HANDBOUND
AT THE
UNIVERSITY OF
TORONTO PRESS
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BULLETIN
DE LA
Soeiété Préhistorique française
lu
BULLETIN
Société Préhistorique
FRANÇAISE
TOME VIII. — HUITIÈME ANNÉE.
1911.
I>A RIS
SECRÉTARIAT OBNERAI.
21, RL'K Linné. Ve.
1911
ça
Soeiété Préhistorique
FRANÇAISE
1911.
Fondée le 17 Janvier 1904, sou» le nom de Société Préhistorique de France.
Reconnue d'Utilité publique par Décret do 28 Juillet 1910.
STATUTS (1)
I. — But et Composition de l'Association.
Article Premier. — L'Association, dite Société Préhistorique Fran-
çaise, fondée en 1904, a pour but :
1° De grouper les personnes qui s'intéressent à l'étude des époques
les plus reculée» de l'Histoire de la France et de ses colonies ;
2° De réunir les documents qui permettront de reconstituer cette
Histoire;
3° De s'intéresser à la conservation des Gisements et Monuments pré-
historiques ;
4° D'encourager les Fouilles relatives à la Préhistoire ;
5° D'organiser soit des Congrès préhistoriques', soit des Conférences,
à Paris ou en province;
6° De faciliter les échanges entre collectionneurs.
Sa durée est illimitée.
Elle a son siège à Paris.
Art. 2. — La Société se compose de membres titulaires, de mem-
bres à vie, et de membres donateurs.
Pour être Membre titulaire, il faut : 1° être présenté par deux mem-
»bres de l'Association, et agréé par le Conseil d'Administration ;
2° payer une Cotisation annuelle, dont le minimum est de douze francs.
Pour être Membre à vie, il faut racheter les cotisations, en versant
une somme fixe d'au moins deux cents francs.
Pour être Membre donateur, il faut être membre titulaire ou à vie, et
voir versé, à titre de don à la Société, une somme d'au moins
ent francs, en dehors de la cotisation.
:
(1) Nouveaux Statuts, acceptés par le Conseil d'Etat pour la Reconnaissance
comme Etablissement d'Utilité publique : ratifiés par le Conseil de la S. P. F. le
19 Octobre 1910, et par l'Assemblée générale extraordinaire du 23 Novembre 1910.
1
2 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Art. 3. — La qualité de membre de l'Association se perd :
1° Par la démission ;
2° Par la radiation, prononcée, pour motifs graves, par le Conseil
d'Administration, le membre intéressé ayant été préalablement appelé
à fournir ses explications, sauf recours à l'Assemblée générale.
II. — Administration et Fonctionnement.
Art. 4. — L'Association est administrée par un Conseil composé
de quinze Membres, élus, pour trois ans, par l'Assemblée générale. Le
vote par correspondance ou par procuration est admis.
Le renouvellement du Conseil a lieu par tiers tous les ans.
En cas de vacance, le Conseil pourvoit au remplacement de ses
membres, sauf ratification par la plus prochaine Assemblée générale.
Les membres sortants sont rééligibles.
Ce Conseil choisit parmi ses membres un Bureau, composé d'un
Président, de trois Vice-Présidents, d'un Secrétaire général, d'un
Trésorier, et d'un Secrétaire des Séances.
Le Bureau est élu de la façon suivante, après l'Assemblée générale
de l'année : Le Président et les Vice-Présidents sont nommés pour une
année; ils ne peuvent être réélus dans les mêmes fonctions pour l'an-
née suivante. — Les autres membres du Bureau sont nommés pour
trois ans et rééligibles.
Les Présidents sortants, en outre, font de droit partie du Conseil
pendant trois ans.
Art. 5. — Le Conseil se réunit tous les mois, et chaque fois qu'il est
convoqué par son président, ou sur la demande du quart de ses Mem-
bres.
La présence du tiers des Membres du Conseil d'Administration est
nécessaire pour la validité des délibérations.
Il est tenu procès-verbal des séances. Les procès-verbaux sont
signés par le Président et le Secrétaire.
Art. 6. — Toutes les fonctions de Membre du Conseil d'Adminis-
tration et du Bureau sont gratuites.
Art. 7. — L'Assemblée générale des Membres de l'Association se
réunit une fois par an et chaque fois qu'elle est convoquée par le Con-
seil d'Administration, ou sur la demande du quart au moins de se s
Membres.
Son ordre du jour est réglé par le Conseil d'Administration. Son
Bureau est celui du Conseil.
STATUTS o
Elle entend les rapports sur la gestion du Conseil d'Administration,
sur la situation financière et morale de l'Association.
Elle approuve les comptes de l'exercice clos, vote le budget de
l'exercice suivant, délibère sur les questions mises à l'ordre du jour,
et pourvoit au renouvellement des membres du Conseil d'Administra-
tion.
Le rapport annuel et les comptes sont adressés chaque année à tous
les Membres de l'Association.
Le vote par procuration est admis sur les questions mises à l'ordre
du jour.
Art. 8. — Les dépenses sont ordonnancées par le Président. L'As-
sociation est représentée en justice et dans tous les actes de la vie civile
par le Président.
Le représentant de la Société doit jouir du plein exercice de ses
droits civils.
Art. 9. — Les délibérations du Conseil d'Administration relatives
aux acquisitions, échanges et aliénations des immeubles nécessaires au
but poursuivi par l'Association, constitutions d'hypothèques sur les
susdits immeubles, baux excédant neuf années, aliénation de biens
dépendant du fonds de réserve, et emprunts, ne sont valables qu'après
l'approbation de l'Assemblée générale.
Art. 10. — Les délibérations du Conseil d'Administration, relatives
à l'acceptation des dons et legs, ne sont valables qu'après l'approbation
administrative, donnée dans les conditions prévues par l'article 910 du
Code civil et les articles 5 et 7 de la loi du 4 février 1905.
Les délibérations de l'Assemblée générale, relatives aux aliénations
de biens dépendant du fonds de réserve, ne sont valables qu'après l'ap-
probation du Gouvernement.
Art. 11. — La nomination et la détermination des pouvoirs des
personnes, chargées de diriger des travaux pour le compte de l'Asso-
ciation, sont réservées au Conseil d'Administration, qui, pour chaque
cas particulier, prend les mesures nécessaires.
III. — Fonds de Réserve et Ressources Annuelles.
Art. 12. — Le fonds de réserve comprend :
1° La dotation ; 2° Le dixième au moins du revenu net des biens de
l'Association ; 3' Les sommes versées pour le rachat des cotisations ;
4° Le capital provenant des libéralités, à moins que l'emploi immé-
diat n'en ait été autorisé.
4 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE*
Art. 13. — Le fonds de réserve est placé en rentes nominatives sur
l'Etat ou en obligations nominatives de chemins de fer dont le mini-
mum d'intérêt est garanti par l'Etat.
Il peut être également employé à l'acquisition des immeubles néces-
saires au but poursuivi par l'Association.
Art. 14. — Les recettes annuelles de l'Association se composent :
1° Des cotisations et souscriptions de ses membres ;
2° Des subventions, qui pourront lui être accordées ;
3° Du produit des libéralités dont l'emploi immédiat a été autorisé;
des ressources créées à titre exceptionnel, et, s'il y a lieu, avec l'agré-
ment de l'autorité compétente ;
4° Du revenu de ses biens.
IV. — Modification des Statuts et Dissolution.
Art. 15. — Les Statuts ne peuvent être modifiés que sur la propo-
sition du Conseil d'administration, ou du dixième des membres titu-
laires, soumise au Bureau un mois avant la séance.
L'Assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet, ne
peut modifier les statuts qu'à la majorité des deux tiers des membres
présents.
L'assemblée doit se composer du quart, au moins, des membres en
exercice.
Art. 16. — L'Assemblée générale, appelée à se prononcer sur la
dissolution de l'Association, et convoquée spécialement à cet effet, doit
comprendre, au moins, la moitié plus un des membres en exercice.
Si cette proportion n'est pas atteinte, l'Assemblée est convoquée de
nouveau, mais à quinze jours au moins d'intervalle ; et, cette fois, elle
peut valablement délibérer, quel que soit le nombre des membres
présents. Dans tous les cas, la dissolution ne peut être votée qu'à la
majorité des deux tiers des membres présents.
Art. 17. — En cas de dissolution volontaire, statutaire, prononcée
en justice ou par décret, ou en cas de retrait de la reconnaissance de
l'Association comme établissement d'utilité publique, l'Assemblée géné-
rale désigne un ou plusieurs commissaires, chargés de la liquidation
des biens de l'Association. Elle attribue l'actif net à un ou plusieurs
établissements analogues, publics ou reconnus d'utilité publique.
Ces délibérations sont adressées sans délai au Ministre ne l'Inté-
rieur et au Ministre de l'Instruction publique.
Art. 18. — Les délibérations de l'Assemblée générale, prévues aux
articles 15, 16 et 17, ne sont valables qu'après l'approbation du Gou-
vernement.
STATUTS 5
V. — Surveillance et Règlement intérieur.
AnT. 19. — Le Président devra faire connaître, dans les trois mois,
à la Préfecture tous les changements survenus dans l'Administration
ou la Direction.
Les registres et pièces de comptabilité de l'Association seront pré-
sentés sans déplacement, sur toute réquisition du Préfet, à lui-même
ou à son délégué.
Le Rapport annuel et les Comptes sont adressés chaque année au
Préfet, au Ministre de l'Intérieur, et au Ministre de l'Instruction pu-
blique .
Art. 20. — Un Règlement, préparé par le Conseil d'administration et
approuvé par Y Assemblée générale, arrête les conditions de détail, pro-
pres à assurer l'exécution des présents Statuts. Il doit être adressé au
Ministre de l'Instruction publique et au Ministre de l'Intérieur.
REGLEMENT
Article premier. — La Société s'interdit toute matière étrangère à
son objet, et notamment toute discussion politique ou religieuse.
Art. 2. — Tout membre nouvellement élu devra acquitter, dans le
mois qui suivra son admission, le montant de la cotisation de l'année
— Il lui sera adressé les Bulletins de Tannée en cours, ayant paru
avant son admission.
Art. 3. — Tout membre, qui n'aura pas payé sa cotisation de
l'année, après deux avis du Trésorier, dont le dernier sera recom-
mandé, pourra être considéré comme démissionnaire, sur avis du
Conseil d'Administration.
Art. 4. — Les cotisations sont mises en recouvrement dans le
premier mois de l'année par les soins et sur les reçus du Trésorier.
Art. 5. — Le Président veille à l'exécution «des statuts, dirige les
délibérations et représente la Société.
Le Secrétaire général est chargé de l'exécution des décisions du
Bureau et du Conseil de la Société ; de la correspondance ; de la
conservation des documents remis ; de la Rédaction et de la Gérance du
Bulletin périodique ; et, d'une façon générale, de l'exécution de toutes les
mesures intéressant la Société.
6 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le Secrétaire est chargé de la rédaction des procès-verbaux des
séances et de la préparation des réunions du Conseil d'Administration,
et des Assemblées générales annuelles.
Le Trésorier encaisse les recettes de la Société et en solde les
dépenses.
Art. 6. — Le Président-fondateur et les Présidents d'honneur sont
admis aux délibérations du Conseil d'administration.
Art. 7. '■ — Une séance est tenue le quatrième jeudi de chaque mois,
au siège de la Société. Des séances supplémentaires pourront être
organisées, sur la proposition du président.
Art 8. — Les travaux de chaque séance ont lieu dans l'ordre sui-
vant : lecture du procès-verbal de la séance précédente ; lecture de la
correspondance, et communications du secrétaire général ; proclama-
tion des nouveaux membres; présentations de pièces; communica-
tions verbales; communications écrites.
Art. 9. — La Société publie un Bulletin, dans lequel paraîtront les
travaux présentés par ses membres, et dont il aura été donné connais-
sance en séance. Aucun travail présenté antérieurement à une autre
société ne pourra être accepté dans la forme même où il aura été déjà
produit.
Art. 10. — Les manuscrits devront être remis au Secrétaire géné-
ral, dans la semaine qui suivra la séance. Les membres, prenant part
à une discussion, remettront au Secrétaire général, avant la fin de la
séance, une note résumant leur argumentation.
Art. 11. — Tout membre pourra être prié par le Président de con-
denser un mémoire dont la publication entraînerait des dépenses dis-
proportionnées avec les ressources delà Société.
Le Conseil d'Administration de la Société a pleins pouvoirs en ce
qui concerne la rédaction du Bulletin et décide, en dernier ressort,
des manuscrits qui doivent y figurer.
L'enregistrement, dans le Bulletin, des opinions librement émises
au cours des séances, n'implique ni approbation, ni désapprobation
de la part de la Société, et n'engage en aucune façon sa responsa-
bilité.
Art. 12. — Les auteurs recevront une épreuve, qui devra être retour-
née, dans un délai maximum de quatre jours, au siège de la Société.
Passé ce délai, les corrections seront faites d'office.
Les auteurs devront s'entendre pour les tirés à part avec l'impri-
meur de la Société.
Art. 13. — Le Bureau décide du choix des figures.
Art. 14. — Les membres titulaires et les membres à vie reçoivent
seuls les publications de la Société.
CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR L'ANNÉE 4941
I. — Bureau.
Président : MM. Léon COUTIL.
Vice-Présidents : H. CHAPELET, DOIGNEAU,
FOUJU.
Secrétaire général : Dr Marcel BAUDOUIN.
Secrétaire : Paul de GIVENCHY.
Trésorier : Maurice GILLET.
II. — Autres Membres du Conseil.
1° Membres de Droit.
MM. Emile RIVIÈRE, Président-Fondateur.
Adriex de MORTILLET, Président d'Honneur.
BAUDON (Dr), ancien Président (1908).
A. GUÉBHARD (Dr), ancien Président (1909).
Henri MARTIN (Dr), ancien Président (1910).
2° Membres élus pour 1911.
MM. ATGIER(Dr), ancien Vice-Président (19 10\
BALLET (Dr), ancien Président (1907).
Dr CHERVIN, ancien Président du IVe Congrès (1908).
Louis GIRAUX, ancien Trésorier (1910).
Edmond HUE, ancien Vice-Président (1910).
H. MAROT, ancien Vice-Président (1909).
E. TATÉ, ancien Vice-Président (1908).
A. VIRÉ, ancien Vice-Président (1909).
Adresses :
Secrétaire général : 21, rue Linné, Paris-V.
Trésorier : 30, rue Gardenal-Lapostol, Suresnes (Seine)-
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
AU 31 DÉCEMBRE 1910 W
MM.
Alibert, D. M., Médecin en Chef de l'Hôpital, rue Villenouvelle,
Montauban (Tarn-et-Garonne).
Almgren (Oscar), D. M., Statens historiska Muséum, Stockholm-XV
(Suède).
Andrieu (Léopold), Capitaine, 41, boulevard de la Liberté, Bourges
(Cher).
Antliropological Institute [The Roy aï) of Great-Britain and Ireland,
50 Great Russel Street, London W. G. (Angleterre).
Archambault (Marius), Commis principal des Postes et Télégraphes,
113, r. Notre-Dame-des-Champs, Pai'is-VI. — Nouméa (Nouv.-
Calédonie).
Arnaud-d'Agnel (L'abbé G.), Correspondant du Ministère de l'Ins-
truction publique, 10, rue Monteaux, Marseille (Bouches-du-
Rhône).
Atgier, D. M., 20, rue de Paris, Livry (Seine-et-Oise).
Aubert (X.), Industriel, rue du Havre, Dijon (Côte-d'Or).
Aubin (E.), Greffier du Tribunal de Commerce, 27, rue Rosette, à Ma-
mers (Sarthe).
Aublant (Charles), 26, rue de Strasbourg, Périgueux (Dordogne).
Aubrée, Pharmacien, Mont-Dol-de-Bretagne (Ille-et- Vilaine).
Audéoud (Capitaine), 5e chasseurs, Sézanne (Marne).
Aveneau de la Granciere (Vicomte), Château de Beaulieu en
Bignan (Morbihan).
Aymar (Alphonse), Inspecteur des Contributions directes, 15, ave-
nue Croix-Morel, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Bachelay (Emile), Agriculteur, Ménerval, par Haussez (Seine-Inf.).
Baciiimont, D. M., Nogent-sur-Seine (Aube).
(1) Le nom des membres fondateurs est précédé d'un Astérisque.
LISTE DES MEMBRES U
Ballet, D. M., anc. médecin militaire, 20, r. Bonaparte, Paris-VI.
Baquié (Georges), Géologue, Correspondant de la Société d'Etudes
des Sciences naturelles de Béziers, Nissan (Hérault).
Barbier (H.), Pharmacien, Pacy- sur-Eure (Eure).
Barreau (J.-B.), Conducteur des Ponts et Chaussées, La Haye-
Descartes (Indre-et-Loire).
Barthélémy (Antonio), Industriel, Apt (Vaucluse).
Basgoul (l'abbé Louis), Curé-doyen, Sommières (Gard).
Baud (Paul), Préparateur à la Faculté des sciences, 37, Bue Gay-
Lussac, Paris-V.
Baudon, D. M., Ancien Député de l'Oise, 20, rue du Cardinal-
Lemoine, Paris-V.
Baudouin (Marcel), D. M., homme de lettres, 21, r. Linné, Paris-V.
Baurain (E.), Propriétaire, 10, rue des Boucheries, Compiègne
(Oise).
Bazin (A.), Sous-Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, en retraite,
Bebais (Seine-et-Marne).
Beaupré (Comte Jules), Conservateur au Musée historique Lorrain,
Correspondant du Ministère de l'Instruction publique, 18, rue
de Serre, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Bellefontaine (A. de), Ingénieur, Serrières-Neuchâtel (Suisse).
Bellucci (Joseph), Professeur à l'Université, Perugia (Italie).
Bénard (Paul), Astorville, par Callender, Ontario (Canada).
Benoist (J.)f Directeur de l'Ecole Etienne Dolet, rue de l'Abbaye,
Hénin-Liétard (Pas-de-Calais).
Bernard (Jules), 95, rue de Bordeaux, Périgueux (Dordogne).
Berry (Edwards-E.), Vice-Consul de Grande-Bretagne, Bordighera
(Italie).
Bertheau de Chazal (Jules), Notaire, 31, Bue Jean-Macé, à Brest
(Finistère).
Berthelot du Chesnay (G.), Château du Vaulorrain, Trédaniel, par
Moncontour (Côtes-du-Nord) .
Berthiaux (Paul), Archéologue, Caissier des Usines B. Sachet, Mon-
tereau (Seine-et-Marne).
Berthier (Victor), Secrétaire de la Société des Sciences Naturelles,
Autun (Saône-et-Loire).
Bertholon, D. M., Correspondant du Ministère de l'Instruction
publique, 14, rue Saint-Charles, Tunis (Tunisie).
Bertin (Arcade), Instituteur public dans les Écoles de la Ville, 83,
rue du Chemin-Vert, Paris-XI.
Bezzenberger (Pr), D. M., Deuxième Président de la Société alle-
mande de Préhistoire, Steindwall 1/2, Kônigsberg (Prusse).
Blanc (Baron Albert), Docteur ès-sciences, Château de Chaney,
Chambéry (Savoie).
10 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Blavier (P.), Château de la Bellière, par Montrevault (Maine-et-Loire).
* Bloch (Adolphe), D. M., 24, rue d'Aumale, Paris-IX.
Bonaparte (Prince Boland), 10, avenue d'Iéna, Paris-XVI.
Bonnaud (Louis), Archiviste de l'Académie du Var, 8, rue Truguet,
Toulon (Var).
* Bonnet (A. C), 186, boulevard Péreire, Paris-XVIL
Bonnet (Alexandre), 54, boulev. Bineau, Neuilly-sur-Seine (Seine).
Bossa\y(J.), Inspecteur des Postes et des Télégraphes, 12, Avenue de
Paris, à Versailles (Seine-et-Oise).
Bossavy (Laurent), capitaine d'artillerie coloniale, 34, rue Nicolas,
Marseille (Bouches-du-Rhône).
Bosteaux-Paris, Maire, Cernay-lès-Reims (Marne).
Bottin (Casimir), Receveur des postes en retraite, Ollioules (Var).
Bougault (Louis), Ingénieur des Arts et Manufactures, 35, rue
Cortambert, Paris-XVI.
Bougault (Alfred), Ingénieur des 'Arts et Manufactures, 55, rue de
Boulainvilliers, Paris-XVI.
Bouillerot (Raoul), Directeur-fondateur de la Revue préhistorique
illustrée de l'Est de la France, Fontaine-lès-Dijon (Côte-d'Or).
Boulanger (C), ancien Notaire, Péronne (Somme).
Boulet, Villa Sarrobert, à Fleurines, par Pont Sainte-Maxence (Oise).
Bourgeade (Eloi), Les Planchettes, par Riom-ès-Montagne (Cantal).
Bourlon (Maurice), Lieutenant au 131e d'infanterie, 11, rue de
la Couronne, Pithiviers (Loiret).
Bourrilly (Joseph), Lie. en droit, Juge de paix, Marguerittes (Gard).
Boutanquoi (Olivier), Instituteur, Nampcel, (Oise).
Bout de Charlemont (H.), 21, r. Pierre-Dupré, Marseille (Bouches-
du-Rhône).
Boyard (Charles), Instituteur, Nan-sous-Thil, par Précy-sous-Thil
(Côte-d'Or).
Brasseur, Sous-Ingénieur des Ponts et Chaussées, Gournay-en-
Bray (Seine-Inférieure).
Breuil (l'abbé), Professeur de Préhistoire à l'Institut international
de Paléontologie humaine, 110, rue Demours, Paris-XVIL
Brice (Henry), Sergent au 4e régiment d'infanterie, Auxerre (Yonne).
Brice-Cardot (Mme), 26, rue Gay-Lussac, Paris-V.
Brochet, 210, boulevard delà Villette, Paris-XIX.
Broeck (Ernest Van den), Conservateur du Musée royal d'Histoire
naturelle, Secrétaire général honoraire de la Société belge de
Géologie, 39, place de l'Industrie, Bruxelles (Belgique).
Brulard, D. M., 2, rue Amiral-Ronsin, Dijon (Côte-d'Or).
Cahen (Albert), Receveur des hospices, 67, boulevard François Ier,
Le Havre (Seine-Inférieure).
LISTE DES MEMBRES 1 I
Calmels (L'abbé A.), curé, Saint-Rémy-de-Laguiole(Aveyron).
Camichel (P.), D. M., Médecin-major de 2e classe au 24e régiment
d'infanterie, 25, rue Cail, Paris-X.
Camps (Mme Pauline), Officier d'Acad., 62, r. Cortambert, Paris-XVI.
Camus (Paul), 15, boulevard Henri IV, Paris-IV.
Cancalon, D. II'., 31, rue Saint-Placide, Paris-VI.
Cantacuzène (Le Prince Georges), ancien Diplomate, 13, rue de la
Trémoille, Paris-VIII.
Carnis, 66, boulevard Pasteur, Paris-XV.
Cartailhac (Emile), Correspondant de l'Institut, Professeur de
Préhistoire à la Faculté des Lettres, 5, rue de la Chaîne,
Toulouse (Haute-Garonne).
Cartereau, Agent voyer. Montfort-le-Rotrou (Sarthe).
Cathblin (F.), D. ML, 21, rue Pierre-Charron, Paris-XVI.
Cassix (Paul), D. M., 15, place du Palais, Avignon (Vaucluse).
Cazalis de Foxdouce, Ingénieur civil, 18, rue des Etuves, Mont-
pellier (Hérault). «
Cazenave (le Commandant), Géologue, kbis, rue Mertens, Bois-
Colombes (Seine).
Cesario (Jules), 6, rue de Vanves, Paris-XIV.
Chaillan (L'abbé Joseph), curé, Quinson (Basses- Alpes).
Chance (Gaston), Archéologue, Mailly (Marne).
Chantre (E.), Fontville, par Ecully (Rhône).
Chapelet (H.), Caissier central de la Compagnie P. L. M., 25, rue
du Petit-Musc, Paris-IV.
Charvilhat (G.), D. M., 4, r. Blatin, Clermont-Ferrand (P.-de-D.).
Chatelet (C), 32, rue du Vieux-Sextier, Avignon (Vaucluse) .
Chaumier 'Edmond;, D M., Directeur de l'Institut vaccinal, 4, rue
Corneille, Tours (Indre-et-Loire).
Chauvet (Gustave), Notaire, RufTec Charente).
Chédeville (P.-J.), Vice-président de la Société normande d'Études
préhistoriques, Gisors (Eure).
Chervin, D. M., ancien président de la Société d'Anthropologie de
Paris, 82, avenue Victor-Hugo, Paris-XVI.
Chevallier (Pierre), 8, Place Dancourt, Paris-XVIII.
Chiris (Marcellin), Rec. des Postes et Télég., à Grasse (A. -M.).
Clair (Louis), Administrateur des biens des Aliénés de la Seine,
6, rue Freycinet, Paris-XVI.
Clastrier (Stanil), Sculpteur-statuaire, Prof, à l'Ecole des Beaux-
Arts, 20, rue Saint-Sépulcre, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Clément (Paul), Instituteur, Artins, par Couture (Loir-et-CherJ.
Cloutrier, Sous-ing. des Ponts et Chaussées en retr., Gien (Loiret).
Collaye (Adrien), Agent principal des Chemins de Fer, Signy-
1 Abbaye (Ardennes).
12 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Colas (Ernest), Bonnières-sur-Seine (Seine-et-Oise).
Collet (A.), Curé de Wavrans-sur-1'Aa, par Lumbres (Pas-de-Calais).
Colleu (J.-B.), Huissier, Collinée (Côtes-du-Nord).
Commoxt (V.), Professeur à l'Ecole normale, 7, Avenue d'Edim-
bourg, Amiens (Somme).
Conil (Aug.), 148, r. de la République, Ste-Foy-la-Grande (Gironde).
Conilh de Beyssac, 18, rue Boudet, Bordeaux (Gironde).
Corot (Henry), Archéologue, Savoisy (Côte-d'Or).
* Costa de Beauregard (Comte Olivier), Sainte-Foy, par Longueville
(Seine-Inférieure).
Cotte (Ch.), notaire, Pertuis (Vaucluse).
Courrent, D. M., Tuchan (Aude).
* Courty (Georges), Géologue, 35, rue Compans, Paris-XIX.
Cousset (Arthur), Commis principal des Contributions indirectes,
Etaules (Charente-Inférieure).
* Coutil (Léon), Correspondant du Ministère de l'Instruction pu-
blique, Saint-Pierre du Vauvray (Eure).
Crova (Mme B.), 27, Rue Asselin, à Cherbourg (Manche).
Crova, Capitaine de frégate, 27, rue Asselin, Cherbourg (Manche).
Dabadie (Frédéric), 132, rue de la Victoire, Bruxelles (Belgique).
* Daleau (François), Bourg-sur-Gironde (Gironde).
Dalmon (H.), D. M., Bourron-Marlotte (Seine-et-Marne).
Dauphin (Louis), Pharmacien-naturaliste, Carcès (Var).
Déchelette (Joseph), Conservateur du Musée, Roanne (Loire).
Deglatigny (Louis), 11, rue Biaise-Pascal, Rouen (Seine-Infér.).
Delamare (Joseph), 10, rue de la Pompe, Paris-XVI.
Delaporte (R.), Docteur en droit, Avoué, Chateaulin (Finistère).
Delaunay (Henri), Ingénieur des Arts et. Manufactures, 51, avenue
Bugeaud, Paris-XVI (L'Hiver, La Malboschette, Grasse, Alpes-
Maritimes).
Delfino (Victor), Directeur de YAnuario cientifico e industrial, 3506,
Avellaneda, Buenos-Aires (République Argentine).
Deloncle, Conseiller d'Etat, 2, rue Miguet, Paris XVI.
Delort (J.-B.), Professeur en retraite, Cosne (Nièvre).
Delugin, Archéologue, rue de la Boétie, Périgueux (Dordogne).
Delvixcourt (E.), Archéologue, Crécy-sur-Serre (Aisne).
Denier, Etudiant en Médecine, 25, rue Nicolo, Paris-XVI.
Denoyelle (L.), Artiste-peintre, 3, rue d'Amiens, Beauvais (Oise).
Dervieu (Le Lieut. -Colonel), 4, rue du Doyen, à Bourges (Cher).
Desailly (L.), Ingénieur civil des mines. 44, rue Nicolo, Paris-XVI.
* Desforges (A.), Instituteur, Fléty, par Luzy (Nièvre).
Desloges (Armand), Présidentde la Société Normande dy Etudes pré-
historiques, Rugles (Eure).
LISTE DES MEMBRES \'à
Desmazières (0.), Receveur particulier des finances, Segré (Maine-
et-Loire).
Deydier (Marc), Notaire, Cucuron (Vaucluse).
Deyrolle, D. M., Médecin-major au 1er Régiment de Zouaves, au
Fort de Nogent- sur-Marne (Seine).
Deyrolle Les fils d'Emile , Naturalistes, 46, rue du Bac, Paris-VII.
Dharyent, Membre de la Commission départementale des Monu-
ments historiques, Château de la Folie, 42, rue du Faubourg-
Saint-Pry, Béthune (Pas-de-Calais).
Dickins (F. -Victor), ancien Registrar de l'Université de Londres,
Seend Lodge, Seend (Wilts) (Angleterre).
Doigneau A.), Conservateur du Musée, 45, Boulevard Thiers,
Fontainebleau (Seine-et-Marne) .
Dollot (Auguste), Ingénieur, Correspondant du Muséum d'Histoire
naturelle de Paris, 136, Boulevard Saint-Germain, Paris-VIe.
Douet (Désiré), Archéologue, Valmondois (Seine-et-Oise).
Dramard, 9, rue Saint-Vincent, Fontenay-sous-Bois (Seine).
Driotox C), Membre de la Commission des Antiquités de la Cote-
d'Or, Chemin de Fontaine, 29, Dijon (Côte-d'Or).
Duralen (E.), Directeur du Musée, Mont-de-Marsan (Landes).
Durlaxge (A.), Pharmacien de ire classe, Le Fleix (Dordogne).
Durreuil-Chamrardel Fils, D. M., 3, rue Jeanne-d'Arc, Tours
(Indre-et-Loire).
Durus, Econome honoraire des Hospices du Havre, 2 et 4, petite
rue du Marquis, Neufchàtel-en-Bray (Seine-Inférieure).
Du Chatellier (Paul), Président de la Société archéologique du
Finistère, au château de Kernuz, Pont- l'Abbé (Finistère).
Ducourtioux, Rue Thiers, 25, Vannes (Morbihan).
Dumas (Mme Vve U.), Baron, par Saint-Chaptes (Gard).
Duplessis-Fourcadd (René), château des Trois-Moulins, Saint-
Emilion (Gironde).
Dupont (E.), Directeur des Docks, Le Havre (Seine-Inférieure).
Duquesne (Robert), Homme de lettres, Brionne (Eure).
Durand (Charles), Bourron (Seine-et-Marne).
Duvaux (Léon), Professeur d'Histoire au Collège, 108, rue du Pont,
Bonneville (Haute-Savoie).
Dymond (Charles William), F. S.A., Sawrey,Ambleside (Angleterre).
Ede (Frédéric), Artiste peintre, Montigny-sur-Loing (Seine-et-
Marne).
Espina (Olivier), Commis des Contrib. directes, Gafsa( Tunisie).
Evrard (Charles), Notaire, Maire, Varennes-sur-Argonne (Meuse).
Exsteens (Louis), Ancien pharmacien, 21, rue de Loxum, Bru-
xelles (Belgique).
44 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Fages (A.), Régisseur, Rivoire-de-Cazillac, près Garcassonne
(Aude).
Féraud, Agent-voyer cantonal, Reraoulius (Gard).
Ferton (Le G' Charles), Chef d'escadron d'artil. en retraite, Boni-
facio (Corse).
Fessard (R.), Membre de la Société des Naturalistes de Levallois-
Perret et de la Société liistorique d'Auteuil et de Passy, 60, rue
Cortarabert, Paris-XVI.
Feuvrier (Julien), Conservateur du Musée archéologique, 8, rue
des Romains, Dole (Jura).
* Fiévé (G.), D. M., Jallais (Maine-et-Loire).
Flamand (G. B. M.), Prof. Éc. Sup.Sc, Dir. Serv. Géol. des Terri-
toires du Sud, 87, rue Michelet, Alger-Mustapha (Algérie).
Fleurieu (Comte Alphonse de), 26. avenue Kléber, Paris-XVI.
Fleury, Capitaine, 3e Spahis, Batna (Algérie).
Foris (François), Représentant de commerce, 24, rue d'Italie, Tunis
(Tunisie).
Forel (F. A.), D. M., Professeur honoraire, Morges, Vaud (Suisse).
Forrer (G. R.), Dr Phil,Universitatsstrasse,4, Strasbourg (Alsace).
Fortes (José), Avocat, 125, rua da Rainha, Porto (Portugal).
Foucault (Eugène), 50, rue de Messei, Fiers (Orne).
Fougerat (Emile), Ingénieur des Mines, 46, rue Mozart, Paris-XVI.
* Fouju (G.), Vice-président de la Société d' Excursions scientifiques
33, rue de Rivoli, Paris-IV.
Fouquet (Camille), Député de l'Eure, 161, boulevard Haussmann,
Paris-VIII.
Franchet (L.), 11, rue Barreau, Asnières (Seine).
François, D.M., Maire, Aluze, par Saint-Léger-sur-Dheune (Saône-
et-Loire).
Frappier, Archéologue, Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).
Fuchs (A.), Libraire-Editeur, Saverne (Alsace).
Gadant (René), Conservateur du Musée de l'Hôtel Rolin, Autun
(Saône-et-Loire).
Gadeau de Kerville (Henri), Naturaliste, 7, rue Dupont, Rouen
(Seine-Inférieure).
Gaillard, Conservateur du Musée, Muséum d'Histoire naturelle,
Lyon (Rhône).
Gaillot (Henri), 3, r. des Pavillons, Champigny-sur-Marne (Seine).
Gardez (Honoré), Archéologue, rue de Pouilly, Reims (Marne).
Gardner (Willoughby), F. L. S., Y Berlfa, Deganwy(N. Wales),
Angleterre.
Garrisson (Eugène), 19, rue des Augustins, Montauban (Tarn-et-
Garonne).
LISTE DES MEMBRES 15
Gasser (A.), Directeur de la Revue d'Alsace, Mantoche (Haute-Saône).
Gaudelette (Le Général), 48 bis, rue d'Auteuil. Paris-XVI.
Gaurichox (Le Commandant J.), de la 9e section militaire, 58, rue de la
Fuie, Tours (Indre-et-Loire).
Géneau (Ch.), Etudiant, 8, rue de l'Abbé-de-l'Epée, Paris-V.
Geuthner (Paul), Libraire-antiquaire, 68. rue Mazarine, Paris-Vl.
Gidox,D. M., Docteur ès-sciences, Professeur à l'Ecole de Médecine,
12, rue Singer, Caen (Calvados) .
Gilrert (Th. , D. M., 55, rue de la Concorde, Bruxelles Belgique).
Gillet (Maurice), Ancien Inspecteur des Postes et des Télégraphes,
30, rue Gardenat-Lapostol, Suresnes (Seine).
Gimox, Capitaine, 143e Bégiment d'Infanterie, Castelnaudary (Aude).
Girardot (Abel), Conservateur du Musée, 28, rue des Salines, Lons-
le-Saunier (Jura).
Girardot (Pierre), 52, boulevard Emile-Augier, Paris-XVI.
Giraux (Henri), 22, rue Saint-Biaise, Paris-XX.
Giraux (Louis), 11, rue Eugénie, Saint-Mandé (Seine).
* Givexchy (Paul de), 84, rue de Bennes, Paris-VI.
Gorert (E.), D. M., Bedeyeff (Tunisie).
Gorillot (Louis), D. M., Maire, Conseiller d'arrondissement, La
Trimouille (Vienne).
Gory (Paul), Vice-président de la Société Archéologique de Provence,
5, boulevard Victor-Hugo, Grasse (Alpes-Maritimes).
Gorey, Homme de lettres, 7, rue Duperré, Paris-IX.
Gorodzow (Basil A.), Professeur, Musée Historique Impérial, Mos-
cou (Bussie). [Mockba; Nemopureckiù Myzéùs].
Goury (Georges), Conservateur au Musée historique Lorrain, 5, rue
des Tiercelins, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Ghaff, Directeur de l'Ecole municipale, Issou, par Gargenville
(Seine-et-Oise).
* Granet (Léonce), Propriétaire, Boquemaure (Gard).
Grillet (E.)., Propriétaire, Igé (Saône-et-Loire).
* Guérhard (Adrien), D. M., Professeur agrégé delà Faculté de
Médecine de Paris, Saint- Vallier-de-Thicv (Alpes-Maritimes); et
4, rue de l'Abbé-de-l'Epée, Paris-V.
Guérhard (Paul), Administrateur adjoint des Colonies françaises,
33, avenue Henri-Martin, Paris-XVI.
Guérhard (Boland), attaché aux Affaires Indigènes du Gouv. de
l'Afrique Occidentale, à Ouassou, par Toumodi (Côte-dTvoire).
Guelliot (Octave), D. M., 9, rue du Marc, Beims (Marne).
Guenin (G.), A. U., Professeur au Lycée, Brest (Finistère).
Guichard (Xavier), Commissaire de Police de la Ville de Paris,
11, place Denfert-Bochereau, Paris-V.
Guillaume, D. M., rue de Bourgogne, Beims (Marne).
16 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Guillon (André), 15, rue Bouchut, Paris-XV.
Guili.ot (l'abbé), Curé, Solutré (Saône-et-Loire).
Guimet (Emile), Directeur du Musée Guimet, Musée Guimet, Paris.
Haake (Ernest), D. M., Conservateur du Musée, 7, Frederick Wil-
helm Strasse, Braunschweig (Allemagne).
Hamonic, D. M., 7 ter, rue Glauzel, Paris-IX.
* Hanotaux (G.), ancien Ministre, Membre de l'Académie française,
15, rue d'Aumale, Paris-IX.
Harlé, Ingén. en chef des Ponts et Gh., 35, rue Fourcaud, Bordeaux.
(Gironde).
Harmois (A. L.), 14, rueFardel, Saint-Brieuc (Gôtes-du-Nord) .
Hauser (0.), Archéologue, Bâle (Suisse).
Hébert (M.), 99, boulevard Arago, Paris-XIV.
Heierli (Pr Jacob), Professeur de Préhistoire, Pestalozzistrasse, 37,
Zurich (Suisse).
Henriot, 183, boulevard Voltaire, Paris-XI.
Heuzé, Chef de bataillon en retraite, Sézanne (Marne).
Heuzé (Henri), 110, rue de Paris, Vincennes (Seine).
Hommey (J.), D. M., Sées(Orne).
Hongres (Maurice), Agriculteur, Les Loges, par Attichy (Oise).
Houssay (F.), D. M., Pont-Levoy (Loir-et-Cher).
* Hue (Ed.), Médecin-vétérinaire, 60, rue de la Pompe, Paris-XVI.
Hugueniot, Employé de banque, Pressagny-l'Orgueilleux, par Ver-
non (Eure).
Hugues (Albert), Saint-Geniès-de-Malgoires (Gard).
Huret, Ingén. des Arts et Manuf., 24, pi. Malesherbes, Paris-XVII.
Icard, D. M., 8, rue Colbert, Marseille (Bouches-du-Bhône).
Imbert (Martial), 31, rue de Navarin, Paris-IX.
Jacques, D. M., Secrétaire général de la Société d'Anthropologie de
Bruxelles 42, rue du Commerce, Bruxelles (Belgique).
Jacquot (Lucien), Avocat, Juge honoraire, 6, rue Fantin-Latour,
Grenoble (Isère).
Jarraud (Albert), Propriétaire, 10, rue de Metz, Cognac (Charente).
Jarricot (J.), D. M., Chef de Laboratoire à la Faculté de Médecine,
9, Cours Gambetta, Lyon (Rhône).
Joleaud (L.), 16, Plage du Prado, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Jouanel, Avoué, Bergerac (Dordogne).
Jousset de Bellesme, D. M., Château Saint-Jean, Nogent-le-Rotrou
(Eure-et-Loir).
Jullian (Camille), Professeur au Collège de France, 30, rue du Lu-
xembourg, Paris- VI.
Jullien (J.), D. M., Joyeuse (Ardèche).
LISTE DBS MEMBRES 17
Karo (Dr Georg), Institut archéologique allemand, 2, rue Phidias,
Athènes (Grèce).
Kessler (Fritz), Manufacturier, Soulzraatt (Alsace).
Klaatsch (Hermann), D. M., Prof. d'Anatomie, Breslau (Allemagne).
Kossixxa (Dr Gustaf), Professeur à l'Université, Président de la
Société allemande de Préhistoire, Karlstrasse, n° 10, Gross-
Lichterfelde, Berlin -W. (Allemagne).
Kreutzer, Artiste-peintre, 44, rue de la Pompe, Paris-XVI.
Kungl .-Vitterhets Historié och Antikvites Akademien , Stockholm (Suède).
Lablotibr (Anatole), Archéologue, Bourogne (Territoire de Belfort).
Laboratoire de Géologie, Faculté des Sciences de l'Université, Besan-
çon (Doubs).
Lacoulodmère (G.), Sous-Préfet, Redon ,'Ille-et- Vilaine).
Lafay (Gilbert), 5, rue du Bel-Air, Mâcon (Saône-et-Loire).
Lalaxxe, D. M., D. Se, Gastel d'Andorte, Le Bouscat (Gironde).
Lamotte (Louis), D. M., Ancien interne des Hôpitaux de Paris,
place Ernest-Gérard, Beauvais (Oise).
Langlassé (René), 50, rue Jacques-Dulud, Neuilly-sur-Seine (Seine).
Laprévotte (P.), Membre de la Société d? Archéologie Lorraine, 40,
rue Victor-Hugo, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Larmigny, Industriel et Archéologue, Château- Porcien (Ardennes).
Lazard (F.), Propriétaire, Maire de Sivergues, Apt (Vaucluse).
Lecomte du Noùy (Jacques), 30, boulevard Flandrin, Paris-XVI.
Le Coniat (Victor), Instituteur, Trégomer, par Lamballe (G.-du-N.).
Léger, Juge de paix suppléant, La Boissière (Oise).
Lehmann-Nitsche (Dr Robert), Professeur à l'Université, Conserva-
teur du Museo nacional, La Plata (République Argentine).
Leloutre (Stanislas), Membre de la Soc. Arch. de Soissons, 2, Impasse
du Château, Soissons (Aisne).
Lbmesnil (H.), Agent- voyer du Canton du Havre, 49, Rue Jacques
Louer, Le Havre (Seine-Inférieure).
Le Maire (André), 143, boulevard Saint-Michel, Paris-V.
Le Marchand (Augustin', Ingénieur-constructeur, Les Chartreux,
Petit-Quevilly, près Rouen (Seine-Inférieure).
Lemoixe (René), 6, rue Croix-des-Teinturiers, Châlons-sur-Marne
(Marne).
Lénez, D. M., Médecin-major de lre classe, Médecin Chef des salles
militaires de l'Hospice mixte de Commercy (Meuse).
Le Pileur, D. M., Médecin de Saint-Lazare, 15, rue de l'Arcade,
Paris- VIII.
Leprixce (MUe Marie^, Sarcelles (Seine-et-Oise).
Le Roux (Marc), Docteur ès-sciences, Conservateur du Musée,
Annecy (Haute-Savoie).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 2
18 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Leroy, Membre de la Société Normande d'Etudes Préhistoriques,
Saint-Paul-sur-Rille, près Pont-Audemer (Eure).
Leroy (Georges), Directeur d'École, r. Jeau-Macé, Le Mans (Sarthe).
Letailleur, à Baigts, par Montfort-en-Chalosse (Landes).
Létienne, D. M., 8, rue des Creux, à Louveciennes (Seine-et-Oise).
Levistre (Louis), Instituteur à Golbert, commune mixte des Rirha,
département de Gonstantine (Algérie).
Lewis (A. L.), 35, Beddington Gardens, Wallington (Surrey), An-
gleterre.
Lïssajous (Marcel), Géologue, 10, quai des Marans, Mâcon (Saône-
et-Loire).
Lorrin (Victor), Ancien directeur des Salins de Dax, Dax (Landes).
Lourère de Longpré (Mme), 3, rue Vézelay, Paris-Vlll.
Luppé (Mme la Marquise de), 29, rue Barbet-de-Jouy, Paris-VII.
Mac Curdy (Georges Grant), 237, Ghurch Street, New-Haven,
Connecticut (Etats-Unis).
Macry-Gorreale (Francesco), Professeur de pédagogie, Real
Scuola Normale, Grema (Italie).
Maire (A.), Bibliotbécaire à la Sorbonne, 15, rue de Jussieu,
Paris-V.
Malaussène (J.), Juge au Tribunal civil, Garpentras (Vaucluse).
Mai.ga (abbé), Gels, par Luzech (Lot).
Mallet (Auguste), La Roche, par Palaiseau (Seine-et-Oise).
Mann (F. W.), D. M., Villino Romano, Alassio (Genova) (Italie).
Manteyer (G. de), Archiviste paléographe, ancien membre de
l'Ecole française de Rome, Château de Manteyer, près La-Roche-
des-Arnauds (Hautes-Alpes), 34, quai de Béthune, Paris-IV.
Marchadier (René), 20, rue de l'Isle-d'Or, à Cognac (Charente).
Marignan (Emile), D. M. , Marsillargues (Hérault).
Marin-Tarouret (H.), Instituteur, rue du Vallon, lla, Marseille
(Bouches-du-Rhône) .
Marlot (Hippolyte), Géologue, Villa Bellevue, Toulon-sur-Arroux
(Saône- et-Loire).
Marmagne (A.), Commis des Ponts-et-Chaussées, Goulommiers
(Seine-et-Marne).
* Marmottan(H.), Ingén. des Mines, 10, r. Edmond-Valentin, Paris-VII .
* Marot (Henri), 25, rue Bergère, Paris-IX.
Martel (E.-A.), Directeur de La Nature, 23, rued'Aumale, Paris-IX#
Martel (Louis), Notaire, Sault (Vaucluse).
Martin (Anfos), Inspecteur primaire, Montélimart (Drôme).
Martin (Bernard Henri-), Etudiant, 50, rue Singer, Paris-XVI.
Martin (Charles-Henri) (Madame), 60, r. Boulainvilliers, Paris-XVI.
* Martin (Henri), D. M., 50, rue Singer, Paris-XVI.
LISTE DES MEMBRES 19
Màrton (Louis de , D. M., Conservateur-adjoint du Musée National
hongrois, Budapest (Hongrie).
Martz, Conseiller à la Cour, 30, rue des Tiercelins, Nancy (Meurthe-
et-Moselle).
Masfrand (A.), Président de la Société Les Amis des Sciences et des
Arts, Rochechouart Haute-Vienne).
Massé (Ed.), 8, rue Saint-Faron. Meaux (Seine-et-Marne).
Matthis Charles), Propriétaire, Niederbronn (Vosges-Alsace).
Maucourt (Adrien), Licencié en droit, 190, boulevard Pereire,
Paris-XVIL
Maudemaix, Palethnologue, 118, Boulevard Voltaire, Paris-XL
Mautalext (Mme), 10, rue de la Pompe, Paris-XVI.
Mazéret (Ludovic), à Viella (Gers).
Mexaxd (Emile), Avoué, rue Saint-Saulge, Autun (Saône-et-Loire).
Mexxetrier (Ch. , Lieutenant au 77r régiment d'Infanterie, Cholet
(Maine-et-Loire).
Meurisse (Georges), Archéologue, 33, rue de Tambour, Reims
(Marne).
Migcet (Emile), 1, Boulevard Henri-IV, Paris-IV.
Miquel (Jean), Barroubio, par Aiguevives (Hérault).
Moingeox (A.)., rue de la Gare, Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or).
Moirexc, Agent-voyer cantonal, Bonnieux (Vaucluse).
Mollandin (H.; Capitaine au 1er Escadron du Train, Lille (Nord).
Moreau, Pharmacien honoraire, 56, Boulevard Blossac, à Chatelle-
rault (Vienne).
Moreau de Néris, Associé correspondant national de la Société des
Antiquaires de France, Airebelle, par Arpheuilles-Saint-Priest
(Allier).
Morel (Gaston), 55, rue Jeanne-d Arc, Rouen (Seine-Inférieure).
Morgand (E.), D. M., L. D., rue Saint-Fuscien, 58, Amiens
(Somme)
Morin (Jean), Artiste-peintre, 33 bis, boulevard de Clichy, Paris-IX.
Morisson (Henri), D. M., 2, rue Paul-Saunière, Paris-XVI.
Mortillet (Adrien de), Professeur à l'Ecole d'Anthropologie, 22,
avenue Reille, Paris-XIV.
Mortillet (Paul de), 36, boulevard Arago, Paris-XIII.
Mourier (J.j, 41, rue de la Concorde, Bruxelles (Belgique).
Mousson-Laxauzb (D'), Ancien interne, Officier d'académie, place
de la Tourelle 3 bis, Saint-Mandé (Seine).
Mùi.ixex (DrE., Comte de), Consul général d'Allemagne, 66, Muris-
talden, Berne (Suisse).
Mïiller (H.), Bibliothécaire à l'Ecole de Médecine. Conservateur du
ttasée Dauphinois, Grenoble -Isère).
Munro (Robert), Elmbank, Largs, Ayrshire (Ecosse).
20 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Musées royaux des Arts décoratifs et industriels (Le Conservateur
des), Parc du Cinquantenaire, Bruxelles (Belgique).
Museo nacional (J. Arechavaleta, Dir.), Montevideo (Uruguay).
Naulin, D. M., 72, Boulevard de Bercy, Paris-XII.
Nbrson (Fernand), Valréas (Vaucluse).
Neveu (Raymond), D. M., 141, rue de Paris, Clamart (Seine).
Nobis (Charles), D. D., Avocat à la Cour d'Appel, 13, boulevard
Montparnasse, Paris- VI.
Noël (Jean), La Tour, St-Max, près Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Novital (Albert de), 3, rue des Dominicains, Nancy (Meurthe-et-
Moselle).
* Ovion, D. M., Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Pagès-Allary (Jean), Industriel, Murât (Cantal).
Pallary (Paul), Instituteur public, Eckmuhl (Oran, Algérie).
Paniagua (A. de), Archéologue, 11, rue Christiani, Paris-XVIII.
Paris (Félicien), avocat à la Cour d'Appel, 31, rue Baudin, Paris-IX.
Pas (Le Comte Edmond de), Cagnes (Alpes-Maritimes).
Passemard (Emmanuel), 16, rue Spontini, Paris-XVI.
Patte (Etienne), 79, rue du Connétable, Chantilly (Oise).
Paul (Mme), 5, rue Justin-Paul, Etain (Meuse).
Paul (Félix), 5, rue Jnstin-Paul, Etain (Meuse).
Pavlow (A. P.), Professeur de Géologie à l'Université, Moscou
(Russie).
Peabody (Charles), Instructor in European Archeology, Harvard
University, Cambridge, Mass. (U. S. A.).
Péchadre, D. M., Député de la Marne, 25, rue Bergère, Paris-IX.
Pellati (Franz), D. Se, Piazza San Claudio, 96, Roma (Italie).
Pellegrin (Charles), Ingénieur civil des Mines, 43, rue Vital,
Paris-XVI.
Pereira (Dr J. Alves), 101, rue Carlos I, Lisbonne (Portugal).
Perrier (Louis), D. M., Professeur chargé du cours d'Anthropologie
à la Faculté libre protestante, rue du Moustier, 8, Montauban
(Tarn-et-Garonne).
Perrin-Couvreur, Viticulteur, Rilly-la-Montagne (Marne).
Peyrot, D. M., Sénateur, Membre de l'Académie de Médecine, 33,
rue La Fayette, Paris-IX.
Pézard (Georges), Lieutenant au 51° d infanterie, 90, rue du Com-
merce, Paris-XV.
Philippe (L'abbé J.), Curé, Breuilpont (Eure).
Philippe (Eugène), Percepteur, rue du Faubourg-Saint-André,
Beauvais (Oise).
LISTE DES MEMBRES 21
Pigorim (Dr Louis), Directeur du Museo Preistorico, Etnografico et
Kircheriano, 26, Via Collegio Romano, Roraa (Italie).
Pinchon, D. M., Médecin aide-major de ire classe, au 2e spahis,
Bel-Abbès (Algérie).
Pirsoui. iFernand), 14, rue François- Du fer, Salzinnes, Namur (Bel-
gique).
Pistât, Bezannes, par Beims (Marne).
Plessier (L.), Ancien Président de la Société historique, 9, rue de
Lancrv, Corupiègne (Oise).
Pokrowsky (Alexandre), Professeur agrégé de l'Université de Khar-
kov, rue Technologuitcheskaja, Kharkov (Bussie).
Polak (Dr Antoine), Geska Bealka, Budéjovice, Bohème (Autriche).
Pol-Baudet, 1, rue du Moulin, Crécy-sur-Serre (Aisne .
Poulain (Georges!, Archéologue, Saint-Pierre-d'Autils(Eure .
Poutiatine Prince Paul Arsenievitch), Perspective Gresgue, 6, Saint-
Pétersbourg (Bussie).
Puech (Gh.), Ingénieur des Ponts et Chaussées, Aurillac (Cantal).
Quilgars H.), 24, rue de la Petite Cité,!Evreux (Eure).
Ramond-Gontaud, Assistant au Muséum, 18, rue Louis-Philippe,
Xeuilly-sur-Seine (Seine).
Batixet (M.), Inspecteur des Contributions indirectes, Chaumont
(Haute-Marne).
Rau Général de division, du cadre de réserve), 67, rue de Miromesnil,
Paris-VlII(Hiver), — La Prêcheuse, près Sedan (Ardennes)(Eté).
Raymond (Paul), D. M., Professeur agrégé des Facultés de médecine,
34, avenue Kléber, Paris-XVI .
Rayxaud (Georges), Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes,
6, rue Pestalozzi, Paris- V.
Beber (B.i, Conseiller municipal, Conservateur du Musée épigra-
p/u'que, 3, cour Saint-Pierre, Genève (Suisse .
Benault (Georges], Conserv. du Musée, Vendôme (Loir-et-Cheri.
Reymer (Ph.), Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne).
Riallaxd (Marcel), Pharmacien de lre cl. (V. P.), Saint-Brieuc
Côtes-du-Nord).
Bivièrb (Emile), Directeur à l'Ecole des Hautes Etudes au Collège
de France, 2, Bd. de Strasbourg, Boulogne-sur-Seine (Seine).
Bobert (A.), Directeur de Banque, Bordj-bou-Arréridj (Constan-
tine, Algérie).
Rodet (Paul), D. M., Villa Le Svastika, Boulevard de la Mantega,
Nire (Alpes-Maritimes).
Rœrich Nicolas), Directeur de l'Ecole de la Société impériale d'En-
couragement des Beau.r- Arts, 83,yioïka, St-Pétersbourg (Russie;.
22 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Rollet(H.), Président de Y Association des Naturalistes de Levallois-
Perret, 62, rue Voltaire, Levallois-Perret (Seine).
Romain (Georges), Courtier, Correspondant de l'Ecole d'Anthropo-
logie de Paris, 26, rue du Gymnase, Sainte-Adresse (Seine-
Inférieure).
Roseville des Grottes, lzestes, par Lonvic-Juzon (Basses-
Pyrénées).
Rothschild (Baron Edmond de), 41, faub. St-Honoré, Paris-VIII.
Rothschild (Baron Gustave de), 23, rue Marigny, Paris-VIII.
Rougé (Jacques), Ligueil (Indre-et-Loire).
Roussel (Georges), Négociant, Les Grandes Ventes (Seine-Infé-
rieure).
Rouxel (Georges), 58, quai Alexandre III, Cherbourg (Manche).
Rutot (A.), Conservateur du Musée Royal d'Histoire. Naturelle de
Belgique, 189, rue de la Loi, Bruxelles (Belgique).
* Saint- Venant (J. de), Inspect. des eaux et forêts, Nevers (Nièvre).
Sandars (Horace), 10H, Queen Anne's Mansions, Westminster,
London SW (Angleterre).
Santos Rocha (A. dos), avocat, Figueira da Foz (Portugal).
Sartorius-Preiswerk (F.), Arlesheim, près Bâle (Suisse).
Savoye (Me M.), Odenas (Rhône).
Schaudel (L.), Receveur principal des Douanes, 43, rue Jeanne-
d'Arc, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
ScHETELiG(Pr Haakon), Conservateur du Musée, Bergen (Norvège)
* Schleicher (Ad.), Libraire-éditeur, 8, Rue Monsieur-le-Prince
Paris-VL
Schleicher (Ch.), Palethnologue, 6, rue Rosa-Bonheur, Paris-XV.
Schmit (Emile), Pharmacien, 24, rue Saint-Jacques, Châlons-sur-
Marne (Marne).
Schmidt (F.), Ingénieur civil des Mines, 17, boulevard Haussmann,
Paris-IX.
* Schmidt (0.), 86, rue de Grenelle, Paris-VII.
Schmit (Valdemar), D. M., Professeur à l'Université, Musée natio-
nal, 12, Frederiksholm Canal, Copenhague K (Danemark).
Sellier, Archéologue, 3, rue Boule, Paris-XL
Séhillot (Charles), Publiciste, Rugles(Eure).
* Simon (E.j, avenue du Bois-de-Boulogne, 16, villa Saïd, Paris-XVI.
Siret (Louis), Ingénieur, Cuevas-de-Vera, province d'Almeria
(Espagne).
Société française des Fouilles archéologiques, 29, rue Tronchet,
Paris-VIII.
Société d'Histoire naturelle de Loir-et-Cher (Le Président de la), Blois
(Loir-et-Cher).
LISTE DES MEMBRES 23
Société d'Études des Sciences naturelles de Nimes (Le Président de
la), quai de la Fontaine, Nîmes (Gard).
Solon (L.), The Villas, Stoke-on-Trent (Angleterre!.
