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BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



SoGie iDiliislrielle el Agrlcole 

d' Angers 

et du departement de Maine-et' Loire 



76^. ANNEE 



JA.NVIER ISOS 



1° A nos lecteurs. 

2° Proces-'verbal de la Seance mensuelle du 28 Janvier 1906. 
3° Trois annees d'Etudes sur les xnouts et les vins de notre region. 
- Resuitats en viie de la repression des fraudes. Premiere partie, par 

M. MoREAU, directeur de la Station oenologique de Maine-et-Loire, 

membre titulaire. 
4° Action et efficacite des engrais sur les plantes , suivant le mode 

de leur application au sol, par M. Lavallke, membre titulaire. 
5° La Foire aux vins d'Anjou des 9, 10 et 11 Janvier 1905, par M. Leon 

BouRCiER', membre titulaire. 



ANGERS 

GERMAIN & G. GRA8SIN, IMPRIMEUKS-EDITEURS 

40, rue du Comet et rue Saint'Laud 

1905 



-I 






BULLETIN MENSUEL 

DE LA 

miM INDliSTRIELLE ET AGBICOLE 

D'ANOERS 
et du d^partement de Maine-et-Loire 



76" ANNfiE 



. Bureau de la Soci6t6 pour 1905 



President, 
Vice-Presidents , 

Secretaire general , 
Vice-Secretaire , 



M. le Senateur 0« de BLOIS. 
M. BORDEAUX-MONTRIEUX, 
M. HUAULT-DUPUY. 
M . le Docteur SIGAUD. 
M. Andre HUAU. 



Archii^iste-bibliothecaire , M. A. SUAUDEAU. 



Tr4sorier , 



M. Prosper JAMIN. 



-A. VIS 



M. le Tresorier a Fhonneur de prevenir MM. les Societaii*es 
que les quittances de Tannee courante sont a leur disposition au 
siege de la Society , rue Saint-Blaise , nP 7 ; le bureau est ouvert 
tous les jours de i heure a 4 heures, les dimanches et fStes exceptes. 

MM. les Societaires sont pries de vouloir bien faire solder leurs 
quittances dans le courant de I'annee, ce qui ^vitera des frais 
eleves de recouvrement. 

Apr^s le I®' oclobre, les quittances non retirees seront remises 
k r Administration des Postes, autorisee, en vertu d'une loi du 
7 avril 1879, k faire les recouvrenients de cette nature. 

M. le Tresorier prie instamment MM. les Societaires de vouloir 
bien alors donner des ordres pour que les quittances soient 
payees a presentation a domicile. Le mode de recouvrement par 
la poste est le seul possible et M. le Tresorier ne pouvant Stre 
responsable de la forme sous laquelle le paiement est reclame, 
sera tres heureux de le voir accepter. 

Toutes les communications ou demandes de renseignements 
doivent Stre adressees a M. le President ou 4 M. le Secretaire 
general, 7, rue Saint-Blaise, Angers. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 




I 




et 




d^ Angers 

et du d^partement de Maine-eU Loire 



76= ANNEE 



ANNEE 1905 




ANGERS 

(iERMAlN & G. GRA8SIN, IMPRIMEUKS-EDITEURS 

40, rue du Comet et rue Sainl-LMUd 

1905 



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>'^">'"7 BULLETIN MENSUEL 



> ** .•^ -5 V 



DE LA 

7 



r r 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 

D'ANGERS 
et du d^partement de Maine-et-Loire 



A NOS LECTEURS 



• Nous presentons anos lecteurs le premier bulletin mensuel 
de la Soci^t^ industrielle et agricole d' Angers et du departe- 
ment de Maine-et-Loire. ' 

Cette innovation, ou plutdt cette transformation, du bulle- 
tin annuel en une publication mensuelle s'imposait et nous 
sommes certains qu'elle recevra le meilleur accueil et, en 
m^me temps, Tapprobation unanime de nos coUegues. 

Elle realise, en effet, un desir souvent exprime et remplit 
une promesse faite a tous ceux qui, en 1904, sont entres 
dans nos rahgs et nous ont apport^ leur precieux concours 
et leur bienveillant appui. 

La Societe industrielle et agricole d' Angers, cr^atrice de 
tant d'oeuvres utiles et constamment a la recherche du pro- 
gr^s, avait le devoir d'offrir k ses nombreux societaires un 
bulletin plus en rapport avec les exigences et les besoins de 
notre epoque et publiant, le plus rapidement possible, les 
travaux originaux de ses membres. 



— 6 — 

Le bulletin mensuel donnera , nous en sommes persuades , 
enti^re satisfaction a tons et permettra de faire connaitre , a 
bref d^lai, les etudes etles observations presentees achaque 
stance mensuelle et ayant trait le plus souvent a des ques- 
tions d' actualite . 

II sera lu , en outre , en temps utile et d'une fa^on profi- 
table par tons ceux qui, pour une raison ou pour une autre, 
ne peuvent assister a nos seances. 

Les elements nouveaux de notre Societe et le nombre tou- 
Jours croissant de ses membres actifs, laborieux et devoues, 
sont une garantie certaine pour la reussite de ce bulletin 
mensuel appele a rendre des services signales a Tindustrie , 
a Tagriculture et a la viticulture, sources principales de la 
richesse de TAnjou. 

Nous sommes convaincus que la Societe industrielle et 
agricole d' Angers sera recompensee du sacrifice qu^elle 
s'impose et nous avons le ferme espoir que cette publication 
nouvelle sera un mode de propagande tres appr^cie. 



Le Comite de publication. 



- 7 - 



Procls-verbal de la Stance du 28 Janvier 1905 



Pr^sidence de M. le comte de Blois, s6nateur, president. 

Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, Huault-Dupuy, 
Prosper Jamin, D' Sigaud, Andre Huau, membres du Bureau; 
•Gilles-Deperriere , Grignon^ Joseph Joftbert, general Joly, Leon 
Bourcier, Lavallee, Moreau, Grau, Massignon, Halope, Bigeard, 
Daignere, Chaillou, Brault, Clemot, Abraham, Bernard-Chauvu*^, 
Billard, D' Cordon, de la Moriniere, Paul Lorm, de Lavergne, 
Paul Sigaud Ills, Herrouet, Felix Fourmond fils, commandant de 
Padirac, Lafarge. 

Le proems-verbal de la derni^re seance est lu et adopte sans 
observations. 

M. le President donne lecture d'une lettre de la Societe des 
Agriculteurs de France, invitant notre Societe k se faire repre- 
senter k I'assemblee des delegues de societes, comices ou syn- 
dicats qui aura lieu le samedi i8 mars, 7, rue d'Athenes, et dans 
laquelle les delegues seront pries d'exposer et de discuter les 
motifs de leurs voeux et resolutions. 

M. Stanislas de la Moriniere, M. Leon Bourcier, M. Massignon, 
M. Hiiault-Dupuy esperent pouvoir representer la Society Indus 
trielle et agricole d* Angers k cette reunion. 

1° Communications du Bureau, — ^^ M. le comte de Blois rappelle 

3u'4 Foccasion du Concours des animaux reproducteurs du mois 
'octobre dernier, un certain nombre de nos collegues avaient 
eu Fidee d'offrir a M. le D' Sigaud, pour le renlercier de son zele 
et de son activity dans ses fonctions de secretaire general, une 
medaille au nom de la Societe industrielle et agricole d' Angers. 
Diverses circonstances ont emp^che la realisation de ce projet; 
aujourd'hui M. le comte de Blois est heureux de pouvoir le mettre 
k execution et il se fait Finterpr^te de tons pour adresser a notre 
coUegue ses remerciements pour le concours devou6 qu'il n'a 
cesse de prodiguer a notre Society , il lui offre , au nom de tons 
nos collegues , une medaille d'or comme un temoignage de leur 
reconnaissance. 

M. le D' Siffaud remercie en quelques paroles emues : « Per- 
mettez-moi, dit-il, d' accepter cette belle medaille d*or, non pas 
seulement comme la recompense de services rendus, mais sur- 
tout comme un encouragement k mieux faire et k remplir avec 
plus de z^le et de devouement les fonctions de secretaire general 
<jue vous m'avez confiees. » 

M. le President j)rend de nouveau la parole et dit qu'il est tr^s 
heureux de pouvoir annoncer aujourd'hui une excellente nou- 
^elle : mardi dernier , a la reunion du Bureau de la Societe des 
Agriculteurs de France, il a ete decide en principe que la demande 
faite par M. le comte de Blois, pour obtenir une subvention en 
vue (Fun Concours regional, pour le departement de Maine-et- 
Loire , etait favorablement accueillie , et qu*une somme de 25.000 
francs serait mise a la disposition de la Societe industrielle et 
agricole d' Angers , qui serait chargee d'organiser en 1907 , sous 
le haut patronage de la Societe des Agriculteurs de France , un 



— a- 

Concours regional k Angers, dans le genre de celui qui a eu lieu 
a Saint-Brieuc en 1896. Les d^pense^, il est vrai, se sont elevees 
• a 54.000 francs , mais il y a lieu de croire que le Conseil General 
de Maine-etrLoire et le Conseil Municipal d' Angers n'hesiteront 
pas a inscrire a leur budget une certaine sonune pour subven- 
tionner ce Concours appele a rendre un service signal^ au depar- 
tement et a profiter 4 la ville d' Angers. De mSme , Tindustrie et 
le commerce angevins ne manqueront certainement pas de s'in- 
teresser k cette fSte a^ricole. M, Prosper Gervais, reminent 
viticulteur, a promis dej^ d' organiser k Angers, a cette occasion, 
un Congr^s viticole qui s^ terminera par des visites dans les^ 
principaux vignobles de FAnjou. De mfime, les organisateurs du 
Concours hippique et, en tfite, leur sympathique et devoue pre- 
sident , M. Roger de Terves , seront heureux de nous pr6tei> leur 
materiel et de nous oftrir I'hospitalite sur le Champ-de-Mars. Le 
Concours aurait lieu entre les ffetes du Concours hippique et les 
courses d* Angers. 

Le President de la Soci^te d'horticulture , M. Louis -Anatole' 
Leroy, a repondu egalement avec empressement que sa Societe 
prendrait certainement, dans cette circonstance, Tinitiative d*une 
Exposition horticole, pour contribuer k donner plus d'eclat au 
Concours. 

Les Syndicats agricoles , les communes aisees pourront Egale- 
ment subventionner , suivant leurs ressources , ce Coficours dont - 
rutilit6 agricole sera tres grande. 

En resume , ce projet de Concours s'annonce sous les meilleurs- 
auspices et nous sommes persuades -qu'en 1907 la ville d'Anffer^ 
aura Thonneur de voir un Concours digne de tons ceux aont 
nous avons garde le souvenir. 

2° Communications de la Station cenologique, — M. Moreau,' 
directeur de la Station et membre titulaire de notre Society, lit 
un travail intitul6 : Trois ann^es d'dtudes sur les modts et les 
vins de notre region; r^sultats en vue de la repression des^ 
fraudes, (Premiere partie.) 

M. le President adi^esse ses remerciements k M. Moreau pour 
son tr^s interessant travail , qui sera public dans notre Bulletin 
mensuel. 

3° Rapport sur les comptes financiers de la Station cenologique, 
pour I'ann^e igod. — Au nom d'une Commission compos^e de 
MM. le D^ Sigaud, Daignere et LEon Bourcier, M. Bourcier lit 
son rapport dont les conclusions sont les suivantes : 

Les recettes se sont 61evEes k la somme de. . 5. 804 55 
Les depenses se sont elev6es a la somme de . . 5 . 749 ^5 

D'od un excedent de recettes de . 55 3o 

Reste en Caisse 4^ >> ! 55 3o 

Reste k devoir lO 3o i 

Le rapporteur fait remarquer que toutes les d6penses sont 
appuyees par des pieces iustificatives et, qu'en consequence, la 
Commission est d'avis d approuver les comptes presentes par 
M. le Directeur de la Station, et f^licite M. Moreau de sa gestion 
a.insi que de son devouement a la Soci6te industrielle et agricole 
d' Angers. L'approbation des comptes, tels qu'ils ont ete arr^tes- 
pour rannee 1904, est votee sans observations. 



— 9 -' 

4° La Foire aux vins d'AQ,jou des o, lo et it Janvier igo5 , 
par M. L6on Kourcier, membre titulaire. — Ce compte rendu 
revolt a plusieurs reprises les applaudissements d6 tous nos col- 
logues et ensuite les felicitations de M. le comte de Blois, qui est 
heureux de pouvoir dire que M. Leon Bourcier nous rappelle, 
par la forme humoristiaue de son style, notre regrette secretaire 
•general, M. Bouchard, dont U scmble un veritable disciple, digne 
du talent du maitre. Cette etude paraitra en entier dans le Bulle- 
tin mensuel. 

5° De Vaction des engrais chimiques sur les plantes, suivant 
leur mode de repartition, par M. Lavallee, membre titulaire. — 
M. Lavallee fait en quelques mots Thistorique de cette impor- 
tante question, puis fait connaitre a la Societe les circonstances 
qui Font amene k poursuivre des recherches en ce sens a la 
ferme exp6rimentale d'Avrille. 

II signale toutes les precautions prises pour Petablissement 
des parcelles d'experiences (analyse chimique et physique du sol 
et du sous-sol, pesees rigoureuses des engrais, des semences, 
des recoltes) ; la nature des engrais sur lesquels ont porte les 
recherches ; les plantes de grande culture (ble, avoine, orge, bet- 
terave et pommes de terre) ayant servi a I'experimentation. ■ 

Pour tirer des conclusion s plus g^nerales , il a ^galement etu- 
die la forme sous laquelle les divers Elements de fertilite conve- 
nait le mieux aux sols de nptre region, en chiffrant les supplements 
de recoltes obtenues. 

Les resultats sur les plantes sarcl6es seront communiques k la 
prochaine seance. 

Pour les cer^ales, M. Lavallee conclut que I'epandage en ligne 
du fumier de ferme et des engrais potassiques ne saurait Stre 
envisage si ce n'est dans la culture en billons. 11 en donne les 
raisons. 

Pour les engrais azotes , le cultivateur n'est pas assez certain 
de la necessite de leur apport pour s'engager a les incorporer au 
sol en m^me temps que les semences, lorsqu'il s'agit des 
semailles d'hiver. Quant aux engrais phosphates, malgre Texce- 
dent de recolte trOs superieur en faveur de 1' agglomeration, 
M. Lavallee fait certaines reserves. A I'epoque des semailles, 
dit-il, le praticien doit porter de ce c6te toute I'activite de son per- 
sonnel et r^nergie de ses attelages. L'epandage des engrais 
phophast^s pouvant, sans aucun inconvenient, ^tre fait avant de 
aonner au sol les dernieres famous qui precedent I'ensemencement 
et au printemps, lorsque la terre est inabordable aux instruments 
de culture , il pense que cette consideration doit-^tre envisagee a. 
cdte de Teconomie qni resulte de Temploi des engrais en ligne ; 
c'est au praticien qu'il appartient de resoudre ce probleme. 
M. Lavallee demontre, en outre, que ce sont les terres les plus 

Sauvres qui beneficient le plus des engrais places au voisinage 
es semences ; or , dans ces terres , la pratique du semoir en 
lignes pour la repartition des semences etant peu repandue, il 
pense que Femploi d'un semoir trop complique et par cela m&me 
plus cottteux, pourrait retarder Tusage des semis en lignes. 

M.le President remercie M. Lavallee de son travail trOs pratique 
ct fort int6ressant, qui sera public dans notre Bulletin mensuel. 

' 6** A propos du Concours des primes culturales il est convenu 
qa'une note sera mise le plus tdt possible dans les joumaux de 



- 40 - 

Maine-et-Loire , indiquant les arrondissements et les cantons 
dans lesquels aura lieu le Concours de igoS. Ce sont tous les 
cantons de I'krrondissement de Segr6 et ceux de Farrondisse- 
nient d' Angers, a Fexception de ceux de Thouarce et de Vihiers. 

Quant a FExposilion de Lie^e, les Bureaux de la Soci^te 
industrielle et ae FUnion des viliculleurs etudieront les moyens 
d'admettre a participer k notre exposition la station ampelogra- 
phique des RecoUets de Saumur, qui serait heureuse de pouvoir 
presenter des raisins de sa magniuque collection de vignes com- 
prenant pres de 1.200 vari^tes. Erie pourrait, en octobre.ou 
lin septembre, envoyer des raisins de 3 ou 4<^ variet^s par 
exemple. 

En dehors de cette exposition de raisins, les stations oenolo- 
gique et amp^lographique feront des expositions techniques 
concemant leurs etudes et leurs travaux. 

7° Reception des candidats presentes a la derniere seance : 

M. Rene Lepage , ingenieur-agronome , industriel k Segre , pr6- 
sente par M\I. Moreau et le D' Sigaud ; 

M. le D^ Georges Desvaux, 16, rue Paul-Bert, a Angers, pre- 
sents par MM. le D'' Brin et le D' Sigaud ; 

M. le marquis de Contades, chateau de MontgeofFroy, par Maze, 
presente par MM. le comte de Blois et de Livonniere. 

Sont elus a Funanimite. 

8" Presentation de candidats : 

M. Florestan Bauge, proprietaire , 10, passage Rochetiere, 
Angers, presente par MM. Fabbe Hy et le D^ Sigaud ; 

M. le D^ Henri Prion, a Quince-Brissac, presente par MM. Forest 
et le D'' Sigaud ; 

M. Naveau , Andre , proprietaire au Champ , presente par 
MM. le D"^ Sigaud et An(fr6 Huau; 

M. Andre-Blain, directeur d'assurances , rue Beclard, Angers, 
presente par MM. le comte de Blois et Huault-Dupuy. 

L'ordre du jour etant epuise , la seance est levSe a 4 heures. 



Trois ana^es d'^tudes sur les mouts et les 

vins d'une region (i) 

Les resultats en oue de la repression desfraudes 

. Par M. MoREAU, directeur de la Station oenologique de 

Maine-et-Loire, membre titulaire 

Si de tout temps — et a juste titre — la question des fraudes 
a preoccupe les pouvoirs publics et les viticulteurs, il sem^ble 
que depuis un an — et on en eonnait la raison — la question 
soit de venue plus pressante encore. Elle est done de toute 
actualite, et il est du devoir de tous ceux auxquels les interSts 

(i) Cette etude a paru egalement dans le Progres Agricole et Viticole 
de Montpellier, 



— 11 — 

de la. viticulture sont chers , d'apporter sa contribution a la 
resolution de ce probl^me tant soit peu compUque, pour bien 
des raisons. 

Je dis cc compliqii4 » parce qu'il est souvent peu facile de 
sauvegarder les inter^ts de tous, et sous pretexte de proteger 
Pierre, de ne pas nuire en meme temps a Paul. Si le premier 
est heureux, le second pent avoir de serieux motiis de se 
plaindre. Je dis encore cc complique x> parce qu'on s'est 
retourne du c5te du chimiste pour lui demander aide et 
protection et que celui-ci nest pas toujours en mesure de 
repondre categoriquement a la question. 

On a nomme des commissions , des comites , en vue d'etu- 
dier les'moyens de concilier les interns de tout le monde. 
Je ne sais s'ils y parviendront completement, mais on peut 
6tre assure que leurs membres y apporteront toute leur 
science et tbute leur bonne voloute. Aussi, loin de les decou- 
rager, examinons s'il n'est pas possible de leur Stre quelque 
peu utile. 

Je lisais dernierement que M. V. Arnould, commentant 
un article de M. Fallot, mon coUegue de Blois, appelait a 
son aide les chimistes. 

« Quelle difficulte, disait-il, y aurait-il a pr^Iever dans 
« chaque region, en tenant compte du climat, du cepage, de 
« I'etat physique du sol, de sa nature geologique, etc., des 
« echantillons moyens de vin dont Tanalyse servirait de 
« type de comparaison pour une annee ? Le laboratoire exi- 
« gerait, ce qui est rarement impossible, la declaration d'ori- 
« gine de Techantillon et pourrait silrement dire si ce vin se 
« rapporte au type ou s'il a subi des manipulations. » 

Ce qui manque au chimiste, ce sont les bases d'appre* 
ciations, ajoutait M. Arnolild. 

Ces bases d' appreciations ^ je les ai reunies depuis 3 ans, 
dans ma region ; c'est done mieux qu'une opinion , ce sont 
des chiffres que je puis apporter ici. Examinons maintenant 
si des analyses non seulement de vins, mais encore de moMs 
de raisin, peuvent ^trede quelque utilite. 

En vue d'un travail d'ensemble sur les vins d'Anjou, 
depuis trois ans, au moment des vendan^es, nous nous ren- 
dons chez les proprietaires qui veulent bien s'y prater — ils 
sont toujours tres nombreux, dans les bonnes annees — et 
nous prelevons nous-m^mes un echantillon de moilt, non 
encore fermente, soit — suivant I'heure de la journee — au 
sortir du pressoir, soit dans la cuve pour les rouges, soit 
dans les barriques pour les blancs. L' echantillon, additionn^ 
de quelques gouttes d'essence de moutarde pour emp^cher 
le depart de la fermentation, est analyse le lendemain au 
laboratoire. 

On a pris soin de marquer la barrique dans laquelle 
rechantillon a ete pr^lev^ ou celle qui doit recevoir le moM 
pris a Vanche, de meme la cuve dans laquelle va fermenter 



— is- 
le moM rouge. Au deeuvage pour les rouges, du deuxieme 
soutirage pour les rouges et les blancs, les proprietaires nous 
envoient des echantillons de vin que nous analysons aussitdt 
leur reception ; vins pris dans les barriques marquees et qui 
doivent par consequent correspondre au moilt d^ja analys^.^ 
Je n'ai pas la naivete de croire que tous les echantillons de 
vins qui nous sont ainsi envoyes ont bien ete preleves dans 
les barriques que nous avons marquees, mais je suis certain 
que beaucoup de proprietaires se font un scrupule et un 
devoir de ne pas nous tromper. Inutile de dire que ces echan- 
tillons — les plus nombreux que nous pouvons — sont pris 
dans toutes les regions viticoles du departement, sans 
exception. 

Nous laissons en plus aux proprietaires deux question- 
naires k remplir. Sur le premier, ils nous donnent des rensei- 
gnements sur la culture de la vigne, son age, le porte-greffe, 
les traitements , les maladies , la nature du terrain , Fetat de 
la vendange, etc. ; sur le second, ils notent le depart et la fin 
de la fermentation tumultueuse , la marche de cette fermen- 
tation, la date de^ soutirages, les differentes operations ou 
additions qu'ils ont fait subir au mout, depuis la vendange 
jusqu'au deuxieme soutirage du vin. 

Nous avons pu r^unir ainsi , sur la culture de la vigne en 
Anjou et sur la fabrication du vin, de tres nombreux et 
curieux documents qui, joints aux analyses faites sur les 
mouts , sur les vins au deuxieme soutirage et sur les m^mes 
vins, Tannee suivante, constituent, comme nous le disions 
tout a I'heure, de serieuses bases d' appreciations, Le travail 
ayant ete fait trois annees de suite pour les vins blancs et 
deux annees seulement pour les vins rouges, annees pendant 
lesquelles — on le sait — les conditions de maturation ont 
ete tres differentes, nous sommes en mesure aujourd'hui de 
voir les avantages que Ton a pu en retirer jusqu'ici et d'etu- 
dier ceux qu'on pourra en retirer, pour la question qui nous 
occupe actuellement. 

L' analyse et Texamen des moMs et des vins nous ont per- 
mis tr^s souvent d'avertir le proprietaire , soit des defauts 
dans la composition du vin , soit des maladies dont il &vait 
contracte le germe, et par suite de lui indiquer, au bon 
moment, le remede efficace qui pourrait y ^tre apporte. 

A suivre la marche de la fermentation , soit sur les ques- 
tionnaires du proprietaire, soit — lorsque la chose nous a 
ete possible — a la propriete m^me — ce qui etait preferable, 
— nous avons pu nous rendre compte des pratiques defec- 
tueuses en usage et par suite, en faire adopter d'autres; de 
m^me que nous avons pu faire profiter certains viticultem^s 
de bonnes pratiques employees pap d'autres et qu'ils igno- 
raient completement. 

Ge sont la des services qui n'interessent que les proprie- 
taires de la region. 



— 13 — 

L' analyse des vins absolument naturels nous a permis de 
constater parfois certaines anomalies dans leur composition 
— j'en ai signale dans le Progres, Tete dernier, — anomalies 
qui auraient pu les faire maljuger paries chimistes etrangers 
a la region. J'estime en eftet — et e'est une opinion qui ne 
m'est pas personnelle t— que pour certaines denrees agri- 
coles, a composition tres variable, comme le vin — on 
pourra s'en rendre compte tout a Theure, — les laboratoires 
de la .region ont seuls qiialite — je ne dirai pas pour les 
analyser — mais pour interpreter, d'une fa^on la moins 
erroiaee possible, les resultats de leur analyse. Connaissant 
le Ueu d'origine d'un vin — ne pourrait-on pas, dans les 
marches, toujours Texigei'? — il taudrait — et c'est ce qu'a 
compris le Comite technique d'cenologie — le soumettre- a 
Fexamen du laboratoire du lieu d'origine. Dans ces condi- 
tions, on eviterait bien des malentendus et ce serait tout 
benefice pour les viticulteurs et les chimistes. Lorsque la 
chose n'est pas possible, un travail d'ensemble comme le 
ndtre , dont les resultats paraissent tous les ans dans le Bal- 
letin de notre station oenologiqiie , pourra rendre quelque 
service et facihter la bonne entente entre vendeurs, acheteurs 
et chimistes ; probleme qui n'est peut-^tre pas insoluble ! 

Arrivons maintenant a Texamen des chiffres fournis par 
r analyse des moMs rouges et blancs de notre region, depuis 
trois ans, et voyons s'il est possible d*avoir des bases a ap- 
preciations pouvant servir a etablir, pour une annee et un 
cepage, un type auquel tous les autres seraient rapportes. 
Nous examinerons plus tard la composition des vins de ces* 
trois dernieres ahnees et verrons — si la premiere analyse 
est impuissante a nous satisfaire — si la s^conde nous apporte 
plus de chances de reussite. 

Nous commencerons par Tetude des moMs de raisins rou- 
ges. Les plus cultives en Anjou sont : le Cabernet fraYic, le 
CabernetSau^ignon , les Gamays divers et le Gros-lot de 
Cinq-Mars, 

D apres les chiffres du tableau ci-joint, — ceux donnas 
pour I'alcool ont ete pris dans les tableaux mis a la dispo- 
sition des viticulteurs par les fabricants de mustim^tres , — 
on voit, pour le sucre qui nous interesse specialement, des 
variations importantes d'un cepage a un autre ; des variations, 
dans la mSme annee, pour diffe rentes regions, et surtout des 
variations considerables d'une ann6e k I'autre ; il est virai 
que j'ai pris 1^, pour les rouges, deux ann^es extremes. 



—. u — 




Sucre en glucose ^Minimum. 

par litre de . ] Maximum 

mout . ( Moyenne . 



Acidit6 totale en 
acide sulfurique 
par litre 

Alcool possible 

d'apres 

le Sucre 



Minimum. 
Maximum 
Moyenne . 

i Minimum. 
< Maximum 
( Moyenne . 



Nombre d'^chant. examines... 



ii3.6 
i5i.5 
134. 1 

8.1 
6«5 

8«Q 

78 
8 



182.7 
239.1 
206 2 



4.6 
.25 
.1 



i 



I0» 

i3« 



12" I 



10 



CABERNET 
SauvignoQ 



1903 



gr. 

II3.6 

8 

D 



i42!8 

i33.5 



7.8 

10.7 

9-2 

6' 5 
8«3 
7° 8 

4 




ICO 

13-9 



Si on veut se servir des analyses de moMs — et je crois 
qu elles sont aussi indispensables que les analyses de vins 
— pour etablir — je ne dis ^^asjixer — les limites entre les- 
quelles pent osciller la richesse en sucre des moMs de raisin 
pour une region, et par suite le degre alcoolique du vin, il 
faudra chaque annee faire ce travail , prelever de nombreux 
echantillons, le faire pour chaque eepage et negliger, comme 
cela n'a pas ete fait dans le tableau ci-dessus, quelques 
exeeptionnels maxima dus parfois a une maturite trop avan- 
eee du raisin, qui se revele, du reste, par d'autres caracteres 
dans Texamen ulterieur du vin. Dans ces conditions la, 
d'apres le tableau precedent, on voit, pour notre region et 
pour les cepages rouges etudies, que I'ecart entre le minimum 
et le maximum est, en alcool, de 2°5 a 3^ tout au plus, corres- 

Fondant a peu pres a la quantite d'alcool que pent donner 
addition de 10 kil. de sucre par barrique. Serait-il possible, 
par Tanalyse des moMs et des vins rouges d'une region, 
a etablir chaque annee deux types, en dehors desquels — ce 
ne serait pas math^matique — il y aurait lieu de suspecter 
le vin examine ? Bien entendu , avant de conclure — est-il 
besoin de le dire — le chimiste prudent s'entourerait de tous 
les renseignements desirables concern ant le vin incrimine. 
II est un peu t6t de se prononcer, n'ayant pas encore exa- 
mine les vins. Cependant — ce qui prouve que le probleme 
ainsi pose n'est pas aussi simple a resoudre que quelques-uns 
pourraient le croire au premier abord, — par Tetablissement 
d'une limite maxima, m^me avec une l^gere tolerance, on 
emp^chera, par exemple — et pour nous borner aujourd'hui 
a ce cas particulier — les proprietaires poss^dant les moMs 
les plus riches de Fannee a remonter leurs moMs, tout au 
moins dans les m^mes proportions que leurs voisins moins 
favorises. C'est la une mesure d' exception qui ne sera pas 
facile a prendre , car le proprietaire en question pourra tou- 
jour s dire qu'il ignoraitla composition de son moM et qu'il 
a chaptalise dans les limites admises par la loi. 



— 15 — 

S'il n'est pas impossible — on en a vu cependant la diffi- 
eulte — d'etablir une base d' appreciation pour les vin& 
rouges, la chose devient plus difficile, pour notre region tout 
au moins, s'il s'agit de vins blancs. 

Le Chenin blanc, qui est le seul cepage blanc cultive abon- 
damment en Anjou, a une composition tres variable, pouvajit 
aller, pour le sucre, du simple au double. Suivant la region, 
suivant I'exposition, la nature du sol et la pente, suivant que 
la vigne est conduite pour la production ou la quality , sui- 
vant les accidents divers auxquels le Chenin est sujet et les 
maladies , suivant enfin qu'on laisse se developper ou non la 
pourriture noble et qu'on vendange plus ou moins t5t, on 
obtient des mouts et par suite des vins de composition tres 
variable, d'une annee a I'autre et dans la m^me annee. 

J'ai pu analyser, en 1902, pres de ^o echantillons de 
motlts et vins blancs, a peu pres le mSme nombre en 1908 et 
plus de 100 en 1904, detoutes les regions de T Anjou o^ le 
Chenin est cultive. 

Le Sucre a varie, en 1902, de loy gr. 5q a 2o3 gr. 5y ; 
j'ai m^me eu un echantillon qui est all^ jusqu'a 240 gr. ; 
en 1903, la teneur en sucre est passee de 102 a i85 gr. Cette 
annee, qui est une bonne annee pour la region, la teneur 
en sucre des moMs s'est elevee, pour plusieurs echantillons, 
k 260 gr, par litre; la moyenne, que j'ai etablie pour 
14 regions differentes, est, a part une seule region, supe- 
rieure a 170 gr. par litre et, pour 8 regions, superieure a 
200 gr., allant m^me jusqu'a 222 gr., ce qui est joli pour une 
moyenne portant, pour cette region, sur i5 Echantillons- 
II n'est pas premature, d'apres ces chiffres — et j'ai deja 
d'autres bases d' appreciation — de dire que la qualite de& 
vins d' Anjou s'annonce comme devant ^tre bonne, ce qui 
assurera le succes de la foire aux vins qui doit se tenir a 
Angers les 9, 10 et 11 Janvier et a Saumur le samedi suivant. 

Les doses les plus laibles de sucre constatees cette annee 
ont ete die i32 gr. 5 et i/fS gr. pour deux vins provenant 
de vignes conduites en vue de la production. Si nous ecartons 
ces 2 cas exceptionnels — 2 sur 104 echantillons examines 
— le minimum qu'on retrouve est de i5i gr. C'est done 
encore un ecart considerable, puisque le degrE alcoolique, 
en supposant que tout le sucre se transforme en alcool , pent 
varier de 5°p a'j^°6; le degi*e alcoolique passait de 6°v? a 
75° en 1902 et de 0° a JO^p en 1903. 

Voici, du reste, a titre de document, un tableau donnant 
la composition des mouts de Chenin blanc pendant les trois 
annees qui viennent de s'ecouler. J'ai pu, pour chacun de 
ces 1 1 moMs differents , me procurer chaque annee le motit 
du mSme clos ou du clos voism , ce qui donne plus d'inter^t 
a Texamen du tableau. 

On voit, d'apres ces chiffres, qu'il devient tres difficile — 
je parle de ma region et de notre cEpage blanc ; j'ai constate. 



— 16 — 

en eflPet, sur qiielques echantillons de Muscadet, que les 
variations etaient bien moins considerables, ce qui s'explique 
aiseinent — d' avoir une base d'appreciation serieuse et de 
fixer une moyenne. Je ne crois pas qu'il en soit de m^me 
partout ailleurs ; mais c'est a d'autres de nous renseigner sur 
■ce point. 

■ 

Composition de moAts de Chetiin blanc (1902 a 1904) 



N° 



D ORDRE 




I 
2 

3 

4 

5 
6 



9 
10 

II 



i5o.oo 
i5o.oo 
146. i5 
142.50 
196 . 5o 
190.00 
158.33 
148 80 
121.20 
142.04 
169.0 



125.0 

142.8 

*i35.i 
128.2 
i56.2 
i5i.5 
102 o 
i32.5 
126 6 

14:7.2 
165.5 



2o3.8 
230.4 

177.4 

2X1.5 

239.1 
229.1 

211. 5 
220.8 
170.9 
212.6 
240.9 



ACIDITY TOTALE 

(par litre, en acide sulfurique) 



1902 



10.62 
10 6 

95 
II. 16 

9. II 
7.04 

9.01 

II. i5 

JO. 28 

II. 16 
12.6 



1903 


1904 


gr. 


gr. 


11.07 


8.72 


id.3o 


5.58 


8.52 


6 66 


10. 38 


7.84 


10.48 




10.19 


5 5o 


11.66 


6.57 


11.70 


8.43 


10.68 


8.52 


9.21 


6.56 


9 41 


7.54 



On pourrait, en rep^tant tous les ans, et sur des echantil- 
lons nombreux, le travail que nous venons de faire a la sta- 
tion, avoir de tres utiles renseignements , qui pourraient 
guider les chimistes dans Tappreciation des resultats d'ana- 
^ses de vins ; mais c'est la un travail un peu fastidieux et 
qui ne presente pas beaucoup d'attrait. II faudrait pour cela 
aux chefs de laboratoire un personnel , du temps et de Tar- 
gent : trois choses qui leur font parfois defaut. 

Nous veiTons un peu plus tard , si I'analyse des vins pent 
nous donner satisfaction et nous conclurons ensuite. 



AGRICULTURE 



Action et efficacit^ des engrais sur les plantes 
suivant le mode de leur application au sol 

Par M. Lavallee, membre titulaire 



L'etendue de I'efBcacit^ des engrais, notamment des 
engrais mineraux, suivant qu'ils sont agglomer^s au voisi- 
nage des racines ou intimement melanges a toute la surface 



— il — 

du sol, a fait Tobjet d'exp^riences nombreuses pendant ce& 
demieres ann^es. Celles de notre savant maltre, M. Th, 
Schloesing, furent Tobjet de communications k TAcademie 
des Sciences dans les seances des 7 et i4novembre 1892. Ces 
experiences demontraient nettement qu'en disposant les 
matieres fertilisantes au voisinage des semences, la vegeta- 
tion en tirait un meilleur parti au'en les repartissant sur 
toute la surface du terrain. M. Schloesing ayant opere sur un 
sol compose artificiellement, les conclusions auxquelles il 
etait arrive demandaient a Stre confirmees par la pratique, 
agricole. 

« Son but, disait-il, etait d'appeler Tatt^ntion des prati- 
ciens sur une question interessante et de provoquer de l^ur. 
part des etudes qui promettaient quelques progres dans, 
remploi des engrais. » 

Ces etudes avaient dejk ete envisagees auparavant, elles 
furent continuees ensuite par divers experimentateurs , • 
notamment M. Berthault et Bretignieres, Derome, H.-E. Ca- 
valier, Cazeaux-Gazalet , Capus, etc.; mais les cas speciaux 
qu'ils avaient envisages, tout en demontrant les avantages^ 
qu'il y avait a agglomerer les engrais au pied des plantes, 
ne permettaient pas de.gen^raliser leurs observations. La 
section d' agriculture de la Societe des Agriculteurs de France 
etait done men inspiree en sollicitant, en 1901, parvoie de» 
concours, des recherches completers sur ce sujet. 

C^est dans le but de prendre .part a ce concours que nous 
avons crj^e, a notre ferme experimentale, en 1901 et en 1902, 
neuf champs d'exp^riences, dans lesquels nous avons soumis 
a la methode e:xperimentale Taction de differentes fumureS' 
appliquees aux principales plantes de grande culture. 

Les champs n^^ i , 2 et 3 ont eX€ consacres aux cereales 
d'automne et de printemps, — ble, avoine et orge; — les 
champs /i°^ 4^, 5, 6 e^ y aux plantes sarclees, — oetteraves 
et pommes de terre. 

Pour chaque culture , une double etude s!imposait : la pre- 
miere devait mettre en Evidence Taction de la fumure, la 
seconde sa plus ou moins grande efficacite suivant le mode 
de repartition adopts. 

Une s^rie de parcelles temoins sans engrais recevant les 
mSmes famous culturales, les mSmes semences, les mSmes 
soins d'entretien que les parcelles voisines avec fumure, 
permettait de r^soudre le premier point ; le second Tetait en 
comparant entre elles les recoltes fournies par les differentes 
parcelles ayant regu les engrais en lignes ou sur toute leur 
surface. 

L'economie des engrais a aussi ete envisagee, car c'est un 
point excessivement important pour le cultivateur de con- 
naitre la forme sous laquelle les principes fertilisants dont il 
a besoin lui laissent le plus de benefices ponr une m^me 
depense. 



— 18 — 

G*est ainsi que le sulfate de potasse a ete experiments a la 
dose de i5o kil. ; le chlorure de potassium a celle de i8q kil. ; 
la kainite a celle de 670 kil., parce que dans les trois cas, 
Tappoii; de potasse se traduisait par une mdme dSpense de 
42 fr. 75 a 1 nectare. 

Le superphosphate 14/16 a 616 experiments aux doses de 
400 et de 600 kil. a Thectare, soit une depense de 29 francs 
dans un cas et de 43 fr. 5o dans Tautre ; pour des sommes 
^uivalentes, nous nous procurions 485 kil. ou 726 kil. de 
scoj^ies Thomas que Ton mettait en comparaison avec les 
doses de superphosphate indiquees ci-dessus, 

Les engrais azotes, nitrate et sulfate d*ammoniaque, ont ete 
experimentes k raison de 100 kil. k Thectare, soit une 
dSpense de 22 francs avec le premier et de 32 francs avec le 
second de ce^ engrais. 

En un mot, uous recherchions la forme sous laquelle Tap- 
port des principes fertilisants Stait le plus avantageux, en 
second lieu, le mode d' application des Tumures donnant les 
meilleurs rSsultats. 

Pour completer ces indications gSnSrales et bien faire con- 
naitre les conditions de milieu dans lesquelles nous avons 
opSre , nous faisons precSder les analyses physiques et chi- 
miques du sol et du sous-sol de nos champs d'experiences , 
du releve^des observations meteoroloffiques faites en 1901 et 
1902, par M. A. Cheux, le distingue airecteur de I'observa- 
toire de la Beaumette, prSs Angers. 



Resume des observations ni^teorologiqnes de Vobserpatoire 
de la Beaumette (pres Angers) altitude 3o^5o 

TEMPERATURE MOYENNE MENSUELLE 



5 


a 

CS 

•-9 

i»o4 

4»65 


Eta 
6-69 

4«i8 


£ 

5-98 
9«o3 


ii»58 
ii»a3 


5 

iS'OT 

ii«45 


g 

'S 

"-9 


'3 

2lM3 

19-53 


1 


£ 
I 


£ 

1 

II" 80 

ii»a4 


£ 

ja 

4«8o 

:*23 


£ 

1 

4«38 
4»7i 


S 

1 


m 


I90I 
190a 


i8'36 
16" 23 


19077 
i8'55 


I7»i5 
ID" 83 


II-3 
11° I 



I90I 
190a 



HAUTEUR d'EAU EN MILLIMETRES PAR MOIS 



21,7 


16, ao 


68,5 


46,6 


14.4 


i3,8 


54,6 


:,i 


32,7 


4a,: 


41,4 


38,1 


78, a 


56,5 


a3,a 


39,3 



8 



^:? 



44,0 
29,3 



i5,8 
49,3 



Total 



i4,'o 48?,' 



^'a 



Ce relev6 est tres interessant a consulter; il demontre que 
nos essais n'ont ete entraves ni par lin froid trop rigoureux, 
ni par une secheresse prolong^e. 



— 19 — 



Analyse physiq^ue et chimique du sol et da sous-sol 
des champs d experiences de laferme exp^rimentale d'A^rille 



V ANALYSE PHYSIQUE 
Champs tv i et 2 



Sol 

Elements siliceux. . 67,92 

Arffile 12,46 

Calcaire o,35 

Debris organiques . 2,ii 

Humus 0,48 

Cailloux i5,5i 

Eau 1,27 

Totaux 100,00 

Terre fine 84,49 

ANALYSE 

% 

Azote 1,26 

Acide phosphorique. 0,67 

Chaux 1,96 

Potasse 4>86 

Magnesie o,65 



100,00 



2° ANALYSE PHYSIQUE 
Champs »•• 3-4-5-6-^-8 et g 



Sous-sol 


Sol 


Sous-sol 


°/o 


°/o 


% 


60,52 


57,35 


65,95 


19*07 


19,12 


8,55 


0,34 


0,69 


o,36 


i,i3 


2,5o 


2,80 


traces 


o,5o 


• traces 


17,53 


18,70 


21,25 


1,41 


1,14 


1,29 



82,47 

CHIMIQUE 

0,84 

0.55 
1,90 
4,81 
0,80 



100,00 
8i,3o 



1,68 
0,86 
3,76 

4,43 
0,90 



100,00 

78,75 



1,40 
0,69 

2,01 

43i 

0,60 



La terra de la ferme experimentale d'Avrill^ appartient 
aux terres de transition ; elle est le r^sultat de la decompo- 
sition de schistes siluriens ayant donn6 sur place un sol et 
un sous-sol argilo-siliceux. La silice se trouvant k Tetat de 
grains extrSmement fins, la terre retient Teau sans Mre par 
trop impermeable, elle se rechauffe lentement au printemps ; 
c'est une terre froide. 

Le climat de FAnjou att^nue heureusement ses defauts, 
car si les pluies sont abondantes dans la region pendant la 
p^riode hivernale et le commencement du printemps , elles 
sont manifestement insuffisantes pendant les mois de juin, 
juillet, aoM et septembre ; si les reserves du sol en eau n'inter- 
venaient pas k cette ^poque, les effets de la s^cheresse se 
feraient plus cruellement sentir. Jusqu'au moment ou nous 
avons pris la direction de cette exploitation, septembre 1901, 
la surfece du sol 6tait disposee en billons, de i metre a 
i"»,20 de large; Temploi des instruments du culture per- 
fectionnee et des engrais chimiques y etait inconnu. Geci 
indique la lenteur avec laquelle le progr^s agricole se diffuse 
€t les efforts restant a faire pour qu'il penetre au sein de nos 
campagnes. 

En cnangeant le materiel de culture , en labourant a plat , 
en ameublissant conv enablement le sol, en faisant usage du 
semoir, en employant judicieusement les engrais et amende- 
ments, nous avons presque double les r^coltes. 



— 20 — 

Au point de vue chimique, la terre d'Avrille, comme toutes 
celles de mSme formation geologique, -est tres riche en 
potasse, insuffisamment pourvue en acide phosphorique , 
manque surtout de chaux ; T azote s'y touve en bonne pro- 
portion , mais par suite de la nature argileuse du sol et i ab- 
sence de calcaire, il nitrifie lentement. Nous etions done 
dans d'excellentes conditions pour soumettre a la methode 
experimentale les differents modes de repartition des engrai& 
n'ayant pas a redouter dans Tinterpretation des resultat& 
rinfluenee des fumures mine rales anterieures. 



PREMIERE PARTIE 

EXPERIENCES SUR CEREALES 

Dispositions generales. — Deduction faite des bordurec, 
il y avait sur terrain parfaitement homogene : 

Dans le champ n° i . 4q parcelles en avoine grise d'hiver. 
Dans le champ n° j2 . 3^ parcelles en bl^ d'automne (ble 

Dattel.) 
Dans le champ n° 3 . 32 parcelles en orge de j^rintemps. 

Soit un total de . . 109 parcelles. 

Pour envisager les divers cas de la pratique courante , un 
certain nombre de parcelles furent semees a la vol^e, les 
autres en lignes espacees de o°^,i6 ou de o"',20. Les dimensions 
de chaque parcelle ^taient de 5 metres de long sur a*", 40 de 
large, mais a la recolte, on retrancha o"",2o de chaque cdt6 
des parcelles semees a la volee, la premiere et la aerniere 
ligne, dans les parcelles semees en lignes, pour eliminer Tin- 
fluence reciproque des bordures.- 

La largeur fut ainsi ramenee a 2 metres pour les semis k 
la vol^e ou en lignes espacees de o"^,20, et a 2°^,o8 pour les 
semis en lignes distantes de o°^,i6. Dans ce dernier cas, la 
surface des- parcelles devenait egale ^ 5™ X 2™,o8 = 10^*^,40, 
dans les autres parcelles , elle etait exactement de 10 metres 
carres. Il restait 10 lignes dans les parcelles ou elles etaient 
ecart^es de o™,20, et i3 dans celles qui Tetaient de o'^,i6. 

Dans la fumure en plein , les engrais etaient repandus k la 
volee , sur le dernier lai)our precedant les semaules et inti- 
moment melanges au sol, k Taide de la houe a main. 

Lorsque les matieres fertilisantes devaient Stre agglo- 
merees , on les deposait au fond de petites rigoles creusees 
avec une houe de jardinier a bee arrondi ; elles etaient ensuite 
recouvertes de 2 centimetres de terre pour qu'il n'y eM pas 
contact direct avec la semence qu'on epandait immediate- 
ment apres. Pour obtenir une repartition rigoureusement 
^gale des engrais et des semences, on pesa les uns et les 
autres pour cnaque parcelle et chaque ligne. 



— 21 — 

Assolement des champs d^expMences. — Les champs 
n^ I et 2 furent etablis au milieu d'une pi^ce de terre de 
90 ares, ayant porte I'annee prec^dente du bl6 sans fumure, 
sur d^frichement de luzerne. Le champ n° 3 avait porte du 
ble sans engrais en 1900, des choux fourragers avec une 
fumure de do.ooo kil. de boues de ville a Thectare en 1901 ; 
apr^s effeuillages successifs , le sol fut libre en mars 1902 et 
re^ut les famous necessaires pour se trouver dans de bonnes 
conditions pour Tetablissement du champ d'experiences sur 
orge. 

Les semailles ont ete operees sur terre parfaitement pre- 
paree, les 10 et 11 octobre pour Tavoine grise d'hiver, les 
18 et 19 du m^me mois pour le bl^, le i®^ avril pour Torge. 

La quantite de semence a Thectare a ete la mSme pour 
tous les semis en lignes de chaque cereale , quel que soit 
Fecartement adopte, mais elle est inferieure d'un quart ou 
d'un cinquieme aux semis a la volee. Les doses employees 
sont les suivantes : ^ 

Semis a la volee Semis en lignes 

Avoine d'hiver .... 100 ^5 

B16 126 100 

Orge i3o 100 

Nous tenons a faire remarquer que ces doses de semences 
sont peu elevees, mais vu les soins speciaux donnes a la 
terre avant d'executer les semailles, elles etaient largement 
suffisantes. 

Au printemps , on a opere un binage et un sarclage dans 
les semis d'automne pour favoriser le depart de la vegetation 
et assurer la destruction des mauvaises herbes ; les mSmes 
operations ont ete executees pour Torge dans la premiere 
quinzaine de mai. ' 

Recolte, — La moisson eut lieu apres complete maturite : 
le 26 iuillet pour I'avoine ; le 27 juillet pour le ble ; le 2 aoM 
pour I'orge. 

Les javelles, apres ^tre restees quelques jours sur le sol, 
ont ete mises en gerbes et battues immediatement a leur 
sortie du champ. 

Une premiere pesee donnait le poids total de la recolte, 
une deuxieme celui du grain , par difference , on avait celui 
de la paille y compris les balles. 

On sera certainement frappe des rendements eleves que 
nous accusons pour la ps^ille dans les experiences d'avoine , 
aussi tenons-nous a faire remarquer que les tiges mesuraient 
I™, 80 a 2 metres de hauteur (i). 

Pour mieux faire ressortir Tinfluence des fumures, les 
recoltes ont ete evaluees en argent en estimant les 100 kil. 

(i) Voir le rapport du D' Sigaud, secretaire general de la Societe 
agricole et industrielle de Maine-et-Loire , sur la ferme experiinentale 
d Avrille , dans le Bulletin de la Societe des Agricultears de France du 
i5 decembre 1903. 



- 22 - 



grain a i6 francs, pour r"avoine, a 20 francs, pour le ble 
a i5 francs pour I'orge. La paille d'avoine a ete cote© 



de 

32 francs la tonne, celle de ble ^o francs at celle d'orge 
32 francs. 

Ces estimations n'ont rien d'absolu, ce sorit des moyennes 
pouvant subir, suivant les circonstances et les milieux, cer- 
taines modifications. 11 sera d'ailleurs facile de ramener les 
choses au point pour une situation donnee, puisque nous 
indiquons separement les rendements en grain ct en paille 
pour cbaque cereale. (A siiwre.) 



Rapport sur la cinquidme Foire des 

vins d'Anjou 

Par M. Leon Bourcier, maire de Rablay, membre titulaire, 
vice-president de TUnion des viticulteurs de Maine-et-Loire 

Monsieur le President, 
Messieurs, 

La cinquieme Foire aux vins d'Aniou a Angers, vu les 
promesses de nos vignobles, aux mois a aout et de septembre, 
semblait devoir Stre fort importante ; mais le resultat obtenu 
a, je dois le dire, depasse toutes nos provisions, meme les 
plus optimistes. 

Jamais encore, il ne nous avait ete donnO de constater une 
semblable reussite. 

Les exposants, venus au nombre de plus de trois cents , 
presenter de superbes echantillons de vins de tons les points 
de notre beau departement, ont vu defilej:* devant eux plus 
de six mille visiteurs, pas tons acheteurs, helas! mais tons 
amateurs et beaucoup fins connaisseurs. 

Enfin ! au milieu de la seconde journee les tickets d'entree 
faisaient defaut, c'est tout dire ! 

C'est le lundi 9 Janvier, a i li. 1/2 de Tapr^s-midi, que les 
portes du Cirque s'ouvrent devant une foule aussi compacte 
quimpatiente. La vast e coupole... en planches, est promp- 
tement envahie, on pent difficilement circuler; a grande 
peine, nos presidents : M. le senateur comte de Blois et 
M. Massignon, arrivent a .prendre place sur Testrade avec 
M. Convert, Teminent professeur de i'lnstitut Agronomique, 
que nous avons I'honneur et la bonne fortune de recevoir 
parmi nous. lis sont bientdt entoures d'un grand nombre de 
notabilites angevines parmi lesquellesje cite au hasard : 

« MM. Merlet et Bodinier, senateurs ; de la Bourdonnaye, 
de Grandmaison,'F. Bougere, deputes; Grignon, president 
du Conseil general ; Joxe , maire d' Angers ; Proust , adjoint ; 
Bordeaux-Montrieux, Bruas, Richou , V avasseur , secretaire 
general de TUnion des viticulteurs d'Indre-et-Loire , etc... )> 
Les conversations vont leur train, mais le bruit en est 
bientdt domine par une puissante voix de baryton qui , avec 



- is — 

une insistance louable, reclame le silence; on parvient a 
Tobtenir presque complet. 

M. le comte de Blois profile de Taccalmie pour proclamer 
la Foire ouverte et donne la parole a M. Massignon, presi- 
dent de rUnion des viticulteurs de Maine-et-Loire, qui, avec 
autorit^, -prononce un discours dont la p^roraison, tres 
applaudie, adresse un chaleureux appel k tons les viticulteurs, 
les conviant a venir se ranger nonvbreux sous la banniere de 
rUnion. 

Par guelques phrases aimables , modelees avec cette tour- 
nure pleine de charme dont il a le secret, M. le comte de 
Blois, souhaite la bienvenue a M. Convert et lui dit combien 
nous sommes heureux de le voir parmi nous. Dans une deli- 
cate improvisation M. Convert repond a M. le comte de Blois 
et remercie I'Anjou de son aimable accueil. 

Le vin d'honneur est ensuite servi. Les coupes de Faye 1900 
cru de Brian^on, s'entrechoguent joyeusement et sont vid^es 
au succes de la cinquieme Foire des vins d'Anjou ; il est du 
reste d'ores et dej^ assure, grace au zele et a Tinitiative 
entendue des devoues commissaires organisateurs : MM. Mas- 
signon, D' Sigaud, Bieron, de Boissard, O. Chaillou, Deper- 
riere, Fourmond fils, Andre Huau, Lafarge, G. Prieur, 
Secher, commandant Ancelot, Leon Bourcier. 

On se rend apres aux differents comptoirs et la degustation 
commence. Les crus reputes sont litteralement assieges et 
degustes avec inter^t ; la circulation est presque impossible 
autour des pancartes ou flamboient les noms de Faye, Beau- 
lieu, Bonnezeau, Chaumes, Rablay, Saint-Lambert-du-Lattay, 
Saint-Aubin-de-Luigne, Thouarce, Saint-Barthelemy, Saven- 
nieres, Epire, Martigne-Briand , Huille, TAubance, Breze, 
Saint-Cyr-en-Bourg, Montsoreau, Dampierre, Brion, Briollay, 
Parnay, etc., etc. J'en oublie et des meilleurs, que Ton fasse 
credit a mon bon vouloir. 

• Tous ces crus fameux et renommes ont, cette annee du 
moins, si j'en juge par les echantillons que j'ai degustes, 
retrouve leur antique valeur, cette traicheur, ce bouquet 
fruite qui en ont etabli la seculaire reputation et leur ont valu 
ce qualifiaatif enviable de cc douce amahilite, x> 

Lorsque la curiosite de chacun fut satisfaite , il fut bien 
doux aux organisateurs de cette Foire d' entendre sortir de 
toutes les bouches des louanges sinceres et bien merit^es, 
sur le confortable et la boime organisation d'une installation 
qui leur avait donne tant de soucis. 

Ce flit pour eux la meilleure des recompenses. Mais, Mes- 
sieurs les organisateurs, je vous sais trop equitables pour 
ne pas reconnaitre avec moi qu'une grosse part de ces elo- 
gieux propos doit revenir a la cheville ouvri^re de notre 
oeuvre, k notre sympathique Secretaire general. 

C'est, en effet, vous le savez tous. Messieurs, en grande 
partie au labeur incessant du D'^ Paul Sigaud , k son d^voue- 
jnent aussi desinteress^ qu'illimite et a son zWe infatigable. 



— 24 - 

si bien seconds par notre vaillant agent g^n^ral, M. le com- 
mandant Ancelot, que nons devons une reussite aussi com- 
plete. 

C'est un grand bonheur pour moi, mon cher Secretaire 
general, de saisir I'occasion qui m'est ainsi offerte aujour- 
ahui, de vous donner publiquement , en cette enceinte, le 
respectueux temoignage de Testime et de Taffectueuse sym- 
patnie que, depuis plus de aS ans que nous sommes amis et 
que je vous vois a Toeuvre, j'ai toujours cues pour votre 
caract^re. 

Naguere, en ce beau canton de Tierce, c'etait pour vos 
chers malades que vous vous plaisiez a abuser de ce talent , 
dont vous a doue la Providence, de savoir vous depenser 
sans compter; aujourd'hui, c'estpour T Agriculture , pauvre 
fille de France bien souffrante elle aussi, que vous vous 
donnez tout en tier. Puissent vos efforts Stre fructueux et 
couronnes de succes! Quoi qu'il arrive, merci, mon cher 
Docteur, au nom de la Societe industrielle , merci, au nom 
de r Union des Viticulteurs qui, de bien grand coeur, applau- 
dissait en sV associant pleinement, a Thommage que sa sceur 
ainee rendait, il n'y a qu'un instant, a une precieuse colla- 
boration qui, deja, compte de si nombreux services. 

Et maintenant, Messieurs, examinons si vous le voulez 
bien le resultat pratique obtenu par tant d'efforts. 

Cette foire, au point de vue des transactions, a-t-elle 
repondu a nos esperances ? Je crains bien que non ! 

Quoiqu on ne puisse pas dire que ses resultats aient el6 
nuls, il est certain, cependant, que la foire aux vins d'Anjou 
ne donne pas ce quelle devrait donner. Pourquoi? Est-ce 
parce que, comme je I'ai entendu dire, le commerce parisien 
ou autre, desireux de nous faire tirer la langue, s'abstient 
de nous visiter pour avoir plus tard notre marchandise a vil 
prix ? Peut-Stre nien ! Je laisse a plus comp^tents le soin de 
penetrer le mystere ! 

N^anmoins , a ma connaissance , environ deux mille hecto- 
litres de vin ont ete places durant ces deux journees, c'est 
peu, sans doute, mais ce resultat est bien superieur, je crois, 
k celui des precedentes foires. 

Ne perdons done pas courage , et , comme nous le conseil- 
lait notre distingue President au banquet du 9 Janvier, unis- 
sons nos efforts et je suis certain qu'en nous entendant bien, 
nous obligerons ceux qui ont besoin de notre produit rege- 
n^rateur a frequenter assidument nos marches. 

G'est sur cet espoir. Messieurs, que je veux cesser d'abu- 
ser d'une bienveillante attention, dont il serait vraiment 
ingrat d'omettre de vous remercier. 

Brianqojiy le a^ Janvier igo5, 

Le G4rant, G. Grassin. 



AxLgers, imp. Germain et G. Grmssin. — 580-5, 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 

r r 



SOCIETE INDUSTRIELLl ET AGRICOLl 

D'ANGERS 
et du ddpartement de Maine-et-Loire 



Proc^s-verbal de la s6ance du 25 ffivrier 1905 



Pr6sidence de M. le comte de Blois, senateur 



Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux , Huault- 
Dupuy, Jamin, docteur Sigaud, Suaudeau et Andr^ Huau 
membres du bureau, M. Gilles Deperriere , vice-president 
honoraire. MM. Laurent Bougere, Maurice Massignon, 
de Fougerolles, Lavallee, Moreau, de Livonniere, docteur 
Cordon, docteur Maisonneuve, Daign^re, Tabb^ Hy, Henne- 
quin-Denis, O. Chaillou, Leon Bourcier, Ur^eau, Cl^mot, 
baron Le Guay, Lafaree, Ch. Bouttier, Lemonnier, Alleau, 
Thomas, Grau, Gallard, Fourmond fils, de Lavergne, Sigaud 
fills, Abraham, Mignot, Betton-Allard, Ferre-Hamon, 
Catroux, docteur Desvaux, Aug6, membres titulaires. 

— Lecture du proc^s-verbal de la pr.^c^dente seance. Le 
proces-verbal est adopte sans observations. 

— M. le President donne lecture d'une lettre de M. le Maire 
d' Angers, remerciant, au nom du Conseil municipal d' Angers, 
la Society Industrielle et TUnion des Viticulteurs de Maine- 
et-Loire du don de vin fait aux ^tablissements charitables , 
^ la suite de la foire aux vins d'Anjou. 

— Communications de la station oenologique. 

M. Moreau, directeur de la station, donne lecture de son 
rapport sur la chaptalisation des vins envisag^e au point de 
vue oenologique. 



— 26 — 

M. le President adresse ses felicitations a notre savant 
collogue pour cette etude tres remarquable dont la lecture a 
ete suivie des applaudissements de tout^ Tauditoire. 

Une discussion s' engage ensuite au sujet de cette question 
qui interesse vivement notre departement. MM. Laurent Bou- 
ffere, Massignon, Dai^nere, Urseau, docteur Maisonneuve, 
docteur Cordon, Mignot, Huault-Dupuy , Lemonnier, 
Suaudeau, Gilles Deperriere et Jamin fcnt part de leurs 
observations d'oii il resulte que le rapport de M. Moreau 
et celui de M. B^con lu par M. le docteur Sigaud, et presente 
le i®^ fevrier a la reunion de la 17® section des Viticulteurs 
de France et d'ampelographie , ont eu Tun et T autre leurs 
chauds partisans, aussi leur ferons-nous Thonneur de les 
publier m-extenso dans notre bulletin mensuel ainsi que les 
resolutions prises a cette reunion. 

— Discussion sur les modifications a apporter au regime 
des bouilleurs de cru. 

M. Laurent Bougere, depute, dit qu'il votera a la Chambre 
pour ramendement Morlot, faute de mieux, mais qu'il ne 
signera point la petition qui circule en ce moment dans notre 
departement; il est d'avis que nos populations viticoles ne 
doivent pas laisser entrevoir qu elles se contentent de cet 
amendement; il aurait mieux valu demander de^lus grands 
adoucissements k la loi draconnienne qui a cause un si grand 
prejudice a tous nos viticUlteurs. 

M. Daignere serait desireux de voir aj outer a Famendeijient 
Morlot que les vignerons attaches au vignoble soient consi- 
deres comme faisant partie des membres de la famille et, 
par suite, puissent profiter d'une augmentation 4e 5 litres 
a alcool pur par individu. Cette observation fort juste revolt 
r approbation de nos coUegues. 

M. le President fait observer que T amendement Morlot va 
devenir, s'il est accepte, un nouveau projet de loi, Tarticle 3 
entre autres qui est le point le plus delicat et le plus important 
de la loi va ^tre comply tement modifie. Au reste, la Societe 
des A'griculteurs de France a prefere se rallier k cet amen- 
dement , bien qu'il ne donne pas satisfaction a beaucoup de 
viticultem's. En consequence, il croit devoir les engager k 
signer la petition mise en circulation. 

— La Persicaire de Tile Sakhaline. Etude par M. Hennequin- 
Denis, membre titulaire. 

M. Hennequin-Denis presente des racines, des bourgeons, 
des tiges et des feuilles avec fleur§ seches de la persicaire de 
Sakhaline ; cette plantle qui tout d'abord a ete introduite en 
France, comme une plante fourragere de grand merite et 
precieuse pour fixer les sols sablonneux et autres , pourrait 
aider puissamment (d'apres Fauteur) a la navigation de la 
Loire, d'abord pour fixer a leur origine les sables qui 1' en- 



— 27 — 

comb rent constamment , et ensuite pour empdcher la degra- 
dation de ses rives. G'est une plante vivace, une veritable 
pieuvre vegetale , resistant a toute epreuve , s'accommodant 
aussi bien du climat Siberien que des sables du Sahara, 
supportant egalement 4o degres de froid comme 4o degres 
de chaleur. Tout d'abord on lui a reproche dans notre pays 
d'etre trop envahissante, ce qui serait plut6t une qualite pour 
Tusage en vue duquel on la propose aujourd'hui. Elle pousse 
bien dans tous les terrains, s'implante vigoureusement dans 
les sols sableux les plus pauvres, toutes les expositions lui 
conviennent, elle resiste k toute les intemperies et s'adapte 
assez facilement k toutes les terres. 

M. Hennequin est j)ersuade qu'une plantation de persicaire 
faite en amont de la Loire viendrait completer le travail fait 
en aval et donnerait d'excellents resultats pratiques. 

Les travaux n^cessit^s par cette plantation sont des plus 
simples et des moins coMeux. Mais actuellement on ne 
poss^de en France que tr^s peu de ten^ains ou la persicaire 
ait ^te plantee, tandis que des millions de bourgeons 
seraient n6cessaires pour une plantation de cette importance, 
aussi M. Henne(^uin ne serait-il pas ^loigne de les aller 
chercher a Sakhaline mSme. 

Les quelques carres plantes a titre d'essais en Anjou 
pourront Hre visites en avril ou mai par ceux que cette 
plante interesse,- M. Hennequin sera tr^s heuj^eux de se 
mettre a leur disposition. 

M. le President remercie M. Hennequin de sa tres int^- 
ressante communication, et nous savons qu'a notre prochaine 
reunion un de nos savants collegues nous fournira sur la per- 
sicaire des renseignements supplementaires qui donneront 
un nouvel interSt a cette plante et a ses usages. 

— M. Prosper Jamin, tr^sorier, lit son rapport sur le compte 
financier pour Fannie 1904. II en r^sulte que les recettes se 
sont 6le\6es a 19.834 fr. 76, les depenses a 16.462 fr. 85, d'od 
un excedent de recettes de 3,3ni fr. 90. 

M. le President remercie M. le Tr^sorier et nomme une 
Gommisson composee de : MM. Daignere, Ghaillou et Lafarge 
qui sera chargee d'examiner ce rapport. 

— Reception des candidats pr^sent^s a la pr^cedente 
reunion : 

M. Florestan Bauge, propri6taire, 10, passage Rocheti^re, 
Angers. 

M. le docteur Henri Prion, a Quince-Brissac. 

M. Naveau, Andr6, proprietaire au Ghamp. 

M. Andre-Blain, du'ecteur d' assurances , rue B^clard, 
Angers. 

M. Martin de Kergurione, industriel, rue Boisnet, Angers. 

Tous ces candidats sont regus k Funanimit^ des voix. 



. — 28 - 

. — Presentation de candidats : . ' * 

M, Edouard Normandiere , proprietaire k Brain-sur-rAu- 
thion, pr^sente p ar MM . Edouard Lafarge et le docteur Sigaud . 

M. Gabriel de Loz6, proprietaire; 33, rue des Arenes, k 
Angers, presente par MM. le comte de Blois et le commandant 
de Padirac. 

M. Raoul du Grandlaunay, proprietaire, chateau de la Herpi- 
niere, Tm-quant, par Montsoreau, presente par MM. Maurice 
Massignon et le docteur Sigaud. 

L'ordre du jour etant epuise la seance est lev6e a 
4 heures 1/2. 

Le Secretaire general, 

T>^ P. Sigaud. 



Rapport de la Commission des finances 

sur le compte financier de I'ann^e 1904 

par M. Lafarge, rapporteur 

Messieurs , 

La Commission que vous avez nommee dans votre stance 
du 25 fevrier i9o5,et composee de MM. O. Chaillou, Daignere 
et Lafarge, a constate que les pieces de la comptabilite justi- 
fient toutes les depenses inscrites au compte presents par 
M. le Tresorier, au cours de Texercice 1904. 

Les recettes s'elevent k la somme de . . 19.834 76 
Et les depenses a celle de , . . ... . 16.462 85 

• Soit une difference de . , • 3.3^1 90 

qui formera le premier article des recettes de Tannee 1905. 

La Commission se plait a faire remarquer que toutes les 
cotisations (moins deux) ont 6te encaissees au coilrs de 
Tannic 1904 ; elle en felicite a la fois M. le Tr^sorier et 
M. r Agent general dont le z^le et le devouement meritent 
les eloges et les remerciements de la Societe. 

Nous avons, en consequence, Messieurs, Fhonneur de 
vous proposer Tapprobation des comptes de la Society pour 
Texercice 1904. 

Angers, le 11 mars igo5» 

m 

Ont signe , les membres de la Commission : 

O. Chaillou, Daignere, Lafarge. 



— 29 — 



A NOS LECTEURS 



Contrairement a notre intention de presenter dans chaque 
Bulletin mensuel une ou plusieurs etudes agricoles en m^me 
temps que des travaux vitieoles, nous avons cru devoir 
d^roger cette fois a notre programme en consacrant ce 
Bulletin presque en entier a la viticulture. 

L'importance du sucrage des moMs ou chaptalisation est 
telle aujourd'hui qu'il nous a semble du plus grand inter^t 
pour ceux de nos lecteurs, et ils sont nombreux, qui s'adonnent 
a la viticulture, d'etre mis au courant et renseignes d'une 
faQon precise sur la question du sucrage au moment mSme 
ou la Chambre des Deputes et le Senat vont Stre appeles , a 
tour de r6le, a introduire certaines modifications plus ou 
moins serieuses a une loi qui a des adversaires convaincus 
en m^me temps que de chauds partisans. 

Nous sommes persuades que tons liront avec plaisir et 
beaucoup avec profit les savants rapports de notre distingu^ 
collogue, M. Moreau, directeur de la Station oenologique de 
Maine-et-Loire , et de M. Bacon, professeur de viticultm»e a 
Saumur, ainsi que les resolutions prises a la reunion de la 
dix-septieme section de la Society des Viticulteurs de France 
et d'Ampelographie le 19 fevrier 1905. 

Le Comite de publication. 



DU-sepUime secUon de la Soclite des YlllGolleurs de Fraoce 

et d'MograpDie 

AssembMe du ig fevrier igo5 

Les membres de la dix-septieme section de la Soci^t^ des 
Viticulteurs de France et d'Amp^lographie se sont r6unis 
le 19 fevrier igoB dans une salle de THotel de Ville d'Angers, 
sous la prdsidence de M. le D"" Peton, maire de Saumur, 
president de la dix-septieme section. 

M. le President donne la parole a M. Moreau, directeur 
de la Station oenologique d'Angers, pour la lecture de son 
rapport sur le sucrage des moAts ou chaptalisation. 



— 30 — 



Rapport de M. Moreau 

PREMIERE PARTIE 

Ce serait line erreur de croire que Femploi de matieres sucr^es 
pour am61iorer la vendange remonte au si^cle dernier. Le mauvais 
temps, les annees froides et pluvieuses, Talteration des raisins 
due a des causes diverses ne sont point le privilege de notre 
epoque. Nos anc^tres ont connu, comme nous, tons ces accidents 
et ont cherch6 a remedier a tpus ces inconvenients. S'ils ne 
connaissaient pas le sucre , les anciens (les Romains en particu- 
Her) avaient recours k plusieurs procedes pour augmenter la 
richesse saccharine de leurs moMs. Le miel, le passeriUage , la 
dessiccation sur claies exposees au soleil , la torsion sur le pied 
du p6dicule des grappes, la concentration des moMs par la 
cuisson ^talent alors les moyens employes pour accroltre la 
teneur en sucre des moMs de raisin et, par suite, la richesse 
alcoolique des vins. 

L'utihte de ce proc6de de vinification a 6te demontree exp6ri- 
mentalement par Macquer en 1776; mais c'est Chaptal qui s'est 
fait le promoteur de ce procede en le d^crivant dans son traite 
d'oenologie en 1807, d'oti son nom de chaptalisation qui lui a 6te 
conserve. 

« Cette addition de matieres sucrees au jus de raisin, disait 
« Gay-Lussac, est un veritable progrjes dans Fart viticole que 
« Ton doit a Chaptal et en faire une cause de falsification serait 
« m4connaltre les principes les plus simples de F amelioration 
« des vins. » 

La chaptalisation, qu'il ne faut pas confondre avec la gallisa- 
tion ou addition d'eau sucree aux moflts et aux vins , ni avec le 
petiotage ou addition d'eau sucree aux marcs de raisins frais, 
additions permises au moment de la crise phylloxerique et qui 
n*ont plus leur raison d'etre aujourd'hui, est une operation 
reconnue jusqu'ici licite et recommandable ; c'est pour I'expliquer 
et la defendre qu'il nous faut entrer dans qu^lques details. 

Sans vouloir faire un cours d'oenologie — bien inutile dans une 
Assemblee composee d'aussi distingues viticulteurs, — qu'il me 
soit permis de vous dormer les raisons qui militent dans nos 
regions en faveur du sucrage et du sucrage seal, comme moyen 
de parfaire le travail inacheve de la nature. II est bien evident 
que, si chaque annee les conditions climateriques etaient telles 
que nos raisins arrivassent touiours a la maturite desirable, la 
question ne se poserait pas. II n'en est malheureusement pas 
ainsi et, sous nos climats extremes de la culture de la vigne, 
plusieurs fois, dans I'espace de dix annees, la maturation n'est 
pas complete. 

Est-il preferable de livrer k nos concitoyens, sous pretexte 
qu'elle est naturelle , une boisson plus acide qu' alcoolique , inca- 

Eable de se conserver et desagreable au palais et k I'estomac? 
es medecins vous repondront : non ; les oenologues vous repon- 
dront : non; les vrais d^gustateurs vous repondront : non; les 
marchands vous repondront : non, et les consommateurs de tous 
pays, s'ils veulent abandoimer quelques vieux prejug^s qui ne 
tiennent pas debout , vous repondront : non. 



— 31 — 

Si tout le monde semble d'accord, voyons done comment 
obvier aux inconvenients d'une maturite incomplete. 

Le raisin renferme deux sucres : dextrose et levulose en propor- 
tions presque egales au moment de la maturite ; des substances 
acides : acides proprement dits, comme Tacide tartrique et 
Facide malique et sels acides comme le bitartrate de potasse; 
des substances azot^es ; des principes min^raux , comme les 
phosphates ; des tanins ; des matieres colorantes ; des huiles 
essentielles , etc., etc. Sous Tinfluence des levures, lorsque les 
conditions de milieu sont realisees, les sucres fermentent et se 
transforment en differents principes qui sont : Falcool, 4^,67 0/0 
du poids du sucre, d'apres Pasteur; Facide carbonique, 4^,4^ 0/0; 
la glycerine, 3,20 0/0; 1 acide succinique, 0,61 0/0, puis, en quan- 
tites bien plus faibles, des alcools homologues de Falcool ordi- 
naire , des acides volatils ; puis , en dehors du sucre lui-m^me , 
mais gr^ce a lui comme aliment et par consequent en rapport 
avec son poids, la levure, d'apres certains auteurs, secrete une 
mati^re odorante particuliere qui constitue la partie la plus 
delicate du bouquet du vin (D^ Carles , Journal des Agriculteurs 
et Viticulteurs , 20 avril iQoS). Dans ce nouveau milieu, different 
du premier, des reactions vont s'accomplir; malgre la produc- 
tion de nouveaux acides, Facidite totale va diminuer, par suite 
de la precipitation de la creme de tartre, insoluble dans un 
melange d'eau et d'alcool et d'autant plus insoluble qu'il y a 
plus d alcool; le tanin et la matiere colorante vont se dissoudre 
proportionnellement a la quantite d' alcool et de glycerine 
contenue dans le liquide, c'est-4-dire que plus un moAt sera 
Sucre, d'apres le D' Carles, plus il deviendra alcoolique et glyce- 
rin6, plus il s'enrichira en fruits et en matieres extractives du 
raisin ; enfin, il va se former des ethers, proportionnellement k la 
quantite d'alcool et d'acide contenus dans le liguide. Nous 
voyons done quel role va jouer le sucre et ses derives dans la 
composition des vins , r61e qui — jusgu'a une certaine limite — 
sera d'autant plus actif, d'autant plus bienfaisant que le sucre et 
ses derives seront en plus grande quantite et, par consequent, 
sera d'autant plus diminue, d'autant plus attenue, que le sucre 
et ses derives seront en moins grande quantity. 

En presence de telles consequences, nous arrivons forc6ment 
et logiquement a etudier les moyens d'augmenter la richesse 
saccharme de nos moMs et, par suite, le degre alcoolique de nos 
vins, lorsque cette richesse sera insuffisante pom* nous assurer, 
non pas le maximum, mais le quantum desu^able, obligatoire, 
des avantages enumeres en partie plus haut. 

Parmi ces moyens, les uns, comme le linage, n'apportent 
qu'un des elements principaux, Y alcool et quelques produits 
secondaires; les autres, comme les moats concentres, les glucoses 
du commerce, apportent des sucres et d'autres principes; les 
troisi^mes, enfin, comme le sucre cristallis^ ou saccharose , k 
99 0/0 de purete environ, n' apportent que* Felement qui fait 
defaut : le sucre. Nous allons les examiner successivement et 
rapidement : 

V Le vinage. — Cette operation, actuellement interdite , mais 
que beaucoup demandent de retablir, seduit au premier abord 
les viticulteurs pour plusieurs raisons. Quoi de plus naturel, 
de plus logique en apparence et de plus ^conomique que de dis- 
tiller ses vins, marcs et lies et de conserver Falcool produit pour 



•v>- 



— 32 — 

augmenter le de^re alcoolioue des vins lorsque, certaines ann6es, 
il sera trop faible ? C'est a'abord rutilisation de vins avari^s , 
puis I'emploi du vin lorsque, dans les annees d'abondance, il 
n'aura pas trouve prenenr. Pourquoi s'adresser k la betterave 
pour se procurer le sucre et par suite Falcool , alors que nous 
pouvons avoir k notre disposition cet alcool m^me, provenant 
de notre vin k nous ? En somnie , nous enlevons par la distilla- 
tion Talcool k du vin, pour le restituer ensuite plus tard a du 
vin, lorsque les besoins s'en feront sentir. Quels inconvenients 
y voyez-vous ? Et n'est-ce pas Ik le moyen de resoudre la crise et 
He donner satisfaction aux ennemis du sucrage, tout enprenant 
soin des int^r^ts des populations du Centre et de I'Ouest qui ont 
besoin de remonter le degre alcoolique de leurs vins ! 

D'abord, par ce moyen, nous ne desarmerons pas les anti- 
sucreiirs ; ils ont d'autres raisons que celles que vous mettez en 
avant pour interdire le sucre ; ils ne seront plus anti-sucreurs , 
ils deviendront anti-^ineurs ; puis par le linage, en supposant 
que vous n'employez pas des eaux-de-vie de vins avaries, des 
eaux-de-vie de provenance etrangere au vin, vous ne corrigerez 
qu'imparfaitement le travail inacheve de la nature ; vous n'appor- 
terez qu'un Element ; I'alcool, puis certains aromes et certains 
bouquets. Mais nous avons vu que le sucre, en se decomposant, 
donnait naissance k d'autres substances , en particulier a la gly- 
cerine — et je n'appreindrai rien aux proprietaires de vins blangs 
en leur disant quel r6le joue cet element dans le moelleux de 
leur vin. Done le vinage, en se pla^ant seulement au point de 
vue oenologique , est une operation incomplete et par suite nous 
devons chercher mieux. 

a° L'emploi des modts concentre doit au contraire retenir 
notre attention. II est bien entendu que je n'entends parler ici, 
pour augmenter la richesse saccharine des moMs pauvres, que 
de Femploi des moMs concentres de la m^me region. J'aurais 
lieu de craindre et de considerer comme mauvais Femploi de 
moAts concentres de provenance etrang^re au pays, moMs qui 
nous apporteraient non seulement le sucre, mais les goMs de 
fruits particuliers aux cepages d'origine et par consequent pour- 
raient dans une certaine limite masquer le fruite special de nos 
vins et leur enlever tout ou partie de leur cachet. II se pourrait 
cependant que , pour des vins communs , il y eAt avantage d, les 
additionner de moAts concentres , provenant de cepages plus fins 
et superieurs. Si je fais done des reserves pour cet emploi de 
moCits concentres etrangers, je considere Foperation, au point 
de vue oenologique seulement , comme devant donner de Dons 
resultats, si elle est faite avec des moAts de meme provenance. 
Du reste , cette pratique n'est pas nouvelle et ce moyen d'accroitre 
la richesse en sucre des moCits etait employ^ autrefois dans 
certaines con trees de FAnjou. On chaufTait le moCit — la moitie 
de la barrique — dans des chaudieres a bascule , a mesure qu'il 
sortait du pressoir, apres Favoir au pr^alable tamise, et on por- 
tait iusqu'a 60° Reaumur. L'operation pouvait etre dangereuse et 
il fallait eviter de donner un goAt de cuit et de carameliser le 
Sucre. II existe aujourd'hui des appareils beaucoup plus perfec- 
tionnes permettant la concentration des motlts et des vins. Je ne 
puis ici et aujoiu*d'hui entrer dans les details et je ne puis 
vous dire si, pour notre region, ce proc6de serait pratique et 
economique ; il n'en constitue pas moins un procede tres rationnel 
de Famelioration de la vendange et meritait d'etre sig^al^. 



— 33 - 

L'emploi du miel, du glucose commercial contenant de la 
dextrine , etc. , a rinconvenient d'apporter des substances etran- 
geres aux vins et doit etre reiete. 

3° Reste le dernier procede , le plus employ^ de tous : c'est le 
sucrage au moyen de sucre cristaflis^, de betterave ou de canne, 

Ce Sucre est du saccharose qui, sous Faction des acides et des 
levures de vin, se dedouble en parties 4gale^ en dextrose et 
l^vulose, qui sont, nous I'avons vu, les deux sucres du raisin. De 
sorte que, une fois ce dedoublement , cette interversion operes, 
soit avant son introduction dans la vendange , soit pendant Fope- 
ration meme de la fermentation, nous nous trouvons, k peu prds, 
au point de vue du sucre , dans les mSmes conditions que si nous 
avions eu reellement affaire a'lme vendange, a im moM ayant 
mtiri normalement ; c'est bien Ik le procede rationnel par excel- 
lence de Fam^lioration du moftt. • ^ 

Aussitdt que cette transformation du sucre est operee , si elle 
est complete — et lorsque Foperation a ete bien faite, en temps 
opportun, en quantite voulue, <ians de bonnes conditions en un 
mot, elle est toujours complete — on ne pent plus affirmer que 
le Sucre que Fon-trouve est bien naturel ou a ete ajoute; seule 
d ce moment-Id la quantite trop elevee d' acides que Fon ren- 
contre pourrait faire presumer de Faddition-de sucre. Puis 
alors ce suqre se transforme en alcool , acide carbonique , acide 
succinique, glycerine et autres produits, tout comme le sucre 
naturel, et on obti^it un.vin qui oifiere peu, a F analyse chimique, 
comme composition , d'un vin de m6me provenance , ayant mime 
degre alcoohque ; si Facidite est plus i^le\6e au debut, elle dispa- 
ralt a la longue; ce vin vieillit et acguiert de la finesse et du 
bouquet. Je n'ai pas la pretention de dire que , par cette opera- 
tion du sucrage, on obtiendra des grands vins, mais je crois 6tre 
d'accord avec tous, en reconnaissant qu'on am^liore sensible- 
ment le vin , ce qui est tout b6n6fice pour le producteur et pour 
le consommateur. 

On dit que ces vins ne donnent pas dans la suite ce qu'ils 
semblaient promettre au debut. La chose n'a rien qui doive nous 
surprendre. II est bien evident qu*un vin qu'on a amen^ a io°, 
par suite du remontage,- n'est pas semblaLle a un vin naturel 
de 10°. Par Faddition de sucre on ne retablit pas, dans la pro- 
portion qu'ils ont dans un moflt naturellement mtlri, tous les 
elements constitutifs du moftt et par consequent le vin resultant 
de cette operation ne doit pas se comporter de la m^me fa^on 

Sue le vin naturel. L'operation du remontage des moMs n'a pas 
'autre but que d'am61iorer la vendange ; c est dej^ beaucoup si 
elle y reussit et il ne faut pas lui en demander davantage. 

II r^gne encore sur le sucrage, ou plus exactement sur la chapta- 
lisation, une multitude de prejuges qu'une 6tude plus approfondie 
de la question pent faire evanouir successivement. 

Supposons tr6is' cas ; 

1° Le Sucre ajoute s'est transforme com,pUtem,ent en sucre de 
raisin, puis compldtemeat en alcool; on obtient un vin sec ne 
contenant plus trace de sucre -^ i gramme environ par litre 
toujours ; — dans ces conditions, je ne vols pas ce que Fon pourrait 
reprocher a la chaptalisation et je ne vois que des avantages 

gour le vin et le consommateur : plus d' alcool, moins d'acidite, 
quide mieux equilibre, susceptible d'acqu^rir plus de bouquet 
et de se conserver. 
2° Le Sucre transforme en sucre de raisin n'a pas completement 



— 34 — 

fermenU, il en reste line certaine dose dans le liquide. Nous 
nous trouvons alors, pour les vins blancs, dans le cas de tons nos 
vins liquoreux; ces vins ont — en ne considerant que le sucre 
bien entendu — les mSmes avantages et les mSmes inconvenients 
que les vins liquoreux naturels : ils sont susceptibles de subir 
des fermentations, soit en barriques, soit en bouteilles, suscep- 
tibles d'Mre attaqu^s-par les memes ferments et transformes 
dans les m^mes produits. Done, pour les vins blancs rendus ainsi 
liquoreux, je ne vois-^rlen k leur reprocher que je i:ie reprocherais 
aux vins liquoreux naturels. S'il s'agit de i^ins rouges, la chose 
est differente et les inconvenients sont graves. C'est pourquoi cette 
operation du remont<age des moAts ne pent etre faite k la legere, 
11 y a des precautions k prendre et surtout des doses k employer, 
des optima a realiser qui ne peuvent ^tre depasses, pour les vins 
rouges, sans causer de graves prejudices aux vins. Mais, dans ce 
cas, est-ce la faute du sucre ou de I'operateur? et faut-il 
condamner le preijiier parce que le second ne salt pas Tem- 
ployer? La mesure serait rigoureuse et injuste et je considere 
qjill vaut mieux instruire I'operateur que de prohiber la mar- 
chandise. 

3° Le Sucre ne • s'est pas completement transforme en sucre de 
raisin et reste par consequent a I'etat de saccharose. Ce cas ne 
pent se produire que lorsque F operation a 6t6 mal faite ^ klo. fin 
de la fermentation, et k doses liiassives, ou bien lorsqu'on a 
aioute le sucre, non plus au moM, mais au vin; dans ce cas ce 
n est plus de la chaptalisation. Le vin ainsi compose , si la dose 
est assez forte, a un goftt doucereux qui ne trompe pas les degus- 
tateurs et , comme le consommateur n'est pas trompe , comme le 
chimiste pent, par des moyens tres simples, doser ce sucre et le 
caracteriser , le vin est condamne de lui-m6me et je ne vols pas 
pourquoi, pour un cas qui se presente rarement et qu'il est facile 
de caracteriser et par suite de devoiler, on condamnerait la 
pratique du sucrase. Du reste , avec la limitation ■ que nous 
etudierons tout k Fheure, ce cas ne devra se produire que tres 
peu souvent. Les vins contenant encore du saccharose seront 
sujets aux m^mes inconvenients que les vins de la deuxieme 
serie. 

En resume , lorsque cette operation de la chaptalisation a ete 
faite dans de bonnes conditions et a des doses convenables — 
doses forcement limitees, surtout pour les vins rouges — les vins 
qui en beneficient ont des compositions sensiblement normales , 
pr6sentent sur les vins de m^me provenance, de mSme annee, non 
remontes , Favantage d'etre plus alcooliques , moins acides , plus 
riches en fflyc6rine , en tanins , en matieres extractives , en cou- 
leur, en ethers, en fruits et bouquets; ils vieillissent normalement 
en s'ameliorant et , slls ne peuvent devenir de grands vins , ils 
sont et demeurent des vins de bonne conservation, sains et hygie- 
niques. 

DEUXIEME PARTIE 

Nous venons, dans une premiere partie , d'examirier la chapta- 
lisation au point de vue scientifique. Voyons maintenant, aans 
une deuxieme partie, ce que pensent de cette operation, ses adver- 
saires et ses partisans et voyons aussi si leur maniere de voir 
est d' accord avec ce que Fcenologie nous enseigne. 

Les adversaires du remontage des motlts sont de deux sortes. 
En premier lieu, on pent ranger ceux qui ignorent les avantages 



— 38 — 

du precede et s'en tiennent k la routine : Quand rannee est 
bonne, tant mieux; quand elle est mauvaise, tant pis. Le nombre 
de ces adversaires diminue chaque annee. Leur avez-vous jamais 
entendu formuler, en termes precis , leurs revendications? Quels 
arguments, reposant sur des oases s^rieuses , en dehors de toute 
declamation, ont-ils jamais apportes contre cette pratique du 
sucrage, consideree, bien entendu, au seul point de vue auquel je 
me place dans cette etude ! Combien en avons-nous connu de ces 
intransigeants , de ces irreductibles , qui ont ete obliges de 
slncliner devant I'evidence et surtout devant le refus des mar- 
chands de prendre leur vin; ils ont amene depuis le drapeau 
blanc! En deuxi^me lieu, on pent ranger ceux qui n'ont pas 
besoin du remontage, ceux qui, comme tons les viticulteurs du 
Midi, ont pour euxle soleil, ce grand bienfaiteur des vignerons. 
J'admets «)rt bien que dans leur milieu ils prohibent le sucrage, 
mais ce que je ne j)uis admettre , c'est qu'ils le defendent dans 
d'autres regions, moins favorisees ; k ce compte-14, on arriverait 
k ne permettre certaines cultures que dans certaines contrees, 
sous certains climats , et notez bien qiie ce n'est pas la premiere 
fois que nous entendons dire qu'on ne doit pas lutter contre le 
climat; alors pour la vigne, adieu les bons crus de Champagne, 
adieu notre Anjou, adieu la Bourgogne avec ses Montrachet, ses 
Pomard, ses Volney, ses clos Voug^eot, et peut-6tre m^me adieu 
le Bordelais; que nous resterait-d? Les vins d'Aramon et de 
Clairette ! C'est maigre, et je vous assure que beaucoup de d6gus- 
tateurs ne s'en contenteraient pas! Parmi les adversaires que 
nous trouvons dans nos regions, il y a ceux — et j'en connais — 
qui, mSme en mauvaise annee, ont des expositions et des terrains 
tels qu'ils produisent encore des vins de 9 a 10° ; ce sont, pour la 
plupart, les propri^taires de nos grands crus. Que craignent-ils , 
ceux-lk? hsi concurrence? Mais c'est avouer quele remontage des 
moflts est une operation excellente ; c'est plaider — indirectement, 
je le reconnais — plus en faveur du sucrage que contre cette 
operation. Et puis, le client, le degustateur, qu'est-ce qu'il devient 
dans tout cela? Alors, s'lI n'a pas le moyen de se payer une 
barrique a 3oo francs et mSme plus, vous le condamnez k boire 
de la piquette ! C'est bien rigoureux et je proteste. Que ces adver- 
saires, d ailleurs, se rassurent. Je ne crois pas qu'actuellement il 
y ait m^vente sur les grands vins ; je sais que cette ann^e tons 
les bons crus sont partis. Et puis, mfeme avec le sucrage k hautes 
doses, on n'arrivera jamais k egaler, m^me de loin, les grands 
crus. On a redoute autrefois les levures selectionnees , les gluco- 
sides, les s^ves , tons les produits preconises pour I'amelioration 
des vins; je ne sache pas qu'on soit arrive, avec des vins com- 
muns, k I'aide de tons ces procedes, k faire des grands vins; — 
on pent les ameliorer, c'est dejk beaucoup; — on n'y arrivera 
pas davantage avec le sucrage. Ce n'est m le sucre, ni I'alcool, 
qu'on paie i.ooo francs et plus dans une barrique de Ch&teau- 
Yquem, de Musigny-Vogue ou de Chftteau-Laffite ; c'est ce je ne 
sais quoi qui fait le bouquet, le cachet particulier du cru et qui 
ne se trouve realist dans toute sa perfection qu'au cru m^me et 
pas k c6te. 

Que les proprietaires de grands crus se rassurent done; ils 
n'ont qu'une chose k faire, c'est de maintenir la quality de leurs 
vins, sans chercher d accroltre la quantity de leurs produits, et 
j'ai Ueu de croire que la crise viticole passera sur eux sans les 



- 36 — 

atteindre ; car, tant qu'il y aura des amateurs de bons vins sur la 
terre, les grands crus trouveront leur debouche. 

Ce que craignent surtout les adversaires du sucrage et mSme 
ceux qui veulent la limitation de ce droit, c'est quelle sucrajpe 
non limite ne soit suivi de mouillage. Le mouillage est, je crois, 
Texception dans notre region; mais je sais que dans le Midi, 
lorsque le degrevement des sucres fat opere, on se mit k faire 
des vins de sucre en masse et k encombrer le marche d'une fa^on 
telle que la crise, accrue par ime annee de production, sevit 
encore. Or — ph^nom^ne gui n'a pas lieu de trop nous surprendre 
— c'est surtout le Midi qui a pecne dans la circonstance et c'est 
nous, par Tabolition complete du droit de remontage, qui devrions 
en supporter les consequences! Ge n'est pas juste et nous ne 
sommes pas d'humeur k nous laisser faire. 

Si on etait stir que le remontage des motlts ne fCit pas suivi de 
mouillage, le nombre des adversaires du sucrage dimmuerait sen- 
siblement. II en restera encore qui, pour d'autres raisons aux- 
quelles nous repondrons par la limitation du droit de sucrage, 
seront opposes a cette operation; mais il est bien evident qu'il 
est impossiblc'de satisfaire tout le monde; c'est Tinterfit du plus 
grand nombre au'il faut viser ici. . 

Ceci nous amene k examiner les revendications des partisans 
de la chaptalisation. 

Les uns veulent que le remontage soit permis sans aucune 
mesure, que chacun, en un mot, puisse remonter les motits 
comme bon lui semble ; les autres, au contraire , sont partisans 
d'une limitation fix6e une fois pour toutes. 

Evidemment le sucrage ad libitum serait le plus rationnel et le 
plus juste, s'il pouvait ^tre pratique avec mesure, apres une 
etude prealable du motlt. Mais combien pen de viticulteurs , 
encore de nos jours, prennent la densite de leurs motlts? Com- 
bien peu sont encore fixes sur la quantite de sucre k employer, 
le moment de I'aj outer a la vendange, etc., etc. ? 

Et alors, on arrive k ceci : c'est qu'on sucre k tort et k travers, 
sans mesure, ni discernement; on ajoute souvent la mfeme dose 
tons les ans, sans savoir s'il en faut plus ou moins. Or, c'est en 
presence de ces exc^s qui jettent le discredit sur ime region, 
c'est surtout dans la crainte du mouillage, soit chez le I'ecoltant, 
soit, le plus souvent, chez I'intermediaire, qu'on a pense qu'il 
etait juste d'y mettre un terme en vue de prot^ger le commerce 
honnSte et aussi certains viticulteurs contre eux-mfemes; ils ne 
s'en rendent pas toujours compte au debut, crient k I'arbitraire, 
mais se rangeront t6t ou tard a I'avis des plus prudents et des 
plus avises. 
Nous arrivons ainsi k la limitation du droit de sucrage. 
Le meilleur mode serait une limitation non fixe, variable sui- 
vant I'annee, suivant la region. Est-elle possible? est-elle pra- 
tique? En principe, la chose n'est pas in^ossible : il est toujours 
facile de se rendre compte de la composition du moM et on pent 
supposer un labor atoire dont le personnel se deplacerait a 
I'epogue des vendanges et indiquerait — son arrfit ayant force 
de loi — quelle est la quantite de sucre qui doit ^tre ajoutee au 
mo tit, par region; ce serait le remontage scientifiquement 4tahli, 
Est-ce pratique ? Je n'ai pas etudie a fond la question pour 
aujourd!^'hui, mais je vols quelques difficultes dans I'application 
de ce proc6de. Nous arrivons done tout naturellement k la 



1 



- 37 — 

limitation 6tablie une fois pour toutes , qui a des inconv6nients , 
je le reconnais, mais qui est peut-^tre la seule pratique. La 
[oi a permis le remontage a raison de lo kilos par 3 hecto- 
litres de vendange, ce qui fait environ une augmentation de 
deux degres pour le titre alcoolique du vin. Je reconnais, apr^s 
reflexion, que dans certaines ann^es, pour certains cepages 
et pour quelques rejjions, la- dose est un pen faible. En uxant 
a lo kilos^ la quantite de sucre a aj outer, on n*a pas eu en 
vue de permettre au proprietaire de faire de grands vins, mais 
on a pense que c'etait une dose suffisante pour assurer tou- 
jours une bonne conservation du produit. Je crois que pour nos 
vins blancs — je parle de I'Anjou que je connais bien — la dose 
est sufQsante pour le but que Ton se propose ; pour certains 
vins rouges ou rougets, elle est peut-^tre un peu faible, cer- 
taines annees. Si le Tegislateur ne revient pas sur sa decision, si 
on maintient le statu quo^ c'est au proprietaire k prendre soin 
d'obtenir un degre en plus environ. Le peut-il ? Je crois que par 
le choix des cepages appropries k la region, le choix du terrain 
et de I'exposition, la conduite de la taille, F^poque de la ven- 
dange — importante pour bien des ?aisons — la concentration 
des moMs , la marche de la fermentation — eviter les pertes en 
alcool pendant le cuvage — on pourrait arriver a augmenter de 
I degre Falcool du vin, ce qui, avec les 2 degres que Ton obtient par 
le remontage, pourrait assurer la conservation de nos vins. Si nous 
ne pouvons obtenir ce degre supplementaire , nous connaissons 
aujourd'hui bon nombre de procedes licites qui permettent la 
conservation des vins, m^me a faible degr6; je ne puis entrer 
dans des details , n'ayant pas Tintention de vous faire un cours 
d'oenologie. 

Enfin, pour terminer, il faut dire un mot des mesures que Ton 
emploie pour s' assurer que la loi a ete observee et que Ton n'a 
pas Sucre k des doses non permises. Ces moyens sont parfois 
imparfaits, quelques-uns arbitraires et vexatoires ; on propose de 
les modifier ou cle les adoucir; je n'en parlerai pas parce que la 
question n'est plus de mon ressort. Semement , on s est demande 




plus qu'il n'etait permis 
Voici trois ans que je suis de pres, par Fanalyse, la vinifi- 
cation de nos raisins rouges et blancs. II est inutile de vous 
dire combien est variable cette composition, d'un cepage a un 
autre, d'une ann6e k une autre et, pour une iiiSme ann^e , d'une 
region a une autre. J'en suis arrive a conclure que, pour les vins 
rouges, il serait possible au chimiste de dire si le sucrage a ete 
fait a trop fortes doses , mais rien de plus , car il y a souvent 
2 degres et demi a 3 degres de difference, pour la meme annee et 
pour la m^me cepage , suivant la region , pour des vins naturels ; 
mais le chimiste ne pourrait ^tre affirmatit qu'a la condition d' avoir 
fait cheque annee de tres nombreuses prises et analj^ses de motlts. 
Pour les blancs, la chose est encore possible pour certaines regions 
et dans certaines conditions; dans les regions, par exemple, ou la 
duree de la cueillette est peu etendue ; on obtient en effet des vins 
ne diff<6rant entre eux que de 3 degres environ; la chose devient, je 
crois , presque impossible — les etudes sur ce point ne sont pas 
achevees — pour certaines regions comme TAnjou, par exemple, 
et pour notre cepage, le Chenin blanc, car on constate des ecarts 



-38- 

considerables dans la m6me ann^e; il faudrait alors multiplier 
les prises d'essais et les analyses. 

Force est done d'en arriver k la surveillance des sucres, le 
chimiste ne pouvant jouer que le rdle d'arbitre entre la regie et 
le viticulteur dans cette question du sucrage. 

En resume, apr^s ces etudes, nous arrivons a conclure : i° que 
le reniontage des moftts est une operation n^cessaire certaines 
ann^es, dans nos regions; sa suppression aurait des c\)ns6quences 
graves pour une grande partie ae la viticulture fran^aise et non 
fa moins interessante ; 2° que la limitation rationnelle laissee a 
Tappreciation des viticulteurs presentant de grandes difficultes 
dans son application, le sucrage ad libitum ne peut Mre autorise ; 
3° que la limitation fixee k 10 kilos par 3 hectolitres de vendange 
pourrait Stre, k la rigueur, relev6e (Tun quart environ; 4° qii^, si 
on maintient le premier chiffre admis, les viticulteurs peuvent 
par des proced^s divers : choix du terrain, choix du cepage, 
taille, epoque de la vendange ou bien concentration des motlts, 
procedes de cuvage, etc., augmenter assez facilement de i degre 
le titre alcpolique de leur vin ; 5° qu'ils ont k leur disposition, pour 
la conservation de leurs vins, des procedes licites qu'un bon viti- 
culteur ne peut ignorer et qu'on peut leur rappeler dans des con- 
ferences et des brochures, etc. ; 6° que la surveillance des sucres 
est indispensable pour eviter la fraude et le remontage k outrance, 
la chimie ne pouvant pas toujours, vu la grande variation dans 
la composition des moMs, deceler ce remontage; 7° que toutes 
les fraudes ayant pour but d' augmenter la quantity de vin, telles 
que le mouillage , ou bien de lui donner une quality apparente 
par Femploi de substances nocives, telles que la saccharine, 
doivent ^tre poursuivies avec la plus grande rigueur. 

En s'inspirant de ces Etudes et de ces conclusions pour la con- 
fection des lois et la redaction des decrets, le 16gislateur donnera 
satisfaction k la majorite des viticulteurs, sans nuire auxinterets 
de la viticulture frangaise, consideree dans son ensemble. 

Le Directeur de la Station oenologique, 

L. MOREAU. 

N. B, — La chaptalisation, dans cette etude, n'a ete envisag6e 
qu'au point de vue oenologique ; je tenais de nouveau a le faire 
remarquer en terminant. L. M. 



M. le President donne ensuite la parole k M. Bdcon, pro- 
fesseur d'agricuUure a Saumur, pour la lecture de son rap- 
port sur le sucrage des vins en Anjou. 

Rapport de M. Bacon 

La grave question qui met en emoi tout le monde viticole 
comporte deux parties distinctes : 

1° L'adjonction du sucre k la vendange, dans le but de relever 
le titre alcoolique des vins faibles en annees defavorables ; c'est 
la chaptalisation ; 



^ 39 - 

Qp La fabrication des vins de sucre, obtenue en versant de 
I'eau edulcoree avec du sucre sur le marc, les lies, pour obtenir 
des vins dits de seconde cuvee. 

Si la chaptalisation moderee pent Stre utile dans notre pays, 
ce qui est loin d'etre prouve , il n'en est pas de mftrae pour les 
vins de seconde cuvee qui, admirablement masques, sont venus 
faire une concurrence redoutable aux vins naturels en creant un 
avilissement general des pri^c. Nous n'hesitons pas k les 
condamner. II convient de prendre les mesures les plus ener- 
giques pour reprimer la fraude , qui est Susceptible de porter le 
plus grand prejudice k notre viticulture. 

Le departement de Maine-et-Loire , tout en ne possedant que 
3o.ooo hectares, de vignes sur 42-000 qui existaient avant la crise 
phyUoxerique , produit neanmoins plus de vins qu' autrefois. 

Beaucoup de terrains plus ou moins calcaires et consequem- 
ment plus ou moins difficiles k reconstituer , en raison de 
Fadaptation du porte-ffreffe k employer, ont ete ecart^s, pendant 
que Fon s'est lance a une fa^on exag6ree k la plantation de 
terrains faciles, de plaines, de defrichements , de d^boisements, 
qui n'etaient qu'insufiisanmient aptes a porter de bonnes vignes 
k vins solides. 

II en est resulte une surproduction de vins a titre faible qui 
seuls seraient capables de b^neficier de la chaptalisation. 

Ge serait une erreur grave que de supposer nos vins rougets , 
Groslot, Gamay d'Orleans, capables de recevoir avantageuse- 
ment pour leur qualite des doses massives de sucre. 

Ce serait faire disparaltre leurs caracteres naturels de fral- 
cheur et de fruite qui les font rechercher et en font d'exceUents 
produits pour la consommation courante. 

Quant aux vins blancs de Chenin, ils sont , sauf en terrains de 
plaine defavorables , toujours assez riches en alcool dans la 
proportion de 8 4 10° en moyenne. 

II faut se bien p6netrer aune chose, c'est que Televation du 
titre alcoolique n est pas un brevet assure de parfaite conser- 
vation du liquide. Certes, Falcool est un puissant antiseptique ; 
mais il faut aj outer que le sucrage a pour resultat aelever 
surtout le titre alcoolique, ce qui pent determiner dans le vin 
une rupture d'equilibre entre les elements constituants. Pour ^tre 
logique, il faut parfaire le travail en ajoutant tout ce qui est 
necessaire k Fobtention d'un vin artificiel complet. Cela pent, 
comme on le voit, nous entralner bien loin. 

La faculte d'elever de 2 ou 3 degres les vins en annee k maturity 
difficile est, selon nous, amplement suffisante pour remedier 
aux defauts naturels que des soins culturaux et une taille 
rationnelle devront rendure exceptionnels. AUer plus haut, c'est 
faciliter le dedoublement des vms, le mouillage et, par conse- 
quent, la fraude. 

L'usage libre du sucre, malgre les dires de ses partisans, 
aurait pour resultante de decourager les vignerons conscien- 
cieux qui s'adonnent a Fobtention de bons vins naturels de con- 
sommation courante ; de les inviter k allonger leur taille , dans 
le but d'obtenir du vignoble, par le jeu, men entendu, des 
engrais, le maximum de ren dement, sans se preoccuper de la 
qualite et Vie la maturity , que Fon est assur6 de trouver artifi- 
ciellement par Fintervention du sucre. Bien plus, pour sau- 
vegarder la quantite , le vigneron aura tout interfet k vendanger 
prematur6ment ; toutes les ann^es deviendront , par cela mSme, 



~ 40 - 

d^favorables, au dire des sucreurs, et Fon en arrive k se deman- 
der ce que deviendra la reputation de nos produits dans cette 
miiiication generale. Ce serait porter un terrible coup a notre 
viticulture locale. Or , on salt combien ont et6 grands les frais 
Ji6cessites par la reconstitution du vignoble ; on salt quel effort 
ffigantesque a ete accompli pour assurer, sup tout le territoire 
frangais et par le greffage Fint^grite absolue de nos divers 
cms si renomm^s. • 

Car enfln, le renom des bons vins d'Anjou remonte le cours 
de Fhistoire. 

Si la crise phylloxerique a eloign^ , temporairement il faut le 
croire, nos clients du Nord, de la Belgique, de la HoUande, 
Fhistoire locale a conserve les noms de deux Hollandais , Van 
Rossum et Van Voorn , personnes qualifiees notables qui , au 
xvn® siecle, habitaient la commune de Souzay, pres Saumur, et 
qui etaient charg^es d'acheter et d'expedier , par bateaux sur la 
Loire , les vins ou Saumurois. 

C'est .assez dire que ces populations appreciaient a leur juste 
valeur les produits de notre sol et qu'il n'etait pas utile d' avoir 
recours au sucrage pour assurer k ces vins une bonne conserva- 
tion durant ces lon^s voyages. 

Gertes, il faut bien Favouer, un certain engouement semble 
s'^tre manifeste par les consommateurs en faveur des vins sucres ; 
mais, en y regardant de pr^s, on s'aper^oit que cet etat de choses 
a tout particuli^rement ete cree par des negociants allant chercher 
trop souvent loin du pays des petits vins a bon marche, qu'ils 
remontaient ensuite et qu'ils baptisaient vins de Saumur ou 
d'Anjou dans leurs caves. Et, si des propri^taires vignerons ont 
tendance a se laisser glisser sur la pente du sucrage, c'est sur 
Finvitation formelle de certains negociants pour lesquels la 
periode d'attente de reconstitution, alors qu'u y avait peu de 
vignes, fut des plus fructueuses. Cet engouement ne pent qu'Stre 
factice et de courte duree; si, suivant la formule, il y a plus de 
consommateurs que de connaisseurs, il faut esperer que F6duca- 
tion gustative des premiers fera bientot grossir les rangs des 
seconds. 

Les annees viticoles sont loin de se ressembler, surtout dans 
notre pays, situe sur les confins de Faire septentrionale de la 
culture de la vigne. Les partisans du sucrage en profitent, se 
basant sur Fexemple fourni par les fabricants de mousseux, qui 
recherchent toujours un produit neutre, pour lui demander de 
remedier a la nature en obtenant touiours un vin identique k lui- 
mSme. Mais les deux vins ne sont nullement comparables. 

Nous croyons , au contraire , que la valeur de nos vins locaux 
reside justement dans leurs diverses modifications annuelles, 
suivant les fantaisies solaires, et que chaque annee, en somme, 
comporte un cachet que ceux qui apprecient le vin savent toujours 
lui reconnaltre. II est pour nous, a Fheure presente, un precieux 
enseignement dans les manifestations qui retentissent dans la 
region meridionale. 

Le Midi a demande , il y a quelques annees , le sucrage , qu'on 
s'est empresse de lui accorder. Aujourd'hui, apr^s une decisive 
experience, il demande purement et simplement sa suppression. 
II a done reconnu que le sucrage presentait plus d'inconvenients 
que d'avanta^es ; une nouvelle tentative dans notre region du 
centre pourrait aboutir au m^me desastre. Cet enseignement est 
k m^diter. 



— 41 — 

• > 

La fabrication des vins de Sucre a rendu de grands sendees k 
la consommation , ouand la crise phylloxerique vint creer une 
deplorable penurie'ae vins fran^ais. C*est pourquoi le legislateur 
crut bon de Fencourager par la loi du 29 iuillet 1884, qui reduisit 
des 3/5 la taxe perdue sup les sucres ordinaires en laveur des 
sucres de vendanges. 

Ce regime de faveur, apres la reconstitution , n'a plus repondu 
aux mSmes necessit^s que par le passe. Dans toutes les regions 
viticoles, des plaintes se sont elev6es contre Tabus de cette 
pratique qui, en favorisant les vins artiliciels, est devenue une 
cause de depreciation pour les vins naturels. 

Les lois du i4 avril 1889, 11 juillet 1B91, 6 avril 1897, votees en 
vue de prot^ger la vente de nos vins naturels, ne donn^rent pas 
les resultats (jue Ton esperait ; il fallut done recourir de nouveau 
a Fintervention du legislateur qui, par la loi de finances du 
29 decembre 1900 (art. 16), limita d'apres les besoins presumes 
de la consommation familiale des producteurs les quantites de 
Sucre susceptibles d'^re employees $. tarif reduit dans la fabrica- 
tion des vins. 

Mais la loi du 28 Janvier 1908 supprima le tarif de faveur 
etabli au profit des sucres destines au sucrage des vendanges 
et abaissa Fimpot general sur le sucre de 60 ^ 25 fr. les 100 kilos, 
c'est>a-dire au taiix mSme de Fancienne taxe reduite. 

Le nouveau texte etait appel6 k faciliter le sucrage, qui n'allait 
plus s'effectuer avec des sucres re^us dans des conditions parti- 
culieres, mais avec des produits pris un peu partout, dans le 
commerce general. Pour parer a ce danger, on a essaye de 
restreindre la liberte du sucrage par une r^glementation particu- 
liere, determinee par la loi du 28 Janvier 1908; il semblait que les 
dispositions de Farticle 7 de la loi du 28 Janvier 1908 donnaient 
de serieuses garanties contre les exc^s du sucrage; or, Fexp6- 
rience faite en 1903 a dementi ces provisions. 

La hausse exceptionnelle du prix des vins en 1908 offrait une 
telle prime au sucrage que cette pratique a pris de suite une 
extension considerable. On a dit m6me que de ce fait la produc- 
tion des vins aurait ete au^mentee en France de 16 millions 
d'hectolitres. Quoi qu'il en soit de Fexageration du cMffre , il est 
incontestable qu'il y a eu surproduction et un avilissement des 
prix qui s'est manifeste en 1904. 

Le mal est surtout venu des spOculateurs qui n'hesitent pas a 
acheter les recoltes sur pied aux propriOtaires ; ces vendanges 
sont transportees au loin , pour y 6tre avantageusement sucrees , 
mises en fermentation et convenablement mouillees. 

C'est la que reside le danger pour la viticulture honn^te. 

A tout ce desordre, les parquets, la regie, les chimistes ne 
peuvent rien. Et, si Fon ajoute que tout cela se produit en confor- 
mite de la loi de 1908, on se fera une idee des proportions que 
peut atteindre la fraude par le sucrage clandestin , en se dispen- 
sant de faire k la regie aucune declaration. 

Toutes ces considerations generales denotent que le danger est 
grand et qu'il est de toute necessite d'apporter un remede ener- 
gique, si Fon veut sauveffarder la reputation des vins de France. 

Le moyen que tons les vignerons s'accordent a demander 
consiste k suivre le sucre affecte aux vendanges de sa sortie de 
Fusine ou des depots jusque chez le vigneron, k Faide d'un 
acquit k caution. II faut , de plus , punir avec la derniere sevOrite 
tous les fraudeurs qui auront ainsi 6te rOveles a la justice. 



/^ 



— 42 - 

Parmi les projets pr6sent6s aux deliberations des associations 
viticoles, nous devons signaler : 

1° Le projet Gazeaux-Gazalet, qui prescrit la declaration obli- 

tatoire de la recolte et qui, par cela m^me, a peu de chance 
'Stre accepte; 

n"" Le projet Saint-Germain, qui permet de suivre le sucre de 
sa sortie de Tusine, mais n'oflre pas une prime stimulant le zele 
de la regie; 

3p Le projet du Gomite technique d'oenologie dont voici le 
texte : 

Gonsiderant que la viticulture frangaise n'a besoin de recourir 
au sucrage des vendanges que dans des cas exceptionnels , emet 
Favis de : 

1° Modifier ainsi qu'il suit le texte du premier paragraphe de 
Farticle 7 de la loi du 28 Janvier igoS : « Le sucrage des ven- 
danges , des moMs , des lies et des marcs de raisin est interdit , 
sauf aux r^coltants et pour leurs propres r^coltes. Tout r^coltant 
qui voudra aj outer du sucre k sa propre recolte est tenu d*en 
mire la declaration, trois jours au moins k Favance, a la recette 
buraliste des Gontributions indirectes; la quantite de sucre 
ajoutee ne pourra 6tre superieure k 10 kilogrammes par 3 hecto- 
litres de vendange; le sucre ainsi employe sera passible d'une 
surtaxe de 35 francs par 100 kilos. 

« Les fabricants de vins mousseux pourront, a titre exceptionnel 
et moyennant une declaration speciale et prealable, aj outer chez 
eux a la vendange ache tee , et sous la surveillance de Fadminis- 
tration , la quantite de sucre prevue par le present article » ; 

2° Supprimer le deuxieme paragraphe dfu mfime article et le 
remplacer par le texte ci-apr^s ; « Toutes les dispositions ant6- 
rieures concernant la fabrication du vin de sucre pour la con- 
sommation familiale, sont et demeurent abrog^es »;. 

3° Dans le troisieme paragraphe du m^me article , ajouter le 
mot lies aux mots vendanges, moMs ou marcs de raisins ; 

4° Ajouter k Farticle 7 une disposition ainsi con^ue : « En cas 
d'infraction aux dispositions du present article , toutes les quan- 
tites de vins trouvees en la possession de celui qui aura commis 
Finfraction seront consid^rees comme provenant du sucrage des 
vendanges. et par suite soumises a la surtaxe de 35 francs , en 
comptant un hecto de vin conune Fequivalent de 5 kilogrammes 
de Sucre, sans prejudice de F application des sanctions penales 
edictees par le present article » ; 

5° Soumettre la circulation du sucre au contrdle de Fadminis- 
tration des Gontributions indirectes dans les conditions suivantes : 

Pour les quantites de 100 kilogr. et au-dessus , lieu de Facquit 
a caution. 

Pour les quantites de 20 k 100 kilogr. obligation du laissez- 
passer. 

Pour les quantites de 20 kilogr. et au-dessous, libre circu- 
lation. 

Gharles Bacon, 

Professeur d' Agriculture k Saumur. 



Apr^s la lecture de ces deux rapports, qui ont vivement 
int6ress6 Tauditoire, I'Assembl^e resume la discussion qui 



— 43 — 

s'ensuivit dans le projet de resolutions r^dig^ par le secre- 
taire de la stance, M. Lemonnier, avocat, propri6taire-viti- 
culteur, projet qui est adopts k Tunanimite moins deux voix : 

Projet de resolutions pr6sent6 k TAssembl^e 
de la dix-septidme Section de la Soci6t6 des 
Viticulteurs de France et d'ampSlographie 
et accepts par elle dans sa stance du 
19 f6vrier 1905. 



Les membres de la 17^ section de la Society des viticul- 
teurs et d'ampeiographie r^unis k Angers le 19 fevrier 

1905 ; 

Apr^s avoir entendu les rapports de MM. Bacon, profes- 
seur d'agriculture k Saumur, et Moreau, directeur de la 
station oenologique de Maine-et-Loire , 

Considerant qu'il est de n^cessit^ absolue, pour la sauve- 
garde des int^r^ts viticoles de cette section, de permettre 
aux propri^taires r^coltants de proc^der a la chaptalisation 
de leurs vins ; que ce proc^d^ de vinification permet une 
vente plus facile des produits, qu'il ameliore et donne une 
plus grande satisfaction aux consomraateurs; considerant, 
a autre part, dans le mfime int^rSt de la viticulture, qu'il 
faut poursuivre ^nergiquement la repression des fraudes ; 

Considerant que la liberty absolue du sucrage, m6me chez 
les proprietaires r^coltants, pourrait donner lieu k des abus; 
qu'il est preferable que la quantite maxima de sucre k 
ajouter au vin soit fixee par la loi ; qu'il serait, d'autre part, 
utile, pour empScher les fraudes qui pourraient etre com- 
mises, que le sucre soit accompagne d'une piece de regie, 
de I'usine du fabricant jusque chez I'acheteur qui doit I'em- 
ployer. ; 

Considerant que la fabrication des boissons dites fami- 
liales, produites par la fermentation des marcs ou lies 
additionnes d'eau et de sucre, pourrait permettre aux 
fraudeurs de tourner la loi et de jeter sur le marche une 
quantite appreciable de vins falsifies dont il n'a nul besoin, 
k la majorite emettent les voeux suivants : 

1° Que la chaptalisation des vins soit autorisee, mais 
seulement pour les proprietaires recoltants et pour leurs 
recoltes ; 



— 44 — 

2** Que la quantity de sucre k ajouter au vin ne puisse 
d^passer celle actuellement pr^vue par la loi du 28 Janvier 
1908, c'est-a-dire, 10 kilos par 3 hectolitres de vendange; 

3® Que la fabrication des boissons dites familiales, pro- 
duites par la fermentation des marcs ou lies additipnn^s 
d'eau et de sucre, soit formellement interdite ; 

^^ Que le sucre eirculant par (juantit^ de 5o kilos et 
au-dessus soit accompagn^ d'une pi6ce de r^gie , de Tusine 
du fabricant jusque chez le consommateur qui doit Tem- 
ployer, que Tadministration prenne toutes les mesures 
n^cessaires pour r^primer les fraudes et se rendre compte 
de la destination et de Temploi du sucre, notamment en 
imposant aux entrepositaires , d^positaires de sucre , la 
tenue de registres sp^ciaux sur lesquels ils mentionneraient 
les noms des acheteurs de moins ae 5o kilos , les dates de 
livraison et la quantity de chaque livraison; 

5® Que des repr^sentants de chaque region viticole fassent 
partie des Commissions ^tablies pour ^Elaboration des 
rfeglements qui touchent les int^rSts viticoles ; 

6° Que la Chambre veuille bien voter le projet de loi 
propose par la Commission chargEe d'examiner les amen- 
dements pr^sent^s k la loi du 3o mars igeS ; 

7<^ Occident Timpression des rapports de MM. B&con et 
Moreau dont il a 616 donn6 lecture a cette seance. 



Angers , le ig fevrier igo5. 



Le Secritaire^ 

E. Lemonnier, 

Proppi6taire-Yiticulteur, avocat a Angers. 



Le Gdrant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 798-5 



BULLETIN MENSUEL 

DE LA 



r r 



SOCIETE INDUSTRIELLE IT AGRICOLE 

D'ANGERS 
et du ddpartement de Maine-et-Loire 



Proc6s-verbal de la stance du l*^ avril 1905 



Pr6sidence de M. Prosper Jamin 



Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, D' Sigaud, 
membresdu Bureau; MM. Halop6, Moreau, Lavallee, Massi^on^ 
Grau, Thomas, Brichet, D'^ Cordon, GUles-Deperri^re , Clemot, 
Bouttier, Fabb^ Hy^ Bernard-Chauvir6 , Abraham, Sigaud fils^ 
BUlard, de Padirac, O. Ghaillou, Baron, Bigeard, D' Motais, 
Creorges Prieur, Betton-Allard. 

M. le comte de Blois, M. Huault-Dupuy et M. Andr^ Huau ont 
envoye des lettres d'excuses. 

— M. le Secretaire lit une lettre du Ministfere de F Agriculture 
invitant notre Soci6t6 k nommer un ou plusieurs d616gu6s au, 
Congr^s des Soci6t6s savantes 4 Alger qui aura lieu pendant les 
vacances de Pftques. Notre distingu6 collogue M. Moreau, ainsi 
que M. Gasni6 acceptent de nous repr^senter. 

— M. le D"^ Sigaud donne lecture du proci^s-verbal de la pr6c6- 
dente stance. > 

A propos de la communication relatee dans le proc^s-verbal sur 
« la Renou6e de Sakhalin » , qui n'est pas une Persicaire , notre 
savant collegue M. Fabbe Hy fait quelques remarques qu'il 
resume en deux points : 

!*> Pour peupler les sables du Sahara, Fidee semble 6trange de 
proposer une plante originaire des rivages glaces de Sib^rie et qui 
n'a dans son organisation aucun des caract^res d'adaptation 
propres aux especes xerophiles. De ce qu'elle ait pu resister 

aueiques iours, m^me quelques semaines, aux plus fortes chaleurs 
es etes ae France, il ne s'en suitnullement qu'ellepuisse suppor- 



— 46 — 

ter impunement le& exize mois/de s6cheres»e ctbs<^ue qae subit en 
moyeime le climat da desert , le contrctire nrftme est certain; 

2° Quant 4 la fixation des sables de la Loire, il n'est pas besoin 
de recourir aux flores exotiques poar la realiser. Nos plantes indi- 
genes sont tr^s aptes k produire ce r6sultat spontan^ment sans 
aucune main-d'oeuvre telle que ceUe sugg^r^e 4 ce pr^^pps. II suf- 
firait, pour atteindre le but, de ne pas contr^rier les forces de la 
nature, coknme on le fait trop sourent par une routine aveugte, 
qui permet, par exemple, de raire pftturer les craves herbeuses ou 
a'en laisser peler la surface par .des horticulteurs qui viennent 
enlever k charret^es ce q&'ils appellent « leur sable pouf ». 

M. le President remercie M. Fabb^ Hy de ses observations 
judicieuses et serait tr^s' heureux de le voir traiter ult^rieurement 
cette int6ressante question de la fixation des sables de la Loire , 
par nos plantes inoig^nes, comme pouvant rendre des services k 
la navigabilite de la Loire. 

— M. Moreau donne ensuite lecture de la deuxi^me partie de 
son travail sur trois annees d'6tudes sur les moMs et les vins de 
notre region. 

M. le President adresse ses remerciements k M. Moreau pour 
son travail tr^s int6ressant qui sera publi6 dans un de nos pro- 
chains bulletins. 

— M. le D"^ Sigaud, au nom de M. Lafarge, lit le rapport de la 
Commission des finances sur Texercice de 1904 et les comptes 
present6s k la stance pr^cedente par M. le Tresorier. Ce rapport 
paraltra dans notre prochain bulletin. 

— M. Lavallee donne lecture ensuite de la fin de son travail 
sur « Taction des engrais chimiques suivant leur mode de repar- 
tition »; travail d*un ^rand int^r^t pour ceux qui font de Tagri- 
culture , aussi sa pubhcation sera-t^lle faite en entier dans riotre 
bulletin mensuel. 

— Reception des candidats pr^sent6s k la s6ance du a5 fe-- 
vrier 1906 : 

MM. Edouard Normandiere,proprietaire4Brain-sur-rAuthion; 
Gabriel de Loze, propri^taire, 53, rue des Ar^nes, Angers ; Raoul 
du Grandlaunay, propri^taire, chd,teau de la Herpiniere, k Tur- 
quant , par Montsoreau , sont regus k Funanimit^ membres de la 
Doci^te ; 

— Presentation de candidats : 

MM. Henri Laig^e, directeur d'assurances, proprietaire-viticul- 
teur, 48, rue Delaftge, Angers, presente par MM. Leboucher et le 
D' Sigaud ; Paul Ban, propri6taire-viticulteur, k Malign^, commune 
de Martigne-Briand , et 210 , rue de Rivoli , Paris , pr^sent6 par 
MM. Maurice Massignon et le D"" Sigaud; Eugene Hamon, pro- 
pria taire-viticulteur, k Rosseau, commune de Brain-sur-FAutmon, 
pr6sente par MM. Ferr^-Hamon et le D"* Sigaud ; Edouard Cheignon, 
proprietaire-viticulteur , a Ingrandes-sur-Loire, et 7, rue Gu^pin, 
Nantes, presents par MM. Maurice Massignon et le D'^ Sigaud. 

L'ordre du jour 6tant epuise, la stance est lev6e 4 3 h. 1/2. 

Le Secretaire g^ndral, 

D' P. Sigaud. 



— 47 — 



Trois annSes d'^tudes sur les mouts et les 

vins d'une r6gion(i) 

R4snltats en pue de la repression desfrandes 
Deiixi^xne Partie : Etude des vins 

Par M. MoREAu, directeur de la Station oenologique de 
Maine-et-Loire , membre titulaire 



Est-il possible , nous demandons-nous , dans une premiere 
^tude, d'etablir chaque annee, pour une region bien deter- 
min^e, nn type de oin m&yen, auquel tous les autres 
pourraient Sire compares ! On se souvient que ce desir avait 
ete exprime parcertainespersonnes, soucieuses de voir mettre 
un terme — ou tout au moins une limite — aux nombreuses 
fraudes auxquelles le vin est soumis , avant d'arriver chez le 
consommateur. 

Les bases d' appreciations necessaires pour voir si ce desir 
est realisable — dans quelles proportions et comment — ont 
6Xe r6unies depuis 3 ans dans ma region et, sans prejuger de 
ce que Ton pourra obtenir ailleurs et de ce que les ann^es 
suivantes pourront nous apporter, on peut cependant, des 
maintenant, tirer quelques conclusions. 

L'etude des moMs faite dans les conditions que j'ai indi- 
qu^es — et qui sera pour le chimiste charge de i analyse 
une premiere garantie de la purete du vin qu'il examinera 

Slus tard — nous a montre deja une variation assez grande 
ans la teneur en sucre des moMs d'une m^me contree , d'un 
mfime cepage pour une mSme ann^e ; voyons maintenant les 
vins correspondant aux moftts. 

Leur analyse a et^ faite au moment du 2® soutirage, epoque 
k laquelle, dans notre region, les vins rouges deviennent 
marcnands et a laquelle, le plus ordinairement , les blancs 
quittent la propriety et entrent dans le commerce. 

Pour etablir un type moyen de vin ou plui6t les limites 
entre lesquelles , chaque annee , pour une region bien deter- 
min^e, la composition du vin est susceptible ae varier, il faut 
que ces variations ne soient pas trop grandes, autrement 
vous laisserez passer les fraudes legeres et vous n'arrSterez 
que les plus grossi^res, celles que Ton commet rarement 
parce qu il est facile de les decouvrir ; par ailleurs des limites 
trop etroites ou Tetablissement d'un type moyen pourraient 

(I) Cette etude a paru dgalement dans le Progres Agricole et Viticole 
de Montpellier* 



- 48 — 

avoir des inconv^nients pour les proprietaires eux-mSmes ; 
car k toute regie il y a des exceptions et ici plus qu'ailleurs. 

Les facteurs qui peuvent influer sur ces variations sont — 
comme chacun le sait — la nature du cepage, les soins 
donnes k la vigne , la region ou elle est cultivee (exposition 
et nature du sol), I'^poque de la cueillette, les conditions cH- 
materiques, les maladies, les procedes de vinification. II y 
aura done lieu de tenir compte de tons ces facteurs, et on voit 
deja que F^tablissement d'un type moyen de vin ou de types 
limit^s , devra fitre fait chaque annee et pour chaque cepage 
qui sera vinifie a part; ces divisions une fois ^tablies, il y 
aura lieu d'examiner dans chaque groupe , le degre d'impor- 
tance des autres facteurs sur la composition ; ce qui pourra 
donner lieu a d' autres divisions. On voit combien le probleme 
est complique si on veut s'entourer de toutes les garanties 
possibles. 

J'ai reuni, pour faciliter cette etude, dans un i®"^ tableau, 
es chiffres extremes et moyens donnant la teneur en alcool, 
acidite totale, extrait et cendres des differents cepages rouges, 
cultives et vinifies a part, en Anjou : 

Tableau I 



Alcool 



Acidite 
totale 




Maximum . 
Minimum. . 
Moyenne . . 

Maximum . 
Minimum. . 
Moyenne . . 



Maximum . 

Extrait sec^ Minimum.. 

Moyenne . . 



Cendres 



Alcool 
-|- acide 

Alcool 
Extrait 
reduit 



Maximum . 
Minimum. . 
Moyenne . . 

Maximum . 
Minimum. . 
Moyenne . . 

Maximum . 
Minimum. . 
Moyenne . . 



8" 7 

7.1 

7.9 

^'■• 
6.27 

4.1a 
4-83 

23.2 

19.04 

21.3 

2.75 

2.0 

2.47 

13.77 
II 90 

12.76 

4.18 
2.49 
3.i5 



ii°9 

9-7 

10.7 

gr- 

5.59 

4.21 

5. II 

24.76 
19.36 
23.56 

2.83 
1.68 
2.19 

17.39 
14.55 
15.84 

4.08 
3.20 
3.. 60 



CABERNET 
Sauvignon 




3.3i 
2.69 
3.09 



16.07 
12.77 
14.37 

3.40 
2.64 
3.01 



Une premiere remarque a faire , c'est que T^cart constate 
dans notre premiere etude sur les modts, ppur le degre 



— 49 - 

alcoolique, calculi d'apres le sucre, et gui pouvait s'elever k 
3<» ou /f*, ne se trouve plus aussi considerable dans le vin. 
Cela tient a plusieurs causes ; i® reehantillon de moM, 
malgr6 les precautions prises , ne represente pas toujours la 
moyenne de la cuve, surtout lorsque celle-ci est de grandes 
dimensions et n'a pas ete remplie dans la mSme journee ; 
2® on op^re souvent au decuvage ou bien au premier soutirage, 
des coupages qui unifient ainsi le vin ; 3° il y a toujours des 
pertes en alcooi pendant le cuvage , et d'autant plus grandes 
que le moftt etait plus sucre; elles dependent aussi du 
mode de cuvage et de la temi)erature de fermentation. Ainsi, 
toutes choses egales d'ailleurs, les pertes en alcooi ne se sont 
jamais elevees au-dessus de 2° en 1908 ; elles ont parfois 
depasse 3° en 1904; or, en 1908, les moMs etaient moins 
sucres et la temperature de fermentation moins elev^e qu'en 
1904. 

Passons a Texamen detaille du tableau precedent : Tin- 
fluencede Fannee est nette, il est inutile d'insister. L'influence 
du cepage se d^gage egalement dans ce tableau; on voit, 
quelle que soit Tannee, que I'acidite des vins de Cabernet est 
toujours plus faible que I'acidite des vins des autres c^pages. 
Le degre alcoolique est aussi generalement plus eleve; mais 
il ne semble pas y avoir une relation aussi etroite que pour 
les autres cepages et notamment pour les blancs, entre Talcool 
et Tacidite totale; ainsi, en 1904, nous avons autant d'acide 
et quelquefois plus qu'en 1903. II en resulte que la somme 
alcool-acide s'abaisse souvent, pour ces vins, au-dessous de 
i3 et de 12, 5; ce qui les ferait considerer comme mouilles. 
Le rapport de Talcool a I'extrait reduit se trouve, la plupart 
du temps , au-dessus de 3 et il pent atteindre 4 ; il siibit , du 
reste, des variations, danslem^me sens, pour tons les cepages, 
d'une ann^e a 1' autre. Si I'extrait sec est relativement faible, 
pour ces deux cepages, cela tient d'abord a I'acidite peu 
elevee et au mode de vinification le plus ordinairement em- 
ploye : egrappage et vin de goutte non melange avec le vin 
de presse. 

Je retrouve des chiflfres tr^s voisins des miens dans les 
tableaux d'analyse du Laboratoire municipal, concernant 
les vins rouges de Maine-et-Loire et, bien que le cepage ne 
soit pas design^ , il y a lieu de croire qu'ils se rapportent k 
des vins de Cabernet, qui sont les vins fins de la region. Les 
vins de Gamay et de Groslot s'eloignent moins de la moyenne 
gen^rale des vins rouges. 

Les hearts constates dans le degre alcoolique — maximum 
et minimum — des Cabernets , sont moins considerables que 
pour les deux autres cepages ; cela tient a ce que les echantil- 
lons proviennent d'une m^me region oii ces cepages sont sur- 
tout cultives et qu'ils sont soumis aux m^mes proc^des de 
vinification ; les autres cepages sont cultives dans toute I'^ten- 
due du d^partement, Le degr6 alcoolique du Groslot est moins 



— 50 - 

4le\6 que celui des autres vins; cela tient k la nature du 
eepage et a ce que, suivant Texpression du pays, c'est un 
plant d^abondance. 

Que pouvons-nous en conclure relativement au but que 
nous poursuivons? 

L'^tablissement de types de vin , pour une region , devra 
Stre fait chaque anneey surtout dans les regions extremes de 
la culture de la vigne ou la maturity n'est pas toujours com- 
plete, car les ecarts dans le degre alcoolique peuvent 6tre 
assez Aleves, les ecarts dans I'acidite sont bien plus faibles, 
ce qui nous donne, pour nos cepages rouges, une somme 
alcool-acide assez variable d'une annee a I'autre, surtout pour 
les cepages fins etqui-a une repercussion, du m^me ordre, 
sur le rapport de Talcool a Fextrait reduit. II yaura lieu de tenir 
compte aussi de la nature du eepage qui imprime son carac- 
t^re. Ainsi, nos vins rouges de Cabernet sont caracteris^s — 
nous venohsde le'voir — par une acidite relativement faible, 
qui n'est pas toujours en rapport avec Talcool et par un 
extrait ^ec egalement peu eleve, ce qui donne un rapport 
alcool-extrait plus fort que pour les vins des autres cepages. 
Les vins de Groslot sont moins alcooliques et plus acides. 
Les Gamays tiennent le milieu. Ces considerations , une fois 
etablies, etant donn6 que les differences entre les maxima et 
les minima, pour Falcool et Tacidite, ne sont pas tr^s grandes, 
pour nos vins rouges, je crois qu'il est possible, pour ces 
vins, d'etablir chaque annee, apre§ le deuxieme soutirage, 
pour chaque region et pour chaque eepage, deux types de 
vins. L'influence du terrain et de I'exposition se laisant 
sentir ; les procedes de vinification, pour une region, n' etant 
pas tres diuerents ; les soins culturaux et la conduite de la 
vigne, pour un m^me eepage, etant a peu pr^s les mdmes, 
I'etablissement de ces types, en tenant compte de Tannic, du 
eepage et de la region — les trois facteurs qui ont le plus 
d'mfluence — me parait done possible et d'autant plus qu'on 
melange souvent les vins rouges de plusieurs cepages, ce qui 
fait disparaitre une des principales causes de variations ; 
ces melanges nous ont touiom's, en effet, donne a Tanalyse, 
pour la meme annee, des chiffres tres voisins. 

Ces limites, ainsi etablies, ne sont ni trop grandes, ni trop 
etroites et pourront, je crois, rendre quelques services. Nous 
verrons, apres Texamen des vins blancs, ce que nous devons 
conclure sur Futilite d'un travail comme celui qui a ete fait 
ici depuis trois ans. 



* 



Pour les vins blancs, Tinfluence du eepage disparalt, pour 
notre region , car celui que nous cultivons presque unique- 
ment est le Chenin blanc ou Pineau blanc de la Loire. Mais 
nous nous trouvons ici en presence d'un eepage qui n' arrive 



— 51 — 

pas tous les ans, sur beaucoup de points de notre departe- 
ment, a maturity complete et nous allons trouver des ecarts 
considerables dans la teneur en alcool et dans Tacidit^, non 
seulement d'une ann^e a une autre , mais , pour le mSme 
departement et la mfime annee, d'une localite a une autre. 
De plus, Tepoque de la cueillette est tres ^tendue : il y a, 
entre les extremes, un6cart d'un mois etdemi. L' exposition, 
la nature du sol jouent un r6le marqu^ ; nous nous trouvons 
aussi en presence de procedes de vinification assez distincts. 
Les uns laissent se developper, sur le raisin, la pourriture 
noble, les autres vendangent sans exc^s de maturite ; ce qui 
nous explique les hearts considerables dans la teneur en 
Sucre des moAts. Enfin, la marche de la fermentation n'est 
paspartoutlam^me. Les uns font fermenter dans des celliers 
a une temperature suffisante pour que la transformation du 
^ucre en alcool soit assez rapide et complete ; les autres , 
comme dans le Saumurois, en mettant leurs moMs dans les 
magnifiques caves creusees dans la roche turonienne, ont 
une fermentation bien plus lente qui dure parfois plus d*un 
mois ; je parle de la fermentation principale qui est loin, 
dans ce cas, d'etre tumultueuse. 

Dans ces conditions, avec autant de facteurs qui viennent 
influer sur la composition des vins, on a des types assez 
diff<§rents, et si tous ontle fruite caract^ristique dd au cepage 
et qui est si appr^cie, ils sont loin de se ressembler, si on 
n'envisage, comme nous le faisons ici, que leur composition 
chimique. J'avais adopte autrefois, pour ces vins, une classi- 
fication bas^e sur leur teneur en sucreet je les avals divises : 
en vins liquoreux ayant plus de 4^ grammes de sucre par 
litre, vins demi-liquoreux de 20 a 4o grammes, vins demi-secs 
de 10 a 20 grammes et vins sees au-dessous de 10 grammes de 
Sucre par litre. Cette division n'est pas aussi arbitraire qne 
plusieurs ont pu le croire et bien qu elle n'ait rien d'absolu, 
on pent voir, parle tableau ci-joint, que ces vins, classes 
seulement d'apr^s leur teneur en sucre, ont beaucoup 
d' autres caracteres communs : les ecarts pour I'alcool, dans 
la m^me ann^e et m^me pour des annees differentes, ne sont 
pas tres grands , de m^me pour Tacidit^ et les autres compo- 
sants du jus ; leur somme alcool-acide est k pen pr^s cons- 
tante. A mesure que Ton se rapproche des vins sees, les 
hearts sont plus considerables et pour ces vins nous obte- 
nons des chiflfres trop eloignes pour sejpermettre — sans 
inconvenient — Tetablissement de types fimites. Ces ecarts 
tiennent k plusieurs causes : Tegoque de la cueillette, la 
marche db la fermentation, la taille de la vigne, les soins 
culturaux qui lui sont donnas et le pays d'origine. 



- 52 - 

Tableau II 



VINS 
liquoreux 



T^ , ( Maximum 

,^%^^ minimum. 

alcoolique (Moyenne.. 

. .,.., (Maximum 

Acidite Minimum. 

totaie (Moyenne.. 



Sucre 

non 

fermente 



Maximum 70.58 




Minimum. 
Moyenne.. 



Extrait (Maximum 

sec < Minimum. 

(non reduit)( Moyenne.. 



Cendres 



Alcool 
Acide 

Alcool 

Extrait 

reduit 



(Maximum 
< Minimum. 
( Moyenne. . 

Maximum 
Minimum. 
Moyenne.. 

Maximum 
Minimum. 
Moyenne. . 



44.44 
57.50 

q6.32 

88.*iO 
92.26 

2.2 
1.6 

1-9 

17.26 
17.04 
17.15 

3.3 
1.6 
2.45 



72.80 
5i.oo 
60. i5 

89.28 
6S.60 
75.92 

2.8 

2.04 

2.29 

18.23 
16. 1 
17.17 

5.68 

2.8 

4>2i 



34.28 
3i.5o 
32.89 

72.40 
64.00 
67.20 

1.7 
1.6 

1.65 

17.36 

17.34 
17.35 

2.1 

2.7 
2.4 



38.46 
20.00 
25.98 

56.72 

39.5 

47.28 

2.96 
1. 12 
1.82 

18.81 
16.61 
17.53 

5.7 
3.4 
4.1 



14.28 
10.52 
12.98 

42.4 
37.2 
4o.5o 

2 01 
1.72 
1.80 

19.22 
18.22 
18.67 

3.5 
2.6 
3.06 



VINS SEGS 



190a 



16.66 
10.87 
14.00 

41.8 

31.32 

35.84 

2.12 
1.20 
1.40 

18.64 
i5.oi 

X7.49 
5.00 

3.20 



1903 



100 8 

704 

9.21 

II. 7 
7.64 
9.00 

6.2 

1.25 
2.46 

3l.I2 
23.92 
28.00 

2.24 
1-40 
1.80 

19.27 
17.15 
18.35 

3.96 

2.28 



3 9 I 2.91 



10° 6 
606 

807 

gr- 
10.48 

6.86 
9.31 

4.07 
1. 00 
2.00 

4i.a 

22.64 

25.17 

3.12 
1.48 
2.18 

18.34 
16.27 
17.42 

3.55 
4.09 
4.81 



1904 
12° 4 

805 
10*8 

8.82 
5,19 

6.32 

8.93 
1.57 
3.80 

31.09 
19.12 
22.80 

2.12 
1.20 
1.58 

IQ.14 

14.87 
17.13 

5.36 
3.42 
4.00 



Si les trois premieres classes etaient bien delimitees comme 
region de production, on pourrait encore essay er Tetablis- 
sement de types limites , mais elles sont produites un peu de 
tons les cotes, cela necessiterait un trop grand nombre 
d'analyses ; auant k vouloir les etablir pour les vins sees , je 
ne crois pas la chose possible pour notre region, les hearts 
soiit trop grands. 

Si la chose n'est pas possible pour notre region et pour 
notre cepage , pour les raisons indiqu^es tout a I'heure , elle 
pent FMre, je crois, au meme titre que pour les vins rouges, 
pour d'autres regions et des cepages difP^rents. En voici deux 
exemples que je donne, en faisant cependant la reserve 
suivante, cest que je n'ai pas eu de tres nombreux echan- 
tillons entre les mains. 

. Je me suis procure, cette annee, avec toutes les garanties 
possibles, des echantillons de vins blancs naturels, au mSme 
c6page que le n6tre, mais provenant d'une region — le Loir- 
et-Cher — ou Tepoque de la cueillette est peu etendue , les 
procedes de vinification et les soins donnes a la vigne iden- 
tiques. Dans ces conditions les ecarts sont bien moins consi- 



- 53 — 

durables, les vins ont une composition chimique assez peu 
variable, et retablissement de types limites, par anni^e, serait 
possible. 

Enfin, j'ai eu entre les mains, des eehantillons de Muscadet, 
e^page de la Loire-Inferieure, cultive sur quelques points 
seulement en Anjou. 

Pour ce cepage, qui arrive plus souvent encore que le 
Chenin a maturity, qui est cueilli en un temps tres court, sans 
trace de pourriture, qui fermente completement, on obtient 
des vins dont la composition est peu variable , et la encore , 
retablissement de types limites, par annee, serait possible. 

En resume , pour arriver a Tetablissement de ces types de 
vins que quelques personnes r^clament pour essayer de 
diminuer les fraudes commises sur les vins, il y avait lieu, 
tout d'abord , de proceder k un premier travail — celui que 
nous venons de faire - pour voir quelle est Timportance, sur 
la composition des vins , des divers facteurs susceptibles de 
faire varier cette composition. On' arriver ait ainsi, chacun 

f)our sa region, a 6tablir des divisions dans chacune desquelles 
es causes de variations seraient peu nombreuses. Si ces causes, 
peu nombreuses , donnaient des variations peu etendues , il 
suffirait alors , chaque annee , de proceder pour chaque divi- 
sion k r analyse de quelques Eehantillons de moMs et de vins. 
II va sans dire que ces limites ne seraient pas absolument 
infranchissables ; m^ais seul le chimiste de la region d'ou le 
vin provient , ayant au moins le certificat d'origine du vin , 
pourrait se prononcer. Reste k savoir si les principaux int6- 
teresses donneront les moyens aux laboratoires de faire ces 
travaux. Est-il utile d*ajouter qu'en vue de la repression des 
fraudes, ce travail ne dispenserait d'aucune des mesures 
qu'on a cru devoir prendre, ni des regies qu'on a 6tablies ; il 
compieterait les unes et les autres et augmenterait ainsi les 
moyens qu'on a a sa disposition pour combattre les fraudeurs, 
mais on n'a pas la pretention de les faire disparaltre ! 
Lorsque la limitation sera impossible a etablir, un travail 
conrnie celui que je viens d'exposer, surtout s'il etait souvent 
renouvelE, rendrait encore des services, puisqu'il permettrait, 
comme je Tindiquais dans la premiere partie, aavertir les 
proprietaires , soit des d^fauts dans la composition du vin , 
soit des maladies dont il a contracte le germe , et de plus de 
signaler les anomalies dans cette composition dues au 
cepage , a Fannee , aux procEdes de vinification et a tons les 
autres facteurs que nouis avons passes en revue, anomalies 
qui pourraient le faire mal juger par des laboratoires etr angers. 
Les travaux generaux sur la composition des vins de France 
remontent dejaloin, et depuis nous avons eu la reconstitution ; 
les proced^s de culture et de vinification ont bien change 
dans beaucoup de regions, et tons ces changments n'ont pas 
ete sans avoir de repercussion sur la nature des vins. Un 
travail comme celui-ci, complete par un apergu sur la culture 



-Si- 
de la vigne et sur la vinification, fait dans chacpie region viti- 
cole de France, par la personne qui est le mieux en mesure 
de connattre cette r4^on , ne manquerait pas d'interSt. Au 
reste, il a ^te fait deja, je pense, pour bien des regions; 
il suffirait de Fetendre a toute la France viticole et de reunir 
tons ces documents. 



AGRICULTURE 



Action et efficacit^ des engrais sur les plantes 
suivant le mode de leur application au sol 

(suite) 
Par M. Lavall^e, membre titulaire 

EXPOSE DES RESULTATS 

Nous diviserons Texpose des recherches sur c6reales dans 
les champs n"^"^ i , 2 et 3 en trois grandes sections : 

La Section A , relative aux essais avec engrais potas- 
siques. 

La Section B, relative aux essais avec engrais phos- 
phates 

La Section G , relative aux essais avec engrais azotes. 

Section A — Engrais potassiques sur cdrdales 

La Section A des champs d'experiences sur cer^ales com- 
prend les essais avec engrais potassiques : sulfate de 
potasse, chlorure de potassium et kainite, 

Ces differents engrais ont ete experimentes a des doses 
variables, correspondant toutes a une m^me depense de 
42 fr. 75 a Thectare, comme nous Tavons pr^c^demment 
indique. lis ont ete melanges a toute la surface du terrain ou 
repartis en lignes sur des parcelles semees ensuite a la volee 
ou en Kgnes espacees de o™i6. Pour mettre en Evidence leur 
action , il y avait dans chaque champ deux series de parcelles 
t^moins ; en prenant pour terme de comparaison leurs 
recoltes moyennes, nous avions des bases d'appreciation 
plus exactes qu'en nous en tenant aux resultats a une seule 
parcelle. Nous ferons cependant remarquer que les diffe- 
rences de production entre les parcelles temoins ont ete 
insignifiantes , ce qui ne nous a pas surpris, etant donn^es 
toutes les precautions prises pour etablir notre champ 
d'experiences. 



— 55 — 

La section A des champs n^ i, 2 et 3 correspond k quatre 
series d'essais : 

La premiere, celle des parcelles t^moins. 

La deuxi^me , celle des parcelles avec sulfate de 
potasse. 

La troisi^me , celle des parcelles avec chlorure de 
potassium. 

La qnatrieme , celle des parcelles avec kalnite. 

Les resultats obtenus dans chaque s^rie sont resumes et 
pr^sent^s ci-dessous sous forme de tableaux. 

Resultats du champ n^ i 

Essais sur Avoine grise d'Hiver 

Tableau I. — Parcelles t^moins. Rendement et valeur 
de leur production a Thectare : 





Semis 
a la vol6e 


Semis 
en lignes espac^es de o»i6 




Parcelle n*» i 


Parcelle n*» a 




Recdte 

a 
Phectare 


Valeur 
argent 


Recolte 

a 
Phectare 


Valeur 
argent 


Grain 

Paille 


kil. 

2.790 

10.790 


fr. c. 
44640 
345 3o 


kil. 

3.025 

II. 145 


fr. c. 
35g 65 






Total 


i3.58o 


791 70 


14.170 


840 65 



La recolte des parcelles t^moins se chiffre done k 791 fr. 70 
avec le semis a la volee et a 840 fr. 65 avec le semis en 
ligne. 

Tableau II. — Parcelles avec 150 kilos de sulfate 
de potasse ^ Thectare (coM de la fumure 4^ &• 7^)* 
Rendement et valeur de la production a I'hectare : 



Grain , 
Paille. 



Total. 



engrais r6parti 

8UR TOUTE LA SURFACE 



Semailles 
a la vol6e 

Parcelle n* 3 



R6colte 

a 
I'hectare 



kil. 

3 i35 

11.680 

14.815 



Valeur 
argent 



fr. c. 
5oi 60 
373 75 

875 35 



Semailles 
en lignes 

Parcelle n' 4 



R^^lte 

a 
Phectare 



kil. 

3.3oo 

11.920 

15.220 



Valeur 
argent 



fr. c. 
528 » 
38i 45 

909-45 



ENGRAIS 

EN LIGNES 

Semailles 
en lignes 

Parcelle n* 5 



Recolte 

« 

a 
Phectare 



kU. 

3.235 

11.865 

I5.I0O 



Valeur 
argent 



fr. c. 
517 60 

379 70 

89730 



— 56 — 

DMuction faite da pnx d'achat de la fumure, nous rede- 
Yons par rapport aux parcelles t^moins (tableau I) un bene- 
fice de : 

4o fr. 90 dans la parcelle 3 sem^e a la volee et engrais 
r^parti de mSme ; 

26 fr. o5 dans la parcelle 4 sem^e en lignes et engrais 
r^parti a la volee ; 

i3 fr. 90 dans la parcelle 5 semee en lignes et engrais 
r^parti en lignes. 

La conclusion k tirer est celle-ci : 

Le sulfate de potasse a la dose de i5o kilos a V hectare 
a M plus efficace dans les semailles a la oolee que dans 
les semailles en lisnes ; il a donn4 de meilleurs r^sultats 
r^partis sur toute La surface que localise sous les sentences. 

Tableau III.— Parcelles avec 180 kilos de chlorure 
de potassium k I'hectare (cofLt de la fumure , 4^ fr. 76). 
Rendement et valeurs de la production a Thectare : 



Grain. 
PaiUe. 



Total 



ENGRAIS r6pARTI 

SUR TOUTE LA SURFACE 



Semailles 
a la vol6e 

Parcelle n« 6 



Recolte 

k 
Phectare 



kil. 

3.090 

10.090 

i3.i8o 



Valeup 
argent 



fr. c. 

494 40 

31IO 90 
8i5 3o 



Sem'ailles 
en lignes 



Parcelle n* j 



Recolte 

k 
I'hectare 



kil. 

3.580 

10.860 

14.440 



Valeur 
argent 

fr. c. 
572 80 
347 5o 



9210 3o 



ENGRAIS 

EN LIGNES 

Semailles 
en lignes 

Parcelle n' 8 



Recolte 

k 
Phectare 



kil. 

3.545 

10.675 

14.220 



Valeur 
argent 

fr. c. 
567 20 
341 60 



908 80 



En d^duisant le prix d'achat de la fumure et comparant 
les resultats ci-dessus avec ceux des parcelles sans engrais 
(tableau I) on trouve un benefice de : 

81 fr. o5 dans la parcelle n<* 6 semee a la vol^e et engrais 
r^parti de m^me ; 

36 fr. 90 dans la parcelle n° 7 sem6e en lignes et engrais 
reparti a la vol^e ; 

25 fr. 40 dans la parcelle n<* 8 sem^e en lignes et engrais 
reparti en lignes. 

Conclusion. — Ces resultats sont du mSme ordre et s'in- 
terpr^tent de la mfime maniere que ceux signales avec le 
suliate de potasse. 



Tableau IV. — Parcelles avec 570 kilos de kalnite 
& I'hectare (coftt de la fumure, 42 fr* 75). Rendement et 
valeur de la production a I'hectare : 



— 57 — 

ENGRAIS r6pARTI 

8UR TOUTB LA SURFACE 



Semailles 
a la vol6e 

Parcelle n« 9 



Recolte 

a 
1' hectare 



Grain. 
PaiUe. 



Total 



kil. 
2.^5 
9-775 



12.670 



Valeup 
argent 



fr. c. 
463 20 
3ia 80 

776 » 



Semailles 
en lignes 

Parcelle n' 10 



Recolte 

a 
Phectare 



kil. 

3.365 

10.190 

13.555 



Valeur 
argent 



fr. c. 
538 40 
3a6 10 

864 5o 



ENGRAIS 

EN LIGNES 

Semailles 
en lignes 

Parcelle n« 11 



Recolte 

k 
Phectare 



kil. 
2.855 
8.920 



II 775 



Valeur 
argent 

fr. c. 
456 80 
295 40 

752 25 



Apr^s avoir deduit le prix d' achat de Tengrais, il en 
r^sulte , comparativement aux parcelles temoins (tableau I) 
que la kainite laisse un deficit de : 

1 58 fr. 45 dans la parcelle n° 9 semee a la volee et engrais 
reparti de mSme ; 

18 fr. 90 dans la parcelle n° 10 semee en lignes et engrais 
reparti k la volee ; 

i3i fr. i5 dans la parcelle n° 11 sem^e en lignes et engrais 
reparti en lignes. 

Ces resultats etaient prevus d'apres les observations faites 
sur la lenteur de la lev^e et les vides produits par I'engrais. 
Nous verrons plus loin comment il faut employer la kainite 
pour qu'elle produise de bons effets. 

Resultats du champ n^ 2 (Section A) 
Essais sur Froment dAutomne (Ble Dattel) 

Tableau V. — Parcelles tdmoins. Rendement et valeur 
de leur production a I'hectare : , 



Grain. 
PaiUe. 



Total 



Semailles 
failes a la vol6e 



Parcelle n" 12 



Recolte 

a 
I'hectare 




9 200 



Valeur 
argent 



fr. 


c. 


452 


» 


279 


80 



73i 80 



Semailles 
en lignes 



Parcelle n' i3 



R6colte 

a 
I'hectare 




9-460 



Valeur 
argent 



fr. c. 
492 » 
280 » 



772 » 



En resume, la valeur de la production de la parcelle temoin 
sem^e k la vol^e se chiffre a 781 fr. 80 et a 772 fr. pour celle 
semee en lignes 



— 58 — 

Tableau YI. — Parcelles tdmoins avec 150 kil. de 
sulfate de potasse k I'hectare. (CoM de la fumure 
42 fr. 75.) Rendement etvaleur de la production a Thectare : 



ENGRAIS lUfePARTI 

8UR TOUTS LA SURFACE 



Semailles 
k la yol6e 

Parcelle n« i4 



R6colte 

k 
1 'hectare 



Grain, 
PaiUe 



Total. 



kil. 

2.325 

8.335 



10.660 



Valeup 
argent 



fr. c. 
)) 
40 



797 40 



Semailles 
en lignes 

Parcelle n» i5 



R6colte 

1 

a 
Phectare 



ii.i55 



Valeur 
argent 



kU. 


fr. 


c. 


2.655 


53i 


» 


8.5oo 


340 


» 



871 » 



ENGRAIS 

EN LIQNES 

Semailles 
en lignes 

Parcelle n« i6 



R6colte 

k 
Phectare 


Valeur 
argent 


kU. 
2.665 
8.490 


fr. c. 
533 » 
33960 


11.555 


872 60 



Deduction faite du prix d* achat de la fumure on constate 

Sar rapport aux parcelles t^moins (tableau V) que le sulfate 
e potasse laisse un benefice de : 

22 fr. 85 pour la parcelle n<* i4 semee k la vol6e et engrais 
r^parti k la volee ; 

56 fr. 25 pour la parcelle n<* i5 sem^e en lignes et engrais 
r^parti a la volee ; 

07 fr. 85 pour la parcelle n° 16 semee en lignes et engrais 
reparti en lignes. 

Conclusion. — Quel que soit le mode de semailles, Tapport 
de potasse sous forme de sulfate se traduit par une plus value 
assez elevee , la diff(6rence de i fr . 60 entre Tengrais epandu 
sur toute la surface et I'engrais agglomere sous les lignes est 
negligeable. 

Tableau VII. — Parcelles avec 180 kil. de chlorure 
de potassium k Thectare. (CoM de la fumure 42 fr. 75.) 
Rendement et valeur de la production a I'hectare : 



Grain. 
PaiUe. 



Total, 



ENGRAIS r6pARTI 

SUR TOUTE LA SURFACE 



Semailles 
a la volee 

Parcelle n" 17 



R^colte 

k 
Phectare 



kil. 
2.465 

7.755 

10.220 



Valeur 
argent 



fr. c. 
493 » 
3io 20 

8o3 20 



Semailles 
en lignes 



Parcelle n* 18 



R6colte 

« 

a 
I'hectare 



kil. 
2.680 
7«765 

10.445 



Valeur 
argent 



fr. c. 
536 » 
3io 60 

84660 



ENGRAIS 

EN LIGNES 

Semailles 
en lignes 

Parcelle n» 19 



Recolte 

k 
I'hectare 



kil. 
2.735 
7.555 

10.290 



Valeur 
argent 

fr. c. 
547 » 
3o2 20 

849 «> 



— 59 - 

En retranchant de la valeur totale de la r^colte le prix 
d'achat de la fumure, il y a par rapport anx parcelles t^moins 
(tableau n** V) un b^n^fice de : 

28 fr. 65 dans la parcelle n*» 17 sem^e k la vol^e et engrais 
reparti de mSme ; 

5i fr. 85 dans la parcelle n<» 18 semee en lignes et engrais 
reparti k la vol6e ; 

34 fr. 4^ dans la parcelle n^ 19 semee en lignes et engrais 
reparti en lignes. 

Conclusion. — L'emploi du chlorure de potassium laisse 
la r^colte en benefice, celui-ci est moins elev6 qu*avec le sul- 
fate de potasse, ici encore la localisation de la lumure ne pr^- 
sente pas un avantage marque. 

Tableau YIII. — Parcelles avec 570 kil. de kainite 
k I'hectare. (CoM de la fumure 42 fr. 75.) Rendement et 
valeur de la production a Fhectare : 



Grain, 
PaiUe, 



Total. 



ENGRAIS REPARTI 

8UR TOUTE LA SURF AGE 



Semailles 
k la yol6e 

Parcelle n' ao 



R6colte 

k 
Phectare 



kil. 
11.1185 
6.640 



Valeur 
argent 



fr. c. 
457 » 
ii65 60 



8.925 1 7aa 60 



Semailles 
en lignes 

Parcelle n* ai 



R6colte 

k 
Phectare 



kil. 
2.590 
6.920 

9 5io 



Valeur 
argent 



fr. c. 
5i8 » 
276 80 

794 80 



ENGRAIS 

EN LIONES 

S;emailles 
en lignes 

Parcelle n* 2a 



R6colte 

a 
Phectare 



kil. 
2.610 
6. 520 



9.i3o 



Valeur 
argent 



fr. 


c. 


522 


» 


260 80 



782 80 



Par rapport aux parcelles temoins (tableau V), Femploi de 
la kainite, laisse un deficit de : 

I fr. 95 dans la parcelle n<» 20 sem6e k la vol^s et engrais 
reparti de mSme ; 

19 fr. 95 dans la parcelle n® 21 semee en lignes et engrais 
reparti k la vol^e. 

5i fr. 95 dans la parcelle n<* 22 semee en lignes et engrais 
reparti en lignes. 

tHoNGLUSioN. — Elle est la mSme que celle que nous avons 
formulae apr^s les essais sur Favoine grise d'hiver : la kainite 
n'est pas un engrais a employer h la veille des semailles. 



R68ultat8 du champ n^ 3* (Section A) 

Essais sur Orge de Printemps 

La levee des parcelles ensemenc^es en c^r^ales d'automne 
ayant laiss6 k d^sirer dans les essais avec engrais potassiques 
et cela pour les raisons que nous indiquons & la fin de ce 



- 60 - 

chapitre nous n'avons ^tabU sur Torge de printemps qu'tme 
s^rie d*essais avec potasse , seul le sulfate de potasse a ^te 
experiments k la dose de i5o kil. a Thectare. 

Avant de sigualer les rSsultats obtenus nous ferons d'abord 
connaltre les rendements et la valeur de la production k 
Fhectare des parcelles t^moins semSes a la volSe ou en lignes 
et pour ne pas nous rSpSter nous donnons dans le m^me 
tableau la production de la parcelle n^ 26 semSe en lignes 
espacSes de o°»20, cette derni^re devant servir de tSmoin 
avec les prScSdentes dans les essais avec engrais phosphates. 

Tableau IX. — Parcelles idmoiDs. Rendement et valeur 
de la production k Fhectare : 



Grain, 
PaiUe. 



X OTi%.li ••*.■.• 



Semailles 
k la vol^e 



Parcelle n» a3 



R6colte 

a 
I'hectare 



kil. 

i.oaS 

4.685 



6.610 



Valeur 
argent 

fr. c. 

288 75 

i4o 55 



42930 



Semailles 
en lignes de o">i6 



Parcelle n» 34 



Recolte 

k 
Phectare 



kil. 
a.i65 

4.780 

6:945" 



Valeur 
argent 



fr. c. 
32^ 75 
143 40 



468 i5 



Semailles 
en lignes de o^ao 

Parcelle n» 25 



R6colte 

k 
Phectare 



kil. 

2.250 
3.780 



6.o3o 



Valeur 
argent 

fr. c. 
337 5o 
ii3 40 

450 90 



Comme Tindiquent les chiffres ci-dessus, la valeur totale 
de la recolte des parcelles t^moins est de 429 fr. 3o pour celle 
oui a et6 sem^e a la volee, de 468 fr. i5 pour celle semee en 
lignes espac^es de o™i6 et de 45o fr. 90 pour celle sem^e en 
lignes espacees de o^'ao. Examinons d'apr^s ces bases les 
r^sultats relev^s dans les parcelles avec engrais. 



Tableau X. — Parcelles avec 150 kilos de sulfate 
de potasse k Fhectare. (CoM de la fumure 4^ fr. ^5.) 
Rendement et valeur de la production a Fhectare : 



engrais r^parti 

SUR TOUTB LA SURFACE 



Semailles 
a la volee 

Parcelle n» 26 



Grain 

Paille 

Toi^ai^. 



R6colte 

« 

a 
Phectare 



kU. 
a. 200 
4.5ia 

6.712 



Valeur 
argent 

fr. c. 
33o » 
i35 35 

465 35 



Semailles 
en lignes 



Parcelle n' 37 



Recolte 

a 
Phectare 



kil. 
2.425 
4.750 



Valeur 
argent 



fr. c. 
363 75 
142 5o 

5o6a5 



ENGRAIS 

EN LIGNES 

Semailles 
en lignes 



Parcelle n" 98 



R6colte 

k 
Phectare 


Valeur 
argent 


kil. 
2.3oo 
4.300 


fr. c. 
345 25 
129 » 


6.600 


474 a5 



— 61 — 

Dans chacune de ces parcelles, la valeur de la r^colte, 
deduction faite du prix d achat de la fumurej est inferieure k 
celle des parcelles temoins (tableau IX). 

n y a moins-value de 6 fr. 70 dans la parcelle 26 sem^e h. 
la volee et engrais r^parti a la volee, 

4 fr . 75 dans la parcelle 27 sem^e en lignes et engrais r^parti 
k la volee, 

36 fr. 75 dans la parcelle 28 semee en lignes et engrais 
reparti en lignes. 

Ces essais demontrent : 1° Que le sol du champ n° 3 n'avait 
pas besoin de potasse ; 2° Que le sulfate de potasse ne devait 

Eas ^tre agglomere sous les semences. II en aurait proba- 
lement 6te de mSme avec les autres engrais potassiques. 



R6sum6 

des r^sultats obtenus avec les engrais patassiques 

sur les c^r^ales d'automne et de printemps 

En groupant les differents resultats que nous venous d'ana- 
lyser on constate, exception faite pour la kainite, que Fem- 
ploi des engrais potassiques pour Tavoine d'hiver comme 
pour le h\6 se traduit par d'heureux resultats. 

Le sulfate de potasse laisse sur la r^colte d'avoine un 
benefice moyen de 26 fr. 96 ; avec le chlorure de potassium il 
s'^l^ve k 47 fr. 78. Sur le ble , les resultats sont d'un ordre 
inverse, Temploi du sulfate de potasse procure un b^n^fice 
moyen de 45 fr . 65 k Fhectare tandis qu'il est de 3i fr . 65 avec 
le chlorure. Quoi qu'il en soit, et sans chercher a degager si 
le sulfate est plus avantageux que le chlorure, nous pouvons 
dire, en nous basant sur les r^coltes de 6 parcelles difl(6rentes, 

Sue les engrais potassiques ont laisse un benefice moyen de 
jfr* 36 pourl'aQoine d'hii^er et de 38 fr, 65 pour le bU, 

des resultats sont d*autant plus int^ressants que nous avons 
opere sur une terre trfes riche en potasse, puisqu'elle en ren- 
fermait 4^86 pour 1:000. N'est-ce pas, une fois de plus, la 
confirmation de faits souvent signales par la pratique agri- 
cole? Ne d^montrent-ils pas que I'analyse cMmique avec les 
moyens dont elle dispose a Theure actuelle ne saurait suffire 
a eUe seule pour ^tablir les besoins du sol en elements ferti- 
lisants? Elle doit toujours Stre contrdl^e par 1* analyse exp6- 
rimentale, c'est-a-dire Fanalyse du sol par la plante. 

Nous sommes d'autant plus convaincus du besoin de 
potasse assimilable dans des terres consid^r^es comme pou- 
vant se passer de cet Element que d'autres essais sur prairies 
artificiefies et prairies naturelles ont donn^ lieu aux mSmes 
remarques. 

Les insucces relev^s avec la kainite confirment ce que 
nous savons sur I'emploi de cet engrais. On ne doit jamais en 



— 62 — 

faire usage en m^me temps qu*on op^re les semailles, elle 
exerce sur la lev^e et le depart de la vegetation une action 
d^primante qui se fait sentir tant que les pluies n'ont pas 
entrain^ hors de la partie des racines les impuretes qu'eUes 
contiennent. G'est la ce qui explique les insucc^s des uns k 
c6t6 des effets heureux enregistr^s ehaque ann^epard*autres 
sur des terres et des cultures identiques. 

G'est deux mois au moins avant de confier les semences au 
sol qu'il faut y incorporer la kainite et si , pour une raison 
quelconque, on n'a pu op^rer ainsi, il faut s adresser comme 
source de potasse au chiorure de potassium ou au sulfate de 
potasse. Ce dernier aura la preference lorsqu'on se rappro- 
chera de Texecution des semailles. Mais Tunetrautre de ces 
engrais gagnent e^alement a ^tre melanges intimement au 
sof quelques semames avant Tensemencement. On ne peut 
done songer a les localiser au voisinage des sem^ences. G*est 
d'ailleurs ce qui ressort de Tensemble des chiffres releves 
dans la section A de nos trois champs d' experiences. 



Section B — Engrais phosphatte sur G^r^ales 



Les recherches sur les engrais phosphates ont porte , 
comme nous Tavons pr6c6demment indique, sur avoine grise 
d'hwer, bU d'automne et orge de printemps, 

Ces differentes cereales ont ete sem^es a la volee ou en 
lignes espacees de o°^i6 et de o°^20. 

Les engrais ont ete epandus avant les semailles sur toute 
la surface ou agglom^res sous les lignes. Nous avons fait 
usage de superphosphate et de scories de dephosphoration 
k doses variables, afin de determiner : 1° jusqu'a quel point 
leur emploi etait economique ; 2° la forme sous laquelle 
Tacide phosphorique convient le mieux dans les terrains 
analogues aux ndtres ; 3° les avantages que presente pour 
ces engrais la repartition en lignes. 

Nous avons experimente des doses de 4oo et de 600 kilos 
de superphosphate a Fhectare, soit une depense de 29 francs 
ou de 45^ fr. 5o, correspondant a 485 kilos et 726 kilos de 
scories a 6 francs les 100 kilos. 

Les resultats obtenus sont reunis dans la Section B des 
champs n"^ i , 2 et 3 eX, pour les rendre plus comparables , 
nous les avons egalement chiffres en argent, en cotant, 
comme cela a ete dit precedemment, Favoine 16 francs, le 
bie 20 francs, Forge i5 francs les 100 kilos ; la paille d'avoine 
Sa francs, celle de bie ^o francs et celle d'orge 3o francs la 
tonne. 



>v .Zr' ^ r ""1 - •■■' 



Ridsilltats du ciiaxtip Ix^ i 
Culiure d'A^oioe griae d' 



») Essais ai^ec les superphosphates 

Ava&t de passer k rexamen des rendements obtenus avec 
ces engfais, nous allons d'abbfd presenter ceux des parcelles 
ternoins sans engrais seniles k la volee ou en lignes espaeees 
de o"*i6 dans un cas et de o"^20 dans Fautre. 



Tableau XI. — Rendemtot et valeurs comparatifs de la 
production a T hectare des parcelles t^moins $ans 
engrais : 



Semailles 
a la yolee 



Parcelle n* ag 



Grain. 
PaUle . 



Total, 



Recolte 

k 
Phectare 

kiL 
a. 835 
10.280 

i3.ii5 



Valeur 
argent 



fr. c. 
453 60 
328 95 



782 55 



Semailles 
en lignes d« o»i6 

Parcelle n" 3o 



Recolte 

k 
I'hectare 

kil. 

3.i35 

10.535 



13.670 



Valeur 
argent 

fr. c. 
5oi 60 
337 10 



838 70 



Semailles 
en lignes de o*°9o 



Parcelle n* 3i 



Recolte 

a 
Phectare 



kil. 
3 020 
10.535 

13.555 



Valeur 
argent 

fr. c. 
483 20 
33;? 10 

820 36 



Nous n'analyserons pas les resultats fournis par chacune 
de ces parcelles suivant le mode de semis adopte, nous nous 
contenterons de faire remarquer que la production totale de 
la parcelle n° 29, semee a la volee, se chiffre a 782 fr. 55 a 
rhectare, que celle de la parcelle n° 3o, semee en lignes 
espaeees de o^'iG, est de 83o fr. 70, et que celle de la parcelle 
n« 3i , sem^e en lignes espaeees de o'^ao, est de 820 fr. 3o. 



* 



Essais avec superphosphate 
aux doses de 400 et de 600 kilos ^ Thectare 

- dans des parcelles d'avoine grise d*hwer sem^es a la voUe 

La parcelle n° 32 a ete semee k la volee apres avoir re^u 
400 kuos de superphosphate a Thectare , et la parcelle n° 33 
a 6te sem6e de mSme apr^s en avoir regu une quantity corres- 
pondant a 600 kilos a Thectare. 



Tableau XII. — Rendement et valeur comparatifs de la 
production de ces parcelles a Thectare : • 



Grain. 
PaiUe. 



— 64 — 



400 kil. superphosphate 

k I'hectare 

r^parti sur toute la surface 

Semailles 
k la vol^ 



Parcelle n' 3a 



R^colte 

k 
I'hectare 



kil. 

3.145 

lo.Sio 



Total 



13.455 



Valeur 
argent 



fr. c. 
519 ao 
3a9 90 



849 10 



600 kil. superphosphate 

a Phectare 

r^parti sur toute la surface 

Semailles 
k la volee 

Parcelle n» 33 . 



R^colte 

k 
I'hectare 

kil. 

3.400 

ii.aSo 

14.680" 



Valeur 
argent 



fr. 

5/ 



c. 

» 

90 



904 90 



DMuction du prix d' achat de Tengrais la Taleur de la r^colte 
de la parcelle n° 82 est de (849 fr. 10 — 29fr.) = 820 fr. 10 et 
celle de la parcelle n<> 33 de (904 fr. 90 — 4^fr. 5o) = 861 fr. 40. 

Conclusion. — Par rapport a la parcelle n° 29, t^moin 
sans engrais, le superphosphate k la dose de 400 kilos a 
rhectare laisse un benefice de 3j fr. 55 et de jSfr. 85 k 
la dose de 600 kilos. 

L'utilite de I'engrais phosphate dans les parcelles sem^es 
h. la volee se trouvant ainsi mis en relief, voyons comment 
il s'est comporte dans les semailles en lignes selon qu'il a 
€ii reparti sur toute la surface on en lignes sous les 
semences. 

(A snwre.) 



Le G^rant, G. Grassin. 



A.ngerB, imp. Germain et G. Grassin. — 1067-5. 



BULLETIN MENSUEL 

DE LA 



r F 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 

D'ANGERS 

et du d^partement de Maine-ei-Loire 



Proc^s-verbal de la stance du 29 avril 1905 



Pr^sidence de M. le comte de Blois , senateur 



Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, Huault-Dupuy, 
Jamin, A. Huau, D"^ Sigaud, membres du Bureau; M. Gilles 
Deperri^re, vice-pr6sident d'honneur; 

MM. Lavallee, Halope, Betton-Allard , Massignon, Daign^re, 
Lair, Urseau, Paul Brichet, Rene Bizard, de Lavergne, Paul 
Sigaud fils, L6on Bourcier, Hacault, Normandi^re, Mignot, Paul 
Lorin, Kiehl, Fourmond ills, Fabb^ Hy, Flore stan Bauge, Edouard 
Lafarge. 

M. le baron de Villebois-Mareuil s'est fait excuser. 

— M. le D"^ Sigaud donne lecture du proces-verbal de la prece- 
dente seance. Ce proces-verbal est adopte sans observations, 

— M. le professeur Lavallee, membre titulaire, donne lecture 
de son travail sur « les betteraves destinees k 1' alimentation du 
b^tail ». 

M. le comte de Blois remercie M. Lavallee de sa tr^s interessante 
communication qui sera lue avec profit par tous nos societaires , 
dans un de nos prochains bulletins mensuels. 

— M. Maurice Massignon, membre titulaire, parle du chauiTage 
au bois et de ses avantages au point de vue hygienique. 

M. le President adresse ses remerciements a M. Massignon qui 
a cherch6 k indiquer un moyen pratique de d6velopper la consom- 
mation du bois de chauffage delaisse de plus en plus et remplac6 
par des combustibles dontiles inconvenients au point de vue 
hygienique principalement sont beaucoup plus glands. 



