niche, mais sa chaleur, conservee
dans ce milieu mauvais conducteur, permettra d'apporter
aupres d'elle un bien plus grand nombre de poussins — nous
en avons compte jusqu*a quarante-cinq , si mvraisemblable
que le fait puisse paraitre! — Et Ik, dans un champ laboure,
oil ponies et poussins chercheront des I'aube la nourriture
qui leur convient, la fermiere prendra la peine de leur
apporter plusieurs fois par jour de Feau propre et de la
patee fraiche. S'il lui nait une autre couvee , elle Finstallera
dans un autre champ, pour .diminuer les risques et assurer
aux petits les ressources d'un sol vierge , et tant pis si c'est
double travail pour elle. Dans ces conditions les poussins
grandirbnt, grossiront en liberie complete, jusqu au jour ou
rengraissement pourra commencer (i).
(i) Pour qu'un tel systeme soit possible , il faut avoir , au prealable ,
purge le pays de tous les carnassiers (rfcnards, putois, oiseaux de
Sroie, etc.^, sans oublier certains bipedes indelicats. — C'est le cas
ans I'heureuse contree dont nous parlous. Les disparitions de
volailles y sont fort rares.
- 118 -
Ces poulets, nous I'avons dit, sont issus d'un croisement
de Langshan avec la poule noire commune denospays. Tout
petits poussins , ils ont tout k fait Fair de petits Langshan ,
avec leur air pataud et leur duvet noir et jaune. Comme les
FaveroUes, its s'emplument fort tard, ce qui semblerait
devoir les rendre plus sensibles au froid, mais ce qui leur
assure en realite plus de force pour subir la penible crise de
la pousse des pennes. Ils restent done assez longtemps demi-
nus , avec un rare duvet sur leur chair rose , et grossissent
rapidement dans cet ^tat. Tous les soins de la fermiere
d'ailleurs les y poussent. Le lait caille et le millet sont leur
{)remiere nourriture, puis c'est une patee de son et de petit
ait, puis des pommes de terre cuites et entre temps quelques
Soignees de graines. lis ont toujours une p^tee comme base
e leur nourriture et, pour boire, du lait coupe d'eau. A
trois mois et demi, on pourra les mettre en epinette et la,
dans risolement et la penombre, on les nourrira trois
semaines avec des pfttees varices, ou le lait sous diverses
formes entrera encore dans une forte proportion.
Au bout de ce temps , la fermiere pourra les mettre dans
cette boite rectangulaire a claire-voie, posee sur quatre petites
roues comme un jouet d' enfant, qui sert au transport des
volailles au marche, dans toute cette partie de la Loire-Infe-
rieure. S'ils sont beaux, ces poulets peseront alors a 4 mois
ou4 mois 1/2, de 2 kil. a 2 til. 5oo, poids vif. II s'en vend
parfois qui pesent jusqu'a 6 livres. Et, dans cet etat, ces
goulets n ont pas encore toutes leurs plumes ; leur chair d'un
lane rose parait sous le duvet, que soul^vent en connais-
seurs les marchands accourus au marche hebdomadaire. Rien
de plus curieux d'ailleurs que ce marche, qui se tient tous les
vendredis apres-midi dans la nef de F antique eglise de
Saint-Philbert. En septembre dernier, nous y avons vu
vendre , en une apres-midi , plus de quatre cents couples de
volailles, a des cours (reputes infimes) de 5 a 6 fr. le couple.
Au mois de mai, les cours montent a 8, 9 et m^me 10 fr. et
Fon pense bien qu'a ces prix il reste peu de produits sur le
marcn^ local. Tout est directement exp^die a Paris (i) et Foh
n'en trouve m^me pas sur le marche de Nantes ; ce qui prouve
peremptoirement et une Ibis de plus que la volaille die luxe
trouve au loin son debouche, quand elle nen a pas aupres
de son lieu de production.
Telles sont, Messieurs, les conditions dans lesquelles se
pratique Faviculture, nonpas dans des exploitations speciales,
mais dans des fermes analogues aux notres; non pas dans
une contree lointaine, mais dans un pays voisin deFAnjouet
ou chacun pent sans peine aller contrdler et completer nos
(i) II ne semble pas qu*on leur consacre aux Halles une rubrique
speciale, mais il ne faut certainement pas les confondre avec ce qu on
y appelle les « poulets nantais », ceux-ci etant peu estimes.
- 119 —
assertions. L' adoption totale ou partielle de ces methodes
j)ratiques ou d'autres analogues est-elle desirable pour T agri-
culture angevine ? Tel est le sujet que je livre a vos medita-
tions en m'excusant de vous avoir retenus si longtemps
attentifs.
Pourtant, Messieurs, afin qu'il sorte une conclusion pra-
tique de cette trop longue causerie, je me permettrai de vous
soumettre encore les quelques id6es suivantes : quelles que
soient les methodes que Ton croie devoir adopter pour ame-
liorer en Maine-et-Loire et la race de volailles commune et les
procedes d' aviculture actuellement en usage, il est une chose
avant tout indispensable , c'est de grouper les aviculteurs de
la region — et it y en a — c*est d unir les bonnes volontes
q[ui pourraient surgir, c'est en un mot, d' organiser une mani-
festation quelconque, qui permette a ceux qui savent de se
compter et de s' entendre, a ceux qui ignorent de venir s'ins-
truire. Je vous parlais au d^but de mes craintes pour la place
que pourrait tenir 1' aviculture angevine au grand concours
projete pour 1907. Pourquoi la Society industrielle et agri-
cole de Maine-et-Loire ne prendrait-elle pas Tinitiative de
convoquer d'ici la les eleveurs de Maine-et-Loire a une expo-
sition departementale d'aviculture? Convoques a Angers,
rhiver prochain par exemple, sous de tels auspices, les avi-
culteurs de la region ne manqueraient pas de saisir une si
bonne occasion de se connaltre et de se grouper et sans
doute viendraient-ils plus nombreux que vous ne le pensez
et que peut-^tre dans leur isolement ils ne le croyent eux-
mSmes. Tant il est vrai que dans notre beau pays il n'est
guere de branche de F agriculture ou Ton ne soit a peu pres
sAr de trouver des amateurs ^claires.
Eh oui ! Messieurs , je dis amateurs ; mais le sens que je
donne a ce mot n'a rien de dedaigneux ni qui doive choquer
personne. En agriculture, permettez-moi de le dire ici nien
haut, les amateurs ont une haute importance economique et
sociale. Ce sont eux qui, pour la satisfaction de leur amour-
propre d^sint^resse, peuvent tenter des experiences coMeuses
et aleatoires dont les professionnels attentifs pourront
recueillir les fruits. Comme le savant, dans son laboratoii'e ,
poursuit ses etudes, en apparence steriles au point de vue
pratique, sans souci de gains immediats ni m^me de decou-
vertes retentissautes, Tamateur seul pent, en matiere d'ele-
vage, pratiquer de longues annees durant les onereux croise-
ments qui amelioreront une race domestique, les lents et
minutieux selectionnements qui la confirmeront. Et s'U s'est
trouve dans ce pays d'Anjou des amateurs savants et g^ne-
reux comme les d'Andigne, les Falloux, pour sacrifier une
f)artie de leur fortune a Tinfusion du sang Durham dans
eurs troupeaux d'eUte ce n'est certes pas ici que nous
pourrions oublier les magnifiques resultats dont a beneficie
— 120 —
plus gu'eux toute Tagriculture angevine et raccroissemeat
de ricnesse qui en a rejailli sur le plus pauvre de ses labou-
reurs.
Et voila, pourqupi, Messieurs, en plaidant ici la cause des
amateurs angevins de Taviculture, je pretends qu il en pourra
resulter plus tard une amelioration generate dans la produc-
tion moyenne de nos basse-cours. Grouper en une exposition
locale des aviculteurs de la region, de mani^re a leur per-
mettre de se connaitre et de s'unir ; convier a cette exposition,
en les mettant hors concours , des aviculteurs strangers au
departement, professionnels et amateurs, de maniere a nous
assurer des juges 6claires et des modeles impeccables ; joindre
a cette exposition de reproducteurs d'elite une exposition
de volailles grasses, mortes, de maniere a interesser a la
fois le commerce local et la masse innombrable des fermieres
et des m6nageres, ce serait la, croyons-nous, une initiative
feconde en enseignements utiles, non seulement pour les
amateurs, mais aussi pour les cultivateurs les plus modestes,
et ce nous semblerait une entreprise digne en tons points
des traditions genereuses de la Societe Industrielle et Agri-
cole de Maine-et-Loire.
VITICULTURE
Discussion sur le Mildiou et POidium
A la seance mensuelle du 29 juillet dernier de la Societe
industrielle et agricole d' Angers, M. le senateur, comte de
Blois, president, a ouvert une discussion sur les maladies
cryptogamiques qui ont envahi le vignoble angevin.
M. Maurice Massignon prend le premier la parole et tient
k donner quelques explications sur son article et la note
ult^rieure parue dans le Journal de Maine-et-Loire. S'il a
employ^ le mot desastre, c'est qu'au moment ou il adressait
cette note alarmante, une invasion formidable de Mildiou
comme TAnjou n'en avait pas vue depuis Tannee 1886, avait
apparu soudainement et a une fa^on tellem'ent redoutable
que, si la temperature avait continue a ^tre favorable au
developpement de cette cryptogame, les vignes sulfatees de
tr^s bonne heure et traitees depuis avec le plus grand soin
auraient pu seules 6chapper a la destruction complete des
pampres et des grappes. Au reste, M. Massignon a eu sur-
tout pour objectif, en jetant un cri d'alarme, de prevenir les
viticulteurs du danger qui les menagait et de les engager a
employer les traitements cupriques avec la plus grande
promptitude. D a la conscience parfaitement tranquille.
— 121 —
etant persuade qu'il a rendu un reel service a tous ceux qui
avaient neglige de traiter leurs vignes et, si le danger semblp
avoir ete momentanement conjure , il a cru de son devoir de
donner un sage et prompt avertissement avant qu'il soit trop
tard.
M. Andre Huau et, apres lui, M. Leon Bourcier et
M. Mignot regrettent Texpression desastre dont s'est servi
M. Massignon; ils semblent craindre une mauvaise impres-
sion sur le commerce des vins , qui pourrait bien considerer
le vignoble angevin comme devant produire tres peu de vin
a la recolte et surtout fort peu, sinon point, de vin de qua-
lite. Nous n'avons, disent-ils, aucun avantage a divulguer
que nos vignes sont serieusement malades. — M. Massignon
repond que le commerce sait tres bien a quoi s'en tenir a ce
sujet ; il a partout des r*epresentants charges de le mettre au
courant de ce qui se passe dans chaque contree vinicole et il
n'achete point sans s ^tre renseign^ prealablement et avec le
plus grand soin sur la recolte et sur les vignobles suscep-
tibles de produire des vins de quality. Par consequent, il n a
pas lieu de regretter Texpression dont il s'est servi. —
M. Gilles Deperri^re, directeur de la Station amp^logra-
phique des RecoUets de Saumur, approuve completement
M. Massignon ; il est persuade que notre collogue , dont Tau-
torite en viticulture est connue et appr^ciee de tous, a rendu un
reel service aux viticulteurs angevms en j etant un cri d'alarme
au moment ou le Mildiou ^isait une brusque et violente appa-
rition dans notre contree, comme d'ailleurs dans presque
toute la France. — M. Daign^re, de son c6te, a parcouru
avec son voisin, M. de Soland, les vignobles de Bonnezeau,
Thouarc^ et des environs et a reconnu que les vignes trai-
tees a temps et avec soin avaient un feuillage superbe et
paraissaient presque indemnes de Mildiou, tandis que celles
qui n'ont point ete sulfatees, mal sulfatees ou trop tard, sont
dans woL etat lamentable, ce qui prouve la violence de Tinva-
sion. M. Daignere est intimement convaincu que les vignes
sulfatees habituellement et avec le plus grana soin, chaque
annee, sont tout d'abord dans d'excellentes conditions pour
^tre envahies moins facilement que les autres. II est d'avis
de sulfater, non seulement les ceps en entier, mais le sol lui-
m^me, qui contient plus ou moins de debris de feuilles
anciennes renfermant les germes du Mildiou. On pent
actueUement visiter son vignoble, ajoute-t-il, on ne trouvera
pas de traces apparentes de Mildiou, tandis qu'a c6te, une
parcelle de vigne appartenant a un voisin est gravement
atteinte. Ce voisinage I'oblige a traiter plus souvent et, au
fur et a mesure que la vegetation fait des progres , a couvrir
les feuilles nouvelles de bouillie bordelaise ; sans cela il ne
saurait eviter la contagion. On est toujours certain^ dit-il,
de pouvoir triompher du Mildiou en le combattant energi-
quement et d'une la^on preventive. Nous sommes heureuse-
— 122 —
ment suffisamment armes centre cette maladie cryptoga-
mique a forme souvent insidieuse et rapide. On ne pent pas
en dire autant de TOidium, centre lequel trop souvent le
soufre et les autres traitements pr^conises donnent des
resultats incomplets.
A ce propos, M. Gilles Deperriere dit que, recemment, a
la Station ampelographi^e de Saumur il a fait disparaltre
rapidement une poussee d'oidium par Temploi du permanga-
nate de potasse (210 grammes dissous dans 100 litres d'eau).
Les grappes ont et6 parfaitement nettoyees de leur poussiere
blanche ; mais pour eviter la reproduction du champignon,
il s'est empress^ de faire executer un soufrage complet.
M. G. Deperriere et plusieurs de nos coUegues pensent qu'a
Tavenir il serait trjbs utile d'indiquer prealablement aux
viticulteurs les epoques et mSme les dates auxquelles les
sulfatages devraient 6tre faits en Anjou ; pour cela il serait
necessaire d' observer k quelles dates ont eu lieu, depuis un
certain nombre d'ann6es, les premieres apparitions du mil-
diou en Anjou. Cette annee,' le mildiou a fait son apparition
beaucoup plus tOt que d'habitude (i5 a 20 jours environ) et
c'est ce qui a trompe un grand nombre de viticulteurs qui,
depuis quelques annees , faisaient un seul sulfatage vers le
milieu de juillet et pr^servaient suffisamment leurs vignes.
Desormais un premier sulfatage sera necessaire avant la
floraison dela vigne, vers le i5 juin environ, un second vers
le 10 juillet et un troisi^me au commencement d'aoftt.
II serait bon d'ajouter, dit le D' Sigaud, que souvent les
sulfatages sont insuffisants parce qu'ils sont assez mal faits,
surtout lorsque les vignes ont une grande etendue et que le
travail est execute a dos d'homme. II ne faut pas se dissi-
muler que les journaliers-vignerons charges de cette penible
besogne, ex^cutee le plus souvent par les plus grandes cha-
leurs, ont h&te d'en finir et passent rapidement dans les
rangs, pulv^risant quelques feuilles et laissant intactes la
plupart.
Cfette cause d'insucc^s dans le traitement est tres Irequehte
et personne ne doit Tignorer; aussi, pour y remedier, il
semble tout indique de faire usage dans tons les vignobles
d'une certaine etendue (au-dessus de 5 hectares, par exemple)
des appareils k grand travail conduits par un chevaL La
pulverisation se fait regulierement et non seulement les ceps
en entier mais toute la surface du sol regoivent en abondance
des sels de cuivre qui emp^cheront ulterieurement le deve-
loppement du mildiou.
Un bon appareil permet de sulfater i hectare 5o ares de
vignes dans une heure , ce qui est tres precieux lorsque le
temps presse et quand la pluie vient sans cesse interrompre
le travail.
Le Secretaire general,
D' P. Sigaud.
— 123 —
AGRICULTURE
Un ennemi du Trdfle ; moyen de le combattre
Par M. P. Lavallee, membre titulaire
En ouvrant les capitules (les tStes) del 4 sees du trifle laisse k
graine pour se rendre compte de Fetat de la r6cplte , on constate
que les fleurs n'oflfrent aucune adherence, tombent au moindre
froissement, sont vides de graines. De ik k penser que la flo-
raison a €i6 contrariee par la temperature il nV a gu'un pas, vite
franchi et, sans aller plus loin, on conclut que les ueurs du trifle
ont ete brttlees par les chaleurs de iuillet.
Un examen plus attentif permet de constater, k rinterieur des
capitules,l a presence de petits gp:>ains tres fins, qui ne sont autres
que les dejections d'une larve ayant mange la graine. Cette
larve , qu'on trouve en nombre variable — quatre a dix — dans
les t^tes formees de fleurs ecloses depuis peu, se presente sous la
forme d'un petit ver replie sur lui-meme en demi-cercle , de cou-
leur blanche, mesurant deux millimetres de longueur k Tetat
adulte ; sa t^te est rougeatre, de consistance un peu cornee , rap-
gelant en petit la conformation bien connue du ver blahc du
anneton. tette larve est pourvue de fortes mandibules qui lui
permettent de devorer la graine au debut de sa formation.
La larve qui nous preoccupe se transforme en nymphe dans la
fleur mfeme, Tinsecte parfait hiverne en terre et ne se montre
Sii'au printemps , au moment oil les trefles commencent a fleurir.
et insecte est un" petit charan^on ou curculionide , Vapion du
trefle (apion apricans), caracteris6 par la couleur noir fonc6, lui-
sante de la t^te et du thorax , F abdomen etant gris ardoise ; les
premiers articles des pattes sont jaunes, le tarse noir. Le rostre
est mince , arque , plus long que la t^te et le corselet.
L'accouplement a lieu au printemps , la femelle pond ses oeufs
sur rinflorescence du trefle, les larves qui en sortent mangent les
graines vertes et tendres k peine formees , passent d'une fleur k
r autre en pergant un trou circulaire de un millimetre de diam^tre
k la base du calice — trois ou quatre d'entre elles suffisent pour
devorer toutes les semences d'une t^te de trifle.
Les ouvrages d'entomolo^ie que nous avons consultes (Brocchi,
Guenaux) indiquent que Finsecte parfait apparait de la fin de
juin au i5 juillet, ce qui n'emp^che pas qu'on le rencontre encore
a F6tat larvaire a Fheure actuelle.
Les ouvrages speciaux de culture fourrag^re, Heuz6, Garola
n'en font pas mention ; cependant les vieux praticiens k qui nous
avons presente les larves de Fapion nous ont dit avoir eu dej^
Foccasion de faire connaissance avec ce redoutable insecte.
L' apion ne s'attaquant pas k la partie herbac^e de la plante,
sa presence n'est pas inquietante lorsque le trefle doit ^tre con-
somme comme fourrage , mais il n'en est pas de m^me lorsqu'on
- 124 —
envisage la production de la graine , la recolte pent Stre plus ou
moins compromise.
Heureusement cet insecte contre lequel nous ne pouvons rien,
a deux ennemis naturels qui lui font une guerre acharn^e et se
chargent d'en purser nos cultures. Ce sont : i° le Calyptus
macroc^phalus, petit ichneumon enti^rement noir et luisant, dont
la femelle porte une longue tari^re lui permettant de deposer ses
ceufs dans le corps des larves de Tapion.
2° Le pteromalus pione, petite mouche longue de 2 millimetres,
d'une coloration vert fonce, avec des antennes coudees noires,
plus longues que la tfite.
Les conditions m6t6orologiaues de cette annee ont^eUes ete plus
favorables k la reproduction ae I'apion qu'^ celle de ces ennemis?
La reponse ne fait pas de doute , car la recolte en trefle a graine
est fortement compromise, non seulement dans notre depar-
tement, mais encore dans les d^partements voisins; elle sera nulle
dans un ^and nombre de fermes.
Que faire en presence d'lme telle situation, sinon chercher k
restreindre le plus possible la multiplication de Finsecte pour ne
pas le voir prendre des proportions plus inqui6tantes dans
ravenir.
II faut, sans tarder, faire consommer par les animaux les trefles
atteints qu'on laissait pour graines, afin d'emp^cher les demi^res
larves d'arriver k Tetat d'insectes parfaits; on ne pent songer It
Tensilage, les tiges etant trop ligneuses pour obeir k la com-
pression; quant au fanage, il permettrait la transformation d'un
certain nombre de larves en insectes parfaits.
On fera pour le bl^ qui doit suivre, un labour profond, et Ton
se gardera de semer du trifle Tan prochain au voisinage des
champs dans lesquels Fapion est apparu cette ann^e. Nous
pensons egalement que Temploi du crud d' ammoniac , aussitot le
trifle enleve , ajouterait son action k celle du labour profond.
Dans les situations oil on aura pu recolter de la graine , il sera
bon de la debarrasser des larves et des insectes qui pourraient
la souiller en la traitant par le sulfure de carbone dans la pro-
portion de I kilo pour 100 kilos de graine.
Le Gdrant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1697-5.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETE INDDSTRIELLI ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du departement de Maine-et-Loire
Procte-verbal de la seance du 29 juillel 1905
Pr^sidence de M. le Comte de Blois, s^nateur
]&taient]pr6sents : MM. Bordeanx-Montrieux, GillesDeper-
riere, Jamm, D"* Sigaud, Andre Huau, membres du bureau;
MM. Lavall^e, Pineau, Betton-Allard, Bernard-Ghauvire,
Massignon, Daign^re, O. ChaiUou, Leon Bourcier, Felix
Fourmond fils , Paul Sigaud fils , le vicomte Stanislas de la
Morini^re, le baron Le Guay, Merlet fils, Mignot, Leman-
ceau, de Boissard, Lafarge, membres titulaires.
M. le President fait part de lettres de M. de Grandmaison
€t de M. de Villebois-Mareuil s'excusant de ne pouvoir
assister a la seance.
— M. G. Eiffel a fait hommage a notre Societe d'un ouvrage
tres important et d'un atlas sur des « Etudes pratiques de
met^orologie et observations compar6es des stations de
Beaulieu, Sevres et Vacquey pour Tannee 1908 ». M. le Pre-
sident prie M. le Secretaire g?n6ral d'adresser les remercie-
ments de notre Societe a M. G. Eiffel et charge M. Tabbe Hy
de vouloir bien prendre lecture de ce travail et en rendre
compte a ime de nos seances mensuelles.
— Lecture du proces-verbal de la precedente seance. —
Cette lecture ne donne lieu a aucune observation et le proces-
verbal est adopte.
— M. Daignere demande la parole et s'exprime ainsi :
« II consid^re comme un devoir de ne pas laisser passer
cette reunion de la Societe Industrielle sans remercier, au
nom de tons les viticulteurs de Maine-et-Loire , notre hono-
rable president M. le senateur Comte de Blois, pour la part
qu'il a prise au Parlement dans les debats qui ont eu lieu au
— 126 —
sujet des lois recemment vot^es sur le regime des bouilleurs
de cru et centre la fraude des vins. II tient surtout a le
remercier de s'Stre 6\e\^ en protestant, comme il a su le
faire, centre certaines accusations perfides touchant nos
inter^ts, notre reputation et presque notre honneur. II a le
regret de constater que trop souvent les viticulteurs des
regions meridionales critiquent les produits vinicoles de
FAnjou. Nous ne supposions pas, dit-ii, qu'un s6nateur fran-
^ais viendrait un jour porter publiquement a la tribune des
accusations contre notre fa^on de faire, loyale et absolument
honn^te. II s'est heureusemenit trouve que.parmi ses collegues
au Senat le tres digne et tres devout representant de nos
int^r^ts, M. le senateur Comte de Blois, qui a pu refuter ces
accusations erronees. II a su le faire, comme toujours, en ces
termes courtois qui lui sont propres et qui servent si bien les
causes qu'il defend. Nous le remercions sincerement et nous
avons pris acte de Tin vita tion quil a faite a M. Pams etdont
nous nous considerons comme solidaires. »
M. le Comte de Blois est tres touchy des paroles de M. Dai-
gn^re et tr^s heureux de Tapprobation de ses collegues ; il les
assure qu'il continuera d'employer toute son activite et toute
son energie pour obtenir des ameliorations aux lois si impo-
pulaires qui p^sent lourdement sur la viticulture frangaise.
M. le President donne lecture du projet de loi adopte par
la Ghambre des Deputes et ratifie par le S6nat, relatif a la
repression de la fraude sur les vins et aux regimes des spiri-
tueux.
M. de Blois signale au passage les modifications favorables
apportees et qui donneront un commencement de satisfaction
aux viticulteurs.
Cette loi est actuellement promulguee et sera mise en
vigueur pour la prochaine recolte.
L'amnistie pour les d^lits au sujet de la loi sur les bouil-
leurs de cru n'a pas ete votee. M. de Blois avait elabor^ un
amendement qu'il se pro^osait de presenter et qu*il a dH
retirer devant les observations qui lui ont ete faites par plu-
siieurs de ses collegues et en mSme temps par le Ministre des
Finances, au sujet des difficultes de toute sorte pouvant resul-
ter de cette amnistie.
— M. le professeur Lavall6e demande la parole et pre-
sente des echantillons de trefle geant du Nord qu'il avait
conserve pour la graine. En examinant ces jours-ci un cer-
tain nombre de fleurs , il a constats qu'elles ne contenaient
pas de graines et qu'elles paraissaient brulees par le soleil ;
mais, en recherchant avec plus d' attention , il ne tarda pas a
s'apercevoir que les causes de cette infertilite des fleurs
etaient dues a la larve d'un insecte, Vapion du trefle, qui
devorait les graines au fur et a mesure de leur developpe-
ment. (La description de cet insecte a paru dans le Bulletin
de juin.)
— 127 —
Sur la demande de M. Lavall^e, M. le D' Maisonneuve ,
entomologiste distingue, sera charge d'etudier cet insecte et
de nous presenter le resultat de ses recherches.
M. le President remercie notre savant CoUegue de sa com-
munication tres instructive.
M. Lavall^e presente effalement des specimens de four-
rages de prairies, pour faire voir les modifications impor-
tantes de la flore provenant de I'emploi judicieux des engrais
chimiques.
II n'y a pas de culture qui paie mieux que la production
fourrag^re les sacrifices en engrais que Ton fait pour elle.
Les engrais peuvent agir plus ou moins vite, mais its ne sont
jamais perdus, tandis que dans les autres cultures, celle des
cereales par exemple , il pent arriver que, faute d'humidite ,
les engrais sont a peu pres completement inefficaces sur la
r^colte pour laquelle on les a employes. De \k vient Thesita-
tion de certains cultivateurs a user des engrais chimiques et
leur incredulite dans leurs avantages.
— M. le D'' Sigaud donne lecture du travail d'un de nos
distingu^s coHegues : M. G. Charpentier, ingenieur E. C,
sur le chauffage des serres.
M. le comte de Blois prie M. le Secretaire general d'adres-
ser des remerciements a M. Charpentier, pour son travail
pratique qui a vivement interesse nos collogues. Gette etude
sera publiee dans un de nos prochains bulletins.
— M. Vinet, preparateur a la Station oenologique, lit un
travail intitule : Expose des connaissances actuetles sur le
tir contre la grSle,
M. le President remercie M. Vinet et ajoute que ce travail
tr^s ^tudi^ prouve que notre futur collegue sera pour nous,
dans Tavenir^ un eollaborateur assidu et tres pr^cieux.
— Reception du candidal presents dans la seance prec^-
dente :
M. Eugene Mesnard, directeur de la Mutuelle du Mans,
3o rue Desjardins, Angers, est admis a Funanimite membre
de notre Soci6te. .^
— Presentation de candidats :
MM. Henri du Mas, proprietaire , chSLteau de TMoire , com-
mune de Soeurdres et i4 rue Rabelais, a Angers, pr6sente '
par MM. le comte de Blois et le vicomte O. de Rouge ; Emile
Vinet, preparateur k la Station oenologique, 3 rue Rabelais,
a Angers, presents par MM. Moreau et Lavallee.
L'ordre du jour etant ^puise , la seance est lev^e.
Le Secretaire general,
D'^ P. Sigaud.
-^ 128 —
AGRICULTURE
Action et efficacit^ des engrais sur les plantes
suivant le mode de leur application au sol
(suite)
Par M. Lavallee, mernbre titulaire
Champ n'' 3 (Section B)
Culture d'orge de printeraps
Les recherches sur cette plante sont aussi completes que
celles sur Tavoine grise d'hiver et le bl^. Nous mettons en
comparaison Facide phosphorique sous forme de superphos-
{)hate ou de scories de dephospnoration dans vingt parcelles,
es unes recevant Fengrais sur toute la surface, tandis que
dans les autres la fumure est repartie en lignes sous les
semences.
Le superphosphate aux doses de 4<^ ^t de 600 kilos a
rhectare est compare a des quantites de scories de 485 et de
725 kilos correspondant aux m^mes prix d' achat, soit 29 fr.
et 43 fr. 5o suivant rimportance de la fumure.
Les semailles eurent lieu le i®*^ avril; la semence fut dis-
tribute a la vol^e ou en lignes, ecartees de o°™i6 dans une
serie d'essais, et de o^^ao dans Tautre.
Nous allons successivement passer en revue, en les rappor-
tant a Thectare, les resultats de chaque parcelle.
Essais avec superphosphate
aux doses de 400 et de 600 kilos & Thectare
datis des parcelles d*orge sem4es a la voUe
Tableau XXV. — Rendement en poids et valeur de la pro-
duction de chaque parcelle a Fhectare :
FUMURE
de 400 k. de supeirphosphate
FUMURE
de 600 k. de superphosphate
*
Epandu k la vol^e
Epandu a la volee
Parcelle n" 75
Parcelle n" 76
Recolte
k
rhectare
Valeur
argent
Recolte
a
ITiectare
Valeur
argent
Grain
kil.
2.175
4.575
6.750
fr. c.
326 25
i37 25
kil.
2.165
4.890
fr. c.
324 75
146 70
Paille
Total
463 5o
7.055
471 45
— 129 —
Deduction faite du prix d'achat de Tengrais , la valeur de
la production de la parcelle n° 76 est de 4^4 fr. 5o et celle de
la.parcelle n° 76 est de 427 fr. 96.
La parcelle n° aS (tableau IX), temoin sans engrais , ayant
donne une recolte estim^e 429 fr. 3o, il resulte de la : que le
superphosphate, a la dose de 400 kilos a Thectare, laisse un
benefice de 5 fr. 20, tandis qu'a la dose de 600 kilos il y a
deficit de i fr. 35. De tels resultats laissent supposer que
Teflicacite du superphosphate sera douteuse dans les essais
sur le mode de repartition de cet engrais.
Essais avec superphosphate
aux doses de 400 et de 60O kilos & I'hectare
dans des semailles en lignes espac^es de o'^iG
Les parcelles n°^ 77 et ^8 ont regu une mSme dose de super-
phosphate, 400 kilos a rhectare; dans la parcelle n° 77, cet
engrais a ete epandu a la volee, tandis qu'il a ete dispose en
lignes sous les semences dans la parcelle n° 78. Dans les par-
celles 79 et 80, le m^me essai a ete repet^ avec une dose plus
forte de superphosphate, 600 kilos a 1 nectare.
Tableau XXVI. — Rendement et valeur comparatifs de
chaque parcelle a T hectare :
400 kil. de superphosphate
a rhectare
epandu
a la volee
Grain.
PaiUe.
Total.
Parcelle n° '^j
R6colte
rhectare
kil.
2.3oo
4.600
6.900
Valeur
argent
fr. c.
345 »
i38 »
epandu
sous les lignes
Parcelle n' 78
R6colte
rhectare
483 »
kil.
2.36o
4.4<^
6.810
600 kil. de superphosphate
a I'hectare
a
epandu
la volee
Pareelle n" ^9
Valeur
argent
fr. c.
354 »
i33 5o
487 50
Rficolte
I'hectare
kil.
2.390
4.610
7.000
Valeur
argent
epandu
sous les lignes
Parcelle n* 80
fr. c.
358 5o
i38 3o
49680
R6coIte
a
I'hectare
kil.
2.400
4-565
6.965
Valeur
argent
fr. c.
36o »
i36 95
49695
En retranchant le prix d' achat de Tengrais, la recolte de
chaque parcelle devient egale a :
454 fi'. pour le n° 77, soit une moins- value de i4 fr. i5 sur
le XGxnom parcelle n° 24 ;
458 fr. 5o pour le n° 78, soit une moins-value de 9 fr. 65 sur
le Xemoin parcelle 71° 24 ;
453 fr . 00 pour le n<^ 79, soit une moins-value de i4 fr. 65 sur
le Xexsioui parcelle /i° 24 1
453 fr . 45 poiu' le n° 80, soit une moins-value de i4 fr. 70 sur
le temoin parcelle n^ 24*
— 130 —
Essais avec superphosphate
aux doses de 400 ou de 600 kilos k I'hectare
Semailles en lignes espacees de 0^20
Les parcelles n®^ 81 et 82 ont regu une mSme dose de
superphosphate 4oo kilos a Thectare ; dans la parcelle n° 81
cet engrais a 6te epandu a la volee , tandis qu'ii a ete depose
sous les lignes dans la parcelle 82. Le m^me essai est repute
dans les deux parcelles suivantes n^" 83 et 84, avec une dose
de 600 kilos de superphosphate a Fhectare.
Tableau XXVII. — Rendement et valeur compai;*atifs de
chaque parcelle a I'hectare :
Grain
PaiUe
Total
400 kil. de superphosphate
a I'hectare
epandu
a la volee
Parcelle n* 8i
Rficolte
a
I'hectare
kil.
2.265
.010
6.780
Valeur
arseni
epandu
sous les lignes
Parcelle n° 82
fr. c.
339 75
1 35 45
475 20
R^colte
k
i'hectare
kil.
2.225
4.550
6.775
Valeur
argent
fr. c.
333 75
i36 5o
470 25
600 kil. de superphosphate
a I'hectare
epandu
a la volee
Parcelle n» 83
R^colte
k
I'hectare
kil.
2.260
4.565
6.825
Valeur
argent
epandu
sous les lig-nes
Parcelle n* 84
R6co.Ite
a
I'hectare
fr. c.
339 »
13695
475 95
kil.
2 285
4.280
6.565
Valeur
argent
fr. c.
342 75
128 40
471 i5
En deduisant le prix d' achat de Tengrais, la recolte de
chaque parcelle se trouve ramenee a :
446 fr. 20 pour le n° 81, soit une moins-value de 4 fr- 70 sur
le temoin parcelle n° 25 ;
441 fr* 25 pour le n° 82, soit une moins-value de 9 fr. 65 sur
le temoin parcelle n^ 25 ;
432 fr. 45 pour le n° 83, soit une moins-value de 18 fr. 4^
sur le temoin parcelle n° 25 ;
427 fr. 65 pour le n° 84, soit une moins-value de 23 fr. 25
sur le temoin parcelle n° 25.
Nous exposerons a la fin de ce chapitre les conclusions
qui decoulent de ces deux series d' experiences.
Essais avec scories de d^phosphoration
aux doses de 485 et de 725 kilos k Thectare
Semailles a la vol4e
Dans les parcelles n°^ 85 et 86 les semaiUes ont et6 faites
a la volee sur terre ayant regu des scories melang^es a toute
— 131 —
la surface du terrain aux doses ci-dessus indiquees. Les
recoltes obtenues sont consignees dans le tableau suivant :
Xableau XXVIII. — Rendement et valeur comparatif de
"Chaque parceUe a Thectare :
•Grain.
PaiUe.
Total
485 k. de scories
de dephosphoration
a I'hectare
epandues a la volee
Semailles a la vol6e
Parcelle ii» 85
Recolte
«
a
Phectarc
kil.
2.3o5
4' 970
7.275
Valeur
argent
c.
fr.
345 75
149 10
494 85
7q5 k. de scories
de dephosphoration
a I'hectare'
epandues a la vol6e
Semailles a la volee
Parcelle n» 86
Recolte
a
rhectare
kil.
2.38o
4.725
7.105
Valeur
argent
fr.
c.
357
))
i4l
75
49875
Deduction faite du prix d'achat de Tengrais, la valeur de
la production de la parcelle n° 85 est de 4^5 fr. 85 et celle
de la parcelle n^ 86 de 455 fr. 25.
La parcelle n° 28 (tableau IX) Umoin sans engrais , ayant
produit une recolte evalu^e k 429 fr. 3o , il en resulte que les
scories k la dose de 485 kilos k Thectare laissent un benefice
net de 36 fr. 55 et de 25 fr. 95 a la dose de 725 kilos. Ces
premiers resultats different de ceux obtenus dans les essais
analogues avec le superphosphate; cela doit tenir a la pre-
sence de la chaux apportee en plus grande guantite avec les
scories, chaux qui a rendu plus active la nitrification des ma-
tieres azotees que le sol contenait.
Essais avec scories de dephosphoration
aux doses de 485 et de 725 kilos k I'hectare
Semailles en lignes espac^es de o'^iG
La parcelle n° 87 a regu 485 kilos de scories a Fhectare
Epandues k la vol^e.
La parcelle n° 88 a re^u 485 kilos de scories a I'hectare
Epandues sous les lignes.
La parcelle n° 89 a regu 725 kilos de scories kThectare
Epandues k la volee.
La parcelle n® 90 a regu 725 kilos de scories k Fhectare
epandues sous les lignes.
Tableau XXIX. — Rendement et valeur comparatifs de
la production de chaque parcelle a Fhectare :
— 132 —
485 kil. de scories
de dephosphoration a I'hect.
^pandues
la volee
a
Parcelle n' 8j
Grain
PaiUe
Total.
R6colte
k
r hectare
kU.
2.4^5
4.450
6.875
Valeur
argent
fr. c.
363 75
i33 5o
epandues
sous les lignes
Parcelle n- 88
R6colte
a
I'heaare
kil.
2.460
4- 540
497 251 7.000
Valeur
argent
fr. c.
369 »
i36 i5
5o5 i5
725 kil. de scories
de dephosphoration a I'hect.
epandues
a la volee
Parcelle n* 89
Rfecolte
a
r hectare
kil.
2.35o
4.400
6.750
Valeur
argent
fr. c.
352 5o
l32 »
484 5o
epandues
sous les lignes
Parcelle 'n' 9a
R6colte
r hectare
kil.
2.370
4.330
6.700
Valeur
argent
fr. c.
355 80
1299^
485 70
Si nous retranchons les sommes deboursees pour Fachat
de Tengrais la valeur de la recolte de ehacune de ces xjuatre^
pareelles devieiit egale a :
468 fr. 25 pour le n° 87 ;
476 fr. i5 pour le 11° 88 ;
441 fr- pour le n^ 89 ;
442 fr. 20 pour le n° 90.
En rapproehant ces chiffres de ceux de la parcelle temoirt
n° 24 (tableau IX) , on constate :
Que seule la dose la moins elevee de scories repartie sous
les lignes laisse un leger benefice , 8 fr . par hectare ; a la
dose la plus forte, le supplement de recolte ne paye plus
Fengrais, il y a un deficit de 27 fr. i5 dans la parcelle
nP 89 et de 25 fr. 95 dans la parcelle nP 90. — La difference
de I fr. 20 entre ces deux derniers chiffres est negligeable ;
eUe permet cependant de conclure que , pour les fortes-
fumures phosphatees, le mode de leur repartition est sans-
action sur la recolte.
Essais avec scories de dephosphoration aux
doses de 485 et de 725 kilos ^ I'hectare
semailles en lignes espac4es de 0^20
Nous repetons dans les quatre pareelles n°* 91, 92, 98 et^r
semees en lignes espacees de o«^2o, les m^mes essais que dans
les quatre pareelles precedentes semees en lignes plus rap-
prochees.
Tableau XXX. — Rendement et valeur comparatifs de la
production de chaque parcelle a Fhectare :
— 133 —
Grain
Paille
Total.
^So kil. de scories
de dephosphoration a Phect.
^pandues
a la vol6e
Parcelle n"* 91
Rteolte
a
1' hectare
kil.
2.5o5
4.620
7.125
Valeur
argent
fr. c.
375 75
i38 60
5i4 33
epandues
sous les lignes
Parcelle n* 93
Rdcolte
rhectare
kil.
2.562
4 288
6.850
Valeur
argent
fr. c.
384 3o
128 65
5i2 95
725 kil. de scories
de dephosphoration k Phect.
6pandues
a la vol6e
■ ■■■■■■ »■ ^^m^^
Parcelle n' 98
R6colte
a
rhectare
kil.
2.525
4.725
7.200
Valeur
argent
fr. c.
378 75
141 75
520 5o
Epandues
sous les lignes
Parcelle n* 94
Rfecolte
a
rhectare
kil.
2.575
4.840
7.415
Valeur
argent
fr. C.
386 2S
145 20
53i 4&
Deduction faite du prix d' achat de la fumure, la valeur de
la recolte de chaque parcelle devient egale a :
485 fr. 35 pour le n° 91, soit une plus-value de 34 fr. 45 sur
la parcelle temoin n° 25 ;
483 fr. 95 pour le u9 92, soit une plus-value de 33 fr. o5 sur
la parcelle temoin n° 25 ;
4^7 francs pour le n° 93, soit une plus-value de 26 fr . 10 sur
la parcelle temoin n^ 25 ;
487 fr. 95 pour le n° 94, soit une plus-value de Sj fr. o5 sur
la parcelle temoin n° 25.
Conclusion. — L'ensemblc des r^coltes obtenues avec les
parcelles ayant re^u des engrais phosphates permet de con-
clure que le sol du champ n° 3, dans lequel Tanalyse a releve
une teneur de 0,86 0/0 d acide phosphorique , etait suffisam-
ment pourvu en cet element pour subvenir aux exigences de
Forge de printemps , puisgue les supplements de recolte ne
payent pas avec le superphosphate la d^pense de la fumure
minerale, quelle que soit la quantite employee.
Dans de telles conditions, Tetude du mode de repartition
de r engrais phosphate ne pouvait aboutir a rien de precis ;
c'est d'ailleurs ce qui ressort de I'examen des r^sultats que
nous venons de presenter.
Avec les scories de dephosphoration reparties sur les par-
celles semees k la volee ou en lignes espacees de o"20, la
recolte laisse un benefice moyen de 32 fr. 19 k Thectare,
tandis que, dans les semailles en lignes espacees de 0^16, il y
a un deficit moyen de 11 fr. 27 pour les quatre essais. Ge
l^ger avantaee des scories sur le superphosphate provient
sans doute d'une action indirecte de Fengrais, due k la
mobilisation de F azote sous Finfluence de la chaux libre que
les scories contiennent en grande quantite. Mais, comme
s le disions plus haut, Fensemble des r^sultats ne permet
nous
de tirer aucune deduction relative au mode de repartition de
la fumure.
— 134 —
R6suin6
des r^sultats obtenus avec les engrais
phosphates, 6pandus en lignes, dans la culture
des cdr6ales d'automne
L' expose de nos recherches avec les engrais phosphates
yient d'etre presente d'une maniere aussi fidele et aussi
complete que possible. Les petites divergences qu'on pent j
trouver ne surprendront pas les agronomes habitues aux
essais de ce genre. Pour bien mettre en relief la superiorite
de la repartition de Fengrais en lignes, sous les semences,
nous croyons utile de dresser le tableau ci-dessous, dans
lequel se trouvent indiques, pour I'avoine d'hiver et le ble,
la nature et la quantite des engrais phosphates employes, en
m^me temps que la plus-value en argent de le reeolte , par
rapport aux parcelles ayant re^u Tengrais sur toute la sur-
face.
CEREALES
cultivees
NATURE DE LA FUMURE
et quantite a I'hectare
Avoine grise S 4oo k. superphosphate
d'hiver . . . . ) 600 k. superphosphate
Avoine grise ) 4^5 k. scories de dephosphoration
d'hiver . . . . ) 726 k. scories de dephosphoration
Ble Battel
Bie Battel
400 k. superphosphate.
600 k. superphosphate.
485 k. scories de dephosphoration
725 k. scories de dephosphoration
PLUS-VALUE
en faveur de I'engrais
en lignes
Semis
a o"i6
fr, c.
26 85
7 85
10 60
5 10
12 40
22 80
22 40
32 40
Semis
a o"2o
fr. c.
32 5o
I 90
10 25
i3 40
28 ))
20 OD
47 40
3o ))
On remarquera : 1° que la superiorite de Fengrais localise
se traduit par des chiffres plus eleves dans les semis en lignes
espacees de o'^ao que dans ceux de 0^16 ;
2° Que la valeur des exc^dents de reeolte est proportion-
neUe aux besoins de la plante : T avoine , moins exigeante en
acide phosphorique que le ble, accuse des b^ndftces moin-
dres que ce dernier ;
3° Que les avantages de Tagglomeration de Fengrais sont
en raison inverse de Tintensite des fumures; la moyenne
gen^rale des essais accuse une plus-value de 28 fr. 80 avec
la dose la moins elevee, tandis qu'elle n'est plus que de
17 fp. 37 avec la plus forte. Geci connrme Fopinion admise : la
repartition des engrais en lignes permet d'en r^duire Fapport ;
5° Les resultats obtenus avec Forge de printempsindiquent
qu'avant d'etudier la question du mode de repartition des
engrais il faut d'abord envisager le besoin du sol en e\6
ments fertilisants.
— 135 —
Section C
Recherches avec les engrais azotes
Sulfate d'ammoniaque
Nous devons avouer qu'en errant cette troisieme categoric
d'essais, nous ne pensions pas a une grandc efficacite des
engrais azotes, vu la richesse dc notre sol en azote. Aussi
n'avons-nous fait porter, les recherches que sur I'avoine
grise d'hiver et Torge de printemps, en faisant usage du sul-
fate d'ammoniaque a la dose de loo kilos a Fhectare, ce qui
correspond a une depense de 32 fr. Nous regrettons de
n'avoir pas etabli d'essais sur le ble , car les r^sultats sont
manifestement en faveur de Fengrais azot^. Nous avons
experiments sur des semailles a la volSe et sur des semailles
en lignes espacees de o™20 avec engrais epandu sur toute la
surface ou sous les lignes. Les semailles a la volee avaient
surtout pour but de mettre en relief Fefficacite de la'fumure ;
les semailles en lignes etaient destinies a comparer Faction
de Fengrais, suivant le mode d'epandage adopte.
R6sultats du champ n*" i
Culture d*avoine grise d'hwer
Essais avec sulfate d'ammoniaque
avec la dose de 100 kilos k Fhectare
La parcelle n° 95 a ete semee a la volee; les parcelles
n°^ 96 et 97 en lignes espacees de o"^20. Dans les deux pre-
mieres, Fengrais avait ete reparti a la volee et melange a
toute la suriace du sol; dans la troisieme, il a ete depose en
lignes sous les semences.
Tableau XXXI. — Rendement et valeur comparatifs de la
production de chaque parcelle a Fhectare :
Grain
PaiUe
Total
ENGRAIS
EPANDU A LA VOLEE
Semailles
a la volee
Parcelle n* qS
Recolte
a
Phectare
Valeur
ardent
kil.
3.490
II. no
fr. c.
558 40
355 5o
14.600
913 90
Semailles
en lignes
Parcelle n° 96
Recolte
a
1' hectare
kil.
3.710
II. 710
15.420
Valeur
arg-ent
fr. c.
593 60
374 70
968 3o
ENGRAIS
EPANDU EN LIGNES
Semailles
en lignes
Parcelle n" 97
Recolte
a
I'hectare
kil.
3.920
11.865
15.785
Valeur
argent
fr. c.
627 20
_379 70
I.
— 136 —
Deduction faite du prij^ d' achat de Tengrais (32 fr.), la
valeur nette de la production de chaque parcelle reste egale
k :
88i fr. QO pour le n° 95 ;
986 fr. 5o pour le n° 96;
974 fr. 90 pour le n° 97.
Soit par rapport aux parcelles temoin (tableau XI) un bene-
fice net de :
99 fr. 35 dans la parcelle n° 96 ;
116 Ir. dans la parcelle n° 96;
i54 fr. 60 dans la parcelle n° 97.
Conclusion. — L'augmentation de recolte due au sulfate
d'ammoniaque est tres sensible dans les trois essais et, si
nous rappelons que la terre du champ n° i renferme i,2&
pour 100 d' azote, on pent ^tre surpris au premier abord par
Texcedent considerable de production releve en faveur de
cet engrais. En examinant les choses de pres, il est permit
de penser que dans cette terre argilo-siliceuse , manquant de
chaux, r azote nitrifie trop lentement par rapport aux besoins
de la plante en cet element.
Nous devons ajouter que, depui^ la levee jusqu'a la matu-
rite , les trois parcelles , avec sulfate d'ammoniaque , se sont
montrees superieures a toutes les autres; la vegetation y a
6te plus active et le tallage plus abondant ; poiir cette raison,
I'augmentation porte sur la paille aussi bienque siu* le grain.
EUe est plus forte pour les semailles en lignes que pour les
semailles a la volec; ceci tient a Timpossibilite d'executer
des binages parfaits avec ce mode d'ensemencement, binages
dont Taction sur la culture des cereales se manifeste toujour^
d'une faQo^ heureuse a la moisson.
L'efficacite du sulfate d'ammoniaque se trouvant ainsi
mise en relief, nous constatons qu'il s'est montre superieur
dans Tepandage sous les lignes a la fumure en plein. D'un
c6te, la plus-value ,de la recolte est de i54 fr. 60, de Tautre
116 fr., soit en faveur de Fagglom^ration une difference de
38 fr. a Thectare.
R^sultats du champ n^ 3 (Section C)
Culture d'orge de printemps
Essais avec sulfate d'ammoniaque
k la dose de 100 kilos k Thectare
La marche des essais a et^ identique a celle du champ
n° I, les resultats obtenus sont les suivants :
Tableau XXXII. — Rendement et valeur comparatifs de
la production de chaque parcelle a Fhectare :
— 137 —
•Orain
Faille
Total
ENGRAIS
REPARTI A LA VOLEE"
Semailles
a la volee
Parcelle n"* 98
Recolte
k
r hectare
Valeur
argent
kil.
2.760
4.715
fr. c.
414 »
141 45
7.475
555 45
Semailles
en lignes de ©""ao
Parcelle n« 99
Recolte
a
I'hectare
kil.
2.610
5.485
8.095
Valeur
argent
fr. c.
391 5o
164 55
556 o5
ENGRAIS
EPENDU EN LIGNES
Semailles
en lignes de ono
ParceUe n* 100
Recolte
a
I'hectare
kil.
2.6i5
6.260
8.875
Valeur
argent
fr. c.
392 25
187 80
58o o5
Le prix d'achat de Tengrais etant de 32 fr., la valeur nette
de la production de chaeune de ces parcellesest la suivante :
523 fr. 4^ pour le n° g8 ;
624 fr. o5 pour le n^ gg ;
548 fr. o5 pour le n^ 100,
Par rapport aux parcelles uP^ 23 et 26 (tableau IX) semees
dans les m^mes^ conditions sans engrais nous trouvons que
le sulfate d'ammoniaque procure un benefice net de :
94 fr. i5 dans la parcelle n® 98;
73 fr. i5 dans la parcelle n° 99;
97 fr. i5 dans la parcelle n° 100.
Conclusion. — Uapport de 100 kilos de sulfate d'ammo-
niaque a produit les plus heureux effets sur la vegetation de
rorge. Dans les trois parcelles, les benefices resultant de son
emploi sont considerables.
Les differences que nous avons relev^es sont aussi signifi-
catives que celles obtenues dans les parcelles d'avoine grise
d'hiver, ce qui demontre :
1° Que la chaux est necessaire a nos terres pour y mobiliser
I'azote qu'elles renferment;
2** Qu il y a entre I'engrais reparti en lignes ou sur toute
la surface une difference de 24 fr. en faveur du premier mode
d'epandage; mais il y a lieu de se demander si cette difference
resterait la mSme dans leg sols moins consistants et plus
iriches en calcaire que le n6tre ?
(A suwre).
— 138 —
4liK
IQUS sur le choiz de la
irarifit^^ du bl6
Par M. P. Lavalle£» memlire tilahdre
Le choix de la variete de ble k ensemencer pr^occupe cba-»
que annee les cultivateurs soucieux d'aller de Tavant, ceux
qui savent que le progrfes agricole n'a pas dit son dernier
mot et que toujours if y a a faire en vue d'une situation
meilleure. Ds reeonnaissent volontiers que e'est la variete
qui met en relief les autres ameliorations realisees et que
de son dioix depend , en grande partie , le sucees de la cul-
ture du ble.
Si Famelioration des races de ble pouvait se faire d'une
mani^re aussi certaine et aussi rapide que celle du milieu
dans lequel elles doivent vivre, on n'aurait pas interM a
chercher ailleurs la variete a ensemencer; il suffirait de s'en
tenir a la selection des especes locales , celles-ci ^tant mieux
que toutes autres adaptees au climat sous lequel on se trouve.
Malheureusement il n'en est pas ainsi. II faut plusieurs gene-
rations successives pour modifier Tenergie vitale de la plante,
tandis qu'il suffit de labourer plus profondement, d'employer
d'avantage d'engrais pour ameliorer immediatement la puis-
sance productive du sol.
Dans cette terre plus ameublie, dans ce garde-manger
mieux garni, si Ton place un ble de pays, de tout temps
habitue a vivre de peu, il se grise, sa vegetation prend un
developpement exuberant, les cellules s'equilibrent mal,
perdent de leur resistance , les ^pis sont k peine formes que
deja le vent les a couches sur le sol : la table etait trop
abondamment garnie pour un temperament sobre comme le
sien! Pour obtenir de grands rendements, il est indispen-
sable d' avoir recours a des variet^s plus gourmandes et en
m^me temps plus robustes.
Les catalogues de nos bonnes maisons de semences , tout
en etant con^us en termes precis , sont cependant etabhs de
mani^re a donner une id^e exacte de la couleur du grain et
de la paille des varietes livrees par elles a la culture. Mais,
pour eviter les mecomptes qu'on eprouve parfois pres de la
meunerie locale lorsqu'on lui presente un grain d!e couleur
autre que celle qu'elle a Fhabitude d'acheter, nous recom-
mandons de porter plus specialement Tattention sur les
especes se rapprochant, par la couleur du grain, de Fespece
la plus estimee dans la region. II ne faut cependant pas
rejeter les varietes reellement meritantes, lors mdme que le
— 139 —
^rain serait blanc tandis que celui de Tespece locale serait
laune ou rouge; la meunerie ne fera aucune difliculte pour
r accepter en melange* avec ce dernier.
On ne saurait faire aucun rapprochement entre les bles
fournis par les bonnes maisons de semences ou les agri-
culteurs apportant tous leurs soins a Tamelioration des
varietes par eux cultivees et les soit-disant producteurs de
ble de semence dont les prospectus nous ont et^ adress^s ces
temps derniers. Les uns, a c6te d'epis demesurement grossis,
etalent un nojnbre plus ou moins grand de varietes — il j
en a qui depassent la cinquantaine — afin de donner au lecteur
Tillusion de vastes cultures dans lesguelles la selection et
Fam^lioration des principales races de ble se poursuivent
avec les soins les plus scrupuleux. Pour que rien n^y manque^
on pousse la reclame jusqu'a annoncer la presence de labo-
ratoires ou de stations agronomiques annexes de la culture.
Et, comme si tout cela n'etait pas sufiisant pour capter la
confiance des praticiens peu habitues, surtout dans notre
region, a un genre de reclame si bien ordonnee, on complete
le tout par lannonce de varietes de creations recentes, de
dernieres nouveautes devant faire merveille dans tous les
sols et sous tous les climats.
Enfin — est-ce un effet de Tentente cordiale — les uns
proclament aujourd'hui la superiority des races de bles
d'origine anglaise apres avoir reconnu experimentalement
qu'elles ne valaient pas les bonnes especes k grand rendement
creees en France depuis une vingtaine d'ann^es. La lecture
des principaux organes de la presse agricole parus en
aoM 1897, comparee aux articles publics ces jours derniers
est a cet egard des plus instructives.
II J aurait beaucoup a dire sur la mani^re et le but dans
lequel ces prospectus sont con^us ; si on voulait se livrer a
la culture de toutes les varietes de la collection annoncee,
on reconnaitrait sans peine qu'un grand nombre proviennent
d'un mSme lot et n'ont entre elles que la difference du nom
qui leur a ete donne.
Quant aux dernieres creations, il ne s'agit bien souvent
que d'esp^ces d^ja connues, rebaptisees d'un nom plus ou
moins pompeux, en vue d'attirer d^avantage sur elles Tat-
tention. On ne les livre que par petits lots et a des prix
excessivement eleves.
Ge n'est pas d'un trait de plume qu'on cree de nouvelles
races de bl^. Qu'on op^re par selection ou par hybridation,
voire mSme eu combinant ces deux m^thodes, il y a une foule
de facteurs qu'il faut bien connaitre et savoir mettre en jeu
pour arriver au r^sultat final. Seuls ceux qui se livrent r^elle-
ment a T amelioration des plantes cultivees savent ce qu'il en
coMe d'efforts, de perseverance et d'ar^ent avant d'atteindre
le but. lis connaissent aussi les d^boires et les deceptions
dont est parsemee la profession de celui qui fait m6tier de
creer de nouvelles especes de plus en plus m^ritantes.
— 140 —
Le laboratoire, quand il existe, ne doit pas Stre amenage
pour donner au visiteur attendu I'illusion de son fonctionne-
ment; mais a sa tSte doivent se trouver des hommes labo-
rieux dont les connaissances agronomiques ne sont jamais
trop ^tendues.
Quant au nombre plus ou moins grand de fermes dans
lesquelles chaque vanete est cultivee separement, afin d'evi-
ter tout melange, il ne s'agit bien souvent que de parcelles
de surface r^duite dont le nom figure comme etant la deno-
mination d'une ferme distincte. En realite, la grande majo-
rite des varietes port^es sur ces catalogues sont achetees ,
sans aucun souci de leur origine, sur les marches voisins, le
trieur devant en ^liminer les impuretes et leur donner I'appa-
rence d'une selection de longue lialeine.
Nous n'en dirons pas davantage sur ce sujet, notre but,
^n ecrivant ces lignes, etant de mettre en garde contre les
agissements dont pourraient ^tre victimes ceux de nos
lecteurs qui voudraient tenter I'essai des varietes de ble a
grand rendement. II y en a un certain nombre qui conviennent
tout particulierement au climat et aux differ ents sols de
TAnjou ; en se les procurant avec garantie d'origine, en les
cultivant et selectionnant avec soin , leurs qualites , loin de
diminuer, ne feraient que s'accentuer davantage et, par la
mdme, le produit de la culture du ble.
Avis k nos coUdgues de la Soci6t6 industrielle
et agricole d'Angers et de Maine-et-Loire
La distribution des recompenses aux laureats du Goncours
des primes culturales de 1906 aura lieu 7, rue Saint-Blaise,
le samedi 3o septembre prochain, k 2 heures precises ; cette
stance tiendra lieu de reunion mensuelle.
Le Secretaire g^n^ral,
Docteur P. Sigaud.
Le G^rant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1848-5
BULLETIN MENSUEL
DE LA
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOIE
D'ANGERS
et du departement de Maine-et-Loire
Stance du 30 septembre 1905
Pr^sidence de M. Bordeaux-Montrieux, Vice-President
Le samedi 3o septembre 1906, a 2 heures, a eu Keu, dans
la Biblioth^que de la Soci6t6 industa:'ielle et agricole d' An-
gers , 7 , rue Saint-Blaise , la reunion mensuelle consaeree k
la distribution solennelle des recompenses aux laur^ats du
■concours des primes culturales de 1905. En Tabsence de
M. le s^nateur comte de Blois, president, M. Bordeaux-
Montrieux, premier vice-president, a ouvert la stance. II a
tout d'abord donne lecture des lettres de MM. de Grand-
maison, Joseph Joflbert, Maurice Massignon, Andre Huau,
Secher, Florestan Bauge, s'excusant de ne pouvoir assister ^la
reunion. — M. le Prefet de Maine-et-Loire, absent d* Angers,
n'a pu repondre egalement a notre invitation. — M. Bor-
deaux-Montrieux etait entoure de M. Joxe, maire d* Angers,
M. Huault-Dupuy, vice-president, MM. Merlet et Bodinier,
senateurs, M. Laurent Bougere, depute, M. Paul Morain,
Srofesseur departemental dagricidture de Maine-et-Loire,
_ IM. Prosper Jamin, D' Sigaud, membres du Bureau,
MM. Prosper Bigeard, Halope, Kiehl, baron Le Guay , Prosper
Lavaliee, Vinet, Vaugouin, Grau, Lemanceau, de Lavergne,
Paul Sigaud fils, Fourmond fils, Paul Lorin, Bachelot, Blkn-
chat, marquis de Dampierre, membres de la Societe.
— 142 — -
M. Bordeaux-Montrieux prend ensuite la parole et pro-
nonce r allocution suivante :
« Messieurs,
« Notre cher President, retenu loin de nous par une indis-
position, me charge d'exprimer ses regrets de ne pouVoir,
comme il le desirait tant, adresser ses eloges aux laureats du
concours de primes culturales et — sans que je puisse le
remplacer — it me transmet Thonneur de presider cette belle
assemblee.
« Je veux de suite acquitter notre dette de reconnaissance
envers le Gouvernement et le Conseil general pour les gene-
reuses subventions qui favorisent et encouragent notre oeuvre*
Nos remerciements s'adressent egalement a la Societe des
Agriculteurs de France, ainsi qua MM. les Senateurs et a
MM. les Deputes qui nous ont donne de nombreuses me-
dailles ; a M. le Maire de la ville d' Angers ; aux represen-
tants des differents corps ^lus; aux professeurs d' agriculture
et a tous ceux qui ont bien voulu manifester par leur pre-
sence rinter^t particulier qu'ils portent a ce concours.
<( La Societe industrielle et agricole est heureuse enfin de
proclamer le devouement des membres de la Commission
des primes culturales, qui n'ont pas craint de donner — avec
une naute competence — leur temps et leurs forces au ser-
vice de r agriculture.
« Notre Secretaire general, rapporteur de la Commission,,
d^taillera savamment toutes les circonstances culturales qui
mettent en relief les exploitations xeconnues dignes d'etre
distinguees et je n'ai plus, pour ma part, en m'adressant
aux laureats du concours, qu'a leur parler brievement et en
termes generaux de la belle industrie qu'ils exercent.
<( Votre industrie , Messieurs , est peut-Stre la plus difficile
de toutes. Une partie du travail echappe a votre action et ne
depend pas de votre volonte ; c'est, comme le disait un char-
mant ecrivain, le travail silencieux des puissances de Fair
sur la motte de terre. La pluie prepare le passage de la
charrue ; le souffle du vent enl^ve le trop-plein des grandes
eaux de la veille et le tient en reserve, sous forme de vapeurs,
pour une nouvelle rosee ; la gel^e change encore la physio-
nomie du sol et exerce par la terre du froid une action
mecanique dont les effets sont necessaires et prevus; la
nature, qui semble morte pendant de longs mois, se reveille
et se ranime aux rayons du soleil pour entrer, aprfes un
sommeil reparateur, dans une nouvelle phase de vie et de
mouvement.
« Mais, soumis que vous ^tes aux caprices de ces forces
naturelles, vous vivez avec les incertitudes de chaque jour,
et vous ne pouvez vous en affranchir en partie qu'k force de
r^fltexion, de pr6voyance, d'intelligence et de travail. G'est la
secheresse, nouvelle plaie d'Egypte, qui menace de detruire
— 143 —
line r^colte depuis longtemps pr^paree ; c'est le froid qui
recule le printemps ou les elements de Tair qui le rendent si
prodigue de rosee qu'un second deluge engloutit nos espe-
rances.
« Le bon agriculteur a tout prevu et, comme il a aide la
nature en quittant les sentiers de la routine pour entrer reso-
lument dans la voie large du progr^s, la nature lui est bonne
en retour et une partie du mal est reparee par Thabile 6co-
nomie de ses cultures.
« Si Ton considere Televage des animaux, les m^mes diifi-
cultes subsistent ; mais elles peuvent Stre Taincues aussi par
des qualites d' observation et d'esprit de suite dans le choix
des reproducteurs et dans la selection des sujets.
« S'il est difficile , Messieurs , d'etre un bon agriculteur, il
€st , en particulier, difficile de le devenir , quand on exploite
seul. Aussi nos eloges ne seront pas marchandes aux fermiers
k prix d'argent et aux propri^taires cultivant par leurs mains,
qui doivent a leur initiative de realiser les progr^s agricoles.
« Mais tout le monde n'a pas le moyen de payer sa gloire ;
la culture des champs , pour Stre bien conduite , coilte cher,
et nos eloges seront les mSmes pour ceux qui exploitent k
moitie fruits et qui comprennent tons les avantages qu'ils
retirent d'une association avec le proprietaire du sol.
« Par Texcellente pratique du metayage, le cultivateur est
mieux prepare a recevoir les id^es nouvelles, qui ne sont pas
des id^es de fantaisie mais des idees de science; dans le
metayage , le capital d' exploitation est assure et la forme du
Fouvernement est merveilleusement trouv^e pour diriger
intelligence et le travail sans froisser ce sentiment tr^s
€onnu a independance et d'egalite qui caracterise notre temps
et qui, du reste, bien compris, en constitue Thonneur. Pour
Taction commune , chacun pent apporter son experience et,
le proprietaire gardant la part n^cessaire d'influence et d'au-
torite qui lui est due , on voit regner la confiance et I'accord
dans une association libre.
« A c6te de ces deux modes d*exploiter la terre , il en est
un troisi^me. Nos maltres dans la science agricole ne s'at-
tardent pas a leurs laboratoires ou a leurs salles de confe-
rence ; ils ont a coeur de nous montrer les resultats pratiques
de leur enseignement et la Society industrielle et agricole
est heureuse de voir figurer au concours deux professeurs
d' agriculture , ingenieurs-agronomes distingues qui, par la
haute direction qu'ils ont voulu donner a des exploitations
modeles, rendent aux cultivateurs de si brillants services.
« La culture maraichere et celle des porte^raines ont eu
aussi leurs dignes representants et, apr^s avoir ainsi pass^
en revue (sans oublier personne, je pense) tons ceux qui
donnent leur vie a la terre, en dirigeant des exploitations
rurales, nous devons nos compliments k leurs coUaborateurs,
a ces serviteurs agricoles dont la conduite exemplaire, le
— 144 —
zele ininterrompu et le travail opini&tre dans la m^me ferme,
pendant de loneues ann^es , sont d'un puissant secours pouir
la reussite de 1 entreprise.
« Nous parlerons enfin du concours special reserve a Mes-
sieurs les instituteurs et nous rappellerons que c'est en 1897,
a rinitiative de notre tr^s distingue President, dont nous:
d^plorons Fabsence en ee moment, que nous devons cette
excellente institution.
« Pour lui, comme il le disait au Senat, Tenseignement
agrieole doit 6tre donn6 d'abord dans les ecoles normales par
le professeur d' agriculture ; puis, Tinstituteur ainsi form^
apportera dans les ecoles primaires un enseignement theo-
rique et pratique tres sufBsant, quand il pourra joindre a la
leQon orale la demonstration sur un petit champ d'experience
cre^ a cdte de son jardin.
« Si Ton veut, en effet, poursuivre le progres agrieole, il
faut y preparer les enfants, ouvrir leur esprit a I'id^e des
methodes nouvelles , et c'est ce que comprennent Messieurs^
les instituteurs en prenant part au concours. lis ont droit a
nos remerciements.
« ]M. le Rapporteur de la Commission va prendre la parole
pour distribuer en detail les 61oges qui sont dus a chacun ;
ma part est assez belle d'avoir eu rhonneur de louer en
quelques mots le travail de la terre. Ceux qui le pratiquent
avec intelligence ne sauvegardent pas seulement leurs propres^
int^rSts, ils remplissent en m^me temps un r6le social. lis
entretiennent et augmentent la richesse du pays et, en hono-
rant la vie rurale au lieu de la deserter, ils apportent au
fonds commun de la society quelque beaute morale qui con-
sole de tant d' existences mediocres, egoistes et inutiles.
« Sans oublier les autres travailleurs qui, par leur labeur,.
exercent aussi une vertu, c^l^brons cette fois, en particulier,
les hommes des champs. Suivant la belle expression d'utt
academicien et d'un po^te , ils donnent depuis des siecles k
la France « le pain qui la nourrit et les soldats qui meurent
pour elle ! »
Apres I'allocution tr^s applaudie de M. Bordeaux-Mon-r
trieux, M. le D' Sigaud donne lecture de son rapport sur le
concours des primes culturales de 1906 :
— 145^—
Rapport
de la Commission des Primes culturales
sur le Concours de 1905
Pr^sente par M. le D'^ Sigaud, secretaire general
En 1906 , le Concours des Primes culturales a eu lieu dans
les arrondissements d' Angers et de Segr^, moins les cantons
de Thouarce et de Chalonnes. La Commission du Jury ^tait
composee de :
M. Maurice Massignon, ingenieur-agronome de I'lnstitut
agronomique, president;
M. le professeur Lavallee, ingenieur-agronome de I'lnstitut
agronomique, directeur de la ferme experimentale d'Avrille,
directeur de FEcole superieure d' Agriculture d' Angers ;
M. le professeur B^con, de Saumur, ingenieur-a^onome
de rinstitut agronomique, rempla^ant M. Paul Morain, pro-
fesseur departemental d'agriculture de Maine-et-Loire ;
M. le D' Sigaud, secretaire general de la Societe indus-
trielle et agricole d' Angers, charg6 de presenter aujourd'hui
le rapport sur le Concours.
Nous avons le devoir tout d'abord d'exprimer toute notre
gratitude a ceux qui nous ont offert si cordialement I'hospi-
talite ; leur charmant accueil sera pour nous un des meilleurs
souvenirs de notre voyage.
Nous tenons aussi a remercier les Cornices a^icoles de
nous avoir adresse des candidats recrutes parmi Telite des
agriculteurs de leurs cantons respectifs. lis n'avaient, il est
vrai, que Tembarras du choix dans ces arrondissements pri-
vilegies ou la fertilite du sol recompense si genereusement
celui qui veut et sait le travaiUer.
Aussi , sommes-nous heureux de proclamer hautement ici ,
en presence des laureats , avec quel interSt et quelle satisfac-
tion nous avons visite la plupart des fermes et surtout ces
superbes metairies cultivees avec tant de goftt et de soin et
qui font honneur aussi bien aux proprietaires qu'aux fermiers.
Les uns et les autres ont, en effet, droit a nos ^loges, car,
si les premiers se sont en general impose de reels sacrifices
et ont donn^ le plus souvent tine direction intelligente , les
seconds ont su tirer parti des ressources qui leur ^taient
confiees et mettre k profit les sages et utiles conseils qui leur
^taient prodigues.
~ 146 —
A tons les laureats nous devrions distribuer des ^loges
personnels, tous en sont reellement dignes ; mais nous serons
sobres de compliments ; nous voulons respecter la modestie
de chacun, desirant 6viter aussi de faire naitre, bien invo-
lontairement sans doute , certains froissements ou certaines
susceptibifites.
Notre visite dans les fermes ou exploitations des arrondis-
sements d' Angers et de Segre nous a permis de faire de
nombreuses observations qui, nous osons Tesperer, pourront
interesser les cultivateurs ae cette region. Afin d'etre metho-
dique, nous passerons en revue I'une apres Tatitre toutes les
questions soumises a Texamen du Jury, en signalant au pas-
sage les choses interessantes que nous avons vues et notees.
De l'61evage — En premier lieu nous traiterons la
question de Televage. L'espece bovine est representee dans
les fermes que nous avons visitees par des animaux appar-
tenant :
1° A la race durham pure;
2° A des croisements durham-manceaux ;
3° A la race normande ;
4° A la race charolaise pure ;
5° A des croisements durham-manceaux-charolais.
Les durham purs forment I'ensemble des etables du
domaine de Grandines-Avaze (commune de Cheffes) , dirige
habilement par M. le professeur departemental d' Agriculture
de Maine-et-Loire , M. Paul Morain. Les etables contiennent
soixante-dix betes a cornes, en majorite de race durham
pure ; on y rencontre de fort beaux sujets males et femelles
qui sont I'objet de selection continuelle. Dans cette belle
exploitation de 85 hectares le but recherche exclusivement
est I'elevage. Chaque annee on conserve une partie des el^ves
qui semblent avoir le plus d'avenir; les autres sont vendus
aux fermiers de la region et contribuent a modifier d'une
fagon avantageuse leur troupeau. Dans les etables du Bourg-
d'lre appartenant a notre distingue president, M. k senateur
Comte de Blois, de tres beaux sujets durham pur, judi-
cieusement choisis, ont ^te conserves en vue d'ameliorer les
animaux de croisements durham-manceaux qui peuplent
aujourd'hui les etables des fermes du domaine et en parti-
culier de la belle metairie du Buron qui a pris part au
Concours. Les cultivateurs ne sauraient avoir trop de recon-
naissance pour les grands proprietaires-eleveurs de notre
region s'imposant parfois de reels sacrifices pour chercher a
perfectionner Tespece bovine de leur contree. On sait, en efifet,
qu'aujourd'hui T^evage du durham pur est loin de rapporter
les b^n^fices d'autrefois ; nous ne sommes plus a Tepoque od
nos meilleurs reproducteurs etaient achetes a prix d'or par
des eleveurs de 1 Amerique du Sud, qui venaient enlever nos
plus beaux animaux de concours ou choisissaient eux-mSmes
— 147 —
dans nos Stables renommees les sujets d'elite. Le durham est
eleve maintenant en vue d*ameliorer les animaux de race
durham-mancelle, qui sont preferes aujourd'hui par la plupart
des fermiers de TAnjou et recherehes lout partieulierement
par les herbagers et par la boucherie. Ces animaux sont, au
reste, parfaitement acclimates dans notre region oil, grace a
des selections et de temps a autre a une infusion de sang
durham, ils donnent des resultats tres satisfaisants.
En dehors des animaux de race durham pure et de croise*^
mentsr durham-manceaux , nous avons pu admirer dans plu-
sieurs exploitations agricoles ou dans des fermes des animaux
de race normande, acnetes dans les meilleurs centres d'elevage
de la Normandie (a Carentan dans la Manche , par exemple)
et entretenus pour la production du lait.
Les vaches normandes sont, en eftet, des laitieres de
Sremier ordre et ceux qui, par Icur habitation au voisinage
es villes , ont la possibilite , sans trop de frais de deplace-
ment ou de transport, de se livrer k la vente du lait, ont tout
avantage a se procurer de preference des vaches normandes
permettant, avec une alimentation appropriee et abondante,
de realiser des benefices fort appreciables. Nous avons tous
admire la superbe vacherie de TIsle-Briantou, dans un vaste
b&timent construit avec tout le confort desirable au point de
vue de Thygiene, sont installees cinquante vaches normandes,
dont trente-deux actuellement sont en production et donnent
apres le velage en moyenne de seize a dix-huit litres de lait
par jour. Plusieurs magnifiques taureaux normands d'^ge
different completent ce troupeau. A TIsle-Briant on ne fait
point d'elevage ; toutefois les veaux femelles sont actuelle-
ment vendus a huit jours et places , quand ce sont de beaux
sujets, dans les fermes de la region pour etre rachetes k
I'avenir a 2 ans et demi ou 3 ans quand ils seront devenus
des g^nisses de belle apparence. Dans plusieurs autres
fermes oil la production laitiere est surtout recherchee , soit
pour le lait, soit pour le beurre, nous avons rencontre egale-
ment de beaux modules de vaches normandes ; nous citerons
la ferme experimentale d'Avrille et la ferme de la Plesse
d'Ecouflant, exploitations agricoles tres remarquees par la
Commission.
Mais notre attention a surtout ete attiree sur deux grandes
metairies, Tune et Tautre habilement dirigees et dans les-
quelles des elevages differents donnent d'excellents resul-
tats.
Dans la premiere , les animaux de Tespece bovine appar-
tiennent tous a des croisements durham-manceaux selec-
tionnes d'une fa^on methodique et rigoureuse; de temps a
autre on leur infuse du sang durham pur par Fintermediaire
des taureaux d'une etable voisine. Les resultats financiers sont
exeellents et superieurs incontestablement k ceux que semble
devoir procurer actuellement I'elevage des durham pur.
— 148 —
Dans la seconde metairie, le choix des animaux de Tespece
bovine a ete ^galement Tobjet d'une etude s^rieuse de la
part du proprietaire. Tout d'abord les etables contenaient
des charolais-nivernais exelusivement ; mais, apres plusieurs
annees d' observation, on fit choix devachesdurham-mancelles
aehet6es parmi les meilleures des et;ibles voisines et comme
reproducteurs males de taureaux eharolais absolument purs
Aleves sur le domaine ou achet^s dans le Nivernais (nous
avons pu admirer entre autres un superbe taureau , premier
prix dans un concours de Nevers et achete i .400 fr. k Fage
de 8 mois). Avec le croisement eharolais on arrive k donner
aux produits obtenus un plus grand developpement des
regions museulaires le plus appreci^ de la boucherie. Nous
avons pu voir aux metairies de la Chaussee et de la Rainaie,
de Loir^, des sujets aux formes irr^prochables et nous
savons, d'autre part, que ces animaux sont recherches aujour-
d'hui par les connaisseurs, qui les aehetent direetement dans
les etables, sans qu'il soit besoin le plus souvent de les eon-
duire aux foires du pays.
Mais la comparaison de ces deux elevages diifferents nous
permet de faire observer que si , dans la premiere metairie ,
les animaux peuvent tous, a la rigueur, Stre choisis et eleves
dans les etables de la ferme, aussi bien les m^les que les
femelles, il ne saurait en ^tre de mSme dans la seconde oh.
Televage ne donne pas d' animaux pouvant Stre conserves
par la suite; ce sont des croisements durham-manceaux-
charolais qui, apres deux ou trois generations tout au plus,
ressembleraient presque completement a des eharolais purs ;
d'un autre cdte, les vaches durham-mancelles ne peuvent
Stre elevees dans la metairie et doivent Stre achetees dans
des etables de la contree pour remplacer les vaches hors
d'age. Si ce mode d'elevage venait k se generaliser dans les
fermes du pays , les vaches durham-mancelles deviendraient
par suite de plus en plus rares et finiraient par disparaitre.
Pour cette raison seule , nous lui preferons I'elevage des
animaux de croisenlents durham-manceaux. Cette divergence
de vue n'aurait plus sa raison d'etre s*il etait demontre que
les eharolais purs peuvent aussi bien se developper sous notre
climat et dans nos p&turages que les animaux de notre vieille
race angevine, ce qui n'est pas encore prouve.
Si , dans la plupart des fermes du Concours , les animaux
de I'espfece bovine sont, en general, Tobjet des soins les plus
attentifs de la part des fermiers, nous reprocherons a plu-
sieurs leur choix comme reproducteurs m^les de taureaux
quelconques, de conformation et de constitution laissant
beaucoup k desirer. On a trop tendance a conserver systema-
tiquement de jeunes taureaux eleves dans la ferme parce
qu'on ne veut point s'imposer un sacrifice d'argent pour en
acheter de meilleurs dans les etables renommees. C'st un
tr^s mauvais calcul dont les consequences peuvent Stre
graves pour Favenir de Fetable.
— 149 —
Nous ajouterons que la selection des reproducteurs femelles
est plus importante encore que celle des taureaux ; tous les
eleveurs ne doivent pas ignorer, en effet, qu'avee une vache
de bonne constitution et bien conformee on a de grandes
chances d'obtenir des produits satisfaisants quand bien meme
le taureau laisserait a desirer, tandis qu'avec une vache mal
conformee ou chetive on ne saurait avoir de bohs produits ,
le taureau fClt-il parfait.
De r^levage du cheval. — Malgre ces observations,
nous sommes heureux de dire que dans les fermes T ensemble
des animaux de Tespece bovine noiis a paru en voie d' ame-
lioration tres accentuee. On ne saurait donner la m§me note
aux animaux de Tesp^ce chevaline. Une des causes princi-
pales de cette inferiorite est, sans nul doute, le peu de soin
apporte au choix des juments poulinieres. Une autre cause
est la fa^on desordonnee des croisements et Tignorance des
lois physiques et zootechniques qui ont une influence marquee
sur le developpement des produits.
Combien de fermiers se livrent a I'elevage du cheval sans
se preoccuper de la nature de leur sol et, par suite, de la
vafeur nutritive des fourrages recolt^s, des conditions hygi6-
niques de leurs ecuries , des ressources alimentaires de leur
ferme , du climat et de I'altitude ou elle est etablie ?
Nous avons constate qu'on avait tendance dans les fermes
a abandonner de plus en plus I'elevage du cheval demi-sang,
qui demande, pour reussir, de serieuses connaissances
zootechniques et exige de tres grands soins , pour se livrer a
I'elevage du cheval de trait leger, dont la production est celle
qui donne le moins d'alea et qui convient le mieux au petit
eleveur. Un cheval de cette esp^ce a-t-il une tare quelconque,
il pent Stre quand m^me utilis^ ou vendu dans le commerce.
Pour reussir dans cet ^levage, il suffit d' avoir des poulinieres
bien conformees et de choisir un etalon de mSme race dont
la conformation s'allie bien a celle de la mere et puisse
corriger les d^fauts qu'elle pent avoir. Le secret du succes
de Televage consiste k savoir toujours unir des reproducteurs
bien en harmonic. Nous avons entendu des fermiers critiquer
les resultats obtenus avec les ^talons de TEtat ! Si les ^talons
rouleurs ont plus de succes , cela semble tenir a ce que , se
deplacant pour aller de ferme en ferme , ils operent le plus
souvent au moment opportun. On a tendance, de plus en
plus, a rechercher les croisements avec les percherons ou les
chevaux bretons-percherons ; les poulains obtenus sont plus
faciles a Clever et d'une vente meilleure. II nous semble,
malgre Tavis contraire de FAdministratibn des haras, que
les herbages des arrondissements d' Anders et de Segre sont
sutiisamment riches pour permettre Feievage du percheron.
Au reste , dans le Perche , les eleveurs savent fort bien que ,
pour obtenir d'excellents animaux bien conformes et de
\
— 150 —
constitution robuste, les p^Lturages seuls sont insuffisants.
Les poulains percherons ont une ration journali^re d'avoine
proportionnee a leur age, tandis qu'il est d'usage dans notre
contree de ne jamais donner d'avoine au poulain tant qu'il
n a pas atteint I'age ou Ton commence a le laire travailler. ^
De I'^levage du pore. — En dehors des bovid^s et des
chevaux , qui sont les animaux d'elevage les plus importants
de la ferme , il est une source de revenus parlois tres impor-
tante; nous voulons parler de Felevage des pores.
Le pore entre non^seulement pour une grande part aujour-
d'hui dans I'alimentation des haoitants de la ferme, mais son
elevage est tres remunerateur en general , soit qu'on vende
les porcelets , soit qu'on les garde plus longtemps pour les
livrer au commerce comme courards ou m^me comme ani-
maux gras. La plupart des pores eleves dans les fermes des
arrondisseraents d' Angers et de Segre appartiennent a la
race craonnaise pure, a des croisements craonnais ou a la
variete connue sous le nom de pores de Longue. Ces especes
donnent de bons resultats et sont de vente facile dans nos
foires et marches. Dans un domaine nous avons vu quelques
specimens appartenant a la race anglaise berkshire, animaux
remarquables par leur rapidite d'engraissement.
L'elevage des pores dans nos fermes est reserve a la fer-
mi^re. Nous signalerons un mode d' encouragement tres
ingenieux du a 1 un de nos plus distingues collegues qui, dans
son magnifique domaine , pour stimuler ses metayeres et les
encourager a elever un grand nombre de pores , leur offre
une prime en argent de lo o/o sur la vente totale lorsque
celle-ci depasse 800 fr. et cela jusqu'a i.ooo fr. Au-dessus de
1. 000 fr. , la m^tayere touche une prime de 20 0/0 sur Texce-
dent. Gette heureuse innovation empruntee a certaines
industries n'a pas tard^ a porter ses fruits, d'autant plus que
cette prime est le benefice propre de la fermi^re, qui est auto-
risee a I'employer comme bon lui semble , sans la verser dans
la bourse commune.
Dans une comptabilite , qui est le module du genre , nous
avons trouve note avec precision le revenu de 3 truies :
La i^® a rapporte exactement en 2 ans .... 566 fr. 5o.
La 2<* — — en 2 ans et 4 mois. 635 fr. 70.
La 3® — — en 3 ans 664 fr.
Nous ferons une observation concernant I'hygi^ne des
pores.
Le pore n'est point ennemi de la propret^ ; s'il se vautre
parfois dans le fumier ou dans la boue , cela tient tout sim-
plement a ce qu'on neglige de changer sa litiere ou de renou-
veler souvent son eau; dans les porcheries bien comprises
on a soin de reserver un espace ou cour dans laquelle les
pores peuvent prendre Fair et se promener et oh on a installs
un bassin plem d'eau souvent renouvel6e et dans laquelle
/
— 151 —
les animaux se baignent a volonte , surtout pendant les cha-
leurs de Fete auxquelles le pore est tres sensible.
De l'61evage du mouton. — A cote de Televage du
pore nous trouvons dans quelques fermes Felevage du mou-
ton , mais cet elevage a generalement tres peu d'importance ;
3 ou 4 brebis , 6 ou 7 agneaux et parfois un belier , 'consti-
tuent le troupeau de la bergerie de la plupart des fermes du
concours. La production de la laine est surtout I'objectif du
lermier plus que la vente des moutons. II nous semble qu'on
aurait tort de negliger completement cet elevage dans les
fermes ; le mouton est un animal tres sobre qui trouve a
vivre dans les patures deja paccagees par les betes a cornes
et se contente I'hiver d'un peu de foin pour vivre.
De la basse-cour. — Nous arrivons a parler de la basse-
eour et des animaux qu'on y rencontre le plus communement
dans les fermes.
Notre attention a surtout porte sur I'elevage des volailles
et particulierement des poules , apres avoir profile des obser-
vations tres interessantes relatees dans un travail du a Fun
de nos aviculteurs les plus instruits , M. le marquis de Dam-
pierre.
Notre distingue collegue nous a signale I'^tat d'lnf^riorite
dans lequel nous sommes en Maine-et-Loire par rapport a
nos voisins de la Loire-Inferieure, par exemple. Dans nos
fermes on eleve des poules quelconques sans se pr^occuper
de leur choix ; aussi les poulets sont-ils vendus sur nos mar-
ches a des prix relativement peu eleves et par suite peu
remunerateurs. Pour avoir de bonnes volailles il faut tout
d'abord bien les nourrir. Les especes que Ton eleve dans
nos fermes sont tres rustiques et habituees a cherclier leur
nourriture comme elles peuvent. L' elevage des volailles doit
etre compris tout autrement pour ^tre fructueux. Si Ton
recherche la production des oeufs de preference, on choisira
des varietes reputees bonnes pondeuses , en tete desquelles
se trouve une poule russe designee sous le nom de Poltaw^a.
Si au contraire , on eleve des volailles en vue de la vente des
poulets, il faut peupler sa basse-cour d'especes precoces
susceptibles d'obtenir un developpement suffisant, pour la
vente, dans quelques mois. Les FaveroUes, les Dorkings
entre autres sont de ce nombre et leur chair est tres appr^ciee.
Dans la Loire-Inferieure, dit M. le marquis de Dampierre,
il n'est pas rare de trouver des fermes de 20 hectares (a
Saint-Philbert-de-Grandlieu par exemple), oil le produit de
I'elevage des poulets se monte a 900 francs et plus par an. ^
Le lait et la farine d'orge sont la base de Talimentation des
poulets et cela , il est vrai , au detriment de Televage du pore
qui ne convient et ne reussit pas partout.
En dehors des poules, on eleve encore dans les fermes des
— 152 —
canards et des oies, celles-ci appr^ciees surtout a cause de
rexcellent duvet qu'elles fournissent.
En resume, Televage des volailles et surtout des poules
dans les fermes a besoin d'etre amelior^ ; bien compris il
pourrait rapporter sans grand embarras des benefices fort
appreciables.
De la laiterie. — Nous arrivons maintenant a parler de
la laiterie.
En general les laiteri^s des fermes sont tenues avec une
tr^s grande proprete, exposees au Nord, suffisamment
agrees et fraiches. L'ecremeuse centrifuge est d'un usage
courant, mais le malaxeur est un instrument encore peu
repandu et pourtant cet instrument est presque indispen-
sable pour fabriquer du beurre de bonne conservation.
Nous citerons comme un module du genre la laiterie de
risle Briant, amenagee industriellement et oil le lait peut
Stre pasteurise avant de le livrer a la vente ; Ik rien n'a et^
6pargne pour arriver a livrer au consommateur d'excellent
lait dans les meilleures conditions de purete et de conserva-
tion. Nous n oublierons pas non plus de signaler la laiterie
de la ferme experimentale d'Avrille, oii la transformation
du lait en beurre donne les meilleurs resultats et est faite
avec les plus grands soins. La fabrication du beurre demande
aujourd nui beaucoup d' attention ; si Ton vent faire de Tex-
portation, il ne faut plus compter seulement avec nos voisins
de la Bretagne et de la Normandie ; nous avons maintenant
comme concurrents serieux les producteurs de la Suisse, du
Danemark et de la Hollande , qui ont tendance a accaparer
le marche anglais a not re detriment.
Nous devons done de plus en plus nous appliquer a per-
fectionner la fabrication du beurre, si nous voulons lutter
avantageuscment avec nos concurrents des pays etrangers.
Des engrais. — Nous aborderons maintenant une ques-
tion de la plus haute importance dans la ferme et qui a et^
I'objet d'une ^tude tres minutieuse de la part de la Commis-
sion du Jury; nous voulons parler des engrais.
Les fumiers de ferme sont generalement produits en quan-
tite suffisante, les soins qu on y apporte sont leplus souvent
satisfaisants , les fosses a purin existent dans la plupart des
fermes, inais nous avons remarque la negligence des fer-
miers a employer les fumiers a Fepoque voulue ; en 6te les
fumiers devraient ^tre reduits k une quantity tres minime ;
les plantes sarclees auraient dii a cette epoque recevoir tout
le fumier disponible. En et^ le fumier se deteriore malgre
les frequents arrosages avec le purin; il y a toujours une
fermentation excessive amenant un degagement de carbonate
d'ammoniaque. Dans une metairie tres bien tenue nous
avons vu le fumier reconvert de temps a autre d'une concha
de terre empSchant T^vaporation.
— 153 —
Mais , si presque partdut les fumiers sont entretenus avec
soin et produits en quantity sufQsante , Temploi des engrais
complementaires laisse encore beaucoup a desirer; toutefois
il serait injuste de ne pas signaler plusieurs belles m^tairies
ou fermes du Concours ou 1 emploi m^thodique des engrais
chimiques se fait d'une fagon judicieuse et intelligente.
Nous ne saurions trop recommander aux hesitants de faire
dans leurs champs, sur eertaines parties bien d^limit^es, des
•essais comparatifs avec les engrais chimiques les plus usites ;
les autres parties n'ayant regu que des engrais ordinaires
serviraient de temoins. Les r^sultats obtenus avec les engrais
mineraux tiennent a leur purete , au mode d' emploi et par-
fois malheureusement a la temperature. Dans les ann^es de
secheresse les engrais phosphates sont d'un effet presque nul
sur les bles et ne sont assimiles au sol qu'appes la recolte.
A propos de la purete des engi^ais, nous croyons devoir
signaler les deductions faites de deux analyses d'un mSme
engrais preleve par MM. les Membres de la Commission
dans deux fermes differentes. Dans un cas le prix de vente
de cet engrais correspondait sensiblement a sa teneur en
elements fertilisants, tandis que dans Tautre il etait paye
deux fois sa valeur, ce qui laisse supposer que le vendeur
savait mettre a profit la plus ou moins grande confiance de
ses acheteurs.
Nous n'insisterons pas davantage sur ce point , mais nous
ne saurions trop engager les cultivateurs k recourir aux syn-
dicats pour Tachat de leurs matieres fertilisantes ; la ils
seront certains de ne pas Stre dupes.
Ceux qui font de la culture en suivant une methode scien-
tifique parfaite n'emploient pas seulement les superphos-
phates et les scories, mais les autres engrais chimiques
n^cessaires aux plantes, tels que les sels de potasse (sulfate de
potasse et chlorure de potassium). Le nitrate de sonde
comme engrais azote n'est pas encore d'un usage tr^s repandu,
en raison de son prix eleve et parce qu'il ne donne pas tou-
jours les resultats attendus ; cependant il est partois fort
utile et tres precieux. L'usage de la chaux comme amende-
ment existe encore dans la plupart des fermes, mais il n'y a
plus Tengouenient d' autrefois.
II y a quelques annees , on abusait de la chaux , dont les
effets rapides sur la nitrification avaient amene un appau-
vrissement progressif du sol. Les chaulages bien compris
Solvent 6tre faits k la dose de 3o a 4^ hectolitres a Thectare
et r^p^t^s tons les 4 ou 6 ans sur le mSme sol. L'emploi de la
chaux ne doit pas dispenser de fumer les terres sur lesquelles
on la repand. Dans notre contree la chaux est melangee , en
g^n^ral, avec des terres de fosse et remuee k plusieurs
reprises ; elle forme ainsi un compost qu'on melange a la terre
au moyen d'un hersage energique , cette incorporation au sol
ayant 6X6 pr^cedee toutefois d'un labour profond.
— 154 —
Outillage agricole. — Apr^s Texamen de la question
des engrais, nous abordons eelle de I'outillage agricole
employe (Jans les fermes. De ce cdte, noiis sommes heureux
de constater une amelioration notable. La difficult^ toujours
eroissante de trouver des serviteurs agricoles a determine
les fermiers a perfectionner leur outillage pour diminuer la
main-d'oeuvre et gagner du temps. C'est airisi que dans la
plupart des fermes on trouve des charrues Brabant doubles y
des semoirs, des faiicheuses, des rateaux-faneuses et m^me^
parfois, des moissonneuses-lieuses. Un instrument que nous
voudrions voir employe couramment est le scarificateur, tres
preeieux instrument dans les terres compactes et diffieiles a
travailler. Les rouleaux en pierre ou en lonte , les hones , les
berses de diverses formes completent generalement Foutillage
agricole des ferqaes.
Assolement. — Une question tres importante encore dans
la culture de la ferme est celle ayant trait an regime de
Tassolement. En general, on a cherche a trouver un assole-
ment regulier et methodique donnant les meilleurs resultats
possibles an point de vue des r^coltes. Pour obtenir un
assolement capable de conserver au sol pendant de longues
annees son etat de fertilite et de proprete convenable , tout
en obtenant des recoltes satisfaisantes , il faut suivre des
regies dont la principale consiste a faire succeder une plante
qui prend au sol certains Elements a une plante exigeant des
^^ments differents et une plante nettoyante a une plante
salissante.
Nous citerons comme exemple un assolement tres rationnel
adopte et suivi rigoureusement dans les metairies du domaine
de Hoche-d'Ir^, de Loire. La premiere sole comprend la cul-
ture de plantes sarclees (pommes de terre, betteraves, choux)
qu'on pent nettoyer facilement au fur et a mesure de leur
developpement. Toutes ces plantes re^oivent une forte
fumure au fumier de ferme, qui se decomposera pen a peu
dans le sol et le laissera dans de bonnes conditions pour
recevoir Tannic suivante des cer^ales.
La deulieme sole comprend des cereales de printemps
telles que I'orge ou I'avoine de printemps.
La troisieme sole comprend des plantes legumineuses :
La quatrieme sole comprend du ble. Le ble est reparti en
deux champs : dans le premier qui a regu Sa hectolitres de
chaux a Thectare , on a sem6 de Ja minette ; dans le second
qui sera dechausse aussitot apres la recolte pour recevoir
des plantes sarclees , on a employe 64 hectolitres de chaux a
rhectare. Les deux champs ont requ prealablement 3o.ooo kil.
de fumier et 4oo kil. de superphosphates a Thectare , enfouis
par un labour leger.
La cinquieme sole comprend de la minette.
La sixieme sole du ble.
— 155 —
Dans une autre metairie, cultivee egalement avec beaucoup
d'intelligence , on emploie Fassolement suivant qui nous
semble une modification avantageuse du precedent :
La premiere ann6e : plantes sarclees, enoux.
La deuxieme annee : pommes de terre, betteraves.
La troisieme annee : ble.
La quatrieme annee : trifle ou minette.
La cinquieme annee : ble.
Dans cet assolement il y Ji deux bles dans cinq ans au lieu
de six ans.
Nous pensons que dans les terres de bonne fertilite, sou-
mises au regime de la culture intensive, Fassolement suivant
donnerait d excellents resultats :
Premiere sole : choux.
«
Deuxieme sole : cer^ales de printempa.
Troisieme sole : trefle.
Quatrieme sole : bl^.
Cinquieme sole : betteraves, pommes de terre, ma'is.
Sixieme sole : bl^ suivi d'une culture derobee de plantes
fouiTageres (minette ouvescesd'hiver, avoihes d'hiver, etc.).
Dans la plupaii; des fermes on emploie Fassolement biennal
et surtout Fassolement triennal.
Dans ce" dernier, la premiere annee forte fumure et plantes
sarclees (pommes de terre, betteraves, etc.).
Deuxieme annee, cereales d'hiver, principalement bl^.
Troisieme annee , fourrages verts en melange : vesces ,
jarrosse, seigle, avoine, orge ou l^gumineuses (trefle ou
minette).
On recommence la rotation en donnant toujours une forte
fumure qui dure les trois ans. On pent neanmoins fumer
Egalement les fourrages verts et semer les cereales d'hiver
apres avoir retourne la terre.
Labours. — Le regime d'assolement nous amene k
examiner comment sont pratiques les labours. La vulgarisa-
tion de la charrue Brabant double a gen^ralis^ Fusage des
lab6urs k plat. Les resultats de ce mode de labour sont excel-
lents, a la condition de drainer prealablement les terrains
humides ; gr^ce a cette precaution , le labour a plat pent etre
employ^ dans toutes les terres. Toutefois, nous avons vu
plusieurs fermes , non des meilleures , ou le labour en sillon
etait encore conserve. Les labours sont des travaux pr^li-
minaires de toutes les cultures, mais leur importance est
surtout tres grande pour la cultut»e des cereales qui , avec
F^levage, joue un rdle preponderant dans les fermes des
aiTondissements d' Angers et de Segr6.
Du bl6. — La principale cer6ale cultivee, celle <jui est sus-
ceptible de donner les meillcurs resultats financiers, est le
ble.
— 156 —
Tous les bles que nous avons vus avant le cyclone du
4 juillet etaient trfes beaux et promettaient une excellente
reeolte; apr^s Fouragan tous etaient versus, mais, la maturity
^tant tres avanc6e, il y avait lieu d'esperer neanmoins, surtout
pour les bl^s ayant re^u des superpnosphates, un rendement
en grains satis^aisant. Ces jours-ci, on nous a communique
les resultats obtenus dans aeux metairies ayant pris part au
Concours et faisant partie du domaine de Roche-d*Ire ; dan&
Tune , le rendement a atteint 35 hectolitres a Thectare , dars
Tautre 35 hectolitres et demi.
Pour obtenir de bons bles et des rendements Aleves, il faut
fumer copieusement les plantes sarclees qui precedent et les
entretenir avec soin ; de cette fa^on la terre est sufQsamment
ameublie, bien pourvue en yieux engrais et exempte d«
mauvaises herbes. C'est sur be point qu'insiste M. le pro-
fesseur Lavallee dans une tr^s interessante petite brochure
sur les c6reales d'automne, ou sont resumees les Etudes
qu'il a pubhees sur ce sujet dans les divers organes de la
presse agricole. La fertilite du sol, avec Femploi du fumier
seul, m^me a forte dose, est incomplete, le fumier se decom-
pose lentement et pent fournir, a un moment donne, trop
d' azote, la verse est alors a craindre, tantdt, au contraire, U
n'en fournit pas assez. Les engrais mineraux permettent de
concilier les choses. Les engrais phosphates activent la ger-
mination et la lev^e du ble , ainsi que le developpement des
racines ; au printemps le depart de la vegetation est plus
rapide , le tallage plus abondant ; en ajoutant k cette epoque
une certaine dose de nitrate de sonde ou de sulfate d'ammo-
niaque, c'est-k-dire Fazote necessaire, la vegetation part
avec un ensemble parfait , les maladies cryptogamiques sont
moins a redouter, les tiges bien constituees prennent une
rigidite qui leur permet de lutter avantageusement contre la
verse. La potasse a aussi une influence importante sur le
bl^; Tanalyse du sol, contrdlee par les plantes elles-mSmes,
donnera a ce sujet des indications precieuses.
Les doses d'engrais seront d'autant plus fortes que le sol
est profond et dans un etat physique favorable a la \6g6-
tation.
Le choix des semences a une grande importance : les gros
grains , separes au moyen du trieur mecanique , donnent de
plus beaux resultats que les petits. Dans un sol bien pre-
pare , herse avec soin , les semailles en lignes avec le semoir
mecanique donnent une economic de 25 o/o de semences ;
dans les terres fortes on devra enterrer le grain a une pro-
fondeur de 3 a 5 centimetres, de 4 a 6 dans les terres de
consistance moyenne et de 8 ^ lo dans les terres leg^res.
L'ecartement des lignes de o'^iG a o°™20 est celui qui permet
le rendement en grain le plus elev^, mais la paille est un
Feu moins abondante. Le sol doit etre draine pour empScher
humidite ; on pent alors jfaire des semailles precoces. Au
— 157 —
Erintemps , lorsque le sol est bien ressuye , on passera une
erse a dents bien.pointues; on hersera une premiere fois
dans le sens des semis et un pen plus tard perpendieulaire-
ment au premier. Entre les deux hersages passer le rouleau
s'il y a lieu, biner et sarcler avec soin pendant la vegetation
du ble.
Le choix d'une bonne vari^te de bl6 est un des principaux
elements du succ^s; la meilleure est celle qui, dans un
terrain donn^, procure le plus de benefice k 1 hectare. Les
varietes locales pr^fer^es par la meunerie serviront de base
pour le choix des vari^tes nouvelles; si les grains obtenus
avec ces derni^res diff(&re par leur aspect ext^rieur, on aura
soin de les employer en melange avec les bles du pays.
Les vari6t6s que nous avons rencontrees dans la plupart
des cas sont parmi les vari6tes k paille blanche et k epi roux :
Le ble gris de Saint-Laud ou de Saumur dont le grain est
tr^s estime. Sa production pent atteindre 3o hectolitres a
Fhectare ; mais, s'il r^siste bien k Fechaudage, il verse assez
facilement et craint le froid. Les terres de fertility moyenne,
argilo-calcaires ou argilo-siliceuses , lui conviennent.
Le ble de Noe^ qui r^siste mieux k la verse que le prece-
dent, est plus productif en grain dans les bonnes terres,
mais sa paule est plus courte. On le cultive beaucoup dans
I'arrondissement de Segre ou il a ete selectionne et propage
par un agriculteur de m^rite, M. Martin, de Marans.
Dans les varietes a epi rouge et k grain roux, on trouve
presque dans toutes les lermes le We rouge ou ini^ersable de
Bordeaux y variety rustique, precoce, pouvant donner jus-
qu'k 4o hectolitres a Fhectare. .
Dans les terres fertiles cette variety a remplace le bie de
Noe.
Le Japhet , excellente variete pour les bonnes terres , peut
rendre egalement 4o hectolitres a Fhectare.
Nous signalerons, en outre, dans les varietes k paille
blanche et k grain blanc :
Le bl^ Bordier, le Chiddam d'automne a epi blanc et une
selection obtenue par M. le professeur Lavaliee et denom-
mee par lui ble precoce d'A^rille ou ble L i , variete abso-
lument remarquable par son adaptation au sol, sa grande
resistance a la verse et ses rendement§ eieves (4o hectolitres
et meme plus k Fhectare).
Dans les varietes k epi rouge et k grain blanc nous recom-
mandons le Battel, variete de culture intensive, qui talle
beaucoup, resiste bien k la verse, mtlrit regulierement et
donne de tr^s erands rendements ; puis une selection tr^s
meritante de m, le professeur Lavaliee, designee ainsi ble
blanc h ^pi rouge ou ble L 2 , rustique , tres vigoureux , qui
talle beaucoup, resiste bien a la verse, a Fechaudage, aux
maladies cryptogamiques et peut produire jusqu'k 5o hecto-
litres k Fhectare, Enfin nous avons trouve dans quelques
f
- 158 —
exploitations un ble barbu, selection provenant du ble
poulard d'Australie et (jue son auteur, |M. le professeur
Lavallee a nommee bU laane a barbes ou L 3, Ce ble pent
rendre plus de 5o hectolitres a I'hectare et donne beaucoup
de paille. Indemne de maladies cryptogamiques , resiste
bien a la verse, mais mftrit tard. Son grain, de quality
variable, doit dtre melange avec d'autres grains pour la
vente.
Si Ton essaye une nouvelle vari6t6 de bl^, on doit la eulti-
ver en comparaison sur une mSme piece de terre avec celle
que Ton possede deja. M. le professeur Lavallee a remarque
que generalement en Anjou le hl6 etait recolte trop tard ;
d'apres notre savant coUe^ue, on doit commencer la recolte
du me quand le grain se laisse couper par Tongle comme un
morceau de cire ; c*est six ou huit jours plus tard qu'on a
I'habitude de le faire.
Nous ne ferons que mentionner , parmi les autres c^reales
cultiv6es dans les fermes des arrondissements d'Angers et
de Seffre : le seigle, Forge et Tavoine, dont la culture est
seconaaire. Toutefois nous avons vu quelques beaux champs
d'orge dans des metairies oil Televage des pores a une cer-
taine importance (la farine d'orge etant T aliment employe
de preference pour Fengraissement de ces animaux).
Betteraves. — Apres les c^r^ales, les plantes sarcl^es
jouent un rdle important dans les cultures que nous avons
examinees. Nous parlerons tout d'abord de la betterave.
Nous avons constate avec satisfaction que les varietes demi-
sucrieres sont de plus en plus cultivees, au detriment des
betteraves qui, sous un gros volume, contiennent tres peu
de principes nutritifs, comme la Mammouth par exemple;
toutefois , on rencontre encore assez communement la bette-
rave ovoide des Barres et la Geante de Vauriac. Au moment
de notre passage dans les fermes, presque toutes les plan-
tation^ de betteraves etaient envahies par un puceron : Val-
Use de la betterave, qui perfore les jeunes feuilles en forme
d'^cumoir et amene, par ses ravages, un retard dans la vege-
tation ou mfime detruit completement les jeunes semis ou les
pepinieres de betteraves. En general, nous avons remarque
que Fecartement des intervalles, entre chaque ligne, etait
trop grand; 4^ ^ ^o centimetres sufiisent generalement et
35 centimetres dans le rang. Le semis en lignes a la main ou
au semoir (les semences n'etant pas enfouies k plus de 2 ou
3 centimetres) est la meilleure methode dans les sols de con-
sistance moyenne. En mai ou juin on precede au demariage
et on empSche le developpement des mauvaises herbes par
des binages frequents. Les betteraves sem^es sur place
exigent plus de main d'oeuvre il est vrai, mais leurs racines
pivotantes, beaucoup plus longues, pen^trent plus profonde-
ment dans le sol et vont puiser parfois j usque dans le sous-
— 159 —
sol leur nourriture, tandis que IdB betteraves repiquees ont
forcement leurs racines racconrcies au moment de la plan-
tation et restent en terre uncertain temps avant de reprendre
une vegetation normale.
Pommes de terra. — A c6te de la culture de la bette-
rave nous trouvone celle de la pomme de terre, culture
importante dans juotre region et generalement bien soignee,
Les varietes principales qiie nous avons rencontrees sont :
Ulnstitut Beam^ais, Y Early rose, la Chardon, la Vosgienne,
puis la Royale Kidney , la Hollande , la Saucisse , la Bour-
siere, la Jpannette, la Mer^eille d'Amerique et la Belle de
Fontenqy, ces dernieres varietes cultivees surtout en vue
de I'exportation.
Lee cultivateurs ont a lutter, depuis des annees, contre
tU|i8 maladie se developpant tres rapidement et pouvant
detruire compl^tement , en quelques jours, la substance des
feuiUes en la laissant brune et dessechee ; cette maladie est
due a un champignon appele Botrytis peronospora ou Phy-
tophtora infestans. Aujourd'hui, Tinvasion de cette crypto-
game est combattue par un traitement qui est le mSme que
celui du mildiou de la vigne. La bouillie bordelaise ordinance
(dont le sulfate de cuivre est la base) produit de tres bons
resultats lorsqu'elle est employee preventivement sur les
tiges. Nous avons observe egalement une affection d'origine
bacteriologique due au baccilus caulworus. Sa presence se
manifeste par une coloration noir^tre de la tige souterraine,
gagnant peu a peu la tige aerienne qui finit par secher ; il y
a \k une sorte de gangrene de la ti^e. Cette maladie est sur-
tout grave parce qu'eile est contagieuse et s'etend de proche
en proche, de fa^on a compromettre parfois une r^colte
entiere en quelques semaines. Nous T avons observee a ses
debuts, mais, en 1904, la mSme variete, Flnstitut Beauvais, a
6te atteinte dans un champ et la recolte a et^ completement
nuUe. Le sol est la cause de cette maladie et, comme il est
impossible de le modifiier, on conseille d'abandonner, dans
tes terrains envahis, la culture de la variete atteinte pendant
plusieurs annees.
Li^gumineuses. — Si les plantes sarclees ont une impor-
tance notable dans la culture des fermes des arrondissements
d* Angers et de Segre , les legumineuses meritent egalement
Tattention. En tSte se trouve la luzerne, qui entrc de plus en
plus dans les cultures des fermes ou elle fait generalement
robjet d'une sole hors rang. La luzerne donne un fourrage
vert ou sec , abondant et d'une grande ressource pour Tele-
vage. Les luzernieres que nous avons vues ^taient en bon
etat de v^g^tation et exemptes de cuscute (plante parasi-
taire si nuisible aux legumineuses et au chanvre).
Une autre plante legumineuse, egalement tres precieuse et
— 160 —
tr^s repandue, est le trefle. Nous avons rencontre, presque
toujours, le trefle violet sexn6 dans le bl^ au printemps ou
dans Forge et restant en terre pendant une ann6e sealement.
Le trifle donne une coupe de fourrage vert, la deuxi^me
^tant employee comme, fourrage sec ou comme porte-graines.
Nous avons admire, k la ferme exp^rimentale a Avrule, une
tr^s belle variete de trefle, le trefle geant du Nord, dont la
tige depassait un metre de hauteur et dont les feuilles etaient
tres larges. Ce trefle commen^ait a fleurir et ^tait reserve
comme porte-graines ; mais au moment de la maturity, M. le
professeur Lavallee, ayant ouvert les capitules, fut tres
etonne de ne rencontrer presque aucune graine ; un examen
plus attentif lui permit de constater que les fleurs tombaient
au moindre fi'ottement et ne contenaient pas de graines,
celles-ci avaient ete devorees par la larve d'un insecte
nomme Yapion du trefle (apion apricans). Comme les fleurs
seules sont atteintes, if n'en resulte pas, il est vrai, un incon-
venient s^rieux quand le trifle doit dtre consomme en vert,
mais, si Ton envisage la production de la graine , il n'en est
pas de m^me , puisque Id recolte pent fitre completement
compromise. Get insecte, contre lequel nous ne pouvons rien
actuellement , a deux ennemis naturels acharn^s qui d'ordi-
naire se chargent de le detruire, mais il est tres probable
que les conditions meteorolopques de cette annee ont et6
plus favorables a la reproduction de Tapion qu'a celle de ses
ennemis.
M. Lavallee conseille dans ce cas de faire consommer par les
animaux immediatement les trefles atteints , pour empficher
les larves de Tapion d'arriver a Tetat d'insecte parlait. 11
recommande, en outre, de faire, pour le bl^ qui doit suivre,
un labom' profond et de se garder de semer, Tann^e sui-
vante , du trefle dans le voisinage des champs envahis par
Tapion. II pense aussi que Temploi d'un engrais parasiticide,
le crftd d'ammoniaque, aussit6t le trefle enlev^, produirait
un eflet utile.
En dehors de la luzerne et du trefle, on cultive de plus en
plus une autre plante leeumineuse : la minette ou lupuliney
qu'on s^me egalement aans les bles et qui sert plus tard
d'excellente pature aux animaux.
Prairies naturelles. — Dans toutes les fermes, les
prairies occupent une certaine ^tendue et, lorsque celle-ci
est importante, on pent se livrer surtout a T^levage. Ces
Erairies laissent souvent a desirer; les fermiers sont trop
abitues a croire que les prairies n'ont point besoin d' en-
grais sp^ciaux, d'engrais mineraux surtout. L'usage de la
charr^e et de la suie , si frequent il y a quelques annees , est
presque completement abandonne, et pourtant les selspotas-
siques et les engrais phosphates ont une influence tr^s im-
portante sur la production des prairies ; non senlement ils
- 161 —
ont la propri^te d'augmenter la quantity des fourraffes, mais
encore sous leur influence la qualite est meilleure, les legu-
mineuses poussent en plus grand nombre et les bonnes gra-
min^es se developpent plus facilement au detriment des
mauvaises.
Dans beaucoup de prairies humides, tres pauvres en acide
phosphorique, les scories de dephosphoration ont des effets
tres appreciables ; dans d'autres , les superphosphates sont
plus utiles. Nous ne saurions trop repeter que les prairies
sont presque toujours am^lior^es par les engrais min6raux ;
si leur action n'est pas eflicace sur la production du foin, elle
se manifeste sur le regain ; jamais on ne regrettera la depense
faite ; il n'en est pas ae m^me de toutes les recoltes.
Arbres k fruits. — Dans la ferme, rien ne doit 6tre
neglige pour augmenter le revenu, il faut savoir utiliser
toutes les ressources possibles ; c'est ainsi qu'on obtient
reffuli^rement , chaque annee , des benefices elev^s. Ainsi la
culture des arbres a fruits n'est point a dedaigner pour les
fermiers. Aux environs d' Angers, les poiriers, surtout la
variete dite William, et les cerisiers sont frequemment cul-
tives en vue de Texportation des fruits ; malheureusement
rios varietes de cerisiers donnent des fruits peu apprecii^s et
se vendent a vil prix dans les annees d'abondance.
On experimente depuis quelques annees une variety de
eerise bigarreau appefee, espere-t-on, a modifier avantageu-
sement les plantations de cerisiers.
Dans Tarrondissement de Segre , Tarbre k fruit par excel-
lence est le pommier dont les fruits sont estimes, soit pour
la table, soit pour la production du cidre. Nous ne saurions
trop encourager a planter, en mSme temps que des pommiers
a cidre, de belles especes de pommiers proauisant des fruits
tres appreci^s pour r exportation, tels que les pommiers de
reinette ou de calville ; notre climat tempere convient admi-
rablement a cette culture; il est a craindre que la diminution
continuelle de cette production nous fasse perdre, k bref
delai, un marche important exploite deja par nos voisins les
Allemands. Le pommier demande, pour reussir, des soins
particuliers souvent negliges; chaque ann^e, les branches
mutiles devraient ^tre emevees et tons les deux ou trois
ans un badigeonnage des troncs et des grosses branches
avec un lait de chaux devrait 6tre fait dans le but de detruire
la mousse et , par suite , une grande quantite d'insectes qui
se logent dans les ^corces de farbre. Il est utile d'ameublir
le sol autour des arbres, une ou deux fois Tan; dans un
magnifique verger plants de superbes pommiers on a eu le
tort, pour utiliser le terrain inoccup^, de semer une luzerne
qui couvre actuellement toute la surface du sol. Nous avons
recommande de faire disparaltre, au plus vite , cette legumi-
neuse k racines pivotantes profondes, tout autour des ai'bres,
dans un rayon a au moins un m^tre.
— 162 —
Des jardins. — Les arbres a fruits nous amenent a parler
des jardins des fermes. Partout le jardin attenant a la ferme
est eultive avee gofet et, parfois mSme, avec une certaine
coquetterie digne d'un jardinier et d'uue jardiniere de pro-
fession. Parfois on rencontre dans le jardin quelques ruches
a abeilles ; c'est un revenu facile venant s'ajouter aux autres
et qui n'est point a negliger ; d' autre part, les abeilles, tout
en butinant les fleurs. sont fort utiles a la f^condation des
plantes ; en servant de vehicule k la substance fecondante ou
pollen elles contribuent a transformer la fleur en fruit.
Gomptabilit^. — Le fermier pent Hve un excellent culti-
vateur connaissant parfaitement la nature variee de ses
terres, sachant faire methodiquement Tapplication des
engrais, perfectionnant chaque j6ur son outillage agricole,
en un mot possedant les principaux Elements du succes ; mais,
s'il veut fitre certain de reussir, il lui faudra en outre se
rendre un compte exact de ses depenses et de ses recettes,
c'est-a-dire tenir une comptabilite. Une bonne comptabilite
est, en effet, I'instrument le plus utile et le plus necessaire
du cultivateur ; aussi dans chaque ferme du concours avons-
nous recherche avec le i)lus grand soin si le fermier avait
une comptabilite et comment elle etait tenue. Nous sommes
heureux de pouvoir dire que, tout d'abord, dans les exploi-
tations dirig^es par un regisseur ou par un directeur les
comptes qu'on nous a presentes revelaient une comptabi-
lite tenue regulierement et avec une methode parfaite. On
pent se rendre compte ainsi du point faible de 1' exploitation
et y remedier par la suite. Les salaires, par exemple, sont-
ils excessifs, on cherchera tout d'abord a les diminuer, soit
par des reductions dans le personnel , si cela est possible ,
soit par des modifications de culture en adoptant des combi-
naisons exigeant moins de travail et par suite moins coft-
teuses. Les depenses du menage doivent aussi donner lieu a
des reformes utiles ; le fermier doit se rendre un compte
exact de I'influence exercee par son train de maison sur ses
profits. Diminuer les frais, augmenter les benefices, c'est
la tout le secret de la prosperite des affaires ; la comptabi-
lite seule peut fournir le mqyen d'agir a^ec surete et preci-
sion sur le produit pour le faire monter et sur les frais
pour les faire descendre,
Dans les fermes ou m^tairies non dirigees par un regis-
seur , la comptabilite nous a paru un peu sommaire ; nous
avons trouve parfois un registre ou sont inscrites des obser-
vations utiles permettant de suivre facilement les operations
interessantes de la ferme. Mais , pour que la comptabilite
donne des resultats vrais, pour qu'on puisse apprecier exac-
tement le bilan de I'annee, le fermier doit faire un inven-
taire complet de sa ferme. Tous les ans, les bovides, les pores
par exemple , passeront a la bascule et on enregistrera les
— 163 -
poids obtenus , que Ton comparera a ceux de Tannee pr^ce-
dente. Y a-t-il une augmentation, eelle-ci s'ajoutera au bene-
fice en argent.
Uagriculture doit suivre les methodes commerciales ou
industrielles pour obtenir le revenu reel del' exploitation.
En dehors des fermes , des metairies et des exploitations
agrieoles dirigees par des regisseurs ou les propri^taires
eux-mSmes, le Concours de 1905 nous a permis de visiter
des cultures maraicheres ou de porte-graines dont nous
avons fait une categoric a part dans 1' attribution des recom-
penses.
Culture maraich^re. — La culture maralch^re que
nous avons examinee presentait un certain inter^t au point
de vue de la culture des fraisiers et des primeurs. On nous
a montre environ 80 varietes de fraises choisies parmi les
meilleures ou les plus nouvelles ; celles-ci sont etudiees avec
soin pendant 2 ou 3 ans et les varietes non meritantes sont
abandonnees. Les legumes de consommation courante sont
cultives surtout conyne primeurs; cette culture est moins
remuneratrice qu autrefois, depuis que le Midi de la France,
ou le Nord de FAfrique nous envoient leurs legumes et leurs
fruits recoltes quelques semaines avant ceux de notre region.
Aussi cette concurrence a-t-elle determine les maraichers de
notre region a obtenir une production sp^ciale consistant k
retarder la maturation de certains legumes, au lieu de la
hater; dans ce cas, le grand point est de fournir des legumes
a la consommation alors qu'ils deviennent rares et par suite
se vendent cher. II nous semble qu'il y a encore beaucoup a
faire dans cette culture , T alimentation en legumes est impar-
faite ; d' autre part les portes de T exportation sont largement
ouvertes et ce commerce pourrait prendre une grande exten-
sion.
Des porte-graines. — La culture des porte-graines
tend a se propager beaucoup en Anjou et principalement
dans les terrains d'alluvions de la vallee de la Loire et dans
les sols legers et feililes des communes de Brain-sur-l* Authion
et d'Andard, qui ont pris part cette ann6e au Concours. Les
cultures que nous avons vues (le jour meme du cyclone du
4 juillet) etaient bien soign^es ; mais I'ouragan a produit un
veritable desastre , ce qui demontre clairement combien est
aleatoire cette culture pouvant Hre compromise ou detruite
dans quelques heures, quelques minutes m^me.
La culture des porte-graines ne peut se faire au reste dans
des conditions avantageuses et sftres qu'apres entente prea-
lable du cultivateur avec une maison grainiere, qui suit la
culture des plantes , les selectionne sur place et fait dispa-
raitre les plants qui lui paraissent d^fectueux ; c'est une ga-
rantie pour la bonne quality des graines. Nous n'engagerons
— 164 —
jamais un cultivateur k faire lui-m^me la culture des porte-
graines avec des ffraines queleonques et sans savoir s'il
trouvera un debouene certain a sa ricolte.
Cette culture exige beaucoup de soins de la part de celui
qui Tentreprend ; les frais de main-d'oeuvre sont importants>
des sarclaees continuels sont necessaires dans les terres
legeres oil les mauvaises plantes poussent avec une extreme
facility. D'un autre c6te, certaines cultures, comme celles des
laitues , sont souvent attaquees par les vers blancs , ce que
nous avons constate dans un champ ou un tiers des plants
avaient eu leurs racines divorces.
Certaines plantes de la famille des ombellif^res , comme
les carottes, sont sujettes a 6tre attaquees par un insecte
(Grapholita pndicana) qui detruit les ombelles et par suite
la r^colte.
Aussi engageons-nous les cultivateurs a varier leurs cul-
tures de porte-graines et a reserver une partie de leurs
terres pour des cultures orcjinaires plus sftres , conune celles
des cereales par exemple.
Champs d'exp6rienoes. — En parcourant les fermes
du concours , nous avons pu voir des champs d'exp^riences
organises :
i*> Par M. le professeur Lavall^e, a la ferme experimentale
d' Avrille , a la m^tairie de Bourg-d'Ire et a la propri^t^ de
M. Lemanceau, au Petit-Bouille ;
2° Un champ d'experience cree par M. Bordeaux -Mon-
trieux sur son magnifique domaine de Boche-d'Ire et dont
les resultats doiventnous Stre communiques ulterieurement;
3? Par M. Stephane Saget, au champ de Verzee, a Pouanc^.
Ces trois experimentateurs poss^dent les uns et les autres
les qualit^s necessaires pour une entreprise aussi delicate :
esprits sagaces et observateurs instruits, ils sont habiles a
discerner les causes susceptibles, pendant la dur^e des expe-
riences, d'influer sur leurs resultats, causes le plus souvent
complexes qu'il est important et essentiel mSme de deter-
miner promptement et avec precision. — Les experiences
faites par M. le professeur Lavallee sur I'emploi methodique
des engrais min^raux sur les prairies sont relativement
recentes ; toutefois, les resultats obtenus sont d^ja tr^s favo-
rables et doivent encourager la Soci^te Industrielle et Agri-
cole d' Angers a continuer encore quelques ann^es la subven-
tion qu'elle accorde a ce sujet. Nous sommes certain que
notre savant coUegue ne manquera pas de profiter de ces
essais pour nous donner des indications precieuses pour
Famelioration de nos prairies en Anjou et, par suite, du
plus haut inter^t pour nos cultivateurs. Les experiences de
M. Saget sont tout autres : notre distingu6 coUegue a pris un
terrain neuf : le champ de Verzee, autrefois en futaie et bois-
taillis, qu'il a fait defricher par parties de 1892 a igoS. Ses
— 165 —
experiences ont lieu sur toutes les cultures du pays et les
engrais utilises sont ^galement ceux le plus communement
employes : le fumier et la chaux. Jusqu'a ce jour, ces engrais
ont suf& pour produire des recoltes satisfaisantes et on n'a
pas cru devoir faire la d^pense d' engrais min^raux compl^-
mentaires. L'assolement est triennal :
La premiere sole comprend : les betteraves, les pommes
de terre , les carottes (les engrais sont le fumier et la chaux
a doses elev^es).
La deuxieme sole comprend le froment (sans fumure).
La troisiem^ sole est partie en avoine, partie en trifle
(sans fumure).
L'annee 1894 a donne un revenu net de 2o5 fr. k Thectare.
— 1895 — 222 fr. —
— 1896 — 216 fr. —
— 1891 — 100 fr. —
— 1898 — i3i fr. —
— 1899 — i59fr. —
— 1900 — 100 fr. —
— 1901 — i49 fr. 75 —
— 1902 — 184 fr. 2^ —
— 1903 — 13^ fr. 3o —
— 1904 — 128 fr. 25 —
Des plans dresses avec le plus grand soin donnent pour
chaque ann^e des renseignements precis permettant d'appre-
cier quelles sont les cultures les plus avantageuses dans ce
sol de nature argilo-siliceuse. Nous pensons que Fabaisse-
ment sensible des rentes apr^s la troisieme ann^e engagera
M. Saget a faire I'essai des engrais min^raux pour augmenter
ses rendements et, par suite, ses revenus.
Dans tous les cas, notre excellent collogue merite toutes
nos felicitations pour les soins extremes apport^s a ses expe-
riences et la pariaite courtoisie avec laquelle il a bien voulu
accueillir les membres de la Commission.
De renseignement agricole. M6inoires des Insti-
tuteurs. — Nous savons tous que, dans notre region, les
innovations pen^trent lentement, la vieille routine etant dif-
ficile k deraciner; aussi Tenseignement agricole est-il un
moyen efficace pour amener les nouvelles generations k se
familiariser avec les cultures perfectionnees et les progres
accomplis chaque jour.
C'est pour contribuer a la vulgarisation des notions agri-
coles que la Society Industrielle et Agricole d' Angers a cree
un Concours special reserve k MM. les Instituteurs des com-
munes appeiees k prendre part au Concours des primes
culturales.
Nous sonmies tr^s reconnaissants a ceux qui ont repondu
— 166 —
a notre appel et se sont impose courageusement un travail
suppl^mentaire a la fin de Tannee scolaire et m^me pendant
la periode des vaeanees.
M. Joubert, instituteur au Louroux-Beconnais, nous a
presente une monographie agricole du canton du Louroux-
Begonnais. Apres une exeellente description sur la nature
geologique du canton, Fauteur nous montre la marche tres
lente de revolution agricole, dont les progres se sont surtout
accentues au moment de la creation des routes vicinales,
ouvrant partout des debouches. La question de I'^levage a
ete specialement etudiee et traitee avec le plus grand soin.
M. Joubert nous indique les tatonnements , les essais infruc-
tueux pour am^liorer la vieille race mancelle , tout d'abord
par des sujets emprunt^s a la race Suisse et enfin il indique
les bons resullats obtenus par Tinfusion de sang durham et
la transformation du troupeau en durham -manceau, race
dominant aujourd'hui dans les etables du canton du Louroux-
Beconnais.
A noter egalement de tres bonnes observations sur Tele-
vage du cheval, qui a pris une telle extension dans ce canton
qu a la foire du aS mai du Louroux-Beconnais , surnommee
la foire aux poulains, il n est pas rare de voir de looo a
iioo poulains, qui se vendent tres facilement a des prix va-
riant de 35o a 5oo francs a Tage d'un an.
L'elevage des volailles, objet de tons les soins de la part
de plusieurs grands proprietaires du canton, est etudiee
egalement avec beaucoup de details. En resume, exeellente
monographie, tres complete, indiquant un esprit observateur
et un homme instruit. Tout en feficitant Fauteur, nous nous
permettrons de Fencourager a consacrer de temps en temps
quelques heures a ses eifeves pour les promener a la cam-
pagne dans la belle saison et leur donner sur les lieux des
notions agricoles pratiques parfaitement a la portee des
enfants et surtout plus interessantes que les theories meme
les plus simples exposees dans une classe.
M. Ghevris, instituteur a Loire, nous a envoye un me-
moire sur Fexploitation agricole de la metairie de la Chaussee
de Loire. C'est une etude consciencieuse contenant d'excel-
lentes observations pratiques et ornee de plusieurs plans
tres nets donnant un aper^u general de Fexploitation et des
batiments de la belle metairie qu'il a eu Fheureuse idee et le
bon goM de choisir comme modele.
La theorie de Fassolement, decrite avec une certaine eten-
due, n'est pas tout k fait celle adoptee generalement aujour-
d'hui ; elle represente des idees en partie deiaissees. Nous
aurions desire plus de details siu* les rendements des prin-
cipales recoltes et eela sous forme de tableaux synoptiques
permettant d'embrasser d'un coup d'oeil les resultats obtenus
et de comparer facilement les produits de toutes les cultures
de la ferme.