Sorin (Paul), 20, rue du Pont-Neuf, Paris-I.
Sodbeyran (Emile), D. M., Andeville (Oise).
Soudan (Edward), Luzy Nièvre .
Stalin (G.), 63, rue de la Préfecture, Beauvais (Oise).
Stechert, libraire, 76, rue de Rennes, Paris-VI.
Sturge (Allen), D. M., Icklingham Hall, Mildenhall, Suffolk (Angle-
terre).
Tahariès de Grandsaignes fils, 81, rue Michel-Ange, Paris-XVI.
Tailleur, Licencié es-lettres, 215, boulevard Voltaire, Paris-Xl .
Tapp, Archéologue, 57, Saint-James Street, Piccadilly, S. W. Lon-
dres (Angleterre).
Tarbé, 8, Cité d'Hauteville, Paris-X.
Taté (E.), 9 bis, rue Michel-Ange, Paris-XVI.
Taté fils (Claude;, Etudiant, 9 bis, rue Michel-Ange, Paris-XVI.
T avares de Proença junior (F.;, Castello Branco (Portugal .
Ter rade (Albert), Conducteur des Travaux au Canal du Nord,
Ercheu (Somme).
Testot-Ferry (A.), Capitaine de frégate, 48, boulevard de la Blan-
carde, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Testit (Léo), D. M., Professeur d'Anatomie à la Faculté de Mé-
decine de l'Université, 3, avenue de l'Archevêché, Lyon
(Rhône).
Theoleyre. Archéologue, 329, rue Saint-Martin, Paris-IIL
Thiot(L.), Palethnologue. Marissel, par Beauvais (Oise).
Thuret, Propriétaire, Château de Chabontière, Sers (Charente).
Trassagnac, D. M., Médecin-major de 2e classe, 4e Bataillon d'ar-
tillerie, Verdun (Meuse).
Tryon-Montalembert (Le Marquis de), 5, rue Monsieur, Paris-Vil.
Urpar (Jules), D. M., 28, rue des Arènes, Arles-sur-Rhône (Bouches-
du-Rhône).
Valerian (Isidore), 35, Boulevard de la République, à Salon (Bou-
ches-du-Rhône).
Valette (L.j, Agent voyer d'arrond., Pont-l'Evèque (Calvados;.
Vallée (Georges), Préfet honoraire, ancien Député du Pas-de-Calais,
Saint-Pol (Pas-de-Calais .
Varaldi (René), Ingénieur-chimiste, Cannes La Bocca (Alpes-Mari-
times).
\areilles (Léon), 3, rue Bonneterie, Avignon {Vaucluse).
24 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Vasseur (Gaston), Professeur de Géologie à la Faculté des sciences,
29, Boulevard d'Athènes, Marseille.
Vassy (A.), Fabricant de produits pharmaceutiques, route de Lyon,
Vienne (Isère).
Vauvillé (Q.), Archéologue, 17, rue Ghristiani, Paris-XVIII.
Vergne, D. M., Médecin-major au 12e Hussards, Gray (Haute-Saône).
Vernet (Marcel), Secrétaire-archiviste de la Section des A. -M. de la
Soc. fr. des Fouilles Archéologiques, Associé corresp. national de
la Soc. des Antiquaires de Fr., 10, rue d'Offémont, Paris-XVII.
Vésignié (Louis), Capit. d'artillerie, 2, rue de Dun, Bourges (Cher).
Vial (Albert), receveur de l'Enregistrement, Joyeuse (Ardèche).
Vial (Honoré), Propriétaire, rue de la Bépublique, 6, Le Cannet,
(Alpes-Maritimes).
Vieira (Manoel), Natividade, Alcobaça (Portugal).
Vigoureux (E.G.), Consul général de la Bépublique Argentine à
Monaco, 27, rue d'Angleterre, Nice (Alpes-Maritimes).
Villembreuil (Adrien de), 52 bis, boulev. Saint-Jacques, Paris-XlV.
Villeneuve (Chanoine L. de), Directeur du Musée Anthropologique
de Monaco, Monaco.
Viré (Armand), Docteur ès-sciences, attaché au Muséum d'Histoire
naturelle, 8, rue Lagarde, Paris-V ; — l'été, à Souillac (Lot).
Viré (Camille), Avocat, Bordj-Menaïel (Alger), Algérie.
Voinot, D. M., Haroué (Meurthe-et-Moselle).
• Volkow (Th.), Docteur ès-sciences, Musée impérial Alexandre III
(Section d'Ethnographie), Saint-Pétersbourg (Bussie).
Vouga (Paul), D. Phil., Conservateur du Musée archéologique,
Neuchâtel (Suisse).
Vredenburg (Ernest), directeur du Geological Survey of Ihdia, Cal-
cutta (Indes anglaises).
Vuarnet (Emile), archéologue, Messery (Haute-Savoie).
Weise (M"»e), o,s Avenue de La Motte-Piquet, Paris-VII.
Welter, Notaire impérial, 17, rue des Clercs, Metz (Lorraine).
Westropp (Thomas Johnson), M. A., M. B. I. A., 115, Strand Boad,
Sandymount, Dublin (Irlande).
Wiedmer-Stern (J.), Président de la Société Suisse de Préhistoire,
Directeur du Musée historique, Berne (Suisse).
Willson (Mme Selina S.), 3 Collingham Boad, Londres, SW. (An-
gleterre).
Wuhreb (MUe, M. L.), 66, rue Gay-Lussac, Paris-V.
Zaborowski (S.), Professeur à l'Ecole d'Anthropologie de Paris,
ancien Président de la Société d'Anthropologie de Paris,
18, rue des Aubépines, Thiais (Seine).
SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
»
Membres donateurs.
MM.
Prince Roland Bonaparte.
Lionel Bonnemère.
Mme Lionel Bonnemère.
Léon Coutil.
Louis Giraux.
Docteur A. Guébhard.
H. Marot.
MM.
Docteur Henri Martin.
M'De Montalent.
J. Pages- Allary.
Docteur Paul Raymond.
Baron Edmond de Rothschild.
Baron Gustave de Rothschild.
Membres a vie.
MM. G. Courty (1910).
Henri Giraox (1911).
Louis Giraux (1910).
le Dr A. Guébhard 1904 . *
Georges de Manteybr (1908).
M"" Charles-Henri Martin (1910).
Mmc Montalbnt (1910).
If. le Baron Edmond de Rothschild (1904).
Membres décédés.
Marquis de Ligneris (-{-1904).
Gillet (+1904 .
Vouga (+1904).
Marquis de Nadaillac (+1904).
Paul Nicole, ancien Vice-prési-
dent (f 1904).
Vicomte René de Montjoye
(+1905).
Bonnemère (Lionel), ancien Pré-
sident (f 1905).
Tomasi(P.)(+1906).
Alix (G.) (fl906).
Piette, Président d'Honneur
(+1906).
Ramonet (f 1906).
E. Fourdrignier, ancien l'ic.e-
président (+1907..
Dr Machelard (+1908).
F. Arnaud (+1908).
Houle (f 1908 .
V. Bogisic (f 1908).
R. de Ricard (+1908).
Lombard-Dumas (+1909 .
Dumas (Ulysse) (+1909).
Babeau (Louis) (+1909).
Pranishnikoff Ivan) (+1909).
Audéoud, Général (+1909).
Chantecler (Charles) (+1909).
Andrews (J. B.) (+ 1909).
Wavrb (William) (+ 1909).
Champagne (+ 1910).
Léon Robert (+ 1910).
Bussière (+ 1910).
Tabariès de Grandsaignes
(+1910).
MEYERiThéodore)(+1910).
Bellibr (+1910).
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
par Pays et Départements français.
I. — France.
1° Départements,
Aisne : Delvincourt. — Leloutre. —
Pol-Baudet.— Vauvillé (à Pommiers).
Allier : Moreau de Néris.
Alpes {Basses): Chaillan (L'abbé).
Alpes (Hautes) : — G. de Manteyer.
Alpes-Maritimes : Delaunay. — Chiris
(M.).— Goby(P.).— Guébhard (A.).—
Pas (Comte E. de). — P. Rodet. —
Varaldi. — Vial (H.). — Vigoureux.
A rdèche. ■ Jullien (Dr).— Vial (A ).
Ardennes : Gollaye. — Larmigny. —
Général Rau.
Aube : Bachimont.
-4ude:Courrent.— A. Kages. — Gimon.
Aveyron : Galmels.
Beltort : Lablotier.
B-du-R : Arnaud d'Agnel. — Bout de
Gharlemont. — Clastrier. — Icard. —
Joleaud. — Marin-Tabouret. — Urpar.
Valériun. — Pr Vasseur.
Calvados : PrGidon.— Leroy.— Valette.
Cantal : Bourgeade. — Pagès-Allary.
Puech.
Charente : Ghauvet. — Jarraud. —
Marchadier. — Thuret.
Charente ■-Inférieure : Atgier. — Gousset.
Cher : Vésignié (L.). — Dervieu. —
Andrieu.
Corse : C' Ferton.
Côte-d'Or: Aubert. — Bouillerot (R.).
— Boyard. — Brulard (Dr). — Go-
rot (M.). — Drioton. — Moingeon.
Côtes-du-Nord : Berthelot du Ghesnay.
— Golleu. — Harmois. — Le Goniat.
— Rialland.
Dordogne : Aublant (Gh.). — Delugin.—
P* Peyrot. — Bernard (J.). — Du-
blange. — Fleurieu (de). — Jouanel.
Doubs : Laboratoire de Géologie.
Drame : Martin (Anfos).
Eure: Barbier. — Chédeville. — Cou-
til (L.). — Desloges. — Duquesne.
— Fouquet. — Huguenel. — Philippe
(L'abbé). — Poulain. — Sibillot.
Eure-et-Loir : Jousset de Bellesme.
Finistère : Bertheau. — Delaporte. —
Du Chatellier. — Guenin.
Gard : Bascoul. — Bourrilly. — Du-
cerf. — Dumas (Mej. — Féraud. —
Granet. — Hugues. — Perner. —
P. Raymond. — Soc. Se. Nat. Nîmes.
Garonne (Haute-) : E. Cartailhac.
Gers.-Mazéret.
Gironde .Conil. — Conilh de Beyssac. —
Daleau. — Duplessis-Foucaud. —
Harlé. — Lai a nue-
Hérault : Baquié. — Cazalis de Fon-
douce. — Marignan. — Miquel.
Ille-et- Vilaine : Aubrée. — Lacoulou-
Indre-et- Loire : Barreau. — Chaumier.
— Dubreuil-Chambardel. — Gau-
richon. — Rougé.
Isère : Jacquot. — Mùller. — Vassy.
Jura : Feuvrier. — Girardol.
Landes : Dubalen (E.). — Letailleur. —
Lorrin.
Loire : Déchelelte.
Loiret : Bourlon. — (^loutrier.
Loir-et-Cher : Clément. — Houssay. —
Renault. — Soc. d'Hisl. nat'. de
Blois.
Loire-Inférieure : Quilgars (H.).
Lot : Malga. — Viré (Armand).
Maine-et-Loire: Blavier.— Desmazières.
— Fiévé. — Mennetrier
Manche : Rouxel. — Crova (Mm<>). —
Grova.
Marne : Audéoud. — Bosteaux-Paris.
— Chance. — Gardez. — Guelliot. —
Guillaume. — Heuzé. — Lemoine. —
Meurisse. — Pécbadre, — Pcrrln-
Couvreur. —Pistât. — Schmil (E.).
Marne (Haute-) : Ratinet.
Meurthe-et-Moselle : Beaupré (Cte J).—
Goury(G.).— Laprévote. — Martz. —
Noël.— de Novital. — Schaudel (L.).
— Voinot.
Meuse : Evrard. — Lènez. — Paul (Mc).
Paul (F.). — Trassagnac.
Morbihan : Aveneau de la Grancière. —
Ducourtioux .
Nièvre : Delort. — Desibrges.— Saint-
Venant (de). —Soudan.
Nord : Mollandin.
Oise: Baudon. — Baorain. — Boulet.
— Boutanquoi. —Denis.— Denoyel-
le. — Hongre. — Lamotte. — Léger. —
Patte. — Philippe. — Plessier. —
Soubeyran. — Stalin. — Thiot.
! Orne: Foucault. - lloramey.
; Pas-de-Calais : Benoisl. —Collet (A.).
— Dharvent. — Ovion. — Vallée.
! Puy-de-Dôme : Aymar. — Charvilhat
(G.).
Pyrénées (Basses-) : Roseville des Grot-
tes.
Rhône: Chantre (E.). —Gaillard. —
' Jarricot. — Savoye (M'). — Testul
! (Léo).
! Saône-el- Loire : Berthier (V.). — Fran-
çois. — Gadant. — Grillet. — Guilloi.
— Lal'ay. — Lissajous (M.). — Mar-
lol. — Menand.
; Saône (Haute-): Casser. — Vergne.
I Sarthe : Aubin. — Gartereau. —
Leroy (G.).
; Savoie ': Blanc (Baron A.).
I Savoie (Haute-) : L.Duvaux. — Marc
I LeRoux. — Vuarnet.
LISTE DES MEMBRES
81
Seine. Paris : Ballet. — P. Baud. —
Baudouin (M.). — Bertin. — Bloch.
— Bonaparte (Prince). — Bonnet. —
Bougault (Alfred). — Bougault
(Louis). — Breuil. — Brice-Cardot
(Me). — Brochet. — Camichel. —
Camps (M""). — Camus (L.). — Can-
calon. — Cantacuzène (Prince G.).
— Canns. — Cathelin (Dr). — Césa-
rio (J.). — Chapelet. — Chervin. —
Chevallier. — Clair (L.). — Courty.
— Delamare. — Deloncle. — Denier.
— Desailly. — Devrolle. — Devrnlle
(les fils d'Em.)- Dollot. — Fessard.
— Fleurieu (Cte de). — Fougerat. —
Fouju. — Fouquet. — Gaudelette. —
Girardot. — H. Giraux. — Givenchy
(de). — Guébhard (A.). — Gorey.
— Guéneau. — Guichard.— Guilloh.
— Guimet. — Hamonic. — Hanotaux
'G.) — Hébert. — Henriot. — Hue. —
Huret. — Imbert. — Jullian (C. —
Kreutzer. — Lecomtedu Noiiy. — Le
Maire. — Le Pileur. — Loubère de
Longpré (M"e). — Luppé (M"e de).—
Maire. — Marmottan. — Marot. —
Martel. — Martin (Bernard). — Mar-
tin M« Ch. H.). - Martin (H.). —
Maucourt. — Maudemain. — Me Mau-
talent. — Miguet. — Morin Jean. —
Morisson |Dr). — Mortillet (A. de). —
Mortillet(P. de).— Naulin. — Nobis.
— Paniagua (de). — Pans (F.). —
Passemard. — Pellegrin. — Peyrot.
— Pézard. — Rau. — Raymond. —
Raynaud. — Rothschild (E. de). —
Rothschild (G. de). — Schleicher
(Ad.) — Schleicher (Ch.).— Schmidt
(F.). — Schmidt(0.). — Sellier. —
Simon (E.). — Société française des
Fouilles Archéologiques. — Sorin (P.).
Stéchert. — Tabanès de Grandsai-
gnes fils. — Tailleur. — Tarbé. —
Taté. — Taté fils. — Théoleyre. —
de Tryon-Montalembert. — Vauvil-
lé. — Vernet.— A. de Villemereuil.
— Viré (Armand .— Weise (M*)- —
Wiihrer (Mu«).
Seine. Dép : Cazenave. — Dramard.
— Gaillot. — Gillet. — Giraux (L.).
— Heuzé. — Langlassé. — Mous-
son-Lanauze. — Neveu (R.). — Ra-
mond-Gontaud.— E. Rivière.— Rol-
let . — Zaborowski.
Seine-et-Marne ; Biiziu. — Bellier. —
Berthiaux (S.). — Dalmoc. — Doi-
gneau. — Durand. — Ede. — Mar-
magne. — Massé. — Reynier.
Seine-el-Gise : Atgier. — Bossavv. —
Colas. E. — Douet. — Graff —
Frappier. — Leprince ( W1') — Létien-
ne. — Mallet. (A.).
Seine- Inférieure: Bachelay (E.).— Bras-
seur. — Cahen (A.). — Costa de
Beauregard.— Deglatigny.— Dubus.
Dupontï — Gadeau de Kerville. —
Le Marchand. — Lemesnil. — Morel.
— Romain.
Sojnme : Boulanger. — Commont. —
Morgand(D').— Terrade.
Tara : Camichel.
Tam-et-Garonne : Alibert.— E. Garris-
son. — Perrier.
\'ar: Bonnaud.— Bottin.— Bossavy(L.).
— Dauphin (L.). — Moulin. — Tes-
tot-Ferry.
Vaucluse : Barthélémv. — (bassin (P.).
— Chatelet (C). — Cotte. — Deydier.
— Lazard (F). — Malaussènê. —
Martel. — Moirenc. — Nerson. —
Vareilles.
Vendée : Baudouin (Marcel). — Lacou-
loumère.
Vienne : Gobillot.
Vienne (Hte) : Imbert (M.).— Masfrand.
Yonne: H. Brice.— Tryou-Montalem-
bert (de).
B.
2° Colonies
M.
Alger [Dép.) : Flamand ^G
Viré (Camille).
Constantine (Dép.) : Joleaud (L.)
Lévistre L.). — Robert ( A.).j
Oran (Dép.): Pallary. — Pinchon.
H.
Allemagne : Bezzenberger. — Haake.
— Klaatsch (Pr). — Kossinna (P'.).
Alsace-Lorraine: Forrer. — Fuchs. —
Kessler. — Matthis. — Welter.
Angleterre : Anthropological Institute. —
V. Dickins. — Dymond. — Gardner.
— Lewis. — Solôn. — Sandars. —
Sturge (Allen). — Tapp. — Willson
(M"»* S.S.V
Autriche (Bohème) : Polàk (Dr A.).
Belgique : Van den Broeck.— Dabadie.
— Exsteens. — Gilbert. — Jacques
(D'1. — Musées Royaux.— Pirsoul(F.).
— Rutol.
Calédonie (Nouvelle-): M. Archambault.
Haut-Sénégal-Niger : Guébhard (Paul).
Côte-d Ivoire : Guébhard (R.).
Tunisie : Bertholon. — Espina. —
Fleury. — Fobis. — Gobert (D').
Etranger.
Canada : Bénard (Paul).
Danemark : Schmidt (Valdemar).
Ecosse : R. Munro.
Espagne : Siret.
Etats-Unis : Peabody. — Mac Curdy.
Hongrie : Louis de Mârton.
Jndes anglaises : Vredenburg.
Irlande : Westropp.
Grèce : P' Karo.
Italie : E. E. Berry. — Bellucci (J.). —
Macry-Correale. — Mann. — Pel-
lati. — Pigorini.
Monaco : Vigoureux. — Villeneuve
(Chanoine de).
28 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Norvège : Schetelig (Pr H.).
Perse: Lieut. Pézard.
Portugal : Fortes (J.). — Pereira (J.
Alves). — A. dos Santos-Rocha. —
Tavarès de Proença junior. — Viei-
ra.
République Argentine : Dellino. —
Pr Lenmann-Nitsche.
Russie : Gorodzow. — Pavlow (Pr). —
Pokrowsky. — Poutiatine (Prince).—
Rœrich. — Volkow.
Suède : Almgren (D' 0.). — K. V. H. n.
A. Akademien.
Suisse : Bellefontaine (A. de).— Forel.
— Hauser. — Heierli.— Mûlinen(C"
de). — Reber. — Sartorius-Preiswek.
— Vouga. — Wiedmer-Stern.
Uruguay : Museo nacional.
Commission des Monuments Mégalithiques (1911).
Sur la proposition du Conseil d'Administration, en 1909, il a été créé
une Commission des Monuments Mégalithiques, chargée de centra-
liser tous les documents et d'étudier toutes les questions posées au
sujet de ces vestiges préhistoriques.
Ont été nommés membres de cette Commission, en dehors du Pré-
sident, du Secrétaire général, du Secrétaire et du Trésorier, Faisant
partie de droit des Grandes Commissions : MM. E. Rivière, A. de
Mortillet, D" Baudon, H. Martin, A. Guébhard, anciens présidents;
MM. A. Viré, E. Hue et Atgier, anciens vice-présidents; MM. Imhert
et L. Giraux.
Par suite, la Commission est composée, en totalité, pour 1911, des
personnalités suivantes : Dr Atgier, Dr Baudon, Dr Marcel Bau-
douin, L. Coutil, Fouju, L. Giraux, Gillet, P. de Givenchy,
Dr A. Guébhard, Marcel Imbert, E. Hue, Dr Henri Martin,
A. de Mortillet, E. Rivière, A. Viré.
Délégués départementaux de la Société.
Aublant (Dordogne). — Dr Marcel Baudouin (Vendée). — Baudon
(Oise)-. — J. Beaupré (Meurthe-et-Moselle). — Cazalis de Fondouce
(Hérault). — L. Coutil (Eure). — Doigneau (Seine-et-Marne). —
Ducourtioux (Morbihan). — Dr A. Guébhard (Alpes-Maritimes). —
L. Schaudel (Savoie).
Liste des Présidents de la Société.
1904. — Emile RIVIÈRE, Président fondateur.
1905. — f Lionel BONNEMÈRE.
1906. — Adrien de MORTILLET, Président d'Honneur.
1907. — Dr BALLET, ancien Médecin militaire.
1908. — Dr BAUDON, Député de l'Oise.
1909. — Dr A. GUÉBHARD, Professeur agrégé de la Faculté
de Médecine de Paris.
1910. — Dr H. MARTIN, ancien Secrétaire de la Société.
1911. — L. COUTIL, ancien Vice-président de la Société.
AVIS DIVERS
Les Membres, prenant part aux discussions, sont ■ priés de
remettre au Secrétariat une noie, avant la fin de la Séance
(Art. 10. du Régi.).
Par Décision ministérielle du W mars 1907 [n° 5449], les
Militaires sont autorisés à faire partie de la Société préhistorique
Française ; mais ils ne peuvent y remplir aucune fonction d'admi-
nistration ou de direction.
SÉANCE DU 26 JANVIER 191 I
Présidenoe de M le Dr Henri MARTIN.
I. — ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE 1910.
Conformément aux articles IV et VII des Statuts, votés le 24 no-
vembre 1910. l'Assemblée générale annuelle des Membres delà Société
Préhistorique Française a eu lieu le jeudi 26 janvier 1911, à 3 heures 1/2,
à la Sorbonne, Amphithéâtre Edgart-Quinet, rue des Ecoles.
L'ordre du jour était le suivant :
1° Rapport sur la Situation morale de la Société et la gestion du Con-
seil d'Administration ;
2° Approbation des diverses Acquisitions de Mégalithes, faites pen-
dant l'année 1910 (Art. XI des Statuts);
3° Rapport sur la situation financière. — Approbation des comptes
des exercices clos (1909 et 1910). — Vote du Budget pour 1911 ;
4° Election pour le renouvellement du Conseil d'administration (CINQ
membres, à nommer pour trois ans).
La séance est ouverte à 3 heures et demie. Les membres qui assis-
tent a la séance, s'inscrivent sur la liste de présence.
M. le Président donne la parole à M. le Secrétaire général.
M. le Secrétaire général dépose sur le bureau les bulletins de
vote, qu'il a reçus pour le vote par correspondance.
On procède alors au tirage au sort de deux personnes, chargées du
dépouillement des votes par correspondance, et de deux scrutateurs.
Les noms de MM. Chapelet, Franchet, Ballet et Tailleur, sortent
de l'urne.
Le Scrutin est ouvert à 3 heures trois quart.
M. le Secrétaire général donne alors lecture de son Rapport sur
l'exercice 1910.
30 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Rapport de M. le Secrétaire général sur la Situation mo-
rale et la gestion du Conseil d'Administration, en 1910,
de la Société Préhistorique Française.
Mes chers Collègues,
Au nom du Conseil d'Administration de la Société préhistorique
française, j'ai l'honneur de vous soumettre le Rapport sur la Situation
morale, actuelle, de notre Compagnie et la gestion, pour l'année écoulée
(1910), de votre Conseil, rapport qu'exigent la loi et nos nouveaux sta-
tuts [Art. VIII].
La situation morale de la Société préhistorique française, fin 1910,
Messieurs, n'a jamais — on peut le dire sans crainte ! — été aussi bril-
lante. Je ne sais si ce résultat est l'œuvre de telles ou telles personna-
lités de votre Conseil ; mais il est si évident qu'il saute aux yeux des
plus prévenus. Il est de plus si éclatant que la grande Presse elle-même,
ces jours derniers, a été obligée de le proclamer, — parfois à son
corps défendant ! — par exemple quand il lui a fallu annoncer au public
la création du Prince de Monaco [V Institut international de Paléontologie
humaine, reconnu d'utilité publique après un mois à peine de vie em-
bryonnaire), et celle du Laboratoire cl' Anthropologie du Muséum d'His-
toire Naturelle de Paris [L Institut français d Anthropologie).
A mon sens — et mon devoir est d'insister — l'œuvre, si remarquable
et si féconde en résultats pratiques, accomplie cette année 1910, est
surtout due à notre éminent Président, M. le Dr Henri Martin, dont les
qualités d'homme d'action avisé, et d'énergie réfléchie, ont pu se faire
jour, à cette occasion, d'une façon si intense; à notre si sympathique
collègue, dont le nom est synonyme de patriotisme éclairé, de science
la plus pure, et de parisienne courtoisie.
Nous avons évidemment, Messieurs, bien travaillé depuis douze
mois. — Chacun le sait; mais je dois l'affirmer ici, devant vous, au nom
de tous.
Reconnaissance d'Utilité publique. — Nous avons, d'abord, obtenu la
Reconnaissance d'Utilité publique, par Décret présidentiel du
28 juillet 1910, après l'avoir vigoureusement demandée en 1909. Deux
des nôtres surtout ont mené à bien cette difficile entreprise, exigeant
une diplomatie de haute envergure et une volonté tenace ; j'ajoute
au-dessus de la moyenne ! Ces hommes sont M. le Dr H. Martin, notre
Président de 1910, et M. le Dr Adrien Guébhard, notre Président de
l'an passé. Eux seuls ont été à la peine; eux seuls ont porté au Conseil
d'Etat les gros livres qui chargent tant la fillette de ce dessin allégo-
rique, que vous connaissez bien (puisqu'il a été publié dans notre Bul-
letin de novembre) ; eux seuls pouvaient faire comprendre, en raison
de leur nom et de leurs titres scientifiques, au Tribunal suprême, l'in-
térêt, si manifeste pourtant, de notre cause, pour l'honneur et l'avenir
de la Science française. Ils ont triomphé, dans les conditions les plus
délicates et les plus osées, quoiqu'un peu ignorées, malgré notre
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQIJF FRANÇAISE 31
pauvreté et notre jeunesse. Honneur à eux ! Nos petits neveux, qui
célébreront un jour, dans quelque vingt ans, ce joyeux anniversaire,
rediront certainement alors à la France, trop souvent oublieuse, les
noms de Henri Martin et d'Adrien Guébhard.
Nous avons dû transformer notre titre, et devenir la Société pré-
historique française... Chacun avait compris, comme je l'ai dit au Con-
grès de Tours, que nous n'avions pas l'intention de faire concurrence
àl'Institut de France... Il n'y avait qu'un ennemi-né pour s'en étonner !
Bien entendu, votre Conseil a accompli d'urgence toutes les forma-
lités nécessitées par ce changement dans notre régime [Modification des
Statuts dans l'Assemblée générale du 23 novembre dernier; change-
ment obligatoire de nom; déclarations indispensables, etc.).
Fête. — Il a même été plus loin et a cru devoir faire part au grand
public de notre succès, uniquement dans le but d'intéresser la masse
à vos recherches, à vos fouilles, à vos travaux. Il a songé à une Fête,
d'ordre préhistorique. L'occasion était unique : il fallait en profiter ! —
Le succès a d'ailleurs couronné ce bel et si original exploit.
Là encore, notre Président a fait ses preuves d'organisateur émérite,
d'homme de gouvernement, sachant prendre à temps les détermina-
tions nécessaires, et surtout arriver à l'heure, grâce à un travail
acharné. Il a été soutenu, dans sa tâche de metteur en scène, par une
personne qu on ne me pardonnerait pas ici de nommer, quoique nous
ne soyons pas à l'Académie; mais à laquelle personne ne peut m'empê-
cher de songer en ce jour solennel. Je la remercie, à la manière des
muets, c'est-à-dire du fond d'un cœur que j'ai toujours placé dans mon
cerveau en raison de mes notions physiologiques, mais qui, je n'ai pas
à le cacher, ne lui en restera pas moins toujours profondément recon-
naissant, en votre nom, d'un dévouement si exceptionnnel à la Société
préhistorique française !
En cette circonstance, je n'aurais garde non plus d'oublier le véri-
table artiste qu'est notre Président d'honneur, M. le Pr Adrien de
Mortillet. Il a animé, — sans parler de ses lyriques envolées sur les
beautés qui nous sont chères, — d'un souffle vraiment antique nos ta-
bleaux des Civilisations passées, composés avec autant de sentiment
artistique que de compétence technique. Ceux-là seuls ont pu les criti-
quer, qui croient encore que l'Art est né exclusivement en Orient...
Cette Fête, grâce à une souscription particulière, organisée avec
toute la discrétion désirable, n'a d'ailleurs rien coûtée à la caisse de la
Société : ce qui est un résultat fort appréciable.
Dons. — Je n'ai pas à insister sur les dons en espèces, reçus par
notre Association, immédiatement après sa reconnaissance d'Utilité
publique. On en irouvera l'indication précise dans le rapport de M. le
Trésorier. — Mais, en votre nom, Messieurs, je m'empresse d'adresser,
en bloc, à tous les donateurs, l'expression chaleureuse de votre éter-
nelle reconnaissance.
Projet de Loi sur les Fouilles. — Vous vous rappelez qu'en octobre
dernier fut déposé, à la Chambre des Députés, un Projet de Loi relatif aux
Fouilles préhistoriques ! Dès que l'on eut connaissance de ce texte extraor-
dinaire, ne tenant compte ni de la Propriété privée, ni de la Propriété
scientifique, ni surtout de la Liberté de la Pensée (cette conquête mer-
veilleuse de la Révolution), — sans parler icide son côté international,
comme si la Science avait une patrie ! — ce fut un toile général parmi
32 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
nos confrères ! Votre Conseil d'Administration crut de son devoir d'or-
ganiser immédiatement — sans attendre une nouvelle Assemblée générale
inutile, quoi qu'on en ait écrit, — une lutte sans merci contre une pa-
reille réglementation; il lit le nécessaire pour obtenir la prise en con-
sidération d'un nouveau Projet de loi, destiné à remplacer celui de 1887.
A l'heure présente, cette campagne, admirablement menée par votre
infatigable Président, semble avoir abouti, puisque la Tribune de la
Chambre des Députés persiste à ignorer le projet du Gouvernement !
Mais, ne nous endormons pas sur nos lauriers. Continuons à veiller.
L'ennemi, grimpé sur une Revue comme sur une Rossinante, pourrait
vouloir passer encore, dès qu'il croira s'apercevoir que la sentinelle
s'est laissée aller à un repos, bien mérité pourtant !
En dehors de ces travaux, sinon d'Hercule, du moins exceptionnels,
qui, certainement, ne se renouvelleront pas, votre Conseil d'Adminis-
tration a rempli, comme d'ordinaire, sa besogne accoutumée.
Congrès de 1910. — Il a mené à bien, grâce au dévouement de
M. le Dr Ballet, l'organisation du VIe Congrès préhistorique de France,
à Tours, au mois d'août dernier. — Cette réunion décentralisatrice a
obtenu le même succès que les sessions précédentes. On y a, non sans
peine, il est vrai, réussi un tour de force : une excursion de plus de
200 kilomètres, dans la Touraine du Sud-Est, en voitures automobiles,
sans incident digne de remarque. Votre Conseil s'en honore, car on a
ainsi pu montrer aux Savants étrangers ce que fut jadis, au cœur de la
France, la magnifique région industrielle du Grand-Pressigny, le Creu-
sotde l'Europe néolithique!
Cette randonnée a certainement bien complétée la magnifique Expo-
sition du Préhistorique local, c'est-à-dire des Silex du Grand-Pressigny,
mise sur pied avec tant de désintéressement par M. le DrE. Chaumier
et le Comité local, de Tours.
Au point de vue purement scientifique, ce Congrès grâce au zèle si
agissant de votre Vice-Président, M. Ed. Hue, a obtenu un résultat
très digne de remarque, avec sa vaste enquête sur la Distribution géo-
graphique de l'Industrie de la pierre taillée dans ce centre unique !
Vous le constaterez, en consultant le Volume.
Fouilles. — Grâce à la générosité de l'A. F. A. S. et de M. A. Gué-
bhard, la Société cette année, a pu terminer la fouille et la restauration
de la Grotte sépulcrale de Vendrest, sa propriété ; exécuter des recher-
ches productives dans une région signalée par M. Ph. Reynier et y
découvrir une Nécropole gallo-romaine à incinération, du IIe ou IIIe siè-
cle après J.-C. ; encourager de nombreux fouilleurs dans la Manche,
le Loir-et-Cher, la Corrèze, etc. — Toutes les pièces, découvertes au
cours de ces travaux sur le terrain, sont actuellement déposées dans un
Magasin spécial, que nous avons loué, en 1910, à cet effet. — Il ne reste
plus qu'àlpublier la relation de ces trouvailles, constituées par une
grande quantité d'ossements de sujets néolithiques, et de débris gallo-
romains ou autres.
Achats de Mégalithes. — L'année 1910 a permis Y achat, dans d'excel-
lentes conditions, de plusieurs Monuments mégalithiques intéressants.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 33
a) Nous avons d'abord régularisé des acquisitions anciennes de terrain,
pour nous permettre d'obtenir, à Vendrest, aux alentours de la Grotte
artificielle de Belleville, un espace suffisant, capable de la protéger et
de l'isoler des propriétés voisines. La Société a désormais là une sorte
de Parc, où elle pourra déposer les gros blocs mégalithiques transpor-
tables, qui lui seront offerts.- Ce Parc préhistorique, d'un nouveau
genre, véritable Musée de plein air, entourant la belle Sépulture néoli-
thique restaurée que vous connaissez, renferme déjà d'ailleurs un Polis-
soir, offert par notre secrétaire, M. P. de Givenchy.
b) Puis, nous avons acheté le Dolmen de la Pierre Levée, à Janville-
sur-Juisne (Seine-et Oise), et le Dolmen de Charnissay, en Indre-et-
Loir, grâce à un don spécial de M. le Dr H. Martin, notre Président.
c) Enfin un Menhir, Y Homme de Pierre, a pu être acquis, à Pertuis
iVaucluse), pour une somme minime section B, n° 1334],
Je vous demande. Messieurs, comme l'exige l'article IX de nos Sta-
tuts, de vouloir bien approuver toutes ces Acquisitions, réalisées d'ur-
gence par votre Conseil d'Administration, pour ne pas manquer l'occa-
sion favorable !
J'en rapproche, pour terminer ce sujet, le don du Polissoir de Sézan-
nes, près de Port-à-Binson (Marne), dû, en octobre 1910, à notre si dé-
voué collègue, M. H. Marot.
Bulletin. — Notre Bulletin a pris une extension encore inconnue.
Il comprend, cette année, (584 pages (au lieu de 528 en 1908, et 548 en
1909j, soit une différence de 140 pages ! C'est la résultante de dons géné-
reux, et de plus nombreuses planches hors texte, parmi lesquelles je
dois signaler la belle planche en couleurs de M. P. de Givenchy.
Cela est, surtout, la conséquence de la publication de deux numéros
pendant les mois d'août et de septembre : ce que l'état de nos finances
ne nous avait pas permis jusqu'à présent.
Commission des Enceintes. — En 1910, la Commission des Enceintes,
présidée par M. A. Viré, Directeur du Laboratoire de Biologie souter-
raine au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, a continué à fonctionner
avec le même succès que les années précédentes. M. A. Guébhard,
d'ailleurs, ne s'est pas un instant ralenti dans son zèle. On voudrait
partout des soldats de cette vaillance, obligeant les généraux à ne jamais
prendre haleine, même dans les Camps les mieux fortifiés !
Badiation. — Un pénible devoir m'oblige à vous annoncer, enfin,
qu'une radiation de membre titulaire, celle de M. Pény, dit Hirmenech,
a dû être prononcée cette année, d'abord par le Conseil d'Administra-
tion, puis par l'Assemblée générale extraordinaire du 23 novembre 1910.
J'ose croire que ce sera à la fois la première et la dernière application
de l'article III de nos Statuts.
Projets d'avenir. — Nous allons, en 1911, essayer d'organiser notre
Bibliothèque, toujours inutilisable, faute de local suffisant; et notre
Musée de Diapositives, qui existe déjà, grâce à plusieurs de nos collè-
gues.
Nous avons surtout à mener à bien le VIIe Congrès préhistorique de
France, qui aura lieu, à Nîmes, du G au 12 août 1911, dans une région
SOCIÉTÉ P RÉ U1STOKIQCE 'FRANÇAISE. 3
34 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
qui joua un si grand rôle lors de l'arrivée des civilisations grecque et
romaine en Gaule.
Si, par malheur une nouvelle législation sur les fouilles intervenait et
était telle qu'elle nous obligeât à nous défendre, c'est alors qu'il faudrait
songer au Syndicat professionnel des Préhistoriens, dont je vous ai en-
tretenu l'an dernier. Avec un organisme de ce genre, les Pouvoirs pu-
blics seraient obligés de tenir plus de compte de nos justes doléances;
mais il est prématuré d'insister aujourd'hui sur ce point, puisque rien
n'est encore changé à l'état de choses ancien!
L'an dernier , je vous parlais de divers projets d'avenir qui me hantaient.
Ces idées sont toujours dans l'air, puisque l'une d'elles vient d'être réa-
lisée, à Paris, sous le nom d'Institut international de Paléontologie humai-
ne, par un Mécène scientifique dont nous nepouvonsqu'admirerlapuis-
sance financière et la belle initiative. Mais on me permettra bien de remar-
quer que cette Idée est uniquement sortie de notre propre milieu, et
que mes autres propositions restent à mettre à exécution. Souhaitons
que d'autres Princes, de Cour ou de Finances, à l'esprit encore plus
ouvert et à la bourse encore mieux garnie, permettent à des Savants
de fonder des Laboratoires de Recherches sur le terrain dans le Centre
et dans l'Ouest de la France, où gisent des mines inépuisables, et où
des découvertes sensationnelles sont encore à réaliser et peuvent être
faites. Ces organismes sont indispensables à l'instruction des jeunes
élèves en Préhistoire, qui, plus heureux que nous, auront ainsi devant
eux d'admirablese moyens d'étude praitque et d'instruction générale.
Vous voyez combien nous avons encore à faire œuvre de propagan-
distes, pour que nos seuls desiderata actuels arrivent, peu à peu, à réa-
lisation. Mais qu'est-ce cela, auprès de ce que demain et après demain
nous engageront ou nous contraindrontàtenter, pour ne pas faillir à notre
rôle de lanceurs d'idées et de chefs de file de la Science qui vous est
chère !
Messieurs et chers Collègues,
A l'heure présente, la Société préhistorique française compte près
de Cinq cents Membres; exactement 494! Or, au début de l'année 1910.
nous n'étions que 418 ! Le Conseil d'Etat, en nous reconnaissant d'Uti-
lité publique, a donc fait une œuvre efficace, qui a porté déjà ses fruits,
puisqu'elles nous a permis encore d'augmenter notre effectif dans des
proportions très notables : près de cent adhésions (99), au lieu des cin-
quante de l'année précédente ! Mais les effets bienfaisants de cette me-
sure si justifiée se feront mieux sentir encore dans l'avenir, car les dons
ne peuvent désormais manquer de nous arriver, sous forme, soit d'es-
pèces, soit surtout de Monuments préhistoriques. Profitez, mes chers Col-
lègues, de cette situation nouvelle. Autour de vous foisonnent les dol-
mens, les menhirs, les stations préhistoriques, les grottes, etc. ? Sauvez-
les, en les faisant donner à notre Société, qui, seule, est déjà outillée
pour les protéger, les défendre, les conserver, et les mettre en valeur,
au point de vue scientifique et social. Il vaut beaucoup mieux, en eflet,
et il est plus scientifique de conserver sur place les Mégalithes,
que de les transporter dans des Musées!
Joignez vos efforts personnels à ceux de votre Conseil d'Adminis-
tration, qui, l'an passé, a fait ses preuves et même davantage ! Et notre
SOCIÉTÉ PRÉI1IST01UQUE FRANÇAISE 35
succès, encore plus resplendissant, montrera que la Société préhistorique
française est digne de ses aînées. Avec ses fondations aujourd'hui soli-
dement établies sur le roc, c'est une institution destinée à durer. C'est
une œuvre scientifique, patriotique et sociale, qui défie désormais toutes
les concurrences !
M. le Président met aux voix l'adoption du rapport de M. le Secré-
taire général. — Le rapport est adopté à l'unanimité, sans aucune
observation [Vifs applaudissements].
M. le Président met ensuite successivement aux voix l'approbation
des Acquisition de Mégalithes, faites d'urgence, pendant l'année 1910,
par le Conseil d'administration (Art. IX des statuts).
En conséquence, la ratification des achats suivants est demandée :
1° Des Terrains voisins de la Sépulture néolithique de Vendrest (Seine-et-Marne).
2" Du Dolmen de Janville-sur-J uisne (Seine-et-Oise).
3» Du Dolmen de Charnissay (Indre-et-Loire).
4° Du Menhir de L\ Homme de pierre », à Pertuis (Vaucluse).
Toutes ces acquisitions sont approuvées à l'unanimité.
M. le Président donne la parole à M. le Trésorier pour la lecture
de ses rapports.
M. le Trésorier lit, d'abord, son rapport sur YExercice 1909, non
encore approuvé.
Rapport du Trésorier sur l'exercice
de l'année 1909.
Messieurs et chers Collègues,
Conformément à nos Statuts, j'ai l'honneur de vous présenter les
comptes de la Société Préhistorique de France pour l'année 1909,
comptes qui ont été approuvés par votre Conseil dans sa dernière
séance.
I. — Recettes. ,
1° En caisse, au 1er janvier 1909 2.275 80
2° Cotisations. — 407 cotisations de membres actifs, à 12 fr 4.884 »
3° Encaissements divers. — Versements de trois membres
donateurs 300 »
Arrérages de rentes 110 »
Souscription du Ministère à 25 bulletins 270 »
Remboursements de clichés, de tirages et de papier... 166 15
Annonces ,.. ., 20 »
Ventes de Bulletins et de fiches . 715 50
1.581 65
4° Caisses de fouilles. — Versements divers ... 362 »
Total des Recettes 9.103 45
36 SOCIÉTK PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
II. — DÉPENSES.
1' Bulletin. —Frais d'impression 3.079 15
Frais de clichés 311 70
3.390 85
2° Frais Généraux. — Imprimés divers 105 40
Impôts du dolmen 0 30
Papier à lettres 40 »
Location et frais de salles 80 *>
Frais de souscription 20 »
Frais du Secrétariat Général 80 »
Frais du Trésorier 256 75
582 45
3* Frais extraordinaires. — Frais pour le Banquet de la Société Pré-
historique de France 135 40
4° Caisse de fouilles. — Frais d'achat et de fouilles du dolmen de
Vendrest 405 20
Total des Dépenses 4.513 90
III. — Récapitulation.
Recettes ., 9.103 45
Dépenses 4.513 90
Solde en Caisse 4 .589 55
Ce solde se décompose ainsi :
Caisse ordinaire 4.492 75
Caisse de fouilles 96 80
Total égal 4.589 55
Au 31 décembre 1909, l'actif de la Société Préhistorique de France
est de 8017 francs, ainsi constitué :
Espèces en caisse ; '. 4.589 55
110 fr. de rente 3e/„ (au cours d'achat) 3.427 45
Total de l'Actif. 8.017 »
Certifié conforme : le Trésorier,
L. GlRAUX.
M. le Président met aux voix l'approbation du Rapport sur l'exercice
financier de 1909. — Il est approuvé à l'unanimité.
M. le Trésorier lit son second Rapport sur l'exercice financier de
1910.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 37
Rapport du Trésorier sur l'exercice
de l'année 1910.
Messieurs et chers Collègues,
Conformément à nos Statuts, j'ai l'honneur de vous présenter les
comptes de la Société Préhistorique Française pour l'année 1910, comp-
tes qui ont été approuvés par votre Conseil dans sa dernière séance.
I. — Recettes.
1° En caisse, au 1" janvier 1910 4.589 55
2» Cotisations. — 460 cotisations à 12 fr 5.520 »
4 cotisations rachetées 800 »
5 cotisations à recouvrer :,'fr. 60 (pour mémoire) 6.320 »
3° Encaissements divers. — Versements de trois mem-
bres donateurs 460 »
Arrérages de rentes 110 »
Souscription du Ministère à 25 bulletins 270 »
Remboursements de clichés et de tirages 422 25
Ventes de Bulletins 77 50
1.339 75
4* Recettes extraordinaires. — Produit de la souscription
pour la Fête 740 »
o° Caisse de fouilles. — Versement 100 »
Total des Recettes 13.089 ?0
II. — DÉPENSES.
1° Bulletin. — Frais d'impression 4.06155
Frais de clichés 174 85
4.236 40
2° Frais Généraux. — Imprimés divers 39 »
Impôts du dolmen 0 20
Location et frais de salles 80 >»
Local de la rue de Jussieu 126 80
Sous cription 20 »
Frais du secrétaire 60 »
Frais du secrétariat général 92 »
Frais du trésorier 201 25
619 25
3° Frais extraordinaires. — Souscription au Monument
Bordier 20 »
Dépenses pour la Fête 740 »
760 »
4' Caisse de Fouilles. —Frais d'achat de monuments.... 130 15
Total des Dépenses 5.745 80
38 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. — RÉCAPITULATION.
Recettes . 13.089.30
Dépenses 5.745 80
Solde en Caisse 7.343 50
Ce solde se décompose ainsi :
Caisse ordinaire 7.276 85
Caisse de fouilles 66 65
Total égal 7.343 50
isi:
Au 31 décembre 1910, l'actif de la Société Préhistorique Françai
est de 10.770 fr. 95, ainsi constitué :
Espèces encaisse .7.343 50
110 fr. de rente 3% (au cours d'achat) 3.427 45
Total de l'actif 10.770 95
Certifié conforme : le Trésorier,
L. GlRAUX.
M. le Président met aux voix l'approbation du Rapport sur l'exer-
cice financier de 1910. — Ce rapport est approuvé à l'unanimité.
M. le Trésorier lit enfin le Projet de Budget pour 1911, conformé-
ment à la loi.
Projet de Budget pour 1911.
I. — Recettes.
470 cotisations à 12 francs 5.640 »
Arrérages de rentes 110 »
Souscription du Ministère à 25 Bulletins 270 »
Total des Recettes 6.020 »
II. — Dépenses.
Impression et envoi du Bulletin 4.000 "
Frais de clichés 300 »
Frais d'impressions diverses 200 »
Frais généraux 400 »
Locations et frais de salles 350 »
Impôts 20 »
Divers et imprévus 200 »
Total des Dépenses 5.470 »
M. le Président met aux voix l'adoption du Projet de Budget pour
1911. — Il est approuvé à l'unanimité.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 39
Elections des Membres
du Conseil d'administration pour 1911.
Remplacement de cinq Membres sortants.
Après une suspension de séance pour le dépouillement du scrutin,
qui a été fermé à 5 heures, M. le Président rouvre la séance pour
annoncer le résultat du vote des nouveaux membres à élire pour le
Conseil d'Administration, et donne lecture du résultat du scrutin.
Nombre de votants 278
Bulletins nuls ' 13
Reste 265
Dr Ballet (Paris) 262 voix
Dr Ghrrvin (Paris) 26i —
G. Fouju (Eure-et-Loir) 259 —
M. Gillet (Seine) . . . 257 —
Louis Giraux (Seine, 251 —
Harlé 3 —
MM. Pages- Allary, Muller, Camus, obtiennent chacun deux voix. —
MM. Coutil, Dr Raymond, Comte Beaupré, Jullian, Guimet, Doigneau,
Franchet, Bossavy, Paul de Mortillet, Abbé Breuil, Boulanger, Jullien,
Pessart, Charles Schleicher, Vésignié, Cartailhac, Andrieu, obtiennent
chacun une voix.
M. le Président déclare élus, pour trois années, Membres du Con-
seil d'Administration de la Société préhistorique française : M. le
Dr Ballet; M. le Dr Chervin ; M. G. Fouju , M. Maurice Gillet ;
M. Louis Giraux.
La séance est levée.
IL — ELECTIONS DU CONSEIL D ADMINISTRATION.
Immédiatement après, le nouveau Conseil d'Administration de la So-
ciété préhistorique française se réunit dans le local habituel de ses
séances. — Il procède à l'élection du Bureau pour 1911. — Sont nommés :
Président :
M.
L. Coutil (Eure).
Vice- Présidents :
M.
Chapelet (Paris).
M.
Doigneau (Seine-et-Marnel.
M.
Fouju (Eure-et-Loir). .
Trésorier :
M.
Maurice Gillet (Seine}. .... ,
40 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
M. le D* H. Martin, Président sortant, devient membre de droit du
Conseil d'Administration pour trois ans.
Les autres membres du Bureau continuent leurs fonctions, confor-
mément aux Statuts.
III. — BANQUET ANNUEL DU 26 JANVIER 1911.
Le Dîner annuel delà Société préhistorique française a eu lieu le jeudi
26 janvier 1911, dans les salons du Restaurant Foyot, à 7 heures et
demie du soir.
M. Dujardin-Beaumetz, Sous-secrétaire d'Etat aux Beaux- Arts,
avait bien voulu se faire représenter, ne pouvant accepter de présider
cette réunion, par M. Léon, chef de division des services d'Architec-
ture aux Beaux-Arts.
Assistaient au Banquet, présidé par M. Léon : M. Deloncle, Conseil-
ler d'Etat; Dr Péchadre, Député; M. le Pr Bédier (du Collège de
France); Mmes H. Martin, Edmond Hue, Péchadre, M. Vernet, Bachi-
mont, Miguet, Mlle Wùhrer; M. le Dr H. Martin, MM. A. de Mortillet,
Atgier, Chapelet, Fouju, Dr Marcel Baudouin, L. Coutil, DrGuébhard,
Dp Ballet, Schmidt, Marot, Taté, Edmond Hue, Ch. Schleicher, M. Ver-
net, P. [de Givenchy. Dr Chervin, A. Viré, Dr Bachimont, Baurain,
Miguet, Morin Jean, Morin, Mu de Tryon-Montalembert, Dr Neveu»
Dr Cancalon, A. de Villemereuil, Dubois de la Rue, de Clermont, Clou-
trier.
Plusieurs toasts ont été portés.
M. le Président, dans son allocution, remercie M. le Sous-Secré-
taire d'Etat aux Beaux-Arts, de l'appui qu'il veut bien donner encore
aujourd'hui à la Société Préhistorique Française, en se faisant repré-
senter à la présidence du Banquet par son distingué Directeur,
M.Léon.
Des vœux de santé et de bonheur, soulignés par de vifs applaudisse-
ments, sont adressés à M. Dujardin-Beaumetz.
Après avoir dit un mot sur les démarches nécessitées par la recon-
naissance d'utilité publique, le Dr Henri Martin, président exprime, au
nom de la Société, sa sincère gratitude à M. Deloncle, Conseiller d'Etat,
qui dès le premier jour a entouré notre oeuvre de ses excellents et in-
dispensables'conseils.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 41
* Le rôle de certaines personnes placées à la tête de nos grands éta-
blissements scientifiques n'a pas été indifférent ; et ce serait un oubli
inexcusable que de ne pas reconnaître aujourd'hui la bienveillance
qu'ont bien voulu nous accorder MM. Salomon-Reinach, Boule et Ca-
pitan, l'année dernière.
La Société Préhistorique Française est en pleine prospérité ; elle est
forte et compte de bons amis, unis par une solidarité très touchante ;
les adhésions dépassent cinq cents; les manuscrits importants s'accu-
mulent; et déjà le Conseil prévoit l'utilité d'augmenter le Bulletin.
<« Mais un sentiment de gêne plane actuellement sur l'avenir de la
Préhistoire ; le projet de loi sur la réglementation des fouilles inquiète
tous les archéologues, et, tout en reconnaissant que les pillages mer-
cantiles doivent être impitoyablement arrêtés aux frontières, l'émotion
est justifiée par les mesures proposées, qui atteindraient le monde
scientifique français.
« Mais nous avons confiance dans la sagesse du Gouvernement et de
la Chambre; ils sauront, sur d'autres bases, sauvegarder les intérêts
de tous.
« Nous sommes ici de bons Français ; et nous avons l'espoir de fouiller
encore demain le sol que nous aimons et que nous voulons mieux con-
naître ».
M. Deloncle, Conseiller d'Etat, répond par un discours plein d'hu-
mour et de sympathie.
M. le Député, Dr Péchadre, expose les revendications de la Société,
en ce qui concerne la Liberté des Fouilles.
M. le Dr Ballet prononce le discours suivant :
Monsieur le Délégué du Ministre, Mesdames, Messieurs,
« Monsieur le Délégué du Ministre, qui nous fait l'honneur de présider
notre banquet, veut bien me donner la parole. Je l'en remercie bien
sincèrement ; mais me voilà pris un peu à l'improviste. Heureusement
que pour me sortir d'embarras, il me vient une idée que je vais
exposer devant vous
Le point sur lequel je voudrais attirer votre attention est un peu
délicat. M. le Député Péchadre vient de traiter la question devant
vous. 11 l'a fait avec force et avec compétence. Impossible de mieux
dire. Ma tâche en est bien simplifiée; et je n'aurais même plus rien
à dire après lui. Mais j'ai cru que j'avais le droit et le devoir de vous
donner aussi mon appréciation. Mon droit, je le puise dans mon âge
et dans mon ancienneté. Il est très peu de plus vieux préhistoriens
en France; on les compte. Notre distingué Président-Fondateur,
M. Emile Rivière, qui a enrichi le Muséum de l'Homme de Menton,
qui a découvert les grottes de la Mouthe et tant d'autres choses impor-
tantes, est mon aîné à la Société, mais de si peu que cela ne vaut guère
la peine d'en parler ! J'ai de plus quarante-cinq ans de services dans la
Préhistoire ; vous conviendrez que c'est un bail. Tout droit implique
un devoir ; j'ai donc cru que j'avais le droit et le devoir de parler
devant vous, d'autant plus que mon attachement et mon dévouement à
la Société sont connus.
42 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La loi en préparation se propose de protéger notre patrimoine
national, de sauvegarder nos richesses archéologiques, paléontolo-
giques, et préhistoriques. Ce but est noble et grand; pas un bon fran-
çais qui n'y applaudisse des deux mains. Mais, comme disait je ne sais
plus qui, il y a la manière ; et c'est cette manière qui n'est peut-être
pas aussi parfaite que le projet !
Les fouilles, les recherches en terrain varié, sont, en quelque sorte,
la partie expérimentale de nos études. Or, les recherches seront rendues
impossibles par des formalités accumulées à plaisir, par des conditions
si difficiles à remplir qu'il faut y renoncer. Les préhistoriens en
seront réduits aux élucubrations, aux spéculations dans le silence du
cabinet, où, suivant J . de Maistre, on attrape plus de mouches que de
vérités !
L'exposé des motifs nous parle bien de « certaines personnalités », qui
seront exemptées de toute surveillance et de toutes formalités tracas-
sières. Nous avons tout lieu de croire qu'elles seront en très petit
nombre. Ces bienheureuses personnalités vont donc devenir les Ves-
tales, chargées d'entretenir le feu sacré dans le temple de la Préhis-
toire, désormais fermé aux profanes! — Ce feu brillera d'un éclat d'au-
tant plus vif que les autres foyers seront éteints...
Les Préhistoriens de France, qui comptent parmi eux tant de savants
de premier ordre, qui ont fait la Préhistoire malgré les oppositions les
plus acharnées, seront tous occupés dans leur cabinet à fouiller leurs
notes, leurs archives, et... leurs souvenirs !
Je n'insiste pas sur un sujet un peu ingrat; je craindrais de troubler
le plaisir de noire réunion si cordiale. Je désire vous rappeler un
article récent du Gaulois. Le signataire de l'article n'est pas éloigné de
trouver le projet parfait ! Cependant, après l'avoir longuement disséqué,
il termine en disant que cette loi pourrait bien être le sabre de Joseph
Prud'homme. Cette comparaison très plaisante m'a paru ne pas man-
quer de justesse. Tout le monde connaît ce sabre légendaire, qui défend
nos institutions, mais qui sait aussi les combattre, et les démolir, au
besoin !
En terminant, permettez-moi de vous rappeler un passage de notre
immortel Molière. Dans le Malade imaginaire , Toinette, déguisée en
médecin, donne une consultation à son maître qui ne la reconnaît point.
Elle lui dit : « Vous avez là un œil droit, qui ne vous sert à rien. Je
me le ferais crever, si j'étais à votre place ; ne voyez-vous pas qu'il
attire toute la nourriture de l'autre ; vous en verrez plus clair de l'œil
gauche ». Je me trompe peut-être; mais j'ai bien peur qu'on ne tente
une opération de ce genre sur la pauvre Préhistoire. En verra-t-elle
plus clair de l'œil gauche? L'avenir nous l'apprendra.
Mais ceux qui ont beaucoup vécu, qui ont appris à connaître les
hommes et les choses, qui ont étudié l'anatomie et la physiologie, non
seulement physiques, mais morales (passez-moi l'expression), savent
qu'on ne touche pas impunément à certains rouages d'un organisme,
sans en altérer profondément la fonction.
Quand on crève un œil, l'autre s'en ressent toujours !
Espérons toutefois que la Préhistoire n'en deviendra pas aveugle.
Espérons surtout que nos législateurs apporteront des allégements,
des adoucissements, à cette loi un peu draconienne.