- 66 — 



— M. le comte de Blois prend k son tour la parole pour faire 
plusieurs communications importantes a ses collogues. II les 
en£^age k ^tudier les moyens pratiques d'empficher la propagation 
et renvaJiissement dans notredepartement des rongeurs appeles 




lejpi 

prevenu les conseiilers y6n6raux de Maine-et-Loire qu'une inva- 
sion de campagnois 6tait signal6e dans le canton de Montreuil- 
Bellay, dans la commune du Coudray-Macouard, et a demand^ 
au Conseil g^n^ral de voter une subvention permettant d'en- 
treprendre la destruction de ces rongeurs. A ce jpropos , M. Ren6 
Bizard dit que dans les Deux-S^vres les pouvoirs publics n*ont 
rien fait de pratique, aussi les d^g&ts occasionnes par les campa- 
gnois n'ont-ils cess6 d'augmenter. 

Le virus preconise par I'lnstitut Pasteur et employe dans ce 
d^partement n'a pas donne de resultats appreciables, parce qu*on 
ne Ta pas employe imm6diatement , k retat frais (ce virus, en 
effet, n etant plus efficace apr^s une quiazaine de jours de prepa- 
ration); d'un autre c6te, les paysans n'ont appliqu6 aucune dili- 
gence et aucun empressement a faire le traitement. 

— M. le comte de Blois entretient ensuite I'Assemblee de I'orga- 
nisation du concours agricole regional qui doit avoir lieu a 
Angers en 1907. 11 rappelle que la Soci^te des Agriculteurs de 
France a vote une somme de 26.000 fr. dans ce but et Ta charge 
d' organiser ce concours sous sa responsabilite. On a reconnu 
qu'aucun departement ne pouvait offrir, au point de vue de Ten- 
tente agricole entre toutes les Societes et Comices agricoles de 
Maine-et-Loire, un pareil ensemble, aussi la Societe des Agricul- 
teurs de France n'a-t-elle pas hesite k choisir notre departement 
pour b^neficier de ses largesses. 

Ce concours tres important, puisque 12 departements de FOuest 
pourront y prendre part, sera divise en plusieurs parties ou sec- 
tions : 

La partie hippique sera conflee a la Soci6te hippique d' Angers 
dont le devQue president, M. R. de Terves, nous a promis le 
concours avec enthousiasme. ^ 

La partie agricole sera organisee par notre Societe et le Syn- 
dicat agricole d'Anjou qui auront la priacipale initiative. 

Quant a la partie viticole, la Societe des Viticulteurs de France 
se chargera de lui donner tout Teclat possible. A cette occasion, 
MM. Viala et Prosper Gervais ont Tintention d' organiser un Con- 
gres international de viticulture k Angers de concert avec 1' Union 
des Viticulteurs de Maine-et-Loire, On en profitera pour faire des 
excursions et visiter les vignobles etles chais les plus interessants 
de I'Anjou. Nous serons tres heureux, dans la circonstance, d'user 
des bons services du nouveau Syndicat d'initiative de I'Anjou qui 
a ete cree ce mois-ci et auquel M. le comte de Blois souhaite 
beaucoup de succes. 

A cette partie pratique du concours regional sera ajout^e une 
partie theorique. 

11 y aura ainsi un Congr^s d'enseignement agricole dont la 
Society des Agriculteurs de France se chargera de Torganisation. 

II y aura de mSnte un Congr^s des Syndicats agricoles des 
departements appeles a prendre part au concours. 



-67- 

Afln d'arriver k une bonne organisation, on cr^era k la Society 
Industrielle un bureau permanent dont la direction principale 
sera confiee au secretaire general et au vice-secretaure de la 
Soci^te Industrielle et Agricole d' Angers ; au secretaire-general 
et au directeur du Syndicat agricole a Anjou. 

M. le comte de Blois demande ensuite k FAssemblee de vouloir 
bien affilier la Society Industrielle et Agricole d' Angers au Syn- 
dicat d'initiative de TAnjou. 

Cette proposition revolt un accueil favorable et il est decide 
que nous nous inscrirons pour une cotisation annuelle de 20 fr. 

— M. Marcel Vacher, president du Syndicat cree pour facUiter 
la vente des animaux, offrira au moment du concours de 1907, au 
nom de son Syndicat, un objet d'art au plus bel animal ou au 
plus bel ensemble d'animaux. 

Pour le remercier, -notre Society adherera au Syndicat dont la 
cotisation annuelle est de 10 fr. 

II est decide, en outre, que la Soci6t6 Industrielle, d'apr^s la 
demande de notre distingue coll^^e M. de la Morini^re , offrira 
une medaille d*argent a I'Exposition d' Horticulture qui doit avoir 
lieu en juin, rue du Quinconce. 

— Reception des Candida ts presentes le i®'* avril igoS : 

MM Henri Laigre , directeur d' assurances , proprietaire-viticul- 
teur, 48, rue Delaftge, Angers; Paul Bail, proprietaire-viticulteur, 
k Maligne (Martigne-Briand), et 210, rue d!e Rivoli, Paris; Eugene 
Hamon, proprietaire-viticulteur, k Rosseau, commune de Brain- 
sur-rAutnion; Edouaxd Cheignon, proprietaire-viticulteur, k 
Ingrandes, et 7, rue Gu6pin, 4 Nantes, sont tons re^us k Funani- 
mite des voix. 

— Presentation de candidats : 

MM. Philippe de Saint-Martin, proprietaire-viticulteur, a Mon- 
treuil-Bellay, et 14, rue des Lices, k Angers, presente par 
M. Maurice Massignon et M. le D^ Sigaud; le vicomte de Monti, 
proprietaire au cMteau des Mines, par Doue-la-Fontaine , pre- 
sente par M. le comte de Blois et M. le D^ Sigaud; Alfred Pineau, 
propri6t8iire-viticulteur, k Beaulieu, presente par M. Maurice 
Massignon et M. le D^ Sigaud; Charles-Eugene de Terves, pro- 
prietaire-viticulteur, k Saint-Lambert-du-Lattay , i)resent6 par 
M. le comte de Blois et M. le commandant de Padirac; I'abbe 
Gasni6, proprietaire-viticulteur, k Souzay, presente par M. le 
comte de Blois et M. le D"^ Sigaud. 

L'ordre du jour etant 6puis6, la stance est lev^e k 4 heures. 

Le Secretaire g^n^ral^ 

D^ P. Sigaud. 



— 68 — 



Note sur I'extension que pourrait prendre 
la consommation du bois par un nouveau 
mode de combustion. 

Par M. Maurice Massignon, membre titulaire 

La baisse de prix des bois de cUiaiufrage ne fait que 
s'accentuer d'annee en annee. 

Quelle est la cause de cette crise ? 

Serait-il possible d'y porter remede ? 

Evidemment la principale cause de la crise actuelle repose 
tout entiere dans Temploi des charbons de terre qui s'est 
repandu jusque dans les campagnes ; puisqu'on veut quel- 
quefois dans les fermes faire cuire des aliments destines aux 
^nimaux avec des charbons de terre ! 

Le charbon a egalite de calories occupe beaucoup moins 
de place, ne demande pas k ^tre mis a Tabri, est d'un 
transport moins coilteux. 

Mais ce qui a surtout enray6, dans les villes, la consom- 
mation du bois de chauffage, c'est Tapparition des poeles dits 
a combustion lente, 

C'estFingenieur Chouber ski quia compris, le premier, que 
la cheminee telle qu*on la construit actuellement est un 
goufTre a combustible, qui utilise de i o/o a 5 o/o du combus- 
tible briile et renvoie le reste dans Tatmosphere. 

Son poele permettait au contraire d'utiliser la i)lus grande 
partie des calories produites , parce que le foyer etait a Vin- 
terieur de la piece a chauffer, et que Tappel d'air exterieur 
necessaire a la combustion etait tres minime. II entrait done 
peu d'air froid du dehors, et Tatmosphere ambiante se 
rechauffait autour du poSle par suite du brassage de Fair, dil 
justement a la chaleur d^gagee. 

De telle sorte que Teconomie produite par ce nouveau 
systeme apparut si grande, que presque instantan^ment la 
consommation du bois de chauffage tomba dans des pro- 
portions enormes. 

Les nombreux empoisonnements mortels produits par la 
combustion trap lente de ces sortes de ponies n'enrayerent 
pas Tengouement du public pour ce mode de chauffage. 

On pent dire aujourd'hui qu on ne trouve pas une maison, 
pas un appartement qui n'aient son poele plus ou moins rou- 
lant et plus ou moins empoisonnant. 

Mais je puis dire aussi que tous ceux qui se chauffent par 
ce procede eprouvent des maux de tete, des maux d'estomac, 
des troubles de toutes sortes. 

Gela tient tout simplement a ce que dans tous ces appareils 
la combustion est trop lente, Et elle est trop lente parce que 



— 69 — 

si on la rend plus vive, la chaleur devient insupportable 
comme temperature et comme secheresse (I'eau contenue dans 
Fair est absorbee tres vite et F^tat hygrometrique baisse 
trop); on la rend trop lente aussi, parce que lorsquelle est 
trop vive, ee mode de chauffage devient cher. 

Enfin, un grand et incontestable avantage de ces podle&est 
la combustion continue avec recharge facile et a grands inter- 
valles de temps. 

En 1901, la Soci6t6 des Agriculteurs de France, justement 
emue des doleances des proprietaires de bois, institua un 
concours d'appareils se cnauffant an hois. 

Un seul concurrent , M. Faye, constructeur a Juvisy, fat 
retenu par la commission et ses appareils furent exp^ri- 
mentes au laboratoire de la Soci^te par le tres regrette 
M. Aubin. 

Rapport Aubin. — Une installation complete des diffe- 
rents types construits par M. Faye fut faite dans le bureau 
du laboratoire qui mesure 76 metres cubes. A cet effet 
M. Faye adapta a la cheminee une plaque munie d'une base 
pouvant recevoir le tuyau de fum^e d!e ses appareils. II fit 
venir une provision de bois de chSne et de charme pour une 
experience de quinze jours environ. 

Dans les premiers jours de Janvier, je recevais deux poeles, 
un grand et un petit modele, et le 6 de ce mois, je commen- 
^ais Texperience avec le premier de ces appareils. 

Entre le po^le et la cheminee, M. Faye interposa un 
cyUndre en t6le travers6 par des tubes egalement en t6le 
destines k chauffer Tair ambiant et, par ce fait, a recuperer 
la chaleur entrainee en pure perte dans les produits de la 
combustion s'echappant par la cheminee. 

Avec le podle n° 4 (1^ pl^s grand de ses appareils), on 
brMe facilement du bois d'un trait et entre 8 heures du matin 
et 6 heures du soir, un nouveau chargement est, seul, neces- 
saire vers i heure de I'apres-midi. Par une temperature exte- 
rieure de o a 5 degres, nous n'avons brMe que i5 kil. debois 
pour chauffer reguli^rement une piece a peu pres double de 
celle oil nous operions ; c'est une depense d'environ o fr. 80, 
au prix ou Ton vend le bois k Paris, pour un cube d'air de 
i5o metres cubes. 

L'allumage est facile et rapide, et au bout d'un quart 
d'heure Tair de la piece se trouve suffisamment echauff(6 pour 
qu'on puisse le constater facilement. 

Aucune mauvaise odeur ne se degage. Quant au refoule- 
ment des gaz d,e la combustion, il est peu k craindre si Ton a 
soin d'etablir un coude emboite sur la base de la plaque de 
cheminee. 

J'ai mesure la temperature des gaz de la combustion a 
leur sortie et j'ai constate qu'elle varie de 65 k i3o degres. 
Ces chiffres demontrent qu'on perd encore beaucoup de 



— 70 — 

chaleur par les dispositifs employes et qu'on aurait le plus 
grand interSt a avoir des recup6rateurs dans le genre du 
cylindre ei/tdle que M. Faye met k la suite de son poSle. 

Le i8 Janvier, on substitua le po6le n° i au grand modele 
et Ton fit, chaque jour, une ration de bois de lo kil., soit, 
a Paris, une depense de o fr. 54. 

Dans le n° I, la marche fut moins bonne; mais, comme 
pour le n° 4j deux chargements furent suffisants pour ali- 
menter de 8 heures du matin a 10 heures du soir. 

La combustion ^tant presque tombee, nous eonstat^mes 
encore dans les gaz, a leur sortie, une temperature de 
5o degres. 

Comme ces appareils ne pr^sentent pas toujours une 
herm^ticite sumsante et que les gaz de la combustion 
peuvent se r^pandre dans la piece, il Itait bon d'en faire une 
analyse dans les conditions ou Foxyde de carbone pent 
prendre naissance, c'est-a-dire quand le bois est entierement 
carbonis6 et que la braise est encore rouge. Un prelevement 
fait au moyen de la trompe a mercure a donne aT analyse les 
chiffres suivants : 

Oxyg^ne 16 00 

Acide carbonique 5 69 

Oxyde de carbone o 07 

Azote 78 24 

100 00 

Dans ces ponies, la combustion etait done aussi satisfai- 
sante que possible. D*un autre c6te, la combustion se faisant 
dans une cheminee en terre refractaire, on n'a pas a craihdre 
les reactions de la fonte sur les composes du carbone. 

On mit fin k I'experience, le la fevrier, en concluant a 
Futilisation des poeles de M. Faye pour Femploi du bois dans 
le chauffage des appartements et des maisons , mais tout en 
desirant que Finventeur perfectionne ses r^cuperateurs , afin 
de retenir la plus grande partie de la chaleur perdue et 
entrainee dans la cheminee. 



Je tiens bien a insister sur ce fait, que la proportion 
d' oxyde de carbone produite dans le gaz provenant de la 
combustion n'est que de 0,07 pour 100, alors que dans les 
appareils a houilfe elle ne descend jamais au-dessous de 
2 pour 100, c'est-a-dire 28 fois plus petite dans le premier 
cas que dans le second. 

Je me suis muni cet hiver d'un poele Faye, et je dois dire 
que la chaleur degag^e est tres agreable, qu'il n'y a pas 
degagement de la moindre odeur. Ma famille n'a jamais 
eprouve , comme precedemment avec la houille , de maux de 
tite. L'allumage est tres facile; on pent brftler n'importe 



- 71 — 

quel bois ou dechet; le reglaffe est commode et, lorsque 
1 appareil marche k vitesse moderee, on pent tres bien ne le 
recharger que toutes les 12 heures. 

Mais je crois qu'il reste encore un perfectionnement a 
apporter, c'est celui d'une meilleure utilisation des gaz 
d echappement, surtout lorsqu'on marche k grande combus- 
tion. 

Les ponies vont bien, mais je consid^re que le perfection- 
nement dont je parle les rendrait tres superieurs aux ponies 
k houille a tons les points de vue. 

Notre Societ6 fait les plus grands efforts pour encourager 
agriculteurs et viticulteurs ; je lui demande de ne pas oubher 
les sylviculteurs et , si cela etait possible , de faire elle aussi 
un concours d'appareils k combustion par le bois. 

Je trouve que la Society des Agriculteurs de France a trop 
restreint son concours en n'admettant que les appareils de 
chauffage ; car s'il etait possible de brMer dans les appareils 
dits « cuisini^res » du Dois, nous aurions la un debouche 
^norme. 

Nous portons notre argent en Angleterre , en lui achetant 
ses charoons. Pourquoi ne pas chercher plutdt un moyen 

Sratique de consommer des bois de chauffage gui n'ont plus . 
e valeur, le charbon de bois ^tant de moins en moins 
employe et T^corce perdant tous les jours de sa valeur, par 
suite aes proc^d^s nouveaux de tannage. Remarquez bien, 
Messieurs, qu'en aidant les sylviculteurs, vous ne feriez que 
rendre un immense service a Tagriculture , puisque les bois 
sont les regulateurs indispensables du climat. Si les bois 
arrivent a retrouver leurs anciens prix de vente , les reboi- 
sements se feront a grande allure, comme s'est faite la recons- 
titution des vignobles; et les agriculteurs n'auront plus k 
redouter les changements brusques de temperature ni les 
inondations. 

Si notre Societe se decidait a faire le concours dont je 
parle plus haut, il serait a desirer qu'une tr^s grande publi- 
cite lui fM donnee; c*est le public qu'il faut convaincre; il 
faut lui prouver que sa bourse et sa sante sont toutes deux 
int^ressees a lui voir changer son mode de chauffage. 



- 72 - 



AGRICULTURE 



Action et efEicacit^ des engrais sur les plantes 
suivant le mode de leur application au sol 

(suite) 
Par M. Lavall^e, membre titulaire 

h) Essais avec superphosphate 

aux doses de 400 et de 600 kilos k I'hectare 

dans des parcelles d'a^^oine grise d'hiver seniles en lignes 

espacdes de o^i6. 

La parcelle n° 34 a ete semee en lignes espaeees de o™i6, 
elle a regu 4oo kil. de superphosphate epandu a la volee, la 
parcelle n° 35 a ete semee dans les mSmes conditions, mais 
1 engrais a ete place sous les lignes. Les m^mes essais ont ete 
repet^s dans les parcelles n° 36 et 3'j avec 600 kil. de super- 
phosphate. 

Tableau XIIL — Rendement et valeur comparatifs de la 
production a Thectare : 



400 kil. de superphosphate 
a I'hectare 



Epandu 
a la volee 



Parcelle n» 34 



Grain .... 
PaiUe 

Total 



R6coIte 
I'hectare 



kil. 

3.3oo 

10.765 



14.065 



Yaleur 
argent 



fr. c. 
528 » 
344 5o 



Epandu 
sous les lignes 



Parcelle n" 35 



R6colte 
riiectare 



kil. 

3.510 

10.555 



Valeur 
argent 



600 kil. superphosphate 
a Phectare 



epandu 
a la volee 



Parcelle n* 36 



R6colte 
I'hectare 



fr. c. kil. 
56i 60 3.580 
337 75 11.535 

899 35|i5.ii5 



valeur 
argent 



fr. c. 
572 80 
369 10 



941 90 



epandu 
sous les lignes 



Parcelle n® 37 



R6colte 
I'hectare 



kil. 

3.610 

II.630 



15.240 



Yaleur 
argett 



fr. c. 
577 60 
372 1 5 



949 75 



872 5o 14.065 

Deduction faite du prix d'achat de Tengrais, la valeur nette 
de la production de ces quatre parcelles est la suivante : 

Parcelle n° 34, 843 fr. 5o, soit une plus value de 4 fr . 80 sur 
la parcelle t^moin (n° 3o) ; 

Parcelle n° 35, 870 fr. 35, soit une plus value de 3i fr. 65 sur 
la parcelle temoin (n° 3o) ; 

Parcelle n° 36, 898 fr. ^o, soit une plus value de Sq fr . 70 sur 
la parcelle temoin (n^ 3o) ; 

Parcelle n° 37, 906 fr. 25, soit une plus value de 67 fr. 55 sur 
la parcelle temoin (n° 3o). 

D'ou il ressort que le superphosphate place sous les lignes 
procure un benefice supplementaire de ^i fr. 65 — 4 fr* 80) 
= 26 fr. 85 a la dose de 400 kil. et de (69 fr. 55 — 69 fr. 70) 
= 7 fr. 85 a la dose de 600 kil. 



- 73 - 

c) Essais avec superphosphate 

aux doses de 400 et de 600 kilos k I'hectare 

dans des partelles d'avoine grise d'hiver sem^es en lignes 

espac^es de 0^20 

Les essais de la serie b sont repet^s dans les pareelles 
n°^ 38, 89, 4o et 41 senates en lignes espacees de o™2o. 

Tableau XIV. — Rendement et valeur comparatifs de la 
production a Thectare : 



400 kil. de superphosphate 
a I'hectare 



Grain 
PaiUe. 



Total 



epandu 
a la volee 



Parcelle n» 38 



^paiidu 
sous les lignes 



Parcelle n' 39 



600 kil. de superphosphate 
a I'hectare 



epandu 
a la volee 



Parcelle n" 40 



Rficolte 

d 
I'hectare 



kil. 

3.195 

I0.850 

14*045 



Yaleur 
argent 

fr. c. 
5ii 5iO 
547 20 



858 40 



R6colte 

d 
1 'hectare 

kil. 

3.410 

10.790 

14.200 



Valeur 
argent 



fr. c. 
545 60 
345 3o 

890 90 



R6colte 

a 
I'hectare 



kil. 

3.550 

10.920 



14.470 



Valeur 
argent 



fr. c. 
568 » 

34945 
917 45 



epandu 
sous les lignes 



Parcelle n® 41 



R6colte 
I'hectare 



kil. 

3.640 

io.53o 



14.170 



Valeur 
argent 



fr. c. 
582 40 
336 95 



919 35 



En deduisant de la valeur totale de la reoolte le prix d'achat 
de I'engrais (29 fr. ou 43 fr. 5o) la valeur nette de la produc- 
tion de chacune de ces pareelles est la suivante : 

Parcelle n° 38, 829 fr . 4^, soit une plus value de 9 fr . 10 sur 
la parcelle temoin (n^ 3i) ; 

Parcelle nP 39, 861 fr. 90, soit une plus value de 4i fr- 60 sur 
la parcelle temoin (n° 3i) ; 

Parcelle n^ ^o, 873 fr. 96, soit une plus value de 53 fr. 65 sur 
la parcelle temoin (n** 3i) ; 

Parcelle n° 4i> 875 fr. 85, soit une plus value de 55 fr. 55 sur 
la parcelle temoin (n^ 3i). 

Dans cette deuxieme serie d' essais, I'engrais agglomer6 
donne un benefice supplementaire par rapport a la ftimure 
en plein de (4i fr. 60 — 9 fr. 10) = 32 fr. 5o a la dose de 
400 Ikil. a rhectare et de (55 fr . 55 — 53 fr. 65) = i fr . 90 a la 
dose de 600 kil. 

Conclusion. — De cet ensemble de resultats il ressort : 
1° Que le superphosphate aux doses de 400 ou 600 kil. k 
rhectare a ete d'un emploi economique puisque dans toutes 
les pareelles la recolte est en excedent; avec la plus faible 
dose, le.benefice moyen est de 24 fr- 94* avec la plus forte il 
passe a 63 fr. 06 ; 



— 74 — 

Q® Que Faction du superphosphate r6parti sur toute la sur- 
face a 6i6 plus active dans les parcelles sem^es k la vol6e que 
dans eelles sem^es en lignes. Nous relevons, en effet, avec 
400 kil. de superphosphate a Thectare un benefice de 3^ fr. 55 
lorsque les semences sont projetees k la volee, tandis qu'il 
n'est plus que de 4 li*- Bo dans les semailles en lignes espacees 
de o™i6 et de 9 fr. 10 dans eelles de o^^ao (parcelles n°* 34 et 38). 

Avec 600 kilos de superphosphate, le benefice s'^l^ve a 
28 fr . 85 dans les semailles k la volee , mais il descend k 
3Q fr. 70 et k 53 fr. 65 dans les semailles en lignes (parcelles 
n°» 36 et 40). 

3° Ces donn^es font prevoir que Tengrais concentre k la 

Eortee des racines echappera davantage au pouvoir absor- 
ant du sol et sera par suite d'une plus grande efficacite que 
s'il est melange k toute la surface du terrain. Reparti en 
lignes a la dose de 4oo kilos a Thectare , nous constatons une 
pms-value de 26 fr. 85 dans la recolte des parcelles sem^es 
en lignes ^cartees de o'"i6 et de 32 fr. 5o dans eelles qui le 
sont de o"20, Mais k la dose de 600 kilos k Thectare , cette 
plus-value en faveur de la localisation de Tengrais devient a 
pen pr^s nulle ; elle est de 7 fr . 85 dans le premier cas et de 
I fr. 90 dans le second. D'ou nous concluons que c'est seule- 
ment pour la dose la moins forte qu'il y aurait int^rSt k pla- 
cer le superphosphate en lignes sous les semences , si cette 
operation pouvait se faire ^conomiquement ; de m^me nous 
pouvons core que la localisation d!e Tengrais permet d'en 
r^duire Tapport. 



R6sultats avec les scories de ddphosplioration 



Dans cette s^rie d'essais, les parcelles temoins sans engrais 
pour les semailles a la volee, comme pour les semis en lignes, 
sont les mSmes que pour le superphosphate. La parcelle 
n° 29 est le temoin pour les semailles a la volee , la parcelle 
n° 3o pour les semailles en lignes espacees de o"^i6, la par- 
celle n° 3i pour les semailles en lignes espacees de o™20. 

a') Nous exposons en premier lieu les r6sultats obtenus dans 
les parcelles n°* 4^ et 43 semees k la volee. La premiere a 
rcQU 485 kilos de scories de dephosphoration k 1 nectare ; la 
seconde, 725 kilos, quantites equivalentes comme depense 
k Tachat de 400 ou 600 kilos de superphosphate, soit 29 fr., 
pour la dose la moins elevee et 43 fr . 5o pour la plus forte , 
ainsi que nous Tavons precedemment indique. 

Tableau XV. — Rendement et valeur de la production 
k rhectare : 



— 75 — 





485 kil. de scories k Phect. 

engrais reparti 

sur toute la surface 


725 kil. de sc< 
engrais 
sur toute 


aries k Phect. 
reparti 
la surface 

lilies 
vol6e 




Semailles 
k la volee 


Semt 
a la 




Parcelle n" 4« 


Parcelle n«» 43 




Recolte 

k 
I'hectare 


Valeur 
argent 


Recolte 

k 
Phectare 


Valeur 
argent 


Grain 

PaiUe 


kil. 

3.200 

10.715 


fr. c. 
5l2 » 

34290 


kil. 

3.145 

11.735 


ft. c. 
5o3 20 
375 5o 


Total 


13.915 


85490 


14.880 


878 70 



Deduction faite du prix d' achat de Fengrais, la valeur de 
la production de la parcelle np 4^ devient ^gale a 826 fr. 90 
et celle du nP 43 , ^ 835 fr. 20. 

Soit par rapport a la. parcelle nP 29, temoin sans engrais, 
une augmentation de 4^ fr- 35 dans la recolte de la parcelle 
ayant re?u 485 kilos de scories et de 52 fr. 65 dans celle qui 
en a regu 725 kilos a Thectare. 

b') Essais avec scories de ddphosphoratipn 
aux doses de 485 et de 725 kilos k Fhectare 

dans les parcelles d'avoine grise d'hiver seniles en lignes 

espac^es de 0^16. 

Les 4 parcelles n°» 44' 4^> 4^ ^^ 4^ ^^* toutes et6 sem^es 
en lignes ecart^es de o"™i6. — Dans les deux premieres la 
dose d'engrais k Thectare a ete de 485 kilos , dans les deux 
secondes de ^25 kilos. L' engrais frit melange a toute la sur- 
face du terrain , dans les parcelles 44 ®t 4^, tandis que dans 
les parcelles correspondantes n®* 4^ ^t 47 ^ ^tait depos6 en 
lignes sous les semences. 

Tableau XVI. — Rendement et valeur comparatifs de la 
production a Fhectare : 



Grain 

PaiUe 



Total. 



485 kil. de scories 
de d^phosphoration a Phect. 



^pandues 
a la vol^e 

Parcelle n* 44 



R6colte 

a 
I'hectare 



kil. 
3.3qo 

lO. 



i4.s55 



Taleur 
argent 



fr. c. 
543 20 
347 5o 



890 70 



epandues 
sous les lignes 

Parcelle n* 4^ 



R6colte 
I'hect re 

kil. 

3.490 
10.715 

i4-2o5 



Valeur 
argent 

fr. c. 
558 40 

34^90 

901 3o 



^aS kil. de scories 
de dephosphoration k Phect. 



epandues 
i. la vol6e 

Parcelle n" 46 



Rtoolle 

k 
I'hectare 

kil. 

3.400 

11.720 

I5.I20 



Valeur 
argent 

fr. c. 

544 » 
375 o5 

919 o5 



Epandues 
sous les lignes 

Parcelle n» 47 



Rtoolte 

a 
I'hectare 



kU. 

3.560 

11.080 

14.640 



Valeur 
argent 

fr. c. 
569 60 
354 55 



924 i5 



- 76 - 

Deduction faite du prix d' achat de Tengrais , la valeur de 
la r6colte dans chacun des essais deviant egale a : 

86i fr. 70 pour le n° 44> soit sur la parcelle temoin n° 3o 
une plus-value de 23 fr. ; 

872 fr. 3o pour le n° 4^, soit sur la parcelle temoin n® 3o 
une plus-value de 33 fr. 60 ; 

875 fr. 55 pour le n° 4^* soit sur la parcelle teYnoin n^ 3o 
une plus-value de 36 fr. 85 ; 

880 fr. 65 pour le n° 4^ > soit sur la parcelle temoin u9 3o 
une plus-value de 4i fr- 95. 

La plus-value en faveur de Tengrais place sous les lignes 
se traduit par un excedent de recolte repr^sentant une somme 
de (33 fr. 60 ~ 23) = 10 fr. 60 dans le premier cas et de 
(4 1 fr. 95 — 36 fr. 85) = 5 fr. 10 dans le second. 



Essais avec scories de ddphosphoration 
aux doses de 485 et de 725 kilos k I'hectare 

dans des parcelles d'avoine grise d'hiver sem^es en lignes 

espacdes de 0^20, 

Tableau XVII. — Nous repetons dans les parcelles n°^ 48> 
49, 5o et 5i les essais precedents en modifiant Fespacement 
entre les lignes au lieu de o™i6 nous adoptons o°^20. 

Rendements et valeur de la production k Fhectare de 
chaque parcelle : 



Grain . . . . , 
PaiUe 

Total. 



485 kil. de scories 
de dephosphoration a Phect. 



epandues 
a la volee 

Parcelle n° 48 



R6colte 

k 
I'hectare 

kil. 

3.2o5 

11.040 



14.245 



Yaleur 
argent 

fr. c. 
5ia 80 
353 a5 

866 o5 



epandues 
sous les lignes 



Parcelle n' 49 



R6colte 

k 
I'hectare 

kU. 
3.aQO 
10.0^5 



14.225 



Yaleur 
argent 

fr. c. 
526 40 
349 90 



876 3o 



735 kil. de scories 
de dephosphoration a Phect. 



Epandues 
a la volee 



Parcelle n» 5o 



R6coIte 

k 
I'hectare 



kil. 
3.5o5 
10.140 

13.645 



Valeur 
argent 

fr. c. 
56o 80 
324 5o 

885 3o 



epandues 
sous les lignes 

Parcelle n» 5i 



R6colte 

a 
I'hectare 

kil. 

3.610 

io.o35 



13.645 



Yaleur 
argent 

fr. c. 
577 60 
3ai 10 

898 :7o 



En retranchant le prix d'achat de I'engrais la valeur de la 
production de chaque parcelle devient egale k : 

83^ fr. o5 pour le n® 4^ > plus- value sur la parcelle temoin 
(n° 3i), i6 fr. 75; 

847 fr. 3o pour le n° 49 > plus-value sur la parcelle temoin 
(n° 3i), 27 fr. ; 

841 fr. 80 pour le n^ 5o, plus-value sur la parcelle temoin 
(n° 3i), 21 fr. 5o; 

855 fr. 20 po'ur le n° 5i , plus- value sur la parcelle temoin 
(n<» 3i), 34 fr. 90. 



- 77 — 

D'apr^s ces chiffres Tengrais place sous les lignes de 
semences donne un supplement de benefice de (27 francs 
— 16 fr. 76) = 10 fr. 35 dans un cas et de (34 fr. 90 — 21 fr, 5o) 
= i3 fr. 40 dans F autre. 

Conclusion. — 1° L'acide phosphorique sous forme de 
scories de dephosphoration a produit des resultats analogues 
mais un peu inferieurs dans 1 ensemble au superphosphate. 
La moyenne des dix essais avec scories accuse un benefice 
de 33 fr, i5 a I'hectare, tandis qu'il est de 44 fr. avec le 
superphosphate, soit 10 fr. 85 a Fhectare en faveur de ce 
dernier. 

2° Les scories reparties sur toute la surface ont egalement 
donne des resultats de m^me ordre que le superphosphate. 
L'apport de 485 kilos a Fhectare procure un benefice de 
43 fr. 35 dans la parcelle n° 4^ semee a la volee , tandis qu'il 
n'est plus que de 25 fr. 10 pour la moyenne des essais n°* 44> 
45 , 48 et 49 semees en lignes : la dose de 725 kilos a Fhectare 
le gain est de 52 fr. 65 dans la parcelle n<* 43 semee a la 
volee , contre 33 fr . 80 pour la moyenne de quatre parcelles 
n°s 4^> 47> ^<> 6t 5i semees en lignes avec mSme fumure. 

3° Les scories comme le superphosphate ont plus d' action 
placees en lignes sous les semences qu'epandues sur toute la 
surface. Dans le semis a 0^16 , la plus-value est de 10 fr. 60 
avec la dose de 485 kilos a Fhectare , et de 5 fr . 60 avec celle 
de 725 kilos. Dans les semailles k 0^20, les differences en 
faveur de la localisation de Fengrais sont de 10 fr. 25 et de 
i3 fr. 40 suivant Fintensite de la fumure. 



Champ nP 2 

Section B — Recherches sur les engrais phosphates 

appliques au bl6 d'automne 

Tableau XVIII. — Nous allons en premier lieu exposer 
les resultats obtenus dans les parcelles temoins sans engrais 
semees a la volee ou en lignes espacees de o'^iG ou de o™20. 

Rendement et valeur de la production de chaque parcelle. 



Grain 

PaiUe 

Total 



Semailles 
a la volee 

Parcelle n" Sa 



Recolte 

a 
I'hectare 


Valeup 
argent 


kil. 

2.205 
7.810 


fr. c. 
441 
3o2 40 


io.oa5 


74340 



Semailles 
en lignes de o"°i6 

Parcelle n« 53 



Recolte 

a 
I'hectare 


Valeur 
argent 


kil. 

2.3lO 

7.710 


fr. c. 
462 » 
3o8 40 


10.020 


770 40 



Semailles 
en lignes de 0^20 

Parcelle n<» 54 



R6colte 

a 
I'hectare 


Valeur 
argent 


kil. 

2.380 

7.200 


fr. c. 
476 » 

288 )) 


9.580 


764 » 



— 78 — 

En resume, la parcelle n® 62 sans engrais, semee k la volee, 
accuse une recolte se chifTrant k Thectare a 74^ fr • 4^ , celle 
du n° 53 semee en lignes, espacee de o"*i6, est de 770 fr. 40, 
et celle du n° 54 semee en lignes, espacees de o™20, est de 
764 fr. Tels sont les chiffres qui vont nous servir de base 
pour faire ressortir Feflicacite de Tacide phosphorique 
apporte a doses variables, soit sous forme de superphosphate, 
soit sous celle de scories de dephosphoration. 



Tableau XIX. — Resultats des semailles a la vol6e sur 
parcelles ayant regu 400 ou 600 kilos de superphos- 
phate k I'hectare. 

Rendement et valeur comparatifs de la production de 
chaque parcelle k Thectare. 



Grain , 

PaiUe , 

Total. 



400 kil. superphosphate 
epandu a la vol6e 

Parcelle n* 55 



Recolte 

a 
I'hectare 




10.365 



Valeur 
argent 



fr. c. 
481 » 
3i8 40 



799 40 



600 kil. superphosphate 
epandu a la volee 

ParceUe n* 56 



R6colte 

a 
I'hectare 




io.i8a 



Valeur 
argent 



fr. 


c. 


496 


)) 


3o8 


» 



804 » 



Deduction faite du prix d'achat de Tengrais , la valeur de 
la recolte de la parcelle n° 55 est de 770 fr. ^o, celle du 
u9 56 de 760 fr. 5o. 

Par rapport a la parcelle n° 52, Umoin sans engrais, le 
superphosphate a la dose de 400 kilos a I'hectare donne un 
benefice de 37 fr., et de 17 fr. 10 a la dose de 600 kilos. 

L'influence du superphosphate etant ainsi mise en Evidence, 
passons en revue les resultats qu'il a produits dans les deux 
series de semis en lignes, suivant qu'il s'est trouv6 melange 
au sol ou agglomere au voisinage des semences. 



Essais avec superphosphate 
aux doses de 400 et de 600 kiL & I'hectare 

dans les parcelles de bU d'automne seniles en lignes espacees 

de 0^16 



La parcelle n° 67 a re?u 4^0 kil. de superphosphate 
Epandu a la vol^e; 

La parcelle n° 58 a re^u 400 kil. de superphosphate epandu 
sous fes lignes ; 



- 79 — 

La parcelle n® Sg a regu 600 kil. de superphosphate epandu 
a la volee ; 

La parcelle n° 60 a regu 600 kil. de superphosphate Epandu 
sous les lignes. 

Tableau XX. — Rendement et valeur de la production a 
Fhectare de chaque parcelle : 



Grain 

PaiUe 

Total. 



400 kil. de superphosphate 
k Phectare 



epandu 
k la Yol^e 



Parcelle n" 5^ 



Rteolte 

k 
riiectare 

*kil. 
a. 545 
7.765 



lo.Sio 



Yaleur 
argeDt 

fr. c. 
509 » 
3io 60 



Epandu 
sousles lig^nes 



Parcelle n" 58 



R6colte 

k 
I'hectare 

kil. 
a. 625 
7.690 



819 6o|io.6i5 



Valeur 
argent 

fr. c. 

** — •^ 

D20 )) 
307 60 

832 60 



600 kil. de superphosphate 
k I'hectare 



Epandu 
k la volee 



Parcelle n" 59 



Rteolte 
'k 

I'hectare 

kil. 
2.610 

7.880 



10.490 



Valeur 
argent 

fr. c. 

522 )) 

3i5 20 

837 20 



Epandu 
sous les lignes 

Parcelle n« 60 



Rteolte 

k 
I'hectare 



kil. 
2.680 
8.100 



10.780 



Valeur 
argent 



fr. c. 
536 » 
324 » 



860 » 



En retranchant le prix d'achat de Tengrais, la r^cplte de 
chaque parcelle devient 6gale a : 

790 fr. 60 pour le n° 5^ , plus value sur la parcelle temoin 
(n° 53), 20 fr. 20; 

8o3 fr. pour le nP 58, plus value sur la parcelle temoin 
(n<^ 53), 32 fr. 60; 

793 fr. 70 pour le n° 59 , plus value sur la parcelle temoin 
(n° 53), 23 fr. 3o; 

816 fr. 5o pour le n° 60, plus value sur la parcelle temoin 
(n° 60), 46 fr. 10. 

D'apr^s ces chifTres, Fengrais plac6 sous les lignes procure 
un supplement de benefice de 12 fr. 40 avec la plus faible 
dose et de 22 fr. 80 avec la plus forte. 



Essais de superphosphate 
aux doses de 400 et 600 kil. k I'hectare 

dans les parcelles de hl4 d'automne semdes en lignes espac^es 

de 0^20 

La parcelle n« 61 a re?u 400 kil. de superphosphate Epandu 
a la vol6e ; 

La parcelle n*' 62 a regu 400 kil* de superphosphate epandu 
sous les lignes ; 

La parcelle n® 63 a regu 600 kil. de superphosphate epandu 
a la vol^e ; 

La parcelle n° 64 a regu 600 kil. de superphosphate Epandu 
sous ks lignes. 



- 80- 

Tableau XXI. — Rendem«at et valeur comparatifs de la 
production de chaque parcelle a Thectare : 



Grain 

PaiUe 

Total. 



400 kil. de superphosphate 
a I'hectare 



60a kil. de superphosphate 
i I'hectare 



epandu 
k la vol6e 



Paroelle n" 61 



R6colte 

a 
i'hectare 

kil. 
2.685 
7.960 



10. 645 



Taleur 
argent 

fr. c. 
537 » 
3i8 40 



855 40 



Epandu 
sous les lignes 

Parcelle n' 63 



Epandu 
k la vol6e 

Parcelle n« 63 



Rteolte 

a 
I'hectare 



kil. 
2.820 
7.985 



io.8o5 



Yaleur 
argent 



R6eolte 

k 
I'hectare 

kil. 
2.840 

883 40 10.540 



fr. c. 
564 » 
319 40 



Valeur 
argent 



fr. c. 
568 » 
3o8 )) 

876 )) 



epandu 
sous les lignes 



Parcelle n" 64 



R6colte 

k 
I'heetare 



kil. 
2.855 
8.255 



II. no 



Valeur 
argent 



fr. c. 
571 )) 
33o 20 



901 20 



En deduisant le prix d' achat de I'engrais, la recolte de 
chaque parcelle deyient egale k : 

826 fr. 4^ pour le n° 61, plus value sur la parcelle temoin 
(n« 54), 62 fr. 40; 

854 fr- 40 pour le n° 62 , plus value sur la parcelle temoin 
(ho 54), 90 fr. 40; 

832 fr. 5o pour le np 63, plus value sur la parcelle temoin 
(no 54), 68 fr. 25. 

857 fr. 70 pour le no 64, t)lus value sur la parcelle temoin 
(no 54), 90 fr. 70. 

La fumure en lignes donne par rapport a la fumure en 
plein un excedent de recolte de 20 fr. avec la dose de 400 kil. de 
superphosphate a I'hectare et de 25 fr. 55 avec celle de 600 kil. 

Conclusion. — 10 L'apport du superphosphate a la dose 
de 400 kil- a I'hectare se traduit dans les cinq essais par un 
benefice moyen de ^6 fr. 52, avec 600 kil. le gain est de 

49 fr- ^7 ; 

20 Contrairement k ce qui a 6t6 not^ pour I'avoine grise 
d'hiver, Faction du superphosphate est plus marquee dans les 
parcelles semees en lignes que dans celles oil les semailles 
ont ete faites a la vol^e , cela tient sans doute a la maniere 
dont le sol est fouille par les racines de ces deux plantes; 

30 La localisation de I'engrais sous les lignes procure un 
supplement de benefice de 12 fr. ^o et de 22 fr. 80 dans les 
semis k o'"i6 et de 28 fr. ou de 25 fr. 55 dans ceux de o°*20, 
suivant les doses de superphosphate employees. 



Essais avec scories de d^phosphoration 
aux doses de 485 et 725 kilos k rhectare 

dans des parcelles de bU d'automne sem4es a la voUe 

Tableau XXII. — Rendement et valeur comparatifs de la 
production de chaque parcelle a I'hectare : 



- 81 -• 





485 kil. de scories 
^pandues a la volee 


725 kil. de scories 
epaiidues a la volee 


• 


Parcelle n° 65 
Recolte y^^^^ 
I'hectare ^^^^""^ 


Parcelle n" 66 
Recolte y^j^^^ 
Phectare ^^«^^^ 


Grain 


kil. 
2.5^5 
7.5io 


fr. c. 
5o5 lo 
3oo 4o 

8o5 5o 


kU. 
2.555 
7.545 


fr. c. 
5oi )) 


PaiUe 


3oi 80 


Total 


io.o35 


10.100 


812 80 



Si nous retranchons le prix d'acha^ de Fengrais (29 fr. ou 
43 fr. 5o) suivant la guantite employee , nous trouvons que 
le produit de la recolte de la parcelle n° 65 represente une 
valeur de 776 Ir. 5o, celui de la parcelle n** 66 est de 769 fr. 3o. 
La parcelle n° 62, temoin sans engrais, semee dans les 
mSmes conditions ayant produit une recolte estimee ^43 fr. 40, 
le benefice resultant de Femploi des scories a la dose de 
485 kilos k I'hectare se traduit par 33 fr. 10 et par 25 fr. 85 
pour la dose de 725 kilos. Voila un point acquis. 

Essais avec scories de d^phosphoration 
aux doses de 485 et 725 kilos k Thectare 

dans des parcelles de hU d'automne seniles en lignes espacdes 

de o'^iS 

La parcelle n® 67 a rcQU 485 kilos de scories epandues k 
la volee ; 

La parcelle n° 68 a re^u 485 kilos de scories epandues sous 
les lignes ; 

La parcelle n° 69 a regu 725 kilos de scories epandues a 
la volee ; 

La parcelle n° 70 a regu 725 kilos de scories epandues 
sous les lignes. 

Tableau XXIII. — Rendement et valeur c6mparatifs de la 
production a I'hectare de chaque parcelle : 



Grain 
PaiUe. 



Total. 



485 kil. de scories 
de dephosphoration a I'hect. 



Epandues 
a la vol6e 



Parcelle n" 67 



R6colte 
k 

I'bectare 



kU. 
a.5QO 

10.370 



Valeor 
argent 



fr. c. 
5i8 » 
3ii so 

8^9 ao 



epandues 
sous les lignes 



Parcelle n« 68 



R6colte 

a 
I'hectare 

kil. 
a. 795 
7 3i5 

10. no 



Valeur 
argent 

fr. c. 
559 )) 
292 60 

85i 60 



725 kil. de scories 
de dephosphoration a I'hect. 



6pandues 
a la volee 

Parcelle n' 69 



R6colte 

k 
I'hectare 



kil. 
2.055 

7 665 

10. 320 



Valeur 
argent 



fr. c. 

53i )) 

3o6 60 

837 60 



Epandues 
sous les lignes 



Parcelle n« 70 



R6colte 

k 
I'hectare 

kil. 
2.710 
8 200 

10.910 



Valeur 
argent 

fr. c. 
542 )) 

328 ) ) 

870 » 



.-82- 



D^duction faite du prix d' achat de Tengrais, la valeur 
nette de la r^colte de chaque parcelle est de : 

800 fr. 20 pour le n** 67 , plus-value sur la parcelle temoin 
(n° 53) , 29 fr. 80 ; 

822 fr. 60 pour le n<» 68, plus-value sur la parcelle temoin 
(bP 53), 52 fr. 20; 

794 fr. 10 pour le n® 69, plus-value sur la parcelle t6inoin 
(n° 53), 23 fr. 70; 

826 fr . 5o pour le u9 70 , plus-value sur la parcelle temoin 
n° 53), 56 fr. 10. 

Soit en faveur de la ftimure agglomer^e une difKrence de 
22 fr. 40 avec la dose la moins forte et de 32 fr. 40 avec la 
plus elev6e. " 



I 



Essais avec scories aux doses de 485 et 725 kil. 

di I'hectare 

dans les parcelles de bU d'automne sem^es en lignes 

espac4es de 0^20 

La parcelle n° 71 a regu 485 kilos de scories ^pandues a la 
volee ; 

La parcelle n° 72 a re^u 485 kilos de scories epandues sous 
les lignes ; 

La parcelle n° 73 a re^u 725 kilos de scories Epandues a la 
volee ; 

La parcelle n° 74 a re^u 725 kilos de scories Epandues sous 
les lignes. 

Tableau XXIV. — Rendement et valeurs comparatifs de 
la production de chaque parcelle a Thectare. 



Grain 

PaiUe...... 

Total. 



485 kil. de scories 
de d6phosphoration a I'hect. 



epandues 
a la vol6e 



Parcelle n* 71 



R6colte 

k 
I'hectare 

kil. 
2.665 

7.780 



10.445 



Valeur 
argent 



fr. c. 
533 » 
3ii 20 



844 ^ 



epandues 
sous les lignes 

Parcelle n® 72 



Rficolte 

a 
rhectare 

kil. 
2.795 
8.3i5 



II. no 



Valeur 
argent 

fr. c. 
559 )) 
332 60 

891 60 



jaS kil. de scories 
de d^phosphoration a Phect. 



epandues 
a la volee 

Parcelle n« 78 



R6colte 

a 
I'hectare 

kil. 
2.755 

8.480 

11.235 



Valeur 
argent 

fr. c. 
55i » 
339 20 



890 20 



Epandues 
sous les lignes 



Parcelle n* 74 



R6oolte 

a 
i'hectare 

kU. 
2 820 
8.930 

11.750 



Valeur 
argent 

fr. c. 
564 » 
357 20 

921 20 



Deduction faite du prix d' achat de I'engrais, la valeur de 
la recolte de chaque parcelle est la suivante : 

8i5 fr. 20 pour le n° 71 , plus-value sur la parcelle temoin 
(n° 54), 5i fr . 20 ; 



- 83 — 

862 fr. 60 pour le n® 73 , plus-value sur la parcelle temoin 
(no 54), 98 fr. 60 ; 

846 fr. 70 pour le no 78, plus- value sur la parcelle temoin 
(no 54), 82 fr. 70 ; 

877 fr. 70 pour le no 74, plus-value sur la parcelle temoin 
(no 54), ii3 fr. 70. 

La fumure en lignes accuse, par rapport k la fumure en 
plein, une plus-value de 47 ft** 4^ avec la dose la moius elevee 
et de 3o fr. 40 avec la plus forte. 

Conclusion. — 10 Les effets de Facide phosphorique sous 
forme de scories de dephosphoration sont encore plus mar- 
ques qiie sous celle de superphosphate. Le benefice moyen 
resultant de Temploi de cet engrais se chiffre a 52 fr. 98 pour 
Tapport de 485 kilos a I'hectare, et k 60 fr. ^o pour celui de 
720 Kilos ; 

20 Comme pour le superphosphate , Tefficacite des scories 
est plus grande dans les semailles en lignes que dans les 
semailles a la volee ; dans ces derni^res , les benefices sont 
de 33 fr. 10 et de 25 fr. 85 suivant la quantite de scories 
employees, tandis qu'ils sont en moyenne de 57 fr. 25 dans 
les semis en lignes espacees de o"^i6 et de 69 fr. o5 dans ceux 
de o'"20 ; 

30 La recolte accuse en faveur de Tengrais dispose en 
lignes sous les semences une plus-value de 22 fr. ^o pour la 
dose de 485 kilos a I'hectare, et de 32 fr. ^o pour celle de 
725 kilos dans les parcelles semees en lignes espacees de 
o™i6. Dans les semailles en lignes espacees de o'"20 , la loca- 
lisation de Tengrais correspond a une augmentation de pro- 
duction de 47 fr • 40 avec la dose la plus faible , et a 3i fr. 
avec la plus forte. Ces derniers chiflres demontrent assez, 

ar eux-m^mes, les avantages que presente Tagglomeration 
es engrais phosphates au voisinage des racines, ils dis- 
pensent de tout commentaires. 



I 



-^ 84 — 

Conseils pratiques sur remploi du soufrage 

contre Toidium 

Le soufrage est encore aujourd'hui le traitement le plus 
efficace pour combAttre roidium. 

Le soufre sublime ou fleur de soufre et le soufre tritiire 
produisent les m^mes resultats s'ils presentent le m^mc 
degre de division. 

Le soufre triture et blute avee soin , lorsqu'il est suffisam- 
ment fin, est meilleur marche que le soufre sublim^ et ne 
s'agglom^re pas comme celui-ei. On est souvent obUg^, pour 
eviter les grunieaux de la fleur de soufre, de la melanger avec 
certaines poudres, comme le piatre ou la chaux hydraulique. 

Le premier soufrage sera pratique lorsque les rameaux 
ont 20 centimetres. 

Le deuxieme soufrage doit toujours ^tre ex^cut^ en pleine 

floraison; (le soufre favorise la fecondation des fleurs et 

empeche ensuite le developpement du champignon de I'oidium 

sur les ovaires des fleurs fecondees). Ce soufrage est le plus 

important, 

Le troisieme soufrage aura lieu quelques jours ai>ant la 
v^raison. (On intercalera, entre ces operations, des sou- 
frages supplementaires si les invasions d'oidium sont repetees 
et violentes). 

Le premier et le deuxieme traitement doivent toujouri* 
6tre faits avec le soufre pur, Le troisieme pent Stre pratique 
avec un melange de soufre et de platre ou de chaux nydrau- 
lique , a parties egales ; on evite ainsi le grillage des raisins 
et le goM de soufre communique au vin , surtout quand les 
eirconstances obligent a soufrer peu avant la vendange, Le 
soufrage sera fait de preference apr^s la disparition de la 
rosee du matin (le soufre agit mieux sur les ieuilles s^ches 
que sur les feuilles mouillees). 

Eviter de soufrer par la pluie, par le grand vent et par les 
chaleurs excessives. 

Ne faire aucune operation culturale pendant les deux ou 
trois jours qui suivent le soufrage. 

Dans les vignes de peu d'etendue les Torpilles Vermorel 
ou autres sont d'excellents instruments. Dans les vignobles 
au-dessus de 10 hectares, les appareils h traction animate 
ou mecanique rendent de tr^s grands services. Nous citerons, 
entre autres, Fappareil construit par M. Gomot de Nimes, 
d'apres les indications de notre savant coUegue Massignon. 
Get appareil a traction animale fonctionne tres regulierement 
et permet de traiter pres de 2 hectares par heure , avec un 
seul homme et un seul cheval. 

Le G^rant, G. Grassin. 

Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1275-5. 



BULLETIN MENSUEL 



r r 



SOCIETE INDUSTRIELLl ET AGRICOLE 

D'ANGERS 
et du d^partement de Maine-et-Loire 



Procte-verbal de la stance du 27 mai 1905 

Presidence de M. Gilles Deperriere, vice-president honoraire, 
puis de M. Bordeaux-Montrieux, vice-president. 



Etaient presents : MM. Prosper Jamin et le D"" Sigaud, membres 
du Bureau; 

MM. Moreau, D"^ Cordon, marquis de Dampierre, Lavallee, 
O. Chaillou, Gallard, Thomas, Massignon^ Bernard-Chauvire , 
Betton-Allard, Sigaud fils, Fourmond fils, Ferre-Hamon, Halope, 
Rousseau, Hacaiut, Secher, Mignot, Bouttier, 

— M. le President lit des lettres de MM. le s^nateur comte de 
Blois , Huault-Dupuy, Andre Huau et L6on Bourcier, s'excusant 
de ne pouvoir assister a la seance. 

— M. le D"^ Sigaud donne lecture du proc^s-verbal de la prec6- 
dente seance et s'empresse de reparer une omission bien invo- 
lontaire qui a 6te faite dans le proces-verbal de cette seance. 
M. le comte de Blois, en parlant des societ^s an^evines sur le 
concours desquelles il est tres heureux de pouvoir compter, k 
Toccasion du Concours regional de 1907, a signal^ tout particu- 
li^rement la Soci6te d'horticulture d' Angers, dont le distingue 
president , M. L.-A. Lerby, a offert spontan6ment et avec le plus 
grand empressement la participation de sa Societe. 

Apres cette rectification le proces-verbal est accepte. 

— M. Gilles Deperriere rend compte, en quelques mots, du 
voyage qu*il vient de faire k Paris, au sujet de Fexposition 
speciale a*une magnifique collection de raisms que la Station 
d amp^lognraphie de Saumur avait Tintention de faire a FExpo- 



— se- 
dition intemationale de lAhge, II n'a pais 6i6 satisfait de ses 
d-marches et devant les exigences du Commissariat il est tres 
probable que la Station ampelographique de Samnur ne prendra 
pas part k cette Exposition et n^enverra pas, comme elle en avait 
rintention , mie tr^s importante collection de raisins. II a appris 
avec rearet que les deux tiers environ des exposants 6taient de 
nationality frangaise, ce ({ui prouve aue les autres puissances 
europeennes se sont d6sinteress6es oe cette Exposition, tr^s 
probablement k cause des conditions exager6es qui leur ont 6te 
laites. 

— M. Maurice Massignon, president de FUnion des Viticulteurs 
de Maine-et-Loire , donne quelcpies renseignements precis sur 
FExposition de Cherbourg et croit qu'il n'y a pas lieu, pour notre 
Societe, de prendre part k cette Exposition. 

— M. Moreau donne lecture de son travail sur le /f^^ Congres 
des Soci^t^s savantes a Al^er, 

Notre savant coUegue fait un r^cit charmant et tr^s pittoresque 
de son voyage en Alg^rie et revolt les applaudissements r6it6r^s 
de Fauditoire. 

M. le President, tout en le remerciant chaudement, constate 
avec plaisir qu*on pent ^tre un litterateur et un veritable artiste 
en mime temps qu'un homme de science. 

— M. le D' Sigaud lit ensuite son rapport intitule : Difficult^s 
d* organisation aun service d'inspection sanitaire des viandes de 
boucherie dans les communes d^pourvues d'abattoir public, 

M. le President remercie notre secretaire general de son rapport 
qui presente des considerations pratiques aun grand inter^t. 

— M. le president est heureux de saluer M. le marquis de 
Dampierre qui assiste pour la premiere fois k une de nos seances 
et annonce que notre nouveau collogue se propose, k notre seance 
de juin, de nous lire un travail sur Favicidture. Cette branche 
laisse beaucoup a desirer en Anjou et il serait utile de nous 
preparer d^s maintenant pour ne pas paraitre trop inferieurs 
aux departements voisins , k la Loire-Inferieure entre autres , au 
moment du grand Concours regional de 1907 que la Societe 
Industrielle doit organiser k Angers. II annonce, (fes maintenant, 
le sujet qu'il traitera, afin de provoquer k la seance prochaine 
la presence de ceux de nos collogues s'interessant k Favicul* 
ture. 

M. le D"^ Sigaud ajoute que, de son c6te, il a rcQU une tr^s 
interessante etude sur le chauffage des serres par un de nos 
savants coUegues , M. Charpentier, ingenieur k Paris. Ge travail 
sera lu egalement a la prochaine seance. II espere qu'il sera le 
point de depart d'observations pratiques de la part de ceux 
d'entre nous qui ont une certaine competence sur ce sujet. 

— Plusieurs coUeg^es demandent qa'k notre prochaine seance 
on mette a Fordre du jour une question d'actuaute : le tir contre 
la ffreie et en particulier les fusees contre la grfile ; deux de nos 
colTegues, MM. Daign^re et le D^ Cordon, seront invites tout 
specialement a nous donner les resultats de leur experience sur 
cette question. 



— 87 — 

— Reception des caindidats preseiites le ap avril igoS : 

MM. Philippe de Sain1>Martin , proprietaire-viticulteur 4 Mon- 
Ireuil-Bellay, et 14, rue desLices, k Angers; le vicomte de Monti, 
proprietaire au chateau des Mines , par Dou6-la-Fontaine ; Alfred 
Pineau, propri^taire-viticulteur a Beaulieu; Charles-Eugene de 
Terves, propri^taire-viticulteur a Saint-Lambert-du-Lattay, et 
Tabb^ Louis Gasnier, propri^taire-viticulteur a Souzay, pr& de 
Saumur, sont tous elus, k runanimite des voix, membres titulaires. 

— Presentation de candidats : 

M. Merlet, proprietaire au chateau de la Grande-Garde, com- 
mune d'Avrille, presente par MM. le comte de Blois et Olivier 
Chaillou; 

M. Charles Fougeray, clerc de notaire k Rablay, present^ 
par MM. L6on Bourcier et Andre Huau; 

M. Gavinet, propri6taire-viticulteur , ch&teau du Foumeau, k 
Chalonnes-sur-Loire , present^ par MM. Maurice Massignon et 
le D^ Sigaud. 

L'ordre du jour etant ^puise, M. le President leve la s6ance 
A 3 h. 1/2. 

Le Secretaire g^n^ral, 
jy^ Paul Sigaud. 



43^ Congrds des SociStSs savantes 

(Alger 1905) 

Par M. L. Moreau, del^gue 

C'est a Alger que se tenai%, en 1906, le 43*^ Conffr^s des 
Societes savantes. Le souci de la v^rite m' oblige k dire que 
le desir de visiter cette superbe region, a la porte de la 
France et encore si peu connue des Frangais , avait , autant 
que le congres lui-m^me , amen6 a Alger de tres nombreux 
congressistes. C'est ce que faisaitjustementremarquerle pre- 
sident du congres, M. Heron de Villefosse, lorsque, dans son 
discours d'ouverture, il s'est plu a saluer « tout d'abord ceux 
qui avaient appris a aimer T Al^erie, qui conservaient au fond 
du coeur Tesperance de la revoir et qui ne pouvaient manquer 
de saisir une occasion aussi favorable a leur desir, et a remer- 
<5ier aussi ceux qui, n' ay ant pas encore eu la fortune d' admirer 
<;e pays, ^taient venus si nombreux a Alger ». Quel que fM 
d'ailleurs le motif qui edt pousse les delegues des Societes 
Savantes k entreprendre ce voyage , il devait en resulter — 
«t il en est stirement results — pour tous, une serie d'im- 



— 88 — 

pressions fortes et varices, de remarques int^ressantes, sugge- 
r^es a chaque pas et a chaque minute par le spectacle qui 
leur ^tait onert et qui out fait de ce voyage , non seulement 
un voyage agreable, mais encore et surtout un voyage de& 
plus instructifs , soit que Ton eftt ete attir^ par la beaut6 de& 
sites ou la vegetation luxuriante de certaines contrees , soit 
que Ton fAt venu pour retrouver les traces laiss^es par les 
peuples qui se sont succede dans ce pays , soit enfin que le 
seul but eM et6 de se m^ler un pen k la population indigene, 

Sour 6tudier ses moeurs et ses coutumes et la saisir dans le» 
iverses manifestations de sa vie courante. 

Est-ce la personnalite m^me du president, qui appartient k 
la section d archeologie du comite des travaux historiques et 
scientifiques, conservateur au musee du Louvre , qui en est 
cause? N'est-ce pas plutot le voisinage des Orientalistes, qui 
tenaient leur congres aux m^mes jours, dans le mSme palais, 
qu'il faut accuser? Les sciences experimentales — ce qui 
n*est pas — sont-elles moins prosperes, leurs adeptes 
moins voyageurs ou moins zeles que les autres ? Enfin, 
I'influence du milieu ne s'est-elle pas trop fait sentir? — 
ce que je croirais volontiers. Toujours est-il qu'il m'a 
semble, par ce que j'ai pu voir et par les comptes-rendus 
qui en ont ete donnes, que le congres s'est surtout occupe 
ahistoire et de philologie, d'archeologie , de geographic, de 
sciences economiqucs et sociales. II y avait bien des sections 
de mathematiques, de physique, de chimie, de sciences natu- 
relies ; mais les communications y etaient peu nombrcuses , 
sauf peut-Stre k la section de botanique ; F agronomic n'etait 
pas representee. 

Une seule excursion agricole dans le Sahel et la Mitidja 
avait et6 organisee par les soins du Congres, le vendredi 
21 avril. N'ayant pu la suivre, je me suis rendu le m^me jour 
a Beni-Mered, entre Boufarick et Blida, chez M. Pech, 
ingenieur agronome, pour visiter son exploitation viticole. 
J'ai retrouve la les mSmes c^pages que dans le Midi de la 
France, le meme mode de culture, les mSmes precedes de 
vinification, avec des difficultes plus grandes pour la marche 
de la fermentation , dues a la temperature et surmont6es par 
la refrigeration des mofits. J*ai retrouve la ^galement, avec 
un double plaisir, la souf reuse Massignon, qui accomplit 
des merveilles et demeure, pour le moment, dans les pays de 

frande culture, le seul instrument pratique faisant de bonne, 
esogne; je suis heureux de retourner au pere tons les 
compliments qu'on a fait devant moi de I'enfant . Le phylloxera, 
qui a envahi depuis longtemps les departements de Constan- 
tine et d'Oran, a respecte jusqu'ici celui d' Alger. G'esl par 
une surveillance de tons les instants , par des mesures tres 
rigoureuses contre les importations de plants, mesures qui 
se traduisent par Famende et, je crois mSme, par la prison; 
c'est aussi gr^ce aux soins culturaux donnes a la vigne que le. 



. — 89 — 

colon algerois est parvenu a lutter jusqu'ici et a proteger son 
vignoble, qui s'etage sur les pentes du Sahel et s'6tend dans 
la plaine de la Mitidja. Pour le cas — bien probable, malgr^ 
quelques exceptions — ou le phylloxera viendrait a se jouer 
de toutes ces mesures , des sortes de societes de prevoyance 
se sont fornixes, aliment^es par les cotisations assez elevees 
de ses membres, en vue de faire face, plus tard et dans une 
certaine mesure, aux frais de la reconstitution. La propri^t6 
visit^e comprenait, en plus de la vigne, des champs de 
cereales , des luzernes, qu'on pouvait arroser , enfin — et sa 
situation entre Boufarick et Blida Tindique aisement — 
quelques centaines d'orangers et de mandariniers portant 
ensemble leurs fruits d*or et leurs fleurs immaculees, dont le 
parfum violent etait r^pandu sur toute la plaine. Ces plan- 
tations d'orangers sont entourees de cypres, qui les protegent 
contre les grands vents, qui ont bien vite fait de precipiter a 
terre une partie de la recolte et de transformer le sol en un 
superbe tapis jaune d'or. 

Ge n'est pas dans Tespace de i5 jours passes a parcourir 
une region aussi vaste qu'on a le temps de bien etudier 
Tagricidture d'un pays; les trains ont beau aller lentement, 
le paysage defile encore trop vite; ce n'est done qu'une 
impression d'ensemble — gu'un s^jour plus prolonge et 
qu une etude plus approfondie auraient pu modifier — que 
je puis donnerici. La region parcourue etait-elle plus pauvre 
que les autres? c'^est possible; le pittoresque ne va pas force- 
ment avec la fertilite du sol; la secheresse etait-elle plus 
grande cette annee que les annees precedentes, malgre 
quelques pluies qu'avait amenees — le fait a ete maintes fois 
observe — la visite d'un souverain et d'un ministre? je ne 
pourrais le dire; mais Timpression que j'ai ressentie pour le 
pays visite est celle d'une region peu fertile. La configura- 
tion du sol et le climat expliquent Tabsence de cours d'eau 
importants ; les rivieres ne sont que des torrents souvent a 
sec. Partout ou I'eau abonde, la vegetation est luxuriante; 
partout ailleurs ou il ne faut compter, pour arroser les " 
champs, que sur les pluies, la vegetation est rabougrie; 
seule, la vigne m'a semble prosperer dans tout le pays — je 
fais exception pour la culture des environs des villes, sur 
tout le httoral, qui ne couvre d'ailleurs qu'une bande de 
terrain assez etroite. Et cependant Fhistoire nous apprend 
que cette region fut autrefois le grenier des Romains — les 
traces imposantes qu'ils ont laissees de leur passage un peu 
partout prouvent qu'ils s'y ^taient ^tablis fortement, m^me 
dans rint6rieur des terres. Ont-ils 6puis^ le sol au point 
qu'il ne puisse plus donner de nos jours que de faibles 
r^coltes? les conditions climateriques se sont-elles k ce point 
modifiees qu'elles ne pei*mettent plus des rendements elev^s ? 
6taient-ils meilleurs cultivateurs que nous, ou moins exi- 
geants? Ce sont la les questions que Ton sepose et auxquelles 



- 90 — 

on ne repond pas toujours, faute de documents sous la 
main. 

Lorsqu apres avoir parcouru les hauts plateaux de la 
Kabylie vous descendez vers le sud, I'aridite du sol s'aecen- 
tue encore, le pay sage prend un aspect desole et une impres- 
sion de tristesse vous envahit, qui va en augmentant, vous 
etreint et vous oppresse, lorsqu' apres avoir Iranchi les der- 
niers contreforts de 1' Aures , devant vous s'etend a Finfini , 
inonde de soleil, immobile et sans vie, le Sahara; des oasis, 
petites bandes etroites de palmiers gigantesques , font seules 
des taches vertes sur le fond mauve du desert. 

A rhabitant de nos regions, habitu^ aux vertes et coquettes 
vallees du Loir et de la Mayenne , aux horizons plus vastes 
et a demi vaporeux de la Loire, le desert doit forcement 
laisser cette impression penible d' abandon et de desolation ; 
Yhaleine du desert ne pent avoir de prise sur lui et il 
preferera au spectacle cependant nouveau de la vaste eten- 
due, nue et morte, la fraicheur des oasis et la vegetation 
debordante du jardin d'essai d' Alger. C'est la que je voulais 
vous ramener, au milieu des bamoous, des yuccas, dressant 
haut dans le ciel leurs feuilles accrues, des ficus geants 
entremSlant leurs racines adventives dans un fouilus de 
for^t vierge, des palmiers, des eucalyptus varies qu'en- 
lagaient jusqu'aux plus hautes branches, dans un desordre 
chatoyant aux yeux , des bougainvilleas aux bract^es 
violettes ; au milieu de cette leerie des tropiques , j'ai 
songe a notre coUegue, M. Hy, qui eM goMe la, j'en suis 
certain, une des meilleures et des plus mrtes emotions de 
sa vie de botanist e. 

* * 

C'est une precaution bien inutile que prennent les guides 
de vous avertir que Tattrait du voyage n'est pas dans les 
monuments, dans les collections d'oeuvres d'art, mais qu'il 
reside moins dans le site lui-m^me que dans son originalite 
pour des yeux d'Europeens, qu'il eclate dans la beaute de la 
lumiere, Tetrangete de la vegetation et qu'il est fait surtout 
du spectacle qu'offre la population indigene , de moeurs et de 
civilisation si differentes des n6tres. C'est ce qui vous saisit a 
peine debarque sur le sol africain, c'est ce qui vous poursuit, 
en ime obsession toujours croissante, pendant toute la duree 
du voyage et si, aux trois quarts de la route, Hammam 
Meskoutine m'a laisse une aussi agreable impression, c'est 
moins, je crois, a ses sources d'eaux chaudes a 96°, a sa belle 
vegetation, a son site, que je la dois, mais bien plut6t parce 
que j'ai pu echapper la,: pendant quelques heures, k cette 
obsession, fatigante a force d'Mre prolon|;ee et dont je 
n'avais pas encore eu le temps de me blaser. Pays de 
contrastes, parfois violents, ainsi apparalt I'Algerie a celui 
qui n a pas encore pousse une pointe vers I'Orient. 



- 91 - 

Si la vie indigene est plus interessante a etudier dans les 
gourbis des Kabyles on bien au milieu des oasis sahariennes, 
comme a Sidi Okba, lorsqu'on commence a s'eloigner de tout 
centre europeen, il n'en est pas moins vrai que c'est dans les 
villes , a Alger notamment , qu'il est plus facile de saisir les 
differences de races et de civilisations, parce qu'elles se 
trouvent la c6te a c6te et qu'elles se pr6sentent, a Foeil etonne 
du nouveau debarque, en oppositions violentes. Al^er vous 
offre, sans repos, a chaque instant, ces spectacles : ici c*est un 
grand chef arabe dont le blanc burnous est orne de volumi- 
neuses rosettes de la legion d'honneur et c'est a c5te un 
brillant officier de nos troupes africaines; la c'est le plus 
deguenille des arabes, drape comme un empereur romain 
dans un manteau fait parfois de toile d'emballage ay ant plus 
de trous que d'etoffe, et c'est aussi le plus elegant de nos 
snobs circulant aussi a I'aise dans la rue Bab Azzoun que 
dans la rue de Rivoli; ce sont, petites, embarrassees dans 
d'enormes pantalons plisses de toile blanche qui leur donnent 
une demarche peu gracieuse, quelques mauresques, ne 
laissant voir de leur visage que deux grands yeux noirs, tres 
brillants, et qui glissent, mysterieuses et silencieuses au 
milieu des groupes, et ce sont encore, legeres, babillardes et 
rieuses, nos algeriennes, v^tues a la derniere mode de la rue 
de la Paix; c'est la maison arabe, toute blanche a I'exterieur, 
avec sa terrasse , ses murs droits , sans autre ouverture sou- 
vent que la porte, qui laisse voir parfois, a I'extremite du 
couloir , une cour interieure dont les murs peints en bleu de 
ciel tres tendre jettent une lueur etrange et douce sur des 
scenes familiales et, c'est , tout proche , I'hdtel construit dans 
le plus moderne des styles; c'est la ville arabe avec sonlaby- 
rinthe de rues etroites, tortueuses, montantes, aux noms 
pittoresques, formant un enchevetrement inoui et ce sont 
aussi les grandes arteres de la ville europeenne, larges, 
droites, aerees, plantees de palmiers et d'essences diverses; 
c'est la paresse orientale qui s'etale sur les bancs des squares, 
dans les cafes maures et au bas des trottoirs et c'est aussi 
I'activite, la fievre d'Occident qui circule dans les rues et 
bouscule les flaneurs ; c'est la mosqu6e aux murs nus, au sol 
convert d'epais tapis qui eteignent le bruit des pas et oil 
rfegne un mysterieux silence, et c'est I'^glise catholigue remplie 
de fleurs, de parfums et des sonorites des grandes orgues; 
c'est enfin le jour de P&ques, la foule sortant aux accents 
d'une marche triomphale, se groupant sur les degres de la 
cathedrale, faisant la haie jusqu'a fa porte de I'archev^che et 
s'inclinant sous la main benissante du prelat, qui s'avance 
lentement, rev^tu de toute la pompe romaine, et c'est, 
quelques minutes plus tard, au haut du minaret de la 
mosquee de la P^cherie, toute proche, un autre prMre appe- 
lant son peuple a prier Dieu aussi, alors que, au bas, la 
foule passe indifferente et qu'un mSme soleil, ^clatant, inonde 



d'or tout Tensemble. Voila rAJgerie, voila I'Orient, voila 
surtout Alger, et ces spectacles s'offrent a vous a chaque 
minute, tout aussi van^s, tout aussi opposes les uns aux 
autres et purs entre eux de tout melange. 

Voila bientdt quatre-vingts ana qu'au haut dc la ville, dans 
la Kasbah, dans un pavilion de deux metres carres tout an 
plus, accroch^ k une galerie superieure, bariol6 de rouge et de 
vert — petit decor pour un acte qui devait avoir de si grandes 
consequences pour tout un penple — que le coup d'eventail 
fut donn€; voila bientdt quatre-vingts ans que cette popula- 
tion indigene vit a c6t6 de la n6tre, et cependant rien ne prouve 
qu'elle nous ait pris quelque chose. Les deus races vivent c6te 
k cOte sans se melanger et ilne semble pas qu'unjour ou I'autre 
la fusion doive se faire. Jenecrois pas d'ailleursqu'on ait fait 
beaucoup defForts pour cela ; ce ne pouvait fitre que du c6te 
religieux que I'effort eOt pu fttre tente ; mais combien delicate 
devait 6tre cette entreprise, lorsque Ton songe au fanatisme 
musulman. La tentative de I'Angleteri'e de modemiser 
rislam en voulant introduire dans le programme des etudes 
de la grande universite musulmane du Caire, Al-Azhar, 
quelqucs notions scientifiques, estvouee, bien probablement, 
a un echec, car, comme le fait remarqucr le correspondant 
du journal qui nous apporte cette nouvelle, « il serait plus 
facile de supprimer I'antique et prospere Al-Azhar que de la 
moderniser ; c'est la surtout que la tradition est plus forte 
que la vie. Changer serait disparaltre. » 

Un effort aurait cependant pu fitre tente du c6t^ de I'Ecole, 
et rien jusqu'ici ne me paralt avoir ete fait. Je suis entr^ dans 
plusieurs ^coles musulmaues ; le maltre lit le Coran, les 6i6ves, 
- group6s k ses pieds, reprennenl en choeur le verset, et c'est 
Ik, paralt-il, k quoi se borne toute I'instruction primaire 
donn^e aux jeunes indigenes; lis ne savent rien de la France, 
ni de son histoire, ils n'ont aucune notion des sciences les 
plus elemental res, 

H semble que nous nous soyons completement d^sint^i-esses 

de faire la conqufite morale de ce peuple par I'instruction et 

I'education; nous avons pris le sol, nous n'avonspas conquis 

la race. Est-ce de la bonne politique et de la bonne coloni* 

sation ? Je crois que Ton pourrait fournir d' aussi bona 

<.^^„^^^t^ ^„..„ ~.,^ ~„«. — ^i^ suivant son temperament, 

qui coneeme I'instruction des 

ir ben Had] Said, au eongres 

ndre quelques reclamations. 

munication : 

i I'bonneur de presenter k la 
alistes a trait a renscignement 
ecoles, que Ton appelle aussi 
t les regions ou Ton se tixiuve, 
les villes , oil elles sont nom- 



— 93 — 

breuses, dans les petites, dans les villages, en un mot dans 
toutes les agglomerations. EUes se composent d'une piece 
plus ou moins vaste , souvent insuffisamment aer^e, dont le 
sol est reconvert de vieux tapis, on tout simplement de nattes 
en alfa. La zaouia est dirigee par un maltre appele taleb, 
cheikh ou mouaddeb, educateur. 

« C'est dans ces ecoles que les indigenes, qui n'ont pas 
d'ecoles frangaises a leur portee au qui pref^rent une edu- 
cation exclusivement musulmane, envoient leurs enfants. 
Ceux-ci y sont admis des leur plus tendre jeunesse. C'est 
vgeneralement a T&ge de 5 ou 6 ans que le petit indigene 
conmience a frequenter la zaouia. Le taleb lui apprend tout 
d'abord a lire et a ecrire. La methode adoptee pour arriver 
k ce premier resultat est deplorable et il n'est pas rare de 
rencontrer de jeunes Aleves, frequentant la classe depuis a 
ou 3 ans, ne sachant ni lire ni ecrire couramment TaraDe. 

« D^s que Televe est en ^tat d'ecrire sous la dictee de son 
maitre, commence T^tude du Goran. Le taleb dicte alors a 
son 61eve, en augmentant progressivement la dictee, des 
textes duLivre Saint, que Tenfiint ecrit sur une tablette appelee 
louha. La louha est simplement une planchette en bois dur, 
soigneusement rabot6e et polie, de Go k 70 centimetres de 
long sur 25 ou 3o de large. 

« Pour faire disparaitre un texte et en ecrire un autre a la 
place, operation qui se renouvelle chaque jour, le jeudi 
excepte, Televe trempe sa planchette dans un recipient plein 
d'eau et, a Faide d'une Sponge, en efface les caracteres. Apres 
cela, avec un petit morceau d'une esp^ce d'argile blanchatre, 
il frotte sa tablette sur toute la surface, la polit avec la paume 
de la main, la laisse secher un moment, et sa louha est 
propre, assez blanche, prSte a recevoir le texte suivant. 

« Les porte-plume dont on se sert dans ces zaouia sont en 
roseau. L'encre y est sp6ciale et sa preparation merite d'etre 
expliquee. Voici le procede dans toute sa simplicite, tout au 
moins dans le departement de Constantine : on prend de la 
laine graisseuse de mouton , celle de la queue de preference. 
On la met dans un ustensile, qu'on ferme herm^tiquement, et 
on fait cuire k petit feu. Au Dout d'un moment on obtient 
ainsi une substance noire et gluante qu'on met par fragments 
dans un encrier, on y ajoute un peu d'eau et on a de I'encre 
noire. II va sans dire que cette encre est de beaucoup prefe- 
rable a Tencre industrielle, en ce sens qu'elle s'efiace tres 
facilement sous Tinfluence de Thumidite, sans laisser la 
moindre trace sur les planchettes. 

<( Je reviens done a mon sujet. L' enfant, sachant Ecrire, 
commence la veritable etude du Goran. Son but, son but 
unique, est d' arriver k le savoir par coeur. Pour arriver a 
cette fin, il faut de nombreuses annees. Pourmanart, j'ai 
mis sept ans pour en savoir seulement la moiti^. Comme je 
n'ai jamais brille par la m^moire, mettons dix ans pour 



— 94 — 

Tapprendre en entierJ^On debute a six ans, comme je Tai dit 
tout k I'heure. Par consequent, a i5 ans, pendant que le 
jeune europeen est bachelier ou sur le point de T^tre, pen- 
dant que le jeune europeen est dans les ecoles normales, 
ecoles d^agriculture, d'arts et metiers, de commerce, ou qu'il 
a quitte Tecole, emportant une bonne instruction primaire ou 
pnmaire superieure, prepare k tout, connaissant tout, le 
jeune indigene, lui, ne saura rien autre que le Goran. 11 le 
recitera, tel un phonographe , sans y rien comprendre, sans 
goiiter cette eloquence divine, sans pen^trer cette morale 

Sure et douce dont les grands penseurs se plaisent aujour- 
'hui a reconnaitre la superiorite, cette phuosophie simple 
et profonde a la fois, ce monument de litterature que 
quelques esprits , faute de comprendre , ont trouve vulgaire ; 
en un mot , il restera insensible a ce Code de Tlslam , source 
toujours vive et intarissable d'une grande civilisation qui a 
provoque de tout temps le respect et 1' admiration sincere 
des plus grands hommes du monde entier. 

« Interrogez ce jeune indigene sur les questions les plus 61e- 
mentaires, donnez-lui une addition ou une soustraction k 
faire, demandez-lui les parties du monde, comment recon- 
naitre les points cardinaux, Thistoire de la religion mdme de 
ses peres, d ne saura vous repondre. 

« veritablement, Messieurs, cet 6tat d'ignorance est des 
plus regrettables et il est a souhaiter que la France, qui s'est 
impose et ne cesse de s'imposer chaque jour davantage les 
plus grands sacrifices pour repandre partout la science, 
cette source inepuisable de lumiere et de verite, mette en 
etude cette question de Forganisation des zaouia. 

« Si le jeune taleb, Tetude du Goran terminee, d^sir6 
pousser plus loin son instruction, la Medersa, ou la connais- 
sance de la langue fran^aise, est rigoureusement exig^e, et 
c'est Ik une excellente chose, la Medersa, dis-je, lui fermera 
ses portes. II suit alors les cours d*un mouderres, qui lui 
enseignera queloues notions elementaires de grammaire , de 
theologie et de aroit musulman et , apres quelque temps, il 
reviendra dans le sein de sa famille, sans ^tre guere plus 
avance qu'a son depart, tout en croyant avoir conquis la 
science. Gonclusion : deux bras de moins dans la famille 
pour travailler et une bouche de plus k nourrir. 

« Si, au contraire, le jeune tald^ n'est pas ambitieux et se 
contente du Goran, il se mettra au travail et bientdt les 
preoccupations de son nouvel etat, I'attention qu'il apportera 
a son apprentissage etles soucis, quinetarderontpas avenir 
et dont nul n'est exempt sur cette terre, le lui fcront bien 
vite oublier, et je connais beaucoup de tobbas qui ont oublid 
iusqu'a lire et ^crire. Gonclusion : dix annees de perdues 
^dans I'existence. ^ 

« Messieurs, on ne decouvre pas un mal sans lui pr^co- 
niser un remMe. Ge remede, vous le connaissez tons. 



— 95 — 

Messieurs, aussi bien que moi. En theorie, la chose est 
simple et facile. Les difncultes sont dans T application de la 
reforme que je pr^conise. Aussi je ne me fais pas d'illusion; 
je sais seulement qu'il faut un commencement a tout. Qu'on 
ne me taxe pas d'^re pour la suppression de Fenseignement 
du Goran dans nos ecoles, car, bien loin de la est mapensee. 
Seulement, le voudrais que Tenseignement coranique soit 
donne dans les zaouia, concurremment avec les. sciences el6- 
mentaires modernes professees dans les ecoles primaires 
europeennes... 

« Le jeune homme quitterait Tecole emportant un petit 
bagage de connaissances utiles et pratiques, lui permettant 
d' affronter les difficultes chaque jour grandissantes de la vie. 
Tel qu'il se pratique, Fenseignement arabe ne d^veloppe 
qu'une seule faculty : la memoire, au detriment de toutes les 
autres facultes intellectuelles. L'eleve ne serait plus un per- 
roquet, mais un jeune homme a I'intelligence ouverte, au 
raisonnement juste et a Tesprit sain. S'il revenait dans les 
champs , il travaillerait mieux que ses peres , etant a mSme 
d'apprecier les avantages considerables des proc^des nou- 
veaux introduits dans Fagriculture. S'il choisissait une pro- 
fession, il ferait un excellent ouvrier et si, enfin, il poussait 
ses etudes plus loin, il n'aurait pas inutilement perdu son 
temps. 

« JPour arriver 'a cet heureux resultat, pour realiser ces 
reformes, il faut n^cessairement le concours devoue de FEtat 
pour le recrutement du personnel enseignant et pour un 
contrdle effectif. 

« J'aime a croire qu'il m'a suffi d' avoir presents ce modeste 
petit travail a votre auguste assemblee pour que le gouverne- 
ment de la Republique frangaise et son Eminent et digne 
representant en Algerie, qui ont fait beaucoup pour les 
musulmans de ce pays , examinent ce voeu avec la nienveil- 
lance et la sollicitude dont ils ont toujours fait preuve a notre 
egard. 

« La France ne reculera devant aucun sacrifice pour 
accomplir cette noble et grande tache , puisqu'en travaillant 
pour elever le niveau moral et intellectuel de ses sujets 
musulmans, qu'elle consid^re comme ses fils adoptifs, elle 
aura travaille pour la grandeur et la prosperite de sa plus 
belle colonic et, par-dessus tout , fidele k ses traditions , elle 
aura servi ces trois nobles et saintes causes : celles de la 
science, de la civilisation et de Fhumanite. » 

Plus instruit, FArabe se melangera-t-il mieux k la popu- 
lation europeenne? celle-ci, de son c6te, se laissera-t-elle 
p^n^trer? je Fignore; il y a un autre facteur qui entre en jeu 
et dont il faut tenir compte, c'est la population algerienne 
elle-m^me, n6e en Alg6rie d'Europ^ens ^tablis aussitdt la 
conqu^te, population qui est algerienne peut-^tre avant 



— 96 — 

d'etre fran^aise, qui tient au sol natal autant que Tarabe, et 
qui semble , du moins a certaines personnes qui habitent le 
pays et Tetudient depuis longtemps, animee de tendances 
separatistes dont Thistoire nous a iburni d'autres exemples. 

Quel que soit le resultat des reformes a entreprendre et 
quels que soient les progres de notre civilisation , le touriste 
qui vient cherclier sur cette terre d'Afrique un peu de 
couleur locale, des impressions nouvelles, des sensations 
inconnues, prefer era encore Tetat actuel a un etatde progres 
plus avanc^. H sera tente, dans son egoisme d' artiste et de 
r^veur, de maudire un progres qui, tendant a passer tons les 
individus dans un moule unique , enlevera toute originalite 
aux productions de Tart et de Tesprit, qui, sous pretexte de 
confort et d'hygiene , v^tira les hommes de la meme fagon, 
les logera dans les memes demeures, les soumettra aux 
mdmes prescriptions de police. 

A cet arabe civilise il preferera encore ces grands gaillards 
deguenilles et sales, nonchalamment accroupis sur les places 
publiques et se laissant aller a je ne sais quelle reverie, a 
Tombre des grands palmiers. G'est cet arabe nature que le 
touriste aimera voir, soit chez lui lorsqu'il accorde Inospi- 
talite, soit au marche lorsqu'il trafique des produits de son 
sol, soit k la mosquee lorsqu'apres les ablutions d'usage il 
va se prosterner au pied de quelque colonne, soit au nain 
maure lorsque , le soir venu , il va s'etendre nu sur la dalle, 
se faire masser et se reposer du repos de la journee, soit 
encore au cimetiere lorsqu'il va prier sur la tombe des 
ancMres et remplir d'eau pure, lorsque la periode des seche- 
resses arrive, de petits reservoirs creuses a m^me la pierre 

f)oui' permettre aux oiseaux de venir boire et rejouir de 
eurs chants Tame des chers disparus — pensee touchante, 
empreinte d*une poesie bien orientale. 

Telle m'est apparue TAlgerie, telle le vous souhaite de la 
voir. « Feerie inesperee et qui ravit Tesprit, Alger a passe 
mes attentes », a dit de Maupassant ; « pays de delices, a dit 
un autre ecrivain (i), aux hivers radieux comme des printemps, 
pays couronne de verdure merveilleuse. Lk miirissent les 
fruits d'or comme la datte et Torange ; la fut jadis le grenier 
de la Rome imperiale. La, vivent des hommes d'une belle 
race, drapes a rantique dans des blancs bournous, ou che- 
vauchant sur des coursiers rapides a travers les vastes 
plaines , le faucon au poing et les grands levriers au c6te ; et, 
quand viennent des etrangers de marque, des banquets ou 
diffa pantagrueliques , des danses suggestives d'almees, des 
baise-mains repetes laissent a Tetranger I'impressiou d'un 
pays original et riche, peuple par une race qui vit d'une vie 
oisive et noble. » 

Angers, mai iQoS. 

(i) Ed. Gat, Preface de VAlgerie, 1901. 



— 97 — 



Difficult^s d'organisation d'un service d'ins- 
pection sanitaire des viandes de boucherie 
dans les communes d^pourvues d'abattoir 
public. 

Par M. le D"" Sigaud, secretaire general 

Une loi nouvelle, promulgu6e en Janvier 1906, engage les 
communes ne possedant pas d' abattoir public a fau'e pro- 
ceder a Tinspection sanitaire des viandes. Pour couvrir les 
frais de contrdle et d'inspection , les communes sont auto- 
risees a percevoir un centime par kilogramme de viande 
nette. Cette loi n'est pas encore obligatoire pour les com- 
munes mais, si nous sommes bien iniorme, elle ne tardera 
pas a r^tre. 

Nous avons pens6 que les observations signalees recem- 
ment par nous dans un rapport au Conseil municipal de 
Tr^laze pourraient avoir quelque interfit pour la plupart de 
nos coUegues et surtout pour ceux qui ont Thonneur de 
representer leur commune comme maire ou comme conseiller 
municipal. 

L'idee premiere dont le legislateur a dH s'inspirer, le but 
recherche par lui en creant cette loi sont assurement excel- 
lents ;. Tinspection sanitaire consciencieusement faite est , en 
effet , le seul moyen pratique d'entraver sinon d'emp^cher 
completement le tranc des viandes malsaines. Mais nous 
pensons que Tinspection sanitaire , dans les communes 
depourvues d' abattoir public et, par suite, de veterinaire, 
sera le plus souvent impraticable ou du moins soulevera des 
difficultes de toute sorte , pr^judiciables aux int^rSts de la 
commune , c'est ce que nous essaierons de d^montrer. 

Supposons qu'un service d'inspection sanitaire des viandes 
soit en v^ueur dans une commune depourvue d' abattoir 
public, k Tr^laze par exemple. 

Un boucher de cette commune vendant par semaine 5oo 
kilogrammes de viande nette devra payer un imp6t annuel 
de 260 fr. representant les droits de contr6le et d'inspection, 
a raison de 0,01 par kilogramme. Ce sera pour le commer^ant 
une charge nouvelle que vous lui imposerez, et cela sans 
aucun avantage, sans aucune compensation. II vient tout 
naturellement a Tesprit de supposer que le boucher, pour se 
dedommager de cette perte s^che , augmentera le prix de sa 
viande , peut-6tre m^me plus que de raison ; ce sera en defi- 
nitive le consommateur qui paiera la difference. 

Lorsqu'il existe un abattoir communal , tous les bouchers 
ou charcutiers sont tenus de faire une declaration pr^alable 



~ 98 — 

d'abatage, d'indiquer d'une fagon precise a quelle heure ils 
ont le desir de tuer et de designer exactement les animaux 
qu'ils ont Tintention d'abattre. Or, cette declaration pr^a- 
lable dans une commune depourvue d'abattoir oil Tinspec- 
tion sanitaire seule aura lieu, sera-t-elle egalement obliga- 
toire pour tous les bouchers et tous les charcutiers habitant 
la commune ? On doit Tadmettre en principe , autrement 
I'inspection serait une mesure completement illusoire, 
depourvue de toute efflcacite. 

Cette obligation deviendra pour les commergants une 
reelle servitude determinant par suite de la perte de temps 
un serieux prejudice. Les plaintes seront continuelles et 
bientdt la plupart des bouchers chercheront a se soustraire 
aux exigences de la loi. 

Admettons maintenant que le boucher, pour se soumettre 
a la loi, ait fait sa declaration prealable d'abatage, et comme 
la commune ne possede pas a abattoir mais seulement des 
tueries particulieres diss^minees k droite et a gauche dans 
divers points de la localite et distantes les unes des autres 
parfois de plusieurs kilometres , il y a lieu de se demander 
oh se fera le contrdle. De deux choses Tune : ou les bouchers 
et charcutiers devront apporter leurs viandes an domicile 
du contrdleur, dans ce cas il y aura pour eux des fr^is et des 
pertes de temps tr^s appreciables et la conmiune, de son 
c5te , sera contrainte de choisir un local special affects a ce 
service, ce qui suscitera pour elle de nouvelles depenses. Ou 
bien le contrdleur devra se rendre en personne a toute 
demande, au domicile de celui qui a declare vouloir abattre 
un animal, k un jour fixe et k une heure determinee. 

Cette seconde maniere de faire semble la plus rationnelle , 
elle devrait donner de preference satisfaction aux bouchers. 
Dans une commune de pen d'importance ou les bouchers et 
charcutiers sont en petit nombre et groupes dans une mSme 
agglomeration, la difficult^ sera beaucoup moindre, il est 
vrai, qu*a Trelaze, ou le contr6leur pourra Stre demande pres* 
qu'en m^me temps par plusieurs Douchers habitant a une 
assez grande distance les uns des autres , mais le le^slateur 
doit avoir prevu tous les cas et songe a toutes les difficultes 
d' application de la loi. 

Et le contrdle le confierez-vous k un employe communal 
quelconque ? 

Evidemment non, le choix du contrdleur n'est pas la ques- 
tion la moins importante ; vous devrez rechercher un homme 
d'une certaine competence, ayant fait prealablement un staee 
dans un abattoir public et capable de reconnaitre dans la 
plupart des cas une viande malsaine. 

II est admis qu'un inspecteur sanitaire ne s'improvise pas 
et qu'un v6terinaire dipl6me quelconque n'est pas apte en 
general k faire, sans etudes speciales prealables, un bon ins- 
pecteur sanitaire ; il faut avoir pratique assez longtemps 



- 99 — 

dans un abattoir public pour acquerir les connaissances 
indispensables pour pouvoir juger de la qualite d'une viande. 
A Paris ou , par suite de rimportance considerable des abat- 
toirs et des animaux abattus journellement, il est plus facile 
que partout ailleurs de former de bons praticiens, 11 est 
reconnu que ceux qui se destinent a faire des inspecteurs 
sanitaires sont plusieurs ann^es avant d'etre absolument 
sdrs de leur diagnostic. A plus forte raison dans les villes de 
province ou les abattoirs sont par suite beaucoup moins 
importants, les inspecteurs, pour remplir convenablement 
leurs fonction^, doivent-ils faire un plus long stage dans les 
-abattoirs de leur re^on et se consacrer tout entiers a T^tude 
et a Fexamen des viandes ainsi qu'aux moyens de decouvrir 
les nombreux procedes ou trues employes par les fraudeurs. 

Aussi les simples contr6leurs employes par les communes 
et qui n'auront point fait d'etudes speciales techniques offri- 
ront-ils toujours une plus faible garantie et seront-ils suscep- 
tibles d'erreurs frequentes prejudiciables aux int^resses. 11 
ne faut pas perdre de vue, en effet, que la loi nouvelle a 
pour but unique d'empScher le trafic des viandes malsaines, 
et non de creer pour les communes une source particuliere 
de revenus. 

Mais si Ton exige du contrdleur choisi une certaine com- 
petence dans Fexamen des viandes , il devra en outre ^tre 
un homme d'une probite absolue , et ne faire preuve , dans 
aucun cas, de complaisance en fermant les yeux sur certains 
■abus, sur des fraudes qu'il est de son devoir de signaler ; sa 
faiblesse coupable serait toujours nuisible au bon fonction- 
nement du service sanitaire et par suite aux int^r^ts de la 
commune et a la sante publique. 

II faut, je le repete, que toutes les viandes livr^es a la con- 
sommation aient ete prealablement soumises au contrdle et 
reconnues saines , or on ne doit pas ignorer qu'en dehors des 
bouchers et des charcutiers etablis sur le territoire commu- 
nal, des etrangers a la commune y introduisent tres souvent 
et librement des viandes quelconques provenant d' animaux 
tues dans d'autres communes. II sera necessaire que ces 
viandes soient soumises egalement au contrdle et k la taxe 
<;omme les autres et je dirai mSme de preference aux autres : 
des bouchers voisins ou mfime des ^leveurs fermiers cherchent 
parfois , en effet, a ecouler en dehors de leur commune des 
viandes suspectes difficiles k vendre dans leur entourage. Or 
si Ton en croit les bouchers et les charcutiers de Trelaze 
■convoques et interrog^s par nous, les viandes ^trangeres 
saines ou non sont introduites dans la commune dans des 
proportions tres appreciables. 

Et ces viandes etrangeres , ou le contrdleur les examinera- 
t-il, si la commune ne possMe point un local special affects 
k ce service? Lorsqu'il existe un abattoir public, il n'y a pas 
de difficult^ , toutes les viandes quelles qu'elles soient, tu^es 



— 100 — 

dans la commune ou venant du dehors, doivent Stre amen6ei» 
a Fabattoir ou elles sont examinees, contrdlees et verifi^es 
par rinspecteur sanitaire s'il y a lieu. 

Et pourtant , mSme dans les villes pourvues d'un abattoir 
et d'un octroi, les fraudes sont encore malheureusement trop 
nombreuses et des viandes pro venant d'animaux malades ou 
m^me creves entrent frauduleusement sans passer bien 
entendu par Foctroi et T abattoir et sont vendues impune- 
ment ensuite. Les fraudeurs sont, il faut le reconnaitre, 
aussi ingenieux que malhonndtes , et le plus souvent le ser- 
vice d'inspection est insufQsant pour les depister. 

II nous reste encore a examiner plusieurs questions d'une 
tr^s ffrande importance. 

II faudra etablir avec precision pendant combien de temps 
apres Tabatage des animaux les visceres devront rester adhe- 
rents a la viande pour pouvoir en contr6ler la qualite? On 
sait, en eflet, que les maladies les plus communes : la tuber- 
culose, le charbon, la peripneumonie , par exemple, sont 
reconnaissables surtout et presque uniquement a Texamen 
des principaux visceres , comme les poumons et le foie, qui 
presentent alors des lesions speciales particuli^res a chaque 
maladie. 

Faites disparaitre les visceres et les traces de maladie 
disparaitront en m^me temps, On comprend facilement la 
port^e considerable de cette mesure et les inconvenients de 
toute sorte qui peuvent resulter de sa negligence. Mais si 
Ton admet son application rigoureuse, il pourra arriver 
qu'un boucher auquel on aura impose Tobligation de conser- 
ver les visceres adherents k T animal tu6 pour les besoins de 
sa boucherie sera expose , dans certains cas, a perdre tout 
ou partie de la viande, si, par exemple, on tarde a faire le 
contr6le ou bien si le veterinaire sanitaire demande, dans un 
cas suspect, est empSche de venir a bref d^lai, pour une 
raison ou pour une autre. 

Supposons, d'un autre c6te, que la viande dont on a empS- 
che 1 enlevement et, par suite, la vente en temps convenable,. 
soit reconnue par le veterinaire sanitaire parfaitement saine 
et exempte de maladie, n'y a-t-il pas lieu de croire que le 
boucher qui aura subi, du fait de ce retard, un prejudice reel, 
sera fort mecontent et demandera peut-^tre des dommages 
et int^r^ts a la commune responsable des agissements et des 
erreurs de ses employes? Voilk done une source de diffi- 
cultes en perspective qui ne manqueront point de surgir de 
temps a autre et cr^eront a la commune des embarras nou- 
veaux. — Et, maintenant, supposons qu'il s'eleve une contes- 
tation entre le contr6leur et le boucher, le premier suspectant 
la qualite de la viande du second ; dans ce cas, le veterinaire 
sanitaire sera appele. Mais dans quel delai devra-t-il se pre- 
senter? II ne faut pas perdre de vue que, dans la commune 
de Trelaze que nous avons prise pour exemple, il n'y a point 



— 101 — 

de veterinaire et qu'on sera oblige de chpisir eomme v^teri- 
naire sanitaire un praticien d' Angers, demeurant a une cer- 
taine distance de la commune, ay ant ses occupations profes- 
sionnelles souvent tvbs absorbantes et susceptible, par suite, 
d'etre la plupart du temps absent de son domicile. II r^sul- 
tera de cette circonstance que le boucher ne pourra paa^ 
attendre le veterinaire au-dela d'un certain temps, sinon 
dans certains cas tres frequents, k certaines epoques surtout, 
il sera expos6 a perdre une grande partie de sa viande. II 
est done difficile d'imposer a un boucher d'attendre dans 
tous les cas la visite du veterinaire qui pent Stre absent ou 
emp^che par ses charges et ses devoirs professionnels et 
tarder a se rendre a Tappel qu'on lui aurait fait. Ne faut-il 

Sas pr^voir aussi le cas ou le veterinaire attache au service 
'inspection sera compl^tement empSche de venir? On sera 
done oblige d' avoir recours alors a un autre veterinaire et, 
par suite, de faire supporter au boucher un retard de plus en 
plus prolonge et toujours nuisible a ses inter^ts. 

II pent encore arriver ceci : le veterinaire appele est venu, 
il a reconnu T animal abattu atteint de maladie et a interdit 
la vente d'une partie de la viande ; le boucher acceptera-t-il 
dans tous les cas, sans contestation, la decision du veterinaire 
et se soumettra-t-il sans se plaindre? On rencontrera certai- 
nement des bouchers qui feront opposition a ce jugement d'un 
seul et ne voudront pas s'en rapporter a cet unique avis. II 
faudra, dans ce cas, demander un ouplusieurs experts ; toutes 
ces demarches exigeront un certain temps et souleveront de 
veritables difficultes. 

Ces contestations se presenteront encore assez souvent et 
11 faudra y songer avant d'entreprendre un service d'inspec- 
tion sanitaire dans une commune depourvue d*abattoir et, 
par suite, de veterinaire special. 

Des complications multiples peuvent done avoir lieu dans 
ce service. En voiciun nouvel exemple : Si, en ete, aTepoque 
des grandes chaleurs ou des orages , par suite du retard du 
contr6leur ou du veterinaire sanitaire , la viande a examiner 
se corrompt et devient invendable , qui devra supporter la 
perte? 

II est probable que le boucher portera plainte et cherchera 
k rendre la commune responsable du prejudice dont il aura 
ete victime. 

II faudra done decider si le retard des agents communaux 
cause une perte au boucher, dans quelles limites on devra 
rindemniser. II arrivera parfois certainement que le boucher, 
dont la declaration prealable d'abatage a ete regulierement 
faite et dont la viande est prdte, attendra en vain le contrdleur 
absent de chez lui au moment ou sa presence est necessaire. 
Le boucher sera-t-il tenu d' attendre au-dela des limites con- 
venables? Et si, par suite du retard de la visite du contrd- 
leur, le boucher a perdu un client presse ou bien s'il n'a pu. 



— 102 — 

faire I'expedition de sa viande en temps utile, ne sera-t-il pas 
■en droit de se plaindre et de rendre la commune f esponsalble 
de la negligence ou de T absence involontaire de son agent? 

En resume, Finspection sanitaire des viandes, dans les 
-communes d^pourvues d'abattoir et de veterinaire , souleve 
un grand nombre de questions delicates. Nous n'avons point 
la pretention de les avoir toutes indiquees, la pratique en 
fera certainement naitre beaucoup d'autres auxquelles nous 
n'avons point songe. Nous esperons toutefois que le regle- 
ment administratii qui suivra I'obligation de la mise en pra- 
tique de la loi repondra nettement a toutes ces questions et, 
en precisant le rdle et les pouvoirs du contrdleur et de I'ins- 
pecteur sanitaire, enlevera aux communes une respons ability 
qui sans cela p^serait lourdement sur elles et augmenterait 
leurs charges. 



Le Mildiou — Son traitement 



Le mildiou est un champignon de la famille des peronos- 
porees et du genre plasmospora d'oulenomde plasmospora 
piticola. Le mildiou se developpe sur tons les organes verts 
de la vigne : les rameaux herbaces , les feuilles et les fruits , 
on ne le voit jamais sur les bois aoMes. Les fructifications du 
mildiou n'apparaissent qu'a la face inferieure des feuilles sous 
forme de petites touffes blanches ressemblant a du sucre 
repandu en poudre fine. Au debut de Tattaque du mildiou, la 
face superieure des feuilles pr^sente par points isoles une 
teinte plus jaune, ces taches deviennent brun clair, puis 
brun livide et ensuite couleur feuille morte. 

Le mildiou de la grappe se montre surtout quand le cham- 
pignon s'est developpe avant ou pendant la floraison. Cette 
forme est tres grave. 

Le mildiou des grains jeunes porte le nom de rot sris. 

Le mildiou se developpant sur les raisins , apr^s la verai- 
son, porte le nom de rot brun, 

Les eflets du mildiou sont graves : les feuilles atteintes 
tombent et les raisins sont grilles et dessech^s ou leur deve- 
loppement et leur maturity sont incomplets, il restent acides, 
les feuilles alterees 6tant insuffisantes pour elaborer le 
5ucre. Le bouquet et la qualite du vin disparaissent. 

Les chasselas, les Pinots, I'Othello sont plus atteints que 
le cabernet-sauvignon , le cabernet franc et la FoUe blanche. 

Pour se d^velopper, le mildiou a besoin d'humidite et de 
^haleur. 



— 103 ^ 

Les plaines humides, les bords des rivieres sonl des mi- 
lieux favorables. 

II apparait surtout apr^s les pluies d'orage, lorsque la 
temperature atteint aS®, les vents sees arr^tant subitement 
son d^veloppement. 

Le mildiou se perp^tue par les oeufs ou spores d'hiver et 
par le mycelium des feuilles. 

Traitement. — II est impossible de combattre le mildiou 
par la destruction des fructifications ext^rieures, aussi bien 
que par la destruction du mycelium et des spores d'hiver. 

C'est par Tobstacle que les proced^s de traitement mettent 
k la formation des zoospores qu*ils ont une efficacite r^elle 
contre le mildiou. 

Les sels de cuivre appliques a temps, preVen^ip^me/i^, sont 
d'une efficacite absolue contre le mildiou. M. Millardet a 
enonc^ le principe suivant : Les sels de cuivre dowent se 
trouper sur les feuilles et se dissoudre dans les gouttelettes 
d'eau ou de rosee apant le moment oil les conidies y sont 
d^posees et {?ont g-ermer, Les traitements seront done pre- 

VKNTIFS. 

Lorsque le mal est tres accentu^ on n' arrive a rien; si les 
taches sont en petit nombre on pent arrdter la formation d6 
nouvelles taches. 

Les sels. de cuivre ont donne des mecomptes lorsque les 
applications ont 6te faites trop tardivement, non renouvel^es 
assez sou vent ou. mal executees.. 

Les solutions de sels de cuivre doivent rester adherentes 
aux feuilles pour ne pas ^tre entrain^es par les pluies ou les 
vents sees persistants. 

Dans notre region le premier traitement doit 6tre fait au 
commencement de juin (les sels de cuivre aux doses ou ils 
sont employes ne sont d'aucune nocuit6 pendant la flo- 
raison). 

La bouillie bordelaise est le procede le plus usit^ 
aujourd'hui. 

On Tobtient en versant un lait de chaux dans une solution 
de sulfate de cuivre. II se forme un hydrate d'oxyde de cuivre 
qui agit sur la germination des conidies, quand on Ta depose 
sur les organes verts de la vigne. 

La formule suivante est la meilleiu'e : 

Sulfate de cuivre 2 kilos 

Chaux vive i kilo 

Eau 100 litres 

(Faire dissoudre prealablement le sulfate de cuivre dans 
90 litres d'eau environ, et faire ^teindre la chaux dans 10 litres 
d'eau, on malaxe et on obtient un lait de chaux epais mais 
homogene ; verser peu a peu ce lait de chaux dans la solution 
de sulfate de cuivre. Remuer le melange pendant Toperation 
et chaque fois qu'on s'en sert. Se servir de comportes ou de 



— 104 - 

barriques en bois et puiser avec des vases en bois ou en 
cuivre.) 

Preferer les chaux grasses. Si la chaux est eteinte il faut 
5 kilos au lieu d'un. 

L'emploi se fera par un temps calme , au moyen de pulv6- 
risateurs. Un ou deux jours sont n^cessaires pour que 
Tadh^rence soit parfaite. 

Le premier traitement (dans notre region) se fait du i®'' au 
i5 Juin. 

Le deuxieme au moment ou les fruits sont noues, quelques 
jours par suite aprfes le soufrage qui coincide avec la floraison. 

Si une invasion se produisait, on avancerait ce sulfatage. 

Le troisii6me traitement a lieu au moins vingt jours avant 
la maturite des raisins. 

Dans les ann^es de grandes invasions, des traitements 
supplementaires sont parfois n^cessaires. 

On pent faire des traitements complementaires aux poiidres : 
soufre sulfate k lo o/o, sulfost^atite, etc. 

Ne pas oublier de sulfater souvent les pepinieres de greffes- 
boutures. 

BouiLLiES DivERSES. — Nous citcrous comme 6tant des 
preparations reconimandables : 

La bouillie bourguignonne dont la formule est la suivante : 

Sulfate de cuivre dissous dans lo litres d'eau. . . 2 kilos 
Cristaux de carbonate de sonde (dissous dans 

10 litres d'eau) 3 kilos 

Eau 80 litres 

Le Qerdet gris ou acetate bibasique de cuivre en solution 
constitue un des procedes les plus parfaits de traitement 
contrele midiou. Adherence remarquable, jamais de brMure 
a redouter : 

Verdet gris 2 kilos 

Eau 100 litres 

Laisser macerer les 2 kilos de verdet pendant deux ou 
trois jours dans 10 litres d'eau, ^tendre ensuite en ajoutant 
90 litres d'eau au moment de l'emploi et en agitant le liquide. 

11 existe egalement dans le commerce certaines bouillies 
toutes prepar^es , d'un emploi tres facile et donnant de tr^s 
bons resultats. 



Le Girant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1483-5. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 

r r 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 

D'ANGERS 
et du ddpartement de Maine-et-Loire 



Proc6s-verbal de la stance du 24 juin 1^05 

\ 

Pr6sideiice de M. Huault-Dupuy, puis de M. le comte de Blois 

Etaient presents : MM. Jamin, le D'^ Siffaud et Andr6 Huau, 
membres du bureau et MM. Lavallee, le marquis de Dam- 
pierre, O. Chaillou, Lemaneeau, Bernard-Chauvire , Betton- 
AUard, Bouvier, Grau, D'^ Maisonneuve, Tabbe Hy, Moreau, 
Sigaud fils, de Lavergne, Baron, Florestau Bauge, Massignon, 
Auge, Secher, Mignot, Briehet, deBossard, Halop^, Herroufit, 
membres titulaires. 

M. le President lit des lettres de MM. de Grandmaison, 
Joseph Joftbert et Gilles Deperriere s*excusant de ne pouvoir 
assister a la seance. 

— M. Moreau, direeteur de la station CBnologique, parle de 
Tutilisation des lies; il a ecrit k plusieurs fai)ricants de 
tartre et en particulier k M. Ordonneau de Cognac; d'apr^s 
les renseignements qui lui ont ^te donnes, fes fabricants 

{talent en general o fr. 80 par unit6 de bitartrate de potasse. 
1 n'y aurait avantage a utiliser ce mode d'emploi des lies 
qu'autant qu un certain nombre de propri^taires se groupe- 
raient ensemble pour expedier une quantity notable de hes 
dessech^es. 

— M. le marquis de Dampierre parle de Vaoiculture en 
Maine-et'Loire et des perfectionnements ajyapporter, (Gette 
etude remarquable sera r^sum^e dans notre prochain bul- 
letin.) M. le President remercie M. le^marquis de Dampierre 



( 



— 106 — 

« 

de la tr^s interessante conference qu'il vient de nous faire 
et qui a re^u les applaudissements de tout Tauditoire. II recon- 
nait en lui les quautes brillantes de son grand'p^re, le marquis 
de Dampierre, qui a joue un rdle si brillant k la Soci6t6 des 
Agriculteurs de France. 

M. le marauis de Dampieri^e propose ensuite a la Soci6t6 
industrielle ae nommer une commission charg^e d'examiner 
les meilleurs moyens d'ameliorer Tavicultiu'e. II est bon, 
dit-il, de se preparer de bonne heiu'e pour le grand concours 
regional de 1907 qui aura lieu a Angers. Ne pourrait-on pas 
grouper les principaux 61eveurs et faire une exposition 
speciale preparatoire? 

II est convenu que le biu'eau de la Society industrielle , 
auquel sera adjoint M. le marquis de Dampierre, se r^unira 
dans le but d'^tudier cette question. 

— Une discussion, k laquelle prennent part plusieurs denos 
coUegues et entre autres M. Mignot, a lieu sur Fartillerie 
contre la grfile. On semble d'accord pour admettre que, 
d'apres les nombreuses experiences faites en France et a 
Fetr anger, les fus6es sont superieures aux canons. II est 
convenu que cette question importance sera mise a Tordre du 
jour de la prochaine stance. M. Moreau, directeur de la 
station oenologique, est charge de faire le r^sum6 des travaux 
parus jusqu a ce jour sur ce sujet. 

M. le D' Sigaud a re^u un tres int6ressant travail d'un de 
nos distingues membres titulaires : M. G. Gharpentier, inge- 
nieur E. C. sur le chauffage des serves, M. le President, en 
raison de Theure avancee, prie notre secretaire-g6n6ral 
d'ajom'ner cette lecture a la prochaine stance. 

— Reception des candidats pr^sentes le 29 avril 1906 : 
MM. Merlet, proprietaire, chateau de la Grande-Garde, 

commune d' Avrul^ ; 

Charles Fougeray, clerc de notaire a Rablay ; 

Alfred Gavinet, proprietaire-viticulteur, chateau du Four- 
neau, par Ghalonnes-sur-Loire, 
sont 61us membres titulaires a Funanimite des voix. 

— Presentation de candidat : 

M. Eugene Mesnard, directeur de la Mutuelle du Mans, 
3o rue Desjardins k Angers, pr^sente par MM. Andre Huau 
et L^on Bourcier. 



Le Secretaire g^n^ral, 

D'^ Paul Sigaud. 



— 107 ~ 



Essai sur I'Aviculture en Maine-et-Loire 

et sur les ameliorations k y apporter 

Par M. le marquis de Dampierre, membre titulaire 



Messieurs , 

II me faut tout d'abord remercier M. le President de 
rhonneur qu il me fait en me donnant ici la parole. J'ajoute 
qu'il semble y avoir quelque outrecuidance k un tard venu 
comme je le suis parmi vous de paraitre vouloir indiquer, 
en agriculture, des voies nouvelles a une Assemblee aussi 
savante et aussi experiment^e que la Societe Agricole et 
Industrielle de Maine-et-Loire. L'avouerai-je , cependant? 
Fannonce, pour 1907, a Angers, d'un grand Goneours 
Regional Agricole, oii Taviculture doit ^tre representee, n'a 
pas ete sans m'inspirer quelques inquietudes ; et c'est de la 
que sont nees les guelques reflexions que je me permets de 
vous soumettre aujourd'hui. 

D'une etude impartiale de la question, il resulte en eflet 
que Taviculture (Felevage des animaux de basse-cour) est, en 
Maine-et-Loire, tr^s loin de pouvoir etre comparee tant a la 
production du m^me departement dans les autres branches 
de Tagriculture qu'a la production purement avicole des 
departements voisins : si nous nous en tenons a Televage en 
general- dans le departement de Maine-et-Loire, nous cons- 
tatons avec plaisir les progres remarquables qui y ont ete 
realises, dans presque toutes les branches, par les eftorts 
coordonnes et perseverants des eleveurs. La race chevaline 
y a ete sans cesse amelioree depuis un demi-siecle par des 
apports judicieux de sang anglais. Les bovides ont beneficie 
d' ameliorations du m^me ordre , parmi lesquelles il ne sau- 
rait ^tre permis de passer ici sous silence les remarquables 
efforts de MM. de Falloux et d'Andigne pour perfectionner 
a Taide du Durham et pour fixer dans ses nouvelles qualites 
la belle et bonne race anglo-mancelle. Dans I'espece porcine 
enfin, ne possedons-nous pas cette admirable race craonnaise, 
dont Fampl^ur et la rusticite contrebalancent hautement , 
dans la ferme, les qualites toutes differentes des races 
anglaises ? 

Dans nos basses-cours, malheureusement, rien de compa- 
rable ! Ni fixite dans les races, ni m^thode dans Televage, ni 
recompenses dans les concours, ni place dans les grands 
marches! Alors que Televeur de chevaux, debestiaux, de 
pores et m^me de moutons se voit eclair^ , guide , soutenu 
par un remarquable ensemble de comices agricoles et de 
concours departementaux , Taviculteur, abandonn6 k. lui- 



— 108 — 

m^ine, ne salt comment egaler ses voisins plus experimentes 
et, le plus souvent, abandonne la lutte. Et pourtant les 
examples ne lui manqueraient pas : Un arrondissement 
vpisin, detache lui-meme (comme le Craonnais) de Faniique 
province d'Anjou, T arrondissement de La Fleche, n'est-il 
pas justement cel^bre pour sa merveilleuse race de volailles 
et ses chapons universellement apprecies? Et^, si Ton 
trpuve trop speciale cette Industrie des chapons fins, n'est-il 
pas legitime de comparer notre pays au departement voisin , 
la Loire-Inferieure , si semblable k bien des points de vue , 
comme sol , comme productions , comme mode de culture ? 
Eh bien, la Loire-Inferieure a su, elle, se creer une race de 
volailles adaptee a son usage, et son exemple est de ceux que 
doivent et que peuvent mediter avec fruit et nos grands 
agriculteurs et nos simples fermiers. 

En effet, dans toutes les exploitations agricoles, petites et 
grandes, de notre departement, on trouve, comme partout, 
des volailles ; il n'est pas de fermiere qui ne cherche un 
appoint d'argent liquide destine a ^quilibrer les depenses 
courantes du menage, dans la vente des oeufs de ses poules 
et m^me de quelques couples de poulets ; il n'est pas de 
petit bourg dans la contree ou ne se trouvent un ou plusieurs 
« coqueniers » vivant de ce petit commerce. Et pourtant 
cette production gene rale ne parvient pas a s' Clever 
au-dessus du mediocre ! Aux Halles de Paris, les poulets 
d'Anjou sont ignores. Aux marches d' Angers, les produits 
courants sont d'une deplorable insuflisance et, si les cours 
restent infimes, c'est que le poids et I'etat des sujets les jus- 
tifient. C'est a peine si sur deux points du departement, a 
Beaufort, a Brissac, il existe de veritables marches de 
volailles ; mais, Ik mSme, les cours les plus eleves ne depassent 
guere 3 I'r. a 3 fr. 5o par piece (6 a 7 fr, le couple) dans la 
saison oil les poulets sont le plus cher (mai), tandis qu'au 
marche de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Inferieure) , 
par exemple, il n'est pas rare de voir, a la mSme epoque, 
des poulets gras de 4 a 5 mois, pesant de 2 kil. a 2 kU. 5oo 
la piece (poids vif), se vendre 4 fi'^ 4 fr* ^^ et 5 fr. (jo fr. le 
couple). 

Quelles sont done les raisons de cet etat d'inferiorite de 
I'agriculture angevine en matiere avicole? Et quels remedes 
peut-on y apporter sans rien bouleverser dans I'equilibre 
actuel de nos fermes? Telles sont, Messieurs, les questions 
que je voudrais exposer devant vous. 

Si la production avicole du dej)artement de Maine-et-Loire 
est encore en arriere de ce qu'elle devrait etre , cela tient a 
deux causes principales : tout d'abord a ce que les fermieres 
ont eleve a la hauteur d'un axiome ce principe errone que , 
dans une ferme bien conduite , la volaiUe doit se nourrir et 
s'elever toute seule; en second Keu, a ce que, feme de 



— 109 — 

cette idee fausse, la m^me fermiere a repousse ou laisse 
degenerer toutes les fortes races , grosses mangeuses / pour 
s'en tenir ou en revenir presque toujours a la petite race 
noire du pays, prompte h s'emplumer, lente a grossir, habile 
a trouver sa nourriture et extrdmement resistante. On allegue 
bien encore une troisieme raison, T^troitesse du marche et 
la faiblesse des cours ; mais ce n*est la qu'un sophisme , 
Fexperience ayant demontre qu'une production sup^rieure 
finit bientdt par relever, a son profit, le cours d'un produit 
aussi universellement demande que la volaille. Si elle est 
isolee , elle fait prime ; si elle se generalise , elle etablit un 
courant commercial regulier. Des tentativcs isolees comme 
celle qu a faite Fannee derni^re Tauteur de la presente etude, 
comme celle que poursuit en ce moment M'^^« la Vicomtesse 
de Tredern (i), demontrent surabondamment que la volaille 
fine se vend toujours son prix, mSme a Angers. Ce qui n'est 
pas achete par des particuliers est enleve par de grosses 
maisons de commission (2), qui ne sont pas en peine de les 
^couler aux Halles de Paris ou ailleurs. 

La negligence de nos fermieres est done seule coupable , 
mais elle peut dans une certaine mesure s'expliquer. II est 
incontestable, en efTet, que, dans une ferme men conduit e, 
il ne faut acheter, pour les b^tes qu'on eleve, que certains 
produits accessoires, exotiques, ou accidentellement man- 
quant ; Talimentation courante , en tout cas , doit leur ^tre 
integralement fournie par le sol mSme de la ferme. Or, il faut 
reconnaltre que presque tons les produits qui, dans la ferme, 
peuvent servir a Falimentation des volailles sont, dans nos 
contrees , employes a une autre Industrie non moins lucra- 
tive : celle du pore. Le petit lait et le lait caille, les pommes 
de terre, le ble noir, le son, etc. sont soigneusement reserves 

Ear la fermiere aux portees de porcelets qui, s'ils se vendent 
ien, lui assureront de beaux btoefices. Uniquement preoc- 
cupee d'eux et, d'autre part, ne voulant rien acheter (ce en 
quoi elle a raison), elle consent tout au plus a jeter a ses 
poulets quelques poign^es de petit grain, de « venailles », 
et, quel que soit le produit de sa basse-cour, elle doit Testimer 
appreciaDle, puisqu'apres tout il ne lui a rien coMe ! 

Ce raisonnement n'est pourtant pas irrefutable. En efiet, 
si la vente des pores de six semaines est incontestablement 
une affaire merveilleuse qiiand les cours sont bons, elle peut 
devenir desastreuse quand , par suite de surproduction , ces 
cours s'eftbndrent. Or, Ton sait si les fluctuations de ce 
marche sont brusques et d^concertantes ! II nous a done tou- 
jours semble tres imprudent, dans nos fermes, de pousser a 



(i) Dans son exploitation de Ilsle-Briand , dont les produits : lait , 
beurre , volailles lines , sont en vente dans un luagasin de detail de la 
rue Saint-Laud, a Angers. 

(a) Comme la maison Gaunet-Salmon, aux Justices^ pres d' Angers. 



— 110 — 

une production exageree des porcelets; j'entends par la une 
production telle, qu en cas de resserrement du marche on se 
trouve dans Timpossibilit^ de continuer a nourrir les b^tes 
et dans Tpbligation de les liquider a tout prix. 11 nous sem- 
blerait sage , tout en conservant a Felevage si remunerateur 
du pore une place legitime, de reserver pour les volailles une 
bonne partie des produits destines a cet elevage. Gette com- 
binaison presenterait , a notre sens, un triple avantage : 
1° doter la ferme d'un element de transactions d'une produc- 
tion delicate, sans doute, mais d'un prix remunerateur et 
d'une vente reguli^re , le cours de la volaille grasse ne con- 
naissant, en dehors des variations annuelles, que des oscilla- 
tions insignifiantes ; 2^ presenter pour le proprietaire une 
reelle economic de constructions , 1 accroissement de la pro- 
duction porcine ne laissant pas d'obliger souvent a des ame- 
nagements onereux ; 3° de permettre, en cas de mevente des 
porcelets , de garder ces animaux a la ferme , en diminuant 
momentanement (ce qui est toujours facile) la production 
avicole et en reportant a la porcherie la part de nourriture 
qui J est necessaire pour attendre des cours meilleurs. 

Ainsi comprise, comme production accessoire, I'aviculture, 
bien conduite, ne pent manquer de donner a la fermi^re de 
beaux benefices; mais a la condition, bien entendu, qu'elle 
soit ici encore penetree de cette verite fondamentale : qu on 
n'obtient rien sans efforts et sans risques et que, pour reussir, 
en aviculture comme ailleurs, il faut quelques depenses et 
beaucoup de soin, de perseverance et d entente. C'est seule- 
ment gr^ce a cela qu'elle sortira de Torniere et parviendra a 

Eerfectionner ses methodes et a ameliorer ses races , double 
ut que nous voudrions proposer a Femulation de nos com- 
j)atriotes. 

Pour obtenir un perfectionnement notable de I'aviculture 
en Maine-et-Loire , il importe en eflet de diriger a la fois ses 
efforts et sur le mode d' elevage, et sur le selectionnement des 
reproducteurs. L'aviculture en cela d' ailleurs n'echappe point 
aux lois qui regissent, en agriculture, Tamelioration detoutes 
les especes domestiques. Et ici une qiiestion se pose tout 
d'abord : existe-t-il une race de volailles particuliere a 
FAnjou? 

La reponse est delicate, les caracteres d'une race locale 
ayant toujours quelque chose d' unpen flottant et d'arbitraire, 
tant que celle-ci n'a pas ete longuement et minutieusement 
selectionnee, et n'etant bien souvent definis avec une precision 
rigoureuse par les eleveurs que pour distinguer le type de 
leur choix de celui des voisins. Les diffcrentes races de 
volailles veritablement originaires de I'Europe Occidentale 
se ramenaient sans doute, en principe, a trois ou quatre 
varietes de plumage au plus : noir (Bresse, Barbezieux, 
Minorque, Espagnol, Le Mans, La Fleche, Crevecoeur, 



— Ill — 

Caumont, etc.); gris barre ou coucou (Coucou de Rennes, 
Bresse gris,. Scotch -Grey, Concou de Flandres, Cam- 

Eine. etc.); cailloute (Houdan, Hambourg, etc.); blanc (Bresse 
lane, Gatinais, etc.). Mais les eleveurs ont tellement croise, 
varie, selectionne en sens divers ces quelqpies types que, 
dans Textr^me confusion qu'engendre la multiplicite des 



1 » . 



races actuelles (encore augmentee par celles d'origine asia- 
tique et autres), il est bien difficile de savoir quelle race ou 
quelle variete reste la plus voisine du vieux coq gaulois 
primitif. 

Serait-ce en Anjou qu'il faudrait chercher ce type? C'est 
une supposition qui fait trop d'honneur aux brillantes qualites 
de nos compatriotes pour que lious Tabandonnions sans nous 
y arrSter ! Nous devons constater en effet que, ce pays-ci 
etant reste jusqu'k ce jour a Fabri des efforts des aviculteurs 

Eour ameliorer les races, les volailles qui peuplent nos 
asses-cours sont tres probablement du m^me type que 
celles qui, depuis de longs siecles, servaient d'heureux sym- 
bole a nos peres. Or, que voyons-nous dans nos fermes? 
Des coqs et des poules grises ou coucou (barrees gris et 
marron plus ou moins regulierement) , sans doute les mSines 
que celles qui, ameliorees en Bretagne, sont connues sous le 
nom de Coucou de Rennes ; des coqs et des poules noires a 
reflets brillants, les unes a cr^te plate (race du Mans), les 
autres a cr^te double, en forme de petites cornes (La Fleche), 
quelques-unes entierement d'un noir mat, avec une petite 
huppe (Caumont) ; enfin des volailles sans type defini, noires, 
cailloutees, blanches ou jaunes, bSitardes departout, souvent 
deplumees autour du cou , ce qui fait croire a des races spe- 
ciales et n'est en realite qu*une maladie, d*ailleurs souvent 
her^ditaire (i). 

Mais, parmi toutes ces volailles bariolees qui peuplent nos 
basses-cours, il en est une que Ton rencontre plus frequem- 
ment que les autres et dans toutes les parties du departe- 
ment. Certaines fermieres m^me lui attribuent des qualites 
speciales et il semble bien qu'elle soit la veritable poule du 
pays d' Anjou. En relevant avec soin les caracteres extericurs 
que Ton trouve le plus communement reproduits chez ces 
volailles , dans les fermes ou elles se trouvent a peu pr^s 
seules, voici quelle description Ton pourrait en donner. 

Caracteres generaux, — Animaux de taille moyenne, 
ayant a peu pres le volume, le galbe et Failure de la poule 
de Bresse, tres sauvages, tres rustiques, ayant meme con- 
serve des aptitudes au vol tres remarquables (2). 

(i) Nous connaissons des FaveroUes qui, abandonnees dans une 
ferme avec d'autres volailles de divers types, ont presente cette parti- 
cularite. 

(2) Nous avons observe des poulettes qui, effrayees, franchissaient 
en plein vol des distances de 100 a i5o metres au moins, a une hauteur 
moyenne de a metres environ. 



— 112 — 

Au point de vue de I'elevage : production facile, elevage 
naturel a peu pres infaillible ; les poulets s'emplument tres 
vite et se nourrissent facilement, a condition d' avoir avec 
leur mere la plus entiere liberte ; par centre, ils grossissent 
lentement et ne sent pas bons a manger avant 6 ou 7 mois 
au moins. 

Au point de vue de Fengraissement : resultat mediocre ; 
chair naturellement fine, mais' engraissement difficile par 
suite de la nervosite des sujets, qui supportent mal Tepinette 
et moins encore le gavage. Les sujets gras depassent rare- 
ment i.5oo grammes. 

Au point de vue de la ponte : aucun rel^vement precis n'a 
encore ete fait, mais les fermieres s'accordent a exalter les 
qualites remarquables de ces volailles a ce point de vue. — 
CEufs moyens de 5o a 60 grammes. 

En resume, au point de vue pratique : race economique 
par excellence. Au point de vue exterieur : race elegante et 
d'une dimorphic sexuelle tres accentuee, comme on va le 
voir par ce qui suit. 

Caracteres particuliers au coq et a la poule : 

CoQ. — Deux varietes : argentee, dor^e. (Dans quelques 
fermes on trouve des coqs entierement noirs, mais ils sont 
assez rares) (i). — Les caracteres communs sont : 

Crete : simple, droite, dimensions moyennes, analogue a 
la cr^te des Bresse (2). 

Oreillons : sables (3). 

Barbillons : tres fins, de dimensions moyennes. 

CEil : jaune. 

Bee : gris-clair. 

Joues : rouges. 

Pattes : lisses (4), bleu ardoise, a quatre doigts. 

Ongles : gris clair. 

Plumage : pour les deux varietes, fond noir, a reflets 
bleus , le plastron entierement noir. 

La queue comporte des faucilles et des rectrices noires, 
les rectrices avec des reflets verts tres brillants, les faucilles 
implantees bien verticalement. 

Les ailes ont egalement les remiges noires et les tectrices 
a reflets verts. 

De plus, dans la variety doree, le camail et les lanceties 
sont dores, d'une teinte d'or fence, liseree de noir, caracte- 



(i) Ces coqs noirs pnt presque tous les barbillons blancs et la crete 
plate oil double. 

(2) 11 se trouve aussi des cretes plates ou doubles, mais elles ne nous 
semblent pas aussi frequentes. 

(3) C'est-a-dire meles de rouge et de blanc, de maniere a n'etre nette- 
ment ni I'un ni I'autre. 

(4) Et non pas emplumees, ce qui caracterise generalement un croi- 
sement asiatique plus ou moins lointain. 



-- 113 — 

ristique ; les plumes du dos, entre le camail et les lancettes, 
■^sont rouges et vertes. 

Dans la variete argentee, les parties rouges ou dorees du 
plumage sont remplacees par des parties blanches (i). 

PouLE, — CrSte : simple, petite, generalement droite (2). 

Plumage : uniformement noir, a reflets bleus earaeteris- 
tiques (3), la queue droite, tres relevee. II n'y a qu un seul 
type, quelle que soit la variete du coq. 

Les autres caracteres (oreillons, joues, bee, pattes et 
ongles) comme le coq. 

Telle est a peu pres. Messieurs, la race commuue de notre 

f)ays, sans que nous osions pretendre qu'elle lui soit particu- 
iere. Telle qu'elle est, avec sa rusticite de sauvageonne et son 
mediocre rendement, devons-nous la supprimer pour la rem- 
placer par une meilleure ? Devons-nous au contraire I'ame- 
liorer par croisement ou selection pour lui donner les 
qualites qui lui manquent? G'estune question que je soumets 
aux meditations des hommes competents ; les deux systemes 
ont leurs avantages, Je me bornerai done a en rappeler ici' 
les principes. 

Pour ameliorer la race exist ante, sans la detruire, il est 
incontestable qu'il faudrait d'abord en fixer les caracteres et 
pour cela operer, non sur une basse-cour en particulier, 
mais dans toute une region, de preference. Un comice agri- 
cole cantonal, par exemple, en encourageant par des primes 
les reproducteurs correspondant a un type donne, aurait vite 
fait de g^neraliser ce type dans les exploitations agricoles de 
son ressort. Cela fait, des eleveurs serieux et perseverants 
pourraient ameliorer ce type, en le croisant alternativement 
avec des sujets de races bien choisies, en s^lectionnant les 
produits obtenus de maniere a conserver les principaux carac- 
teres du type primitif et en repandant autour d*eux les repro- 
ducteurs amsi obtenus, de maniere a constituer dans la 
region une veritable race originale. C'est ainsi qu'ont ete 
constituees de nos jours des races comme la Dorking, en 
Angleterrcjcomme la Faverolles, en France, et Ton sait quel 
succes ont eu ces creations ! 

Mais, pour une pareille entreprise, il faut de la science, de 
la perseverance etune entente entre les proprietaires d'une 




contrees restant assez sombre et leurs plumes dorees ou argentees 
comportant toujours des parties noires. 

(2) On trouve aussi, comme chez le coq, des cretes multiples ; quel- 
quefois aussi des cretes simples, mais couchees. 

(3) Et non pas des reflets verts qui, comme les plumes aux pattes, 
recelent souvent du sang de Langsnan. 



- 114 — 

region. II faut aussi bien savoir ce que Ton veut faire et si, 
par exemple , on veut obtenir avant tout une race de ponteT 
ou bien une race de viande. Les races primitives, en effet, 
auxquelles il convient de demander des reproducteurs 
capahles d'ameliorer la ndtre, ne possedent pas egalement 
ces qualit^s et c'est d' autre part k ces races primitives qu'il 
faut s'adresser toujours pour des croisements de ce genre, 
elles seules ayant a la fois la rusticity et la fixite de carac- 
teres qui permettent k I'eleveur d'operer k bon escient (i). 

C'est ainsi que, pour obtenir un accroissement de la taille, 
on devra s'adresser aux races Asiatiques : on choisira de pre- 
ference des coqs Malais ou Indiens , des Cochinchinois ou 
des Brahmas , ou encore des Langshan , les premiers appor- 
tant, outre la taille, un caractere independant et combatif qui 
est excellent pour des volailles de ferme, les seconds donnant 
les formes massives et le volume enorme qui ont fait le succes 
des Faverolles , les derniers constituant en quelque sorte un 
type interm^diaire qui semble particulieremement heureux 
pour r amelioration directe des races communes. 

Pour obtenir des qualites de ponte , au contraire , ce sont 
des races europ6ennes qui semnlent donner les meilleurs 
resultats. On sait quelles brillantes pondeuses sont les 
Leghorn, ces poules italiennes dont le seul defaut est d' avoir 
les pattes et la viande jaune, ce qui les rend difficilement utili- 
sables pour la chair; les poules russes Poltava ou Warna, 
dont on vante a juste titre la remarquable ponte d'hiver ; les 
races du nord, Campine, Brackel, Hambourg, auxquelles 
certains eleveurs ont donne le nom quelque peu ambitieux 
de « poule pond tous les jours », et enfin la Minorque, celle de 
toutes les races pondeuses qui a le plus d^affinites avec les 
ndtres, celle en tout cas qui a le plus fort volume (car toutes 
les autres sont petites) et dont les croisements ont donne 
jusqu'ici les plus brill ants resultats. 

Mais trouverons-nous les aviculteurs experts et desinte- 
resses qui entreprendront de doter notre pays d'une race 
originale vraiment productive? Nous poilvon^ le souhaiter, 
sans trop y compter peut-Stre, et nous devons rappeler aux 
gens presses qu'il existe pour tous les besoins des races 
toutes faites, lentement elaborees par de savants eleveurs de 
France, dc Belgique ou d' Angleterre , et dont 11 suffit de 
garnir sa basse-cour pour ^tre assure d'avance d'un resultat 
satisfaisant. Ces races « a tout faire », comme on les a appelees, 
sont le fruit de croisements m^thodiques, semblables a ceux 
dont je parlais tout a Theure, et de selectionnements rigou- 
reux, destines a perpetuer leurs qualites. Nous nous borne- 
rons a en cite^r les principales : 

(t) Ainsi des croisements fails entre une race simple comme la 
ndtre et une race deja croisee comme la Faverolles ou I'Orpington ne 
donnera que des produits. defectueux, sans unite de type et sans meuie 
les qualites de leurs parents. 



— 115 — 

La Faverolles, issue de la poule commune des environs de 
Paris, amelioree d'abord avec le Dorking, auquel elle doit le 
camail et le plastron saumone, puis avec les races asiatiques 
(Cochin, Brahma), qui lui ont donne Tampleur de formes, 
est une race dejk ancienne aujourd'hui, tres precoce, suffi- 
samment pondeuse, tres rustique et qu'on pent adopter sans 
crainte comme race pratique , si Ton a soin de bien choisir 
chaque annee les reproducteurs , car la fixite des caracteres 
ext^rieurs n'est pas encore completement assuree. 

La race Coucou de Malines, souvent appelee la FaveroUes 
beige , est issue d'un metissage analogue et presente a peu 
pres les mSmes forces et les mSmes qualites que la celebre 
volaille frangaise, dont elle se distingue surtout par son plu- 
mage coucou. 

\J Orpington, noir, blanc, fauve, etc., est une race plus 
recente, creee en Angleterre par le croisement du Langshan, 
animal a forte taiUe, avec la Minorque, animal a forte ponte. 
Cette race, tres volumineuse, bonne pondeuse, assez precoce, 
est fort a la mode en ce moment et semble destinee a un 
brillant avenir. 

En dehors de ces races principales, il en existe d'ailleurs 
beaucoup d'autres, moins bien fixees et moins celebres, mais 
qui, produites par des croisements bien conduits, n'en 
aonnent pas moins d'excellents resultats. Cest ainsi que les 
fermieres de la region de Saint-Philbert de Grand-Lieu (Loire- 
Inferieure) par exemple ont, il y a aS ou 3o ans, introduit 
dans leurs basses-cours un certain nombre de sujets Lang- 
shan, importes k cette epoque, ou cette race venait d'arriver 
en Europe, par un amateur intelligent. Les croisements ainsi 
produits , appuyes par une selection soigneuse et generale , 
ont fini par confirmer dans le pays une race de plumage 
analogue a nos volailles communes, mais a pattes emplumees, 
k tailfe plus forte , k precocite plus grande et que Ton pour- 
rait fort bien adopter directement dans nos fermes. 

Mais, quelle que soit la race, directe ou crois6e, lointaine ou 
proche, que Ton introduise dans nos exploitations, on n'aura 
rien fait pour Taviculture en Maine-et-Loire tant qu on n'aura 
pas reforme d'abord I'insouciance des fermieres a Tegard de 
leurs volailles. Est-ce a dire qu'il faille, pour cela, creer des 
etablissements mpdeles, adopter en grand des procedes per- 
fectionnes, fonder en un mot des entreprises d'aviculture 
industrielle ? Nous ne le pensons pas. L'experience a prouve 
maintes fois qu'une grande exploitation purement avicole 
n'est pas viable. La mortalite des poulets, la diminution de 
la ponte provenant de T agglomeration des pondeuses , 
Tenorme accroissement des depenses alimentaires pour des 
volailles tenues en parquets , les frais generaux croissants , 
maintes autres causes encore condamnent Tentreprise a un 
echec certain. 



1 



— 116 — 

Mais comme annexe , comme Industrie accessoire, il n'en 
est plus de m^me. A la ferme, dans Tenclos d'une habitation 
bourgeoise, quelques bandes de poulets et de pondeuses 
trouvent a glaner de quoi reduire notablement la depense de 
leur nourriture , et cela dans les meilleures conditions pour 
leur hygiene. Dans une laiterie ou une beurrerie, comme 
celle de risle-Briand, par exemple, beaucoup de sous-pro- 
duits sans grande valeur deviennent d'une utilisation f6conde 
pour Tengraissement de quelques poulets fins. II est m^me 
indubitable,' croyons-nous, que plus Texploitation avicole est 

Eetite, plus son rendement sera grand, Taviculteur le plus 
eureux 6tant celui dont quatre poules et un coq forment 
toute la bande et qui pent nourrir toutes ses bfites sans bourse 
delier , avec les restes de sa table , le fumier de son ecurie , 
les d^chets de sa laiterie et de son jardin. Celui-la sera siir 
d'obtenir des resultats remarquables et, s'il pent y avoir 
assurement des basses-cours plus grandes qui restent remu- 
n^ratrices , il n'en est pas moins certain que Taviculture est 
par excellence Tindustrie des plus petites bourses, le sport 
des petits proprietaires. 

Seulement pour que cette Industrie soit lucrative, pour 
que ce sport donne des resultats satisfaisants, il faut en con- 
naitre les methodes et les appHquer avec discernement. Or, 
la production des volailles fines comporte au moins trois 

f)roced6s bien differents d'engraissement : le pMonnement, 
e gavage, Tepinette. Le pdtonnement , qui n'a guere varie 
comme recette depuis Caton , Pline et Columelle , consiste a 
introduire k la main, dans le gosier de T animal, des boulettes 
facilement digestibles et prealablement trempees dans du 
lait. C'est un procede fort lent, delicat, dispendieux, mais 
qui assure aux chapons et poulardes du Maine leur prix 
eleve, leur saveur remarquable et leur uxiiverselle renommee. 
— Le Ravage a pour effet d'envoyer mecaniquement dans le 
jabot du poulet une pfttee liquide de petit lait et de farine 
d'orge. Cest la methode de Houdan, celle qui assure aux 
poulets de cette region la blancheur et la finesse de leur 
chair, ainsi que la Constance de leur cours. — Enfin Yepi- 
nette est la cage etroite ou la menagere soigneuse enferme 
ses volailles pour les soumettre dans une piece obscure et 
close a ce qu'on appelle « Tengraissement libre », c'est-a-dire 
celui ou Ton ne laisse aux animaux d' autre liberte que celle 
de manger les p§.tees abondantes et varices qu'on met a leur 
disposition. 

De ces trois methodes , la premiere est , on pent le dire , 
exceptionnelle ; la seconde , qui donne de forts beaux pro- 
duits (a la condition d'operer sur des sujets de races speciales, 
prealablement nourris d'une certaine maniere, et aussi d'ap- 
porter a Toperation beaucoup d'adresse et d' experience) , la 
seconde, dis-je, a pour inconvenient de revenir assez cher, 
rinstallation, la valeur des matieres premieres ne permettant 



— 117 — 

guere d'esperer des benefices, a moins de vendre les produits 
au prix du poulet fin, c*est-a-dire de i fr. a i fr. aS la livre. ^ 
Quant a la troisieme methode , generalement dedaignee par 
les bons auteurs, nous pr^tendons qu'elle pent donner, avec 
moins de frais et d'embarras, des resultats tres appreciables. 
Nous Tavons vu appliquer en grand dans la region de Saint- 
Philbert-de-Grand-Lieu et, cette region ayant a beaucoup de 
points de vue des analogies avec certaines contrees du depar- 
tement de Maine-et-Loire , nous ne croyons pas inutile de 
decrire ici, sommairement, les procedes d' aviculture qui y 
sont en usage. 

Tout d'abord, h&tons-nous de le dire, la region de Saint- 
Philbert, pays de cereales, d'elevage (bovides et chevaux) et 
de vignobles, comme I'Anjou, ne connalt pas Televaffe du 
pore, la porcherie contenant tout au plus dans chaque ferme 
un ou deux sujets a Fengrais, destines a nourrir la famille. 
Cette Industrie est, la-bas, entierement remplacee par Tavi- 
culture, qui y a pris en consequence, et surtout depuis quel- 
ques annees, une extension remarquable. 11 y a done, dans 
chaque ferme, une bande de reproducteurs soigneusement 
choisis pour leur taille ; car c'est le poulet gras que Ton fait 
la-bas et nonius oeufs, qui sont Taccessoire; et chaque exploi- 
tation de trente hectares environ tiendra a honneur de mener 
au marche jusqu'a trois cents poulets gras dans son annee. 
A cet effet, des que, Thiver, la fermiere a pu mener a bien 
une couvee , elle a soin de porter poule et poussins en plein 
champ, non loin de la ferme. La, au revers d'un talus bien 
sec , expose au soleil et abrite du vent , on a fait , avec des 
planches et du ^en^t , une sorte de niche recouverte de terre 
et a demi enfouie dans le talus mfime , avec une seule ouver- 
ture du c6te du soleil. La grosse poule pourra tout juste se 
retourner a Taise dans cette niche, mais sa chaleur, conservee 
dans ce milieu mauvais conducteur, permettra d'apporter 
aupres d'elle un bien plus grand nombre de poussins — nous 
en avons compte jusqu*a quarante-cinq , si mvraisemblable 
que le fait puisse paraitre! — Et Ik, dans un champ laboure, 
oil ponies et poussins chercheront des I'aube la nourriture 
qui leur convient, la fermiere prendra la peine de leur 
apporter plusieurs fois par jour de Feau propre et de la 
patee fraiche. S'il lui nait une autre couvee , elle Finstallera 
dans un autre champ, pour .diminuer les risques et assurer 
aux petits les ressources d'un sol vierge , et tant pis si c'est 
double travail pour elle. Dans ces conditions les poussins 
grandirbnt, grossiront en liberie complete, jusqu au jour ou 
rengraissement pourra commencer (i). 

(i) Pour qu'un tel systeme soit possible , il faut avoir , au prealable , 
purge le pays de tous les carnassiers (rfcnards, putois, oiseaux de 

Sroie, etc.^, sans oublier certains bipedes indelicats. — C'est le cas 
ans I'heureuse contree dont nous parlous. Les disparitions de 
volailles y sont fort rares. 



- 118 - 

Ces poulets, nous I'avons dit, sont issus d'un croisement 
de Langshan avec la poule noire commune denospays. Tout 
petits poussins , ils ont tout k fait Fair de petits Langshan , 
avec leur air pataud et leur duvet noir et jaune. Comme les 
FaveroUes, its s'emplument fort tard, ce qui semblerait 
devoir les rendre plus sensibles au froid, mais ce qui leur 
assure en realite plus de force pour subir la penible crise de 
la pousse des pennes. Ils restent done assez longtemps demi- 
nus , avec un rare duvet sur leur chair rose , et grossissent 
rapidement dans cet ^tat. Tous les soins de la fermiere 
d'ailleurs les y poussent. Le lait caille et le millet sont leur 

{)remiere nourriture, puis c'est une patee de son et de petit 
ait, puis des pommes de terre cuites et entre temps quelques 
Soignees de graines. lis ont toujours une p^tee comme base 
e leur nourriture et, pour boire, du lait coupe d'eau. A 
trois mois et demi, on pourra les mettre en epinette et la, 
dans risolement et la penombre, on les nourrira trois 
semaines avec des pfttees varices, ou le lait sous diverses 
formes entrera encore dans une forte proportion. 

Au bout de ce temps , la fermiere pourra les mettre dans 
cette boite rectangulaire a claire-voie, posee sur quatre petites 
roues comme un jouet d' enfant, qui sert au transport des 
volailles au marche, dans toute cette partie de la Loire-Infe- 
rieure. S'ils sont beaux, ces poulets peseront alors a 4 mois 
ou4 mois 1/2, de 2 kil. a 2 til. 5oo, poids vif. II s'en vend 
parfois qui pesent jusqu'a 6 livres. Et, dans cet etat, ces 

goulets n ont pas encore toutes leurs plumes ; leur chair d'un 
lane rose parait sous le duvet, que soul^vent en connais- 
seurs les marchands accourus au marche hebdomadaire. Rien 
de plus curieux d'ailleurs que ce marche, qui se tient tous les 
vendredis apres-midi dans la nef de F antique eglise de 
Saint-Philbert. En septembre dernier, nous y avons vu 
vendre , en une apres-midi , plus de quatre cents couples de 
volailles, a des cours (reputes infimes) de 5 a 6 fr. le couple. 
Au mois de mai, les cours montent a 8, 9 et m^me 10 fr. et 
Fon pense bien qu'a ces prix il reste peu de produits sur le 
marcn^ local. Tout est directement exp^die a Paris (i) et Foh 
n'en trouve m^me pas sur le marche de Nantes ; ce qui prouve 
peremptoirement et une Ibis de plus que la volaille die luxe 
trouve au loin son debouche, quand elle nen a pas aupres 
de son lieu de production. 

Telles sont, Messieurs, les conditions dans lesquelles se 
pratique Faviculture, nonpas dans des exploitations speciales, 
mais dans des fermes analogues aux notres; non pas dans 
une contree lointaine, mais dans un pays voisin deFAnjouet 
ou chacun pent sans peine aller contrdler et completer nos 

(i) II ne semble pas qu*on leur consacre aux Halles une rubrique 
speciale, mais il ne faut certainement pas les confondre avec ce qu on 
y appelle les « poulets nantais », ceux-ci etant peu estimes. 



- 119 — 

assertions. L' adoption totale ou partielle de ces methodes 
j)ratiques ou d'autres analogues est-elle desirable pour T agri- 
culture angevine ? Tel est le sujet que je livre a vos medita- 
tions en m'excusant de vous avoir retenus si longtemps 
attentifs. 

Pourtant, Messieurs, afin qu'il sorte une conclusion pra- 
tique de cette trop longue causerie, je me permettrai de vous 
soumettre encore les quelques id6es suivantes : quelles que 
soient les methodes que Ton croie devoir adopter pour ame- 
liorer en Maine-et-Loire et la race de volailles commune et les 
procedes d' aviculture actuellement en usage, il est une chose 
avant tout indispensable , c'est de grouper les aviculteurs de 
la region — et it y en a — c*est d unir les bonnes volontes 
q[ui pourraient surgir, c'est en un mot, d' organiser une mani- 
festation quelconque, qui permette a ceux qui savent de se 
compter et de s' entendre, a ceux qui ignorent de venir s'ins- 
truire. Je vous parlais au d^but de mes craintes pour la place 
que pourrait tenir 1' aviculture angevine au grand concours 
projete pour 1907. Pourquoi la Society industrielle et agri- 
cole de Maine-et-Loire ne prendrait-elle pas Tinitiative de 
convoquer d'ici la les eleveurs de Maine-et-Loire a une expo- 
sition departementale d'aviculture? Convoques a Angers, 
rhiver prochain par exemple, sous de tels auspices, les avi- 
culteurs de la region ne manqueraient pas de saisir une si 
bonne occasion de se connaltre et de se grouper et sans 
doute viendraient-ils plus nombreux que vous ne le pensez 
et que peut-^tre dans leur isolement ils ne le croyent eux- 
mSmes. Tant il est vrai que dans notre beau pays il n'est 
guere de branche de F agriculture ou Ton ne soit a peu pres 
sAr de trouver des amateurs ^claires. 

Eh oui ! Messieurs , je dis amateurs ; mais le sens que je 
donne a ce mot n'a rien de dedaigneux ni qui doive choquer 
personne. En agriculture, permettez-moi de le dire ici nien 
haut, les amateurs ont une haute importance economique et 
sociale. Ce sont eux qui, pour la satisfaction de leur amour- 
propre d^sint^resse, peuvent tenter des experiences coMeuses 
et aleatoires dont les professionnels attentifs pourront 
recueillir les fruits. Comme le savant, dans son laboratoii'e , 
poursuit ses etudes, en apparence steriles au point de vue 
pratique, sans souci de gains immediats ni m^me de decou- 
vertes retentissautes, Tamateur seul pent, en matiere d'ele- 
vage, pratiquer de longues annees durant les onereux croise- 
ments qui amelioreront une race domestique, les lents et 
minutieux selectionnements qui la confirmeront. Et s'U s'est 
trouve dans ce pays d'Anjou des amateurs savants et g^ne- 
reux comme les d'Andigne, les Falloux, pour sacrifier une 

f)artie de leur fortune a Tinfusion du sang Durham dans 
eurs troupeaux d'eUte ce n'est certes pas ici que nous 
pourrions oublier les magnifiques resultats dont a beneficie 



— 120 — 

plus gu'eux toute Tagriculture angevine et raccroissemeat 
de ricnesse qui en a rejailli sur le plus pauvre de ses labou- 
reurs. 

Et voila, pourqupi, Messieurs, en plaidant ici la cause des 
amateurs angevins de Taviculture, je pretends qu il en pourra 
resulter plus tard une amelioration generate dans la produc- 
tion moyenne de nos basse-cours. Grouper en une exposition 
locale des aviculteurs de la region, de mani^re a leur per- 
mettre de se connaitre et de s'unir ; convier a cette exposition, 
en les mettant hors concours , des aviculteurs strangers au 
departement, professionnels et amateurs, de maniere a nous 
assurer des juges 6claires et des modeles impeccables ; joindre 
a cette exposition de reproducteurs d'elite une exposition 
de volailles grasses, mortes, de maniere a interesser a la 
fois le commerce local et la masse innombrable des fermieres 
et des m6nageres, ce serait la, croyons-nous, une initiative 
feconde en enseignements utiles, non seulement pour les 
amateurs, mais aussi pour les cultivateurs les plus modestes, 
et ce nous semblerait une entreprise digne en tons points 
des traditions genereuses de la Societe Industrielle et Agri- 
cole de Maine-et-Loire. 



VITICULTURE 



Discussion sur le Mildiou et POidium 

A la seance mensuelle du 29 juillet dernier de la Societe 
industrielle et agricole d' Angers, M. le senateur, comte de 
Blois, president, a ouvert une discussion sur les maladies 
cryptogamiques qui ont envahi le vignoble angevin. 

M. Maurice Massignon prend le premier la parole et tient 
k donner quelques explications sur son article et la note 
ult^rieure parue dans le Journal de Maine-et-Loire. S'il a 
employ^ le mot desastre, c'est qu'au moment ou il adressait 
cette note alarmante, une invasion formidable de Mildiou 
comme TAnjou n'en avait pas vue depuis Tannee 1886, avait 
apparu soudainement et a une fa^on tellem'ent redoutable 
que, si la temperature avait continue a ^tre favorable au 
developpement de cette cryptogame, les vignes sulfatees de 
tr^s bonne heure et traitees depuis avec le plus grand soin 
auraient pu seules 6chapper a la destruction complete des 
pampres et des grappes. Au reste, M. Massignon a eu sur- 
tout pour objectif, en jetant un cri d'alarme, de prevenir les 
viticulteurs du danger qui les menagait et de les engager a 
employer les traitements cupriques avec la plus grande 
promptitude. D a la conscience parfaitement tranquille. 



— 121 — 

etant persuade qu'il a rendu un reel service a tous ceux qui 
avaient neglige de traiter leurs vignes et, si le danger semblp 
avoir ete momentanement conjure , il a cru de son devoir de 
donner un sage et prompt avertissement avant qu'il soit trop 
tard. 

M. Andre Huau et, apres lui, M. Leon Bourcier et 
M. Mignot regrettent Texpression desastre dont s'est servi 
M. Massignon; ils semblent craindre une mauvaise impres- 
sion sur le commerce des vins , qui pourrait bien considerer 
le vignoble angevin comme devant produire tres peu de vin 
a la recolte et surtout fort peu, sinon point, de vin de qua- 
lite. Nous n'avons, disent-ils, aucun avantage a divulguer 
que nos vignes sont serieusement malades. — M. Massignon 
repond que le commerce sait tres bien a quoi s'en tenir a ce 
sujet ; il a partout des r*epresentants charges de le mettre au 
courant de ce qui se passe dans chaque contree vinicole et il 
n'achete point sans s ^tre renseign^ prealablement et avec le 
plus grand soin sur la recolte et sur les vignobles suscep- 
tibles de produire des vins de quality. Par consequent, il n a 
pas lieu de regretter Texpression dont il s'est servi. — 
M. Gilles Deperri^re, directeur de la Station amp^logra- 
phique des RecoUets de Saumur, approuve completement 
M. Massignon ; il est persuade que notre collogue , dont Tau- 
torite en viticulture est connue et appr^ciee de tous, a rendu un 
reel service aux viticulteurs angevms en j etant un cri d'alarme 
au moment ou le Mildiou ^isait une brusque et violente appa- 
rition dans notre contree, comme d'ailleurs dans presque 
toute la France. — M. Daign^re, de son c6te, a parcouru 
avec son voisin, M. de Soland, les vignobles de Bonnezeau, 
Thouarc^ et des environs et a reconnu que les vignes trai- 
tees a temps et avec soin avaient un feuillage superbe et 
paraissaient presque indemnes de Mildiou, tandis que celles 
qui n'ont point ete sulfatees, mal sulfatees ou trop tard, sont 
dans woL etat lamentable, ce qui prouve la violence de Tinva- 
sion. M. Daignere est intimement convaincu que les vignes 
sulfatees habituellement et avec le plus grana soin, chaque 
annee, sont tout d'abord dans d'excellentes conditions pour 
^tre envahies moins facilement que les autres. II est d'avis 
de sulfater, non seulement les ceps en entier, mais le sol lui- 
m^me, qui contient plus ou moins de debris de feuilles 
anciennes renfermant les germes du Mildiou. On pent 
actueUement visiter son vignoble, ajoute-t-il, on ne trouvera 
pas de traces apparentes de Mildiou, tandis qu'a c6te, une 
parcelle de vigne appartenant a un voisin est gravement 
atteinte. Ce voisinage I'oblige a traiter plus souvent et, au 
fur et a mesure que la vegetation fait des progres , a couvrir 
les feuilles nouvelles de bouillie bordelaise ; sans cela il ne 
saurait eviter la contagion. On est toujours certain^ dit-il, 
de pouvoir triompher du Mildiou en le combattant energi- 
quement et d'une la^on preventive. Nous sommes heureuse- 



— 122 — 

ment suffisamment armes centre cette maladie cryptoga- 
mique a forme souvent insidieuse et rapide. On ne pent pas 
en dire autant de TOidium, centre lequel trop souvent le 
soufre et les autres traitements pr^conises donnent des 
resultats incomplets. 

A ce propos, M. Gilles Deperriere dit que, recemment, a 
la Station ampelographi^e de Saumur il a fait disparaltre 
rapidement une poussee d'oidium par Temploi du permanga- 
nate de potasse (210 grammes dissous dans 100 litres d'eau). 
Les grappes ont et6 parfaitement nettoyees de leur poussiere 
blanche ; mais pour eviter la reproduction du champignon, 
il s'est empress^ de faire executer un soufrage complet. 
M. G. Deperriere et plusieurs de nos coUegues pensent qu'a 
Tavenir il serait trjbs utile d'indiquer prealablement aux 
viticulteurs les epoques et mSme les dates auxquelles les 
sulfatages devraient 6tre faits en Anjou ; pour cela il serait 
necessaire d' observer k quelles dates ont eu lieu, depuis un 
certain nombre d'ann6es, les premieres apparitions du mil- 
diou en Anjou. Cette annee,' le mildiou a fait son apparition 
beaucoup plus tOt que d'habitude (i5 a 20 jours environ) et 
c'est ce qui a trompe un grand nombre de viticulteurs qui, 
depuis quelques annees , faisaient un seul sulfatage vers le 
milieu de juillet et pr^servaient suffisamment leurs vignes. 
Desormais un premier sulfatage sera necessaire avant la 
floraison dela vigne, vers le i5 juin environ, un second vers 
le 10 juillet et un troisi^me au commencement d'aoftt. 

II serait bon d'ajouter, dit le D' Sigaud, que souvent les 
sulfatages sont insuffisants parce qu'ils sont assez mal faits, 
surtout lorsque les vignes ont une grande etendue et que le 
travail est execute a dos d'homme. II ne faut pas se dissi- 
muler que les journaliers-vignerons charges de cette penible 
besogne, ex^cutee le plus souvent par les plus grandes cha- 
leurs, ont h&te d'en finir et passent rapidement dans les 
rangs, pulv^risant quelques feuilles et laissant intactes la 
plupart. 

Cfette cause d'insucc^s dans le traitement est tres Irequehte 
et personne ne doit Tignorer; aussi, pour y remedier, il 
semble tout indique de faire usage dans tons les vignobles 
d'une certaine etendue (au-dessus de 5 hectares, par exemple) 
des appareils k grand travail conduits par un chevaL La 
pulverisation se fait regulierement et non seulement les ceps 
en entier mais toute la surface du sol regoivent en abondance 
des sels de cuivre qui emp^cheront ulterieurement le deve- 
loppement du mildiou. 

Un bon appareil permet de sulfater i hectare 5o ares de 
vignes dans une heure , ce qui est tres precieux lorsque le 
temps presse et quand la pluie vient sans cesse interrompre 
le travail. 

Le Secretaire general, 

D' P. Sigaud. 



— 123 — 



AGRICULTURE 



Un ennemi du Trdfle ; moyen de le combattre 



Par M. P. Lavallee, membre titulaire 



En ouvrant les capitules (les tStes) del 4 sees du trifle laisse k 
graine pour se rendre compte de Fetat de la r6cplte , on constate 
que les fleurs n'oflfrent aucune adherence, tombent au moindre 
froissement, sont vides de graines. De ik k penser que la flo- 
raison a €i6 contrariee par la temperature il nV a gu'un pas, vite 
franchi et, sans aller plus loin, on conclut que les ueurs du trifle 
ont ete brttlees par les chaleurs de iuillet. 

Un examen plus attentif permet de constater, k rinterieur des 
capitules,l a presence de petits gp:>ains tres fins, qui ne sont autres 
que les dejections d'une larve ayant mange la graine. Cette 
larve , qu'on trouve en nombre variable — quatre a dix — dans 
les t^tes formees de fleurs ecloses depuis peu, se presente sous la 
forme d'un petit ver replie sur lui-meme en demi-cercle , de cou- 
leur blanche, mesurant deux millimetres de longueur k Tetat 
adulte ; sa t^te est rougeatre, de consistance un peu cornee , rap- 

gelant en petit la conformation bien connue du ver blahc du 
anneton. tette larve est pourvue de fortes mandibules qui lui 
permettent de devorer la graine au debut de sa formation. 

La larve qui nous preoccupe se transforme en nymphe dans la 
fleur mfeme, Tinsecte parfait hiverne en terre et ne se montre 

Sii'au printemps , au moment oil les trefles commencent a fleurir. 
et insecte est un" petit charan^on ou curculionide , Vapion du 
trefle (apion apricans), caracteris6 par la couleur noir fonc6, lui- 
sante de la t^te et du thorax , F abdomen etant gris ardoise ; les 
premiers articles des pattes sont jaunes, le tarse noir. Le rostre 
est mince , arque , plus long que la t^te et le corselet. 

L'accouplement a lieu au printemps , la femelle pond ses oeufs 
sur rinflorescence du trefle, les larves qui en sortent mangent les 
graines vertes et tendres k peine formees , passent d'une fleur k 
r autre en pergant un trou circulaire de un millimetre de diam^tre 
k la base du calice — trois ou quatre d'entre elles suffisent pour 
devorer toutes les semences d'une t^te de trifle. 

Les ouvrages d'entomolo^ie que nous avons consultes (Brocchi, 
Guenaux) indiquent que Finsecte parfait apparait de la fin de 
juin au i5 juillet, ce qui n'emp^che pas qu'on le rencontre encore 
a F6tat larvaire a Fheure actuelle. 

Les ouvrages speciaux de culture fourrag^re, Heuz6, Garola 
n'en font pas mention ; cependant les vieux praticiens k qui nous 
avons presente les larves de Fapion nous ont dit avoir eu dej^ 
Foccasion de faire connaissance avec ce redoutable insecte. 

L' apion ne s'attaquant pas k la partie herbac^e de la plante, 
sa presence n'est pas inquietante lorsque le trefle doit ^tre con- 
somme comme fourrage , mais il n'en est pas de m^me lorsqu'on 



- 124 — 

envisage la production de la graine , la recolte pent Stre plus ou 
moins compromise. 

Heureusement cet insecte contre lequel nous ne pouvons rien, 
a deux ennemis naturels qui lui font une guerre acharn^e et se 
chargent d'en purser nos cultures. Ce sont : i° le Calyptus 
macroc^phalus, petit ichneumon enti^rement noir et luisant, dont 
la femelle porte une longue tari^re lui permettant de deposer ses 
ceufs dans le corps des larves de Tapion. 

2° Le pteromalus pione, petite mouche longue de 2 millimetres, 
d'une coloration vert fonce, avec des antennes coudees noires, 
plus longues que la tfite. 

Les conditions m6t6orologiaues de cette annee ont^eUes ete plus 
favorables k la reproduction ae I'apion qu'^ celle de ces ennemis? 
La reponse ne fait pas de doute , car la recolte en trefle a graine 
est fortement compromise, non seulement dans notre depar- 
tement, mais encore dans les d^partements voisins; elle sera nulle 
dans un ^and nombre de fermes. 

Que faire en presence d'lme telle situation, sinon chercher k 
restreindre le plus possible la multiplication de Finsecte pour ne 
pas le voir prendre des proportions plus inqui6tantes dans 
ravenir. 

II faut, sans tarder, faire consommer par les animaux les trefles 
atteints qu'on laissait pour graines, afin d'emp^cher les demi^res 
larves d'arriver k Tetat d'insectes parfaits; on ne pent songer It 
Tensilage, les tiges etant trop ligneuses pour obeir k la com- 
pression; quant au fanage, il permettrait la transformation d'un 
certain nombre de larves en insectes parfaits. 

On fera pour le bl^ qui doit suivre, un labour profond, et Ton 
se gardera de semer du trifle Tan prochain au voisinage des 
champs dans lesquels Fapion est apparu cette ann^e. Nous 
pensons egalement que Temploi du crud d' ammoniac , aussitot le 
trifle enleve , ajouterait son action k celle du labour profond. 

Dans les situations oil on aura pu recolter de la graine , il sera 
bon de la debarrasser des larves et des insectes qui pourraient 
la souiller en la traitant par le sulfure de carbone dans la pro- 
portion de I kilo pour 100 kilos de graine. 



Le Gdrant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1697-5. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 

r r 



SOCIETE INDDSTRIELLI ET AGRICOLE 

D'ANGERS 

et du departement de Maine-et-Loire 



Procte-verbal de la seance du 29 juillel 1905 

Pr^sidence de M. le Comte de Blois, s^nateur 

]&taient]pr6sents : MM. Bordeanx-Montrieux, GillesDeper- 
riere, Jamm, D"* Sigaud, Andre Huau, membres du bureau; 

MM. Lavall^e, Pineau, Betton-Allard, Bernard-Ghauvire, 
Massignon, Daign^re, O. ChaiUou, Leon Bourcier, Felix 
Fourmond fils , Paul Sigaud fils , le vicomte Stanislas de la 
Morini^re, le baron Le Guay, Merlet fils, Mignot, Leman- 
ceau, de Boissard, Lafarge, membres titulaires. 

M. le President fait part de lettres de M. de Grandmaison 
€t de M. de Villebois-Mareuil s'excusant de ne pouvoir 
assister a la seance. 

— M. G. Eiffel a fait hommage a notre Societe d'un ouvrage 
tres important et d'un atlas sur des « Etudes pratiques de 
met^orologie et observations compar6es des stations de 
Beaulieu, Sevres et Vacquey pour Tannee 1908 ». M. le Pre- 
sident prie M. le Secretaire g?n6ral d'adresser les remercie- 
ments de notre Societe a M. G. Eiffel et charge M. Tabbe Hy 
de vouloir bien prendre lecture de ce travail et en rendre 
compte a ime de nos seances mensuelles. 

— Lecture du proces-verbal de la precedente seance. — 
Cette lecture ne donne lieu a aucune observation et le proces- 
verbal est adopte. 

— M. Daignere demande la parole et s'exprime ainsi : 

« II consid^re comme un devoir de ne pas laisser passer 
cette reunion de la Societe Industrielle sans remercier, au 
nom de tons les viticulteurs de Maine-et-Loire , notre hono- 
rable president M. le senateur Comte de Blois, pour la part 
qu'il a prise au Parlement dans les debats qui ont eu lieu au 



— 126 — 

sujet des lois recemment vot^es sur le regime des bouilleurs 
de cru et centre la fraude des vins. II tient surtout a le 
remercier de s'Stre 6\e\^ en protestant, comme il a su le 
faire, centre certaines accusations perfides touchant nos 
inter^ts, notre reputation et presque notre honneur. II a le 
regret de constater que trop souvent les viticulteurs des 
regions meridionales critiquent les produits vinicoles de 
FAnjou. Nous ne supposions pas, dit-ii, qu'un s6nateur fran- 
^ais viendrait un jour porter publiquement a la tribune des 
accusations contre notre fa^on de faire, loyale et absolument 
honn^te. II s'est heureusemenit trouve que.parmi ses collegues 
au Senat le tres digne et tres devout representant de nos 
int^r^ts, M. le senateur Comte de Blois, qui a pu refuter ces 
accusations erronees. II a su le faire, comme toujours, en ces 
termes courtois qui lui sont propres et qui servent si bien les 
causes qu'il defend. Nous le remercions sincerement et nous 
avons pris acte de Tin vita tion quil a faite a M. Pams etdont 
nous nous considerons comme solidaires. » 

M. le Comte de Blois est tres touchy des paroles de M. Dai- 
gn^re et tr^s heureux de Tapprobation de ses collegues ; il les 
assure qu'il continuera d'employer toute son activite et toute 
son energie pour obtenir des ameliorations aux lois si impo- 
pulaires qui p^sent lourdement sur la viticulture frangaise. 

M. le President donne lecture du projet de loi adopte par 
la Ghambre des Deputes et ratifie par le S6nat, relatif a la 
repression de la fraude sur les vins et aux regimes des spiri- 
tueux. 

M. de Blois signale au passage les modifications favorables 
apportees et qui donneront un commencement de satisfaction 
aux viticulteurs. 

Cette loi est actuellement promulguee et sera mise en 
vigueur pour la prochaine recolte. 

L'amnistie pour les d^lits au sujet de la loi sur les bouil- 
leurs de cru n'a pas ete votee. M. de Blois avait elabor^ un 
amendement qu'il se pro^osait de presenter et qu*il a dH 
retirer devant les observations qui lui ont ete faites par plu- 
siieurs de ses collegues et en mSme temps par le Ministre des 
Finances, au sujet des difficultes de toute sorte pouvant resul- 
ter de cette amnistie. 

— M. le professeur Lavall6e demande la parole et pre- 
sente des echantillons de trefle geant du Nord qu'il avait 
conserve pour la graine. En examinant ces jours-ci un cer- 
tain nombre de fleurs , il a constats qu'elles ne contenaient 
pas de graines et qu'elles paraissaient brulees par le soleil ; 
mais, en recherchant avec plus d' attention , il ne tarda pas a 
s'apercevoir que les causes de cette infertilite des fleurs 
etaient dues a la larve d'un insecte, Vapion du trefle, qui 
devorait les graines au fur et a mesure de leur developpe- 
ment. (La description de cet insecte a paru dans le Bulletin 
de juin.) 



— 127 — 

Sur la demande de M. Lavall^e, M. le D' Maisonneuve , 
entomologiste distingue, sera charge d'etudier cet insecte et 
de nous presenter le resultat de ses recherches. 

M. le President remercie notre savant CoUegue de sa com- 
munication tres instructive. 

M. Lavall^e presente effalement des specimens de four- 
rages de prairies, pour faire voir les modifications impor- 
tantes de la flore provenant de I'emploi judicieux des engrais 
chimiques. 

II n'y a pas de culture qui paie mieux que la production 
fourrag^re les sacrifices en engrais que Ton fait pour elle. 
Les engrais peuvent agir plus ou moins vite, mais its ne sont 
jamais perdus, tandis que dans les autres cultures, celle des 
cereales par exemple , il pent arriver que, faute d'humidite , 
les engrais sont a peu pres completement inefficaces sur la 
r^colte pour laquelle on les a employes. De \k vient Thesita- 
tion de certains cultivateurs a user des engrais chimiques et 
leur incredulite dans leurs avantages. 

— M. le D'' Sigaud donne lecture du travail d'un de nos 
distingu^s coHegues : M. G. Charpentier, ingenieur E. C, 
sur le chauffage des serres. 

M. le comte de Blois prie M. le Secretaire general d'adres- 
ser des remerciements a M. Charpentier, pour son travail 
pratique qui a vivement interesse nos collogues. Gette etude 
sera publiee dans un de nos prochains bulletins. 

— M. Vinet, preparateur a la Station oenologique, lit un 
travail intitule : Expose des connaissances actuetles sur le 
tir contre la grSle, 

M. le President remercie M. Vinet et ajoute que ce travail 
tr^s ^tudi^ prouve que notre futur collegue sera pour nous, 
dans Tavenir^ un eollaborateur assidu et tres pr^cieux. 

— Reception du candidal presents dans la seance prec^- 
dente : 

M. Eugene Mesnard, directeur de la Mutuelle du Mans, 
3o rue Desjardins, Angers, est admis a Funanimite membre 
de notre Soci6te. .^ 

— Presentation de candidats : 

MM. Henri du Mas, proprietaire , chSLteau de TMoire , com- 
mune de Soeurdres et i4 rue Rabelais, a Angers, pr6sente ' 
par MM. le comte de Blois et le vicomte O. de Rouge ; Emile 
Vinet, preparateur k la Station oenologique, 3 rue Rabelais, 
a Angers, presents par MM. Moreau et Lavallee. 

L'ordre du jour etant ^puise , la seance est lev^e. 

Le Secretaire general, 

D'^ P. Sigaud. 



-^ 128 — 



AGRICULTURE 



Action et efficacit^ des engrais sur les plantes 
suivant le mode de leur application au sol 

(suite) 
Par M. Lavallee, mernbre titulaire 

Champ n'' 3 (Section B) 
Culture d'orge de printeraps 

Les recherches sur cette plante sont aussi completes que 
celles sur Tavoine grise d'hiver et le bl^. Nous mettons en 
comparaison Facide phosphorique sous forme de superphos- 

{)hate ou de scories de dephospnoration dans vingt parcelles, 
es unes recevant Fengrais sur toute la surface, tandis que 
dans les autres la fumure est repartie en lignes sous les 
semences. 

Le superphosphate aux doses de 4<^ ^t de 600 kilos a 
rhectare est compare a des quantites de scories de 485 et de 
725 kilos correspondant aux m^mes prix d' achat, soit 29 fr. 
et 43 fr. 5o suivant rimportance de la fumure. 

Les semailles eurent lieu le i®*^ avril; la semence fut dis- 
tribute a la vol^e ou en lignes, ecartees de o°™i6 dans une 
serie d'essais, et de o^^ao dans Tautre. 

Nous allons successivement passer en revue, en les rappor- 
tant a Thectare, les resultats de chaque parcelle. 