- 167 —
M. Chevris a d^crit avec justesse les avantages ^cono-
miques des engrais complementaires du fumier et cette
partie de son travail est certainement la mieux 6tudi^e et la
plus meritante. En resume, a part quelques legeres cri-
tiques, M. Chevris, comme M. Jotmert, a fait preuve de con-
naissances agrieoles sp^ciales et a parfaitement su tirer
partie des documents interessants dus a Tobligeance de
notre. excellent collogue M. Vaugouin, regisseur du domaine
de Roche-d'Ire.
M. Luquet, instituteur a Querre, nous a presente un
travail sur I'importante m^tairie de Folleville, de Soeurdres.
M. Luquet a deja pris part au concours precedent, ou il
fut un de nos laur^ats. Son memoire prouvait des con-
naissances agrieoles s^rieuses et nous fait regretter le peu
de temps qu'il a pu consacrer cette annee a Tetude de la
metairie si interessante de Folleville, m^tairie completement
transformee et dont les progr^s rapides, quoique recents,
font si bien augurer de Favenir. M. Luquet est un institu-
teur tr^s meritant ; nous avons eu sous les yeux un cahier
agricole d'un des jeunes eleves de sa classe et nous avons
constate avec satisfaction que ses legons etaient empreintes
d'une grande clarte, int^ressantes et remplies d'observations
utiles et pleines de bon sens.
Nous sommes heureux de lui adresser nos felicitations et
nos meilleurs encouragements.
Messieurs les Agriculteurs ! Les prix en argent que vous
allez recevoir aujourd'hui, ces nombreuses medailles oflfertes
par le Minist^re de T Agriculture , la Soci^te des Agricul-
teurs de France, la Societe Industrielle et Agricole d'An-
eers, ou dues a la generosite de nos senateurs et de plusieurs
ae nos deputes, ces superbes objets d'art, souvenirs durables
de vos succes, sont le couronnement de vos eflbrts et de vos
labeurs. Puissent-ils servir d'exemple a vos descendants
et pour vous de stimulant nouveau et d'encouragement a
perseverer dans votre attachement au sol que vous cultivez !
L'agriculture frangaise a subi pendant des annees de rudes
epreuves , elle a traverse une longue et douloureuse crise ,
dont elle est sortie transformee et rajeunie. Vous etes de
ceux qui n'ont point d^sespere de Tavenir; nous vous en
felicitous. Certes, devant vous Thorizon a et€ Idngtemps
assombri par d*epais nuages, mais il semble s'eclaircir
aujourd'hui et laisse entrevoir des temps meilleurs.
Si rindustrie parait avoir atteint son maximum de pro-
duction et ne saurait I'augmenter d^sormais sans s'exposer
k des catastrophes, si les professions lib^rales ou autres
sont partout encombr^es et souffrent de plethore, si les
emplois publics sont Tobjet de la convoitise de nombreux
solliciteurs le plus souvent Evinces, si de tous les c6t6s
— 168 —
s'^levent des plaintes, si le nombre des mecontents augmente
sans cesse , il ne reste plus , suivant les propres paroles d'un
de nos plus ^minents ministres de F Agriculture , M. Meline,
qu'un seul champ d'action et d' expansion capable d' absorber
toutes les forces sans emploi, et celui-la a lavantage d'etre
in^puisable , au moins pour des si^cles : c'est la terre , la
terre nourriciere de rhumanite, feconde et ^ternelle, mere
de toutes les industries , qui ne feront , en lui revenant , que
rentrer dans le sein d'ou elles sont sorties, la terre qui a des
consolations pour toutes les mis^res et qui ne laisse jamais
mourir de faim ceux qui Taiment et se confient a elle.
M. le D'^' Sigaud donne ensuite lecture du palmares des
recompenses attributes aux laureats du concours des primes
culturales de 1906 :
1° Fermes au-dessus de 3o hectares
I®' prix : M. Poulain-Brichet , a la Plesse d'Ecouflant,
200 francs et un objet d'art. — 2"^« prix : M. Cherbonnier
Pierre, a Vernou, Louroux-Becoimais , i5o francs et une
medaille d'argent de la Societe Industrielle et Agricole
d' Angers. — S'"® prix : M. Eon, fermier k la Garenne, la
Possonniere, ^5 francs et une medaille de bronze de la Societe
des Agriculteurs de France.
2° Metairies au-dessus de 3o hectares
i«^ prix : M™« veuve Gastineau, au Buron, Bourg-d'Ir6,
200 francs et un objet d'art. — 2"^® prix : M^ Coquereau, k la
Chaussee, Loire, i5o francs et une medaille de vermeil oflferte
par M. Laurent Bougere. — 3°^*» prix : M. Pichon Auguste, a
Folleville, Soeurdres, 100 francs et une medaille d' argent de
la Societe des Agriculteurs de France. - Mention honorable,
M. Joly-Cognet Yves, a la Rabaterie, Ecuille, medaille de
bronze de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers.
3° Primes aux proprieiaires exploitant par leurs mains
Rappel de i«' prix : M'"® veuve Morain-Busson , a Gran-
dines-Avaze, ChefTes. Un objet {d'art au directeur M. Paul
Morain, ing^nieur-agronome, professeur departemental
d' agriculture. — i®^ prix : M"»« la vicomtesse de Tredern,
propri^taire a VIsle-Briant, Lion-d' Angers , un medallion
artistique, et a M. Saulou, directeur de Texploitation , une
— 169 —
m6daille de vermeil offerte par M. Dominique Delahaye,
senateur.
4® Fermes au-dessous de 3o hectares
Hors concours avec dipldme d'honneur, la ferme experi-
mentale de la Sermonnerie d'Avrill^ et a M. Prosper Lavall^e,
directeur, un objet d'art; k M. Rault, chef de culture, une
m^daille de vermeil de la Society des Agrieulteurs de France.
— I®' prix : M. Nadrelle Louis, fermier aux Bruyeres de
Soucelles, i5o francs et une medaiUe de vermeil offerte par
M. le senateur Bodinier. — 2™® prix : M. Esnault, fermier, a
la Crocheti^re de Pouance, 100 francs et une medaille de
bronze offerte par la Soci^te des Agrieulteurs de France. —
Mention honorable : M. Soleau Auguste, fermier aux GSits,
pr^s Angers , 5o francs et une medaille de bronze offerte par
la Soei^te industrielle et agricole d* Angers.
5<> Culture maratchdre
Mention honorable : M. Lochard, fermier a la Papillaie,
pr^s Angers, une medaille d' argent offerte par la Societe
mdustrielle et agricole d' Angers.
6° Culture de porte-graines
Rappel de prix : M. Florance, au Verger de Brain-sur-
TAuthion, 75 francs et une medaille d' argent, offerte par la
Society industrielle et agricole d' Angers. — Prix : M. Joulain
Auguste, au Petit-Launay d'Andard, 75 francs et une medaille
d'argent offerte par la Societe industrielle et agricole
d'Angers,
j^ Metairies au-dessous de 3o hectares
1^ prix : M. Leparc, fermier au Mesnil, commime de
Saint-Cl^ment-de-la-rlace, i5o francs et un objet d'art. —
2"^® prix ex cequo : M. BouteiUer Pierre, a la Rainaie de Loire,
80 francs et une medaille de vermeil offerte par M. Ferdinand
Bougere, d^put^. — M. Francois Freulon, k la Sablonniere
de Gen6 , 80 francs et une medaille de vermeil offerte par le
ministre de T agriculture. — S"*® prix : M. Burgevin, k la
Richeraie de la Possonniere, 5o n^ancs et une medaille de
bronze, oiferte par, la Soci^t^ industrielle et agricole d'Angers*
- 170 -
8° Primes aux proprietaires exploitant par leurs mains
(au-aessous de 3o hectares)
1^^ prix : M. Pierre de Barace, k la Riehardaie de Gene,
une medaille de vermeil offerte par M. le senateur comte de
Blois. — a""* prix : M. Pierre Bruere, au Mortier de Brain-
sur-l' Authion , uii6 medaille de vermeil offerte par M. le
s6nateur Merlet. — 3«»« prix : M. B^cavin, k TAbbaye de
Saint-Georges-sur-Loirei , une medaiUe d*argent offerte par la
Societe industrielle et agricole d' Angers.
9° Concours reserp^ a MM, les Instituteurs
1^^ prix : M. Joubert, instituteur au Louroux-B^connais,
n5 francs et une medaille de vermeil offerte par la Societe
industrielle et agricole. — 2°™*^ prix : M. Chevris, insti-
tuteur-ad joint a Loire, 5o francs et une medaille d'arcent
offerte par la Societe Industrielle et Agricote. — Rappel de
mention honorable : M. Luquet, instituteur k Querre, une
medaille d' argent offerte par la Societe industrielle et agri-
cole.
io° Primes aux ser^iteurs dgricoles
(Des recompenses sont attributes uniquement aux ser-
viteurs agricoles de fermes ayant pris part au concoiu»s.)
1° Hommes. — i®*" prix : M. Gastineau, au Buron de
Bourg-d'Ire, 5o francs et une medaille d'argent offerte par le
ministre de raericultijre. — 2"*® prix : M. Ferret Pierre, au
service de la lamille Morain, a Grandines-Avaze , Cheffes,
4o francs et une medaille d' argent offerte par la Societe des
Agriculteurs de France. — 3«^« prix : M. Audusse Auguste
dit Luron, a Grandines-Avaz6, Cneffes, 20 francs. — 4°'<*prix:
M. Perrault Louis, k Grandines-Avaze, Cheffes, 20 francs;
2° Femmes. — 1^^ prix : M°^® Perret, au service de la famille
Morain , a Cheffes , 5o francs et une medaille d' argent offerte
par le ministere de T agriculture. — 2^"® prix : M""® Louis
Perrault, au service de la famille Morain, k Cheffes, 3o francs.
— 3me prix : M"^« Rault, a la Sermonnerie d'Avrille, 20 francs.
— 171 —
Avant de lever la seance, M. le President met aux voix :
— La reception des candidats present^s le 29 juillet :
M. Henri du Mas, proprietaire, chMeau de Moire, commune
de Soeurdres , et 14 , rue Rabelais , Angers ;
• M. Emile Vinet, preparateur k la Station CEnologique, 3^
rue Rabelais , Angers ;
Ces candidats sont elus a Tunanimite des voix membrea
titulaires de la Society Industrielle et Agricole d' Angers.
— Presentation de candidats :
M. Vromet, Ang^e-Pierre-Marie, notaire k Rablay, presente
par MM. David Simon et Andri§ Huau ;
M. Lucien Rain, conseiller d'arrondissement, proprietaire
k la Papillaie, pr^s Angers, presente par MM. Huault-Dupuy
et le D' Si^aud ;
]\Ime la vicomtesse de Tredern, proprietaire a TIsle-Rriant ,
commune du Louroux-Reconnais , presentee par MM. Ror-
deaux-Montrieux et Huault-Dupuy ;
M. Pierre de Rarace, proprietaire, chateau de Valloncourt,
Ear le Lion -d' Angers, presente par MM. LavaU6e et le
^' Sigaud.
Le Secretaire general,
D' Paul SiGAUD.
Le Gdrant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1983-5.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
/ r
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLl
%
D'ANGERS
I
et du d^partement de Maine-et-Loire
Nous publions dans ce bulletin des travaux lus a la seance
mensuelle du 28 octobre dernier ; il nous a semble utile de
les faire connaltre le plus tot possible a nos lecteurs, en
raison de leur opportunite et de Timportance des rensei-
gnements qu'ils contiennent.
Nous esperons que ceux de nos coUegues qui n'ont pu
assister a cette seance des plus interessantes seront heureux
de pouvoir profiter, sans plus tarder. des sages conseils
donnas aux viticulteurs par M. Moreau et aux agriculteurs
par M. Grau. Le bulletin presente egalement la nn de Tim-
portant et remarquable travail de M. le professeur Lavallee
sur Faction et I'eflicacite des engrais sur les plantes suivant
le mode de leur application au sol et le compte rendu d'une
visite a la station ampelographique des Recollets de Saumur
par M. le D"* Sigaud. — D^ P. S.
La r6colte des vins en 1905
Que seront les vins nouveaux?
Par M. L. Moreau,
Directeiir de la Station oenologique de Maine-et-Loire,
Membre titulaire
L'ann^e igoS ne comptera pas parmi les meilleures, mais
pas davantage parmi les mauvaises, pour la viticulture ange-
vine. Les esp^rances que, jusqu'a la derni^re heure — je
veux dire septembre — Ton 6tait en droit d'avoir ne se sont
— 174 —
a
pas realisees ; cependant, Mtons-nous de le dire, je vous le
prouverai par des chiffres, Tanii^e est meilleure quon ne le
pensait au debut des vendanges.
II y avait, jusqu'au 20 aoAt, avance de maturite sur Tannee
precedente et, comme 11 n'y avait pas eu de gelees inii>or-
tantes au printemps, les vignes qui n avaient point eu trop
a souffrir de la gr^le amenee par de tr^s nombreux orages,
ui avaient resists a Toidium, k de tres violentes attaques
e mildiou, aux parasites de toutes sortes, promettaient a
cette epoque une oelle et bonne recolte. Malheureusement,
septembre, qui est pour nos vignobles septentrionnaux un
des mois les plus importants, a ete froid, pluvieux ; la pour-
ritui^e grise a envahi nos vignes et nous a obliges a recolter
trop t6t une vendange insuffisamment mftre dans bien des eas.
Quelques privilegies, il y en aura toujours, pourront
cependant oUVir a notre clientele quelques barriques de
choix; le mot n'est pas exagere.
Tableau I
Sucre et acuiite des inotils de Chenin blanc (par litre) ^ en igoa,
1903 et igo3
LOCALITES
Savennicres
La Possonniere
Saint-Gerinain-des-Prcs
Rochefort
Saint-Lanibert
Rablaj
Beaulieu
Fay e
id
id
Bonnezeaux
id
Thouarce
Le Puy-Notre-Dame. . . .
Breze
Soulaines
Trelaze
Come ,
Eiriche
Huille
Durlal :
1902
Sucre
i5o,o
»
129,54
140, i5
158,33
167,6
»
196, 55
»
»
))
2o3, 57
»
148,8
i()9.o
»
142,50
))
i35,7i
118,75
123,9
Acidity
gr.
10,66
»
i3,52
9,5o
9,01
10,28
»
»
))
))
»
»
11,95
12,6
))
11,16
»
12,04
11,85
11,85
1903
Sucre
gr.
142,8
i38,8
ll5,2
i35,i
102,0
»
96,15
i56,2
172,5
142,8
178,5
210,0
166,6
i32,5
1 65, 6
i3i,5
128,2
i35,9
»
»
Acidite
gr.
10, 38
9,06
12, o5
8, 52
11,66
))
12,54
10,48
8,72
6,9D
8,91
))
8,52
11,78
9' 41
11,46
10, 38
10,78
»
»
»
1905
Sucre
gr.
184,^8
178,33
178,00
164,5
118,81
118,88
Ii7,''>9
173'43
198,14
191, «7
205,76
229, 48
2o5, 76
178,33
191,07
io4, »o
i37, 17
1 57, 35
138,97
144,59
124,41
Acidite
gr.
8,52
8,62
8,72
9,31
11,07
9,99
10, 58
8,o3
9' 01
6,27
9,5o
»
7,i5
11,56
10,68
9,89
9,3i
11,07
I ,85
10,87
11,76
Remarque, — Les echantillons de moilt, pour chaque
localite, proviennent de la m^me proi)riete et souvent du
m^me clos.
Moyenne Sucre pour les echantillons regus au lahoratoire
1902 l52", II
1903 140 i5
1905 170 00
— 175 —
Dans son ensemble, comnie vous pouriez le constater danc
le premier tableau ci-dessus mis 4 dessein sous vos yeux et
Eour satisfairc k quelques.demandes, I'ann^e, inferieure k
I preoedente, inutile de le prouver par des ehiil'res, est
superieure k igoS : plus de sucre, nioins d'acidit^; elle pv6-
sente, sur 1902, des maxima, eu sucre assez importHnts et
nombreux, de sorte que Ton pouiTait dire qu'elle est supe-
rieure a cette anni5e pour les bonnes barriques et qu'elle lui
est egale, avec un peu moins d'acidit^ peut-fiti-e, pour les
autres.
Bans un deuxieme tableau vous poun-ez voir, pour diff^- •
rentes regions de I'Anjou, la composition des moitts et le
degre alcoolique possible , calcule d'apres le sucre du moOt,
non i*emonte ; les moyennes pour chaque region ne se i-ap-
porteut evidemment qu'aux echantillons examines au labo-
ratoire.
Tablkm
ir
i¥o(l(« de Chfnin blanc en
1905
ilMfiWKfnV'
SfCBE
m
MOYILWKS
1
.!„
mum"
s'i-
ss
St
Sucre
diic
m
I Angers, Trc-laz,-.,
a Savenniires . La
Pdssoiiniere
3 Le Louroux, Saint-
Germain
14S.61
!ra,45
138,33
164, 5o
118,86
243,18
I5:,85
■44,59
«>l,95
.78,33
"4,4.
125,89
144,69
.13,59
146,80
I2l!59
100,94
i;8,33
132,58
gr.
9,91
10,48
11,56
10, ag
9,80
i3,:2
13, 54
'=,93
1%
3,35
S,32
8,4.
9,99
6.23
11,03
10,83
9.40
..,56
.4t83
153,11
157,35
104, :3
118,45
■II
13 J, 32
190,81
175,45
8,:4
■;:st
10,54
8,30
its
13, o5
10,60
13,34
degres
M'4
10,9
8.9
0-2
6,9
10,3
4
» Hochelort . Ghau-
mes, Sl-Aubin..
6 Beaulieu, 5t-Lam-
bcrt,Rablay
7 Faye . Tlioiiarce ,
Bonnezeatix
3
3
18
9 Come, Maze. Jarze
loEtriclie, Hullle,
Durtal,l>aumeray
II Brezc, Chace, Saii-
4
4
13 Le Vaudelnav, Le
Puy- No tie-Dame
Quelqiies personncs pourront Ctre surprises de certains
chiffres elev^s ; je vais les leur expliquer, d'autant plus qu'on
pent en retirer une legon pour tons.
Je me hate de dire qu'ils ne sont point le resultat du pres-
suraee de qiielques grappes bien choisies, mais que les moftts
qui lournissent ces chillres ont H6 pr61ev^s, soit a I'anclie,
soit dans la barrique, apres entonnage.
— 176 —
Vous savez , comme moi , que de nombreux facteurs con-
courent a la qualite des vins et parmi ceux-ci tous ceux qui
tendent a reduire la quantite ; quantite et qualite vont rare-
ment ensemble ; il faut des annees exeeptionnelles pour
avoir les deux.
L'experience a montre que, par le choix du terrain, la
reduction de la taille, la moderation des fumures, on pouvait
augmenter la richesse saccharine des moists et , par suite , le
degr^ alcoolique des vins. II est de toute evidence que la
diminution de la quantite est un facteur d' amelioration des
•vins.
Jusqu'a ce moment, en ne se pla^ant qu'au point de vue
^conomique, il pouvait y avoir, dans nos regions, un avantage
serieux a obtenir une production plus forte et une qualite
moindre. Sinon aujourahui, mais peut-^tre demain, il n*en
sera plus ainsi, tout au moins au m^me degre, et il y aura cer-
tainement moins d'alea — 1904 I'a prouve — pour la vente
des bons vins que pour la vente des moyens ; le reifenu a
Vhectare sera plus sur, s'il est moins eleve,
Ge n'est pas au moment oii la surproduction nous menace,
oil des mesures d'exception sont preconisees contre certains
proc^des tres rationnels de Famelioration des vins, qu'il
faille songer k augmenter les recoltes dans de trop fortes
Proportions, au detriment de la qualite. Abandonnons done,
ans la mesure oil c'est possible, tout au moins pour nos
nouvelles plantations, les terres trop productives sur les-
quelles on pent faire d'autres cultures, laissons de cote les
tailles trop genereuses, moderons nos fumures, tout en sur-
veillant cnaque annee la vegetation de . nos vignes ; il ne
s'agit pas, naturellement, de les laisser p^rir et de passer
d'un extreme a Fautre ; abandonnons en un mot les hauls
rendements pour les hautes qualites, la est Tavenir pour nos
vlgnobles. .
Les differences qu'on observe en Anjou, chaque annee,
dans la teneur en sucre des moMs et le degre alcoolique des
vins tiennent justement, pour beaucoup — je me garde bien
de dire pour tout — a la difference de quantite recoltee a
Thectare ; c'est ce que j*ai constate depuis4 ans. Alors que la
moyenne, pour le sucre du moAt, etait de i55i gr. 11 en 1902,
quelques echantillons avaient 190 gr., 2o3 gr. 57, 240 gr. de
sucre; en 1908, la moyenne etait de i4o gr. i5, quelques
barriques atteignirent i85 gr. 20, 210 gr. ; cette annee, la
moyenne forte est de 170 gr. ; nous avons des echantillons
nombreux ayant plus de 200 gr. et quelques-uns qui atteignent
243 gr. Ces differences sont notables* et sont dues — comme
je Findiquais tout a Fheure et comme j'ai pu le constater —
f)our beaucoup, a la quantite moyenne ou faible recoltee a
'hectare. Voici un exemple :
Notre collogue et ami, M. A. Daignere, possede a Bon-
nezeaux un clos d'un hectare et demi , appele le Clos-de-la-
— 177 —
Montagne. La terre est pauvre; la taille est en court boiSj
jamais aucune fumure , ni aucun engrais chimique depuis la
plantation qui remonte a 1897, epoque a laquelle on fit une
le^ere fumure au fumier de ferme ; les porte-greffes sont les
suivants : Rupestris du Lot, 33o9, 33o6, loi^S le 3io3 de
Couderc et TAramon X Rupestris-Ganzin n° i. La production
moyenne a Thectare depuis 6 ans est de 7 a 8 barriques sett-
lement, elle est montee a 10 barriques, soit 22 heetol. 5o en
1904, alors que la moyenne, pour TAnjou, a ete de 45 heetol.
Nous sommes done en presence de faibles rendements ;
quant a la qualite , les deux tableaux qui suivent sont assez
^loquents pour que je n'insiste pas.
Tableau III
Tenenr en sucre des moats de Chenin blanc an clos de la Montagne,
a Bonnezeaux
Sucre, par litre
Alcool possible , si fer-
mentation complete. . .
1900
1901
1902
1903
1904
1905
gr-
270,0
gr.
196,0
gr.
263,57
gr.
2I0,0
2!^; 4
229,28
16 k 170
Tab]
110,5
LEAU ]
11°, 9
v
120,3
i3o,5
130,5
Variations de composition des moiits de Chenin blanc, en i()o
pour le meme clos de la Montagne
DATES DE LA RECOLTE
13 octobre
15 octobre
18 octobre
18 octobre
Densite , au mustimetre. . . .
Sucre, en glucose, par litre.
Acidite totale (en SO*H«),
par litre
1093
gr.
218,45
7,35
1095
gr-
222, 92
7,54
1098
gr.
232,60
7,84
1 104
243,18
))
Comme ces chijffres pourraient paraitre 6xageres , je dirai
que cette annee, je me suis rendu au vignoble sur I'invitation
aimable du proprietaire ; j'ai assiste, un jour, k la reeolte, au
pressurage et j ai preleve moi-mSme 1 ^ehantillon que j*ai
rapporte au labor atoire pour T analyser — ceci pour repondre
a quelques sourires que je prevois.
Mais ces faibles rendements, ces hautes qualit^s sont-ils
remunerateurs ? Le prix de vente de la barrique, depuis
5 ans, pour ce clos, a ete de i5o a 3oo francs; prenons
— 178 —
200 francs comme prix moyen , cela nous fait , a raison de
7 barriques, un revenu de 1.400 francs a I'hectare. Les frais
de toute sorte, d'apres le propri^taire , sont de 800 francs a
I'hectare ; il nous reste done 600 francs comme revenu du
capital engage. Ge capital est de 9.000 francs, achat du
terrain , amenagement complet du vignoble , tout compris ;
c'est done du 6,6 0/0, en moyenne depuis 5 ans.
Beaucoup de viticulteurs ont obtenu, pendant le m^me
temps, des revenus plus eleves; mais, je crois — et je le
crains pour eux — qu'a Favenir il n'y faut plus compter. lis
connaissent deja les al6as et les soucis attaches aux grosses
productions vinicoles ; en somme, revenu peut-etre plus eleve
— au moins jusqu'a present — mais moins assure , cause de
plus d' ennuis que celui que procurent les vignobles a ren-
dements moins eleves, mais a qualite superieure. II est
done temps — je ne dis pas de revenir a ^o ans en arriere ;
cela pourrait paraitre paradoxal sous ma plume — mais de
se moderer un peu et aefaire porter le progres sur la qua-
lite du produit plutdt que sur la quantite, Evidemment je
ne garantis pas — et pour cause — que dans toutes les
situations vous pourrez avoir des produits comparables k
ceux dont je vous parlais tout k I'heure; vous aurez beau
moderer la production, il y a d'autres facteurs qui vous man-
queront ; mais certainement , par ces moyens , vous amelio-
rerez sensiblement vos produits et je le repete — k mon avis,
a moins que les conditions economiques ne viennent a chan-
ger, — c'est la qu'est le progres et c'est la qu'est Va^enir,
*
Que seront les vins nouveaux ? La question ne m'interesse
ici qu'au point de vue des maladies auxquelles ils pourront
etre sujets et des defauts de composition qu'ils pourront pre-
senter.
Le manque d'alcool se fera sentir sur certains echantillons
— mais je crois qu'on y a remedie par la chaptalisation ;
I'acidite jusqu'ici m'a semble bonne pour les rouges et les
blancs ; inutile d'en parler. Le tanin fera defaut, comme
toujours, dans les vins blancs; en mettre pour accelerer la
precipitation des mati^res en suspension et faire de bonne
heure les soutirages; en mettre si on colle. Les rouges
pourront bien se trouver d'un tanisage , s'ils proviennent de
raisins avaries et surtout si on colle. Ces m^mes vins routes
vont manquer de couleur; seul un coupage avec des vins
Elus color^s est a conseiller. Et a ce propos, j' engager ais
eaucoup les propri^taires qui ont des vignes a raisin rouge
k avoir chez eux un peu plus de c^pages teinturierSy comme
certains Gamqys, le Gros Noir, etc.
Les maladies qui menacent nos vins rouges et nos vins
blancs sont en premier lieu : la casse, Tous ceux qui ont
- 179 -
r^colt^ des raisins pourris peuvent s*attendre a cet inconve-
nient ; il n*est pas , pour le moment , manifeste , le vin etant
charg^ encore d'acide carbonique ; mais il le deviendra au
premier ou au deuxi^me soutirage. Si votre vin est sujet k la
casse , un seul traitement pratique est k conseiller : soutirer
k Tabri de I'air, si le vin est encore sur lies, bisulfiter a rai-
son de 8 ,k 12 grammes de bisulfite de potasse par hectolitre,
soutirer ensuite a Fair quatre jours apr^s, coUer et, dans ce
cas , eviter le tanin et soutirer quand le vin sera clair. Outre
la casse, les maladies habituelJes des vins rouges ont des
-chances de se faire sentir et alors , pour tout le monde et en
particulier pour tons ceux qui ont eu des vendanges avarices,
ne pas trop laisser cuver — vous remedierez au defaut de
couleur d'une autre fa^on — faire le premier et mSme le
deuxieme soutirage a intervalles assez rapproches , de fa^on
a ne pas laisser trop longtemps le vin en contact avec les
lies, sage precaution cette annee ; faire un collage au besoin,
si le vin est long a s'eclaircir.
Je ne parle pas des autres soins habituels dont on entoure,
ou dont on devrait entourer le vin.
Pour les blancs , outre la casse , il y a lieu de craindre la
fraisse, pour les petits vins. On y remedie, lorsqu'elle est
eclaree, tres gen^ralement par un collage precede d'un
tanisage et on Tevite souvent par le remontage des moMs et
en laissant le moins possible le vin en contact avec les lies ,
c'est-a-dire en coUant et soutirant.
En resume, etant donn^ les conditions de la vendange
derniere , on pourra eviter en partie , peut-Stre mSme entie-
rement, les maladies et accidents signales plus haut, en lais-
sant le moins^ possible le ^in en contact a^ec les lies par les
soutirages ei les collages; on ne fera peut-Mre pas, avec
ces moyens, des vins superieurs, mais on fera des vins mar-
chands ; beaucoup de viticulteurs , cette ann^e , n'ont pas
d'autre ambition.
/
— 180 —
Les nouvelles mesures de police sanitaire et
la lutte contre la tuberculosa bovine et la
morve du cheval.
Par M. Alfred Grau
arofesseur de zootechnie
*Angers, membre titulaire
Ingenieur-agTonome , professeur de zootechnie a TEcole d' Agriculture
d*/
Le premier besoin d'un pays , e'est la sante ; la premiere
condition de la sant^, e'est Thygiene. Gette grande verite,
qui s'applique a Fhomme, n'est pas moins exacte en ce qui
eoncerne les animaux domestiques. L'agriculteur, deja si
eprouve par les moins-values de recoltes dues a une tempe-
rature inelemente, est encore sujet a des pertes dans son
betail, qu'il importe de reduire. Son principal souci doit Stre,
k cet egard , de maintenir ses animaux bien portants , s'il
veut en obtenir le plus grand rendement et les meilleurs
services.
Un amenagement bien compris des locaux d'habitation ^
de la proprete, des soins intelligents, de bons traitements^
une excellente nourriture, distribuee regulierement et en
3uantite suffisante, telles sont, en quelques mots, les regies-
'hygiene a observer pour eviter la maladie, en vertu du
fameux axiome : PreQenir vaut mieux que guerir. Mais si
Tagriculteur pent ainsi emp^cher les maladies ordinaires, il
n'en est plus de mSme quand il s*agit de maladies conta-
gieuses, produitespar I'attaque de parasites ou par Tinvasion
dans Torganisme de microbes pathogenes , qui se propagent
avec la plus grande facilite d'un animal a Tautre. Les mesures
a prendre doivent ^tre immediates et rigoureuses : il faut
arrSter la contagion en rendant impossible Fattaque de
r agent infectieux , en emp^chant les microbes de parvenir a
Tanimal sain et en essayant de les detruire autour de I'animal
malade. On doit done isoler ,celui-ci et pratiquer la desinfec-
tion de tous les locaux ou il a pu sejourner.
Malheureusement , la grande masse du public agricole ne
connalt (jue tres impariaitement Torigine, la nature et le
mode d'infection des diverses maladies contagieuses. De
Flus, celles-ci se produisent rarement d'une fa^on isolee,
Epizootic en est la forme la plus courante, de sorte que Ton
se trouve d^sarme pour agir quand c'est chez le voisin que
le fleau vous menace. La defense doit ^tre orgsgaisee d'une
fa^on collective dans toute la region envahie, et Tinterven-
tion de TEtat s'impose pour combattre le mal contre lequel
chacun en particulier serait impuissant. Cette intervention
— 181 ~
s'exercera sous forme de reglements, de prescriptions, de
■contrdle, dont Tensemble eonstitue la police sanitaire.
Le developpement de plus en plus grand des communica-
tions rapides, en permettant le transport dans des points
tres eloignes d'animaux malades, au su ou a Finsu des
proprietaires qu des interm^diaires , a singulierement con-
tribue a faciliter F expansion des epizootics. II faut, par tons
les moyens, enrayer cette invasion redoutable et, a notre
epoque, il n'est pas de preoccupation plus serieuse et plus
angoissante que cette lutte contre les maladies contagieuses
<jui, par Tetendue et la gravite des d^sastres qu'elles occa-
sionnent, font craindre pour notre production nationale et
notre existence elle-m^me , comme la tuberculose et la
morve.
Malgre les theories des dualistes vis-a-vis de la tuberculose,
la contagion possible des bovid^s a Thomme reste indiscu-
table. Au Gongres international de la tuberculose, qui s'est
tenu dernierement a Paris, et se plagant au point de vue
medical, il a ete adopte un voeu du professeur Arloing,
<;onstatant la necessity de poursuivre la prophylaxie de la
tuberculose bovine et de continuer a prendre les mesures
administratives et hygieniques contre la propagation possible
de cette derniere tuberculose a notre espece. A Budapest,
ou vient d'avoir lieu un important Gongres de medecine
v^terinaire, des conclusions du mSme genre ont ete posees,
en mSme temps que d'autres concernant la morve des soli-
pedes. II est avere que la morve pent se propager k Thomme,
chez qui elle produit des desordres graves qui aboutissent
fatalement a la mort apres un temps plus ou moins long.
La lutte contre les maladies contagieuses est done bien une
necessite sociale , non seulement pour restreindre les pertes
economiques qui en resultent , mais encore pour proteger la
sante des citoyens. II est indispensable que des mesures offi-
-cielles et obligatoires puissent s'exercer, en un mot que la
police sanitaire fonctionne d'une fagon serieuse et ininter-
rompue.
La legislation sanitaire est encore r^cente en France. Ce
n'est qu'en 1881 que le Parlement a song^ pour la premiere
fois k edicter les mesures a prendre. Dernierement, des dis-
positions nouvelles et assez rigoureuses ont ete mises en
vigueur, sp^cialement en ce qui conceme la tuberculose
bovine. Je pense que les agriculteurs trouveront peut-^tre
quelque interSt a connaitre exactement les prescriptions qui
leur sont applicables, le cas echeant, et les precautions qu'ils
doivent eux-mSmes observer s'ils veulent prevenir la conta-
mination de tout leur traupeau.
Dans les debuts d'une maladie et avant I'arriv^e du v^t^-
rinaire, Tagriculteur ne sait pas toujours s'il a affaire k la
I
m
I
~ 182 —
tuberculose, a la fi^vre aphteuse, a la peripneumonie ou k toute
autre maladie grave. Dans son interSt m^me, ce qu*il a de
mieux a faire est de sequestrer Tanimal atteint ou suspect
dans un local a part , afin de soustraire au danger ses autres
animaux.|Cette operation, quin'etait autrefois qu'unemesure
de prudence laiss^e a Finitiative de chacun , est maintenant
imposee par la loi. Avant Farrivee du veterinaire, Tanimal
soupQonne ne pent ^tre deplace. II en est de mdme du cadavre
qui doit rester dAment isole.
Les reglementations de police sanitaire se modifient
souvent, en raison des decouvertes qui se produisent tous les
jours et peuvent changer radicalement le traitement de telle
ou telle maladie. La premiere loi qui ait prevu une organi-
sation reguliere des mesures k prendre contre les maladies
contagieuses date du 21 juillet 1881 et fut completee par le
decret du 28 juillet 1888. EUe envisageait la peste bovine, la
p6ripneumonie contagieuse (i), la clavelee, la gale, la fievre
aphteuse, la morve, le farcin, la dourine, la rage et le charbon,
auxquelles le decret de 1888 ajouta la tuberculose, le charbon
symptomatique , le rouget et la pneumo-ent^rite infectieuse.
Une serie d'arr^tes, de reglements vint ensuite pour deter-
miner les conditions dans lesquelles la police sanitaire devait
s'appliquer. Pour mettre un peu d'ordre dans ces additions
successives, le legislateur a repris toutes les mesures d'ordre
sanitaire par la loi du 21 juin 1898 completee par le decret
du 6 octobre 1904, qui a consacre la nomenclature des
maladies contagieuses , en adoptant des prescriptions parti-
culierement serieuses pour la tuberculose bovine. Enfin, la
loi de finances du i3 avril 1898 a pose pour la tuberculose le
principe de Findemnite en cas de saisie ou d'abatage.
Nul n'est cense ignorer la loi. II est de fait que les culti-
vateurs qui ne sont pas au courant de ses prescriptions sont
sujets parfois a des surprises desagreables. Dans le cas qui
nous occupe les penalites pour non observation peuvent
entrainer de Famende ou de Femprisonnement. L'Etat
intervient en effet dans un but de protection , et pour nous
mettre en garde contre des negligences dont les consequences
desastreuses ne sont pas assez souvent envisag^es , malheu-
reusement par leurs auteurs.
Cependant, les obligations d'ordre general imposees par
la police sanitaire ne sont pas bien feroces; et il faut bien
comprendre qu'il vaut mieux s'y soumettre de bonne grace,
si Fon veut que les mesures prises soient efficaces. Que
demande-t-on au cultivateur? Simplement, au premier
symptdme de la maladie , d'en faire declaration au maire de
la commune et d'isoler la b^te malade. II n'a pas le droit de
la faire circuler ou de la vendre. La declaration est inscrite
(i^ Avec une indemnite pour ces deux maladies : peste bovine et
peripneumonie.
I
. — 183 —
a la mairie sur un regislre special et un recepisse est delivre
au declarant.
Le maire aussitdt prevenu fait appeler le veterinaire sani-
taire et s'assure que risolement de 1' animal ou du cadavre a
lieu ; le veterinaire sanitaire vient diagnostiquer et prescrit
toutes les mesures utiles et immediates de traitement, d'aba-
tage et de desinfection. II avise le maire qui doit tenir la
main a Texecution de ces prescriptions et il envoie son rapport
au prefet du departement. Celui-ci prend, quand c'est neces-
saire, un arr^te de declaration d'infection et les mesures que
la situation comporte : interdiction de circuler dans un rayon
donne, suspension des foires et concours, etc,
Le veterinaire pent indiquer I'abatage des animaux s'il
juge la maladie incurable. Pour la peste oovine, la peripneu-
monie contagieuse , le charbon , la rage , la morve , le farcin,
I'abatage est obligatoire immediatement. Dans les cas de
peste bovine, de peripneumonie , de tuberculose bovine, le
proprietaire a droit a une indemnity (i). Jusqu'a cette annee,
il n y en avait pas pour la morve et le farcin.
La loi du i4 Janvier 1906 a comble cette lacune ; elle accorde
une indemnite des trois quarts (avec maximum de 760 francs)
pour la morve et le farcin quand I'abatage par raison sanitaire
a suivi la declaration du proprietaire. G'est dans les m^mes
conditions que I'agriculteur a droit a une indemnite pour la
peste bovine et la peripneumonie. En ce qui concerne la tuber-
culose bovine, nous verrons plus loin comment le cultivateur
pent I'obtenir.
Pour recevoir une indemnite quelconque, les int^resses
doivent naturellement se sotimettre a quelques formalites :
demande sur papier timbre, proc^s-verbaux d'estimation,
copie certifiee de la declaration, etc., mais nul ne niera que
cette indemnite constitue un adoucissement a la rigueur de
la loi, rigueur qui est elle-mSme necessaire pour garantir son
efficacite , si Ton veut arriver a restreindre la contagion et la
faire enfin disparaitre.
*
Parmi les diverses maladies contagieuses , la tuberculose
doit appeler toute notre attention, car elle est tres repandue,
beaucoup plus qu'on ne le croit generalement. Dans certaines
regions, la proportion des b^tes tuberculeuses , dans une
m^me etable, est effrayante, elle atteint jusqu'a 3o et 4o 0/0.
Le veterinaire inspecteur des abattoirs de Lille, M. Charlet,
(i) Disons bien que dans I'esprit de la loi, le principe de rindemnite
est destine a etre un encouragement pour les cultivateurs qui veulent
lutter centre le ileau, mais ce n'est pas un remboursement obligatoire
comme on pourrait le penser. L'an dernier, le credit affecte aux
indemnites ctait de 715.000 francs, somme notoirement insuilisante
pour toute la France. En Maine-et-Loire , il y a encore 6 a 7.000 francs
a'arrieres a payer.
— 184 — .
que j'ai eu Foccasion de voir derni^rement au cours d'un
voyage dans le Nord, me disait avoir observe, pour les
vaches d'une exploitation, un poureentage de 4^ (i), chiffre
dont nous sommes loin dans le Maine-et-Loire , heureuse-
ment, mais il est plus eleve encore qu'il he devrait ^tre ; aux
abattoirs d' Angers , la moyenne des bovins tuberculeux est
de 3 o/o environ, alors qu'a la Villette, a Paris, elle n'est que
de I o/o (a).
La tuberculose doit done ^tre enrayee par tous les moyens,
et Ton comprend la severity des mesures qui ont et^ mises
en application depuis le d^cret du 6 octobre 1904. Une autre
raison pour la redouter, c'est qu'elle porte ses coups bien
longtemps avant qu'on ne reconnaisse sa presence. Gette
maladie, en effet, n'est pas tres apparente. Elle ne se mani-
feste qu a I'interieur, dans les quartiers atteints, par la pre-
sence de petits tuber cules contenant les microbes infectieux,
L'ext^rieur de I'animal reste indemne et elle n'entraine, dan&
la plupart des cas, que des consequences comme la maigreur^
la sterilite ou Vavortement, qu'on pourrait attribuer a toute
autre cause. Sou vent m^me , T animal semble se porter tre&
bien et le cultivateur est loin de soupQonner T^tendue du
mal qui progresse dans son troupeau.
L'evolution de la tuberculose est particulierement lente.^
Pour que le bacille s*installe definitivement dans les tissus,
il faut qu*il produise plusieurs attaques successives. G'est
surtout pendaijit une cohabitation prolongee , par Texpecto-
ration et les excrements des b^tes attaquees que les germes
se prop agent aux animaux sains. Pour les jeunes a la
mamelle, les pores au petit lait, la contagion est plus rapide,
car si la mamelle d'une vache est envahie par les tubercules,
le lait deviendra un agent tres actif d'infection.
II n'existe pas encore, dans la pratique courante, de nK)yen
curatif qui permette une guerison certaine. Le professeur
Behring , dont on n'a pas oubli^ les declarations au recent
Congres de la Tuberculose, a, semble-t-il, fait faire un. grand
pas a la question. II affirme le succ6s de son bovo-vaccin et
celui-ci, experimente en ce moment en France par le pro-
fesseur Vallee d'Alfort, paralt deja devbir tenir plus ou
moins completement les promesses de son inventeur. Pent-
^tre entrera-t-il bientot dans le domaine public si Texperience
vient confirmer les premiers r^sultats et esperons en la vie-
toire definitive de la science quand ce traitement aura fait ses
preuves. Actuellement , continuous a appliquer les moyens
pr6ventifs; ce qu'il faut ne pas cesser de* laire pour lutter
(i) Cette enorme proportion tient surtout du mode d'exploitation
qui fait rester les animaux en stabulation permanente, condition tres
mvorable au developpement de la tuberculose.
(2) Si Ton tient compte des cas non declares , on pent admettre que
la moyenne des animaux bovins tuberculeux est , en France , de 10 k
ao 0/0 de reflfectif total.
— 185 —
centre la maladie, c'est de soustraire ses animaux a la conta-
gion et de faire disparaltre les animaux malades, apres avoir
pris les mesures necessaires de desinfection et d isolement
pour la mise en observation des animaux suspects. I^es
cooperatives de laiterie ont bien soin a present de pasteu-
riser le lait qu'elles re^oivent avant de le centrifuger pour
obtenir la creme ou, tout au moins, de pasteuriser le lait
ecreme et le petit lait qu'elles vendent aux cultivateurs. En
tout cas , le procede de centrifugation pour Fecremage per-
met difficilement aux bacilles de rester dans le beurre. Dans
beaucoup de laiteries, les residus qui peuvent contenir les
germes infectieux sont exposes a une temperature de 80 a 85*>,
suffisante pour detruire les microbes, si on la maintient un
quart d'heure, vingt minutes. II est a desirer qu'il en soit
ainsi dans toutes les laiteries et qu'il soit defendu de sortil*
le petit lait des laiteries cooperatives avant sa sterilisation.
Pour eviter la contagion d' animal a animal, il serait suf-
fisant a premiere vue de pratiquer Tisolement pour la b^te
malade. Mais ce moyen, qui parait tres simple, est difficile a
appliquer, puisque le plus souvent on ignore la maladie , et
quand on s'en aper^oit, il y a longtemps gu'elle a exerce ses
ravages et a pu gagner tout le troupeau. N^y a-t-il done aucun
procede qui permette de connaitre la tuberculose a ses debuts
et de la caract^riser nettement, quand aucun signe exterieur
ne vient encore la reveler ?
Un savant allemand , Koch , a la suite de recherches nom-
breuses sur ce sujet, a pu isoler le bacille de la tuberculose,
et il a decouvert une substance , qui est un extrait sterilise
de la culture du bacille en milieu glvcerique , a laquelle il a
donne le nom de ^uberculine. Gette tuberculine a la propriete,
apres inoculation, de produire une elevation de temperature
cnez les animaux atteints de tuberculose , les animaux sains
ne reagissent pas , et des lors , il devient assez facile de diag-
nostiquer la maladie quel que soit son etat plus ou moins
avance de developpement.
Tons les agriculteurs eclaires et soucieux de leurs int^rets,
surtout ceux qui possedent un troupeau nombreux, devraient
faire tuberculiner leurs animaux pour savoir a quoi s'en tenir,
et prendre au besoin les mesures necessaires : abatage des
animaux atteints , isolement des suspects , tout en n'oubliant
pas la declaration au maire qui est imposee par la loi.
En general, il n'en est malheureusement pas ainsi, et ce
n*est que par Tinspection sanitaire des viandes aux abattoirs
(Tu'on est amene a reconnaitre la presence de la tuberculose
dans une exploitation. Le legislateur a prevu , en effet , dans
les abattoirs comme sur les foires et marches, Tinspection
sanitaire des animaux ou des viandes par des veterinaires
delegues qui s'assurent que les animaux present^s sont sains.
Dans le cas contraire, il y a saisie. Les poumons seuls peuvent
fitre atteints ou bien il pent y avoir un ou plusieurs quartiers
— 186 —
envahis et la saisie est selon le cas partielle ou totale. II y a
toujours saisie quelle que soit la bMe abattue si elle est
tuberculeuse , ear la viande est a rejeter absolument de la
consommation. Mais tandis que la tuberculose peut attaquer
aussi bien Tespece porcine que Tespece ovine ou ehevaline,
le legislateur ne s'est pr6occupe que de Fespece bovine pour
restreindre le fleau et prendre des mesures a cet effet. II est
vrai que ee sont surtout les bovides qui sont sujets a la
maladie, mais la contagion ne peut-elle pas se produire avec
les autres animaux ? En tout cas , on sait que c'est surtout
par le lait de vacbe que la tuberculose peut se propager a
rhomnie, et c'est contre la tuberculose Dovine qu'il fallait
lutter plus parti culierement.
Quand' la tuberculose est done reconnue chez un bovide,
la loi prevoit une serie de mesures qui vont frapper le pro-
prietaire de ranimal. Ce\ui-ci rcQoit la visite du veterinaire
sanitaire qui vient s'assurer si les autres animaux ne sont pas
contamines et un arr^te prefectoral d'infection met sous
sequestre le troupeau tout entier, ainsi que tons les locaux
et herbages par ou le malade a pu passer. Tons les animaux
sont egalement soup^onnes et le proprietaire n'a plus le droit
de les vendre ou de les echanger, si ce n'est pour la boucherie.
De ce fait , les animaux qui avaient une plus grande valeur
en raison de leurs facultes laitiere ou reproductrice , ou da
leur aptitude au travail, subissent une deiDreciatioii sensible,
f)uisqu'il faut les ecouler comme animaux de boucherie. Enfin,
es bovins auxquels le veterinaire reconnalt les signes cli-
niques de la tuberculose sont abattus sur Tordre du maire,
sauf recours a I'indemnite prevue par les lois de finances de
1898 et 1809.
Telles sont les dispositions en vigueur depuis le decret du
6 octobre 1904. Elles etaient beaucoup plus douces autrefois.
Seuls les animaux avant nettement les caracteres de la
tuberculose etaient sequestres, les autres, meme suspects
apres tuberculination, etaient laisses a la libre disposition du
proprietaire et ceci etait un tres gros danger pour le culti-
vateur car la tuberculine se retournait alors contre son but.
C'etait un instrument de fraude qui servait a masquer les
eJQfets d'une tuberculination ult^rieure. En effet, un animal
tuberculine ne reagit plus pendant un mois a une deuxieme
^preuve ; les proprietaires de mauvaise foi ayant la latitude
de vendre les animaux suspects les faisaient tuberculiner et
passer pour sains, Tacheteur ne pouvait se rendre compte
du contraire.
Aujourd'hui, une bete quelconque du troupeau ne peut
^tre vendue que pour ^tre abattue et encore ne peut-elle plus
passer sur les marches publics , mais doit aller directement
de Tetable a Fabattoir avec un laisser-passer delivre par le
veterinaire et vis6 par le maire. Les choses sont telles que la
tuberculination, sans Stre imposee par la loi, devient Funique
— 187 —
moyen d'eviter sa rigueur en empSchant le sequestre com-
plet du troupeau. Le cultivateur retrouve la libre disposition
des animaux qui n'ont pas reagi, a la seule condition de
separer les animaux sains des malades et de suivre toutes les
precautions de desinfection ordonnees par le veterinaire.
Enfin, il recouvre la faculty d'acheter et peut reconstituer
de suite, a c5te du lot reste sous sequestre, un autre troupeau
d'elevage. La tuberculose n'est pas necessairement heredi-
taire , en tout cas elle est beaucoup plus contagieuse qu'he-
reditaire. En isolant les jeunes veaux, en les plagant dans
des etables desinfectees et en les allaitant avec du lait pro-
venant de vaches saines, on pourra conserver et elever les
jeunes sujets. Une autre precaution pour eviter le retour de
la HTialadie sera de soumettre les individus nouvellement
achet^s k I'epreuve de la tuberculine.
A c6te des mesures d'ordre general edict^es par la loi du
21 juin 1898 et le decret de 1904, il y en a d'autres relatives
k la vente et a Findemnite. Les operations de vente ont fait
Tobjet d'une loi toute recente, du 28 fevrier 1905. qui modifie
les conditions dans lesquelles le recours de Tacheteur contre
le vendeur doit s'exercer. Supposons un cultivateur ayant
achete nn bovin qu'il soumet a la tuberculination ; 1' animal
reagit, I'acheteur a droit a la resiliation du marche et, si le
vendeur oppose a sa demande une fin de non-recevoir, il
peut s'adresser aux tribunaux dans le delai de 3o jours a
partir du lendemain de la livraison ; son action est recevable
pourvu qu'il ait fait declaration au maire de sa commune. La
vente d'un animal atteint de maladie contagieuse est nuUe de
droit et le tribunal ne pourra que condamner le vendeur a la
restitution du prix et aux frais. S'il s'agit d un animal abattu
pour la boucherie, reconnu tuberculeux et saisi, I'acheteur
etant en Tespece un boucher, Taction en redhibition ne
pourra Hre intentee au dela du delai de 10 jours apres Faba-
tage et seulement dans le cas ou cet animal aura fait Tobjet
d'une saisie totale. En cas de saisie partielle, Facheteur n'a
droit qu'a une reduction de prix, tandis qu'avant la nouvelle
loi de fevrier dernier, il cherchait souvent a laisser la bete a
la charge du cultivateur, quitte a lui racheter la partie saine
de Fanimal a vil prix. Enfin, pour que le proprietaire de la
bSte saisie puisse venir le reconnaitre, 1 abattoir conserve
3 jours durant la peati de Fanimal avec la t^te entiere.
En ce qui concerne Findemnite a laquelle a maintenant
droit le proprietaire d'un animal bovin tuberculeux abattu
sur Fexploitation ou saisi a Fabattoir, j'indiquerai bri^ve-
ment les conditions necessaires et suffisantes pour Fobtenir.
La loi de 1898 la reservait aux seuls proprietaires ayant fait
la declaration prealable et observe les precautions d'isole-
ment avant Fabatage des animaux tuberculeux. Actuellement,
FEtat se montre plus large. La tuberculose est une maladie
si etrange, son action reste si longtemps cachee, que le culti-
— 188 —
vateup pent tres bien ^tre loin de la soupgonner, et avoir
envoye, de tres bonne foi, des animaux atteints de cette
maladie aux abattoirs, sans jamais avoir declare, ^u maii^e
de la commune , qu'il avait la tuberculose dans son etable.
L'Etat, qui veut seulement punir la fraude, accorde egale-
ment Findemnite si Tabattoir auquel les proprietaires ont
envoye leurs animaux est un abattoir public ou une tuerie
particuliere placee sous la surveillance permanente d'un
veterinaire agr^e par le prefet du departement ou si les pro-
prietaires ayant abattu leurs animaux d'une fagon quel-
conque, chez eux ou ailleurs, ont requis au prealable la
visite , avant abatage , du veterinaire sanitaire , lorsque dans
Tun ou Tautre cas il y a eu saisie. Quant k ceux qui
recherchent pour les animaux suspects des abattoirs ;ion
surveilles, ils n'ont droit a aucune indemnite.
L'indemnite revient enfin naturellement aux proprietaires
d' animaux abattus par mesure administrative, et tandis
qu'elle est du tiers en cas de tuberculose generalisee (avec
maximum de 200 francs) des trois quarts en cas de tubercu-
lose localisee (avec maximum de 4^0 francs) , elle est entiere
pour les animaux reconnus non tuberculeux apres abatage.
^estimation est faite sous deduction de la valeur de la
viande et des d^pouilles vendues sous le contrdle du maire ,
en valeur de boucherie dans les deux premiers cas, en valeur
reelle dans le dernier.
Toutes ces dispositions etant encore assez recentes sont
generalement mal connues dans le monde des cultivateurs ,
ce qui entralne parfois des ennuis et des pertes assez impor-
tantes. L'agriculteur pom^ra encore les r^duire, s'il s' assure
contre la mortalite de son betail a une de ces societes
mutuelles d' assurances qui rendent tant de services dans
nos campagnes et dont on ne saurait trop encourager le
developpement. EUes indemnisent aux deux tiers et jusqu'a
80 0/0, de sorte que Tassure , qui a reqn la visite de la tuber-
culose, arrive a s'en debarrasser en n'eprouvant que des
pertes relativement minimes.
Avant de clore cette ^tude, je dirai quelques mots de la
morve qui fait tant de victimes dans tons les pays. Cette
maladie se d^cele comme la tuberculose, par I'inoculation
d'un extrait sterile du microbe , la malleine , k I'encolure du
cheval. La quantite employee est la m^me, deux centimetres
cubes et demi, mais la temperature s'eleve un peu plus et il
se produit, au point d'inoculation , une tumeur douloureuse
quand Fanimal est attaque, tandis que pour la tuberculose
bovine il n'y a pas de tumeur. Le point important, pour bien
apprecier Felevation de temperature, est de connaitre au
f)realable, par des observations r^p^t^es trois jours a
*avance , la temperature et les variations normales du sujet.
— 189 —
Cette temperature est prise au moyen d'un thermometre k
maxima que Ton introduit dans le rectum.
Ind^pendamment de cette fagon de reveler la morve, qui
peut ^tre seule mise en pratique par les veterinaires dans la
plupart des cas, il existe d'autres caracteres cliniques au
moj^en desquels le proprietaire peut soupgonner la maladie.
Le saignement de nez par une seule narine, remission fre-
quente en grande quantite d'une urine incolore, sont d6ja
les premiers signes. Puis , apparait un ecoulement purulentt
d'un jetage visqueux, jaun&tre, rouss&tre ou san^uinolen
{)ar une narine, rarement par les deux. Les ganglions de
'auge s'indurent, grossissent, deviennent adherents k la
peau et a Tos. Enfin la fievre apparait, il survient une toux
et Fanimal succombe.
Des le debut, il y a lieu de pratiquer Fisolement, de taire
la declaration au maire et d'appeler le vet^rinaire. — Cette
maladie se propage surtout chez les chevaux mal loges , mal
nourris et surmenes. Les grandes agglomerations d'animaux
permettent une contagion rapide et terrible par ses ravages.
II faut se mefier des ecuries banales des hdtelleries ou votre
cheval peut boire dans la m^me auge qu'un cheval morveux.
On demandera toujours de faire boire au seau. Le valet
d*ecurie jette chaque fois I'eau qui peut rester dans le fond ;
il est facile de rincer ces recipients , et comme on les laisse
vides a la cour, ils s'aerent, s'ensoleillent et les chances de
contagion sont moindres, etant donne le pouvoir microbicide
de Fair et de la lumi^re.
Dans toutes les qommunes ou se tient un marche perio-
dique, les maires devraient imposer, k chaque reunion, la
desinfection au lait de chaux des ecuries d'auberges.
Chez soi , on aura soin de nettoyer les auges assez souvent
et de les vider apres chaque repas. Le cheval laisse toujours
un peu d'eau dans le fond de Vauge apres boire ; generale-
ment, on se contente de rapporter de I'eau fraiche par-dessus.
C'est une faute qu'on peut eviter facilement. A lalongue, les
microbes puUulent au fond de Tauge et le terrain est tout
prepare s'il y a de la morve dans 1 air. II n'y a d'ailleurs Ik
qu'une mesure d'hygiene generale, comme le lavage du sol
de I'ecurie de temps en temps.
La morve et la tuberculose sont deux maladies qui causent
trop de calamites dans nos campagnes pour nous laisser
indifferents. Si I'Etat intervient en edictant des mesures de
police sanitaire, de notre cote ne restons pas inactifs et
€ssayons de preserver nous-m^mes les betes de nos fermes
et de nos exploitations. Aidons-nous, le ciel nous aidera
190
AGRICULTURE
De I'efiicacit^ des engrais sur les plantes
suivant le mode de leur application au sol
(suite et Jin)
Par M. Lavallee, membre titulaire
Discussion des r6sultats obtenus dans les recherclies
sur c6r6ales
L'ensemble des conclusions formul^es a la suite de chaque
serie de recherches sur cereales permet de restreindre le
probleme de la localisation des engrais mineraux a ceux qui
renferment de I'acide phosphorique ou de Tazote.
La solution de ce probleme reside tout entiere dans la
construction de semoirs d'un prix abordable , pouvant prati-
quement distribuer en lignes a la fois 1' engrais et les
semences.
La distribution m^canique des graines de cereales ne pre-
sente aucune difficulte, mais il n'en est pas de m^me des
engrais chimiques; tantot ils se presentent sous forme de
poucjye seche ou a I'etat pateux , tant6t en poudre fine ou en
grumeaux, suivant leur nature, leur provenance, lesprocedes
d'extraction ou de fabrication , 1 etat hygrometrique de
Fair, etc. Enfin, ils sont plus ou moins acides et corrodent
les corps avec lesquels ils sont en contact. De Ik , de multiples
difficultes a vaincre dans la construction et la disposition des
organes de distribution des semoirs pour arriver a une repar-
tition rigoureusement exacte des engi^ais, et, si ce desiderata
n'est pas rempli, Tepandage en lignes n'a plus sa raison d'etre.
En epandant en meme temps Tengrais et la semence, le
semoir sera plus lourd, demandera plus de traction, il faudra
aussi arr^ter plus souvent pour le charger, on ira moins vite,
et la crainte d'etre surpris en plein travail par la pluie lorsque
les sacs d'engrais seront deposes sur le terrain fera parfois
perdre des journees precieuses, pendant lesquelles le semoir
simple aurait pu fonctionner sans en eprouver de mecomptes.
Pour toutes ces raisons nous ne pensons pas, malgre les
supplements de recolte que nous avons signales , qu'il y ait
lieu d'envisager la repartition des engrais mineraux en lignes,
dans la culture des cereales.
— 19! —
DEUXIEME PARTIE
EXPERIENCES SUR PLANTES SARCLEES
Pommes de terre et Betteraves
Observations generales, — .Les experiences sur plantes
sarcleers ont porte sur pommes de terre et betteraves demi-
sucrieres destinees a ralimentation du betail, en faisant
usa^e d'engrais potassiques, phosphates, azotes et de lumier
de ferme.
Ges diflferents engrais ont 6te employes seuls ou en me-
lange eomme nous 1 indiquons en t^te de chaque parcelle.
JSn^rais potassiques. — Le sulfate de potasse a la dose de
i5o kdos a I'heetare a ete compare a i8o kilos de chlorure
de potassium, ou 670 kilos de ka'inite. Sous ces differentes
formes, Fapport de potasse correspondait a une mSme
depense de 42 fr. 76 a I'heetare.
Engrais phosphates, — Le superphosphate 14/16 a la dose
de 600 kilos a Thectare a ^te mis en comparaison avec
725 kilos de scories de dephosphoration i6/i§ representant
une mSme depense de 43 fr. 5o a Thectare.
Engrais azotes. — Le sulfate d'ammoniaque a ^te expe-
rimente a raison de 100 kilos a Thectare, soit seul soit en
melange avec les autres engrais au moment de la plantation.
Comme complement de fumure azotee, nous avons eu recours
au nitrate de sonde employe en couverture k la dose de
100 kilos a I'heetare et distribue en lignes ou a la vol^e-
dans les deux cas il a ete incorpore au sol par un binage.
Famier de ferme. — Dans les essais sur pommes de terre
le fumier de ferme, a la dose de 40.000 kilos a I'heetare, a
ete experimente comparativement avec chacun des engrais
mineraux que nous venons d'enum^rer, ou associe avec eux
a la dose de 20.000 kilos a I'heetare.
Pour les betteraves, I'apport du fumier seul a ete de
5o.ooo kilos a I'heetare et de 3o.ooo kilos lorsqu'il devait
^tre complete par des engrais mineraux.
Afin d eviter les inconvenients signales dans Temploi des
engrais potassiques, ceux-ci ont et^ epandus au mois de
mars sm* le labour d'hiver et enterres ensuite par la charrue.
Les autres elements fertilisants furent apportes au moment
de preparer le sol en vue des semailles. Dans une premiere
s^rie d'essais ils etaient epandus sur toute la surface du
terrain, puis, suivant leur nature, incorpores au sol, soit
par la charrue , le scarificateur ou la herse , tandis que dans
des parcelles correspondantes on les deposait en lignes avant
les semences , voire m^me k Templacement de chaque plante
suivant le mode de culture adopts.
— '192 —
Experiences sur Pomraes de terre
Disposition des essais
Le champ n° 4* laboure a plat, fut divis6 en six parties
egales de oo metres carres de superficie, dans trois a entre
eUes — n°* loi , io3 et io5 — les engrais furent melanges a
toute la surface du sol, dans les trois autres — n**' 102, 104
et 106 — ils ^taient r^partis avee une precision mathema-
tique au fond des trous destines a recevoir les tubercules de
semence. Ges trous, creuses a la pioche , etaient ensuite gar-
nis de 2 a 3 centimetres de terre , de mani^re a ce qu'il n'y
eM pas contact immediat entre les engrais et la pomme de
terre de semence. Ils etaient disposes en lignes distantes les
unes des autres de 0^6 et sur les lignes 1 espacement etait
de o"45- Nous avions ainsi 100 touffes par parcelle ou 33.670
a rhectare. Get espacement (o"^66 X o'"4^) est celui que nous
avons conseille a la suite de nos recherches sur la pomme
de terre industrielle (i) , il est suivi dans les bonnes exploi-
tations et tend de plus en plus a se generaliser.
Le champ /i° 5 dispose en billons de un metre de large
comprenait, abstraction faite des bordures, 16 parcelles
egales ay ant chacune 4^ metres carres de surface. Les
semences etaient placees sur le sommet des billons k o^^o les
unes des autres. Nous avions encore 100 touffes par par-
celle, mais une telle plantation (i"™ X o™45) ne.donnait plus
que 22.220 plants a Inectare. Nous envisagions dans cette
deuxieme serie d'essais la culture de la pomme de terre telle
qu'elle se pratique encore dans bien des regions , notamment
dans rOuest et une partie du Gentre de la France.
Dans 8 parcelles — n^** 107, 109, iii, ii3, ii5, 117, 119
et 121 — on pratiqua la fumure en plein et dans les 8 autres
— n°' 108, no, 112, 114, 116, 118, 120 et 122 — la repartition
des m^mes engrais se fit en lignes en formant les billons.
La plantation fut faite le 22 avril avec des tubercules
entiers , du poids de 80 grammes , appartenant a la variety
« Professeur Maercker ». Quinze jours apres on passa la herse
pour detruire les mauvaises herbes qui commengaient k
apparaltre et regulariser la surface du sol. Deux binages,
Tun aussitot la levee, Tautre quinze jours plus tard, pr6c6-
derent le buttage qui fut effectu^ le 3 juillet. La levee etait
complete dans tons les essais le 3o mai, la vegetation a ^16
normale , Tarrachage opcre apr^s complete maturity eut lieu
les 1 5 et 16 octobre.
Les r^sultats obtenus sont consignes, sous forme de ta-
bleaux dans lesquels nous indiquons en mSme temps que la
(i) Voir Culture de la Pomme de terre industrielle , par P. Lavallee,,
en vente au Syndicat agricole d'Anjou, 5, place Lorraine, Angers.
Ouvrage couronne par la Societe des Agriculteiirs de France.
— 193 —
lumure et les rendements a Thectare , les differences consta-
tees dans chaque parcelle entre le produit en poids et la
valeur de la reeolte. Celle-ci est ealculee en estimant les
tubercules 3 fr. 5o les loo kilos.
R6sultats du champ n"* 4
Tableau XXXIII. — Influence du mode de repartition de
la fumure sur pommes de terre plantees a plat k o^^^ d'ecar-
tement sur lignes espacees les unes des autres de o°»66 :
(A
o d
S <
NATURE ET QUANTITY:
des engrais
employes k Thectare
lOI
et
RENDEMENT
en poids k Thectare
engrais
epandu
a
la volee
io3
et
io4
io5
et
io6
i5o kil. de sulfate de
potasse
6oo kil. de superphos-
phate
100 kil. de sulfate d'am-
. moniaque
100 kil. de nitrate de
soude
i8o kil. de chlorure de
potassium
6oo kil. de superphos-
phate
loo kil. de sulfate d'am-
moniaque
100 kil. de nitrate de
soude
590 kil. de kainite
600 kil. de superphos-
phate
100 kil. de sulfate d'am-
moniaque
100 kil. de nitrate de
soude
kil.
28.300
25.330
engrais
epandu
sous
les lignes
kil.
3o.33o
VALEUR
argent de la reeolte
a I'hect'are
DIFFERENCE
en faveur des engrais
sous les lignes
engrais
epandu
la vol^e
fr. c.
990 5o
engrais
dpandu
sous
les lignes
fr. c.
I. 061 55
25.665
27.6^0
27.665
886 55
Moyenne des essais 126.431
28.555
898 25
96845
968 25
925 10 999 40
en
en
poids
argent
kil.
fr. c.
2.030
71 05
2.340
81 90
2.000
2.124
70 »
74 30
L'examen des chiff'res de ce tableau demontre ;
JO Que c'est la formule d' engrais avec sulfate de potasse
qui donne la plus abondante reeolte ;
2° Que I'epandage des engrais sous les tubercules de
semence se traduit par des excedents de production s'elevant
en moyenne k 2.124 kilos pour le rendement en poids et a
74 fr. 5o pour la valeur argent de la reeolte a Thectare.
Avant de conclure, jetons un regard sur le tableau XXXIV
oil sont r^sum^s les resultats obtenus dans les differentes
parcelles du champ n° 5.
— 194 —
R68ultats du champ n"^ 5
Tableau XXXIV. — Influence du mode de repartition de
la fumure sur pommes de terre plantees a o'^^o a ecartement
sur billons espaees de un metre :
td
O -j
►3 s,
^ en
107
et
108
109
et
no
III
NATURE ET QUANTITE
des engrais
employes k Thectare
600 kil. de 'superphos-
phate
725 kil. de scories de
dephosphoration .
„* \ 40 • 000 kil. de fumier de
112 ^ ferme
jj3 ( 20.000 kil. de fumier de
gj. J ferme
,,/ ) 600 kil. de superphos-
^^ f phate
I
jj5 j 20.000 kil. de fumier de
g* ) ferme
116 ) "^ ^^^' ^^ scories de
I
dephosphoration .
20.000 kil. de fumier de
, j_ \ ferme
g? ) 100 kil. de sulfate d'am-
j,o J moniaque
/ 100 kil. de nitrate de
I sonde
I
20.000 kil. de fumier de
ferme
..„ , 600 kil. de superphos-
"9 ; phate
120 J ^*^ ^^^' ^^ sulfate d'am- 1
' moniaque
100 kil. de nitrate de
sonde
20.000 kil. de fumier de
ferme
725 kil. de scories de
dephosphoration .
100 kil. de sulfate d'am-
moniaque
100 kil. de nitrate de
sonde
RENDEMENT
en poids a I'hectare
engrais
epandu
k
la volee
kil.
8.600
8.000
9.500
g-^So
io.25o
12.000
I2.500
121
et
122
Moyenne des 8 essai^...
12.3^5
engrais
place
sous
les lignes
10.370
kil.
10.000
9.750
i3.25o
i3.5oo
i4^.5oo
i3.5oo
15.750
la. 000
13.156
VALEUR
argent de la recolte
k I'hectare
engrais
epandu
k
la volee
fr. c.
3oi »
280 »
332 5o
341 25
358 75
420 »
437 5o
433.10
363 »
engrais
place
sous
les lignes
fr. c.
35o y>
341 25
463 75
472 5o
507 5o
472 5o
DIFFERENCE
en faveur
des engrais localises
dans
le ren-
dement
en poids
kil.
1.400
1.750
3.750
3.750
4.250
1«500
dans
la valeur
en
argent
fr. c.
49 »
61 25
131 25
131 25
148 75
52 50
55o 25
525 »
3.250
113 75
2.625
460 45
91 90
2.786 97 45
On remarque sans peine que ee sont les parcelles ayant
requ une demi- fumure au fumier de ferme completee par
les engrais mineyaux qui arrivent en t^te pom' le rendement
— 195 -
en poids et comme valeur argent a Thectare ; mais , ee que
r^velent surtout les chiffres de ce tableau, e'est la grande
inferiorite de production de la culture en billons sur la cul-
ture a plat. Cette inferiorite tient, a la fois, au mode de cul-
ture et aux engrais employes. II est certain qu'en sol fertile,
une plantation qui ne comporte que 22.220 touffes a Thectare
ne pent rendre autant que celle qui en compte 33.670 ; d' autre
part, la pomme de terre reclamant beaucoup de potasse,
I'emploi des engrais potassiques dans le champ n° 4 ^ egale-
ment exerc^ une influence heureuse sur la recolte.
Dans tons les essais la fumure en ligne donne des resultats
bien superieurs a la fumure en plein, les excedents de
production varient, pour le rendement en poids , de i .400 a
4.25o kilos correspondant a des sommes d'argent variant
elles-mSmes de 49 a i48 fr. ^5 a I'hectare, suivant la quantity
et la nature des engrais employes.
La comparaison entre les excedents de recolte dans les
champs n° 4 ^t 5 demontre que plus les lignes sont espacees,
plus la superiorite de T agglomeration de la fumure est frap-
pante. Avec des lignes aussi ecart^es que dans les essais du
champ n° 5 (billons de un m^tre de large) Fexcedent moyen
de rendement, qui est de 2.786 kilos a 1 hectare, represente
Slus de 26 0/0 de la recolte, tandis que dans la culture a plat
n'est plus que de 8 0/0. Ces proportions restent sensible-
ment les mSmes lorsqu on envisage les plus-values estim^es
en argent.
On pent done conclure que la localisation des engrais
aurait des consequences heureuses dans les deux modes de
culture de la pomme de terre , si on pouvait la realiser eco-
nomiquement. C'est la un point sur lequel nous reviendrons
dans la discussion et le resume de nos recherches sur plantes
sarclees.
Experiences sur betteraves demi-sucri^res
avec fumures en plein et fumures agglomer^es
Champs nos 6, 7, 8 et 9
Les quatre champs n°^ 6, 7, 8 et 9 ont ete consacres aux
recherches sur betteraves demi-sucrieres destinees a Tali-
mentation du betail , semees ou repiquees en terrain dispose
k plat ou en billons avec engrais repartis sur toute la sur-
face ou disposes en lignes,
Le semis direct de la betterave ayant ses partisans de
m^me que le repiquage , nous avons pense qu il etait utile
de faire porter les recherches sur ces deux modes de culture
en nous plagant dans les conditions usuelles de la pratique
courante.
— 196 —
Le champ n° 6 dispose k plat comprenait 6 parcelles
egales de un are, divis^es a I'aide d'un cordeaii et d*un
marqueur en lignes paralleles distantes les unes des autres
de o"^,4o. Les graines furent placees sur ces lignes dans de
petites eavites ereusees a la none a main tons les o"^,25 ,
aprfes demariage il y eut exaetement lo racines au metre
earre.
. Dans 3 parcelles portant les n°^ I23, I25 et I2y, les
engrais furent repartis sur toute la surface et enterres a
Taide du scarificateur, quelques jours avant les semailles ;
dans les 3 parcelles voisines n°^ 124* 126 et i28,Ir fumure
fut la meme et plac^e dans des rigoles profondes de o'",!^
ereusees k la pioche sous Templacement que devait occuper
les lignes du semis.
Dans le champ n° y , egalement dispose a plat , nos essais
^taient identiques a ceux du champ n° 6, nous operions avec
des betteraves repiquees au lieu de betteraves semees. Les
3 parcelles n°' i2g, i3i et i33y recevaient les engrais sur
toute la surface, tandis qu ils etaient repartis en lignes dans
les parcelles n°« 130, 102 et i34i de maniere a se trouver
directement a la portee des racines.
Dans les champs /i°^ 8 et p, le terrain fut dispose en
billons espac^s de i metre sur lesquels ou repiqua les bette-
raves en les eloignant les unes des autres de 26 centimetres,
ce qui correspond a un peuplement de 4 racines au metre
carre.
Le champ -nP 8 comprenait 10 parcelles de surface egale
(n° i35 a i44 inclus). 5 parcelles re^urent les engrais sur
toute la surface , dans les 5 autres ils furent places au milieu
du siUon separant chaque billon et reconverts en reformant
ces derniers avec la cnarrue, la fumure se trouvait ainsi
agglomeree dans la partie centrale des billons ; on opera de
mSme dans le champ n° 9 divise en 12 parcelles, dont 6 avec
engrais sur toute la surface et 6 avec engrais localises.
Surface des parcelles, — Dans tous les essais la surface
de chaque parcelle etait de i are.
Semailles. — Les graines furent semees le 26 avril dans
le champ n° 6, le repiquage eut lieu le 7 juin dans le champ
n° 7 , et le 8 du m^me mois dans les champs n°* 8 et g,
Fagons culturales. — Pendant la vegetation trois binages
et un sarclage furent donnes en temps opportun, le mdme
jour pour chaque champ.
L'arrachage eut lieu du 6 au 8 novembre; les racines,
nettoyees et decollet^es sur place , passerent imm^diatement
k la bascule. Les resultats trouves sont resumes dans les
quatre tableaux XXXV, XXXVI, XXXVII et XXXVIII. Une
— 197 —
premiere colonne indique, pour chaque champ, le numero
des parcelles ayant regu mSme fumure ; la deuxi^me, la nature
et la quantity d'engrais employes a I'hectare dans chaeune
d'elles ; la troisieme , les rendements comparatifs entre les
parcelles ayant regu la fumure en plein ou en lignes; la
quatrifeme , la valeur argent de la recolte calcul^e en attri-
buant une valeur de i6 francs a la tonne de betterave ; la
cinqxdeme contient les differences ou plus-values entre le
rendement en poids et la valeur argent en faveur des par-
celles avec engrais agglomere. Ennn, au has de chaque
tableau, sont reunies les donnees moyennes pour Fensemble
des diflferentes parcelles de chaque champ, de maniere a
faciliter la comparaison entre les divers modes de culture
suivis.
Avant d'exposer les r^sultats , nous tenons a faire remar-
quer que les champs n°* 6 et 7 , tons deux etablis au milieu
a une piece de terre, eurent a souffrir de violents orages pen-
dant la premiere quinzaine du mois de mai. La terre, forte-
ment battue, ne put, par suite de la disposition des parcelles,
etre remuee profondement par les instruments atteles, la
vegetation s'en est toujours ressentie, elle a ete moins active,
moins vi^oureuse que dans les champs n°^ 8 et 9 crees sur
un terrain voisin, en labour a la m^me epoque et ameubli
ulterieurement par les famous culturales necessaires pour la
disposition du sol en billons.
R6sultats du champ no 6
Tableau XXXV. — Influence du mode de repartition de
la fumure sur betteraves demi-sucrieres , sem^es le 2 5 april
en poquets distants les uns des autres de o'",4o sur 0^^/25,
(A
Q
NATURE ET QUANTITE
des engrais
employes k Thectare
123 I ^*^ ^^^' ^^ sulfate d'am-
ia3 C
et <
124/
moniaque
loA / ^*^ ^^^* ^^ nitrate de
soude
loa
g^ \ 600 kil. de superphos-
ia6 ) P^^*®
12; (
et i 7a5 kil. de scories.
ia8 I
Moyenne des 3 essalg.
RENDEMENT
en poids k I'hectare
Engrais epandus
k
la voice
kil.
36.6:5
36.245
33.800
35.575
sous
les lignes
kil.
38.6^
39.165
36.500
38.110
VALEUR
argent de la recolte
k I'hectare
Eng^is epandus
k
la vol^e
fr. c.
586 80
579 90
540 80
569 17
sous
les lignes
fr. c.
618 65
62665
584 »
609 75
DIFFERENCE
en
faveur des engrais
sous les lignes
en
poids
kil.
1.990
2.920
2.700
2.535
en
argent
fr. c.
31 85
46 75
43 20
40 58
— 198 —
II n'est pas necessaire d'analyser longuement les chiflres
de ce tableau, ils font suffisamment ressortir rinfluence de
chaque fumure et la plus grande efficacit6 de chacune d'elles
repartie en lignes.
R68ultatB du champ no 7
Tableau XXXVI. — Influence du mode de repartition de
la fumure sur betteraves demi-sucrieres repiquees le 7 Juin
en lignes espaeees de o'^^o sur o'^jSS.
U
lag
et
i3o
NATURE ET QUANTITY
des engrais
employes a I'hectare
I
100 kil. de sulfate d'am-
moniaque
100 kil. de nitrate de
soude
RENDEMENT
en poids a I'hectare
Engrais epandus
k
la voice
^J ) 600 kil. de superphos-
i3q^ P»»^^^
i33
et { rao kil. de scories.
i34
Moyenne des 3 essals.
kil.
31.393
2;.33o
27.830
28.850
sous
les lignes
VALEUR
argent de la recoite
a i'hectare
Engrais epandus
kil.
34.865
38.835
29.000
30.900
a
la voice
fr. c.
5o2 3o
437 3o
445 3o
461 60
sous
len lignes
fr. c.
557 80
461 35
464 »
494 40
DIFFERENCE
en
faveur des engrais
sous les lignes
en
poids
hiL
3.470
1.505
1.170
2.050
en
argeat
fr. c
55 50
24 05
18 70
32 80
En comparant les reeoltes obtenues dans les differentes
parcelles des champs n°* 6 et 7, on constate que les betteraves
semees ont donne des resultats meilleurs que les betteraves
repiquees; mais ici comme la, Tengrais localise se montre
superieur a la fumure en plein.
Resultats du champ n<^ 8
Tableau XXXVII. — Influence du mode de repartition
de la fumure sur betteraves demi-sucri^res repiquees le
8 juin sur billons de i metre de large a o™,25 les unes des
autres.
— 199 —
CO
06 td
Q
NATURE ET QUANT ITE
des engrais
employes k I'hectare
RENDEMENT
en poids a I'hectare
Engrais epandus
g^ ) 6oo kil. de superphos-
i36 \ P^^^®
I
^g7 1 6oo kil. de scories de
i38 f dephosphoration .
iSq I
Xy 5 200 kil. de sulfate de
i4o i potasse
- /j C loo kil. de sulfate d'am-
A 1 moniaque
i/Ia ) ^^^ ^^^' ^^ nitrate de
^ ( soude
yi^ ) 5o.ooo kil. de fumier de
i^\ fe™e
Moyenne des 5 essals
la vol^e
kil.
34.810
32.600
34.810
35.120
44.25o
36.318
sous
les billons
kil.
39.250
4o.5oo
43.250
46.5oo
54.000
44.700
VALEUR
argent de la recolte
k I'hectare
Engrais epandus
k
la volee
sous
les billons
fr. c.
fr. c.
55695
628 »
521 60
648 »
55695
692 »
56i 90
:44 »
J08 »
864 »
581 10
715 20
DIFFERENCE
en
faveur des engrais
sous les billons
en
poids
kil.
4.440
7.900
8.440
11.380
9.750
8.382
en
argent
fr. c.
71 05
126 40
135 05
182 05
156 »
134 10
Les parcelles i43 et i44 ay ant regu So.ooo kilos de fumier
de ferme a Thectare, arrivent en tete sous tous les rapports
puis, ee sont les parcelles ayant regu les engrais azotes,
mais dans tous les essais il y a une difference tres grande
en faveur de ceux qui ont regu les engrais en lignes. Elle est
en moyenne de 8.382 kilos pour le rendement en poids a
I'hectare et de i34 fr. 10 pour la valeur argent de la recolte.
R6sultats du champ n9 9
Tableau XXXVIII. — Influence du mode de repartition
de la fumure sur betteraves demi-sucrieres repiquees le
8 juin sur billons de i metre de large a o°^,25 les unes des
autres.
— 200 —
(0
u
^ CO
u
NATURE ET QUANTITE
des engrais
employes k I'hectare
3o.ooo kil. de fumier de
600 kil. de superphos-
phate
190
i5i
et
i5a
3o.ooo kil. de fumier de
t'erme
725 kil. de scories de
dephosphoration .
So.ooo kil. de fumier de
ferme
200 kil. de sulfate de
potasse
3o.ooo kil. de fumier de
ferrae
100 kil. de sulfate d'am-
moniaque
100 kil. de nitrate de
soude
/ 600 kil. de superphos-
l phate.
(.« \ JMo kil. de sulfate de
#3^ /' potasse
^^^ \ 100 kil. de sulfate d'am
(monlaque
100 kil. de nitrate de
154
soude
i55
et
i56
725 kil. de scories de
dephosphoration .
200 kil. de sulfate de
potasse
100 kil. de sulfate d'am-
moniaque
100 kil. de nitrate de
soude
Moyenne des 6 essais.
RENDEMENT
en poids k I'hectare
Engrais ^pandus
k
la volee
kil.
40.375
39.500
37.625
•39.810
35.810
36.5oo
sous
les lig^es
kil.
45.500
44>ooo ,
45.000
46.250
44 -250
44-5oo
36.G02
VALEUR
argent de la recolte
k I'hectare
Engrais epandus
k
la volee
fr. c.
646 »
632 »
602 »
636 95
572 95
424 »
43.249 590 65
sous
les lignes
fr.
728 »
704 »
720 »
740 »
708 »
552 »
696 95
DIFFERENCE
en
faveur des engrais
sous les lignes
en
poids
kil.
5.125
4.500
7.375
6.440
8.440
8.000
6.647
en
argent
fr. c.
82 »
72 »
118 »
108 05
135 05
128 »
106 30
Le mode de culture etant le mSme dans les champs u^ 8
et 9 , il est facile , par un examen un peu attentif des chiffres
des deux tableaux XXVII et XXXVIII, de se rendre compte
de rinfluence de la fumure sur Tabondance de la recolte.
Dans le champ n° 8 nous avons des fumures simples, dans
le champ n° 9 la dose du fumier, reduite a So.ooo kilos, se
ti'ouve associee soit au superphosphate, soit aux scories,
soit aux engrais azotes (nitrate de soude et sulfate d'ammo-
niaque). Enfin, les engrais mineraux sont tons reunis dans
deux formules qui ne different entr'elles que par la forme
sous laquelle I'acide phosphorique s'y trouve apporte.
Les rendements les plus elev^s sont obtenus dans les par-
celles 143 et i44» ayant re^u une forte dose de hon fumier de
— 201 —
ferme, puis dans celles ou il se trouve associe aux divers
engrais min^raux (parcelles n°^ i45 a iSa inclus). En troi-
sieme lieu viennent les parcelles n°^ i53 k i56 avec fumure
min^rale complete ; au quatri^me rang se plaeent les par-
celles n°* i4i et 142 avec mmure azot^e ; au cinquieme, celles
ayant regu des engrais potassiques (parcelles n°* 189 et i4o),
enfin, le dernier rang est occupe par celles qui n'ont regu
que des engrais phosphates, soit superphosphate, soit scories
de dephosphoration (parcelles n^** i35 k i38), sans qu'on
Euisse etablir une difference appreciable entre ces dernieres.
rCs parcelles k fumure miner ale complete (n^** i53 k i56) ne
font pas davantage ressortir la sup6riorite du superphosphate
sur celles des scories, ou (fice ^ersa Lorsqu'on compare
entr'elles les r^coltes des parcelles avec fumure en lignes
avec celles des parcelles ou Fengrais a ete melange a toute
la surface du sol , on constate dans le champ n° 9 la m^me
concordance que dans les autres champs d' experiences. II y
a en faveur de la localisation une plus-value de 6647 kilos
dans le rendement en poids, ce qui represente (k 16 fv. les
1. 000 kilos), une somme de 106 fr. 3o par hectare.
Discussion des r6sultats obtenus en faveur
de ragglom6ration dans les essais sur plantes sarcl6es
Dans les essais sur betteraves semees directement ou repi-
quees, Ten^rais r^parti en lignes s'est toujours montr6 supe-
rieur a la lumure en plein, et de mdme que pour la ponime
de terre et les cereales, cette superiority est en raison directe
de r^cartement des lignes. EUe est en moyenne de 40 fr. 58
pour les betteraves semees en lignes , espacees de 40 centi-
metres , et de 32 fr. 80 pour les racines repiqu^es au m^me
^cartement.
Dans la culture en billons de i metre de large, la diffe-
rence est beaucoup plus accentuee, surtout dans les parcelles
avec engrais azotes et fumier de ferme ; elle est en moyenne
de i34 ^.12 pour les 5 essais du champ n° 8,et de 106 fr. 3o
pour ceux du champ w° g,
Ces resultats confirm ent les differents modes de reparti-
tion des engrais en usage dans la pratique courante, oh sans
experiences precises , Tesprit d'observation avait conduit le
cultivateur k repartir en lignes le peu d'engrais dont il dis-
posait, pour en tirer le meilleur parti. C'est la, sans doute,
ce qui a amene la culture en billons qu'on retrouve encore
dans les pays de petite culture, dans ceux ou la main-
d'oeuvre ne fait pas defaut , la encore ou on produit peu de
fumier et 011 on le soigne mal.
Mais avec le progres agricole, et grdce aux engrais chi-
ihiques , la culture en billons disparait pour faire place k la
— 202 —
culture a plat chaque fois que la profondeur et T^tat de per-
meability du sol le permettent. Nous: n'avons pas a mire
ressortir ici les nombreux avantages que presente la culture
a plat ; il y a unanimite a reconnaitre que e'est elle qui
se pr^te le inieux aux exigences de la culture moderne.
D'autre part, les experiences souvent repetees ces der-
nieres annees ont toutes demontre que pour augmenter le
rendement et la qualite des betteraves et des pommes de
terre, le fumier de ferme qui constitue la base de leur fumure
devait de preference Stre incorpore au sol par un labour
d'hiver.
Les engrais potassiques demandant k ^tre employes un
ou deux mois avant les semailles , il n'y a pas lieu non plus
de songer it les epandre en lignes puisqu'il faudra passer
ensuite a plusieurs reprises, les instruments atteles pour
completer I'ameublissement du sol.
Quant aux engrais phosphates on pent sans inconvenient
les repartir en lignes immediatement avant ou en m^nie
temps que les semences ; mais I'ecartement entre les lignes
devant Stre reduit a minima dans la culture intensive , nous
voyons par la disparaitre en partie les avantages que pre-
sente pour eux Tagglom^ration.
Ces avantages se reduisent a une simple avance aux cultures
puisque a doses plus elevees Tepandage a la volee donne des
resultats analogues a la fumure reduite repartie en lignes.
Or nous savons que I'acide phosphorique ne se percl pas
dans le sol; n'etantpas entraine loin des racines par lespluies,
ce qui n'a pas ete utilise par la recolte de I'annee reste a la
disposition de celle qui succede. C'est pourquoi dans nombre
d' exploitations tres bien conduites on prefere epandre les
engrais phosphates a la main ou au semoir a la volee , dont
le mecanisme peu complique permet d'operer rapidement et
dans des conditions ou Tetat du sol ne permettrait pas le
passage du semoir en lignes. Cela donne la possibilite d'eche-
lonner davantage. le travail de la main-d'oeuvre et celui des
attelages, de disposer de toute leur Anergic quand I'epoque
la plus propice aux semailles est venue. Or, qu'il s'agisse de
cereales, de plantes sarclees ou de toute autre culture, la
semence conuee a la terre dans de bonnes conditions reunit
un des principaux elements de succes de la future recolte.
Reste les engrais azotes pour lesquels le mode d' applica-
tion en lignes est nettement superieur a Tepandage a la volee ;
mais pour aue la culture moderne puisse entrer dans cette
voie, il lui laut des semoirs speciaux presentant toutes ga-
ranties d'un bon et long fonctionnement.
Quelques constructeurs a la tSte desquels on peut citer les
etablissements Der6me, de Bavay (Nord), ont d^ja tent^ de
resoudre ce difficile probleme, mais, pour les raisons que
nous avons mentionnees prec^demment dans la discussion
des resultats sur cereales, les instruments qu'ils ont pre-
— 203 —
sentes a la culture n'ont pas donne toute satisfaction. Souhai-
tons que de nouvelles tentatives soient faites et que le pro-
gres de la mecanique agricole permette de les mener a
Donne fin.
Une visite k la Station amp^lographique
des R^coUets de Saumur
Par le D^ P. Sigaud, secretaire general
S'il est une epoque particulierement interessante pour visiter
la remarquable collection de vignes de la Station ampelogra-
phique des RecoUets de Saumur, c'est assurement celle qui
precede immediatement les vendanges. Aussi le sympathique
directeur de la Station avait-il invite tons les membres de la
Societe Industrielle et Agricole d' Angers, de TUnion des Viti-
culteurs de Maine-et-Loire et les viticulteurs les plus connus de
TAnjou a se rendre aux Recollets le 4 octobre dernier. Malheu-
reusement, la plupart etaient retenus chez eux par des vendanges
h^tives et precipitees; n^anmoins, un certain nombre de pro-
prietaires-viticulteurs , venus de' tons les points du departement ,
avaient repondu a cet appel et je suis heureux de pouvoir dire
qu'ils out tons ete enchantes de leur voyage.
Aux Recollets, 1.240 varietes de cepages de tous les pays for-
ment la collection ampelographique la plus remarquable, paralt-il,
cue nous ayons en France. — Nous avons pu voir 968 varietes
de raisins arrives a complete maturite (chaque ^chantillon etait
etiquete et place a part dans une petite boite en carton) et qui
devaient etre expedies a M. le professeur Viala, en vue d'un
travail special sur les pepins de raisins. Les soins particuliers
apportes a cet envoi nous font regretter que les conditions exigees
pour I'admission a I'Exposition Internationale de Lifege n'aient
pu ^tre acceptees, a cause de leur exageration, car nous sommes
intimenient convaincu que la collection de raisins qu'on aurait
pu exposer aurait ete fort admiree par les visiteurs et aurait
obtenu la plus haute recompense.
Mais s'il etait curieux de voir ce groupe magnifique d'echan-
tillons de raisins, le spectacle etait encore beaucoup plus beau
lorsque nous nous sommes promenes k travers les rangs de
vignes , de contempler tous ces raisins de formes , de couleurs ,
de volumes et de gotlts varies et completement diff erents , en par-
fait etat, arrives pour la plupart a une maturite complete et sus-
pendus encore aux sarments. Tous etaient fort goAtables et il
etait facile de se rendre compte a pen pres exactement de leur
qualite speciale. Nous avons reniarqu6 surtout les nombreuses
et superbes varietes de raisins de table dont Taspect general
etait, parait-il, plus satisfaisant qu'en 1904.
Nous nous batons de dire que le coup d'oeil d' ensemble 6tait
des plus agreables; les maladies cryptogamiques , si fr^quentes
et si tenaces partout cette annee, avaient ete combattues avec
succ^s, aussi la recolte 6tait-elle relativement tr^s bonne.
— 204 —
Aux R6collets, chaque varaiete de cepage comprend de 5 a
lo pieds cultives k la suite les uns des autres ; tous les pieds
sont conduits sur ftl de fer avec une taille appropriee a chacun
d'eux ; par suite , il est tr^s facile d'etudier chaque cepage et de
se rencire compte de la fa^on dont il se comporte au point de
vue de la vegetation, de la resistance aux maladies cryptoga-
miques et de la fructification, etc. Ainsi, nous avons vu un
cepage : le muscat de Vaucluse, qui ne produisait aucun fruit
chaque annee , ses fleurs restant completement st^riles, et que
M. Chatelain, le chef du culture, est parvenu a faire fructifier en
ayant soin, au moment de la floraison, de faire tomber le pollen
sur les fleurs en prenant la grappe dans sa main et faisant , de
haut en bas, avec 16g^rete toutefois , un mouvement analogue a
celui qu*on emploie pour traire une vache, suivant la description
pittoresque de M. GiUes Deperri^re.
Nous avons constate que ce cepage etait charge de trfes beaux
raisins dont les grains etaient suflisamment nom]breux et serres.
Loin de nous la pens^e de formuler une critique sur nos meilleurs
c^pages angevins et, en particulier, sur le Chenin blanc ou
Pinot de la Loire, qui ont fait la renommee si justement meritee
de nos vins d'Anjou, mais il nous semble qu'il n*est point defendu
d'exp^rimenter, sur une petite echelle, certains c6pages renommes
d' autres regions de la F'rance et de chercher s'ils peuvent s'accli-
mater cliez nous et s'ils sont susceptibles de donner de bons
resultats. Tous les viticulteurs de I'Anjou sont effrayes de la
tendance de plus en plus yrande du Chenin blanc a ^tre attaque
par la pourriture grise. S'll etait possible de trouver un cepage
fin, moins susceptible aux maladies cryptogamiques et surtout
k la pourriture grise , il serait bien permis , ce nous semble , de
I'essayer comparativement dans nos vignobles. G'est ainsi qu'uu
de nos excellents coU^ffues, M. le D^ Ambroise Guichard, assis-
tant a la visite des RecoUets, a demande des renseignements
particuliers sur le Pinot cendre gris de Ghampagne ou Pinot gris
de Bourgogne, qu'il a I'intention d'essayer cette annee dans son
vignoble de Breze, c'est-a-dire dans im sol tuffeux, analogue au
sol de la Ghampagne et dans des conditions paraissant aussi
favorables , sinon plus , au point de vue du climat et de Texpo-
sition.
Nous nous faisons T^cho fid Me de tous les visiteurs des Recol-
lets pour remercier M. Gilles Deperriere, directeur de la Station
ampelographique de Saumur; M. Lepage-Pineau Texcellent pra-
ticien, im des professeurs de la Station et enfin M. Ch^telain, le
chef de culture , de Tamabilite extreme avec laquelle ils se sont
empresses de donner k chacun tous les renseignements utiles.
L'excursion s'est terminee par une conference fort interessante
de M. Moreau, directeur de la Station oenologique de Maine-et-
Loire, qui a parle a rH6tel de Ville de Saumur, en presence de
Viticulteurs de marque, des vendanges et des procedes speciaux
de vinification a employer pour les vins de iqoS.
De nombreux applaudissements ont ete prodigues au confe-
rencier ; une discussion fort interessante s'est ensuite engagee
entre plusieurs viticulteurs et tous se sont retires emportant le
meilleur souvenir de cette journee aussi agreable quliistructive.
Le G4rant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 2191-5.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
y F
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-et-Loire
Procfes-Verbal de la Stance du 28 octobre 1905
Presidence de M. Bordeaux- Montrieux, vice-president.
Etaient presents : MM. Merlet, s6nateur, president d'hon-
neur; Gilles Deperri^re, vice-president d'honneur; Jamin,
Suaudeau, Andre Huau et le docteur Sigaud, membres
du Bureau; MM. le marquis de Dampierre, O. Ghaillou,
Lavallee, Massignon, Moreau, Grau, Vinet, Bouttier, Bre-
chet, Juteau-Vannier, Mignot, Glemot, Gallard, Sigaud fils,
de Lavergne, vicomte de Boissard, Paul Lorin, Quartier,
Bernard-Chauvire , Lafarge, Forest, Saget, Gavinet, Betton-
AUard.
M. le President donne lecture de lettres de M. de Grand-
maison et de M. le vicomte de Livonni^re, s'excusant de ne
pouvoir assister k la stance.
— M. le professeur Lavallee a fait hommage a la Soci^t^
de son travail sur « les Gereales d'automne » , contenant un
resume tr^s precis des articles publics par lui dans la presse
agricole. M. le President remercie M. Lavallee et serait heu-
reux de voir entre les mains de tous les agriculteurs de
TAnjou cette brochure ou sont contenus les renseignements
les plus utiles pour la culture des c^reales d'automne et en
particulier du bid.
— 206 —
— M. le docteur Si^aud a ensuite la parole pour faire un
compte rendu de la visite faite par un certain nombre de
nos coUegues de la Society Industrielle et Agrieole d' An gars
et de rUnion des Viticulteiirs de Maine-et-Loire a la Station
Amp^lographique des R^collets de Saumur (cette communi-
cation a puru en entier dans le Bulletin precedent).
M. le President remercie M. le docteur Sigaud et s'associe
aux remerciements qu'il a adresses a M. Gilles Deperriere
et k ses deyoues Collaborateurs.
— II donne ensuite la parole k M. Moreau pour sa com-
munication sur la recolte des vins en 1906 et sur Tavenir des
vins nouveaux. Ce travail tr^s documente revolt de nom-
breux applaudissements et a et^ public en entier dans le
Bulletin mensuel d'octobre, en raison de Topportunite des
renseignements utiles donnes aux viticulteurs.
— M. Grau, membre titulaire, lit ensuite une etude tres
instructive sur les nouvelles mesures de police sanitaire et
la lutte contre la tuberculose bovine et la morve du cheval.
Ce travail public ^galement en entier dans le dernier Bulletin
mensuel , redig^ avec le plus grand soin, est appele a rendre
de tres grands services aux agriculteurs.
— M. le President donne la parole a M. le marquis de
Dampierre, au sujet de Torganisation d'une Exposition
d'animaux de basse-cour , k Angers.
M. de Dampierre demande tout d'abord que la Soci6t6
Industrielle et Agrieole d' Angers veuille bien donner son
adhesion a la Federation des Societes d' Aviculture de France
et s* engager a payer la cotisation annuelle de 25 francs , ce
qui est accorde a Funanimite des membres presents.
M. de Dampierre parle ensuite de la creation recente
d'uhe Society en participation pour un materiel avicole qu'on
mettra a la disposition des expositions particulieres. Ce ma-
teriel sera entierement m^tallique, pouvant Stre nettoye et
par suite compl^tement a Tabri des maladies. On pourra le
louer dans de tres bonnes conditions.
La Federation offrira comme avantages , en dehors de son
haut patronage, des dipl6mes et des medailles. Les frais
d'inscription des exposants doivent en principe egaler la
somme k distribuer en prix, les autres frais pourront Stre
vraisemblablement converts par le prix des entrees. Les
recompenses en argent devront etre reservees aux exposants
de notre departement.
Les professionnels ne doivent pas concourir avec les
eleveurs particuliers , on invitera les plus importants
d'entre eux a prendre part a Texposition en leur offrant le
titre de « hors concours » et de membres du Jury et en leur
— 207 —
donnant un souvenir special. II sera utile, en vue de cette
exposition , de se mettre en rapport avee les differents clubfe
d'aviculture tels que : la Societe d' Aviculture du Loir-et-
Cher, dont le president est M. le comte Delamarre; le Bresse-
Club, dont le president est M. Joseph Donat; le Houdan-
Glub, le Langhsan-Club, le Pigeon-Club, qui a pour president
M. Robert Fontaine, etc.
En Maine-et-Loire , il y a un grand nombre d'eleveurs-
amateurs d'animaux de luxe, ne pourrait-on pas offrir aux
concurrents ordinaires d'exppser des animaux de luxe, mais
sans 5tre autorises a depasser le nombre des animaux de
basse-cour? Pour les animaux de luxe il y aurait des droits
d'inscription mais pas de prix speciaux, toutefois les expo-
sants pourraient trouver a vendre leurs animaux, ce qui
serait un avantage pour eux.
La date de Texposition d' Aviculture coincidera' avec celle
de la Foire aux Vins , et le mSme local servira pour Tune et
Tautre. Le lundi 8 Janvier 1906, reception des animaux et les
9, 10 et II Janvier, exposition.
II sera bon de soUiciter des adhesions un certain temps
avant Texposition, pour assurer Femplacement. On limitera
le droit d'exposer a un lot de chaque espece, chaque type
aura comme repr^sentant un coq et deux jioules, par
exemple.
Le bureau de la Societe Industrielle et celui de TUnion
des Viticulteurs seront charges de regler tous les details , de
concert avec M. le marquis de Dampierre.
M. de Dampierre est a peu pres sftr de trouver, en Maine-
et-Loire, 33 lots. Une commission specials, chargee de
Torganisation g^nerale, est nommee. Elle se compose de :
M. de Dampierre, M. Lemanceau du Petit-Bouill^ de Segre,
de M. de Villebois-Mareuil et des membres du bureau de
notre Societe. La Commission aura le droit de s'adjoindre
un membre nouveau, si le besoin s'en faisait sentir. Cette
Commission sera chargee de s'entendre avec TUnion des Viti-
culteurs pour la repartition des locaux et des frais. II est
decide que les membres de la Societe Industrielle et de
r Union des Viticulteurs auront un prix de faveur comme
pour la Foire aux Vins.
Une exposition de^volailles mortes sera annex^e a celle
des volailles viv antes.
M. le President remercie M. de Dampierre des nombreux
renseignements qu'il a bien voulu donner et compte sur sa
competence toute particuli^re en aviculture pour assurer le
succes de Texposition.
— Reception des candidats presentes k la precedente
reunion :
M. Vromet, Ange-Pierre-Marie , notaire a Rablay, pre-
sents par MM. Andre Huau et David Simon ;
— 208 —
M™* la vicomtesse de Tredern, proprietaire k TIsle-Briand,
par le Lion-d* Angers, presentee par MM. Bordeaux-Montrieux
et Huault-Dupuy ;
M. Pierre de Barace, proprietaire, chMeau de Valloncourt,
Gene, par le Lion-d' Angers , presente par MM. Lavallee et
le D^ Sigaud ;
M. Lucien Bain, proprietaire a La Papillaie, pres Angers,
presente par MM. Huault-Dupuy et le D^ Sigaud,
sont re^us a Tunanimite, membres titulaires de notre Societe.
— Presentation de candidats :
M. Gouette, docteur es-sciences, professeur de physique a
la Faculte des sciences, directeur de la Station m6teorolo-
gique de FEcole Sup6rieure d' Agriculture d' Anders , 38 , rue
Rabelais, a Angers, presente par MM. Moreau et le D^ Sigaud ;
M. Doucet, proprietaire-viticulteur , a la Guimoniere de
Rochefort-sur-Loire , et 6 , rue des Banchais , a Angers , pre-
sents par M. Abraham et M. le D*" Sigaud.
Uordre du jour etant epuise, la seance est levSe a4 heures.
Le Secretaire general,
D^ P. Sigaud.
— 209 —
Du chauffage des Serres
Par M. P. Charpentier
Ingenieur E. C, membre titulaire de la Societe industrielle
et agricole d'Angers
Qnelqnes considerations generales preliminaires sur les
surfaces vitrees, — Tous les agriculteurs, et en pai'ticulier
ceux qui s'occupent de culture potagere ou maraichere,
connaissent Tutilite' des cloches en verre et Temploi qui en
est fait pour produire, sur un point determine du sol, et
dans le volume mSme de la cloche, une elevation de tempe-
rature favorable au d^veloppement rapide des plantes.
Cette utilisation si connue et aussi si repandue des cloches
est basee sur deux proprietes physiques du verre : la dia-
thermaneite pour les rayons caloriliques lumineux et son
atherman^ite pour les rayons calorifiques obscurs, c'est-k-
dire, en langage courant, que la cloche de verre, exposee au
soleil, emmaeasinera dans son volume interieur une certaine
quantite de chaleur et, qu'inversement, elle ne la restituera
pas.
Mais si ce fait de Femmagasmement de chaleursans resti-
tution se passait d'une fa^on aussi nette et aussi absolue que
nous venons de Fexpliquer, la culture potagere ou florale
aurait a sa disposition une source de chaleur illimitee. Or,
chacun sait qu'il n'en est malheureusement pas ainsi et que
cette chaleur emmagasinee disparalt petit k petit des que le
soleil lui-m^me a cesse de luire et de donner des rayons
lumineux.
Cette deperdition de chaleur se produit en effet non pas
par le passage direct et en sens inverse des rayons calori-
fiques obscurs de I'int^rieur a I'exterieur, puisque le verre
est athermane a ces rayons, mais par une autre cause phy-
sique qui est la conductibilite du verre. L'air chaud de Tinte-
rieur de la cloche chauffe petit a petit la mince parol du
verre, celle-ci chauffe a son tour et a son contact Tair am-
biant, et ainsi disparait en peu de temps la chaleur si pre-
cieusement accumulee k I'interieur de la cloche. L'emploi de
paillassons ou de toiles retardera bien encore un peu cette
disparition de la chaleur, mais Tequilibre des temperatures
interieure et exterieure arrivera fatalement.
De la n4cessite d'une source de chaleur artijicielle. —
Avec la cloche, Thorticulteur a pu favoriser et hater la matu-
ration des fruits par I'^l^vation de la temperature de Tair
contenu sous verre ; mais son effet bienfaisant a et6 , dans
— 210 —
tous les cas, limite a une action exterieure du sol, et la terre
n ay ant pas, elle aussi, ete echaufl<5e, le systeme radicellaire
de la plante n'aura pas, comme la vegetation exterieure,
ben^ficie d'une influence calorifique. De Tinsuftisance et de
rinterniittence de la source de chaleur exterieure, d'une part,
et, d' autre part, de la n^cessite de rechauffer le sol est venue
natureUement la creation de la couche chaude sous ch&ssis-
vitre.
La source girtificielle de chaleur, qui a sa cause dans la
fermentation du fumier frais, constitue deja un progres
notoire sur la cloche. En eft*et, la production du calorique y
est continue et suilisante pour assurer a la plante une vege-
tation plus intensive, tant dans le sol qu'en dehors du sol ;
mais cette m^me continuity, cette mc^me persistance de la
source de calorique devient un defaut, puisque celle-ci
devrait cesser son action des que les rayons du soleil ont,
pendant le jour, Tardeur necessaire pour la remplacer, et
qu'elle devrait, au contraire, reprendre son intensite maxima,
quand, la nuit etant venue, le refroidissement de Tair amene
celui des chassis et de la couche. Enfin, la production de la
chaleur due au fumier diminuera progressivement avec les
phenomenes de fermentation ; un moment arrivera encore
Qu Tequilibre de temperature int^rieure et exterieure s'eta-
blira, et, apr^s un temps plus ou moins long, nous nous
retrouverons dans des conditions analogues de celles que
nous avons exposees pour les cloches de vcrre.
Conditions que doit remplir un chauffage de serre, —
Une serre n'est, dans son ensemble, qu'une cloche ou une
bache de grande dimension ; les monies phenomenes de
transmission de chaleur ou de conductibilite s'y- rejjrodui-
ront dans les mSmes conditions. I/examen et Tobservation
de ces phenomenes physiques nous permet de poser les con-
ditions que devra remplir la source artificielle de chaleur
appelee chauftage de serre.
a) Le chauflage devra ^tre de puissance variable pour
pouvoir compenser, avec une consommation minima de
combustible , le regime des temperatures exterieures ; 11
devra surtout pouvoir se moderer le jour et donner, la nuit,
son maximum de chalem\
b) La surface de chauffe devra Stre disseminee le plus
possible pour donner en tous points de la serre la plus par-
faite egalite de temperature.
c) La temperature des surfaces de chauffe ne devra pas
etre troj) elevee, afin d'eviter que I'air qui vient a leur con-
tact ne soit surchauffe et ne puisse nuire aux plantes.
d) Le chauffage devra fitre combine de telle sorte que dans
le cas d'interruption ou d*extinction du chauffage pendant la
nuit, la temperature gen^rale de la serre ne diminue pas au
point d'amener le deperissement ou la mort des plantes.
— 211 —
En passant en revue les trois modes de chauftage, a air
"chaud, a eau chaude, a vapeur, en examinant dans quelle
mesure ils repondent aux quatre conditions ci-dessus, nous
aurons determine leur valeur respective.
Chauffage a air chaud, — C'est le chaufifage le plus defec-
tueux pour une serre.
II pent s'etablir de deux famous ;
1° Un calorifere, place en dehors de la serre, dans une
enveloppe en magonnerie, chauffe de Fair frais pris a Texte-
rieur ; cet air rechauffe est amene par des, conduits en ma-
gonnerie, en un nombre limite de points, dits bouches de
chaleur. C'est, en un mot, un systeme de chauffage analogue
a celui employe pour chauffer un appartement.
^Les inconvenients de ce systeme peuvent se r^sumer
<;omme suit :
Les bouches de chaleur etant forcement localisees , Fair
ehaud arrive en abondance en ces mSmes points ; leur voisi-
nage sera forcement surchauffe au detriment d'autres points
moins favorises. On obtiendra done diflicilement Thomoge-
n^it^ de temperature desirable dang tout le volume interieur
de la serre.
De plus, Fair, pour circuler dans les conduits avec une
rapidity sufiisante, a dii ^tre porte dans la chambre de
-chauffe a une temperature d'au moins 80 ou 100 degr^s. A
cette temperature il a ete surchauffe, son etat hygrometrique
a diminue, il est sec et, a cet etat, il a sur les organes de la
plante la m^me action irritante et dessechante qu'il aurait
sur nos poumons.
2° Certains constructeurs, par raison d' economic, ont pre-
<Jonise des appareils composes simplement d'une cloche en
fonte ou brule le combustible, et d'une serie de tuya^ix dis-
poses en longueur, a m^me dans la serre et dans lesquels
<;irculent les produits de la combustion.
On ne peut dire autre chose de ce systeme qu'il est simple- .
ment moms mauvais que le precedent.
S'il donne, a la rigueur, une meilleure repartition de cha-
leur, il est tout aussi defectueux par son instabilite. Sa puis-
sance est en effet proportionnelle a la quantity de fumee
<;irculant dans les tuyaux, laquelle depend elle-m^me de la
qiiantite de charbon en ignition sur la grille et on salt que
rien n'est plus variable.
Le chauffage a air chaud est done entierement a proscrire
comme chauffage de serre et si , dans de toutes petites ins-
tallations, il est employe parfois, par la seule raison d' eco-
nomic dans les frais de premier etjdjlissement, il est a elimi-
ner de toute installation serieuse.
Chauffage a eau, dit thermosiphon, — II consiste essen-
tiellement en un recipient ou chaudi^re, communiquant avec
— 212 —
un circuit ferme de tuyaux , dont rorigine , appelee depart
d'eau, est le point haut de la chaudiere et dont la fin, appelee
retour d'eau, est le point has de la chaudiere.
Quand le chauffage est en regime de marche, Teau refroi-
die entre dans la chaudiere par le tuyau de retour, s'echauffe
graduellement en passant contre les surfaces de chauffe , et
sort par Torifice superieur de depart d'eau. L'eau suit
ensuite le parcours des tuyaux, abandonnant en chaque point
une partie de la chaleur acquise dans la chaudiere.
Le mouvement de Feau dans les tuyaux s'etablir^. et conti-
nuera aussi tant qu'il y aura sur la grille assez de combus-
tible pour fournir a Teau, pendant sa circulation dans la
chaudiere, le nombre de calories qu'elle aura perdues pen-
dant son parcours dans les tuyaux et la vitesse de circulation
sera proportionnelle a la difference des temperatures au
depart et a I'arrivee a la chaudiere.
IJn chauffage ainsi etabli repondra bien aux quatre condi-
tions a, b, c, d, que nous avons posees comme n^cessaires
au bon fonctionnement d'un chauffage de serre.
a) La puissance pourra etre variable avec la quantity de
charbon consommee sur la grille. Le chauffage pourra etre
modere et m^me interrompu par le temps doux et suivant la
quantite de rayons lumineux calorifiques que fournira le
soleil et que les surfaces vitrees pourront emmagasiner.
h) La surface de chauffe donnee par le developpement de&
tuyaux pourra etre repartie dans la serre ou sous les baches,
suivant tel parcours qui conviendra aux services demandes.
c) L'air chauffe aura toujours une temperature inferieure
a celle des tuyaux, et aura surtout I'etat hygrometrique
convenable a une bonne vegetation.
d) Enfin, la quatrieme condition est remplie de tons points.
On sait, en effet, que l'eau est, de presque tous les corps,.
celuiAqui possede la capacite calorinque la plus elevee. Si
elle est longue a s'^chauffer, elle sera egalement longue a se
refroidir et la quantite d'eau totale contenue dans la chau-
diere et dans les tuyaux pourra ^tre telle que la temperature
generale de la serre ne baisse pas trop a la suite d'une extinc-
tion accidentelle du feu pendant la nuit.
Le chauffage a eau, au thermosiphon , est done de tous-
points recommandable au chauffage de serre.
Chauffage a vapenr, — Les m^mes elements qui com-
posent un chauffage a eau composent de m^me le chauffage
a vapeur : une chaudiere et un circuit ferme de tuyaux.
Mais dans ce dernier syst^me, le fonctionnement, au lieu
de se faire a air hbre, et sous la seule pression atmosphe-
rique, se fait en vase clos et sans communication avec I'exte-
rieur, a la pression maxima que determinent les soupapes
de sllrete. La chaudiere, sous Taction de la flamme, produira
par consequent de la vapeur qui, circulant dans les tuyaux
— 213 —
et s'y condensant, y apportera le calorique necessaire au
chauffage de la serre.
En principe, les deux systemes chauffage a eau et chauf-
fage a vapeur paraissent bien peu differer, et si nous les
comparons, en nous rapportant aux quatre conditions essen-
tielles cities plus haut, nous voyons que la quatrieme condi-
tion seule pourrait ^tre moins bien remplie.
II suffit, en effet, pour mettre le systeme a vapeur en
regime de marche, de mettre la chaudiere en pression, c'est-a-
dire d'amener au point d' ebullition la petite quantite d'eau
<;ontenue dans la chaudiere. Aussit6t, la vapeur produite se
met a circuler dans les tuyaux, s'y condense, abandonne sa
chaleur. Mais, inversement, cette rapidite de mise en marche
a pour consequence une egale rapidite d'affaiblissement calo-
rinque, et comme il n'y a eu entre la periode de mise en
marche et celle du regime etabli aucune mise en reserve de
calorique, des que le feu est eteint ou ralenti, la serre ne
trouve plus dans la source artificielle de chaleur le calorique
necessaire et les surfaces vitr^es perdent rapidement par
leur conductibilite toute la chaleur interieure , pour le plus
grand dommage des plantes.
Ajoutons cependant que cet inconvenient se corrige facile-
ment dans la pratique par Temploi des chaudieres a feu
continu, ainsi que nous le verrons dans Tetude des chau-
dieres.
Calcul d'lin chauffage, — Considerons un chauffage en
regime de marche. La source de chaleur devra fournir dans
Tunite de temps (une heure, par exemple) un nombre de
calories equivalent a celui qui est perdu par la conductibilite
-des surfaces vitrees.
Peclet a demontre Texactitude de la formule suivante,
relative au refroidissement par conductibilite :
pour un metre carr6 de surface et par heure.
Q est un coefficient, dit de conductibilite, variable pour
■chaque matiere, e est Tepaisseur de cette matiere.
Pour un verre de 3 millimetres d'epaisseur, -2- est ^gal k
12,5 ; ^ est la temperature interieure de la serre, t' la tem-
perature minima de la nuit. Dans notre region d'Anjou,
il est tres rare que la temperature descende k lo degr^s
au*dessous de o ; ^' = — io° pent done etre consid^re comme
ime temperature exterieure minima.
Quant a <, il est des plus variables selon la nature des
plantes a conserver en serre ou selon le travail qu'on veut y
laire.
On pent classer les serres en trois categories.
Les serres froides ou jardins d'hiver, qui se trouvent le
plus souvent pres de I'habitation et m^me y communiquent
— 214 —
et ne reclament pas un chauffage a haute temperature. Elles.
ne renferment guere que des arbustes verts (camelias, rho-
dodendrons, azalees, coniferes) pour lesquels il suffit d'eviter
la gelee, et qui se contentent d*une temperature de 2 k 3^
au-dessus de o.
Les serres temper ees qui exigent de 10 a i5" au-dessus
de o (cactus, mimosees, foug^res).
Enfin, les serres chaudes, dont la temperature doit Mre
maintenue constante et ne pas descendre au-dessous de 20°,
soit pour y faire vivre des plantes des climats cliauds, soit
pour y faire des travaux sp^ciaux de production ou de for-
9age dont chaque horticulteur, dans sa specialite, connait les
exigences de temperature.
Ghacvm de ces cas particuliers permettra de determiner la
difference de temperature (t — f).
Dans la pratique, on torcera un peu le coefficient
-9- ^z: 2,5 et on le prendra egal a 3 pour tenir compte des
deperditions d'air chaud, par les joints des verres, des chas-
sis ouvrants et aussi des deperditions par conductibilite des
murs en ma^onnerie.
Gonsiderons, par exemple, une serre d'une surface vitree
developpee de 100 metres carres devant servir a conserver
des plantes delicates de pays tropicaux
t temperature ijiterieure = 20°,
f temperature exterieure = — 10°,
(t — t) =1 3o°.
M = 100 metres carres X 3 X 3o = 9.000 calories.
Tel est le nombre de calories a fournir par heure.
Determination des surfaces de chaiiffe d'un chauffage a
eau. — Nous avons dit que Ja surface ae chauffe consistait
en un circuit plus ou moins long de tuyaux partant de la
chaudiere et y revenant. En un point quelconque de ce par-
cours, mais generalement au point haut, se trouve un reci^
pient, dit vase d'expansion, destin6 a recevoir Texcedent
a eau produit par la dilatation. On pent se contenter de
donner k ce recipient le volume strictement necessaire a
I'expansion de Teau chaude ; dans ce cas, cinq pour cent du
volume total de I'eau contenue dans la chaudiere et dans les
tuyaux suffiront, mais il est bon, et c'est une precaution sou-
vent negligee, d'augmenter sensiblement la capacite du reci-
pient, d'en faire un veritable reservoir. iLe supplement d'eau
qui y sera contenu aura une reelle utility pour diminuer la
rapidite du refroidissement que nous avons vue Stre inver-
sement proportionnelle au volume d'eau total en circulation.
Quelle sera la temperature de ces tuyaux ?
Au depart, elle sera maxima, sans pouvoir depasser 100°,
point d'ebullition de I'eau a Tair libre.
Au retour, il n'y a que de Teau refroidie qui est generale-
ment a la temperature de 40°- Gomme dans le chauffage a
— 215 —
«au, on a soin de faire cheminer c6te a c6te le tuyau d'aller
■et celui de r6tour, il se fait une sorte de compensation et on
suppose (ce qui est tres sensiblement exact) que la tempera-
ture moyenne est, sur tout le parcours, la moyenne des tem-
peratures extremes de depart et d'arrivee,
soit : I221±J?° = joo
On n'admet par precaution dans les calculs que 60° et, a
<;ette temperature, un metre carre de surface de chauffe en
fonte ou en cuivre emet 4oo calories.
Connaissant le nombre de calories total k fournir, une
simple division donne le nombre de metres carres de surface
de cnaufife a repartir dans la serre.
Nature des surfaces de chauffe. — C'est un point qui a
ete tres longtemps controverse par les fabricants, chacun
d'eux voulant trouver meilleur et imposer celui qu'il avait
avantage a preconiser.
Le cuivi^ a au point de vue de la conductibilite un leger
avantage sur la fonte, mais ce leger avantage n'est pas com-
pense par le prix eleve du metal.
Au point de vue de I'entretien, le cuivre donne ^galement
un peu d'avantage ; les tuyaux de cuivre se font par lon-
gueurs d' environ 4 metres, les tuyaux en fonte par bouts de
i'^,5o a 2 metres, de sorte que le nombre de joints d'uue
canalisation en fonte est double ou triple de celui d'une
canalisation en cuivre de m^me parcours ; les chances de
fuite se trouvent dans la m^me proportion. Mais c'est encore
une faible compensation a Taugmentation de depense, et
quand il s'agit de serres de travail et non de luxe il y a tout
inter^t a diminuer les frais de premier etablissement et a
recourir a Temploi de la fonte de preference au cuivre.
Determination du diametre des tuyaux, — Les tuyaux le
plus generalement adoptes ont comme diametre 0,00, 0,10,
0,12. rour cliaque cas particulier, on connaltra par les cal-
culs ci-dessus la surface de chauffe totale a obtenir ; la dis-
position de la serre fera connaltre la longueur du parcours a
donner aux tuyaux, de mdme que leur repartition plus ou
moins egale dans ce parcours ; il sera alors facile de deter-
miner le diametre le plus avantageux.
En general, le diametre est constant sur toute la longueur
du parcours ; si on veut augmenter la surface de chauffe, par
exemple, sous une b^che a multiplication ou dans une por-
tion de serre plus specialement affectee aux plantes delicates,
il suflira de mettre en ces points trois ou quatre cours de
tuyaux au lieu de deux, d'aller et de retour, que comporte le
chauffage simple.
Choix de la chaudiere, — a) Natai e du m6tal.
K-.
— 216 -^
Tous les fabricants de chauffage de serre font maintenant,
k la volonte de leur clientele, des appareils en cnivre, en
t6le d'acier ou en fonte.
Une chaudi^re a eau, fonctionnant normalement, est theo-
riquement inusable ; en efifet , si la flamme leche eonstam-
ment des parois de metal contre lesquelles se trouve de Teau
a temperature moyenne, il n'y a pas de raison pour qu'il se
produise F accident dit « coup de feu » analogue a celui qui a
lieu dans une chaudiere a vapeur, quand, par suite d'un
defaut d'alimentalion d'eau, une partie de metal subit une
dilatation brusque, puis une dislocation ou une rupture.
Cependant ce fait pent se produire accidentellement dans
la chaudiere a eau si une consommation trop forte de char-
bon, coincidant avec un tirage exagere, determine sur la
paroi opposee a la flamme des cantonnements de vapeur ;
mais ce genre de coups de feu est attribuable uniquement a
la negligence de celui qui a la surveillance de la chaudiere et
non a la nature du metal.
On a pu remarquer, pourtant, que certaines cljaudieres a
eau s'usaient tres rapidement, que Tepaisseur du metal au-
dessus du foyer allait graduellement en diminuant jusqu'au
moment ou une fuite se declarait et mettait I'appareil hors
de service. On doit rechercher la cause de cet accident dans
la mauvaise qualite des charbons employes qui, par leur
teneur exageree en soufre, donnent a la combustion des
vapeurs d'acide sulfureux, dont Taction sur les metaux est
bien connue.
A une certaine epoque, on a employe la t6le galvanisee.
Tant que la mince pellicule de zinc est adlierente a la t6le, il
n'y a aucun danger d' alteration ; mais une fois cette pellicule
disparue en un seul point, fiit-il meme petit comme une t^te
d'epingle, Toxydation et la deterioration se produisent alors
beaucoup x>lus rapidement que si la t6le etait nue, car il se
forme entre les deux metaux, zinc et fer, un element elec-
trique dont Teflet d'usure sur la tdle est beaucoup plus
rapide que celui des causes materielles du chauffage propre-
ment dit. La tole galvanisee est done a proscrire.
b) Forme de la chaudiere.
Ghaque constructeur s'est ingenie a trouver une forme
plus ou moins rationnelle, plus ou moins bizarre souvent, de
chaudiere a eau. Ces chaudiercs peuvent toutes se rapporter
k deux types : la chaudiere a retour de flamme , a foyer et
grille ordinaires, et la chaudiere a chargement continu.
Ghacun de ces types, egalement recommandables , sera
preconise suivant le but meme du chauffage. lis repondent
en effet a deux objectifs diametralement opposes.
S'agit-il d'une serre froide ou temperee? le chauffage devra
y ^tre intermittent, variable avec la temperature exterieure,
modere le jour, en pleine activite la nuit. Dans ce cas, le
foyer a grille ordinaire s'impose, c'est celui ou il est le plus
— 217 —
facile d'activer, de moderer le regime, soit par le tirage, soit
par la quantite de eharbon brftl^e sur la grille, soit en cou-
vrant le feu avee des cendres mouillees.
S'agit-il au contraire d'une serre chaude, dont la tempera-
ture doit ^tre constante et ne doit a aucun prix descendre
au-dessous d'une temperature determinee, dans ce eas les
cliaudi^res a chargement continu et a combustion lente, k
marche reguliere, sur lesquelles le tirage pent seul avoir une
action moderatrice, sont recommandables.
Chauffage a vapeur, — Les generalites que nous avons
exposees a propos du chauffage a eau, ont leur application au
chauffage a vapeur, nous nous restreindrons done sur les
particularites que celui-ci comporte.
On a vu la parfaite simplicite du chauffage a eau : unifor-
mite du diametre des conduites ; facilite de leur emploi et de
leur pose ; absence presque complete des reparations.
Avec le chauffage a vapeur nous allons entrer dans des
installations d'une complexite relative, au point de vue du
diametre des tuyaux. La vapeur, m^me a basse pression, est
plus fluide que I'eau, sa temperature" est plus ^levee ; elle est
de 1 00° au minimum, alors que pour I'eau cette temperature
est un maximum a la sortie de la chaudiere ; les joints de la
canalisation de vapeur seront plus fragiies que ceux de la
canalisation d'eau, ils seront a surveiller de tres pres et
devront ^tre par consequent tr^s accessibles ; les tuyaux
portes a plus haute temperature se dilateront davantage, il
sera done necessaire d'employer des dispositifs speciaux
pour permettre la libre dilatation du metal.
Ces considerations particulieres font tout de suite ressortir
I'elevation de prix que necessitera un chauffage k vapeur,
compare au chauffage a eau.
Cependant nous aurions dA aj outer, dans 1' etude que nous
avons faite de ce dernier, que la longueur des tuyaux ne
peut pas ^tre indefinie, plus Us s'eloignent de la source de
chalerur, plus leur temperature diminue. Des que celle-ci se
sera abaissee a 40° leur utilisation deviendra minime, enfin si
la conduite est trop longue par rapport au diametre, les
pertes de charge augmenteront , la vitesse diminuera en
apportant des troubles au chauffage. Une canalisation de
thermosiphon ne doit en effet pas depasser 100 a 120 metres,
au-dela il vaut mieux faire deux canalisations independantes
jumelees sur la m^me chaudiere.
Avec la vapeur, au contraire, dont la fluidite est parfaite,
et dont la vitesse de circulation peut atteindre 3o et 40 metres
par seconde, nous pourrons employer pour son transport,
mSme a grande distance, des canalisations de petit diametre.
Ces derni^res alimenteront des surfaces de chauffe disposees
en tuyaux longitudinaux ou en appareils de rayonnement
placees partout ou elles sei^ont utiles.
— 218 —
Cette consideration determine la juste limite ou le chauf
fage a eau deviendra impratique et devra ceder la place au
chaufifage k vapeur.
Nous dirons done que le chauffage a eau conviendra aux
petites et moyennes installations et si les surfaces vitrees
qu'il doit chauffer forment plusieurs serres independantes^
celles-ci devront ^tre groupies et tres rapprochees les unes
des autres , de fa^on que les tuyaux d'eau chaude ne soient
employes que comme surfaces de chauffe et non comme
moyen de transport du calorique a grande distance.
Le chauffage a vapeur permettra au contraire de desservir
des serres. non groupees, m^me eloignees les unes des autres,
11 conviendra aux grandes installations placees a proximite
des villes, ou peuvent se trouver'des mecaniciens compe-
tents pour les i'eparations et I'entretien. II aura sa place
marquee dans les grands' etablissements d'horticulture, dans
ceux de culture maralchere de for^age ou de primeurs, dan&
les grandes serres de jardins publics; pour ceux-ci, il ne
sera pas rare d'y voir attaches un ou plusieurs specialistes,
chaudronniers ou mecaniciens, charges non seulement de la
conduite du chauffage, mais aussi des reparations et de
Tentretien.
G'est pour ces installations que le chauffage a vai;)eur
pourra, malgre son prix de premier etablissement, devenir
economiquc, a la condition d'etre dirige comme une veritable
organisation industrielle.