En m'exprimant ainsi, Messieurs, j'ai cru répondre à vos pensées..
J'espère avoir trouvé un écho dans vos esprits et dans vos cœurs. »
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 43
M. Armand Viré, Président du prochain Congrès préhistorique, qui
se tiendra à Nîmes du 0 au 12 Août, prend la parole.
« Emanés de la Société préhistorique française, dit-il en substance,
les Congrès sont nécessaires aux besoins de la Préhistoire. C'est grâce
à eux que nous pouvons mieux étudier les gisements, élargir nos idées
par d'utiles comparaisons sur le terrain, et des discussions souvent pas-
sionnées, mais toujours courtoises. Chacun de ces Congrès se spécialise,
pour ainsi dire, dans un domaine propre. Nîmes sera le Congrès des
oppida et des grottes, comme Périgueux fut celui des abris sous roche
comme Vannes fut celui des Monuments mégalithiques. Nous n'oublierons
point non plus ni le Néolithique de Provence, ni 1 "âge du Cuivre, qui
semble dans le Gard mieux défini que partout ailleurs, ni la curieuse
poterie locale.
« En terminant, j'émets l'espoir que, réduits, par l'amplitude de notre
programme, comme par l'intérêt exceptionnel et l'éclectisme de nos
excursions, les Congressistes se retrouvent au moins aussi nombreux
sur les bords du Gard qu'ils le furent l'an dernier sur ceux de la Loire.
M. L. Coutil parle à son tour, comme Président de la Société pré-
historique française pour 1911.
Puis M. A. Guébhard, en quelques paroles humoristiques, porte un
toast à toutes les aimables collaboratrices de nos fêtes, et prie
Mme Henri Martin de leur dire toute notre admiration et toute notre
gratitude.
M. Léon, Délégué du Ministre, clôture la série des discours, en re-
mettant aux Présidents de la Société, M. H. Martin, et du Congrès
de Tours, M. Ballet, un diplôme d'Officier d'Académie pour
M"e Crova (de Cherbourg), et un diplôme d'Officier de l'Instruction
publique pour M. J. Bossavy (de Versailles), laissant entendre que le
temps seul avait manqué pour en préparer d'autres, qui feront partie
de la promotion régulière, attardée, de Janvier.
Il répond ensuite, d'une façon très aimable et fort habile, avec un tact
parfait, aux précédents orateurs.
Ses déclarations ont certainement mis un peu de baume dans le cœur
des Préhistoriens, en ce qui concerne la question de la Liberté des
Fouilles. — Elles ont, en tout cas, été très applaudies.
44 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
IV. — SÉANCE MENSUELLE.
I. — Procès-verbal de la Séance.
M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance [22 décembre 1910]. — Le procès-verbal est adopté.
M. le Secrétaire Général donne connaissance de notes reçues à
propos du procès-verbal, et envoyées par MM. Harmois (Saint-
Brieuc), Guenin (Brest), G. Bacquié, Marcel Baudouin, Jacquot (Gre-
noble), M. Hébert, A. Viré.
Correspondance.
Lettres de remerciements. — M,n* Savoye. — M. Bout de Charle-
mont.
Lettres d'excuses. — L. Schaudel. — Dr Gilbert. — A. L. Lewis.
— M. Hébert. — A. Maire. — Gartereau.
Lettres d'avis — M. Marcel Vernet annonce la création de Yfns-
tilul etnographique international de Paris.
Rectifications à propos la Préhistoire au dehors. — M. 1 abbé H. Breuil.
Allocution de M. le Président sortant.
M. le Dr Henri Martin, Président, a prononcé le discours suivant :
Mes chers Collègues,
L'habitude exige du Président d'une société savante deux discours :
dans le premier il expose la situation, rend hommage au dévouement
de son prédécesseur et au rôle qu'il a joué pendant son mandat ; dans
le second il parle des résultats obtenus et fait un autre éloge : celui de
son successeur.
Sans rompre avec ces traditions heureuses, je passerai rapidement;
car mes amis savent d'avance tout le bien que je pense d'eux et com-
bien leur collaboration, dans une année de durs travaux, a été un pré-
cieux et efficace soutien pour moi.
Marcel Baudouin, A. Guébhard, P. de Givenchy et L. Giraux, dési-
gnés par le Conseil, pour remplir chacun de délicates fonctions, for-
ment une équipe d'élite, qu'on envierait ailleurs avec raison.
Aussi mon successeur, mon ami, L. Coutil, que le choix du Conseil
appelle aujourd'hui à la Présidence, va-t-il trouver une Société belle,
prospère et unie ; mais je n'hésite pas à lui dire que sa nouvelle fonc-
tion ne sera pas toujours une sinécure.
11 aura souvent l'occasion de mettre à la disposition de la Société sa
persévérance et sa volonté de travail ; peut-être aussi sera-t-il obligé
d'interrompre plus d'une fois ses travaux sur l'Age du Bronze et
l'Epoque gauloise, qui lui ont valu une véritable notoriété.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 45
Le rôle de Léon Coutil, dans la Société, depuis sa fondation, a déjà
été souligné par d'excellentes intentions ; d'ailleurs la douceur et la
modération de son caractère s'allieront toujours à l'érudition de ses
travaux; le choix du conseil est donc particulièrement heureux; il nous
permet de compter sur le lidèle ami, entièrement dévoué à la Science et
à notre groupe, dont l'importance s'accroît chaque jour.
D'ailleurs, la tâche du Président sera souvent simplifiée; il trouvera
parmi ses collaborateurs un secrétaire général modèle, prévoyant et
ordonnant tout, qui sait mettre d'aplomb tous les mois, au prix d'ef-
forts considérables et méconnus, une importante publication, justement
appréciée par ses travaux originaux .
L'année dernière, nous avons à peu près rempli notre programme;
mais, si la chance nous a favorisés, il faut également tenir compte de
l'activité^ de l'union et de l'assiduité des Collègues que vous avez dési-
gnés pour remplir le rôle de Conseil dans notre administration. Grâce
à cette entente traditionnelle, des événements heureux et importants se
sont succédé cette année. Notre vaisseau a accompli son voyage, en
évitant les écueils, en profitant des bons vents; et aujourd'hui il rentre
au port avec une charge scientifique importante : deux gros volumes ;
deux polissoirs; un menhir; et deux dolmens!
Comme couronnement de ses efforts, la Société Préhistorique Fran-
çaise a été reconnue d'utilité publique. Cette distinction n'est pas une
formule banale; elle est donnée aux groupes importants, après un long
et minutieux examen, et une enquête faite avec la plus haute impar-
tialité; c'est pourquoi nous devons être fiers de posséder le décret tant
envié; il sera, je n'en doute pas, le début d'une nouvelle impulsion,
donnée à notre jeune centre scientifique.
Remercions donc publiquement les Membres du Conseil d'Etat et
les Professeurs de nos grands établissements officiels, qui ont bien
voulu nous donner leur appui.
Notre métamorphose nous met aujourd'hui au rang de personne
civile; en d'autres termes nous pouvons ouvrir notre caisse et recevoir
des legs.
Je souhaite donc ardemment à mon successeur de présider à l'ins-
tallation du modeste Laboratoire et de la Bibliothèque que nous dési-
rons. Actuellement la Société ne pourrait supporter de pareilles
dépenses. Toutefois, un effort sera suffisant pour combler cette lacune;
si le local manque, les livres et quelques collections sont déjà entre nos
mains et attendent leur logis. Nous avons bien une rudimentaire ins-
tallation, une pièce unique, froide et sombre, où nous entassons le pro-
duit de nos fouilles après l'étude, où nous déposons les collections qui
nous sont données ; mais ce simple dépôt sera bientôt entièrement
comblé. La Société possède encore une collection en plein air; elle est
à Vendrest, où un beau polissoir a été transporté auprès de la Sépul-
ture néolithique.
Les circonstances l'ont voulu; mais je crois qu'en matière de trans-
ports de monuments préhistoriques il faut être très prudent, et laisser
ces vestiges, tout en les protégeant, à l'endroit même où ils ont été
trouvés.
Leur situation, leur position ont peut-être une valeur méconnue;
nous leur donnons actuellement une interprétation; mais nos déduc-
tions risquent de paraître imparfaites dans un autre siècle.
La protection d'une sépulture ancienne devrait être aujourd'hui un
véritable culte. Pourquoi ne pas respecter les rites d'une religion dis-
46 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
parue ; pourquoi disperser, dans les capitales de l'Europe, tous ces
trésors de l'antiquité?
Ces vestiges, enfouis avec des croyances abandonnées aujourd'hui,
n'en sont pas moins respectables ; ayons au moins le culte des cultes
passés; et sachons épargner à ces objets, tout imprégnés d'inconnu, les
enchères des salles de ventes.
Quelle injure nos familles n'éprouveraient-elles pas, à notre époque,
au soupçon d'une pareille violation dans une sépulture où elles ont
déposé pieusement les restes d'êtres chéris !
L'Histoire doit cependant se documenter ; mais elle peut le faire
avec dignité; et la pénétration des hypogées ne doit pas signifier exhu-
mation, dispersion des restes humains, et du mobilier funéraire.
L'étude et la reconstitution des races anciennes peut se faire sur
place, au lieu même des découvertes; et ces vestiges ne doivent pas
quitter leur sol ; il faut les protéger, mais ne pas les profaner, au nom
de la Science, par un transbordement.
Les véritables savants, ceux qui ne craignent pas les lointains
voyages, viendront étudier dans la sépulture ou dans la couche archéo-
logique certains vestiges de première importance ; ils ressentiront cette
influence indéfinissable du milieu ambiant, qui n'imprègne plus l'objet
déplacé.
Mais, aujourd'hui, la centralisation se généralise; sous le prétexte de
tout sauver, on voudrait diriger sur les capitales toute l'Archéologie
transportable et encombrer, sans profit, des musées déjà trop petits.
Si ces idées triomphaient, on verrait s'éteindre, dans peu de temps,
les unes après les autres, toutes les Sociétés archéologiques de pro-
vince ; elles, qui ont fourni depuis un demi siècle des travaux de pre-
mière importance; et, il faut bien le dire, qui ont créé la science préhis-
torique. C'est hier seulement qu'elle est devenue officielle, après avoir
été rudement malmenée dans les Académies !
La Préhistoire doit rester régionale, avec l'autonomie la plus large,
pour ses musées et ses sociétés.
Les moulages suffiront pour la centralisation.
Le gros mouvement préhistorique, qui se dessine depuis quelques
années, n'appartient aucunement à Paris; il est général; c'est pour cela
que la création d'un seul foyer dirigeant et enseignant sera néfaste ;
les centres scientifiques de province doivent, au contraire, être encou-
ragés et largement indemnisés. L'émulation de leurs travaux, la
jalousie de leurs découvertes, et la sécurité de leur propriété scienti-
fique, sont les éléments du véritable progrès.
La Science ne se bâillonne plus ; elle parle même très haut, quand
elle est emmurée !
Plaquettes offertes aux. Présidents de la Société
pour 1909 et 191 O.
M. L. Coutil prend alors la parole, en ces termes, pour adresser
ses remerciements aux Membres du Conseil d'Administration de son
Election à la Présidence pour 1911; et offrir, au nom de quelques
amis, aux Drs A. Guébhard et H. Martin, une plaquette en argent,
pour les remercier de ce qu'ils ont fait pour la Société, à l'occasion
de sa Reconnaissance comme Établissement d'Utilité publique.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 47
Mon cher Président, mes chers Collègues,
Je tiens tout d'abord à vous remercier des termes fort aimables
dans lesquels vous venez de me présenter à mes Collègues; et je vous
avoue que j'en suis confus, ainsi que de la sympathie que viennent de
me témoigner mes amis du Conseil d'administration; mais je n'ose en-
core songer, en ce moment, à toutes les responsabilités qui vont m'in-
comber. Par votre persévérance avisée, vous avez triomphé de tous
les obstacles; je compte encore sur vous, et sur tous mes Collègues de
la Société, pour continuer votre œuvre à tous et la rendre de plus en
plus prospère.
Mais il m'est un devoir bien agréable à remplir, au début de ma pré-
sidence : c'est d'offrir l'hommage de notre profonde sympathie à deux
de nos présidents qui ont surtout contribué à la Reconnaissance d'Utilité
publique de notre Société; et de remettre tout d'abord cette plaquette,
en votre nom, au Dr Guébhard, qui, depuis la création de la Commis-
sion de» Enceintes préhistoriques et anhistoriques, en 1906, n'a cessé
de faire connaître notre Sociétépar l'envoi à titre gracieux de tous les
comptes rendus de cette Commission, et cela à des centaines d'exem-
plaires, non seulement en France, mais aussi à l'étranger; ce qui nous
a amené de nombreux membres; et qui'avec l'appui très précieux du
Dr Henri Martin, a enlevé la Reconnaissance d'utilité publique.
Je suis très heureux de remettre 'également, en votre nom, celte
autre plaquette, représentant X Archéologie, pensive et réfléchie, à notre
très sympathique président, le Dr Henri Martin, pour son dévouement
inlassable; nous ne saurons jamais trop le remercier de tout ce qu'il a
fait jusqu'ici pour la prospérité de la société, la reconnaissance d'uti-
lité publique, l'organisation de la fête qui a suivi cet événement, et
aussi pour le triomphe de la liberté des louilles.
Et, a l'avenir, mes chers Collègues, soyez assurés de mes sentiments
profondément reconnaissants pour le témoignage d'estime que vous
m'avez donné aujourd'hui.
M. A. Guébhard, en quelques paroles sincèrement émues, prie
M. L. Coutil de transmettre à tous les collaborateurs de son affec-
tueuse et délicate attention ses remerciements très amicaux.
M. le Dr H. Martin remercie très vivement les Membres de la So-
ciété, qui lui ont offert ce sympathique souvenir.
I i i I > l i o t hèque.
La Bibliothèque de la Société a reçu les ouvrages suivants :
Bayet (Le Dr Adrien). — La Civilisation de la Crète ancienne. [Extr.
de la Rcv. de Wniv. de Bruxelles, 1909]. — Bruxelles, 1909, 60 p.,
in-4° (Don du Dr Cancalon).
Rutot (A.). — Essai sur les variations du Climat pendant l'époque
quaternaire en Belgique. Extr. Postglaziale Klima-Verànderungen,
Stockholm, 1910J. — Stockholm, 1910, in-4% 16 p.
48 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Schaudel (Louis). — Essai sur la chronologie de VAge Paléolithique.
— Nancy, 1911, Berger-Levraud, in-8°, 145 p., 107 gravures.
Protestations adressées à la Société préhistorique française contre le
Projet de Loi sur les Fouilles archéologiques. — Paris, S. P. F., 1911,
in-8°, 17 p. [Extr. B. S. P. F., 1910, déc.].
Francis W. Reader and Horace Wilmek. —Report of the Red-
Hills Exploration Committee 1907-8 (1908-9), read al the Society of
Antiquaries of London, 17 februar 1910. [Extr. Proc. Soc.Antiq. Lond.,
2 S., XXIII, 1910, p. 66-96, 31 fig. et pi. coul.]. — London, in-8°,
1910.
The Arc.hœological Survey of Nubia [Bulletins n°« 2 à 6]. — Cairo,
1908-1910.
Hure (Mlle Augusta) . — Association dans la vallée sénonaise de V Yonne
des vestiges de l'âge de la pierre à ceux des époques gauloises et gallo-
romaine. — [Extr. de la Soc. des Se. JJist. et Nat. de V Yonne, 1909,
2e Session, 351-376]. — Auxerre, 1910, in-8% 26 p.
R. Forrer. — Die rômischen Terrasigillata Tôpfereien von Heili-
genberg-Dinsheim und Ittenweiler im Elsass. Ihre Brennôfen, Form-und
Brenngerdte, ihre Kunstler, Fabrikanten u. Fabrikate. — Gr. 8° carré,
242 p., 246 fig., 40 pi. — Stuttgart, W. Kohlhammer, 1911.
M. le Dr R. Forrer offre à la Société, par l'intermédiaire de M. A.
Guébhard, son magnifique ouvrage sur les Poteries romaines de Terra
sigillata, découvertes à Heiligenberg-Dinsheim et Ittenweiler en Alsace,
leurs fours et accessoires de modelage et de cuisson, leurs artistes, fabri-
cants et produits (voir plus haut), qui constitue une véritable encyclopé.
die du sujet, prise sur le vif, grâce aux heureuses fouilles de la Société
pour la Conservation des Monuments historiques en Alsace.
L'auteur a eu l'heureuse inspiration de donner un court résumé fran-
çais de son gros livre ; et il est vraiment intéressant de voir comment
la poterie dArezzo, après avoir commencé, dès le premier siècle avant
J.-C, à créer des centres secondaires à travers la Gaule, chez les Ru-
tènes, puis les Arvernes, les Belges, les Trévires et Helvètes, arriva,
vers la fin du premier siècle après J.-C, à Heiligenberg, sur l'empla-
cement d'une ancienne station néolithique, et provoqua rapidement,
dans la région, la naissance de plusieurs autres centres concurrents,
dont le rôle, sur les marchés, vers la première moitié du il" siècle, fut
beaucoup plus important qu'on ne se l'imagine.
Protestations contre le Projet de I^oi
sur la Liberté des Fouilles.
M. le Président donne connaissance de nouvelles protestations de
Sociétés de province contre le projet de loi, dont elles ont adressé des
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 49
procès-verbaux à la S. P. F. [au total 53] ; ils seront ultérieurement
publiés.
39° Société Archéologique duGers; 40° Société d'Excursions scientifi-
ques: 41° Société d'Emulation du Bourbonnais ; 42° Société Linnéenne du
nord de la France ; 43° Société d'Etudes scientifiques de l'Aude : 44° So-
ciété historique et Archéologique du Périgord ; 45J Société des Sciences
historiques et naturelles de l'Yonne ; 46° Société historique de Com-
piegne ; 47° Société historique d'Auteuil et de Passy ; 48° Société Lin-
néenne de Bordeaux; 49" Société Archéologique de Bordeaux: 50° Aca-
démie nationale des Sciences, Belles Lettres et Arts de Bordeaux ; 51°
Groupe Spéléo- Archéologique d'Czès, etc.
Commission do la Liberté des Fouilles.
Le Conseil décide la nomination d'une nouvelle Commission, dite
Commission de la Liberté des Fouilles, chargée de poursuivre
l'œuvre commencée par le Bureau en 1910, relativement à la campagne
menée pour la Liberté des Fouilles préhistoriques. Cette Commission
sera composée, en outre du Bureau (Président, Secrétaires et Trésorier),
de MM. le Dr Henri Martin, secrétaire ; Chervin et A. de Mortillet.
^VIIe Congrès préhistorique de I\Tlnies.
[6-12 Août 1911].
M. le Secrétaire Général du Comité d'Organisation du Congrès
dépose sur le Bureau les premières Circulaires du Congrès, qui ont été
envoyées le mois dernier.
Admission de nouveaux Membres.
Sont proclamés : MM.
Barbier (H.), Pharmacien, Pacy-sur-Eure (Eure).
[Abbé Philippe — M. Baudouin].
Bonnet (Alexandre;, 54, Boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine (Seine).
[Denier — Henri Martin].
Duquesne (Boberl), Homme de lettres, Brionne (Eure).
[L. Coutil — M. Baudouin].
Gadeau de Keiiville Henri), Naturaliste, 7, rue Dupont, Bouen
(Seine-Inférieure). [Georges Poulain — Henri Martin].
Gaillard, Conservateur du Muséum d'Histoire naturelle, Lyon
(Bhône). [Chervin - A. de Mortillet],
Icard Severin), D.-M., 8, rue Colbert, Marseille (Bouches-du-
Bhône). [Marcel Baudouin — Henri Martin].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 4
50 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Jarricot (J.), D.-M., Chef de Laboratoire, 9, Cours Gambetta, Lyon
(Rhône). [Ghervin — A. de Mortillet].
Le Pileur, D.-M., Médecin de Saint-Lazare, 15, rue de l'Arcade,
Paris. [E. Dupont — Marcel Baudouin].
Petit (Le lieutenant), 16, rue de l'Abbé-Josselin, Saint-Brieuc (Côtes-
du-Nord). [A. L. Harmois — A. Guérhard].
Roland, Instituteur, Villevenard (Marne).
[Bosteaux-Paris — Henri Martin].
Sellier, 3, rue Boule, Paris. [H. Marot — Chapelet],
Présentations.
M. Roland GuÉbhard (Afrique). — Hache polie et Ciseau poli de
la Côte d'Ivoire. — Discussion : A. de Mortillet, M. Baudouin.
M. Edmond Hue (Paris). — Détermination des Silex du Grand-Pres-
signy. — Discussion : A. de Mortillet, A. de Paniagua, Marcel
Baudouin.
M. L. Giraux [Saint-Mandé], — Hache en silex de forme arquée.
M. A. Viré (Paris). — Nucleus solutréen en forme de « livre de
beurre ». — Discussion : M. Henri Martin; A. de Mortillet.
M. le marquis de Tryon-Montalembert (Paris). — Pièces campi-
gnyennes de t Yonne. — Discussion : A. de Mortillet; L. Coutil.
M. Paul de Givenchy (Paris). — Les grands éclats moustériens et les
pièces chelléo-moustériennes de la carrière du Tillet^ près de la Ferté-
sous-Jouarre (Seine-et-Marne).
M. G. Baquié (Hérault). — Grotte néolithique de la Clape [Hérault).
[Photographies].
Communications.
M. Franchet (Asnières). — Sur quelques causes déterminantes du
magnétisme des poteries. — Discussion : A. GuÉbhard.
M. A. GuÉbhard (Paris). — Sur la poterie provençale à décor géomé-
trique excisé.
MM. Poulain (G.) etGADEAu de Kerville (Eure). — Fouilles dans
un abri sous roche à Bonnières [Seine-et-Oise)\ — Sépulture néolithique
de Jeu fosse [Seine-et-Oise).
M. F. Mazauric et G. Bourilly. — Sur V oppidum de Cordes, près
Fontvieille [Bouches-du-Rhône) .
M. PagÈs-Allary (Murât, Cantal). — Fouilles de Las Tours (6 pi.).
M. Cloutrier (Gien). — Genabum et la Capitale des Gaules.
M. le Marquis de Tryon-Montalembert. — Découverte d'un Menhir
à la Pierrefitte, commune de Sépéaux [Yonne).
M. le Dr Gobert (Reyedef, Tunisie). — Origine des balles polyédri-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
II. — NOTES ORIGINALES.
Le mot Chiron et les vocables connexes.
M. Armand Viré (Paris). — Comme suite à la courte note
donnée à la dernière séance, nous relevons, aujourd'hui, d'après
Combarieu (1), la liste des lieux habités du département du Lot,
dont le nom dérive de Cayrou.
Il est vraisemblable que la nomenclature des simples lieux dits
donnerait une liste autrement longue. Nous mettons entre paren-
thèses le nom de la commune. — Le Caire Bas (Saint-Cerniri)\ le
Cayre Haut {Sênaillac) ; le Cayré (Gréalou) ; le Cayré [Saint-
Martin-Labouval); le Cayrel (Montcuq); \à(Duravet); id (Labas-
lide-Marnhac) ; Cayrelle (Saint-Chamarand) ; Cayrol (Figeac) ;
Cayrols (Moncabrier); id. (Sousceyrac) ; Cayrot [Calamane ; le
Cayrou (Albax); id. (Cras); id. (Lamothe-Cassel); id. (Puy-
l'Evêque); id. {Saint- Argues)', id. (Saint-Médard) ; id. (Saint-
Pantaléon); Cayrou-Gros [Limogne) ; Cayrouse ^Saint-Jcan-Lespi-
nasse); la Cayrouse (Saint-Bressou); Cay roux (Laba*tide-M a rnhac) ;
Chairoux (Degagnac); Lacayrouse (le Bouysson); Pech de Cay-
roux (Sênaillac); Pech del Cavré [Sainte-Croix); la Quavrouse
(Fontanes); Rocquecayré (Marminiac) ; Roucayrou (Labathude),
Le Cliien en Préhistoire.
M. Georges Baquié. — Les Canis familiaris, pulpes, lupus, ont
été découverts dans les cavernes de l'Herm (Ariège), mélangés
aux ossements du grand ours (Ursus spelœus).
M. le Dr M. Baudouin. — Dans les magnifiques publications
de The Archeological Survey of Nubia, nous avons récemment
trouvé des indications précieuses relatives aux Chiens préhistori-
ques d'Egypte. Dans les cimetières des rives du Nil, on trouve
souvent, en effet, des squelettes de chiens dans les tombes. L'une
d'elles en contenait deux. — Donc, à cette époque [période prédy-
nastique}, on enterrait les chiens du propriétaire avec lui.
Dans une tombe, on a trouvé un chien sans tète : ce qui indique
que, parfois au moins, on les décapitait. — Quand on compare les
(1) L. Combariel. — Dict. des Communes du Lot. — Cahors, Layton, 1881.
52 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
têtes de ces chiens préhistoriques [prédynastiques] avec celles des
chiens du Nouvel Empire par exemple, on voit qu'il s'agit à peu
près de la même race, mais avec un museau plus allongé et un
crâne plus grêle, chez les plus récents. — Ces chiens ressemblent
beaucoup à ceux des Puits funéraires de France, qui sont gallo-
romains.
La Tortue en Préhistoire.
M. Marcel Hébert (Paris). — M. Chavannes a présenté, à l'Aca-
démie des inscriptions (1), deux fragments d'écaillés de tortue, et
un os exhumé en 1899 dans le nord de la province chinoise de
Ho-Nan. Il s'en est rencontré alors un dépôt, qui comprenait plus
de 5.000 fragments, dont un millier a été publié d'abord sans expli-
cation, et dont 134 ont été expliqués récemment par un lettre
chinois, M. Lotcheniu. Sur ces fragments se trouvent des carac-
tères, gravés à la pointe et très difficiles a lire en raison de leur
forme primitive. On sait que, pour la divination, les Chinois uti-
lisaient l'écaillé de tortue et la tige de certaines plantes; il faut y
ajouter désormais les os. Pour la tortue, il s'agit d'une petite
espèce terrestre, car les Chinois n'étaient pas, tout d'abord, un
peuple maritime. On allumait un feu pur de buissons épineux en
prenant directement au soleil ses rayons par un miroir ; un outil
métallique était porté au rouge par ce feu; on perforait l'écaillé
en certains endroits avec cet outil. L'approche de la chaleur pro-
duisait des craquelures que l'augure interprétait. Sur les frag-
ments ainsi retrouvés, les esprits divins que consulte l'augure
sur l'avenir sont les empereurs défunts de la dynastie des Yin qui
régna pendant le deuxième millénaire avant notre ère, et, comme
l'empereur lui-même peut seul consulter ses ancêtres, on est
amené à déterminer que ces fragments nous conservent les divi-
nations faites par l'empereur, dont le règne débuta en l'an 1191
ou 1111 avant J.-C. On sait que la numération usitée dans les
temps les plus reculés a été la numération décimale; dès lors, les
Chinois utilisaient le cycle de 60, résultant de la combinaison de
la numération décimale avec la numération duodécimale. Les vic-
times offertes sont tantôt 10 codions blancs, tantôt 5, 10, 3 ou
9 bœufs, 1 chien, 1 mouton, de la liqueur. Il s'agit de prédire si
la moisson sera bonne, ou s'il pleuvra ; l'agriculture et la chasse
préoccupent l'esprit de l'augure. On chasse les cerfs, et, semble-
t-il aussi, les chevaux, avec l'arc.
(1) Journal des Débals, 22 juin 1911,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 53
M. Marcel Baudouin. — Il me paraît utile de souligner certains
points de cette note, étant donné les documents publiés par notre
Société en 1910 sur le même sujet (1). — Je remarque d'abord
qu'il s'agit d'une tortue terrestre, comme en Europe; et que ces
restes remontent à un siècle avant J.-G.
Je signale le rôle des chiffres fatidiques, appliqués hux victimes :
faits que l'on retrouve dans nos Puits funéraires, également pour
les bœufs, les cochons, les chiens, le mouton, le cerf, le cheval,
voire même les liquides. On se croirait, vraiment, sur les côtes de
Vendéel — Dans l'un de mes ouvrages (2), j'ai, d'ailleurs, signalé
Yanaloaie de coutumes des « Maraîchins » de Vendée et des
Chinois : ce qui ne veut nullement dire que les Vendéens vien-
nent de Chine, comme pourraient le croire certains Orientalistes
quand même !
Autres documents à citer. — On a trouvé, dans un tumulus de
l'Epoque du Cuivre, dans lesCôtes-du-Nord. un fragment d'Ecaillé
de Tortue [Rev. Ecol. d'Anthr.. Paris, 1902]. — En 1904, on a
découvert un fragment d' Emys orbicularis, dans une grotte (Le
Trou Félix), à Falmingoul, régiou de la Meuse [Bull. Soc. Gêol.
de Belg., XXXI, 1904, fasc. II-III].
Discussion sur le Capsien.
M. Jacquot (Grenoble). —Dans le Bulletin (n° 11, 1910, p. 595),
à l'article Recherches sur le Capsien, je lis que « l'industrie cap-
sienne n'est encore connue que par la mention qu'en a faite
M. de Morgan (1909), la description sommaire de M. Pallary
(1909), et le mémoire Morgan-Capitan-Boudy ! — Je me permets
de rappeler que j'ai recueilli, dès 1900, des silex dans trois sta-
tions de Gafsa : marabout de Sidi Yaya, Grotte des Voleurs, et
atelier sans nom connu entre le les deux premiers; que j'ai donné
les photographies de plusieurs de ces outils dans le Volume 1901
de la Société Archéologique de Constanline ; et que — auCongrèsde
Chambéry — j'ai exposé deux planches complètes de silex taillés,
provenant de ces stations (en outre des beaux outils d'Ouargla).
Ceci dit uniquement pour indiquer que la publicité donnée
à ces gisements par la Société de Constanline n'est peut-être pas
étrangère aux voyages d'études entrepris postérieurement par
nos confrères en préhistoire.
(1) Evidemment, M. Cha vannes n'a pas en connaissance de la longue discussion
qui s'est déroulée dans le sein de notre Société et qui a duré plusieurs moisi
(2) Marcel Baudouin. — Le Maraichinage. — Paris, Maloine, 1906, in-12% nom-
breuses figures.
54 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Trépanation néolithique christianisée.
[Le Crâne de saint Aubert].
M. G. GuENm(de Brest). — L' Eglise du Mont-Saint-Michel, s'il
fallait en croire Sigebert de Gembloux, aurait été construite au
début du vme siècle ; et les dates peuvent s'établir, d'après les syn-
chronismes, du 26 octobre 701 à l'année 708 (1). — Un siècle après,
l'histoire delà construction par saint Aubert, évêqued'Avranches,
était faite par un anonyme, sous le nom d'« Apparition sur le mont
Tombe » (2). Cette œuvre, d'après Molinier, est au plus tôt du
ixe sièele; mais en tout cas antérieure à 966. — Quoi qu'il en soit,
elle permet de justifier les très curieuses» assertions de M. le
Dr Marcel Baudouin.
Le Mont-Saint-Michel était, en effet, le lieu d'une ou de deux
Sépultures néolithiques, comme nous espérons pouvoir le démon-
trer à l'aide de textes, sinon contemporains, du moins très rap-
prochés de l'époque de saint Aubert.
a) Hypothèse d'une Sépulture. — L'auteur de Y Apparition nous
dit, en son chapitre III, que « ce lieu est appelé Tombe, par les
« habitants, parce qu'il se dresse au milieu des sables, à la façon
« d'un tumulus (4)». Il y avait donc, tout au moins, une coïnci-
dence de formes, remarquée déjà par les gens de l'endroit. — Mais
l'auteur précise davantage et dit, au chapitre VI, que l'évêque
Aubert, après ses trois visions, rassemble un très grand nombre
de paysans, et qu'il aplanit l'endroit où devait s'ériger la future
église! — Au milieu, deux pierres s'élevaient; et les mains des
travailleurs ne pouvaient ni les ébranler, ni les arracher de leur
base. Il fallut qu'un nommé Baino s'y mît avec ses douze fils !
Les deux pierres, que l'on parvint à renverser, sont ou des
menhirs, ou les supports d'un dolmen. Si l'on fait attention au
texte, il y a d'abord Y aplanissement de ce qui était en forme de
tumulus ; puis la découverte de deux pierres fichées, au milieu
de l'endroit que l'on venait de niveler. Pour nous, il ne saurait y
avoir le moindre doute ; et l'on se trouverait en présence peut-
être du plus ancien texte mentionnant la destruction d'un dol-
men (5) !
(1) Bollandistes : Sept. VIII (éd. Palmé), n° 336, p. 75.
(2) Sept. VIII (p. 76 et suiv.).
(3) Sources dé PHist. de France, I, p. 142.
(4) Cette explication, personnelle à l'auteur, n'est pas celle des gens du Mont,
comme on le verra plus loin .
(5) Voici les textes en question. — « Chap. III... Hic igitur locus Tumba voci-
tatur ab incolis, qui in morem tuniuli quasi ab arenis emergens in altum... —
Congregataque rusticorum maxima multitudine locum purgavit atque in spatium
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 56
b) Hypothèse de deux sépultures. — Dans la vie de saint Fro-
dobert, abbé de Celles-en-Moutier, l'auteur, presque contempo-
rain de 1 evèque Aubert, nous raconte un pèlerinage, fait au Mont-
Saint-Michel. Il nous parle de l'église élevée en ce lieu, que l'on
appelle depuis l'antiquité « aux Deux Tombes » (1). Sans doute,
on a prétendu que cette vie de Frodobert était interpolée; mais,
en admettant que ce passage le soit, il n'en reste pas moins une
tradition très ancienne et d'une valeur égale à celle de « l'Appa-
rition ». — Ici, il ne s'agit plus du tout de la forme extérieure
du mont.
Vers 860, le moine Bernard va au Mont-Saint-Michel. « ad
duas Tumbas » (Mabillon, sec. 3, part. 2, p. 525-526'; ; et plus
tard,Odon de Glanfeuil, dans une lettre à Adalmold, parle de cette
église de Saint-Michel, qui est appelée a aux deux tombes » .
Différentes sources, toutes s'ignorant les unes les autres, sont
donc entièrement d'accord sur ce point, qu'il y avait, au sommet
du mont, deux sépultures !
Si l'on veut compléter par le récit de « l'Apparition », il faut
alors supposer deux tumu/i, surmontés chacun d'un menhir.
Conclusion. — Il y aurait encore à noter l'existence d'une
pierre avec une cupule, mentionnée au chapitre V de « l'Appa-
ritio »: ce qui tendrait à faire du Mont Saint-Michel une station
préhistorique assez importante.
Il est donc très vraisemblable qu'un crâne trépané y ait été
découvert; et, comme l'auteur de « l'Apparitio » avait dit que
saint Aubert avait été durement frappé (austerius), pour n'avoir
pas obéi, ceux qui ont, au xve siècle seulement, écrit la vie de
saint Aubert, en ont conclu que ce crâne était le sien !
M. le Dr M. Baudouin. — Je remercie notre savant collègue de
sa précieuse communication; et je constate qu'elle confirme en-
tièrement mon hypothèse. — D'abord, la présence d'une pierre
à cupules indique un lieu de culte, encore en honneur à l'époque
gauloise; puis, celle d'un Mégalithe, la possibilité de la trouvaille
d'un crâne trépané. — J'insiste sur les différents points de la
légende(texte rapporté): « 1° Aplanissement du Tumulus; 2° Exis-
tence de deux piliers de dolmens [et non pas, à mon avis, de
menhirs sur tumulus], dressés au milieu du dit lumu/us, et mis
à découvert par laplanissement ; 3° Impossibilité d'ébranler et
d'arracher ces piliers. » Ce dernier point, évidemment légendaire,
complanavit ; in cujus medio prœeminebant rupes, quas operantium multorum
movere non poterunt manus, nec a suo divellere statu... vBaino) festinus ad locum
cum filiis venit. impleturus, quod fuerat jussus... ». — On a donc arraché les
• deux pierres '.
(1) S. Frodobert, n" 31 et 32. — Bolland, 8 janvier. — Voici le passage... « Eo
loro qui ad Duas Tumbas ex anliquo vocatur ».
Fig. I. — Schéma du Crâne de saint Aubert
[d'après une photographie]. — Echelle :
1/4 grandeur. — Légende : A, Orifice de la
Trépanation .
56 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
n'en est pas moins des plus caractéristiques : à chaque fois que le
peuple parle de Mégalithes funéraires, il en est constamment ainsi !
Ce qui m'a mis sur la voie de mon hypothèse, c'est le raison-
nement suivant: « Chaque fois que je trouve une église imporr
tante, en un lieu pittoresque et
très bien situé, mais non indus-
triel, je conclus à l'existence
/^tf-* jf''^V d'un lieu de culte, antérieur au
(£s A ,l \ Christianisme. Cette église n'a
-** * t» ■» été élevée là que pour détruire
le culte ancien, ou plutôt pour
l'accaparer ». — C'est une loi
d'Evolution religieuse, qu'il
faut connaître.
Il ne faut pas oublier, non
plus, la légende de Gargan-
tua (1), très caractéristique
aussi des Mégalithes ! Or, à
Carolles (Manche), Gargantua
lança, dans la baie du Mont-
Saint-Michel, une pierre qui est Tombelaine ; une autre qui est
le Mont lui-même, sans parler du Mont-Dol[L. Coutil, 1906]. —
Il est donc probable qu'à Tombelaine aussi il y avait une Allée
mégalithique (2).
M. Harmois (Saint-Brieuc). — Le crâne est-il préhistorique?
Oui. — A-t-il été trépané du vivant de l'individu? Oui. — Au-
tour du trou existe bien un bourrelet, formé par la recréation
de l'os.
Il y a sept à huit ans, je me suis occupé de ce crâne. Je m'effor-
çais de démontrer que ce n'était pas là le Chef de saint Aubert,
mais une pièce archéologique; et que le crâne ne devait pas être
celui exposé à l'adoration des fidèles pendant les siècles anté-
rieurs au nôtre. Je me basais pour cela sur les différences de
desrriptions publiées.
M. le D' M. Baudouin. — Il est bien probable, en effet, que ce
crâne n'est pas celui de saint Aubert ! — Mais on ne peut pas
prouver, à mon sens, une substitution de crânes par de simples
arguments, d'ordre négatif, basés sur des descriptions divergentes.
L'anatomie pathologique n'était pas à la portée des anciens
historiens, moines ou évèques, qui, tous, ont pu se tromper de
bonne foi.
(1) Voir aussi la légende de la Pierre au Diable, de Baillen (Manche) [L. Coutil].
(2) Il se pourrait, par suite, que la deuxième tombe citée se rapporte, non au
Mont-Saint-Michel proprement dit, mais à l'îlot voisin de Tombelaine. — C'est à
étudier au demeurant.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
H
Ilacho polie à érosions.
M. L. Jacquot (Grenoble). — Parmi les outils que j'ai recueil-
lis dans le gisement de silex noirs de Bir-en-Vsa, situé à quel-
ques kilomètres à l'ouest de Sétif (Algérie), les visiteursde l'Expo-
sition préhistorique de Beauvais auraient pu remarquer une petite
hache, en calcaire, dont le seul intérêt me semblait être d'avoir fait
partie de l'ensemble des déchets de cet atelier [Fig. 1).
Cet outil m'avait paru tout d'abord être une pièce de rebut,
abandonnée à cause de certaines aspérités, dont l'ouvrier n'avait
pu le débarrasser, et qui se présentaient sous la forme de veines
Hg. 1. — Hache if), en Calcaire gris, du gisement de silex taillés (de couleur noire) de
Bir-en-N'sa (Commune de Sétif;, Algérie. (Collection Jacquot, de Grenoble). — [1/3 Gr.]).
Légende: s, Face supérieure ; — P. d., Profil du côté droit.
très saillantes en quartz. Ces varices n'occupant cependant que
la partie postérieure de la pierre et seulement la moitié gauche,
j'avais fini par supposer que les préhistoriques avaient pu utiliser
la hache, en profitant justement de ces nervures très saillantes,
pour y fixer les liens d'emmanchure ou la gaine de préhension.
Ce qui me fortifia dans cette opinion, c'est que la partie droite
tout entière paraît avoir été polie. Or, l'ouvrier aurait-il exécuté
ce travail de polissage, avant d'avoir débarrassé la pièce de ses
végétations, si celles-ci devaient disparaître ? C'est peu probable;
s'il les a gardées, c'est qu'elles lui étaient indifférentes ou même
utiles. — Il n'en est pas de même pour la hache de Mme Crova, dont
58 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
les aspérités occupent une place plus considérable et plus cen-
trale.
Je me suis demandé aussi, un moment, si ma hache n'était pas
un simple caillou roulé, poli par les eaux. Mais, dans ce cas, les
arêtes des veines (très saillantes) auraient été — quoique beau-
coup plus dures — également frottées, et plus ou moins lissées :
or, elles sont encore très vives. Je ne crois donc pas à un polis-
sage accidentel par l'eau.
Quant aux petites nodosités ou verrues de l'arête latérale gau-
che, ce ne sont que ces concrétions calcaires, de formation ulté-
rieure, et très adhérentes, qui ont résisté aux lavages, et. que j'ai
conservées. Je ne conclus donc pas; et je n'entends donner à ma
communication que la valeur d'un document pouvant être consulté,
à titre d'exemple ou de comparaison.
■ >» Préhistoire au dehors.
PAR
M. A. GUÉBHARD (Paris).
A propos de notre observation (B. S. P. F., 1910, p. 562) sur
la conclusion extraordinairement internationaliste qu'a eue, avec
la fondation de Y Institut de Paléontologie Humaine, la longue cam-
pagne ultra-nationaliste menée à propos des agissements du Suisse
Hauser en France, M. l'abbé Breuii, nous fait remarquer que
c'est par confusion avec l'Université badoise de Fribourg-en-
Brisgau, que nous avons qualifié d' « université jésuite », celle
de Fribourg en Suisse, d'où il rapporte son titre de professeur ;
celle-ci est simplement catholique, et il ne pouvait en être autre-
ment dans un pays où l'ordre des Jésuites ne saurait avoir d'exis-
tence légale.
Ce nous est un devoir de donner satisfaction à M. l'abbé Breuii,
tout en nous étonnant qu'il ait pris en mauvaise part, c'est-à-dire
dans un sens que nous ne lui donnions nullement, un" qualificatif
qu'en Suisse même, on a toujours l'habitude — par tradition sans
doute — d'attacher à l'université de Fribourg, et que semblait, en
tout cas, (mais notre très compétent confrère nous assure encore (1)
(1) « Pas plus que moi, nous écrit M. H. Breuii, Obermaier n'a jamais appar-
tenu à aucune congrégation. Il a fait son séminaire à Regensburg, qui est et reste
son diocèse: puis, après deux années passées comme vicaire dans une paroisse de
la Bavière orientale, il a fait plusieurs années d'études à Munich, à Vienne, enfin à
Paris, h
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 59
qu'il n'en est rien), devoir mériter, d'après diverses publications
autrichiennes (i), le très distingué collègue allemand, M. l'abbé
Hugo Obermaier, avec lequel M. l'abbé Breuil va partager, à Pa-
ris, tout l'enseignement français du nouvel Institut, et s'efforcer,
sans doute, de compléter — un récent article en fait foi (2) —
le « trust», déjà réalisé, des grottes à peintures par celui des
fouilles paléolithiques de France, pour peu que la loi proposée
aux Chambres soit votée dans l'esprit où l'ont élaborée les pro-
moteurs mêmes de l'intéressante fondation nouvelle obtenue du
généreux ami des sciences qu'est le Prince de Monaco.
S'il nous a paru indiqué, à titre d'actualité intéressant la
préhistoire, mais sans autres commentaires, de comparer à tout
le bruit fait à propos de l'exportation d'un squelette à l'étranger
le silence fait, par les mêmes personnes, sur une très vivante
importation étrangère, nous tenons à ne pas nous écarter du
simple exposé documentaire des faits que nous impose notre
rôle d'informateur des choses du dehors, et nous sommes heu-
reux de spécifier encore i quoique nous n'ayons jamais dit le con-
traire), que si M. l'abbé Breuil est allé demander a la patrie de
M. Hauser les galons de professeur qu'il nous rapporte si bril-
lamment élargis, ce n'est nullement une raison pour qu'il ait
abdiqué, plus que sa position dans la hiérachie romaine, sa pos-
session d'état de la nationalité française, qu'il représenta, là-bas,
pendant quelque temps, si avantageusement.
Voici, d'ailleurs textuellement, les renseignements intéres-
sants que veut bien nous communiquer notre très savant con-
frère :
« C'est à Fribourg-en-Brisgau et non à Fribourg en Suisse,
qu'existe une université jésuite; Fribourg en Suisse en a eu une
aussi, aux xvie-xvne siècles; mais elle n'a rien de commun avec
l'Université d'Etat, fondée, il y a 20 ans, par le Conseil d'Etat
du canton de Fribourg, et dirigée par le Ministre de l'Instruc-
tion publique du canton, M. Python. Elle est conçue d'une ma-
nière analogue à celle de ses sœurs aînées de Lausanne, Zurich,
etc., avec lesquelles elle entretient de cordiales relations; la
seule différence est que leur faculté de théologie protestante est
remplacée à Fribourg par une faculté de théologie catholique,
confiée aux Dominicains. Quant aux autres facultés, Lettres,
Sciences, Droit, le personnel en est essentiellement laïque et
universitaire (à de rares exceptions près, dont j'étais), et l'Uni-
(1) Notamment : Otto Herma\. Dus Artefaht von Olonec und «as dazu gehôrt,
t-à-p. (partim e.r Mitt. Anthrop. Ges. in Wien, t . XI, 1910, 13p., 8 pi.
-' H. Rrelii . L Institut de Paléontologie humaine ' .Xnurc/le fondation Albert If-'),
Revue scientif., XLIX'ann., l«r sem. 1911, n« 3, p. 70-73.
60 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
versité de France lui prête un cerlain nombre de ses agrégés,
jeunes et brillants sujets, comme Jean Brunhes, Paul Masson,
Jacques Zeiller, qui retournentensuite dans la mère<-patrie, après
avoir répandu à l'étranger un peu d'âme et de science française.
Ils n'ont absolument rien de jésuite. Ayant travaillé à la même
œuvre, je n'ai pas plus qu'eux quitté la nationalité française ».
— M. H. Mùller-Brauel, décrivant dans la Prâhistorische
Zeitschrift (II, 1910, p. 211-220) les antiquités du cercle de
Geestemunde (Hannover), se laisse aller aux confidences que
lui dicte sa vieille expérience sur le seul moyen qui serait effi-
cace, selon lui, pour empêcher les constantes destructions de
monuments préhistoriques, sépultures surtout, que, malgré sa
vigilance toujours en éveil, sa mobilité constante dans toute la
région, et sa notoriété de collectionneur, sacrifient par centaines,
sans profit pour la science, les progrès de plus en plus envahis-
sants de l'agriculture. Ce n'est pas seulement par province, c'est
par arrondissement qu'il faudrait des a conservateurs d'antiqui-
tés » spéciaux, uniquement occupés à surveiller la découverte et
empêcher la destruction du gibier scientifique, et sachant par
leur science, leur désintéressement, etc., mériter les appointe-
ments qu'évidemment il faudrait leur donner... Vraiment tou-
chante, l'utopie du vénérable fouilleur, et moins effrayante, en
tout cas, que la mainmise étatiste et centralisatrice que rêvent
les bonzes parisiens. Mais pourquoi demander à l'Etat une armée
nouvelle de fonctionnaires budgétivores, plutôt que d'encourager
la légion gratuite des gardes-chasses bénévoles, qui, poursuivant
le gibier pour eux-mêmes, sont les premiers intéressés à ne le
laisser ni disparaître, ni perdre sa valeur?
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 61
III. — COMMISSION DES ENCEINTES
Commission d'étude
des Enceintes Préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
M . Armand Viré, Président de la Commission, dépose le 44e rap-
port.
— M. le capitaine Andrieu, continuant la série de ses conféren-
ces préhistoriques à Bourges, a pu, grâce aux nombreux clichés mis
à sa disposition par notre Commission, révéler à beaucoup de ses
collègues les origines insoupçonnées de l'art de la fortification.
— Nous recevons de notre collègue, M. L. Fraxchet, à propos
des critiques formulées contre ses théories sur la classification des
poteries, dans notre dernier rapport, des observations que nous
nous faisons un devoir d'insérer ici.
« Le Bulletin de la Société Préhistorique (n° 12, décembre 1910,
t. VII, p. 650 à 658), donne, dans le 43e Rapport de la Commission
des Enceintes, une critique de différents travaux que j'ai publiés
« un peu partout » comme le dit M. A. Guébhard, l'auteur de cette
critique. Je dois spécifier, en effet, que si l'ensemble du Rapport est
de M. Viré, les appréciations qui me concernent sont de M. A. Gué-
bhard, dont les initiales figurent à la fin de l'article.
« Estimant que le Bulletin de la Société Préhistorique n'est pas un
organe de polémiques violentes, je m'abstiendrai de relever la forme
dans laquelle a été conçu l'article ; d'autre part, je ne puis reprendre
une par une les erreurs et les inexactitudes qu'il contient, car ces
rectifications occuperaient une place importante dans le Bulletin,
qui ne peut déjà insérer qu'une faible partie des communications
faites en séance ou celles qui sont adressées par les membres de la
province.
« Je signalerai seulement, parmi les plus saillantes, deux inexacti-
tudes qui dénaturent trop complètement ma pensée.
« 1° Je n'ai jamais dit, dans mon travail sur la Classification, pré-
senté à Toulouse, au Congrès de l'Association française, que cette
classification exclusivement technique avait un but d'adaptation chro-
nologique. J'ai précisément spécifié le contraire.
« 2° Lorsque je parle, d'atmosphère oxydante et d'atmosphère réduc-
trice, je ne prétends pas employer, comme le dit M. A. Guébhard,
« des vocables plus nobles » que ceux de M. Pagès-Allary : je pré-
tends seulement démontrer, par l'emploi de dénominations qui font
62 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
partie de la nomenclature scientifique moderne, que la plupart des
particularités qui caractérisent les pâtes préhistoriques sont dues à
certains phénomènes de la combustion des gaz émanant d'un foyer.
« Ces phénomènes sont la réduction et l'oxydation, mais ces termes
ne sont nullement synonymes de cuisson, comme paraît le croire
M. A. Guébhard. »
— M. A. Guébhard tient à faire remarquer qu'il n'a discuté que
des citations textuelles de M. Franchet, ou des faits paraissant in-
contestables, comme celui que « flamme oxydante ou réductrice »
ne sont, — et surtout ne lurent, aux temps préhistoriques — que
des modalités de la cuisson. S'il commet jamais des a erreurs » mieux
démontrées, il tiendra toujours à honneur d'être le premier à les
rectifier. — A. G.
— Depuis 1905 des fouilles, dont rend compte sommairement
M. Kropatscheck (lj, sont faites annuellement sur ÏAltenburg de
Niedenstein, en Hesse, double enceinte, où la terre, la pierre, le
bois ont été également utilisés pour un système de défense fort sa-
vant, correspondant à la fin de La Tène. Sur tout le plateau, au
milieu de traces d'habitations, indiquant au inoins quatre réoccupa-
tions successives, on a trouvé de nombreux bassins carrés, entou-
rés de bois, dont quelques-uns semblent avoir dû se rattacher à
l'industrie de la poterie, quoique aucun four n'ait pu être mis à jour.
Des pavages de rues, partant d'entrées fortement défendues, mon-
trent l'importance qu'eut cette station, sans qu'on puisse pourtant
affirmer qu'elle ait été elle-même l'oppidum de Mattium, que prit
Germanicus, ou l'annexe défensive, le refuge des populations du vil-
lage qui s'appelle actuellement Metze, situé à 4 kilomètres au S. de
Niedenstein. — A. G.
— Un exemple d'Angleterre, que nous signale notre dévoué con-
frère, M. A. L. Lewis, montre combien peu, sous toutes latitudes,
l'Etat est désigné pour les sauvetages d'ordre purement scientifique,
auxquels, seules, s'intéressent les initiatives particulières ou les grou-
pements scientifiques.
Il y avait, — il n'y aura bientôt plus, — sur une des pointes du
N. du Pays de Galles, celle de Penmaenmaur, une superbe en-
ceinte de pierres sèches, du nom de Braich-y-Dinas, particulière-
ment remarquable par la conservation, dans son intérieur, d'une
quantité d'autres petites enceintes circulaires, restes de cabanes,
quelquefois accouplées [Fig. 1), quelquefois isolées, en longues files,
attestant que, s'il ne s'agit pas d'un véritable oppidum ou ville forte per-
manente, — hypothèse incompatible avec le climat, — ce lut, en tout
(1) G. Kkopatscuegk. — Der Ringwall au/ der Altenburg, Rom. -german. Korres-
pondenzblatt, IV, 1911, p. 78.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 63
cas, un reluge des plus fréquentés, remontant, selon toute apparence,
aux débuts de l'âge du Fer, ou à la lin du Bronze, entre 500 et
100 avant J.-C. Or, il parait qu'en 1899, l'Administration des Fo-
rêts a donné à bail, sans conditions, toute la montagne, à une exploi-
tation de granités, dont les 600 ouvriers font quotidiennement le
siège de l'antique forteresse, à l'assaut de laquelle monte tout un
réseau de funiculaires, de travaux d'approches, précurseurs de la
ruine totale. En vain, un cri d'alarme fut-il jeté au Parlement en
juin 1909 : celui-ci ne crut même pas devoir rechercher si l'Admi-
nistration des Forêts n'aurait pas le pouvoir de réparer son incroya-
ble incurie. Désespérant de rien pouvoir de plus, la Commission
royale des Monuments anciens de Galles et Monmoulhshire, créée seu-
lement en 1908, a voulu du moins, garder l'image de ce qui va dis-
paraître et, c'est grâce à elle, sans doute, que nous voyons sur un
grand illustré de Londres (The Sphère 19 nov. 1910, p. 174-175),
entre un portrait de Gainsborough et des groupes de suffragettes et
de parlementaires, une page entière de vues et plans, consacrée à
big. 1. — Cases préhistoriques de Biaich-y-Dinas
cette « tragédie archéologique », qu'explique une demi-page de texte,
avec une remarquable vue de cases préhistoriques Fiy. 1) particu-
lièrement intéressantes à comparer à celles qu'a relevées, à diverses
reprises, en Irlande, M. Th. Westropp, notamment, en dernier
lieu, dans les Proc. R. Irish Acad., vol. XXIX, sect. C, 1911, p. 26,
fig. 3.
Voilà, du moins, de bon chauvinisme scientifique ; et lorsque l'Etat
se refuse à emplo}rer les armes qu'il possède, il est consolant de voir
faire face au mal, dans la limite de leurs moyens, ces initiatives
particulières pour lesquelles on ne rêve, en France, qu'entraves et
suspicions. — A. G.
— M. Albert Mayr ayant résumé dans un beau livre ses multiples
études sur l'île de Malte dans l'antiquité (1), donne [p. 42 la vue
inédite d'un reste de tour en pierres sèches rappelant les nuraghi de
Sardaigne, et qui lui parait, comme plusieurs autres analogues, de
l'île de Malte, avoir dû marquer le centre d'agglomérations, quelque-
(1) Albert Mayk. DU Intel Malta im Aitertum, gr. 8° carré, 156 p., 36 fig.
1 cart. — MttHCHEN, 1909.
64 SOCIÉTÉ PRÉHIiTOlUQUE FRAÏSÇA1SE
fois entourées de murs de défense. On retrouve d'ailleurs, dans
toutes les constructions, la structure encore en usage aujourd'hui
chez les Berbères, de dalles plantées de champ (orthostatiquement)
en files parallèles, pour former la base du mur, avec remplissage de
pierraille entre deux. — A. G.
— M. A. MELAYEnous envoie des renseignements sur le Camp ro-
main (?) de Lagny-le-Sec (Oise), coupé par les routes de Creil à
Senlis et Meaux, situé sur les parcelles cadastrales, Sect. B, nos 56 et
93. Trouvailles de monnaies à l'effigie de Constantin, et de Romulus
et Remus allaités parla Louve.
Dans un travail du même auteur (1), nous trouvons mention, sur
la commune de Montgé (Seine-et-Marne), dans le Parc du Sépul-
cre (forêt de Montgé), d'une butte llunéraire ou défensive?) dite la
Butte aux Pins.
Un peu au N. de ce parc, sur les parcelles cadastrales 50 et 51,
sont des fossés, sans doute défensiis et peut-être préhistoriques, non
loin du carrefour de la Croix de la Fille.
Au lieu dit les Trente Arpents, de la même forêt de Montgé, il
existe des fortifications antiques dites Camp romain (Sect. A2 n°3 du
cadastre), où ont été trouvées 6 pièces d'argent de Gordien, un àtre
de foyer en terre glaise, des débris de poteries et de tuiles romaines,
et aussi des haches polies et des grattoirs de silex.
— M. E. de Ponfille a visité l'enceinte de Pen-Plédan ou Camp
de César, aux limites des communes de Ploudaniel et du Folgoët
(Morbihan) au confluent de deux des ruisseaux qui forment l'Aber-
wrach.
C'est un éperon barré, fermé par une levée de terre d'environ 4 m.
de haut sur 8 de large, précédé d'un fossé large et profond, et domi-
nant la rivière d'une hauteur de 15 m. environ. Restés de levées sur
les côtés entourés par les rivières.
A l'extrémité N. du fossé, au point où il rejoint la vallée, est une
seconde enceinte de 30 m. X 20 m. avec puits. Restes problémati-
ques de tours.
A une certaine distance en avant du fossé, talus semi circulaire ap-
puyé aux deux vallées.
Une vingtaine de haches polies ont été récoltées au cours des tra-
vaux exécutés par le propriétaire.
Une voie romaine de Carhaix (Vorgium) à Vorganicum, passe au
voisinage. Près de là, il a été trouvé des monnaies et poteries romaines.
Une courte description de cet ouvrage, due à M. Grassin, a paru
dans le Bull, de la Soc. acad. de Brest, 1899-1900, p. 195.