Essais avec superphosphate 
aux doses de 400 et de 600 kilos & Thectare 

datis des parcelles d*orge sem4es a la voUe 

Tableau XXV. — Rendement en poids et valeur de la pro- 
duction de chaque parcelle a Fhectare : 





FUMURE 
de 400 k. de supeirphosphate 


FUMURE 

de 600 k. de superphosphate 


* 


Epandu k la vol^e 


Epandu a la volee 




Parcelle n" 75 


Parcelle n" 76 




Recolte 

k 
rhectare 


Valeur 
argent 


Recolte 

a 
ITiectare 


Valeur 
argent 


Grain 


kil. 
2.175 
4.575 

6.750 


fr. c. 
326 25 
i37 25 


kil. 
2.165 
4.890 


fr. c. 
324 75 
146 70 


Paille 




Total 


463 5o 


7.055 


471 45 



— 129 — 

Deduction faite du prix d'achat de Tengrais , la valeur de 
la production de la parcelle n° 76 est de 4^4 fr. 5o et celle de 
la.parcelle n° 76 est de 427 fr. 96. 

La parcelle n° aS (tableau IX), temoin sans engrais , ayant 
donne une recolte estim^e 429 fr. 3o, il resulte de la : que le 
superphosphate, a la dose de 400 kilos a Thectare, laisse un 
benefice de 5 fr. 20, tandis qu'a la dose de 600 kilos il y a 
deficit de i fr. 35. De tels resultats laissent supposer que 
Teflicacite du superphosphate sera douteuse dans les essais 
sur le mode de repartition de cet engrais. 

Essais avec superphosphate 
aux doses de 400 et de 60O kilos & I'hectare 

dans des semailles en lignes espac^es de o'^iG 

Les parcelles n°^ 77 et ^8 ont regu une mSme dose de super- 
phosphate, 400 kilos a rhectare; dans la parcelle n° 77, cet 
engrais a ete epandu a la volee, tandis qu'il a ete dispose en 
lignes sous les semences dans la parcelle n° 78. Dans les par- 
celles 79 et 80, le m^me essai a ete repet^ avec une dose plus 
forte de superphosphate, 600 kilos a 1 nectare. 

Tableau XXVI. — Rendement et valeur comparatifs de 
chaque parcelle a T hectare : 



400 kil. de superphosphate 
a rhectare 



epandu 
a la volee 



Grain. 
PaiUe. 



Total. 



Parcelle n° '^j 



R6colte 
rhectare 



kil. 
2.3oo 
4.600 

6.900 



Valeur 
argent 



fr. c. 
345 » 
i38 » 



epandu 
sous les lignes 

Parcelle n' 78 



R6colte 
rhectare 



483 » 



kil. 
2.36o 

4.4<^ 



6.810 



600 kil. de superphosphate 
a I'hectare 



a 



epandu 
la volee 



Pareelle n" ^9 



Valeur 
argent 

fr. c. 
354 » 
i33 5o 



487 50 



Rficolte 
I'hectare 



kil. 

2.390 

4.610 



7.000 



Valeur 
argent 



epandu 
sous les lignes 

Parcelle n* 80 



fr. c. 
358 5o 
i38 3o 



49680 



R6coIte 

a 
I'hectare 



kil. 
2.400 
4-565 



6.965 



Valeur 
argent 

fr. c. 
36o » 
i36 95 

49695 



En retranchant le prix d' achat de Tengrais, la recolte de 
chaque parcelle devient egale a : 

454 fi'. pour le n° 77, soit une moins- value de i4 fr. i5 sur 
le XGxnom parcelle n° 24 ; 

458 fr. 5o pour le n° 78, soit une moins-value de 9 fr. 65 sur 
le Xemoin parcelle 71° 24 ; 

453 fr . 00 pour le n<^ 79, soit une moins-value de i4 fr. 65 sur 
le Xexsioui parcelle /i° 24 1 

453 fr . 45 poiu' le n° 80, soit une moins-value de i4 fr. 70 sur 
le temoin parcelle n^ 24* 



— 130 — 

Essais avec superphosphate 
aux doses de 400 ou de 600 kilos k I'hectare 

Semailles en lignes espacees de 0^20 

Les parcelles n®^ 81 et 82 ont regu une mSme dose de 
superphosphate 4oo kilos a Thectare ; dans la parcelle n° 81 
cet engrais a 6te epandu a la volee , tandis qu'ii a ete depose 
sous les lignes dans la parcelle 82. Le m^me essai est repute 
dans les deux parcelles suivantes n^" 83 et 84, avec une dose 
de 600 kilos de superphosphate a Fhectare. 

Tableau XXVII. — Rendement et valeur compai;*atifs de 
chaque parcelle a I'hectare : 



Grain 

PaiUe 

Total 



400 kil. de superphosphate 
a I'hectare 



epandu 
a la volee 

Parcelle n* 8i 



Rficolte 

a 
I'hectare 

kil. 

2.265 
.010 



6.780 



Valeur 
arseni 



epandu 
sous les lignes 



Parcelle n° 82 



fr. c. 
339 75 
1 35 45 



475 20 



R^colte 

k 
i'hectare 



kil. 

2.225 
4.550 



6.775 



Valeur 
argent 



fr. c. 
333 75 
i36 5o 

470 25 



600 kil. de superphosphate 
a I'hectare 



epandu 
a la volee 

Parcelle n» 83 



R^colte 

k 
I'hectare 

kil. 

2.260 

4.565 

6.825 



Valeur 
argent 



epandu 
sous les lig-nes 

Parcelle n* 84 



R6co.Ite 

a 
I'hectare 



fr. c. 
339 » 
13695 



475 95 



kil. 
2 285 
4.280 



6.565 



Valeur 
argent 



fr. c. 
342 75 
128 40 

471 i5 



En deduisant le prix d' achat de Tengrais, la recolte de 
chaque parcelle se trouve ramenee a : 

446 fr. 20 pour le n° 81, soit une moins-value de 4 fr- 70 sur 
le temoin parcelle n° 25 ; 

441 fr* 25 pour le n° 82, soit une moins-value de 9 fr. 65 sur 
le temoin parcelle n^ 25 ; 

432 fr. 45 pour le n° 83, soit une moins-value de 18 fr. 4^ 
sur le temoin parcelle n° 25 ; 

427 fr. 65 pour le n° 84, soit une moins-value de 23 fr. 25 
sur le temoin parcelle n° 25. 

Nous exposerons a la fin de ce chapitre les conclusions 
qui decoulent de ces deux series d' experiences. 



Essais avec scories de d^phosphoration 
aux doses de 485 et de 725 kilos k Thectare 

Semailles a la vol4e 

Dans les parcelles n°^ 85 et 86 les semaiUes ont et6 faites 
a la volee sur terre ayant regu des scories melang^es a toute 



— 131 — 

la surface du terrain aux doses ci-dessus indiquees. Les 
recoltes obtenues sont consignees dans le tableau suivant : 

Xableau XXVIII. — Rendement et valeur comparatif de 
"Chaque parceUe a Thectare : 



•Grain. 
PaiUe. 



Total 



485 k. de scories 
de dephosphoration 

a I'hectare 
epandues a la volee 

Semailles a la vol6e 

Parcelle ii» 85 



Recolte 

« 

a 
Phectarc 



kil. 
2.3o5 

4' 970 

7.275 



Valeur 
argent 



c. 



fr. 
345 75 
149 10 



494 85 



7q5 k. de scories 
de dephosphoration 

a I'hectare' 
epandues a la vol6e 

Semailles a la volee 

Parcelle n» 86 



Recolte 

a 
rhectare 



kil. 
2.38o 
4.725 



7.105 



Valeur 
argent 



fr. 


c. 


357 


)) 


i4l 


75 



49875 



Deduction faite du prix d'achat de Tengrais, la valeur de 
la production de la parcelle n° 85 est de 4^5 fr. 85 et celle 
de la parcelle n^ 86 de 455 fr. 25. 

La parcelle n° 28 (tableau IX) Umoin sans engrais , ayant 
produit une recolte evalu^e k 429 fr. 3o , il en resulte que les 
scories k la dose de 485 kilos k Thectare laissent un benefice 
net de 36 fr. 55 et de 25 fr. 95 a la dose de 725 kilos. Ces 
premiers resultats different de ceux obtenus dans les essais 
analogues avec le superphosphate; cela doit tenir a la pre- 
sence de la chaux apportee en plus grande guantite avec les 
scories, chaux qui a rendu plus active la nitrification des ma- 
tieres azotees que le sol contenait. 



Essais avec scories de dephosphoration 
aux doses de 485 et de 725 kilos k I'hectare 

Semailles en lignes espac^es de o'^iG 

La parcelle n° 87 a regu 485 kilos de scories a Fhectare 
Epandues k la vol^e. 

La parcelle n° 88 a re^u 485 kilos de scories a I'hectare 
Epandues sous les lignes. 

La parcelle n° 89 a regu 725 kilos de scories kThectare 
Epandues k la volee. 

La parcelle n® 90 a regu 725 kilos de scories k Fhectare 
epandues sous les lignes. 



Tableau XXIX. — Rendement et valeur comparatifs de 
la production de chaque parcelle a Fhectare : 



— 132 — 



485 kil. de scories 
de dephosphoration a I'hect. 



^pandues 
la volee 



a 



Parcelle n' 8j 



Grain 

PaiUe 

Total. 



R6colte 

k 
r hectare 



kU. 

2.4^5 

4.450 



6.875 



Valeur 
argent 



fr. c. 
363 75 
i33 5o 



epandues 
sous les lignes 

Parcelle n- 88 



R6colte 

a 
I'heaare 

kil. 
2.460 

4- 540 

497 251 7.000 



Valeur 
argent 



fr. c. 
369 » 
i36 i5 



5o5 i5 



725 kil. de scories 
de dephosphoration a I'hect. 



epandues 
a la volee 



Parcelle n* 89 



Rfecolte 

a 
r hectare 

kil. 

2.35o 

4.400 



6.750 



Valeur 
argent 



fr. c. 
352 5o 

l32 » 



484 5o 



epandues 
sous les lignes 

Parcelle 'n' 9a 



R6colte 
r hectare 



kil. 

2.370 

4.330 



6.700 



Valeur 
argent 

fr. c. 
355 80 
1299^ 

485 70 



Si nous retranchons les sommes deboursees pour Fachat 
de Tengrais la valeur de la recolte de ehacune de ces xjuatre^ 
pareelles devieiit egale a : 

468 fr. 25 pour le n° 87 ; 
476 fr. i5 pour le 11° 88 ; 

441 fr- pour le n^ 89 ; 

442 fr. 20 pour le n° 90. 

En rapproehant ces chiffres de ceux de la parcelle temoirt 
n° 24 (tableau IX) , on constate : 

Que seule la dose la moins elevee de scories repartie sous 
les lignes laisse un leger benefice , 8 fr . par hectare ; a la 
dose la plus forte, le supplement de recolte ne paye plus 
Fengrais, il y a un deficit de 27 fr. i5 dans la parcelle 
nP 89 et de 25 fr. 95 dans la parcelle nP 90. — La difference 
de I fr. 20 entre ces deux derniers chiffres est negligeable ; 
eUe permet cependant de conclure que , pour les fortes- 
fumures phosphatees, le mode de leur repartition est sans- 
action sur la recolte. 



Essais avec scories de dephosphoration aux 
doses de 485 et de 725 kilos ^ I'hectare 

semailles en lignes espac4es de 0^20 

Nous repetons dans les quatre pareelles n°* 91, 92, 98 et^r 
semees en lignes espacees de o«^2o, les m^mes essais que dans 
les quatre pareelles precedentes semees en lignes plus rap- 
prochees. 



Tableau XXX. — Rendement et valeur comparatifs de la 
production de chaque parcelle a Fhectare : 



— 133 — 



Grain 

Paille 

Total. 



^So kil. de scories 
de dephosphoration a Phect. 



^pandues 
a la vol6e 

Parcelle n"* 91 



Rteolte 
a 

1' hectare 



kil. 

2.5o5 

4.620 

7.125 



Valeur 
argent 



fr. c. 
375 75 
i38 60 



5i4 33 



epandues 
sous les lignes 

Parcelle n* 93 



Rdcolte 
rhectare 



kil. 

2.562 

4 288 



6.850 



Valeur 
argent 

fr. c. 
384 3o 
128 65 

5i2 95 



725 kil. de scories 
de dephosphoration k Phect. 



6pandues 
a la vol6e 

■ ■■■■■■ »■ ^^m^^ 

Parcelle n' 98 



R6colte 

a 
rhectare 



kil. 

2.525 

4.725 



7.200 



Valeur 
argent 



fr. c. 
378 75 
141 75 



520 5o 



Epandues 
sous les lignes 



Parcelle n* 94 



Rfecolte 
a 

rhectare 



kil. 

2.575 

4.840 



7.415 



Valeur 
argent 

fr. C. 

386 2S 
145 20 

53i 4& 



Deduction faite du prix d' achat de la fumure, la valeur de 
la recolte de chaque parcelle devient egale a : 

485 fr. 35 pour le n° 91, soit une plus-value de 34 fr. 45 sur 
la parcelle temoin n° 25 ; 

483 fr. 95 pour le u9 92, soit une plus-value de 33 fr. o5 sur 
la parcelle temoin n° 25 ; 

4^7 francs pour le n° 93, soit une plus-value de 26 fr . 10 sur 
la parcelle temoin n^ 25 ; 

487 fr. 95 pour le n° 94, soit une plus-value de Sj fr. o5 sur 
la parcelle temoin n° 25. 



Conclusion. — L'ensemblc des r^coltes obtenues avec les 
parcelles ayant re^u des engrais phosphates permet de con- 
clure que le sol du champ n° 3, dans lequel Tanalyse a releve 
une teneur de 0,86 0/0 d acide phosphorique , etait suffisam- 
ment pourvu en cet element pour subvenir aux exigences de 
Forge de printemps , puisgue les supplements de recolte ne 
payent pas avec le superphosphate la d^pense de la fumure 
minerale, quelle que soit la quantite employee. 

Dans de telles conditions, Tetude du mode de repartition 
de r engrais phosphate ne pouvait aboutir a rien de precis ; 
c'est d'ailleurs ce qui ressort de I'examen des r^sultats que 
nous venons de presenter. 

Avec les scories de dephosphoration reparties sur les par- 
celles semees k la volee ou en lignes espacees de o"20, la 
recolte laisse un benefice moyen de 32 fr. 19 k Thectare, 
tandis que, dans les semailles en lignes espacees de 0^16, il y 
a un deficit moyen de 11 fr. 27 pour les quatre essais. Ge 
l^ger avantaee des scories sur le superphosphate provient 
sans doute d'une action indirecte de Fengrais, due k la 
mobilisation de F azote sous Finfluence de la chaux libre que 
les scories contiennent en grande quantite. Mais, comme 
s le disions plus haut, Fensemble des r^sultats ne permet 



nous 



de tirer aucune deduction relative au mode de repartition de 
la fumure. 



— 134 — 



R6suin6 

des r^sultats obtenus avec les engrais 

phosphates, 6pandus en lignes, dans la culture 

des cdr6ales d'automne 

L' expose de nos recherches avec les engrais phosphates 
yient d'etre presente d'une maniere aussi fidele et aussi 
complete que possible. Les petites divergences qu'on pent j 
trouver ne surprendront pas les agronomes habitues aux 
essais de ce genre. Pour bien mettre en relief la superiorite 
de la repartition de Fengrais en lignes, sous les semences, 
nous croyons utile de dresser le tableau ci-dessous, dans 
lequel se trouvent indiques, pour I'avoine d'hiver et le ble, 
la nature et la quantite des engrais phosphates employes, en 
m^me temps que la plus-value en argent de le reeolte , par 
rapport aux parcelles ayant re^u Tengrais sur toute la sur- 
face. 



CEREALES 
cultivees 



NATURE DE LA FUMURE 

et quantite a I'hectare 



Avoine grise S 4oo k. superphosphate 

d'hiver . . . . ) 600 k. superphosphate 

Avoine grise ) 4^5 k. scories de dephosphoration 
d'hiver . . . . ) 726 k. scories de dephosphoration 



Ble Battel 



Bie Battel 



400 k. superphosphate. 
600 k. superphosphate. 



485 k. scories de dephosphoration 
725 k. scories de dephosphoration 



PLUS-VALUE 

en faveur de I'engrais 

en lignes 



Semis 
a o"i6 



fr, c. 
26 85 

7 85 

10 60 
5 10 

12 40 
22 80 

22 40 
32 40 



Semis 
a o"2o 



fr. c. 

32 5o 

I 90 

10 25 
i3 40 

28 )) 

20 OD 

47 40 

3o )) 



On remarquera : 1° que la superiorite de Fengrais localise 
se traduit par des chiffres plus eleves dans les semis en lignes 
espacees de o'^ao que dans ceux de 0^16 ; 

2° Que la valeur des exc^dents de reeolte est proportion- 
neUe aux besoins de la plante : T avoine , moins exigeante en 
acide phosphorique que le ble, accuse des b^ndftces moin- 
dres que ce dernier ; 

3° Que les avantages de Tagglomeration de Fengrais sont 
en raison inverse de Tintensite des fumures; la moyenne 
gen^rale des essais accuse une plus-value de 28 fr. 80 avec 
la dose la moins elevee, tandis qu'elle n'est plus que de 
17 fp. 37 avec la plus forte. Geci connrme Fopinion admise : la 
repartition des engrais en lignes permet d'en r^duire Fapport ; 

5° Les resultats obtenus avec Forge de printempsindiquent 
qu'avant d'etudier la question du mode de repartition des 
engrais il faut d'abord envisager le besoin du sol en e\6 
ments fertilisants. 



— 135 — 



Section C 

Recherches avec les engrais azotes 
Sulfate d'ammoniaque 

Nous devons avouer qu'en errant cette troisieme categoric 
d'essais, nous ne pensions pas a une grandc efficacite des 
engrais azotes, vu la richesse dc notre sol en azote. Aussi 
n'avons-nous fait porter, les recherches que sur I'avoine 
grise d'hiver et Torge de printemps, en faisant usage du sul- 
fate d'ammoniaque a la dose de loo kilos a Fhectare, ce qui 
correspond a une depense de 32 fr. Nous regrettons de 
n'avoir pas etabli d'essais sur le ble , car les r^sultats sont 
manifestement en faveur de Fengrais azot^. Nous avons 
experiments sur des semailles a la volSe et sur des semailles 
en lignes espacees de o™20 avec engrais epandu sur toute la 
surface ou sous les lignes. Les semailles a la volee avaient 
surtout pour but de mettre en relief Fefficacite de la'fumure ; 
les semailles en lignes etaient destinies a comparer Faction 
de Fengrais, suivant le mode d'epandage adopte. 

R6sultats du champ n*" i 

Culture d*avoine grise d'hwer 

Essais avec sulfate d'ammoniaque 
avec la dose de 100 kilos k Fhectare 

La parcelle n° 95 a ete semee a la volee; les parcelles 
n°^ 96 et 97 en lignes espacees de o"^20. Dans les deux pre- 
mieres, Fengrais avait ete reparti a la volee et melange a 
toute la suriace du sol; dans la troisieme, il a ete depose en 
lignes sous les semences. 

Tableau XXXI. — Rendement et valeur comparatifs de la 
production de chaque parcelle a Fhectare : 



Grain 

PaiUe 

Total 



ENGRAIS 

EPANDU A LA VOLEE 



Semailles 
a la volee 



Parcelle n* qS 



Recolte 

a 
Phectare 


Valeur 
ardent 


kil. 
3.490 
II. no 


fr. c. 
558 40 
355 5o 


14.600 


913 90 



Semailles 
en lignes 

Parcelle n° 96 



Recolte 

a 
1' hectare 

kil. 
3.710 
II. 710 



15.420 



Valeur 
arg-ent 



fr. c. 
593 60 
374 70 



968 3o 



ENGRAIS 

EPANDU EN LIGNES 

Semailles 
en lignes 

Parcelle n" 97 



Recolte 

a 
I'hectare 



kil. 
3.920 
11.865 



15.785 



Valeur 
argent 



fr. c. 
627 20 
_379 70 

I. 



— 136 — 

Deduction faite du prij^ d' achat de Tengrais (32 fr.), la 
valeur nette de la production de chaque parcelle reste egale 
k : 

88i fr. QO pour le n° 95 ; 

986 fr. 5o pour le n° 96; 

974 fr. 90 pour le n° 97. 

Soit par rapport aux parcelles temoin (tableau XI) un bene- 
fice net de : 

99 fr. 35 dans la parcelle n° 96 ; 

116 Ir. dans la parcelle n° 96; 

i54 fr. 60 dans la parcelle n° 97. 

Conclusion. — L'augmentation de recolte due au sulfate 
d'ammoniaque est tres sensible dans les trois essais et, si 
nous rappelons que la terre du champ n° i renferme i,2& 
pour 100 d' azote, on pent ^tre surpris au premier abord par 
Texcedent considerable de production releve en faveur de 
cet engrais. En examinant les choses de pres, il est permit 
de penser que dans cette terre argilo-siliceuse , manquant de 
chaux, r azote nitrifie trop lentement par rapport aux besoins 
de la plante en cet element. 

Nous devons ajouter que, depui^ la levee jusqu'a la matu- 
rite , les trois parcelles , avec sulfate d'ammoniaque , se sont 
montrees superieures a toutes les autres; la vegetation y a 
6te plus active et le tallage plus abondant ; poiir cette raison, 
I'augmentation porte sur la paille aussi bienque siu* le grain. 
EUe est plus forte pour les semailles en lignes que pour les 
semailles a la volec; ceci tient a Timpossibilite d'executer 
des binages parfaits avec ce mode d'ensemencement, binages 
dont Taction sur la culture des cereales se manifeste toujour^ 
d'une faQo^ heureuse a la moisson. 

L'efficacite du sulfate d'ammoniaque se trouvant ainsi 
mise en relief, nous constatons qu'il s'est montre superieur 
dans Tepandage sous les lignes a la fumure en plein. D'un 
c6te, la plus-value ,de la recolte est de i54 fr. 60, de Tautre 
116 fr., soit en faveur de Fagglom^ration une difference de 
38 fr. a Thectare. 



R^sultats du champ n^ 3 (Section C) 
Culture d'orge de printemps 

Essais avec sulfate d'ammoniaque 
k la dose de 100 kilos k Thectare 

La marche des essais a et^ identique a celle du champ 
n° I, les resultats obtenus sont les suivants : 

Tableau XXXII. — Rendement et valeur comparatifs de 
la production de chaque parcelle a Fhectare : 



— 137 — 



•Orain 

Faille 

Total 



ENGRAIS 

REPARTI A LA VOLEE" 



Semailles 
a la volee 

Parcelle n"* 98 



Recolte 

k 
r hectare 


Valeur 
argent 


kil. 

2.760 

4.715 


fr. c. 
414 » 
141 45 


7.475 


555 45 



Semailles 
en lignes de ©""ao 

Parcelle n« 99 



Recolte 

a 
I'hectare 



kil. 

2.610 

5.485 



8.095 



Valeur 
argent 



fr. c. 
391 5o 
164 55 



556 o5 



ENGRAIS 

EPENDU EN LIGNES 

Semailles 
en lignes de ono 

ParceUe n* 100 



Recolte 

a 
I'hectare 



kil. 

2.6i5 

6.260 



8.875 



Valeur 
argent 



fr. c. 
392 25 

187 80 



58o o5 



Le prix d'achat de Tengrais etant de 32 fr., la valeur nette 
de la production de chaeune de ces parcellesest la suivante : 

523 fr. 4^ pour le n° g8 ; 

624 fr. o5 pour le n^ gg ; 

548 fr. o5 pour le n^ 100, 

Par rapport aux parcelles uP^ 23 et 26 (tableau IX) semees 
dans les m^mes^ conditions sans engrais nous trouvons que 
le sulfate d'ammoniaque procure un benefice net de : 

94 fr. i5 dans la parcelle n® 98; 

73 fr. i5 dans la parcelle n° 99; 

97 fr. i5 dans la parcelle n° 100. 

Conclusion. — Uapport de 100 kilos de sulfate d'ammo- 
niaque a produit les plus heureux effets sur la vegetation de 
rorge. Dans les trois parcelles, les benefices resultant de son 
emploi sont considerables. 

Les differences que nous avons relev^es sont aussi signifi- 
catives que celles obtenues dans les parcelles d'avoine grise 
d'hiver, ce qui demontre : 

1° Que la chaux est necessaire a nos terres pour y mobiliser 
I'azote qu'elles renferment; 

2** Qu il y a entre I'engrais reparti en lignes ou sur toute 
la surface une difference de 24 fr. en faveur du premier mode 
d'epandage; mais il y a lieu de se demander si cette difference 
resterait la mSme dans leg sols moins consistants et plus 
iriches en calcaire que le n6tre ? 



(A suwre). 



— 138 — 



4liK 



IQUS sur le choiz de la 
irarifit^^ du bl6 



Par M. P. Lavalle£» memlire tilahdre 



Le choix de la variete de ble k ensemencer pr^occupe cba-» 
que annee les cultivateurs soucieux d'aller de Tavant, ceux 
qui savent que le progrfes agricole n'a pas dit son dernier 
mot et que toujours if y a a faire en vue d'une situation 
meilleure. Ds reeonnaissent volontiers que e'est la variete 
qui met en relief les autres ameliorations realisees et que 
de son dioix depend , en grande partie , le sucees de la cul- 
ture du ble. 

Si Famelioration des races de ble pouvait se faire d'une 
mani^re aussi certaine et aussi rapide que celle du milieu 
dans lequel elles doivent vivre, on n'aurait pas interM a 
chercher ailleurs la variete a ensemencer; il suffirait de s'en 
tenir a la selection des especes locales , celles-ci ^tant mieux 
que toutes autres adaptees au climat sous lequel on se trouve. 
Malheureusement il n'en est pas ainsi. II faut plusieurs gene- 
rations successives pour modifier Tenergie vitale de la plante, 
tandis qu'il suffit de labourer plus profondement, d'employer 
d'avantage d'engrais pour ameliorer immediatement la puis- 
sance productive du sol. 

Dans cette terre plus ameublie, dans ce garde-manger 
mieux garni, si Ton place un ble de pays, de tout temps 
habitue a vivre de peu, il se grise, sa vegetation prend un 
developpement exuberant, les cellules s'equilibrent mal, 
perdent de leur resistance , les ^pis sont k peine formes que 
deja le vent les a couches sur le sol : la table etait trop 
abondamment garnie pour un temperament sobre comme le 
sien! Pour obtenir de grands rendements, il est indispen- 
sable d' avoir recours a des variet^s plus gourmandes et en 
m^me temps plus robustes. 

Les catalogues de nos bonnes maisons de semences , tout 
en etant con^us en termes precis , sont cependant etabhs de 
mani^re a donner une id^e exacte de la couleur du grain et 
de la paille des varietes livrees par elles a la culture. Mais, 
pour eviter les mecomptes qu'on eprouve parfois pres de la 
meunerie locale lorsqu'on lui presente un grain d!e couleur 
autre que celle qu'elle a Fhabitude d'acheter, nous recom- 
mandons de porter plus specialement Tattention sur les 
especes se rapprochant, par la couleur du grain, de Fespece 
la plus estimee dans la region. II ne faut cependant pas 
rejeter les varietes reellement meritantes, lors mdme que le 



— 139 — 

^rain serait blanc tandis que celui de Tespece locale serait 
laune ou rouge; la meunerie ne fera aucune difliculte pour 
r accepter en melange* avec ce dernier. 

On ne saurait faire aucun rapprochement entre les bles 
fournis par les bonnes maisons de semences ou les agri- 
culteurs apportant tous leurs soins a Tamelioration des 
varietes par eux cultivees et les soit-disant producteurs de 
ble de semence dont les prospectus nous ont et^ adress^s ces 
temps derniers. Les uns, a c6te d'epis demesurement grossis, 
etalent un nojnbre plus ou moins grand de varietes — il j 
en a qui depassent la cinquantaine — afin de donner au lecteur 
Tillusion de vastes cultures dans lesguelles la selection et 
Fam^lioration des principales races de ble se poursuivent 
avec les soins les plus scrupuleux. Pour que rien n^y manque^ 
on pousse la reclame jusqu'a annoncer la presence de labo- 
ratoires ou de stations agronomiques annexes de la culture. 
Et, comme si tout cela n'etait pas sufiisant pour capter la 
confiance des praticiens peu habitues, surtout dans notre 
region, a un genre de reclame si bien ordonnee, on complete 
le tout par lannonce de varietes de creations recentes, de 
dernieres nouveautes devant faire merveille dans tous les 
sols et sous tous les climats. 

Enfin — est-ce un effet de Tentente cordiale — les uns 
proclament aujourd'hui la superiority des races de bles 
d'origine anglaise apres avoir reconnu experimentalement 
qu'elles ne valaient pas les bonnes especes k grand rendement 
creees en France depuis une vingtaine d'ann^es. La lecture 
des principaux organes de la presse agricole parus en 
aoM 1897, comparee aux articles publics ces jours derniers 
est a cet egard des plus instructives. 

II J aurait beaucoup a dire sur la mani^re et le but dans 
lequel ces prospectus sont con^us ; si on voulait se livrer a 
la culture de toutes les varietes de la collection annoncee, 
on reconnaitrait sans peine qu'un grand nombre proviennent 
d'un mSme lot et n'ont entre elles que la difference du nom 
qui leur a ete donne. 

Quant aux dernieres creations, il ne s'agit bien souvent 
que d'esp^ces d^ja connues, rebaptisees d'un nom plus ou 
moins pompeux, en vue d'attirer d^avantage sur elles Tat- 
tention. On ne les livre que par petits lots et a des prix 
excessivement eleves. 

Ge n'est pas d'un trait de plume qu'on cree de nouvelles 
races de bl^. Qu'on op^re par selection ou par hybridation, 
voire mSme eu combinant ces deux m^thodes, il y a une foule 
de facteurs qu'il faut bien connaitre et savoir mettre en jeu 
pour arriver au r^sultat final. Seuls ceux qui se livrent r^elle- 
ment a T amelioration des plantes cultivees savent ce qu'il en 
coMe d'efforts, de perseverance et d'ar^ent avant d'atteindre 
le but. lis connaissent aussi les d^boires et les deceptions 
dont est parsemee la profession de celui qui fait m6tier de 
creer de nouvelles especes de plus en plus m^ritantes. 



— 140 — 

Le laboratoire, quand il existe, ne doit pas Stre amenage 
pour donner au visiteur attendu I'illusion de son fonctionne- 
ment; mais a sa tSte doivent se trouver des hommes labo- 
rieux dont les connaissances agronomiques ne sont jamais 
trop ^tendues. 

Quant au nombre plus ou moins grand de fermes dans 
lesquelles chaque vanete est cultivee separement, afin d'evi- 
ter tout melange, il ne s'agit bien souvent que de parcelles 
de surface r^duite dont le nom figure comme etant la deno- 
mination d'une ferme distincte. En realite, la grande majo- 
rite des varietes port^es sur ces catalogues sont achetees , 
sans aucun souci de leur origine, sur les marches voisins, le 
trieur devant en ^liminer les impuretes et leur donner I'appa- 
rence d'une selection de longue lialeine. 

Nous n'en dirons pas davantage sur ce sujet, notre but, 
^n ecrivant ces lignes, etant de mettre en garde contre les 
agissements dont pourraient ^tre victimes ceux de nos 
lecteurs qui voudraient tenter I'essai des varietes de ble a 
grand rendement. II y en a un certain nombre qui conviennent 
tout particulierement au climat et aux differ ents sols de 
TAnjou ; en se les procurant avec garantie d'origine, en les 
cultivant et selectionnant avec soin , leurs qualites , loin de 
diminuer, ne feraient que s'accentuer davantage et, par la 
mdme, le produit de la culture du ble. 



Avis k nos coUdgues de la Soci6t6 industrielle 
et agricole d'Angers et de Maine-et-Loire 

La distribution des recompenses aux laureats du Goncours 
des primes culturales de 1906 aura lieu 7, rue Saint-Blaise, 
le samedi 3o septembre prochain, k 2 heures precises ; cette 
stance tiendra lieu de reunion mensuelle. 

Le Secretaire g^n^ral, 

Docteur P. Sigaud. 



Le G^rant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1848-5 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOIE 

D'ANGERS 
et du departement de Maine-et-Loire 



Stance du 30 septembre 1905 



Pr^sidence de M. Bordeaux-Montrieux, Vice-President 



Le samedi 3o septembre 1906, a 2 heures, a eu Keu, dans 
la Biblioth^que de la Soci6t6 industa:'ielle et agricole d' An- 
gers , 7 , rue Saint-Blaise , la reunion mensuelle consaeree k 
la distribution solennelle des recompenses aux laur^ats du 
■concours des primes culturales de 1905. En Tabsence de 
M. le s^nateur comte de Blois, president, M. Bordeaux- 
Montrieux, premier vice-president, a ouvert la stance. II a 
tout d'abord donne lecture des lettres de MM. de Grand- 
maison, Joseph Joflbert, Maurice Massignon, Andre Huau, 
Secher, Florestan Bauge, s'excusant de ne pouvoir assister ^la 
reunion. — M. le Prefet de Maine-et-Loire, absent d* Angers, 
n'a pu repondre egalement a notre invitation. — M. Bor- 
deaux-Montrieux etait entoure de M. Joxe, maire d* Angers, 
M. Huault-Dupuy, vice-president, MM. Merlet et Bodinier, 
senateurs, M. Laurent Bougere, depute, M. Paul Morain, 

Srofesseur departemental dagricidture de Maine-et-Loire, 
_ IM. Prosper Jamin, D' Sigaud, membres du Bureau, 
MM. Prosper Bigeard, Halope, Kiehl, baron Le Guay , Prosper 
Lavaliee, Vinet, Vaugouin, Grau, Lemanceau, de Lavergne, 
Paul Sigaud fils, Fourmond fils, Paul Lorin, Bachelot, Blkn- 
chat, marquis de Dampierre, membres de la Societe. 



— 142 — - 

M. Bordeaux-Montrieux prend ensuite la parole et pro- 
nonce r allocution suivante : 

« Messieurs, 

« Notre cher President, retenu loin de nous par une indis- 
position, me charge d'exprimer ses regrets de ne pouVoir, 
comme il le desirait tant, adresser ses eloges aux laureats du 
concours de primes culturales et — sans que je puisse le 
remplacer — it me transmet Thonneur de presider cette belle 
assemblee. 

« Je veux de suite acquitter notre dette de reconnaissance 
envers le Gouvernement et le Conseil general pour les gene- 
reuses subventions qui favorisent et encouragent notre oeuvre* 
Nos remerciements s'adressent egalement a la Societe des 
Agriculteurs de France, ainsi qua MM. les Senateurs et a 
MM. les Deputes qui nous ont donne de nombreuses me- 
dailles ; a M. le Maire de la ville d' Angers ; aux represen- 
tants des differents corps ^lus; aux professeurs d' agriculture 
et a tous ceux qui ont bien voulu manifester par leur pre- 
sence rinter^t particulier qu'ils portent a ce concours. 

<( La Societe industrielle et agricole est heureuse enfin de 
proclamer le devouement des membres de la Commission 
des primes culturales, qui n'ont pas craint de donner — avec 
une naute competence — leur temps et leurs forces au ser- 
vice de r agriculture. 

« Notre Secretaire general, rapporteur de la Commission,, 
d^taillera savamment toutes les circonstances culturales qui 
mettent en relief les exploitations xeconnues dignes d'etre 
distinguees et je n'ai plus, pour ma part, en m'adressant 
aux laureats du concours, qu'a leur parler brievement et en 
termes generaux de la belle industrie qu'ils exercent. 

<( Votre industrie , Messieurs , est peut-Stre la plus difficile 
de toutes. Une partie du travail echappe a votre action et ne 
depend pas de votre volonte ; c'est, comme le disait un char- 
mant ecrivain, le travail silencieux des puissances de Fair 
sur la motte de terre. La pluie prepare le passage de la 
charrue ; le souffle du vent enl^ve le trop-plein des grandes 
eaux de la veille et le tient en reserve, sous forme de vapeurs, 
pour une nouvelle rosee ; la gel^e change encore la physio- 
nomie du sol et exerce par la terre du froid une action 
mecanique dont les effets sont necessaires et prevus; la 
nature, qui semble morte pendant de longs mois, se reveille 
et se ranime aux rayons du soleil pour entrer, aprfes un 
sommeil reparateur, dans une nouvelle phase de vie et de 
mouvement. 

« Mais, soumis que vous ^tes aux caprices de ces forces 
naturelles, vous vivez avec les incertitudes de chaque jour, 
et vous ne pouvez vous en affranchir en partie qu'k force de 
r^fltexion, de pr6voyance, d'intelligence et de travail. G'est la 
secheresse, nouvelle plaie d'Egypte, qui menace de detruire 



— 143 — 

line r^colte depuis longtemps pr^paree ; c'est le froid qui 
recule le printemps ou les elements de Tair qui le rendent si 
prodigue de rosee qu'un second deluge engloutit nos espe- 
rances. 

« Le bon agriculteur a tout prevu et, comme il a aide la 
nature en quittant les sentiers de la routine pour entrer reso- 
lument dans la voie large du progr^s, la nature lui est bonne 
en retour et une partie du mal est reparee par Thabile 6co- 
nomie de ses cultures. 

« Si Ton considere Televage des animaux, les m^mes diifi- 
cultes subsistent ; mais elles peuvent Stre Taincues aussi par 
des qualites d' observation et d'esprit de suite dans le choix 
des reproducteurs et dans la selection des sujets. 

« S'il est difficile , Messieurs , d'etre un bon agriculteur, il 
€st , en particulier, difficile de le devenir , quand on exploite 
seul. Aussi nos eloges ne seront pas marchandes aux fermiers 
k prix d'argent et aux propri^taires cultivant par leurs mains, 
qui doivent a leur initiative de realiser les progr^s agricoles. 
« Mais tout le monde n'a pas le moyen de payer sa gloire ; 
la culture des champs , pour Stre bien conduite , coilte cher, 
et nos eloges seront les mSmes pour ceux qui exploitent k 
moitie fruits et qui comprennent tons les avantages qu'ils 
retirent d'une association avec le proprietaire du sol. 

« Par Texcellente pratique du metayage, le cultivateur est 
mieux prepare a recevoir les id^es nouvelles, qui ne sont pas 
des id^es de fantaisie mais des idees de science; dans le 
metayage , le capital d' exploitation est assure et la forme du 

Fouvernement est merveilleusement trouv^e pour diriger 
intelligence et le travail sans froisser ce sentiment tr^s 
€onnu a independance et d'egalite qui caracterise notre temps 
et qui, du reste, bien compris, en constitue Thonneur. Pour 
Taction commune , chacun pent apporter son experience et, 
le proprietaire gardant la part n^cessaire d'influence et d'au- 
torite qui lui est due , on voit regner la confiance et I'accord 
dans une association libre. 

« A c6te de ces deux modes d*exploiter la terre , il en est 
un troisi^me. Nos maltres dans la science agricole ne s'at- 
tardent pas a leurs laboratoires ou a leurs salles de confe- 
rence ; ils ont a coeur de nous montrer les resultats pratiques 
de leur enseignement et la Society industrielle et agricole 
est heureuse de voir figurer au concours deux professeurs 
d' agriculture , ingenieurs-agronomes distingues qui, par la 
haute direction qu'ils ont voulu donner a des exploitations 
modeles, rendent aux cultivateurs de si brillants services. 

« La culture maraichere et celle des porte^raines ont eu 
aussi leurs dignes representants et, apr^s avoir ainsi pass^ 
en revue (sans oublier personne, je pense) tons ceux qui 
donnent leur vie a la terre, en dirigeant des exploitations 
rurales, nous devons nos compliments k leurs coUaborateurs, 
a ces serviteurs agricoles dont la conduite exemplaire, le 



— 144 — 

zele ininterrompu et le travail opini&tre dans la m^me ferme, 
pendant de loneues ann^es , sont d'un puissant secours pouir 
la reussite de 1 entreprise. 

« Nous parlerons enfin du concours special reserve a Mes- 
sieurs les instituteurs et nous rappellerons que c'est en 1897, 
a rinitiative de notre tr^s distingue President, dont nous: 
d^plorons Fabsence en ee moment, que nous devons cette 
excellente institution. 

« Pour lui, comme il le disait au Senat, Tenseignement 
agrieole doit 6tre donn6 d'abord dans les ecoles normales par 
le professeur d' agriculture ; puis, Tinstituteur ainsi form^ 
apportera dans les ecoles primaires un enseignement theo- 
rique et pratique tres sufBsant, quand il pourra joindre a la 
leQon orale la demonstration sur un petit champ d'experience 
cre^ a cdte de son jardin. 

« Si Ton veut, en effet, poursuivre le progres agrieole, il 
faut y preparer les enfants, ouvrir leur esprit a I'id^e des 
methodes nouvelles , et c'est ce que comprennent Messieurs^ 
les instituteurs en prenant part au concours. lis ont droit a 
nos remerciements. 

« ]M. le Rapporteur de la Commission va prendre la parole 
pour distribuer en detail les 61oges qui sont dus a chacun ; 
ma part est assez belle d'avoir eu rhonneur de louer en 
quelques mots le travail de la terre. Ceux qui le pratiquent 
avec intelligence ne sauvegardent pas seulement leurs propres^ 
int^rSts, ils remplissent en m^me temps un r6le social. lis 
entretiennent et augmentent la richesse du pays et, en hono- 
rant la vie rurale au lieu de la deserter, ils apportent au 
fonds commun de la society quelque beaute morale qui con- 
sole de tant d' existences mediocres, egoistes et inutiles. 

« Sans oublier les autres travailleurs qui, par leur labeur,. 
exercent aussi une vertu, c^l^brons cette fois, en particulier, 
les hommes des champs. Suivant la belle expression d'utt 
academicien et d'un po^te , ils donnent depuis des siecles k 
la France « le pain qui la nourrit et les soldats qui meurent 
pour elle ! » 



Apres I'allocution tr^s applaudie de M. Bordeaux-Mon-r 
trieux, M. le D' Sigaud donne lecture de son rapport sur le 
concours des primes culturales de 1906 : 



— 145^— 



Rapport 

de la Commission des Primes culturales 

sur le Concours de 1905 

Pr^sente par M. le D'^ Sigaud, secretaire general 



En 1906 , le Concours des Primes culturales a eu lieu dans 
les arrondissements d' Angers et de Segr^, moins les cantons 
de Thouarce et de Chalonnes. La Commission du Jury ^tait 
composee de : 

M. Maurice Massignon, ingenieur-agronome de I'lnstitut 
agronomique, president; 

M. le professeur Lavallee, ingenieur-agronome de I'lnstitut 
agronomique, directeur de la ferme experimentale d'Avrille, 
directeur de FEcole superieure d' Agriculture d' Angers ; 

M. le professeur B^con, de Saumur, ingenieur-a^onome 
de rinstitut agronomique, rempla^ant M. Paul Morain, pro- 
fesseur departemental d'agriculture de Maine-et-Loire ; 

M. le D' Sigaud, secretaire general de la Societe indus- 
trielle et agricole d' Angers, charg6 de presenter aujourd'hui 
le rapport sur le Concours. 

Nous avons le devoir tout d'abord d'exprimer toute notre 
gratitude a ceux qui nous ont offert si cordialement I'hospi- 
talite ; leur charmant accueil sera pour nous un des meilleurs 
souvenirs de notre voyage. 

Nous tenons aussi a remercier les Cornices a^icoles de 
nous avoir adresse des candidats recrutes parmi Telite des 
agriculteurs de leurs cantons respectifs. lis n'avaient, il est 
vrai, que Tembarras du choix dans ces arrondissements pri- 
vilegies ou la fertilite du sol recompense si genereusement 
celui qui veut et sait le travaiUer. 

Aussi , sommes-nous heureux de proclamer hautement ici , 
en presence des laureats , avec quel interSt et quelle satisfac- 
tion nous avons visite la plupart des fermes et surtout ces 
superbes metairies cultivees avec tant de goftt et de soin et 
qui font honneur aussi bien aux proprietaires qu'aux fermiers. 

Les uns et les autres ont, en effet, droit a nos ^loges, car, 
si les premiers se sont en general impose de reels sacrifices 
et ont donn^ le plus souvent tine direction intelligente , les 
seconds ont su tirer parti des ressources qui leur ^taient 
confiees et mettre k profit les sages et utiles conseils qui leur 
^taient prodigues. 



~ 146 — 

A tons les laureats nous devrions distribuer des ^loges 
personnels, tous en sont reellement dignes ; mais nous serons 
sobres de compliments ; nous voulons respecter la modestie 
de chacun, desirant 6viter aussi de faire naitre, bien invo- 
lontairement sans doute , certains froissements ou certaines 
susceptibifites. 

Notre visite dans les fermes ou exploitations des arrondis- 
sements d' Angers et de Segre nous a permis de faire de 
nombreuses observations qui, nous osons Tesperer, pourront 
interesser les cultivateurs ae cette region. Afin d'etre metho- 
dique, nous passerons en revue I'une apres Tatitre toutes les 
questions soumises a Texamen du Jury, en signalant au pas- 
sage les choses interessantes que nous avons vues et notees. 

De l'61evage — En premier lieu nous traiterons la 
question de Televage. L'espece bovine est representee dans 
les fermes que nous avons visitees par des animaux appar- 
tenant : 

1° A la race durham pure; 

2° A des croisements durham-manceaux ; 

3° A la race normande ; 

4° A la race charolaise pure ; 

5° A des croisements durham-manceaux-charolais. 

Les durham purs forment I'ensemble des etables du 
domaine de Grandines-Avaze (commune de Cheffes) , dirige 
habilement par M. le professeur departemental d' Agriculture 
de Maine-et-Loire , M. Paul Morain. Les etables contiennent 
soixante-dix betes a cornes, en majorite de race durham 
pure ; on y rencontre de fort beaux sujets males et femelles 
qui sont I'objet de selection continuelle. Dans cette belle 
exploitation de 85 hectares le but recherche exclusivement 
est I'elevage. Chaque annee on conserve une partie des el^ves 
qui semblent avoir le plus d'avenir; les autres sont vendus 
aux fermiers de la region et contribuent a modifier d'une 
fagon avantageuse leur troupeau. Dans les etables du Bourg- 
d'lre appartenant a notre distingue president, M. k senateur 
Comte de Blois, de tres beaux sujets durham pur, judi- 
cieusement choisis, ont ^te conserves en vue d'ameliorer les 
animaux de croisements durham-manceaux qui peuplent 
aujourd'hui les etables des fermes du domaine et en parti- 
culier de la belle metairie du Buron qui a pris part au 
Concours. Les cultivateurs ne sauraient avoir trop de recon- 
naissance pour les grands proprietaires-eleveurs de notre 
region s'imposant parfois de reels sacrifices pour chercher a 
perfectionner Tespece bovine de leur contree. On sait, en efifet, 
qu'aujourd'hui T^evage du durham pur est loin de rapporter 
les b^n^fices d'autrefois ; nous ne sommes plus a Tepoque od 
nos meilleurs reproducteurs etaient achetes a prix d'or par 
des eleveurs de 1 Amerique du Sud, qui venaient enlever nos 
plus beaux animaux de concours ou choisissaient eux-mSmes 



— 147 — 

dans nos Stables renommees les sujets d'elite. Le durham est 
eleve maintenant en vue d*ameliorer les animaux de race 
durham-mancelle, qui sont preferes aujourd'hui par la plupart 
des fermiers de TAnjou et recherehes lout partieulierement 
par les herbagers et par la boucherie. Ces animaux sont, au 
reste, parfaitement acclimates dans notre region oil, grace a 
des selections et de temps a autre a une infusion de sang 
durham, ils donnent des resultats tres satisfaisants. 

En dehors des animaux de race durham pure et de croise*^ 
mentsr durham-manceaux , nous avons pu admirer dans plu- 
sieurs exploitations agricoles ou dans des fermes des animaux 
de race normande, acnetes dans les meilleurs centres d'elevage 
de la Normandie (a Carentan dans la Manche , par exemple) 
et entretenus pour la production du lait. 

Les vaches normandes sont, en eftet, des laitieres de 

Sremier ordre et ceux qui, par Icur habitation au voisinage 
es villes , ont la possibilite , sans trop de frais de deplace- 
ment ou de transport, de se livrer k la vente du lait, ont tout 
avantage a se procurer de preference des vaches normandes 
permettant, avec une alimentation appropriee et abondante, 
de realiser des benefices fort appreciables. Nous avons tous 
admire la superbe vacherie de TIsle-Briantou, dans un vaste 
b&timent construit avec tout le confort desirable au point de 
vue de Thygiene, sont installees cinquante vaches normandes, 
dont trente-deux actuellement sont en production et donnent 
apres le velage en moyenne de seize a dix-huit litres de lait 
par jour. Plusieurs magnifiques taureaux normands d'^ge 
different completent ce troupeau. A TIsle-Briant on ne fait 
point d'elevage ; toutefois les veaux femelles sont actuelle- 
ment vendus a huit jours et places , quand ce sont de beaux 
sujets, dans les fermes de la region pour etre rachetes k 
I'avenir a 2 ans et demi ou 3 ans quand ils seront devenus 
des g^nisses de belle apparence. Dans plusieurs autres 
fermes oil la production laitiere est surtout recherchee , soit 
pour le lait, soit pour le beurre, nous avons rencontre egale- 
ment de beaux modules de vaches normandes ; nous citerons 
la ferme experimentale d'Avrille et la ferme de la Plesse 
d'Ecouflant, exploitations agricoles tres remarquees par la 
Commission. 

Mais notre attention a surtout ete attiree sur deux grandes 
metairies, Tune et Tautre habilement dirigees et dans les- 
quelles des elevages differents donnent d'excellents resul- 
tats. 

Dans la premiere , les animaux de Tespece bovine appar- 
tiennent tous a des croisements durham-manceaux selec- 
tionnes d'une fa^on methodique et rigoureuse; de temps a 
autre on leur infuse du sang durham pur par Fintermediaire 
des taureaux d'une etable voisine. Les resultats financiers sont 
exeellents et superieurs incontestablement k ceux que semble 
devoir procurer actuellement I'elevage des durham pur. 



— 148 — 

Dans la seconde metairie, le choix des animaux de Tespece 
bovine a ete ^galement Tobjet d'une etude s^rieuse de la 
part du proprietaire. Tout d'abord les etables contenaient 
des charolais-nivernais exelusivement ; mais, apres plusieurs 
annees d' observation, on fit choix devachesdurham-mancelles 
aehet6es parmi les meilleures des et;ibles voisines et comme 
reproducteurs males de taureaux eharolais absolument purs 
Aleves sur le domaine ou achet^s dans le Nivernais (nous 
avons pu admirer entre autres un superbe taureau , premier 
prix dans un concours de Nevers et achete i .400 fr. k Fage 
de 8 mois). Avec le croisement eharolais on arrive k donner 
aux produits obtenus un plus grand developpement des 
regions museulaires le plus appreci^ de la boucherie. Nous 
avons pu voir aux metairies de la Chaussee et de la Rainaie, 
de Loir^, des sujets aux formes irr^prochables et nous 
savons, d'autre part, que ces animaux sont recherches aujour- 
d'hui par les connaisseurs, qui les aehetent direetement dans 
les etables, sans qu'il soit besoin le plus souvent de les eon- 
duire aux foires du pays. 

Mais la comparaison de ces deux elevages diifferents nous 
permet de faire observer que si , dans la premiere metairie , 
les animaux peuvent tous, a la rigueur, Stre choisis et eleves 
dans les etables de la ferme, aussi bien les m^les que les 
femelles, il ne saurait en ^tre de mSme dans la seconde oh. 
Televage ne donne pas d' animaux pouvant Stre conserves 
par la suite; ce sont des croisements durham-manceaux- 
charolais qui, apres deux ou trois generations tout au plus, 
ressembleraient presque completement a des eharolais purs ; 
d'un autre cdte, les vaches durham-mancelles ne peuvent 
Stre elevees dans la metairie et doivent Stre achetees dans 
des etables de la contree pour remplacer les vaches hors 
d'age. Si ce mode d'elevage venait k se generaliser dans les 
fermes du pays , les vaches durham-mancelles deviendraient 
par suite de plus en plus rares et finiraient par disparaitre. 

Pour cette raison seule , nous lui preferons I'elevage des 
animaux de croisenlents durham-manceaux. Cette divergence 
de vue n'aurait plus sa raison d'etre s*il etait demontre que 
les eharolais purs peuvent aussi bien se developper sous notre 
climat et dans nos p&turages que les animaux de notre vieille 
race angevine, ce qui n'est pas encore prouve. 

Si , dans la plupart des fermes du Concours , les animaux 
de I'espfece bovine sont, en general, Tobjet des soins les plus 
attentifs de la part des fermiers, nous reprocherons a plu- 
sieurs leur choix comme reproducteurs m^les de taureaux 
quelconques, de conformation et de constitution laissant 
beaucoup k desirer. On a trop tendance a conserver systema- 
tiquement de jeunes taureaux eleves dans la ferme parce 
qu'on ne veut point s'imposer un sacrifice d'argent pour en 
acheter de meilleurs dans les etables renommees. C'st un 
tr^s mauvais calcul dont les consequences peuvent Stre 
graves pour Favenir de Fetable. 



— 149 — 

Nous ajouterons que la selection des reproducteurs femelles 
est plus importante encore que celle des taureaux ; tous les 
eleveurs ne doivent pas ignorer, en effet, qu'avee une vache 
de bonne constitution et bien conformee on a de grandes 
chances d'obtenir des produits satisfaisants quand bien meme 
le taureau laisserait a desirer, tandis qu'avec une vache mal 
conformee ou chetive on ne saurait avoir de bohs produits , 
le taureau fClt-il parfait. 

De r^levage du cheval. — Malgre ces observations, 
nous sommes heureux de dire que dans les fermes T ensemble 
des animaux de Tespece bovine noiis a paru en voie d' ame- 
lioration tres accentuee. On ne saurait donner la m§me note 
aux animaux de Tesp^ce chevaline. Une des causes princi- 
pales de cette inferiorite est, sans nul doute, le peu de soin 
apporte au choix des juments poulinieres. Une autre cause 
est la fa^on desordonnee des croisements et Tignorance des 
lois physiques et zootechniques qui ont une influence marquee 
sur le developpement des produits. 

Combien de fermiers se livrent a I'elevage du cheval sans 
se preoccuper de la nature de leur sol et, par suite, de la 
vafeur nutritive des fourrages recolt^s, des conditions hygi6- 
niques de leurs ecuries , des ressources alimentaires de leur 
ferme , du climat et de I'altitude ou elle est etablie ? 

Nous avons constate qu'on avait tendance dans les fermes 
a abandonner de plus en plus I'elevage du cheval demi-sang, 
qui demande, pour reussir, de serieuses connaissances 
zootechniques et exige de tres grands soins , pour se livrer a 
I'elevage du cheval de trait leger, dont la production est celle 
qui donne le moins d'alea et qui convient le mieux au petit 
eleveur. Un cheval de cette esp^ce a-t-il une tare quelconque, 
il pent Stre quand m^me utilis^ ou vendu dans le commerce. 
Pour reussir dans cet ^levage, il suffit d' avoir des poulinieres 
bien conformees et de choisir un etalon de mSme race dont 
la conformation s'allie bien a celle de la mere et puisse 
corriger les d^fauts qu'elle pent avoir. Le secret du succes 
de Televage consiste k savoir toujours unir des reproducteurs 
bien en harmonic. Nous avons entendu des fermiers critiquer 
les resultats obtenus avec les ^talons de TEtat ! Si les ^talons 
rouleurs ont plus de succes , cela semble tenir a ce que , se 
deplacant pour aller de ferme en ferme , ils operent le plus 
souvent au moment opportun. On a tendance, de plus en 
plus, a rechercher les croisements avec les percherons ou les 
chevaux bretons-percherons ; les poulains obtenus sont plus 
faciles a Clever et d'une vente meilleure. II nous semble, 
malgre Tavis contraire de FAdministratibn des haras, que 
les herbages des arrondissements d' Anders et de Segre sont 
sutiisamment riches pour permettre Feievage du percheron. 
Au reste , dans le Perche , les eleveurs savent fort bien que , 
pour obtenir d'excellents animaux bien conformes et de 



\ 



— 150 — 

constitution robuste, les p^Lturages seuls sont insuffisants. 
Les poulains percherons ont une ration journali^re d'avoine 
proportionnee a leur age, tandis qu'il est d'usage dans notre 
contree de ne jamais donner d'avoine au poulain tant qu'il 
n a pas atteint I'age ou Ton commence a le laire travailler. ^ 

De I'^levage du pore. — En dehors des bovid^s et des 
chevaux , qui sont les animaux d'elevage les plus importants 
de la ferme , il est une source de revenus parlois tres impor- 
tante; nous voulons parler de Felevage des pores. 

Le pore entre non^seulement pour une grande part aujour- 
d'hui dans I'alimentation des haoitants de la ferme, mais son 
elevage est tres remunerateur en general , soit qu'on vende 
les porcelets , soit qu'on les garde plus longtemps pour les 
livrer au commerce comme courards ou m^me comme ani- 
maux gras. La plupart des pores eleves dans les fermes des 
arrondisseraents d' Angers et de Segre appartiennent a la 
race craonnaise pure, a des croisements craonnais ou a la 
variete connue sous le nom de pores de Longue. Ces especes 
donnent de bons resultats et sont de vente facile dans nos 
foires et marches. Dans un domaine nous avons vu quelques 
specimens appartenant a la race anglaise berkshire, animaux 
remarquables par leur rapidite d'engraissement. 

L'elevage des pores dans nos fermes est reserve a la fer- 
mi^re. Nous signalerons un mode d' encouragement tres 
ingenieux du a 1 un de nos plus distingues collegues qui, dans 
son magnifique domaine , pour stimuler ses metayeres et les 
encourager a elever un grand nombre de pores , leur offre 
une prime en argent de lo o/o sur la vente totale lorsque 
celle-ci depasse 800 fr. et cela jusqu'a i.ooo fr. Au-dessus de 
1. 000 fr. , la m^tayere touche une prime de 20 0/0 sur Texce- 
dent. Gette heureuse innovation empruntee a certaines 
industries n'a pas tard^ a porter ses fruits, d'autant plus que 
cette prime est le benefice propre de la fermi^re, qui est auto- 
risee a I'employer comme bon lui semble , sans la verser dans 
la bourse commune. 

Dans une comptabilite , qui est le module du genre , nous 
avons trouve note avec precision le revenu de 3 truies : 

La i^® a rapporte exactement en 2 ans .... 566 fr. 5o. 

La 2<* — — en 2 ans et 4 mois. 635 fr. 70. 

La 3® — — en 3 ans 664 fr. 

Nous ferons une observation concernant I'hygi^ne des 
pores. 

Le pore n'est point ennemi de la propret^ ; s'il se vautre 
parfois dans le fumier ou dans la boue , cela tient tout sim- 
plement a ce qu'on neglige de changer sa litiere ou de renou- 
veler souvent son eau; dans les porcheries bien comprises 
on a soin de reserver un espace ou cour dans laquelle les 
pores peuvent prendre Fair et se promener et oh on a installs 
un bassin plem d'eau souvent renouvel6e et dans laquelle 



/ 



— 151 — 

les animaux se baignent a volonte , surtout pendant les cha- 
leurs de Fete auxquelles le pore est tres sensible. 

De l'61evage du mouton. — A cote de Televage du 
pore nous trouvons dans quelques fermes Felevage du mou- 
ton , mais cet elevage a generalement tres peu d'importance ; 
3 ou 4 brebis , 6 ou 7 agneaux et parfois un belier , 'consti- 
tuent le troupeau de la bergerie de la plupart des fermes du 
concours. La production de la laine est surtout I'objectif du 
lermier plus que la vente des moutons. II nous semble qu'on 
aurait tort de negliger completement cet elevage dans les 
fermes ; le mouton est un animal tres sobre qui trouve a 
vivre dans les patures deja paccagees par les betes a cornes 
et se contente I'hiver d'un peu de foin pour vivre. 

De la basse-cour. — Nous arrivons a parler de la basse- 
eour et des animaux qu'on y rencontre le plus communement 
dans les fermes. 

Notre attention a surtout porte sur I'elevage des volailles 
et particulierement des poules , apres avoir profile des obser- 
vations tres interessantes relatees dans un travail du a Fun 
de nos aviculteurs les plus instruits , M. le marquis de Dam- 
pierre. 

Notre distingue collegue nous a signale I'^tat d'lnf^riorite 
dans lequel nous sommes en Maine-et-Loire par rapport a 
nos voisins de la Loire-Inferieure, par exemple. Dans nos 
fermes on eleve des poules quelconques sans se pr^occuper 
de leur choix ; aussi les poulets sont-ils vendus sur nos mar- 
ches a des prix relativement peu eleves et par suite peu 
remunerateurs. Pour avoir de bonnes volailles il faut tout 
d'abord bien les nourrir. Les especes que Ton eleve dans 
nos fermes sont tres rustiques et habituees a cherclier leur 
nourriture comme elles peuvent. L' elevage des volailles doit 
etre compris tout autrement pour ^tre fructueux. Si Ton 
recherche la production des oeufs de preference, on choisira 
des varietes reputees bonnes pondeuses , en tete desquelles 
se trouve une poule russe designee sous le nom de Poltaw^a. 
Si au contraire , on eleve des volailles en vue de la vente des 
poulets, il faut peupler sa basse-cour d'especes precoces 
susceptibles d'obtenir un developpement suffisant, pour la 
vente, dans quelques mois. Les FaveroUes, les Dorkings 
entre autres sont de ce nombre et leur chair est tres appr^ciee. 

Dans la Loire-Inferieure, dit M. le marquis de Dampierre, 
il n'est pas rare de trouver des fermes de 20 hectares (a 
Saint-Philbert-de-Grandlieu par exemple), oil le produit de 
I'elevage des poulets se monte a 900 francs et plus par an. ^ 
Le lait et la farine d'orge sont la base de Talimentation des 
poulets et cela , il est vrai , au detriment de Televage du pore 
qui ne convient et ne reussit pas partout. 

En dehors des poules, on eleve encore dans les fermes des 



— 152 — 

canards et des oies, celles-ci appr^ciees surtout a cause de 
rexcellent duvet qu'elles fournissent. 

En resume, Televage des volailles et surtout des poules 
dans les fermes a besoin d'etre amelior^ ; bien compris il 
pourrait rapporter sans grand embarras des benefices fort 
appreciables. 

De la laiterie. — Nous arrivons maintenant a parler de 
la laiterie. 

En general les laiteri^s des fermes sont tenues avec une 
tr^s grande proprete, exposees au Nord, suffisamment 
agrees et fraiches. L'ecremeuse centrifuge est d'un usage 
courant, mais le malaxeur est un instrument encore peu 
repandu et pourtant cet instrument est presque indispen- 
sable pour fabriquer du beurre de bonne conservation. 

Nous citerons comme un module du genre la laiterie de 
risle Briant, amenagee industriellement et oil le lait peut 
Stre pasteurise avant de le livrer a la vente ; Ik rien n'a et^ 
6pargne pour arriver a livrer au consommateur d'excellent 
lait dans les meilleures conditions de purete et de conserva- 
tion. Nous n oublierons pas non plus de signaler la laiterie 
de la ferme experimentale d'Avrille, oii la transformation 
du lait en beurre donne les meilleurs resultats et est faite 
avec les plus grands soins. La fabrication du beurre demande 
aujourd nui beaucoup d' attention ; si Ton vent faire de Tex- 
portation, il ne faut plus compter seulement avec nos voisins 
de la Bretagne et de la Normandie ; nous avons maintenant 
comme concurrents serieux les producteurs de la Suisse, du 
Danemark et de la Hollande , qui ont tendance a accaparer 
le marche anglais a not re detriment. 

Nous devons done de plus en plus nous appliquer a per- 
fectionner la fabrication du beurre, si nous voulons lutter 
avantageuscment avec nos concurrents des pays etrangers. 

Des engrais. — Nous aborderons maintenant une ques- 
tion de la plus haute importance dans la ferme et qui a et^ 
I'objet d'une ^tude tres minutieuse de la part de la Commis- 
sion du Jury; nous voulons parler des engrais. 

Les fumiers de ferme sont generalement produits en quan- 
tite suffisante, les soins qu on y apporte sont leplus souvent 
satisfaisants , les fosses a purin existent dans la plupart des 
fermes, inais nous avons remarque la negligence des fer- 
miers a employer les fumiers a Fepoque voulue ; en 6te les 
fumiers devraient ^tre reduits k une quantity tres minime ; 
les plantes sarclees auraient dii a cette epoque recevoir tout 
le fumier disponible. En et^ le fumier se deteriore malgre 
les frequents arrosages avec le purin; il y a toujours une 
fermentation excessive amenant un degagement de carbonate 
d'ammoniaque. Dans une metairie tres bien tenue nous 
avons vu le fumier reconvert de temps a autre d'une concha 
de terre empSchant T^vaporation. 



— 153 — 

Mais , si presque partdut les fumiers sont entretenus avec 
soin et produits en quantity sufQsante , Temploi des engrais 
complementaires laisse encore beaucoup a desirer; toutefois 
il serait injuste de ne pas signaler plusieurs belles m^tairies 
ou fermes du Concours ou 1 emploi m^thodique des engrais 
chimiques se fait d'une fagon judicieuse et intelligente. 

Nous ne saurions trop recommander aux hesitants de faire 
dans leurs champs, sur eertaines parties bien d^limit^es, des 
•essais comparatifs avec les engrais chimiques les plus usites ; 
les autres parties n'ayant regu que des engrais ordinaires 
serviraient de temoins. Les r^sultats obtenus avec les engrais 
mineraux tiennent a leur purete , au mode d' emploi et par- 
fois malheureusement a la temperature. Dans les ann^es de 
secheresse les engrais phosphates sont d'un effet presque nul 
sur les bles et ne sont assimiles au sol qu'appes la recolte. 

A propos de la purete des engi^ais, nous croyons devoir 
signaler les deductions faites de deux analyses d'un mSme 
engrais preleve par MM. les Membres de la Commission 
dans deux fermes differentes. Dans un cas le prix de vente 
de cet engrais correspondait sensiblement a sa teneur en 
elements fertilisants, tandis que dans Tautre il etait paye 
deux fois sa valeur, ce qui laisse supposer que le vendeur 
savait mettre a profit la plus ou moins grande confiance de 
ses acheteurs. 

Nous n'insisterons pas davantage sur ce point , mais nous 
ne saurions trop engager les cultivateurs k recourir aux syn- 
dicats pour Tachat de leurs matieres fertilisantes ; la ils 
seront certains de ne pas Stre dupes. 

Ceux qui font de la culture en suivant une methode scien- 
tifique parfaite n'emploient pas seulement les superphos- 
phates et les scories, mais les autres engrais chimiques 
n^cessaires aux plantes, tels que les sels de potasse (sulfate de 
potasse et chlorure de potassium). Le nitrate de sonde 
comme engrais azote n'est pas encore d'un usage tr^s repandu, 
en raison de son prix eleve et parce qu'il ne donne pas tou- 
jours les resultats attendus ; cependant il est partois fort 
utile et tres precieux. L'usage de la chaux comme amende- 
ment existe encore dans la plupart des fermes, mais il n'y a 
plus Tengouenient d' autrefois. 

II y a quelques annees , on abusait de la chaux , dont les 
effets rapides sur la nitrification avaient amene un appau- 
vrissement progressif du sol. Les chaulages bien compris 
Solvent 6tre faits k la dose de 3o a 4^ hectolitres a Thectare 
et r^p^t^s tons les 4 ou 6 ans sur le mSme sol. L'emploi de la 
chaux ne doit pas dispenser de fumer les terres sur lesquelles 
on la repand. Dans notre contree la chaux est melangee , en 
g^n^ral, avec des terres de fosse et remuee k plusieurs 
reprises ; elle forme ainsi un compost qu'on melange a la terre 
au moyen d'un hersage energique , cette incorporation au sol 
ayant 6X6 pr^cedee toutefois d'un labour profond. 



— 154 — 

Outillage agricole. — Apr^s Texamen de la question 
des engrais, nous abordons eelle de I'outillage agricole 
employe (Jans les fermes. De ce cdte, noiis sommes heureux 
de constater une amelioration notable. La difficult^ toujours 
eroissante de trouver des serviteurs agricoles a determine 
les fermiers a perfectionner leur outillage pour diminuer la 
main-d'oeuvre et gagner du temps. C'est airisi que dans la 
plupart des fermes on trouve des charrues Brabant doubles y 
des semoirs, des faiicheuses, des rateaux-faneuses et m^me^ 
parfois, des moissonneuses-lieuses. Un instrument que nous 
voudrions voir employe couramment est le scarificateur, tres 
preeieux instrument dans les terres compactes et diffieiles a 
travailler. Les rouleaux en pierre ou en lonte , les hones , les 
berses de diverses formes completent generalement Foutillage 
agricole des ferqaes. 

Assolement. — Une question tres importante encore dans 
la culture de la ferme est celle ayant trait an regime de 
Tassolement. En general, on a cherche a trouver un assole- 
ment regulier et methodique donnant les meilleurs resultats 
possibles an point de vue des r^coltes. Pour obtenir un 
assolement capable de conserver au sol pendant de longues 
annees son etat de fertilite et de proprete convenable , tout 
en obtenant des recoltes satisfaisantes , il faut suivre des 
regies dont la principale consiste a faire succeder une plante 
qui prend au sol certains Elements a une plante exigeant des 
^^ments differents et une plante nettoyante a une plante 
salissante. 

Nous citerons comme exemple un assolement tres rationnel 
adopte et suivi rigoureusement dans les metairies du domaine 
de Hoche-d'Ir^, de Loire. La premiere sole comprend la cul- 
ture de plantes sarclees (pommes de terre, betteraves, choux) 
qu'on pent nettoyer facilement au fur et a mesure de leur 
developpement. Toutes ces plantes re^oivent une forte 
fumure au fumier de ferme, qui se decomposera pen a peu 
dans le sol et le laissera dans de bonnes conditions pour 
recevoir Tannic suivante des cer^ales. 

La deulieme sole comprend des cereales de printemps 
telles que I'orge ou I'avoine de printemps. 

La troisieme sole comprend des plantes legumineuses : 

La quatrieme sole comprend du ble. Le ble est reparti en 
deux champs : dans le premier qui a regu Sa hectolitres de 
chaux a Thectare , on a sem6 de Ja minette ; dans le second 
qui sera dechausse aussitot apres la recolte pour recevoir 
des plantes sarclees , on a employe 64 hectolitres de chaux a 
rhectare. Les deux champs ont requ prealablement 3o.ooo kil. 
de fumier et 4oo kil. de superphosphates a Thectare , enfouis 
par un labour leger. 

La cinquieme sole comprend de la minette. 

La sixieme sole du ble. 



— 155 — 

Dans une autre metairie, cultivee egalement avec beaucoup 
d'intelligence , on emploie Fassolement suivant qui nous 
semble une modification avantageuse du precedent : 

La premiere ann6e : plantes sarclees, enoux. 

La deuxieme annee : pommes de terre, betteraves. 

La troisieme annee : ble. 

La quatrieme annee : trifle ou minette. 

La cinquieme annee : ble. 

Dans cet assolement il y Ji deux bles dans cinq ans au lieu 
de six ans. 

Nous pensons que dans les terres de bonne fertilite, sou- 
mises au regime de la culture intensive, Fassolement suivant 
donnerait d excellents resultats : 

Premiere sole : choux. 

« 

Deuxieme sole : cer^ales de printempa. 

Troisieme sole : trefle. 

Quatrieme sole : bl^. 

Cinquieme sole : betteraves, pommes de terre, ma'is. 

Sixieme sole : bl^ suivi d'une culture derobee de plantes 
fouiTageres (minette ouvescesd'hiver, avoihes d'hiver, etc.). 

Dans la plupaii; des fermes on emploie Fassolement biennal 
et surtout Fassolement triennal. 

Dans ce" dernier, la premiere annee forte fumure et plantes 
sarclees (pommes de terre, betteraves, etc.). 

Deuxieme annee, cereales d'hiver, principalement bl^. 

Troisieme annee , fourrages verts en melange : vesces , 
jarrosse, seigle, avoine, orge ou l^gumineuses (trefle ou 
minette). 

On recommence la rotation en donnant toujours une forte 
fumure qui dure les trois ans. On pent neanmoins fumer 
Egalement les fourrages verts et semer les cereales d'hiver 
apres avoir retourne la terre. 

Labours. — Le regime d'assolement nous amene k 
examiner comment sont pratiques les labours. La vulgarisa- 
tion de la charrue Brabant double a gen^ralis^ Fusage des 
lab6urs k plat. Les resultats de ce mode de labour sont excel- 
lents, a la condition de drainer prealablement les terrains 
humides ; gr^ce a cette precaution , le labour a plat pent etre 
employ^ dans toutes les terres. Toutefois, nous avons vu 
plusieurs fermes , non des meilleures , ou le labour en sillon 
etait encore conserve. Les labours sont des travaux pr^li- 
minaires de toutes les cultures, mais leur importance est 
surtout tres grande pour la cultut»e des cereales qui , avec 
F^levage, joue un rdle preponderant dans les fermes des 
aiTondissements d' Angers et de Segr6. 

Du bl6. — La principale cer6ale cultivee, celle <jui est sus- 
ceptible de donner les meillcurs resultats financiers, est le 
ble. 



— 156 — 

Tous les bles que nous avons vus avant le cyclone du 
4 juillet etaient trfes beaux et promettaient une excellente 
reeolte; apr^s Fouragan tous etaient versus, mais, la maturity 
^tant tres avanc6e, il y avait lieu d'esperer neanmoins, surtout 
pour les bl^s ayant re^u des superpnosphates, un rendement 
en grains satis^aisant. Ces jours-ci, on nous a communique 
les resultats obtenus dans aeux metairies ayant pris part au 
Concours et faisant partie du domaine de Roche-d*Ire ; dan& 
Tune , le rendement a atteint 35 hectolitres a Thectare , dars 
Tautre 35 hectolitres et demi. 

Pour obtenir de bons bles et des rendements Aleves, il faut 
fumer copieusement les plantes sarclees qui precedent et les 
entretenir avec soin ; de cette fa^on la terre est sufQsamment 
ameublie, bien pourvue en yieux engrais et exempte d« 
mauvaises herbes. C'est sur be point qu'insiste M. le pro- 
fesseur Lavallee dans une tr^s interessante petite brochure 
sur les c6reales d'automne, ou sont resumees les Etudes 
qu'il a pubhees sur ce sujet dans les divers organes de la 
presse agricole. La fertilite du sol, avec Femploi du fumier 
seul, m^me a forte dose, est incomplete, le fumier se decom- 
pose lentement et pent fournir, a un moment donne, trop 
d' azote, la verse est alors a craindre, tantdt, au contraire, U 
n'en fournit pas assez. Les engrais mineraux permettent de 
concilier les choses. Les engrais phosphates activent la ger- 
mination et la lev^e du ble , ainsi que le developpement des 
racines ; au printemps le depart de la vegetation est plus 
rapide , le tallage plus abondant ; en ajoutant k cette epoque 
une certaine dose de nitrate de sonde ou de sulfate d'ammo- 
niaque, c'est-k-dire Fazote necessaire, la vegetation part 
avec un ensemble parfait , les maladies cryptogamiques sont 
moins a redouter, les tiges bien constituees prennent une 
rigidite qui leur permet de lutter avantageusement contre la 
verse. La potasse a aussi une influence importante sur le 
bl^; Tanalyse du sol, contrdlee par les plantes elles-mSmes, 
donnera a ce sujet des indications precieuses. 

Les doses d'engrais seront d'autant plus fortes que le sol 
est profond et dans un etat physique favorable a la \6g6- 
tation. 

Le choix des semences a une grande importance : les gros 
grains , separes au moyen du trieur mecanique , donnent de 
plus beaux resultats que les petits. Dans un sol bien pre- 
pare , herse avec soin , les semailles en lignes avec le semoir 
mecanique donnent une economic de 25 o/o de semences ; 
dans les terres fortes on devra enterrer le grain a une pro- 
fondeur de 3 a 5 centimetres, de 4 a 6 dans les terres de 
consistance moyenne et de 8 ^ lo dans les terres leg^res. 
L'ecartement des lignes de o'^iG a o°™20 est celui qui permet 
le rendement en grain le plus elev^, mais la paille est un 

Feu moins abondante. Le sol doit etre draine pour empScher 
humidite ; on pent alors jfaire des semailles precoces. Au 



— 157 — 

Erintemps , lorsque le sol est bien ressuye , on passera une 
erse a dents bien.pointues; on hersera une premiere fois 
dans le sens des semis et un pen plus tard perpendieulaire- 
ment au premier. Entre les deux hersages passer le rouleau 
s'il y a lieu, biner et sarcler avec soin pendant la vegetation 
du ble. 

Le choix d'une bonne vari^te de bl6 est un des principaux 
elements du succ^s; la meilleure est celle qui, dans un 
terrain donn^, procure le plus de benefice k 1 hectare. Les 
varietes locales pr^fer^es par la meunerie serviront de base 
pour le choix des vari^tes nouvelles; si les grains obtenus 
avec ces derni^res diff(&re par leur aspect ext^rieur, on aura 
soin de les employer en melange avec les bles du pays. 

Les vari6t6s que nous avons rencontrees dans la plupart 
des cas sont parmi les vari6tes k paille blanche et k epi roux : 

Le ble gris de Saint-Laud ou de Saumur dont le grain est 
tr^s estime. Sa production pent atteindre 3o hectolitres a 
Fhectare ; mais, s'il r^siste bien k Fechaudage, il verse assez 
facilement et craint le froid. Les terres de fertility moyenne, 
argilo-calcaires ou argilo-siliceuses , lui conviennent. 

Le ble de Noe^ qui r^siste mieux k la verse que le prece- 
dent, est plus productif en grain dans les bonnes terres, 
mais sa paule est plus courte. On le cultive beaucoup dans 
I'arrondissement de Segre ou il a ete selectionne et propage 
par un agriculteur de m^rite, M. Martin, de Marans. 

Dans les varietes a epi rouge et k grain roux, on trouve 
presque dans toutes les lermes le We rouge ou ini^ersable de 
Bordeaux y variety rustique, precoce, pouvant donner jus- 
qu'k 4o hectolitres a Fhectare. . 

Dans les terres fertiles cette variety a remplace le bie de 
Noe. 

Le Japhet , excellente variete pour les bonnes terres , peut 
rendre egalement 4o hectolitres a Fhectare. 

Nous signalerons, en outre, dans les varietes k paille 
blanche et k grain blanc : 

Le bl^ Bordier, le Chiddam d'automne a epi blanc et une 
selection obtenue par M. le professeur Lavaliee et denom- 
mee par lui ble precoce d'A^rille ou ble L i , variete abso- 
lument remarquable par son adaptation au sol, sa grande 
resistance a la verse et ses rendement§ eieves (4o hectolitres 
et meme plus k Fhectare). 

Dans les varietes k epi rouge et k grain blanc nous recom- 
mandons le Battel, variete de culture intensive, qui talle 
beaucoup, resiste bien k la verse, mtlrit regulierement et 
donne de tr^s erands rendements ; puis une selection tr^s 
meritante de m, le professeur Lavaliee, designee ainsi ble 
blanc h ^pi rouge ou ble L 2 , rustique , tres vigoureux , qui 
talle beaucoup, resiste bien a la verse, a Fechaudage, aux 
maladies cryptogamiques et peut produire jusqu'k 5o hecto- 
litres k Fhectare, Enfin nous avons trouve dans quelques 



f 



- 158 — 

exploitations un ble barbu, selection provenant du ble 
poulard d'Australie et (jue son auteur, |M. le professeur 
Lavallee a nommee bU laane a barbes ou L 3, Ce ble pent 
rendre plus de 5o hectolitres a I'hectare et donne beaucoup 
de paille. Indemne de maladies cryptogamiques , resiste 
bien a la verse, mais mftrit tard. Son grain, de quality 
variable, doit dtre melange avec d'autres grains pour la 
vente. 

Si Ton essaye une nouvelle vari6t6 de bl^, on doit la eulti- 
ver en comparaison sur une mSme piece de terre avec celle 
que Ton possede deja. M. le professeur Lavallee a remarque 
que generalement en Anjou le hl6 etait recolte trop tard ; 
d'apres notre savant coUe^ue, on doit commencer la recolte 
du me quand le grain se laisse couper par Tongle comme un 
morceau de cire ; c*est six ou huit jours plus tard qu'on a 
I'habitude de le faire. 

Nous ne ferons que mentionner , parmi les autres c^reales 
cultiv6es dans les fermes des arrondissements d'Angers et 
de Seffre : le seigle, Forge et Tavoine, dont la culture est 
seconaaire. Toutefois nous avons vu quelques beaux champs 
d'orge dans des metairies oil Televage des pores a une cer- 
taine importance (la farine d'orge etant T aliment employe 
de preference pour Fengraissement de ces animaux). 

Betteraves. — Apres les c^r^ales, les plantes sarcl^es 
jouent un rdle important dans les cultures que nous avons 
examinees. Nous parlerons tout d'abord de la betterave. 
Nous avons constate avec satisfaction que les varietes demi- 
sucrieres sont de plus en plus cultivees, au detriment des 
betteraves qui, sous un gros volume, contiennent tres peu 
de principes nutritifs, comme la Mammouth par exemple; 
toutefois , on rencontre encore assez communement la bette- 
rave ovoide des Barres et la Geante de Vauriac. Au moment 
de notre passage dans les fermes, presque toutes les plan- 
tation^ de betteraves etaient envahies par un puceron : Val- 
Use de la betterave, qui perfore les jeunes feuilles en forme 
d'^cumoir et amene, par ses ravages, un retard dans la vege- 
tation ou mfime detruit completement les jeunes semis ou les 
pepinieres de betteraves. En general, nous avons remarque 
que Fecartement des intervalles, entre chaque ligne, etait 
trop grand; 4^ ^ ^o centimetres sufiisent generalement et 
35 centimetres dans le rang. Le semis en lignes a la main ou 
au semoir (les semences n'etant pas enfouies k plus de 2 ou 
3 centimetres) est la meilleure methode dans les sols de con- 
sistance moyenne. En mai ou juin on precede au demariage 
et on empSche le developpement des mauvaises herbes par 
des binages frequents. Les betteraves sem^es sur place 
exigent plus de main d'oeuvre il est vrai, mais leurs racines 
pivotantes, beaucoup plus longues, pen^trent plus profonde- 
ment dans le sol et vont puiser parfois j usque dans le sous- 



— 159 — 

sol leur nourriture, tandis que IdB betteraves repiquees ont 
forcement leurs racines racconrcies au moment de la plan- 
tation et restent en terre uncertain temps avant de reprendre 
une vegetation normale. 

Pommes de terra. — A c6te de la culture de la bette- 
rave nous trouvone celle de la pomme de terre, culture 
importante dans juotre region et generalement bien soignee, 
Les varietes principales qiie nous avons rencontrees sont : 
Ulnstitut Beam^ais, Y Early rose, la Chardon, la Vosgienne, 
puis la Royale Kidney , la Hollande , la Saucisse , la Bour- 
siere, la Jpannette, la Mer^eille d'Amerique et la Belle de 
Fontenqy, ces dernieres varietes cultivees surtout en vue 
de I'exportation. 

Lee cultivateurs ont a lutter, depuis des annees, contre 
tU|i8 maladie se developpant tres rapidement et pouvant 
detruire compl^tement , en quelques jours, la substance des 
feuiUes en la laissant brune et dessechee ; cette maladie est 
due a un champignon appele Botrytis peronospora ou Phy- 
tophtora infestans. Aujourd'hui, Tinvasion de cette crypto- 
game est combattue par un traitement qui est le mSme que 
celui du mildiou de la vigne. La bouillie bordelaise ordinance 
(dont le sulfate de cuivre est la base) produit de tres bons 
resultats lorsqu'elle est employee preventivement sur les 
tiges. Nous avons observe egalement une affection d'origine 
bacteriologique due au baccilus caulworus. Sa presence se 
manifeste par une coloration noir^tre de la tige souterraine, 
gagnant peu a peu la tige aerienne qui finit par secher ; il y 
a \k une sorte de gangrene de la ti^e. Cette maladie est sur- 
tout grave parce qu'eile est contagieuse et s'etend de proche 
en proche, de fa^on a compromettre parfois une r^colte 
entiere en quelques semaines. Nous T avons observee a ses 
debuts, mais, en 1904, la mSme variete, Flnstitut Beauvais, a 
6te atteinte dans un champ et la recolte a et^ completement 
nuUe. Le sol est la cause de cette maladie et, comme il est 
impossible de le modifiier, on conseille d'abandonner, dans 
tes terrains envahis, la culture de la variete atteinte pendant 
plusieurs annees. 

Li^gumineuses. — Si les plantes sarclees ont une impor- 
tance notable dans la culture des fermes des arrondissements 
d* Angers et de Segre , les legumineuses meritent egalement 
Tattention. En tSte se trouve la luzerne, qui entrc de plus en 
plus dans les cultures des fermes ou elle fait generalement 
robjet d'une sole hors rang. La luzerne donne un fourrage 
vert ou sec , abondant et d'une grande ressource pour Tele- 
vage. Les luzernieres que nous avons vues ^taient en bon 
etat de v^g^tation et exemptes de cuscute (plante parasi- 
taire si nuisible aux legumineuses et au chanvre). 

Une autre plante legumineuse, egalement tres precieuse et 



— 160 — 

tr^s repandue, est le trefle. Nous avons rencontre, presque 
toujours, le trefle violet sexn6 dans le bl^ au printemps ou 
dans Forge et restant en terre pendant une ann6e sealement. 
Le trifle donne une coupe de fourrage vert, la deuxi^me 
^tant employee comme, fourrage sec ou comme porte-graines. 
Nous avons admire, k la ferme exp^rimentale a Avrule, une 
tr^s belle variete de trefle, le trefle geant du Nord, dont la 
tige depassait un metre de hauteur et dont les feuilles etaient 
tres larges. Ce trefle commen^ait a fleurir et ^tait reserve 
comme porte-graines ; mais au moment de la maturity, M. le 
professeur Lavallee, ayant ouvert les capitules, fut tres 
etonne de ne rencontrer presque aucune graine ; un examen 
plus attentif lui permit de constater que les fleurs tombaient 
au moindre fi'ottement et ne contenaient pas de graines, 
celles-ci avaient ete devorees par la larve d'un insecte 
nomme Yapion du trefle (apion apricans). Comme les fleurs 
seules sont atteintes, if n'en resulte pas, il est vrai, un incon- 
venient s^rieux quand le trifle doit dtre consomme en vert, 
mais, si Ton envisage la production de la graine , il n'en est 
pas de m^me , puisque Id recolte pent fitre completement 
compromise. Get insecte, contre lequel nous ne pouvons rien 
actuellement , a deux ennemis naturels acharn^s qui d'ordi- 
naire se chargent de le detruire, mais il est tres probable 
que les conditions meteorolopques de cette annee ont et6 
plus favorables a la reproduction de Tapion qu'a celle de ses 
ennemis. 

M. Lavallee conseille dans ce cas de faire consommer par les 
animaux immediatement les trefles atteints , pour empficher 
les larves de Tapion d'arriver a Tetat d'insecte parlait. 11 
recommande, en outre, de faire, pour le bl^ qui doit suivre, 
un labom' profond et de se garder de semer, Tann^e sui- 
vante , du trefle dans le voisinage des champs envahis par 
Tapion. II pense aussi que Temploi d'un engrais parasiticide, 
le crftd d'ammoniaque, aussit6t le trefle enlev^, produirait 
un eflet utile. 

En dehors de la luzerne et du trefle, on cultive de plus en 
plus une autre plante leeumineuse : la minette ou lupuliney 
qu'on s^me egalement aans les bles et qui sert plus tard 
d'excellente pature aux animaux. 

Prairies naturelles. — Dans toutes les fermes, les 
prairies occupent une certaine ^tendue et, lorsque celle-ci 
est importante, on pent se livrer surtout a T^levage. Ces 

Erairies laissent souvent a desirer; les fermiers sont trop 
abitues a croire que les prairies n'ont point besoin d' en- 
grais sp^ciaux, d'engrais mineraux surtout. L'usage de la 
charr^e et de la suie , si frequent il y a quelques annees , est 
presque completement abandonne, et pourtant les selspotas- 
siques et les engrais phosphates ont une influence tr^s im- 
portante sur la production des prairies ; non senlement ils 



- 161 — 

ont la propri^te d'augmenter la quantity des fourraffes, mais 
encore sous leur influence la qualite est meilleure, les legu- 
mineuses poussent en plus grand nombre et les bonnes gra- 
min^es se developpent plus facilement au detriment des 
mauvaises. 

Dans beaucoup de prairies humides, tres pauvres en acide 
phosphorique, les scories de dephosphoration ont des effets 
tres appreciables ; dans d'autres , les superphosphates sont 
plus utiles. Nous ne saurions trop repeter que les prairies 
sont presque toujours am^lior^es par les engrais min6raux ; 
si leur action n'est pas eflicace sur la production du foin, elle 
se manifeste sur le regain ; jamais on ne regrettera la depense 
faite ; il n'en est pas ae m^me de toutes les recoltes. 

Arbres k fruits. — Dans la ferme, rien ne doit 6tre 
neglige pour augmenter le revenu, il faut savoir utiliser 
toutes les ressources possibles ; c'est ainsi qu'on obtient 
reffuli^rement , chaque annee , des benefices elev^s. Ainsi la 
culture des arbres a fruits n'est point a dedaigner pour les 
fermiers. Aux environs d' Angers, les poiriers, surtout la 
variete dite William, et les cerisiers sont frequemment cul- 
tives en vue de Texportation des fruits ; malheureusement 
rios varietes de cerisiers donnent des fruits peu apprecii^s et 
se vendent a vil prix dans les annees d'abondance. 

On experimente depuis quelques annees une variety de 
eerise bigarreau appefee, espere-t-on, a modifier avantageu- 
sement les plantations de cerisiers. 

Dans Tarrondissement de Segre , Tarbre k fruit par excel- 
lence est le pommier dont les fruits sont estimes, soit pour 
la table, soit pour la production du cidre. Nous ne saurions 
trop encourager a planter, en mSme temps que des pommiers 
a cidre, de belles especes de pommiers proauisant des fruits 
tres appreci^s pour r exportation, tels que les pommiers de 
reinette ou de calville ; notre climat tempere convient admi- 
rablement a cette culture; il est a craindre que la diminution 
continuelle de cette production nous fasse perdre, k bref 
delai, un marche important exploite deja par nos voisins les 
Allemands. Le pommier demande, pour reussir, des soins 
particuliers souvent negliges; chaque ann^e, les branches 
mutiles devraient ^tre emevees et tons les deux ou trois 
ans un badigeonnage des troncs et des grosses branches 
avec un lait de chaux devrait 6tre fait dans le but de detruire 
la mousse et , par suite , une grande quantite d'insectes qui 
se logent dans les ^corces de farbre. Il est utile d'ameublir 
le sol autour des arbres, une ou deux fois Tan; dans un 
magnifique verger plants de superbes pommiers on a eu le 
tort, pour utiliser le terrain inoccup^, de semer une luzerne 
qui couvre actuellement toute la surface du sol. Nous avons 
recommande de faire disparaltre, au plus vite , cette legumi- 
neuse k racines pivotantes profondes, tout autour des ai'bres, 
dans un rayon a au moins un m^tre. 



— 162 — 

Des jardins. — Les arbres a fruits nous amenent a parler 
des jardins des fermes. Partout le jardin attenant a la ferme 
est eultive avee gofet et, parfois mSme, avec une certaine 
coquetterie digne d'un jardinier et d'uue jardiniere de pro- 
fession. Parfois on rencontre dans le jardin quelques ruches 
a abeilles ; c'est un revenu facile venant s'ajouter aux autres 
et qui n'est point a negliger ; d' autre part, les abeilles, tout 
en butinant les fleurs. sont fort utiles a la f^condation des 
plantes ; en servant de vehicule k la substance fecondante ou 
pollen elles contribuent a transformer la fleur en fruit. 

Gomptabilit^. — Le fermier pent Hve un excellent culti- 
vateur connaissant parfaitement la nature variee de ses 
terres, sachant faire methodiquement Tapplication des 
engrais, perfectionnant chaque j6ur son outillage agricole, 
en un mot possedant les principaux Elements du succes ; mais, 
s'il veut fitre certain de reussir, il lui faudra en outre se 
rendre un compte exact de ses depenses et de ses recettes, 
c'est-a-dire tenir une comptabilite. Une bonne comptabilite 
est, en effet, I'instrument le plus utile et le plus necessaire 
du cultivateur ; aussi dans chaque ferme du concours avons- 
nous recherche avec le i)lus grand soin si le fermier avait 
une comptabilite et comment elle etait tenue. Nous sommes 
heureux de pouvoir dire que, tout d'abord, dans les exploi- 
tations dirig^es par un regisseur ou par un directeur les 
comptes qu'on nous a presentes revelaient une comptabi- 
lite tenue regulierement et avec une methode parfaite. On 
pent se rendre compte ainsi du point faible de 1' exploitation 
et y remedier par la suite. Les salaires, par exemple, sont- 
ils excessifs, on cherchera tout d'abord a les diminuer, soit 
par des reductions dans le personnel , si cela est possible , 
soit par des modifications de culture en adoptant des combi- 
naisons exigeant moins de travail et par suite moins coft- 
teuses. Les depenses du menage doivent aussi donner lieu a 
des reformes utiles ; le fermier doit se rendre un compte 
exact de I'influence exercee par son train de maison sur ses 
profits. Diminuer les frais, augmenter les benefices, c'est 
la tout le secret de la prosperite des affaires ; la comptabi- 
lite seule peut fournir le mqyen d'agir a^ec surete et preci- 
sion sur le produit pour le faire monter et sur les frais 
pour les faire descendre, 

Dans les fermes ou m^tairies non dirigees par un regis- 
seur , la comptabilite nous a paru un peu sommaire ; nous 
avons trouve parfois un registre ou sont inscrites des obser- 
vations utiles permettant de suivre facilement les operations 
interessantes de la ferme. Mais , pour que la comptabilite 
donne des resultats vrais, pour qu'on puisse apprecier exac- 
tement le bilan de I'annee, le fermier doit faire un inven- 
taire complet de sa ferme. Tous les ans, les bovides, les pores 
par exemple , passeront a la bascule et on enregistrera les 



— 163 - 

poids obtenus , que Ton comparera a ceux de Tannee pr^ce- 
dente. Y a-t-il une augmentation, eelle-ci s'ajoutera au bene- 
fice en argent. 

Uagriculture doit suivre les methodes commerciales ou 
industrielles pour obtenir le revenu reel del' exploitation. 

En dehors des fermes , des metairies et des exploitations 
agrieoles dirigees par des regisseurs ou les propri^taires 
eux-mSmes, le Concours de 1905 nous a permis de visiter 
des cultures maraicheres ou de porte-graines dont nous 
avons fait une categoric a part dans 1' attribution des recom- 
penses. 

Culture maraich^re. — La culture maralch^re que 
nous avons examinee presentait un certain inter^t au point 
de vue de la culture des fraisiers et des primeurs. On nous 
a montre environ 80 varietes de fraises choisies parmi les 
meilleures ou les plus nouvelles ; celles-ci sont etudiees avec 
soin pendant 2 ou 3 ans et les varietes non meritantes sont 
abandonnees. Les legumes de consommation courante sont 
cultives surtout conyne primeurs; cette culture est moins 
remuneratrice qu autrefois, depuis que le Midi de la France, 
ou le Nord de FAfrique nous envoient leurs legumes et leurs 
fruits recoltes quelques semaines avant ceux de notre region. 
Aussi cette concurrence a-t-elle determine les maraichers de 
notre region a obtenir une production sp^ciale consistant k 
retarder la maturation de certains legumes, au lieu de la 
hater; dans ce cas, le grand point est de fournir des legumes 
a la consommation alors qu'ils deviennent rares et par suite 
se vendent cher. II nous semble qu'il y a encore beaucoup a 
faire dans cette culture , T alimentation en legumes est impar- 
faite ; d' autre part les portes de T exportation sont largement 
ouvertes et ce commerce pourrait prendre une grande exten- 
sion. 

Des porte-graines. — La culture des porte-graines 
tend a se propager beaucoup en Anjou et principalement 
dans les terrains d'alluvions de la vallee de la Loire et dans 
les sols legers et feililes des communes de Brain-sur-l* Authion 
et d'Andard, qui ont pris part cette ann6e au Concours. Les 
cultures que nous avons vues (le jour meme du cyclone du 
4 juillet) etaient bien soign^es ; mais I'ouragan a produit un 
veritable desastre , ce qui demontre clairement combien est 
aleatoire cette culture pouvant Hre compromise ou detruite 
dans quelques heures, quelques minutes m^me. 

La culture des porte-graines ne peut se faire au reste dans 
des conditions avantageuses et sftres qu'apres entente prea- 
lable du cultivateur avec une maison grainiere, qui suit la 
culture des plantes , les selectionne sur place et fait dispa- 
raitre les plants qui lui paraissent d^fectueux ; c'est une ga- 
rantie pour la bonne quality des graines. Nous n'engagerons 



— 164 — 

jamais un cultivateur k faire lui-m^me la culture des porte- 
graines avec des ffraines queleonques et sans savoir s'il 
trouvera un debouene certain a sa ricolte. 

Cette culture exige beaucoup de soins de la part de celui 
qui Tentreprend ; les frais de main-d'oeuvre sont importants> 
des sarclaees continuels sont necessaires dans les terres 
legeres oil les mauvaises plantes poussent avec une extreme 
facility. D'un autre c6te, certaines cultures, comme celles des 
laitues , sont souvent attaquees par les vers blancs , ce que 
nous avons constate dans un champ ou un tiers des plants 
avaient eu leurs racines divorces. 

Certaines plantes de la famille des ombellif^res , comme 
les carottes, sont sujettes a 6tre attaquees par un insecte 
(Grapholita pndicana) qui detruit les ombelles et par suite 
la r^colte. 

Aussi engageons-nous les cultivateurs a varier leurs cul- 
tures de porte-graines et a reserver une partie de leurs 
terres pour des cultures orcjinaires plus sftres , conune celles 
des cereales par exemple. 

Champs d'exp6rienoes. — En parcourant les fermes 
du concours , nous avons pu voir des champs d'exp^riences 
organises : 

i*> Par M. le professeur Lavall^e, a la ferme experimentale 
d' Avrille , a la m^tairie de Bourg-d'Ire et a la propri^t^ de 
M. Lemanceau, au Petit-Bouille ; 

2° Un champ d'experience cree par M. Bordeaux -Mon- 
trieux sur son magnifique domaine de Boche-d'Ire et dont 
les resultats doiventnous Stre communiques ulterieurement; 

3? Par M. Stephane Saget, au champ de Verzee, a Pouanc^. 

Ces trois experimentateurs poss^dent les uns et les autres 
les qualit^s necessaires pour une entreprise aussi delicate : 
esprits sagaces et observateurs instruits, ils sont habiles a 
discerner les causes susceptibles, pendant la dur^e des expe- 
riences, d'influer sur leurs resultats, causes le plus souvent 
complexes qu'il est important et essentiel mSme de deter- 
miner promptement et avec precision. — Les experiences 
faites par M. le professeur Lavallee sur I'emploi methodique 
des engrais min^raux sur les prairies sont relativement 
recentes ; toutefois, les resultats obtenus sont d^ja tr^s favo- 
rables et doivent encourager la Soci^te Industrielle et Agri- 
cole d' Angers a continuer encore quelques ann^es la subven- 
tion qu'elle accorde a ce sujet. Nous sommes certain que 
notre savant coUegue ne manquera pas de profiter de ces 
essais pour nous donner des indications precieuses pour 
Famelioration de nos prairies en Anjou et, par suite, du 
plus haut inter^t pour nos cultivateurs. Les experiences de 
M. Saget sont tout autres : notre distingu6 coUegue a pris un 
terrain neuf : le champ de Verzee, autrefois en futaie et bois- 
taillis, qu'il a fait defricher par parties de 1892 a igoS. Ses 



— 165 — 

experiences ont lieu sur toutes les cultures du pays et les 
engrais utilises sont ^galement ceux le plus communement 
employes : le fumier et la chaux. Jusqu'a ce jour, ces engrais 
ont suf& pour produire des recoltes satisfaisantes et on n'a 
pas cru devoir faire la d^pense d' engrais min^raux compl^- 
mentaires. L'assolement est triennal : 

La premiere sole comprend : les betteraves, les pommes 
de terre , les carottes (les engrais sont le fumier et la chaux 
a doses elev^es). 

La deuxieme sole comprend le froment (sans fumure). 

La troisiem^ sole est partie en avoine, partie en trifle 
(sans fumure). 

L'annee 1894 a donne un revenu net de 2o5 fr. k Thectare. 

— 1895 — 222 fr. — 

— 1896 — 216 fr. — 

— 1891 — 100 fr. — 

— 1898 — i3i fr. — 

— 1899 — i59fr. — 

— 1900 — 100 fr. — 

— 1901 — i49 fr. 75 — 

— 1902 — 184 fr. 2^ — 

— 1903 — 13^ fr. 3o — 

— 1904 — 128 fr. 25 — 

Des plans dresses avec le plus grand soin donnent pour 
chaque ann^e des renseignements precis permettant d'appre- 
cier quelles sont les cultures les plus avantageuses dans ce 
sol de nature argilo-siliceuse. Nous pensons que Fabaisse- 
ment sensible des rentes apr^s la troisieme ann^e engagera 
M. Saget a faire I'essai des engrais min^raux pour augmenter 
ses rendements et, par suite, ses revenus. 

Dans tous les cas, notre excellent collogue merite toutes 
nos felicitations pour les soins extremes apport^s a ses expe- 
riences et la pariaite courtoisie avec laquelle il a bien voulu 
accueillir les membres de la Commission. 



De renseignement agricole. M6inoires des Insti- 
tuteurs. — Nous savons tous que, dans notre region, les 
innovations pen^trent lentement, la vieille routine etant dif- 
ficile k deraciner; aussi Tenseignement agricole est-il un 
moyen efficace pour amener les nouvelles generations k se 
familiariser avec les cultures perfectionnees et les progres 
accomplis chaque jour. 

C'est pour contribuer a la vulgarisation des notions agri- 
coles que la Society Industrielle et Agricole d' Angers a cree 
un Concours special reserve k MM. les Instituteurs des com- 
munes appeiees k prendre part au Concours des primes 
culturales. 

Nous sonmies tr^s reconnaissants a ceux qui ont repondu 



— 166 — 

a notre appel et se sont impose courageusement un travail 
suppl^mentaire a la fin de Tannee scolaire et m^me pendant 
la periode des vaeanees. 

M. Joubert, instituteur au Louroux-Beconnais, nous a 
presente une monographie agricole du canton du Louroux- 
Begonnais. Apres une exeellente description sur la nature 
geologique du canton, Fauteur nous montre la marche tres 
lente de revolution agricole, dont les progres se sont surtout 
accentues au moment de la creation des routes vicinales, 
ouvrant partout des debouches. La question de I'^levage a 
ete specialement etudiee et traitee avec le plus grand soin. 
M. Joubert nous indique les tatonnements , les essais infruc- 
tueux pour am^liorer la vieille race mancelle , tout d'abord 
par des sujets emprunt^s a la race Suisse et enfin il indique 
les bons resullats obtenus par Tinfusion de sang durham et 
la transformation du troupeau en durham -manceau, race 
dominant aujourd'hui dans les etables du canton du Louroux- 
Beconnais. 

A noter egalement de tres bonnes observations sur Tele- 
vage du cheval, qui a pris une telle extension dans ce canton 
qu a la foire du aS mai du Louroux-Beconnais , surnommee 
la foire aux poulains, il n est pas rare de voir de looo a 
iioo poulains, qui se vendent tres facilement a des prix va- 
riant de 35o a 5oo francs a Tage d'un an. 

L'elevage des volailles, objet de tons les soins de la part 
de plusieurs grands proprietaires du canton, est etudiee 
egalement avec beaucoup de details. En resume, exeellente 
monographie, tres complete, indiquant un esprit observateur 
et un homme instruit. Tout en feficitant Fauteur, nous nous 
permettrons de Fencourager a consacrer de temps en temps 
quelques heures a ses eifeves pour les promener a la cam- 
pagne dans la belle saison et leur donner sur les lieux des 
notions agricoles pratiques parfaitement a la portee des 
enfants et surtout plus interessantes que les theories meme 
les plus simples exposees dans une classe. 

M. Ghevris, instituteur a Loire, nous a envoye un me- 
moire sur Fexploitation agricole de la metairie de la Chaussee 
de Loire. C'est une etude consciencieuse contenant d'excel- 
lentes observations pratiques et ornee de plusieurs plans 
tres nets donnant un aper^u general de Fexploitation et des 
batiments de la belle metairie qu'il a eu Fheureuse idee et le 
bon goM de choisir comme modele. 

La theorie de Fassolement, decrite avec une certaine eten- 
due, n'est pas tout k fait celle adoptee generalement aujour- 
d'hui ; elle represente des idees en partie deiaissees. Nous 
aurions desire plus de details siu* les rendements des prin- 
cipales recoltes et eela sous forme de tableaux synoptiques 
permettant d'embrasser d'un coup d'oeil les resultats obtenus 
et de comparer facilement les produits de toutes les cultures 
de la ferme. 



- 167 — 

M. Chevris a d^crit avec justesse les avantages ^cono- 
miques des engrais complementaires du fumier et cette 
partie de son travail est certainement la mieux 6tudi^e et la 
plus meritante. En resume, a part quelques legeres cri- 
tiques, M. Chevris, comme M. Jotmert, a fait preuve de con- 
naissances agrieoles sp^ciales et a parfaitement su tirer 
partie des documents interessants dus a Tobligeance de 
notre. excellent collogue M. Vaugouin, regisseur du domaine 
de Roche-d'Ire. 

M. Luquet, instituteur a Querre, nous a presente un 
travail sur I'importante m^tairie de Folleville, de Soeurdres. 

M. Luquet a deja pris part au concours precedent, ou il 
fut un de nos laur^ats. Son memoire prouvait des con- 
naissances agrieoles s^rieuses et nous fait regretter le peu 
de temps qu'il a pu consacrer cette annee a Tetude de la 
metairie si interessante de Folleville, m^tairie completement 
transformee et dont les progr^s rapides, quoique recents, 
font si bien augurer de Favenir. M. Luquet est un institu- 
teur tr^s meritant ; nous avons eu sous les yeux un cahier 
agricole d'un des jeunes eleves de sa classe et nous avons 
constate avec satisfaction que ses legons etaient empreintes 
d'une grande clarte, int^ressantes et remplies d'observations 
utiles et pleines de bon sens. 

Nous sommes heureux de lui adresser nos felicitations et 
nos meilleurs encouragements. 



Messieurs les Agriculteurs ! Les prix en argent que vous 
allez recevoir aujourd'hui, ces nombreuses medailles oflfertes 
par le Minist^re de T Agriculture , la Soci^te des Agricul- 
teurs de France, la Societe Industrielle et Agricole d'An- 
eers, ou dues a la generosite de nos senateurs et de plusieurs 
ae nos deputes, ces superbes objets d'art, souvenirs durables 
de vos succes, sont le couronnement de vos eflbrts et de vos 
labeurs. Puissent-ils servir d'exemple a vos descendants 
et pour vous de stimulant nouveau et d'encouragement a 
perseverer dans votre attachement au sol que vous cultivez ! 
L'agriculture frangaise a subi pendant des annees de rudes 
epreuves , elle a traverse une longue et douloureuse crise , 
dont elle est sortie transformee et rajeunie. Vous etes de 
ceux qui n'ont point d^sespere de Tavenir; nous vous en 
felicitous. Certes, devant vous Thorizon a et€ Idngtemps 
assombri par d*epais nuages, mais il semble s'eclaircir 
aujourd'hui et laisse entrevoir des temps meilleurs. 

Si rindustrie parait avoir atteint son maximum de pro- 
duction et ne saurait I'augmenter d^sormais sans s'exposer 
k des catastrophes, si les professions lib^rales ou autres 
sont partout encombr^es et souffrent de plethore, si les 
emplois publics sont Tobjet de la convoitise de nombreux 
solliciteurs le plus souvent Evinces, si de tous les c6t6s 



— 168 — 

s'^levent des plaintes, si le nombre des mecontents augmente 
sans cesse , il ne reste plus , suivant les propres paroles d'un 
de nos plus ^minents ministres de F Agriculture , M. Meline, 
qu'un seul champ d'action et d' expansion capable d' absorber 
toutes les forces sans emploi, et celui-la a lavantage d'etre 
in^puisable , au moins pour des si^cles : c'est la terre , la 
terre nourriciere de rhumanite, feconde et ^ternelle, mere 
de toutes les industries , qui ne feront , en lui revenant , que 
rentrer dans le sein d'ou elles sont sorties, la terre qui a des 
consolations pour toutes les mis^res et qui ne laisse jamais 
mourir de faim ceux qui Taiment et se confient a elle. 



M. le D'^' Sigaud donne ensuite lecture du palmares des 
recompenses attributes aux laureats du concours des primes 
culturales de 1906 : 



1° Fermes au-dessus de 3o hectares 

I®' prix : M. Poulain-Brichet , a la Plesse d'Ecouflant, 
200 francs et un objet d'art. — 2"^« prix : M. Cherbonnier 
Pierre, a Vernou, Louroux-Becoimais , i5o francs et une 
medaille d'argent de la Societe Industrielle et Agricole 
d' Angers. — S'"® prix : M. Eon, fermier k la Garenne, la 
Possonniere, ^5 francs et une medaille de bronze de la Societe 
des Agriculteurs de France. 

2° Metairies au-dessus de 3o hectares 

i«^ prix : M™« veuve Gastineau, au Buron, Bourg-d'Ir6, 
200 francs et un objet d'art. — 2"^® prix : M^ Coquereau, k la 
Chaussee, Loire, i5o francs et une medaille de vermeil oflferte 
par M. Laurent Bougere. — 3°^*» prix : M. Pichon Auguste, a 
Folleville, Soeurdres, 100 francs et une medaille d' argent de 
la Societe des Agriculteurs de France. - Mention honorable, 
M. Joly-Cognet Yves, a la Rabaterie, Ecuille, medaille de 
bronze de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers. 

3° Primes aux proprieiaires exploitant par leurs mains 

Rappel de i«' prix : M'"® veuve Morain-Busson , a Gran- 
dines-Avaze, ChefTes. Un objet {d'art au directeur M. Paul 
Morain, ing^nieur-agronome, professeur departemental 
d' agriculture. — i®^ prix : M"»« la vicomtesse de Tredern, 
propri^taire a VIsle-Briant, Lion-d' Angers , un medallion 
artistique, et a M. Saulou, directeur de Texploitation , une 



— 169 — 

m6daille de vermeil offerte par M. Dominique Delahaye, 
senateur. 



4® Fermes au-dessous de 3o hectares 

Hors concours avec dipldme d'honneur, la ferme experi- 
mentale de la Sermonnerie d'Avrill^ et a M. Prosper Lavall^e, 
directeur, un objet d'art; k M. Rault, chef de culture, une 
m^daille de vermeil de la Society des Agrieulteurs de France. 
— I®' prix : M. Nadrelle Louis, fermier aux Bruyeres de 
Soucelles, i5o francs et une medaiUe de vermeil offerte par 
M. le senateur Bodinier. — 2™® prix : M. Esnault, fermier, a 
la Crocheti^re de Pouance, 100 francs et une medaille de 
bronze offerte par la Soci^te des Agrieulteurs de France. — 
Mention honorable : M. Soleau Auguste, fermier aux GSits, 
pr^s Angers , 5o francs et une medaille de bronze offerte par 
la Soei^te industrielle et agricole d* Angers. 



5<> Culture maratchdre 

Mention honorable : M. Lochard, fermier a la Papillaie, 
pr^s Angers, une medaille d' argent offerte par la Societe 
mdustrielle et agricole d' Angers. 

6° Culture de porte-graines 

Rappel de prix : M. Florance, au Verger de Brain-sur- 
TAuthion, 75 francs et une medaille d' argent, offerte par la 
Society industrielle et agricole d' Angers. — Prix : M. Joulain 
Auguste, au Petit-Launay d'Andard, 75 francs et une medaille 
d'argent offerte par la Societe industrielle et agricole 
d'Angers, 

j^ Metairies au-dessous de 3o hectares 

1^ prix : M. Leparc, fermier au Mesnil, commime de 
Saint-Cl^ment-de-la-rlace, i5o francs et un objet d'art. — 
2"^® prix ex cequo : M. BouteiUer Pierre, a la Rainaie de Loire, 
80 francs et une medaille de vermeil offerte par M. Ferdinand 
Bougere, d^put^. — M. Francois Freulon, k la Sablonniere 
de Gen6 , 80 francs et une medaille de vermeil offerte par le 
ministre de T agriculture. — S"*® prix : M. Burgevin, k la 
Richeraie de la Possonniere, 5o n^ancs et une medaille de 
bronze, oiferte par, la Soci^t^ industrielle et agricole d'Angers* 



- 170 - 



8° Primes aux proprietaires exploitant par leurs mains 

(au-aessous de 3o hectares) 

1^^ prix : M. Pierre de Barace, k la Riehardaie de Gene, 
une medaille de vermeil offerte par M. le senateur comte de 
Blois. — a""* prix : M. Pierre Bruere, au Mortier de Brain- 
sur-l' Authion , uii6 medaille de vermeil offerte par M. le 
s6nateur Merlet. — 3«»« prix : M. B^cavin, k TAbbaye de 
Saint-Georges-sur-Loirei , une medaiUe d*argent offerte par la 
Societe industrielle et agricole d' Angers. 

9° Concours reserp^ a MM, les Instituteurs 

1^^ prix : M. Joubert, instituteur au Louroux-B^connais, 
n5 francs et une medaille de vermeil offerte par la Societe 
industrielle et agricole. — 2°™*^ prix : M. Chevris, insti- 
tuteur-ad joint a Loire, 5o francs et une medaille d'arcent 
offerte par la Societe Industrielle et Agricote. — Rappel de 
mention honorable : M. Luquet, instituteur k Querre, une 
medaille d' argent offerte par la Societe industrielle et agri- 
cole. 

io° Primes aux ser^iteurs dgricoles 

(Des recompenses sont attributes uniquement aux ser- 
viteurs agricoles de fermes ayant pris part au concoiu»s.) 

1° Hommes. — i®*" prix : M. Gastineau, au Buron de 
Bourg-d'Ire, 5o francs et une medaille d'argent offerte par le 
ministre de raericultijre. — 2"*® prix : M. Ferret Pierre, au 
service de la lamille Morain, a Grandines-Avaze , Cheffes, 
4o francs et une medaille d' argent offerte par la Societe des 
Agriculteurs de France. — 3«^« prix : M. Audusse Auguste 
dit Luron, a Grandines-Avaz6, Cneffes, 20 francs. — 4°'<*prix: 
M. Perrault Louis, k Grandines-Avaze, Cheffes, 20 francs; 

2° Femmes. — 1^^ prix : M°^® Perret, au service de la famille 
Morain , a Cheffes , 5o francs et une medaille d' argent offerte 
par le ministere de T agriculture. — 2^"® prix : M""® Louis 
Perrault, au service de la famille Morain, k Cheffes, 3o francs. 
— 3me prix : M"^« Rault, a la Sermonnerie d'Avrille, 20 francs. 



— 171 — 

Avant de lever la seance, M. le President met aux voix : 

— La reception des candidats present^s le 29 juillet : 

M. Henri du Mas, proprietaire, chMeau de Moire, commune 
de Soeurdres , et 14 , rue Rabelais , Angers ; 
• M. Emile Vinet, preparateur k la Station CEnologique, 3^ 
rue Rabelais , Angers ; 

Ces candidats sont elus a Tunanimite des voix membrea 
titulaires de la Society Industrielle et Agricole d' Angers. 

— Presentation de candidats : 

M. Vromet, Ang^e-Pierre-Marie, notaire k Rablay, presente 
par MM. David Simon et Andri§ Huau ; 

M. Lucien Rain, conseiller d'arrondissement, proprietaire 
k la Papillaie, pr^s Angers, presente par MM. Huault-Dupuy 
et le D' Si^aud ; 

]\Ime la vicomtesse de Tredern, proprietaire a TIsle-Rriant , 
commune du Louroux-Reconnais , presentee par MM. Ror- 
deaux-Montrieux et Huault-Dupuy ; 

M. Pierre de Rarace, proprietaire, chateau de Valloncourt, 

Ear le Lion -d' Angers, presente par MM. LavaU6e et le 
^' Sigaud. 

Le Secretaire general, 

D' Paul SiGAUD. 



Le Gdrant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1983-5. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



/ r 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLl 

% 

D'ANGERS 

I 

et du d^partement de Maine-et-Loire 



Nous publions dans ce bulletin des travaux lus a la seance 
mensuelle du 28 octobre dernier ; il nous a semble utile de 
les faire connaltre le plus tot possible a nos lecteurs, en 
raison de leur opportunite et de Timportance des rensei- 
gnements qu'ils contiennent. 

Nous esperons que ceux de nos coUegues qui n'ont pu 
assister a cette seance des plus interessantes seront heureux 
de pouvoir profiter, sans plus tarder. des sages conseils 
donnas aux viticulteurs par M. Moreau et aux agriculteurs 
par M. Grau. Le bulletin presente egalement la nn de Tim- 
portant et remarquable travail de M. le professeur Lavallee 
sur Faction et I'eflicacite des engrais sur les plantes suivant 
le mode de leur application au sol et le compte rendu d'une 
visite a la station ampelographique des Recollets de Saumur 
par M. le D"* Sigaud. — D^ P. S. 



La r6colte des vins en 1905 

Que seront les vins nouveaux? 

Par M. L. Moreau, 

Directeiir de la Station oenologique de Maine-et-Loire, 

Membre titulaire 

L'ann^e igoS ne comptera pas parmi les meilleures, mais 
pas davantage parmi les mauvaises, pour la viticulture ange- 
vine. Les esp^rances que, jusqu'a la derni^re heure — je 
veux dire septembre — Ton 6tait en droit d'avoir ne se sont 



— 174 — 



a 



pas realisees ; cependant, Mtons-nous de le dire, je vous le 
prouverai par des chiffres, Tanii^e est meilleure quon ne le 
pensait au debut des vendanges. 

II y avait, jusqu'au 20 aoAt, avance de maturite sur Tannee 
precedente et, comme 11 n'y avait pas eu de gelees inii>or- 
tantes au printemps, les vignes qui n avaient point eu trop 
a souffrir de la gr^le amenee par de tr^s nombreux orages, 

ui avaient resists a Toidium, k de tres violentes attaques 

e mildiou, aux parasites de toutes sortes, promettaient a 
cette epoque une oelle et bonne recolte. Malheureusement, 
septembre, qui est pour nos vignobles septentrionnaux un 
des mois les plus importants, a ete froid, pluvieux ; la pour- 
ritui^e grise a envahi nos vignes et nous a obliges a recolter 
trop t6t une vendange insuffisamment mftre dans bien des eas. 

Quelques privilegies, il y en aura toujours, pourront 
cependant oUVir a notre clientele quelques barriques de 
choix; le mot n'est pas exagere. 

Tableau I 

Sucre et acuiite des inotils de Chenin blanc (par litre) ^ en igoa, 

1903 et igo3 



LOCALITES 



Savennicres 

La Possonniere 

Saint-Gerinain-des-Prcs 

Rochefort 

Saint-Lanibert 

Rablaj 

Beaulieu 

Fay e 

id 

id 

Bonnezeaux 

id 

Thouarce 

Le Puy-Notre-Dame. . . . 

Breze 

Soulaines 

Trelaze 

Come , 

Eiriche 

Huille 

Durlal : 



1902 



Sucre 



i5o,o 

» 
129,54 
140, i5 
158,33 
167,6 

» 
196, 55 

» 

» 

)) 
2o3, 57 

» 

148,8 

i()9.o 

» 
142,50 

)) 
i35,7i 
118,75 
123,9 



Acidity 



gr. 
10,66 

» 

i3,52 

9,5o 

9,01 

10,28 

» 

» 

)) 

)) 

» 

» 
11,95 
12,6 

)) 
11,16 

» 
12,04 
11,85 
11,85 



1903 



Sucre 



gr. 
142,8 

i38,8 

ll5,2 

i35,i 
102,0 

» 
96,15 
i56,2 
172,5 

142,8 
178,5 
210,0 
166,6 
i32,5 
1 65, 6 
i3i,5 
128,2 
i35,9 

» 

» 



Acidite 



gr. 
10, 38 

9,06 
12, o5 

8, 52 
11,66 

)) 
12,54 
10,48 

8,72 
6,9D 

8,91 
)) 

8,52 

11,78 

9' 41 
11,46 

10, 38 

10,78 

» 

» 

» 



1905 



Sucre 



gr. 
184,^8 

178,33 

178,00 

164,5 

118,81 
118,88 

Ii7,''>9 
173'43 
198,14 

191, «7 
205,76 

229, 48 

2o5, 76 

178,33 
191,07 

io4, »o 
i37, 17 
1 57, 35 

138,97 
144,59 
124,41 



Acidite 



gr. 
8,52 

8,62 

8,72 

9,31 

11,07 

9,99 
10, 58 

8,o3 
9' 01 
6,27 
9,5o 
» 

7,i5 
11,56 
10,68 

9,89 
9,3i 
11,07 
I ,85 
10,87 
11,76 



Remarque, — Les echantillons de moilt, pour chaque 
localite, proviennent de la m^me proi)riete et souvent du 
m^me clos. 

Moyenne Sucre pour les echantillons regus au lahoratoire 

1902 l52", II 

1903 140 i5 

1905 170 00 



— 175 — 

Dans son ensemble, comnie vous pouriez le constater danc 
le premier tableau ci-dessus mis 4 dessein sous vos yeux et 

Eour satisfairc k quelques.demandes, I'ann^e, inferieure k 
I preoedente, inutile de le prouver par des ehiil'res, est 
superieure k igoS : plus de sucre, nioins d'acidit^; elle pv6- 
sente, sur 1902, des maxima, eu sucre assez importHnts et 
nombreux, de sorte que Ton pouiTait dire qu'elle est supe- 
rieure a cette anni5e pour les bonnes barriques et qu'elle lui 
est egale, avec un peu moins d'acidit^ peut-fiti-e, pour les 
autres. 

Bans un deuxieme tableau vous poun-ez voir, pour diff^- • 
rentes regions de I'Anjou, la composition des moitts et le 
degre alcoolique possible , calcule d'apres le sucre du moOt, 
non i*emonte ; les moyennes pour chaque region ne se i-ap- 
porteut evidemment qu'aux echantillons examines au labo- 
ratoire. 



Tablkm 



ir 



i¥o(l(« de Chfnin blanc en 


1905 








ilMfiWKfnV' 


SfCBE 


m 




MOYILWKS 


1 


.!„ 




mum" 


s'i- 


ss 


St 


Sucre 


diic 


m 


I Angers, Trc-laz,-., 
a Savenniires . La 

Pdssoiiniere 

3 Le Louroux, Saint- 
Germain 


14S.61 
!ra,45 
138,33 

164, 5o 
118,86 
243,18 
I5:,85 
■44,59 
«>l,95 
.78,33 


"4,4. 
125,89 

144,69 
.13,59 
146,80 
I2l!59 
100,94 
i;8,33 
132,58 


gr. 

9,91 
10,48 
11,56 

10, ag 
9,80 
i3,:2 

13, 54 

'=,93 


1% 
3,35 

S,32 

8,4. 

9,99 

6.23 
11,03 
10,83 

9.40 
..,56 


.4t83 

153,11 

157,35 
104, :3 
118,45 

■II 

13 J, 32 
190,81 
175,45 


8,:4 

■;:st 

10,54 
8,30 

its 

13, o5 

10,60 

13,34 


degres 
M'4 

10,9 

8.9 
0-2 

6,9 

10,3 


4 


» Hochelort . Ghau- 
mes, Sl-Aubin.. 

6 Beaulieu, 5t-Lam- 

bcrt,Rablay 

7 Faye . Tlioiiarce , 

Bonnezeatix 


3 
3 

18 


9 Come, Maze. Jarze 

loEtriclie, Hullle, 

Durtal,l>aumeray 

II Brezc, Chace, Saii- 


4 

4 


13 Le Vaudelnav, Le 
Puy- No tie-Dame 





Quelqiies personncs pourront Ctre surprises de certains 
chiffres elev^s ; je vais les leur expliquer, d'autant plus qu'on 
pent en retirer une legon pour tons. 

Je me hate de dire qu'ils ne sont point le resultat du pres- 
suraee de qiielques grappes bien choisies, mais que les moftts 
qui lournissent ces chillres ont H6 pr61ev^s, soit a I'anclie, 
soit dans la barrique, apres entonnage. 



— 176 — 

Vous savez , comme moi , que de nombreux facteurs con- 
courent a la qualite des vins et parmi ceux-ci tous ceux qui 
tendent a reduire la quantite ; quantite et qualite vont rare- 
ment ensemble ; il faut des annees exeeptionnelles pour 
avoir les deux. 

L'experience a montre que, par le choix du terrain, la 
reduction de la taille, la moderation des fumures, on pouvait 
augmenter la richesse saccharine des moists et , par suite , le 
degr^ alcoolique des vins. II est de toute evidence que la 
diminution de la quantite est un facteur d' amelioration des 
•vins. 

Jusqu'a ce moment, en ne se pla^ant qu'au point de vue 
^conomique, il pouvait y avoir, dans nos regions, un avantage 
serieux a obtenir une production plus forte et une qualite 
moindre. Sinon aujourahui, mais peut-^tre demain, il n*en 
sera plus ainsi, tout au moins au m^me degre, et il y aura cer- 
tainement moins d'alea — 1904 I'a prouve — pour la vente 
des bons vins que pour la vente des moyens ; le reifenu a 
Vhectare sera plus sur, s'il est moins eleve, 

Ge n'est pas au moment oii la surproduction nous menace, 
oil des mesures d'exception sont preconisees contre certains 
proc^des tres rationnels de Famelioration des vins, qu'il 
faille songer k augmenter les recoltes dans de trop fortes 

Proportions, au detriment de la qualite. Abandonnons done, 
ans la mesure oil c'est possible, tout au moins pour nos 
nouvelles plantations, les terres trop productives sur les- 
quelles on pent faire d'autres cultures, laissons de cote les 
tailles trop genereuses, moderons nos fumures, tout en sur- 
veillant cnaque annee la vegetation de . nos vignes ; il ne 
s'agit pas, naturellement, de les laisser p^rir et de passer 
d'un extreme a Fautre ; abandonnons en un mot les hauls 
rendements pour les hautes qualites, la est Tavenir pour nos 
vlgnobles. . 

Les differences qu'on observe en Anjou, chaque annee, 
dans la teneur en sucre des moMs et le degre alcoolique des 
vins tiennent justement, pour beaucoup — je me garde bien 
de dire pour tout — a la difference de quantite recoltee a 
Thectare ; c'est ce que j*ai constate depuis4 ans. Alors que la 
moyenne, pour le sucre du moAt, etait de i55i gr. 11 en 1902, 
quelques echantillons avaient 190 gr., 2o3 gr. 57, 240 gr. de 
sucre; en 1908, la moyenne etait de i4o gr. i5, quelques 
barriques atteignirent i85 gr. 20, 210 gr. ; cette annee, la 
moyenne forte est de 170 gr. ; nous avons des echantillons 
nombreux ayant plus de 200 gr. et quelques-uns qui atteignent 
243 gr. Ces differences sont notables* et sont dues — comme 
je Findiquais tout a Fheure et comme j'ai pu le constater — 

f)our beaucoup, a la quantite moyenne ou faible recoltee a 
'hectare. Voici un exemple : 

Notre collogue et ami, M. A. Daignere, possede a Bon- 
nezeaux un clos d'un hectare et demi , appele le Clos-de-la- 



— 177 — 

Montagne. La terre est pauvre; la taille est en court boiSj 
jamais aucune fumure , ni aucun engrais chimique depuis la 
plantation qui remonte a 1897, epoque a laquelle on fit une 
le^ere fumure au fumier de ferme ; les porte-greffes sont les 
suivants : Rupestris du Lot, 33o9, 33o6, loi^S le 3io3 de 
Couderc et TAramon X Rupestris-Ganzin n° i. La production 
moyenne a Thectare depuis 6 ans est de 7 a 8 barriques sett- 
lement, elle est montee a 10 barriques, soit 22 heetol. 5o en 
1904, alors que la moyenne, pour TAnjou, a ete de 45 heetol. 
Nous sommes done en presence de faibles rendements ; 
quant a la qualite , les deux tableaux qui suivent sont assez 
^loquents pour que je n'insiste pas. 

Tableau III 

Tenenr en sucre des moats de Chenin blanc an clos de la Montagne, 

a Bonnezeaux 



Sucre, par litre 

Alcool possible , si fer- 
mentation complete. . . 



1900 


1901 


1902 


1903 


1904 


1905 


gr- 
270,0 


gr. 
196,0 


gr. 
263,57 


gr. 

2I0,0 


2!^; 4 


229,28 


16 k 170 

Tab] 


110,5 
LEAU ] 


11°, 9 

v 


120,3 


i3o,5 


130,5 



Variations de composition des moiits de Chenin blanc, en i()o 
pour le meme clos de la Montagne 





DATES DE LA RECOLTE 




13 octobre 


15 octobre 


18 octobre 


18 octobre 


Densite , au mustimetre. . . . 

Sucre, en glucose, par litre. 

Acidite totale (en SO*H«), 

par litre 


1093 
gr. 
218,45 

7,35 


1095 

gr- 
222, 92 

7,54 


1098 

gr. 

232,60 

7,84 


1 104 
243,18 

)) 



Comme ces chijffres pourraient paraitre 6xageres , je dirai 
que cette annee, je me suis rendu au vignoble sur I'invitation 
aimable du proprietaire ; j'ai assiste, un jour, k la reeolte, au 
pressurage et j ai preleve moi-mSme 1 ^ehantillon que j*ai 
rapporte au labor atoire pour T analyser — ceci pour repondre 
a quelques sourires que je prevois. 

Mais ces faibles rendements, ces hautes qualit^s sont-ils 
remunerateurs ? Le prix de vente de la barrique, depuis 
5 ans, pour ce clos, a ete de i5o a 3oo francs; prenons 



— 178 — 

200 francs comme prix moyen , cela nous fait , a raison de 
7 barriques, un revenu de 1.400 francs a I'hectare. Les frais 
de toute sorte, d'apres le propri^taire , sont de 800 francs a 
I'hectare ; il nous reste done 600 francs comme revenu du 
capital engage. Ge capital est de 9.000 francs, achat du 
terrain , amenagement complet du vignoble , tout compris ; 
c'est done du 6,6 0/0, en moyenne depuis 5 ans. 

Beaucoup de viticulteurs ont obtenu, pendant le m^me 
temps, des revenus plus eleves; mais, je crois — et je le 
crains pour eux — qu'a Favenir il n'y faut plus compter. lis 
connaissent deja les al6as et les soucis attaches aux grosses 
productions vinicoles ; en somme, revenu peut-etre plus eleve 

— au moins jusqu'a present — mais moins assure , cause de 
plus d' ennuis que celui que procurent les vignobles a ren- 
dements moins eleves, mais a qualite superieure. II est 
done temps — je ne dis pas de revenir a ^o ans en arriere ; 
cela pourrait paraitre paradoxal sous ma plume — mais de 
se moderer un peu et aefaire porter le progres sur la qua- 
lite du produit plutdt que sur la quantite, Evidemment je 
ne garantis pas — et pour cause — que dans toutes les 
situations vous pourrez avoir des produits comparables k 
ceux dont je vous parlais tout k I'heure; vous aurez beau 
moderer la production, il y a d'autres facteurs qui vous man- 
queront ; mais certainement , par ces moyens , vous amelio- 
rerez sensiblement vos produits et je le repete — k mon avis, 
a moins que les conditions economiques ne viennent a chan- 
ger, — c'est la qu'est le progres et c'est la qu'est Va^enir, 

* 

Que seront les vins nouveaux ? La question ne m'interesse 
ici qu'au point de vue des maladies auxquelles ils pourront 
etre sujets et des defauts de composition qu'ils pourront pre- 
senter. 

Le manque d'alcool se fera sentir sur certains echantillons 

— mais je crois qu'on y a remedie par la chaptalisation ; 
I'acidite jusqu'ici m'a semble bonne pour les rouges et les 
blancs ; inutile d'en parler. Le tanin fera defaut, comme 
toujours, dans les vins blancs; en mettre pour accelerer la 
precipitation des mati^res en suspension et faire de bonne 
heure les soutirages; en mettre si on colle. Les rouges 
pourront bien se trouver d'un tanisage , s'ils proviennent de 
raisins avaries et surtout si on colle. Ces m^mes vins routes 
vont manquer de couleur; seul un coupage avec des vins 

Elus color^s est a conseiller. Et a ce propos, j' engager ais 
eaucoup les propri^taires qui ont des vignes a raisin rouge 
k avoir chez eux un peu plus de c^pages teinturierSy comme 
certains Gamqys, le Gros Noir, etc. 

Les maladies qui menacent nos vins rouges et nos vins 
blancs sont en premier lieu : la casse, Tous ceux qui ont 



- 179 - 

r^colt^ des raisins pourris peuvent s*attendre a cet inconve- 
nient ; il n*est pas , pour le moment , manifeste , le vin etant 
charg^ encore d'acide carbonique ; mais il le deviendra au 
premier ou au deuxi^me soutirage. Si votre vin est sujet k la 
casse , un seul traitement pratique est k conseiller : soutirer 
k Tabri de I'air, si le vin est encore sur lies, bisulfiter a rai- 
son de 8 ,k 12 grammes de bisulfite de potasse par hectolitre, 
soutirer ensuite a Fair quatre jours apr^s, coUer et, dans ce 
cas , eviter le tanin et soutirer quand le vin sera clair. Outre 
la casse, les maladies habituelJes des vins rouges ont des 
-chances de se faire sentir et alors , pour tout le monde et en 
particulier pour tons ceux qui ont eu des vendanges avarices, 
ne pas trop laisser cuver — vous remedierez au defaut de 
couleur d'une autre fa^on — faire le premier et mSme le 
deuxieme soutirage a intervalles assez rapproches , de fa^on 
a ne pas laisser trop longtemps le vin en contact avec les 
lies, sage precaution cette annee ; faire un collage au besoin, 
si le vin est long a s'eclaircir. 

Je ne parle pas des autres soins habituels dont on entoure, 
ou dont on devrait entourer le vin. 

Pour les blancs , outre la casse , il y a lieu de craindre la 

fraisse, pour les petits vins. On y remedie, lorsqu'elle est 
eclaree, tres gen^ralement par un collage precede d'un 
tanisage et on Tevite souvent par le remontage des moMs et 
en laissant le moins possible le vin en contact avec les lies , 
c'est-a-dire en coUant et soutirant. 

En resume, etant donn^ les conditions de la vendange 
derniere , on pourra eviter en partie , peut-Stre mSme entie- 
rement, les maladies et accidents signales plus haut, en lais- 
sant le moins^ possible le ^in en contact a^ec les lies par les 
soutirages ei les collages; on ne fera peut-Mre pas, avec 
ces moyens, des vins superieurs, mais on fera des vins mar- 
chands ; beaucoup de viticulteurs , cette ann^e , n'ont pas 
d'autre ambition. 



/ 



— 180 — 



Les nouvelles mesures de police sanitaire et 
la lutte contre la tuberculosa bovine et la 
morve du cheval. 



Par M. Alfred Grau 

arofesseur de zootechnie 
*Angers, membre titulaire 



Ingenieur-agTonome , professeur de zootechnie a TEcole d' Agriculture 

d*/ 



Le premier besoin d'un pays , e'est la sante ; la premiere 
condition de la sant^, e'est Thygiene. Gette grande verite, 
qui s'applique a Fhomme, n'est pas moins exacte en ce qui 
eoncerne les animaux domestiques. L'agriculteur, deja si 
eprouve par les moins-values de recoltes dues a une tempe- 
rature inelemente, est encore sujet a des pertes dans son 
betail, qu'il importe de reduire. Son principal souci doit Stre, 
k cet egard , de maintenir ses animaux bien portants , s'il 
veut en obtenir le plus grand rendement et les meilleurs 
services. 

Un amenagement bien compris des locaux d'habitation ^ 
de la proprete, des soins intelligents, de bons traitements^ 
une excellente nourriture, distribuee regulierement et en 

3uantite suffisante, telles sont, en quelques mots, les regies- 
'hygiene a observer pour eviter la maladie, en vertu du 
fameux axiome : PreQenir vaut mieux que guerir. Mais si 
Tagriculteur pent ainsi emp^cher les maladies ordinaires, il 
n'en est plus de mSme quand il s*agit de maladies conta- 
gieuses, produitespar I'attaque de parasites ou par Tinvasion 
dans Torganisme de microbes pathogenes , qui se propagent 
avec la plus grande facilite d'un animal a Tautre. Les mesures 
a prendre doivent ^tre immediates et rigoureuses : il faut 
arrSter la contagion en rendant impossible Fattaque de 
r agent infectieux , en emp^chant les microbes de parvenir a 
Tanimal sain et en essayant de les detruire autour de I'animal 
malade. On doit done isoler ,celui-ci et pratiquer la desinfec- 
tion de tous les locaux ou il a pu sejourner. 

Malheureusement , la grande masse du public agricole ne 
connalt (jue tres impariaitement Torigine, la nature et le 
mode d'infection des diverses maladies contagieuses. De 

Flus, celles-ci se produisent rarement d'une fa^on isolee, 
Epizootic en est la forme la plus courante, de sorte que Ton 
se trouve d^sarme pour agir quand c'est chez le voisin que 
le fleau vous menace. La defense doit ^tre orgsgaisee d'une 
fa^on collective dans toute la region envahie, et Tinterven- 
tion de TEtat s'impose pour combattre le mal contre lequel 
chacun en particulier serait impuissant. Cette intervention 



— 181 ~ 

s'exercera sous forme de reglements, de prescriptions, de 
■contrdle, dont Tensemble eonstitue la police sanitaire. 

Le developpement de plus en plus grand des communica- 
tions rapides, en permettant le transport dans des points 
tres eloignes d'animaux malades, au su ou a Finsu des 
proprietaires qu des interm^diaires , a singulierement con- 
tribue a faciliter F expansion des epizootics. II faut, par tons 
les moyens, enrayer cette invasion redoutable et, a notre 
epoque, il n'est pas de preoccupation plus serieuse et plus 
angoissante que cette lutte contre les maladies contagieuses 
<jui, par Tetendue et la gravite des d^sastres qu'elles occa- 
sionnent, font craindre pour notre production nationale et 
notre existence elle-m^me , comme la tuberculose et la 
morve. 

Malgre les theories des dualistes vis-a-vis de la tuberculose, 
la contagion possible des bovid^s a Thomme reste indiscu- 
table. Au Gongres international de la tuberculose, qui s'est 
tenu dernierement a Paris, et se plagant au point de vue 
medical, il a ete adopte un voeu du professeur Arloing, 
<;onstatant la necessity de poursuivre la prophylaxie de la 
tuberculose bovine et de continuer a prendre les mesures 
administratives et hygieniques contre la propagation possible 
de cette derniere tuberculose a notre espece. A Budapest, 
ou vient d'avoir lieu un important Gongres de medecine 
v^terinaire, des conclusions du mSme genre ont ete posees, 
en mSme temps que d'autres concernant la morve des soli- 
pedes. II est avere que la morve pent se propager k Thomme, 
chez qui elle produit des desordres graves qui aboutissent 
fatalement a la mort apres un temps plus ou moins long. 

La lutte contre les maladies contagieuses est done bien une 
necessite sociale , non seulement pour restreindre les pertes 
economiques qui en resultent , mais encore pour proteger la 
sante des citoyens. II est indispensable que des mesures offi- 
-cielles et obligatoires puissent s'exercer, en un mot que la 
police sanitaire fonctionne d'une fagon serieuse et ininter- 
rompue. 

La legislation sanitaire est encore r^cente en France. Ce 
n'est qu'en 1881 que le Parlement a song^ pour la premiere 
fois k edicter les mesures a prendre. Dernierement, des dis- 
positions nouvelles et assez rigoureuses ont ete mises en 
vigueur, sp^cialement en ce qui conceme la tuberculose 
bovine. Je pense que les agriculteurs trouveront peut-^tre 
quelque interSt a connaitre exactement les prescriptions qui 
leur sont applicables, le cas echeant, et les precautions qu'ils 
doivent eux-mSmes observer s'ils veulent prevenir la conta- 
mination de tout leur traupeau. 

Dans les debuts d'une maladie et avant I'arriv^e du v^t^- 
rinaire, Tagriculteur ne sait pas toujours s'il a affaire k la 



I 



m 

I 



~ 182 — 

tuberculose, a la fi^vre aphteuse, a la peripneumonie ou k toute 
autre maladie grave. Dans son interSt m^me, ce qu*il a de 
mieux a faire est de sequestrer Tanimal atteint ou suspect 
dans un local a part , afin de soustraire au danger ses autres 
animaux.|Cette operation, quin'etait autrefois qu'unemesure 
de prudence laiss^e a Finitiative de chacun , est maintenant 
imposee par la loi. Avant Farrivee du veterinaire, Tanimal 
soupQonne ne pent ^tre deplace. II en est de mdme du cadavre 
qui doit rester dAment isole. 

Les reglementations de police sanitaire se modifient 
souvent, en raison des decouvertes qui se produisent tous les 
jours et peuvent changer radicalement le traitement de telle 
ou telle maladie. La premiere loi qui ait prevu une organi- 
sation reguliere des mesures k prendre contre les maladies 
contagieuses date du 21 juillet 1881 et fut completee par le 
decret du 28 juillet 1888. EUe envisageait la peste bovine, la 
p6ripneumonie contagieuse (i), la clavelee, la gale, la fievre 
aphteuse, la morve, le farcin, la dourine, la rage et le charbon, 
auxquelles le decret de 1888 ajouta la tuberculose, le charbon 
symptomatique , le rouget et la pneumo-ent^rite infectieuse. 
Une serie d'arr^tes, de reglements vint ensuite pour deter- 
miner les conditions dans lesquelles la police sanitaire devait 
s'appliquer. Pour mettre un peu d'ordre dans ces additions 
successives, le legislateur a repris toutes les mesures d'ordre 
sanitaire par la loi du 21 juin 1898 completee par le decret 
du 6 octobre 1904, qui a consacre la nomenclature des 
maladies contagieuses , en adoptant des prescriptions parti- 
culierement serieuses pour la tuberculose bovine. Enfin, la 
loi de finances du i3 avril 1898 a pose pour la tuberculose le 
principe de Findemnite en cas de saisie ou d'abatage. 

Nul n'est cense ignorer la loi. II est de fait que les culti- 
vateurs qui ne sont pas au courant de ses prescriptions sont 
sujets parfois a des surprises desagreables. Dans le cas qui 
nous occupe les penalites pour non observation peuvent 
entrainer de Famende ou de Femprisonnement. L'Etat 
intervient en effet dans un but de protection , et pour nous 
mettre en garde contre des negligences dont les consequences 
desastreuses ne sont pas assez souvent envisag^es , malheu- 
reusement par leurs auteurs. 

Cependant, les obligations d'ordre general imposees par 
la police sanitaire ne sont pas bien feroces; et il faut bien 
comprendre qu'il vaut mieux s'y soumettre de bonne grace, 
si Fon veut que les mesures prises soient efficaces. Que 
demande-t-on au cultivateur? Simplement, au premier 
symptdme de la maladie , d'en faire declaration au maire de 
la commune et d'isoler la b^te malade. II n'a pas le droit de 
la faire circuler ou de la vendre. La declaration est inscrite 

(i^ Avec une indemnite pour ces deux maladies : peste bovine et 
peripneumonie. 



I 



. — 183 — 

a la mairie sur un regislre special et un recepisse est delivre 
au declarant. 

Le maire aussitdt prevenu fait appeler le veterinaire sani- 
taire et s'assure que risolement de 1' animal ou du cadavre a 
lieu ; le veterinaire sanitaire vient diagnostiquer et prescrit 
toutes les mesures utiles et immediates de traitement, d'aba- 
tage et de desinfection. II avise le maire qui doit tenir la 
main a Texecution de ces prescriptions et il envoie son rapport 
au prefet du departement. Celui-ci prend, quand c'est neces- 
saire, un arr^te de declaration d'infection et les mesures que 
la situation comporte : interdiction de circuler dans un rayon 
donne, suspension des foires et concours, etc, 

Le veterinaire pent indiquer I'abatage des animaux s'il 
juge la maladie incurable. Pour la peste oovine, la peripneu- 
monie contagieuse , le charbon , la rage , la morve , le farcin, 
I'abatage est obligatoire immediatement. Dans les cas de 
peste bovine, de peripneumonie , de tuberculose bovine, le 
proprietaire a droit a une indemnity (i). Jusqu'a cette annee, 
il n y en avait pas pour la morve et le farcin. 

La loi du i4 Janvier 1906 a comble cette lacune ; elle accorde 
une indemnite des trois quarts (avec maximum de 760 francs) 
pour la morve et le farcin quand I'abatage par raison sanitaire 
a suivi la declaration du proprietaire. G'est dans les m^mes 
conditions que I'agriculteur a droit a une indemnite pour la 
peste bovine et la peripneumonie. En ce qui concerne la tuber- 
culose bovine, nous verrons plus loin comment le cultivateur 
pent I'obtenir. 

Pour recevoir une indemnite quelconque, les int^resses 
doivent naturellement se sotimettre a quelques formalites : 
demande sur papier timbre, proc^s-verbaux d'estimation, 
copie certifiee de la declaration, etc., mais nul ne niera que 
cette indemnite constitue un adoucissement a la rigueur de 
la loi, rigueur qui est elle-mSme necessaire pour garantir son 
efficacite , si Ton veut arriver a restreindre la contagion et la 
faire enfin disparaitre. 

* 

Parmi les diverses maladies contagieuses , la tuberculose 
doit appeler toute notre attention, car elle est tres repandue, 
beaucoup plus qu'on ne le croit generalement. Dans certaines 
regions, la proportion des b^tes tuberculeuses , dans une 
m^me etable, est effrayante, elle atteint jusqu'a 3o et 4o 0/0. 
Le veterinaire inspecteur des abattoirs de Lille, M. Charlet, 

(i) Disons bien que dans I'esprit de la loi, le principe de rindemnite 
est destine a etre un encouragement pour les cultivateurs qui veulent 
lutter centre le ileau, mais ce n'est pas un remboursement obligatoire 
comme on pourrait le penser. L'an dernier, le credit affecte aux 
indemnites ctait de 715.000 francs, somme notoirement insuilisante 
pour toute la France. En Maine-et-Loire , il y a encore 6 a 7.000 francs 
a'arrieres a payer. 



— 184 — . 

que j'ai eu Foccasion de voir derni^rement au cours d'un 
voyage dans le Nord, me disait avoir observe, pour les 
vaches d'une exploitation, un poureentage de 4^ (i), chiffre 
dont nous sommes loin dans le Maine-et-Loire , heureuse- 
ment, mais il est plus eleve encore qu'il he devrait ^tre ; aux 
abattoirs d' Angers , la moyenne des bovins tuberculeux est 
de 3 o/o environ, alors qu'a la Villette, a Paris, elle n'est que 
de I o/o (a). 

La tuberculose doit done ^tre enrayee par tous les moyens, 
et Ton comprend la severity des mesures qui ont et^ mises 
en application depuis le d^cret du 6 octobre 1904. Une autre 
raison pour la redouter, c'est qu'elle porte ses coups bien 
longtemps avant qu'on ne reconnaisse sa presence. Gette 
maladie, en effet, n'est pas tres apparente. Elle ne se mani- 
feste qu a I'interieur, dans les quartiers atteints, par la pre- 
sence de petits tuber cules contenant les microbes infectieux, 
L'ext^rieur de I'animal reste indemne et elle n'entraine, dan& 
la plupart des cas, que des consequences comme la maigreur^ 
la sterilite ou Vavortement, qu'on pourrait attribuer a toute 
autre cause. Sou vent m^me , T animal semble se porter tre& 
bien et le cultivateur est loin de soupQonner T^tendue du 
mal qui progresse dans son troupeau. 

L'evolution de la tuberculose est particulierement lente.^ 
Pour que le bacille s*installe definitivement dans les tissus, 
il faut qu*il produise plusieurs attaques successives. G'est 
surtout pendaijit une cohabitation prolongee , par Texpecto- 
ration et les excrements des b^tes attaquees que les germes 
se prop agent aux animaux sains. Pour les jeunes a la 
mamelle, les pores au petit lait, la contagion est plus rapide, 
car si la mamelle d'une vache est envahie par les tubercules, 
le lait deviendra un agent tres actif d'infection. 

II n'existe pas encore, dans la pratique courante, de nK)yen 
curatif qui permette une guerison certaine. Le professeur 
Behring , dont on n'a pas oubli^ les declarations au recent 
Congres de la Tuberculose, a, semble-t-il, fait faire un. grand 
pas a la question. II affirme le succ6s de son bovo-vaccin et 
celui-ci, experimente en ce moment en France par le pro- 
fesseur Vallee d'Alfort, paralt deja devbir tenir plus ou 
moins completement les promesses de son inventeur. Pent- 
^tre entrera-t-il bientot dans le domaine public si Texperience 
vient confirmer les premiers r^sultats et esperons en la vie- 
toire definitive de la science quand ce traitement aura fait ses 
preuves. Actuellement , continuous a appliquer les moyens 
pr6ventifs; ce qu'il faut ne pas cesser de* laire pour lutter 

(i) Cette enorme proportion tient surtout du mode d'exploitation 
qui fait rester les animaux en stabulation permanente, condition tres 
mvorable au developpement de la tuberculose. 

(2) Si Ton tient compte des cas non declares , on pent admettre que 
la moyenne des animaux bovins tuberculeux est , en France , de 10 k 
ao 0/0 de reflfectif total. 



— 185 — 

centre la maladie, c'est de soustraire ses animaux a la conta- 
gion et de faire disparaltre les animaux malades, apres avoir 
pris les mesures necessaires de desinfection et d isolement 
pour la mise en observation des animaux suspects. I^es 
cooperatives de laiterie ont bien soin a present de pasteu- 
riser le lait qu'elles re^oivent avant de le centrifuger pour 
obtenir la creme ou, tout au moins, de pasteuriser le lait 
ecreme et le petit lait qu'elles vendent aux cultivateurs. En 
tout cas , le procede de centrifugation pour Fecremage per- 
met difficilement aux bacilles de rester dans le beurre. Dans 
beaucoup de laiteries, les residus qui peuvent contenir les 
germes infectieux sont exposes a une temperature de 80 a 85*>, 
suffisante pour detruire les microbes, si on la maintient un 
quart d'heure, vingt minutes. II est a desirer qu'il en soit 
ainsi dans toutes les laiteries et qu'il soit defendu de sortil* 
le petit lait des laiteries cooperatives avant sa sterilisation. 

Pour eviter la contagion d' animal a animal, il serait suf- 
fisant a premiere vue de pratiquer Tisolement pour la b^te 
malade. Mais ce moyen, qui parait tres simple, est difficile a 
appliquer, puisque le plus souvent on ignore la maladie , et 
quand on s'en aper^oit, il y a longtemps gu'elle a exerce ses 
ravages et a pu gagner tout le troupeau. N^y a-t-il done aucun 
procede qui permette de connaitre la tuberculose a ses debuts 
et de la caract^riser nettement, quand aucun signe exterieur 
ne vient encore la reveler ? 

Un savant allemand , Koch , a la suite de recherches nom- 
breuses sur ce sujet, a pu isoler le bacille de la tuberculose, 
et il a decouvert une substance , qui est un extrait sterilise 
de la culture du bacille en milieu glvcerique , a laquelle il a 
donne le nom de ^uberculine. Gette tuberculine a la propriete, 
apres inoculation, de produire une elevation de temperature 
cnez les animaux atteints de tuberculose , les animaux sains 
ne reagissent pas , et des lors , il devient assez facile de diag- 
nostiquer la maladie quel que soit son etat plus ou moins 
avance de developpement. 

Tons les agriculteurs eclaires et soucieux de leurs int^rets, 
surtout ceux qui possedent un troupeau nombreux, devraient 
faire tuberculiner leurs animaux pour savoir a quoi s'en tenir, 
et prendre au besoin les mesures necessaires : abatage des 
animaux atteints , isolement des suspects , tout en n'oubliant 
pas la declaration au maire qui est imposee par la loi. 

En general, il n'en est malheureusement pas ainsi, et ce 
n*est que par Tinspection sanitaire des viandes aux abattoirs 
(Tu'on est amene a reconnaitre la presence de la tuberculose 
dans une exploitation. Le legislateur a prevu , en effet , dans 
les abattoirs comme sur les foires et marches, Tinspection 
sanitaire des animaux ou des viandes par des veterinaires 
delegues qui s'assurent que les animaux present^s sont sains. 
Dans le cas contraire, il y a saisie. Les poumons seuls peuvent 
fitre atteints ou bien il pent y avoir un ou plusieurs quartiers 



— 186 — 

envahis et la saisie est selon le cas partielle ou totale. II y a 
toujours saisie quelle que soit la bMe abattue si elle est 
tuberculeuse , ear la viande est a rejeter absolument de la 
consommation. Mais tandis que la tuberculose peut attaquer 
aussi bien Tespece porcine que Tespece ovine ou ehevaline, 
le legislateur ne s'est pr6occupe que de Fespece bovine pour 
restreindre le fleau et prendre des mesures a cet effet. II est 
vrai que ee sont surtout les bovides qui sont sujets a la 
maladie, mais la contagion ne peut-elle pas se produire avec 
les autres animaux ? En tout cas , on sait que c'est surtout 
par le lait de vacbe que la tuberculose peut se propager a 
rhomnie, et c'est contre la tuberculose Dovine qu'il fallait 
lutter plus parti culierement. 

Quand' la tuberculose est done reconnue chez un bovide, 
la loi prevoit une serie de mesures qui vont frapper le pro- 
prietaire de ranimal. Ce\ui-ci rcQoit la visite du veterinaire 
sanitaire qui vient s'assurer si les autres animaux ne sont pas 
contamines et un arr^te prefectoral d'infection met sous 
sequestre le troupeau tout entier, ainsi que tons les locaux 
et herbages par ou le malade a pu passer. Tons les animaux 
sont egalement soup^onnes et le proprietaire n'a plus le droit 
de les vendre ou de les echanger, si ce n'est pour la boucherie. 
De ce fait , les animaux qui avaient une plus grande valeur 
en raison de leurs facultes laitiere ou reproductrice , ou da 
leur aptitude au travail, subissent une deiDreciatioii sensible, 

f)uisqu'il faut les ecouler comme animaux de boucherie. Enfin, 
es bovins auxquels le veterinaire reconnalt les signes cli- 
niques de la tuberculose sont abattus sur Tordre du maire, 
sauf recours a I'indemnite prevue par les lois de finances de 
1898 et 1809. 

Telles sont les dispositions en vigueur depuis le decret du 
6 octobre 1904. Elles etaient beaucoup plus douces autrefois. 
Seuls les animaux avant nettement les caracteres de la 
tuberculose etaient sequestres, les autres, meme suspects 
apres tuberculination, etaient laisses a la libre disposition du 
proprietaire et ceci etait un tres gros danger pour le culti- 
vateur car la tuberculine se retournait alors contre son but. 
C'etait un instrument de fraude qui servait a masquer les 
eJQfets d'une tuberculination ult^rieure. En effet, un animal 
tuberculine ne reagit plus pendant un mois a une deuxieme 
^preuve ; les proprietaires de mauvaise foi ayant la latitude 
de vendre les animaux suspects les faisaient tuberculiner et 
passer pour sains, Tacheteur ne pouvait se rendre compte 
du contraire. 

Aujourd'hui, une bete quelconque du troupeau ne peut 
^tre vendue que pour ^tre abattue et encore ne peut-elle plus 
passer sur les marches publics , mais doit aller directement 
de Tetable a Fabattoir avec un laisser-passer delivre par le 
veterinaire et vis6 par le maire. Les choses sont telles que la 
tuberculination, sans Stre imposee par la loi, devient Funique 



— 187 — 

moyen d'eviter sa rigueur en empSchant le sequestre com- 
plet du troupeau. Le cultivateur retrouve la libre disposition 
des animaux qui n'ont pas reagi, a la seule condition de 
separer les animaux sains des malades et de suivre toutes les 
precautions de desinfection ordonnees par le veterinaire. 
Enfin, il recouvre la faculty d'acheter et peut reconstituer 
de suite, a c5te du lot reste sous sequestre, un autre troupeau 
d'elevage. La tuberculose n'est pas necessairement heredi- 
taire , en tout cas elle est beaucoup plus contagieuse qu'he- 
reditaire. En isolant les jeunes veaux, en les plagant dans 
des etables desinfectees et en les allaitant avec du lait pro- 
venant de vaches saines, on pourra conserver et elever les 
jeunes sujets. Une autre precaution pour eviter le retour de 
la HTialadie sera de soumettre les individus nouvellement 
achet^s k I'epreuve de la tuberculine. 

A c6te des mesures d'ordre general edict^es par la loi du 
21 juin 1898 et le decret de 1904, il y en a d'autres relatives 
k la vente et a Findemnite. Les operations de vente ont fait 
Tobjet d'une loi toute recente, du 28 fevrier 1905. qui modifie 
les conditions dans lesquelles le recours de Tacheteur contre 
le vendeur doit s'exercer. Supposons un cultivateur ayant 
achete nn bovin qu'il soumet a la tuberculination ; 1' animal 
reagit, I'acheteur a droit a la resiliation du marche et, si le 
vendeur oppose a sa demande une fin de non-recevoir, il 
peut s'adresser aux tribunaux dans le delai de 3o jours a 
partir du lendemain de la livraison ; son action est recevable 
pourvu qu'il ait fait declaration au maire de sa commune. La 
vente d'un animal atteint de maladie contagieuse est nuUe de 
droit et le tribunal ne pourra que condamner le vendeur a la 
restitution du prix et aux frais. S'il s'agit d un animal abattu 
pour la boucherie, reconnu tuberculeux et saisi, I'acheteur 
etant en Tespece un boucher, Taction en redhibition ne 
pourra Hre intentee au dela du delai de 10 jours apres Faba- 
tage et seulement dans le cas ou cet animal aura fait Tobjet 
d'une saisie totale. En cas de saisie partielle, Facheteur n'a 
droit qu'a une reduction de prix, tandis qu'avant la nouvelle 
loi de fevrier dernier, il cherchait souvent a laisser la bete a 
la charge du cultivateur, quitte a lui racheter la partie saine 
de Fanimal a vil prix. Enfin, pour que le proprietaire de la 
bSte saisie puisse venir le reconnaitre, 1 abattoir conserve 
3 jours durant la peati de Fanimal avec la t^te entiere. 

En ce qui concerne Findemnite a laquelle a maintenant 
droit le proprietaire d'un animal bovin tuberculeux abattu 
sur Fexploitation ou saisi a Fabattoir, j'indiquerai bri^ve- 
ment les conditions necessaires et suffisantes pour Fobtenir. 
La loi de 1898 la reservait aux seuls proprietaires ayant fait 
la declaration prealable et observe les precautions d'isole- 
ment avant Fabatage des animaux tuberculeux. Actuellement, 
FEtat se montre plus large. La tuberculose est une maladie 
si etrange, son action reste si longtemps cachee, que le culti- 



— 188 — 

vateup pent tres bien ^tre loin de la soupgonner, et avoir 
envoye, de tres bonne foi, des animaux atteints de cette 
maladie aux abattoirs, sans jamais avoir declare, ^u maii^e 
de la commune , qu'il avait la tuberculose dans son etable. 
L'Etat, qui veut seulement punir la fraude, accorde egale- 
ment Findemnite si Tabattoir auquel les proprietaires ont 
envoye leurs animaux est un abattoir public ou une tuerie 
particuliere placee sous la surveillance permanente d'un 
veterinaire agr^e par le prefet du departement ou si les pro- 
prietaires ayant abattu leurs animaux d'une fagon quel- 
conque, chez eux ou ailleurs, ont requis au prealable la 
visite , avant abatage , du veterinaire sanitaire , lorsque dans 
Tun ou Tautre cas il y a eu saisie. Quant k ceux qui 
recherchent pour les animaux suspects des abattoirs ;ion 
surveilles, ils n'ont droit a aucune indemnite. 

L'indemnite revient enfin naturellement aux proprietaires 
d' animaux abattus par mesure administrative, et tandis 
qu'elle est du tiers en cas de tuberculose generalisee (avec 
maximum de 200 francs) des trois quarts en cas de tubercu- 
lose localisee (avec maximum de 4^0 francs) , elle est entiere 
pour les animaux reconnus non tuberculeux apres abatage. 
^estimation est faite sous deduction de la valeur de la 
viande et des d^pouilles vendues sous le contrdle du maire , 
en valeur de boucherie dans les deux premiers cas, en valeur 
reelle dans le dernier. 

Toutes ces dispositions etant encore assez recentes sont 
generalement mal connues dans le monde des cultivateurs , 
ce qui entralne parfois des ennuis et des pertes assez impor- 
tantes. L'agriculteur pom^ra encore les r^duire, s'il s' assure 
contre la mortalite de son betail a une de ces societes 
mutuelles d' assurances qui rendent tant de services dans 
nos campagnes et dont on ne saurait trop encourager le 
developpement. EUes indemnisent aux deux tiers et jusqu'a 
80 0/0, de sorte que Tassure , qui a reqn la visite de la tuber- 
culose, arrive a s'en debarrasser en n'eprouvant que des 
pertes relativement minimes. 

Avant de clore cette ^tude, je dirai quelques mots de la 
morve qui fait tant de victimes dans tons les pays. Cette 
maladie se d^cele comme la tuberculose, par I'inoculation 
d'un extrait sterile du microbe , la malleine , k I'encolure du 
cheval. La quantite employee est la m^me, deux centimetres 
cubes et demi, mais la temperature s'eleve un peu plus et il 
se produit, au point d'inoculation , une tumeur douloureuse 
quand Fanimal est attaque, tandis que pour la tuberculose 
bovine il n'y a pas de tumeur. Le point important, pour bien 
apprecier Felevation de temperature, est de connaitre au 

f)realable, par des observations r^p^t^es trois jours a 
*avance , la temperature et les variations normales du sujet. 



— 189 — 

Cette temperature est prise au moyen d'un thermometre k 
maxima que Ton introduit dans le rectum. 

Ind^pendamment de cette fagon de reveler la morve, qui 
peut ^tre seule mise en pratique par les veterinaires dans la 
plupart des cas, il existe d'autres caracteres cliniques au 
moj^en desquels le proprietaire peut soupgonner la maladie. 
Le saignement de nez par une seule narine, remission fre- 
quente en grande quantite d'une urine incolore, sont d6ja 
les premiers signes. Puis , apparait un ecoulement purulentt 
d'un jetage visqueux, jaun&tre, rouss&tre ou san^uinolen 

{)ar une narine, rarement par les deux. Les ganglions de 
'auge s'indurent, grossissent, deviennent adherents k la 
peau et a Tos. Enfin la fievre apparait, il survient une toux 
et Fanimal succombe. 

Des le debut, il y a lieu de pratiquer Fisolement, de taire 
la declaration au maire et d'appeler le vet^rinaire. — Cette 
maladie se propage surtout chez les chevaux mal loges , mal 
nourris et surmenes. Les grandes agglomerations d'animaux 
permettent une contagion rapide et terrible par ses ravages. 
II faut se mefier des ecuries banales des hdtelleries ou votre 
cheval peut boire dans la m^me auge qu'un cheval morveux. 
On demandera toujours de faire boire au seau. Le valet 
d*ecurie jette chaque fois I'eau qui peut rester dans le fond ; 
il est facile de rincer ces recipients , et comme on les laisse 
vides a la cour, ils s'aerent, s'ensoleillent et les chances de 
contagion sont moindres, etant donne le pouvoir microbicide 
de Fair et de la lumi^re. 

Dans toutes les qommunes ou se tient un marche perio- 
dique, les maires devraient imposer, k chaque reunion, la 
desinfection au lait de chaux des ecuries d'auberges. 

Chez soi , on aura soin de nettoyer les auges assez souvent 
et de les vider apres chaque repas. Le cheval laisse toujours 
un peu d'eau dans le fond de Vauge apres boire ; generale- 
ment, on se contente de rapporter de I'eau fraiche par-dessus. 
C'est une faute qu'on peut eviter facilement. A lalongue, les 
microbes puUulent au fond de Tauge et le terrain est tout 
prepare s'il y a de la morve dans 1 air. II n'y a d'ailleurs Ik 
qu'une mesure d'hygiene generale, comme le lavage du sol 
de I'ecurie de temps en temps. 

La morve et la tuberculose sont deux maladies qui causent 
trop de calamites dans nos campagnes pour nous laisser 
indifferents. Si I'Etat intervient en edictant des mesures de 
police sanitaire, de notre cote ne restons pas inactifs et 
€ssayons de preserver nous-m^mes les betes de nos fermes 
et de nos exploitations. Aidons-nous, le ciel nous aidera 



190 



AGRICULTURE 



De I'efiicacit^ des engrais sur les plantes 
suivant le mode de leur application au sol 

(suite et Jin) 
Par M. Lavallee, membre titulaire 

Discussion des r6sultats obtenus dans les recherclies 

sur c6r6ales 

L'ensemble des conclusions formul^es a la suite de chaque 
serie de recherches sur cereales permet de restreindre le 
probleme de la localisation des engrais mineraux a ceux qui 
renferment de I'acide phosphorique ou de Tazote. 

La solution de ce probleme reside tout entiere dans la 
construction de semoirs d'un prix abordable , pouvant prati- 
quement distribuer en lignes a la fois 1' engrais et les 
semences. 

La distribution m^canique des graines de cereales ne pre- 
sente aucune difficulte, mais il n'en est pas de m^me des 
engrais chimiques; tantot ils se presentent sous forme de 
poucjye seche ou a I'etat pateux , tant6t en poudre fine ou en 
grumeaux, suivant leur nature, leur provenance, lesprocedes 
d'extraction ou de fabrication , 1 etat hygrometrique de 
Fair, etc. Enfin, ils sont plus ou moins acides et corrodent 
les corps avec lesquels ils sont en contact. De Ik , de multiples 
difficultes a vaincre dans la construction et la disposition des 
organes de distribution des semoirs pour arriver a une repar- 
tition rigoureusement exacte des engi^ais, et, si ce desiderata 
n'est pas rempli, Tepandage en lignes n'a plus sa raison d'etre. 

En epandant en meme temps Tengrais et la semence, le 
semoir sera plus lourd, demandera plus de traction, il faudra 
aussi arr^ter plus souvent pour le charger, on ira moins vite, 
et la crainte d'etre surpris en plein travail par la pluie lorsque 
les sacs d'engrais seront deposes sur le terrain fera parfois 
perdre des journees precieuses, pendant lesquelles le semoir 
simple aurait pu fonctionner sans en eprouver de mecomptes. 

Pour toutes ces raisons nous ne pensons pas, malgre les 
supplements de recolte que nous avons signales , qu'il y ait 
lieu d'envisager la repartition des engrais mineraux en lignes, 
dans la culture des cereales. 



— 19! — 



DEUXIEME PARTIE 

EXPERIENCES SUR PLANTES SARCLEES 

Pommes de terre et Betteraves 

Observations generales, — .Les experiences sur plantes 
sarcleers ont porte sur pommes de terre et betteraves demi- 
sucrieres destinees a ralimentation du betail, en faisant 
usa^e d'engrais potassiques, phosphates, azotes et de lumier 
de ferme. 

Ges diflferents engrais ont 6te employes seuls ou en me- 
lange eomme nous 1 indiquons en t^te de chaque parcelle. 

JSn^rais potassiques. — Le sulfate de potasse a la dose de 
i5o kdos a I'heetare a ete compare a i8o kilos de chlorure 
de potassium, ou 670 kilos de ka'inite. Sous ces differentes 
formes, Fapport de potasse correspondait a une mSme 
depense de 42 fr. 76 a I'heetare. 

Engrais phosphates, — Le superphosphate 14/16 a la dose 
de 600 kilos a Thectare a ^te mis en comparaison avec 
725 kilos de scories de dephosphoration i6/i§ representant 
une mSme depense de 43 fr. 5o a Thectare. 

Engrais azotes. — Le sulfate d'ammoniaque a ^te expe- 
rimente a raison de 100 kilos a Thectare, soit seul soit en 
melange avec les autres engrais au moment de la plantation. 
Comme complement de fumure azotee, nous avons eu recours 
au nitrate de sonde employe en couverture k la dose de 
100 kilos a I'heetare et distribue en lignes ou a la vol^e- 
dans les deux cas il a ete incorpore au sol par un binage. 

Famier de ferme. — Dans les essais sur pommes de terre 
le fumier de ferme, a la dose de 40.000 kilos a I'heetare, a 
ete experimente comparativement avec chacun des engrais 
mineraux que nous venons d'enum^rer, ou associe avec eux 
a la dose de 20.000 kilos a I'heetare. 

Pour les betteraves, I'apport du fumier seul a ete de 
5o.ooo kilos a I'heetare et de 3o.ooo kilos lorsqu'il devait 
^tre complete par des engrais mineraux. 

Afin d eviter les inconvenients signales dans Temploi des 
engrais potassiques, ceux-ci ont et^ epandus au mois de 
mars sm* le labour d'hiver et enterres ensuite par la charrue. 
Les autres elements fertilisants furent apportes au moment 
de preparer le sol en vue des semailles. Dans une premiere 
s^rie d'essais ils etaient epandus sur toute la surface du 
terrain, puis, suivant leur nature, incorpores au sol, soit 
par la charrue , le scarificateur ou la herse , tandis que dans 
des parcelles correspondantes on les deposait en lignes avant 
les semences , voire m^me k Templacement de chaque plante 
suivant le mode de culture adopts. 



— '192 — 

Experiences sur Pomraes de terre 
Disposition des essais 

Le champ n° 4* laboure a plat, fut divis6 en six parties 
egales de oo metres carres de superficie, dans trois a entre 
eUes — n°* loi , io3 et io5 — les engrais furent melanges a 
toute la surface du sol, dans les trois autres — n**' 102, 104 
et 106 — ils ^taient r^partis avee une precision mathema- 
tique au fond des trous destines a recevoir les tubercules de 
semence. Ges trous, creuses a la pioche , etaient ensuite gar- 
nis de 2 a 3 centimetres de terre , de mani^re a ce qu'il n'y 
eM pas contact immediat entre les engrais et la pomme de 
terre de semence. Ils etaient disposes en lignes distantes les 
unes des autres de 0^6 et sur les lignes 1 espacement etait 
de o"45- Nous avions ainsi 100 touffes par parcelle ou 33.670 
a rhectare. Get espacement (o"^66 X o'"4^) est celui que nous 
avons conseille a la suite de nos recherches sur la pomme 
de terre industrielle (i) , il est suivi dans les bonnes exploi- 
tations et tend de plus en plus a se generaliser. 

Le champ /i° 5 dispose en billons de un metre de large 
comprenait, abstraction faite des bordures, 16 parcelles 
egales ay ant chacune 4^ metres carres de surface. Les 
semences etaient placees sur le sommet des billons k o^^o les 
unes des autres. Nous avions encore 100 touffes par par- 
celle, mais une telle plantation (i"™ X o™45) ne.donnait plus 
que 22.220 plants a Inectare. Nous envisagions dans cette 
deuxieme serie d'essais la culture de la pomme de terre telle 
qu'elle se pratique encore dans bien des regions , notamment 
dans rOuest et une partie du Gentre de la France. 

Dans 8 parcelles — n^** 107, 109, iii, ii3, ii5, 117, 119 
et 121 — on pratiqua la fumure en plein et dans les 8 autres 
— n°' 108, no, 112, 114, 116, 118, 120 et 122 — la repartition 
des m^mes engrais se fit en lignes en formant les billons. 

La plantation fut faite le 22 avril avec des tubercules 
entiers , du poids de 80 grammes , appartenant a la variety 
« Professeur Maercker ». Quinze jours apres on passa la herse 
pour detruire les mauvaises herbes qui commengaient k 
apparaltre et regulariser la surface du sol. Deux binages, 
Tun aussitot la levee, Tautre quinze jours plus tard, pr6c6- 
derent le buttage qui fut effectu^ le 3 juillet. La levee etait 
complete dans tons les essais le 3o mai, la vegetation a ^16 
normale , Tarrachage opcre apr^s complete maturity eut lieu 
les 1 5 et 16 octobre. 

Les r^sultats obtenus sont consignes, sous forme de ta- 
bleaux dans lesquels nous indiquons en mSme temps que la 

(i) Voir Culture de la Pomme de terre industrielle , par P. Lavallee,, 
en vente au Syndicat agricole d'Anjou, 5, place Lorraine, Angers. 
Ouvrage couronne par la Societe des Agriculteiirs de France. 



— 193 — 

lumure et les rendements a Thectare , les differences consta- 
tees dans chaque parcelle entre le produit en poids et la 
valeur de la reeolte. Celle-ci est ealculee en estimant les 
tubercules 3 fr. 5o les loo kilos. 



R6sultats du champ n"* 4 

Tableau XXXIII. — Influence du mode de repartition de 
la fumure sur pommes de terre plantees a plat k o^^^ d'ecar- 
tement sur lignes espacees les unes des autres de o°»66 : 



(A 

o d 

S < 



NATURE ET QUANTITY: 

des engrais 

employes k Thectare 



lOI 

et 



RENDEMENT 
en poids k Thectare 



engrais 
epandu 

a 
la volee 



io3 

et 

io4 



io5 

et 

io6 



i5o kil. de sulfate de 
potasse 

6oo kil. de superphos- 
phate 

100 kil. de sulfate d'am- 
. moniaque 

100 kil. de nitrate de 
soude 

i8o kil. de chlorure de 
potassium 

6oo kil. de superphos- 
phate 

loo kil. de sulfate d'am- 
moniaque 

100 kil. de nitrate de 
soude 

590 kil. de kainite 

600 kil. de superphos- 
phate 

100 kil. de sulfate d'am- 
moniaque 

100 kil. de nitrate de 
soude 



kil. 



28.300 



25.330 



engrais 

epandu 

sous 

les lignes 



kil. 



3o.33o 



VALEUR 

argent de la reeolte 

a I'hect'are 



DIFFERENCE 

en faveur des engrais 

sous les lignes 



engrais 
epandu 

la vol^e 



fr. c. 



990 5o 



engrais 

dpandu 

sous 

les lignes 



fr. c. 



I. 061 55 



25.665 



27.6^0 



27.665 



886 55 



Moyenne des essais 126.431 



28.555 



898 25 



96845 



968 25 



925 10 999 40 



en 


en 


poids 


argent 


kil. 


fr. c. 


2.030 


71 05 


2.340 


81 90 



2.000 



2.124 



70 » 



74 30 



L'examen des chiff'res de ce tableau demontre ; 

JO Que c'est la formule d' engrais avec sulfate de potasse 
qui donne la plus abondante reeolte ; 

2° Que I'epandage des engrais sous les tubercules de 
semence se traduit par des excedents de production s'elevant 
en moyenne k 2.124 kilos pour le rendement en poids et a 
74 fr. 5o pour la valeur argent de la reeolte a Thectare. 