Prix de reoient des chauffages a eau. — Gonsiderons une
serre de lOO metres carres de surface vitree a Tinterieur de
laquelle nous voulons obtenir une temperature de i5°, par
moins 5° a Texterieur (difference 20°). Appliquons a cette
donnee numerique tres courante les principes exposes plus
haut :
a) Nombre total de calories k produire ,
M = ^ ("^ — S = 3 X 20 X 100 = 6.000 calories ;
h) Surface de chauffe des tuyaux de chauffage ,
S = ^ = i5 metres carres ;
c) Developpement lin^aire des tuyaux, o'^og de diam^re
exterieur , '
L = ^^ = 54 metres.
Ajoutons, a cette longueur theorique, une plus value de
10 0/0 pour tenir compte des coudes, du depart et du
retour d'eau, nous aurons une longueur reelle d'environ
60 metres.
— 219 —
Prix de rinstallation :
Une chaudiere en acier avec chargeur pour feu
continu 4^o »
Vase d'expansion et tuyau de fumee 200 »
60 metres de tuyau fonte de o'^oq, mis en place. . 4^0 »
Divers et imprevus 3o »
Total ........ 1 . 000 ))
Ceci pour une serre de loo metres carres, soit dix francs
par metre carre de surface vitree, avec difference de tempe-
rature de 20°.
Prix de revient de T exploitation.
Ce prix se compose de deux elements : 1° La consomma-
tion de charbon j)ar heure ; 2^ Tamortissement en dix ans du
coAt de premier etablissement.
Une chaudifere du chauff'age defini plus haut consomme
environ 3 kilos de charbon par heure.
Soit, a raison de 40 francs la tonne, 3 k. X ^ fr* ^4 = o fr. 12.
Pour calculer Famortissement rapporte a la meme unite
de temps, c'est-a-dire a Theure, il convient de remarquer
qu'un chauffage fonctionne loojoursd'hiver apleinemarche,
3o jours a movenne marche, et, enfin, 3o jours a petite
marche interrompue dans les fins d'automne ou commence-
ments de printemps. Nous serons a peu pres dans la verite,
en prenant comme moyenne, une pleine marche de 120 jours.
L'amortissement rapporte a une heure de regime sera de :
i-5^TSr^4 = environ 0,02
La depense reelle a I'lieure est done :
Consommation de charbon 0,12
Amortissement . 0,02
Depense totale pour 100 metres carres . . o, 14
et, pour I metre carre de surface vitree,
2i* = o fr. 0014.
II serait interessant de comparer cette depense a celle
d'une bache deicouche dont la chaleur est produite par la
fermentation du fumier frais.
Ici les calculs ne peuvent plus avoir la meme rigoureuse
exactitude. Nous croyons cependant qu'on peut admettre les
chiffres suivants : .
1° Par chassis de i™oo X i"'3o, soit i™3o, il faut compter,
en y comprenant les rechauds exterieurs, o"^^8oo de fumier
frais au prix moyen de 4 francs le metre cube, soit 3 fr. 20 ;
2® La main d'oeuvre de cette couche peut 6tre evaluee a
I fr. 20 par chassis ;
3^ La temperature obtenue sous verre est d'environ i5° et
la temperature du terreau 20 a 25°. Ces conditions sont celles
— 220 —
qui seraient realisees dans la serre type de loo metres carres
que nous avons prise pour base dans retabli3sement des prix
de revient ;
4° La duree de cette temperature ne depasse pas 20 jours/
Au dela , la couche est a relaii»e ou a reemployer a d'autres
travaux necessitant moins de chaleur ;
5° Le fumier frais, apres fermentation, conserve encore
presque toute sa valeur d'engrais, et nous admettrons une
reprise en compte des 3/4 de la valeur d'achat du fumier
frais.
Sur ces donnees , que chaque horticulteur est a m^me de
contr6ler et de modifier , s'il y a lieu , le metre carre de sur-
face vitree chauffee revient a :
O^SOO X 4^ -f- 1^20 — 0,75 X 3^20 3,00 riKei
1,00 X i,3o — i^ -^ ^ *^^
et par hem'e , 2^x^24 = ^'^^
c'est-a-dire que le prix de revient de la source artificielle de
chaleur « chauffage a eau » est moitie moindre de celui de
la bache chauflee au fumier.
Cette simple comparaison montre le gi'and interSt et I'eco-
nomie serieuse qu'il y aurait pour des etablissements d'hor-
ticulture importants a recourir aux procedes industriels.
- 221 —
Expose des connaissances actuelles
sur le tir centre la gr&ie
par M. ViNET
Ingenieur-affronome, preparateur a la Station oenologique
de Maine-et-Loire, membre titiilaire
La lutte contre les meteores est une des questions a Tordre
du jour. L'interSt qu'on y attache est justifie par Timpor-
tance des degats que les intemperies eausent k Tagriculture ,
deffats qui se chiffrent , chaque annee , par des centaines de
millions de francs. Nul n'ignore toute F activity que rhomme
met en oeuvre pour preserver ses recoltes contre la gelee ou
la gr^le, qui peuvent les aneantir dans un temps tres court.
Pendant longtemps on s'est contente de subir les desastres.
Aujourd'hui, le viticulteur cherche a mettre ses vignobles a
Tabri de la gelee en creant des nuages artificiels; de la gr^le,
en executant des tirs, de concert avec Fagriculteur. II n'y a
guere que quatre ou cinq ans qu'on s'occupe resolument
aorganiser la defense contre la gr^le et si la question n'est
pas encore comply tenlent r^solue , les efforts tentes , I'inge-
niosite deployee, les resultats obtenus permettent d'esperer
en I'avenir.
Htstoriqiie. — Depuis longtemps deja, on a remarque que
sur les champs de bataille ou dans les polygones , a la suite
des exercices de tir, il se forme souvent des nuages qui
s'abattent en brouillards ou se reduisent en pluies fines et
meme pluies torrentielles, toujours locales et de courte duree.
D'un autre c6te, on n'a jamais observe de chute de grfile
pendant le siege d'une ville , meme au moment des periodes
orageuses. II est done admissible que le tir du canon puisse
avoir une action sur les phenomenes atmospheriques. De
bonne heure on a cherche a utiliser cette observation.
Des 1760, le physicien de Jacourt consigna les faits men-
tionnes plus haut dans une brochure. II emit Tidee que,
peut-^tre avec des mortiers, on pourrait conjurer les effets
de la grSle. II s'en tint k cette hypothese et ne fit aucune
experience.
En 1769, le marquis de Chevrier, qui habitait son chateau
du Thil, a Vauxrenard, seduit par les idees du physicien,
songea k mettre en pratique les theories de ce dernier. II
acheta des mortiers. II employ ait ainsi, chaque annee, i5o a
200 kilogrammes de poudre.
Vers i8o5-i8o6, de nombreux proprietaires du M^connais
firent des essais isoles , puis le tir tomba en desuetude et fut
presque abandonne.
— 222 —
L'idee des canons fut reprise il y a peu d'annees en Italie
et en Autriche ; la grande impulsion du tir contre la grSle
est venue de Styrie. Uineredulite se montra tout d'abord
systematiquement opposee , mais les esprits , devant les
r^sultats obtenus, durent bient6t se rendre a Tevidence. Dans
les bassins du P6 et de F Adige , on fonda des stations de tir.
Afin de eentraliser les r^sultats, un eongres fut organise a
Casale-Montferrat ou plus de six cents d^legues se reunirent.
Les conclusions admises par ce eongres furent tres favo-
rables a Temploi des canons contre la ffrSle et on vit , dans
Tespace d'un an, le noJiibre des pieces a artillerie employees
sur le solitalien passer de 2.000 a 12.000. L'ltalie avait fait
le premier pas. La publication des resultats fit sensation en
France ou Fexemple de la nation voisine ne tarda pas a 6tre
suivi. A Denice, dans le Rh6ne, a la Ghapelle-de-Guinchay —
par I'heureuse initiative de M. Corideminal, — a Saint-Geu-
goux-le-National et en beaucoup d'autres points , on installa
des postes a canons. Les resultats furent juges satisfaisants ;
on parvint en quelques endroits, notamment a Denice, a
ecarter des orages.
En novembre 1900, un second eongres fut r^unia Padoue;
on y accumula des faits tr^s probants; en voici quelqiies-uns,
relates par M. Battanchon et insures dans le Bulletin de
V Association Syndicate de defense contre la grSle et la
gelee de la Chapelle-de-Guinchay (Sa6ne-et-Loire) :
(( La region de Brescia est habituellement ravagee , ainsi
que le prouve le dicton : « A Brescia, on n'a jamais mange
ni une fraise, ni une cerise, ni un raisin intacts ». Or, cette
region est maintenant defendue et, depuis le tir, on n'a plus
vu de grSle.
« Aux environs de Turin, la defense est organisee, un seul
proprietaire , possedant i5o hectares enclaves au milieu des
autres, refuse de faire partie de F Association. Survient un
orage ; la grSle est ecartee aux endroits proteges, seul le
domaine du proprietaire recalcitrant est ravage.
« En Styrie, pays annuellement tres eprouve, il ne gr^le
plus depuis I'installation des canons, c'est-a-dire depuis cinq
ans. »
On cite encore un grand nombre de faits du mSme genre ,
qu'il serait trop long de rapporter ici. Voici, en r^sum^, les
documents recueillis par 764 stations de la province de
Verone :
Sur 24 orages, on a obtenu :
9 resultats tr^s bons.
10 — bons.
I — satisfaisant.
I — incertain.
3 — laissant a desirer.
A c6te des bons resultats, on en signale quelques mauvais.
Ainsi, dans la vallee de Valpantene, pres de Verone, un
— 223 —
double orage, survenu le 4 juillet, a cause de tres grands
deg&ts, malgre la bonne organisation du tir.
Selon Tintensite de Torage, les resultats ont ^te les
suivants :
Petit orage ecarte.
Orage moyen .... ecarte plus ou moiris.
Orage tres violent. . pas de resistance possible.
En definitive , au Congres de Padoue , le nombre des suc-
<;es signal^s d^passe de beaucoup celui des 6checs et Ten-
thousiasme est maniieste.
L'annee suivante , en 1901 , le Congres de Lyon montra un
-esprit tout autre. Nous en trouvons la preuve dans cette
<;onclusion de M. Gastyne : « Nous ne sommes pas plus
avances que Fan dernier a Padoue, avec peut-Stre Fenthou-
siasme en moins, et le succes des tirs reste aussi hypothe-
tique. » De m^me, le President du Congres de Saluces dit
dans son rapport : « Le resultat est mauvais, a tel point
-qu'on dit, chez nous, que les canons sont bons quand il ne
gr^le pas, mais que, quand il grSle, ils laissent gr^ler. »
M. Vermorel, constructeur de canons grMifuges, va, parait-il,
jusqu'a conseiller, pour vider ses magasins, Tachat du mate-
riel pour les fetes publiques.
Bref , le decouragement semble complet. L'efficacit^ des
•canons, tant prdnee au precedent Congres de Padoue, est
maintenant mise en doute. Cependant, les conclusions du
Congres de Lyon furent sages puisqu'elles expriment le desir
qu'une experimentation scientifique et pratique de Tarme-
ment et de la tactique contre la gr^le soit etablie en des
points devastes chaque annee par le fleau. II est rationnel,
en effet, avant de generaliser la depense, de soumettre la
question a Tetude ann d'operer sur une base solide.
Organisation actuelle, — A Fheure actuelle, en Finance
comme a Fet ranger, la resistance est organisee par des asso-
ciations grfilifuges qui sont elles-mSmes groupees en unions
d'associations. Les societes independantes sont en nombre
restreint. En cela on s'est conforme aux principes etablis au
Congres de Lyon, qui condamnent le tir isol^ et reconnaissent
que le maximum de resultat est obtenu lorsque les stations
de tir occupent une surface continue aussi grande que pos-
sible.
Dans le departement du Rh6ne s'est fondle la grande union
des associations gr^lifuges du Beaujolais. Cette union, qui
existe depuis cinq ans et comprend ving^-huit societes; pour-
suit des experiences sous la direction du Syndicat agricole de
Villefranche et d'Anse. Elle possede un total de 4^2 canons.
Parmi ces 28 soci^t^s, celle de Denice fut la premiere fondee,
■en 1900. Les postes de tir sont espac^s a des distances qui
•depassent rarement 5oo metres ; les canons regoivent des
charges de poudre variant de 76 k i5o grammes.
— 224 —
La situation topographique est la'suivante : au centre est
un noyau de 17 soeietes avec 33o canons couvrant les regions
de Denied, Saint- Julien, Arnas, Beligny, Limas, Pommiers,
La Gonthiere-sur-Anse, Gleize, Liergues, Laeenas, Jarnioux,
Ville-sur-Jarnioux , Theize, Cogny, Moire, Oingt et Saint-
Laurent-d'Oingt. Autour de ce noyau sont des avant-postes
de tir : au nord, une seule societe, celle de Salles, avec
18 canons ; a I'ouest, la societe de Ternaud, avec ao canons,
relive au champ de tir principal par Saint-Laurent-d'Oingt ;
au sud-ouest-sud, 5 soeietes avec 62 can6ns ; enfin au sud-est^
4 soeietes avec 40 canons.
Le nombre des canons est majore au sud-ouest-sud et au
sud-est, qui sont les z6nes principales d'arrivee des orages.
Get ensemble couvre une surface continue de 12.000 hec-
tares.
A c6te de cette vaste Union, il existe, dans le Beaujolais,
3 soeietes independ antes, ce sont celles de Limonest (20 postes
a canons), Rivolet-Montmelas (i 5 postes a canons) etLePer-
r^on (i5 postes a fusees).
Le president de chaque societe adresse, apres chaque
orage, un rapport au Syndicat. Une assemblee generale est
reunie a la fin de la campagne pour discuter les conclusions.
Voici celles qui ont ete adoptees a I'unanimite par les^
200 membres composant I'assemblee generale, reunie le
10 octobre 1904 :
Pendant la campagne 1904, il y a eu, dans la region beau-
jolaise, de nombreux orages; ^5 ont ete decrits dans le Bnlle-
tin des Sjyndicats, La plupart venaient du sud-ouest et de
Test. Les plus dangereux ont ^te ceux des 6, 9 et 11 Juin, des
12, 23 et 25 juillet et du 11 aout.
Les deg&ts occasionnes dans la z6ne protegee et sur la
bordure ont ete les suivants :
Le 6 juin, a Bully, la gr^le* est tombee pendant 20 minutes.
Le poste numero i , situe dans la direction de Torage , a ete
deborde et les degats ont ete estimes, en cet endroit, a 7/10.
Autour des postes 2 et 3, les degats furent seulement de 3/io»
lis furent de 6/10 autour du poste 7, qui n'a pu fonctionner,
de 5/10 autour du poste 20, qui borde la defense au midi, et
de 3/10 autour des postes 8, 9, 12, i3, 14, 16 et 17.
Les i3 autres postes, situes plus en arriere, n'ont eu que
des degats insignifiants.
Le 22 juillet, les deux petites soeietes isolees de Lozanne
et de Belmont, ayant ensemble 8 canons, furent debordees
par un orage general. Pourtant, sans le tir, le desastre eut
ete plus complet.
Ce meme jour, a Lucenay et a Lachassagne (36 canons), les
pertes atteignirent en moyenne ^lio. A Lucenay, la grele ne
s'arreta qu'a la 3^ ligne. A Lachassagne il n'y eut pas de
degats. Enfin le 11 aout, a Bagnols, les degats furent lvalues
a 1/4 autour des postes en bordure i et 2 ayant tire trop tard.
— 225 —
On relate encore d'a'utres observations du m^me ordre.
En general les resultats du tir ont ^t^ encourageants et on a
reconnu unanimement que, grace aux canons, on avait
echappe plusieurs fois a des desastres certains.
On a eu a deplorer quelques accidents dfts a I'imprudence
des tireurs.
Les 3 societes independantes se sont egalement montrees
favorables au tir.
Dans le departement de Sa6ne-et-Loire , il existe i4 socie-
tes dont quelques-unes tirent des fusees notamment celles de
Marcigny, Bourg-le-Gomte , Semur-en-Brionnais. Dans le
canton de Semur-en-Brionnais , il est question de fonder un
syndicat de defense avec les fusees. La Ghapelle-de-Guin-
chay protege avec ses canons i.ioo hectares, Saint-Gengoux-
le-Tsational, i.ooo, Tournus et Plottes, 800.
La distance qui separe les canons varie de 4oo ^ 700 metres,
selon leur puissance de tir. Les gros canons brillent jusqu'a
800 grammes de poudre , la charge des petits ne depasse pas
80 grammes. Enfin, la distance des postes a fusees est deSoo
a I.ooo metres, le double environ de la distance des postes a
canons.
Les resultats sont centralises comme dans le departement
du Rhdne. Le compte-rendu de Tan dernier nous fait con-
naitre que les orages ont ete mpins nombreux qu'en 1903,
sauf a La Ghapelle-du-Guinchay. Sur ce dernier point, les
plus dangereux ont ete ceux des 18 et 21 mai, 18 juin, 12 et
^5 juillet. Void quelques indications :
« Le 18 mai, 1 orage venait du nord-ouest, en eventail. A
la hauteur de la limite de Saint- Arnoux et de La Ghapelle ,
I'eventail est bris6 ; la nuee de gr^le s'inflecliit brusquement
sur la premiere ligne de canons. Gctte ligne est m^me debor-
dee, a raison du tir effectue un peu tardivement, mais la
grMe s'arr^te a la deuxieme ligne qu'elle ne depasse pas. La
grSle cesse alors et est remplac^e par une pluie poussee par
un vent violent. L'orage se divise en deux parties , I'une se
dirigeant vers le sud-ouest, I'autre au sud-est, pour se
rejomdre a Toissey, ou il s'est reforme et a eclate avec une
violence extreme. La dur^e de ce cyclone n'a pas depasse un
quart d'heure.
« A La Ghapelle, les degats furent de 5 a 8/10 sur la pre-
miere ligne, mais ce faible desastre aurait pu etre evite si les
prescrij)tions du reglement avaient ete observees et si le tir
avait ete effectue des la formation de l'orage a Thorizon.
« Le 21 mai, un nouvel orage venant de la m^me direction,
suit le mSme chemin que le precedent , mais combattu vive-
ment par un tir tres precipite sur toute la ligne, aucune
grSle n'est tombee sur le territoire de La Ghapelle, alors que
toutes les communes voisines ont eu a supporter, k nouveau,
des degSLts importants, etc... »
— 226 —
Les orages des i8 juin, 12 et ^5 juiUet sont aussi disperses.
La conclusion qui s'impose est que, la encore, onaconfiance
dans Feflicacite du tir.
Le departement de la GOte-d'Or s'est aussi organise pour
la lutte contre le fl^au. Depuis 1902, 23 societes se sont creees.
Elles sont reparties en 3 groupes : arriere-cdte , c6te dijon-
naise, cdte de Beaune et elles sont separeespar des intervalles
non proteges de plusieurs kilometres.
Un grand nomore de ces societes ont signale, a la fin de
la derniere campagne, la diminution des Eclairs et du
tonnerre, la dislocation des nuages, mais le vent n'a pas
semble 6tre apais6. Les fusees ont ete aussi appr^ciees que
les canons, mais, sur certains points, elles n'ont pas atteint
la hauteur annoncee et il y a eu quelques rates. On a utilise
quelques canons a acetylene ; ils ont bien fonctionn^ et ont
paru etre moins dangereux que les canons a charges de
poudre.
Dans les departements de la Loire, de la Gironde, de
TAUier des societes dans le genre des precedentes fonc-
tionnent a Fheure actuelle. Dans le nomore, il en est qui
tendent a disparaitre ; d'autres sont, au contraire, chaque
jour plus florissantes.
Telle est, brievement exposee, Torganisation de lo. lutte
dans quelques departements fran^ais ; il n'est pas sans
interet de jeter un coup d'oeil sur celle des pays voisins.
L'ltalie, nous I'avons deja dit, a eu un moment de veritable
fureur, d*emballement excessif. Les congres de Gasale-
Montferrat et de Padoue proclamaient Tinfaillibilite du tir.
Dans un espace de temps tres restreint Torganisation s'etait
developpee. Pres de iS.ooo stations prott'geaient de vastes
etendues de terres, en Piemont, en Lombardie, en Venetie,
en Emilie et en Toscane. On a voulu aller trop vite. La con-
fiance trop absolue dans Fefficacite du tir, Tignorance des
regies les plus elementaires d'une bonne defense, Tisolement
des stations, la mauvaise qualite du materiel et Tindiscipline
des artilleurs devaient forcement amener la debacle. EDe se
produisit vers 1902. Elle fut complete. M. le professeur
Roberto disait, a ce moment, qu'il ne comprenait rien au
decouragement de ses compatriotes alors que , pour lui , il
aurait sufli de perfectionner la defense. M. Marangoni porte
ses esperances sur les canons a acetylene et il croit qu'avec
ce nouvel engin et une meilleure discipline des artilleurs, on
pourra assister a une resurrection du tir. Quoique la plupart
des professeurs de chaires ambulantes d'agriculture se
montrent encore sceptiques, il semble bien que la confiance
renalt. Les societes surviv antes se sont reorganisees sur des
bases plus stables.
— . 227 —
Eli Piemont, les provinces de Novare et d' Alexandria ont^
ensemble, plus de i8o postes. D'apres le professeur Roberto,
la defense tut derisoire dans la province de Novare pendant
les orages du 29 mai et du 18 aoiit 1904. On entendit a peine
une vingtaine de canons sur 108. Le premier orage causa des
degats e values a i/5 ; le deuxieme, deg&ts de 2/5.
En Lombardie, la defense s'etend sur les provinces de
Milan, Pavie, Brescia et C6me qui comprennent plus de 260
stations. En Venetie, le nombre des postes atteint le cliifTre
de 600 environ. Dans cette derniere region, les resultats
sont divergeants. lis ont ete n^gatifs au champ d'experiences
officiel de Gastelfranco. Par contre, au champ de tir de
Conegliano les orages de la derniere campagne ont ete com-
battus avec succes.
Sur Forganisation en Emilie et en Toscane nous manquons
de renseignements.
En general, Timpression parait ^tre assez satisfaisante.
A c6te de Tltalie, I'Autriche s'est organisee, avant elle
sans doute, puisqu'on reconnalt que le berceau du tir contre
la gr^le est la Styrie. L'Autriche est divisee en groupements
dont quelques-uns, comme le groupement de Carniole , com-
prennent plus de 100 stations. On n'utilise que des canons ;
Temploi des fusees et des bombes y est encore inconnu. En
Autriche, la defense a ete organisee lentement, mais sure-
ment. Ghaque annee, on cree de nouvelles stations et on etend
le rayon d action des anciennes. L'impression est excellente.
Ufaut, dit M. Susching, poursuivre les experiences d'une
taqon rationnelle afin de conduire la science sur le chemin
de la decouverte de la formation de la grele.
En Suisse, dans les cantons de Zurich et de Vaux ; en
Russie, dans la Crimee, en Espagne, enfin, les stations se
niultiplient et dans tous ces pays l'impression est bonne.
Modes de defense, — Dans les difierentes regions etudiees,
le tir est execute soit avec des canons paragrele, soit avec
des fusees, soit avec des bombes.
Les anciens se contentaient de mortiers. On s'apergut
bient5t que pour produire son maximum d'efiet, la masse
fazeuse doit etre projet^e suivant une direction determinee.
.a direction verticale semble etre la plus convenable. On a
muni alors les canons de cones en tole de dimensions
variables (canons a tremblon). Les petits canons du Beau-
jolais ont des cones de 2 metres, les gros ont des c6nes
atteignant jusqu'a ^^,ho. La charge de poudre varie de 76 a
200 grammes. Etant donne que son prix de revient est de
ofr. 3o le kilogr., un coup de 200 grammes revient done a
o fr. 06, sans comprendre, bien entendu, le prix des bourres,
capsules et autres petits accessoires. L'em])loi des canons
^st assez coflteux. Voici, d'apres M. Battanchon, professeur
— 228 —
departemental d' agriculture du Rh6ne, les frais probables
d'une station de tir.
Frais de premiere installation, comprenant :
Etude, levee de plans, distribution des canons . 3 1.
Un canon i5o
Une cabane 5o
Vingt douilles 6o
Corne d'appel et lanterne lo
Transport et pose lo
Menus accessoires, caisse a munitions, etc. . . lo
Imprimes, frais divers, etc., a repartir 7
Total Soot.
Frais annuels :
Assurance des.artilleurs 10 f.
5oo charges de poudre de 100 grammes i5
5oo bourres et capsules 25
Graisse ou vaseline i
Reparations, peinture, amortissement , bulletin
meteorologique, etc 35
Total 861.
On estime qu'une station de tir peut proteger 25 hectares.
Les frais de premiere installation reviennent done a 12 fr.
par hectare et les frais annuels a 3 fr. 44-
Lorsqu'un orage menace une region, les artilleurs se
rendent a leurs postes et executent immediatement le tir qui
doit durer jusqu'a la fin de I'orage. Chaque detonation est
accompagnee de la formation d'un anneau gazeux nomm6
« tore » qui s'eleve avec un mouvement giratoire, en produi-
sant un sifflement particulier. Le deplacement de 1 air et
aussi les vibrations puissantes dont il est le si^ge vont pro-
duire au sein du nuage des perturbations qui peuvent le
dissiperen le faisantr^soudre enpluie. On a parfois observe,
a la suite du tir, une chute de neige Idgere. Si, a cet etat de
congelation, Teau est moins redoutable qu'a I'etat de grSle,
elle peut neanmoins produire sur les vegetaux, pendant leur
periode de developpement, des effets nefastes.
II arrive parfois que les postes sont eloignes des habita-
tions et que le parcours, pour les rejoindre, exige plus d'une
demi-heure. On s'explique ainsi que des tirs aient ete com-
mences trop tard et aient donne de mediocres resultats.
A un autre point de vue, le maniement des canons a poudre
n'est pas sans danger ; des tireurs imprudents en ont malheu-
reusement trop souvent fait Texp^rience. II est arrive, par
exemple, que dans la precipitation du tir la nouvelle charge
etait introduite dans la douille avant que celle-ci fut debar-
rassee des d6bris en ignition provenant de la charge pr6ce-
dente. Une explosion se produisait et pouvait blesser Far-
— 229 —
tilleur. Pour obvier a cet inconvenient et aussi pour eviter la
surprise, on a construit des canons a acetylene. La detpnation
est produite par Texplosion d'un melange d'air et d'acetylene
convenablement calculi qu'on enflamme a distance, au moyen
de Tetincelle electrique. Une batterie Leclanch^ de 6 elements
est disposee a cet effet dans une orangerie situee k quelques
centaines de metres du poste de tir. Le canon automatique
comprend : une chambre d' explosion surmontee d'un c6ne
ou trombe de 3 ou 4 metres ; une soupape d' admission de
Fair, dont le but est d'admettre un courant d'air frais qui
balaye les gaz brflles et les debris divers en m^me temps qu'il
apporte Fair necessaire au nouveau melange (cette soupape
est protegee contre les vents violents par une capote en tole) ;
un appareil de dispersion, qui distribue le gaz acetylene
provenant du generateur voisin ; enfin la boite d'allumage ,
situee sur le c6te , k mi-hauteur de la chambre d'explosion.
Le generateur a acetylene est un recipient analogue a celui
employe pour Teclairage. Le gaz est produit par Teau et le
carnure de calcium.
On calcule qu'une detonation revient a o fr . 026 , par con-
sequent deux lois moins chere qu'un coup de canon a poudre.
Le canon a acetylene est manoeuvre a distance et toute cause
d' accident est ainsi ecartee. Les resultats qu'il a fournis dans
le tir contre la gr^le ont repondu aux esperances.
Les adversaires des canons paragr^le ont bien vite pre-
tendu que les detonations produites au niveau du sol etaient
sans nuUe action sur les nuages orageux dont la hauteur
depassait 4 ^ ^^^ metres, qu'il convenait d'employer des
engins pouvant combattre le danger a sa source m^me. La
fusee du docteur Vi4al fut imaginee dans ce but. La forme
cylindro-conique de la fusee et son petit diametre facilitent
son ascension. L' experience prouve qu'elle pent s'elever a
une hauteur suffisante pour eclater au sein des orages les
plus violents. On a reproche aux fusees d'occasionner des
accidents ; leur baguette enflammee, a-t-on dit, pent Stre, en
retombant, une cause d'incendie, enfin elles eclatent a des
hauteurs inegales. Malgre ccs reproches plus ou moins fon-
des, M. Yassilli^re, dans sa conference au Congres de Bor-
deaux, accorde la preference a ce nouvel engin. Les fusees
sont entrees dans la pratique et elles ont fourni des i*esultats
satisfaisants. Ajoutons qu' elles necessitent une installation
des plus rudimentaires et des moins coil tenses.
D apres I'inventeur des bombes, M. Vissiere, artificier a
la Reole, cet engin d'un nouveau genre aurait tons les a van-
tages des canons et des fusses sans en partager les inconve-
nients. L'effet qu'on leur attribue serait duala superposition
des deux detonations, I'une au niveau du sol, I'autre pres de
I'orage. Les bombes sont lancees k la hauteur voulue au
moyen de tubes lance-bombes que Ton plante dans le sol
avec rinclinaison convenable. Les frais d'installation sont
— 230 —
egalement tres reduits puisqu'un tube lance-bombe ne coftte
pas plus de 4 ^ 5 francs. On pratique Tallumage de la poudre
de projection au moyen d'une longue meche. Malheureuse-
ment, par raison d'economie, tons ces tubes lance-bombe ne
sont pas soumis au banc d'epreuve et une explosion trop vio-
lente pent en amener la rupture.
Malgre les quelques inconvenients signales, il tend a se
creer actuellement un courant favorable aux fusees et aux
bombes. Les orages soht toujours a leur portee ; il n'en est
pas de m^me pour les canons , ce qui semble expliquer les
opinions contradictoires qu'on a formul^es sur eux.
De tout ce quivient d'etre dit, il ressort qu'a Theure actuelle
les avis sont encore tres partages sur les eflets du tir en
general et la valeur respective des divers engins. Mais un
fait indeniable, c'est que les personnes convaincues de I'effi-
cacite du tir sont dans les regions ou la defense est la mieux
organisee ; ce fait semblerait indiquer que la lutte contre le
terrible fleau peche plus par les details de Torganisation
qu'elle ne peche par la base. Si nous connaissions la gen^se
ae la gr^le, nous pourrions nous attaquer a la cause du mal,
mais nous sommes encore ignorants sur ce point. Comment
la gr^le se forme-t-elle ? Se forme-t-elle au-dessus du point
ou elle tombe ? Y est-elle, au contraire, amenee par les cou-
rants puissants des hautes regions ? Nous ne pouvons repondre
que par des hypotheses. Pourtant, la reponse est grosse de
consequences, puisque tout le probleme consiste a empdcher
la grele de se former et non a lenvoyer tomber chez les voi-
sins. Parmiles hypotheses qui expliquent la formation de la
grele, il en est de seduisantes. En voici une parue, il y a un
an, sous la signature de M. P. Nolibois, ingenieur civil des
Mines :
Un nuage serait forme , en epaisseur , de plusieurs zones
ayant des temperatures differentes, la plus chaiide etant la
plus rapprochee de la terre. Gette derniere z6ne, sous Taction
du rayonnement terrestre, se vaporiserait sans cesse en
donnant au nuage les formes changeantes que nous lui
connaissons. Par les temps lourds et*orageux, cette vapori-
sation serait tres rapide, amenant par cela m^me un refroi-
dissement considerable dans la zone calme situee immedia-
tement au-dessus — la physique nous enseigne, en effet, que
toute evaporation produit un abaissement de temperature.
— Les fines gouttelettes qui constituent la zone en voie de
refroidissement passeraient, alors, k T^tat de surfiision,
antrement dit accuseraient une temperature inferieure k o°
{ — io°, par exemple) tout en restant liquides. A ce moment,
une action quelconque, un choc, un ebranlement, pourraient
produire dans cette zone calme la prise brusque des goutte-
lettes qui , en s'unissant , formeraient des gr^loi^s d autant
plus gros que la temperature est plus basse. Ce phenomene
serait accompagn^ du bruit particulier que nous observons
L
— 231 —
Juand la grSle va tomber. Si par des deplacements d'air, ou
e fortes vibrations, produits en temps opportun, on par-
vient, en melangeant les zones, a rompre le calme de celle
qui se refroidit — calme necessaire k la production du phe-
nom^ne de la surfusion — on pourra par cela m^me elnp^-
cher la gr^le de se former. Ainsi serait expliquee Taction
des engins. Comme on le voit, il n'est pas besoin ici d'invo-
quer Tintervention du fluide electrique qui, d'apres d'autres
hypotheses, presiderait a la formation de la gr^e.
Quoi qu'il en soit, le fleau est une source de d^g^ts impor-
tants pour Tagriculture en general et la viticulture en parti-
culier, et bien que le probleme de la lutte ne soit pas encore
enti^rement resolu, il serait peu sage de se decourager. Si
le scepticisme, k ce sujet, trouve encore aujourd'hui sa rai-
son d ^tre, nous sommes dejk en presence de r^sultats dont
on ne pent nier la valeur a priori.
— 232 —
Compte rendu de TAssembl^e gSn^rale de
rUnion des Viticulteurs de Maine-et-
Loire du 18 novembre 1905.
Par M. le D"^ P. Sigaud, secretaire general
L'Assemblee generale de T Union des Viticulteurs de Maine-
et-Loire a eu lieu le i8 novembre 1906, au sieg;e social de la
Societe, 7, rue Saint-Blaise, a Angers, sous la presidence de
M. Maurice Massignon, assiste de M. Leon Bourcier, vice-
president , D'' Sigaud , secretaire general, Gilles-Deperriere ,
secretaire et Leon Lafarge, tresorier. Assistaient a la
reunion : MM. Bordeaux-Montrieux , Andre Huau, Gesbron-
Lavau, vicomte de Livonniere, Halope, vicomte de Boissard,
Leon Moreau, Kiehl, I'abb^ Gasnie, Oger-Bascher, Secher,
Georges Laguette, Paul Lorin, Mignot, Bernard-Ghauvire ,
Prosper Jamin, Betton-AUard, de Grochard, Herrouet,
Jamin de Ghemire-sur-Sarthe , D^ Gordon, Petry, Boivin,
Hacault.
— M. Leon Lafarge, tresorier, fait Texpose de la situation
financi^re de 1' Union :
1° Lesdepensess'eleventalasommede 1.600 85
(en comptant une somme de i5o fr.
restant a payer et due a divers)
2° L'arr^te de compte a la banque
Richou, au 3o juin 1905, indique a
notre avoir une somme de 621 35
Les recettes di verses se sont ^levees a. 1.643 80
Reste a percevoir pour les cotisations
de 1905 3^5 »
Et pour les cotisations des exposants
du concours de Paris et de Texposi-
de Liege 226 »
Soit 2.866 i5 2.866 i5
D'ou il resulte qu'apres tons les comptes
regies, le total general de Tavoir sera
' de 1.265 85
L'assemblee approuve ces comptes et des remerciements
sont adresses a M. le Tresorier ainsi qu'a M. le commandant
Ancelot, notre agent general.
— M. Leon Bourcier, vice-president, delegue par TUnion
a TExposition Internationale de Liege , donne lecture de son
rapport et s'exprime en ces termes :
— 233 —
Monsieur le Pri'sident,
Messieurs,
L'Exposition Internationale universelle de Liege fut incon-
testablement une superbe manifestation industrielle , com-
merciale et agricole , elle fut ce que Ton est convenu d'appe-
ler un tres grand succes , principalement pour la Section fran-
^aise qui, a elle seule, occupait un bon tiers de sa superficie.
Les vins de France, notamment, y tenaient une large
place et s'y couvrirent de legitimes lauriers ; ceux d'Anjou
ne furent pas le moindre fleuron de cette glorieuse couronne,
et cela en partie grace aux efforts de TUnion des Viticulteurs
de Maine-et-Loire , qui avait envoye une centaine de remar-
quables echantillons representant quarante-trois viticulteurs,
proprietaires des meilleurs crus de la province d'Anjou.
Ge nombre etait respectable quoiqu'inferieur de pres de
moiti6 a la participation de TExposition de Lille en 1902.
J'incline a penser que la qualite a supplee au defaut de
quantite.
Charge par F Union des Viticulteurs de representer ses
interets devant le Jury international, je fus informe de I'ou-
verture des operations pour le commencement d'aout. Je
quittai done Angers le"^9 juillet, le 3o j'arrivais a Li^ge par
Namur, apres avoir c6toye, en pleine apres-midi, les bords
enchanteurs de la Meuse, dont certains coins semblaient
vouloir me faire oublier la distance que je venais de franchir
en rapide, reportant ma pensee sur les cdteaux du fleuve
qui traverse si majestueusement notre Anjou. En effet. Tune
aes rives, s'etendant au loin en plaine, regarde des pentes
abruptes, herissees de rochers escarpes, gracieusement
d^coupes en dentelles, et de temps en temps, pour mieux
Earfaire Tillusion, surgissent parmi eux des vignobles de
elle apparence. Avec un peu de bonne volonte, je pouvais
me croire dans Fexpress Nantes-Angers, surtout entre
Thouare et Varades.
A peine revenu de mon etonnement, des nuages opaques
de fumee noiratre, sillonnes de ci de la par Teclair aveuglant
d'une forge, m'avertissaient que j'etais au sein de la labo-
rieuse fourmilliere qu'est Uindustrielle cite de Liege.
Ma premiere visite fut naturellement pour TExposition, et
de suite Timpression fut bonne. Installee a cheval sur la
jonction de TOurthe et de la Meuse, reliee par un superbe
pont sous lequel fraternise rent raiment , 6 ! loi des con-
trastes ! le moderne canot automoDile avec T antique gondole
v^nitienne, tous deux a la disposition des visiteurs pour
I franc rheure ; la great exhibition a vraiment grand air.
Construits en grande partie au milieu des jolis jardins
publics qui occupent la presqu'lle du Pare, merveilleusement
ombragee d'arbres s^culaires, les palais cosmopolites aux
couleurs bariolees se detachent vivement, trop parfois, sur
le fond sombre des verdures d'aoM.
— 234 —
Le palais de F Alimentation frangaise , 6difie sur la rive
gauche de I'Ourthe, a Tombre de grands platanes plusieurs
Ibis centenaires , se presentait agr^ablement a Toeil , derriere
le palais des Beaux- Arts ; ee fut vers lui que je me. dirigeai
tout d'abord, car il renfermait le but principal de mon
voyage, notre installation.
Je pen^trai a Tinterieur et , apres en avoir pareouru plu-
sieurs fois toutes les allees, je commensals a Stre fort
inquiet, n'ayant encore rien trouve qui pAt attester notre
existence, lorsque j'eus la bonne fortune de rencontrer mon
excellent ami M. Girard- Amiot , membre du Jury internatio-
nal pour le groupe X de la classe 60 ; il me tira de peine en
me conduisant vers un petit coin 011, sous un tout petit
tableau encadre de noir, j'aper^us notre toute minuscule
exposition qui, jusqu'a ce moment, avait totalement echapp6
a mes investigations.
Je fus stupefait ! une quarantaine de bouteilles posees sur
cinq gradins partant de terre et arrivant s'appuyer au mur
a o^^So du sol, s'etageaient sur environ 0^76 de large.
Tout a c6te, la Touraine flamboyait dans une superbe
vitrine a comptoir, nous ecrasant completement du luxe des
10.000 francs depenses pour son exposition ; alors que nous
en avions a peine pour i.ooo francs. Devant cette decou-
verte, je ne fus nuUement surpris d' avoir plusieurs fois
passe devant sans Tapercevoir.
Cependant je ne desesperai pas, f avals foi dans TAnjou,
foi dans ses produits et dans leur valeur.
Nous Savons que ce li'est pas toujoui^s Fhabit qui fait le
moine.
Puissamment aide par M. Girard- Amiot , auquel je tiens
ici a adresser en votre nom et au mien nos plus chaleureux
remerciements pour ses bons offices, je livrai le combat; il
fut acharne , car nous nous heurtames a plus d'un mauvais
vouloir plus ou moins interesse ; mais la victoire devait cou-
ronner nos efforts et me donner raison.
Je n'en veux pour preuve que cet extrait du palmares,
d.ont je vais avoir I'honneur de vous donner lecture :
Exposition intemationale et universelle de Li^e 1905
Groupe X — Classe 60
Vins et eaux-de-^ie
CoUectivite de TUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire :
Dipldxne de grand prix pour son ensemble.
RECOMPENSES INDIVIDUELLES
Dipldmes d'honneur :
MM. G. Girard, de Beaulieu ;
Vicomte de Monti, a la Calonniere.
- 235 —
Medailles d!or :
MM. Bourcier L^on, de Rablay ;
Delaunay Rene , Saint- Aiibin-de-Luigne ;
David Simon , de Rablay ;
Huau Andre , de Montbenault sur Fay e ;
Lorin Paul , d' Angers ;
Massignon Maurice, de Saint-Lambert-du-Lattay ;
Mignot Louis, de Belle-Rive a Rochefort-sur-Loire ;
Poitou Pascal , de Martigne-Briand ;
Secher Octave, de Montjean.
Medailles d' argent :
MM. Bastard Laurent, a Chalonnes ;
Baug6 Florestan , a Rochefort-sur-Loire ;
Bazantay Lucien , a Chavagnes ;
Vicomte de Boissard , a Saint-Germain-des-Pres ;
Vicomtesse de Cumont, Saint-Lambert-du-Lattay ;
Ferre-Hamon, Saint-Barthelemy i
Fourmond F^lix , Rochefort-sur-Loire ;
Gasnier Louis, a Souzay ;
Gilles Deperriere, a la Possonniere;
Gourd on-Bernard , a Ghemille ;
Grandlaunay (Raoul du) , a Turquant ;
Hacault, a Thouarce ;
Jamin Prosper, a Saint-Bartheleniy ;
Leroeil (veuve) , a Ingrandes-sur-Loire ;
Planchenault Adrien, a la Possonniere ;
Quartier Gustave, Huille ;
Sigaud (D'^). la Garenne de Trelaz^ ;
Suaudau Alfred, Saint-Georges-sur-Loire ;
Thienot , a Soulaines ;
Vetault Louis , a Milrs.
Medailles de bronze :
MM. D'Andigne (comte) Jean, a Durtal ;
De Blois (comte) , a Daumeraj ;
Cesbron-Lavau , a Thouarce ;
Doucet , k Rochefort-sur-Loire ;
KiehlFr., Etrich^;
De Livonniere (comte) , a Brion ;
Normandiere , a Brain- sur-rAuthion ;
Petry, a Chalonnes-sur- Loire ;
De Toulgoet Treana (vicomte), k Jarze.
Mentions honor ables :
MM. Bieron Louis , a Corze ;
Cheignon Edouard, Ingrandes-sur-Loire ;
Lafarge Ed., k Villeveque.
(
— 236 —
Que dire , Messieurs , apres une telle Numeration ! tout
commentaire serait inutile. Voila, je pen^e, un magnifique
succes : 4^ exposants 44 recompenses, avec eelle de la
coUectivite , dont : i grand prix, 2 dipldmes d'honneur,
9 medailles d'or, 20 medailles d'argent, 9 medailles de
bronze et trois mentions honorable*.
Dois-je dire que le r^sultat a d^passe mon attente? Eh
bien non, Messieurs, dusse-je ^re traite d'optimiste. Mais,
membre assidu des Jurys depuis pres de dix annees, je tiens
a eonstater que nos bons vins d'Anjou se classent de plus en
plus au premier rang des produits frequentant les exposi-
tions.
Une seule chose est k regretter, c'est Tinsuffisance des
subsides dont nous disposons pour de telles reclames.
Puissent les yeux de tons s'ouvrir a la verite et com-
prendre que nous devons faire aussi bien et aussi grand que
nos voisins, pour reeolter tous les fruits dus a nos sacrifices.
C'est done sur I'espoir de vous voir faire beaucoup mieux
la prochaine fois, que je veux clore ce modeste compte
rendu, peut-^tre trop sincere et pour lequel il me reste a me
recommander en toute confiance a votre habituelle indul-
gence c
M. le President, au nom de TUnion, remercie M. Leon
Bourcier de son rapport ecrit sous une forme tres litteraire
et dans un style pittoresque et charmant. 11 lui adresse, en
outre, ses felicitations pour son heureuse intervention a
I'Exposition de Liege ou il a vaillamment pris la defense de
nos inter^ts. II est decide que ce rapport et le compte rendu
de TAssemblee generaledu iSnovembre 1906 seront adresse s
a tous les membres de 1' Union des Viticulteurs de Maine-et-
Loire ainsi que la liste officielle des recompenses obtenues
par rUnion et ses exposants.
— Poire aux Yins d'Anjou. — M. le President annonce
que des demarches ont ete faites par les membres du Bureau
afin d'obtenir pour la Foire aux Vins, comme les annees
pr^cedentes, le local du cirque installe actuellement sur le
Champ de Mars d' Angers. Mais il a le regret de dire qu il
ne faut pas compter , cette annee , sur le ciraue qui doit dis-
Saraitre immediatement apres la Foire de la Saint-Martin,
*apres un traits pass^ par la Ville d' Angers avec M. Yiger,
directeur de TExposition d' Angers de 1906. Toutefois,
M. Viger a bien voulu mettre a notre disposition, et a titre
gracieux , les b^timents qui pourront (^tre pr^ts lors de notre
Foire aux Vins fixee aux 9, 10 et 11 Janvier 1906. Des remer-
ciements seront adresses, au nom de TUnion et de la Societe
Industrielle et Agricole d' Angers, a M. Viger.
On decide en outre que , pour la prochaine Foire aux Vins,
la plus grande publicite sera faite , tant dans la presse locale
que dans les journaux vinicoles speciaux. Les membres pre-
— 237 —
sents a la reunion votent ensuite , a runanimite , le principe
de la participation de I'Union a TExposition d' Angers de 1906.
De mSme TUnion prendra part, comme chaque annee, au
Concours General de Paris en 1906.
M. le President a regu communication d'une circulaire qui
a ete envoyee a plusieurs membres de I'Union, les invitant
a envoyer des echantillons de vins d'Anjou a I'Exposition
Internationale de Milan, en 1906. Apres echange de vues a
ce sujet, il est decide que F Union, pour avoir quelque chance
de reussite , serait obligee de s'imposer de tres lourds sacri-
fices avec des avantages tres problematiques ; en conse-
quence, la majorite des membres presents est d'avis de ne
pas prendre part a TExposition de Milan.
II en est de mSme pour TExposition d' Amiens, pour
laquelle les frais d' admission sont excessifs.
— M. le D"" Sigaud donne lecture des recompenses nom-
breuses obtenues par TUnion aux Expositions de Lille, de
Nantes, aux Concours Generaux de Pains et recemment a
TExposition internationale de Liege, ou un dipldme de grand
prix a ete obtenu par notre Societe et pour nos exposants
deux dipldmes d'honneur, neuf medailles d'or, vingt-neuf
medailles d'argent, neuf medailles de bronze et trois men-
tions honor ables.
— M. le President parle du traite passe par I'Union avec
MM. Berthelemot pere et fils, pour la vente de nos vins. Ce
traite expirant le i^'" Janvier 1906, I'Assemblee est d'avis
qu'il n'y a pas lieu de le renouveler. Le Bureau est charge
d'etudier la question tres importante de la vente des vins et
de decider s'il est utile de s'entendre avec un nouveau cour-
tier et de prendre un engagement quelconque a ce sujet.
MM. de Boissard et Deperriere sont charges de prendre
des renseignements a Paris sur les principaux Syndicats de
marchands de vins, avec lesquels il serait possible d'entrer
en relations d'affaires.
M. le President a fait des demarches aupres de plusieurs
fabricants d'instruments viticoles , pour leur demander s'ils
consentiraient a entrer en relations avec I'Union et a lui
accorder une remise sur la vente faite par son interm^diaire
aux membres de notre Societe. Plusieurs ont deja repondu
favorablement.
L'Assemblee decide que des demarches seront faites dans
le m^me sens aupres des maisons les plus importantes ven-
dant des produits n^cessaires a la vigne et au vin. Les noms
des fabricants ayant consenti une remise seront a la dispo-
sition de nos societaires.
A ce propos, M. P^try, proprietaire-viticulteur , a Gha-
lonnes, parle d'une installation de pressoir hydraulique
Su'il a faite cette annee et dont il a obtenu toute satisfaction,
est persuade que le fabricant consentirait a accorder une
— 238 —
remise a rUnion, si quelqu un de ses membres lui adressait
une commande. M. Petry invite ses eollegues de rUnion a
visiter son installation. Cette proposition est accueillie avec
empressement.
— M. le President engage vivement F Union k emettre un
voeu en faveur du retour a la liberte pleine et entiere de la
distillation de tons les produits de la vigne. Apres certaines
observations de plusieurs membres de 1 Union , il est decide
a Tunanimite que le voeu suivant sera adresse, par les soins du
Bureau , a tons nos representants au Senat et a la Chambre
des Deputes, en les priant de defendre energiquement les
interSts de la Viticulture frangaise et de la Viticulture Ange-
vine en particulier :
Considerant que la crise aigue traversee en ce moment
par la Viticulture fran^aise toute entiere nest pas due
exclusivement a des recoltes trop abondantes excedant les
besoins de la consommation (en 1076, par exemple, la recolte
fut de 75.000.000 d'hectolitres et s'ecoula tres facilement;
celle de 1904, avec 72.000.000 d'hectolitres , reste en partie
dans les cnais) mais bien a ce que tout le vin doit ^tre con-
somme a Vetat de ^in alors qu'avant Tabolition du droit des
bouilleurs de cru une partie de la recolte , passant a la chau-
diere, soit pour remonter des vins trop faibles, soit pour etre
consommee comme eau-de-vie, par ce fait dechargeait le
marche des excedents ;
Considerant, en outre, que, s'il est vrai qu'immediatement
apr^s la cessation du privilege, I'impdt sur I'alcool a rendu
notablement plus (et cela grace a la vente des stocks en
caves), il n'est pas moins vrai aussi que d'annee en annee le
rendement de cet imp5t va en diminuant et atteint cette
annee, comme le constate M. Pierre Baudin, le rapporteur du
budget a la Chambre des Deputes, un deficit die 20^000,000
de francs et cela justement parce qu'on ne distille plus
au vignoble.
KUnion des Viticulteurs de Mairie-et-Loire , a Tunanimite,
a emis le voeu suivant :
« Le privilege ou plutot le droit des bouilleurs de cru sera
retabli integralement , tel qu'il etait defini par la loi. »
Un echange de vues a lieu au sujet de la loi du
6 aoM 1906 , autorisant le sucrage des moiits a la dose de
10 kilos par 3 hectolitres de vendanges. II est decide qu'au
mois de juin ou juillet 1906 une reunion des membres de
rUnion aui»a lieu dans laquelle on formulera les demandes a
faire a la Regie, au sujet de ses reglements d' administration.
Apr^s entente avec la direction des Contributions indi-
rectes , une circulaire sera redigee etablissant nettement les
obligations et les demarches k faire concernant le sucrage
— 239 —
des vendanges et la distillation. Cette circulaire sera envoy^e
a tous nos societaires et leur servira de guide dans la cir-
constance.
Avant de elore la stance, il est convenu que T Union conti-
nuera sa subvention habituelle k la Station oenologique , qui
s'engage a faire, a des prix reduits, les analyses sp^ciales
des vins pour le compte des membres de FUnion.
L'ordre du jour etant epuis6 , la seance est lev^e
Le Secretaire general ,
D' P. SiGAUD.
Le G4rant, G. Grassin.
Angers, imp. Grermain et G. Gnssin. ~ 2442-5.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLB
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-^t-Loire
Procfts-verbal de la Stance du 25 novembre 1905
Presidence de M. Andre Huau.
Etaient presents : M. le D'' Si gaud , secretaire-general ;
MM. Halope, Bernard-Ghauvire , Simon-David, Fourmond
ills, Clemot, D^ Gordon, Grau, Vinet, Bouttier, O. Ghaillou,
Normandiere, Lavallee, Tabbe Hy, Marquis de Dreux-Breze,
Hacault, Mignot, Forest, Betton- AUard , D"* Maisonneuve,
Massignon, Leon Bourcier, Moreau, Ferr6-Hamon , Paul
Lorin, Herrouet, Joseph Joilbert, Lemanceau, Rene Neveu,
Pineau.
M. le D"^ Sigaud lit le proces- verbal de la precedente
seance. Ge proces-verbal est adopts sans observations.
M. le marquis de Dampierre s'excuse par lettre de ne
pouvoir assister a la seance. U donne queiques renseigne-
ments sur le voyage qu'il vient de faire a Paris, au sujet de
TExposition d' aviculture d' Angers, en Janvier 1906. II a tout
d'abord obtenu Tassurance formelle que le materiel n^ces-
saire k notre Exposition serait pret a temps pour Stre mis k
notre disposition en quantite suffisante. Les affiches en cou-
leur nous sont cedees au prix de i5 francs le cent, les
dipldmes offerts gracieusement. Les medailles nous seront
fournies dans d'excellentes conditions. M. de Dampierre a
cru devoir faire appel au concoiu's de personnalites notoire-
ment connues et respectees dans le monde avicole, pour
presider les jurys. II a ecrit a trois de ces messieurs auxquels
il a promis le remboursement de leurs frais de voyage , soil
en tout 3oo francs, il attend leur reponse. M. de Dampierre
s'est mis en rapport par lettres avec les diff<6rents clubs de
— 242 —
races pares. Seul rOrpinffton-Glub a, jusqii'ici, repondu
favorablement et son president, M. Lecointre, a promis de
venir decerner lui-mSme les deux prix supplementaires qu'il
offrira pour les deux plus beaux lots de cette race.
II est decide que la Commission sp^ciale d'aviculture se
reunira tres prochainement pour discuter toutes les questions
importantes et parler des details de Torganisation generate .
— M. Moreau, directeur de la Station oenologique, donne
quelques renseignements sur la visite de la Commission
nommee pour examiner les vins pasteurises chez M. le mar-
quis de Dreux-Breze. Cette Commission se reunira probable-
ment en decembre prochain, a une date qui sera communiquee
en temps voulu par M. de Dreux-Breze et indiquee a tons
les membres de la Commission. II est decide, en principe,
que pour les membres de la Commission partant d' Angers ,
le train de TEtat, a 6 h. 5o, serait le plus convenable et
donnerait plus de temps pour examiner serieusement les
vins soumis a T appreciation de la Commission, d'autant plus
que M. de Dreux-JBreze a Tintention de faire gouter egale-
ment differents vins de producteurs directs.
II est decide, en outre , que le mode de d6gustation sera le
m6me que celui employe I'annee derniere d'une fa^on gene-
rale.
M. Moreau a eu la bonne fortuune de pouvoir examiner
quelques raisins blancs restes sur souche un certain temps
apres la vendange au clos de la Montague, de Bonnezeau.
Cela lui a permis de faire des comparaisons interessantes
avec les moMs de ce mSme clos soumis precedemment a son
examen. II a trouve dans les moilts de ces raisins jusqu'a
3i8 grammes de sucre, cela tient evidemment a une diminu-
tion de la substance aqueuse dans le grain de raisin et par
suite a une concentration des principes sucres. S'il etait pos-
sible, dans certains c6teaux bien exposes au soleil et pen
predisposes a la pourriture grise , de retarder la vendange ,
onpourrait certamement, en Anjou, obtenir parfois des vms
analogues au Sauterne. M. Moreau n'entend pas recomman-
der ce proc^de d'une fa^on generale dans notre region , les
resultats que Ton obtiendrait seraient des plus variables et
ne donneraient pas toujours satisfaction, par ce procede on
aurait, dans certains clos, une quality supcrieure assur^ment,
mais ce serait au detriment de la quantite ; il ne faut pas
oublier que quantite et quality sont generalement en oppo-
sition.
— M. le President remercie M. Moreau de sa communica-
tion et de ses experiences qui int^ressent toujours nos viti-
culteurs angevins.
— M. L^on Bourcier donne lecture de son charmant
rapport sur T Exposition de Li^ge qui regoit, k la Society
— 243 —
Industrielle, les mfimes applaudissements qu'a la reunion de
rUnion des Viticulteurs du i8 novembre dernier.
M. le President se fait TinterprSte de tons nos collogues
pour adresser de vifs remerciements a M. Leon Bourcier.
— M. Tabb^ Hy a la parole pour lire son rapport sur Tou-
vrage de M. G. Eiffel : Etudes pratiques de m^teorologie ,
2 vol. in-4° offerts par I'auteur a la Soeiete :
Les progrfes de Tindustrie moderne tendent k diminuer
f)artout la main-d'oeuvre , en substituant Foutil k I'ouvrier,
'activite cer6braie au travail musculaire : Thomme dans les
ateliers de manoeuvre devient conducteur de machines.
C'est une transformation de cet ordre que M. Eiffel semble
vouloir r^aliser dans les recherches meteorologiques en
generalisant Temploi des appareils enre^streurs. Jusqu'a ce
i'our, le service des observatoires exigeait un personnel nom-
)reux et exerc^, supposait chaque jour plusieurs constata-
tions faites a heures fixes sur des instruments varies. Grftce
aux enregistreurs, ces documents s'obtiennent automatique-
ment et de fagon continue : il suffit seulement de contrdler
la marche reguliere des appareils.
Ceux-ci devraient ^tre simplifies et a bon marche : on en
possfede d^ja plusieurs (an^mometre oscillant de Wild).
L'ann^e meteorologique , divisee naturellement en quatre
saisons, devrait commencer en decembre avec Thiver, et
chaque mois se partager en trois decades. On devrait compter
a part les pluies de jour et celles de nuit : ne regarder comme
jours pluvieux que ceux oil le niveau depasse 1/2 millimetre.
De remarquables graphiques ont ete executes d'apr^s cette
m^thode dans les divers observatoires fondes par Tauteur
a Sevres (Seine), Vacauey (Gironde) et Beaulieu (Alpes-
Maritimes) ; a Sevres, niver plus froid et ete plus chaud,
climat continental avec bcaucoup de petites pluies qui n'ont
donne que 672 millim. ; a Beaulieu, climat maritime avec
hiver et et^ teijip^res, de fortes averses ont fourni jusqu'a
786 millim., presque autant qu'a Vacquey ou les pluies sont
abondantes avec un total de 788 millim.
M. le President remercie M. Tabbe Hy d' avoir bien voulu
nous communiquer ses impressions sur le savant ouvrage de
M. Eiffel et nous indiquer les parties les plus importantes de
ce travail.
— M. le D' Sigaud lit ensuite son compte rendu de FAs-
semblee generale de F Union des Viticulteurs de Maine-et-
Loire du 18 novembre 1905. II est decide que ce compte
rendu sera public dans le prochain Bulletin mensuel de la
Soeiete Industrielle, ainsi que le rapport de M. L^on Boiu*-
cier et le palmares des recompenses obtenues k FExposition
Universelle de Liege. Le Bulletin sera adress6 a tons les
membres de FUnion.
— 244 —
— Rc^ception des candidats present^s k la prec^dente reu-
nion :
M. Gouette, doctenr es sciences, professeur de physique,
a la Faculte des Sciences, 38 rue Lafontaine, Angers ;
M. Doucet, proprietaire-viticulteur , 6, chemin des Ban-
chais. Angers,
Sont elus membres de la Society, a Tunanimite des voix.
— Presentation de Candidats :
M. Armand Bourbon, propri^taire a La Ferriere, ppr
Segre, presente par M. Bordeaux-Montrieux et le D^'Sigaud;
M. Pascal Poitou, proprietaire-viticulteur a Martigne-
Briand, presente par M. Leon Bourcier et le D^ Sigaud;
M. Chartier-Laigle, proprietaire a Saint -Mathurin, pre-
sents par M. Moreau et le D'' Sigaud ;
M. le marquis de Chateauvieux , proprietaire, cMteau de
Vernoux (Louroux-Beconnais) , et 23 rue Merlet-de-la-Bou-
laye, presente par M. Huault-Dupuy et M. le marquis
de Dampierre ;
M. J. Clamens, proprietaire-viticulteur a Saint-Barthelemy
et 20 rue Rabelais, presente par M. Prosper Jamin et
M. Suaudeau ;
M. le vicomte Felix de Romain, ingenieur-agronome ,
chateau de La Possonniere, presente par M. le comte
de Blois et M. Gilles Deperriere ;
M. le vicomte Henri du Breil de Pontbriand, maire d'An-
grie, president du Gomice agricole du canton de Gande,
presente par M. Bordeaux-Montrieux et le D^ Sigaud;
M. Gautier-Meslier , proprietaire, conseiller darrondisse-
ment, 62 rue du Quinconce, Angers, presente par M. Prosper
Bigeard et le D^ Sigaud ;
Si. Jean JDezanneau, i3 rue Hoche, Angers, presente par
M. Rene Blachez et le D'^ Sigaud.
L'ordre du jour etant epuise, la seance est levee a 3 h. 1/2.
Le Secretaire general,
D'^ P. Sigaud.
— 245 —
Le vaccin antituberculeux
R^sultats des experiences de Melun
Par M. Alfred Grau, ingenieur-agronome,
professeur a I'Ecole d' Agriculture d' Angers, membre titulaire
Dans la communication que j'ai eu Thonneur de vous pre-
senter dernierement au sujet de la lutte contre la tubercu-
lose bovine, il m'avait ete donne de dire un mot du vaccin
antituberculeux, d^couvert recemment par le professeur Von
Behring, de Marbourg, et experimente en France par le pro-
fesseur valine, d'Alfort, sous les auspices de la Societe de mede-
cine veterinaire pratique. II s'agissait de contrdler Tefiicacite
reelle de ce bovo-vaccin, de voir, au moyen d'essais serieux
et precis, s'il serait possible de conferer a des jeunes veaux,
choisis parmi nos races frangaises, une immynite complete
contre la tuberculose et pour combien de temps. II fallait
aussi s' assurer de la partaite innocuite du vaccin sur des
animaux bien portants, c'est-a-dire s'assurer que le vaccin
ne serait pas capable de donner lui-m^me la tuberculose,
Euisque c'est, en effet, une culture de bacilles tuberculeux
umains.
On connalt le principe de la vaccination en general :
Donner a I'organisme une maladie benigne pour I'empdcher
de contractor la mdme maladie a un degre beaucoup plus
grave, et cela pendant une certaine periode de temps, ce qui
necessite au bout de ce temps une nouvelle vaccination. En
ce qui concerne la tuberculose , Behring s'est apergu que le
bacille de Koch de Thomme ne pr^sente pour le boeuf qu'une
virulence attenuee, permettant son introduction dans Teco-
nomie. De la a en faire le vaccin du boeuf, la tentative ^tait
toute naturelle et Behring a obtenu ce vaccin avec des
bacilles humains attenues par dessiccation dans le vide.
Le mode op^ratoire consiste a injecter le vaccin directe-
ment dans le sang par la veine jugulaire gauche. La vacci-
nation s'effectue a deux reprises : une premiere fois k raison
de 4 milligrammes, puis trois mois apres a une dose quin-
tuple , 20 milligrammes. Telle est la methode que preconise
Behring comme etant la plus satisfaisante. C'est cette
methode qu'a suivie le professeur Vallee pour ^tudier le
vaccin de Behring. Les experiences commencees a Melun a
la fin de Tannee demiere, le 5 d^cembre 1904, se sont prolon-
fees toute une ann^e et viennent d'aboutir ce mois-ci, le
decembre 1906. Tout n*est pas encore termini, en particu-
lier au point de vue de la dur^e de Taction du vaccin, mais
les conclusions qui en r^sultent deja nettement a Fheure
actuelle sont assez importantes pour retenir notre attention.
— 246 —
On avait choisi 21 veaux, ^ges de 4 a 6 mois, pour les
soumeitre a la vaccination. Tons se trouvaient en parfaite
sante et ils subirent avec succ^s, le 5 decembre 1904,
Tepreuve de la tuberculine. C'etaient, k raison de trois par
lot , des repr^sentants de sept races differentes : normande ,
flamande, bretonne, vend^enne, charolaise, comtoise et de
Salers. Ainsi s'est trouvee eliminee Tinfluence de la race,
car on sait que certaines races bovines presentent une resis-
tance moindre a la tuberculose, tandis que d'autres races
sont, au contraire, beaucoup plus r^sistantes.
La premiere vaccination a eu lieu le 1 1 decembre 1904 ; la
seconde trois mois apres, le 12 mars 1905. Un des animaux
en experience mourut accidentellement, comme Tautopsie le
montra. II restait done 20 sujets, lesquels devaient 6tre en
mesure de resister a toute atteinte de la tuberculose.
Pour le constater, quinze des animaux vaccines furent
soumis, le i5 juin 190$, a toutes les causes connues d'infec-
tion : mise en cohabitation avec des vaches tuberculeuses ,
inoculations directes des bacilles (i) par injection intra-
veineuse , inoctilations sous-cutanees. II y en eut 2 eprouv^s
de la premiere fagon, 6 de la seconde et 7 de la troisieme, et,
le mdme jour, on prit un nombre egal d' animaux non
vaccines , pour les soumettre aux m^mes epreuves a titre de
temoins (2).
Deja, une premiere conclusion pouvait s'affirmer. Pas un
seul sujet vaccine n' avait contracte la tuberculose depuis le
II decembre, jour de la vaccination , jusqu'au i5 juin, ou on
a infecte les animaux. Le i>accin est done inoffensif.
La seconde constatation a ete faite ces jours dernier s, le
3 decembre 1906, six mois apr^s Tinfection exn^rimentale
des animaux temoins et de ceux vaccines pr^alablement. lis
ont tons ete sacrifies pour en faire Tautopsie , et reconnaitre
si oui on non le vaccin pent conferer Timmunite contre la
tuberculose.
Disons-le tout de suite : les resultats ont depasse toutes
les esperances, alors que les animaux non vaccines pre-
sentaient nettement les signes cliniques de la tuberculose,
les sujets vaccines qui avaient re^u cependant une dose con-
siderable de bacilles tuberculeux n'en avaient garde aucune
trace. Ils avaient done resiste a tons les moyens de conta-
mination mis en oeuvre , tandis que les temoins etaient bel et
bien attaques. Le vacein s'est ainsi montre efficace, et,
desormais, <(il est experimentalement possible, dit M. Vallee,
de conferer aux jeunes bovides une resistance tres vive a
regard de la tuberculose ».
(i) On prit pour cela des bacilles tres virulents, pro venant de lesions
d'origine bovine.
(2^ Naturellement, les bovides temoins avaient ete reconnus indemnes
apres tuberculination ; les deux series d'animaux, temoins et vaccines,
etaient done bien exempts de tuberculose.
— 247 —
Bien entendu , cette belle decouverte , susceptible d'entrer
maintenant dans le domaine de la pratique , nous donne un
excellent precede pour proteger nos animaux contre le mal ,
mais comme toute vaccination, c'est unemethode pr^oentwe,
II s'agit de savoir a present pour combien de temps le vaccin
de Behring confere rimmunite. On croit, avec raison, que
cette action du vaccin pent se prolonger beaucoup plus
longtemps que les six mois pendant lesquels les animaux
ont resiste a Melun. Pour s'en rendre compte, le professeur
Vallee avait conserve quatre animaux vaccines qu'il se pro-
pose d'eprouver plus tard. On saura ainsi exactement quand
les animaux doivent ^tre revaccines pour conserver leur
immunity.
Une autre consequence se degage k propos de la tubercu-
losa Apres la contamination, tons les sujets, vaccinas comme
temoins , rea^irent a la tuberculination ; puis , tandis que les
temoins contmuaient de reagir, les vaccines ayant eu raison
des attaques de la maladie, ne reagirent plus au bout de
quelques semaines. Ge qui prouve que la tuberculine est im
excellent moyen de diagnostic , Fautopsie en ayant confirm^
toutes les indications.
Ges resultats sont d'un bon augiu^e pour Tavenir, car ils
constituent deja une premiere assurance contre la propa-
gation de la maladie et foiit pr^juger que la science ne
s'arr^tera pas en si bon chemin et finira blen aussi par
triompher de la tuberculose humaine. En tout cas, les vacci-
nations preventives rendront de grands services a T agricul-
ture et permettront du m^me coup de tarir Tune des sources
de la tuberculose en general. A tons les points du vue , c'est
un tres grand pas de fait dans la defense de Thomme contre
ce terrible fleau.
rii
TABLE DES MATlfiRES
Pages
Trois annees d'etudes sur les mouts et sur les vins de notre region.
Resultats en vue de la repression des fraudes, par M. L.
MoHKAU , directeur de la Station oenologique , membre titulaire :
I" partie lo
a« partie 47
Action et eflicacite des engrais sur les plantes , suivant ie mode
de leur application au sol, par M. le professeur Lavallee,
membre titulaire, pages i6, 54, 72, 128 *. 190
La foire aux vins d'Anjou des o, 10 et 11 Janvier 1906, par
M. Leon Bourcier, membre titulaire 2a
Rapport de la Commission des finances sur ie rapport financier
de I'annee 190^ , par M . Lafarge , rapporteur 28
Assemblee generate du 19 fevrier 1905 de la 19® section de la
Societe des Viticulteurs de France et d'Ampelographie. Rapport
de M. MoREAU sur le sucrage des mouts ou cnaptalisation.
Rapport de M. Bacon sur le sucrage des vins en Anjou. Reso-
lutions proposees et acceptees 29
Note sur 1 extension que pourrait prendre la consommation du
bois par un nouveau mode de combustion, par M. Maurice
Massignon , membre titulaire 68
43* Congres des Societes savantes (Alger 1905), par M. L. Moreau,
delegue 87
Diflicultes d'organisation d'un service d'inspection des viandes
de boucherie dans les communes depourvues d'abattoir public,
par M . le D"" Sigaud , secretaire general 97
Essai sur T Aviculture en Maine-et-Loire et sur les ameliorations
a y apporter , par M. le marquis de Dampierre , membre titu-
laire 107
Discussion sur le mildiou et I'oidium 120
Un ennemi du Jrefle , moyen de le combattre , par M. Lavallke ,
membre titulaire I23
Considerations sur le choix de la variete de ble, par M. Lavallee,
membre titulaire i38
Distribution solennelle des recompenses aux laureats du concours
des primes culturales de 1906 :
I. Allocution de M. Bohdeaux-Montrieux, vice-president ;
IL Rapport de la Commission des Primes culturales sur le
concours de I'annee 1905, par M. le D' P. Sigaud,
secretaire general;
in. Palmares des recompenses i45
La recolte des vins de 1905. Que seront les vins nouveaux ? par
M. L. Moreau, directeur de la Station oenologique, membre
titulaire • 178
. Les nouvelles mesures de police sanitaire et la lutte contre la
tuberculsose bovine et la morve du cheval, par M. Grau,
membre titulaire 180
Une visite a la station ampelo^raphique des Recollets de Saumur,
par M. le D' Sigaud, secretaire general 2o3
Du chaufTage des serres, par M. r. Charpentier, ingenieur E. C,
membre titulaire 209
Expose des connaissances actuelles sur le tir contre la grele,
par M. ViNET, ingenieur a^ronome, preparateur a la Station
cenologique , membre titulaire 221
Compte rendu de I'Assemblee generale de I'Union des Viticulteurs
de Maine-et-Loire du 18 novembre 1906, par M. le D' P. Sigaud,
secretaire general 282
Le vaccin antituberculeux. Resultats des experiences de Melun ,
§ar M. A. Grau, ingenieur-agronome , professeur a TEcole
'Agriculture d' Angers, membre titulaire 245
Table des matieres des Bulletins de I'annee 1905 248
Le G4rant, G. Grassin.
Angers, imp. Gennain et G. Orassin. — 169-6.
BULLETIN MEN^UEL
DE LA
et
d' Angers
et du departement de Maine-eU Loire
77= ANNEE
jAnsr"V"iER ISO
- N° 1 -
s o i^-'m: a. I r, H3
I" Proces-verbal de la^seance du 3o dccembre 1906.
2*" Les betteraves destinees k r'alimentation du b^tail, r^colt^es
en 1905, par M. P. Lavallee, membre titulaire.
3° Rapport de M. le marquis de Dampierre sur I'Exposition
d' Aviculture d' Angers, des 9, 10 et 11 Janvier 1906.
4° Distribution solennel e des recompenses de I'Exposition d'Avi-
culture.
ANGERS
GERMAIN & G. GRASSIN, IMPRIMEURS-EDITEURS
40, rue du Comet et rue Saint-Laud
1906
Maison martin FrEres
A. IT O- B X%. 8 , - -aV, rue Cle la. R-OS, nv, - A. 1ST O Si R. S
FABIilOnE D'ARTICLES DE CAVES
'"p*."^ " ' '" ' '"""'" '" '""""TuLVeRISJTEURS
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Prpssoir unlversel
E. MABILLE FRepES^"^*
Inoeoleiirs-ConstriicIeurB a AMBOISB (Indre-el-Lom)
Chevaliers de la Ugi/m d'Honneiir. de i'Ordre da Fornujal, du Mirite agricaU
Alellers e: Chanllers les phia vastus et 1*5 plus liuportunls de France pour la coDstrudlon
spci^Ulc lies Preaspi et Pressolrs (tUtvoi franco du catalogue) ll.li
BULLETIN MENSUEL
DE LA
SOCIM INDIISTRIELLE ET AGRIGOLE
D'ANGERS
et du d^partexn'ent de Maine-et-Loire
nn^ ANNfiE
/
BULLETIN MENSUEL
DE LA
MM lodostnelle et Agrlcole
d'Angers
et du d^partement de Maine-eULoire
77« ANNEE
ANNEE 1906
ANGERS
GERMAIN & G. GRASSIN, IMPRIMEURS-EDITEURS
40, rue du Comet et rue Sawl-lMud
1906
i
Bureau de la Soci6l6 pour 1906
President, M. le Senateur 0« de BLOIS.
Vice Presidents, M. BORDEAUX-MONTRIEUX.
— M. HUAULT-DUPUY.
Secretaire g4n4ral, M. le Docteur SIGAUD.
Vice-Secretaire, M. Andri^ HUAU.
Archiinste-bibliothecaire , M. A. SUAUDEAU.
Tr^sorier, M. Prosper JAMIN.
.A^V^IS
M. le Tresorier a Thonneur de prevenir MM. les Societaires
que les quittances de Fannee courante sout a leur disposition au
siege de la Societe , rue Saint-Blaise , n° 7 ; le bureau est ouvert
tons les jours de 2 heures a 5 heures, les dimanches et ffetes
except6s.
MM. les Societaires sont pries de vouloir bien faire solder leurs
quittances avant le i5 juin 1906.
Apres cette date, les quittances non retirees seront remises
a r Administration des Postes, autorisee, en vertu d'une loi du
7 avril 1879, a faire les recouvrements de cette nature. Elles
seront alors majorees de o fr. 5o pour frais de poste.
M. le Tresorier prie instamment MM. les Societaires de vouloir
bien alors donner des ordres pour que les quittances soient
payees k presentation a domicile. Le mode de recouvrement par
la poste est le seul possible et M. le Tresorier, ne pouvant fetre
responsable de la forme sous laquelle le paiement est reclaioie ,
sera tres heureux de le voir accepter. '
Toutes les communications ou demandes de renseignements
doivent Stre adressees a M. le President ou k M. le Secretaire
general, 7 rue Saint-Blaise, Angers.
BULLETIN MENSUEL
DE lA
SOCffiTE INDUSTRIELLE ET AGRICOLB
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-et-Loire
Proc^-verbal de la stance du 30 d^cembre 1905
Pr^sidences de M. Andr^ Huau puis de M. Bordeaux-
MONTRIEUX.
Etaient presents : MM. Andr^ Huau, D' Sigaud, Merlet
fils, P. Lavallee, M. Massignon, A. Grau, Gallard, Moreau,
Billard, Bemard-Chauvir^, Fourmond fils, Couette, Baron,
Gautier-Meslier, Ed. Lafarge, de Boissard, Paul Lorin,
Halop^, Betton-Allard, de Lavei^e, Herrouet, Groz, de la
Perraudi&re, Juteau-Goujeul , S^cher, Bouvier.
M. A. Huau, en ouvrant la stance, ofPre k ses coll^raes
ses meilleurs souhaits a roecasion de la nouvelle ann^e, il se
fait I'interpr^te de tons en adressant k notre sympathique
President nos yoeux les plus sinc^res pour le prompt r6ta-
blissement de sa sante. Ces paroles sont applaudies par tout
Tauditoire. '
— M. le D' Sigaud donne lecture du proems- verbal qui est
adopts sans observations.
— M. Maurice Massi^on, k Foccasion de la prochaine
foire aux vins, rappelle les noms de nos coll^eues design^s
comme commissaires de la foire : MM. O. ChaiUou, Bi6ron,
de Boissard, Suaudeau, F^lix Fourmond, Georges Prieur,
S^cher, Leon Bourcier, Ed. Lafarge. M. Gilles Deperri^re
est charge d'organiser la decoration de la salle.
— M. Moreau, au nom de M. Dujardin, successeur de la
maison Salleron, ofire k la Soci^t^ Industrielle son ouvrage
sur XCEnologie; cet ouvrage est confix k M. Moreau pour les
— 6 —
Etudes du laboratoire d'oenologie. Des remerciements seront
adress^s k Tauteur pour son important ouvrage.
— Une Commission des finances est designee pour verifier
les comptes de la Station oenologique. Elle se compose de
MM. A. Huau, O. Chaillou, Ed. Lafarge. La Commission se
r^unira le lundi i5 Janvier, a une heure.
M. Moreau pr^sente deux echantillons de vins rougets en
Eleine fermentation ; la cause principale parait 6tre la fai-
lesse de la levure, la fermentation s'est faite dans de mau-
vaises conditions , un froid brusque , survenu en novembre ,
a ff^ne le developpement de la levure, les vins ne se sont point
eclaircis pour cette raison. Pour rem^dier k cet inconvenient
il sera necessaire de pratiquer Taeration, le chauffage si
possible et I'adjonction de phosphate d'ammoniaque. La
temperature necessaire pour obtenir une fermentation regu-
liere est d'environ i5 degres pour les vins blancs.
M. le President remercie M. Moreau de son interessante
communication.
— M. Paul Morain, professeur departemental d'agricul-
ture, adresse a la Societe une lettre lui annon^ant sa nomi-
nation comme Membre du Comite d' admission et d'installa-
tion a I'Exposition intemationale de Milan en 1906 (classe 87
de la section fran^aise). Cette classe comprend le materiel et
les procedes d'industries agricoles : types d'usines agricoles
annexees a la ferme (laiterie , beurrerie , fromagerie) ; distil-
lerie agricole : fcculerie agricole, etc.
Huileries, fabriques de margarine.
Ateliers pour la preparation des matieres textiles.
Etablissements d' aviculture : appareils d'eclosion artifi-
cielle et d'engraissement de volailles.
Industries des maralchers : b^timents et appareils pour la
culture, la cueillette, Temballage et la mise en vente des
legumes. !
M. le President adresse ses felicitations a M. Morain pour
sa nomination comme Membre du Comite d'admission et
d'installation a TExposition de Milan et engage nos coUegues
a participer a cette Exposition pour laquelle le Parlement
frangais a vote un credit de 400.000 francs. II est important
que Tindustrie et le commerce fran^ais prennent part a cette
exposition ou la concurrence etrangere, et en particulier celle
de ritalie , de la Suisse et de T Allemagne, nous oblige a ne
pas ceder la place.
M. Morain se met k la disposition des exposants de notre
region pour leur fournir tons les renseignements utiles.
Une note sp^ciale sera mise dans les journaux de notre 1
departement au nom de la Societe Industrielle et Agricole
d' Angers.
— 7 —
— M. Grau donne lecture de sa trbs int^ressante commu-
nication sur le yaccin antituberculeux et les r^sultats des
experiences de Melun.
M. le President adresse ses remerciements a notre coU^ffue
dont le travail paraltra en entier dans notre prochain Bulle-
tin.
— M. le marquis de Dampierre , k propos de la prochaine
exposition d'aviculture , propose la nomination de plusieurs
de nos collogues comme commissaires speciaux :
MM. Betton-AUard, Merlet fils, de Lavergne et Sigaud
fils sont d^signes. D'autres membres pourront 6tre choisis
ult^rieurement si le besdin s'en faisait sentir.
'. — La Commission chargee de la verification des comptes
de notre Soci^te pour Fannee 1906 sera composee ae :
MM. Daignere, O. Chaillou et Ed. Lafarge.
— M. Bordeaux-Montrieux, succ^dant a M. A. Huau au
fauteuil de la presidence, adresse ^galement ses voeux k nos
collogues k I'occasion du nouvel an. II donne lecture d'une
lettre de notre president, M. le comte de Blois, dans laquelle
il exprime le d^sir de faire connaitre k nos coUeffues de la
Society Industrielle combien il pense k eux et conmien il est
priv^ de ne pouvoir cette annee, comme les pr^cedentes,
leur offrir lui-m^me les souhaits qu'il forme pour eux et tout
ce qui leur est cher. II est heureux de pouvoir ajouter que ,
grace aux Membres de notre Bureau , la Soci^t^ Industrielle
suit une marche ascendante et prospere, elle concourt aux
progres agricoles et viticoles que Ton constate dans toute la
France, et elle se place, par ses travaux, k la t^te du mou-
vement d'oii, nous Tesp^rons, viendra le salut. II prie nos
collogues d'accepter les remerciements ^mus de leur Presi-
dent qui leur oifre, d'un coeur reconnaissant , I'expression
de son affectueux devouement.
M. Bordeaux-Montrieux adresse, au nom de tons, nos
remerciements k M. le comte de Blois, il souhaite que bient6t
il puisse revenir prendre parmi nous la direction de notre
Society et charge M. le Secretaire de lui transmettre les
voeux de notre Compagnie.
— Reception des candidats pr^sent^s a la pr^cedente reu-
nion :
M. Armand Bourbon, proprietaire a la Ferri^re, par
Segre ;
M. Pascal Poitou, proprietaire-viticulteur k Martigne-
Briand ;
M. Ghartier-Laigle, propri^taire a Saint-Mathurin ;
M. le marquis de CnMeauvieux, proprietaire , chateau de
Vemoux (Louroux-Beconnais), et ao rue Merlet -de- la-
Boulaye ;
— 8 —
M. J. Clamens, proprietaire-viticukeur a Saint-Barthelemy
et 20 rue Rabelais ;
M. le vieomte Felix de Romain, proprietaire , cMteau de
la Possonni^re ;
M. le vieomte Henri du Breil de Ponlbriand, maire d'An-
grie, president du Cornice agricole du canton de Cand^ ;
M. Gautier-Meslier, proprietaire, conseiller d'arrondisse-
ment, 6a rue du Quinconce, Angers ;
M. Jean Dezanneau, rue Hocne, a Angers,
sont nomm6s membres titulaires de notre Soci^t^ , k Tunani-
mit^ des voix.
— Pri^sentation de candidats :
M. Alfred Guilbeau, ancien notaire, 10 rue du Quinconce,
Anffers, presents par MM. Paul Raimbault et le D' Sigaud;
M. G. Guy, proprietaire-viticulteur, ch&teau de D'ieuzie,
par Rochefort-sur-Loire, et rue Desjardins, Angers, present^
par MM. Andre Huau et L^on Bourcier.
M. L^on Beclard, proprietaire a Rochefort-sur-Loire, pr6-
sent^ par MM. le D' Monprofit et Lucien Fr^my.
L'ordre du jour ^tant ^puis^, la stance est levee k 3 h. 1/2.
Le Secretaire general ^
D' P. Sigaud.
- 9 -
Les betteraves destinies k Falimentation
du b^tail, r^colt^es en 1905
Par M. P. Lavallek
Ingenicur^Agronome
Directeur de la Ferme Experimentale d'Avrille (Maine-et Loire)
Membre titulaire
La derni^re recolte de betteraves destinies a ralimenta-
tion du betail comptera parmi les meilleures sous le rapport
du rendement en poids. Plus d'un cultivateur est reste en
admiration devant le volume ^norme des racines tirees du
sol au moment de Tarracfiage , chiffrant avee satisfaction la
Eroduction a plus de loo.ooo kilos a Thectare. Sont-ils nom-
reux, ceux qui se sont demande quelle ^tait la valeur ali-
mentaire de ces racines phenomenales et quel en serait le
degre de conservation?
Nous ne le pensons pas.
On a cependant pu observer que beaucoup de betteraves
etaient creuses , avaient un tissu peu serre , etaient g-orgees
d'eau a tel point que si on les sectionnait, cette eau appa-
raissait librement a la surface de la coupe.
De telles racines seront de conservation difficile et d'une
puissance nutritive bien faible.
C'est tout particulierement dans les fermes ou elles sont
conservees en celliers, ou accumulees en tas ^normes dans
les aires des granges que les mecoftiptes se produiront. L'air
circulant difficilement a travers la masse, celle-ci ne tardera
pas a s'^chauffer, k devenir un milieu ^minemment propre k
la multiplication des micrp-organismes qui causent la pourri-
ture de la betterave. Le seul remade, en pareil cas, consiste
k diminuer le volume du tas, de mani^re k eviter, par le
renouvellement de Tair, une elevation de temperature.
Quant aux betteraves mises en silos en plein air, la con-
servation sera meilleure, surtout si on a eu soin de ne pas les
couvrir de suite , et de menager dans la partie superieure de
la couverture les orifices n^cessaires pour assurer la circu-
lation de Fair interieur vers I'exterieur.
Les betteraves que nous avons fait analyser par M. Moreau,
rhabile directeur du Laboratoire agricole du departcment de
Maine-et-Loire (3, rue Rabelais, Angers), appartiennent a
trois races bien distinctes : i** Isl Jaune ovoiae des barres;
a° la geante demUsucriere h collet i>ert; 3° la demi-sucriere
h collet rose.
— 10 —
Toutes les trois avaient ete repiquees a la fin de la premiere
quinzaine du mois de juin sur une pi^ce de terre ayant porte
une culture derobee de vesce d'hiver utilisee eomme fourrage
vert. Aussitdt renlevement de cette r^colte le sol fut leg^re-
ment scarifi^ en long et en travers, puis il regut a Thectare
une fumure de 4o-ooo kilos de bon mmier de ferme enfoui
par un labour de o™a5 de profondeur. Avant de faire passer
le rouleau sur le labour, on repandit 400 kilos de superphos-
phate dosant i5 0/0 d'acide phosphorique, enterres par le
scarifieateur, et eomme complement de fumure on apporta
100 kilos de nitrate de sonde qui furent melanges au sol par
le hersage completant Fameublissement du terrain.
Les betteraves ont ete repiquees en lignes distantes de
o°tt5o, et sur chaque ligne les plants etaient places k o°^25 les
uns des autres, ce qui correspond a 8 racines au metre carr^
ou 80.000 par hectare. La reprise se fit dans de bonnes con-
ditions, mais la violence de la pluie d^chain^e par le cyclone
du 4 juillet ayant fortement battu le sol, la vegetation en
eprouva un retard tr^s sensible, elle ne prit tout son essor
qu'apr^s avoir acre le sol par des binages et des sarclages
executes entre les lignes avec la houe Filter et sur la ligne
avec la houe a main.
L'arrachage eut lieu les 6 et 7 novembre. Les racines
nettoy^es pass^rent immediatement a la bascule ou Ton enre-
gistra les produits en poids a I'hectare que nous indiquons
plus loin. Quant a leur composition voici les chiffres trouves
a r analyse :
Composition des betteraves en igo5
NOMS DES VARIJfeXjfeS
Mali^re s^che
dans
100 kilos
de betteraves
Sucre dans
100 kilos
de betteraves
10,10
16, 5o
5,18
6,70
11,40
•
. • % « «
Jaune ovo'ide des Barres
Geante blanche demi-sucri^re.
Demi-sucri^re , k collet rose . .
Nos lecteurs savent eomme nous que la matiere seche
represente ce qui reste de la betterave lorsqu'on en a retire
Teau et que c'est la matiere s^che qui sert a Falimentation
du betail et non Teau avec laquelle elle se trouve associee.
Les chiffres ci-dessus indiquent done que dans 100 kilos de
betteraves jaune ovoide des barres il n y a que 10 kil. 10 de
matiere nutritive, tandis que le m^me poids de betteraves
demi-sucrieres a collet rose en contient 16 kil. 5oo, soit
63 o/o en plus, Mais la matiere seche est formee de subs-
tances diverses plus ou moins assimilables , dont la plus
I
— 11 —
importante est le sucre, parce qu'il est enti^rement utilise par
I'organisme, soit comme source d'energie, de chaleur ou de
ffraisse. Nous voyons que loo kilos de betteraves jaune des
barres n'en contiennent que 5 kil. i8, tandis qu'il y en a
II kil. 4o dans le mSme poids de betteraves demi-sucrieres a
collet rose.
Ce sont-la des chiffres tres faibles qui s'expliquent
d'ailleurs , si Ton tient compte des renseignements generaux
donnes sur la culture et des conditions meteorologiques de
la derniere campagne. Comme pour la vigne, le manque de
chaleur et de lumiere a ete prejudieiable a la fonction chlo-
rophyllienne , les elements necessaires a la formation du
sucre n'ont pu ^tre accumules ni dans le raisin , ni dans le
pivot de la Letter a ve. L'un et T autre ont et6 r^coltes sans
6tre arrives a maturite et si bon nombre de vignerons ont
et^ obliges de remonter leurs moMs pour obtenir un vin de
bonne qualile, ils ne seront pas moins nombreux les culti-
vateurs qui devront, a I'aide d' aliments concentres, remonter
la puissance alimentaire de leurs betteraves s'ils ne veulent
les voir consommer par leur betail sans que celui-ci en tire
profit.
L'an dernier, au contraire, les conditions meteorologiques
ont ete toutes differentes , septembre et octobre ont ete sees
et ensoleilles, le raisin a donne un vin de qualite remar-
quable, la betterave est restee petite mais par contre, elle
etait tres riche en elements nutritifs. Ces observations per-
mettent, jusqu'a un certain point, d'etablir pour notre
region un rapprochement assez etroit entre la qualite des
vins et celle des betteraves destinees a Falimentation du
betail.
Voici d'ailleurs la composition des betteraves analysees
Tan dernier :
Composition des betteraves en igo4
Jaune ovo'ide des Barres
Geante blanche demi-sucriere
Geante demi-sucriere, a collet rose..
Matiere s^che
dans
100 kilos
de betteraves
17,56
20, i6
20,76
Sucre dans
100 kilos
de betteraves
11,02
12,78
i3,46
Ces betteraves provenaient d'un semis direct sur terre
ayant ete en labour d'hiver et ayant regu les mSmes engrais
que la culture par repiquage en 1905 ; Tespacement ayant
€X.€ le mSme pour les deux annees, les resultats trouves a
Tanalyse sont done comparables, lis permettent de chiffrer
— 12 —
la grande superiorite des b^tteraves recoltees I'an dernier
sur celles de cette annee. Ne faut-il voir dans cette superio-
rite que Finfluence des conditions meteorologiques plus
favorables en 1904 qu'en 1905? Nous pensons quil faut
aussi tenir compte de la difference entre les deux modes de
culture signales pour ces deux annees. II est certain que la
betterave semee sur place, ne supportant pas de temps
d'arr^t dans la marche normale de sa croissance, arrive
mieux k maturity que celle qui est repiquee. II y a de ce
cdte des recherches k faire, nous y convions tous ceux qui
s'int^ressent au progr^s de la culture.
Le calcul du rendement a Thectare, en poids, en matiere
s^che et en sucre, permet de dresser les deux tableaux sui-
vants pour les deux annees envisagees :
Recolte igo4
VARIETES
Jaune ovoide des Barres
Geante demi-sucri^re , a collet
vert
Demi-sucriere , k collet rose . . .
RENDEMENT A L'HECTARE
au poids
kilos
45.000
43.000
41.000
en matiere
seche
kilos
7.902
8.668
8.5ii
en Sucre
kilos
4.959
5.495
5.5i8
Recolte igo5
vari6t6s
Jaune ovoide des Barres
Geante demi-sucriere, k collet
vert
Demi-sucriere , a collet rose . . .
RENDEMENT A L'HECTARE
au poids
kilos
79.000
77.500
65. 000
en matiere
s^che
kilos
7.979
9 292
10.758
en Sucre
kilos
4.092
5.192
6.700
Si nous comparons entre eux les chiffres dignes d'inter^t ,
c'est-a-dire les rendements en matiere seche et en sucre k
rhectare pour les deux annees , il ressort de la fa^on la plus
nette que la betterave jaune oi>oide des barres est bien infe-
rieure aux deux varietes demi-sucridres et que parmi ces
dernieres c'est celle a collet rose qui donne d'une mani^re
reguliere le maximum de substance s^che digestible, parce
que c'est la plus riche en sucre.
- IB —
Conclusion. — La production mdyenne k Thectare de
chaque race de betterave en mati^re s^che pour les deui^
annees envisag^es s'inscrit comme suit :
yg4o kilos pour ropotde des barres;
8g85 kilos pour la g^ante demi-sucriire h collet i>ert;
Qo34 kilos pour la aemi sucriire h collet rose.
Cela revient k dire que la puissance alimentaire de 4 hec-
tares de betterapes demi-sucrieres it collet rose ^quipaut h
aelle de 5 hectares de betteraoes opoides des barres.
Nous n'avons pu nous procurer de betteraves fourrag^res de
poids ^norme, mais il sera facile k ceux qui en possedent de
laire un rapprochement entre leur faible valeur alimentaire
et celle des Donnes vari^t^s demi-sucri^res.
Znfluence de I'efteuillage
sor la quality des betteraves r6colt6e8 en 1905
La superiority des races de betteraves demi-sucri^res tient,
avons-nous dit, aux soins de selection dont elles ont 6te Tobjet
et k Tabondance de leur feuillage , car c'est dans les feuilles
que prennent naissance les hydrates de carbone qui devieur
aront du sucre et les mati^res' albuminoides qui constituent
la valeur alimentaire de la racine. Celle-ci n'est en quelque
sorte qu'un reservoir, un magasin ou s'aecumulent les
matieres fabriqu^es par les feuflles. Plus elles sont abon-
dantes, plus les conditions atmospheriques sont favorables
k leurs lonctions , plus la valeur alimentaire de la racine est
eievee.
Sans se douter du tort considerable qu'ils font au d^ve-
loppement et k la quality de sa racine , beaucoup de cultiva-
teurs ont conserve I'habitude routini^re de pratiquer
reffeuillage de la betterave. lis savent cependant que ce
fourrage ne constitue qu un aliment de tres faible valeur, et
que si on le distribue en quantity un peu eiev6e , il a un effet
laxative tr^s mar(jue.
On se garde bien d'en distribuer aux boeufs de travail,
aux bdtes k I'engrais, mais on ne T^pargne pas aux jeunes,
aux vaches laiti^res. Personne ne contestera que c*est \k une
operation deplorable, car les jeunes animaux ont plus
besoin que les adultes d'aliments riches , ce n'est pas en les
purgeant d'une fa^on continue qu'on hate leur croissance I
Quant k Taction des feuilles de betteraves sur la production
lactee , toutes nos fermi^res sont \k pour reconnaltre que le
jour oil on les substitue k d'autres aliments, la c^ualite et la
quantite du lait diminuent dans de fortes proportions. Alors
pourquoi passer du temps et par Ik mSme d^penser de Tar-
gent pour recolter un fourrage de mauvaise quality? Pour-
-14--
^uoi nuire k la proyision du b^tail pendant Fhiver, sans
espoir d'en tirer aucun profit ?
Cle qui ^tonne le plus, c'est de voir qu'on n'hesite pas a
s'imposer de iourds sacrifices pour mettre le feuillage de la
vigne k Tabri des maladies cryptogamiques qui pourraient
le detruire, tandis que, b^nevolement, on enleve celui de la
betterave.*
. Ce paradoxe existe non seulement entre les fermes a
yignes et celles qui n'en ont pas, mais on le rencontre egale*
ment dans les exploitations ou yoisinent la culture de la
vigne et celle de la betterave.
En se reportant aux remarques que nous avons faites a
propos de la quality des betteraves r6colt^es cette ann^e, on
constate, pour les trois varietes exp^rimentees , qu'il y a
dans loo kilos de matiere seche les proportions suivantes de
Sucre :
VARIETES
Jaune ovoide des barres . . .
Geante blanche demi-sucriere
a collet vert
Demi-sucri^re k collet rose. .
Sucre dans loo kil. de matiere seche
5i kilos
56 kilos
63 kilos
M. J. Lemanceau, Thabile regisseur des belles fermes de
M. le senateur comte de Blois, ay ant voulu se rendre compte
de rinfluence de Teffeuillage sur la qualite des betteraves
recoltees autour de lui, nous a adresse, pour les faire analy-
ser, des echantillons de trois varietes de betteraves de la
derniere recolte.
Voici les resultats portes sur le bulletin d'analyse :
NOM9 DES VARI^T^S
Jaune geante de Vauriac
Demi-sucri^re blanche, k collet
vert
Demi-sucriere , k collet rose. . . .
Poids
moyen des
racines
analys^es
Matiere
seche dans
100 kil. de
betteraves
1^^185
1,578
1,172
12^*00
12,33
12,78
Sucre dans
100 kilos
de
betteraves
4>^46
6,01
7,20
Si nous determinons la proportion du sucre pour 100 kilos
de matieres s^ches, nous obtenons les chifTres ci-dessous :
VARIIST^S
Jaune ovoide des barres . .
Geante blanche demi-sucriere
a collet vert
Demi-sucriere a collet rose *
Sucre dans 100 kilos de matiere seche
37 kilos
47 kilos
58 kilos
— 15 —
On pent, jusqu'k un certain point, rapprocher ces resul-
tats de ceux accuses plus haut par F analyse des betteraves
de la Ferme experimentale d'Avrille, et se faire par la una
id^e assez nette de Finfluence nefaste de Feffeuillage sur la
Sualite de la betterave , par suite de la grande reduction de
e sa teneur en sucre.
Nous avons fait remarquer que les betteraves normales
laissaient a d^sirer cette annee au point de vue alimentaire ,
que conclure de celles qui ont ete effeuillees ?
On ne pent mSme pas songer k racheter leur mediocre
qualite en les distribuant en plus grande quantity au betail ,
car si elles contiennent peu de sucre, elles sont par contre
tr^s riches en nitrates et, comme toujours, la variete fourra-
g^re en renferme une quantite plus elevee que la demi-
sucriere. D'apr^s Fanalyse, la jaune g^ante de Vauriac en
contient o»'35o o/o tandis que la demi-sucriere k collet rose
en renferme o^^'a^a, soit 22 o/o en moins (i).
Ge sont la des proportions excessivement ^levees pouvant
provoquer des desordres tres graves, sinon mortels, chez
les animaux dont la ration comporterait une trop forte
quantite de ces betteraves. Cest kTexces de nitrate qu'elles
renferment qu'il faut attrij^uer les accidents qu'on a eu a
d^plorer jusqu'a ce jour, et que nous avons voulu pr^venir
en indiquant quelle en ^tait la cause.
] Conclusion, — II faut laisser intact le feuillage de la
betterave jusqu'au jour de Farrachage.
(A suwre.)
(i) A la Ferme experimenlale d'Avrille les betteraves jaunes
geantes de Vauriac, analvsees en 1901, ne contenaient que o^oq5 de
nitrates 0/0, les geantes blanches demi-sucrieres 0*^085 et les aemi-
sucrieres a collet rose o"o87.
— 16 —
Rapport de M. le marquis de Dampierre
sur r£xposition d'Aviculture d' Angers des
9, 10 et 11 Janvier 1906.
Messieurs ,
C'est avec une bien r^elle satisfaction que je viens ici vous
entretenir une fois encore de notre premiere Exposition
d' Aviculture. Lorsqu*il y a (juelques mois j'eus Inonneur
d'attirer pour la premiere fois votre attention sur Fint^rSt
qu'une semblable tentative pourrait presenter dans notre
Sa^s d*Anjou, de bonnes raisons, certes, me permettaient
€]k de vous faire esp^rer un sucees, mais j'etais loin, je
Favoue , de prevoir la facility que nous avons eue k recruter
des exposants, et la valeur au-dessus de la moyenne des
lots qui nous seraient envoyes, et Fempressement general
des Angevins de tons les milieux k venir visiter notre expo-
sition, a nous apporter leur concours , k t6moigner de toutes
les manieres leur inter^t pour les choses de Faviculture.
Vous avez tons , Messieurs , pu juger par vous-mSme de la
r^ussite tres remarquable de notre entreprise. Je n'ai done
pas k vous la d^taiUer. Permettez-moi seulement de vous
rappeler que nous avons presents au public environ huit
cents animaux de basse-cour, dont a peu pr^s la moiti^ en
coqs et poules et le reste en palmipedes, dindons et pin-
tades, lapins et pigeons. Or, malgr6 la petite et tardive
publicity que nous avions faite, nous avions attir^ quatre-
vingts exposants dont vingt-trois seulement etrangers au
d^partement de Maine-et-Loire. Si done de ce chiOTe d'ex-
Eosants Fon d^falque , outre les Strangers , les vingt colom-
ophiles ^prouv^s du Messager angevin, nous voyons que
trente-sept amateurs se sont r^v^l^s parmi nos compatriotes,
assez silrs d'eux-mfimes et assez hardis pour affronter une
exposition. Et combien ce chiffre est inferieur au nombre
reel des aviculteurs de notre pays , sans parler de tons ceux
auxquels une visite dans notre galerie a donn^ le goM de
Faviculture. II serait difficile, a coup silr, d'^tablir, mSme
approximativement , un recensement de ce genre , mais plus
de cinq mille entries payantes attestent 1 int^r^t que cette
branche de F^conomie rurale excite dans tons les milieux et
cet int^rfit s'est manifesto plus encore par Factivit6 des tran-
sactions aui, tant en materiel qu'en animaux exposes, ont
sans nul aoute, atteint plusieurs milliers de francs.
Ce succ^s, Messieurs, c'est a la Soci^t^ Industrielle et
Agricole, c'est a vous done qu'en revient Fhonneur, k vous
tons qui avez fait un si large accueil k mon initiative, prou-
— 17 —
vant une fois de plus qu en notre beau pays d'Anjou il sufflt
de ^eter une idee au vent pour que bientdt l^ve une feconde
moisson de resultats utiles. Mais nous le devons surtout k
votre infatigable agent general, M. le commandant Ancelot,
et a M. le D' Sigaud, votre Eminent secretaire general, dont
la bonne gr^ce charmante et Tintelligente activity ont rendu
tout possiole et se sont depensees sans compter, avant, pen-
dant et depuis notre interessante exposition. Nous le devons
encore k la bienveillance de M. Viger qui a si gracieusement
mis un excellent local a notre disposition et, enfin, a TUnion
des Viticulteurs angevins dont le President et les Commis-
saires ont ^te pour les aviculteurs plus encore que d*excellents
voisins, je veux dire des conseillers pleins a experience et
des auxiliaires pleins de cordialite. A tons et a cliacun per-
mettez-moi , Messieurs , au nom des exposants d'une part et
de I'autre au nom des organisateurs de TExposition Avicole
d' Angers, d'adresser ici un dernier et bien sincere remer-
ciement.
Mais en dehors des aimables concours qui ont assure la
r^ussite de notre exposition d*aviculture , il y a quelques
causes plus generales qui devaient favoriser, en pareiUes
circonstances, une tentative de ce genre et je veux pour con-
clure vous les indiquer brievement.
En premier lieu 1 inter^t tres reel qu'offre a toute maitresse
de maison le bon etat de sa basse-cour assure partout a
Taviculture une popularity generale. Mais en Anjou il y a,
outre les bonnes menageres , des propri^taires soucieux de
leurs interfits ruraux. Notre pays a ceci de particulier que
Taisance y est plus repandue que la fortune; je veux dire
qu'il s'y trouve un tres grand nombre de cultivateurs ais^s
ou de petits proprietaires qui ne negligent aucune source de
richesse , mais que s'il y a pr^s d'eux des proprietaires plus
riches, ceux-ci du mbins ont conserve pour Fagriculture
cette soUicitude edair^e et toujours presente qui fait d'eux
des rouages encore utiles dans la grande machine sociale.
Les uns et les autres trouvent, a des titres divers, dans
Taviculture, la satisfaction d*un goAt d'amour-propre et
Famelioration d'un rendement estimable. Et c*est la une des
reflexions qui s'imposaient en parcourant notre exposition
recente : les* races de pur luxe n'y paraissaient presque
Soint, les races pratiques y avaient une ecrasante prepon-
erance. On se sentait en presence d*un parti-pris de gens
sages, soucieux avant tout de faire oeuvre utile chez eux ou
autour d'eux et cela seul suffirait k assurer chez nous k
Taviculture une prosp^rite durable.
La seconde cause permanente propre a nous confirmer cet
heureux r^sultat, c'est la situation mfime d' Angers, capital
non seulement du Maine-et-Loire et de Tancienne province
d' Anjou, mais lieu d'echanges naturel entre le Poitou, la
Bretagne, le Maine et la Touraine. Or si Rennes poss^de une
- IS —
race de poules justement estimee, si La Fleche , ville ange-
vine, et Le Mans, sa suzeraine actuelle, sont des centres
d'elevage seculaires, il s'en faut de beaucoup que toutes ces
riches regions soient des pays d'egale activite avicole. Long-
temps encore Angers pent done Stre utile a tous en favorisant
ici la comparaison des produits des pays voisins avec ceux
qui pourront nous envoyer des avicuiteurs de plus lointains
parages. Et ou done trouver un centre plus aimable et plus
accuelllant a toute manifestation d'intelligence et d'activite
humaine que la blanche ville des arts et des |leurs !
Enfin la date de notre premiere exposition d'aviculture
s'est trouv^e particuli^rement bien choisie et c*est la un troi-
si^me element de succes qu'il faut se garder de negliger. Au
debut de Janvier, en effet, les volailles du printemps pr^c6-
dent sont parvenues a leur taille ou a peu pres , les sujets
adultes ont achev6 leur mue : les avicuiteurs peuvent done
sans difficult^s preparer leurs lots de concours. De plus,
c'est une date qui precede les grands concours de Paris ou
d'ailleurs, c'est le moment ou peuvent se distinguer pour la
premiere fois les sujets d*elite, n^s dans Tannee et qui nont
pas encore concouru. Ce serait la date ideale pour fonder un
concours annuel ou s'essaieraient (comme a Caen, les jeunes
chevaux au prix du « premier pas ») Telite de Televage des
grands avicuiteurs.
Je vous parle de Concours annuel. Messieurs, quand il y
a six mois j'osais a peine vous proposer une experience
modeste. C'est que cette idee de rendre annuelle notre expo-
sition de Janvier m'a ete sugger^e par les exposants eux-
m^mes. Les membres du jury qui avaient bien voulu se
deplacer pour nous, les avicuiteurs eprouves qui avaient
repondu a notre appel m'ont vivement presse de vous sou-
mettre cette idee. Je la l^gue k vos meditations et je me
borne a cette reflexion personnelle que notre alliance avec la
viticulture a ete trop leconde cette fois pour lie pas nous
donner envie de la rendre permanente.
Et pour terminer je dois encore vous parler, Messieurs, du
resultat durable qu'ont eu d^jk votre exposition avicole et
Fexemple de T Union des Viticulteurs angevins. Je veux dire :
la creation d'une Society d' Aviculture qui reclamerait votre
patronage dans les m^mes conditions que TUnion des Viti-
culteurs. Une Commission s'est spontan^ment form^e pour
etudier ses statuts ; elle comprend, outre moi-meme qu'on a
voulu charger de la presidence, MM. Lemanceau, le baron
Le Pelletier et le baron de Villoutreys, comme membres, avec
M. Daignere comme secretaire. Nous esperons, Messieurs,
pouvoir, a une seance prochaine, vous apporter les resultats
que nous aurons obtenus.
— 19 —
Grande Exposition et Concours d' Aviculture
Goqs et Poules de races Irancalses et 6trangftres
Pintades, Dlndons, Oles, Canards
Pigeons voyageurs, de rapport et d'agr6inent, Lapins, Oiseaux de luxe
EXPOSITION DE VOLAILLES MORTES
Organises A Angers, au Champ-de-Mars, les 9, 40 et H Janvier 4906
Par la Soci6t6 Industrielle et Agricole d' Angers
et du d6parteznent de Maine- et- Loire
Sous le Patronage dc la Federation des Societes d'Aviculture de France
et des principaux Clubs fran^ais de races pures et avec la participation of&ctelle
de la Societe Colombopliile '* Le Messager Angevin ^'
Distribution solennelle des Recompenses
Jeudi soir, k 5 h. 1/2, a eu lieu sous la presidence de
M. Deperri^re, ay ant a ses c6t^s MM. le Maire d' Angers, le
marquis de Dampierre et les autres membres du bureau, la
distribution des recompenses de TExposition d* Aviculture,
Beaucoup de monde y assistait.
M. Deperriere a ouvert la stance par le discours suivant :
Mesdames,
N'en d6plaise a ces Messieurs, mais c'est a vous que cette
allocution d'ouverture est destinee, et si je m'adresse a vous
seules , j'ai plusieurs motifs pour le faire.
D'abord, le sexe qui porte a son menton son plus bel ornement
a re^u ici, dans ae nombreux et beaux discours, toutes les
louanges auxquelles il avait droit. Personne n'a ete oublie, et
mes redites, qui ne seraient sttremcnt que la pftle image de ce
que mes devanciers ont excellemment conte avant moi sur cette
estrade, risqueraient d'etre taxees d'un vilain mot, a la pens6e
duquel toutes les barbes , ieunes ou vieilles , fremiraient.
rtiis, en venant pccuper le fauteuil, je n'ai point re^u de mandat
imp6ratif pour vous parler d'une chose ou d*une autre, et,
Eourquoi vous le cacnerais-je , je pr6ffere m'entretenir avec les
lames plutdt qu*avec les Messieurs.
Eniin, apr^s Fhommage affreable k vous rendre toujours et
partout, oti que vous soyez, j ai quelque chose k vous demander,
qui sera acclame par tout le monde, je n'en doute pas.
C'est en foule, Mesdames, que vous avez p6netre dans ces
enceintes, nous apportant, avec vos graces naturelles qui font la
joie de nos yeux, les meilleurs, les plus pr6cieux encouragements,
taisant naltre en nous les plus grandes esperances pour le progr^s,
objet de nos ardents d^sirs.
La femme fran^aise, la douce et gracieuse An^evine, peut-^tre
plus que toute autre, n'a pas besoin de sortir de rEcole nationale
des Beaux-Arts ou de I'Academie de musique et de danse
pour 6tre une artiste. Elle porte en elle et avec elle toutes les
elegances, eUe salt jouir de celles qu'eUe rencontre et toujours
y ajouter, quand le milieu oCi elle p6netre lui plait. Vous etiez
— 20 -
ici, tous ces jours, dans une republique dont la direction peut et
doit vous appartenir pour une grande part. En aviculture, ne
cherche-t-on pas constamment, avec les ameliorations des formes,
celles de la couleur? Sur le corps solidement construit , aux
aspects souples et dodus des oiseaux que nous cultivons
passionn6ment et dont la vue fait venir Feau k la bouche des
tins gourmets, ne cherchons-nous pas la parure des brillants
plumages ?
Vous pouvez fetre, vous devez 6tre en tout, dans raviculture,
les conseUs de nos savants eleveurs pour la perfection des races
et, comme vous ne le c6dez en rien au monde pour la coquetterie,
c'est vous encore qui pouvez le mieux guider nos maltres pour
faire de nos cocottes de veritables bijoux, capables, k leur vue,
de faire tourner toutes les tStes.
Enfin , il est des soins d'6ducation qui vous appartiennent tout
k fait, je veux parler du caract^re.
Vous savez tout subjuguer.
II faut entre vos mams que le plus farouche, le plus sauvage
y passe et se soumette.
Nos coqs et poules, nos dindons, nos pintades, nos oies, nos
canards , nos pigeons , jusqu'4 nos lapins , compagnons insepa-
rables des premiers dans les assises avicoles, out besoin
d'6ducateurs patients, adroits de leurs mains, qui sachent les
caresser et guider leurs instincts.
Vous fetes nees, Mesdames, pour faire eclore toutes les qualites
du coeur autour de vous, vous sauriez faire de nos pares d*ele-
vage de petites patries oti la paix, la concorde, la vie calme, la
sante , la beaute et I'amour rfegneraient en souverains maltres.
Je vous con vie , Mesdames , a ce rdle que nous voulons vous
voir trouver charmant, apr^s avoir vaincu les hommes qui ne
song[ent qa'k se mettre k vos pieds, de prendre en main les
destinees de T aviculture et de sa propagande.
Avec vous nous serions certains du plus brillant avenir et de
tous les succes. Voulez-vous ? Je vols des sourires. Je veux qu'ils
soient de bon augure. J'espfere !
M. le D"^ Sigaud a proclame alors les noms des laur^ats
avec les prix decernes.
Voici la liste complete des recompenses :
PREMIERE DIVISION
Goqs et poules de grandes races frangaises
(Ghaque lot se compose de un coq et deux poules)
Premiere categorie : Race de Cre^e-Cceur
1. Medaille vermeil : M. Charles Serre, io3, boulevard de
Sevigne, Rennes (lUe-et-Vilaine) ;
2. Medaille argent ; MM. Thomas et Normand (Etablisse-
ments Voitellier), Mantes (Seine-et-Oise).
Deuxieme categorie : Race de Houdan
I. Medaille vermeil : M. Duperray, a Maulette, par Houdan
(Seine-et-Oise) ;
I
— 21 —
2 . Medaille argent : M. J. Goupil, k Houdan (Seine-e^Oise) ;
3. Medaille bronze : M. F. Goujon, a Langeais (Indre-et-
Loire),
Troisieme categorie : Race de la FUche
1, Medaille vermeil : M, Cbarles Serre, preeite;
2, Medaille argent : M. Rene Bouchereau, a La Fl^che
(Sarthe) ;
3. MMaille bronze : M. Joseph Toutain, a la Vieill^re, par
le Bailleul (Sarthe) ;
4. Mention honorable : M. F. Goujon, preeite;
5, Mention honorable : M. Bouehereau, preeite.
Quatrieme categorie : Race de Bresse
a) Variete blanche
1, Medaille vermeil : M™<; la comtesse H. de Castries, cha-
teau du Chillon, par le Louroux-B^connais (M.-et-L.);
2. Medaille argent : M. le marquis de Dampierre, Louroux-
Beconnais (Maine-et-Loire).
b) Variete noire
1. Medaille vermeil : M. Ch. Serre, preeite ;
2. Medaille argent : M. Charles Quartier, rue Bressigny,
Angers ;
3. MMaille bronze : M. Daign^re, domaine de Tessign^,
par Brissac (Maine-et-Loire).
c) VariHe grise
2, M. Ch. Serre, pr^cit^.
Cinqui^me categorie : Race de Faiferolles
1. Medaille vermeil : M. J. Goupil, preeite ;
2 . M6daille argent : M™« Pineau , au Prieure de Villemoisan
(Maine-et-Loire);
3. Medaille bronze : M, Duperray , preeite ;
4. Mention honorable : M. le marquis de FEsperronni^re,
eh&teau de la Saulaie, par Freigne (Maine-et-Loire) ;
5.* Mention honorable : M"*® Hardy, a Villegontier (La Cor-
nuaille ;
6. Mention honorable : M"« la comtesse de Lauzon, a Cand6
(Maine-et-Loire).
Sixieme categorie : Race du Mans
1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Guerini^re, k Maisons-
Lafiite (Seine-et-Oise) ;
2. Medaille argent : M. Charles Serre, preeite.
Septi^me categorie : Race courtes-pattes
3. Medaille bronze : M. Ch. SeiTe, pr6cit^.
Huiti^me categorie : Race Coucoii de Rennes
1. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, preeite;
2. Medaille vermeil : M. Ch. Serre, preeite.
— 22 —
Neuvieme categoric : Race de Mantes
1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, pr^cites ;
2. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ;
3. Medaille bronze : M™« la comtesse de Castries, precit^e.
Dixicme cat^gorie : Race de Caumont
I. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, preeit^.
Onzieme categorie : Autres races frangaises
1. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, precite
(race d'Anjou) ;
2. Medaille argent : M. Gh. Serre, precite (race de Janze) ;
3. Medaille bronze : M™« Ghristine Robert, a Vivy (Maine-
et-Loire) (race de la Ronde).
Prix d'honneur , una plaquette artistique destinee k Texpo-
sant qui aura remport^ le plus de prix dans cette divi-
sion : M. Gh. Serre.
Prime d' ensemble de 20 francs destinee a Fexposant du
departement de Maine-et-Loire qui aura remporte le
Elus de prix dans cette division': M. le marquis de
dampierre.
Prime d'honneur de i5 francs, au plus beau coq de Houdan,
offerte par le Houdan-Glub : M. Duperray.
MMaille d'argent k la plus belle poule de Houdan, offerte
par le Houdan-Glub : M. Duperray.
Medailles offertes par la Soci^te des Eleveurs de La Fleche
aux plus beaux lots de La Fleche : Medaille d'argent,
M. Charles Serre ; medaille de bronze, M. Bouchereau.
Medailles offertes par le Bresse-Club au plus beau lot de
chaque vari^te de Bresse : Medaille d'argent (vari^t^
blanche), M°^« la comtesse H. de Castries ; mMaille
d'argent (variety noire), M. Charles Serre ; medaille
' d'argent (variety grise), M. Charles Serre.
DEUXI^ME DIVISION
Goqs et poules de grandes races 6traiig^res
(Ghaque lot se compose de un coq et deux poules)
Premiere categoric : Race de Rrcekel argenti
Pas de prix decernes.
Deuxi^me categorie : Race Coucou de Malines
I . Medaille vermeil : M"™* Lemanceau , au Petit-Bouille , par
. Segre.
Troisieme categorie : Race de Campine
Pas de prix.
— 23 —
Quatri^me categoric : Race Orpington
a) Variete faiwe
1 . M^daille vermeil : M. F. Goujon, precite ;
2. Medaille argent : M. Coyreau desLoges, k Savigny, par
Vouneuil-sur-Vienne (Vienne) ;
3. Medaille bronze : M. Charles Baron, k Jallais (M.-et-L.) ;
4. Mention honorable : M. le marquis de Dampierre, pre-
cite ;
5. Mention honorable : M"*® L. de BossoreiUe, La Bernar-
diere, par Saint-Macaire (Maine-et-Loire).
■ ■ b) Variete noire
1 . Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, precite ;
2 Medaille argent : M. F. Goujon, precite;
3. Medaille bronze : M™® Lemanceau, precitee ;
4. Mention honorable : M. Daign^re, pr^eit^,
Cinquieme categoric : Race Dorking
1 . Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites;* •
2. Medaille argent : M. Carrie, a Lery (Eure);
3. Medaille bronze : M. le marquis de Dampierre, precite;
Sixieme categoric : Grands combattants anglais
I. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^riniere, precite.
Septieme categoric : Race de Hambourg
a) Variete crayonnee et doree . -
1. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ;
2. Medaille argent : M. le baron de Chemellicr, k Blaison
(Mainc-et-Loire).
b) Variete pailletee et argentee
i. Medaille vermeil : M. A. Bastide, La Pommcroye, par
Cuts (Oise) ;
2. Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^;
3. Medaille bronze : M. Daignere, precite.
c) Variete noire ■
I. Medaille vermeil : MM. Thomas et Norma^nd, precit^s.
Huiti^me categoric : Race de Minorque
I. Medaille vermeil : M. F. Goujon, precite ;
2 Medaille argent : M. Ch. Serre.
Neuvieme categoric : Race espagnole
I. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precit^s.
Dixieme categoric : Race de Leghorn
Variete blanche
3. Medaille bronze : M. Jamont, 76, rue de Letenduere,
Angers ;
4. Mention honorable : M. Charles Thebault^ a Beaupreau
(Maine-et-Loire).
— 24 —
Onzieme categoric : Race de Pad&at
I. Medaille vermeil : M. A. Bastide, precite.
Douzieme categoric : Race Wjyandotte
Pas de prix.
Treizi^me categoric : Race de combattants indiens
i. Medaille vermeil : M. A. Bastide, precite.
Quatorzi^me cal^gorie : Race de Langshan
a) Variete noire
I. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, pr^cit^.
b) Variete fauve
3. Medaille bronze : M. le eomte Delamarre, a Troussay,
par Thevemy (Loir-et-Cher).
c) Variete blanche
I. Medaille vermeil : M"« Valentine Gasnier, a La Bohalle
(Maine-et-Loire).
Quinzi^me cat^gorie : Race cochinchinoise
a) Variete fauve
I. MMaille vermeil : M. Carrie, precite.
b) Aiitres varietes
1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normandy
2 . Medaille vermeil : M"^* la comtesse de Fresnaye , chSLteau
de Froidefontaine , par Avrille (Maine-et-Loire),
Seizi^me categoric : Race de Rrdhma
a) Variete herminee
1. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^rini^re, precite;
2. Medaille argent : M"** Stanislas Francois, aux Violettes
de Segr^ (Maine-et-Loire).
c
b) Variety f Brahma inverse J
I. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^riniere, pr^cit6.
Dix-septi^me categoric : Race de Poltava
1. Medaille vermeil : M"« Valentine Gasnier, pr^citee ;
2 . Mention honorable : M"® Valentine Gasnier , precit^e ;
3. Medaille bronze : W^^ Gasnier-Poullain , k Montjean.
Dix-huiti^me categoric : Autres races etrang^res
Pas de prix d^cern^s.
Prix d'honneur, une plaquette artistique : M. Quentin de la
Guerini^re,
Prime d' ensemble de 20 francs : M"« Valentine Gasnier.
Prime d'honneur de 20 francs au plus beau lot d'Orpingtons
noirs appar tenant a un membre du Club : M. le marquis
de Dampierre.
- 25 —
Prime d'honneur de 20 francs au plus beau lot d' Orpingtons
fauves appartenant a un membre du Club : M. F. Goujon.
Medaille d'argent offerte par M. Lecointre, president de
rOrpington-Club, au plus beau lot d' Orpingtons de
FExposition : M. le marquis de Dampierre.
Prime d*nonneur de 10 francs offerte par le Langshan-Club
au plus beau lot de Langshans expose : M"« Valentine
Gasnier.
Prix de 10 francs ofiTert par M"^« Paul Manth^s, k la plus
belle poule de Poltava : M"® Valentine Gasnier.
TROISIEME DIVISION
Goqs et poules de races naines
(Chaque lot se compose de un coq et deux poules)
Premiere categoric : Race Bantam, naine
1. Medaille vermeil : M. F. Goujon, precite ;
2. Medaille argent : M°^® Baranger, a Gholet (M.-et-L.).
Deuxi^me categoric : Race Bantam, blancfrisd
I. Medaille vermeil : M"<* Martin, chateau de la Cour de
Marans, par Segre (Maine-et-Loire).
Troisieme categoric : Race de combattants nains
Pas de prix d^cernes. ..^.
Quatrieme categoric : Race phenix du Japon
I. Medaille vermeil : M. Travers-Bourdoiseau , boulevard
Daviers, Angers.
QUATRIEME DIVISION
Pintades et dindons
(Chaque lot se compose d'un couple)
Premiere categoric : Pintades
Variete grise
I. Medaille vermeil : M. F. Goujon, precite.
Deuxieme categoric : Dindons
a) Variete noire
1 . Medaille vermeil : M. F. Goujon, pr^cit^ ;
2. Medaille argent : M. Pierre Girard, i5, rue Boisnet.
Angers ;
3. M6daille vermeil : M. de Quatrebarbes , chateau de
Bellevue, par Brillon (Sarthe).
— 26 —
b) Variete bronzee
I . Medaille vermeil : M™« la comtesse de Castries, precitee ;
2 MMaille argent : MM. Vincent et Grimault, aux GMs,
par Saint-Pierre-Montlimart (Maine-et-Loire).
c) Autres varietes
I . Medaille vermeil : M™® du Grandlaunay, chateau de la Her-
piniere, par Turquant (M.-et-L.) (dindons des Ardennes) ;
2 Medaille argent : M™® de Bossoreille , chateau de la Ber-
nardiere, par Saint-Macaire (M.-et-L.) (dindons fauves) ;
3. Medaille bronze : M. du Grandlaunay, avenue Jeanne-
d'Arc, Angers (dindons des Ardennes) ;
4. Medaille bronze : M. Pierre Girard , precite (dindons
bronzes).
CINQUI&ME DIVISION
Palmipedes
" (Chaque lot se compose d'un couple)
Premiere categorie : Oies
Variete de Toulouse
1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites;
2. Medaille argent : M. F. Goujon, precite ;
3. Medaille bronze : M. Jacques Binet, commune des
Touches (Loire-Inferieure).
Autres varietes
I. Medaille vermeil : M™® Christine Robert, precitee (oios
blanches de la Ronde).
Deuxieme categorie : Canards
a) Canards de Rouen
1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites;
2. Medaille argent : M. Carrie, precite ;
3. Medaille bronze : M. G. Lechertier, chateau de la
Lezi^re , par Maisoncelles (Mayenne) ;
4. Mention honorable : M. J. Goupil, precite;
5. Mention honorable : M. Daignere, precite.
b) Canards de Barharie
1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites;
2. Medaille argent : M™« Lemanceau, precitee ;
3. Medaille bronze : MM. Vincent et Grimault, precites ;
4. Mention honorable : M"« Valentine Gasnier, precitee ;
5. Mention honorable : M. Charles Thebault, precite;
6. Mention honorable : M. Y. de Quatrebarbes , chateau de *
Bellevue, par Brftlon (Sarthe) ;
7. Mention honorable : MM. Thomas et Normand, precites.
c) Canards du Labrador
I . Medaille vermeil : M™® la vicomtesse d' Anthenaise , cha-
teau de la Jailliere, La Chapelle-Saint-Sauveur (Loire-'
Inferieure) ;
— 27 —
d) Canards de Cayuga
I. M^daille vermeil : M"»® Lemanceau, precit^e.
e) Canards de Pekin
I. MMaille vermeil : M. F. Goujon, pr^cite.
f) Canards coureurs indiens
I. M^daille vermeil : M. Jacques Binet, pr^cit^.
g) Canards commnns
1. Medaille vermeil : M"« Valentine Gasnier, pr^cit^e ;
2. Medaille argent : M™« la comtesse de Castries, pr^citee ;
3. Medaille bronze : M. Fouche, ii4, rue de la Chalouere
Angers ;
4- Mention honorable : M°^« Lemanceau, precit^e.
h) Canards croises (Canard de Rouen et canard de Barbariej
2. Medaille argent : M. Fouche, precit^.
Prix d'honneur : MM. Thomas et Normand.
SIXIEME DIVISION
Pigeons voyageurs
Premiere S^rie
a) Pigeons bleus barres (adultes)
Medaille vermeil : M. Lafuie ;
Medaille argent : M, Hardouin.
b) Pigeons ecailles noirs
Medaille vermeil : M. Juin ;
Medaille argent : M. Daignere,
c) Pigeons ecailles bleus
Medaille vermeil : M. Manceau ;
Medaille ai^ent : M. Facon ;
Medaille bronze : M. Provost;
Mention : M. Gagneux.
d) Pigeons rouges
Medaille vermeil : M. Hardouin ;
Medaille argent : M. Dezert.
e) Pigeons cendres
Medaille vermeil : M. Pergeline.
f) Pigeons argentes
Medaille vermeil : M. Pineau.
g) Pigeons noirs
Mention : M. Moi^eau.
M^dailles d'honneur offertes par la Soci^t^ colombophile :
1. Medaille d'argent : M. Hardouin ;
2. Medaille de bronze : M, Juin.
- 28 -
SEPTliME DIVISION
Pigeons de rapport et d'agr^ment
Grands boulants frangais
M^daille de vermeil : M. d'Anglemont de Tassigny, 3i, rue
des Consuls, Reims (Mame).
Carneaux rouges
M. Trochon, 3j, rue de Brissac, Angers.
Bisets indigenes
M^daille d'ai^ent : M™<» Christine Robert, precit^e.
Bisets de Rouen blancs
M^daille d*argent : M. Leon Dubois, 5, rue Yictor-Galland,
Paris.
Gros mondains
Medaille d' argent : M. L^on Dubois, precit^.
Romains bleus
Mention honorable : M. Quentin de la Gu^riniere, precite.
Romains rouges
Medaille vermeil : M. Ch. Th^bault, pr6cit^.
Romains noirs
Medaille argent : M. Ch. Thebault, pr6eit6.
Mondains de ferme
Medaille argent : M. A. Debernard, 79, avenue d*ltalie, Paris ;
MedaiUe argent : M. Dubois, precite.
MailUs de Caux
Medaille vermeil : M. Trochon, pr^cit6 ;
Medaille argent : M. Debernard, precite ;
Medaille bronze : M. Dubois, pr^cit^.
Mailles de feu
Medaille ai^ent : M. Dubois, precite.
Dragons
Medaille vermeil : M. Dubois, precite ;
Medaille argent : M. d*Anglemont de Tassigny, precite.
Bouvreuils cui^res
Medaille vermeil : M. Trochon, pr6cit^.