(1) A. Melaye. — La forêt de Montgé en 1118. Bull, de la Soeièlé scient, et hist.
de la Brie, t. IV, fasc. V, 1907.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 65
— M. G. Poulain nous décrit le Château- Sarrazin à Saint-Au-
bin-sur-Gaillon (Eure), dominant la vallée de la Seine par 122 m.
d'alt. dans les bois de Brille-Haut, dépendant du domaine des
Rotoirs. C'est une enceinte elliptique de 40 X 35 m., fossés com-
pris. Du côté O. de l'enceinte, un fossé ou demi lune se déta-
che du fossé principal avec lequel il communique et semble pro-
téger une entrée. Un chemin herbeux sectionne le talus et comble
le fossé.
Les fouilles pratiquées par M. Poulain n'ont donné aucun résul-
tat.
A Villez-Champ-Dominel, au hameau de Gerrier-Arnault est une
butte circulaire de 8 m. de haut sur 40 m. de diamètre, entourée d'un
fossé. Anhistorique, mais certainement point préhistorique, cette
butte porte des murailles bâties à la chaux, et renferme en son inté-
rieur, un souterrain maçonné, avec cinq cellules disposées de
chaque côté d'une allée médiane.
— Nous recevons de Mme Savoye, qui continue pieusement les tra-
vaux de son mari, trop tôt enlevé à la science, un certain nombre de
documents sur le Jura.
Un reste d'enceinte en pierres, près de laquelle est bâti le village
de Graye, surmonte une butte relativement importante, à 500 m. de
la petite rivière de Surain, à 27 km. de Lons-le-Saunier. La muraille
présente, avec ses éboulis, 3 à 4 m. d'épaisseur, lm50à 2 m. de haut,
mais elle ne forme plus à TE., qu'un immense chaos encore accru
par les trous et les déblais produits par l'extraction des terres. Çà et
là des pans de murs avec mortier seraient, dit-on, les restes d'un an-
cien château. Quelques ossements, débris de poterie et silex taillés,
ont été recueillis sur les taupinières et semblent indiquer la possibi-
lité de fouilles fructueuses.
Dans le Répertoire palethnologique publié en 1904, au Congrès de
Grenoble de VA. F. A. S., par M. E. Chantre etCuAUDius Savoye,
que nous envoie également Mme Savoye, nous relevons quelques
enceintes dont il n'a pas été fait encore mention dans nos bulletins,
et dont nous donnons la liste : Belmont, Montbarrey ; Cernans, Aux
Barres, le Camp de Grandchamp ; la Chainée des Coupis, les Grands
Travaux; château Châlon ; Equevillon, sur le Mont Revel; Fay-en-
Montagne, sur la Montagne du Châtelet; Fétigny ; Gevingey, sur la
Montagne de Montorient ; Goux, dans la Forêt de chaux; Grand Châ-
tel, sur la Montagne de Châtillon; La Loye; Montmirrey-la-Ville, au
sommet du Mont-Guérin ; la Tour-du-Meix, à Saint-Christophe. Ce
travail fait grand honneur à ses auteurs, malgré des lacunes biblio-
graphiques regrettables, et des dates injustifiées données à certaines
enceintes. Ainsi les deux seules enceintes que nous connaissions
personnellement dans le Jura, Sermu-sur-Baume et Coldres sont
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 6
66 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE PHAISÇAISE
données comme néolithiques. Or, d'après les fouilles de L. Clos(l),
dans les remparts de ces éperons barrés, les fortifications se compo-
sent d'une levée primitive d'argile, d'époque absolument indétermi-
née, sur laquelle ou devant laquelle s'élèvent deux murailles paral-
lèles, remontant tout au plus à l'époque romaine. Tout ce que l'on
peut dire, c'est que la levée d'argile est antérieure à la fin de l'époque
romaine. De cette toute petite critique adressée à un travail considé-
rable et excellent par bien des points, nous ne retiendrons que cette
conclusion, qu'il vaut beaucoup mieux mettre à côté d'une indica-
tion d'enceinte, la mention : origine primitive indéterminée, plutôt que
de lui attribuer un âge pour la détermination duquel nous manquons
totalement d'indication. Nous ferons ainsi œuvre plus utile.
— M. A. Wilmer nous fait tenir le rapport de 1910 sur les fouil-
les faites de 1907 à 1909, par le Red-Hills Exploration Committee.
Malgré l'importance de ces recherches renouvelées d'année en
année, on n'est pas encore fixé sur la destination originelle de ces
curieuses buttes rouges. A la vérité, le Dr Flinders Pétrie, après
une discussion assez serrée, croit pouvoir conclure définitivement à
des exploitations de soude par la combustion de plantes marines ou
palustres destinées à l'industrie très ancienne et toute celtique du sa-
von. Mais, M. H. B. Jenkins trouve encore bien des objections sé-
rieuses à décider en faveur de la soude, plutôt que, par exemple, du
sel marin. Il est vrai que les fragments plus ou moins scorifiés dont
il a été fait des analyses, ont montré que leur vitrification acciden-
telle n'était point due à la potasse, mais bien à la soude. Mais précisé-
ment quelle est la plante marine qui aurait ainsi pu fournir l'un plu-
tôt que l'autre alcali ? De nouvelles analyses de scories paraissent
nécessaires à M. Jenkins, ainsi que de nouvelles observations sur
les petits amas de charbon qu'il est advenu de rencontrer. Sans
doute le dernier mot restera-t-il aux chimistes, aux botanistes, aux
savants de laboratoire de toute sorte, dont on ne s'est jamais fait
faute de requérir le précieux concours ; mais il est à remarquer que
ceux-ci, en l'apportant sous les formes les plus modestes, en même
temps que les plus savantes, ne se sont jamais avisés — autre pays,
autres mœurs ! — de commencer par déclarer radicalement stériles,
parce qu'ils n'ont pas encore abouti à une solution parfaite, les ef-
forts que multiplient depuis des années, à grands frais, d'éminents
archéologues, pour arriver à la solution d'un problème qui relève
maintenant de la chimie autant que de l'archéologie. — A. G.
(1)L. Clos. — Description du camp antique de Sermu- sur-Baume (Jura). Mém.
de la Soc. d'Emulation du Jura. 3* série, 1er vol. Lons-le-Saunier 1880.
Id. — Le Camp de Coldres, id. 1877.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 67
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Quelques remorques
sur les alluvions anciennes inférieures
de In vallée du Camion.
P. A. GONIL (Sainte-Foy-la Grande. Gironde).
Dansson récentarticle Note préliminaire sur les alluvions pleis-
locènes de la vallée de la Dordogne, paru dans le Bulletin de
la Société du mois de juin dernier, notre collègue, M. Dublange,
émet son opinion sur la correspondance géologique de certains
niveaux alluviaux et précise la position de gisement des fossiles
de Mammouth découverts à Pombonne en 1882 et depuis.
Ayant déjà fait. Tannée dernière, à la séance du 25 février,
une communication sur le même sujet, qui parut au Bulletin sous
le titre : « Les alluvions anciennes de la vallée du Caudou », je crois
maintenant utile, pour éviter toute confusion d'interprétation, de
préciser certains points de géologie sur lesquels je me trouve en
contradiction avec M. Dublange.
Pour suivre facilement ma démonstration, le lecteur voudra
bien se reporter au mémoire précité (B.S.P.F., 1909, p. 100)
ainsi qu'à la coupe qui y figure page 102.
A la page 350 du Bulletin de juin 1910, M. Dublange, en par-'
lant de la terrasse inférieure du Caudou au Bout des Vergnes,
près de Bergerac, dit que ces alluvions anciennes sont « consti-
tuées exclusivement par un cailloutis formé de petits cralets de
calcaire... et par du sable, etc., etc. », ce qui est parfaitement
exact. A la page suivante 351, au paragraphe Terrasse supérieure,
l'auteur visant les alluvions du Bourg de Pombonne, qu'il ne
décrit pas, et qui sont identiques à celles du Bout des Vergnes,
continue. « Rappelons que c'est dans ce dépôt à une altitudevoi-
sine (1), mais dans le bourg de Pombonne, que l'on a découvert
ces restes de mammouth ». Je n'ai jamais dit autre chose, quant
au lieu de la découverte (2), et M. F. Daleau avec moi (3).
Maintenant, M. Dublange considère les susdites alluvions du
bourg de Pombonne (A de ma coupe), comme constituant la ter-
(1) De la terrasse B de ma coupe, située sur la rive opposée, et à 19 mètres plus
haut.
(2) B. S. P. F., 1909. p. 101.
^3) Comptes rendus de l'A. F. A. S. Congrès de la Rochelle, 1882,
68
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
■9 l 3 Ctn*.
Fig. i. — Silex des Alluvions anciennes inférieures de Pombonne iDordogne). ■
N" 1,1' et 2,2', lames de silex de type paléolithique de la terrasse A ou inférieure ; — 3,3',
silex utilisés ou éolithes, provenant de la terrasse B, que l'on retrouve avec les formes
paléolithiques dans les alluvions A (B. S. P. F., 1909, p. 104) .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 69
rasse supérieure du Caudou qu'il assimile à la terrasse B de ma
coupe, tandis qu'il regarde les graviers du Bout des Vergues
comme représentant seuls la terrasse inférieure pléistocène de la
même rivière. En réalité, il n'en est pastout à fait ainsi. Les deux
dépôts sont de même âge, du quaternaire moyen, et constituent
ensemble la Terrasse inférieure. Une simple comparaison des
niveaux nous le prouvera : au Bout des Vergnes, la différence de
niveau entre l'étiage du Caudou etla base des graves est d'environ
un mètre et de cinq mètres avec le sommet de la nappe alluviale.
A Pombonne, la base des alluvions anciennes surplombe aussi
d'à peu près un mètre le lit du ruisseau et le faîte de la carrière
actuellement en exploitation est à lOmètres au-dessusde l'étiage.
Ajoutons que le Caudou coule directement sur les sables ter-
tiaires sous-jacents, par conséquent il devient bien clair que les
alluvions du Bout des Vergnes sont l'équivalent, à 3 kilomètres
en aval, de ceux du bourg de Pombonne et que les fossiles <ÏE.
Primigenius et les silex taillés gisent en pleine terrasse infé-
rieure. Soulignons encore l'identité absolue des deux dépôts dans
lesquels prédomine le petit élément calcaire. Il est aussi utile de
faire remarquer, au sujet des silex décrits (Fig. 1), qu'il yen a de deux
sortes : les uns de type paléolithique bien net, contemporains
de la couche, et d'autres, plus anciens, de couleur chocolat (éoli-
thes et strépyien inférieur) originaires de la terrasse B (coupe
p. 101) de la rive droite. Cette dernière ne peut être confondue
avec la précédente (l'inférieure A de Pombonne) pour plusieurs
raisons. D'abord elle la surplombe de 19 mètres de sommet à
sommet ; ensuite, tandis que les graves de la terrasse inférieure
sont en général à petits éléments calcaires de couleur claire, les
alluvions de la terrasse B sont à gros éléments de couleur foncée
avec prédominance de silex. L'une a été formée en majeure partie
aux dépens du Danien et l'autre du Sénonien. Il s'en suit que
l'équivalence entre les alluvions de Goutancie (vallée de la Dor-
dogne) et celles du bourg de Pombonne ne saurait non plus être
soutenue.
Quand on aborde Pétude des alluvions quaternaires, il est quel-
queiois prudent de ne pas s'en rapporter aveuglément aux cartes,
même géologiques, et de contrôler soigneusement les niveaux. Il
m'est arrivé plus d'une fois de trouver des éolithes, des coups de
poing et du Mammouth, dans des alluvions figurées sur les cartes
comme Alluvions récentes. On ne saurait donc apporter trop de
soins au contrôle des découvertes si on tient à ne pas embrouiller
les faits et à procurer une contribution utile à l'étude des ter-
rains quaternaires.
70 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il serait aussi à désirer que les Géologues consentent à consi-
dérer les silex taillés comme de vrais fossiles, pouvant, dans cer-
tains cas, les aider au classement des terrains.
M. le Dr M. Baudouin. — Je me permets d'appuyer très vi-
goureusement les dernières réflexions de notre collègue, relatives
aux Caries géologiques officielles. — Comme je l'ai écrit dans
nombre de mes publications (1), comme je l'ai dit plusieurs fois à
la Société des Sciences Naturel/es de F Ouest de la France de
Nantes (2), et comme je l'ai répété récemment au Congrès de
Tours (1910), les cartes sont trop souvent inexactes, par ce
qu'elles sont faites trop vite, et surtout parce qu'elles sont à
trop petite échelle. — Par suite elles induisent souvent en erreur
le Préhistorien ; elles m'ont souvent trompé, en particulier dans
l'étude des Souterrains-refuges, des Puits funéraires, et de l'é-
tude pétrographique des éléments architectoniques des Dolmens.
Il les faudrait au moins au 1/50.000, et non pas au 1/80.000 ; ce
changement, en tout cas, serait fort désirable et le moins dispen-
dieux, en attendant que, pour certaines régions, on puisse avoir
des cartes au 1/20.000.
Je demande aussi, de mon côté, que les Géologues étudient les
Souterrains et les Puits, qui pourront les renseigner aussi bien
que les carrières et les mines!
(1) Presque toutes.
(2) Marcel Baudouin. — Noies géologiques sur le quartier du Moulin-Neuf,
commune de La Roche-sur- Yon (V.) [à propos d'un Souterrain-refuge]. — Notes
géologiques sur le rivage vendéen du Havre de la Gachère à la Vie [à propos d'un
Puits funéraire et d'une Carrière à Dolmens, sur le bord de l'Océan]. — Découverte
d?un pointement intéressant de pegmatite, à Apremont (V). ["à propos d'un faux-
Dolmen] . — Découverte d'un îlot cénomanien dans le Marais de Mont, au Loisson
(Saint-Hilaire-de-Riez, V.), [à propos d'un dépôt de Haches polies et d'une trou-
vaille de Hache en bronze]. — Découverte d'nn nouveau gisement de Calcaire
grossier inférieur dans le Marais du Mont (V.) ; La Roche-Garembot [à propos
d'un Faux-Dolmen], — Ces notes, géologiques, ont paru dans les Bulletins de la So-
ciété des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France, en 1905,1907, 1908, 1909 et 1910.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 71
Si lux. en forme rie Rabot
provenant de Vendrest (Seine-et-Marne).
PAU
L. GIRAUX Saint -Mandé. Seine).
La pièce que j'ai l'honneur de vous présenter provient de la
commune de Vcndrest (Seine-et-Marne). Elle a été trouvée près
du village, a la surface du sol, avec plusieurs autres pièces néo-
lithiques : grattoirs, percuteurs, etc. C'est un silex d'un blanc
laiteux, très dense, d'une composition très homogène, provenant
de la formation dite de Saint-Ouen, que l'on rencontre sur toutes
les hauteurs faisant partie du territoire de cette localité.
Fig. 1. — Dessin schématique, donnant la forme de la pièce et la disposition des éclats
iGrandeur naturelle).
Cette pièce, vue de profil, se présente à peu près sous la forme
d'un trapèze dont deux des côtés seraient irréguliers; ses di-
mensions sont les suivantes :
Longueur à la base . 60 millimètres
Largeur à la base 26 —
Longueur à la partie supérieure... 25 —
Largeur à la partie supérieure 20 —
Epaisseur 38 —
La forme de cette pièce, et surtout la façon dont elle est taillée,
permet de lui donner le nom de rabot. La figure schématique ci-
dessus [Fig. i), donne le contour de cette pièce, ainsi que la dispo-
sition des éclats qui ont été enlevés pour la former. La face opposée
de cette pièce est sensiblement la même que celle représentée.
Examinons comment elle a été taillée. La partie formant la
base a été obtenue d'un seul coup de percusion ; elle est plate et
72 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
extrêmement lisse et est, à peu de chose près, horizontale; le
point de frappe a dû être donné à la partie de la pièce présen-
tant l'angle le plus aigu, car, à cet endroit, il y a l'esquille qui se
forme généralement près du point de percussion. Le cône de
percussion ne se voit pas ; il a dû probablement être enlevé en
détachant ensuite la lame qui part de ce point. Après, tout
au tour de cette partie plane et dans une direction à peu près
perpendiculaire, on a détaché des lames sensiblement de même
largeur et au nombre de neuf, soit quatre de chaque côté et une
en arrière de la pièce; cette opération a donc donné la forme
voulue; ces lames devaient se prolonger jusqu'à la partie supé-
rieure et la pièce ne pouvait pas être facilement tenue. C'est alors
que, par une seconde opération sur la moitié supérieure de la
pièce, il fut enlevé des lames parallèles au plan de frappe et par
conséquent presque perpendiculaires aux premières lames déta-
chées. D'autres lames plus petites furent enlevées au point de
Fig. 2. — La pièce vue sur ses deux faces (3/4 de grandeur naturelle).
rencontre et formèrent tout autour une partie plus profonde qui
permit d'obtenir une préhension beaucoup meilleure. Enfin pour
terminer, une lame fut enlevée à la partie supérieure et cela sur
un plan à peu près parallèle à celui formant la base de la pièce. Une
petite partie du cortex est restée en arrière à la partie supérieure.
Cette pièce ainsi taillée peut être tenue d'une façon très solide
entre le pouce allongé d'un côté, et l'index replié de l'autre, la
partie supérieure arrière venant se loger entre le pouce et l'index
et permet ainsi de la pousser en avant avec beaucoup de force.
Il me semble qu'il est impossible de dire que cette pièce est
un nucléus ; sa préparation et le soin avec lequel elle a été taillée
n'auraient pas dans ce cas leur raison d'être. La disposition n'est
pas non plus celle d'un grattoir. Je crois que ces considérations
me permettent de dire que cette pièce est un rabot (Fig. 2).
Cette question des Rabots en silex a déjà soulevé bien des dis-
cussions intéressantes à la Société préhistorique française (Voir
Bibliographie). Un certain nombre de pièces provenant de divers
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 73
niveaux ont été présentés par plusieurs de nos collègues; mais il
me semble qu'aucune pièce aussi typique que celle que je vous
apporte ne vous ait été soumise jusqu'à ce jour.
BIBLIOGRAPHIE.
Em. Rivière — Les rabots magdaléniens de la Dordogne [Bulletin de la Société
préhistorique de France, année 1905).
D'Le:*ez. — A propos des rabots en silex. Grattoirs on nucléus {Bulletin de la S. P.
F., année 1905).,
A. Doigneav. — Note sur les rabots préhistoriques {Bulletin de la S. P. F.,
année 1906).
Dr Baudos. — Quelques notes sur les rabots [Bulletin de la S. P. F., année 19Q6;.
A. Doigneac. — Sur la préhension et la détermination des rabots en silex {Bul-
letin delà S. P. F., 1906).
Gaston Moeel. — Note sur un rabot {Bulletin de la S. P. F., 1906).
Lieutenant Gimon. — Mode d emploi des rabots ou grattoirs verticaux {Bulletin
de la S. P. F., 1907).
74 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Inventaire de« Mégalithes du Pay* de Guérande
(Loire-Inférieure).
H. QUILGARS (d'Evreux).
Pour juger la civilisation néolithique, qui n'a laissé aucun
document écrit déchiffrable, il reste des monuments appelés dol-
mens, menhirs, alignements, des outils et objets de pierre, ainsi
que des tessons de poterie, disséminés à travers les champs. Ces
vestiges d'une apparente pauvreté font cependant découvrir à
cette époque néolithique, une culture intellectuelle avancée, des
rites religieux bien définis, un travail immense dans toutes les
manifestations de l'activité humaine.
Dans l'ensemble des communes qui constituent la région Gué-
randaise, l'inventaire, publié en 1880, par la Sous-Commission des
Monuments mégalithiques (1), énumère 15 dolmens et 11 menhirs.
Ces chiffres sont d'une très grande inexactitude. Beaucoup de
monuments ont, en effet disparu; et le souvenir ne s'en est pas
conservé; maison peut néanmoins citer avec certitude comme
existant ou ayant existé dans Fensemble du pays de Guérande :
72 dolmens et monuments analogues; 28 menhirs; 2 cromlec'hs;
2 alignements.
A cette nomenclature, il faut ajouter une quantité de sépultures
sous roche, et des pierres portant des gravures.
Voici la liste de ces monuments aussi complète que possible :
A. — Dolmens.
Commune de Guérande (13 dolmens). — 1. Dolmen de San-
dun. Ce monument est composé de neuf supports; il est orienté
N.-O.-S.-E, et fermé au N.-O. Les tables de recouvrement ont
disparu (2). — 2. La Pierre Levée, dans un champ à droite, sur
(1) Cet inventaire a été publié dans les Mémoires delà Société d'Anthropologie
(Paris, 1880, in-8p). — Il a été établi pour le département de la Loire-Inférieure,
par M. Henri Martin, sénateur, président de la sous-commission. — En dehors
de cet inventaire officiel, il en existe trois autres : l'un manuscrit, rédigé en 1846
avec dessins à l'appui, par M. Th.-F. Quilgars, membre du Conseil général de la
Loire-Inférieure; le second, publié en 1877, par M. Kerviler, ingénieur en chef des
ponts et chaussées, dans le Bulletin archéologique de l'Association Bretonne, sous
le titre de Statistique des monuments mégalithiques de la région guérandaise ; — le
troisième, par M. P. de Lisle, dans son Dictionnaire archéologique de la Loire-
Inférieure.
(2) H. Quilgars. — Fouilles du dolmen de Sandun. — Nantes, 1897, in-8°.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE "5
la route de Guérande à Saille. Cette pierre est un reste de dol-
men (1). — 3-7. Restes de dolmens signalés en 1877, par M. Ker-
viler à Drienno, Le Mené, Connerie, Tromarlin, Coêtpéan (2).
Il est impossible de juger actuellement de la disposition de ces
ruines. — 8. La Pierre Beurrée, dans le champ des Vertins à
Haut-Morac. C'est une grande table de granit, près de laquelle
on voyait, il y a quelques années, des supports. — 9. Reste de
dolmen, entre le château de Careil et Mérionnec. On y remarque
une grande table, et une pierre debout enfoncée en terre. —
10. Près du village de Pradel, restes d'une allée couverte, compo-
sée de trois blocs, 'dont l'un forme fond. Orientation : N.-O.-S.-E.
— il. Sur la route de Guérande a Escoublac, à l'embranchement
du chemin de la métairie de Villeneuve, on voit, au bord d'un
talus, une grande table de pierre, provenant certainement d'un
dolmen. — 12. Dans l'île de Figola, au croisement des routes de
Guérande à Mesquer et de Clis à la Madeleine, se trouvent les
restes d'un dolmen formé d'une table reposant sur deux supports
enfouis en terre. — 13. A Lévèrac, ruines d'un dolmen, près de
la métairie.
Commune du Croisic (2 dolmens). — 14. Restes d'un dolmen
hla Pointe. Il existe encore deux supports, qui indiquent que ce
monument était orienté N.-O.-S.-E. — 15. En mer, sur le pla-
teau du Four, grand tumulus, qui n'a jamais été fouillé.
Commune de la Tcrbai.le (2 dolmens). — 16. Restes d'un
dolmen au village de Brandu; deux pierres formaient les côtés
de l'allée, une troisième le fond ; tout autour, vestiges d'un tumu-
lus. Ces ruines ont été détruites en 1909. — 17. Vestiges d'un
dolmen avec tumulus signalés par M. de Lisle, au nord de Tré-
vali (3). Il n'en reste plus trace.
Commune de Piriac (3 dolmens). — 18. Débris de dolmen a
Kertrellan entre Boule et Lauvergnac (4). — 19. Débris de dolmen
à Bolomel (5). — 20. Restes d'un dolmen à Kervaudu, près de
Saint-Sébastien.
Commune de Mesquer (1 dolmen). — 21. KKerallement, M. Ker-
viler signale les ruines, aujourd'hui disparues, d'une allée cou-
verte (6).
(1) De Lisle. — Diction, archéol. de la L.-lnf.
(2) R. Kerviler. — Statistique des mon. mégal. de la région guërandaise,
(3) De Lisle. — Diction.
(4) Id.
(5) R. Kerviler. — Statistique.
(6) R. Kerviler. — Statistique.
76 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Commune de Saint-Lyphard (18 dolmens). — 22. Au village de
Kerbourg, dans l'île de La Motte, est un beau dolmen, long de
7m70, formé d'une galerie couverte, large de 0m70, aboutissant
à une crypte de 2m38x3m15 de surlace et de lm50 de hauteur,
recouverte de larges tables de pierre. L'orientation générale du
monument est S.-E.-N.-O. avec la crypte au S.-E.(?). Ce monument
fut fouillé, il y a longtemps, par un anglais, dit-on, et le résul-
tat de ses fouilles est inconnu. — 23. Au même lieu, et à une
cinquantaine de mètres du monument précédent, sont les ruines
d'un autre dolmen de même orientation, mais qui devait être plus
considérable. L'emplacement de ce monument a été bouleversé et
dans les fouilles qui y ont été faites dans la suite, on a découvert
un petit celt, les fragments d'un vase en terre noire, de la cendre,
du charbon, des silex (1). — 24. Au village de Kerlô, dans l'île
du Len, ruines d'un grand tumulus à deux chambres dont il ne
reste plus qu'une table (2). — 25. Au village du Crugo, ruines
d'un grand dolmen dont il reste encore huit tables (3). — 26-28.
Au village du Clos-Dorangc, au bord de la Brière, trois dolmens
dont il ne reste plus que deux pierres (4). — 29-31. Dans le bois
de Crévy, trois dolmens contigus qui devaient faire partie d'un
tumulus unique. L'un d'eux est complet; un autre paraît inviolé;
le troisième est presque totalement détruit. — 32 . A La Pierre
Blanche de Tremelu, ruines d'un dolmen dont il ne reste qu'un
support en quartz et un autre en granit portant des cupules (5).
— 33-35. Au village de Bréca, ruines d'un tumulus à trois dol-
mens dont il reste encore quelques pierres. — 36. A Arbourg,
ruines d'un dolmen. — 37. Entre les villages de Kerverte et d' Ar-
bourg, dans les marais et sur le bord de la route de Saint-Lyphard,
à Pontpas, un dolmen a été récemment fouillé et complètement
détruit. — 38-39. A Mézerac, ruines de deux dolmens.
Commune d'Herbignac (4 dolmens). — 40. A la butte de Coul-
men, dolmen en forme de croix composé d'un couloir aboutissant
à quatre chambres. Ce beau monument a été fouillé à une époque
inconnue. — 41-42. Au même lieu, et au nord du monument
précédent, restes de deux petits dolmens qui ne semblent pas
avoir été fouillés. — 43. Dans les landes entre Herbignac et
Saint-Lyphard, un dolmen signalé en 1846.
(1) H. Quilgars. — Quelques considérât, sur les mon. mégal. Annales de Bre-
tagne, XIII-1897. — id. Guérande préhistorique, p. 23.
(2) De Lisle. Dictionnaire; — H. Quilgars. Guérande préhist,, p. 27.
(3) Id.
(4) Desmars. La presqu'île guérandaise; — H. Quilgars. Guérande prékist.,
p. 25.
(5) H. Quilgars. — Le menhir de la Pierre-Blanche. — Bull, de la Soc. Archéol.
de Nantes, 1899.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 77
Commune de Saint-Joachim (en Brière) (2 dolmens). — 44. Rui-
nes du tumulus de Bombardant avec dolmen, près du village de
Clos-Dorange. — 45. Entre la Butte des Pierres et le menhir de
la Roche au Moine, dolmen enfoui dans la tourbe.
Commune de la Chapelle-ûes-Marais (1 dolmen). — 46. Près
du bourg de Berçon, un grand dolmen signalé en 1846.
Communb de Saixt-Nazaire (17 dolmens). — 47. Dolmen du
Prieuré en la ville de Saint-Nazaire. — 48. Tumulus de Dissi-
gnac. Ce beau tumulus renferme deux galeries avec deux cham-
bres de trois mètres de long et de trois mètres de haut. Dans
l'une, deux rangs de pierre en encorbellement servent à exhaus-
ser les supports (1). — 49. A Dissignac, près du tumulus, rui-
nes d'un dolmen. — 50. Au village du Pez, tumulus avec dol-
men à deux galeries, identique à celui de Dissignac (2). — 51. A
Trégouêt, ruines d'un tumulus à deux galeries. —52-57. A Beau-
regard, ruines de six tumulus avec chambres (3). — 58. A Si/il,
restes d'un dolmen (4). — 59. A Marsaint, restes d'un dolmen
(5). — 60. Au village de Y Etang, restes d'un dolmen (6). — 61.
A Ust, débris d'un tumulus à deux galeries (7). — 62. A la cha-
pelle de Toutes- Aides, ruines d'un dolmen (8). — 63. A Cuneix^
dolmen (9).
Commune de Saint-André-dbs-Eaux (5 dolmens). — 64-65. A
Coëtcas, ruines de deux dolmens (10). — 66. Au Chatelliei\ au
bord de la Brière, ruines d'un dolmen (11). — 67-68. A Avrillac,
ruines de deux dolmens (12).
Commune d'Escoublac (2 dolmens). — 69. A la Grée-Guil-
laume, débris de dolmen v13). — A Treveday, restes de dol-
men (14).
Commune de Pénestin (2 dolmens). — 71. Grand tumulus de
Méarzein, à coffres (15). — A Tréhiguer, dolmen du Seal.
(1) A. Martin et R. Kerviler. — Fouilles du tumulus de Signac. — Bull, de la
Soc. arch. de Nantes, 1873. — P. de Lisle. Diction, archéol.
(2) P. de Lisle. — Diction.
(3) R. Kervler. Statistique. — P. de Lisle. Diction.
(4) Id.
(5) R. Kerviler. Statistique. — P. de Lisle. Diction.
(6) Id. — (7) Ld. — (8) Id.
(9) Id. — ;10; Id. — (11) Id.
(12) Id. - (13) Id. - (14) Id*
(15) H. Quilgars. Explorât, dans ta commune de Pénestin, et fouilles du tumulus
de Mearzein. Bull, de la soc. Polymathique du Morbihan, 1902.
Ï8 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRAKÇAISE
Tous ces dolmens se répartissent ainsi qu'il suit :
Dolmens à une galerie et chambre funéraire 2
Dolmens sans galerie, à chambre ronde ou ovale. . 4
Galeries rectangulaire servant de i fermées de tous côtés 9
chambres funéraires. j ouvertes d'un côté.. 32
Dolmens à deux galeries 5
Dolmen cruciforme 1
Tumulus à coffres 1
Monuments indéterminés, à cause de leur état de
ruine 18
B. Menhirs.
Commune de Guérande (5 menhirs). — 1. A Bissin, beau men-
hir (1). — 2. Au même lieu, autre menhir près de Brézan (2). —
3. A Merionnec, menhir dans un talus. — 4. A Cougor, menhir
tombé dans un fossé (3). — 5. A Clis, menhir aujourd'hui dé-
truit (4).
Commune de Batz (2 menhirs). — 6. Menhir de Saint-Michel,
au bord de la côte. — 7. Autre menhir (5).
Commune du Croisic (2 menhirs). — 8. Menhir de la Pierre-
Longue (6). — 9. Autre menhir, à proximité du précédent, si-
gnalé en 1475 (7).
Commune de la Turralle (2 menhirs). — 10. ABréhet, un men-
hir est signalé en 1678 sous le nom de « Pierre de Pelven au-
trement de l'Espervier » (8). - 11. A Coëtpean, menhir dans un
talus.
(1) P. de Lisle. — Diction.
(2) ID.
(3) Il s'agit de la Petra Concor, citée dans une charte du ix* s. du Cartulaire de
Redon.
(4) P. de Lisle. — Diction.
(5) P. de Lisle. — Diction .
(6) Ce menhir pourrait bien ne pas être un monument mégalithique. Sa situa-
tion, semblable à celle de Saint-Michel-de-Batz, porte à croire que cette pierre a
été érigée à une époque assez récente, pour servir d'indication à la navigation.
Voici à son sujet une curieuse lettre adressée par David de Drésigué, subdélégué
du Croisic, à l'Intendant de Bretagne. « Croisic, 7 juillet 1166. J'ai l'honneur de
vous exposer que la Pierre-Longue située à la côte du Croisic (qui esloit un ancien
monument servant de marques à la navigation), ayant été renversée la nuit du 18au
19 avril dernier, j'eu l'honneur d'en informer M le duc d'Aiguillon qui me donna
ordre, le 1k may suivant, de la faire relever, et m' ajout aque la dépense nécessaire
seroit prise sur le produit des deniers d'octrois. Cette dépense s'est montée à 25 li-
vres 15 sols. » (Arck. de la L.-Inf., C 164).
(7) Arch. de la L.-Inf., B 682.
(8) Arch. de la L.-Inf., B 1509, f. 866.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 79
Commune de Saixt-Lyphard (8 menhirs). — 12. A Kerlô, men-
hir signalé par Vergé (1). — 13. A Kercabus, un menhir dans
un laius, entre la route de Mesquer et le manoir. — 14. A Ker-
veloehe, grand menhir dans le village au bord d'une fontaine. —
15-19. Quatre menhirs signalés à la Croix-Longue, à la Messa-
gerie, près du Clos-Dorange et près des Grands-Fossés (2).
Commune de S aint- Jo achiN (en Brière)(1 menhir). — 20. Menhir
de la Roche-au-Moine (3).
Commune d'Assérac (1 menhir). — 21. Une grande pierre le-
vée mentionnée en 1614, sous le nom de la Pierre Rousse (4).
Commune de Saixt-Axdré-des-Eaux (1 menhir). — 22. Menhir
de la Pierre-Gergo (5).
Commune de Saixt-Xazaire (3 menhirs). — 23. Menhir du
Grand-Pré (6). — 24. Menhir de la Demurerie (7). — 25. Men-
hir d'Aiguillon (8).
Commune d'Escourlac (1 menhir). — 26. Un menhir mentionné
dans l'inventaire de la sous-commission des monuments méga-
lithiques.
Commune de Mesquer (1 menhir). — 27. Un menhir men-
tionné dans le Dictionnaire de Topographie des Gaules.
Commune de Penestix (1 menhir). — 28. Menhir du Seal, à
Tréhiguer.
C. — Alignements.
1. Entre le village d'Arbourg et les marais tourbeux, subsistent
les vestiges d'un vaste alignement. En 1900 on y comptait encore
52 pierres levées, réparties en sept rangs orientés N.-O. Suivant
les dires des paysans, ces rangs de pierres se poursuivaient, il y
a peu de temps, au loin dans la lande, du côté d'Herbignac. —
2. Au village du Clos-Dorange, on voyait il y a quelque trente
ans les restes d'un alignement, dont, aujourd'hui, il ne reste plus
une pierre (9).
(1) P. de Lisle. — Diction.
(2) P. de Lisle; Id. — Inventaire manuscrit.
(3) G. Orieux. — Le menhir de la Brière au Clos-d' Orange {Bull, de la Soc. archéol.
de Nantes, 1891).
(4) Arch. de la L.-Inf., E 285.
(5) P. de Lisle. — Diction.
|6) Id. — 17) Id. — (8) Id.
(9) P. de Lisle. — Dictionnaire [Loc. cil].
80 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
D. — Cromlechs.
Deux cromlec'hs ont été vus par M. Kerviler, l'un à la Chaus-
sée-Neuve, en Saint-André, où l'on ne voit plus que quelques
pierres ; l'autre à Crévy, en Saint-Lyphard (1).
E. — Monuments divers.
Au Bretineau, en la commune de Guérande, se trouve une
vaste enceinte trapézoïdale, formée de gros blocs contigus, lon-
gue de 81 mètres (2).
Il existe encore un certain nombre de pierres isolées, qui ne
peuvent rentrer ni dans la catégorie des dolmens détruits, ni
dans celle des menhirs. Ce sont des blocs de pierre ordinaire-
ment plats; les fouilles ont démontré que ces pierres consti-
tuaient des monuments complets, qui recouvraient des sépultures.
Dans la région de Guérande, ils étaient fort nombreux. Il en
existe encore trois à la Grée de Sandun et un certain nombre au-
tour du monument de Bretineau, et d'autres ont été détruits tout
récemment à Crémeur, à la Pradonnais et dans la commune de
Saint-Lyphard.
(1) R. Kerviler. — Statistique.
(2) P. de Lisle. — Le grand monument de Boga. Bull, de la Soc. archeol.
Nantes, 1890. — H.Quilgars. La Nécropole du Bretineau (id . , 1900).
*/
SEANCE DU 23 FEVRIER 19 11
Présidence de M. L. COUTIL.
AVI S
MM. les Membres de la Société Préhistorique Française
sont invités à adresser le montant des cotisations de 1911
à If. Gillet, 30, rue Gardenat-Lapostol, Suresnes, avant le
30 Avril prochain. — Passé cette date, le recouvrement sera
effectué d'office par la poste.
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la dernière
séance [26 janvier 1911]. — Le procès-verbal est adopté.
M. le Secrétaire général donne connaissance des notes reçues à
propos du procès-verbal, et envoyées par MM. M. Hébert (Paris), Cha-
pelet (Paris), Marcel Baudouin (Paris), Pol-Baudet (Aisne), Muller
(Grenoble), Deyrolle et Gobert (Tunisie).
Correspondance.
Lettres de remerciements. — M. Gaillard (Lyon).
Lettres d'excuses. — M. Doigneau (Fontainebleau).
Don. — M. H. Guérhard offre une petite collection de huit cartes
postales, qu'il vient de recevoir de M. Berthelot du Chesxay, repré-
sentant les dernières photographies des Monuments mégalithiques de
Bretagne^ exécutées par M. Hamonic.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 6
82 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Lettres d'avis de Découvertes. — M. A. Cousset (d'Etaules, Cha-
rente-Intérieure) : Découverte de deux épingles en os, sous des substruc-
tions gallo-romaines, dans la commune de Royan (lieu-dit Le Clouzy) ;
le tout accompagné de bronzes (monnaies), une bague, etc. — A Saint-
Pierre-de-Royan, découverte de Cavités en forme de Ponnes, dans un
jardin fprobablement d'époque gauloise], comparables à celles de Pou-
gauges et de Mareuil-sur-le-Lay (Vendée).
M. V. Rerthier (d'Autun), annonce qu'il est en train de mener à
bien le redressement d'un superbe menhir gravé.
Lettre d'avis de décès. — Mmc Marie-Louise-Sylvie Ferlin, épouse
de M. Louis Pistât, décédée à Bezannes (Marne).
Allocution clu Président pour 1011.
M. le Président, avant d'entrer en fonctions, prononce le discours
suivant :
Messieurs et chers Collègues,
Ce n'est pas sans une juste émotion que je prends possession d'une
Présidence, qui, depuis sept années, a été si brillamment occupée par
mes éminents prédécesseurs. Je revois l'année 1910, si féconde entre
toutes, grâce au dévouement inlassable et à la persévérance avisée de
mon ami, le Dr Henri Martin, pour la défense de la Société : sa recon-
naissance d'utilité publique, l'organisation de la fête si réussie qui l'a
suivie, et, enfin, la lutte contre le Projet de loi sur la Liberté des fouilles
archéologiques, qui sera son œuvre de la dernière heure.
C'est avec ses conseils éclairés et ceux de ses prédécesseurs à la
Présidence, MM. E. Rivière, A. de Mortillet, les Drs Ballet, Baudon
et Guébhard, qui ont si bien conduit notre Société à la prospérité, et
avec la sollicitude de mes excellents collègues du Conseil d'adminis-
tration qui m'ont désigné, que je puis accepter leur mandat, dont, cer-
tes, je ne me dissimule pas les difficultés : je tiens à les remercier du
fond du cœur de l'honneur qu'ils m'ont fait et de la confiance qu'ils m'ont
témoignée.
Je compte sur leur concours précieux et celui de nos trois Vice-Prési-
dents, dont les travaux sur le préhistorique de la Mayenne, l'Allier,
l'Eure-et-Loir et la Seine-et-Marne, vous sont bien connus : MM. Cha-
pelet, Doigneau et Fouju. pour toutes les questions qui pourront se
présenter.
Mais il est un appui particulièrement nécessaire, et sans lequel je
n'aurais pas accepté une succession aussi lourde : c'est celui de notre
si dévoué Secrétaire-général, le Dr M. Baudouin. Vous connaissez tous,
ou plutôt vous devinez, la tâche véritablement écrasante qui lui incombe ;
grâce à son énergie, sa méthode et sa philosophie, il arrive à calmer
certaines susceptibilités trop promptes à s'alarmer. Grâce au concours
du Conseil, à l'avenir, nous comptons sur vous pour éviter des inci-
dents qui compliquent son travail déjà trop chargé : ce qui nous per-
mettra de consacrer tout notre temps à nos chères études.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 83
Je ne saurais oublier notre Secrétaire des séances, M. de Givenchy,
dont les procès-verbaux concis résument si bien nos travaux, et qui,
malgré les nécessités abstraites de ses fonctions, trouve le moyen d'en-
richir nos Bulletins d'intéressantes communications, très luxueusement
illustrées.
Tout récemment, nous avons dû choisir un nouveau Trésorier, car
à plusieurs reprises M. Giraux, s'était trouvé surchargé de besogne,
surtout pendant la période du Congrès, par une correspondance de 600 à
700 lettres, qui entravait ses autres occupations, il nous a priés instam-
ment de lui trouver un successeur ; nous tenons à lui adresser notre légi-
time reconnaissance, pour le temps qu'il nous a consacré, d'une manière
si utile, depuis la fondation de la Société. M.Gillet, a bien voulu accepter,
non sans hésitation et par pur dévouement, ce mandat si délicat, mérite
nos sincères remerciements ; aussi, j'espère qu'en toutes circonstances
vous lui épargnerez des demandes d'explications [nous sommes près
de 500 membres actuellement ; il ne faut pas le décourager au début
de sa nouvelle carrière] !
L'usage exige que le Président entrant expose son programme; je
crois bien faire de continuer, tout d'abord, celui que nous avons éla-
boré ensemble et d'essayer de terminer les questions pendantes.
Fouilles Archéologiques. — Mon prédécesseur ayant si bien dirigé
l'enquête sur le Projet de Loi déposé par M. le Ministre de l'Instruction
publique, il a paru nécessaire au Conseil de lui laisser terminer une
entreprise aussi vaste, qui est son œuvre, tout en l'assurant de l'assis-
tance de la Société, dans toutes les circonstances où elle pourra lui
être nécessaire.
Je crois utile d'attirer l'attention de nos Collègues sur l'efficacité que
pourrait avoir une démarche du Conseil, tendant à leur faire obtenir
l'autorisation de fouiller un gisement. Certains propriétaires, hésitant à
concéder une autorisation gratuite, seraient flattés d'autoriser la Société
Préhistorique française, reconnue d'utilité publique, à fouiller leur ter-
rain et de savoir que leur nom sera cité dans nos 600 Bulletins.
Je recommande ce moyen, qui a déjà réussi ; le Conseil avisé prendra
aussitôt une décision que notre Secrétaire général transmettra immé-
diatement au postulant, comme lettre d'introduction; mais, à titre de
légitime compensation, il sera tenu de réserver la primeur du résul-
tat de ses fouilles et de la reproduction des objets pour notre Bulle-
tin.
Monuments Préhistoriques. — Grâce à tant de dévouements qu'il
m'est agréable de rappeler, nous possédons actuellement quatre dol-
mens et chambres sépulcrales néolithiques :
1° La Grotte sépulcrale de Belleville, à Vendrest (Seine-et-Marne y, due
à M. Beynier, acquise en 1908. fouillée et restaurée par M. le Dr M.
Baudouin, avec le concours de MM. Taté, Hue. L. Giraux, H. Martin,
A. Guébhard, etc. ; et dont le périmètre a été élargi récemment. On y
a installé un polissoir, offert par M. de Givenchy.
2° Le Dolmen de la Pierre levée de Janville-sur-Juisne (Seine-et-Oise),
fouillé en 1860 et 1872, obtenu par M Mallet, à la suite de longues
démarches, et offert par M. Multzer O'Naghten. — Notre collègue, à
peine remis d'un grave accident, poursuit la négociation d'un nouveau
monument.
3° Le demi-dolmen de Charnissay ou Palets de Gargantua (Indre-et-
Loire), que nous devons, aux démarches de notre collègue M. J.-B.
84 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE française
Barreau, et qui ont permis au Dr Henri Martin de nous faire une gra-
cieuse surprise, en l'offrant à la Société, le jour même où cessaient
ses fonctions de Président.
4° Le Dolmen d'Ethiau, à Couture (Maine-et-Loire), don, ancien déjà,
de M. et Mme L. Bonnemère.
5° Le Menhir de ï Homme de Pierre, de Permis (Vaucluse), a été
offert par M. Louis Ollivier, à la suite des recherches de notre col-
lègue Charles Cotte, qui l'a découvert, en étudiant les noms de lieux de
sa commune, et en remarquant son nom, déjà signalé, ailleurs, par
M. Rivière ; ce menhir, très incliné, mesurant environ lm80, mériterait
d'être redressé; j'espère que la Société pourra faire cette dépense, et y
placer une plaque indicatrice, car il indique une sépulture néolithique
voisine.
6° Le Polissoir d'Ocquerre, découvert par M. Reynier, à 2 ou 3 kilo-
mètres de la Grotte néolithique de Belleville, offert par M. deGivenchy,
est celui quia été transporté, en 1909, sur la Grotte sépulcrale de Ven-
drest.
7° Le Polissoir de Belval-sous-Châtillon, près Bezannéo (Marne), can-
ton de Châtillon-sur-Marne, a été découvert par l'instituteur; c'est une
nouvelle attention, jointe à tant d'autres, de notre ami, M. Marot, dont
le dévouement à la Société est bien connu.
J'espère donc que l'exemple donné par nos généreux confrères pro-
voquera cette année des dons nouveaux ; de mon côté, je ne manquerai
pas d'en solliciter.
Par ses nombreux membres, disséminés dans toutes les régions de
la France, notre Société a beaucoup plus de facilités à surveiller les
Monuments préhistoriques et à les protéger qu'une Commission officielle,
n'agissant que par des mandataires, dont les décisions espacées ne
parviennent à destination que six mois ou un an après que l'on a
signalé les dangers, et alors que les arbres et le vent aidant ont eu
tout le temps de disloquer une Allée couverte; qu'un propriétaire ou
qu'une commune ont pu convertir un monument en matériaux de cons-
truction, ou concasser pour empierrer un chemin !
Aussi, je vous recommande tout particulièrement ces précieux Mo-
numents, dont nous nous occuperons immédiatement, au premier cri
d'alarme.
Commission des Enceintes. — Je n'insiste pas sur l'excellent fonc-
tionnement de cette Commission, si précieuse pour notre Société, et
si active, qui nous a rendu tant de services et provoqué des fouilles
intéressantes d'oppida, sous son président-fondateur, le Dr Guébhard ;
et qui, avec son successeur, estimé de tous, M. Viré, n'a ralenti ni les
descriptions d'enceintes, ni les plans, ni les fouilles; car ce n'est pas
une sinécure de correspondre chaque mois avec les délégués des dépar-
tements et parfois de l'étranger, ou de provoquer de nouvelles colla-
borations. L'idée du fondateur fut excellente et féconde, à tous égards;
elle est en de trop bonnes mains pour ne pas prospérer encore.
Bulletin. — Jusqu'ici, nous avons publié peu de mémoires impor-
tants; nos ressources s'y opposaient. Il a fallu des prodiges d'ingé-
niosité à notre Secrétaire-général pour la mise en pages et l'agence-
ment du Bulletin mensuel : ce qui amena parfois de petits mécontente-
ments. Mais on ne se figure pas assez la difficulté pour arriver, en
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 85
quinze jours à peine, au nombre exact de pages ; si bien que des
notices imprimées, sont ainsi ajournées au Bulletin suivant. Quoique
cette année le nombre de pages soit augmenté, il sera difficile de
publier des mémoires plus importants, qu'il faudra parfois scinder, à
cause du nombre considérable de communications envoyées, et afin
de ne pas retarder la prise de date pour des mentions de fouilles ou de
gisements découverts, et qui doivent figurer immédiatement au Bulle-
tin. Comme notre augmentation en membres coïncidera certaine-
ment avec un plus grand nombre de communications (car nous comp-
tons toujours sur le concours de nos nouveaux collègues), il faudra son-
ger à tourner la difficulté : sans doute par la publication de Mémoires
isolés.
Aussi, pour éviter au Conseil de réclamer aux auteurs des manuscrits
plus concis et des remaniements, comme cela a lieu pour le Bulletin
archéologique, le Bulletin et les Mémoires des Antiquaires de France, le
Bulletin monumental, la Société Française d'Archéologie, etc., nous
prions nos Collègues d'envoyer des travaux très concis et surtout très
documentés, sans redites inutiles pour les lecteurs.
Comme par le passé, l'impression et les clichés hors texte resteront
à la charge des auteurs, ainsi que les clichés en général.
Bibliothèque, Musée et Laboratoire. — Avec notre éminent pré-
décesseur et notre Secrétaire-général, je désire arriver à une meilleure
installation, car le local choisi, qui offrait de grands avantages, a prouvé
cet hiver que les murs étaient très humides ; fort heureusement, les
caisses de Vendrest seules y Jsont installées. Je ferai aménager des
tables et des chaises pour permettre au Dr M. Baudouin d'étudier et de
publier, cette année, le résultat de ses fouilles. Mais, pour installer la
Bibliothèque, il faut disposer d'un local absolument sec, qui pourrait
être chauffé. Comme le prix de location semble être au-dessus de nos
ressources actuelles, ne pourrait- on pas songer à un édifice désaffecté,
situé dans la zone comprise entre le Muséum et la Sorbonne, que nous
pourrions aménager, et qui nous serait concédé pour dix ans ? Nous
pourrions nous y réunir chaque semaine, à une date fixe, et même y
tenir nos réunions exceptionnelles. Ce n'est pas chose impossible,
quand on songe à ce que nous avons obtenu, et lorsqu'on se reporte à
nos modestes débuts, au coup de baguette magigue et à l'intervention
inoubliable de M. Rivière, notre Président fondateur, qui nous fit
admettre dans une salle de la Sorbonne !
Association syndicale des Préhistoriens de France. — Notre
Secrétaire général vous a signalé l'utilité d'une Association syndicale
des Préhistoriens de France, pour nous défendre dans des difficultés
ou des accidents, pouvant surgir à l'occasion de fouilles; nous croyons
que l'année ne doit pas s'écouler sans que ce projet se réalise.
Situation actuelle de la Société. — J'ai déjà parlé de notre pro-
gression vraiment extraordinaire, en 1910, elle nous a amené 99 nou-
veaux membres; et, aujourd'hui, nous avons presqu'atteint 500! Précé-
demment, nous avions trois membres à vie ; cette année, nous en avons
cinq nouveaux. Je tiens à remercier, au nom de tous, les parrains, qui
ont ainsi songé à la prospérité de la Société ; et je ne saurais trop les
encourager dans de nouveaux recrutements, surtout pour certains dé-
partements, encore peu représentés.
Nous avons malheureusement six décès à déplorer : ceux de nos
excellents collègues Champagne, Robert, Bussière, Meyer, Bellier, et
86 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
enfin, celui de Tabariès de Grandsaignes, ancien Vice-Président du
Congrès préhistorique de Chambéry et membre du Conseil, et dont
nous regrettons tous la grande expérience, pour lequel nous avions la
plus grande estime dont le Dr H. Martin a si bien retracé sur sa tombe
la carrière scientifique.
A leurs noms, nous devons ajouter ceux deMmes Marignan et Romain,
qui furent les compagnes dévouées de nos excellents collègues, et leurs
collaboratrices dans leurs remarquables recherches. Nous adressons à
nos chers disparus le respectu2ux hommage de notre souvenir ému.
Enfin, je m'excuse d'avoir pris sur la séance un temps précieux; et
je termine en vous réitérant le vœu formulé par mes prédécesseurs,
pour que la Concorde continue de faire le charme de nos réunions,
qu'elle resserre encore nos bonnes relations, et augmente ainsi notre
ardeur pour nos recherches, dont l'unique préoccupation sera de faire
profiter par des faits nouveaux et très scrupuleusement exacts la Science
préhistorique, et concourra ainsi à la prospérité de notre chère Société,
déjà si florissante, grâce aux efforts de tous (Vifs applaudissements).
Bibliot hèque.
La Bibliothèque de la Société a reçu les ouvrages suivants :
Chauvet (Gustave). — Os, ivoires et bois de Rennes ouvrés de la Cha-
rente [Hypothèses palethnographiques] [Extr. Bull, de la Soc. Arch.
et Hist. de la Charente, 1910]. — Angoulême, E. Constantin, in-8°,
191 p., 122 fig.
Franchet (Louis). — Eludes sur les différents systèmes de classifica-
tion des poteries néolithiques [Extr. A. F. A. S., Congrès, Lille, 1909,
896-902].— Paris, 1910, in-8°, 7 p.
Franchet (L.). — Du rôle de la Chimie dans les recherches préhis-
toriques [Extr. Rev. préh., 1910, V, n° 8,]. — Paris, 1910, in-8°,
8 p.
Franchet (L.). — Essai sur la classification céramique depuis le
Néolithique jusqu'à nos jours [Extr. Homme préh., 1909, VIII, n° 9]. —
Paris, 1910, in-8% 10 p., 1 tabl.
Rutot (A.). — Un homme de science peut- il raisonnablement admettre
V existence des industries primitives , dites Eolithiques [Extr. B. et M.
Soc. d'Anthr., Paris, Cinquant., 1910, p. 151-177]. — Paris, 1910, in-8°,
26 p.
Rutot (A.). — Note sur V authenticité des ossements humains quater-
naires de Grenelle et de Clichy. Notes sur les nouvelles trouvailles de
squelettes humains quaternaires danslePérigord. [Extr. Bull. Soc. Belge
de Géologie, etc., 1910, XXIV, P. V., 358-377]. — Bruxelles, 1910,
in-8°, 19 p.
Mingaud (Galien). — Rapport sur les travaux de la Société d'Etudes
des Se. Nat. de Nîmes, 1910, XXXVIII [Extr., 1910]. — Nîmes, 1910,
in-8°, 12 p., 1 figure [Men/tir-statite] .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 87
Beaupré (CteJ.). — Le mur cyclopéen de la Trinité [Légende préhis-
torique). [Extr. Bull, des Séances de la Soc. des Se. de Nancy, 1910]. —
Nancy, 1910, in-8°, 9 p.
Vassedr (G.), -j-» Résultats des fouilles archéologiques exécutées à
Marseille dans le Fort Saint-Jean [Extr. C. R. Acad. Inscript, et Belles-
Lettres, 1910, p. 244]. — Paris, 1910, pet. in-8°, 18 p., 2 pi.
Harmois (A.-L.). — Inventaire des Découvertes archéologiques dans
le Département des Côtes-du-Nord. [Extr. Mém. Soc. d Émulation des
Côtes-du-Nord, 1910, p. 87-151]. — Saint-Rrieuc, 1910, in-8°.
Bulletin de la Société d' Emulation du Bourbonnais. — Moulins, année
1911, n" 1, janvier.
Materias para o estudo das Antiguidades portugazas publicados sola a
divercia de F. Tavares de Proença (Jor). — Lairia, Portugal, in-8°, t. I,
n° 1 et n° 2.
Bulletin de la Société d'Anthropologie de Lyon. — 1910, t. XXII, Lyon,
in-8% 1911.
Commission de la Liberté des Fouilles.
M. le Dr Henri Martin, secrétaire, met la Société au courant de ses
démarches en faveur de la Liberté des Fouilles. — 83 Sociétés ont déjà
protesté contre le Projet de Loi. — Les principaux documents relatifs à
cette question sont publiés plus loin ; les plus caractéristiques ont
été lus en séance .
Don d'un Monument mégalithique.
Le Menhir de la Pierre aux Bœufs, en grès, mesurant 2m20 de hau-
teur, commune de Montreuil-l'Argillé, arrondissement de Bernav
(Eure), redressé par M. Coutil, en janvier 1911, est offert par lui à la
Société. — Les formalités de la donation seront ultérieurement accom-
plies {Vifs applaudissements.)
Admission de nouveaux Membres.
Sont proclamés : MM.
Bardié (Armand), Industriel, Président de la Société linéenne de Bor-
deaux, 59, cours de Tourny, Bordeaux (Gironde).
[Gaurichon — H.Martin].
Bousquet (Maurice }, 11, rue de la Tour, Paris.
[Henri Martin — Edmond Hue],
Bouttet (Stéphane), Saint-Alban-les-Eaux (Loire).
[L. Coutil — A. Guébhard].
88 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Féaux (Maurice), Gorr. du Min. de l'I. P., Conservateur adjoint du
Musée du Périgord, 50, rue Combe-des -Dames, Périgueux.
[A. Délugin — A. Guébhard].
Genevaux (Maurice), rue Marceau, 12, Montpellier (Hérault).
[Miquel — E. Cartailhac].
HÉomet (Henri), représentant de commerce, produits chimiques-phar-
maceutiques, 29, rue Solférino, Billancourt (Seine).
[Ballet — Marcel Baudouin].
Saint-Périek (Comte de), D. M., 24, rue du Bac, Paris.
[A. deMortillet — P. Marot].
Nomination de Délégués Départementaux.
La nomination de M. Gaurichon (de Tours), le premier membre
titulaire de la S. P. F. en Touraine, comme Délégué Départemental
d'Indre-et-Loire, est ratifiée par le Conseil.
Présentations.
M. Malga (l'Abbé). — Objets d'une grotte magdalénienne à Lttzech,
"et d'une station néolithique, près Luzech (Lot).
M. le Dr Deyrolle (Paris). — Tatouage et Tortue.
M. Desailly (Paris). — Silex taillés de la Carte d'Arras [Service géo-
logique].
Communications.
M. Marcel Baudouin (Paris). — Les Haches plates, en cuivre, de Ven-
dée : La Vendée comme centre occidental de l'Age du cuivre [Prise de date].