Avant de conclure, jetons un regard sur le tableau XXXIV 
oil sont r^sum^s les resultats obtenus dans les differentes 
parcelles du champ n° 5. 



— 194 — 



R68ultats du champ n"^ 5 

Tableau XXXIV. — Influence du mode de repartition de 
la fumure sur pommes de terre plantees a o'^^o a ecartement 
sur billons espaees de un metre : 



td 

O -j 

►3 s, 
^ en 



107 

et 

108 



109 

et 

no 

III 



NATURE ET QUANTITE 

des engrais 

employes k Thectare 



600 kil. de 'superphos- 
phate 



725 kil. de scories de 
dephosphoration . 



„* \ 40 • 000 kil. de fumier de 
112 ^ ferme 



jj3 ( 20.000 kil. de fumier de 

gj. J ferme 

,,/ ) 600 kil. de superphos- 
^^ f phate 

I 
jj5 j 20.000 kil. de fumier de 

g* ) ferme 

116 ) "^ ^^^' ^^ scories de 



I 



dephosphoration . 



20.000 kil. de fumier de 

, j_ \ ferme 

g? ) 100 kil. de sulfate d'am- 

j,o J moniaque 

/ 100 kil. de nitrate de 
I sonde 

I 
20.000 kil. de fumier de 

ferme 

..„ , 600 kil. de superphos- 
"9 ; phate 

120 J ^*^ ^^^' ^^ sulfate d'am- 1 

' moniaque 

100 kil. de nitrate de 
sonde 

20.000 kil. de fumier de 

ferme 

725 kil. de scories de 

dephosphoration . 
100 kil. de sulfate d'am- 

moniaque 

100 kil. de nitrate de 

sonde 



RENDEMENT 
en poids a I'hectare 



engrais 
epandu 

k 
la volee 



kil. 
8.600 

8.000 

9.500 

g-^So 



io.25o 



12.000 



I2.500 



121 

et 

122 



Moyenne des 8 essai^... 



12.3^5 



engrais 

place 

sous 

les lignes 



10.370 



kil. 
10.000 

9.750 
i3.25o 

i3.5oo 



i4^.5oo 



i3.5oo 



15.750 



la. 000 



13.156 



VALEUR 

argent de la recolte 

k I'hectare 



engrais 
epandu 

k 
la volee 

fr. c. 
3oi » 



280 » 



332 5o 



341 25 



358 75 



420 » 



437 5o 



433.10 



363 » 



engrais 

place 

sous 

les lignes 



fr. c. 
35o y> 

341 25 

463 75 

472 5o 
507 5o 



472 5o 



DIFFERENCE 

en faveur 

des engrais localises 



dans 

le ren- 

dement 

en poids 



kil. 
1.400 

1.750 

3.750 

3.750 



4.250 



1«500 



dans 
la valeur 

en 
argent 



fr. c. 
49 » 

61 25 

131 25 

131 25 



148 75 



52 50 



55o 25 



525 » 



3.250 



113 75 



2.625 



460 45 



91 90 



2.786 97 45 



On remarque sans peine que ee sont les parcelles ayant 
requ une demi- fumure au fumier de ferme completee par 
les engrais mineyaux qui arrivent en t^te pom' le rendement 



— 195 - 

en poids et comme valeur argent a Thectare ; mais , ee que 
r^velent surtout les chiffres de ce tableau, e'est la grande 
inferiorite de production de la culture en billons sur la cul- 
ture a plat. Cette inferiorite tient, a la fois, au mode de cul- 
ture et aux engrais employes. II est certain qu'en sol fertile, 
une plantation qui ne comporte que 22.220 touffes a Thectare 
ne pent rendre autant que celle qui en compte 33.670 ; d' autre 
part, la pomme de terre reclamant beaucoup de potasse, 
I'emploi des engrais potassiques dans le champ n° 4 ^ egale- 
ment exerc^ une influence heureuse sur la recolte. 

Dans tons les essais la fumure en ligne donne des resultats 
bien superieurs a la fumure en plein, les excedents de 
production varient, pour le rendement en poids , de i .400 a 
4.25o kilos correspondant a des sommes d'argent variant 
elles-mSmes de 49 a i48 fr. ^5 a I'hectare, suivant la quantity 
et la nature des engrais employes. 

La comparaison entre les excedents de recolte dans les 
champs n° 4 ^t 5 demontre que plus les lignes sont espacees, 
plus la superiorite de T agglomeration de la fumure est frap- 
pante. Avec des lignes aussi ecart^es que dans les essais du 
champ n° 5 (billons de un m^tre de large) Fexcedent moyen 
de rendement, qui est de 2.786 kilos a 1 hectare, represente 

Slus de 26 0/0 de la recolte, tandis que dans la culture a plat 
n'est plus que de 8 0/0. Ces proportions restent sensible- 
ment les mSmes lorsqu on envisage les plus-values estim^es 
en argent. 

On pent done conclure que la localisation des engrais 
aurait des consequences heureuses dans les deux modes de 
culture de la pomme de terre , si on pouvait la realiser eco- 
nomiquement. C'est la un point sur lequel nous reviendrons 
dans la discussion et le resume de nos recherches sur plantes 
sarclees. 



Experiences sur betteraves demi-sucri^res 
avec fumures en plein et fumures agglomer^es 

Champs nos 6, 7, 8 et 9 

Les quatre champs n°^ 6, 7, 8 et 9 ont ete consacres aux 
recherches sur betteraves demi-sucrieres destinees a Tali- 
mentation du betail , semees ou repiquees en terrain dispose 
k plat ou en billons avec engrais repartis sur toute la sur- 
face ou disposes en lignes, 

Le semis direct de la betterave ayant ses partisans de 
m^me que le repiquage , nous avons pense qu il etait utile 
de faire porter les recherches sur ces deux modes de culture 
en nous plagant dans les conditions usuelles de la pratique 
courante. 



— 196 — 

Le champ n° 6 dispose k plat comprenait 6 parcelles 
egales de un are, divis^es a I'aide d'un cordeaii et d*un 
marqueur en lignes paralleles distantes les unes des autres 
de o"^,4o. Les graines furent placees sur ces lignes dans de 
petites eavites ereusees a la none a main tons les o"^,25 , 
aprfes demariage il y eut exaetement lo racines au metre 
earre. 

. Dans 3 parcelles portant les n°^ I23, I25 et I2y, les 
engrais furent repartis sur toute la surface et enterres a 
Taide du scarificateur, quelques jours avant les semailles ; 
dans les 3 parcelles voisines n°^ 124* 126 et i28,Ir fumure 
fut la meme et plac^e dans des rigoles profondes de o'",!^ 
ereusees k la pioche sous Templacement que devait occuper 
les lignes du semis. 

Dans le champ n° y , egalement dispose a plat , nos essais 
^taient identiques a ceux du champ n° 6, nous operions avec 
des betteraves repiquees au lieu de betteraves semees. Les 
3 parcelles n°' i2g, i3i et i33y recevaient les engrais sur 
toute la surface, tandis qu ils etaient repartis en lignes dans 
les parcelles n°« 130, 102 et i34i de maniere a se trouver 
directement a la portee des racines. 

Dans les champs /i°^ 8 et p, le terrain fut dispose en 
billons espac^s de i metre sur lesquels ou repiqua les bette- 
raves en les eloignant les unes des autres de 26 centimetres, 
ce qui correspond a un peuplement de 4 racines au metre 
carre. 

Le champ -nP 8 comprenait 10 parcelles de surface egale 
(n° i35 a i44 inclus). 5 parcelles re^urent les engrais sur 
toute la surface , dans les 5 autres ils furent places au milieu 
du siUon separant chaque billon et reconverts en reformant 
ces derniers avec la cnarrue, la fumure se trouvait ainsi 
agglomeree dans la partie centrale des billons ; on opera de 
mSme dans le champ n° 9 divise en 12 parcelles, dont 6 avec 
engrais sur toute la surface et 6 avec engrais localises. 

Surface des parcelles, — Dans tous les essais la surface 
de chaque parcelle etait de i are. 

Semailles. — Les graines furent semees le 26 avril dans 
le champ n° 6, le repiquage eut lieu le 7 juin dans le champ 
n° 7 , et le 8 du m^me mois dans les champs n°* 8 et g, 

Fagons culturales. — Pendant la vegetation trois binages 
et un sarclage furent donnes en temps opportun, le mdme 
jour pour chaque champ. 

L'arrachage eut lieu du 6 au 8 novembre; les racines, 
nettoyees et decollet^es sur place , passerent imm^diatement 
k la bascule. Les resultats trouves sont resumes dans les 
quatre tableaux XXXV, XXXVI, XXXVII et XXXVIII. Une 



— 197 — 

premiere colonne indique, pour chaque champ, le numero 
des parcelles ayant regu mSme fumure ; la deuxi^me, la nature 
et la quantity d'engrais employes a I'hectare dans chaeune 
d'elles ; la troisieme , les rendements comparatifs entre les 
parcelles ayant regu la fumure en plein ou en lignes; la 
quatrifeme , la valeur argent de la recolte calcul^e en attri- 
buant une valeur de i6 francs a la tonne de betterave ; la 
cinqxdeme contient les differences ou plus-values entre le 
rendement en poids et la valeur argent en faveur des par- 
celles avec engrais agglomere. Ennn, au has de chaque 
tableau, sont reunies les donnees moyennes pour Fensemble 
des diflferentes parcelles de chaque champ, de maniere a 
faciliter la comparaison entre les divers modes de culture 
suivis. 

Avant d'exposer les r^sultats , nous tenons a faire remar- 
quer que les champs n°* 6 et 7 , tons deux etablis au milieu 
a une piece de terre, eurent a souffrir de violents orages pen- 
dant la premiere quinzaine du mois de mai. La terre, forte- 
ment battue, ne put, par suite de la disposition des parcelles, 
etre remuee profondement par les instruments atteles, la 
vegetation s'en est toujours ressentie, elle a ete moins active, 
moins vi^oureuse que dans les champs n°^ 8 et 9 crees sur 
un terrain voisin, en labour a la m^me epoque et ameubli 
ulterieurement par les famous culturales necessaires pour la 
disposition du sol en billons. 

R6sultats du champ no 6 

Tableau XXXV. — Influence du mode de repartition de 
la fumure sur betteraves demi-sucrieres , sem^es le 2 5 april 
en poquets distants les uns des autres de o'",4o sur 0^^/25, 



(A 

Q 



NATURE ET QUANTITE 

des engrais 

employes k Thectare 



123 I ^*^ ^^^' ^^ sulfate d'am- 



ia3 C 
et < 
124/ 



moniaque 

loA / ^*^ ^^^* ^^ nitrate de 
soude 



loa 



g^ \ 600 kil. de superphos- 
ia6 ) P^^*® 



12; ( 

et i 7a5 kil. de scories. 

ia8 I 

Moyenne des 3 essalg. 



RENDEMENT 

en poids k I'hectare 



Engrais epandus 



k 
la voice 



kil. 



36.6:5 



36.245 

33.800 
35.575 



sous 
les lignes 



kil. 
38.6^ 

39.165 

36.500 
38.110 



VALEUR 

argent de la recolte 

k I'hectare 



Eng^is epandus 



k 
la vol^e 



fr. c. 
586 80 

579 90 
540 80 

569 17 



sous 
les lignes 



fr. c. 
618 65 

62665 

584 » 
609 75 



DIFFERENCE 

en 

faveur des engrais 

sous les lignes 



en 
poids 



kil. 
1.990 

2.920 

2.700 
2.535 



en 
argent 

fr. c. 
31 85 



46 75 

43 20 
40 58 



— 198 — 

II n'est pas necessaire d'analyser longuement les chiflres 
de ce tableau, ils font suffisamment ressortir rinfluence de 
chaque fumure et la plus grande efficacit6 de chacune d'elles 
repartie en lignes. 

R68ultatB du champ no 7 



Tableau XXXVI. — Influence du mode de repartition de 
la fumure sur betteraves demi-sucrieres repiquees le 7 Juin 
en lignes espaeees de o'^^o sur o'^jSS. 



U 



lag 

et 

i3o 



NATURE ET QUANTITY 

des engrais 

employes a I'hectare 



I 



100 kil. de sulfate d'am- 
moniaque 

100 kil. de nitrate de 
soude 



RENDEMENT 
en poids a I'hectare 



Engrais epandus 



k 
la voice 



^J ) 600 kil. de superphos- 
i3q^ P»»^^^ 



i33 

et { rao kil. de scories. 
i34 



Moyenne des 3 essals. 



kil. 
31.393 

2;.33o 

27.830 
28.850 



sous 
les lignes 



VALEUR 

argent de la recoite 

a i'hectare 



Engrais epandus 



kil. 
34.865 

38.835 

29.000 
30.900 



a 
la voice 



fr. c. 
5o2 3o 

437 3o 

445 3o 
461 60 



sous 
len lignes 



fr. c. 
557 80 

461 35 

464 » 
494 40 



DIFFERENCE 
en 
faveur des engrais 
sous les lignes 



en 

poids 



hiL 
3.470 

1.505 

1.170 
2.050 



en 
argeat 



fr. c 
55 50 

24 05 

18 70 
32 80 



En comparant les reeoltes obtenues dans les differentes 
parcelles des champs n°* 6 et 7, on constate que les betteraves 
semees ont donne des resultats meilleurs que les betteraves 
repiquees; mais ici comme la, Tengrais localise se montre 
superieur a la fumure en plein. 



Resultats du champ n<^ 8 



Tableau XXXVII. — Influence du mode de repartition 
de la fumure sur betteraves demi-sucri^res repiquees le 
8 juin sur billons de i metre de large a o™,25 les unes des 
autres. 



— 199 — 



CO 

06 td 

Q 



NATURE ET QUANT ITE 

des engrais 

employes k I'hectare 



RENDEMENT 
en poids a I'hectare 



Engrais epandus 



g^ ) 6oo kil. de superphos- 

i36 \ P^^^® 

I 

^g7 1 6oo kil. de scories de 
i38 f dephosphoration . 

iSq I 
Xy 5 200 kil. de sulfate de 

i4o i potasse 

- /j C loo kil. de sulfate d'am- 
A 1 moniaque 

i/Ia ) ^^^ ^^^' ^^ nitrate de 
^ ( soude 

yi^ ) 5o.ooo kil. de fumier de 
i^\ fe™e 

Moyenne des 5 essals 



la vol^e 



kil. 
34.810 

32.600 

34.810 

35.120 

44.25o 
36.318 



sous 
les billons 



kil. 
39.250 

4o.5oo 

43.250 

46.5oo 

54.000 
44.700 



VALEUR 

argent de la recolte 

k I'hectare 



Engrais epandus 



k 

la volee 


sous 
les billons 


fr. c. 


fr. c. 


55695 


628 » 


521 60 


648 » 


55695 


692 » 


56i 90 


:44 » 


J08 » 


864 » 


581 10 


715 20 



DIFFERENCE 

en 

faveur des engrais 

sous les billons 



en 

poids 



kil. 
4.440 

7.900 

8.440 

11.380 

9.750 

8.382 



en 

argent 

fr. c. 
71 05 



126 40 
135 05 

182 05 

156 » 
134 10 



Les parcelles i43 et i44 ay ant regu So.ooo kilos de fumier 
de ferme a Thectare, arrivent en tete sous tous les rapports 
puis, ee sont les parcelles ayant regu les engrais azotes, 
mais dans tous les essais il y a une difference tres grande 
en faveur de ceux qui ont regu les engrais en lignes. Elle est 
en moyenne de 8.382 kilos pour le rendement en poids a 
I'hectare et de i34 fr. 10 pour la valeur argent de la recolte. 



R6sultats du champ n9 9 



Tableau XXXVIII. — Influence du mode de repartition 
de la fumure sur betteraves demi-sucrieres repiquees le 
8 juin sur billons de i metre de large a o°^,25 les unes des 
autres. 



— 200 — 



(0 

u 

^ CO 

u 



NATURE ET QUANTITE 

des engrais 

employes k I'hectare 



3o.ooo kil. de fumier de 

600 kil. de superphos- 
phate 



190 



i5i 
et 
i5a 



3o.ooo kil. de fumier de 
t'erme 

725 kil. de scories de 
dephosphoration . 

So.ooo kil. de fumier de 
ferme 

200 kil. de sulfate de 
potasse 



3o.ooo kil. de fumier de 
ferrae 

100 kil. de sulfate d'am- 
moniaque 

100 kil. de nitrate de 
soude 



/ 600 kil. de superphos- 

l phate. 

(.« \ JMo kil. de sulfate de 

#3^ /' potasse 

^^^ \ 100 kil. de sulfate d'am 

(monlaque 
100 kil. de nitrate de 



154 



soude 



i55 
et 
i56 



725 kil. de scories de 
dephosphoration . 

200 kil. de sulfate de 
potasse 

100 kil. de sulfate d'am- 



moniaque 

100 kil. de nitrate de 
soude 



Moyenne des 6 essais. 



RENDEMENT 
en poids k I'hectare 



Engrais ^pandus 



k 
la volee 



kil. 



40.375 



39.500 



37.625 



•39.810 



35.810 



36.5oo 



sous 
les lig^es 



kil. 



45.500 



44>ooo , 



45.000 



46.250 



44 -250 



44-5oo 



36.G02 



VALEUR 

argent de la recolte 

k I'hectare 



Engrais epandus 



k 
la volee 



fr. c. 



646 » 



632 » 



602 » 



636 95 



572 95 



424 » 



43.249 590 65 



sous 
les lignes 



fr. 



728 » 



704 » 



720 » 



740 » 



708 » 



552 » 



696 95 



DIFFERENCE 

en 

faveur des engrais 

sous les lignes 



en 
poids 



kil. 



5.125 



4.500 



7.375 



6.440 



8.440 



8.000 



6.647 



en 
argent 



fr. c. 



82 » 



72 » 



118 » 



108 05 



135 05 



128 » 



106 30 



Le mode de culture etant le mSme dans les champs u^ 8 
et 9 , il est facile , par un examen un peu attentif des chiffres 
des deux tableaux XXVII et XXXVIII, de se rendre compte 
de rinfluence de la fumure sur Tabondance de la recolte. 

Dans le champ n° 8 nous avons des fumures simples, dans 
le champ n° 9 la dose du fumier, reduite a So.ooo kilos, se 
ti'ouve associee soit au superphosphate, soit aux scories, 
soit aux engrais azotes (nitrate de soude et sulfate d'ammo- 
niaque). Enfin, les engrais mineraux sont tons reunis dans 
deux formules qui ne different entr'elles que par la forme 
sous laquelle I'acide phosphorique s'y trouve apporte. 

Les rendements les plus elev^s sont obtenus dans les par- 
celles 143 et i44» ayant re^u une forte dose de hon fumier de 



— 201 — 

ferme, puis dans celles ou il se trouve associe aux divers 
engrais min^raux (parcelles n°^ i45 a iSa inclus). En troi- 
sieme lieu viennent les parcelles n°^ i53 k i56 avec fumure 
min^rale complete ; au quatri^me rang se plaeent les par- 
celles n°* i4i et 142 avec mmure azot^e ; au cinquieme, celles 
ayant regu des engrais potassiques (parcelles n°* 189 et i4o), 
enfin, le dernier rang est occupe par celles qui n'ont regu 
que des engrais phosphates, soit superphosphate, soit scories 
de dephosphoration (parcelles n^** i35 k i38), sans qu'on 

Euisse etablir une difference appreciable entre ces dernieres. 
rCs parcelles k fumure miner ale complete (n^** i53 k i56) ne 
font pas davantage ressortir la sup6riorite du superphosphate 
sur celles des scories, ou (fice ^ersa Lorsqu'on compare 
entr'elles les r^coltes des parcelles avec fumure en lignes 
avec celles des parcelles ou Fengrais a ete melange a toute 
la surface du sol , on constate dans le champ n° 9 la m^me 
concordance que dans les autres champs d' experiences. II y 
a en faveur de la localisation une plus-value de 6647 kilos 
dans le rendement en poids, ce qui represente (k 16 fv. les 
1. 000 kilos), une somme de 106 fr. 3o par hectare. 



Discussion des r6sultats obtenus en faveur 
de ragglom6ration dans les essais sur plantes sarcl6es 

Dans les essais sur betteraves semees directement ou repi- 
quees, Ten^rais r^parti en lignes s'est toujours montr6 supe- 
rieur a la lumure en plein, et de mdme que pour la ponime 
de terre et les cereales, cette superiority est en raison directe 
de r^cartement des lignes. EUe est en moyenne de 40 fr. 58 
pour les betteraves semees en lignes , espacees de 40 centi- 
metres , et de 32 fr. 80 pour les racines repiqu^es au m^me 
^cartement. 

Dans la culture en billons de i metre de large, la diffe- 
rence est beaucoup plus accentuee, surtout dans les parcelles 
avec engrais azotes et fumier de ferme ; elle est en moyenne 
de i34 ^.12 pour les 5 essais du champ n° 8,et de 106 fr. 3o 
pour ceux du champ w° g, 

Ces resultats confirm ent les differents modes de reparti- 
tion des engrais en usage dans la pratique courante, oh sans 
experiences precises , Tesprit d'observation avait conduit le 
cultivateur k repartir en lignes le peu d'engrais dont il dis- 
posait, pour en tirer le meilleur parti. C'est la, sans doute, 
ce qui a amene la culture en billons qu'on retrouve encore 
dans les pays de petite culture, dans ceux ou la main- 
d'oeuvre ne fait pas defaut , la encore ou on produit peu de 
fumier et 011 on le soigne mal. 

Mais avec le progres agricole, et grdce aux engrais chi- 
ihiques , la culture en billons disparait pour faire place k la 



— 202 — 

culture a plat chaque fois que la profondeur et T^tat de per- 
meability du sol le permettent. Nous: n'avons pas a mire 
ressortir ici les nombreux avantages que presente la culture 
a plat ; il y a unanimite a reconnaitre que e'est elle qui 
se pr^te le inieux aux exigences de la culture moderne. 

D'autre part, les experiences souvent repetees ces der- 
nieres annees ont toutes demontre que pour augmenter le 
rendement et la qualite des betteraves et des pommes de 
terre, le fumier de ferme qui constitue la base de leur fumure 
devait de preference Stre incorpore au sol par un labour 
d'hiver. 

Les engrais potassiques demandant k ^tre employes un 
ou deux mois avant les semailles , il n'y a pas lieu non plus 
de songer it les epandre en lignes puisqu'il faudra passer 
ensuite a plusieurs reprises, les instruments atteles pour 
completer I'ameublissement du sol. 

Quant aux engrais phosphates on pent sans inconvenient 
les repartir en lignes immediatement avant ou en m^nie 
temps que les semences ; mais I'ecartement entre les lignes 
devant Stre reduit a minima dans la culture intensive , nous 
voyons par la disparaitre en partie les avantages que pre- 
sente pour eux Tagglom^ration. 

Ces avantages se reduisent a une simple avance aux cultures 
puisque a doses plus elevees Tepandage a la volee donne des 
resultats analogues a la fumure reduite repartie en lignes. 
Or nous savons que I'acide phosphorique ne se percl pas 
dans le sol; n'etantpas entraine loin des racines par lespluies, 
ce qui n'a pas ete utilise par la recolte de I'annee reste a la 
disposition de celle qui succede. C'est pourquoi dans nombre 
d' exploitations tres bien conduites on prefere epandre les 
engrais phosphates a la main ou au semoir a la volee , dont 
le mecanisme peu complique permet d'operer rapidement et 
dans des conditions ou Tetat du sol ne permettrait pas le 
passage du semoir en lignes. Cela donne la possibilite d'eche- 
lonner davantage. le travail de la main-d'oeuvre et celui des 
attelages, de disposer de toute leur Anergic quand I'epoque 
la plus propice aux semailles est venue. Or, qu'il s'agisse de 
cereales, de plantes sarclees ou de toute autre culture, la 
semence conuee a la terre dans de bonnes conditions reunit 
un des principaux elements de succes de la future recolte. 

Reste les engrais azotes pour lesquels le mode d' applica- 
tion en lignes est nettement superieur a Tepandage a la volee ; 
mais pour aue la culture moderne puisse entrer dans cette 
voie, il lui laut des semoirs speciaux presentant toutes ga- 
ranties d'un bon et long fonctionnement. 

Quelques constructeurs a la tSte desquels on peut citer les 
etablissements Der6me, de Bavay (Nord), ont d^ja tent^ de 
resoudre ce difficile probleme, mais, pour les raisons que 
nous avons mentionnees prec^demment dans la discussion 
des resultats sur cereales, les instruments qu'ils ont pre- 



— 203 — 

sentes a la culture n'ont pas donne toute satisfaction. Souhai- 
tons que de nouvelles tentatives soient faites et que le pro- 
gres de la mecanique agricole permette de les mener a 
Donne fin. 



Une visite k la Station amp^lographique 
des R^coUets de Saumur 

Par le D^ P. Sigaud, secretaire general 

S'il est une epoque particulierement interessante pour visiter 
la remarquable collection de vignes de la Station ampelogra- 
phique des RecoUets de Saumur, c'est assurement celle qui 
precede immediatement les vendanges. Aussi le sympathique 
directeur de la Station avait-il invite tons les membres de la 
Societe Industrielle et Agricole d' Angers, de TUnion des Viti- 
culteurs de Maine-et-Loire et les viticulteurs les plus connus de 
TAnjou a se rendre aux Recollets le 4 octobre dernier. Malheu- 
reusement, la plupart etaient retenus chez eux par des vendanges 
h^tives et precipitees; n^anmoins, un certain nombre de pro- 
prietaires-viticulteurs , venus de' tons les points du departement , 
avaient repondu a cet appel et je suis heureux de pouvoir dire 
qu'ils out tons ete enchantes de leur voyage. 

Aux Recollets, 1.240 varietes de cepages de tous les pays for- 
ment la collection ampelographique la plus remarquable, paralt-il, 
cue nous ayons en France. — Nous avons pu voir 968 varietes 
de raisins arrives a complete maturite (chaque ^chantillon etait 
etiquete et place a part dans une petite boite en carton) et qui 
devaient etre expedies a M. le professeur Viala, en vue d'un 
travail special sur les pepins de raisins. Les soins particuliers 
apportes a cet envoi nous font regretter que les conditions exigees 
pour I'admission a I'Exposition Internationale de Lifege n'aient 
pu ^tre acceptees, a cause de leur exageration, car nous sommes 
intimenient convaincu que la collection de raisins qu'on aurait 
pu exposer aurait ete fort admiree par les visiteurs et aurait 
obtenu la plus haute recompense. 

Mais s'il etait curieux de voir ce groupe magnifique d'echan- 
tillons de raisins, le spectacle etait encore beaucoup plus beau 
lorsque nous nous sommes promenes k travers les rangs de 
vignes , de contempler tous ces raisins de formes , de couleurs , 
de volumes et de gotlts varies et completement diff erents , en par- 
fait etat, arrives pour la plupart a une maturite complete et sus- 
pendus encore aux sarments. Tous etaient fort goAtables et il 
etait facile de se rendre compte a pen pres exactement de leur 
qualite speciale. Nous avons reniarqu6 surtout les nombreuses 
et superbes varietes de raisins de table dont Taspect general 
etait, parait-il, plus satisfaisant qu'en 1904. 

Nous nous batons de dire que le coup d'oeil d' ensemble 6tait 
des plus agreables; les maladies cryptogamiques , si fr^quentes 
et si tenaces partout cette annee, avaient ete combattues avec 
succ^s, aussi la recolte 6tait-elle relativement tr^s bonne. 



— 204 — 

Aux R6collets, chaque varaiete de cepage comprend de 5 a 
lo pieds cultives k la suite les uns des autres ; tous les pieds 
sont conduits sur ftl de fer avec une taille appropriee a chacun 
d'eux ; par suite , il est tr^s facile d'etudier chaque cepage et de 
se rencire compte de la fa^on dont il se comporte au point de 
vue de la vegetation, de la resistance aux maladies cryptoga- 
miques et de la fructification, etc. Ainsi, nous avons vu un 
cepage : le muscat de Vaucluse, qui ne produisait aucun fruit 
chaque annee , ses fleurs restant completement st^riles, et que 
M. Chatelain, le chef du culture, est parvenu a faire fructifier en 
ayant soin, au moment de la floraison, de faire tomber le pollen 
sur les fleurs en prenant la grappe dans sa main et faisant , de 
haut en bas, avec 16g^rete toutefois , un mouvement analogue a 
celui qu*on emploie pour traire une vache, suivant la description 
pittoresque de M. GiUes Deperri^re. 

Nous avons constate que ce cepage etait charge de trfes beaux 
raisins dont les grains etaient suflisamment nom]breux et serres. 
Loin de nous la pens^e de formuler une critique sur nos meilleurs 
c^pages angevins et, en particulier, sur le Chenin blanc ou 
Pinot de la Loire, qui ont fait la renommee si justement meritee 
de nos vins d'Anjou, mais il nous semble qu'il n*est point defendu 
d'exp^rimenter, sur une petite echelle, certains c6pages renommes 
d' autres regions de la F'rance et de chercher s'ils peuvent s'accli- 
mater cliez nous et s'ils sont susceptibles de donner de bons 
resultats. Tous les viticulteurs de I'Anjou sont effrayes de la 
tendance de plus en plus yrande du Chenin blanc a ^tre attaque 
par la pourriture grise. S'll etait possible de trouver un cepage 
fin, moins susceptible aux maladies cryptogamiques et surtout 
k la pourriture grise , il serait bien permis , ce nous semble , de 
I'essayer comparativement dans nos vignobles. G'est ainsi qu'uu 
de nos excellents coU^ffues, M. le D^ Ambroise Guichard, assis- 
tant a la visite des RecoUets, a demande des renseignements 
particuliers sur le Pinot cendre gris de Ghampagne ou Pinot gris 
de Bourgogne, qu'il a I'intention d'essayer cette annee dans son 
vignoble de Breze, c'est-a-dire dans im sol tuffeux, analogue au 
sol de la Ghampagne et dans des conditions paraissant aussi 
favorables , sinon plus , au point de vue du climat et de Texpo- 
sition. 

Nous nous faisons T^cho fid Me de tous les visiteurs des Recol- 
lets pour remercier M. Gilles Deperriere, directeur de la Station 
ampelographique de Saumur; M. Lepage-Pineau Texcellent pra- 
ticien, im des professeurs de la Station et enfin M. Ch^telain, le 
chef de culture , de Tamabilite extreme avec laquelle ils se sont 
empresses de donner k chacun tous les renseignements utiles. 
L'excursion s'est terminee par une conference fort interessante 
de M. Moreau, directeur de la Station oenologique de Maine-et- 
Loire, qui a parle a rH6tel de Ville de Saumur, en presence de 
Viticulteurs de marque, des vendanges et des procedes speciaux 
de vinification a employer pour les vins de iqoS. 

De nombreux applaudissements ont ete prodigues au confe- 
rencier ; une discussion fort interessante s'est ensuite engagee 
entre plusieurs viticulteurs et tous se sont retires emportant le 
meilleur souvenir de cette journee aussi agreable quliistructive. 

Le G4rant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 2191-5. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



y F 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 



D'ANGERS 



et du ddpartement de Maine-et-Loire 



Procfes-Verbal de la Stance du 28 octobre 1905 



Presidence de M. Bordeaux- Montrieux, vice-president. 



Etaient presents : MM. Merlet, s6nateur, president d'hon- 
neur; Gilles Deperri^re, vice-president d'honneur; Jamin, 
Suaudeau, Andre Huau et le docteur Sigaud, membres 
du Bureau; MM. le marquis de Dampierre, O. Ghaillou, 
Lavallee, Massignon, Moreau, Grau, Vinet, Bouttier, Bre- 
chet, Juteau-Vannier, Mignot, Glemot, Gallard, Sigaud fils, 
de Lavergne, vicomte de Boissard, Paul Lorin, Quartier, 
Bernard-Chauvire , Lafarge, Forest, Saget, Gavinet, Betton- 
AUard. 

M. le President donne lecture de lettres de M. de Grand- 
maison et de M. le vicomte de Livonni^re, s'excusant de ne 
pouvoir assister k la stance. 

— M. le professeur Lavallee a fait hommage a la Soci^t^ 
de son travail sur « les Gereales d'automne » , contenant un 
resume tr^s precis des articles publics par lui dans la presse 
agricole. M. le President remercie M. Lavallee et serait heu- 
reux de voir entre les mains de tous les agriculteurs de 
TAnjou cette brochure ou sont contenus les renseignements 
les plus utiles pour la culture des c^reales d'automne et en 
particulier du bid. 



— 206 — 

— M. le docteur Si^aud a ensuite la parole pour faire un 
compte rendu de la visite faite par un certain nombre de 
nos coUegues de la Society Industrielle et Agrieole d' An gars 
et de rUnion des Viticulteiirs de Maine-et-Loire a la Station 
Amp^lographique des R^collets de Saumur (cette communi- 
cation a puru en entier dans le Bulletin precedent). 

M. le President remercie M. le docteur Sigaud et s'associe 
aux remerciements qu'il a adresses a M. Gilles Deperriere 
et k ses deyoues Collaborateurs. 

— II donne ensuite la parole k M. Moreau pour sa com- 
munication sur la recolte des vins en 1906 et sur Tavenir des 
vins nouveaux. Ce travail tr^s documente revolt de nom- 
breux applaudissements et a et^ public en entier dans le 
Bulletin mensuel d'octobre, en raison de Topportunite des 
renseignements utiles donnes aux viticulteurs. 

— M. Grau, membre titulaire, lit ensuite une etude tres 
instructive sur les nouvelles mesures de police sanitaire et 
la lutte contre la tuberculose bovine et la morve du cheval. 
Ce travail public ^galement en entier dans le dernier Bulletin 
mensuel , redig^ avec le plus grand soin, est appele a rendre 
de tres grands services aux agriculteurs. 

— M. le President donne la parole a M. le marquis de 
Dampierre, au sujet de Torganisation d'une Exposition 
d'animaux de basse-cour , k Angers. 

M. de Dampierre demande tout d'abord que la Soci6t6 
Industrielle et Agrieole d' Angers veuille bien donner son 
adhesion a la Federation des Societes d' Aviculture de France 
et s* engager a payer la cotisation annuelle de 25 francs , ce 
qui est accorde a Funanimite des membres presents. 

M. de Dampierre parle ensuite de la creation recente 
d'uhe Society en participation pour un materiel avicole qu'on 
mettra a la disposition des expositions particulieres. Ce ma- 
teriel sera entierement m^tallique, pouvant Stre nettoye et 
par suite compl^tement a Tabri des maladies. On pourra le 
louer dans de tres bonnes conditions. 

La Federation offrira comme avantages , en dehors de son 
haut patronage, des dipl6mes et des medailles. Les frais 
d'inscription des exposants doivent en principe egaler la 
somme k distribuer en prix, les autres frais pourront Stre 
vraisemblablement converts par le prix des entrees. Les 
recompenses en argent devront etre reservees aux exposants 
de notre departement. 

Les professionnels ne doivent pas concourir avec les 
eleveurs particuliers , on invitera les plus importants 
d'entre eux a prendre part a Texposition en leur offrant le 
titre de « hors concours » et de membres du Jury et en leur 



— 207 — 

donnant un souvenir special. II sera utile, en vue de cette 
exposition , de se mettre en rapport avee les differents clubfe 
d'aviculture tels que : la Societe d' Aviculture du Loir-et- 
Cher, dont le president est M. le comte Delamarre; le Bresse- 
Club, dont le president est M. Joseph Donat; le Houdan- 
Glub, le Langhsan-Club, le Pigeon-Club, qui a pour president 
M. Robert Fontaine, etc. 

En Maine-et-Loire , il y a un grand nombre d'eleveurs- 
amateurs d'animaux de luxe, ne pourrait-on pas offrir aux 
concurrents ordinaires d'exppser des animaux de luxe, mais 
sans 5tre autorises a depasser le nombre des animaux de 
basse-cour? Pour les animaux de luxe il y aurait des droits 
d'inscription mais pas de prix speciaux, toutefois les expo- 
sants pourraient trouver a vendre leurs animaux, ce qui 
serait un avantage pour eux. 

La date de Texposition d' Aviculture coincidera' avec celle 
de la Foire aux Vins , et le mSme local servira pour Tune et 
Tautre. Le lundi 8 Janvier 1906, reception des animaux et les 
9, 10 et II Janvier, exposition. 

II sera bon de soUiciter des adhesions un certain temps 
avant Texposition, pour assurer Femplacement. On limitera 
le droit d'exposer a un lot de chaque espece, chaque type 
aura comme repr^sentant un coq et deux jioules, par 
exemple. 

Le bureau de la Societe Industrielle et celui de TUnion 
des Viticulteurs seront charges de regler tous les details , de 
concert avec M. le marquis de Dampierre. 

M. de Dampierre est a peu pres sftr de trouver, en Maine- 
et-Loire, 33 lots. Une commission specials, chargee de 
Torganisation g^nerale, est nommee. Elle se compose de : 
M. de Dampierre, M. Lemanceau du Petit-Bouill^ de Segre, 
de M. de Villebois-Mareuil et des membres du bureau de 
notre Societe. La Commission aura le droit de s'adjoindre 
un membre nouveau, si le besoin s'en faisait sentir. Cette 
Commission sera chargee de s'entendre avec TUnion des Viti- 
culteurs pour la repartition des locaux et des frais. II est 
decide que les membres de la Societe Industrielle et de 
r Union des Viticulteurs auront un prix de faveur comme 
pour la Foire aux Vins. 

Une exposition de^volailles mortes sera annex^e a celle 
des volailles viv antes. 

M. le President remercie M. de Dampierre des nombreux 
renseignements qu'il a bien voulu donner et compte sur sa 
competence toute particuli^re en aviculture pour assurer le 
succes de Texposition. 

— Reception des candidats presentes k la precedente 
reunion : 

M. Vromet, Ange-Pierre-Marie , notaire a Rablay, pre- 
sents par MM. Andre Huau et David Simon ; 



— 208 — 

M™* la vicomtesse de Tredern, proprietaire k TIsle-Briand, 
par le Lion-d* Angers, presentee par MM. Bordeaux-Montrieux 
et Huault-Dupuy ; 

M. Pierre de Barace, proprietaire, chMeau de Valloncourt, 
Gene, par le Lion-d' Angers , presente par MM. Lavallee et 
le D^ Sigaud ; 

M. Lucien Bain, proprietaire a La Papillaie, pres Angers, 
presente par MM. Huault-Dupuy et le D^ Sigaud, 
sont re^us a Tunanimite, membres titulaires de notre Societe. 

— Presentation de candidats : 

M. Gouette, docteur es-sciences, professeur de physique a 
la Faculte des sciences, directeur de la Station m6teorolo- 
gique de FEcole Sup6rieure d' Agriculture d' Anders , 38 , rue 
Rabelais, a Angers, presente par MM. Moreau et le D^ Sigaud ; 

M. Doucet, proprietaire-viticulteur , a la Guimoniere de 
Rochefort-sur-Loire , et 6 , rue des Banchais , a Angers , pre- 
sents par M. Abraham et M. le D*" Sigaud. 

Uordre du jour etant epuise, la seance est levSe a4 heures. 



Le Secretaire general, 
D^ P. Sigaud. 



— 209 — 



Du chauffage des Serres 



Par M. P. Charpentier 

Ingenieur E. C, membre titulaire de la Societe industrielle 

et agricole d'Angers 



Qnelqnes considerations generales preliminaires sur les 
surfaces vitrees, — Tous les agriculteurs, et en pai'ticulier 
ceux qui s'occupent de culture potagere ou maraichere, 
connaissent Tutilite' des cloches en verre et Temploi qui en 
est fait pour produire, sur un point determine du sol, et 
dans le volume mSme de la cloche, une elevation de tempe- 
rature favorable au d^veloppement rapide des plantes. 

Cette utilisation si connue et aussi si repandue des cloches 
est basee sur deux proprietes physiques du verre : la dia- 
thermaneite pour les rayons caloriliques lumineux et son 
atherman^ite pour les rayons calorifiques obscurs, c'est-k- 
dire, en langage courant, que la cloche de verre, exposee au 
soleil, emmaeasinera dans son volume interieur une certaine 
quantite de chaleur et, qu'inversement, elle ne la restituera 
pas. 

Mais si ce fait de Femmagasmement de chaleursans resti- 
tution se passait d'une fa^on aussi nette et aussi absolue que 
nous venons de Fexpliquer, la culture potagere ou florale 
aurait a sa disposition une source de chaleur illimitee. Or, 
chacun sait qu'il n'en est malheureusement pas ainsi et que 
cette chaleur emmagasinee disparalt petit k petit des que le 
soleil lui-m^me a cesse de luire et de donner des rayons 
lumineux. 

Cette deperdition de chaleur se produit en effet non pas 
par le passage direct et en sens inverse des rayons calori- 
fiques obscurs de I'int^rieur a I'exterieur, puisque le verre 
est athermane a ces rayons, mais par une autre cause phy- 
sique qui est la conductibilite du verre. L'air chaud de Tinte- 
rieur de la cloche chauffe petit a petit la mince parol du 
verre, celle-ci chauffe a son tour et a son contact Tair am- 
biant, et ainsi disparait en peu de temps la chaleur si pre- 
cieusement accumulee k I'interieur de la cloche. L'emploi de 
paillassons ou de toiles retardera bien encore un peu cette 
disparition de la chaleur, mais Tequilibre des temperatures 
interieure et exterieure arrivera fatalement. 

De la n4cessite d'une source de chaleur artijicielle. — 
Avec la cloche, Thorticulteur a pu favoriser et hater la matu- 
ration des fruits par I'^l^vation de la temperature de Tair 
contenu sous verre ; mais son effet bienfaisant a et6 , dans 



— 210 — 

tous les cas, limite a une action exterieure du sol, et la terre 
n ay ant pas, elle aussi, ete echaufl<5e, le systeme radicellaire 
de la plante n'aura pas, comme la vegetation exterieure, 
ben^ficie d'une influence calorifique. De Tinsuftisance et de 
rinterniittence de la source de chaleur exterieure, d'une part, 
et, d' autre part, de la n^cessite de rechauffer le sol est venue 
natureUement la creation de la couche chaude sous ch&ssis- 
vitre. 

La source girtificielle de chaleur, qui a sa cause dans la 
fermentation du fumier frais, constitue deja un progres 
notoire sur la cloche. En eft*et, la production du calorique y 
est continue et suilisante pour assurer a la plante une vege- 
tation plus intensive, tant dans le sol qu'en dehors du sol ; 
mais cette m^me continuity, cette mc^me persistance de la 
source de calorique devient un defaut, puisque celle-ci 
devrait cesser son action des que les rayons du soleil ont, 
pendant le jour, Tardeur necessaire pour la remplacer, et 
qu'elle devrait, au contraire, reprendre son intensite maxima, 
quand, la nuit etant venue, le refroidissement de Tair amene 
celui des chassis et de la couche. Enfin, la production de la 
chaleur due au fumier diminuera progressivement avec les 
phenomenes de fermentation ; un moment arrivera encore 
Qu Tequilibre de temperature int^rieure et exterieure s'eta- 
blira, et, apr^s un temps plus ou moins long, nous nous 
retrouverons dans des conditions analogues de celles que 
nous avons exposees pour les cloches de vcrre. 

Conditions que doit remplir un chauffage de serre, — 
Une serre n'est, dans son ensemble, qu'une cloche ou une 
bache de grande dimension ; les monies phenomenes de 
transmission de chaleur ou de conductibilite s'y- rejjrodui- 
ront dans les mSmes conditions. I/examen et Tobservation 
de ces phenomenes physiques nous permet de poser les con- 
ditions que devra remplir la source artificielle de chaleur 
appelee chauftage de serre. 

a) Le chauflage devra ^tre de puissance variable pour 
pouvoir compenser, avec une consommation minima de 
combustible , le regime des temperatures exterieures ; 11 
devra surtout pouvoir se moderer le jour et donner, la nuit, 
son maximum de chalem\ 

b) La surface de chauffe devra Stre disseminee le plus 
possible pour donner en tous points de la serre la plus par- 
faite egalite de temperature. 

c) La temperature des surfaces de chauffe ne devra pas 
etre troj) elevee, afin d'eviter que I'air qui vient a leur con- 
tact ne soit surchauffe et ne puisse nuire aux plantes. 

d) Le chauffage devra fitre combine de telle sorte que dans 
le cas d'interruption ou d*extinction du chauffage pendant la 
nuit, la temperature gen^rale de la serre ne diminue pas au 
point d'amener le deperissement ou la mort des plantes. 



— 211 — 

En passant en revue les trois modes de chauftage, a air 
"chaud, a eau chaude, a vapeur, en examinant dans quelle 
mesure ils repondent aux quatre conditions ci-dessus, nous 
aurons determine leur valeur respective. 

Chauffage a air chaud, — C'est le chaufifage le plus defec- 
tueux pour une serre. 

II pent s'etablir de deux famous ; 

1° Un calorifere, place en dehors de la serre, dans une 
enveloppe en magonnerie, chauffe de Fair frais pris a Texte- 
rieur ; cet air rechauffe est amene par des, conduits en ma- 
gonnerie, en un nombre limite de points, dits bouches de 
chaleur. C'est, en un mot, un systeme de chauffage analogue 
a celui employe pour chauffer un appartement. 

^Les inconvenients de ce systeme peuvent se r^sumer 
<;omme suit : 

Les bouches de chaleur etant forcement localisees , Fair 
ehaud arrive en abondance en ces mSmes points ; leur voisi- 
nage sera forcement surchauffe au detriment d'autres points 
moins favorises. On obtiendra done diflicilement Thomoge- 
n^it^ de temperature desirable dang tout le volume interieur 
de la serre. 

De plus, Fair, pour circuler dans les conduits avec une 
rapidity sufiisante, a dii ^tre porte dans la chambre de 
-chauffe a une temperature d'au moins 80 ou 100 degr^s. A 
cette temperature il a ete surchauffe, son etat hygrometrique 
a diminue, il est sec et, a cet etat, il a sur les organes de la 
plante la m^me action irritante et dessechante qu'il aurait 
sur nos poumons. 

2° Certains constructeurs, par raison d' economic, ont pre- 
<Jonise des appareils composes simplement d'une cloche en 
fonte ou brule le combustible, et d'une serie de tuya^ix dis- 
poses en longueur, a m^me dans la serre et dans lesquels 
<;irculent les produits de la combustion. 

On ne peut dire autre chose de ce systeme qu'il est simple- . 
ment moms mauvais que le precedent. 

S'il donne, a la rigueur, une meilleure repartition de cha- 
leur, il est tout aussi defectueux par son instabilite. Sa puis- 
sance est en effet proportionnelle a la quantity de fumee 
<;irculant dans les tuyaux, laquelle depend elle-m^me de la 
qiiantite de charbon en ignition sur la grille et on salt que 
rien n'est plus variable. 

Le chauffage a air chaud est done entierement a proscrire 
comme chauffage de serre et si , dans de toutes petites ins- 
tallations, il est employe parfois, par la seule raison d' eco- 
nomic dans les frais de premier etjdjlissement, il est a elimi- 
ner de toute installation serieuse. 

Chauffage a eau, dit thermosiphon, — II consiste essen- 
tiellement en un recipient ou chaudi^re, communiquant avec 



— 212 — 

un circuit ferme de tuyaux , dont rorigine , appelee depart 
d'eau, est le point haut de la chaudiere et dont la fin, appelee 
retour d'eau, est le point has de la chaudiere. 

Quand le chauffage est en regime de marche, Teau refroi- 
die entre dans la chaudiere par le tuyau de retour, s'echauffe 
graduellement en passant contre les surfaces de chauffe , et 
sort par Torifice superieur de depart d'eau. L'eau suit 
ensuite le parcours des tuyaux, abandonnant en chaque point 
une partie de la chaleur acquise dans la chaudiere. 

Le mouvement de Feau dans les tuyaux s'etablir^. et conti- 
nuera aussi tant qu'il y aura sur la grille assez de combus- 
tible pour fournir a Teau, pendant sa circulation dans la 
chaudiere, le nombre de calories qu'elle aura perdues pen- 
dant son parcours dans les tuyaux et la vitesse de circulation 
sera proportionnelle a la difference des temperatures au 
depart et a I'arrivee a la chaudiere. 

IJn chauffage ainsi etabli repondra bien aux quatre condi- 
tions a, b, c, d, que nous avons posees comme n^cessaires 
au bon fonctionnement d'un chauffage de serre. 

a) La puissance pourra etre variable avec la quantity de 
charbon consommee sur la grille. Le chauffage pourra etre 
modere et m^me interrompu par le temps doux et suivant la 
quantite de rayons lumineux calorifiques que fournira le 
soleil et que les surfaces vitrees pourront emmagasiner. 

h) La surface de chauffe donnee par le developpement de& 
tuyaux pourra etre repartie dans la serre ou sous les baches, 
suivant tel parcours qui conviendra aux services demandes. 

c) L'air chauffe aura toujours une temperature inferieure 
a celle des tuyaux, et aura surtout I'etat hygrometrique 
convenable a une bonne vegetation. 

d) Enfin, la quatrieme condition est remplie de tons points. 
On sait, en effet, que l'eau est, de presque tous les corps,. 
celuiAqui possede la capacite calorinque la plus elevee. Si 
elle est longue a s'^chauffer, elle sera egalement longue a se 
refroidir et la quantite d'eau totale contenue dans la chau- 
diere et dans les tuyaux pourra ^tre telle que la temperature 
generale de la serre ne baisse pas trop a la suite d'une extinc- 
tion accidentelle du feu pendant la nuit. 

Le chauffage a eau, au thermosiphon , est done de tous- 
points recommandable au chauffage de serre. 

Chauffage a vapenr, — Les m^mes elements qui com- 
posent un chauffage a eau composent de m^me le chauffage 
a vapeur : une chaudiere et un circuit ferme de tuyaux. 

Mais dans ce dernier syst^me, le fonctionnement, au lieu 
de se faire a air hbre, et sous la seule pression atmosphe- 
rique, se fait en vase clos et sans communication avec I'exte- 
rieur, a la pression maxima que determinent les soupapes 
de sllrete. La chaudiere, sous Taction de la flamme, produira 
par consequent de la vapeur qui, circulant dans les tuyaux 



— 213 — 

et s'y condensant, y apportera le calorique necessaire au 
chauffage de la serre. 

En principe, les deux systemes chauffage a eau et chauf- 
fage a vapeur paraissent bien peu differer, et si nous les 
comparons, en nous rapportant aux quatre conditions essen- 
tielles cities plus haut, nous voyons que la quatrieme condi- 
tion seule pourrait ^tre moins bien remplie. 

II suffit, en effet, pour mettre le systeme a vapeur en 
regime de marche, de mettre la chaudiere en pression, c'est-a- 
dire d'amener au point d' ebullition la petite quantite d'eau 
<;ontenue dans la chaudiere. Aussit6t, la vapeur produite se 
met a circuler dans les tuyaux, s'y condense, abandonne sa 
chaleur. Mais, inversement, cette rapidite de mise en marche 
a pour consequence une egale rapidite d'affaiblissement calo- 
rinque, et comme il n'y a eu entre la periode de mise en 
marche et celle du regime etabli aucune mise en reserve de 
calorique, des que le feu est eteint ou ralenti, la serre ne 
trouve plus dans la source artificielle de chaleur le calorique 
necessaire et les surfaces vitr^es perdent rapidement par 
leur conductibilite toute la chaleur interieure , pour le plus 
grand dommage des plantes. 

Ajoutons cependant que cet inconvenient se corrige facile- 
ment dans la pratique par Temploi des chaudieres a feu 
continu, ainsi que nous le verrons dans Tetude des chau- 
dieres. 

Calcul d'lin chauffage, — Considerons un chauffage en 
regime de marche. La source de chaleur devra fournir dans 
Tunite de temps (une heure, par exemple) un nombre de 
calories equivalent a celui qui est perdu par la conductibilite 
-des surfaces vitrees. 

Peclet a demontre Texactitude de la formule suivante, 
relative au refroidissement par conductibilite : 

pour un metre carr6 de surface et par heure. 

Q est un coefficient, dit de conductibilite, variable pour 
■chaque matiere, e est Tepaisseur de cette matiere. 

Pour un verre de 3 millimetres d'epaisseur, -2- est ^gal k 

12,5 ; ^ est la temperature interieure de la serre, t' la tem- 
perature minima de la nuit. Dans notre region d'Anjou, 
il est tres rare que la temperature descende k lo degr^s 
au*dessous de o ; ^' = — io° pent done etre consid^re comme 
ime temperature exterieure minima. 

Quant a <, il est des plus variables selon la nature des 
plantes a conserver en serre ou selon le travail qu'on veut y 
laire. 

On pent classer les serres en trois categories. 

Les serres froides ou jardins d'hiver, qui se trouvent le 
plus souvent pres de I'habitation et m^me y communiquent 



— 214 — 

et ne reclament pas un chauffage a haute temperature. Elles. 
ne renferment guere que des arbustes verts (camelias, rho- 
dodendrons, azalees, coniferes) pour lesquels il suffit d'eviter 
la gelee, et qui se contentent d*une temperature de 2 k 3^ 
au-dessus de o. 

Les serres temper ees qui exigent de 10 a i5" au-dessus 
de o (cactus, mimosees, foug^res). 

Enfin, les serres chaudes, dont la temperature doit Mre 
maintenue constante et ne pas descendre au-dessous de 20°, 
soit pour y faire vivre des plantes des climats cliauds, soit 
pour y faire des travaux sp^ciaux de production ou de for- 
9age dont chaque horticulteur, dans sa specialite, connait les 
exigences de temperature. 

Ghacvm de ces cas particuliers permettra de determiner la 
difference de temperature (t — f). 

Dans la pratique, on torcera un peu le coefficient 

-9- ^z: 2,5 et on le prendra egal a 3 pour tenir compte des 

deperditions d'air chaud, par les joints des verres, des chas- 
sis ouvrants et aussi des deperditions par conductibilite des 
murs en ma^onnerie. 

Gonsiderons, par exemple, une serre d'une surface vitree 
developpee de 100 metres carres devant servir a conserver 
des plantes delicates de pays tropicaux 

t temperature ijiterieure = 20°, 

f temperature exterieure = — 10°, 

(t — t) =1 3o°. 

M = 100 metres carres X 3 X 3o = 9.000 calories. 

Tel est le nombre de calories a fournir par heure. 

Determination des surfaces de chaiiffe d'un chauffage a 
eau. — Nous avons dit que Ja surface ae chauffe consistait 
en un circuit plus ou moins long de tuyaux partant de la 
chaudiere et y revenant. En un point quelconque de ce par- 
cours, mais generalement au point haut, se trouve un reci^ 
pient, dit vase d'expansion, destin6 a recevoir Texcedent 
a eau produit par la dilatation. On pent se contenter de 
donner k ce recipient le volume strictement necessaire a 
I'expansion de Teau chaude ; dans ce cas, cinq pour cent du 
volume total de I'eau contenue dans la chaudiere et dans les 
tuyaux suffiront, mais il est bon, et c'est une precaution sou- 
vent negligee, d'augmenter sensiblement la capacite du reci- 
pient, d'en faire un veritable reservoir. iLe supplement d'eau 
qui y sera contenu aura une reelle utility pour diminuer la 
rapidite du refroidissement que nous avons vue Stre inver- 
sement proportionnelle au volume d'eau total en circulation. 

Quelle sera la temperature de ces tuyaux ? 

Au depart, elle sera maxima, sans pouvoir depasser 100°, 
point d'ebullition de I'eau a Tair libre. 

Au retour, il n'y a que de Teau refroidie qui est generale- 
ment a la temperature de 40°- Gomme dans le chauffage a 



— 215 — 

«au, on a soin de faire cheminer c6te a c6te le tuyau d'aller 
■et celui de r6tour, il se fait une sorte de compensation et on 
suppose (ce qui est tres sensiblement exact) que la tempera- 
ture moyenne est, sur tout le parcours, la moyenne des tem- 
peratures extremes de depart et d'arrivee, 

soit : I221±J?° = joo 

On n'admet par precaution dans les calculs que 60° et, a 
<;ette temperature, un metre carre de surface de chauffe en 
fonte ou en cuivre emet 4oo calories. 

Connaissant le nombre de calories total k fournir, une 
simple division donne le nombre de metres carres de surface 
de cnaufife a repartir dans la serre. 

Nature des surfaces de chauffe. — C'est un point qui a 
ete tres longtemps controverse par les fabricants, chacun 
d'eux voulant trouver meilleur et imposer celui qu'il avait 
avantage a preconiser. 

Le cuivi^ a au point de vue de la conductibilite un leger 
avantage sur la fonte, mais ce leger avantage n'est pas com- 
pense par le prix eleve du metal. 

Au point de vue de I'entretien, le cuivre donne ^galement 
un peu d'avantage ; les tuyaux de cuivre se font par lon- 
gueurs d' environ 4 metres, les tuyaux en fonte par bouts de 
i'^,5o a 2 metres, de sorte que le nombre de joints d'uue 
canalisation en fonte est double ou triple de celui d'une 
canalisation en cuivre de m^me parcours ; les chances de 
fuite se trouvent dans la m^me proportion. Mais c'est encore 
une faible compensation a Taugmentation de depense, et 
quand il s'agit de serres de travail et non de luxe il y a tout 
inter^t a diminuer les frais de premier etablissement et a 
recourir a Temploi de la fonte de preference au cuivre. 

Determination du diametre des tuyaux, — Les tuyaux le 
plus generalement adoptes ont comme diametre 0,00, 0,10, 
0,12. rour cliaque cas particulier, on connaltra par les cal- 
culs ci-dessus la surface de chauffe totale a obtenir ; la dis- 
position de la serre fera connaltre la longueur du parcours a 
donner aux tuyaux, de mdme que leur repartition plus ou 
moins egale dans ce parcours ; il sera alors facile de deter- 
miner le diametre le plus avantageux. 

En general, le diametre est constant sur toute la longueur 
du parcours ; si on veut augmenter la surface de chauffe, par 
exemple, sous une b^che a multiplication ou dans une por- 
tion de serre plus specialement affectee aux plantes delicates, 
il suflira de mettre en ces points trois ou quatre cours de 
tuyaux au lieu de deux, d'aller et de retour, que comporte le 
chauffage simple. 

Choix de la chaudiere, — a) Natai e du m6tal. 



K-. 



— 216 -^ 

Tous les fabricants de chauffage de serre font maintenant, 
k la volonte de leur clientele, des appareils en cnivre, en 
t6le d'acier ou en fonte. 

Une chaudi^re a eau, fonctionnant normalement, est theo- 
riquement inusable ; en efifet , si la flamme leche eonstam- 
ment des parois de metal contre lesquelles se trouve de Teau 
a temperature moyenne, il n'y a pas de raison pour qu'il se 
produise F accident dit « coup de feu » analogue a celui qui a 
lieu dans une chaudiere a vapeur, quand, par suite d'un 
defaut d'alimentalion d'eau, une partie de metal subit une 
dilatation brusque, puis une dislocation ou une rupture. 

Cependant ce fait pent se produire accidentellement dans 
la chaudiere a eau si une consommation trop forte de char- 
bon, coincidant avec un tirage exagere, determine sur la 
paroi opposee a la flamme des cantonnements de vapeur ; 
mais ce genre de coups de feu est attribuable uniquement a 
la negligence de celui qui a la surveillance de la chaudiere et 
non a la nature du metal. 

On a pu remarquer, pourtant, que certaines cljaudieres a 
eau s'usaient tres rapidement, que Tepaisseur du metal au- 
dessus du foyer allait graduellement en diminuant jusqu'au 
moment ou une fuite se declarait et mettait I'appareil hors 
de service. On doit rechercher la cause de cet accident dans 
la mauvaise qualite des charbons employes qui, par leur 
teneur exageree en soufre, donnent a la combustion des 
vapeurs d'acide sulfureux, dont Taction sur les metaux est 
bien connue. 

A une certaine epoque, on a employe la t6le galvanisee. 
Tant que la mince pellicule de zinc est adlierente a la t6le, il 
n'y a aucun danger d' alteration ; mais une fois cette pellicule 
disparue en un seul point, fiit-il meme petit comme une t^te 
d'epingle, Toxydation et la deterioration se produisent alors 
beaucoup x>lus rapidement que si la t6le etait nue, car il se 
forme entre les deux metaux, zinc et fer, un element elec- 
trique dont Teflet d'usure sur la tdle est beaucoup plus 
rapide que celui des causes materielles du chauffage propre- 
ment dit. La tole galvanisee est done a proscrire. 
b) Forme de la chaudiere. 

Ghaque constructeur s'est ingenie a trouver une forme 
plus ou moins rationnelle, plus ou moins bizarre souvent, de 
chaudiere a eau. Ces chaudiercs peuvent toutes se rapporter 
k deux types : la chaudiere a retour de flamme , a foyer et 
grille ordinaires, et la chaudiere a chargement continu. 

Ghacun de ces types, egalement recommandables , sera 
preconise suivant le but meme du chauffage. lis repondent 
en effet a deux objectifs diametralement opposes. 

S'agit-il d'une serre froide ou temperee? le chauffage devra 
y ^tre intermittent, variable avec la temperature exterieure, 
modere le jour, en pleine activite la nuit. Dans ce cas, le 
foyer a grille ordinaire s'impose, c'est celui ou il est le plus 



— 217 — 

facile d'activer, de moderer le regime, soit par le tirage, soit 
par la quantite de eharbon brftl^e sur la grille, soit en cou- 
vrant le feu avee des cendres mouillees. 

S'agit-il au contraire d'une serre chaude, dont la tempera- 
ture doit ^tre constante et ne doit a aucun prix descendre 
au-dessous d'une temperature determinee, dans ce eas les 
cliaudi^res a chargement continu et a combustion lente, k 
marche reguliere, sur lesquelles le tirage pent seul avoir une 
action moderatrice, sont recommandables. 

Chauffage a vapeur, — Les generalites que nous avons 
exposees a propos du chauffage a eau, ont leur application au 
chauffage a vapeur, nous nous restreindrons done sur les 
particularites que celui-ci comporte. 

On a vu la parfaite simplicite du chauffage a eau : unifor- 
mite du diametre des conduites ; facilite de leur emploi et de 
leur pose ; absence presque complete des reparations. 

Avec le chauffage a vapeur nous allons entrer dans des 
installations d'une complexite relative, au point de vue du 
diametre des tuyaux. La vapeur, m^me a basse pression, est 
plus fluide que I'eau, sa temperature" est plus ^levee ; elle est 
de 1 00° au minimum, alors que pour I'eau cette temperature 
est un maximum a la sortie de la chaudiere ; les joints de la 
canalisation de vapeur seront plus fragiies que ceux de la 
canalisation d'eau, ils seront a surveiller de tres pres et 
devront ^tre par consequent tr^s accessibles ; les tuyaux 
portes a plus haute temperature se dilateront davantage, il 
sera done necessaire d'employer des dispositifs speciaux 
pour permettre la libre dilatation du metal. 

Ces considerations particulieres font tout de suite ressortir 
I'elevation de prix que necessitera un chauffage k vapeur, 
compare au chauffage a eau. 

Cependant nous aurions dA aj outer, dans 1' etude que nous 
avons faite de ce dernier, que la longueur des tuyaux ne 
peut pas ^tre indefinie, plus Us s'eloignent de la source de 
chalerur, plus leur temperature diminue. Des que celle-ci se 
sera abaissee a 40° leur utilisation deviendra minime, enfin si 
la conduite est trop longue par rapport au diametre, les 
pertes de charge augmenteront , la vitesse diminuera en 
apportant des troubles au chauffage. Une canalisation de 
thermosiphon ne doit en effet pas depasser 100 a 120 metres, 
au-dela il vaut mieux faire deux canalisations independantes 
jumelees sur la m^me chaudiere. 

Avec la vapeur, au contraire, dont la fluidite est parfaite, 
et dont la vitesse de circulation peut atteindre 3o et 40 metres 
par seconde, nous pourrons employer pour son transport, 
mSme a grande distance, des canalisations de petit diametre. 
Ces derni^res alimenteront des surfaces de chauffe disposees 
en tuyaux longitudinaux ou en appareils de rayonnement 
placees partout ou elles sei^ont utiles. 



— 218 — 

Cette consideration determine la juste limite ou le chauf 
fage a eau deviendra impratique et devra ceder la place au 
chaufifage k vapeur. 

Nous dirons done que le chauffage a eau conviendra aux 
petites et moyennes installations et si les surfaces vitrees 
qu'il doit chauffer forment plusieurs serres independantes^ 
celles-ci devront ^tre groupies et tres rapprochees les unes 
des autres , de fa^on que les tuyaux d'eau chaude ne soient 
employes que comme surfaces de chauffe et non comme 
moyen de transport du calorique a grande distance. 

Le chauffage a vapeur permettra au contraire de desservir 
des serres. non groupees, m^me eloignees les unes des autres, 
11 conviendra aux grandes installations placees a proximite 
des villes, ou peuvent se trouver'des mecaniciens compe- 
tents pour les i'eparations et I'entretien. II aura sa place 
marquee dans les grands' etablissements d'horticulture, dans 
ceux de culture maralchere de for^age ou de primeurs, dan& 
les grandes serres de jardins publics; pour ceux-ci, il ne 
sera pas rare d'y voir attaches un ou plusieurs specialistes, 
chaudronniers ou mecaniciens, charges non seulement de la 
conduite du chauffage, mais aussi des reparations et de 
Tentretien. 

G'est pour ces installations que le chauffage a vai;)eur 
pourra, malgre son prix de premier etablissement, devenir 
economiquc, a la condition d'etre dirige comme une veritable 
organisation industrielle. 

Prix de reoient des chauffages a eau. — Gonsiderons une 
serre de lOO metres carres de surface vitree a Tinterieur de 
laquelle nous voulons obtenir une temperature de i5°, par 
moins 5° a Texterieur (difference 20°). Appliquons a cette 
donnee numerique tres courante les principes exposes plus 
haut : 

a) Nombre total de calories k produire , 

M = ^ ("^ — S = 3 X 20 X 100 = 6.000 calories ; 
h) Surface de chauffe des tuyaux de chauffage , 

S = ^ = i5 metres carres ; 

c) Developpement lin^aire des tuyaux, o'^og de diam^re 
exterieur , ' 

L = ^^ = 54 metres. 

Ajoutons, a cette longueur theorique, une plus value de 
10 0/0 pour tenir compte des coudes, du depart et du 
retour d'eau, nous aurons une longueur reelle d'environ 
60 metres. 



— 219 — 

Prix de rinstallation : 

Une chaudiere en acier avec chargeur pour feu 

continu 4^o » 

Vase d'expansion et tuyau de fumee 200 » 

60 metres de tuyau fonte de o'^oq, mis en place. . 4^0 » 

Divers et imprevus 3o » 

Total ........ 1 . 000 )) 



Ceci pour une serre de loo metres carres, soit dix francs 
par metre carre de surface vitree, avec difference de tempe- 
rature de 20°. 

Prix de revient de T exploitation. 

Ce prix se compose de deux elements : 1° La consomma- 
tion de charbon j)ar heure ; 2^ Tamortissement en dix ans du 
coAt de premier etablissement. 

Une chaudifere du chauff'age defini plus haut consomme 
environ 3 kilos de charbon par heure. 

Soit, a raison de 40 francs la tonne, 3 k. X ^ fr* ^4 = o fr. 12. 

Pour calculer Famortissement rapporte a la meme unite 
de temps, c'est-a-dire a Theure, il convient de remarquer 
qu'un chauffage fonctionne loojoursd'hiver apleinemarche, 
3o jours a movenne marche, et, enfin, 3o jours a petite 
marche interrompue dans les fins d'automne ou commence- 
ments de printemps. Nous serons a peu pres dans la verite, 
en prenant comme moyenne, une pleine marche de 120 jours. 

L'amortissement rapporte a une heure de regime sera de : 

i-5^TSr^4 = environ 0,02 

La depense reelle a I'lieure est done : 

Consommation de charbon 0,12 

Amortissement . 0,02 

Depense totale pour 100 metres carres . . o, 14 

et, pour I metre carre de surface vitree, 

2i* = o fr. 0014. 

II serait interessant de comparer cette depense a celle 
d'une bache deicouche dont la chaleur est produite par la 
fermentation du fumier frais. 

Ici les calculs ne peuvent plus avoir la meme rigoureuse 
exactitude. Nous croyons cependant qu'on peut admettre les 
chiffres suivants : . 

1° Par chassis de i™oo X i"'3o, soit i™3o, il faut compter, 

en y comprenant les rechauds exterieurs, o"^^8oo de fumier 

frais au prix moyen de 4 francs le metre cube, soit 3 fr. 20 ; 

2® La main d'oeuvre de cette couche peut 6tre evaluee a 

I fr. 20 par chassis ; 

3^ La temperature obtenue sous verre est d'environ i5° et 
la temperature du terreau 20 a 25°. Ces conditions sont celles 



— 220 — 

qui seraient realisees dans la serre type de loo metres carres 
que nous avons prise pour base dans retabli3sement des prix 
de revient ; 

4° La duree de cette temperature ne depasse pas 20 jours/ 
Au dela , la couche est a relaii»e ou a reemployer a d'autres 
travaux necessitant moins de chaleur ; 

5° Le fumier frais, apres fermentation, conserve encore 
presque toute sa valeur d'engrais, et nous admettrons une 
reprise en compte des 3/4 de la valeur d'achat du fumier 
frais. 

Sur ces donnees , que chaque horticulteur est a m^me de 
contr6ler et de modifier , s'il y a lieu , le metre carre de sur- 
face vitree chauffee revient a : 

O^SOO X 4^ -f- 1^20 — 0,75 X 3^20 3,00 riKei 

1,00 X i,3o — i^ -^ ^ *^^ 

et par hem'e , 2^x^24 = ^'^^ 

c'est-a-dire que le prix de revient de la source artificielle de 
chaleur « chauffage a eau » est moitie moindre de celui de 
la bache chauflee au fumier. 

Cette simple comparaison montre le gi'and interSt et I'eco- 
nomie serieuse qu'il y aurait pour des etablissements d'hor- 
ticulture importants a recourir aux procedes industriels. 



- 221 — 



Expose des connaissances actuelles 

sur le tir centre la gr&ie 

par M. ViNET 

Ingenieur-affronome, preparateur a la Station oenologique 
de Maine-et-Loire, membre titiilaire 

La lutte contre les meteores est une des questions a Tordre 
du jour. L'interSt qu'on y attache est justifie par Timpor- 
tance des degats que les intemperies eausent k Tagriculture , 
deffats qui se chiffrent , chaque annee , par des centaines de 
millions de francs. Nul n'ignore toute F activity que rhomme 
met en oeuvre pour preserver ses recoltes contre la gelee ou 
la gr^le, qui peuvent les aneantir dans un temps tres court. 
Pendant longtemps on s'est contente de subir les desastres. 
Aujourd'hui, le viticulteur cherche a mettre ses vignobles a 
Tabri de la gelee en creant des nuages artificiels; de la gr^le, 
en executant des tirs, de concert avec Fagriculteur. II n'y a 
guere que quatre ou cinq ans qu'on s'occupe resolument 
aorganiser la defense contre la gr^le et si la question n'est 
pas encore comply tenlent r^solue , les efforts tentes , I'inge- 
niosite deployee, les resultats obtenus permettent d'esperer 
en I'avenir. 

Htstoriqiie. — Depuis longtemps deja, on a remarque que 
sur les champs de bataille ou dans les polygones , a la suite 
des exercices de tir, il se forme souvent des nuages qui 
s'abattent en brouillards ou se reduisent en pluies fines et 
meme pluies torrentielles, toujours locales et de courte duree. 
D'un autre c6te, on n'a jamais observe de chute de grfile 
pendant le siege d'une ville , meme au moment des periodes 
orageuses. II est done admissible que le tir du canon puisse 
avoir une action sur les phenomenes atmospheriques. De 
bonne heure on a cherche a utiliser cette observation. 

Des 1760, le physicien de Jacourt consigna les faits men- 
tionnes plus haut dans une brochure. II emit Tidee que, 
peut-^tre avec des mortiers, on pourrait conjurer les effets 
de la grSle. II s'en tint k cette hypothese et ne fit aucune 
experience. 

En 1769, le marquis de Chevrier, qui habitait son chateau 
du Thil, a Vauxrenard, seduit par les idees du physicien, 
songea k mettre en pratique les theories de ce dernier. II 
acheta des mortiers. II employ ait ainsi, chaque annee, i5o a 
200 kilogrammes de poudre. 

Vers i8o5-i8o6, de nombreux proprietaires du M^connais 
firent des essais isoles , puis le tir tomba en desuetude et fut 
presque abandonne. 



— 222 — 

L'idee des canons fut reprise il y a peu d'annees en Italie 
et en Autriche ; la grande impulsion du tir contre la grSle 
est venue de Styrie. Uineredulite se montra tout d'abord 
systematiquement opposee , mais les esprits , devant les 
r^sultats obtenus, durent bient6t se rendre a Tevidence. Dans 
les bassins du P6 et de F Adige , on fonda des stations de tir. 
Afin de eentraliser les r^sultats, un eongres fut organise a 
Casale-Montferrat ou plus de six cents d^legues se reunirent. 
Les conclusions admises par ce eongres furent tres favo- 
rables a Temploi des canons contre la ffrSle et on vit , dans 
Tespace d'un an, le noJiibre des pieces a artillerie employees 
sur le solitalien passer de 2.000 a 12.000. L'ltalie avait fait 
le premier pas. La publication des resultats fit sensation en 
France ou Fexemple de la nation voisine ne tarda pas a 6tre 
suivi. A Denice, dans le Rh6ne, a la Ghapelle-de-Guinchay — 
par I'heureuse initiative de M. Corideminal, — a Saint-Geu- 
goux-le-National et en beaucoup d'autres points , on installa 
des postes a canons. Les resultats furent juges satisfaisants ; 
on parvint en quelques endroits, notamment a Denice, a 
ecarter des orages. 

En novembre 1900, un second eongres fut r^unia Padoue; 
on y accumula des faits tr^s probants; en voici quelqiies-uns, 
relates par M. Battanchon et insures dans le Bulletin de 
V Association Syndicate de defense contre la grSle et la 
gelee de la Chapelle-de-Guinchay (Sa6ne-et-Loire) : 

(( La region de Brescia est habituellement ravagee , ainsi 
que le prouve le dicton : « A Brescia, on n'a jamais mange 
ni une fraise, ni une cerise, ni un raisin intacts ». Or, cette 
region est maintenant defendue et, depuis le tir, on n'a plus 
vu de grSle. 

« Aux environs de Turin, la defense est organisee, un seul 
proprietaire , possedant i5o hectares enclaves au milieu des 
autres, refuse de faire partie de F Association. Survient un 
orage ; la grSle est ecartee aux endroits proteges, seul le 
domaine du proprietaire recalcitrant est ravage. 

« En Styrie, pays annuellement tres eprouve, il ne gr^le 
plus depuis I'installation des canons, c'est-a-dire depuis cinq 
ans. » 

On cite encore un grand nombre de faits du mSme genre , 
qu'il serait trop long de rapporter ici. Voici, en r^sum^, les 
documents recueillis par 764 stations de la province de 
Verone : 

Sur 24 orages, on a obtenu : 
9 resultats tr^s bons. 
10 — bons. 
I — satisfaisant. 
I — incertain. 
3 — laissant a desirer. 

A c6te des bons resultats, on en signale quelques mauvais. 
Ainsi, dans la vallee de Valpantene, pres de Verone, un 



— 223 — 

double orage, survenu le 4 juillet, a cause de tres grands 
deg&ts, malgre la bonne organisation du tir. 

Selon Tintensite de Torage, les resultats ont ^te les 
suivants : 

Petit orage ecarte. 

Orage moyen .... ecarte plus ou moiris. 
Orage tres violent. . pas de resistance possible. 

En definitive , au Congres de Padoue , le nombre des suc- 
<;es signal^s d^passe de beaucoup celui des 6checs et Ten- 
thousiasme est maniieste. 

L'annee suivante , en 1901 , le Congres de Lyon montra un 
-esprit tout autre. Nous en trouvons la preuve dans cette 
<;onclusion de M. Gastyne : « Nous ne sommes pas plus 
avances que Fan dernier a Padoue, avec peut-Stre Fenthou- 
siasme en moins, et le succes des tirs reste aussi hypothe- 
tique. » De m^me, le President du Congres de Saluces dit 
dans son rapport : « Le resultat est mauvais, a tel point 
-qu'on dit, chez nous, que les canons sont bons quand il ne 
gr^le pas, mais que, quand il grSle, ils laissent gr^ler. » 
M. Vermorel, constructeur de canons grMifuges, va, parait-il, 
jusqu'a conseiller, pour vider ses magasins, Tachat du mate- 
riel pour les fetes publiques. 

Bref , le decouragement semble complet. L'efficacit^ des 
•canons, tant prdnee au precedent Congres de Padoue, est 
maintenant mise en doute. Cependant, les conclusions du 
Congres de Lyon furent sages puisqu'elles expriment le desir 
qu'une experimentation scientifique et pratique de Tarme- 
ment et de la tactique contre la gr^le soit etablie en des 
points devastes chaque annee par le fleau. II est rationnel, 
en effet, avant de generaliser la depense, de soumettre la 
question a Tetude ann d'operer sur une base solide. 

Organisation actuelle, — A Fheure actuelle, en Finance 
comme a Fet ranger, la resistance est organisee par des asso- 
ciations grfilifuges qui sont elles-mSmes groupees en unions 
d'associations. Les societes independantes sont en nombre 
restreint. En cela on s'est conforme aux principes etablis au 
Congres de Lyon, qui condamnent le tir isol^ et reconnaissent 
que le maximum de resultat est obtenu lorsque les stations 
de tir occupent une surface continue aussi grande que pos- 
sible. 

Dans le departement du Rh6ne s'est fondle la grande union 
des associations gr^lifuges du Beaujolais. Cette union, qui 
existe depuis cinq ans et comprend ving^-huit societes; pour- 
suit des experiences sous la direction du Syndicat agricole de 
Villefranche et d'Anse. Elle possede un total de 4^2 canons. 
Parmi ces 28 soci^t^s, celle de Denice fut la premiere fondee, 
■en 1900. Les postes de tir sont espac^s a des distances qui 
•depassent rarement 5oo metres ; les canons regoivent des 
charges de poudre variant de 76 k i5o grammes. 



— 224 — 

La situation topographique est la'suivante : au centre est 
un noyau de 17 soeietes avec 33o canons couvrant les regions 
de Denied, Saint- Julien, Arnas, Beligny, Limas, Pommiers, 
La Gonthiere-sur-Anse, Gleize, Liergues, Laeenas, Jarnioux, 
Ville-sur-Jarnioux , Theize, Cogny, Moire, Oingt et Saint- 
Laurent-d'Oingt. Autour de ce noyau sont des avant-postes 
de tir : au nord, une seule societe, celle de Salles, avec 
18 canons ; a I'ouest, la societe de Ternaud, avec ao canons, 
relive au champ de tir principal par Saint-Laurent-d'Oingt ; 
au sud-ouest-sud, 5 soeietes avec 62 can6ns ; enfin au sud-est^ 
4 soeietes avec 40 canons. 

Le nombre des canons est majore au sud-ouest-sud et au 
sud-est, qui sont les z6nes principales d'arrivee des orages. 

Get ensemble couvre une surface continue de 12.000 hec- 
tares. 

A c6te de cette vaste Union, il existe, dans le Beaujolais, 
3 soeietes independ antes, ce sont celles de Limonest (20 postes 
a canons), Rivolet-Montmelas (i 5 postes a canons) etLePer- 
r^on (i5 postes a fusees). 

Le president de chaque societe adresse, apres chaque 
orage, un rapport au Syndicat. Une assemblee generale est 
reunie a la fin de la campagne pour discuter les conclusions. 
Voici celles qui ont ete adoptees a I'unanimite par les^ 
200 membres composant I'assemblee generale, reunie le 
10 octobre 1904 : 

Pendant la campagne 1904, il y a eu, dans la region beau- 
jolaise, de nombreux orages; ^5 ont ete decrits dans le Bnlle- 
tin des Sjyndicats, La plupart venaient du sud-ouest et de 
Test. Les plus dangereux ont ^te ceux des 6, 9 et 11 Juin, des 
12, 23 et 25 juillet et du 11 aout. 

Les deg&ts occasionnes dans la z6ne protegee et sur la 
bordure ont ete les suivants : 

Le 6 juin, a Bully, la gr^le* est tombee pendant 20 minutes. 
Le poste numero i , situe dans la direction de Torage , a ete 
deborde et les degats ont ete estimes, en cet endroit, a 7/10. 
Autour des postes 2 et 3, les degats furent seulement de 3/io» 
lis furent de 6/10 autour du poste 7, qui n'a pu fonctionner, 
de 5/10 autour du poste 20, qui borde la defense au midi, et 
de 3/10 autour des postes 8, 9, 12, i3, 14, 16 et 17. 

Les i3 autres postes, situes plus en arriere, n'ont eu que 
des degats insignifiants. 

Le 22 juillet, les deux petites soeietes isolees de Lozanne 
et de Belmont, ayant ensemble 8 canons, furent debordees 
par un orage general. Pourtant, sans le tir, le desastre eut 
ete plus complet. 

Ce meme jour, a Lucenay et a Lachassagne (36 canons), les 
pertes atteignirent en moyenne ^lio. A Lucenay, la grele ne 
s'arreta qu'a la 3^ ligne. A Lachassagne il n'y eut pas de 
degats. Enfin le 11 aout, a Bagnols, les degats furent lvalues 
a 1/4 autour des postes en bordure i et 2 ayant tire trop tard. 



— 225 — 

On relate encore d'a'utres observations du m^me ordre. 
En general les resultats du tir ont ^t^ encourageants et on a 
reconnu unanimement que, grace aux canons, on avait 
echappe plusieurs fois a des desastres certains. 

On a eu a deplorer quelques accidents dfts a I'imprudence 
des tireurs. 

Les 3 societes independantes se sont egalement montrees 
favorables au tir. 

Dans le departement de Sa6ne-et-Loire , il existe i4 socie- 
tes dont quelques-unes tirent des fusees notamment celles de 
Marcigny, Bourg-le-Gomte , Semur-en-Brionnais. Dans le 
canton de Semur-en-Brionnais , il est question de fonder un 
syndicat de defense avec les fusees. La Ghapelle-de-Guin- 
chay protege avec ses canons i.ioo hectares, Saint-Gengoux- 
le-Tsational, i.ooo, Tournus et Plottes, 800. 

La distance qui separe les canons varie de 4oo ^ 700 metres, 
selon leur puissance de tir. Les gros canons brillent jusqu'a 
800 grammes de poudre , la charge des petits ne depasse pas 
80 grammes. Enfin, la distance des postes a fusees est deSoo 
a I.ooo metres, le double environ de la distance des postes a 
canons. 

Les resultats sont centralises comme dans le departement 
du Rhdne. Le compte-rendu de Tan dernier nous fait con- 
naitre que les orages ont ete mpins nombreux qu'en 1903, 
sauf a La Ghapelle-du-Guinchay. Sur ce dernier point, les 
plus dangereux ont ete ceux des 18 et 21 mai, 18 juin, 12 et 
^5 juillet. Void quelques indications : 

« Le 18 mai, 1 orage venait du nord-ouest, en eventail. A 
la hauteur de la limite de Saint- Arnoux et de La Ghapelle , 
I'eventail est bris6 ; la nuee de gr^le s'inflecliit brusquement 
sur la premiere ligne de canons. Gctte ligne est m^me debor- 
dee, a raison du tir effectue un peu tardivement, mais la 
grMe s'arr^te a la deuxieme ligne qu'elle ne depasse pas. La 
grSle cesse alors et est remplac^e par une pluie poussee par 
un vent violent. L'orage se divise en deux parties , I'une se 
dirigeant vers le sud-ouest, I'autre au sud-est, pour se 
rejomdre a Toissey, ou il s'est reforme et a eclate avec une 
violence extreme. La dur^e de ce cyclone n'a pas depasse un 
quart d'heure. 

« A La Ghapelle, les degats furent de 5 a 8/10 sur la pre- 
miere ligne, mais ce faible desastre aurait pu etre evite si les 
prescrij)tions du reglement avaient ete observees et si le tir 
avait ete effectue des la formation de l'orage a Thorizon. 

« Le 21 mai, un nouvel orage venant de la m^me direction, 
suit le mSme chemin que le precedent , mais combattu vive- 
ment par un tir tres precipite sur toute la ligne, aucune 
grSle n'est tombee sur le territoire de La Ghapelle, alors que 
toutes les communes voisines ont eu a supporter, k nouveau, 
des degSLts importants, etc... » 



— 226 — 

Les orages des i8 juin, 12 et ^5 juiUet sont aussi disperses. 
La conclusion qui s'impose est que, la encore, onaconfiance 
dans Feflicacite du tir. 

Le departement de la GOte-d'Or s'est aussi organise pour 
la lutte contre le fl^au. Depuis 1902, 23 societes se sont creees. 
Elles sont reparties en 3 groupes : arriere-cdte , c6te dijon- 
naise, cdte de Beaune et elles sont separeespar des intervalles 
non proteges de plusieurs kilometres. 

Un grand nomore de ces societes ont signale, a la fin de 
la derniere campagne, la diminution des Eclairs et du 
tonnerre, la dislocation des nuages, mais le vent n'a pas 
semble 6tre apais6. Les fusees ont ete aussi appr^ciees que 
les canons, mais, sur certains points, elles n'ont pas atteint 
la hauteur annoncee et il y a eu quelques rates. On a utilise 
quelques canons a acetylene ; ils ont bien fonctionn^ et ont 
paru etre moins dangereux que les canons a charges de 
poudre. 

Dans les departements de la Loire, de la Gironde, de 
TAUier des societes dans le genre des precedentes fonc- 
tionnent a Fheure actuelle. Dans le nomore, il en est qui 
tendent a disparaitre ; d'autres sont, au contraire, chaque 
jour plus florissantes. 

Telle est, brievement exposee, Torganisation de lo. lutte 
dans quelques departements fran^ais ; il n'est pas sans 
interet de jeter un coup d'oeil sur celle des pays voisins. 

L'ltalie, nous I'avons deja dit, a eu un moment de veritable 
fureur, d*emballement excessif. Les congres de Gasale- 
Montferrat et de Padoue proclamaient Tinfaillibilite du tir. 
Dans un espace de temps tres restreint Torganisation s'etait 
developpee. Pres de iS.ooo stations prott'geaient de vastes 
etendues de terres, en Piemont, en Lombardie, en Venetie, 
en Emilie et en Toscane. On a voulu aller trop vite. La con- 
fiance trop absolue dans Fefficacite du tir, Tignorance des 
regies les plus elementaires d'une bonne defense, Tisolement 
des stations, la mauvaise qualite du materiel et Tindiscipline 
des artilleurs devaient forcement amener la debacle. EDe se 
produisit vers 1902. Elle fut complete. M. le professeur 
Roberto disait, a ce moment, qu'il ne comprenait rien au 
decouragement de ses compatriotes alors que , pour lui , il 
aurait sufli de perfectionner la defense. M. Marangoni porte 
ses esperances sur les canons a acetylene et il croit qu'avec 
ce nouvel engin et une meilleure discipline des artilleurs, on 
pourra assister a une resurrection du tir. Quoique la plupart 
des professeurs de chaires ambulantes d'agriculture se 
montrent encore sceptiques, il semble bien que la confiance 
renalt. Les societes surviv antes se sont reorganisees sur des 
bases plus stables. 



— . 227 — 

Eli Piemont, les provinces de Novare et d' Alexandria ont^ 
ensemble, plus de i8o postes. D'apres le professeur Roberto, 
la defense tut derisoire dans la province de Novare pendant 
les orages du 29 mai et du 18 aoiit 1904. On entendit a peine 
une vingtaine de canons sur 108. Le premier orage causa des 
degats e values a i/5 ; le deuxieme, deg&ts de 2/5. 

En Lombardie, la defense s'etend sur les provinces de 
Milan, Pavie, Brescia et C6me qui comprennent plus de 260 
stations. En Venetie, le nombre des postes atteint le cliifTre 
de 600 environ. Dans cette derniere region, les resultats 
sont divergeants. lis ont ete n^gatifs au champ d'experiences 
officiel de Gastelfranco. Par contre, au champ de tir de 
Conegliano les orages de la derniere campagne ont ete com- 
battus avec succes. 

Sur Forganisation en Emilie et en Toscane nous manquons 
de renseignements. 

En general, Timpression parait ^tre assez satisfaisante. 

A c6te de Tltalie, I'Autriche s'est organisee, avant elle 
sans doute, puisqu'on reconnalt que le berceau du tir contre 
la gr^le est la Styrie. L'Autriche est divisee en groupements 
dont quelques-uns, comme le groupement de Carniole , com- 
prennent plus de 100 stations. On n'utilise que des canons ; 
Temploi des fusees et des bombes y est encore inconnu. En 
Autriche, la defense a ete organisee lentement, mais sure- 
ment. Ghaque annee, on cree de nouvelles stations et on etend 
le rayon d action des anciennes. L'impression est excellente. 
Ufaut, dit M. Susching, poursuivre les experiences d'une 
taqon rationnelle afin de conduire la science sur le chemin 
de la decouverte de la formation de la grele. 

En Suisse, dans les cantons de Zurich et de Vaux ; en 
Russie, dans la Crimee, en Espagne, enfin, les stations se 
niultiplient et dans tous ces pays l'impression est bonne. 

Modes de defense, — Dans les difierentes regions etudiees, 
le tir est execute soit avec des canons paragrele, soit avec 
des fusees, soit avec des bombes. 

Les anciens se contentaient de mortiers. On s'apergut 
bient5t que pour produire son maximum d'efiet, la masse 

fazeuse doit etre projet^e suivant une direction determinee. 
.a direction verticale semble etre la plus convenable. On a 
muni alors les canons de cones en tole de dimensions 
variables (canons a tremblon). Les petits canons du Beau- 
jolais ont des cones de 2 metres, les gros ont des c6nes 
atteignant jusqu'a ^^,ho. La charge de poudre varie de 76 a 
200 grammes. Etant donne que son prix de revient est de 
ofr. 3o le kilogr., un coup de 200 grammes revient done a 
o fr. 06, sans comprendre, bien entendu, le prix des bourres, 
capsules et autres petits accessoires. L'em])loi des canons 
^st assez coflteux. Voici, d'apres M. Battanchon, professeur 



— 228 — 

departemental d' agriculture du Rh6ne, les frais probables 
d'une station de tir. 

Frais de premiere installation, comprenant : 

Etude, levee de plans, distribution des canons . 3 1. 

Un canon i5o 

Une cabane 5o 

Vingt douilles 6o 

Corne d'appel et lanterne lo 

Transport et pose lo 

Menus accessoires, caisse a munitions, etc. . . lo 

Imprimes, frais divers, etc., a repartir 7 

Total Soot. 

Frais annuels : 

Assurance des.artilleurs 10 f. 

5oo charges de poudre de 100 grammes i5 

5oo bourres et capsules 25 

Graisse ou vaseline i 

Reparations, peinture, amortissement , bulletin 

meteorologique, etc 35 

Total 861. 

On estime qu'une station de tir peut proteger 25 hectares. 
Les frais de premiere installation reviennent done a 12 fr. 
par hectare et les frais annuels a 3 fr. 44- 

Lorsqu'un orage menace une region, les artilleurs se 
rendent a leurs postes et executent immediatement le tir qui 
doit durer jusqu'a la fin de I'orage. Chaque detonation est 
accompagnee de la formation d'un anneau gazeux nomm6 
« tore » qui s'eleve avec un mouvement giratoire, en produi- 
sant un sifflement particulier. Le deplacement de 1 air et 
aussi les vibrations puissantes dont il est le si^ge vont pro- 
duire au sein du nuage des perturbations qui peuvent le 
dissiperen le faisantr^soudre enpluie. On a parfois observe, 
a la suite du tir, une chute de neige Idgere. Si, a cet etat de 
congelation, Teau est moins redoutable qu'a I'etat de grSle, 
elle peut neanmoins produire sur les vegetaux, pendant leur 
periode de developpement, des effets nefastes. 

II arrive parfois que les postes sont eloignes des habita- 
tions et que le parcours, pour les rejoindre, exige plus d'une 
demi-heure. On s'explique ainsi que des tirs aient ete com- 
mences trop tard et aient donne de mediocres resultats. 

A un autre point de vue, le maniement des canons a poudre 
n'est pas sans danger ; des tireurs imprudents en ont malheu- 
reusement trop souvent fait Texp^rience. II est arrive, par 
exemple, que dans la precipitation du tir la nouvelle charge 
etait introduite dans la douille avant que celle-ci fut debar- 
rassee des d6bris en ignition provenant de la charge pr6ce- 
dente. Une explosion se produisait et pouvait blesser Far- 



— 229 — 

tilleur. Pour obvier a cet inconvenient et aussi pour eviter la 
surprise, on a construit des canons a acetylene. La detpnation 
est produite par Texplosion d'un melange d'air et d'acetylene 
convenablement calculi qu'on enflamme a distance, au moyen 
de Tetincelle electrique. Une batterie Leclanch^ de 6 elements 
est disposee a cet effet dans une orangerie situee k quelques 
centaines de metres du poste de tir. Le canon automatique 
comprend : une chambre d' explosion surmontee d'un c6ne 
ou trombe de 3 ou 4 metres ; une soupape d' admission de 
Fair, dont le but est d'admettre un courant d'air frais qui 
balaye les gaz brflles et les debris divers en m^me temps qu'il 
apporte Fair necessaire au nouveau melange (cette soupape 
est protegee contre les vents violents par une capote en tole) ; 
un appareil de dispersion, qui distribue le gaz acetylene 
provenant du generateur voisin ; enfin la boite d'allumage , 
situee sur le c6te , k mi-hauteur de la chambre d'explosion. 
Le generateur a acetylene est un recipient analogue a celui 
employe pour Teclairage. Le gaz est produit par Teau et le 
carnure de calcium. 

On calcule qu'une detonation revient a o fr . 026 , par con- 
sequent deux lois moins chere qu'un coup de canon a poudre. 
Le canon a acetylene est manoeuvre a distance et toute cause 
d' accident est ainsi ecartee. Les resultats qu'il a fournis dans 
le tir contre la gr^le ont repondu aux esperances. 

Les adversaires des canons paragr^le ont bien vite pre- 
tendu que les detonations produites au niveau du sol etaient 
sans nuUe action sur les nuages orageux dont la hauteur 
depassait 4 ^ ^^^ metres, qu'il convenait d'employer des 
engins pouvant combattre le danger a sa source m^me. La 
fusee du docteur Vi4al fut imaginee dans ce but. La forme 
cylindro-conique de la fusee et son petit diametre facilitent 
son ascension. L' experience prouve qu'elle pent s'elever a 
une hauteur suffisante pour eclater au sein des orages les 
plus violents. On a reproche aux fusees d'occasionner des 
accidents ; leur baguette enflammee, a-t-on dit, pent Stre, en 
retombant, une cause d'incendie, enfin elles eclatent a des 
hauteurs inegales. Malgre ccs reproches plus ou moins fon- 
des, M. Yassilli^re, dans sa conference au Congres de Bor- 
deaux, accorde la preference a ce nouvel engin. Les fusees 
sont entrees dans la pratique et elles ont fourni des i*esultats 
satisfaisants. Ajoutons qu' elles necessitent une installation 
des plus rudimentaires et des moins coil tenses. 

D apres I'inventeur des bombes, M. Vissiere, artificier a 
la Reole, cet engin d'un nouveau genre aurait tons les a van- 
tages des canons et des fusses sans en partager les inconve- 
nients. L'effet qu'on leur attribue serait duala superposition 
des deux detonations, I'une au niveau du sol, I'autre pres de 
I'orage. Les bombes sont lancees k la hauteur voulue au 
moyen de tubes lance-bombes que Ton plante dans le sol 
avec rinclinaison convenable. Les frais d'installation sont 



— 230 — 

egalement tres reduits puisqu'un tube lance-bombe ne coftte 
pas plus de 4 ^ 5 francs. On pratique Tallumage de la poudre 
de projection au moyen d'une longue meche. Malheureuse- 
ment, par raison d'economie, tons ces tubes lance-bombe ne 
sont pas soumis au banc d'epreuve et une explosion trop vio- 
lente pent en amener la rupture. 

Malgre les quelques inconvenients signales, il tend a se 
creer actuellement un courant favorable aux fusees et aux 
bombes. Les orages soht toujours a leur portee ; il n'en est 
pas de m^me pour les canons , ce qui semble expliquer les 
opinions contradictoires qu'on a formul^es sur eux. 

De tout ce quivient d'etre dit, il ressort qu'a Theure actuelle 
les avis sont encore tres partages sur les eflets du tir en 
general et la valeur respective des divers engins. Mais un 
fait indeniable, c'est que les personnes convaincues de I'effi- 
cacite du tir sont dans les regions ou la defense est la mieux 
organisee ; ce fait semblerait indiquer que la lutte contre le 
terrible fleau peche plus par les details de Torganisation 
qu'elle ne peche par la base. Si nous connaissions la gen^se 
ae la gr^le, nous pourrions nous attaquer a la cause du mal, 
mais nous sommes encore ignorants sur ce point. Comment 
la gr^le se forme-t-elle ? Se forme-t-elle au-dessus du point 
ou elle tombe ? Y est-elle, au contraire, amenee par les cou- 
rants puissants des hautes regions ? Nous ne pouvons repondre 
que par des hypotheses. Pourtant, la reponse est grosse de 
consequences, puisque tout le probleme consiste a empdcher 
la grele de se former et non a lenvoyer tomber chez les voi- 
sins. Parmiles hypotheses qui expliquent la formation de la 
grele, il en est de seduisantes. En voici une parue, il y a un 
an, sous la signature de M. P. Nolibois, ingenieur civil des 
Mines : 

Un nuage serait forme , en epaisseur , de plusieurs zones 
ayant des temperatures differentes, la plus chaiide etant la 
plus rapprochee de la terre. Gette derniere z6ne, sous Taction 
du rayonnement terrestre, se vaporiserait sans cesse en 
donnant au nuage les formes changeantes que nous lui 
connaissons. Par les temps lourds et*orageux, cette vapori- 
sation serait tres rapide, amenant par cela m^me un refroi- 
dissement considerable dans la zone calme situee immedia- 
tement au-dessus — la physique nous enseigne, en effet, que 
toute evaporation produit un abaissement de temperature. 
— Les fines gouttelettes qui constituent la zone en voie de 
refroidissement passeraient, alors, k T^tat de surfiision, 
antrement dit accuseraient une temperature inferieure k o° 
{ — io°, par exemple) tout en restant liquides. A ce moment, 
une action quelconque, un choc, un ebranlement, pourraient 
produire dans cette zone calme la prise brusque des goutte- 
lettes qui , en s'unissant , formeraient des gr^loi^s d autant 
plus gros que la temperature est plus basse. Ce phenomene 
serait accompagn^ du bruit particulier que nous observons 



L 



— 231 — 

Juand la grSle va tomber. Si par des deplacements d'air, ou 
e fortes vibrations, produits en temps opportun, on par- 
vient, en melangeant les zones, a rompre le calme de celle 
qui se refroidit — calme necessaire k la production du phe- 
nom^ne de la surfusion — on pourra par cela m^me elnp^- 
cher la gr^le de se former. Ainsi serait expliquee Taction 
des engins. Comme on le voit, il n'est pas besoin ici d'invo- 
quer Tintervention du fluide electrique qui, d'apres d'autres 
hypotheses, presiderait a la formation de la gr^e. 

Quoi qu'il en soit, le fleau est une source de d^g^ts impor- 
tants pour Tagriculture en general et la viticulture en parti- 
culier, et bien que le probleme de la lutte ne soit pas encore 
enti^rement resolu, il serait peu sage de se decourager. Si 
le scepticisme, k ce sujet, trouve encore aujourd'hui sa rai- 
son d ^tre, nous sommes dejk en presence de r^sultats dont 
on ne pent nier la valeur a priori. 



— 232 — 

Compte rendu de TAssembl^e gSn^rale de 
rUnion des Viticulteurs de Maine-et- 
Loire du 18 novembre 1905. 

Par M. le D"^ P. Sigaud, secretaire general 

L'Assemblee generale de T Union des Viticulteurs de Maine- 
et-Loire a eu lieu le i8 novembre 1906, au sieg;e social de la 
Societe, 7, rue Saint-Blaise, a Angers, sous la presidence de 
M. Maurice Massignon, assiste de M. Leon Bourcier, vice- 
president , D'' Sigaud , secretaire general, Gilles-Deperriere , 
secretaire et Leon Lafarge, tresorier. Assistaient a la 
reunion : MM. Bordeaux-Montrieux , Andre Huau, Gesbron- 
Lavau, vicomte de Livonniere, Halope, vicomte de Boissard, 
Leon Moreau, Kiehl, I'abb^ Gasnie, Oger-Bascher, Secher, 
Georges Laguette, Paul Lorin, Mignot, Bernard-Ghauvire , 
Prosper Jamin, Betton-AUard, de Grochard, Herrouet, 
Jamin de Ghemire-sur-Sarthe , D^ Gordon, Petry, Boivin, 
Hacault. 

— M. Leon Lafarge, tresorier, fait Texpose de la situation 
financi^re de 1' Union : 

1° Lesdepensess'eleventalasommede 1.600 85 

(en comptant une somme de i5o fr. 
restant a payer et due a divers) 

2° L'arr^te de compte a la banque 
Richou, au 3o juin 1905, indique a 
notre avoir une somme de 621 35 

Les recettes di verses se sont ^levees a. 1.643 80 

Reste a percevoir pour les cotisations 

de 1905 3^5 » 

Et pour les cotisations des exposants 
du concours de Paris et de Texposi- 
de Liege 226 » 

Soit 2.866 i5 2.866 i5 

D'ou il resulte qu'apres tons les comptes 
regies, le total general de Tavoir sera 
' de 1.265 85 

L'assemblee approuve ces comptes et des remerciements 
sont adresses a M. le Tresorier ainsi qu'a M. le commandant 
Ancelot, notre agent general. 

— M. Leon Bourcier, vice-president, delegue par TUnion 
a TExposition Internationale de Liege , donne lecture de son 
rapport et s'exprime en ces termes : 



— 233 — 

Monsieur le Pri'sident, 
Messieurs, 

L'Exposition Internationale universelle de Liege fut incon- 
testablement une superbe manifestation industrielle , com- 
merciale et agricole , elle fut ce que Ton est convenu d'appe- 
ler un tres grand succes , principalement pour la Section fran- 
^aise qui, a elle seule, occupait un bon tiers de sa superficie. 

Les vins de France, notamment, y tenaient une large 
place et s'y couvrirent de legitimes lauriers ; ceux d'Anjou 
ne furent pas le moindre fleuron de cette glorieuse couronne, 
et cela en partie grace aux efforts de TUnion des Viticulteurs 
de Maine-et-Loire , qui avait envoye une centaine de remar- 
quables echantillons representant quarante-trois viticulteurs, 
proprietaires des meilleurs crus de la province d'Anjou. 

Ge nombre etait respectable quoiqu'inferieur de pres de 
moiti6 a la participation de TExposition de Lille en 1902. 
J'incline a penser que la qualite a supplee au defaut de 
quantite. 

Charge par F Union des Viticulteurs de representer ses 
interets devant le Jury international, je fus informe de I'ou- 
verture des operations pour le commencement d'aout. Je 
quittai done Angers le"^9 juillet, le 3o j'arrivais a Li^ge par 
Namur, apres avoir c6toye, en pleine apres-midi, les bords 
enchanteurs de la Meuse, dont certains coins semblaient 
vouloir me faire oublier la distance que je venais de franchir 
en rapide, reportant ma pensee sur les cdteaux du fleuve 
qui traverse si majestueusement notre Anjou. En effet. Tune 
aes rives, s'etendant au loin en plaine, regarde des pentes 
abruptes, herissees de rochers escarpes, gracieusement 
d^coupes en dentelles, et de temps en temps, pour mieux 

Earfaire Tillusion, surgissent parmi eux des vignobles de 
elle apparence. Avec un peu de bonne volonte, je pouvais 
me croire dans Fexpress Nantes-Angers, surtout entre 
Thouare et Varades. 

A peine revenu de mon etonnement, des nuages opaques 
de fumee noiratre, sillonnes de ci de la par Teclair aveuglant 
d'une forge, m'avertissaient que j'etais au sein de la labo- 
rieuse fourmilliere qu'est Uindustrielle cite de Liege. 

Ma premiere visite fut naturellement pour TExposition, et 
de suite Timpression fut bonne. Installee a cheval sur la 
jonction de TOurthe et de la Meuse, reliee par un superbe 
pont sous lequel fraternise rent raiment , 6 ! loi des con- 
trastes ! le moderne canot automoDile avec T antique gondole 
v^nitienne, tous deux a la disposition des visiteurs pour 
I franc rheure ; la great exhibition a vraiment grand air. 

Construits en grande partie au milieu des jolis jardins 
publics qui occupent la presqu'lle du Pare, merveilleusement 
ombragee d'arbres s^culaires, les palais cosmopolites aux 
couleurs bariolees se detachent vivement, trop parfois, sur 
le fond sombre des verdures d'aoM. 



— 234 — 

Le palais de F Alimentation frangaise , 6difie sur la rive 
gauche de I'Ourthe, a Tombre de grands platanes plusieurs 
Ibis centenaires , se presentait agr^ablement a Toeil , derriere 
le palais des Beaux- Arts ; ee fut vers lui que je me. dirigeai 
tout d'abord, car il renfermait le but principal de mon 
voyage, notre installation. 

Je pen^trai a Tinterieur et , apres en avoir pareouru plu- 
sieurs fois toutes les allees, je commensals a Stre fort 
inquiet, n'ayant encore rien trouve qui pAt attester notre 
existence, lorsque j'eus la bonne fortune de rencontrer mon 
excellent ami M. Girard- Amiot , membre du Jury internatio- 
nal pour le groupe X de la classe 60 ; il me tira de peine en 
me conduisant vers un petit coin 011, sous un tout petit 
tableau encadre de noir, j'aper^us notre toute minuscule 
exposition qui, jusqu'a ce moment, avait totalement echapp6 
a mes investigations. 

Je fus stupefait ! une quarantaine de bouteilles posees sur 
cinq gradins partant de terre et arrivant s'appuyer au mur 
a o^^So du sol, s'etageaient sur environ 0^76 de large. 

Tout a c6te, la Touraine flamboyait dans une superbe 
vitrine a comptoir, nous ecrasant completement du luxe des 
10.000 francs depenses pour son exposition ; alors que nous 
en avions a peine pour i.ooo francs. Devant cette decou- 
verte, je ne fus nuUement surpris d' avoir plusieurs fois 
passe devant sans Tapercevoir. 

Cependant je ne desesperai pas, f avals foi dans TAnjou, 
foi dans ses produits et dans leur valeur. 

Nous Savons que ce li'est pas toujoui^s Fhabit qui fait le 
moine. 

Puissamment aide par M. Girard- Amiot , auquel je tiens 
ici a adresser en votre nom et au mien nos plus chaleureux 
remerciements pour ses bons offices, je livrai le combat; il 
fut acharne , car nous nous heurtames a plus d'un mauvais 
vouloir plus ou moins interesse ; mais la victoire devait cou- 
ronner nos efforts et me donner raison. 

Je n'en veux pour preuve que cet extrait du palmares, 
d.ont je vais avoir I'honneur de vous donner lecture : 

Exposition intemationale et universelle de Li^e 1905 

Groupe X — Classe 60 

Vins et eaux-de-^ie 

CoUectivite de TUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire : 
Dipldxne de grand prix pour son ensemble. 

RECOMPENSES INDIVIDUELLES 

Dipldmes d'honneur : 

MM. G. Girard, de Beaulieu ; 

Vicomte de Monti, a la Calonniere. 



- 235 — 

Medailles d!or : 

MM. Bourcier L^on, de Rablay ; 

Delaunay Rene , Saint- Aiibin-de-Luigne ; 

David Simon , de Rablay ; 

Huau Andre , de Montbenault sur Fay e ; 

Lorin Paul , d' Angers ; 

Massignon Maurice, de Saint-Lambert-du-Lattay ; 

Mignot Louis, de Belle-Rive a Rochefort-sur-Loire ; 

Poitou Pascal , de Martigne-Briand ; 

Secher Octave, de Montjean. 

Medailles d' argent : 

MM. Bastard Laurent, a Chalonnes ; 

Baug6 Florestan , a Rochefort-sur-Loire ; 

Bazantay Lucien , a Chavagnes ; 

Vicomte de Boissard , a Saint-Germain-des-Pres ; 

Vicomtesse de Cumont, Saint-Lambert-du-Lattay ; 

Ferre-Hamon, Saint-Barthelemy i 

Fourmond F^lix , Rochefort-sur-Loire ; 

Gasnier Louis, a Souzay ; 

Gilles Deperriere, a la Possonniere; 

Gourd on-Bernard , a Ghemille ; 

Grandlaunay (Raoul du) , a Turquant ; 

Hacault, a Thouarce ; 

Jamin Prosper, a Saint-Bartheleniy ; 

Leroeil (veuve) , a Ingrandes-sur-Loire ; 

Planchenault Adrien, a la Possonniere ; 

Quartier Gustave, Huille ; 

Sigaud (D'^). la Garenne de Trelaz^ ; 

Suaudau Alfred, Saint-Georges-sur-Loire ; 

Thienot , a Soulaines ; 

Vetault Louis , a Milrs. 

Medailles de bronze : 

MM. D'Andigne (comte) Jean, a Durtal ; 
De Blois (comte) , a Daumeraj ; 
Cesbron-Lavau , a Thouarce ; 
Doucet , k Rochefort-sur-Loire ; 
KiehlFr., Etrich^; 
De Livonniere (comte) , a Brion ; 
Normandiere , a Brain- sur-rAuthion ; 
Petry, a Chalonnes-sur- Loire ; 
De Toulgoet Treana (vicomte), k Jarze. 

Mentions honor ables : 

MM. Bieron Louis , a Corze ; 

Cheignon Edouard, Ingrandes-sur-Loire ; 
Lafarge Ed., k Villeveque. 



( 



— 236 — 

Que dire , Messieurs , apres une telle Numeration ! tout 
commentaire serait inutile. Voila, je pen^e, un magnifique 
succes : 4^ exposants 44 recompenses, avec eelle de la 
coUectivite , dont : i grand prix, 2 dipldmes d'honneur, 
9 medailles d'or, 20 medailles d'argent, 9 medailles de 
bronze et trois mentions honorable*. 

Dois-je dire que le r^sultat a d^passe mon attente? Eh 
bien non, Messieurs, dusse-je ^re traite d'optimiste. Mais, 
membre assidu des Jurys depuis pres de dix annees, je tiens 
a eonstater que nos bons vins d'Anjou se classent de plus en 
plus au premier rang des produits frequentant les exposi- 
tions. 

Une seule chose est k regretter, c'est Tinsuffisance des 
subsides dont nous disposons pour de telles reclames. 

Puissent les yeux de tons s'ouvrir a la verite et com- 
prendre que nous devons faire aussi bien et aussi grand que 
nos voisins, pour reeolter tous les fruits dus a nos sacrifices. 

C'est done sur I'espoir de vous voir faire beaucoup mieux 
la prochaine fois, que je veux clore ce modeste compte 
rendu, peut-^tre trop sincere et pour lequel il me reste a me 
recommander en toute confiance a votre habituelle indul- 
gence c 

M. le President, au nom de TUnion, remercie M. Leon 
Bourcier de son rapport ecrit sous une forme tres litteraire 
et dans un style pittoresque et charmant. 11 lui adresse, en 
outre, ses felicitations pour son heureuse intervention a 
I'Exposition de Liege ou il a vaillamment pris la defense de 
nos inter^ts. II est decide que ce rapport et le compte rendu 
de TAssemblee generaledu iSnovembre 1906 seront adresse s 
a tous les membres de 1' Union des Viticulteurs de Maine-et- 
Loire ainsi que la liste officielle des recompenses obtenues 
par rUnion et ses exposants. 

— Poire aux Yins d'Anjou. — M. le President annonce 
que des demarches ont ete faites par les membres du Bureau 
afin d'obtenir pour la Foire aux Vins, comme les annees 
pr^cedentes, le local du cirque installe actuellement sur le 
Champ de Mars d' Angers. Mais il a le regret de dire qu il 
ne faut pas compter , cette annee , sur le ciraue qui doit dis- 

Saraitre immediatement apres la Foire de la Saint-Martin, 
*apres un traits pass^ par la Ville d' Angers avec M. Yiger, 
directeur de TExposition d' Angers de 1906. Toutefois, 
M. Viger a bien voulu mettre a notre disposition, et a titre 
gracieux , les b^timents qui pourront (^tre pr^ts lors de notre 
Foire aux Vins fixee aux 9, 10 et 11 Janvier 1906. Des remer- 
ciements seront adresses, au nom de TUnion et de la Societe 
Industrielle et Agricole d' Angers, a M. Viger. 

On decide en outre que , pour la prochaine Foire aux Vins, 
la plus grande publicite sera faite , tant dans la presse locale 
que dans les journaux vinicoles speciaux. Les membres pre- 



— 237 — 

sents a la reunion votent ensuite , a runanimite , le principe 
de la participation de I'Union a TExposition d' Angers de 1906. 

De mSme TUnion prendra part, comme chaque annee, au 
Concours General de Paris en 1906. 

M. le President a regu communication d'une circulaire qui 
a ete envoyee a plusieurs membres de I'Union, les invitant 
a envoyer des echantillons de vins d'Anjou a I'Exposition 
Internationale de Milan, en 1906. Apres echange de vues a 
ce sujet, il est decide que F Union, pour avoir quelque chance 
de reussite , serait obligee de s'imposer de tres lourds sacri- 
fices avec des avantages tres problematiques ; en conse- 
quence, la majorite des membres presents est d'avis de ne 
pas prendre part a TExposition de Milan. 

II en est de mSme pour TExposition d' Amiens, pour 
laquelle les frais d' admission sont excessifs. 

— M. le D"" Sigaud donne lecture des recompenses nom- 
breuses obtenues par TUnion aux Expositions de Lille, de 
Nantes, aux Concours Generaux de Pains et recemment a 
TExposition internationale de Liege, ou un dipldme de grand 
prix a ete obtenu par notre Societe et pour nos exposants 
deux dipldmes d'honneur, neuf medailles d'or, vingt-neuf 
medailles d'argent, neuf medailles de bronze et trois men- 
tions honor ables. 

— M. le President parle du traite passe par I'Union avec 
MM. Berthelemot pere et fils, pour la vente de nos vins. Ce 
traite expirant le i^'" Janvier 1906, I'Assemblee est d'avis 
qu'il n'y a pas lieu de le renouveler. Le Bureau est charge 
d'etudier la question tres importante de la vente des vins et 
de decider s'il est utile de s'entendre avec un nouveau cour- 
tier et de prendre un engagement quelconque a ce sujet. 

MM. de Boissard et Deperriere sont charges de prendre 
des renseignements a Paris sur les principaux Syndicats de 
marchands de vins, avec lesquels il serait possible d'entrer 
en relations d'affaires. 

M. le President a fait des demarches aupres de plusieurs 
fabricants d'instruments viticoles , pour leur demander s'ils 
consentiraient a entrer en relations avec I'Union et a lui 
accorder une remise sur la vente faite par son interm^diaire 
aux membres de notre Societe. Plusieurs ont deja repondu 
favorablement. 

L'Assemblee decide que des demarches seront faites dans 
le m^me sens aupres des maisons les plus importantes ven- 
dant des produits n^cessaires a la vigne et au vin. Les noms 
des fabricants ayant consenti une remise seront a la dispo- 
sition de nos societaires. 

A ce propos, M. P^try, proprietaire-viticulteur , a Gha- 
lonnes, parle d'une installation de pressoir hydraulique 

Su'il a faite cette annee et dont il a obtenu toute satisfaction, 
est persuade que le fabricant consentirait a accorder une 



— 238 — 

remise a rUnion, si quelqu un de ses membres lui adressait 
une commande. M. Petry invite ses eollegues de rUnion a 
visiter son installation. Cette proposition est accueillie avec 
empressement. 

— M. le President engage vivement F Union k emettre un 
voeu en faveur du retour a la liberte pleine et entiere de la 
distillation de tons les produits de la vigne. Apres certaines 
observations de plusieurs membres de 1 Union , il est decide 
a Tunanimite que le voeu suivant sera adresse, par les soins du 
Bureau , a tons nos representants au Senat et a la Chambre 
des Deputes, en les priant de defendre energiquement les 
interSts de la Viticulture frangaise et de la Viticulture Ange- 
vine en particulier : 

Considerant que la crise aigue traversee en ce moment 
par la Viticulture fran^aise toute entiere nest pas due 
exclusivement a des recoltes trop abondantes excedant les 
besoins de la consommation (en 1076, par exemple, la recolte 
fut de 75.000.000 d'hectolitres et s'ecoula tres facilement; 
celle de 1904, avec 72.000.000 d'hectolitres , reste en partie 
dans les cnais) mais bien a ce que tout le vin doit ^tre con- 
somme a Vetat de ^in alors qu'avant Tabolition du droit des 
bouilleurs de cru une partie de la recolte , passant a la chau- 
diere, soit pour remonter des vins trop faibles, soit pour etre 
consommee comme eau-de-vie, par ce fait dechargeait le 
marche des excedents ; 

Considerant, en outre, que, s'il est vrai qu'immediatement 
apr^s la cessation du privilege, I'impdt sur I'alcool a rendu 
notablement plus (et cela grace a la vente des stocks en 
caves), il n'est pas moins vrai aussi que d'annee en annee le 
rendement de cet imp5t va en diminuant et atteint cette 
annee, comme le constate M. Pierre Baudin, le rapporteur du 
budget a la Chambre des Deputes, un deficit die 20^000,000 
de francs et cela justement parce qu'on ne distille plus 
au vignoble. 

KUnion des Viticulteurs de Mairie-et-Loire , a Tunanimite, 
a emis le voeu suivant : 

« Le privilege ou plutot le droit des bouilleurs de cru sera 
retabli integralement , tel qu'il etait defini par la loi. » 

Un echange de vues a lieu au sujet de la loi du 
6 aoM 1906 , autorisant le sucrage des moiits a la dose de 
10 kilos par 3 hectolitres de vendanges. II est decide qu'au 
mois de juin ou juillet 1906 une reunion des membres de 
rUnion aui»a lieu dans laquelle on formulera les demandes a 
faire a la Regie, au sujet de ses reglements d' administration. 

Apr^s entente avec la direction des Contributions indi- 
rectes , une circulaire sera redigee etablissant nettement les 
obligations et les demarches k faire concernant le sucrage 



— 239 — 

des vendanges et la distillation. Cette circulaire sera envoy^e 
a tous nos societaires et leur servira de guide dans la cir- 
constance. 

Avant de elore la stance, il est convenu que T Union conti- 
nuera sa subvention habituelle k la Station oenologique , qui 
s'engage a faire, a des prix reduits, les analyses sp^ciales 
des vins pour le compte des membres de FUnion. 

L'ordre du jour etant epuis6 , la seance est lev^e 



Le Secretaire general , 

D' P. SiGAUD. 



Le G4rant, G. Grassin. 



Angers, imp. Grermain et G. Gnssin. ~ 2442-5. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLB 

D'ANGERS 
et du ddpartement de Maine-^t-Loire 



Procfts-verbal de la Stance du 25 novembre 1905 



Presidence de M. Andre Huau. 

Etaient presents : M. le D'' Si gaud , secretaire-general ; 
MM. Halope, Bernard-Ghauvire , Simon-David, Fourmond 
ills, Clemot, D^ Gordon, Grau, Vinet, Bouttier, O. Ghaillou, 
Normandiere, Lavallee, Tabbe Hy, Marquis de Dreux-Breze, 
Hacault, Mignot, Forest, Betton- AUard , D"* Maisonneuve, 
Massignon, Leon Bourcier, Moreau, Ferr6-Hamon , Paul 
Lorin, Herrouet, Joseph Joilbert, Lemanceau, Rene Neveu, 
Pineau. 

M. le D"^ Sigaud lit le proces- verbal de la precedente 
seance. Ge proces-verbal est adopts sans observations. 

M. le marquis de Dampierre s'excuse par lettre de ne 
pouvoir assister a la seance. U donne queiques renseigne- 
ments sur le voyage qu'il vient de faire a Paris, au sujet de 
TExposition d' aviculture d' Angers, en Janvier 1906. II a tout 
d'abord obtenu Tassurance formelle que le materiel n^ces- 
saire k notre Exposition serait pret a temps pour Stre mis k 
notre disposition en quantite suffisante. Les affiches en cou- 
leur nous sont cedees au prix de i5 francs le cent, les 
dipldmes offerts gracieusement. Les medailles nous seront 
fournies dans d'excellentes conditions. M. de Dampierre a 
cru devoir faire appel au concoiu's de personnalites notoire- 
ment connues et respectees dans le monde avicole, pour 
presider les jurys. II a ecrit a trois de ces messieurs auxquels 
il a promis le remboursement de leurs frais de voyage , soil 
en tout 3oo francs, il attend leur reponse. M. de Dampierre 
s'est mis en rapport par lettres avec les diff<6rents clubs de 



— 242 — 

races pares. Seul rOrpinffton-Glub a, jusqii'ici, repondu 
favorablement et son president, M. Lecointre, a promis de 
venir decerner lui-mSme les deux prix supplementaires qu'il 
offrira pour les deux plus beaux lots de cette race. 

II est decide que la Commission sp^ciale d'aviculture se 
reunira tres prochainement pour discuter toutes les questions 
importantes et parler des details de Torganisation generate . 

— M. Moreau, directeur de la Station oenologique, donne 
quelques renseignements sur la visite de la Commission 
nommee pour examiner les vins pasteurises chez M. le mar- 
quis de Dreux-Breze. Cette Commission se reunira probable- 
ment en decembre prochain, a une date qui sera communiquee 
en temps voulu par M. de Dreux-Breze et indiquee a tons 
les membres de la Commission. II est decide, en principe, 
que pour les membres de la Commission partant d' Angers , 
le train de TEtat, a 6 h. 5o, serait le plus convenable et 
donnerait plus de temps pour examiner serieusement les 
vins soumis a T appreciation de la Commission, d'autant plus 
que M. de Dreux-JBreze a Tintention de faire gouter egale- 
ment differents vins de producteurs directs. 

II est decide, en outre , que le mode de d6gustation sera le 
m6me que celui employe I'annee derniere d'une fa^on gene- 
rale. 

M. Moreau a eu la bonne fortuune de pouvoir examiner 
quelques raisins blancs restes sur souche un certain temps 
apres la vendange au clos de la Montague, de Bonnezeau. 
Cela lui a permis de faire des comparaisons interessantes 
avec les moMs de ce mSme clos soumis precedemment a son 
examen. II a trouve dans les moilts de ces raisins jusqu'a 
3i8 grammes de sucre, cela tient evidemment a une diminu- 
tion de la substance aqueuse dans le grain de raisin et par 
suite a une concentration des principes sucres. S'il etait pos- 
sible, dans certains c6teaux bien exposes au soleil et pen 
predisposes a la pourriture grise , de retarder la vendange , 
onpourrait certamement, en Anjou, obtenir parfois des vms 
analogues au Sauterne. M. Moreau n'entend pas recomman- 
der ce proc^de d'une fa^on generale dans notre region , les 
resultats que Ton obtiendrait seraient des plus variables et 
ne donneraient pas toujours satisfaction, par ce procede on 
aurait, dans certains clos, une quality supcrieure assur^ment, 
mais ce serait au detriment de la quantite ; il ne faut pas 
oublier que quantite et quality sont generalement en oppo- 
sition. 

— M. le President remercie M. Moreau de sa communica- 
tion et de ses experiences qui int^ressent toujours nos viti- 
culteurs angevins. 

— M. L^on Bourcier donne lecture de son charmant 
rapport sur T Exposition de Li^ge qui regoit, k la Society 



— 243 — 

Industrielle, les mfimes applaudissements qu'a la reunion de 
rUnion des Viticulteurs du i8 novembre dernier. 

M. le President se fait TinterprSte de tons nos collogues 
pour adresser de vifs remerciements a M. Leon Bourcier. 

— M. Tabb^ Hy a la parole pour lire son rapport sur Tou- 
vrage de M. G. Eiffel : Etudes pratiques de m^teorologie , 
2 vol. in-4° offerts par I'auteur a la Soeiete : 

Les progrfes de Tindustrie moderne tendent k diminuer 

f)artout la main-d'oeuvre , en substituant Foutil k I'ouvrier, 
'activite cer6braie au travail musculaire : Thomme dans les 
ateliers de manoeuvre devient conducteur de machines. 

C'est une transformation de cet ordre que M. Eiffel semble 
vouloir r^aliser dans les recherches meteorologiques en 
generalisant Temploi des appareils enre^streurs. Jusqu'a ce 

i'our, le service des observatoires exigeait un personnel nom- 
)reux et exerc^, supposait chaque jour plusieurs constata- 
tions faites a heures fixes sur des instruments varies. Grftce 
aux enregistreurs, ces documents s'obtiennent automatique- 
ment et de fagon continue : il suffit seulement de contrdler 
la marche reguliere des appareils. 

Ceux-ci devraient ^tre simplifies et a bon marche : on en 
possfede d^ja plusieurs (an^mometre oscillant de Wild). 

L'ann^e meteorologique , divisee naturellement en quatre 
saisons, devrait commencer en decembre avec Thiver, et 
chaque mois se partager en trois decades. On devrait compter 
a part les pluies de jour et celles de nuit : ne regarder comme 
jours pluvieux que ceux oil le niveau depasse 1/2 millimetre. 

De remarquables graphiques ont ete executes d'apr^s cette 
m^thode dans les divers observatoires fondes par Tauteur 
a Sevres (Seine), Vacauey (Gironde) et Beaulieu (Alpes- 
Maritimes) ; a Sevres, niver plus froid et ete plus chaud, 
climat continental avec bcaucoup de petites pluies qui n'ont 
donne que 672 millim. ; a Beaulieu, climat maritime avec 
hiver et et^ teijip^res, de fortes averses ont fourni jusqu'a 
786 millim., presque autant qu'a Vacquey ou les pluies sont 
abondantes avec un total de 788 millim. 

M. le President remercie M. Tabbe Hy d' avoir bien voulu 
nous communiquer ses impressions sur le savant ouvrage de 
M. Eiffel et nous indiquer les parties les plus importantes de 
ce travail. 

— M. le D' Sigaud lit ensuite son compte rendu de FAs- 
semblee generale de F Union des Viticulteurs de Maine-et- 
Loire du 18 novembre 1905. II est decide que ce compte 
rendu sera public dans le prochain Bulletin mensuel de la 
Soeiete Industrielle, ainsi que le rapport de M. L^on Boiu*- 
cier et le palmares des recompenses obtenues k FExposition 
Universelle de Liege. Le Bulletin sera adress6 a tons les 
membres de FUnion. 



— 244 — 

— Rc^ception des candidats present^s k la prec^dente reu- 
nion : 

M. Gouette, doctenr es sciences, professeur de physique, 
a la Faculte des Sciences, 38 rue Lafontaine, Angers ; 

M. Doucet, proprietaire-viticulteur , 6, chemin des Ban- 
chais. Angers, 

Sont elus membres de la Society, a Tunanimite des voix. 

— Presentation de Candidats : 

M. Armand Bourbon, propri^taire a La Ferriere, ppr 
Segre, presente par M. Bordeaux-Montrieux et le D^'Sigaud; 

M. Pascal Poitou, proprietaire-viticulteur a Martigne- 
Briand, presente par M. Leon Bourcier et le D^ Sigaud; 

M. Chartier-Laigle, proprietaire a Saint -Mathurin, pre- 
sents par M. Moreau et le D'' Sigaud ; 

M. le marquis de Chateauvieux , proprietaire, cMteau de 
Vernoux (Louroux-Beconnais) , et 23 rue Merlet-de-la-Bou- 
laye, presente par M. Huault-Dupuy et M. le marquis 
de Dampierre ; 

M. J. Clamens, proprietaire-viticulteur a Saint-Barthelemy 
et 20 rue Rabelais, presente par M. Prosper Jamin et 
M. Suaudeau ; 

M. le vicomte Felix de Romain, ingenieur-agronome , 
chateau de La Possonniere, presente par M. le comte 
de Blois et M. Gilles Deperriere ; 

M. le vicomte Henri du Breil de Pontbriand, maire d'An- 
grie, president du Gomice agricole du canton de Gande, 
presente par M. Bordeaux-Montrieux et le D^ Sigaud; 

M. Gautier-Meslier , proprietaire, conseiller darrondisse- 
ment, 62 rue du Quinconce, Angers, presente par M. Prosper 
Bigeard et le D^ Sigaud ; 

Si. Jean JDezanneau, i3 rue Hoche, Angers, presente par 
M. Rene Blachez et le D'^ Sigaud. 

L'ordre du jour etant epuise, la seance est levee a 3 h. 1/2. 



Le Secretaire general, 
D'^ P. Sigaud. 



— 245 — 



Le vaccin antituberculeux 

R^sultats des experiences de Melun 

Par M. Alfred Grau, ingenieur-agronome, 
professeur a I'Ecole d' Agriculture d' Angers, membre titulaire 

Dans la communication que j'ai eu Thonneur de vous pre- 
senter dernierement au sujet de la lutte contre la tubercu- 
lose bovine, il m'avait ete donne de dire un mot du vaccin 
antituberculeux, d^couvert recemment par le professeur Von 
Behring, de Marbourg, et experimente en France par le pro- 
fesseur valine, d'Alfort, sous les auspices de la Societe de mede- 
cine veterinaire pratique. II s'agissait de contrdler Tefiicacite 
reelle de ce bovo-vaccin, de voir, au moyen d'essais serieux 
et precis, s'il serait possible de conferer a des jeunes veaux, 
choisis parmi nos races frangaises, une immynite complete 
contre la tuberculose et pour combien de temps. II fallait 
aussi s' assurer de la partaite innocuite du vaccin sur des 
animaux bien portants, c'est-a-dire s'assurer que le vaccin 
ne serait pas capable de donner lui-m^me la tuberculose, 

Euisque c'est, en effet, une culture de bacilles tuberculeux 
umains. 

On connalt le principe de la vaccination en general : 
Donner a I'organisme une maladie benigne pour I'empdcher 
de contractor la mdme maladie a un degre beaucoup plus 
grave, et cela pendant une certaine periode de temps, ce qui 
necessite au bout de ce temps une nouvelle vaccination. En 
ce qui concerne la tuberculose , Behring s'est apergu que le 
bacille de Koch de Thomme ne pr^sente pour le boeuf qu'une 
virulence attenuee, permettant son introduction dans Teco- 
nomie. De la a en faire le vaccin du boeuf, la tentative ^tait 
toute naturelle et Behring a obtenu ce vaccin avec des 
bacilles humains attenues par dessiccation dans le vide. 

Le mode op^ratoire consiste a injecter le vaccin directe- 
ment dans le sang par la veine jugulaire gauche. La vacci- 
nation s'effectue a deux reprises : une premiere fois k raison 
de 4 milligrammes, puis trois mois apres a une dose quin- 
tuple , 20 milligrammes. Telle est la methode que preconise 
Behring comme etant la plus satisfaisante. C'est cette 
methode qu'a suivie le professeur Vallee pour ^tudier le 
vaccin de Behring. Les experiences commencees a Melun a 
la fin de Tannee demiere, le 5 d^cembre 1904, se sont prolon- 

fees toute une ann^e et viennent d'aboutir ce mois-ci, le 
decembre 1906. Tout n*est pas encore termini, en particu- 
lier au point de vue de la dur^e de Taction du vaccin, mais 
les conclusions qui en r^sultent deja nettement a Fheure 
actuelle sont assez importantes pour retenir notre attention. 



— 246 — 

On avait choisi 21 veaux, ^ges de 4 a 6 mois, pour les 
soumeitre a la vaccination. Tons se trouvaient en parfaite 
sante et ils subirent avec succ^s, le 5 decembre 1904, 
Tepreuve de la tuberculine. C'etaient, k raison de trois par 
lot , des repr^sentants de sept races differentes : normande , 
flamande, bretonne, vend^enne, charolaise, comtoise et de 
Salers. Ainsi s'est trouvee eliminee Tinfluence de la race, 
car on sait que certaines races bovines presentent une resis- 
tance moindre a la tuberculose, tandis que d'autres races 
sont, au contraire, beaucoup plus r^sistantes. 

La premiere vaccination a eu lieu le 1 1 decembre 1904 ; la 
seconde trois mois apres, le 12 mars 1905. Un des animaux 
en experience mourut accidentellement, comme Tautopsie le 
montra. II restait done 20 sujets, lesquels devaient 6tre en 
mesure de resister a toute atteinte de la tuberculose. 

Pour le constater, quinze des animaux vaccines furent 
soumis, le i5 juin 190$, a toutes les causes connues d'infec- 
tion : mise en cohabitation avec des vaches tuberculeuses , 
inoculations directes des bacilles (i) par injection intra- 
veineuse , inoctilations sous-cutanees. II y en eut 2 eprouv^s 
de la premiere fagon, 6 de la seconde et 7 de la troisieme, et, 
le mdme jour, on prit un nombre egal d' animaux non 
vaccines , pour les soumettre aux m^mes epreuves a titre de 
temoins (2). 

Deja, une premiere conclusion pouvait s'affirmer. Pas un 
seul sujet vaccine n' avait contracte la tuberculose depuis le 
II decembre, jour de la vaccination , jusqu'au i5 juin, ou on 
a infecte les animaux. Le i>accin est done inoffensif. 

La seconde constatation a ete faite ces jours dernier s, le 
3 decembre 1906, six mois apr^s Tinfection exn^rimentale 
des animaux temoins et de ceux vaccines pr^alablement. lis 
ont tons ete sacrifies pour en faire Tautopsie , et reconnaitre 
si oui on non le vaccin pent conferer Timmunite contre la 
tuberculose. 

Disons-le tout de suite : les resultats ont depasse toutes 
les esperances, alors que les animaux non vaccines pre- 
sentaient nettement les signes cliniques de la tuberculose, 
les sujets vaccines qui avaient re^u cependant une dose con- 
siderable de bacilles tuberculeux n'en avaient garde aucune 
trace. Ils avaient done resiste a tons les moyens de conta- 
mination mis en oeuvre , tandis que les temoins etaient bel et 
bien attaques. Le vacein s'est ainsi montre efficace, et, 
desormais, <(il est experimentalement possible, dit M. Vallee, 
de conferer aux jeunes bovides une resistance tres vive a 
regard de la tuberculose ». 

(i) On prit pour cela des bacilles tres virulents, pro venant de lesions 
d'origine bovine. 

(2^ Naturellement, les bovides temoins avaient ete reconnus indemnes 
apres tuberculination ; les deux series d'animaux, temoins et vaccines, 
etaient done bien exempts de tuberculose. 



— 247 — 

Bien entendu , cette belle decouverte , susceptible d'entrer 
maintenant dans le domaine de la pratique , nous donne un 
excellent precede pour proteger nos animaux contre le mal , 
mais comme toute vaccination, c'est unemethode pr^oentwe, 
II s'agit de savoir a present pour combien de temps le vaccin 
de Behring confere rimmunite. On croit, avec raison, que 
cette action du vaccin pent se prolonger beaucoup plus 
longtemps que les six mois pendant lesquels les animaux 
ont resiste a Melun. Pour s'en rendre compte, le professeur 
Vallee avait conserve quatre animaux vaccines qu'il se pro- 
pose d'eprouver plus tard. On saura ainsi exactement quand 
les animaux doivent ^tre revaccines pour conserver leur 
immunity. 

Une autre consequence se degage k propos de la tubercu- 
losa Apres la contamination, tons les sujets, vaccinas comme 
temoins , rea^irent a la tuberculination ; puis , tandis que les 
temoins contmuaient de reagir, les vaccines ayant eu raison 
des attaques de la maladie, ne reagirent plus au bout de 
quelques semaines. Ge qui prouve que la tuberculine est im 
excellent moyen de diagnostic , Fautopsie en ayant confirm^ 
toutes les indications. 

Ges resultats sont d'un bon augiu^e pour Tavenir, car ils 
constituent deja une premiere assurance contre la propa- 
gation de la maladie et foiit pr^juger que la science ne 
s'arr^tera pas en si bon chemin et finira blen aussi par 
triompher de la tuberculose humaine. En tout cas, les vacci- 
nations preventives rendront de grands services a T agricul- 
ture et permettront du m^me coup de tarir Tune des sources 
de la tuberculose en general. A tons les points du vue , c'est 
un tres grand pas de fait dans la defense de Thomme contre 
ce terrible fleau. 



rii 



TABLE DES MATlfiRES 

Pages 

Trois annees d'etudes sur les mouts et sur les vins de notre region. 
Resultats en vue de la repression des fraudes, par M. L. 
MoHKAU , directeur de la Station oenologique , membre titulaire : 

I" partie lo 

a« partie 47 

Action et eflicacite des engrais sur les plantes , suivant ie mode 
de leur application au sol, par M. le professeur Lavallee, 
membre titulaire, pages i6, 54, 72, 128 *. 190 

La foire aux vins d'Anjou des o, 10 et 11 Janvier 1906, par 
M. Leon Bourcier, membre titulaire 2a 

Rapport de la Commission des finances sur ie rapport financier 
de I'annee 190^ , par M . Lafarge , rapporteur 28 

Assemblee generate du 19 fevrier 1905 de la 19® section de la 
Societe des Viticulteurs de France et d'Ampelographie. Rapport 
de M. MoREAU sur le sucrage des mouts ou cnaptalisation. 
Rapport de M. Bacon sur le sucrage des vins en Anjou. Reso- 
lutions proposees et acceptees 29 

Note sur 1 extension que pourrait prendre la consommation du 
bois par un nouveau mode de combustion, par M. Maurice 
Massignon , membre titulaire 68 

43* Congres des Societes savantes (Alger 1905), par M. L. Moreau, 
delegue 87 

Diflicultes d'organisation d'un service d'inspection des viandes 
de boucherie dans les communes depourvues d'abattoir public, 
par M . le D"" Sigaud , secretaire general 97 

Essai sur T Aviculture en Maine-et-Loire et sur les ameliorations 
a y apporter , par M. le marquis de Dampierre , membre titu- 
laire 107 

Discussion sur le mildiou et I'oidium 120 

Un ennemi du Jrefle , moyen de le combattre , par M. Lavallke , 
membre titulaire I23 

Considerations sur le choix de la variete de ble, par M. Lavallee, 
membre titulaire i38 

Distribution solennelle des recompenses aux laureats du concours 
des primes culturales de 1906 : 

I. Allocution de M. Bohdeaux-Montrieux, vice-president ; 
IL Rapport de la Commission des Primes culturales sur le 
concours de I'annee 1905, par M. le D' P. Sigaud, 
secretaire general; 
in. Palmares des recompenses i45 

La recolte des vins de 1905. Que seront les vins nouveaux ? par 
M. L. Moreau, directeur de la Station oenologique, membre 

titulaire • 178 

. Les nouvelles mesures de police sanitaire et la lutte contre la 
tuberculsose bovine et la morve du cheval, par M. Grau, 
membre titulaire 180 

Une visite a la station ampelo^raphique des Recollets de Saumur, 
par M. le D' Sigaud, secretaire general 2o3 

Du chaufTage des serres, par M. r. Charpentier, ingenieur E. C, 
membre titulaire 209 

Expose des connaissances actuelles sur le tir contre la grele, 
par M. ViNET, ingenieur a^ronome, preparateur a la Station 
cenologique , membre titulaire 221 

Compte rendu de I'Assemblee generale de I'Union des Viticulteurs 
de Maine-et-Loire du 18 novembre 1906, par M. le D' P. Sigaud, 
secretaire general 282 

Le vaccin antituberculeux. Resultats des experiences de Melun , 

§ar M. A. Grau, ingenieur-agronome , professeur a TEcole 
'Agriculture d' Angers, membre titulaire 245 

Table des matieres des Bulletins de I'annee 1905 248 

Le G4rant, G. Grassin. 
Angers, imp. Gennain et G. Orassin. — 169-6. 




BULLETIN MEN^UEL 



DE LA 





et 




d' Angers 

et du departement de Maine-eU Loire 



77= ANNEE 



jAnsr"V"iER ISO 

- N° 1 - 



s o i^-'m: a. I r, H3 

I" Proces-verbal de la^seance du 3o dccembre 1906. 

2*" Les betteraves destinees k r'alimentation du b^tail, r^colt^es 
en 1905, par M. P. Lavallee, membre titulaire. 

3° Rapport de M. le marquis de Dampierre sur I'Exposition 
d' Aviculture d' Angers, des 9, 10 et 11 Janvier 1906. 

4° Distribution solennel e des recompenses de I'Exposition d'Avi- 
culture. 



ANGERS 

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1906 



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BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



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d'Angers 

et du d^partement de Maine-eULoire 



77« ANNEE 



ANNEE 1906 




ANGERS 

GERMAIN & G. GRASSIN, IMPRIMEURS-EDITEURS 

40, rue du Comet et rue Sawl-lMud 

1906 



i 



Bureau de la Soci6l6 pour 1906 



President, M. le Senateur 0« de BLOIS. 

Vice Presidents, M. BORDEAUX-MONTRIEUX. 

— M. HUAULT-DUPUY. 

Secretaire g4n4ral, M. le Docteur SIGAUD. 

Vice-Secretaire, M. Andri^ HUAU. 
Archiinste-bibliothecaire , M. A. SUAUDEAU. 

Tr^sorier, M. Prosper JAMIN. 



.A^V^IS 



M. le Tresorier a Thonneur de prevenir MM. les Societaires 
que les quittances de Fannee courante sout a leur disposition au 
siege de la Societe , rue Saint-Blaise , n° 7 ; le bureau est ouvert 
tons les jours de 2 heures a 5 heures, les dimanches et ffetes 
except6s. 

MM. les Societaires sont pries de vouloir bien faire solder leurs 
quittances avant le i5 juin 1906. 

Apres cette date, les quittances non retirees seront remises 
a r Administration des Postes, autorisee, en vertu d'une loi du 
7 avril 1879, a faire les recouvrements de cette nature. Elles 
seront alors majorees de o fr. 5o pour frais de poste. 

M. le Tresorier prie instamment MM. les Societaires de vouloir 
bien alors donner des ordres pour que les quittances soient 
payees k presentation a domicile. Le mode de recouvrement par 
la poste est le seul possible et M. le Tresorier, ne pouvant fetre 
responsable de la forme sous laquelle le paiement est reclaioie , 
sera tres heureux de le voir accepter. ' 

Toutes les communications ou demandes de renseignements 
doivent Stre adressees a M. le President ou k M. le Secretaire 
general, 7 rue Saint-Blaise, Angers. 



BULLETIN MENSUEL 



DE lA 



SOCffiTE INDUSTRIELLE ET AGRICOLB 

D'ANGERS 
et du ddpartement de Maine-et-Loire 



Proc^-verbal de la stance du 30 d^cembre 1905 



Pr^sidences de M. Andr^ Huau puis de M. Bordeaux- 

MONTRIEUX. 

Etaient presents : MM. Andr^ Huau, D' Sigaud, Merlet 
fils, P. Lavallee, M. Massignon, A. Grau, Gallard, Moreau, 
Billard, Bemard-Chauvir^, Fourmond fils, Couette, Baron, 
Gautier-Meslier, Ed. Lafarge, de Boissard, Paul Lorin, 
Halop^, Betton-Allard, de Lavei^e, Herrouet, Groz, de la 
Perraudi&re, Juteau-Goujeul , S^cher, Bouvier. 

M. A. Huau, en ouvrant la stance, ofPre k ses coll^raes 
ses meilleurs souhaits a roecasion de la nouvelle ann^e, il se 
fait I'interpr^te de tons en adressant k notre sympathique 
President nos yoeux les plus sinc^res pour le prompt r6ta- 
blissement de sa sante. Ces paroles sont applaudies par tout 
Tauditoire. ' 

— M. le D' Sigaud donne lecture du proems- verbal qui est 
adopts sans observations. 

— M. Maurice Massi^on, k Foccasion de la prochaine 
foire aux vins, rappelle les noms de nos coll^eues design^s 
comme commissaires de la foire : MM. O. ChaiUou, Bi6ron, 
de Boissard, Suaudeau, F^lix Fourmond, Georges Prieur, 
S^cher, Leon Bourcier, Ed. Lafarge. M. Gilles Deperri^re 
est charge d'organiser la decoration de la salle. 

— M. Moreau, au nom de M. Dujardin, successeur de la 
maison Salleron, ofire k la Soci^t^ Industrielle son ouvrage 
sur XCEnologie; cet ouvrage est confix k M. Moreau pour les 



— 6 — 

Etudes du laboratoire d'oenologie. Des remerciements seront 
adress^s k Tauteur pour son important ouvrage. 

— Une Commission des finances est designee pour verifier 
les comptes de la Station oenologique. Elle se compose de 
MM. A. Huau, O. Chaillou, Ed. Lafarge. La Commission se 
r^unira le lundi i5 Janvier, a une heure. 

M. Moreau pr^sente deux echantillons de vins rougets en 

Eleine fermentation ; la cause principale parait 6tre la fai- 
lesse de la levure, la fermentation s'est faite dans de mau- 
vaises conditions , un froid brusque , survenu en novembre , 
a ff^ne le developpement de la levure, les vins ne se sont point 
eclaircis pour cette raison. Pour rem^dier k cet inconvenient 
il sera necessaire de pratiquer Taeration, le chauffage si 
possible et I'adjonction de phosphate d'ammoniaque. La 
temperature necessaire pour obtenir une fermentation regu- 
liere est d'environ i5 degres pour les vins blancs. 

M. le President remercie M. Moreau de son interessante 
communication. 

— M. Paul Morain, professeur departemental d'agricul- 
ture, adresse a la Societe une lettre lui annon^ant sa nomi- 
nation comme Membre du Comite d' admission et d'installa- 
tion a I'Exposition intemationale de Milan en 1906 (classe 87 
de la section fran^aise). Cette classe comprend le materiel et 
les procedes d'industries agricoles : types d'usines agricoles 
annexees a la ferme (laiterie , beurrerie , fromagerie) ; distil- 
lerie agricole : fcculerie agricole, etc. 

Huileries, fabriques de margarine. 

Ateliers pour la preparation des matieres textiles. 

Etablissements d' aviculture : appareils d'eclosion artifi- 
cielle et d'engraissement de volailles. 

Industries des maralchers : b^timents et appareils pour la 
culture, la cueillette, Temballage et la mise en vente des 
legumes. ! 

M. le President adresse ses felicitations a M. Morain pour 
sa nomination comme Membre du Comite d'admission et 
d'installation a TExposition de Milan et engage nos coUegues 
a participer a cette Exposition pour laquelle le Parlement 
frangais a vote un credit de 400.000 francs. II est important 
que Tindustrie et le commerce fran^ais prennent part a cette 
exposition ou la concurrence etrangere, et en particulier celle 
de ritalie , de la Suisse et de T Allemagne, nous oblige a ne 
pas ceder la place. 

M. Morain se met k la disposition des exposants de notre 
region pour leur fournir tons les renseignements utiles. 

Une note sp^ciale sera mise dans les journaux de notre 1 

departement au nom de la Societe Industrielle et Agricole 
d' Angers. 



— 7 — 

— M. Grau donne lecture de sa trbs int^ressante commu- 
nication sur le yaccin antituberculeux et les r^sultats des 
experiences de Melun. 

M. le President adresse ses remerciements a notre coU^ffue 
dont le travail paraltra en entier dans notre prochain Bulle- 
tin. 

— M. le marquis de Dampierre , k propos de la prochaine 
exposition d'aviculture , propose la nomination de plusieurs 
de nos collogues comme commissaires speciaux : 

MM. Betton-AUard, Merlet fils, de Lavergne et Sigaud 
fils sont d^signes. D'autres membres pourront 6tre choisis 
ult^rieurement si le besdin s'en faisait sentir. 

'. — La Commission chargee de la verification des comptes 
de notre Soci^te pour Fannee 1906 sera composee ae : 
MM. Daignere, O. Chaillou et Ed. Lafarge. 

— M. Bordeaux-Montrieux, succ^dant a M. A. Huau au 
fauteuil de la presidence, adresse ^galement ses voeux k nos 
collogues k I'occasion du nouvel an. II donne lecture d'une 
lettre de notre president, M. le comte de Blois, dans laquelle 
il exprime le d^sir de faire connaitre k nos coUeffues de la 
Society Industrielle combien il pense k eux et conmien il est 
priv^ de ne pouvoir cette annee, comme les pr^cedentes, 
leur offrir lui-m^me les souhaits qu'il forme pour eux et tout 
ce qui leur est cher. II est heureux de pouvoir ajouter que , 
grace aux Membres de notre Bureau , la Soci^t^ Industrielle 
suit une marche ascendante et prospere, elle concourt aux 
progres agricoles et viticoles que Ton constate dans toute la 
France, et elle se place, par ses travaux, k la t^te du mou- 
vement d'oii, nous Tesp^rons, viendra le salut. II prie nos 
collogues d'accepter les remerciements ^mus de leur Presi- 
dent qui leur oifre, d'un coeur reconnaissant , I'expression 
de son affectueux devouement. 

M. Bordeaux-Montrieux adresse, au nom de tons, nos 
remerciements k M. le comte de Blois, il souhaite que bient6t 
il puisse revenir prendre parmi nous la direction de notre 
Society et charge M. le Secretaire de lui transmettre les 
voeux de notre Compagnie. 

— Reception des candidats pr^sent^s a la pr^cedente reu- 
nion : 

M. Armand Bourbon, proprietaire a la Ferri^re, par 
Segre ; 

M. Pascal Poitou, proprietaire-viticulteur k Martigne- 
Briand ; 

M. Ghartier-Laigle, propri^taire a Saint-Mathurin ; 

M. le marquis de CnMeauvieux, proprietaire , chateau de 
Vemoux (Louroux-Beconnais), et ao rue Merlet -de- la- 
Boulaye ; 



— 8 — 

M. J. Clamens, proprietaire-viticukeur a Saint-Barthelemy 
et 20 rue Rabelais ; 

M. le vieomte Felix de Romain, proprietaire , cMteau de 
la Possonni^re ; 

M. le vieomte Henri du Breil de Ponlbriand, maire d'An- 
grie, president du Cornice agricole du canton de Cand^ ; 

M. Gautier-Meslier, proprietaire, conseiller d'arrondisse- 
ment, 6a rue du Quinconce, Angers ; 

M. Jean Dezanneau, rue Hocne, a Angers, 
sont nomm6s membres titulaires de notre Soci^t^ , k Tunani- 
mit^ des voix. 

— Pri^sentation de candidats : 

M. Alfred Guilbeau, ancien notaire, 10 rue du Quinconce, 
Anffers, presents par MM. Paul Raimbault et le D' Sigaud; 

M. G. Guy, proprietaire-viticulteur, ch&teau de D'ieuzie, 
par Rochefort-sur-Loire, et rue Desjardins, Angers, present^ 
par MM. Andre Huau et L^on Bourcier. 

M. L^on Beclard, proprietaire a Rochefort-sur-Loire, pr6- 
sent^ par MM. le D' Monprofit et Lucien Fr^my. 

L'ordre du jour ^tant ^puis^, la stance est levee k 3 h. 1/2. 



Le Secretaire general ^ 
D' P. Sigaud. 



- 9 - 



Les betteraves destinies k Falimentation 
du b^tail, r^colt^es en 1905 

Par M. P. Lavallek 

Ingenicur^Agronome 
Directeur de la Ferme Experimentale d'Avrille (Maine-et Loire) 

Membre titulaire 



La derni^re recolte de betteraves destinies a ralimenta- 
tion du betail comptera parmi les meilleures sous le rapport 
du rendement en poids. Plus d'un cultivateur est reste en 
admiration devant le volume ^norme des racines tirees du 
sol au moment de Tarracfiage , chiffrant avee satisfaction la 

Eroduction a plus de loo.ooo kilos a Thectare. Sont-ils nom- 
reux, ceux qui se sont demande quelle ^tait la valeur ali- 
mentaire de ces racines phenomenales et quel en serait le 
degre de conservation? 

Nous ne le pensons pas. 

On a cependant pu observer que beaucoup de betteraves 
etaient creuses , avaient un tissu peu serre , etaient g-orgees 
d'eau a tel point que si on les sectionnait, cette eau appa- 
raissait librement a la surface de la coupe. 

De telles racines seront de conservation difficile et d'une 
puissance nutritive bien faible. 

C'est tout particulierement dans les fermes ou elles sont 
conservees en celliers, ou accumulees en tas ^normes dans 
les aires des granges que les mecoftiptes se produiront. L'air 
circulant difficilement a travers la masse, celle-ci ne tardera 
pas a s'^chauffer, k devenir un milieu ^minemment propre k 
la multiplication des micrp-organismes qui causent la pourri- 
ture de la betterave. Le seul remade, en pareil cas, consiste 
k diminuer le volume du tas, de mani^re k eviter, par le 
renouvellement de Tair, une elevation de temperature. 

Quant aux betteraves mises en silos en plein air, la con- 
servation sera meilleure, surtout si on a eu soin de ne pas les 
couvrir de suite , et de menager dans la partie superieure de 
la couverture les orifices n^cessaires pour assurer la circu- 
lation de Fair interieur vers I'exterieur. 

Les betteraves que nous avons fait analyser par M. Moreau, 
rhabile directeur du Laboratoire agricole du departcment de 
Maine-et-Loire (3, rue Rabelais, Angers), appartiennent a 
trois races bien distinctes : i** Isl Jaune ovoiae des barres; 
a° la geante demUsucriere h collet i>ert; 3° la demi-sucriere 
h collet rose. 



— 10 — 



Toutes les trois avaient ete repiquees a la fin de la premiere 
quinzaine du mois de juin sur une pi^ce de terre ayant porte 
une culture derobee de vesce d'hiver utilisee eomme fourrage 
vert. Aussitdt renlevement de cette r^colte le sol fut leg^re- 
ment scarifi^ en long et en travers, puis il regut a Thectare 
une fumure de 4o-ooo kilos de bon mmier de ferme enfoui 
par un labour de o™a5 de profondeur. Avant de faire passer 
le rouleau sur le labour, on repandit 400 kilos de superphos- 
phate dosant i5 0/0 d'acide phosphorique, enterres par le 
scarifieateur, et eomme complement de fumure on apporta 
100 kilos de nitrate de sonde qui furent melanges au sol par 
le hersage completant Fameublissement du terrain. 

Les betteraves ont ete repiquees en lignes distantes de 
o°tt5o, et sur chaque ligne les plants etaient places k o°^25 les 
uns des autres, ce qui correspond a 8 racines au metre carr^ 
ou 80.000 par hectare. La reprise se fit dans de bonnes con- 
ditions, mais la violence de la pluie d^chain^e par le cyclone 
du 4 juillet ayant fortement battu le sol, la vegetation en 
eprouva un retard tr^s sensible, elle ne prit tout son essor 
qu'apr^s avoir acre le sol par des binages et des sarclages 
executes entre les lignes avec la houe Filter et sur la ligne 
avec la houe a main. 

L'arrachage eut lieu les 6 et 7 novembre. Les racines 
nettoy^es pass^rent immediatement a la bascule ou Ton enre- 
gistra les produits en poids a I'hectare que nous indiquons 
plus loin. Quant a leur composition voici les chiffres trouves 
a r analyse : 



Composition des betteraves en igo5 



NOMS DES VARIJfeXjfeS 



Mali^re s^che 

dans 

100 kilos 

de betteraves 


Sucre dans 

100 kilos 

de betteraves 


10,10 

16, 5o 


5,18 
6,70 
11,40 

• 
. • % « « 



Jaune ovo'ide des Barres 

Geante blanche demi-sucri^re. 
Demi-sucri^re , k collet rose . . 



Nos lecteurs savent eomme nous que la matiere seche 
represente ce qui reste de la betterave lorsqu'on en a retire 
Teau et que c'est la matiere s^che qui sert a Falimentation 
du betail et non Teau avec laquelle elle se trouve associee. 
Les chiffres ci-dessus indiquent done que dans 100 kilos de 
betteraves jaune ovoide des barres il n y a que 10 kil. 10 de 
matiere nutritive, tandis que le m^me poids de betteraves 
demi-sucrieres a collet rose en contient 16 kil. 5oo, soit 
63 o/o en plus, Mais la matiere seche est formee de subs- 
tances diverses plus ou moins assimilables , dont la plus 



I 



— 11 — 

importante est le sucre, parce qu'il est enti^rement utilise par 
I'organisme, soit comme source d'energie, de chaleur ou de 
ffraisse. Nous voyons que loo kilos de betteraves jaune des 
barres n'en contiennent que 5 kil. i8, tandis qu'il y en a 
II kil. 4o dans le mSme poids de betteraves demi-sucrieres a 
collet rose. 

Ce sont-la des chiffres tres faibles qui s'expliquent 
d'ailleurs , si Ton tient compte des renseignements generaux 
donnes sur la culture et des conditions meteorologiques de 
la derniere campagne. Comme pour la vigne, le manque de 
chaleur et de lumiere a ete prejudieiable a la fonction chlo- 
rophyllienne , les elements necessaires a la formation du 
sucre n'ont pu ^tre accumules ni dans le raisin , ni dans le 
pivot de la Letter a ve. L'un et T autre ont et6 r^coltes sans 
6tre arrives a maturite et si bon nombre de vignerons ont 
et^ obliges de remonter leurs moMs pour obtenir un vin de 
bonne qualile, ils ne seront pas moins nombreux les culti- 
vateurs qui devront, a I'aide d' aliments concentres, remonter 
la puissance alimentaire de leurs betteraves s'ils ne veulent 
les voir consommer par leur betail sans que celui-ci en tire 
profit. 

L'an dernier, au contraire, les conditions meteorologiques 
ont ete toutes differentes , septembre et octobre ont ete sees 
et ensoleilles, le raisin a donne un vin de qualite remar- 
quable, la betterave est restee petite mais par contre, elle 
etait tres riche en elements nutritifs. Ces observations per- 
mettent, jusqu'a un certain point, d'etablir pour notre 
region un rapprochement assez etroit entre la qualite des 
vins et celle des betteraves destinees a Falimentation du 
betail. 

Voici d'ailleurs la composition des betteraves analysees 
Tan dernier : 

Composition des betteraves en igo4 




Jaune ovo'ide des Barres 

Geante blanche demi-sucriere 

Geante demi-sucriere, a collet rose.. 



Matiere s^che 

dans 

100 kilos 

de betteraves 



17,56 

20, i6 

20,76 



Sucre dans 

100 kilos 

de betteraves 



11,02 

12,78 

i3,46 



Ces betteraves provenaient d'un semis direct sur terre 
ayant ete en labour d'hiver et ayant regu les mSmes engrais 
que la culture par repiquage en 1905 ; Tespacement ayant 
€X.€ le mSme pour les deux annees, les resultats trouves a 
Tanalyse sont done comparables, lis permettent de chiffrer 






— 12 — 

la grande superiorite des b^tteraves recoltees I'an dernier 
sur celles de cette annee. Ne faut-il voir dans cette superio- 
rite que Finfluence des conditions meteorologiques plus 
favorables en 1904 qu'en 1905? Nous pensons quil faut 
aussi tenir compte de la difference entre les deux modes de 
culture signales pour ces deux annees. II est certain que la 
betterave semee sur place, ne supportant pas de temps 
d'arr^t dans la marche normale de sa croissance, arrive 
mieux k maturity que celle qui est repiquee. II y a de ce 
cdte des recherches k faire, nous y convions tous ceux qui 
s'int^ressent au progr^s de la culture. 

Le calcul du rendement a Thectare, en poids, en matiere 
s^che et en sucre, permet de dresser les deux tableaux sui- 
vants pour les deux annees envisagees : 



Recolte igo4 



VARIETES 



Jaune ovoide des Barres 

Geante demi-sucri^re , a collet 

vert 

Demi-sucriere , k collet rose . . . 



RENDEMENT A L'HECTARE 



au poids 



kilos 
45.000 

43.000 
41.000 



en matiere 
seche 



kilos 
7.902 

8.668 
8.5ii 



en Sucre 



kilos 
4.959 

5.495 

5.5i8 



Recolte igo5 



vari6t6s 



Jaune ovoide des Barres 

Geante demi-sucriere, k collet 

vert 

Demi-sucriere , a collet rose . . . 



RENDEMENT A L'HECTARE 



au poids 



kilos 
79.000 

77.500 

65. 000 



en matiere 
s^che 



kilos 
7.979 

9 292 
10.758 



en Sucre 

kilos 
4.092 

5.192 
6.700 



Si nous comparons entre eux les chiffres dignes d'inter^t , 
c'est-a-dire les rendements en matiere seche et en sucre k 
rhectare pour les deux annees , il ressort de la fa^on la plus 
nette que la betterave jaune oi>oide des barres est bien infe- 
rieure aux deux varietes demi-sucridres et que parmi ces 
dernieres c'est celle a collet rose qui donne d'une mani^re 
reguliere le maximum de substance s^che digestible, parce 
que c'est la plus riche en sucre. 



- IB — 

Conclusion. — La production mdyenne k Thectare de 
chaque race de betterave en mati^re s^che pour les deui^ 
annees envisag^es s'inscrit comme suit : 

yg4o kilos pour ropotde des barres; 

8g85 kilos pour la g^ante demi-sucriire h collet i>ert; 

Qo34 kilos pour la aemi sucriire h collet rose. 

Cela revient k dire que la puissance alimentaire de 4 hec- 
tares de betterapes demi-sucrieres it collet rose ^quipaut h 
aelle de 5 hectares de betteraoes opoides des barres. 

Nous n'avons pu nous procurer de betteraves fourrag^res de 
poids ^norme, mais il sera facile k ceux qui en possedent de 
laire un rapprochement entre leur faible valeur alimentaire 
et celle des Donnes vari^t^s demi-sucri^res. 



Znfluence de I'efteuillage 
sor la quality des betteraves r6colt6e8 en 1905 

La superiority des races de betteraves demi-sucri^res tient, 
avons-nous dit, aux soins de selection dont elles ont 6te Tobjet 
et k Tabondance de leur feuillage , car c'est dans les feuilles 
que prennent naissance les hydrates de carbone qui devieur 
aront du sucre et les mati^res' albuminoides qui constituent 
la valeur alimentaire de la racine. Celle-ci n'est en quelque 
sorte qu'un reservoir, un magasin ou s'aecumulent les 
matieres fabriqu^es par les feuflles. Plus elles sont abon- 
dantes, plus les conditions atmospheriques sont favorables 
k leurs lonctions , plus la valeur alimentaire de la racine est 
eievee. 

Sans se douter du tort considerable qu'ils font au d^ve- 
loppement et k la quality de sa racine , beaucoup de cultiva- 
teurs ont conserve I'habitude routini^re de pratiquer 
reffeuillage de la betterave. lis savent cependant que ce 
fourrage ne constitue qu un aliment de tres faible valeur, et 
que si on le distribue en quantity un peu eiev6e , il a un effet 
laxative tr^s mar(jue. 

On se garde bien d'en distribuer aux boeufs de travail, 
aux bdtes k I'engrais, mais on ne T^pargne pas aux jeunes, 
aux vaches laiti^res. Personne ne contestera que c*est \k une 
operation deplorable, car les jeunes animaux ont plus 
besoin que les adultes d'aliments riches , ce n'est pas en les 
purgeant d'une fa^on continue qu'on hate leur croissance I 
Quant k Taction des feuilles de betteraves sur la production 
lactee , toutes nos fermi^res sont \k pour reconnaltre que le 
jour oil on les substitue k d'autres aliments, la c^ualite et la 
quantite du lait diminuent dans de fortes proportions. Alors 
pourquoi passer du temps et par Ik mSme d^penser de Tar- 
gent pour recolter un fourrage de mauvaise quality? Pour- 



-14-- 



^uoi nuire k la proyision du b^tail pendant Fhiver, sans 
espoir d'en tirer aucun profit ? 

Cle qui ^tonne le plus, c'est de voir qu'on n'hesite pas a 
s'imposer de iourds sacrifices pour mettre le feuillage de la 
vigne k Tabri des maladies cryptogamiques qui pourraient 
le detruire, tandis que, b^nevolement, on enleve celui de la 
betterave.* 

. Ce paradoxe existe non seulement entre les fermes a 
yignes et celles qui n'en ont pas, mais on le rencontre egale* 
ment dans les exploitations ou yoisinent la culture de la 
vigne et celle de la betterave. 

En se reportant aux remarques que nous avons faites a 
propos de la quality des betteraves r6colt^es cette ann^e, on 
constate, pour les trois varietes exp^rimentees , qu'il y a 
dans loo kilos de matiere seche les proportions suivantes de 
Sucre : 



VARIETES 

Jaune ovoide des barres . . . 
Geante blanche demi-sucriere 

a collet vert 

Demi-sucri^re k collet rose. . 



Sucre dans loo kil. de matiere seche 

5i kilos 

56 kilos 
63 kilos 



M. J. Lemanceau, Thabile regisseur des belles fermes de 
M. le senateur comte de Blois, ay ant voulu se rendre compte 
de rinfluence de Teffeuillage sur la qualite des betteraves 
recoltees autour de lui, nous a adresse, pour les faire analy- 
ser, des echantillons de trois varietes de betteraves de la 
derniere recolte. 

Voici les resultats portes sur le bulletin d'analyse : 



NOM9 DES VARI^T^S 



Jaune geante de Vauriac 

Demi-sucri^re blanche, k collet 

vert 

Demi-sucriere , k collet rose. . . . 



Poids 
moyen des 

racines 
analys^es 


Matiere 

seche dans 

100 kil. de 

betteraves 


1^^185 

1,578 
1,172 


12^*00 

12,33 

12,78 



Sucre dans 
100 kilos 

de 
betteraves 

4>^46 

6,01 
7,20 



Si nous determinons la proportion du sucre pour 100 kilos 
de matieres s^ches, nous obtenons les chifTres ci-dessous : 



VARIIST^S 

Jaune ovoide des barres . . 
Geante blanche demi-sucriere 

a collet vert 

Demi-sucriere a collet rose * 



Sucre dans 100 kilos de matiere seche 

37 kilos 

47 kilos 
58 kilos 



— 15 — 

On pent, jusqu'k un certain point, rapprocher ces resul- 
tats de ceux accuses plus haut par F analyse des betteraves 
de la Ferme experimentale d'Avrille, et se faire par la una 
id^e assez nette de Finfluence nefaste de Feffeuillage sur la 

Sualite de la betterave , par suite de la grande reduction de 
e sa teneur en sucre. 

Nous avons fait remarquer que les betteraves normales 
laissaient a d^sirer cette annee au point de vue alimentaire , 
que conclure de celles qui ont ete effeuillees ? 

On ne pent mSme pas songer k racheter leur mediocre 
qualite en les distribuant en plus grande quantity au betail , 
car si elles contiennent peu de sucre, elles sont par contre 
tr^s riches en nitrates et, comme toujours, la variete fourra- 
g^re en renferme une quantite plus elevee que la demi- 
sucriere. D'apr^s Fanalyse, la jaune g^ante de Vauriac en 
contient o»'35o o/o tandis que la demi-sucriere k collet rose 
en renferme o^^'a^a, soit 22 o/o en moins (i). 

Ge sont la des proportions excessivement ^levees pouvant 
provoquer des desordres tres graves, sinon mortels, chez 
les animaux dont la ration comporterait une trop forte 
quantite de ces betteraves. Cest kTexces de nitrate qu'elles 
renferment qu'il faut attrij^uer les accidents qu'on a eu a 
d^plorer jusqu'a ce jour, et que nous avons voulu pr^venir 
en indiquant quelle en ^tait la cause. 

] Conclusion, — II faut laisser intact le feuillage de la 
betterave jusqu'au jour de Farrachage. 

(A suwre.) 



(i) A la Ferme experimenlale d'Avrille les betteraves jaunes 
geantes de Vauriac, analvsees en 1901, ne contenaient que o^oq5 de 
nitrates 0/0, les geantes blanches demi-sucrieres 0*^085 et les aemi- 
sucrieres a collet rose o"o87. 



— 16 — 



Rapport de M. le marquis de Dampierre 
sur r£xposition d'Aviculture d' Angers des 
9, 10 et 11 Janvier 1906. 



Messieurs , 

C'est avec une bien r^elle satisfaction que je viens ici vous 
entretenir une fois encore de notre premiere Exposition 
d' Aviculture. Lorsqu*il y a (juelques mois j'eus Inonneur 
d'attirer pour la premiere fois votre attention sur Fint^rSt 
qu'une semblable tentative pourrait presenter dans notre 

Sa^s d*Anjou, de bonnes raisons, certes, me permettaient 
€]k de vous faire esp^rer un sucees, mais j'etais loin, je 
Favoue , de prevoir la facility que nous avons eue k recruter 
des exposants, et la valeur au-dessus de la moyenne des 
lots qui nous seraient envoyes, et Fempressement general 
des Angevins de tons les milieux k venir visiter notre expo- 
sition, a nous apporter leur concours , k t6moigner de toutes 
les manieres leur inter^t pour les choses de Faviculture. 

Vous avez tons , Messieurs , pu juger par vous-mSme de la 
r^ussite tres remarquable de notre entreprise. Je n'ai done 
pas k vous la d^taiUer. Permettez-moi seulement de vous 
rappeler que nous avons presents au public environ huit 
cents animaux de basse-cour, dont a peu pr^s la moiti^ en 
coqs et poules et le reste en palmipedes, dindons et pin- 
tades, lapins et pigeons. Or, malgr6 la petite et tardive 
publicity que nous avions faite, nous avions attir^ quatre- 
vingts exposants dont vingt-trois seulement etrangers au 
d^partement de Maine-et-Loire. Si done de ce chiOTe d'ex- 

Eosants Fon d^falque , outre les Strangers , les vingt colom- 
ophiles ^prouv^s du Messager angevin, nous voyons que 
trente-sept amateurs se sont r^v^l^s parmi nos compatriotes, 
assez silrs d'eux-mfimes et assez hardis pour affronter une 
exposition. Et combien ce chiffre est inferieur au nombre 
reel des aviculteurs de notre pays , sans parler de tons ceux 



auxquels une visite dans notre galerie a donn^ le goM de 
Faviculture. II serait difficile, a coup silr, d'^tablir, mSme 
approximativement , un recensement de ce genre , mais plus 
de cinq mille entries payantes attestent 1 int^r^t que cette 
branche de F^conomie rurale excite dans tons les milieux et 
cet int^rfit s'est manifesto plus encore par Factivit6 des tran- 
sactions aui, tant en materiel qu'en animaux exposes, ont 
sans nul aoute, atteint plusieurs milliers de francs. 

Ce succ^s, Messieurs, c'est a la Soci^t^ Industrielle et 
Agricole, c'est a vous done qu'en revient Fhonneur, k vous 
tons qui avez fait un si large accueil k mon initiative, prou- 



— 17 — 

vant une fois de plus qu en notre beau pays d'Anjou il sufflt 
de ^eter une idee au vent pour que bientdt l^ve une feconde 
moisson de resultats utiles. Mais nous le devons surtout k 
votre infatigable agent general, M. le commandant Ancelot, 
et a M. le D' Sigaud, votre Eminent secretaire general, dont 
la bonne gr^ce charmante et Tintelligente activity ont rendu 
tout possiole et se sont depensees sans compter, avant, pen- 
dant et depuis notre interessante exposition. Nous le devons 
encore k la bienveillance de M. Viger qui a si gracieusement 
mis un excellent local a notre disposition et, enfin, a TUnion 
des Viticulteurs angevins dont le President et les Commis- 
saires ont ^te pour les aviculteurs plus encore que d*excellents 
voisins, je veux dire des conseillers pleins a experience et 
des auxiliaires pleins de cordialite. A tons et a cliacun per- 
mettez-moi , Messieurs , au nom des exposants d'une part et 
de I'autre au nom des organisateurs de TExposition Avicole 
d' Angers, d'adresser ici un dernier et bien sincere remer- 
ciement. 

Mais en dehors des aimables concours qui ont assure la 
r^ussite de notre exposition d*aviculture , il y a quelques 
causes plus generales qui devaient favoriser, en pareiUes 
circonstances, une tentative de ce genre et je veux pour con- 
clure vous les indiquer brievement. 

En premier lieu 1 inter^t tres reel qu'offre a toute maitresse 
de maison le bon etat de sa basse-cour assure partout a 
Taviculture une popularity generale. Mais en Anjou il y a, 
outre les bonnes menageres , des propri^taires soucieux de 
leurs interfits ruraux. Notre pays a ceci de particulier que 
Taisance y est plus repandue que la fortune; je veux dire 
qu'il s'y trouve un tres grand nombre de cultivateurs ais^s 
ou de petits proprietaires qui ne negligent aucune source de 
richesse , mais que s'il y a pr^s d'eux des proprietaires plus 
riches, ceux-ci du mbins ont conserve pour Fagriculture 
cette soUicitude edair^e et toujours presente qui fait d'eux 
des rouages encore utiles dans la grande machine sociale. 
Les uns et les autres trouvent, a des titres divers, dans 
Taviculture, la satisfaction d*un goAt d'amour-propre et 
Famelioration d'un rendement estimable. Et c*est la une des 
reflexions qui s'imposaient en parcourant notre exposition 
recente : les* races de pur luxe n'y paraissaient presque 

Soint, les races pratiques y avaient une ecrasante prepon- 
erance. On se sentait en presence d*un parti-pris de gens 
sages, soucieux avant tout de faire oeuvre utile chez eux ou 
autour d'eux et cela seul suffirait k assurer chez nous k 
Taviculture une prosp^rite durable. 

La seconde cause permanente propre a nous confirmer cet 
heureux r^sultat, c'est la situation mfime d' Angers, capital 
non seulement du Maine-et-Loire et de Tancienne province 
d' Anjou, mais lieu d'echanges naturel entre le Poitou, la 
Bretagne, le Maine et la Touraine. Or si Rennes poss^de une 



- IS — 

race de poules justement estimee, si La Fleche , ville ange- 
vine, et Le Mans, sa suzeraine actuelle, sont des centres 
d'elevage seculaires, il s'en faut de beaucoup que toutes ces 
riches regions soient des pays d'egale activite avicole. Long- 
temps encore Angers pent done Stre utile a tous en favorisant 
ici la comparaison des produits des pays voisins avec ceux 
qui pourront nous envoyer des avicuiteurs de plus lointains 
parages. Et ou done trouver un centre plus aimable et plus 
accuelllant a toute manifestation d'intelligence et d'activite 
humaine que la blanche ville des arts et des |leurs ! 