Capucins blancs
Medaille vermeil : M. A. Vallot, ii4, avenue des Champs-
Elys^es, Paris;
Mention honorable : le m^me.
Coquilles Hollandais
Medaille vermeil : M. d'Anglemont de Tassigny, precite;
Medaille argent : M. Trochon, precite.
— 29 -
Boui^reuils dwers
M^daille argent : M. d'Anglemont de Tassigny, pr^cite.
Tambours de Boukharie
M^daille bronze : M. Vallot, precite.
Culbutanls frangais
M^daille argent : M. Dubois.
Hants volants
Medaille vermeil : M. Wagner, 78, rue Vaudricourt, Paris.
Pies
Medaille vermeil : M. d'Anglemont de Tassigny, pr^cit^.
Etourneaux
Medaille argent : M. d'Anglemont de Tassigny, precite.
Gazzis de Moddne
Medaille argent : M. Wagner, precite.
Suisses
Mention honorable : M. d'Anglemont de Tassigny, pr^cit^.
Hearths
Mention : M°^« la comtesse de Fresnaye, precitee.
Prix d'honneur : M. d'Anglemont de Tassigny.
Prix d'ensemble, i5 francs : M. Trochon.
HUITlilME DIVISION
Lapins et Gobayes
(Chaque lot se compose d'uu seul sujet)
Premiere categoric : Lapins -lidpres beiges
Mdles
1 . MMaille vermeil : M. A. Debernard, precite ;
2. Medaille argent : M. Carrie, precite ;
3. Medaille bronze : M"* Marie Vincent, precitee.
Femelles
1 . Medaille vermeil : M"« Paul Manthes , chMeau de Laye,
par Beaugency (Loiret) ;
2. Medaille argent : M"« Marie Vincent, pr6cit6e ;
3. Medaille bronze : M. Carrie, pr^cit^,
Deuxieme categoric : Lapins Normands
Mdles
1 . Medaille vermeil : M. Carrie, precit6 ;
2 . Medaille argent : M"*® Paul Manthes, pr^cit^e ;
3. M6baille bronze : M. J. Goupil, precite.
— 30 -
Femelles
I. Medaille vermeil : M. J. Goupil, pr^cite ;
a. Medaille argent : M. Carrie, precite ;
3. Medaille bronze : M"« Paul Manth^s, precitee.
Troisieme eat^gorie : Lapins geants des Flandres
Mdlea
1 . MMaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, pr6cit6 ;
2. Medaille argent : M. Carrie, precite ;
3. Medaille bronze : M. Charles Thebault.
Femelles
1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^ ;
2. Medaille argent : M. Carrie, precite ;
3 Medaille bronze : M. Charles Thebault, precite.
Quatrieme categoric : Lapins-beliers
Mdlea (grisj
2 . Medaille argent : M"* Marie Vincent, precitee ;
3. MMaille bronze ; M. Quentin de la Gueriniere, precite.
Femelles
1 . Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee ;
2, Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, precitee.
Cinqui^me categoric : Lapins-beliers bleus
Males
I • Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ;
2. Medaille argent : M"« Marie Vincent, precitee.
Femelles
1 . Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, pr^cit^e ;
2. Medaille arcent : M. Quentin de la Gueriniei'e, precite ;
3. Mention : M. Carrie, precite.
Sixieme categoric : Lapins-beliers, d'autres couleurs
Males
1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ;
2. Medaille argent : M. Carrie, precite :
3 . Medaille bronze : M"« Marie Vincent, precitee ;
4. Mention honorable : M"« Marie Vincent, precitee ;
5 . Mention honorable : M"« Marie Vincent, precitee.
Femelles
1 . Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee ;
2. Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, precite.
Septieme categoric : Lapins argentes de Champagne
Males
1. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ;
2. Medaille ardent : M. G. Baugas, 28, rue de T Abattoir, k
Cholet (Maine-et-Loire).
— 31 ~
3. Medaille bronze : M. Favreau, a Laval (Mayenne) ;
4. Mention honorable : M. Carrie, precite.
Femelles
1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^riniere, precite ;
2. Medaille argent : M. A. Debernard, 79, avenue d'ltalie
Paris ;
3. Medaille bronze : M. Favreau, precite ;
4. Mention honorable : M. Carrie, precite.
Huitieme categorie : Lapins russes
Males
1 . Medaille vermeil : M. Carrie, precite ;
2. Medaille argent : M. G. Baugas, precite ;
3. Medaille bronze : MM. Vincent et Grimault, precites ;
Femelles
I Medaille vermeil : M. Carrie, precite ;
2. Medaille argent : MM. Vincent et Grimault, precites ;
Mention : M. Favreau, precite.
Neuvieme categoric : Lapins Japonais
Mdles
2. Medaille argent : M. Carrie, precite ;
Mention : M. G. Baugas, precite.
Femelles
I. Medaille vermeil : M. Carrie, precite.
Dixieme categorie : Lapins hollandais
Mdles
I MMaille argent : M. Carrie, precite ;
Mention : M. G. Baugas precite.
Femelles
1. Medaille vermeil ; M. Carrie, precite.
Onzieme categorie : Lapins noirs et feu
Males
Pas de premier prix.
2. Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^ ;
3. Medaille bronze : M. Debernard, precite.
Femelles
2. Medaille argent : M. Quentin de la Guerinifere, precite;
3. Medaille bronze : M. Carrie, precite ;
Mention honorable : M"« Marie Vincent, pr^citee.
Douzi^me categorie : Lapins bleu et feu
Mdles
1. MMaille vermeil : M. Carrie, precite ;
2, Medaille argent : M. Georges Baugas, precite ;
Mention : M. A. Debernard, pr^cit^.
— 32 —
Femelles
I Medaille vermeil : M. Carrie, pr^cite ;
a. Medaille argent : M. A. Debernard, pr^eit^.
Treizi^me cat^gorie : Lapins papillons
Mdles
1. Medaille vermeil : M. G. Baugas, pr^eit^ ;
a. MMaille argent : M. Carrie, precite.
Femelles
2. Medaille argent : M. Carrie, precite;
3. Medaille bi*onze : M. Y. de Quatrebarbes, precite.
Quatorzieme cat^gorie : Lapins polonais
Mention : M. G. Baugas, precite.
Quinzi^me eat^gorie : Lapins angoras blancs
Males
I. Medaille vermeil : M. Qtientin de la Gu^riniire, pr6eit^;
a. Medaille argent : M. Carrie, pr^eit^;
Mention : M"® Marie Vincent, pr^citee.
Femelles
1. Medaille vermeil : M. Carrie, precite ;
2 . Pas decern^ ;
3. Mention honorable : M"« Marie Vincent, precitee.
Mention honorable : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^.
Seizi^me categoric : Lapins angoras (Tautres couleurs
Mdles
1, MMaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee.
Fem,elles
Pas de premier prix.
2. MMaille argent : M"« Marie Vincent, pr^cit^e.
Dix-septi^me categoric : Lapins Hapane
Mdles
I. Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee.
Fem,elles
I, Medaille vermeil : M"® Marie Vincent, precitee.
Dix-huiti^me categoric : Lapins bleus de Bei>eren
Mdles
1. Medaille vermeil : M"* Marie Vincent, pr^cit^e;
2 . Prix non d^cerne ;
3. Medaille bronze : M°»« Paul Manth^s, precitee ;
Mention : M. G. Baugas, precite.
- 33 -
Dix-neuvi&me categoric : Lapins de races diverses
Mdles
3. M^daille bronze : M"« Marie Vincent, precit^e (gris de
Saint-Hubert) ;
Mention honorable : M"® Marie Vincent, precitee (gris de
Saint-Hubert).
(tltalons geants) Femelles
3. Medaille bronze : MM. Vincent et Grimault, precites ;
Mention honorable : M. du Grandlaunay, pr^cit^.
Vingti^me categoric : Cobqyes
I . Medaille vermeil : W^^ Marie Vincent, precitee ;
Prix d'honneur : M. Carrie ;
Prix d' ensemble, i5 francs : M"« Marie Vincent ;
Prix oflfert par M"™® Paul Manthes au plus beau lapin-lievre
beige, lo francs, a M. Debernard.
NKUVIEME DIVISION
Oiseaux d*agr6xnent
Colins de Californie
MMaille d'argent : M. Daignere, precit^.
Perdrix grises
Mention honorable : M. Daignere, pr^cite.
Perdrix rouges
Mention honorable : M. Bi^ron, rue Menage, Angers
Perrnche omnicolore
Medaille d' argent : M"® Valentine Gasnier, precitee.
Merle blanc
Medaille de bronze : M. Charles Th^bault, precit^.
Serins hollandais
Medaille de bronze : M. Berthelot, agent cycliste, a Angers.
M4tis serin et chardonneret
Mention honorable : M. Pineau, rue Boreau, Angers.
dixi£:me division
Volailles xnortes (poulardes, chapons)
1. MMaille vermeil : M. Toutain, pr^cit^;
2. Medaille argent : M. Bouchereau, pr^cit^ ;
3. Medaille bronze : M. Pel^, place du Ralliement,. Angers.
— 34 —
Autres Tolailles xnortes
M^daille vermeil : M. Pel^, place du Ralliement, Angers.
. - #
M. F. Goujon a pffert six abonnements a son journal ; ils
ont 6i6 attribu^s k : *
1. M. Duperray, k Maulette, Houdan (Seine-et-Oise) ;
2. MM. Thomas et Normand, a Mantes (Seine-et-Oise) ;
3. M. Toutain, k La Fleche ;
4. M. Mercier, president du Messier angevin, Angers.
5. M. Leon Dubois, 5, rue Victor-Galland, Paris.
6. M. PeW, k Angers.
Le G4rant, G. Grassin.
Angers, imp. Gennain et 6. Graasin. — 390-6.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du depart erne nt de Maine-et-Loire
Proces-verbal de la stance du 27 Janvier 1906
Presidence de M. Bordeaux-Montrieux, vice-president.
Etaient presents : MM. le D"^ Sigaud, secretaire general;
Prosper Jamin , tresorier; A. Huau, secretaire; MM. Massi-
gaon, Gallard, Brechet, Lavallee, Moreau, Grau, Vinet,
ernard-Ghauvire , Ed. Lafarge, Bouttier, D^ Maisonneuve,
Gautier-Meslier , Abraham, Batereau, D'' Cordon, Urseau,
Billard, Secher, de Boissard, D'' Monprofit, Lucien Fremy,
O. Chaillou, Daignere, Ferre-Hamon , D'^ Tesson pere,
Sigaud fils.
— M. Betton-AUard s'excuse de ne pouvoir assister a la
seance.
— M. le President donne lecture d'une lettre de M. Joxe,
maire d' Angers, remerciant la Societe Industrielle et FUnion
des Viticulteurs des bouteilles de vins qui ont ete offertes,
apres la Foire aux vins, aux Hospices, a TAsile des Vieillards
de Saint-Nicolas et aux Orphelinats municipaux de la ville
d' Angers.
— M. Andre Huau, au nom d'une Commission composee
de MM. A. Huau, O. Chaillou et Ed. Lafarge, lit le rapport
sur Texamen du compte de I'exercice 1906 fait par M. Moreau,
directeur de la Station QEnologique de Maine-et-Loire.
— se-
ll en r^sulte que les depenses faites au cours de Texercice
1905 se sont ^levdes a la somme de 5.364 francs et que les
recettes au cours du m^me exercice ont atteint le chiffre de
5.539 ^^- 9^» qu'ilreste par suite un boni de 175 fr. 90, auquel
il y a lieu d'ajouter un reliquat de 10 fr. 20 dft pour frais
d'analyse, soit ensemble, comme avoir, une somme de
186 fr. 10. La Commission a constate que toutes les pieces
de la comptabilite etaient parfaitement reguli^res et exactes
et a adresse ses sinceres felicitations au sympathique Direc-
teur de la Station CEnologique de Maine-et-Loire pour son
d^vouement a cette oeuvre si prospere. La Commission, apres
avoir visite les salles du Laboratoire et la cave dans laquelle
sont conserves les echantillons de vins k examiner, a compli-
ments egalement M. Vinet, le devoue collaborateur de
M. Moreau, de la bonne tenue et de I'ordre qui r^gnent dans
ces divers locaux. Toutefois, au cours de la visite du Labora-
toire, la Commission a deplorS I'exiguite du local devenu
actuellement insuffisant. Elle souhaite que bientdt la station
puisse trouver une autre installation plus confortable et situSe
plus au centre de la ville avec une vaste salle pour les tra-
vaux de laboratoire et des conferences publiques qui auraient
certainement a Angers le meme succes que cellcs de Beaune
et d'autres Stations QEnologiques.
La Commission termine son rapport en proposant a la
Societe Tapprobation des comptes de M. Moreau arrStes au
3i decembre 1905.
L'assemblee approuve a TunanimitS ces comptes et M. le
President se fait 1 interprete de tons pourfeliciter M. Moreau
de Texcellente direction de son Laboratoire qui rend de plus
en plus de grands services aux viticulteurs de Maine-et-
Loire.
— M. Moreau annonce que la reunion de la Commission de
degustation des vins pasteurises aura lieu le jeudi 8 fevrier
chez M. le marquis de Dreux-Breze, a Breze; il espere que
nos collogues designes pour faire partie de cette Commission
s'empresseront d'accepter Tinvitation qui leur est faite par
notre distingue collogue.
M. Moreau ayant remarque que cette annee les vins
s'Sclaircissaient plus difficilement . que d'habitude, etant
saturSs d'une substance gommeuse spSciale, a Tintention de
faire des experiences de filtration; il prie ceux de nos
coUegues qui desireraient participer a ces essais de vouloir
bien indiquer, en m^me temps que leur nom, les quantites
de vins a filtrer.
Cette annee le Directeur de la Station oenologique a Tinten-
tion de faire des conferences d'oenologie dans plusieurs
communes du departement de Maine-et-Loire, autant que
possible dans des regions assez Sloignees les unes des autres
pour que tous les viticulteurs puissent les suivre.
I
I
-3?-
Trois communes se sont fait inscrire d^ja : Thouarce, ftur-
tal et Montjean; d'autres communes pourront egalement
demander cette faveur ; les conferences auront lieuk Thouarce
du II au 25 mars et a Montjean du 4 mars au i«' avrU.
— M. Jamin, tresorier, donne lecture de son rapport sur
le compte financier de i'annee igoS. Les recettes se sont ^le-
v^es a la somme de . ............. 19.809' 35
et les d^penses se sont ^levees k celle de . . . . 14.859 55
Soit une difference de. . . . , . . ..... 4-449' 80
qui formera le premier article des recettes de Tannee 1906.
M. Ed. Lafarge lit ensuite le rapport de la Commission
pour la verification des comptes de M. le Tresorier. Ce rap-
port constate que les pieces de la comptabilit^ justifient
toutes les d^penses inscrites au rapport ci-dessus pour Texer-
cice 1905 ; la Commission se plait a faire remarquer que
toutes les cotisations (moins deux) ont 616 encaiss^es au
cours de Tannee, elle en felicite a la fois M. le Tr<^sorier et
M. r Agent general dont le zele et le d^vouement m^ritent
les eloges et les remerciements de la Society.
Les comptes sont approuves k Tunanimit^ des voix et
M. le President s'associe aux felicitations adressees k M. le
Tresorier, ainsi qu'k M. T Agent general.
— M. le professeur Lavallee donne lecture d'un travail
sur la valeur alimentaire des betteraves r^coltees en 1905.
M. le President adresse ses remerciements a notre savant
collogue pour son 6tiide tres int^ressante que nous publie-
rons en entier dans notre Bulletin mensuel.
— M. le marquis de Dampierre, n'ayant pu assister k la
seance , a adresse son rapport sur Texposition d'aviculture k
M. le D'' Sigaud qui en d!onne lecture. Des remerciements et
des felicitations seront adressees a notre distingu^ coUegue
pour son charmant rapport.
— M. le President annonce que, conformement aux statuts
de notre Societe, 1^ renouveliement du Bureau doit avoir
lieu tous les trois ans ; or, le Bureau actuel ayant ete 6hi
en Janvier 1908, le renouveliement doit se faire k cette
seance.
L'assembl^e est d'avis de ne point passer au vote secret et
les membres du Bureau sortant sont tous r^elus par accla-
mation.
M. le President est tres reconnaissant de la confiance qui
nous est accord^e par nos coUegues ; il adresse ses remercie-
ments k tous , car tous aident smgulierement le Bureau dans
ses travaux.
- 38 —
' — Reception des candidats presentes a la precedente reu-
nion :
M. Guilbeau, AlJ&'ed, ancien notaire, lo, rue du Quinconce,
Angers ;
M. G. Guy, propri^taire-viticulteur, ch^eau de Dieuzie
(Rochefort-sur-Loire) , et rue Desjardins , Angers ;
M. L^on Beclard, propri^taire, ch&teau de Saint-Sympho-
rien, a Rochefort-sur-Loire ;
sont elus membres titulaires a Tunanimite des voix.
— Presentation de candidats :
M. G. Fourrier, avocat, 35, rue des Lices, Angers, pr^sente
par MM. Groz et le D' Sigaud ;
M. Georges Baron, propri^taire , 6, place Travot, Cholet,
presents par MM. Abraham et Groz.
Uordre du jour etant epuis^, la seance est lev^e a 3 h. i/q.
Le Secretaire general,
D' P. Sigaud.
— 39 —
De la Pasteurisation des vins
R^sultats obtenus en Anjou
• • • ■
Par M. L* Moreau, directeur de la Station oenologique
Les conditions du march^ sont telles qu'aujourd'hui plus
que jamais seuls les vins de qualite, les vms bien constitues,
susceptibles de se conserver, indemnes de tout defaut, ont
chance de trouver preneur a des prix encore r^munerateurs,
dans nos regions de TOuest et du Centre. Seuls aussi ces
vins, le cas ech^ant, pourront au besoin attendre, dans les
caves des propri^taires , que les conditions de la vente
s'ameliorent.
Tous les moyens, honnStes et permis, de donner aux vins
ces qualites doivent done attirer T attention des viticulteurs.
Dans la crise qui trouble actuellement la viticulture fran-
Qaise , a c6t6 des palliatifs que Ton pr^conise , en attendant
le remede, un peu trop ^nergique, auquel il est a craindre
que Ton ne soit amen^ un jour, les procedes de conservation
des vins, ceux qui les mettent a Tabri des maladies, doivent
pi'endre place ; u appartient au viticulteur avise d'y recourir,
si besoin en est.
La Pasteurisation destin^e a preserver les vins des fer-
ments de maladie, a arrSter le mal lorsqu'il s'est deja declare,
mais qui doit 6tre surtout preventive, rentre bien dans la
categoric des procede^ indiques tout a Theure.
Les essais entrepris par M. le marquis de Br^ze et moi,
dont il a et6 rendu compte ici , ont donn^ deja des resultats
assez probants pour fixer les viticulteurs de nos regions sur
remploi du chauffage en vinification.
La Commission nomm^e par la Soci^te industrielle et agri-
cole d' Angers, composee de treize membres, dont quelques-
uns figurent toujours au nombre des d^gustateurs, dans tous
les concours et expositions, s'est rendue k Breze, le 8 fevrier
dernier. Apres une reception, cordiale et gracieuse, k laquelle
ceux qui n»equentent le chSiteau de Brez^ sont habitues, la
Commission a proc6d6 k la degustation des vins pasteurises
en juillet et aoM 1908. Cette deuxi^me degustation, faite dans
les m^mes conditions que la premiere , a donn6 les resultats
consign^s dans les tableaux ci-dessous :
A) Vins rouges pasteurises en futs
Groslot I go 2
En favour du pasteurise 8 voix
— du temoin 4 —
Douteux I —
-40-
Cabernet Igoi (deux echantillons)
En faveur des pasteurises 5 voix
— des t^moins i6 —
Egaux 3 —
Douteux 2 —
Cabernet igoo
En faveur du pasteurise 1 1 voix
— dutemoin a —
Pour Tensemble des vins rouges pasteurises en fftts :
En faveur des pasteurises a4 voix
— des temoins an —
Egaux 3 —
Douteux 3 —
Premiere remarque. — II semble done jusqu'ici que Tavan-
tage reste aux vins pasteurises. On remarquera, pour les
deux vins de Cabernet 1901 , pour lesquels la majorite est
favorable aux temoins, qu*il y a eependant de la part de
quelques legislateurs certaines hesitations ; quelques-uns les
trouvent egaux, les autres ne sont pas tr^s fixes, comme
Tindique Texamen de leurs bulletins de vote ; beaucoup les
ont trouve egalement bons. Ces resultats confirment ceux
de la premiere degustation de 1904.
B) Yin rouge pa6teuris6 en bontellles
Cabernet i8q3
Premiere degustation (vin chambre depuis quelques
jours) :
En faveur du pasteurise 2 voix
— du temoin 5 —
Egaux 4 —
Douteux 2 —
Deuxieme degustation (vin provenant directement de la
cave) :
En faveur du pasteurise i voix
— du temoin 11 —
Douteux I —
Deuxieme remarque, — On remarquera, comme prece-
demment, qu'a la premiere degustation il y a eu beaucoup
d'hesitation et tous les degustateurs ont juge bons les deux
vins. La deuxieme epreuve a donne presque Tunanimite au
temoin, cela p6ut tenir a ce que le bouquet de pasteurise n'a
3
— 41 —
pas eu le temps de se developper, ou bien que les deux bou-
teilles de vin temoin n*etaient pas identiques — ee qui arrive
souvent pour les bouteilles d'un mSme vin vieux — le pas-
teurise restant constant. II n'en est pas moins vrai qu'il y a
Eour ee vin une grosse majority en laveur du temoin. II est
on de rappeler — et cette remarque a une grande impor-
tance pour ceux qui voudraient pasteuriser des vins rouges
en bouteilles — que le chauffage a 6X6 fait sur les vins ayant
d^jk 8 ans de bouteille et que Ton n'a pas pris soin — ee
ui est contraire aux regies d'une bonne pasteurisation —
e decanter ee vin ; tout le d^pdt s'est alors d^tache de la
bouteille pendant le chauffage, et k la moindre agitation il
se remet en suspension. Malgr^ cela, ce vin, qui ^tait sain
avant le chauffage, n'a pas 6t6 autrement d^t^riore et la
plupart des degustateurs Font trouve bon.
G) Vin blanc paBteuris6 en fiits
Chenin 1902
En faveur du pasteurise . i voix
— du temoin. 11 —
Douteux I —
Troisiime remarque. — Je rappellerai ce qui a ^t^ dit au
moment de la premiere degustation, e'est-k-dire que ces deux
vins blancs ne sont pas comparables ; Tun, le temoin, ayant
6te mis en bouteilles aussitdt la pasteurisation, I'autre — le
pasteurise — ^tant demeur^ en ftit pendant plus d'un an
encore. « II n'en est pas moins vrai, disait alors M. de Br^z^,
que ce vin blanc, pasteurise et conserve en fdts pendant deux
ans, s'est bien comporte, n'a pas jauni, n'a subi aucune
alteration, ce qui ne serait pas arrive au temoin. II consti-
tue, au goM de fruit pres, dont la perte n'est pas attribuable
au chauffage, mais au sejour en barrique, un bon vin mar-
chand. » Cette opinion est confirmee par un premier degus-
tateur et par un second qui, tout en votant pour le temoin, a
trouve un bouquet plus developpe au pasteurise. A mon
avis, d'autres essais devraient etre tentes sur les vins blancs
jeunes ; il est vrai <jue la demiere degustation, dont Je vais
rendre compte mamtenant, permet de nous fixer sur les
effets du chauffage des vins blancs.
II a ete procede k trois degustations pour le vin blanc de
iQoi, pasteurise en bouteilles : la premiere sur le vin venant
d etre debouche ; la deuxi^me sur le mfime vin reste en
vidange pendant quatre heures ; la troisi^me sur le vin reste
simplement debouche pendant le mdme temps, dans une
pi^ce chauffee ; en voici les resultats :
— 42 —
B) Ghenlh blanc iOOi, pasteurise en bouteilles
I'" degustation a* degustation 3* d^gustation
En laveur du pasteurise . .
— du t^moin . . .
Egaux
Douteux
5
5
8
5
8
3
I
»
I
a
»
I
Quatrieme remarqiie, — Cette deuxieme epreuve confirme
en tous points celle de I'annee pr^eedente. La degustation,
aussit6t le vin debouch^ , laisse quelques degustateurs hesi-
tants, et si les deux vins sont trouves bons par tous, il senible
plutdt qu'il y ait une majority en faveur du temoin. Mais si
vous laissez le vin en vidange , ou m^me simplement debou-
che a Fair, le temoin, qui a tendance k la casse, perd de suite
de sa valeur et les opinions s'affirment alors plus categori-
quement en faveur du pasteurise. Le chaufl'age du vin a done
ete ici encore une bonne operation.
*
Comme jc Tai indiqu^ a plusieura reprises, ces vins, aussi
bien les pasteurises que les temoins, ont souvent ete trouves
bons tous deux et.les pri^ferences ne sont pas toujours tres
marquees. La question du fruits a egalement occupe les
degustateurs et Ton connait toutes les idees precongues a ce
sujet. Sur 17 opinioiis emises au sujet du fruite et du bou-
quet, 8 Tont ete au benefice du vin pasteurise. G'estun resul-
tat. Je serais tente d'avouer qu'il me laisse un pen indifferent,
car je ne considere pas la pasteurisation comme un moyen
d'ameliorer les vins ; elle a, pour moi, rempli tout son but,
lorsqu'elle les a preserves des ferments de maladie, lors-
qu'elle a arrete ces maladies' au point ou elle les a trouvees
au moment du chauffage et lorsqu'enfin elle a rempli tous
ces desiderata, sans amener de modifications sensibles dans
les proprietes organoleptiques des vins.
A mon avis, et jusqu'k nouvel ordre * — les degustations
qui suivront nous diront si cela etait vrai — la pasteurisation,
dans ces essais, a bien rempli le triple but que jelui assignais
plus haut. Cela ressort pour moi, de Texamen des deux degus-
tations faites jusqu'ici, ou Ton trouve les voix, en faveur des
I)asteurises, etre les plus nombreuses quand les vins etaient
es plus malades ; au contraire , les hesitations plus grandes
et les temoins parfois preferes , quand les vins , avant chauf-
fage, etaient les moins atteints ou indemnes de toute maladie.
M. B&con, de Sanmur, nous dira peut 6tre un jour les
resultats obtenus dans les essais de pasteurisation entre-
pris par ses soins dans le Saumurois egalement. II semble,
d'apr^s quelques renseignements que nous avons recueillis
— 43 -
ensemble,^ i la Foire des Vins, qu'ils confirmeront en partie
ceux que je viens de donner ici, pour la deuxieme fois.
Reste a etudier la mise en pratique de ce proc6d^. A part
quelques exploitations importantes qui pourront s'offrir un
pasteurisateur, c'est aux associations agricoles, syndicats ou
cooperatives, qu'il appartient, je crois, de se munir de ces
appareils afin de les mettre k la disposition de leurs adhe-
rents. Plusieurs viticulteurs de la region anraient certaine-
ment fait pasteuriser des vins, ces deux dernieres annees,
s'ils avaient pu trouver des pasteurisateurs dans leur region.
La question que se posent souvent les viticulteurs estcelle
de savoir quels sont les vins qu'il faut pasteuriser ! Les vins
provenant de vendanges avarices, ceux dont la fermentation
n'aura pas marche regulierement, dans les conditions habi-
tuelles des annees qui donnent de bons produits, devront
deja fitre tenus comme suspects. L' aspect du vin, sa degus-
tation renseigneront ensuite le viticiuteur sur sa bonne ou
mauvaise tenue. Ces examens ne sont pas toujours suffisants
et chez les vins jeunes, la maiadie naissante pent passer
inaper<jue. II y aura lieu de proc^der alors k un examen
microscopique et au dosage de certains elements. Les vins
qui pr^senteront de nombreux microorganism es, ceux chez
lesquels Tacidit^ totale, au lieu de diminuer, ira en augmen-
tant, ceux chez lesquels Tacidite volatile — faite a intervalles
pen eloignes — ira egalement en augmentant et d^passera
I gramme par litre, exprim^e en acide acetique, devront 6tre
pasteurises. Ces examens et dosages qu'un propri^taire n'est
j)as toujours en mesure de faire chezlui, sont faits couram-
ment dans tons les laboratoires.
C'est en se tenant au courant de tons les essais entrepris
dans sa region, en experimentant lui-mSme les proced^s
qui ont fait leurs preuves — laissant aux personnes devou^es
et amis du progr^s le soin et le souci d'entreprendre du nou-
veau — que le viticulteur de nos regions parviendra, comme
je ie disais au debut de ce travail, & maintenir ses vins,
indemnes de tout defaut, susceptibles de se conserver et
qu*ii pourra resister, en partie tout au moins, k la crise viti-
cole actuelle. Le comprendra-t-il ?
— 44 —
Rapport sur la 6^ Foire aux Vins d'Anjou
des 9, 10 et 11 Janvier 1906
Par M. Maurice Massignon
Membre titulaire, President de FUnion des Viticulteurs
de Maine-et-Loire
Avant de vous faire le compte rendu de la derniere Foire
aux Vins, permettez-moi de vous rappeler bri^vement quelle
fut Toriffine de ces Foires.
En 1898 i rUnion vinicole d'lndre-et-Loire inaugurait k
Tours une Foire aux Vins dont le succ^s fut retentissant.
M. Bouchard, sollicit^ par plusieurs de nos collegues et tout
particulierement par MM. Daign^re, O. Ghaillou, de Bois-
sard et par moi-mSme, h^sita longtemps k proposer k notre
Soci^te rinstitution de ces Foires a Angers. Ge n'est qu'au
mois de Janvier 1900 que fut inauguree la premiere Foire,
dans la salle m^me de notre Soci^t^. Cette exposition com-
prenait, comme aujourd'hui, tous les vins recoltes exclusive-
ment dans le d^partement de Maine-et-Loire, et voici dans
quels termes le Secretaire general rendait compte de la tenue
de cette Foire :
« Quand, au lendemain de la premiere Foire aux Vins
de Touraine, je proposals a la Socilte Industrielle et Agricole
d' Angers de prendre sous son patronage une Foire aux Vins
d'Anjou, je pensais bien que je ne Tengagerais pas dans une
imprudente operation, et j esperais que cette nouvelle oeuvre
serait au moms aussi propice a notre pays d'Anjou que les
autres grandes oeuvres qu'elle a mises au monde depuis i83o.
« Tout pres de 260 producteurs ont apporte leurs
vins k ce premier march6; 8.000 visiteurs ont fouille et
refouilie Tftme du millier de Bouteilles qui s'alignait en longue
theorie En somme il s'est vendu beaucoup de barriques
de vins et pris de nombreux rendez-vous au cellier. Les
ventes se concluaient directement, sous le rebord du cha-
peau, bouche k bouche pour ainsi. dire Quelques pro-
prietaires se sont born^s a envoyer leurs vins, ce n etait pas
assez, ils auraient dft 6tre la pour roifrir et le faire valoir, c'est
a un marche que venait leur vin, c'etait a eux de le conduire. »
La deuxi^me Foire aux vins eut lieu les 8, 9 et 10 Janvier
1901. En raison de Texiguite du local de notre Soci^te, la
Foire se tint au Cirque du Ghamp-de-Mars. 267 vignerons
repondirent a notre appel et apport^rent ces vins d^licieux
qui dejk commencent a se faire rares dans nos caves, car
c est toujours dans le tas de 1900 que Ton prend, parce que
ce vin a toutes les qualit^s des vins d'Anjou; avec un dosage
— 45 —
parfait des Elements essentiels il ne presente aucune exag^-
ration, soit du bouquet, soit de Talcool, soit de la liqueur, en
un mot c'est le oin d'Anjou type.
Dans le compte rendu de cette Foire, M. Bouchard parle
pour la premiere fois du proiet de creation d'une Union de
Vignerons , mais celle-ci ne lut reellement constituee que le
3 mai 1902 sous le nom di' Union des Viticulteurs de Maine-
et-Loire.
En 19021, la troisieme Foire aux Vins eut lieu, comme la
precedente, au Cirque du Ghamp-de-Mars . Cette fois, en
raison des abus de boissons qiii s'etaient produits aux foires
ant^rieures, on decida que les entrees seraient pay antes;
malgr^ cela, 2.201 visiteurs n'h^siterent pas a verser o fr. 5o
pour penetrer dans le local de la Foire. Je regrette de ne
pouvoir donner des details j)lus circonstancies sur cette
Exposition, M. Bouchard, deja fort malade, n'ayant fait
aucun compte rendu special. Toutefois je signalerai que les
2.291 entries produisirent une recette de i.i45 fr. 5o, q^ui
nous permit d'^quilibrer notre budget. Aussi notre Commis-
sion d'organisation n'h6sita-t-elle pas a maintenir le droit
d'entr^e de o fr. 5o pour la quatrieme Foire aux Vins qui eut
lieu en Janvier 190J et regut 2.325 visiteurs. Le nombre des
exposants fut environ de 200, malgre la qualite peu brillante
des vins de 1902. Quant k la r^colte de 1903, vous devez vous
le rappeler, elle fut tr^s r^duite et en plus de quality mediocre.
Le manque de local nous permit aeviter la Foire; je dis
d'eviter, avec intention, parce que les vins qu'on pouvait
presenter n'auraient certainement pas fait honneur a 1 Anjou.
En Janvier iQo5, pres de 3oo exposants apport^rent a la
Foire ces superbes vms de 1904, si merveilleusement consti-
tu6s et qui resteront assurement classes parmi ceux des
bonnes et mdme des grandes annees.
4.200 visiteurs payants vinrent d^guster ces vins qui mal-
heureusement n'avaient pas eu le temps d'acquerir toute
leur quality et par suite ne furent pas appreci^s k leur juste
valeur. Le commerce, en effet, am^ait dft enlever en quelques
mois *des produits aussi excellents ! II est vrai que la crise
aigue, dont nous soufTrons encore davantage cette ann^e,
commengait alors k se faire sentir et nos acheteurs desempa-
r^s ne savaient plus quelle conduite tenir devant refTondre-
ment des cours qui se produisit au printemps 1905.
La recolte de 1905 ^ficitaire de plus du tiers sur celle de
1904 (800.000 hect. pour notre d^partement au lieu de
1.200.000 hect. en 190^ aurait dft par consequent s'enlever k
des prix raisonnables, d'autant plus que si cette annee nous
n'avons pas obtenu la quality excellente de 1904, nous avons
cependant produit des vins au moins ^gaux a ceux de 1902,
dont la vente s'est faite regulierement.
Que se passe-t-il done en ce moment ? Nous n'avons pas
encore, il est vrai, Teffondrement des cours du printemps der-
nier, mais nous avons, ce cjui est plus inqui^tant encore, un
calme absolu, il ne se traite pour ainsi dire aucune affaire.
Vous pouvez presenter k la vente de trfes beaux vins k des
prix tres raisonnables ^ on n'en Qent pas. Plus d6sempar6
encore qu'en 1906 le commerce achate au jour le )our.
Vous avez done pu voir a notre derni^re Foire des 9, 10 et
II Janvier 1906 de nombreux commergants (de Maine-et-
Loire, des departements voisins et de Paris) d^guster mais
n'offrir aucun prix. Et cependant s'il y avait des vins tr^s
maigres, k cdt6 de ceux-lk les amateurs pouvaient ^e refaire
tr^s agreablement le palais et le goAt avec de nombreux
echantillons absolument bien vinifies. Par bien pini/ies,
j'entends des vins qui non seulement bnt ^te r^colt^s et pres-
sures dans de bonnes conditions, mais aussi ont ^t^ pariaite-
ment soignes pendant et apres la fermentation. Si pour faire
un bon civet, un bon li^vre est necessaire, de m^me pour
faire du bon vin il faut d'excellents raisins. Or cette ann^e,
si vous vous le rappelez, au mois de juillet, j'ai jet6 un cri
d'alarme, ayant constats une attaque foudrojrante de
Mildew ! Plusieurs de nos collegues, vous le savez, ici mdme,
a une de nos stances mensuelles, m*ont pris a partie se refu-
sant a croire k Tapparition des premiers symptdmes de cette
pernicieuse maladie ! Mes jeunes contradicteurs ne connais-
saient pas les marches d'approche de Tennemi, et malheureu-
sement ils n'etaient pas les seuls, car vous avez pU constater
qu au moment des vendanges les vignes qui avaient conserve
tous leurs pampres ^taient Texception !
J' avals aonc parfaitement raison de redouter la marche
en^eloppante de notre ennemi, et je me plais a constater que
si quelques reproches ont accueilli mon avertissement,
d'autre part, comme compensation fort agreable, des remer-
ciements m'ont €X€ adresses de differents cdtes par des viti-
culteurs qui ont suivi avec avantage mes conseils. Ainsi les
tres bons vins que vous avez pu deguster k la Foire derni^re
provenaient de vignes en tres bon etat et les mauvais de
souches prematurement privees de leurs pampres. Je n'ignore
pas que beaucoup de viticulteurs se leurrent de Tesppir de
redonner de la vigueur et de la sante k leur enfant raciiitique
gr&ce a Temploi du sucre; or, je tiens a le rep^ter encore une
fois ici, messieurs , cet espoir est absnrde , c'est un non sens
absolu, et j'ajouterai un non sens ^conomique !
II est en effet beaucoup plus facile et bien moins dispen-
dieux de soigner Fenfant dans le sein de sa m^re en donnant
k celle-ci tout ce qui lui est necessaire pour sa nourriture
propre et pour la formation de Tenfant (aliments azotes et
phosphates), en un mot il est plus aise de soigner Tenfant
avant sa naissance qu'apres. Donnez k la soucne-mfere tous
les aliments qui sont n^cessaires a sa nourriture et au d^ve-
loppement des rai^iins ; les engrais sont d^s lors tout indi-
ques. Soignez I'hygi^ne de vos vignes , eioignez d'elles
-47-
rhumidit^ (dans ce cas les drainages seront fort utiles),
agisisez preveritivement contre le Mildew, TOidium, TAn-
tnraenose, etc., grace aux traitements divers et speciaux
que vous connaissez tous. Vous aurez alors un bel et vigou-
reux enfent, e'est-a-dire un beau vin, bien constitu^, vigou-
reux, qui vivra longtemps pour le plaisir des yeux et surtout
du palais.
Mais, revenons k la Foire de cette ann^e : les exposants
etaient au nombre de i8o et les entrees se sont elevees k
5.290 ; je constate avec peine que le nonibre des exposants
ne progresse pas ,• iV se maintient seulement , ce qui n'est pas
suffisant. Nous devons nous efforcer d'obtenir par la suite
un resultat plus satisfaisant. Je sais bien que ceux qui
n exposent pas ont toujours les m^mes pretextes pour
s'abstenir. Les uns disent : Je n'ai plus que quelques oar-
riques a vendre ; ou bien : mon vin n a pas assez de qualite...
et encore d'^utres raisons que je qualifie toutes de maiwaises,
II est curieux.de constater, par exemple, que les exposants
sont toujours k peu pres les m^mes, ils appartiennent surtout
k la categoric des petits vignerons , qui comprennent Tutilite
de ces Foires et savent en tirer profit.
Permettez-moi , Messieurs , d exprimer le regret de voir
un gi^and nombre de nos collegues de la Society industrielle
rester completement indifferents , je dirai mSme etrangers a
ces manifestations et pourtant le bon exemple devrait venir
de Y elite des ^iticulteurs !
II me semble interessant de rappeler le nombre des entrees
payantes aux Foires aux vins , depuis 1902 :
En 1902 il y cut 2.291 entrees payantes
En 1903 — 2.325 —
En 1904 il n'y eut pas de Foire
En 1905 il y eut 4.200 entrees payantes
En 1906 — 5.290 —
Ce tableau indique un mouvement progressif continu.
En 1906, sur ma proposition faite k la Society industrielle,
la Foire aux vins et TExposition d'aviculture eurent lieu aux
m^mes dates et d'un commun accord pour faciliter a cette
derniere ses premiers pas. Nous sommes heureux de cons-
tater son succes et d'avoir pu y contribuer.
En resume, nos Foires aux vins ont une utility incontes-
table autant pour les producteurs que pour le commerce,
mais elles n'ont pas Tampleur que nous desirerions leur
voir. Aussi je profite de cette circonstance. Messieurs, pour
vous prier de nous aider constamment , par tous les moyens
en votre pouvoir, a recruter de nouveaux adherents pour
rUnion des viticulteurs de Maine-et-Loire.
Je vous invite ^galement tous k vous faire inscrire pour
I'Exposition d' Angers, qui ouvrira ses portes dans quelques
— 48 —
semaines. Les adhesions doivent 6tre tr&s nombreuses pour
faire une manifestation di^e de notre beau y ignoble angevin.
J'ai le devoir, en termmant, devoir tr^s agr^able a rem-
plir, de remercier en votre nom et au mien tous eeux qui
ont effectwement et si aimablement apport6 leur concours
k Torganisation de la Foire : d'abord notre toujours d6vou^
secretaire general, M. le D' Sigaud, M. L^on Bourcier, vice-
president ae rUnion ; M. Edouard Lafai^e , notre tr^sorier ;
puis MM. Bi6ron, de Boissard, O. Ghaillou, Deperri^re,
F. Fourmond ills, A. Huau, G. Prieur, Secher et notre
excellent agent general M. le commandant Ancelot.
Je ne veux point oublier non plus, dans mes remercie-
ments, la Ville d' Angers et le Gonseil g^n^ral de Maine-et-
Loire qui nous accordent chaque ann6e une subvention
peut-dtre un peu minime, en raison des services 6conomiques
lort appr^ciables rendus par les Foires aux vins I
Le G4rant, G. Grassin.
Angen, imp. Germain et O. Orassiii. — 519-6.
— 49-
STATIO'NS M^T^OROLOGIQUES
FOKD^BS
par la Society Industrielle et Agricole d' Angers
et du d^partement de Maine-et-Loire
ANNEE 1905
Mois.
Presslon
Tempera-
Tempera-
Direc-
barom^-
ture
ture
tion
trique
moyenne
moyenne
moyenne
du
moycnDe
minima.
maxima.
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Force
moyenne
du
vent.
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millimM.
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Altitude : 86 metres.
1 2
Janvier . . •
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F6vrier . . .
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Mars
766.9
Avril
767.4
Mai
771.7
Juin
769
Juillet ....
•
Aout
769
Septembre
769.«
Octobre. . .
771.9
Novembre
763
D^cembre
775.9
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Station de Poaanc6.
Altitude : 85 metres.
Janvier . . .
Fevrier . . .
Mars
Avril
Mai
Juin
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Aoilit
Septembre
Ootobre. . .
Novembre
D^cembre.
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+24
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--8 9
-- 6 1
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Observateur : Soeur EliSazir.
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14
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»
»
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17
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20
125 6
14
06 3
25
39
16
Observateur : M. Tabbe Ory.
N-W-S-E
N-N W
N-N W
N-N-W
N-N-W
•
»
2
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Observateur : M.
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Altitude : 58^ metres.
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1
LEA CELkBRES COUVEUSE* AM^RICAINES
CYPHER'S INCUBATORS
DE BUFFALO
(£taU-niiiB)
Ces incubaieurs
n'^taient, jusqu'ici, .
connus en France que
par leur grande
ripucation et I'echo
de leur succ^s dans les
principales exposiiiona
de I'Etrangcr.
Ces incomparables
dont la superiorilf est
reconnue pariout,
mondiale
et dont les resuUats
out ^merveille ceui
qui en soni dej^ les
heureui possesseurs,
de Buftafo,
aui Etabli
GALLINA,
Prix de la Coavense ci
60 oeufs, 125 fr 120 oeufs, 1 75 «r.— 220cBii f<. 225 fr.— 360 oeufs, 300 tr.
GALLINA (G. PrCAUX & C'«> seuls reprtaentants en France
sas, A-venue de Parla, K.XTBIIX' <8elne-et-01ge)
COUVOIR DES fiTABLISSEMKNTS GALLINA (visible tons les joore)
Dermmder la notice explieaUve adresste franeo
M. le Comte DE BLOIS
Un grand deuil vient de frapper la Soci6t6 Indus-
trielle et Agricole d' Angers et du departement de Maine-
et-Loire : notre cher president, M. le senateur comte
de Blois, a succomb^, le 12 mars, k Paris oh. il avait
tenu k se rendre pour assister a une seance importante
du S6nat et prendre part aux reunions de TAssembl^e
G6n6rale des Agriculteurs de France. II est mort comme
le soldat sur le champ de bataille, debout surlabreche,
apr^s avoir lutte avec une vaillance et un courage
admirables contre un mal implacable qui le minait
d'une fagon insidieuse et d^sorganisait profond^ment
ses fonctioiis vitales, :^pai^ant toutefois, jusqu'k la
fin, sa belle intelligence!
T^moins de ses souffrances , nous pre voyions , h^las !
depuis quelque temps, ce denouement fatal; mais, sem-
blables k ceux qui ont une affection vive pour quelqu'un,
nous cherchions constamment k nous illusionner, vou-
lant conserver quand mSme Fespoir d*une amelioration
dural)le et nous ne pouvions accepter avec resignation
Tidee d'une separation brusque et prochaine !
Respectueux de sa memoire, nous garderons fidele-
ment le souvenir de cet homme de bien , si merveilleu-
sement done des qualites de Tesprit et du coeur, d'lme
amabilite charmante, d'une extreme bonte et d'une
exquise courtoisie. Aussi, grftce a ces dons naturels,
excellait-il k faire T entente entre des hommes d'opinions
ou de conditions diffierentes, qu'il savait unir sur le
terrain commun des interets generaux et particuliers.
UAgricultm'eet la Viticulture, sources importantesde la
richesse de notre departement , eurent en M. le comte
de Blbis un defenseur incomparable, toujours preoccupy
de faire profiter son pays des d^couvertes et des progr^s
de la science. Sous son habile direction, les concours
departementaux des primes culturales et ceux des ani-
mauxreproducteursd^jktresappr^cies sont devenus de
plus en plus florissants et ont contribu^ puissamment a
developper en Anjou le goM des bonnes m6thodes de
culture et k ameliorer les differentes races d'animaux
de nos etables. Mais, dou6 d'une activity infatigable
et d*un devouement sans bornes, il ne lui suf&t pas d'en-
courager et de perfectionner les oeuvres deja existantes,
et bientdt de nouvelles fondations, cr^ees sous le patro-
nage de notre Societe, vinrent augmenter les nombreux
services rendus a notre departement.
Les foires aux Vins d' Anjou qui pr^ludferent k la
naissance de TUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire,
la Station oenologique de Maine-et-Loire, la Station viti-
cole et amp^lographique des R^coUets de Saumur creee
et organis^e d'lm commun accord avec le distingue et
savant viticulteur M. le D' Peton, alors maire de
Saumur, et, tout recemment, FExposition et le Concours
d'Aviculture de Janvier 1906 a Angers, pr^curseurs de la
Society des Aviculteurs Angevins, actuellement en for-
mation, sont autant de brillants succ^s dont revient k
a M. le comte de Blois une part prepond^rante.
Et jusqu'k sa demifere heure, pour ainsi dire, notre
cher President s'est int^resse a Torganisation prepara-
toire du grand Concours Regional Agricole libre de 1907
que la Ville d' Angers devra surtout a son intelligente
initiative, k sa haute influence et k ses persev^rants
efforts.
Pour moi qu'il avait choisi pour un de ses collabora-
teurs k la Soci^t^ Industrielle et Agricole d' Angers et
de Maine-et-Loire, c'est un grand honneur d' avoir pu
meriter sa confiance et sa bienveillante estime.
1
D' Paul StGAUD,
Secretaire g^n^ral de la Soci6t6 Industrielle
et Agricole d' Angers.
— 55 —
Dans la seance du i4 mars 1906, le president du S^nat,
M. Antonin Dubost, se leve etprononceencestermesreloge
funebre de M. le comte de Blois, senateur de Maine-et-
Loire :
Messieurs ,
■
I Le Senat vient de perdre encore un de ses membres les
[ plus estimes : le comte de Blois, senateur de Maine-et-Loire,
i qui venait a peine d'achever sa cinquante-septieme annee.
I Pendant la guerre , il avait remph son devoir comme offi-
• cier au -29® regiment de mobiles. Grand agriculteur, il appar-
[ tenait depuis longtemps au Conseil general de son departe-
I nient. II etait entre au Senat en 1895. II etait le neveu et
I'heritier du cel^bre comte de Falloux , il en professait sans
jdoute les opinions , mais n'avait rien du caract^re passionne
qu'on attribue generalement a celui-ci : c'etait, en effet, le
plus paisible des hommes, le plus courtois, le plus preoccupe
de plaire, mSme a ses adversaires. (Applaudissements.)
' Ses discours toujours bien ordonnes r^velaient, avec le
culte de la forme , le souci constant de concilier Taiiirmation
tres nette de ses idees avec le soin minutieux de ne blesser
personne... (Tres bien! Tres bien!),.. et peut-^tre meme de
laire beneficier ses idees elles-m^mes de la bienveillance et
du charme avec lesquels il se faisait ecouter. (Applaudisse-
ments.)
Les grands interets du pays le preoccupaient naturelle-
ment, les questions d'enseignement, les questions agricoles
aussi, oil il apportait une grande competence, etant lui-m^me
un agriculteur distingue et possedant les superbes etablisse-
ments du Bourg-d'Ire crees par son oncle de Falloux.
. Esprit cultiv^, il a donne aux lettres les Memoires d'lin
Rojyaliste que M. de Falloux, surpris par la mort, n'avait
pas eu le temps de publier lui-mSme, et une edition nouvelle
de la Correspondance de Madame Swetchine. II laissera au
Senat des regrets sinceres dont sa famille voudra bien trou-
ver ici la sympathique et cordiale expression. (Applaudisse-
ments.)
Le service pour le repos de T^me du comte de Blois, sena-
teur, a eu lieu samedi, 17 mars, a 10 heures, a Paris, a
Saint-Fran^ois-Xavier.
En Tabsence du fils ain^ du defunt, le vicomte Louis de
Blois, enseigne de vaisseau, en ce moment en Chine, le deuil
etait conduit par MM. Jean de Blois, son second fils; le
vicomte Adrien de Blois et le vicomte Rene de Blois, ses
— 56 —
freres; de Cremiers, le marquis de Richeteau, le comte
Georges de La Morini^re, inspeeteur des finances, et le
vicomte Stanislas de La Morini^re, ses beaux-fr^res.
Monsieur le Due d' Orleans 6tait repr^sente par le vicomte
de Bourqueney.
Dans r assistance :
MM. Merlet, Bodinier, D. Delahaye, sdnateurs ; comte de
La Bourdonnaye , due de Plaisance , Ferdinand Bougere , de
Grandmaison, deputes de Maine-et-Loire ; due de Rohan,
general Zurlinden, baron de Courcel, general des Garets,
Paul Bezine, Forest, vicomte E.-M. de Vogue, general Mer-
cier, Aubry, Vitet, marquis de la Ferronays, due de Lorge,
Rene Bazin, general Recamier, comte de Pontbriand, amiral
de La Jonchere, Le Provost de Launay> comte Pierre d'Har-
court, comte de Villeneuve Esclapon, amiral de Cuverville,
general de Roince, marquis de Nicolay, Paul Le Roux, mar-
quis de Malet, lieutenant-colonel Monteil, marquis d'Ar-
genson, comte Le Gonidec de Traissan, Thureau-Dangin ,
comte Aimery de La Rochefoucauld, general de Saint-Ger-
main, comte Christian de Kergorlay, B^renger, comte
Robert de Breda, baron La Grange O'Tard, comte Her-
mann de Merode, vicomte de Villebois-Mareuil , comte de
La Roehe-Cantin , comte de Charnace, comte de Partz, de
Vauguion , comte Ludovic de Mieulle , comte Louis de Bris-
sae, Le Guales de Mezaubran, baron de Villebois-Mareuil,
Poubelle, Joseph Ghasle-Pavie , Huault-Dupuy, Bouttier,
capitaine de Saint-Chamans, Halop^, Lair, Blachez, Meslay,
Jules Andre , baron Pinoteau , comte de Faucompr^ , comte
Leonce de Terves, lieutenant de vaisseau de Ruill6, comte
de Livonniere , vicomte Francois de Villoutreys , vicomte de
Boissard, Henry Goutant, marquis de Talhouet, comte
Jacques Aymer de La Chevalerie, marquis de Dampierre,
comte Georges de Bourmont, marquis de Vogu^, amiral de
La Jaille, due de La Salle de Rochemaure, marquis de Maus-
sabre, vicomte de Levis-Mirepoix , Louis Passy, baron de
Boury, comte de Bellissen, G. Lendtre, marquis de Nadaillac,
marquis du Luart, marquis de Ploeuc Louis Luzurier, mar-
quis de Neuilles, vicomte Jean de Lorgeril, lieutenant-colonel
du Halgouet, E. Teisserene de Bort, marquis de Saint-Maur,
marquis de Forget, vicomte Louis de Savigny de Moncorps,
vicomte du Hamel de Breuil, Vallery-Radot , comte de
- 57-
Plinval-Salgues , Merveilleux du Vignaux, baron Jules
Evain, etc., etc.
L'absoute a ete donnee par M&^ de Gourmont, ev^que de
La Martinique,
Obs^ques de M. le comte de Blois
Le jeudi 22 mars ont ete celebrees, k Teglise de Huille, les
obs^ques de M. le senateur comte de Blois.
Le train partant d' Angers a 9 h. 16 auquel avaient 6X6
ajoutes des wagons supplementaires 6tait rempli de parents
et d'amis.
De L^zigne on se rend par le pont du Loir a Huille. Sur
la route pittoresque qui grimpe au coteau, les voitures et les
automobiles ont peine a avancer au milieu de la foule
pressee, des delegations des municipalites et des societ^s.
Tout le pays est en deuil.
La petite eglise de Huille, tendue de noir, 6tait trop petite
pour contenir Tassistance.
Apres la messe, celebree par M. le Cure de Huille,
M. Baron, cure de Daumeray, a prononce un tr^s Eloquent
eloge de son paroissien et ami le comte de Blois.
M^' Rumeau a donn^ l'absoute et fait la conduite au cime-
tiere. Autour de Monseigneur, M^^ Pessard, vicaire general,
M«^' Pasquier, les cures de Segre, Bauge, Durtal, Bourg-d'Ire
et Barace, et des communes voisines ; le chanoine Secretain,
le superieur de Saint-Joseph de Baug6 , Fabbe Lionnet , etc.
Les cordons du poele ^taient tenus par MM. Merlet, sena-
teur ; comte de La Bourdonnaye, depute ; Grignon, president
du Conseil general ; Bordeaux-Montrieux , president de la
Societe Industrielle et Agricole; Prevost-Lemotheux , con-
seiller d'arrondissement, et comte Jean d'Andigne, maire de
Durtal.
Le deuil etait conduit par M. Jean de Blois, fils du defunt;
"vicomte Adrien de Blois, vicomte Renan de Blois, comte
Georges de la Moriniere, vicomte Stany de la Morini^re,
marquis de Richeteau, ses beaux-freres ; M. de Cremiers,
MM. Rene, Bernard et Etienne de Blois, Pierre de la Moriniere
et vicomte de Bernard , ses neveux ; marquis Desmiers de
Chenon.
-58 -
On remarquait : le Conseil municipal de Daumeray, la
Society des Anciens Gombattants de 1870 avec une palme, les
Veterans du canton de Durtal , la section du Syndicat Agri-
cole de Chevire-le-Rouge et la Societe de Secours mutuels
du Bourg-d'Ire, toutes avec leurs drapeaux voile* de crapes.
Dans Fassistance : MM. Bodinier, Dominique Delahaye,
senateurs ; comte de La Bourdonnaye, Laurent Bougere,
Fabien Cesbron, deputes ; general Faugeron, due de Caylus,
de la Guillonni^re , de Rochebouet, de la Perraudi^re, de
Livonniere, due de Blacas, de Fougerolle, Desnoes, marquis
de la Bretesche, conseillers generaux ; Brichet, comte G. de
Villoutreys, Raymond Richou, comte Retailliau, de Mon-
tergon, comte Geoffroy d'Andigne, Gatroux, Deperriere,
vicomte J. de Villoutreys, Planchenault , Choppin, con-
seillers d'arrondissement ; marquis d' Armaille , de BrAllon ,
marquis de Kergos, vicomte de Maquill^, de la Vingtrie,
comte Christian de Beaumont, comte de Quatrebarbes ,
baron de Villebois-Mareuil, Paul de Villoutreys, baron de la
Paumeli^re, de la Rochecantin, capitaine Desforges, capi-
taine de la Rochebrochard, d'Emery, Gastine, maire de Segre ;
commandant de la Masseli^re; D"* Sigaud, Camille Urseau,
Massignon, de la Societe Industrielle ; Lavallee et Moreau, de
TEcole d' Agriculture ; marquis de Becdelievre, Bachelier,
Lelong , Dubos , commandant Bouce , comte de Manneville ,
Femand de Rochebouet, Gatroux, maire de Vihiers; Lelong,
maire, et de nombreux conseillers municipaux des Rairies et
de toutes les communes du canton, Bressolette, Lebeau, Le
Gornec , ing^nieur en chef; Raymond Garreau , de la Gran-
diere, comte de la Selle, comte du Reau, de Terves, marquis
de Maille, Letoumeau, comte de la Bouillerie, Claudio-Janet,
Leboucher, directeur du Syndicat agricole ; Bilbille, Guy on,
Gustave de Mieulle, Gassin de la Loge, Mabille du Ghesne,
vicomte de Terves, maire de Geste ; Bouttier, Genest, Quar-
tier, Turquais, N^grier, Mesnard, Rochereau, Lepage-Pineau,
Gointepas, vicomte Olivier de Rouge, Poirier, de Rosemond,
Louis Ghenechot, Samson, Desmats, adjoint au maire de
Noyant ; Gheri^re, Guillet, Dubost, Barillier, adjoint de Mon-
tigne, D'' Motais, D"^ Petit, Philouze, Andre Gardeau, Gaudin,
adjoint, et de nombreux habitants de Vern, Prodhomme,
Ghartier, Taugourdeau, Ghauveau, Roisin, ex-sergent-major
du 290 de mobiles ; Mace, Lambourt, Gilbert, Granger, Suzi-
- 59 -
neau, Goguet, Golombeau, Touchet, Piau, L. Piou, adjoint k
Etrich^ ; J. Montel, Palussiere, Nail, Ghapeau, Juillet, Fou-
card, Closier, E. Lusseau, Delaunay, adjoint k Jallais ;
Peltier, Riviere, Bruneau, Bienvenu, Gautier, Rieoult, Hery,
Gohier, du Bourg-d'Ire; Houiller, Geslin, le maire de Ghe-
vir^, Dailli^re, Morin, Dumans, Dusacre, Ghaudet, Harnault,
Oueelet, Vaidre, Ghatelain, Galleo, Lelouin, Le Barille,
adjoint de Montign6; Moreau, Gonffignoit, L. Bourcier,
Belouin, Renou, president et le secretaire de la section syn-
dicale de Gorze, une delegation de cinquante btlcheronsde la
forSt de Ghambiers , des delegations de toutes les communes
de la region, des cercles et de la societe du Tour de France,
Au cimetiere, malgr^ un froid tr^s vif , une foule enorme
se presse tr^s emue autour de la tombe que benit M^^'" Rumeau.
Des discours sont prononces successivement par MM.
Merlet, senateur ; comte de La Bourdonnaye, depute ; Fabien
Gesbron, depute; Bordeaux-Montrieux , vice-president de la
Societe Industrielle ; Ghauveau, au nom des veterans de
Durtal ; comte d'iVndigne , maire de Durtal ; Daniel Prevost-
Lemotheux, conseiller d*arrondissement, adjoint au maire de
Daumeray, et de Terves, de Saint-Lambert-du-Lattay, ami de
M. le comte de Blois.
Voici le discours prononce par M. Bordeaux-Montrieux,
vice-president de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers
et de Maine-et-Loire :
Messieurs ,
Pour la seconde fois, en quelques annees, la Societe
Industrielle et Agricole , d' Angers est douloureusement f rap-
pee, et la perte de son president, comte de Blois, ajoute un
deuil cruel a celui qui 1 atteignait, le 23 octobre 1896, par la
mort non moins prematuree de son autre president,
M. Blavier.
Gelui que nous pleurons aujourd'hui adressait alors k son
predecesseur, dans un langage eloquent dont je ne pourrai
retrouver que I'emotion, le supreme hommage que je suis
appeie a lui rendre — si t6t — k lui-mSme.
Cette t&che douloureuse est facilitee quand il s'agit de
louer un homme « aussilouable » qui, par sa double situation
d'agriculteur distingue et de membre autorise du Parlement,
a signaie son trop court passage dans la direction de notre
Gompagnie par les brillants services que promettaient ses
hautes capacites et son devouement.
- 60-
11 aimait la terre, et il continua la belle tradition qui a
preside aux succes de la celebre etable du bourg d'Ire, en
conservant aupres de lui M. Lemaneeau, le coUaborateur de
r eminent homme d'Etat auquel TAnjou doit une partie de sa
Erosperite agricole. A la ferme modele ses efforts ne se
ornerent pas a I'elevage de ces beaux types de reproduc-
teurs qui, par I'infusion du sang Durham, exercent une si
grande influence sur Tamelioration de la race ; il savait que
tout se tient en agronomie, et la pratique des bonnes fagons
eulturales a ete pour lui le complement necessaire de la
lecon de choses qu il fut toujours jaloux de donner aux
cultivateurs.
S'il aimait T agriculture, notre regrette president la defen-
dit avec I'inter^t passionne qu*il lui portait. Dans la crise
aigue qu'elle traversa, il proclamait, suivant son heureuse
expression, qu'elle etait « la grande abandonnee » ; que les
conditions economiques de notre epoque la rendaient une
Industrie de plus en plus difficile et perilleuse; et il mit
toute son activite et son talent a plaider sa cause aupres du
gouvernement et de ses collegues du Senat.
C'est ainsi qu'en intervenant a chaque discussion du
budget de I'agriculture, il pr^senta des amendements pour
relever le chiflre des sul)ventions aux associations agricoles.
II n'obtint d'abord que des promesses, mais I'annee suivante
il remporta le succes, en faisant augmenter le credit qui
doit assurer une vie plus large aux concours departementaux
et aux cornices du canton.
11 defendit avec talent le droit pour le bouilleur de cru de
distiller les produits de sa recolte, sans ^tre soumis a de
dures vexations de la part du fisc. Le projet de loi sur les
primes a Tindustrie sucriere et sur la police sanitaire des
animaux ; celui tendant a interdire la fabrication et la vente
des vins artificiels ; la question des haras et des remontes de
guerre, qui touche aux inter^ts de Televeur, mais dont
I'importance est si grande en m^me temps au point de vue
de la defense nationale, furent autant d'occasions pour lui
de prendre la parole.
II parla aussi en faveur de Tenseignement agricole, et c'est
sous I'empire de cette idee genereuse, qu*a Toccasion du
concours des primes eulturales organise en 1897, par notre
Societe, il fit instituer, pour la premiere fois, cet autre
concours entre les instituteurs du departement, pour recom-
penser ceux qui ecriraient les rapports les mieux etudies sur
les fermes visitees par le jury.
J'oublie beaucoup d'autres combats qu'il mena en faveur
de Tagriculture ; je ne parle pas de ses discours qui ne tou-
chaient plus directement aux interets ruraux et ou se rev^-
laient toujours une pensee feconde et un langage qui charme ;
mais je sais que, dans tous ses travaux, le comte de Blois
recherchait moins le succes immediat que Foccasion de
-61 -
remplir un rdle social. II etait pour Teffort, et il comprenait
que le doute mSme sur Tefficacite de Teffort n'autorise pas
I inaction. Pour lui, reformer les idees n'etait pas trop entre-
prendre, ni r^ver un succes qui depasse toutesles previsions.
II sentait seulement les graves difficultes de la tache , car il
savait qu'on ne met g^neralement dans les esprits que ce
qui s'y trouve deja et qu'on a encore besoin de circonstances
heureuses pour le leur reveler. II verifiait aussi, par son
exemple, la sage philosophic de Taine qui , pour une oeuvre
impartiale, conseille de reserver toujours dans son cerveau
« un petit coin pour les idees des autres » ; mais «ee que le
comte de Blois, homme de sens si liberal, pratiquait facile-
ment pour lui mSme etait peut-^tre moins familier a certains
de ses contradicteurs. Orateur tres ecoute, &me haute, il
mettait tout son coeur a defendre ce qu'il avait charge de
sauvegarder ; il savait mettre en relief les cdtes les plus
Aleves d*une these, en multiplier I'interM et rendre ainsi plus
nombreux les partisans qu'u voulait attacher k sa cause.
Son esprit Ub^ral guidait encore le comte de Blois quand
11 presidait h. une cuscussion ; et la Soci^t^ Industrielle et
Agricole lui est reconnaissante de la fagon si distinguee dont
il conduisait ses d^bats, et de Tunion qu*il r^alisait avec
tant de succes parmi ses membres , sur le grand terrain des
inters ts iniraux. Aussi son influence fut-elle particulierement
feconde en ces derni^res annees, ou vinrent se greffer sur
notre Gompagnie les jeunes et deja florissantes fondations
qu'on nomme TUnion des Viticulteurs , la Station CEnolo-
gique de Maine-et-Loire , la Station Ampelographique et
V iticole des RecoUets , creee avec le concours du maire de
Saumur, M. le D' Peton. La Societe d' Aviculture, aujour-
d'hui en formation, aura pour parrain le marquis de
Dampierre.
La naute autorite que le comte de Blois exergait dans les
conseils de la Societe des Agriculteurs de France lui permit
commerce local que la prosperite agricole et viticole de
I'Anjou.
TMembre de la Ghambre syndicale du Syndicat Agricole
d'Anjou, president du Gomice du canton de Durtal et de
rUnion des Syndicats agricoles des d^partements de TOuest,
son entree a la Society nationale d* Aginculture de France ,
en 1902, fut pour lui la plus belle recompense de ses efforts.
Notre Gompagnie en ressentit une legitime fierte et, avec
rUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire, elle se joint
aujourd'hui a une famille desolee dans un m^me sentiment
de tristesse et de regrets.
L'heritage que le comte de Blois legue aux siens doit
adoucir ce sentiment. Si le goM des belles-lettres ennoblit
— 62 —
ses loisirs, Fagriculture , en lui m^nageant un entretien
continuel avec Dieu, n'a pu qu'affermir chez lui Tesprit
Chretien qu'il devait dejk a son education et k Televation
naturelle de sa pensee. Le travail myst^rieux des puissances
de Fair, la pluie, le vent, Taction mecanique du froid, la
chaleur des rayons solaires peuvent, pour des savants,
n'Stre que des phenomenes qu'ils etudient et classent metho-
diquement ; mais chacune de ces creations n'a pas seulement
un sens scientifique, chacune d'elies a un sens divin que la
foi revele, et ainsi la vie des champs nous rapproche de
Dieu
La Messe de Service pour M. le Gomte de
Le mardi 27 mars, k 11 heures, a et6 celebr6, en I'eglise
cathedrale d' Angers, un service solennel pour le repos de
r^me de M. le comte de Blois.
La messe a ^te dite par M. le chanoine Pessard, archipr^tre
de la cathedrale , assiste de deux de ses vicaires.
Monseigneur FEv^que se tenait au tr6ne pontifical, ayant
k ses c6tes MM. les chanoines Baudriller, vicaire general, et
Labonne, secretaire particulier de TevSche.
L' office a 6te merveilleusement chante par la maitrise de
la cathedrale.
Apr^s Tevangile, Sa Grandeur est montee en chaire et a
prononce un eloquent panegyrique du regrette defunt, retra-
^ant la vie de « Thomme de bien » que fut M. le comte de
Blois, vie trop courte mais si bien remplie par les oeuvres du
patriotisme et de la foi. Ces nobles accents ont produit une
profonde emotion sur I'auditoire.
Dans r assistance fort nombreuse on remarquait :
MM. Merlet, Bodinier , D. Delahaye, senateurs ; de la Bour-
donnaye, L. et F. Bougere, Cesbron, deputes; Joxe, maire
d' Angers; Grignon, president du Conseil general; G. de
Bochebouet, le general Faugeron, de FougeroUe, due de
Caylus, de la Perraudiere, . de Livonni^re, du Reau,
D. Richou, de la Guillonniere , Desnoes, de Terves, con-
seille'rs generaux ; Huault-Dupuy , de la Selle , Le Gris de la
Pommeraye , Georges de Villoutrey s , Planchenault, Jacques
de Villoutreys, Geoffroy d'Andigne, Chopin, Roger de la
Borde, Gilles Deperriere, Cesbron-Lavau , comte Retailliau,
Marchand, conseillers d'arrondissements ; la presque totality
— 63 —
des meiubres de la Societe Industrielle et Agricole de Maine-
et-Loire , sans distinction d' opinion ; la Ghambre de Com-
merce et le Tribunal de Commerce ; beaucoup de membres
des Societes d'anciens Combattants de 1870, de Veterans, de
la Croix-Rouge ; T University catholique ; de nombreux
maires et conseillers municipaux venus de tons les points du
d^partement et une foule d'amis si considerable qu'il nous
est impossible de donner les noms.
Puissent ces t^moignages de sympathie unanime, autour
de son deuil, 6tre un all^gement a la douleur de la famille de
notre tr6s regrette s^nateur.
Un grand nombre de journaux parisiens et les principales
publications angevines ont fait paraltre des articles ^logieux
pour rendre hommage k la m^moire de M. le comte de Blois.
Nous reproduisons , entre autres , la notice que notre excel-
lent coUegue, M. Gilles Deperri^re, directeur de la Station
viticole de Saumur, a adress^e a la ReQue de Viticulture :
M. LE COMTE Georges de Blois. — L'Anjou est en deuil;
il perd Tun de ses fils , un homme qui lui faisait honneur et
lui etait utile entre tons. Le comte Georges de Blois est
mort. Ne le i«' Janvier 1849, ^^ disparait a 67 ans, en pleine
maturite de savoir et de valeur.
Une experience au service d'un esprit particulierement
souple et adroit, autant que d'une intelligence ouverte nour-
rie de solides Etudes de jeunesse et de lectures incessantes,
formee au contact des hommes et des choses, s'est ^teinte.
EUe est perdue pour nous. Deux passions dans cette belle
figure : Faffection des siens, le bien. Deux moyens pour
conquerir les coeurs et les suffrages : une extreme aflfabilite,
un grand charme de parole.
A dix-neuf ans, Georges de Blois etait licenci^ en droit.
En 1870, quand eclata la guerre, il avait vingt et un ans ; il
perdait son p^re le 10 aoftt. Quinze jours apres, exhorte par
sa mere, une de Beaumont, il devan^ait I'appel. Le gouver-
nement imperial en faisait un sous-lieutenant au 29® mobiles.
Le i4 novembre, il etait attache en qualite d'officier d'or-
donnance a Tetat-major de son oncle, le general comte de
— 64 —
Blois, k Fartillerie du i5* corps. Six semaines aprfes, sous
Orleans , il tombait bless^ et etait fait prisonnier ; mais il
s'echappait et avait la bonne fortune de retrouver les mobiles
de Maine-et-Loire pour rentrer dans ses foyers au milieu des
gens d'Anjou, des siens. Sa earriere militaire etait close,
mais quel exemple !
Quelques ann^es se passent ; il se fait Fhistorien de sa
famille. 11 est a Huille eonseiller municipal, puis maire. Son
oncle de Beaumont meurt, il devient alors proprietaire de la
Rochejaquelin. II devient eonseiller municipal et maire de
Daumeray, sa nouvelle commune. En 1886, le 6 Janvier, un
nouveau deuil le frappe : M. le comte de Falloux, en mou-
rant , lui l^gue le Bourg-d'Ire avec ses cultures et son etable
module, ses exemples et des devoirs nouveaux a remplir.
Mais il est prepare, il a, au milieu des populations agricoles
avec lesquelles il vit depuis 1871, appris a aimer la terre.
D est digne en tons points de recueillir la succession de son
oncle de Falloux et de continuer son oeuvre. II s' attache le
regrette Lemanceau , chef des cultures du Bourg-d'Ire , agro-
nome intelligent et fin entre tous, que nous autres, moins
vieux alors, appelions « grand-pere »! et les succ^s agricoles
continuent : prime d'honneur de Tagriculture , innombrables
prix et recompenses dans d'innombrables concours se suivent
dans la main du comte de Blois et distinguent le domaine
devenu sien, comme tout ce qui en sort. — Entre temps,
Georges de Blois est president du Comice agricole de Durtal,
membre du Gonseil de la Societe des Agriculteurs de France,
membre de la Societe Nationale d' Agriculture , haute recom-
pense regue sur le champ d'honneur agricole, et president
de la Society Industrielle et Agricole d' Angers et de Maine-et-
Loire, oil il prend la succession de Thomme de premier ordre
qu* etait le senateur Blavier : situation considerable qui lui
impose la lourde charge de grands services k rendre a T Anjou.
En 1888, il est eonseiller general; en 1896, il devient senateur
de Maine-et-Loire et est reelu en 1906. En 1900, il avait ete
nomme secretaire de la Haute Assemblee. Au Gonseil general
de Maine-et-Loire, au Senat, a la Societe des Agriculteurs de
France, a la Societe Nationale d' Agriculture , a la Societe
Industrielle et Agricole d' Angers , il ne songe qu'a la Patrie.
Toutes les questions agricoles, economiques ou sociales lui
sont familieres ; il les traite magistralement. II sait se faire
— 65 —
^couter, in^me par ses adversaires, avec la plus sympathique
attention. C*est un insinuant, un charmeur ; c'est aussi, k la
maniere angevine, un doux entM^, habile a saisir adroite-
ment le moment pour faire triompher sans tapage ce qu'il
r^ve pour le bien.
Aussi les fondations utiles se suec^dent en Anjou sous son
inlassable aetivite, et notre petite patrie lui doit les belles
dotations de nos concours de reprodueteurs et de primes
culturales, nos foires aux vins, notre Station oenologique,
uotre Station viticole avec le concours du D'' Peton, alors
maire de Saumur; notre Societe d' aviculture avec celui du
marquis de Dampierre , et enfin le grand Concours Regional
Agricole et le Gongres international de Viticulture qui se pre-
parent pour 1907. Pour ces deux grandes manifestations, il
ne sera pas la pour leur donner toutes directions utiles, mais
son kme et son souvenir j presideront !
Je prie M™« la comtesse de Blois, nee Le Bault de la
Morini^re, sa veuve, et ses enfants, d'agr^er les temoignages
de profonde et douloureuse sympathie de la Revue de VitU
culture comme de tous ceux qui ont connu leur mari et p^re,
Leur deuil est le leur.
- 66 —
Proc^s-verbal de la Stance du 24 fevrier 1906
Presidence de M. Bordeaux-Montrieux, vice-president.
Etaient presents : MM> Huault-Dupuy , vice-president;
D'^ Sigaud, secretaire general, et Andre Huau, secretaire;
MM. le marquis de Dreu3;:-Breze , Mass^non, Moreau,
Lavallee, Grau, Vinet, Edouard Lafarge, Bieron, Halope,
D"^ Cordon, Billard, D' Maisonneuve, Juteau-Vannier , Char-
tier de la Chapelle-Saint-Laud ; Bouvier, Betton-AUard ,
Bernard-Chauvire , Couette, Mignot, Merlet fils, Batereau,
Chartier-Laigle, de la Vergne, Baron, Georges de la Villebiot,
Cesbron-Lavau , Gautier-Meslier .
— M. le D' Sigaud donne lecture du proces-verbal de la pr6-
cedente seance ; ce proces-verbal est adopts sans observa-
tions.
— M. Moreau, directeur de la Station oenologique, presente
un tableau sur lequel sont notees les appreciations de la
Commission chargee de deguster pour la deuxieme fois les
vins pasteurises chez M. le marquis de Dreux-Br6z^. Notre
savant coUegue profile de ces experiences et des resultats
obtenus a la suite d'un double examen pour faire quelques
remarques tres judicieuses et en deduire des conclusions
pratiques. II indique, en terminant, quels vins doivent 6tre
pasteurises et comment on arrivera k reconnaitre ceux qui
ont besoin de cette operation.
M. Moreau ay ant ete consults par plusieurs proprietaires-
recoltants preoccupes de voir certains vins de 1906 rester
troubles, a eu Tidee de faire des essais de filtration pour
remedier a cet inconvenient prejudiciable a la vente. II s*est
adressse pour cela aux maisons les plus importajites et le
plus connues pour leurs appareils de filtration. Les quatre
maisons suivantes se sont empressees de repondre et ont
mis gracieusement un de leurs appareils a la disposition des
viticulteurs angevins qui desireraient les experimenter.
Ce sont ; 1° La maison LasmoUe, de Bordeaux, qui enverra
un filtre de creation recente construit d'apr^s le procede
Laborde ;
2° La maison Simoneton, de Paris, qui mettra a notre dis-
position le filtre a manche « le Phenix » ;
- 67 -
3* La maison Malvezin , de Bordeaux ;
4° La maison Gasquet , egalement de Bordeaux.
Ces differents filtres seront repartis par region et une note
mise dans les journaux angevins indiquera les noms et les
residences des proprietaires chez qui auront lieu ces opera-
tions, ainsi que les dates fixees; de cette faQon, tous ceux
qui s'interessent k ces experiences pourront y assister.
Onze proprietaires se sont fait inscrire. M. Moreau
demandera a tous ces Messieurs de conserver une dizaine de
bouteilles de vin temoin non filtre, autant de vin filtr^ et
autant, si possible, du meme vin non filtre mais prealable-
ment coUe.
Une commission sera chargee ulterieurement d' examiner
tous ces vins.
— M. Moreau annonce qu*il a commence les conferences
d'oenologie qu'il s'est propose de faire dans differentes loca-
lit^s du departement. Une a deia eu lieu aDurtal. Le4niars,
une conference sera faite a Montjean; le ii et le 25, a
Thouarce, et le i®^ avril, a Montjean.
M. le President remercie M. Moreau de ses tres interes-
santes communications qui ont ete ecoutees tres attentive-
ment par le nombreux auditoire.
— M. Maurice Massignon lit son rapport sur la Foire aux
Vins d'Anjou des 9, 10 et 11 Janvier 1906.
M. le President se fait I'interprete de tous nos coUegues
pour adresser des remerciements a M. Massignon pour son
trfes interessant travail qui sera public dans notre prochain
bulletin.
— M. Gautier-Meslier donne lecture de son etude tres
complete et tr^s document^e sur la culture et la production
des tabacs , dont voici un resume succinct :
La culture en Maine-et-Loire des primeurs et des fruits ne
peut gu^re s'etendre, elle ne donne plus aujourd'hui des
avantages suflisants, les terrains sont aflfermes a des prix
assez Aleves et les moyens de transport ainsi que les tarifs
des chemins de fer ne permettent pas Tecoulement facile de
ces produits du sol aux grands centres de consommation, ni
au moyen de I'exportation. D'un autre c5te, les chanvres,
les bles, les pommes de terre subissent de jour en jour des
depreciations dues en grande partie a la concurrence etran-
gere , aussi semble-t-il opportun de rechercher une nouvelle
culture susceptible d'indemniser plus largement les cultiva-
teurs de leurs travaux et de leurs efforts.
Dans ce but M. Gautier-Meslier a etudie la culture du
tabac. II fait tout d'abord remarquer que cette culture est
autorisee en France, dans 25 departements, et il lui a semble
qu'aucun ne possedait des terrains plus propices et jiine
temperature plus convenable, a la culture de cette plante,
- 68 -
que le Maine et-Loire. Si la petite culture, aux environs des
villes, pent tirer parti, avee avantage des primeurs, la grosse
culture n*a pas cette m^me facility , aussi serait-il necessaire
pour elle de trouver d'autres ressources, et il semble cpi'elle
Eourrait s'interesser tout specialement a la culture du tabac.
I'Etat retire de tr^s gros n^n^fices de la vente des tabacs
et il est a remarquer que la production fran^aise deviant
de plus en plus insuffisante par rapport a F augmentation
constante des besoins de la consommation.
En 1902, les recettes de toute nature sur la vente des
tabacs se sont elevees k 421.894.382 fr. 3i, et les d^penses
a 82.462.037 fr. 18, de sorte que le benefice a ete
de 339.432.345 fr. i3.
Le tableau ci-dessous donne la production du tabac en 1902
et en 1901.
Nombre de planteurs
Nombre d'hectares cultiv^s
Quantites livrees et payees
Valeurs de ces quantites
Prix moyen d'achat les 100 kilos .
Rendement en poids k Thectare . .
Rendement en argent k Thectare .
R^GOLTB 190a
54.63Q
15.936
24.420.772 kil.
22. 009. 226 fr. 09
90 fr. 12
1 . 532 kil.
i.38ifr. 10
RECOLTB 1901
56.5i3
16.366
25.867.275 kil.
23.iio.58ofr.86
89fr.34
i.58o kil.
1. 412 fr. 10
En Algerie la culture du tabac est libre, les achats ont ete
de 3.157 ^W ki^- ^^^ ^^* C0M6 1.808.655 fr. 77, soit un prix
moyen de 57 fr. 81 les 100 kilos.
En 1902, les tabacs etrangers achetes repr^sentaient
19.279.306 kil. 395 pour une valeur totale de 28.670.849 fr. 93,
achetes a des prix tr^s variables atteignant, dans Tensemble,
210 fr. 45 le 100 kilos.
D'un autre c6te la France n'a vendu k TEtranger que pour
une somme de 2.35o.744 fr- 16 de tabacs.
Mais certaines vari^tes du Mexique ont 6X6 payees jusqu'a
944 fr- 28, Sumatra n° i 1.128 fr. 18, Java 598 fr. 80 et
Havane 849 fr. 77 les 100 kilos, en 1902.
M. Gautier-Meslier insiste sur cette particularity que TEtat
achete chaque annee pour plus de 28.000.000 francs de tabacs
a Tetr anger ou les prix sont beaucoup plus eleves en g^n^ral
qu^en France; toutefois il s'empresse de dire que certaines
qualites superieures ne peuvent pour le moment Itre obtenues
aans notre pays. Mais il constate avec peine le pen d' encou-
ragement apporte k cette culture tant par FEtat que par les
personnes competentes. II est persuade qu'en Anjou on
pourrait cultiver avec succes des varietes de choix qu*on se
procure actuellement a Tetrangei' a des prix capables d'en-
richii* nos cultivateurs. M. Gautier-Meslier desii^erait voir un
- 69 -
^rand nombre de fermiers de notre departement faire des
demandes d'autorisation de planter ; TEtat ne saurait refuser
cette faveur et bientdt des essais seraient entrepris dans beau-
coup de communes avec des resultats probablement tr^s
satisfaisants.
Notre coUegue passe ensuite en revue les notions inte-
ressant la culture du tabac, les formalit^s a remplir pour
obtenir Fautorisation , les vari^tes cultivees en France et h.
Fetranger, les fumures utiles ; il entre dans des details
minutieux sur les semis, le repiquage, Tentretien, Tepam-
prement, Tebourgeonnement, la recolte, la culture des porte-
graines, les accidents de vegetation et enfin les maladies.
II conclut en disant que son etude a eu pour but principal
de chercher a encourager la culture du tabac en Maine-et-
Loire, departement admirablement situ6 et paraissant remplir
toutes les conditions necessaires pour r^ussir au point de vue
de la qualite et du rendement. Le sol et la temperature con-
viennent parfaitement ; les grandes intemperies , les vents
violents, la grSle, les gelees tardives si nuisibles a cette
plante relativement delicate ne seraient pas k redouter com me
dans certains departements. Au reste cette culture n'offre
pas plus de difficultes que celle des choux-fleurs si repandue
et si prosp^re en Maire-e1>Loire. Toutefois M. Gautier-Meslier
ne se dissimule pas les difficultes a pr^voir pour obtenir
Fautorisation.
EUe doit Stre demandee auParlemeitt et faire Tobjet d'une
loi approuvant un voeu formule par une population repre-
sentant le plus erand nombre possible de communes. II serait
utile dans ce out de rediger une circulaire resumant les
renseignements utiles a connaltre sur cette question, et de
I'adresser aux maires de toutes les communes avec pri^re
d'en donner connaissance aux principaux cultivateurs.
On pourrait egalement faire signer dans chaque commune
des petitions qui seraient centralisees k la Society Industrielle
et Agricole d' Angers et remises ensuite a nos representants
au Parlement, en les chargeant d'appuyer notre demande.
M. le President adresse ses vifs remerciements a M. Gautier-
Meslier, il est persuade que son idee est excellente, tres digne
d'attirer Fattention des cultivateurs Angevins et merite d'etre
approuvee et prise en consideration par les pouvoirs publics.
— Reception de candidats presentes k la precedente seance ;
M. G. Fourrier, avocat, j5 rue des Lices, Angers ;
M. G. Baron, propri^taire , 6 place Travot, Gnolet,
sont elus k Funanimit^ des voix membres titulaires de la
Soci^te.
— Presentation de candidats :
M. Etienne Daign^re fils, propri^taire, domaine de Tessigne
Sar Brissac, pr^sente par M. Daignere p^re et M. le
octeur Sigaud ;
- 70 —
M. Gaston Rosin fils, propri^taire-viticulteur , a Huille et
negociant en vins, ii avenue Besnardi^re , Angers, presente
par M. le doeteui' Sigaud et M. Andre Huau ;
M. le vieomte Raoul de Courcy, proprietaire , chateau de
la Chaussee par Brain-sur-Allonnes (Maine-et-Loire), presents
par M. le s^nateur comte de Blois et M. le doeteur Sigaud.
L'ordre du jour etant epuise, la seance est levee a 4 heures.
Le Secretaire general^
D^ P. Sigaud.
Procfes-verbal de la Seance du 31 mars 1906
Presidence de M. BoRDEAtrx-MoNTRiEUX, vice-president,
assiste de M. le D^ Sigaud, secretaire general.
MM. Huault-Dupuy , vice-president; Prosper Jamin, tre-
sorier, s'etaient fait excuser ainsi que MM. Andre Huau et
Suaudeau, membres du bureau.
Etaient presents : MM. Batereau, Grau, Bernard-Chauvire,
Lavallee, Vinet, Moreau, Daignere fils, de FougeroUe,
Fourmond, de Dampierre, de Ch&teauvieux , Massignon,
Urseau, G. Fourrier, Gavinet, de Livonniere, Leboucher.
— Le proces- verbal de la precedente seance, lu par le
D^ Sigaud, est adopte sans observations.
— M. Bordeaux-Montrieux fait part a ses collogues de
lettres qu'il a regues de M. Joseph Joiibert, actuellement en
Italic ; de M. Joseph Vaslin, de Tierce ; de M. de la Feran-
diere , qui adressent a notre Societe leurs condoleances pour
la perte douloureuse de notre cher president, M. le comte de
Blois , et leurs regrets de n' avoir pu lui rendre les derniers
devoirs.
M. le D'^ Peton, de Saumur, a ^galement envoye a M. Bor-
deaux-Montrieux une lettre emue dans laquelle il dit « qu'il
tient a adresser k la Societe Industrielle , qui etait comme
Textension de la famille naturelle de M. le comte de Blois,
tant il lui portait d'inter^t et d'aflfection, ses condoleances
attristees. La divergence d'opinion qui le s^parait de M. de
Blois n a pu Tempdcher de reconnaltre le rare m^rite de cet
homme de bien. Il ne saurait oublier avec quelle impartialite
et avec quelle largeur de vues il s'empressa de lui donner
son concours lorsqu'il lui demanda Fappui de la Societe
Industrielle pour I'organisation d'une Station viticole k Sau-
— 71 —
mur, que Tun et T^utre ils consideraient comme necessaire
a notre cher Anjou. II s'associe au deuil de la Societe Indus-
trielle, a laquelle il adresse ses tres sinceres condoleances. »
— M. le President fait ensuite voter sur la reception des
candidats presentes a la prec^dente reunion :
M. Etienne Daignere, fils, domaine de Tessigne, par
Brissac ;
M. Gaston Rosin, ii , avenue Besnardiere, Angers ;
M. le vieomte Raoul de Courcy, chateau de la Chaussde,
par Brain-sur-Allonnes (Maine-et-Loire) ,
sont elus a runanimite des voix meinl3res titulaires de la
Soci(6t6.
— Presentation de candidats :
M. Paul Taveau, proprietaire , 77, rue du Pont-Fouchard
Bagneux-Saumur, presente par M. L^on Moreau et M. le
D'" Sigaiid ;
M. Prosper Gohier, expert, 4^, boulevard de Saumur,
Angers, presente par M. Huault-Dupuy et M. le D"^ Sigaud ;
M. Alfred Provost, proprietaire a Saint-Lambert-du-Lattay
et 7, rue d' Alsace, Angers, presente par M. Massignon et
M. le D*" Sigaud ;
M. Lucien Bazantay, proprietaire au Pont-Boursault,
par Thouarc^, presente par M. Massignon et M. Moreau.
M. Bordeaux-Montrieux propose alors a FAssemblee, en
signe de deuil, de reporter a la seance suivante la suite de
Tordre du jour; il se leve et prononce les paroles suivantes :
« Messieurs,
« Nous sommes douloureusement ^mus. Notre cher Presi-
dent nous est en\e\6 dans la force de T^ge et en pleine acti-
vity puisque , dans les derniers jours de sa vie , malgre les
atteintes d'une cruelle maladie , il nous donnait encore toute
son intelligence et tout son coeur. J'ai ei6 le temoin de la
correspondance suivie quil entretenait, avant de mourir,
avec notre devoue secretaire general ; il se tenait au courant
de nos deliberations ; aucun detail ne le laissait indifferent et
il profitait de la session annuelle des Agriculteurs de France
pour asseoir sur des bases solides le succes du grand con-
cours que notre Societe doit tenir en 1907.
« On pent done dire que nous avons eu ses dernieres
pensees , avec son dernier effort.
« Messieurs, j'ai essaye de rappeler sur sa tombe ce que
notre President fiit k la t^te de la Gompagnie , et vous vous
Stes associes unanimement au faible hommage que je lui ai
rendu en votre nom.
« Aujourd'hui, le proces- verbal dira notre profonde tris-
tesse en face d'une mort aussr prematur^e, qui creuse un
- 72 -
grand vide parmi nous et qui brise eil mftme temps une
solide amitie ; il traduira notre vive reconnaissance pour
Toeuvre d*union et de progr^s que le comte de Biois a pour-
suivie avec tant de d^vouement au sein de la Soci^t^.
« Je ne ferai pas de iui, en ce moment, une longue
biographie, mais un simple trait fixera pour nous son sou-
venir :
« Apr^s ses luttes k la tribune, menees en faveurdeTagri-
culture, tout plein encore des Amotions de la veille, il reyient
joyeusement, au milieu de nous, epancher son ftme et se
reposer — en travaillant. — II accomplit cette loi inviolable
qui fait de toute existence un combat. Vivante image du
mouvement, son sang genereux coule k pleins boras et,
comme I'eau qui court, ne se corrompt pas.
« Messieurs, nos annales^ porteront a M"« la comtesse.de
Blois et k tous les siensT expression de ces sentiments ; et,
sous Tempire de notre peine, nous levons la seance. »
Le Secretaire general,
D^ P. SiGAUD.
Le Girant : G. GRASSIN.
Angers, imp. Oermain et 6. Orassin. — 804-6,
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETE INDUSTRIELLE BT AGRICOLB
D'ANGERS
et du ddpartement de liaine-et-Loire
Hygidne de TEcurie et de TEtable
Par M. Alfred Grau, Ingenieur-Agronome,
Professeur a TEcole d' Agriculture d'Angers, Membre titulaire
Pour empecher les maladies
11 faut rfiabitation salubre.
C'est une science relativement r^cente que Thygiene telle
qu'elle est comprise aujourd'hui et ses progres sont encore
bien lents dans les campagnes. Dej^, cependant, elle a fait
diminuer beaucoup les ravages occasionnis par les maladies.
Aussi , Fextrtoe importance de son rdle conservateur et
bienfaisant dans I'exploitation agricole ne pent echapper a
tons les esprits eclaires ; mais, pour ^tre feconde en resultats,
ejle n^cessite que Tagriculteur s'en inspire continuellement
dans les mille details de la vie journaliere.
Apres vous avoir entretenus des nouvelles mesures sani-
taires destinees a enrayer la mortalite du b^tail (i),
permettez-moi de completer Fetude de la question en attirant
plus particulierement votre attention sur les causes de cette
mortalite- et siir les precautions d' hygiene a prendre chez soi
pour les eviter, precautions dont il ne faudrait jamais se
d^pai'tir, qtd sont assez faciles a observer, en somme, et qui
concernent surtout Tentretien et le logement des animaux
domestiques.
(i) Communication faite a la seance du 28 octobre 1905. Bulletin
d'octobre, page 180.
i
if:
i
c
s
I
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i.
i
1
- 74 -
En effet, les pertes ^normes que subit annuellement le
cheptel vivant de nos fermes sont imputables pour une
grande part a I'^tat defectueux des logements, lequel facilite
le deveioppement des maladies qui attaquent notre betail,
quand il suf&rait de quelques ameliorations bien simples et
peu coftteuses pour prevenir le mal.
II est certain (jue les animaux qui passent une notable
partie de leur existence a Tetable ou k Tecurie doivent s*y
trouver dans de bonnes conditions, si Ton veut assurer le
fonctionnement regulier de leurs organes et le maintien
integral de leurs facult^s productives. Qu'arrivera-t-il si les
locaux ou habite le betail sont mal am^nag^s, mal ^claires,
si une ventilation mal reglee met les animaux en butte a des
courants d'air qui provoquent des inflammations, si le sol et
les plafonds sont mal conditionn^s et mal entretenus, si les
bfites sont mal conchies et se reposent mal, si non-seulement
elles manquent de Tair et de Fespace necessaires, mais sont
encore privees des soins corporels que reclame la conser-
vation de leur sante ? D'une part, il ne sera pas difficile d'y
constater un ralentissement dans la croissance des jeunes
sujets, un rendement moins ^leve chez les adultes, et,
d'autre part, il s'y produira un affaiblissement dans leur
organisme qui , offrant mbins de resistance, sera a la merci
de toutes les maladies. La tuberculose bovine, par exemple,
se propage surtout dans des Stables trop petites, od une
temperature surelevee et une aeration insumsante lui sont
tout a fait favorables.
Personne ne pourrait done mettre en doute la necessity de
foumir un logement convenable k nos animaux domestiques
et cette necessite ne saurait ^tre trop mise eri lumiere par
ceux qui s'occupent de vulgariser les methodes rationneUes
de Texploitation du betail. On r^duirait considerablement le
taux de la morbidite et de la mortality par rapplication
consciencieuse et generale des principes de Fhygiene dans
Famenagenent et 1 entretien des etables et des ecuries (i).
D6velopper ces idees d'hygiene dans une region d'^levage
telle que celle-ci nous semble oeuvre d'autant plus utile que
la question est intimement liee a celle de Famelioration de
nos races domestiques, qui demandent d'autant plus de soins
de toute nature qu elles se perfectionnent davantage dans le;
sens 6cOnomique du mot. >
On p6ut se rendre compte des conditions a remplir en
examinaut les besoins des animaux. La respiration ^tant une
des fonctions les plus importantes de Forganisme, e'est
Vairation des logements qu'il faut envisager tout d'abord.
Dans la nature, les- animaux 6tant au dehors respirent
(i) Ce fait a ete demontre amplement en Belgique par les resultats
des concours d'etables organises de 1900 k i9o5, qui ont engage les
cultivateurs dans cette voie et suscite une meuleure tenne des etables.
Le pourcentage de la mortalite du betail a notablement baisse.
- 75-
toujour^ a Taise. Quand ils scSnt renfermes, il n'en est plus
de meme, car Tair des etables est constamment vici^ par la
respiration, la transpiration, les gaz issus de la fermentation
des urines et des dejections solides, de sorte qu'il est indis-
pensable d'en assurer le renouvellement incessant. La venti-
lation de Fatmosphere a en ra^me temps pour rcsultat
d'emp^cher la chaleur et I'humidite d'augmenter dansi de
trop grandes proportions.
De ces donnees , il resulte que Tagglom^ration d'un trop
grand nombre d'animaux dans le m^me local est une raau-
vaise condition hygienique. A ce sujet, il se manifeste dans
les grandes fermes une tendance qu'il faut combattre aussi
pour une autre raison. Comme on j entretient beaucoup de
tetes de betail , on construit de vastes batiments pour loger
a la fois toutes les betes a comes ou toute la population che-
valine. Evidemjnent, les animaux se trouvent mieux d'etre
en societe. Mais vienne a se produire une epizootic telle que
la fievre aphteuse, la peripneumonie, le charbon, la morve,
les ravages de la maladie seront d'autant plus rapides que les
animaux sont plus nombreux dans la mSme habitation. G'est
done une faute de depasser a cet egard une certaine limite
qui pent ^tre fixee aux environs de vingt a trente individus
au maximum. Du reste, on pent aisement concilier avec cette
limite Favantage ^conomique incontestable des grandes
constructions, plusieurs etables ou ecuries distinctes pouvant
^tre reunies dans le mSme batiment, a condition de les
s6parer par des cloisons suffisantes. Par ces temps de mesures ,
speciales necessitees par Finvasiondes maladies contagieuses,
une grande exploitation devrait comporter un local a part
cimente et facile a desinfecter pour servir d'infirmerie et
assurer Fisolement des malades ou la mise en observation
des animaux suspects. Cette precaution ne serait pas inutile,
si Fon songe que c'est un moyen d'arrSter net la contagion
qui autrement ne tarde pas a se propager aux animaux restes
indemnes .
La lumiere purifie Fatmosphere oti elle exerce une certaine
action microbicide. Elle donne du ton et de la vigueur a
Forganisme. Un bon eclairage est done indispensable et ce
n*est que dans des conditions anormales, ou la sante des
animaux n'entre plus en jeu, qu'on maintient les etables
obscures, par exemple, lorsqu'il s'affit d'engraissement. Les
fenfires jouent un grand role dans i hygiene des logements,
car elles laissent passer la lumiere, y permettent le renou-
vellement de Fair et en reglent la temperature. En principe,
elles seront placees de preference derri^re les animaux, de
fa^on k eviter que le jour du dehors ne frappe directement
leurs yeux, et le plus haut possible, de maniere a garantir les
animaux contre le soleil et les courants d'air. On les munit
de vitres, de volets ou de persiennes. Sinon, on les bouche
au moins en temps de froid avec des fagots ou de la paille,
- 76 -
qui laissent encore passer Tair et un peu de lumiere. La
meilleure disposition est qu'elles soient vitrees et puissent
basculer sur leur bord inferieur, de dehors en dedans, afin
d'assurer Tevacuation insensible de Fair confin6 et de briser
le courant d'air froid venant de I'exterieur. L'air va alors
frapper le plafond et s'etend ensuite en nappe dans Tetable,
au lieu de tomber directement sur le corps des habitants.
Pour ouvrir ces fen^tres, le chassis porte a la partie superieure
une corde qui passe sur une petite poulie a gorge fixee au
mur, le long duquel la corde descend a portee de la main ;
ou bicn c'est une tringle rigide qui commande le mouvement
de bascule, dernier systeme, peut-etre le plus pratique.
Souvent, le plafond des etables consiste en quelques tra-
verses de bois recouvertes d'une couche de lagots ou de
paille. Quand le falte de Tetable sert de magasin a fourrage,
il est indispensable d'etablir un plafond impermeable pour
enipScher les poussicres et le menu foin de tomber du fenil
sur les betes et pour que le fourrage de ce fenil ne soit j)as
gate par les gaz mephitiques qui se degagent des dejections
des animaux.
Le sol de Tetable ou de I'ecurie doit Stre uni et etanche :
pave, betonne, en briques placees de champ, ou tout au moins
en argile battue. Dans ces conditions, Tentretien sera plus
commode et on pourra plus aisement pratiquer les soins de
proprete et la'desinfection le cas echeant. II est bon que les
murs soient egalement faciles a nettoyer, alaver et desinfecter
au besoin. On pent en goudronner le bas et les blanchir a la
cliaux, ainsi que le plafond, ce qui sera un excellent moyen
d'eloigner les insectes, la vermine et les germes de maladie.
U orientation du batiment n*est pas non plus indifferente.
EUe doit etre choisie autant que possible de Test a Touest,
afin d^eviter les grands froids et les fortes chaleurs, les
fenetres etant disposees soit de chaque c6te, soit sur un seul.
II faut entin que le logement soit suffisamment pas^e pour
que les animaux y soient a Taise, et, d'un autre cote, cela a
Tavantage de permettre une meilleure aeration,
Telles sont les regies generales a suivre pour Tinstallation
des habitations reservees aux betes de la fernie. Ilnousreste
a etudier les details des conditions interieures qui varient
quelque peu suivant Tespece consideree.
*
* #
Entre tons les animaux utilises dans nos exploitations, le
cheval est celui qui reclame le plus de precautions. Doue
d'un temperament sensible et d'une constitution delicate,
expose tons les jours par ses fonctions memes a toutes sortes
d'accidents et a des fatigues qui peuvent le predisposer a la
maladie, enfin representant un capital qui est generalement
eleve, Tagriculteur ne doit pas lui menager ses soins, afin de
— 11 —
le maintenir en bonne forme et eviter une diminution de
valeur qui, lorsqu'elle se produit, est toujours assez impor-
tante.
II est neeessaire que les chevaux trouvent k T^curie un
confortable qui a sa raison d'etre pour leur sante et un repos
qui retentira sur leur aptitude au travail.
L'urine du cheval efet ^mise en moins grande quantite, mais
elle est plus azotee que celle du boeuf. Si elle est plus
eoneentree , elle devient plus rapidement le siege de la fer-
mentation putride. Le sol est impermeable et legerement
incline, avec une pente d'environ 20 a 3o millimetres par
metre, pour permettre I'ecoulement plus facile des dejections
liquides vers un caniyeau allant a la fosse a purin (i) ; les
materiaux dont il est forme doivent Mre solides et non
glissants, de fagpn k resisteraux fers des chevaux. La litiere
sera abondante, fournissant un bon couchage et douee d'un
pouyoir absorbant assez grand. Tous les quatre ou cinq jours,
au pl^s, pnr ehlevera la partie de la litiere qui est passee a
Tetat de fumier. Enfin, Fecurie sera nettoyee et lavee assez
souvent ; oh pourra laisser les eaux de lavage suivre le m^me
chemiri que les urines et aller grossir le volume du purin dans
la citerne. Gela n'a pas d'inconvenients, le purin devant 6tre,
dans beaucoup de cas, etendu plus ou moins d'eau avant son
epandage sur les prairies.
C'est quand les animaux sont dehors qu'on ouvrira toutes
g^aiides les portes etles fenStresde I'ecurie. II est preferable
d'agir ainsi, car, lorsque les chevaux sontrentres, les courants
d'air sont a eviter. En frappant les animaux dans certaines
regions du corps, ils y produisent un abaissement brusque de
temperature, toujours nuisible comme le sont tous les
refroidissements, etpouvant amener une congestion interne.
Cest pourquoi il vaut mieux ne pas multiplier le nombre des
portes : une seule suffit, pourvu que sa largeur soit suffisante,
afin que les animaux ne se blessent pas au passage. On
conseille de retablir.a un seul battant, afin que le personnel
soit force d0 rouvrir toute grande chaque fois qu'il est neees-
saire. A deux battants, il est arrive souvent des accidents dus
k ce que le valet de ferme n'en avait ouvert qu un seul,
rendant ainsi le passage trop etroit.
On congoit quil est difficile de renouveler constamment
Tair de Tecurie et d'y obtenir en m^me temps une temperature
assez douce, si celle de Texterieur est iroide comme cela
arrive pendant Thiver. Or, les chevaux ont particulierement
besoin d*air pur, et Fexperience a demontre qu'ils preferent '
(i^ Trop souvent les rigoles n'existent pas dans les ecuries communes
ou Dien elles sont si peu accentuees que le purin s'y ecoule difticile-
ment. Le nettoyage ne pent alors se faire convenabiement et c'est la
une cause d'insalubrite. C'est aussi une. cause de perte potir le purin
qu'on ne peut recueilUr^
- 78 -
un logement froid, mais sec et acre, k une atmosphere
coufin^e, tiede et humide. Quelle que soit la saison, il n'y a
{>a9 k hesiter k ventiler largement, d'une fagon energique en
eur absence, ralentie, mais assez vive encore, lorsqu'ils sont
a r^curie, pourvu qu'ils soient a Tabri des courants d'air
froid.
Si les fenStres sont plac6es assez haut, avec des dimen-
sions (i) allong^es dans le sens horizontal et autant que pos-
sible avec le mode de fermeture dit a bascule, les courants
d'air ne pourront ar river directement sur les animaux et on
aura neanmoins une bonne ventilation et un 6clairage conve-
nable. Les chevaux semblent mieux se porter dans une ecurie
largement eclairee que dans une 6curie obscure et d'ou le
passage bicusque a la clarte du dehors provoque des maladies
d'yeux fr6quentes. Les soins de nansage, d'alimentation et
autres k executer k T ecurie demandent aussi qu'on y voie bien
clair.
Pans les ecuries qui manquent d'ouvertures suffisantes et
qui n'ont paa le cune d'air necessaire, on pent faciliter la
sortie de Tair vicie en etablissant au plafond des cheminees
dites d'appel, qui foiictionnent d'apres le principe des chemi-
nees ordinaires et dont le tirage se modifie en augmentant ou
en diminuant Fouverture inferieure.
S'il faut dans une ecurie Fabsence complete d'humidite, de
Fair et un jour convenable, il faut encore que chaque animal
ait a sa disposition un espace tel qu'il puisse se coucher a
toute heure sans ^tre gSn^. Le cheval aime la societe de ses
cong^neres, mais on devra veiller a ce que les chevaux vivant
ensemble ne soient pas trop rapproches. II y a lieu de les
tenir constamment attaches et separ^s les unsdes autres par
des cloisons ou tout au moins par des bat-flancs (2). Dans le
cas contraire, on s'exposerait a les voir se battre, se donner
des coups de pieds ou se piordre et se blesser.
Celui qui est un pen homme de chfeval sait combien une
tare quelconque deprecie la b^te. II est done utile d'y faire
attention. II n'y a que les poulains que Fon met par deux dans
des boxes avec paddocks exterieurs pour Fexercice ou encore
la jument pouliniere avec son petit. Dans ces boxes, les
animaux sont libres de leurs mouvements et peuvent se
retourner t^te a queue. Les chevaux de luxe ont egalement
ainsi chacun leur boxe fermee et on isole de la m<^me fagon
un animal malade. Mais dans les ecuries ordinaires a cloisons
fixes ou a bat-flancs, il est indispensable que les chevaux
soient attaches.
(i) A titre d'indication, on compte qu*il faut a peu pres 5o decimetres
Carres de fenetre par cheval.
(2) n faut absolument rejeter I'emploi de la simple barre suspendue
au plafond. Cette separation n'empeche pas les coups de pieds. et occa-
sionne des accidents quand le cheval enjambe la barre et fait des efforts
desordonnes pour reprendre sa position normale.
- 79 -
Un mode d'attache qui est a rec^ommander consiste dans
Femploi d'une chalne ou d'une lamere forte partant du licol
et fixee a un anneau qui pent glisser le long d*une tringle
plaeee sou$ la mangeoire ; 1 anneau ainsi place permet tousles
mouvements de la tSte. On pent aussi se servir de forts pitons
flxe& k Tangle et dans lesquels passent les cordes ou les
chaines d'attache, qui portent un poids a leur extremite libre.
On a souvent discute sur Futilite des rftteliers, dont le gros
inconvenient est qu'ils forcent Fanimal k relever la t^te d une
raaniei*e exageree poiu^ saisir les fourrages qui s'y trouvent.
G'est aussi une cause de malproprete par les poussieres et
les menus debris qui tombent dans les yeux et sur la t^te et
les crins de Tanimal. On preconise beaucoup Femploi de
mangeoires distinctes et assez petites pour chaque b^te, ce
qui laisse la facility de disposer a la m^me hauteur un
rdtelier. Mais generalement cette installation est plutdt
adoptee dans les ^curies de luxe que dans les petites exploi-
tations, ou Femplacement est liraite et oti les creches et les
r^teliers s'etendent sur toute la longueur de Fecurie. Alors
on aura soin de placer les r&teliers assez bas pour que leurs
desavantages disparaissent le plus possible. Les mangeoires
seront plac^es k o^go du sol et doivent 6tre k fond rond pour
faciliter le nettoyage et permettre la consommation des
aliments jusqu'k la derni^re parcelle.
Les dimensions de Fecurie sontnaturellement en proportion
avec le nombre de chevaux qu*on y loge et leur encombrement
respectif. La largeur moyenne "& r^server k chaque animal
peut se prendre par la mesure de la taille au garrot, c'est-a-
dire de i""5o k I'^jS, selon la grandeur de la race exploit^e.
J'ai vu des ^curies ou elle ^tait reduite k in^ao; cela est tout
k fait insuffisant.
Quant k la longueur t^te a queue, il faut de 2™4o a 2"5o
Sour laisser un peu de latitude au cheval. En tenant compte
e Fauge et du couloir de service, il y aurait done un total
de 4°*5o a 5 metres pour la largeur de Fecurie a Fint^rieur.
Gomme hauteur, plus le plafond est eleve et plus grande
est la puret^ de Fair, mais avec une ventilation appropriee,
3 metres k 3"5o d* elevation interieure peuvent suffire pour
une exploitation rurale.
Si le cheval rentrant k Fecurie doit y trouver les conditions
n^cessaires pour se procurer un repos convenable et reelle-
ment r^confortant, une bonne hygiene impose encore d'autres
precautions. Le charretier, au retour des champs, donnera k
ses animaux un bon bouchonnage qui enlevera la sueur et
leur procurera en outre, j^ar cette sorte de massage, un
certam soulagement. Les soins de pansage a Fecurie ne doi-
vent jamais Stre n^glig^s. La peau du cheval est analogue k
celle de Fhomme, sous le poil qui la garnit, et elle doit
toujours ^tre tenue tres propre. On reconnalt un cheval bien
soigne^k sa peau lisse et brillante. Tons les jours un coup
- 80 —
d'^trille le matin, puis la brosse et r^poussette, et enfin
r^ponge humide aux naseaux, aux yeux, aux oreilles, a la
naissance de la queue et aux pieds auront plus d'influence
sur la sant6 du eheval que tous les remMes regenerateurs
possibles, quelque bons qu'ils soient. Un pansage complet
toutes les semaines : le peigne dans les erins, i Sponge sup tout
le corps, et des bains pendant Y6t6 completeront Faction du
nettoiement quotidien.
Soyons strs que le temps employ^ k cela n'est pas perdu.
Trait6 de la sorte, le eheval sera plus vigoureux et t^moignera
k sa mani^re toute la reconnaissance dont il est capable, en
donnant k son maitre un meilleur service et des enorts plus
considerables.
* *
Le boeuf et la vache sont moins sensibles que le eheval.
-Mais Tetable ne doit pas 6tre pour cela moins soigiiee que
recurie au point d'etre negligee completement. Si les cas de
phtysie sont assez communs chez les vaches, c'est a la mau-
vaise disposition des stables et a leur manque d'entretien
qu il faut les attribuer.
Souvent les etables sont tout k fait exigues et les b^tes sont
les unes sur les autres. Or, Tespace n^cessaire a una b^te a
come est le m^me que pour un cneval, sauf en ce qui conceme
la largeur qui pent 5tre reduite k i"»3o ou i"*35. II est bien
Evident que chaque animal doit trouver assez de place pour
pouvoir se reposer sans Stfe derange par son voisin. TTne
vache laitiere qui ne pourra ruminer en paix donnera moins
de lait ; une b^te a Tengrais qui n'est pas tranquille profitera
moins.
Ge qui permet de r^duire un peu la largeur provient de ce
que le boeuf et la vache etant des animaux pacifiqiies, il n est
pas n^cessaire d'etablir des cloisons fixes ou mobiles comme
pour les chevaux. Toutefois, les coups de cornes sont a
craindre, mais on pent les 6viter au moyen d' attaches ad hoc
comp6s6es le plus generalement de chaines ou de cordes
plac^es au cou de Tanimal. Dans les vacheries qui eomportent
un taureau, une stalle sp^ciale est indispensable^ etant donne
son caract^re turbulent ".
II y a un autre avantage a ce que Tetable soit spacieuse,
c'est que cela permet k ses habitants de disposer d'un cube
d'air suffisant. Le cube d'air, dont a besoin cnaque individu,
doit ^tre en effet d'autant plus grand qu'ici le renouvellement
de Fair ne pent se faire que lentement, les bovides craignant
le froid beaucoup plus que les chevaux. Tout en assurant une
ventilation continue qui permette a F atmosphere de rester
salubre, la temperature de Fetable ne doit pas descendre en
dessous de 12 degres. Les veaux, les bceufs a Fengrais, de
mSme que les vaches laitieres, demandent, pour tii^ec^out le
parti possible de leur ration » pour favoriser la croissancei
- - 81 —
rengraissement ou la production du lait, un milieu tiMe et
un peu humide. La temperature ne doit pas non plus depasser
i8 degres centigrades, au-dela desquels il se produit une
diminution de rendement chez les animaux. La moyenne la
plus favorable est de i4 a i6 degres.
On voit que les conditions dans lesquelles doivent se trouver
les animaux de Tesp^ce bovine ne sont pas tout a fait les
mSmes que celles qui concernent les 6auid6s. L'hiver, pour
conserver une bonne temperature, il faut tenir les etables
•bien closes, en permettant toutefois une certaine aeration,
mais de telle sbrte qu'elle soit moderee, et, pour ainsi dire,
•insensible I A cet effet, les ouvertures sont plus p"etites que
dans les ecuries et garnies pendant les grands froids avec de la
paille, des fagots ou un bourrage quelconque qui permette le
passage de lair, tout en faisant obstacle a la sortie de la
chaleur. Elles sont plac^es pres du plafond. Ainsi, les courants
qu'elles determinent appellent I'air de bas en haut et renou-
vellent ainsi Tatmosph^re interieure au-dessus de la tete des
animaux, de telle sorte que ces courants ne puissent les
incommoder. On sait combien sont nuisibles les courants
d'air qui frappent le corps des vaches et notamment leurs
mamenes. Non seulement ils diminuent la lactation, mais,
dans ce dernier cas, ils provoquent souvent ime inflammation
du pis qui rend d^sormais Torgane beaucoup moins capable
de remplir sa fonction.
L'^te, pour les animaux qui restent a Tetable, les fen^tres
seront ouvertes en permanence, afin de maintenir la tempe-
rature interieure au-dessous de i8 degres centigrades,
maximum qui ne pent Stre depasse sans inconvenient. On y
placera des grillages en toile metallique, a mailles serrees,
qui s'opposent au passage des insectes, lesquels sont une
cause d'agitation pour les animaux. En outre, ces toiles
metalliques tamisent la lumi^re et la rendent moins vive, ce
qui contribue aussi a la tranquillite des bestiaux.
On a remarque, k cet egard, que les etables n'ont pas besoin
d'un edairage aussi intense que les ecuries. Une certaine
obscurite est mSme une condition favorable a Terigraissement
et a la lactation. Les animaux sont plus calmes et produisent
plus. II suffit d'y voir assez clair pour le service, apporter la
nourriture, enlever le fiAnier, ce que Ton doit faire egale-
ment sans trop deranger les animaux.
Ces conditions d'aeration et d'eclairage plus faibles sont
particulierement applicables aux b^tes laitieres ou a Tengrais.
' Les jeunes sujets a elevage et les boeufs de travail se trouvent
mieux dans uiie atmosphere moins humide, plus acree et
eclairee.
Comme portes, moins il y en a, mieux ga vaut, car ce sont
des causes de courants d'air. II sera toujours preferable, si
faire se petit; de se con tenter d'une seule, qui sera assez
large» afin d'eviter leg hearts des comes et surtout lea avor^
^82 —
tements. Avec une porte etroite, les vaches pleines qui ont
rabdomen fortement d^veloppe sont expos^es & des chocs qui
peuvent leur 6tre fatal.
Le sol peut Hre moins dur, moins resistant que celui des
ecuries, car on a affaire a des animaux moins remuants et
souvent non ferres. II sera couvert de paille suffisante ct
renouvelee fr^quemment. Ghaque individu de Tesp^ce bovine
donnant chaque jour de 12 a i4 litres d'urine, on pourra, si
la paille manque, y supplier partiellement par Femploi de
sciure de bois, de tourbe ou d'un absorbant quelconque,
capable de servir de litiere. Mais pour les vaches laiti^res,
on mettra toujours un peu de paille en dessous des mamelles,
de fa^on a ce qu'elles ne se salissent pas quand la bMe se
couche. II faut que le purin puisse s'ecouler jusqu'k la fosse
par de bonnes rigoles, tout en ne donnant au sol de ratable
qu'une pente de i5 k 20 millimetres par m^tre, afin d'^viter
une position par trop d^clive des femelles lors de la gestation.
II y a lieu de supprimer les rdteliers dans les bouveries et
les vacheries. La conformation des bovides est telle que leur
encolure ne peut pas se prater facilement aux mouvements
necessaires pour que la bouche puisse aller y saisir les
aliments. lis les prennent avec beaucoup plus d'aisance k une
moindre hauteur, k 5o centimetres du sol au maximum, dans
une au^e ou mangeoire peu profonde, tr^s large et a fond
arrondi, qui suffit k tout.
Les bovins sont de tr^s gros mangeurs, et, pour rapporter,
il importe qu'ils consomment beaucoup. Les meilleurs man-
geurs sont toujours ceux qui se d^veloppent le mieux et qui
se montrent les plus precoces. Loe^s seuls et isol6s, ils
s'ennuient et ont moins d'appetit. II n'est pas mauvais d'en
reunir plusieurs dans le m^me local, a condition de ne pas
exagerer leur nombre, ce qui n'est pas prudent en cas
d'epizootie. Quoi qu'il en soit, on devra veiller k ce que, autant
que possible, chaque animal ait sa mangeoire, afin de Temp^-
cher d'empieter sur la portion de son voisin ; ou bien , si la
creche occupe toute la longueur de Fetable, on installe souvent
dans un mdme but un grillage en bois a travers lequel Tanimal
doit passer la t^te.
G'est bien a tort qu'on etrille si rarement les boeufs et les
vaches. La propret^ de la peau en active la fonction et assure
la sante de Fanimal. Ce sont les salet6s qui s'accumulent sur
certaines parties du corps qui attirent les insectes. Si le
pansage est necessaire au cheval, on devrait au moins laver,
racier, etriller et bouchonner les bovins de temps en temps,
en particulier les vaches dont les mamelles doivent 6tre tenues
tres propres, si on veut en obtenir une plus grande secretion
et un lait de meilleur godt. La propret^ est egalement favo-
rable a I'engraissement ; certains ^leveurs tondent le dessus
du dos des b^tes k Tengrais, afin de les tenir propres et
d'exciter Tappetit.
— 83 -
Voila les principales conditions que doit reunir une etable,
ou les bStes se maintiendront en boiine sante et profiteront
parlaitement de la nourriture et des soins qu on leur donne.
*
En resume, les animaux ayant un besoin instinctif d'air, de
lumi^re, de liberte et de societe, le logement qui doit les
abriter sera vaste, bien acre et eclaire suffisamment. II sera
bien entretenu et toujours salubre.
Dans nos pays de metayage, oil le cultivateur est rarement
possesseur ae sa ferme, il ne lui est pas toujours facile de
conditionner I'habitation de ses animaux, en observant
rigoureusementtoutes ces prescriptions, mais les proprietaires
pourraient peut-Stre s'en mspirer quand ils font construire.
Gela ne codte pas plus cher de batir Tecurie ou ratable en un
lieu convenable, de la bien orienter, d'y manager des ouver-
tures suffisantes et bien plac^es, de lui douner oes dimensions
en rapport avec Timportance du troupeau que pent comporter
Texploitation. Les fermes et metairies n'en trouveraient que
plus facilement preneurs.
En tout cas, il est toujours possible au metayer ou au
fermier d'ameliorer Ta^ration et Feclairage de ses Stables, en
bouchant ou en condamnant des ouvertures mal placees et
en en pergant d'autres au besoin, d'arranger convenablement
le couchage, de recrepir et blanchir murs et plafonds, et
d'entretenir plus propres et Thabitation et les habitants.
L'agriculteur qui soigne ainsi les compagnons de ses tra-
vaux et les traite avec douceur se menage en eux des amis
fideles, en obtient un rendement et des produits plus eleves,
les conserve plus longtemps et se montre a la ibis un bon
maitre et un exploitant vraiment soucieux de ses int^r^ts.
— 84 --
Da Tutilisation des Sarments de Vigne
Par M» Maurice Mabsignon, Ingenieur-Agponome
La crise actuelle que nous subissons sur la vente des vins
oblige plus que jamais les proprietaires de yiguobles a cher-
eher Tutilisation la plus ^conomique et aussi la plus pratique
de tous les sous-produits de la vigne. Je vous parlerai
aujourd'hui des sarments. II est tres difficile dans certaines
regions viticoles de trouver a vendre les sarments comme
bois de ehauffage d'une fagon remun^ratrice, parce qu'il y a
surproduction. Aussi les viticulteurs cherchent-ils a les utiliser
autrement. Les uns les emploient comme engrais en les
enfouissant entre les rangs de vignes, mais cette methode,
assez usitee autrefois dans certains vimobles, fut peu a peu
abandonnee ; on a reconhu en effet oue la decomposition lente
des sarments, ainsi du reste que celle des ajoncs ou des genets
employes dans le m^me but, pouvait determiner le pourridie
de la vigne. D'autres brtilent sur place les sarments et font
avec les cendres (provenant de la combustion) et des terres
de fosses des composts. Sans doute ces melanges sont excel-
lents, mais cette fagon d'operer est anti^conomique , parce
que la combustion fait disparaitre les elements azotes qui sont
toujours la partie la plus nutritive pour les plantes.
Nous devons done chercher k utiliser d'une autre maniere
les sarments, pour tftcher de ne rien perdre autant que pos-
sible.
On obtiendrait ce but en employant les sarments soit
comme liti^re, soit comme fourrage.
Le tableau ci-dessous donne un apergu de la valeur chimi-
que des sarments, d'apres leur composition (a Tetat frais),
comparativement a celle du mais vert, du seigle vert et des
plantes fralches des prairies :
laments Irais. . .
Mais vert . .
Seigle vert. .
Herbes de prairies.
Azote
0,20
0,28
0,43
0,44
Acide
phosphorique
0,04
0,07
0,24
o,i5
Potasse
o,3o
0,32
0,63
0,60
Ghaux
0,52
0,12
0,12
0,27
Magnesie
0,08
0,09
o,o5
0,11
Ce tableau indique que les sarments ont une reelle valeur,
e^ale a celle du mais vert et moiti^ de celle du seigle et de
Tnerbo de prairieii
— 85 —
Des experiences ont prouv6 que le coefficient de digestibility
des sarments employes a T^tat frais 6tait excellent.
II n'y a pas lieu d'insister davantage.
Mais comment utiliser pratiquement ces sarments ?
On a reconnu que les animaux en general,. et particuli^re-
raent les chevaux, en etaient tr^s friands. Mais, s'il leur est
possible de brouter quelques brindilles, il ne faut pas croire
qu'ils puissent facilement en manger a leur faim ; les pauvres
animaux, en effet, se rebutent tres vite, les sarments etant
trop durs pour pouvoir Stre m&ches par leurs dents.
11 faut done prealablement les broyer.
Dans ce but, des appareils tres ingenieux ont ete inventes.
Mus par des maneges, ils permettent Tutilisation de nos
chevaux comme moteurs pendant la mauvaise saison.
On pourrait, au moment du grand Goncours Agricole de
1907, organiser un Goncours special de broyeurs de sarments,
auc[ucl des prix importants seraient attribues. Je proposerais
par exemple d'oftrir des prix pour la somme de 5oo francs et
dc donner en primes 25o francs, a raison de 5o francs pour
chacun des cinq premiers construe tears engages, Ge systeme,
consistant a accorder des primes aux premiers exposants
engages, me semble excellent, i)arcc qu'il sert d'attraction
aux constructeurs assures, de cette fa^on, de toucher quelque
argent, pour les dedommager des frais qu'ils sont obliges de
faire.
- 86-
VI'' Congrds national des Syndicats agricoles
(Angers 1907)
On sait qu'en 1007 doit se tenir A Angers, sous le haul
patronage de la Soei^te des Agriculteui^s de France, un
concours agi'icole regional d'une grande importance.
A Foccasion de ce concours, divers congres sqnt projetes,
notamment le sixieme Congres national des Syndicats
agricoles.
Gonform^ment aux traditions des precedents congres,
Torganisation de cette manifestation professionnelle revient
k rUnion Regionale, sous le haut patronage de FUnion Cen-
trale des Syndicats de France.
Mercredi une reunion de bureau de TUnion des Syndicats
agricoles de TOuest, dont le president etait le regreltc
comte de Blois, a eu lieu sous lapresidence de M. Delalande,
president de T Union Gen trale des Agriculteurs de France,
assists de M . de la F^randiere, vice-president de TUnion de
rOuest. ' "
M. Delalande qui 6tait accompagne du marquis de Mar-
cillac, president du comit^ d'organisation du Gongres de
P^rigueux, a examine, de concert avec les membres presents,
puis avec le bureau de la Society Industrielle d' Angers, les
conditions dans lesquelles ce Congres serait organise durant
le prochain concours.
Nul doute que ce congres professionnel des Syndicats
Agricoles ne donne une nouvelle vie aux associations exis-
tantes et k FUnion deFOuest, tout en developpant dans la
region les nombreuses institutions de mutualite rurale qui
derivent du Syndicat Agricole.
U Girani : G. GRASSIN.
Angers, imprimerie Germain et 6. Grassin. — 1040-6.
BULLEl'lK MElTSUEL
DE LA
r y
80CIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOIE
D'ANGERS
et du d^partement de Maiae-ei-Loire
Pfoc^s-verbal de la stance du 26 avril 1906
Presidence de M. Bordeaux-Montrieux.
Presents : MM. le D' Sigaud et A. Huau, membres du Bureau ;
Kiehl, Moreau, Massignon, Bernard-Chauvir^, Grau, Ch. Bout-
tier, Daignere fiTs, D' Cordon, Fourmond, D' Tesson, Bouvier,
Bettoii-Allard, AUeau, Clemot, fid. Lafarge, Gavinet, Baron,
Foornier, de Boissard, Raimbault, Urseau, Gasnier, Halope^
Ferdinand Bougere.
M. le D' Sigaud donne lecture du proems verbal de la seance
precedehte ; ce proc^s-verbal est adopte sans observations.
La correspohdance contient une lettre de notre distingu^ vice-
president, M. Huault-Dupuy,adressee^M. Bordeaux-Montrieux,
le priant de faire agreer de la Soci^te sa demission de vice-presi-
dent. M. Huault-Dupuy a pris cette determination par raison de
sante. II exprime a tons ses coUegues sa profonde gratitude pour
les marques reiterees de confiance et de sympathie qu'ils lui ont
toujours donnees et compte bien, autant qu'il le pourra, conti-
nuer k s'associer, dans le rang, aux tres interessants travaux de
notre chere Societe.
M. Bordeaux-Montrieux a fait des demarches, au nom du
Bureau de la Societe, aupr^s de M. Huault-Dupuy pour tacher
de le faire revenir sur sa determination, mais notre distingue
Gollegue a maintenu sa decision, sa sant^ ne lui ayant pas permis,
depuis plus d'un an, de prendre part a nos seances et k nos tra-
vaux.
-88-
M. Bordeaux-Montrieux se fait I'interprete de tous poui*
exprimer k notre sympathique Vice-President tous les regrets
que nous cause sa retraite. 11 fait des vceux pour son prompt et
complet r^tablissement.
M. le President rappelle qu'^ la stance du 26 mai prochain
aura lieu F^lection du President de la Soci^te Industrielle, en
remplacement de notre tr^s regrett^ president, M. le sena-
teur comte de Blois, et celle d'un vice-president, pour remplacer
M. Huault-Dupuy, d^missionnaire.
M. Bordeaux-Montrieux fait part ensuite de la mort d'un de
nos collogues, M. Louis Bi^ron, un de nos plus distingues viti-
culteurs, enleve a la fleur de Tage, en pleine vigueur, et d'une
fagon foudroyante k Taffection des siens. II se fait I'interprete de
tous pour prier M. le Secretaire general d'adresser a M°^« Bieron
I'expression de nos sinc^res et respectueuses condoleances.
— M. le Secretaire g^n^ral donne lecture du programme du
Concours regional agricole libre qui doit avoir lieu a Angers en
juin 1907. Quelques observations sont faites par plusieurs de nos
coUegues au sujet du paragraphe concernant le concours special
des primes culturales auquel prendront part les trois zones du
d^partement de Maine-et-Loire. II est decide que cette partie du
programme sera 6tudi6e et etablie sur de nouvelles bases.