Henri Martin (Paris) et J.-B. Barreau (La Haye-Descartes). — Con-
tribution à l'étude du Grand- Pressigny (Indre-et-Loire] [Prise de date],
— Discussion : A. de Morxillet; Marcel Baudouin.
M. Georges Poulain (Eure). — Etablissement romain en cours d'ex-
ploration, à Saint- Aubin-sur- Gaillon (Eure).
M. le Dr Louis Gobillot (Vienne). — Pendeloque néolithique de Li-
glet (Vienne).
M. Clastrier (Marseille). — Pierre spéciale de l'Habitat celto-ligure
grec du Pain de sucre {Marseille),
M. A. Viré (Lot). — Dolmens et tumulidu Lot.
M. Ph. Reynier (Lizy-sur-Ourcq). — Découverte d'un Fow à inci-
nération dans la Nécropole gallo-romaine d'Ocquerre (Seine-et-Marne).
M. A. Cousset (Etaules). — Découverte d'une Cachette de Haches
plates en cuivre à Breuillet {Charente- Inférieure).
M. Franchet (Paris). — La Poterie Magdalénienne.
M. L. Coutil (Eure). — 1° Relation du redressement qu'il a effectué
de la table et des quatre supports du dolmen La Grosse Pierre ou Pierre
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 89
Couplée de Verneuses [Eure) [Vœu pour V abattage d'un énorme sapin qui
a déjà détruit ce monument, car les racines passant sous les supports sont
encore appelées à les disloquer], — 2° Redressement du menhir La Pierre
aux Bœufs, à Montreuil-V Argillé {Eure).
M. O. Vauvillé, présente 30 tranchets préhistoriques du Soisson-
nais, des époques paléolithique et néolithique ; ils comprennent :
1° 6 pièces provenant du gisement quaternaire de Cœuvres, où les dé-
bris de mammouth sont nombreux; 2° 2 longues pièces de Pommiers ;
3° 21 petits tranchets, recueillis par lui dans des Allées couvertes, sur
Montigny-l'Engrain. — La pièce la plus intéressante de ces dernières
est un petit tranchet, qui est emmanché dans un Bois de Cervidè, ce qui
permet bien d'affirmer que ce genre d'instrument est bien un tranchet,
et non une flèche à tranchant transversal; 4° un tranchet double, prove-
nant des Pommiers.
-~>--»*-»~~*-i
Nouvelles protestations adressées à la Société
Préblutorique Française, contre le Projet de
Loi sur les Fouilles archéologiques.
En présence des nombreux vœux, émis par les principales So-
ciétés savantes de France, la Société Préhistorique française, qui
représente le groupement le plus considérable de Savants se
livrant aux recherches préhistoriques, a demandé à ces Sociétés,
pour coordonner tous les desiderata, de vouloir bien se rallier
au contre-projet qu'elle a fait déposer sur le bureau de la Cham-
bre par M. Péchadre, Député de la Marne.
Depuis son appel, la Société Préhistorique française a reçu
les protestations de 83 Sociétés savantes, et de nombreuses
lettres de protestations.
I. — PROTESTATIONS DES UNIVERSITÉS.
Protestation du Prof. FOlRMI.It.
Faculté des Sciences de Besançon.
Institut de Géologie
et de Minéralogie.
Besançon, le 3 février 1911.
Monsieur le Président,
Je vous prie de vouloir bien joindre ma protestation à celles de mes
collègues des Universités, relativement au projet de loi sur les fouilles
archéologiques, préhistoriques et paléontologiques.
La liberté la plus entière doit être, à mon avis, laissée aux cher-
cheurs, au moins en ce qui concerne les stations ou gisements qui
n'ont fait l'objet d'aucune fouille méthodique antérieure.
90 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Mais, lorsque les recherches faites dans une station ou dans un gi-
sement ont prouvé l'existence dans cette station ou ce gisement d'objets
ou de fouilles, dont la conservation présente un intérêt général, je
crois qu'il serait désirable que l'auteur de la découverte puisse en ob-
tenir le classement, ainsi que cela se pratique pour les monuments his-
toriques ; on arrêterait ainsi la destruction d'une foule de stations in-
téressantes et la dilapidation des objets qu'on y découvre.
Comme conséquence de ce classement des stations préhistoriques,
l'expropriation par déclaration d'utilité publique pourrait être obtenue
contre un propriétaire, qui se refuserait à laisser exécuter sur son ter-
rain des fouilles ayant un intérêt scientifique.
Une loi ainsi comprise étendrait la liberté des chercheurs au lieu de
la restreindre, et ne pourrait qu'activer l'essor de l'initiative indivi-
duelle.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes senti-
ments les plus distingués et les plus dévoués.
E. Fournier.
Protestation du Prof. PAQUIER.
Université dr Toulouse.
Faculté des Sciences
Laboratoire de Géologie.
Toulouse, le 1er février 1911.
Bien qu'il y ait assurément lieu de se préoccuper d'arrêter l'exode
de nos richesses paléontologiques ou archéologiques à l'étranger, on
ne saurait trop cependant s'opposer à l'adoption du projet de loi de
1900 sur les fouilles, qui ne tendrait à rien moins qu'à créer un état de
choses plus préjudiciable encore aux véritables intérêts de la science
en France. Gomment accueillir, en effet, une réglementation qui ne tar-
derait pas, alors qu'on parle sans cesse de décentralisation, à consacrer
une centralisation vraiment abusive de tous les documents importants
de nos archives paléontologiques ou archéologiques de la province
dans les collections de la capitale, et pour le seul profit des travail-
leurs parisiens ! Une conséquence, plus grave encore de cette mesure,
si elle était votée, serait d'ailleurs de décourager systématiquement
toute tentative de fouilles de cette nature, non seulement de la part
des Universités ou des Musées, mais encore de la catégorie, si intéres-
sant et malheureusement si réduite aujourd'hui, des collectionneurs
éclairés. Si, à la rigueur, quelques professeurs d'Université ou con-
servateurs de Musée, surmontant leurs répugnances personnelles, con-
sentaient encore à entreprendre des travaux de cet ordre, sous une
surveillance toujours gênante, à l'occasion même tracassière, et cela
malgré la menace de se voir ravir au dernier moment le joyau de leurs
recherches, quel est le collectionneur, qui, moins bien qualifié pour ré-
sister aux prétentions d'un agent investi de pouvoirs aussi étendus,
courra désormais le risque de se voir finalement dépossédé du plus
clair du fruit de ses efforts et de son initiative ?
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 91
Pour ces seules raisons, et il serait aisé d'en indiquer d'autres,
comme, par exemple la division entre plusieurs établissements éloi-
gnés d'une même fouille paléontologique ou d'une même trouvaille
archéologique, il me paraît tout à fait sage de s'en tenir aux articles I
et III de l'amendement proposé par la Société Préhistorique française,
qui prévoit une autorisation ministérielle pour l'exportation d'un objet
(["intérêt national ou pour l'ouverture de fouilles par un étranger sur
e territoire français.
V. Paqdier,
Professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Toulouse,
Administrateur du Musée d'Histoire naturelle.
Protestation du Prof. DIGOX.
Doyen de la Faculté des Sciences de Caen.
En ce qui me concerne personnellement, je suis tout à fait de l'avis
de mes collègues Depéret, Fallot et Welsch. D'ailleurs ceux de nous,
qui prêtent leur concours à l'étude géologique des projets d'alimenta-
tion en eau potable présentés par les communes, sont je crois suffisam-
ment édifiés, sur ce qu'on doit attendre de l'interprétation des règle-
ments par les bureaux des préfectures, pour prévoir dans quel esprit
seront interprétées les dispositions de la loi, quand il s'agira, en ma-
tière scientifique, non plus d'un concours gracieux, mais d'une vérita-
ble tutelle administrative. Je vous autorise à reproduire mon opinion.
Veuillez agréer, etc..
Signé : Bigot.
Protestation du Prof. GLAXGEA.LD.
Université de Glermont.
Faculté des Sciences.
Laboratoire de Géologie.
J'associe ma protestation véhémente à celle de mes collègues, au su-
jet du projet de loi relatif aux fouilles paléontologiques et préhistori-
ques. Il serait extrêmement fâcheux, désastreux même, que les pou-
voirs publics puissent s'immiscer dans les fouilles scientifiques, sous
l'instigation de personnes intéressées à les faire cesser, ou à supplan-
ter ceux qui auraient découvert et étudieraient de nouveaux gisements.
Signé : Ph. Glaxheaud,
Professeur de Géologie à la Faculté de Clermont.
92 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
IL — MUSÉES ET PROTESTATIONS.
Protestation de m. Edouard HARLÉ.
Des trois articles du contre-projet de la Société préhistorique fran-
çaise, le premier et le dernier paraissent devoir rallier tous les suffra-
ges, pourvu que le premier soit appliqué en évitant toute gêne, sauf le
cas des échantillons exceptionnels qui l'a motivé. Mais le deuxième,
celui qui donne à l'Etat un droit de préemption en cas de vente d'ob-
jets, mérite de bien sérieuses objections.
Et d'abord il est inapplicable dans la plupart des cas, à moins d'une
gêne et de formalités tout à fait disproportionnées. Et puis, il conduit
à des conclusions inacceptables, comme dans l'exemple suivant : L'une
des plus belles pièces de ma collection a été achetée par moi, à un exploi-
tant de carrière, pour 2 francs; mais elle m'a coûté infiniment de
voyages et de peine . Pour une fois que j'ai réussi, j'ai eu cent fois peine
perdue. La disposition proposée serait, dans les cas de ce genre, mani-
festement injuste. Elle découragerait les recherches, et elle amènerait
à dissimuler les bonnes pièces, donc à ne pas les publier, et agirait
ainsi contre la science française qu'elle est supposée devoir soutenir.
L'on doit observer de plus que : acquisition d'un objet par l'Etat, signi-
fie qu'il servira à enrichir quelque musée de la capitale. Si, au con-
traire, l'Etat ne s'empare pas de l'objet, celui-ci restera probablement
dans sa province d'origine, soit dans une collection privée, soit ulté-
rieurement dans le musée local. Nous autres pauvres provinciaux, nous
ne sommes pourtant pas bien difficiles : nous demandons seulement que
l'Etat, dont les ressources sont constituées par notre propre argent, ne
les utilise pas à nous dépouiller, estimant, comme Beaumarchais, que
l'Etat vous aura fait assez de bien s'il ne vous fait pas de mal.
Edouard Harlé.
Musée Départemental
Gap (Hautes-Alpes).
Gap, le 3 Février 19 11
Le Conservateur du Musée de Gap, à Monsieur le Président
de la Société Préhistorique Française.
Le Conservateur du Musée de Gap, Vice-président de la Société
d'études des Hautes-Alpes, auteur de nombreuses fouilles dans des
grottes néolithiques, dans des tumuli ou dans des ruines romaines de
la région alpine, fouilles dont les trouvailles ont été déposées au Musée
de Gap, a éprouvé un vrai découragement à la lecture du projet de
loi relatif aux fouilles scientifiques.
Cette loi serait désastreuse pour les sciences locales, car elle para-
lyserait les efforts généreux des chercheurs par des prescriptions dra-
coniennes et vexatoires.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 93
D'autre part, cette loi serait inefficace dans beaucoup de cas pour la
irotection des sites, des monuments, des ruines et vestiges préhisto-
iques, car elle n'empêcherait pas les propriétaires, les entrepreneurs
le travaux, de vider les grottes, les abris, d'exploiter les murgers, les
uines, les tumuli. les gisements fossilifères, sous prétexte d'effondre-
aent, d'exploitation de carrières, ou d'emprunts de matériaux de cons-
ruction : tous travaux qui ne sont soumis à aucune formalité !
Ainsi, le terrassier, le concasseur de pierres, le cantonnier, auraient
e droit de fouiller les gisements, de concasser les objets scientifiques ou
le les jeter aux déblais; et le naturaliste, le savant, l'archéologue, n'au-
aient pas le droit de recueillir ces objets, de les extraire de leur gan-
;ue!
Aussi, je m'associe avec empressement à la protestation et à la de-
oande de modifications de la Société préhistorique française.
David Martin.
Conservateur du Musée de Gap,
Vice-Président de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes.
Muséum de Rennes.
Histoire Naturelle.
Géologie.
Rennes, li février 1911.
Monsieur le Président,
Etant mise à part la question de mercantilisme que je désapprouve
issurément et qu'allègue le projet de loi du 25 octobre dernier que
rous m'avez rappelé, nul plus que moi ne reconnaît et déplore les incon-
vénients multiples qui résulteraient de cette loi si elle était promulguée
sans modifications. De plus autorisés que moi vous ont dit ou laissé
întendre en quelle mésestime ils tenaient les prétentions des partisans
le la centralisation à outrance que le projet actuel favorise indubita-
jlement aux dépens des richesses scientifiques provinciales. Person-
îellement, décentralisateur convaincu, j'approuve les énergiques pro-
;estations de ces savants, groupés ou non, et me joins à eux pour
lemander sinon le rejet absolu d'une réglementation qui, je le crains,
i«?guise le but visé, du moins pour obtenir qu'une modification très
nette y soit apportée en ce qui concerne les recherches purement palé-
antologiques. A ce point de vue particulier, je ne saurais que m'asso-
cier au désir formulé par la Société géologique de France (à laquelle j'ai
l'nonneur d'appartenir) dans le paragraphe 3 de ses conclusions, savoir
q je les travaux auxquels se livrent quotidiennement les géologues sur
le terrain, pour la recherche des fossiles, ne soient pas astreints à une
déclaration préalable. Par ailleurs je m'explique mal qu'une pièce rare
oj importante, trouvée par quelque géologue de province, soit mieux à
sa place et plus intéressante à Paris que dans un des musées de la pro-
94 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
vince à laquelle elle appartient géologiquement, au milieu de ses con-
génères en quelque sorte et, pour ainsi dire, dans le cadre où elle a pu
vivre jadis.
J'ajouterai encore, comme Conservateur de Musée, que nous sommes
tous en général astreints, non seulement à entretenir et à classer métho-
diquement les collections confiées à nos soins, mais bien à les accroî-
tre, et que nous devons tendre aies enrichir de pièces de valeur.
Or, je vois dans cette obligation une quasi contradiction avec le nou-
veau projet de loi, qui, s'il n'était modifié ainsi que je l'ai dit plus haut,
dans le sens indiqué par la Commission de la Société géologique de
France, en rendrait l'accomplissement plus compliqué, parfois impos-
sible, voire même dangereux.
Signé :T . Bezier,
Le Directeur Conservateur du Musée Géologique
de la ville de Rennes, membre de la Société
Archéologique d'Ille-et-Vilaine, ancien Président
de la Société Scientifique et Médicale de l'Ouest.
Ville de Lyon.
Muséum des Sciences naturelles.
Le 19 janvier 1911.
Mon cher Collègue (1),
Je vous remercie bien sincèrement pour l'aimable envoi de votre vi-
goureuse lettre de protestation, contre le projet de loi sur la réglemen-
tation des fouilles concernant l'archéologie et la paléontologie.
Je suis tout à fait de votre avis. Il est nécessaire d'écarter le plus
possible les étrangers de nos gisements paléontologiques ou archéolo-
giques, afin d'éviter le retour des abus qui se sont produits, en 1909,
dans la Dordogne. Mais il semble que le meilleur moyen de conserver
chez nous les documents scientifiques de notre pays consiste avant
tout à faciliter la recherche et l'étude de ces documents, à nos compa-
triotes ! On ne peut donc approuver le projet du gouvernement, qui
rendrait au contraire ces recherches très difficiles aux géologues et
préhistoriens de province. Ce serait la ruine de nos Sociétés régio-
nales.
Je crois qu'il serait bon de donner à l'Etat un droit de préemption
limité à certains cas, qui devraient être prévus parla loi. L'Etat aurait
le droit d'intervenir, par exemple, dans une vente de collections, où les
étrangers seraient représentés. Il me paraît inadmissible, en effet, que
la loi oblige un étranger qui désire faire des fouilles à solliciter l'auto-
risation ministérielle, et qu'elle permette à cet étranger de se procurer
librement, par voie d'acquisition, des documents provenant des fouilles
de nos nationaux.
(1) Lettre adressée ù M. Edouard Harlé.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 95
Quelques modifications à la loi du 30 mars 1887, donneraient satis-
action à tous les intérêts légitimes. Elles recevraient aussi l'approba-
tion des promoteurs du projet de loi qui n'ont eu, évidemment, d'autre
but que d'assurer la protection des documents scientifiques du pays.
Les travaux paléonlologiques ou archéologiques de nos compatriotes
et de nos Sociétés régionales font trop grand honneur, tout à la fois à
la science française et à notre esprit d'initiative, pour que personne
puisse songer à les paralyser.
Je vous autorise à publier cette lettre, si vous la jugez utile à la
cause que nous défendons.
Veuillez, mon cher collègue, agréer l'expression de mes sentiments
les plus cordialement dévoués.
Gaillard,
Docteur^ès Sciences naturelles,
Conservateur du Muséum de Lvon.
111. — SOCIETES.
39° Société Archéologique du Gers.
Audi, le 10 janvier 1011.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous informer que, dans sa séance du 9 janvier
1911, la Société Archéologique du Gers s'est unanimement associée à
votre campagne contre le projet de loi sur les fouilles archéologiques.
Elle exprime le vœu que l'article 14 de la loi du 30 mars 1887 soit
complété par les trois adjonctions que vous proposez sur la sortie des
objets de France, sur le droit de préemption de l'Etat, et sur l'autorisa-
tion de faire des fouilles pour les étrangers.
Le Président : Philippe Lavzix.
40° Société d'Excursions scientifiques.
Après avoir pris connaissance du projet de loi relatif aux fouilles in-
téressant l'Archéologie et la Paléontologie, déposé sur le Bureau de la
Chambre des Députés, le 25 octobre 1910.
La Société aV Excursions scientifiques, réunie en Assemblée générale,
le 14 janvier 1911, tient à joindre sa protestation à celles déjà formu-
lées par de nombreuses Sociétés savantes contre ce projet de loi :
Considérant que la liberté des recherches scientifiques a eu, en
France, comme résultat heureux d'y développer, plus que partout
ailleurs, le goût des études archéologiques et paléontologiques, en sti-
mulant un grand nombre de chercheurs dévoués qui dépensent sans
compter leur temps et leur argent, et dont le zèle désintéressé contri-
bue, tous les jours, à enrichir nos collections publiques :
Considérant que les entraves apportées par la loi projetée ne pour-
raient que nuire à la science, en décourageant toute libre initiative ou
96 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
en poussant les auteurs de découvertes à ne pas les signaler, afin d'évi-
ter les ennuis et les retards pouvant résulter des déclarations obliga-
toires et des surveillances officielles;
Considérant que de semblables formalités ne sauraient d'ailleurs que
favoriser la dilapidation des trouvailles par les ouvriers et la vente
clandestine des objets qui, prudemment démarqués, perdraient ainsi
toute leur valeur:
Considérant enfin, que la loi projetée va à l'encontre de la décentra-
lisation scientifique réclamée par toutes les Sociétés savantes et qu'elle
est, en outre, attentatoire à la propriété privée, aussi bien qu'à la pro-
priété scientifique.
La Société d'Excursions scientifiques émet le vœu que l'on s'en tienne
à la loi du 30 mars 1887, qui est parfaitement suffisante pour assurer
la conservation des monuments et des objets présentant un intérêt his-
torique ou artistique.
Elle se rallie à la proposition, faite par la Société Préhistorique fran-
çaise, d'ajouter à cette dernière loi, quelques articles interdisant l'ex-
portation des objets particulièrement intéressants pour notre pays et
réglant les conditions dans lesquelles les Etrangers pourront exécuter
des fouilles en France; mais elle estime qu'aucune atteinte ne doit être
portée à la liberté des recherches scientifiques entreprises par les Fran-
çais, recherches qui, loin d'être entravées, devraient, au contraire,
être facilitées et encouragées .
41° Société d'Emulation du Bourbonnais.
Moulins, le 11 janvier 1911.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous annoncer que notre société vient de prendre
dans sa séance du 9 janvier 1911, une délibération conformera celle que
vous avez prise le 2 décembre 1910 relativement à la liberté des fouilles
et à l'exportation des objets à l'étranger.
Le Président, G. Morand.
42° Société Linnéenne du Nord de la France-
Amiens, le 18 janvier 1911.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous faire connaître que dans sa dernière séance,
la Société Linnéenne après avoir pris connaissance du projet de loi
relatif aux fouilles intéressant la Paléontologie et l'Archéologie, et de
l'extrait du procès-verbal de la réunion du Conseil d'Administration
tenue le 2 décembre 1910, s'associe entièrement au vœu émis par la
Société Préhistorique française, résumé dans les trois articles qui doi-
vent compléter l'article 14 de la loi du 30 mars 1887.
Le Secrétaire, F. Choquakt.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 97
43° Société d'Etudes scientifiques de l'Aude.
Séance du 18 décembre 1910. — Présidence de M. le Dr Carbou. —
Le Secrétaire expose que, à la suite de fouilles exécutées dans une de
nos régions les plus riches en gisements préhistoriques sur des pro-
priétés particulières temporairement louées à cet effet, les objet recueil-
lis ont été dispersés hors de France, au profit de collectionneurs ou
marchands étrangers. Nous nous trouvons ainsi dépossédés sur notre
propre terriioire de pièces essentielles à l'étude de nos origines et
dont la plupart échapperont pour jamais à l'investigation scientifique.
Ce fait a soulevé au sein de nos plus importantes sociétés savantes
une émotion bien légitime, et l'Académie des sciences, le Comité des
travaux historiques, la Société d'Anthropologie, ont réclamé la protection
d'une loi nouvelle. L'administration des Beaux- Arts, de qui relève la
conservation des monuments préhistoriques, a confié la préparation de
cette loi à une commission de savants et dejuristes et le gouvernement
a déposé le 25 octobre 1910, sur le Bureau de la Chambre des Députés,
un projet de loi qui organise la surveillance des fouilles entreprises
par les particuliers et prévoit pour l'Etat, si l'intérêt scientifique
l'exige, le droit de se substituer au fouilleur.
Les sanctions prévues sont de deux ordres : les unes, pénales, lais-
sent un large pouvoir d'appréciation aux tribunaux ; les autres civiles,
sont destinées à réparer les dommagee qui pourraient résulter des
infractions à la loi.
Mais un semblable projet, en obligeant « tout établissement, toute
association ou tout particulier, qui veut exécuter des fouilles archéo-
logiques ou paléontologiques, soit sur un terrain lui appartenant, soit
sur le terrain d'autrui, à en faire la déclaration à la préfecture du dépar-
tement sur le territoire duquel ces fouilles seront ouvertes », et en
soumettant ces fouilles à la surveillance de l'Etat est plutôt de nature
à nuire au développement de nos sociétés archéologiques de province
et à l'initiative des véritables chercheurs.
Aussi a-t-il déjà soulevé des protestations au sein de nombreuses
Sociétés régionales, et notamment au sein de la Société préhistorique
française qui vient d'être reconnue d'utilité publique. Cette dernière
estime que, pour arrêter l'exode à l'étranger de nos trésors archéolo-
giques, il suffirait de faire quelques adjonctions à la loi du 30 mars
1887.
Cette loi protège les vestiges archéologiques, laisse libre cours aux
initiatives et n'impose pas une surveillance vexatoire à l'inventeur
d'une découverte, surveillance ou contrôle qui serait une atteinte à
la propriété scientifique au moment même d'une découverte.
Les articles nouveaux qu'il faudrait ajouter à l'ancienne loi pour-
raient se résumer ainsi :
Art. 1. — Aucun objet, présentant un intérêt national d'archéologie
ou de paléontologie, ne pourra franchir les frontières françaises sans
autorisation du ministre compétent.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 7
98 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Art. 2. — L'Etat, en cas de vente d'objets intéressant l'archéologie
et la paléontologie, pourra exercer un droit de préemption.
Art. 3. — Tout étranger désirant faire des fouilles devra solliciter
l'autorisation ministérielle.
Telles sont les mesures que juge nécessaires la Société préhistorique
française. Avec plusieurs autres sociétés régionales telles que la « Po-
lymathique du Morbihan», la Société archéologique de Limoges, la Société
archéologique de Troyes, etc., elle demande que nos richesses archéolo-
giques restent en France, mais qu'on n'entrave pas l'initiative des tra-
vailleurs, au risque de perdre à jamais, les inestimables résultats que
leur zèle fournit.
Après cet exposé, l'assemblée consultée déclare, à l'unanimité moins
3 voix, adopter les conclusions de la Société préhistorique française, et
se rallier entièrement à sa manière de voir.
Copie de cette délibération sera transmise à la Société préhistorique
française.
44° Société historique et archéologique de Périgord-
La Société historique et archéologique du Périgord, ayant eu con-
naissance du projet de loi pour la protection des stations et gisements
préhistoriques et paléontologiques récemment soumis au Parlement,
tout en reconnaissant qu'il est utile de compléter la loi du 30 mars
1887 par des mesures propres à sauvegarder et à conservera la France
nos richesses préhistoriques, pense toutefois qu'il est nécessaire d'ap-
porter au projet de loi, tel qu'il est présenté, certaines modifications et
a émis, dans sa séance du 5 janvier 1911, les vœux suivants :
1° Que les Sociétés savantes ne soient pas mises au même rang que
les simples particuliers, et que les fouilles exécutées par ces Sociétés
soient exemptes de la surveillance de l'Etat.
2° Que les objets les plus importants et les plus remarquables pro-
venant tant des fouilles pour lesquelles l'Etat se serait substitué à des
particuliers que celles qu'il aurait entreprises lui-même restent la pro-
priété des Musées oflrant les garanties de conservation suffisantes et
situés dans le Département où auront eu lieu ces fouilles, les doubles
seuls pouvant recevoir une autre attribution.
3° Que les objets trouvés par les particuliers restent la propriété de
ceux-ci, et que 1 Etat ait seulement un droit de préemption en cas de
vente.
4° Que la deterraination.de la stratigraphie d'une station ou d'un
gisement soit imposée aux particuliers y faisant des fouilles, et que
cette détermination reste soumise à la vérification des surveillant dési-
gnés par l'Etat.
5° Que des mesures soient prises pour empêcher la sortie de France
des objets d'une importance capitale, que l'Etat pourra toujours con-
naître au moyen de la surveillance qu'il fera exercer sur les fouilles des
particuliers.
Le Président, Marquis de Fayollb.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 99
45° Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne.
Auxerre, 10 janvier 1911.
La Société des Sciences historiques et naturelles de V Yonne, considé-
rant qu'il est opportun et utile de proposer une loi pour empêcher /es
fraudes déjà signalées et qui peuvent se renouveler au sujet des fouilles
archéologiques et paléontologiques, est d'avis, pour sauvegarder les
droits et les intérêts des Musées de province, de se rallier aux amen-
dements proposés aux projets de loi par la Société Polymathique du
Morbihan et notamment à l'Art. 4, § 1.
Le Secrétaire, E. Humbert.
46° Société historique de Compiègne-
(Reconnue comme établissement d'utilité publique par décret du 15 Mars 1895}.
Compiègne, le 27 janvier 1911.
Procès-verbal de la séance du 16 décembre 1910. — M. Plessier
attire notre attention sur un projet de loi relatif aux fouilles de Paléon-
tologie et d'Archéologie, présenté à la Chambre des Députés, le 25 oc-
tobre 1910, par M. Briand et M. Doumergue.
Déjà plusieurs Sociétés Savantes se sont émues de ce projet, notam-
ment la Société Académique de Laon, la Société Archéologique de Limo-
ges, celles de Troyes, du Morbihan, la Société Préhistorique fran-
çaise, etc.
Ce projet leur a paru très dangereux pour les intérêts de la science,
dont il entrave les recherches, sous prétexte d'arrêter l'exode à l'étran-
ger de nos trésors nationaux. Il suffirait d'ajouter un ou plusieurs arti-
cles à la loi du 30 mars 1887, pour atteindre ce but. Il pourrait êlre
défendu de vendre à l'étranger aucun objet présentant un intérêt natio-
nal d'Archéologie ou de Paléontologie sans autorisation spéciale du
Ministre compétent.
L'Etat, en cas de vente, pourrait exercer un droit de préemption et
se réserver la faculté de faire des moulages et des dessins des objets
aliénés.
Il faudrait aux étrangers une autorisation ministérielle pour faire des
fouilles.
La Société historique ne peut que s'associer aux justes réclamations
déjà formulées par plusieurs sociétés de Paléontologie et d'Archéo-
logie, en vue d'obtenir <t qu'on n'entrave pas l'initiative des travail-
« leurs, au risque de perdre à jamais les inestimables résultats que
■ leur zèle fournit » .
Le Président, Baron de Boxnault.
47° Société historique d'Auteuil et de Passy.
Séance du 12 janvier 1911. — Présidence de M. Marmotta-n. — .
Sur la proposition de M. P. Marmottàn, en l'absence de M. leDr Henri
100 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Martin, Président de la Société Préhistorique française, la Société vote
à l'unanimité des membres présents, une protestation contre le projet
de loi relatif aux fouilles, déposée le 25 octobre 1910, et elle adopte les
conclusions de la S. P. F., énoncées dans la séance de son Conseil
d'Administration, tenue le 2 décembre 1910.
48e Société Linnéenne de Bordeaux.
(Reconnue d'utilité publique).
Extrait de la résolution de la séance du 18 janvier 1911. — Dès 1909,
à la suite d'une excursion scientifique aux gorges de la Vézère, la
Société Linnéenne de Bordeaux s'était émue de l'exode, hors de
France, de documents quelquefois uniques de la Préhistoire nationale.
Elle désirait que, sans tarder, des décisions fussent prises pour em-
pêcher le renouvellement de pareils faits préjudiciables à notre ensei-
gnement et à nos Musées. Aujourd'hui, elle estime que le projet de loi
présenté par le gouvernement dépasse de beaucoup la portée que lui
attribue « l'exposé des motifs préliminaire ». Pour remédier à des
abus très réels et regrettables, le gouvernement impose aux fouilleurs
amateurs français une surveillance impérative qui menace de les Trus-
ter de leurs trouvailles, au moment où elles deviennent intéressantes,
au moment où ils vont recevoir la récompense des efforts pécuniai-
res qu'ils ont consentis bénévolement. La Société Linnéenne se rallie
donc entièrement aux protestations de la Société Préhistorique fran-
çaise et des autres groupes régionaux; la réglementation suffisante
serait donc d'empêcher la sortie des documents préhistoriques, et pour
cela devrait viser la surveillance des fouilles entreprises par des étran-
gers.
En conséquence, la Société Linnéenne adopte les trois articles addi-
tionnels à l'article 14 de la loi du 30 mars 1887, proposés par la Société
Préhistorique, en y ajoutant les deux modifications entre parenthèse.
Article Ier. — Aucun objetprésentant un intérêt national archéologique
ou paléontologique ne pourra franchir les frontières françaises sans au-
torisation spéciale du ministre compétent.
Article II. — En cas de vente d'objets intéressant lArchéologie et la
Préhistoire, l'Etat pourra exercer un droit de préemption (au profit
tout d'abord des Musées de la région où auront été trouvés les
dits objets).
Article III. — Tout étranger désirant faire [directement ou indirecte-
ment) des fouilles sur le territoire français, devra solliciter l'autorisa-
sation ministérielle.
49° Société Archéologique de Bordeaux.
Extrait du procès-verbal de la séance du 13 janvier 1911. — La
Société Archéologique de Bordeaux, saisie du nouveau projet de loi rela-
tif aux fouilles intéressant l'archéologie et la paléontologie et émue des
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE iOl
dangers qu'il peut présenter pour les études futures, a adopté le vœu
suivant, comme protestation au dit projet :
La Société Archéologique de Bordeaux > considérant que la législation
actuelle est déjà suffisamment armée pour assurer la conservation des
objets archéologiques présentant un intérêt capital pour notre pays.
Considérant que les plus belles découvertes et les collections les plus
importantes de nos musées ont été faites par de modestes savants,
n'ayant pour la plupart aucune mission officielle à ce sujet ;
Considérant quil serait extrêmement dangereux de porter atteinte à
l'élan de ces fouilleurs libres, qui tous les jours enrichissent par des
dons généreux nos collections nationales;
Considérant toutefois, que si l'on tient à donner satisfaction à cer-
taines réclamations qui se sont produites sur des faits récents extrê-
mement regrettables d'ailleurs, il suffirait de compléter l'article 14 de
la loi du 30 mars 1887, par les adjonctions suivantes :
Article Ier. — Aucun objet présentant un intérêt national archéo-
logique ou paléontologique ne pourra franchir les frontières françaises
sans autorisation spéciale du Ministre compétent.
Art. II. — En cas de vente des objets intéressant l'Archéologie et la
Paléontologie, l'Etat pourra exercer un droit de préemption ; et ces
objets devront être déposés dans les Musées régionaux.
Art. III. — Tout étranger désirant faire des fouilles, à titre personnel
ou associé, devra solliciter l'autorisation ministérielle.
50° Académie nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts
de Bordeaux.
Extrait du procès-verbal de la séance du 26 janvier 1911. Présidence
de M. Paul Gauthier. — L'Académie, considérant que le projet de loi
du 25 octobre 1910, relatif aux fouilles intéressant l'Archéologie et la
Paléontologie, est tel qu'il entrave l'initiative privée et constitue un
péril pour les Musées de province.
Emet, à l'unanimité des membres présents, le vœu que le projet
soit retiré, et que, si de nouvelles dispositions législatives sur le même
objet sont, comme l'Académie le souhaite, projetées ou proposées,
elles soient, avant toute discussion au Parlement, soumises aux Uni-
versités, aux Sociétés savantes de Paris et de province, et aux direc-
teurs de Musées.
51° Groupe Spéléo- Archéologique d'Uzès.
Le Groupe Spéléo-Archéologique d'Uzès, réuni en séance extraordi-
naire le samedi 21 janvier 1911, après avoir délibéré, se rallie à l'una-
nimité, au contre-projet présenté par la Société Préhistorique française,
et proteste énergiquement et de la façon suivante, contre le projet du
Gouvernement :
Considérant que la législation actuelle est parfaitement armée pour
102 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
assurer la conservation des objets archéologiques présentant un inté-
rêt capital pour le pays ;
Considérant qu'il serait extrêmement dangereux de porter atteinte à
l'élan des fouilleurs libres ;
Considérant que les découvertes les plus belles et les collections
les plus importantes de nos Musées sont dues à de modestes savants,
parmi lesquels il suffît de citer les noms de Boucher de Perthes, Piette,
E. Rivière, Marquis de Vibraye, E. Moreau, Baron de Bays, J. Miln,
d'Acy et tant d'autres auxquels le groupe d'Uzès a l'honneur d'ajouter
le nom de son Président-Fondateur, Ulysse Dumas;
Considérant toutefois que si l'on tient à donner satisfaction à certai-
nes réclamations récentes, il suffirait de compléter l'article 14 de la loi
du 30 mars 1887 par les trois articles proposés par la Société Préhis-
torique française.
Le Président.
52° Société d'Etudes des Sciences Naturelles de Reims-
La Société d'Etudes des Sciences naturelles de Reims, dans sa séance
du 17 janvier 1911, a décidé à l'unanimité des membres présents, de
s'associer aux protestations élevées contre le projet de loi relatif aux
fouilles archéologiques et paléontologiques.
Elle est opposée aux mesures qui pourraient porter atteinte au droit
de propriété et entraver les initiatives personnelles, si souvent utiles à
la science. Mais elle est d'avis qu'il convient d'empêcher les étrangers
d'exploiter à leur gré les richesses enfouies dans notre sol, et qu'il est
nécessaire de leur interdire de pratiquer des fouilles sans une autori-
sation du ministre compétent.
Signé : L. Demaison,
Président de la Société d' Etudes des Sciences naturelles de Reims.
53° Société des Lettres, Sciences et Arts de Nice.
Nice, 1er février 1911
La Société des Lettres, Sciences et Arts de Nice, dans sa séance du
17 janvier 1911, s'associe à la protestation adressée à la Société Préhis-
torique Française, contre le projet de loi sur les fouilles préhistoriques.
La protestation a été adressée à la Préfecture des Alpes-Maritimes
pour être transmise à qui de droit.
Le Président, Caziot.
54° Société Les Amis des Sciences et Arts de Rochechouart.
Rochechouart, le 25 janvier 1911.
La Société archéologique Les Amis des Sciences et Arts de Roche-
chouart, a, dans sa séance du lundi 9 janvier 1911, décidé à l'unanimité,
«OC I ÉTÉ PRÉHISTORIQ! E FRANÇAISE 103
de joindre sa protestation à celle déjà émise parla Société Préhistorique
française, au sujet de la loi relative aux fouilles archéologiques et
paléontologiques. Elle a chargé son Président de faire le nécessaire.
Le Président, L. Masfkand.
Rr Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques
de Cherbourg.
(Reconnue d'utilité publique).
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous informer que, dans sa séance du 13 janvier
1911, la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de
Cherbourg après avoir pris connaissance des divers documents
qu'avaient bien voulu lui adresser la Société Préhistorique française et
la Société Polymathique du Morbihan, relatifs au projet de loi sur les
fouilles archéologiques, s'est unanimement ralliée à votre protestation
et a adopté, dans toute sa teneur, le procès-verbal de la réunion du
2 décembre 1010. tenue par le Conseil d'Administration de la Société
Préhistorique française.
Veuillez donc, Monsieur le Président, nous compter au nombre des
Sociétés les plus énergiquement protestataires et agréez l'assurance de
mes sentiments très respectueux et tout dévoués.
Le Secrétaire perpétuel, L. Corbièrb.
56° Société Florimontane d'Annecy.
(Reconnue d'utilité publique).
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous transmettre le vœu suivant, formulé à l'una-
nimité par la Société Florimontane, dans la séance du 1er février 1911.
« La Société Florimontane d'Annecy, estimant le projet de loi relatif
aux fouilles archéologiques et paléontologiques, préjudiciable aux in-
térêts de la Science, en paralysant l'initiative privée et enlevant toute
liberté aux recherches dés-intéressées, s'associe par un vote unanime à
la protestation formulée par de nombreuses sociétés savantes qui se
sont émues de ce dangereux projet, et se rallie aux trois articles cons-
tituant l'amendement proposé par la Société Préhistorique française le
2 décembre 1910 ».
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes meil-
leurs sentiments de confraternité scientifique.
Le Secrétaire. Marc Le Roux.
104 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
57° Société Académique du Nivernais.
Séance du 30 janvier 1911. — Extrait du procès-verbal. — « L'as-
semblée, constatant que le projet de loi présenté par le gouvernement
pour réglementer les fouilles intéressant l'archéologie et la paléonto-
logie, ne peut que décourager les chercheurs si dévoués et souvent si
modestes qui occupent leurs loisirs à arracher au sol de nos contrées
les objets qui lui furent livrés par le passé et dont la découverte vient
le plus ordinairement enrichir nos musées, est d'avis de conserver la
loi du 30 mars 1887, en la complétant par les trois articles proposés
par la Société Préhistorique française ».
Le Président, V. Guemeau.
58° Société Dunoise, Archéologique, Histoire, Sciences et Arts.
Châteaudun, 31 janvier 1911.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous informer que la Société Dunoise réunie aujour-
d'hui en Assemblée générale, a décidé, à l'unanimité des membres pré-
sents, de joindre sa protestation à celles des sociétés qui se sont déjà
prononcées contre le projet de loi présenté à la Chambre des Députés,
le 25 octobre dernier, dans le but de réglementer les fouilles intéres-
sant l'archéologie et la paléontologie.
Estimant, comme elles, qu'une telle loi porterait atteinte au droit de
propriété, qu'elle entraverait les recherches individuelles et nuirait
aux progrès scientifiques, la Société Dunoise a adopté les conclusions
posées en ces termes par la Société Préhistorique française :
(Suivent ici les trois articles proposés par la Société Préhistorique
française).
En vous félicitant, Monsieur, de l'utile initiative prise par la So-
ciété savante que vous présidez, je vous prie d'agréer l'expression de
mes sentiments respectueux et dévoués.
Le Président, Henri Lecesne.
59° Académie des Belles-Lettres, Sciences et Arts
de La Rochelle.
Section des Sciences naturelles (Reconnue d'Utilité Publique).
La Rochelle, le 31 janvier 1911.
Monsieur le Président,
J'ai l'honneur de vous informer que la Société des Sciences naturelles
de la Charente-Inférieure, dans sa dernière séance, a décidé, à l'unani-
mité de ses membres, de protester contre le projet de loi relatif aux
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRA>ÇAISE 105
fouilles intéressant l'archéologie et la paléontologie, déposé à la cham-
bre le 25 octobre dernier, et de se rallier aux modifications proposées
par la Société Préhistorique française.
Le Président, Bernard.
60° Société Linnéenne de Normandie.
Extrait du Procès-verbal de la Séance du 6 février 1911. — La So-
ciété Linnéenne de Normandie, considérant que le projet de loi présenté
par le gouvernement pour réglementer la conservation en France des
découvertes archéologiques et paléontologiques et la pratique des
fouilles sur des bases réellement scientifiques, donne à l'Etat la possi-
bilité de se substituer aux personnes qui font ces fouilles, et de prendre
possession des objets qui ont été recueillis. Que si le but poursuivi
est conforme dans son esprit aux vœux formulés par les savants et les
Sociétés scientifiques, les dispositions projetées auraient fatalement
pour résultat de paralyser toute initiative privée en subordonnant les
recherches à un contrôle administratif.
Que dans ces conditions, les auteurs des fouilles peuvent craindre
d'être dépossédés à la fois du produit de leurs fouilles et des résultats
scientifiques de leurs recherches. Emet le vœu que 1° le projet de loi
présenté par le gouvernement soit retiré.
2° la loi du 30 mars 1887 soit complétée par les additions suivantes :
Article premier.
Tout établissement, toute association ou tout particulier qui veut
exécuter des fouilles archéologiques ou paléontologiques, soit sur un
terrain lui appartenant, soit sur le terrain d'autrui, doit en faire la dé-
claration à la Préfecture du département sur le territoire duquel ces
fouilles sont ouvertes.
Art. 2.
Le déclarant pourra commencer les travaux immédiatement.
Art. 3.
Tout étranger désirant faire des fouilles sur le territoire français,
devra solliciter l'autorisation ministérielle.
Art. 4.
Aucun objet présentant un intérêt national, archéologique ou paléon-
tologique, ne pourra franchir les frontières françaises sans une autori-
sation spéciale du Ministre compétent.
61° Société géologique du Nord.
La Société géologique du Nord, fondée en 1870 et comprenant parmi
ses membres toutes les personnes qui, dans les cinq départements du
Nord de la France, se livrent à des recherches de paléontologie, a été
vivement émue du projet de loi présenté par le gouvernement pour
106 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
assurer la conservation en France des précieuses découvertes archéo-
logiques et paléontologiques. Rendant hommage aux intentions excel-
lentes des auteurs du projet de loi, elle appelle respectueusement l'at-
tention des pouvoirs publics sur les conséquences tout à fait fâcheuses
qu'entraîne, d'après elle, pour la paléontologie française, l'application
stricte du projet de loi.
Elle estime qu'une confusion regrettable a été commise par les au-
teurs du projet de loi, en assimilant les fouilles paléontologiques aux
fouilles archéologiques, et demande qu'une distinction nette, qu'une
disjonction soit établie, entre ces deux ordres de recherches. Tandis en
effet que les fouilles archéologiques ramènent parfois au jour des objets
réellement uniques, des pièces dont la perte pour le pays serait réelle-
ment irréparable, il n'en est pas de même pour la paléontologie. Aucun
spécimen paléontologique n'est représenté dans un gisement par un
seul individu; et, si certaines pièces sont uniques dans nos collections,
la raison en est uniquement au petit nombre de chercheurs. Les objets
que recherchent les paléontologistes, dans leurs fouilles, sont les débris
des êtres, animaux ou plantes qui ont habité le globe : on sait aujour-
d'hui qu'ils se sont accumulés sur des espaces immenses et pendant
des temps incommensurables, pendant des millions d'années. Le nom-
bre des fossiles qui dort dans les profondeurs du sol est illimité; mais
le nombre des chercheurs est par contre très limité; et tout ce qui
menace d'en réduire le nombre est regrettable pour la paléontologie
française.
C'est à ce titre que la Société Géologique du Nord voit avec inquié-
tude le projet de loi déposé par le gouvernement. Les collections
paléontologiques de l'Université de Lille ont été faites entièrement par
la libre initiative des membres de la Société géologique, soit sous forme
de dons, soit sous forme de legs; la majeure partie des collections
paléontologiques, faites par des particuliers dans le Nord, depuis le
temps de Cuvier, appartient ainsi à l'Université de Lille. Cette collec-
tion paléontologique a une grande valeur régionale ; elle est non seule-
ment visitée par les spécialistes de tous pays, comme celle du monde
la plus riche en fossiles de cette région ; mais elle fournit aux membres
de notre Société les documents et éléments de tous leurs travaux (45
volumes parus depuis 1870).
La société estime que l'application stricte du proje$ de loi serait
fatale au Musée paléontologique de l'Université de Lille, et d'une ma-
nière générale aux collections publiques de paléontologie, pour les
motifs suivants :
1° Des amateurs modestes, exécutant simplement et dans leurs
moments de loisirs des fouilles paléontologiques, reculeront devant
l'ennui de déclaration et de démarches administratives. Ils ne pour-
raient que très exceptionnellement exposer, dans leur déclaration, la
portée générale et la durée approximative des travaux à entreprendre.
2° D'autres, et c'est le plus grand nombre, désireux de faire une
fouille immédiate, à la vue d'une occasion fortuite (ouverture d'une
tranchée, d'une carrière, d'un sondage) laisseront passer l'occasion
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 107
favorable et seront rebutés, un mois après la date de l'enregistrement
de leur demande, quand il leur sera permis de se mettre à l'œuvre.
3° Aucun amateur local, aucun chercheur régional, ne continue-
ront, pensons-nous, à pratiquer des fouilles paléontologiques, à leurs
frais et dans leurs moments de loisirs, s'ils ne restent assurés de la
pleine propriété de leurs trouvailles, et du droit d'en disposer même
envers le musée de leur ville. Le droit de préemption que s'arrogerait
l'Etat sur les découvertes paléontologiques, au profit de certaines col-
lections publiques dont il aurait la désignation, découragerait tous les
collectionneurs locaux et tarirait toute initiative individuelle ; il arri-
verait donc, à l'inverse des intentions du législateur, que les fouilles ne
seraient plus faites dans ces conditions que par des professionnels ou
par l'Etat lui-même.
Pour ces raisons, la Société géologique du Nord émet le vœu que le
projet de loi soit modifié comme suit :
1° Suppression du mot paléontologie dans le projet de loi relatif
aux fouilles intéressant l'archéologie.
2° Ne sont pas considérées comme fouilles archéologiques et par
suite ne sont pas sujettes à déclaration, les recherches auxquelles se
livrent les paléontologistes pour la recherche des fossiles.
P. le Président de la Société Géologique du Nord, empêché,
Le Vice-Président, A. Miquet,
Licencié ès-sciences,
Greffier en chef de la Cour d'appel de Douai .
62° Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres
de l'Eure.
F.vreux, le 7 février 1911.
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous informer que la Société libre de l'Eure, dans
son Assemblée générale du 5 courant, a décidé de se joindre à la Société
Préhistorique française pour demander l'adjonction à l'article 14 de la
loi du 30 mars 1887 des dispositions indiquées dans l'extrait du procès-
verbal de la réunion du Conseil d'administration de la Société Préhis-
torique française, tenue le 2 décembre 1910.
Veuillez agréer, etc..
Le Secrétaire Perpétuel, L. Petit.
63* Société Archéologique de Tarn-et-Garonne.
(Reconnue d'Utilité publique).
Montauban, 5 février 1911.
Monsieur le Président,
La Société Archéologique de Tarn-et-Garonne ayant été appelée dans
sa séance du 1er février 1911 à examiner le projet de loi sur les fouilles
108 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
archéologiques, déposé le 25 octobre 1910 et les protestations dont ce
projet a été l'objet, j'ai l'honneur de vous informer qu'après discussion,
il a été décidé à l'unanimité, que la Société Archéologique s'associait
complètement aux considérants et aux vœux qui lui ont été communi-
qués par le Conseil d'Administration de la Société Préhistorique fran-
çaise. Il est entendu toutefois, que l'État s'il use du droit de préemp-
tion conféré par l'article 2, devra confier aux Musées locaux ou régio-
naux le dépôt des objets achetés par lui.
Veuillez agréer, etc..
Le Président, Fernand Pottieh .
... 04° Société Archéologique de Sens-
La Société Archéologique de Sens, après avoir, dans la séance du 6
février 1911, pris connaissance : l°du projet de loi déposé sur le bureau
de la Chambre de Députés, le 25 octobre 1910, tendant à la réglemen-
tation des fouilles archéologiques, demandant leur interdiction, si elles
ne sont précédées d'vwie déclaration et de formalités administratives
compliquéesetneles permettant que sous lasurveillance de l'Etat ;2° du
projet d'amendement proposé par la Société Préhistorique française
réclamant le maintien de la législation actuelle (loi du 30 Mars 1887)
complétée s'il y a urgence et nécessité, par les dispositions qui suivent :
Article premier
Aucun objet présentant un intérêt national, archéologique oupaléon-
tologique, ne pourra franchir les frontières françaises sans autorisa-
tion spéciale du ministre compétent.
Art. 2
En cas de vente d'objets intéressant l'Archéologie et la Paléonto-
logie, l'Etat pourra exercer un droit de préemption.
Art. 3
Tout étranger désirant faire des fouilles sur le territoire Français,
devra solliciter l'autorisation ministérielle.
Considérant que le projet de loi susdit, loin de protéger et de favo-
riser l'un des éléments essentiels de l'étude de l'Archéologie, est au
contraire de nature à l'entraver et à la supprimer en rendant désormais
impossible toute initiative particulière, et en portant atteinte à la pro-
priété particulière;
Considérant que plus de 45 sociétés savantes françaises ont déjà
adhéré à la protestation de la Société Préhistorique française :
Décide, à l'unanimité, de s'associer à la protestation formulée par la
Société Préhistorique française contre le projet de loi sur la surveil-
lance des fouilles, et émet le vœu que l'article 14 de la loi du 30 mars
1887 soit complété, si on le juge nécessaire, par l'adjonction des arti-
cles proposés par la dite Société .
Pour copie conforme, Sens, le 8 Février 1911.
Le Président de la Société Archéologique, E. Chartraire.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 109
05° Société Archéologique de Nantes et du Département
de la Loire-Inférieure.
Nantes, le 11 février 1911.
Monsieur le Président,
La circulaire, que vous avez bien voulu nous envoyer au sujet de la
protection des richesses archéologiques de la France contre les étran-
gers, a été longuement et très chaleureusement discutée par notre
Société, tout d'abord en comité, puis en séance générale. J'ai l'hon-
neur de venir vous donner les résultats de cette discussion.
Nous sommes tous d'accord, de la façon la plus impérative, pour le
rejet du projet de loi du 25 octobre 1910; si ce projet était adopté, ce
serait l'anéantissement complet des fouilles, au plus grand dommage
de la science archéologique.
Nous vous approuvons de demander le simple maintien de la loi de
1887, en y ajoutant un amendement.
Sur le texte d'amendement proposé par vous, voici le sentiment de
notre Société Archéologique de Nantes.
Article premier
Nous le trouvons parfait d'intention, mais tout à fait insuffisant faute
de sanction ; il faudrait que le coupable fût frappé d'une amende énorme
et sans sursis, ou, ce qui serait préférable, que la vente faite sans auto-
risation à l'étranger fut déclarée nulle; mais la clause de réciprocité est
nécessaire.
Art. 2
Voici comment notre société, ennemie de la centralisation et de l'acca-
parement, voudrait voir rédiger cet article :
« En cas de vente d'objets intéressant l'Archéologie ou la Paléonto-
logie, un droit de préemption pourra être exercé, en première ligne,
parle Département, en deuxième ligne, par l'Etat; dans l'un ou l'autre
cas, l'objet acheté sera donné au musée régional.
Art. 3
Notre Société l'adopte tel que.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mes senti-
ments très distingués.
Le 1er Vice-Président, Baron G. de Wismes.
06° Académie nationale de Reims.
Séance du 27 janvier 1911. — Le Dr Guelliot fait l'exposé suivant :
Le Gouvernement a déposé, le 25 octobre dernier, sur le bureau de la
Chambre des Députés un « projet de loi relatif aux fouilles intéressant
l'archéologie et la paléontologie », dont le texte intéresse au plus haut
point les Sociétés qui, comme la nôtre, s'occupent d'études archéolo-
110 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
giques, tous les musées provinciaux et particulièrement les fouilleurs
si nombreux dans notre région et à qui l'Académie n'a jamais ménagé
ses encouragements.
Des faits regrettables se sont passés qui ont motivé des protestations
de l'Académie des Sciences, du Comité des Travaux historiques et de
la Société d'Anthropologie; des fouilles ont été pratiquées dans de riches
gisements préhistoriques par des étrangers, et les nombreux objets
recueillis, parmi lesquels un très précieux squelette de l'époque paléo-
lithique, ont été transportés au delà de nos frontières. Dans l'intention
de remédiera des abus que tout le monde déplore, l'Administration des
Beaux-Arts a élaboré un projet de loi qui ne tend à rien moins qu'à sup-
primer la liberté des fouilles, à atteindre le droit de propriété, à nuire
au fonctionnement normal des sociétés archéologiques provinciales, à
l'essor des musées régionaux et au progrès des sciences paléontologi-
que, préhistorique et archéologique.
« Tout établissement, toute association ou tout particulier, dit l'ar-
ticle premier du projet, qui veut exécuter des fouilles archéologiques
ou paléontologiques, soit sur un terrain lui appartenant, soit sur le ter-
rain d'autrui, doit en faire la déclaration à la préfecture du départe-
ment... Les travaux ne peuvent... commencer qu'un mois après la date
de l'enregistrement... de la déclaration... »
Pour qui connaît l'imprévu des découvertes, la nécessité des recher-
ches rapides pour éviter le vol ou la disparition des objets soupçonnés
enfouis, ces obligations entraîneraient la suppression d'une grande par-
tie des fouilles les plus productives.
Les articles suivants donnent au Ministre le droit de nommer un
« surveillant » muni de tous pouvoirs pour pénétrer sur le terrain des
fouilles, surveiller les travaux, les diriger, les interrompre même; l'Etat
peut se substituer à l'inventeur, revendiquer les pièces provenant des
fouilles, etc.
C'est la main-mise par l'Etat sur tout ce qui serait trouvé d'intéres-
sant sur le territoire français, c'est le dépouillement systématique des
chercheurs, c'est la ruine de l'initiative personnelle.
L'Académie de Reims a d'autant plus de raisons de protester contre
de semblables projets, que le sol de notre Champagne a livré depuis un
demi-siècle d'inestimables richesses archéologiques, grâce à des fouil-
leurs qui, sans appui officiel, sans subventions, ont exhumé les témoins
des civilisations passées; n'est-ce pas àeuxque l'on doit, pour une large
part, la connaissance d'une des périodes les plus intéressantes de notre
histoire nationale : celle de la Gaule indépendante ?
Tout n'est cependant pas à rejeter dans le projet du Gouvernement,
L'article 6 réserve à l'Etat un droit de préemption sur toutes les pièces
d'archéologie ou de paléontologie trouvées en France et que leurs pos-
sesseurs se proposeraient de vendre à l'étranger; ainsi pourrait être mis
un terme à cette exportation de nos richesses nationales dont, ici même,
nous pourrions citer de fâcheux exemples.
Au reste, la loi du 30 mars 1887, relative à la conservation des mo-
numents et objets d'art ayant un intérêt historique et artistique, donne
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 111
déjà à l'Etat des pouvoirs étendus pour le classement des immeubles et
des objets mobiliers ayant un intérêt national ; l'article 14 vise même
l'expropriation de terrains de fouilles appartenant à des particuliers.
Nous croyons donc, — etsansdoute vous serez de cet avis, — qu'après
avoir protesté contre toute atteinte portée à la liberté des recherches
scientifiques, l'Académie nationale de Reims peut adopter le contre-
projet proposé par la Société Préhistorique française.
Article premier
Aucun objet présentant un intérêt national, archéologique ou paléon-
tologique, ne pourra franchir les frontières françaises sans autorisation
spéciale du Ministre compétent.
Art. 2
En cas de vente d'objets intéressant l'Archéologie ou la Paléontolo-
gie, l'Etat pourra exercer un droit de préemption.
Art. 3
Aucun étranger ne pourra faire des fouilles sur le territoire français
sans autorisation ministérielle.
Après délibération, ces conclusions sont admises à l'unanimité.
07° Société Philomathique de Verdun-
(Reconnue d utilité publique).
Verdun, lk février 1011.
Monsieur le Président,
La Société Philomathique de Verdun (Meuse), dans la séance du mer-
credi 1er février 191.1, a pris la délibération suivante :
« Après avoir eu connaissance du projet de loi relatif aux fouilles in-
téressant l'Archéologie et la Paléontologie, présenté à la Chambre des
Députés, le 25 octobre 1910, par MM. Briand, Président du Conseil,
et Doumergue, Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.
Attendu que ce projet porte une grave atteinte : 1° à la liberté indivi-
duelle, en supprimant l'initiative personnelle, ou en prétendant la ré-
glementer, en la soumettant à la surveillance d'un représentant de
l'Etat » ; 2° et au droit de propriété, par celui de préemption qu'il
édicté en certains cas au profit de l'Etat.
Mais, attendu aussi, qu'il y a lieu de mettre un terme aux mercantis
étrangers, par des mesures énergiques et préventives,
La Société philomathique est unanime à protester contre la teneur du
projet de loi présenté.
Elle adopte, à l'unanimité, le projet d'amendement présenté par la
Société Préhistorique française, en proposant toutefois d'ajouter à
l'article 3, la phrase suivante :
Et ne pourra les faire que sous la surveillance d'une Société locale
s'occupant d'Archéologie.
Wi SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
J'ai l'honneur de porter cette délibération à votre connaissance, poui
en faire tel usage que vous trouverez bon.