Enfin la date de notre premiere exposition d'aviculture 
s'est trouv^e particuli^rement bien choisie et c*est la un troi- 
si^me element de succes qu'il faut se garder de negliger. Au 
debut de Janvier, en effet, les volailles du printemps pr^c6- 
dent sont parvenues a leur taille ou a peu pres , les sujets 
adultes ont achev6 leur mue : les avicuiteurs peuvent done 
sans difficult^s preparer leurs lots de concours. De plus, 
c'est une date qui precede les grands concours de Paris ou 
d'ailleurs, c'est le moment ou peuvent se distinguer pour la 
premiere fois les sujets d*elite, n^s dans Tannee et qui nont 
pas encore concouru. Ce serait la date ideale pour fonder un 
concours annuel ou s'essaieraient (comme a Caen, les jeunes 
chevaux au prix du « premier pas ») Telite de Televage des 
grands avicuiteurs. 

Je vous parle de Concours annuel. Messieurs, quand il y 
a six mois j'osais a peine vous proposer une experience 
modeste. C'est que cette idee de rendre annuelle notre expo- 
sition de Janvier m'a ete sugger^e par les exposants eux- 
m^mes. Les membres du jury qui avaient bien voulu se 
deplacer pour nous, les avicuiteurs eprouves qui avaient 
repondu a notre appel m'ont vivement presse de vous sou- 
mettre cette idee. Je la l^gue k vos meditations et je me 
borne a cette reflexion personnelle que notre alliance avec la 
viticulture a ete trop leconde cette fois pour lie pas nous 
donner envie de la rendre permanente. 

Et pour terminer je dois encore vous parler, Messieurs, du 
resultat durable qu'ont eu d^jk votre exposition avicole et 
Fexemple de T Union des Viticulteurs angevins. Je veux dire : 
la creation d'une Society d' Aviculture qui reclamerait votre 
patronage dans les m^mes conditions que TUnion des Viti- 
culteurs. Une Commission s'est spontan^ment form^e pour 
etudier ses statuts ; elle comprend, outre moi-meme qu'on a 
voulu charger de la presidence, MM. Lemanceau, le baron 
Le Pelletier et le baron de Villoutreys, comme membres, avec 
M. Daignere comme secretaire. Nous esperons, Messieurs, 
pouvoir, a une seance prochaine, vous apporter les resultats 
que nous aurons obtenus. 



— 19 — 



Grande Exposition et Concours d' Aviculture 

Goqs et Poules de races Irancalses et 6trangftres 

Pintades, Dlndons, Oles, Canards 

Pigeons voyageurs, de rapport et d'agr6inent, Lapins, Oiseaux de luxe 

EXPOSITION DE VOLAILLES MORTES 

Organises A Angers, au Champ-de-Mars, les 9, 40 et H Janvier 4906 

Par la Soci6t6 Industrielle et Agricole d' Angers 
et du d6parteznent de Maine- et- Loire 

Sous le Patronage dc la Federation des Societes d'Aviculture de France 

et des principaux Clubs fran^ais de races pures et avec la participation of&ctelle 

de la Societe Colombopliile '* Le Messager Angevin ^' 



Distribution solennelle des Recompenses 

Jeudi soir, k 5 h. 1/2, a eu lieu sous la presidence de 
M. Deperri^re, ay ant a ses c6t^s MM. le Maire d' Angers, le 
marquis de Dampierre et les autres membres du bureau, la 
distribution des recompenses de TExposition d* Aviculture, 

Beaucoup de monde y assistait. 

M. Deperriere a ouvert la stance par le discours suivant : 

Mesdames, 

N'en d6plaise a ces Messieurs, mais c'est a vous que cette 
allocution d'ouverture est destinee, et si je m'adresse a vous 
seules , j'ai plusieurs motifs pour le faire. 

D'abord, le sexe qui porte a son menton son plus bel ornement 
a re^u ici, dans ae nombreux et beaux discours, toutes les 
louanges auxquelles il avait droit. Personne n'a ete oublie, et 
mes redites, qui ne seraient sttremcnt que la pftle image de ce 
que mes devanciers ont excellemment conte avant moi sur cette 
estrade, risqueraient d'etre taxees d'un vilain mot, a la pens6e 
duquel toutes les barbes , ieunes ou vieilles , fremiraient. 

rtiis, en venant pccuper le fauteuil, je n'ai point re^u de mandat 
imp6ratif pour vous parler d'une chose ou d*une autre, et, 

Eourquoi vous le cacnerais-je , je pr6ffere m'entretenir avec les 
lames plutdt qu*avec les Messieurs. 

Eniin, apr^s Fhommage affreable k vous rendre toujours et 
partout, oti que vous soyez, j ai quelque chose k vous demander, 
qui sera acclame par tout le monde, je n'en doute pas. 

C'est en foule, Mesdames, que vous avez p6netre dans ces 
enceintes, nous apportant, avec vos graces naturelles qui font la 
joie de nos yeux, les meilleurs, les plus pr6cieux encouragements, 
taisant naltre en nous les plus grandes esperances pour le progr^s, 
objet de nos ardents d^sirs. 

La femme fran^aise, la douce et gracieuse An^evine, peut-^tre 
plus que toute autre, n'a pas besoin de sortir de rEcole nationale 
des Beaux-Arts ou de I'Academie de musique et de danse 
pour 6tre une artiste. Elle porte en elle et avec elle toutes les 
elegances, eUe salt jouir de celles qu'eUe rencontre et toujours 
y ajouter, quand le milieu oCi elle p6netre lui plait. Vous etiez 



— 20 - 

ici, tous ces jours, dans une republique dont la direction peut et 
doit vous appartenir pour une grande part. En aviculture, ne 
cherche-t-on pas constamment, avec les ameliorations des formes, 
celles de la couleur? Sur le corps solidement construit , aux 
aspects souples et dodus des oiseaux que nous cultivons 
passionn6ment et dont la vue fait venir Feau k la bouche des 
tins gourmets, ne cherchons-nous pas la parure des brillants 
plumages ? 

Vous pouvez fetre, vous devez 6tre en tout, dans raviculture, 
les conseUs de nos savants eleveurs pour la perfection des races 
et, comme vous ne le c6dez en rien au monde pour la coquetterie, 
c'est vous encore qui pouvez le mieux guider nos maltres pour 
faire de nos cocottes de veritables bijoux, capables, k leur vue, 
de faire tourner toutes les tStes. 

Enfin , il est des soins d'6ducation qui vous appartiennent tout 
k fait, je veux parler du caract^re. 

Vous savez tout subjuguer. 

II faut entre vos mams que le plus farouche, le plus sauvage 
y passe et se soumette. 

Nos coqs et poules, nos dindons, nos pintades, nos oies, nos 
canards , nos pigeons , jusqu'4 nos lapins , compagnons insepa- 
rables des premiers dans les assises avicoles, out besoin 
d'6ducateurs patients, adroits de leurs mains, qui sachent les 
caresser et guider leurs instincts. 

Vous fetes nees, Mesdames, pour faire eclore toutes les qualites 
du coeur autour de vous, vous sauriez faire de nos pares d*ele- 
vage de petites patries oti la paix, la concorde, la vie calme, la 
sante , la beaute et I'amour rfegneraient en souverains maltres. 

Je vous con vie , Mesdames , a ce rdle que nous voulons vous 
voir trouver charmant, apr^s avoir vaincu les hommes qui ne 
song[ent qa'k se mettre k vos pieds, de prendre en main les 
destinees de T aviculture et de sa propagande. 

Avec vous nous serions certains du plus brillant avenir et de 
tous les succes. Voulez-vous ? Je vols des sourires. Je veux qu'ils 
soient de bon augure. J'espfere ! 

M. le D"^ Sigaud a proclame alors les noms des laur^ats 
avec les prix decernes. 

Voici la liste complete des recompenses : 

PREMIERE DIVISION 

Goqs et poules de grandes races frangaises 

(Ghaque lot se compose de un coq et deux poules) 

Premiere categorie : Race de Cre^e-Cceur 

1. Medaille vermeil : M. Charles Serre, io3, boulevard de 

Sevigne, Rennes (lUe-et-Vilaine) ; 

2. Medaille argent ; MM. Thomas et Normand (Etablisse- 

ments Voitellier), Mantes (Seine-et-Oise). 

Deuxieme categorie : Race de Houdan 

I. Medaille vermeil : M. Duperray, a Maulette, par Houdan 
(Seine-et-Oise) ; 



I 



— 21 — 

2 . Medaille argent : M. J. Goupil, k Houdan (Seine-e^Oise) ; 

3. Medaille bronze : M. F. Goujon, a Langeais (Indre-et- 

Loire), 

Troisieme categorie : Race de la FUche 

1, Medaille vermeil : M, Cbarles Serre, preeite; 

2, Medaille argent : M. Rene Bouchereau, a La Fl^che 

(Sarthe) ; 

3. MMaille bronze : M. Joseph Toutain, a la Vieill^re, par 

le Bailleul (Sarthe) ; 

4. Mention honorable : M. F. Goujon, preeite; 

5, Mention honorable : M. Bouehereau, preeite. 

Quatrieme categorie : Race de Bresse 

a) Variete blanche 

1, Medaille vermeil : M™<; la comtesse H. de Castries, cha- 

teau du Chillon, par le Louroux-B^connais (M.-et-L.); 

2. Medaille argent : M. le marquis de Dampierre, Louroux- 

Beconnais (Maine-et-Loire). 

b) Variete noire 

1. Medaille vermeil : M. Ch. Serre, preeite ; 

2. Medaille argent : M. Charles Quartier, rue Bressigny, 

Angers ; 

3. MMaille bronze : M. Daign^re, domaine de Tessign^, 

par Brissac (Maine-et-Loire). 

c) VariHe grise 
2, M. Ch. Serre, pr^cit^. 

Cinqui^me categorie : Race de Faiferolles 

1. Medaille vermeil : M. J. Goupil, preeite ; 

2 . M6daille argent : M™« Pineau , au Prieure de Villemoisan 

(Maine-et-Loire); 

3. Medaille bronze : M, Duperray , preeite ; 

4. Mention honorable : M. le marquis de FEsperronni^re, 

eh&teau de la Saulaie, par Freigne (Maine-et-Loire) ; 
5.* Mention honorable : M"*® Hardy, a Villegontier (La Cor- 
nuaille ; 

6. Mention honorable : M"« la comtesse de Lauzon, a Cand6 

(Maine-et-Loire). 

Sixieme categorie : Race du Mans 

1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Guerini^re, k Maisons- 

Lafiite (Seine-et-Oise) ; 

2. Medaille argent : M. Charles Serre, preeite. 

Septi^me categorie : Race courtes-pattes 

3. Medaille bronze : M. Ch. SeiTe, pr6cit^. 

Huiti^me categorie : Race Coucoii de Rennes 

1. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, preeite; 

2. Medaille vermeil : M. Ch. Serre, preeite. 



— 22 — 

Neuvieme categoric : Race de Mantes 

1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, pr^cites ; 

2. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ; 

3. Medaille bronze : M™« la comtesse de Castries, precit^e. 

Dixicme cat^gorie : Race de Caumont 
I. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, preeit^. 

Onzieme categorie : Autres races frangaises 

1. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, precite 

(race d'Anjou) ; 

2. Medaille argent : M. Gh. Serre, precite (race de Janze) ; 

3. Medaille bronze : M™« Ghristine Robert, a Vivy (Maine- 

et-Loire) (race de la Ronde). 

Prix d'honneur , una plaquette artistique destinee k Texpo- 
sant qui aura remport^ le plus de prix dans cette divi- 
sion : M. Gh. Serre. 

Prime d' ensemble de 20 francs destinee a Fexposant du 
departement de Maine-et-Loire qui aura remporte le 

Elus de prix dans cette division': M. le marquis de 
dampierre. 

Prime d'honneur de i5 francs, au plus beau coq de Houdan, 
offerte par le Houdan-Glub : M. Duperray. 

MMaille d'argent k la plus belle poule de Houdan, offerte 
par le Houdan-Glub : M. Duperray. 

Medailles offertes par la Soci^te des Eleveurs de La Fleche 
aux plus beaux lots de La Fleche : Medaille d'argent, 
M. Charles Serre ; medaille de bronze, M. Bouchereau. 

Medailles offertes par le Bresse-Club au plus beau lot de 
chaque vari^te de Bresse : Medaille d'argent (vari^t^ 
blanche), M°^« la comtesse H. de Castries ; mMaille 
d'argent (variety noire), M. Charles Serre ; medaille 

' d'argent (variety grise), M. Charles Serre. 

DEUXI^ME DIVISION 

Goqs et poules de grandes races 6traiig^res 

(Ghaque lot se compose de un coq et deux poules) 

Premiere categoric : Race de Rrcekel argenti 
Pas de prix decernes. 

Deuxi^me categorie : Race Coucou de Malines 

I . Medaille vermeil : M"™* Lemanceau , au Petit-Bouille , par 
. Segre. 

Troisieme categorie : Race de Campine 
Pas de prix. 



— 23 — 

Quatri^me categoric : Race Orpington 

a) Variete faiwe 

1 . M^daille vermeil : M. F. Goujon, precite ; 

2. Medaille argent : M. Coyreau desLoges, k Savigny, par 

Vouneuil-sur-Vienne (Vienne) ; 

3. Medaille bronze : M. Charles Baron, k Jallais (M.-et-L.) ; 

4. Mention honorable : M. le marquis de Dampierre, pre- 

cite ; 

5. Mention honorable : M"*® L. de BossoreiUe, La Bernar- 

diere, par Saint-Macaire (Maine-et-Loire). 

■ ■ b) Variete noire 

1 . Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, precite ; 
2 Medaille argent : M. F. Goujon, precite; 

3. Medaille bronze : M™® Lemanceau, precitee ; 

4. Mention honorable : M. Daign^re, pr^eit^, 

Cinquieme categoric : Race Dorking 

1 . Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites;* • 

2. Medaille argent : M. Carrie, a Lery (Eure); 

3. Medaille bronze : M. le marquis de Dampierre, precite; 

Sixieme categoric : Grands combattants anglais 
I. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^riniere, precite. 

Septieme categoric : Race de Hambourg 

a) Variete crayonnee et doree . - 

1. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ; 

2. Medaille argent : M. le baron de Chemellicr, k Blaison 

(Mainc-et-Loire). 

b) Variete pailletee et argentee 

i. Medaille vermeil : M. A. Bastide, La Pommcroye, par 
Cuts (Oise) ; 

2. Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^; 

3. Medaille bronze : M. Daignere, precite. 

c) Variete noire ■ 
I. Medaille vermeil : MM. Thomas et Norma^nd, precit^s. 

Huiti^me categoric : Race de Minorque 

I. Medaille vermeil : M. F. Goujon, precite ; 
2 Medaille argent : M. Ch. Serre. 

Neuvieme categoric : Race espagnole 
I. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precit^s. 

Dixieme categoric : Race de Leghorn 

Variete blanche 

3. Medaille bronze : M. Jamont, 76, rue de Letenduere, 

Angers ; 

4. Mention honorable : M. Charles Thebault^ a Beaupreau 

(Maine-et-Loire). 



— 24 — 

Onzieme categoric : Race de Pad&at 
I. Medaille vermeil : M. A. Bastide, precite. 

Douzieme categoric : Race Wjyandotte 
Pas de prix. 
Treizi^me categoric : Race de combattants indiens 
i. Medaille vermeil : M. A. Bastide, precite. 

Quatorzi^me cal^gorie : Race de Langshan 

a) Variete noire 

I. Medaille vermeil : M. le marquis de Dampierre, pr^cit^. 

b) Variete fauve 

3. Medaille bronze : M. le eomte Delamarre, a Troussay, 
par Thevemy (Loir-et-Cher). 

c) Variete blanche 

I. Medaille vermeil : M"« Valentine Gasnier, a La Bohalle 
(Maine-et-Loire). 

Quinzi^me cat^gorie : Race cochinchinoise 

a) Variete fauve 
I. MMaille vermeil : M. Carrie, precite. 

b) Aiitres varietes 

1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normandy 

2 . Medaille vermeil : M"^* la comtesse de Fresnaye , chSLteau 

de Froidefontaine , par Avrille (Maine-et-Loire), 

Seizi^me categoric : Race de Rrdhma 

a) Variete herminee 

1. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^rini^re, precite; 

2. Medaille argent : M"** Stanislas Francois, aux Violettes 

de Segr^ (Maine-et-Loire). 

c 

b) Variety f Brahma inverse J 
I. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^riniere, pr^cit6. 

Dix-septi^me categoric : Race de Poltava 

1. Medaille vermeil : M"« Valentine Gasnier, pr^citee ; 

2 . Mention honorable : M"® Valentine Gasnier , precit^e ; 

3. Medaille bronze : W^^ Gasnier-Poullain , k Montjean. 

Dix-huiti^me categoric : Autres races etrang^res 
Pas de prix d^cern^s. 

Prix d'honneur, une plaquette artistique : M. Quentin de la 

Guerini^re, 
Prime d' ensemble de 20 francs : M"« Valentine Gasnier. 
Prime d'honneur de 20 francs au plus beau lot d'Orpingtons 

noirs appar tenant a un membre du Club : M. le marquis 

de Dampierre. 



- 25 — 

Prime d'honneur de 20 francs au plus beau lot d' Orpingtons 
fauves appartenant a un membre du Club : M. F. Goujon. 

Medaille d'argent offerte par M. Lecointre, president de 
rOrpington-Club, au plus beau lot d' Orpingtons de 
FExposition : M. le marquis de Dampierre. 

Prime d*nonneur de 10 francs offerte par le Langshan-Club 
au plus beau lot de Langshans expose : M"« Valentine 
Gasnier. 

Prix de 10 francs ofiTert par M"^« Paul Manth^s, k la plus 
belle poule de Poltava : M"® Valentine Gasnier. 



TROISIEME DIVISION 



Goqs et poules de races naines 
(Chaque lot se compose de un coq et deux poules) 

Premiere categoric : Race Bantam, naine 

1. Medaille vermeil : M. F. Goujon, precite ; 

2. Medaille argent : M°^® Baranger, a Gholet (M.-et-L.). 

Deuxi^me categoric : Race Bantam, blancfrisd 

I. Medaille vermeil : M"<* Martin, chateau de la Cour de 
Marans, par Segre (Maine-et-Loire). 

Troisieme categoric : Race de combattants nains 
Pas de prix d^cernes. ..^. 

Quatrieme categoric : Race phenix du Japon 

I. Medaille vermeil : M. Travers-Bourdoiseau , boulevard 
Daviers, Angers. 

QUATRIEME DIVISION 

Pintades et dindons 

(Chaque lot se compose d'un couple) 

Premiere categoric : Pintades 

Variete grise 
I. Medaille vermeil : M. F. Goujon, precite. 

Deuxieme categoric : Dindons 

a) Variete noire 

1 . Medaille vermeil : M. F. Goujon, pr^cit^ ; 

2. Medaille argent : M. Pierre Girard, i5, rue Boisnet. 

Angers ; 

3. M6daille vermeil : M. de Quatrebarbes , chateau de 

Bellevue, par Brillon (Sarthe). 



— 26 — 

b) Variete bronzee 

I . Medaille vermeil : M™« la comtesse de Castries, precitee ; 
2 MMaille argent : MM. Vincent et Grimault, aux GMs, 
par Saint-Pierre-Montlimart (Maine-et-Loire). 

c) Autres varietes 

I . Medaille vermeil : M™® du Grandlaunay, chateau de la Her- 
piniere, par Turquant (M.-et-L.) (dindons des Ardennes) ; 

2 Medaille argent : M™® de Bossoreille , chateau de la Ber- 
nardiere, par Saint-Macaire (M.-et-L.) (dindons fauves) ; 

3. Medaille bronze : M. du Grandlaunay, avenue Jeanne- 

d'Arc, Angers (dindons des Ardennes) ; 

4. Medaille bronze : M. Pierre Girard , precite (dindons 

bronzes). 

CINQUI&ME DIVISION 

Palmipedes 
" (Chaque lot se compose d'un couple) 

Premiere categorie : Oies 
Variete de Toulouse 

1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites; 

2. Medaille argent : M. F. Goujon, precite ; 

3. Medaille bronze : M. Jacques Binet, commune des 

Touches (Loire-Inferieure). 

Autres varietes 

I. Medaille vermeil : M™® Christine Robert, precitee (oios 
blanches de la Ronde). 

Deuxieme categorie : Canards 

a) Canards de Rouen 

1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites; 

2. Medaille argent : M. Carrie, precite ; 

3. Medaille bronze : M. G. Lechertier, chateau de la 

Lezi^re , par Maisoncelles (Mayenne) ; 

4. Mention honorable : M. J. Goupil, precite; 

5. Mention honorable : M. Daignere, precite. 

b) Canards de Barharie 

1. Medaille vermeil : MM. Thomas et Normand, precites; 

2. Medaille argent : M™« Lemanceau, precitee ; 

3. Medaille bronze : MM. Vincent et Grimault, precites ; 

4. Mention honorable : M"« Valentine Gasnier, precitee ; 

5. Mention honorable : M. Charles Thebault, precite; 

6. Mention honorable : M. Y. de Quatrebarbes , chateau de * 

Bellevue, par Brftlon (Sarthe) ; 

7. Mention honorable : MM. Thomas et Normand, precites. 

c) Canards du Labrador 

I . Medaille vermeil : M™® la vicomtesse d' Anthenaise , cha- 
teau de la Jailliere, La Chapelle-Saint-Sauveur (Loire-' 
Inferieure) ; 



— 27 — 

d) Canards de Cayuga 
I. M^daille vermeil : M"»® Lemanceau, precit^e. 

e) Canards de Pekin 

I. MMaille vermeil : M. F. Goujon, pr^cite. 

f) Canards coureurs indiens 
I. M^daille vermeil : M. Jacques Binet, pr^cit^. 

g) Canards commnns 

1. Medaille vermeil : M"« Valentine Gasnier, pr^cit^e ; 

2. Medaille argent : M™« la comtesse de Castries, pr^citee ; 

3. Medaille bronze : M. Fouche, ii4, rue de la Chalouere 

Angers ; 
4- Mention honorable : M°^« Lemanceau, precit^e. 

h) Canards croises (Canard de Rouen et canard de Barbariej 

2. Medaille argent : M. Fouche, precit^. 
Prix d'honneur : MM. Thomas et Normand. 

SIXIEME DIVISION 

Pigeons voyageurs 

Premiere S^rie 
a) Pigeons bleus barres (adultes) 

Medaille vermeil : M. Lafuie ; 
Medaille argent : M, Hardouin. 

b) Pigeons ecailles noirs 

Medaille vermeil : M. Juin ; 
Medaille argent : M. Daignere, 

c) Pigeons ecailles bleus 

Medaille vermeil : M. Manceau ; 
Medaille ai^ent : M. Facon ; 
Medaille bronze : M. Provost; 
Mention : M. Gagneux. 

d) Pigeons rouges 

Medaille vermeil : M. Hardouin ; 
Medaille argent : M. Dezert. 

e) Pigeons cendres 

Medaille vermeil : M. Pergeline. 

f) Pigeons argentes 

Medaille vermeil : M. Pineau. 

g) Pigeons noirs 

Mention : M. Moi^eau. 

M^dailles d'honneur offertes par la Soci^t^ colombophile : 

1. Medaille d'argent : M. Hardouin ; 

2. Medaille de bronze : M, Juin. 



- 28 - 

SEPTliME DIVISION 

Pigeons de rapport et d'agr^ment 

Grands boulants frangais 

M^daille de vermeil : M. d'Anglemont de Tassigny, 3i, rue 
des Consuls, Reims (Mame). 

Carneaux rouges 
M. Trochon, 3j, rue de Brissac, Angers. 

Bisets indigenes 

M^daille d'ai^ent : M™<» Christine Robert, precit^e. 

Bisets de Rouen blancs 

M^daille d*argent : M. Leon Dubois, 5, rue Yictor-Galland, 
Paris. 

Gros mondains 

Medaille d' argent : M. L^on Dubois, precit^. 

Romains bleus 
Mention honorable : M. Quentin de la Gu^riniere, precite. 

Romains rouges 

Medaille vermeil : M. Ch. Th^bault, pr6cit^. 

Romains noirs 
Medaille argent : M. Ch. Thebault, pr6eit6. 

Mondains de ferme 

Medaille argent : M. A. Debernard, 79, avenue d*ltalie, Paris ; 
MedaiUe argent : M. Dubois, precite. 

MailUs de Caux 

Medaille vermeil : M. Trochon, pr^cit6 ; 
Medaille argent : M. Debernard, precite ; 
Medaille bronze : M. Dubois, pr^cit^. 

Mailles de feu 
Medaille ai^ent : M. Dubois, precite. 

Dragons 

Medaille vermeil : M. Dubois, precite ; 

Medaille argent : M. d*Anglemont de Tassigny, precite. 

Bouvreuils cui^res 
Medaille vermeil : M. Trochon, pr6cit^. 

Capucins blancs 

Medaille vermeil : M. A. Vallot, ii4, avenue des Champs- 

Elys^es, Paris; 
Mention honorable : le m^me. 

Coquilles Hollandais 

Medaille vermeil : M. d'Anglemont de Tassigny, precite; 
Medaille argent : M. Trochon, precite. 



— 29 - 

Boui^reuils dwers 
M^daille argent : M. d'Anglemont de Tassigny, pr^cite. 

Tambours de Boukharie 
M^daille bronze : M. Vallot, precite. 

Culbutanls frangais 
M^daille argent : M. Dubois. 

Hants volants 
Medaille vermeil : M. Wagner, 78, rue Vaudricourt, Paris. 

Pies 
Medaille vermeil : M. d'Anglemont de Tassigny, pr^cit^. 

Etourneaux 
Medaille argent : M. d'Anglemont de Tassigny, precite. 

Gazzis de Moddne 
Medaille argent : M. Wagner, precite. 

Suisses 
Mention honorable : M. d'Anglemont de Tassigny, pr^cit^. 

Hearths 
Mention : M°^« la comtesse de Fresnaye, precitee. 

Prix d'honneur : M. d'Anglemont de Tassigny. 
Prix d'ensemble, i5 francs : M. Trochon. 

HUITlilME DIVISION 

Lapins et Gobayes 

(Chaque lot se compose d'uu seul sujet) 

Premiere categoric : Lapins -lidpres beiges 

Mdles 

1 . MMaille vermeil : M. A. Debernard, precite ; 

2. Medaille argent : M. Carrie, precite ; 

3. Medaille bronze : M"* Marie Vincent, precitee. 

Femelles 

1 . Medaille vermeil : M"« Paul Manthes , chMeau de Laye, 

par Beaugency (Loiret) ; 

2. Medaille argent : M"« Marie Vincent, pr6cit6e ; 

3. Medaille bronze : M. Carrie, pr^cit^, 

Deuxieme categoric : Lapins Normands 

Mdles 

1 . Medaille vermeil : M. Carrie, precit6 ; 

2 . Medaille argent : M"*® Paul Manthes, pr^cit^e ; 

3. M6baille bronze : M. J. Goupil, precite. 



— 30 - 



Femelles 

I. Medaille vermeil : M. J. Goupil, pr^cite ; 

a. Medaille argent : M. Carrie, precite ; 

3. Medaille bronze : M"« Paul Manth^s, precitee. 

Troisieme eat^gorie : Lapins geants des Flandres 

Mdlea 

1 . MMaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, pr6cit6 ; 

2. Medaille argent : M. Carrie, precite ; 

3. Medaille bronze : M. Charles Thebault. 

Femelles 

1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^ ; 

2. Medaille argent : M. Carrie, precite ; 

3 Medaille bronze : M. Charles Thebault, precite. 

Quatrieme categoric : Lapins-beliers 

Mdlea (grisj 

2 . Medaille argent : M"* Marie Vincent, precitee ; 

3. MMaille bronze ; M. Quentin de la Gueriniere, precite. 

Femelles 

1 . Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee ; 

2, Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, precitee. 

Cinqui^me categoric : Lapins-beliers bleus 

Males 

I • Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ; 
2. Medaille argent : M"« Marie Vincent, precitee. 

Femelles 

1 . Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, pr^cit^e ; 

2. Medaille arcent : M. Quentin de la Gueriniei'e, precite ; 

3. Mention : M. Carrie, precite. 

Sixieme categoric : Lapins-beliers, d'autres couleurs 

Males 

1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ; 

2. Medaille argent : M. Carrie, precite : 

3 . Medaille bronze : M"« Marie Vincent, precitee ; 

4. Mention honorable : M"« Marie Vincent, precitee ; 

5 . Mention honorable : M"« Marie Vincent, precitee. 

Femelles 

1 . Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee ; 

2. Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, precite. 

Septieme categoric : Lapins argentes de Champagne 

Males 

1. Medaille vermeil : M. Quentin de la Gueriniere, precite ; 

2. Medaille ardent : M. G. Baugas, 28, rue de T Abattoir, k 

Cholet (Maine-et-Loire). 



— 31 ~ 

3. Medaille bronze : M. Favreau, a Laval (Mayenne) ; 

4. Mention honorable : M. Carrie, precite. 

Femelles 

1 . Medaille vermeil : M. Quentin de la Gu^riniere, precite ; 

2. Medaille argent : M. A. Debernard, 79, avenue d'ltalie 

Paris ; 

3. Medaille bronze : M. Favreau, precite ; 

4. Mention honorable : M. Carrie, precite. 

Huitieme categorie : Lapins russes 

Males 

1 . Medaille vermeil : M. Carrie, precite ; 

2. Medaille argent : M. G. Baugas, precite ; 

3. Medaille bronze : MM. Vincent et Grimault, precites ; 

Femelles 

I Medaille vermeil : M. Carrie, precite ; 

2. Medaille argent : MM. Vincent et Grimault, precites ; 

Mention : M. Favreau, precite. 

Neuvieme categoric : Lapins Japonais 

Mdles 

2. Medaille argent : M. Carrie, precite ; 
Mention : M. G. Baugas, precite. 

Femelles 
I. Medaille vermeil : M. Carrie, precite. 

Dixieme categorie : Lapins hollandais 

Mdles 

I MMaille argent : M. Carrie, precite ; 
Mention : M. G. Baugas precite. 

Femelles 

1. Medaille vermeil ; M. Carrie, precite. 

Onzieme categorie : Lapins noirs et feu 

Males 
Pas de premier prix. 

2. Medaille argent : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^ ; 

3. Medaille bronze : M. Debernard, precite. 

Femelles 

2. Medaille argent : M. Quentin de la Guerinifere, precite; 

3. Medaille bronze : M. Carrie, precite ; 
Mention honorable : M"« Marie Vincent, pr^citee. 

Douzi^me categorie : Lapins bleu et feu 

Mdles 

1. MMaille vermeil : M. Carrie, precite ; 

2, Medaille argent : M. Georges Baugas, precite ; 
Mention : M. A. Debernard, pr^cit^. 



— 32 — 

Femelles 

I Medaille vermeil : M. Carrie, pr^cite ; 

a. Medaille argent : M. A. Debernard, pr^eit^. 

Treizi^me cat^gorie : Lapins papillons 

Mdles 

1. Medaille vermeil : M. G. Baugas, pr^eit^ ; 
a. MMaille argent : M. Carrie, precite. 

Femelles 

2. Medaille argent : M. Carrie, precite; 

3. Medaille bi*onze : M. Y. de Quatrebarbes, precite. 

Quatorzieme cat^gorie : Lapins polonais 
Mention : M. G. Baugas, precite. 

Quinzi^me eat^gorie : Lapins angoras blancs 

Males 

I. Medaille vermeil : M. Qtientin de la Gu^riniire, pr6eit^; 
a. Medaille argent : M. Carrie, pr^eit^; 
Mention : M"® Marie Vincent, pr^citee. 

Femelles 

1. Medaille vermeil : M. Carrie, precite ; 

2 . Pas decern^ ; 

3. Mention honorable : M"« Marie Vincent, precitee. 
Mention honorable : M. Quentin de la Gueriniere, pr^cit^. 

Seizi^me categoric : Lapins angoras (Tautres couleurs 

Mdles 

1, MMaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee. 

Fem,elles 
Pas de premier prix. 

2. MMaille argent : M"« Marie Vincent, pr^cit^e. 

Dix-septi^me categoric : Lapins Hapane 

Mdles 
I. Medaille vermeil : M"« Marie Vincent, precitee. 

Fem,elles 

I, Medaille vermeil : M"® Marie Vincent, precitee. 

Dix-huiti^me categoric : Lapins bleus de Bei>eren 

Mdles 

1. Medaille vermeil : M"* Marie Vincent, pr^cit^e; 

2 . Prix non d^cerne ; 

3. Medaille bronze : M°»« Paul Manth^s, precitee ; 
Mention : M. G. Baugas, precite. 



- 33 - 
Dix-neuvi&me categoric : Lapins de races diverses 

Mdles 

3. M^daille bronze : M"« Marie Vincent, precit^e (gris de 

Saint-Hubert) ; 
Mention honorable : M"® Marie Vincent, precitee (gris de 

Saint-Hubert). 

(tltalons geants) Femelles 

3. Medaille bronze : MM. Vincent et Grimault, precites ; 
Mention honorable : M. du Grandlaunay, pr^cit^. 

Vingti^me categoric : Cobqyes 

I . Medaille vermeil : W^^ Marie Vincent, precitee ; 
Prix d'honneur : M. Carrie ; 
Prix d' ensemble, i5 francs : M"« Marie Vincent ; 
Prix oflfert par M"™® Paul Manthes au plus beau lapin-lievre 
beige, lo francs, a M. Debernard. 

NKUVIEME DIVISION 

Oiseaux d*agr6xnent 

Colins de Californie 
MMaille d'argent : M. Daignere, precit^. 

Perdrix grises 
Mention honorable : M. Daignere, pr^cite. 

Perdrix rouges 
Mention honorable : M. Bi^ron, rue Menage, Angers 

Perrnche omnicolore 
Medaille d' argent : M"® Valentine Gasnier, precitee. 

Merle blanc 
Medaille de bronze : M. Charles Th^bault, precit^. 

Serins hollandais 
Medaille de bronze : M. Berthelot, agent cycliste, a Angers. 

M4tis serin et chardonneret 
Mention honorable : M. Pineau, rue Boreau, Angers. 

dixi£:me division 
Volailles xnortes (poulardes, chapons) 

1. MMaille vermeil : M. Toutain, pr^cit^; 

2. Medaille argent : M. Bouchereau, pr^cit^ ; 

3. Medaille bronze : M. Pel^, place du Ralliement,. Angers. 



— 34 — 

Autres Tolailles xnortes 

M^daille vermeil : M. Pel^, place du Ralliement, Angers. 

. - # 

M. F. Goujon a pffert six abonnements a son journal ; ils 
ont 6i6 attribu^s k : * 

1. M. Duperray, k Maulette, Houdan (Seine-et-Oise) ; 

2. MM. Thomas et Normand, a Mantes (Seine-et-Oise) ; 

3. M. Toutain, k La Fleche ; 

4. M. Mercier, president du Messier angevin, Angers. 

5. M. Leon Dubois, 5, rue Victor-Galland, Paris. 

6. M. PeW, k Angers. 



Le G4rant, G. Grassin. 



Angers, imp. Gennain et 6. Graasin. — 390-6. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 

r r 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 

D'ANGERS 

et du depart erne nt de Maine-et-Loire 



Proces-verbal de la stance du 27 Janvier 1906 



Presidence de M. Bordeaux-Montrieux, vice-president. 
Etaient presents : MM. le D"^ Sigaud, secretaire general; 
Prosper Jamin , tresorier; A. Huau, secretaire; MM. Massi- 

gaon, Gallard, Brechet, Lavallee, Moreau, Grau, Vinet, 
ernard-Ghauvire , Ed. Lafarge, Bouttier, D^ Maisonneuve, 
Gautier-Meslier , Abraham, Batereau, D'' Cordon, Urseau, 
Billard, Secher, de Boissard, D'' Monprofit, Lucien Fremy, 
O. Chaillou, Daignere, Ferre-Hamon , D'^ Tesson pere, 
Sigaud fils. 

— M. Betton-AUard s'excuse de ne pouvoir assister a la 
seance. 

— M. le President donne lecture d'une lettre de M. Joxe, 
maire d' Angers, remerciant la Societe Industrielle et FUnion 
des Viticulteurs des bouteilles de vins qui ont ete offertes, 
apres la Foire aux vins, aux Hospices, a TAsile des Vieillards 
de Saint-Nicolas et aux Orphelinats municipaux de la ville 
d' Angers. 

— M. Andre Huau, au nom d'une Commission composee 
de MM. A. Huau, O. Chaillou et Ed. Lafarge, lit le rapport 
sur Texamen du compte de I'exercice 1906 fait par M. Moreau, 
directeur de la Station QEnologique de Maine-et-Loire. 



— se- 
ll en r^sulte que les depenses faites au cours de Texercice 
1905 se sont ^levdes a la somme de 5.364 francs et que les 
recettes au cours du m^me exercice ont atteint le chiffre de 
5.539 ^^- 9^» qu'ilreste par suite un boni de 175 fr. 90, auquel 
il y a lieu d'ajouter un reliquat de 10 fr. 20 dft pour frais 
d'analyse, soit ensemble, comme avoir, une somme de 
186 fr. 10. La Commission a constate que toutes les pieces 
de la comptabilite etaient parfaitement reguli^res et exactes 
et a adresse ses sinceres felicitations au sympathique Direc- 
teur de la Station CEnologique de Maine-et-Loire pour son 
d^vouement a cette oeuvre si prospere. La Commission, apres 
avoir visite les salles du Laboratoire et la cave dans laquelle 
sont conserves les echantillons de vins k examiner, a compli- 
ments egalement M. Vinet, le devoue collaborateur de 
M. Moreau, de la bonne tenue et de I'ordre qui r^gnent dans 
ces divers locaux. Toutefois, au cours de la visite du Labora- 
toire, la Commission a deplorS I'exiguite du local devenu 
actuellement insuffisant. Elle souhaite que bientdt la station 
puisse trouver une autre installation plus confortable et situSe 
plus au centre de la ville avec une vaste salle pour les tra- 
vaux de laboratoire et des conferences publiques qui auraient 
certainement a Angers le meme succes que cellcs de Beaune 
et d'autres Stations QEnologiques. 

La Commission termine son rapport en proposant a la 
Societe Tapprobation des comptes de M. Moreau arrStes au 
3i decembre 1905. 

L'assemblee approuve a TunanimitS ces comptes et M. le 
President se fait 1 interprete de tons pourfeliciter M. Moreau 
de Texcellente direction de son Laboratoire qui rend de plus 
en plus de grands services aux viticulteurs de Maine-et- 
Loire. 

— M. Moreau annonce que la reunion de la Commission de 
degustation des vins pasteurises aura lieu le jeudi 8 fevrier 
chez M. le marquis de Dreux-Breze, a Breze; il espere que 
nos collogues designes pour faire partie de cette Commission 
s'empresseront d'accepter Tinvitation qui leur est faite par 
notre distingue collogue. 

M. Moreau ayant remarque que cette annee les vins 
s'Sclaircissaient plus difficilement . que d'habitude, etant 
saturSs d'une substance gommeuse spSciale, a Tintention de 
faire des experiences de filtration; il prie ceux de nos 
coUegues qui desireraient participer a ces essais de vouloir 
bien indiquer, en m^me temps que leur nom, les quantites 
de vins a filtrer. 

Cette annee le Directeur de la Station oenologique a Tinten- 
tion de faire des conferences d'oenologie dans plusieurs 
communes du departement de Maine-et-Loire, autant que 
possible dans des regions assez Sloignees les unes des autres 
pour que tous les viticulteurs puissent les suivre. 



I 



I 



-3?- 

Trois communes se sont fait inscrire d^ja : Thouarce, ftur- 
tal et Montjean; d'autres communes pourront egalement 
demander cette faveur ; les conferences auront lieuk Thouarce 
du II au 25 mars et a Montjean du 4 mars au i«' avrU. 

— M. Jamin, tresorier, donne lecture de son rapport sur 
le compte financier de i'annee igoS. Les recettes se sont ^le- 
v^es a la somme de . ............. 19.809' 35 

et les d^penses se sont ^levees k celle de . . . . 14.859 55 

Soit une difference de. . . . , . . ..... 4-449' 80 

qui formera le premier article des recettes de Tannee 1906. 

M. Ed. Lafarge lit ensuite le rapport de la Commission 
pour la verification des comptes de M. le Tresorier. Ce rap- 
port constate que les pieces de la comptabilit^ justifient 
toutes les d^penses inscrites au rapport ci-dessus pour Texer- 
cice 1905 ; la Commission se plait a faire remarquer que 
toutes les cotisations (moins deux) ont 616 encaiss^es au 
cours de Tannee, elle en felicite a la fois M. le Tr<^sorier et 
M. r Agent general dont le zele et le d^vouement m^ritent 
les eloges et les remerciements de la Society. 

Les comptes sont approuves k Tunanimit^ des voix et 
M. le President s'associe aux felicitations adressees k M. le 
Tresorier, ainsi qu'k M. T Agent general. 

— M. le professeur Lavallee donne lecture d'un travail 
sur la valeur alimentaire des betteraves r^coltees en 1905. 
M. le President adresse ses remerciements a notre savant 
collogue pour son 6tiide tres int^ressante que nous publie- 
rons en entier dans notre Bulletin mensuel. 

— M. le marquis de Dampierre, n'ayant pu assister k la 
seance , a adresse son rapport sur Texposition d'aviculture k 
M. le D'' Sigaud qui en d!onne lecture. Des remerciements et 
des felicitations seront adressees a notre distingu^ coUegue 
pour son charmant rapport. 

— M. le President annonce que, conformement aux statuts 
de notre Societe, 1^ renouveliement du Bureau doit avoir 
lieu tous les trois ans ; or, le Bureau actuel ayant ete 6hi 
en Janvier 1908, le renouveliement doit se faire k cette 

seance. 

L'assembl^e est d'avis de ne point passer au vote secret et 
les membres du Bureau sortant sont tous r^elus par accla- 
mation. 

M. le President est tres reconnaissant de la confiance qui 
nous est accord^e par nos coUegues ; il adresse ses remercie- 
ments k tous , car tous aident smgulierement le Bureau dans 
ses travaux. 



- 38 — 

' — Reception des candidats presentes a la precedente reu- 
nion : 

M. Guilbeau, AlJ&'ed, ancien notaire, lo, rue du Quinconce, 
Angers ; 

M. G. Guy, propri^taire-viticulteur, ch^eau de Dieuzie 
(Rochefort-sur-Loire) , et rue Desjardins , Angers ; 

M. L^on Beclard, propri^taire, ch&teau de Saint-Sympho- 
rien, a Rochefort-sur-Loire ; 
sont elus membres titulaires a Tunanimite des voix. 

— Presentation de candidats : 

M. G. Fourrier, avocat, 35, rue des Lices, Angers, pr^sente 
par MM. Groz et le D' Sigaud ; 

M. Georges Baron, propri^taire , 6, place Travot, Cholet, 
presents par MM. Abraham et Groz. 

Uordre du jour etant epuis^, la seance est lev^e a 3 h. i/q. 



Le Secretaire general, 

D' P. Sigaud. 



— 39 — 



De la Pasteurisation des vins 

R^sultats obtenus en Anjou 

• • • ■ 

Par M. L* Moreau, directeur de la Station oenologique 

Les conditions du march^ sont telles qu'aujourd'hui plus 
que jamais seuls les vins de qualite, les vms bien constitues, 
susceptibles de se conserver, indemnes de tout defaut, ont 
chance de trouver preneur a des prix encore r^munerateurs, 
dans nos regions de TOuest et du Centre. Seuls aussi ces 
vins, le cas ech^ant, pourront au besoin attendre, dans les 
caves des propri^taires , que les conditions de la vente 
s'ameliorent. 

Tous les moyens, honnStes et permis, de donner aux vins 
ces qualites doivent done attirer T attention des viticulteurs. 
Dans la crise qui trouble actuellement la viticulture fran- 
Qaise , a c6t6 des palliatifs que Ton pr^conise , en attendant 
le remede, un peu trop ^nergique, auquel il est a craindre 
que Ton ne soit amen^ un jour, les procedes de conservation 
des vins, ceux qui les mettent a Tabri des maladies, doivent 
pi'endre place ; u appartient au viticulteur avise d'y recourir, 
si besoin en est. 

La Pasteurisation destin^e a preserver les vins des fer- 
ments de maladie, a arrSter le mal lorsqu'il s'est deja declare, 
mais qui doit 6tre surtout preventive, rentre bien dans la 
categoric des procede^ indiques tout a Theure. 

Les essais entrepris par M. le marquis de Br^ze et moi, 
dont il a et6 rendu compte ici , ont donn^ deja des resultats 
assez probants pour fixer les viticulteurs de nos regions sur 
remploi du chauffage en vinification. 

La Commission nomm^e par la Soci^te industrielle et agri- 
cole d' Angers, composee de treize membres, dont quelques- 
uns figurent toujours au nombre des d^gustateurs, dans tous 
les concours et expositions, s'est rendue k Breze, le 8 fevrier 
dernier. Apres une reception, cordiale et gracieuse, k laquelle 
ceux qui n»equentent le chSiteau de Brez^ sont habitues, la 
Commission a proc6d6 k la degustation des vins pasteurises 
en juillet et aoM 1908. Cette deuxi^me degustation, faite dans 
les m^mes conditions que la premiere , a donn6 les resultats 
consign^s dans les tableaux ci-dessous : 

A) Vins rouges pasteurises en futs 

Groslot I go 2 

En favour du pasteurise 8 voix 

— du temoin 4 — 

Douteux I — 



-40- 

Cabernet Igoi (deux echantillons) 

En faveur des pasteurises 5 voix 

— des t^moins i6 — 

Egaux 3 — 

Douteux 2 — 

Cabernet igoo 

En faveur du pasteurise 1 1 voix 

— dutemoin a — 

Pour Tensemble des vins rouges pasteurises en fftts : 

En faveur des pasteurises a4 voix 

— des temoins an — 

Egaux 3 — 

Douteux 3 — 

Premiere remarque. — II semble done jusqu'ici que Tavan- 
tage reste aux vins pasteurises. On remarquera, pour les 
deux vins de Cabernet 1901 , pour lesquels la majorite est 
favorable aux temoins, qu*il y a eependant de la part de 
quelques legislateurs certaines hesitations ; quelques-uns les 
trouvent egaux, les autres ne sont pas tr^s fixes, comme 
Tindique Texamen de leurs bulletins de vote ; beaucoup les 
ont trouve egalement bons. Ces resultats confirment ceux 
de la premiere degustation de 1904. 



B) Yin rouge pa6teuris6 en bontellles 

Cabernet i8q3 

Premiere degustation (vin chambre depuis quelques 
jours) : 

En faveur du pasteurise 2 voix 

— du temoin 5 — 

Egaux 4 — 

Douteux 2 — 

Deuxieme degustation (vin provenant directement de la 
cave) : 

En faveur du pasteurise i voix 

— du temoin 11 — 

Douteux I — 

Deuxieme remarque, — On remarquera, comme prece- 
demment, qu'a la premiere degustation il y a eu beaucoup 
d'hesitation et tous les degustateurs ont juge bons les deux 
vins. La deuxieme epreuve a donne presque Tunanimite au 
temoin, cela p6ut tenir a ce que le bouquet de pasteurise n'a 



3 



— 41 — 

pas eu le temps de se developper, ou bien que les deux bou- 
teilles de vin temoin n*etaient pas identiques — ee qui arrive 
souvent pour les bouteilles d'un mSme vin vieux — le pas- 
teurise restant constant. II n'en est pas moins vrai qu'il y a 
Eour ee vin une grosse majority en laveur du temoin. II est 
on de rappeler — et cette remarque a une grande impor- 
tance pour ceux qui voudraient pasteuriser des vins rouges 
en bouteilles — que le chauffage a 6X6 fait sur les vins ayant 
d^jk 8 ans de bouteille et que Ton n'a pas pris soin — ee 
ui est contraire aux regies d'une bonne pasteurisation — 
e decanter ee vin ; tout le d^pdt s'est alors d^tache de la 
bouteille pendant le chauffage, et k la moindre agitation il 
se remet en suspension. Malgr^ cela, ce vin, qui ^tait sain 
avant le chauffage, n'a pas 6t6 autrement d^t^riore et la 
plupart des degustateurs Font trouve bon. 



G) Vin blanc paBteuris6 en fiits 

Chenin 1902 

En faveur du pasteurise . i voix 

— du temoin. 11 — 

Douteux I — 



Troisiime remarque. — Je rappellerai ce qui a ^t^ dit au 
moment de la premiere degustation, e'est-k-dire que ces deux 
vins blancs ne sont pas comparables ; Tun, le temoin, ayant 
6te mis en bouteilles aussitdt la pasteurisation, I'autre — le 
pasteurise — ^tant demeur^ en ftit pendant plus d'un an 
encore. « II n'en est pas moins vrai, disait alors M. de Br^z^, 
que ce vin blanc, pasteurise et conserve en fdts pendant deux 
ans, s'est bien comporte, n'a pas jauni, n'a subi aucune 
alteration, ce qui ne serait pas arrive au temoin. II consti- 
tue, au goM de fruit pres, dont la perte n'est pas attribuable 
au chauffage, mais au sejour en barrique, un bon vin mar- 
chand. » Cette opinion est confirmee par un premier degus- 
tateur et par un second qui, tout en votant pour le temoin, a 
trouve un bouquet plus developpe au pasteurise. A mon 
avis, d'autres essais devraient etre tentes sur les vins blancs 
jeunes ; il est vrai <jue la demiere degustation, dont Je vais 
rendre compte mamtenant, permet de nous fixer sur les 
effets du chauffage des vins blancs. 

II a ete procede k trois degustations pour le vin blanc de 
iQoi, pasteurise en bouteilles : la premiere sur le vin venant 
d etre debouche ; la deuxi^me sur le mfime vin reste en 
vidange pendant quatre heures ; la troisi^me sur le vin reste 
simplement debouche pendant le mdme temps, dans une 
pi^ce chauffee ; en voici les resultats : 



— 42 — 
B) Ghenlh blanc iOOi, pasteurise en bouteilles 

I'" degustation a* degustation 3* d^gustation 

En laveur du pasteurise . . 
— du t^moin . . . 

Egaux 

Douteux 



5 
5 


8 
5 


8 
3 


I 


» 


I 


a 


» 


I 



Quatrieme remarqiie, — Cette deuxieme epreuve confirme 
en tous points celle de I'annee pr^eedente. La degustation, 
aussit6t le vin debouch^ , laisse quelques degustateurs hesi- 
tants, et si les deux vins sont trouves bons par tous, il senible 
plutdt qu'il y ait une majority en faveur du temoin. Mais si 
vous laissez le vin en vidange , ou m^me simplement debou- 
che a Fair, le temoin, qui a tendance k la casse, perd de suite 
de sa valeur et les opinions s'affirment alors plus categori- 
quement en faveur du pasteurise. Le chaufl'age du vin a done 
ete ici encore une bonne operation. 



* 



Comme jc Tai indiqu^ a plusieura reprises, ces vins, aussi 
bien les pasteurises que les temoins, ont souvent ete trouves 
bons tous deux et.les pri^ferences ne sont pas toujours tres 
marquees. La question du fruits a egalement occupe les 
degustateurs et Ton connait toutes les idees precongues a ce 
sujet. Sur 17 opinioiis emises au sujet du fruite et du bou- 
quet, 8 Tont ete au benefice du vin pasteurise. G'estun resul- 
tat. Je serais tente d'avouer qu'il me laisse un pen indifferent, 
car je ne considere pas la pasteurisation comme un moyen 
d'ameliorer les vins ; elle a, pour moi, rempli tout son but, 
lorsqu'elle les a preserves des ferments de maladie, lors- 
qu'elle a arrete ces maladies' au point ou elle les a trouvees 
au moment du chauffage et lorsqu'enfin elle a rempli tous 
ces desiderata, sans amener de modifications sensibles dans 
les proprietes organoleptiques des vins. 

A mon avis, et jusqu'k nouvel ordre * — les degustations 
qui suivront nous diront si cela etait vrai — la pasteurisation, 
dans ces essais, a bien rempli le triple but que jelui assignais 
plus haut. Cela ressort pour moi, de Texamen des deux degus- 
tations faites jusqu'ici, ou Ton trouve les voix, en faveur des 
I)asteurises, etre les plus nombreuses quand les vins etaient 
es plus malades ; au contraire , les hesitations plus grandes 
et les temoins parfois preferes , quand les vins , avant chauf- 
fage, etaient les moins atteints ou indemnes de toute maladie. 

M. B&con, de Sanmur, nous dira peut 6tre un jour les 
resultats obtenus dans les essais de pasteurisation entre- 
pris par ses soins dans le Saumurois egalement. II semble, 
d'apr^s quelques renseignements que nous avons recueillis 



— 43 - 

ensemble,^ i la Foire des Vins, qu'ils confirmeront en partie 
ceux que je viens de donner ici, pour la deuxieme fois. 

Reste a etudier la mise en pratique de ce proc6d^. A part 
quelques exploitations importantes qui pourront s'offrir un 
pasteurisateur, c'est aux associations agricoles, syndicats ou 
cooperatives, qu'il appartient, je crois, de se munir de ces 
appareils afin de les mettre k la disposition de leurs adhe- 
rents. Plusieurs viticulteurs de la region anraient certaine- 
ment fait pasteuriser des vins, ces deux dernieres annees, 
s'ils avaient pu trouver des pasteurisateurs dans leur region. 

La question que se posent souvent les viticulteurs estcelle 
de savoir quels sont les vins qu'il faut pasteuriser ! Les vins 
provenant de vendanges avarices, ceux dont la fermentation 
n'aura pas marche regulierement, dans les conditions habi- 
tuelles des annees qui donnent de bons produits, devront 
deja fitre tenus comme suspects. L' aspect du vin, sa degus- 
tation renseigneront ensuite le viticiuteur sur sa bonne ou 
mauvaise tenue. Ces examens ne sont pas toujours suffisants 
et chez les vins jeunes, la maiadie naissante pent passer 
inaper<jue. II y aura lieu de proc^der alors k un examen 
microscopique et au dosage de certains elements. Les vins 
qui pr^senteront de nombreux microorganism es, ceux chez 
lesquels Tacidit^ totale, au lieu de diminuer, ira en augmen- 
tant, ceux chez lesquels Tacidite volatile — faite a intervalles 
pen eloignes — ira egalement en augmentant et d^passera 
I gramme par litre, exprim^e en acide acetique, devront 6tre 
pasteurises. Ces examens et dosages qu'un propri^taire n'est 
j)as toujours en mesure de faire chezlui, sont faits couram- 
ment dans tons les laboratoires. 

C'est en se tenant au courant de tons les essais entrepris 
dans sa region, en experimentant lui-mSme les proced^s 
qui ont fait leurs preuves — laissant aux personnes devou^es 
et amis du progr^s le soin et le souci d'entreprendre du nou- 
veau — que le viticulteur de nos regions parviendra, comme 
je ie disais au debut de ce travail, & maintenir ses vins, 
indemnes de tout defaut, susceptibles de se conserver et 
qu*ii pourra resister, en partie tout au moins, k la crise viti- 
cole actuelle. Le comprendra-t-il ? 



— 44 — 



Rapport sur la 6^ Foire aux Vins d'Anjou 
des 9, 10 et 11 Janvier 1906 

Par M. Maurice Massignon 

Membre titulaire, President de FUnion des Viticulteurs 

de Maine-et-Loire 



Avant de vous faire le compte rendu de la derniere Foire 
aux Vins, permettez-moi de vous rappeler bri^vement quelle 
fut Toriffine de ces Foires. 

En 1898 i rUnion vinicole d'lndre-et-Loire inaugurait k 
Tours une Foire aux Vins dont le succ^s fut retentissant. 
M. Bouchard, sollicit^ par plusieurs de nos collegues et tout 
particulierement par MM. Daign^re, O. Ghaillou, de Bois- 
sard et par moi-mSme, h^sita longtemps k proposer k notre 
Soci^te rinstitution de ces Foires a Angers. Ge n'est qu'au 
mois de Janvier 1900 que fut inauguree la premiere Foire, 
dans la salle m^me de notre Soci^t^. Cette exposition com- 
prenait, comme aujourd'hui, tous les vins recoltes exclusive- 
ment dans le d^partement de Maine-et-Loire, et voici dans 
quels termes le Secretaire general rendait compte de la tenue 
de cette Foire : 

« Quand, au lendemain de la premiere Foire aux Vins 
de Touraine, je proposals a la Socilte Industrielle et Agricole 
d' Angers de prendre sous son patronage une Foire aux Vins 
d'Anjou, je pensais bien que je ne Tengagerais pas dans une 
imprudente operation, et j esperais que cette nouvelle oeuvre 
serait au moms aussi propice a notre pays d'Anjou que les 
autres grandes oeuvres qu'elle a mises au monde depuis i83o. 

« Tout pres de 260 producteurs ont apporte leurs 

vins k ce premier march6; 8.000 visiteurs ont fouille et 
refouilie Tftme du millier de Bouteilles qui s'alignait en longue 

theorie En somme il s'est vendu beaucoup de barriques 

de vins et pris de nombreux rendez-vous au cellier. Les 
ventes se concluaient directement, sous le rebord du cha- 

peau, bouche k bouche pour ainsi. dire Quelques pro- 

prietaires se sont born^s a envoyer leurs vins, ce n etait pas 
assez, ils auraient dft 6tre la pour roifrir et le faire valoir, c'est 
a un marche que venait leur vin, c'etait a eux de le conduire. » 

La deuxi^me Foire aux vins eut lieu les 8, 9 et 10 Janvier 
1901. En raison de Texiguite du local de notre Soci^te, la 
Foire se tint au Cirque du Ghamp-de-Mars. 267 vignerons 
repondirent a notre appel et apport^rent ces vins d^licieux 
qui dejk commencent a se faire rares dans nos caves, car 
c est toujours dans le tas de 1900 que Ton prend, parce que 
ce vin a toutes les qualit^s des vins d'Anjou; avec un dosage 



— 45 — 

parfait des Elements essentiels il ne presente aucune exag^- 
ration, soit du bouquet, soit de Talcool, soit de la liqueur, en 
un mot c'est le oin d'Anjou type. 

Dans le compte rendu de cette Foire, M. Bouchard parle 

pour la premiere fois du proiet de creation d'une Union de 

Vignerons , mais celle-ci ne lut reellement constituee que le 

3 mai 1902 sous le nom di' Union des Viticulteurs de Maine- 

et-Loire. 

En 19021, la troisieme Foire aux Vins eut lieu, comme la 
precedente, au Cirque du Ghamp-de-Mars . Cette fois, en 
raison des abus de boissons qiii s'etaient produits aux foires 
ant^rieures, on decida que les entrees seraient pay antes; 
malgr^ cela, 2.201 visiteurs n'h^siterent pas a verser o fr. 5o 
pour penetrer dans le local de la Foire. Je regrette de ne 
pouvoir donner des details j)lus circonstancies sur cette 
Exposition, M. Bouchard, deja fort malade, n'ayant fait 
aucun compte rendu special. Toutefois je signalerai que les 
2.291 entries produisirent une recette de i.i45 fr. 5o, q^ui 
nous permit d'^quilibrer notre budget. Aussi notre Commis- 
sion d'organisation n'h6sita-t-elle pas a maintenir le droit 
d'entr^e de o fr. 5o pour la quatrieme Foire aux Vins qui eut 
lieu en Janvier 190J et regut 2.325 visiteurs. Le nombre des 
exposants fut environ de 200, malgre la qualite peu brillante 
des vins de 1902. Quant k la r^colte de 1903, vous devez vous 
le rappeler, elle fut tr^s r^duite et en plus de quality mediocre. 
Le manque de local nous permit aeviter la Foire; je dis 
d'eviter, avec intention, parce que les vins qu'on pouvait 
presenter n'auraient certainement pas fait honneur a 1 Anjou. 

En Janvier iQo5, pres de 3oo exposants apport^rent a la 
Foire ces superbes vms de 1904, si merveilleusement consti- 
tu6s et qui resteront assurement classes parmi ceux des 
bonnes et mdme des grandes annees. 

4.200 visiteurs payants vinrent d^guster ces vins qui mal- 
heureusement n'avaient pas eu le temps d'acquerir toute 
leur quality et par suite ne furent pas appreci^s k leur juste 
valeur. Le commerce, en effet, am^ait dft enlever en quelques 
mois *des produits aussi excellents ! II est vrai que la crise 
aigue, dont nous soufTrons encore davantage cette ann^e, 
commengait alors k se faire sentir et nos acheteurs desempa- 
r^s ne savaient plus quelle conduite tenir devant refTondre- 
ment des cours qui se produisit au printemps 1905. 

La recolte de 1905 ^ficitaire de plus du tiers sur celle de 
1904 (800.000 hect. pour notre d^partement au lieu de 
1.200.000 hect. en 190^ aurait dft par consequent s'enlever k 
des prix raisonnables, d'autant plus que si cette annee nous 
n'avons pas obtenu la quality excellente de 1904, nous avons 
cependant produit des vins au moins ^gaux a ceux de 1902, 
dont la vente s'est faite regulierement. 

Que se passe-t-il done en ce moment ? Nous n'avons pas 
encore, il est vrai, Teffondrement des cours du printemps der- 



nier, mais nous avons, ce cjui est plus inqui^tant encore, un 
calme absolu, il ne se traite pour ainsi dire aucune affaire. 

Vous pouvez presenter k la vente de trfes beaux vins k des 
prix tres raisonnables ^ on n'en Qent pas. Plus d6sempar6 
encore qu'en 1906 le commerce achate au jour le )our. 

Vous avez done pu voir a notre derni^re Foire des 9, 10 et 
II Janvier 1906 de nombreux commergants (de Maine-et- 
Loire, des departements voisins et de Paris) d^guster mais 
n'offrir aucun prix. Et cependant s'il y avait des vins tr^s 
maigres, k cdt6 de ceux-lk les amateurs pouvaient ^e refaire 
tr^s agreablement le palais et le goAt avec de nombreux 
echantillons absolument bien vinifies. Par bien pini/ies, 
j'entends des vins qui non seulement bnt ^te r^colt^s et pres- 
sures dans de bonnes conditions, mais aussi ont ^t^ pariaite- 
ment soignes pendant et apres la fermentation. Si pour faire 
un bon civet, un bon li^vre est necessaire, de m^me pour 
faire du bon vin il faut d'excellents raisins. Or cette ann^e, 
si vous vous le rappelez, au mois de juillet, j'ai jet6 un cri 
d'alarme, ayant constats une attaque foudrojrante de 
Mildew ! Plusieurs de nos collegues, vous le savez, ici mdme, 
a une de nos stances mensuelles, m*ont pris a partie se refu- 
sant a croire k Tapparition des premiers symptdmes de cette 
pernicieuse maladie ! Mes jeunes contradicteurs ne connais- 
saient pas les marches d'approche de Tennemi, et malheureu- 
sement ils n'etaient pas les seuls, car vous avez pU constater 
qu au moment des vendanges les vignes qui avaient conserve 
tous leurs pampres ^taient Texception ! 

J' avals aonc parfaitement raison de redouter la marche 
en^eloppante de notre ennemi, et je me plais a constater que 
si quelques reproches ont accueilli mon avertissement, 
d'autre part, comme compensation fort agreable, des remer- 
ciements m'ont €X€ adresses de differents cdtes par des viti- 
culteurs qui ont suivi avec avantage mes conseils. Ainsi les 
tres bons vins que vous avez pu deguster k la Foire derni^re 
provenaient de vignes en tres bon etat et les mauvais de 
souches prematurement privees de leurs pampres. Je n'ignore 
pas que beaucoup de viticulteurs se leurrent de Tesppir de 
redonner de la vigueur et de la sante k leur enfant raciiitique 
gr&ce a Temploi du sucre; or, je tiens a le rep^ter encore une 
fois ici, messieurs , cet espoir est absnrde , c'est un non sens 
absolu, et j'ajouterai un non sens ^conomique ! 

II est en effet beaucoup plus facile et bien moins dispen- 
dieux de soigner Fenfant dans le sein de sa m^re en donnant 
k celle-ci tout ce qui lui est necessaire pour sa nourriture 
propre et pour la formation de Tenfant (aliments azotes et 
phosphates), en un mot il est plus aise de soigner Tenfant 
avant sa naissance qu'apres. Donnez k la soucne-mfere tous 
les aliments qui sont n^cessaires a sa nourriture et au d^ve- 
loppement des rai^iins ; les engrais sont d^s lors tout indi- 
ques. Soignez I'hygi^ne de vos vignes , eioignez d'elles 



-47- 

rhumidit^ (dans ce cas les drainages seront fort utiles), 
agisisez preveritivement contre le Mildew, TOidium, TAn- 
tnraenose, etc., grace aux traitements divers et speciaux 
que vous connaissez tous. Vous aurez alors un bel et vigou- 
reux enfent, e'est-a-dire un beau vin, bien constitu^, vigou- 
reux, qui vivra longtemps pour le plaisir des yeux et surtout 
du palais. 

Mais, revenons k la Foire de cette ann^e : les exposants 
etaient au nombre de i8o et les entrees se sont elevees k 
5.290 ; je constate avec peine que le nonibre des exposants 
ne progresse pas ,• iV se maintient seulement , ce qui n'est pas 
suffisant. Nous devons nous efforcer d'obtenir par la suite 
un resultat plus satisfaisant. Je sais bien que ceux qui 
n exposent pas ont toujours les m^mes pretextes pour 
s'abstenir. Les uns disent : Je n'ai plus que quelques oar- 
riques a vendre ; ou bien : mon vin n a pas assez de qualite... 
et encore d'^utres raisons que je qualifie toutes de maiwaises, 

II est curieux.de constater, par exemple, que les exposants 
sont toujours k peu pres les m^mes, ils appartiennent surtout 
k la categoric des petits vignerons , qui comprennent Tutilite 
de ces Foires et savent en tirer profit. 

Permettez-moi , Messieurs , d exprimer le regret de voir 
un gi^and nombre de nos collegues de la Society industrielle 
rester completement indifferents , je dirai mSme etrangers a 
ces manifestations et pourtant le bon exemple devrait venir 
de Y elite des ^iticulteurs ! 

II me semble interessant de rappeler le nombre des entrees 
payantes aux Foires aux vins , depuis 1902 : 

En 1902 il y cut 2.291 entrees payantes 

En 1903 — 2.325 — 

En 1904 il n'y eut pas de Foire 

En 1905 il y eut 4.200 entrees payantes 

En 1906 — 5.290 — 

Ce tableau indique un mouvement progressif continu. 

En 1906, sur ma proposition faite k la Society industrielle, 
la Foire aux vins et TExposition d'aviculture eurent lieu aux 
m^mes dates et d'un commun accord pour faciliter a cette 
derniere ses premiers pas. Nous sommes heureux de cons- 
tater son succes et d'avoir pu y contribuer. 

En resume, nos Foires aux vins ont une utility incontes- 
table autant pour les producteurs que pour le commerce, 
mais elles n'ont pas Tampleur que nous desirerions leur 
voir. Aussi je profite de cette circonstance. Messieurs, pour 
vous prier de nous aider constamment , par tous les moyens 
en votre pouvoir, a recruter de nouveaux adherents pour 
rUnion des viticulteurs de Maine-et-Loire. 

Je vous invite ^galement tous k vous faire inscrire pour 
I'Exposition d' Angers, qui ouvrira ses portes dans quelques 



— 48 — 

semaines. Les adhesions doivent 6tre tr&s nombreuses pour 
faire une manifestation di^e de notre beau y ignoble angevin. 

J'ai le devoir, en termmant, devoir tr^s agr^able a rem- 
plir, de remercier en votre nom et au mien tous eeux qui 
ont effectwement et si aimablement apport6 leur concours 
k Torganisation de la Foire : d'abord notre toujours d6vou^ 
secretaire general, M. le D' Sigaud, M. L^on Bourcier, vice- 
president ae rUnion ; M. Edouard Lafai^e , notre tr^sorier ; 
puis MM. Bi6ron, de Boissard, O. Ghaillou, Deperri^re, 
F. Fourmond ills, A. Huau, G. Prieur, Secher et notre 
excellent agent general M. le commandant Ancelot. 

Je ne veux point oublier non plus, dans mes remercie- 
ments, la Ville d' Angers et le Gonseil g^n^ral de Maine-et- 
Loire qui nous accordent chaque ann6e une subvention 
peut-dtre un peu minime, en raison des services 6conomiques 
lort appr^ciables rendus par les Foires aux vins I 



Le G4rant, G. Grassin. 



Angen, imp. Germain et O. Orassiii. — 519-6. 



— 49- 



STATIO'NS M^T^OROLOGIQUES 

FOKD^BS 

par la Society Industrielle et Agricole d' Angers 
et du d^partement de Maine-et-Loire 



ANNEE 1905 



Mois. 



Presslon 


Tempera- 


Tempera- 


Direc- 


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ture 


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moyenne 


moyenne 


moyenne 
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maxima. 


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moyenne 

du 

vent. 



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en 
millimM. 



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So 



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Station de la Pommeraye. 

Altitude : 86 metres. 



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Janvier . . • 


IV, 2 


F6vrier . . . 


776.5 


Mars 


766.9 


Avril 


767.4 


Mai 


771.7 


Juin 


769 


Juillet .... 


• 


Aout 


769 


Septembre 


769.« 


Octobre. . . 


771.9 


Novembre 


763 


D^cembre 


775.9 



i 

5 

6 

11 

» 

10 
i 1 
28 
1 5 



1 

2 
7 



-1-12 5 



Station de Poaanc6. 

Altitude : 85 metres. 



Janvier . . . 
Fevrier . . . 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 

Juiliet .... 

Aoilit 

Septembre 
Ootobre. . . 
Novembre 
D^cembre. 



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73 
62 
56 
66 
64 
» 

» 

» 
» 



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--3 

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-4 

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+ 5»1 
-- 7 7 
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--14 8 
--18 3 
--23 
» 
+24 
--20 
--13 3 
--8 9 
-- 6 1 



+ 6* 

-13 

--14 

--17 

--20 

-24 

» 

» 

» 

» 

» 

» 



Observateur : Soeur EliSazir. 



fS.-E.-E. 

S.-W. 

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N.-E-N. 

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S.-E. 



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2 
3 
2 
2 
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2 
2 
2 
2 
2 



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8 


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14 


89 1 


24 


26 4 


13 


35 8 


10 


39 9 


8 


» 


» 


85 5 


17 


81 6 


20 


125 6 


14 


06 3 


25 


39 


16 



Observateur : M. Tabbe Ory. 



N-W-S-E 

N-N W 
N-N W 

N-N-W 
N-N-W 

• 

» 



2 
2 
4 
2 
1 
2 



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2mm 


8 




7 




19 




9 




11 




10 




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» 




» 




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» 



— 50 — 





Pressioti 


Tempera- 


Tempera- 


Direc- 


Force 


PLUIE 




barom^ 


ture 


ture 


tion 


moyenne 




Mois. 


• • 






moyenoe 


J 

• 


Hauteur 


12 




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moyenne 


moyenne 


du 


du mois 




moyenDe 


minima. 


maxima. 


. vent. 


venf. 


en 


S.2, 








rf* 






millimet. 


3 <D 


Station d'Avrill6. 


Observateur : M. 


0. Chaillou. 


Altitude : 58^ metres. 


- 


- V 




Janvier . » . 






» 


» 


» 


25<nni 3 5 


Fevrier , , . 






» 


» 


» 


15 i 


7 


Mars 








9 


» 


87 i 


21 


Avril 




m 




» 


» 


28 


11 


Mai 








» 


» 


33 


5 


Juin 








» 


» 


42 « 


10 


Juillet .... 








B 


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68 


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Septembre 


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O 


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59 5 


13 


Octobre . . . 


» - 






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» 


14 5 


i 


Novembre. 


» 




» 


» 


» 


105 


13 


Deceiabre. 


» 




» 


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• 


30 9 


9 



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1 



LEA CELkBRES COUVEUSE* AM^RICAINES 
CYPHER'S INCUBATORS 



DE BUFFALO 

(£taU-niiiB) 

Ces incubaieurs 

n'^taient, jusqu'ici, . 

connus en France que 

par leur grande 

ripucation et I'echo 

de leur succ^s dans les 

principales exposiiiona 

de I'Etrangcr. 

Ces incomparables 



dont la superiorilf est 
reconnue pariout, 

mondiale 
et dont les resuUats 
out ^merveille ceui 
qui en soni dej^ les 
heureui possesseurs, 

de Buftafo, 
aui Etabli 

GALLINA, 



Prix de la Coavense ci 
60 oeufs, 125 fr 120 oeufs, 1 75 «r.— 220cBii f<. 225 fr.— 360 oeufs, 300 tr. 

GALLINA (G. PrCAUX & C'«> seuls reprtaentants en France 
sas, A-venue de Parla, K.XTBIIX' <8elne-et-01ge) 



COUVOIR DES fiTABLISSEMKNTS GALLINA (visible tons les joore) 

Dermmder la notice explieaUve adresste franeo 



M. le Comte DE BLOIS 



Un grand deuil vient de frapper la Soci6t6 Indus- 
trielle et Agricole d' Angers et du departement de Maine- 
et-Loire : notre cher president, M. le senateur comte 
de Blois, a succomb^, le 12 mars, k Paris oh. il avait 
tenu k se rendre pour assister a une seance importante 
du S6nat et prendre part aux reunions de TAssembl^e 
G6n6rale des Agriculteurs de France. II est mort comme 
le soldat sur le champ de bataille, debout surlabreche, 
apr^s avoir lutte avec une vaillance et un courage 
admirables contre un mal implacable qui le minait 
d'une fagon insidieuse et d^sorganisait profond^ment 
ses fonctioiis vitales, :^pai^ant toutefois, jusqu'k la 
fin, sa belle intelligence! 

T^moins de ses souffrances , nous pre voyions , h^las ! 
depuis quelque temps, ce denouement fatal; mais, sem- 
blables k ceux qui ont une affection vive pour quelqu'un, 
nous cherchions constamment k nous illusionner, vou- 
lant conserver quand mSme Fespoir d*une amelioration 
dural)le et nous ne pouvions accepter avec resignation 
Tidee d'une separation brusque et prochaine ! 

Respectueux de sa memoire, nous garderons fidele- 
ment le souvenir de cet homme de bien , si merveilleu- 
sement done des qualites de Tesprit et du coeur, d'lme 
amabilite charmante, d'une extreme bonte et d'une 
exquise courtoisie. Aussi, grftce a ces dons naturels, 
excellait-il k faire T entente entre des hommes d'opinions 
ou de conditions diffierentes, qu'il savait unir sur le 
terrain commun des interets generaux et particuliers. 
UAgricultm'eet la Viticulture, sources importantesde la 



richesse de notre departement , eurent en M. le comte 
de Blbis un defenseur incomparable, toujours preoccupy 
de faire profiter son pays des d^couvertes et des progr^s 
de la science. Sous son habile direction, les concours 
departementaux des primes culturales et ceux des ani- 
mauxreproducteursd^jktresappr^cies sont devenus de 
plus en plus florissants et ont contribu^ puissamment a 
developper en Anjou le goM des bonnes m6thodes de 
culture et k ameliorer les differentes races d'animaux 
de nos etables. Mais, dou6 d'une activity infatigable 
et d*un devouement sans bornes, il ne lui suf&t pas d'en- 
courager et de perfectionner les oeuvres deja existantes, 
et bientdt de nouvelles fondations, cr^ees sous le patro- 
nage de notre Societe, vinrent augmenter les nombreux 
services rendus a notre departement. 

Les foires aux Vins d' Anjou qui pr^ludferent k la 
naissance de TUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire, 
la Station oenologique de Maine-et-Loire, la Station viti- 
cole et amp^lographique des R^coUets de Saumur creee 
et organis^e d'lm commun accord avec le distingue et 
savant viticulteur M. le D' Peton, alors maire de 
Saumur, et, tout recemment, FExposition et le Concours 
d'Aviculture de Janvier 1906 a Angers, pr^curseurs de la 
Society des Aviculteurs Angevins, actuellement en for- 
mation, sont autant de brillants succ^s dont revient k 
a M. le comte de Blois une part prepond^rante. 

Et jusqu'k sa demifere heure, pour ainsi dire, notre 
cher President s'est int^resse a Torganisation prepara- 
toire du grand Concours Regional Agricole libre de 1907 
que la Ville d' Angers devra surtout a son intelligente 
initiative, k sa haute influence et k ses persev^rants 
efforts. 

Pour moi qu'il avait choisi pour un de ses collabora- 
teurs k la Soci^t^ Industrielle et Agricole d' Angers et 
de Maine-et-Loire, c'est un grand honneur d' avoir pu 
meriter sa confiance et sa bienveillante estime. 



1 



D' Paul StGAUD, 

Secretaire g^n^ral de la Soci6t6 Industrielle 
et Agricole d' Angers. 



— 55 — 

Dans la seance du i4 mars 1906, le president du S^nat, 
M. Antonin Dubost, se leve etprononceencestermesreloge 
funebre de M. le comte de Blois, senateur de Maine-et- 
Loire : 

Messieurs , 

■ 

I Le Senat vient de perdre encore un de ses membres les 

[ plus estimes : le comte de Blois, senateur de Maine-et-Loire, 

i qui venait a peine d'achever sa cinquante-septieme annee. 

I Pendant la guerre , il avait remph son devoir comme offi- 

• cier au -29® regiment de mobiles. Grand agriculteur, il appar- 

[ tenait depuis longtemps au Conseil general de son departe- 

I nient. II etait entre au Senat en 1895. II etait le neveu et 

I'heritier du cel^bre comte de Falloux , il en professait sans 
jdoute les opinions , mais n'avait rien du caract^re passionne 
qu'on attribue generalement a celui-ci : c'etait, en effet, le 
plus paisible des hommes, le plus courtois, le plus preoccupe 
de plaire, mSme a ses adversaires. (Applaudissements.) 
' Ses discours toujours bien ordonnes r^velaient, avec le 
culte de la forme , le souci constant de concilier Taiiirmation 
tres nette de ses idees avec le soin minutieux de ne blesser 
personne... (Tres bien! Tres bien!),.. et peut-^tre meme de 
laire beneficier ses idees elles-m^mes de la bienveillance et 
du charme avec lesquels il se faisait ecouter. (Applaudisse- 
ments.) 

Les grands interets du pays le preoccupaient naturelle- 
ment, les questions d'enseignement, les questions agricoles 
aussi, oil il apportait une grande competence, etant lui-m^me 
un agriculteur distingue et possedant les superbes etablisse- 
ments du Bourg-d'Ire crees par son oncle de Falloux. 
. Esprit cultiv^, il a donne aux lettres les Memoires d'lin 
Rojyaliste que M. de Falloux, surpris par la mort, n'avait 
pas eu le temps de publier lui-mSme, et une edition nouvelle 
de la Correspondance de Madame Swetchine. II laissera au 
Senat des regrets sinceres dont sa famille voudra bien trou- 
ver ici la sympathique et cordiale expression. (Applaudisse- 
ments.) 



Le service pour le repos de T^me du comte de Blois, sena- 
teur, a eu lieu samedi, 17 mars, a 10 heures, a Paris, a 
Saint-Fran^ois-Xavier. 

En Tabsence du fils ain^ du defunt, le vicomte Louis de 
Blois, enseigne de vaisseau, en ce moment en Chine, le deuil 
etait conduit par MM. Jean de Blois, son second fils; le 
vicomte Adrien de Blois et le vicomte Rene de Blois, ses 



— 56 — 

freres; de Cremiers, le marquis de Richeteau, le comte 
Georges de La Morini^re, inspeeteur des finances, et le 
vicomte Stanislas de La Morini^re, ses beaux-fr^res. 

Monsieur le Due d' Orleans 6tait repr^sente par le vicomte 
de Bourqueney. 

Dans r assistance : 

MM. Merlet, Bodinier, D. Delahaye, sdnateurs ; comte de 
La Bourdonnaye , due de Plaisance , Ferdinand Bougere , de 
Grandmaison, deputes de Maine-et-Loire ; due de Rohan, 
general Zurlinden, baron de Courcel, general des Garets, 
Paul Bezine, Forest, vicomte E.-M. de Vogue, general Mer- 
cier, Aubry, Vitet, marquis de la Ferronays, due de Lorge, 
Rene Bazin, general Recamier, comte de Pontbriand, amiral 
de La Jonchere, Le Provost de Launay> comte Pierre d'Har- 
court, comte de Villeneuve Esclapon, amiral de Cuverville, 
general de Roince, marquis de Nicolay, Paul Le Roux, mar- 
quis de Malet, lieutenant-colonel Monteil, marquis d'Ar- 
genson, comte Le Gonidec de Traissan, Thureau-Dangin , 
comte Aimery de La Rochefoucauld, general de Saint-Ger- 
main, comte Christian de Kergorlay, B^renger, comte 
Robert de Breda, baron La Grange O'Tard, comte Her- 
mann de Merode, vicomte de Villebois-Mareuil , comte de 
La Roehe-Cantin , comte de Charnace, comte de Partz, de 
Vauguion , comte Ludovic de Mieulle , comte Louis de Bris- 
sae, Le Guales de Mezaubran, baron de Villebois-Mareuil, 
Poubelle, Joseph Ghasle-Pavie , Huault-Dupuy, Bouttier, 
capitaine de Saint-Chamans, Halop^, Lair, Blachez, Meslay, 
Jules Andre , baron Pinoteau , comte de Faucompr^ , comte 
Leonce de Terves, lieutenant de vaisseau de Ruill6, comte 
de Livonniere , vicomte Francois de Villoutreys , vicomte de 
Boissard, Henry Goutant, marquis de Talhouet, comte 
Jacques Aymer de La Chevalerie, marquis de Dampierre, 
comte Georges de Bourmont, marquis de Vogu^, amiral de 
La Jaille, due de La Salle de Rochemaure, marquis de Maus- 
sabre, vicomte de Levis-Mirepoix , Louis Passy, baron de 
Boury, comte de Bellissen, G. Lendtre, marquis de Nadaillac, 
marquis du Luart, marquis de Ploeuc Louis Luzurier, mar- 
quis de Neuilles, vicomte Jean de Lorgeril, lieutenant-colonel 
du Halgouet, E. Teisserene de Bort, marquis de Saint-Maur, 
marquis de Forget, vicomte Louis de Savigny de Moncorps, 
vicomte du Hamel de Breuil, Vallery-Radot , comte de 






- 57- 

Plinval-Salgues , Merveilleux du Vignaux, baron Jules 
Evain, etc., etc. 

L'absoute a ete donnee par M&^ de Gourmont, ev^que de 
La Martinique, 



Obs^ques de M. le comte de Blois 

Le jeudi 22 mars ont ete celebrees, k Teglise de Huille, les 
obs^ques de M. le senateur comte de Blois. 

Le train partant d' Angers a 9 h. 16 auquel avaient 6X6 
ajoutes des wagons supplementaires 6tait rempli de parents 
et d'amis. 

De L^zigne on se rend par le pont du Loir a Huille. Sur 
la route pittoresque qui grimpe au coteau, les voitures et les 
automobiles ont peine a avancer au milieu de la foule 
pressee, des delegations des municipalites et des societ^s. 
Tout le pays est en deuil. 

La petite eglise de Huille, tendue de noir, 6tait trop petite 
pour contenir Tassistance. 

Apres la messe, celebree par M. le Cure de Huille, 
M. Baron, cure de Daumeray, a prononce un tr^s Eloquent 
eloge de son paroissien et ami le comte de Blois. 

M^' Rumeau a donn^ l'absoute et fait la conduite au cime- 
tiere. Autour de Monseigneur, M^^ Pessard, vicaire general, 
M«^' Pasquier, les cures de Segre, Bauge, Durtal, Bourg-d'Ire 
et Barace, et des communes voisines ; le chanoine Secretain, 
le superieur de Saint-Joseph de Baug6 , Fabbe Lionnet , etc. 

Les cordons du poele ^taient tenus par MM. Merlet, sena- 
teur ; comte de La Bourdonnaye, depute ; Grignon, president 
du Conseil general ; Bordeaux-Montrieux , president de la 
Societe Industrielle et Agricole; Prevost-Lemotheux , con- 
seiller d'arrondissement, et comte Jean d'Andigne, maire de 
Durtal. 

Le deuil etait conduit par M. Jean de Blois, fils du defunt; 
"vicomte Adrien de Blois, vicomte Renan de Blois, comte 
Georges de la Moriniere, vicomte Stany de la Morini^re, 
marquis de Richeteau, ses beaux-freres ; M. de Cremiers, 
MM. Rene, Bernard et Etienne de Blois, Pierre de la Moriniere 
et vicomte de Bernard , ses neveux ; marquis Desmiers de 
Chenon. 



-58 - 

On remarquait : le Conseil municipal de Daumeray, la 
Society des Anciens Gombattants de 1870 avec une palme, les 
Veterans du canton de Durtal , la section du Syndicat Agri- 
cole de Chevire-le-Rouge et la Societe de Secours mutuels 
du Bourg-d'Ire, toutes avec leurs drapeaux voile* de crapes. 

Dans Fassistance : MM. Bodinier, Dominique Delahaye, 
senateurs ; comte de La Bourdonnaye, Laurent Bougere, 
Fabien Cesbron, deputes ; general Faugeron, due de Caylus, 
de la Guillonni^re , de Rochebouet, de la Perraudi^re, de 
Livonniere, due de Blacas, de Fougerolle, Desnoes, marquis 
de la Bretesche, conseillers generaux ; Brichet, comte G. de 
Villoutreys, Raymond Richou, comte Retailliau, de Mon- 
tergon, comte Geoffroy d'Andigne, Gatroux, Deperriere, 
vicomte J. de Villoutreys, Planchenault , Choppin, con- 
seillers d'arrondissement ; marquis d' Armaille , de BrAllon , 
marquis de Kergos, vicomte de Maquill^, de la Vingtrie, 
comte Christian de Beaumont, comte de Quatrebarbes , 
baron de Villebois-Mareuil, Paul de Villoutreys, baron de la 
Paumeli^re, de la Rochecantin, capitaine Desforges, capi- 
taine de la Rochebrochard, d'Emery, Gastine, maire de Segre ; 
commandant de la Masseli^re; D"* Sigaud, Camille Urseau, 
Massignon, de la Societe Industrielle ; Lavallee et Moreau, de 
TEcole d' Agriculture ; marquis de Becdelievre, Bachelier, 
Lelong , Dubos , commandant Bouce , comte de Manneville , 
Femand de Rochebouet, Gatroux, maire de Vihiers; Lelong, 
maire, et de nombreux conseillers municipaux des Rairies et 
de toutes les communes du canton, Bressolette, Lebeau, Le 
Gornec , ing^nieur en chef; Raymond Garreau , de la Gran- 
diere, comte de la Selle, comte du Reau, de Terves, marquis 
de Maille, Letoumeau, comte de la Bouillerie, Claudio-Janet, 
Leboucher, directeur du Syndicat agricole ; Bilbille, Guy on, 
Gustave de Mieulle, Gassin de la Loge, Mabille du Ghesne, 
vicomte de Terves, maire de Geste ; Bouttier, Genest, Quar- 
tier, Turquais, N^grier, Mesnard, Rochereau, Lepage-Pineau, 
Gointepas, vicomte Olivier de Rouge, Poirier, de Rosemond, 
Louis Ghenechot, Samson, Desmats, adjoint au maire de 
Noyant ; Gheri^re, Guillet, Dubost, Barillier, adjoint de Mon- 
tigne, D'' Motais, D"^ Petit, Philouze, Andre Gardeau, Gaudin, 
adjoint, et de nombreux habitants de Vern, Prodhomme, 
Ghartier, Taugourdeau, Ghauveau, Roisin, ex-sergent-major 
du 290 de mobiles ; Mace, Lambourt, Gilbert, Granger, Suzi- 



- 59 - 

neau, Goguet, Golombeau, Touchet, Piau, L. Piou, adjoint k 
Etrich^ ; J. Montel, Palussiere, Nail, Ghapeau, Juillet, Fou- 
card, Closier, E. Lusseau, Delaunay, adjoint k Jallais ; 
Peltier, Riviere, Bruneau, Bienvenu, Gautier, Rieoult, Hery, 
Gohier, du Bourg-d'Ire; Houiller, Geslin, le maire de Ghe- 
vir^, Dailli^re, Morin, Dumans, Dusacre, Ghaudet, Harnault, 
Oueelet, Vaidre, Ghatelain, Galleo, Lelouin, Le Barille, 
adjoint de Montign6; Moreau, Gonffignoit, L. Bourcier, 
Belouin, Renou, president et le secretaire de la section syn- 
dicale de Gorze, une delegation de cinquante btlcheronsde la 
forSt de Ghambiers , des delegations de toutes les communes 
de la region, des cercles et de la societe du Tour de France, 

Au cimetiere, malgr^ un froid tr^s vif , une foule enorme 
se presse tr^s emue autour de la tombe que benit M^^'" Rumeau. 

Des discours sont prononces successivement par MM. 
Merlet, senateur ; comte de La Bourdonnaye, depute ; Fabien 
Gesbron, depute; Bordeaux-Montrieux , vice-president de la 
Societe Industrielle ; Ghauveau, au nom des veterans de 
Durtal ; comte d'iVndigne , maire de Durtal ; Daniel Prevost- 
Lemotheux, conseiller d*arrondissement, adjoint au maire de 
Daumeray, et de Terves, de Saint-Lambert-du-Lattay, ami de 
M. le comte de Blois. 

Voici le discours prononce par M. Bordeaux-Montrieux, 
vice-president de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers 
et de Maine-et-Loire : 

Messieurs , 

Pour la seconde fois, en quelques annees, la Societe 
Industrielle et Agricole , d' Angers est douloureusement f rap- 
pee, et la perte de son president, comte de Blois, ajoute un 
deuil cruel a celui qui 1 atteignait, le 23 octobre 1896, par la 
mort non moins prematuree de son autre president, 
M. Blavier. 

Gelui que nous pleurons aujourd'hui adressait alors k son 
predecesseur, dans un langage eloquent dont je ne pourrai 
retrouver que I'emotion, le supreme hommage que je suis 
appeie a lui rendre — si t6t — k lui-mSme. 

Cette t&che douloureuse est facilitee quand il s'agit de 
louer un homme « aussilouable » qui, par sa double situation 
d'agriculteur distingue et de membre autorise du Parlement, 
a signaie son trop court passage dans la direction de notre 
Gompagnie par les brillants services que promettaient ses 
hautes capacites et son devouement. 



- 60- 

11 aimait la terre, et il continua la belle tradition qui a 
preside aux succes de la celebre etable du bourg d'Ire, en 
conservant aupres de lui M. Lemaneeau, le coUaborateur de 
r eminent homme d'Etat auquel TAnjou doit une partie de sa 

Erosperite agricole. A la ferme modele ses efforts ne se 
ornerent pas a I'elevage de ces beaux types de reproduc- 
teurs qui, par I'infusion du sang Durham, exercent une si 
grande influence sur Tamelioration de la race ; il savait que 
tout se tient en agronomie, et la pratique des bonnes fagons 
eulturales a ete pour lui le complement necessaire de la 
lecon de choses qu il fut toujours jaloux de donner aux 
cultivateurs. 

S'il aimait T agriculture, notre regrette president la defen- 
dit avec I'inter^t passionne qu*il lui portait. Dans la crise 
aigue qu'elle traversa, il proclamait, suivant son heureuse 
expression, qu'elle etait « la grande abandonnee » ; que les 
conditions economiques de notre epoque la rendaient une 
Industrie de plus en plus difficile et perilleuse; et il mit 
toute son activite et son talent a plaider sa cause aupres du 
gouvernement et de ses collegues du Senat. 

C'est ainsi qu'en intervenant a chaque discussion du 
budget de I'agriculture, il pr^senta des amendements pour 
relever le chiflre des sul)ventions aux associations agricoles. 
II n'obtint d'abord que des promesses, mais I'annee suivante 
il remporta le succes, en faisant augmenter le credit qui 
doit assurer une vie plus large aux concours departementaux 
et aux cornices du canton. 

11 defendit avec talent le droit pour le bouilleur de cru de 
distiller les produits de sa recolte, sans ^tre soumis a de 
dures vexations de la part du fisc. Le projet de loi sur les 
primes a Tindustrie sucriere et sur la police sanitaire des 
animaux ; celui tendant a interdire la fabrication et la vente 
des vins artificiels ; la question des haras et des remontes de 
guerre, qui touche aux inter^ts de Televeur, mais dont 
I'importance est si grande en m^me temps au point de vue 
de la defense nationale, furent autant d'occasions pour lui 
de prendre la parole. 

II parla aussi en faveur de Tenseignement agricole, et c'est 
sous I'empire de cette idee genereuse, qu*a Toccasion du 
concours des primes eulturales organise en 1897, par notre 
Societe, il fit instituer, pour la premiere fois, cet autre 
concours entre les instituteurs du departement, pour recom- 
penser ceux qui ecriraient les rapports les mieux etudies sur 
les fermes visitees par le jury. 

J'oublie beaucoup d'autres combats qu'il mena en faveur 
de Tagriculture ; je ne parle pas de ses discours qui ne tou- 
chaient plus directement aux interets ruraux et ou se rev^- 
laient toujours une pensee feconde et un langage qui charme ; 
mais je sais que, dans tous ses travaux, le comte de Blois 
recherchait moins le succes immediat que Foccasion de 



-61 - 

remplir un rdle social. II etait pour Teffort, et il comprenait 
que le doute mSme sur Tefficacite de Teffort n'autorise pas 

I inaction. Pour lui, reformer les idees n'etait pas trop entre- 
prendre, ni r^ver un succes qui depasse toutesles previsions. 

II sentait seulement les graves difficultes de la tache , car il 
savait qu'on ne met g^neralement dans les esprits que ce 
qui s'y trouve deja et qu'on a encore besoin de circonstances 
heureuses pour le leur reveler. II verifiait aussi, par son 
exemple, la sage philosophic de Taine qui , pour une oeuvre 
impartiale, conseille de reserver toujours dans son cerveau 
« un petit coin pour les idees des autres » ; mais «ee que le 
comte de Blois, homme de sens si liberal, pratiquait facile- 
ment pour lui mSme etait peut-^tre moins familier a certains 
de ses contradicteurs. Orateur tres ecoute, &me haute, il 
mettait tout son coeur a defendre ce qu'il avait charge de 
sauvegarder ; il savait mettre en relief les cdtes les plus 
Aleves d*une these, en multiplier I'interM et rendre ainsi plus 
nombreux les partisans qu'u voulait attacher k sa cause. 

Son esprit Ub^ral guidait encore le comte de Blois quand 
11 presidait h. une cuscussion ; et la Soci^t^ Industrielle et 
Agricole lui est reconnaissante de la fagon si distinguee dont 
il conduisait ses d^bats, et de Tunion qu*il r^alisait avec 
tant de succes parmi ses membres , sur le grand terrain des 
inters ts iniraux. Aussi son influence fut-elle particulierement 
feconde en ces derni^res annees, ou vinrent se greffer sur 
notre Gompagnie les jeunes et deja florissantes fondations 
qu'on nomme TUnion des Viticulteurs , la Station CEnolo- 
gique de Maine-et-Loire , la Station Ampelographique et 
V iticole des RecoUets , creee avec le concours du maire de 
Saumur, M. le D' Peton. La Societe d' Aviculture, aujour- 
d'hui en formation, aura pour parrain le marquis de 
Dampierre. 

La naute autorite que le comte de Blois exergait dans les 
conseils de la Societe des Agriculteurs de France lui permit 




commerce local que la prosperite agricole et viticole de 
I'Anjou. 

TMembre de la Ghambre syndicale du Syndicat Agricole 
d'Anjou, president du Gomice du canton de Durtal et de 
rUnion des Syndicats agricoles des d^partements de TOuest, 
son entree a la Society nationale d* Aginculture de France , 
en 1902, fut pour lui la plus belle recompense de ses efforts. 
Notre Gompagnie en ressentit une legitime fierte et, avec 
rUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire, elle se joint 
aujourd'hui a une famille desolee dans un m^me sentiment 
de tristesse et de regrets. 

L'heritage que le comte de Blois legue aux siens doit 
adoucir ce sentiment. Si le goM des belles-lettres ennoblit 



— 62 — 

ses loisirs, Fagriculture , en lui m^nageant un entretien 
continuel avec Dieu, n'a pu qu'affermir chez lui Tesprit 
Chretien qu'il devait dejk a son education et k Televation 
naturelle de sa pensee. Le travail myst^rieux des puissances 
de Fair, la pluie, le vent, Taction mecanique du froid, la 
chaleur des rayons solaires peuvent, pour des savants, 
n'Stre que des phenomenes qu'ils etudient et classent metho- 
diquement ; mais chacune de ces creations n'a pas seulement 
un sens scientifique, chacune d'elies a un sens divin que la 
foi revele, et ainsi la vie des champs nous rapproche de 
Dieu 



La Messe de Service pour M. le Gomte de 

Le mardi 27 mars, k 11 heures, a et6 celebr6, en I'eglise 
cathedrale d' Angers, un service solennel pour le repos de 
r^me de M. le comte de Blois. 

La messe a ^te dite par M. le chanoine Pessard, archipr^tre 
de la cathedrale , assiste de deux de ses vicaires. 

Monseigneur FEv^que se tenait au tr6ne pontifical, ayant 
k ses c6tes MM. les chanoines Baudriller, vicaire general, et 
Labonne, secretaire particulier de TevSche. 

L' office a 6te merveilleusement chante par la maitrise de 
la cathedrale. 

Apr^s Tevangile, Sa Grandeur est montee en chaire et a 
prononce un eloquent panegyrique du regrette defunt, retra- 
^ant la vie de « Thomme de bien » que fut M. le comte de 
Blois, vie trop courte mais si bien remplie par les oeuvres du 
patriotisme et de la foi. Ces nobles accents ont produit une 
profonde emotion sur I'auditoire. 

Dans r assistance fort nombreuse on remarquait : 
MM. Merlet, Bodinier , D. Delahaye, senateurs ; de la Bour- 
donnaye, L. et F. Bougere, Cesbron, deputes; Joxe, maire 
d' Angers; Grignon, president du Conseil general; G. de 
Bochebouet, le general Faugeron, de FougeroUe, due de 
Caylus, de la Perraudiere, . de Livonni^re, du Reau, 
D. Richou, de la Guillonniere , Desnoes, de Terves, con- 
seille'rs generaux ; Huault-Dupuy , de la Selle , Le Gris de la 
Pommeraye , Georges de Villoutrey s , Planchenault, Jacques 
de Villoutreys, Geoffroy d'Andigne, Chopin, Roger de la 
Borde, Gilles Deperriere, Cesbron-Lavau , comte Retailliau, 
Marchand, conseillers d'arrondissements ; la presque totality 



— 63 — 

des meiubres de la Societe Industrielle et Agricole de Maine- 
et-Loire , sans distinction d' opinion ; la Ghambre de Com- 
merce et le Tribunal de Commerce ; beaucoup de membres 
des Societes d'anciens Combattants de 1870, de Veterans, de 
la Croix-Rouge ; T University catholique ; de nombreux 
maires et conseillers municipaux venus de tons les points du 
d^partement et une foule d'amis si considerable qu'il nous 
est impossible de donner les noms. 

Puissent ces t^moignages de sympathie unanime, autour 
de son deuil, 6tre un all^gement a la douleur de la famille de 
notre tr6s regrette s^nateur. 



Un grand nombre de journaux parisiens et les principales 
publications angevines ont fait paraltre des articles ^logieux 
pour rendre hommage k la m^moire de M. le comte de Blois. 
Nous reproduisons , entre autres , la notice que notre excel- 
lent coUegue, M. Gilles Deperri^re, directeur de la Station 
viticole de Saumur, a adress^e a la ReQue de Viticulture : 

M. LE COMTE Georges de Blois. — L'Anjou est en deuil; 
il perd Tun de ses fils , un homme qui lui faisait honneur et 
lui etait utile entre tons. Le comte Georges de Blois est 
mort. Ne le i«' Janvier 1849, ^^ disparait a 67 ans, en pleine 
maturite de savoir et de valeur. 

Une experience au service d'un esprit particulierement 
souple et adroit, autant que d'une intelligence ouverte nour- 
rie de solides Etudes de jeunesse et de lectures incessantes, 
formee au contact des hommes et des choses, s'est ^teinte. 
EUe est perdue pour nous. Deux passions dans cette belle 
figure : Faffection des siens, le bien. Deux moyens pour 
conquerir les coeurs et les suffrages : une extreme aflfabilite, 
un grand charme de parole. 

A dix-neuf ans, Georges de Blois etait licenci^ en droit. 
En 1870, quand eclata la guerre, il avait vingt et un ans ; il 
perdait son p^re le 10 aoftt. Quinze jours apres, exhorte par 
sa mere, une de Beaumont, il devan^ait I'appel. Le gouver- 
nement imperial en faisait un sous-lieutenant au 29® mobiles. 
Le i4 novembre, il etait attache en qualite d'officier d'or- 
donnance a Tetat-major de son oncle, le general comte de 



— 64 — 

Blois, k Fartillerie du i5* corps. Six semaines aprfes, sous 
Orleans , il tombait bless^ et etait fait prisonnier ; mais il 
s'echappait et avait la bonne fortune de retrouver les mobiles 
de Maine-et-Loire pour rentrer dans ses foyers au milieu des 
gens d'Anjou, des siens. Sa earriere militaire etait close, 
mais quel exemple ! 

Quelques ann^es se passent ; il se fait Fhistorien de sa 
famille. 11 est a Huille eonseiller municipal, puis maire. Son 
oncle de Beaumont meurt, il devient alors proprietaire de la 
Rochejaquelin. II devient eonseiller municipal et maire de 
Daumeray, sa nouvelle commune. En 1886, le 6 Janvier, un 
nouveau deuil le frappe : M. le comte de Falloux, en mou- 
rant , lui l^gue le Bourg-d'Ire avec ses cultures et son etable 
module, ses exemples et des devoirs nouveaux a remplir. 
Mais il est prepare, il a, au milieu des populations agricoles 
avec lesquelles il vit depuis 1871, appris a aimer la terre. 
D est digne en tons points de recueillir la succession de son 
oncle de Falloux et de continuer son oeuvre. II s' attache le 
regrette Lemanceau , chef des cultures du Bourg-d'Ire , agro- 
nome intelligent et fin entre tous, que nous autres, moins 
vieux alors, appelions « grand-pere »! et les succ^s agricoles 
continuent : prime d'honneur de Tagriculture , innombrables 
prix et recompenses dans d'innombrables concours se suivent 
dans la main du comte de Blois et distinguent le domaine 
devenu sien, comme tout ce qui en sort. — Entre temps, 
Georges de Blois est president du Comice agricole de Durtal, 
membre du Gonseil de la Societe des Agriculteurs de France, 
membre de la Societe Nationale d' Agriculture , haute recom- 
pense regue sur le champ d'honneur agricole, et president 
de la Society Industrielle et Agricole d' Angers et de Maine-et- 
Loire, oil il prend la succession de Thomme de premier ordre 
qu* etait le senateur Blavier : situation considerable qui lui 
impose la lourde charge de grands services k rendre a T Anjou. 
En 1888, il est eonseiller general; en 1896, il devient senateur 
de Maine-et-Loire et est reelu en 1906. En 1900, il avait ete 
nomme secretaire de la Haute Assemblee. Au Gonseil general 
de Maine-et-Loire, au Senat, a la Societe des Agriculteurs de 
France, a la Societe Nationale d' Agriculture , a la Societe 
Industrielle et Agricole d' Angers , il ne songe qu'a la Patrie. 

Toutes les questions agricoles, economiques ou sociales lui 
sont familieres ; il les traite magistralement. II sait se faire 



— 65 — 

^couter, in^me par ses adversaires, avec la plus sympathique 
attention. C*est un insinuant, un charmeur ; c'est aussi, k la 
maniere angevine, un doux entM^, habile a saisir adroite- 
ment le moment pour faire triompher sans tapage ce qu'il 
r^ve pour le bien. 

Aussi les fondations utiles se suec^dent en Anjou sous son 
inlassable aetivite, et notre petite patrie lui doit les belles 
dotations de nos concours de reprodueteurs et de primes 
culturales, nos foires aux vins, notre Station oenologique, 
uotre Station viticole avec le concours du D'' Peton, alors 
maire de Saumur; notre Societe d' aviculture avec celui du 
marquis de Dampierre , et enfin le grand Concours Regional 
Agricole et le Gongres international de Viticulture qui se pre- 
parent pour 1907. Pour ces deux grandes manifestations, il 
ne sera pas la pour leur donner toutes directions utiles, mais 
son kme et son souvenir j presideront ! 

Je prie M™« la comtesse de Blois, nee Le Bault de la 
Morini^re, sa veuve, et ses enfants, d'agr^er les temoignages 
de profonde et douloureuse sympathie de la Revue de VitU 
culture comme de tous ceux qui ont connu leur mari et p^re, 
Leur deuil est le leur. 



- 66 — 



Proc^s-verbal de la Stance du 24 fevrier 1906 



Presidence de M. Bordeaux-Montrieux, vice-president. 

Etaient presents : MM> Huault-Dupuy , vice-president; 
D'^ Sigaud, secretaire general, et Andre Huau, secretaire; 
MM. le marquis de Dreu3;:-Breze , Mass^non, Moreau, 
Lavallee, Grau, Vinet, Edouard Lafarge, Bieron, Halope, 
D"^ Cordon, Billard, D' Maisonneuve, Juteau-Vannier , Char- 
tier de la Chapelle-Saint-Laud ; Bouvier, Betton-AUard , 
Bernard-Chauvire , Couette, Mignot, Merlet fils, Batereau, 
Chartier-Laigle, de la Vergne, Baron, Georges de la Villebiot, 
Cesbron-Lavau , Gautier-Meslier . 

— M. le D' Sigaud donne lecture du proces-verbal de la pr6- 
cedente seance ; ce proces-verbal est adopts sans observa- 
tions. 

— M. Moreau, directeur de la Station oenologique, presente 
un tableau sur lequel sont notees les appreciations de la 
Commission chargee de deguster pour la deuxieme fois les 
vins pasteurises chez M. le marquis de Dreux-Br6z^. Notre 
savant coUegue profile de ces experiences et des resultats 
obtenus a la suite d'un double examen pour faire quelques 
remarques tres judicieuses et en deduire des conclusions 
pratiques. II indique, en terminant, quels vins doivent 6tre 
pasteurises et comment on arrivera k reconnaitre ceux qui 
ont besoin de cette operation. 

M. Moreau ay ant ete consults par plusieurs proprietaires- 
recoltants preoccupes de voir certains vins de 1906 rester 
troubles, a eu Tidee de faire des essais de filtration pour 
remedier a cet inconvenient prejudiciable a la vente. II s*est 
adressse pour cela aux maisons les plus importajites et le 
plus connues pour leurs appareils de filtration. Les quatre 
maisons suivantes se sont empressees de repondre et ont 
mis gracieusement un de leurs appareils a la disposition des 
viticulteurs angevins qui desireraient les experimenter. 

Ce sont ; 1° La maison LasmoUe, de Bordeaux, qui enverra 
un filtre de creation recente construit d'apr^s le procede 
Laborde ; 

2° La maison Simoneton, de Paris, qui mettra a notre dis- 
position le filtre a manche « le Phenix » ; 



- 67 - 

3* La maison Malvezin , de Bordeaux ; 

4° La maison Gasquet , egalement de Bordeaux. 

Ces differents filtres seront repartis par region et une note 
mise dans les journaux angevins indiquera les noms et les 
residences des proprietaires chez qui auront lieu ces opera- 
tions, ainsi que les dates fixees; de cette faQon, tous ceux 
qui s'interessent k ces experiences pourront y assister. 

Onze proprietaires se sont fait inscrire. M. Moreau 
demandera a tous ces Messieurs de conserver une dizaine de 
bouteilles de vin temoin non filtre, autant de vin filtr^ et 
autant, si possible, du meme vin non filtre mais prealable- 
ment coUe. 

Une commission sera chargee ulterieurement d' examiner 
tous ces vins. 

— M. Moreau annonce qu*il a commence les conferences 
d'oenologie qu'il s'est propose de faire dans differentes loca- 
lit^s du departement. Une a deia eu lieu aDurtal. Le4niars, 
une conference sera faite a Montjean; le ii et le 25, a 
Thouarce, et le i®^ avril, a Montjean. 

M. le President remercie M. Moreau de ses tres interes- 
santes communications qui ont ete ecoutees tres attentive- 
ment par le nombreux auditoire. 

— M. Maurice Massignon lit son rapport sur la Foire aux 
Vins d'Anjou des 9, 10 et 11 Janvier 1906. 

M. le President se fait I'interprete de tous nos coUegues 
pour adresser des remerciements a M. Massignon pour son 
trfes interessant travail qui sera public dans notre prochain 
bulletin. 

— M. Gautier-Meslier donne lecture de son etude tres 
complete et tr^s document^e sur la culture et la production 
des tabacs , dont voici un resume succinct : 

La culture en Maine-et-Loire des primeurs et des fruits ne 
peut gu^re s'etendre, elle ne donne plus aujourd'hui des 
avantages suflisants, les terrains sont aflfermes a des prix 
assez Aleves et les moyens de transport ainsi que les tarifs 
des chemins de fer ne permettent pas Tecoulement facile de 
ces produits du sol aux grands centres de consommation, ni 
au moyen de I'exportation. D'un autre c5te, les chanvres, 
les bles, les pommes de terre subissent de jour en jour des 
depreciations dues en grande partie a la concurrence etran- 
gere , aussi semble-t-il opportun de rechercher une nouvelle 
culture susceptible d'indemniser plus largement les cultiva- 
teurs de leurs travaux et de leurs efforts. 

Dans ce but M. Gautier-Meslier a etudie la culture du 
tabac. II fait tout d'abord remarquer que cette culture est 
autorisee en France, dans 25 departements, et il lui a semble 
qu'aucun ne possedait des terrains plus propices et jiine 
temperature plus convenable, a la culture de cette plante, 



- 68 - 

que le Maine et-Loire. Si la petite culture, aux environs des 
villes, pent tirer parti, avee avantage des primeurs, la grosse 
culture n*a pas cette m^me facility , aussi serait-il necessaire 
pour elle de trouver d'autres ressources, et il semble cpi'elle 

Eourrait s'interesser tout specialement a la culture du tabac. 
I'Etat retire de tr^s gros n^n^fices de la vente des tabacs 
et il est a remarquer que la production fran^aise deviant 
de plus en plus insuffisante par rapport a F augmentation 
constante des besoins de la consommation. 

En 1902, les recettes de toute nature sur la vente des 
tabacs se sont elevees k 421.894.382 fr. 3i, et les d^penses 
a 82.462.037 fr. 18, de sorte que le benefice a ete 
de 339.432.345 fr. i3. 

Le tableau ci-dessous donne la production du tabac en 1902 
et en 1901. 



Nombre de planteurs 

Nombre d'hectares cultiv^s 

Quantites livrees et payees 

Valeurs de ces quantites 

Prix moyen d'achat les 100 kilos . 
Rendement en poids k Thectare . . 
Rendement en argent k Thectare . 



R^GOLTB 190a 



54.63Q 

15.936 

24.420.772 kil. 

22. 009. 226 fr. 09 

90 fr. 12 

1 . 532 kil. 

i.38ifr. 10 



RECOLTB 1901 



56.5i3 

16.366 

25.867.275 kil. 

23.iio.58ofr.86 

89fr.34 

i.58o kil. 

1. 412 fr. 10 



En Algerie la culture du tabac est libre, les achats ont ete 
de 3.157 ^W ki^- ^^^ ^^* C0M6 1.808.655 fr. 77, soit un prix 
moyen de 57 fr. 81 les 100 kilos. 

En 1902, les tabacs etrangers achetes repr^sentaient 
19.279.306 kil. 395 pour une valeur totale de 28.670.849 fr. 93, 
achetes a des prix tr^s variables atteignant, dans Tensemble, 
210 fr. 45 le 100 kilos. 

D'un autre c6te la France n'a vendu k TEtranger que pour 
une somme de 2.35o.744 fr- 16 de tabacs. 

Mais certaines vari^tes du Mexique ont 6X6 payees jusqu'a 
944 fr- 28, Sumatra n° i 1.128 fr. 18, Java 598 fr. 80 et 
Havane 849 fr. 77 les 100 kilos, en 1902. 

M. Gautier-Meslier insiste sur cette particularity que TEtat 
achete chaque annee pour plus de 28.000.000 francs de tabacs 
a Tetr anger ou les prix sont beaucoup plus eleves en g^n^ral 
qu^en France; toutefois il s'empresse de dire que certaines 
qualites superieures ne peuvent pour le moment Itre obtenues 
aans notre pays. Mais il constate avec peine le pen d' encou- 
ragement apporte k cette culture tant par FEtat que par les 
personnes competentes. II est persuade qu'en Anjou on 
pourrait cultiver avec succes des varietes de choix qu*on se 
procure actuellement a Tetrangei' a des prix capables d'en- 
richii* nos cultivateurs. M. Gautier-Meslier desii^erait voir un 



- 69 - 

^rand nombre de fermiers de notre departement faire des 
demandes d'autorisation de planter ; TEtat ne saurait refuser 
cette faveur et bientdt des essais seraient entrepris dans beau- 
coup de communes avec des resultats probablement tr^s 
satisfaisants. 

Notre coUegue passe ensuite en revue les notions inte- 
ressant la culture du tabac, les formalit^s a remplir pour 
obtenir Fautorisation , les vari^tes cultivees en France et h. 
Fetranger, les fumures utiles ; il entre dans des details 
minutieux sur les semis, le repiquage, Tentretien, Tepam- 
prement, Tebourgeonnement, la recolte, la culture des porte- 
graines, les accidents de vegetation et enfin les maladies. 

II conclut en disant que son etude a eu pour but principal 
de chercher a encourager la culture du tabac en Maine-et- 
Loire, departement admirablement situ6 et paraissant remplir 
toutes les conditions necessaires pour r^ussir au point de vue 
de la qualite et du rendement. Le sol et la temperature con- 
viennent parfaitement ; les grandes intemperies , les vents 
violents, la grSle, les gelees tardives si nuisibles a cette 
plante relativement delicate ne seraient pas k redouter com me 
dans certains departements. Au reste cette culture n'offre 
pas plus de difficultes que celle des choux-fleurs si repandue 
et si prosp^re en Maire-e1>Loire. Toutefois M. Gautier-Meslier 
ne se dissimule pas les difficultes a pr^voir pour obtenir 
Fautorisation. 

EUe doit Stre demandee auParlemeitt et faire Tobjet d'une 
loi approuvant un voeu formule par une population repre- 
sentant le plus erand nombre possible de communes. II serait 
utile dans ce out de rediger une circulaire resumant les 
renseignements utiles a connaltre sur cette question, et de 
I'adresser aux maires de toutes les communes avec pri^re 
d'en donner connaissance aux principaux cultivateurs. 

On pourrait egalement faire signer dans chaque commune 
des petitions qui seraient centralisees k la Society Industrielle 
et Agricole d' Angers et remises ensuite a nos representants 
au Parlement, en les chargeant d'appuyer notre demande. 

M. le President adresse ses vifs remerciements a M. Gautier- 
Meslier, il est persuade que son idee est excellente, tres digne 
d'attirer Fattention des cultivateurs Angevins et merite d'etre 
approuvee et prise en consideration par les pouvoirs publics. 

— Reception de candidats presentes k la precedente seance ; 
M. G. Fourrier, avocat, j5 rue des Lices, Angers ; 

M. G. Baron, propri^taire , 6 place Travot, Gnolet, 
sont elus k Funanimit^ des voix membres titulaires de la 
Soci^te. 

— Presentation de candidats : 

M. Etienne Daign^re fils, propri^taire, domaine de Tessigne 

Sar Brissac, pr^sente par M. Daignere p^re et M. le 
octeur Sigaud ; 



- 70 — 

M. Gaston Rosin fils, propri^taire-viticulteur , a Huille et 
negociant en vins, ii avenue Besnardi^re , Angers, presente 
par M. le doeteui' Sigaud et M. Andre Huau ; 

M. le vieomte Raoul de Courcy, proprietaire , chateau de 
la Chaussee par Brain-sur-Allonnes (Maine-et-Loire), presents 
par M. le s^nateur comte de Blois et M. le doeteur Sigaud. 

L'ordre du jour etant epuise, la seance est levee a 4 heures. 

Le Secretaire general^ 
D^ P. Sigaud. 



Procfes-verbal de la Seance du 31 mars 1906 



Presidence de M. BoRDEAtrx-MoNTRiEUX, vice-president, 
assiste de M. le D^ Sigaud, secretaire general. 

MM. Huault-Dupuy , vice-president; Prosper Jamin, tre- 
sorier, s'etaient fait excuser ainsi que MM. Andre Huau et 
Suaudeau, membres du bureau. 

Etaient presents : MM. Batereau, Grau, Bernard-Chauvire, 
Lavallee, Vinet, Moreau, Daignere fils, de FougeroUe, 
Fourmond, de Dampierre, de Ch&teauvieux , Massignon, 
Urseau, G. Fourrier, Gavinet, de Livonniere, Leboucher. 

— Le proces- verbal de la precedente seance, lu par le 
D^ Sigaud, est adopte sans observations. 

— M. Bordeaux-Montrieux fait part a ses collogues de 
lettres qu'il a regues de M. Joseph Joiibert, actuellement en 
Italic ; de M. Joseph Vaslin, de Tierce ; de M. de la Feran- 
diere , qui adressent a notre Societe leurs condoleances pour 
la perte douloureuse de notre cher president, M. le comte de 
Blois , et leurs regrets de n' avoir pu lui rendre les derniers 
devoirs. 

M. le D'^ Peton, de Saumur, a ^galement envoye a M. Bor- 
deaux-Montrieux une lettre emue dans laquelle il dit « qu'il 
tient a adresser k la Societe Industrielle , qui etait comme 
Textension de la famille naturelle de M. le comte de Blois, 
tant il lui portait d'inter^t et d'aflfection, ses condoleances 
attristees. La divergence d'opinion qui le s^parait de M. de 
Blois n a pu Tempdcher de reconnaltre le rare m^rite de cet 
homme de bien. Il ne saurait oublier avec quelle impartialite 
et avec quelle largeur de vues il s'empressa de lui donner 
son concours lorsqu'il lui demanda Fappui de la Societe 
Industrielle pour I'organisation d'une Station viticole k Sau- 



— 71 — 

mur, que Tun et T^utre ils consideraient comme necessaire 
a notre cher Anjou. II s'associe au deuil de la Societe Indus- 
trielle, a laquelle il adresse ses tres sinceres condoleances. » 

— M. le President fait ensuite voter sur la reception des 
candidats presentes a la prec^dente reunion : 

M. Etienne Daignere, fils, domaine de Tessigne, par 
Brissac ; 

M. Gaston Rosin, ii , avenue Besnardiere, Angers ; 

M. le vieomte Raoul de Courcy, chateau de la Chaussde, 
par Brain-sur-Allonnes (Maine-et-Loire) , 
sont elus a runanimite des voix meinl3res titulaires de la 
Soci(6t6. 

— Presentation de candidats : 

M. Paul Taveau, proprietaire , 77, rue du Pont-Fouchard 
Bagneux-Saumur, presente par M. L^on Moreau et M. le 
D'" Sigaiid ; 

M. Prosper Gohier, expert, 4^, boulevard de Saumur, 
Angers, presente par M. Huault-Dupuy et M. le D"^ Sigaud ; 

M. Alfred Provost, proprietaire a Saint-Lambert-du-Lattay 
et 7, rue d' Alsace, Angers, presente par M. Massignon et 
M. le D*" Sigaud ; 

M. Lucien Bazantay, proprietaire au Pont-Boursault, 
par Thouarc^, presente par M. Massignon et M. Moreau. 

M. Bordeaux-Montrieux propose alors a FAssemblee, en 
signe de deuil, de reporter a la seance suivante la suite de 
Tordre du jour; il se leve et prononce les paroles suivantes : 

« Messieurs, 

« Nous sommes douloureusement ^mus. Notre cher Presi- 
dent nous est en\e\6 dans la force de T^ge et en pleine acti- 
vity puisque , dans les derniers jours de sa vie , malgre les 
atteintes d'une cruelle maladie , il nous donnait encore toute 
son intelligence et tout son coeur. J'ai ei6 le temoin de la 
correspondance suivie quil entretenait, avant de mourir, 
avec notre devoue secretaire general ; il se tenait au courant 
de nos deliberations ; aucun detail ne le laissait indifferent et 
il profitait de la session annuelle des Agriculteurs de France 
pour asseoir sur des bases solides le succes du grand con- 
cours que notre Societe doit tenir en 1907. 

« On pent done dire que nous avons eu ses dernieres 
pensees , avec son dernier effort. 

« Messieurs, j'ai essaye de rappeler sur sa tombe ce que 
notre President fiit k la t^te de la Gompagnie , et vous vous 
Stes associes unanimement au faible hommage que je lui ai 
rendu en votre nom. 

« Aujourd'hui, le proces- verbal dira notre profonde tris- 
tesse en face d'une mort aussr prematur^e, qui creuse un 



- 72 - 

grand vide parmi nous et qui brise eil mftme temps une 
solide amitie ; il traduira notre vive reconnaissance pour 
Toeuvre d*union et de progr^s que le comte de Biois a pour- 
suivie avec tant de d^vouement au sein de la Soci^t^. 

« Je ne ferai pas de iui, en ce moment, une longue 
biographie, mais un simple trait fixera pour nous son sou- 
venir : 

« Apr^s ses luttes k la tribune, menees en faveurdeTagri- 
culture, tout plein encore des Amotions de la veille, il reyient 
joyeusement, au milieu de nous, epancher son ftme et se 
reposer — en travaillant. — II accomplit cette loi inviolable 
qui fait de toute existence un combat. Vivante image du 
mouvement, son sang genereux coule k pleins boras et, 
comme I'eau qui court, ne se corrompt pas. 

« Messieurs, nos annales^ porteront a M"« la comtesse.de 
Blois et k tous les siensT expression de ces sentiments ; et, 
sous Tempire de notre peine, nous levons la seance. » 



Le Secretaire general, 

D^ P. SiGAUD. 



Le Girant : G. GRASSIN. 



Angers, imp. Oermain et 6. Orassin. — 804-6, 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 

r r 



SOCIETE INDUSTRIELLE BT AGRICOLB 

D'ANGERS 

et du ddpartement de liaine-et-Loire 



Hygidne de TEcurie et de TEtable 

Par M. Alfred Grau, Ingenieur-Agronome, 
Professeur a TEcole d' Agriculture d'Angers, Membre titulaire 



Pour empecher les maladies 
11 faut rfiabitation salubre. 

C'est une science relativement r^cente que Thygiene telle 
qu'elle est comprise aujourd'hui et ses progres sont encore 
bien lents dans les campagnes. Dej^, cependant, elle a fait 
diminuer beaucoup les ravages occasionnis par les maladies. 
Aussi , Fextrtoe importance de son rdle conservateur et 
bienfaisant dans I'exploitation agricole ne pent echapper a 
tons les esprits eclaires ; mais, pour ^tre feconde en resultats, 
ejle n^cessite que Tagriculteur s'en inspire continuellement 
dans les mille details de la vie journaliere. 

Apres vous avoir entretenus des nouvelles mesures sani- 
taires destinees a enrayer la mortalite du b^tail (i), 
permettez-moi de completer Fetude de la question en attirant 
plus particulierement votre attention sur les causes de cette 
mortalite- et siir les precautions d' hygiene a prendre chez soi 
pour les eviter, precautions dont il ne faudrait jamais se 
d^pai'tir, qtd sont assez faciles a observer, en somme, et qui 
concernent surtout Tentretien et le logement des animaux 
domestiques. 

(i) Communication faite a la seance du 28 octobre 1905. Bulletin 
d'octobre, page 180. 



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- 74 - 

En effet, les pertes ^normes que subit annuellement le 
cheptel vivant de nos fermes sont imputables pour une 
grande part a I'^tat defectueux des logements, lequel facilite 
le deveioppement des maladies qui attaquent notre betail, 
quand il suf&rait de quelques ameliorations bien simples et 
peu coftteuses pour prevenir le mal. 

II est certain (jue les animaux qui passent une notable 
partie de leur existence a Tetable ou k Tecurie doivent s*y 
trouver dans de bonnes conditions, si Ton veut assurer le 
fonctionnement regulier de leurs organes et le maintien 
integral de leurs facult^s productives. Qu'arrivera-t-il si les 
locaux ou habite le betail sont mal am^nag^s, mal ^claires, 
si une ventilation mal reglee met les animaux en butte a des 
courants d'air qui provoquent des inflammations, si le sol et 
les plafonds sont mal conditionn^s et mal entretenus, si les 
bfites sont mal conchies et se reposent mal, si non-seulement 
elles manquent de Tair et de Fespace necessaires, mais sont 
encore privees des soins corporels que reclame la conser- 
vation de leur sante ? D'une part, il ne sera pas difficile d'y 
constater un ralentissement dans la croissance des jeunes 
sujets, un rendement moins ^leve chez les adultes, et, 
d'autre part, il s'y produira un affaiblissement dans leur 
organisme qui , offrant mbins de resistance, sera a la merci 
de toutes les maladies. La tuberculose bovine, par exemple, 
se propage surtout dans des Stables trop petites, od une 
temperature surelevee et une aeration insumsante lui sont 
tout a fait favorables. 

Personne ne pourrait done mettre en doute la necessity de 
foumir un logement convenable k nos animaux domestiques 
et cette necessite ne saurait ^tre trop mise eri lumiere par 
ceux qui s'occupent de vulgariser les methodes rationneUes 
de Texploitation du betail. On r^duirait considerablement le 
taux de la morbidite et de la mortality par rapplication 
consciencieuse et generale des principes de Fhygiene dans 
Famenagenent et 1 entretien des etables et des ecuries (i). 
D6velopper ces idees d'hygiene dans une region d'^levage 
telle que celle-ci nous semble oeuvre d'autant plus utile que 
la question est intimement liee a celle de Famelioration de 
nos races domestiques, qui demandent d'autant plus de soins 
de toute nature qu elles se perfectionnent davantage dans le; 
sens 6cOnomique du mot. > 

On p6ut se rendre compte des conditions a remplir en 
examinaut les besoins des animaux. La respiration ^tant une 
des fonctions les plus importantes de Forganisme, e'est 
Vairation des logements qu'il faut envisager tout d'abord. 
Dans la nature, les- animaux 6tant au dehors respirent 

(i) Ce fait a ete demontre amplement en Belgique par les resultats 
des concours d'etables organises de 1900 k i9o5, qui ont engage les 
cultivateurs dans cette voie et suscite une meuleure tenne des etables. 
Le pourcentage de la mortalite du betail a notablement baisse. 



- 75- 

toujour^ a Taise. Quand ils scSnt renfermes, il n'en est plus 
de meme, car Tair des etables est constamment vici^ par la 
respiration, la transpiration, les gaz issus de la fermentation 
des urines et des dejections solides, de sorte qu'il est indis- 
pensable d'en assurer le renouvellement incessant. La venti- 
lation de Fatmosphere a en ra^me temps pour rcsultat 
d'emp^cher la chaleur et I'humidite d'augmenter dansi de 
trop grandes proportions. 

De ces donnees , il resulte que Tagglom^ration d'un trop 
grand nombre d'animaux dans le m^me local est une raau- 
vaise condition hygienique. A ce sujet, il se manifeste dans 
les grandes fermes une tendance qu'il faut combattre aussi 
pour une autre raison. Comme on j entretient beaucoup de 
tetes de betail , on construit de vastes batiments pour loger 
a la fois toutes les betes a comes ou toute la population che- 
valine. Evidemjnent, les animaux se trouvent mieux d'etre 
en societe. Mais vienne a se produire une epizootic telle que 
la fievre aphteuse, la peripneumonie, le charbon, la morve, 
les ravages de la maladie seront d'autant plus rapides que les 
animaux sont plus nombreux dans la mSme habitation. G'est 
done une faute de depasser a cet egard une certaine limite 
qui pent ^tre fixee aux environs de vingt a trente individus 
au maximum. Du reste, on pent aisement concilier avec cette 
limite Favantage ^conomique incontestable des grandes 
constructions, plusieurs etables ou ecuries distinctes pouvant 
^tre reunies dans le mSme batiment, a condition de les 
s6parer par des cloisons suffisantes. Par ces temps de mesures , 
speciales necessitees par Finvasiondes maladies contagieuses, 
une grande exploitation devrait comporter un local a part 
cimente et facile a desinfecter pour servir d'infirmerie et 
assurer Fisolement des malades ou la mise en observation 
des animaux suspects. Cette precaution ne serait pas inutile, 
si Fon songe que c'est un moyen d'arrSter net la contagion 
qui autrement ne tarde pas a se propager aux animaux restes 
indemnes . 

La lumiere purifie Fatmosphere oti elle exerce une certaine 
action microbicide. Elle donne du ton et de la vigueur a 
Forganisme. Un bon eclairage est done indispensable et ce 
n*est que dans des conditions anormales, ou la sante des 
animaux n'entre plus en jeu, qu'on maintient les etables 
obscures, par exemple, lorsqu'il s'affit d'engraissement. Les 
fenfires jouent un grand role dans i hygiene des logements, 
car elles laissent passer la lumiere, y permettent le renou- 
vellement de Fair et en reglent la temperature. En principe, 
elles seront placees de preference derri^re les animaux, de 
fa^on k eviter que le jour du dehors ne frappe directement 
leurs yeux, et le plus haut possible, de maniere a garantir les 
animaux contre le soleil et les courants d'air. On les munit 
de vitres, de volets ou de persiennes. Sinon, on les bouche 
au moins en temps de froid avec des fagots ou de la paille, 



- 76 - 

qui laissent encore passer Tair et un peu de lumiere. La 
meilleure disposition est qu'elles soient vitrees et puissent 
basculer sur leur bord inferieur, de dehors en dedans, afin 
d'assurer Tevacuation insensible de Fair confin6 et de briser 
le courant d'air froid venant de I'exterieur. L'air va alors 
frapper le plafond et s'etend ensuite en nappe dans Tetable, 
au lieu de tomber directement sur le corps des habitants. 
Pour ouvrir ces fen^tres, le chassis porte a la partie superieure 
une corde qui passe sur une petite poulie a gorge fixee au 
mur, le long duquel la corde descend a portee de la main ; 
ou bicn c'est une tringle rigide qui commande le mouvement 
de bascule, dernier systeme, peut-etre le plus pratique. 

Souvent, le plafond des etables consiste en quelques tra- 
verses de bois recouvertes d'une couche de lagots ou de 
paille. Quand le falte de Tetable sert de magasin a fourrage, 
il est indispensable d'etablir un plafond impermeable pour 
enipScher les poussicres et le menu foin de tomber du fenil 
sur les betes et pour que le fourrage de ce fenil ne soit j)as 
gate par les gaz mephitiques qui se degagent des dejections 
des animaux. 

Le sol de Tetable ou de I'ecurie doit Stre uni et etanche : 
pave, betonne, en briques placees de champ, ou tout au moins 
en argile battue. Dans ces conditions, Tentretien sera plus 
commode et on pourra plus aisement pratiquer les soins de 
proprete et la'desinfection le cas echeant. II est bon que les 
murs soient egalement faciles a nettoyer, alaver et desinfecter 
au besoin. On pent en goudronner le bas et les blanchir a la 
cliaux, ainsi que le plafond, ce qui sera un excellent moyen 
d'eloigner les insectes, la vermine et les germes de maladie. 

U orientation du batiment n*est pas non plus indifferente. 
EUe doit etre choisie autant que possible de Test a Touest, 
afin d^eviter les grands froids et les fortes chaleurs, les 
fenetres etant disposees soit de chaque c6te, soit sur un seul. 

II faut entin que le logement soit suffisamment pas^e pour 
que les animaux y soient a Taise, et, d'un autre cote, cela a 
Tavantage de permettre une meilleure aeration, 

Telles sont les regies generales a suivre pour Tinstallation 
des habitations reservees aux betes de la fernie. Ilnousreste 
a etudier les details des conditions interieures qui varient 
quelque peu suivant Tespece consideree. 

* 
* # 

Entre tons les animaux utilises dans nos exploitations, le 
cheval est celui qui reclame le plus de precautions. Doue 
d'un temperament sensible et d'une constitution delicate, 
expose tons les jours par ses fonctions memes a toutes sortes 
d'accidents et a des fatigues qui peuvent le predisposer a la 
maladie, enfin representant un capital qui est generalement 
eleve, Tagriculteur ne doit pas lui menager ses soins, afin de 



— 11 — 

le maintenir en bonne forme et eviter une diminution de 
valeur qui, lorsqu'elle se produit, est toujours assez impor- 
tante. 

II est neeessaire que les chevaux trouvent k T^curie un 
confortable qui a sa raison d'etre pour leur sante et un repos 
qui retentira sur leur aptitude au travail. 

L'urine du cheval efet ^mise en moins grande quantite, mais 
elle est plus azotee que celle du boeuf. Si elle est plus 
eoneentree , elle devient plus rapidement le siege de la fer- 
mentation putride. Le sol est impermeable et legerement 
incline, avec une pente d'environ 20 a 3o millimetres par 
metre, pour permettre I'ecoulement plus facile des dejections 
liquides vers un caniyeau allant a la fosse a purin (i) ; les 
materiaux dont il est forme doivent Mre solides et non 
glissants, de fagpn k resisteraux fers des chevaux. La litiere 
sera abondante, fournissant un bon couchage et douee d'un 
pouyoir absorbant assez grand. Tous les quatre ou cinq jours, 
au pl^s, pnr ehlevera la partie de la litiere qui est passee a 
Tetat de fumier. Enfin, Fecurie sera nettoyee et lavee assez 
souvent ; oh pourra laisser les eaux de lavage suivre le m^me 
chemiri que les urines et aller grossir le volume du purin dans 
la citerne. Gela n'a pas d'inconvenients, le purin devant 6tre, 
dans beaucoup de cas, etendu plus ou moins d'eau avant son 
epandage sur les prairies. 

C'est quand les animaux sont dehors qu'on ouvrira toutes 
g^aiides les portes etles fenStresde I'ecurie. II est preferable 
d'agir ainsi, car, lorsque les chevaux sontrentres, les courants 
d'air sont a eviter. En frappant les animaux dans certaines 
regions du corps, ils y produisent un abaissement brusque de 
temperature, toujours nuisible comme le sont tous les 
refroidissements, etpouvant amener une congestion interne. 
Cest pourquoi il vaut mieux ne pas multiplier le nombre des 
portes : une seule suffit, pourvu que sa largeur soit suffisante, 
afin que les animaux ne se blessent pas au passage. On 
conseille de retablir.a un seul battant, afin que le personnel 
soit force d0 rouvrir toute grande chaque fois qu'il est neees- 
saire. A deux battants, il est arrive souvent des accidents dus 
k ce que le valet de ferme n'en avait ouvert qu un seul, 
rendant ainsi le passage trop etroit. 

On congoit quil est difficile de renouveler constamment 
Tair de Tecurie et d'y obtenir en m^me temps une temperature 
assez douce, si celle de Texterieur est iroide comme cela 
arrive pendant Thiver. Or, les chevaux ont particulierement 
besoin d*air pur, et Fexperience a demontre qu'ils preferent ' 



(i^ Trop souvent les rigoles n'existent pas dans les ecuries communes 
ou Dien elles sont si peu accentuees que le purin s'y ecoule difticile- 
ment. Le nettoyage ne pent alors se faire convenabiement et c'est la 
une cause d'insalubrite. C'est aussi une. cause de perte potir le purin 
qu'on ne peut recueilUr^ 



- 78 - 

un logement froid, mais sec et acre, k une atmosphere 
coufin^e, tiede et humide. Quelle que soit la saison, il n'y a 

{>a9 k hesiter k ventiler largement, d'une fagon energique en 
eur absence, ralentie, mais assez vive encore, lorsqu'ils sont 
a r^curie, pourvu qu'ils soient a Tabri des courants d'air 
froid. 

Si les fenStres sont plac6es assez haut, avec des dimen- 
sions (i) allong^es dans le sens horizontal et autant que pos- 
sible avec le mode de fermeture dit a bascule, les courants 
d'air ne pourront ar river directement sur les animaux et on 
aura neanmoins une bonne ventilation et un 6clairage conve- 
nable. Les chevaux semblent mieux se porter dans une ecurie 
largement eclairee que dans une 6curie obscure et d'ou le 
passage bicusque a la clarte du dehors provoque des maladies 
d'yeux fr6quentes. Les soins de nansage, d'alimentation et 
autres k executer k T ecurie demandent aussi qu'on y voie bien 
clair. 

Pans les ecuries qui manquent d'ouvertures suffisantes et 
qui n'ont paa le cune d'air necessaire, on pent faciliter la 
sortie de Tair vicie en etablissant au plafond des cheminees 
dites d'appel, qui foiictionnent d'apres le principe des chemi- 
nees ordinaires et dont le tirage se modifie en augmentant ou 
en diminuant Fouverture inferieure. 

S'il faut dans une ecurie Fabsence complete d'humidite, de 
Fair et un jour convenable, il faut encore que chaque animal 
ait a sa disposition un espace tel qu'il puisse se coucher a 
toute heure sans ^tre gSn^. Le cheval aime la societe de ses 
cong^neres, mais on devra veiller a ce que les chevaux vivant 
ensemble ne soient pas trop rapproches. II y a lieu de les 
tenir constamment attaches et separ^s les unsdes autres par 
des cloisons ou tout au moins par des bat-flancs (2). Dans le 
cas contraire, on s'exposerait a les voir se battre, se donner 
des coups de pieds ou se piordre et se blesser. 

Celui qui est un pen homme de chfeval sait combien une 
tare quelconque deprecie la b^te. II est done utile d'y faire 
attention. II n'y a que les poulains que Fon met par deux dans 
des boxes avec paddocks exterieurs pour Fexercice ou encore 
la jument pouliniere avec son petit. Dans ces boxes, les 
animaux sont libres de leurs mouvements et peuvent se 
retourner t^te a queue. Les chevaux de luxe ont egalement 
ainsi chacun leur boxe fermee et on isole de la m<^me fagon 
un animal malade. Mais dans les ecuries ordinaires a cloisons 
fixes ou a bat-flancs, il est indispensable que les chevaux 
soient attaches. 

(i) A titre d'indication, on compte qu*il faut a peu pres 5o decimetres 
Carres de fenetre par cheval. 

(2) n faut absolument rejeter I'emploi de la simple barre suspendue 
au plafond. Cette separation n'empeche pas les coups de pieds. et occa- 
sionne des accidents quand le cheval enjambe la barre et fait des efforts 
desordonnes pour reprendre sa position normale. 



- 79 - 

Un mode d'attache qui est a rec^ommander consiste dans 
Femploi d'une chalne ou d'une lamere forte partant du licol 
et fixee a un anneau qui pent glisser le long d*une tringle 
plaeee sou$ la mangeoire ; 1 anneau ainsi place permet tousles 
mouvements de la tSte. On pent aussi se servir de forts pitons 
flxe& k Tangle et dans lesquels passent les cordes ou les 
chaines d'attache, qui portent un poids a leur extremite libre. 

On a souvent discute sur Futilite des rftteliers, dont le gros 
inconvenient est qu'ils forcent Fanimal k relever la t^te d une 
raaniei*e exageree poiu^ saisir les fourrages qui s'y trouvent. 
G'est aussi une cause de malproprete par les poussieres et 
les menus debris qui tombent dans les yeux et sur la t^te et 
les crins de Tanimal. On preconise beaucoup Femploi de 
mangeoires distinctes et assez petites pour chaque b^te, ce 
qui laisse la facility de disposer a la m^me hauteur un 
rdtelier. Mais generalement cette installation est plutdt 
adoptee dans les ^curies de luxe que dans les petites exploi- 
tations, ou Femplacement est liraite et oti les creches et les 
r^teliers s'etendent sur toute la longueur de Fecurie. Alors 
on aura soin de placer les r&teliers assez bas pour que leurs 
desavantages disparaissent le plus possible. Les mangeoires 
seront plac^es k o^go du sol et doivent 6tre k fond rond pour 
faciliter le nettoyage et permettre la consommation des 
aliments jusqu'k la derni^re parcelle. 

Les dimensions de Fecurie sontnaturellement en proportion 
avec le nombre de chevaux qu*on y loge et leur encombrement 
respectif. La largeur moyenne "& r^server k chaque animal 
peut se prendre par la mesure de la taille au garrot, c'est-a- 
dire de i""5o k I'^jS, selon la grandeur de la race exploit^e. 
J'ai vu des ^curies ou elle ^tait reduite k in^ao; cela est tout 
k fait insuffisant. 
Quant k la longueur t^te a queue, il faut de 2™4o a 2"5o 

Sour laisser un peu de latitude au cheval. En tenant compte 
e Fauge et du couloir de service, il y aurait done un total 
de 4°*5o a 5 metres pour la largeur de Fecurie a Fint^rieur. 
Gomme hauteur, plus le plafond est eleve et plus grande 
est la puret^ de Fair, mais avec une ventilation appropriee, 
3 metres k 3"5o d* elevation interieure peuvent suffire pour 
une exploitation rurale. 

Si le cheval rentrant k Fecurie doit y trouver les conditions 
n^cessaires pour se procurer un repos convenable et reelle- 
ment r^confortant, une bonne hygiene impose encore d'autres 
precautions. Le charretier, au retour des champs, donnera k 
ses animaux un bon bouchonnage qui enlevera la sueur et 
leur procurera en outre, j^ar cette sorte de massage, un 
certam soulagement. Les soins de pansage a Fecurie ne doi- 
vent jamais Stre n^glig^s. La peau du cheval est analogue k 
celle de Fhomme, sous le poil qui la garnit, et elle doit 
toujours ^tre tenue tres propre. On reconnalt un cheval bien 
soigne^k sa peau lisse et brillante. Tons les jours un coup 



- 80 — 

d'^trille le matin, puis la brosse et r^poussette, et enfin 
r^ponge humide aux naseaux, aux yeux, aux oreilles, a la 
naissance de la queue et aux pieds auront plus d'influence 
sur la sant6 du eheval que tous les remMes regenerateurs 
possibles, quelque bons qu'ils soient. Un pansage complet 
toutes les semaines : le peigne dans les erins, i Sponge sup tout 
le corps, et des bains pendant Y6t6 completeront Faction du 
nettoiement quotidien. 

Soyons strs que le temps employ^ k cela n'est pas perdu. 
Trait6 de la sorte, le eheval sera plus vigoureux et t^moignera 
k sa mani^re toute la reconnaissance dont il est capable, en 
donnant k son maitre un meilleur service et des enorts plus 
considerables. 

* * 

Le boeuf et la vache sont moins sensibles que le eheval. 
-Mais Tetable ne doit pas 6tre pour cela moins soigiiee que 
recurie au point d'etre negligee completement. Si les cas de 
phtysie sont assez communs chez les vaches, c'est a la mau- 
vaise disposition des stables et a leur manque d'entretien 
qu il faut les attribuer. 

Souvent les etables sont tout k fait exigues et les b^tes sont 
les unes sur les autres. Or, Tespace n^cessaire a una b^te a 
come est le m^me que pour un cneval, sauf en ce qui conceme 
la largeur qui pent 5tre reduite k i"»3o ou i"*35. II est bien 
Evident que chaque animal doit trouver assez de place pour 
pouvoir se reposer sans Stfe derange par son voisin. TTne 
vache laitiere qui ne pourra ruminer en paix donnera moins 
de lait ; une b^te a Tengrais qui n'est pas tranquille profitera 
moins. 

Ge qui permet de r^duire un peu la largeur provient de ce 
que le boeuf et la vache etant des animaux pacifiqiies, il n est 
pas n^cessaire d'etablir des cloisons fixes ou mobiles comme 
pour les chevaux. Toutefois, les coups de cornes sont a 
craindre, mais on pent les 6viter au moyen d' attaches ad hoc 
comp6s6es le plus generalement de chaines ou de cordes 
plac^es au cou de Tanimal. Dans les vacheries qui eomportent 
un taureau, une stalle sp^ciale est indispensable^ etant donne 
son caract^re turbulent ". 

II y a un autre avantage a ce que Tetable soit spacieuse, 
c'est que cela permet k ses habitants de disposer d'un cube 
d'air suffisant. Le cube d'air, dont a besoin cnaque individu, 
doit ^tre en effet d'autant plus grand qu'ici le renouvellement 
de Fair ne pent se faire que lentement, les bovides craignant 
le froid beaucoup plus que les chevaux. Tout en assurant une 
ventilation continue qui permette a F atmosphere de rester 
salubre, la temperature de Fetable ne doit pas descendre en 
dessous de 12 degres. Les veaux, les bceufs a Fengrais, de 
mSme que les vaches laitieres, demandent, pour tii^ec^out le 
parti possible de leur ration » pour favoriser la croissancei 



- - 81 — 

rengraissement ou la production du lait, un milieu tiMe et 
un peu humide. La temperature ne doit pas non plus depasser 
i8 degres centigrades, au-dela desquels il se produit une 
diminution de rendement chez les animaux. La moyenne la 
plus favorable est de i4 a i6 degres. 

On voit que les conditions dans lesquelles doivent se trouver 
les animaux de Tesp^ce bovine ne sont pas tout a fait les 
mSmes que celles qui concernent les 6auid6s. L'hiver, pour 
conserver une bonne temperature, il faut tenir les etables 
•bien closes, en permettant toutefois une certaine aeration, 
mais de telle sbrte qu'elle soit moderee, et, pour ainsi dire, 
•insensible I A cet effet, les ouvertures sont plus p"etites que 
dans les ecuries et garnies pendant les grands froids avec de la 
paille, des fagots ou un bourrage quelconque qui permette le 
passage de lair, tout en faisant obstacle a la sortie de la 
chaleur. Elles sont plac^es pres du plafond. Ainsi, les courants 
qu'elles determinent appellent I'air de bas en haut et renou- 
vellent ainsi Tatmosph^re interieure au-dessus de la tete des 
animaux, de telle sorte que ces courants ne puissent les 
incommoder. On sait combien sont nuisibles les courants 
d'air qui frappent le corps des vaches et notamment leurs 
mamenes. Non seulement ils diminuent la lactation, mais, 
dans ce dernier cas, ils provoquent souvent ime inflammation 
du pis qui rend d^sormais Torgane beaucoup moins capable 
de remplir sa fonction. 

L'^te, pour les animaux qui restent a Tetable, les fen^tres 
seront ouvertes en permanence, afin de maintenir la tempe- 
rature interieure au-dessous de i8 degres centigrades, 
maximum qui ne pent Stre depasse sans inconvenient. On y 
placera des grillages en toile metallique, a mailles serrees, 
qui s'opposent au passage des insectes, lesquels sont une 
cause d'agitation pour les animaux. En outre, ces toiles 
metalliques tamisent la lumi^re et la rendent moins vive, ce 
qui contribue aussi a la tranquillite des bestiaux. 

On a remarque, k cet egard, que les etables n'ont pas besoin 
d'un edairage aussi intense que les ecuries. Une certaine 
obscurite est mSme une condition favorable a Terigraissement 
et a la lactation. Les animaux sont plus calmes et produisent 
plus. II suffit d'y voir assez clair pour le service, apporter la 
nourriture, enlever le fiAnier, ce que Ton doit faire egale- 
ment sans trop deranger les animaux. 

Ces conditions d'aeration et d'eclairage plus faibles sont 

particulierement applicables aux b^tes laitieres ou a Tengrais. 

' Les jeunes sujets a elevage et les boeufs de travail se trouvent 

mieux dans uiie atmosphere moins humide, plus acree et 

eclairee. 

Comme portes, moins il y en a, mieux ga vaut, car ce sont 
des causes de courants d'air. II sera toujours preferable, si 
faire se petit; de se con tenter d'une seule, qui sera assez 
large» afin d'eviter leg hearts des comes et surtout lea avor^ 



^82 — 

tements. Avec une porte etroite, les vaches pleines qui ont 
rabdomen fortement d^veloppe sont expos^es & des chocs qui 
peuvent leur 6tre fatal. 

Le sol peut Hre moins dur, moins resistant que celui des 
ecuries, car on a affaire a des animaux moins remuants et 
souvent non ferres. II sera couvert de paille suffisante ct 
renouvelee fr^quemment. Ghaque individu de Tesp^ce bovine 
donnant chaque jour de 12 a i4 litres d'urine, on pourra, si 
la paille manque, y supplier partiellement par Femploi de 
sciure de bois, de tourbe ou d'un absorbant quelconque, 
capable de servir de litiere. Mais pour les vaches laiti^res, 
on mettra toujours un peu de paille en dessous des mamelles, 
de fa^on a ce qu'elles ne se salissent pas quand la bMe se 
couche. II faut que le purin puisse s'ecouler jusqu'k la fosse 
par de bonnes rigoles, tout en ne donnant au sol de ratable 
qu'une pente de i5 k 20 millimetres par m^tre, afin d'^viter 
une position par trop d^clive des femelles lors de la gestation. 

II y a lieu de supprimer les rdteliers dans les bouveries et 
les vacheries. La conformation des bovides est telle que leur 
encolure ne peut pas se prater facilement aux mouvements 
necessaires pour que la bouche puisse aller y saisir les 
aliments. lis les prennent avec beaucoup plus d'aisance k une 
moindre hauteur, k 5o centimetres du sol au maximum, dans 
une au^e ou mangeoire peu profonde, tr^s large et a fond 
arrondi, qui suffit k tout. 

Les bovins sont de tr^s gros mangeurs, et, pour rapporter, 
il importe qu'ils consomment beaucoup. Les meilleurs man- 
geurs sont toujours ceux qui se d^veloppent le mieux et qui 
se montrent les plus precoces. Loe^s seuls et isol6s, ils 
s'ennuient et ont moins d'appetit. II n'est pas mauvais d'en 
reunir plusieurs dans le m^me local, a condition de ne pas 
exagerer leur nombre, ce qui n'est pas prudent en cas 
d'epizootie. Quoi qu'il en soit, on devra veiller k ce que, autant 
que possible, chaque animal ait sa mangeoire, afin de Temp^- 
cher d'empieter sur la portion de son voisin ; ou bien , si la 
creche occupe toute la longueur de Fetable, on installe souvent 
dans un mdme but un grillage en bois a travers lequel Tanimal 
doit passer la t^te. 

G'est bien a tort qu'on etrille si rarement les boeufs et les 
vaches. La propret^ de la peau en active la fonction et assure 
la sante de Fanimal. Ce sont les salet6s qui s'accumulent sur 
certaines parties du corps qui attirent les insectes. Si le 
pansage est necessaire au cheval, on devrait au moins laver, 
racier, etriller et bouchonner les bovins de temps en temps, 
en particulier les vaches dont les mamelles doivent 6tre tenues 
tres propres, si on veut en obtenir une plus grande secretion 
et un lait de meilleur godt. La propret^ est egalement favo- 
rable a I'engraissement ; certains ^leveurs tondent le dessus 
du dos des b^tes k Tengrais, afin de les tenir propres et 
d'exciter Tappetit. 



— 83 - 

Voila les principales conditions que doit reunir une etable, 
ou les bStes se maintiendront en boiine sante et profiteront 
parlaitement de la nourriture et des soins qu on leur donne. 



* 



En resume, les animaux ayant un besoin instinctif d'air, de 
lumi^re, de liberte et de societe, le logement qui doit les 
abriter sera vaste, bien acre et eclaire suffisamment. II sera 
bien entretenu et toujours salubre. 

Dans nos pays de metayage, oil le cultivateur est rarement 
possesseur ae sa ferme, il ne lui est pas toujours facile de 
conditionner I'habitation de ses animaux, en observant 
rigoureusementtoutes ces prescriptions, mais les proprietaires 
pourraient peut-Stre s'en mspirer quand ils font construire. 
Gela ne codte pas plus cher de batir Tecurie ou ratable en un 
lieu convenable, de la bien orienter, d'y manager des ouver- 
tures suffisantes et bien plac^es, de lui douner oes dimensions 
en rapport avec Timportance du troupeau que pent comporter 
Texploitation. Les fermes et metairies n'en trouveraient que 
plus facilement preneurs. 

En tout cas, il est toujours possible au metayer ou au 
fermier d'ameliorer Ta^ration et Feclairage de ses Stables, en 
bouchant ou en condamnant des ouvertures mal placees et 
en en pergant d'autres au besoin, d'arranger convenablement 
le couchage, de recrepir et blanchir murs et plafonds, et 
d'entretenir plus propres et Thabitation et les habitants. 

L'agriculteur qui soigne ainsi les compagnons de ses tra- 
vaux et les traite avec douceur se menage en eux des amis 
fideles, en obtient un rendement et des produits plus eleves, 
les conserve plus longtemps et se montre a la ibis un bon 
maitre et un exploitant vraiment soucieux de ses int^r^ts. 



— 84 -- 



Da Tutilisation des Sarments de Vigne 

Par M» Maurice Mabsignon, Ingenieur-Agponome 

La crise actuelle que nous subissons sur la vente des vins 
oblige plus que jamais les proprietaires de yiguobles a cher- 
eher Tutilisation la plus ^conomique et aussi la plus pratique 
de tous les sous-produits de la vigne. Je vous parlerai 
aujourd'hui des sarments. II est tres difficile dans certaines 
regions viticoles de trouver a vendre les sarments comme 
bois de ehauffage d'une fagon remun^ratrice, parce qu'il y a 
surproduction. Aussi les viticulteurs cherchent-ils a les utiliser 
autrement. Les uns les emploient comme engrais en les 
enfouissant entre les rangs de vignes, mais cette methode, 
assez usitee autrefois dans certains vimobles, fut peu a peu 
abandonnee ; on a reconhu en effet oue la decomposition lente 
des sarments, ainsi du reste que celle des ajoncs ou des genets 
employes dans le m^me but, pouvait determiner le pourridie 
de la vigne. D'autres brtilent sur place les sarments et font 
avec les cendres (provenant de la combustion) et des terres 
de fosses des composts. Sans doute ces melanges sont excel- 
lents, mais cette fagon d'operer est anti^conomique , parce 
que la combustion fait disparaitre les elements azotes qui sont 
toujours la partie la plus nutritive pour les plantes. 

Nous devons done chercher k utiliser d'une autre maniere 
les sarments, pour tftcher de ne rien perdre autant que pos- 
sible. 

On obtiendrait ce but en employant les sarments soit 
comme liti^re, soit comme fourrage. 

Le tableau ci-dessous donne un apergu de la valeur chimi- 
que des sarments, d'apres leur composition (a Tetat frais), 
comparativement a celle du mais vert, du seigle vert et des 
plantes fralches des prairies : 



laments Irais. . . 

Mais vert . . 
Seigle vert. . 

Herbes de prairies. 



Azote 



0,20 
0,28 
0,43 
0,44 



Acide 

phosphorique 



0,04 
0,07 
0,24 

o,i5 



Potasse 



o,3o 

0,32 

0,63 
0,60 



Ghaux 



0,52 
0,12 
0,12 
0,27 



Magnesie 



0,08 
0,09 

o,o5 
0,11 



Ce tableau indique que les sarments ont une reelle valeur, 
e^ale a celle du mais vert et moiti^ de celle du seigle et de 
Tnerbo de prairieii 



— 85 — 

Des experiences ont prouv6 que le coefficient de digestibility 
des sarments employes a T^tat frais 6tait excellent. 

II n'y a pas lieu d'insister davantage. 

Mais comment utiliser pratiquement ces sarments ? 

On a reconnu que les animaux en general,. et particuli^re- 
raent les chevaux, en etaient tr^s friands. Mais, s'il leur est 
possible de brouter quelques brindilles, il ne faut pas croire 
qu'ils puissent facilement en manger a leur faim ; les pauvres 
animaux, en effet, se rebutent tres vite, les sarments etant 
trop durs pour pouvoir Stre m&ches par leurs dents. 

11 faut done prealablement les broyer. 

Dans ce but, des appareils tres ingenieux ont ete inventes. 
Mus par des maneges, ils permettent Tutilisation de nos 
chevaux comme moteurs pendant la mauvaise saison. 

On pourrait, au moment du grand Goncours Agricole de 
1907, organiser un Goncours special de broyeurs de sarments, 
auc[ucl des prix importants seraient attribues. Je proposerais 
par exemple d'oftrir des prix pour la somme de 5oo francs et 
dc donner en primes 25o francs, a raison de 5o francs pour 
chacun des cinq premiers construe tears engages, Ge systeme, 
consistant a accorder des primes aux premiers exposants 
engages, me semble excellent, i)arcc qu'il sert d'attraction 
aux constructeurs assures, de cette fa^on, de toucher quelque 
argent, pour les dedommager des frais qu'ils sont obliges de 
faire. 



- 86- 



VI'' Congrds national des Syndicats agricoles 

(Angers 1907) 



On sait qu'en 1007 doit se tenir A Angers, sous le haul 
patronage de la Soei^te des Agriculteui^s de France, un 
concours agi'icole regional d'une grande importance. 

A Foccasion de ce concours, divers congres sqnt projetes, 
notamment le sixieme Congres national des Syndicats 
agricoles. 

Gonform^ment aux traditions des precedents congres, 
Torganisation de cette manifestation professionnelle revient 
k rUnion Regionale, sous le haut patronage de FUnion Cen- 
trale des Syndicats de France. 

Mercredi une reunion de bureau de TUnion des Syndicats 
agricoles de TOuest, dont le president etait le regreltc 
comte de Blois, a eu lieu sous lapresidence de M. Delalande, 
president de T Union Gen trale des Agriculteurs de France, 
assists de M . de la F^randiere, vice-president de TUnion de 
rOuest. ' " 

M. Delalande qui 6tait accompagne du marquis de Mar- 
cillac, president du comit^ d'organisation du Gongres de 
P^rigueux, a examine, de concert avec les membres presents, 
puis avec le bureau de la Society Industrielle d' Angers, les 
conditions dans lesquelles ce Congres serait organise durant 
le prochain concours. 

Nul doute que ce congres professionnel des Syndicats 
Agricoles ne donne une nouvelle vie aux associations exis- 
tantes et k FUnion deFOuest, tout en developpant dans la 
region les nombreuses institutions de mutualite rurale qui 
derivent du Syndicat Agricole. 



U Girani : G. GRASSIN. 



Angers, imprimerie Germain et 6. Grassin. — 1040-6. 



BULLEl'lK MElTSUEL 



DE LA 

r y 



80CIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOIE 

D'ANGERS 
et du d^partement de Maiae-ei-Loire 



Pfoc^s-verbal de la stance du 26 avril 1906 



Presidence de M. Bordeaux-Montrieux. 

Presents : MM. le D' Sigaud et A. Huau, membres du Bureau ; 
Kiehl, Moreau, Massignon, Bernard-Chauvir^, Grau, Ch. Bout- 
tier, Daignere fiTs, D' Cordon, Fourmond, D' Tesson, Bouvier, 
Bettoii-Allard, AUeau, Clemot, fid. Lafarge, Gavinet, Baron, 
Foornier, de Boissard, Raimbault, Urseau, Gasnier, Halope^ 
Ferdinand Bougere. 

M. le D' Sigaud donne lecture du proems verbal de la seance 
precedehte ; ce proc^s-verbal est adopte sans observations. 

La correspohdance contient une lettre de notre distingu^ vice- 
president, M. Huault-Dupuy,adressee^M. Bordeaux-Montrieux, 
le priant de faire agreer de la Soci^te sa demission de vice-presi- 
dent. M. Huault-Dupuy a pris cette determination par raison de 
sante. II exprime a tons ses coUegues sa profonde gratitude pour 
les marques reiterees de confiance et de sympathie qu'ils lui ont 
toujours donnees et compte bien, autant qu'il le pourra, conti- 
nuer k s'associer, dans le rang, aux tres interessants travaux de 
notre chere Societe. 

M. Bordeaux-Montrieux a fait des demarches, au nom du 
Bureau de la Societe, aupr^s de M. Huault-Dupuy pour tacher 
de le faire revenir sur sa determination, mais notre distingue 
Gollegue a maintenu sa decision, sa sant^ ne lui ayant pas permis, 
depuis plus d'un an, de prendre part a nos seances et k nos tra- 
vaux. 



-88- 

M. Bordeaux-Montrieux se fait I'interprete de tous poui* 
exprimer k notre sympathique Vice-President tous les regrets 
que nous cause sa retraite. 11 fait des vceux pour son prompt et 
complet r^tablissement. 

M. le President rappelle qu'^ la stance du 26 mai prochain 
aura lieu F^lection du President de la Soci^te Industrielle, en 
remplacement de notre tr^s regrett^ president, M. le sena- 
teur comte de Blois, et celle d'un vice-president, pour remplacer 
M. Huault-Dupuy, d^missionnaire. 

M. Bordeaux-Montrieux fait part ensuite de la mort d'un de 
nos collogues, M. Louis Bi^ron, un de nos plus distingues viti- 
culteurs, enleve a la fleur de Tage, en pleine vigueur, et d'une 
fagon foudroyante k Taffection des siens. II se fait I'interprete de 
tous pour prier M. le Secretaire general d'adresser a M°^« Bieron 
I'expression de nos sinc^res et respectueuses condoleances. 

— M. le Secretaire g^n^ral donne lecture du programme du 
Concours regional agricole libre qui doit avoir lieu a Angers en 
juin 1907. Quelques observations sont faites par plusieurs de nos 
coUegues au sujet du paragraphe concernant le concours special 
des primes culturales auquel prendront part les trois zones du 
d^partement de Maine-et-Loire. II est decide que cette partie du 
programme sera 6tudi6e et etablie sur de nouvelles bases. 

— M. Grau donne lecture de son travail intitule : Hygiene de 
Vecurie et de VetabU. 

M. le President remercie M. Grau des renseignements trds pra- 
tiques qu'il vient de donner et lui adresse des remerciements. Get 
interessant travail sera public en entier dans notre prochain 
bulletin. 

M. Maurice Massignon parle ensuite de V Utilisation des sar- 
ments de vigne. 

II serait desireux de voir ^tablir par notre Soci^te, au moment 
de notre grand concours regional de 1907, un concours special de 
broyeurs de sarments ou de broyeurs d'ajoncs. 

Cette proposition sera soumise k I'examen de la Commission 
charg^e de 1 organisation du Concours. 

M. le President adresse ses remerciements k M. Massignon. 

— Une Commission chargee de la verification des comptes de 
la Foire aux Vins et de I'Exposition d'aviculture est nomm^e, 
elle se compose de : MM. Daignere, Halope et Chaillou ; elle se 
r^unira le mardi 8 mai, 

— Reception des candidats pr6sent6s le 24 f^vrier 1906 : 

M. Paul Taveau, proprietaire, 77 rue du Pont-Fouchard 
(Bagneux-Saumur) ; 

M. Prosper Gohier, expert, 45 boulevard de Saumur, Angers ; 

M. Alfred Provost, proprietaire k Saint-Lambert-du-Lattay 
et 7 rue d'Alsace, Angers ; ^ 



— 89 — 

M. Lucien Bazantay, propri^taire k Pont-Boursault, par 
Thouarce (Main^-et-Loire), sont elus membres titulaires a I'una- 
nimite des voix. 

— Presentation de candidats : 

M. de Robineau Francois, proprietaire, chateau de la Bure- 
liere, maire de la Cornuaille, par Cande, presente par M. Huault- 
Dupuy et M. le marquis de Dampierre ; 

M. de Bossoreille, proprietaire, chateau de la Bernardi^re, par 
Saint-Macaire (Maine-et-Loire), presents par M. le vicomte 
du Fou et M. Henri du Mas ; ^ 

M. le baron Jacques de Villoutreys, proprietaire, chateau de 
Clerembault, par Montrevault (Maine-et-Loire), presente par 
M. Charles de Villoutreys et M. Henri du Mas. 

M. Griffon, industriel a Torfou, presente par M. le marquis 
de la Bretesche et M. Lavallee. 

L'ordre du jour ^tant epuise, la stance est levee ^ 3 h. 1 /2. 



Le Secretaire general, 

D' P. SiGAUD, 



— 90 - 



La Filtration des Vins 

R^sultats obtenus en Anjou 



Par M. L. Moreau, directcur de la Station CEnologique 
de Maine-et-Loire, membre titulaire 



La fermentation tumultueuse achev^e, le vin, trouble au 
debut, va en se clarifiant de plus en plus. Les matieres albumi- 
noides contractent avec le tanin des combinaisons insolubles ; 
des substances, comme la creme de tartre, se deposent dans le 
milieu devenu alcoolique ; d'autres, par suite du depart de I'acide 
carbonique, sous I'influence plus ou moins m^nag^e de Fair, 
s'oxydent et, k la longue, tous ces corps, en se precipitant, 
entrainent avec eux d'autres matieres en suspension. 

Cette clarification, que la nature meme du liquide, que les 
conditions exterieures, comme la temperature, peuvent influen- 
cer, ne se fait pas toujours compl^tement ni rapidement et les 
vins restent plus ou moins longtemps troubles, laiteux et ne sont 

Eas marchands. « Un vin qui ne se clarifie pas, a-t-on dit, est un 
ouillon de culture pret a evoluer sous rinfluence des microorga- 
nismes que le vin renferme toujours ». La clarification des vins 
nous apparait done comme une necessite a laquelle ne peuvent 
se soustraire les viticulteurs soucieux de la sant6 de leur vin et a. 
laquelle les rappelleront toujours Tacheteur et le consommateur. 
Dans les vms rouges, riches en tanin, provenant de raisins 
murs, sans exc^s, ayant subi, la plupart du temps, une fermenta- 
tion rapide et complete, la clarification, sauf les cas de maladies, 
se lera d'elle-meme assez vile. 

Dans les vins blancs, au contraire, la clarification est plus diffi- 
cile a obtenir et, dans nos regions notamment, par suite de notre 
vinification un pen sp^ciale, c'est un probl^me qui se pose sou- 
vent et la difficult^ de le resoudre est encore accrue par la n6ces- 
sit^ d'avoir ces vins clairs, pour la vente et la mise en bouteilles, 
d^s le mois de fevrier qui suit la vendange. Nous r^coltons tard 
des raisins tres murs, envahis par la pourriture noble et aussi, 
parfois, par la pourriture grise ; la fermentation tumultueuse est 
lente dans ces mouts tres concentres, riches en matieres pec- 
tiques, visqueuses, en dextrane, gommes et autres substances de 
nature plus ou moins d^terminee, provenant de I'exces de'matu- 
ration ou de la pourriture ; la temperatm^e des celliers 'et des 
caves, vu la saison, est peu ^levee g^n^ralement ; toutes ces 
causes, ajout^es k la pauvrete du milieu en tanin, emp§chent 
pendant longtemps les vins de se clarifier ; certaines levures 
aussi restent en suspension. A la fermentation principale succ^de 



- M - 

une fermentation seoondaire tr^s lente et le d^gagement presque 
continu de I'acide carbonique g§ne le dep6t des principes inso- 
lubilises. Aussi arrivons-nous rarement, surtout pour les vins 
liquoreux, a presenter des produits tres limpides et tres brillants 
lorsque arrivent les mois de fevrier et de mars ; c'est un defaut 
qui n'est, d'ailleurs, pas seulement commun a notre region. 

On a remedie a cet etat de choses en aidant a la clarification 
qui ne se fait pas naturellement, ni assez vite, tons les ans. Les 
soutirages faits a propos et en temps voulu, les collages precedes 
du tanisage — presque toujours indispensable pour les vins 
blancs — sont d'un grand secours pour les viticulteurs. Mais la 
coUe ne prend pas toujours et, lorsqu'elle prend, elle ne tombe 

f)as toujours ; le degagement de I'acide carbonique peut nous 
'expliquer en partie, dans ces vins jeunes. Aussi est-il toujours 
bon de faire pr^ceder ces operations d'un leger mechage ou 
bisulfitage. Enfin, il y a des annees ou tous ces procedes ne par- 
viennent pas k donner a nos vins la limpidite desirable. Plus 
difficiles aujourd'hui qu'il y a vingt ans et devant I'encombre- 
ment du marche, les acheteurs ne veulent plus de ces produits a 
moitie clairs, peu plaisants a I'ceil et tres sujets a mal tourner 
sous I'influence des ferments divers que Ton n'est pas parvenu a 
eliminer ; aussi, lorsqu'ils consentent a les prendre, ce n'est 
souvent qu'apres en avoir fait baisser le prix. II y a done, en plus 
des considerations generales developpees plus haut, des raisons 
economiques de premier ordre qui doivent pousser nos viticul- 
teurs a presenter a leur clientele des vins parfaits sous tous les 
rapports. 

Nous nous sommes trouves, cette annee, en presence de vins 
difficiles a clarifier et sur lesquels la coUe n'avait pas toujours de 
prise. Les raisins pourris que nous avons recoltes, une periode de 
froids assez vifs que nous avons eu a subir des le debut de la 
recolte et qui a prolonge, parfois jusqu'en Janvier, la fermenta- 
tion ; peut-etre aussi le developpement et la predominance dans 
le milieu, de levures peu actives, ne tombant pas facilement, et 
de ferments de maladie qui se sont installes aisement dans un 
liquide tres alterable et mal defendu par les levures, peuvent nous 
expliquer pourquoi nos vins ont eu tant de difficultes a se 
clarifier. 

L'annee etait done particulierement propice pour essayer un 
procede de clarification — la filtration — qui n'etait pas inconnu 
dans la region, mais qui avait besoin d'etre etudie plus profon- 
d^ment, d etre suivi de plus pres, afm d'en determiner le mode 
d'emploi et d'en expliquer, au besoin et si possible, les insucces 
ou les reussites. 

Ces essais de clarification, auxquels nous nous sommes livres a 
la Station oenologique, grace au concours des proprietaires, des 
constructeurs de filtres et de la Commission nommee par la 
Societe Industrielle et Agricole, ont donne deja des resultats 
appreciables, interesse un tres grand nombre de viticulteurs 
angevins et je crois repondre a un desir general, bien que toutes 



_92^ 

nos Etudes ne soient pas achevees, en vous en rendant compte 
aujourd'hui. 

La filtration est reparation m^canique qui consiste a faire 
passer un liquide contenant des particules solides en suspension 
a travers soit une paroi poreuse, soit une substance filtrante, 
comme I'amiante ou la cellulose, soit un tissu suffisamment serre 
et qui devra recevoir, dans la plupart des cas, un encoUage spe- 
cial, en vue d'arreter les corps qui troublent le liquide. 

Les filtres a paroi poreuse, dont le type est la bougie Chamber- 
land, amenent le liquide aline clarification rapide et k une steri- 
lisation presque complete, mais ne peuvent guere convenir aux 
boissons aussi chargees que les vins ; le rendement en est insi- 
gnifiant. 

Les filtres a pate de cellulose ou d'amiante peuvent tenir le 
milieu entre la categoric precedente et les filtres a tissu ; ils sant 
utilises surtout pour parfaire une clarification presque achevee. 

Nous ne nous sommes pas adresses a ces deux premieres cate- 
gories, vu I'etat assez trouble des vins que nous voulions filtrer 
et la difficulte, connue par beaucoup de constructeurs, que nos 
vins blancs presentent a la filtration — il ne faut pas compter 
comme un essai la tentative de clarification que nous avons faite 
avec un de ces modeles. 

Les filtres a tissu, les seuls que nous ayons essayes, n'ont pas 
les mailles assez serrees pour arreter les parties solides fines en 
suspension dans les vins ; toutefois, dans le filtre « Universel » de 
Simoneton, ou le liquide traverse une grande epaisseur de tissu, 
on arrive a la clarification directement. Si le passage, en premier 
lieu, d'un vin tres trouble, deposant sur le tissu ses particules les 
plus grossieres, arrive — le tissu ne servant en somme que de 
support — a creer une veritable surface filtrante — qui n'est 
peut-etre pas sans danger si on emploie des lies plus ou moins 
chargees de germes de maladies, — on prefere generalement 
encoller le filtre. 

L'encollage du filtre consiste a delayer dans le premier vin qui 
passe ou a repandre de suite sur le tissu, par trempage, avant la 
mise en marche, une colle qui, enrobant le tissu, sera le veritable 
filtre. La nature du produit servant a l'encollage a beaucoup 
vari^ ; on est arrive, aujourd'hui, a presenter, sous des noms 
differents, : microcolle, steriline, charbonkol, filtroUney etc., des 
colles qui donnent de bons resultats et qui renferment des pro- 
portions differentes de quelques-uns des principes suivants : 
terre d'infusoires, charbon, tanin, caseine, gelatine, parfois un 
peu de bisulfite, etc. 

Les filtres que nous avons essayes ont 6te mis gracieusement a 
notre disposition par les maisons Gasquet, LasmoUes et de la 
Faye, Malvezin, Simoneton, et les constructeurs sont venus 
eux-memes en Anjou les faire fonctionner. Qu'il me soit permis 
de les remercier ici et je le ferai d'autant plus yolontiers qu'en se 



—93- 

plagant au seul point de vue de la clarification du vin et en 
tenant compte de certaines difficultes provenant de I'etat des 
produits soumis a I'essai, on pent dire que tons les filtres ont 
donn^ de bons resultats. 

Je n'entreprendrai pas, pour le moment, la description de ces 
appareils, je la reserve pour le bulletin de la Station oenologique. 
II appartiendra, d'autre part, k la Commission nommee par la 
Societe de nous faire connaitre ce qu'elle pense des instruments, 
de la qualite des mat^riaux employes dans leur construction, de 
la valeur des tissus, du rendement — tout en tenant compte de 
la nature des vins, — du fonctionnement meme du filtre, du 
nettoyage facile, du dechet en fin de filtration — variable suivant 
les modeles ; question qui n'est pas negligeable pour les petits 
celliers, — enfln du prix meme de ces appareils. Pour notre part, 
nous n'envisagerons ici que le cote oenologique de la question et 
nous allons rendre compte, maintenant, des observations que 
nous avons faites sur les vins aussitot la filtration et sur ce qu'ils 
sont devenus depuis cette epoque. 

Nous nous sommes adresses a des vins rouges, rougets et 
blancs ; a des vins sains et a des vins malades ; a des vins liquo- 
reux et a des vins sees ; nous nous sommes rendus dans des 
regions tres differentes, afin d6 pouvoir generaliser, si possible. 
Mon travail s'est trouve singulierement facilite, grSce a I'obli- 
geance et k I'aide des proprietaires qui s'etaient inscrits et dont 
le nombre a augmente en cours de route ; gr&ce aussi au d^voue- 
ment et a la competence si unanimement appr^ci^s de mon col- 
laborateur et ami, M. E. Vinet ; je suis heureux de les remercier 
tons ici. 

Quels sont les avantages et les inconvenients de la filtration 
que nous avons 6te en mesure de constater sur nos vins? Le 
resultat imm^diat est tres beau ; le vin, aussitdt I'encollage oper6, 
a la sortie de I'appareil, est superbe, d'un brillant parfait, auquel 
on n'etait pas toujours habitue dans nos regions. II se trouve 
debarrasse de toutes les matieres en suspension qui le rendaient 
trouble, matidres tres alterables souvent, et tout cela sans que 
la composition chimique du vin en soit tres modifi^e, comme on 
pourra le voir par les analyses faites sur le vin, avant son entree 
dans le filtre et apres sa sortie. 



-94- 



Analyse dea vim avani et aprds Jlliraiion 



VINS VLANCS 

Br6z6 

Vaudelnay 

Boni^ezeaux 

Soulafnes « 

Saint-Melaine 

Saint-Georges 

jriNS BLAKGS DE LIES 

Saint-Lambert 

Maz6 

VIN BLANC 
EN FERMENTATION 

Saint-Lambert 

VIN ROUGET 

La Chapelle-St-Laud . . 