— M. Grau donne lecture de son travail intitule : Hygiene de
Vecurie et de VetabU.
M. le President remercie M. Grau des renseignements trds pra-
tiques qu'il vient de donner et lui adresse des remerciements. Get
interessant travail sera public en entier dans notre prochain
bulletin.
M. Maurice Massignon parle ensuite de V Utilisation des sar-
ments de vigne.
II serait desireux de voir ^tablir par notre Soci^te, au moment
de notre grand concours regional de 1907, un concours special de
broyeurs de sarments ou de broyeurs d'ajoncs.
Cette proposition sera soumise k I'examen de la Commission
charg^e de 1 organisation du Concours.
M. le President adresse ses remerciements k M. Massignon.
— Une Commission chargee de la verification des comptes de
la Foire aux Vins et de I'Exposition d'aviculture est nomm^e,
elle se compose de : MM. Daignere, Halope et Chaillou ; elle se
r^unira le mardi 8 mai,
— Reception des candidats pr6sent6s le 24 f^vrier 1906 :
M. Paul Taveau, proprietaire, 77 rue du Pont-Fouchard
(Bagneux-Saumur) ;
M. Prosper Gohier, expert, 45 boulevard de Saumur, Angers ;
M. Alfred Provost, proprietaire k Saint-Lambert-du-Lattay
et 7 rue d'Alsace, Angers ; ^
— 89 —
M. Lucien Bazantay, propri^taire k Pont-Boursault, par
Thouarce (Main^-et-Loire), sont elus membres titulaires a I'una-
nimite des voix.
— Presentation de candidats :
M. de Robineau Francois, proprietaire, chateau de la Bure-
liere, maire de la Cornuaille, par Cande, presente par M. Huault-
Dupuy et M. le marquis de Dampierre ;
M. de Bossoreille, proprietaire, chateau de la Bernardi^re, par
Saint-Macaire (Maine-et-Loire), presents par M. le vicomte
du Fou et M. Henri du Mas ; ^
M. le baron Jacques de Villoutreys, proprietaire, chateau de
Clerembault, par Montrevault (Maine-et-Loire), presente par
M. Charles de Villoutreys et M. Henri du Mas.
M. Griffon, industriel a Torfou, presente par M. le marquis
de la Bretesche et M. Lavallee.
L'ordre du jour ^tant epuise, la stance est levee ^ 3 h. 1 /2.
Le Secretaire general,
D' P. SiGAUD,
— 90 -
La Filtration des Vins
R^sultats obtenus en Anjou
Par M. L. Moreau, directcur de la Station CEnologique
de Maine-et-Loire, membre titulaire
La fermentation tumultueuse achev^e, le vin, trouble au
debut, va en se clarifiant de plus en plus. Les matieres albumi-
noides contractent avec le tanin des combinaisons insolubles ;
des substances, comme la creme de tartre, se deposent dans le
milieu devenu alcoolique ; d'autres, par suite du depart de I'acide
carbonique, sous I'influence plus ou moins m^nag^e de Fair,
s'oxydent et, k la longue, tous ces corps, en se precipitant,
entrainent avec eux d'autres matieres en suspension.
Cette clarification, que la nature meme du liquide, que les
conditions exterieures, comme la temperature, peuvent influen-
cer, ne se fait pas toujours compl^tement ni rapidement et les
vins restent plus ou moins longtemps troubles, laiteux et ne sont
Eas marchands. « Un vin qui ne se clarifie pas, a-t-on dit, est un
ouillon de culture pret a evoluer sous rinfluence des microorga-
nismes que le vin renferme toujours ». La clarification des vins
nous apparait done comme une necessite a laquelle ne peuvent
se soustraire les viticulteurs soucieux de la sant6 de leur vin et a.
laquelle les rappelleront toujours Tacheteur et le consommateur.
Dans les vms rouges, riches en tanin, provenant de raisins
murs, sans exc^s, ayant subi, la plupart du temps, une fermenta-
tion rapide et complete, la clarification, sauf les cas de maladies,
se lera d'elle-meme assez vile.
Dans les vins blancs, au contraire, la clarification est plus diffi-
cile a obtenir et, dans nos regions notamment, par suite de notre
vinification un pen sp^ciale, c'est un probl^me qui se pose sou-
vent et la difficult^ de le resoudre est encore accrue par la n6ces-
sit^ d'avoir ces vins clairs, pour la vente et la mise en bouteilles,
d^s le mois de fevrier qui suit la vendange. Nous r^coltons tard
des raisins tres murs, envahis par la pourriture noble et aussi,
parfois, par la pourriture grise ; la fermentation tumultueuse est
lente dans ces mouts tres concentres, riches en matieres pec-
tiques, visqueuses, en dextrane, gommes et autres substances de
nature plus ou moins d^terminee, provenant de I'exces de'matu-
ration ou de la pourriture ; la temperatm^e des celliers 'et des
caves, vu la saison, est peu ^levee g^n^ralement ; toutes ces
causes, ajout^es k la pauvrete du milieu en tanin, emp§chent
pendant longtemps les vins de se clarifier ; certaines levures
aussi restent en suspension. A la fermentation principale succ^de
- M -
une fermentation seoondaire tr^s lente et le d^gagement presque
continu de I'acide carbonique g§ne le dep6t des principes inso-
lubilises. Aussi arrivons-nous rarement, surtout pour les vins
liquoreux, a presenter des produits tres limpides et tres brillants
lorsque arrivent les mois de fevrier et de mars ; c'est un defaut
qui n'est, d'ailleurs, pas seulement commun a notre region.
On a remedie a cet etat de choses en aidant a la clarification
qui ne se fait pas naturellement, ni assez vite, tons les ans. Les
soutirages faits a propos et en temps voulu, les collages precedes
du tanisage — presque toujours indispensable pour les vins
blancs — sont d'un grand secours pour les viticulteurs. Mais la
coUe ne prend pas toujours et, lorsqu'elle prend, elle ne tombe
f)as toujours ; le degagement de I'acide carbonique peut nous
'expliquer en partie, dans ces vins jeunes. Aussi est-il toujours
bon de faire pr^ceder ces operations d'un leger mechage ou
bisulfitage. Enfin, il y a des annees ou tous ces procedes ne par-
viennent pas k donner a nos vins la limpidite desirable. Plus
difficiles aujourd'hui qu'il y a vingt ans et devant I'encombre-
ment du marche, les acheteurs ne veulent plus de ces produits a
moitie clairs, peu plaisants a I'ceil et tres sujets a mal tourner
sous I'influence des ferments divers que Ton n'est pas parvenu a
eliminer ; aussi, lorsqu'ils consentent a les prendre, ce n'est
souvent qu'apres en avoir fait baisser le prix. II y a done, en plus
des considerations generales developpees plus haut, des raisons
economiques de premier ordre qui doivent pousser nos viticul-
teurs a presenter a leur clientele des vins parfaits sous tous les
rapports.
Nous nous sommes trouves, cette annee, en presence de vins
difficiles a clarifier et sur lesquels la coUe n'avait pas toujours de
prise. Les raisins pourris que nous avons recoltes, une periode de
froids assez vifs que nous avons eu a subir des le debut de la
recolte et qui a prolonge, parfois jusqu'en Janvier, la fermenta-
tion ; peut-etre aussi le developpement et la predominance dans
le milieu, de levures peu actives, ne tombant pas facilement, et
de ferments de maladie qui se sont installes aisement dans un
liquide tres alterable et mal defendu par les levures, peuvent nous
expliquer pourquoi nos vins ont eu tant de difficultes a se
clarifier.
L'annee etait done particulierement propice pour essayer un
procede de clarification — la filtration — qui n'etait pas inconnu
dans la region, mais qui avait besoin d'etre etudie plus profon-
d^ment, d etre suivi de plus pres, afm d'en determiner le mode
d'emploi et d'en expliquer, au besoin et si possible, les insucces
ou les reussites.
Ces essais de clarification, auxquels nous nous sommes livres a
la Station oenologique, grace au concours des proprietaires, des
constructeurs de filtres et de la Commission nommee par la
Societe Industrielle et Agricole, ont donne deja des resultats
appreciables, interesse un tres grand nombre de viticulteurs
angevins et je crois repondre a un desir general, bien que toutes
_92^
nos Etudes ne soient pas achevees, en vous en rendant compte
aujourd'hui.
La filtration est reparation m^canique qui consiste a faire
passer un liquide contenant des particules solides en suspension
a travers soit une paroi poreuse, soit une substance filtrante,
comme I'amiante ou la cellulose, soit un tissu suffisamment serre
et qui devra recevoir, dans la plupart des cas, un encoUage spe-
cial, en vue d'arreter les corps qui troublent le liquide.
Les filtres a paroi poreuse, dont le type est la bougie Chamber-
land, amenent le liquide aline clarification rapide et k une steri-
lisation presque complete, mais ne peuvent guere convenir aux
boissons aussi chargees que les vins ; le rendement en est insi-
gnifiant.
Les filtres a pate de cellulose ou d'amiante peuvent tenir le
milieu entre la categoric precedente et les filtres a tissu ; ils sant
utilises surtout pour parfaire une clarification presque achevee.
Nous ne nous sommes pas adresses a ces deux premieres cate-
gories, vu I'etat assez trouble des vins que nous voulions filtrer
et la difficulte, connue par beaucoup de constructeurs, que nos
vins blancs presentent a la filtration — il ne faut pas compter
comme un essai la tentative de clarification que nous avons faite
avec un de ces modeles.
Les filtres a tissu, les seuls que nous ayons essayes, n'ont pas
les mailles assez serrees pour arreter les parties solides fines en
suspension dans les vins ; toutefois, dans le filtre « Universel » de
Simoneton, ou le liquide traverse une grande epaisseur de tissu,
on arrive a la clarification directement. Si le passage, en premier
lieu, d'un vin tres trouble, deposant sur le tissu ses particules les
plus grossieres, arrive — le tissu ne servant en somme que de
support — a creer une veritable surface filtrante — qui n'est
peut-etre pas sans danger si on emploie des lies plus ou moins
chargees de germes de maladies, — on prefere generalement
encoller le filtre.
L'encollage du filtre consiste a delayer dans le premier vin qui
passe ou a repandre de suite sur le tissu, par trempage, avant la
mise en marche, une colle qui, enrobant le tissu, sera le veritable
filtre. La nature du produit servant a l'encollage a beaucoup
vari^ ; on est arrive, aujourd'hui, a presenter, sous des noms
differents, : microcolle, steriline, charbonkol, filtroUney etc., des
colles qui donnent de bons resultats et qui renferment des pro-
portions differentes de quelques-uns des principes suivants :
terre d'infusoires, charbon, tanin, caseine, gelatine, parfois un
peu de bisulfite, etc.
Les filtres que nous avons essayes ont 6te mis gracieusement a
notre disposition par les maisons Gasquet, LasmoUes et de la
Faye, Malvezin, Simoneton, et les constructeurs sont venus
eux-memes en Anjou les faire fonctionner. Qu'il me soit permis
de les remercier ici et je le ferai d'autant plus yolontiers qu'en se
—93-
plagant au seul point de vue de la clarification du vin et en
tenant compte de certaines difficultes provenant de I'etat des
produits soumis a I'essai, on pent dire que tons les filtres ont
donn^ de bons resultats.
Je n'entreprendrai pas, pour le moment, la description de ces
appareils, je la reserve pour le bulletin de la Station oenologique.
II appartiendra, d'autre part, k la Commission nommee par la
Societe de nous faire connaitre ce qu'elle pense des instruments,
de la qualite des mat^riaux employes dans leur construction, de
la valeur des tissus, du rendement — tout en tenant compte de
la nature des vins, — du fonctionnement meme du filtre, du
nettoyage facile, du dechet en fin de filtration — variable suivant
les modeles ; question qui n'est pas negligeable pour les petits
celliers, — enfln du prix meme de ces appareils. Pour notre part,
nous n'envisagerons ici que le cote oenologique de la question et
nous allons rendre compte, maintenant, des observations que
nous avons faites sur les vins aussitot la filtration et sur ce qu'ils
sont devenus depuis cette epoque.
Nous nous sommes adresses a des vins rouges, rougets et
blancs ; a des vins sains et a des vins malades ; a des vins liquo-
reux et a des vins sees ; nous nous sommes rendus dans des
regions tres differentes, afin d6 pouvoir generaliser, si possible.
Mon travail s'est trouve singulierement facilite, grSce a I'obli-
geance et k I'aide des proprietaires qui s'etaient inscrits et dont
le nombre a augmente en cours de route ; gr&ce aussi au d^voue-
ment et a la competence si unanimement appr^ci^s de mon col-
laborateur et ami, M. E. Vinet ; je suis heureux de les remercier
tons ici.
Quels sont les avantages et les inconvenients de la filtration
que nous avons 6te en mesure de constater sur nos vins? Le
resultat imm^diat est tres beau ; le vin, aussitdt I'encollage oper6,
a la sortie de I'appareil, est superbe, d'un brillant parfait, auquel
on n'etait pas toujours habitue dans nos regions. II se trouve
debarrasse de toutes les matieres en suspension qui le rendaient
trouble, matidres tres alterables souvent, et tout cela sans que
la composition chimique du vin en soit tres modifi^e, comme on
pourra le voir par les analyses faites sur le vin, avant son entree
dans le filtre et apres sa sortie.
-94-
Analyse dea vim avani et aprds Jlliraiion
VINS VLANCS
Br6z6
Vaudelnay
Boni^ezeaux
Soulafnes «
Saint-Melaine
Saint-Georges
jriNS BLAKGS DE LIES
Saint-Lambert
Maz6
VIN BLANC
EN FERMENTATION
Saint-Lambert
VIN ROUGET
La Chapelle-St-Laud . .
TINS ROUGES
Com6
Maz6 (Yin de lies)
ALCOOL
avant
aprto
degrto
degrfes
9,9
10,0
9,6
8,0
8,6
7,9
10,1
9,95
9,45
8,0
8,5
8,0
9,5
9.4
9,45
9,6
7,4'
7,4
5,6
5,6
7,4
8,0
7,4
8,0
ACIDITE
totale
avant
aprte
grs.
grs.
9,1
10,1
7,1
9.1
8.6
6,3
9.1
10.2
7.7
8.9
8,3
6,3
9.4
8,6
9,4
8,6
9,31
9,31
10,38
10,38
6,86
5,29
6,86
5,58
SUCRE
avant
grs.
40,62
44,82
55,31
59,3
6,22
2,82
28,1
12,0
57,7
2,0
grs.
40,62
44,82
56,02
59,3
6,22
2,42
28,1
12,0
59,0
2,0
EXTRAIT
sec
avant
grs.
75,32
77,00
87,28
95,4
31,68
25,8
52,6
36,08
81,8
24,96
23,4
20,6
aprts
grs.
75,16
76,40
87,60
94,3
31,0
25,9
52,28
35,88
85,0
25,12
23,4
21,6
CENDRES
avant
aprte
grs.
grs.
2,3
2,1
2,0
1.9
1.8
2.7
2,4
2,2
1,8
1,8
1.8
2,9
2,6
2,2
1.7
2,4
1,7
1,7
1,76
1,76
2,48
2,12
2,48
2,16
Le collage diminue la teneur en extrait ; chaque collage enle-
verait, d'apres M. Gauthier, gr. 35 d'extrait par litre ,abais-
serait le litre alcoolique du vin oe 1 /lO de degre, ferait perdre au
vin 1 /5 de sa couleur, diminuerait la dose de tanin et I'acidite.
La filtration am^ne aussi de legeres modifications dans le mome
sens que le collage, pour certains principes ; quelquefois aussi
— est-ce erreur d'analyse ou avions-nous affaire k un melange de
vins dans le filtre? — les modifications sont en sens inverse ;
E quelquefois enfin il n'y en a pas ; la couleur des vins rouges est
lus brillante et ne semble pas avoir perdu d'intensite, d'une
igon appreciable. Ces differences que Ton constate toujours
dans toutes les operations que subissent les vins jeunes ne
peuvent nous surprendre et s expliquent facilemenl. L'examen
au microscope nous montre ^galement une sensible ameliora-
tion ; mais il y a toujours quelques levures et des fisrments de
maladie qui passent ; la filtration n'est done pas sterilisante au
sens propre du mot.
La degustation faite au moment meme du filtrage par les per-
sonnes presontes a donne lieu a des constatations interossantes.
II faut dire cependant quo le moment n'^tait peut-etre pas bien
choisi. On sait, en effot, que le vin, meme apr^s un simple souti-
rage, n'est pas gouiable ; a plus forte raison apres toutes les mani-
pulations qu'il subit pour etre filtre. L'operation a beau se faire
dans des appareils, ^ rabri de Fair, il y a toujours plus ou moins
d' aeration et, lorsque I'oporation se prolonge — si le d^bit est
faible — le vin est tres battu, fatigue et ne pent etre compare au
— 95 —
vin non filtr^. Cette remarquo une fois faite, nous pouvons dire
que I'avis a 616 presque unanime pour trouver les vins fins,
liquoreux et fruit^s, comme s^ches, ayant perdu de leur moelleux
et de leur agr^ment, emplissant moins la bouche. Par ailleurs,
les vins plus ordinaires et sees ne semblaient pas avoir vari6 et
les vins de lies, au contraire, paraissaient amelior^s. Tout ceci
n'a pas lieu de nous ^tonner ; les substances arret^es par le flltre
peuvent contribuer, en effet, k donner au vin cette mdche spe-
dale bien connue des vignerons. L'elimination naturelle de ces
principes ou le collage du vin auraient, a ce point de vue, donn6
sensiblement le m^me resultat. D'ailleurs, le vin se remet assez
vite des fatigues du filtrage ; neanmoins, pour les grands vins,
tres bouquetes, de nos regions, il y aurait lieu d'examiner la
chose de nouveau. Une autre difficulte se presentera aussi tres
souvent pour ces grands vins : c'est que le propri^taire ^tablit
des differences d'une barrique k une autre et meme, dans les
petits celliers, d'une demi-barrique a une autre. II faudrait done
pouvoir filtrer ces vins sp^ciaux, difficiles k clarifier, sans les
melanger avec d'autres, cfans de bonnes conditions de debit et
sans perte appreciable, pour ne pas avoir a faire le plein avec un
vin different. II y a la, pour r^pondre a tons ces desiderata, une
petite difficult^ de pratique qui ne doit pas §tre insurmontable.
Les degustateurs avaient aussi k se prononcer sur les gouts
anormaux que le vin pouvait prendre en passant dans les appa-
reils. Le goiit de manche a parfois — pas tou jours — et6 constats
avec des tissus neufs, insumsamment affranchis, et au d^but du
filtrage ; le gout disparaissait ensuite et on ne le retrouvait plus
— ou tr^s att6nu6 — quelque temps aprds ; il n'y a pas lieu, je
crois, de s'en preoccuper outre mesure,
Le resultat immediat est en somme satisfaisant, mais il ^tait
utile de savoirce que deviendraient ces vins apr6s filtration :
allaient-ils demeurer pour toujours limpides, sans refermenter,
sans s'alterer de nouveau?
On sait que, chez les vins jeunes, beaucoup de principes ne
s'insolubilisent qu'^ la longue ; les reactions chimiques ou d'ordre
microbien qui s accomplissent dans un milieu aussi complexe
que le vin, ne se font pas instantanement ; beaucoup de subs-
tances en solution ou pseudo-solution ne se coagulent que petit
k petit, sous I'influence de I'aeration ; bref, un vin jeune, brillant,
tres limpide k un moment donne peut se presenter trouble un
peu plus tard ; c'est ce que Ton observe souvent apres les pre-
miers soutirages. A priori, le vin filtre, dans ces essais, pouvait
done se retroubler de nouyeau ; tout cela devait dependre des
conditions dans lesquelles le vin se preseritait au moment du
filtrage et des operations qu'on lui avait fait subir avant. Le
flltre n'arrdtant pas completement les levures et les ferments de
maladie, il etait done possible de voir les vins refermenter et les
maladies continuer d'^voluer* II ^tait aussi int^ressant de savoir
— 96 —
si, vu r^poque de la filtration, on pouvait mettre ou non le vin
immediatement en bouteilles.
Pour essayer de r^pondre k toutes ces questions, nous avons
fait mettre de c6t^, chez les proprietaires, quelques barriques de
vius filtres, bisulfites ou non, et nous avons aussi proc^de a une
mise en bouteilles immediate. Nous avons revu, un mois et demi
et deux mois apres le filtrage, tons ces vins et nous avons ete
conduit aux constatations suivantes :
Parmi les vins rouges traites, il s'en est trouv^ — en dehors
des essais officiels et d'un premier controle de notre part —
quelques-uns qui etaient atteints serieusement de casse. Comma
on n'avait pris aucune precaution, ils ont casse aussit6t apres la
filtration. Des vins rouges atteints de tourne, bien qu'ameliores,
non seulement au point de vue de la limpidite, mais aussi des
ferments, se sont cependant retroubles, en barriqufes et en bou-
teilles. II y a done lieu, lorsqu'on a affaire a des vins en puissance
de maladie ou d^j^ atteints, de les traiter contre ces maladies. II
ne faut pas attendre du filtre plus qu'il ne pent donner et, s'il
pent soustraire les vins k beaucoup d'alterations, en 61iminant
quelques matieres fermentescibles et un grand nombre de fer-
ments, il n'est pas, a ce point de vue, d'une s^curite absolue.
Peut-etre que plusieurs passages dans le filtre — la polyfiltration
— arriveraient a semer en route tons les germes. line operation
qui, pour ces vins malades, s'imposerait, qui exige elle-meme,
pour bien se faire, des vins clairs, serait la pasteurisation. Le
chauffage des vins suivant le filtrage, k Pabri de I'air, donne
depuis longtemps de bons resultats dans beaucoup de grands
chais ; il n'y a pas de raison qu'il en donne de mauvais pour nos
produits.
Nous avons pu voir des vins blancs fermenter apr^s filtrage,
parmi quelques ^chantillons non bisulfites ; cela ne doit pas nous
surprendre etil est possible, aux premieres chaleurs, que d'autres
viennent aussi k fermenter. Cependant, de ce c6t6, il y a
encore une amelioration et, en prenant soin de bien m^cher, de
bisulfiter au besoin apres filtration et apres les soutirages qui
pourront suivre, on se mettra a I'abri de ces fermentations
secondaires, si fr^quentes dans nos vins liquoreux mis de bonne
heure en bouteilles.
Jisiatipn pu a W coagulation de certains principes du vin mainte-
jius en solu|i}6ii dans le Ijquide ayant le filtrage, ni k des levures,
ihais plui'6't'— Ja suile 3(6 nos etudes nous le dira mieux — au
(|eve|oppQment dje jnicroorganismes tres petits r^unis en groupes.
Nous avpn's yu ce trouble, dans quelques cas, disparaitre de
Ipi-nieme ; Ae toptes fagpns, ijn collage periiiet la clarification du
yin',et on a yu (ie pes vins [mpossibles a coller avant filtration se
^pTlf^if: faciJen^enJ ^pfigf pp^ra^ion, lorscju'ils |'6taient retroubl^?.
— 97 —
Quant aux vins mis en bouteilles, ils se sont souvent main-
tenus tres clairs ; cependant, nous avons pu observer parfois des
depdts et je crois qu il serait preferable, meme si on fait la filtra-
tion tardivement, d'attendre quelque temps avant de proceder k
la mise en bouteilles.
II y a encore bien des points a etudier pour notre region. II
faudra connaitre I'epoque la plus favorable pour faire cette ope-
ration d'une fagon profitable et economique, sans nuire au deve-
loppement normal des qualites du vin. Les viticulteurs munis de
filtres auront de ce cot^ de nombreux essais k faire. II est pro-
bable que cette epoque variera suivant I'annee, les conditions de
la vendange, de la vinification et des soins que les vins auront
re^us. Nous avons deja pu voir, cette annee, que les vins qui
avaient ete plus soutires, plus meches que les autres s'etaient
mieux clarifies et surtout ne s'etaient pas retroubles.
En somme, la filtratioriy qui doit Hre rangee parmi les autres
pratiques viticoles, ne dispense pas forcement de ces pratiques ;
elle peut en reduire le nombrey mais elle doit etre surtout consideree
comme un adjui^ant precieux, quelquefois indispensable de la
clarification des vins. C'est une operation tres profitable , mais
qui doit etre etudiee de pres par chacun ; il faut savoir se servir
des instruments et les employer en temps opportun ; ce n'est
que la pratique qui pourra nous renseigner sur bien des points.
Jusqu'a ce moment, nous pouvons dire que, dans de tres
nombreux cas, la filtration a rendu de tres grands services ;
elle est a essayer partout ou Ton pourra se procurer facilement
des filtres — des Syndicats en ont deja achete. — Nous ren-
drons compte, plus tard, de la suite des recherches entreprises
sur les vins filtres.
— 98 —
£tude sur une des causes de la Crise
Viticole actuelle
Par M, SuAUDEAU, bibliotheoaire
La viticulture est sans doute sujette a des crises comme nous
en avons vu s'en produire en les annees 1900 et 1902 ; mais, celle
actuelle par sa persistance et sa gravity est sans precedent.
Aussi, la premiere question qui se pose est la suivante : d'oii
vient le mal ?
Bien que les causes de cette crise soient multiples, qu'elles
soient d'ordre economique, legislatif et politique , la principale,
je dirai la cause primordiale, pro vient de I'engorgement du mar-
che qui deprime les cours et produit la mevente. Cette siu'abon-
dance ne nalt pas, comme le fait s'est pr^sent^, d'ann^es succes-
sives de grosses productions, mais de la fraude ; de cette loi de
septembre 1903 qui, en degrevant les sucres, a permis, par Tabus
du sucrage, la Gallisation et le Petiotage, proced^s portant les
noms des savants Gall et Petiot qui les ont imagines ; operations
diff^rentes de la chaptalisation, qui ont engendre la fanrication
clandestine des vins artificiels.
C'est de la fabrication de ce produit similaire, concurrengant
sur le marche celui du vignoble, qu'est sorti le mal dont la viti-
culture souffre a I'heure presente. D'ou cette consequence que le
premier facteur a envisager est le sucre, matiere premiere des
vins factices, dont Tencombrement entraine I'effondrement des
cours.
Qui dit encombrement ne dit pas ^urproduction, quoique le
r^sultat apparent puisse etre le meme, I'origine toutefois ne
Test pas. II ne manque pas de gens int^resses ou non a la chose
qui parient de surproduction de la vigne et qui rendent cette
derniere responsable de I'etat dans lequel se denat actuellement
la viticulture ; k les entendre. Ton a plants trop de vignes. De
cette legende, justice est facile a faire, comme il est aise de
demontrer qu'en fait de surproduction il n'existe que celle arti-
ficielle, a laquelle appartient le nom de surf alsificatioU; a preuve :
Le vignoble frangais, d'apres les statis-
tiques, comprenait pendant- la periode de
1850 a 1889, une moyenne de 2.208.542 hectares
De 1900 a 1905, elle tombe a 1.693.000 —
D'ou une diminution de 615.642 hectares
Soit 1 /4 du vignoble ancien non retabli.
Par contre, si cet ecart a ei6 relativement compense par une
augmentation de production, tant du fait de la culture que des
— 99 —
c^pages k grands rendements, nous voyons cependant qu'elle
n'est pas de beaucoup superieure k ce qu'elle 6tait autrefois. En
effet :
HECTOL.
De 1865 k 1874, la moyenne de production a 6U de 55 . 440 . 000
De 1875 (ann^e exceptionnelle) a 1884, de 42.208.000
De 1885 k 1890, de 30.701.000
Puis, pendant les dix dernieres annees, cette
moyenne a ete de 45.050.000
Et enfin la moyenne des trois dernieres annees
est de 52.000.000
Si la recolte de 1905 pour la France et S3S colonies a ete
evaluee a 63 millions d'hectolitres, il faut se souvenir qu'en
I'annee 1875 il a ete recolte, en France seulement, I'Algerie a
cette ^poque etant quantity negligeable, 85 millions d'hecto-
litres ; meme j'ajouterai que la production a frequemment
depass^ 65 millions d'hectolitres au cours de la p^riode de grande
prosperite qui s'etend de 1865 k 1880 ; en effet, en 1865 Ton
recolte 68.933.000 hectolitres et, en 1869, 70.000.000 d'hecto-
litres, sans qu'il y ait eu de crise ; done I'objection de production
exageree n'est pas serieuse et sa these insoutenable.
La surface plantee ^tablie, de meme que la production,laquelle
n'a gu^re augmente depuis vingt ans, reste a examiner la con-
sommation. II ne faut pas croire que celle-ci ait diminu^ ; bien
au contraire elle est en progression. De 17.000.000 d'hectolitres
qu'elle etait en 1860, elle passe, en 1901, k 43.000.000 ; en 1902
k 45.000.000 ; encore ces chiffres ne concernent-ils que la con-
sommation taxee. Or, suivant les renseignements de la Regie,
en 1905 elle est de 43.680.000 pour la consommation imposee ;
celle en franchise est evaluee a 10.380.000 hectolitres, ce qui
porterait la consommation totale a 53.680.000. D'autre part :
En 1896, il est entre k Paris 5.090.443 h.
En 1901, cette introduction s'el^ve a 6.799.483 h.
De toutes ces donnees il resulte que :
La consommation qui etait, par tete d'habitant, pour la
periode 1882-1891, de 73 litres, passe en I'ann^e 1900 a 94 litres,
pour ressortir en I'annee 1905, a 139 litres, la population Eva-
luee a 38 millions d'habitants.
Or, si Ton ne produit en France pas beaucoup plus de vin
Ju'avant la periode phylloxerique et si Ton en consomme plus,
'ou vient cette surabondance, si ce n'est de la production arti-
ficielle. La fabrication des vins factices est done une realite.
G'est done bien a cette fabrication, qu'une legislature impr^-
voyante a provoquee, que nous sommes redevables de ce trop-
plein qui nous inonde.
En somme, c'est avec du sucre et de I'eau que Ton a combl^
la production deficitaire de 1903 ; pres de 16 millions d'hecto-
~ 100 -
litres de vins fabriques ont ete jetes, cette annee-la, sur le
marche.
Ont-ils raison nos rivaux et contradicteurs, gens du Nord et
personnages olRciels, de venir nous conseiller, devant nos plaintes
reelles et fondees, d'arracher nos vignes et de nous livrer a
d'autres cultures? Quel blaspheme economique! comme si la
culture de la vigne n'etait pas une des richesses de la France?
Est-il unpaysou la culture de la vigne tienne une place plus consi-
derable que dans le notre ! Ses produits, fruit de I'epargne et d'un
labeur obstine, sa main-d'oeuvre, les industries qui en de-
rivent, le commerce et la nuee d'auxiliaires qui en vivent, certes
ne permettent pas un pareil langage. Au surplus, I'idee n'est pas
nouvelle et I'experience a montre I'inanite de cette mesure.
Ce sacrifice serait d'ailleurs d'une execution difficile, cette
culture de la vigne, pour bien des regions, 6tant la seule profi-
table. Puis, ne serait-ce pas la suppression d'un capital d'avances
considerable ! Est-ce que ce capital-vigne ne represente pas, par
hectare, un chiffre, pour notre region en particulier, de 5 a
6.000 fr. en moyenne ? Enfm, par quoi le remplacer ? S'il est
malheureusement vrai que des coteaux on ait fait descendre
la vigne dans la plaine ; que la prairie se soit changee en
vignoble, ceci est 1 exception et la nature reprendra ses droits.
Si le viticulteur egare s'est mis a la recherche des grands ren-
dements, meconnaissant ces facteurs de la production : sol,
culture, cepage, qui reunis donnent la qualite, ceci ne sera
pour lui qu'une erreur momentanee qui ne pent faire poids
dans la balance. Si un pays a sa production de preference ; si
cette production forme une branche importante de commerce,
il faut maintenir cette production et ne pas I'entraver. Or, la
conservation du vignoble actuel, inferieur a ce qu'il etait il y a
vingt ans, etant chose indispensable, les rendements de la vigne
etant variables selon les annees, puisqu'une production moyenne
de 50 millions d'hectolitres de vin presentement parait neces-
saire a la consommation actuelle, il n'y a pas lieu de s'arreter
a cet expedient, sauf a diriger la viticulture vers la qualite et
a la faire revenir de la recherche des grands rendements ; seul
moyen de forcer I'ecoulement de I'excedent de production des
annees d'abondance ; rendons-nous plus exactement compte de
ce qui se passe.
L'influence nefaste du sucrage sur la consommation est telle,
qu'a Paris 10 a 12 milhons d'hectolitres de vin ont ete fabriques
en 1905, produits par la livraison de 160.000 tonnes de sucre
et ont ete consommes en cette ville &ans avoir acquitte les droits
de regie ni paye de frais de transport. Par suite, le viticulteur
qui escomptait une hausse reguliere des vins pour cette annee
1905 a vu ses previsions dejouees par cette inondation de vins
factices qui, des fevrier, a fausse les cours, arrete les transactions
a la propri^te et provoque un veritable d^sastre par la baisse
continue qui en a 6te la consequence.
Le Sucre, cot6 50 francs, fait ressortir I'hectolitre de 8° ^
— lot —
7 francs, tandis que le vin naturel, dans le Midi, pris comme pays
de grande production, a 40 hectolitres par hectare, coute au
vigneron 13 francs Thectohtre a produire et revient a Paris, en
le chaix du negociant, a 23 franc:=*.
Confondu par la modicite du prix de ces produits, affiche aux
quatre coins de sa ville, aO fr, 15 et a fr. 20, le viticulteur est a
se demander par quel procede magique Ton pent livrer, au detail,
meme porter a domicile, du vin k ce prix. La reponse est dans
I'expose ci-dessus et dans la distribution de prospectus ad hoc,
qui donnent au mastroquet la formule pour preparer le matin
pour la journee, au prix deO fr. 07 le litre, un vin sain et parfait
de gout. Des lies de vin de toutes provenances, de I'alcool
d'industrie, le plus souvent de contrebande, de I'eau de riviere
et, grace aux decouvertes recentes de la chimie, un colorant tire
de la houille, forment la base de ces productions auxquelles
parfois I'on ajoute de I'acide tartrique, de la glycerine et une
seve appropriee pour les grands vins des jours de fetes. Cette
fabrication clandestine a la tete de laquelle se trouvent des
chimistes, fideles observateurs de la formule officielle, existe non
seulement a Paris, mais dans tous les grands centres : Lille, Lyon,
Bordeaux, etc. ; le nombre de ces usines est grand ; toutes sont
prosperes et par elles la fraude bat son plein.
En 1905, au mois de juin, sur 617 echantillons preleves par le
laboratoire municipal de Paris sur divers comptoirs, 117 ont ete
declares bons, les autres jetes au ruisseau ; en juillet, 129 sur
640 ; en mars dernier, 206 sur 802.
Qui ne se souvient du rapport de M. Poubelle, oii I'ancien
prefet de la Seine est arrive a fixer a un minimum de 2.258.000 h.
le mouillage effectue a Paris, pendant la derniere exposition
universelle, et des pertes que le commerce a subies de ce chef ?
J'ai parle de Paris; il en est de meme en province. Qui n'a vu
k la 4® page des journaux ces reclames, off rant en fut perdu, au
prix de 24 fr. les 220 litres, en franchise de port et de droit, un
vin d'un chslteau imaginaire, dont la seule valeur reside dans le
fut ?
Et ces vins anemiques, passes a la teinture, dont les piles
alignees encombrent, a la .porte de leurs vendeurs, les trottoirs
de nos rues, etiquetes, malgre leur choix, aux prix les plus
r^duits, quelles sont done leurs provenances ?Assurement,ilsne
sont pas de FAnjou.
Passons sans les heurter, I'ecriteau qui les pare nous indique
ou ils ont regu le bapteme, leur origine.
Comme consequence de I'etat actuel, les maisons de gros, qui
jadis faisaient les cours, sont disparues, remplacees par le
courtier-expediteur, le soi-disant recoltant, petit negociant qui,
maintenant, fait nombre. Qui n'est, helas, aujourd'hui marchand
de vins ! Aussi k chacun, malgre sa competence, de gacher le
metier.
C'est chez ces industriels qui offrent partout, par affiches,
annonces ou prospectus, des vins k bas prix, sous pretexte qu'ils
— 102 —
expedient directement de la propriete, qu'il faut aller chercher
la provenance de ces petits vins de 5 ^ 6°, d^fectueux, de peu
de conserve, qu'ils recherchent, qu'ils se procurent a des prix
derisoires, lesquels, par ce fait, fournissent une matiere abon-
dante et avantageuse a leur commerce. Vins propres a la chau-
didre, auxquels ils savent donner, profitant des procMes mis
par la science k leur disposition, les apparences d'im produit
normalement constitu^, pour les livrer k leur tour a la consom-
mation ; ce, k tres has prix, tout en r^alisant des benefices. Ce
sont done ces vins a faibles degres, alt^r^s le plus souvent, qui
rafistoles au moyen du sucre et de Talcool de betteraves,
viennent ainsi s'echouer chez le detaillant et I'enrichir parfois
au grand detriment de la sant6 publique, pour passer sur la
table du consommateur, lequel, en fait d'hygiene, ne connait
que le bon marche et s'y laisse prendre. La loi de 1905 est rest^e
insuffisante et inefflcace devant Tingeniosite de la fraude ; le
debit courant de ces vins k bas prix en est la preuve convain-
cante.
Par ce fait, la situation commerciale a change du tout au tout.
Gene par cette foule de concurrents, qui n'ont d'autre souci que
de faire des affaires, et dans le bon marche y r^ussir, peu im-
porte la marchandise ; desoriente, voyant d^truite la Balance
de I'offre et de la demande, notre auxiliaire, le gro^ n^goce,
n'ayant par suite plus de base pour ses prix de vente, fuyant les
risques en consequence de pertes subies, n'achete plus que par
petits paquets, juste pour se couvrir; encore cherche-t-il lui
aussi a faire comme le voisin, a profiter de la baisse qu'il ne peut
enrayer, la suppression des droits de detail le condamnant k
I'impuissance.
A qui sommes-nous redevables de cet etat de choses ? k ces
d^grevements successifs des sucres, allant a la biere, au b^tail, k
la vinification ; primes accordees a la fabrication, qui ont tue la
culture de la canne k sucre dans nos colonies et fourni a I'indus-
trie sucriere un element puissant de d^veloppement , provoque
meme chez elle une reelle surproduction. Cette culture qui, en
1850, comprenait a peine 40.000 hectares, que Ton voit en 1900,
grkce a une prime de 300 francs par hectare qui lui avait ^te
anterieurement accordee, s'elever a plus de 150.000, fait saisir son
importance, sa prosperite et comment, par suite de la recherche
continue de debouches pour ses produits, nos gouvernants
ont sacrifie la vigne, compromis la reputation seculaire de nos
vins pour favoriser I'industrie sucriere dont les emblaves ne font
qu'augmenter chaque annee.
L'offre etant en rapport direct avec I'abondance, c'est dans
le bas prix des vins que git une des principales causes du malaise
general. En effet, ces prix de famine frappent et le capital et le
travail, par suite entrainent ces chomages forces, ces greves que
nos vignerons devraient ignorer, qui parfois ^clatent du fait de la
diminution des frais culturaux et des salaires que Touvrier refuse
d'accepter comme etant trop faibles, bien qu'ils soient encore
- 108 —
trop lourds pour Texploitant qui les offre, aux aboia qxCil est
devant les charges qui Taccablent et les pert$s que la vilet^ du
prix de sa reoolte lui fait subir,
Une autre cause de fraude encore a signaler, consequence des
fissures de ces lois nefastes et incoherentes votees a la hate par
une legislation en desarroi, est la disposition concernant la con-
sommation familiale. Les meridionaux ^I'epoque desvendanges,
manquant de vases vinaires, ont pris la funeste habitude d'exp^-
dier leurs raisins dans le Nord, pour ceux-ci servir, en dehors du
but propose, le plus souvent en les mains de speculateurs, a la
confection de vins de 1'®, 2^ et 3® cuvee, sous le convert de cette
designation. Par ce moyen, 1.000 kil. de raisin par exemple qui,
chez le vigneron, produiraient 7 a 8 hectolitres de vin, viennent
a produire chez I'acquereur 18 a 20 hectolitres de boisson factice.
En supposant que ces 1.000 kilos de vendange valent 120 fr.
que les 245 kilos de sucre ajoutes valent 78 fr. 40, pour une
depense de 198 fr. 40 celui-ci a obtenu un produit qui, a domi-
cile, sans frais de transport ni de droit de circulation, lui revient
^ 7 fr. 90, produit qu'a son tour il ne tarde pas a jeter sur le
marche avec benefice. Voila a nouveau le pur jus de la vigne au
contact de I'eau sucree, des alcools d'industrie et des substances
pharmaceutiques, venant troubler les cours. En 1905, il a ete
vendu ainsi 16 millions de kilos de raisins ; or, cette vendange,
capable tout au plus de fournir 110 a 120.000 hectolitres de bon
vin, a produit 750.000 hectolitres de boisson, sous le convert de
la consommation familiale. On cite meme ce fait : qu'un direc-
teur d'un asile departemental a qui on reprochait de faire du vin
de Sucre pour la consommation de ses 1.500 malades, repondit :
« Mais ils font partie de la grande famille du d^partement,
c'est de la consommation familiale. » A ce titre, nous tons qui
faisons partie de la grande famille frangaise avons « ...droit
a la consommation familiale ». Pratiquement, c'est ce qui
arrive, et nous tons, viticulteurs, nous en patissons.
C'est grace a cette manoeuvre deloyale que le vin reste pri-
sonnier chez le producteur et que, sous le convert de la loi, dont
il ne ressort aucune sanction, ces modernes negociants echappent,
de leur cote, aux charges de la patente et de la licence, au detri-
ment des droits du Tresor.
Tout ceci explique le mal cause a la viticulture par la detaxe
des sucres, par son abusif emploi et les fraudes qui s'ensuivent;
d' autre part, tout cela demontre comment I'industrie sucri^re
s'enrichit a ses depens, puisque de ce fait la consommation du
Sucre a augmente de plus de 500 millions de kilos par an.
Et, autre facteur de la crise, nous-memes, producteurs, ne
sommes-nous pas egalement les propres artisans de notre mine,
par I'abus de ce meme sucrage a la propriete, invites que
nous y sommes par nos acheteurs qui I'exigent sans que nous
osions reagir? Nous-memes, par ce fait, n'avons-nous pas dechaine
cette surench^re du bon marche, caracteristique facheuse de
I'epoque actuelle, en permettant avec nos vins 'remontes le
- 104-
mouillage^chez le^n^gociant, quand iFn'est"'pas''fait a la pro-
pri^te? En plus, pour Ja vente parfois de nos marcs, utilises en 2«
et 3« cuvees, de nos lies, n'avons-nous pas aide a la perversion
du goOt du consommateur ?
Sans doute, il est des pays, de meme que desannees, ou la
maturity des raisins n'est pas toujours satisfaisante, ou la chap-
talisation de la vendange, c'est-^-dire ou I'addition au mout de
Sucre sans eau, est une necessite ; mais a cote, malheureuse-
ment, il en existe d'autres, ou sans necessite Ton emploie, quelle
que soit I'annee, le sucre, dans le seul but d'arriver par un mouil-
lage copieux a allonger la sauce ; d'augmenter ainsi la quan-
tite au detriment, sans nul doute, de la qualite ; manoeuvre
reprehensible qui a sa repercussion sur les cours.
Jadis, dans les families, une bonne cave ^tait chose dont Ton
etait fier ; le vin du cru etait la joie, le dieu du foyer ; chaque
recoltant d'alors etait jaloux du renom de son clos, du vin de son
cueilli suivant I'expression du pays. Cette noble et legitime emu-
lation est allee rejoindre les neiges d'antan ; aujourd'hui, Tamour
du bon vin se perd de plus en plus ; le gout lui-meme s'est demo-
cratism et le consommateur, sacrifiant son hygiene a sa bourse,
delaisse le vin de quality, frais et fruits, pour avaler n'importe
quel breuvage exotique, depourvu de cachet, de caract^re, de
tout charme, par centre ^minemment « hydrophile », par-dessus
tout contraire a sa sante, a sa recherche qu'il est du bon mar-
ch6, le vin, pour lui, prenant le rang d'article : Nouveautes
n'eprouvant aucune satisfaction a bien boire ; esth^tique de nos
ancetres. Et apr^s cela Ton s'etonne des prescriptions des mede-
cins. Certes, la docte Faculte n'est pour rien dans la cause ; loin
de la, elle a toujours reconnu le bon vin comme favorisant chez
I'homme I'etat de sante.
Arri^re nos modernes abstinents, adorateurs du theisme et du
cafeisme ; comme si le caractere fran^ais n'etait pas fait de cou-
rage, de generosite et*de gaiete, attributs de notre bon vin, dont
toute campagne centre est antinationale.
La ruine pour la viticulture, relation de cause k effet, n'existe
done que par ce fait : c'est le prix du vin mouille, vine,
Sucre, en un mot fabrique, « vin lacustre », suivant I'expression
d'un spirituel chroniqueur, qui regie le marche. ^
Pourquoi ? parce que, aucune sanction ne ressortissant de la
loi de 1905 et le reglement administratif sur la matiere, tant
annonc^, tardant a paraitre, les sucres pendant ce temps cir-
culent en toute liberte a annee entiere, sans que la Regie desar-
mee, par suite impuissante a decouvrir la fraude, puisse I'arrdter ;
car cette fabrication clandestine de vins factices, sous les mille
formes qu'elle rev^t, restera pour ainsi dire insaisissable, malgre
I'arsenal de nos lois, tant que le regime actuel des boissons ne
sera pas revise. Les analyses faites a Paris d^montrent que la
science oenologique n'est que d'un faible secours pour la dfecou-
verte des adulterations du vin ; et cette cat^gorie de fraudeurs
n'est pas sans ignorer qu'il est difficile de les faire condanmer
— 105 —
pour mouillage, malgre les yeux d'Argus du Pise; aussi, en Jan-
vier et fevrier de cette annee, il s'est consomme 10 millions de
kilos de sucre de plus que pendant les deux memes mois de I'annee
precedente.
La Direction generale des Contributions indirectes a fait con-
naitre le resultat de la recolte de 1905. Pour la m^tropole, le
rendement est evalue a 55.964.104 hectolitres, soit une diminu-
tion de 10.052.643 hectos par rapport a la recolte de 1904. Les
cours aiu*aient du se relever, et nous voyons le contraire se
produire ! Comment expliquer ce fait ? C'est qu'a la suite du
krach sur les sucres, consequence des recents scandales des
affaires Jaluzot et Grosnier, ceux-ci ont vu leur cote diminuer
de 20 francs par 100 kilos, provoquant ainsi une baisse, sur les
pseudo-vins eux-memes, de 4 francs par hectolitre. Baisse qui,
par suite, a eu egalement sa repercussion sur les cours. Ce n'est
done plus le midi qui regie et dirige le marche, mais la fraude
triomphante.
Par la loi du 26 fevrier 1906, la viticulture s'est vu restituer
le droit, qu'on lui avait enleve en 1903, de distiller sa recolte,
le droit considere comme la vraie soupape de surete des ann^es
d'abondance, permettant de livrer aux flammes tons les vins
inferieurs et de faire disparaitre tous ces petits vins de plaine,
naturels sans doute, mais qui pretent si bien par la faiblesse de
leur degr^ a la fraude ; ce droit, dis-je, surtout lorsqu'on reflechit
qu'en I'annee de grande production qu'a ete 1875, pour ecouler
leurs vins, quatre departements meridionaux, I'Herault com-
pris, avaient, a eux seuls, distille 19.000.000 d'hectolitres ; fai-
sait esperer qu'a nouveau le marche debarrasse du poids mort
des vins de chaudiere, apres les gelees dernieres et les intempe-
ries actuelles, Ton assisterait a un relevement des cours, comme
la chose s'etait passee en 1876 et ^lus tard en 1900, annees de
libre distillation.
Or, jusqu'a ce jour, I'evenement prevu ne s'est pas produit; a
quoi encore attribuer cette deception ? C'est que le sucre, non
plus que I'eau de riviere, non plus que les ferments et tous autres
produits cenologiques, ne faisant defaut, comme en 1903, le
miracle de Cana de nos jours s'est renouvele ; que I'eau sucree
continuant k couler a jets continus, sans digue pour en arreter
le flot, le commerce manquant de confiance dans I'avenir,
observe et s'abstient, sachant que tant qu'il ne sera pas apporte
de modifications aux lois existantes le prix du vin naturel ne
d^passera plus le niveau determine par le prix de revient de
celui sorti de I'usine. C'est que si, jadis, alors que Ton ignorait
I'alcool de betterave, la distillation avait pu, dans les annees de
grosses r^coltes, servir de vanne de surete, il n'en est plus de
meme aujourd'hui, depuis que le jus de I'arbrisseau connu de
Noe est mis en ^chec par I'extrait de la racine sucriere et que
I'alcool d'industrie est a un cours bien inferieur k I'alcool de vin.
Or c'est se leurrer que d'attendrc presentement de la restitution
du privilege seulla fin de la crise.
- 108 -
Le droit du bouilleur rdtabli, reste done k nous occuper, nous
r^ooltants, du vin de sucre. Si dans la partie qui se joue actuelle-
ment la vigne, k litre de revanche, a gagn6 la premiere manche
sur la plante fourragere a culture alternative, il ne faut pas que
le vigneron reste I'arme au bras.
Mais a cette cause principale de trouble quel est le remede ?
Le salut de la viticulture est dans la reglementation s^v^re de
Temploi du sucre, avec son coroUaire : Guerre aux fraudeurs. —
Tel est le cri du jour.
Effectivement, c'est k la fraude que s'en prennent unanime-
ment les viticulteurs ^t c'est k sa repression que tendent la plu-
part des voeux emis par nos Gonseils generaux, nos Chambres de
commerce, nos soci^tes, nos syndicats et associations diverses.
Le retablissement du privilege n'est qu'une premiere etape
dans la voie de la reforme du regime des boissons, nous ne pou-
vons renoncer k la lutte, sur le terrain economique, ni atan-
donner aucune de nos revendications, sauf a apporter a nos
concurrents des compensations pour I'ecoulement de leurs pro-
duits, dont eux aussi sont surcharges. Or, le monde viticole
semble s'etre mis pr^sentement d'accord sur le pro jet de MM.
Doumergue, Aldy et Sarrault, aujourd'hui membres du Gouver-
nement ; notamment en oe qui concerne le Titre de mom^ement
des sucres et I'accepter.
De ce projet il resulterait :
1® Qu'au-dessus de 25 kilos les sucres seraient suivis ; ce serait
pour la regie, chargee de cette surveillance, la possibilite de
verifier si le sucre est bien reellement destine au sucrage des
mouts, s'il se rend bien au vignoble et non a I'usine. Ce chiffre
tieiit compte des exigences legitimes du consommateur qui
pourrait se trouver gene par un titre de mouvement pour un
achat de sucre de moindre importance, destine aux besoins du
m(^nage. f-^^
2^ Un droit de chaptalisation de 50 francs par 100 kilos frappe-
rait ce sucre employe a la vendange, ce qui, avec le droit actuel
de 25 francs, porterait le degre alcool-sucre a'l fr. 75, valeur de
son congenere le degre alcool-vin.
L'adoption de ce projet, auquel les partisans du sucrage
auraient mauvaise grace a s'opposer, serait un coup mortel porte
a la fraude, et pour nous, a qui le sucre apporte plus d'amertume
que de douceur, un bienfait des Dieux. II est bien certain qu'on
ne parviendra a arr^ter dans son cours la boisson vineuse que si
les sucres sont suivis a la circulation depuis leur sortie de la
raffinerie jusqu'a leur sortie de chez I'epicier, de meme que le
vin est suivi depuis la cave du recoltant jusqu'au comptoir du
debitant. La solution de la question est dans la suite des sucres,
et ce projet, loin de demander un sacrifice au Tresor, lui apporte-
rait au contraire un nouvel element de recettes. D'un autre cote,
quel prejudice pourrait y trouver la propriete ? Est-ce que par la
chaptalisation pure le recoltant n'a pas I'espoir d'augmenter la
valeur de sa recolte, d'en trouver pres du negociant qui I'incite
— 107 —
k ce f aire, une vente plus facile ? S'il y trouve son avantage, de'quoi
peut-il se plaindre ?
Pour Tadoption de ce projet, d'imposantes reunions de viti-
culteurs ont eu lieu en mars dernier, a Montpellier, k Beziers. —
D'autre part, nous voyons le Syndicat des Inter^ts viticoles de
I'Aude, de THerault, dans leurs dernieres sessions, compl^tant
les voeux precedemment emis par le Congres des Associations
viticoles, reuni a Paris, en Janvier dernier, sous les auspices
de la Societe des Viticulteurs de France, demander le droit
de suite sur les sucres, leur surtaxe au droit de I'alcool qu'ils
contiennent en puissance lors de leur emploi en vinification et
s'adresser particulierement a MM. Doumergue et Sarrault, au-
jourd'hui en bonne place pour le faire adopter, de reprendre
leur amendement, sans autre but, que de rendre la fraude
impossible en la rendant onereuse, et par ce moyen trouver une
solution k la crise angoisante qui etreint la viticulture. Le
Sucre libre, nouveau phylloxera, c'est la mort de la vigne.
Le temps marche, la vigne agonise ; pour lui rendre un peu de
vie, il faut que, des le debut de cette nouvelle legislature, nous,
viticulteurs, connaissant I'instabilite ministerielle, jusqu'^ ce
jour restes trop isoles, nous formions par notre union un bloc
viticole d'une volonte opiniatre, afm de surmonter tons les
obstacles et nous permettre de poursuivre notre but sans d^sem-
parer.
II n'y a pas a s'y tromper, la tache est ardue, il s'agit d'entrer
en lutte et de triompher de nos concurrents du Nord, MM. les
Betteraviens, industriels influents, gardiens de I'arche sainte, je
veux dire du monopole de I'alcool, qu'ils ont su se faire octroyer
par d'habiles manoeuvres ; adversaires bien organises, possedant
une m^thode, un programme, une cavalerie Saint-Georges par-
faitement equip^e, une presse bien stylee, habituee a fausser
I'opinion publique ; que nous trouverons sur notre route, decides
3u'ils sont a soulever tons les obstacles pour arreter la marche
e nos justes et legitimes revendications, et d'autant plus achar-
nes que, jusqu'k ce jour, ils ont su recolter toutes les faveurs
gouvernementales, rassembler ainsi les meilleurs atouts dans
leur jeu. Que notre devise soit done : « Vouloir c'est pouvoir » ;
c'est par I'union intime de nos efforts que nous pourrons, sans
contrarier les lois economiques, auxquelles nul ne peut se sous-
traire, mettre un terme a nos souffrances ; de cette union depend
notre salut. Ne voyons-nous pas nos adversaires : les Syndicats
des distillateurs agricoles de la region de Paris, ceux de la region
du Nord, les distillateurs industriels du commerce des alcools de
Paris et autres societes qui emploient I'alcool comme matiere
premiere de leurs produits tenir des reunions de protestations
^ contre nos revendications au fur et a mesure qu'elles se font
jour, pour la sauvegarde de leur monopole : I'alcool. Montrons-
leur, au lieu de rester divis^s, que nous voulons reprendre notre
place au soleil, d'une fa^on maitresse et irrevocable.
Tout recemment, un journal rapportait que M. Albert Sarraut,
sous-secretaire d'Etat au Ministere de I'lnterieur, et comme
— 108 —
depute auleur de ramendement pr^cite, vient d'ecrire au Comite
de defense vinicole du canton de Lezignan, pres Narbonne, que le
gouvernement deposera, a la rentree, un projet de loi visant le
sucrage et la repression de toutes les fraudes sur les vins. Bien
qu'il y ait loin de la coupe aux levres, que nous ignoripns si, en la
Ghambre nouvelle, il se trouvera des unifies sur cette question et
quel en sera le nombre , I'heure, cependant, parait propice pour
rappeler a nos ^lus d'aujourd'hui leurs promesses de la veille.
Sans plus tarder, que chacun de nous, dans sa sphere, mu par une
commune pensee de defense viticole, agisse aupres d'eux.
Si nous voulons obtenir pour notre marche des vins la base
qui lui manque, n'etre pas obliges de vendre a perte, en un mot,
pour stimuler ce « Retour a la terre », tant desire, arretons entre
nos diverses regions, de suite, un terrain d'entente, puis insistons
tons vivement pres de nos deputes et senateurs, que je sais, en
Maine-et-Loire, gagnes a notre cause, pour qu'ils deploient toute
leur energie a obtenir, sous une forme quelconque, peu importe,
que Ton ne produise plus, k I'aide du sucre, de vins artificiels,
que Ton n'en mette plus en vente, le tout sous les peines les plus
severes, afm de couper le mal dans sa racine. Un prompt denoue-
ment s'impose ; il est meme urgent, pour qu'il enressorte pleinet
entier effet, que la chose passe au « fait accompli » avant les ven-
danges prochaines.
Toutes les considerations, opinions et vocux qui precedent ne
projettent qu'un faible rayon de lumiere sur la profondeur du
mal dont se meurt la Viticulture ; puissent ces voeux recevoir de
vous. Messieurs, le meilleur accueil et surtout obtenir I'appui de
la Societe ! Je ne vous parle pas comme pent le faire un viticulteur
meridional, mais en partisan convaincu et surtout directement
touche. Au surplus, j'ai cru de mon devoir d'attirer votre atten-
tion sur ces sujets, afin que d'autres opinions, basees sur des faits
precis et concluants, puissent se faire connaitre et, de la sorte,
arriver, par le concours de toutes les bonnes volontes, k trouver
I'indication du chemin pour echapper a la ruine qui nous guette,
la lutte a soutenir contre tons les ennemis du vignoble epuisant
le bas de laine.
Je n'ai presentement envisage qu'un des cotes de la crise ; il
existe d'autres facteurs, parmi lesquels figurent : le transport des
vins par voie ferree, a tarif trop eleve ; le manque de debouches ;
la revision de nos traites de commerce ; le credit agricole ; I'eta-
blissement de cooperatives, etc., toutes questions complexes, sur
lesquelles il y aurait lieu de revenir.
le' mai 1906.
Le Girant, G. GRASSIN.
Angers, imprimerie Germain et G, Grassin. — 1824-6.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
F F
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOIE
D'ANGERS
et du departement de Maine-et-Loire
Proc6s-verbal de la stance du 26 mai 1906
Pr^sidence de M. Merlet, president honoraire, puis de
M. BORDEAUX-MONTRIEUX.
Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, A. Huau,
Suaudeau, D' Sigaud, membres du Bureau ; MM. de Livonniere,
Planchenault, due de Plaisance, Laurent Bougere, marquis
de Becdelievre, Paul Raimbault, Lemanceau, Secher, Urseau,
Ferdinand Bougere, Chartier, G. Deperriere, Provost-Lemotheux,
Battereau, Halop^, Fougeray fils, D' Gordon, Moreau, Vinet,
Lavallee, I'abbe Hy, Brechet, Gasnier, Ferre-Hamon, Kiehl,
Grau, Lafarge, Jean Pavie, Bigeard, Merlet fils, Bernard
Chauvire, Leon Bourcier, D^ Maisonneuve, Betton-Allard,
Normandiere, marquis de Dampierre, Auge, St. Saget, Simon
David, Oger-Bascher, Robin, Gavinet, Lepage, Forest, Four-
mond fils, Paul Prieur, Paul Lorin, Joseph Joubert, Fourrier,
Massignon, baron Le Guay, Fourmond pere, D'^Tesson, Daignere,
Baron, Sigaud fils, Rene Neveu, de FougeroUes, Mignot,
0. Chaillou, de la Ferandiere,
MM. Juteau de Ghaudefonds, Bouvier, de Pontbriand s'etaient
fait excuser.
— M. le D"* Sigaud donne lecture du proces-verbal de la prec^-
dente seance. Ce proces-verbal est adopte sans observation.
— M. Moreau lit un travail intitule : La filtration des vins,
premiers resultats, M. le President remercie M. Moreau de cette
tres interessante communication, ecoutee avec le plus grand
interet par tous nos coUegues.
— M. Suaudeau donne lecture d'un travail tres documente
sur la Mevente des {fins, De nombreux applaudissements sou-
lignent diff^rents passages de cette ^tude et M. le President se
- 110-
fait I'lnterpr^le de nos collogues en remerciant M. Suaudeau de
sa communication qui repond k une preoccupation justifiee de
tous les viticulteurs de FAnjou. Nous publierons dans le pro-
chain bulletin les m^moires de M. Moreau et de M. Suaudeau.
— M. Daignere, un de nos collogues les plus competents dans
les questions vinicoles, fera part a son tour de sa maniere de voir
sur les causes de la m^vente des vins.
— M. le marquis de Dampierre donne lecture a la Societe des
Statuts des « Aviticulteurs Angevins » , deposes k la Prefecture,
et indique les formalites k remplir pour la creation de cette
nouvelle Societe qui sera une filiale de la Society Industrielle et
Agricole d'Angers.
— M. Bordeaux-Montrieux cede ensuite le fauteuil de la
presidence a M. le senateur Merlet, president d'honneur.
M. le senateur Merlet est tres flatte de I'honneur qui lui est
fait de presider cette seance dans laquelle doit etre designe le
successeur de notre tres regrette president, M. le senateur
comtede Blois, et du vice-president appele aremplacer M. Huault-
Dupuy, notre distingue collegue, que des raisons de sante ont
determine a donner sa demission.
M. Merlet rappelle qu'aux obseques de M. le comte de Blois, a
Huille, M. Bordeaux-Montrieux, vice-president de la Societe
Industrielle et Agricole d'Angers, a pris la parole au nom de
tous ses collegues pour exprimer les regrets unanimes qu'a pro-
voques la mort de M. le comte de Blois ; il a parle dans un Ian-
gage qui a trouve un echo dans tous les coeurs et croit de son
devoir de lui adresser ses remerciements.
M. Merlet fait ensuite, avec une extreme d61icatesse, I'^loge
de M. Bordeaux-Montrieux et demande a I'Assemblee de porter
ses suffrages sur son nom pour la presidence de la Societe
Industrielle et Agricole d'Angers. M. Bordeaux-Montrieux est
nomme par acclamation President.
M. Merlet annonce ensuite que, par suite d^un scrupule tres
louable de fait, mais que lui-meme condamne, M. Huault-
Dupuy<-alleguant sa mauvaise sante, a remis sa demission de
vice-president de la Societe Industrielle et Agricole d'Angers.
M. Huault-Dupuy sera regrette par tous ses collegues et, en
souvenir des nombreux services rendus par lui pendant des
annees, M. Merlet propose de le nommer vice-president hono-
raire. Cette motion regoit I'approbation unanime de nos col-
legues.
Pour remplacer M. Huault-Dupuy, on a pense a un conseiller
general tres aime et fort apprecie dans le canton de Beaufort,
qu'il represente avec distinction et une tres grande competence,
M. le comte de Livonniere, agriculteur et viticulteur distingue,
aussi semble-t-il tout designe pour. remplir les hautes fonctions
pour lesquelles M. Merlet le recommande a nos collegues.
M. de Livonniere est egalement nomme vice-president par
acclamation.
-ill -
— M. Bordeaux-Montrieiix, appel6 au fauteuil de la pr^si-
dence par M. Merlet, remercie rAssemblee de Thonneur qu'elle
vient de lui faire ; il ne se fait pas d'illusions sur la lourde tache
qu'il assume, remplacer M. le comte de Blois est impossible,
toutefois, il fera preuve de bonne volonte et prie ses collegues de
croire k tout son d^vouement ; il accepte ces delicates fonctions
comme un devoir qu'il s'efforcera de remplir le mieux possible.
— M. de Livonni^re adresse ^galement ses remerciements a
nos collogues, il les assure de son devouement absolu pour
defendre leurs interets au Conseil general de Maine-et-Loire.
Bien qu'il lui soit difficile de promettre un concours regulier k
notre Societe, il fera tous ses efforts pour nous aider k remplir
notre mission agricole et viticole.
— M. le President annonce qu'a notre prochaine reunion de
fin juin aura lieu la nomination d'un second vice-president. II
donne ensuite quelques details sur le Concours regional agricole
libre de 1907 et donne lecture du programime du Concours
departemental des primes culturales, qui a 4te modifie, apres
les justes observations faites a la stance precedente.
— JM. Gilles Deperriere demande qu'en meme temps que le
Gongres International de viticulture ait lieu une Exposition
viticole, comprenant differents lots de vignes donnant un
apergu de I'encepagement de nos vignobles angevins.
— ^ M. le President annonce que M. le comte Louis de Blois,
fils aine de notre tr^s regrett^ President, a offert, au nom de sa
famille, un portrait de son pere destine k prendre place, dans la
salle de nos seances, a cote de ceux des presidents de la Societe
Industrielle et Agricole d'Angers. M. Bordeaux-Montrieux se
fait I'interpr^te de tous pour remercier la famille de M. le comte
de Blois de ce souvenir precieux destine a nous rappeler un de
nos presidents les plus devoues a notre Societe qui, sous sa
pr^sidence, a fait d'immenses progres.
— Reception des candidats pr^sent^s le 28 avril 1906 :
M. de Robineau Francois, propri^taire, chateau de la Bure-
liere, maire de la Gornuaille, par Gande ;
M. de Bossoreille, proprietaire, chateau de la Bernardiere,
par Saint-Macaire (Maine-et-Loire) ;
M. de Villoutreys (baron Jacques), proprietaire, chateau de
Glerembault,.par Montrevault (Maine-et-Loire);
M. Griffon, industriel a Torfou (Maine-et-Loire),
sont elus a I'unanimit^ membres de la Society.
— Presentation de candidat :
M. Boutton Jean, proprietaire, 1 rue Menage, Angers, pre-
sents par M. Bordeaux-Montrieux et M. Bonneville.
L'ordre du jour etant epiiise, la stance est levSe k 4 heures.
Le Secretaire general,
D' P. SiGAUD,
— 112 -
L'aciditS des motits et des vins; ses variations
La d6sacidification
Par M. L. Morrau, membre tltulaire
L'acidit^ des mouts de raisin est constitute par le bitartrate
de potasse, I'acide tartrique libre, Tacide malique et quelques
autres acides, dont la presence est plus ou moins bien d^terminee,
comme les acides citrique, glycolique, etc. Lorsqu'on suit la
marche de la maturation, on voit, nous disent les auteurs,
I'acidit^ aller constamment en diminuant et cette diminution
serait due a la saturation de I'acide tartrique libre par la potasse
et k la combustion intracellulaire des acides organiques. Les
conditions qui influent sur la maturation influeront done sur
cette diminution de I'acidit^ et, au moment de la cueillette, les
raisins, suivant le terrain, I'exposition, le cepage, le porte-greffe,
suivant les conditions ext^rieures de temperature et d'humidite,
suivant qu'ils seront plus ou moins atteints par les maladies
(la pourriture en particulier), plus ou moins dessech^s sur place,
pr6senteront des acidites tres diff^rentes dans une meme annee
et d'une annee a une autre.
Pour notre region, et en particulier pour le Chenin blanc, bien
etudie, nous avons pu suivre, depuis quatre ans, ces variations
d'acidite dans les mouts et les vins, et les centaines d'^chan-
tillons que nous avons examines nous permettent de fixer
quelques points.
Voyons d'abord pour les mouts : si nous prenons deux annees
assez dissemblables, 1902 et 1904, nous trouvons, pour le bitar-
trate de potasse, i'acide tartrique libre, leur somme apres
conversion en acide sulfurique et leur proportion par rapport
a 100 de I'acidite totale, les chiffres consignes dans le tableau
suivant, qui nous permettent de connaitre, par difference, et
d'inscrire dans une derniere colonne la proportion centesimale des
ANNEES
1902
1904
ACIDITE TOTALE
en so* H*
Minim.
7,04
5,29
Maxim.
12,60
9,50
Moyen.
10,21
7,10
BITARTRATE
DE POTASSE
Mli>im.
3,5o
4,o3
Maxim.
7,o3
7,10
Moyen .
5,41
5,64
A. TARTRIQUE
LIBRE
Minim .
0,58
0,76
Maxim.
3,84
2,91
Moyen.
1,82
1,87
ANNEES
1902
1904
A. TARTRIQUE -\- BITART. A. TARTRIQUE + BITART
DE POTASSE (in so* H*)
Minim. Maxim.
2,
2,
5,58
5,01
Moyen.
4,01
4,15
0/0 dp: l' ACIDITE TOTALS
Minim.
21,9
36,1
Maxim.
59,9
82,7
Moyen.
39,8
60,1
PROPORTION
CENTESIMALE
des
autres acides
(A. malique)
6o,a
39,9
— 113 —
aulres acides. Lebitartratedepotasseet I'acide tartrique ont ete
dos4s parla methode de Berthelot et de Fleurieu, mais en laissant
plus de quarante-huit heures le mout avec le melange d'ether et
d'alcool ; les resultats sont exprimes en grammes, par litre.
D'apr^s <je tableau, on pent voir que, si Facidite totale varie
beaucoup d'une annee a une autre, le bitartrate et I'acide tar-
trique se retrouvent toujours, en moyenne, dans les memes
proportions, tout au moins leur somme ; les variations sont plus
accusees dans une raeme annee et tiennent surtout au mode
d'exploitation different, a I'epoque de la cueillette et a ce que,
dans certaines regions de I'Anjou, on laisse le raisin se couvrir
de pourriture noble, alors que, dans d'autres, on le recolte miir
sans exces ; les chiffres que nous donnons sont pour Fensemble
du departement. Par contre, les variations, d'une annee a une
autre, portent surtout sur les autres acides, en particulier I'acide
malique, comme le fait a deja et6 signale par plusieurs auteurs.
En resume, suivant I'annee, suivant les conditions dii milieu, les
moiits de raisin se presenteront avec des proportions de compo-
ses tartriques a peu.pres les memes et avec des quantites tres
differentes des autres acides, et en particulier de I'acide malique.
On sait que, pendant la fermentation, il y a production
d'acide succmique et d'acides volatils, provenant du travail et
de la vie de la levure, en quantites variables suivant I'espece de
levure et les conditions du milieu. Gependant, malgre cette pro-
duction, lorsqu'on analyse les vins, au premier ou au deuxieme
soutirage, on trouve une diminution deja assez sensible de
I'acidite totale. Quels sont les principes acides qui disparaissent
ou se modifient pendant cette premiere periode de la vie du vin?
Si on examine les chiffres du tableau ci-contre, on trouve que
Rl&COLTES
HOYBXNBS
1902
1904
ACIDITE
TOTALE
en so* H*
MoAt
io,o5
7,37
Vin
8,31
6,35
DIMIHUTIOH 0/0
dc racidit^
initiale
BITARTRATE
DE POTASSE
Moiit
18,3
i5,i
5,57
4,68
Vin
1,22
1,49
Differ,
4,35
3,19
ACIDE TARTRIQUE
LIBRE
Mcut
2,22
2,l5
Vin
1,85
2,01
Differ.
0,37
0,04
DIMINUTION 0/0
de
I'acidite initiale
due aux comp.
tartriques
35,1
22,7
9
cette diminution porte presque exclusivement sur le bitartrate
de potasse, qui s'msolubilise, aprds fermentation et refroidisse-
ment, dans le milieu devenu alcoolique. Cette diminution, qui
serait de 25,1 % de I'acidite initiale en 1902 et de 22,7 % en 1904,
n'est en realite que de 18,3 % en 1902 et de 15,1 % en 1904, parce
3u'il y a eu, par ailleurs, comme jel'indiquais plus haut, une cause
'augmentation due k I'acide succinique et aux acides volatils,
qui, en moyenne, s'elevaient par litre ^ gr. 417 en 1902,
— 114 —
gr. 419 en 1904, acidity exprim^e en acide sulfurique ; nous
aurons roccasion de revenip plus tard sur cette question des
acides volatils produits pendant la fermentation.
L'acidit^ du vin, qui est tombee de 15 ^ 20 % de ce qu'elle
6tait dans le mout, d'apres les chiffres ci-dessus, va-t-elle se
maintenir, sans changement appreciable, et — si des modifica-
tions doivent survenir- — dans quel sens vont-elles se produire et
quels seront les acides du vin qui vont varier?
Nos vins blancs conserves en barriques quelque temps ou mis
de bonne heure en bouteilles — ce qui est la r^gle — sont sujets
a des variations d'acidit^ assez grandes. Je suis depuis quatre
ans, pour differentes recoltes, ces variations et j'ai toujours
observe, a part quelques rares exceptions sur lesquelles je
reviendrai tout a 1 heure, une forte diminution de Tacidite des
vins, pouvant aller jusqu'a 45 % et plus de Tacidite totale du
vin prise au moment du premier soutirage.
»
DIMINUTION MOYENNE DE UACIDITE DANS LES ViNS
depuis le 1" soutirage jusqu'au 1" juln 1906
RECOLTES
ACiDiT^ TOTALE (en SO* H*)
DIFFERENCES
DIMINUTION 0/0
de
1" Soutirage
Juin 1906
I'acidit^ initiate
(1'' soutirage)
I9Q2
1903
1904
8,84
8,44
6,49
5,19
4,77
4,87
3.66
3,67.
1,63
4i,!2 0/0
43,4
24,9
L'acidite est toujours exprimee en acide sulfurique, en
grammes, par litre.
Cette desacidification se fait surtout sentir pendant la pre-
miere ann^e et pendant les premiers mois, comme on pourra le
voir dans le tableau ci-dessous pour la recolte 1902 ; les annees
suivantes, en effet, la desacidification est tr^s r^duite.
Acidite moyenne
(recolte 190a)
l«'ou2«
Soutirage
1904
8,84
5,94
DIMINUTION
ceDt6simaIe
da
1" soutirage
d 1904
32,8 0/0
1905
6,66
1906
5,19
DIMINUTION
0/Odel'acidit«
iDitiale
del904&i906
8,4 0/0
Pour ce tableau, comme pour les autres, les chiffres donnas
representent la moyenne de 25 a 30 ^chantillons de mofits ou de
vins par ann^e.
— 118 —
Ce n'est pas la premiere fois que cette diminution de Tacidit^
des vins a ete constatee. M. Ordonneau a montr^ (Bulletin de la
Soeiete chimique, n® 141, 1891, p. 241) que les vins blancs de
Vendee contenaient souvent plus d'acide malique que d'acide
tartrique et que cet acide disparaissait pendant le vieillissement
du vin. Dans un travail sur I'acide lactique dans les vins [Bevue
de viticulture, 1903, t. XIX, p. 505), M. Kayser a cite quelques
auteurs, MM. Kulisch, Muller-Thurgau, Wortmann, Schukov,
Koch, Seyfert, qui ont signale le fait et lui ont donne des inter-
pretations du meme ordre, sur lesquelles nous reviendrons tout
a I'heure.
Le fait 6tant constate, il nous reste a savoir sur quels acides
cette diminution porte et, en dernier lieu, de quelle nature est le
phenomene.
La diminution portant sur les composes tartriques (bitartrate,
acide tartrique) se fait sentir surtout, avons-nous dit, d^s le
debut ; si nous examinons, en effet, pour quelques echantillons,
les doses de bitartrate et d'acide tartrique libre, au deuxieme
soutirage et en 1906, nous trouvons qu'elles ont peu varie entre
ces deux epoques ; ils n'interviennent done que tres peu dans la
diminution totale observee.
BITARTRATE
2" Soutira:j[e
DE POTASSE
1S06
ACrDE TA
2' So iliragc
RTRIQUE
1906
Recolte igoa
— * 1903
1,22
2,09
1,02
1,63
^ 1.85
1,88
l,5i
1,68
On sait que, dans le vin, il se produit des ethers, et M. Berthe-
lot a montre que leur production etait en relation avec la plus ou
moins grande quantite d'acides et d'alcools. Cette etherification
est longue et M. Berthelot dit que les vins communs, du fait de
I'etherification, perdent, en deux ou trois ans, de un huitieme a
un sixieme de leur acidite. Les pertes que nous avons constatees
sont bien plus considerables et doivent tenir a une autre cause.
Si nous nous reportons a la composition des moilts, nous voyons
que la proportion des corps acides, autres que la creme de tartre
et I'acide tartrique, est assez variable d'une annee a une autre
et, d'autre part, que la diminution de I'acidit^ est en raison
directe de cette quantite d'acides ; en d'autres termes, plus la
proportion de ces acides — en particulier d'acide malique, qui
constitue la plus forte proportion de ces autres acides — est
grande, plus la desacidification, toutes choses egales d'ailleurs,
est considerable et inversement ; c'est ce que Ton pent deduire
des tableaux precedents. II semblerait done que ces acides, en
particulier I'acide malique, aillent constamment en diminuant :
1° dans le raisin, pendant la maturation, par suite, sans doute,
d'oxydation ou combustion intraoellulaire ; 2° plus tard, dans le
— 116 —
vin, par suite d'un autre ph^nom^ne qu'il nous reste maintenant
k pr^ciser. II en r^sulte que, quelle que soit I'annee, ou a peupres,
lorsque tous ces phenomenes s'accomplissent, les vins arrivent a
avoir des acidit^s relativement assez voisines ; en tout cas, les
disproportions 6normes qui pouvaient exister au moment de la
r^colte tendent k disparaltre et I'acide malique, en particulier,
lorsqu'il ne diminue pas pendant la maturation — il constitue
alors, k lui seul, plus de 50 & 60 % de I'acidit^ du mout —
diminue un pen plus tard dans le vin.
De quelle nature est le ph^nomdne et que devient Tacide
malique dans le vin?
Pour M. Ordonneau, c'est une fermentation sp6ciale, au
detriment de Tacide malique, donnant naissance a de I'acide
lactique et k de I'acide carbonique, d'apr^s la formule :
C* H« 0* = G» H» 0» + C 0>
A. malique. A. lactique -f A. carbonique.
Dans le travail de M. Kayser, que je citais plus haut, nous
voyons que M. Kulisch, en 1889, avait attribu6 a la levure la
fermentation une fois achev^e, un certain role dans cette dispa-
rition des acides ; M. Wortmann I'expliquait par les phenomenes
d'autophagie de la levure ; Schukow demontra que les differents
acides organiques etaient plus ou moins rapidement brules par
la levure et que I'acide citrique 6tait le plus facile a d^truire.
A c6t6 de la levure, comme le pressentait deja, en 1891,
M. Muller-Thurgau, il pent y avoir des microbes destructeurs
d'acides et M. Koch,"le premier, isola des bacteries aptes k
diminuer I'acidite des vins ; il constata des diminutions pliant
jusqu'^ 60 % de I'acide malique present. M. Seyfert a isole des
microbes (micrococcus malolacticus) analogues k ceux de Koch,
de vins dont I'acidite avait beaucoup diminue ; il constata des
diminutions allant jusqu'a 44,2 % de I'acidite initiale. Les pro-
duits de la fermentation de I'acide malique seraient I'acide lac-
tique et I'acide carbonique, d'apres la formule precedente, et
aussi, en moindre quantite, de I'acide acetique. On trouve de
I'acide lactique dans les vins provenant de fermentations mala-
dives, comme la fermentation mannitique. MuUer en signala la
presence dans des vins d'Algerie, en 1896, et Kunz dans beau-
coup de vins, vers 1900.
II resulte, de ce resume analytique de differents travaux fait
par M. Kayser et de ses etudes ^galement, que des causes assez
diverses peuvent intervenir dans cette diminution des acides du
vin. Les recherches que nous avons pu faire, au laboratoire, sur
nos vins de Chenin blanc confirment quelques-uns des resultats
obtenus par ces differents auteurs. Quant k la nature du phe-
nom^ne, elle semble bien etre microbienne.
Les ph^nom^nes purement chimiques — et je reviens sur ce
que j 'avals cru tout d'abord {Bulletin de la Station (Bnologique de
Maine-et-Loire, 1903-1904,' t. 11)^ — ne s'accomplissent pas si
vite et avec autant d'intensit^ et la marcbe de cette diminution
- 117 —
dans les vins a bien plutot Failure d'une fermentation, sous
Tinfluence soit des levures, soit des microbes.
Nous avons pris des vins de 1903 et de 1904 que nous avons
mis en bouteilles, puis divises en trois lots ; Tun a ete pasteurise,
I'autre etait le temoin et le troisieme, dans la crainte que le vin
ne renfermat pas de microorganismes desacidifiants, fut addi-
tionne d'une petite quantite d'un autre vin dans lequel la dimi-
nution d'acidite s'etait operee. Ges vins, mis en cave, ont ete
examines un an plus tard ; voici les resultats obtenus :
ACIDITE
ACIDITE T0TAL1E
D^MINUTI0^
de
L'ACIDITE TOTALE
f 0/0
VINS
TOTALE
au 15 juln 1905
ea 1906
T^raoin
INITIALE
Ensem.
•►. ^^ —
Pasteur.
Enscm.
Pasteur.
Temoin
I
8,o3
4>99
7,84 ,
5,29
37,8
2.3
34,1
2
8,i3
5,3()
8,i3
8,i3
33,7
3
6,76
5,09
6,37
5,29
24,7
5,7 .
21,7
VINS
I
2
3
ACIDITE VOLATILE
Ensem.
»
o,558
»
Pasteur. Temoin
0,267
0,339
))
0,291
0,291
»
BITARTRATE
DE POTASSIS
En?em .
Pasteur.
Temoin
2,01
2,01
2,16
2,53
2,38
2,46
»
»
»
ACIDE TARTBIQUE
LlBtlE
Ensem .
Pasteur.
T6moin
0,673
1,40
0,450
0,693
1,72
1, 41
»
]!>
»
De ces chiffres, il semble bien resulter que cette desacidifica-
tion est de nature mierobienne ; les differences entre les deux
lots (ensemence et temoin) et le pasteurise sont assez nettes >
r augmentation de I'acidite volatile en serait une nouvelle
preuve. De plus, en comparant ces chiffres a I'acidite initiale, on
geut faire la part du phenomene chimique. Enfm, on voit que le
itartrate de potasse n'a pas varie ; Tacide tartrique, de son
cote, a subi quelques variations ; il se pent done qu'il soit, lui
aussi/ ce qui n'a rien d'etonnant, la proie des ferments. La dimi-
nution resultant de cette fermentation de I'acide tartrique est
loin d'expUquer la diminution totale ; ce sont done les autres
corps acides du vin qui ont pris part au phenomene. La vitalite
de ces germes ou tout au moins leur activite ne semble pas de
longue duree, car, apres un an ou deux, lorsqu'on veut ense-
mencer un vin acide avec le depot d'un vin qui a subi une forte
desacidification precedemment, on n'obtient parfois aucun
resultat ; cela peut tenir aussi a ce que le milieu ne leur est pas
favorable. En effet, comme je I'indiquais au debut de ce travail,
nous n'avons constate parfois aucune diminution d'acidite sur
— 118 — -
certains de nos vins blancs et nous avons remarque toujours que
ces vins — le fait a ^te verifie plusieurs annees de suite — nous
avaient ete fournis par des proprietaires qui, par de nombreux
soutirages et collages, eliminent les ferments ou bien qui mechent
assez dur et sou vent.
Tons ces faits concourent a montrer la nature microbienne du
phenomene.
Lorsqu'on examine les vins au microscope, on trouve toujours,
k cote des levures, des ferments semblables aux ferments de la
pousse ou de la tourne, nombreux dans les vins qui ont subi une
forte desacidification, beaucoup plus rares et meme absents
dans les autres. La maladie de la pousse se fait au detriment des
composes tartriques du vin ; il ne semble pas ici qu'ils soient
particulierement atteints. M. A. Gauther distingue la tourne de
la pousse et trouve dans le vin tourn^ de I'acide acetique, de
I'acide tartronique et de Tacide lactique.
II doit evidemment y avoir, entre tous ces faits, des relations
etroites, et les divergences entre les auteurs, au sujet des mala-
dies des vins et des modifier tions apportees dans ce milieu
complexe, arriveront certainement un jour par s'expliquer,
lorsque la biologic de ces ferments sera mieux connue et que les
procedes de dosages des acides organiques seront plus rigoureux.
II nous reste, pour completer ce travail, a isoler les ferments
trouv^s dans nos vins, a les cultiver en culture pure et voir s'ils
sont bien des microbes desacidifiants, sur quels acides du vin ils
portent leur action et quels sont les conditions de leur deve-
loppement.
*
Que cette desacidification soit un phenomene microbien ou
chimique ou les deux a la fois, qu'elle porte sur I'ensemble ou
sur quelqaes-uns des corps acides du vin, ce qu'il importe de
savoir maintenant ce sont les consequences qui vont en resul-
'ter pour le vin et ce que devra faire le viticulteur?
Et d'abord, ce que nous avons constate pour le vin blanc de
notre region peut-il s'appliquer aux vins des autres regions?
Sans vouloir trop generaliser encore, je crois pouvoir repondre
oui. C'est ce qui resulte des autres travaux cites plus haut et de
certaines observations que j'ai pu faire sur des vins de cepages
differents, provenant de notre region et de celles environnantes.
La diminution de I'acidite des vins verts est pour ces vins un
facteur d'amelioration important ; par contre, si elle venait a se
produire sur des vins peu acides, elle pourrait etrQ nuisible a la
conservation de ces vins. Or, nous avons vu que cette desacidifi-
cation porte sur I'acide malique, d'apres la plupart des auteurs,
et que cet acide malique se trouve en proportion d'autant
mdindre sur Tensemble des autres acides que le raisin est plus
mur. II en resulte quo, dans les vins ou cette diminution serait le
plus a craindre — cas des vins peu acides — la desacidification
est relativement peu considerable, par suite de la moins grande
— 119 — .
quantity d'acide malique ; un equilibre tend, done sans cesse k
s etablir entre les acidites des vins de diff^rentes annees. Cepeh-
dant, nous avons eu des vins de 1904, peu acides au premier
soutirage, 5 gr. 1 par litre environ, qui, par suite de ces fermen-
tations, sont tomb^s, en 1906, a 3 gr. oO ; quantite juste suffi-
sante pour leur conservation. II semblerait done en resulter que
le vitieulteur devra favoriser les fermentations dans les annees
ou le vin est tr^s. aeide- et s'en preserver dans le eas eontraire,
bien que soUvent la force des choses le mette a Tabri d'une dimi-
nution trop grande dans ce dernier eas*
Une autre consequence a tirer de ces faits, e'est que la d^saci-
difieation de^ vins, a Taide de tartrate neutre de potasse, de
potasse caus|ique, produits souvent employes par les vitieul-
teurs, ne devra se faire qu'avee beaucoup de prudence et pn
tenant compte de tout ce que nous avons dit. On s'exposerait —
et eela nous est arriv^ dans des essais — en desacidifiant trop, k
voir plus tard les vins trop verts au debut manquer d'acidit^.
Les produits d^sacidiflants ne devront etre employes qu'en
petite quantity, surtout si le vin doit etre conserve un certain
temps ; au eontraire, si le vin doit etre consomm^ de suite, si on
se met a I'abri des ferments, par les soins apportes au vin, on
pourra en augmenter legerement la dose. Pour favoriser le tra-
vail des ferments, dans les annees ou leur role est utile, le vitieul-
teur ne devra pas hater les soutirages et ne pas mecher trop
fortement ; mais e'est la un conseirqui pent paraitre dangereux,
car beaucoup de proprietaires ont deja tendance a negliger leur
vin et, d' autre part, on favoriserait ainsi le developpement des
ferments de maladie ; e'est 1^, en somme, une arme a deux
tranchants qu'il faut savoir bien manier. II est vrai que, je me
hate de le dire, tout au moins pour notre region, ce proeede de
vinifieation ne pourrait etre appliqu^ que dans certaines annees
oii le raisin blanc n'arrive pas a maturite et oii, par consequent,
la proportion d'acide malique est trop considerable. Pour les
raisins rouges, en effet, qui murissent toujours dans notre pays
et donnent, par consequent, des vins peu acides, pour les raisins
blanes qui, par suite de leur exposition et de differents soins de
culture, arrivent tons les ans a maturite, pour tons les autres,
dans les annees chaudes, la proportion d'acides n'est pas trop
considerable et il n'y a pas lieu de favoriser la desacidifieation, il
y aurait plutot lieu, au eontraire, de I'entraver.
Si je ne eraignais de multiplier les chiffres, je pourrais encore,
en donner se rapportant aux vins rouges et aux vins blanes peu
acides et Ton pourrait constater que la desacidifieation est peu
sensible sur ces vins. En effet, le microbe ne suffit pas k lui seul,
il lui faut le milieu ; or, pour le eas present : 1° I'acide malique,
produit k transformer, se trouve en faible quantite ; 2® les vins
peu acides, 6tant g^neralement plus aleooliques, I'aleool pent
gener revolution des ferments. Pour tous ces motifs, les vins
faiblement acides, dans la majorite des eas, se desaeidifieront
peu.
. - 120 -
En somme, il n'y a rien a changer, je crois, aux soins ordinaires
a donner aux vins, il restera toujours assez de ferments, malgre
les soins que I'on donne, pour amener ces modifications et il
serait dangereux, pour d'autres motifs, de se negliger de ce cote
— le mieux pouvant ^tre Vennemi du bien.
Reste une derniere question : c'est celle de la pasteurisation.
Elle a ete, je crois, agitee dernierement au Congres de Rome et
M. le D' Kulisch, de Colmar, ayant reeonnu les avantages de la
desacidification pour les vins alsaciens, s'eleve contre la pas-
teurisation.
Pour lui, « la pasteurisation, etant un conservateur del Taci-
dite, n'est intdressante, a ce litre, que dans le cas ou Ton considere
comme avantageuse I'addition d'eau sucree » , le sucre masquant
I'acidite elevee de ces vins. M. le D"^ Kulisch, en somme, envisage
surtout la pasteurisation des mouts et ne I'envisage que sous le
seul aspect de la destruction des ferments desacidifiants. Elle se
presente cependant avec beaucoup d'avantages dans de nom-
breux autres cas. Je n'ai pas examme la question, pour le mout
pasteurise — on pourrait toujours, s'il y a avantage a chauffer
les mouts, ensemencer non seulement 3es levures pures, mais
encore des bacteries desacidifiantes — mais je puis dire que le
chauffage applique, non plus aux mouts, mais aux vins, peut ne
pas avoir d 'inconvenient, au point de vue de la desacidification
pour les i^ins de notre region, et cela pour les motifs que j'ai deja
indiques tout a I'heure et que je resume en terminant. D'abord,
nous mettons de cote tous nos vins rouges, gendralement jpeu acides
et qui n'ont pas besoin d'etre ddsacidifies; pour eux, la pasteurisa-
tion sera sans danger et, comme ils sont sujets a d'autres maladies,
bien plus graves qu'un exces d'acidite, la pasteurisation leur est
utile et parfois meme indispensable. Pour les vins blancs, pour
tous ceux qui sont peu acides et qui, par consequent, n'ont rien
a gagner a la desacidification — a moins que la presence d'acide
lactique dans les vins soit un agent d'amelioration? — la pas-
teurisation — en se plagant au seul point de vue qui nous occupe
actuellement — ne leur sera pas nuisible et pourra meme leur
etre utile. Res tent done les vins blancs acides provenant de
raisins incompletement murs ; pour ceux-la, la desacidification
est utile, mais, comme elle se produit gdneralement dans I'annee
meme qui suit la rdcolte, au debut des chaleurs, la pasteurisation
pourra leur etre appliquee plus tard si on I'a reconnue necessaire
par ailleurs.
Je crois que, ces temps derniers, on a plus ou moins fait des
enquetes sur cette question de la desacidification des vins ;
peut-etrc saurons-nous bientot ce qu'en pensent les oenologues.
— 121 —
De la crise viticole
(suite)
Du droit du bouilleur de cru au vinage
Par M. SuAUDEAU, bibliothecaire
Si la chaptalisation a ouvert la porte de la fraude, sans se mon-
trer hostile k ce procede, Ton peut dire que Ton s'est vite apergu
quelle sucrage a ^te plus nuisible a la vente de nos vins qu'utile a
leur amelioration ; par suite, que demande en realite, la plus
grande majority des viticulteurs comme devant avoir sa part
dans le remede k la^crise, fait de Tabus du sucre. La viticulture,
dans son agonie, demande que les pouvoirs publics revisent le
regime des boissons, comme ne repondant plus aux exigences
actuelles, et qu'ils mettent un terme aux fabrications clandes-
tines. Qu'ils ne laissent pas circuler sous le nom de vin des pro-
duits qui, le plus souvent, ne contiennent aucun atome du jus de
la plante chere a Bacchus. Que I'Etat, en un mot, arrete le mal ;
c'est son role, comme celui du gendarme est d'arreter le voleur.
Voila ce que la viticulture reclame d'une part ; et, remede non
moins efficace, que Ton detaxe k leur tour les eaux-de-vie de vin,
que Ton autorise le vinage, qu'on le controle, ces deux opera-
tions devant assurer au march^ une clientele serieuse ; enfin, que
par une taxe differentielle Ton demarque les limites de I'alcool de
bouche d'avec celui d'industrie ; sauf, comme juste compensa-
tion, a ouvrir a ce dernier de noiiveaux debouches, qui I'utilise-
raient a son tour ; ce qui, d'autre part, assurerait la loyaute des
ventes, debarrasserait le marche des petits vins, et,en conservant
k nos crus leur denomination propre, assurerait le monopole de
leur placement, cette marchandise etant d'essence frangaise.
Cette reforme geminee, du regime de I'alcool et de celui du
Sucre, permettrait, non seulement pour I'alcool de bouche, la
conquete du marche, supplante qu'il est a I'heure actuelle par
I'alcool d'industrie et le sucre de betterave, depuis la periode
phylloxerique ; mais encore, en assurerait la suprematie, rien
n'etant superieur a nos Cognac, Armagnac et ne pouvant les
egaler dans leur purete.
L'on est alle au plus presse, c'est vrai, en retablissant ce que
Ton se plait a appeler un privilege, pour liquider la situation.
Cette liberte de la distillation est encore incomplete. Ce retablis-
sement qui a donne au bouilleur de cru une legitime satisfaction
par la reconnaissance de son droit, limite encore sa liberte de
producteur, et, dans cot etat, reste sans grande consequence pour
la viticulture. Ce qu'il faut c'est que : comme le charbonnier, le
viticulteur soit maitre chez lui.
— 122 —
Qu'est-ce done que ce privilege, qui sonne si mal aux oreilles de
nos l^giferanls, sinon le droit de transformer son vin en alcool?
Ou est la liberte,si Fon n'apas le droit de fairechez soi ce que Ton
veut de sa recolte, quitte plus tard a se soumettre aux lois si Ton
dispose de son produit ? Ce droit n'a-t-il pas ^te consacre
par Tart. 546 du Code civil ; une loi de 1837 n'a-t-elle pas deter-
mine d'une fa^onparfaite ce privilege PPourquoi, dans un pays de
democratic comme le notre, ces differences de traitements, et
fouler ainsi aux pieds les principes d'egalite ; ce, au profit d'une
minorite ? Ce phenom^ne s'explique par ce fait que ce sont de
gros capitalistes, politiciens influents, qui detiennent le monopole
du Sucre, tandis que la culture de la vigne n'est detenue que par
des propriet aires, petits ou grands, qui n'ont^pas su faire tenir en
equilibre les deux plateaux de la balance, et au besoin payer des
faveurs qui s'acquierent.
Tout vigneron qui tire de I'alcool de son marc ou transforme
son vin en eau-de-vie, le fait sans denaturer sa recolte et n'obtient
en fin de compte que la propriete d'un produit nouveau, comple-
ment de celle-ci, a Finstar du cultivateur qui apres le battage et
le nettoyage de son froment en tire de la farine. Est-ce un privi-
lege que de faire de son ble farine?
De son marc ou de son vin en extraire ce qu'ils peuvent conte-
nir , ne pent en etre un , non plus ; pourquoi ne pas vouloir
traiter le vin comme toutes autres denrees ; la distillation n'est-elle
pas le corollaire de la production ; ne pas reconnaitre le libre
exercice de ce droit, n'est-ce pas fausser les lois economiques ?
A qui la viticulture est-elle redevable du sucrage ? aux gens du
Nord ; a qui est-elle redevable de la suppression de son droit ?
aux memes. Pour quelle cause ? Pour leur faciliter le place-
ment de leur produits ainsi que I'accaparement du marche des
. alcools, du monopole de Talcoolisation, par la distillation de leurs
betteraves, mais, melasses, etc.
Sans montrer ici, en ma qualite d'Angevin, beaucoup d'entrain
pour le vinage comme pour la chaptalisation, il faut pourtant,
vu I'etat actuel des choses, admettre cette premiere operation ;
ce voeu semblant general et juste au fond, tant que Talcool-sucre
sera autorise par le sucrage ; mais au profit du proprietaire seul,
comme correctif. Peut-il en etre autrement ? Ton empecherait le
vinage k la propriete, tandis qu'il est autorise partout ailleurs
et qu'il s'effectue avec de I'alcool de betteraves. Autoriser le
vinage par le sucre et le defendre par I'alcool du cru, est faire
preuve d'injustice criante, c'est encourager la fraude, soutenir la
mevente, enrichir les uns , miner les autres ; toutes choses qui
n'ont jamais passe pour maximes de bonne administration. Le
vinage, bien qu'il ne donne aucune qualite aux petits vins,
auxquels il enleverait plutot leur fruite et leur fraicheur, ne peut
etre, au surplus, avantageux que pour ceux qui manquent de
tenue ; il n'y a pas d'argument serieux contre son emploi, limite
qu'il sera ; et lorsque surtout par I'alambic ce procede a I'avantage
ce faire disparaitre les vins de peu de valeur. Dans les mauvaises
annees le vinage a sa place comme le sucrage.
— 123 —
*
Avec le vinage jusqu'a 10 et 12® le r^coltant pourra conserver
son vin, et le sucrage clandestin disparaitra ; mais il ne faut pas
qu'a son tour il aide au mouillage.
L'addition d'alcool au mout est favorable lorsque la vendange
est atteinte du Botytris ou pourriture grise , fait qui se presente
malheureusement trop souvent maintenant. G'est un des-
tructeur certain de cette cryptogame et un preservateur. Le
vinage ameliore les vins, en assurela conservation, et la duree ;
cette operation est meme utile et le consommateur en profite ;
puis, en dehors de son action directe, I'alcool desacidifie le vin,
en augmente la couleur et de cette fagon permet d'^viter les
pratiques nuisibles qui tendent a lui en donner.
Le vinage, a dit le baron Thenard, membre de I'lnstitut, est
favorable a I'hygiene, parce qu'en favorisant I'emploi du vin et
en fournissant de I'alcool dilue, il empeche Tabus de I'eau-de-vie,
qui enerve et abrutit, par suite de sa concentration.
J'ajouterai a ce temoignage celui de Pasteur. L'alcool, dit-il,
est un des ennemis des parasites du vin. Tout vin qui renferme
10 a 12 % d'alcool, et dans lequel le parasite de I'amertume se
developpe facilement, ne pourra plus que trds difficilement faire
vivre cette cryptogame, si Ton a porte sa proportion a 13, 14 et
15®, tons les autres elements restant pourtant les memes.
L' Academic de Medecine, appelee en 1851, lors de I'enquete
sur les boissons, par M. le Ministre de I'Agriculture et du Com-
merce, k formuler son avis, declara que le vinage avec les 3 /6 de
vin, et dans des limites telles que le titre alcoolique des vins ne
depasse 10 % etait une operation, qui n'exposait a aucun danger,
la sante des consommateurs.
De son cote, le Comite consultatif d'hygiene avait vote les
conclusions suivantes : Le vinage est une operation licite, consa-
cree d'ancienne date ; l'addition d'alcool au vin n'est pas nuisible
a la sante des consommateurs, pourvu qu'elle soit pratiqu^e avec
des alcools de bonne qualite, et sans exagerer outre mesure la
richesse alcoolique des vins. II ajoute meme que le vinage est une
operation souvent utile, quelquefois indispensable ^ la conserva-
tion et au transport d'un grand nombre de vins ; ce qui est con-
forme a la verite.
Aussi ancien que I'art de distiller le vin, le vinage resta libre en
France, tant que Ton distilla seulement du vin. Venant de cette
source il ne pouvait y avoir pretexte a crainte hygienique, ni
reproche d'adulteration ; de plus la production en etait limitee.
En 1852, a la faveur d'une premiere crise viticole, due a I'oidium,
I'alcool d'industrie prit son essor. A partir de cette annee,
1 'agriculture du Nord doublant ses etapes et sa progression deve-
nant constante, sa production arriva vite a depasser celle de
I'eau-de-vie de vin, et Ton peut dire que de cette epoque date son
introduction dans le commerce. Mais son melange avec les eaux-
de-vie de vin, inspirant des c|*aintes aux hygienistes, ou plutot
par mesure budgetaire, I'Etat ne tarda pas a frapper I'alcool de
droits eleves, ce qui en arreta I'emploi, et par ce fait le vinage.
- 124 —
Les lois du 14 aout 1889 et du 11 juillet 1891 ne fixent cepen-
dant pas de homes au vinage ; il n'y a pas, en effet, de limite
legale ; ce qui seul est prohibe c'est un vinage immodere depas-
sant 2 % ; cette tolerance, eh somme, n'avait d'autre but que de
fortifier et de conserver les vins faibles du recoltant et non de lui
permettre de se livrer k la speculation. Le vinage suivi du mouil-
lage etait considere avec juste raison, des cette epoque, comnie
une veritable falsification, et c'est ce qu'il y avait a attendre en
ne limitant pas le nombrededegres. Aussi, cette limitation k2^lo
pour les vins du marche interieur, depourvus d'acides et de
tannin, conservant du sucre fermente, lesquels, par ce fait, ont le
plus grand besoin d'alcool, etait-elle admise pour le recoltant
seul, en franchise,. sous I'ceil plus ou moins bienveillant de la
Regie, mais sans prise de charge, ce qui etait accepte ?
jusqu'en- 1872, aucune distinction legale n'existait entre les
deux produits ; c'est en cette ann^e qu'une loi etabhtlaprenniere
demarcation entre I'alcool de betterave et I'alcool de vin ; difffe-
rencies par des acquits sous le lien desquels ils circulaient. C'est
alors que, la crise phylloxerique venant a tarir la source des
eaux-de-vie, celle-ci. ouvrit la porte toute grande a I'alcool
d'industrie. C'est en 1875, par suite, que, pour s'opposer a la
marche envahissante de cette derniere et pour sauvegarder
I'alcool de bouche, par un beau geste qui n'echappa pas a nos
adversaires, les Pouvoirs publics eurent recours au privilege des
Bouilleurs de cru, comme si ce fait de briiler son vin etait un
privilege ; mais que dit cette loi ? Elle accorde au proprietaire le
droit de distiller une partie de sa vendange et de se servir de
I'alcool obtenu pour viner I'autre. C'etait done reconnaitre le
droit de vinage en franchise, mais limite au recoltant utilisant sa
recolte. A cette epoque, cela semblait contenter tout le monde ;
le recoltant distillait ses vins, vendait son eau-de-vie en son
temps, suivant les cours, vidait sa cave a son heure, pour loger
la recolte nouvelle, sans compromettre ses interets ; mais il avait
a compter avec les distilleries croissantes du Nord, dont les
consuls veillaient. .
« Perissent toutes les industries, pourvu que celle de la bette-
rave soit sauve » , criait-on dans le Nord. « Sus aux bruleurs,
eux seuls fraudent le Tresor » , tel etait le mot d'ordre. Et jour-
naux et hommes politiques en quete d'equilibre budgetaire de
crier, a cette epoque, « haro » sur la malheureuse vigne, bien
innocente de la chose, et de chercher, par de nouvelles imposi-
tions, a lui faire payer ce crime imaginaire. C'est ainsi que nos
adversaires, les Betteraviers, pour les appeler par leur nom,
desireux de se creer par le sucrage des debouches et, par la sup-
pression du privilege des bouilleurs de cru, de se faire attribuer
le monopole de la fabrication de ^alcool, ont pu arriver a leurs
fins et ainsi fausser I'opinion publique.
Agissant done par la presse, , ces industries, comprenant
autrement mieux leurs interets que nous les notres, sachant se
raunir, s'organiser pour la defense de leurs produits, sucre et
— 125 —
alcool, ont repr^sent^ les bouilleurs de cru comme causant un
grave prejudice au Tresor, rejetant sur eux seuls la contrebande
des alcools.
C'esl de la sorte que ces professeurs de morale, oubliant, pour
les besoins de leur cause sans doute, la parabole de la poutre et de
la paille de I'Evangile, sous pretexte de fraudes imaginaires,
prejudiciables au Tresor, font voter cette loi du 21 juillet 1894,
qui interdit Valcoolisation, et celles de 1900 et du 31 mars 1903,
qui, apres avoir mis des entraves serieuses et vexatoires a la
distillation, la rendent pratiquement impossible. Par ce moyen,
le monopole de la distillation reste en leur possession. Effective-
ment, cette modification au regime des bouilleurs de cru, si
malheureusement arrachee au Parlement, acheva d'arreter la
production de I'alcool de vin ; et, dans le Midi, en 1900 et 1901,
annee de grosses recoltes, elle eut pour effet de laisser tomber le
vin a vil prix ; tandis qu'en 1875, annee de la plus grande pro-
duction du siecle, la distillation avait sauve le pays de la crise.
En 1875, le vinage, autorise et pratique en franchise, la moitie
des vins furent bruits pour viner I'autre.
Aujourd'hui, par suite de la restitution, de ce droit, Ton pent
dire que I'interim de I'alcool d'industrie est fmi. En ce cas, le
titulaire revenu, c'est a I'interimaire de sortir, de lui ceder la
place ; aussi allons-nous entendre ses imprecations, car son depart
a' est pas volontaire, et si, force, il deguerpit, ce n'est que dans
I'espoir d'un prom.pt retour.
En arretant la distillation des vins a la propriete. Ton a ainsi
force le producteur a vendre a n'importe quel prix sa recolte et
amene sur le marche cette baisse generale, qui s'est traduite,
pour la viticulture, en une perte evaluee a plus de 250 millions
par an ; et cela pour empecher la fraude, qui s'efTectuait sous le
convert des bouilleurs de cru, clamaient les Betteraviers ; non-
sens economique voulu, si je puis m'exprimer ainsi, chose
inexacte : car les bons vins sont solidaires des mauvais ; avec les
niauvais vins travailles, qui n'ont pu avoir les honneurs de la
chaudiei e, ceux do qualite, entraines dans le gouffre, y sombrent ;
avec le ^out du bon vin disparu, se developpe la pratique de la
fraude, plus dangereuse que Textension de la production.
D'autre part, en so servant des documents officiels, Ton voitque
I'Etat n'a pas ete, de son cote non plus tres heureux dans cette
operation ; en eff(.*t, la consommation de I'alcool, qui, en 1890,
etait evaluee a 4^35 par tete d'habitant ; qui, en 1895, reste
a 4^07; en 1900, a WQ\ se voit reduite, en 1901, ann^e d'applica-
tion de la loi, a 3^52; en 1902, a 3^26; en 1903, a 3^54; eten 1904,
a 3^89. Ce qui force a constater que cette surveillance des bouil-
leurs de cru, avec sa forme vexatoire, a mis le Tresor en deficit et
lui a fait perdre, par defaut de recettes, bien des millions, qui
etaient appeles a figurer plus avantageusement sur les feuilles de
son budget. Ce fait prouverait que I'Etat s'est fourvoye en
donnant satisfaction aux appetits de nos adversaires et expli-
querait la part qu'il vient de prendre au retablissement de notre
— 126 --
droit. Ce qui porte k conclure qu'il y a lieu d'elargir Femploi de
Talcool de vin en franchise et de laisser au recoltant , sous le
couvert d'une surveillance pratique et acceptable, la libre dispo-
sition de ses produits distilles.
Sous le coup de ces lois sur le sucrage et I'alcoolisation, il est
difficile, sans une modification radicale, de solutionner la crise
actuelle ; ces deux questions, sucrage et vinage, etant connexes,
je puis dire inseparables Tune de Tautre. En restituant au bouil-
leur de cru son droit, Ton a semble reconnaitre le role que la
distillation a joue dans les crises precedentes, mais il reste a
rend re pratique cette vanne de surete.
« II y a trop de vins en France » , se plait-on k dire, et Techo de
le repeter. La souris de cette montagne est qu'il est enfante trop de
« mauvais vins» , que ces vins mal constitues, prives'des leur bas
age du secours de la distillation, arrivent par suite mal prepares
a la vente et, comme tels, deviennent la proie facile du falsifica-
teur. Bref, le recoltant, prive du droit qu'il avait de verser dans
sa vendange I'alcool qu'il en tirait d une partie, ne pouvant
vendre lucrativement I'autre, s'abstient de distiller et, de cette
fagon, laisse s'engorger le marche, la vente de son vin s'offrant a
lui encore camme le meilleur debouche, et Dieu sait si, pour lui,
ce debouche est lucratif 1
L'obterition d'un hectolitre d'alcool de bouche exige en
moyenne 12 hectoHtres de vin ^ 8° ; le cours de I'hectolitre ^ 86°
se trouvant, depuis 1901, a osciller entre 25 et 35 francs, les frais
de fabrication evalues a un franc par hecto, si Ton prend le chiffre
de 35 francs comme prix. Ton etablit I'equation suivante :
35 fr. — 12 fr. = 23 fr., representant la valeur de 12 hectolitres
de vin distille et faisant repartir le prix de Thectolitre distille
a 23 fr. : 12, soit 1 fr.' 90. Ce qui demontre que le recoltant, en
I'espece, a plus d'interet a vendre son vin, ne vaudrait-il que
3 francs I'hectolitre, que de courir les ennuis et les risques de la
distillation. Quant aux distillateurs de profession, ceux-ci, de
leur cote, ne pouvant lutter contre les aloools d'industrie, tels
qu'ils sont cotes a la Bourse de Paris, s'abstiennent egalement,
sachant que, si un hectolitre d'alcool necessite I'emploi de
12 hectolitres de vin a 8° ou 14 hectoHtres a 7°, le produit de la
distillation, a ces cours, ne les couvrira pas du prix d'achat du
vin, non plus que de leurs frais ; en sorte qu'ils cherchent encore
moins, a distiller, a rarefier, par ce mode operatoire, le marche de
ces vins, qui, echappant de la sorte a la chaudidre, deviennent la
proie du commerce des « mauvais vins » et, par le fait, le
triomphe des chimistes. N'oublions pas qu'eux aussi prennent
leur part dans la desorganisation du marche, en ruinant, par leur
therapeutique, le commerce serieux, auquel ils opposent ces
vendeurs marrons, dont ils encouragent I'oeuvre mauvaise, et en
j etant de cette fagon, par la disparition des bons vins, le discre-
dit sur le renom du pays.
Avec la loi de 1903 sur les sucres, jamais Ton n'atteindrale
sucrage clandestin ; alors ce sera la plethore permanente, I'entas-
— 127 —
sement d'Ossa sur P^lion ; la distillation apparait done comme
un remede, et s'impose par sa necessite ; mats, pour que son effet
soit sensible, il faut la rendre possible, surtout pratique, et telle
qu'elle existe aujourd'hui,ellereste inapplicable ; en effet, au lieu
d'interesser le recoltant, par le benefice que lui procurerait
I'emploi de son eau-de-vie ; le marche, par Tarret de la con-
sommation des vins de mauvaise qualite. Tun comme I'autre se
trouvent reduits k Tindifference, tant par les mesures vexa-
toires qui les entourent, que par la concurrence terrible des pro-
duits du Nord. Quant a nos adversaires, ^u lieu de se rendre a
r^vidence, dans leur depit, ils objectent que si chaque hectolitre
d'alcool de vin represente 12 hectolitres de vin a 8°, on 14 hecto-
litre de vin a 7°, ces 12 ou 14 hectolitres de vin, seront remplaces
par 14 hectolitres d'eau, d'ou la fraude constante. Ici, la reponse
est peremptoire. Le recoltant n'ayant aucun interet a distiller
pour la vente de son alcool-vin a vil prix, tandis que dans sa ven-
dange I'alcool qu'il y versera prendrait tout au moins la valeur du
degre alcool-sucre, ne distillera non pour la vente de son eau-de-
vie, mais pour la vente de son vin ; or, il n'aura garde d'aider, de
son chef, a la surproduction par ce nouveau mode de falsification
qui lui couterait plus cher qu'il ne lui rapporterait. Meme si, par
hasard. Ton emploie Talcool a fabriquerdu vin pour lemouillage,
tout au plus arriverait-on a retabhr, sans I'augmenter, le stock
diminue par la distillation, tellement la chose est pen pratique.
Au surplus, la valeur de nos vins, sauf chez le mastroquet, ne
depend pas de son titre alcoolique seul ; si, contrairement, les
petits vins de plaine de 7 a 8<^ se trouvent bien d'un vinage, qui
eleve en certaines anneos leur titre alcoolique ordinaire, de 1 a
2° .%, pourquoi ne pas s'y prefer ? Son proprietaire n'ignore pas
qu'une plus forte dose d'alcool le brille et le desorganise ; lui-
meme sera son propre juge. Si, d'autre part, aux vins de 10 a 11 «,
il leur faut 2 % d'alcool pour leur permettre de devenir des vins
de coupage, pourquoi encore ne pas les y aider ; pour eux cette
amelioration leur profitera plus qu'aux vins de plaine, et leur
permettra de remplacer ceux d'Espagne, dont se sert le com-
merce a cet effet. Tous les vins, par ce moyen, arrivant de la
sorte a leur degre d'utilisation, pourquoi vouloir que Ton tento a
I'alcoolisation de I'eau sucree ; en tout cas, ce procede ne pourrait
etre pratique et profitable que par I'emploi de I'alcool d'indus-
trie ; la fraude ne serait done pas imputable au recoltant. Situa-
tion etrange ; alcoolisation avec le sucre permise et defendue
avec le produit du raisin ; ou est la regie ? oii est le principe ?
L'ltalie, I'Espagne, I'Allemagne ont, sur ce sujet, rendu la
main ; ces pays jouissent d'un regime liberal ; chez eux le vinage
est libre et illimite ; surtout en Espagne ou il se pratique avec de
I'alpool allemand, dans de larges proportions.
En examinant leurs tarifs, Ton voit leurs vins tou jours en
bonne place et ne pas servir, comme chez nous, de ranron a toutes
concessions faites en nos traites de commerce, sur d'autres
articles. Chez ces peuples les interets de la viticulture sont inti-
^
— 128 —
mement lies a leur fortune, comme tels reapectes, tandis que chez
nous, nous les voyons eonlinuellement sacrifies.
Exemple a I'appui : sur 1.948.000 hectolitres d'alcool produits
en France en 1905, les statistiques ^valuent : 1° Les alcools, pro-
venant de substances farineuses a 352.000 hectolitres ; 2° les
alcools provenant de la melasse a 678.000 hectolitres.
Pourquoi, dit le D' Got, dans son magistral rapport fait au
Congres des Viticulteurs de France en Janvier 1906, auquel j'ai
fait divers emprunts, je me plais a le reconnaitre, 1° ces 352.000 h.
d'alcool, dans un pays qui en est encombr^, dont la production
deficitaire de cette matiere (substances farineuses) exige une
importation de plus de 5 millions de quintaux metriques ;
2^ pourquoi cette production de 678.000 hectolitres d'alcool de
melasse, lorsque, chez nos voisins, pour soulager le marche, les
mesures les plus rigoureuses ont ete prises, dans le but de detour-
ner les melasses de la distillation ? 3° Pourquoi cette difference de
systeme entre la France et les autres pays ?
Tandis que I'Allemagne, en 1901-1902, n'aproduit sur 19 mil-
lions de tonnes de sucre fabrique, que 88.000 hectolitres d'alcool
de melasse, la France avec une production plus restreinte de
10.000.000 en a fabrique 914.000 hectolitres; pourquoi cet
excedent ? C'est qu'en AUemagne, I'Etat qui se preoccupe d'une
maniere active et incessante, des conditions dans lesquelles se
presentent les divers facteurs de sa production, a trouve daps
I'industrie un derivatif qui, lui permettant le placement de
I'alcool de cette nature, en empeche I'encombrement sur le mar-
che, tandis que chez nous, ou I'esprit fiscal et etroit rdgne en
maitre, 1 hectolitre d'alcool representant pour le tresor, quelle
qu'en soit la provenance, 220 francs de droits a palper, I'Etat,
sans s'occuper de la provenance, trouveja chose bonne et la garde,
au grand detriment de la viticulture.
En Italic, les alcools de vin jouissent d'une bonification de taxe
de 54 francs par hectolitre, susceptible d'augmentation suivant
I'annee, et les alcools denatures d'une prime de 15 francs par
hectolitre, quand ils proviennent de matieres vineuses, enfin, les
alcools de vin beneficient, eux, d'une prime de 48 a 65 francs
lors de leur exportation.
Cette excursion en pays stranger, qui pourrait se poursuivre en
Autriche, nous montre que la solution de la crise, pourrait etre
cherchee dans I'etablissement d'un nouveau regime. Le sucrage a
cree une situation nouvelle, celui-ci a son tour necessite un expe-
dient nouveau, qui s'appelle la distillation ; si nous jouissions du
regime de ces pays voisins, la situation pourrait etre sauve.
En France, le domaine des ameliorations est assez vaste pour
tenter des reformes semblables. Malheureusement, le plus sou-
vent il se fait que nos representants.trop peu — dans leurs Com-
missions — au courant des questions viticoles, et, plaie de
I'epoque, sacrifiant plus a la politique qu'aux affaires, bien que
desirant entrer resolument dans la voie du progres, et faire
litiere de ces prejuges d'ecole, qui sont vieux jeu, a I'heure
— 129 -
actuelle, restent, non par manque d'initiative, mais !e plus sou-
vent par d^faut de nombre, d'entente arretee d'avance entre eux,
impuissants devant Topposition acharnee d'adversaires irreduc-
tibles, comme le sont les distillateurs du Nord, dont nous con-
naissons Tinfluence, et, par suite, sourds aux reclamations et
protestations fondees de leurs commettants.
Aussi pietinons-nous sur place au lieu de suivre nos voisins et
rivaux. Chez eux nous ne voyons qu'encouragements et primes
de toutes sortes ; chez nous, par contre, qu'obstacles et diffi-
cultes, et ce, par defaut de clairvoyance, d'esprit de suite dans
notre systeme de protection. En comparant les legislations de ces
divers pay«5 avec les notres, n'a-t-on pas le droit de dire, qu'en
France Ton ne fait rien pour encourager la production de radcool
de vin, que notre seule preoccupation est comme produit fiscal,
d'en tirer le plus de benefice possible, sans compensation aucune,
et que c'est ainsi que nous sommes arrives a compromettre tine
des branche"? de la richesse nationale, a tuer la poule aux ceufs d'or.
Pour empecher de faire un pas vers notre guerison, Ton vient
dire : Ton boira. avec la detaxe, une plus grande quantite de
petits verres, et ce que I'Etat gagnera sur Talcool de bouche, il le
perflra sur I'alcool d'industrie ; d'ou dommagepour lui, A cela Ton
pent repondre a contrarLo , que I'exercice de I'alcool par TEtat,
n'est pas une solution ; Talcool ne doit non plus reciter la bete de
somme du budget, toute aggravation de taxe, ne pent qu'en res-
treindre la consommation, a preuve que : les statistiques de la
Regie nous montrent qu'au cours de 1905, les droits spr I'alcool
ont accuse une moins-value de plus de 30 millions. Or, Ton voit
qu'avec ce deficit, Ton ne pent lui faire tenter Texperience du
monopole, qui deviendrait ruineuse pour lui, tandis que son
devoir est de laisser aux alcools leur voie libre ; a ceux d'indus-
trie leur emploi industriel ; a I'eau-de-vie, sa consommation de
bouche, d'autant mieux que I'alcool d'industrie et I'eau-de-vie
naturelle de vin no sont en rien des unites compatibles de meme
ordre.
En AUemagne, cette distinction est bien tranchee, les distille-
ries industr*ielles se trouvent dans un etat d'inferiorite tel, que le
marche int^rieur leur est a pen pros ferme ; mais, en retour, la
le^slation allemande leur alloue une prime de 6 marks par hecto-
litre d'alcool pur exporte, et de 5 marks par hectolitre denature,
aussi, en 1907, I'alcool denature, depassait-il 1.100.000 hecto-
litres, tandis qu'en France nous restions a 374.000 hectolitres.
En Espagne, une loi de 1904 fait beneficier les alcools de vin
d'une prime minimum de 30 pesetas ; ceux m ernes qui
entrent dans les liqueurs beneficient egalement d'une prime ;
rien de semblable chez nous.
Cependant, comment soutenir que ces deux natures d'alcool
puissent etre semblables ; comment etablir que I'alcool extrait
des plantes sucrees, comme la betterave, le mais, le sorgho, la
pomme de terre, le topinambourg, le chiendent ; des plantes amyla-
cees comme le ble, I'avoine ; des substances cellulosiques, comme
- 130 -
le peuplier, la soiure de bois, d'une part, et d'autre part, les
alcools de vin et de fruit, puissent au point de vue alimentaire
etre considere comme un produit identique , et a ce titre .recla-
mer une identity de traitement. II est done necessaire, a I'instar
de ces pays, pour que la lutte entre Talcool de bouche et I'alcool
d'industrie soit courtoise et pacifique, de les differencier par une
taxation autre, pour retablir, au profit de I'eau-de-vie-de vin, la
place qui lui appartient.
L'Etat, je veux bien -le reconnattre, ne doit supporter aucune
perte, et nous ne Tinteresserons a notre cause qu'autant que
I'argument financier que nous lui presenterons sera serieux, qil'il
remplira sa caisse, surtout en ee moment. Mais notre programme
est serieux, forme sur le passe ; il se base sur des antecedents, car
il suffit d'un regard en arriere et de se souvenir que I'Etat, en
provoquant Tarret de la distillation a la propri^te, s'est prive des
recettes qu? lui procurait cette liberte. Si Ton ne distille pas
assez a la propriete, la faute lui en incombe ; qu'il encourage la
distillation par des primes de toutes sortes, qu il ouvre la porte
aux debouches, qu'il en detaxe et desunisse les produits, I'argent
rentrera dans ses caisses. Agit-il dans son interet, en ne tenant
pas compte des conditions economiques ^actuelles, en variant
continuellement sa legislation fiscale ? bien le contraire, il se nuit
a lui-meme et au pays.
Dans rindustrie. Ton fait des vernis avec de I'essence de tere-
benthine et de la benzine ; or, tons ceux c^ui les emploient sont
unanimes a declarer que les vernis dont la base est I'alcool sont
bien superieurs. Pourquoi n'en fabrique-t-on pas en France?
C'est que I'impot actuel sur I'alcool obligerait I'industriel a
vendre, I'un deux fois plus cher que I'autre. II en est de meme
pour la fabrication du collodion, branche actuelle importante de
I'industrie ; pour celle du fulminate employe dans les engins de
guerre ; pour la savonnerie, la teinturerie, oii I'alcool devient
comme la base de toutes les operations, et bien d'autres ; ce qui
fait que toutes nos marques perdent ainsi leiir superiorite
devant I'etranger. L'on vient de decouvrir qu'en ajoutant a
I'alcool des corps tres riches en carbone, l'on faisait contracter a
la flamme alcoolique des proprietes qui la rendaient propre a
I'eclairage, superieure au gaz ; pour ce, l'on emploie 80 a 85 %
d'alcool. Si les alcools d'industrie pour lesquels Ton est a la
recherche d'emplois, et pour lesquels emplois il est offert de
fortes recompenses pour leurs producteurs, etaient decharges en
partie de I'impot qui les immobilise, on pourrait lais$er aux
Americains et aux Russes leurs petroles et donner un debouche
a nos alcools. Mais, helas ! la sainte routine nous lie les bras, la
bureaucratie fiscale n'a garde do lacher sa proie ; par sa force
d'habitude, elle continuera encore longtemps a ne pas vouloir
admettre de reforme, faute d'apotres pour souscrire aux doc-
trines nouvelles. Pourquoi, pour ces industries, ne pas faire ce
que l'on a fait aux alcools allant a la vinaigrerie ; les d^grever?
II est vrai que ce degrevement a ete fait encore au prejudice de la
viticulture!
— 131 —
Pourquoi, enfin, ne pas abattre, pour le mieux reconstruire, ce
batiment atteint par le souffle economique qui le mine, lequel
est reste etranger aux transformations sociales que Ton nomme
le Regime des boissons ? La marche du temps et du progres I'a
frappe de sa marque ; il est urgent de le reedifier au gout du
jour ; la reforme des lois fiscales est d'actualite. Orient^es sur les
voies nouvelles, etablies sur des bases larges et liberales, perdant
leur caractere inquisitorial, elles deviendraient la sauvegarde de
nos droits et Tasile d'ou la Viticulture sortirait renaissante. Hors
de 1^, tout ne sera que replatrage et mauyaise besogne ; cette
crise comporte une solution legislative radicale. En attendant ce
beau jour, revenons a notre sujet.
En outre des objections dont ils abu^ent pour ne pas toucher
a leur Acropole, telles que : « commerce inhabile, fraude a la
propriete » , situation faussee par le retablissement du privilege
dont ils reclament deja la suppression. . . et bien d'autres, nos
adversaires, dans leur affolement, nous opposent surtout que ce
vinage en franchise permettrait de vendre du vin suralcoolise,
vin recherche par le commerce pour le mouillage, et que cela
entrainerait de nouvelles fraudes. Mais est-ce que ce fait ne se
prbduit pas avec les alcools nocifs du Nord ? Ce n'est done plus
besogne a faire ; dans ce cas I'alcool de vin prendrait leur place ;
alors, ou serait le mal? Le fait suivant vous fera comprendre
leurs clameurs interessees :
Naguere, les Allemands, en gens pratiques, avaient trouve le
moyen de faire boire leurs alcools a nos populations, sous la
forme d'un vin qui n'avait de commun avec le notre que' la
couleur. Profitant des avantages qu'offraient les tarifs de la
douane franco-espagnole, ils faiaaient penetrer en Espagne leurs
alcools de grains et de betteraves, rectifies plus ou moins ; puis,
avec de I'eau, du tanin, de I'extrait, du colorant et une faible
proportion de vin naturel d'Espagne, fabriquaient un liquide
qu'ils expediaient et vendaient en France sous le nom de
« vins du Midi » , leur faisant ainsi concurrence. Par ce moyen,
les Droits- Reunis etaient trompes, et les Allemands, a qui la
production de I'alcool ne coute pas bien cher, nous vendaient
ainsi leurs produits 2 a 3 francs le litre, lorsqu'au-dela des
Vosges il ne valait que fr. 50. Qui nous dit que ce fait ne pent
pas etre mis a I'actif de nos industriels, qui nous objectent la
suralcoolisation comme devant enf anter le mouillage ? Gertes, ils
en prennent leur part. Bien qu'il soit generalement admis,
aujourd'hui, qu'une addition de 3^ d'alcool, pour les vins faibles,
de consommation courante, est plus que suffisante pour amelio-
rer leur qualite et que les avantages du vinage soient reconnus, il
ne nous est guere possible d'en user, a cans 3 des droits conside-
rables que le fisc pergoit sur I'alcool. Ainsi que nous I'apprend ce
meme fait, ce sont les vins etrangers vines jusqu'a \b^ qui,
entrant chez nous sans avoir a payer de droits sur I'alcool qu'ils
contiennent, viennent faire la concurrence aux notres.
Nos adversaires, les betteraviculteurs, simulent, d'un autre
— 132 —
cote, de craindre de voir jeter sur le marche, dej^ bonde d'alcool
d'industrie, 5 a 600.000 hectolitres d'alcool de vin, at parfois
meme plus, et redoutent, de ce chef, de voir s'aj outer k la crise
viticole celle des alcools, par la concurrence a has prix qu'ils
viendraient leur faire ; mais, si Ton* exonere I'alcool employe au
vinage a la propriete du droit fiscal et de la prise en charge,
celui-ci disparait du marche ; d'autre part, malgre la libre distil-
lation, rien n'empeche de surveiller Temploi de I'eau-de-vie de
vente, de reglementer, par des acquits de couleur, la vente de ce
surplus sortant du chaix du recoltant et de le frapper d'un droit,
ce qui, en somme, lui servirait de brevet d'authenticite.
A cela, nos adversaires ripostent : « II est inadmissible de
detaxer I'alceol de vin pour surtaxer celui d'industrie; c'est
vouloir fouler aux pieds le principe d'egalite devant I'impot » .
Soit ! vous invoquez le principe d'egalite pour repousser cette
taxe d'interet general. Mais y a-t-il egalite dans le mode de
fabrication de I'un et de I'autre?