Et vous prie d'agréer, etc.
Le Président, Dr Péquart.
68° Société Archéologique et Historique du Limousin.
La Société archéologique et historique du Limousin a émis, au sujet de
la loi relative aux fouilles, une série de vœux, dont les considérants et
les propositions principales peuvent se résumer ainsi :
l3 Un premier vœu précise les conditions dans lesquelles les étran-
gers peuvent exécuter des fouilles en France : autorisation préalable,
soumission à un contrôle scientifique, expéditions à l'étranger subor-
données à un laisser-passer, remise à l'Etat et au département inté-
ressé de séries typiques, cession à l'Etat des objets exceptionnels
(squelettes, objets d'art), moyennant indemnité à débattre.
2° Un deuxième vœu demande que le particulier exploitant ne soit
évincé que si son incapacité est notoirement nuisible, qu'il soit indem-
nisé, qu'il reste associé, comme assistant, à la suite des fouilles faites
par l'Etat.
3° Un troisième vœu fait ressortir l'intérêt qu'il y a à éviter une cen-
tralisation exagérée; il demande que les musées locaux reçoivent une
bonne part des découvertes faites dans les fouilles d'Etat, et que les
inspecteurs prévus par le projet, soient pris, selon les possibilités,
dans les départements.
Ces vœux, tout en conservant le fonctionnement des fouilles d'Etat,
l'éviction par l'Etat, le contrôle scientifique exercé sur les fouilleurs
particuliers, n'en constituent pas moins une correction très importante
du texte de loi, proposé dans le sens du libéralisme et de la décentra-
lisation.
(39° Société Archéologique de Montpellier.
Séance du 11 février 1911. — La Société Archéologique de Montpel-
lier, après avoir pris connaissance du projet de loi sur les fouilles ar-
chéologiques, déposé par le Gouvernement, à la Chambre des Députés.
Considérant que ce projet aurait pour effet, en soumettant toutes les
fouilles archéologiques au contrôle et à la surveillance des fonction-
naires de l'Etat et en les subordonnant à des formalités administra-
tives, d'entraver l'esprit de libre recherche, de paralyser l'initiative
privée et de décourager, dans bien des cas, le bon vouloir et le zèle
désintéressé des Archéologues de province, qui seraient exposés à se
voir enlever le fruit de leurs travaux ;
Considérant que ce projet aurait encore le désastreux résultat de
porter une sérieuse atteinte aux droits privés et d'empêcher la création,
toujours souhaitable et le développement des musées archéologiques
locaux.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 113
Décide à l'unanimité, de s'associer aux protestations soulevées par
ce projet de loi, et se rallie à l'amendement proposé par la Société pré-
historique française .
Pour copie conforme :
Emile Bonnet.
70° Société Archéologique d'Eure-et-Loir.
Chartres, le 44 février 1911.
Monsieur le Président.
J'ai l'honneur de vous faire connaître que la Société archéologique
d'Eure-et-Loir, dans sa séance du 9 février dernier, après avoir pris
connaissance :
1° Du projet de loi sur les fouilles préhistoriques, déposé le 25 octo-
bre 1910 ;
2° De votre circulaire à son sujet ;
3° Des avis émis par diverses Sociétés savantes et des impressions
de la presse ;
A approuvé entièrement et sans réserves, les trois articles que vous
proposez d'ajouter à l'ancienne législation (loi du 30 mars 1887), pour
réprimer les abus récents.
Vous pouvez donc enregistrer notre adhésion à l'appui du contre-
projet que vous avez l'intention de susciter. La rédaction de vos trois
articles nous parait parfaite, très claire, suffisamment prévoyante et
d'une application beaucoup plus pratique que le projet touflu et pape-
rassier dont nous avons pris connaissance.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma considé-
ration très distinguée.
Signé : A. Blondel, secrétaire.
71° Société d'Etudes scientifiques et Archéologiques
de Draguignan.
Séance du 2 décembre 1910.
Présidence de M . Astier.
Extrait du procès-verbal :
« Envoi par la Société Préhistorique française du texte d'un projet
de loi, déposé par le Gouvernement, relatif aux fouilles intéressant
l'Archéologie et la Paléontologie. Sur la proposition de M. le Dr Doze,
la Société émet le vœu que ce projet de loi ne soit adopté par le Parle-
ment qu'avec modifications.
72° Société des Sciences, Lettres et Arts : La Haute Auvergne.
Aurillac, le 18 février 1911.
Après avoir pris connaissance du projet de loi déposé à la Chambre
des Députés, le 25 octobre 1910, relatif aux fouilles intéressant
l'archéologie et la paléontologie.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 8
114 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Considérant que l'initiative individuelle et la liberté des fouilles ont
donné, jusqu'à ce jour, des résultats trop favorables à la science pour
que l'on puisse soutenir, avec quelque apparence de raison, l'opportu-
nité d'une entrave ou d'une restriction;
Considérant qu'un contrôle officiel paralyserait toutes les bonnes
volontés et engendrerait un véritable enlisement scientifique ;
Considérant, en outre, que les dispositions du projet apporteraient
le plus grand trouble dans l'exercice du droit de propriété individuelle,
auquel tout citoyen français est particulièrement attaché;
Considérant d'autre part, qu'une simple faculté de préemption,
accordée à l'Etat, serait une garantie pour conserver à notre pays les
découvertes présentant un intérêt spécial;
Le bureau de la Société des sciences, lettres et arts: La Haute Auvergne,
agissant au nom de tous les membres de cette société.
Emet les vœux :
Qu'aucune modification ne soit apportée à la réglementation actuelle
des fouilles ;
Que de nouvelles dispositions législatives confèrent à l'Etat le droit
de préemption, mais daos des conditions équitables ne lésant pas les
droits du détenteur, de telle sorte que celui-ci ait toujours le recours
de demander une expertise dans le cas de désaccord ;
Que tout objet trouvé dans un département, dans les conditions spé-
cifiées par la loi du 30 mars 1887 (art. 14, § 1), soit attribué au musée
spécial existant dans le département, et qu'il ne soit attribué aux
musées nationaux qu'au cas où un musée local, offrant des garanties
suffisantes, n'existerait pas;
Qu'aucun objet, ayant une valeur scientifique ou artistique bien
établie, ne puisse sortir de France sans une autorisation particulière.
Et décide de donner à l'expression de ces vœux la forme d'une pro-
testation que la Société préhistorique française, gardienne si vigilante
des grands intérêts dont elle a la charge, sera priée de joindre à celles
des autres Sociétés savantes et d'en assurer la transmission à la Com-
mission de la Chambre.
Pour le bureau :
Le Secrétaire-général, E. Delmas.
73° Groupes d'Études Limousines-
Extrait du procès-verbal de la séance du 15 février 1911. — Le
groupe d'Etudes limousines après connaissance du projet de loi sur
les fouilles, récemment déposé à la Chambre des Députés, s'est ému
de ce texte draconien. Jusqu'ici le régime de la liberté absolue des
fouilles a eu les plus heureux résultats. Ce sont des fouilleurs libres
comme Lartet, Boucher de Perthes, de Vibraye, J. de Baye, Piette, —
sans oublier nos compatriotes Elie Massénat, Joseph Soulingeas, Ph.
Lalande, E. Bupin, Armand Viré, Peyrony, les abbés Barbon et
Bouyssonie, — qui, par un labeur aussi acharné que désintéressé, ont
porté la science préhistorique au point où elle en est aujourd'hui, et ont
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 115
permis, par leurs dons généreux, ou les ventes qu'ils ont consenties à
des prix infimes, la création du Musée national do Saint-Germain, des
collections paléontologiques du Muséum et de nos grands musées
régionaux dont ceux de Brive et de Périgueux sont des meilleurs
modèles.
Le groupe d'Etudes limousines est persuadé que le régime pro-
posé avec son cortège d'autorisations préfectorales, de surveillance
administrative et d'expropriations matérielles et scientifiques, aurait
pour unique résultat de décourager à tout jamais les fouilleurs sérieux,
laissant le champ libre aux seuls braconniers et ravageurs de gise-
ments.
Tout en rendant hommage aux idées qui ont guidé les promoteurs du
projet, il estime qu'ils iraient à l'encontre de leur but.
11 émet le vœu qu'au lieu de vaines et mortelles tracasseries, l'Etat
offre aux fouilleurs sérieux et aux Musées provinciaux, un appui moral
et pécuniaire, beaucoup plus large que par le passé, et se borne à
empêcher dans la mesure du possible, l'exode de nos richesses à
l'étranger.
11 se rallie complètement à ce sujet, aux propositions de la Société
Pré h is torique française.
Le Président, L. Cruveilhier.
74° Société Archéologique de Constantine.
Constantine, le là février 19 11.
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous faire connaître que, dans sa dernière séance,
la Société Archéologique de Constantine a décidé de protester contre 1<;
projet de loi relatif aux fouilles intéressant l'Archéologie et la Paléon-
tologie, présenté par le gouvernement le 25 octobre 1910, et de se
rallier au contre-projet, que la Société préhistorique française a fait
déposer sur le Bureau de la Chambre par le Dr Péchadre, député de la
Marne.
Elle estime, en outre, que non seulement l'Etat, mais aussi les com-
munes et les musées locaux doivent avoir un droit de préemption sur
les objets trouvés par les étrangers sur le territoire français, ainsi que
sur les objets mis en vente ou vendus en France par des Français.
Le Président, Maguelonxe.
75e Société des Antiquaires de l'Ouest.
Poitiers. Séance du 17 novembre 1910. — Texte des vœux de
la Société des Antiquaires de l'Ouest, pour la liberté des fouilles.
Art. 1er. — Que les fouilles sur le territoire de la France et de ses
colonies soient absolumentlibres, sous la seule réserve qu'il soit inter-
dit d'en exporter en dehors des frontières, les produits intéressant
l'art et la science dans les termes de l'article 14 de la loi du 30 mars
1888.
H6 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Art. 2. — Que tout objet trouvé dans un département dans les con-
ditions spécifiées par la loi du 30 mars 1887 (Art. 14 § 1), soit attribué
au musée spécial existant dans le département et qu'il ne soit attribué
aux musées nationaux qu'au cas, où un musée local offrant des garan-
ties suffisantes n'existerait pas.
Art. 3. — Qu'il ne soit crée aucun corps d'inspecteurs appointés,
l'argent qui serait ainsi dépensé, pouvant être plus utilement employé
en subventions, façon d'agir dont la science profiterait davantage à
tous les points de vue.
Art. 4. — Qu'un groupement déjà préconisé de toutes les sociétés
savantes ait lieu aussi rapidement que possible en vue de défendre
contre une centralisation abusive le patrimoine intellectuel de leurs
provinces.
76° Société Archéologique de Provence.
Marseille, 18 février 1911.
Monsieur le Ministre,
La Société archéologique de Provence, s'est émue, comme tant d'au-
tres, de certaines dispositions du projet de loi sur les fouilles intéres-
sant 1 Archéologie et la Paléontologie déposé par le gouvernement sur
le bureau de la Chambre des Députés, le 25 octobre 1910.
Le Conseil d'administration a adressé à tous les membres de la
Société le texte complet du projet, en les priant de l'étudier sérieuse-
ment et de formuler leurs observations. C'est le résultat de cette con-
sultation que nous prenons la liberté de vous faire parvenir.
En premier lieu, la société regrette que le gouvernement n'ait pas
cru devoir prendre l'avis des sociétés savantes sur une question qui les
intéresse au plus haut point.
D'autre part, elle ne pense pas qu'il soit possible de réglementer
sérieusement le droit des fouilles en adoptant des dispositions compli-
quées et vexatoires, dont l'application soulèverait à chaque instant une
série de conflits et se heurterait à des impossibilités. Elle juge préfé-
rable de s'en rapporter au zèle et à la conscience des chercheurs, quitte
à s'attacher à développer par tous les moyens leurs aptitudes scientifi-
ques.
En ce qui concerne la protection des vestiges et monuments intéres-
sant l'Archéologie, elle estime que le gouvernement est suffisamment
armé par la loi du 30 mars 1887 sur la conservation des monuments et
des objets d'art.
Il suffirait d'intercaler, dans le premier paragraphe de l'article 14 de
ladite loi, le mot « la Paléontologie », entre ceux d'Archéologie et
d'Histoire.
Mais la Société Archéologique de Provence partage entièrement la ma-
nière de voir des auteurs du projet ,en ce qui concerne les étrangers et
la sortie de France des objets présentant un intérêt exceptionnel pour
la science.
Il est urgent de prendre des mesures pour sauvegarder, comme le
font la plupart des nations, nos richesses nationales.
SOCIÉTÉ l'REMSTORIQUE FRANÇAISE 447
La Société est donc d'avis de compléter la loi de 1887 en s'inspirant
des modifications proposées par la Société Préhistorique française
(Suit l'énoncé des trois articles).
Il appartiendrait au Gouvernement de prendre les mesures néces-
saires pour arrêter à la frontière l'exode clandestin des objets visés
parla loi. Les agents de l'Administration des Douanes seraient natu-
rellement désignés pour exercer cette surveillance. L'établissement
d'un droit de douane ad valorem rendrait l'exode plus difficile et faci-
literait l'exercice du droit de préemption de l'Etat.
Telles sont, Monsieur le Ministre, les observations que nous a sug-
gérées l'étude des graves dispositions proposées dans le projet de loi
relatif aux fouilles. Nous vous serions très reconnaissants de vouloir
bien les prendre en considération.
Veuillez agréer, etc.
Le Secrétaire général, M. Dalloni.
77° Société Linnéenne de Provence.
Marseille, 16 février 1911.
Monsieur le Président,
Nous avons l'honneur de vous communiquer l'ordre du jour voté
par la Société Linnéenne de Provence, dans sa séance du 14 février 1911 :
« La Société Linnéenne de Provence, réunie en séance ordinaire le
13 février 1911;
Après avoir entendu les conclusions du rapport d'une commission
nommée par le Conseil pour étudier le projet de loi relatif aux fouilles
intéressant l'Archéologie et la Paléontologie, et déposé par le Gouver-
nement sur le bureau de la Chambre, le 25 octobre 1910 ;
Décide de se rallier au projet d'amendement élaboré par la Société
Préhistorique française, approuvé par la plupart des Sociétés savan-
tes, et destiné à compléter l'article 14 de la loi du 30 mars 1887, demande
en particulier l'addition du mot « Paléontologie », à l'énumération des
matières visées dans le premier alinéa de l'article 14 de la dite loi;
Estime qu'il serait bon qu'un droit de douane ad valorem soit établi
à la sortie de France, sur tous ceux des objets sur lesquels l'Etat n'au-
rait pas exercé son droit de préemption, et émet le vœu qu'à l'avenir
la loi du 30 mars 1887, ainsi modifiée et complétée, soit mieux appli-
quée que par le passé. »
Veuillez agréer, etc.. Le Président, Al. Joleaud.
78° Société Belfortaine d'Emulation.
Belfort, 18 février 1911.
Monsieur (1),
J'ai l'honneur de vous informer qu'à la suite de votre lettre du
5 février courant, notre section, réunie en assemblée ordinaire, après
vl) M. Lablotier.
118 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
avoir pris connaissance des protestations des diverses sociétés réunies
en un fascicule par les soins de la compagnie dont vous vous êtes fait
le porte parole, a donné son adhésion unanime au mouvement des pro-
testations contre le projet de loi de Messieurs Briand et Doumergue.
Je suis chargé de la part de notre section de vous donner connaissance
de ce vote, afin d'en faire tel usage qu'il appartiendra. Toutefois,
comme nous possédons dans nos rangs plusieurs géologues, la section
a manifesté le désir de voir adopter, dans le projet d'amendement pré-
senté par votre honorable Compagnie, l'article 3 du projet d'amende-
ment de la Société Géologique de France : ne sont considérées comme
fouilles, etc. (page 14 du fascicule).
En d'autres termes, il serait désirable que la Société Préhistorique
s'entendit avec la Société Géologique, pour présenter un texte unique
de projet d'amendement conciliant les intérêts de tous.
Veuillez agréer, etc.
Le Secrétaire.
79° Société d'Etudes des Hautes-Alpes.
Réunion générale du 16 février 1911. — Extrait du procès- verbal :
M. Martin a exposé d'abord la teneur des nouveaux projets de loi dus
à l'initiative du Gouvernement, et consistant à prendre, en quelque
sorte, le monopole de toutes les fouilles qui pourraient être pratiquées
au point de vue Archéologique et Géologique, et aussi à réserver le
droit exclusif d'acquisition des objets découverts :
La discussion s'est ouverte sur l'exposé de M. Martin, et après
échanges de vues, après la lecture très documentée et très judicieuse
d'une étude de M. Paul-Jules hier sur la question, le bureau à l'u-
nanimité a émis l'avis suivant :
Ie Que le projet de loi soit rejeté comme ne respectant pas la liberté
individuelle, le droit de propriété et les intérêts locaux ;
2° Qu'il soit étudié un nouveau projet sur les points fondamentaux
suivants :
A. Interdiction d'exportation;
B. Respect delà liberté individuelle et de la propriété;
G. Contrôle nécessaire tant sur les fouilles que sur la conservation
des objets trouvés et réunis dans les musées locaux ou dans les collec-
tions universitaires, mais contrôle confié dans la plus large mesure
possible aux seules Sociétés savantes locales avec subvention de l'Etat
à cet effet,
Le Président, David Martin.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANC USE 119
\ote complémentaire.
Epinal, 11 février 1911.
Le Président de la Société (V Emulation des Vosges, nous fait part
d'une confusion possible qui pourrait exister dans la protestation insé-
rée au Bulletin de la S. P. F., n° 12, 1910, page 630, sous le n° 26, et
nous confirme « que la Société cV Emulation des Vosges est nettement
hostile à l'immixtion administrative dans les fouilles archéologiques,
et donne son plein assentiment au projet d'amendement présenté par
la Société Péhistorique française. »
Signé : Derazey.
Président de la Société d'Emulation des Vosges,
III. — NOTES ORIGINALES.
Tranchées exécutées dans l'Atelier de Larcy
au Grand-Pres»igoy.
Xote de Prise de Date],
MM. Henri Martin et J.-B. Barreau communiquent le résul-
tat de leur récente fouille, à Larcy, dans l'un des ateliers du Grand-
Pressigny. Plusieurs tranchées ont été exécutées; l'une d'elles,
atteignant 3m80 de profondeur et 10 mètres de longueur, a donné
des indications intéressantes sur la stratigraphie de la région.
En effet, nos collègues ont trouvé une superposition renversée
des industries quaternaires. Une « livre de beurre » et de la po-
terie gisaient au fond de l'argile, non loin du calcaire turonien ; et
par dessus s'étalaient les pièces moustériennes, recouvertes à dis-
tance par deux silex acheuléens caractéristiques ; et enfin à la
surface les éclats et pièces néolithiques, dont une polie, qu'on
rencontre habituellement. — Ce renversement est dû à la descente
successive des couches situées sur la hauteur de la « Pièce des
Rouchères » ; leur ordre primitif de dépôts est interverti ; en effet,
l'Acheuléen qui, en bas de la pente, se trouve presque en surface,
a été entraîné du sommet après la dénudation des couches plus
récentes. — Il ressort de ces observations que la formation de ces
argiles, puissantes de 2m75, est contemporaine du début du néoli-
thique, puisqu'on retrouve au fond une livre de beurre, associée
à l'argilecuite. — Le travail^ extenso, avec photographies etplans,
paraîtra dans un des prochains numéros du Bulletin, cette note
étant seulement une prise de date.
120 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Hache polie et Ciseau de la côte d'Ivoire [Don].
M. A. Guébhard offre, aux collections de la Société, de lapait
de M. Roland Guébhard, deux pièces en pierre polie de la Côte
d'Ivoire, présentées à la séance précédente : une hachette et une
sorte de ciseau, dont le modèle, d'après M. A. de Mortillet, se
retrouve aux Antilles. Ces deux objets proviennent des environs
de l'exploitation de quartz aurifère de N'Zaakro.
-»»snsau*»»
Découverte du Centre occidental de PAge
du Cuivre en Vendée.
[Communication préliminaire pour Prise de Date~\.
M. Marcel Baudouin (Paris). — A la suite d'une enquête très
approfondie dans tout le département de la Vendée, j'ai constaté
que cette région, assez bien délimitée topographiquement etgéo-
logiquement, avait fourni trente-six Haches plates, en Cuivre pur
probablement pour la plupart, dont j'ai pu personnellement étu-
dier à fond trente spécimens .
Jamais, dans aucun département de France, on n'avait observé
un nombre aussi considérable de ces objets préhistoriques, puis-
que, pour le Finistère, contrée la plus riche, on n'en connaît que
vingt-quatre! D'autre part, on peut dire, si l'on tient compte de
la superficie restreinte du départemeut considéré, que jamais,
dans aucun pays d'Europe, on n'a trouvé, jusqu'à présent, une
quantité aussi grande de pièces de cette nature
D'ailleurs, les haches plates de Vendée, au demeurant sem-
blables à celles de Bretagne, constituent un groupe très particu-
lier, ayant des formes spéciales, caractéristiques, très différentes
de celles des haches du Centre cuprique méditerranéen et de l'Eu-
rope centrale. En Vendée et en Bretagne, c'est-à-dire en Occi-
dent, il y a donc eu un Centre spécial, pour Y Age du Cuivre [dé-
sormais admis sous différents noms : 1° 1er Age du bronze ; Pé-
riode énéolithique ; etc.], lequel semble avoir pour point de dé-
part la Vendée elle-même, puisque c'est là qu'on a découvert le
plus de haches plates, et de beaucoup, à l'heure actuelle !
Je distingue, dans ces haches plates de Vendée, plusieurs es-
pèces : les unes, de forme très primitive, à bords absolument rec-
tilignes, à tranchant non étalé, et à talon plus ou moins carré,
parfois triangulaire, paraissant être, technologiquement, les plus
anciennes. Elles sont quelquefois très petites; et Tune d'elles, pré-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
121
Fig. 1. — Les Haches plates, en Cuivre, de Vendée, connues en 1903 [D'après Fre René].
Echelle : 1/4 Grandeur.— Actuellement, on en connaît 24 autres, de même forme!
122 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
sentant un trou de suspension, doit avoir servi d'amulette. — Les
autres, à bords concaves et à tranchant très étalé avec des sortes
de cornes latérales, à talon convexe, représentent un type bien
plus évolué. — Ces diverses haches {Fig. 1), fabriquées au début
dans des moules en terre [qu'on ne retrouve pas bien entendu], sor-
taient des moules extrêmement rugueuses. A l'aide de diverses
pièces, j'ai pu établir comment, à un moment donné, on les a
polies ; on connait, en effet, tous les intermédiaires entre la va-
riété totalement rugueuse, et la variété entièrement polie.
La plus petite des haches connues pèse 32 grammes ; la plus
grande, de Vendée, pèse 930 grammes Il y a, en poids, comme
en longueur, toutes lestransitions,de30grammesà 1.000 grammes.
De la distribution géographique des trouvailles, et de la répar-
tition des Cachettes connues, au nombre de plusieurs (fait très
rare), je conclus que cette Industrie du Cuivre est locale, et
qu'elle n'a pas été importée, ni du Nord (Grande Bretagne), ni
du Sud (Espagne), ni de l'Orient (Chypre), contrairement aux opi-
nions émises par tous les auteurs jusqu'à ce jour. Mais, par con-
tre, la Vendée manquant d'Etain, l'origine du Bronze, occidental
ou breton-vendéen, ne peut être que dans le Finistère.
I^a Civilisation grecque en Afrique
et la Légende de l'Atlantide.
M. Pol Baudet (Aisne) envoie la note suivante, extraite du Jour-
nal(2 février 1910) : « La fameuse Légende de V Atlantide va encore
une fois occuper les savants. Nous ne connaissons de ce pays que
ce qu'en dit Platon dans son dialogue de Timée. Un prêtre grec
rapporte au législateur Solon qu'à la suite d'un formidable cata-
clysme, provoqué par un tremblement de terre, l'Océan Atlanti-
que engloutit Y Atlantide, une île plus grande que l'Asie et la Ly-
bie. L'explorateur Frobenius, chargé d'une mission dans la colo-
nie allemande de Togo, fait maintenant connaître qu'il a recueilli
de curieux souvenirs sur V Atlantide . Au cours de Fouilles , opérées
près de Lomé, il a découvert une tête antique, en bronze, portant
les attributs de Poséidon. D'après les indigènes, cette tête repré-
senterait le fondateur ou le chef d'un Etat disparu sous les flots,
et qu'ils adorent comme divinité, sous le nom d'Olskoun, c'est-à-
dire Dieu de la Mer. Chose curieuse, la tête ne présente pas le
type nègre ; elle est creuse ; et sa facture permet de la classerpar-
mi les plus belles œuvres de la statuaire grecque. De vieilles lé-
gendes du pays relatent un formidable cataclysme, qui s'abattit
un jour sur l'Etat d'Olskoun. Sa capitale possédait un Château-
fort, dont le mur d'enceinte était toul en laiton! »
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 123
1-e Chien en Préhistoire.
M. Marcel Hébert (Paris). — Le Chien psychopompe. — Voici
un exemple, emprunté cette fois (1) à des « primitifs » de l'Est,
et qui peut aider à comprendre certains usages préhistoriques.
« Dans les notices consacrées aux Won-houan, peuple habitant
la Mandchourie méridionale pendant les trois premiers siècles de
notre ère, on raconte que les Won-houan. lorsqu'ils célèbrent
les funérailles, ont coutume d'immoler un chien, « auquel ils re-
commandent de protéger l'âme du mort, pendant le voyage qu'elle
accomplit pour retourner à la Montagne Rouge, qui est à plu-
sieurs milliers de li au nord-ouest du Leao-tong ». [E. Chavannes.
Le Tai Chan. — Annales du Musée Guimet, tome 21, p. 399].
J'attire l'attention, au cas où ce passage aurait échappé, sur les
funérailles de Patrocle [Iliade, chant XXIII). Achille immole, sur
le bûcher de Patrocle, foule de brebis et de bœufs, quatre [2><2]
coursiers, deux chiexs, et douze [3x2><2] jeunes Troyen s. « Le
héros Patrocle ou plutôt Achille avait neuf [3x3] chiens, hôtes
de sa table ; il en égorgea deux, qu'il jeta dans le bûcher »
Comme il est facile de le voir au début du chant, le nombre douze
est certainement voulu. Le but ici semble bien être simplement
de fournir au mort, dans l'autre vie, « nourriture, chevaux, chiens
et esclaves ».
M. Marcel Baudouin. — C'est l'idée soutenue, depuis cinquante
ans, par l'abbé F. Baudry, pour les Puits funéraires de Vendée!
La Tortue en Préhistoire.
M. le Dr Deyrolle. — Un de nos confrères, le Dr E. Gobert,
vient de signaler, parmi les tatouages des indigènes de la région
de Gafsa, des motifs purement ornementaux, qu il considère
comme la stylisation de la tortue, un des vieux symboles berbères,
déjà signalé (fig. 1).
(1) Cf. Bulletin, novembre 1910, p. 557. — Je signale un intéressant article sur
l'Aigle « psychopompe » (conducteur des âmes des morts) : L'Aigle funéraire des
Assyriens; par Vr. Cumont Revue de l'histoire des religions, septembre 1910).
124
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il a retrouvé ce signe de la tortue sur la face externe du bras
droit; mais la stylisation serait poussée si avant que les mem-
bres antérieurs ont la même figuration qu'un autre symbole : la
palme tombante. Il regarde d'ailleurs des losanges à damier,
de grands tatouages, comme des tortues. — Je n'ose le suivre sur
ce terrain ; mais l'interprétation du Dr Carton, qui retrouve des
figures de scorpions et de crocodiles, ou celle de Ph. Berger, une
divinité antropomorphe, dans un dessin, où le Dr Gobert voit un
palmier, me paraissent assez invraisemblable, jusqu'à plus ample
informé.
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— Figures de Tortues stylisées des Tatouages de la région de Gafsa .
[D'après le Dr E. Gobert]'.
Le DrGobert ajoute que la Tortue palustre (Emys leprosa), qui
est très abondante à Gafsa, est un objet de vénération : la tuer
est un sacrilège (haram = défendu). C'est un animal tabou, mais
non un totem. — Ce qui me parait certain, c'est que les indigènes
islamisés ne peuvent voir sans sacrilège des dessins d'animaux,
.n'attribuant à ces figures que la valeur d'un dessin d'ornement.
A Kairouan, la tortue est le symbole de la mère marâtre. —
Entendant une femme traiter sa voisine de « fakroun », tortue,
j'en demandais l'explication : « C'est une mauvaise mère, me ré-
pondit-on, qui abandonne ses enfants dans la rue, comme la
tortue laisse ses œufs (oulet = enfants) dans le sable » !
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE t2e
Le mot Chiron et se* dérivé*.
M. Chapelet (Paris) présente, de la part de M. Fr. Pérot, la
note suivante.
Dans le Glossaire Poitevin, on trouve : Chiro.v, s. m., roc
saillant. Mon champ est plein de chirons [du grec «rxtpoç, moel-
lon] [Revue de VAunis, ive année, août 1867, p. 7.1]. — A re-
marquer, en outre : Chirac, paroisse du canton dUssel (Corrèzc .
« Chirac doit cens et routes au membre de Serandon près
Neuvic ». [Vayssière. L'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le
Limousin, p. 19].
Découverte d'une Station gallo-romaine
à Koyan (Charente-Inférieure).
[Prise de Date].
M. A. Cousset (Etaules). — Lors d'un voyagea Royan(Cha-
rente-Inférieure),y"W découvert, tout dernièrement, dans le fossé
dune nouvelle route, des fragments de carreaux et de tuiles à lar-
ges rebords, que le propriétaire du champ voisin y avait jetés en
grande quantité. M'étant informé du nom du propriétaire, je pas-
sai chez lui, où j'eus la bonne fortune de le rencontrer. Il me
montra, entre autre chose, un pseudo-nucléus, simulant une roche
siliceuse verte, de la grosseur du poing, avec un plan de frappe bien
apparent, et me donna un petit fragment de même roche; c'est
du laitier. Je vis de plus deux aiguilles, une broche en os, ornées
de dessins à la tête (lignes circulaires) ; le chaton d'une bague avec
initiales; des clefs; différents objets en terre cuite, semblables
de forme, mais plus gros les uns que les autres, que je suppose
être des poids (à la partie supérieure, qui est la plus petite, ils
sont percés d'un trou); puis différentes monnaies en bronze (envi-
ron 30 ou 40), à l'effigie des Césars du Ier siècle et delà première
moitié du ne siècle de notre ère. — La trouvaille vaut la peine
d'être signalée pour la Charente-Inférieure, et surtout pour Royan,
ville importante, recouverte en partie par des dunes, qu'on pourra
ainsi dater.
126 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A. propos des Silex-rabots.
M. H. MuLLER(de Grenoble)— M. L. Giraux (B. S. P. F.,
n° 1, 1911, p. 711), à mon humble avis, a raison de prétendre
que le silex de Vendrest, qu'il a présenté, peut servir de rabot.
Peut-être même cet outil a-t-ilété retaillé pour en faire un rabot?
Mais mon observation, de valeur relative puisque je n'ai pas eu
l'objet en main, portera surtout sur le mode d'emploi d'un outil
similaire.
Il faut d'abord tenir compte de l'angle formé par l'outil; plus il
sera ouvert, moins il sera puissant, et n'enlèvera que des copeaux
de plus en plus insignifiants; plus l'angle sera aigu, avec pour-
tant un minimum assez facile à trouver dans la pratique, plus les
copeaux seront volumineux et enlevés facilement.
L'outil, le rabot, dont se servent les ébénistes pour préparer
les panneaux destinés à supporter des placages, a son fer fine-
ment canelé longitudinalement; ce fer est placé sous un angle
très ouvert; il ne coupe pas; il gratte plutôt et laisse des rayures
produites par les cannelures, àseule fin de faire adhérer la colle
d'une façon énergique. Le rabot ordinaire et la varlope ont leurs
fers montés sous un angle plus aigu : ils enlèvent des copeaux.
Pour un rabot en silex, l'étude de l'angle n'est pas sans
intérêt, l'expérimentation aussi. Mais je crois pouvoir affirmer
que la simple préhension entre le pouce et l'index est insuffisante
pour l'obtention de copeaux, voici pourquoi ; en 1904, voulant
faire un arc avec une tige de troène, j'en ai aminci les deux extré-
mités, en les rabotant. Pour cela j'ai pris un gros éclat de silex,
de 0m024 d'épaisseur, dont la face était légèrement concave ; ce
silex avait une facette antérieure relevée à environ 48° sur la base.
Cet outil poussé par la paume de la main, les doigts allongés
par dessus, m'a donné, sous l'effort, un travail utile, produisant
des copeaux ayant parfois 0m25 de longueur. Le même outil,
poussé par les doigts, avec une grande dépense de force, ne
donnait qu'un résultat bien inférieur; j'ai expérimenté d'autres
silex dans ces deux modes et le résultat a été identique, avec
souvent en plus, sous la poussée, le basculage du rabot en avant,
par arrêt brusque, lorsque l'angle tranchant en était trop
ouvert.
Le bec du rabot de notre collègue a un angle bien proche de
45°; il est donc de bonne construction.
Une seule chose m'étonne, c'est que pour obtenir un bec cou-
pant, un rabot en un mot, nos ancêtres aient cru devoir dépenser
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 127
tant d'ingéniosité pour façonner ce genre d'outils. Je serais tenté
de voir, dans beaucoup de rabots, des nucleus, dont la forme heu-
reuse a suggéré de les employer pour raboter.
J'insiste sur un dernier fait, qui peut aider dans l'examen de
certains outils lithiques. Un tranchant rectiligne produira des
copeaux minces, un tranchant convexe donnera des copeaux étroits
et épais.
Enfin, pour terminer, les observations de M. le Dr Henri
Martin, parues dans notre Bulletin le 22 mars 1906, restent justes ;
et le terme grattoirs nuclêiformes qu'il indique parait être le
mieux approprié pour désigner les Rabots en silex. Néanmoins
je maintiens que certains sil^x, comme celui dont je me suis
servi, poussés par la paume de la main, celle-ci faisant office
d'enmanchure, peuvent enlever des copeaux sur une tige de bois
cylindrique par exemple. M. le Dr Henri Martin a parfaitement
raison de nous mettre en garde contre l'emploi de comparaisons
trop exclusives entre l'outillage siliceux et l'outillage actuel; il
faut, avant de conclure.se rendre compte de l'emploi exact des
outils de silex et surtout les expérimenter dans des conditions
aussi semblables que possible.
En résumé, l'idée ingénieuse de notre collègue Giraux ouvre le
champ à des conjectures nouvelles, qui risquent fortd'ètre confir-
mées par l'expérimentation.
128' SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
V. — COMMISSION DES ENCEINTES
Commission d'étude
des Enceintes Préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
M. Armand Viré, président de la Commission, présente le 45e Rap-
port.
Il annonce que M. Paul Plat a bien voulu accepter le titre de
délégué de la Commission. Nous augurons bien de son activité dans
une région où il reste encore beaucoup à faire.
— M. A. Blanchet, en étudiant un trésor de monnaies gauloi-
ses (1) découvert à Marcillat (Creuse), — situation éminente « qui
pourrait bien avoir eu un oppidum à l'époque celtique », — a trouvé,
surtout dans certaines particularités de poids et de provenances, un
argument pour maintenir à deux groupes monétaires différents, —
soit aux Lémoviques et aux Bituriges, — son attribution de certaines
pièces, que M. H. de La Tour, lorsqu'il étudia chez nous (2) les
trouvailles de M. .T. Pages- Allary à Chastel-sur-Murat (Cantal),
préféra, à cause de l'analogie des types, laisser à un groupe unique.
— M. Ch. Cotte ne croit pas que l'important dépôt de tessons
ioniens trouvés, sans mélange de produits indigènes, au contact du
sol primitif, dans les fouilles du Fort Saint-Jean de Marseille (Bou-
ches-du-Rhône), doive empêcher de croire à un commerce hellé-
nique antérieur avec des oppida indigènes préexistants. La remar-
quable découverte de vases proto- corinthiens en bronze et en argile,
faite par M. Ch. Cotte dans des sépultures du camp de Saint-Julien-
de-la- Bastidonne, et celle qu'a faite M. Paul Goby, au camp du Bois
du Rouret (Alpes-Maritimes), d'une pointe de javelot en bronze,
de l'époque dipylienne, lui semblent prouver l'existence d'agglomé-
rations indigènes importantes, antérieures au dépôt des poteries du
Fort Saint- Jean (5).
(1) A. Blanchet. — Numismatique gauloise. La trouvaille de Marcillat. Rev.
numismatique, 1910, p. 461-476, pi. IV. [V. p. 467 et suiv.]
(2) H. de La Tour. — Note sur les monnaies recueillies par M. J. Pagès-Allary,
à Chastel-sur-Murat (Cantal), dans le courant de l'année 1908, B. S. P. F., t. VI,
1909, p. 289-297, 1 fig. [v. p. 291, 292.]
(3) H. Cotte. — Découverte d'une œnochoé dans un tumulus de Provence, L'Hom-
me Préhi st., VII, 1909, p. 196-203, fig. 62-62.— Les tumulus halstattiens provençaux
à vases grecs archaïques, LH. Pr., VIII, 1910, p. 353-868, fig. 144-147.
(4) Paul Goby. — Deuxième recherche au camp du Bois du Rouret (A. -M.}.
Gongr. intern. d'Anthrop. et Archéol. prébist,, XIIIe session (Monaco, 1906), t. I,
p. 230. — Monaco, 1907.
(5) H est cependant à noter que M. Joseph Déchelettk, dans son Manuel d .4 rchéolo-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 129
Nous attendrons avec d'autant plus d'intérêt les développements
que M. le Professeur Vasseur doit donner, dans une publication plus
détaillée, à la thèse originale que nous avons dernièrement mention-
née (1), et qu'il sera intéressant de rapprocher des constatatations
faites à l'acropole de Montlaurès (Aude;, par MM. H. Rouzaud et E.
Pottier 2; ,qui observent là l'arrivée de la céramique grecque, à figures
noires, dès le vie siècle avant J.-C, mais sa superposition définitive
à la grossière céramique indigène ligure, seulement vers la fin du
ve siècle, après un hiatus correspondant juste à l'époque où la proto-
histoire place l'invasion du pays des Elésiques (Narbonne) par les
Ibères. — A. G.
— M. le Dr Ducroux a visité le Chatelard du Mont-Dardon, com-
mune d'Uxeau (Saône-et-Loire), anciennement mentionné, mais
sans aucun détail, parBulliot (3\.
C'est par 525 mètres d'altitude, sur une croupe granitique, un mur
bordé d'une levée de terre, à environ 400 mètres d'une source. On y
a trouvé des monnaies et des poteries.
— A la suite d'une conférence, faite à la réunion générale (Congrès
annuel) de la Société allemande de Préhistoire (4) par M. le Dr Feyera-
bexd, directeur du Musée de Gôrlitz, sur les enceintes fortifiées de
la Lusace (Allemagne , où il veut reconnaître presque toujours
la structure dite gauloise, et attribuer à l'incendie les nombreuses
scorifications observées 'on dit, chez nous, beaucoup plus impro-
prement, vitrifications), M. Herman Schmidt s'est élevé, au nom
de ses onze années de fouilles, contre cette interprétation, en faveur
de celle, très originale, que nous avons eu l'occasion de signaler déjà
[B. S. P. F., XXXIIe Rapp., t. VI, 1909, p. 432), de villages case-
matés installés à l'époque wende, derrière des murs de terre dont
les éléments argileux auraient été volontairement cuits pour créer
une défense contre... l'humidité.
gie préhistorique, t. H, Age du Bronze, [512 p., 212 fig., 5 pi. h. t., Paris, A. Picard,
1910, v. p. 128 et 225, fig 35 et 71 bis], tout en inclinant à dater la pointe de
javelot de M. Paul Goby plutôt de la fin du Bronze que du Hallstatt, finit par
l'attribuer aussi à quelque guerrier des colonies Marseillaises d'Anlipolis ou Xi-
eœa, aujourd'hui Antibes et Nice : ce qui nous rejette après le vie siècle.
D'autre part, A. Furtw.engi.er [Olympia, IV : die Bronzen u. iibrigen kleineren
Funde, p. 178. fig. 1906), bien loin de rattacher sa pointe à l'époque du Dipylon,
spécifie qu'elle lui paraît attribuable au IV" siècle.
Enfin il faut tenir compte aussi de ce que le commerce d'exportation des anciens
comme celui d'aujourd'hui, pouvait emporter au loin des objets depuis longtemps
démodés dans le pays d'origine, et que ce sont aussi souvent ceux-là dont on se
débarrasse de préférence dans les tombes.
(1) fi. S. P. F., VII, Dec. 1910, p. 660.
(2) E. Pottier. — Les fouilles de Montlaurès, C. R. Ac. I. et B.-L., ann. 1909.
p. 981-995, 2 fig. — Cf. B. S. P. F., t. VII, 1910, p. 575.
(3) Bulliot. — Essai sur le système défensif des Romains dans le pays Éduen,
Paris et Autun, 1856, p. 105.
(4) Session de tiannover, août 1909. — Mannus, I, p. 51. Wurtzbukg. 1910.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 9
130 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il est vrai que, par le mauvais vouloir des autorités locales, l'exa-
men approfondi de l'enceinte de Lôbau, qu'a surtout étudiée
M. Schmidt, fut précisément rendu impossible à M. Feyerabend.
Tant il est vrai que, nulle part, la sérénité de la science n'est à l'abri
des compétitions de personnes, et qu'il serait vraiment criminel,
chez nous, de les exaspérer encore par un projet qui mettrait juridi-
quement les amis désintéressés de la science à la merci des seuls
profiteurs officiels parisiens. — A. G.
— M. A.-L. Harmois, qui vient de nous envoyer la suite de son
Inventaire des découvertes archéologiques dans le département des
Gôtes-du-Nord (arrondissement de Guingamp\ a l'obligeance d'en
extraire les noms d'enceintes, mottes et lieux-dits ceux-ci ne corres-
pondant pas toujours à une enceinte constatée, nous les mettons en-
tre parenthèses) de nature à fournir des éléments à notre futur in-
ventaire départemental, lorsque nous pourrons l'établir conformé-
ment au type précédemment adopté. Nous marquons d'un astérisque
les noms qui ont déjà figuré soit dans nos tables, soit dans le premier
inventaire A. de Mortillet, et nous donnerons prochainement, de
même façon, la liste de l'arrondissement de Dinan, dressée par M.
Harmois.
Arrondissement de Guingamp. — Bégard, Pen-ar-Mur. — Belle-
Isle-en-Terre. Saint Elven, Motte d'Ar-Vouden (Les Forges). — Bour-
briac, Ar-Castel, (Cosquer). — * Brélidy, Chauraie, Coat-an Slorg. —
Bringolo,/férarïer'c (Les Cosquers). — Bulat-Pestivien (Le Château,
Le Cosquer). — Calanhel (La Haye, La Hagedouar, Le Cosquer). —
Gallac, Kleuz-Meur. — Canihuel, Pèlinec. — * Carnoët, Saint-Gildas,
autre petite enceinte voisine (La Bastille). — Chapelle-Neuve (la) (Les
Ferrières). — Duault, Motte-du Château (Camp de Glomel), Kerbes-
cont, Kerbloas. — Grâces (La Tête-du-Tertre). — Gurunhuel (Le
Cosquer). — Kergrist-Moëllou, Chrech' Moëllou. — Kernoroc'h, Coz-
Castel. — Kérien. Cosker-Jehan (Le Cosquer-Gentil). — Kerpert
(Château-Gaillard). — Landebaëron, Motte de Coëtmeur. — Lanri-
vain (Le Cosquer). — Lanrodec, Perrien. Castel-Tangug, Castel-Valy.
— Locarn (Le Cleuziou, Le Plessis). — Louargat, Motte de Pen-an-
Stang, (Le Cleuziou). — Maël-Carhaix (La Meurette, Goas-an-Gall).
— Moustérus, (Le Coz-Mouster). — Moustoir (le), Rudulgoat, Motte
de Pors-enPlaz. — Paule, Bressilien, Castellodic, Castellanouénan.
— Pédernec Coat-ar-chtugo. — * Plésidy, Castel-Kerandroat. —
Plévin, Penvern. — Plougonver, Le Camp de Coatan-Nos. — Plou-
guernével, Kérauffret, Grand-Bodillo, Kèriolas, Kéruel, Faouédic. —
Plouisy, Le Murio,Le Ruglaziou. — Plounévez-Quintin, Kergontrahg .
— Plourac'h, Castel ar-Poder, Motte Bourgerel (La Picardie). —
* Quemper-Guezennec, Frian-an-Dour. — Saint- Agathon, Kervano,
— Saint-Clet, Tossen Quintin. — Saint-Connan, Crech-Loursen. —
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 131
Saint-Gilles-Pligeaux, Milin-ar-Castel. — Saint-Nicodème, Le Crois-
sant. — Saint-Nicolas-du-Pélem, Dzilou, Garzolès. — Saint-Péver,
Avaugour, Le Goaziou. — Saint-Servais, (La Justice). — Senven-
Lehart, (Le Cosquer). — Trébrivan, Castel-Hael. — Treffrin, Kermoi-
san. (Le Bois Clos). — Tréglamus, Commore. — Trémargat, Pospo-
ret. — Tréogan, Le Caste l .
— M. J. Pagès-Allary, à propos de la classification céramique,
nous rappelle une curieuse observation qu'il publia, en 1907, au Con-
grès de l'A. F. A. S., à Reims (p. 313) :
« J'ai observé, dans un même vase, des morceaux plus cuits les
uns que les autres, et de couleurs de pâte bien différentes, du noir
au rouge brique, suivant qu'ils s'étaient trouvés dans les cendres,
dans la fumée ou en plein feu (milieu oxydant, réducteur ou neutre) » .
Voilà donc des tessons de même provenance, qui, dans la classifica-
tion chimique, seraient attribués à des genres différents, quelques-
uns à deux genres à la fois (carbonifères et ferrugineux , et tous à un
nombre varié d'espèces, suivant l'état de réduction des oxydes ferru-
gineux, de carburation de la pâte, etc. On se demande quel avantage
cela représenterait pour les préhistoriens sur leurs vieilles métho-
des empiriques de classification. — A. G.
— M. Paul Plat, nous signale deux enceintes de la vallée du
Céans, à Orpierre ^Hautes- Alpes;, sur un plateau dénommé Coar-
riaud, au cadastre.
Celle de l'ouest, la plus grande, est rectangulaire, celle de l'est est
pentagonale; elles bordent des pentes abruptes, presque à pic, domi-
nant de 300 mètres le fond de la vallée, par 650 à 700 mètres d'alti-
tude.
Le mur qui les délimite est doublé d'un fossé intérieur. Aucune
fouille suivie n'y a été faite ; notre correspondant y a trouvé quelques
rares éclats de silex, quelques fragments de haches polies, quelques
tessons d'aspect romain, une moitié de bague romaine enfer portant
une pierre rouge, et enfin deux liards en bronze du xvne siècle.
A moins d'un kilomètre à l'est, à la même altitude et dans une
position analogue, à un endroit appelé le ClosLiotard, est un endroit
aplani de main d'homme, avec petits murs de soutènement, ou des
rangées de pierres alignées, avec levée de terre au S.-O., délimitant
une grande aire circulaire. Les seules trouvailles sont quelques grès
à aiguiser.
Dans les Basses-Alpes, à Lardiers, est une autre enceinte beau-
coup plus importante, couronnant un haut plateau connu sous le
nom de Chatelard de Lardiers .
Elle est entourée de murs en pierres sèches, doublée sur le côté
ouest. On y a trouvé plusieurs milliers de lampes romaines en terre,
de facture grossière et qui semblent être des lampes votives ; de nom-
132 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
breuses petites feuilles de cuivre mince, découpées sans symétrie et
dont la plupart sont percées d'un trou au milieu, fait d'un simple
coup de poinçon; de petits anneaux en bronze sans ornementation ;
une drachme massaliote, et une monnaie gauloise.
Cette enceinte que nous signale notre correspondant a été décou-
verte par MM. Colet-Leroy, de Revest-des-Brousses (Basses- Alpes).
Archives de la Commission.
CATALOGUE DES IMPRIMÉS (1).
(5e Liste).
[Sauf mention spéciale, tous les numéros de cette liste sont des dons de M. A. Guébhard, qui
continue à verser aux Archives tous les ouvrages, faisant mention d'enceintes, qu'il acquiert
ou reçoit personnellement].
{Format petit in-8°).
1. L. ALÈGRE. Le Camp de César de Loudun (Gard). Congr.soc. sav. 1865.
2. Comte J. BEAUPRÉ. De l'emploi du double vallum dans la fortification
préhistorique. [Ex Bull, de la Soc. Préhistorique de France, 24 juillet 1909].
3. Id. Contribution à l'étude des enceintes de l'Est de la Gaule. [Ex Revue
préhistorique illustrée de l'Est de la France, 4° année 1909, n° 4].
(Don de V Auteur).
4. Id. L'oppidum de Sainte-Geneviève (Essey-les-Nancy). Fouilles de 1909.
Nancy, Crépin-Leblond. {Don de l'Auteur).
5. Id. L'enceinte du Camp de César, Messein (Meurthe-et-Moselle). Nancy,
Crépin-Leblond, 1910. (Don de l'Auteur).
6. Id. Le mur cyclopéen de la Trinité. [Ex Bull, des séances de la Soc. des
Sciences de Nancy]. *i (Do a de l'Auteur).
7. Id. Une enceinte de l'âge du bronze à Gugney-sous-Vaudremont (Meur-
the-et-Moselle). (Fouille 1908 et 1909). Nancy, Crépin-Leblond, 1909.
[Don de l'Auteur).
S. Id. Trois stations funéraires de l'âge du bronze (Beuvey, Azelot et Be-
sange-la-Grande (Meurthe-et-Moselle). Nancy, Crépin-Leblond, 1909.
(Don de l'Auteur).
9. BERTHELOT DU CHESNAY. L'enceinte féodale de la llaye-aux-Lions, en
Saint-Glen. (Ex Mém. de la Soc. d'Emulation des Côles-du-Nord, 1908).
10. V. BERTHIKR. Le VIe Congrès préhistorique de France, ^Ex Procès-
verbaux de la Soc. d'histoire naturelle d'Autun, 1910).
11. A. BLANCHET. Une nouvelle théorie relative à l'expédition desCimbres
en Gaule, (Revue des Etudes anciennes, T. XII, n* 1, Bordeaux, 1910).
1%. LE BLOND. Elemens de fortification, 4e édition, Paris, Ch. Ant. Jom-
bert, 1754.
-(1) Voir B.S.P.F., t. IV, 1907, p. 30, 247, 496; et t. VI, 1909, p. 360.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 133
13. BOTTIN et BONNARD. Les villages gullo-romains situés à l'Est de
Toulon, sur le terroir des communes d'Ollioules, Evenos, Sanary, et Six-Fours.
Toulon, Bordato, 1910.
14. BUCHE. La Poype de Villars-les-Dombes et ses fouilles. Bourg, impri-
merie du Courrier de l'Ain, 1899.
15. CAILLETTE DE L'HERVILLIERS. Le Mont Ganelon, à Clairoin, près
de Compiègne. Compiègne, Dubois, 1860.
16. CÉNAC-MONCAULT. Camps romains et camps gaulois duBéarn. [Bull,
Archéologique de Tarn-et-Garonne, 1870].
17. DE CESSAC. Rapport sur l'oppidum du Puy-de-Gaudy (Creuse). [Bul
de la Soc. nat. des Antiquaires de France, 1877, 2e trimestre, p. 83].
18. D* CHARVILHAT. Carte préhistorique du Puy-de-Dôme.
19 . Gustave CH AUVET, Notice sur A.-F. Lièvre. Angooxême, Chasseignac, 1900.
20. S. CLASTRIER. Première esquisse sur la construction et la céramique
d'un habitat celto ligure du iue siècle avant notre ère, à Marseille. [Ex Congrès
des Soc. savantes de Provence tenu à Arles en 1909]. Bergerac, Castanet, 1910.
21. P. CLÉMENT. Découverte de deux camps nouveaux en Vendômois. [Ex.
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fils, 1910. (Don de l'Auteur).
22. E. de CLÉRAMBAULT. Les enceintes fortifiées du Mesnil-Eudin et de
Sorcy. Le Donjon de Gisors. Beacvais, Avondeet C*e, 1900J.
23. L'abbé COCHET. Fouilles du Château-Gaillard.
24. Ch. COTTE. Découverte d'une œnochoé dans un tumulus de Provence
(Avec mention de ï Oppidum de Saint-Julien). [Exl'Homme Préhistorique,!" année,
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25. Léon COUTIL. Inventaire des enceintes et mottes de l'Orne. [Ex Vm Con-
grès préhistorique de Beauvais, 1909].
26. Id. L'époque gauloise dans le sud-ouest de la Belgique et le nord-ouest
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27. Id. Sur les camps de la Risle. [Ex Soc. Préhistorique de France, 24 juillet
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28. Id. Département de l'Eure. Archéologie gauloise, gallo-romaine et franque.
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Tarn-et-Garonne (nombreux camps et buttes). Caen, Le Blanc-Hardel, 1866.
31. Clément DRIOTON. Essai de classification des enceintes défensives et
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ments de pierre brute, Enceintes défensives de la Côte-d'Or, 1" année, n» 1, 1908].
32. Id. Retranchements et enceintes des environs de Dijon [Revue préhisto-
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33. Id. Fouilles exécutées dans la station légionnaire de la VIIIe légion, à la
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torique. 5* année, n* 4, 1907, p. 97].
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36. L'abbé A. FOUROT. L'oppidum du Chatelet (près Gourzon, Haute-
Marne) [Mém. Soc. lin. de Saint-Dizier, 1887].
37. N. GABILLEAU. De Châtillon-sur-Sèvre, à Cholet. Inventaire archéolo-
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anciennes, XXXIP année, t. XII, n« 1, Bordeaux, 1910].
434 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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40. GOUREAU. Recherches sur quelques camps anciens dans la Lorraine.
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41. GOURY. Stations de la période néolithique et établissements sidérurgi-
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42. HARMOIS. Inventaire des découvertes archéologiques dans le départe-
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43. Id. — Inventaire, etc. Arrondissement de Guingamp. 1910.
44. Edmond HUE. Menhir de la Pierre aux Couteaux (à Diant, Seine-et-
Marne) [Ex Y Homme préhistorique, G* année, 1908, n° 3].
45. Id. Camps néolithiques et camps romains. [Ex. Bull. Soc. préhistorique
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46. L. JOLEAUD et A. JOLY. Ruines et vestiges anciens relevés dans la
Province de Constantine [Ex Recueil des Notices et Mém. de la Soc. archéol. de
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47. Dr J. JULLIEN. La Céramique de quelques stations préhistoriques du
Bas-Vivarais. [Rev. hist., arch., littéraire et pittoresque du Vivarais, t. XIV,
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48. Le Lieutenant-ColonelG.de LA NOË. Principes de la fortification anti-
que depuis les temps préhistoriques jusqu'aux croisades, pour servir au classe-
ment des enceintes dont le sol de la France a conservé la trace. ■/« Fascicule.
Fortification préhistorique et fortification gauloise. [Ex Bull, de Géographie his-
torique et description, t. II, 1887, p. 201-331, pi. IV-X]. Paris, E. Leroux, 1888.
49. Colonel G. db LA NOË. Principes de la fortification antique, etc. 2e Fasci-
cule. Fortification romaine [Ex Bull. géog. hist. et descr., t. IV, 1889, p. 209-307,
pi. V-IX] — Paris, E. Leroux.
50. Baron de LOË et Ed. RAHIR. Vestiges de voies antiques dans les ro-
chers. [Ex Annales de la Soc. d'archéologie de Bruxelles, t. XXI, 3e et 4e liv.
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51. Baron de LOË. Les « Marchets » [Ex Comptes-rendus du Congr. d'ar-
chéol. et d'histoire, à Dinant 1903. Namur, Wesmael-Charlier, 1904],
52 Jd. Les « Terpen » de la Frese. Réponse à M. Bœles. [Ex Annales Soc.
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S3. Id. Nos recherches et nos fouilles durant le 1er semestre 1907. [Ex. Bull,
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Bruxelles, pendant l'exercice 1896; id. 1903; id. 1904. Bruxelles, Vroment,
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57. Baron de LOË et Paul SAINTENOY. Le Sénéca-Berg de Borght-les-Vil-
vorde (Brabant) [Ex Annales de la Soc. darchéol. de Bruxelles, vol. VII, 1893].
38. Gustave MALARD. Le camp romain du Champ-Clair (près Marçais,
Cher). [Ex Soc. des antiquaires du Centime, 6 janvier 1897].
.59. Edouard MARIETTE. Les murs romains entre l'Ecosse et l'Angleterre.
Paris, Bonvalot-Jouve, 1906.
60. E. MARIGNAN. L'âge de la pierre dans la vallée basse du Vidourle. [Ex
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61. Hippolyte MARLOT. L'Auxois dans les temps préhistoriques. Semur'en
Auxois, V. Bordot, 1808.
62. E.-A. MARTEL. Le refuge du Roc del Gorp, sous l'Oppidum de Murcens.
[Ex Soc. scient., hist. et archéol. de la Corrèze, Brive, 1885].
63. A. MASFRAND. Le Limousin préhistorique (camps retranchés p. 136 et
suiv.) Hochechouart, Dupanier, 1895.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 135
64. Félix MAZAURIC. Les Musées archéologiques de Nimes. ^Recherches et
acquisitions. Année 1908. Nîmes, 1909. {Don de l'auteur).
6*5. Id. Note sur une importante découverte d'inscriptions celtiques. [Ex
Revue du Midi, Nîmes, 1910]. {Don de routeur).
66 Albert MELAYE. La Forêt de Montgé en 1778. (Buttes et enceintes)
[Bull. Soc. lilt. et hist. de la Brie, t. IV, fasc. V]. Meaux, 1907.
{Don de l'auteur).