TINS ROUGES 

Com6 

Maz6 (Yin de lies) 



ALCOOL 



avant 


aprto 


degrto 


degrfes 


9,9 
10,0 
9,6 
8,0 
8,6 
7,9 


10,1 
9,95 
9,45 
8,0 
8,5 
8,0 


9,5 
9.4 


9,45 
9,6 


7,4' 


7,4 


5,6 


5,6 


7,4 
8,0 


7,4 
8,0 



ACIDITE 

totale 



avant 


aprte 


grs. 


grs. 


9,1 
10,1 
7,1 
9.1 
8.6 
6,3 


9.1 
10.2 
7.7 
8.9 
8,3 
6,3 


9.4 

8,6 


9,4 
8,6 


9,31 


9,31 


10,38 


10,38 


6,86 
5,29 


6,86 
5,58 



SUCRE 



avant 



grs. 

40,62 
44,82 
55,31 
59,3 
6,22 
2,82 



28,1 
12,0 



57,7 



2,0 



grs. 

40,62 
44,82 
56,02 
59,3 
6,22 
2,42 



28,1 
12,0 



59,0 



2,0 



EXTRAIT 

sec 



avant 



grs. 

75,32 

77,00 

87,28 

95,4 

31,68 

25,8 



52,6 
36,08 



81,8 



24,96 



23,4 
20,6 



aprts 



grs. 

75,16 

76,40 

87,60 

94,3 

31,0 

25,9 



52,28 
35,88 



85,0 



25,12 



23,4 
21,6 



CENDRES 



avant 


aprte 


grs. 


grs. 


2,3 
2,1 
2,0 
1.9 
1.8 
2.7 


2,4 
2,2 
1,8 
1,8 
1.8 
2,9 


2,6 
2,2 


1.7 

2,4 


1,7 


1,7 


1,76 


1,76 


2,48 
2,12 


2,48 
2,16 



Le collage diminue la teneur en extrait ; chaque collage enle- 
verait, d'apres M. Gauthier, gr. 35 d'extrait par litre ,abais- 
serait le litre alcoolique du vin oe 1 /lO de degre, ferait perdre au 
vin 1 /5 de sa couleur, diminuerait la dose de tanin et I'acidite. 
La filtration am^ne aussi de legeres modifications dans le mome 
sens que le collage, pour certains principes ; quelquefois aussi 
— est-ce erreur d'analyse ou avions-nous affaire k un melange de 
vins dans le filtre? — les modifications sont en sens inverse ; 

E quelquefois enfin il n'y en a pas ; la couleur des vins rouges est 
lus brillante et ne semble pas avoir perdu d'intensite, d'une 
igon appreciable. Ces differences que Ton constate toujours 
dans toutes les operations que subissent les vins jeunes ne 
peuvent nous surprendre et s expliquent facilemenl. L'examen 
au microscope nous montre ^galement une sensible ameliora- 
tion ; mais il y a toujours quelques levures et des fisrments de 
maladie qui passent ; la filtration n'est done pas sterilisante au 
sens propre du mot. 

La degustation faite au moment meme du filtrage par les per- 
sonnes presontes a donne lieu a des constatations interossantes. 
II faut dire cependant quo le moment n'^tait peut-etre pas bien 
choisi. On sait, en effot, que le vin, meme apr^s un simple souti- 
rage, n'est pas gouiable ; a plus forte raison apres toutes les mani- 
pulations qu'il subit pour etre filtre. L'operation a beau se faire 
dans des appareils, ^ rabri de Fair, il y a toujours plus ou moins 
d' aeration et, lorsque I'oporation se prolonge — si le d^bit est 
faible — le vin est tres battu, fatigue et ne pent etre compare au 



— 95 — 

vin non filtr^. Cette remarquo une fois faite, nous pouvons dire 
que I'avis a 616 presque unanime pour trouver les vins fins, 
liquoreux et fruit^s, comme s^ches, ayant perdu de leur moelleux 
et de leur agr^ment, emplissant moins la bouche. Par ailleurs, 
les vins plus ordinaires et sees ne semblaient pas avoir vari6 et 
les vins de lies, au contraire, paraissaient amelior^s. Tout ceci 
n'a pas lieu de nous ^tonner ; les substances arret^es par le flltre 
peuvent contribuer, en effet, k donner au vin cette mdche spe- 
dale bien connue des vignerons. L'elimination naturelle de ces 
principes ou le collage du vin auraient, a ce point de vue, donn6 
sensiblement le m^me resultat. D'ailleurs, le vin se remet assez 
vite des fatigues du filtrage ; neanmoins, pour les grands vins, 
tres bouquetes, de nos regions, il y aurait lieu d'examiner la 
chose de nouveau. Une autre difficulte se presentera aussi tres 
souvent pour ces grands vins : c'est que le propri^taire ^tablit 
des differences d'une barrique k une autre et meme, dans les 
petits celliers, d'une demi-barrique a une autre. II faudrait done 
pouvoir filtrer ces vins sp^ciaux, difficiles k clarifier, sans les 
melanger avec d'autres, cfans de bonnes conditions de debit et 
sans perte appreciable, pour ne pas avoir a faire le plein avec un 
vin different. II y a la, pour r^pondre a tons ces desiderata, une 
petite difficult^ de pratique qui ne doit pas §tre insurmontable. 
Les degustateurs avaient aussi k se prononcer sur les gouts 
anormaux que le vin pouvait prendre en passant dans les appa- 
reils. Le goiit de manche a parfois — pas tou jours — et6 constats 
avec des tissus neufs, insumsamment affranchis, et au d^but du 
filtrage ; le gout disparaissait ensuite et on ne le retrouvait plus 
— ou tr^s att6nu6 — quelque temps aprds ; il n'y a pas lieu, je 
crois, de s'en preoccuper outre mesure, 

Le resultat immediat est en somme satisfaisant, mais il ^tait 
utile de savoirce que deviendraient ces vins apr6s filtration : 
allaient-ils demeurer pour toujours limpides, sans refermenter, 
sans s'alterer de nouveau? 

On sait que, chez les vins jeunes, beaucoup de principes ne 
s'insolubilisent qu'^ la longue ; les reactions chimiques ou d'ordre 
microbien qui s accomplissent dans un milieu aussi complexe 
que le vin, ne se font pas instantanement ; beaucoup de subs- 
tances en solution ou pseudo-solution ne se coagulent que petit 
k petit, sous I'influence de I'aeration ; bref, un vin jeune, brillant, 
tres limpide k un moment donne peut se presenter trouble un 
peu plus tard ; c'est ce que Ton observe souvent apres les pre- 
miers soutirages. A priori, le vin filtre, dans ces essais, pouvait 
done se retroubler de nouyeau ; tout cela devait dependre des 
conditions dans lesquelles le vin se preseritait au moment du 
filtrage et des operations qu'on lui avait fait subir avant. Le 
flltre n'arrdtant pas completement les levures et les ferments de 
maladie, il etait done possible de voir les vins refermenter et les 
maladies continuer d'^voluer* II ^tait aussi int^ressant de savoir 



— 96 — 

si, vu r^poque de la filtration, on pouvait mettre ou non le vin 
immediatement en bouteilles. 

Pour essayer de r^pondre k toutes ces questions, nous avons 
fait mettre de c6t^, chez les proprietaires, quelques barriques de 
vius filtres, bisulfites ou non, et nous avons aussi proc^de a une 
mise en bouteilles immediate. Nous avons revu, un mois et demi 
et deux mois apres le filtrage, tons ces vins et nous avons ete 
conduit aux constatations suivantes : 

Parmi les vins rouges traites, il s'en est trouv^ — en dehors 
des essais officiels et d'un premier controle de notre part — 
quelques-uns qui etaient atteints serieusement de casse. Comma 
on n'avait pris aucune precaution, ils ont casse aussit6t apres la 
filtration. Des vins rouges atteints de tourne, bien qu'ameliores, 
non seulement au point de vue de la limpidite, mais aussi des 
ferments, se sont cependant retroubles, en barriqufes et en bou- 
teilles. II y a done lieu, lorsqu'on a affaire a des vins en puissance 
de maladie ou d^j^ atteints, de les traiter contre ces maladies. II 
ne faut pas attendre du filtre plus qu'il ne pent donner et, s'il 
pent soustraire les vins k beaucoup d'alterations, en 61iminant 
quelques matieres fermentescibles et un grand nombre de fer- 
ments, il n'est pas, a ce point de vue, d'une s^curite absolue. 
Peut-etre que plusieurs passages dans le filtre — la polyfiltration 
— arriveraient a semer en route tons les germes. line operation 
qui, pour ces vins malades, s'imposerait, qui exige elle-meme, 
pour bien se faire, des vins clairs, serait la pasteurisation. Le 
chauffage des vins suivant le filtrage, k Pabri de I'air, donne 
depuis longtemps de bons resultats dans beaucoup de grands 
chais ; il n'y a pas de raison qu'il en donne de mauvais pour nos 
produits. 

Nous avons pu voir des vins blancs fermenter apr^s filtrage, 
parmi quelques ^chantillons non bisulfites ; cela ne doit pas nous 
surprendre etil est possible, aux premieres chaleurs, que d'autres 
viennent aussi k fermenter. Cependant, de ce c6t6, il y a 
encore une amelioration et, en prenant soin de bien m^cher, de 
bisulfiter au besoin apres filtration et apres les soutirages qui 
pourront suivre, on se mettra a I'abri de ces fermentations 
secondaires, si fr^quentes dans nos vins liquoreux mis de bonne 
heure en bouteilles. 




Jisiatipn pu a W coagulation de certains principes du vin mainte- 
jius en solu|i}6ii dans le Ijquide ayant le filtrage, ni k des levures, 
ihais plui'6't'— Ja suile 3(6 nos etudes nous le dira mieux — au 
(|eve|oppQment dje jnicroorganismes tres petits r^unis en groupes. 

Nous avpn's yu ce trouble, dans quelques cas, disparaitre de 
Ipi-nieme ; Ae toptes fagpns, ijn collage periiiet la clarification du 
yin',et on a yu (ie pes vins [mpossibles a coller avant filtration se 
^pTlf^if: faciJen^enJ ^pfigf pp^ra^ion, lorscju'ils |'6taient retroubl^?. 



— 97 — 

Quant aux vins mis en bouteilles, ils se sont souvent main- 
tenus tres clairs ; cependant, nous avons pu observer parfois des 
depdts et je crois qu il serait preferable, meme si on fait la filtra- 
tion tardivement, d'attendre quelque temps avant de proceder k 
la mise en bouteilles. 

II y a encore bien des points a etudier pour notre region. II 
faudra connaitre I'epoque la plus favorable pour faire cette ope- 
ration d'une fagon profitable et economique, sans nuire au deve- 
loppement normal des qualites du vin. Les viticulteurs munis de 
filtres auront de ce cot^ de nombreux essais k faire. II est pro- 
bable que cette epoque variera suivant I'annee, les conditions de 
la vendange, de la vinification et des soins que les vins auront 
re^us. Nous avons deja pu voir, cette annee, que les vins qui 
avaient ete plus soutires, plus meches que les autres s'etaient 
mieux clarifies et surtout ne s'etaient pas retroubles. 

En somme, la filtratioriy qui doit Hre rangee parmi les autres 
pratiques viticoles, ne dispense pas forcement de ces pratiques ; 
elle peut en reduire le nombrey mais elle doit etre surtout consideree 
comme un adjui^ant precieux, quelquefois indispensable de la 
clarification des vins. C'est une operation tres profitable , mais 
qui doit etre etudiee de pres par chacun ; il faut savoir se servir 
des instruments et les employer en temps opportun ; ce n'est 
que la pratique qui pourra nous renseigner sur bien des points. 
Jusqu'a ce moment, nous pouvons dire que, dans de tres 
nombreux cas, la filtration a rendu de tres grands services ; 
elle est a essayer partout ou Ton pourra se procurer facilement 
des filtres — des Syndicats en ont deja achete. — Nous ren- 
drons compte, plus tard, de la suite des recherches entreprises 
sur les vins filtres. 



— 98 — 

£tude sur une des causes de la Crise 

Viticole actuelle 

Par M, SuAUDEAU, bibliotheoaire 



La viticulture est sans doute sujette a des crises comme nous 
en avons vu s'en produire en les annees 1900 et 1902 ; mais, celle 
actuelle par sa persistance et sa gravity est sans precedent. 

Aussi, la premiere question qui se pose est la suivante : d'oii 
vient le mal ? 

Bien que les causes de cette crise soient multiples, qu'elles 
soient d'ordre economique, legislatif et politique , la principale, 
je dirai la cause primordiale, pro vient de I'engorgement du mar- 
che qui deprime les cours et produit la mevente. Cette siu'abon- 
dance ne nalt pas, comme le fait s'est pr^sent^, d'ann^es succes- 
sives de grosses productions, mais de la fraude ; de cette loi de 
septembre 1903 qui, en degrevant les sucres, a permis, par Tabus 
du sucrage, la Gallisation et le Petiotage, proced^s portant les 
noms des savants Gall et Petiot qui les ont imagines ; operations 
diff^rentes de la chaptalisation, qui ont engendre la fanrication 
clandestine des vins artificiels. 

C'est de la fabrication de ce produit similaire, concurrengant 
sur le marche celui du vignoble, qu'est sorti le mal dont la viti- 
culture souffre a I'heure presente. D'ou cette consequence que le 
premier facteur a envisager est le sucre, matiere premiere des 
vins factices, dont Tencombrement entraine I'effondrement des 
cours. 

Qui dit encombrement ne dit pas ^urproduction, quoique le 
r^sultat apparent puisse etre le meme, I'origine toutefois ne 
Test pas. II ne manque pas de gens int^resses ou non a la chose 
qui parient de surproduction de la vigne et qui rendent cette 
derniere responsable de I'etat dans lequel se denat actuellement 
la viticulture ; k les entendre. Ton a plants trop de vignes. De 
cette legende, justice est facile a faire, comme il est aise de 
demontrer qu'en fait de surproduction il n'existe que celle arti- 
ficielle, a laquelle appartient le nom de surf alsificatioU; a preuve : 

Le vignoble frangais, d'apres les statis- 
tiques, comprenait pendant- la periode de 
1850 a 1889, une moyenne de 2.208.542 hectares 

De 1900 a 1905, elle tombe a 1.693.000 — 

D'ou une diminution de 615.642 hectares 

Soit 1 /4 du vignoble ancien non retabli. 

Par contre, si cet ecart a ei6 relativement compense par une 
augmentation de production, tant du fait de la culture que des 



— 99 — 

c^pages k grands rendements, nous voyons cependant qu'elle 
n'est pas de beaucoup superieure k ce qu'elle 6tait autrefois. En 
effet : 

HECTOL. 

De 1865 k 1874, la moyenne de production a 6U de 55 . 440 . 000 

De 1875 (ann^e exceptionnelle) a 1884, de 42.208.000 

De 1885 k 1890, de 30.701.000 

Puis, pendant les dix dernieres annees, cette 

moyenne a ete de 45.050.000 

Et enfin la moyenne des trois dernieres annees 

est de 52.000.000 

Si la recolte de 1905 pour la France et S3S colonies a ete 
evaluee a 63 millions d'hectolitres, il faut se souvenir qu'en 
I'annee 1875 il a ete recolte, en France seulement, I'Algerie a 
cette ^poque etant quantity negligeable, 85 millions d'hecto- 
litres ; meme j'ajouterai que la production a frequemment 
depass^ 65 millions d'hectolitres au cours de la p^riode de grande 
prosperite qui s'etend de 1865 k 1880 ; en effet, en 1865 Ton 
recolte 68.933.000 hectolitres et, en 1869, 70.000.000 d'hecto- 
litres, sans qu'il y ait eu de crise ; done I'objection de production 
exageree n'est pas serieuse et sa these insoutenable. 

La surface plantee ^tablie, de meme que la production,laquelle 
n'a gu^re augmente depuis vingt ans, reste a examiner la con- 
sommation. II ne faut pas croire que celle-ci ait diminu^ ; bien 
au contraire elle est en progression. De 17.000.000 d'hectolitres 
qu'elle etait en 1860, elle passe, en 1901, k 43.000.000 ; en 1902 
k 45.000.000 ; encore ces chiffres ne concernent-ils que la con- 
sommation taxee. Or, suivant les renseignements de la Regie, 
en 1905 elle est de 43.680.000 pour la consommation imposee ; 
celle en franchise est evaluee a 10.380.000 hectolitres, ce qui 
porterait la consommation totale a 53.680.000. D'autre part : 

En 1896, il est entre k Paris 5.090.443 h. 

En 1901, cette introduction s'el^ve a 6.799.483 h. 

De toutes ces donnees il resulte que : 

La consommation qui etait, par tete d'habitant, pour la 
periode 1882-1891, de 73 litres, passe en I'ann^e 1900 a 94 litres, 
pour ressortir en I'annee 1905, a 139 litres, la population Eva- 
luee a 38 millions d'habitants. 

Or, si Ton ne produit en France pas beaucoup plus de vin 

Ju'avant la periode phylloxerique et si Ton en consomme plus, 
'ou vient cette surabondance, si ce n'est de la production arti- 
ficielle. La fabrication des vins factices est done une realite. 
G'est done bien a cette fabrication, qu'une legislature impr^- 
voyante a provoquee, que nous sommes redevables de ce trop- 
plein qui nous inonde. 

En somme, c'est avec du sucre et de I'eau que Ton a combl^ 
la production deficitaire de 1903 ; pres de 16 millions d'hecto- 



~ 100 - 

litres de vins fabriques ont ete jetes, cette annee-la, sur le 
marche. 

Ont-ils raison nos rivaux et contradicteurs, gens du Nord et 
personnages olRciels, de venir nous conseiller, devant nos plaintes 
reelles et fondees, d'arracher nos vignes et de nous livrer a 
d'autres cultures? Quel blaspheme economique! comme si la 
culture de la vigne n'etait pas une des richesses de la France? 
Est-il unpaysou la culture de la vigne tienne une place plus consi- 
derable que dans le notre ! Ses produits, fruit de I'epargne et d'un 
labeur obstine, sa main-d'oeuvre, les industries qui en de- 
rivent, le commerce et la nuee d'auxiliaires qui en vivent, certes 
ne permettent pas un pareil langage. Au surplus, I'idee n'est pas 
nouvelle et I'experience a montre I'inanite de cette mesure. 

Ce sacrifice serait d'ailleurs d'une execution difficile, cette 
culture de la vigne, pour bien des regions, 6tant la seule profi- 
table. Puis, ne serait-ce pas la suppression d'un capital d'avances 
considerable ! Est-ce que ce capital-vigne ne represente pas, par 
hectare, un chiffre, pour notre region en particulier, de 5 a 
6.000 fr. en moyenne ? Enfm, par quoi le remplacer ? S'il est 
malheureusement vrai que des coteaux on ait fait descendre 
la vigne dans la plaine ; que la prairie se soit changee en 
vignoble, ceci est 1 exception et la nature reprendra ses droits. 
Si le viticulteur egare s'est mis a la recherche des grands ren- 
dements, meconnaissant ces facteurs de la production : sol, 
culture, cepage, qui reunis donnent la qualite, ceci ne sera 
pour lui qu'une erreur momentanee qui ne pent faire poids 
dans la balance. Si un pays a sa production de preference ; si 
cette production forme une branche importante de commerce, 
il faut maintenir cette production et ne pas I'entraver. Or, la 
conservation du vignoble actuel, inferieur a ce qu'il etait il y a 
vingt ans, etant chose indispensable, les rendements de la vigne 
etant variables selon les annees, puisqu'une production moyenne 
de 50 millions d'hectolitres de vin presentement parait neces- 
saire a la consommation actuelle, il n'y a pas lieu de s'arreter 
a cet expedient, sauf a diriger la viticulture vers la qualite et 
a la faire revenir de la recherche des grands rendements ; seul 
moyen de forcer I'ecoulement de I'excedent de production des 
annees d'abondance ; rendons-nous plus exactement compte de 
ce qui se passe. 

L'influence nefaste du sucrage sur la consommation est telle, 
qu'a Paris 10 a 12 milhons d'hectolitres de vin ont ete fabriques 
en 1905, produits par la livraison de 160.000 tonnes de sucre 
et ont ete consommes en cette ville &ans avoir acquitte les droits 
de regie ni paye de frais de transport. Par suite, le viticulteur 
qui escomptait une hausse reguliere des vins pour cette annee 
1905 a vu ses previsions dejouees par cette inondation de vins 
factices qui, des fevrier, a fausse les cours, arrete les transactions 
a la propri^te et provoque un veritable d^sastre par la baisse 
continue qui en a 6te la consequence. 

Le Sucre, cot6 50 francs, fait ressortir I'hectolitre de 8° ^ 



— lot — 

7 francs, tandis que le vin naturel, dans le Midi, pris comme pays 
de grande production, a 40 hectolitres par hectare, coute au 
vigneron 13 francs Thectohtre a produire et revient a Paris, en 
le chaix du negociant, a 23 franc:=*. 

Confondu par la modicite du prix de ces produits, affiche aux 
quatre coins de sa ville, aO fr, 15 et a fr. 20, le viticulteur est a 
se demander par quel procede magique Ton pent livrer, au detail, 
meme porter a domicile, du vin k ce prix. La reponse est dans 
I'expose ci-dessus et dans la distribution de prospectus ad hoc, 
qui donnent au mastroquet la formule pour preparer le matin 
pour la journee, au prix deO fr. 07 le litre, un vin sain et parfait 
de gout. Des lies de vin de toutes provenances, de I'alcool 
d'industrie, le plus souvent de contrebande, de I'eau de riviere 
et, grace aux decouvertes recentes de la chimie, un colorant tire 
de la houille, forment la base de ces productions auxquelles 
parfois I'on ajoute de I'acide tartrique, de la glycerine et une 
seve appropriee pour les grands vins des jours de fetes. Cette 
fabrication clandestine a la tete de laquelle se trouvent des 
chimistes, fideles observateurs de la formule officielle, existe non 
seulement a Paris, mais dans tous les grands centres : Lille, Lyon, 
Bordeaux, etc. ; le nombre de ces usines est grand ; toutes sont 
prosperes et par elles la fraude bat son plein. 

En 1905, au mois de juin, sur 617 echantillons preleves par le 
laboratoire municipal de Paris sur divers comptoirs, 117 ont ete 
declares bons, les autres jetes au ruisseau ; en juillet, 129 sur 
640 ; en mars dernier, 206 sur 802. 

Qui ne se souvient du rapport de M. Poubelle, oii I'ancien 
prefet de la Seine est arrive a fixer a un minimum de 2.258.000 h. 
le mouillage effectue a Paris, pendant la derniere exposition 
universelle, et des pertes que le commerce a subies de ce chef ? 

J'ai parle de Paris; il en est de meme en province. Qui n'a vu 
k la 4® page des journaux ces reclames, off rant en fut perdu, au 
prix de 24 fr. les 220 litres, en franchise de port et de droit, un 
vin d'un chslteau imaginaire, dont la seule valeur reside dans le 
fut ? 

Et ces vins anemiques, passes a la teinture, dont les piles 
alignees encombrent, a la .porte de leurs vendeurs, les trottoirs 
de nos rues, etiquetes, malgre leur choix, aux prix les plus 
r^duits, quelles sont done leurs provenances ?Assurement,ilsne 
sont pas de FAnjou. 

Passons sans les heurter, I'ecriteau qui les pare nous indique 
ou ils ont regu le bapteme, leur origine. 

Comme consequence de I'etat actuel, les maisons de gros, qui 
jadis faisaient les cours, sont disparues, remplacees par le 
courtier-expediteur, le soi-disant recoltant, petit negociant qui, 
maintenant, fait nombre. Qui n'est, helas, aujourd'hui marchand 
de vins ! Aussi k chacun, malgre sa competence, de gacher le 
metier. 

C'est chez ces industriels qui offrent partout, par affiches, 
annonces ou prospectus, des vins k bas prix, sous pretexte qu'ils 



— 102 — 

expedient directement de la propriete, qu'il faut aller chercher 
la provenance de ces petits vins de 5 ^ 6°, d^fectueux, de peu 
de conserve, qu'ils recherchent, qu'ils se procurent a des prix 
derisoires, lesquels, par ce fait, fournissent une matiere abon- 
dante et avantageuse a leur commerce. Vins propres a la chau- 
didre, auxquels ils savent donner, profitant des procMes mis 
par la science k leur disposition, les apparences d'im produit 
normalement constitu^, pour les livrer k leur tour a la consom- 
mation ; ce, k tres has prix, tout en r^alisant des benefices. Ce 
sont done ces vins a faibles degres, alt^r^s le plus souvent, qui 
rafistoles au moyen du sucre et de Talcool de betteraves, 
viennent ainsi s'echouer chez le detaillant et I'enrichir parfois 
au grand detriment de la sant6 publique, pour passer sur la 
table du consommateur, lequel, en fait d'hygiene, ne connait 
que le bon marche et s'y laisse prendre. La loi de 1905 est rest^e 
insuffisante et inefflcace devant Tingeniosite de la fraude ; le 
debit courant de ces vins k bas prix en est la preuve convain- 
cante. 

Par ce fait, la situation commerciale a change du tout au tout. 
Gene par cette foule de concurrents, qui n'ont d'autre souci que 
de faire des affaires, et dans le bon marche y r^ussir, peu im- 
porte la marchandise ; desoriente, voyant d^truite la Balance 
de I'offre et de la demande, notre auxiliaire, le gro^ n^goce, 
n'ayant par suite plus de base pour ses prix de vente, fuyant les 
risques en consequence de pertes subies, n'achete plus que par 
petits paquets, juste pour se couvrir; encore cherche-t-il lui 
aussi a faire comme le voisin, a profiter de la baisse qu'il ne peut 
enrayer, la suppression des droits de detail le condamnant k 
I'impuissance. 

A qui sommes-nous redevables de cet etat de choses ? k ces 
d^grevements successifs des sucres, allant a la biere, au b^tail, k 
la vinification ; primes accordees a la fabrication, qui ont tue la 
culture de la canne k sucre dans nos colonies et fourni a I'indus- 
trie sucriere un element puissant de d^veloppement , provoque 
meme chez elle une reelle surproduction. Cette culture qui, en 
1850, comprenait a peine 40.000 hectares, que Ton voit en 1900, 
grkce a une prime de 300 francs par hectare qui lui avait ^te 
anterieurement accordee, s'elever a plus de 150.000, fait saisir son 
importance, sa prosperite et comment, par suite de la recherche 
continue de debouches pour ses produits, nos gouvernants 
ont sacrifie la vigne, compromis la reputation seculaire de nos 
vins pour favoriser I'industrie sucriere dont les emblaves ne font 
qu'augmenter chaque annee. 

L'offre etant en rapport direct avec I'abondance, c'est dans 
le bas prix des vins que git une des principales causes du malaise 
general. En effet, ces prix de famine frappent et le capital et le 
travail, par suite entrainent ces chomages forces, ces greves que 
nos vignerons devraient ignorer, qui parfois ^clatent du fait de la 
diminution des frais culturaux et des salaires que Touvrier refuse 
d'accepter comme etant trop faibles, bien qu'ils soient encore 



- 108 — 

trop lourds pour Texploitant qui les offre, aux aboia qxCil est 
devant les charges qui Taccablent et les pert$s que la vilet^ du 
prix de sa reoolte lui fait subir, 

Une autre cause de fraude encore a signaler, consequence des 
fissures de ces lois nefastes et incoherentes votees a la hate par 
une legislation en desarroi, est la disposition concernant la con- 
sommation familiale. Les meridionaux ^I'epoque desvendanges, 
manquant de vases vinaires, ont pris la funeste habitude d'exp^- 
dier leurs raisins dans le Nord, pour ceux-ci servir, en dehors du 
but propose, le plus souvent en les mains de speculateurs, a la 
confection de vins de 1'®, 2^ et 3® cuvee, sous le convert de cette 
designation. Par ce moyen, 1.000 kil. de raisin par exemple qui, 
chez le vigneron, produiraient 7 a 8 hectolitres de vin, viennent 
a produire chez I'acquereur 18 a 20 hectolitres de boisson factice. 

En supposant que ces 1.000 kilos de vendange valent 120 fr. 
que les 245 kilos de sucre ajoutes valent 78 fr. 40, pour une 
depense de 198 fr. 40 celui-ci a obtenu un produit qui, a domi- 
cile, sans frais de transport ni de droit de circulation, lui revient 
^ 7 fr. 90, produit qu'a son tour il ne tarde pas a jeter sur le 
marche avec benefice. Voila a nouveau le pur jus de la vigne au 
contact de I'eau sucree, des alcools d'industrie et des substances 
pharmaceutiques, venant troubler les cours. En 1905, il a ete 
vendu ainsi 16 millions de kilos de raisins ; or, cette vendange, 
capable tout au plus de fournir 110 a 120.000 hectolitres de bon 
vin, a produit 750.000 hectolitres de boisson, sous le convert de 
la consommation familiale. On cite meme ce fait : qu'un direc- 
teur d'un asile departemental a qui on reprochait de faire du vin 
de Sucre pour la consommation de ses 1.500 malades, repondit : 
« Mais ils font partie de la grande famille du d^partement, 
c'est de la consommation familiale. » A ce titre, nous tons qui 
faisons partie de la grande famille frangaise avons « ...droit 
a la consommation familiale ». Pratiquement, c'est ce qui 
arrive, et nous tons, viticulteurs, nous en patissons. 

C'est grace a cette manoeuvre deloyale que le vin reste pri- 
sonnier chez le producteur et que, sous le convert de la loi, dont 
il ne ressort aucune sanction, ces modernes negociants echappent, 
de leur cote, aux charges de la patente et de la licence, au detri- 
ment des droits du Tresor. 

Tout ceci explique le mal cause a la viticulture par la detaxe 
des sucres, par son abusif emploi et les fraudes qui s'ensuivent; 
d' autre part, tout cela demontre comment I'industrie sucri^re 
s'enrichit a ses depens, puisque de ce fait la consommation du 
Sucre a augmente de plus de 500 millions de kilos par an. 

Et, autre facteur de la crise, nous-memes, producteurs, ne 
sommes-nous pas egalement les propres artisans de notre mine, 
par I'abus de ce meme sucrage a la propriete, invites que 
nous y sommes par nos acheteurs qui I'exigent sans que nous 
osions reagir? Nous-memes, par ce fait, n'avons-nous pas dechaine 
cette surench^re du bon marche, caracteristique facheuse de 
I'epoque actuelle, en permettant avec nos vins 'remontes le 



- 104- 

mouillage^chez le^n^gociant, quand iFn'est"'pas''fait a la pro- 
pri^te? En plus, pour Ja vente parfois de nos marcs, utilises en 2« 
et 3« cuvees, de nos lies, n'avons-nous pas aide a la perversion 
du goOt du consommateur ? 

Sans doute, il est des pays, de meme que desannees, ou la 
maturity des raisins n'est pas toujours satisfaisante, ou la chap- 
talisation de la vendange, c'est-^-dire ou I'addition au mout de 
Sucre sans eau, est une necessite ; mais a cote, malheureuse- 
ment, il en existe d'autres, ou sans necessite Ton emploie, quelle 
que soit I'annee, le sucre, dans le seul but d'arriver par un mouil- 
lage copieux a allonger la sauce ; d'augmenter ainsi la quan- 
tite au detriment, sans nul doute, de la qualite ; manoeuvre 
reprehensible qui a sa repercussion sur les cours. 

Jadis, dans les families, une bonne cave ^tait chose dont Ton 
etait fier ; le vin du cru etait la joie, le dieu du foyer ; chaque 
recoltant d'alors etait jaloux du renom de son clos, du vin de son 
cueilli suivant I'expression du pays. Cette noble et legitime emu- 
lation est allee rejoindre les neiges d'antan ; aujourd'hui, Tamour 
du bon vin se perd de plus en plus ; le gout lui-meme s'est demo- 
cratism et le consommateur, sacrifiant son hygiene a sa bourse, 
delaisse le vin de quality, frais et fruits, pour avaler n'importe 
quel breuvage exotique, depourvu de cachet, de caract^re, de 
tout charme, par centre ^minemment « hydrophile », par-dessus 
tout contraire a sa sante, a sa recherche qu'il est du bon mar- 
ch6, le vin, pour lui, prenant le rang d'article : Nouveautes 
n'eprouvant aucune satisfaction a bien boire ; esth^tique de nos 
ancetres. Et apr^s cela Ton s'etonne des prescriptions des mede- 
cins. Certes, la docte Faculte n'est pour rien dans la cause ; loin 
de la, elle a toujours reconnu le bon vin comme favorisant chez 
I'homme I'etat de sante. 

Arri^re nos modernes abstinents, adorateurs du theisme et du 
cafeisme ; comme si le caractere fran^ais n'etait pas fait de cou- 
rage, de generosite et*de gaiete, attributs de notre bon vin, dont 
toute campagne centre est antinationale. 

La ruine pour la viticulture, relation de cause k effet, n'existe 
done que par ce fait : c'est le prix du vin mouille, vine, 
Sucre, en un mot fabrique, « vin lacustre », suivant I'expression 
d'un spirituel chroniqueur, qui regie le marche. ^ 

Pourquoi ? parce que, aucune sanction ne ressortissant de la 
loi de 1905 et le reglement administratif sur la matiere, tant 
annonc^, tardant a paraitre, les sucres pendant ce temps cir- 
culent en toute liberte a annee entiere, sans que la Regie desar- 
mee, par suite impuissante a decouvrir la fraude, puisse I'arrdter ; 
car cette fabrication clandestine de vins factices, sous les mille 
formes qu'elle rev^t, restera pour ainsi dire insaisissable, malgre 
I'arsenal de nos lois, tant que le regime actuel des boissons ne 
sera pas revise. Les analyses faites a Paris d^montrent que la 
science oenologique n'est que d'un faible secours pour la dfecou- 
verte des adulterations du vin ; et cette cat^gorie de fraudeurs 
n'est pas sans ignorer qu'il est difficile de les faire condanmer 



— 105 — 

pour mouillage, malgre les yeux d'Argus du Pise; aussi, en Jan- 
vier et fevrier de cette annee, il s'est consomme 10 millions de 
kilos de sucre de plus que pendant les deux memes mois de I'annee 
precedente. 

La Direction generale des Contributions indirectes a fait con- 
naitre le resultat de la recolte de 1905. Pour la m^tropole, le 
rendement est evalue a 55.964.104 hectolitres, soit une diminu- 
tion de 10.052.643 hectos par rapport a la recolte de 1904. Les 
cours aiu*aient du se relever, et nous voyons le contraire se 
produire ! Comment expliquer ce fait ? C'est qu'a la suite du 
krach sur les sucres, consequence des recents scandales des 
affaires Jaluzot et Grosnier, ceux-ci ont vu leur cote diminuer 
de 20 francs par 100 kilos, provoquant ainsi une baisse, sur les 
pseudo-vins eux-memes, de 4 francs par hectolitre. Baisse qui, 
par suite, a eu egalement sa repercussion sur les cours. Ce n'est 
done plus le midi qui regie et dirige le marche, mais la fraude 
triomphante. 

Par la loi du 26 fevrier 1906, la viticulture s'est vu restituer 
le droit, qu'on lui avait enleve en 1903, de distiller sa recolte, 
le droit considere comme la vraie soupape de surete des ann^es 
d'abondance, permettant de livrer aux flammes tons les vins 
inferieurs et de faire disparaitre tous ces petits vins de plaine, 
naturels sans doute, mais qui pretent si bien par la faiblesse de 
leur degr^ a la fraude ; ce droit, dis-je, surtout lorsqu'on reflechit 
qu'en I'annee de grande production qu'a ete 1875, pour ecouler 
leurs vins, quatre departements meridionaux, I'Herault com- 
pris, avaient, a eux seuls, distille 19.000.000 d'hectolitres ; fai- 
sait esperer qu'a nouveau le marche debarrasse du poids mort 
des vins de chaudiere, apres les gelees dernieres et les intempe- 
ries actuelles, Ton assisterait a un relevement des cours, comme 
la chose s'etait passee en 1876 et ^lus tard en 1900, annees de 
libre distillation. 

Or, jusqu'a ce jour, I'evenement prevu ne s'est pas produit; a 
quoi encore attribuer cette deception ? C'est que le sucre, non 
plus que I'eau de riviere, non plus que les ferments et tous autres 
produits cenologiques, ne faisant defaut, comme en 1903, le 
miracle de Cana de nos jours s'est renouvele ; que I'eau sucree 
continuant k couler a jets continus, sans digue pour en arreter 
le flot, le commerce manquant de confiance dans I'avenir, 
observe et s'abstient, sachant que tant qu'il ne sera pas apporte 
de modifications aux lois existantes le prix du vin naturel ne 
d^passera plus le niveau determine par le prix de revient de 
celui sorti de I'usine. C'est que si, jadis, alors que Ton ignorait 
I'alcool de betterave, la distillation avait pu, dans les annees de 
grosses r^coltes, servir de vanne de surete, il n'en est plus de 
meme aujourd'hui, depuis que le jus de I'arbrisseau connu de 
Noe est mis en ^chec par I'extrait de la racine sucriere et que 
I'alcool d'industrie est a un cours bien inferieur k I'alcool de vin. 
Or c'est se leurrer que d'attendrc presentement de la restitution 
du privilege seulla fin de la crise. 



- 108 - 

Le droit du bouilleur rdtabli, reste done k nous occuper, nous 
r^ooltants, du vin de sucre. Si dans la partie qui se joue actuelle- 
ment la vigne, k litre de revanche, a gagn6 la premiere manche 
sur la plante fourragere a culture alternative, il ne faut pas que 
le vigneron reste I'arme au bras. 

Mais a cette cause principale de trouble quel est le remede ? 

Le salut de la viticulture est dans la reglementation s^v^re de 
Temploi du sucre, avec son coroUaire : Guerre aux fraudeurs. — 
Tel est le cri du jour. 

Effectivement, c'est k la fraude que s'en prennent unanime- 
ment les viticulteurs ^t c'est k sa repression que tendent la plu- 
part des voeux emis par nos Gonseils generaux, nos Chambres de 
commerce, nos soci^tes, nos syndicats et associations diverses. 

Le retablissement du privilege n'est qu'une premiere etape 
dans la voie de la reforme du regime des boissons, nous ne pou- 
vons renoncer k la lutte, sur le terrain economique, ni atan- 
donner aucune de nos revendications, sauf a apporter a nos 
concurrents des compensations pour I'ecoulement de leurs pro- 
duits, dont eux aussi sont surcharges. Or, le monde viticole 
semble s'etre mis pr^sentement d'accord sur le pro jet de MM. 
Doumergue, Aldy et Sarrault, aujourd'hui membres du Gouver- 
nement ; notamment en oe qui concerne le Titre de mom^ement 
des sucres et I'accepter. 

De ce projet il resulterait : 

1® Qu'au-dessus de 25 kilos les sucres seraient suivis ; ce serait 
pour la regie, chargee de cette surveillance, la possibilite de 
verifier si le sucre est bien reellement destine au sucrage des 
mouts, s'il se rend bien au vignoble et non a I'usine. Ce chiffre 
tieiit compte des exigences legitimes du consommateur qui 
pourrait se trouver gene par un titre de mouvement pour un 
achat de sucre de moindre importance, destine aux besoins du 
m(^nage. f-^^ 

2^ Un droit de chaptalisation de 50 francs par 100 kilos frappe- 
rait ce sucre employe a la vendange, ce qui, avec le droit actuel 
de 25 francs, porterait le degre alcool-sucre a'l fr. 75, valeur de 
son congenere le degre alcool-vin. 

L'adoption de ce projet, auquel les partisans du sucrage 
auraient mauvaise grace a s'opposer, serait un coup mortel porte 
a la fraude, et pour nous, a qui le sucre apporte plus d'amertume 
que de douceur, un bienfait des Dieux. II est bien certain qu'on 
ne parviendra a arr^ter dans son cours la boisson vineuse que si 
les sucres sont suivis a la circulation depuis leur sortie de la 
raffinerie jusqu'a leur sortie de chez I'epicier, de meme que le 
vin est suivi depuis la cave du recoltant jusqu'au comptoir du 
debitant. La solution de la question est dans la suite des sucres, 
et ce projet, loin de demander un sacrifice au Tresor, lui apporte- 
rait au contraire un nouvel element de recettes. D'un autre cote, 
quel prejudice pourrait y trouver la propriete ? Est-ce que par la 
chaptalisation pure le recoltant n'a pas I'espoir d'augmenter la 
valeur de sa recolte, d'en trouver pres du negociant qui I'incite 



— 107 — 

k ce f aire, une vente plus facile ? S'il y trouve son avantage, de'quoi 
peut-il se plaindre ? 

Pour Tadoption de ce projet, d'imposantes reunions de viti- 
culteurs ont eu lieu en mars dernier, a Montpellier, k Beziers. — 
D'autre part, nous voyons le Syndicat des Inter^ts viticoles de 
I'Aude, de THerault, dans leurs dernieres sessions, compl^tant 
les voeux precedemment emis par le Congres des Associations 
viticoles, reuni a Paris, en Janvier dernier, sous les auspices 
de la Societe des Viticulteurs de France, demander le droit 
de suite sur les sucres, leur surtaxe au droit de I'alcool qu'ils 
contiennent en puissance lors de leur emploi en vinification et 
s'adresser particulierement a MM. Doumergue et Sarrault, au- 
jourd'hui en bonne place pour le faire adopter, de reprendre 
leur amendement, sans autre but, que de rendre la fraude 
impossible en la rendant onereuse, et par ce moyen trouver une 
solution k la crise angoisante qui etreint la viticulture. Le 
Sucre libre, nouveau phylloxera, c'est la mort de la vigne. 

Le temps marche, la vigne agonise ; pour lui rendre un peu de 
vie, il faut que, des le debut de cette nouvelle legislature, nous, 
viticulteurs, connaissant I'instabilite ministerielle, jusqu'^ ce 
jour restes trop isoles, nous formions par notre union un bloc 
viticole d'une volonte opiniatre, afm de surmonter tons les 
obstacles et nous permettre de poursuivre notre but sans d^sem- 
parer. 

II n'y a pas a s'y tromper, la tache est ardue, il s'agit d'entrer 
en lutte et de triompher de nos concurrents du Nord, MM. les 
Betteraviens, industriels influents, gardiens de I'arche sainte, je 
veux dire du monopole de I'alcool, qu'ils ont su se faire octroyer 
par d'habiles manoeuvres ; adversaires bien organises, possedant 
une m^thode, un programme, une cavalerie Saint-Georges par- 
faitement equip^e, une presse bien stylee, habituee a fausser 
I'opinion publique ; que nous trouverons sur notre route, decides 

3u'ils sont a soulever tons les obstacles pour arreter la marche 
e nos justes et legitimes revendications, et d'autant plus achar- 
nes que, jusqu'k ce jour, ils ont su recolter toutes les faveurs 
gouvernementales, rassembler ainsi les meilleurs atouts dans 
leur jeu. Que notre devise soit done : « Vouloir c'est pouvoir » ; 
c'est par I'union intime de nos efforts que nous pourrons, sans 
contrarier les lois economiques, auxquelles nul ne peut se sous- 
traire, mettre un terme a nos souffrances ; de cette union depend 
notre salut. Ne voyons-nous pas nos adversaires : les Syndicats 
des distillateurs agricoles de la region de Paris, ceux de la region 
du Nord, les distillateurs industriels du commerce des alcools de 
Paris et autres societes qui emploient I'alcool comme matiere 
premiere de leurs produits tenir des reunions de protestations 
^ contre nos revendications au fur et a mesure qu'elles se font 
jour, pour la sauvegarde de leur monopole : I'alcool. Montrons- 
leur, au lieu de rester divis^s, que nous voulons reprendre notre 
place au soleil, d'une fa^on maitresse et irrevocable. 

Tout recemment, un journal rapportait que M. Albert Sarraut, 
sous-secretaire d'Etat au Ministere de I'lnterieur, et comme 



— 108 — 

depute auleur de ramendement pr^cite, vient d'ecrire au Comite 
de defense vinicole du canton de Lezignan, pres Narbonne, que le 
gouvernement deposera, a la rentree, un projet de loi visant le 
sucrage et la repression de toutes les fraudes sur les vins. Bien 
qu'il y ait loin de la coupe aux levres, que nous ignoripns si, en la 
Ghambre nouvelle, il se trouvera des unifies sur cette question et 
quel en sera le nombre , I'heure, cependant, parait propice pour 
rappeler a nos ^lus d'aujourd'hui leurs promesses de la veille. 
Sans plus tarder, que chacun de nous, dans sa sphere, mu par une 
commune pensee de defense viticole, agisse aupres d'eux. 

Si nous voulons obtenir pour notre marche des vins la base 
qui lui manque, n'etre pas obliges de vendre a perte, en un mot, 
pour stimuler ce « Retour a la terre », tant desire, arretons entre 
nos diverses regions, de suite, un terrain d'entente, puis insistons 
tons vivement pres de nos deputes et senateurs, que je sais, en 
Maine-et-Loire, gagnes a notre cause, pour qu'ils deploient toute 
leur energie a obtenir, sous une forme quelconque, peu importe, 
que Ton ne produise plus, k I'aide du sucre, de vins artificiels, 
que Ton n'en mette plus en vente, le tout sous les peines les plus 
severes, afm de couper le mal dans sa racine. Un prompt denoue- 
ment s'impose ; il est meme urgent, pour qu'il enressorte pleinet 
entier effet, que la chose passe au « fait accompli » avant les ven- 
danges prochaines. 

Toutes les considerations, opinions et vocux qui precedent ne 
projettent qu'un faible rayon de lumiere sur la profondeur du 
mal dont se meurt la Viticulture ; puissent ces voeux recevoir de 
vous. Messieurs, le meilleur accueil et surtout obtenir I'appui de 
la Societe ! Je ne vous parle pas comme pent le faire un viticulteur 
meridional, mais en partisan convaincu et surtout directement 
touche. Au surplus, j'ai cru de mon devoir d'attirer votre atten- 
tion sur ces sujets, afin que d'autres opinions, basees sur des faits 
precis et concluants, puissent se faire connaitre et, de la sorte, 
arriver, par le concours de toutes les bonnes volontes, k trouver 
I'indication du chemin pour echapper a la ruine qui nous guette, 
la lutte a soutenir contre tons les ennemis du vignoble epuisant 
le bas de laine. 

Je n'ai presentement envisage qu'un des cotes de la crise ; il 
existe d'autres facteurs, parmi lesquels figurent : le transport des 
vins par voie ferree, a tarif trop eleve ; le manque de debouches ; 
la revision de nos traites de commerce ; le credit agricole ; I'eta- 
blissement de cooperatives, etc., toutes questions complexes, sur 
lesquelles il y aurait lieu de revenir. 

le' mai 1906. 



Le Girant, G. GRASSIN. 



Angers, imprimerie Germain et G, Grassin. — 1824-6. 



BULLETIN MENSUEL 

DE LA 



F F 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOIE 

D'ANGERS 
et du departement de Maine-et-Loire 



Proc6s-verbal de la stance du 26 mai 1906 



Pr^sidence de M. Merlet, president honoraire, puis de 

M. BORDEAUX-MONTRIEUX. 

Etaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, A. Huau, 
Suaudeau, D' Sigaud, membres du Bureau ; MM. de Livonniere, 
Planchenault, due de Plaisance, Laurent Bougere, marquis 
de Becdelievre, Paul Raimbault, Lemanceau, Secher, Urseau, 
Ferdinand Bougere, Chartier, G. Deperriere, Provost-Lemotheux, 
Battereau, Halop^, Fougeray fils, D' Gordon, Moreau, Vinet, 
Lavallee, I'abbe Hy, Brechet, Gasnier, Ferre-Hamon, Kiehl, 
Grau, Lafarge, Jean Pavie, Bigeard, Merlet fils, Bernard 
Chauvire, Leon Bourcier, D^ Maisonneuve, Betton-Allard, 
Normandiere, marquis de Dampierre, Auge, St. Saget, Simon 
David, Oger-Bascher, Robin, Gavinet, Lepage, Forest, Four- 
mond fils, Paul Prieur, Paul Lorin, Joseph Joubert, Fourrier, 
Massignon, baron Le Guay, Fourmond pere, D'^Tesson, Daignere, 
Baron, Sigaud fils, Rene Neveu, de FougeroUes, Mignot, 
0. Chaillou, de la Ferandiere, 

MM. Juteau de Ghaudefonds, Bouvier, de Pontbriand s'etaient 
fait excuser. 

— M. le D"* Sigaud donne lecture du proces-verbal de la prec^- 
dente seance. Ce proces-verbal est adopte sans observation. 

— M. Moreau lit un travail intitule : La filtration des vins, 
premiers resultats, M. le President remercie M. Moreau de cette 
tres interessante communication, ecoutee avec le plus grand 
interet par tous nos coUegues. 

— M. Suaudeau donne lecture d'un travail tres documente 
sur la Mevente des {fins, De nombreux applaudissements sou- 
lignent diff^rents passages de cette ^tude et M. le President se 



- 110- 

fait I'lnterpr^le de nos collogues en remerciant M. Suaudeau de 
sa communication qui repond k une preoccupation justifiee de 
tous les viticulteurs de FAnjou. Nous publierons dans le pro- 
chain bulletin les m^moires de M. Moreau et de M. Suaudeau. 

— M. Daignere, un de nos collogues les plus competents dans 
les questions vinicoles, fera part a son tour de sa maniere de voir 
sur les causes de la m^vente des vins. 

— M. le marquis de Dampierre donne lecture a la Societe des 
Statuts des « Aviticulteurs Angevins » , deposes k la Prefecture, 
et indique les formalites k remplir pour la creation de cette 
nouvelle Societe qui sera une filiale de la Society Industrielle et 
Agricole d'Angers. 

— M. Bordeaux-Montrieux cede ensuite le fauteuil de la 
presidence a M. le senateur Merlet, president d'honneur. 

M. le senateur Merlet est tres flatte de I'honneur qui lui est 
fait de presider cette seance dans laquelle doit etre designe le 
successeur de notre tres regrette president, M. le senateur 
comtede Blois, et du vice-president appele aremplacer M. Huault- 
Dupuy, notre distingue collegue, que des raisons de sante ont 
determine a donner sa demission. 

M. Merlet rappelle qu'aux obseques de M. le comte de Blois, a 
Huille, M. Bordeaux-Montrieux, vice-president de la Societe 
Industrielle et Agricole d'Angers, a pris la parole au nom de 
tous ses collegues pour exprimer les regrets unanimes qu'a pro- 
voques la mort de M. le comte de Blois ; il a parle dans un Ian- 
gage qui a trouve un echo dans tous les coeurs et croit de son 
devoir de lui adresser ses remerciements. 

M. Merlet fait ensuite, avec une extreme d61icatesse, I'^loge 
de M. Bordeaux-Montrieux et demande a I'Assemblee de porter 
ses suffrages sur son nom pour la presidence de la Societe 
Industrielle et Agricole d'Angers. M. Bordeaux-Montrieux est 
nomme par acclamation President. 

M. Merlet annonce ensuite que, par suite d^un scrupule tres 
louable de fait, mais que lui-meme condamne, M. Huault- 
Dupuy<-alleguant sa mauvaise sante, a remis sa demission de 
vice-president de la Societe Industrielle et Agricole d'Angers. 
M. Huault-Dupuy sera regrette par tous ses collegues et, en 
souvenir des nombreux services rendus par lui pendant des 
annees, M. Merlet propose de le nommer vice-president hono- 
raire. Cette motion regoit I'approbation unanime de nos col- 
legues. 

Pour remplacer M. Huault-Dupuy, on a pense a un conseiller 
general tres aime et fort apprecie dans le canton de Beaufort, 
qu'il represente avec distinction et une tres grande competence, 
M. le comte de Livonniere, agriculteur et viticulteur distingue, 
aussi semble-t-il tout designe pour. remplir les hautes fonctions 
pour lesquelles M. Merlet le recommande a nos collegues. 
M. de Livonniere est egalement nomme vice-president par 
acclamation. 



-ill - 

— M. Bordeaux-Montrieiix, appel6 au fauteuil de la pr^si- 
dence par M. Merlet, remercie rAssemblee de Thonneur qu'elle 
vient de lui faire ; il ne se fait pas d'illusions sur la lourde tache 
qu'il assume, remplacer M. le comte de Blois est impossible, 
toutefois, il fera preuve de bonne volonte et prie ses collegues de 
croire k tout son d^vouement ; il accepte ces delicates fonctions 
comme un devoir qu'il s'efforcera de remplir le mieux possible. 

— M. de Livonni^re adresse ^galement ses remerciements a 
nos collogues, il les assure de son devouement absolu pour 
defendre leurs interets au Conseil general de Maine-et-Loire. 
Bien qu'il lui soit difficile de promettre un concours regulier k 
notre Societe, il fera tous ses efforts pour nous aider k remplir 
notre mission agricole et viticole. 

— M. le President annonce qu'a notre prochaine reunion de 
fin juin aura lieu la nomination d'un second vice-president. II 
donne ensuite quelques details sur le Concours regional agricole 
libre de 1907 et donne lecture du programime du Concours 
departemental des primes culturales, qui a 4te modifie, apres 
les justes observations faites a la stance precedente. 

— JM. Gilles Deperriere demande qu'en meme temps que le 
Gongres International de viticulture ait lieu une Exposition 
viticole, comprenant differents lots de vignes donnant un 
apergu de I'encepagement de nos vignobles angevins. 

— ^ M. le President annonce que M. le comte Louis de Blois, 
fils aine de notre tr^s regrett^ President, a offert, au nom de sa 
famille, un portrait de son pere destine k prendre place, dans la 
salle de nos seances, a cote de ceux des presidents de la Societe 
Industrielle et Agricole d'Angers. M. Bordeaux-Montrieux se 
fait I'interpr^te de tous pour remercier la famille de M. le comte 
de Blois de ce souvenir precieux destine a nous rappeler un de 
nos presidents les plus devoues a notre Societe qui, sous sa 
pr^sidence, a fait d'immenses progres. 

— Reception des candidats pr^sent^s le 28 avril 1906 : 

M. de Robineau Francois, propri^taire, chateau de la Bure- 
liere, maire de la Gornuaille, par Gande ; 

M. de Bossoreille, proprietaire, chateau de la Bernardiere, 
par Saint-Macaire (Maine-et-Loire) ; 

M. de Villoutreys (baron Jacques), proprietaire, chateau de 
Glerembault,.par Montrevault (Maine-et-Loire); 

M. Griffon, industriel a Torfou (Maine-et-Loire), 
sont elus a I'unanimit^ membres de la Society. 

— Presentation de candidat : 

M. Boutton Jean, proprietaire, 1 rue Menage, Angers, pre- 
sents par M. Bordeaux-Montrieux et M. Bonneville. 

L'ordre du jour etant epiiise, la stance est levSe k 4 heures. 

Le Secretaire general, 

D' P. SiGAUD, 



— 112 - 

L'aciditS des motits et des vins; ses variations 

La d6sacidification 

Par M. L. Morrau, membre tltulaire 



L'acidit^ des mouts de raisin est constitute par le bitartrate 
de potasse, I'acide tartrique libre, Tacide malique et quelques 
autres acides, dont la presence est plus ou moins bien d^terminee, 
comme les acides citrique, glycolique, etc. Lorsqu'on suit la 
marche de la maturation, on voit, nous disent les auteurs, 
I'acidit^ aller constamment en diminuant et cette diminution 
serait due a la saturation de I'acide tartrique libre par la potasse 
et k la combustion intracellulaire des acides organiques. Les 
conditions qui influent sur la maturation influeront done sur 
cette diminution de I'acidit^ et, au moment de la cueillette, les 
raisins, suivant le terrain, I'exposition, le cepage, le porte-greffe, 
suivant les conditions ext^rieures de temperature et d'humidite, 
suivant qu'ils seront plus ou moins atteints par les maladies 
(la pourriture en particulier), plus ou moins dessech^s sur place, 
pr6senteront des acidites tres diff^rentes dans une meme annee 
et d'une annee a une autre. 

Pour notre region, et en particulier pour le Chenin blanc, bien 
etudie, nous avons pu suivre, depuis quatre ans, ces variations 
d'acidite dans les mouts et les vins, et les centaines d'^chan- 
tillons que nous avons examines nous permettent de fixer 
quelques points. 

Voyons d'abord pour les mouts : si nous prenons deux annees 
assez dissemblables, 1902 et 1904, nous trouvons, pour le bitar- 
trate de potasse, i'acide tartrique libre, leur somme apres 
conversion en acide sulfurique et leur proportion par rapport 
a 100 de I'acidite totale, les chiffres consignes dans le tableau 
suivant, qui nous permettent de connaitre, par difference, et 
d'inscrire dans une derniere colonne la proportion centesimale des 



ANNEES 



1902 
1904 



ACIDITE TOTALE 
en so* H* 



Minim. 



7,04 
5,29 



Maxim. 



12,60 
9,50 



Moyen. 



10,21 
7,10 



BITARTRATE 

DE POTASSE 



Mli>im. 



3,5o 
4,o3 



Maxim. 



7,o3 
7,10 



Moyen . 



5,41 
5,64 



A. TARTRIQUE 

LIBRE 



Minim . 



0,58 
0,76 



Maxim. 



3,84 
2,91 



Moyen. 

1,82 

1,87 



ANNEES 



1902 
1904 



A. TARTRIQUE -\- BITART. A. TARTRIQUE + BITART 



DE POTASSE (in so* H*) 



Minim. Maxim. 



2, 
2, 



5,58 
5,01 



Moyen. 

4,01 

4,15 



0/0 dp: l' ACIDITE TOTALS 



Minim. 



21,9 
36,1 



Maxim. 

59,9 
82,7 



Moyen. 

39,8 
60,1 



PROPORTION 

CENTESIMALE 

des 
autres acides 
(A. malique) 

6o,a 
39,9 



— 113 — 

aulres acides. Lebitartratedepotasseet I'acide tartrique ont ete 
dos4s parla methode de Berthelot et de Fleurieu, mais en laissant 
plus de quarante-huit heures le mout avec le melange d'ether et 
d'alcool ; les resultats sont exprimes en grammes, par litre. 

D'apr^s <je tableau, on pent voir que, si Facidite totale varie 
beaucoup d'une annee a une autre, le bitartrate et I'acide tar- 
trique se retrouvent toujours, en moyenne, dans les memes 
proportions, tout au moins leur somme ; les variations sont plus 
accusees dans une raeme annee et tiennent surtout au mode 
d'exploitation different, a I'epoque de la cueillette et a ce que, 
dans certaines regions de I'Anjou, on laisse le raisin se couvrir 
de pourriture noble, alors que, dans d'autres, on le recolte miir 
sans exces ; les chiffres que nous donnons sont pour Fensemble 
du departement. Par contre, les variations, d'une annee a une 
autre, portent surtout sur les autres acides, en particulier I'acide 
malique, comme le fait a deja et6 signale par plusieurs auteurs. 
En resume, suivant I'annee, suivant les conditions dii milieu, les 
moiits de raisin se presenteront avec des proportions de compo- 
ses tartriques a peu.pres les memes et avec des quantites tres 
differentes des autres acides, et en particulier de I'acide malique. 

On sait que, pendant la fermentation, il y a production 
d'acide succmique et d'acides volatils, provenant du travail et 
de la vie de la levure, en quantites variables suivant I'espece de 
levure et les conditions du milieu. Gependant, malgre cette pro- 
duction, lorsqu'on analyse les vins, au premier ou au deuxieme 
soutirage, on trouve une diminution deja assez sensible de 
I'acidite totale. Quels sont les principes acides qui disparaissent 
ou se modifient pendant cette premiere periode de la vie du vin? 
Si on examine les chiffres du tableau ci-contre, on trouve que 



Rl&COLTES 

HOYBXNBS 



1902 
1904 



ACIDITE 

TOTALE 

en so* H* 



MoAt 



io,o5 
7,37 



Vin 



8,31 

6,35 



DIMIHUTIOH 0/0 

dc racidit^ 

initiale 



BITARTRATE 

DE POTASSE 



Moiit 



18,3 

i5,i 



5,57 

4,68 



Vin 



1,22 
1,49 



Differ, 



4,35 
3,19 



ACIDE TARTRIQUE 

LIBRE 



Mcut 



2,22 
2,l5 



Vin 

1,85 
2,01 



Differ. 



0,37 
0,04 



DIMINUTION 0/0 

de 

I'acidite initiale 

due aux comp. 

tartriques 



35,1 

22,7 



9 

cette diminution porte presque exclusivement sur le bitartrate 
de potasse, qui s'msolubilise, aprds fermentation et refroidisse- 
ment, dans le milieu devenu alcoolique. Cette diminution, qui 
serait de 25,1 % de I'acidite initiale en 1902 et de 22,7 % en 1904, 
n'est en realite que de 18,3 % en 1902 et de 15,1 % en 1904, parce 

3u'il y a eu, par ailleurs, comme jel'indiquais plus haut, une cause 
'augmentation due k I'acide succinique et aux acides volatils, 
qui, en moyenne, s'elevaient par litre ^ gr. 417 en 1902, 



— 114 — 

gr. 419 en 1904, acidity exprim^e en acide sulfurique ; nous 
aurons roccasion de revenip plus tard sur cette question des 
acides volatils produits pendant la fermentation. 

L'acidit^ du vin, qui est tombee de 15 ^ 20 % de ce qu'elle 
6tait dans le mout, d'apres les chiffres ci-dessus, va-t-elle se 
maintenir, sans changement appreciable, et — si des modifica- 
tions doivent survenir- — dans quel sens vont-elles se produire et 
quels seront les acides du vin qui vont varier? 

Nos vins blancs conserves en barriques quelque temps ou mis 
de bonne heure en bouteilles — ce qui est la r^gle — sont sujets 
a des variations d'acidit^ assez grandes. Je suis depuis quatre 
ans, pour differentes recoltes, ces variations et j'ai toujours 
observe, a part quelques rares exceptions sur lesquelles je 
reviendrai tout a 1 heure, une forte diminution de Tacidite des 
vins, pouvant aller jusqu'a 45 % et plus de Tacidite totale du 
vin prise au moment du premier soutirage. 



» 


DIMINUTION MOYENNE DE UACIDITE DANS LES ViNS 
depuis le 1" soutirage jusqu'au 1" juln 1906 


RECOLTES 


ACiDiT^ TOTALE (en SO* H*) 


DIFFERENCES 


DIMINUTION 0/0 

de 




1" Soutirage 


Juin 1906 


I'acidit^ initiate 
(1'' soutirage) 


I9Q2 

1903 
1904 


8,84 

8,44 

6,49 


5,19 

4,77 
4,87 


3.66 

3,67. 
1,63 


4i,!2 0/0 

43,4 

24,9 



L'acidite est toujours exprimee en acide sulfurique, en 
grammes, par litre. 

Cette desacidification se fait surtout sentir pendant la pre- 
miere ann^e et pendant les premiers mois, comme on pourra le 
voir dans le tableau ci-dessous pour la recolte 1902 ; les annees 
suivantes, en effet, la desacidification est tr^s r^duite. 



Acidite moyenne 
(recolte 190a) 



l«'ou2« 
Soutirage 



1904 



8,84 



5,94 



DIMINUTION 

ceDt6simaIe 

da 

1" soutirage 

d 1904 



32,8 0/0 



1905 



6,66 



1906 



5,19 



DIMINUTION 
0/Odel'acidit« 

iDitiale 
del904&i906 



8,4 0/0 



Pour ce tableau, comme pour les autres, les chiffres donnas 
representent la moyenne de 25 a 30 ^chantillons de mofits ou de 
vins par ann^e. 



— 118 — 

Ce n'est pas la premiere fois que cette diminution de Tacidit^ 
des vins a ete constatee. M. Ordonneau a montr^ (Bulletin de la 
Soeiete chimique, n® 141, 1891, p. 241) que les vins blancs de 
Vendee contenaient souvent plus d'acide malique que d'acide 
tartrique et que cet acide disparaissait pendant le vieillissement 
du vin. Dans un travail sur I'acide lactique dans les vins [Bevue 
de viticulture, 1903, t. XIX, p. 505), M. Kayser a cite quelques 
auteurs, MM. Kulisch, Muller-Thurgau, Wortmann, Schukov, 
Koch, Seyfert, qui ont signale le fait et lui ont donne des inter- 
pretations du meme ordre, sur lesquelles nous reviendrons tout 
a I'heure. 

Le fait 6tant constate, il nous reste a savoir sur quels acides 
cette diminution porte et, en dernier lieu, de quelle nature est le 
phenomene. 

La diminution portant sur les composes tartriques (bitartrate, 
acide tartrique) se fait sentir surtout, avons-nous dit, d^s le 
debut ; si nous examinons, en effet, pour quelques echantillons, 
les doses de bitartrate et d'acide tartrique libre, au deuxieme 
soutirage et en 1906, nous trouvons qu'elles ont peu varie entre 
ces deux epoques ; ils n'interviennent done que tres peu dans la 
diminution totale observee. 





BITARTRATE 
2" Soutira:j[e 


DE POTASSE 
1S06 


ACrDE TA 
2' So iliragc 


RTRIQUE 
1906 


Recolte igoa 
— * 1903 


1,22 

2,09 


1,02 
1,63 


^ 1.85 
1,88 


l,5i 
1,68 



On sait que, dans le vin, il se produit des ethers, et M. Berthe- 
lot a montre que leur production etait en relation avec la plus ou 
moins grande quantite d'acides et d'alcools. Cette etherification 
est longue et M. Berthelot dit que les vins communs, du fait de 
I'etherification, perdent, en deux ou trois ans, de un huitieme a 
un sixieme de leur acidite. Les pertes que nous avons constatees 
sont bien plus considerables et doivent tenir a une autre cause. 
Si nous nous reportons a la composition des moilts, nous voyons 
que la proportion des corps acides, autres que la creme de tartre 
et I'acide tartrique, est assez variable d'une annee a une autre 
et, d'autre part, que la diminution de I'acidit^ est en raison 
directe de cette quantite d'acides ; en d'autres termes, plus la 
proportion de ces acides — en particulier d'acide malique, qui 
constitue la plus forte proportion de ces autres acides — est 
grande, plus la desacidification, toutes choses egales d'ailleurs, 
est considerable et inversement ; c'est ce que Ton pent deduire 
des tableaux precedents. II semblerait done que ces acides, en 
particulier I'acide malique, aillent constamment en diminuant : 
1° dans le raisin, pendant la maturation, par suite, sans doute, 
d'oxydation ou combustion intraoellulaire ; 2° plus tard, dans le 



— 116 — 

vin, par suite d'un autre ph^nom^ne qu'il nous reste maintenant 
k pr^ciser. II en r^sulte que, quelle que soit I'annee, ou a peupres, 
lorsque tous ces phenomenes s'accomplissent, les vins arrivent a 
avoir des acidit^s relativement assez voisines ; en tout cas, les 
disproportions 6normes qui pouvaient exister au moment de la 
r^colte tendent k disparaltre et I'acide malique, en particulier, 
lorsqu'il ne diminue pas pendant la maturation — il constitue 
alors, k lui seul, plus de 50 & 60 % de I'acidit^ du mout — 
diminue un pen plus tard dans le vin. 

De quelle nature est le ph^nomdne et que devient Tacide 
malique dans le vin? 

Pour M. Ordonneau, c'est une fermentation sp6ciale, au 
detriment de Tacide malique, donnant naissance a de I'acide 
lactique et k de I'acide carbonique, d'apr^s la formule : 

C* H« 0* = G» H» 0» + C 0> 
A. malique. A. lactique -f A. carbonique. 

Dans le travail de M. Kayser, que je citais plus haut, nous 
voyons que M. Kulisch, en 1889, avait attribu6 a la levure la 
fermentation une fois achev^e, un certain role dans cette dispa- 
rition des acides ; M. Wortmann I'expliquait par les phenomenes 
d'autophagie de la levure ; Schukow demontra que les differents 
acides organiques etaient plus ou moins rapidement brules par 
la levure et que I'acide citrique 6tait le plus facile a d^truire. 

A c6t6 de la levure, comme le pressentait deja, en 1891, 
M. Muller-Thurgau, il pent y avoir des microbes destructeurs 
d'acides et M. Koch,"le premier, isola des bacteries aptes k 
diminuer I'acidite des vins ; il constata des diminutions pliant 
jusqu'^ 60 % de I'acide malique present. M. Seyfert a isole des 
microbes (micrococcus malolacticus) analogues k ceux de Koch, 
de vins dont I'acidite avait beaucoup diminue ; il constata des 
diminutions allant jusqu'a 44,2 % de I'acidite initiale. Les pro- 
duits de la fermentation de I'acide malique seraient I'acide lac- 
tique et I'acide carbonique, d'apres la formule precedente, et 
aussi, en moindre quantite, de I'acide acetique. On trouve de 
I'acide lactique dans les vins provenant de fermentations mala- 
dives, comme la fermentation mannitique. MuUer en signala la 
presence dans des vins d'Algerie, en 1896, et Kunz dans beau- 
coup de vins, vers 1900. 

II resulte, de ce resume analytique de differents travaux fait 
par M. Kayser et de ses etudes ^galement, que des causes assez 
diverses peuvent intervenir dans cette diminution des acides du 
vin. Les recherches que nous avons pu faire, au laboratoire, sur 
nos vins de Chenin blanc confirment quelques-uns des resultats 
obtenus par ces differents auteurs. Quant k la nature du phe- 
nom^ne, elle semble bien etre microbienne. 

Les ph^nom^nes purement chimiques — et je reviens sur ce 
que j 'avals cru tout d'abord {Bulletin de la Station (Bnologique de 
Maine-et-Loire, 1903-1904,' t. 11)^ — ne s'accomplissent pas si 
vite et avec autant d'intensit^ et la marcbe de cette diminution 



- 117 — 



dans les vins a bien plutot Failure d'une fermentation, sous 
Tinfluence soit des levures, soit des microbes. 

Nous avons pris des vins de 1903 et de 1904 que nous avons 
mis en bouteilles, puis divises en trois lots ; Tun a ete pasteurise, 
I'autre etait le temoin et le troisieme, dans la crainte que le vin 
ne renfermat pas de microorganismes desacidifiants, fut addi- 
tionne d'une petite quantite d'un autre vin dans lequel la dimi- 
nution d'acidite s'etait operee. Ges vins, mis en cave, ont ete 
examines un an plus tard ; voici les resultats obtenus : 





ACIDITE 


ACIDITE T0TAL1E 


D^MINUTI0^ 
de 

L'ACIDITE TOTALE 


f 0/0 


VINS 


TOTALE 

au 15 juln 1905 


ea 1906 


T^raoin 


INITIALE 




Ensem. 


•►. ^^ — 

Pasteur. 


Enscm. 


Pasteur. 


Temoin 


I 


8,o3 


4>99 


7,84 , 


5,29 


37,8 


2.3 


34,1 


2 


8,i3 


5,3() 


8,i3 


8,i3 


33,7 








3 


6,76 


5,09 


6,37 


5,29 


24,7 


5,7 . 


21,7 



VINS 



I 
2 

3 



ACIDITE VOLATILE 



Ensem. 

» 

o,558 

» 



Pasteur. Temoin 



0,267 
0,339 

)) 



0,291 

0,291 

» 



BITARTRATE 

DE POTASSIS 



En?em . 


Pasteur. 


Temoin 


2,01 


2,01 


2,16 


2,53 


2,38 


2,46 


» 


» 


» 



ACIDE TARTBIQUE 



LlBtlE 



Ensem . 


Pasteur. 


T6moin 


0,673 


1,40 


0,450 


0,693 


1,72 


1, 41 


» 


]!> 


» 



De ces chiffres, il semble bien resulter que cette desacidifica- 
tion est de nature mierobienne ; les differences entre les deux 
lots (ensemence et temoin) et le pasteurise sont assez nettes > 
r augmentation de I'acidite volatile en serait une nouvelle 
preuve. De plus, en comparant ces chiffres a I'acidite initiale, on 

geut faire la part du phenomene chimique. Enfm, on voit que le 
itartrate de potasse n'a pas varie ; Tacide tartrique, de son 
cote, a subi quelques variations ; il se pent done qu'il soit, lui 
aussi/ ce qui n'a rien d'etonnant, la proie des ferments. La dimi- 
nution resultant de cette fermentation de I'acide tartrique est 
loin d'expUquer la diminution totale ; ce sont done les autres 
corps acides du vin qui ont pris part au phenomene. La vitalite 
de ces germes ou tout au moins leur activite ne semble pas de 
longue duree, car, apres un an ou deux, lorsqu'on veut ense- 
mencer un vin acide avec le depot d'un vin qui a subi une forte 
desacidification precedemment, on n'obtient parfois aucun 
resultat ; cela peut tenir aussi a ce que le milieu ne leur est pas 
favorable. En effet, comme je I'indiquais au debut de ce travail, 
nous n'avons constate parfois aucune diminution d'acidite sur 



— 118 — - 

certains de nos vins blancs et nous avons remarque toujours que 
ces vins — le fait a ^te verifie plusieurs annees de suite — nous 
avaient ete fournis par des proprietaires qui, par de nombreux 
soutirages et collages, eliminent les ferments ou bien qui mechent 
assez dur et sou vent. 

Tons ces faits concourent a montrer la nature microbienne du 
phenomene. 

Lorsqu'on examine les vins au microscope, on trouve toujours, 
k cote des levures, des ferments semblables aux ferments de la 
pousse ou de la tourne, nombreux dans les vins qui ont subi une 
forte desacidification, beaucoup plus rares et meme absents 
dans les autres. La maladie de la pousse se fait au detriment des 
composes tartriques du vin ; il ne semble pas ici qu'ils soient 
particulierement atteints. M. A. Gauther distingue la tourne de 
la pousse et trouve dans le vin tourn^ de I'acide acetique, de 
I'acide tartronique et de Tacide lactique. 

II doit evidemment y avoir, entre tous ces faits, des relations 
etroites, et les divergences entre les auteurs, au sujet des mala- 
dies des vins et des modifier tions apportees dans ce milieu 
complexe, arriveront certainement un jour par s'expliquer, 
lorsque la biologic de ces ferments sera mieux connue et que les 
procedes de dosages des acides organiques seront plus rigoureux. 
II nous reste, pour completer ce travail, a isoler les ferments 
trouv^s dans nos vins, a les cultiver en culture pure et voir s'ils 
sont bien des microbes desacidifiants, sur quels acides du vin ils 
portent leur action et quels sont les conditions de leur deve- 
loppement. 

* 

Que cette desacidification soit un phenomene microbien ou 

chimique ou les deux a la fois, qu'elle porte sur I'ensemble ou 

sur quelqaes-uns des corps acides du vin, ce qu'il importe de 

savoir maintenant ce sont les consequences qui vont en resul- 

'ter pour le vin et ce que devra faire le viticulteur? 

Et d'abord, ce que nous avons constate pour le vin blanc de 
notre region peut-il s'appliquer aux vins des autres regions? 
Sans vouloir trop generaliser encore, je crois pouvoir repondre 
oui. C'est ce qui resulte des autres travaux cites plus haut et de 
certaines observations que j'ai pu faire sur des vins de cepages 
differents, provenant de notre region et de celles environnantes. 

La diminution de I'acidite des vins verts est pour ces vins un 
facteur d'amelioration important ; par contre, si elle venait a se 
produire sur des vins peu acides, elle pourrait etrQ nuisible a la 
conservation de ces vins. Or, nous avons vu que cette desacidifi- 
cation porte sur I'acide malique, d'apres la plupart des auteurs, 
et que cet acide malique se trouve en proportion d'autant 
mdindre sur Tensemble des autres acides que le raisin est plus 
mur. II en resulte quo, dans les vins ou cette diminution serait le 
plus a craindre — cas des vins peu acides — la desacidification 
est relativement peu considerable, par suite de la moins grande 



— 119 — . 

quantity d'acide malique ; un equilibre tend, done sans cesse k 
s etablir entre les acidites des vins de diff^rentes annees. Cepeh- 
dant, nous avons eu des vins de 1904, peu acides au premier 
soutirage, 5 gr. 1 par litre environ, qui, par suite de ces fermen- 
tations, sont tomb^s, en 1906, a 3 gr. oO ; quantite juste suffi- 
sante pour leur conservation. II semblerait done en resulter que 
le vitieulteur devra favoriser les fermentations dans les annees 
ou le vin est tr^s. aeide- et s'en preserver dans le eas eontraire, 
bien que soUvent la force des choses le mette a Tabri d'une dimi- 
nution trop grande dans ce dernier eas* 

Une autre consequence a tirer de ces faits, e'est que la d^saci- 
difieation de^ vins, a Taide de tartrate neutre de potasse, de 
potasse caus|ique, produits souvent employes par les vitieul- 
teurs, ne devra se faire qu'avee beaucoup de prudence et pn 
tenant compte de tout ce que nous avons dit. On s'exposerait — 
et eela nous est arriv^ dans des essais — en desacidifiant trop, k 
voir plus tard les vins trop verts au debut manquer d'acidit^. 
Les produits d^sacidiflants ne devront etre employes qu'en 
petite quantity, surtout si le vin doit etre conserve un certain 
temps ; au eontraire, si le vin doit etre consomm^ de suite, si on 
se met a I'abri des ferments, par les soins apportes au vin, on 
pourra en augmenter legerement la dose. Pour favoriser le tra- 
vail des ferments, dans les annees ou leur role est utile, le vitieul- 
teur ne devra pas hater les soutirages et ne pas mecher trop 
fortement ; mais e'est la un conseirqui pent paraitre dangereux, 
car beaucoup de proprietaires ont deja tendance a negliger leur 
vin et, d' autre part, on favoriserait ainsi le developpement des 
ferments de maladie ; e'est 1^, en somme, une arme a deux 
tranchants qu'il faut savoir bien manier. II est vrai que, je me 
hate de le dire, tout au moins pour notre region, ce proeede de 
vinifieation ne pourrait etre appliqu^ que dans certaines annees 
oii le raisin blanc n'arrive pas a maturite et oii, par consequent, 
la proportion d'acide malique est trop considerable. Pour les 
raisins rouges, en effet, qui murissent toujours dans notre pays 
et donnent, par consequent, des vins peu acides, pour les raisins 
blanes qui, par suite de leur exposition et de differents soins de 
culture, arrivent tons les ans a maturite, pour tons les autres, 
dans les annees chaudes, la proportion d'acides n'est pas trop 
considerable et il n'y a pas lieu de favoriser la desacidifieation, il 
y aurait plutot lieu, au eontraire, de I'entraver. 

Si je ne eraignais de multiplier les chiffres, je pourrais encore, 
en donner se rapportant aux vins rouges et aux vins blanes peu 
acides et Ton pourrait constater que la desacidifieation est peu 
sensible sur ces vins. En effet, le microbe ne suffit pas k lui seul, 
il lui faut le milieu ; or, pour le eas present : 1° I'acide malique, 
produit k transformer, se trouve en faible quantite ; 2® les vins 
peu acides, 6tant g^neralement plus aleooliques, I'aleool pent 
gener revolution des ferments. Pour tous ces motifs, les vins 
faiblement acides, dans la majorite des eas, se desaeidifieront 
peu. 



. - 120 - 

En somme, il n'y a rien a changer, je crois, aux soins ordinaires 
a donner aux vins, il restera toujours assez de ferments, malgre 
les soins que I'on donne, pour amener ces modifications et il 
serait dangereux, pour d'autres motifs, de se negliger de ce cote 
— le mieux pouvant ^tre Vennemi du bien. 

Reste une derniere question : c'est celle de la pasteurisation. 
Elle a ete, je crois, agitee dernierement au Congres de Rome et 
M. le D' Kulisch, de Colmar, ayant reeonnu les avantages de la 
desacidification pour les vins alsaciens, s'eleve contre la pas- 
teurisation. 

Pour lui, « la pasteurisation, etant un conservateur del Taci- 
dite, n'est intdressante, a ce litre, que dans le cas ou Ton considere 
comme avantageuse I'addition d'eau sucree » , le sucre masquant 
I'acidite elevee de ces vins. M. le D"^ Kulisch, en somme, envisage 
surtout la pasteurisation des mouts et ne I'envisage que sous le 
seul aspect de la destruction des ferments desacidifiants. Elle se 
presente cependant avec beaucoup d'avantages dans de nom- 
breux autres cas. Je n'ai pas examme la question, pour le mout 
pasteurise — on pourrait toujours, s'il y a avantage a chauffer 
les mouts, ensemencer non seulement 3es levures pures, mais 
encore des bacteries desacidifiantes — mais je puis dire que le 
chauffage applique, non plus aux mouts, mais aux vins, peut ne 
pas avoir d 'inconvenient, au point de vue de la desacidification 
pour les i^ins de notre region, et cela pour les motifs que j'ai deja 
indiques tout a I'heure et que je resume en terminant. D'abord, 
nous mettons de cote tous nos vins rouges, gendralement jpeu acides 
et qui n'ont pas besoin d'etre ddsacidifies; pour eux, la pasteurisa- 
tion sera sans danger et, comme ils sont sujets a d'autres maladies, 
bien plus graves qu'un exces d'acidite, la pasteurisation leur est 
utile et parfois meme indispensable. Pour les vins blancs, pour 
tous ceux qui sont peu acides et qui, par consequent, n'ont rien 
a gagner a la desacidification — a moins que la presence d'acide 
lactique dans les vins soit un agent d'amelioration? — la pas- 
teurisation — en se plagant au seul point de vue qui nous occupe 
actuellement — ne leur sera pas nuisible et pourra meme leur 
etre utile. Res tent done les vins blancs acides provenant de 
raisins incompletement murs ; pour ceux-la, la desacidification 
est utile, mais, comme elle se produit gdneralement dans I'annee 
meme qui suit la rdcolte, au debut des chaleurs, la pasteurisation 
pourra leur etre appliquee plus tard si on I'a reconnue necessaire 
par ailleurs. 

Je crois que, ces temps derniers, on a plus ou moins fait des 
enquetes sur cette question de la desacidification des vins ; 
peut-etrc saurons-nous bientot ce qu'en pensent les oenologues. 



— 121 — 



De la crise viticole 

(suite) 

Du droit du bouilleur de cru au vinage 

Par M. SuAUDEAU, bibliothecaire 



Si la chaptalisation a ouvert la porte de la fraude, sans se mon- 
trer hostile k ce procede, Ton peut dire que Ton s'est vite apergu 
quelle sucrage a ^te plus nuisible a la vente de nos vins qu'utile a 
leur amelioration ; par suite, que demande en realite, la plus 
grande majority des viticulteurs comme devant avoir sa part 
dans le remede k la^crise, fait de Tabus du sucre. La viticulture, 
dans son agonie, demande que les pouvoirs publics revisent le 
regime des boissons, comme ne repondant plus aux exigences 
actuelles, et qu'ils mettent un terme aux fabrications clandes- 
tines. Qu'ils ne laissent pas circuler sous le nom de vin des pro- 
duits qui, le plus souvent, ne contiennent aucun atome du jus de 
la plante chere a Bacchus. Que I'Etat, en un mot, arrete le mal ; 
c'est son role, comme celui du gendarme est d'arreter le voleur. 
Voila ce que la viticulture reclame d'une part ; et, remede non 
moins efficace, que Ton detaxe k leur tour les eaux-de-vie de vin, 
que Ton autorise le vinage, qu'on le controle, ces deux opera- 
tions devant assurer au march^ une clientele serieuse ; enfin, que 
par une taxe differentielle Ton demarque les limites de I'alcool de 
bouche d'avec celui d'industrie ; sauf, comme juste compensa- 
tion, a ouvrir a ce dernier de noiiveaux debouches, qui I'utilise- 
raient a son tour ; ce qui, d'autre part, assurerait la loyaute des 
ventes, debarrasserait le marche des petits vins, et,en conservant 
k nos crus leur denomination propre, assurerait le monopole de 
leur placement, cette marchandise etant d'essence frangaise. 

Cette reforme geminee, du regime de I'alcool et de celui du 
Sucre, permettrait, non seulement pour I'alcool de bouche, la 
conquete du marche, supplante qu'il est a I'heure actuelle par 
I'alcool d'industrie et le sucre de betterave, depuis la periode 
phylloxerique ; mais encore, en assurerait la suprematie, rien 
n'etant superieur a nos Cognac, Armagnac et ne pouvant les 
egaler dans leur purete. 

L'on est alle au plus presse, c'est vrai, en retablissant ce que 
Ton se plait a appeler un privilege, pour liquider la situation. 
Cette liberte de la distillation est encore incomplete. Ce retablis- 
sement qui a donne au bouilleur de cru une legitime satisfaction 
par la reconnaissance de son droit, limite encore sa liberte de 
producteur, et, dans cot etat, reste sans grande consequence pour 
la viticulture. Ce qu'il faut c'est que : comme le charbonnier, le 
viticulteur soit maitre chez lui. 



— 122 — 

Qu'est-ce done que ce privilege, qui sonne si mal aux oreilles de 
nos l^giferanls, sinon le droit de transformer son vin en alcool? 
Ou est la liberte,si Fon n'apas le droit de fairechez soi ce que Ton 
veut de sa recolte, quitte plus tard a se soumettre aux lois si Ton 
dispose de son produit ? Ce droit n'a-t-il pas ^te consacre 
par Tart. 546 du Code civil ; une loi de 1837 n'a-t-elle pas deter- 
mine d'une fa^onparfaite ce privilege PPourquoi, dans un pays de 
democratic comme le notre, ces differences de traitements, et 
fouler ainsi aux pieds les principes d'egalite ; ce, au profit d'une 
minorite ? Ce phenom^ne s'explique par ce fait que ce sont de 
gros capitalistes, politiciens influents, qui detiennent le monopole 
du Sucre, tandis que la culture de la vigne n'est detenue que par 
des propriet aires, petits ou grands, qui n'ont^pas su faire tenir en 
equilibre les deux plateaux de la balance, et au besoin payer des 
faveurs qui s'acquierent. 

Tout vigneron qui tire de I'alcool de son marc ou transforme 
son vin en eau-de-vie, le fait sans denaturer sa recolte et n'obtient 
en fin de compte que la propriete d'un produit nouveau, comple- 
ment de celle-ci, a Finstar du cultivateur qui apres le battage et 
le nettoyage de son froment en tire de la farine. Est-ce un privi- 
lege que de faire de son ble farine? 

De son marc ou de son vin en extraire ce qu'ils peuvent conte- 
nir , ne pent en etre un , non plus ; pourquoi ne pas vouloir 
traiter le vin comme toutes autres denrees ; la distillation n'est-elle 
pas le corollaire de la production ; ne pas reconnaitre le libre 
exercice de ce droit, n'est-ce pas fausser les lois economiques ? 

A qui la viticulture est-elle redevable du sucrage ? aux gens du 
Nord ; a qui est-elle redevable de la suppression de son droit ? 
aux memes. Pour quelle cause ? Pour leur faciliter le place- 
ment de leur produits ainsi que I'accaparement du marche des 
. alcools, du monopole de Talcoolisation, par la distillation de leurs 
betteraves, mais, melasses, etc. 

Sans montrer ici, en ma qualite d'Angevin, beaucoup d'entrain 
pour le vinage comme pour la chaptalisation, il faut pourtant, 
vu I'etat actuel des choses, admettre cette premiere operation ; 
ce voeu semblant general et juste au fond, tant que Talcool-sucre 
sera autorise par le sucrage ; mais au profit du proprietaire seul, 
comme correctif. Peut-il en etre autrement ? Ton empecherait le 
vinage k la propriete, tandis qu'il est autorise partout ailleurs 
et qu'il s'effectue avec de I'alcool de betteraves. Autoriser le 
vinage par le sucre et le defendre par I'alcool du cru, est faire 
preuve d'injustice criante, c'est encourager la fraude, soutenir la 
mevente, enrichir les uns , miner les autres ; toutes choses qui 
n'ont jamais passe pour maximes de bonne administration. Le 
vinage, bien qu'il ne donne aucune qualite aux petits vins, 
auxquels il enleverait plutot leur fruite et leur fraicheur, ne peut 
etre, au surplus, avantageux que pour ceux qui manquent de 
tenue ; il n'y a pas d'argument serieux contre son emploi, limite 
qu'il sera ; et lorsque surtout par I'alambic ce procede a I'avantage 
ce faire disparaitre les vins de peu de valeur. Dans les mauvaises 
annees le vinage a sa place comme le sucrage. 



— 123 — 

* 

Avec le vinage jusqu'a 10 et 12® le r^coltant pourra conserver 
son vin, et le sucrage clandestin disparaitra ; mais il ne faut pas 
qu'a son tour il aide au mouillage. 

L'addition d'alcool au mout est favorable lorsque la vendange 
est atteinte du Botytris ou pourriture grise , fait qui se presente 
malheureusement trop souvent maintenant. G'est un des- 
tructeur certain de cette cryptogame et un preservateur. Le 
vinage ameliore les vins, en assurela conservation, et la duree ; 
cette operation est meme utile et le consommateur en profite ; 
puis, en dehors de son action directe, I'alcool desacidifie le vin, 
en augmente la couleur et de cette fagon permet d'^viter les 
pratiques nuisibles qui tendent a lui en donner. 

Le vinage, a dit le baron Thenard, membre de I'lnstitut, est 
favorable a I'hygiene, parce qu'en favorisant I'emploi du vin et 
en fournissant de I'alcool dilue, il empeche Tabus de I'eau-de-vie, 
qui enerve et abrutit, par suite de sa concentration. 

J'ajouterai a ce temoignage celui de Pasteur. L'alcool, dit-il, 
est un des ennemis des parasites du vin. Tout vin qui renferme 
10 a 12 % d'alcool, et dans lequel le parasite de I'amertume se 
developpe facilement, ne pourra plus que trds difficilement faire 
vivre cette cryptogame, si Ton a porte sa proportion a 13, 14 et 
15®, tons les autres elements restant pourtant les memes. 

L' Academic de Medecine, appelee en 1851, lors de I'enquete 
sur les boissons, par M. le Ministre de I'Agriculture et du Com- 
merce, k formuler son avis, declara que le vinage avec les 3 /6 de 
vin, et dans des limites telles que le titre alcoolique des vins ne 
depasse 10 % etait une operation, qui n'exposait a aucun danger, 
la sante des consommateurs. 

De son cote, le Comite consultatif d'hygiene avait vote les 
conclusions suivantes : Le vinage est une operation licite, consa- 
cree d'ancienne date ; l'addition d'alcool au vin n'est pas nuisible 
a la sante des consommateurs, pourvu qu'elle soit pratiqu^e avec 
des alcools de bonne qualite, et sans exagerer outre mesure la 
richesse alcoolique des vins. II ajoute meme que le vinage est une 
operation souvent utile, quelquefois indispensable ^ la conserva- 
tion et au transport d'un grand nombre de vins ; ce qui est con- 
forme a la verite. 

Aussi ancien que I'art de distiller le vin, le vinage resta libre en 
France, tant que Ton distilla seulement du vin. Venant de cette 
source il ne pouvait y avoir pretexte a crainte hygienique, ni 
reproche d'adulteration ; de plus la production en etait limitee. 
En 1852, a la faveur d'une premiere crise viticole, due a I'oidium, 
I'alcool d'industrie prit son essor. A partir de cette annee, 
1 'agriculture du Nord doublant ses etapes et sa progression deve- 
nant constante, sa production arriva vite a depasser celle de 
I'eau-de-vie de vin, et Ton peut dire que de cette epoque date son 
introduction dans le commerce. Mais son melange avec les eaux- 
de-vie de vin, inspirant des c|*aintes aux hygienistes, ou plutot 
par mesure budgetaire, I'Etat ne tarda pas a frapper I'alcool de 
droits eleves, ce qui en arreta I'emploi, et par ce fait le vinage. 



- 124 — 

Les lois du 14 aout 1889 et du 11 juillet 1891 ne fixent cepen- 
dant pas de homes au vinage ; il n'y a pas, en effet, de limite 
legale ; ce qui seul est prohibe c'est un vinage immodere depas- 
sant 2 % ; cette tolerance, eh somme, n'avait d'autre but que de 
fortifier et de conserver les vins faibles du recoltant et non de lui 
permettre de se livrer k la speculation. Le vinage suivi du mouil- 
lage etait considere avec juste raison, des cette epoque, comnie 
une veritable falsification, et c'est ce qu'il y avait a attendre en 
ne limitant pas le nombrededegres. Aussi, cette limitation k2^lo 
pour les vins du marche interieur, depourvus d'acides et de 
tannin, conservant du sucre fermente, lesquels, par ce fait, ont le 
plus grand besoin d'alcool, etait-elle admise pour le recoltant 
seul, en franchise,. sous I'ceil plus ou moins bienveillant de la 
Regie, mais sans prise de charge, ce qui etait accepte ? 

jusqu'en- 1872, aucune distinction legale n'existait entre les 
deux produits ; c'est en cette ann^e qu'une loi etabhtlaprenniere 
demarcation entre I'alcool de betterave et I'alcool de vin ; difffe- 
rencies par des acquits sous le lien desquels ils circulaient. C'est 
alors que, la crise phylloxerique venant a tarir la source des 
eaux-de-vie, celle-ci. ouvrit la porte toute grande a I'alcool 
d'industrie. C'est en 1875, par suite, que, pour s'opposer a la 
marche envahissante de cette derniere et pour sauvegarder 
I'alcool de bouche, par un beau geste qui n'echappa pas a nos 
adversaires, les Pouvoirs publics eurent recours au privilege des 
Bouilleurs de cru, comme si ce fait de briiler son vin etait un 
privilege ; mais que dit cette loi ? Elle accorde au proprietaire le 
droit de distiller une partie de sa vendange et de se servir de 
I'alcool obtenu pour viner I'autre. C'etait done reconnaitre le 
droit de vinage en franchise, mais limite au recoltant utilisant sa 
recolte. A cette epoque, cela semblait contenter tout le monde ; 
le recoltant distillait ses vins, vendait son eau-de-vie en son 
temps, suivant les cours, vidait sa cave a son heure, pour loger 
la recolte nouvelle, sans compromettre ses interets ; mais il avait 
a compter avec les distilleries croissantes du Nord, dont les 
consuls veillaient. . 

« Perissent toutes les industries, pourvu que celle de la bette- 
rave soit sauve » , criait-on dans le Nord. « Sus aux bruleurs, 
eux seuls fraudent le Tresor » , tel etait le mot d'ordre. Et jour- 
naux et hommes politiques en quete d'equilibre budgetaire de 
crier, a cette epoque, « haro » sur la malheureuse vigne, bien 
innocente de la chose, et de chercher, par de nouvelles imposi- 
tions, a lui faire payer ce crime imaginaire. C'est ainsi que nos 
adversaires, les Betteraviers, pour les appeler par leur nom, 
desireux de se creer par le sucrage des debouches et, par la sup- 
pression du privilege des bouilleurs de cru, de se faire attribuer 
le monopole de la fabrication de ^alcool, ont pu arriver a leurs 
fins et ainsi fausser I'opinion publique. 

Agissant done par la presse, , ces industries, comprenant 
autrement mieux leurs interets que nous les notres, sachant se 
raunir, s'organiser pour la defense de leurs produits, sucre et 



— 125 — 

alcool, ont repr^sent^ les bouilleurs de cru comme causant un 
grave prejudice au Tresor, rejetant sur eux seuls la contrebande 
des alcools. 

C'esl de la sorte que ces professeurs de morale, oubliant, pour 
les besoins de leur cause sans doute, la parabole de la poutre et de 
la paille de I'Evangile, sous pretexte de fraudes imaginaires, 
prejudiciables au Tresor, font voter cette loi du 21 juillet 1894, 
qui interdit Valcoolisation, et celles de 1900 et du 31 mars 1903, 
qui, apres avoir mis des entraves serieuses et vexatoires a la 
distillation, la rendent pratiquement impossible. Par ce moyen, 
le monopole de la distillation reste en leur possession. Effective- 
ment, cette modification au regime des bouilleurs de cru, si 
malheureusement arrachee au Parlement, acheva d'arreter la 
production de I'alcool de vin ; et, dans le Midi, en 1900 et 1901, 
annee de grosses recoltes, elle eut pour effet de laisser tomber le 
vin a vil prix ; tandis qu'en 1875, annee de la plus grande pro- 
duction du siecle, la distillation avait sauve le pays de la crise. 
En 1875, le vinage, autorise et pratique en franchise, la moitie 
des vins furent bruits pour viner I'autre. 

Aujourd'hui, par suite de la restitution, de ce droit, Ton pent 
dire que I'interim de I'alcool d'industrie est fmi. En ce cas, le 
titulaire revenu, c'est a I'interimaire de sortir, de lui ceder la 
place ; aussi allons-nous entendre ses imprecations, car son depart 
a' est pas volontaire, et si, force, il deguerpit, ce n'est que dans 
I'espoir d'un prom.pt retour. 

En arretant la distillation des vins a la propriete. Ton a ainsi 
force le producteur a vendre a n'importe quel prix sa recolte et 
amene sur le marche cette baisse generale, qui s'est traduite, 
pour la viticulture, en une perte evaluee a plus de 250 millions 
par an ; et cela pour empecher la fraude, qui s'efTectuait sous le 
convert des bouilleurs de cru, clamaient les Betteraviers ; non- 
sens economique voulu, si je puis m'exprimer ainsi, chose 
inexacte : car les bons vins sont solidaires des mauvais ; avec les 
niauvais vins travailles, qui n'ont pu avoir les honneurs de la 
chaudiei e, ceux do qualite, entraines dans le gouffre, y sombrent ; 
avec le ^out du bon vin disparu, se developpe la pratique de la 
fraude, plus dangereuse que Textension de la production. 
D'autre part, en so servant des documents officiels, Ton voitque 
I'Etat n'a pas ete, de son cote non plus tres heureux dans cette 
operation ; en eff(.*t, la consommation de I'alcool, qui, en 1890, 
etait evaluee a 4^35 par tete d'habitant ; qui, en 1895, reste 
a 4^07; en 1900, a WQ\ se voit reduite, en 1901, ann^e d'applica- 
tion de la loi, a 3^52; en 1902, a 3^26; en 1903, a 3^54; eten 1904, 
a 3^89. Ce qui force a constater que cette surveillance des bouil- 
leurs de cru, avec sa forme vexatoire, a mis le Tresor en deficit et 
lui a fait perdre, par defaut de recettes, bien des millions, qui 
etaient appeles a figurer plus avantageusement sur les feuilles de 
son budget. Ce fait prouverait que I'Etat s'est fourvoye en 
donnant satisfaction aux appetits de nos adversaires et expli- 
querait la part qu'il vient de prendre au retablissement de notre 



— 126 -- 

droit. Ce qui porte k conclure qu'il y a lieu d'elargir Femploi de 
Talcool de vin en franchise et de laisser au recoltant , sous le 
couvert d'une surveillance pratique et acceptable, la libre dispo- 
sition de ses produits distilles. 

Sous le coup de ces lois sur le sucrage et I'alcoolisation, il est 
difficile, sans une modification radicale, de solutionner la crise 
actuelle ; ces deux questions, sucrage et vinage, etant connexes, 
je puis dire inseparables Tune de Tautre. En restituant au bouil- 
leur de cru son droit, Ton a semble reconnaitre le role que la 
distillation a joue dans les crises precedentes, mais il reste a 
rend re pratique cette vanne de surete. 

« II y a trop de vins en France » , se plait-on k dire, et Techo de 
le repeter. La souris de cette montagne est qu'il est enfante trop de 
« mauvais vins» , que ces vins mal constitues, prives'des leur bas 
age du secours de la distillation, arrivent par suite mal prepares 
a la vente et, comme tels, deviennent la proie facile du falsifica- 
teur. Bref, le recoltant, prive du droit qu'il avait de verser dans 
sa vendange I'alcool qu'il en tirait d une partie, ne pouvant 
vendre lucrativement I'autre, s'abstient de distiller et, de cette 
fagon, laisse s'engorger le marche, la vente de son vin s'offrant a 
lui encore camme le meilleur debouche, et Dieu sait si, pour lui, 
ce debouche est lucratif 1 

L'obterition d'un hectolitre d'alcool de bouche exige en 
moyenne 12 hectoHtres de vin ^ 8° ; le cours de I'hectolitre ^ 86° 
se trouvant, depuis 1901, a osciller entre 25 et 35 francs, les frais 
de fabrication evalues a un franc par hecto, si Ton prend le chiffre 
de 35 francs comme prix. Ton etablit I'equation suivante : 
35 fr. — 12 fr. = 23 fr., representant la valeur de 12 hectolitres 
de vin distille et faisant repartir le prix de Thectolitre distille 
a 23 fr. : 12, soit 1 fr.' 90. Ce qui demontre que le recoltant, en 
I'espece, a plus d'interet a vendre son vin, ne vaudrait-il que 
3 francs I'hectolitre, que de courir les ennuis et les risques de la 
distillation. Quant aux distillateurs de profession, ceux-ci, de 
leur cote, ne pouvant lutter contre les aloools d'industrie, tels 
qu'ils sont cotes a la Bourse de Paris, s'abstiennent egalement, 
sachant que, si un hectolitre d'alcool necessite I'emploi de 
12 hectolitres de vin a 8° ou 14 hectoHtres a 7°, le produit de la 
distillation, a ces cours, ne les couvrira pas du prix d'achat du 
vin, non plus que de leurs frais ; en sorte qu'ils cherchent encore 
moins, a distiller, a rarefier, par ce mode operatoire, le marche de 
ces vins, qui, echappant de la sorte a la chaudidre, deviennent la 
proie du commerce des « mauvais vins » et, par le fait, le 
triomphe des chimistes. N'oublions pas qu'eux aussi prennent 
leur part dans la desorganisation du marche, en ruinant, par leur 
therapeutique, le commerce serieux, auquel ils opposent ces 
vendeurs marrons, dont ils encouragent I'oeuvre mauvaise, et en 
j etant de cette fagon, par la disparition des bons vins, le discre- 
dit sur le renom du pays. 

Avec la loi de 1903 sur les sucres, jamais Ton n'atteindrale 
sucrage clandestin ; alors ce sera la plethore permanente, I'entas- 



— 127 — 

sement d'Ossa sur P^lion ; la distillation apparait done comme 
un remede, et s'impose par sa necessite ; mats, pour que son effet 
soit sensible, il faut la rendre possible, surtout pratique, et telle 
qu'elle existe aujourd'hui,ellereste inapplicable ; en effet, au lieu 
d'interesser le recoltant, par le benefice que lui procurerait 
I'emploi de son eau-de-vie ; le marche, par Tarret de la con- 
sommation des vins de mauvaise qualite. Tun comme I'autre se 
trouvent reduits k Tindifference, tant par les mesures vexa- 
toires qui les entourent, que par la concurrence terrible des pro- 
duits du Nord. Quant a nos adversaires, ^u lieu de se rendre a 
r^vidence, dans leur depit, ils objectent que si chaque hectolitre 
d'alcool de vin represente 12 hectolitres de vin a 8°, on 14 hecto- 
litre de vin a 7°, ces 12 ou 14 hectolitres de vin, seront remplaces 
par 14 hectolitres d'eau, d'ou la fraude constante. Ici, la reponse 
est peremptoire. Le recoltant n'ayant aucun interet a distiller 
pour la vente de son alcool-vin a vil prix, tandis que dans sa ven- 
dange I'alcool qu'il y versera prendrait tout au moins la valeur du 
degre alcool-sucre, ne distillera non pour la vente de son eau-de- 
vie, mais pour la vente de son vin ; or, il n'aura garde d'aider, de 
son chef, a la surproduction par ce nouveau mode de falsification 
qui lui couterait plus cher qu'il ne lui rapporterait. Meme si, par 
hasard. Ton emploie Talcool a fabriquerdu vin pour lemouillage, 
tout au plus arriverait-on a retabhr, sans I'augmenter, le stock 
diminue par la distillation, tellement la chose est pen pratique. 

Au surplus, la valeur de nos vins, sauf chez le mastroquet, ne 
depend pas de son titre alcoolique seul ; si, contrairement, les 
petits vins de plaine de 7 a 8<^ se trouvent bien d'un vinage, qui 
eleve en certaines anneos leur titre alcoolique ordinaire, de 1 a 
2° .%, pourquoi ne pas s'y prefer ? Son proprietaire n'ignore pas 
qu'une plus forte dose d'alcool le brille et le desorganise ; lui- 
meme sera son propre juge. Si, d'autre part, aux vins de 10 a 11 «, 
il leur faut 2 % d'alcool pour leur permettre de devenir des vins 
de coupage, pourquoi encore ne pas les y aider ; pour eux cette 
amelioration leur profitera plus qu'aux vins de plaine, et leur 
permettra de remplacer ceux d'Espagne, dont se sert le com- 
merce a cet effet. Tous les vins, par ce moyen, arrivant de la 
sorte a leur degre d'utilisation, pourquoi vouloir que Ton tento a 
I'alcoolisation de I'eau sucree ; en tout cas, ce procede ne pourrait 
etre pratique et profitable que par I'emploi de I'alcool d'indus- 
trie ; la fraude ne serait done pas imputable au recoltant. Situa- 
tion etrange ; alcoolisation avec le sucre permise et defendue 
avec le produit du raisin ; ou est la regie ? oii est le principe ? 

L'ltalie, I'Espagne, I'Allemagne ont, sur ce sujet, rendu la 
main ; ces pays jouissent d'un regime liberal ; chez eux le vinage 
est libre et illimite ; surtout en Espagne ou il se pratique avec de 
I'alpool allemand, dans de larges proportions. 

En examinant leurs tarifs, Ton voit leurs vins tou jours en 
bonne place et ne pas servir, comme chez nous, de ranron a toutes 
concessions faites en nos traites de commerce, sur d'autres 
articles. Chez ces peuples les interets de la viticulture sont inti- 



^ 



— 128 — 

mement lies a leur fortune, comme tels reapectes, tandis que chez 
nous, nous les voyons eonlinuellement sacrifies. 

Exemple a I'appui : sur 1.948.000 hectolitres d'alcool produits 
en France en 1905, les statistiques ^valuent : 1° Les alcools, pro- 
venant de substances farineuses a 352.000 hectolitres ; 2° les 
alcools provenant de la melasse a 678.000 hectolitres. 

Pourquoi, dit le D' Got, dans son magistral rapport fait au 
Congres des Viticulteurs de France en Janvier 1906, auquel j'ai 
fait divers emprunts, je me plais a le reconnaitre, 1° ces 352.000 h. 
d'alcool, dans un pays qui en est encombr^, dont la production 
deficitaire de cette matiere (substances farineuses) exige une 
importation de plus de 5 millions de quintaux metriques ; 
2^ pourquoi cette production de 678.000 hectolitres d'alcool de 
melasse, lorsque, chez nos voisins, pour soulager le marche, les 
mesures les plus rigoureuses ont ete prises, dans le but de detour- 
ner les melasses de la distillation ? 3° Pourquoi cette difference de 
systeme entre la France et les autres pays ? 

Tandis que I'Allemagne, en 1901-1902, n'aproduit sur 19 mil- 
lions de tonnes de sucre fabrique, que 88.000 hectolitres d'alcool 
de melasse, la France avec une production plus restreinte de 
10.000.000 en a fabrique 914.000 hectolitres; pourquoi cet 
excedent ? C'est qu'en AUemagne, I'Etat qui se preoccupe d'une 
maniere active et incessante, des conditions dans lesquelles se 
presentent les divers facteurs de sa production, a trouve daps 
I'industrie un derivatif qui, lui permettant le placement de 
I'alcool de cette nature, en empeche I'encombrement sur le mar- 
che, tandis que chez nous, ou I'esprit fiscal et etroit rdgne en 
maitre, 1 hectolitre d'alcool representant pour le tresor, quelle 
qu'en soit la provenance, 220 francs de droits a palper, I'Etat, 
sans s'occuper de la provenance, trouveja chose bonne et la garde, 
au grand detriment de la viticulture. 

En Italic, les alcools de vin jouissent d'une bonification de taxe 
de 54 francs par hectolitre, susceptible d'augmentation suivant 
I'annee, et les alcools denatures d'une prime de 15 francs par 
hectolitre, quand ils proviennent de matieres vineuses, enfin, les 
alcools de vin beneficient, eux, d'une prime de 48 a 65 francs 
lors de leur exportation. 

Cette excursion en pays stranger, qui pourrait se poursuivre en 
Autriche, nous montre que la solution de la crise, pourrait etre 
cherchee dans I'etablissement d'un nouveau regime. Le sucrage a 
cree une situation nouvelle, celui-ci a son tour necessite un expe- 
dient nouveau, qui s'appelle la distillation ; si nous jouissions du 
regime de ces pays voisins, la situation pourrait etre sauve. 

En France, le domaine des ameliorations est assez vaste pour 
tenter des reformes semblables. Malheureusement, le plus sou- 
vent il se fait que nos representants.trop peu — dans leurs Com- 
missions — au courant des questions viticoles, et, plaie de 
I'epoque, sacrifiant plus a la politique qu'aux affaires, bien que 
desirant entrer resolument dans la voie du progres, et faire 
litiere de ces prejuges d'ecole, qui sont vieux jeu, a I'heure 



— 129 - 

actuelle, restent, non par manque d'initiative, mais !e plus sou- 
vent par d^faut de nombre, d'entente arretee d'avance entre eux, 
impuissants devant Topposition acharnee d'adversaires irreduc- 
tibles, comme le sont les distillateurs du Nord, dont nous con- 
naissons Tinfluence, et, par suite, sourds aux reclamations et 
protestations fondees de leurs commettants. 

Aussi pietinons-nous sur place au lieu de suivre nos voisins et 
rivaux. Chez eux nous ne voyons qu'encouragements et primes 
de toutes sortes ; chez nous, par contre, qu'obstacles et diffi- 
cultes, et ce, par defaut de clairvoyance, d'esprit de suite dans 
notre systeme de protection. En comparant les legislations de ces 
divers pay«5 avec les notres, n'a-t-on pas le droit de dire, qu'en 
France Ton ne fait rien pour encourager la production de radcool 
de vin, que notre seule preoccupation est comme produit fiscal, 
d'en tirer le plus de benefice possible, sans compensation aucune, 
et que c'est ainsi que nous sommes arrives a compromettre tine 
des branche"? de la richesse nationale, a tuer la poule aux ceufs d'or. 

Pour empecher de faire un pas vers notre guerison, Ton vient 
dire : Ton boira. avec la detaxe, une plus grande quantite de 
petits verres, et ce que I'Etat gagnera sur Talcool de bouche, il le 
perflra sur I'alcool d'industrie ; d'ou dommagepour lui, A cela Ton 
pent repondre a contrarLo , que I'exercice de I'alcool par TEtat, 
n'est pas une solution ; Talcool ne doit non plus reciter la bete de 
somme du budget, toute aggravation de taxe, ne pent qu'en res- 
treindre la consommation, a preuve que : les statistiques de la 
Regie nous montrent qu'au cours de 1905, les droits spr I'alcool 
ont accuse une moins-value de plus de 30 millions. Or, Ton voit 
qu'avec ce deficit, Ton ne pent lui faire tenter Texperience du 
monopole, qui deviendrait ruineuse pour lui, tandis que son 
devoir est de laisser aux alcools leur voie libre ; a ceux d'indus- 
trie leur emploi industriel ; a I'eau-de-vie, sa consommation de 
bouche, d'autant mieux que I'alcool d'industrie et I'eau-de-vie 
naturelle de vin no sont en rien des unites compatibles de meme 
ordre. 

En AUemagne, cette distinction est bien tranchee, les distille- 
ries industr*ielles se trouvent dans un etat d'inferiorite tel, que le 
marche int^rieur leur est a pen pros ferme ; mais, en retour, la 
le^slation allemande leur alloue une prime de 6 marks par hecto- 
litre d'alcool pur exporte, et de 5 marks par hectolitre denature, 
aussi, en 1907, I'alcool denature, depassait-il 1.100.000 hecto- 
litres, tandis qu'en France nous restions a 374.000 hectolitres. 

En Espagne, une loi de 1904 fait beneficier les alcools de vin 
d'une prime minimum de 30 pesetas ; ceux m ernes qui 
entrent dans les liqueurs beneficient egalement d'une prime ; 
rien de semblable chez nous. 

Cependant, comment soutenir que ces deux natures d'alcool 
puissent etre semblables ; comment etablir que I'alcool extrait 
des plantes sucrees, comme la betterave, le mais, le sorgho, la 
pomme de terre, le topinambourg, le chiendent ; des plantes amyla- 
cees comme le ble, I'avoine ; des substances cellulosiques, comme 



- 130 - 

le peuplier, la soiure de bois, d'une part, et d'autre part, les 
alcools de vin et de fruit, puissent au point de vue alimentaire 
etre considere comme un produit identique , et a ce titre .recla- 
mer une identity de traitement. II est done necessaire, a I'instar 
de ces pays, pour que la lutte entre Talcool de bouche et I'alcool 
d'industrie soit courtoise et pacifique, de les differencier par une 
taxation autre, pour retablir, au profit de I'eau-de-vie-de vin, la 
place qui lui appartient. 

L'Etat, je veux bien -le reconnattre, ne doit supporter aucune 
perte, et nous ne Tinteresserons a notre cause qu'autant que 
I'argument financier que nous lui presenterons sera serieux, qil'il 
remplira sa caisse, surtout en ee moment. Mais notre programme 
est serieux, forme sur le passe ; il se base sur des antecedents, car 
il suffit d'un regard en arriere et de se souvenir que I'Etat, en 
provoquant Tarret de la distillation a la propri^te, s'est prive des 
recettes qu? lui procurait cette liberte. Si Ton ne distille pas 
assez a la propriete, la faute lui en incombe ; qu'il encourage la 
distillation par des primes de toutes sortes, qu il ouvre la porte 
aux debouches, qu'il en detaxe et desunisse les produits, I'argent 
rentrera dans ses caisses. Agit-il dans son interet, en ne tenant 
pas compte des conditions economiques ^actuelles, en variant 
continuellement sa legislation fiscale ? bien le contraire, il se nuit 
a lui-meme et au pays. 

Dans rindustrie. Ton fait des vernis avec de I'essence de tere- 
benthine et de la benzine ; or, tons ceux c^ui les emploient sont 
unanimes a declarer que les vernis dont la base est I'alcool sont 
bien superieurs. Pourquoi n'en fabrique-t-on pas en France? 
C'est que I'impot actuel sur I'alcool obligerait I'industriel a 
vendre, I'un deux fois plus cher que I'autre. II en est de meme 
pour la fabrication du collodion, branche actuelle importante de 
I'industrie ; pour celle du fulminate employe dans les engins de 
guerre ; pour la savonnerie, la teinturerie, oii I'alcool devient 
comme la base de toutes les operations, et bien d'autres ; ce qui 
fait que toutes nos marques perdent ainsi leiir superiorite 
devant I'etranger. L'on vient de decouvrir qu'en ajoutant a 
I'alcool des corps tres riches en carbone, l'on faisait contracter a 
la flamme alcoolique des proprietes qui la rendaient propre a 
I'eclairage, superieure au gaz ; pour ce, l'on emploie 80 a 85 % 
d'alcool. Si les alcools d'industrie pour lesquels Ton est a la 
recherche d'emplois, et pour lesquels emplois il est offert de 
fortes recompenses pour leurs producteurs, etaient decharges en 
partie de I'impot qui les immobilise, on pourrait lais$er aux 
Americains et aux Russes leurs petroles et donner un debouche 
a nos alcools. Mais, helas ! la sainte routine nous lie les bras, la 
bureaucratie fiscale n'a garde do lacher sa proie ; par sa force 
d'habitude, elle continuera encore longtemps a ne pas vouloir 
admettre de reforme, faute d'apotres pour souscrire aux doc- 
trines nouvelles. Pourquoi, pour ces industries, ne pas faire ce 
que l'on a fait aux alcools allant a la vinaigrerie ; les d^grever? 
II est vrai que ce degrevement a ete fait encore au prejudice de la 
viticulture! 



— 131 — 

Pourquoi, enfin, ne pas abattre, pour le mieux reconstruire, ce 
batiment atteint par le souffle economique qui le mine, lequel 
est reste etranger aux transformations sociales que Ton nomme 
le Regime des boissons ? La marche du temps et du progres I'a 
frappe de sa marque ; il est urgent de le reedifier au gout du 
jour ; la reforme des lois fiscales est d'actualite. Orient^es sur les 
voies nouvelles, etablies sur des bases larges et liberales, perdant 
leur caractere inquisitorial, elles deviendraient la sauvegarde de 
nos droits et Tasile d'ou la Viticulture sortirait renaissante. Hors 
de 1^, tout ne sera que replatrage et mauyaise besogne ; cette 
crise comporte une solution legislative radicale. En attendant ce 
beau jour, revenons a notre sujet. 

En outre des objections dont ils abu^ent pour ne pas toucher 
a leur Acropole, telles que : « commerce inhabile, fraude a la 
propriete » , situation faussee par le retablissement du privilege 
dont ils reclament deja la suppression. . . et bien d'autres, nos 
adversaires, dans leur affolement, nous opposent surtout que ce 
vinage en franchise permettrait de vendre du vin suralcoolise, 
vin recherche par le commerce pour le mouillage, et que cela 
entrainerait de nouvelles fraudes. Mais est-ce que ce fait ne se 
prbduit pas avec les alcools nocifs du Nord ? Ce n'est done plus 
besogne a faire ; dans ce cas I'alcool de vin prendrait leur place ; 
alors, ou serait le mal? Le fait suivant vous fera comprendre 
leurs clameurs interessees : 

Naguere, les Allemands, en gens pratiques, avaient trouve le 
moyen de faire boire leurs alcools a nos populations, sous la 
forme d'un vin qui n'avait de commun avec le notre que' la 
couleur. Profitant des avantages qu'offraient les tarifs de la 
douane franco-espagnole, ils faiaaient penetrer en Espagne leurs 
alcools de grains et de betteraves, rectifies plus ou moins ; puis, 
avec de I'eau, du tanin, de I'extrait, du colorant et une faible 
proportion de vin naturel d'Espagne, fabriquaient un liquide 
qu'ils expediaient et vendaient en France sous le nom de 
« vins du Midi » , leur faisant ainsi concurrence. Par ce moyen, 
les Droits- Reunis etaient trompes, et les Allemands, a qui la 
production de I'alcool ne coute pas bien cher, nous vendaient 
ainsi leurs produits 2 a 3 francs le litre, lorsqu'au-dela des 
Vosges il ne valait que fr. 50. Qui nous dit que ce fait ne pent 
pas etre mis a I'actif de nos industriels, qui nous objectent la 
suralcoolisation comme devant enf anter le mouillage ? Gertes, ils 
en prennent leur part. Bien qu'il soit generalement admis, 
aujourd'hui, qu'une addition de 3^ d'alcool, pour les vins faibles, 
de consommation courante, est plus que suffisante pour amelio- 
rer leur qualite et que les avantages du vinage soient reconnus, il 
ne nous est guere possible d'en user, a cans 3 des droits conside- 
rables que le fisc pergoit sur I'alcool. Ainsi que nous I'apprend ce 
meme fait, ce sont les vins etrangers vines jusqu'a \b^ qui, 
entrant chez nous sans avoir a payer de droits sur I'alcool qu'ils 
contiennent, viennent faire la concurrence aux notres. 

Nos adversaires, les betteraviculteurs, simulent, d'un autre 



— 132 — 

cote, de craindre de voir jeter sur le marche, dej^ bonde d'alcool 
d'industrie, 5 a 600.000 hectolitres d'alcool de vin, at parfois 
meme plus, et redoutent, de ce chef, de voir s'aj outer k la crise 
viticole celle des alcools, par la concurrence a has prix qu'ils 
viendraient leur faire ; mais, si Ton* exonere I'alcool employe au 
vinage a la propriete du droit fiscal et de la prise en charge, 
celui-ci disparait du marche ; d'autre part, malgre la libre distil- 
lation, rien n'empeche de surveiller Temploi de I'eau-de-vie de 
vente, de reglementer, par des acquits de couleur, la vente de ce 
surplus sortant du chaix du recoltant et de le frapper d'un droit, 
ce qui, en somme, lui servirait de brevet d'authenticite. 

A cela, nos adversaires ripostent : « II est inadmissible de 
detaxer I'alceol de vin pour surtaxer celui d'industrie; c'est 
vouloir fouler aux pieds le principe d'egalite devant I'impot » . 
Soit ! vous invoquez le principe d'egalite pour repousser cette 
taxe d'interet general. Mais y a-t-il egalite dans le mode de 
fabrication de I'un et de I'autre? 

Pour echapper aux droits du fisc, pour se procurer I'eau-de-vie 
necessaire a la consommation, il n'est pas de famille en 
possession de quelques Htres de vin ou le chef, avec de simples 
ustensiles de menage, ne fabrique chaque jour son<( tue-verre » et 
la (I larme » necessaire a son cafe ; ce qui se passe chez ce consom- 
mateur se passe en plus grand chez le debitant ; tandis que, pour 
le fabricant d'alcool d'industrie, la chose est tout autre ; force a 
un grand outillage, a un etablissement important, constamment 
surveille par le fisc qui a sa main-mise sur lui, il ne pent pro- 
dtiire I'alcool de cette facon clandestine. Par ce fait, I'egalite 
n'existe done pas ; demonstration evidente que la surveillance 
fiscale, empechement diriniant de la Hbre distillation, facilitant 
a I'un la fraude, est la principale cause de cette rupture. 

Or, comment done faire? C'est d'agir, envers I'alcool de 
bouche, comme Ton a agi jadis pour les tabacs ; cette innovation, 
au surplus, n'est pas nouvelle dans notre regime fiscal. 

Voyant la frontiere beige completement ouverte a la contre- 
bande ot ceJle-ci, par suite, difficile a saisir, les legislateurs du 
Monopole du tabac n'hesiterent pas a tourner ce principe d'ega- 
lite devant I'impot. Pour arreter la fraude, ils etablirent une taxe 
difTerentielle sur ce produit manufacture au profit des regions du 
Nord, de sorte que ces habitants paient le tabac de la Regie a un 
prix plus rediiit que ceux des autres regions de France. Mesure 
sage et politique, dont I'Etat tire le plus grand profit et qui a 
coupe court a la fraude et satisfait ces populations. 

Cette taxe difTerentielle, terme qui sonnera aux oroilles de nos 
egalitairos ; mais qui, pour nous, ainsi que celui de detaxe, 
prend la synonymic de primes, toutsimplement; pourquoi ne pas 
I'etablir pour les alcools? Des considerations de meme ordre 
pouvent la legitimer ; son but n'est-il pas le meme : arreter la 
fraude? Cette mesure, reconnue, par M. Rouvier lui-meme, alors 
qu'il etait ministre, comme necessaire pour proteger cette der- 
niere contre la concurrence delpyale de I'alcool d'industrie, 



- 133 - 

trouverait encore sa justification dans la recuperation des 
droits non per^us, en permettant au Tr^sor de se rattrapper sur 
una circulation double et triple ; effectivement, k I'instar des 
grands magasins, qui mettent leurs articles aux prix les plus 
reduits pour en augmenter la vente, I'Etat peut abaisser son 
tarif et tons s'y abonneront ; de cette fagon, lui aussi y trouve- 
rait son profit. Est-ce que I'abaissement successif de la valeur du 
timbre n'a pas aide au developpement des recettes postales? 
Curieux serait le fait, si la chose contraire se produisait pour 
I'alcool! 

Dans I'esprit^de ses auteurs, cette concession, en assurant par 
une detaxe une plus grande authentioite aux eaux-de-vie de 
cru, aurait comme avantage d'en faire augmenter la consom- 
mation. De ce chef, le vin, matiere premiere de fabrication, serait 
plus recherche et la crise conjuree; puis, double resultat, la pro- 
duction des alcools de cru se moraliserait d'elle-meme. Par la 
perspective de droits moindres, cet octroi entrainerait a une cir- 
culation qui n'irait qu'en augmentant chaque annee, d'ou il 
s'ensuivrait que producteur et Regie finiraient par faire bon 
menage. 

Quel en serait le taux? Cette question, il appartient a nos 
legislateurs, le principe admis, de la mettre au point ; ceux-ci, en 
etablissant une demarcation entre ces deux produits similaires, 
en leur ouvrant a chacun des debouches speciaux, suivant les 
principes de justice, d'equite et de liberte qui doivent leur servir 
de guides en la cause, seront dans leur role, comme ils I'auront 
6ie en provoquant le remede. 

Quoi qu'il en soit, ne Toublions pas, la distillation est la contre- 
partie necessaire de la production naturelle ; le vinage, son 
complement, est le moyen pour nous de lutter a armes egales 
contre les vins etrangers, sans nuire a la purete des notres. 

Si, pour I'authenticite des eaux-de-vie de renom, chose 
des plus importantes pour c6rtains centres producteurs, celles-ci 
jouissent.du cej'tificat d'origine, que cette meme satisfaction soit 
accordee aux produits du bouilleur qui en fera la demande ; de 
quelque fa(;5on que la chose se passe a son egard, lui accorder 
cette marque de distinction, ce sera faire acte d'equite et de 
sauvegarde ; en effet, chose importante a retenir, il y a I'interet 
national a defendre devant Tetranger. Sous le convert de nos 
traites de commerce, celui-ci nous inonde de ses vins: aussi, ces 
vins, dedoubles, melanges, degreves de droits et de frais de 
transport, rendent ainsi aux vins frangais la lutte impossible sur 
leur propre territoire. 

II y a un budget ; la viticulture, pour sa part, doit contribuer 
a sa consolidation ; Timpot sur I'alcool, dans de justes limites k 
observer, ne peut lui nuire, paye qu'il est par le consommateur. 
Que I'Etat laisse done au producteur la faculte d'user de ses 
produits sans les grever de charges nouvelles ; si, a son'^gard, il 
cesse de jouer de rigueur, il y trouvera son compte. 

En admettant pour la viticulture que le_ programme econo* 



— 134 - 

mique se base, pour mettre un terme k rencombrement du 
marche, a Tarret de la fraude; il n'est pas moins necessaire 
d'assurer la liberte de la distillation au recoltant et la possibilite 
a ce dernier de vendre son produit. 

Pour eviter a nouveau le desarroi du marche et mettre fin a la 
crise, je suis porte a conclure que le programme viticole doitse 
r^aliser par la cooperation des moyens suivants, bien qu'ils ne 
soient pas les peuls, mais qu'il est bon de faire ressortir, savoir : 

i^ Maintien de la liberty pour le recoltant de distiller san? 
entraves sa recolte ; 

2° Etablissement d'une taxe differentielle, chose d'equite, 
entre I'alcool de cru et celui d'industrie; le privilege du bouiUeur 
ne pouvant servir d'exutoire aux excedents de recolte qu'a la 
condition de permettre aux eaux-de-vie de vin de circuler sur le 
marche ; 

> Surveillance bienveillante et fortifiee de la Regie pour tout 
ce qui concerne I'alcool de cru, car a quoi servirait au viticulteur 
la restitution de son droit si, par une fissure nouvelle, Ton conti- 
nuait sur le marche a remplacer la quantite de vin brule ,comme 
la chose se passe, par Tabus du sucrage ! 

Ces garanties, auxquelles il y a lieu de joindre celles concernant 
la reglementation du sucrage, forment, dans leur ensemble, un 
des remedes qui semble etre considere par le plus grand nombre 
comme le plus efiicace, en meme temps que la solution la moins 
onereuse. Je me base, pour tenir ce langage, tant sur les rapports 
divers emanant de la Chambre syndicale du commerce des 
boissons que de ceux des Societes ou Syndicats viticoles qui sont 
parvenus a la Commission des fraudes, par le renvoi des question- 
naires qui leur ont ete adresses. 

Telles sont done les conclusions que je vous soumets, Mes- 
sieurs, pour la sauvegarde de la viticulture, dont la fortune, a 
I'heure actuelle, est bien compromise. Puissent-elles recevoir 
votre approbation ; ce sera la recompense de cette etude, bien 
qu'imparfaite, dont le but principal a ete pour mor, smon de 
degager I'inconnu de ce probleme qui nous clone le desespoir au 
coeur, tout au moins de vous permettre de vous former une opi- 
nion sur I'etat actuel de la question. 

Toutefois, Messieurs, je ne puis terminer sans vous faire 
connaitre Tarticle d'actualite que je viens de lire a I'instant 
dans la Revue de Viticulture, numero du 24 juin, pour la lecture 
duquel je vous demande toute votre bienveillante attention, 
m'excusant d'en abuser : 

'i Un heureux rapprochement vient de s'operer entre viticul- 
teurs et commergants, dans le but d'arriver a conjurer la crise 
viticole, qui ruine a la fois le commerce et la propriete. Des dele- 
gues de la Societe des Viticulteurs de France (MM. Cazeaux- 
Gazalet, Prosper Gervais, Jean Gazelles et Larnaude) se sont 
joints aux representants du Syndicat national du commerce en 
gros des vins et spiritueux, pour etudier ensemble les moyens 
pratiques de r^soudre les difficultes de Tbeure presents. 



— 135 — 

« Apres un travail en commun, ce Comity, ainsi form^, a 616 
regu, mercredi 20, par M. Doumergue, ministre du commerce, k 
qui il a soumis ses desiderata. Pr^sente par MM. Cazeaux-Cazalet 
et du Perier de Lausan, deputes de la Gironde , les membres de ce 
Comity ont abtenu du ministre la promesse qu'il s'emploierait 
aotivement aupres de ses collegues du gouvernement pour hdter 
la prompte realisation du voeu, dont voici le texte : 

« Considerant que parmi les causes qui ont eiigendr^ la crise 
que traverse en ce moment la viticulture et le commerce des 
vins et spiritueux, il faut incontestablement placer au pre- 
mier rang le regime des sucres, que le bon march^ de cette denree 
et la possibilite de son emploi en vinification ont donne nais- 
sance k une industrie nouvelle qui, grace a ses prix de revient plus 
avantageux, tend a substituer les pseudo-vins de fabrication au 
vin naturel, et constitue une cause permanente et chronique de 
I'avilissement du prix des vins naturels ; 

« Considerant, d'autre part, que rien ne pent justifier Tusurpa- 
tion de la denomination de « vin » dont se servent, pour presenter 
leurs produits, les fabricants deboissonssucrees; qu'on ne pent 
designer sous le nom de vin, que le seul produit de la fermenta- 
tion des raisins frais, que tels ^taient Tesprit et le texte meme de 
notre legislation jusqu a la loi du 28 janvier 1907, que tel est I'es- 
prit des diverses legislations etrangeres (Italie, Hongrie, Suisse, 
Allemagne) ; 

« Considerant dds lors que la suppression absolue du sucrage 
en vinification doit etre consacree par un texte legislatif formel, 
que le sort de la viticulture et du commerce est intimement ]i6 k 
cette r^forme, qui n'interesse pas moins la loyaute des transac- 
tions et souvent meme la sante des con^ommateurs ; 

« Considerant, d'ailleurs, que la suppression absolue du 
sucrage n'est pas incompatible avec le regime special qui pourrait 
etre applique aux vins mousseux, etc. ; 

« Emet le voeu que, dans le plus bref delai possible et avant les 
vendanges, le gouvernement prenne Tinitiative d'un pro jet de loi 
consacrant la suppression absolue du sucrage de vinification, etc. » 

A cet extrait, qui justifie tout ce que j'ai pu faire connattre au 
sujet de la fraude, j'ajouterai, pour enfin en terminer, que s'il est 
vrai que cette n^faste loi sucriere soit la cause principale de la 
crise dont souffrent aussi bien les regions du Nord, de I'Est, du 
Centre, de I'Ouest que celle du Midi, bien qu'elle ne contraigne 
pas le viticulteur k employer le sucre, elle lui permet de se miner 
par son abus, et, chose pire, d'entrainer les autres dans sa perte, 
d'oii il apparaitraa toute personne, n'ayant pas de parti pris, 
qu'il y a lieu, pour arreter la fraude, I'engorgement du marche, la 
mevente, de repousser le sucrage, tout au moins d'en r^duire 
I'emploi k son minimum, et ensuite, pour empecher toute pl^- 
thore de production et pourvoir a la vente, d'accepter la libre 
distillation avec son complement le vinage ; c'est par ces deux 
moyens que la viticulture pent etre sauvee, sinon c'est sa mort a 
courte echeance 

30 juin 1906. . 



— 136 — 



De la m^vente des vins 



par M. A. Daignbre, membre titulaire 



Dans le bulletin du mois dernier, nous avons reproduit en 
entier Timpprtante et tr^s interessante 6tude de notre collegue, 
M. Suaudeau, sur une des causes de la crise viticole actuelle. 
M. Daign^re, un de nos viticulteurs angevins les plus comp^tents, 
a donn6 a son tour son opinion personnelle sur la m^vente des 
vins, k la derni^re stance de notre Soci6t6 ; nous resumons 
aujourd'hui cette communication, faite en partie verbalement 
et venant completer une Question d'actualit^ int^ressant au plus 
haut degr^ tous les viticulteurs de I'Anjou. 

M. Daign^re a recueilli aupres de nombreux viticulteurs des 
renseignements important? ; d'un autre cot6, il a tenu k se docu- 
menter aupres des octrois d'Angers et de la Compagnie des 
chemins de fer de I'Etat (section de Maine-et-Loire) au sujet du 
mouvement de transport des vins. II semble.r^sulter de tous ces 
documents, recueillis k bonne source, qu'en r^alite on peut dire 
que la crise ou m^vente des vins n'atteint pas s^rieusement 
1 Anjou. 

De nombreuses ventes, en effet, ont eu lieu depuis plusieurs 
mois et se continuent actuellement d'une fa^on r^guliere. On 
peut affirmer, d'autre part, que les vins chaptalis^s suivant la loi 
sont ceux qui obtiennent la pr^f^rence des acheteurs en general. 

D'apr^s M. Daigndre, les fabrications clandestines de vins 
factices, signalees comme etant une cause tres importante de 
perturbation dans le march^ des vins naturels, ne peuvent nous 
mquieter serieusement, si elles existent r^ellement, ce qui n'est 
pas prouv^. D'ailleurs, ces falsifications tombent sous le coup des 
lois de repression en vigueur dans notre pays ; il suffit done 
d'attirer 1 attention de FAdministration des contributions indi- 
rectes sur la necessity d'une surveillance plus active et d'une 
s^v^rite plus grande contre les fraudeurs. Notre collegue croit, 
au contraire, devoir incriminer les vins de provenance m^ridio- 
nale ; leur nature alcoolique, leur couleur intense, leur defaut de 
saveur permettent facilement de favoriser la fraude par le 
mouillage : voila une cause d'avilissement des prix que Ton doit 
connaitre et redouter comme la plus importante pour notre 
region. 

Dans ces conditions, M. Daign^re est d'avis qu'il y a lieu de 
rejeter toute demande de surtaxe sur les sucres employes pour la 
chaptalisation des vins. Cette surtaxe, en effet, ne frapperait (jue 
les viticulteurs honnetes et ne s'appliquerait qu'^ une certame 
cat^gorie de r^coltants ; elle aurait pour consequence de mettre 
les produits des vignobles angevins en 6tat d'mUnonU relative 



— 137 — 

vis-^-vis des vignobles m^ridionaux en particulier, plus favoris^s 
g^n^ralement par la temperature. 

M. Daignere, k la suite de son expos6, fait d'une fagon claire et 
precise, demande que TAssembl^e soit consult^e sur la questiun 
suivante, ainsi formulae : 

'X La Soci6t6 Industrielle et Agricole d' Angers serait-elle 
d'avis d'appuyer une demande de surtaxe sur les sucres employes 
en vinification? » ■ r* 

L'Assemblee, apr^s avoir vote sur cette question, est d'avis, k 
li majority, qu'il n'y a pas lieu de demander une surtaxe. 



Le Gerani, G. GRASSIN. 



Angers, Imp Germain et ci. Grassin. — 1688^. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 

P'ANGERS 

et du d^part^ment de Maino-et-Loire 



Procfes-verbal de la stance du 30 juin 1906 

Presidence de M. Bordeaux-Montrieux. 

Etaient presents : MM. Huault-Dupuy, vice-president d'hon- 
neur, Gilles-Deperriere, vice-president d'honneur, Prosper 
Jamin, D' Sigaud, Andre Huau, Suaudeau, membres du Bureau. 

MM. Halope, Massignon, Daignere pere, Lavallee, Moreau, 
Grau, Vinet, D' Cordon, Laurent Boug^re, Kiehl, Urseau, 
Lemonnier, Betton-AUard, Ferr^-Hamon, Paul Raimbault, 
D' Tesson, Lair, Gl^mot, Gavinet, de Lavergne, Sigaud fils, 
Daignere fils, Herrouet, Fourmond fils, Bernard-Ghauvire, 
Gautier-Meslier, Leon Bourcier, Alleau, Laigre. 

MM. de Livonniere, de Grandmaison et Joseph Joubert ont 
envoye des lettres pour s'excuser de ne pouvoir assister a la 
seance. 

— M. le D' Sigaud pr^sente des feuilles de plants de choux qui 
ont ^te dechiquet^es et percees a jour par une petite chenille de 
couleur vert-clair, longue de un millimetre environ, que Ton 
trouve sur plusieurs feuilles, ainsi que des cocons contenant la 
chrysalide de cette chenille. M. le professeur Lavallee, qui a 
observe, depuis quelque temps, les ravages de cette chenille, a 
demande I'avis de plusieurs entomologistes, qui atti^ndent, pour 
se prononcer, que les chrysalides soient transformees en papil- 
lons. Toutefois, il est presque certain que Ton a affaire a la pyrale 
des choiix, contre laquelle une solution de nicotine, a raison de 
un litre de nicotine titree de la Regie pour un hectolitre d'eau, 
employee avec un pulverisateur, produira de tres bons effets. 

M. le D' Sigaud profite de cette circonstance pour dire que, ce 
meme jour, il a visite la ferme de Ja Sermonnerie d'Avrille avec 
M. Massignon, comme delegues Tun et I'autre par la Societe 
Industrielle% et que les recoltes, dans leur ensemble, ont ete 
trouvees superbes ; ils ont remarque, en particulier, des bl6s et 

^ M. Saget, de Pouance, s'etait fait excuser. 



— 140 — 

des avoines de toute beauts et des pommes de terre d'un aspect 
tr^s satisfaisant, malgre la grande s6chersese persistante^;|ils 
sont tr^s heureux d'adresser en presence de leurs coUegues leurs 
felicitations k M. le professeur Lavall^e, pour les resultats 
exceptionnels qu*il a obtenus avec ses champs d'experiences et 
Texcellente tenue de la ferme exp^rimentale qu'il dirige avec 
tant de succes. 

— M, le D' Sigaud donne lecture du proems- verbal de la 
stance pr^c^dente ; le procds-verbal est adopts sans observation. 

— M. Huault-Dupuy remercie ses collogues de Thonneur 
qu'ils lui ont fait en le nommant vice-pr6sident honoraire'de 
notre Society. II espere que sa sant^ lui permettra d'assister a 
nos stances, auxquelles il prendra tou jours un vif int^ret. II 
n'oubliera point non plus les excellents rapports qu'il a toujours 
eus avec ses collegues. 

— M. le President donne lecture d'une lettre de M. le Prefet 
demandant a notre Soci^te son avis sur Tepocjue la plus conve- 
nable pour Fouverture de la chasse. La majorite de PAssemblee 
emet le voeu qu'en raison de la precocite exceptionnelle des 
recoltes, I'ouverture de la chasse ait lieu cette ann^e, en Maine- 
et-Loire, le 2 septembre. 

— M. Moreau donne un resume d'un trds interessant travail 
sur la desacidification des vins. Ce travail sera public en entier 
dans un de nos prochains bulletins. 

M. le D' Tesson croit que I'acide malique et I'acide lactique 
ont, Tun et I'autre, leur utilite, au point de vue hygi^nique 
surtout. II se demande si, au point de vue commercial, on doit 
desacidifier les vins dans les premiers mois qui suivent les ven- 
danges ? 

Pratiquement, il est d'avis que les viticulteurs ont tout interet 
a desacidiiier les vins le plus tot possible, I'exp^rience a prouve 
que les vins dont Tacidite est trop prononcee sont d'une vente 
plus difficile que les vins plus doux gui plaisent mieux au con- 
sommateur en general. II ne disconvient pas toutefois que theo- 
riquement, pour la conservation des vins, la desacidification est 
le plus souvent inutile et parfois nuisible, mais les vins qui sont 
vendus peu de temps apres la recolte sont en gen6ral consommes 
rapidement et o;i a par suite tout interet a les presenter aux 
acheteurs avec un gout plus agreable. 

M. Moreau repond a M. le D"^ Tesson qu'il est parfaitement de 
son avis et que le travail dont il a donn^ seulement un resume 
tres succinct contient absolument les memos id^es a ce sujet. II est 
certain qu'il y a avantage a desacidifier les vins pour la vente 
rapide ; toutefois, si les ferments sont 6limines avec soin, la desa- 
civification pent etre faite sans inconvenient, tandis que si Ton 
veut conserver les vins il est parfois dangereux de les desaci- 
difier. 

M. le President remercie M. Moreau et M. le D' Tesson de leurs 
trds int^ressantes observations. 



— 141 — 

— M. Suaudeau don^e lecture de son etude tres complete sur 
le droit des bouilleurs de cru au vinage. Ce travail fait suite a 
celui qu'il a presente a la seance precedente et sera publie dans 
notre prochain bulletin. M. le President adresse ses remercie- 
ments a notre collegue. 

M, ^. Daignere donne lecture de ses observations personnelles 
sur la mevente des vins. Les causes, signalees par notre collegue, 
different en grande partie de celles formulees precedemment par 
M. Suaudeau et nos societaires pourront trouver dans ces deux 
travaux, etudies I'un et Tautre avec soin, des arguments divers 
qui les eclaireront sur cette question d'actualite. 

M. le depute Laurent Bougere fait observer a M. Daignere que 
la fraude est plus commune qu'il ne le suppose, elle existe a 
Paris et dans la banlieue de Paris, ou le vinage est employe a 
haute dose. Pour notre collegue, la fraude a existe de tout temps 
ou plutot les lois n'ont jamais empeche les fraudeurs. II partage 
absolument I'avis de M. Daignere lorsqu'il dit : notre ennemi le 
plus redoutable, c'est le Midi, aussi du moment que les viticul- 
leurs meridionaux veulent le vinage, nous ne devons pas le deman- 
der, c'est un piege qu'ils nous tendent, faisons en sorte de ne pas 
tomber dedans. 

La Regie chez le debitant, comme cela avait lieu autrefois, est 
notre sauvegarde. 

M. le D' Cordon serait egalement partisan du retablissement de 
I'exercice chez le debitant. 

M. Gilles-Deperriere est d'avis qu'on n'etablisse pas de surtaxe 
sur les sucres, notre region aurait tout a perdre a cette mesure 
fiscale nuisible a nos interets. 

M. le President remercie M. Daignere, et met aux voix les con- 
clusions de son travail ainsi formulees : Convient-il a la Societe 
Industrielle d'emettre uh voeu favorable a une demande de 
sjrtaxe sur les sucres ? 

La majorite de I'Assemblee repond negativement. 

— M. le President annonce qu'on va proceder a I'election 
d'un vice-president. II recommande tout specialement k ses 
collegues la candidature de M. le D^ Sigaud, qui rempht depuis 
plusieurs annees les fonctions de secretaire general et qui accep- 
tera cette nouvelle dignite en prenant toutefois I'engagement de 
continuer de prodiguer a la Societe Industrielle le meme devoue- 
ment dont il a donne jusqu'a ce jour de nombreuses preuves. 

M. le D"^ Tesson demande la parole a ce sujet. II fait avec une 
extreme delicatesse I'eloge de son confrere et ami et rappelle le 
role important qu'il a joue comme secretaire general ; pour sa 
part, il serait tres heureux de le voir continuer ses fonctions, une 
des plus importantes dans une Societe .et qu'il a remplies avec 
succes, a la satisfaction de tons ; toutefois , c'est une simple 
observation qu'il presente et, si M. le D^ Sigaud desire nean- 
moins etre elu vice-president, il sera le premier a lui donner sa 
voix. 

M. le D' Sigaud repond que, si les fonctions qu'on lui propose 



— 142 ~ 

different par le litre, son devouement a la Society restera absolu- 
ment le meme et ses collegues peuvent compter sur lui, son passe 
doit etre un sur garant de I'avenir, ses collegues du Bureau 
seront certains de trouver en lui un collaborateur actif, tout 
dispose a prendre sa bonne part dans le labeur commun, comme 
precedemment. 

Ces observations faites, M.le President met aux voix la nomi- 
nation de M. le D' Sigaud comme vice-president et, par accla- 
mation, I'Assemblee tout entiere nomme M. le D^ Sigaud vice- 
president de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers. 

— Reception du candidat presente a la seance precedente : 
M. Jean Boutton, proprietaire, 1 rue Menage," a Angers, est 

'lomme membre titulaire a Tunanimite des voix. 

— Presentation de candidats : 

M. Maurice de Soland, conseiller d'arrondissement, maire de 
Thouarce, chateau de Ghantdoiseau, par Thouarce, presente par 
M. Cesbron-Lavau et M. Andre Huau. 

M. Paul Labesse, docteur en medecine, 38 rue des Lices, 
Angers, presente par M. le D^ Monprofit et M. Gilles-Deperriere ; 

M. Louis Pele, negociant en grains, adjoint au maire de 
' Freigne (Maine-et-Loire), presente par M. Bordeaux-Montrieux 
et M. Vaugouin ; 

M. Conrairie, proprietaire a la Haie, Bourg-d'Ire, presente par 
M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ; 

M. Besnier, veterinaire, proprietaire a Segre, presents par 
M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ; 

M. Charles Trocherie, negociant, marchand de chaux k Ghalu- 
meblaie, commune de Vern (Maine-et-Loire), presente par 
M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ; 

M. Jean Halope, proprietaire, marchand de bestiaux a la 
Boullaie, Sainte-Gemmes-d'Andigne, par Segre (Maine-et-Loire), 
presente par M. Bordeaux-Montrieux et M. Vaugouin ; 

M. Jules Delestre, proprietaire, agriculteur a Vergonnes, par 
Pouance (Maine-et-Loire), presente par M. Bordeaux-Montrieux 
et M. Vaugouin ; 

M. Charles Hastron, commandant en retraite, proprietaire a 
La Possonniere, presente par M. Bordeaux-Montrieux . et 
M. Vaugoin. 

L'ordre du jour etant tres charge, M. le D^ Sigaud avait prie 
M. le President de remettre la lecture de son rapport sur le 
Concours national agricole de Rennes de 1906 a la prochaine 
seance. 

• 

La seance est levee k 4 h. 1/2. 



Pour le Secretaire general, 
Andre Huau. 



— 143 - 



A travers le vignoble allemand 



Par M. L. Moreau, membre titulaire 



Gr&ce a raimable obligeance et k Tinfluence en haut lieu de 
M. F. Buhl, president de la Societe de viticulture allemande, 
toutes les portes, aussi bien celles des domaines de I'Etat que 
celles des particuliers, se sont ouvertes devant nous. Dans ces 
conditions, un voyage d'etude a I'etranger se trouve singulierc- 
ment facilite et lorsque a I'interet de la chose etudiee, se 
joignent I'affabiht^ des botes, les charmes d'une hospitalite 
large et g^nereuse, le tout ayant pour cadre un paysage ravis- 
sant, le voyage d'etude se change vite en un voyage d'agrement. 

On a tort, dans bien des milieux, en France notamment, de 
trop se confmer dans sa coquille et, sous pretexte que la nature 
nous a combles, de ne pas aller chercher ailleurs d'autres impres- 
sions et d'autres elements d'observation et d'etude. La nature 
n'a pas neglige les autres regions et, sur ces terres etrangeres, 
tout comme ici, le progr^s a marche et toutes les merveilleuses 
decouvertes de la science, appliquees parfois avec un esprit 
differen*tdu notre, ont donne des resultats interessants aue nous 
ignorons ou que nous connaissons a peine. 

En particuher, en viticulture, nous croyons — ei je reconnais 
que nous avons bien des raisons de le croire — que nous sommes 
a la tete des nations pour les soins donnes a la vigne et pour la 
qualite des vins. II n en est pas moins vrai que, dans les autres 
pays, on soigne tres bien la vigne et que les produits qu'elle 
donne peuvent parfois, bien que rarement, rivaliser avec les 
notres. II est done interessant d'aller voir de pres, sur place — 
c'est la meilleure methode et la plus sure pour s'instruire — ces 
produits etrangers ; faire leur connaissance n'a rien de desa- 
greable. II est rare qu'il ne sorte pas quelque chose d'utile et de 
pratique de ces frequentations entre gens du meme metier, 
poursuivant le meme but, luttant contre les memes ennemis, et 
si plus tard, sur le marche du monde, on doit se retrouver en 
concurrents, rien n'empeche que ce ne soit en meme temps en 
gens de connaissance et en amis. 

Que de fois n'ai-je pas entendu dire ici que sur le marche du 
nord de I'Europe, les vins du Rhin et de la Moselle faisaient 
aux vins d'Anjou la concurrence ! A I'esprit duquel d'entre nous 
est veaue I'idee d'aller etudier de pres ces vins? On a porte sur 
eux des jugements plus ou moins fondes, parfois un peu dedai- 
gneux ; on les a peut-etre goutes dans quelque restaurant — et 
combien denf tures souvent ! — et c'est tout. Mais pourquoi ne 
pas aller les oir chez eux, dans leur milieu, etudier la fagon dont 
on les produit, dont on les fait et dont on les vend. Nous ouvrons 
tres largement — c'est dans notre temperament — nos portes a 



— 144 - 

l*etranger, pourquoi ne pas aller frapper k la sienne? Nous pou- 
vons etre assures, dans bien des cas, d'y trouver le meme bon 
accueil et quelquefois plus, car, notamment en Allemagne, on 
nous a dit bien des fois combien Ton etait reconn^i^sant a la 
France pour tout ce qu'elle a fait pour la viticulture. 

Gr^ce a M. Buhl dont le grand-pdre et le pere, ancien vice- 
president du Reichstag, allemand ont, dans le Palatinat, donne 
une impulsion considerable a la viticulture, grace k M. Czeh, con- 
seiller royal, inspecteur des domaines de I'Etat, grace a M. Ober- 
lin, directeur de la station viticole de Colmar, grace aux regis- 
seurs des proprietes domaniales du Steinberg et de Okfen, nous 
avons pu parcourir ces vignobles allemands et deguster de ces 
crus fameux qui atteignent des prix que nous n'avons guere 
connus et que nous ne connaitrons plus. C'est un apergu de ce 
vignoble que je voudrais donner ici, et, avant de commencer, je 
tiens, tout d'abord, a remercier toutes les personnes qui ont bien 
voulu nous accompagner et nous fournir tons ces renseignements. 

* 

Le vignoble allemand occupe dans la vallee moyenne du Rhin 
une superficie de 120.000 hectares ; a gauche du fleuve, ce sent 
les vignobles de TAlsace, de la Lorraine, du Palatinat, de la 
Hesse rhenane et ceux qui s'etagent en une serie de terrasses, sur 
des pentes de 40° parfois, le long des rives de la Moselle ; sur la 
rive droite, ce sont les vignobles du grand duche de Bade, de 
Wurtemberg, de la vallee du Mein et surtout ceux du Rheingau ; 
ces derniers, situes sur les flancs des montagnes qui s'elevent 
presqu'a pic au-dessus du fleuve, assis aupres des vieux burgs, 
alternant avec les forets, contribuent a donner a toute cette 
region, de Mayence a Goblentz, un aspect des plus pittoresques. 

Les sols, sur une etendue de cette importance, sont varies, 
mais les grands crus du Palatinat se trouvent sur les gres rouges 
et sur les basal tes qui forment le massif du Haardt, prolonge- 
ment des Vosges, et ceux du Rheingau et de la Moselle, sur des 
gneiss, micaschistes, schistes ardoisiers, en un mot sur des ter- 
rains analogues a ceux de nos vignobles de la Loire et du Layon. 
La creation des terrasses, le nivellement, les defoncements 
doivent etre fort chers et tout le monde n'a pas a sa disposition, 
comme TEtat, pres de Treves, des formats pour les faire dans de 
bonnes conditions. La terre est assez divisee et Thectare de vigne 
qui, dans les crus moyens, au Palatinat, se paie 16.000 marks, 
atteint dans les grands crus jusqu'a 80.000 marcks — le 
mark vaut 1 fr. 25 environ. Les terres generalement pauvres sont 
bien cultivees et suffisamment engraissees avec du fumier de 
ferme, des superphosphates et des scories. On ne laisse pas 
vieillir la vigne et on la renouvelle 4 et 5 fois dans le cours d'un 
siecle ; on montre comme exception des vignes ayant 50 a 80 ans. 
On a soin maintenant de traiter le terrain au sulfure de carbone 
avant de planter, surtout si la vigne doit succeder a la meme cul- 
ture. 



— 145 — 

- Le cepage blanc par excellence qui predomine dans toute la 
region est le Riesling qui est k ce pays ce qu'est le Chenin au 
notre. Les grands crus sont presque uniquement plantes en 
Riesling, c'est lui le mieux adapts aux conditions de la region et 
qui donne aux vins leur cachet particulier, leur gout de fruit 
special qui les met nettement k part des autres vins, tout comme 
notre Chenin imprime son cachet special au vin d'Anjou. A cote 
de ce cepage, on rencontre le Traminer qui est done d'un parfum 
trop prononce, peu fait pour nos palais, lorsqu'il est vinifie seul, 
puis le Sylvaner qui estun plant d'abondance ; a cote de ces 
trois principales varietes, on trouve encore le Pinot gris que Ton 
denomme souvent et a tort Tokay, le Muscat, etc. 

Les c^pages rouges, bien moins importants, car dans cette 
region, comme en Anjou, on fait surtout du vin blanc, sont le 
Portugais bleu, le Saint-Laurent, le Pinot noir, etc. On ne signale 
guere, comme grand cru rouge, que V Asmanhausen, pres 
Baccarah ; alors que les grands crus blancs sont bien plus nom- 
breux, ce sont : Steinberg, Johannisberg, Marcobriirinen, dans le 
Rheingau ; Forst, Deidesheim, Ruppertsberg, dans le Palatinat ; 
Rosenberg, Thiergartner, pour la Moselle, etc. 

La densite des souches a I'hectare est assez considerable, 
comme dans tons les pays du Nord ; la taille la plus generale est 
la taille Guyot simple, la vigne est conduite assez pres de terre ; 
en Alsace, au contraire, la souche est formee tres haut et Ton a 
une sorte de taille en quenouille. 

La vigne est sur fils de fer, ou sur ^chalas en bois ou en fer, 
comme dans les domaines de TEtat. 

Le phylloxera a bien fait son apparition dans ces regions, 
mais combattu a entrance k I'aide des traitements que vous 
connaissez bien, peut-etre aussi par suite du climat, il ne s'est 
pas, jusqu'ici, tres developpe. Dans la crainte de le voir un jour 
triompher, on etudie, dans les ecoles et k la Station viticole de 
Colmar, les porte-greffe americains ou les hybrides de ces der- 
niers avec les plants du pays ; on ne rencontre, jusqu'ici, que 
tres peu de vignes greffees dans le vignoble. Instruits par tons 
les essais qui ont coute si cher k la viticulture fran^aise, les 
vignerons allemands pourront, lorsqiMl jugeront le moment 
arrive, reconstituer presque a coup sur leurs vignobles. 

Les vignes ne sont pas exemptes de maladies et elles m'ont 
sembl^ etre particulierement atteintes, cette annee, par la 
cochylis et le mildiou ; aussi la recolte, diminuee encore par la 
coulure, ne sera pas brillante. Les traitements a la bouillie borde- 
laise y sont appliques fr^quemment, ainsi que les soufrages. 
Nous avons pu rencontrer, a I'Ecole de Geisenheim, le D' Dewitz, 
en mission d^tude pour etudier la cochylis et qui espere, avec un 
traitement k I'ars^niate de plomb, nous debarrasser de ce redou- 
table ennemi ; nous attendrons les resultats bien confirmes de 
ses experiences avant de nous lancer de ce cote. 
1^ Les rendements dans les grands crus ne sont pas tr^s Aleves : 
20 hectolitres a I'hectare environ. 



— 146 - 

On vendange rarement avant la fin d'octobre, plus souvent en 
novembre et parfo's meme en d^cembre. On laisse s'installer sur 
le Riesling, qui s'y prete fort bien, la pourriture noble ; le raisin, 
qui est dit alors rosinnen, conserve longtemps sur souche, par 
temps sec, se desseche plus ou moins, souvent meme il est pris 
par les gelees, et c'est ce raisin a jus tres concentre que I'on- 
recolte dans les grands crus. On passe plusieurs fois dans la vigne 
et Ton pratique, meme dans les crus ordinaires, un triage soigne 
que je voudrais bien voir pratiquer dans nos regions. Chaque 
baquct qui doit recevoir le raisin est divise en deux comparti- 
ments et quelquefois un recipient plus petit est fixe au premier 
baquet ; on a ainsi trois compartiments. Les raisins ainsi soi- 
gneusement tries sont naturellement vinifies a part. Les fou- 
loirs mecaniques sont de differents modeles ; les pressoirs, assez 
nombreux pour chaque exploitation, sont egalement de modeles 
divers ; a cote des pressoirs en bois, nous avons trouve des pres- 
soirs hydrauliques, a pression de bas en haut. De ces raisins sort 
peniblement, en deux ou trois pressees, un jus tres concentre, 
veritable sirop ; on a constate, au Steinberg, jusqu'a 400 gr. 
de Sucre par litre de mout ; c'est la dose que Ton obtient a 
Sauternes, dans les grandes annees. 

Le mout est reparti dans des tonneaux de 600 a 1.000 litres et 
mis a fermenter. II fermente sous douelle et la bonde est munie 
d'un appareil a degagement d'acide carbonique. 

Dans les installations bien comprises, une tuyauterie amene 
I'eau chaude ou Tair chaud dans les caves, de fagona maintenir 
la temperature entre 15° et 18°. Nous avons pu voir, dans les 
proprietes de I'Etat, a Avelberg, pr^s de Treves, dans des caves 
de fermentation un peu basses, un systeme de ventilation par en 
bas, permettant au gaz carbonique, plus lourd que I'air, de 
s'echapper au dehors, et aussi un systeme d'arrosage permettant, 
a I'aide de robinets places assez haut et laissant echapper un jet 
tres fin, pulverisant I'eau, de maintenir une certaine humidite 
dans Fair, pour eviter une trop grande evaporation du vin a 
travers les douelles du tonneau. Ces vins, d'ailleurs, ne restent 
dans ces caves, a Avelberg et a Okfen, que quelques mois ; ils sont 
transportes a Treves et.loges dans de grandes caves, dont la 
construction a coute 300.000 marks et qui peuvent loger 1.200 
tonneaux de 1,000 litres chacun. 

La fermentation se declare et marche lentement dans ces 
mouts si concentres. A I'inverse des notres, les vins du Rhin sont 
tres longs a se faire ; ils passent, dans les grands crus, plusieurs 
annees en barriques. Nous avons pu deguster un 1893 qui n'etait 
pas encore en bouteilles. S'ils sont longs a se faire, ils se con- 
servent longtemps jeunes. Tons les vins de 1905 que nous avons 
bus etaient encore tres troubles. Cette mise en bouteilles tardive 
les met generalement a I'abri de tons les accidents que nous 
connaissons bien. Ces vins se presentent toujours avec une lim- 
pidite parfaite — on pent verser jusqu'a la derniere goutte de la 
bouteilie — avec un brillant superbe et une couleur jaune d'or, 



- 147 — 

parfois un peu foncee, qui n'est pas sans agrement pour I'oeil et 
qui n'est pas forcement le signe, comme chez nous, de maderisa- 
tion et de vieillissement. Que dire maintenant de leur qualite? 

Nous avons ete en mesure, soit a la table de M. Buhl, a Konigs- 
bach, soit, avec M. Gzeh, dans le vieux convent d'Eberbach, 
fonde par les moines de Citeaux et oii I'Etat renferme le cru 
fameux du Steinberg, ce rival heureux de Johannisberg, de 
d^guster les meilleures annees de ces meilleurs cms du Rhin ; le 
souvenir aimable que nous ont laisse ces agapes pourront peut- 
etre laisser croire a quelque partialite de notre part, cependant, 
je crois pouvoir dire, tout au moins pour ces grands vins, qu'ils 
sont dignes de prendre place a cote de nos grands Sauternes et de 
nos meilleurs vins d'Anjou. Tres liquoreux et alcooliques en 
meme temps — 12° environ — ils ont des qualites de fond sem- 
blables k celles de nos grands vins et le Riesling leur donne un 
bouquet d'une tres grande finesse, un cachet tres special qui les 
differencie nettement des vins des autres pays. Une seule fois 
nous avons constate un bouquet rappelant celui de certains 
Saumurs. II ne semble pas que le sejour en barriques ait fait 
perdre a ces vins, comme on le dit pour le Chenin, le fruite du au 
cepage. Les vins de la Moselle sont generalement plus legers, 
moins liquoreux que les precedents ; ils sont souvent cham- 
pagnises. 

Tons ces vins nous ont ete servis sortant de la glaciere et il ne 
semble pas que cette basse temperature ait nui a leur qualite et 
au bouquet, bien au contraire et je serais porte a croire que ces 
vins, lorsqu'ils sont en pleine maturite, gagnent a.etre degustes 
tr^s froids. 

Les prix qu'atteignent ces grands crus peuvent aller jusqu'a 
19.000 marks les 1.000 litres ; nous avons bu du Forster 1893 
estime 25.000 marks. A cote de ces grands seigneurs dont on ne 
pent approcher que dans de tres rares occasions, les crus moyens 
arrivent facilement a 2.000 et 3.000 marks les 1.000 litres. Le 
vin, meme dans les regions oii on le produit, reste toujours une 
boisson de luxe — la biere etant la boisson nationale — et on ne 
pent guere se procurer une bouteille de vin ordinaire a moins de 
1 m. 50 a 2 marks. 

La vente se fait tres generalement aux encheres, un an et demi 
apres la recolte. Dans des salles speciales et fort bien amenagees, 
on procede a la degustation publique, puis a la vente. 

En Alsace, pour la vente, on a des « gourmets » ou degusta- 
teurs — deux ou trois par village — qui sont charges de designer 
les vins aux acheteurs, les conduire aux celliers ; ce sont eux qui 
paient de suite le prix du vin au proprietaire ; ils s'arrangent 
ensuite avec Tacheteur. Nous avons vu aussi, a Colmar, des 
associations de proprietaires possedant des debits de vins et des 
restaurants ou Ton consomme uniquement, bien entendu, les 
produits des membres de I'association. 

Enfin, dans ces regions, les caves cooperatives y sont pros- 
peres ; le cote commercial est loin d'etre neglige en Allemagne et 



— 148 — 

les plus grands proprietaires ne dedaignent pas d'y mettre la 
main. . 

Chaque cave cooperative ne comprend que les proprietaires- 
viticulteurs d'un meme territoire ; elles ont pour but d'obtenir, 
par la vinification en commun de I'ensemble des recoltes des 
societaires, des vins purs, aussi parfaits que possible et de les 
ecouler aux meilleures conditions. Une Commission d'examen 
est chargee de visiter les vignobles et fixe le prix du raisin a 
payer au proprietaire, suivant le cru, le cepage, I'etat de la 
recolte et sa quantite. Les raisins sont foules sur place, puis con- 
duits a la cave cooperative ou ils cessent d'appartenir a Tindividu. 
Le prix lui en est paye de suite — grand avantage pour beau- 
coup — sans compter ce qui pourra lui revenir plus tard de la 
vente du vin, deduction faite des frais d'administration, de per- 
sonnel, d'amortissement de la dette contractee par I'achat de 
biens, meubles et immeubles et du capital de reserve. 

II semble que Ton se trouve tres bien de ce systeme, facile a 
appliquer en Allemagne oii Ton est plus discipline et ou I'esprit 
d'association est plus developpe qu'en France. 

II ^tait interessant aussi de voir ce que Ton avait fait poui 
I'enseignement de la viticulture et pour I'cenologie. 

Avec ses 120.000 hectares de vignes, 1' Allemagne possede 
presque autant d'ecoles de viticulture et de stations viticoles et 
oenologiques que la France qui compte plus de 2.000.000 d'hec- 
tares plantes en vignes. 

Nous avons visite I'Ecole de Neustadt, qui n'appartient pas a 
I'Etat et est dirigee par le D^ Schokke, et la grande ecole prus- 
sienne de Geisenheim, sous la direction de M. Wortmann. 

A Golmar, le D'^ Kulisch nous a fait les honneurs de son labo- 
ratoire et M. Oberlin, si connu de nous tons, nous a fait voir tous 
ses hybrides et ses champs d'experiences ou il fait des essais de 
non-labourage des vignes, en couvrant le sol de scories ou de 
pierres. Partout nous avons pu constater quelle grande place on 
avait doftnee a I'enseignement de la viticulture et a I'oenologie. 

Tous les services, dans les ecoles, sont separes ; chacun possede 
un personnel au complet, des amphitheatres, des salles, des labo- 
jatoires spacieux et de magnifiques collections. Mais ce qui se 
degage le plus nettement de tout cela c'est qu'on a compris qu'il 
fallait mettre a la disposition de tous ces professeurs et de tous 
ces savants des elements importants de travail et on leur a donne 
non pas, comme en France, quelques ceps, mais des hectares de 
vignes, non pas quelques douzaines de bouteilles' de vins, mais 
des centaines de barriques logees dans de vastes celliers avec tous 
les appareils necessaires pour la vinification. Lorsque le suis 
rentre a Angers, la visite des services du laboratoire fut vite ter- 
minee ; les salles sont petites, I'unique cellier renferme quelques 
douzaines de bouteilles et je n'ai pas eu a me deplacer pour 
visitar les vignobles de la station. 



— 149 — 



Le Concours national de Rennes en 1906 



Par M. le D' P. Sigaud, vice-president 



Le grand Concours Regional Agricole, ouvert k douze-departe- 
ments de TOuest, que la Societe Industrielle et Agricole d'Angers 
et de Maine-et-Loire, de concert avec le Syndicat Agricole 
d'Anjou, prepare sous la direction de la Societe des Agriculteurs 
de France, du 30 juin au 8 juillet 1907, a Angers, est, comme 
vous le savez, depuis plusieurs mois deja, Tobjet d'etudes et de 
recherches incessantes de la part du Comite de permanence, 
aussi plusieurs de ses membres ont-ils pense qu'une visite au 
Concours National de Rennes de 1906, qui a eu lieu du 2 au 
12 juin dernier, devait fournir de nombreux renseignements 
pratiques, tres utiles pour le concours de Tan prochain. C'est 
dans ce but que nous sommes alles, M. Bordeaux-Montrieux, 
notre president, M. Andre Huau et moi, a Rennes, ou nous 
avons examine et etudie tout d'abord I'organisation srenerale du 
Concours. 

La ville de Rennes avait, comme en i504, mis a la aisposiiion 
des organisateurs la vaste esplanade du Champ-de-Mars, situ^e 
pres de la gare et d'une superficie de plus de 7 hectares. C'est sur 
ce bel emplacement que M. I'lnspecteur General de I'Agriculture 
Grosjean, assiste de M. I'lnspecteur Breheret, avaient prepare et 
amenage avec beaucoup de gout et d'habilete le Concours qui 
comprenait 20 grandes tentes tres elegantes, disposees symetri- 
quement et separees les unes des autres par des allees spacieuses 
permettant une circulation facile. 

11 tentes etaient reservees aux bovins, au nombre de 509 ; 
.2 — — — aux ovins — 88 ; 

2 — — — aux porcins — 64 ; 

4 — — — a r horticulture ; 

1 — — — a r aviculture. 

Ces 20 tentes occupaient environ la moitie de I'espace du 
Champ-de-Mars, I'autre moitie etait reservee aux machines et 
instruments agricoles et viticoles, qui offraient un ensemble 
magnifique et tres admire des visiteurs. 

Au pourtour, sur trois des cotes de ce vasie quadrilatere, 
etaient installes tres confortablement les bureaux des differents 
commissariats, un poste militaire, un poste d'ambulance confie 
aux Sauveteurs Bretons, un bureau de poste et telegraphe et les 
installations diverses pour les produits agricoles, les vins, cidres, 
poires et eaux-de-vie et les expositions de I'enseignement agricole. 

Le cote faisant face a I'entree principale, formant une sorte de 
levee d'enceinte, etait reserve a une kermesse bretonne qui 
a obtenu un tres grand succ^s. 



- 150 — 

r* Aureste, hatons-nous de dire que, si le Concours de 1906 a 
recu plus du double de visiteurs que celui de 1904, c'est en 
grande partie grace a rintelligente municipalite de Rennes, qui 
n'a pas craint de s'imposcr de grands sacrifices pour donner a 
cette fete agricole tout Feclat possible. Joignez a cela un temps 
splendide et reellement exceptionnel et vous aurez I'explication 
de I'affluence enorme des visiteurs. Les entrees ont produit, en 
efTet, plus de 36.000 francs (23.000 francs pour le Concours 
agricole seul et 13.000 francs pour lakermesse bretonne), au lieu 
de 12.000 francs pour la totalite des entrees en 1904. 

Mais, malgre le succes tres justifie de cette manifestation 
agricole, quelques critiques ont ete formulees de differents cotes 
et nous nous permettrons de les signaler avant de passer en revue 
les differentes parties du Concours. 

Apres la suppression des Concours Regionaux Agricoles qui 
avaient lieu chaque annee dans six ou sept regions differentes de 
la France et ne revenaient que tons les dix ans environ dans les 
memes villes, le Ministere de 1' Agriculture a institue des Concours 
dits Nationaux, au nombre de trois chaque annee et qui, au 
contraire, reapparaissent tons les deux ans dans les memes 
villes. C'est ainsi qu'a Toulouse, Nancy et Rennes, le Concours 
qui avait eu lieu deja en 1904 se renouvelait pour la seconde fois 
en 1906, tandis qu'en 1905 il avait lieu a Rouen, Bordeaux et 
Lyon, ou il se reproduira en 1907. Ces Concours Nationaux, 
malgre leur titre, sont a proproment parler de veritables Concours 
Regionaux, tout au moins en ce qui concerne les animaux repro- 
ducteurs, et on pent leur reprocher leur petit nombre et leur 
retour trop frequent dans les memes villes. Le but principal des 
Concours Regionaux d'autrefois n'6tait-il pas surtout de donner 
aux eleveurs des differents centres des enseignements speciaux, 
en mettant sous leurs yeux los plus beaux types d'animaux des 
races acclimatees dans la re^^ion, en leur montrant les instru- 
ments ou machines les plus perfectionnes et en creant pour les 
producteurs des debouches plus faciles? II semble necessaire, 
pour obtenir ces resultats, de deplacer aussi souvent que pos- 
sible les Concours, afm de renouveler la clientele et de stimuler 
le progres dans des regions variables et differentes. N'est-il pas a 
craindre qu'avec le temps les exposants habituels ne deviennent 
de moins en moins nombreux dans ces Concours, parce qu'ils 
auront peur, a juste titre, de ne pas rencontrer de nouveaux 
clients dans un centre qui est tou jours le meme? Cette critique a 
ete formulee devant nous par plusieurs exposants habituels des 
Concours, et nous sommes disposes a la croire juste et oppor- 
tune. Aussi doit-on de sinceres felicitations a la Societe des 
Agriculteurs de France, qui a parfaitement vu et compris les 
inconvenients graves de cette organisation defectueuse et a 
cherche a encourager un centre d'elevage important et trop 
delaisse, en creant a Angers un grand Concours Regional. Sa gene- 
reuse subvention, en meme temps que sa direction habile et 
intelligente, contribueront a assurer, nous en sommes persuades. 



— 151 - 

le succ^s de cette grande manifestation agricole, dont Teclat sera 
rehausse par divers Congres nationaux, dont Tun meme sera 
international. 

Nous passerons en revue'tout d'abord les diflerentes categories 
d'animaux reproducteurs des especes bovine, ovine et porcine, 
que nous avons examinees plus specialement, en raison de I'inte- 
ret plus direct qu'elles nous offraient, les memes races devant 
etre representees presque toutes a'notre Concours de 1907. 

Les principales races bovines admises au Concours de Rennes 
etaient : 

1^ La race Normande, qui tenait certainement la premiere 
place, autant par le nombre que par la qualite des animaux 
exposes : 53 males et 53 femelles. Les 9 /iO venaient de la Manche, 
c'est-a-dire de la presqu'ile du Gotentin, ou se trouvent les ani- 
maux les plus parfaits et les plus renommes et d'oii Ton fait 
venir les reproducteurs de choix. Les animaux que nous avons 
vus etaient de superbes betes, de tout premier choix ; il est facile 
de comprendre que de gras paturages comme les herbages Nor- 
mands peuvent seuls nourrir suffisamment des geants qui 
feraient maigre figure sur les landes Bretonnes par exemple. 
Nous avons vu, entre autres, un enorme taureau pesant plus de 
1.300 kilos, Prince-Noir, champion du dernier Concours General 
de Paris, appartenant a M. Lavoine, de la Seine- Inferieure. Le 
Jury de Rennes a prefere, toutefois, a ce bel animal un taureau 
plus jeuie de 9 mois, a M. Frederic Duvernois, de Tocqueville 
(Manche). Les praticiens ont cherche a developper de plus en 
plus les facultes laitieres des animaux de cette race, aussi les 
vaches Normandes sont-elles recherchees partout ou la produc- 
tion laitiere predomine. On a voulu faire, a une certaine epoque, 
des croisements avec la race Durham et la race Schwitz, mais on 
a du les abandonner, a cause de I'amoindrissement de la secre- 
tion laciee. Les eleveurs ont, neanmoins, perfectionne cette race 
et Font amelioree au point de vue de la conformation et de la 
precocity, en se bornant a un choix plus judicieux des repro- 
ducteurs. 