Pour echapper aux droits du fisc, pour se procurer I'eau-de-vie
necessaire a la consommation, il n'est pas de famille en
possession de quelques Htres de vin ou le chef, avec de simples
ustensiles de menage, ne fabrique chaque jour son<( tue-verre » et
la (I larme » necessaire a son cafe ; ce qui se passe chez ce consom-
mateur se passe en plus grand chez le debitant ; tandis que, pour
le fabricant d'alcool d'industrie, la chose est tout autre ; force a
un grand outillage, a un etablissement important, constamment
surveille par le fisc qui a sa main-mise sur lui, il ne pent pro-
dtiire I'alcool de cette facon clandestine. Par ce fait, I'egalite
n'existe done pas ; demonstration evidente que la surveillance
fiscale, empechement diriniant de la Hbre distillation, facilitant
a I'un la fraude, est la principale cause de cette rupture.
Or, comment done faire? C'est d'agir, envers I'alcool de
bouche, comme Ton a agi jadis pour les tabacs ; cette innovation,
au surplus, n'est pas nouvelle dans notre regime fiscal.
Voyant la frontiere beige completement ouverte a la contre-
bande ot ceJle-ci, par suite, difficile a saisir, les legislateurs du
Monopole du tabac n'hesiterent pas a tourner ce principe d'ega-
lite devant I'impot. Pour arreter la fraude, ils etablirent une taxe
difTerentielle sur ce produit manufacture au profit des regions du
Nord, de sorte que ces habitants paient le tabac de la Regie a un
prix plus rediiit que ceux des autres regions de France. Mesure
sage et politique, dont I'Etat tire le plus grand profit et qui a
coupe court a la fraude et satisfait ces populations.
Cette taxe difTerentielle, terme qui sonnera aux oroilles de nos
egalitairos ; mais qui, pour nous, ainsi que celui de detaxe,
prend la synonymic de primes, toutsimplement; pourquoi ne pas
I'etablir pour les alcools? Des considerations de meme ordre
pouvent la legitimer ; son but n'est-il pas le meme : arreter la
fraude? Cette mesure, reconnue, par M. Rouvier lui-meme, alors
qu'il etait ministre, comme necessaire pour proteger cette der-
niere contre la concurrence delpyale de I'alcool d'industrie,
- 133 -
trouverait encore sa justification dans la recuperation des
droits non per^us, en permettant au Tr^sor de se rattrapper sur
una circulation double et triple ; effectivement, k I'instar des
grands magasins, qui mettent leurs articles aux prix les plus
reduits pour en augmenter la vente, I'Etat peut abaisser son
tarif et tons s'y abonneront ; de cette fagon, lui aussi y trouve-
rait son profit. Est-ce que I'abaissement successif de la valeur du
timbre n'a pas aide au developpement des recettes postales?
Curieux serait le fait, si la chose contraire se produisait pour
I'alcool!
Dans I'esprit^de ses auteurs, cette concession, en assurant par
une detaxe une plus grande authentioite aux eaux-de-vie de
cru, aurait comme avantage d'en faire augmenter la consom-
mation. De ce chef, le vin, matiere premiere de fabrication, serait
plus recherche et la crise conjuree; puis, double resultat, la pro-
duction des alcools de cru se moraliserait d'elle-meme. Par la
perspective de droits moindres, cet octroi entrainerait a une cir-
culation qui n'irait qu'en augmentant chaque annee, d'ou il
s'ensuivrait que producteur et Regie finiraient par faire bon
menage.
Quel en serait le taux? Cette question, il appartient a nos
legislateurs, le principe admis, de la mettre au point ; ceux-ci, en
etablissant une demarcation entre ces deux produits similaires,
en leur ouvrant a chacun des debouches speciaux, suivant les
principes de justice, d'equite et de liberte qui doivent leur servir
de guides en la cause, seront dans leur role, comme ils I'auront
6ie en provoquant le remede.
Quoi qu'il en soit, ne Toublions pas, la distillation est la contre-
partie necessaire de la production naturelle ; le vinage, son
complement, est le moyen pour nous de lutter a armes egales
contre les vins etrangers, sans nuire a la purete des notres.
Si, pour I'authenticite des eaux-de-vie de renom, chose
des plus importantes pour c6rtains centres producteurs, celles-ci
jouissent.du cej'tificat d'origine, que cette meme satisfaction soit
accordee aux produits du bouilleur qui en fera la demande ; de
quelque fa(;5on que la chose se passe a son egard, lui accorder
cette marque de distinction, ce sera faire acte d'equite et de
sauvegarde ; en effet, chose importante a retenir, il y a I'interet
national a defendre devant Tetranger. Sous le convert de nos
traites de commerce, celui-ci nous inonde de ses vins: aussi, ces
vins, dedoubles, melanges, degreves de droits et de frais de
transport, rendent ainsi aux vins frangais la lutte impossible sur
leur propre territoire.
II y a un budget ; la viticulture, pour sa part, doit contribuer
a sa consolidation ; Timpot sur I'alcool, dans de justes limites k
observer, ne peut lui nuire, paye qu'il est par le consommateur.
Que I'Etat laisse done au producteur la faculte d'user de ses
produits sans les grever de charges nouvelles ; si, a son'^gard, il
cesse de jouer de rigueur, il y trouvera son compte.
En admettant pour la viticulture que le_ programme econo*
— 134 -
mique se base, pour mettre un terme k rencombrement du
marche, a Tarret de la fraude; il n'est pas moins necessaire
d'assurer la liberte de la distillation au recoltant et la possibilite
a ce dernier de vendre son produit.
Pour eviter a nouveau le desarroi du marche et mettre fin a la
crise, je suis porte a conclure que le programme viticole doitse
r^aliser par la cooperation des moyens suivants, bien qu'ils ne
soient pas les peuls, mais qu'il est bon de faire ressortir, savoir :
i^ Maintien de la liberty pour le recoltant de distiller san?
entraves sa recolte ;
2° Etablissement d'une taxe differentielle, chose d'equite,
entre I'alcool de cru et celui d'industrie; le privilege du bouiUeur
ne pouvant servir d'exutoire aux excedents de recolte qu'a la
condition de permettre aux eaux-de-vie de vin de circuler sur le
marche ;
> Surveillance bienveillante et fortifiee de la Regie pour tout
ce qui concerne I'alcool de cru, car a quoi servirait au viticulteur
la restitution de son droit si, par une fissure nouvelle, Ton conti-
nuait sur le marche a remplacer la quantite de vin brule ,comme
la chose se passe, par Tabus du sucrage !
Ces garanties, auxquelles il y a lieu de joindre celles concernant
la reglementation du sucrage, forment, dans leur ensemble, un
des remedes qui semble etre considere par le plus grand nombre
comme le plus efiicace, en meme temps que la solution la moins
onereuse. Je me base, pour tenir ce langage, tant sur les rapports
divers emanant de la Chambre syndicale du commerce des
boissons que de ceux des Societes ou Syndicats viticoles qui sont
parvenus a la Commission des fraudes, par le renvoi des question-
naires qui leur ont ete adresses.
Telles sont done les conclusions que je vous soumets, Mes-
sieurs, pour la sauvegarde de la viticulture, dont la fortune, a
I'heure actuelle, est bien compromise. Puissent-elles recevoir
votre approbation ; ce sera la recompense de cette etude, bien
qu'imparfaite, dont le but principal a ete pour mor, smon de
degager I'inconnu de ce probleme qui nous clone le desespoir au
coeur, tout au moins de vous permettre de vous former une opi-
nion sur I'etat actuel de la question.
Toutefois, Messieurs, je ne puis terminer sans vous faire
connaitre Tarticle d'actualite que je viens de lire a I'instant
dans la Revue de Viticulture, numero du 24 juin, pour la lecture
duquel je vous demande toute votre bienveillante attention,
m'excusant d'en abuser :
'i Un heureux rapprochement vient de s'operer entre viticul-
teurs et commergants, dans le but d'arriver a conjurer la crise
viticole, qui ruine a la fois le commerce et la propriete. Des dele-
gues de la Societe des Viticulteurs de France (MM. Cazeaux-
Gazalet, Prosper Gervais, Jean Gazelles et Larnaude) se sont
joints aux representants du Syndicat national du commerce en
gros des vins et spiritueux, pour etudier ensemble les moyens
pratiques de r^soudre les difficultes de Tbeure presents.
— 135 —
« Apres un travail en commun, ce Comity, ainsi form^, a 616
regu, mercredi 20, par M. Doumergue, ministre du commerce, k
qui il a soumis ses desiderata. Pr^sente par MM. Cazeaux-Cazalet
et du Perier de Lausan, deputes de la Gironde , les membres de ce
Comity ont abtenu du ministre la promesse qu'il s'emploierait
aotivement aupres de ses collegues du gouvernement pour hdter
la prompte realisation du voeu, dont voici le texte :
« Considerant que parmi les causes qui ont eiigendr^ la crise
que traverse en ce moment la viticulture et le commerce des
vins et spiritueux, il faut incontestablement placer au pre-
mier rang le regime des sucres, que le bon march^ de cette denree
et la possibilite de son emploi en vinification ont donne nais-
sance k une industrie nouvelle qui, grace a ses prix de revient plus
avantageux, tend a substituer les pseudo-vins de fabrication au
vin naturel, et constitue une cause permanente et chronique de
I'avilissement du prix des vins naturels ;
« Considerant, d'autre part, que rien ne pent justifier Tusurpa-
tion de la denomination de « vin » dont se servent, pour presenter
leurs produits, les fabricants deboissonssucrees; qu'on ne pent
designer sous le nom de vin, que le seul produit de la fermenta-
tion des raisins frais, que tels ^taient Tesprit et le texte meme de
notre legislation jusqu a la loi du 28 janvier 1907, que tel est I'es-
prit des diverses legislations etrangeres (Italie, Hongrie, Suisse,
Allemagne) ;
« Considerant dds lors que la suppression absolue du sucrage
en vinification doit etre consacree par un texte legislatif formel,
que le sort de la viticulture et du commerce est intimement ]i6 k
cette r^forme, qui n'interesse pas moins la loyaute des transac-
tions et souvent meme la sante des con^ommateurs ;
« Considerant, d'ailleurs, que la suppression absolue du
sucrage n'est pas incompatible avec le regime special qui pourrait
etre applique aux vins mousseux, etc. ;
« Emet le voeu que, dans le plus bref delai possible et avant les
vendanges, le gouvernement prenne Tinitiative d'un pro jet de loi
consacrant la suppression absolue du sucrage de vinification, etc. »
A cet extrait, qui justifie tout ce que j'ai pu faire connattre au
sujet de la fraude, j'ajouterai, pour enfin en terminer, que s'il est
vrai que cette n^faste loi sucriere soit la cause principale de la
crise dont souffrent aussi bien les regions du Nord, de I'Est, du
Centre, de I'Ouest que celle du Midi, bien qu'elle ne contraigne
pas le viticulteur k employer le sucre, elle lui permet de se miner
par son abus, et, chose pire, d'entrainer les autres dans sa perte,
d'oii il apparaitraa toute personne, n'ayant pas de parti pris,
qu'il y a lieu, pour arreter la fraude, I'engorgement du marche, la
mevente, de repousser le sucrage, tout au moins d'en r^duire
I'emploi k son minimum, et ensuite, pour empecher toute pl^-
thore de production et pourvoir a la vente, d'accepter la libre
distillation avec son complement le vinage ; c'est par ces deux
moyens que la viticulture pent etre sauvee, sinon c'est sa mort a
courte echeance
30 juin 1906. .
— 136 —
De la m^vente des vins
par M. A. Daignbre, membre titulaire
Dans le bulletin du mois dernier, nous avons reproduit en
entier Timpprtante et tr^s interessante 6tude de notre collegue,
M. Suaudeau, sur une des causes de la crise viticole actuelle.
M. Daign^re, un de nos viticulteurs angevins les plus comp^tents,
a donn6 a son tour son opinion personnelle sur la m^vente des
vins, k la derni^re stance de notre Soci6t6 ; nous resumons
aujourd'hui cette communication, faite en partie verbalement
et venant completer une Question d'actualit^ int^ressant au plus
haut degr^ tous les viticulteurs de I'Anjou.
M. Daign^re a recueilli aupres de nombreux viticulteurs des
renseignements important? ; d'un autre cot6, il a tenu k se docu-
menter aupres des octrois d'Angers et de la Compagnie des
chemins de fer de I'Etat (section de Maine-et-Loire) au sujet du
mouvement de transport des vins. II semble.r^sulter de tous ces
documents, recueillis k bonne source, qu'en r^alite on peut dire
que la crise ou m^vente des vins n'atteint pas s^rieusement
1 Anjou.
De nombreuses ventes, en effet, ont eu lieu depuis plusieurs
mois et se continuent actuellement d'une fa^on r^guliere. On
peut affirmer, d'autre part, que les vins chaptalis^s suivant la loi
sont ceux qui obtiennent la pr^f^rence des acheteurs en general.
D'apr^s M. Daigndre, les fabrications clandestines de vins
factices, signalees comme etant une cause tres importante de
perturbation dans le march^ des vins naturels, ne peuvent nous
mquieter serieusement, si elles existent r^ellement, ce qui n'est
pas prouv^. D'ailleurs, ces falsifications tombent sous le coup des
lois de repression en vigueur dans notre pays ; il suffit done
d'attirer 1 attention de FAdministration des contributions indi-
rectes sur la necessity d'une surveillance plus active et d'une
s^v^rite plus grande contre les fraudeurs. Notre collegue croit,
au contraire, devoir incriminer les vins de provenance m^ridio-
nale ; leur nature alcoolique, leur couleur intense, leur defaut de
saveur permettent facilement de favoriser la fraude par le
mouillage : voila une cause d'avilissement des prix que Ton doit
connaitre et redouter comme la plus importante pour notre
region.
Dans ces conditions, M. Daign^re est d'avis qu'il y a lieu de
rejeter toute demande de surtaxe sur les sucres employes pour la
chaptalisation des vins. Cette surtaxe, en effet, ne frapperait (jue
les viticulteurs honnetes et ne s'appliquerait qu'^ une certame
cat^gorie de r^coltants ; elle aurait pour consequence de mettre
les produits des vignobles angevins en 6tat d'mUnonU relative
— 137 —
vis-^-vis des vignobles m^ridionaux en particulier, plus favoris^s
g^n^ralement par la temperature.
M. Daignere, k la suite de son expos6, fait d'une fagon claire et
precise, demande que TAssembl^e soit consult^e sur la questiun
suivante, ainsi formulae :
'X La Soci6t6 Industrielle et Agricole d' Angers serait-elle
d'avis d'appuyer une demande de surtaxe sur les sucres employes
en vinification? » ■ r*
L'Assemblee, apr^s avoir vote sur cette question, est d'avis, k
li majority, qu'il n'y a pas lieu de demander une surtaxe.
Le Gerani, G. GRASSIN.
Angers, Imp Germain et ci. Grassin. — 1688^.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
P'ANGERS
et du d^part^ment de Maino-et-Loire
Procfes-verbal de la stance du 30 juin 1906
Presidence de M. Bordeaux-Montrieux.
Etaient presents : MM. Huault-Dupuy, vice-president d'hon-
neur, Gilles-Deperriere, vice-president d'honneur, Prosper
Jamin, D' Sigaud, Andre Huau, Suaudeau, membres du Bureau.
MM. Halope, Massignon, Daignere pere, Lavallee, Moreau,
Grau, Vinet, D' Cordon, Laurent Boug^re, Kiehl, Urseau,
Lemonnier, Betton-AUard, Ferr^-Hamon, Paul Raimbault,
D' Tesson, Lair, Gl^mot, Gavinet, de Lavergne, Sigaud fils,
Daignere fils, Herrouet, Fourmond fils, Bernard-Ghauvire,
Gautier-Meslier, Leon Bourcier, Alleau, Laigre.
MM. de Livonniere, de Grandmaison et Joseph Joubert ont
envoye des lettres pour s'excuser de ne pouvoir assister a la
seance.
— M. le D' Sigaud pr^sente des feuilles de plants de choux qui
ont ^te dechiquet^es et percees a jour par une petite chenille de
couleur vert-clair, longue de un millimetre environ, que Ton
trouve sur plusieurs feuilles, ainsi que des cocons contenant la
chrysalide de cette chenille. M. le professeur Lavallee, qui a
observe, depuis quelque temps, les ravages de cette chenille, a
demande I'avis de plusieurs entomologistes, qui atti^ndent, pour
se prononcer, que les chrysalides soient transformees en papil-
lons. Toutefois, il est presque certain que Ton a affaire a la pyrale
des choiix, contre laquelle une solution de nicotine, a raison de
un litre de nicotine titree de la Regie pour un hectolitre d'eau,
employee avec un pulverisateur, produira de tres bons effets.
M. le D' Sigaud profite de cette circonstance pour dire que, ce
meme jour, il a visite la ferme de Ja Sermonnerie d'Avrille avec
M. Massignon, comme delegues Tun et I'autre par la Societe
Industrielle% et que les recoltes, dans leur ensemble, ont ete
trouvees superbes ; ils ont remarque, en particulier, des bl6s et
^ M. Saget, de Pouance, s'etait fait excuser.
— 140 —
des avoines de toute beauts et des pommes de terre d'un aspect
tr^s satisfaisant, malgre la grande s6chersese persistante^;|ils
sont tr^s heureux d'adresser en presence de leurs coUegues leurs
felicitations k M. le professeur Lavall^e, pour les resultats
exceptionnels qu*il a obtenus avec ses champs d'experiences et
Texcellente tenue de la ferme exp^rimentale qu'il dirige avec
tant de succes.
— M, le D' Sigaud donne lecture du proems- verbal de la
stance pr^c^dente ; le procds-verbal est adopts sans observation.
— M. Huault-Dupuy remercie ses collogues de Thonneur
qu'ils lui ont fait en le nommant vice-pr6sident honoraire'de
notre Society. II espere que sa sant^ lui permettra d'assister a
nos stances, auxquelles il prendra tou jours un vif int^ret. II
n'oubliera point non plus les excellents rapports qu'il a toujours
eus avec ses collegues.
— M. le President donne lecture d'une lettre de M. le Prefet
demandant a notre Soci^te son avis sur Tepocjue la plus conve-
nable pour Fouverture de la chasse. La majorite de PAssemblee
emet le voeu qu'en raison de la precocite exceptionnelle des
recoltes, I'ouverture de la chasse ait lieu cette ann^e, en Maine-
et-Loire, le 2 septembre.
— M. Moreau donne un resume d'un trds interessant travail
sur la desacidification des vins. Ce travail sera public en entier
dans un de nos prochains bulletins.
M. le D' Tesson croit que I'acide malique et I'acide lactique
ont, Tun et I'autre, leur utilite, au point de vue hygi^nique
surtout. II se demande si, au point de vue commercial, on doit
desacidifier les vins dans les premiers mois qui suivent les ven-
danges ?
Pratiquement, il est d'avis que les viticulteurs ont tout interet
a desacidiiier les vins le plus tot possible, I'exp^rience a prouve
que les vins dont Tacidite est trop prononcee sont d'une vente
plus difficile que les vins plus doux gui plaisent mieux au con-
sommateur en general. II ne disconvient pas toutefois que theo-
riquement, pour la conservation des vins, la desacidification est
le plus souvent inutile et parfois nuisible, mais les vins qui sont
vendus peu de temps apres la recolte sont en gen6ral consommes
rapidement et o;i a par suite tout interet a les presenter aux
acheteurs avec un gout plus agreable.
M. Moreau repond a M. le D"^ Tesson qu'il est parfaitement de
son avis et que le travail dont il a donn^ seulement un resume
tres succinct contient absolument les memos id^es a ce sujet. II est
certain qu'il y a avantage a desacidifier les vins pour la vente
rapide ; toutefois, si les ferments sont 6limines avec soin, la desa-
civification pent etre faite sans inconvenient, tandis que si Ton
veut conserver les vins il est parfois dangereux de les desaci-
difier.
M. le President remercie M. Moreau et M. le D' Tesson de leurs
trds int^ressantes observations.
— 141 —
— M. Suaudeau don^e lecture de son etude tres complete sur
le droit des bouilleurs de cru au vinage. Ce travail fait suite a
celui qu'il a presente a la seance precedente et sera publie dans
notre prochain bulletin. M. le President adresse ses remercie-
ments a notre collegue.
M, ^. Daignere donne lecture de ses observations personnelles
sur la mevente des vins. Les causes, signalees par notre collegue,
different en grande partie de celles formulees precedemment par
M. Suaudeau et nos societaires pourront trouver dans ces deux
travaux, etudies I'un et Tautre avec soin, des arguments divers
qui les eclaireront sur cette question d'actualite.
M. le depute Laurent Bougere fait observer a M. Daignere que
la fraude est plus commune qu'il ne le suppose, elle existe a
Paris et dans la banlieue de Paris, ou le vinage est employe a
haute dose. Pour notre collegue, la fraude a existe de tout temps
ou plutot les lois n'ont jamais empeche les fraudeurs. II partage
absolument I'avis de M. Daignere lorsqu'il dit : notre ennemi le
plus redoutable, c'est le Midi, aussi du moment que les viticul-
leurs meridionaux veulent le vinage, nous ne devons pas le deman-
der, c'est un piege qu'ils nous tendent, faisons en sorte de ne pas
tomber dedans.
La Regie chez le debitant, comme cela avait lieu autrefois, est
notre sauvegarde.
M. le D' Cordon serait egalement partisan du retablissement de
I'exercice chez le debitant.
M. Gilles-Deperriere est d'avis qu'on n'etablisse pas de surtaxe
sur les sucres, notre region aurait tout a perdre a cette mesure
fiscale nuisible a nos interets.
M. le President remercie M. Daignere, et met aux voix les con-
clusions de son travail ainsi formulees : Convient-il a la Societe
Industrielle d'emettre uh voeu favorable a une demande de
sjrtaxe sur les sucres ?
La majorite de I'Assemblee repond negativement.
— M. le President annonce qu'on va proceder a I'election
d'un vice-president. II recommande tout specialement k ses
collegues la candidature de M. le D^ Sigaud, qui rempht depuis
plusieurs annees les fonctions de secretaire general et qui accep-
tera cette nouvelle dignite en prenant toutefois I'engagement de
continuer de prodiguer a la Societe Industrielle le meme devoue-
ment dont il a donne jusqu'a ce jour de nombreuses preuves.
M. le D"^ Tesson demande la parole a ce sujet. II fait avec une
extreme delicatesse I'eloge de son confrere et ami et rappelle le
role important qu'il a joue comme secretaire general ; pour sa
part, il serait tres heureux de le voir continuer ses fonctions, une
des plus importantes dans une Societe .et qu'il a remplies avec
succes, a la satisfaction de tons ; toutefois , c'est une simple
observation qu'il presente et, si M. le D^ Sigaud desire nean-
moins etre elu vice-president, il sera le premier a lui donner sa
voix.
M. le D' Sigaud repond que, si les fonctions qu'on lui propose
— 142 ~
different par le litre, son devouement a la Society restera absolu-
ment le meme et ses collegues peuvent compter sur lui, son passe
doit etre un sur garant de I'avenir, ses collegues du Bureau
seront certains de trouver en lui un collaborateur actif, tout
dispose a prendre sa bonne part dans le labeur commun, comme
precedemment.
Ces observations faites, M.le President met aux voix la nomi-
nation de M. le D' Sigaud comme vice-president et, par accla-
mation, I'Assemblee tout entiere nomme M. le D^ Sigaud vice-
president de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers.
— Reception du candidat presente a la seance precedente :
M. Jean Boutton, proprietaire, 1 rue Menage," a Angers, est
'lomme membre titulaire a Tunanimite des voix.
— Presentation de candidats :
M. Maurice de Soland, conseiller d'arrondissement, maire de
Thouarce, chateau de Ghantdoiseau, par Thouarce, presente par
M. Cesbron-Lavau et M. Andre Huau.
M. Paul Labesse, docteur en medecine, 38 rue des Lices,
Angers, presente par M. le D^ Monprofit et M. Gilles-Deperriere ;
M. Louis Pele, negociant en grains, adjoint au maire de
' Freigne (Maine-et-Loire), presente par M. Bordeaux-Montrieux
et M. Vaugouin ;
M. Conrairie, proprietaire a la Haie, Bourg-d'Ire, presente par
M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ;
M. Besnier, veterinaire, proprietaire a Segre, presents par
M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ;
M. Charles Trocherie, negociant, marchand de chaux k Ghalu-
meblaie, commune de Vern (Maine-et-Loire), presente par
M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ;
M. Jean Halope, proprietaire, marchand de bestiaux a la
Boullaie, Sainte-Gemmes-d'Andigne, par Segre (Maine-et-Loire),
presente par M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ;
M. Jules Delestre, proprietaire, agriculteur a Vergonnes, par
Pouance (Maine-et-Loire), presente par M. Bordeaux-Montrieux
et M. Vaugouin ;
M. Charles Hastron, commandant en retraite, proprietaire a
La Possonniere, presente par M. Bordeaux-Montrieux . et
M. Vaugoin.
L'ordre du jour etant tres charge, M. le D^ Sigaud avait prie
M. le President de remettre la lecture de son rapport sur le
Concours national agricole de Rennes de 1906 a la prochaine
seance.
•
La seance est levee k 4 h. 1/2.
Pour le Secretaire general,
Andre Huau.
— 143 -
A travers le vignoble allemand
Par M. L. Moreau, membre titulaire
Gr&ce a raimable obligeance et k Tinfluence en haut lieu de
M. F. Buhl, president de la Societe de viticulture allemande,
toutes les portes, aussi bien celles des domaines de I'Etat que
celles des particuliers, se sont ouvertes devant nous. Dans ces
conditions, un voyage d'etude a I'etranger se trouve singulierc-
ment facilite et lorsque a I'interet de la chose etudiee, se
joignent I'affabiht^ des botes, les charmes d'une hospitalite
large et g^nereuse, le tout ayant pour cadre un paysage ravis-
sant, le voyage d'etude se change vite en un voyage d'agrement.
On a tort, dans bien des milieux, en France notamment, de
trop se confmer dans sa coquille et, sous pretexte que la nature
nous a combles, de ne pas aller chercher ailleurs d'autres impres-
sions et d'autres elements d'observation et d'etude. La nature
n'a pas neglige les autres regions et, sur ces terres etrangeres,
tout comme ici, le progr^s a marche et toutes les merveilleuses
decouvertes de la science, appliquees parfois avec un esprit
differen*tdu notre, ont donne des resultats interessants aue nous
ignorons ou que nous connaissons a peine.
En particuher, en viticulture, nous croyons — ei je reconnais
que nous avons bien des raisons de le croire — que nous sommes
a la tete des nations pour les soins donnes a la vigne et pour la
qualite des vins. II n en est pas moins vrai que, dans les autres
pays, on soigne tres bien la vigne et que les produits qu'elle
donne peuvent parfois, bien que rarement, rivaliser avec les
notres. II est done interessant d'aller voir de pres, sur place —
c'est la meilleure methode et la plus sure pour s'instruire — ces
produits etrangers ; faire leur connaissance n'a rien de desa-
greable. II est rare qu'il ne sorte pas quelque chose d'utile et de
pratique de ces frequentations entre gens du meme metier,
poursuivant le meme but, luttant contre les memes ennemis, et
si plus tard, sur le marche du monde, on doit se retrouver en
concurrents, rien n'empeche que ce ne soit en meme temps en
gens de connaissance et en amis.
Que de fois n'ai-je pas entendu dire ici que sur le marche du
nord de I'Europe, les vins du Rhin et de la Moselle faisaient
aux vins d'Anjou la concurrence ! A I'esprit duquel d'entre nous
est veaue I'idee d'aller etudier de pres ces vins? On a porte sur
eux des jugements plus ou moins fondes, parfois un peu dedai-
gneux ; on les a peut-etre goutes dans quelque restaurant — et
combien denf tures souvent ! — et c'est tout. Mais pourquoi ne
pas aller les oir chez eux, dans leur milieu, etudier la fagon dont
on les produit, dont on les fait et dont on les vend. Nous ouvrons
tres largement — c'est dans notre temperament — nos portes a
— 144 -
l*etranger, pourquoi ne pas aller frapper k la sienne? Nous pou-
vons etre assures, dans bien des cas, d'y trouver le meme bon
accueil et quelquefois plus, car, notamment en Allemagne, on
nous a dit bien des fois combien Ton etait reconn^i^sant a la
France pour tout ce qu'elle a fait pour la viticulture.
Gr^ce a M. Buhl dont le grand-pdre et le pere, ancien vice-
president du Reichstag, allemand ont, dans le Palatinat, donne
une impulsion considerable a la viticulture, grace k M. Czeh, con-
seiller royal, inspecteur des domaines de I'Etat, grace a M. Ober-
lin, directeur de la station viticole de Colmar, grace aux regis-
seurs des proprietes domaniales du Steinberg et de Okfen, nous
avons pu parcourir ces vignobles allemands et deguster de ces
crus fameux qui atteignent des prix que nous n'avons guere
connus et que nous ne connaitrons plus. C'est un apergu de ce
vignoble que je voudrais donner ici, et, avant de commencer, je
tiens, tout d'abord, a remercier toutes les personnes qui ont bien
voulu nous accompagner et nous fournir tons ces renseignements.
*
Le vignoble allemand occupe dans la vallee moyenne du Rhin
une superficie de 120.000 hectares ; a gauche du fleuve, ce sent
les vignobles de TAlsace, de la Lorraine, du Palatinat, de la
Hesse rhenane et ceux qui s'etagent en une serie de terrasses, sur
des pentes de 40° parfois, le long des rives de la Moselle ; sur la
rive droite, ce sont les vignobles du grand duche de Bade, de
Wurtemberg, de la vallee du Mein et surtout ceux du Rheingau ;
ces derniers, situes sur les flancs des montagnes qui s'elevent
presqu'a pic au-dessus du fleuve, assis aupres des vieux burgs,
alternant avec les forets, contribuent a donner a toute cette
region, de Mayence a Goblentz, un aspect des plus pittoresques.
Les sols, sur une etendue de cette importance, sont varies,
mais les grands crus du Palatinat se trouvent sur les gres rouges
et sur les basal tes qui forment le massif du Haardt, prolonge-
ment des Vosges, et ceux du Rheingau et de la Moselle, sur des
gneiss, micaschistes, schistes ardoisiers, en un mot sur des ter-
rains analogues a ceux de nos vignobles de la Loire et du Layon.
La creation des terrasses, le nivellement, les defoncements
doivent etre fort chers et tout le monde n'a pas a sa disposition,
comme TEtat, pres de Treves, des formats pour les faire dans de
bonnes conditions. La terre est assez divisee et Thectare de vigne
qui, dans les crus moyens, au Palatinat, se paie 16.000 marks,
atteint dans les grands crus jusqu'a 80.000 marcks — le
mark vaut 1 fr. 25 environ. Les terres generalement pauvres sont
bien cultivees et suffisamment engraissees avec du fumier de
ferme, des superphosphates et des scories. On ne laisse pas
vieillir la vigne et on la renouvelle 4 et 5 fois dans le cours d'un
siecle ; on montre comme exception des vignes ayant 50 a 80 ans.
On a soin maintenant de traiter le terrain au sulfure de carbone
avant de planter, surtout si la vigne doit succeder a la meme cul-
ture.
— 145 —
- Le cepage blanc par excellence qui predomine dans toute la
region est le Riesling qui est k ce pays ce qu'est le Chenin au
notre. Les grands crus sont presque uniquement plantes en
Riesling, c'est lui le mieux adapts aux conditions de la region et
qui donne aux vins leur cachet particulier, leur gout de fruit
special qui les met nettement k part des autres vins, tout comme
notre Chenin imprime son cachet special au vin d'Anjou. A cote
de ce cepage, on rencontre le Traminer qui est done d'un parfum
trop prononce, peu fait pour nos palais, lorsqu'il est vinifie seul,
puis le Sylvaner qui estun plant d'abondance ; a cote de ces
trois principales varietes, on trouve encore le Pinot gris que Ton
denomme souvent et a tort Tokay, le Muscat, etc.
Les c^pages rouges, bien moins importants, car dans cette
region, comme en Anjou, on fait surtout du vin blanc, sont le
Portugais bleu, le Saint-Laurent, le Pinot noir, etc. On ne signale
guere, comme grand cru rouge, que V Asmanhausen, pres
Baccarah ; alors que les grands crus blancs sont bien plus nom-
breux, ce sont : Steinberg, Johannisberg, Marcobriirinen, dans le
Rheingau ; Forst, Deidesheim, Ruppertsberg, dans le Palatinat ;
Rosenberg, Thiergartner, pour la Moselle, etc.
La densite des souches a I'hectare est assez considerable,
comme dans tons les pays du Nord ; la taille la plus generale est
la taille Guyot simple, la vigne est conduite assez pres de terre ;
en Alsace, au contraire, la souche est formee tres haut et Ton a
une sorte de taille en quenouille.
La vigne est sur fils de fer, ou sur ^chalas en bois ou en fer,
comme dans les domaines de TEtat.
Le phylloxera a bien fait son apparition dans ces regions,
mais combattu a entrance k I'aide des traitements que vous
connaissez bien, peut-etre aussi par suite du climat, il ne s'est
pas, jusqu'ici, tres developpe. Dans la crainte de le voir un jour
triompher, on etudie, dans les ecoles et k la Station viticole de
Colmar, les porte-greffe americains ou les hybrides de ces der-
niers avec les plants du pays ; on ne rencontre, jusqu'ici, que
tres peu de vignes greffees dans le vignoble. Instruits par tons
les essais qui ont coute si cher k la viticulture fran^aise, les
vignerons allemands pourront, lorsqiMl jugeront le moment
arrive, reconstituer presque a coup sur leurs vignobles.
Les vignes ne sont pas exemptes de maladies et elles m'ont
sembl^ etre particulierement atteintes, cette annee, par la
cochylis et le mildiou ; aussi la recolte, diminuee encore par la
coulure, ne sera pas brillante. Les traitements a la bouillie borde-
laise y sont appliques fr^quemment, ainsi que les soufrages.
Nous avons pu rencontrer, a I'Ecole de Geisenheim, le D' Dewitz,
en mission d^tude pour etudier la cochylis et qui espere, avec un
traitement k I'ars^niate de plomb, nous debarrasser de ce redou-
table ennemi ; nous attendrons les resultats bien confirmes de
ses experiences avant de nous lancer de ce cote.
1^ Les rendements dans les grands crus ne sont pas tr^s Aleves :
20 hectolitres a I'hectare environ.
— 146 -
On vendange rarement avant la fin d'octobre, plus souvent en
novembre et parfo's meme en d^cembre. On laisse s'installer sur
le Riesling, qui s'y prete fort bien, la pourriture noble ; le raisin,
qui est dit alors rosinnen, conserve longtemps sur souche, par
temps sec, se desseche plus ou moins, souvent meme il est pris
par les gelees, et c'est ce raisin a jus tres concentre que I'on-
recolte dans les grands crus. On passe plusieurs fois dans la vigne
et Ton pratique, meme dans les crus ordinaires, un triage soigne
que je voudrais bien voir pratiquer dans nos regions. Chaque
baquct qui doit recevoir le raisin est divise en deux comparti-
ments et quelquefois un recipient plus petit est fixe au premier
baquet ; on a ainsi trois compartiments. Les raisins ainsi soi-
gneusement tries sont naturellement vinifies a part. Les fou-
loirs mecaniques sont de differents modeles ; les pressoirs, assez
nombreux pour chaque exploitation, sont egalement de modeles
divers ; a cote des pressoirs en bois, nous avons trouve des pres-
soirs hydrauliques, a pression de bas en haut. De ces raisins sort
peniblement, en deux ou trois pressees, un jus tres concentre,
veritable sirop ; on a constate, au Steinberg, jusqu'a 400 gr.
de Sucre par litre de mout ; c'est la dose que Ton obtient a
Sauternes, dans les grandes annees.
Le mout est reparti dans des tonneaux de 600 a 1.000 litres et
mis a fermenter. II fermente sous douelle et la bonde est munie
d'un appareil a degagement d'acide carbonique.
Dans les installations bien comprises, une tuyauterie amene
I'eau chaude ou Tair chaud dans les caves, de fagona maintenir
la temperature entre 15° et 18°. Nous avons pu voir, dans les
proprietes de I'Etat, a Avelberg, pr^s de Treves, dans des caves
de fermentation un peu basses, un systeme de ventilation par en
bas, permettant au gaz carbonique, plus lourd que I'air, de
s'echapper au dehors, et aussi un systeme d'arrosage permettant,
a I'aide de robinets places assez haut et laissant echapper un jet
tres fin, pulverisant I'eau, de maintenir une certaine humidite
dans Fair, pour eviter une trop grande evaporation du vin a
travers les douelles du tonneau. Ces vins, d'ailleurs, ne restent
dans ces caves, a Avelberg et a Okfen, que quelques mois ; ils sont
transportes a Treves et.loges dans de grandes caves, dont la
construction a coute 300.000 marks et qui peuvent loger 1.200
tonneaux de 1,000 litres chacun.
La fermentation se declare et marche lentement dans ces
mouts si concentres. A I'inverse des notres, les vins du Rhin sont
tres longs a se faire ; ils passent, dans les grands crus, plusieurs
annees en barriques. Nous avons pu deguster un 1893 qui n'etait
pas encore en bouteilles. S'ils sont longs a se faire, ils se con-
servent longtemps jeunes. Tons les vins de 1905 que nous avons
bus etaient encore tres troubles. Cette mise en bouteilles tardive
les met generalement a I'abri de tons les accidents que nous
connaissons bien. Ces vins se presentent toujours avec une lim-
pidite parfaite — on pent verser jusqu'a la derniere goutte de la
bouteilie — avec un brillant superbe et une couleur jaune d'or,
- 147 —
parfois un peu foncee, qui n'est pas sans agrement pour I'oeil et
qui n'est pas forcement le signe, comme chez nous, de maderisa-
tion et de vieillissement. Que dire maintenant de leur qualite?
Nous avons ete en mesure, soit a la table de M. Buhl, a Konigs-
bach, soit, avec M. Gzeh, dans le vieux convent d'Eberbach,
fonde par les moines de Citeaux et oii I'Etat renferme le cru
fameux du Steinberg, ce rival heureux de Johannisberg, de
d^guster les meilleures annees de ces meilleurs cms du Rhin ; le
souvenir aimable que nous ont laisse ces agapes pourront peut-
etre laisser croire a quelque partialite de notre part, cependant,
je crois pouvoir dire, tout au moins pour ces grands vins, qu'ils
sont dignes de prendre place a cote de nos grands Sauternes et de
nos meilleurs vins d'Anjou. Tres liquoreux et alcooliques en
meme temps — 12° environ — ils ont des qualites de fond sem-
blables k celles de nos grands vins et le Riesling leur donne un
bouquet d'une tres grande finesse, un cachet tres special qui les
differencie nettement des vins des autres pays. Une seule fois
nous avons constate un bouquet rappelant celui de certains
Saumurs. II ne semble pas que le sejour en barriques ait fait
perdre a ces vins, comme on le dit pour le Chenin, le fruite du au
cepage. Les vins de la Moselle sont generalement plus legers,
moins liquoreux que les precedents ; ils sont souvent cham-
pagnises.
Tons ces vins nous ont ete servis sortant de la glaciere et il ne
semble pas que cette basse temperature ait nui a leur qualite et
au bouquet, bien au contraire et je serais porte a croire que ces
vins, lorsqu'ils sont en pleine maturite, gagnent a.etre degustes
tr^s froids.
Les prix qu'atteignent ces grands crus peuvent aller jusqu'a
19.000 marks les 1.000 litres ; nous avons bu du Forster 1893
estime 25.000 marks. A cote de ces grands seigneurs dont on ne
pent approcher que dans de tres rares occasions, les crus moyens
arrivent facilement a 2.000 et 3.000 marks les 1.000 litres. Le
vin, meme dans les regions oii on le produit, reste toujours une
boisson de luxe — la biere etant la boisson nationale — et on ne
pent guere se procurer une bouteille de vin ordinaire a moins de
1 m. 50 a 2 marks.
La vente se fait tres generalement aux encheres, un an et demi
apres la recolte. Dans des salles speciales et fort bien amenagees,
on procede a la degustation publique, puis a la vente.
En Alsace, pour la vente, on a des « gourmets » ou degusta-
teurs — deux ou trois par village — qui sont charges de designer
les vins aux acheteurs, les conduire aux celliers ; ce sont eux qui
paient de suite le prix du vin au proprietaire ; ils s'arrangent
ensuite avec Tacheteur. Nous avons vu aussi, a Colmar, des
associations de proprietaires possedant des debits de vins et des
restaurants ou Ton consomme uniquement, bien entendu, les
produits des membres de I'association.
Enfin, dans ces regions, les caves cooperatives y sont pros-
peres ; le cote commercial est loin d'etre neglige en Allemagne et
— 148 —
les plus grands proprietaires ne dedaignent pas d'y mettre la
main. .
Chaque cave cooperative ne comprend que les proprietaires-
viticulteurs d'un meme territoire ; elles ont pour but d'obtenir,
par la vinification en commun de I'ensemble des recoltes des
societaires, des vins purs, aussi parfaits que possible et de les
ecouler aux meilleures conditions. Une Commission d'examen
est chargee de visiter les vignobles et fixe le prix du raisin a
payer au proprietaire, suivant le cru, le cepage, I'etat de la
recolte et sa quantite. Les raisins sont foules sur place, puis con-
duits a la cave cooperative ou ils cessent d'appartenir a Tindividu.
Le prix lui en est paye de suite — grand avantage pour beau-
coup — sans compter ce qui pourra lui revenir plus tard de la
vente du vin, deduction faite des frais d'administration, de per-
sonnel, d'amortissement de la dette contractee par I'achat de
biens, meubles et immeubles et du capital de reserve.
II semble que Ton se trouve tres bien de ce systeme, facile a
appliquer en Allemagne oii Ton est plus discipline et ou I'esprit
d'association est plus developpe qu'en France.
II ^tait interessant aussi de voir ce que Ton avait fait poui
I'enseignement de la viticulture et pour I'cenologie.
Avec ses 120.000 hectares de vignes, 1' Allemagne possede
presque autant d'ecoles de viticulture et de stations viticoles et
oenologiques que la France qui compte plus de 2.000.000 d'hec-
tares plantes en vignes.
Nous avons visite I'Ecole de Neustadt, qui n'appartient pas a
I'Etat et est dirigee par le D^ Schokke, et la grande ecole prus-
sienne de Geisenheim, sous la direction de M. Wortmann.
A Golmar, le D'^ Kulisch nous a fait les honneurs de son labo-
ratoire et M. Oberlin, si connu de nous tons, nous a fait voir tous
ses hybrides et ses champs d'experiences ou il fait des essais de
non-labourage des vignes, en couvrant le sol de scories ou de
pierres. Partout nous avons pu constater quelle grande place on
avait doftnee a I'enseignement de la viticulture et a I'oenologie.
Tous les services, dans les ecoles, sont separes ; chacun possede
un personnel au complet, des amphitheatres, des salles, des labo-
jatoires spacieux et de magnifiques collections. Mais ce qui se
degage le plus nettement de tout cela c'est qu'on a compris qu'il
fallait mettre a la disposition de tous ces professeurs et de tous
ces savants des elements importants de travail et on leur a donne
non pas, comme en France, quelques ceps, mais des hectares de
vignes, non pas quelques douzaines de bouteilles' de vins, mais
des centaines de barriques logees dans de vastes celliers avec tous
les appareils necessaires pour la vinification. Lorsque le suis
rentre a Angers, la visite des services du laboratoire fut vite ter-
minee ; les salles sont petites, I'unique cellier renferme quelques
douzaines de bouteilles et je n'ai pas eu a me deplacer pour
visitar les vignobles de la station.
— 149 —
Le Concours national de Rennes en 1906
Par M. le D' P. Sigaud, vice-president
Le grand Concours Regional Agricole, ouvert k douze-departe-
ments de TOuest, que la Societe Industrielle et Agricole d'Angers
et de Maine-et-Loire, de concert avec le Syndicat Agricole
d'Anjou, prepare sous la direction de la Societe des Agriculteurs
de France, du 30 juin au 8 juillet 1907, a Angers, est, comme
vous le savez, depuis plusieurs mois deja, Tobjet d'etudes et de
recherches incessantes de la part du Comite de permanence,
aussi plusieurs de ses membres ont-ils pense qu'une visite au
Concours National de Rennes de 1906, qui a eu lieu du 2 au
12 juin dernier, devait fournir de nombreux renseignements
pratiques, tres utiles pour le concours de Tan prochain. C'est
dans ce but que nous sommes alles, M. Bordeaux-Montrieux,
notre president, M. Andre Huau et moi, a Rennes, ou nous
avons examine et etudie tout d'abord I'organisation srenerale du
Concours.
La ville de Rennes avait, comme en i504, mis a la aisposiiion
des organisateurs la vaste esplanade du Champ-de-Mars, situ^e
pres de la gare et d'une superficie de plus de 7 hectares. C'est sur
ce bel emplacement que M. I'lnspecteur General de I'Agriculture
Grosjean, assiste de M. I'lnspecteur Breheret, avaient prepare et
amenage avec beaucoup de gout et d'habilete le Concours qui
comprenait 20 grandes tentes tres elegantes, disposees symetri-
quement et separees les unes des autres par des allees spacieuses
permettant une circulation facile.
11 tentes etaient reservees aux bovins, au nombre de 509 ;
.2 — — — aux ovins — 88 ;
2 — — — aux porcins — 64 ;
4 — — — a r horticulture ;
1 — — — a r aviculture.
Ces 20 tentes occupaient environ la moitie de I'espace du
Champ-de-Mars, I'autre moitie etait reservee aux machines et
instruments agricoles et viticoles, qui offraient un ensemble
magnifique et tres admire des visiteurs.
Au pourtour, sur trois des cotes de ce vasie quadrilatere,
etaient installes tres confortablement les bureaux des differents
commissariats, un poste militaire, un poste d'ambulance confie
aux Sauveteurs Bretons, un bureau de poste et telegraphe et les
installations diverses pour les produits agricoles, les vins, cidres,
poires et eaux-de-vie et les expositions de I'enseignement agricole.
Le cote faisant face a I'entree principale, formant une sorte de
levee d'enceinte, etait reserve a une kermesse bretonne qui
a obtenu un tres grand succ^s.
- 150 —
r* Aureste, hatons-nous de dire que, si le Concours de 1906 a
recu plus du double de visiteurs que celui de 1904, c'est en
grande partie grace a rintelligente municipalite de Rennes, qui
n'a pas craint de s'imposcr de grands sacrifices pour donner a
cette fete agricole tout Feclat possible. Joignez a cela un temps
splendide et reellement exceptionnel et vous aurez I'explication
de I'affluence enorme des visiteurs. Les entrees ont produit, en
efTet, plus de 36.000 francs (23.000 francs pour le Concours
agricole seul et 13.000 francs pour lakermesse bretonne), au lieu
de 12.000 francs pour la totalite des entrees en 1904.
Mais, malgre le succes tres justifie de cette manifestation
agricole, quelques critiques ont ete formulees de differents cotes
et nous nous permettrons de les signaler avant de passer en revue
les differentes parties du Concours.
Apres la suppression des Concours Regionaux Agricoles qui
avaient lieu chaque annee dans six ou sept regions differentes de
la France et ne revenaient que tons les dix ans environ dans les
memes villes, le Ministere de 1' Agriculture a institue des Concours
dits Nationaux, au nombre de trois chaque annee et qui, au
contraire, reapparaissent tons les deux ans dans les memes
villes. C'est ainsi qu'a Toulouse, Nancy et Rennes, le Concours
qui avait eu lieu deja en 1904 se renouvelait pour la seconde fois
en 1906, tandis qu'en 1905 il avait lieu a Rouen, Bordeaux et
Lyon, ou il se reproduira en 1907. Ces Concours Nationaux,
malgre leur titre, sont a proproment parler de veritables Concours
Regionaux, tout au moins en ce qui concerne les animaux repro-
ducteurs, et on pent leur reprocher leur petit nombre et leur
retour trop frequent dans les memes villes. Le but principal des
Concours Regionaux d'autrefois n'6tait-il pas surtout de donner
aux eleveurs des differents centres des enseignements speciaux,
en mettant sous leurs yeux los plus beaux types d'animaux des
races acclimatees dans la re^^ion, en leur montrant les instru-
ments ou machines les plus perfectionnes et en creant pour les
producteurs des debouches plus faciles? II semble necessaire,
pour obtenir ces resultats, de deplacer aussi souvent que pos-
sible les Concours, afm de renouveler la clientele et de stimuler
le progres dans des regions variables et differentes. N'est-il pas a
craindre qu'avec le temps les exposants habituels ne deviennent
de moins en moins nombreux dans ces Concours, parce qu'ils
auront peur, a juste titre, de ne pas rencontrer de nouveaux
clients dans un centre qui est tou jours le meme? Cette critique a
ete formulee devant nous par plusieurs exposants habituels des
Concours, et nous sommes disposes a la croire juste et oppor-
tune. Aussi doit-on de sinceres felicitations a la Societe des
Agriculteurs de France, qui a parfaitement vu et compris les
inconvenients graves de cette organisation defectueuse et a
cherche a encourager un centre d'elevage important et trop
delaisse, en creant a Angers un grand Concours Regional. Sa gene-
reuse subvention, en meme temps que sa direction habile et
intelligente, contribueront a assurer, nous en sommes persuades.
— 151 -
le succ^s de cette grande manifestation agricole, dont Teclat sera
rehausse par divers Congres nationaux, dont Tun meme sera
international.
Nous passerons en revue'tout d'abord les diflerentes categories
d'animaux reproducteurs des especes bovine, ovine et porcine,
que nous avons examinees plus specialement, en raison de I'inte-
ret plus direct qu'elles nous offraient, les memes races devant
etre representees presque toutes a'notre Concours de 1907.
Les principales races bovines admises au Concours de Rennes
etaient :
1^ La race Normande, qui tenait certainement la premiere
place, autant par le nombre que par la qualite des animaux
exposes : 53 males et 53 femelles. Les 9 /iO venaient de la Manche,
c'est-a-dire de la presqu'ile du Gotentin, ou se trouvent les ani-
maux les plus parfaits et les plus renommes et d'oii Ton fait
venir les reproducteurs de choix. Les animaux que nous avons
vus etaient de superbes betes, de tout premier choix ; il est facile
de comprendre que de gras paturages comme les herbages Nor-
mands peuvent seuls nourrir suffisamment des geants qui
feraient maigre figure sur les landes Bretonnes par exemple.
Nous avons vu, entre autres, un enorme taureau pesant plus de
1.300 kilos, Prince-Noir, champion du dernier Concours General
de Paris, appartenant a M. Lavoine, de la Seine- Inferieure. Le
Jury de Rennes a prefere, toutefois, a ce bel animal un taureau
plus jeuie de 9 mois, a M. Frederic Duvernois, de Tocqueville
(Manche). Les praticiens ont cherche a developper de plus en
plus les facultes laitieres des animaux de cette race, aussi les
vaches Normandes sont-elles recherchees partout ou la produc-
tion laitiere predomine. On a voulu faire, a une certaine epoque,
des croisements avec la race Durham et la race Schwitz, mais on
a du les abandonner, a cause de I'amoindrissement de la secre-
tion laciee. Les eleveurs ont, neanmoins, perfectionne cette race
et Font amelioree au point de vue de la conformation et de la
precocity, en se bornant a un choix plus judicieux des repro-
ducteurs.
Les principaux laureats de cette categoric de bovins. on et^ :
M. Noel Casimir de Rethoville (Manche) ;
M. Lavoine de J3oudeville (Seine- Inferieure) '
M. Nc3l Octave de Saint- Vaast la Hougue (Manche) ;
M. Le )aron Frangois de Tocqueville (Manche) ;
M. Noel Francois de Goigny (Manche) ;
M. Duvernois Frederic de Tocqueville (Manche).
La 2® categoric comprenait la race Durham, representee par
30 animaux males et 32 femelles envoyes par les grands eleveurs
de la region, parmi lesquels nous citerons :
M. le due de Broglie de la Selle Craonnaise (Mayenne), qui a
remporte le prix du championnat des males pour son taureau
Garliste ;
M°^® la baronne de Ghoisy de la Ghapelle d'Aligne (Sarthe) :
- 152 —
notre distingu^e coUegue, qui a obtenu un premier prix, trois
seconds prix, un troisi^me prix, un quatrieme prix, un prix sup-
plementaire et le prix d'ensemble de la race Durham ;
ivl. le comte de Quatrebarbes de Niafles (Mayenne) ;
M. Dandier, egalement de Niafles (Mayenne), qui a obtenu le
premier prix dans les genisses de 2 a 3 ans avec sa genisse Luna ;
M"^<» la duchesse de Feltre, de Noyal (C6tes-du-Nord) ;
M. Despres de la Guerche de Bretagne (Ille-et-Vilaine) ;
M. Ricosset Jules de Parne (Mayenne) ;
M. Charles Gandon de Grez-en-Bouere (Mayenne), qui a renn—
Dorte le prix de championnat des femelles pour sa vache Juliette;
M. Cosnard de la Ghapelle-d'Aligne (Sarthe) ;
tons des laureats habituels des Concours Generaux de Paris et
que nous esperons trouver avec d'autres a notre grand Concours
Regional d' Angers I'annee prochaine. Tons les animauxDurhams
etaient des sujets d'elite et ont fait I'admiration des connaisseurs
et des visiteurs en general. La perfection des formes de ces ani—
maux nous autorise a dire qu'actuellement on admet que les
Durhams eleves en France sont bien superieurs aux Durhams
anglais ; I'application trop etroite de la'consanguinite a amene,
dans ce pays, I'appauvrissement de certains individus en meme
temps qu'une delicatesse et une sorte de decadence generale,
tandis que les eleveurs frangais se sont appliques a developper la
culotte et les principales regions musculaires et ont su
eviter la diminution de la taille et du poids, resultat inevitable
d'une trop grande finesse. Au reste les conditions de milieu de
notre region : climat maritime humide et doux, sans tempera-
tures extremes, conviennent admirablement pour I'elevage du
Durham.
L'elevage du Durham s'est developpe depuis quelques annees
dans le Finistere, ou Ton compte actuellement une soixantaine
d'etables renfermant plus de 500 animaux. On ne doit pas
oublier toutefois que si la race Durham est une race ameliora-
trice en general, au point de vue de la precocite surtout, elle
n'exerce aucune influence heureuse dans les perfectionnements
des races laitieres ou de celles qui ont a produire du travail
moteur avant d'etre livrees a la boucherie.
Au reste, les soins particuliers, I'alimentation abondante et
choisie que reclament ces animaux font que l'elevage du Durham
devenant de moins en moins remunerateur a du etre abandonne
par beaucoup ; aussi doit-on savoir gre aux proprietaires eleveurs
qui s'imposent souvent de veritables sacrifices pour continuer cet
elevage.
La 3® categoric comprenait les croisements Durhams-Man-
ceaux exclusivement ; ils etaient representes par 9 males et
29 femelles seulement, bien que ces animaux soient tres nom-
breux dans la Sarthe, la Mayenne, le^Maine-et-Loire et d'autres
departements de la region de I'Ouest. Comme dans tous les
concours, les plus beaux sujets semblaient etre des Durhams
purs, differant simplement de ces derniers par la non inscription
— 153 —
au Herd-Book, ou du moins on rencontrait des metis fort avari-
ces dans le sang, dont le croisement, continue depuis un certain
nombre de generations, avait presque totalement fait disparaitre
le sang Manceau. Aussi ces animaux superbes auraient-ils pu
prendre place en bon rang dans la race pure. Tels etaient, en par-
ticulier, les sujets remarquables exposes par M. Ricosset. Presque
tons les animaux de cette categoric venaient de la Mayenne, du
Finistere, de la Sarthe et de la Loire- Inferieure. On a trouve fort
etrange que le Jury ait elimine et, par suite, exclu de la partici-
pation aux recompenses quelques animaux, certainement les
meilleurs, sous pretexte qu'ils ne pouvaient etre consideres
conime des croisements parce qu'ils avaient trop de sang
Durham !
La 4® categoric comprenait la race Parthenaise ou Vendeenne
et les races analogues (Nantaise, Maraichine, Marchoise). Cette
^ategorie etait fort bien representee par 17 males et 28 femelles,
venant presque tons des Deux-Sevres, quelques-uns seulement
de la Loire- Inferieure. G'est en effet dans le nord des Deux-
Sevres qu'on trouve les Parthenais les plus purs. lis sont egale-
ment tres nombreux dans la Vendee, la Loire- Inferieure, la
Vienne et la Gharente- Inferieure. On sait que la vache Parthe-
naise est assez laiti^re, elle produit en moyenne. 10 a 15 litres de
lait par jour et tient son lait 8 mois environ, et 17 a 20 litres
suffisent pour faire, en bonne saison, un kilogramme de beurre ;
mais ce sont principalement les boeufs qui valent a cette race sa
reputation : courageux au travail, a allure rapide, ils sont ener-
giques et rustiques, mais leur developpement est long et souvent
ils sont engraisses vieux. Les Parthenais sont une excellente race
de boucherie, tres renommee pour la qualite de leur chair, donnant
des rendements tres satisfaisants, grace au developpement de la
culotte et a I'ampleur de leur conformation. Les prix de Gham-
pionnat ont ete remportes par MM. Ghantecaille et Boinot et le
prix d'ensemble par M. Gaillaud.
La 5® categoric comprenait la race Mancelle, dont on retrouve
encore de tres beaux specimens dans le nord de la Sarthe, dans
les cantons de Gonlie et de Sille-le-Guillaume. Les animaux de
cette categoric etaient au nombre de 27, dont 8 males et 19 fe-
melles ; tons venaient de la Sarthe, tons avaient la couleur carac-
teristique jaune clair ou froment. Gette race, dont les sujets ont
les formes peu harmonieuses, une ossature exageree, des cuisses
peu developpees, sont toutefois rustiques et sobres, aussi a-t:on
nomme les vaches Mancelles « vaches du pauvre ».
Les amendements calcaires, Temploi des phosphates ayant
ameliore les cultures de cette region, on y introduisit la race
Durham, dont le succes fut tres vif comme sang ameliorateur.
Les nouveaux metis, designes sous le nom de Durhams-Man-
ceaux, se substituerent bientot aux Manceaux dans les arrondis-
sements d'Angers, de Bauge, de La Fleche, de Segre, de Ghateau-
Gontier et de Sable. Toutefois, il faut le reconnaitre, il y a une
tendance actuelle, dans la Mayenne et la Sarthe, a reconstituer
cette race et a I'ameliorer par selection.
— 154 —
La 6® categoric, comprenant la race Bretonne, pie noire, etait
la mieux representee apres la race Normande et comprenait
31 males et 62 femelles. Le pays de Vannes a envoy e des sujets
delicieux et, vraiment, on prendrait certaines genisses, voire
meme des vaches et des taureaux adultes, pour de jolis petits
animaux de luxe ; mais cette taille minuscule, qui est un defaut
pour la boucherie, est rachetee par les plus pr^cieuses qualites
laitieres ; il n'est pas rare, en eflet, de voir des vaches bretonnes
donner 12 litres ae lait et plus par jour, d'un lait tres riche en
creme ; de plus, elles tiennent leur lait presque pendant toute la
periode de gestation et, comme ces animaux, appropries au sol
natal, sont tres sobres et tres rustiques et se contentent le plus
souvent de brouter la lande, on voit qu'ils sont tres economiques
et tres precieux dans des terrains pauvres, comme il s'en ren-
contre beaucoup sur les cotes de Bretagne.
Tons les animaux de cette categoric venaient du Finistere et
du Morbihan, un seul animal venait de la Loire-Inferieure.
La 7® categoric comprenait la race Bretonne froment ou race
de Leon, representee par 10 animaux mailes et 12 femelles,
venant des C6tes-du-Nord, du Finistere et de I'lUe-et-Vilaine.
Cette race, qu'on rencontre surtout dans le pays de Leon, aux
environs de Tregiiier, est remarquable par son aptitude laitiere et
sa rusticite, elle est de plus grande taille que la precedente et
demande un sol plus riche.
En Bretagne, les croisements de bretons avec les normands et les
jersyais se generalisent de plus en plus ainsi que les croisements
durhams, acu fur et k mesure que les cultures s'ameliorent. Toute-
fois, dans le sud de la Bretagne, les eleveurs s'efforcent de main-
tenir par selection les qualites laitieres de la petite variete bre-
tonne pure et, dans le nord, de reconstituer la variete laitiere dite
race froment de Leon.
Enfm, la 8® categoric comprenait la race Jersyaise representee
par 8 males et 16 femelles, dont 9 sujets sur 11 appartenant a
M. Ayraud, Jules de Saint-Martin-de-Villeneuve (Gharente-Infe-
rieure) ont ete primes. Les Jersyaises sont des betes de toute pre-
miere valeur, elles passent pour etre les meilleures laitieres du
monde. Comme les bretonnes, elles sont de petite race, leur robe est
touj ours fauve, mais quelle finesse dans leur ossature, quels yeux
brillants dans une tete elegante et cx)urte analogue a celle du
cerf ! Le caractere doux et tranquille, les mamelles developpees
de la vache jersyaise sont les indices les meilleurs d'une race
laitiere. Les vaches jersyaises, en effet, produisent apres velage
de 18 a 20 litres de lait par jour, 8 a 10 litres en moyenne, 15 a
16 litres suffisent pour faire 1 kilogramme de beurre tres estime.
Une bonne vache pent faire 125 kilos de beurre par an. Cette race
est I'objet de la plus grande vigilance de la part des habitants de
Jersey, qui prohibent I'entree dans leur ile de bovins etrangers
vivants. A Jersey existe un Herd-Book, et certains animaux
peuvent-etre seulement enregistres et d'autres qualifies (ces der—
niers sont visites deux fois par an et seuls obtiennent des certifi—
- 155 -
cats d'exportation). II y a ^galement dans cette He anglaise des
concours de beauts et des concours beurriers. II faut noter, en
outre, rimportance accord^e aux taureaux ^ges qui sont jug^s
d'apres le merite de leur progeniture. Ainsi, les taureaux de plus
de 3 ans sont juges d'apres leur valeur individuelle et I'examen de
5 vaches de leur progeniture.
A Jersey, les animaux sont notes dans les concours d'aprds une
^chelle de points et les prix sont repartis d'apres le nombre de
points afficnes sur une pancarte dans I'enceinte du concours.
Une 9® cat^gorie comprenait des races laitieres non d^nom-
mees ci-dessus de la region de T Quest de la France (animaux de
la race Bretonne pie rouge, Ayrshire, Cauchoise, etc.). 3 m&les
seulement et 18 femelles etaient presentes.
Enfin, une categoric tres interessante etait celle des bandes de
vaches laitieres en etat de lactation, comprenant deux sections :
1'® Section — Grandes races
1 bande de 4 vaches durham-normandes ;
5 bandes de 4 vaches normandes ;
1 bande de 4 vaches durham-bretonnes.
2^ Section — Petites et moyennes races
1 bande de 4 vaches bretonnes froment ;
3 bandes de 4 vaches bretonnes pie noire.
Mais il faut reconnaitre que I'aspect exterieur de I'examen des
caracteres particuliers ne suffit pas toujours pour porter unjuge-
ment irreprochable sur une vache laitiere. L exemple donne par
la Societe des Agriculteurs de France, en 1904, dans son Concours
de Saint-Brieuc, et qui sera renouvele en 1907, a Angers, sous
I'intelligente direction de M. d'Arboval, devrait etre suivi dans
les grands Concours Agricoles organises par I'Etat. En 1904, une
epreuve de quatre jours avait ete instituee, pendant lesquels le
lait de chaque bande de trois vaches de meme race etait mesure,
analyse, ecreme, le beurre fabrique, pese et soumis a la degusta-
tion. Chaque animal, pese au debut de I'experience, recevait
journellement une ration controlee, representant 4 % de son
poids, valeur en foin. Les renseignements provenant de ces
essais sont, jusqu'a ce jour, les seuls documents precis que Ton
puisse citer sur la valeur reelle des races laitieres. Les jersyaises,
puis les bretonnes pie-noire ont obtenu les premiers prix.
En resume, au Concours de 1906, a Rennes, 509 animaux
bovins avaient pris part au concours, tandis qu'en 1904 il y en
avait 582.
De mcme, la diminution des animaux a ete notable pour les
ovins : 69 beliers et 56 lots de 3 brebis en 1904, centre 47 beliers
et 42 lots de 3 brebis en 1906.
Les troupeaux de moutons sont assez rares dans la region de
r Quest, sauf sur le littoral maritime. Quelques lots des races du
Cotentin et de I'Avranchin representaient les animaux eleves
dans ces regions.
— 156 —
Les autres races etaient representees brillamment :
1° La race berrichonne de I'lndre comprenait : 16 beliers et
15 lots de 3 brebis, tous appartenant a M. Emile Charpentier, de
rindre, et a M. Trefault, de Villedieu-sur-Indre, qui se sont, par
suite, partage tous les prix attribues a cette race, qui comprenait
de remarquables sujets ;
2° La race charmoise, representee par : 9 beliers et 10 lots de
3 brebis, appartenant presque tous a M. Albert Petit, de Ga-
maches (Eure), et a M. le vicomte de Montsaulnin, a La Guerche
sur-l'Aubois (Cher), qui se sont dispute chaudement tous les
prix.
La race poitevine comprenait 6 beliers et 4 lots de 3 brebis.
Enfin, les races etrangeres a laine courte etaient representees
par de superbes southdowns de la celebre bergerie de la Mande-
rie, a M. Edmond Fouret, d'Ouzouer-des-Ghamps (Loiret). Ces
animaux d'olite ont ete admires de tous les connaisseuvs.
L'espece porcine qui comprenait, en 1904, 75 tetes, etait
representee, en 1906, par 65 seulement.
Cette partie du concours etait interessante, bien que Ton
puisse trouver regrettable que les animaux craonnais aient ete
aussi peu nombreux, et pourtant I'arrondissement de Chateau-
gontier ou se trouve le centre de cet elevage est peu eloigne de
Rennes et les prix offerts etaient tres eleves (150 fr., 130 fr.,
120 fr., 110 fr. et 100 fr.) pour les 7 males et autant pour les
13 femelles exposees.
M. Jules Boisseau, de TAubriere (Mayenne) a remporte tous
les premiers prix et M. Gandon, Charles, de Grez-en-Bouere
(Mayenne) a obtenu egalement plusieurs prix importants.
La race normande comprenait 5 males et 5 femelles et les
premiers prix attribues a de magnifiques sujets ont ete remportes
par M. Gandon, precite.
Une 3? categoric etait reservee aux races frangaises ou croise-
ments entre ces races et representee par 4 males (perigourdins-
craonnais et craonnais,bretons) et 4 femelles (perigourdine-
craonnaise, craonnaise-bretonne, picarde-bourbonnaise et ven-
deenne).
La 4^ categoric comprenait les races etrangeres ou croisements
entre ces races. — 7 males et 13 femelles, tous de race Yorkshire.
La 5® categoric etait composee de croisements divers entre
races etrangeres et races frangaises. 2 males seulement : 1 york-
shire-craonnais et 1 craonnais-yorkshire-vendeen ; 9 femelles :
k yorkshire-craonnaise, 2 yorkshire-normandes, 1 craonnaise-
yorkshire-perigourdine, 1 craonnaise-yorkshire.
Tel etait le concours des animaux des especes bovine, ovine et
porcine.
Nous ne dirons que quelques mots de la partie avicole du
concours.
Les animaux de Dasse-cour comprenaient 157 lots de coqs et
poules de diverses races, 20 de canards, 22 de pigeons, 23 d oies
et de dindons et 48 de lapins classes en deux categories :
— 157 -
1° Les animaux envoy es par les aviculteurs de profession et
eleveurs-amateurs, et 2° les animaux envoyes par les agricul-
teurs, proprietaires et fermiers. En general, les animaux etaient
fort a I'etroit dans leurs cases ou la plupart des sujets des grandes
especes, tels que les geants de Flandre et les lapins communs, les
grands combattants, les grandes races etrangeres (langshans,
Orpingtons, etc.) avaient peine a se retourner sur eux-memes et
se redresser. On remarquait toutefois de tres beaux sujets et, de
I'avis general, le concours avicole, dans son ensemble, etait
superieur a celui de 1904.
Enfm, nous avons remarque une tente fort coquette, oii
I'Ecole de laiterie de Coetlogon ayait envoye une tres belle col-
lection de ses produits presentes avec beaucoup d'amabilite par
les gracieuses eleves de cet etablissement justement renomm^.
L'expbsition des produits agricoles, en dehors des expositions
toujours remarquables des maisons Vilmorin-Andrieux, de
Paris, et Denaiffe, de Garignan (Ardennes), laissait fort a desirer.
Dans I'exposition de vins, la Touraine seule avait envoye une
collection assez importante de vins, organisee par TUnion vini-
cole des proprietaires d'Indre-et-Loire ; il y avait en plus 6 ou
7 exposants de TAnjou, parmi lesquels nous citerons M. Louis
Mignot, de Rochefort-sur-Loire, qui a obtenu un diplome de
medaille d'or pour ses vins blancs, et M. Louis Gasnier, de
Souzay, auquel ont ete attribues un diplome de medaille d'argent
pour ses vins rouges et un diplome de medaille d'argent pour ses
vins blancs. Nos sinceres felicitations k nos excellents collegues.
En outre, 1 ou 2 exposants du Loir-et-Gher et autant de la
Sarthe et c'etait tout. Au reste, dans ce pays ou le cidre est la
boisson ordinaire, les vins avaient peu d'attraits pour les visi-
teurs qui passaient rapidement sans s'arreter, refusant meme
la degustation gratuite.
Nous terminerons en disant que I'exposition des Afachines
avait une importance reelle et presentait un cachet tout particu-
lier ; toutes les maisons reputees avaient tenii a envoyer leurs
plus belles machines et leurs instruments les plus perfectionnes,
mais la plupart des constructeurs ont semble peu satisfaits, ils ont
peu vendu et tons reclament une reforme radicale des Goncours
Nationaux actuals.
Souhaitons qu'en 1907, a Angers, nos exposants soient nom-
breux, ils peuvent etre assures dans tons les cas de trouver dans
notre ville si hospitaliere un excellent et sympathique accueil ; de
notre cote, nous ne negligerons rien pour que cette manifestation
agricole soit un grand succes et donne satisfaction aux genereux
donateurs et organisateurs et en particulier a la Societe des Agri-
teurs de France.
— 158 -
Le Congrds national
des Syndicats agricoles k Angers
Juillet 4907
Les journaux ont public des comptes rendus plus ou moins
detailles sur les seances fort remplies du Congres des Syndicats
agricoles qui s'est tenu a Vannes ; nous n'y reviendrons pas,
sinon pour dire que, de cette premiere assemblee, tres reussie,
r Union de la Bretagne rurale est sortie plus forte et plus vivante.
Le seul reproche qu'il nous a ete donne d'entendre, durant ces
assises de Tagriculture — n'est-ce pas plutot un compliment? —
c'est celui-ci :
« Quel dommage que nous ne puissions pas creuser davantage
tel ou tel sujet ! Nous effleurons trop rapidement une foule de
questions fort importantes ... »
II est certain que deux journees sont bien courtes pour passer
en revue tout ce qui captive en ce moment le public des champs,
au point de vue economique et social.
Aussi beaucoup se felicitaient-ils a la pensee que Fan prochain,
a I'occasion du Congres national d'Angers, une semaine entiere
sera assuree a I'etude des oeuvres syndicales si multiples et si
necessaires, oeuvres d'enseignement, mutualite, cooperatives
d'achat et de vente, etc. . .
Ces seances, precedees et suivies par divers concours et expo-
sitions, ne manqueront pas d'attirer a Angers, en juillet 1907, le
monde agricole tout entier de I'Ouest et du Centre.
Le G4rant, G. Grassin.
Aagers, imp. Germain et G, OnuBsin. — 1G89-6.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
SOCIETE INDUSTRIELLE IT AGRICOLE
D'ANGERS
et du d^partement de Maine-et-Loire
Le bulletin de la Soci6t6 Industrielle et Agricole d'Angers du
mois d'aout 1906 ne contient, par exception, ni procds-verbal de
stance, ni travaux de nos soci^taires, le mois d'aout 6tant, sui-
vant I'usage, un mois de vacances dans lequel nous n'avons
pas de stance.
. Aussi avons-nous pens6 faire un bulletin special, consacr^ k la
publication des renseignements precis, que nous pouvons com-
muniquer^d^s maintenant, au sujet du Concours regional agricole
libre d'Angers,^qui doit avoir lieu du 30 juin au 8 juillet 1907.
Les documents que nous donnons aujourd'hui ont et6 ^labor^s.
d'un commun accord, par la Societe des Agriculteurs de France
et la Commission permanente du Concours. Toutefois, nous
ferons observer k nos lecteurs que nous ne publions dans ce
num^ro que le programme g^n^ral du Concours et le programme
d^taill^ du Concours des animaux reproducteurs des esp^ces
bovine, ovine et porcine. Nous y ajoutons le programme du
Congrds international de viticulture, qui vient d'etre arrets et
nous a et6 communique par M. Prosper Gervais, secretaire
general de la Commission d'organisation. Les autres parties
du Concours sont en ce moment k I'etude et nous publierons
les programmes ulterieurement, au fur et k mesure qu'ils nous
seront adress^s par les organisateurs charges sp^cialement des
Congrds divers ou Expositions particuli^res enonc^s dans le
programme general que nous publions ci-dessous. Nous prions
tous nos societaires de faire autour d'eux une propagande
active pour cette grande manifestation agricole et viticole
appeiee k rendre les plus grands services k notre region.
— 160 —
PROGRAMME 6£n£RAL
du Goncours Regional agricole libre d' Angers
en 1907
(du dimanche 30 juin au lundi 8 juillet)
Organist par la Soci^t^ Industrielle et Agricole d' Angers et da
d6partement de Maine-et-Loire et le Syndicat Agricole d'Anjou,
sous le haut patronage et avec la subvention de la Soci^t^ des
Agriculteurs de France, avec des subventions du Gonseil G^n^ral
de Maine-et-Loire, de la ville d* Angers, de la Soci6t6 Industrielle
et Agricole d' Angers, du Syndicat Agricole d'Anjou, de la plu-
part des Gonseils G^n^raux des douze d^partements admis au
Goncours et des principaux Cornices agricoles de Maine-et-
Loire.
Ce Goncours comprendra les douze d^partements suivants :
le Maine-et-Loire, la Loire-Inf^rieure, le Morbihan, le Finistdre,
les C6tes-du-Nord, I'llle-et-Vilaine, la Mayenne, la Sarthe,
rindre-et-Loire, les Deux-Sdvres, la Vienne et la Vendue.
II sera compost de :
1° Un Goncours agricole d'animaux reproducteurs des espies
bovine, ovine et porcine ;
2® Un Goncours d*aviculture ;
3^ Un Goncours de vins, cidres, poir^s, eaux-de-vie, produits
agricoles divers ;
4<* Un Goncours d'instruments agricoles et viticoles ;
50 Un Goncours de primes culturales, qui comprendra deux
parties : l® le Goncours de la 3® zone du d^partement de Maine-
et-Loire (arrondissement de Cholet en entier et les cantons de
Vihiers, Chalonnes et Thouarc^) ; 2^ un Goncours special d'en-
semble des primes culturales pour tout le d^partement de
Maine-et-Loire, sans distinction de zones ;
6® Une Exposition d'horticulture ;
7° Une Exposition scolaire d'enseignement agricole ;
80 Un Gongr^s international de viticulture ;
90 Un Gongr^s d'enseignement agricole ;
10<> Un Gongrds national des Syndicats agricoles, organis6 par
rUnion GentraJe des Syndicats des Agriculteurs de France.
— 161 —
Programme du Grand Goncours Regional libre
d'animaux reproducteurs des esp^ces bovine,
ovine et porcine, qui aura lieu, du vendredi 5
au lundi 8 juiliet 1907, k Angers, place La
Rocjiefoucault-Lianqourt. Goncours duvert aux
12 ddpartements ^nujn^r6s ci-dessus.
premiere division
espece bovine
Les Genisses de 2 a 3 ans et les Vaches de plus de 3 ans devront
presenter des signes certains de gestation ou etre en p^riode de
lactation.
Un exposant ne pent presenter plus de deux animaux dans
chaque section.
Premiere Gat^gorie
Animaux Durhams purs
Ne peuvent §tre admis dans cette categoric que les animaux
inscrits ou declares pour §tre inscrits au Herd-Book.
MALES
Premiere section — Animaux de 6 mois d i an
!«' prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
2e prix : 100 fr.
2 mentions honorables.
Deuxieme section — Animaux de i an a 2 ans
!«' prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ;
2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3® prix : 100 fr.
2 mentions honorables.
Troisieme soction — Animaux de plus de 2 ans
1 er prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ;
2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3e p -•ix : 100 fr.
2 mentions honorables.
FEMELLES
Premiere section — Genisses et vackes au-dessous de3 ans
ler prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ;
2® prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
3« prix : 100 fr.
2 mentions honorables.
— 162 —
Deuxi^me section — Vaches pleines ou a lait de tout dge
i^ prix : 200 fr. et une m^daille de vermeil ;
2^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
3« prix : 100 fr. ;
2 mentions honorables.
totaldesprix 2.300 fr.
M^dailles et plaques 200 fr.
Ensemble - 2.500 fr.
DeUXI^ME CATioORIB
Animaux Durhams-Manceaux
MALES
Premiere section — Animaux de 10 mois a 2 arts
1«' prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ;
2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ;
4® prix : 100 fr. ;
5® prix : 75 fr. ;
6® prix : 50 fr. ;
3 mentions honorables.
Deuxi^me section — Animaux de plus de 2 an$
1«^ prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ;
2« prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ;
4® prix : 100 fr. ;
5® prix : 75 fr. ;
6® prix : 50 fr. ;
3 mentions honorables.
FEMELLES
Premiere section — Genisses de i a 2 arts
1®' prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
2 prix : 150 fr. et une medaille de bronze ;
3® prix : 100 fr. ;
4® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxieme section — Genisses de 2 d 3 ans
1®' prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ;
2 prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ;
4® prix : 100 fr. ;
5** prix : 75 fr. ;
3 mentions honorables.
— 163 --
Troisieme section — Vaches de plus de 3 ans
1" prijt i 250 fr. et une m^daille de vermeil ;
2* prijC : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3® pril : 150 fr. et une medaille de bronze :
4e pris : 100 fr. ;
5« pjw » 75 fr, ;
3 iQfAtions honorables.
Total des prix • , 3.725 fr
M^dailles et plaques 275 fr.
Ensemble- 4.000 fr.
Troisieme Gat^gorie
Animaux de race Parthenaise
(Animaux Choletais, Vend^ens, Nantais, etc.)
MALES
Premiere section — Animaux de 10 mois A 2 ans
i^ prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ;
2« prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3« prix : 150 fr. ;
4® prix : 100 fr. ; .
1 mention honorable.
Deuxi^me section — Animaux de plus de 2 ans
l^ prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ;
2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ;
4® prix : 100 fr. ;
5® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
FEMELLES
Premiere section — Genisses de 10 mois d 2 ans
1®* prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 125 fr. et une medaille de bronze ;
3® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxieme section — Genisses de 2 d 3 ans
I®' prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ;
2® prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
3® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ;
4® prix : 75 fr. ; \
5® prix : 50 fr. ;
2 mentions honorables.
— 184 -
TroisiSme section — Vaches de plus de 3 ans
i^ prix : 250 fr. et une m^daille de vermeil ;
2® prix : 200 fr. et une m^daille d'argent ;
3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ;
4® prix : 100 fr. ;
5® prix : 75 fr. ;
6« prix : 50 fr. ;
2 mentions honorables.
Total des prix- 3.225 fr.
M^dailles et plaques 275 fr.
Ensemble - 3.500 fr.
QUATRIEME CatAgORIB
Animaux de race Bretonne
Pourront concourir indistinctement les animaux de la petite
race Bretonne pie noire, ou ceux de la race Bretonne froment.
MALES
Premiere section — Animaux de 10 mois d 2 ans
i^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ;
3® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxitoe section — Animaux de plus de 2 ans
1« prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 100 fr. et une m6daille de bronze ;
3® prix : 75 fr.
2 mentions honorables.
[femelles
Premiere section — Genisses de 10 mois d 2 ans^
I®' prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; I
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ;
3® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxidme section — Vaches de plus de 2 ans
I®' prix': 150 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ;
3® prix : 85 fr. ;
4® prix : 70 fr. ;]
3 mentions honorables.
Total des prix-. 1.380 fr.
M^dailles et plaques 120 fr.
Ensemble - 1.500 fr.
— 166 —
CiNQUlilME CaT^GORIE
Races diversea : l^* Normande, 2" Charolaise, 3^ Jersyaise.
1° Race Normande
MALES
Premiere section — Animaux de 10 mois d 2 ans
i^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 75 fr. ,
1 mention honorable.
Deuxieme section — Animaux de plus de 2 ans
i^ prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ;
2« prix : 150 fr. ;
3® prix : 75 fr. ;
2 mentions honoraJDioo.
FEMELLE
Premiere section — Genisses de 10 mow d 2 ans
i^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent
2« prix : 75 fr. ;
1 mention honorable.
Deuxieme section — Vaches de plus de 2 ans]
i^ prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ;
2® prix : 150 fr. ;
3® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Total des prix- 1.300Ifr.
M^dailles et plaques :. 200Vfr.
rt
Ensemble -.«...««.x. 1.500 fr.
2° Race Charolaise
MALES
Premiere section — Animaux de 10 mois i 2 ans
i^ prix : 100 fr. et une'm^daille d'argent ;
2« prix : 75 fr. ;
1 mentionThonorable.
Deuxieme section — Animaux de plus de 2 ans
1" prix : 150 fr. et une medaille de veroxeil j
2« prix : 125 fr. ;
2 mentions honorables.
— 166 —
FEMBLLES
Premiere section — Genisses de 10 mois a 2 arts
1« prix : 100 fr. et line m^daille d'argent ;
2« prix : 75 fr. ;
1 mention honorabL
Deuxieme section — Vaches de plus de 2 arts
!«' prix : 150 fr. et une m^daille de vermeil ;
2* prix : 125 fr. ;
2 mentions honorables.
Total des prix- 900 fr.
Medailles et plaques 200 fr.
Ensemble 1.100 fr.
3® Race Jersyaise
Les vaches seules au-dessus de 2 ans sont admises a concourir.
Cat^gorie Unique
i®* prix : 125 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze :
3° prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Total des prix 300 fr.
Medailles et plaques 100 fr.
Ensemble 400 fr.
Resume des races diverses
lo Race Normande 1.500 fr.
' 2<> Race Charolaise- 1.100 fr.
3° Race Jersyaise-. .'.-.• 400 fr.
Total 3.000 fr.
SlXli:ME CATi:GORIE
Croiaements divers : Normands, Qiarolais, Bretons et aiitres.
Les femelles seules sont admises ^ concourir.
Premiere section — Genisses de I a 2 ans
i^ prix : 200 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 150 fr. ;
3® prix : 100 fr. :
4® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
— 167 —
s
Deuxiefne section — Genisses de 2 a 3 arts
\^ prix : 250 fr. et une medaille d'argent ;
2e prix : 200 fr. et une medaille de bronze :
3® prix : 150 fr. ;
4® prix : 125 fr.
5« prix : 100 fr. ;
6® prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Troisieme section — Vaches de plus de 3 ans
1«' prix : 250 fr. et une medaille d'argent :
2e prix : 200 fr. et une medaille de bronze :
3e prix : 150 fr. ;
4® prix : 125 fr. ;
5e prix : 100 fr. ;
6« prix : 75 fr. ;
2 mentions honorables.
Total des prix- 2 325 fr
Medailles et plaques !.!!!! ' 175 fr!
Ensemble- 2.500 fr. '
Concours special de vaches laiti^res
PROGRAMME
Article Premier. — Un concours beurrier ayant pour obiet
de recompenser les vaches laiti^res qui produisent le plus de
l^Z TJT 1 ^>''T ^'"'*~ des^eleveurs sur Spo^.
Ztkteil^^^^^^^ reproducteurs aura lieu , An^
^?''- 2- — Sont admis a y prendre part les Agriculteurs faisant
partie. de la circonscnption cfu Concours Regional libre d'AngeS
Pour le bon fonctionnement des operations, le nombre des
animaux admis ne pourra d^passer 25 pour la classe des grandes
races, savoir : 10 pour les vaches n'ayant pas toutes leure dents
tJJS^em" '* '' P'"' ""'^ a^ant'toutes leuSntrde
Les grandes races comprennent seulement larace Parthenaiseet
d'Angers, avant le ler jujn 1907. dernier d/lai! ^^^^
Elles seront enregistrees dans I'ordre de leur reception
attdnt ''"'""^ ' ''"°'"^ '•"''' 'J"""^ '« nomb?e fixd sera
— 168 —
Toute inscription devra etre accompagnee d'un certificat du
maire de la commune de I'exposant, etablissant que ranimal est
8a propri^te depuis au moins un an, et etre accompagnee du
droit d'entr^e, &x6 k 5 francs.
Les proprietaires qui, pour cause de force majeure, nepour-
raient amener les vaches inscrites devront en donner connais-
sance a M. le Secretaire g^n^ral du Concours aussitot que pos-
sible et, au plus tard, quinze jours avant I'ouverture du Concours,
afin de permettre de nouvelles admissions. Le droit d'entree
restera acquis a la Caisse du Concours.
Art. 4. — Un exposant ne peut presenter plus d'une vache^
dans chaque categoric.
MM. les Exposants sont invites, pour s'assurer toutes chances
de succes et pour apporter le maximum d'int^ret au Concours,
k se rendre compte par des essais faits* k la ferme que la vache
qu'ils engagent est bien la meilleure de celles qu'ils possddent et
a n' amener que des animaux presentant bien, au point de vue du
modele, les caracteres de la race k laquelle ils appartiennent.
Chaque animal devra etre accompagn^ d'un certificat legalist,,
delivre par le veterinaire de sa region, constatant son bon 6tat
sanitaire.
Art. 5. — L'attribution des recompenses aura lieu d'aprfe le
1)oids de beurre effectivement fourni par chaque vache pendant
e concours,
Art. 6. — Les prix attribu^s seront les suivants :
Grandes Rages
Premiere categoric — Vaches n'ayant pas toutes Uurs dents de
remplacement (10 vaches admises)
i^ prix : 150 fr. ;
2® prix : 125 fr. :
3« prix : 100 fr. ;
4« prix : 75 fr. ;
5® prix : 50 fr. ;
Deuxieme categoric — Vaches ayant toutes Uurs dents de
remplacement (15 vaches admises)
i^ prix : 200 fr. ;
2® prix : 175 fr. ;
3® prix ; 150 fr. ;
4® prix : 125 fr. ;
5« prix : 100 fr. ;
6® prix : 75 fr. ;
7® prix : 50 fr. ;
Races de Bretagne
Cat^gorie unique (15 vachesydmises)
i^ prix : 100 fr. ;
2® prix : 75 fr. ;
— 169 —
3« prix ; 60 fr. ;
4® prix : 50 fr. ;
5® prix : 40 fr. ;
6® prix : 30 fr
7® prix : 25 fr. ;
Pnx special k la vache ayant donn^ le lait le plus
riche en beurre 75 fr,
Prix special k la vache ayant donn6 le plus de lait. . . 70 fr.
n sera r^parti entre les meilleurs trayeurs 100 fr.
Total des prix. 2.000 fr.
Pour plaques et mMailles .' 250 fr.
Pour remuneration d'employ^s 250 fr.
Ensemble 2.500 fr.
Art. 7. — Les operations du Concours special beurrier sont
T&gUes comme suit :
Mercredi 3 juillet, arrivee des vaches avant 5 heures du soir,
sous peine d'exclusion : r6ception et classement.
Dans leur int^ret, MM. les exposants sont invites k installer
leurs vaches aussitot que possible dans la journee du 3, pour les
laisser se reposer et s'accoutumer a leur place.
5 h. 1 /2 : traite d'epuisement devant les Commissions.
Jeudi 4, vendredi 5, samedi 6, chaque jour, trois traites
publiques : aprds chacune d'elles, pes^e du lait et ^cr^mage
centrifuge.
Dimanche 7, ^ 7 heures du matin, barattage de la creme totale
de chaque vache et fabrication du beurre pour classement et
attribution des prix.
Art. 8. — Un rdglement int^rieur fera connaitre aux expo-
Bants les heures de traite et les renseignements sur les operations
jouf nalieres. Les traites seront faites par les employes des expo-
sants, sous la surveillance du Jury. Le lait sera remis k la Com-
mission de controle, qui se chargera de sa manipulation dans une
laiterie appropri^e au caractere public et vulgarisateur du
Concours.
Chaque exposant prendra soin de ses[animaux ; il reste libre^de
les nourrir comme il Tentendra.
Art. 9. — Les vaches ne pourront etre enlevees'avant la fin'du
Concours. Les prix et recompenses seront remis k la distribution
generale. ,
Art. 10. — Pendant la duree du Concours,'"des'^conferences
publiques seront faites sur Tindustrie laiti^re, la fabrication du
neurre, le choix et Teievage des vaches laitidres, a des heures qui
seront affichees k Tavance.
Art. 11. — Toute question non prevue au programme sera
tranchee soit par la Commission d'organisation de la Societe des
Agriculteurs ae France, soit par le Jury des recompenses, sans
qu'il y ait lieu a reclamation.
— 170 -
Prix d'ensexnble pour les anixnaux
de I'esp^ce bovine
Prix d'ensemble
Une somme de 1.200 fr., provenant du legs Dessaignes (prix
de fondation mis k la disposition du Concours par la Societe des
Agriculteurs de France), sera divise en deux pnxegauxde 600 fr.
Une somme de 500 fr., offerte par M. Bordeaux-Montrieux,
president de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers, sera
divise en deux prix : Tun^de 300 fr., I'autre de 200 /**
deuxiEme division
espEce ovine
PREMlilRE CaTEGORIE
Races frangaises pures ou croisees
Premiere section — Belters de i a 3 ans
1« prix : 60 fr. et une medaille de bronze ; '
2® prix : 40 fr. ;
3« prix : 20 fr. •,
4« prix : 15 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxieme section — Brebis apec agneaux, chaque lot comprenarU
au moins 2 brebis
1©' prix : 60 fr. et une medaille de bronze ;
2® prix : 50 fr. ;
3® prix : 40 fr. ;
4® prix : 30 fr. ;
5® prix : 20 fr. ;
6® prix : 15 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxiieme Cat^igorie
Races etrangeres pures
Premiere section — Beliers del d3arv.
i^ prix : 60 fr. et une medaille de bronze ;
2® prix : 40 fr. ;
3® prix : 20 fr. ;
4® prix : 15 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxieme section — Brebis avec agneaux, chaque lot comprenant
au moins 2 brebis
i^ prix : 60 fr. et une medaille de bronze ;
2® prix : 50 fr. ;
— 171
3® prix : 40 fr.
4® prix : 30 fr. ;
5® prix : 20 fr. ;
6® prix : 15 fr. ;
2 mentions honorables.
•
Total des prix- 700 fr.
Medailles et plaques iOO fr.
Ensemble- :00 fr.
troisiEme division
ESPfiCE PORCINE
L'age des animaux de I'espece porcine est calcule au 1^ juin
. 1907. Les animaux exposes devront etre n^s avant le 1®' no-
vembre 1906. Un exposant ne pent presenter plus de 2 animaux
dans chaque section.
Premii^re CatAgorie
Race Craonnaist
Tous les animaux exposes dans cette categorie qui pr^sente-
ront des indices certains de croisement avec des races anglaises
seront mis hors concours par le Jury.
Premiere section — males
I®' prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 130 fr. et une medaille de bronze ;
3« prix : 120 fr. ;
4® prix : 100 fr. ;
5® prix : 50 fr. ;
2 mentions honorables.
Deuxi^me section — femelles
1®' prix : 150 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 130 fr. et une medaille de bronze ;
3® prix : 120 fr. ;
4® prix : 100 fr. ;
5® prix : 50 fr.
2 mentions honorables.
DeUXI^ME CATiJGORIB
Races frangaises ou croisements entre ces races
Premiere section. — males
i^ prix : 100 fr. et une medaille d'argent ;
2® prix : 75 fr. ;
3® prix : 35 fr. ;
2 mentions honorables.
— 172 —
■ Deuxi^me section — femelles
1« prix : 100 fr, et une m^daille d'argent ;
2* prix : 75 fr.
3* prix : 35 fr.
2|mentions honorables.
Total des prix- 1.520 fr.
M^dailles et plaques 180 fr.
Ensemble - 1.700 fr.
Rdsumd des prix pour les anixnaux des races
bovines, ovines et porcines
"^ iIages Bovine s :
lo Animaux diu'hams purs 2.500 fr.
2® Animaux durhams-manceaux 4.000 fr.
3® Animaux de race parthenaise (animaux choletais
vend^ens, nantais) 3.500 fr.
4° Animaux de race bretonne 1 . 500 fr.
b^ Races diverses :
lo Normande 1 . 500 fr.
2° Charolaise 1.100 fr.
3*> Jersyaise 400 fr.
6** Croisements divers : normands, charolais,
bretons 2. 500 fr.
70 Vaches laitieres [ 2.500 fr.
Prix (Tensemble :
lo Prix Dessaignes, offert par la Society des Agri-
culteurs de France 1 . 200 fr.
2® Prix offert par M. Bordeaux-Montrieux, presi-
dent de la Societe Industrielle et Agricole d*An-
gers 500 fr.
EsPECE Ovine : 800 fr.
EspECE Porcine :
lo Race craonnaise 1 . 100 fr.
2® Croisements 420 fr.
30 Plaques et medailles , 180 fr.
Total 23.700 fr.
A
NoTA. — Les sommes d^taill^es ci-dessus et attributes k
chaque race ou croisement ne le sont qu'^ titre de simple indica-
tion. Immediatement apres le classement des animaux, le Jury
sup^rieur qui statuera sur Tensemble du Concours aura le droit,
s*il le juge utile, de faire en dernier ressort la repartition que bon
lui semblera des sommes indiquees plus haut, suivant Timpor-
tance ou la valeur des animaux exposes dans chaque classe ou
categoric.
— 173 —
L'inscription des animaux des especes bovine, ovine et por-
•cine devra avoir lieu au siege social de la Soci6t6 Industrielie et
Agricole d'Angers, 7 rue Saint-Blaise, avant le 1®' juin 1907,
dernier delai de rigueur.
Un rdglement paraitra ulterieurement et contiendra tous les
renseignements utiles pour participer au Concours ; il/ sera
^envoye k tous ceux qui en feront la demande.
Gongr^s international de Viticulture
(Angers, 6-9 juillet 1907)
COMMISSION D'ORGANISATION
Presidents (Thonneur :
MM J
Jules Meline, senateur, ancien president du Conseil des Mi-
" nistres, president de la Commission internationale d'agri-
culture ;
Le marquis de Vogue, membre de I'Academie frauQaise, pr^si-
"* dent de la Societe des Agriculteurs de France ;
Jean Dupuy, senateur, ancien ministre, president de la Soci^t6
des Viticulteurs de France.
President :
M. BoRDEAux-MoNTRiEux, president de la Societe Industrielie
et Agricole d'Angers et du departement de Maine-et-Loire.
Vice-Presidents :
MM.
PouBELLE, ambassadeur, president de la Section de Viticulture
de la Societe des Agriculteurs de France ;
Pierre Viala, inspecteur general de la Viticulture, vice-presi-
dent de la Commission internationale permanente de Viticul-
ture ;
Henry Sagnier, membre de la Societe Nationale d'Agriculture,
secretaire general de la Commission internationale d'Agricul-
^ ture ;
Emile DupoRT, vice-president de la Societe des Agriculteurs de
France et de la Societe des Viticulteurs de France ;
Maurice Massignon, president de I'Union des Viticulteurs de
Maine-et-Loire, president de la Commission de Viticulture
d'Angers ;
Ch. Aylies, secretaire general de la Society des Agriculteurs de
France.
Secretaire general :
M. Prosper Gervais, secretaire perpetuel de la^Commission
internationale permanente de Viticulture, vice-president de la
Societe des Agriculteurs de France et de la Societe des^Viti-
culteurs de France.
— 174 —
Secretaires generaux adjoints :
MM.
Jean Gazelles, membre du Conseil sup^rieur de T Agriculture,
secretaire general de la Societe des Viticulteurs de France ;
Le D' SiGAUD, vice-president de la Societe Industrielle et Agricole
et secretaire general de TUnion des Viticulteurs de Maine-et-
Loire.
Secretaires :
MM.
Raymond Gavoty, secretaire de la Society des Viticulteurs de
France et de la Section de Viticulture de la Societe des Agri-
culteurs de France ;
Gilles-Deperriere, directeur de la Station viticole de Saumur,
president du Cornice agricole de Saint-Georges-sur-Loire ;
Bacon, professeur sp^ial d'agriculture a Saumur :
Lepage, professeur special de viticulture a la Station viticole de
Saumur ;
Pacottet, maitre de conferences a Tficole nationale d' Agricul-
ture de Grignon, secretaire de la Societe des Viticulteurs de
France ;
Joseph Blanchemain, secretaire-ad ioint de la Societe des Agri-
culteurs de France ;
Leon MoREAU, directeur du laboratoire d'oenologie de Maine-et-
Loire
Secretaire-tresorier :
M. Felix BouFFET, secretaire du Syndicat national de defense de
la Viticulture fran^aise, secretaire general-adjoint de rUnion
des Associations viticoles de France.
Membres :
MM.
Battanchon, inspecteur de I'Agriculture, directeur de La Vigne
americaine ;
Bethmont, vice-president de la Societe des Viticulteurs de
France ;
BouRciER (Leon), maire de Rablay, viticulteur k Rablay
(Maine-et-Loire) ;
Causse (Pierre), archiviste de la Societe des Viticulteurs de
France ;
Cazeaux-Cazalet, depute de la Gironde, membre de la Com-
mission internationale permanente de Viticulture ; -
Chandon de Briailles (Comte Raoul), vice-president de la
Societe des Viticulteurs de France, membre de la Commission
internationale permanente de Viticulture*,
Chatry de la Fosse (Baron), vice-president de la Section de
Viticulture de la Societe des Agriculteurs de France -,
Co u ANON, inspecteur general de la Viticulture, menibre de la
Commission internationale permanente de Viticulture ;
CouDERC (Georges), membre de la Commission internationale
permanente de Viticulture ;
- 175 --
Drake del Castillo, propri^taire-viticulteur, k Monts (Indre-
et-Loire) ;
Degrully, directeur du Progres agricole et viticoUy k Montpellier;
Deloncle (Charles), depute, ancien inspecteur de Tenseigne-
ment agricole, membre de la Commission intemationale per-
manente de Viticulture ;
De Dreux-Brez^: (Marquis), membre du Conseil de direction de
la Societe dee Viticulteurs de France, proprietaire-viticulteur,
a Brez6 (Maine-et-Loire) ;
DuvERGiER de Hauranne, membrc du Conseil de la Soci6t6^
des Agriculteurs de France ;
Ferrouillat, directeur de Tficole nationale d' Agriculture de
Montpellier. membre de la Commission intemationale perma-
nente de Viticulture ;
Fremy, president du Comice agricole et viticole de Maine-et-
Loire, maire de Chalonnes ;
Gavoty (Georges), secretaire de la Societe des Agriculteurs de
France ;
Gayon, correspondant de I'lnstitut, pi'ofesseur doyen de la
Faculte des Sciences de Bordeaux ;
GuiLLON, directeur de la Station viticole de Cognac ;
Hennessy, president du Comite de Viticulture de Cognac, a
Cognac (Charente) ;
Lapparent (H. de), inspecteur general de I'Agriculture ;
LiouviLLE (F^lix), secretaire general adjoint de la Society des
Viticulteurs de France, secretaire general du Syndicat natio-
nal de la Viticulture frangaise et de TUnion des Associations
viticoles de France ;
LivoNNiERE (Comte de), vice-president de la Societe Indus-
trielle et Agricole d'Angers et du departement de Maine-et-
Loire ;
Martell, industriel, ancien senateur, president de la Chambre
de Commerce, a Cognac (Charente) ;
Du Perier de Larsan (Comte), depute de la Gironde, membre
de la Commission intemationale permanente de Viticulture ;
D' Peton, ancien maire de Saumur, vice-president de 1' Union
des Viticulteurs de Maine-et-Loire et de la Commission de
Viticulture d'Angers ;
Ravaz, professeur de viticulture k I'Ecole nationale d' Agricul-
ture de Montpellier, membre de la Commission intemationale
permanente de Viticulture ;
De la RocHEMAci), proprietaire-viticulteur k Couff^ (Loire-
Inferieure) ;
Saint-Ren6 Tallandier (Henri), vice-president de la Society
des Viticulteurs de France, membre de la Commission inter-
nationale permanente de Viticulture ;
Salomon (fitienne), membre de la Commission intemationale
permanente de Viticulture ;
Silvestre (Claude), secretaire general de la Societe regionale de
Viticulture de Lyon, membre de la Commission Internationale
permanente de Viticulture ;
— 176 —
TissERAND, directeur honoraire de 1' Agriculture, president
d'honneur de la Societe des Viticulteurs de France, membre de
la Commission internationale permanente de Viticulture ;
Vavasseur (Charles), proprietaire-viticulteur, a Vouvray
(Indre-et-Loire) ;
Verneuil, president du Comice agricole de Saintes (Charente-
Inferieure), proprietaire-viticulteur, k Cozes ;
Vermorel (Victor), president du Comice agricole du Beaujolais,
membre de la Commission internationale permanente de
Viticulture ;
Vbzin, professeur departemental d' Agriculture de Loir-et-Cher.
k Blois.
RfiGLEMENT DU CONGRfiS
Article premier. — A I'occasion du Concours Regional agri-
cole qui aura lieu a Angers en juillet 1907, il est institue en cette
ville un Congres International de Viticulture.
Art. 2. — Ce Congres s'ouvrira le samedi 6 juillet, k 9 heures
du matin, et durera les 7, 8 et 9 juillet 1907.
Art. 3. — Seront membres du Congres les personnes qui
auront adresse leur adhesion au Secretaire general de la Commis-
sion d' organisation avant I'ouverture de la session, ou qui se seront
fait inscrire pendant la duree de celle-ci, et qui auront acquitt^
le montant de la cotisation fixee k 10 francs.
Art. 4. — Les Societes d' Agriculture, Comices, Syndicats, et
generalement totites Associations ayant un caractere agricole
peuvent faire partie du Congres et y envoyer des del^gues ; la
cotisation est aue pour chaque delegue.
Art. 5. — Sur le paiement de leur cotisation, les membres du
Congres recevront une carte qui leur sera delivr^e par les soins de
la Commission d'organisation. Ces cartes sont strictement per-
sonnelles ; elles donnent droit a I'entree gratuite dans toutes les
parties du Concours agricole d' Angers.
Art. 6. — Les membres du Congres recevront en outre,
gratuitement, toutes les publications emanant du Congres, y
compris le compte rendu in extenso de ses travaux,^ lequel sera
publie par les soins de la Commission d'organisation. — lis
pourront prendre part a I'excursion qui cloturera le Congres.
Art. 7. — Les delegu^s des administrations publiques et
etrangeres jouiront des memes droits que les membres du
Congres.
Le Bureau de la Commission d'organisation fera proc^der, lors
de la premiere seance, a la nomination du bureau du Congres, qui
aura la direction des travaux de la session.
Art. 8. — Le Congres comprend des seances generates, des
visites k des etablissements ou exploitations viticoles et agricoles,
et une excursion dans les vignobles^del' Quest (Maine-et-Loire el
— 177 —
Loire-Inferieure), des Charentes (Charente-Inferieure etjCha-
rente) et du Centre de la France (Indre-et-Loire et Loir-et-Cher).
Art. 9. — Le Congres ne comprenant que des seances generales
et aucune reunion preparatoire de sections, les rapports |qui
doivent faire la base des discussions et des travaux du Congres
devront etre remis a tous les adherents par les soins de la Com-
mission d'organisation, un mois au moins avant Touverture du
Congres, de fagon a en permettre I'etude prealable.
Art. 10. — Aucun travail ne pent etre presente en seance, ni
servir de point de depart a une discussion si, avant le 1®' avril
1907, I'auteur ne Fa communique a la Commission d'organisa-
tion.
Art. 11. — Les membres du Congres qui auront pris la parole
dans une seance devront remettre au secretaire, dans les vingt-
(juatre heures, un resume ou le texte meme de leurs communica-
tions en vue des proces-verbaux. Dans le cas ou cette remise
n'aurait pas ete faite, le texte redige par les secretaires en tiendra
lieu. La langue fran^aise sera adoptee pour les publications et les
f)roces-verbaux du Congres. Toutefois les communications ^en
angue etrangere seront admises, soit verbalement, soit par ecrit ;
le Bureau du Congres devra en faire ulterieurement la traduction
en langue frangaise.
Les orateurs ne pourront occuper la tribune pendant plus de
15 minutes, a moins que I'Assemblee consultee n'en decide
autrement.
Art. 12. — Le Bureau du Congres statue en dernier ressort sur
tout incident non prevu au present reglement.
Toutes les communications relatives au Congres doivent etre
adressees a M. Prosper Gervais, secretaire g^n^ralMe la Com-
mission d'organisation, 20, rue Cambon, k Paris.
PROGRAMME DU CONGRES
La question des vignes americaines il y a vingt arts et aujourd^huL
Rapporteur : M. Pierre Viala, inspecteur g^n^ral de la Viticul-
ture, professenr k I'lnstitut national agronomique.
Le greffage et la qualite des vins
Rapporteurs :
Bordelais : M. Bord, secretaire general du Syndicat regional
agricole de Cadillac ; M. Capus, professeur special d'agricul-
ture, k Cadillac (Gironde).
Bourgogne : M. Pacottet, chef des travaux a I'lnstitut agrono-
migue, maitre de conferences de viticulture a I'Ecole de
^ Grignon, proprietaire-viticulteur k Nuits-Saint-Georjges (Cote-
>d'Or) ;
— .178 —
Yonne : M. Rousseaux, directeur de la Station agronomique de
PYonne, a Auxerre.
Anjou : M. le marquis de DREUx-BRi:zE, proprietaire-viticulteur
a Breze ; M. Bacon, professeur special d'agriculture a Saumur
(Maine-et-Loire), et M. Lepage, professeur special de viticul-
ture a la Station viticole de Saumur.
Espagne : M. Sal as y Am at, ingenieur-agronome a Malaga.
Italie : M. Paulsen, directeur des champs d'exp^riences et pepi-
ni^res gouvernementales a Palerme.
Hongrie : M. Victor Kosinsky, directeur de I'Ecole de Viticul-
ture d'Arad, inspecteur de Viticulture de Tokai.
Portugal : Duarte d'Oliveira, proprietaire-viticulteur k Porto,
secretaire de la Real Liga agraria do Norte.
Le greffage et la qualite des eaux-de-vie
Rapporteurs : M. Guillon, directeur de la Station viticole de
Cognac, et M. Verne uil, president du Cornice viticole de
Saintes.
Le greffage et la production des raisins de table
Rapporteurs : M. Salomon (fitienne), proprietaire-viticulteur a
Thomery (Seine-et-Marne), et M. Tacussel (Alexandre), pre-
sident de la Societe d' Agriculture de Vaucluse.
Les producteurs directs et la qualite des vins
Rapporteur : M. Roy-Chevrier, secretaire general de I'Union
agricole et viticole de Chalon-sur-Saone, proprietaire-viticul-
teur au Chalet du Peage (Saone-et-Loire).
De la variation des cepages par selectiony culture ou greffage
Rapporteur : M. Ravaz, professeur de viticulture a I'Ecole natio-
nale d' Agriculture de Montpellier.
La viticulture septentrionale
Rapporteur : M. Adrien Berget, agreg^ de TUniversite, proprie-
taire-viticulteur a Pontaillier-sur-Saone (C6te-d'0r).
La densite des plantations ; les tailles tongues et les tailles courtes,
au regard de la qualite des produits
Rapporteurs : M. Durand, directeur de Tficola d' Agriculture
tfficully, et M. Guicherd, professeur departemental d' Agri-
culture de la Cote-d'Or.
Des procedes rationnels de vinification
Rapporteur : M. Semichon, directeur de la Station oenologique
ae I'Aude, a Narbonne.
— 179 —
Les fraudes sur les vins an point de vue international
Rapporteur ; M. Tallavignes, inspecteur de 1* Agriculture.
Des noms et certificats (Torigine
Rapporteur : M. Alphonse Vivier, president du Cornice agricole
et viticole de Cognac, directeur du Moniteur de Cognac,
Eoctension de la Convention de Madrid et adoption de mesures
uniformes pour les garanties d' origin
Rapporteur : M. Cazeaux-Cazalet, depute de la Gironde.
Etoblissement de regies communes a toutes les nations pour V ana-
lyse des if ins, la determination des elements constitutifs des vins
naiurels et des elements necessaires a leur conservation.
Rapporteur : M. Xavier Rocques, chimiste-expert, membre du
Comite techaique d'cenologie.
Le programme precedent comprend essentiellement les ques-
tions sur lesquelles des rapports seront presentes aux delibera-
tions du Congres.
Les viticulteurs de tons les pays sont invites a transmettre a
la Commission d' organisation les observations et les travaux sur
les questions inscrites au programme ainsi que les documents
qui s'y rapportent.
Le delai pour ces diverses communications est fix6 au
1« avril 1907.
Le Congres sera imm^diatement suivi d'une excursion dans
les vignobles du Maine-et-Loire et de la Loire- Inferieure ; de la
Charente-Inferieure et de la Charente ; de I'lndre-et-Loire et du
Loir-et-Cher.
Le programme d^taille ainsi que les conditions de cette excur-
sion seront ulterieurement publics. Seules pourront y prendre
part les personnes qui auront adhere au Congres.
«
La Commission d'organisation fait appel aux viticulteurs de
tous les pays ; elle leur demande de lui apporter leur concours
pour accroitre I'importance et I'eclat de cette grande reunion
destinee a resserrer les liens qui les unissent.
L'examen du programme indique que le Congres aura k dis-
cuter des questions tr^s importantes, qui touchent a la vie
meme de la ViticulturieF(0t k sa prosperity : la Commission d'orga-
— 180 —
nisation serait heureuse de recevoir I'adhesion des principaux
viticulteurs; elle leur demande de I'aider de leur experience et de
leurs lumi^res et de lui communiquer les documents qu'ils pour-
raient lui adresser sur les questions inscrites k I'ordre du jour de
la^session.
Le President de la Commission d^organisaiion,
BORDEAUX-MONTRIEUX.
LeSecrelaire general,
Prosper Gervais.
Ci-inclus un bulletin d' adhesion au Congres international de
Viticulture.
Les adhesions et communications relatives au Congres sent
regues par M. Prosper Gervais, secretaire generaljS'ue Gambon '^^t
k Paris.
Le G4rant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et G. Grasdxu -* 1858-6.
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BULLETIN MENSUEL
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SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du d^partement de Maine-et-Loire
Proc^-verbal de la stance du samedi 28 juillet 1906
Presidence de M. le comte de Livonni^ire, vice-president.
fitaient presents : MM. le D^ Sigaud et Andre Huau, membres
du Bureau ; M. Gilles-Deperri^re, vice-president d'honneup;
MM. Lavallee, Moreau, Vinet, betton-Allard, Edouard
Lafarge, Kiehl, Chaillou, Fourmond fils, Bernard-Chauvir^,
baron Le Guay, Ferr^-Hamon, Leon Bourcier.
— M. Andr6 Huau, vice-secretaire, donne lecture du procfe-
verbal de la derniere seance. Ce proc^s-verbal est adopte sans
observations.
— Un voeu est emis k Tunanimite pour la conservation k
Fontevrault des remarquables statues des Plantagenets, rois
d'Angleterre.
— M. le President, au nom de la Societe Industrielle et Agri-
cole d' Angers et du departement de Maine-et-Loire, adresse de
sinceres remerciements a M. Bordeaux-Montrieux, president de
la Societe, pour le don de cinq cents francs qu'il a fait pour le
Concours de 1907.
— A Toccasion de sa premiere presidence, M. le comte de
Livonniere prononce Tallocution suivante :
« Remplissant pour la premiere fois les nouvelles fonctions de
vice-president que vous m'avez confiees et dont je vous remercie
a nouveau bien cordialement, il m'a semble utile, surtout aprds
les renouvellements importants qu'a du subir notre Bureau, de
vous faire une declaration tres nette sur nos intentions et la
ligne de conduite que nous nous sommes imposee d'un commun
accord.
« Nous tenons k suivre la voie tracee par notre tr^s regrett6
- 182 —
president, M. le s^nateur comte de Blois, c'est-a-dire qu'avant
tout nous voulons, d*une fagon absolue, maintenir envers et
contre tous, a nos seances, le grand principe de la tr^s libra dis-
cussion ; nous estimons qu'il vaut mieux tolerer meme quelques
vivacites de langage, qu'il est toujours facile de rectifier ensuite,
que d*ap porter une contrainte quelconque dans la libra exposi-
tion des idees.
« L'Assemblee pourra, si bon lui semble, apr^s toute discus-
sion, se prononcer dans le sens qu'elle voudra pour les vceux ou
conclusions qu'elle entendra, par sa majorite, adopter.
« Tant que nous serons en fonctions, nous appliquerons stric-
tement ces regies qui, en dehors de toute consideration d'^quite
et de bonnes relations a entretenir entre collegues, pauvent
seules apporter les Elements d'interet et de succes que nous
rechercherons toujours pour not re Societe.
« Nous tenions, Messieurs, a nous expliquer clairement
devant vous, pour empecher toute interpretation qui serait
contraire k nos sentiments. »
— M. Moreau, membre titulaire, directeur du Laboratoire
d'ocnologie, donne lecture de son travail intitule : A trailers le
{^ignoble allemand.
Ce compte-rendu a vivement interesse Tauditoire et M. le Pre-
sident adresse a Tauteur de chaudes felicitations.
Le travail de M. Moreau paraitra en entier dans un de nos
bulletins mensuels.
— M. le D' Sigaud, vice-president, fait part a la Societe des
observations recueillies, en compagnie de M. Bordeaux-Mon-
. trieux et de M. Andre Huau, sur le Goncours national de Rennes,
en vue du grand Goncours regional d'Angers de 1907. Get inte-
ressant repport sera public egalement en entier dans un de
nos bulletins mensuels.
— Reception des candidats presentes le 30 juin 1906 :
M. Maurice de Soland, conseiller d'arrondissement, maire de
Thouarce, chateau de Ghantdoiseau, par Thouarce ;
M. Paul Labesse, docteur en medecine, 38, rue des Lices,
Angers ;
M. Louis Pele, negociant en grains, adjoint au maire de
Freigne (Maine-et-Loire) ;
M. Gonrairie. proprietaire, a la Haie, Bourg-d'Ire ;
M. Besnier, medecin-veterinaire, proprietaire a Segr6 ;
M. Gharles Trocherie, negociant, marchand de chaux a Cha-
lumelaie, commune de Vern (Maine-et-Loire) ;
M. Jean Halope, proprietaire, marchand de bestiaux, k la
' Boullaie, Sainte-Gemmes-d'Andigne, par Segre ;
M. Jules Delestre, proprietaire-agriculteur, a Vergonnes, par
Pouance ;
M. Gharles Hastron, commandant en retraite, a La Posson-
ni^re,
sont tous rcQUs, a Tunanimite des voix, membres titulaires.
— 183 —
— Presentation de candidats :
M. Gabriel Rayer, distillateur, vins en gros, boulevard du
Ch&teau, Angers, presents par M. Suaudeau et le D^ Sigaud ;
M. le baron Prosper de Manneville, maire de Baracd, cMteau
de la Motte (Barac^), presents par M. le comte Jean d'Andign^ et
M. le vicomte Louis de Romain ;
M. Rene Gauvin, depute de Maine-et-Loire, a Saint-Augustin,
pres les Justices, Angers, presente par M. le I> Monprofit et
M. le DT Sigaud ;
M. Adolphe Pieau, proprietaire a Segre, pr6sent6 par M. Bor-
deaux-Montrieux et M. Vaugouin ;
M. Rosier (Rene-Adrien), medecin v6t6rinaire, 28, rue du
Commerce, Angers, presente par M. le D'" Sigaud et M. Mellet.
L'ordre du jour etant epuise, la stance est levee k 4 heures.
Le VkeSecritaire
Andr6 Huau.
Rapport sur le 54^ Concours d^partemental
des animaux reproducteurs des e spaces
bovine^ ovine et porcine et le concours des
beurres d' Angers (29 septembre 1906).
Par le D* Sigaud, vice-president de la Societe Industrielle
et Agricole d' Angers.
Le 29 septembre 1906 a eu lieu, k Angers, le 54® Concours
'd^partemental des animaux reproducteurs des especes bovine,
ovme et porcine ainsi qu'un concours de beurres. Le concours
des animaux bovins se tenait dans I'avenne Jeanne-d'Arc, celui
des ovins et des porcins sur Templacement d'un des quinconces
du Jardin du Mail et le concours des beurres dans une salle du
restaurant Castagnon. 175 animaux de Tespece bovine, 4 beliers,
4 lots de brebis, 18 pores ont ete presentes et le Jury du concomrs
des beurres a eu a examiner 13 echantillons. Cette annee les con-
currents avaient du faire inscrire leurs animaux quinze jours
avant la date du Concours, cette mesure nouvelle a permis aux
organisateurs de tout preparer a Tavance, de placer les pancartes
avant Tarriv^e des animaux, aussi le classement s'est-il fait
immediatement et sans la moindre difficulte. A 10 heures les
diff^rents Jurys pouvaient entrer en fonctions. L'ensemble du
concours a paru tres satisfaisant, les animaux etaient sensible-
- 184 -
ment plus nombreux qu'au precedent Concours departemental
de 1904. D'un autre cote, malgre la s^cheresse persistante de
r^te et la disette de fourrages verts qui en a ete la consequence,
Tetat des animaux etait excellent.
On a remarque que les sujets appartenant a la race Durham
pure etaient en petit nombre, la plupart provenant de la meme
stable. II est regrettable qu'on abandon ne presque complete-
ment, dans les principales etables de TAnjou, cette race amelio-
rante par excellence de notre race locale, la race Durham-man-
celle, qui predomine actuellement dans notre departement. Aussi
les taureaux presentes au Concours (la plupart ayant obtenu
deja des premiers prix dans les comices cantonaux), ont-ils paru,
de Tavis general, de formes moins parfaites qu'autrefois. Gette
appreciation a ete faite deja dans certains comices et en particu-
lier dans le Comice du canton Sud-Est d 'Angers, ou jadis la belle
stable de M. du Grandlaunay avait puissamment contribue a
Tamelioration des animaux du canton, grace aux Durhams de
choix qu'elle possedait. Un de nos departements voisins, la
Mayenne, oii Televage est tres developpe et constamment en
progres, merite au contraire,^ ce sujet,des eloges. Nous avons pu
voir recemment, au Concours departemental de la Mayenne qui
avait lieu cette ann^e les 6, 7 et 8 octobre a Laval, de superbes
animaux de croisements Durham qui doivent la perfection de
leurs formes et leurs principales qualites aux nombreux repro-
ducteurs d'eUte de race Durham pure provenant des etables
iustement renommees des de Broglie, des de Quatrebarbes, des
)audier, des Gousse, des Ricosset, pour ne citer que les plus
connues. II y a la un danger veritable pour I'avenir de notre race
Durham-mancelle, deja si peu homogene, qui ne tardera pas a
s'abatardir et a perdre ses caracteres principaux et surtout la
precocite, si Ton n'y prend garde.
Malheureusement, en Anjou, les cultivateurs se desinteressent
trop de la conformation du male qu'ils emploient pour ia repro-
duction ; les genisses au contraire qu'on eleve sont Tobjet de plus
de selection. Par contre, nous avons pu voir au Concours de
beaux specimens de la race Charolaise-Nivernaise. Dans Tarron-
dissement de Segre il se manifeste, depuis un certain nombre
d'annees, une tendance a remplacer le Durham comme race
croisante par le Gharolais-Nivernais, race frangaise de boucherie
tout aussi perfectionnee,-plus rustique, de plus grande puissance
hereditaire (ce qui est tres important pour la transmission des
qualites) et avec cela travailleuse et plus refractaire a la tuber-
culose, maladie de plus en plus repandue en Anjou. Sans vouloir
prejuger des maintenant de Tavenir de cette tentative, nos ren-
seignements nous permettent de dire que les resultats obtenus
semblent deja satisfaisants.
Une remarque importante a ete faite a notre Concours de
1906. On a constate Tinconvenient serieux provenant de Tadmis-
sion des taureaux ages de plus de 3 ans et souvent delaiss^s pour
la reproduction. II ne faut pas oublier que notre Concours est
— 185 —
Ouvert uniquement aux animaux reproducteurs en vue de la
Teproduction et non aux animaux gras destines, a bref delai, a fa
boucherie. Aussi doit-on eviter a Tavenir qu'un taureau prc^sente
au Concours puisse, apres avoir obtenu un prix plus ou moins
important, etre dirige immediatement vers 1 abattoir.
Ce fait, qui s'est produit isolement, nous voulons bien Tad-
mettre, ne devrait pas pouvoir se reproduire dans nos Concour3.
La prime accordee a un taureau de cette categore ne d'^vrait
'dtre versee au proprietaire que six mois apres le Concours, sur
certificat etablissant que Tanimal est tou jours en sa possession,
ou au moins sur presentation d'un certificat de suite indiquant
<|ue Tanimal est encore vivant.
Mais si les taureaux laissaient a desirer, en revanche les
genisses et surtout les vaches laitieres ont ete fort remarquees.
On a distingue, en particulier, celles presentees par TEtablisse-
ment Saint-Nicolas, toutes superbes et reellement hors de pair.
II est permis de regretter toutefois que le taureau presente par
ce meme etablissement, dans le but de pouvoir concourir pour
un prix d'ensemble, fut aussi commun et on pent dire meme
aussi defectueux. Lorsqu'on possede un troupeau de vaches
aussi remarquables, on ne doit pas hesiter a rechercher, au prix
meme de quelques sacrifices, un taureau bien conforme, d'exce)-
lente origine, pouvant contribuer a produire des eleves qui
seraient, sans nul doute, achetes a aes prix tres remunera-
teurs.
Le concours des animaux de Tespece ovine comprenait uji
petit nombre d'animaux ; en Anjou, 1 elevage du mouton est peu
important, toutefois les sujets presentes etaient meritants et
presque tons ont regu des recompenses. Les animaux de I'espece
porcine etaient plus nombreux que d'habitude et les prix ont 616
* chaudpment disputes, aussi bien pour les males que pour les
femelles.
Nous laissons a notre savant collegue,M. Moreau, president du
Jury des beurres, le soin d'apprecier ce concours qui, de Tavis
des connaisseurs, a ete tres satisfaisant ; la plupart des beurres
primes 6tant tons de bonne qualite et, par suite, d'un classemcnt
difficile.
Le point le plus interessant du Concours a ete une innovation
consistant a faire examiner, apres le classement ordinaire, les
animaux d'apres la methode de pointage adoptee deja dans
certains pays et experimentce au Concours de Moulins, et cela
dans le but de voir si les resultats de cet examen concordaient
avec Texamen habituel de nos concours. Notre excellent coUegue
M. Alfred Grau, professeur de zootechnie a Tficole Superieure
d'Agriculture d' Angers, qui a preside un des Jurys, a bion voulu
accepter de nous faire le compte-rendu de ses observations sur
Tapplication de cette methode au Concours d'Angers. Nous le
remercions au nom de tons nos collegues et nous sommes per-
suade que son etude interessera vivcment nos lecteurs.
Nous nous permettrons, en terminant ce rapport, de faire une
— 186 -
critique g^nerale sur le Concours departemental tel qu'il est
oi^anise actuellement en Maine-et-I^oire.
Ce concours merite-t-il bien le litre de Concours departemen-
tal ? Si tous les eleveurs du departement sont admis a concourir^
il est toutefois tres facile de constater que les concurrents appar-
tiennent presque tous, sinon a rarrondissement d'Angers, du
moins aux communes faisant partie des Cornices pen eloignes du
chef-lieu. Les eleveurs reculent evidemment devant les frais
importants necessites par Tenvoi de leurs animaux, aussi la plu-
part de ceux qui sont venus demander des renseignements, avant
de se faire inscrire, ont-ils fait cette observation et il a fallu leur
montrer qu'ils avaient des chances reel les d'obtenir des prix en
argent pour les encourager a amener Ieui*s animaux au Concours.
On n'aime pas a se deplacer pour rien, un voyage qui coute de
I'argent doit encore en rapporter plus, c'est une regie generale
en usage chez les fermiers. Aussi dans la Mayenne, pour obvier
k ce meme inconvenient, a-t-on pris le parti, depuis des annees^
de faire le concours departemental alternativement dans chacun
des trois arrondissements : a LavaL a Mavenne et a Chateau—
gontier, le concours revenant tous les trois ans dans la meme
ville. II faut ajouter que le Concours departemental de la Mayenne
comprend : un concours d'exploitations rurales, un concours
hippique, un Concours d'animaux reproducteurs des especes
bovine, ovine et porcine, un Concours d'animaux de basse-cour,.
un Concours de produits agricoles, hortieoles et d'ornements, un
Concours de beurres et de froma^es, un Concours d'instruments
exposes d'une part par les Constructeurs du pays et, d'autre
part, par les constructeurs etrangers au departement, enfin un
Concours d'enseignement Agricole et un Concours de Mutualites
agricoles. Mais les ressources dont dispose le Syndicat des Agri%
culteurs de la Mayenne, charge de Torganisation du Concours,
sont autremeat importantes que les not res. Ainsi, pour le con-
cours de 1906 le Conseil general de la Mayenne a vote une sub-
vention de 10.500 francs, la ville de Laval 6.000 francs et le
Ministre de TAgricultiire a accords une subvention de 2.850 fr.,
10 medailles de vermeil, 5 medailles d'argent, 10 medailles de
bronze et des livres. Ne pourrait-on pas, imitant la Mayenne^
reunir le Concours des primes culturales a celui des animaux
reproducteurs et faire le Concours alternativement une annee k
Angers (pour favoriser specialement les arrondissements d'An-
gers, de Saumur et de Baugc) ; une autre annee a Cholet pour
rarrondissement de Cholet, et enfm une troisieme annee a Segre
pour favoriser specialement rarrondissement de Segre. Au
reste,un essai de decentralisation a deja ete essay^ il y a quelques
annees avec le plus grand succes.
Des subventions speciales seraient demandees aux villes ou le
Concours aurait lieu, au Conseil general et a rEtat,de fagon a
constituer un budget beaucoup plus important, a I'exemple de
BOS voisins de la Mayenne.
Apres cette digression, je reviens a notre Concours d'Angers*
— 187 —
A 3 heures avait lieu, au kiosque du Jardin du Mail, la distri-
"bution des recompenses, sous la presidence de M. Bordeaux-
Montrieux, president de la Societe Industrielle et Agricole d'An-
^ers, ayant a ses c5tes M. le Maire d'Angers, MM. les Senateurs
<le la Bourdonnaye, Merlet et Bodinier (M. le senateur Domi-
nique Delahaye s etait fait excuser), MM. les deputes de Grand-
maison, Laurent et Ferdinand Boug^re et Gauvin (MM. de Maille
•et le due de Blacas s'^taient fait excuser) ; tons les Membres du
iureau de la Society Industrielle et les membres des difTerents
Jurys. Avant la lecture du Palmares, M. Bordeaux-Montrieux
adresse la parole aux laureats et leur donne des conseils qui ont
^t^ 6coutes tr^s attentivement et frequemment applaudis.
Voici ce discours :
Discours de M. Bordeaux-Montrieux
prononce a la distribution des recompenses
Messieurs,
Vous n'entendrez plus cette voix genereuse et chaude qui vous
parlait eloquemment de vos iiiter^ts, vous apportait tou jours de
sages avis et encoura^eait vos efforts.
Cette voix a retenti brillamment k la tribune du Senat toutes
les fois qu'il a fallu d^fendre la cause agricole, rechauffer le z^le
de ses amis, reveiller les indifferents. A cette noble tache, elle
s'est us4e ; mais, elle n'est pas eteinte, car les continuateurs du
comte de Blois en Anjou en recueilleront fid^lement les echos et,
avec une egale bonne volont^, si leurs moyens sont plus faibles,
ils poursuivront cette ceuvre tou jours inachevee, qui est de faire
sans cesse quelques etapes nouvelles sur la voie du progres et de
mieux vivre ainsi dans Vindustrie des champs.