67. MÉNÉTRIER. Je camp de Sainte-Germaine, à Bar-sur- Aube [Ex Annales
de V Aube. 1863].
68 E. MORE AU. Les Châteaux de Loiron (Mayenne) {double).
69. Id. Camp de la Motte Sainte-Suzanne (May_enne) {double).
10. PÉRENET. La légende* d'Alise. [la Revue préhist. de l'Est de la France,
l'e année, n° 2].
7 / . Francis PÉROT. Le dolmen de Glenne (dans une vaste enceinte préhisto-
rique) à Saint-Martin-le-Lac,Saône-et-Loire)[InL'Z/o/nwje préhistorique, 4e année,
n* 12, 1906].
72 C.-A. PICQUENARD. Recherches sur le parcours de quelques voies ro-
maines dans la partie orientale de l'arrondissement de Quimper [Ex Revue de
Bretagne]. Vannes, 1909.
75. Vlp du PONTAVICE, HARSCOUET DE KERAVEL et BANÉAT. Les
mottes de Bourgbarré, la motte de Chalonge, les levées de terre de Labeau [Ex
Mém. de la Soc. archéol. d'Ille-et-Vilaine, XXVIII, 1899]. {Double).
[Don de L. GIRAUX).
74. Geohges POULAIN". Fouilles sur l'abri du Mammouth, commune de Saint-
Pierre-d'Autils (Eure). — Fouilles au camp dttGoulet. [Ex Bull, delà Soc. nor-
mande d'études préhistoriques, t. XIII, 1905]. {Don de l'auteur).
75. QUIQUEREZ. Topographie d'une partie du Jura oriental et en particulier
du Jura Bernois. Epoque celtique et romaine. Porrentruy 1864.
{Don de P. DE GIVENCHY).
76. Armand RENDU. D'un castellum roraanum stativum, à Montigny-Ies-
Maignelay. [Ex Bull, de la Soc. Acad. de l'Oise], Beaovais 1873.
{Don de L. GIRAUX).
77. 7*. E. et H. ROYER. Camp dit le Château des Sarrasins à Cirey-sur-
Blaise.— Camp de Saint-Roch. [Ex Mém. Soc. linn. de Saint-Dizier 1887],
79. Ersest RUPIN. L'enceinte vitrifiée de Sermus, canton ae Saint-Privat
(Corrèze). [Ex Soc. archéol. de la Corrèze, t. XV]. Brive. {Doublé).
{Don de Armand VIRÉ).
80. J. DE SAINT- VENANT. Le manuel d'archéologie de J. uechelette et les
progrès des études préhistoriques. [Ex Bull, monumental]. Caex, Delesques
1909. [Don de l'auteur).
81. SAUREL. Nouvelles recherches sur le tracé des Fosses raariennes et
l'emplacement du camp de Marius.
82. SÉNEQUIER. Anciens camps retranchés des environs de Grasse. [Ex
Soc. des lettres, se. et arts des Alpes-Maritimes, t. VII]. Grasse lè8l. {Double).
[Don de Armand VIRÉ).
83. VALLIER-COLOMBIER. A travers la Provence ancienne (camps retran-
chés, p. 11). [Ex Académie des Sciences, agricult.. arts et belles-lettres d'Air,
1909].
84. G. VASSEUR. Résultat des fouilles archéologiques exécutées à Marseille
dans le Fort Saint-Jean [Ex Académie des Inscrip. et belles lettres]. Paris, 1910].
{Don de Fauteur).
83. E. VIMONT. Le Camp de Bierre. [Soc. hist. et archéol. de V Orne, t. III,
2« btill.] Alençon, 1884. {Don de P. DE GIVENCHY).
136 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
86. Camille VIRÉ. L'âge de pierre dans la région de Bordjy-Menaiel et sur la
côte. [Ex Recueil des Notices et Mém. de la Société arch. de Conslantine, vol.
XXXIX, 1905]. (Don de l'auteur).
87. ANONYME. Sur la découverte d'une muraille gauloise au lieu de Mur-
ceint, commune de Gras, département du Lot. [Revue archéol., 1868].
[Grand format).
88. Paul COMBES fils. Enceintes préhistoriques et fortifications anhistoriques.
[In Cosmos, 56e année, n° 1160, 10 avril 1907].
89. G. DE FOURAS. La nature el l'âge du monument de Stonehenge. [La
Science illustrée, n° 760, juin 1902].
90. Paul. GUÉBHARD. L'histoire du Fouta-Djallon et des Almanys. [In L'Afri-
que française, mars 1909].
91. G. REGELSPERGER. Le monument mégalithique de Stonehenge. [ta
Science illustrée, n° 689, septembre 1899].
92. VIAL. Enceinte préhistorique. [Cosmos, 57» année, 1237,10 octobre 1908].
93. WAVRE et P. VOUGA. La Tène. 2* rapport publié au nom de la Com-
mission de la Tène, fouilles de 1908 [Ex Musée neuchdtelois, septembre-décem-
bre 1909].
V. — ARTICLES ORIGINAUX.
Sur les mots « Dange * et « Dune ».
Par le Dp
Louis DUBREUIL-GHAMBARDEL (Tours).
Il est deux mots qu'on rencontre assez souvent dans la topo-
graphie tourangelle et qui peuvent s'appliquer parfois à des Mo-
numents mégalithiques. Ce sont les mots « Dange » et « Dure ».
Il importe donc de relever avec soin tous les lieux dits portant
ces noms, car ils peuvent mettre sur la trace de souvenirs pré-
historiques.
Le mot Dange désigne en général une motte de terre, artifi-
cielle ou naturelle. Nous ignorons tout à fait l'origine de ce terme,
qui certainement n'est pas d'introduction latine, et qui, à l'heure
actuelle, n'est plus employé dans le langage populaire.
Voici les lieux dits auxquels ce nom est donné.
Les Danges, à la limite des trois communes de Sublaines (ca-
dastre, section B, feuille 2, n° 1433-1514), de Luzillé (cadastre,
section G, feuille 2, n° 574-585) et de Saint Quentin (cadastre,
section A, feuille \, n° 1 à 36). Dans cette grande pièce de terre
se trouvent deux mottes artificielles de terre, connues dans la ré-
gion sous le nom de Danges de Sublaines. Elles sont orientées
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 437
suivant une ligne Ouest-Est, sont séparées l'une de l'autre de 150
mètres environ, et sont de forme circulaire. La plus petite, celle
de l'Ouest, est haute encore de 5 mètres environ ; les labours
exécutés sur elle l'ont, dans ces dernières années, très réduite.
La plus haute, celle de l'Est, a 8 ou 9 mètres d'élévation et un
diamètre de 40 mètres environ. Entre ces deux mottes, de Salies
(Histoire de Foulque Nerra, page 330) a reconnu des vestiges
d'un Chemin chaussé, peut-être d'origine romaine, comme sem-
bleraient le démontrer les découvertes qu'il fit dans les environs,
de tuiles à rebord et de monnaies.
Les chroniques du xne siècle (Spicilege, X, p. 523) prétendent
que ces deux mottes (duos globos terrae) ont été élevées en té-
moignage de l'alliance que Clovis et Alaric contractèrent et pour
marquer les limites de leurs états. Les fouilles exécutées en 1865,
par M. l'abbé Reau, dans la Petite Dange, qui permirent, au
moven d'une tranchée, de mettre à jour de gros blocs de pierre
(rangés en cercle, au dire de celui qui travailla à ces fouilles),
malheureusement déplacés et brisés depuis, et, d'autre part, la
nature de la terre qui recouvre les deux buttes, nous font suppo-
ser que ce sont là des tumuli. Des fouilles systématiques, que
nous exécuterons prochainement, élucideront, sans doute, de
façon définitive cette question intéressante.
Les Danges, dans la Commune de Saint-Quentin [cadastre,
section B, feuille 3, nos 927 à 981 ; à côté d'un lieu dit la pièce de
fa Folie (id., nos 913 à 926), et section E, n° 1 à 7, la Pièce des
Buttes, à côté de la Pierre Levée (id., nos 38 à 48), qui est une
Allée couverte] sont deux mottes, aujourd'hui presque détruites,
situées à l'intersection d'un vieux Chemin chaussé, allant de la
Roche à Mallée, et de la route nouvelle de Saint-Quentin au
Liège. Elles sont orientées de l'Est à l'Ouest, et sont formées de
pierres et non de terre. « L'amas, écrit de Salies (Op. cit.,
p. 332), qui put les étudier il y a cinquante ans, est formé d'abord
de grosses pierres rangées avec un certain ordre ; puis de cou-
ches dont les pierres vont en diminuant de volume, jusqu'à la sur-
face où elles ne dépassent pas la grosseur du cassis employé sur
les routes ». Nous avons en septembre dernier, examiné les ves-
tiges de ces danges, et constaté que les travaux exécutés lors de
la construction du chemin de Saint-Quentin au Liège, avaient
été cause de leur presque entière disparition, car elles fuient une
carrière toute ouverte de cailloux. On peut encore, si on est
averti de leur existence, reconnaître les bases de ces deux mottes,
qui, d'après les vieux paysans des environs, étaient « aussi
hautes que celles de Sublaines ». La présence de ces mottes tout
138 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
proche des deux dolmens de Hys et de Mallée, dans un endroit
où il est facile de trouver de beaux spécimens de silex taillés et
polis, donne à penser qu'il s'agit là très probablement de tumuli.
Dans la commune de Luzillé (cadastre : section K, feuille 1
nos 166 à 355), se trouve le lieu dit la Dangette sur lequel existe
une petite motte artificielle.
Dans la commune d'Azay-sur-Cher (cadastre : section C,
n08 439 à 555), on voit dans le lieu dit les Danges, deux buttes sans
doute artificielles. Iî est à remarquer qu'elles se trouvent tout à
côté du lieu dit la Folie (cadastre : section D, nos 558 à 561).
Le motDuBE est encore en usage en Touraine. Dans le langage
populaire, il signifie une élévation en général, et il est employé
dans plusieurs sens. Il désigne tantôt l'appendice que certains
oiseaux ont sur la tête : crête, huppe, etc. On dit la dube d'une
alouette (Jacques Rougé, traditions populaires, page 42) (1); d'un
coq qui à une crête bien redressée et ronge, on dit qu'il est bien
dubé. Il désigne ensuite la coiffure des femmes et plus particuliè-
rement ces grands et hauts bonnets qui se portaient autrefois
dans nos régions : on dit la dube d'une paysanne, une femme bien
dubée. Enfin, et c'est le point qui nous intéresse, il désigne un
monticule de terre, motte, butte, soit naturel, soit artificiel, ou
encore un motif architectural en forme de dôme ou de pyramide,
qui se trouvait sur certains monuments.
L'origine de ce mot est douteuse et ne doit pas être latine (2).
L'emploi le plus ancien que nous en ayons trouvé, est dans une
charte de 1086 de l'abbaye de Noyers (Cartulaire, charte CLXXVI,
page 205) : « Dédit eidem ecclesiae Nuchariensi terram quam
habebat ad Salvaticum, a monte Dubel usque ad rivum Bonosse,
sicut via de monte Dubel ducit ad molendinum Brethel ». Cette
Dube, située dans la paroisse de Pussigny, sur la rive droite de
la Vende de Ponçay ou le Bonosse, entre le village de Sauvage et
le moulin Brethel ou Berteau, ne semble plus exister aujourd'hui,
ou du moins aucun lieu dit ne porte ce nom. Par contre, tout à
côté, entre la Creuse et la Vienne, au confluent de ces deux riviè-
res, existe une motte artificielle, considérée comme étant un tu- -
mulus, et qui est appellée Dube par les gens du pays.
Les deux curieuses pyramides, qui surmontent, la collégiale de
\\) Voir aussi : Jacques Rougé. — La Dube, Revue du Berry, 1908, page 65.
(2) Peut-être faut-il reconnaître dans le mot Dube, le radical celtique Dun, qui
signifie bien élevé et qui est entré dans la composition de beaucoup de noms de
lieux : Chuteauduh, Dun-le-Pelleteau, Issoudun, etc.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 139
Loches portent le nom de Dubes (Dubae) clans des documents du
xve siècle (1).
Un grand nombre de lieux dits sont ainsi qualifiés en Touraine.
En voici quelques-uns.
Charnizay (cadastre, section H, nos 254 et 255, 263 à 279, 296) :
La Dube, ferme. Neuillé-Pont-Pierre (cadastre, section C, nos 186
à 195) : La Dube, ferme. Pouzay : La Dube, près la Tisserie.
?aint-Aubin : La Dube, village. Thilouze : les Dubes, entre Ville-
perdue et Thilouze. Chezelles : les Dubes, près de Fuchard.
A Xeuilly-le-Brignon, au N.-E. du village, au nord du Bois de
Branc, se trouvent deux mottes naturelles, que les gens du pays
nomment les Dubes.
Le mot Dube a formé les dérivés, Dubiuerie et Dubinière. On
trouve des lieux dits la Dubinerie à Epeigné-les-Bois, à Semblan-
eay (cadastre, section G, n08 189 à 203 et 215 à 227) ; la Dubinière
ii Rochecorbon et Lublé.
Dans le Loir-et-Cher, auprès de Bourré, existe une ferme ap-
pelée La Dube, qui tire son nom d'une butte naturelle.
On rencontre quelques lieux dits, la Dube, en Maine-et-Loire
(Ils sont cités dans le Dictionnaire de Célestin Port), dans l'Indre
et dans la Vienne.
De ces quelques mots, il ressort avec évidence que les mots
« Dange » et « Dube » ont été appliqués en Touraine, à des mottes
artificielles de terrequisontindiseutablcmentdestumuli. Il y aurait
donc grand intérêt à rechercher dans les autres régions du Cen-
tre, tous les lieux dits portant ce nom et à les visiter méthodique-
ment. Ces qualifications topographiques sont le plus souvent très
anciennes et beaucoup sont une survivance d'un langage qui n'est
plus usité aujourd'hui, qui n'est même plus compris. Si le mot
Dube est encore employé dans un sens restreint par nos campa-
gnards tourangeaux, le mot Dange est tout à fait oublié. Je suis
persuadé qu'une enquête, judicieusement menée, conduira à
d'intéressantes remarques et à de précieuses découvertes au point
de vue de notre préhistoire locale.
M. le Dr M. Baudouin. — Je demande à insister sur cette note
de notre collègue, parce qu'elle va me permettre de prouver, une
fois de plus, qu'il ne faut, en Préhistoire, faire fi ni de la Philo-
logie, ni de la Légende.
(1) Obituaire de Notre-Dame de Loches (Bibliothèque de Tours, manuscrit 136) :
« Zuter duo tympanalia hujus ecclesiae dua votas lapideas quas nos Dubas vulga-
r ter appelamus edificari fecit [Thomas Pactius 1080J ».
140 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
a) En effet, à mon humble avis de latiniste peu compétent, le
mot Dange vient de Dunjo ou Dungeo [Prononcez Doun/'o], qui
signifie : « Castellulum, minus propugnaculum », comme dit Du-
cange (t. Il, p. 961). — C'est de Dunjo, que dérive, d'ailleurs,
Donjon ! (1).
On en est sûr, car Dunjo a donné la forme Dangio. Le moine Or-
deric Vital donne : Dungio et Dun/o; et Le Roman de Rou (M. S.)
est très explicite :
Et li Dus fist son gonfarron
Porter et lever el Dan/onl
Dunjo aurait, à mon sens du moins, pour radical Dunon [Pro-
noncez Dounon], mot gaulois, de la racine celtique Dun, bien
connue. Celle-ci entre dans la composition d'une foule de noms,
gaulois et latins [sous la forme Dununi], de fortifications; elle si-
gnifie sommet habité, et par suite « forteresse ». C'est le town (ville)
des Anglais, Payant été remplacé parT; c'est le Swv, grec; le dona
(Sidodona, Sion); le don, phénicien, etc.
b) Les Danges ont donc plus de chances de correspondre à des
mottes féodales qu'à des tumulus vrais mégalithiques, ou autres.
C'est ce qui est, d'ailleurs, le cas pour Sublaines, comme l'in-
dique la Légende de ces buttes !
c) Mais ce n'est pas une raison pour qu'il n'y ait pas, par
extension de sens [phénomène très fréquent en linguistique], des
Danges, qui n'aient aucun rapport avec des fortifications. Elles
peuvent être alors destumulus vrais, mégalithiques ou non, parce
qu'elles ont été prises pour des mottes, à tort, par le Peuple !
Le mot Dube me paraît, aussi, d'origine gauloise, plutôt que
latine.
Je dois ajouter qu'en Août 1910, le Congrès préhistorique de
France a visité les Danges de Sublaines, et que, pour la prépara-
tion du dit Congrès, j'ai été voir les Dubes de Neuilly-le-Brignon.
L'opinion de nos collègues les plus compétents a été que les Dan-
ges de Sublaincs ne ressemblent pas à des mottes féodales, et que
des tumuli sont très probables (terre très noire; orientation; for-
me aplatie; absence de fossés, etc.). — Il est certain, pour moi,
que les Dubes de Neuilly-le-Brignon ne sont que des Buttes natu-
relles [Pointements de la roche du sous-sol dénudée : Calcaire].
En Vendée, je ne connais pas les mots Danges et Dubes, mal-
gré les analogies de parlers [Je ne citerai que Doublié, vêtement
de femme, peut-être pour Doublé, DubiéP].
(\) Les Donjons surmontaient souvent des Mottes, au demeurant!
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 141
Une station magdalénienne au l lt>i\
(Dordogae).
PAR
A. DE PANIAGUA (Paris).
Le lieu dit Gabastou^ commune du Fleix (Dordogne), se trouve
situé sur l'extrême rebord sud du plateau, à vallonnements accen-
tués, qui domine, sur la droite, la vallée de la Dordogne, à environ
cinq kilomètres de cette rivière.
Depuis assez longtemps, en ce lieu, sur une surface d'à peu
près 60 mètres de longueur sur 50 mètres de largeur, après les
labours, j'avais pu ramasser des instruments divers, qui, par leur
faciès très caractéristique, ne pouvaient laisser aucun doute sur
leur origine magdalénienne.
L'été dernier (1910), je fis pratiquer deux tranchées d'explo-
ration dans le champ de Gabastou et j'ai pu ainsi me rendre
compte que le site constitue bien un gisement de l'époque de La
Madeleine.
Sans être agglomérés sur des points définis, les objets, accom-
pagnés de nombreux éclats de fabrication, sont cependant plus
nombreux en certains endroits que dans d'autres et, par cela, on
peut soupçonner une spécialisation industrielle dans quelques
groupements, en ce sens que des instruments affectant une forme
spéciale y sont plus abondants. Ici les grattoirs dominent, là les
burins fins, ailleurs les burins trapus et ainsi de suite; mais nulle
part cependant la spécialisation n'est complète. La pensée qui
vient à l'esprit en constatant cette dislocation particulière est que
l'on se trouve en présence d'un établissement où chaque artisan
avait, pour ainsi dire, sa place de prédilection, pour façonner des
objets divers et, plus abondamment, ceux qui convenaient le mieux
à son tour de main.
Les Magdaléniens de Gabastou étaient installés en plein air
probablement, ayant pour demeures des huttes semblables à celles
dont on peut voir la figuration sur les parois des grottes de la
Vézère. En effet, la constitution géologique du sol ne permet
pas de supposer que des abris sous roche ou des cavernes
aient pu exister à Gabastou. Sous une couche de terre végétale
argilo-siliceuse qui, en épaisseur, varie deOm60àOm40, on trouve
immédiatement la masse profonde de la molasse du Fronsadais.
Pas de silex locaux; tous les silex de ce gisement proviennent du
lit ou des rives de la Dordogne et ont été apportés pour être
ouvrés.
142 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
L'industrie de Gabastou est fort belle et les instruments par
leur finesse, la pureté de leur forme, et leur aspect, révèlent, à ne
s'y point tromper la bonne époque de La Madeleine. On trouve
des grattoirs allongés à dos rabattu et à dos caréné dont quelques-
uns très grands atteignant jusqu'à 0ml3 de longueur, des grat-
toirs subdiscoïdes, des grattoirs-burins. Aussi, des perçoirs, dont
certains d'une finesse extrême, des burins de toutes les formes
et de toutes les grandeurs, des becs de perroquet, etc.
Ce qui paraît bien caractériser la station est surtout un burin,
assez abondant, très trapu, épais, plus ou moins allongé quelque-
fois, le plus souvent presque discoïde, la pointe obtenue par des
éclats bi-latéraux, et quelquefois aussi par des éclats longitudi-
naux sur un côté et, sur l'autre côté, par un martellement ayant
Fig. 1. — Instruments types de la station de Gabastou au Fleix (Dordogne).
I, Burin ; — II, Pointe.
produit des esquillements obtus perpendiculairement au plan de
la pièce (Fig. 1).
Un autre instrument très particulier se trouve à Gabastou.
C'est une pointe, légèrement incurvée vers son extrémité, tantôt
à droite, tantôt à gauche. La plus grande part de cet outil, pour
la facilité de préhension, porte des éclats multiples en long sur
la face supérieure, tandis que la face inférieure opposée reste
plate obtenue d'un seul coup. La partie antérieure triangulaire
formant bui in-poim;on est faite par un seul éclat sur un côté, tan-
dis que sur l'autre, toujours du côté en opposition avec l'infléchis-
sement, on remarque toute une série de retouches très fines
[Fig. 2). Les instruments de cette sorte, relativement peu nom-
breux, sont de diverses grandeurs : il y en a de très petits et très
fins, de même que d'assez grands allant jusqu'à 0m08 et0,p09, mais
toujours très soigneusement retouchés.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 143
Sur une bâche polie à tranchant
à double courbure.
C. CHATELET Avignon .
M. Paul de Givenchy a représenté, dans le Bulletin de septembre
1910 de la Société Préhistorique de France, une série de haches
polies à tranchants variés.
Avant lui, M. Henri Martin, dans une note publiée, au tome I
de la même publication, a signalé des haches à tranchants divers,
et d'autres à bords ou à faces incurvés. Mon ami, M. Deydier (1),
a également figuré et décrit de nouveauxtypes de haches: .Haches
à coches, à tranchant mousses, etc.
Tous les tranchants des instruments représentés dans la belle
planche qui accompagne la note de M. de Givenchy, ou dans celles
données par MM. Martinet Deydier, qu'ils soient obliques ou
curvilignes, décrivent des courbes planes.
Je possède une hache polie qui présente un tranchant figurant
une courbe gauche. Ce cas particulier, dans la technique de ces
instruments, m'a paru mériter d'être signalé.
Description. — Hache polie, en serpentine, recueillie dans
une station en plein air, à Pognadoresse (Gard). Cette station
ma donné, en outre : fragments de poterie grossière, dont un
orné de sillons parallèles; poinçons en silex, petites lames, et
une pointe de flèche losangique en quartz.
Cette pièce mesure : longueur, 0m085; largeur (au milieu).
0m050; circonférence (au milieu), 0m134; plus grande épaisseur,
0m028.
Cette hache est asymétrique (Fig. 1 ; II), un plan passant par ses
bords la diviserait en deux parties inégales, l'une plane n'ayant
que 0,u009àOm010 d'épaisseur; l'autre concave, épaisse deOm018.
La face plane a été usée vers son extrémité, du côté du tranchant,
avec lequelle se raccorde par une surface inclinée de 0m02 de lon-
gueur ; l'autre présente, vue de profil, une ligne à peine convexe,
s'abaissant vers le tranchant par une courbe régulière. Le tran-
< liant, vu de face (Fig. 1, n°III), s'infléchit, à chacune de ses extré-
mités pour rejoindre le bord périphérique de la hache. La corde
réunissant les extrémités du tranchant mesure 0ra036, et la flèche
(1) Deydier (M.). — Contribution à tctude des maillets et haches préhistoriques.
- Rev. Préhist., II, 1907, p. 248.
144 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de l'arc soutendu par cette corde, atteint 0m014. Le talon est
abîmé et présente plusieurs cassures.
Les problèmes que soulèvent les différentes opérations de la
technique employée dans la confection des haches polies sont
encore à résoudre. L'obscurité règne sur cette question. J'estime,
Fig.'l. —II, Hache à tranchant à double courbure (Profil); — 111, "Vue du Tranchant; —
I, Galet utilisé f Réduction 2/3 gr.].
comme M. le D' Marcel Baudouin (1), que l'Observation est la
seule lumière, qui doit guider les recherches des Préhistoriens
dans la découverte de la solution des problèmes qui se posent à
leur sagacité. Aussi ai-je pensé qu'il y avait quelque intérêt à si-
gnaler, sans commentaires, cette hache à tranchant, décrivant
une courbe gauche.
Dès maintemant, cependant, on peut admettre, comme le rap-
pelle M. le Dr A. Guébhard(2), que ce sont surtout les galets, plus
ou moins roulés, qui ont été le plus' souvent utilisés pour la
fabrication des haches polies en roche dure.
En outre, quand on examine les belles pièces, représentées par
M. de Givenchy, et celles de formes irrégulières qu'a figurées
M. H. Martin (3), ou celle que je décrirai ci-après, un premier
classement se fait immédiatement : deux catégories de haches se
présentent malgré soi à l'esprit. Dans l'une se rangent les belles
haches à tranchant finement aiguisé, au beau polissage, et dont
(1) Bull. S. P. F., VII, 1910, p. 471.
(2) Idem.
(3) Bull. S. P. F., I, 1904, pi. II, Fig. 8, 9, 11..
;un
mi
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRA.NÇÀISE 145
la forme, dune régularité géométrique parfaite, est le résultat
dune technique habile et sans doute assez longue. Dans l'autre,
se placent les pièces ayant conservé l'aspect irréguiier du galet
utilisé, dont le tranchant plus ou moins régulier et le polissage
incomplet fait songer à un travail rapide et peu soigné.
Cette classification, bien que simpliste, correspond cependant
à deux ordres de faits bien caractérisés. Les belles pièces ont été
enées à leur forme régulière, pour répondre à un but déter-
né ; elles ont été faites en vue d'un usage spécial auquel elles
étaient destinées. Les autres sont, sans doute, plutôt des outils
ou des armes d'usage courant, d'emploi journalier. Elles devaient
s'user rapidement ; le tranchant s'ébréchant assez facilement, la
pièce devait être vite hors d'usage. De là, l'obligation de les
renouveler lréquemment; par suite, inutilité de s'attarder à un
travail de piquage et de polissage long et délicat. Aussi, le pre-
mier galet en roche dure, présentant une forme appropriée au
but cherché, devait-il suffire; un aiguisage lui donnait un tran-
chant; un polissage rapide faisait disparaître les parties en saillie,
qui auraient rendu difficile l'emmenchage ou gêné sa préhension
avec la main. Il n'est pas prouvé, en effet, que toutes ces haches
aient eu besoin d'être fixées à un manche pour être utilisées : on
sait que certaines hachettes, percées d'un trou vers le talon,
n'ont pas été emmanchées.
Voici une pièce recueillie, dans les environs de Robion (Vau-
cluse), qui parait militer en faveur de mon hypothèse. C'est un
simple galet durancien, à bords asymétriques. Il n'a nullement
été préparé, son tranchant a été obtenu par polissage, et quel-
ques points de sa surface, les plus en relief, ont été seuls polis.
Cette pièce [Fig. l,n°I) mesure 0m085 de longueur, et 0m034 de
largeur en son milieu.
En examinant cet objet (outil ou arme), on se rend compte que
l'homme n'a pas eu un travail bien long à faire, pour être à même
de s'en servir !
En résumé, pour les pièces répondant à une spécialisation
définie, la forme convenable était obtenue par les procédés d'une
technique délicate : piquage et polissage. Pour celles d'usage
courant, employées dans le travail journalier, un galet répon-
dant à peu près par sa forme au buta atteindre suffisait; le pi-
quage devenait dès lors inutile; et le polissage, réduit à sa plus
simple expression pour éviter un travail assez long et sans grande
utilité, était localisé au tranchant et aux parties saillantes, qui
pouvaient nuire à l'emploi de l'arme ou de l'outil ainsi obtenu.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 10
146 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Silex Faux eu forme de Croissant.
PAR
L. GIRAUX (Saint-Mandé, S.) (1).
Au cours des séances de la Société Préhistorique et de celles
des Congrès Préhistoriques de France, plusieurs de nos collègues
vous ont déjà présenté des pièces préhistoriques fausses, soit en
silex, soit en os. M.Emile Rivière a montré des faux en os,
provenant des grottes des Baoussé-Roussé et de la Dordogne (2);
ainsi que des os truqués provenant de la Sablière du Hameau (3).
M. le Dr Atgier a soumis des poignards, haches et gravures sur
os (4). M. E. Olivier nous a parlé du truquage des silex (5); et
M. Ch Schleicher, des pointes de flèches fausses du Charollais (6).
M. Thiot nous a exposé toute la fabrication des faux dans la région
de Beauvais (7). — Tous ces Messieurs ont insisté sur l'intérêt
qu'il y avait à signaler ces faux et à les connaître.
J'ai l'honneur de vous présenter aujourd'hui un silex faux, en
forme de croissant. Cette pièce est en silex blond, avec quelques
parties plus opaques; elle a une longueur d'environ 0m13 à 0m14,
et à son milieu une largeur de 0m04.
Il semble que le faussaire qui l'a fabriquée s'est inspiré de la
forme du coup de poing américain. Ce silex est fort bien taillé et
il est de forme à peu près ronde. La partie concave est très accen-
tuée et permet d'y placer facilement les quatre doigts de la main;
la partie convexe se loge très bien dans le creux de la main refer-
mée. Chaque extrémité de la partie concave se termine par une
pointe épaisse et solide qui fait saillie d'environ un centimètre en
dehors de la main (Fig. 1).
Du côté de la convexité, la partie supérieure se termine par
une petite pointe très dégagée, ayant environ un centimètre et
(1) Séance du 24 novembre 1910.
(2y E. Rivière. — Les faux en Préhistoire (Bulletin de la Société Préhistorique
de France, année 1904).
(3) E. Rivière. — Sur les faux en Préhistoire (Bulletin de la Société Préhistorique
de France, année 1905).
(4) Dr Atgier. — Les faussaires de la Préhistoire (Bulletin de la Société Préhis-
torique de France, année 1908).
(5) E. Olivier. *- Le truquage des silex à Digoin (Congrès Préhistorique de
France, Périgueux, 1905).
(6) Ch. Schleicher.— Pointes de flèches du Charollais. authentiques et douteu-
ses. (Congrès Préhistorique de France, Autun, 1907).
(7) L. Thiot. — Les faux silex de Beauvais (Congrès Préhistorique de France,
Beauvais, 1909).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 147
demi de longueur, nettement séparée de celle en avant par une
encoche profonde.
A la partie inférieure existe une autre pointe plus en arrière,
moins longue et moins dégagée que celle du haut. L'arête de la
partie convexe a été abattue par dégagement et par martellement
de façon à ne pas blesser la main. Cette pièce est bien en mains
et telle qu'elle est, elle constitue assurément une arme redouta-
ble. Le faussaire qui l'a fabriquée n'en était pas à son coup d'es-
sai, car la façon dont elle est taillée indique une grande habileté
de sa part. Cette pièce a dû être fabriquée à Abbeville, autant
que peut me le laisser croire l'endroit où je me la suis procurée.
Fig. 1. — Silex faux, en forme de croissant [3/4 de grandeur naturelle;.
Elle a été acquise par moi, il y a une quinzaine d'années, chez
un marchand d'antiquités du Tréport (Seine-Inférieure). Elle se
trouvait dans un lot de très bons silex provenant des gisements
des environs d' Abbeville et elle était en compagnie d'une autre
pièce fausse (très belle hache en forme d'amande, patinée artifi-
ciellement et portant comme indication de provenance Moulin
Quignon).
Ayant questionné le vendeur, afin de savoir de qui il tenait ces
silex, il me répondit qu'il avait acheté toute une collection d'anti-
quités, faïences, armes, etc., après le décès d'une personne habi-
tant la Ville d'Eu, et que ce lot de silex, avec lesquels, il y avait
également trois haches en bronze, provenait de cette collection.
Je lui fis remarquer que deux des silex étaient faux; et il me répon-
dit que, n'y connaissant rien, tout pouvait être vrai ou faux et
qu il me les vendait tels qu'il les avait achetés : sa bonne foi était
lAi SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
assurément évidente. Cette personne avait complété sa collection
d'armes anciennes et modernes par quelques haches en bronze et
par une série de silex, ces derniers provenant des gisements des
environs d'Abbeville, localité dans laquelle elle habitait avant de
venir se fixera Eu. Ce collectionneur n'était pas connaisseur en
silex ; et il avait été assurément frappé par la beauté de la hache
en amande et par l'originalité de la forme de ce silex en croissant.
C'est, comme le disait M. Thiot, en terminant sa communication
sur « les silex faux de Beauvais », un de ces collectionneurs, qui,
séduit par les formes bizarres de ces silex, avait acquis ces pièces,
sans se douter qu'elles n'avaient rien de préhistorique.
Fig. 2. — Silex faux, présenté par M. P. de Givenchy.
J'ai donc cru utile de vous présenter cette pièce et d'en donner
le dessin, afin de mettre en garde des collectionneurs auxquels de
semblables objets pourraient être offerts.
A la séance de janvier 1910, notre collègue, M. P. de Given-
chy nous a présenté un faux outil en silex, qu'il s'est procuré à
Abbeville. Sa provenance est de la même région que celui que j'ai
l'honneur de vous présenter aujourd'hui.
La Figure 2 représente ce silex faux, appartenant à M. P. de
Givenchy.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 149
Découverte d'un Puits funéraire
et d'un Souterrain-refuge, au village de Bros,
commune de Monceaux,
canton d'.Vrgentat (Corrèze).
E. BOMBAL (Argentat, Corrèze).
Ce village est assis sur les hauteurs qui dominent au sud et à
l'ouest le bourg de Monceaux. La partie supérieure de son terri-
toire s'incline légèrement dans la même direction ; le reste se
précipite dans la vallée. La première partie, par une sorte de col
largement évasé, s'appuie à Test contre le bas du sommet du
Puy-la-Garde, cote 473. Le Puy-la-Garde est le point culminant
d'une longue ligne de précipices, que baigne en partie la Dor-
dogne.
J'ai déjà signalé les traces d'occupations préhistorique et ro-
maine, que l'on trouve sur ces hauteurs, dans une brochure
ayant pour titre : Anciens chemins et voies romaines a" Argentat
et de ses environs. Les récentes découvertes viennent confirmer
l'existence de ces occupations.
À la fin de juin dernier, dans une terre dite Le Champ, appar-
tenant à Mme Poujade, située au nord-est du village, point que je
repère, d'après la carte de l'Etat-major au 1/50.000, comme il
suit, àOm030 sud du 10e parallèle et à 0m011 est du 50e méri-
dien, les habitants du village, ayant remarqué une certaine dépres-
sion circulaire récente, se mirent à la fouiller, pensant y décou-
vrir une des galeries souterraines, dont le pays est creusé et y
trouver, peut être, quelque trésor.
Sous une épaisseur de terre végétale d'environ 0m50, ils ren-
contrèrent l'orifice d'un puits, de forme à peu près cylindrique,
d'un mètre 40 de diamètre, creusé dans le rocher. Ils commen-
cèrent à le vider. Ils en sortirent une terre argileuse, qui est
celle du sol, mêlée de quelques moellons, de débris de briques
à rebords, d'une assez abondante quantité de pots cassés, et de
charbons. Un panier de ces objets me fut apporté ; et, le lende-
main, un second. On était arrivé à 2 mètres de profondeur.
La vue de ces trouvailles me détermina à aller voir la chose
de près : ce qui fut fait le 1er juillet, avec trois de mes amis,
MM. l'abbé G. Lestourgie, A. Muzac et le Dr Teulière. En notre
présence, nous avons fait continuer de vider le puits jusqu'à
5m40. Le fond n'était pas encore atteint. L'approche de la nuit
150
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
nous obligea à nous retirer. La terre et les objets archéologiques,
extraits durant cette journée sont analogues à ceux des journées
précédentes, sauf que la poterie est plus fragmentée. Nous en
avons emporté un autre panier.
Deux ou trois jours après, nous avons ordonné la continuation
de la fouille. Avisés que le fond du puits était atteint, nous som-
mes revenus sur les lieux le 26; et nous l'avons vu à 7m40, abso-
lument sec. Un mètre cube environ d'assez gros moellons avait été
trouvé entre 5m40 et le fond.
Les pièces archéologiques trouvées dans la dernière période
des fouilles, avaient été déposées chez Mrae Poujade. Mais un mon-
sieur de pas bien loin, dont nous avons le nom et l'adresse, in-
formé par les journaux, s'est empressé d'accourir et d'écrémer
le stock, qui est bien notre propriété, puisque nous avons fait
les frais des fouilles sous cette réserve ! De sorte que, du fond du
puits, nous n'avons rapporté que des débris presque insignifiants.
Fig. 1 — Le Puits funéraire et les Souterrains, de Bros (Corrèze).— Echelle: 1/40.000.—
Légende : A, Puits funéraire ; — B. Champ où sont des briques à rebords ; — C, Le
Puy-la-Garde ; — D, S, Au Sermur, Souterrain ; — E, S, Galeries souterraines.
La fouille n'a malheureusement pas pu être faite scientifique-
ment. Dans le sol, les vases étaient brisés de date ancienne ; mais
l'inexpérience du puisatier, et la difficulté de fouiller en profon-
deur, ont occasionné de nombreuses nouvelles cassures. J'ai pu
cependant, par des collages, reconstituer à peu près un certain
nombre de pièces. La terre extraite, argileuse et humide, n'a
pas été passée au crible. Nous n'avons vu aucune monnaie.
Objets recueillis. — Nombreux fragments plus ou moins grands
à anses et goulots, avec ou sans bec, de buires, d'aiguières, de
pots, de plats, de sortes de saladiers, une coupe, etc. Vases dont
les modèles sont figurés dans le Dictionnaire des Antiquités ro-
maines et grecques de Rich, et ayant pu servir a la cuisine et à
la table ; quelques débris de vases plus grands en terre rouge.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE loi
Les terres de toute cette poterie sont de divers grains et cou-
leurs. Il y a quelques tessons de terre dite iamienne, dont un
bord orné en relief. Beaucoup de vases sont revêtus, les uns, à
l'intérieur et à l'extérieur, d'un enduit noirâtre; les autres, en
terre rose, d'un enduit blanc, soluble dans l'eau. La moitié infé-
rieure d'une petite urne, à parois épaisses, provenant du fond,
porte à l'intérieur, des rayures blanches produites probablement
par des os réduits a l'état de chaux qu'elle a dû contenir. Des
débris de briques à rebords, de terres et de factures diverses,
sont sortis de toutes les profondeurs. Il faut noter encore plu-
sieurs fragments de dalles eu pierre volcanique; un fragment de
calcaire olithique, étranger au sol argilo-schisteux, pierre dont
il était fait usage pour dallages, moulures et placages à la villa
gallo-romaine de Longour (ArgentaO; un fragment de verre vert,
à cercles concentriques; quelques clous; un crochet de fer; un
poids mobile, en plomb, oxydé, de romaine statera), avec un
anneau en fer brisé à moitié, pesant 420 grammes. Des premières
couches du puits sont sortis des ossements d'un gros animal non
réduits en pâte, dont une grosse molaire, un os à moelle de 0m09
de longueur, un fragment de bassin mesurant 8>< 4, et troisautres
plus petits.
Enfin, on nous a remis, en dernier lieu, six blocs d'une substance
blanchâtre, à cassure poreuse, semblables à ceux que nous avons
déjà trouvés dans des vases au Puy-du-Tour(i), aplatis sur Tune
de leurs faces. Ce sont certainement des ossements humains, ré-
duits en pâte et passés à l'état de chaux, qui avaient été déposés
dans des vases. Quatre de ces blocs présentent une épaisseur
moyenne de 0mm010de cette pâte etsemblent provenir d'un même
vase. Un second, de 0mmÛ15 d'épaisseur, présente deux couches
de la même pâte de 0mra002 a 0mm003, séparées par une couche de
terre noire; il vient apparemment d'un second vase. Un troi-
sième bloc, adhérant à un éclat de schiste, est composé d'un
conglomérat de la même pâte blanchâtre, de charbon, de menus
fragments de brique, de terre noire et d'argile. Il doit provenir
d'un troisième vase.
Le puits de Bros est donc un Puits funéraire, romain ou gallo-
Sur le plateau, à quelque cent mètres du puits vers l'est, joi-
gnant la dernière pente du Puy-la-Garde, on remarque une assez
grande quantité de débris de briques à rebords, ce qui fait sup-
poser que là a été une construction contemporaine du puits, faite
(1) Voir me? deux rapports sur les fouilles du Puy-du-Tour.
152 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRArsÇAISE
pour commander le chemin, profondément encaissé d'abord, qui
descend à l'antique Château de Monceaux, disparu, puis à La Salle,
et qui aboutissait jadis à un gué de la Dordogne. Des fouilles y
amèneraient, je crois, des découvertes intéressantes.
A partir de ce point, on atteint par une pente douce, le som-
met du Puy-la-Garde. Pendant nos deux visites, nous l'avons
exploré en tous sens. Il est couvert de bruyère; mais, dans les
nombreuses éclaircies où le sol est à nu, nous avons recueilli des
éclats et deux pointes de flèches de silex, des fragments de bri-
ques, et de poterie.
Les gens de Bros avaient, à notre intention, ouvert un de leurs
Souterrains-refuges, situé au sud-est du village, au lieu dit Au
Sermur. Il avait été reconnu fortuitement par éboulement sur une
galerie qui monte du sud, au pied d'un tertre de 7 à 8 mètres de
hauteur. Nous y sommes entrés. A 5 ou 6 mètres de l'ouverture,
il tourne à droite et bientôt se bifurque vers le nord et l'est. Sa
hauteur moyenne égale sa largeur, lm15. L'entrée est un peu plus
large. Il y a, à la voûte, de distance en distance des trous d'aéra-
tion coniques, et, au premier tournant, dans la paroi de gauche
en entrant, un trou rond, par lequel on pénètre dans un étroit
réduit où l'un de mes guides est entré. Ces soupiraux existent
dans tous les souterrains que nous connaissons. Celui de Mous-
toulat, village voisin, a plusieurs de ces logettes latérales, desti-
nées sans doute au dépôt des provisions.
M. le Dr Marcel Baudouin. — Il est absolument certain qu'il
s'agit ici d'un Puits funéraire, gallo-romain, analogue à ceux de
Vendée. J'engage M. Bombai à lire les travaux de l'abbé F. Bau-
dry et les miens ; puis à rechercher les autres puits, qui existent
sûrement dans le voisinage. La loi de distribution des puits, que
j'ai découverte en 1903, pourra lui faciliter cette recherche sur
le terrain. — Les puits se trouvent dans des Nécropoles (1), ayant
possédé de vastes constructions {Temples, etc.).
Le point capital de cette trouvaille serait la reconnaissance d'Os
humains incinérés, car elle est très rare et a été niée, récemment
encore, par de grands savants [A. de Mortillet, etc.]. Mais le texte
de M. Bombai n est pas assez précis à ce sujet. Nous serions bien
aise de les voir, de nos yeux, ces os !
(1) La Nécropole de Bros ressemble singulièrement à celle de Troussepoil. au
Bernard (Vendée), avec ses Substructions et son Gué !
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 153
Au sujet de 1» Chronologie préhistorique.
PAS
G. COTTE de Pertuis, Vaucluse).
Notre savant collègue, M. Hue, a résumé (1) les documents qui
permettent d'admettre que l'époque de la pierre polie, dans l'Eu-
rope occidentale, e*t à peu près contemporaine de la civilisation
correspondante en Egypte.
Dans le deuxième volume (2) de son précieux Manuel, M. Dé-
chelette tendrait à placer, aux environs du troisième millénaire
avant notre ère, l'âge du cuivre ou du bronze I : la plus ancienne
nécropole de Suse, celle de Négadah, le Minoen primitif, His-
sarlik I.
Il admet d'ailleurs que les récentes fouilles de M. de Morgan, à
Suse, ont modifié les conclusions, précédemment portées, sur la
Chronologie de l'époque néolithique, par M. Montélius (3). Ce sa-
vant, se fiant aux coupes alors admises pour le tell de Suse, et
faisant remonter le cuivre avant le quatrième millénaire, attri-
buait une durée de plus de quatorze mille ans au Néolithique
pur. On croyait alors que les couches néolithiques avaient une
épaisseur de 24 mètres, sur une hauteur totale de 34 mètres.
Il est, au contraire, prouvé que le cuivre existe à 28 mètres de
profondeur. Si l'on adopte la date du troisième millénaire avant
notre ère, proposée approximativement par M. Déchelette pour
l'apparition du métal, l'âge des métaux, sur 28 mètres de hau-
teur, correspondrait à 5.000 ans, et les 6 mètres de Néolithique,
en dessous, représenteraient une période de 1.200 ans. On obtient
un total de 6.200 ans, comparable aux chiffres recueillis par
M. Hue. Il est remarquable qu'en se basant sur des chronomètres
aussi distants dans l'espace, on arrive à des résultats aussi sensi-
blement approchants !
L'épaisseur des couches d'alluvions est susceptible de varia-
tions, pour une durée déterminée, suivant les millénaires ; mais
on peut cependant s'y fier relativement. Il faut être plus prudent
lorsque les couches stratifiées ont été formées, en partie, durant
l'occupation de l'homme. Telle grotte, sous un cailloutis de 0m05
d'épaisseur, formé en cinquante siècles, recèle une couche néoli-
thique de lm50 d'épaisseur, à laquelle nul ne songera à assigner
une durée de 150.000 ans ! C'est pourquoi on peut, me semble-t-
(1) Bull, Soc. Prek. Fr., 1910, p. 472.
(2) Paru depuis la communication de M. Hue.
(3) Congr. Internat . Anthr . , Monaco 1906, II, p. 32.
154 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ilj, hésiter à suivre M. Evans clans ses conclusions, trop différen-
tes de celles rapportées par M. Hue, et de celle que je viens d'in-
diquer. D'après les couches de Knossos, il ferait durer 8.000 ans
une fraction du néolithique (1).
Si la question de la date du début du néolithique est toujours
très obscure, celle de l'époque de sa fin, ou plus exactement du
début de l'apparition des métaux, a fait un grand progrès durant
ces dernières années.
Il importe tout d'abord de bien préciser les termes.
Comme beaucoup d'auteurs l'ont fait observer, le néolithique
ne se termine pas brusquement; ceci est vrai en Egypte, comme
en France. Au contraire les plus belles pièces en silex taillé, ou
en pierre polie, les plus riches parures en matières diverses ap-
partiennent à l'aurore de l'époque des métaux : Carnacéen de
Salmon, Durfortien de Jeanjean, Cèbennien de M. Chantre, Enéo-
lithique (2) des Italiens, âge du cuivre de divers auteurs, Bronze I
de M. Déchelette : tout cela correspond à une même phase, sou-
vent synchronique de faciès différents, observés à quelques cen-
taines de kilomètres du point où on la rencontre.
Il est bien certain, M. Guébhard l'a souligné avec juste raison,
que notre énéolithique est frère du néolithique de Chassey ;
comme il est utile pour les méridionaux de désigner cette période,
afin de la distinguer du néolithique sans métal qui la précède,
j'use du terme.
Mais la différence de vocable ne no-is abusera pas. Je considère
comme rentrant dans la question qui m'intéresse en cet instant,
c'est-à-dire les rapports entre l'Europe occidentale et la Méditer-
ranée orientale à l'époque énéolithique, les casse-têtes sphéri-
ques néolithiques, dont M. Chauvet a montré la ressemblance
avec des sceptres égyptiens (3).
En note, cet auteur rappelle aussi la parenté qu'il y a entre les
palettes égyptiennes, habituellement prépharaoniques, et les
palettes françaises, signalées pour la première fois par M. Car-
tailhac dans les dolmens de l'Aveyron (4). J'ai découvert une de
ces pièces dans la caverne, énéolithique de l'Adaouste, que j'aurai
encore à citer (5). Lespalettesfrançaisesne sontpas ornées comme
le sont les palettes d'Egypte et celles delà péninsule ibérique.
Dans son Manuel, M. Déchelette mentionne plusieurs faits qui
(1) Congr. Internat. Anthr., Monaco, 1906, II, p. 32.
(2) M. Guébhard a critiqué, M. Déchelette a condamné, l'orthographe xnéolithi-
que, d'abord adoptée en France.
(3) Chronologie Préhistorique. Rev. Préh., 1907, p. 37 et 118.
(4) As. Fr. Av. Se, 1905, p. 694; But. Soc. Arck. Midi,190f>.
(5) Gh. Cotte, As. Fr. Ai'. Se, 1907, 1908, 1909,1910.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANCAI-E 155
montrent la parenté de civilisation qui a existé entre le monde égéen
et l'Europe occidentale, à l'époque où les métaux apparaissent ici.
Il avait précédemment consacré un article aux « croissants
lacustres et cornes sacrées égéennes » (i); un autre à l'Espagne
préhistorique (2), déjà si longuement étudiée par M. Siret (3).
Sans insister sur ce que l'on peut lire dans ces travaux, il me
parait utile de rappeler quelques autres faits, qui montrent qu'il
existait alors un courant de civilisation nettement marqué entre
l'Espagne et la France.
M. le Dr Raymond a signalé, à ce sujet, la pointe de flèche à base
semi-lunaire (4), dont il croit que le prototype est en Afrique, et
en donne une bibliographie, certainement incomplète. Signalant
la présence de cette pointe en Provence, il aurait pu rappeler
queMM. Clerc et Fallot lavaient trouvée dans la grotte sépulcrale
de Reillanne Y '
M. Raymond a également publié, avec MM. Lazard et Moi-
renc (6), les fragments de vases en pierre ollaire trouvés dans
Yaucluse par ces derniers chercheurs. M. Déchelette (7) a montré
l'intérètde ces récipients, qui font songer aux civilisations d'Egypte
et de Crète, mais peuvent être plus récents (8). Pour compléter,
au point de vue provençal, la bibliographie de M. le Dr Raymond,
j'indiquerai que M. de Ville d'Avray (9) avait fait connaître des
tessons de vases en chlorito-schiste grenatifère, provenant de la
station delà Cabre (Estérel).
Les allées couvertes des Bouchcs-duRhônc et du Gard, le
Trou d'Argent à Sisteron ont donné de l'ivoire. Il est bien cer-
tain qu'il faut attribuer, la présence de ce corps dans nos méga-
lithes a des rapports avec l'Afrique: soit par mer, soit par la voie
de terre hispanique.
Une des découvertes intéressantes de ces dernières années,
pour l'énéolithique méridional, a été celle de la poterie peinte. Je
l'ai signalée avec M. Chaix dans nos récoltes de la caverne de
l'Adaouste (10). Trois mois après (11), M. le Dr Raymond publiait
celle que des chercheurs venaient de trouver dans le Gard, en
un milieu énéolithique, comme celui de l'Adaouste. Cette année-
(1) Rev. Prék., 1908, p. 301.
(2) Rev. Arch., 1909.
(3) Bibliographie in Déchelette, Manuel, II, p. 78, note 1.
(4) Rev.Préhist., 1910, p. 71.
(i) An. Fac. Se. Mars., XII, V. — Ch. Cotte, Feuille Jeunes .Xalur., av. 1905.
(6)fl«rc. Pre h., 1909, p. 326.
(7) Manuel, H, p. 390.
{^Anthropologie, 1900, p. 297.
'})Congr. Soc. Sav.Prov.. 1909 et Bul . Soc. Arch. Prov., 29 avril 1909.
'• (10) As. Fi: Av. Se, 1908.
(11) Rev. Preh., 1908, p. 31G.
156 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ci notre actif collègue, M. St. Clastrier, a annoncé qu'il l'avait
rencontrée près de Marseille dans un gisement analogue (grotte
Crispine). A l'Adaouste j'ai les bords peints; la courbe en gris
bleu, les bandes parallèles polychromes, enfin des traits nom-
breux et irréguliers (comme des papilles digitales agrandies), qui
rappellent le curieux fragment de Thessalie publiée par M. Gué-
bhard(l), représentant une anse à plusieurs perforations verticales.
L'Adaouste m'a d'ailleurs fourni une de ces anses multiforées (2).
J'y ai aussi recueilli une phalange d'animal entaillée, qui appar-
tient certainement à la série d'idoles rencontrées dans l'énéoli-
thique espagnol (3).
Une autre amulette est aussi fréquente dans les sépultures
d'Ibérie, le Pecten. Or j'ai eu précisément l'occasion de noter sa
présence dans la grotte sépulcrale de la Marane (Bouches-du-
Rhône); cette espèce de coquille, avec la pointe de flèche en silex
finement retouchée, formait presque tout le mobilier funéraire.
Poinçon losangique en bronze, très pauvre en étain,. ivoire,
poterie peinte, phalange taillée, coquille de pecten, sont les élé-
ments caractéristiques d'une même civilisation, à aire de disper-
sion étendue.
M. le Dr P. Raymond a également signalé (4) l'analogie de deux
sépultures à « crypte en four », l'une du Gard, l'autre de la
Marne, avec celles du type répandu dans les îles de la Méditer-
ranée occidentale. J'avais fait un rapprochement analogue lorsque
je publiai (5) la curieuse grotte artificielle du Trou d'Or, aux flancs
du Bans-Rous. Si l'on se réfère au plan et à la coupe que j'ai
donnés, on verra que l'analogie des sépultures insulaires est des
plus frappantes avec le Trou d'Or. La grotte du Bans-Rous com-
prend spécialement un caveau latéral, comparable à ceux observés
dans les Baléares, peut-être analogue aux diverticules des allées
couvertes d'Arles, de certaines sépultures hispaniques, et de tom-
bes mycéniennes.
Tous ces faits nous prouvent qu'un assez faible intervalle de
temps a séparé la fin de notre néolithique de la phase correspon-
dante en Espagne.
Par celle-ci nous pouvons donc dater l'apparition du métal dans
le sud de la France de la période d'Hissarlik I ou II (6), entre le
troisième et le deuxième millénaire avant notre ère.
(1) Congr. préh. de Fr., 1908, p. 765. fig. 14.
(2) Id. p. 961, fig. 11, 31
(3) Sirkt. — Les religions ibériques, Rev . Préh., 1908, p. 193.
(4) Rev. Préh . , mai 1909.
(5) Feuille Jeunes Natur., février 1903.
(6) Déchelette. — Manuel.— Cfr. Guébïiard, Loc. cit.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 457
Quelques siècles seulement ont sans doute suffi à répandre
jusqu'en Provence la connaisance du métal. D'ailleurs l'identité
de type, pour les haches plates et les poignards triangulaires en
cuivre, montre une certaine corrélation des civilisations entre
l'Orient et l'Occident.
Vers l'an 2000 commence chez nous l'âge du bronze réellement
généralisé. Dès lors la Chronologie comparée nous fournit des
points de repère de plus en plus nombreux et précis. L'époque
hallstattienne nous livre des vases grecs archaïques. Les cime-
tières marniens sont encore plus riches à ce point de vue.
Dans quelques, années le domaine de la Protohistoire appartien-
dra a l'histoire?
M. A. Guébhard accepte parfaitement, avec M. Cotte, l'utili-
sation du mot ènéolithique, si celui-ci ne doit indiquer que la phase
finale d'une ère, et non l'ouverture d'une autre, par l'arrivée du
premier métal n'ayant en rien modifié, surtout au point de vue
céramique, l'évolution déjà très avancée du néolithique, sans
aucun de ces changements de civilisation sur lesquels se basent
nos divisions à' âges !
Chronologiquement, il est certain que le premier apport du
métal fournit, pour notre Provence, comme pour l'Espagne, des
dates peu différentes entre elles, et moins différentes qu'on ne
pourrait penser de celles adoptées pour la Germanie, où la voie
du Danube remplaça la grande route de la Méditerranée, et fit
apparaître le premier cuivre chypriote dès avant la fin du troi-
sième millénaire, et le bronze dès 1800.
M. le Dr Marcel Baudouin. — J'ai déjà dit, plusieurs fois, que
j'étais d'un avis différent des auteurs classiques, en ce qui con-
cerne V origine des métaux pour V Occident, c'est-à-dire la Breta-
gne-Vendée ! — Pour moi, cette région de France, assez bien
isolée à la fin du Néolithique, a été un centre particulier d invention
pour la Métallurgie, que ce centre soit ou non limité à la pénin-
sule Armoricaine actuelle. — Il n'y a pas eu besoin d'importa-
tions à1 Extrême-Orient pour y créer les époques du Cuivre et du
Bronze. Cette civilisation s'est faite sur place; puise//e a rayonné
dans le reste de la France, suivant des routes bien connues : ce
qui n'a rien d'étonnant, étant donné l'importance de la Civilisation
mégalithique bretonne à cette époque !
Si l'on n'admet pas cette théorie, il est impossible d'expliquer
y Age du Cuivre de Vendée, au moins aussi, sinon plus, développé
que celui de la Bretagne, malgré l'existence du fameux Portus-
Secor, encore célèbre à l'époque gallo-romaine! — Il n'y a pas
ce raison d'ailleurs pour que les Orientaux n'aient apporté leur
Civilisation que dans le Finistère ou le Morbihan, alors qu'il y
158 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
avait, dans le Golfe dans la Gascogne, tant déports, d'accès facile!
Mais je n'insiste pas. J'espère pouvoir un jour démontrer cette
théorie, qui m'est chère — parce que personnelle! — , grâce à toute
une série de faits nouveaux, encore inédits (1).
Quelques Mouiiment» die l'Age de Pierre en Grèce
Par le Pkof.
ZABOROWSKI (Paris).
Jusqu'à maintenant, pour ainsi dire, on n'a relevé en Grèce que
des traces des temps préhistoriques ! Ces traces consistaient à peu
près uniquement en outils de pierre, en obsidienne, recueillisà la
surface; et ils pouvaient passer pour être d'époques assez incer-
taines.— On s'en est étonné justement. J'ai pourtant eu à citer dans
mon cours des découvertes récentes (1), dontl'importance était ca-
pitale. Je ne lésai encore vu mentionner ici nulle part. Mais quel-
ques-uns de mes auditeurs m'ont demandé de les publier.