Les principaux laureats de cette categoric de bovins. on et^ : 

M. Noel Casimir de Rethoville (Manche) ; 

M. Lavoine de J3oudeville (Seine- Inferieure) ' 

M. Nc3l Octave de Saint- Vaast la Hougue (Manche) ; 

M. Le )aron Frangois de Tocqueville (Manche) ; 

M. Noel Francois de Goigny (Manche) ; 

M. Duvernois Frederic de Tocqueville (Manche). 

La 2® categoric comprenait la race Durham, representee par 
30 animaux males et 32 femelles envoyes par les grands eleveurs 
de la region, parmi lesquels nous citerons : 

M. le due de Broglie de la Selle Craonnaise (Mayenne), qui a 
remporte le prix du championnat des males pour son taureau 
Garliste ; 

M°^® la baronne de Ghoisy de la Ghapelle d'Aligne (Sarthe) : 



- 152 — 

notre distingu^e coUegue, qui a obtenu un premier prix, trois 
seconds prix, un troisi^me prix, un quatrieme prix, un prix sup- 
plementaire et le prix d'ensemble de la race Durham ; 

ivl. le comte de Quatrebarbes de Niafles (Mayenne) ; 

M. Dandier, egalement de Niafles (Mayenne), qui a obtenu le 
premier prix dans les genisses de 2 a 3 ans avec sa genisse Luna ; 

M"^<» la duchesse de Feltre, de Noyal (C6tes-du-Nord) ; 

M. Despres de la Guerche de Bretagne (Ille-et-Vilaine) ; 

M. Ricosset Jules de Parne (Mayenne) ; 

M. Charles Gandon de Grez-en-Bouere (Mayenne), qui a renn— 
Dorte le prix de championnat des femelles pour sa vache Juliette; 

M. Cosnard de la Ghapelle-d'Aligne (Sarthe) ; 

tons des laureats habituels des Concours Generaux de Paris et 
que nous esperons trouver avec d'autres a notre grand Concours 
Regional d' Angers I'annee prochaine. Tons les animauxDurhams 
etaient des sujets d'elite et ont fait I'admiration des connaisseurs 
et des visiteurs en general. La perfection des formes de ces ani— 
maux nous autorise a dire qu'actuellement on admet que les 
Durhams eleves en France sont bien superieurs aux Durhams 
anglais ; I'application trop etroite de la'consanguinite a amene, 
dans ce pays, I'appauvrissement de certains individus en meme 
temps qu'une delicatesse et une sorte de decadence generale, 
tandis que les eleveurs frangais se sont appliques a developper la 
culotte et les principales regions musculaires et ont su 
eviter la diminution de la taille et du poids, resultat inevitable 
d'une trop grande finesse. Au reste les conditions de milieu de 
notre region : climat maritime humide et doux, sans tempera- 
tures extremes, conviennent admirablement pour I'elevage du 
Durham. 

L'elevage du Durham s'est developpe depuis quelques annees 
dans le Finistere, ou Ton compte actuellement une soixantaine 
d'etables renfermant plus de 500 animaux. On ne doit pas 
oublier toutefois que si la race Durham est une race ameliora- 
trice en general, au point de vue de la precocite surtout, elle 
n'exerce aucune influence heureuse dans les perfectionnements 
des races laitieres ou de celles qui ont a produire du travail 
moteur avant d'etre livrees a la boucherie. 

Au reste, les soins particuliers, I'alimentation abondante et 
choisie que reclament ces animaux font que l'elevage du Durham 
devenant de moins en moins remunerateur a du etre abandonne 
par beaucoup ; aussi doit-on savoir gre aux proprietaires eleveurs 
qui s'imposent souvent de veritables sacrifices pour continuer cet 
elevage. 

La 3® categoric comprenait les croisements Durhams-Man- 
ceaux exclusivement ; ils etaient representes par 9 males et 
29 femelles seulement, bien que ces animaux soient tres nom- 
breux dans la Sarthe, la Mayenne, le^Maine-et-Loire et d'autres 
departements de la region de I'Ouest. Comme dans tous les 
concours, les plus beaux sujets semblaient etre des Durhams 
purs, differant simplement de ces derniers par la non inscription 



— 153 — 

au Herd-Book, ou du moins on rencontrait des metis fort avari- 
ces dans le sang, dont le croisement, continue depuis un certain 
nombre de generations, avait presque totalement fait disparaitre 
le sang Manceau. Aussi ces animaux superbes auraient-ils pu 
prendre place en bon rang dans la race pure. Tels etaient, en par- 
ticulier, les sujets remarquables exposes par M. Ricosset. Presque 
tons les animaux de cette categoric venaient de la Mayenne, du 
Finistere, de la Sarthe et de la Loire- Inferieure. On a trouve fort 
etrange que le Jury ait elimine et, par suite, exclu de la partici- 
pation aux recompenses quelques animaux, certainement les 
meilleurs, sous pretexte qu'ils ne pouvaient etre consideres 
conime des croisements parce qu'ils avaient trop de sang 
Durham ! 

La 4® categoric comprenait la race Parthenaise ou Vendeenne 
et les races analogues (Nantaise, Maraichine, Marchoise). Cette 
^ategorie etait fort bien representee par 17 males et 28 femelles, 
venant presque tons des Deux-Sevres, quelques-uns seulement 
de la Loire- Inferieure. G'est en effet dans le nord des Deux- 
Sevres qu'on trouve les Parthenais les plus purs. lis sont egale- 
ment tres nombreux dans la Vendee, la Loire- Inferieure, la 
Vienne et la Gharente- Inferieure. On sait que la vache Parthe- 
naise est assez laiti^re, elle produit en moyenne. 10 a 15 litres de 
lait par jour et tient son lait 8 mois environ, et 17 a 20 litres 
suffisent pour faire, en bonne saison, un kilogramme de beurre ; 
mais ce sont principalement les boeufs qui valent a cette race sa 
reputation : courageux au travail, a allure rapide, ils sont ener- 
giques et rustiques, mais leur developpement est long et souvent 
ils sont engraisses vieux. Les Parthenais sont une excellente race 
de boucherie, tres renommee pour la qualite de leur chair, donnant 
des rendements tres satisfaisants, grace au developpement de la 
culotte et a I'ampleur de leur conformation. Les prix de Gham- 
pionnat ont ete remportes par MM. Ghantecaille et Boinot et le 
prix d'ensemble par M. Gaillaud. 

La 5® categoric comprenait la race Mancelle, dont on retrouve 
encore de tres beaux specimens dans le nord de la Sarthe, dans 
les cantons de Gonlie et de Sille-le-Guillaume. Les animaux de 
cette categoric etaient au nombre de 27, dont 8 males et 19 fe- 
melles ; tons venaient de la Sarthe, tons avaient la couleur carac- 
teristique jaune clair ou froment. Gette race, dont les sujets ont 
les formes peu harmonieuses, une ossature exageree, des cuisses 
peu developpees, sont toutefois rustiques et sobres, aussi a-t:on 
nomme les vaches Mancelles « vaches du pauvre ». 

Les amendements calcaires, Temploi des phosphates ayant 
ameliore les cultures de cette region, on y introduisit la race 
Durham, dont le succes fut tres vif comme sang ameliorateur. 
Les nouveaux metis, designes sous le nom de Durhams-Man- 
ceaux, se substituerent bientot aux Manceaux dans les arrondis- 
sements d'Angers, de Bauge, de La Fleche, de Segre, de Ghateau- 
Gontier et de Sable. Toutefois, il faut le reconnaitre, il y a une 
tendance actuelle, dans la Mayenne et la Sarthe, a reconstituer 
cette race et a I'ameliorer par selection. 



— 154 — 

La 6® categoric, comprenant la race Bretonne, pie noire, etait 
la mieux representee apres la race Normande et comprenait 
31 males et 62 femelles. Le pays de Vannes a envoy e des sujets 
delicieux et, vraiment, on prendrait certaines genisses, voire 
meme des vaches et des taureaux adultes, pour de jolis petits 
animaux de luxe ; mais cette taille minuscule, qui est un defaut 
pour la boucherie, est rachetee par les plus pr^cieuses qualites 
laitieres ; il n'est pas rare, en eflet, de voir des vaches bretonnes 
donner 12 litres ae lait et plus par jour, d'un lait tres riche en 
creme ; de plus, elles tiennent leur lait presque pendant toute la 
periode de gestation et, comme ces animaux, appropries au sol 
natal, sont tres sobres et tres rustiques et se contentent le plus 
souvent de brouter la lande, on voit qu'ils sont tres economiques 
et tres precieux dans des terrains pauvres, comme il s'en ren- 
contre beaucoup sur les cotes de Bretagne. 

Tons les animaux de cette categoric venaient du Finistere et 
du Morbihan, un seul animal venait de la Loire-Inferieure. 

La 7® categoric comprenait la race Bretonne froment ou race 
de Leon, representee par 10 animaux mailes et 12 femelles, 
venant des C6tes-du-Nord, du Finistere et de I'lUe-et-Vilaine. 
Cette race, qu'on rencontre surtout dans le pays de Leon, aux 
environs de Tregiiier, est remarquable par son aptitude laitiere et 
sa rusticite, elle est de plus grande taille que la precedente et 
demande un sol plus riche. 

En Bretagne, les croisements de bretons avec les normands et les 
jersyais se generalisent de plus en plus ainsi que les croisements 
durhams, acu fur et k mesure que les cultures s'ameliorent. Toute- 
fois, dans le sud de la Bretagne, les eleveurs s'efforcent de main- 
tenir par selection les qualites laitieres de la petite variete bre- 
tonne pure et, dans le nord, de reconstituer la variete laitiere dite 
race froment de Leon. 

Enfm, la 8® categoric comprenait la race Jersyaise representee 
par 8 males et 16 femelles, dont 9 sujets sur 11 appartenant a 
M. Ayraud, Jules de Saint-Martin-de-Villeneuve (Gharente-Infe- 
rieure) ont ete primes. Les Jersyaises sont des betes de toute pre- 
miere valeur, elles passent pour etre les meilleures laitieres du 
monde. Comme les bretonnes, elles sont de petite race, leur robe est 
touj ours fauve, mais quelle finesse dans leur ossature, quels yeux 
brillants dans une tete elegante et cx)urte analogue a celle du 
cerf ! Le caractere doux et tranquille, les mamelles developpees 
de la vache jersyaise sont les indices les meilleurs d'une race 
laitiere. Les vaches jersyaises, en effet, produisent apres velage 
de 18 a 20 litres de lait par jour, 8 a 10 litres en moyenne, 15 a 
16 litres suffisent pour faire 1 kilogramme de beurre tres estime. 
Une bonne vache pent faire 125 kilos de beurre par an. Cette race 
est I'objet de la plus grande vigilance de la part des habitants de 
Jersey, qui prohibent I'entree dans leur ile de bovins etrangers 
vivants. A Jersey existe un Herd-Book, et certains animaux 
peuvent-etre seulement enregistres et d'autres qualifies (ces der— 
niers sont visites deux fois par an et seuls obtiennent des certifi— 



- 155 - 

cats d'exportation). II y a ^galement dans cette He anglaise des 
concours de beauts et des concours beurriers. II faut noter, en 
outre, rimportance accord^e aux taureaux ^ges qui sont jug^s 
d'apres le merite de leur progeniture. Ainsi, les taureaux de plus 
de 3 ans sont juges d'apres leur valeur individuelle et I'examen de 
5 vaches de leur progeniture. 

A Jersey, les animaux sont notes dans les concours d'aprds une 
^chelle de points et les prix sont repartis d'apres le nombre de 
points afficnes sur une pancarte dans I'enceinte du concours. 

Une 9® cat^gorie comprenait des races laitieres non d^nom- 
mees ci-dessus de la region de T Quest de la France (animaux de 
la race Bretonne pie rouge, Ayrshire, Cauchoise, etc.). 3 m&les 
seulement et 18 femelles etaient presentes. 

Enfin, une categoric tres interessante etait celle des bandes de 
vaches laitieres en etat de lactation, comprenant deux sections : 

1'® Section — Grandes races 

1 bande de 4 vaches durham-normandes ; 

5 bandes de 4 vaches normandes ; 

1 bande de 4 vaches durham-bretonnes. 

2^ Section — Petites et moyennes races 

1 bande de 4 vaches bretonnes froment ; 
3 bandes de 4 vaches bretonnes pie noire. 

Mais il faut reconnaitre que I'aspect exterieur de I'examen des 
caracteres particuliers ne suffit pas toujours pour porter unjuge- 
ment irreprochable sur une vache laitiere. L exemple donne par 
la Societe des Agriculteurs de France, en 1904, dans son Concours 
de Saint-Brieuc, et qui sera renouvele en 1907, a Angers, sous 
I'intelligente direction de M. d'Arboval, devrait etre suivi dans 
les grands Concours Agricoles organises par I'Etat. En 1904, une 
epreuve de quatre jours avait ete instituee, pendant lesquels le 
lait de chaque bande de trois vaches de meme race etait mesure, 
analyse, ecreme, le beurre fabrique, pese et soumis a la degusta- 
tion. Chaque animal, pese au debut de I'experience, recevait 
journellement une ration controlee, representant 4 % de son 
poids, valeur en foin. Les renseignements provenant de ces 
essais sont, jusqu'a ce jour, les seuls documents precis que Ton 
puisse citer sur la valeur reelle des races laitieres. Les jersyaises, 
puis les bretonnes pie-noire ont obtenu les premiers prix. 

En resume, au Concours de 1906, a Rennes, 509 animaux 
bovins avaient pris part au concours, tandis qu'en 1904 il y en 
avait 582. 

De mcme, la diminution des animaux a ete notable pour les 
ovins : 69 beliers et 56 lots de 3 brebis en 1904, centre 47 beliers 
et 42 lots de 3 brebis en 1906. 

Les troupeaux de moutons sont assez rares dans la region de 
r Quest, sauf sur le littoral maritime. Quelques lots des races du 
Cotentin et de I'Avranchin representaient les animaux eleves 
dans ces regions. 



— 156 — 

Les autres races etaient representees brillamment : 

1° La race berrichonne de I'lndre comprenait : 16 beliers et 
15 lots de 3 brebis, tous appartenant a M. Emile Charpentier, de 
rindre, et a M. Trefault, de Villedieu-sur-Indre, qui se sont, par 
suite, partage tous les prix attribues a cette race, qui comprenait 
de remarquables sujets ; 

2° La race charmoise, representee par : 9 beliers et 10 lots de 
3 brebis, appartenant presque tous a M. Albert Petit, de Ga- 
maches (Eure), et a M. le vicomte de Montsaulnin, a La Guerche 
sur-l'Aubois (Cher), qui se sont dispute chaudement tous les 
prix. 

La race poitevine comprenait 6 beliers et 4 lots de 3 brebis. 

Enfin, les races etrangeres a laine courte etaient representees 
par de superbes southdowns de la celebre bergerie de la Mande- 
rie, a M. Edmond Fouret, d'Ouzouer-des-Ghamps (Loiret). Ces 
animaux d'olite ont ete admires de tous les connaisseuvs. 

L'espece porcine qui comprenait, en 1904, 75 tetes, etait 
representee, en 1906, par 65 seulement. 

Cette partie du concours etait interessante, bien que Ton 
puisse trouver regrettable que les animaux craonnais aient ete 
aussi peu nombreux, et pourtant I'arrondissement de Chateau- 
gontier ou se trouve le centre de cet elevage est peu eloigne de 
Rennes et les prix offerts etaient tres eleves (150 fr., 130 fr., 
120 fr., 110 fr. et 100 fr.) pour les 7 males et autant pour les 
13 femelles exposees. 

M. Jules Boisseau, de TAubriere (Mayenne) a remporte tous 
les premiers prix et M. Gandon, Charles, de Grez-en-Bouere 
(Mayenne) a obtenu egalement plusieurs prix importants. 

La race normande comprenait 5 males et 5 femelles et les 
premiers prix attribues a de magnifiques sujets ont ete remportes 
par M. Gandon, precite. 

Une 3? categoric etait reservee aux races frangaises ou croise- 
ments entre ces races et representee par 4 males (perigourdins- 
craonnais et craonnais,bretons) et 4 femelles (perigourdine- 
craonnaise, craonnaise-bretonne, picarde-bourbonnaise et ven- 
deenne). 

La 4^ categoric comprenait les races etrangeres ou croisements 
entre ces races. — 7 males et 13 femelles, tous de race Yorkshire. 

La 5® categoric etait composee de croisements divers entre 
races etrangeres et races frangaises. 2 males seulement : 1 york- 
shire-craonnais et 1 craonnais-yorkshire-vendeen ; 9 femelles : 
k yorkshire-craonnaise, 2 yorkshire-normandes, 1 craonnaise- 
yorkshire-perigourdine, 1 craonnaise-yorkshire. 

Tel etait le concours des animaux des especes bovine, ovine et 
porcine. 

Nous ne dirons que quelques mots de la partie avicole du 
concours. 

Les animaux de Dasse-cour comprenaient 157 lots de coqs et 
poules de diverses races, 20 de canards, 22 de pigeons, 23 d oies 
et de dindons et 48 de lapins classes en deux categories : 



— 157 - 

1° Les animaux envoy es par les aviculteurs de profession et 
eleveurs-amateurs, et 2° les animaux envoyes par les agricul- 
teurs, proprietaires et fermiers. En general, les animaux etaient 
fort a I'etroit dans leurs cases ou la plupart des sujets des grandes 
especes, tels que les geants de Flandre et les lapins communs, les 
grands combattants, les grandes races etrangeres (langshans, 
Orpingtons, etc.) avaient peine a se retourner sur eux-memes et 
se redresser. On remarquait toutefois de tres beaux sujets et, de 
I'avis general, le concours avicole, dans son ensemble, etait 
superieur a celui de 1904. 

Enfm, nous avons remarque une tente fort coquette, oii 
I'Ecole de laiterie de Coetlogon ayait envoye une tres belle col- 
lection de ses produits presentes avec beaucoup d'amabilite par 
les gracieuses eleves de cet etablissement justement renomm^. 

L'expbsition des produits agricoles, en dehors des expositions 
toujours remarquables des maisons Vilmorin-Andrieux, de 
Paris, et Denaiffe, de Garignan (Ardennes), laissait fort a desirer. 

Dans I'exposition de vins, la Touraine seule avait envoye une 
collection assez importante de vins, organisee par TUnion vini- 
cole des proprietaires d'Indre-et-Loire ; il y avait en plus 6 ou 
7 exposants de TAnjou, parmi lesquels nous citerons M. Louis 
Mignot, de Rochefort-sur-Loire, qui a obtenu un diplome de 
medaille d'or pour ses vins blancs, et M. Louis Gasnier, de 
Souzay, auquel ont ete attribues un diplome de medaille d'argent 
pour ses vins rouges et un diplome de medaille d'argent pour ses 
vins blancs. Nos sinceres felicitations k nos excellents collegues. 

En outre, 1 ou 2 exposants du Loir-et-Gher et autant de la 
Sarthe et c'etait tout. Au reste, dans ce pays ou le cidre est la 
boisson ordinaire, les vins avaient peu d'attraits pour les visi- 
teurs qui passaient rapidement sans s'arreter, refusant meme 
la degustation gratuite. 

Nous terminerons en disant que I'exposition des Afachines 
avait une importance reelle et presentait un cachet tout particu- 
lier ; toutes les maisons reputees avaient tenii a envoyer leurs 
plus belles machines et leurs instruments les plus perfectionnes, 
mais la plupart des constructeurs ont semble peu satisfaits, ils ont 
peu vendu et tons reclament une reforme radicale des Goncours 
Nationaux actuals. 

Souhaitons qu'en 1907, a Angers, nos exposants soient nom- 
breux, ils peuvent etre assures dans tons les cas de trouver dans 
notre ville si hospitaliere un excellent et sympathique accueil ; de 
notre cote, nous ne negligerons rien pour que cette manifestation 
agricole soit un grand succes et donne satisfaction aux genereux 
donateurs et organisateurs et en particulier a la Societe des Agri- 
teurs de France. 



— 158 - 



Le Congrds national 
des Syndicats agricoles k Angers 

Juillet 4907 

Les journaux ont public des comptes rendus plus ou moins 
detailles sur les seances fort remplies du Congres des Syndicats 
agricoles qui s'est tenu a Vannes ; nous n'y reviendrons pas, 
sinon pour dire que, de cette premiere assemblee, tres reussie, 
r Union de la Bretagne rurale est sortie plus forte et plus vivante. 

Le seul reproche qu'il nous a ete donne d'entendre, durant ces 
assises de Tagriculture — n'est-ce pas plutot un compliment? — 
c'est celui-ci : 

« Quel dommage que nous ne puissions pas creuser davantage 
tel ou tel sujet ! Nous effleurons trop rapidement une foule de 
questions fort importantes ... » 

II est certain que deux journees sont bien courtes pour passer 
en revue tout ce qui captive en ce moment le public des champs, 
au point de vue economique et social. 

Aussi beaucoup se felicitaient-ils a la pensee que Fan prochain, 
a I'occasion du Congres national d'Angers, une semaine entiere 
sera assuree a I'etude des oeuvres syndicales si multiples et si 
necessaires, oeuvres d'enseignement, mutualite, cooperatives 
d'achat et de vente, etc. . . 

Ces seances, precedees et suivies par divers concours et expo- 
sitions, ne manqueront pas d'attirer a Angers, en juillet 1907, le 
monde agricole tout entier de I'Ouest et du Centre. 



Le G4rant, G. Grassin. 



Aagers, imp. Germain et G, OnuBsin. — 1G89-6. 



BULLETIN MENSUEL 



DE LA 



SOCIETE INDUSTRIELLE IT AGRICOLE 

D'ANGERS 
et du d^partement de Maine-et-Loire 



Le bulletin de la Soci6t6 Industrielle et Agricole d'Angers du 
mois d'aout 1906 ne contient, par exception, ni procds-verbal de 
stance, ni travaux de nos soci^taires, le mois d'aout 6tant, sui- 
vant I'usage, un mois de vacances dans lequel nous n'avons 
pas de stance. 

. Aussi avons-nous pens6 faire un bulletin special, consacr^ k la 
publication des renseignements precis, que nous pouvons com- 
muniquer^d^s maintenant, au sujet du Concours regional agricole 
libre d'Angers,^qui doit avoir lieu du 30 juin au 8 juillet 1907. 
Les documents que nous donnons aujourd'hui ont et6 ^labor^s. 
d'un commun accord, par la Societe des Agriculteurs de France 
et la Commission permanente du Concours. Toutefois, nous 
ferons observer k nos lecteurs que nous ne publions dans ce 
num^ro que le programme g^n^ral du Concours et le programme 
d^taill^ du Concours des animaux reproducteurs des esp^ces 
bovine, ovine et porcine. Nous y ajoutons le programme du 
Congrds international de viticulture, qui vient d'etre arrets et 
nous a et6 communique par M. Prosper Gervais, secretaire 
general de la Commission d'organisation. Les autres parties 
du Concours sont en ce moment k I'etude et nous publierons 
les programmes ulterieurement, au fur et k mesure qu'ils nous 
seront adress^s par les organisateurs charges sp^cialement des 
Congrds divers ou Expositions particuli^res enonc^s dans le 
programme general que nous publions ci-dessous. Nous prions 
tous nos societaires de faire autour d'eux une propagande 
active pour cette grande manifestation agricole et viticole 
appeiee k rendre les plus grands services k notre region. 



— 160 — 



PROGRAMME 6£n£RAL 

du Goncours Regional agricole libre d' Angers 

en 1907 
(du dimanche 30 juin au lundi 8 juillet) 



Organist par la Soci^t^ Industrielle et Agricole d' Angers et da 
d6partement de Maine-et-Loire et le Syndicat Agricole d'Anjou, 
sous le haut patronage et avec la subvention de la Soci^t^ des 
Agriculteurs de France, avec des subventions du Gonseil G^n^ral 
de Maine-et-Loire, de la ville d* Angers, de la Soci6t6 Industrielle 
et Agricole d' Angers, du Syndicat Agricole d'Anjou, de la plu- 
part des Gonseils G^n^raux des douze d^partements admis au 
Goncours et des principaux Cornices agricoles de Maine-et- 
Loire. 

Ce Goncours comprendra les douze d^partements suivants : 
le Maine-et-Loire, la Loire-Inf^rieure, le Morbihan, le Finistdre, 
les C6tes-du-Nord, I'llle-et-Vilaine, la Mayenne, la Sarthe, 
rindre-et-Loire, les Deux-Sdvres, la Vienne et la Vendue. 

II sera compost de : 

1° Un Goncours agricole d'animaux reproducteurs des espies 
bovine, ovine et porcine ; 

2® Un Goncours d*aviculture ; 

3^ Un Goncours de vins, cidres, poir^s, eaux-de-vie, produits 
agricoles divers ; 

4<* Un Goncours d'instruments agricoles et viticoles ; 

50 Un Goncours de primes culturales, qui comprendra deux 
parties : l® le Goncours de la 3® zone du d^partement de Maine- 
et-Loire (arrondissement de Cholet en entier et les cantons de 
Vihiers, Chalonnes et Thouarc^) ; 2^ un Goncours special d'en- 
semble des primes culturales pour tout le d^partement de 
Maine-et-Loire, sans distinction de zones ; 

6® Une Exposition d'horticulture ; 

7° Une Exposition scolaire d'enseignement agricole ; 

80 Un Gongr^s international de viticulture ; 

90 Un Gongr^s d'enseignement agricole ; 

10<> Un Gongrds national des Syndicats agricoles, organis6 par 
rUnion GentraJe des Syndicats des Agriculteurs de France. 



— 161 — 



Programme du Grand Goncours Regional libre 
d'animaux reproducteurs des esp^ces bovine, 
ovine et porcine, qui aura lieu, du vendredi 5 
au lundi 8 juiliet 1907, k Angers, place La 
Rocjiefoucault-Lianqourt. Goncours duvert aux 
12 ddpartements ^nujn^r6s ci-dessus. 



premiere division 
espece bovine 

Les Genisses de 2 a 3 ans et les Vaches de plus de 3 ans devront 
presenter des signes certains de gestation ou etre en p^riode de 
lactation. 

Un exposant ne pent presenter plus de deux animaux dans 
chaque section. 

Premiere Gat^gorie 

Animaux Durhams purs 

Ne peuvent §tre admis dans cette categoric que les animaux 
inscrits ou declares pour §tre inscrits au Herd-Book. 

MALES 

Premiere section — Animaux de 6 mois d i an 

!«' prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 

2e prix : 100 fr. 

2 mentions honorables. 

Deuxieme section — Animaux de i an a 2 ans 

!«' prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ; 
2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 
3® prix : 100 fr. 
2 mentions honorables. 

Troisieme soction — Animaux de plus de 2 ans 

1 er prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ; 
2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 
3e p -•ix : 100 fr. 

2 mentions honorables. 

FEMELLES 

Premiere section — Genisses et vackes au-dessous de3 ans 

ler prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ; 
2® prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 
3« prix : 100 fr. 
2 mentions honorables. 



— 162 — 

Deuxi^me section — Vaches pleines ou a lait de tout dge 

i^ prix : 200 fr. et une m^daille de vermeil ; 
2^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 
3« prix : 100 fr. ; 
2 mentions honorables. 

totaldesprix 2.300 fr. 

M^dailles et plaques 200 fr. 

Ensemble - 2.500 fr. 



DeUXI^ME CATioORIB 

Animaux Durhams-Manceaux 

MALES 

Premiere section — Animaux de 10 mois a 2 arts 

1«' prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ; 

2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 

3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ; 

4® prix : 100 fr. ; 

5® prix : 75 fr. ; 

6® prix : 50 fr. ; 

3 mentions honorables. 

Deuxi^me section — Animaux de plus de 2 an$ 

1«^ prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ; 

2« prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 

3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ; 

4® prix : 100 fr. ; 

5® prix : 75 fr. ; 

6® prix : 50 fr. ; 

3 mentions honorables. 

FEMELLES 

Premiere section — Genisses de i a 2 arts 

1®' prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 

2 prix : 150 fr. et une medaille de bronze ; 

3® prix : 100 fr. ; 

4® prix : 75 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Deuxieme section — Genisses de 2 d 3 ans 

1®' prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ; 

2 prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 
3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ; 
4® prix : 100 fr. ; 

5** prix : 75 fr. ; 

3 mentions honorables. 



— 163 -- 

Troisieme section — Vaches de plus de 3 ans 

1" prijt i 250 fr. et une m^daille de vermeil ; 

2* prijC : 200 fr. et une medaille d'argent ; 

3® pril : 150 fr. et une medaille de bronze : 

4e pris : 100 fr. ; 

5« pjw » 75 fr, ; 

3 iQfAtions honorables. 

Total des prix • , 3.725 fr 

M^dailles et plaques 275 fr. 



Ensemble- 4.000 fr. 

Troisieme Gat^gorie 

Animaux de race Parthenaise 
(Animaux Choletais, Vend^ens, Nantais, etc.) 

MALES 

Premiere section — Animaux de 10 mois A 2 ans 

i^ prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ; 
2« prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 
3« prix : 150 fr. ; 
4® prix : 100 fr. ; . 

1 mention honorable. 

Deuxi^me section — Animaux de plus de 2 ans 

l^ prix : 250 fr. et une medaille de vermeil ; 
2® prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 
3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ; 
4® prix : 100 fr. ; 
5® prix : 75 fr. ; 

2 mentions honorables. 

FEMELLES 

Premiere section — Genisses de 10 mois d 2 ans 

1®* prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 
2® prix : 125 fr. et une medaille de bronze ; 
3® prix : 75 fr. ; 
2 mentions honorables. 

Deuxieme section — Genisses de 2 d 3 ans 

I®' prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ; 

2® prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 

3® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ; 

4® prix : 75 fr. ; \ 

5® prix : 50 fr. ; 

2 mentions honorables. 



— 184 - 

TroisiSme section — Vaches de plus de 3 ans 

i^ prix : 250 fr. et une m^daille de vermeil ; 

2® prix : 200 fr. et une m^daille d'argent ; 

3® prix : 150 fr. et une medaille de bronze ; 

4® prix : 100 fr. ; 

5® prix : 75 fr. ; 

6« prix : 50 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Total des prix- 3.225 fr. 

M^dailles et plaques 275 fr. 

Ensemble - 3.500 fr. 

QUATRIEME CatAgORIB 

Animaux de race Bretonne 

Pourront concourir indistinctement les animaux de la petite 
race Bretonne pie noire, ou ceux de la race Bretonne froment. 

MALES 

Premiere section — Animaux de 10 mois d 2 ans 

i^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ; 
3® prix : 75 fr. ; 
2 mentions honorables. 

Deuxitoe section — Animaux de plus de 2 ans 

1« prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 
2® prix : 100 fr. et une m6daille de bronze ; 
3® prix : 75 fr. 
2 mentions honorables. 

[femelles 

Premiere section — Genisses de 10 mois d 2 ans^ 

I®' prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; I 
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ; 
3® prix : 75 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Deuxidme section — Vaches de plus de 2 ans 

I®' prix': 150 fr. et une medaille d'argent ; 
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze ; 
3® prix : 85 fr. ; 
4® prix : 70 fr. ;] 

3 mentions honorables. 

Total des prix-. 1.380 fr. 

M^dailles et plaques 120 fr. 

Ensemble - 1.500 fr. 



— 166 — 

CiNQUlilME CaT^GORIE 

Races diversea : l^* Normande, 2" Charolaise, 3^ Jersyaise. 

1° Race Normande 

MALES 

Premiere section — Animaux de 10 mois d 2 ans 

i^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 
2® prix : 75 fr. , 

1 mention honorable. 

Deuxieme section — Animaux de plus de 2 ans 

i^ prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ; 
2« prix : 150 fr. ; 
3® prix : 75 fr. ; 

2 mentions honoraJDioo. 

FEMELLE 

Premiere section — Genisses de 10 mow d 2 ans 

i^ prix : 150 fr. et une medaille d'argent 
2« prix : 75 fr. ; 

1 mention honorable. 

Deuxieme section — Vaches de plus de 2 ans] 

i^ prix : 200 fr. et une medaille de vermeil ; 
2® prix : 150 fr. ; 
3® prix : 75 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Total des prix- 1.300Ifr. 

M^dailles et plaques :. 200Vfr. 



rt 



Ensemble -.«...««.x. 1.500 fr. 
2° Race Charolaise 

MALES 

Premiere section — Animaux de 10 mois i 2 ans 

i^ prix : 100 fr. et une'm^daille d'argent ; 
2« prix : 75 fr. ; 

1 mentionThonorable. 

Deuxieme section — Animaux de plus de 2 ans 

1" prix : 150 fr. et une medaille de veroxeil j 
2« prix : 125 fr. ; 

2 mentions honorables. 



— 166 — 

FEMBLLES 

Premiere section — Genisses de 10 mois a 2 arts 

1« prix : 100 fr. et line m^daille d'argent ; 
2« prix : 75 fr. ; 

1 mention honorabL 

Deuxieme section — Vaches de plus de 2 arts 

!«' prix : 150 fr. et une m^daille de vermeil ; 
2* prix : 125 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Total des prix- 900 fr. 

Medailles et plaques 200 fr. 

Ensemble 1.100 fr. 

3® Race Jersyaise 

Les vaches seules au-dessus de 2 ans sont admises a concourir. 

Cat^gorie Unique 

i®* prix : 125 fr. et une medaille d'argent ; 
2® prix : 100 fr. et une medaille de bronze : 
3° prix : 75 fr. ; 
2 mentions honorables. 

Total des prix 300 fr. 

Medailles et plaques 100 fr. 

Ensemble 400 fr. 

Resume des races diverses 

lo Race Normande 1.500 fr. 

' 2<> Race Charolaise- 1.100 fr. 

3° Race Jersyaise-. .'.-.• 400 fr. 

Total 3.000 fr. 

SlXli:ME CATi:GORIE 

Croiaements divers : Normands, Qiarolais, Bretons et aiitres. 
Les femelles seules sont admises ^ concourir. 

Premiere section — Genisses de I a 2 ans 

i^ prix : 200 fr. et une medaille d'argent ; 

2® prix : 150 fr. ; 

3® prix : 100 fr. : 

4® prix : 75 fr. ; 

2 mentions honorables. 



— 167 — 

s 

Deuxiefne section — Genisses de 2 a 3 arts 
\^ prix : 250 fr. et une medaille d'argent ; 
2e prix : 200 fr. et une medaille de bronze : 
3® prix : 150 fr. ; 
4® prix : 125 fr. 
5« prix : 100 fr. ; 
6® prix : 75 fr. ; 
2 mentions honorables. 

Troisieme section — Vaches de plus de 3 ans 
1«' prix : 250 fr. et une medaille d'argent : 
2e prix : 200 fr. et une medaille de bronze : 
3e prix : 150 fr. ; 
4® prix : 125 fr. ; 
5e prix : 100 fr. ; 
6« prix : 75 fr. ; 
2 mentions honorables. 

Total des prix- 2 325 fr 

Medailles et plaques !.!!!! ' 175 fr! 

Ensemble- 2.500 fr. ' 

Concours special de vaches laiti^res 

PROGRAMME 

Article Premier. — Un concours beurrier ayant pour obiet 
de recompenser les vaches laiti^res qui produisent le plus de 
l^Z TJT 1 ^>''T ^'"'*~ des^eleveurs sur Spo^. 
Ztkteil^^^^^^^ reproducteurs aura lieu , An^ 

^?''- 2- — Sont admis a y prendre part les Agriculteurs faisant 
partie. de la circonscnption cfu Concours Regional libre d'AngeS 

Pour le bon fonctionnement des operations, le nombre des 
animaux admis ne pourra d^passer 25 pour la classe des grandes 
races, savoir : 10 pour les vaches n'ayant pas toutes leure dents 

tJJS^em" '* '' P'"' ""'^ a^ant'toutes leuSntrde 
Les grandes races comprennent seulement larace Parthenaiseet 

d'Angers, avant le ler jujn 1907. dernier d/lai! ^^^^ 

Elles seront enregistrees dans I'ordre de leur reception 

attdnt ''"'""^ ' ''"°'"^ '•"''' 'J"""^ '« nomb?e fixd sera 



— 168 — 

Toute inscription devra etre accompagnee d'un certificat du 
maire de la commune de I'exposant, etablissant que ranimal est 
8a propri^te depuis au moins un an, et etre accompagnee du 
droit d'entr^e, &x6 k 5 francs. 

Les proprietaires qui, pour cause de force majeure, nepour- 
raient amener les vaches inscrites devront en donner connais- 
sance a M. le Secretaire g^n^ral du Concours aussitot que pos- 
sible et, au plus tard, quinze jours avant I'ouverture du Concours, 
afin de permettre de nouvelles admissions. Le droit d'entree 
restera acquis a la Caisse du Concours. 

Art. 4. — Un exposant ne peut presenter plus d'une vache^ 
dans chaque categoric. 

MM. les Exposants sont invites, pour s'assurer toutes chances 
de succes et pour apporter le maximum d'int^ret au Concours, 
k se rendre compte par des essais faits* k la ferme que la vache 
qu'ils engagent est bien la meilleure de celles qu'ils possddent et 
a n' amener que des animaux presentant bien, au point de vue du 
modele, les caracteres de la race k laquelle ils appartiennent. 

Chaque animal devra etre accompagn^ d'un certificat legalist,, 
delivre par le veterinaire de sa region, constatant son bon 6tat 
sanitaire. 

Art. 5. — L'attribution des recompenses aura lieu d'aprfe le 

1)oids de beurre effectivement fourni par chaque vache pendant 
e concours, 

Art. 6. — Les prix attribu^s seront les suivants : 

Grandes Rages 

Premiere categoric — Vaches n'ayant pas toutes Uurs dents de 

remplacement (10 vaches admises) 

i^ prix : 150 fr. ; 
2® prix : 125 fr. : 
3« prix : 100 fr. ; 
4« prix : 75 fr. ; 
5® prix : 50 fr. ; 

Deuxieme categoric — Vaches ayant toutes Uurs dents de 
remplacement (15 vaches admises) 

i^ prix : 200 fr. ; 
2® prix : 175 fr. ; 
3® prix ; 150 fr. ; 
4® prix : 125 fr. ; 
5« prix : 100 fr. ; 
6® prix : 75 fr. ; 
7® prix : 50 fr. ; 

Races de Bretagne 

Cat^gorie unique (15 vachesydmises) 

i^ prix : 100 fr. ; 
2® prix : 75 fr. ; 



— 169 — 

3« prix ; 60 fr. ; 

4® prix : 50 fr. ; 

5® prix : 40 fr. ; 

6® prix : 30 fr 

7® prix : 25 fr. ; 

Pnx special k la vache ayant donn^ le lait le plus 

riche en beurre 75 fr, 

Prix special k la vache ayant donn6 le plus de lait. . . 70 fr. 

n sera r^parti entre les meilleurs trayeurs 100 fr. 

Total des prix. 2.000 fr. 

Pour plaques et mMailles .' 250 fr. 

Pour remuneration d'employ^s 250 fr. 

Ensemble 2.500 fr. 

Art. 7. — Les operations du Concours special beurrier sont 
T&gUes comme suit : 

Mercredi 3 juillet, arrivee des vaches avant 5 heures du soir, 
sous peine d'exclusion : r6ception et classement. 

Dans leur int^ret, MM. les exposants sont invites k installer 
leurs vaches aussitot que possible dans la journee du 3, pour les 
laisser se reposer et s'accoutumer a leur place. 

5 h. 1 /2 : traite d'epuisement devant les Commissions. 

Jeudi 4, vendredi 5, samedi 6, chaque jour, trois traites 
publiques : aprds chacune d'elles, pes^e du lait et ^cr^mage 
centrifuge. 

Dimanche 7, ^ 7 heures du matin, barattage de la creme totale 
de chaque vache et fabrication du beurre pour classement et 
attribution des prix. 

Art. 8. — Un rdglement int^rieur fera connaitre aux expo- 
Bants les heures de traite et les renseignements sur les operations 
jouf nalieres. Les traites seront faites par les employes des expo- 
sants, sous la surveillance du Jury. Le lait sera remis k la Com- 
mission de controle, qui se chargera de sa manipulation dans une 
laiterie appropri^e au caractere public et vulgarisateur du 
Concours. 

Chaque exposant prendra soin de ses[animaux ; il reste libre^de 
les nourrir comme il Tentendra. 

Art. 9. — Les vaches ne pourront etre enlevees'avant la fin'du 
Concours. Les prix et recompenses seront remis k la distribution 
generale. , 

Art. 10. — Pendant la duree du Concours,'"des'^conferences 
publiques seront faites sur Tindustrie laiti^re, la fabrication du 
neurre, le choix et Teievage des vaches laitidres, a des heures qui 
seront affichees k Tavance. 

Art. 11. — Toute question non prevue au programme sera 
tranchee soit par la Commission d'organisation de la Societe des 
Agriculteurs ae France, soit par le Jury des recompenses, sans 
qu'il y ait lieu a reclamation. 



— 170 - 

Prix d'ensexnble pour les anixnaux 
de I'esp^ce bovine 

Prix d'ensemble 

Une somme de 1.200 fr., provenant du legs Dessaignes (prix 
de fondation mis k la disposition du Concours par la Societe des 
Agriculteurs de France), sera divise en deux pnxegauxde 600 fr. 

Une somme de 500 fr., offerte par M. Bordeaux-Montrieux, 
president de la Societe Industrielle et Agricole d' Angers, sera 
divise en deux prix : Tun^de 300 fr., I'autre de 200 /** 

deuxiEme division 
espEce ovine 

PREMlilRE CaTEGORIE 

Races frangaises pures ou croisees 

Premiere section — Belters de i a 3 ans 

1« prix : 60 fr. et une medaille de bronze ; ' 

2® prix : 40 fr. ; 

3« prix : 20 fr. •, 

4« prix : 15 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Deuxieme section — Brebis apec agneaux, chaque lot comprenarU 

au moins 2 brebis 

1©' prix : 60 fr. et une medaille de bronze ; 

2® prix : 50 fr. ; 

3® prix : 40 fr. ; 

4® prix : 30 fr. ; 

5® prix : 20 fr. ; 

6® prix : 15 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Deuxiieme Cat^igorie 
Races etrangeres pures 

Premiere section — Beliers del d3arv. 

i^ prix : 60 fr. et une medaille de bronze ; 

2® prix : 40 fr. ; 

3® prix : 20 fr. ; 

4® prix : 15 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Deuxieme section — Brebis avec agneaux, chaque lot comprenant 

au moins 2 brebis 

i^ prix : 60 fr. et une medaille de bronze ; 
2® prix : 50 fr. ; 



— 171 



3® prix : 40 fr. 

4® prix : 30 fr. ; 

5® prix : 20 fr. ; 

6® prix : 15 fr. ; 

2 mentions honorables. 



• 



Total des prix- 700 fr. 

Medailles et plaques iOO fr. 

Ensemble- :00 fr. 



troisiEme division 

ESPfiCE PORCINE 

L'age des animaux de I'espece porcine est calcule au 1^ juin 
. 1907. Les animaux exposes devront etre n^s avant le 1®' no- 
vembre 1906. Un exposant ne pent presenter plus de 2 animaux 
dans chaque section. 

Premii^re CatAgorie 

Race Craonnaist 

Tous les animaux exposes dans cette categorie qui pr^sente- 
ront des indices certains de croisement avec des races anglaises 
seront mis hors concours par le Jury. 

Premiere section — males 

I®' prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 

2® prix : 130 fr. et une medaille de bronze ; 

3« prix : 120 fr. ; 

4® prix : 100 fr. ; 

5® prix : 50 fr. ; 

2 mentions honorables. 

Deuxi^me section — femelles 

1®' prix : 150 fr. et une medaille d'argent ; 

2® prix : 130 fr. et une medaille de bronze ; 

3® prix : 120 fr. ; 

4® prix : 100 fr. ; 

5® prix : 50 fr. 

2 mentions honorables. 

DeUXI^ME CATiJGORIB 

Races frangaises ou croisements entre ces races 

Premiere section. — males 

i^ prix : 100 fr. et une medaille d'argent ; 

2® prix : 75 fr. ; 

3® prix : 35 fr. ; 

2 mentions honorables. 



— 172 — 

■ Deuxi^me section — femelles 

1« prix : 100 fr, et une m^daille d'argent ; 
2* prix : 75 fr. 
3* prix : 35 fr. 
2|mentions honorables. 

Total des prix- 1.520 fr. 

M^dailles et plaques 180 fr. 

Ensemble - 1.700 fr. 



Rdsumd des prix pour les anixnaux des races 

bovines, ovines et porcines 

"^ iIages Bovine s : 

lo Animaux diu'hams purs 2.500 fr. 

2® Animaux durhams-manceaux 4.000 fr. 

3® Animaux de race parthenaise (animaux choletais 

vend^ens, nantais) 3.500 fr. 

4° Animaux de race bretonne 1 . 500 fr. 

b^ Races diverses : 

lo Normande 1 . 500 fr. 

2° Charolaise 1.100 fr. 

3*> Jersyaise 400 fr. 

6** Croisements divers : normands, charolais, 

bretons 2. 500 fr. 

70 Vaches laitieres [ 2.500 fr. 

Prix (Tensemble : 

lo Prix Dessaignes, offert par la Society des Agri- 

culteurs de France 1 . 200 fr. 

2® Prix offert par M. Bordeaux-Montrieux, presi- 
dent de la Societe Industrielle et Agricole d*An- 

gers 500 fr. 

EsPECE Ovine : 800 fr. 

EspECE Porcine : 

lo Race craonnaise 1 . 100 fr. 

2® Croisements 420 fr. 

30 Plaques et medailles , 180 fr. 

Total 23.700 fr. 



A 



NoTA. — Les sommes d^taill^es ci-dessus et attributes k 
chaque race ou croisement ne le sont qu'^ titre de simple indica- 
tion. Immediatement apres le classement des animaux, le Jury 
sup^rieur qui statuera sur Tensemble du Concours aura le droit, 
s*il le juge utile, de faire en dernier ressort la repartition que bon 
lui semblera des sommes indiquees plus haut, suivant Timpor- 
tance ou la valeur des animaux exposes dans chaque classe ou 
categoric. 



— 173 — 

L'inscription des animaux des especes bovine, ovine et por- 
•cine devra avoir lieu au siege social de la Soci6t6 Industrielie et 
Agricole d'Angers, 7 rue Saint-Blaise, avant le 1®' juin 1907, 
dernier delai de rigueur. 

Un rdglement paraitra ulterieurement et contiendra tous les 
renseignements utiles pour participer au Concours ; il/ sera 
^envoye k tous ceux qui en feront la demande. 



Gongr^s international de Viticulture 
(Angers, 6-9 juillet 1907) 

COMMISSION D'ORGANISATION 

Presidents (Thonneur : 
MM J 
Jules Meline, senateur, ancien president du Conseil des Mi- 
" nistres, president de la Commission internationale d'agri- 

culture ; 
Le marquis de Vogue, membre de I'Academie frauQaise, pr^si- 
"* dent de la Societe des Agriculteurs de France ; 
Jean Dupuy, senateur, ancien ministre, president de la Soci^t6 
des Viticulteurs de France. 

President : 

M. BoRDEAux-MoNTRiEux, president de la Societe Industrielie 
et Agricole d'Angers et du departement de Maine-et-Loire. 

Vice-Presidents : 
MM. 

PouBELLE, ambassadeur, president de la Section de Viticulture 
de la Societe des Agriculteurs de France ; 

Pierre Viala, inspecteur general de la Viticulture, vice-presi- 
dent de la Commission internationale permanente de Viticul- 
ture ; 

Henry Sagnier, membre de la Societe Nationale d'Agriculture, 
secretaire general de la Commission internationale d'Agricul- 

^ ture ; 

Emile DupoRT, vice-president de la Societe des Agriculteurs de 
France et de la Societe des Viticulteurs de France ; 

Maurice Massignon, president de I'Union des Viticulteurs de 
Maine-et-Loire, president de la Commission de Viticulture 

d'Angers ; 

Ch. Aylies, secretaire general de la Society des Agriculteurs de 
France. 

Secretaire general : 

M. Prosper Gervais, secretaire perpetuel de la^Commission 
internationale permanente de Viticulture, vice-president de la 
Societe des Agriculteurs de France et de la Societe des^Viti- 
culteurs de France. 



— 174 — 

Secretaires generaux adjoints : 
MM. 
Jean Gazelles, membre du Conseil sup^rieur de T Agriculture, 

secretaire general de la Societe des Viticulteurs de France ; 
Le D' SiGAUD, vice-president de la Societe Industrielle et Agricole 
et secretaire general de TUnion des Viticulteurs de Maine-et- 
Loire. 

Secretaires : 
MM. 
Raymond Gavoty, secretaire de la Society des Viticulteurs de 

France et de la Section de Viticulture de la Societe des Agri- 

culteurs de France ; 
Gilles-Deperriere, directeur de la Station viticole de Saumur, 

president du Cornice agricole de Saint-Georges-sur-Loire ; 
Bacon, professeur sp^ial d'agriculture a Saumur : 
Lepage, professeur special de viticulture a la Station viticole de 

Saumur ; 
Pacottet, maitre de conferences a Tficole nationale d' Agricul- 
ture de Grignon, secretaire de la Societe des Viticulteurs de 

France ; 
Joseph Blanchemain, secretaire-ad ioint de la Societe des Agri- 

culteurs de France ; 
Leon MoREAU, directeur du laboratoire d'oenologie de Maine-et- 

Loire 

Secretaire-tresorier : 

M. Felix BouFFET, secretaire du Syndicat national de defense de 
la Viticulture fran^aise, secretaire general-adjoint de rUnion 
des Associations viticoles de France. 

Membres : 
MM. 
Battanchon, inspecteur de I'Agriculture, directeur de La Vigne 

americaine ; 
Bethmont, vice-president de la Societe des Viticulteurs de 

France ; 
BouRciER (Leon), maire de Rablay, viticulteur k Rablay 

(Maine-et-Loire) ; 
Causse (Pierre), archiviste de la Societe des Viticulteurs de 

France ; 
Cazeaux-Cazalet, depute de la Gironde, membre de la Com- 
mission internationale permanente de Viticulture ; - 
Chandon de Briailles (Comte Raoul), vice-president de la 

Societe des Viticulteurs de France, membre de la Commission 

internationale permanente de Viticulture*, 
Chatry de la Fosse (Baron), vice-president de la Section de 

Viticulture de la Societe des Agriculteurs de France -, 
Co u ANON, inspecteur general de la Viticulture, menibre de la 

Commission internationale permanente de Viticulture ; 
CouDERC (Georges), membre de la Commission internationale 

permanente de Viticulture ; 



- 175 -- 

Drake del Castillo, propri^taire-viticulteur, k Monts (Indre- 

et-Loire) ; 
Degrully, directeur du Progres agricole et viticoUy k Montpellier; 
Deloncle (Charles), depute, ancien inspecteur de Tenseigne- 

ment agricole, membre de la Commission intemationale per- 

manente de Viticulture ; 
De Dreux-Brez^: (Marquis), membre du Conseil de direction de 

la Societe dee Viticulteurs de France, proprietaire-viticulteur, 

a Brez6 (Maine-et-Loire) ; 
DuvERGiER de Hauranne, membrc du Conseil de la Soci6t6^ 

des Agriculteurs de France ; 
Ferrouillat, directeur de Tficole nationale d' Agriculture de 

Montpellier. membre de la Commission intemationale perma- 

nente de Viticulture ; 
Fremy, president du Comice agricole et viticole de Maine-et- 
Loire, maire de Chalonnes ; 
Gavoty (Georges), secretaire de la Societe des Agriculteurs de 

France ; 
Gayon, correspondant de I'lnstitut, pi'ofesseur doyen de la 

Faculte des Sciences de Bordeaux ; 
GuiLLON, directeur de la Station viticole de Cognac ; 
Hennessy, president du Comite de Viticulture de Cognac, a 

Cognac (Charente) ; 
Lapparent (H. de), inspecteur general de I'Agriculture ; 
LiouviLLE (F^lix), secretaire general adjoint de la Society des 

Viticulteurs de France, secretaire general du Syndicat natio- 
nal de la Viticulture frangaise et de TUnion des Associations 

viticoles de France ; 
LivoNNiERE (Comte de), vice-president de la Societe Indus- 

trielle et Agricole d'Angers et du departement de Maine-et- 
Loire ; 
Martell, industriel, ancien senateur, president de la Chambre 

de Commerce, a Cognac (Charente) ; 
Du Perier de Larsan (Comte), depute de la Gironde, membre 

de la Commission intemationale permanente de Viticulture ; 
D' Peton, ancien maire de Saumur, vice-president de 1' Union 

des Viticulteurs de Maine-et-Loire et de la Commission de 

Viticulture d'Angers ; 
Ravaz, professeur de viticulture k I'Ecole nationale d' Agricul- 
ture de Montpellier, membre de la Commission intemationale 

permanente de Viticulture ; 
De la RocHEMAci), proprietaire-viticulteur k Couff^ (Loire- 

Inferieure) ; 
Saint-Ren6 Tallandier (Henri), vice-president de la Society 

des Viticulteurs de France, membre de la Commission inter- 

nationale permanente de Viticulture ; 
Salomon (fitienne), membre de la Commission intemationale 

permanente de Viticulture ; 
Silvestre (Claude), secretaire general de la Societe regionale de 

Viticulture de Lyon, membre de la Commission Internationale 

permanente de Viticulture ; 



— 176 — 

TissERAND, directeur honoraire de 1' Agriculture, president 

d'honneur de la Societe des Viticulteurs de France, membre de 

la Commission internationale permanente de Viticulture ; 
Vavasseur (Charles), proprietaire-viticulteur, a Vouvray 

(Indre-et-Loire) ; 
Verneuil, president du Comice agricole de Saintes (Charente- 

Inferieure), proprietaire-viticulteur, k Cozes ; 
Vermorel (Victor), president du Comice agricole du Beaujolais, 

membre de la Commission internationale permanente de 

Viticulture ; 
Vbzin, professeur departemental d' Agriculture de Loir-et-Cher. 

k Blois. 

RfiGLEMENT DU CONGRfiS 

Article premier. — A I'occasion du Concours Regional agri- 
cole qui aura lieu a Angers en juillet 1907, il est institue en cette 
ville un Congres International de Viticulture. 

Art. 2. — Ce Congres s'ouvrira le samedi 6 juillet, k 9 heures 
du matin, et durera les 7, 8 et 9 juillet 1907. 

Art. 3. — Seront membres du Congres les personnes qui 
auront adresse leur adhesion au Secretaire general de la Commis- 
sion d' organisation avant I'ouverture de la session, ou qui se seront 
fait inscrire pendant la duree de celle-ci, et qui auront acquitt^ 
le montant de la cotisation fixee k 10 francs. 

Art. 4. — Les Societes d' Agriculture, Comices, Syndicats, et 
generalement totites Associations ayant un caractere agricole 
peuvent faire partie du Congres et y envoyer des del^gues ; la 
cotisation est aue pour chaque delegue. 

Art. 5. — Sur le paiement de leur cotisation, les membres du 
Congres recevront une carte qui leur sera delivr^e par les soins de 
la Commission d'organisation. Ces cartes sont strictement per- 
sonnelles ; elles donnent droit a I'entree gratuite dans toutes les 
parties du Concours agricole d' Angers. 

Art. 6. — Les membres du Congres recevront en outre, 
gratuitement, toutes les publications emanant du Congres, y 
compris le compte rendu in extenso de ses travaux,^ lequel sera 
publie par les soins de la Commission d'organisation. — lis 
pourront prendre part a I'excursion qui cloturera le Congres. 

Art. 7. — Les delegu^s des administrations publiques et 
etrangeres jouiront des memes droits que les membres du 
Congres. 

Le Bureau de la Commission d'organisation fera proc^der, lors 
de la premiere seance, a la nomination du bureau du Congres, qui 
aura la direction des travaux de la session. 

Art. 8. — Le Congres comprend des seances generates, des 
visites k des etablissements ou exploitations viticoles et agricoles, 
et une excursion dans les vignobles^del' Quest (Maine-et-Loire el 



— 177 — 

Loire-Inferieure), des Charentes (Charente-Inferieure etjCha- 
rente) et du Centre de la France (Indre-et-Loire et Loir-et-Cher). 

Art. 9. — Le Congres ne comprenant que des seances generales 
et aucune reunion preparatoire de sections, les rapports |qui 
doivent faire la base des discussions et des travaux du Congres 
devront etre remis a tous les adherents par les soins de la Com- 
mission d'organisation, un mois au moins avant Touverture du 
Congres, de fagon a en permettre I'etude prealable. 

Art. 10. — Aucun travail ne pent etre presente en seance, ni 
servir de point de depart a une discussion si, avant le 1®' avril 
1907, I'auteur ne Fa communique a la Commission d'organisa- 
tion. 

Art. 11. — Les membres du Congres qui auront pris la parole 
dans une seance devront remettre au secretaire, dans les vingt- 
(juatre heures, un resume ou le texte meme de leurs communica- 
tions en vue des proces-verbaux. Dans le cas ou cette remise 
n'aurait pas ete faite, le texte redige par les secretaires en tiendra 
lieu. La langue fran^aise sera adoptee pour les publications et les 

f)roces-verbaux du Congres. Toutefois les communications ^en 
angue etrangere seront admises, soit verbalement, soit par ecrit ; 
le Bureau du Congres devra en faire ulterieurement la traduction 
en langue frangaise. 

Les orateurs ne pourront occuper la tribune pendant plus de 
15 minutes, a moins que I'Assemblee consultee n'en decide 
autrement. 

Art. 12. — Le Bureau du Congres statue en dernier ressort sur 
tout incident non prevu au present reglement. 

Toutes les communications relatives au Congres doivent etre 
adressees a M. Prosper Gervais, secretaire g^n^ralMe la Com- 
mission d'organisation, 20, rue Cambon, k Paris. 



PROGRAMME DU CONGRES 

La question des vignes americaines il y a vingt arts et aujourd^huL 

Rapporteur : M. Pierre Viala, inspecteur g^n^ral de la Viticul- 
ture, professenr k I'lnstitut national agronomique. 

Le greffage et la qualite des vins 

Rapporteurs : 
Bordelais : M. Bord, secretaire general du Syndicat regional 

agricole de Cadillac ; M. Capus, professeur special d'agricul- 

ture, k Cadillac (Gironde). 
Bourgogne : M. Pacottet, chef des travaux a I'lnstitut agrono- 

migue, maitre de conferences de viticulture a I'Ecole de 
^ Grignon, proprietaire-viticulteur k Nuits-Saint-Georjges (Cote- 
>d'Or) ; 



— .178 — 

Yonne : M. Rousseaux, directeur de la Station agronomique de 
PYonne, a Auxerre. 

Anjou : M. le marquis de DREUx-BRi:zE, proprietaire-viticulteur 
a Breze ; M. Bacon, professeur special d'agriculture a Saumur 
(Maine-et-Loire), et M. Lepage, professeur special de viticul- 
ture a la Station viticole de Saumur. 

Espagne : M. Sal as y Am at, ingenieur-agronome a Malaga. 

Italie : M. Paulsen, directeur des champs d'exp^riences et pepi- 
ni^res gouvernementales a Palerme. 

Hongrie : M. Victor Kosinsky, directeur de I'Ecole de Viticul- 
ture d'Arad, inspecteur de Viticulture de Tokai. 

Portugal : Duarte d'Oliveira, proprietaire-viticulteur k Porto, 
secretaire de la Real Liga agraria do Norte. 

Le greffage et la qualite des eaux-de-vie 

Rapporteurs : M. Guillon, directeur de la Station viticole de 
Cognac, et M. Verne uil, president du Cornice viticole de 
Saintes. 

Le greffage et la production des raisins de table 

Rapporteurs : M. Salomon (fitienne), proprietaire-viticulteur a 
Thomery (Seine-et-Marne), et M. Tacussel (Alexandre), pre- 
sident de la Societe d' Agriculture de Vaucluse. 

Les producteurs directs et la qualite des vins 

Rapporteur : M. Roy-Chevrier, secretaire general de I'Union 
agricole et viticole de Chalon-sur-Saone, proprietaire-viticul- 
teur au Chalet du Peage (Saone-et-Loire). 

De la variation des cepages par selectiony culture ou greffage 

Rapporteur : M. Ravaz, professeur de viticulture a I'Ecole natio- 
nale d' Agriculture de Montpellier. 

La viticulture septentrionale 

Rapporteur : M. Adrien Berget, agreg^ de TUniversite, proprie- 
taire-viticulteur a Pontaillier-sur-Saone (C6te-d'0r). 

La densite des plantations ; les tailles tongues et les tailles courtes, 

au regard de la qualite des produits 

Rapporteurs : M. Durand, directeur de Tficola d' Agriculture 
tfficully, et M. Guicherd, professeur departemental d' Agri- 
culture de la Cote-d'Or. 

Des procedes rationnels de vinification 

Rapporteur : M. Semichon, directeur de la Station oenologique 
ae I'Aude, a Narbonne. 



— 179 — 

Les fraudes sur les vins an point de vue international 
Rapporteur ; M. Tallavignes, inspecteur de 1* Agriculture. 

Des noms et certificats (Torigine 

Rapporteur : M. Alphonse Vivier, president du Cornice agricole 
et viticole de Cognac, directeur du Moniteur de Cognac, 

Eoctension de la Convention de Madrid et adoption de mesures 

uniformes pour les garanties d' origin 

Rapporteur : M. Cazeaux-Cazalet, depute de la Gironde. 

Etoblissement de regies communes a toutes les nations pour V ana- 
lyse des if ins, la determination des elements constitutifs des vins 
naiurels et des elements necessaires a leur conservation. 

Rapporteur : M. Xavier Rocques, chimiste-expert, membre du 
Comite techaique d'cenologie. 

Le programme precedent comprend essentiellement les ques- 
tions sur lesquelles des rapports seront presentes aux delibera- 
tions du Congres. 

Les viticulteurs de tons les pays sont invites a transmettre a 
la Commission d' organisation les observations et les travaux sur 
les questions inscrites au programme ainsi que les documents 
qui s'y rapportent. 

Le delai pour ces diverses communications est fix6 au 
1« avril 1907. 

Le Congres sera imm^diatement suivi d'une excursion dans 
les vignobles du Maine-et-Loire et de la Loire- Inferieure ; de la 
Charente-Inferieure et de la Charente ; de I'lndre-et-Loire et du 
Loir-et-Cher. 

Le programme d^taille ainsi que les conditions de cette excur- 
sion seront ulterieurement publics. Seules pourront y prendre 
part les personnes qui auront adhere au Congres. 



« 
La Commission d'organisation fait appel aux viticulteurs de 

tous les pays ; elle leur demande de lui apporter leur concours 

pour accroitre I'importance et I'eclat de cette grande reunion 

destinee a resserrer les liens qui les unissent. 

L'examen du programme indique que le Congres aura k dis- 

cuter des questions tr^s importantes, qui touchent a la vie 

meme de la ViticulturieF(0t k sa prosperity : la Commission d'orga- 



— 180 — 

nisation serait heureuse de recevoir I'adhesion des principaux 
viticulteurs; elle leur demande de I'aider de leur experience et de 
leurs lumi^res et de lui communiquer les documents qu'ils pour- 
raient lui adresser sur les questions inscrites k I'ordre du jour de 
la^session. 

Le President de la Commission d^organisaiion, 

BORDEAUX-MONTRIEUX. 

LeSecrelaire general, 
Prosper Gervais. 

Ci-inclus un bulletin d' adhesion au Congres international de 
Viticulture. 

Les adhesions et communications relatives au Congres sent 
regues par M. Prosper Gervais, secretaire generaljS'ue Gambon '^^t 
k Paris. 



Le G4rant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et G. Grasdxu -* 1858-6. 



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SOCIETE INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 



D'ANGERS 



et du d^partement de Maine-et-Loire 



Proc^-verbal de la stance du samedi 28 juillet 1906 



Presidence de M. le comte de Livonni^ire, vice-president. 

fitaient presents : MM. le D^ Sigaud et Andre Huau, membres 
du Bureau ; M. Gilles-Deperri^re, vice-president d'honneup; 

MM. Lavallee, Moreau, Vinet, betton-Allard, Edouard 
Lafarge, Kiehl, Chaillou, Fourmond fils, Bernard-Chauvir^, 
baron Le Guay, Ferr^-Hamon, Leon Bourcier. 

— M. Andr6 Huau, vice-secretaire, donne lecture du procfe- 
verbal de la derniere seance. Ce proc^s-verbal est adopte sans 
observations. 

— Un voeu est emis k Tunanimite pour la conservation k 
Fontevrault des remarquables statues des Plantagenets, rois 
d'Angleterre. 

— M. le President, au nom de la Societe Industrielle et Agri- 
cole d' Angers et du departement de Maine-et-Loire, adresse de 
sinceres remerciements a M. Bordeaux-Montrieux, president de 
la Societe, pour le don de cinq cents francs qu'il a fait pour le 
Concours de 1907. 

— A Toccasion de sa premiere presidence, M. le comte de 
Livonniere prononce Tallocution suivante : 

« Remplissant pour la premiere fois les nouvelles fonctions de 
vice-president que vous m'avez confiees et dont je vous remercie 
a nouveau bien cordialement, il m'a semble utile, surtout aprds 
les renouvellements importants qu'a du subir notre Bureau, de 
vous faire une declaration tres nette sur nos intentions et la 
ligne de conduite que nous nous sommes imposee d'un commun 
accord. 

« Nous tenons k suivre la voie tracee par notre tr^s regrett6 



- 182 — 

president, M. le s^nateur comte de Blois, c'est-a-dire qu'avant 
tout nous voulons, d*une fagon absolue, maintenir envers et 
contre tous, a nos seances, le grand principe de la tr^s libra dis- 
cussion ; nous estimons qu'il vaut mieux tolerer meme quelques 
vivacites de langage, qu'il est toujours facile de rectifier ensuite, 
que d*ap porter une contrainte quelconque dans la libra exposi- 
tion des idees. 

« L'Assemblee pourra, si bon lui semble, apr^s toute discus- 
sion, se prononcer dans le sens qu'elle voudra pour les vceux ou 
conclusions qu'elle entendra, par sa majorite, adopter. 

« Tant que nous serons en fonctions, nous appliquerons stric- 
tement ces regies qui, en dehors de toute consideration d'^quite 
et de bonnes relations a entretenir entre collegues, pauvent 
seules apporter les Elements d'interet et de succes que nous 
rechercherons toujours pour not re Societe. 

« Nous tenions, Messieurs, a nous expliquer clairement 
devant vous, pour empecher toute interpretation qui serait 
contraire k nos sentiments. » 

— M. Moreau, membre titulaire, directeur du Laboratoire 
d'ocnologie, donne lecture de son travail intitule : A trailers le 
{^ignoble allemand. 

Ce compte-rendu a vivement interesse Tauditoire et M. le Pre- 
sident adresse a Tauteur de chaudes felicitations. 

Le travail de M. Moreau paraitra en entier dans un de nos 
bulletins mensuels. 

— M. le D' Sigaud, vice-president, fait part a la Societe des 
observations recueillies, en compagnie de M. Bordeaux-Mon- 

. trieux et de M. Andre Huau, sur le Goncours national de Rennes, 
en vue du grand Goncours regional d'Angers de 1907. Get inte- 
ressant repport sera public egalement en entier dans un de 
nos bulletins mensuels. 

— Reception des candidats presentes le 30 juin 1906 : 

M. Maurice de Soland, conseiller d'arrondissement, maire de 
Thouarce, chateau de Ghantdoiseau, par Thouarce ; 

M. Paul Labesse, docteur en medecine, 38, rue des Lices, 
Angers ; 

M. Louis Pele, negociant en grains, adjoint au maire de 
Freigne (Maine-et-Loire) ; 

M. Gonrairie. proprietaire, a la Haie, Bourg-d'Ire ; 

M. Besnier, medecin-veterinaire, proprietaire a Segr6 ; 

M. Gharles Trocherie, negociant, marchand de chaux a Cha- 
lumelaie, commune de Vern (Maine-et-Loire) ; 

M. Jean Halope, proprietaire, marchand de bestiaux, k la 
' Boullaie, Sainte-Gemmes-d'Andigne, par Segre ; 

M. Jules Delestre, proprietaire-agriculteur, a Vergonnes, par 
Pouance ; 

M. Gharles Hastron, commandant en retraite, a La Posson- 
ni^re, 
sont tous rcQUs, a Tunanimite des voix, membres titulaires. 



— 183 — 

— Presentation de candidats : 

M. Gabriel Rayer, distillateur, vins en gros, boulevard du 
Ch&teau, Angers, presents par M. Suaudeau et le D^ Sigaud ; 

M. le baron Prosper de Manneville, maire de Baracd, cMteau 
de la Motte (Barac^), presents par M. le comte Jean d'Andign^ et 
M. le vicomte Louis de Romain ; 

M. Rene Gauvin, depute de Maine-et-Loire, a Saint-Augustin, 
pres les Justices, Angers, presente par M. le I> Monprofit et 
M. le DT Sigaud ; 

M. Adolphe Pieau, proprietaire a Segre, pr6sent6 par M. Bor- 
deaux-Montrieux et M. Vaugouin ; 

M. Rosier (Rene-Adrien), medecin v6t6rinaire, 28, rue du 
Commerce, Angers, presente par M. le D'" Sigaud et M. Mellet. 

L'ordre du jour etant epuise, la stance est levee k 4 heures. 

Le VkeSecritaire 

Andr6 Huau. 



Rapport sur le 54^ Concours d^partemental 
des animaux reproducteurs des e spaces 
bovine^ ovine et porcine et le concours des 
beurres d' Angers (29 septembre 1906). 

Par le D* Sigaud, vice-president de la Societe Industrielle 

et Agricole d' Angers. 

Le 29 septembre 1906 a eu lieu, k Angers, le 54® Concours 
'd^partemental des animaux reproducteurs des especes bovine, 
ovme et porcine ainsi qu'un concours de beurres. Le concours 
des animaux bovins se tenait dans I'avenne Jeanne-d'Arc, celui 
des ovins et des porcins sur Templacement d'un des quinconces 
du Jardin du Mail et le concours des beurres dans une salle du 
restaurant Castagnon. 175 animaux de Tespece bovine, 4 beliers, 
4 lots de brebis, 18 pores ont ete presentes et le Jury du concomrs 
des beurres a eu a examiner 13 echantillons. Cette annee les con- 
currents avaient du faire inscrire leurs animaux quinze jours 
avant la date du Concours, cette mesure nouvelle a permis aux 
organisateurs de tout preparer a Tavance, de placer les pancartes 
avant Tarriv^e des animaux, aussi le classement s'est-il fait 
immediatement et sans la moindre difficulte. A 10 heures les 
diff^rents Jurys pouvaient entrer en fonctions. L'ensemble du 
concours a paru tres satisfaisant, les animaux etaient sensible- 



- 184 - 

ment plus nombreux qu'au precedent Concours departemental 
de 1904. D'un autre cote, malgre la s^cheresse persistante de 
r^te et la disette de fourrages verts qui en a ete la consequence, 
Tetat des animaux etait excellent. 

On a remarque que les sujets appartenant a la race Durham 
pure etaient en petit nombre, la plupart provenant de la meme 
stable. II est regrettable qu'on abandon ne presque complete- 
ment, dans les principales etables de TAnjou, cette race amelio- 
rante par excellence de notre race locale, la race Durham-man- 
celle, qui predomine actuellement dans notre departement. Aussi 
les taureaux presentes au Concours (la plupart ayant obtenu 
deja des premiers prix dans les comices cantonaux), ont-ils paru, 
de Tavis general, de formes moins parfaites qu'autrefois. Gette 
appreciation a ete faite deja dans certains comices et en particu- 
lier dans le Comice du canton Sud-Est d 'Angers, ou jadis la belle 
stable de M. du Grandlaunay avait puissamment contribue a 
Tamelioration des animaux du canton, grace aux Durhams de 
choix qu'elle possedait. Un de nos departements voisins, la 
Mayenne, oii Televage est tres developpe et constamment en 
progres, merite au contraire,^ ce sujet,des eloges. Nous avons pu 
voir recemment, au Concours departemental de la Mayenne qui 
avait lieu cette ann^e les 6, 7 et 8 octobre a Laval, de superbes 
animaux de croisements Durham qui doivent la perfection de 
leurs formes et leurs principales qualites aux nombreux repro- 
ducteurs d'eUte de race Durham pure provenant des etables 

iustement renommees des de Broglie, des de Quatrebarbes, des 
)audier, des Gousse, des Ricosset, pour ne citer que les plus 
connues. II y a la un danger veritable pour I'avenir de notre race 
Durham-mancelle, deja si peu homogene, qui ne tardera pas a 
s'abatardir et a perdre ses caracteres principaux et surtout la 
precocite, si Ton n'y prend garde. 

Malheureusement, en Anjou, les cultivateurs se desinteressent 
trop de la conformation du male qu'ils emploient pour ia repro- 
duction ; les genisses au contraire qu'on eleve sont Tobjet de plus 
de selection. Par contre, nous avons pu voir au Concours de 
beaux specimens de la race Charolaise-Nivernaise. Dans Tarron- 
dissement de Segre il se manifeste, depuis un certain nombre 
d'annees, une tendance a remplacer le Durham comme race 
croisante par le Gharolais-Nivernais, race frangaise de boucherie 
tout aussi perfectionnee,-plus rustique, de plus grande puissance 
hereditaire (ce qui est tres important pour la transmission des 
qualites) et avec cela travailleuse et plus refractaire a la tuber- 
culose, maladie de plus en plus repandue en Anjou. Sans vouloir 
prejuger des maintenant de Tavenir de cette tentative, nos ren- 
seignements nous permettent de dire que les resultats obtenus 
semblent deja satisfaisants. 

Une remarque importante a ete faite a notre Concours de 
1906. On a constate Tinconvenient serieux provenant de Tadmis- 
sion des taureaux ages de plus de 3 ans et souvent delaiss^s pour 
la reproduction. II ne faut pas oublier que notre Concours est 



— 185 — 

Ouvert uniquement aux animaux reproducteurs en vue de la 
Teproduction et non aux animaux gras destines, a bref delai, a fa 
boucherie. Aussi doit-on eviter a Tavenir qu'un taureau prc^sente 
au Concours puisse, apres avoir obtenu un prix plus ou moins 
important, etre dirige immediatement vers 1 abattoir. 

Ce fait, qui s'est produit isolement, nous voulons bien Tad- 
mettre, ne devrait pas pouvoir se reproduire dans nos Concour3. 

La prime accordee a un taureau de cette categore ne d'^vrait 
'dtre versee au proprietaire que six mois apres le Concours, sur 
certificat etablissant que Tanimal est tou jours en sa possession, 
ou au moins sur presentation d'un certificat de suite indiquant 
<|ue Tanimal est encore vivant. 

Mais si les taureaux laissaient a desirer, en revanche les 
genisses et surtout les vaches laitieres ont ete fort remarquees. 
On a distingue, en particulier, celles presentees par TEtablisse- 
ment Saint-Nicolas, toutes superbes et reellement hors de pair. 
II est permis de regretter toutefois que le taureau presente par 
ce meme etablissement, dans le but de pouvoir concourir pour 
un prix d'ensemble, fut aussi commun et on pent dire meme 
aussi defectueux. Lorsqu'on possede un troupeau de vaches 
aussi remarquables, on ne doit pas hesiter a rechercher, au prix 
meme de quelques sacrifices, un taureau bien conforme, d'exce)- 
lente origine, pouvant contribuer a produire des eleves qui 
seraient, sans nul doute, achetes a aes prix tres remunera- 
teurs. 

Le concours des animaux de Tespece ovine comprenait uji 
petit nombre d'animaux ; en Anjou, 1 elevage du mouton est peu 
important, toutefois les sujets presentes etaient meritants et 
presque tons ont regu des recompenses. Les animaux de I'espece 
porcine etaient plus nombreux que d'habitude et les prix ont 616 
* chaudpment disputes, aussi bien pour les males que pour les 
femelles. 

Nous laissons a notre savant collegue,M. Moreau, president du 
Jury des beurres, le soin d'apprecier ce concours qui, de Tavis 
des connaisseurs, a ete tres satisfaisant ; la plupart des beurres 
primes 6tant tons de bonne qualite et, par suite, d'un classemcnt 
difficile. 

Le point le plus interessant du Concours a ete une innovation 
consistant a faire examiner, apres le classement ordinaire, les 
animaux d'apres la methode de pointage adoptee deja dans 
certains pays et experimentce au Concours de Moulins, et cela 
dans le but de voir si les resultats de cet examen concordaient 
avec Texamen habituel de nos concours. Notre excellent coUegue 
M. Alfred Grau, professeur de zootechnie a Tficole Superieure 
d'Agriculture d' Angers, qui a preside un des Jurys, a bion voulu 
accepter de nous faire le compte-rendu de ses observations sur 
Tapplication de cette methode au Concours d'Angers. Nous le 
remercions au nom de tons nos collegues et nous sommes per- 
suade que son etude interessera vivcment nos lecteurs. 

Nous nous permettrons, en terminant ce rapport, de faire une 



— 186 - 

critique g^nerale sur le Concours departemental tel qu'il est 
oi^anise actuellement en Maine-et-I^oire. 

Ce concours merite-t-il bien le litre de Concours departemen- 
tal ? Si tous les eleveurs du departement sont admis a concourir^ 
il est toutefois tres facile de constater que les concurrents appar- 
tiennent presque tous, sinon a rarrondissement d'Angers, du 
moins aux communes faisant partie des Cornices pen eloignes du 
chef-lieu. Les eleveurs reculent evidemment devant les frais 
importants necessites par Tenvoi de leurs animaux, aussi la plu- 
part de ceux qui sont venus demander des renseignements, avant 
de se faire inscrire, ont-ils fait cette observation et il a fallu leur 
montrer qu'ils avaient des chances reel les d'obtenir des prix en 
argent pour les encourager a amener Ieui*s animaux au Concours. 
On n'aime pas a se deplacer pour rien, un voyage qui coute de 
I'argent doit encore en rapporter plus, c'est une regie generale 
en usage chez les fermiers. Aussi dans la Mayenne, pour obvier 
k ce meme inconvenient, a-t-on pris le parti, depuis des annees^ 
de faire le concours departemental alternativement dans chacun 
des trois arrondissements : a LavaL a Mavenne et a Chateau— 
gontier, le concours revenant tous les trois ans dans la meme 
ville. II faut ajouter que le Concours departemental de la Mayenne 
comprend : un concours d'exploitations rurales, un concours 
hippique, un Concours d'animaux reproducteurs des especes 
bovine, ovine et porcine, un Concours d'animaux de basse-cour,. 
un Concours de produits agricoles, hortieoles et d'ornements, un 
Concours de beurres et de froma^es, un Concours d'instruments 
exposes d'une part par les Constructeurs du pays et, d'autre 
part, par les constructeurs etrangers au departement, enfin un 
Concours d'enseignement Agricole et un Concours de Mutualites 
agricoles. Mais les ressources dont dispose le Syndicat des Agri% 
culteurs de la Mayenne, charge de Torganisation du Concours, 
sont autremeat importantes que les not res. Ainsi, pour le con- 
cours de 1906 le Conseil general de la Mayenne a vote une sub- 
vention de 10.500 francs, la ville de Laval 6.000 francs et le 
Ministre de TAgricultiire a accords une subvention de 2.850 fr., 
10 medailles de vermeil, 5 medailles d'argent, 10 medailles de 
bronze et des livres. Ne pourrait-on pas, imitant la Mayenne^ 
reunir le Concours des primes culturales a celui des animaux 
reproducteurs et faire le Concours alternativement une annee k 
Angers (pour favoriser specialement les arrondissements d'An- 
gers, de Saumur et de Baugc) ; une autre annee a Cholet pour 
rarrondissement de Cholet, et enfm une troisieme annee a Segre 
pour favoriser specialement rarrondissement de Segre. Au 
reste,un essai de decentralisation a deja ete essay^ il y a quelques 
annees avec le plus grand succes. 

Des subventions speciales seraient demandees aux villes ou le 
Concours aurait lieu, au Conseil general et a rEtat,de fagon a 
constituer un budget beaucoup plus important, a I'exemple de 
BOS voisins de la Mayenne. 

Apres cette digression, je reviens a notre Concours d'Angers* 



— 187 — 

A 3 heures avait lieu, au kiosque du Jardin du Mail, la distri- 
"bution des recompenses, sous la presidence de M. Bordeaux- 
Montrieux, president de la Societe Industrielle et Agricole d'An- 
^ers, ayant a ses c5tes M. le Maire d'Angers, MM. les Senateurs 
<le la Bourdonnaye, Merlet et Bodinier (M. le senateur Domi- 
nique Delahaye s etait fait excuser), MM. les deputes de Grand- 
maison, Laurent et Ferdinand Boug^re et Gauvin (MM. de Maille 
•et le due de Blacas s'^taient fait excuser) ; tons les Membres du 
iureau de la Society Industrielle et les membres des difTerents 
Jurys. Avant la lecture du Palmares, M. Bordeaux-Montrieux 
adresse la parole aux laureats et leur donne des conseils qui ont 
^t^ 6coutes tr^s attentivement et frequemment applaudis. 

Voici ce discours : 



Discours de M. Bordeaux-Montrieux 
prononce a la distribution des recompenses 

Messieurs, 

Vous n'entendrez plus cette voix genereuse et chaude qui vous 
parlait eloquemment de vos iiiter^ts, vous apportait tou jours de 
sages avis et encoura^eait vos efforts. 

Cette voix a retenti brillamment k la tribune du Senat toutes 
les fois qu'il a fallu d^fendre la cause agricole, rechauffer le z^le 
de ses amis, reveiller les indifferents. A cette noble tache, elle 
s'est us4e ; mais, elle n'est pas eteinte, car les continuateurs du 
comte de Blois en Anjou en recueilleront fid^lement les echos et, 
avec une egale bonne volont^, si leurs moyens sont plus faibles, 
ils poursuivront cette ceuvre tou jours inachevee, qui est de faire 
sans cesse quelques etapes nouvelles sur la voie du progres et de 
mieux vivre ainsi dans Vindustrie des champs. 

Ce premier devoir rendu a la m^moire d'un grand serviteur de 
TAgriculture, le second, pour nous, est de rappeler que le Conseil 
G6n6ral de Maine-et-Loire et le Conseil Municipal d' Angers n'ont 
pas voulu que les subventions royales qu'ils nous r^servent pour 
1907 suspendissent, meme une seule fois, celles qui favorisent, 
chaque annee, nos reunions agricoles ; et, grdce a cette gen^ro- 
site, ainsi qu'a la haute bienveillance de M. le Ministre de TAgri- 
culture, que nous ne saurions trop remercier, par Tobligeante 
entremise de M. le Prefet, notre 54® Concours d animaux repro- 
ducteurs flgurera dans nos annales k sa place chronologique. 
Nous devons dire aussi que la Societe des Agriculteurs de France, 
nos represehtants au Parlement et nos amis n'oublient jamais 
qu'il y a de nombreuses medailles a distribuer, que TAdminis- 
tration municipale, representee si gracieusement par M. le Maire, 
met a notre disposition les plus beaux emplacements de la ville 
et enfin que la Presse angevine a toujours pour oous de bonnes 
paroles. 

Le chapitre des remerciements ne se Termera r*^^ ^^'^ixis que la 



-- 188 — 

Society Industrielle et Agricole ait un mot de reconnaissance 
pour les membres du Jury qui se sont pretes, avec tant d'empres- 
sement et avec leur competence habituelle, au nouveau moae de 
jugement des animaux que nous venons d'inaugurer. Leur tra- 
vail a ete prepare avec soin par nos aimables commissaires et^ 
agents gen^raux, et ils ont ete secondes dans leur tSche par de 
jeunes secretaires intelligents et devoues. 

Vous voyez, Messieurs, par cet exemple, que nous nous tenons- 
tou jours au courant des idees nouvelles et que nous essayons de 
leur emprunter ce qu'elles paraissent contenir de juste et de vrai^ 

En raison de la duree limitee de ce Concours, le temps a fait 
defaut pour afficher les tables de pointage k la tete de tous les^ 
animaux, mais par celles qui figurent au moins devant les sujets 
primes, vous vous etes rendu compte immediatement de Texa- 
men methodique auquel s'est livre le Jury pour asseoir son juge- 
ment. II considere separement, et ensuite dans leur ensemble^ 
les differentes parties de I'animal, en donnant une not^ a chacune 
d'elles ; mais, comme tous ces caracteres de la structure n'ont 
pas la meme importance, chaque note subit Tinfluence d'un 
coefficient particulier. C'est ainsi, pour prendre un exemple 
sipiple, que le « dessus » d'un Durham-Manceau a sa note multi- 
pli^e par le nombre 2, tandis que pour « la poitrine et le passage 
'des sangles » il n'y a d'autre multiplicateur que I'unite. Chez les^ 
femelles, les caracteres laitiers font Tobjet d'un examen special. 
II , est d'ailleurs facile de comprendre que la nomenclature des- 
qualites a considerer et des coefficients a appliquer n'a rien 
d'absolu, mais qu'elle se modifie, suivant qu'on veut ameliorer 
certaines parties du corps de Tanimal et les soumettre expresse- 
ment a Tappreciation des jures. Les memes Elements varient 
pour une race a viande et pour une race a lait. 

Quand on arrive au classement, on totalise les resultats que 
donne le calcul des tableaux remis entre les mains des juges et,. 
par leur moyenne, on obtient le nombre de « bons points » attri- 
bues a chaque su jet. De cette fagon, comme le dit excellemment 
M. Marcel Vacher, « les eleveurs et le public connaissent lea 
motifs qui ont determine le jugement du Jury. Leur attention, 
est egalement retenue par les qualites de Tanimal que signalent. 
les notes les plus elevees, ou par les defectuosites que soulignent,. 
suivant le degre, les notes les plus basses. » 

C'est done, en principe, si la pratique ofTre quelques difficultes,. 
une excellente methode pour tout le monde. Par leur publicite^ 
les tables de pointage deviennent Telement d'un veritable ensei- 
gnement. L'eleveur est prevenu des defauts de conformation- 
qu'il doit corriger, et il est amene a faire une selection plus rigou- 
reuse de ses reproducteurs pour obtenir, aussi rapidement que 
possible, Tamelioration de Tetable. 

Nous aurons en meme temps, pour notre part, pose un jalon: 
quand on voudra, plus tard, appliquer le systeme dans les grands 
concours ou se rencontrent tant de races diverses, puisqu'il faut 
d'abord que, dans chaque pays d'^levage, les caracteres types d 



— 189 — 

Tespece soient bien delimites et la valeur des coefficients experi- 
mental^ment etablie. 

Les memes principes nous ont fait adopter egalement, pour le 
Jury des beurres, Techelle de points dont on s'est servi dans le 
dernier concours international d'Anvers. 

Puisque nous parlons de grands concours, c'est le moment, 
Messieurs, de vous rappeler que vous etes invites a prendre part, 
au mois de juillet lOOv, a la belle manifestation que la Societe 
Industrielle et Agricole d'Angers organise, avec le Syndicat Agri- 
cole d'Anjou, sous la haute direction de la Societe des Agricul- 
teurs de France. Douze departements nous enverront leurs pro- 
duits ; plus de vingt-trois mille francs de prix seront reserves. 
aux animaux, et les meilleures cultures recevront egalement de 
justes recompenses. Vous tiendrez a hohneur de venir en grand 
nombre, pour vos inter^ts d'abord, puis pour la bonne renoramee 
de TAnjou. 

Nos concours departementaux montrent, une fois de plus, que 
le betail a deja realise, dans notre contr^e, de serieuses ameliora- 
tions ; mais il serait desirable qu'un plus grand nombre d'ani-7, 
maux y figur&t, comme prouve d'une extension rapide des 
bonnes methodes d'elevage. II n'y a pas, en effet, a se dissimuler 
que, vis-a-vis des pays etrangers, le troupeau fran^ais se trouve- 
rait bientot en etat d'inferiorite si le mouvement de progres, 
constate depuis longtemps deja dans certaines exploitations, ne 
s'^tendait pen a peu chez tons les eleveurs et ne profitait aux 
plus humbles etables. 

C'est dans cet esprit et pour copier heureusement ce qui se fait 
en Danemark, en Allemagne, en Suisse, que la Societe des Agri- 
culteurs de France se preoccupe, precisement aujourd'hui, de 
provoquer la creation de petites Societes d'elevage. Le but serait 
de faciliter ainsi a tous les cultivateurs Tusage d'un taureau de 
choix et de leur inspirer la pratique d'une selection egalement 
rigoureuse pour les femelles. 

Je n'en dirai pas plus, en ce moment, pour laisser a vos Comices 
de canton le soin de developper devant vous T^conomie de cette 
id^e feconde.Quoi qu'il en soit, Messieurs, vous etes en mesure de 
participer brillamment a la grande manifestation agricole qui se 
prepare pour Tannee prochaine et vous ne manquerez pas de le 
laire. 

Comme les Angevins ont Thabitude de Tetre, vous serez 
« aimables » pour les eleveurs etrangers qui viendront concourir 
avec vous — et chez vous — ; mais il n'est pas defendu pour cela 
de leur disputer les prix ; il faut meme les « battre » ; le tout est 
de le faire avec grsice ! 

M. Bordeaux-Montrieux donne ensuite la parole a M. le D'" Si- 
gaud pour la lecture du Palmares. 

Voici la liste complete des recompenses : 



— 190 — 

MedaUles et prix distribues au 54® Concours departemental 

du 29 septembre 1906 

1° Rage Durham pure 
premiere section — males 

Premiere Cat^gorie — Taureaux de 6 mois kian 

1®' prix : 70 fr. M. fion Pierre, k la Reyniere de Seiches. 

2® prix : 40 fr. M™® veuve Morain-Busson, k Grandines (Cheiles). 

3® prix (pas decern^). 

Deuxidme categoric — Taureaux de i an d 2 ans 

!• prix : 100 fr. et une m^daille de vermeil offerie par M. Bor- 
aeaux-Montrieux, president de la Society. M. fion Felix, k la 
Daubinidre de Cotz6. 

Tfi prix : 70 fr. M™® vei.ve Morain-Busson, k Grandines (Cheffes). 

3^ prix (pas d^cem^). 

Troisieme categorie — Taureaux de 2 ans et au-dessus 

1«* prix : 80 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Bodinier, 
s^nateur. M™* veuve Morain-Busson, a Grandines. 
2® prix : 60 fr. M, Gentilhomme, a Margot (Mire). 
3® prix : 40 fr. M. Ferron Ch., a Bourg-d'Ire. 

DEUXIlilME SECTION — FEMELLES 

Premiere categorie — Femelles de 6 mois a i an 

i^ prix : 70 fr. M™® veuve Morain-Busson, a Grandines (ChefFes). 
2® prix. M™® veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). — 

o fr. pour le bouvier. 
3^ prix (pas deceme). 

Deuxi^me categoric — Femelles de i an d 2 ans 

ler prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Merlet, 
senateur. MJ^ veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). 

2® prix. M"^® veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). — 
5 fr. pour le bouvier. 

3® prix (pas decerne). 

Troisieme categorie — Femelles de 2 ans et au-dessus 

l^^ prix : 80 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. de Grand- 

maison, depute. M™© veuve Morain-Busson, a Grandines 

(Cheffes). 
2e prix. Mine veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). — 

5 fr. pour le bouvier. 
Mention honorable. M™® veuve Morain-Busson, k Grandines 

(Cheffes). 



- 191 — 



2^ Animaux Durhams-Manceaux et Croisements 

de races diverses 

premiere section males 

Premiere categorie — Taureaux au-dessus de 1 an et san^ dents 

de remplacement 

i^ prix : 100 fr., prix de la Ville d' Angers, et une medaille d'argent 

^offerte par la Societe Industrielle et Agricole. M. Thibault 

Pierre, a la Rifrie, par le Lion-d'Angers. 
l^r prix ex-8Bquo : 100 fr., prix de la Ville d'Angers, et une 
medaille d'argent oilerte par la Societe Industrielle et Agricole. 

M. Thibault Arsene, a TAleu, par le Lion-d'Angers. 
Pas de 2® prix. 
3® prix : 60 fr. et une medaille de bronze offerte par la Societe 

Industrielle et Agricole. M. Eon Pierre, a la Reyniere de 

Seiches. 
4© prix : 40 fr. M. Perron, aux Eperonnays de Cherre. 
5^ prix : 30 fr. M. Nadrelle, aux Bruyeres de Soucelles 
6e prix : 20 fr. M. Provost, k Briollay. 

Prix suppUmentaires 

7e prix : 15 fr. M. Albert Eugene, a Saint-Martin-de-la-Place 
8® prix : 10 fr. M. Belleau Louis, a Montreuil-sur-Loir. 

Deuxieme categorie — Taureaux avec 2 dents de remplacement 

1^ prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Domi- 
nique Delahaye, senateur.M. Neveu, a Tinoil de Chateauneuf- 
sur-Sarthe. 

2^ prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Society 
Industrielle et Agricole. M. fion Pierre, a la Reyniere de 
Seiches. 

3^ prix : 70 fr. M. Den^chaud, a la Rondiniere de Ghamptocd 
4® prix : 50 fr. M. Allard, a Saint- Aubin de Segre. 
5^ prix (pas decern^). 
6® prix (pas decerne). 

Troisieme Categorie — Taureaux de 2 ans et au-dessus 
ler prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Laurent 
Bougere depute M.. Noguet Jean-Baptiste, aux Grandes- 
Vallees (Mangne). 

2e prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Society 
Industrielle et Agncole. M. Gentilhomme, a Margot (Mire). 

3e pnx : 60 fr. M. Maillard Leon, a la Loire de Corze 

4e prix : 50 fr. M Ure Livain, a Bezauveau (Saint-Sylvain). 

5e pnx : 40 fr. M. Gerdeux Auguste, a Ghemans (Gorze). 

6^ pnx : 30 fr. M. Thibault Pierre, a la Rividre ( Brain-sur- 
Longuenee). ^ ^ oui 

7© prix : 25 fr. M. Alleaume, Andard. 

8© prix : 20 fr. M. Lemgme, k Saint-Barthelemy. 



— 192 — 

DEUXIAmE section FEMELLES 

Premiere cat^gorie — Ginisses aii-dessus de 1 an et sans dent 

de remplacement 

l^ prix : 100 fr. et une m^daille de vermeil offerte par M. de 

\iaill6, due de Plaisance, depute. M. Gtignard, a la Vinelliere 

de Corzo. 
2® prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par M. le Ministre 

ae rAgriculture. M. Desbois, proprietaire, a Brain-sur- 

TAuthion 
3® prix : 60 fr. M. Eon Pierre, k la Reyniere de Seiches. 
4® prix : 40 fr. M. Joulain, au Perin; route d'Epinard. 
5® prix. M. Joulain, au Perin, route d'fipinard. — 5 fr. pour le 

bouvier. 
6* prix : 20 fr. M. Delaha'e, k la Liz'ere, Saint-Martin-du-Bois. 

Prix suppUmentaires 

7® prix : 15 fr. M. Coquereau, a la Chauss^e, Roche-d'Ire, Segre. 
8® prix : 10 fr. M. Faribault, k THommage (Lion-d' Angers). 

Deuxi^me categorie — Ginisses avec 2 dents de remplacement 

l®'* prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Ferdi- 
nand Bougere, depute. M. Boutreux Ren6, la Chotardiere 
(Andard). 

2® prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Societe 
Industrielle et Agricole. M. Loussier, a Sourdon (Lion-d* An- 
gers). 

3® prix : 70 fr. et une medaille de bronze offerte par la Soci6t6 des 
Agriculteurs de France. M. Martin Laurent, au bourg de Corze. 

4® prix : 50 fr. M. Gentilhomme, a Margot (Mire). 

5® prix : 40 fr. M. Lecomte ^^iotor, Saint-Svlvain. 

6® prix : 30 fr. M. Gaignard Louis, k la Venelliere de Corz6. 

Prix suppUmentaire 
7® prix : 20 fr. M. Boutreux- Herbelot, au Plessis-Grammoire. 

Troisieme categoric — Ginisses avec 4 dents 

i^ prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. le 

vicomte de la Bourdonnaye, senateur. M. Noury, k Tabbaye 

de Morannes. 
2® prix : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par M. le Ministre 

de rAgriculture. M. Bodinier et M. Pelluau, aux Malember- 

dieres de Trelazo. 
3® prix : 60 fr. et une medaille de bronze offerte par la Societe des 

Agriculteurs de France. M. Allard, k la Bourriere de Saint- 

Aubin de Segre.^ 
4® prix : 50 fr. M. Eon Pierre, a la Keyniere de Seiches. 
5® prix : 40 fr. M. Gaigrard Louis, k la Venelliere de Corz^. 
6® prix : 30 fr. M. Moreau Ren6, k la Gu^rinidre de Trelaze. 



— 193 — 

7® prix. M. AUard, k la Bourriere de Saint-Aubin de Segr6. — 

5 fr. pour le bouvier. 
Se prix : 20 fr. M. Delahaie, a la Liziere de Saint-Martin-du-Bois 

Quatrieme categorie — Vaches pleines on en lait 

1®^ prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. le duo 

de Blacas, depute. M. Faribault, a rHommage(Lion-d' Angers). 
2® prix- : 80 fr. et une medaille d'argent offerte par la Soci^t6 

Industrielle et Agricole. Asile des Vieillards Saint- Nicolas. 
3« prix : 70 tr. et une medaille de bronze offerte par la Soci6t6 

Industrielle et Agricole. M. Eon Pierre, a la Reyniere de 

Seiches. 
4® prix. M. Eon Pierre, a la Reyniere de Seiches. — 5 fr. pour le 

bouvier. 
5® prix : 50 fr. M. Gastineau Auguste, a la Riviere Besnard, 

commune d'Andigne. 
^ prix : 45 fr. M. Genti'homme, a Margot (Mire). 
7® prix : 40 fr. M. Changeon, au Bureau-Neuf de Cherre. 
:8^ prix : 35 Jr. M. Lebouc Pierre, a Saint-Martin-de-la-Place, 

Irix suppUmerUaires 

S® prix : 30*fr. M. Coquereau, k la Chaussee (Bourg-d'Ir^). 

10® prix :f25 fr. M. Thibault Pierre, a la Sablonniere (Lon- 

d'Angers). 
11® prix : 20 fr. M. Feriau, a la Chotardi^re, Andard. 
12® prix. M. Eon Pierre, a la Reyniere de Seiches. — 5 fr, poup le 

bouvier. 
13® prix : IS^fr. M. Barre Charles, k Corze. 
14® prix : 10/r. M. Boisseau Leon, k la Salette de Villev§que. 

3^ Races pures diverses autres que la race Durham 

premiere section — males 

l®r''prix : 70 fr. M. Gastineau, a la Corbi^re de Noyant-la- 

Gravoyere. 
2® prix : 50 fr. M. Bouvet, k Champforin (Loire). 
3® prix : 30Jr. M'^® la vicomtesse de Tredern, k TIsle-Briant. 

Prix suppUmentaire 
4® prix : 10 fr. M. Caffier, k la ferme du chateau de Roche-d*Ire. 

DEUXIEME SECTION — FEMELLES 

1®^^ prix : 70 fr. M™® la vicomtesse de Tredern, a TIsle-Briant. 
2® prix. A!"!® la vicomtesse de Tredern, a TIsle-Briant. — 5 fr. 

pour le bouvier. 
3® prix : 30 fr. M. Bordeaux-Montrieux, ferme du Lattay. 

Prix suppUmentaire 

4® prix': 10 fr. M. Lavall^e, directeur de la ferme experimentale 
d'Avrill^. 



- 194 — 

40 Categories de Vaches laiti^jres sans DisTiNCxiaN 

DE RACES 

1« prix : 100 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. Gauvin, 
depute. Asile des Veillards Saint- Nicolas. (Prix d'honneur 
special pour 1' Asile Saint- Nicolas, ensemble de son exposition 
de vaches : 20 fr. pour le bouvier). 

2® prix : 80 fr. M. Gentilhomme, a Margot (Mire). 

3« prix : 60 fr. M°^® la vicomtesse de Tredem, k I'lsle-Briant. 

4« prix : 40 fr. M. Foulonneau, a Saint-Barthelemy. 

Prix supplementaires 

5« prix : M°^® la vicomtesse de Tr^dern, k I'lsle-Briant. — 5 fr^ 

pour le bouvier. 
6® prix : 30 fr. M. Michel Henri, a Gene. 
7« prix : 20 fr. M. Joulain, au P6rin, route d'Epinard. 

b^ Cat^igorie des moutons 
Beliers 

1» prix : 50 fr. M. Gaudin, aux Hetres, commune de Chaze-sur- 

Argos. 
2® prix : 40 fr. M. Thibault Rene, au Tertre (Chaz6-sur-Argos.) 
3® prix : 30 fr. M. Noury, a I'abbaye de Morannes. 

Lots de 3 brebis au moins de 1 an et au-dessus 

!«' prix : 60 fr. M. Thibault Rene, au Tertre (Chaze-sur-Argos). 
2® prix : 40 fr. M. Ferron, aux Eperonnays de Cherr^. 
^3® prix : 30 fr. M. Gaudin, aux Hetres, commune de Chaz6-sur- 

Argos. 
4® prix : 20 fr. M. Godineau, aux Aulnaies de Corz^. 

6<> ESPECE PORCINE 
RACES FRANgAISES, ilTRANG^lRES ET CROISEMENTS DIVERS 

Premiere categoric — MdUs 

l®'^ prix : 60 fr. M. Manry, rue des ficuries, a Saumur. 

2® prix : 50 fr. M. Cherre, a Bass6, commune de Seiches. 

3® prix : 40 fr. M. Leclerc Constant, a Saint-Sylvain, 

4® prix : 30 fr' M. Simon, a la Hardouiniere^ (Seiches). 

5® prix : 20 fr. M. Retif Louis, ferme de I'Etang (La Membrolle). 

Deuxieme categoric — Femelles 

I®' prix ; 60 fr. M. Manry, rue des Ecuries, k Saumur. 
2® prix : 50 fr. M. Lavallee (ferme experimentale d'Avrille). 
3® prix : 40 fr. M. Chatelain, a Cosseliere, commune de Marc^. 
4® prix : 30 fr. M™® veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes)* 
£® prix : 20 fr. M. Baron P., k Jou6-Etiau. 



— 195 — 
Primes d'honneur 

lo MALES 

Medaille d'or offerte par la Soci^t6 Industrielle et Agricole* 
Mme veuve Morain-Busson, k Grandines (Cheffes). 

Medaille de vermeil offerte par M. le Ministre de 1' Agriculture. 
M. Gentilhomme, k Margot (Mir6). 

Medaille d'argent offerte par la Soci^te Industrielle et Agricole. 
M. Eon Felix, k la Daubiniere de Cotz6. 

2^ FEMELLES 

Medaille d'or offerte par la Society Industrielle et Agricole, 

M. Faribault, a THommaye (Lion-d'Angers). 
Medaille de vermeil offerte par la Societe des Agriculteurs de 

France. M. Eon Pierre, a la Reyniere de Seiches. 
Medaille d'argent offerte par la Societe Industrielle et AgricoIe# 

M. Gaignard, a Corze. 

Prix d'ensemble 
{Sans distinction de races) 

M^daillier artistique offert par la Societe Industrielle et agricole. 

Mme veuve Morain-Busson, a Grandines (Cheffes). 
Medaille d'argent offerte par la Societe des Agiiculteurs ' de 

France. M. Eon Pierre, ^ la Reyniere de Seiches. 
Medaille d'argent offerte par la Societe des Agriculteurs de 

France. M. Gentilhomme, a Margot (Mire). 

CONCOURS DB BeURRES 

1" prix : 20 fr. et une medaille de vermeil offerte par M. le prince 
de Tarente. M. Lavallee, directeur de la ferme cxp^rimentale 
d'Avrill6. 

2® prix : 15 fr. et une medaille d'argent offerte par M. le comte 
ae Livonniere, vice-president de la Societe Industrielle et 
A^cole. M. Samson, a Jarze. 

3^ prix : 12 fr. et une medaille d'argent offerte per M. le D' Si- 
gaud, vice-president de la Societe Industrielle et Agricole.. 
M. P^ju, k Andard. 

4« prix : 10 fr. M. Blondeau-Tessier, a Longu^. 

5® prix : 9 fr. M. Guillet, a Ghambellay. 

6« prix : 8 fr. M. Moreau, k Trelaze. 

7« prix : 7 fr. M. Lamisse, a la Garenne de Trelaze. 

8® prix : 6 fr. M. Dibon Pierre, Ecouflant. 

9« prix : 5 fr. M. Paul Bribard, a Villeveque. 

A 5 heures avait lieu, au restaurant Castagnon, un banquet. 
M. Bordeaux-Montrieux presidait, ayant a ses cotes M. le Maire 
d' Angers, MM. L. et F. Bougere, "de Grandmaison, Gauvin, 
deputes ; M. de Livonniere, conseiller general, vice-president de 
la Societe Industrielle ; M. Huault-Dupuy, vice-president bono- 



— 196 — 

raire ; M. Deperri^re, vice-president honoraire ; M. le D' Sigaud,. 
vice-president de la Societe Industrielle ; M. A. Huau, secretaire • 
M. Jamin, tr^sorier ; M. Paul Morain, professeur departemental 
d' Agriculture ; MM. Massignon, Lavaltee, Leboucher, Bourcier^ 
Bidault de Mayenne, Robin, Baron d'Angers, Baron de Cholet^ 
Moreau, Grau, Vinet, la plupart des Membres du Jury, etc. . . 

Au dessert, M. Bordeaux-Montrieux se l^ve et prononce Tallo- 
cution suivante : 

Discours prononcs par M. Bordeaux-Montrieux au banquet 

L'heure tardive de cette reunion, que les circonstances nous 
ont impos6e, emp^che beaucoup de nos amis d'y prendre part p 
mais, ifs n'en sont pas moins « avec nous », et au nom du bureau 
de la Societe, je les remercie ainsi que vous tons, Messieiu*s, qui 
avez pu nous entourer ce soir, en grand nombre. 

Cette place, que je ne devrais pas occuper, reste toujour^ 
« vide » pour nous qui sommes en deuil, et vous etes venus nous 
apporter votre sympathie. Nous Testimons k toute sa valeur^ 
Cest un encouragement pr^cieux dont nous avons besoin, car 
nous recevons du comte de Blois un heritage qu'il faut conserver 
et etendre avec le temps. Je ne repeterai done pas tons les remer- 
ciements que j'ai dits, il n'y a qu'un instant, ^ la distribution des 
recompenses ; mieux que des paroles, notre reconnaissance 
garantira nos sentiments. Nous saluerons, en meme temps, la pre- 
sence parmi nous de M. le Maire de la ville d'Angers, qui a biea 
voulu nous donner ainsi une nouvelle marque de son bienveillant 
interSt. 

Messieurs, 

Gr&ce k la collaboration empressee des membres du Jury, nous 
avons pu appliquer — en partie — au jugement des animaux la 
nouvelle methode que j'exposais brievement tout k l'heure aux 
cultivateurs angevins. En leur parlant de notre Concours regio- 
nal de 1907, je leur faisais entrevoir aussi cette idee feconde de 
la creation de Societes d'eievage. 

Tous ces essais procedent d'une m§me preoccupation, qui est 
de poursuivre I'ameiioration du betail fran^ais. Non pas que des 
progres serieux n'aient ete realises dans certaines contrees et dans 
notre pays d'Anjou egalement, ni que de fort belles etables ne 
s*y rencontrent et ne figurent dans les concours ; mais le mouve- 
ment est loin d'etre assez etendu, puisqu'il n'interesse guere que 
reiite, quand il devrait profiter au plus modeste exploitant. C'est 
pour lui, et a I'exemple de ce qui se pratique dans les pays etran- 
^ors, que la Societe des Agriculteurs de France veut provoquer 
la creation de Societes d eievage k circonscription reduite et 
mettre ainsi a la disposition d'un groupe de petits cultivateurs 
les moyens dont dispose un grand eieveur pour constituer I'e- 
table. 



- 197 — 

Comme I'indique M. Jules LeConte, dans son remarquable rap- 
port fait a la session generate du mois de mars dernier, des 
Societes de ce genre auraient pour objet de se procurer un ou 
plusieurs taureaux d'une race selectionnee, auxquels les associes 
conduiraient les femelles, ou tout au moins celles dont les qua- 
lit6s sont reconnues suffisantes, en vue du but precis a atteindre. 

On pourrait, pour commencer, s'en tenir a ce simple pro- 
^amme, et ce serait deja un grand pas de fait. Mais Tam^liora- 
tion du betail par la transmission des qualites du mMe est subor- 
donn^e eh meme temps a I'alimentation. Aussi, etendant leur 
champ d'action, ces Soci^t^s entreprendraient I'etude de Tali- 
mentation rationnelle qui permet, avec une meme disponibilit6 
de fourrages combines et repartis « rationnellement », d'obtenir 
plus de viande ou plus de lait. Sur ce point, I'education de la 
masse est k faire entierement. Plus tard, on s'occuperait de I'^ta- 
blissement du livre zootechnique qui comprend, pour chaque 
animal, d'une part, sa genealogie ou son etat-civil, d'autre part, 
ses qualites, c'est-a-dire sa mensuration, ses particularit6s et 
ses aptitudes, autrement dit ses etats de services. 

Tout le monde, d'ailleurs, commence a se preoccuper de ces 
questions qui touchent au perfectionnement du betail. On s'en 
preoccupe par des voies differentes, indirectes — si vous 
voulez — mais toutes convergentes , puisqu'en agriculture, 
comme en beaucoup de choses, tout se tient et s'enchalne. 
C'est ainsi que le Congres de Bordeaux, en 1905, etudie la ferti- 
lisation rationnelle pour accroitre la valeur productive des sols 
enherbes. C'est le meme ordre d'idees qui conduit en ce moment 
notre distingu^ coUegue, M. le P' Lavallee, a faire, pour I'ame- 
lioration des prairies, des essais interessants qu'il poursuivra 
pendant plusieurs annees. 

Pour en revenir a nos Societes d'elevage, le systtoe fonctionne 
en Danemark, dans le Luxembourg, en Allemagne, en Suisse, oii 
ces efforts ont deja produit de grands resultats. II. est temps que 
notre pays ne reste pas inactif et, suivant sa tradition, la Soci6t6 
des Agriculteurs de France a pris la tete du mouvement. 

Elle vient d'organiser un nouveau service, sous le nom de 
« bureau d'amelioration de betail », ou tous les renseignements, 
teh que modeles de statuts, ouvrages des meilleurs auteurs sur 
la matiere, sont mis a la disposition des eleveurs. 

M. Maurice Boucherie, president de la section du betail, le fait 
tres justement observer ; ce bureau n'a nullement I'intention de 
86 substituer a Taction si bienfaisante des Comices ou des Syndi- 
cats, ni d'amoindrir leur role. II comprend, au contraire, comme 
nous, que les petites Soci^t^s d'elevage doivent etre Temanation 
des mutiples Societes d'agriculture qui se partagent le territoire 
et connaissent le mieux les besoins de leur region. C'est done k 
nos Comices de canton que revient Thonneur de faire entrer cette 
organisation feconde dans le domaine des faits, et la Soci6t6 
Industrielle et Agricole d'Angers ne veut garder, pour sa part, 
que le merite d'en repandre Tidee. 



— 198 — 

Nos reunions agricoles sont toujours bonnes ; elles entre- 
tiennent des relations necessaires ; mais combien elles marque- 
raient plus noblement encore dans nos annales celles qui pour- 
raient rappeler, par leur date, qu'elles ont jet^ la semence d'une 
abondante moisson, parce au'elles ont ete, ce jour-1^, roccasion 
d'un nouveau mouvement ae progr^s en Anjou. 

Aussi, messieurs, il faut insister aupres de nos Cornices pour 
qu'on essaie, sans tarder, ces petites Societes d'elevage. Par la 
nature des choses, le progres agricole est lent, mais par sa nature 
aussi Taction doit etre prompte, quand elle sert une idee vraie. 

La Soci^t^ des Agriculteurs de France nous fait I'honneur de 
subventionner magnifiquement notre Concours de 1907. A 
I'exemple du d^partement du Doubs, ou I'organisation de syndi- 
cats d'elevage parait prendre deja une grande extension, sou- 
haitons que le departement de Maine-et-Loire offre, a son tour, 
le meme spectacle lors de ces belles assises agricoles. 

Je leve mon verre k la realisation de ce qui n'est par un reve, 
puisque c'est un fait, et un fait considerable chez nos concurrents 
etrangers. Je bois au succes de notre Concours regional de 1907, 
et je porte la sante de tous ceux qui ont bien voulu participer aux 
diff^rentes reunions de cette journee, et nous donner ainsi un 
nouveau temoignage de leurs sentiments fideles. 

De nombreux applaudissements sont prodigues a Torateur 
auquel M. le comte de Livonniere, vice-president de la Society 
Industrielle et Agricole d' Angers repond en ces termes : 

Toast au banquet du 54® Concours departemental 

de Maine-et-Loire 

Apres le discours d'une haute portee de M. le President qui a 
parle avec tant de cceur de celui qui n'est plus et dont I'absence 
se fait toujours tres vivement sentir, de Tancien president de la 
Societe Industrielle et Agricole et qui a trace d'une fa^on si 
magistrale et si pratique le role toujours plus grand et plus utile 
de la Societe Industrielle et Agricole, il semble qu'il n'y a rien a 
aj outer. 

Et cependant, permettez-moi d'adresser a un fidele ami, a un 
ancien collegue, a M. le comte de Blois, un souvenir emu et aflec- 
tueux. 

II etait passionne pour tout ce qui est grand, beau, utile. 

II avait pour la Societe Industrielle et Agricole un attache- 
ment tout particulier et il lui portait le plus vif interet. 

M. de Blois etait un charmeur et il etait d'autant plus char- 
meur que la cause qu'il defendait lui tenait plus au coeur. 

Et lorsqu'il parlait de la Society Industrielle et Agricole il etait 
v^ritablement seduisant. II sollicitait souvent pour elle des sub- 
ventions qui repondaient a de reels besoins. C'etait pour les 
concours departementaux d'animaux reproducteurs, concours 



— 199 — 

<jui deviennent chaque fois plus importants. Vous en avez la 
preiive aujourd'hui ; c'etait pour les concours de primes cultu- 
rales, qui alternent avec les concours departementaux et qui 
f onctionneront Tannee prochaine, au moment du concours regio- 
nal ; c'etait pour la Station cenologique qui rend les plus signa- 
les services, gr§ce k Tactive et intelligente direction de son 
sympathique directeur, M. Moreau. 

L utilite de ces subventions n'est pas contestable, mais elles 
n^cessitent des votes de credit. 

Or, Messieurs, nous avons au Conseil general une Commission, 
gardienne scrupuleuse de nos finances, et cette Comission est 
veritablement terrible quand on propose de nouvelles d^penses. 

Vous ne vous en plaindrez pas trop, car sa severity est la meil- 
leure garantie contre Taugmentation de nos impots departemen- 
taux. 

Eh bien. Messieurs, le comte de Blois savait si bien faire le 
siege de la Commission et du Conseil general et presenter ses 
arguments avec tant d'habilete qu'il obtenait toujours gain de 
•cause. Aussi je vous demanderai d'envoyer a M. le comte de 
Blois rhommage de notre reconnaissance et de notre fiddle sou- 
v^enir. Mais si nous avons perdu un president dont nous n'oublie- 
roiis jamais les services et le devouement, nous en avons un qui 
sait continuer les traditions de celui qui n'est plus et developper 
les ceuvres si bien commencees. 

M. Bordeaux-Montrieux joint a ses hautes qualites d'organisa- 
tion et de direction une bienveillance, une activite et un tact 




'eloge n'est pli 
Enfm, je vous propose de lever nos verres et de porter la sante 
de notre tres aimable president, M. Bordeaux-Montrieux, et de 
M. le D' Sigaud. 

Les paroles de M. le comte de Livonniere regoivent Tapproba- 
tion generale et sont suivies des applaudissements de tons les 



assistants. 



Le vice-pr^ident 
faisant fonction de seer Hair e giniral 

D^ Paul SiGAUP. 



— 200 — 



Le concours des beurres de 1906 



Par M. L. Mobsau, membre iitulaire 



Nous avions, nous aussi — c'etait le jour — une echelle de 
points k appliquer pour les beurres, devant nous inspirer pour 
cela de ce qui a 4t6 fait k Anvers, en avril dernier, a Toccasion 
du concours international de beurres. 

Cette Echelle de points ^tait la suivante : 

Odeur 5 points 

Goat 45 — 

Travail 30 — 

Consistance 20 — 

Total 100 points 



Le reglement du Concours indiquait aussi qu'un beurre, pour 
^tre classe, devait avoir obtenu au moins la moiti6 des points 
dans chaque division de T^chelle. 

II est bien Evident que dans un concours de ce genre, la recom- 
pense allant a la personne qui fait le beurre et non k Tanimal qui 
en fournit la mati^re premiere, il n'est pas suffisant d'apprecier 
seulcment les qualit^s organoleptiques du produit, mais il faut 
surtout — ce que Ton negligeait parfois de faire dans les concours 
anterieurs — tenir compte du travail que cette matiere premiere 
a subi, travail (ecremage, malaxage et lavage) qui doit assurer au 
Jbeurre une bonne conservation. 

II ne faudrait pas comprendre dans le travail la sculpture sur 
beurre' k laquelle s'adonnent certaines fermieres en vue de 
seduire le jury. Que ces braves femmes sachent une bonne fois 
que le jury est souvent compose de barbares qui ne comprennent 
rien a ces ceuvres d'art et preferent un beurre sortant d'un simple 
moule a un produit par trop ouvrag^. 

Au sujet de Techelle de points, dont je parlais tout k Theure, 
on aurait pu, pour simplifier et mettre d'accord plus facilement 
le jury, ne faire que deux Echelons k cette Echelle ; premier 
echelon : proprikis organoleptiques ; deuxi^me Echelon : apti- 
tudes d la conservation, comprenant le travail et la consistance et 
en donnant k chaque division 50 points. 

Les beurres qui nous ont etd presentes ^taient bien moins 
nombreux que de coutume — 13 ^chantillons — mais, par 
ailleurs, ils ^taient superieurs a ceux des autres concours, au 



— 201 — 

point qu'en appliquant Tarticle du refflement d'Anvers, tous 
auraicnt pu etre classes. 

Nous avdns peut-etre 6te indulgents ; il y a en effet encore 
beaucoup de progres a realiser du cote du travail du beurre ; le 
malaxage et le lavage sont insuffisants et TAnjou est loin de se 
classer en tete des regions qui donnent des beurres non seule- 
ment tres bons, mais encore de bonne conservation. II serait du 
devoir de la Society Industrielle et Agricole de mettre a T^tude 
les moyens d'instruire nos fermieres sur ce point. 

Le Jury d'Angers n'a pas tout k fait op^re comme celui 
d'Anvers — il faut bien se distinguer un peu. Nous avons 
d'abord fait quatre grandes divisions, classant, dans chacune 
d'elles, les beurres d'apres leur gout. Puis ensuite, dans chaque 
division, nous avons applique k chaque beurre I'echelle de points 
mentionnee ci-dessus. II en est resulte que certains beurres qui se 
trouvaient dans la premiere division pour leur gout sont tomb^s^ 
apres avoir fait le total des points, dans la deuxieme division, 
par suite de leur def aut de consistance et du travail imparf ait qui 
avait preside a leur fabrication et inversement des beurres de la 
deuxieme division sont passes dans la premiere. 

Les personnes qui, les operations du Jury achevees, sont 
venues gouter les beurres que nous avions exposes, d'apres leur 
ordre de classement, auront probablement trouve que les jures 
n'avaierit pas le gout tres afiine. Le coupable est le Concours 
d'Anvers et puis, entre nous, de gustibas et coloribus, . . 



— 202 - 



Essai du systdme des tables de pointage 

pour le classement des animaux 

au 54' Concours d^partemental agricole 

d'Angers. 

Par M. Alfred Gbait, ing^nieur-a^ronome, 
professeur de Zootechnie k TEcole d' Agriculture d' Angers 



IjC choix des animaux reproducteujrs,dans une race determinee, 
a d'autant plus d'irnportance que leurs qualites ou leurs defauts 
retentiront sur la race tout entiere qu'ils sont charges de perpe- 
tuer. Encourager les eleveurs a bien choisir, en primant les suiets 
d'elite qu'ils ont su selectionner, est done chose fort utile et c est 
dans ce but que la Societe Industrielle et Agricole, qui a tant le 
souci de la prosperite de TAnjou, s'est preoccupee d'oi^aniser 
des concours dans Tinteret de I'elevage, cette branche impor- 
tante de ragriculture de notre region. 

Cherchant toujours le progres, la Societe Industrielle et Agri- 
cole, grace a 1 'initiative eclairee de son president, M. Bordeaux- 
Montrieux, a tente cette annee d'appliquer, pour le classement 
des animaux, la nouvelle methode des points, depuis peu intro- 
duite en France, mais qui a fait ses preuves dans beaucoup de 
pays strangers. 

En quoi consiste Toriginalite de cette methode ? C'est ce aue 
je vais tacher, tout d'abord, de vous exposer. 

L'appreciation d'un animal se base en premier lieu sur la con- 
naissance des caracteres principaux de la race k laquelle il appar- 
tient, et ensuite, sur Texamen des caracteres speciaux de Tindi- 
vidu qui le designent comme plus ou moins parfait vis-a-vis du 
type ideal de la race duquel il faut chcrcher a se rapprocher. Or, 
dans tout examen, quel qu'il soit, il y a deux fagons de proc^der : 
la premiere, qui est la plus expeditive, consiste a juger a vue, un 
peu grosso modo et a donner son appreciation, pour ainsi 
dire en bloc, Texamen termine ; la seconde,qui est peut-etre plus 
sure, consiste a etudier separement les differents elements du 
sujet sur lesquels on donne en detail son appreciation, pour for- 
muler ensuite son impression sur Tensemble. 

On comprend que pour apprecier les animaux, on puisse appli- 
quer Tune ou Tautre de ces deux methodes d'examen, en parti- 
culier quand il s'agit de les classer suivant leur valeur. Jusqu'a 
present, c'etait la premiere methode que Ton employait genera- 
lement ; c'est la seconde methode, dite methode des points, que 
nous avons essayee pour la premiere fois a notre dernier concours 



- 203 - 

d^partemental. Cette ianovation presentait d'autant plus d'int^- 
ret qu'on voulait la pratiquer en meme temps que la methode 
ancienne afin de mieux la lui comparer. 

Rappelons bri^vement comment fonctionne le systeme. On 
dresse pour chaque categoric d'animaux une table des differents 
caracteres a examiner et on distribue aux juges autant de ces 
tables qu'il y a d'animaux. Les juges examinent methodiquemeni 
ies differents caracteres de chaque animal dans Tordre ou ils sont 
indiques et donnent a chaque caractere une note qui traduit leur 
appreciation ; chaque note est multipliee par un certain coeffi- 
cient calcule de fa^on a souligner Timportance du caractere envi- 
sage et la somme des points ainsi obtenus donne un total qui 
sjmthetise la valeur individuelle de Tanimal et represente Topi- 
nion exacte du juge. 

Ce mode d'annotation pent paraitre un peu compliqu^ au 
premier abord, mais en r^alite il n'en est rien, car on est arrive 
k etablir des tables de pointage claires, simples, ne laissant place 
a aucune ambiguite et avec lesquelles on se familiarise tres vite. 
Ces tables de pointage ont cela de particulierement avantageux 
qu'elles donnent une idee nette de la plus ou moins grande per- 
fection de chaque individu en indiquant les endroits par ou il 
peche et les qualit^s qu'il presente d'un autre cote En rendant 
possible Texamen methodique de Tanimal, et en fixant immedia- 
tement les impressions du jury a mesure qu'elles se produisent, 
elles permettent d'asseoir un jugement qui aura son interet pour 
Televeur, car celui-ci pourra se rendre compte tout de suite des 
raisons qui ont determine le classement et les decisions du jury 
sont ainsi mises a Tabri de toute suspicion. C'est en meme temps 
une excellente logon de choses et pour Texposant et pour les visi- 
teurs, car ces tables peuvent etre affichees, apres Tattribution 
des prix, a la tete de chaque animal dont elles montrent les qua- 
lites interessantes par les notes les plus elevees et aussi les 
defectuosites par les notes les plus basses. L'eleveur pent com- 

f)arer les points obtenus par sa bote avec ceux qu'aur(>nt merited 
es animaux mieux classes, et pourra se rendre compte de la voie 
au'il faut suivre pour se rapprocher de la meilleure conformation 
aont les tables lui font toucher du doigt les principaux elements. 
II pourra meme les garder s'il le veut pour ref(5rence. 

Avec la premiere methode d'appreciation, ces avantages 
n'existaient pas. II est certain que les juges, charges d'apprecier 
les animaux, n'ont pas besoin de se livrer a un examen aussi 
detaille de chaque bete pour formuler un jugement exact ; ils ont 
le coup d'oeil sur et ne se tromperont gu^re, mais quelles sont les 
raisons qui ont motive leur choix ? De meme que ces praticiens 
n'analysent pas leur sujet et se bornent a classer les animaux par 
ordre de merite, leur opinion ne pent pas non plus etre analysee 
et ne se met pas h la portee des exposants qui ne peuvent savoir. 
le pourquoi des decisions prises. Or, n'est-il pas excellent que les 
eleveurs tirent un enseignement profitable d'un concours qui est 
fait pour eux ? Quand ce ne serait que pour cette raison, il fau- 






— 204 — 

drait deja desirer que cette fagon de proceder soit accepts. par 
tous et appliquee progressivement dans tous \es concours. 

Mais ce n'est pas le seul avantage que presente le systeme des 
jgfrff/fy sur Tancienne fagon de proceder. Avec la methode usitee 
joiqa'cci. In ainoiattx. n'ctaient pas Juges individuellement, 
c'est-A-dire d'apre& YeaaeaMe de quahtes qu'il? doivent pre- 
senter pour menter vraim^it la qa^roeatiaa de superieurs: Non, 
on les classait par rapport aux autres sajets preseates, de sorte 
que dans une categone ou il n'y avait pas beaueoup d'animaux, 
tous ou presque tous recevaient des prix,et,inversemeiil,daQS WMI 
categorie tres chargee, des animaux de valeur pouvaient rasiw 
sans recompense. L'animal ayant le premier prix n'etait pas 
necessairement un sujet d'elite, mais seulement le meilleur des 
quelques concurrents amenes. II etait possible de voir une bete 
mediocre jugee digne du premier prix dans une categorie peu 
nombreuse et un animal excellent ne rien obtenir du tout dans 
une categorie trop bien representee. De meme un animal prenant 
part a des concours dififerents pouvait tres bien etre prime dens 
r un et ne pas etre classe dans 1 autre sans cependant avoir d m ^- 
rite pour cela. Les prix decernes dans ces conditions ne peuv^nt 
done, avoir qu'une valeur relative^ dependant beaucoup plus 
du nombre et de la valeur des concurrents que de la valeur de 
rindividu lui-meme. 

En appliquant le systeme des tables de pointage, ces facheux 
errements disparaissent; on ne classe plus les animaux par com- 
paraison avec les sujets qui les entourent, mais par rapport d la 
race, par rapport au type que Ton cherche a realiser, et il est pose 
en principe que seuLs les hons animaux sont recompenses ; auciin 
animal mediocre ne doit etre prime. On accorde trois sortes de 

E rimes : les tres bons sujets ont une prime de premiere classe, les 
ons une prime de deuxieme classe, les assez bons une prime de 
troisieme classe ; les autres, mediocres ou mauvais, n'ont rien. 
On ne dit plus qu'il n'y aura qu'un prix dans chaque section pour 
le meme exposant ; il est entendu, au contraire, que tous les 
animaux meritants seront recompenses dans chaque section, 
quels que soient les proprietaires de ces animaux. Les primes 
sont donnees d'apres les points obtenus ; le maximum est ae 100, 
mais la perfection n'est pas de ce monde et ce maximum n'est 
jamais atteint ; les animaux qui arrivent a 80 points et au-dessus 
sont consideres deja comme tres bons et ont la prime de pre- 
miere classe ; celle de deuxieme classe est donnee de 70 a 80 points 
et celle do troisieme classe correspond a 60 points au moins. 

De la sorte, le meme animal, dans quelque concours qu'il se 
presente, obtiendra toujours un nombre de points a peu pres 
similaire et une prime de meme ordre qui indique reellement sa 
valeur^ renseignement intangible, qui est tr^s precieux pour le 
proprietaire comme pour les autres t^leveurs en general, surtout 
quand il s'agit d'un reprodueteur. On congoit, en elTet, que si 
tous les eleveurs faisaient saillir leurs femelles par des taureaux 
ainsi primes, en laissant de cote les animaux mediocres n'ayant 
pu etre prinxes nuUe part, il y aurait la une sorte de selection qui 



3 



- 205 — 

aurait une influence marquee sur ramelioration de la race. Trop 
souvent, on a une tendance dans les fermes k faire remplir les 
femelles par un mfile quelconque sans se preoccuper de sabeaute; 
pourvu que la vache soit fecond^e, c'est tovtee ipf on dcanandfe^ 
II y a la une erreur, ou une negligence si vous vouFez, tres pr^ju- 
diciable a Televage en general et a la bourse du cultivateur en 
particulier, car les produits obtenus seront plus que mediocres 
«t ne donneront pas le rendement et les resultats financiers qui 
seraient a desirer. La nouvelle methode, tout en donnant un 
enseignement juste au public, comporterait des resultats bien 
meilleurs et fort utiles pour les progr^s de Televage. A ce point de 
Tue,n'est-il pas egalement a desirer que cette maniere de faire 
«ntre dans les moeurs et soit adoptee dans tous les concours 1 

Evidemment, comme dans tout debut, il y a des difficult^s k 
vaincre ; la principale reside dans la facon de comprendre les 
tables de pointage. Beaucoup de modeles ont 6te proposes et 
appliques. En Angleterre et aux fitats-Unis, c'est une nomencla- 
ture tres complete, mais aussi tres longue, de toutes les qualitt's 
de la rape avec leur description detaillee. Je citerai entre autres 
Techelle des points adoptee a Jersey (1) pour sa fameuse race 
laitiere ; il y a 25 articles successifs : 

La G^n^a/o§:i> et rinscription au Herd Book, la tete qui doit §tre 
fine avec le front large, les foues petites, la gorge claire, le mufle noir 
cercl6 de clair avec les narines hautes et ouvertes, les comes 
petites, les oreilles minces, Voeil plein et vif, le nez arqu^, le garot 
fin, la poitrine large et profonde, le ventre rond, le dos droit, les reins 
larges, les hanches fines et 6cart6es, les quartiers d^arrikre longs, 
larges et bien remplis, la queue fine, k angle droit avec le dos, la 
peau mince et douce, le pelage jaune, les memhres courts, avec des 
onglons petits, les avant-hras pleins, les aplombs r^guliers, les 
mamelles d6velopp6es, bien plac^es avec les t^ tines 6cart6es en 
carr6, les veines de lait apparentes et tortueuses, enfin la taille et 
Vapparence ginerale. 

A chaque article correspond une note maximum plus ou moins 
forte suivant Timportance du caractere envisage. Cette note est 
consider^e comme indiquant la perfection et la note a donner 
s'en rapprochera autant que le caractere que Ton examine se 
papprochera lui-meme de la perfection. Toutes les notes maxima 
additionnees donnent le total de 100 et les primes sont distri- 
buees comme nous I'indiquons plus haut. 

Aux Etats-Unis, la nomenclature comprend 6 grandes divi- 
sions : I'apparence generale, la tete et le cou, les quartiers de 
devant, le corps, les quartiers de derri^re, les caracteres laitiers. 
Ces divisions comprennent elles-memes chacune toute une enu* 
meration relative aux diverses particularites qui y correspondent. 
C'est ainsi que, dans « I'apparence generale », on tient compte 
des dimensions de I'animal, dimensions reconnues par une men- 

(1) Annual report of the Royal Jersey Agricultural Society. 



t 



— 206 - 

suration s^rieuse, derharmonie des formes, de I'aspect de la struc- 
ture, et que dans les « parties du corps » on envisage un a un le» 
details de conformation interessants. Le pointage est applique 
de la meme fagon qu'^ Jersey, c'est-a-dire que chaque article est 
affects d'un maximum de points qui differe selon la valeur qu'on 
attribue au caractere considere. Voici, par exemple, tres sommai- 
rement, comment est comprise (1) la table de pointage pour la 
race Short-Horn, nom anglais de la race Durham ; ici il s'agit 
d'une race de boucherie : 



CARACTfeRES 


MAXIMUM 


NOT 
D^AILS 


K DONK^E 

TOTAUX PAR 
CATEGORIE 


Apparence gdnerale 
Taille 


8 

8 

10 

4 

6 
3 

4 
5 

10 
4 

14 
3 

4 
8 
1 
5 
3 


30 
9 
9 

31 
21 


• 




Forme 






Aspect (finesse, structure) . . . 
Constitution (caracteres sexuels) 










T6te et ecu 
T6te 






Cou 






Quartiers de decant 

fipaules 

Membres 




k 






Corps 
Poitrine et passage des sangles. . 






Cdtes 






Dessus 






Flancs 






Quartiers de derriire 
Hanche 






Calotte 






Queue 






Cuisses ..." 




















100 









(1) Ch. S. Plumb : Methods of instruction of animal husbandry in 
Ohio State, 



— 207 — 

Comme k Jersey, il y a en outre sur ces tables en regard de 
chaque article les qualit^s k rechercher, par exemple : Cou ^pais, 
court, bien fondu avec le reste du corps. Epaules pas trop proe- 
minantes, bien muscl^es, compactes et larges au sommet, Poi- 
trine large et profonde, et ccetera. 

La F^d^ration des syndicats d'^levage de la Flandre orien- 
tale a adopts, pour la race Flamande, un module analogue 
d'^chelle des points; onsait que cette race est essentiellement 
laiti^re : 

TAURBAUX "VACHES Gl^NISSES 

I ( Yenx 2) 2j 2J 

T6te et ( Cornes 4^^ 2M 21 ^ 

^°" ( Cou 4 1 2 1 2 1 

jj [ Poitrine . . . 3 ) 2 ) 2 

. \ Garret, Epaules . . 5 / 4 / 4 , 

Qoartier ; Ligne du dos . . . 4 } 30 4 ) 24 4 > 24 

dedevantl Aloyau 15 \ 10 I l'» 

et tronc ( C6tes, flanc. . . . 3 ) 4 ) 4 

j,| ( Hanche S ] 8 ) 8 

^ **\ \ Croupe 5 / 5 / 5 . 

Quartiers. Queue ..... 2 > 35 2 V 30 2 > 30 

"? / Fesses, cuisses . . 15 V 15 ^ 15 

derri6re ( signes laitiers . . 5 ) 



• • 



jy ( Ecusson 6 ^ 6 

) Pis, trayons ^2 I 00 ^2 f „» 

Signes \ Veines 8 M^ 2 ( ^^ 

laitiers f Fontaines de dessous . . 4 ) 2 

[ Peau 6\ 4\ 4 

V \ Poil 2 i 2 

Aspect I ftructuredu corps. 4 U3 ( g ^ ^^ 

„aJa_«i 1 Aspect de race . , 3 [ 3 ( V< ' 

«6neral K^^„i,. 3 V { 

\ Marche 5; ..j 

Totaux maxima .... 100 100 100 

En AUemagne, dans le grand Duch^ de Bade, on commence 
par faire des mensurations que Ton evalue par rapport a la hau- 
teur au garrot ; H etant la hauteur au garrot, la hauteur de la 
region dorso-lombaire, par exemple, devra etre inferieure ou 
6gale k H moins deux centimetres (on admet H moins 4 cen- 
timetres pour une bete en gestation ou fraiche velee). On 
sait que la proposition « inferieure ou egal a » se traduit mathe- 
matiquement par le signe ^, tandis que « superieur ou ^gal k » 
se traduit par le signe ^. II est alors commode de dresser le 
tableau suivant : 



- 2as — 

Hauteur au ^n rot • H 

— dorso-louibaire ^ H — 2'* («mH — 4**.n casdf ges^tnion) 

— ii la croupe ^ H 4- 4'' 

— k rinsertion de la queue ^ H |- In*" 

( a3ans "^ "^il)'^ 

Lonsrueun „ .^ 

du <.' de 3 a 4 ans . . ^ H -f - H 

f 4ansetau-dessus ^ n 4--^H 

Largeur de poitrine . . . ) ^ i.H 
Largeur du bassin. . . . ( \ i 
Hauteur de poitrine ... — '2 

Toute dimension en dehors de ces limites est ue cause d*61iminna— 
tion. 

Quant a rappreciation des qualites, elle se fadt sur Techelle de 
notation suivante : 

Parfait : 3; Bon: 2: Passable 1; Mauvais 0; on admet les 
demi-points. 

Chaque note est affectee d'un coefficient qui est 2 pour : rharmo— 
nie des formes, le poids vif et les caractdres sexuels secondaires. 

Le coefficient est 1 pour : la ligne du dos, la largeur du dos, la lon- 
gueur du tronc, la largeur de poitrine, la hauteur de poitrine, la 
race et la pigmentation, la peau, les signes lai tiers, la tete et les 
comes, la conformation et la direction des membres, la d-marche. 

De cette maniere, le maximum de points a obtenir par ua 
meme animal est 42. II est declare superieur s'il approche de ce 
chiffre, bon s'il a au moins 28 points, c'est-a-dire les deux tiers 
des points, et passable s'il a plus de 14 points, c'est-a-dire le tiers 
des points, mais il n'a pas de prime a moins de 20 points. 

On le voit, dans cette fa^on de coter,il n'y a pas un maximum 
de points distinct pour chaque article, ainsi que cela se fait 
avec les echelles de points citees precedemment, ici le mode d'an- 
notation est le meme pour tous les caracteres a apprecier, c'est 
le coefficient aflectant les nates donnees qui en fera varier I'im- 
portance. Ge syst^me est plus simple et permet au juge d'operer 
plus rapidement,rechelle des notes avec laquelle il s'est familia- 
rise restant invariable, chose excellente, surtout si la m^thode 
des points est nouvelle pour lui. Aussi est-ce le systeme qui a 
paru, en France, convenir le mieux a notre temperament, et c'est 
celui-la que nous avons adopte avec une variante toutefois. Pour 
plus de clarte, nous avons garde, du systeme anglais, le total des 
points egal a 100, et pour chaque caractere nous evaluons de 
a 10. Quant a la dirferenciation des caracteres, elle est etablie 
ar les divers coefficients qui viennent multiplier les notes dans 
e calcul des moyennes, travail de comptabilite que les juges 
peuvent laisser aux secretaires, ce qui donne la facilite de hater 



I 



— 209 — 

encore la besogne. Nous donnons, ci-dessous, la disposition de la 
table de pointage employee k notre dernier concours (rfioes de^ 
boucherie) : 

Modele en reduction de la Table de pointage ^our Us taureaux 



Tatle de poiolaoe pr les Taoreaiui 



VA1-EUR DES NOTES 

10. Paplait.— 9 et 8. Trfes boii. — 7, Bon 
6. Assez bon. — 5. Passable 

Toate note inf^rleure k 5 enfralne la 
disqualificatioii de I'animal 

La moyenne des notes donniespar leJury 
• sera muUipLUe par le coefficient indiqu6 
d la colonne ci-dessous. 



Mat in Catalope 



h 



Nombre de Denis de 
rem placement . . . 

Age d4clar6 , 



CmintllES 11 GONSIDEBEB ET 11 NOTEB 



NOTES 
deOilO 



T^te et corn age 

Encolure 

Poitrine et passage des sangles 

Culotte et largeurdu bassin. . 
Merabres et aplombs ..... 
Finesse et souplesse de la peau 
Developpement general et taille 
Harmonie g6n6rale des formes 

Le President du Jury^ 



COEinCiEIiTS 



POINTS 



Total des points. 



Get Aniinal a obtenu un Prix 



Comme on pent le voir, une note inferieure a 5 pour un carac- 
tere quelconque est une cause d'elimination. Ainsi aucun animal 
mediocre, meme seulement sur un point, ne pent etre classe. Pour 
les femelles, la note « encolure » est supprimee et une note 
« caracteres lai tiers » est ajoutee. Un modele special avait ete 
r^dige pour les vaches laitieres, ou, pour plus de simplicite, on 
avait reuni en une seule note les caracteres « tete, cornage et 
poitrine » de meme que « harmonie generale des formes, membres 
et aplombs » avec le coefficient 1, et supprime la note « finesse et 



— 210 — 

i»ouplesse de la peau ». Les coefficients affectant cbaque note 
^talent les suivants : 

Race Durham Vaches 

et Durham-Maiicelle de race Jaitiere 



Tf> 



MAles Femelles Vaches laitiens 

Tdte et cornage 50 50 75 

Encolure 025 »d »» 

Poitrine et passage des sangles . . 1 » 75 25 

Dessas 2» 2» 1 y> 

Calotte et bsFsin 250 250 2 y> 

Finesse et souplesse de la peau. . . 75 75 » Tf> 

Membres et aplombs 1 x> 1 » 

Harmonie g^n^rale des formes. . . 1 » 1 » 

D^veloppement g^n^ral et taille. . 1 » 1 » 1 

Caract^res laitiers » » 50 4 



Les membres du Jury n'^taient que trois ou quatre par section. 
Ainsi les responsabilit^s s'eparpillent moins et les operations ne 
sont pas retardees par la multiplicite des opinions exprim^es, ce 
qui pent arriver si les juges sont trop nombreux. Voulant com- 
parer la methode des points avec la mani^re de proc^der usitee 
jusqu'ici, les jur^s furent pri6s de faire d'abord leur classement 
"Comme a Tordinaire, puis de mettre ensuite en pratique la nou- 
velle methode afin de voir si les r^sultats seraient concordants. 
Certains jurys firent I'inverse, c'est-a-dire qu'ils commencdrent 
par le pointage, puis sans attendre de savoir quel classement 
<3cla donnerait, ils proced^rent k la fagon habituelle, a la vue. 
Dans ces conditions, on ne pouvait les suspecter d'etre tenths 
de faire cadrer le second classement avec le premier. Hdtons- 
nous de dire que, dans Tun comme dans I'autre cas, I'exp^rience 
a ete concluante : le pointage a class^ les animaux absolument 
de la meme fagon qu'a la vue. 

II s'agissait d'ailleurs de n'appliquer la methode qu'en partie. 
Pour ne pas compliquer et parce que le nouveau mode de faire 
demande un budget assez ^lastique, on avait laisse subsister, 
pour cette fois, la s^rie des prix telle qu'elle a toujours exists, au 
lieu de lui substituer le syst^me de primes de diverses classes, 
toutes ^gales comme valeur dans cbaque classe. Seulement, les 
prix devaient etre attribues aux animaux d'aprds les points 
obtenus. On voulait surtout faire en somme une experience pre- 
liminaire en vue du grand concours de 1907, et ce qu'il importait 
•de se rendre compte, c'etait la plus ou moins grande facility avec 
laquelle fonctionnerait la nouvelle methode et quelles critiques 
ou quelles observations elle susciterait de la part du Jury charge 
de Tappliquer. 

Cqmme modification de detail, notre distingue collogue, 
M. Mallet, a propose, en ce qui concerne les tables de pointage, de 



— 21i — 

remplacer Tenorme paquet de feuilles remis a chaque jur6 par uit 
carnet ou se trouverait plac^ un papillon unique pour I'indication 
des caract^res. Les feuilles du carnet n'ont alors qu'a recevoir 
les notes donnees et les moyennes obtenues apres calcul. C'est 
sous une forme moins encombrante la reunion des tables de^ 
pointage individuelles qui avaient ete preparees et dont le format 
^tait certainement un peu grand. Je me permettrai de completer 
cette id^e en proposant moi-meme un carnet d soucke, reli^ en 
carton fort, qui serait peut-etre encore plus commode de manie-^ 
ment et plus pratique pour activer la besogne, car il permettrait^, 
apr^s I'inspection de cnaque animal, de detacher et remettre sa 
feuille de pointage au secretaire qui ferait le calcul des pointa 
pendant qu'on examine I'animal suivant. De cette fagon, il y 
aurait economic de temps et, aussitot I'examen des animaux 
termini, il serait dej^ possible d'avoir la liste des points obtenus 
par chaque animal aiin de revoir le classement sur place et 
s'assurer qu'aucune erreur ni aucune omission n'ont ete com- 
mises. Si Pon veut, on pourrait donner k ce carnet de pointage 
une couverture artistique qui resterait pour les membres du 
jury comme un souvenir agreable... 

Le seul inconvenient qu on ait trouv^ k la nouvelle methode- 
est de rendre le travail du Jury un peu plus long. A cet egard, il y 
a lieu de faire remarquer qu'il en a surtout ete ainsi parce que 
le Jury devait faire usage des deux methodes cote k cote. C'etaient 
done Fessai et la comparaison qu'on voulait faire qui ont pris du 
temps, plutot que la methode des points elle-meme. II faut aussi 
tenir compte du manque d'habitude. Lorsque I'education du 
Jury sera complete, quand les juges auront bien en main la pra- 
tique du pointage, ils iront surement beaucoup plus vite. Dans^ 
le Jury dont j'avais I'honneur d'etre president, nous avons eu 
fmi de tr^s bonne heure, quoiqu'ayant plus de vingt betes k 
examiner, et le classement se faisait pour ainsi dire de lui-meme, 
sans heurts ni a coups. Point n'avons-nous eu besoin de deplacer 
les plus beaux animaux s'ils etaient assez eioignes I'unde I'autre, 
pour les rapprocher et decider lequel serait le mieux classe, ce qui 
est quelquefois necessaire avec la simple appreciation a la vue et 
constitue un^ cause de perte de temps. II nous a suffi de revoir 
les r^sultats de notre pointage pour constater de visu que notre 
classement repondait bien a la valeur des sujets. Le classement k 
la vue etait, certes, tout aussi laborieux. Enfin le remplacement 
des feuilles volantes de pointage par un petit cahier cartonne d 
souche, comme nous le proposons, ferait encore gagner du temps 
et accelererait le travail auquel doit se livrer le Jury. 

Une derniere question se pose : Les jur^s doivent-ils coter 
independamment I'un de I'autre ? Assurement, oui. Mais pour 
cela, il faut qu'ils soient rompus at cette f aQon de traduire leur 
appreciation par des notes cMffrees. II est evident qu'il est pre- 
ferable que chacun fasse son estimation lui-m§me, quitte k 
prendre la moyenne des points donnes par chaque juge poiir 
obtenir la note definitive que le jury decerne a Tanimal. II y a 



— 212 — 

la une garantie (FimpartiaKt^ que nul ne niera. Si ce mode d'an- 
notation est encore peu familier aux juges, s'ils sont appeles a 
Tappliquer pour la premiere fois, il serait a desirer qu'une con- 
ference prealable aux operations les mette alors bien au courant 
-de Tesprit et du fonctionnement du systeme. Contrairement au 
proveroe « les paroles s'envolent, les ecrits restent »» un rapport 
ou une lettre explicative, adress^ quelques jours d*avance aux 
jur^s, pourra ne pas recevoir grande attention quand on est chez 
soi distrait par d autres occupations, tandis qu'une causerie «ur 
la question, faite le jour meme du concours, avant de commen- 
cer, frappera 1' attention de tons, permettra de bien mettre en 
lumiere, dans I'esprit de chacun, les principaux points du sujet 
€t d'ecarter toutes les hesitations possibles. 

Quant a contester Tutilite de la methode des points, il faut 
ne pas la connaitre pour formuler une telle objection a priori. 
Cette objection tombe d'elle-mSme quand on se rend compte 
des avantages que presente la nouvelle methode sur I'ancienne 
ot que nous avons exposes au commencement de notre rapport. 
Ces avantages sont trop serieux pour que la methode des 
points ne soit pas acceptee et mise de nouveau en application 
It notre prochain grand concours de 1907, mais cette fois, 
comme k Moulins, comme k Nevers, c'est-a-dire completement 
et exclusivement. 



Le G^rant, G. Grassin. 



Angers, imp. Germain et 6. Grassin. — 2286-6. 



BULLETIN - MENSUEL 



DE LA 



SOCIETE INDUSTRIELLI ET AGRICOLl 

D'ANGERS 
et du ddpartement de Maine-et-Loire 



Union des viticulteurs de. Maind-et-Loire 

Seance du 11 nopembre 1906 

Presidence de M. Maurice Massignon assiste de MM. Leon 
Pourcier, vice-president ; D' Sigaud, secretaire general ; Deper- 
riere, vice-secretaire, et Lafarge, tresorier. Etaient presents : 
. MM. le marquis de Dreux-Breze, Moreau, D' Cordon, Vincent, 
Lair, de Boissard, Battais, Jamin Christophe, Boisnard, D' Mai- 
sonneuve, Ferre-Hamon, Clemot, Paul Lorin, Betton-Allard, 
Quartier, Moizard, Bernier Alfred, Bauge, 0. Chaillou, Four- 
mond fils, Normandiere, A. Huau, de Livonniere, Juteau-Gou- 
jeul, Halope, Boucher, Boivin, Bazantay, Herrouet, Urseaii, 
Bordeaux-Montrieux, Neveu, Douce, Leboucher, Louis Boulard, 
Lemesle-Boutreux, Couteux, Lepeltier. 

— M. le President donne lecture d'une lettre de M. Bazin, 
president de la Chambre de Commerce, offrant, au nom de la 
Chambre de Commerce d' Angers, une somme de 50 francs pour 
la Foire aux vins. L'Assemblee vote des remerciements qui 
seront adresses au nom de I'Union a la Chambre de Commerce. 

— M. Suaudeau, membre titulaire, envoie a M. le President 
sa demission de membre de TUnion. Cette demission est accept^e. 

— M. Edpuard Lafarge, tresorier de la Societe, presente 
I'expose de la situation financiere de I'Union. D'apres les conclu- 
sions de ce rs^pport, les depenses se sont ^levees, jusqu'a ce jour, 
a la somme de 1.954 fr. 60 ; les recettes etant de 2.941 fr. 50 il 
en resulte que la difference, soit urie somme de 986 fr. 90, corisr 
titue Tayoir de 1' Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire, au 

.7 novembre 1906. : . : . . i 



— 214 — 

Les comptes sont approuv^s et des remerciements sont 
adresses a M. Lafarge ainsi qu'a M. I'Agent general charg6 de 
la comptabilit^. 

— Foire aux vins d'Anjou de la r^colte de 1906. 

II est d6cid6 que la Foire aura lieu les 5, 6, 7 et 8 jarivier 1906- 
Les vins seront regus le vendredi 4 Janvier et le samedi matin S 
jusqu'^ 10 heures du matin. Ouverture officielle de la Foire k 

1 heure de Tapres-midi, le soir banquet auauel seront invites 
les Presidents de la dhambre syndicale des debitants de vins de 
Paris, le President de la Chambre syndicale des vins et spiri- 
tueux de Paris, et M. Marguery, president de rAlimentation 
parisienne. 

II est decide que cette annee, en raison des frais plus conside- 
rables dus a Finstallation d'une tente, k d^faut du Cirque, les- 
exposants paieront 3 francs par nature de vin au lieu de 2 irancs ; 
quel que soit le nombre des echantillons exposes ; les membres 
de r Union, ainsi que les membres de la Societe Industrielle et 
Agricole d' Angers, acquitteront un droit de faveur.de 1 fr. 50 
au lieu de 3 fr. 

— Concours general de Paris en 1907. 

L'Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire exposera, suivant 
I'usage, comme collectivity, ce qui n'empechera pas les membres 
de rUnion d'avoir droit a des recompenses individuelles. Ceux 
qui prendront part au Concours paieront un prix unique de 

2 francs par echantillon de vin et auront droit k une entree 
permanente pour le Concours ; une carte leur sera d^livr^e k 
Paris au Commissariat general du Concours sur presentatioa 
de leur feuille d' admission. 

— Congres national des Syndicats d' Angers les 3, 4 et 5 juil- 
let 1907. 

Le Bureau de I'Union a envoys son adhesion au Congres et 
prendra part k ses travaux. L'Assemblee donne son approbatioa 
k cette decision. 

— Congres international de Viticulture d' Angers les 6, 7, 8> 
et 9 juillet 1907. Le Bureau de I'Union a ^galement envoys son 
adhesion au Congres. 

M. le President insiste aupres des membres de I'Union pour 
les engager k prendre part a ce Congres oiX des travaux tres 
interessants seront presentes par des viticulteurs de marque^ 
A Tissue du Congres, des excursions viticoles auront lieu pendant 
deux jours en Maine-et-Loire, puis en Touraine, probanlemeni 
aussi dans le Loir-et-Cher et les Charentes. Les Angevins 
assisteront, nous n'en doutons pas, en tr^ grand nombre k ces 
importantes reunions auxquelles les viticulteurs de tons les 
pays prendront part; ils sauront faire dignement leshonneurs 
de la ville d' Angers et des vignobles de I'Anjou. 

M. Deperri^re a bien voulu s'occuper de la question de trans- 
port, il a vu la Compagnie des trains Renard (transports auto- 



— 215 — 

mobiles sur routes) et il est persuade que ce mode de locomotion 
pourra etre adopte et utilise pour les excursions des Congres- 
sistes. M. le President remercie M. Deperriere de son interven- 
tion dans la circonstance. L'itineraire des excursions en Maine- 
et-Loire a ^te ^tabli, mais ne sera public qu'ulterieurement, 
apres avoir 6te soumis k Tapprobation de M. Prosper Gervais^ 
le grand organisateur du Congres. 

— Renseignements sur les broyeurs de garments. 

M. le President fait part de ses demarches aupr^s des construc- 
teurs pour obtenir a'envoyer des broyeurs de sarments en 
Anjou, a titre d'essai. 

M. Andrault, de Ghemill^, auquel la maison Garnier, de Redon, 
fait une remise de 15 %, a bien voulu abandonner en notre faveur 

10 % de sa remise ; de telle sorte que nous pourrions faire a nos 
membres titulaires une remise de 8 % et conserver 2 % pour la 
caisse de I'Union. Le prix des broyeurs de sarments varie de 
240 a 400 francs suivant force. Le prix du manage est de 250 fr. 
M. Andrault viendra lui-meme les mettre en route. 

Les broyeurs de sarments sont absolument les m^mes que les 
broyeurs d'ajoncs. Ces broyeurs sont mis en marche par un 
manege k chevaux, deux chevaux suffisent pour les manoeuvrer. 

11 V a bien aussi des broyeurs a la main pour ceux qui ne pos- 
sMent pas de chevaux ou de moteurs, mais la manoeuvre est 
assez dure. 

Les sarments ainsi broyes sont d'une grande ressource dans 
Une annee oii il y a disette de f ourrages, ils sont employes comme 
adjuvants et melanges a d'autres substances nutritives. 

M. le President demandera a M. A. Grau, le distingu^ profes- 
seur de zootechnie, de vouloir bien faire une note indiquant 
les doses et le mode d'emploi des sarments broyes. 

M. Garnier pr^te les instruments pour rien, il suffira de les 
aller chercher chez ceux qui les auront dej^ exp6rimentes. 

Deux appareils n9 4 seront envoy^s (appareils a manage ou k 
moteur). 

Deux appareils vfi 5 (k main) seront egalement envoyes. 

M. le President prie nos collegues de vouloir bien se faire 
inscrirfe ; lorsque tons les noms des adherents seront connus on 
etablira I'itineraire. 

— Resultats des ventes de vins faites par I'intermediaire de 
FUnion. 

M. le President fait connaitre que notre repr^sentant a deia 
vendu pour le compte des membres de I'Union ou de viticul- 
teurs qui seront appel^s a faire partie de notre Soci^t^ (depuis 
les vendanges demises) 1.540 barriques de vin provenant de 
regions differentes. 

M. le President est heureux de constater Factivit^ toujours 
^iroissante de notre nouveau courtier, qui a su trouver d' excel- 
lents debouch^ pour nos vins. 



— 216 — . 

L'Union met k la disposition de nos societaires des boite* 
d'echantillons qu'ils pourront se procurer a bon compte au 
bureau de notre Societe, 7, rue Saint- Blaise. 

M, le President rappelle que notre representant, M. Arrault, a 
son domicile 22, rue Hoche, a Angers, et descend a Paris 22, ruo 
Saint-Antoine, ou les echantillons peuvent lui etre adresses. 

— Entretien sur la quantite, la qualite de la r^colte de 1906 et 
le prix des vins. 

11 resulte, des informations diverses et des renseignement* 
fournis par nos societaires, que la quantite dps vins blancs 
surtout a 6ie tres reduite, de 2/5 environ. Quant a la qualite, 
suivant les previsions actuelles, elle sera bonne, superieure a 
celle de 1904 et, dans 1' ensemble, un peu inf^rieure a celle de 
1900 ; toutcfois, dans beaucoup de colliers, il y aura un certain, 
nombre de barriques superieures comme qualite a celles de 1900- 
En general, les vins seront sees, la haute temperature qui a ea 
lieu au moment des vendanges a determine une fermentation 
rapide et la plupart des principes sucres se sont completement 
transformes en alcool, de telle sorte que des echantillons de 
mouts qui, avant fermentation, contenaient 200 grammes de 
Sucre n'en contiennent plus actuellement que quelques grammes, 
tout s'est change en alcool. D'un autre cote, la faible proportion 
d'acide dans les mouts a favorise cette transformation, les^ 
levures n'etant pas contrariees par Taction des acides. 

Quant aux prix des vin& de la r^colte de 1906, on ne saurait 
actuellement les fixer d'une fa^on meme approximative ; il faut 
distinguer les prix du commerce en gros et les prix de detail. En 
ce qui concerne les derniers, nous savons, de source absolument 
certaine, que, d^ja, des vins blancs de choix ont ete vendus a des^ 
prix tres eleves. Un proprietaire de la vallee du Layon, que nous 
connaissons, a vendu 16 barriques dont les prix sont echelonnes 
depuis 155 francs jusqu'a 250 francs et qui font une somme 
totale de 3.000 francs environ. Certains proprietaires de grands 
crus ne cederont pas leurs meilleures barriques a moins de 
300 francs. Ces barriques de choix ne sont point rares et la 
qualite, pour ces tetes de cellier, pent etre consid^r^e des 
maintenant comme superieure aux meilleurs vins de 1900. 

Nous savons egalement que les rougets de bonne qualite (et, 
cette annee, presque tons les rougets sont excellents) sont tres 
courus {)ar le commerce parisien qui n'a pas trquve, comme 
d'ordinaire, dans le Beaujolais des vins sumsamrhent fruites, 
les vins de cette region sont trop alcooliques cette annee et trop 
chers et ont besoin d'etre rafraichis par d'autres vins ; nos 
rougets rempliront parfaitoment ce but. Les viticulteurs qui ont . 
fait de bons rougets sont done prevenus qu'ils vont etre sollicit^s 
activement par les courtiers et les negociants en gros et ils ■- 
pourront tenir plus facilement leurs prix. 

Nous savons que, dans certaines communes, les proprietaires 
ne sont point decides a ceder leurs rougets a moins de 35 francs 



— 217 - 

la barrique et leurs vins blancs (quality moyenne) a moins de 
80 francs, nu, pris au cellier, par quantites importantes. Les 
prix de detail seront, bien entendu, plus eleves. Les vins rouges 
sont admirablement reussis cette ann^e et se vendent au detail 
de 110 a 120 francs la barrique (vins rouges ordinaires). Les 
grands crus ne sont pas encore cotes. 

M. Moreau, le savant directeur de la Station cenologique de 
Maine-et-Loire, a remarque que beaucoup de vins nlancs 
avaient tendance k jaunir, puis a casser. II attribue cela a la 
mauvaise habitude qu'ont beaucoup de viticulteurs de laisser 
trop longtemps leurs raisins dans les portoires ; on doit presser 
les raisins blancs le plus vite possible, autrement ils jaunissent. 
Au reste, on a constate que les vins de vignes greffees ont beau- 
coup plus de tendance a la casse que les vins d'anciennes vignes 
francaises, cela tient surtout a ce que les vignes greffees sont 
plus jeunes et produisent des vins moins bien constitues. Ainsi, 
dans les Charentes, on a remarque que les Folles blanches 
greffees etaient beaucoup plus attaqu^es par la pourriture grise 
(tres favorable a la casse) que les anciennes Folles blanches non 
greffees, de telle sorte qu'il est question de remplacer la FoUe 
Blanche comme greffon par le Colombar. Le seul remade eflicace 
centre la casse consiste a soutirer le vin dans un fut fortement 
meche. M. de Livonni^re pratique le debourbage apres vingt- 
quatre heures, puis fait un mechage serieux apres le premier 
soutirage. 

M. Lair demande a I'Assembl^e son avis sur I'epoque la meil- 
leure pour pratiquer le premier soutirage des vins blancs en 
Anjou. On est generalement d'avis que le soutirage doit etre fait 
aussitot la grosse fermentation (fermentation tumultueuse) 
achevee, quand I'oreille, appliquee a la bonde, n'entend plus le 
moindre bruit. II est toutefois necessaire d'etablir une distinc- 
tion entre les vins provenant de raisins sains, sans pourriture, 
et ceux qui proviennent de raisins presentant des traces de 
maladies. Les premiers peuvent se passer de debourbage et le 
premier soutirage pent etre fait assez tard. Les seconds, au con- 
traire, demandent a etre debourbes et soutires de bonne heure 
pour les separer des mauvais ferments. ■ 

Toutefois, en general, il est dangereux de faire le soutirage 
quand la fermentation n'est pas terminee. 
. M. le D' Cordon fait observer que, s'il est vrai de dire en 
medecine qu'il y a des maladies et des malades, il est aussi exact, 
en viticulture, de dire qu'il y a des vignes et des terrains k 
vignes variables de composition. Dans certains terrain^, si vous 
debourbez de trop bonne heure, vous enlevez le bouquet des 
vins. 

Regie generale : dans notre contree, on a I'habitude de soutirer 
trop tard. Au premier soutirage, il est utile de mecher fortement ;. 
M. le D' Cordon n'hesite pas a employer une meche entiere par 
barrique. II est partisan des soutirages frequemment repetes, en 
ayant soin de mecher a ehaque fois. A son avis, le collage des 



— 218 — 

vins blancs ne vaut rien en g^n^ral ; toutes les coUes contienneni 
^es substances organiques donnant naissance a des ferments 
secondaires qui sont une cause de trouble pour le vin. 

M. le President juge qu'il serait interessant de parler des 
maintenant, comme suite naturelle k la discussion precedente, de 
la filtration des vins, question port^e k I'ordre dii jour de la 
seance. 

M. le D' Cordon, qui, cette ann^e, a fait chez lui des expe- 
riences de filtration sur une assez grande ^chelle, a obtenu tout 
d'abord des effets imm^diats tr^s satisfaisants, les vins sortant 
du filtre etaient tr^s brillants et d'un superbe aspect, mais, au 
bout de quelques jours, ils devenaient l^gerement nuageux et, 
si, trois ou quatre semaines apr^s I'op^ration, on les soutirait, on 
trouvait plusieurs litres d'un liquide compl^toment trouble qui 
s'6tait depose. On s'exposerait a de serieux ennuis en livrant les 
vins aussitot apr^s la filtration ; il est utile de les laisser deposer 
trois semaines au moins et de les soutirer dans un fflt bien m6ch6 
avant de les expedier. 

M. le marquis de Dreux-Breze est d'avis que, pour les vins 
ordinaires, la filtration est une excellente operation ; il fait, au 
contraire, quelques reserves pour les vins liquoreux, qui 
deviennent plus sees apr^s avoir ete filtres. 

D'aprds notre distingue collegue, les filtres a plateaux lui ont 
paru superieurs aux autres. 

M. le D' Cordon revient sur cette question et est persuade que 
les vins doivent etre pour ainsi dire sterilises par des soutirages 
r^p^tes, avec mechage energique, avant de songer a les filtrer ; 
en observant cette precaution, la filtration est une operation 
recommandable, permettant d'obtenir des vins nets plaisant 
beaucoup au commerce. 

II sera utile, d'apres M. Moreau, d'^tudier maintenant 
r^poaue la plus favorable pour entreprendre la filtration des 
vins a'Anjou. 

M. Moreau doit se rendre tres prochainement k Thouars, chez 
un grand viticulteur, qui va filtrer des vins n'ayant subi encore 
aucun soutirage. Ce proprietaire se demande si, par la filtration, 
on ne pourrait pas arriver k supprimer les soutirages? Dans tous 
les cas, ces experiences *ne manqueront pas d'etre fort interes- 
santes au point de vue cenologique. 

En resume, la plupart de nos collogues sont d'avis que I'epoque 
la plus favorable pour la filtration est tres variable et que, pour 
obtenir des resultats satisfaisants, il faut operer sur des vins 
absolument faits, sterilises pour ainsi dire par plusieurs souti- 
rages. On indique ^galement comme une mauvaise speculation de 
prendre des filtres en location ; les entrepreneurs petivent 
envoyer des filtres ayant servi a filtrer des vins malades et sus- 
ceptibles, par suite, d'empoisonner les vins qui leur seront 
confi^s par la suite. , 

M. le marquis de Dreux-Breze fait remarquer qu'avec certains 



— 219 — 

filtres une quantity notable de vin est perdue ; cette considera- 
tion doit etre examinee lorsqu'on fait choix d'un filtre. 

En resume, dit M. Moreau, la filtration des vins doit etre 
consideroe comme un adjuvant de valeur qu'on a inter§t k. 
employer en vinification. 

— La discussion sur les fraudes vient ensuite k I'ordre du jour. 
M. le President fait observer que I'eau et le sucre sont les deux 
plus grands ennemis de la Viticulture. II prie M. Moreau de nous 
presenter une etude sur le mouillage ; on pense avoir trouve un 
moyen pratique de d^celer la presence de I'eau additionnee au 
vin, d'apr^s le procede de M. Sure. 

M. Moreau accepte la proposition de M. le President et presen- 
tera son travail sur le mouillage dans une prochaine seance de 
rUnion. 

Le sucre, dit-on partout, sur tons les tons, est la principale 
cause de la crise viticole. Au Congres de Beziers qui vient d' avoir 
lieu le mois dernier ,^ on a propose de surelever la taxe du sucre de 
50 francs par 100 kilos. Pour obvier a I'opposition des Sucriers, 
M. le President serait d'avis de faire profiter de cette surtaxe les 
Sucriers eux-memes, qui la recevraient comme prime a la dis- 
tillerie, en totalite ou en partie. 

On a propose encore une taxe differentielle sur les alcools 
d'industrie et les alcools de vins. On a demande aussi le retablis- 
sement de I'exercice chez le d^bitant. 

En resume, cette question de repression de la fraude est tres 
complexe et les viticulteurs ne se sont pas encore entendus sur 
les moyens les plus efficaces pour obtenir des resultats reelle- 
ment pratiques. 

M. le D' Sigaud, secretaire general, propose k I'Assemblee 
d'^mettre le voeu suivant, ainsi formule : 

« L'Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire, dans sa reu- 
nion du 17 novembre 1906, a emis le voeu suivant : 

« Que tons les representants de Maine-et-Loire, s^nateurs et 
deputes, n'interviennent jamais en faveur des fraudeurs quels 
qu ils soient, sous le coup d'une condamnation pour fraudes sur 
les vins, sur les alcools et, en general, sur tout ce qui est du 
ressort de la Regie, et cela dans le but d'obliger le Ministre des 
Finances a annmer les condamnations prononcees par les tribu- 
naux, ou du moins k accorder de fortes transactions. 

« Qu'ils apportent en outre leur appui a I'interpellateur 
charge de poser la question Saint-Aubin, Bourrat et Dayon 
devant les Chambres. » 

L'Assemblee est unanime pour approuver ce voeu, qui sera 
adresse le plus tot possible a tons nos representants de Maine-et- 
Loire. 



— 220 — 

— L'heure 4tant avancee, M. le President remet a une autre 
stance la fin de la discussion sur les fraudes et la question impor- 
tante de la cochylis. M. le D' Sigaud dit qu'il a I'intention de 
parler de la cochylis samedi prochain 24 novembre, a la seance 
mensuelle de la Soci^te Industrielle et Agricole d'Angers, et, 
d' accord avec M. Bordeaux-Montrieux, president de la Societe, il 
invite tons les membres presents, meme ceux qui ne font pas 
partie de la Societe Industrielle, a assister k cette reunion. 

La stance est lev^e ^ 3 h. 1 /2. 

Le Secretaire general, 

D' P. Sigaud. 



Les bl^s k grand rendement a la ferine 

expSrimentale d'AvrillS depuis 1901 

Par M. P. Lavaller, Ingenieur-Agronome 
Directeur de la fernie experimentale d'Avrille (Maine-et-Loire) 

Remarques sur la r^colte de bl6 de 1906 

La recolte de ble a cause, cette ann^e, bien des illusions ; 
nulle part on n'est satisf ait. Le bassin de Paris, le nord, le nord-est 
ainsi qu'une partie du nord-ouest (d^partements de la Manche, 
du Calvados et de TOrne) ont, il est vrai, des rendements sup6- 
rieurs a ceux de Tan dernier, mais ils sont loin d'etre aussi 
eleves qu'on Tesperait a la moisson, et 1906 ne sera pas pour ces 
regions Tannee d'oxtreme abondance qu'on avait pr^mature- 
ment escomptee. 

Dans le reste de la France, notamment dans TOuest, le centre 
et le sud-ouest, la recolte de ble en grain et en paille a ete tres 
ma^jvaise. En annee normale, cette consideration du rendement 
en paille n'a pas grande importance, mais cette annee, par suite 
de la secheresse qui est de venue une veritable calamite dans ces 
regions, le cultivateur se domande avec anxiete comment et 
avec quoi il entretiendra son betail pendant Thiver. 

Cost surtout dans les fermes oii les cereales d'automne sont 
cultivees en s'inspirant uniquement des anciens errements que 
les deceptions ont ete grandes ! Nous connaissons meme des 
exploitations ou Ton a ete oblige de faire consommer une partie 
du ble comme fourrage vert, tellement les emblavememts etaient 
compromis par les mauvaises herbes. Le grand developpement 
pris par celles-ci provenait evidemment de Thiver « pourri » et 
du printemps humide ayant fait suite aux semailles, mais il 



— 221 — 

^tait du aussi — il faut bien Tavouer — au manque de soins 
apportes aux cultures precedant le ble dans Tassolement. 

Quoi qu'il en soit et pour fixer les idees, nous nous proposons 
de faire connaitre : 1^ les resultats constates dans nos champs 
d'experiences avec les dix varietes de ble qui y sont suivies 
d'une mani^re rf^guliere depuis six annees conseculives (1901- 
1906). Nous rappellerons aussi les rendements des annees ante- 
rieures, afm de faciliter les comparaisons entre la production de 
chaque annee ; 

2^ Nous chiffrerons Tinf^riorite de la recolte 1906 sur celle de 
Tan dernier, et ferons de meme par rapport au rendement moyen 
des cinq annees anterieures (1901-1905) ; 

3° Nous ferons une monographic aussi succincte qxie possible 
des caracteres generaux de chaque variete ; 

40 Nous classerons les dix especes de bl^ envisagees d'apres 
leur productivite moyenne en grain pour six annees ; 

50 Nous exposerons en terminant les resultats obtenus avec la 
seconde partie du champ d'experiences, laquelle comprenait 
egalement dix varietes de ble a grand rendement. 



DESCRIPTION DU CHAMP D EXFERIENCES DE 1906 

Notre champ d'experiences occupait une piece de terre dc plus 
d'un hectare, en terrain plat, de constitution homogenc, soumis 
au meme assolement depuis longtemps. 

Nature du sol. — Le sol est argilo-siliceux, repose sur un 
sous-sol de meme nature ; Tun et Tautre proviennent de la de- 
composition de schistes siluriens. Pour bien fixer les idees, nous 
donnons ci-dessous la composition physique et chimique de ce 
terrain. 

Composition physique, — 100 parties de terre fine contiennent : 

Sol Sous-sol 

Cailloux 18,70 21,25 

Elements siHceux 57,35 65,95 

Argile 19,12 8,35 

Galcaire 0,69 0,36 

Debris organiques 2,50 2,80 

Humus 0,50 traces 

Composition chimique. — 1.000 parties de terre fine con- 
tiennent : 

Sol ^, Soua-sol 

: Azote 1,68 1,40 

Acide phosphorique 0,88 0,69 

Chaux 3,76 2,01 

Potasse 4,43 4,36 

Magnesie 0,90 0,60 



— 222 — 

^ Cette terre, comme toutes celles de meme formation g6olo- 
gique, est tr^s riche en potasse, insuffisamment pourvue en acide 
phosphorique et manque surtout de chaux. L azote s'y trouve 
en bonne proportion, mais, par suite de la nature argileuse du 
sol et de 1 absence de calcaire, la nitrification y est lente ; Tap- 
port d'azote assimilable est parfois necessaire au nrintemps, 
pour favoriser le depart de la vegetation. 

Assolement, — Le terrain avait port^ une culture fourragere 
de vesce d'hiver, suivie d'un mais fourrage en 1905. 

En^rais. — La vesce regut, comme engrais, une dose de 
400 kil. de superphosphate a Thectare ; pour le mais on apporta 
40.000 kil. de bon fumier de ferme enfoui par un labour, et 
200 kil. de nitrate de sonde eh couverture. 

On chaula, pour le ble, a raison de 30 hectolitres de chaux 
vive a Thectare. Get amendement fut melange au sol par un 
double scarifiage suivi d*un labour de 15 a 16 centimetres de 
profondeur. Le but de ce chaulage etait, non seulement d'ame- 
liorer les proprietes physiques du sol, mais encore de mobiliser 
le reliquat de la fumure au fumier de ferme laisse par le mais. 

Comme engrais complementaires, nous avons employe, a 
Tautomne, 400 kil. de superphosphate dosant 14,70 % d'r.cide 
phosphorique et 150 kil. de nitrate de sonde au prititemps. Le 
superphosphate fut epandu apres le labour, avant d'operer les 
hersages precedant les semailles ; le nitrate de sonde fut reparti 
en couverture le 5 avril et incorpor^ au sol le meme jour par un 
hersage. 

Semailles. — Les semailles eurent lieu le 26 octobre, au semoir, 
en lignes espacees de 20 centimetres. La terre ayant ete tres bien 
pr^paree, la qxiantite de semence fut reduite entre 95 et 130 kil. 
a rhectare, suivant la grosseur du grain et la puissance de tallage 
des varietes. 

Les grains furent enterres a une profondeur uniforme de 
4 a 5 centimetres. 

La le^'Se s'opera dans de bonnes conditions ; mais, par suite 
d'un automne pluvieux et surtout d'un hiver trop humide et 
trop doux, les mauvaises herbes ne tarderent pas a apparaitre. 
Elles furent detruites par des hersages et des Dinages executes 
en mars et avril. C'est grace a ces famous, preced^es et suivies 
d'un roulage, que tons les ans nous d evens en partie la grande 
superiority de nos recoltes sur celles des cultures environnantes. 

Le tallage, pen favorise par les conditions climateriques, fut 

Eeu actif et tres reduit ; la montee des tiges fut lente et tardive, 
a plante n'avait pas la vigueur habituelle ni au moment de Te- 
piage, ni a Tepoque de la floraison ; les epis furent moins longs, 
la fecondation moins bonne qu'en annee normale. Telles sont les 
causes auxquelles il faut attribuer, pour les cultures bien tenues, 



— 223 - 

la reduction dans lo rendement en grain et en paille de cette 
annee. 

La maturation s'est operee dans de tres bonnes conditions pour 
les varietes precoces ; mais pour les bles tardifs, elle fut preci- 
pitee par la temperature exceptionnellement chaude et seche qui 
caracterisa la seconde quinzaine de juillet. Le rendement en 
grain a ete bien inferieur a ce qu'on etait en droit d'esperer 
d'apr^s la belle apparcnce de la recolte quinze jours [avant la 
moisson. 

La moisson a ete faite du 16 au 29 juillet, suivant le degre de 
precocite des differentes varietes. 

La paille n'yant pas souffert des maladies cryptogamiques, 
est d'excellente qualite, mais un peu moins abondante qu'en 
annee normale. 