Ce premier devoir rendu a la m^moire d'un grand serviteur de
TAgriculture, le second, pour nous, est de rappeler que le Conseil
G6n6ral de Maine-et-Loire et le Conseil Municipal d' Angers n'ont
pas voulu que les subventions royales qu'ils nous r^servent pour
1907 suspendissent, meme une seule fois, celles qui favorisent,
chaque annee, nos reunions agricoles ; et, grdce a cette gen^ro-
site, ainsi qu'a la haute bienveillance de M. le Ministre de TAgri-
culture, que nous ne saurions trop remercier, par Tobligeante
entremise de M. le Prefet, notre 54® Concours d animaux repro-
ducteurs flgurera dans nos annales k sa place chronologique.
Nous devons dire aussi que la Societe des Agriculteurs de France,
nos represehtants au Parlement et nos amis n'oublient jamais
qu'il y a de nombreuses medailles a distribuer, que TAdminis-
tration municipale, representee si gracieusement par M. le Maire,
met a notre disposition les plus beaux emplacements de la ville
et enfin que la Presse angevine a toujours pour oous de bonnes
paroles.
Le chapitre des remerciements ne se Termera r*^^ ^^'^ixis que la
-- 188 —
Society Industrielle et Agricole ait un mot de reconnaissance
pour les membres du Jury qui se sont pretes, avec tant d'empres-
sement et avec leur competence habituelle, au nouveau moae de
jugement des animaux que nous venons d'inaugurer. Leur tra-
vail a ete prepare avec soin par nos aimables commissaires et^
agents gen^raux, et ils ont ete secondes dans leur tSche par de
jeunes secretaires intelligents et devoues.
Vous voyez, Messieurs, par cet exemple, que nous nous tenons-
tou jours au courant des idees nouvelles et que nous essayons de
leur emprunter ce qu'elles paraissent contenir de juste et de vrai^
En raison de la duree limitee de ce Concours, le temps a fait
defaut pour afficher les tables de pointage k la tete de tous les^
animaux, mais par celles qui figurent au moins devant les sujets
primes, vous vous etes rendu compte immediatement de Texa-
men methodique auquel s'est livre le Jury pour asseoir son juge-
ment. II considere separement, et ensuite dans leur ensemble^
les differentes parties de I'animal, en donnant une not^ a chacune
d'elles ; mais, comme tous ces caracteres de la structure n'ont
pas la meme importance, chaque note subit Tinfluence d'un
coefficient particulier. C'est ainsi, pour prendre un exemple
sipiple, que le « dessus » d'un Durham-Manceau a sa note multi-
pli^e par le nombre 2, tandis que pour « la poitrine et le passage
'des sangles » il n'y a d'autre multiplicateur que I'unite. Chez les^
femelles, les caracteres laitiers font Tobjet d'un examen special.
II , est d'ailleurs facile de comprendre que la nomenclature des-
qualites a considerer et des coefficients a appliquer n'a rien
d'absolu, mais qu'elle se modifie, suivant qu'on veut ameliorer
certaines parties du corps de Tanimal et les soumettre expresse-
ment a Tappreciation des jures. Les memes Elements varient
pour une race a viande et pour une race a lait.
Quand on arrive au classement, on totalise les resultats que
donne le calcul des tableaux remis entre les mains des juges et,.
par leur moyenne, on obtient le nombre de « bons points » attri-
bues a chaque su jet. De cette fagon, comme le dit excellemment
M. Marcel Vacher, « les eleveurs et le public connaissent lea
motifs qui ont determine le jugement du Jury. Leur attention,
est egalement retenue par les qualites de Tanimal que signalent.
les notes les plus elevees, ou par les defectuosites que soulignent,.
suivant le degre, les notes les plus basses. »
C'est done, en principe, si la pratique ofTre quelques difficultes,.
une excellente methode pour tout le monde. Par leur publicite^
les tables de pointage deviennent Telement d'un veritable ensei-
gnement. L'eleveur est prevenu des defauts de conformation-
qu'il doit corriger, et il est amene a faire une selection plus rigou-
reuse de ses reproducteurs pour obtenir, aussi rapidement que
possible, Tamelioration de Tetable.
Nous aurons en meme temps, pour notre part, pose un jalon:
quand on voudra, plus tard, appliquer le systeme dans les grands
concours ou se rencontrent tant de races diverses, puisqu'il faut
d'abord que, dans chaque pays d'^levage, les caracteres types d
— 189 —
Tespece soient bien delimites et la valeur des coefficients experi-
mental^ment etablie.
Les memes principes nous ont fait adopter egalement, pour le
Jury des beurres, Techelle de points dont on s'est servi dans le
dernier concours international d'Anvers.
Puisque nous parlons de grands concours, c'est le moment,
Messieurs, de vous rappeler que vous etes invites a prendre part,
au mois de juillet lOOv, a la belle manifestation que la Societe
Industrielle et Agricole d'Angers organise, avec le Syndicat Agri-
cole d'Anjou, sous la haute direction de la Societe des Agricul-
teurs de France. Douze departements nous enverront leurs pro-
duits ; plus de vingt-trois mille francs de prix seront reserves.
aux animaux, et les meilleures cultures recevront egalement de
justes recompenses. Vous tiendrez a hohneur de venir en grand
nombre, pour vos inter^ts d'abord, puis pour la bonne renoramee
de TAnjou.
Nos concours departementaux montrent, une fois de plus, que
le betail a deja realise, dans notre contr^e, de serieuses ameliora-
tions ; mais il serait desirable qu'un plus grand nombre d'ani-7,
maux y figur&t, comme prouve d'une extension rapide des
bonnes methodes d'elevage. II n'y a pas, en effet, a se dissimuler
que, vis-a-vis des pays etrangers, le troupeau fran^ais se trouve-
rait bientot en etat d'inferiorite si le mouvement de progres,
constate depuis longtemps deja dans certaines exploitations, ne
s'^tendait pen a peu chez tons les eleveurs et ne profitait aux
plus humbles etables.
C'est dans cet esprit et pour copier heureusement ce qui se fait
en Danemark, en Allemagne, en Suisse, que la Societe des Agri-
culteurs de France se preoccupe, precisement aujourd'hui, de
provoquer la creation de petites Societes d'elevage. Le but serait
de faciliter ainsi a tous les cultivateurs Tusage d'un taureau de
choix et de leur inspirer la pratique d'une selection egalement
rigoureuse pour les femelles.
Je n'en dirai pas plus, en ce moment, pour laisser a vos Comices
de canton le soin de developper devant vous T^conomie de cette
id^e feconde.Quoi qu'il en soit, Messieurs, vous etes en mesure de
participer brillamment a la grande manifestation agricole qui se
prepare pour Tannee prochaine et vous ne manquerez pas de le
laire.
Comme les Angevins ont Thabitude de Tetre, vous serez
« aimables » pour les eleveurs etrangers qui viendront concourir
avec vous — et chez vous — ; mais il n'est pas defendu pour cela
de leur disputer les prix ; il faut meme les « battre » ; le tout est
de le faire avec grsice !
M. Bordeaux-Montrieux donne ensuite la parole a M. le D'" Si-
gaud pour la lecture du Palmares.
Voici la liste complete des recompenses :
— 190 —
MedaUles et prix distribues au 54® Concours departemental
du 29 septembre 1906
1° Rage Durham pure
premiere section — males
Premiere Cat^gorie — Taureaux de 6 mois kian
1®' prix : 70 fr. M. fion Pierre, k la Reyniere de Seiches.
2® prix : 40 fr. M™® veuve Morain-Busson, k Grandines (Cheiles).
3® prix (pas decern^).
Deuxidme categoric — Taureaux de i an d 2 ans
!• prix : 100 fr. et une m^daille de vermeil offerie par M. Bor-
aeaux-Montrieux, president de la Society. M. fion Felix, k la
Daubinidre de Cotz6.
Tfi prix : 70 fr. M™® vei.ve Morain-Busson, k Grandines (Cheffes).
3^ prix (pas d^cem^).
Troisieme categorie — Taureaux de 2 ans et au-dessus
1«* prix : 80 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Bodinier,
s^nateur. M™* veuve Morain-Busson, a Grandines.
2® prix : 60 fr. M, Gentilhomme, a Margot (Mire).
3® prix : 40 fr. M. Ferron Ch., a Bourg-d'Ire.
DEUXIlilME SECTION — FEMELLES
Premiere categorie — Femelles de 6 mois a i an
i^ prix : 70 fr. M™® veuve Morain-Busson, a Grandines (ChefFes).
2® prix. M™® veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). —
o fr. pour le bouvier.
3^ prix (pas deceme).
Deuxi^me categoric — Femelles de i an d 2 ans
ler prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Merlet,
senateur. MJ^ veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes).
2® prix. M"^® veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). —
5 fr. pour le bouvier.
3® prix (pas decerne).
Troisieme categorie — Femelles de 2 ans et au-dessus
l^^ prix : 80 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. de Grand-
maison, depute. M™© veuve Morain-Busson, a Grandines
(Cheffes).
2e prix. Mine veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). —
5 fr. pour le bouvier.
Mention honorable. M™® veuve Morain-Busson, k Grandines
(Cheffes).
- 191 —
2^ Animaux Durhams-Manceaux et Croisements
de races diverses
premiere section males
Premiere categorie — Taureaux au-dessus de 1 an et san^ dents
de remplacement
i^ prix : 100 fr., prix de la Ville d' Angers, et une medaille d'argent
^offerte par la Societe Industrielle et Agricole. M. Thibault
Pierre, a la Rifrie, par le Lion-d'Angers.
l^r prix ex-8Bquo : 100 fr., prix de la Ville d'Angers, et une
medaille d'argent oilerte par la Societe Industrielle et Agricole.
M. Thibault Arsene, a TAleu, par le Lion-d'Angers.
Pas de 2® prix.
3® prix : 60 fr. et une medaille de bronze offerte par la Societe
Industrielle et Agricole. M. Eon Pierre, a la Reyniere de
Seiches.
4© prix : 40 fr. M. Perron, aux Eperonnays de Cherre.
5^ prix : 30 fr. M. Nadrelle, aux Bruyeres de Soucelles
6e prix : 20 fr. M. Provost, k Briollay.
Prix suppUmentaires
7e prix : 15 fr. M. Albert Eugene, a Saint-Martin-de-la-Place
8® prix : 10 fr. M. Belleau Louis, a Montreuil-sur-Loir.
Deuxieme categorie — Taureaux avec 2 dents de remplacement
1^ prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Domi-
nique Delahaye, senateur.M. Neveu, a Tinoil de Chateauneuf-
sur-Sarthe.
2^ prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Society
Industrielle et Agricole. M. fion Pierre, a la Reyniere de
Seiches.
3^ prix : 70 fr. M. Den^chaud, a la Rondiniere de Ghamptocd
4® prix : 50 fr. M. Allard, a Saint- Aubin de Segre.
5^ prix (pas decern^).
6® prix (pas decerne).
Troisieme Categorie — Taureaux de 2 ans et au-dessus
ler prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Laurent
Bougere depute M.. Noguet Jean-Baptiste, aux Grandes-
Vallees (Mangne).
2e prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Society
Industrielle et Agncole. M. Gentilhomme, a Margot (Mire).
3e pnx : 60 fr. M. Maillard Leon, a la Loire de Corze
4e prix : 50 fr. M Ure Livain, a Bezauveau (Saint-Sylvain).
5e pnx : 40 fr. M. Gerdeux Auguste, a Ghemans (Gorze).
6^ pnx : 30 fr. M. Thibault Pierre, a la Rividre ( Brain-sur-
Longuenee). ^ ^ oui
7© prix : 25 fr. M. Alleaume, Andard.
8© prix : 20 fr. M. Lemgme, k Saint-Barthelemy.
— 192 —
DEUXIAmE section FEMELLES
Premiere cat^gorie — Ginisses aii-dessus de 1 an et sans dent
de remplacement
l^ prix : 100 fr. et une m^daille de vermeil offerte par M. de
\iaill6, due de Plaisance, depute. M. Gtignard, a la Vinelliere
de Corzo.
2® prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par M. le Ministre
ae rAgriculture. M. Desbois, proprietaire, a Brain-sur-
TAuthion
3® prix : 60 fr. M. Eon Pierre, k la Reyniere de Seiches.
4® prix : 40 fr. M. Joulain, au Perin; route d'Epinard.
5® prix. M. Joulain, au Perin, route d'fipinard. — 5 fr. pour le
bouvier.
6* prix : 20 fr. M. Delaha'e, k la Liz'ere, Saint-Martin-du-Bois.
Prix suppUmentaires
7® prix : 15 fr. M. Coquereau, a la Chauss^e, Roche-d'Ire, Segre.
8® prix : 10 fr. M. Faribault, k THommage (Lion-d' Angers).
Deuxi^me categorie — Ginisses avec 2 dents de remplacement
l®'* prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Ferdi-
nand Bougere, depute. M. Boutreux Ren6, la Chotardiere
(Andard).
2® prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Societe
Industrielle et Agricole. M. Loussier, a Sourdon (Lion-d* An-
gers).
3® prix : 70 fr. et une medaille de bronze offerte par la Soci6t6 des
Agriculteurs de France. M. Martin Laurent, au bourg de Corze.
4® prix : 50 fr. M. Gentilhomme, a Margot (Mire).
5® prix : 40 fr. M. Lecomte ^^iotor, Saint-Svlvain.
6® prix : 30 fr. M. Gaignard Louis, k la Venelliere de Corz6.
Prix suppUmentaire
7® prix : 20 fr. M. Boutreux- Herbelot, au Plessis-Grammoire.
Troisieme categoric — Ginisses avec 4 dents
i^ prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. le
vicomte de la Bourdonnaye, senateur. M. Noury, k Tabbaye
de Morannes.
2® prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par M. le Ministre
de rAgriculture. M. Bodinier et M. Pelluau, aux Malember-
dieres de Trelazo.
3® prix : 60 fr. et une medaille de bronze offerte par la Societe des
Agriculteurs de France. M. Allard, k la Bourriere de Saint-
Aubin de Segre.^
4® prix : 50 fr. M. Eon Pierre, a la Keyniere de Seiches.
5® prix : 40 fr. M. Gaigrard Louis, k la Venelliere de Corz^.
6® prix : 30 fr. M. Moreau Ren6, k la Gu^rinidre de Trelaze.
— 193 —
7® prix. M. AUard, k la Bourriere de Saint-Aubin de Segr6. —
5 fr. pour le bouvier.
Se prix : 20 fr. M. Delahaie, a la Liziere de Saint-Martin-du-Bois
Quatrieme categorie — Vaches pleines on en lait
1®^ prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. le duo
de Blacas, depute. M. Faribault, a rHommage(Lion-d' Angers).
2® prix- : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Soci^t6
Industrielle et Agricole. Asile des Vieillards Saint- Nicolas.
3« prix : 70 tr. et une medaille de bronze offerte par la Soci6t6
Industrielle et Agricole. M. Eon Pierre, a la Reyniere de
Seiches.
4® prix. M. Eon Pierre, a la Reyniere de Seiches. — 5 fr. pour le
bouvier.
5® prix : 50 fr. M. Gastineau Auguste, a la Riviere Besnard,
commune d'Andigne.
^ prix : 45 fr. M. Genti'homme, a Margot (Mire).
7® prix : 40 fr. M. Changeon, au Bureau-Neuf de Cherre.
:8^ prix : 35 Jr. M. Lebouc Pierre, a Saint-Martin-de-la-Place,
Irix suppUmerUaires
S® prix : 30*fr. M. Coquereau, k la Chaussee (Bourg-d'Ir^).
10® prix :f25 fr. M. Thibault Pierre, a la Sablonniere (Lon-
d'Angers).
11® prix : 20 fr. M. Feriau, a la Chotardi^re, Andard.
12® prix. M. Eon Pierre, a la Reyniere de Seiches. — 5 fr, poup le
bouvier.
13® prix : IS^fr. M. Barre Charles, k Corze.
14® prix : 10/r. M. Boisseau Leon, k la Salette de Villev§que.
3^ Races pures diverses autres que la race Durham
premiere section — males
l®r''prix : 70 fr. M. Gastineau, a la Corbi^re de Noyant-la-
Gravoyere.
2® prix : 50 fr. M. Bouvet, k Champforin (Loire).
3® prix : 30Jr. M'^® la vicomtesse de Tredern, k TIsle-Briant.
Prix suppUmentaire
4® prix : 10 fr. M. Caffier, k la ferme du chateau de Roche-d*Ire.
DEUXIEME SECTION — FEMELLES
1®^^ prix : 70 fr. M™® la vicomtesse de Tredern, a TIsle-Briant.
2® prix. A!"!® la vicomtesse de Tredern, a TIsle-Briant. — 5 fr.
pour le bouvier.
3® prix : 30 fr. M. Bordeaux-Montrieux, ferme du Lattay.
Prix suppUmentaire
4® prix': 10 fr. M. Lavall^e, directeur de la ferme experimentale
d'Avrill^.
- 194 —
40 Categories de Vaches laiti^jres sans DisTiNCxiaN
DE RACES
1« prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Gauvin,
depute. Asile des Veillards Saint- Nicolas. (Prix d'honneur
special pour 1' Asile Saint- Nicolas, ensemble de son exposition
de vaches : 20 fr. pour le bouvier).
2® prix : 80 fr. M. Gentilhomme, a Margot (Mire).
3« prix : 60 fr. M°^® la vicomtesse de Tredem, k I'lsle-Briant.
4« prix : 40 fr. M. Foulonneau, a Saint-Barthelemy.
Prix supplementaires
5« prix : M°^® la vicomtesse de Tr^dern, k I'lsle-Briant. — 5 fr^
pour le bouvier.
6® prix : 30 fr. M. Michel Henri, a Gene.
7« prix : 20 fr. M. Joulain, au P6rin, route d'Epinard.
b^ Cat^igorie des moutons
Beliers
1» prix : 50 fr. M. Gaudin, aux Hetres, commune de Chaze-sur-
Argos.
2® prix : 40 fr. M. Thibault Rene, au Tertre (Chaz6-sur-Argos.)
3® prix : 30 fr. M. Noury, a I'abbaye de Morannes.
Lots de 3 brebis au moins de 1 an et au-dessus
!«' prix : 60 fr. M. Thibault Rene, au Tertre (Chaze-sur-Argos).
2® prix : 40 fr. M. Ferron, aux Eperonnays de Cherr^.
^3® prix : 30 fr. M. Gaudin, aux Hetres, commune de Chaz6-sur-
Argos.
4® prix : 20 fr. M. Godineau, aux Aulnaies de Corz^.
6<> ESPECE PORCINE
RACES FRANgAISES, ilTRANG^lRES ET CROISEMENTS DIVERS
Premiere categoric — MdUs
l®'^ prix : 60 fr. M. Manry, rue des ficuries, a Saumur.
2® prix : 50 fr. M. Cherre, a Bass6, commune de Seiches.
3® prix : 40 fr. M. Leclerc Constant, a Saint-Sylvain,
4® prix : 30 fr' M. Simon, a la Hardouiniere^ (Seiches).
5® prix : 20 fr. M. Retif Louis, ferme de I'Etang (La Membrolle).
Deuxieme categoric — Femelles
I®' prix ; 60 fr. M. Manry, rue des Ecuries, k Saumur.
2® prix : 50 fr. M. Lavallee (ferme experimentale d'Avrille).
3® prix : 40 fr. M. Chatelain, a Cosseliere, commune de Marc^.
4® prix : 30 fr. M™® veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes)*
£® prix : 20 fr. M. Baron P., k Jou6-Etiau.
— 195 —
Primes d'honneur
lo MALES
Medaille d'or offerte par la Soci^t6 Industrielle et Agricole*
Mme veuve Morain-Busson, k Grandines (Cheffes).
Medaille de vermeil offerte par M. le Ministre de 1' Agriculture.
M. Gentilhomme, k Margot (Mir6).
Medaille d'argent offerte par la Soci^te Industrielle et Agricole.
M. Eon Felix, k la Daubiniere de Cotz6.
2^ FEMELLES
Medaille d'or offerte par la Society Industrielle et Agricole,
M. Faribault, a THommaye (Lion-d'Angers).
Medaille de vermeil offerte par la Societe des Agriculteurs de
France. M. Eon Pierre, a la Reyniere de Seiches.
Medaille d'argent offerte par la Societe Industrielle et AgricoIe#
M. Gaignard, a Corze.
Prix d'ensemble
{Sans distinction de races)
M^daillier artistique offert par la Societe Industrielle et agricole.
Mme veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes).
Medaille d'argent offerte par la Societe des Agiiculteurs ' de
France. M. Eon Pierre, ^ la Reyniere de Seiches.
Medaille d'argent offerte par la Societe des Agriculteurs de
France. M. Gentilhomme, a Margot (Mire).
CONCOURS DB BeURRES
1" prix : 20 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. le prince
de Tarente. M. Lavallee, directeur de la ferme cxp^rimentale
d'Avrill6.
2® prix : 15 fr. et une medaille d'argent offerte par M. le comte
ae Livonniere, vice-president de la Societe Industrielle et
A^cole. M. Samson, a Jarze.
3^ prix : 12 fr. et une medaille d'argent offerte per M. le D' Si-
gaud, vice-president de la Societe Industrielle et Agricole..
M. P^ju, k Andard.
4« prix : 10 fr. M. Blondeau-Tessier, a Longu^.
5® prix : 9 fr. M. Guillet, a Ghambellay.
6« prix : 8 fr. M. Moreau, k Trelaze.
7« prix : 7 fr. M. Lamisse, a la Garenne de Trelaze.
8® prix : 6 fr. M. Dibon Pierre, Ecouflant.
9« prix : 5 fr. M. Paul Bribard, a Villeveque.
A 5 heures avait lieu, au restaurant Castagnon, un banquet.
M. Bordeaux-Montrieux presidait, ayant a ses cotes M. le Maire
d' Angers, MM. L. et F. Bougere, "de Grandmaison, Gauvin,
deputes ; M. de Livonniere, conseiller general, vice-president de
la Societe Industrielle ; M. Huault-Dupuy, vice-president bono-
— 196 —
raire ; M. Deperri^re, vice-president honoraire ; M. le D' Sigaud,.
vice-president de la Societe Industrielle ; M. A. Huau, secretaire •
M. Jamin, tr^sorier ; M. Paul Morain, professeur departemental
d' Agriculture ; MM. Massignon, Lavaltee, Leboucher, Bourcier^
Bidault de Mayenne, Robin, Baron d'Angers, Baron de Cholet^
Moreau, Grau, Vinet, la plupart des Membres du Jury, etc. . .
Au dessert, M. Bordeaux-Montrieux se l^ve et prononce Tallo-
cution suivante :
Discours prononcs par M. Bordeaux-Montrieux au banquet
L'heure tardive de cette reunion, que les circonstances nous
ont impos6e, emp^che beaucoup de nos amis d'y prendre part p
mais, ifs n'en sont pas moins « avec nous », et au nom du bureau
de la Societe, je les remercie ainsi que vous tons, Messieiu*s, qui
avez pu nous entourer ce soir, en grand nombre.
Cette place, que je ne devrais pas occuper, reste toujour^
« vide » pour nous qui sommes en deuil, et vous etes venus nous
apporter votre sympathie. Nous Testimons k toute sa valeur^
Cest un encouragement pr^cieux dont nous avons besoin, car
nous recevons du comte de Blois un heritage qu'il faut conserver
et etendre avec le temps. Je ne repeterai done pas tons les remer-
ciements que j'ai dits, il n'y a qu'un instant, ^ la distribution des
recompenses ; mieux que des paroles, notre reconnaissance
garantira nos sentiments. Nous saluerons, en meme temps, la pre-
sence parmi nous de M. le Maire de la ville d'Angers, qui a biea
voulu nous donner ainsi une nouvelle marque de son bienveillant
interSt.
Messieurs,
Gr&ce k la collaboration empressee des membres du Jury, nous
avons pu appliquer — en partie — au jugement des animaux la
nouvelle methode que j'exposais brievement tout k l'heure aux
cultivateurs angevins. En leur parlant de notre Concours regio-
nal de 1907, je leur faisais entrevoir aussi cette idee feconde de
la creation de Societes d'eievage.
Tous ces essais procedent d'une m§me preoccupation, qui est
de poursuivre I'ameiioration du betail fran^ais. Non pas que des
progres serieux n'aient ete realises dans certaines contrees et dans
notre pays d'Anjou egalement, ni que de fort belles etables ne
s*y rencontrent et ne figurent dans les concours ; mais le mouve-
ment est loin d'etre assez etendu, puisqu'il n'interesse guere que
reiite, quand il devrait profiter au plus modeste exploitant. C'est
pour lui, et a I'exemple de ce qui se pratique dans les pays etran-
^ors, que la Societe des Agriculteurs de France veut provoquer
la creation de Societes d eievage k circonscription reduite et
mettre ainsi a la disposition d'un groupe de petits cultivateurs
les moyens dont dispose un grand eieveur pour constituer I'e-
table.
- 197 —
Comme I'indique M. Jules LeConte, dans son remarquable rap-
port fait a la session generate du mois de mars dernier, des
Societes de ce genre auraient pour objet de se procurer un ou
plusieurs taureaux d'une race selectionnee, auxquels les associes
conduiraient les femelles, ou tout au moins celles dont les qua-
lit6s sont reconnues suffisantes, en vue du but precis a atteindre.
On pourrait, pour commencer, s'en tenir a ce simple pro-
^amme, et ce serait deja un grand pas de fait. Mais Tam^liora-
tion du betail par la transmission des qualites du mMe est subor-
donn^e eh meme temps a I'alimentation. Aussi, etendant leur
champ d'action, ces Soci^t^s entreprendraient I'etude de Tali-
mentation rationnelle qui permet, avec une meme disponibilit6
de fourrages combines et repartis « rationnellement », d'obtenir
plus de viande ou plus de lait. Sur ce point, I'education de la
masse est k faire entierement. Plus tard, on s'occuperait de I'^ta-
blissement du livre zootechnique qui comprend, pour chaque
animal, d'une part, sa genealogie ou son etat-civil, d'autre part,
ses qualites, c'est-a-dire sa mensuration, ses particularit6s et
ses aptitudes, autrement dit ses etats de services.
Tout le monde, d'ailleurs, commence a se preoccuper de ces
questions qui touchent au perfectionnement du betail. On s'en
preoccupe par des voies differentes, indirectes — si vous
voulez — mais toutes convergentes , puisqu'en agriculture,
comme en beaucoup de choses, tout se tient et s'enchalne.
C'est ainsi que le Congres de Bordeaux, en 1905, etudie la ferti-
lisation rationnelle pour accroitre la valeur productive des sols
enherbes. C'est le meme ordre d'idees qui conduit en ce moment
notre distingu^ coUegue, M. le P' Lavallee, a faire, pour I'ame-
lioration des prairies, des essais interessants qu'il poursuivra
pendant plusieurs annees.
Pour en revenir a nos Societes d'elevage, le systtoe fonctionne
en Danemark, dans le Luxembourg, en Allemagne, en Suisse, oii
ces efforts ont deja produit de grands resultats. II. est temps que
notre pays ne reste pas inactif et, suivant sa tradition, la Soci6t6
des Agriculteurs de France a pris la tete du mouvement.
Elle vient d'organiser un nouveau service, sous le nom de
« bureau d'amelioration de betail », ou tous les renseignements,
teh que modeles de statuts, ouvrages des meilleurs auteurs sur
la matiere, sont mis a la disposition des eleveurs.
M. Maurice Boucherie, president de la section du betail, le fait
tres justement observer ; ce bureau n'a nullement I'intention de
86 substituer a Taction si bienfaisante des Comices ou des Syndi-
cats, ni d'amoindrir leur role. II comprend, au contraire, comme
nous, que les petites Soci^t^s d'elevage doivent etre Temanation
des mutiples Societes d'agriculture qui se partagent le territoire
et connaissent le mieux les besoins de leur region. C'est done k
nos Comices de canton que revient Thonneur de faire entrer cette
organisation feconde dans le domaine des faits, et la Soci6t6
Industrielle et Agricole d'Angers ne veut garder, pour sa part,
que le merite d'en repandre Tidee.
— 198 —
Nos reunions agricoles sont toujours bonnes ; elles entre-
tiennent des relations necessaires ; mais combien elles marque-
raient plus noblement encore dans nos annales celles qui pour-
raient rappeler, par leur date, qu'elles ont jet^ la semence d'une
abondante moisson, parce au'elles ont ete, ce jour-1^, roccasion
d'un nouveau mouvement ae progr^s en Anjou.
Aussi, messieurs, il faut insister aupres de nos Cornices pour
qu'on essaie, sans tarder, ces petites Societes d'elevage. Par la
nature des choses, le progres agricole est lent, mais par sa nature
aussi Taction doit etre prompte, quand elle sert une idee vraie.
La Soci^t^ des Agriculteurs de France nous fait I'honneur de
subventionner magnifiquement notre Concours de 1907. A
I'exemple du d^partement du Doubs, ou I'organisation de syndi-
cats d'elevage parait prendre deja une grande extension, sou-
haitons que le departement de Maine-et-Loire offre, a son tour,
le meme spectacle lors de ces belles assises agricoles.
Je leve mon verre k la realisation de ce qui n'est par un reve,
puisque c'est un fait, et un fait considerable chez nos concurrents
etrangers. Je bois au succes de notre Concours regional de 1907,
et je porte la sante de tous ceux qui ont bien voulu participer aux
diff^rentes reunions de cette journee, et nous donner ainsi un
nouveau temoignage de leurs sentiments fideles.
De nombreux applaudissements sont prodigues a Torateur
auquel M. le comte de Livonniere, vice-president de la Society
Industrielle et Agricole d' Angers repond en ces termes :
Toast au banquet du 54® Concours departemental
de Maine-et-Loire
Apres le discours d'une haute portee de M. le President qui a
parle avec tant de cceur de celui qui n'est plus et dont I'absence
se fait toujours tres vivement sentir, de Tancien president de la
Societe Industrielle et Agricole et qui a trace d'une fa^on si
magistrale et si pratique le role toujours plus grand et plus utile
de la Societe Industrielle et Agricole, il semble qu'il n'y a rien a
aj outer.
Et cependant, permettez-moi d'adresser a un fidele ami, a un
ancien collegue, a M. le comte de Blois, un souvenir emu et aflec-
tueux.
II etait passionne pour tout ce qui est grand, beau, utile.
II avait pour la Societe Industrielle et Agricole un attache-
ment tout particulier et il lui portait le plus vif interet.
M. de Blois etait un charmeur et il etait d'autant plus char-
meur que la cause qu'il defendait lui tenait plus au coeur.
Et lorsqu'il parlait de la Society Industrielle et Agricole il etait
v^ritablement seduisant. II sollicitait souvent pour elle des sub-
ventions qui repondaient a de reels besoins. C'etait pour les
concours departementaux d'animaux reproducteurs, concours
— 199 —
<jui deviennent chaque fois plus importants. Vous en avez la
preiive aujourd'hui ; c'etait pour les concours de primes cultu-
rales, qui alternent avec les concours departementaux et qui
f onctionneront Tannee prochaine, au moment du concours regio-
nal ; c'etait pour la Station cenologique qui rend les plus signa-
les services, gr§ce k Tactive et intelligente direction de son
sympathique directeur, M. Moreau.
L utilite de ces subventions n'est pas contestable, mais elles
n^cessitent des votes de credit.
Or, Messieurs, nous avons au Conseil general une Commission,
gardienne scrupuleuse de nos finances, et cette Comission est
veritablement terrible quand on propose de nouvelles d^penses.
Vous ne vous en plaindrez pas trop, car sa severity est la meil-
leure garantie contre Taugmentation de nos impots departemen-
taux.
Eh bien. Messieurs, le comte de Blois savait si bien faire le
siege de la Commission et du Conseil general et presenter ses
arguments avec tant d'habilete qu'il obtenait toujours gain de
•cause. Aussi je vous demanderai d'envoyer a M. le comte de
Blois rhommage de notre reconnaissance et de notre fiddle sou-
v^enir. Mais si nous avons perdu un president dont nous n'oublie-
roiis jamais les services et le devouement, nous en avons un qui
sait continuer les traditions de celui qui n'est plus et developper
les ceuvres si bien commencees.
M. Bordeaux-Montrieux joint a ses hautes qualites d'organisa-
tion et de direction une bienveillance, une activite et un tact
'eloge n'est pli
Enfm, je vous propose de lever nos verres et de porter la sante
de notre tres aimable president, M. Bordeaux-Montrieux, et de
M. le D' Sigaud.
Les paroles de M. le comte de Livonniere regoivent Tapproba-
tion generale et sont suivies des applaudissements de tons les
assistants.
Le vice-pr^ident
faisant fonction de seer Hair e giniral
D^ Paul SiGAUP.
— 200 —
Le concours des beurres de 1906
Par M. L. Mobsau, membre iitulaire
Nous avions, nous aussi — c'etait le jour — une echelle de
points k appliquer pour les beurres, devant nous inspirer pour
cela de ce qui a 4t6 fait k Anvers, en avril dernier, a Toccasion
du concours international de beurres.
Cette Echelle de points ^tait la suivante :
Odeur 5 points
Goat 45 —
Travail 30 —
Consistance 20 —
Total 100 points
Le reglement du Concours indiquait aussi qu'un beurre, pour
^tre classe, devait avoir obtenu au moins la moiti6 des points
dans chaque division de T^chelle.
II est bien Evident que dans un concours de ce genre, la recom-
pense allant a la personne qui fait le beurre et non k Tanimal qui
en fournit la mati^re premiere, il n'est pas suffisant d'apprecier
seulcment les qualit^s organoleptiques du produit, mais il faut
surtout — ce que Ton negligeait parfois de faire dans les concours
anterieurs — tenir compte du travail que cette matiere premiere
a subi, travail (ecremage, malaxage et lavage) qui doit assurer au
Jbeurre une bonne conservation.
II ne faudrait pas comprendre dans le travail la sculpture sur
beurre' k laquelle s'adonnent certaines fermieres en vue de
seduire le jury. Que ces braves femmes sachent une bonne fois
que le jury est souvent compose de barbares qui ne comprennent
rien a ces ceuvres d'art et preferent un beurre sortant d'un simple
moule a un produit par trop ouvrag^.
Au sujet de Techelle de points, dont je parlais tout k Theure,
on aurait pu, pour simplifier et mettre d'accord plus facilement
le jury, ne faire que deux Echelons k cette Echelle ; premier
echelon : proprikis organoleptiques ; deuxi^me Echelon : apti-
tudes d la conservation, comprenant le travail et la consistance et
en donnant k chaque division 50 points.
Les beurres qui nous ont etd presentes ^taient bien moins
nombreux que de coutume — 13 ^chantillons — mais, par
ailleurs, ils ^taient superieurs a ceux des autres concours, au
— 201 —
point qu'en appliquant Tarticle du refflement d'Anvers, tous
auraicnt pu etre classes.
Nous avdns peut-etre 6te indulgents ; il y a en effet encore
beaucoup de progres a realiser du cote du travail du beurre ; le
malaxage et le lavage sont insuffisants et TAnjou est loin de se
classer en tete des regions qui donnent des beurres non seule-
ment tres bons, mais encore de bonne conservation. II serait du
devoir de la Society Industrielle et Agricole de mettre a T^tude
les moyens d'instruire nos fermieres sur ce point.
Le Jury d'Angers n'a pas tout k fait op^re comme celui
d'Anvers — il faut bien se distinguer un peu. Nous avons
d'abord fait quatre grandes divisions, classant, dans chacune
d'elles, les beurres d'apres leur gout. Puis ensuite, dans chaque
division, nous avons applique k chaque beurre I'echelle de points
mentionnee ci-dessus. II en est resulte que certains beurres qui se
trouvaient dans la premiere division pour leur gout sont tomb^s^
apres avoir fait le total des points, dans la deuxieme division,
par suite de leur def aut de consistance et du travail imparf ait qui
avait preside a leur fabrication et inversement des beurres de la
deuxieme division sont passes dans la premiere.
Les personnes qui, les operations du Jury achevees, sont
venues gouter les beurres que nous avions exposes, d'apres leur
ordre de classement, auront probablement trouve que les jures
n'avaierit pas le gout tres afiine. Le coupable est le Concours
d'Anvers et puis, entre nous, de gustibas et coloribus, . .
— 202 -
Essai du systdme des tables de pointage
pour le classement des animaux
au 54' Concours d^partemental agricole
d'Angers.
Par M. Alfred Gbait, ing^nieur-a^ronome,
professeur de Zootechnie k TEcole d' Agriculture d' Angers
IjC choix des animaux reproducteujrs,dans une race determinee,
a d'autant plus d'irnportance que leurs qualites ou leurs defauts
retentiront sur la race tout entiere qu'ils sont charges de perpe-
tuer. Encourager les eleveurs a bien choisir, en primant les suiets
d'elite qu'ils ont su selectionner, est done chose fort utile et c est
dans ce but que la Societe Industrielle et Agricole, qui a tant le
souci de la prosperite de TAnjou, s'est preoccupee d'oi^aniser
des concours dans Tinteret de I'elevage, cette branche impor-
tante de ragriculture de notre region.
Cherchant toujours le progres, la Societe Industrielle et Agri-
cole, grace a 1 'initiative eclairee de son president, M. Bordeaux-
Montrieux, a tente cette annee d'appliquer, pour le classement
des animaux, la nouvelle methode des points, depuis peu intro-
duite en France, mais qui a fait ses preuves dans beaucoup de
pays strangers.
En quoi consiste Toriginalite de cette methode ? C'est ce aue
je vais tacher, tout d'abord, de vous exposer.
L'appreciation d'un animal se base en premier lieu sur la con-
naissance des caracteres principaux de la race k laquelle il appar-
tient, et ensuite, sur Texamen des caracteres speciaux de Tindi-
vidu qui le designent comme plus ou moins parfait vis-a-vis du
type ideal de la race duquel il faut chcrcher a se rapprocher. Or,
dans tout examen, quel qu'il soit, il y a deux fagons de proc^der :
la premiere, qui est la plus expeditive, consiste a juger a vue, un
peu grosso modo et a donner son appreciation, pour ainsi
dire en bloc, Texamen termine ; la seconde,qui est peut-etre plus
sure, consiste a etudier separement les differents elements du
sujet sur lesquels on donne en detail son appreciation, pour for-
muler ensuite son impression sur Tensemble.
On comprend que pour apprecier les animaux, on puisse appli-
quer Tune ou Tautre de ces deux methodes d'examen, en parti-
culier quand il s'agit de les classer suivant leur valeur. Jusqu'a
present, c'etait la premiere methode que Ton employait genera-
lement ; c'est la seconde methode, dite methode des points, que
nous avons essayee pour la premiere fois a notre dernier concours
- 203 -
d^partemental. Cette ianovation presentait d'autant plus d'int^-
ret qu'on voulait la pratiquer en meme temps que la methode
ancienne afin de mieux la lui comparer.
Rappelons bri^vement comment fonctionne le systeme. On
dresse pour chaque categoric d'animaux une table des differents
caracteres a examiner et on distribue aux juges autant de ces
tables qu'il y a d'animaux. Les juges examinent methodiquemeni
ies differents caracteres de chaque animal dans Tordre ou ils sont
indiques et donnent a chaque caractere une note qui traduit leur
appreciation ; chaque note est multipliee par un certain coeffi-
cient calcule de fa^on a souligner Timportance du caractere envi-
sage et la somme des points ainsi obtenus donne un total qui
sjmthetise la valeur individuelle de Tanimal et represente Topi-
nion exacte du juge.
Ce mode d'annotation pent paraitre un peu compliqu^ au
premier abord, mais en r^alite il n'en est rien, car on est arrive
k etablir des tables de pointage claires, simples, ne laissant place
a aucune ambiguite et avec lesquelles on se familiarise tres vite.
Ces tables de pointage ont cela de particulierement avantageux
qu'elles donnent une idee nette de la plus ou moins grande per-
fection de chaque individu en indiquant les endroits par ou il
peche et les qualit^s qu'il presente d'un autre cote En rendant
possible Texamen methodique de Tanimal, et en fixant immedia-
tement les impressions du jury a mesure qu'elles se produisent,
elles permettent d'asseoir un jugement qui aura son interet pour
Televeur, car celui-ci pourra se rendre compte tout de suite des
raisons qui ont determine le classement et les decisions du jury
sont ainsi mises a Tabri de toute suspicion. C'est en meme temps
une excellente logon de choses et pour Texposant et pour les visi-
teurs, car ces tables peuvent etre affichees, apres Tattribution
des prix, a la tete de chaque animal dont elles montrent les qua-
lites interessantes par les notes les plus elevees et aussi les
defectuosites par les notes les plus basses. L'eleveur pent com-
f)arer les points obtenus par sa bote avec ceux qu'aur(>nt merited
es animaux mieux classes, et pourra se rendre compte de la voie
au'il faut suivre pour se rapprocher de la meilleure conformation
aont les tables lui font toucher du doigt les principaux elements.
II pourra meme les garder s'il le veut pour ref(5rence.
Avec la premiere methode d'appreciation, ces avantages
n'existaient pas. II est certain que les juges, charges d'apprecier
les animaux, n'ont pas besoin de se livrer a un examen aussi
detaille de chaque bete pour formuler un jugement exact ; ils ont
le coup d'oeil sur et ne se tromperont gu^re, mais quelles sont les
raisons qui ont motive leur choix ? De meme que ces praticiens
n'analysent pas leur sujet et se bornent a classer les animaux par
ordre de merite, leur opinion ne pent pas non plus etre analysee
et ne se met pas h la portee des exposants qui ne peuvent savoir.
le pourquoi des decisions prises. Or, n'est-il pas excellent que les
eleveurs tirent un enseignement profitable d'un concours qui est
fait pour eux ? Quand ce ne serait que pour cette raison, il fau-
— 204 —
drait deja desirer que cette fagon de proceder soit accepts. par
tous et appliquee progressivement dans tous \es concours.
Mais ce n'est pas le seul avantage que presente le systeme des
jgfrff/fy sur Tancienne fagon de proceder. Avec la methode usitee
joiqa'cci. In ainoiattx. n'ctaient pas Juges individuellement,
c'est-A-dire d'apre& YeaaeaMe de quahtes qu'il? doivent pre-
senter pour menter vraim^it la qa^roeatiaa de superieurs: Non,
on les classait par rapport aux autres sajets preseates, de sorte
que dans une categone ou il n'y avait pas beaueoup d'animaux,
tous ou presque tous recevaient des prix,et,inversemeiil,daQS WMI
categorie tres chargee, des animaux de valeur pouvaient rasiw
sans recompense. L'animal ayant le premier prix n'etait pas
necessairement un sujet d'elite, mais seulement le meilleur des
quelques concurrents amenes. II etait possible de voir une bete
mediocre jugee digne du premier prix dans une categorie peu
nombreuse et un animal excellent ne rien obtenir du tout dans
une categorie trop bien representee. De meme un animal prenant
part a des concours dififerents pouvait tres bien etre prime dens
r un et ne pas etre classe dans 1 autre sans cependant avoir d m ^-
rite pour cela. Les prix decernes dans ces conditions ne peuv^nt
done, avoir qu'une valeur relative^ dependant beaucoup plus
du nombre et de la valeur des concurrents que de la valeur de
rindividu lui-meme.
En appliquant le systeme des tables de pointage, ces facheux
errements disparaissent; on ne classe plus les animaux par com-
paraison avec les sujets qui les entourent, mais par rapport d la
race, par rapport au type que Ton cherche a realiser, et il est pose
en principe que seuLs les hons animaux sont recompenses ; auciin
animal mediocre ne doit etre prime. On accorde trois sortes de
E rimes : les tres bons sujets ont une prime de premiere classe, les
ons une prime de deuxieme classe, les assez bons une prime de
troisieme classe ; les autres, mediocres ou mauvais, n'ont rien.
On ne dit plus qu'il n'y aura qu'un prix dans chaque section pour
le meme exposant ; il est entendu, au contraire, que tous les
animaux meritants seront recompenses dans chaque section,
quels que soient les proprietaires de ces animaux. Les primes
sont donnees d'apres les points obtenus ; le maximum est ae 100,
mais la perfection n'est pas de ce monde et ce maximum n'est
jamais atteint ; les animaux qui arrivent a 80 points et au-dessus
sont consideres deja comme tres bons et ont la prime de pre-
miere classe ; celle de deuxieme classe est donnee de 70 a 80 points
et celle do troisieme classe correspond a 60 points au moins.
De la sorte, le meme animal, dans quelque concours qu'il se
presente, obtiendra toujours un nombre de points a peu pres
similaire et une prime de meme ordre qui indique reellement sa
valeur^ renseignement intangible, qui est tr^s precieux pour le
proprietaire comme pour les autres t^leveurs en general, surtout
quand il s'agit d'un reprodueteur. On congoit, en elTet, que si
tous les eleveurs faisaient saillir leurs femelles par des taureaux
ainsi primes, en laissant de cote les animaux mediocres n'ayant
pu etre prinxes nuUe part, il y aurait la une sorte de selection qui
3
- 205 —
aurait une influence marquee sur ramelioration de la race. Trop
souvent, on a une tendance dans les fermes k faire remplir les
femelles par un mfile quelconque sans se preoccuper de sabeaute;
pourvu que la vache soit fecond^e, c'est tovtee ipf on dcanandfe^
II y a la une erreur, ou une negligence si vous vouFez, tres pr^ju-
diciable a Televage en general et a la bourse du cultivateur en
particulier, car les produits obtenus seront plus que mediocres
«t ne donneront pas le rendement et les resultats financiers qui
seraient a desirer. La nouvelle methode, tout en donnant un
enseignement juste au public, comporterait des resultats bien
meilleurs et fort utiles pour les progr^s de Televage. A ce point de
Tue,n'est-il pas egalement a desirer que cette maniere de faire
«ntre dans les moeurs et soit adoptee dans tous les concours 1
Evidemment, comme dans tout debut, il y a des difficult^s k
vaincre ; la principale reside dans la facon de comprendre les
tables de pointage. Beaucoup de modeles ont 6te proposes et
appliques. En Angleterre et aux fitats-Unis, c'est une nomencla-
ture tres complete, mais aussi tres longue, de toutes les qualitt's
de la rape avec leur description detaillee. Je citerai entre autres
Techelle des points adoptee a Jersey (1) pour sa fameuse race
laitiere ; il y a 25 articles successifs :
La G^n^a/o§:i> et rinscription au Herd Book, la tete qui doit §tre
fine avec le front large, les foues petites, la gorge claire, le mufle noir
cercl6 de clair avec les narines hautes et ouvertes, les comes
petites, les oreilles minces, Voeil plein et vif, le nez arqu^, le garot
fin, la poitrine large et profonde, le ventre rond, le dos droit, les reins
larges, les hanches fines et 6cart6es, les quartiers d^arrikre longs,
larges et bien remplis, la queue fine, k angle droit avec le dos, la
peau mince et douce, le pelage jaune, les memhres courts, avec des
onglons petits, les avant-hras pleins, les aplombs r^guliers, les
mamelles d6velopp6es, bien plac^es avec les t^ tines 6cart6es en
carr6, les veines de lait apparentes et tortueuses, enfin la taille et
Vapparence ginerale.
A chaque article correspond une note maximum plus ou moins
forte suivant Timportance du caractere envisage. Cette note est
consider^e comme indiquant la perfection et la note a donner
s'en rapprochera autant que le caractere que Ton examine se
papprochera lui-meme de la perfection. Toutes les notes maxima
additionnees donnent le total de 100 et les primes sont distri-
buees comme nous I'indiquons plus haut.
Aux Etats-Unis, la nomenclature comprend 6 grandes divi-
sions : I'apparence generale, la tete et le cou, les quartiers de
devant, le corps, les quartiers de derri^re, les caracteres laitiers.
Ces divisions comprennent elles-memes chacune toute une enu*
meration relative aux diverses particularites qui y correspondent.
C'est ainsi que, dans « I'apparence generale », on tient compte
des dimensions de I'animal, dimensions reconnues par une men-
(1) Annual report of the Royal Jersey Agricultural Society.
t
— 206 -
suration s^rieuse, derharmonie des formes, de I'aspect de la struc-
ture, et que dans les « parties du corps » on envisage un a un le»
details de conformation interessants. Le pointage est applique
de la meme fagon qu'^ Jersey, c'est-a-dire que chaque article est
affects d'un maximum de points qui differe selon la valeur qu'on
attribue au caractere considere. Voici, par exemple, tres sommai-
rement, comment est comprise (1) la table de pointage pour la
race Short-Horn, nom anglais de la race Durham ; ici il s'agit
d'une race de boucherie :
CARACTfeRES
MAXIMUM
NOT
D^AILS
K DONK^E
TOTAUX PAR
CATEGORIE
Apparence gdnerale
Taille
8
8
10
4
6
3
4
5
10
4
14
3
4
8
1
5
3
30
9
9
31
21
•
Forme
Aspect (finesse, structure) . . .
Constitution (caracteres sexuels)
T6te et ecu
T6te
Cou
Quartiers de decant
fipaules
Membres
k
Corps
Poitrine et passage des sangles. .
Cdtes
Dessus
Flancs
Quartiers de derriire
Hanche
Calotte
Queue
Cuisses ..."
100
(1) Ch. S. Plumb : Methods of instruction of animal husbandry in
Ohio State,
— 207 —
Comme k Jersey, il y a en outre sur ces tables en regard de
chaque article les qualit^s k rechercher, par exemple : Cou ^pais,
court, bien fondu avec le reste du corps. Epaules pas trop proe-
minantes, bien muscl^es, compactes et larges au sommet, Poi-
trine large et profonde, et ccetera.
La F^d^ration des syndicats d'^levage de la Flandre orien-
tale a adopts, pour la race Flamande, un module analogue
d'^chelle des points; onsait que cette race est essentiellement
laiti^re :
TAURBAUX "VACHES Gl^NISSES
I ( Yenx 2) 2j 2J
T6te et ( Cornes 4^^ 2M 21 ^
^°" ( Cou 4 1 2 1 2 1
jj [ Poitrine . . . 3 ) 2 ) 2
. \ Garret, Epaules . . 5 / 4 / 4 ,
Qoartier ; Ligne du dos . . . 4 } 30 4 ) 24 4 > 24
dedevantl Aloyau 15 \ 10 I l'»
et tronc ( C6tes, flanc. . . . 3 ) 4 ) 4
j,| ( Hanche S ] 8 ) 8
^ **\ \ Croupe 5 / 5 / 5 .
Quartiers. Queue ..... 2 > 35 2 V 30 2 > 30
"? / Fesses, cuisses . . 15 V 15 ^ 15
derri6re ( signes laitiers . . 5 )
• •
jy ( Ecusson 6 ^ 6
) Pis, trayons ^2 I 00 ^2 f „»
Signes \ Veines 8 M^ 2 ( ^^
laitiers f Fontaines de dessous . . 4 ) 2
[ Peau 6\ 4\ 4
V \ Poil 2 i 2
Aspect I ftructuredu corps. 4 U3 ( g ^ ^^
„aJa_«i 1 Aspect de race . , 3 [ 3 ( V< '
«6neral K^^„i,. 3 V {
\ Marche 5; ..j
Totaux maxima .... 100 100 100
En AUemagne, dans le grand Duch^ de Bade, on commence
par faire des mensurations que Ton evalue par rapport a la hau-
teur au garrot ; H etant la hauteur au garrot, la hauteur de la
region dorso-lombaire, par exemple, devra etre inferieure ou
6gale k H moins deux centimetres (on admet H moins 4 cen-
timetres pour une bete en gestation ou fraiche velee). On
sait que la proposition « inferieure ou egal a » se traduit mathe-
matiquement par le signe ^, tandis que « superieur ou ^gal k »
se traduit par le signe ^. II est alors commode de dresser le
tableau suivant :
- 2as —
Hauteur au ^n rot • H
— dorso-louibaire ^ H — 2'* («mH — 4**.n casdf ges^tnion)
— ii la croupe ^ H 4- 4''
— k rinsertion de la queue ^ H |- In*"
( a3ans "^ "^il)'^
Lonsrueun „ .^
du <.' de 3 a 4 ans . . ^ H -f - H
f 4ansetau-dessus ^ n 4--^H
Largeur de poitrine . . . ) ^ i.H
Largeur du bassin. . . . ( \ i
Hauteur de poitrine ... — '2
Toute dimension en dehors de ces limites est ue cause d*61iminna—
tion.
Quant a rappreciation des qualites, elle se fadt sur Techelle de
notation suivante :
Parfait : 3; Bon: 2: Passable 1; Mauvais 0; on admet les
demi-points.
Chaque note est affectee d'un coefficient qui est 2 pour : rharmo—
nie des formes, le poids vif et les caractdres sexuels secondaires.
Le coefficient est 1 pour : la ligne du dos, la largeur du dos, la lon-
gueur du tronc, la largeur de poitrine, la hauteur de poitrine, la
race et la pigmentation, la peau, les signes lai tiers, la tete et les
comes, la conformation et la direction des membres, la d-marche.
De cette maniere, le maximum de points a obtenir par ua
meme animal est 42. II est declare superieur s'il approche de ce
chiffre, bon s'il a au moins 28 points, c'est-a-dire les deux tiers
des points, et passable s'il a plus de 14 points, c'est-a-dire le tiers
des points, mais il n'a pas de prime a moins de 20 points.
On le voit, dans cette fa^on de coter,il n'y a pas un maximum
de points distinct pour chaque article, ainsi que cela se fait
avec les echelles de points citees precedemment, ici le mode d'an-
notation est le meme pour tous les caracteres a apprecier, c'est
le coefficient aflectant les nates donnees qui en fera varier I'im-
portance. Ge syst^me est plus simple et permet au juge d'operer
plus rapidement,rechelle des notes avec laquelle il s'est familia-
rise restant invariable, chose excellente, surtout si la m^thode
des points est nouvelle pour lui. Aussi est-ce le systeme qui a
paru, en France, convenir le mieux a notre temperament, et c'est
celui-la que nous avons adopte avec une variante toutefois. Pour
plus de clarte, nous avons garde, du systeme anglais, le total des
points egal a 100, et pour chaque caractere nous evaluons de
a 10. Quant a la dirferenciation des caracteres, elle est etablie
ar les divers coefficients qui viennent multiplier les notes dans
e calcul des moyennes, travail de comptabilite que les juges
peuvent laisser aux secretaires, ce qui donne la facilite de hater
I
— 209 —
encore la besogne. Nous donnons, ci-dessous, la disposition de la
table de pointage employee k notre dernier concours (rfioes de^
boucherie) :
Modele en reduction de la Table de pointage ^our Us taureaux
Tatle de poiolaoe pr les Taoreaiui
VA1-EUR DES NOTES
10. Paplait.— 9 et 8. Trfes boii. — 7, Bon
6. Assez bon. — 5. Passable
Toate note inf^rleure k 5 enfralne la
disqualificatioii de I'animal
La moyenne des notes donniespar leJury
• sera muUipLUe par le coefficient indiqu6
d la colonne ci-dessous.
Mat in Catalope
h
Nombre de Denis de
rem placement . . .
Age d4clar6 ,
CmintllES 11 GONSIDEBEB ET 11 NOTEB
NOTES
deOilO
T^te et corn age
Encolure
Poitrine et passage des sangles
Culotte et largeurdu bassin. .
Merabres et aplombs .....
Finesse et souplesse de la peau
Developpement general et taille
Harmonie g6n6rale des formes
Le President du Jury^
COEinCiEIiTS
POINTS
Total des points.
Get Aniinal a obtenu un Prix
Comme on pent le voir, une note inferieure a 5 pour un carac-
tere quelconque est une cause d'elimination. Ainsi aucun animal
mediocre, meme seulement sur un point, ne pent etre classe. Pour
les femelles, la note « encolure » est supprimee et une note
« caracteres lai tiers » est ajoutee. Un modele special avait ete
r^dige pour les vaches laitieres, ou, pour plus de simplicite, on
avait reuni en une seule note les caracteres « tete, cornage et
poitrine » de meme que « harmonie generale des formes, membres
et aplombs » avec le coefficient 1, et supprime la note « finesse et
— 210 —
i»ouplesse de la peau ». Les coefficients affectant cbaque note
^talent les suivants :
Race Durham Vaches
et Durham-Maiicelle de race Jaitiere
Tf>
MAles Femelles Vaches laitiens
Tdte et cornage 50 50 75
Encolure 025 »d »»
Poitrine et passage des sangles . . 1 » 75 25
Dessas 2» 2» 1 y>
Calotte et bsFsin 250 250 2 y>
Finesse et souplesse de la peau. . . 75 75 » Tf>
Membres et aplombs 1 x> 1 »
Harmonie g^n^rale des formes. . . 1 » 1 »
D^veloppement g^n^ral et taille. . 1 » 1 » 1
Caract^res laitiers » » 50 4
Les membres du Jury n'^taient que trois ou quatre par section.
Ainsi les responsabilit^s s'eparpillent moins et les operations ne
sont pas retardees par la multiplicite des opinions exprim^es, ce
qui pent arriver si les juges sont trop nombreux. Voulant com-
parer la methode des points avec la mani^re de proc^der usitee
jusqu'ici, les jur^s furent pri6s de faire d'abord leur classement
"Comme a Tordinaire, puis de mettre ensuite en pratique la nou-
velle methode afin de voir si les r^sultats seraient concordants.
Certains jurys firent I'inverse, c'est-a-dire qu'ils commencdrent
par le pointage, puis sans attendre de savoir quel classement
<3cla donnerait, ils proced^rent k la fagon habituelle, a la vue.
Dans ces conditions, on ne pouvait les suspecter d'etre tenths
de faire cadrer le second classement avec le premier. Hdtons-
nous de dire que, dans Tun comme dans I'autre cas, I'exp^rience
a ete concluante : le pointage a class^ les animaux absolument
de la meme fagon qu'a la vue.
II s'agissait d'ailleurs de n'appliquer la methode qu'en partie.
Pour ne pas compliquer et parce que le nouveau mode de faire
demande un budget assez ^lastique, on avait laisse subsister,
pour cette fois, la s^rie des prix telle qu'elle a toujours exists, au
lieu de lui substituer le syst^me de primes de diverses classes,
toutes ^gales comme valeur dans cbaque classe. Seulement, les
prix devaient etre attribues aux animaux d'aprds les points
obtenus. On voulait surtout faire en somme une experience pre-
liminaire en vue du grand concours de 1907, et ce qu'il importait
•de se rendre compte, c'etait la plus ou moins grande facility avec
laquelle fonctionnerait la nouvelle methode et quelles critiques
ou quelles observations elle susciterait de la part du Jury charge
de Tappliquer.
Cqmme modification de detail, notre distingue collogue,
M. Mallet, a propose, en ce qui concerne les tables de pointage, de
— 21i —
remplacer Tenorme paquet de feuilles remis a chaque jur6 par uit
carnet ou se trouverait plac^ un papillon unique pour I'indication
des caract^res. Les feuilles du carnet n'ont alors qu'a recevoir
les notes donnees et les moyennes obtenues apres calcul. C'est
sous une forme moins encombrante la reunion des tables de^
pointage individuelles qui avaient ete preparees et dont le format
^tait certainement un peu grand. Je me permettrai de completer
cette id^e en proposant moi-meme un carnet d soucke, reli^ en
carton fort, qui serait peut-etre encore plus commode de manie-^
ment et plus pratique pour activer la besogne, car il permettrait^,
apr^s I'inspection de cnaque animal, de detacher et remettre sa
feuille de pointage au secretaire qui ferait le calcul des pointa
pendant qu'on examine I'animal suivant. De cette fagon, il y
aurait economic de temps et, aussitot I'examen des animaux
termini, il serait dej^ possible d'avoir la liste des points obtenus
par chaque animal aiin de revoir le classement sur place et
s'assurer qu'aucune erreur ni aucune omission n'ont ete com-
mises. Si Pon veut, on pourrait donner k ce carnet de pointage
une couverture artistique qui resterait pour les membres du
jury comme un souvenir agreable...
Le seul inconvenient qu on ait trouv^ k la nouvelle methode-
est de rendre le travail du Jury un peu plus long. A cet egard, il y
a lieu de faire remarquer qu'il en a surtout ete ainsi parce que
le Jury devait faire usage des deux methodes cote k cote. C'etaient
done Fessai et la comparaison qu'on voulait faire qui ont pris du
temps, plutot que la methode des points elle-meme. II faut aussi
tenir compte du manque d'habitude. Lorsque I'education du
Jury sera complete, quand les juges auront bien en main la pra-
tique du pointage, ils iront surement beaucoup plus vite. Dans^
le Jury dont j'avais I'honneur d'etre president, nous avons eu
fmi de tr^s bonne heure, quoiqu'ayant plus de vingt betes k
examiner, et le classement se faisait pour ainsi dire de lui-meme,
sans heurts ni a coups. Point n'avons-nous eu besoin de deplacer
les plus beaux animaux s'ils etaient assez eioignes I'unde I'autre,
pour les rapprocher et decider lequel serait le mieux classe, ce qui
est quelquefois necessaire avec la simple appreciation a la vue et
constitue un^ cause de perte de temps. II nous a suffi de revoir
les r^sultats de notre pointage pour constater de visu que notre
classement repondait bien a la valeur des sujets. Le classement k
la vue etait, certes, tout aussi laborieux. Enfin le remplacement
des feuilles volantes de pointage par un petit cahier cartonne d
souche, comme nous le proposons, ferait encore gagner du temps
et accelererait le travail auquel doit se livrer le Jury.
Une derniere question se pose : Les jur^s doivent-ils coter
independamment I'un de I'autre ? Assurement, oui. Mais pour
cela, il faut qu'ils soient rompus at cette f aQon de traduire leur
appreciation par des notes cMffrees. II est evident qu'il est pre-
ferable que chacun fasse son estimation lui-m§me, quitte k
prendre la moyenne des points donnes par chaque juge poiir
obtenir la note definitive que le jury decerne a Tanimal. II y a
— 212 —
la une garantie (FimpartiaKt^ que nul ne niera. Si ce mode d'an-
notation est encore peu familier aux juges, s'ils sont appeles a
Tappliquer pour la premiere fois, il serait a desirer qu'une con-
ference prealable aux operations les mette alors bien au courant
-de Tesprit et du fonctionnement du systeme. Contrairement au
proveroe « les paroles s'envolent, les ecrits restent »» un rapport
ou une lettre explicative, adress^ quelques jours d*avance aux
jur^s, pourra ne pas recevoir grande attention quand on est chez
soi distrait par d autres occupations, tandis qu'une causerie «ur
la question, faite le jour meme du concours, avant de commen-
cer, frappera 1' attention de tons, permettra de bien mettre en
lumiere, dans I'esprit de chacun, les principaux points du sujet
€t d'ecarter toutes les hesitations possibles.
Quant a contester Tutilite de la methode des points, il faut
ne pas la connaitre pour formuler une telle objection a priori.
Cette objection tombe d'elle-mSme quand on se rend compte
des avantages que presente la nouvelle methode sur I'ancienne
ot que nous avons exposes au commencement de notre rapport.
Ces avantages sont trop serieux pour que la methode des
points ne soit pas acceptee et mise de nouveau en application
It notre prochain grand concours de 1907, mais cette fois,
comme k Moulins, comme k Nevers, c'est-a-dire completement
et exclusivement.
Le G^rant, G. Grassin.
Angers, imp. Germain et 6. Grassin. — 2286-6.
BULLETIN - MENSUEL
DE LA
SOCIETE INDUSTRIELLI ET AGRICOLl
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-et-Loire
Union des viticulteurs de. Maind-et-Loire
Seance du 11 nopembre 1906
Presidence de M. Maurice Massignon assiste de MM. Leon
Pourcier, vice-president ; D' Sigaud, secretaire general ; Deper-
riere, vice-secretaire, et Lafarge, tresorier. Etaient presents :
. MM. le marquis de Dreux-Breze, Moreau, D' Cordon, Vincent,
Lair, de Boissard, Battais, Jamin Christophe, Boisnard, D' Mai-
sonneuve, Ferre-Hamon, Clemot, Paul Lorin, Betton-Allard,
Quartier, Moizard, Bernier Alfred, Bauge, 0. Chaillou, Four-
mond fils, Normandiere, A. Huau, de Livonniere, Juteau-Gou-
jeul, Halope, Boucher, Boivin, Bazantay, Herrouet, Urseaii,
Bordeaux-Montrieux, Neveu, Douce, Leboucher, Louis Boulard,
Lemesle-Boutreux, Couteux, Lepeltier.
— M. le President donne lecture d'une lettre de M. Bazin,
president de la Chambre de Commerce, offrant, au nom de la
Chambre de Commerce d' Angers, une somme de 50 francs pour
la Foire aux vins. L'Assemblee vote des remerciements qui
seront adresses au nom de I'Union a la Chambre de Commerce.
— M. Suaudeau, membre titulaire, envoie a M. le President
sa demission de membre de TUnion. Cette demission est accept^e.
— M. Edpuard Lafarge, tresorier de la Societe, presente
I'expose de la situation financiere de I'Union. D'apres les conclu-
sions de ce rs^pport, les depenses se sont ^levees, jusqu'a ce jour,
a la somme de 1.954 fr. 60 ; les recettes etant de 2.941 fr. 50 il
en resulte que la difference, soit urie somme de 986 fr. 90, corisr
titue Tayoir de 1' Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire, au
.7 novembre 1906. : . : . . i
— 214 —
Les comptes sont approuv^s et des remerciements sont
adresses a M. Lafarge ainsi qu'a M. I'Agent general charg6 de
la comptabilit^.
— Foire aux vins d'Anjou de la r^colte de 1906.
II est d6cid6 que la Foire aura lieu les 5, 6, 7 et 8 jarivier 1906-
Les vins seront regus le vendredi 4 Janvier et le samedi matin S
jusqu'^ 10 heures du matin. Ouverture officielle de la Foire k
1 heure de Tapres-midi, le soir banquet auauel seront invites
les Presidents de la dhambre syndicale des debitants de vins de
Paris, le President de la Chambre syndicale des vins et spiri-
tueux de Paris, et M. Marguery, president de rAlimentation
parisienne.
II est decide que cette annee, en raison des frais plus conside-
rables dus a Finstallation d'une tente, k d^faut du Cirque, les-
exposants paieront 3 francs par nature de vin au lieu de 2 irancs ;
quel que soit le nombre des echantillons exposes ; les membres
de r Union, ainsi que les membres de la Societe Industrielle et
Agricole d' Angers, acquitteront un droit de faveur.de 1 fr. 50
au lieu de 3 fr.
— Concours general de Paris en 1907.
L'Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire exposera, suivant
I'usage, comme collectivity, ce qui n'empechera pas les membres
de rUnion d'avoir droit a des recompenses individuelles. Ceux
qui prendront part au Concours paieront un prix unique de
2 francs par echantillon de vin et auront droit k une entree
permanente pour le Concours ; une carte leur sera d^livr^e k
Paris au Commissariat general du Concours sur presentatioa
de leur feuille d' admission.
— Congres national des Syndicats d' Angers les 3, 4 et 5 juil-
let 1907.
Le Bureau de I'Union a envoys son adhesion au Congres et
prendra part k ses travaux. L'Assemblee donne son approbatioa
k cette decision.
— Congres international de Viticulture d' Angers les 6, 7, 8>
et 9 juillet 1907. Le Bureau de I'Union a ^galement envoys son
adhesion au Congres.
M. le President insiste aupres des membres de I'Union pour
les engager k prendre part a ce Congres oiX des travaux tres
interessants seront presentes par des viticulteurs de marque^
A Tissue du Congres, des excursions viticoles auront lieu pendant
deux jours en Maine-et-Loire, puis en Touraine, probanlemeni
aussi dans le Loir-et-Cher et les Charentes. Les Angevins
assisteront, nous n'en doutons pas, en tr^ grand nombre k ces
importantes reunions auxquelles les viticulteurs de tons les
pays prendront part; ils sauront faire dignement leshonneurs
de la ville d' Angers et des vignobles de I'Anjou.
M. Deperri^re a bien voulu s'occuper de la question de trans-
port, il a vu la Compagnie des trains Renard (transports auto-
— 215 —
mobiles sur routes) et il est persuade que ce mode de locomotion
pourra etre adopte et utilise pour les excursions des Congres-
sistes. M. le President remercie M. Deperriere de son interven-
tion dans la circonstance. L'itineraire des excursions en Maine-
et-Loire a ^te ^tabli, mais ne sera public qu'ulterieurement,
apres avoir 6te soumis k Tapprobation de M. Prosper Gervais^
le grand organisateur du Congres.
— Renseignements sur les broyeurs de garments.
M. le President fait part de ses demarches aupr^s des construc-
teurs pour obtenir a'envoyer des broyeurs de sarments en
Anjou, a titre d'essai.
M. Andrault, de Ghemill^, auquel la maison Garnier, de Redon,
fait une remise de 15 %, a bien voulu abandonner en notre faveur
10 % de sa remise ; de telle sorte que nous pourrions faire a nos
membres titulaires une remise de 8 % et conserver 2 % pour la
caisse de I'Union. Le prix des broyeurs de sarments varie de
240 a 400 francs suivant force. Le prix du manage est de 250 fr.
M. Andrault viendra lui-meme les mettre en route.
Les broyeurs de sarments sont absolument les m^mes que les
broyeurs d'ajoncs. Ces broyeurs sont mis en marche par un
manege k chevaux, deux chevaux suffisent pour les manoeuvrer.
11 V a bien aussi des broyeurs a la main pour ceux qui ne pos-
sMent pas de chevaux ou de moteurs, mais la manoeuvre est
assez dure.
Les sarments ainsi broyes sont d'une grande ressource dans
Une annee oii il y a disette de f ourrages, ils sont employes comme
adjuvants et melanges a d'autres substances nutritives.
M. le President demandera a M. A. Grau, le distingu^ profes-
seur de zootechnie, de vouloir bien faire une note indiquant
les doses et le mode d'emploi des sarments broyes.
M. Garnier pr^te les instruments pour rien, il suffira de les
aller chercher chez ceux qui les auront dej^ exp6rimentes.
Deux appareils n9 4 seront envoy^s (appareils a manage ou k
moteur).
Deux appareils vfi 5 (k main) seront egalement envoyes.
M. le President prie nos collegues de vouloir bien se faire
inscrirfe ; lorsque tons les noms des adherents seront connus on
etablira I'itineraire.
— Resultats des ventes de vins faites par I'intermediaire de
FUnion.
M. le President fait connaitre que notre repr^sentant a deia
vendu pour le compte des membres de I'Union ou de viticul-
teurs qui seront appel^s a faire partie de notre Soci^t^ (depuis
les vendanges demises) 1.540 barriques de vin provenant de
regions differentes.
M. le President est heureux de constater Factivit^ toujours
^iroissante de notre nouveau courtier, qui a su trouver d' excel-
lents debouch^ pour nos vins.
— 216 — .
L'Union met k la disposition de nos societaires des boite*
d'echantillons qu'ils pourront se procurer a bon compte au
bureau de notre Societe, 7, rue Saint- Blaise.
M, le President rappelle que notre representant, M. Arrault, a
son domicile 22, rue Hoche, a Angers, et descend a Paris 22, ruo
Saint-Antoine, ou les echantillons peuvent lui etre adresses.
— Entretien sur la quantite, la qualite de la r^colte de 1906 et
le prix des vins.
11 resulte, des informations diverses et des renseignement*
fournis par nos societaires, que la quantite dps vins blancs
surtout a 6ie tres reduite, de 2/5 environ. Quant a la qualite,
suivant les previsions actuelles, elle sera bonne, superieure a
celle de 1904 et, dans 1' ensemble, un peu inf^rieure a celle de
1900 ; toutcfois, dans beaucoup de colliers, il y aura un certain,
nombre de barriques superieures comme qualite a celles de 1900-
En general, les vins seront sees, la haute temperature qui a ea
lieu au moment des vendanges a determine une fermentation
rapide et la plupart des principes sucres se sont completement
transformes en alcool, de telle sorte que des echantillons de
mouts qui, avant fermentation, contenaient 200 grammes de
Sucre n'en contiennent plus actuellement que quelques grammes,
tout s'est change en alcool. D'un autre cote, la faible proportion
d'acide dans les mouts a favorise cette transformation, les^
levures n'etant pas contrariees par Taction des acides.
Quant aux prix des vin& de la r^colte de 1906, on ne saurait
actuellement les fixer d'une fa^on meme approximative ; il faut
distinguer les prix du commerce en gros et les prix de detail. En
ce qui concerne les derniers, nous savons, de source absolument
certaine, que, d^ja, des vins blancs de choix ont ete vendus a des^
prix tres eleves. Un proprietaire de la vallee du Layon, que nous
connaissons, a vendu 16 barriques dont les prix sont echelonnes
depuis 155 francs jusqu'a 250 francs et qui font une somme
totale de 3.000 francs environ. Certains proprietaires de grands
crus ne cederont pas leurs meilleures barriques a moins de
300 francs. Ces barriques de choix ne sont point rares et la
qualite, pour ces tetes de cellier, pent etre consid^r^e des
maintenant comme superieure aux meilleurs vins de 1900.
Nous savons egalement que les rougets de bonne qualite (et,
cette annee, presque tons les rougets sont excellents) sont tres
courus {)ar le commerce parisien qui n'a pas trquve, comme
d'ordinaire, dans le Beaujolais des vins sumsamrhent fruites,
les vins de cette region sont trop alcooliques cette annee et trop
chers et ont besoin d'etre rafraichis par d'autres vins ; nos
rougets rempliront parfaitoment ce but. Les viticulteurs qui ont .
fait de bons rougets sont done prevenus qu'ils vont etre sollicit^s
activement par les courtiers et les negociants en gros et ils ■-
pourront tenir plus facilement leurs prix.
Nous savons que, dans certaines communes, les proprietaires
ne sont point decides a ceder leurs rougets a moins de 35 francs
— 217 -
la barrique et leurs vins blancs (quality moyenne) a moins de
80 francs, nu, pris au cellier, par quantites importantes. Les
prix de detail seront, bien entendu, plus eleves. Les vins rouges
sont admirablement reussis cette ann^e et se vendent au detail
de 110 a 120 francs la barrique (vins rouges ordinaires). Les
grands crus ne sont pas encore cotes.
M. Moreau, le savant directeur de la Station cenologique de
Maine-et-Loire, a remarque que beaucoup de vins nlancs
avaient tendance k jaunir, puis a casser. II attribue cela a la
mauvaise habitude qu'ont beaucoup de viticulteurs de laisser
trop longtemps leurs raisins dans les portoires ; on doit presser
les raisins blancs le plus vite possible, autrement ils jaunissent.
Au reste, on a constate que les vins de vignes greffees ont beau-
coup plus de tendance a la casse que les vins d'anciennes vignes
francaises, cela tient surtout a ce que les vignes greffees sont
plus jeunes et produisent des vins moins bien constitues. Ainsi,
dans les Charentes, on a remarque que les Folles blanches
greffees etaient beaucoup plus attaqu^es par la pourriture grise
(tres favorable a la casse) que les anciennes Folles blanches non
greffees, de telle sorte qu'il est question de remplacer la FoUe
Blanche comme greffon par le Colombar. Le seul remade eflicace
centre la casse consiste a soutirer le vin dans un fut fortement
meche. M. de Livonni^re pratique le debourbage apres vingt-
quatre heures, puis fait un mechage serieux apres le premier
soutirage.
M. Lair demande a I'Assembl^e son avis sur I'epoque la meil-
leure pour pratiquer le premier soutirage des vins blancs en
Anjou. On est generalement d'avis que le soutirage doit etre fait
aussitot la grosse fermentation (fermentation tumultueuse)
achevee, quand I'oreille, appliquee a la bonde, n'entend plus le
moindre bruit. II est toutefois necessaire d'etablir une distinc-
tion entre les vins provenant de raisins sains, sans pourriture,
et ceux qui proviennent de raisins presentant des traces de
maladies. Les premiers peuvent se passer de debourbage et le
premier soutirage pent etre fait assez tard. Les seconds, au con-
traire, demandent a etre debourbes et soutires de bonne heure
pour les separer des mauvais ferments. ■
Toutefois, en general, il est dangereux de faire le soutirage
quand la fermentation n'est pas terminee.
. M. le D' Cordon fait observer que, s'il est vrai de dire en
medecine qu'il y a des maladies et des malades, il est aussi exact,
en viticulture, de dire qu'il y a des vignes et des terrains k
vignes variables de composition. Dans certains terrain^, si vous
debourbez de trop bonne heure, vous enlevez le bouquet des
vins.
Regie generale : dans notre contree, on a I'habitude de soutirer
trop tard. Au premier soutirage, il est utile de mecher fortement ;.
M. le D' Cordon n'hesite pas a employer une meche entiere par
barrique. II est partisan des soutirages frequemment repetes, en
ayant soin de mecher a ehaque fois. A son avis, le collage des
— 218 —
vins blancs ne vaut rien en g^n^ral ; toutes les coUes contienneni
^es substances organiques donnant naissance a des ferments
secondaires qui sont une cause de trouble pour le vin.
M. le President juge qu'il serait interessant de parler des
maintenant, comme suite naturelle k la discussion precedente, de
la filtration des vins, question port^e k I'ordre dii jour de la
seance.
M. le D' Cordon, qui, cette ann^e, a fait chez lui des expe-
riences de filtration sur une assez grande ^chelle, a obtenu tout
d'abord des effets imm^diats tr^s satisfaisants, les vins sortant
du filtre etaient tr^s brillants et d'un superbe aspect, mais, au
bout de quelques jours, ils devenaient l^gerement nuageux et,
si, trois ou quatre semaines apr^s I'op^ration, on les soutirait, on
trouvait plusieurs litres d'un liquide compl^toment trouble qui
s'6tait depose. On s'exposerait a de serieux ennuis en livrant les
vins aussitot apr^s la filtration ; il est utile de les laisser deposer
trois semaines au moins et de les soutirer dans un fflt bien m6ch6
avant de les expedier.
M. le marquis de Dreux-Breze est d'avis que, pour les vins
ordinaires, la filtration est une excellente operation ; il fait, au
contraire, quelques reserves pour les vins liquoreux, qui
deviennent plus sees apr^s avoir ete filtres.
D'aprds notre distingue collegue, les filtres a plateaux lui ont
paru superieurs aux autres.
M. le D' Cordon revient sur cette question et est persuade que
les vins doivent etre pour ainsi dire sterilises par des soutirages
r^p^tes, avec mechage energique, avant de songer a les filtrer ;
en observant cette precaution, la filtration est une operation
recommandable, permettant d'obtenir des vins nets plaisant
beaucoup au commerce.
II sera utile, d'apres M. Moreau, d'^tudier maintenant
r^poaue la plus favorable pour entreprendre la filtration des
vins a'Anjou.
M. Moreau doit se rendre tres prochainement k Thouars, chez
un grand viticulteur, qui va filtrer des vins n'ayant subi encore
aucun soutirage. Ce proprietaire se demande si, par la filtration,
on ne pourrait pas arriver k supprimer les soutirages? Dans tous
les cas, ces experiences *ne manqueront pas d'etre fort interes-
santes au point de vue cenologique.
En resume, la plupart de nos collogues sont d'avis que I'epoque
la plus favorable pour la filtration est tres variable et que, pour
obtenir des resultats satisfaisants, il faut operer sur des vins
absolument faits, sterilises pour ainsi dire par plusieurs souti-
rages. On indique ^galement comme une mauvaise speculation de
prendre des filtres en location ; les entrepreneurs petivent
envoyer des filtres ayant servi a filtrer des vins malades et sus-
ceptibles, par suite, d'empoisonner les vins qui leur seront
confi^s par la suite. ,
M. le marquis de Dreux-Breze fait remarquer qu'avec certains
— 219 —
filtres une quantity notable de vin est perdue ; cette considera-
tion doit etre examinee lorsqu'on fait choix d'un filtre.
En resume, dit M. Moreau, la filtration des vins doit etre
consideroe comme un adjuvant de valeur qu'on a inter§t k.
employer en vinification.
— La discussion sur les fraudes vient ensuite k I'ordre du jour.
M. le President fait observer que I'eau et le sucre sont les deux
plus grands ennemis de la Viticulture. II prie M. Moreau de nous
presenter une etude sur le mouillage ; on pense avoir trouve un
moyen pratique de d^celer la presence de I'eau additionnee au
vin, d'apr^s le procede de M. Sure.
M. Moreau accepte la proposition de M. le President et presen-
tera son travail sur le mouillage dans une prochaine seance de
rUnion.
Le sucre, dit-on partout, sur tons les tons, est la principale
cause de la crise viticole. Au Congres de Beziers qui vient d' avoir
lieu le mois dernier ,^ on a propose de surelever la taxe du sucre de
50 francs par 100 kilos. Pour obvier a I'opposition des Sucriers,
M. le President serait d'avis de faire profiter de cette surtaxe les
Sucriers eux-memes, qui la recevraient comme prime a la dis-
tillerie, en totalite ou en partie.
On a propose encore une taxe differentielle sur les alcools
d'industrie et les alcools de vins. On a demande aussi le retablis-
sement de I'exercice chez le d^bitant.
En resume, cette question de repression de la fraude est tres
complexe et les viticulteurs ne se sont pas encore entendus sur
les moyens les plus efficaces pour obtenir des resultats reelle-
ment pratiques.
M. le D' Sigaud, secretaire general, propose k I'Assemblee
d'^mettre le voeu suivant, ainsi formule :
« L'Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire, dans sa reu-
nion du 17 novembre 1906, a emis le voeu suivant :
« Que tons les representants de Maine-et-Loire, s^nateurs et
deputes, n'interviennent jamais en faveur des fraudeurs quels
qu ils soient, sous le coup d'une condamnation pour fraudes sur
les vins, sur les alcools et, en general, sur tout ce qui est du
ressort de la Regie, et cela dans le but d'obliger le Ministre des
Finances a annmer les condamnations prononcees par les tribu-
naux, ou du moins k accorder de fortes transactions.
« Qu'ils apportent en outre leur appui a I'interpellateur
charge de poser la question Saint-Aubin, Bourrat et Dayon
devant les Chambres. »
L'Assemblee est unanime pour approuver ce voeu, qui sera
adresse le plus tot possible a tons nos representants de Maine-et-
Loire.
— 220 —
— L'heure 4tant avancee, M. le President remet a une autre
stance la fin de la discussion sur les fraudes et la question impor-
tante de la cochylis. M. le D' Sigaud dit qu'il a I'intention de
parler de la cochylis samedi prochain 24 novembre, a la seance
mensuelle de la Soci^te Industrielle et Agricole d'Angers, et,
d' accord avec M. Bordeaux-Montrieux, president de la Societe, il
invite tons les membres presents, meme ceux qui ne font pas
partie de la Societe Industrielle, a assister k cette reunion.
La stance est lev^e ^ 3 h. 1 /2.
Le Secretaire general,
D' P. Sigaud.
Les bl^s k grand rendement a la ferine
expSrimentale d'AvrillS depuis 1901
Par M. P. Lavaller, Ingenieur-Agronome
Directeur de la fernie experimentale d'Avrille (Maine-et-Loire)
Remarques sur la r^colte de bl6 de 1906
La recolte de ble a cause, cette ann^e, bien des illusions ;
nulle part on n'est satisf ait. Le bassin de Paris, le nord, le nord-est
ainsi qu'une partie du nord-ouest (d^partements de la Manche,
du Calvados et de TOrne) ont, il est vrai, des rendements sup6-
rieurs a ceux de Tan dernier, mais ils sont loin d'etre aussi
eleves qu'on Tesperait a la moisson, et 1906 ne sera pas pour ces
regions Tannee d'oxtreme abondance qu'on avait pr^mature-
ment escomptee.
Dans le reste de la France, notamment dans TOuest, le centre
et le sud-ouest, la recolte de ble en grain et en paille a ete tres
ma^jvaise. En annee normale, cette consideration du rendement
en paille n'a pas grande importance, mais cette annee, par suite
de la secheresse qui est de venue une veritable calamite dans ces
regions, le cultivateur se domande avec anxiete comment et
avec quoi il entretiendra son betail pendant Thiver.
Cost surtout dans les fermes oii les cereales d'automne sont
cultivees en s'inspirant uniquement des anciens errements que
les deceptions ont ete grandes ! Nous connaissons meme des
exploitations ou Ton a ete oblige de faire consommer une partie
du ble comme fourrage vert, tellement les emblavememts etaient
compromis par les mauvaises herbes. Le grand developpement
pris par celles-ci provenait evidemment de Thiver « pourri » et
du printemps humide ayant fait suite aux semailles, mais il
— 221 —
^tait du aussi — il faut bien Tavouer — au manque de soins
apportes aux cultures precedant le ble dans Tassolement.
Quoi qu'il en soit et pour fixer les idees, nous nous proposons
de faire connaitre : 1^ les resultats constates dans nos champs
d'experiences avec les dix varietes de ble qui y sont suivies
d'une mani^re rf^guliere depuis six annees conseculives (1901-
1906). Nous rappellerons aussi les rendements des annees ante-
rieures, afm de faciliter les comparaisons entre la production de
chaque annee ;
2^ Nous chiffrerons Tinf^riorite de la recolte 1906 sur celle de
Tan dernier, et ferons de meme par rapport au rendement moyen
des cinq annees anterieures (1901-1905) ;
3° Nous ferons une monographic aussi succincte qxie possible
des caracteres generaux de chaque variete ;
40 Nous classerons les dix especes de bl^ envisagees d'apres
leur productivite moyenne en grain pour six annees ;
50 Nous exposerons en terminant les resultats obtenus avec la
seconde partie du champ d'experiences, laquelle comprenait
egalement dix varietes de ble a grand rendement.
DESCRIPTION DU CHAMP D EXFERIENCES DE 1906
Notre champ d'experiences occupait une piece de terre dc plus
d'un hectare, en terrain plat, de constitution homogenc, soumis
au meme assolement depuis longtemps.
Nature du sol. — Le sol est argilo-siliceux, repose sur un
sous-sol de meme nature ; Tun et Tautre proviennent de la de-
composition de schistes siluriens. Pour bien fixer les idees, nous
donnons ci-dessous la composition physique et chimique de ce
terrain.
Composition physique, — 100 parties de terre fine contiennent :
Sol Sous-sol
Cailloux 18,70 21,25
Elements siHceux 57,35 65,95
Argile 19,12 8,35
Galcaire 0,69 0,36
Debris organiques 2,50 2,80
Humus 0,50 traces
Composition chimique. — 1.000 parties de terre fine con-
tiennent :
Sol ^, Soua-sol
: Azote 1,68 1,40
Acide phosphorique 0,88 0,69
Chaux 3,76 2,01
Potasse 4,43 4,36
Magnesie 0,90 0,60
— 222 —
^ Cette terre, comme toutes celles de meme formation g6olo-
gique, est tr^s riche en potasse, insuffisamment pourvue en acide
phosphorique et manque surtout de chaux. L azote s'y trouve
en bonne proportion, mais, par suite de la nature argileuse du
sol et de 1 absence de calcaire, la nitrification y est lente ; Tap-
port d'azote assimilable est parfois necessaire au nrintemps,
pour favoriser le depart de la vegetation.
Assolement, — Le terrain avait port^ une culture fourragere
de vesce d'hiver, suivie d'un mais fourrage en 1905.
En^rais. — La vesce regut, comme engrais, une dose de
400 kil. de superphosphate a Thectare ; pour le mais on apporta
40.000 kil. de bon fumier de ferme enfoui par un labour, et
200 kil. de nitrate de sonde eh couverture.
On chaula, pour le ble, a raison de 30 hectolitres de chaux
vive a Thectare. Get amendement fut melange au sol par un
double scarifiage suivi d*un labour de 15 a 16 centimetres de
profondeur. Le but de ce chaulage etait, non seulement d'ame-
liorer les proprietes physiques du sol, mais encore de mobiliser
le reliquat de la fumure au fumier de ferme laisse par le mais.
Comme engrais complementaires, nous avons employe, a
Tautomne, 400 kil. de superphosphate dosant 14,70 % d'r.cide
phosphorique et 150 kil. de nitrate de sonde au prititemps. Le
superphosphate fut epandu apres le labour, avant d'operer les
hersages precedant les semailles ; le nitrate de sonde fut reparti
en couverture le 5 avril et incorpor^ au sol le meme jour par un
hersage.
Semailles. — Les semailles eurent lieu le 26 octobre, au semoir,
en lignes espacees de 20 centimetres. La terre ayant ete tres bien
pr^paree, la qxiantite de semence fut reduite entre 95 et 130 kil.
a rhectare, suivant la grosseur du grain et la puissance de tallage
des varietes.
Les grains furent enterres a une profondeur uniforme de
4 a 5 centimetres.
La le^'Se s'opera dans de bonnes conditions ; mais, par suite
d'un automne pluvieux et surtout d'un hiver trop humide et
trop doux, les mauvaises herbes ne tarderent pas a apparaitre.
Elles furent detruites par des hersages et des Dinages executes
en mars et avril. C'est grace a ces famous, preced^es et suivies
d'un roulage, que tons les ans nous d evens en partie la grande
superiority de nos recoltes sur celles des cultures environnantes.
Le tallage, pen favorise par les conditions climateriques, fut
Eeu actif et tres reduit ; la montee des tiges fut lente et tardive,
a plante n'avait pas la vigueur habituelle ni au moment de Te-
piage, ni a Tepoque de la floraison ; les epis furent moins longs,
la fecondation moins bonne qu'en annee normale. Telles sont les
causes auxquelles il faut attribuer, pour les cultures bien tenues,
— 223 -
la reduction dans lo rendement en grain et en paille de cette
annee.
La maturation s'est operee dans de tres bonnes conditions pour
les varietes precoces ; mais pour les bles tardifs, elle fut preci-
pitee par la temperature exceptionnellement chaude et seche qui
caracterisa la seconde quinzaine de juillet. Le rendement en
grain a ete bien inferieur a ce qu'on etait en droit d'esperer
d'apr^s la belle apparcnce de la recolte quinze jours [avant la
moisson.
La moisson a ete faite du 16 au 29 juillet, suivant le degre de
precocite des differentes varietes.
La paille n'yant pas souffert des maladies cryptogamiques,
est d'excellente qualite, mais un peu moins abondante qu'en
annee normale.
Le grain, d'une siccite remarquable, etait de toute premiere^
qualit^; il pesait facilement 80 kil. Thectolitre au sortir de la
machine a battre,et 84 a 85 kil. apres avoir subi les triages nee es-
saires pour en faire de la semence.
Rendemcnts. — Nous donnons le produit en grain et en paille
a I'hectare de cbaque variete d'apres leur degre de precocite, et
nous le comparons a celui des annees 1901-1902, 1903-1904 et
1905.
1^ B16 bleu de No6. — Moissonne le 16 juillet, il a rapporte, k.
rhectare, 2.410 kil. de grain et 5.560 kil. de paille.
Comparaison avec la production des annees anterieures :
Grain Paille
Ann6es kil. kil.
Le produit a Thectare, en 1901, a ete de.. . 2.800 7.300
— en 1902 2.300 4.500(1)
— en 1903 3.100 6.800
_ en 1904 2.600 7.100
_ on 1905 3.360 6.390(1)
_ en 1906 2.410 5.560
Rendement moyen des six annees %. T61 6. 315
La recolte de cette annee est inferieure a celle de I'an dernier
de 28,2 % pour le grain et de 13 % pour la paille.
Elle est egalement inferieure a la production moyenne des
cinq annees anterieures de : 14,9 % pour le grain et de 13,3 %
pour la paille.
(1) Les semailles ont 6t6 faites en f^vrier 1902 et 1905, 11 en est de
m§me pour les autres vari^^s mises en comparaison, il n'y a d'excep-
tion que pour le bl^ jaune k barbes, lequel a tou jours ^t6 sem6 k Tau-
tomne.
— 224 —
Le hU bleu de Noi, plus connu en Anjou sous Ics designations
de bU petit bleu ou bli blanc bleu qu'il doit a la teinte bleuatre de
ses ieuilles et de ses tiges au moment de Tepiage, est caracterise
par une paille blanche, courte, raide, de giosseur moyenne, for-
mant k la maturite le cou de cygne sous le poids de Tepi ; celui-ci
est blanc-violac6, long et large, le grain est Jaune ou gris-jaunatre
demi-long, tres obtus, gros et bien plein. Cfette variete talle peu,
demande a etre sem^e dru, ne supporte pas les hivers des climats
rigoureux, est tr^s sensible k la rouille, sujette au charbon, a la
carie. Par centre, le ble bleu de No6 est tres precoce, pe.ut s'ense-
mencer j usque mi-f6vrier, resiste bien k la verse. II convient aux
terres saines, aux terres log^res ou de consistance moyenne,
quelles que soient leur profondeur et leur dogre de fertilite.
II est tres repandu en Maine-et-Loire, notamment dans Tar-
rondissement de Segr6 ou il a 6t6 s^lectionne et propage par un
de nos meilleurs agriculteurs, M. Martin, de Marans. Dans la
valine de la Loire on Ta a peu pres completement abandonne
pour lui substituer le ble japhet.
2° B16 rouge de Bordeaux. — Moissonn^ le 17 juillet, il a rap-
ports, a rhectare, 2.670 kjl. de grain, 5.940 kil. de paille.
Comparaison avec la production des annees anterieures :
Grain Paille
Annies kil. kil.
Le produit a Thectare, en 1901 a ete de 3 . 040 7 . 500
— en 1902 a ete de 2.200 5.200
— en 1903 a ete de 2.700 6.850
— en 1904 a ete de 3.520 7.580
— • en 1905 a ete de 3.155 6.120
— enl906aetSde 2.670 5.940
Rendement moven des six annees %, 881 6. 5^
La recolte de cette annee est infSrieure k celle de Tan dernier
de 15,3 % pour le grain et de 2,9 % pour la paille. Elle est egale-
ment inferieure a la production moyenne des cinq annees ante-
rieures de 8,7 %pour le grain et de 10, 6 % pour la paille.
Le ble Rouge de Bordeaux a la paille de hauteur et de grosseur
moyennes,repiestrouge avec reflets bleu-violaces, de forme alien- .
gee,pointu au sommet, demi-serre, souventcourbe^ la maturite,.
ce qui en rend la moisson plus difficile. Le grain est gros, court,
bien plein, rougeatre ou jaune, suivant la nature du terraui qui
Ta porte. ^ * •
La paille de cette variete est une des plus riche? ^ silice, aussi
est-elle dure, cassante, peu digestible, convient jnkl pour Tali-
mentation du betail. Le grain est bien apprecie par la meunerie.
C'est un ble assez rustique, tallant peu, a vegetation trSs active
facilement reconnaissable au printemps, a la teinte bleuatre de
son feuillage et de ses tiges. II n'offre pas le degre de resistance
a la verse qu'on lui a quelquefois assigne, mais par suite de sa
— 225 -^
pr^cociie, cet inconvenient est moins a redouter qu'avec les
especes tardives. On doit le couper plus tot avant qu'apres com-
plete maturite, car il s'egrene assez facilement.
Le ble Rouge de Bordeaux roussit a la fois comme ble d'au
tomne et comme ble de fevrier, convient aux tcrres de bonne
inoyenne fertilite, aux situations ou Techaudage est a redouter.
3° B16 Japbet. — Moissonn6 le 18 juillet, il a rapports, a Thec-
tare, 2.830 kilos de grains et 6.210 kil. de paille.
Comparaison avec la production des ann^es ant6rieure« '
grain paille
Ann6es kil. kil.
T.e produit a i'hectare, en 1901 a et(^ de 3 . 200 8 . 300
— enl902aetede 3.000 4.900
— enl903aetede 3.410 7.800
— enl904aet6de 2.900 7.600
— en 1 905 a ete de 3.460 6.390
en1906aotede 2.830 6.216
Rendemeni moyen des six annhs 3. 133 6. 866
Jia recolte de 1906 est inf^rieure k celle de Tan dernier de :
18,2 % pour le grain et de 2,8 % pour la paille. Elle est inferieure
a ]a production moyenne des cinq ann^es anterieures de : 11,3 %
pour le grain et de 1 1 ,2 % pour ]a paille.
»
Le hU faphet faussement appel^ ble f)ieu, ble merveiUciix par
les producteurs de semences cherchant k 6couler une meme
variete sous des noms differents, est caracterise par une paille
blanche, plus forte, plus longue et aussi resistante a la verse
que celle du Noe. L'epi est blanc, a reflets gris- violaces, de longueur
superieure a la moyenne, demesurement large, se terminant
trusquement en une pointe tres courte. Les epillets sont peu
serres, tres ouverts, garnis d'aretes a peine apparentes. Le grain
est jaune, tres gros, obtus aux deux extremites, renfle et bien
plein ; recolte dans de bonnes conditions, il a la teinte du vioil or.
Le ble japhet est le produit d'une variation spontanee du ble
bleu de Noe trouvee dans les ploders dxi mont Saint-Michel ;
c'est a la fois un ble d'automne et de fevrier recommandable
pour les bonnes terres des climats temperes. Mis dans le com-
merce il y a une dizaine d'annees par la maison Vilmorin, il a
pris rapidement une grande extension en Anjou ; o'est la
variete de predilection de la vallee de la Loire ou la faible resis-
tance k la rouille du Noe faisait redouter les printemps plu-
vieux.
B16 pr^coce d'Avrill6 ou bl6 LI. — Moissonne le 19 juillet,il a
xapporte a Thectare 2.650 kil. de grain ct 6.000 kil. de paille.
Comparaison avec la production des annees anterieures :
— 226 —
Grain PaUle
Annies kil. kil.
Le produit k Thectare en 1901 ete de 3 . 340 7 . 800
— en 1902 a ete de 3.100 5.500
— en 1903 a ete de 3.580 8.700
— en 1904 a ete de 2.920 8.400
— en 1905 a ete de 3.420 5.800
— en 1906 a ete de 2.650 6.000
Rendement moyen des 6 ann^es 3. 165 T. OSS
La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier
de 22,1 % pour le rendement en grain et superieure de 3,4 %
poiu* le produit en paille. Elle est inferieure a la production
moyennne des cinq annees anterieures de 17,1 % pour le grain
et de 17,4 % pour la paille,
Le hU prScoce d'AvrilU ou hU LI provient d'un semis de ble
Rieti (1) fait a Cappelle (Nord) en 1896, dans lequel nous remar«
quames des epis a barbes tres courtes. Ces epis recoltes separe-
ment furent Tobjet d'une selection rigoureuse et continue,^
laquelle donna, apres trois generations successives, des epis
ayant perdu toute trace de barbes. Ce caractere devint immedia-
tement hereditaire tandis que les autres ameliorations ne
purent se transmettre au meme degre que quelques annees
plus tard. Cette variete possdde une paille haute, souple, de
grosseur moyenne, courbee en cou de cygne sous le poids de
P^pi au moment de la moisson ; Tepi est tres long, moyennement
serr^ ; au debut, le grain etait jaune-grisatre, actuellement il est
blanc, legerement grisatre, court, tres gros, bien plein, obtus aux
deux extremites, demi-glac6, ce qui indique une richesse tres
eievee en gluten.
. Le ble precoce d'Avrille reunit un ensemble de qualites qu'il
doit tant a son origine qu'aux soins de selection dont il a ete
Tobjet. Originaire d'une vallee chaude et humide, il presente
une grande resistance a la rouille, murit de bonne heure, talle
bien : la selection a augmente considerablement son degre de
resistance a la verse et lui a fait acquerir les caracteres de produc-
tivite des esp^ces les plus prolifiques. On pent Tensemencer soit
comme ble d'automne, soit comme ble de printemps jusque
mi-fevrier.
Cultivee sous les climats et dans les sols les plus divers, cette
excellente variete a donne partout de tres bons resultats. Elle
convient aux terres fertiles aussi bien qu'aux terres de richesse
moyenne et a toutes les situations ou Ton craint Techaudage.
B16 Bordier. — Moissonne le 20 juillet, il a rapporte, a Thee—
tare, 2300 kil. de grain et 5540 kil. de paille.
Comparaison avec la production des annees anterieures :
{\) Ri^ti est le nom d'une ville d'ltklie (Ombrie), chef-lieu d*arron-
dissement, surle Velino, k 422 metres au-dessus du niveau de la mer,.
k 65 kilometres N.-E. de Rome*
— 227 —
Grain Pailie
Ann^e» kil. kil.
Le prodiiit h Thectare en 1901 a ete de 3. 100 8.350
— er. 1902aetiide 2.800 5.920
— en 1903 a ete de 3.080 8.830
— . en 1904 a ete de 2.650 6.020
— en1905aetede 3.255 5.550
— en 1906 a ete de 2.300 5.540
Hendement moyen des six anriees 8. 864 6. TOl
La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier
de 29,3 % pour le grain, quant a la pailie, il n'y a pas de diff6^
rence sensible entre la production des deux annees.
La recolte de 1906 presente, par rapport au rendement
moyen des 5 annees ant^rieures, une inferiorite de 22,7 % pour le
grain et de 20,9 pour la pailie.
Le ble Bordier a la pailie blanche, longue, plut6t fine que
grosse, courl)ee a sa partie superieure sous le poids de Tepi ;
celui-ci est long, etroit, peu serre. Le grain est blanc, gros, court,
arrondi. Pailie et grain sont de bonne qualite.
Le ble Bordier est le produit d'un croisement artificiel opere
par M. H. de Vilmorin entre le Prince-Albert et le ble bleu de
r^o6 ; son introduction en culture date de 1889.
Cest un ble demi-hatif, rustique, sujpportant tr^s; bien les
intemperies des hivers de la region de TOuest et les secheresses
de Fete ; il talle beaucoup, offre une assez grande resistance a la
verse et a la rouille.
Le ble Bordier convient surtout aux terres argilo-calcaires ou
silico-argileuses de moyenne fertilite. En sols riches, son grain
est moins beau; sa pailie exposee a la rouille, a la verse. On pent
Tensemencer tardivement k Tautomne ou s'en servir a la fin de
rhiver comme ble de printemps.
B16 gris de Saint-Laud. — Moissonne le 20 juillet, il a rapports
a Thectare 2300 kil. de grain et 5520 kil. de pailie.
Comparaison avec la production des annees anterieures :
Grain Pailie
Annies kil. kil.
Le produit k Thectare en 1902 a ete de 2. 600 5 . 700
— en 1903 a ete de 2.700 7.400
— en 1904 a ete de 2.940 8.580
— enl905a^tede 3.170 6.055
— enl906act6de 2.300 5.520
Rendement moyen des 5 annees 2. T43 6. 651
La recolte de 1906 est inferieure k celle de Tan dernier de
27,4 % pour le grain et de 8,8 pour la pailie.
Par rapport k la production moyenne des quatre annees
:^;
— 228 —
anterieures, il y a egalement deficit de 19,3 pour le rendement
en gj'ain et de 20,3 pour le produit en paille.
Designe aussi sous le nom de hU de Saumur d'auiomne, le hit
gri? de Saint-Laud est le ble de pays de notre region, ses carac-
teres, ses qualites comme ses deiaiits sont bien connus. On pent
les resumer comme suit : paille blanche, fine, elevee; epiblanc-
grisatre, allonge termine en pointe, pourvu au sommet d'arotes
ayant parfois rapparenco de veritafcles barbes, grain jaunatre,
gros, long, renfle, demi-glace.
Comme la plupart des bles de pays, le ble gris de Saint-Laud
a une paille tres appreciee pour la nourriture du betail, et
rexcellente qualite de son grain le fait rechercher avec prime
sur les marches.
Malheureusement cette variete ne presente pas un grand
degre de resistance a la verse, talle peu, redoute les hivers rigou-
reux, par contre, elle miirit d'assez bonne heure, ne souffre pas
de Techaudage, pent s'ensemencer tardivement sans aucun
inconvenient. G'est surtout dans les terres legeres ou calcaires
2ue sa superiority sur les autres especes est le plus marquee.
>ans les tonnes terres a ble elle cede de plus en plus sa place
aux varietes plus robustes et plus productives. G'est la un
fait que Ton doit accepter en attendant que les agronomes de
notre region aient dote la culture d'une selection de ble gris de
Saumur reunissant les qualites des meilleurs froments a grand'
rendement.
B16.blanc de Flandre. — Moissonne le 22 juillet, il arapporte
a rhectare 2.540 kil. de grain et 5.520 kil. de paille.
Comparaison avec la production des annees anterieures :
Grain Paille
Ann6es kil. kil.
Le produit a I'hectare en 1901 a ete de 3 . 270 8 . 900
— en 1902 a ete de 2.300 6.000
— en 1903 a ete de 3.170 S.lOa
— en 1904 a ete de 2.760 8.340
— en 1905 a ete de 2.425 6.710
— en 1906 a ete de 2.540 5.520
Rendement moyen des 6 annees %, '>'44 T. ^1
La recolte de cette anneeestsuperieure k celle de Tan dernier
de 4,7 % pour le grain et inferieure de 17,7 pour la paille. Le
deficit par rapport a la moyenne des cinq annees anterieures
se chifTie a 8,8 % pour le grain et a 27,4 pour la paille.
Le ble Blanc de Flandre est aussi designe sous les noms de
ble d'Armentieres, de Bergues, d'Orchies ; ces diverses syno-
nymies rappellent les principaux centres de sa culture, if a la
paille blanche, 61evee, fine, souple, de resistance moyenne a
la verse ; Tepi est long, large a la base, eflRle au sommet, il sa
termine par des aretesfines plus ou moins longues. Le grain est
— 2^ —
blanc, allonge, de grosseur moyenhe, aminci aux deux extre-
mites.
Le ble blanc de Flandre est un ble de pays originaire de la
province a laquelle il doit son nom ; c'est le plus amUiore des hies
de pays, II reunit a la fois la qualite et la quantite. Son grain a
une ecorce tres fine, donne une farine d'une blancheur remar—
quable, tres recherchee par la boulangerie, sa paille est xme des
plus estimee pour la nourriture du betail ; ce dernier caractere
a son importance pour les exploitations ou Ton entretient beau-
coup d'animaux.
Le ble blanc de Flandre doit une partie de ses qualites a la
selection dont il a ete Tobjet, malheureusement on n'a pas ete
assez loin dans la voie des ameliorations ; la rouille est a craindre
dans les sols humides, la verse k redouter dans les terres .riches.
En resume, cette variete convient aux terres saines, pro-
fondes, de fertilite moyenne. Elle talle bien, pent etre semee
tardivement, arrive a maturite apres les varietes precoces. Dans
nos champs d'experiences d'Avrille, son ^rain a toujours ete
plus beau que celui obtenu par nous, autrefois, a Cappeile (Nord).
B16 Dattel. — Moissonne le 23 juillet, il a rapporte a Thectare
2.610 kil. de grain et 5.840 kil. de paille.
Comparaison avec la production des annees anterieures r
Grain Paille
Ann6es kil" kil-
Le produit a Thectare en 1901 a ete de 3 . 360 8.210
— en 1902 a ete de 2.800 5.400
— en 1903 a ete de 3.200 7.350
— en 1904 a ete de 2.880 7.200
— en 1905 a ete de 3.210 6.800
— en 1906 a ete de 2.610 5.840
Rendement moyen des 6 annees 3. 010 6. 800
La r^colte de cette annee pr^sente sur celle de Tan dernier un
deficit de 13,2 % dans le produit en grain et de 14,2 % dans
celui de la paille. Ges proportions restent les memes lorsqu'on
compare la production de cette annee au rendement moyen des
cinq annees anterieures.
Le ble Dattel est sans contredit une des phis interessantes
varietes de ble creees par M. H. de Vilmorin. II est issu d'une
fecondation artificielle du ble Chiddam d'automne a epi rouge
par le ble Prince-Albert. II a la paille forte, de hauteur moyenne ;
repi roux, large, allonge, le grain blanc, gros, court, bien rempli.
Cette variete a une vegetation tres rigoureuse, talle beaucoup,
oiTre une grande resistance a la verse et aux maladies cryptoga-
miques. C'est une des meilleures varietes de bie a grand rende-
ment, a cultiver en sols fertiles, surtout dans ceux ov. les bies
ont a soufMr de I'humidite scdt pendant Thivcr, s^it au pi- n-
iemps. . .
— 230 —
Bl^ blane i ^pi rouge oa M^ L%. — Afoissonne le 23 juiUet, S
a rapport e a Thectare 2865 kil. de grain et 6315 kil. de paille.
CoiTiparaison avec la production des annees anterieures :
Grain PaiUe
Annies kil. kil.
Le produit a I'hectare, en 1901 a ete de 3 . 265 8 . 800
— en 1902 a ete de 3.200 7.920
-^ en 1903 a ete de 3.400 7.560
— en 1904 a ete de 3.080 7.520
— en 1905 a ete de 3.360 6.900
— enl906aet^de 2.865 6.315
Rendement moyen des six annees 3. 195 1. 5M
La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier
de : 1 4,7 % pour le grain et de 8,5 % pour la paille ; elle est egale-
ment inferieure a la production moyenne des cinq annees ante-
rieures de 12,1 % pour le rendement en grain et de 1S,3 % dans
cehii de la paille.
Le ble blanc a ipi rouse a la paille forte, droite, tres elevee ;
Tepi rappelle un peu celui du ble Battel mais il est plus roux,
plus allonge et plus serre le grain est blanc, court, gros, rentle,
legerement glace.
Cette variety est issue d'une selection du ble Chiddam d'au-
tomne k epi rouge, poursuivie pendant une vingtaine d'annees
consecutives dans les cultures de Cappelle (Nord) par feu Flori-
mond Desprez. ^oumis par nous a une nouvelle selection, le
blanc a epi rouge s'est beaucoup ameliore, il est tres mstique,
ainsi qu'en temoignent les essais faits dans Test de la Prance ou
les hivers sont tres rigoureux, talle beaucoup, a une vegetation
tres vigoureuse, une maturite tou jours bonne, presente une tres
grande resistance a la verse et aux maladies cryptogamiques. La
regularite de sa production en grain et en paille en font une variete
tres recommandable pour les terres fertiles, de meme que pour
les situations ovi Ton compte sur le tallage pour combler les vides
qui se forment par suite des intemperies de Thiver.
B16 jaune & barbes ou bl6 L 3. — Moissonne le 29 juillet, il a
rapporte a Thectaro 3. 180 kil. do grain et 7.525 kil. de paille.
Comparaison avec la production des annees anterieures :
GraiQ Paille
Annies kil. kil.
Le produit k Vh ectare, en 1901 a ete de 3 . 780 9 . 800
— enl902aet6de 4.100 9.000
— enl903aet6de 4.250 8.800
— enl904aet^de 3.200 9.200
— enl905aetede 3.600 10.100
— en 1906 a ete de 3.180 7.525 :
Rendement moyen des six ann^s 3.S85 9.9M
— 231 —
La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier
de 11,6 % pour le produit en grain et de 25,4 % pour celui de la
paille ; elle est egalement inferieure a la production moyenne des^
cinq annees ant^rieures de 16 % pour le grain et do 17,4 pour la
paille. Le ble jaune a barbes a la paille droite, forte, pleine dans,
sa partie superieure, elle se courbe en cou de cygne sous le poids
deTepi k T^poque de la maturite. L'epi est long, tres serre, de
forme pyramidale, pourvu d'aretes tres longues ; le grain est
jaune, gros, bossu, parfois marqxie de noir du cote du germe. Ce-
dernier caractere ne s'est pas manifeste dans nos cultxires depuis
cinq ans, nous attribuons sa disparition a la selection rigoureuse-
a laquelle cette variete y est soumise.
Le ble jaune a barbes est une selection du ble Poulard d'Aus-
tralie, il n'a que deux def auts : le premier est d'avoir un epi barbu
ce qui rend les balles inutilisables pour la nourriture du betail, le
deuxieme c'est de donner une farine un peu. inferieure par son
manque de plasticite. Par contre, il a de tr^s grandes qualit^s : il
est tres rustique, insensible aux maladies, resiste a la verse, donne
un produit tres eleve en grain et en paille, ne s'egrene pas sur le-
champ aprds maturite ; lorsqu'il est cultive comme il convient^
la qualite de son grain difTere peu de celle des bles tendres.
Pour bien reussir il demande a etre ensemence au moins huit
jours avant les varietes qu'on a Thabitude de semer de bonne-
neure, sa maturite etant tardive il faut employer un quart a
un cinquieme de plus de semence que pour les autres especes,.
afm de reduire le tallage au minimum et hslter la montee des
tiges au printemps.
Le ble jaune a barbes convient surtout aux terres fertile^ de-
nature argileuse ayant de la profondeur, il occupe avantageuse-^
ment les pieces de terre qui sont moissonnees les dernieres et
celles qui, par leur situation, sont sujettes a etre ravagees par les^
oiseaux au moment de la recolte.
RESUME
Nous resumerons notre etude sur les dix varietes de ble
dont nous venons de parler en trois tableaux. Dans le
premier, les varietes etant placees suivant Tordre de precocite,.
une colonne indique les rendements obtenus en 1906, une autre
la production moyenne des six dernieres annees (1901 a 1906).
Dans le tableau II se trouvent reunies les differences telles que
nous les avons chiffrees par rapport a la recolte de Tan dernier et
par rapport a la production moyenne des cinq annees ante-
rieures.
Ces deux tableaux sont suivis d'un grapbiqiie dans leqxiel les-
varietes sont placees d'apres Tordre decroissant de leur rende-
ment moyenen grain pour les six annees.
~ 232 —
Tableau I. — Rendement a V hectare des 10 varietes de ble ay ant
fait partie des champs d' experiences d'une maniire continue
depuis 1901.
NOM DES VARIETES
Bleu de Noe
Rouge de Bordeaux . . .
Japhet
Precoce d'Avrille (L 1)
Bordier
Gris de Saint-Laud —
Blanc de Flandre
Battel
Blanc a epi rouge (L 2)
Jaune a barbes (L 3). . .
kilos
2.410
2.670
2.830
2.650
2.300
2.300
2.540
2.610
2.865
3.180
kitos
5.560
5.940
6.210
6.000
5.540
5.520
5.520
5.840
6.315
7 . 525
Rendement moyenpour
6 tnn^e!) (1901 1906)
grata
kll03
2.761
2.881
3.133
3.165
2.864
2.742
2.774
3.010
3.195
3.685
paille
kilos
6.275
6.532
6.866
7.033
6.701
6,651
7.261
6.800
7.500
9.204
Tableau II. — Dificit de la ricoUe 1906 par rapport d celle de
1905 et par rapport d la production moyenne des cinq annees
antirieures (1901-1905) pour chaque variiti expirimentie.
NOHS DES VARIETES
Bleu de Noi
Rouge de Bordeaux
Japhet
Precoce d'Avrille (ble LI)
Bordier
Gris de Saint-Laud
Blanc de Flandre
Battel
Blanc, a epi rouge (ble L 2)
Jaune a barbes (ble L 3)
Molns value par
rapport a la r^colte
1905
en gram
%
28,2
15,3
18,2
22,1
29,3
27,4
+ 4,7
13,2
14,7
11,6
en paiUe
%
13.
2,9
2,8
+ 3,4
8,8
17,7
14,2
8,5
25,4
Molns value par
rapfoi t d la production
moyenne des 5 annees
(1901 h 1905)
en grain
%
14,9
8,7
11,3
17,1
22,7
19,3
8,8
13,2
12,1
16.
en paille
%
13,3
10,6
11,2
17,4
20,9
20,3
27,4
14,2
18.3
214
De <'es deux tablt oux nous d^duisons :
Que la rScolte moyenne a I'hectare des dix ~'ariil6s de hli de ruttre
champ d'expiriences a eti, en 1906, de 2.635 kilos de gmin ou
?4 hectolitres de 77 kil. 500 et de 5.996 kihs de paille.
Que celte ricoUe moyenne est infdneure d celle d '•elle de 1905 de
18,4 % pour k produit en e.rain et de 9 % en chifjre rand pour
celui de la paille ^
le de
7 %
J nos
aux
Drt k
Iture
avec
ensi-
amp
lotre
e de
*5S en
)ntre
J qui
eales
I'une
a^on
Tab i>:
fait
dep
Bleu «
Japh<
Preoo
Bordi
Gris c
Blant
Dattc
Blant
Jaurn
Tab I.
190
ant
B1eu>
Roog
Japhf
Preco
Bordi
Gris c
Blanc
Datte
Blanc
Jaun(
De
Qm
chamj
?4het
Qw
eel at (
-2 5i
%=?
§1
-1 233 —.
Enfin la ricolte 19^ est infirieure d la production moyenne de
cinq ann^es antirieures de 14,41 % pour te grain et de 17,47 %
pour la pa ilk.
Nous n'avons pas d'el^ments d' appreciation pour etendre nos
calculs k toute notre region, mais les renseignements puises aux
meilleures sources nous autorisent a dire qu il y a, par rapport a
Tan dernier, un deficit de 30 a 40 % dans le rendement en culture
peu soignee, tandis que, dans les fermes ou le bl^ est cultive avec
les soins necessaires, la moins-value de production serait sensi-
blement 6gale a celle que nous signalons pour notre champ
d' experiences. Nous croyons meme devoir signaler que notre
tres distingu^ President a obtenu, sur son beau domaine de
la Roche-d'Iree, sur un ensemble de 100 hectares emblaves en
ble, un rendement moyen de 27,8 hectolitres a I'hectare, contre
30 hectolitres I'an dernier, soit seulement un deficit de 7 %. Ce
magnifique r^sultat confirme notre maniere de voir en ce qui
concerne les ameliorations a apporter dans la culture des c^reales
dans notre region.
Les dix varietes que nous avons suivies jusqu'a ce jour d'une
maniere continue se classent graphiquement de la fa^on
ci-contre* :
— 234 —
DEUXIEME PARTIE
Notre champ d'experiences de 1906 comprenait egalement les
dix varietes de bl6 que nous classons ci-dessous d'apres leur
produit en grain a 1 hectare. Plusieurs d'entre elles ont fait
partie de nos recherches anterieures, mais, ne les ayant pas
suivies aussi regulierement que les precedentes, nous n'indique-
rons que les resultats de cette annee :
Rendemenl a Thectare
Grain PaUle
Norn des varl6t68 kil* kil.
Golden drop 3.250 5.430
.,., ( l/2bleL2
Melange I 1 /2 ble L 3 3.093 7.450
Shirriff (selection Desprez) 2 . 930 6.310
Hybride a grosse tete 2.910 5.670
Ble de Pithiviers 2.730 6.200
Hybride de Massy 2.650 5.300
H]^ros bleu 2.610 5. 140
Hybride du Tresor 2.500 5.250
Blanc Victoria 2.370 5. 165
Hybride bon fermier 2.100 4.860
Le ble Golden drop ou hie rouge d'Ecosse est tres estime par les
fermiers anglais. II a la paille jaune, parfois violacee au-dessous
de I'epi ; celui-ci est roux ou rouge fonce ; les epillets sont tres-
ouverts, peu serres ; le grain est court, arrondi, bien plein, de
couleur rouge ou rougeatre.
En resume, c'est un ble tres rustique, a paille souple, de hau-
teur moyenne, resistant bien a la verse et peu sujet aux mala-
dies cryptogamiques. Le grain donne une farine de bonne qualite.
Le ble Goldendrop etant tardif, il ne convient bien qu'aux
terres ou aux situations ne souffrant pas trop de la chaleur
pendant I'ete.
Sa superiorite, cette anh^e, tient a la puissance de son tallage ;
c'est, en effet, de toutes les varietes de ble que Ton connaisse,
celle chez qui IV-mission de tiges secondaires est le plus marquee,
un seul grain, place dans des conditions convenables, pent pro-
duire plus de cinquante epis bien constitues.
En pratique, on n'a pas interet a favoriser outre mesure le
tallage de cette espece, cette remarque s'applique egalement a
toutes les cer^ales.
Lorsqu'on compte trop sur le tallage pour avoir le nombre de
tiges suffisant pour garnir convenablement la surface du sol, si
quelques pieds viennent a manquer, il se produit de grands
vides ou ne taxdent pas a apparaitre les mauvaises herbes, qui
genent alors le developpement du bon grain. Les dernieres
talles donnant des epis tr^s tardifs, il n'y a homogeneite ni dans
— 235 —
I'epiage, ni dans la floraison, ni dans la maturite, on recolte, par
suite, un grain de grosseur et de qualite in^gales.
Nous signailerons egalement que, si les conditions climate-
riqucs du printemps ne sont pas favorables, beaucoup de talles
n'arrivent pas k former des tiges portant des epis, Tactivit^
veg^tale y etant moindre que dans les tiges principales, ellos
sont plus sujettes aux maladies, notamment a la rouille. En un
mot, par un tallage excessif, on ^puise davantage le sol et Ton
reduit plus ou moins le rendement en detournant une partie des
materiaux elabores par les racines pour la formation de tiges qui
ne donnent, le plus souvent, qu'un fourrage de mediocre quality.
Le milange des hies L 2 et L 3 (ble blanc a epi rouge et ble
jaune a barbes) indique que Tassociation des especes est un des
moyens a employer pour augmenter economiquement les chances
de reussite de la culture du ble. Nous ne saurions trop engager k
entrer dans cette voie, en choisissant bien les varietes qui
conviennent le mieux au sol et au climat sous lesquels on opere.
Le ble Shirriff (selection Desprez) a la paille haute, droite et
ferme ; T^pi blanc, tres compact, beaucoup plus long que ceJui
du Shirriff proprement dit ; le grain est blanc, allonge, il a de
Tanalogie avec celui du bl^ blanc de Flandre. II s'est tou jours
classe en bon rang chaque fois qu'il a figure dans nos champs
d'experiences, Sa maturation etant un peu tardive, il faut
Tensemencer de bonne heure, lui reserver des terres profondes,
celles ou Ton craint la verse.
Le bU Hybride a gros'se tete a ete obtenu dans les cultures de
Verriere, par M. H. de Vilmorin, en croisant le ble Browick avec
le ble Chiddam d'automne a epi blanc ; il fut presente a la culture
en 1898. II est caracteris^ par une paille blanche, grosse, assez
haute ; Tepi est carre, tres large, le grain est de couleur jaune,
allonge, pointu au sommet, gros, bien plein.
Cette variete est d'une grande resistance a la verse et aux
maladies, talle beaucoup, convient bien dans notre region aux
terres riches ou bien fumees ayant du fond.
Z/g bU de Pithiners est une selection tres m^ritante du hie
rouge de Bordeaux, sa paille est plus haute, moins cassante, plus
resistante a la verse, Tepi plus long, plus fourni ; le grain a
meme conformation, meme couleur et meme quality dans les
deux especes. G'est une variete recommandable, a cause de sa
productivite et de sa precocite.
IjC ble Hybride de Massy a la paille blanche, de grosseur
moyenne, raide, tres resistante a la verse ; F^pi est carre,
compact ; le grain jaune, gros, demi-long. II convient aux
terres riches, non exposees, comme en Anjou, k supporter de
fortes chaleurs k Tepoque de la maturite.
— 236 —
Le f^ros bleu doit son nom a la couleur bleuatre de ses feuilles et
de ses tiges, de T^piage a la fm de la floraison ; sa paille est forte,
raide, de hauteur moyenne, son epi peu serr^, tres ouvert ; le
grain est roux-grisatre, tr^s gros, avec le sillon du milieu tres
profond* Nous lui reprochons d'etre sensible a la rouille, de mal
supporter les coups de soleil de notre climat au moment de la
r^colte.
Le hU Hybrids, du Trhor est une variety que nous devons,
avec tant d'autres, a la maison Vilmorin. II a la paille blanche,
grosse, de hauteur moyenne, tres resistante a la verse ; Tepi est
assez allonge, tres serre, le grain roux grisStre, gros, allonge.
Cette espece reussit bien sous le climat maritime du Nord-Ouest
et de rOuest ; mais, en Anjou,*les coups de soleil sont trop intenses
pour qu'elle arrive a bonne maturite. Chaque fois qu'il a figure
dans nos champs d'exp^riences, le grain a et^ plus ou moins ride.
Le bU blanc Victoria a de Tanologie avec le ble blanc de
Flandre, mais il en difif^re par sa paille un peu moins longue et
plus forte, plus resistante a la verse ; Tepi est plus serre, le grain
plus court. Comme il est inferieur par son rcndement aux
varietes a grain jaune que la meunerie de notre region recherche
de preference, il est inutile de Tintroduire dans nos cultures.
Le ble Hybride bon jermier figurait, pour la premiere fois, dans
notre champ d'experiences : c'est, d'ailleurs, une nouveaute
mise Tan dernier dans le commerce par la maison Vilmorin. II a
tres peu talle, soufTert plus que tout autre de la temperature
froide et humide du printemps. C'est a ces deux causes que nous
attribuons I'inferiorite de sa production. De nouveaux essais sont
necessaires pour juger comme il convient les merites ou les
defauts de cette nouvelle variete.
— 237 —
Excursion viticole dans le Bordelais
II etait interessant, a I'epoq^ue meme de la vendange, de
visiter les vignobles du Bordelais ou sont recoltes des vins qui
comptent parmi les plus reputes du monde afin d'y assister k la
cueillette des raisins et de voir comment s'y pratiquent lea pre-
mieres operations de vinification. L'opportumte de cette excur-
sion, a laquelle s'etaient joints deux viticulteurs angevins :
M. le marquis de Breze et M. Daign^re, est encore rendue plus
evidente si Ton consid^re I'analogie qui existe entre nos grands
vins blancs d'Anjou et ceux du Sauternais, en tant que vins
liquoreux. La vendange et la vinification en Sauternes devaient
done attirer particulierement notre attention, cependant les
Graves et le Medoc ont eu aussi pour nous leurs particularites
interessantes. Grslce k M. Gayon, directeur, et a M. Laborde,
sous-direct eur de la Station oenologique de Bordeaux, nous
avons pu visiter facilement les principaux crus. Nous les remer-
cions bien sincerement ici. Je vais essayer d'exposer brievement
dans ce rapport — que m'a demande de faire M. Moreau, promo-
teur de T excursion — les quelques observations que nous avons
^te a meme de faire, dans les diverses regions parcourues. fj|j|
Inutile d'insister sur la nature graveleuse du sol au pays de
Sauternes et sur les variations dans sa constitution observees
d'un point a un autre. Les trois cepages qu'on y cultive sont
egalement bien connus : le sau^ignon, le semillon, le miiscadelle,
ce dernier tendant de plus en plus a etre abandonn^. Certains
crus n'ont pas reconstitue, ainsi Chslteau-Yquem ; le phylloxera
y est combattu par des sulfurages a haute dose. D'autres,
comme Chalteau-Vigneau, ont dii recourir aux porte-greffes
americains ; les plus employes, dans ce cas, sont le riparia et ses
hyhrides, L'emploi du greffage ne semble pas avoir diminue la
qualite des produits ; suivant M. de Pontac, il y aurait plutot
amelioration. Nous avons pu, d'autre part, chez M. Dezeimeris,
etablir la comparaison entre un vin de vieilles vignes et un vin
de vignes greffees et la comparaison a ete tout entiere a I'avan-
tage de ce dernier.
Sous le climat chaud et humide k la fois des bords de la
Garonne, les cepages du pays, de deuxieme epoque, sont envahis
de bonne heure par la pourriture. Ainsi que cela se passe dans
nos regions, si le botrytis cinerea apparait avant maturite, il
determine la pourriture grise ou « mauvais pourri », au contraire,
s'il envahit la vendange mure, il est I'agent de la pourriture
noble. C'est sous cette derniere forme qu'il se developpe le plus
souvent au pays de Sauternes ou le climat et certains soins
culturaux contribuerit a favoriser son apparition tardive. Au
- 238 —
d^but, le champignon s'installe sur la pellicule des grains qui
prennent une teinte violac^e ; ils sont k ce moment « pourris
pleins », c'est le premier stade de la pourriture noble ; puis, par
Evaporation ^ travers la peau, les grains se dessechent, se rata-
tinent en brunissant et aeviennent « rotis ». Dans ce dernier
6tat, ils renferment un sirop si concentre que le sucre vient
quelquefois cristalliser k leur surface. Dans une meme grappe,
les grains ne sont pas, le plus souvent, au meme degre de matu-
ration ; on est susceptible de trouver des « grains verts »
c'est-^-dire murs sans pourri, des grains « pourris pleins »
et enfin « des rdtis ». On congoit dans cos conditions que pour
obtenir le summum de quality, on doivefaire une selection
soignee. Les vendangeurs, generalement en petit nonnbre,
passent jusqu'a cinq et six fois, et meme plus, danslevignobleen
ne prenant chaque lois que les grains rotis, sauf au dernier pas-
sage ou le reste est ramasse. Les frais de main-d'oouvre sont, de
ce chef, considerables mais ils sont compenses par le prix du vin
qui atteint certaines ann^es, dans les grands crus, jusqu'4
4.000 francs le tonneau de quatre barriques. Ajoutons que, par
suite de la taille Guyot simple, assez courte, presque uniforme— .
ment employee, la production est assez faible : huit barriques a
Thectare environ, et cette annee, a cause de la secheresse, on n'a
pas eu dans beaucoup d'endroits plus d'une demi-recolte. Pour
favoriser la pourriture noble et ensuite le dessechement des
grappes, les ceps sont formes tres haut : 50 centimetres et plus
au-dessus du sol et vers le milieu du mois d'aout on fait un
effeuillage partiel. Rien de plus caracteristique, lorsque Ton
parcourt le pays, que ces souches elevees, irregulie^res, souvent
en forme de tire-bouchon, auxquelles sont susperidues, a la base
des rameaux depourvues de feuilles, les grappes rdties et brunies
par le soleil. Cette ann^e, Tetat de la vendange etait un peu
anormal. Par suite de la secheresse persistante, le botrytis
cinerea, auquel il faut un peu d'humidite, ne s'est pas developpe.
Les grappes se sont passerillees en Tabsence du cryptogame et
sont devenues comme des raisins de corinthe. Le mout qu'on en
a tire peniblement a presente parfois une concentration exces-
sive atteignant jusqu^ 600 grammes de sucre par litre. Nous
avons vu des mouts en barrique depuis un mois et dont la fer-
mentation n'etait pas encore commencee. Pour eviter des incon-
venients de ce genre on vendange generalement, cette annee, de
la faQon suivante : on cisele les portions de grappes les plus
avancees, mais renfermant encore une proportion evaluee a 1 /4
environ de grains verts ; de cette fa^on, le mout est ramene a
peu pres k sa concentration norm ale.
La vendange est amenee sur de grands pressoirs a maie en
ciment ou en chene disposes en batterie ou on la foule, le plus
generalement, et ou Ton fait la premiere pressee. Le marc est
acheve sur d'autres pressoirs plus petits, avec claies, disposes
un face des premiers. La seconde pressee, mise a part, servira
ulterieurement k faire les remplissage»%. En sortant du pressoir,
-^ — -I
— 239 —
les mouts d'un m§me cep. sans §tre debourb^s, sont r^partis, en
les ^galisanl, dans des barriques neuves en chene de Bosnie ou
d'Amerique qui ne sont pas autrement affranchies qu'en les
ringant avec une dizaine de litres d'eau bouillante et, apres
refroidissement, avec quelques litres de bon cognac. La fermen-
tation se fait sous douelles pour ^viter les pertes. Elles est lente
a partir et dure pendant un mois et demi et quelquefois davan-
tage. Au second soutirage, on egalise entre eux les differents ceps
de fagon a n'avoir qu'une seule categoric de vin. Ces vins, tr^s
liquoreux, sont longs et difflciles a clarifier ; on n'y arrive qu'^
force de soutirages et de mechages. La pourriture noble qui,
dans le Sauternais, est la r^gle, les rend tres cassables et cette
aptitude speciale a la casse justifie Temploi a outrance de
I'acide sulfureux. Leur teinte jaune-dore atteste un peu d'oxyda^-
tion. L'acide sulfureux libre, toujours en exces dans ces vins, se
decele aisement k la degustation par son odeur acre qui penetre
plus ou moins le bouquet. On serait tent6 de croire que cette
forte dose d'acide sulfureux ou de ses produits de transformation
put amener certains troubles dans I'organisme ; en fait.il n'en
est rien, car ces vins de prix eleve ne sont consommes que dans
de rares occasions et en petite quantite. Toutefois, on s'est un
peu emu, dans ces derniers temps, de cette teneur elevee depas-
sant parfois 300 milligrammes d'acide sulfureux total par litre
et on s'est propose de la reglementer. L'Am^rique, pour des
raisons analogues, nous ferme ses portes et r^duit ainsi nos debou-
ches. Dans le but d'attenuer ou d'eviter ces inconvenients qui
pourraient avoir de f^cheuses consequences pour la vente et
I'exportation, M. Laborde a imagine un proc^d^ qu'il exp^ri-
mente a I'heure actuelle dans le Sauternais, pour doser, au moyen
de cartouches contenant de l'acide sulfureux liquide, la quantite
de ce corps qui sera introduite dans le vin.
La mise en bouteilles est faite au chateau memo par les soins
du negociant qui achete la recolte et a lieu «pr^s un sejour de 3 ou
4 ans en barriques comportant de nombreux soutirages. Quel-
quefois les marches sont passes plusieurs ann^es a T^vance, la
propriety se r^servant une certaine quantite de vin.
Nous avons ete a meme, au cours de notre excursion fort inte-
ressante, d'apprecier la hauLe qualite des produits dans plusieurs
grands crus. C'est d'abord k Ch&teau-Coutet, puis ^ Chateau
Vigneau ou M. le colonel vicomte de Pontac nous a fait une char-
mante reception. A Chllteau-Yquem, M. de Lur-Saluces Jui-
meme nous a fait les honneurs de son cellier. Nous avons aussi
trouve un aimable accueil a Ghateau-la-Tour-Blanche et a Gha-
teau-Guiraud. Enfin, nous avons pu voir chez M. Lagarde, Cha-
teau de Castes, a Sainte-Croix-du-Mont, que la rive droite de la
Garonne produit aussi des vins blancs tr^s remarquables, bien
que n'egalant pas les vins de la rive gauche, dont les qualites
oxceptionnelles les mettent hors de pair.
II y a une tendance actuelle k etendre la production des vins
— 240 —
liquoreux ; cette tendance se manifeste dans les Graves borde-
lais. Les vins blancs tr^ alcooliques, sees et nerveux des Graves
font place, au moins dans la partie avoisinant le Sauternais, aux
vins liquoreux plus recherches aujourd'hui. Alors la vendange
se fait comme k Sauternes. Au contraire, dans les cms ou Ton
fait encore des vins sees, la vendange est recoltee mure sans pourri.
Les cepages blancs des Graves sont, du reste, les m§mes que ceux
du Sauternais. A cot^ des vins blancs, on produit aussi sur ces
sols graveleux des vins rouges ayant une certaine reputation. Le
Cabernet-Sauvignon, le Got ou Malbec, le Meriot, le Verdot et la
Carmen^re entrent en proportions differentes dans Tencepage-
ment des cms et leur donnent un cachet special d'originalit^.
Dans les Graves, Tannee 1906 semble devoir compter parmi les
grandes annees a vins rouges. La maturation a ete parfaite et les
vins jeunes se presentent comme exceptionnellement beaux.
Chose curieuse, fl y a eu parfois surmaturation — la cochylis y
aidant — et certaines cuvees ont presente des concentrations
trop fortes. Rien de special a dire sur la vinification des vins
rouges. La fermentation se fait en cuves ouvertes ; on enfonce
le chapeau plusieurs fois par jour, parfois, comme a Chateau-
Carbonnieux, on empeche le contact de Fair exterieur en couvrant
les cuves d'une couch e assez epaisse de feuilles de vigne.
Le Medoc a les memes cepages rouges que les Graves, mais
les vins produits sont en general plus corses, plus colores et
plus complets. Ghaque cm ou Chateau a son encepagement
special et ses produits particuliers bien caracterises. Chateau-
Laffite, que nous avons visits, represente le type des vins tres fins
et peu corses obtenus avcc un melange harmonieusement com-
bine de Cabernet-Sauvignon, de Meriot et de Cot. A Chateau-
Latour, le vin est plus corse que le precedent par suite de la
predominance dans Tencepagement du Cabernet-Sauvignon.
Enfin, a Mouton-Rotschild, ou le regisseur, M. de MioUis, nous a
fait les honneurs de sa table, nous avons pu voir que le vin,
produit exclusivement avec du Cabernet-Sauvignon, est plus
corse encore que les precedents. Dans les deux cms cit^s en
premier lieu, les differents cepages sont cultives dans des carres
a part et soignes independamment les uns des autres. La ven-
dange est faite sans tenir compte des differences, mais le type de
vins est obtenu en faisant Tegalisage qui est toujours la regie.
*
Que faut-il retenir de cette excursion aux vignobles du Borde-
lais et quel profit pouvons-nous en retirer ?
Ainsi qu'a Sauternes, nous recherchons en Anjou la pourriture
noble mais, moins favorises sous le rapport climatdrique que sur
les bords de la Garonne, nous Tatteignons plus difiicilement et
les annees sont, chez nous, beaucoup plus inegales. Le climat
humide, la formation basse des souches, les grappes serrees de
notre Chenin exposent nos vignes a la pourriture grise. 11 serait
— 241 —
peut-etre interessant d'essayer chez nous la pratique de TefTeuil-
lage, uniformement employee dans le Sauternais. I/action
directe des rayons solaires sur les grappes vers la fin de la vege-
tation favorise la pourriture noble et le passerillage, au detri-
ment du mauvais pourri. Peut-etre aurions-nous chance alors
de pouvoir conserver, sur souches, des raisins que Ton est par-
fois oblige de vendarger trop tot. Nous faisons en Anjou des
vins iiquoreux extraordinairement fruit^s qui peuvent subir la
comparaison avec les vins de vSauternes, sans avoir la preten-
tion de les egaler. Le soleil nous manquera toujours, mais nous
devons toujours travailler a ameliorer, si possible, et a unifor-
miser nos vins. lis jouissent deja d'une certaine reputation, ils
sont connus et apprecies et, ponr en temoigner, je citerai les
paroles fort aimable? de M. de Pontac qui dit en nous abordant :
(f Vous etes des Angcvins, alors vous ctes des concurrents I » -
E ViNET,
Pi*6parateur a la Sta ion oenologiqur.
Concours r6gional agricole libre d'Angers
en 1907
Programme du Concours special (T ensemble des primes culturales
pour le departement de Maine-eU Loire
En attendant que le programme complet du Concours regio-
nal agricole soit publie, la Societe Industrielle et Agricole
d'Angers et le Syndicat Agricole d'Anjou rappellent a AIM. les
Agriculteurs du departement qu'un Concours special d^ ensemble
de primes cuUurales pour tout le Maine-et-Loire, sans distinction
de zdnes, aura lieu conformement aux dispositions ci-dessous du
programme :
« Pour ce Concours, cree specialement a Toccasion xlu grand
« Concours de 1907, une somme de 5.000 francs sera mise a la
« disposition du Jury pour recompenser, dans un domaine ou
« dans une exploitation agricole, des efforts perscverants ayant
« donne des resultats pratiques et en meme temps remunera-
« teurs.
« Le domaine ou I'exploitation agricole present^s peuvent
« etre exploites par un proprietaire cultivant par ses mains, ou
« par valet, par fermier a prix d'argent, ou par metayer, ou
« bien en meme tomps par une ou plusieurs de ces differentes
« methodes.
« Seront exclues de ce Concours special les cultures indus-
« trielles en general : vignobles, cultures de porte-graines,
« cultures maraicheres, pepinieres el arboriculture fruitiere. ~
— 242 —
« La contenance du domaine ou de 1 'exploitation agricole
<( n'est pas limit^e, il sera simplement necessaire qu'elle soit
« reconnue suffisante par le Jury.
« Au reste, pour pouvoir etre admis ^ prendre part au
« Goncours, tous les concurrents auront Tobligation d'adresser
« au si^ge social de la Society Industrielle, 7, rue Saint-Blaise, a
« Angers, avant le 15 avril 1907, dernier d^lai de rigueur, iin
« memoire repondant au questionnaire qui sera communique a
<i tous ceux qui en feront la demande.
« Le Jury appr6ciera, apr^s examen des m^moires et apr^s
<( avoir recueilU tous les renseignements qu'il jugera necessaire
<( de prendre, quels seront les candidats admis definitivement a
<( concourir.
« Le Jury pourra employer tout ou partie de la somme de
<( 5.000 francs, mise a sa disposition en objets d'art, m^dailles
<c ou especes, qu'il attribuera soit a leurs collaborateurs :
<( fermiers, metayers, employes ou ouvriers agricoles.
« Enfin, une prime d'honneur pourra etre decernee, s'il y a
« lieu toutefois, au domaine ou k I'exploitation agricole que le
<( Jury trouvera digne de cette haute recompense. »
La production du memoire demand^ k chaque concurrent
devant avoir lieu avant le 15 avril 1907, MM. les Agriculteurs
qui voudront participer a ce Goncours special de primes eultu-
rales sont ainsi pr^venus assez longtemps al'avance pour prendre
toutes les dispositions necessaires a ce sujet.
La Societe Industrielle et Agricole d' Angers et le Syndicat
Agricole d'Anjou esperent que Jes concurrents se presenteront
en grand nombre et rehausseront ainsi I'eclat de cette interes-
sante manifestation agricole.
Independamment du Goncours special pour tout le departe-
ment, dont les conditions viennent d'etre indiquees ci-dessus,
le Concours ordinaire de primes culturales aura lieu, en 1907,
pour la troisieme zone, c'est-a-dire pour I'arrondissement de
Cholet et les cantons de Vihiers, Ghalonnes et Thouarce.
II sera officiellement annonce des que la subvention habituelle
du Ministere de 1' Agriculture attribute ^ ce Goncours aura ete
obtenue*
Mais, des maintenant., MM. les Agriculteurs de cette troisieme
zone cfUi ont I'intention de se mettre sur les rangs pour etre
chois^S et designes, selon I'usage, par leur Gomice, ou, a d^faut de
Cormce, par le Bureau de la Soci6to Industrielle et Agricole
<y Angers, peuvent prendre leurs dispositions en vue de ce
Concours.
Le Gdrant, G. GRASSIN.
AnRera* imp. GermaiB et O. Grasain. — 2422<6.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETE INDUSTRIELLE IT AGRICOLE
D'ANGERS
et dii d^partexuent de Maine-et-Loire
Proc6s-verbal de la sfeance du 27 octobre 1906
Pr^sidence de M. Bordeaux-Montrieux.
fitaient presents : MM. le comte de Livonnidre et le D^ Sigaud
vice-presidents ; M. Prosper Jamin, tresorier ; MM.' Lavall^e,
Moreau, Vinet, Grau, D^ Gordon, Halope, O. Ghaillou, D^ Lau-
laigne, Trocherie, de Montergon, Bernard-Cliauvire, Paul Lorin,
Fourmond, fils, Secher, Batereau, Lafarge, marquis de Dam-
pierre, Sigaud fils, Clemot, Guerchais, Herrouet, Forest,
de Boissard.
Le proces-verbal de la precedente seance est lu et adopte
sans observations. M. le President presente les excuses de
MM. Andre Huau et de Grandmaison qui ne peuvent assister
A la seance.
— La correspondance contient un rapport de viticulture
ofPert par M. le comte de Livonniere et presents au Gomit(§
Gentral agricole de Sologne.
M. le President remercie notre distingue coUegue d' avoir
bien voulu offrir cet interessant travail a notre Societe.
— M. le marquis de Dampierre previent nos coUegues que la
Societe des Aviculteurs angevins tiendra sa premiere Assembl^e
g^nerale avant notre reunion mensuelle de novembre, vers
une heure; cette reunion aura une tres grande importance, Nos
coUegues sont vivement invites a faire autour d'eux de la pro-
pagande pour la nouvelle Societe
M. le professeur Lavallee prie d'ajouter au proces-verbal,
apr^s son interessante communication sur les bles a grand ren-
dement a la ferme experimentale d'Avrille depuis 1901, qu'il
invite nos collogues ou les fermiers a venir visiter ses cultures,
il se mettra a leur entiere disposition.
— 244 —
De m§me ceux qui d^sireraient etablir des champs d'expe-
riences ou d'experimentation pour les plantes de grande culture
(principalement les cereales) recevront des conseils sur leur
simple demande adress^e au savant professeur.
— Communications de la Station oenologique par M. Moreau,
directeur de la Station.
M. Moreau ne pent aujourd'hui donner un travail complet
sur les vendanges de 1906. Toutefois, bien que les vendanges ne
soient pas completement terminees en Anjou, il peut indiquer
un apergu des analyses de mout faites au laJboratoire d'oeno-
logie.
Les c^pages precoces tels que les muscadets et certains
c^pages rouges (gamays, groslots) ont donn^ une recolte d'excel-
lente qualite, ce sera certainement une grande ann^e pour ces
cepages. Le maximum de sucre de raisin par litre a ete, dans
les analyses faites sur les mouts de muscadet, de 216 grammes,
et le minimum de 140 grammes. Ce sera egalement une tres
bonne annee pour les cepages rouges dont les raisins sont
arrives a maturite complete, sans trace de pourriture. Toute-
fois, un defaut de ces vins sera la faiblesse ae Tacidite, incon-
venient s^rieux pour les vins rouges principalement. La
moyenne.de Tacidite, pour les muscadets, est environ de
4 grammes ; pour les vins rouges, elle est tres peu superieure a
4 grammes. On devra surveiller de tr^s pr^s les vins rouges et si
la coloration venait a flechir, il serait utile d'ajouter 100 a
150 grammes d*acide tartrique par barrique pour raviver la
couleur. Quant au chenin blanc ou pineau de la Loire, bien
qu'on ne puisse pas se prononcer d'une fagon definitive, puisque
les vendanges cfe ce cepage ne sont pas achevees partout, on
peut toutefois presumer que la qualite sera superieure k celle
de 1904, tout en restant leg^rement inf^rieure a celle de 1900.
Gependant il est bon d'aj outer que dans beaucoup de celliers
on aura quelques barriques remarquables et superieures aux
vins de 1900.
Certains mouts contenaient jusqu'^ 276 grammes de sucre
de raisin par litre ; les vins qui en resulteront conserveront tr^s
probablement 50 a 60 grammes de sucre et seront de qualite
remarquable.
Cette annee, en raison de la temperature elevee, la fermenta-
tion a evolue tr^s rapidement, aussi est-il probable que les
mouts dont la teneur en sucre sera inferieure a 230 grammes
feront des vins sees. Quant a Tacidite, le minimum observe a
ete de 3 gr. 92 et le maximum de 8 gr. 09. II n'y a pas lieu de se
pressor pour corriger le defaut d'acidite, on doit attendre les
premiers soutirages.
La secheresse a diminue tres notablement la recolte et, dans
certaines contrees, la cochylis a fait beaucoup de ravages.
M. Moreau ajoute qu'il serait interessant de voir notre
Societe etudier les moyens a essayer pour combattre la cochylis.
— 245 —
De nombreux traitements ont ete employes, des observations
tres interessantes ont ete faites. On decide qu'a la seance de
novembre on mettra a Tordre du jour une causerie sur les trai-
tements a employer contre la cochylis, Au reste, ajoute
M. le D^ Sigaud, TUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire a
deja pris Tinitiative d'ouvrir une discussion sur ce sujet, et
cette question a ete mise a Tordre du jour de la seance du
samedi 17 novembre.
M. Moreau ajoute qu'^ Tapproche de la recolte se sont pro-
duits des orages qui ont fait, disent les vignerons, tourner le
raisin, c'est-a-dire ont developpe la pourriture, mais cette
annee la pourriture a atteint des raisins arrives a complete
maturity, c'est de la pourriture noble qui s'est produite tout
d'abord, et ensuite la persistance de Thumidite a fait, dAns
certaines regions, degenerer la pourriture noble en pourriture
grise.
M. le President remercie M. Moreau de ses interessants ren-
seignements qui seront completes a notre seance de novembre.
— M. Moreau, president du Jury du concours des beurres,
donne ensuite lecture de son rapport sur le concours des
beurres. (!
Ce rapport, tres documente, sera insere dans le prochain
Bulletin.
— M. Vinet fait le recit d'une excursion viticole dans le
Bordelais, accomplie par lui au moment des vendanges, en
compagnie de M. Moreau.
Ce travail, applaudi par nos coUegues, sera insere en entier
dans le Bulletin d'octobre.
— M. de Montergon revient sur la question de la cochylis et
insiste pour que la Societe Industrielle, qui possede des viticul-
teurs tres competents, s'occupe sans plus tarder de cette tr^s
grave question. On pourrait convoquer a une seance prochaine
tous les proprietaires, viticulteurs importants, qui pourraient
donner leur avis sur ce sujet interessant, a un haut degre, Tavenir
des vignobles de TAnjou.
— M. le P^ Lavallee fait une communication sur les bles k
grand rendement, en 1906, a la ferme experimentale d*Avrill6.
Cette etude, tres pratique, sera publiee in extenso dans le numero
d'octobre de notre Bulletin.
M. le President adresse ses remerciements a M. Lavallee ; nos
coUegues ont ete vivement interesses par les nombreux rensei-
gnements donnes par le distingue directeur de la ferme experi-
mentale d'Avrille, et les lecteurs du Bulletin liront avec beaucoup
de profit ce remarquable travail.
— M. le I> Sigaud, vice-president de la Societe, lit son rap-
port sur le 54® Concours d^partemental du 29 septembre dernier.
Apr^s quelques critiques sur le Concours, il est heureux de cons-
tater que, malgr^ la s^cheresse persistante de Tete et la disette de
— 2i6 —
fourrages verts qui en a ete la consequence, les animaux pre-
sentes etaient plus nombreux qu'au Goncours de 1904 et en
parfait etat, ce qui est d*un excellent augure pour notre grand
Goncours regional de 1907. II propose, pour eviter ce qui s'est
passe au Goncours des animaux reproducteurs d' Angers en 1906,
que desormais les prix, ou du moins la moitie des prix, ne soient
verses aux laureats que six mois apr^s le Goncours, sur presen-
tation d'un certificat delivre par le maire au propri6taire qui a
en sa possession Tanimal a cette date. Gette mesure devrait eti*e
prise surtout en ce qui conceme les taureaux ages de plus de
d ans. Ge rapport sera public dans le Bulletin d'aoSt.
— M. A. Grau, professeur de zootechnie a Tecole superieure
d* Agriculture d' Angers, membre titulaire de notre Society,
donne lecture de son travail intitule : Essai du systdme des tables
de pointage pour le classement des animaux au 54® Concowrs
d' Angers, du 29 septembre 1906. M. Gruau etait president d'un
Jury du Goncours et les membres de ce Jury ont applique tres
consciencieusement le syst^me de pointage ; les animaux qu'ils
ont examines etaient au nombre de 20 et, malgre le temps
relativement court dont disposaient les examinateurs, ces
messieurs ont pu repondre completement au questionnaire cor-
respondant a chaque animal.
M. le President remercie M. A. Grau de son rapport, tres
etudie et tr^s clair, qui sera adresse a la Society des A^culteurs
de France, tr^s desireuse d'avoir Tavis de notre Society sur cette
question.
— Reception des candidats present^s k la seance du 28 juillet :
M. Gabriel Rayer, distillateur, vins en gros, boulevard du
Gh^teau, Angers ;
M. le baron Prosper de Manneville, maire de Barace, chateau
de la Motte-Barace ;
M. Rene Gauvin, depute de Maine-et-Loire, a Saint-Augustin,
pres les Justices, Angers.
M. Adolphe Pieau, propri^taire, k Segr6 ;
M. Rene-Adrien Rosier, medecin-veterinaire, 28, rue du
Gommerce, Angers.
— Presentation de candidats :
M. Gabriel Naud, representant de commerce, rue de la Blan-
cheraie, 7, a Angers, pr^sente par M. Suaudeau et M. Moreau ;
M. Prosper Lemesle, proprietaire, a la Perdriere de Loire
(Maine-et-Loire), presents par M. Bordeaux-Montrieux et
M. Vaugouin ;
M. Jean Desmats, proprietaire, adjoint au maire de Noyant-
la-Gravoy^re (Maine-et-Loire), presents par M. Bordeaux-Mon-
trieux et M. Saget.
A propos de la presentation des candidats, M. le President est
heureux de signaler la progression tou jours croissante du nombre
— 247 —
lies membres de notre Society, qui a presque double depuis trois
^ans. II fait observer que chacun de nous devrait faire une propa-
. gande active ; que chaque membre veuille bien presenter un
candidat et nous serons bientot mille societaires I
Nous serious heureux, a Toccasion du grand Concours Regio-
nal de 1907, de presenter a nos visiteurs une Societe nombreuse
puissante et forte.
L'ordre du jour de la seance etant 6puise, la seance est lev^e
k 4 heures.
Pour le SecrStaire giniraly
Dr P. SiGAUD.
Vice-prSsident
La R6colt6 de 1906. Que seront les vins
nouveaux ?
Par M. L^on Mobeaxj, ingi^nieur-agronome, Directeur de la Station
CBnologique, Membre titulaire
L'^te 1906, dans nos regions, a et6 plutot sec et chaud; ce sont
I^, on s'accorde pour le reconnaitre, des conditions favorables -a
la vigne et a la maturation du raisin.Mais, comme de toutes les
bonnes choses, il n'en faut pas trop et quelques vignes jeunes,
tlans des terres caillouteuses, a flanc de coteau, ont eu a souffrir
tie ces conditions climat^riques. A peu ores indemnes — k part
i}k et Ik quelques poussees d'oidium — de toute maladie crypto-
gamique, les vignes nous ont donne, vers le 20 septembre, des
produits deja bien murs, bien dores, ayant beaucoup de dou-
ceur et peu d'acidit^. Sans la cochylis qui a fait des ravages
importants dans certaines contrees et sans la s^cheresse, Tannee
1906, au point de vue quantity, eiit 6t6 une bonne ann^e. Lp
vigneron angevin ne se hate pas trop de r^colter ses raisins
blancs ; il attend, comme on le sait, que la pourriture noble fasse
«on apparition et amene les raisins a une concentration plus
^ande, possedant en plus certaines autres qualites dues encore
au botnjtis, II fut servi k souhait et les orages avec pluies du
d^but a'octobre lui donn^rent cette pourriture noble tant sou-
haitee. Lorsqu'elle apparait sur le raism mur — c'^tait le cas —
elle affecte d'abord cette forme qui fait donner aux raisins le
nom de pleins pourris k Sauternes et que les vignerons d'ici ont
appel6 raisins tournSs, La pellicule du raisin s'amincit, devient
'-^
— 248 -
violacee, se d^tache facilement de la pulpe. Si une periode de-
s^cheresse vient ensuite, le grain de raisin se ratatine, se des-
seche, la pellicule se plisse et la pourriture fructifie un peu et
donne, pour employer Texpression de nos vignerons,un peu de
barbe ; les raisins, dit-on a Sauternes, sont sJors rotis. Le ren-
dement est farcement tr^s diminue, mais la quality est bien
superieure et on obtient, meme dans nos regions, des concentra-
tions en Sucre qui etonnent beaucoup de personnes.
Nous n'avons pas eu, apres les orages de la premiere quinzaine
d'octobre, toute la secheresse desirable et la pourriture evoluant
tr^s vite n'a pu permettre, dans bien des situations, cette-
dessiccation du grain qui donne les grandes concentrations. On
s'est un peu affole de cette marche de la pourriture et on s'est
empresse, trop empresse quelquefois, de vendanger. Ceux qui
ont pu attendre — et j'en connais quelques-uns — n'ont pas eu-
k s'en plaindre et le mustimetre leur a accuse des densites
egales, meme parfois superieures, a celles obtenues en 1900,
qui reste pour nous la grande annee, depuis la reconstitution.
Dans son ensemble, la recolte de 1906 pent etre placee entre
celles de 1904 et de 1900; certainement nous aurons des barriques
de tete qui ^galeront — certains m§me disent surpasseront —
celles obtenues en 1900. On pent s'en convaincre en jetant un
coup d'ceil sur le tableau que nous publions. Nous ne parlons
ici, comme tou jours d'ailleurs, que de ce que nous avons vu et
analyse. J'ai pu me rendre compte, depuis 5 ans, que la note*
que nous donnions ainsi tons les ans, apres les vendanges et avant
le premier soutirage, etait juste pour I'ensemble de TAnjou.
— 249 —
TABLEAU I
Moiits de chenin blanc en 1906
REGIONS
SUCRE
Maxim.
Angers, Tr61az6..
Savenni^res , La
Possonni^re....
Le Louroux, Saint-
Germain, In-
grandes
Montjean
Rochefort, Ghau-
mes
Beaulieu, Faye . . .
Saint-Lambert, Le
Champ, Rablay.
Thouarc6, Bonne-
zeanx
Le Vaudelnay, Le
Puy N.-Dame . .
Soulaines
•Corn6,Maz6,Jarz6.
Tiered, Etrich6 . . .
Huill^, Durtal....
Saumur, Chac6,
Turquant,Brez6.
grs.
216,66
247,60
208,00
200,00
224, 08
273,00
241,8
276,5
192,51
208 »
208 »
200,0
241,84
Minim.
grs.
196,00
208,00
192,51
173,82
200,00
189,00
162,5
216,6
179,31
173,32
200 »
157,56
185,71
ACIDITE
totale
Maxim
grs.
6,17
5,6
6,60
4,90
5,97
6,07
6,76
5,68
6,95
8,91
7,05
6,07
6,17
Minim.
grs.
5,19
4,6
5,09
4,80
4,99
3,60
4,90
3,92
6,07
4,90
5,97
5,09
4,41
grs.
206,8
229,9
204,08
188,7
210,17
228,6
192,54
251,7
185, 79
224, 08
190, 70
205,3
176; 96
211,4
grs.
5,64
5,04
5,12
4,85
5,68
4,55
5,97
4,92
6,54
5,78
6,59
6,39
5,49
5,28
degr^s
12,2
13,4
12,0
11,0
12,3
13,4
11,3
14,7
10,8
13,2
11,1
12.0
10,3
12,3
3
4
4
3
4
9
6
5
1
7
3
3
12
Comme de coutume, j'appellerai Tattention des viticulteurs
sur les maxima en sucre que nous ob tenons. Ges richesses sac-
charines sont remarquables et n'ont pas souvent ete depas-
sees.
Enfin, dans des conditions plus exceptionnelles et qui ne sont
plus pratiques pour le commun des mortels, le vigneron de Par-
nay a obtenu des raisins — c'est moi qui les ai cueillis et analy-
ses — qui avaient jusqu'a 472 grammes de sucre, par litre et
Tensemble de la recolte, ^chantillon pris k Tanche, a donn6
encore un mout pesant plus de 300 grammes de sucre par litre.
— 250 —
Le tableau nous montre en dernier lieu que Tacidite est pen
61evee pour bon nombre de produits.
La temperature et le milieu peu acide ont favorise la fermen-
tation laquelle, sans etre souvent exuberante, n'en a pas moins
6te active et a pu etre complete, en moins d'un mois, dans bien
des cas. On a ete surpris de trouver beaucoup de vins sees et de^
la a dire que tons les vins seraient sees cette annee, il n'y avait
qu'un pas qui a et6 vite franchi. On a 6i6 trompe au moment de-
la recolte, par la douceur du raisin qui, bien que grande, etait
encore augmentee, en apparence, par suite de Tacidite peu ele-
vee pour la region. On eut une premiere desillusion en voyant
que le mustim^tre n'accusait pas la densite que la degustation
semblait faire pr^voir ; puis la fermentation ayant ete active, on
eut une deuxidme desillusion en voyant que beaucoup de vins
ne conservaient pas autant de douceur qu'on Tesp^rait. II est
bien certain que la plupart des mouts titrant moins de 220
grammes de sucre par litre et recoltes de bonne heure donneront
des vins alcooliques, nerveux, bien fruites, mais sees ; ce sont
des vins,comme on me le disait dernierement, qui mettront leur
bonhomme par terre, sans le reUver,
Par centre, il y a des chances que tous les mouts — et ils sont
nombreux — qui dosaient plus de 220 grammes de sucre par
litre donnent des vins conservant de la douceur, a la fois alcoo-
liques et moelleux, ayant en eux tous les elements qui font les
grands vins. La seule chose k craindre pour ces vins, c'est leur
faible acidite moins de 4 grammes. II se pent qu'elle soit
suffisante, mais je crois qu'il sera prudent de suivre de pres
ces vins et a la moindre tentative de bleuissement, de plom-
bage, il faudra leur ajouter un peu d'acide tartrique.
Les vins devront bien se clarifier, si les conditions exterieurea
continuent a leur etre favorables. lis seront moins susceptibles
que ceux de 1904 — etant proteges par leur degre alcoolique —
de subir des fermentations seconSaires en bouteilles. Gel a ne
doit pas empecher les viticulteurs de leur apporter tous les soins
desirables, et en particulier les soutirages a I'abri de I'air et les-
mechages ne devront pas etre epargnes. En prenant ces precau-
tions, en se rappelant : 1° que 1' acidite, pour certains vins, sera
faible, 2° que tous les vins proven ant de raisins envahis par la
pourriture sont susceptibles de jaunir — et beaucoup sont dans,
ce cas cette annee — et en appliquant alors les traitements indi-
ques, on conduira a bonne fm sa vinification, sans etre oblige, je
I'espere, d'avoir recours ni au collage, ni au filtrage, et Ton fera
une bonne mise en bouteilles.
Mais il faut que les viticulteurs de nos regions se mettent bien
dans la tete que la mise en bouteilles hative qu'ils pratiquent
leur cree plus qu'a tous les autres des obligations tres grandes,.
s'ils veulent avoir un vin qui se conserve limpide et brillant.
— 251 —
^ Nous nous trouvons, en Anjou, avec cette habitude — que je
ifie critique pas aujourd'hui — de mettre nos vins de bonne
heure en bouteilles, dans les plus mauvaises conditions pour
3u'ils se conservent clairs. C'est done une obligation pour nous
e redoubler de soins pour amener nos vins blancs, en quelques
mois, a une clarification qui n'est atteinte pourtant ailleurs
qu'au bout d*un an et plus. II faudra toujours s'attendre,
lorsqu'on mettra en bouteilles un vin doux, ayant moins de
11® d'alcool, k voir les fermentations secondaires se produire. Je
-sais bien qu'en Anjou, suivant I'expression du pays, on ne veut
pas de cm mort et que Ton desire, au contraire, un certain
^6tillement ; il faut que le vin ait de la Pie. Ce serait parfait, si
on etait maitre d'arr^ter au point voulu cette fermentation.
Mais nous sommes completement livres au hasard, et tantot
notre vin sera mort, ne bougera pas et conservera sa limpidite
— ne croyez pas qu'on s'en plaigne, en dehors de I'Anjou — ;
tantot, au contraire, il moussera comme du champagne,
mais sera trouble comme de la bernache. Si le vin ne devait pas
sortir de la region, du moment que le consommateur s'en con-
tente, on aurait tort d'etre plus exigeant que lui. Mais ce vin va
k Paris, va dans tons les coins de la France et meme a
r^tranger, et alors ce n'est plus la meme chose. Plus je voyage,
plus j'etudie les vins de tons les pays et plus je suis persuad^ que
je grand, I'immense obstacle a la diffusion de nos produits, c'est
cette inconstance, je ne dis pas dans la qualite — tons les autres
pays en sont un peu au meme point — mais dans la fa^on de se
Er&enter de nos vins. On ne sait jamais, en debouchant une
outeille, si le vin sera clair ou trouble, s'il p^tillera, moussera ou
«era mort, s'il sera sec ou doux, et rien, a la mise en bouteilles, ne
pent souvent nous I'indiquer. Allez done, dans ces conditions la,
^tablir une clientele fidele a 1' stranger ; et croyez- vous qu'un
particuher qui aura perdu cinquante bouteilles, par suite de ces
fermentations, s'adressera a vous de nouveau ? Quel diahle de vin
que le vin d^ Anjou! dites-vous, lorsqu'on vous parle de tons ces
accidents. Cette exclamation d'un pere trop indulgent pour les
fredaines de son fils n'est plus guere de mise aujourd'hui, s^lors
que la lutte pour la vie devient de plus en plus difficile pour le
viticulteur. Le plus simple est d'essayer de mieux faire et je crois
qu'en conduisant bien sa fermentation, en I'activant si c'est
n6cessaire, au risque d'avoir parfois des vins moins doux, en
soutirant plus souvent et en mechant davantage, on arrivera a
diminuer — je ne dis pas a supprimer — le nombre des insucces,
malheureusement trop grand.
Les muscadets m^ritent, cette annee, une mention sp^ciale,
lis ont atteint en moiit une concentration en sucre assez elevee,
xomme on peut s'en rendre compte par le tableau ci-joint :
— 252 —
TABLEAU II
Moiits de muscadet en 1906
REGIONS
SUCBE
grs.
Lir6, Drain 200,0
Champtoceanx, La
Varenne 204,0
Autres regions . . . 216,6
Maxim.
Minim.
grs.
140, 54
179,31
189,08
ACIDITY
totale
Maxim.
grs.
4,21
4,31
6,86
Minim.
grs.
3,13
3,43
4,50
MOYENNES
Sucre
grs.
174,10
187. 75
198,61
Aclditd
grs.
3,72
3,86
5,63
degr^s
10,2
10,9
11,6
6
4
Nul doute — et j'ai pu m'en rendre compte dernierement —
qu'ils ne constituent, cette annee, de bons vins de table, fort
estimables. Plus faciles a soigner que les vins liquoreux, assez
alcooliques, ils seraient, pour I'usage auquel on les destine, par-
faits s'ils avaient parfois un peu plus d'acidite.
Dans la region du Muscadet, on.soutire les vins peu et tr^s tard..
Autrefois, le premier soutirage ne se faisait qu'en mars — on le
fait un peu plus tot aujourd'hui — et on n'en faisait plus qu'un
autre, avant la mise en bouteilles ; a chaque soutirage, on
employait tres peu de meche. Ce sont la, a mon avis, des proce-
des defectueux, et beaucoup de maladies dont ces vins sont
atteints n'ont pas d'autres causes ; le remede, en tout cas, est
tres simple et il serait bon que les proprietaires voulussent bien
faire quelques essais.
Enfin, I'annee 1906 comptera, je crois, parmi les- meilleures
pour les vins rouges. Ils sont alcooliquess, assez acides — tout au
moins ceux que j'ai examines — riches en couleur ; ils ont du
corps, semblent se bien tenir et on pergoit d^ja leur finesse. II est
a souhaiter qu'on prenne tous les soins desirables — ouillages
frequents et soutirages appropries — pour leur faire passer ,^
dans de bonnes conditions, leur premiere annee d'existence.
En resume, Tannic 1906, dans son ensemble, sans etre abso-
lument sup^rieure en tous points, se tiendra en tres bonne place.
II appartient maintenant au viticulteur de ne pas gater, par
imprevoyance et manque de soins, les bons produits que la
vigne lui a donnes ; il serait navrant de les lui voir gacher mal a
propos.
253 —
La CochyliSy ses mcBurs, ses ravages
AperQu des traitements employes
pour la combattre
Par le D' P. Sigaud, vice-president de la Soci^t^ Industrielle
et Agricole d' Angers,
♦Secretaire g^n^ral de T Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire
Les viticulteurs de notre contree qui ont vu, cette annee,
disparaitre une partie importante de leur recolte, le tiers pour
certains, la moitie pour beaucoup et encore plus pour quelques
autres, par suite des attaques successives d'un tout petit ver de
la grappe designe, par les entomologistes, sous le nom de Cochylis
et connu plus particulierement en Anjou sous celiii de T eigne
de la grappe^ sauront gre certainement a la Societe Industrielle
et Agricole d' Angers et a T Union des Viticulteurs de Maine-et-
Loire d'avoir simultanement mis a Tordre du jour de leur
seance cette question, bien vieille sans doute, mais jouissant
encore, cette annee, du triste privilege de Tactualite.
Nous tenons a remercier, tout d'abord, nos collegues de TUnion
des Viticulteurs de Maine-et-Loire qui ont repondu a notre
invitation et sont venus a cette reunion nous apporter le
resultat de leurs experiences personnelles. Avant de leur donner
la parole, nous desirous, pour eclairer la question, resumer les
notions utiles a connaitre sur les mceurs et les habitudes de cet
insecte ampelophage et presenter un apergu des divers traite-
ments employes le plus frequemment pour le combattre.
La cochylis, designee encore sous les noms de ver de la grappe,
ver coquin, teigne de la grappe, a ete observee des la plus haute
antiquite ; Pline le naturaliste et Columelle, agronome latin du
premier siecle de notre ere, ont decrit d'une fagon claire et pre-
cise, un insecte produisant des degats frequents en Italic : a
cette epoque ils 1 ont designe sous le nom de volucra aranea ou
araneus vitium et Tout signale comme un petit ver envelop-
pant de fils le grain de raisin et le mangeant; ils semblent, evi-
demment, avoir voulu parler de la cochylis, le seul insecte
ampelophage qui agisse ainsi. En 1746, le naturaliste Bonnet
fut charge d'etudier les degats causes aux environs de Geneve,
par une petite chenille vivant dans Tinterieur des grains de rai-
sins, sa description permet de reconnaitre facilenient la cochylis.
La premiere generation de Tinsecte a ete decrite, pour la pre-
miere fois, par Pazumot a TAcademie de Dijon. Enfm, en 1796,
Hubner, dans son ouvrage remarquable sur les Papillonsd' Eu-
rope, donna le premier urie description detaillee de I'espece, sous
le nom de tortrix (cochylis) ambiguella. En 1842, V. Audouia
— 254 —
fit paraitre un ouvrage tres complet, devenu classique, intitule r
Histoire des insectes nuisibles a la vigne^ et dans lequel ont large-
ment puise tons ceux qui, depuis, ont ecrit sur la cochylis. Voici,
d'appes cet auteur, les caracteres des diverses formes de la
cochylis :
Les chrysalides d'hiver donnent naissance a des papillons noc-
turnes qui eclosent fin avril ou commencement de mai, suivant
les regions. Apres Taccouplement, la femelle pond une trentaine-
d'oeufs tres petits qu'elle depose sur les jeunes pousses et les.
bourgeons floraux. Quinze jours apres se fait une eclosion de-
chenilles, celles-ci vivent de 40 a 45 jours ; lorsque la vigne
pousse rapidement, elle fournit plus que la larve nepeut manger ;-
Si, au contraire, la vegetation marche lentement, la larve mange
plus que la vigne ne pent pousser et, dans ce cas, la perte est
considerable.
Lorsqu'elles ont atteint leur complet developpement, les che-
nilles ont de 8 a 10 milhmetres de longueur, elles seretirent
ensuite au milieu ou k la fin de juillet dans les grappes entrelacees^
, de fils soyeux, parfois sous les ecorces du tronc ou dans les fis-
sures des echalas et se filent un coton blanchatre oii elles se trans-
forment en chrysalides. Celles-ci donnent un nouveau papilloa
quinze jours apres environ. Les papillons s'accouplent immedia-
tement et, peu de jours apres, les femelles pondent sur les raisins
en veraison (aoiit et septembre), des ceufs qui donnent naissanca
aux chenilles de deuxieme generation qui vivent aux depens des
grains. Elles commencent par attaquer avec leurs mandibulea
Tepiderme du grain, elles y font un trou rond dans lequel elles
passent la tete et devorentla pulpe du raisin. Les chenilles s'ac-
croissent tres rapidement et leurs ravages grandissent en propor-
tion de leur taille. Une seule chenille, enTespace d'un mois;peut
detruire plus d'une trentaine de grains. Ceux-ci, a moitie vides, se
fanent, se dessechent si le temps est sec et, au contraire, si la
temps estpluvieux ils pourrissent et communiquent Tinfection.
au reste dela grappe. Dans Tespace de trois semaines environ^
les 2/3 oules 3/4 de la recolte peuvent etre atteints. Les che-
nilles sont adultes vers la fin de septembre. Elles se retirent en-
suite sous les ecorces des ceps, dans les fissures des echalas et(seule-
ment dans les contrees froides) dans la terre, a une certaine pro-
fondeur, et la elles se filent un cocon soyeux, tres dense, a fils ag-
glutines souvent reunis a des fragments de feuilles ou de bois.
Les chenilles se metamorphosent en chrysalides sous cette epaisse
enveloppe vers le commencement de decembre et cette transfor-
mation acheve de s'operer en Janvier. L'etat de chrysahde de la
seconde generation dure quatre mois environ.
La cochylis s'etablit rarement pour toujours dans une contree,
elle change facilement de locahte et tel quartier qui aura et6
eprouve une ou plusieurs annees de suite pourra rester des
annees sans revoir d'invasion importante. Toutefois certainea
regions, comme les bords du Rhin, en Alsace; le canton de Vaud^
— 255 —
autour de Lausanne en Suisse et certaines provinces d'ltalie,
sont ravagees par la cochylis d'une fa^on permanente et cet
jnsecte est, pour ainsi dire, endemique dans ces vignobles.
La cochyfis ne craint ni les coteaux froids ni les plaines expo-
sees aux vents, toutefois les expositions preferees sont celles du
nord et de I'Est. L'habitat de I'insecte semble confirmer son
origine septentrionale.
Tous les cepages ne sont pas attaques au meme degre ; dans
notre contree, les pinots de la Loire, les muscadets semblent
choisis de preference par la cochylis, cependant les cepages
rouges ne sont pas toujours epargnes et les gamays sont parfois
atteints. 11 faut bien avouer qu'il y a des bizarreries dans les
attaques de cet insecte, ainsi en 1905 une petite vigne de pinot
d'aunis etait atteinte serieusement par la cochylis, dans mon
vignoble, alors que les pinots de la Loire etaient presque tota-
lement epargnes. Cette annee, ma vigne rouge etait complete-
ment indemne, tandis que les vignes blanches situees a cote
etaient envahies par une invasion de cochylis qui a fait dispa-
raitre environ la moitie de la recolte.
On s'est demande pourquoi les invasion de cochylis etaient
intermittentes ? Les gelees de printemps, tout d'abord, ont une
influence destructive sur I'insecte ; a cette epoquo les chenilles
sont toutes petites, elles sont attirees par les premiers rayons du
soleil et tres sensibles au froid. En outre, avant commence k
prendre de la nourriture, elles ne peuvent plus s'en passer et si
elles resistent au froid elles perissant d'inanition, les nouveaux
bourgeons fletris par la gelee ne leur off rant plus la nourriture
qui leur est indispensable. D'un autre cote la cochylis, comme
la plupart des insectes, a ses parasites et ceux-ci sont tellement
nombreux certaines annees qu'ils arrivent a causer la mort d'un
grand nombre de cochylis : Dans le Tyrol,sur les bords du Rhin,
de la Moselle, en Hongrie, on a fait ces dernieres annees des etudes
speciales sur des parasites reconnus comme destructeurs de la
cochyHs. En 1892, on a remarque que les chrysahdes recueiUies
pendant I'hiver etaient mortes dans la proportion de 80 a
90 % ; on decouvrit sur les chrysahdes mortes le mycelium du
botrytis Bassiana a peu pres identique a celui occasionnant le
blanc des vers a soie. On a trouve aussi un ichneiimonide ressem-
blant a un moustique ; les femelles recherchent les larves
adultes de la cochylis et deposent leurs ceufs sur elles ou dans
leurs tissus. Le petit ver sort de I'ceuf, se nourrit de la matiere
grasse de la cochyH^ qui continue a vivre tant bien que mal, se
transforme en chrysalide et finit par perir.Les AUemandsqui ont
etudie tout specialement ce parasite animal ont deduit de leurs
observations que I'emploi de certains remedes a des epoques mal
choisies sont plus dommageables qu'utiles aux viticulteurs,
parce qu'ils entrainent surtout la mort de leurs allies.
On pent entrevoir, des maintenant, quelle complication doit
en resulter pour le traitement do la cochylis qui, dans certaines
— 256 —
ann^es, d'apres les observateurs allemands, devrait etre a peu
pres nul, la nature 6tant plus puissante que tous les efforts
numains.
II ne faut pas oublier non plus que les oiseaux insectivores, les
moineaux et les pinsons par exemple, font une chasse active aux
chenilles de la cochylis et arrivent a en detruire un grand nombre ;
CCS oiseaux sont, pour nous, des auxiliaires precieux et contri-
buent a debarrasser certains vignobles de ces insectes ampelo-
phages.
Enfin, dans certaines annees, de violentsorages accompagnes
de fort abaissement de temperature viennent parfois surprendre
la nouvelle generation de I'msecte au moment oii elle est encore
delicate et contribuent a Texterminer.
Toutes ces considerations sur les moeurs, les habitudes et les
ravages de la cochylis nous ont pjaru indispensables a connaitre
pour etudier ensuite methodiquement les differents traitements
preconises contre cet insecte qui menace de devenir pour TAnjou
un veritable fleau, si les viticulteurs ne le combattent pas avec
energie et perseverance.
La lutte contre la cochylis consiste a chercher les moyens de
detruire les diverses formes de cet insecte : oeuf, larve, chrysalide
et papillon, aux differentes epoques de leur apparition.
Les essais tentes contre Voeiif ont a peu pres completement
echoue au printemps a cause de sa resistance aux agents de des-
truction superieure a celle des jeunes grappes. Ainsi cette ques-
tion, tres seduisante a premiere vue, est tres difficile a resoudre
en pratique. Contre la larve, c'est-a-dire le ver, le seul agent des-
tructeur, puisqu'il est reconnu que les papillons ne produisont
aucun degat et que les chrysalides n'ont besoin d'aucun aliment,
deux procedes ont ete employes pour le detruire :
1° L'echenillage ;
2° Les insecticides.
L'echenillage consiste a chercher le ver (lorsqu'il a atteint trois
ou quatre millimetres) et a I'ecraser. Lorsque Techenillage est
fait un peu tard, alors que tous les vers sont eclos et arrives a un
d^veloppement sufTisant, une seule visite, il est vrai, suffit pour
les detruire, mais la plupart des degats sont alors produits sur
les grappes. Au contraire, si cette operation est faite de bonne
heure, il faudra au moins deux visites a cause des pontes et des
^closions successives.
Certains experimentateurs sembleilt avoir obtenu des resul-
tats satisfaisants en employant, pour rechercher les chenilles
dans leurs repaires, des femmes munies de pinces du module de
celles dont on se sert en imprimerie pour saisir les caracteres. Au
domaine de I'Etang, a Martigne-Briand, il y a cinq ou six ans,
M. Brochard avait experimente ce procede de destruction dans
tout son vignoble avec un certain succes.
On pourrait objecter que, pour faire ce travail avec chances
de reussite, il est necessaire d'employer des femmes ayant une
certaine habilete de main et assez intelligentes pour savoir dis-
— 257 —
tinguer rapidement le point ou le ver a 6\u domicile ; il faut ^viter
en effet avec soin de detruire avec la pince des fleurons que I'in-
secte lui-meme n'a pas atteints. D'un autre cote, ce procede est
assez dispendieux et beaucdup de viticulteurs hesiteront a faire
la depense necessaire. Un proprietaire poss^dant une petite vigne
isolee d'autres vignes peut, lui-meme, se livrer a cette recherche
et, dans ce cas, il a des chances de reussir a se d^barrasser en
grande partie des vers de la cochylis.
Quant aux vers de la seconde generation, pour les detruire, il
faut enlever les grains piques par les larves qui, d'abord, se can-
tonnent dans ces grains. Certes, cette operation est tres ration-
nelle et remplit un double but ; elle detruit tout d'abord un tres
grand nombre de vers et, en second lieu, en enlevant les grains
atteints elle permet d'^viter I'alteration consecutive des grains
sains qui sont rapidement envahis par la pourriture, lorsque la
temperature est humide. J'ai, pour ma part, essaye ce procede
-sur une petite etendue et je me suis servi d'une petite pince a
pansement contenant deux mors plats et qui m'a paru tres com-
mode pour enlever les grains sans secouer la grappe et sans tou-
cher aux grains qu'on veut respecter.
Pour detruire les larves de seconde generation, un viticulteur
itahen, M. Giulio Catoni, a imagine le procede suivant :
II entortille mollement, a diverses hauteurs, sur les souches et
les bras de celles-ci, ou encore entre les ceps et les echalas, des
lambeaux de toiles grossieres ou des chiffons dechires de 0"^20
a 0"*30 de longueur, sur 0™10 a 0°^15 de largeur ; la paille, sous
forme de tresses tres laches, peut etre utilisee, des feuilles, des
spathes de mais, etc. Ces pieges, disposes avant que les cochylis
n aient commence a tisser leur cocon, offrent a celles-ci des
abris ou elles se refugient en tres grand nombre, trouvant la des
conditions tres favorables pour leur hibernation. Avant le prin-
temps, on recueille tons ces laipbeaux d'etoffe et on les plonge
dans I'eau bouillante pour detruire les cochylis qui seront
. venues s'y chrysalider. Dans le Trentin, ou on a essaye ce pro-
cede, on a utilise des morceaux de toile de jute ; or, chaque
morceau contenait de cinq a cinquante chrysalides de seconde
generation.
M. le D^ Rabjeau, d'Ingrandes, a bien voulu m'ecrire les
essais divers qu'il a faits contre la cochylis ; pour detruire les
chenilles de premiere generation, il a employe le procede recom-
mande par M. Colomb-Pradel, qui consiste a deposer, au moyen
d'une burette, une ou deux gouttes d'huile naphtalisee (formee
de 10 parties de naphtaline brute pour 100 parties d'huile de lin)
sur chaque cocon pour faire sortir le ver, qui tdmbe et meurt.
La recherche des cocons et la manoeuvre de la burette peuvent
etre faites par des femmes qui, avec un peu d'habitude, arrivent
a etre tres habiles dans cette operation. Mais, si M. Colomb-
Pradel est satisfait de sa decouverte, notre collegue trouve que
ce procede est tres minutieux, demande beaucoup de temps,
coute relativement cher et, somme toute, lui a donne des resul-
tats fort problem atiques.
- 258 —
Enfin, si rechenillage est une operation rationnelle, il ne faut
pas oublier qu'il exige beaucoup de main d'oeuvre, les frais
pouvant s'elever a 40 francs par hectare au moins.
Aussi a-t-on essaye des precedes plus rapide? (pulverisations
ou poudrages avac des poudres insecticides). Ce traitement,
toutefois, doit etre limite a la destruction des chenilles de pre-
miere generation. Le but recherche consiste a employer un
liquide economique, sans danger pour la grappe et pour les
feuilles, et tres actif, au contraire, contre les chenilles ; il est
necessaire aussi quece liquide puisse penetrer facilement les
enveloppes qui les defendent. Le traitement insecticide, qui
semble avoir donne les meilleurs resultats, consiste a pulveriser
sur ks chenilles de premiere generation surtout, avant ou apres
la flcraison, et de tres bonne heure sur celles de deuxieme gene-
ration, un liquide ainsi compose :
Faire dissoudre 3 kilos de savon mou dans 10 Utres d'eau
chaude, puis les nielanger a 90 litres d'ean dans lesquels on fail
infuser 1 kil. r)00 de poudre de pyrethre en brassant fortement
le liquide. M. J. Dufour, directeur de la Station viticole de
Lausanne (Suisse), a remarque que Ton accroissait beaucoup la
force de penetration et, par suite, refficacite des insecticides, en
les appliquant a chaud sur les grappes. Ainsi, une simple solution
de savon noir a 3 % tue une forte proportion de vers si on
r applique a une temperature de 50 a bb^ centigrades, tandis
qu elle est peu active a la temperature ordinaire. En ajoutant
1 % de nicotine, d'huile de colza ou d'un autre insecticide,
TelTet est plus marque encore. Avant la floraison ou au debut,
les grappes presentent une resistance remarquable a Taction de
la chaleur.
Un procede vraiment pratique devrait etre preventif ; or, on
ne connait actuellement que I'emploi des sets arsenicaux, et
specialement I'arsenite de cuivre, capable de remplir ce but.
M. Grosjean, inspecteur general de TAgriculture, pr^conise
I'emploi de ce sei toxique a I'etat sec, melange au soufre (il agit
alors aussi contre I'oidium). On pent egalement I'employer a
I'etat humide ; dans ce cas, on I'mcorpore a la bouillie borde-
laise ; en ayant soin d'ajouter un peu de savon, cette preparation
est sans danger pour la vigne. Toutefois, I'emploi des preparations
arsenicales ne s'est pas repandu, a cause des grandes precautions
necessaires pour la preparation et I'usage de cette bouillie
arsenicale.
Nous arrivons maintenant aux divers procedes employes pour
la destruction des chrysalides.
En ete, la transformation de la larve en chrysalide se fait tres
rapidement, six a sept jours sufTisent ; les endroits de predilec-
tion pour la chrysalidation des larves sont, en general, la grappe
elle-meme ou est ne et a vecn le ver et ou il a tisse son fourreau
protecteur transform e en cocon. La lutte contre cette chrysalide
de premiere generation n'a point ete employee a proprement
parler, cette chrysalide ayant une existence tres ephemere. II
— 259 -.
n'en est pas de meme des . chrysalides de seconde generation^
dont la vie est de trois a quatre mois, pendant une partie de
I'hiver ; aussi a-t-on essaye tres serieusement divers traitementa
qui meritent d'attirer un instant votre attention.
Des experiences ont ete faites sur le vignoble de Jarras, pres.
Aiguesmortes, appartenant a la Compagnie des Salins du Midi et
en majeure partie plante en Picpoul (cepage blanc) et isole par
des marais et des terrains sales d'autres vignobles dont le voisi-
nage aurait pu infirmer une experience.
Le procede de la lutte a consiste dans un mode d'ecorgage des-
souches plus rationnel, plus complet et par suite plus efficace que
ceux employes precedemment. Apres divers essais, on est arrive
a se servir de chaines a decortiquer en fer carre, formees d'an-
neaux doubles fabriques avec du fer carre dont les aretes
s'emoussent tres difiicilement.
Le prix de revient de ce travail par hectare a ete de 84 francs
environ.
Apres cette operation, la recolte a ete doublee.
Mais ce procede est trop complique et trop onereux pour
pouvoir se generaUser. Au reste, il est forcement insuffisant,
puisque les chrysalides ne se trouvent pas seulement dans les
ecorces des souches, mais dans les fissures des echalas et parfois
dans le sol (dans certaines regions septentrional es surtout).
On a essaye encore les traitements utilises avec succes contre
la pyrale, c'est-a-dire I'ebouillantage des souches, et meme le
clochage, ce dernier procede consistant k detruire les chenilles ou
meme les chrysalides nouvellement formees par Taction des
vapeurs sulfureuses.
Les succes obtenus par les exp^rimentateurs n'ont pas et6
reguliers et, par suite, 1 ebouillantage, de meme que le clochage,
ont ete peu a peu abandonnes.
Nous sommes heureux de pouvoir faire connaitre ici un traite-
ment nouveau dont les details nous ont ete communiques, sur
notre deiiiande, par I'auteur lui-meme, un de nos viticulteurs les
plus experimentes, M. Oger-Bascher, de la Fresnaye de Saint-
Aubin-de-Luigne. Notre excellent collegue avait ete fort eprouve
depuis des annees par des invasions de cochylis, qui avaient
cause des ravages considerables dans ses importants vignobles
de la Fresnaye et de Sainte-Foy.
II avait essaye tous les traitements connus et usites contre la
cochylis : 1° L' ebouillantage avec la chaudiere Vermorel ; ce
procede exige tout d'abord I'ecor^age prealable des souches ;
rinconvenient principal est, le plus souvent, Tinsuflisance de la
temperature de I'eau, ensuite, la depense occasionnee est trop
elevee, aussi cette methode de traitement a-t-elle ete vite
abandonnee ;
2° M. Oger-Bascher a essaye le flambage ; fait a la legere, il ne
detruisait pas la cochylis ; trop bien fait, au contraire, il brulait
certains bourgeons, voire meme quelques pieces importantes
des souches ;
— 260 —
3° Essai de TecorQage des souches avec le& gants Sabatier et
Bussi avec une chaine gourmelte ; les resultats n'ont pas ete
satisfaisants. Essai egalement du badigeonnage des souches
d'apres le precede de Balbiani, au moyen d'une solution d'acide
suliurique au 1 /lO, ou bien au sulfate de fer, mais sans aucun
^ucces notable ;
^^ Essai des falots bordelais pour la destruction des papillons,
meme insucces.,La plupart du temps, quand les falots ,etaient
mis en place et allumes et s'il faisait du vent, la flamme detrui-
sait une partie des falots ; s'il pleuvait, les lanternes se deterio-
raient, et quand il faisait clair de lune aucun papillon ne se
laissait prendre. M. Oger-Bascher a observe que les 9/10 des
papillons pris etaient des males ; il est amene a supposer que les
femelles, plus lourdes et pleines d'ceufs, restaient sur les souches
et ne cherchaient pas a s'envoler.
En resume, les traitements les plus connus n'ont donne a
M. Oger-Baschor que des insucces et des desillusions. Malgre
cela, il ne se dcsespera pas et eut I'idee d'ess aver la chaux ds la
faQon suivante. En 1903-1904, dans son vignoble de Sainte-Foy,
il employa 3.000 hectolitres de cendres de chaux dans 20 hectares
de vignes ; le sol etait completement blanc comme s'il avait re^u
une couche de neige ; la vegetation de la vigne fut tres tjclle et la
recolte abondante, la chaux ayant rendu assimilable une cer-
taine quantite d'azote ; le sol fut plus facile a traiter, mais le but
recherche n'etait pas atteint, la quantite de cochylis n' avait pas
sensiblement diminue. L'hiver suivant 1904-1905, notre col-
legue tenta une autre experience dans son vignoble de la Fres-
naye, ou, le plus souvent, la cochylis faisait disparaitre la plus
grande partie de la recolte. Apres la taille, M. Oger-Bascher fit
passer entre les rangs de vigne une petite charrette chargee de
cendres de chaux et trainee par un cheval qu'un homme condui-
sait ; derriere cette charrette, un autre horame, muni d'une
pelle, jetait une ou deux pelletees de cendres de chaux sur le
corps des souches de deux rangs a la fois, il couvrait egalement
les mouchis, soit emiron 5 htres de cendres de chaux repandus
par souche. Une partie de la chaux reste sur les membres de la
souche, I'autre tombe au pied. Les parcelles de chaux se desa-
gregent sous Tinlluence de I'humidite de Fair el ferment une
sorte de bouillie quand I'eau ^^ent a tomber. M. Oger-Bascher se
demande si les resultats tres satisfaisants qu'il a obtenus par ce
precede sont dus a la grande chaleur degagee par la chaux au
moment ou elle s'eteint, ou a I'ecoulement de I'eau et de la chaux
le long de la souche, ou a la chaux qui impregne pendant un
certain temps Tecorce? Dans tons les cas, la cochylis n'a pas fait
de degats depuis I'emploi de ce trait ement, repete en 1905-1906,
a la Fresnaye et a Samte-Foy, tandis (jue les vignobles Toisins
etaient completement ravages. Ainsi, le beau vignoble de la
Roulerie, a Saint -Aubin-de-Luigne, infeste cette annee par la
cochylis, n'a donne qu'une centaine de barriques dans 17 hec-
tares » tandis que, dans 15 hectares, a un kilometre a vol d'oiseaa
— 261 —
du vignoble precedent, M. Oger-Bascher a recolte plus de
300 barriques, avec une taille a court-bois.
Notre coUegue fait observer que le traitement k la chaux a
surtout Favahtage de ne pas etre couteux, Thectolitre de cendres
de chaux necessaires pour traiter vingt souches coutant, pris au
four, cinquante centimes ; de plus, la chaux; detruit la mousse,
receptacle de toute sorte d'insectes, et, en plus, elle agit comme
antiparasitaire contre Toidium et le mildiou, enfin elle est inof-
fensive pour les yeux de la yigne.
En resume, M. Oger-Bascher, depuis trente ans, a cherche a
defendre sa recolte contre le terrible ver coquin et ce dernier
traitement seul lui a donn^ des resultats satisfaisants. II serait
tres heureux de le voir essayer par les viticulteurs angevins et il
s'estimerait tres satisfait s'il pouvait leur etre utile. Nous avons
cru, de notre cote, rendre un reel service a nos coUegues en leur
donnant tons ces details fort interessants et nous adressons ici
nos sinceres remerciements a M. Oger-Bascher, qui a bien voulu
nous les communiquer avec un empressement dont nous lui
sommes reconnaissant.
II nous reste a parler de la lutte contre les papillons qui a
donne dans certames regions, et avec des experimentateurs
divers, des resultats fort appreciables. M. Colomb-Pradel a eu
Tidee tout d'abord empecher la ponte des papillons, de projeter
sur les grappes une substance capable d'eloigner les papillons.
D'apres lui, ceux-ci n'aimeraient pas Todeur de naphtaline et il
suffirait de faire un soufrage avec 90 % de soufre et 10 % de
naphtaline, au debut de la floraison de la vigne, pour pr^venir
une invasion de cochylis, tout en faisant un traitement utile
contre Toidium. On se sert de la naphtaline brute des usines k
gaz qui coute environ 20 fr. les 100 kilos. M. le D^ Rabjeau at
fait Tessai de ce traitement, sans resultat appreciable ; tandis
que M. Colomb-Pradel est persuade qu'on obtient par ces pro-
cedes des avantages reels.
Nous ne saurions mieux faire que d'indiquer les essais faits
sur 29 hectares de vigne de 1901 a 1905 par M. Oberlin, le viti-
culteur alsacien bien connu.
M. Oberlin, comme beaucoup de viticulteurs allemands, avait
tout d'abord essaye contre la cochylis, qui ravage tons les ans
les vignobles des coteaux du Rhin et de la Moselle, tons les traite-
ments pratiques connus, avec les soins les plus meticuleux et
sans succes.
Get experimentateur fit la chasse aux papillons.
1^ Deux fois par jour avec des eventails engines.
2^ Avec des lampes pendant la nuit.
La chasse aux eventails ou avec des filets engines a ete beau-
coup plus efficace que celle avec les lampes. Sur 100 papillons
saisis 84 Font ete par cette methode, tandis que 16 seulement
ont ete recueillis flans les plats entourant les lampes.
- 262 -
En 1901 on a pris en tout 378.111 papillons
En 1902 — 209.933 —
En 1903 — 64.065 —
En 1904 — 46.759 —
En 1905 - 27.594 —
Ces chiffres font voir la diminution graduelle et tres sensible
ties papillons captures, correspondant k une diminution pro-
gressive des ravages causes et a la possibilite de les reduire au
minimum en peu d'annees.
La lutte par les deux syst^mes a 6te conduite contre les deux
generations de cochylis.
Pour reussir, on a soin de placer d'abord quelques lampes
t^moins pendant plusieurs soirs consecutifs, a Tepoque presumee
de r^closion des papillons, puis, quand la presence des papillons
est constatee dans les plateaux, quitte k faire verifier leur espece
si Ton n'est pas certain de bien les connaitre, on entreprendra la
chasse de jour et de nuit, avec des chances reelles de succes
M. Boucnemin a imagine une sorte de pi^ge rappelant par sa
forme les Gorans engines. On le prom^ne dans les vignes au-
dessus des ceps. Deux hommes sont necessaires ; Tun frappe sur
les souches pour faire sortir les papillons et Tautre est porteur
du piege. Par ce proced6 un hectare pent etre traite presque en
deux heures. Grace a cette rapidite on pourra multiplier les trai-
tements pendant toute la duree du papillonnage et diminuer
d'une fa^on tres appreciable le nombre des papillons avant
qu'ils aient effectue leur ponte.
Un de nos distingues coUegues, M. de Ldage, qui possede un
beau vignoble a Saint-Barthelemy, regrettant de ne pouvoir
assister k la seance de ce jour, a bien voulu me donner quelques
details sur les experiences personnelles qu'il a faites. Depuis
plusieurs annees, la cochylis faisait de grands ravages dans ses
vignes, il a tout d'abord essaye le falot bordelais pou;* prendre
des papillons, mais si ces lanternes ont Tavantage du bon
march6(chaque lanterne coute 1 fr. 25), d'un autre cot^ elles ont
Tinconv^nient d'obliger Texperimentateur a renouveler souvent
la glu ; il pr^fere employer les lampes a acetylene (lampe m6-
duse) dont le prix est beaucoup plus eleve, puisque chaque
lampe vaut 15 fr., mais d'un emploi plus facile et plus simple
et qui lui a donne cette annee de tels resultats sur une partie
limitee de son vignoble, que Tannee prochaine il a Tintention
de les employer dans toutes ses vignes. II a epargne complete-
ment sa recolte alors que tons les vignobles voisins ont ^te rava-
ges, la moiti^ de la recolte au moins ayant disparu. *
M. de Laage a observe que, dans notre region, il ^tait difficile
de prendre les papillons de la premiere generation, les conditions
favorables a cette chasse se trouvant difficilement remplies k
cette epoque de Tannee (nuit obscure, temps calme, chaleur suf-
fisante), 10 lanternes sont necessaires par hectare, on les place k
50 metres Tune de Tautre dans la direction des rangs de vigne
-^ 263 —
et a 20 metres dans le sens perpendiculaire. Quelques lanternes.
temoins, mises en place asaez longtemps avant la periode d'eclo-
sion des chrysalides, et allumees tous les soirs, indiquent le
moment precis ou Tallumage general doit avoir lieu. Telles sont
les observations que m'a communiqu^es notre collegue M. de^,
Laage et qui viendront contribuer a donner un peu de clarte
dans cette question si controversee du traitement de la cochylis.
On a dit, et M. Oger-Bascher est de cet avis, que la plupart
des papillons pris par les falots ou les lampes-pieges etaient du
sexe male, on en a deduit que cette destruction partielle dea
males a Texclusion des femelles etajt une preuve de Tinsuffisance
de ce procede. Or, les observateurs ne sont pas tous du meme
avis et si certaines statistiques indiquent en efPet une proportion
plus elevee d^s males que des femelles dans les captures, on
trouve cependant sur 100 papillons saisis 60 males et 40 femelles.
Je me permettrai d'aj outer que les entomologistes ont demon-
tre que Taccouplement des papillons avajt une duree de 24
heures au moins et qu'a la suite les males perissaient presque
immediatement. II en resulterait qu'un male ne pent gu^re
feconder plusieurs femelles et si Ton parvenait a detruire un
grand nombre de males avant la fecondation des femelles, on
serait presque certain de diminuer considerablement les chance
d'eclosion des oeufs pondus par les femelles.
On a fait observer aussi que le but des lumieres etant d'at-
tirer les papillons, elles attirent inevitablement aussi ceux des.
vignes voisines si les proprietaires de celles-ci ne cherchent pas a
detruire les insectes de la meme maniere et a la meme epoque.
D'un autre cote, si Ton commence Toperation tardivement, on
risque fort de ne detruire les papillons qu'apres leur accouple-
ment et leur ponte.
II faut done, pour obtenir des resultats efficaces et durables,
une entente generale entre tous les proprietaires de 'vignobles
contigus. Aussi, conformement a cette idee, le Gonseil general de
laGironde avait-il demande de rendre obligatoires un certain
nombre de traitements afm d'enrayer le plus tot possible un mal
qui se propage et qui, par suite, menace d'avoir des consequences
encore plus desastreuses qu'elles ne sont aujourd'hui.
En Italic, dans la province de Piacenza, les viticulteurs, per-
suades que les traitements ne peuvent avoir uneffet durable s'ils
ne sont pas appliques simultanement par les viticulteurs de la re-
gion sujette a Tinfection, ont fait introduire dans les reglements
de police rurale des communes respectives des dispositions
propres a rendre obligatoire la lutte contre la cochylis.
Tel est, messieurs, le resume k peu pres complet des principaux
traitements employes jusqu'a ce jour pour combattre la cochylis.
Si mon modeste travail a eu le don de vous interesser, vous
m'excuserez alors d'avoir retenu si longtemps votre attention.
Comme vous le voyez, le procede infaillible pour detruire la
cochylis n'existe pas et la multiplicite des traitements est la meiK
leure preuve de leur insuffisance. Toutefois, il semble resulter de
— 264 —
<5ette 4tude que le traitement ne saurait etre unique, la lutte
devra etre engag^e successivement contre les diverses formes de
Tinsecte. Si, au printemps, vous parvenez a detruire une cer-
taine quantite d oeufs, si plus tard les attaques contre les che-
nilles et ensuite contre les chrysalides de premiere et deuxi^me
generation ont ete actives et tenaces, Teclosion des papillons
sera certainement considerablement diminuee; si,enfin,lachasse
aux papillons a ete perse verante de jour et de nuit, il est pro-
bable qu'elle sera fructueuse et Tannee suivante Tinvasion du
vignoble deviendra moins redoutable. Continuez cette lutte
Slusieurs annees consecutives et vous verrez progressivement le
^au diminuer d'intensite.
Mais vous n'obtiendrez des succes durables et definitifs
qu'apres avoir pu convaincre tous les viticulteurs de votre
region de la necessity de combattre simultanement cet insecte,
dont la puissance de reproduction est telle qu'aucun remede
humain ne saurait pretendre eteindre a tout jamais la race.
Dans ce cas, la nature aidant, les ravages de la cochylis ne seront
bientot plus, esperons-le du moins, qu'un souvenir historique.
Le 24 novembre 1906,
D' P, SiGAUD.
Vice-president de la Soci6t6 Industrielle
et Agricole d' Angers
Causerie sur les traitements
contre la Cochylis
A la suite de la lecture du travail de M. le D' Sigaud sur la
<^chylis, M. le President donne la parole a ceux de nos coUegues
ou des audileurs presents desirant presenter des observations sur
ce meme sujet. M. le D*" Cordon, apres avoir felicite son collegue
de son etude tres documentee et tres soignee sur la cochylis,
signale Toubli d'un traitement insecticide preconise, il y a piu-
sieurs annees, dans la Rei'ue de Viticulture, par M. Laborde, sous-
directeur de la station \'iticole de Bordeaux, traitement liquide
applique a la grappe au moment de la floraison et consistant, soit
a faire tremper les mannes dans une solution diiuee au 1 /lO et
meme au 1 15 d'une Uqueur mere contenant de la gomme de pin,
de la soude caustique, de I'ammoniaque, du verdet gris dissous
dans 72 % d'eau, soit a pulveriser, au moyen de cette meme
■solution, les mannes en pleine floraison : Bien que M. le D"" Cordon
~ 265 —
ait agi avec beaucoup de prudence, employant des doses infe—
rieures a celles des substances actives indiquees par M. Laborde,
ce traitement a eu dans son vignoble pour r^sultat de bruler une
tres grande partie des mannes touchees par la solution insec-
ticide, aussi, apr^s avoir obtenu des enets aussi desastreux,.
semble-t-il autorise a dire que le remede est pire que le mal.
M. le D' Sigaud repond qu'il connaissait les experiences de^
M. Cordon et n'avait pas parle, a dessein, de ce procede dange-
reux de destruction de la cochylis.
M. Moreau a constate, en effet, dans le vignoble meme de
M. le D' Cordon, les resultats deplorables obtenus par lui, maia.
il s'empresse d'ajouter que si la preparation incriminee a ete
nuisible jau pinot de la Loire, il sait, d'autre part, qu'elle a 6ie
employee avec succes sur d'autres cepages, dans la Gironde. II
est amene a croire qu'un liquide insecticide contenant des subs-
tances actives peut etre nuisible a certains cepages dont les tissus
sont plus delicats et plus sensibles que d'autres sur lesquels la
meme traitement peut produire de bons effets.
M. le D' Cordon ajoute que ses vignes, et precedemment celles.
de son pere, etaient atteintes depuis plus de quarante ans par la
cochylis. II a essaye, pour sa part, beaucoup de traitements sans,
resultats bien appreciables : I'ecor^age, le flambage des ecorcea^
les insecticides, etc. . . II s'est demande ou la larve se refugiait
au moment de sa transformation en chrysalide ; I'ecorgage fait,
avec soin,n'ayant produit aucun effet satisfaisant, il n'est pas
eloign^ de croire que la cochylis hiverne dans le sol. II a ete
amene a cette opinion par une experience faite par lui dans une
partie de son vignoble : il a laisse, sans les labourer, plusieurs.
rangs de vignes contigus, afin de ne pas ramener par le labour les.
chrysalides a la surface du sol. Ces rangs de vignes soumis k cette
experience ont eu tres pen de cochylis, infiniment moins que
ceux dans lesquels les famous de vignes avaient 6te effectuees. Eu
consequence, il serait d'avis d'attaquer la cochylis a I'etat de
chrysalide de seconde generation pendant I'hiver et dans le sol.
C'est de ce c6t6 que les recherches doivent etre faites.
M. le D' Sigaud se range k I'avis de son coUegue, bien que les.
entomologistes soient tons d'accord pour admettre que la cochy-
lis hiverne sur les souches ou dans les fissures des echalas. II
pense qu'a Tepoque des vendanges les secousses produites sur les
ceps et sur les raisins font tomber une quantite de chenilles qui
se cachent alors dans les replis du sol. M. Oger-Bascher croit,
au contraire, que la cochylis se chrysalide sur les souches elles-
memes, cela semblerait r^sulter des effets surprenants qu'il a
obtenus, deux annees de suite, en saupoudrant les souches et la
bois de taille, immediatement apres cette operation, avec de la
cendre de chaux, tandis qu'ant^rieurement I'epandage des.
cendres de chaux sur le sol n'avait point empeche la propagation
de la cochylis.
M. Maurice Massignon a tendance a croire que la cochylis.
— 266 -
recherche de preference les sols sablonneux et semble fuir les
sols caillouteux. II ajoute que, tres probablement, beaucoup de
chrysalides d'hiver doivent se retirer dans le sol ; il a remarque,
et il n'est pas le seul a avoir fait cette constatation, que les ceps
de vignes qui sont a proximity des allees herbeuses sont plus
atteints que les autres ; il suppose que les chrysalides ont
sejourne de preference dans les herbes.
M. Lair a fait les memes constatations dans son vignoble.
M. Rene Oger connait un viticulteur qui a employe, depuis
plusieurs annees, comme moyen curatif, des pulverisations au
lysol, en pleine floraison, et a pu, par ce traitement, preserver a
peu pres completement son vignoble, tandis que les vignobles
voisins etaient ravages par la cochyHs.
M. le D'^ Maisonneuve dit qu'on est arriv^ a detruire un insecte
du pommier en pulverisant les bourgeons, au moment du debour-
rement, avec une solution de nicotine. Cette pulverisation a
pour resultat d'empecher la ponte de I'insecte. Les arbres ainsi
traites ont eu une tres belle vegetation, suivie d'une abondante
fructification. Or, cet insecte ayant beaucoup de rapport av«c la
tjochylis, il en deduit qu'on pourrait essayer ce traitement
avant I'eclosion des bourgeons, c'est-a-dire un certain temps
avant la floraison de la vigne. Regie gen^rale, ajoute M. le doc-
teur Maisonneuve, la plupart des chenilles sont detruites par les
pulverisations a la nicotine.
M. de Boissard a employe les badigeonnages des souches avec
une solution d'acide sulfurique, suivant la methode de Balbiani.
La solution contient 10 % en poids d'acide sulfurique. On opere
imm^diatement apres la taille. Ce traitement, que M. de Boissard
avait primitivement employe pour combattre I'oidium, a produit
^galement d'excellents resultats centre la cochylis.
M. Juteau-Goujeul a essaye des vapeurs sulfureuses. II se sert
d'une simple casserole munie d'un long manche et dans laquelle
il place du soufre en petits morceaux, reconvert de soufre en
poudre ; il met le feu k ce soufre et promene sa casserole au-
dessous des souches ; une grande quantite de cochylis tombent et
^ont detruites. Cette operation se fait un peu avant la floraison.
Un seul individu pent traiter ainsi pres de 2.000 souches par
jour.
M. Lemesle-Boutreux, du Plessis-Grammoire, dit avoir
employe, depuis trois ans, dans ses vignes, le badigeonnage des
souches avec une solution d'acide sulfurique a 10 % en poids,
suivant la methode de Balbiani, avec un reel succes.
M. Moreau, directeur de la Station cenologique de Maine-et-
Loire, demande qu'on veuille bien ne pas se borner a cette dis-
cussion, fort interessante assurement, mais ne donnant lieu a
^ucun resultat pratique. II propose a la Societe de nommer une
commission speciale composee de viticulteurs competents et
d'entomologistes qui seront charges d'etudier serieusement les
clivers traitements employes et de faire ensuite un rapport des-
- 267 —
tine k etre presente au Conseil general, par exemple, dans le but
d'obtenir une subvention permettant d'entreprendre des expe-
riences speciales dans certains vignobles.
L'Assemblee charge M. Massignon, president de I'Union des
^iticulteurs de Maine-et-Loire, et M. Moreau d'etudier cette
question et d'examiner quels pourraient etre les membres de la
Commission k proposer dans une prochaine reunion.
D' P. S.
Le Gerant, G. GRASSIN.
Aint^ers. imn. Germain et O. Grassin. — 2526-6.
BULLETIN MENSUEL
DE LA
r r
SOCIETl INDUSTRIELLE ET AGRICOLE
D'ANGERS
et du ddpartement de Maine-et-Loire
Procfes-verbal de la stance du 2,4 novembre 1906
Presidence de M. le D^ Sigaud, vice-president, puis de M. Bor-
deaux-Montrieux, president, assistes de M. Gilles Deperriere,
vice-president honoraire.
M. Vinet remplit les fonctions de secretaire
Etaient presents : MM. Lafarge, Grau, Massignon, Moreau
Battereau, Couette, Doucet, Moizard, Gavinet, Lair, D^ Maison-
neuve, D^" Cordon, Naud, Baron d'Angers, Bauge, Hacault,
Oger-Bascher, Juteau-Gougeul, Tournier, Vaslin, Lavallee,
Sigaud fils, marquis de Dampierre, Bernard-Chauvire, marquis
de Chateauvieux, O. Chaillou, Clemot, Halop^, Fourrier, Her-
rouet, Fourmond, de Montergon, Ferre-Hamon, Paul Lorin,
vicomte de Boissard, Daignere fils, membres de la Society Indus-
trielle.
Assistaient egalement k la seance : MM. Vincent, Lemesle
Tavau fils, Pivert, Oger, Boivin, membres de T Union des Viti-
culteurs.
— M. le President pr^sente les excuses de MM. Andre Huau,
de Grandmaison, de Laage, Gauvin qui n'ont pu assister k la
seance.
— M. le D^ Sigaud met sous les yeux de nos coUegues une boite
contenant des cochylis a Tetat de chrysalides que M. 0. Chaillou,
un de nos viticulteurs et ampelographes les plus competents, a
recueillies dans le but de nous les presenter et de les faire con-
n?dtre a ceux d'entre nous qui n'ont pu observer les cochylis
sous cette forme.
— 270 —
— M. le President remercie M. O. Chaillou, grUce auquel nos
collegues ont pu se rendre compte de cette chrysalide que nous
devrons principalement combattre d'une fagon active si nous
voulons attenuer les ravages de la cochylis.
— M. Vinet donne lecture du proces- verbal de la pr^cedente
seance. Ce proce-^-verbal est adopts sans observations.
— M. Moreau donne des details complementaires sur la recolte
des vins de 1906. Sans la cochylis et la persistance de la seche-
resse, dit-il, Tannee 1906 eut ete excellente comme quantite
et comme qualite.
En Anjou, nous avons eu, avec Textreme maturite, la pourri-
ture noble, mais celle-ci evoluant tres vite par suite de (juelques
orages n*a pas permis la dessication si recnerchee dans le pays
de Saut ernes.
Cependant, ceux qui ont pu retarder les vendanges ont eu
des concentrations etonnant beaucoup de personnes.
M. Moreau pense que la recolte de 1906 pent etre classic entre
celle de 1904 et celle de 1900. La caracteristique des vins de
cette recolte est Tacidit^ pen elevee. La fermentation a et^
rapide et beaucoup de vins seront sees. II y aura cependant una
certaine quantite de vins liquoreux. En general, on pent dire
que les vins seront parfaitement constitues, cependant les viti-
culteurs feront bien d*y apporter tons leurs soins et de veiller
aux soutirages notamment. En Anjou, la mise en bouteilles
hative cr^e aux viticulteurs des obligations, aussi doivent-ils
redoubler de soins. M. Moreau donne des conseils generaux k ce
sujet. Les muscadets sont caracterises cette annee par une faible
acidite, tandis que le sucre a atteint le chiffre de 216 grammes
dans certaines regions.
Si Ton consid^re maintenant les vins rouges, on pent afiirmer
que Tannee 1906 comptera parmi les bonnes ann^es.
— M. le 1>* Cordon demande quelle est la dose normale d'aci-
dite pour les vins blancs. M. Moreau repond que dans les vins
faits, elle doit etre de 4 gr. 5 a 5 grammes par litre.
— M. le President se fait Tinterpr^te de tons pour adresser
k M. Moreau des remerciements pour son int^ressante commu-
nication.
— M. le EM" Sigaud donne lecture de son travail intitule « la
Cochylis », ses moeurs, ses ravages en Anjou en 1906, apergu des
principaux traitements employes pour la combattre. II fait
rhistorique de la cochylis, puis passe en revue les diverses
formes de Tinsecte et donne un resume des differents traita
ments. Ce travail tr^s complet et tres documente sera public
dans un de nos prochains bulletins.
A la suite de ce rapport, une causerie siu* la cochylis a eu lieu
parmi les viticulteurs presents.
t
— 271 —
»
Le resume de cette tr^s interessante discussion a et4 ins^r^
Claris le bulletin de no vembre.
— M. Massignpn demande que les reunions mensuelles de la
Societe Industrielle aieiit lieu, pendant, rhiver, a 1 h. 1/2 au lieu
de 2 heures. Cette proposition est acceptee.
— M. Bordeaux-Montrieux prend ensuite la parole en ces
Hermes : '
r ' ' .
a
« Messieurs,
« Je vous proposerai de consigner au proces- verbal les regrets
•<( tinanimes que cause a la Societe la perte de Tun de ses membres
« M. Chouteau, viticulteur distingue, chevalier du Merite agri-
t( cole.
« II fut, avec plusieurs, a la tete du mouvement qui se mani-
ac festa d'une fagon si remarquable en favour de la reconstitution
•« rapide du vignoble angevin, ne craignant pas ainsi de courir
'« les risques qui s'attachent a toute entreprise nouvelle et, en
Hc particulier, a une entreprise aussi delicate.
« II r^ussit ; mais, s'il put recueillir des profits et des r6com-
« penses m^rit^s, il travailla, en m^me temps, dans Tint^rSt
« general par Theureuse initiative dont il fit preuve.
« II a ete de ceux qui montrent Texemple et ouvrent la voi6.
« Je vous demanderai, Messieurs, d'envoyer a la famille de
« M. Chouteau Texpression de notre douloureuse sympathie. »
— Reception des candidats pr^sent^s a la pr^cedente seance :
M. Gabriel Naud, representant de commerce, rue dB Ja Blan-
<5heraie, 7, a Angers ;
M. Prosper Lemesle, propri^taire, a la Perdriere de Loir6
'(Maine-et-Loire) ;
M. Jean Desmats, proprietaire, adjoint au maire de Noyant-
la-Gravoyere (Maine-et-Loire) ;
^ont admis a Tunanimite des voix.
— Presentation de candidats :
M. Pierre Joubert, proprietaire-viticulteur, 29, rue Tarin, k
Angers, presente par M. Ferre-Hamon et le D^" P. Sigaud ;
M.i^Emile Chereau, courtier en vins, 114, rue Bressigny, A
Angers, presente par M. Massignon et le D^" P. Sigaud.
L'ordre du jour etant ^puis^, la stance est levee a 4 heureSr
Le Vice-Prisident,
Dr P. Sigaud.
— 272 —
La fraude siir les vins et les moyens
de la d6couvrir
Par M. L. Morbau, membre titulaire
"Si on's'en tenait k la definition legale du vin : « le vin est le
prodnit de la fermentation naturelle des raisins frais », aucune
addition, aucun soin ne seraient possibles et on trouverait peu de
vins — pour ne pas dire aucun — qui pourraient se conserver
dans ces conditions. Mais Tusage, puis la science ont consacre
depuis longtemps Temploi de certaines substances et la loi a du
faire des distinctions.
A c6te de produits dont I'emploi se trouve limite de lui-m€me^
par suite des modifications de gout qu'ils apporteraient au vin^
mis en trop grande quantity, comme le tanin, par exemple, il en
est d'autres dont la loi a du elle-meme reglementer Tusage, soit
qu'en trop grande quantite ces substances soient nuisibles^
comme Tacide sulfureux, le plfitre, soit que leur emploi exager^
ne serve a masquer d'autres fraudes. Dans une troisi^me cate-
gorie, on pent ranger les produits rigoureusement defendus, soit
qu'ils soient nuisibles a la sant6, comme certains antiseptiques,
soit que leur usage ne serve qu'a donner aux vins des proprietes
ou des caracteres qu'ils n'ont pas ou qu'ils ne possedent qu'im-
parfaitement, comme certaines s^ves, certains ^dulcorants, soit
enfin qu'ils permettent un dedoublement du produit, e'est le
cas du mouillage, a c6t6 duquel il faut ranger les produits qui
servent a masquer le mouillage, comme Taddition d'alcool au
vinage.
Nous ne retiendrons ici que les deux dernieres categories,
c'est-^-dire celles qui comprennent les produits defendus ou les
f)roduits toleres iusqu*^ une certaine limite et dont Temploi oti
^exag^ration de I'emploi constituent une fraude et un d^lit.
La premiere question qui se pose est celle de savoir s'il est pos-
sible de deceler et au besoin de doser les produits ajout^s frau-
duleusement au vin ; il est bien Evident que, si on-ne peut les
decouvrir, si on ne peut saisir la trace de leur passage, la loi est
lettre morte.
Pour tons les produits Strangers a la composition du vin, iJ est
relativement facile de les decouvrir ; il suflit d'avoir de bonnes
methodes de recherches, des reactifs bien appropri^s au produit
cherche et non a d'autres. C'est la une question qui regarde le
chimiste ; celui-ci, cependant, devra se montrer prudent, car la
composition du vin est si complexe que souvent on y decouvre
de nouveaux corps et les fermentations amenent parfois des
modifications si imprevues qu'elles deroutent les chimistes les
plus exerces. Dans la tres grande majorite des cas, pour tons ces
produits, le chimiste peut aider le legislateur et rendre service
au producteur. Mais, il faut bien le dire, des fraudes aussi relati-
J
— 273 —
vement faciles k d^couvrir sont rares et, si elles se commettent
encore, c'est que Ton n'a pas assez souvent recours au Iabor»»
toire. II en est autrement de Temploi des substances qui entrent
normalement dans la composition du vin.
Le vin, comme on le sait, a une composition tres variable ;
Tannic, le cepage, le terrain, la vinification, les levures, les
soins dont il est Tobjet, la modifient dans des limites assez
larges ; les maladies y am^nent parfois des changements pro-
fonds.
II est done relativement facile k qui veut frauder, sans exage-
rer la fraude, de modifier a son profit, sans courir beaucoup de
risques, la composition si variable de ce produit. De toutes les
iraudes qui se commettent ainsi, celles qui l^sent le plus les viti-
culteurs honn§tes sont celles qui permettent d'augmenter la
quantity ; ce sont les seules que nous etudierons aujourd'hui.
L'augm^ntation de quantite ne pent se faire C[u'^ Taide d'uh
liquide k meilleur marche que le ym et celui qui coute le moins
cfaer est Teau.
Le vin le plus naturel du monde contient une forte proportion
d'eau, pouvant aller de 60 ^ 95 % ; Taddition d'eau ou mouUlage
va avoir pour resultat d'abaisser le taux des autres principes
contenus dans le vin. Tant que le mouillage ne se fera que dans
une petite proportion, etant donne la variation de composition
du produit, ou bien on ne le d^oouvrira pas, ou bien on n'aura
pas une certitude absolue, et, dans ce cas, on s'abstiendra de se
prononcer. Si le mouillage devient exag^re et abaisse la propor-
tion des autres elements bien au dessous de leur proportion habi-
tuelle, le d61it deviendra manifeste et il aora facile de le denoncer^
Ce cas se presente f orc^ment rarement, leQ grands fraudeurs sont
bien trop habiles pour se laisser si ais^ment pincer, mais il est
courant, au contraire, chez le marcband de vin qui debite au
verre et k la bouteille, et c'est Ik, si on voulait s'en donner la
peine, qu'il serait facile de le constater. Le graad fraudeur qui
^ veut mouiller abondamment a toujours soin, car il oonnait bieii
les regies adoptees pour decouvrir cette fraude, de retablir la
composition cfu vin dans les limites legales, par Tadcfition de
certaines substances qui deviennent, bien qu nonnetes en elles-
memes, les complices de la fraude.
II y a done lieu, dans cette question du mouillage, de se preoo-
cuper egalement de Temploi des produits qui peuvent le masquer;
-■ mais, si ces corps existent normalement dans le vin, nous noua
•' trouverons en presence des difficultes ^noncees plus haut.
* Parmi ces produits, deux sont sur la sellette actuellement : c'est
!i le Sucre et Talcool ; le sucre, en tant que source premiere de
f Talcool. Peut-on deceler le sucre et Talcool ajoutes dans les vins?
i^ Si le sucre a ete mis pendant la fermentation, qu'il se soit trans:
s forme en sucre de raisin seulement ou en alcool, on ne pourra
r le decouvrir ou, plus exactement, affirmer que Talcool ou le
f- sucre de raisin trouves en exces proviennent du saccharose
"~ 27i -
ajoute. Si le sucre ajotit^ reste k Tetat de sucre de canne ou de
Tbetterave, on pourra le trouver ; de meme si on a ajoute du glu-
cose, on pourra le reconnaitre par la recherche des mati^res
.etrang^res qui Taccompagnent generalement. Quant a Talcool,
'on ne pent affirmer qu'il y a ^mage que dans certaines condi-
tions. Le vinage, en augmentant le poids de Talcool, diminue
I'extrait sec en diluant le volume primitif et en favorisant la i
precipitation de certains principes insolubles dans un liquide
suralcoolise. II s'en suit que le rapport de Talcool en poids k
rextrait reduit, qui est au maximum de 4,6 pour les vins rouges
et de 6,5 pour les vins blancs, sera depass^ ; d'autre part, le \
rapport de la glycerine k Talcool, qui est de 10 a 14 dans les ,
vins ordinaires, s'elevera notablement. Ces constatations per-
mettent, dans bien des cas, de deceler le vinage. L'addition
de glycerine, d'acide tartrique, produits normaux et variables
de la composition du vin, ne pent egalement se constater
qu'au-dela de certaines limites. Passons maintenant au mouillage
et. voyons quelles sont- nos armes contre cette fraude.
L'acidite du vin est complementaire de son alcoolicite ; il
s'en suit que les poids de Talcool et de Tacidite totale ne varient
que dans des limites tres etroites. On a reconnu, apres de tres
nombreuses analyses, que, tres souvent, la somme de Talcool ea
volume et de Tacidite exprimee en acide sulfurique, par litre,
etait rarement inferieure a 12,5 et ne depass^it pas souvent 17,
Oi en a conclu que, lorsqu'un vin avait une somme (acide et
alcool) inferieure a 12,5, il pouvait §tre declare mouille, surtout
si ces chiffres pouvaient etre confirmes par d'autres faits tires de
I'analyse, a savoir : Dans un vin naturel non pl^tre, il n'y ^
jamais moins de un gramme de tartre ; le poids des cendres est
d'environ le dixieme de celui de Textrait et celui-ci est, en
grammes, represente par un chiffre au moins double de celui qui
indique le titre alcoolique centesimale du meme vin. C'est la la
regie alcool-acide qui determine depuis longtemps le mouillage.
EUe a rendu des services, mais elle n'est pas parfaite ; elle a bien
laisse passer quelques vins mouilles et elle a aussi a son actif des
j§chantillons honnetes qu'elle a fait condamner. On a done
cherche a Tam^liorer ou plutot a la completer. On a preconise la
recherche des nitrates que Teau seule, pensait-on, pouvait appor-
ter. Mais Teau de pluie qui a mouille le raisin au moment des
vendanges, Teau qui sert a laver les tonneaux, renferment des
nitrates ; d'autre part, on en a trouve dans le raisin ; le procede ,
est done a rejeter. M. Halphen s'est demande s'il ne serait pas <
possible de donner plus de precision a la regie alcool-acide de
Gautier et il a pense au rapport de Tacide a Talcool. II a deter-
mine, pour un grand nombre de vins, quel ^tait ce rapport (
(acide-alcool) et dans quelles limites il variait ; il a fait des I
moyennes, construit des tables ou, en regard du rapport, se
trouvent les quantites d'alcool et d'acide correspondantes. Le
mouillage fera diminuer d'autant Talcool et Tacide, mais le rap-
port ne changera pas. II en resulte que, loraqu'on se trouvera ea
presence d'unvin douteux, lorsque les chiffres tires de I'analyse'
leront conclure au mouillage, on ferale rapport (acide-alcool), et on
aura dans la table, en face ce rapport, les quantites d'alcdotl ,
et d'acide correspondantes qui, si elles different de celles trou-
v^es, seront une preuve riouvelle du mouillage. On aurait tort de^
negliger le moyen propose par M. Halphen, bien qu'il ne soit pas *
encore infaillible.
En resume, au sujet de toutes ces fraudes, quels sont. les ser-
vices que les laboratoires peuvent rendre aux viticulteurs, car il
ri'y a qu*en eux qu'ils peuvent avoir espoir ; la loi, si rigoureuse
Mt-elle, ne signifie rien si le laboratoir6 ne pent d^couvrir la
ffaude. D'apres ce qui precede, nous voyons done que Tintroduc-
tion de toute substance etrangere a la composition du vin pent:
§tre facilement d^celee par le laboratoire. Pour les substances;
^outees frauduleusement au vin et qui ehtrent normalement
dans sa composition, en particulier pour le mouillage, on pent,
tl'^s sou vent, avoir des preuves du fait; il est plus difficile
d'avoir des certitudes. Devant cet etat de choses^ pour une pra-
tique — le mouillage — si prejudiciable a ses interets, le viti-
culteur s'inquiete et, oubliant facilement tons les autres services
rendus, a. tendance. a accuser la science d'etre impuissante k le
prot^ger completement.
Pasteur, si j'ai bonne memoire, disait k ce sujet que pour §tre
certain, ou plutot pour affirmer, qu'un vin a ete fraude, il f audrait
avoir a cote le meme vin naturel, la difference.de composition
rev^lant immediatement la fraude.
Ce propos de Pasteur semble bien fantaisiste, puisqu'il est k
peu pr^s impossible de realiser cet ideal, mais il est peut-etre
possiole de s en rapprocher. En effet, si on ne pent connaitre le
vin de chaque barnque de tons les recoltants de France, on-peiit,'
chaque annee, dans chaque region, connaitre, pour chaque
nature de vin, sa composition et, par consequent, savoir, pour
chaque commune viticole d'un departement, par exemple, entre
quelles limites la composition des vins a varie, C'est un travail
assez long, mais qui n est pas difficile. Pour le realiser, c'est une
question de personnel, de materiel, de local, par consequent
d'argent. Malheureusement le viticulteur — et Tagriculteur est
loge a la mSme enseigne — voudrait bien qu'on Taide et le pro-
tege gratuitement, ce qui est impossible et ce qui n'est pas com-
mode c'est de lui faire comprendre Tint^ret qu'il y aurait pour
lui k subventionner tons les etablissements scientifiques.
Ce travail si long, dont je parlais tout k l*heure, se fait en
petit, chaque annee, a la Station cenologique ; nous connaissons
pour chaque region viticole de notre departement la composition
des vins naturels et ce travail nous a rendu, pour interpreter les
rj6sultats d'analyses de vins suspects, de tr^s reels services.
'-.Je demeure persuade que le meilleur moyen de decouvrir la
firaude serait de se rapprocher de Tid^al pr^sente par Pasteur,
— 276 —
d'^tablir chaque annee, pour chaque c^page, pour chaque grou*
pement viticole d'un meme d^partement, les limites entre les*
quelles la composition des vins est susceptible de varier ; on
aurait 1^, ajout^e aux autres dont j'ai parle et qu'il ne faut pas
n^gliger, une nouvelle preuve de Thonnetete ou non du produit
souTiis a Texpertise.
II semble bien que I'Etat Tait ainsi compris et, dans son regie-
ment d'administration publique pour application de la loi sur
les fraudes, il a decide de cr6er, pour chaque region, un labora-
toire d'analyses. Ces laboratoires regionaux ne rendront de ser-
vices qu'autant qu'on pourra les specialiser, limiter leur action
et mettre a leur disposition les credits suffisants pour leur per-
mettre, non seulement de faire Ifes analyses des echantillons
incrimin^s, mais encore d'etudier, pour leur region, les produits
naturels du pays susceptibles d'etre fraudes. Si, pour raisons
^'economies ou autres, on s'ecarte de cette voie, il est k craindre
que les meilleures intentions des legislateurs ne demeurent sans
effet.
Pour notre d^partement, le Conseil general, toujours si gene-
reux pour nous, a ^mis recemment un voeu favorable k Torgani-
sation du service des fraudes, dans notre departement, et est
tout dispose, en avril prochain, k voter tous les fonds necessaires
pour cefa. La Commission permaaente, ^tablie au ministere, est
favorable k Tetablissement, k notre laboratoire, de ce service ;
ce n'est plus maintenant, je crois, qu'une question d'administra-
tion et nous esperons que celle-ci continuera de nous etre egale-
ment favorable. Si laVille d'Angers veut faire quelque chose
pour nous, nous pourrons organiser un service serieux et nous
ferons tous nos efforts, avec votre concours, pour combattre la
fraude*
Assembl^e extraordinaire
de I'CJnion des Viticulteurs de Maine- et-Loire
du 16 d^cembre 190iS
■
Presidence de M. Maurice Massignon, assiste de M. le
D' Sigaud, secretaire general de TUnion.
fitaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, Jamin Prosper,
de Boissard, D' Cordon, Bernard-Chauvire, Betton-Allard, *
Juteau-Gougeul, Lair, Herrouet, Paul Lorin, Moreau, Urseau#
— M. le President presente des echantillons de sarments
broyes au moyen d'un broyeur de sarments ayant fonctionn^ *
chez lui a Saint-Lambert-du-Lattay. Ces sarments k I'^tat frais |
pen vent §tri melanges k d'autres aliments ; mais il faut bien
— 277 —
^econnaitre que la plupart des animaux (bovins ou chevaux) en
4K)nt peu friands et ont peine ^ accepter ces aliments. Comme
litidre, ces sarments broyes peuvent §tre utilises et constituent
line excellente liti^re ; reste k savoir si le prix de revient permet
de les employer avec avantage, c'est un calcul k faire.
— M. Massignon pr^sente egalement un module de case met€^
liqiie fabriqu^e suivant ses indications par un fabricant special
4le Paris, Ces cases seront destinies a loger des bouteilles de vin
8. la prochaine Foire aux vins d'Anjou ; elles contiendront
cuinze bouteilles environ et pourront se fermer k clef au moycn
d'un cadenas. Les exposants pourront les louer au prix de
nin franc la case pour les membres de TUnion et de la Soci^te
Industrielle et 2 francs pour les autres exposants.
— M. L. Moreau, directeur de la Station cenologique de Maine-
<et-Loire, lit un travail intitule : Etude sur les moyens de repression '
«de la fraude des Qins»
L'Assembl^e, aprds avoir applaudi notre savant coUegue, est
•d'^avis que cet important travail tres documents sera lu k la
prochaine stance de la Sdci^t^ Industrielle et insert dans le
Bulletin mensuel de Janvier et distribue ensuite a tous le^ ;
membres du Conseil g^n^ral de Maine-et-Loire.
— M. le President se fait Tinterpr^te de tous ses collegues pour
4idresser des remerciements k M. Moreau.
— M. le President donne lecture ensuite d'un article tres inte-
t^ressant du Moniteur Vinicole sur Tentente entre la viticulture
•et le commerce. L'entente necessaire entre les inter§ts en pre-
sence reclame des concessions mutuelles ; or, il est a craindre
que la viticulture qui en demande tant, dit Tauteur de Tarticle, '
me soit guere disposee k en accorder beaueoup.
L'exportation pourrait etre, d'aprds M. Prosper Grervais, pour
le commerce, un important moyen d'activit6 et de profit, mais^
ajoute M. Jean Dupuy, notre systeme douanier est intangible^
<d ou premiere satisfaction refusee aux negociants.
Les trusts projetes ne sauraient Egalement satisfaire le com-
merce, qui resterait coni^amment expose k la concurrence de-
<5es trusts qui chercheraient k Teliminer de plus en plus en
B'adressant directement au consommateur.
La declaration de r^colte aurait une grande importance et
■serait utile autant k la propriety qu'au commerce ; ensuite Tin--
terdiction complete des vins de sucre, enfin, la suppression
definitive des bouilleurs de cru. Dans le cas ou I'impdt sur le vin
serait augments, les sommes ainsi recueillies seraient destin^ea
^ r^duire les taxes sur Talcool. Telles seraient les bases de-
Tentente, d'apr^s le Moniteur Vinicole^ qui termine en disant
que les deiegu^s de la viticulture ne doivent se montrer ni trop
exigeants, ni trop intransigeants*
— 278 —
^ — ' L'Aasembl^e est ensuite d'avis d'emettre le voeu suivantn
qui. sera remis le lundi 17 decembre au President du Conseil^
G^n^ral de Maine-et*Loire qui doit se r6unir en stance extraor-
dinaire.
Voeu : '
^L'Unibn des Viticulteurs de Maine-et-Loire dans sa seance du.
15 decembre dernier, apr^s avoir entendu le rapport tres etudie,
trds documente de M. L. Moreau sur les moyens de r^pressioa.
de la fraude des vins, est d'avis que ce rapport soit imprime et^
distribue enstiit« k tons les meiiibres du Conseil General de-'
Maine-et-Loire. En outre, TUnion ^met le voeu que le ConseiJ'
G^n^ralde Maine-et-Loire prenne des maintenant en consid^ra-.
tion la demande faite par M. Moreau, directeur de la Station:
cenologique. de Maine-et-Loire, et formulee dans le rapport
distribu^ aux Conseillers G^neraux k la session extraordinaire:^
du 17 decembre.
A la suite de ce voeu, M. Massignon desire qu'on ajoute que le-
President de TUnion se tiendra k la disposition du Conseil Gr6n6*
ral de Maine-et-Loire pour lui donner tons les renseignements-
utiles k ce sujet.
— L'Union 6met un second voeu relatif au relevement des.
droits sur les sucres.
Voeu :
L'Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire :
« Considei*ant que les principales causes de la crise viticole
sont la fabrication et la vente en fraude de vins artificiels,. ;
dpnt la base est le Sucre ;
« Consid^rant que toutes les lois et rdglements n'ont jamais^-
pu enrayer et n'enrayeront jamais la fraude, tantquelefraudeur
aura int^ret pecuniaire k frauder ;
. « Consid^rant, par deduction, que a'il 6tait possible d'empe|-:
cher par un moyen pecuniaire la fabrication artificielle, la crise^
se r^soudrait immediatement, ^miet le voeu suivant :
« Une nouvelle taxe sur les sucres (k quelque emploi qu'ils-:
soient destines) sera pergue k la sortie de la fabrique, k raisoa
de 50 fr. par 100 kilogrammes. -
« Une partie de cette taxe sera destinee k donner des primes
i la sucrerie frangaise, dont la situation est tr^ precaire.
« Dans le cas oH, par suite de conventions internationales, la
sucrerie ne pourrait recevoir directement ces primes, la culture-^
de la betterave recevrait un encouragement analogue k celui
actuellement accords k la culture du chanvre. » *;
-t .. ■ , , • •. ■•
" L'Union 4met ^galement un voeu centre le rachat de I'Ouest'
parTEtat.
-r 279 —
Voeu :
L'Union des Viticulteurs de Mainef-et-Loire :
« Consid^rant que rexploitation d'une Industrie quelconque,
par rfitat, est absolument contraire i toute idee de progr^s et
a toute possibility de responsabilite, 6met le voeu que le projeti.
du rachat du /•eseau de TOuest, par Tfitat, soit rej^te. » : "
' Ce voeu est vote par tous les membres presents, moins un.
Quant a la revision de Tarticle 12 des statuts de TUnion de&
Viticulteurs de Maine-et-Loire, TAssemblee est d'avis de main-
fenir les cotisations aux prix indiques dans cet article, on
ajoutera sulement un droit fixe de fr. 25 a percevoir par
rUnion pour 100 francs de vin vendu par TintermMiaire de notre
courtier special. Cette modification entrera en vigueur au com-
mencement de la saison prochaine, c'est-^-dire au 1®^ octobre-
1907.
La stance est levee k 5 heures.
Le Secretaire ^SrUral de V Unioriy.
D^ P. SiGAUD.
Le soufrage des vins
par Tacide sulfureux Iiqa6fi6 pur
Par M. G. Naud, membre titulaire
Derni^rement, M. Moreau, le savant directeur de la Station'
oenologique, dans une communication trfe document^e sur le&
vins blancs de la recolte de 1906, vous signalait la tendance
qu'ont nos vins blancs de cette ann6e a jaunir, puis k casser.
Beaucoup de propri^taires ont pu, par eux-memes, constater^
sur leurs vins, des alterations de couleur tr^s rapides. *
A ce mal, comme vous le disait M. Moreau, il y a un remade ;
Tacide sulfureux.
L'acide sulfureux, vous le savez, est particuli^rement utile
f)our la vinification des vins blancs liquoreux, qu'il s'agisse de
eur conserver leur moelleux, d'empecher la maderisation ou
encore d'en faciliter la clarification.
. Jusqu'a present on a employ^ Tacide sulfureux libre, prove-
nant de la combustion du soufre sous forme de meche, oii
Tacide sulfureux combing aux bases, potasse ou sonde, sous
forme de bisulfites.
Avec la m^che, on n'emploie que de Tacide sulfureux pur, ce
4Ui est un avantage important, mais il est impossible ae con-
— 280 —
naitre exactement la quantite d'acide sulfureux absorbee. De
plus, il arrive fr^quemment queia combustion de la m^che
soufr^e donne des produits k odeur d'hydrogdne sulfure ou k
odeur empyreumatique provenant de la combustion incomplete
de la toile qui est au centre de la m^che ou quelquefois des impu*
fetes du soufre*
Avec les bisulfites, quand Us sont purs et de priparation ricente^
le dosage est plus rigoureux, mais par Faddition des bases, ils
pr^sentent Tinconv^nient d'apporter une modification sensible
au gout du vin surtout lorsque celui-ci a beaucoup de finesse, et;
de plus, avec le bisulfite de potasse, de. produire une precipita-
tion de creme de tartre dans les vins contenant de Tacide tar-
trique libre.
Done pour rem^dier aux divers inconvenients que je viens de
vous signaler, aussi brievement que possible, il importait de,
trouver im proc4d^ de soufrage plus perfectionne, offrant toutes
:garanties quant k la puret^ du produit et k la r^gtilarit^ du
dosage, tout en restant parfaitement pratique.
Gette lacune a ^t^ combl^, voici plus d^un an, par M. Laborde^
sous-directeur de la Station oenologique de la Gironde.
De multiples experiences faites k la propriety sur de nom-
ireuses barriques de vins blancs du Sauternais (vins auxquels,
comme chez nous, il est important de conserver du moelleuxj
ont confirme les bons r^sultats attendus de cette methode qui
est basee sur Temploi du gaz sulfureux liqu^fie pur et mise k la
portee des viticulteurs et des negpeiants de la maniere suivante :
Dans des tubes metalliques de grandeur variable on introduit
•des quantites connues d'acide sulfureux liqu^fi^ : 6 grammes,
12 gr. 5, 25 gr., 50 gr., par exemple, qui, absorb^es par une bar-
rique de vin, correspondent respectivement ^ gr. 025, Ogr. 050,
gr. 100, gr. 200 d'acide sulfureux par litre de vin, a quelques
milligrammes prte.
Ces tubes metalliques sont ferm^s de maniere k eviter les
pertes d'acide sulfureux et a pouvoir etre ouverts dans le vin
avec un instrument special facilitant I'absorption complete du
gaz sulfureux.
Get instrument comprend un bouchon cylindrique dont la
partie inferieure est ferm^e par un bouchon mobile a vis, portant
une pointe en acier, et dont la partie sup^rieure se termine en
forme de col servant de guide a une tige. Ce manchon est perce
d'un grand nombre de trous faisant communiquer I'interieur du
cylindre avec I'exterieur. A I'interieur se placent les tubes ou
cartouches d'acide sulfureux fermes par un bouchon a vis por-
tant un orifice central et une plaque obturatrice en plomb. Get
orifice est place en regard de la pointe qui porte sur la rondelle
<ie plomb ; de sorte qu'il suffit d'un l^ger choc, produit sur le
fond de la cartouche pour faire penetrer la pointe k travers la
plaque de plomb et determiner I'ouverture de la cartouche.
Ce choc s'obtient k I'aide de la tige portant k son extr^mitS
- 3?1 — ^
inf^rieure un piston appuyant sur le fond de la cartouche, et k
«on extremity superieure une masse k Textr^mit^ d'un cordon
•d'une certaine longueur.
Si, tenant k la main ce cordon, on introduit Tinstrument
•charge de sa cartouche dans une barrique, par le trou de bonde,
on laisse tomber cet instrument au fond, le choc fait ouvrir la
•cartouche.
L'acide sulfureux qu'elle contient s'^chappe avec force par le
trou fait k la plaque de plomb, car il est chass6 k Texterieur par
la tension de sa propre yapeur, qui est de trois k quatre atmos-
pheres*
En sortant, Tacide sulfureux liquide se volatilise instantan^-
inent et le gaz se d^gage par les trous du manchon, qui facilitent
I'absorption complete de ce gaz par le vin*
On retire ensuite Tinstiniment k Taide du cordon de suspension
et on enl^ve la cartouche vide pour la remplacer par une autre
pleine, que Ton ouvre k son tour dans le meme f^t ou dans un
autre, suivant la dose d'acide sulfureux que Ton veut introduire
•dans le vin k traiter.
Les bouteilles vides peuvent §tre remplies k nouveau de gaz
sulfureux liquide apr^s avoir ^t^ lavees et sech^es. EUes sont
susceptibles de servu* tr^s longtemps ; il suffit de changer chaque
fois de plaque de plomb obturatrice.
Le soufrage par ce precede est done extrSmement simple et
rapide ; mais il faut avoir soin de d^garnir pr^alablement le f^t
4'une vingtaine de litres, car au moment de Touverture de la
Hjartouche le vin est secoue par un remous qui entralnerait la
sortie d'une certaine quantite de vin si la barrique etait trop
pleine.
Ce proc^d^ parait done avoir de grands avantages sur ceux
employes habituellement. En dehors de sa commodity et de la
r^gularit^ du dosage, les vins trait^s par Tacide sulfureux
liquefie pur presentent a la d^gustation plus de finesse que les
yirs m^ches ou trait^s au bisulfite.
Par son emploi, dans les celliers importants, on 4vite que le
degagement d acide sulfureux non absorbs, pendant le remplis-
•sage des fMs, ne vicie Tatmosph^re au point de la rendre quel-
auefois irrespirabl'e.
En somme, cette methode permet de realiser tons les deside-
rata de la vinification et de la conservation des vins blancs, tout
en limitant Tintroduction de I'acide sulfureux aux doses rdgle*
mentaires.
. Tt 282 —
Organisation de la lutte contre la coohylis
Par M. L. Morbau, membre titulaire
/ Si, comme le disait dans son remarquable travail M. le
D' Sigaud, la multiplicity des traitements contre la cochylis est
une preuve de leur peu d'efficacit^, si la discussion qui suivit la
lect-ure de ce rapport en t^itioigne de nbuveau, il n'en est pas
moins vrai qu'il y a eu, un peu de tous les cotes, certains essais
tenths aui meritent d'arreter un moment notre attention. Ce
qui semnle bien se d^gager de tout cet ensemble de reinedes^
G*est qu'^ cote de traitements qui n'ont donrie aticun r^sultat ou
dont Tapplication rencontre des difficult^s pratiques insurmon-
tables, il en est d'autres qui, dans certames conditions, qui
auraient besoin d'etre pr^cis^es, oat donn6 ou semble donner,
— car il faut voir si la disparition de Tinsecte est bien due au
traitement et non a d'autres causes — ont semble dOnner, dis-je^
des r^sultats dignes d'etre contrdl^s, disciit^s et examines de pr^.
Les essais, tr^ souvent, n'ont pas ete entrepris m^tnodi-
quement, ni avec assez de perseverance. En pr^conisant ces
traitements, on n'a pas tou jours tenu assez compte des circons-
tances de temps et de lieu ou leurs bons effets ont et^ constates ;
on a neglige, dans leur application, les facteurs qui, comme le
C^page, le terrain, rexppsition, le climat, etc. , semblent
avoir leur importance ; M. Sigaud he nous a-t-il pas indiqu^ les«
l>izarreries de Tinsecte. Pourquoi tel traitement dohne-t-il ici de
bons resultats, alors qu'ailleurs il n'en donne auCun? il y a evi-
demment une raison; laquelle? Ta-t-on etudi^;a-t-oncberche a
se rendre compte de ces anomalies? Et puis, pourquoi se borner
a un seul traitement P'Bref, il me sembi6 que ce n'est pas ainsi
que Ton doit travailler. C'est ce que vous avez compris egale-
Qient et, devant les ravages de plus en plus considerables caus^
par la cochylis, vous avez pense qu'il y avait lieu de tenter
quelque chose.
' Je vous ai vu sourire lorsqu'il s'est agi de renvoyer k une
Commission cette ^tude des traitements contre la cochylis et vous
avez pens6, comme il arrive parfois, que c'^tait 1^ un enterre-
menl de premiere classe. II y a cependant d^s Commissions qui
travaillent et font oeuvre utile et nous pouvons esp^rer que la
pr^sente sera du nombre.
- Quel plan de travail allons-nous adopter, comment allons-
nous organiser la lutte? II appartiendra k la Commission, dans-
sa premiere stance, de faire son programme ; cependant, je puis
vous indiquer, dans ses grandes bgnes, ce qu'il pourrait etre :
1° Completer le travail de M. Sigaud, en r^unissant dans un
vaste dossier toutes les donn^es qu'on a k I'heure actuelle sur la
cochylis, sa vie et ses moeurs, et sur les traitements qui out ete
{reconises et employes, aussi bien k I'etranger qu'en France,
Fne note dans les joumaux viticoles nous amdnera peut-§tre, de
~ 283 --
la part de leurs aiiteurs, des renseignements plus oii moins in^:
"dits sur la cochylis oil sur les traitements employes contre elle. H
y aura un travail de bibli0gi*aphie'assez consideraible a faire, qui
devra etre confie k plusieurs; car ii faut que, dans cette Com-
mission, tout le monde travaille. Puis, une fois munis de tons ces
renseignements, nous auiH)ns, en seance de Commission, a les dis-
cuterpour ne retenir que ceux qui en meritent vraiment la peine
€t qui devront alors ulterieurement etre examines et contr616s
BUT place. ' }
Cette premiere partie* du travail pourrait etre faite dans le
premier trimestre de 1907 et le rapport depose a la seance de
mars de la Soci^t^.
2P Une fois que nous aurons determine les traitements qui
meritent vraiment d'etre studies, nous devrons, dans le courant
de Tannee, au printemps et pendant Tete et Thiver suivant,
nous mettre en relations directes avec les auteurs des traite-
ments, avec les personnes qui les emploient et nous rendre sur
place, a VSpoque indiquie, pour voir appliquer ces traitements,
en vue, non seulement de nous rendre compte de la technique
de I'operation, mais encore pour etudier les conditions dans
lesquelles on la pratique et voir, dans la mesure du possible, si
ces conditions peuvent etre realis^es chez nous, sur nos cepages,
sous notre climat, etc. Ce ne sera pas la partie la moins interes-
sante, ni la moins agr^able pour la Commission, qui sera proba-
blement obligee de se diviser en plusieurs groupes pour effectuer
des voyages d'etudes sur des points differents du territoire a peu
pres a la nieme epoque. Ce sera aussi la partie la plus onereuse
pour qui subventionnera nos travaux.
Puis, k la fm de Tannic 1907, la Commission se reunira de
nouveau pour examiner tous les documents appdrtes par tous
ses membres, les discuter de nouveau et organiser la troisieme
pai*tie de ses travaux.
3° Essayer en Anion, chez les proprietaires qui voudront bien
s'y preter, pendant Pannee 1908 et les suivantes, les traitements
qui auront semble etre les plus efficaces et les plus pratiques,
me semble devoir etre la troisieme partie de nos travaux.
Pour ces essais, qui seront faits methodiquement, il y aura
peut-etre lieu d'avoir recours, tout au moins pour la partie
technique, aux auteurs des traitements que nous prierons de
V nir experimenter chez nous.
A pres une premiere annee d' experiences, nous verrons dans
quel sens et comment nous continuerons nos travaux. Enfm il y
aura lieu d'essayer les procedes nouveaux qui pourraient naitre
pendant ce temps et aussi de combiner deux ou plusieurs traite-
ments ; de ce cot^, le champ reste libre pour toutes les expe-
riences.
Les membres de la Commission que nous allons etre appel^s k
nommer ne sont pas pris en traitres et peuvent voir des mainte-
nant le travail qu'on leur demandera. La tache est ardue,
— 284 —
difficile, nous avons & combattre un ennemi redfimMkle et il se-
peut — il serait pu^ril de se le dissimuler — que nowk lie reus-
sissions pas dans nos efTorts ; je ne crois pas, cependant^ ^'ib^
8oient compldtement perdus.
Membres de la Commiszion proposis :
MM. de Livonni^re, EK Sigaud, Deperridre, Massignon, Morain^
de Dreux-Br^z6, Chaillou, Daign^re, U^^ Cordon, D^ Maisonneuve,.
Oger-Bascher, Lair, Lavallee, Bacon, Juteau-Gougeul, Andre
Huau, F^lix Fourmond, Station oenologique.
Le GSrant, G. GRASSIN.
Angers, Imp. Germitin et G. Grassin. — 60-7:
285 —
STATIONS M^T^OROLOGIQUES
FONDLES
par la Soci6t6 Industrielle et Agricole d'Angers
et du d^partement de Maine-et-Loire
ANNEE 1906
Mois.
Pression
barom6-
trique
moyenne
Tempera- Tempera-
ture ture
moyenne moyenne
mmima.
maxima.
Direc-
tion
moyenne
du
vent.
Force
moyenne
du
vent.
PLUIE
Hauteur
du mois
en
millimM.
S o
Station de la Pommeraye.
Altitude : 86 metres.
Observateur : Soeur Elz^ar.
Janvier . . .
Fevrier . . .
Mars.. .. ..
Avril
ivi ai ..'•*•.•
Juin
Juillet . . . .
Aout
Septembl'e
Octobre. . .
Novembre
D^cembre
771.6
767.3
7^0.7
770
707.9
772.8
771.4
772
773.7
768.6
»
4- 3o6
1
1
3
8
5
9
9
5
--10 6
—13 2
—14
—10 G
— 98
— 42
— 1 2
■8<»8
- 8
■ 12
16 2
-19 7
>2i 8
-4-27 1
28 8
26
18 5
7 7
4-2 8
N.-E.
N.-E.-E.
N.-E.
S.-E.-N W.
W.
w.
w.
W-S-W
K.-W.-E.
W-S-W.
w ets.-w.
W-N-W
2 5
9
3
2
1
•2
1
2
2
2
3
2
88mm 6
94 9
38 2
69 2
34 2
u
39
22
23
9>J
61
60
2
4
9
1
2
3
22
21
13
12
16
»
4
3
5
21
17
17
Station de Pouanc4.
Altitude : 85 metres.
Janvier . . .
Fevrier . . .
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet. . ..
Aout... .
Seplembre
Ootobre. . .
Novembre
D^cerabre.
Observateur : M, I'abbe Ory.
69
h 3
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9
»
— 286 —
Mois.
Pression
barom^'
trique
moyeDne
Tempera-
ture
moyenne
minima.
Tempera-
ture
moyenne
maxima.
Direc-
tion
moyenoe
vent.
Force
moyenne
du
vent.
PLUIE
Hauteur
du mois
en
millimM.
-a 3
S.2,
3 a;
SUtion d'AvnlI6.
Altitude : 58 mMres.
Janvier .
Fevrier .
Mars. . . .
Avril . .
Mai ....
Juin ....
Juillet . .
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Septembre
Octobre..
Novembre
Ddcembre
*
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Observaieur : M. O. Chaillou.
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I
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1
5
14
5
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1
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8
2
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6
9
3
5
4
5
i
2
5
10
U
8
10
1
6
17
GRACES DE TANN^IE 1906
Station de La Pommeraye (Altitude : 86 metres )
DATES
HeURES
VENT
du debut de I'orage
De la fin de I'orage
Mai
9
9
10
12
14
18
Juillet
4
6
23
Aout
13
13
i h. du soir
1 h. du soir
6 h. du soir
11 li. 1/2 du matin
6 h. du soir
5 h. 1/2 du soir
2 h. du soir
4 h. 3/4 du soir
midi3/4 .
6 h. du soir
8 h. du matin
2 h. du soir
5 h. 1/2 du soir
3 h. du soir
5 h. du soir
11 h. 3/4 du matin
6 h. 20 du soir
6 h. du soir
2h. 1/2 du soir
6 h. 1/4 du soir
2 h. du soir
8 h. 1/2 du soir
9 h. 1/2 du matin
2 h. 1(4 du soir
Violent
Tr6;> violent
TABLE DES MATIERES
du Bulletin meusnel de la Soci^t^ Industrielle et Agricole d'Angers
(Ann6e i906)
Pageg
1. Les betteraves destinies a ralimeiitation du b^tail, par
M P. Lavall^e rnembre titulaire 9
2. Rapport de M. le marquis de Dampierre sur I'Exposition
d'Aviculture d'Angers des 9, 10 et 11 Janvier 1906. . ^. . 16
3. Distribution solennelle des recompenses de I'Exposition
d'Aviculture .' 19
4. La Pasteurisation des vins, r^sultats obtenus en Anjou,
par M. L. Moreau, membre titulaire 39
5. Rapport sur la 6"* foire aux Vins d'Anjou des 9, 10 et 11
Janvier 1906, par M. Massignon, membre titulaire. .. . . 44
6. Resum6 m6t6orologique de 1905 49
Orages de Tann^e 1905 50
7. M. le Comte de Blois, par M. le docteur Sigaud, secretaire
general de la Soc. Ind. et Agricole d'Angers 53
8. Eloge fun^bre de M. le S^nateur comte de Blois, par
M. Antonin Dubost, president du S6nat 55
9. Obs6ques de M. le comte de Blois. Discours de
M. Bordeaux-Montrieux, vice-president de la Soc, Ind.
et Agricole d'Angers 57
10. Notice sur M. le comte Georges de Blois (Revue de viticul-
ture), par M. Gilles-Deperriere 63
11. Hygiene de I'ecurie et de Tetable, par M. Alfred Grau,
membre titulaire 73
12. De I'utilisation des sarments de vigne, par M. M. Massi-
gnon, membre titulaire 84
13. La filtration des vins, premier? r^sultats, par M. Moreau,
membre titulaire . . .- 90
14. Etude sur une des causes de la crise viticole actuelle, par
M. Suaudeau, membre titulaire 98
15. L'acidite des mouts et des vins, ses variations. La d^sa-
cidification, par M. L. Moreau, membre titulaire 112
16. Du droit des bouilleurs de cru au vinage, par M. Suaudeau,
membre titulaire 121
17. Delameventedesvins, par M.Daignfere, membre titulaire. 136
18. A travers le vignoble allemand, par M. L. Moreau,
membre titulaire 143
19. Notes et observations sur le Concours National Agricole
de Rennes de 1906, par M. le docteur P. Sigaud, vice-
president de la Soc. Ind. et Agricole d'Angers 149
— 288 —
20. Programme g6n6ral du Concourd Regional Agricole libre
d'Angers, en 1907, ler juin, 8 juillet 160
21. JProgramme d6taill6 du grand Concours Regional libre
d'animaux reproducteurs des especes bovine, ovine et
porcine d'Angers, 1907 161
22. R6glement et programme du Congres de Viticulture
d'Angers (1907) 176
23. Rapport sur le 54* Concours d^partemental des animaux
reproducteurs d'Angers (29 septerabre 1906), par M. le
docteur Sigaud, vice- president 183
24. Rapport sur le Concours des beurres, par M. Moreau,
membre titulaire * 200
25. Essai du system e des tables de pointage pour le classement
des animaux, au 59* Concours d6partemental d*Angers,
par M. Grau, membre titulaire 202
26. Union des viticulteurs de Maine-et- Loire, stance du
17 novembre 1906 214
27. Les bles k grand rendement a la ferme experimentale
d'Avrill6 depuis 1901, par M. P. Lavall6e, membre
titulaire 22 •
28. Excursion Viticole dans le Bordelais, par M. E. Vinet,
membre titulaire 237
29. La r^colte de 1906. — Que seront les vins nouveaux? par
M. L^on Moreau, membre titulaire 247
30. La Cochylis, ses ma3urs, ses ravages, etc., par M. le
docteur Sigaud, vice-president 253
31 . Causerie sur les traitements centre la Cochylis 264
32. La fraude sur les vins et les moyens de la d^couvrir. par
M. L. Moreau, membre titulaire 272
33. Compte rendu de I'Assemblee extraordinaire de I'Union
des Viticulteurs de Maine-et-Loire, par M. le docteur
Sigaud ^ 276
34. Communications sur le soufrage des vins, par Tacide sul-
fureux liquide, par M. G. Naud, membre titulaire 279
35 . Organisation de la lutte centre la cochylis, par M. L. Moreau,
membre titulaire 282
36. Stations Meteorologiques fondles par la Societe Indus-
trielle et Agricole d'Angers etdu d^partement de Maine-
et-Loire. (Annee 1906) 285
37 . Orages de Tannee 1906 286
38. Table des mati^res du Bulletin mensuel de la Soc Ind.
et Agricole d'Angers, ann6e 1906 287
Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 366-7.