Le grain, d'une siccite remarquable, etait de toute premiere^ 
qualit^; il pesait facilement 80 kil. Thectolitre au sortir de la 
machine a battre,et 84 a 85 kil. apres avoir subi les triages nee es- 
saires pour en faire de la semence. 

Rendemcnts. — Nous donnons le produit en grain et en paille 
a I'hectare de cbaque variete d'apres leur degre de precocite, et 
nous le comparons a celui des annees 1901-1902, 1903-1904 et 
1905. 

1^ B16 bleu de No6. — Moissonne le 16 juillet, il a rapporte, k. 
rhectare, 2.410 kil. de grain et 5.560 kil. de paille. 

Comparaison avec la production des annees anterieures : 

Grain Paille 
Ann6es kil. kil. 

Le produit a Thectare, en 1901, a ete de.. . 2.800 7.300 

— en 1902 2.300 4.500(1) 

— en 1903 3.100 6.800 

_ en 1904 2.600 7.100 

_ on 1905 3.360 6.390(1) 

_ en 1906 2.410 5.560 

Rendement moyen des six annees %. T61 6. 315 

La recolte de cette annee est inferieure a celle de I'an dernier 
de 28,2 % pour le grain et de 13 % pour la paille. 

Elle est egalement inferieure a la production moyenne des 
cinq annees anterieures de : 14,9 % pour le grain et de 13,3 % 
pour la paille. 

(1) Les semailles ont 6t6 faites en f^vrier 1902 et 1905, 11 en est de 
m§me pour les autres vari^^s mises en comparaison, il n'y a d'excep- 
tion que pour le bl^ jaune k barbes, lequel a tou jours ^t6 sem6 k Tau- 
tomne. 



— 224 — 

Le hU bleu de Noi, plus connu en Anjou sous Ics designations 
de bU petit bleu ou bli blanc bleu qu'il doit a la teinte bleuatre de 
ses ieuilles et de ses tiges au moment de Tepiage, est caracterise 
par une paille blanche, courte, raide, de giosseur moyenne, for- 
mant k la maturite le cou de cygne sous le poids de Tepi ; celui-ci 
est blanc-violac6, long et large, le grain est Jaune ou gris-jaunatre 
demi-long, tres obtus, gros et bien plein. Cfette variete talle peu, 
demande a etre sem^e dru, ne supporte pas les hivers des climats 
rigoureux, est tr^s sensible k la rouille, sujette au charbon, a la 
carie. Par centre, le ble bleu de No6 est tres precoce, pe.ut s'ense- 
mencer j usque mi-f6vrier, resiste bien k la verse. II convient aux 
terres saines, aux terres log^res ou de consistance moyenne, 
quelles que soient leur profondeur et leur dogre de fertilite. 

II est tres repandu en Maine-et-Loire, notamment dans Tar- 
rondissement de Segr6 ou il a 6t6 s^lectionne et propage par un 
de nos meilleurs agriculteurs, M. Martin, de Marans. Dans la 
valine de la Loire on Ta a peu pres completement abandonne 
pour lui substituer le ble japhet. 

2° B16 rouge de Bordeaux. — Moissonn^ le 17 juillet, il a rap- 
ports, a rhectare, 2.670 kjl. de grain, 5.940 kil. de paille. 

Comparaison avec la production des annees anterieures : 

Grain Paille 
Annies kil. kil. 

Le produit a Thectare, en 1901 a ete de 3 . 040 7 . 500 

— en 1902 a ete de 2.200 5.200 

— en 1903 a ete de 2.700 6.850 

— en 1904 a ete de 3.520 7.580 

— • en 1905 a ete de 3.155 6.120 

— enl906aetSde 2.670 5.940 

Rendement moven des six annees %, 881 6. 5^ 

La recolte de cette annee est infSrieure k celle de Tan dernier 
de 15,3 % pour le grain et de 2,9 % pour la paille. Elle est egale- 
ment inferieure a la production moyenne des cinq annees ante- 
rieures de 8,7 %pour le grain et de 10, 6 % pour la paille. 

Le ble Rouge de Bordeaux a la paille de hauteur et de grosseur 
moyennes,repiestrouge avec reflets bleu-violaces, de forme alien- . 
gee,pointu au sommet, demi-serre, souventcourbe^ la maturite,. 
ce qui en rend la moisson plus difficile. Le grain est gros, court, 
bien plein, rougeatre ou jaune, suivant la nature du terraui qui 
Ta porte. ^ * • 

La paille de cette variete est une des plus riche? ^ silice, aussi 
est-elle dure, cassante, peu digestible, convient jnkl pour Tali- 
mentation du betail. Le grain est bien apprecie par la meunerie. 

C'est un ble assez rustique, tallant peu, a vegetation trSs active 
facilement reconnaissable au printemps, a la teinte bleuatre de 
son feuillage et de ses tiges. II n'offre pas le degre de resistance 
a la verse qu'on lui a quelquefois assigne, mais par suite de sa 



— 225 -^ 

pr^cociie, cet inconvenient est moins a redouter qu'avec les 
especes tardives. On doit le couper plus tot avant qu'apres com- 
plete maturite, car il s'egrene assez facilement. 

Le ble Rouge de Bordeaux roussit a la fois comme ble d'au 
tomne et comme ble de fevrier, convient aux tcrres de bonne 
inoyenne fertilite, aux situations ou Techaudage est a redouter. 

3° B16 Japbet. — Moissonn6 le 18 juillet, il a rapports, a Thec- 
tare, 2.830 kilos de grains et 6.210 kil. de paille. 

Comparaison avec la production des ann^es ant6rieure« ' 

grain paille 
Ann6es kil. kil. 

T.e produit a i'hectare, en 1901 a et(^ de 3 . 200 8 . 300 

— enl902aetede 3.000 4.900 

— enl903aetede 3.410 7.800 

— enl904aet6de 2.900 7.600 

— en 1 905 a ete de 3.460 6.390 

en1906aotede 2.830 6.216 

Rendemeni moyen des six annhs 3. 133 6. 866 

Jia recolte de 1906 est inf^rieure k celle de Tan dernier de : 
18,2 % pour le grain et de 2,8 % pour la paille. Elle est inferieure 
a ]a production moyenne des cinq ann^es anterieures de : 11,3 % 
pour le grain et de 1 1 ,2 % pour ]a paille. 

» 

Le hU faphet faussement appel^ ble f)ieu, ble merveiUciix par 
les producteurs de semences cherchant k 6couler une meme 
variete sous des noms differents, est caracterise par une paille 
blanche, plus forte, plus longue et aussi resistante a la verse 
que celle du Noe. L'epi est blanc, a reflets gris- violaces, de longueur 
superieure a la moyenne, demesurement large, se terminant 
trusquement en une pointe tres courte. Les epillets sont peu 
serres, tres ouverts, garnis d'aretes a peine apparentes. Le grain 
est jaune, tres gros, obtus aux deux extremites, renfle et bien 
plein ; recolte dans de bonnes conditions, il a la teinte du vioil or. 

Le ble japhet est le produit d'une variation spontanee du ble 
bleu de Noe trouvee dans les ploders dxi mont Saint-Michel ; 
c'est a la fois un ble d'automne et de fevrier recommandable 
pour les bonnes terres des climats temperes. Mis dans le com- 
merce il y a une dizaine d'annees par la maison Vilmorin, il a 
pris rapidement une grande extension en Anjou ; o'est la 
variete de predilection de la vallee de la Loire ou la faible resis- 
tance k la rouille du Noe faisait redouter les printemps plu- 
vieux. 

B16 pr^coce d'Avrill6 ou bl6 LI. — Moissonne le 19 juillet,il a 
xapporte a Thectare 2.650 kil. de grain ct 6.000 kil. de paille. 

Comparaison avec la production des annees anterieures : 



— 226 — 

Grain PaUle 
Annies kil. kil. 

Le produit k Thectare en 1901 ete de 3 . 340 7 . 800 

— en 1902 a ete de 3.100 5.500 

— en 1903 a ete de 3.580 8.700 

— en 1904 a ete de 2.920 8.400 

— en 1905 a ete de 3.420 5.800 

— en 1906 a ete de 2.650 6.000 

Rendement moyen des 6 ann^es 3. 165 T. OSS 

La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier 
de 22,1 % pour le rendement en grain et superieure de 3,4 % 
poiu* le produit en paille. Elle est inferieure a la production 
moyennne des cinq annees anterieures de 17,1 % pour le grain 
et de 17,4 % pour la paille, 

Le hU prScoce d'AvrilU ou hU LI provient d'un semis de ble 
Rieti (1) fait a Cappelle (Nord) en 1896, dans lequel nous remar« 
quames des epis a barbes tres courtes. Ces epis recoltes separe- 
ment furent Tobjet d'une selection rigoureuse et continue,^ 
laquelle donna, apres trois generations successives, des epis 
ayant perdu toute trace de barbes. Ce caractere devint immedia- 
tement hereditaire tandis que les autres ameliorations ne 
purent se transmettre au meme degre que quelques annees 
plus tard. Cette variete possdde une paille haute, souple, de 
grosseur moyenne, courbee en cou de cygne sous le poids de 
P^pi au moment de la moisson ; Tepi est tres long, moyennement 
serr^ ; au debut, le grain etait jaune-grisatre, actuellement il est 
blanc, legerement grisatre, court, tres gros, bien plein, obtus aux 
deux extremites, demi-glac6, ce qui indique une richesse tres 
eievee en gluten. 

. Le ble precoce d'Avrille reunit un ensemble de qualites qu'il 
doit tant a son origine qu'aux soins de selection dont il a ete 
Tobjet. Originaire d'une vallee chaude et humide, il presente 
une grande resistance a la rouille, murit de bonne heure, talle 
bien : la selection a augmente considerablement son degre de 
resistance a la verse et lui a fait acquerir les caracteres de produc- 
tivite des esp^ces les plus prolifiques. On pent Tensemencer soit 
comme ble d'automne, soit comme ble de printemps jusque 

mi-fevrier. 

Cultivee sous les climats et dans les sols les plus divers, cette 
excellente variete a donne partout de tres bons resultats. Elle 
convient aux terres fertiles aussi bien qu'aux terres de richesse 
moyenne et a toutes les situations ou Ton craint Techaudage. 

B16 Bordier. — Moissonne le 20 juillet, il a rapporte, a Thee— 
tare, 2300 kil. de grain et 5540 kil. de paille. 
Comparaison avec la production des annees anterieures : 

{\) Ri^ti est le nom d'une ville d'ltklie (Ombrie), chef-lieu d*arron- 
dissement, surle Velino, k 422 metres au-dessus du niveau de la mer,. 
k 65 kilometres N.-E. de Rome* 



— 227 — 

Grain Pailie 
Ann^e» kil. kil. 

Le prodiiit h Thectare en 1901 a ete de 3. 100 8.350 

— er. 1902aetiide 2.800 5.920 

— en 1903 a ete de 3.080 8.830 

— . en 1904 a ete de 2.650 6.020 

— en1905aetede 3.255 5.550 

— en 1906 a ete de 2.300 5.540 

Hendement moyen des six anriees 8. 864 6. TOl 

La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier 
de 29,3 % pour le grain, quant a la pailie, il n'y a pas de diff6^ 
rence sensible entre la production des deux annees. 

La recolte de 1906 presente, par rapport au rendement 
moyen des 5 annees ant^rieures, une inferiorite de 22,7 % pour le 
grain et de 20,9 pour la pailie. 

Le ble Bordier a la pailie blanche, longue, plut6t fine que 
grosse, courl)ee a sa partie superieure sous le poids de Tepi ; 
celui-ci est long, etroit, peu serre. Le grain est blanc, gros, court, 
arrondi. Pailie et grain sont de bonne qualite. 

Le ble Bordier est le produit d'un croisement artificiel opere 
par M. H. de Vilmorin entre le Prince-Albert et le ble bleu de 
r^o6 ; son introduction en culture date de 1889. 

Cest un ble demi-hatif, rustique, sujpportant tr^s; bien les 
intemperies des hivers de la region de TOuest et les secheresses 
de Fete ; il talle beaucoup, offre une assez grande resistance a la 
verse et a la rouille. 

Le ble Bordier convient surtout aux terres argilo-calcaires ou 
silico-argileuses de moyenne fertilite. En sols riches, son grain 
est moins beau; sa pailie exposee a la rouille, a la verse. On pent 
Tensemencer tardivement k Tautomne ou s'en servir a la fin de 
rhiver comme ble de printemps. 

B16 gris de Saint-Laud. — Moissonne le 20 juillet, il a rapports 
a Thectare 2300 kil. de grain et 5520 kil. de pailie. 

Comparaison avec la production des annees anterieures : 

Grain Pailie 
Annies kil. kil. 

Le produit k Thectare en 1902 a ete de 2. 600 5 . 700 

— en 1903 a ete de 2.700 7.400 

— en 1904 a ete de 2.940 8.580 

— enl905a^tede 3.170 6.055 

— enl906act6de 2.300 5.520 

Rendement moyen des 5 annees 2. T43 6. 651 

La recolte de 1906 est inferieure k celle de Tan dernier de 
27,4 % pour le grain et de 8,8 pour la pailie. 
Par rapport k la production moyenne des quatre annees 



:^; 



— 228 — 

anterieures, il y a egalement deficit de 19,3 pour le rendement 
en gj'ain et de 20,3 pour le produit en paille. 

Designe aussi sous le nom de hU de Saumur d'auiomne, le hit 
gri? de Saint-Laud est le ble de pays de notre region, ses carac- 
teres, ses qualites comme ses deiaiits sont bien connus. On pent 
les resumer comme suit : paille blanche, fine, elevee; epiblanc- 
grisatre, allonge termine en pointe, pourvu au sommet d'arotes 
ayant parfois rapparenco de veritafcles barbes, grain jaunatre, 
gros, long, renfle, demi-glace. 

Comme la plupart des bles de pays, le ble gris de Saint-Laud 
a une paille tres appreciee pour la nourriture du betail, et 
rexcellente qualite de son grain le fait rechercher avec prime 
sur les marches. 

Malheureusement cette variete ne presente pas un grand 
degre de resistance a la verse, talle peu, redoute les hivers rigou- 
reux, par contre, elle miirit d'assez bonne heure, ne souffre pas 
de Techaudage, pent s'ensemencer tardivement sans aucun 
inconvenient. G'est surtout dans les terres legeres ou calcaires 

2ue sa superiority sur les autres especes est le plus marquee. 
>ans les tonnes terres a ble elle cede de plus en plus sa place 
aux varietes plus robustes et plus productives. G'est la un 
fait que Ton doit accepter en attendant que les agronomes de 
notre region aient dote la culture d'une selection de ble gris de 
Saumur reunissant les qualites des meilleurs froments a grand' 
rendement. 

B16.blanc de Flandre. — Moissonne le 22 juillet, il arapporte 
a rhectare 2.540 kil. de grain et 5.520 kil. de paille. 

Comparaison avec la production des annees anterieures : 

Grain Paille 
Ann6es kil. kil. 

Le produit a I'hectare en 1901 a ete de 3 . 270 8 . 900 

— en 1902 a ete de 2.300 6.000 

— en 1903 a ete de 3.170 S.lOa 

— en 1904 a ete de 2.760 8.340 

— en 1905 a ete de 2.425 6.710 

— en 1906 a ete de 2.540 5.520 

Rendement moyen des 6 annees %, '>'44 T. ^1 

La recolte de cette anneeestsuperieure k celle de Tan dernier 
de 4,7 % pour le grain et inferieure de 17,7 pour la paille. Le 
deficit par rapport a la moyenne des cinq annees anterieures 
se chifTie a 8,8 % pour le grain et a 27,4 pour la paille. 

Le ble Blanc de Flandre est aussi designe sous les noms de 
ble d'Armentieres, de Bergues, d'Orchies ; ces diverses syno- 
nymies rappellent les principaux centres de sa culture, if a la 
paille blanche, 61evee, fine, souple, de resistance moyenne a 
la verse ; Tepi est long, large a la base, eflRle au sommet, il sa 
termine par des aretesfines plus ou moins longues. Le grain est 



— 2^ — 

blanc, allonge, de grosseur moyenhe, aminci aux deux extre- 
mites. 

Le ble blanc de Flandre est un ble de pays originaire de la 
province a laquelle il doit son nom ; c'est le plus amUiore des hies 
de pays, II reunit a la fois la qualite et la quantite. Son grain a 
une ecorce tres fine, donne une farine d'une blancheur remar— 
quable, tres recherchee par la boulangerie, sa paille est xme des 
plus estimee pour la nourriture du betail ; ce dernier caractere 
a son importance pour les exploitations ou Ton entretient beau- 
coup d'animaux. 

Le ble blanc de Flandre doit une partie de ses qualites a la 
selection dont il a ete Tobjet, malheureusement on n'a pas ete 
assez loin dans la voie des ameliorations ; la rouille est a craindre 
dans les sols humides, la verse k redouter dans les terres .riches. 

En resume, cette variete convient aux terres saines, pro- 
fondes, de fertilite moyenne. Elle talle bien, pent etre semee 
tardivement, arrive a maturite apres les varietes precoces. Dans 
nos champs d'experiences d'Avrille, son ^rain a toujours ete 
plus beau que celui obtenu par nous, autrefois, a Cappeile (Nord). 

B16 Dattel. — Moissonne le 23 juillet, il a rapporte a Thectare 
2.610 kil. de grain et 5.840 kil. de paille. 

Comparaison avec la production des annees anterieures r 

Grain Paille 
Ann6es kil" kil- 

Le produit a Thectare en 1901 a ete de 3 . 360 8.210 

— en 1902 a ete de 2.800 5.400 

— en 1903 a ete de 3.200 7.350 

— en 1904 a ete de 2.880 7.200 

— en 1905 a ete de 3.210 6.800 

— en 1906 a ete de 2.610 5.840 

Rendement moyen des 6 annees 3. 010 6. 800 

La r^colte de cette annee pr^sente sur celle de Tan dernier un 
deficit de 13,2 % dans le produit en grain et de 14,2 % dans 
celui de la paille. Ges proportions restent les memes lorsqu'on 
compare la production de cette annee au rendement moyen des 
cinq annees anterieures. 

Le ble Dattel est sans contredit une des phis interessantes 
varietes de ble creees par M. H. de Vilmorin. II est issu d'une 
fecondation artificielle du ble Chiddam d'automne a epi rouge 
par le ble Prince-Albert. II a la paille forte, de hauteur moyenne ; 
repi roux, large, allonge, le grain blanc, gros, court, bien rempli. 

Cette variete a une vegetation tres rigoureuse, talle beaucoup, 
oiTre une grande resistance a la verse et aux maladies cryptoga- 
miques. C'est une des meilleures varietes de bie a grand rende- 
ment, a cultiver en sols fertiles, surtout dans ceux ov. les bies 
ont a soufMr de I'humidite scdt pendant Thivcr, s^it au pi- n- 
iemps. . . 



— 230 — 

Bl^ blane i ^pi rouge oa M^ L%. — Afoissonne le 23 juiUet, S 
a rapport e a Thectare 2865 kil. de grain et 6315 kil. de paille. 
CoiTiparaison avec la production des annees anterieures : 

Grain PaiUe 
Annies kil. kil. 

Le produit a I'hectare, en 1901 a ete de 3 . 265 8 . 800 

— en 1902 a ete de 3.200 7.920 

-^ en 1903 a ete de 3.400 7.560 

— en 1904 a ete de 3.080 7.520 

— en 1905 a ete de 3.360 6.900 

— enl906aet^de 2.865 6.315 

Rendement moyen des six annees 3. 195 1. 5M 

La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier 
de : 1 4,7 % pour le grain et de 8,5 % pour la paille ; elle est egale- 
ment inferieure a la production moyenne des cinq annees ante- 
rieures de 12,1 % pour le rendement en grain et de 1S,3 % dans 
cehii de la paille. 

Le ble blanc a ipi rouse a la paille forte, droite, tres elevee ; 
Tepi rappelle un peu celui du ble Battel mais il est plus roux, 
plus allonge et plus serre le grain est blanc, court, gros, rentle, 
legerement glace. 

Cette variety est issue d'une selection du ble Chiddam d'au- 
tomne k epi rouge, poursuivie pendant une vingtaine d'annees 
consecutives dans les cultures de Cappelle (Nord) par feu Flori- 
mond Desprez. ^oumis par nous a une nouvelle selection, le 
blanc a epi rouge s'est beaucoup ameliore, il est tres mstique, 
ainsi qu'en temoignent les essais faits dans Test de la Prance ou 
les hivers sont tres rigoureux, talle beaucoup, a une vegetation 
tres vigoureuse, une maturite tou jours bonne, presente une tres 
grande resistance a la verse et aux maladies cryptogamiques. La 
regularite de sa production en grain et en paille en font une variete 
tres recommandable pour les terres fertiles, de meme que pour 
les situations ovi Ton compte sur le tallage pour combler les vides 
qui se forment par suite des intemperies de Thiver. 

B16 jaune & barbes ou bl6 L 3. — Moissonne le 29 juillet, il a 
rapporte a Thectaro 3. 180 kil. do grain et 7.525 kil. de paille. 

Comparaison avec la production des annees anterieures : 

GraiQ Paille 
Annies kil. kil. 

Le produit k Vh ectare, en 1901 a ete de 3 . 780 9 . 800 

— enl902aet6de 4.100 9.000 

— enl903aet6de 4.250 8.800 

— enl904aet^de 3.200 9.200 

— enl905aetede 3.600 10.100 

— en 1906 a ete de 3.180 7.525 : 

Rendement moyen des six ann^s 3.S85 9.9M 



— 231 — 

La recolte de cette annee est inferieure a celle de Tan dernier 
de 11,6 % pour le produit en grain et de 25,4 % pour celui de la 
paille ; elle est egalement inferieure a la production moyenne des^ 
cinq annees ant^rieures de 16 % pour le grain et do 17,4 pour la 
paille. Le ble jaune a barbes a la paille droite, forte, pleine dans, 
sa partie superieure, elle se courbe en cou de cygne sous le poids 
deTepi k T^poque de la maturite. L'epi est long, tres serre, de 
forme pyramidale, pourvu d'aretes tres longues ; le grain est 
jaune, gros, bossu, parfois marqxie de noir du cote du germe. Ce- 
dernier caractere ne s'est pas manifeste dans nos cultxires depuis 
cinq ans, nous attribuons sa disparition a la selection rigoureuse- 
a laquelle cette variete y est soumise. 

Le ble jaune a barbes est une selection du ble Poulard d'Aus- 
tralie, il n'a que deux def auts : le premier est d'avoir un epi barbu 
ce qui rend les balles inutilisables pour la nourriture du betail, le 
deuxieme c'est de donner une farine un peu. inferieure par son 
manque de plasticite. Par contre, il a de tr^s grandes qualit^s : il 
est tres rustique, insensible aux maladies, resiste a la verse, donne 
un produit tres eleve en grain et en paille, ne s'egrene pas sur le- 
champ aprds maturite ; lorsqu'il est cultive comme il convient^ 
la qualite de son grain difTere peu de celle des bles tendres. 

Pour bien reussir il demande a etre ensemence au moins huit 
jours avant les varietes qu'on a Thabitude de semer de bonne- 
neure, sa maturite etant tardive il faut employer un quart a 
un cinquieme de plus de semence que pour les autres especes,. 
afm de reduire le tallage au minimum et hslter la montee des 
tiges au printemps. 

Le ble jaune a barbes convient surtout aux terres fertile^ de- 
nature argileuse ayant de la profondeur, il occupe avantageuse-^ 
ment les pieces de terre qui sont moissonnees les dernieres et 
celles qui, par leur situation, sont sujettes a etre ravagees par les^ 
oiseaux au moment de la recolte. 



RESUME 

Nous resumerons notre etude sur les dix varietes de ble 
dont nous venons de parler en trois tableaux. Dans le 
premier, les varietes etant placees suivant Tordre de precocite,. 
une colonne indique les rendements obtenus en 1906, une autre 
la production moyenne des six dernieres annees (1901 a 1906). 

Dans le tableau II se trouvent reunies les differences telles que 
nous les avons chiffrees par rapport a la recolte de Tan dernier et 
par rapport a la production moyenne des cinq annees ante- 
rieures. 

Ces deux tableaux sont suivis d'un grapbiqiie dans leqxiel les- 
varietes sont placees d'apres Tordre decroissant de leur rende- 
ment moyenen grain pour les six annees. 



~ 232 — 

Tableau I. — Rendement a V hectare des 10 varietes de ble ay ant 
fait partie des champs d' experiences d'une maniire continue 
depuis 1901. 



NOM DES VARIETES 



Bleu de Noe 

Rouge de Bordeaux . . . 

Japhet 

Precoce d'Avrille (L 1) 

Bordier 

Gris de Saint-Laud — 

Blanc de Flandre 

Battel 

Blanc a epi rouge (L 2) 
Jaune a barbes (L 3). . . 




kilos 

2.410 
2.670 
2.830 
2.650 
2.300 
2.300 
2.540 
2.610 
2.865 
3.180 



kitos 

5.560 
5.940 
6.210 
6.000 
5.540 
5.520 
5.520 
5.840 
6.315 
7 . 525 



Rendement moyenpour 
6 tnn^e!) (1901 1906) 



grata 



kll03 

2.761 
2.881 

3.133 
3.165 
2.864 
2.742 
2.774 
3.010 
3.195 
3.685 



paille 



kilos 

6.275 
6.532 
6.866 
7.033 
6.701 
6,651 
7.261 
6.800 
7.500 
9.204 



Tableau II. — Dificit de la ricoUe 1906 par rapport d celle de 
1905 et par rapport d la production moyenne des cinq annees 
antirieures (1901-1905) pour chaque variiti expirimentie. 



NOHS DES VARIETES 



Bleu de Noi 

Rouge de Bordeaux 

Japhet 

Precoce d'Avrille (ble LI) 

Bordier 

Gris de Saint-Laud 

Blanc de Flandre 

Battel 

Blanc, a epi rouge (ble L 2) 

Jaune a barbes (ble L 3) 



Molns value par 

rapport a la r^colte 

1905 



en gram 



% 

28,2 
15,3 
18,2 
22,1 
29,3 
27,4 
+ 4,7 
13,2 
14,7 
11,6 



en paiUe 



% 

13. 
2,9 

2,8 

+ 3,4 

8,8 
17,7 
14,2 

8,5 
25,4 



Molns value par 

rapfoi t d la production 

moyenne des 5 annees 

(1901 h 1905) 



en grain 



% 

14,9 
8,7 
11,3 
17,1 
22,7 
19,3 
8,8 
13,2 
12,1 
16. 



en paille 



% 

13,3 
10,6 
11,2 
17,4 
20,9 
20,3 
27,4 
14,2 
18.3 
214 



De <'es deux tablt oux nous d^duisons : 

Que la rScolte moyenne a I'hectare des dix ~'ariil6s de hli de ruttre 
champ d'expiriences a eti, en 1906, de 2.635 kilos de gmin ou 
?4 hectolitres de 77 kil. 500 et de 5.996 kihs de paille. 

Que celte ricoUe moyenne est infdneure d celle d '•elle de 1905 de 
18,4 % pour k produit en e.rain et de 9 % en chifjre rand pour 
celui de la paille ^ 



le de 

7 % 



J nos 
aux 
Drt k 
Iture 
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Bleu « 

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Tab I. 
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B1eu> 
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Bordi 
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Blanc 
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De 

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chamj 

?4het 

Qw 

eel at ( 



-2 5i 



%=? 



§1 



-1 233 —. 

Enfin la ricolte 19^ est infirieure d la production moyenne de 
cinq ann^es antirieures de 14,41 % pour te grain et de 17,47 % 
pour la pa ilk. 

Nous n'avons pas d'el^ments d' appreciation pour etendre nos 
calculs k toute notre region, mais les renseignements puises aux 
meilleures sources nous autorisent a dire qu il y a, par rapport a 
Tan dernier, un deficit de 30 a 40 % dans le rendement en culture 
peu soignee, tandis que, dans les fermes ou le bl^ est cultive avec 
les soins necessaires, la moins-value de production serait sensi- 
blement 6gale a celle que nous signalons pour notre champ 
d' experiences. Nous croyons meme devoir signaler que notre 
tres distingu^ President a obtenu, sur son beau domaine de 
la Roche-d'Iree, sur un ensemble de 100 hectares emblaves en 
ble, un rendement moyen de 27,8 hectolitres a I'hectare, contre 
30 hectolitres I'an dernier, soit seulement un deficit de 7 %. Ce 
magnifique r^sultat confirme notre maniere de voir en ce qui 
concerne les ameliorations a apporter dans la culture des c^reales 
dans notre region. 

Les dix varietes que nous avons suivies jusqu'a ce jour d'une 
maniere continue se classent graphiquement de la fa^on 
ci-contre* : 



— 234 — 



DEUXIEME PARTIE 



Notre champ d'experiences de 1906 comprenait egalement les 
dix varietes de bl6 que nous classons ci-dessous d'apres leur 
produit en grain a 1 hectare. Plusieurs d'entre elles ont fait 
partie de nos recherches anterieures, mais, ne les ayant pas 
suivies aussi regulierement que les precedentes, nous n'indique- 
rons que les resultats de cette annee : 

Rendemenl a Thectare 

Grain PaUle 
Norn des varl6t68 kil* kil. 

Golden drop 3.250 5.430 

.,., ( l/2bleL2 

Melange I 1 /2 ble L 3 3.093 7.450 

Shirriff (selection Desprez) 2 . 930 6.310 

Hybride a grosse tete 2.910 5.670 

Ble de Pithiviers 2.730 6.200 

Hybride de Massy 2.650 5.300 

H]^ros bleu 2.610 5. 140 

Hybride du Tresor 2.500 5.250 

Blanc Victoria 2.370 5. 165 

Hybride bon fermier 2.100 4.860 

Le ble Golden drop ou hie rouge d'Ecosse est tres estime par les 
fermiers anglais. II a la paille jaune, parfois violacee au-dessous 
de I'epi ; celui-ci est roux ou rouge fonce ; les epillets sont tres- 
ouverts, peu serres ; le grain est court, arrondi, bien plein, de 
couleur rouge ou rougeatre. 

En resume, c'est un ble tres rustique, a paille souple, de hau- 
teur moyenne, resistant bien a la verse et peu sujet aux mala- 
dies cryptogamiques. Le grain donne une farine de bonne qualite. 
Le ble Goldendrop etant tardif, il ne convient bien qu'aux 
terres ou aux situations ne souffrant pas trop de la chaleur 
pendant I'ete. 

Sa superiorite, cette anh^e, tient a la puissance de son tallage ; 
c'est, en effet, de toutes les varietes de ble que Ton connaisse, 
celle chez qui IV-mission de tiges secondaires est le plus marquee, 
un seul grain, place dans des conditions convenables, pent pro- 
duire plus de cinquante epis bien constitues. 

En pratique, on n'a pas interet a favoriser outre mesure le 
tallage de cette espece, cette remarque s'applique egalement a 
toutes les cer^ales. 

Lorsqu'on compte trop sur le tallage pour avoir le nombre de 
tiges suffisant pour garnir convenablement la surface du sol, si 
quelques pieds viennent a manquer, il se produit de grands 
vides ou ne taxdent pas a apparaitre les mauvaises herbes, qui 
genent alors le developpement du bon grain. Les dernieres 
talles donnant des epis tr^s tardifs, il n'y a homogeneite ni dans 



— 235 — 

I'epiage, ni dans la floraison, ni dans la maturite, on recolte, par 
suite, un grain de grosseur et de qualite in^gales. 

Nous signailerons egalement que, si les conditions climate- 
riqucs du printemps ne sont pas favorables, beaucoup de talles 
n'arrivent pas k former des tiges portant des epis, Tactivit^ 
veg^tale y etant moindre que dans les tiges principales, ellos 
sont plus sujettes aux maladies, notamment a la rouille. En un 
mot, par un tallage excessif, on ^puise davantage le sol et Ton 
reduit plus ou moins le rendement en detournant une partie des 
materiaux elabores par les racines pour la formation de tiges qui 
ne donnent, le plus souvent, qu'un fourrage de mediocre quality. 

Le milange des hies L 2 et L 3 (ble blanc a epi rouge et ble 
jaune a barbes) indique que Tassociation des especes est un des 
moyens a employer pour augmenter economiquement les chances 
de reussite de la culture du ble. Nous ne saurions trop engager k 
entrer dans cette voie, en choisissant bien les varietes qui 
conviennent le mieux au sol et au climat sous lesquels on opere. 

Le ble Shirriff (selection Desprez) a la paille haute, droite et 
ferme ; T^pi blanc, tres compact, beaucoup plus long que ceJui 
du Shirriff proprement dit ; le grain est blanc, allonge, il a de 
Tanalogie avec celui du bl^ blanc de Flandre. II s'est tou jours 
classe en bon rang chaque fois qu'il a figure dans nos champs 
d'experiences, Sa maturation etant un peu tardive, il faut 
Tensemencer de bonne heure, lui reserver des terres profondes, 
celles ou Ton craint la verse. 

Le bU Hybride a gros'se tete a ete obtenu dans les cultures de 
Verriere, par M. H. de Vilmorin, en croisant le ble Browick avec 
le ble Chiddam d'automne a epi blanc ; il fut presente a la culture 
en 1898. II est caracteris^ par une paille blanche, grosse, assez 
haute ; Tepi est carre, tres large, le grain est de couleur jaune, 
allonge, pointu au sommet, gros, bien plein. 

Cette variete est d'une grande resistance a la verse et aux 
maladies, talle beaucoup, convient bien dans notre region aux 
terres riches ou bien fumees ayant du fond. 

Z/g bU de Pithiners est une selection tres m^ritante du hie 
rouge de Bordeaux, sa paille est plus haute, moins cassante, plus 
resistante a la verse, Tepi plus long, plus fourni ; le grain a 
meme conformation, meme couleur et meme quality dans les 
deux especes. G'est une variete recommandable, a cause de sa 
productivite et de sa precocite. 

IjC ble Hybride de Massy a la paille blanche, de grosseur 
moyenne, raide, tres resistante a la verse ; F^pi est carre, 
compact ; le grain jaune, gros, demi-long. II convient aux 
terres riches, non exposees, comme en Anjou, k supporter de 
fortes chaleurs k Tepoque de la maturite. 



— 236 — 

Le f^ros bleu doit son nom a la couleur bleuatre de ses feuilles et 
de ses tiges, de T^piage a la fm de la floraison ; sa paille est forte, 
raide, de hauteur moyenne, son epi peu serr^, tres ouvert ; le 
grain est roux-grisatre, tr^s gros, avec le sillon du milieu tres 
profond* Nous lui reprochons d'etre sensible a la rouille, de mal 
supporter les coups de soleil de notre climat au moment de la 
r^colte. 

Le hU Hybrids, du Trhor est une variety que nous devons, 
avec tant d'autres, a la maison Vilmorin. II a la paille blanche, 
grosse, de hauteur moyenne, tres resistante a la verse ; Tepi est 
assez allonge, tres serre, le grain roux grisStre, gros, allonge. 
Cette espece reussit bien sous le climat maritime du Nord-Ouest 
et de rOuest ; mais, en Anjou,*les coups de soleil sont trop intenses 
pour qu'elle arrive a bonne maturite. Chaque fois qu'il a figure 
dans nos champs d'exp^riences, le grain a et^ plus ou moins ride. 

Le bU blanc Victoria a de Tanologie avec le ble blanc de 
Flandre, mais il en difif^re par sa paille un peu moins longue et 
plus forte, plus resistante a la verse ; Tepi est plus serre, le grain 
plus court. Comme il est inferieur par son rcndement aux 
varietes a grain jaune que la meunerie de notre region recherche 
de preference, il est inutile de Tintroduire dans nos cultures. 

Le ble Hybride bon jermier figurait, pour la premiere fois, dans 
notre champ d'experiences : c'est, d'ailleurs, une nouveaute 
mise Tan dernier dans le commerce par la maison Vilmorin. II a 
tres peu talle, soufTert plus que tout autre de la temperature 
froide et humide du printemps. C'est a ces deux causes que nous 
attribuons I'inferiorite de sa production. De nouveaux essais sont 
necessaires pour juger comme il convient les merites ou les 
defauts de cette nouvelle variete. 



— 237 — 



Excursion viticole dans le Bordelais 



II etait interessant, a I'epoq^ue meme de la vendange, de 
visiter les vignobles du Bordelais ou sont recoltes des vins qui 
comptent parmi les plus reputes du monde afin d'y assister k la 
cueillette des raisins et de voir comment s'y pratiquent lea pre- 
mieres operations de vinification. L'opportumte de cette excur- 
sion, a laquelle s'etaient joints deux viticulteurs angevins : 
M. le marquis de Breze et M. Daign^re, est encore rendue plus 
evidente si Ton consid^re I'analogie qui existe entre nos grands 
vins blancs d'Anjou et ceux du Sauternais, en tant que vins 
liquoreux. La vendange et la vinification en Sauternes devaient 
done attirer particulierement notre attention, cependant les 
Graves et le Medoc ont eu aussi pour nous leurs particularites 
interessantes. Grslce k M. Gayon, directeur, et a M. Laborde, 
sous-direct eur de la Station oenologique de Bordeaux, nous 
avons pu visiter facilement les principaux crus. Nous les remer- 
cions bien sincerement ici. Je vais essayer d'exposer brievement 
dans ce rapport — que m'a demande de faire M. Moreau, promo- 
teur de T excursion — les quelques observations que nous avons 
^te a meme de faire, dans les diverses regions parcourues. fj|j| 

Inutile d'insister sur la nature graveleuse du sol au pays de 
Sauternes et sur les variations dans sa constitution observees 
d'un point a un autre. Les trois cepages qu'on y cultive sont 
egalement bien connus : le sau^ignon, le semillon, le miiscadelle, 
ce dernier tendant de plus en plus a etre abandonn^. Certains 
crus n'ont pas reconstitue, ainsi Chslteau-Yquem ; le phylloxera 
y est combattu par des sulfurages a haute dose. D'autres, 
comme Chalteau-Vigneau, ont dii recourir aux porte-greffes 
americains ; les plus employes, dans ce cas, sont le riparia et ses 
hyhrides, L'emploi du greffage ne semble pas avoir diminue la 
qualite des produits ; suivant M. de Pontac, il y aurait plutot 
amelioration. Nous avons pu, d'autre part, chez M. Dezeimeris, 
etablir la comparaison entre un vin de vieilles vignes et un vin 
de vignes greffees et la comparaison a ete tout entiere a I'avan- 
tage de ce dernier. 

Sous le climat chaud et humide k la fois des bords de la 
Garonne, les cepages du pays, de deuxieme epoque, sont envahis 
de bonne heure par la pourriture. Ainsi que cela se passe dans 
nos regions, si le botrytis cinerea apparait avant maturite, il 
determine la pourriture grise ou « mauvais pourri », au contraire, 
s'il envahit la vendange mure, il est I'agent de la pourriture 
noble. C'est sous cette derniere forme qu'il se developpe le plus 
souvent au pays de Sauternes ou le climat et certains soins 
culturaux contribuerit a favoriser son apparition tardive. Au 



- 238 — 

d^but, le champignon s'installe sur la pellicule des grains qui 
prennent une teinte violac^e ; ils sont k ce moment « pourris 
pleins », c'est le premier stade de la pourriture noble ; puis, par 
Evaporation ^ travers la peau, les grains se dessechent, se rata- 
tinent en brunissant et aeviennent « rotis ». Dans ce dernier 
6tat, ils renferment un sirop si concentre que le sucre vient 
quelquefois cristalliser k leur surface. Dans une meme grappe, 
les grains ne sont pas, le plus souvent, au meme degre de matu- 
ration ; on est susceptible de trouver des « grains verts » 
c'est-^-dire murs sans pourri, des grains « pourris pleins » 
et enfin « des rdtis ». On congoit dans cos conditions que pour 
obtenir le summum de quality, on doivefaire une selection 
soignee. Les vendangeurs, generalement en petit nonnbre, 
passent jusqu'a cinq et six fois, et meme plus, danslevignobleen 
ne prenant chaque lois que les grains rotis, sauf au dernier pas- 
sage ou le reste est ramasse. Les frais de main-d'oouvre sont, de 
ce chef, considerables mais ils sont compenses par le prix du vin 
qui atteint certaines ann^es, dans les grands crus, jusqu'4 
4.000 francs le tonneau de quatre barriques. Ajoutons que, par 
suite de la taille Guyot simple, assez courte, presque uniforme— . 
ment employee, la production est assez faible : huit barriques a 
Thectare environ, et cette annee, a cause de la secheresse, on n'a 
pas eu dans beaucoup d'endroits plus d'une demi-recolte. Pour 
favoriser la pourriture noble et ensuite le dessechement des 
grappes, les ceps sont formes tres haut : 50 centimetres et plus 
au-dessus du sol et vers le milieu du mois d'aout on fait un 
effeuillage partiel. Rien de plus caracteristique, lorsque Ton 
parcourt le pays, que ces souches elevees, irregulie^res, souvent 
en forme de tire-bouchon, auxquelles sont susperidues, a la base 
des rameaux depourvues de feuilles, les grappes rdties et brunies 
par le soleil. Cette ann^e, Tetat de la vendange etait un peu 
anormal. Par suite de la secheresse persistante, le botrytis 
cinerea, auquel il faut un peu d'humidite, ne s'est pas developpe. 
Les grappes se sont passerillees en Tabsence du cryptogame et 
sont devenues comme des raisins de corinthe. Le mout qu'on en 
a tire peniblement a presente parfois une concentration exces- 
sive atteignant jusqu^ 600 grammes de sucre par litre. Nous 
avons vu des mouts en barrique depuis un mois et dont la fer- 
mentation n'etait pas encore commencee. Pour eviter des incon- 
venients de ce genre on vendange generalement, cette annee, de 
la faQon suivante : on cisele les portions de grappes les plus 
avancees, mais renfermant encore une proportion evaluee a 1 /4 
environ de grains verts ; de cette fa^on, le mout est ramene a 
peu pres k sa concentration norm ale. 

La vendange est amenee sur de grands pressoirs a maie en 
ciment ou en chene disposes en batterie ou on la foule, le plus 
generalement, et ou Ton fait la premiere pressee. Le marc est 
acheve sur d'autres pressoirs plus petits, avec claies, disposes 
un face des premiers. La seconde pressee, mise a part, servira 
ulterieurement k faire les remplissage»%. En sortant du pressoir, 



-^ — -I 



— 239 — 

les mouts d'un m§me cep. sans §tre debourb^s, sont r^partis, en 
les ^galisanl, dans des barriques neuves en chene de Bosnie ou 
d'Amerique qui ne sont pas autrement affranchies qu'en les 
ringant avec une dizaine de litres d'eau bouillante et, apres 
refroidissement, avec quelques litres de bon cognac. La fermen- 
tation se fait sous douelles pour ^viter les pertes. Elles est lente 
a partir et dure pendant un mois et demi et quelquefois davan- 
tage. Au second soutirage, on egalise entre eux les differents ceps 
de fagon a n'avoir qu'une seule categoric de vin. Ces vins, tr^s 
liquoreux, sont longs et difflciles a clarifier ; on n'y arrive qu'^ 
force de soutirages et de mechages. La pourriture noble qui, 
dans le Sauternais, est la r^gle, les rend tres cassables et cette 
aptitude speciale a la casse justifie Temploi a outrance de 
I'acide sulfureux. Leur teinte jaune-dore atteste un peu d'oxyda^- 
tion. L'acide sulfureux libre, toujours en exces dans ces vins, se 
decele aisement k la degustation par son odeur acre qui penetre 
plus ou moins le bouquet. On serait tent6 de croire que cette 
forte dose d'acide sulfureux ou de ses produits de transformation 
put amener certains troubles dans I'organisme ; en fait.il n'en 
est rien, car ces vins de prix eleve ne sont consommes que dans 
de rares occasions et en petite quantite. Toutefois, on s'est un 
peu emu, dans ces derniers temps, de cette teneur elevee depas- 
sant parfois 300 milligrammes d'acide sulfureux total par litre 
et on s'est propose de la reglementer. L'Am^rique, pour des 
raisons analogues, nous ferme ses portes et r^duit ainsi nos debou- 
ches. Dans le but d'attenuer ou d'eviter ces inconvenients qui 
pourraient avoir de f^cheuses consequences pour la vente et 
I'exportation, M. Laborde a imagine un proc^d^ qu'il exp^ri- 
mente a I'heure actuelle dans le Sauternais, pour doser, au moyen 
de cartouches contenant de l'acide sulfureux liquide, la quantite 
de ce corps qui sera introduite dans le vin. 

La mise en bouteilles est faite au chateau memo par les soins 
du negociant qui achete la recolte et a lieu «pr^s un sejour de 3 ou 
4 ans en barriques comportant de nombreux soutirages. Quel- 
quefois les marches sont passes plusieurs ann^es a T^vance, la 
propriety se r^servant une certaine quantite de vin. 

Nous avons ete a meme, au cours de notre excursion fort inte- 
ressante, d'apprecier la hauLe qualite des produits dans plusieurs 
grands crus. C'est d'abord k Ch&teau-Coutet, puis ^ Chateau 
Vigneau ou M. le colonel vicomte de Pontac nous a fait une char- 
mante reception. A Chllteau-Yquem, M. de Lur-Saluces Jui- 
meme nous a fait les honneurs de son cellier. Nous avons aussi 
trouve un aimable accueil a Ghateau-la-Tour-Blanche et a Gha- 
teau-Guiraud. Enfin, nous avons pu voir chez M. Lagarde, Cha- 
teau de Castes, a Sainte-Croix-du-Mont, que la rive droite de la 
Garonne produit aussi des vins blancs tr^s remarquables, bien 
que n'egalant pas les vins de la rive gauche, dont les qualites 
oxceptionnelles les mettent hors de pair. 

II y a une tendance actuelle k etendre la production des vins 



— 240 — 

liquoreux ; cette tendance se manifeste dans les Graves borde- 
lais. Les vins blancs tr^ alcooliques, sees et nerveux des Graves 
font place, au moins dans la partie avoisinant le Sauternais, aux 
vins liquoreux plus recherches aujourd'hui. Alors la vendange 
se fait comme k Sauternes. Au contraire, dans les cms ou Ton 
fait encore des vins sees, la vendange est recoltee mure sans pourri. 
Les cepages blancs des Graves sont, du reste, les m§mes que ceux 
du Sauternais. A cot^ des vins blancs, on produit aussi sur ces 
sols graveleux des vins rouges ayant une certaine reputation. Le 
Cabernet-Sauvignon, le Got ou Malbec, le Meriot, le Verdot et la 
Carmen^re entrent en proportions differentes dans Tencepage- 
ment des cms et leur donnent un cachet special d'originalit^. 
Dans les Graves, Tannee 1906 semble devoir compter parmi les 
grandes annees a vins rouges. La maturation a ete parfaite et les 
vins jeunes se presentent comme exceptionnellement beaux. 
Chose curieuse, fl y a eu parfois surmaturation — la cochylis y 
aidant — et certaines cuvees ont presente des concentrations 
trop fortes. Rien de special a dire sur la vinification des vins 
rouges. La fermentation se fait en cuves ouvertes ; on enfonce 
le chapeau plusieurs fois par jour, parfois, comme a Chateau- 
Carbonnieux, on empeche le contact de Fair exterieur en couvrant 
les cuves d'une couch e assez epaisse de feuilles de vigne. 

Le Medoc a les memes cepages rouges que les Graves, mais 
les vins produits sont en general plus corses, plus colores et 
plus complets. Ghaque cm ou Chateau a son encepagement 
special et ses produits particuliers bien caracterises. Chateau- 
Laffite, que nous avons visits, represente le type des vins tres fins 
et peu corses obtenus avcc un melange harmonieusement com- 
bine de Cabernet-Sauvignon, de Meriot et de Cot. A Chateau- 
Latour, le vin est plus corse que le precedent par suite de la 
predominance dans Tencepagement du Cabernet-Sauvignon. 
Enfin, a Mouton-Rotschild, ou le regisseur, M. de MioUis, nous a 
fait les honneurs de sa table, nous avons pu voir que le vin, 
produit exclusivement avec du Cabernet-Sauvignon, est plus 
corse encore que les precedents. Dans les deux cms cit^s en 
premier lieu, les differents cepages sont cultives dans des carres 
a part et soignes independamment les uns des autres. La ven- 
dange est faite sans tenir compte des differences, mais le type de 
vins est obtenu en faisant Tegalisage qui est toujours la regie. 

* 

Que faut-il retenir de cette excursion aux vignobles du Borde- 
lais et quel profit pouvons-nous en retirer ? 

Ainsi qu'a Sauternes, nous recherchons en Anjou la pourriture 
noble mais, moins favorises sous le rapport climatdrique que sur 
les bords de la Garonne, nous Tatteignons plus difiicilement et 
les annees sont, chez nous, beaucoup plus inegales. Le climat 
humide, la formation basse des souches, les grappes serrees de 
notre Chenin exposent nos vignes a la pourriture grise. 11 serait 



— 241 — 

peut-etre interessant d'essayer chez nous la pratique de TefTeuil- 
lage, uniformement employee dans le Sauternais. I/action 
directe des rayons solaires sur les grappes vers la fin de la vege- 
tation favorise la pourriture noble et le passerillage, au detri- 
ment du mauvais pourri. Peut-etre aurions-nous chance alors 
de pouvoir conserver, sur souches, des raisins que Ton est par- 
fois oblige de vendarger trop tot. Nous faisons en Anjou des 
vins iiquoreux extraordinairement fruit^s qui peuvent subir la 
comparaison avec les vins de vSauternes, sans avoir la preten- 
tion de les egaler. Le soleil nous manquera toujours, mais nous 
devons toujours travailler a ameliorer, si possible, et a unifor- 
miser nos vins. lis jouissent deja d'une certaine reputation, ils 
sont connus et apprecies et, ponr en temoigner, je citerai les 
paroles fort aimable? de M. de Pontac qui dit en nous abordant : 
(f Vous etes des Angcvins, alors vous ctes des concurrents I » - 

E ViNET, 
Pi*6parateur a la Sta ion oenologiqur. 



Concours r6gional agricole libre d'Angers 

en 1907 

Programme du Concours special (T ensemble des primes culturales 
pour le departement de Maine-eU Loire 

En attendant que le programme complet du Concours regio- 
nal agricole soit publie, la Societe Industrielle et Agricole 
d'Angers et le Syndicat Agricole d'Anjou rappellent a AIM. les 
Agriculteurs du departement qu'un Concours special d^ ensemble 
de primes cuUurales pour tout le Maine-et-Loire, sans distinction 
de zdnes, aura lieu conformement aux dispositions ci-dessous du 
programme : 

« Pour ce Concours, cree specialement a Toccasion xlu grand 
« Concours de 1907, une somme de 5.000 francs sera mise a la 
« disposition du Jury pour recompenser, dans un domaine ou 
« dans une exploitation agricole, des efforts perscverants ayant 
« donne des resultats pratiques et en meme temps remunera- 
« teurs. 

« Le domaine ou I'exploitation agricole present^s peuvent 
« etre exploites par un proprietaire cultivant par ses mains, ou 
« par valet, par fermier a prix d'argent, ou par metayer, ou 
« bien en meme tomps par une ou plusieurs de ces differentes 
« methodes. 

« Seront exclues de ce Concours special les cultures indus- 
« trielles en general : vignobles, cultures de porte-graines, 
« cultures maraicheres, pepinieres el arboriculture fruitiere. ~ 



— 242 — 

« La contenance du domaine ou de 1 'exploitation agricole 
<( n'est pas limit^e, il sera simplement necessaire qu'elle soit 
« reconnue suffisante par le Jury. 

« Au reste, pour pouvoir etre admis ^ prendre part au 
« Goncours, tous les concurrents auront Tobligation d'adresser 
« au si^ge social de la Society Industrielle, 7, rue Saint-Blaise, a 
« Angers, avant le 15 avril 1907, dernier d^lai de rigueur, iin 
« memoire repondant au questionnaire qui sera communique a 
<i tous ceux qui en feront la demande. 

« Le Jury appr6ciera, apr^s examen des m^moires et apr^s 
<( avoir recueilU tous les renseignements qu'il jugera necessaire 
<( de prendre, quels seront les candidats admis definitivement a 
<( concourir. 

« Le Jury pourra employer tout ou partie de la somme de 
<( 5.000 francs, mise a sa disposition en objets d'art, m^dailles 
<c ou especes, qu'il attribuera soit a leurs collaborateurs : 
<( fermiers, metayers, employes ou ouvriers agricoles. 

« Enfin, une prime d'honneur pourra etre decernee, s'il y a 
« lieu toutefois, au domaine ou k I'exploitation agricole que le 
<( Jury trouvera digne de cette haute recompense. » 

La production du memoire demand^ k chaque concurrent 
devant avoir lieu avant le 15 avril 1907, MM. les Agriculteurs 
qui voudront participer a ce Goncours special de primes eultu- 
rales sont ainsi pr^venus assez longtemps al'avance pour prendre 
toutes les dispositions necessaires a ce sujet. 

La Societe Industrielle et Agricole d' Angers et le Syndicat 
Agricole d'Anjou esperent que Jes concurrents se presenteront 
en grand nombre et rehausseront ainsi I'eclat de cette interes- 
sante manifestation agricole. 

Independamment du Goncours special pour tout le departe- 
ment, dont les conditions viennent d'etre indiquees ci-dessus, 
le Concours ordinaire de primes culturales aura lieu, en 1907, 
pour la troisieme zone, c'est-a-dire pour I'arrondissement de 
Cholet et les cantons de Vihiers, Ghalonnes et Thouarce. 

II sera officiellement annonce des que la subvention habituelle 
du Ministere de 1' Agriculture attribute ^ ce Goncours aura ete 
obtenue* 

Mais, des maintenant., MM. les Agriculteurs de cette troisieme 
zone cfUi ont I'intention de se mettre sur les rangs pour etre 
chois^S et designes, selon I'usage, par leur Gomice, ou, a d^faut de 
Cormce, par le Bureau de la Soci6to Industrielle et Agricole 
<y Angers, peuvent prendre leurs dispositions en vue de ce 
Concours. 



Le Gdrant, G. GRASSIN. 



AnRera* imp. GermaiB et O. Grasain. — 2422<6. 



BULLETIN MENSUEL 

DE LA 



r r 



SOCIETE INDUSTRIELLE IT AGRICOLE 

D'ANGERS 

et dii d^partexuent de Maine-et-Loire 



Proc6s-verbal de la sfeance du 27 octobre 1906 



Pr^sidence de M. Bordeaux-Montrieux. 

fitaient presents : MM. le comte de Livonnidre et le D^ Sigaud 
vice-presidents ; M. Prosper Jamin, tresorier ; MM.' Lavall^e, 
Moreau, Vinet, Grau, D^ Gordon, Halope, O. Ghaillou, D^ Lau- 
laigne, Trocherie, de Montergon, Bernard-Cliauvire, Paul Lorin, 
Fourmond, fils, Secher, Batereau, Lafarge, marquis de Dam- 
pierre, Sigaud fils, Clemot, Guerchais, Herrouet, Forest, 
de Boissard. 

Le proces-verbal de la precedente seance est lu et adopte 
sans observations. M. le President presente les excuses de 
MM. Andre Huau et de Grandmaison qui ne peuvent assister 
A la seance. 

— La correspondance contient un rapport de viticulture 
ofPert par M. le comte de Livonniere et presents au Gomit(§ 
Gentral agricole de Sologne. 

M. le President remercie notre distingue coUegue d' avoir 
bien voulu offrir cet interessant travail a notre Societe. 

— M. le marquis de Dampierre previent nos coUegues que la 
Societe des Aviculteurs angevins tiendra sa premiere Assembl^e 
g^nerale avant notre reunion mensuelle de novembre, vers 
une heure; cette reunion aura une tres grande importance, Nos 
coUegues sont vivement invites a faire autour d'eux de la pro- 
pagande pour la nouvelle Societe 

M. le professeur Lavallee prie d'ajouter au proces-verbal, 
apr^s son interessante communication sur les bles a grand ren- 
dement a la ferme experimentale d'Avrille depuis 1901, qu'il 
invite nos collogues ou les fermiers a venir visiter ses cultures, 
il se mettra a leur entiere disposition. 



— 244 — 

De m§me ceux qui d^sireraient etablir des champs d'expe- 
riences ou d'experimentation pour les plantes de grande culture 
(principalement les cereales) recevront des conseils sur leur 
simple demande adress^e au savant professeur. 

— Communications de la Station oenologique par M. Moreau, 
directeur de la Station. 

M. Moreau ne pent aujourd'hui donner un travail complet 
sur les vendanges de 1906. Toutefois, bien que les vendanges ne 
soient pas completement terminees en Anjou, il peut indiquer 
un apergu des analyses de mout faites au laJboratoire d'oeno- 
logie. 

Les c^pages precoces tels que les muscadets et certains 
c^pages rouges (gamays, groslots) ont donn^ une recolte d'excel- 
lente qualite, ce sera certainement une grande ann^e pour ces 
cepages. Le maximum de sucre de raisin par litre a ete, dans 
les analyses faites sur les mouts de muscadet, de 216 grammes, 
et le minimum de 140 grammes. Ce sera egalement une tres 
bonne annee pour les cepages rouges dont les raisins sont 
arrives a maturite complete, sans trace de pourriture. Toute- 
fois, un defaut de ces vins sera la faiblesse ae Tacidite, incon- 
venient s^rieux pour les vins rouges principalement. La 
moyenne.de Tacidite, pour les muscadets, est environ de 
4 grammes ; pour les vins rouges, elle est tres peu superieure a 
4 grammes. On devra surveiller de tr^s pr^s les vins rouges et si 
la coloration venait a flechir, il serait utile d'ajouter 100 a 
150 grammes d*acide tartrique par barrique pour raviver la 
couleur. Quant au chenin blanc ou pineau de la Loire, bien 
qu'on ne puisse pas se prononcer d'une fagon definitive, puisque 
les vendanges cfe ce cepage ne sont pas achevees partout, on 
peut toutefois presumer que la qualite sera superieure k celle 
de 1904, tout en restant leg^rement inf^rieure a celle de 1900. 
Gependant il est bon d'aj outer que dans beaucoup de celliers 
on aura quelques barriques remarquables et superieures aux 
vins de 1900. 

Certains mouts contenaient jusqu'^ 276 grammes de sucre 
de raisin par litre ; les vins qui en resulteront conserveront tr^s 
probablement 50 a 60 grammes de sucre et seront de qualite 
remarquable. 

Cette annee, en raison de la temperature elevee, la fermenta- 
tion a evolue tr^s rapidement, aussi est-il probable que les 
mouts dont la teneur en sucre sera inferieure a 230 grammes 
feront des vins sees. Quant a Tacidite, le minimum observe a 
ete de 3 gr. 92 et le maximum de 8 gr. 09. II n'y a pas lieu de se 
pressor pour corriger le defaut d'acidite, on doit attendre les 
premiers soutirages. 

La secheresse a diminue tres notablement la recolte et, dans 
certaines contrees, la cochylis a fait beaucoup de ravages. 

M. Moreau ajoute qu'il serait interessant de voir notre 
Societe etudier les moyens a essayer pour combattre la cochylis. 



— 245 — 

De nombreux traitements ont ete employes, des observations 
tres interessantes ont ete faites. On decide qu'a la seance de 
novembre on mettra a Tordre du jour une causerie sur les trai- 
tements a employer contre la cochylis, Au reste, ajoute 
M. le D^ Sigaud, TUnion des Viticulteurs de Maine-et-Loire a 
deja pris Tinitiative d'ouvrir une discussion sur ce sujet, et 
cette question a ete mise a Tordre du jour de la seance du 
samedi 17 novembre. 

M. Moreau ajoute qu'^ Tapproche de la recolte se sont pro- 
duits des orages qui ont fait, disent les vignerons, tourner le 
raisin, c'est-a-dire ont developpe la pourriture, mais cette 
annee la pourriture a atteint des raisins arrives a complete 
maturity, c'est de la pourriture noble qui s'est produite tout 
d'abord, et ensuite la persistance de Thumidite a fait, dAns 
certaines regions, degenerer la pourriture noble en pourriture 
grise. 

M. le President remercie M. Moreau de ses interessants ren- 
seignements qui seront completes a notre seance de novembre. 

— M. Moreau, president du Jury du concours des beurres, 
donne ensuite lecture de son rapport sur le concours des 
beurres. (! 

Ce rapport, tres documente, sera insere dans le prochain 
Bulletin. 

— M. Vinet fait le recit d'une excursion viticole dans le 
Bordelais, accomplie par lui au moment des vendanges, en 
compagnie de M. Moreau. 

Ce travail, applaudi par nos coUegues, sera insere en entier 
dans le Bulletin d'octobre. 

— M. de Montergon revient sur la question de la cochylis et 
insiste pour que la Societe Industrielle, qui possede des viticul- 
teurs tres competents, s'occupe sans plus tarder de cette tr^s 
grave question. On pourrait convoquer a une seance prochaine 
tous les proprietaires, viticulteurs importants, qui pourraient 
donner leur avis sur ce sujet interessant, a un haut degre, Tavenir 
des vignobles de TAnjou. 

— M. le P^ Lavallee fait une communication sur les bles k 
grand rendement, en 1906, a la ferme experimentale d*Avrill6. 
Cette etude, tres pratique, sera publiee in extenso dans le numero 
d'octobre de notre Bulletin. 

M. le President adresse ses remerciements a M. Lavallee ; nos 
coUegues ont ete vivement interesses par les nombreux rensei- 
gnements donnes par le distingue directeur de la ferme experi- 
mentale d'Avrille, et les lecteurs du Bulletin liront avec beaucoup 
de profit ce remarquable travail. 

— M. le I> Sigaud, vice-president de la Societe, lit son rap- 
port sur le 54® Concours d^partemental du 29 septembre dernier. 
Apr^s quelques critiques sur le Concours, il est heureux de cons- 
tater que, malgr^ la s^cheresse persistante de Tete et la disette de 



— 2i6 — 

fourrages verts qui en a ete la consequence, les animaux pre- 
sentes etaient plus nombreux qu'au Goncours de 1904 et en 
parfait etat, ce qui est d*un excellent augure pour notre grand 
Goncours regional de 1907. II propose, pour eviter ce qui s'est 
passe au Goncours des animaux reproducteurs d' Angers en 1906, 
que desormais les prix, ou du moins la moitie des prix, ne soient 
verses aux laureats que six mois apr^s le Goncours, sur presen- 
tation d'un certificat delivre par le maire au propri6taire qui a 
en sa possession Tanimal a cette date. Gette mesure devrait eti*e 
prise surtout en ce qui conceme les taureaux ages de plus de 
d ans. Ge rapport sera public dans le Bulletin d'aoSt. 

— M. A. Grau, professeur de zootechnie a Tecole superieure 
d* Agriculture d' Angers, membre titulaire de notre Society, 
donne lecture de son travail intitule : Essai du systdme des tables 
de pointage pour le classement des animaux au 54® Concowrs 
d' Angers, du 29 septembre 1906. M. Gruau etait president d'un 
Jury du Goncours et les membres de ce Jury ont applique tres 
consciencieusement le syst^me de pointage ; les animaux qu'ils 
ont examines etaient au nombre de 20 et, malgre le temps 
relativement court dont disposaient les examinateurs, ces 
messieurs ont pu repondre completement au questionnaire cor- 
respondant a chaque animal. 

M. le President remercie M. A. Grau de son rapport, tres 
etudie et tr^s clair, qui sera adresse a la Society des A^culteurs 
de France, tr^s desireuse d'avoir Tavis de notre Society sur cette 
question. 

— Reception des candidats present^s k la seance du 28 juillet : 

M. Gabriel Rayer, distillateur, vins en gros, boulevard du 
Gh^teau, Angers ; 

M. le baron Prosper de Manneville, maire de Barace, chateau 
de la Motte-Barace ; 

M. Rene Gauvin, depute de Maine-et-Loire, a Saint-Augustin, 
pres les Justices, Angers. 

M. Adolphe Pieau, propri^taire, k Segr6 ; 

M. Rene-Adrien Rosier, medecin-veterinaire, 28, rue du 
Gommerce, Angers. 

— Presentation de candidats : 

M. Gabriel Naud, representant de commerce, rue de la Blan- 
cheraie, 7, a Angers, pr^sente par M. Suaudeau et M. Moreau ; 

M. Prosper Lemesle, proprietaire, a la Perdriere de Loire 
(Maine-et-Loire), presents par M. Bordeaux-Montrieux et 
M. Vaugouin ; 

M. Jean Desmats, proprietaire, adjoint au maire de Noyant- 
la-Gravoy^re (Maine-et-Loire), presents par M. Bordeaux-Mon- 
trieux et M. Saget. 

A propos de la presentation des candidats, M. le President est 
heureux de signaler la progression tou jours croissante du nombre 



— 247 — 

lies membres de notre Society, qui a presque double depuis trois 
^ans. II fait observer que chacun de nous devrait faire une propa- 
. gande active ; que chaque membre veuille bien presenter un 
candidat et nous serons bientot mille societaires I 

Nous serious heureux, a Toccasion du grand Concours Regio- 
nal de 1907, de presenter a nos visiteurs une Societe nombreuse 
puissante et forte. 

L'ordre du jour de la seance etant 6puise, la seance est lev^e 
k 4 heures. 

Pour le SecrStaire giniraly 

Dr P. SiGAUD. 

Vice-prSsident 



La R6colt6 de 1906. Que seront les vins 

nouveaux ? 

Par M. L^on Mobeaxj, ingi^nieur-agronome, Directeur de la Station 

CBnologique, Membre titulaire 

L'^te 1906, dans nos regions, a et6 plutot sec et chaud; ce sont 
I^, on s'accorde pour le reconnaitre, des conditions favorables -a 
la vigne et a la maturation du raisin.Mais, comme de toutes les 
bonnes choses, il n'en faut pas trop et quelques vignes jeunes, 
tlans des terres caillouteuses, a flanc de coteau, ont eu a souffrir 
tie ces conditions climat^riques. A peu ores indemnes — k part 
i}k et Ik quelques poussees d'oidium — de toute maladie crypto- 
gamique, les vignes nous ont donne, vers le 20 septembre, des 
produits deja bien murs, bien dores, ayant beaucoup de dou- 
ceur et peu d'acidit^. Sans la cochylis qui a fait des ravages 
importants dans certaines contrees et sans la s^cheresse, Tannee 
1906, au point de vue quantity, eiit 6t6 une bonne ann^e. Lp 
vigneron angevin ne se hate pas trop de r^colter ses raisins 
blancs ; il attend, comme on le sait, que la pourriture noble fasse 
«on apparition et amene les raisins a une concentration plus 
^ande, possedant en plus certaines autres qualites dues encore 
au botnjtis, II fut servi k souhait et les orages avec pluies du 
d^but a'octobre lui donn^rent cette pourriture noble tant sou- 
haitee. Lorsqu'elle apparait sur le raism mur — c'^tait le cas — 
elle affecte d'abord cette forme qui fait donner aux raisins le 
nom de pleins pourris k Sauternes et que les vignerons d'ici ont 
appel6 raisins tournSs, La pellicule du raisin s'amincit, devient 



'-^ 



— 248 - 

violacee, se d^tache facilement de la pulpe. Si une periode de- 
s^cheresse vient ensuite, le grain de raisin se ratatine, se des- 
seche, la pellicule se plisse et la pourriture fructifie un peu et 
donne, pour employer Texpression de nos vignerons,un peu de 
barbe ; les raisins, dit-on a Sauternes, sont sJors rotis. Le ren- 
dement est farcement tr^s diminue, mais la quality est bien 
superieure et on obtient, meme dans nos regions, des concentra- 
tions en Sucre qui etonnent beaucoup de personnes. 

Nous n'avons pas eu, apres les orages de la premiere quinzaine 
d'octobre, toute la secheresse desirable et la pourriture evoluant 
tr^s vite n'a pu permettre, dans bien des situations, cette- 
dessiccation du grain qui donne les grandes concentrations. On 
s'est un peu affole de cette marche de la pourriture et on s'est 
empresse, trop empresse quelquefois, de vendanger. Ceux qui 
ont pu attendre — et j'en connais quelques-uns — n'ont pas eu- 
k s'en plaindre et le mustimetre leur a accuse des densites 
egales, meme parfois superieures, a celles obtenues en 1900, 
qui reste pour nous la grande annee, depuis la reconstitution. 

Dans son ensemble, la recolte de 1906 pent etre placee entre 
celles de 1904 et de 1900; certainement nous aurons des barriques 
de tete qui ^galeront — certains m§me disent surpasseront — 
celles obtenues en 1900. On pent s'en convaincre en jetant un 
coup d'ceil sur le tableau que nous publions. Nous ne parlons 
ici, comme tou jours d'ailleurs, que de ce que nous avons vu et 
analyse. J'ai pu me rendre compte, depuis 5 ans, que la note* 
que nous donnions ainsi tons les ans, apres les vendanges et avant 
le premier soutirage, etait juste pour I'ensemble de TAnjou. 



— 249 — 



TABLEAU I 



Moiits de chenin blanc en 1906 



REGIONS 



SUCRE 



Maxim. 



Angers, Tr61az6.. 

Savenni^res , La 
Possonni^re.... 

Le Louroux, Saint- 
Germain, In- 
grandes 

Montjean 

Rochefort, Ghau- 
mes 

Beaulieu, Faye . . . 

Saint-Lambert, Le 
Champ, Rablay. 

Thouarc6, Bonne- 
zeanx 

Le Vaudelnay, Le 
Puy N.-Dame . . 

Soulaines 

•Corn6,Maz6,Jarz6. 

Tiered, Etrich6 . . . 

Huill^, Durtal.... 

Saumur, Chac6, 
Turquant,Brez6. 



grs. 
216,66 

247,60 



208,00 
200,00 

224, 08 
273,00 

241,8 

276,5 

192,51 

208 » 
208 » 
200,0 

241,84 



Minim. 



grs. 
196,00 

208,00 



192,51 

173,82 

200,00 
189,00 

162,5 

216,6 

179,31 

173,32 
200 » 
157,56 

185,71 



ACIDITE 
totale 



Maxim 



grs. 
6,17 

5,6 



6,60 
4,90 

5,97 
6,07 

6,76 

5,68 

6,95 

8,91 
7,05 
6,07 

6,17 



Minim. 




grs. 
5,19 

4,6 



5,09 
4,80 

4,99 
3,60 

4,90 

3,92 

6,07 

4,90 
5,97 
5,09 

4,41 



grs. 
206,8 

229,9 



204,08 
188,7 

210,17 
228,6 

192,54 

251,7 

185, 79 
224, 08 
190, 70 
205,3 
176; 96 

211,4 






grs. 
5,64 

5,04 



5,12 
4,85 

5,68 
4,55 

5,97 

4,92 

6,54 
5,78 
6,59 
6,39 
5,49 

5,28 



degr^s 
12,2 

13,4 



12,0 
11,0 

12,3 
13,4 

11,3 

14,7 

10,8 
13,2 
11,1 
12.0 
10,3 

12,3 




3 
4 

4 
3 

4 

9 



6 

5 
1 
7 
3 
3 

12 



Comme de coutume, j'appellerai Tattention des viticulteurs 
sur les maxima en sucre que nous ob tenons. Ges richesses sac- 
charines sont remarquables et n'ont pas souvent ete depas- 
sees. 

Enfin, dans des conditions plus exceptionnelles et qui ne sont 
plus pratiques pour le commun des mortels, le vigneron de Par- 
nay a obtenu des raisins — c'est moi qui les ai cueillis et analy- 
ses — qui avaient jusqu'a 472 grammes de sucre, par litre et 
Tensemble de la recolte, ^chantillon pris k Tanche, a donn6 
encore un mout pesant plus de 300 grammes de sucre par litre. 



— 250 — 

Le tableau nous montre en dernier lieu que Tacidite est pen 
61evee pour bon nombre de produits. 

La temperature et le milieu peu acide ont favorise la fermen- 
tation laquelle, sans etre souvent exuberante, n'en a pas moins 
6te active et a pu etre complete, en moins d'un mois, dans bien 
des cas. On a ete surpris de trouver beaucoup de vins sees et de^ 
la a dire que tons les vins seraient sees cette annee, il n'y avait 
qu'un pas qui a et6 vite franchi. On a 6i6 trompe au moment de- 
la recolte, par la douceur du raisin qui, bien que grande, etait 
encore augmentee, en apparence, par suite de Tacidite peu ele- 
vee pour la region. On eut une premiere desillusion en voyant 
que le mustim^tre n'accusait pas la densite que la degustation 
semblait faire pr^voir ; puis la fermentation ayant ete active, on 
eut une deuxidme desillusion en voyant que beaucoup de vins 
ne conservaient pas autant de douceur qu'on Tesp^rait. II est 
bien certain que la plupart des mouts titrant moins de 220 
grammes de sucre par litre et recoltes de bonne heure donneront 
des vins alcooliques, nerveux, bien fruites, mais sees ; ce sont 
des vins,comme on me le disait dernierement, qui mettront leur 
bonhomme par terre, sans le reUver, 

Par centre, il y a des chances que tous les mouts — et ils sont 
nombreux — qui dosaient plus de 220 grammes de sucre par 
litre donnent des vins conservant de la douceur, a la fois alcoo- 
liques et moelleux, ayant en eux tous les elements qui font les 
grands vins. La seule chose k craindre pour ces vins, c'est leur 

faible acidite moins de 4 grammes. II se pent qu'elle soit 

suffisante, mais je crois qu'il sera prudent de suivre de pres 
ces vins et a la moindre tentative de bleuissement, de plom- 
bage, il faudra leur ajouter un peu d'acide tartrique. 

Les vins devront bien se clarifier, si les conditions exterieurea 
continuent a leur etre favorables. lis seront moins susceptibles 
que ceux de 1904 — etant proteges par leur degre alcoolique — 
de subir des fermentations seconSaires en bouteilles. Gel a ne 
doit pas empecher les viticulteurs de leur apporter tous les soins 
desirables, et en particulier les soutirages a I'abri de I'air et les- 
mechages ne devront pas etre epargnes. En prenant ces precau- 
tions, en se rappelant : 1° que 1' acidite, pour certains vins, sera 
faible, 2° que tous les vins proven ant de raisins envahis par la 
pourriture sont susceptibles de jaunir — et beaucoup sont dans, 
ce cas cette annee — et en appliquant alors les traitements indi- 
ques, on conduira a bonne fm sa vinification, sans etre oblige, je 
I'espere, d'avoir recours ni au collage, ni au filtrage, et Ton fera 
une bonne mise en bouteilles. 

Mais il faut que les viticulteurs de nos regions se mettent bien 
dans la tete que la mise en bouteilles hative qu'ils pratiquent 
leur cree plus qu'a tous les autres des obligations tres grandes,. 
s'ils veulent avoir un vin qui se conserve limpide et brillant. 



— 251 — 

^ Nous nous trouvons, en Anjou, avec cette habitude — que je 
ifie critique pas aujourd'hui — de mettre nos vins de bonne 
heure en bouteilles, dans les plus mauvaises conditions pour 

3u'ils se conservent clairs. C'est done une obligation pour nous 
e redoubler de soins pour amener nos vins blancs, en quelques 
mois, a une clarification qui n'est atteinte pourtant ailleurs 
qu'au bout d*un an et plus. II faudra toujours s'attendre, 
lorsqu'on mettra en bouteilles un vin doux, ayant moins de 
11® d'alcool, k voir les fermentations secondaires se produire. Je 
-sais bien qu'en Anjou, suivant I'expression du pays, on ne veut 
pas de cm mort et que Ton desire, au contraire, un certain 
^6tillement ; il faut que le vin ait de la Pie. Ce serait parfait, si 
on etait maitre d'arr^ter au point voulu cette fermentation. 
Mais nous sommes completement livres au hasard, et tantot 
notre vin sera mort, ne bougera pas et conservera sa limpidite 
— ne croyez pas qu'on s'en plaigne, en dehors de I'Anjou — ; 
tantot, au contraire, il moussera comme du champagne, 
mais sera trouble comme de la bernache. Si le vin ne devait pas 
sortir de la region, du moment que le consommateur s'en con- 
tente, on aurait tort d'etre plus exigeant que lui. Mais ce vin va 
k Paris, va dans tons les coins de la France et meme a 
r^tranger, et alors ce n'est plus la meme chose. Plus je voyage, 
plus j'etudie les vins de tons les pays et plus je suis persuad^ que 
je grand, I'immense obstacle a la diffusion de nos produits, c'est 
cette inconstance, je ne dis pas dans la qualite — tons les autres 
pays en sont un peu au meme point — mais dans la fa^on de se 

Er&enter de nos vins. On ne sait jamais, en debouchant une 
outeille, si le vin sera clair ou trouble, s'il p^tillera, moussera ou 
«era mort, s'il sera sec ou doux, et rien, a la mise en bouteilles, ne 
pent souvent nous I'indiquer. Allez done, dans ces conditions la, 
^tablir une clientele fidele a 1' stranger ; et croyez- vous qu'un 
particuher qui aura perdu cinquante bouteilles, par suite de ces 
fermentations, s'adressera a vous de nouveau ? Quel diahle de vin 
que le vin d^ Anjou! dites-vous, lorsqu'on vous parle de tons ces 
accidents. Cette exclamation d'un pere trop indulgent pour les 
fredaines de son fils n'est plus guere de mise aujourd'hui, s^lors 
que la lutte pour la vie devient de plus en plus difficile pour le 
viticulteur. Le plus simple est d'essayer de mieux faire et je crois 
qu'en conduisant bien sa fermentation, en I'activant si c'est 
n6cessaire, au risque d'avoir parfois des vins moins doux, en 
soutirant plus souvent et en mechant davantage, on arrivera a 
diminuer — je ne dis pas a supprimer — le nombre des insucces, 
malheureusement trop grand. 

Les muscadets m^ritent, cette annee, une mention sp^ciale, 
lis ont atteint en moiit une concentration en sucre assez elevee, 
xomme on peut s'en rendre compte par le tableau ci-joint : 



— 252 — 

TABLEAU II 
Moiits de muscadet en 1906 



REGIONS 



SUCBE 



grs. 

Lir6, Drain 200,0 

Champtoceanx, La 
Varenne 204,0 

Autres regions . . . 216,6 



Maxim. 



Minim. 



grs. 
140, 54 

179,31 
189,08 



ACIDITY 
totale 



Maxim. 



grs. 
4,21 

4,31 

6,86 



Minim. 



grs. 
3,13 

3,43 
4,50 



MOYENNES 



Sucre 



grs. 
174,10 

187. 75 
198,61 



Aclditd 



grs. 
3,72 

3,86 
5,63 




degr^s 
10,2 

10,9 
11,6 



6 
4 



Nul doute — et j'ai pu m'en rendre compte dernierement — 
qu'ils ne constituent, cette annee, de bons vins de table, fort 
estimables. Plus faciles a soigner que les vins liquoreux, assez 
alcooliques, ils seraient, pour I'usage auquel on les destine, par- 
faits s'ils avaient parfois un peu plus d'acidite. 

Dans la region du Muscadet, on.soutire les vins peu et tr^s tard.. 
Autrefois, le premier soutirage ne se faisait qu'en mars — on le 
fait un peu plus tot aujourd'hui — et on n'en faisait plus qu'un 
autre, avant la mise en bouteilles ; a chaque soutirage, on 
employait tres peu de meche. Ce sont la, a mon avis, des proce- 
des defectueux, et beaucoup de maladies dont ces vins sont 
atteints n'ont pas d'autres causes ; le remede, en tout cas, est 
tres simple et il serait bon que les proprietaires voulussent bien 
faire quelques essais. 

Enfin, I'annee 1906 comptera, je crois, parmi les- meilleures 
pour les vins rouges. Ils sont alcooliquess, assez acides — tout au 
moins ceux que j'ai examines — riches en couleur ; ils ont du 
corps, semblent se bien tenir et on pergoit d^ja leur finesse. II est 
a souhaiter qu'on prenne tous les soins desirables — ouillages 
frequents et soutirages appropries — pour leur faire passer ,^ 
dans de bonnes conditions, leur premiere annee d'existence. 

En resume, Tannic 1906, dans son ensemble, sans etre abso- 
lument sup^rieure en tous points, se tiendra en tres bonne place. 
II appartient maintenant au viticulteur de ne pas gater, par 
imprevoyance et manque de soins, les bons produits que la 
vigne lui a donnes ; il serait navrant de les lui voir gacher mal a 
propos. 



253 — 



La CochyliSy ses mcBurs, ses ravages 

AperQu des traitements employes 

pour la combattre 

Par le D' P. Sigaud, vice-president de la Soci^t^ Industrielle 

et Agricole d' Angers, 
♦Secretaire g^n^ral de T Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire 

Les viticulteurs de notre contree qui ont vu, cette annee, 
disparaitre une partie importante de leur recolte, le tiers pour 
certains, la moitie pour beaucoup et encore plus pour quelques 
autres, par suite des attaques successives d'un tout petit ver de 
la grappe designe, par les entomologistes, sous le nom de Cochylis 
et connu plus particulierement en Anjou sous celiii de T eigne 
de la grappe^ sauront gre certainement a la Societe Industrielle 
et Agricole d' Angers et a T Union des Viticulteurs de Maine-et- 
Loire d'avoir simultanement mis a Tordre du jour de leur 
seance cette question, bien vieille sans doute, mais jouissant 
encore, cette annee, du triste privilege de Tactualite. 

Nous tenons a remercier, tout d'abord, nos collegues de TUnion 
des Viticulteurs de Maine-et-Loire qui ont repondu a notre 
invitation et sont venus a cette reunion nous apporter le 
resultat de leurs experiences personnelles. Avant de leur donner 
la parole, nous desirous, pour eclairer la question, resumer les 
notions utiles a connaitre sur les mceurs et les habitudes de cet 
insecte ampelophage et presenter un apergu des divers traite- 
ments employes le plus frequemment pour le combattre. 

La cochylis, designee encore sous les noms de ver de la grappe, 
ver coquin, teigne de la grappe, a ete observee des la plus haute 
antiquite ; Pline le naturaliste et Columelle, agronome latin du 
premier siecle de notre ere, ont decrit d'une fagon claire et pre- 
cise, un insecte produisant des degats frequents en Italic : a 
cette epoque ils 1 ont designe sous le nom de volucra aranea ou 
araneus vitium et Tout signale comme un petit ver envelop- 
pant de fils le grain de raisin et le mangeant; ils semblent, evi- 
demment, avoir voulu parler de la cochylis, le seul insecte 
ampelophage qui agisse ainsi. En 1746, le naturaliste Bonnet 
fut charge d'etudier les degats causes aux environs de Geneve, 
par une petite chenille vivant dans Tinterieur des grains de rai- 
sins, sa description permet de reconnaitre facilenient la cochylis. 
La premiere generation de Tinsecte a ete decrite, pour la pre- 
miere fois, par Pazumot a TAcademie de Dijon. Enfm, en 1796, 
Hubner, dans son ouvrage remarquable sur les Papillonsd' Eu- 
rope, donna le premier urie description detaillee de I'espece, sous 
le nom de tortrix (cochylis) ambiguella. En 1842, V. Audouia 



— 254 — 

fit paraitre un ouvrage tres complet, devenu classique, intitule r 
Histoire des insectes nuisibles a la vigne^ et dans lequel ont large- 
ment puise tons ceux qui, depuis, ont ecrit sur la cochylis. Voici, 
d'appes cet auteur, les caracteres des diverses formes de la 
cochylis : 

Les chrysalides d'hiver donnent naissance a des papillons noc- 
turnes qui eclosent fin avril ou commencement de mai, suivant 
les regions. Apres Taccouplement, la femelle pond une trentaine- 
d'oeufs tres petits qu'elle depose sur les jeunes pousses et les. 
bourgeons floraux. Quinze jours apres se fait une eclosion de- 
chenilles, celles-ci vivent de 40 a 45 jours ; lorsque la vigne 
pousse rapidement, elle fournit plus que la larve nepeut manger ;- 
Si, au contraire, la vegetation marche lentement, la larve mange 
plus que la vigne ne pent pousser et, dans ce cas, la perte est 
considerable. 

Lorsqu'elles ont atteint leur complet developpement, les che- 
nilles ont de 8 a 10 milhmetres de longueur, elles seretirent 
ensuite au milieu ou k la fin de juillet dans les grappes entrelacees^ 
, de fils soyeux, parfois sous les ecorces du tronc ou dans les fis- 
sures des echalas et se filent un coton blanchatre oii elles se trans- 
forment en chrysalides. Celles-ci donnent un nouveau papilloa 
quinze jours apres environ. Les papillons s'accouplent immedia- 
tement et, peu de jours apres, les femelles pondent sur les raisins 
en veraison (aoiit et septembre), des ceufs qui donnent naissanca 
aux chenilles de deuxieme generation qui vivent aux depens des 
grains. Elles commencent par attaquer avec leurs mandibulea 
Tepiderme du grain, elles y font un trou rond dans lequel elles 
passent la tete et devorentla pulpe du raisin. Les chenilles s'ac- 
croissent tres rapidement et leurs ravages grandissent en propor- 
tion de leur taille. Une seule chenille, enTespace d'un mois;peut 
detruire plus d'une trentaine de grains. Ceux-ci, a moitie vides, se 
fanent, se dessechent si le temps est sec et, au contraire, si la 
temps estpluvieux ils pourrissent et communiquent Tinfection. 
au reste dela grappe. Dans Tespace de trois semaines environ^ 
les 2/3 oules 3/4 de la recolte peuvent etre atteints. Les che- 
nilles sont adultes vers la fin de septembre. Elles se retirent en- 
suite sous les ecorces des ceps, dans les fissures des echalas et(seule- 
ment dans les contrees froides) dans la terre, a une certaine pro- 
fondeur, et la elles se filent un cocon soyeux, tres dense, a fils ag- 
glutines souvent reunis a des fragments de feuilles ou de bois. 
Les chenilles se metamorphosent en chrysalides sous cette epaisse 
enveloppe vers le commencement de decembre et cette transfor- 
mation acheve de s'operer en Janvier. L'etat de chrysahde de la 
seconde generation dure quatre mois environ. 

La cochylis s'etablit rarement pour toujours dans une contree, 
elle change facilement de locahte et tel quartier qui aura et6 
eprouve une ou plusieurs annees de suite pourra rester des 
annees sans revoir d'invasion importante. Toutefois certainea 
regions, comme les bords du Rhin, en Alsace; le canton de Vaud^ 



— 255 — 

autour de Lausanne en Suisse et certaines provinces d'ltalie, 
sont ravagees par la cochylis d'une fa^on permanente et cet 
jnsecte est, pour ainsi dire, endemique dans ces vignobles. 

La cochyfis ne craint ni les coteaux froids ni les plaines expo- 
sees aux vents, toutefois les expositions preferees sont celles du 
nord et de I'Est. L'habitat de I'insecte semble confirmer son 
origine septentrionale. 

Tous les cepages ne sont pas attaques au meme degre ; dans 
notre contree, les pinots de la Loire, les muscadets semblent 
choisis de preference par la cochylis, cependant les cepages 
rouges ne sont pas toujours epargnes et les gamays sont parfois 
atteints. 11 faut bien avouer qu'il y a des bizarreries dans les 
attaques de cet insecte, ainsi en 1905 une petite vigne de pinot 
d'aunis etait atteinte serieusement par la cochylis, dans mon 
vignoble, alors que les pinots de la Loire etaient presque tota- 
lement epargnes. Cette annee, ma vigne rouge etait complete- 
ment indemne, tandis que les vignes blanches situees a cote 
etaient envahies par une invasion de cochylis qui a fait dispa- 
raitre environ la moitie de la recolte. 

On s'est demande pourquoi les invasion de cochylis etaient 
intermittentes ? Les gelees de printemps, tout d'abord, ont une 
influence destructive sur I'insecte ; a cette epoquo les chenilles 
sont toutes petites, elles sont attirees par les premiers rayons du 
soleil et tres sensibles au froid. En outre, avant commence k 
prendre de la nourriture, elles ne peuvent plus s'en passer et si 
elles resistent au froid elles perissant d'inanition, les nouveaux 
bourgeons fletris par la gelee ne leur off rant plus la nourriture 
qui leur est indispensable. D'un autre cote la cochylis, comme 
la plupart des insectes, a ses parasites et ceux-ci sont tellement 
nombreux certaines annees qu'ils arrivent a causer la mort d'un 
grand nombre de cochylis : Dans le Tyrol,sur les bords du Rhin, 
de la Moselle, en Hongrie, on a fait ces dernieres annees des etudes 
speciales sur des parasites reconnus comme destructeurs de la 
cochyHs. En 1892, on a remarque que les chrysahdes recueiUies 
pendant I'hiver etaient mortes dans la proportion de 80 a 
90 % ; on decouvrit sur les chrysahdes mortes le mycelium du 
botrytis Bassiana a peu pres identique a celui occasionnant le 
blanc des vers a soie. On a trouve aussi un ichneiimonide ressem- 
blant a un moustique ; les femelles recherchent les larves 
adultes de la cochylis et deposent leurs ceufs sur elles ou dans 
leurs tissus. Le petit ver sort de I'ceuf, se nourrit de la matiere 
grasse de la cochyH^ qui continue a vivre tant bien que mal, se 
transforme en chrysalide et finit par perir.Les AUemandsqui ont 
etudie tout specialement ce parasite animal ont deduit de leurs 
observations que I'emploi de certains remedes a des epoques mal 
choisies sont plus dommageables qu'utiles aux viticulteurs, 
parce qu'ils entrainent surtout la mort de leurs allies. 

On pent entrevoir, des maintenant, quelle complication doit 
en resulter pour le traitement do la cochylis qui, dans certaines 



— 256 — 

ann^es, d'apres les observateurs allemands, devrait etre a peu 
pres nul, la nature 6tant plus puissante que tous les efforts 
numains. 

II ne faut pas oublier non plus que les oiseaux insectivores, les 
moineaux et les pinsons par exemple, font une chasse active aux 
chenilles de la cochylis et arrivent a en detruire un grand nombre ; 
CCS oiseaux sont, pour nous, des auxiliaires precieux et contri- 
buent a debarrasser certains vignobles de ces insectes ampelo- 
phages. 

Enfin, dans certaines annees, de violentsorages accompagnes 
de fort abaissement de temperature viennent parfois surprendre 
la nouvelle generation de I'msecte au moment oii elle est encore 
delicate et contribuent a Texterminer. 

Toutes ces considerations sur les moeurs, les habitudes et les 
ravages de la cochylis nous ont pjaru indispensables a connaitre 
pour etudier ensuite methodiquement les differents traitements 
preconises contre cet insecte qui menace de devenir pour TAnjou 
un veritable fleau, si les viticulteurs ne le combattent pas avec 
energie et perseverance. 

La lutte contre la cochylis consiste a chercher les moyens de 
detruire les diverses formes de cet insecte : oeuf, larve, chrysalide 
et papillon, aux differentes epoques de leur apparition. 

Les essais tentes contre Voeiif ont a peu pres completement 
echoue au printemps a cause de sa resistance aux agents de des- 
truction superieure a celle des jeunes grappes. Ainsi cette ques- 
tion, tres seduisante a premiere vue, est tres difficile a resoudre 
en pratique. Contre la larve, c'est-a-dire le ver, le seul agent des- 
tructeur, puisqu'il est reconnu que les papillons ne produisont 
aucun degat et que les chrysalides n'ont besoin d'aucun aliment, 
deux procedes ont ete employes pour le detruire : 

1° L'echenillage ; 

2° Les insecticides. 

L'echenillage consiste a chercher le ver (lorsqu'il a atteint trois 
ou quatre millimetres) et a I'ecraser. Lorsque Techenillage est 
fait un peu tard, alors que tous les vers sont eclos et arrives a un 
d^veloppement sufTisant, une seule visite, il est vrai, suffit pour 
les detruire, mais la plupart des degats sont alors produits sur 
les grappes. Au contraire, si cette operation est faite de bonne 
heure, il faudra au moins deux visites a cause des pontes et des 
^closions successives. 

Certains experimentateurs sembleilt avoir obtenu des resul- 
tats satisfaisants en employant, pour rechercher les chenilles 
dans leurs repaires, des femmes munies de pinces du module de 
celles dont on se sert en imprimerie pour saisir les caracteres. Au 
domaine de I'Etang, a Martigne-Briand, il y a cinq ou six ans, 
M. Brochard avait experimente ce procede de destruction dans 
tout son vignoble avec un certain succes. 

On pourrait objecter que, pour faire ce travail avec chances 
de reussite, il est necessaire d'employer des femmes ayant une 
certaine habilete de main et assez intelligentes pour savoir dis- 



— 257 — 

tinguer rapidement le point ou le ver a 6\u domicile ; il faut ^viter 
en effet avec soin de detruire avec la pince des fleurons que I'in- 
secte lui-meme n'a pas atteints. D'un autre cote, ce procede est 
assez dispendieux et beaucdup de viticulteurs hesiteront a faire 
la depense necessaire. Un proprietaire poss^dant une petite vigne 
isolee d'autres vignes peut, lui-meme, se livrer a cette recherche 
et, dans ce cas, il a des chances de reussir a se d^barrasser en 
grande partie des vers de la cochylis. 

Quant aux vers de la seconde generation, pour les detruire, il 
faut enlever les grains piques par les larves qui, d'abord, se can- 
tonnent dans ces grains. Certes, cette operation est tres ration- 
nelle et remplit un double but ; elle detruit tout d'abord un tres 
grand nombre de vers et, en second lieu, en enlevant les grains 
atteints elle permet d'^viter I'alteration consecutive des grains 
sains qui sont rapidement envahis par la pourriture, lorsque la 
temperature est humide. J'ai, pour ma part, essaye ce procede 
-sur une petite etendue et je me suis servi d'une petite pince a 
pansement contenant deux mors plats et qui m'a paru tres com- 
mode pour enlever les grains sans secouer la grappe et sans tou- 
cher aux grains qu'on veut respecter. 

Pour detruire les larves de seconde generation, un viticulteur 
itahen, M. Giulio Catoni, a imagine le procede suivant : 

II entortille mollement, a diverses hauteurs, sur les souches et 
les bras de celles-ci, ou encore entre les ceps et les echalas, des 
lambeaux de toiles grossieres ou des chiffons dechires de 0"^20 
a 0"*30 de longueur, sur 0™10 a 0°^15 de largeur ; la paille, sous 
forme de tresses tres laches, peut etre utilisee, des feuilles, des 
spathes de mais, etc. Ces pieges, disposes avant que les cochylis 
n aient commence a tisser leur cocon, offrent a celles-ci des 
abris ou elles se refugient en tres grand nombre, trouvant la des 
conditions tres favorables pour leur hibernation. Avant le prin- 
temps, on recueille tons ces laipbeaux d'etoffe et on les plonge 
dans I'eau bouillante pour detruire les cochylis qui seront 
. venues s'y chrysalider. Dans le Trentin, ou on a essaye ce pro- 
cede, on a utilise des morceaux de toile de jute ; or, chaque 
morceau contenait de cinq a cinquante chrysalides de seconde 
generation. 

M. le D^ Rabjeau, d'Ingrandes, a bien voulu m'ecrire les 
essais divers qu'il a faits contre la cochylis ; pour detruire les 
chenilles de premiere generation, il a employe le procede recom- 
mande par M. Colomb-Pradel, qui consiste a deposer, au moyen 
d'une burette, une ou deux gouttes d'huile naphtalisee (formee 
de 10 parties de naphtaline brute pour 100 parties d'huile de lin) 
sur chaque cocon pour faire sortir le ver, qui tdmbe et meurt. 
La recherche des cocons et la manoeuvre de la burette peuvent 
etre faites par des femmes qui, avec un peu d'habitude, arrivent 
a etre tres habiles dans cette operation. Mais, si M. Colomb- 
Pradel est satisfait de sa decouverte, notre collegue trouve que 
ce procede est tres minutieux, demande beaucoup de temps, 
coute relativement cher et, somme toute, lui a donne des resul- 
tats fort problem atiques. 



- 258 — 

Enfin, si rechenillage est une operation rationnelle, il ne faut 
pas oublier qu'il exige beaucoup de main d'oeuvre, les frais 
pouvant s'elever a 40 francs par hectare au moins. 

Aussi a-t-on essaye des precedes plus rapide? (pulverisations 
ou poudrages avac des poudres insecticides). Ce traitement, 
toutefois, doit etre limite a la destruction des chenilles de pre- 
miere generation. Le but recherche consiste a employer un 
liquide economique, sans danger pour la grappe et pour les 
feuilles, et tres actif, au contraire, contre les chenilles ; il est 
necessaire aussi quece liquide puisse penetrer facilement les 
enveloppes qui les defendent. Le traitement insecticide, qui 
semble avoir donne les meilleurs resultats, consiste a pulveriser 
sur ks chenilles de premiere generation surtout, avant ou apres 
la flcraison, et de tres bonne heure sur celles de deuxieme gene- 
ration, un liquide ainsi compose : 

Faire dissoudre 3 kilos de savon mou dans 10 Utres d'eau 
chaude, puis les nielanger a 90 litres d'ean dans lesquels on fail 
infuser 1 kil. r)00 de poudre de pyrethre en brassant fortement 
le liquide. M. J. Dufour, directeur de la Station viticole de 
Lausanne (Suisse), a remarque que Ton accroissait beaucoup la 
force de penetration et, par suite, refficacite des insecticides, en 
les appliquant a chaud sur les grappes. Ainsi, une simple solution 
de savon noir a 3 % tue une forte proportion de vers si on 
r applique a une temperature de 50 a bb^ centigrades, tandis 
qu elle est peu active a la temperature ordinaire. En ajoutant 
1 % de nicotine, d'huile de colza ou d'un autre insecticide, 
TelTet est plus marque encore. Avant la floraison ou au debut, 
les grappes presentent une resistance remarquable a Taction de 
la chaleur. 

Un procede vraiment pratique devrait etre preventif ; or, on 
ne connait actuellement que I'emploi des sets arsenicaux, et 
specialement I'arsenite de cuivre, capable de remplir ce but. 
M. Grosjean, inspecteur general de TAgriculture, pr^conise 
I'emploi de ce sei toxique a I'etat sec, melange au soufre (il agit 
alors aussi contre I'oidium). On pent egalement I'employer a 
I'etat humide ; dans ce cas, on I'mcorpore a la bouillie borde- 
laise ; en ayant soin d'ajouter un peu de savon, cette preparation 
est sans danger pour la vigne. Toutefois, I'emploi des preparations 
arsenicales ne s'est pas repandu, a cause des grandes precautions 
necessaires pour la preparation et I'usage de cette bouillie 
arsenicale. 

Nous arrivons maintenant aux divers procedes employes pour 
la destruction des chrysalides. 

En ete, la transformation de la larve en chrysalide se fait tres 
rapidement, six a sept jours sufTisent ; les endroits de predilec- 
tion pour la chrysalidation des larves sont, en general, la grappe 
elle-meme ou est ne et a vecn le ver et ou il a tisse son fourreau 
protecteur transform e en cocon. La lutte contre cette chrysalide 
de premiere generation n'a point ete employee a proprement 
parler, cette chrysalide ayant une existence tres ephemere. II 



— 259 -. 

n'en est pas de meme des . chrysalides de seconde generation^ 
dont la vie est de trois a quatre mois, pendant une partie de 
I'hiver ; aussi a-t-on essaye tres serieusement divers traitementa 
qui meritent d'attirer un instant votre attention. 

Des experiences ont ete faites sur le vignoble de Jarras, pres. 
Aiguesmortes, appartenant a la Compagnie des Salins du Midi et 
en majeure partie plante en Picpoul (cepage blanc) et isole par 
des marais et des terrains sales d'autres vignobles dont le voisi- 
nage aurait pu infirmer une experience. 

Le procede de la lutte a consiste dans un mode d'ecorgage des- 
souches plus rationnel, plus complet et par suite plus efficace que 
ceux employes precedemment. Apres divers essais, on est arrive 
a se servir de chaines a decortiquer en fer carre, formees d'an- 
neaux doubles fabriques avec du fer carre dont les aretes 
s'emoussent tres difiicilement. 

Le prix de revient de ce travail par hectare a ete de 84 francs 
environ. 

Apres cette operation, la recolte a ete doublee. 

Mais ce procede est trop complique et trop onereux pour 
pouvoir se generaUser. Au reste, il est forcement insuffisant, 
puisque les chrysalides ne se trouvent pas seulement dans les 
ecorces des souches, mais dans les fissures des echalas et parfois 
dans le sol (dans certaines regions septentrional es surtout). 

On a essaye encore les traitements utilises avec succes contre 
la pyrale, c'est-a-dire I'ebouillantage des souches, et meme le 
clochage, ce dernier procede consistant k detruire les chenilles ou 
meme les chrysalides nouvellement formees par Taction des 
vapeurs sulfureuses. 

Les succes obtenus par les exp^rimentateurs n'ont pas et6 
reguliers et, par suite, 1 ebouillantage, de meme que le clochage, 
ont ete peu a peu abandonnes. 

Nous sommes heureux de pouvoir faire connaitre ici un traite- 
ment nouveau dont les details nous ont ete communiques, sur 
notre deiiiande, par I'auteur lui-meme, un de nos viticulteurs les 
plus experimentes, M. Oger-Bascher, de la Fresnaye de Saint- 
Aubin-de-Luigne. Notre excellent collegue avait ete fort eprouve 
depuis des annees par des invasions de cochylis, qui avaient 
cause des ravages considerables dans ses importants vignobles 
de la Fresnaye et de Sainte-Foy. 

II avait essaye tous les traitements connus et usites contre la 
cochylis : 1° L' ebouillantage avec la chaudiere Vermorel ; ce 
procede exige tout d'abord I'ecor^age prealable des souches ; 
rinconvenient principal est, le plus souvent, Tinsuflisance de la 
temperature de I'eau, ensuite, la depense occasionnee est trop 
elevee, aussi cette methode de traitement a-t-elle ete vite 
abandonnee ; 

2° M. Oger-Bascher a essaye le flambage ; fait a la legere, il ne 
detruisait pas la cochylis ; trop bien fait, au contraire, il brulait 
certains bourgeons, voire meme quelques pieces importantes 
des souches ; 



— 260 — 

3° Essai de TecorQage des souches avec le& gants Sabatier et 
Bussi avec une chaine gourmelte ; les resultats n'ont pas ete 
satisfaisants. Essai egalement du badigeonnage des souches 
d'apres le precede de Balbiani, au moyen d'une solution d'acide 
suliurique au 1 /lO, ou bien au sulfate de fer, mais sans aucun 
^ucces notable ; 

^^ Essai des falots bordelais pour la destruction des papillons, 
meme insucces.,La plupart du temps, quand les falots ,etaient 
mis en place et allumes et s'il faisait du vent, la flamme detrui- 
sait une partie des falots ; s'il pleuvait, les lanternes se deterio- 
raient, et quand il faisait clair de lune aucun papillon ne se 
laissait prendre. M. Oger-Bascher a observe que les 9/10 des 
papillons pris etaient des males ; il est amene a supposer que les 
femelles, plus lourdes et pleines d'ceufs, restaient sur les souches 
et ne cherchaient pas a s'envoler. 

En resume, les traitements les plus connus n'ont donne a 
M. Oger-Baschor que des insucces et des desillusions. Malgre 
cela, il ne se dcsespera pas et eut I'idee d'ess aver la chaux ds la 
faQon suivante. En 1903-1904, dans son vignoble de Sainte-Foy, 
il employa 3.000 hectolitres de cendres de chaux dans 20 hectares 
de vignes ; le sol etait completement blanc comme s'il avait re^u 
une couche de neige ; la vegetation de la vigne fut tres tjclle et la 
recolte abondante, la chaux ayant rendu assimilable une cer- 
taine quantite d'azote ; le sol fut plus facile a traiter, mais le but 
recherche n'etait pas atteint, la quantite de cochylis n' avait pas 
sensiblement diminue. L'hiver suivant 1904-1905, notre col- 
legue tenta une autre experience dans son vignoble de la Fres- 
naye, ou, le plus souvent, la cochylis faisait disparaitre la plus 
grande partie de la recolte. Apres la taille, M. Oger-Bascher fit 
passer entre les rangs de vigne une petite charrette chargee de 
cendres de chaux et trainee par un cheval qu'un homme condui- 
sait ; derriere cette charrette, un autre horame, muni d'une 
pelle, jetait une ou deux pelletees de cendres de chaux sur le 
corps des souches de deux rangs a la fois, il couvrait egalement 
les mouchis, soit emiron 5 htres de cendres de chaux repandus 
par souche. Une partie de la chaux reste sur les membres de la 
souche, I'autre tombe au pied. Les parcelles de chaux se desa- 
gregent sous Tinlluence de I'humidite de Fair el ferment une 
sorte de bouillie quand I'eau ^^ent a tomber. M. Oger-Bascher se 
demande si les resultats tres satisfaisants qu'il a obtenus par ce 
precede sont dus a la grande chaleur degagee par la chaux au 
moment ou elle s'eteint, ou a I'ecoulement de I'eau et de la chaux 
le long de la souche, ou a la chaux qui impregne pendant un 
certain temps Tecorce? Dans tons les cas, la cochylis n'a pas fait 
de degats depuis I'emploi de ce trait ement, repete en 1905-1906, 
a la Fresnaye et a Samte-Foy, tandis (jue les vignobles Toisins 
etaient completement ravages. Ainsi, le beau vignoble de la 
Roulerie, a Saint -Aubin-de-Luigne, infeste cette annee par la 
cochylis, n'a donne qu'une centaine de barriques dans 17 hec- 
tares » tandis que, dans 15 hectares, a un kilometre a vol d'oiseaa 



— 261 — 

du vignoble precedent, M. Oger-Bascher a recolte plus de 
300 barriques, avec une taille a court-bois. 

Notre coUegue fait observer que le traitement k la chaux a 
surtout Favahtage de ne pas etre couteux, Thectolitre de cendres 
de chaux necessaires pour traiter vingt souches coutant, pris au 
four, cinquante centimes ; de plus, la chaux; detruit la mousse, 
receptacle de toute sorte d'insectes, et, en plus, elle agit comme 
antiparasitaire contre Toidium et le mildiou, enfin elle est inof- 
fensive pour les yeux de la yigne. 

En resume, M. Oger-Bascher, depuis trente ans, a cherche a 
defendre sa recolte contre le terrible ver coquin et ce dernier 
traitement seul lui a donn^ des resultats satisfaisants. II serait 
tres heureux de le voir essayer par les viticulteurs angevins et il 
s'estimerait tres satisfait s'il pouvait leur etre utile. Nous avons 
cru, de notre cote, rendre un reel service a nos coUegues en leur 
donnant tons ces details fort interessants et nous adressons ici 
nos sinceres remerciements a M. Oger-Bascher, qui a bien voulu 
nous les communiquer avec un empressement dont nous lui 
sommes reconnaissant. 

II nous reste a parler de la lutte contre les papillons qui a 
donne dans certames regions, et avec des experimentateurs 
divers, des resultats fort appreciables. M. Colomb-Pradel a eu 
Tidee tout d'abord empecher la ponte des papillons, de projeter 
sur les grappes une substance capable d'eloigner les papillons. 
D'apres lui, ceux-ci n'aimeraient pas Todeur de naphtaline et il 
suffirait de faire un soufrage avec 90 % de soufre et 10 % de 
naphtaline, au debut de la floraison de la vigne, pour pr^venir 
une invasion de cochylis, tout en faisant un traitement utile 
contre Toidium. On se sert de la naphtaline brute des usines k 
gaz qui coute environ 20 fr. les 100 kilos. M. le D^ Rabjeau at 
fait Tessai de ce traitement, sans resultat appreciable ; tandis 
que M. Colomb-Pradel est persuade qu'on obtient par ces pro- 
cedes des avantages reels. 

Nous ne saurions mieux faire que d'indiquer les essais faits 
sur 29 hectares de vigne de 1901 a 1905 par M. Oberlin, le viti- 
culteur alsacien bien connu. 

M. Oberlin, comme beaucoup de viticulteurs allemands, avait 
tout d'abord essaye contre la cochylis, qui ravage tons les ans 
les vignobles des coteaux du Rhin et de la Moselle, tons les traite- 
ments pratiques connus, avec les soins les plus meticuleux et 
sans succes. 

Get experimentateur fit la chasse aux papillons. 

1^ Deux fois par jour avec des eventails engines. 
2^ Avec des lampes pendant la nuit. 

La chasse aux eventails ou avec des filets engines a ete beau- 
coup plus efficace que celle avec les lampes. Sur 100 papillons 
saisis 84 Font ete par cette methode, tandis que 16 seulement 
ont ete recueillis flans les plats entourant les lampes. 



- 262 - 

En 1901 on a pris en tout 378.111 papillons 
En 1902 — 209.933 — 

En 1903 — 64.065 — 

En 1904 — 46.759 — 

En 1905 - 27.594 — 

Ces chiffres font voir la diminution graduelle et tres sensible 
ties papillons captures, correspondant k une diminution pro- 
gressive des ravages causes et a la possibilite de les reduire au 
minimum en peu d'annees. 

La lutte par les deux syst^mes a 6te conduite contre les deux 
generations de cochylis. 

Pour reussir, on a soin de placer d'abord quelques lampes 
t^moins pendant plusieurs soirs consecutifs, a Tepoque presumee 
de r^closion des papillons, puis, quand la presence des papillons 
est constatee dans les plateaux, quitte k faire verifier leur espece 
si Ton n'est pas certain de bien les connaitre, on entreprendra la 
chasse de jour et de nuit, avec des chances reelles de succes 

M. Boucnemin a imagine une sorte de pi^ge rappelant par sa 
forme les Gorans engines. On le prom^ne dans les vignes au- 
dessus des ceps. Deux hommes sont necessaires ; Tun frappe sur 
les souches pour faire sortir les papillons et Tautre est porteur 
du piege. Par ce proced6 un hectare pent etre traite presque en 
deux heures. Grace a cette rapidite on pourra multiplier les trai- 
tements pendant toute la duree du papillonnage et diminuer 
d'une fa^on tres appreciable le nombre des papillons avant 
qu'ils aient effectue leur ponte. 

Un de nos distingues coUegues, M. de Ldage, qui possede un 
beau vignoble a Saint-Barthelemy, regrettant de ne pouvoir 
assister k la seance de ce jour, a bien voulu me donner quelques 
details sur les experiences personnelles qu'il a faites. Depuis 
plusieurs annees, la cochylis faisait de grands ravages dans ses 
vignes, il a tout d'abord essaye le falot bordelais pou;* prendre 
des papillons, mais si ces lanternes ont Tavantage du bon 
march6(chaque lanterne coute 1 fr. 25), d'un autre cot^ elles ont 
Tinconv^nient d'obliger Texperimentateur a renouveler souvent 
la glu ; il pr^fere employer les lampes a acetylene (lampe m6- 
duse) dont le prix est beaucoup plus eleve, puisque chaque 
lampe vaut 15 fr., mais d'un emploi plus facile et plus simple 
et qui lui a donne cette annee de tels resultats sur une partie 
limitee de son vignoble, que Tannee prochaine il a Tintention 
de les employer dans toutes ses vignes. II a epargne complete- 
ment sa recolte alors que tons les vignobles voisins ont ^te rava- 
ges, la moiti^ de la recolte au moins ayant disparu. * 

M. de Laage a observe que, dans notre region, il ^tait difficile 
de prendre les papillons de la premiere generation, les conditions 
favorables a cette chasse se trouvant difficilement remplies k 
cette epoque de Tannee (nuit obscure, temps calme, chaleur suf- 
fisante), 10 lanternes sont necessaires par hectare, on les place k 
50 metres Tune de Tautre dans la direction des rangs de vigne 



-^ 263 — 

et a 20 metres dans le sens perpendiculaire. Quelques lanternes. 
temoins, mises en place asaez longtemps avant la periode d'eclo- 
sion des chrysalides, et allumees tous les soirs, indiquent le 
moment precis ou Tallumage general doit avoir lieu. Telles sont 
les observations que m'a communiqu^es notre collegue M. de^, 
Laage et qui viendront contribuer a donner un peu de clarte 
dans cette question si controversee du traitement de la cochylis. 

On a dit, et M. Oger-Bascher est de cet avis, que la plupart 
des papillons pris par les falots ou les lampes-pieges etaient du 
sexe male, on en a deduit que cette destruction partielle dea 
males a Texclusion des femelles etajt une preuve de Tinsuffisance 
de ce procede. Or, les observateurs ne sont pas tous du meme 
avis et si certaines statistiques indiquent en efPet une proportion 
plus elevee d^s males que des femelles dans les captures, on 
trouve cependant sur 100 papillons saisis 60 males et 40 femelles. 

Je me permettrai d'aj outer que les entomologistes ont demon- 
tre que Taccouplement des papillons avajt une duree de 24 
heures au moins et qu'a la suite les males perissaient presque 
immediatement. II en resulterait qu'un male ne pent gu^re 
feconder plusieurs femelles et si Ton parvenait a detruire un 
grand nombre de males avant la fecondation des femelles, on 
serait presque certain de diminuer considerablement les chance 
d'eclosion des oeufs pondus par les femelles. 

On a fait observer aussi que le but des lumieres etant d'at- 
tirer les papillons, elles attirent inevitablement aussi ceux des. 
vignes voisines si les proprietaires de celles-ci ne cherchent pas a 
detruire les insectes de la meme maniere et a la meme epoque. 
D'un autre cote, si Ton commence Toperation tardivement, on 
risque fort de ne detruire les papillons qu'apres leur accouple- 
ment et leur ponte. 

II faut done, pour obtenir des resultats efficaces et durables, 
une entente generale entre tous les proprietaires de 'vignobles 
contigus. Aussi, conformement a cette idee, le Gonseil general de 
laGironde avait-il demande de rendre obligatoires un certain 
nombre de traitements afm d'enrayer le plus tot possible un mal 
qui se propage et qui, par suite, menace d'avoir des consequences 
encore plus desastreuses qu'elles ne sont aujourd'hui. 

En Italic, dans la province de Piacenza, les viticulteurs, per- 
suades que les traitements ne peuvent avoir uneffet durable s'ils 
ne sont pas appliques simultanement par les viticulteurs de la re- 
gion sujette a Tinfection, ont fait introduire dans les reglements 
de police rurale des communes respectives des dispositions 
propres a rendre obligatoire la lutte contre la cochylis. 

Tel est, messieurs, le resume k peu pres complet des principaux 
traitements employes jusqu'a ce jour pour combattre la cochylis. 
Si mon modeste travail a eu le don de vous interesser, vous 
m'excuserez alors d'avoir retenu si longtemps votre attention. 

Comme vous le voyez, le procede infaillible pour detruire la 
cochylis n'existe pas et la multiplicite des traitements est la meiK 
leure preuve de leur insuffisance. Toutefois, il semble resulter de 



— 264 — 

<5ette 4tude que le traitement ne saurait etre unique, la lutte 
devra etre engag^e successivement contre les diverses formes de 
Tinsecte. Si, au printemps, vous parvenez a detruire une cer- 
taine quantite d oeufs, si plus tard les attaques contre les che- 
nilles et ensuite contre les chrysalides de premiere et deuxi^me 
generation ont ete actives et tenaces, Teclosion des papillons 
sera certainement considerablement diminuee; si,enfin,lachasse 
aux papillons a ete perse verante de jour et de nuit, il est pro- 
bable qu'elle sera fructueuse et Tannee suivante Tinvasion du 
vignoble deviendra moins redoutable. Continuez cette lutte 

Slusieurs annees consecutives et vous verrez progressivement le 
^au diminuer d'intensite. 

Mais vous n'obtiendrez des succes durables et definitifs 
qu'apres avoir pu convaincre tous les viticulteurs de votre 
region de la necessity de combattre simultanement cet insecte, 
dont la puissance de reproduction est telle qu'aucun remede 
humain ne saurait pretendre eteindre a tout jamais la race. 
Dans ce cas, la nature aidant, les ravages de la cochylis ne seront 
bientot plus, esperons-le du moins, qu'un souvenir historique. 

Le 24 novembre 1906, 

D' P, SiGAUD. 

Vice-president de la Soci6t6 Industrielle 
et Agricole d' Angers 



Causerie sur les traitements 

contre la Cochylis 

A la suite de la lecture du travail de M. le D' Sigaud sur la 
<^chylis, M. le President donne la parole a ceux de nos coUegues 
ou des audileurs presents desirant presenter des observations sur 
ce meme sujet. M. le D*" Cordon, apres avoir felicite son collegue 
de son etude tres documentee et tres soignee sur la cochylis, 
signale Toubli d'un traitement insecticide preconise, il y a piu- 
sieurs annees, dans la Rei'ue de Viticulture, par M. Laborde, sous- 
directeur de la station \'iticole de Bordeaux, traitement liquide 
applique a la grappe au moment de la floraison et consistant, soit 
a faire tremper les mannes dans une solution diiuee au 1 /lO et 
meme au 1 15 d'une Uqueur mere contenant de la gomme de pin, 
de la soude caustique, de I'ammoniaque, du verdet gris dissous 
dans 72 % d'eau, soit a pulveriser, au moyen de cette meme 
■solution, les mannes en pleine floraison : Bien que M. le D"" Cordon 



~ 265 — 

ait agi avec beaucoup de prudence, employant des doses infe— 
rieures a celles des substances actives indiquees par M. Laborde, 
ce traitement a eu dans son vignoble pour r^sultat de bruler une 
tres grande partie des mannes touchees par la solution insec- 
ticide, aussi, apr^s avoir obtenu des enets aussi desastreux,. 
semble-t-il autorise a dire que le remede est pire que le mal. 

M. le D' Sigaud repond qu'il connaissait les experiences de^ 
M. Cordon et n'avait pas parle, a dessein, de ce procede dange- 
reux de destruction de la cochylis. 

M. Moreau a constate, en effet, dans le vignoble meme de 
M. le D' Cordon, les resultats deplorables obtenus par lui, maia. 
il s'empresse d'ajouter que si la preparation incriminee a ete 
nuisible jau pinot de la Loire, il sait, d'autre part, qu'elle a 6ie 
employee avec succes sur d'autres cepages, dans la Gironde. II 
est amene a croire qu'un liquide insecticide contenant des subs- 
tances actives peut etre nuisible a certains cepages dont les tissus 
sont plus delicats et plus sensibles que d'autres sur lesquels la 
meme traitement peut produire de bons effets. 

M. le D' Cordon ajoute que ses vignes, et precedemment celles. 
de son pere, etaient atteintes depuis plus de quarante ans par la 
cochylis. II a essaye, pour sa part, beaucoup de traitements sans, 
resultats bien appreciables : I'ecor^age, le flambage des ecorcea^ 
les insecticides, etc. . . II s'est demande ou la larve se refugiait 
au moment de sa transformation en chrysalide ; I'ecorgage fait, 
avec soin,n'ayant produit aucun effet satisfaisant, il n'est pas 
eloign^ de croire que la cochylis hiverne dans le sol. II a ete 
amene a cette opinion par une experience faite par lui dans une 
partie de son vignoble : il a laisse, sans les labourer, plusieurs. 
rangs de vignes contigus, afin de ne pas ramener par le labour les. 
chrysalides a la surface du sol. Ces rangs de vignes soumis k cette 
experience ont eu tres pen de cochylis, infiniment moins que 
ceux dans lesquels les famous de vignes avaient 6te effectuees. Eu 
consequence, il serait d'avis d'attaquer la cochylis a I'etat de 
chrysalide de seconde generation pendant I'hiver et dans le sol. 
C'est de ce c6t6 que les recherches doivent etre faites. 

M. le D' Sigaud se range k I'avis de son coUegue, bien que les. 
entomologistes soient tons d'accord pour admettre que la cochy- 
lis hiverne sur les souches ou dans les fissures des echalas. II 
pense qu'a Tepoque des vendanges les secousses produites sur les 
ceps et sur les raisins font tomber une quantite de chenilles qui 
se cachent alors dans les replis du sol. M. Oger-Bascher croit, 
au contraire, que la cochylis se chrysalide sur les souches elles- 
memes, cela semblerait r^sulter des effets surprenants qu'il a 
obtenus, deux annees de suite, en saupoudrant les souches et la 
bois de taille, immediatement apres cette operation, avec de la 
cendre de chaux, tandis qu'ant^rieurement I'epandage des. 
cendres de chaux sur le sol n'avait point empeche la propagation 
de la cochylis. 

M. Maurice Massignon a tendance a croire que la cochylis. 



— 266 - 

recherche de preference les sols sablonneux et semble fuir les 
sols caillouteux. II ajoute que, tres probablement, beaucoup de 
chrysalides d'hiver doivent se retirer dans le sol ; il a remarque, 
et il n'est pas le seul a avoir fait cette constatation, que les ceps 
de vignes qui sont a proximity des allees herbeuses sont plus 
atteints que les autres ; il suppose que les chrysalides ont 
sejourne de preference dans les herbes. 

M. Lair a fait les memes constatations dans son vignoble. 

M. Rene Oger connait un viticulteur qui a employe, depuis 
plusieurs annees, comme moyen curatif, des pulverisations au 
lysol, en pleine floraison, et a pu, par ce traitement, preserver a 
peu pres completement son vignoble, tandis que les vignobles 
voisins etaient ravages par la cochyHs. 

M. le D'^ Maisonneuve dit qu'on est arriv^ a detruire un insecte 
du pommier en pulverisant les bourgeons, au moment du debour- 
rement, avec une solution de nicotine. Cette pulverisation a 
pour resultat d'empecher la ponte de I'insecte. Les arbres ainsi 
traites ont eu une tres belle vegetation, suivie d'une abondante 
fructification. Or, cet insecte ayant beaucoup de rapport av«c la 
tjochylis, il en deduit qu'on pourrait essayer ce traitement 
avant I'eclosion des bourgeons, c'est-a-dire un certain temps 
avant la floraison de la vigne. Regie gen^rale, ajoute M. le doc- 
teur Maisonneuve, la plupart des chenilles sont detruites par les 
pulverisations a la nicotine. 

M. de Boissard a employe les badigeonnages des souches avec 
une solution d'acide sulfurique, suivant la methode de Balbiani. 
La solution contient 10 % en poids d'acide sulfurique. On opere 
imm^diatement apres la taille. Ce traitement, que M. de Boissard 
avait primitivement employe pour combattre I'oidium, a produit 
^galement d'excellents resultats centre la cochylis. 

M. Juteau-Goujeul a essaye des vapeurs sulfureuses. II se sert 
d'une simple casserole munie d'un long manche et dans laquelle 
il place du soufre en petits morceaux, reconvert de soufre en 
poudre ; il met le feu k ce soufre et promene sa casserole au- 
dessous des souches ; une grande quantite de cochylis tombent et 
^ont detruites. Cette operation se fait un peu avant la floraison. 
Un seul individu pent traiter ainsi pres de 2.000 souches par 
jour. 

M. Lemesle-Boutreux, du Plessis-Grammoire, dit avoir 
employe, depuis trois ans, dans ses vignes, le badigeonnage des 
souches avec une solution d'acide sulfurique a 10 % en poids, 
suivant la methode de Balbiani, avec un reel succes. 

M. Moreau, directeur de la Station cenologique de Maine-et- 
Loire, demande qu'on veuille bien ne pas se borner a cette dis- 
cussion, fort interessante assurement, mais ne donnant lieu a 
^ucun resultat pratique. II propose a la Societe de nommer une 
commission speciale composee de viticulteurs competents et 
d'entomologistes qui seront charges d'etudier serieusement les 
clivers traitements employes et de faire ensuite un rapport des- 



- 267 — 

tine k etre presente au Conseil general, par exemple, dans le but 
d'obtenir une subvention permettant d'entreprendre des expe- 
riences speciales dans certains vignobles. 

L'Assemblee charge M. Massignon, president de I'Union des 
^iticulteurs de Maine-et-Loire, et M. Moreau d'etudier cette 
question et d'examiner quels pourraient etre les membres de la 
Commission k proposer dans une prochaine reunion. 

D' P. S. 



Le Gerant, G. GRASSIN. 



Aint^ers. imn. Germain et O. Grassin. — 2526-6. 



BULLETIN MENSUEL 

DE LA 



r r 



SOCIETl INDUSTRIELLE ET AGRICOLE 

D'ANGERS 
et du ddpartement de Maine-et-Loire 



Procfes-verbal de la stance du 2,4 novembre 1906 

Presidence de M. le D^ Sigaud, vice-president, puis de M. Bor- 
deaux-Montrieux, president, assistes de M. Gilles Deperriere, 
vice-president honoraire. 

M. Vinet remplit les fonctions de secretaire 

Etaient presents : MM. Lafarge, Grau, Massignon, Moreau 
Battereau, Couette, Doucet, Moizard, Gavinet, Lair, D^ Maison- 
neuve, D^" Cordon, Naud, Baron d'Angers, Bauge, Hacault, 
Oger-Bascher, Juteau-Gougeul, Tournier, Vaslin, Lavallee, 
Sigaud fils, marquis de Dampierre, Bernard-Chauvire, marquis 
de Chateauvieux, O. Chaillou, Clemot, Halop^, Fourrier, Her- 
rouet, Fourmond, de Montergon, Ferre-Hamon, Paul Lorin, 
vicomte de Boissard, Daignere fils, membres de la Society Indus- 
trielle. 

Assistaient egalement k la seance : MM. Vincent, Lemesle 
Tavau fils, Pivert, Oger, Boivin, membres de T Union des Viti- 
culteurs. 

— M. le President pr^sente les excuses de MM. Andre Huau, 
de Grandmaison, de Laage, Gauvin qui n'ont pu assister k la 
seance. 

— M. le D^ Sigaud met sous les yeux de nos coUegues une boite 
contenant des cochylis a Tetat de chrysalides que M. 0. Chaillou, 
un de nos viticulteurs et ampelographes les plus competents, a 
recueillies dans le but de nous les presenter et de les faire con- 
n?dtre a ceux d'entre nous qui n'ont pu observer les cochylis 
sous cette forme. 



— 270 — 

— M. le President remercie M. O. Chaillou, grUce auquel nos 
collegues ont pu se rendre compte de cette chrysalide que nous 
devrons principalement combattre d'une fagon active si nous 
voulons attenuer les ravages de la cochylis. 

— M. Vinet donne lecture du proces- verbal de la pr^cedente 
seance. Ce proce-^-verbal est adopts sans observations. 

— M. Moreau donne des details complementaires sur la recolte 
des vins de 1906. Sans la cochylis et la persistance de la seche- 
resse, dit-il, Tannee 1906 eut ete excellente comme quantite 
et comme qualite. 

En Anjou, nous avons eu, avec Textreme maturite, la pourri- 
ture noble, mais celle-ci evoluant tres vite par suite de (juelques 
orages n*a pas permis la dessication si recnerchee dans le pays 
de Saut ernes. 

Cependant, ceux qui ont pu retarder les vendanges ont eu 
des concentrations etonnant beaucoup de personnes. 

M. Moreau pense que la recolte de 1906 pent etre classic entre 
celle de 1904 et celle de 1900. La caracteristique des vins de 
cette recolte est Tacidit^ pen elevee. La fermentation a et^ 
rapide et beaucoup de vins seront sees. II y aura cependant una 
certaine quantite de vins liquoreux. En general, on pent dire 
que les vins seront parfaitement constitues, cependant les viti- 
culteurs feront bien d*y apporter tons leurs soins et de veiller 
aux soutirages notamment. En Anjou, la mise en bouteilles 
hative cr^e aux viticulteurs des obligations, aussi doivent-ils 
redoubler de soins. M. Moreau donne des conseils generaux k ce 
sujet. Les muscadets sont caracterises cette annee par une faible 
acidite, tandis que le sucre a atteint le chiffre de 216 grammes 
dans certaines regions. 

Si Ton consid^re maintenant les vins rouges, on pent afiirmer 
que Tannee 1906 comptera parmi les bonnes ann^es. 

— M. le 1>* Cordon demande quelle est la dose normale d'aci- 
dite pour les vins blancs. M. Moreau repond que dans les vins 
faits, elle doit etre de 4 gr. 5 a 5 grammes par litre. 

— M. le President se fait Tinterpr^te de tons pour adresser 
k M. Moreau des remerciements pour son int^ressante commu- 
nication. 

— M. le EM" Sigaud donne lecture de son travail intitule « la 
Cochylis », ses moeurs, ses ravages en Anjou en 1906, apergu des 
principaux traitements employes pour la combattre. II fait 
rhistorique de la cochylis, puis passe en revue les diverses 
formes de Tinsecte et donne un resume des differents traita 
ments. Ce travail tr^s complet et tres documente sera public 
dans un de nos prochains bulletins. 

A la suite de ce rapport, une causerie siu* la cochylis a eu lieu 
parmi les viticulteurs presents. 



t 



— 271 — 

» 

Le resume de cette tr^s interessante discussion a et4 ins^r^ 
Claris le bulletin de no vembre. 

— M. Massignpn demande que les reunions mensuelles de la 
Societe Industrielle aieiit lieu, pendant, rhiver, a 1 h. 1/2 au lieu 
de 2 heures. Cette proposition est acceptee. 

— M. Bordeaux-Montrieux prend ensuite la parole en ces 
Hermes : ' 

r ' ' . 

a 

« Messieurs, 

« Je vous proposerai de consigner au proces- verbal les regrets 
•<( tinanimes que cause a la Societe la perte de Tun de ses membres 
« M. Chouteau, viticulteur distingue, chevalier du Merite agri- 
t( cole. 

« II fut, avec plusieurs, a la tete du mouvement qui se mani- 
ac festa d'une fagon si remarquable en favour de la reconstitution 
•« rapide du vignoble angevin, ne craignant pas ainsi de courir 
'« les risques qui s'attachent a toute entreprise nouvelle et, en 
Hc particulier, a une entreprise aussi delicate. 

« II r^ussit ; mais, s'il put recueillir des profits et des r6com- 
« penses m^rit^s, il travailla, en m^me temps, dans Tint^rSt 
« general par Theureuse initiative dont il fit preuve. 

« II a ete de ceux qui montrent Texemple et ouvrent la voi6. 

« Je vous demanderai, Messieurs, d'envoyer a la famille de 
« M. Chouteau Texpression de notre douloureuse sympathie. » 

— Reception des candidats pr^sent^s a la pr^cedente seance : 

M. Gabriel Naud, representant de commerce, rue dB Ja Blan- 
<5heraie, 7, a Angers ; 

M. Prosper Lemesle, propri^taire, a la Perdriere de Loir6 
'(Maine-et-Loire) ; 

M. Jean Desmats, proprietaire, adjoint au maire de Noyant- 
la-Gravoyere (Maine-et-Loire) ; 
^ont admis a Tunanimite des voix. 

— Presentation de candidats : 

M. Pierre Joubert, proprietaire-viticulteur, 29, rue Tarin, k 
Angers, presente par M. Ferre-Hamon et le D^" P. Sigaud ; 

M.i^Emile Chereau, courtier en vins, 114, rue Bressigny, A 
Angers, presente par M. Massignon et le D^" P. Sigaud. 

L'ordre du jour etant ^puis^, la stance est levee a 4 heureSr 



Le Vice-Prisident, 
Dr P. Sigaud. 



— 272 — 

La fraude siir les vins et les moyens 

de la d6couvrir 

Par M. L. Morbau, membre titulaire 

"Si on's'en tenait k la definition legale du vin : « le vin est le 
prodnit de la fermentation naturelle des raisins frais », aucune 
addition, aucun soin ne seraient possibles et on trouverait peu de 
vins — pour ne pas dire aucun — qui pourraient se conserver 
dans ces conditions. Mais Tusage, puis la science ont consacre 
depuis longtemps Temploi de certaines substances et la loi a du 
faire des distinctions. 

A c6te de produits dont I'emploi se trouve limite de lui-m€me^ 
par suite des modifications de gout qu'ils apporteraient au vin^ 
mis en trop grande quantity, comme le tanin, par exemple, il en 
est d'autres dont la loi a du elle-meme reglementer Tusage, soit 
qu'en trop grande quantite ces substances soient nuisibles^ 
comme Tacide sulfureux, le plfitre, soit que leur emploi exager^ 
ne serve a masquer d'autres fraudes. Dans une troisi^me cate- 
gorie, on pent ranger les produits rigoureusement defendus, soit 
qu'ils soient nuisibles a la sant6, comme certains antiseptiques, 
soit que leur usage ne serve qu'a donner aux vins des proprietes 
ou des caracteres qu'ils n'ont pas ou qu'ils ne possedent qu'im- 
parfaitement, comme certaines s^ves, certains ^dulcorants, soit 
enfin qu'ils permettent un dedoublement du produit, e'est le 
cas du mouillage, a c6t6 duquel il faut ranger les produits qui 
servent a masquer le mouillage, comme Taddition d'alcool au 
vinage. 

Nous ne retiendrons ici que les deux dernieres categories, 
c'est-^-dire celles qui comprennent les produits defendus ou les 

f)roduits toleres iusqu*^ une certaine limite et dont Temploi oti 
^exag^ration de I'emploi constituent une fraude et un d^lit. 

La premiere question qui se pose est celle de savoir s'il est pos- 
sible de deceler et au besoin de doser les produits ajout^s frau- 
duleusement au vin ; il est bien Evident que, si on-ne peut les 
decouvrir, si on ne peut saisir la trace de leur passage, la loi est 
lettre morte. 

Pour tons les produits Strangers a la composition du vin, iJ est 
relativement facile de les decouvrir ; il suflit d'avoir de bonnes 
methodes de recherches, des reactifs bien appropri^s au produit 
cherche et non a d'autres. C'est la une question qui regarde le 
chimiste ; celui-ci, cependant, devra se montrer prudent, car la 
composition du vin est si complexe que souvent on y decouvre 
de nouveaux corps et les fermentations amenent parfois des 
modifications si imprevues qu'elles deroutent les chimistes les 
plus exerces. Dans la tres grande majorite des cas, pour tons ces 
produits, le chimiste peut aider le legislateur et rendre service 
au producteur. Mais, il faut bien le dire, des fraudes aussi relati- 



J 



— 273 — 

vement faciles k d^couvrir sont rares et, si elles se commettent 
encore, c'est que Ton n'a pas assez souvent recours au Iabor»» 
toire. II en est autrement de Temploi des substances qui entrent 
normalement dans la composition du vin. 

Le vin, comme on le sait, a une composition tres variable ; 
Tannic, le cepage, le terrain, la vinification, les levures, les 
soins dont il est Tobjet, la modifient dans des limites assez 
larges ; les maladies y am^nent parfois des changements pro- 
fonds. 

II est done relativement facile k qui veut frauder, sans exage- 
rer la fraude, de modifier a son profit, sans courir beaucoup de 
risques, la composition si variable de ce produit. De toutes les 
iraudes qui se commettent ainsi, celles qui l^sent le plus les viti- 
culteurs honn§tes sont celles qui permettent d'augmenter la 
quantity ; ce sont les seules que nous etudierons aujourd'hui. 

L'augm^ntation de quantite ne pent se faire C[u'^ Taide d'uh 
liquide k meilleur marche que le ym et celui qui coute le moins 
cfaer est Teau. 

Le vin le plus naturel du monde contient une forte proportion 
d'eau, pouvant aller de 60 ^ 95 % ; Taddition d'eau ou mouUlage 
va avoir pour resultat d'abaisser le taux des autres principes 
contenus dans le vin. Tant que le mouillage ne se fera que dans 
une petite proportion, etant donne la variation de composition 
du produit, ou bien on ne le d^oouvrira pas, ou bien on n'aura 
pas une certitude absolue, et, dans ce cas, on s'abstiendra de se 
prononcer. Si le mouillage devient exag^re et abaisse la propor- 
tion des autres elements bien au dessous de leur proportion habi- 
tuelle, le d61it deviendra manifeste et il aora facile de le denoncer^ 
Ce cas se presente f orc^ment rarement, leQ grands fraudeurs sont 
bien trop habiles pour se laisser si ais^ment pincer, mais il est 
courant, au contraire, chez le marcband de vin qui debite au 
verre et k la bouteille, et c'est Ik, si on voulait s'en donner la 
peine, qu'il serait facile de le constater. Le graad fraudeur qui 
^ veut mouiller abondamment a toujours soin, car il oonnait bieii 
les regies adoptees pour decouvrir cette fraude, de retablir la 
composition cfu vin dans les limites legales, par Tadcfition de 
certaines substances qui deviennent, bien qu nonnetes en elles- 
memes, les complices de la fraude. 

II y a done lieu, dans cette question du mouillage, de se preoo- 
cuper egalement de Temploi des produits qui peuvent le masquer; 
-■ mais, si ces corps existent normalement dans le vin, nous noua 

•' trouverons en presence des difficultes ^noncees plus haut. 

* Parmi ces produits, deux sont sur la sellette actuellement : c'est 

!i le Sucre et Talcool ; le sucre, en tant que source premiere de 

f Talcool. Peut-on deceler le sucre et Talcool ajoutes dans les vins? 

i^ Si le sucre a ete mis pendant la fermentation, qu'il se soit trans: 

s forme en sucre de raisin seulement ou en alcool, on ne pourra 

r le decouvrir ou, plus exactement, affirmer que Talcool ou le 

f- sucre de raisin trouves en exces proviennent du saccharose 



"~ 27i - 

ajoute. Si le sucre ajotit^ reste k Tetat de sucre de canne ou de 
Tbetterave, on pourra le trouver ; de meme si on a ajoute du glu- 
cose, on pourra le reconnaitre par la recherche des mati^res 
.etrang^res qui Taccompagnent generalement. Quant a Talcool, 
'on ne pent affirmer qu'il y a ^mage que dans certaines condi- 
tions. Le vinage, en augmentant le poids de Talcool, diminue 
I'extrait sec en diluant le volume primitif et en favorisant la i 

precipitation de certains principes insolubles dans un liquide 
suralcoolise. II s'en suit que le rapport de Talcool en poids k 
rextrait reduit, qui est au maximum de 4,6 pour les vins rouges 
et de 6,5 pour les vins blancs, sera depass^ ; d'autre part, le \ 

rapport de la glycerine k Talcool, qui est de 10 a 14 dans les , 

vins ordinaires, s'elevera notablement. Ces constatations per- 
mettent, dans bien des cas, de deceler le vinage. L'addition 
de glycerine, d'acide tartrique, produits normaux et variables 
de la composition du vin, ne pent egalement se constater 
qu'au-dela de certaines limites. Passons maintenant au mouillage 
et. voyons quelles sont- nos armes contre cette fraude. 

L'acidite du vin est complementaire de son alcoolicite ; il 
s'en suit que les poids de Talcool et de Tacidite totale ne varient 
que dans des limites tres etroites. On a reconnu, apres de tres 
nombreuses analyses, que, tres souvent, la somme de Talcool ea 
volume et de Tacidite exprimee en acide sulfurique, par litre, 
etait rarement inferieure a 12,5 et ne depass^it pas souvent 17, 
Oi en a conclu que, lorsqu'un vin avait une somme (acide et 
alcool) inferieure a 12,5, il pouvait §tre declare mouille, surtout 
si ces chiffres pouvaient etre confirmes par d'autres faits tires de 
I'analyse, a savoir : Dans un vin naturel non pl^tre, il n'y ^ 
jamais moins de un gramme de tartre ; le poids des cendres est 
d'environ le dixieme de celui de Textrait et celui-ci est, en 
grammes, represente par un chiffre au moins double de celui qui 
indique le titre alcoolique centesimale du meme vin. C'est la la 
regie alcool-acide qui determine depuis longtemps le mouillage. 
EUe a rendu des services, mais elle n'est pas parfaite ; elle a bien 
laisse passer quelques vins mouilles et elle a aussi a son actif des 
j§chantillons honnetes qu'elle a fait condamner. On a done 
cherche a Tam^liorer ou plutot a la completer. On a preconise la 
recherche des nitrates que Teau seule, pensait-on, pouvait appor- 
ter. Mais Teau de pluie qui a mouille le raisin au moment des 
vendanges, Teau qui sert a laver les tonneaux, renferment des 
nitrates ; d'autre part, on en a trouve dans le raisin ; le procede , 

est done a rejeter. M. Halphen s'est demande s'il ne serait pas < 

possible de donner plus de precision a la regie alcool-acide de 
Gautier et il a pense au rapport de Tacide a Talcool. II a deter- 
mine, pour un grand nombre de vins, quel ^tait ce rapport ( 
(acide-alcool) et dans quelles limites il variait ; il a fait des I 
moyennes, construit des tables ou, en regard du rapport, se 
trouvent les quantites d'alcool et d'acide correspondantes. Le 
mouillage fera diminuer d'autant Talcool et Tacide, mais le rap- 



port ne changera pas. II en resulte que, loraqu'on se trouvera ea 
presence d'unvin douteux, lorsque les chiffres tires de I'analyse' 
leront conclure au mouillage, on ferale rapport (acide-alcool), et on 
aura dans la table, en face ce rapport, les quantites d'alcdotl , 
et d'acide correspondantes qui, si elles different de celles trou- 
v^es, seront une preuve riouvelle du mouillage. On aurait tort de^ 
negliger le moyen propose par M. Halphen, bien qu'il ne soit pas * 
encore infaillible. 

En resume, au sujet de toutes ces fraudes, quels sont. les ser- 
vices que les laboratoires peuvent rendre aux viticulteurs, car il 
ri'y a qu*en eux qu'ils peuvent avoir espoir ; la loi, si rigoureuse 
Mt-elle, ne signifie rien si le laboratoir6 ne pent d^couvrir la 
ffaude. D'apres ce qui precede, nous voyons done que Tintroduc- 
tion de toute substance etrangere a la composition du vin pent: 
§tre facilement d^celee par le laboratoire. Pour les substances; 
^outees frauduleusement au vin et qui ehtrent normalement 
dans sa composition, en particulier pour le mouillage, on pent, 
tl'^s sou vent, avoir des preuves du fait; il est plus difficile 
d'avoir des certitudes. Devant cet etat de choses^ pour une pra- 
tique — le mouillage — si prejudiciable a ses interets, le viti- 
culteur s'inquiete et, oubliant facilement tons les autres services 
rendus, a. tendance. a accuser la science d'etre impuissante k le 
prot^ger completement. 

Pasteur, si j'ai bonne memoire, disait k ce sujet que pour §tre 
certain, ou plutot pour affirmer, qu'un vin a ete fraude, il f audrait 
avoir a cote le meme vin naturel, la difference.de composition 
rev^lant immediatement la fraude. 

Ce propos de Pasteur semble bien fantaisiste, puisqu'il est k 
peu pr^s impossible de realiser cet ideal, mais il est peut-etre 
possiole de s en rapprocher. En effet, si on ne pent connaitre le 
vin de chaque barnque de tons les recoltants de France, on-peiit,' 
chaque annee, dans chaque region, connaitre, pour chaque 
nature de vin, sa composition et, par consequent, savoir, pour 
chaque commune viticole d'un departement, par exemple, entre 
quelles limites la composition des vins a varie, C'est un travail 
assez long, mais qui n est pas difficile. Pour le realiser, c'est une 
question de personnel, de materiel, de local, par consequent 
d'argent. Malheureusement le viticulteur — et Tagriculteur est 
loge a la mSme enseigne — voudrait bien qu'on Taide et le pro- 
tege gratuitement, ce qui est impossible et ce qui n'est pas com- 
mode c'est de lui faire comprendre Tint^ret qu'il y aurait pour 
lui k subventionner tons les etablissements scientifiques. 

Ce travail si long, dont je parlais tout k l*heure, se fait en 
petit, chaque annee, a la Station cenologique ; nous connaissons 
pour chaque region viticole de notre departement la composition 
des vins naturels et ce travail nous a rendu, pour interpreter les 
rj6sultats d'analyses de vins suspects, de tr^s reels services. 
'-.Je demeure persuade que le meilleur moyen de decouvrir la 
firaude serait de se rapprocher de Tid^al pr^sente par Pasteur, 



— 276 — 

d'^tablir chaque annee, pour chaque c^page, pour chaque grou* 
pement viticole d'un meme d^partement, les limites entre les* 
quelles la composition des vins est susceptible de varier ; on 
aurait 1^, ajout^e aux autres dont j'ai parle et qu'il ne faut pas 
n^gliger, une nouvelle preuve de Thonnetete ou non du produit 
souTiis a Texpertise. 

II semble bien que I'Etat Tait ainsi compris et, dans son regie- 
ment d'administration publique pour application de la loi sur 
les fraudes, il a decide de cr6er, pour chaque region, un labora- 
toire d'analyses. Ces laboratoires regionaux ne rendront de ser- 
vices qu'autant qu'on pourra les specialiser, limiter leur action 
et mettre a leur disposition les credits suffisants pour leur per- 
mettre, non seulement de faire Ifes analyses des echantillons 
incrimin^s, mais encore d'etudier, pour leur region, les produits 
naturels du pays susceptibles d'etre fraudes. Si, pour raisons 
^'economies ou autres, on s'ecarte de cette voie, il est k craindre 
que les meilleures intentions des legislateurs ne demeurent sans 
effet. 

Pour notre d^partement, le Conseil general, toujours si gene- 
reux pour nous, a ^mis recemment un voeu favorable k Torgani- 
sation du service des fraudes, dans notre departement, et est 
tout dispose, en avril prochain, k voter tous les fonds necessaires 
pour cefa. La Commission permaaente, ^tablie au ministere, est 
favorable k Tetablissement, k notre laboratoire, de ce service ; 
ce n'est plus maintenant, je crois, qu'une question d'administra- 
tion et nous esperons que celle-ci continuera de nous etre egale- 
ment favorable. Si laVille d'Angers veut faire quelque chose 
pour nous, nous pourrons organiser un service serieux et nous 
ferons tous nos efforts, avec votre concours, pour combattre la 
fraude* 



Assembl^e extraordinaire 
de I'CJnion des Viticulteurs de Maine- et-Loire 

du 16 d^cembre 190iS 

■ 

Presidence de M. Maurice Massignon, assiste de M. le 
D' Sigaud, secretaire general de TUnion. 

fitaient presents : MM. Bordeaux-Montrieux, Jamin Prosper, 
de Boissard, D' Cordon, Bernard-Chauvire, Betton-Allard, * 

Juteau-Gougeul, Lair, Herrouet, Paul Lorin, Moreau, Urseau# 

— M. le President presente des echantillons de sarments 
broyes au moyen d'un broyeur de sarments ayant fonctionn^ * 

chez lui a Saint-Lambert-du-Lattay. Ces sarments k I'^tat frais | 

pen vent §tri melanges k d'autres aliments ; mais il faut bien 



— 277 — 

^econnaitre que la plupart des animaux (bovins ou chevaux) en 

4K)nt peu friands et ont peine ^ accepter ces aliments. Comme 

litidre, ces sarments broyes peuvent §tre utilises et constituent 

line excellente liti^re ; reste k savoir si le prix de revient permet 

de les employer avec avantage, c'est un calcul k faire. 

— M. Massignon pr^sente egalement un module de case met€^ 
liqiie fabriqu^e suivant ses indications par un fabricant special 
4le Paris, Ces cases seront destinies a loger des bouteilles de vin 
8. la prochaine Foire aux vins d'Anjou ; elles contiendront 
cuinze bouteilles environ et pourront se fermer k clef au moycn 
d'un cadenas. Les exposants pourront les louer au prix de 
nin franc la case pour les membres de TUnion et de la Soci^te 
Industrielle et 2 francs pour les autres exposants. 

— M. L. Moreau, directeur de la Station cenologique de Maine- 
<et-Loire, lit un travail intitule : Etude sur les moyens de repression ' 
«de la fraude des Qins» 

L'Assembl^e, aprds avoir applaudi notre savant coUegue, est 
•d'^avis que cet important travail tres documents sera lu k la 
prochaine stance de la Sdci^t^ Industrielle et insert dans le 
Bulletin mensuel de Janvier et distribue ensuite a tous le^ ; 
membres du Conseil g^n^ral de Maine-et-Loire. 

— M. le President se fait Tinterpr^te de tous ses collegues pour 
4idresser des remerciements k M. Moreau. 

— M. le President donne lecture ensuite d'un article tres inte- 
t^ressant du Moniteur Vinicole sur Tentente entre la viticulture 
•et le commerce. L'entente necessaire entre les inter§ts en pre- 
sence reclame des concessions mutuelles ; or, il est a craindre 
que la viticulture qui en demande tant, dit Tauteur de Tarticle, ' 
me soit guere disposee k en accorder beaueoup. 

L'exportation pourrait etre, d'aprds M. Prosper Grervais, pour 
le commerce, un important moyen d'activit6 et de profit, mais^ 
ajoute M. Jean Dupuy, notre systeme douanier est intangible^ 
<d ou premiere satisfaction refusee aux negociants. 

Les trusts projetes ne sauraient Egalement satisfaire le com- 
merce, qui resterait coni^amment expose k la concurrence de- 
<5es trusts qui chercheraient k Teliminer de plus en plus en 
B'adressant directement au consommateur. 

La declaration de r^colte aurait une grande importance et 
■serait utile autant k la propriety qu'au commerce ; ensuite Tin-- 
terdiction complete des vins de sucre, enfin, la suppression 
definitive des bouilleurs de cru. Dans le cas ou I'impdt sur le vin 
serait augments, les sommes ainsi recueillies seraient destin^ea 
^ r^duire les taxes sur Talcool. Telles seraient les bases de- 
Tentente, d'apr^s le Moniteur Vinicole^ qui termine en disant 
que les deiegu^s de la viticulture ne doivent se montrer ni trop 
exigeants, ni trop intransigeants* 



— 278 — 

^ — ' L'Aasembl^e est ensuite d'avis d'emettre le voeu suivantn 
qui. sera remis le lundi 17 decembre au President du Conseil^ 
G^n^ral de Maine-et*Loire qui doit se r6unir en stance extraor- 
dinaire. 

Voeu : ' 

^L'Unibn des Viticulteurs de Maine-et-Loire dans sa seance du. 
15 decembre dernier, apr^s avoir entendu le rapport tres etudie, 
trds documente de M. L. Moreau sur les moyens de r^pressioa. 
de la fraude des vins, est d'avis que ce rapport soit imprime et^ 
distribue enstiit« k tons les meiiibres du Conseil General de-' 
Maine-et-Loire. En outre, TUnion ^met le voeu que le ConseiJ' 
G^n^ralde Maine-et-Loire prenne des maintenant en consid^ra-. 
tion la demande faite par M. Moreau, directeur de la Station: 
cenologique. de Maine-et-Loire, et formulee dans le rapport 
distribu^ aux Conseillers G^neraux k la session extraordinaire:^ 
du 17 decembre. 

A la suite de ce voeu, M. Massignon desire qu'on ajoute que le- 
President de TUnion se tiendra k la disposition du Conseil Gr6n6* 
ral de Maine-et-Loire pour lui donner tons les renseignements- 
utiles k ce sujet. 

— L'Union 6met un second voeu relatif au relevement des. 
droits sur les sucres. 

Voeu : 

L'Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire : 

« Considei*ant que les principales causes de la crise viticole 
sont la fabrication et la vente en fraude de vins artificiels,. ; 
dpnt la base est le Sucre ; 

« Consid^rant que toutes les lois et rdglements n'ont jamais^- 
pu enrayer et n'enrayeront jamais la fraude, tantquelefraudeur 
aura int^ret pecuniaire k frauder ; 

. « Consid^rant, par deduction, que a'il 6tait possible d'empe|-: 
cher par un moyen pecuniaire la fabrication artificielle, la crise^ 
se r^soudrait immediatement, ^miet le voeu suivant : 

« Une nouvelle taxe sur les sucres (k quelque emploi qu'ils-: 
soient destines) sera pergue k la sortie de la fabrique, k raisoa 
de 50 fr. par 100 kilogrammes. - 

« Une partie de cette taxe sera destinee k donner des primes 
i la sucrerie frangaise, dont la situation est tr^ precaire. 

« Dans le cas oH, par suite de conventions internationales, la 
sucrerie ne pourrait recevoir directement ces primes, la culture-^ 
de la betterave recevrait un encouragement analogue k celui 

actuellement accords k la culture du chanvre. » *; 

-t .. ■ , , • •. ■• 

" L'Union 4met ^galement un voeu centre le rachat de I'Ouest' 
parTEtat. 



-r 279 — 

Voeu : 

L'Union des Viticulteurs de Mainef-et-Loire : 

« Consid^rant que rexploitation d'une Industrie quelconque, 
par rfitat, est absolument contraire i toute idee de progr^s et 
a toute possibility de responsabilite, 6met le voeu que le projeti. 
du rachat du /•eseau de TOuest, par Tfitat, soit rej^te. » : " 

' Ce voeu est vote par tous les membres presents, moins un. 

Quant a la revision de Tarticle 12 des statuts de TUnion de& 
Viticulteurs de Maine-et-Loire, TAssemblee est d'avis de main- 
fenir les cotisations aux prix indiques dans cet article, on 
ajoutera sulement un droit fixe de fr. 25 a percevoir par 
rUnion pour 100 francs de vin vendu par TintermMiaire de notre 
courtier special. Cette modification entrera en vigueur au com- 
mencement de la saison prochaine, c'est-^-dire au 1®^ octobre- 
1907. 



La stance est levee k 5 heures. 



Le Secretaire ^SrUral de V Unioriy. 

D^ P. SiGAUD. 



Le soufrage des vins 
par Tacide sulfureux Iiqa6fi6 pur 

Par M. G. Naud, membre titulaire 

Derni^rement, M. Moreau, le savant directeur de la Station' 
oenologique, dans une communication trfe document^e sur le& 
vins blancs de la recolte de 1906, vous signalait la tendance 
qu'ont nos vins blancs de cette ann6e a jaunir, puis k casser. 

Beaucoup de propri^taires ont pu, par eux-memes, constater^ 
sur leurs vins, des alterations de couleur tr^s rapides. * 

A ce mal, comme vous le disait M. Moreau, il y a un remade ; 
Tacide sulfureux. 

L'acide sulfureux, vous le savez, est particuli^rement utile 

f)our la vinification des vins blancs liquoreux, qu'il s'agisse de 
eur conserver leur moelleux, d'empecher la maderisation ou 
encore d'en faciliter la clarification. 

. Jusqu'a present on a employ^ Tacide sulfureux libre, prove- 
nant de la combustion du soufre sous forme de meche, oii 
Tacide sulfureux combing aux bases, potasse ou sonde, sous 
forme de bisulfites. 

Avec la m^che, on n'emploie que de Tacide sulfureux pur, ce 
4Ui est un avantage important, mais il est impossible ae con- 



— 280 — 

naitre exactement la quantite d'acide sulfureux absorbee. De 
plus, il arrive fr^quemment queia combustion de la m^che 
soufr^e donne des produits k odeur d'hydrogdne sulfure ou k 
odeur empyreumatique provenant de la combustion incomplete 
de la toile qui est au centre de la m^che ou quelquefois des impu* 
fetes du soufre* 

Avec les bisulfites, quand Us sont purs et de priparation ricente^ 
le dosage est plus rigoureux, mais par Faddition des bases, ils 
pr^sentent Tinconv^nient d'apporter une modification sensible 
au gout du vin surtout lorsque celui-ci a beaucoup de finesse, et; 
de plus, avec le bisulfite de potasse, de. produire une precipita- 
tion de creme de tartre dans les vins contenant de Tacide tar- 
trique libre. 

Done pour rem^dier aux divers inconvenients que je viens de 
vous signaler, aussi brievement que possible, il importait de, 
trouver im proc4d^ de soufrage plus perfectionne, offrant toutes 
:garanties quant k la puret^ du produit et k la r^gtilarit^ du 
dosage, tout en restant parfaitement pratique. 

Gette lacune a ^t^ combl^, voici plus d^un an, par M. Laborde^ 
sous-directeur de la Station oenologique de la Gironde. 

De multiples experiences faites k la propriety sur de nom- 
ireuses barriques de vins blancs du Sauternais (vins auxquels, 
comme chez nous, il est important de conserver du moelleuxj 
ont confirme les bons r^sultats attendus de cette methode qui 
est basee sur Temploi du gaz sulfureux liqu^fie pur et mise k la 
portee des viticulteurs et des negpeiants de la maniere suivante : 

Dans des tubes metalliques de grandeur variable on introduit 
•des quantites connues d'acide sulfureux liqu^fi^ : 6 grammes, 
12 gr. 5, 25 gr., 50 gr., par exemple, qui, absorb^es par une bar- 
rique de vin, correspondent respectivement ^ gr. 025, Ogr. 050, 
gr. 100, gr. 200 d'acide sulfureux par litre de vin, a quelques 
milligrammes prte. 

Ces tubes metalliques sont ferm^s de maniere k eviter les 
pertes d'acide sulfureux et a pouvoir etre ouverts dans le vin 
avec un instrument special facilitant I'absorption complete du 
gaz sulfureux. 

Get instrument comprend un bouchon cylindrique dont la 
partie inferieure est ferm^e par un bouchon mobile a vis, portant 
une pointe en acier, et dont la partie sup^rieure se termine en 
forme de col servant de guide a une tige. Ce manchon est perce 
d'un grand nombre de trous faisant communiquer I'interieur du 
cylindre avec I'exterieur. A I'interieur se placent les tubes ou 
cartouches d'acide sulfureux fermes par un bouchon a vis por- 
tant un orifice central et une plaque obturatrice en plomb. Get 
orifice est place en regard de la pointe qui porte sur la rondelle 
<ie plomb ; de sorte qu'il suffit d'un l^ger choc, produit sur le 
fond de la cartouche pour faire penetrer la pointe k travers la 
plaque de plomb et determiner I'ouverture de la cartouche. 

Ce choc s'obtient k I'aide de la tige portant k son extr^mitS 



- 3?1 — ^ 

inf^rieure un piston appuyant sur le fond de la cartouche, et k 
«on extremity superieure une masse k Textr^mit^ d'un cordon 
•d'une certaine longueur. 

Si, tenant k la main ce cordon, on introduit Tinstrument 
•charge de sa cartouche dans une barrique, par le trou de bonde, 
on laisse tomber cet instrument au fond, le choc fait ouvrir la 
•cartouche. 

L'acide sulfureux qu'elle contient s'^chappe avec force par le 
trou fait k la plaque de plomb, car il est chass6 k Texterieur par 
la tension de sa propre yapeur, qui est de trois k quatre atmos- 
pheres* 

En sortant, Tacide sulfureux liquide se volatilise instantan^- 
inent et le gaz se d^gage par les trous du manchon, qui facilitent 
I'absorption complete de ce gaz par le vin* 

On retire ensuite Tinstiniment k Taide du cordon de suspension 
et on enl^ve la cartouche vide pour la remplacer par une autre 
pleine, que Ton ouvre k son tour dans le meme f^t ou dans un 
autre, suivant la dose d'acide sulfureux que Ton veut introduire 
•dans le vin k traiter. 

Les bouteilles vides peuvent §tre remplies k nouveau de gaz 
sulfureux liquide apr^s avoir ^t^ lavees et sech^es. EUes sont 
susceptibles de servu* tr^s longtemps ; il suffit de changer chaque 
fois de plaque de plomb obturatrice. 

Le soufrage par ce precede est done extrSmement simple et 
rapide ; mais il faut avoir soin de d^garnir pr^alablement le f^t 
4'une vingtaine de litres, car au moment de Touverture de la 
Hjartouche le vin est secoue par un remous qui entralnerait la 
sortie d'une certaine quantite de vin si la barrique etait trop 
pleine. 

Ce proc^d^ parait done avoir de grands avantages sur ceux 
employes habituellement. En dehors de sa commodity et de la 
r^gularit^ du dosage, les vins trait^s par Tacide sulfureux 
liquefie pur presentent a la d^gustation plus de finesse que les 
yirs m^ches ou trait^s au bisulfite. 

Par son emploi, dans les celliers importants, on 4vite que le 
degagement d acide sulfureux non absorbs, pendant le remplis- 
•sage des fMs, ne vicie Tatmosph^re au point de la rendre quel- 
auefois irrespirabl'e. 

En somme, cette methode permet de realiser tons les deside- 
rata de la vinification et de la conservation des vins blancs, tout 
en limitant Tintroduction de I'acide sulfureux aux doses rdgle* 
mentaires. 



. Tt 282 — 

Organisation de la lutte contre la coohylis 

Par M. L. Morbau, membre titulaire 

/ Si, comme le disait dans son remarquable travail M. le 
D' Sigaud, la multiplicity des traitements contre la cochylis est 
une preuve de leur peu d'efficacit^, si la discussion qui suivit la 
lect-ure de ce rapport en t^itioigne de nbuveau, il n'en est pas 
moins vrai qu'il y a eu, un peu de tous les cotes, certains essais 
tenths aui meritent d'arreter un moment notre attention. Ce 
qui semnle bien se d^gager de tout cet ensemble de reinedes^ 
G*est qu'^ cote de traitements qui n'ont donrie aticun r^sultat ou 
dont Tapplication rencontre des difficult^s pratiques insurmon- 
tables, il en est d'autres qui, dans certames conditions, qui 
auraient besoin d'etre pr^cis^es, oat donn6 ou semble donner, 

— car il faut voir si la disparition de Tinsecte est bien due au 
traitement et non a d'autres causes — ont semble dOnner, dis-je^ 
des r^sultats dignes d'etre contrdl^s, disciit^s et examines de pr^. 

Les essais, tr^ souvent, n'ont pas ete entrepris m^tnodi- 
quement, ni avec assez de perseverance. En pr^conisant ces 
traitements, on n'a pas tou jours tenu assez compte des circons- 
tances de temps et de lieu ou leurs bons effets ont et^ constates ; 
on a neglige, dans leur application, les facteurs qui, comme le 
C^page, le terrain, rexppsition, le climat, etc. , semblent 
avoir leur importance ; M. Sigaud he nous a-t-il pas indiqu^ les« 
l>izarreries de Tinsecte. Pourquoi tel traitement dohne-t-il ici de 
bons resultats, alors qu'ailleurs il n'en donne auCun? il y a evi- 
demment une raison; laquelle? Ta-t-on etudi^;a-t-oncberche a 
se rendre compte de ces anomalies? Et puis, pourquoi se borner 
a un seul traitement P'Bref, il me sembi6 que ce n'est pas ainsi 
que Ton doit travailler. C'est ce que vous avez compris egale- 
Qient et, devant les ravages de plus en plus considerables caus^ 
par la cochylis, vous avez pense qu'il y avait lieu de tenter 
quelque chose. 

' Je vous ai vu sourire lorsqu'il s'est agi de renvoyer k une 
Commission cette ^tude des traitements contre la cochylis et vous 
avez pens6, comme il arrive parfois, que c'^tait 1^ un enterre- 
menl de premiere classe. II y a cependant d^s Commissions qui 
travaillent et font oeuvre utile et nous pouvons esp^rer que la 
pr^sente sera du nombre. 

- Quel plan de travail allons-nous adopter, comment allons- 
nous organiser la lutte? II appartiendra k la Commission, dans- 
sa premiere stance, de faire son programme ; cependant, je puis 
vous indiquer, dans ses grandes bgnes, ce qu'il pourrait etre : 

1° Completer le travail de M. Sigaud, en r^unissant dans un 
vaste dossier toutes les donn^es qu'on a k I'heure actuelle sur la 
cochylis, sa vie et ses moeurs, et sur les traitements qui out ete 

{reconises et employes, aussi bien k I'etranger qu'en France, 
Fne note dans les joumaux viticoles nous amdnera peut-§tre, de 



~ 283 -- 

la part de leurs aiiteurs, des renseignements plus oii moins in^: 
"dits sur la cochylis oil sur les traitements employes contre elle. H 
y aura un travail de bibli0gi*aphie'assez consideraible a faire, qui 
devra etre confie k plusieurs; car ii faut que, dans cette Com- 
mission, tout le monde travaille. Puis, une fois munis de tons ces 
renseignements, nous auiH)ns, en seance de Commission, a les dis- 
cuterpour ne retenir que ceux qui en meritent vraiment la peine 
€t qui devront alors ulterieurement etre examines et contr616s 
BUT place. ' } 

Cette premiere partie* du travail pourrait etre faite dans le 
premier trimestre de 1907 et le rapport depose a la seance de 
mars de la Soci^t^. 

2P Une fois que nous aurons determine les traitements qui 
meritent vraiment d'etre studies, nous devrons, dans le courant 
de Tannee, au printemps et pendant Tete et Thiver suivant, 
nous mettre en relations directes avec les auteurs des traite- 
ments, avec les personnes qui les emploient et nous rendre sur 
place, a VSpoque indiquie, pour voir appliquer ces traitements, 
en vue, non seulement de nous rendre compte de la technique 
de I'operation, mais encore pour etudier les conditions dans 
lesquelles on la pratique et voir, dans la mesure du possible, si 
ces conditions peuvent etre realis^es chez nous, sur nos cepages, 
sous notre climat, etc. Ce ne sera pas la partie la moins interes- 
sante, ni la moins agr^able pour la Commission, qui sera proba- 
blement obligee de se diviser en plusieurs groupes pour effectuer 
des voyages d'etudes sur des points differents du territoire a peu 
pres a la nieme epoque. Ce sera aussi la partie la plus onereuse 
pour qui subventionnera nos travaux. 

Puis, k la fm de Tannic 1907, la Commission se reunira de 
nouveau pour examiner tous les documents appdrtes par tous 
ses membres, les discuter de nouveau et organiser la troisieme 
pai*tie de ses travaux. 

3° Essayer en Anion, chez les proprietaires qui voudront bien 
s'y preter, pendant Pannee 1908 et les suivantes, les traitements 
qui auront semble etre les plus efficaces et les plus pratiques, 
me semble devoir etre la troisieme partie de nos travaux. 

Pour ces essais, qui seront faits methodiquement, il y aura 
peut-etre lieu d'avoir recours, tout au moins pour la partie 
technique, aux auteurs des traitements que nous prierons de 
V nir experimenter chez nous. 

A pres une premiere annee d' experiences, nous verrons dans 
quel sens et comment nous continuerons nos travaux. Enfm il y 
aura lieu d'essayer les procedes nouveaux qui pourraient naitre 
pendant ce temps et aussi de combiner deux ou plusieurs traite- 
ments ; de ce cot^, le champ reste libre pour toutes les expe- 
riences. 

Les membres de la Commission que nous allons etre appel^s k 
nommer ne sont pas pris en traitres et peuvent voir des mainte- 
nant le travail qu'on leur demandera. La tache est ardue, 



— 284 — 

difficile, nous avons & combattre un ennemi redfimMkle et il se- 
peut — il serait pu^ril de se le dissimuler — que nowk lie reus- 
sissions pas dans nos efTorts ; je ne crois pas, cependant^ ^'ib^ 
8oient compldtement perdus. 

Membres de la Commiszion proposis : 

MM. de Livonni^re, EK Sigaud, Deperridre, Massignon, Morain^ 
de Dreux-Br^z6, Chaillou, Daign^re, U^^ Cordon, D^ Maisonneuve,. 
Oger-Bascher, Lair, Lavallee, Bacon, Juteau-Gougeul, Andre 
Huau, F^lix Fourmond, Station oenologique. 



Le GSrant, G. GRASSIN. 



Angers, Imp. Germitin et G. Grassin. — 60-7: 



285 — 



STATIONS M^T^OROLOGIQUES 



FONDLES 



par la Soci6t6 Industrielle et Agricole d'Angers 
et du d^partement de Maine-et-Loire 



ANNEE 1906 



Mois. 



Pression 

barom6- 

trique 

moyenne 



Tempera- Tempera- 
ture ture 
moyenne moyenne 



mmima. 



maxima. 



Direc- 
tion 
moyenne 
du 
vent. 



Force 

moyenne 

du 

vent. 



PLUIE 



Hauteur 
du mois 

en 
millimM. 



S o 



Station de la Pommeraye. 
Altitude : 86 metres. 



Observateur : Soeur Elz^ar. 



Janvier . . . 
Fevrier . . . 
Mars.. .. .. 

Avril 

ivi ai ..'•*•.• 

Juin 

Juillet . . . . 

Aout 

Septembl'e 
Octobre. . . 
Novembre 
D^cembre 



771.6 
767.3 
7^0.7 
770 
707.9 
772.8 
771.4 
772 
773.7 
768.6 
» 



4- 3o6 



1 
1 
3 

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5 
9 
9 
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N.-E.-E. 

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K.-W.-E. 
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60 



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2 
3 



22 

21 

13 

12 

16 

» 

4 

3 

5 

21 

17 

17 



Station de Pouanc4. 
Altitude : 85 metres. 



Janvier . . . 
Fevrier . . . 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 

Juillet. . .. 
Aout... . 
Seplembre 
Ootobre. . . 
Novembre 
D^cerabre. 



Observateur : M, I'abbe Ory. 



69 




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12 




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9 


» 



— 286 — 



Mois. 



Pression 

barom^' 

trique 

moyeDne 



Tempera- 
ture 
moyenne 
minima. 



Tempera- 
ture 
moyenne 
maxima. 



Direc- 
tion 
moyenoe 

vent. 



Force 

moyenne 

du 

vent. 



PLUIE 



Hauteur 
du mois 

en 
millimM. 



-a 3 

S.2, 

3 a; 



SUtion d'AvnlI6. 

Altitude : 58 mMres. 



Janvier . 
Fevrier . 
Mars. . . . 
Avril . . 
Mai .... 
Juin .... 
Juillet . . 
Aotit.... 
Septembre 
Octobre.. 
Novembre 
Ddcembre 



* 
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I 
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Observaieur : M. O. Chaillou. 



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8 




2 


17 





6 







9 


3 





5 


4 





5 


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2 


5 


10 


U 


8 


10 


1 


6 


17 



GRACES DE TANN^IE 1906 



Station de La Pommeraye (Altitude : 86 metres ) 



DATES 


HeURES 


VENT 


du debut de I'orage 


De la fin de I'orage 


Mai 

9 

9 
10 
12 
14 
18 
Juillet 

4 

6 

23 

Aout 

13 

13 


i h. du soir 

1 h. du soir 
6 h. du soir 

11 li. 1/2 du matin 
6 h. du soir 
5 h. 1/2 du soir 

2 h. du soir 

4 h. 3/4 du soir 
midi3/4 . 
6 h. du soir 

8 h. du matin 
2 h. du soir 


5 h. 1/2 du soir 
3 h. du soir 

5 h. du soir 

11 h. 3/4 du matin 

6 h. 20 du soir 

6 h. du soir 
2h. 1/2 du soir 

6 h. 1/4 du soir 

2 h. du soir 
8 h. 1/2 du soir 

9 h. 1/2 du matin 
2 h. 1(4 du soir 


Violent 
Tr6;> violent 



TABLE DES MATIERES 

du Bulletin meusnel de la Soci^t^ Industrielle et Agricole d'Angers 

(Ann6e i906) 



Pageg 

1. Les betteraves destinies a ralimeiitation du b^tail, par 

M P. Lavall^e rnembre titulaire 9 

2. Rapport de M. le marquis de Dampierre sur I'Exposition 

d'Aviculture d'Angers des 9, 10 et 11 Janvier 1906. . ^. . 16 

3. Distribution solennelle des recompenses de I'Exposition 

d'Aviculture .' 19 

4. La Pasteurisation des vins, r^sultats obtenus en Anjou, 

par M. L. Moreau, membre titulaire 39 

5. Rapport sur la 6"* foire aux Vins d'Anjou des 9, 10 et 11 

Janvier 1906, par M. Massignon, membre titulaire. .. . . 44 

6. Resum6 m6t6orologique de 1905 49 

Orages de Tann^e 1905 50 

7. M. le Comte de Blois, par M. le docteur Sigaud, secretaire 

general de la Soc. Ind. et Agricole d'Angers 53 

8. Eloge fun^bre de M. le S^nateur comte de Blois, par 

M. Antonin Dubost, president du S6nat 55 

9. Obs6ques de M. le comte de Blois. Discours de 

M. Bordeaux-Montrieux, vice-president de la Soc, Ind. 
et Agricole d'Angers 57 

10. Notice sur M. le comte Georges de Blois (Revue de viticul- 

ture), par M. Gilles-Deperriere 63 

11. Hygiene de I'ecurie et de Tetable, par M. Alfred Grau, 

membre titulaire 73 

12. De I'utilisation des sarments de vigne, par M. M. Massi- 

gnon, membre titulaire 84 

13. La filtration des vins, premier? r^sultats, par M. Moreau, 

membre titulaire . . .- 90 

14. Etude sur une des causes de la crise viticole actuelle, par 

M. Suaudeau, membre titulaire 98 

15. L'acidite des mouts et des vins, ses variations. La d^sa- 

cidification, par M. L. Moreau, membre titulaire 112 

16. Du droit des bouilleurs de cru au vinage, par M. Suaudeau, 

membre titulaire 121 

17. Delameventedesvins, par M.Daignfere, membre titulaire. 136 

18. A travers le vignoble allemand, par M. L. Moreau, 

membre titulaire 143 

19. Notes et observations sur le Concours National Agricole 

de Rennes de 1906, par M. le docteur P. Sigaud, vice- 
president de la Soc. Ind. et Agricole d'Angers 149 



— 288 — 

20. Programme g6n6ral du Concourd Regional Agricole libre 

d'Angers, en 1907, ler juin, 8 juillet 160 

21. JProgramme d6taill6 du grand Concours Regional libre 

d'animaux reproducteurs des especes bovine, ovine et 
porcine d'Angers, 1907 161 

22. R6glement et programme du Congres de Viticulture 

d'Angers (1907) 176 

23. Rapport sur le 54* Concours d^partemental des animaux 

reproducteurs d'Angers (29 septerabre 1906), par M. le 
docteur Sigaud, vice- president 183 

24. Rapport sur le Concours des beurres, par M. Moreau, 

membre titulaire * 200 

25. Essai du system e des tables de pointage pour le classement 

des animaux, au 59* Concours d6partemental d*Angers, 

par M. Grau, membre titulaire 202 

26. Union des viticulteurs de Maine-et- Loire, stance du 

17 novembre 1906 214 

27. Les bles k grand rendement a la ferme experimentale 

d'Avrill6 depuis 1901, par M. P. Lavall6e, membre 
titulaire 22 • 

28. Excursion Viticole dans le Bordelais, par M. E. Vinet, 

membre titulaire 237 

29. La r^colte de 1906. — Que seront les vins nouveaux? par 

M. L^on Moreau, membre titulaire 247 

30. La Cochylis, ses ma3urs, ses ravages, etc., par M. le 

docteur Sigaud, vice-president 253 

31 . Causerie sur les traitements centre la Cochylis 264 

32. La fraude sur les vins et les moyens de la d^couvrir. par 

M. L. Moreau, membre titulaire 272 

33. Compte rendu de I'Assemblee extraordinaire de I'Union 

des Viticulteurs de Maine-et-Loire, par M. le docteur 
Sigaud ^ 276 

34. Communications sur le soufrage des vins, par Tacide sul- 

fureux liquide, par M. G. Naud, membre titulaire 279 

35 . Organisation de la lutte centre la cochylis, par M. L. Moreau, 

membre titulaire 282 

36. Stations Meteorologiques fondles par la Societe Indus- 

trielle et Agricole d'Angers etdu d^partement de Maine- 
et-Loire. (Annee 1906) 285 

37 . Orages de Tannee 1906 286 

38. Table des mati^res du Bulletin mensuel de la Soc Ind. 

et Agricole d'Angers, ann6e 1906 287 



Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 366-7.