J'avais fait connaître, d'après Evans, les découvertes de Tsoun-
tas dans les villes mêmes, fouillées par Schlieman, et le fameux
vase d'Orchomenos, qui prouvent si clairement la pénétration sur
le continent de la civilisation Cretoise, comme initiatrice de la
civilisation grecque.
Nous n'avions rien qui fut immédiatement antérieur. Tout ce
qui est antérieur et une bonne partie même des influences Cretoises
déjà préhellénique. Mais les Hellènes ont trouvé le sol de la Grèce,
est occupé par un peuple bien plus avancé en civilisation qu'eux.
Voici quelques uns des monuments qui se rapportent à son
existence.
A Orchomène (la plus ancienne ville de Grèceconnue), des tom-
bes remontent jusqu'à l'âge de pierre. Les morts étaient enterrés
sous le sol pavé des pauvres cabanes d'alors, couchés sur le côté.
les genoux repliés. A Athènes aussi, au sud de l'Acropole, des
sépultures néolithiques ont été mises au jour. Les morts avaient
été enterrés intacts en deux couches superposées : sur la roche
même, il y avait deux squelettes recouverts d'une certaine épais-
seur de cendres et de charbons. Puis, par dessus ces cendres,
quatre autres squelettes, sur lesquels s'étendait une seconde cou-
che de cendres, d'où on n'a rien retiré que des restes d'offrandes
brûlés (pointes de flèche en obsidienne, fibules en os).
(1) Voir plus haut [Cuivre, p. 120] et plus loin [Bronze, p. 166].
(2) Zehetmaier : Die Arten der Leichenbergung in der vormycenischenzeit Grie-
chcnlands. Recueil de thèses, Leipzig, 1907.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 159
Sur lu côte sud de l'Attique, à ïhorikos, dans des trous ronds,
de 50 à 60 centimètres de profondeur, étaient des jarres, entourées
de pierres qui renfermaient des squelettes. Aucun objet; que des
poteries primitives. Mais la présence de ces jarres est significa-
tive. Elle prouve des relations avec la Crète ou l'Asie à des épo-
ques où le métal n'était pas ou était peu employé. Les Chaldéens se
servaient d'énormes jarres comme de cercueils.
A Aphidna, au nord de Marathon, dans des sépultures moins
anciennes, il y avait deux jarres du même genre, dont l'ornemen-
tation était Cretoise.
A Tirynthe, sur la route de Xauplie; à Argos, dans des tombes-
jarres encore, se trouvaient des os humains au complet, etqui n'a-
vaient pas subi l'action du feu. Dans l'une d'elles, était un vase
cru sans peinture, de couleur rougeâtre,dugenred'uuvase recueilli
par Schliemann à Tirynthe même.
A Volo, en Thessalie, à huit mètres, sous la fondation de la for-
teresse, étaient des tombeaux en fosses quadrangulaires ou caisses
de dalles de schiste assemblées. Les corps étaient accroupis au
fond. Les vases qui les accompagnaient étaient prémycéniens. Ce
même genre de tombeaux fut répandu dans les Cyclades.
A Corinthe,dans des chambres ou caveaux de 90 centimètres de
profondeur sur 84 centimètres de large, il y avait, avec des frag-
ments de crâne, des poteries néolithiques, avec un vase à figure
d'oiseau. Ces tombeaux, en usage en Grèce à l'époque de la pierre,
se retrouvent à Chypre plus tard.
A iEgine, on a observé des tombes de très petites dimensions, à
l'intérieur des murs de maisons. C'étaient de vraies niches, renfer-
mant des restes humains, avec des cendres de foyers ou de sacri-
fices.
Dans les Cyclades, Amorgos, Paros, Naxos, Syros, etc., des tom-
beaux d'époque correspondante, prémycénienne ou du bronze, ont
été mis au jour. Leur relation avec la civilisation Cretoise, plus ma-
nifeste, a été signalée déjà.
Mais les découvertes de Grèce, que je viens d'énumérer, ont une
importance autrement grande. Ignorées presque jusqu'à présent,
elles établissent l'existence d'âges de pierre et de bronze préhellé-
niques, où la coutume de l'incinération, si répandue dans l'Italie
du nord à l'âge du bronze, n'existait pas plus qu'en Crète et où les
indigènes jouissaient d'une certaine culture et avaient effective-
ment des relations avec la Crète et môme directement peut-être
avec l'Asie. C'est d'Italie ou de Grèce qu'a dû venir la primitive
population de la Crète, presque nécessairement (au moins 6000
ans avant) et des communautés de race et de langue, n'ont pas
cessé d'unir cette grande île à la Grèce et au littoral asiatique.
160 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le Chelléen et FAcheuléen dan»
le Département <le Maine-et-Loire {Supplément) (1).
Nouvelles découvertes.
Par
O. DESMAZIÈRES (Segré, Maine-et-Loire).
Arrondissement d'Angers.
Gonnord. — Instrument chelléen, en silex brun,0mll X0ra045,
forme triangulaire, bords sinueux, surface des terres ; récolte de
M. Versillé, de Gonnord; ferme de la Hanelle.
Joué-Etiau. — Coup de poing en silex brun rougeâtre, avec
patine blanche, forme amygdaloïde, très bombé, vers la base ro-
gnon de la croûte naturelle, 0m085 X0m063; surface des terres;
— ferme de la Maison-Neuve — récolte M. Versillé.
Arrondissement de Cholet.
Le Fuilet. — La commune du Fuilet est le siège d'une impor-
tante industrie, constituée par des fabriques de poteries vulgaires,
vernies ou non, de grands et petits calibres, cuves à lessive, pots
à fleurs, etc., et des tuileries. Ces différents établissements sont
concentrés principalement autour du village des Recoins ait.
cote 103, et à la Fosse h l'Ane. La matière employée est une argile
détritique jaunâtre, comprise dans la couche des sables, graviers
et argiles des plateaux, rattachée sur la carte géologique au Plio-
cène P'. Cette couche recouvre dans cetle région les rochessilu-
riennes d'une nappe régulière et continue, partiellement enlevée
lors du creusement des vallées.
C'est dans une des nombreuses carrières ainsi exploitées au
milieu des landes, au lieu dit la petite Fosse à l'Ane, qu'on a dé-
couvert, courantd'aoùt 1910, un gisement remarquable de Haches
Chelléennes, qui constitue la plus riche station de Maine-et-
Loire. Les instruments sont disposés assez régulièrement à plat,
au milieu de la couche d'argile mélangée à quelques fins graviers;
au-dessus une seconde couche d'argile avec gros cailloux et la nappe
d'humus; les coups-de-poing sont situés à 1 mètre et lm30 de
profondeur. Actuellement, près d'une trentaine de haches ont été
ramassées par les collectionneurs des environs, notamment M. le
Dr Fievé (de Jallais), M. le Duc de Blacas (à Beaupréau M. Poilane,
(1) Voir Bulletin Soc. Prck. de Fr. , séance du 23 juillet 1908 (lr<= communicjition
sur le même sujet).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 161
huissier à Montrevault, plusieurs sont heureusement destinées au
Musée paléontologique d'Angers. Les haches sont en général du
type amygdaloïde le plus régulier, entièrement taillées sur les
deux faces à petits éclats, et au pourtour; sur une face un renfle-
ment peu prononcé. Ces outils varient de 0ra10 àOm25 delongueur ;
l'épaisseur est très minime par rapport à la longueur; quelques-
uns possèdent un talon avec une portion de la croûte naturelle
blanche du silex jaunâtre, type Pressigny. dans lequel ils sont
taillés. Les instruments paléolithiques de la Fosse à l'Anesemblent
sortir de l'atelier, tant leur conservation est parfaite ; le dépôt ne
paraît pas avoir été remanié; l'argile a garanti les coups-de-poing
contre toutes détériorations et n'a pas permis à la patine de se
former.
A mon avis, les dépôts qui contiennent les haches paléolithiques
du Fuilet appartiennent au Quaternaire ancien pleistocène,et non
au Pliocène ; toutefois l'absence decoquilles fluviatiles et d'osse-
ments rend assez difficile la détermination précise de ce gisement.
La forme élégante et régulière, le peu d'épaisseur, des coups-
de-poing les rattachent à l'Acheuléen, malgré leurs grandes di-
mensions, qui semblent plutôt appartenir au Chelléen.
Ce gisement a été visité au mois d'août par M. Préaubert, Pré-
sident de la Société d'Etudes scientifiques d'Angers, accompagné
de quelques membres de la même société habitant la région,
MM. Toublanc, Bricard. Des études plus complètes seront sans
doute publiées ; j'ai voulu seulement aujourd'hui signaler cette
importante découverte, encore émerveillé de la beauté des instru-
ments que j'ai pu admirer lors d'une visite dans la contrée, en
compagnie de M. le Dr Fievé, de Jallais, membre de notre Société
Préhistorique française.
Cette région des Mauges est très intéressante, au point de vue
de la Préhistoire : les âges delà pierre polie et du bronze y sont
largement représentés ; l'époque Gauloise, puis le séjour des Ro-
mains, y ont laissé des traces nombreuses, signalées depuis long-
temps. L'étude de l'origine des mines d'or donne lieu en ce mo-
ment à d'intéressantes recherches ; mais c'est la première fois
que le Paléolithique inférieur est mis à découvert.
Arrondissement de Saumur.
Vaudelnay-Rillé. — M. Pavis, instituteur à Rablay, a ramassé,
sur la voie ferrée à Faye, au lieu dit Jumeau dans le ballast, une
hache chelléenne,0m08x0m06, en silex jaune; d'après un rensei-
gnement très exact donné par le chef de section, le ballast de
cette partie de la voie proviendrait d'une des carrières du Vau-
delnay.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE.
102 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Sur 1» présence d'une industrie paléolithique
dans une plage soulevée Algérienne.
Paul PALLARY (Eckmull, Algérie).
En 1890, pour la première fois, j'ai observé des quartzites et
silex taillés dans la plage soulevée de Karouba, à 4kil. 5N.-E. de
Mostaganem. Le soir même, je présentai ma trouvaille à Pomcl,
qui m'exprima des doutes sur la contemporanéité des pierres
taillées avec la faune de ladite plage. D'après lui, ces pierres
avaient pu pénétrer dans le dépôt par des fentes comblées depuis.
Devant une affirmation aussi catégorique de la part du plus auto-
risé de nos géologues algériens, je ne crus pas devoir signaler le
fait autrement que par la simple mention de la localité (1), et en-
core je considérai la station comme néolithique, d'après la trou-
vaille d'une flèche pédonculée : ce qui semblait bien d'ailleurs
confirmer l'opinion de Pomel.
Mais, il y a peu de temps, j'ai eu l'occasion de revoir ce gise-
ment, et aujourd'hui je n'ai plus aucun doute sur la présence réelle
des pierres taillées dans la plage soulevée. Ces restes d'industrie
humaine sont bien en place, dans toute l'épaisseur du dépôt, et
leur contemporanéité ne saurait faire l'objet du moindre doute.
C'est à quelques mètres seulement à l'Ouest du marabout de
Si Mohammed Medjoub (entre le marabout et la petite source qui
arrose le jardin du gardien), sur le bord de la falaise qui borde la
baie des Pirates, que l'on peut observer ce qui reste de la plage
soulevée. Auparavant cette plage s'étendait jusqu'à la pointe de
Karouba, mais l'exploitation des carrières dont on a extrait la
pierre nécessaire pour la construction du port de Mostaganem a
complètement arrasé cette portion du littoral, et c'est grâce à
l'existence du marabout que l'on doit la conservation du lambeau
de plage soulevée qui m'a permis de contrôler mon observation
d'il y a vingt ans.
En cet endroit la falaise a une vingtaine de mètres de hauteur
(le Général de Lamothe indique exactement 19 mètres). Elle se
compose de grès et de quartzites, surmontée par une couche de
sable argileux rouge agglutiné (ou gras tendre, de plus de lm50
d'épaisseur, couronné par une nappe de galets et de coquilles
(1) Assoc. franc. Avanc. sciences, 189], II, p. 606.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISL 163
marines roulées, dont les espèees dominantes sont des Pectun-
citlus. Ostrea,Ano/nia, Patella, Monodunta[i) ; le mollusque le plus
intéressant de eette faune est le nassa circumcincta A. Adams.
Enfin, une dune récente s'étale jusque sur la couche fossilifère.
Quant à l'industrie, elle comprend principalement des quart-
zites et quelques rares silex : disques, pointes, racloirs, éclats
ou grandes lames taillées sur une seule face, et parfois très bien
retouchés : types qui correspondent parfaitement à l'industrie
moustérienne (2).
A droite du marabout, du côté Nord-Est, se trouvent les bancs
de quartzite dur, qui ont fourni la matière première des outils.
La trouvaille d'une pointe pédonculée à la surface, la grossiè-
reté de l'outillage et surtout l'opinion de Pomel me firent, comme
je l'ai déjà dit, considérer tout d'abord l'industrie comme néoli-
thique. Mais mes dernières observations m'ont nettement permis
de constater qu'il y a en ce point deux niveaux : l'un, le plus an-
cien et le plus important, qui lait partie intégrante de la plage
soulevée; l'autre, qui se trouve à la surface, et qui, seul, est néo-
lithique car on trouve, avec des flèches pédonculées, des coquilles
trouées ayant servi d'objets de parure : c'est le néolithique déca-
dent ou berbère, qui touche déjà à la période historique.
Ce n'est pas la première fois que des restes d'industrie hu-
maine sont signalés dans les plages soulevées (3). Cette constata-
tion infirme donc les idées de Pomel sur l'âge des dites plages que
ce géologue croyait appartenir an Pléistocène inférieur (4). Dans
mon mémoire sur les Mollusques terrestres fossiles de l'Algérie (5),
j'ai synchronisé les plages soulevées à faune marine sénégalienne
avec les stations terrestres à faune mammalogique équatoriale,
telles que Ternifine. La trouvaille de pierres taillées, de type
moustérien, à Karouba, me permet même d'affirmer que cette
plage est encore plus récente que la sablière de Ternifine, tandis
qu'au contraire Pomel plaçait cette station dans le sous-groupe
récent (Loc. cil., p. 194).
M. de Lamothe a aussi émis l'opinion que les plages basses du
(1) Le Général de Lamothe a publié une liste détaillée de la faune dece gisement
{Bull. Soc. Géol. France, 4« série, IV, p. 32, 1904).
■2) Ces pierres taillées font partie de ma collection, installée aujourd'hui au
Musée des Antiquités algériennes à Alger, où elles figurent dans une des vitrines
réservées aux gisements en place.
(3; Sans parler de Grimaldi, je rappellerai seulement que le Général de Lamo-
the en a trouvé à Bérard (C. R. Ac. Se, 13 juin 1905).
(4) Description stratigraphique générale d'Algérie; par A. Pomel. - Alger, 1869,
p. 91.
5) Mém. Soc. Géol. France, 1901, p. 203.
164 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
littoral algérien de 15 et 30 mètres doivent être classées dans le
Pléistocène supérieur( voy. Loc. cit„ p. 36 et 37).
Toutefois, M. Boule, à qui j'ai fait part de ma découverte, fait
des réserves sur ma conclusion. — Voici textuellement ce qu'il
m'objecte :
« Je suis bien loin de prétendre que les faits n'ont pas été
bien observés, loin de là! Je suis tenté seulement de m'élever
contre leur interprétation, qui consiste à dire que la plage est
relativement récente, parce qu'elle renferme une industrie mous-
térienne ou pseudo-moustérienne. N'oubliez pas qu'à Grimaldi
une industrie de même genre, également en quartzite, accompa-
gne la faune chaude à Elephas antiquus, Hippopotame, etc., et se
superpose immédiatement à une plage marine, d'altitude sem-
blant égale à l'altitude de la vôtre.
« Je n'y ai pas conclu que la faune chaude était moustérienne
et du quaternaire supérieur. J'en ai conclu que les Hommes, con-
temporains de la faune chaude à Grimaldi, savaient tailler leurs
pierres suivant le style moustérien, qui est le plus simple de tous
les styles paléolithiques. Et nous savons aujourd'hui, par les re-
cherches de Commont à Amiens, que, dans le Paléolithique le plus
inférieur, les silex amygdaloïdes sont l'exception ; les pierres tail-
lées sur une seule face, la règle. »
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 165
La Grèce, Chypre, et la première origine
do Cuivre.
Par le Prof'
ZABOROWSKI (de Paris).
Les découvertes que je viens de signaler semblent faire pres-
sentir des retations très anciennes de la Grèce continentale avec
la Crète et avec l'Asie même. Ces relations seraient surtout éné-
olithiques. Et, à cette occasion, se pose nécessairement la ques-
tion de l'origine du cuivre, car c'est la première apparition de
ce métal qui coïncide avec les premières relations maritimes
étendues et la période énéolithique.
Et je signalerai à cette occasion des assertions qui m'ont paru
bien étranges, de l'ouvrage, récemment paru : Les Civilisations
préhelléniques, gr. in-8°, de M. Dussaud,oùil serait d'ailleurs facile
de relever plus d'une erreur. Cet ouvrage est en réalité un peu
en retard sur les découvertes publiées avant lui. Il était composé
lors de la publication antérieure d'Evans sur les écritures an-
ciennes. Et beaucoup de ses figures ne sont que des reproduc-
tions de figures déjà publiées.
M. Dussaud, qui discute sérieusement l'opinion extravagante
que : « les premiers colons de Chypre seraient de race thraco-
phrygienne et aryenne », s'arrête à cette conclusion que :
« Chypre a été colonisée vers la fin de l'époque néolithique par
des tribus égéennes apparentées aux Cretois primitifs ». et qu'elle
a reçu sa première civilisation de la mer Egée.
J'ai longtemps hésité sur l'opinion émise, notamment par
Modestov, que « les Chypriotes sont les initiateurs de la civilisa-
tion du cuivre », opinion contredite absolument par M. Dussaud.
Mais j'ai maintenant réuni assez de documents, pour prouver
que Chypre, contrairement encore à l'opinion de M. Dussaud, a
été en relations avec la Mésopotamie, au moins dès le troisième
millénaire avant notre ère; et que le premier cuivre, répandu
dans la Méditerranée, tout au moins, venait de Chypre. Mes preuves
sont de nature archéologique, historique, et ethnographique.
Et j'attirerai spécialement l'attention sur la remarquable
importance des dernières.
M. A. Guébhard est heureux de voir M. Zaborowski s'efforcer
de pallier à la méconnaissance trop générale que professent les
collectionneurs de silex pour les grandes ressources que pour-
ront leur fournir, pour la chronologie préhistorique, les impor-
166 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tantes recherches effectuées en Orient. Là-bas, grâce au che-
vauchement de l'histoire écrite et de la préhistoire proprement
dite, des dates, de plus en plus sûres, peuvent être assignées aux
grandes divisions entrevues ailleurs; et une précision telle s'at-
tache peu à peu à la détermination des tessons de poterie, comme
fossiles directeurs, qu'on ne peut s'expliquer que par l'ignorance
de ces recherches étrangères l'assertion, répétée un peu partout
par l'éminent publiciste M. L. Franchet, qu'aucune classsifica-
tion céramique utile n'a jamais été faite avant qu'il s'avisât d'oc-
troyer à la poterie préhistorique uncoin de case dans le tableau où
il répartit, d'après leur seule constitution chimique, les terres cui-
tes, même des temps où n'existait rien qui ressemblait à la chimie.
M. le Dr Gancalon (Paris). — Je félicite M. Zaborowski d'a-
voir attiré l'attention de la Société sur les découvertes si impor-
tantes faites en Crète, depuis 10 ans, par John Evans, et confir-
mées par celles de la mission italienne. L'exhumation des trois
palais superposés de Knossos et des ruines'de Phœstos ; et, au-
dessous d'eux, six mètres de fouilles néolithiques ont révélé une
civilisation aussi ancienne, aussi belle, plus artistique, que la ci-
vilisation égyptienne et la civilisation chaldééne, moins théocra-
tique que Tune, moins despotique que l'autre. Nos idées sont
bouleversées sur la filiation et la chronologie de l'évolution grec-
que, sur le rôle des Phéniciens, et l'origine de l'alphabet, etc.,
etc. La petite île de Crète, maîtresse de la mer par sa flotte, au-
rait eu une action immense, non seulement dans la mer Egée,
mais dans tout le bassin de la Méditerranée. Je serais, pour mon
compte, très heureux que nos savants collègues, qui connaissent
parfaitement, je n'en doute pas, ces travaux et ces découvertes,
nous fassent part de leur appréciation.
M. le Dr Marcel Baudouin admet très bien l'existence d'un
Centre oriental du Cuivre dans la Méditerranée, et en particulier
à Chypre, car il y a longtemps qu'on a dit que ce nom n'était
autre que celui de ce métal.
Mais il tient à appuyer de toutes ses forces les remarques de
M. Martial Imbert sur la non-unicité des Centres de Civilisation,
à l'époque Néolithique, comme à l'âge des Métaux. Il ne croit pas
à des Centres uniques d'Invention, en se basant seulement sur
l'embryologie, l'anatomie et la physiologie du Cerveau humain !
En ce qui concerne le Cuivre, il espère pouvoir arriver à dé-
montrer sous peu, d'une façon indiscutable, l'existence d'un Cen-
tre d'invention (1) et d' utilisation du Cuivre, et ensuite du Bronze
(1) Voir, plus haut, p. 120.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 167
dans la Péninsule Armorico-Vendéenne, c' est-à-dire dans la région
bretonne et vendéenne, on la civilisation mégalithique fut si déve-
loppée !
Certes, il lutte, sur ce point, contre des théories anciennes
bien assurées, et surtout contre les hypothèses récentes de M.
J. Déchelette et de M. Siret, qui admettent une importation du
Cuivre en Bretagne, venant soit d'Extrême-Orient (J. Déchelette).
soit d'Espagne Siret) ; mais il ne redoute guère que l'opinion
de M. Siret, en raison de la grande rareté du Cuivre en Vendée
et en Bretagne, à l'heure présente. — Il est persuadé que, dès
aujourd'hui, Vimportation méditerranéenne du Cuivre ne peut plus
pour l'Ouest de la France être prise en considération!
Son hypothèse est corroborée par les constatations suivantes :
1° Origine locale, probable, de la Callals [L. Siret ; M. Bau-
douin, d'après L. Baret, minéralogiste de Nantes].
2° Origine locale, probable, des Roches rares [Jadéite, etc.]
[Lacroix, L. Siret, de Limur, M. Baudouin].
3° Origine locale, certaine, de VOr utilisé. [L'or est bien connu
en Bretagne, Deux-Sèvres, etc.]!
4° Origine locale, surtout vendéenne, probable, du Cuivre uti-
lisé, quoique M. L. Siret soit d'une opinion contraire [il le fait
venir d' Espagne (1) : ce qui reste tout à fait à démontrer !].
5° Origine locale, certaine, de YEtain [Tous les auteurs; L.
Siret] (2).
6° Origine locale des Vases Caliciformes néolithiques (Quoi-
qu'en dise M. L. Siret, rien ne prouve que c'est l'Espagne qui
a commencé, en cette matière ; il est même probable que c'est le
contraire, qui est la vérité) (3).
Les arguments les plus typiques, à son sens, pour l'origine
bretonne-vendéenne d'une industrie du Cuivre, sont :
1° L'absence de Haches plates sur les côtes de Provence.
2° La trouvaille d'un moule, pour Hache de cuivre, en Morbihan.
Et c'est, d'ailleurs, le seul connu!
Si, comme le veut M. Siret, on avait importé les Haches en
cuivre en Bretagne, toutes faites, on n'y aurait pas trouvé de
moule [et, si l'on en a trouvé un, c'est qu'il y avait du cuivre, na-
(1) S'il en était ainsi, on devrait trouver des objets en cuivre tout le long de la
côte océanique deVlbtrie au Sud de la Vendée : et ils devraient être plus abondant»
du côté de l'Espagne qu'en Bretagne, qu'en Gironde, qu'en Vendée, et que dans les
Cô'es-du-Xord : ce qui n'est pas.
(2) M. L. Siret a reconnu lui-même que l'on trouve les gisements d'élain et
d'or, précisément dans les pays où les Mégalithes sont les plus importants.
•3) La vase caliciforme, très primitif, de l'Ile d'Yeu (Vendée), a été trouvée dans
une Allée couverte inviolée du type néolithique le plus pur, plus ancienne que la
sépulture à coupole d'Almérie !
168 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tif ovx autre en Bretagne]; sinon, on en aurait importé aussi bien
en Provence!
3° La grande abondance des Haches plates, dans la Vendée et
dans le Finistère, et non pas dans la région d'Auray et Carnac !
— Donc l'invention du Cuivre est indépendante de la plus belle
Civilisation mégalithique, quoique immédiatement postérieure.
L'industrie du Cuivre a dû, par suite, débuter dans la Ven-
dée; celle du Bronze dans le Finistère.
4° A son avis, les haches bretonnes, célèbres, à léger évase-
ment, ne prouveraient rien, au point de vue de la théorie de l'im-
portation étrangère. D'ailleurs M. Siret dit qu'elles sont imitées
de Haches en cuivre (et non de Bronze). Mais il ne démontre pas
du tout que ces haches en cuivre, ne sont pas originaires de Bre-
tagne même! — Cet argument n'a donc pas d'intérêt.
5° En 1902, l'abbé H. Breuil (1) a écrit lui-même (2) : « Le style
même des motifs ornementaux ne saurait être identifié à celui des
haches ornées à bords droits des îles Britanniques, de Scandi-
navie, ou du nord de la France; s'ily a quelques analogies, il y a
des différences tropprofondes pour que le rapprochement soit légi-
time! » — On ne pouvait mieux dire que le Bronze morgien de
Vendée est complètement différent du Bronze morgien des îles
Britanniques. — Donc le Bronze breton-vendéen n'a pas été im-
porté de la Grande-Bretagne.
Par contre, il est évident comme l'a dit cet auteur, qu'il y a
des rapports entre le Morgien de Vendée et celui de la Gironde ;
mais il n'est rien de plus facile à expliquer, puisque le Bronze de
la Gironde provient, comme celui de la Vendée, de Bretagne !
Cette constatation plaide également en faveur de la non im-
portation du Bronze morgien d'un autre pays étranger, car il est
évident que celle-ci se serait faite de Cornouailles en Bretagne,
plutôt que d'Espagne, et surtout que de la Méditerrannée !
6° En Bretagne, on connaît deux Sépultures, au moins, qui
correspondent à ce que j'ai appelé Y Age du Cuivre [Mobilier
4- Arme en Cuivre}. Or il n'y avait pas là la moindre trace de
Bronze. — Il faudrait donc admettre qu'il s'agit de Cuivre in-
dustriel importé, s'il n'y a pas eu d'industrie locale du Cuivre.
Mais l'importation des objets, à la fin du Néolithique, est sou-
mise à une Loi, qui nous a été révélée par l'étude de la Distribution
géographique des Silex du Grand-Pressigny. Celle-ci a montré
que, tout le long de leur roule, les importateurs ont laissé la trace
de leur passage, en troquant, chemin faisant, des objets d'impor-
tation !
(1) Revue archéologique, 1902, n« 1, p. 40.
(2) A propos de la cachette morgienne de Petosse (Vendée).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANCASIE it>9
S'il en est ainsi, pourquoi les objets de Cuivre, qui sont à peu
près de la même époque, auraient-ils échappé à cette Loi ? Si
l'hypothèse du Cuivre espagnol, due ,à M. Siret, était exacte, on
devrait trouver, de ces objets, tout le long du rivage atlantique,
depuis le Portugal jusqu'au sud de la Vendée. — Or c'est ce qu'on
ne constate pas (1) !
De plus, le Cuivre devrait se trouver surtout sur la Côte,
comme le Grand-Pressigny importé par voie fluviale d'abord, puis
maritime (Vendée). Or c'est le contraire qui s'observe! — On le
trouve presque toujours à l'intérieur des terres ; et là, où il n'y a
pas de Pressigny. L. Siret a écrit lui-même : « Les archéologues
bretons ont constaté qu'avec le bronze le centre de la civilisation
n est plus sur la côte : il se trouve à l'intérieur! »
Il faut en conclure que le Cuivre, comme YEtain, était local. Et
si la Civilisation, après le Mégalithique, a été réfoulée h l'inté-
rieur des terres, cela tient beaucoup aussi aux modifications géo-
logiques survenues sur le rivage dès la fin du Néolithique (Dol-
mens submergés, etc.).
II. L. Siret, pour le Bronze, est obligé d'admettre une impor-
tation orientale par l'Est (2), l'Ibérie ne pouvant plus résoudre le
problème ! Il était bien plus simple de songer que la Civilisation
du Cuivre d'abord, puis celle du Bronze, sont nées en Armori-
que, isolément et successivement, et se sont déroulées dans des
conditions, identiques ou à peu près à celles du Centre oriental,
indiscutable aussi. — S'il avait admis cette hypothèse, il n'aurait
pas été embarrassé pour expliquer la découverte des Cassitérides
par les Phéniciens, découverte qui, en effet, est inexplicable !
Si le Bronze avait été importé d'Orient en Bretagne, il n'au-
rait pu l'être qu'à l'état de Bronze travaillé, c'est-à-dire au moins
sous la forme de Hache morgiexne. car il est à peu près cer-
tain qu'il n'y a pas eu une importation de Cuivre pur travaillé,
c'est-à-dire de haches plates, dans la presqu'île armoricaine (3).
Dès lors, ou ne devrait pas constater l'Age du Cuivre en ce
pays !
Dès lors, pourquoi les haches plates en pierre et les haches
plates en cuivre pur sont-elles plus fréquentes dans cette région
que partout ailleurs ?
(1) L'exception, réelle, de la Gironde est facile à expliquer avec mon hypothèse sur
les Silex du Grand Pressigny [Transport par voie maritime cotière de la Loire
à la Gironde].
(Il Cette hypothèse est en contradictions anifeste avec la Carte des Cachettes de
Bronze, publiée par J. Déchelette {Manuel). — Au contraire, le Bronze a été de
l'Ouest à l'Est, de la Bretagne vers le centre de la France, d'après cette carte !
(3) Je crois que je le prouve avec succès dans mon mémoire (inédit); voir plus
haut, p. 120), sur les Haches plates en Cuivre de Vendée.
170 SOCIÉTÉ PItÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cette fréquence ne peut s'expliquer que par les trois faits ci-
dessous :
1° Il y a eu, en Vendée, un centre isolé ai1 invention du Cuivre,
parce qu'il y avait là jadis d'importants gisements ^de cuivre, in-
connus ou à peu près aujourd'hui. Celui-ci a évidemment pré-
cédé celui du Bronze.
2° Il y a eu en Bretagne, un centre isolé, d'invention du Bronze,
parce qu'il y avait là, jadis, d'importants gisements d'Ëtain.
3° Ce sont les Hommes qui ont joui de la magnifique Civilisa-
tion mégalithique du Morbihan, du Finistère, des Côtes-du-Nord,
de la Loire-Inférieure et de la Vendée, qui ont inventé Y usage
du Cuivre et les Haches plates. Ils étaient assez évolué pour cela !
J'ajoute que, s'il y avait eu importation du Bronze travaillé
d'Orient sur les côtes de France, il n'y aurait pas de raison pour
qu'on n'en trouve pas autant au Sud de la France qu' en Bretagne ;
pour que les navigateurs d'Orient ne se soient pas arrêtés aussi
bien à l'embouchure de l'Adour et de la Loire que dans les petits
golfes du Morbihan et du Finistèrel On objectera qu'ils ne sont
venus qu'en Bretagne et cela parce que là seulement il y avait de
VEtain... Mais, comment les Orientaux auraient-ils pu apprendre
qu'en Bretagne il y avait de VEtain, si déjà les hommes de ce
pays n'avaient pas travaillé ce minerai ? Les prospecteurs colo-
niaux n'étaient pas encore inventés... — J'avoue que je ne com-
prends pas la théorie classique. — D'ailleurs, la Carte du Bronze,
publiée par M. Déchelette, s'interprète encore bien mieux avec
mon hypothèse qu'avec celle de cet auteur et celle de M. Siret.
Les Pierres à Bassins.
DELORT (Gosne, Nièvre).
La lecture de l'article intitulé De V authenticité des Pierres à
Bassins dans le B. S. P. F. (n° de septembre dernier) nous
a inspiré les réflexions et remarques ci-dessous, résultat de l'étude
attentive de ces pierres.
Je m'étonne fort que l'on ose encore épiloguer au sujet des
Pierres à Bassins du centre de la France, et que l'on puisse dou-
ter, un instant, du travail de l'homme au sujet du creusement de
ces Bassins.
Dans Dix années de fouilles, parues en 1901, nous constations
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FHA>CAISE 171
déjà, page 70, que le travail, remarqué sur les Pierres à Cupules
et Bassins, devait être attribué à la main de l'homme.
A cette heure, nous sommes avec tous les Anthropologistes qui
les ont étudiées depuis, pour affirmer qu'il ne saurait en être au-
trement.
Ht voici nos raisons personnelles. — Les Pierres à Bassins que
nous avons pu étudier se trouvent à La Garde, non loin du fameux
pont de Garabit, dont les piles en fer reposent sur des soubasse-
ments granitiques, qui proviennent de la Garde, lieu dit d'accès
facile.
Or, tous ceux qui sont au fait des choses de la géologie, savent
que toute roche granitique est composée de trois éléments prin-
cipaux : le quartz, le mica, et le feldspath; et que ce dernier élé-
ment, le plus dur des trois, est celui qui résiste le mieux à la désa-
grégation de la roche, dans laquelle il reste à peu près indemne.
En effet en étudiant ces roches, ou Pierres à Bassins, on n'a
pas de peine à remarquer quelles sonl moutonnées, c'est-à-dire
que deux des cléments constitutifs de ces roches se trouvent usés
par le temps, tandis que le troisième, le plus dur, résiste aux in-
tempéries, et fait généralement saillie sur toute la surface de la
roche qu'il moutonne.
Ces principes posés, si le feldspath résiste à la surface de la
roche, il doit en être de même pour les parois des bassins creusés
dans ces mêmes roches !
Allons maintenant inspecter un de nos bassins petits ou
grands; ils sont nombreux dans notre champ d'expériences;
et il en est qui ont jusqu'à lm25 de long sur 0m54 de profondeur.
Nous n'aurons aucune peine à remarquer à leur surface inté-
rieure la trace des trois éléments constitutifs de la roche ; mais
jamais, non jamais, ombre de rien de saillant, rien qui moutonne!
Qui donc ici a pu user les saillies de feldspath.
La conclusion est facile à tirer, et il n'est plus permis, après
cela, de parler d' accidents naturels, de jeux de la nature, et que
Une main intelligente seule a pu creuser ces bassins et les
gros blocs où elles ont été creusées peuvent de bon droit être
considérés comme des monuments de l'industrie préhistorique.
172 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Origine desjBalIe» polyédriques.
PAR LE Dr
E. GOBERT (de Reyédef, Tunisie).
J'ai signalé, précédemment, à la séance du 20 juillet 1910 (v. B.
S. P. F., p. 417, et suiv., Fig.), la présence et l'abondance, dans
les alluvions à coups-de-poing et les ateliers paléolithiques du
sud Tunisien, de Balles polyédriques, a facettes convexes.
Une expérience facile m'a démontré qu'elles étaient dues à l'ac-
tion du feu. Il n'y a pas là un fait inattendu : un rognon de silex
chauffé, également sur toute sa surface, éclate en donnant nais-
sance à des écailles conchoïdales ; «et le' noyau qui reste prend
l'aspect d'un polyèdre, à faces légèrement bombées». {A. de Mor-
tillet).
Mais, lorsque le chauffage est localisé à un point limité du ro-
gnon, condition facile à réaliser en le posant sur des braises ar-
dentes dans un grand vent, un ou plusieurs éclats se détachent
et mettent à nu un cône, dit de percussion, qu'il serait préférable
d'appeler cône d'éclatement.
Ce cône est l'expression d'un ébranlement violent, rayonnant
autour d'un point fixe, quelle qu'en soit l'origine thermique ou
mécanique, là où les écailles détachées portent réplique en creux
du cône et sont craquelées dans leur épaisseur au niveau de son
sommet.
La question des balles polyédriques tunisiennes peut donc se
résumer ainsi, en tenant compte des faits que j'ai indiqués dans
ma communication précédente :
1° Le débitage du silex par étonnement a été une habitude cons-
tante des peuplades paléolithiques de la région Gafsa-Tamerza ;
2° Il n'est pas encore possible de décider si les éclats ou le
noyau résiduaire ou les deux à la fois étaient la fin particulière
qu'elles visaient;
3° Il est certain que quelques balles portent un tranchant, à
taille alterne, et ont été utilisées.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
173
Hache [polie avec Gravure Géométrique.
Paul de GIVENCHY (de Paris).
La hache, que je présente aujourd'hui à la Société (1), est une
hache polie, sur l'une des faces de laquelle se trouve gravé un
dessin géométrique. Ce dessin
est un triangle isocèle, renfer-
mant des croisillons et des ha-
chures (comme le montre du
reste la Fig. 1, qu'a bien voulu
faire M. Adrien de Mortillet).
Le sommet de ce triangle est
surmonté d'un commencement
de perforation.
Bien entendu, je n'ai pas la
prétention de vous présenter
ce dessin comme datant de
l'époque Néolithique. Mais, sans
remonter si loin, il se pourrait
cependant qu'il fut fort ancien.
Il n'a pas l'allure d'un dessin
moderne ; et il offre des traces
d'usure ancienne sur quelques
points.
Je pense que cette hache po-
lie a du servir d'amulette, ou
de hache votive. Elle est en
serpentine-magnétique (roche
noire, avec reflets vaguement
verdàtres). Comme je l'ai cons-
taté moi-même, cette hache fait
osciller faiblement l'aiguille ai-
mantée. Sa longueur est de :
0m146; et celle du dessin de
0m039 (un côté du triangle).
Cette pièce est dans ma col-
lection depuis 1903. Aupara-
vant, elle faisait partie de la
collection de M. Damour, mem-
bre de l'Institut, qui l'avait mu-
(1) Séance du 22 décembre 1910.
ë s
g, »
« 5.
174 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
nie d'une étiquette ne portant aucune indication de provenance,
mais mentionnant seulement la densité de la roche =2,69.
Enfin, à l'appui de l'hypothèse d'une hache votive, je ferai re-
marquer que l'essai de perforation, qui a été commencée dans le
haut de cette figure, fait venir naturellement à l'esprit, l'idée que
cet objet devait être destiné à être accroché ou suspendu.
Et je serais heureux, si cette présentation pouvait donner lieu,
soit aujourd'hui, soit dans les séances suivantes, à une discus-
sion, qui puisse jeter quelque lumière sur la signification de ces
dessins anciens.
Du reste, moi-même, si j'ai été amené à vous faire cette petite
communication, c'est à la suite de la très intéressante présen-
tation, faite le mois dernier, par Mrae Crova, d'une hache polie
offrant des saillies ou sculptures si curieuses.
M. A. de Mortillet. — Je suis également d'avis que cette hache
est une amulette, ou quelque pièce gnostique, provenant selon
toute probabilité de l'Asie Occidentale. — La hache polie date
certainement de la période néolithique; mais le dessin qu'elle
porte a été très vraisemblablement gravé beaucoup plus tard. Il
représente une sorte de triangle magique, qu'il pourrait être inté-
ressant de comparer avec les figures analogues trouvées en Syrie,
en Perse ou en Chaldée.
M. le Dr Marcel Baudouin. — Je pourrais donner, à ce propos,
d'importants renseignements sur les Haches polies de Bretagne et
de Vendée, considérées comme Amulettes. Je rappellerai simple-
Fig. 2. — Quelques typps de Dessins sur Maisons en Vendée. — F,égende : VI et X, Croix;
Triangle ; — XII, Cœur vendéen ; — XI, Triangle, très net ; — X et XII, Cercles Solaires.
ment ici que, dans mon ouvrage sur la Croix Blanche des Fermes
du Bocage Vendéen, j'ai signalé l'existence de Triangles, tout à
fait analogues à celui de cette hache, dessinées sur les maisons.
Je reproduis ici un cas observé h Vairé (Vendée) (Fig. 2; XI).
C'est probablement la représentation de l'idée de Trinité. En
tout cas, ces dessins sur maisons sont destinés à les protéger
contre les mauvais Génies, et surtout le Diable.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 175
On remarquera qu'en Vendée presque toutes les Croix de
Maisons sont supportées par des Triangles (Fig. 2; VI, X); mais
les Triangles isolés sont assez rares.
La présence des Cercles solaires (rare) (Fig. 2 ; Xb, Xa) nous
ramène au mythe du Char solaire, c'est-à-dire à la grande divinité
protectrice, le Soleil! Lu Croix ne résulte que de la Christiani-
sation de ce Culte solaire, qui remonte, certainement, jusqu'à
l'Epoque néolithique.
Je suis de l'avis de M. A. de Mortillet, en ce qui concerne la date
du triangle de la hache de M. de Givenchy, qui est certainement
récent, et de l'âge des métaux au moins. Mais rien ne prouve, à
mon sens, qu'il ait été sculpté en Orient ! Cette gravure peut par-
faitement avoir eu lieu en Occident, dans l'Ouest de la France
par exemple. Je connais des haches de Vendée, qui ont subi des
altérations plus ou moins comparables, haches ayant servi de
poids pour les horloges, etc., etc.
Haches polies trouvées dans cfe vieuxbàtiments.
PAR
LE GONIAT (Trégomar, Côtes-du-Nord).
Les haches polies, très communes à Trégomar(Côtes-du-Nord),
sont désignées, par certains villageois, sous le nom de pierres à
tonnerre.
La plupart des haches trouvées sur le territoire de la commune
ont été vendues à des horlogers de Lamballe; cependant quel-
ques personnes, qui attribuent à ces armes un pouvoir mysté-
rieux, les conservent précieusement dans .des cachettes connues
d'elles seules. Il n'est pas rare de trouver des haches polies, en
démolissant de vieux bâtiments.
Je possède dans ma collection deux haches, trouvées au « Clos-
Perrine » en Trégomar, et au village de « La Tlnerain » en Plé-
débac.
La première a été découverte dans un des murs d'une très
vieille écurie, par M. Cadieu Laurent. Elle a les dimensions sui-
vantes : Longueur, 0m07; largeur à la crosse, 0m016; au tran-
chant, 0m037. Poids, 90 grammes.
Crosse taillée en biseau et aplatie des deux côtés. Tranchant
incurvé d'un côté, légèrement oblique de l'autre. Bords aplatis.
Taches de rouille.
176 SOCIÉTÉ PIIÉH1ST0R1QUE FRANÇAISE
Cette jolie pièce, en diorite, est recouverte de taches de
rouille.
L'autre hache, trouvée également dans l'aire d'une ancienne
écurie, mesure : Longueur, 0mI9; largeur au tranchant, 0m35;
circonférence maxima, 0m145 ; elle a le talon pointu et son poids
est de 450 grammes.
Tranchant droit et ébréché. Bords arrondis. Forme triangu-
laire. Piquetée sur toute sa surface.
On a recueilli, auprès de cette dernière hache, une vieille
pièce de monnaie.
M. Marcel Baudouin. — J'insiste sur l'intérêt des deux trouvail-
les citées. — Pour la première classique [Pierre de lonmerre ou
hache polie, amulette, mise dans un mur pour protéger la Maison
contre la Foudre], il faut noter les taches de rouille. Il est probi-
ble qu'on avait mis, dans le mur, avec cette hache, un objet en
fer, qui a réagi sur la hache par contact en se décomposant.
La deuxième trouvaille est plus exceptionnelle, car la hache
ne fût pas trouvée dans le mur, mais dans Taire de I'Écurie, et
dans une cachette (l). — Cette situation rappelle certaines coutu-
mes de Protection des Maisons, encore usitées (2), et sur lesquelles
j'ai déjà iusisté (3) ailleurs.
(1) 11 est regrettable qu'on n'ai pas recueilli la pièce de monnaie qui aurait donné
la date de la cachette.
(2) Marcel Baadouin. — La protection de la Santé publique d l'époque préhisto-
rique et particulièrement en Vendée. — Bull. Soc. Fr. Hist, de la Méd., Paris, 1909,
déc. — Tiré à part, 1909, in-8°.
(3) M. Baudouin et L. Bojnnemère. — Les Haches polies dans C Histoire. Bull, cl
Mém. Soc. d'Anthrop. de Paris, 1904, t. V, fasc. 5, 21 Juillet, 496-548, 3 Fig.
[77
SÉANCE DU 23 MARS 191
Présidenoe de M. L. COUTIL.
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la dernière
séance [Février 1911]. — Il est adopté.
A propos du procès-verbal, des notes sont adressées par M. M. Pagès-
Allary, Colligxon, M. Baudouin, Desailly, Jacquot, Vuarnet,
Dalmox; elles sont publiées plus loin, avec la discussion qu'elles ont
soulevée.
Erratum. — C'est par erreur — une ligne tombée à l'imprimerie —
que le nom du Dr Magxi, de Milan, ne figure pas sur la Liste générale
des Membres de 1911, comme en 1910. — Il faut y rétablir le nom de
notre savant et sympathique collègue.
Correspondance.
Lettres de remerciements. — M. Barbier.
Lettres d'excuses. — M. le Dr H. Martix. — M. L. Giraux.
M. le Président du Touring-Club a adressé une réponse favorable
à la demande d'une plaque indicatrice, sur route, pour la Grotte de Bel-
leville, à Vendrest (Seine-et-Marne); 2° pour le Dolmen de la, Grosse-
Pierre, à Verneusses (Eure) .
Lettre d'envoi de Document. — Photographié, envoyée par M. Jac-
quot du Hibou à la Tortue, en bronze, décrit déjà ici même.
Lettre d'Avis. — M. E. Vuarnet (de Messery, H. S.), annonce un
travail sur l'explication des Signes gravés sur les monuments mégalithi-
ques.
Lettre d'avis de Découvertes. — M. A. Masfraxd (de la Société les
Amis des Sciences et Arts de Rocheclwuart) annonce qu'une Cachette de
Fondeur vient d'être découverte à Dieulidou, commune d'Oradou-sur-
SOCIÉTÉ préhistorique française. 12
178 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Glane (Haute-Vienne). Cette cachette renfermait 6 haches à talon, en
Bronze.
M. A. Guébhard présente, de la part de M. Fernand Blanchard,
conservateur du Musée de Soissons, le plan et des photographies
d'une double Lignée de pierres debout, découvertes, enfouies, sur une
très grande longueur, à Guisy (Aisne), sur une propriété de M. Bru-
nehaut.
M. Pagès-Allary, en poussant à 3 m. de profondeur ses fouilles de
Las Tours, sous les fondations des cases qui ne lui avaient donné que
des restes médiévaux, est parvenu à un substratum néolithique, avec
haches polies, poteries, etc.— M. Pagès-Allary envoie aussi le plan et
les premiers résultats de ses fouilles de 1911 à la Bastide de Nozerolles
(Cantal), qui semblent devoir être très analogues à ceux de Las
Tours, etc.
Congrès. — Conférence Préhistorique à Tùbingen (Allemagne). —
La Société Allemande et la Société Viennoise d'Anthropologie annoncent
leur réunion commune du 6 au 9 AoûtàHeilbronn {Gisement de Mauer ;
village néolithique fortifié de Grossgartach), avec excursions, du 10 au
15, à Stuttgart, Tùbingen, et l'Albe souabe. — Ier Congrès universel des
Races, à Londres (26-29 juillet 1911).
Décès. — M. Pierre-Octave Heuzé, Chef de Bataillon en retraite,
Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre de Saint-Sta-
nislas de Russie, décédé à Sézanne (Marne) le 7 mars 1911, dans sa
63e année.
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société a reçu les ouvrages suivants :
Butot (A.). — Essai sur les origines et sur le développement de l'Hu-
manité primitive [Extr. Rev. de l'Univ. de Bruxelles, 1911, janvier
[241-276]. — Bruxelles, 1911, in-8°, 40 p.
Butot (A.). — Discours [prononcé au Cinquantenaire de la Soc.
£ Anthr. de Paris] [Extr. Bull. Soc. Anthr. de Paris [Cinq.], 1909
63-67; 360-363]. — Paris, 1910, in-8°, 4 p.
Butot (A.). — Note complémentaire sur l'authenticité des ossements
humains quaternaires de Grenelle et de Clichy. Notes sur les nouvelles
trouvailles de squelettes humains quaternaires dans le Périgord [Extr.
Bull. Soc. Belge de Géologie, 1910, t. XXIV, Proc. Verb., 358-377]. —
Bruxelles, 1910, in-8°, 20 p.
Butot (A.). — Ln homme de science peut-il raisonnablement admettre
l'existence des industries primitives, dites Eolithiques [Extr. Bull, et
Mém. Soc. d' Anthr. de Paris [Cinquant.), 1909, 447-473; ou 151-177].
Paris, 1910, in-8°, 26 p.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 179
Conil (P. -A.). — Quelques remarques sur les alluvions anciennes in-
férieures de la Vallèedu Caudon [Extr. Bull. Soc. Préh. France, 1910].
— Paris, 1910, in-8°, 4 p., 1 fig.
Dubus (A.). — Note sur la Station préhistorique de Hogues, près
J>orf [Extr. Bull. Soc. Géol. de Normandie, 1909]. — Le Havre, 1910,
in-8°, 8 p., 13 planches hors texte, dont 12photocologr.
Baudouin (Marcel). — Découverte et fouille de deux Mégalithes
détruits aux Tabernaudes, à file d'Yeu [Vendée) [Extr. Ann. Soc. Emul.
Vendée, 1911]. — La Roche-sur-Yon, 1911, in-8°, 16 p., 6 fig., dont
1 planche hors texte.
Houle (Alfred). — Les fouilles de Bury : Cimetière franc [Extr.
des Mém. delà Soc. Acad. de l'Oise, XIX, 2 p.]. — Beauvais, 1905,
in-8°, 21 p., 3 pi. hors texte en photocollogr. [Don de ].
M. Petit. — Notesur les tumuli d'Aïn-Sefra [Extr. Bull. Soc. Géogr. et
Arch.de laprov. d'Oran; T. XXV,fasc, CIV].— 3 pi., 12 p.Oran,1905.
Commission pour la Liberté des Fouilles.
If. le Dr Henri Martin communique, par l'intermédiaire du Secré-
taire général, les documents qu'il a reçus depuis un mois sur la question.
Actuellement, il y a quatre-vingt-dix Sociétés savantes protesta-
taires.
Dons à la Société Préhistorique Française.
M. Kessler (de Soultzmatt, Alsace) offre à la Société le Moulage
d'une épée, dont les creux ont été découverts récemment à Piverone,
province de Novare (Italie), ainsi que des photographies nous montrant
les creux au moment de leur découverte, et quelques vases, trouvés
dans la même fouille.
Sur la proposition de M. Kessler, la Société industrielle de Mulhouse
a offert à la Société Préhistorique Française l'ouvrage de Dollfus-Ausset :
Matériaux pour l histoire des Glaciers.
Des remerciements sont adressés aux Donateurs.
Admission de nouveaux Membres.
Sont proclamés : MM.
Benoit (Sylvain), propriétaire, Vachères (Basses-Alpes).
[F. Lazand — Deydier].
Didon (Louis), Membre de la Société historique et archéologique du
Périgord, place du Quatre-Septembre, Périgueux (Dordogne).
[Gh. Auhlant — A. Delugin].
Roche (P.), Licencié ès-sciences, 56, Grande-Rue, Besançon (Doubs).
[A, Guébhard. — L. Coutil.
180 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Présentations.
A. Guébhard (Paris). — Bronzes de la plus ancienne trouvaille des
Alpes-Maritimes. — Discussion : A. de Mortillet, Atgier, Taté, De-
yrolle, Hue, Viré.
L. Giraux (Seine). — '■ Hache polie à face altérée provenant du Dane-
mark. — Discussion : Marcel Baudouin, A. de Mortillet.
■ O. VauvillÉ (Paris)* — Objets de sépultures néolithiques de Montigny-
l'Engmin. — Discussion : Marcel Baudouin.
Chapelet (Paris). — Présentation d'une hache à bords relevés du Jura.
— Discussion : A. de Mortillet, Hue, Marcel Baudouin.
Naulin (Paris). — Présentation de vases à trous du Moyen âge. —
Discussion : Marcel Baudouin, A. de Mortillet, Taté. ,
A. de Mortillet (Paris). — Une ceinture de chasteté ancienne. — Dis-
cussion : Marcel Baudouin.
A. Guébhard (Paris). — Photographies et plan d'une double lignée de
Pierres debout, découvertes à Cuisy [Aisne), dues à M. F. Blanchard (de
Soissons). — Discussion '.Marcel Baudouin, A. de Mortillet, A. Viré.
Communications.
Marcel Baudouin (Paris). — Le Pas de Dieu de l'Eglise Sainte-Rade-
gonde, à Poitiers.
L. Coutil (Eure). — Fouilles dans la Forêt de Bord,, à Incarville.
Ch. Aublant (Périgueux). — Gravure sur rocher, à Ecornebœuf,
Drès Périgueux.
Barbier (Eure). — Sépultures gallo-romaines à Pacy-sur-Eure .
II. — NOTES ORIGINALES.
Fouilles clans In Forêt de Bord, près Incarville,
[Prise de Date]
M. L. Coutil annonce le début de ses fouilles dans la forêt de
Bord, prés d'Incarville ; il a découvert uii premier groupe de cons-
tructions, arasées au niveau du sol ; un deuxième groupe à 60 mè-
tres plus loin, dépassant le sol sur une longueur de 10 mètres;
un troisième édifice fort important, d'au moins 25 mètres avec
colonnade encore très apparente de lk mètres, soubassement en
pierre de 0m75 de large, et des colonnes ayant pour base 0m70 ;
ce doit être un temple. D'autres points restent encore à reconnaî-
tre ; l'ensemble des fouilles porte sur près de 170 mètres carrés.
(1) Séance de février 1911 .'
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1$1
Le mot Cbiron et se» dérivés.
M. Pagès-Allary (Murât). — Comme suite à ce que j'ai dit,
relativement aux vocables connexes ou de même sens, c'est-à-dire
marquant, à des époques différentes, par un mot différent, le même
fait saillant d'un lieu habité ou à dénommer, voici, seulement,
pour l'arrondissement de Murât, le nom des principaux villages,
avec le nom de la commune où ils se trouvent, et rappelant
l'idée de Pierres, à des temps variables comme le mot.
1° Communes: Cheylade, Le Caire. — Marchastel, Laquèrie.
— Saint-Amandin, Laquèrie.
2° Peyrusse, Chirol. — Saint-Bonnet, Le Chazal. -*- Les Cha-
zeaux (Chazèaux). — Saint-Saturnin, Chazelowp. — Vèze.
Chazes.
3° Saint-Amandin, Peyrelaigue. — Charmansac, La Pironnel
ou Peyrounel. — Lavigerie, Peyregarri ou Peyreguerre, Peyre
Arse. — Ugarde, Peyrolet. — Saint-Saturnin, Peyrelade. —
Claux, Pas de Peyrol (1582m) ; puis le Puy Mary.
Il y a aussi une infinité de fermes, qui portent le même nom ;
toujours on y voit : des Pierres, des Caves, des Ruines, dans lès
deux premiers cas préhistoriques ; dans le troisième cas du
moyen âge.
Le Mot Cro en Préhistoire.
M. le Dr H. Dalmon (Bourron, Seine-et-Marne). — Je suis
heureux de voir que la Philologie tend à prendre sa place en
Préhistoire. Puisqu'on pousse l'enquête sur les dénominations
de lieux, il serait intéressant d'arriver à ker, à crau, et surtout à
cro. En Seine-et-Marne, nous avons plusieurs lieux dits : le Croc
marin, le Croc de Recloses : stations néolithiques connues, situées
au milieu des pierres, les grès en rognons dénudés de Fontaine-
bleau. Nous avons Cro-Magnon. — ■ Est-ce pierreux? — Il y a là
une enquête intéressante à proposer à nos collègues sur les Cro-
de France.
182 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Tranchets et Décarnisation.
* ■' [Prise de Daté].
M. O. Vauvillé présente des objets divers, provenant de ses fouil-
les, faites en 1887 et 1888, d'Allées couvertes de l'époque néolithique
en Montigny-l'Engrain( Aisne). — Il donne des renseignements sur les
inhumations d'une Allée couverte, de 7 m. 90 de longueur, de diver-
ses largeurs, et de 1 m. 30 de profondeur, au-dessous du niveau
actuel du sol. Ce monument funéraire contenait quatre groupes bien
distincts de sépultures à inhumations : l'un d'eux, de 2 mètres de
longueur sur 2 m. 70 de largeur, contenait 48 squelettes humains,
sur 4 couches, les pieds tous tournés vers le centre, vers le
milieu se trouvait aussi 4 squelettes ; ce qui formait un total de 52,
compris dans un aussi faible espace . Les squelettes des trois autres
groupes avaient aussi la même disposition méthodique, indiquant
des inhumations faites d'une longue durée. Les fouilles ont fait
découvrir 162 pièces en silex polis ou taillés, des objets divers, et des
poteries .
Parmi les silex taillés, on remarque que, sur 53 petits Tranchets
(dont un est emmanché), 48 sont plus ou moins ébréchés sur le tran-
chant; il en est de même sur des lames ou couteaux, qui sont forte-
ment ébréchés sur les deux tranchants. Ces constatations peuvent faire
supposer que ces instruments ont peut-être été employés, comme
le pense M. leDr Marcel Baudouin, pour le Décharnement des Corps.
Ce fait expliquerait probablement les 52 squelettes, trouvés dans
la faible cavité dont il vient d'être question (1).
Discussion sur l'Age du Cuivre.
M. J. Pages- Allary (Murât). — Dans l'état actuel de nos connais-
sances préhistoriques (2), j'estime, peut-être à tort, que nous allons
trop vite, en créant un Age du Cuivre, avant un Age du Bronze; Age
étant employé pour Civilisation, ou mieux Evolution, ne pouvant
s'appliquer que pour un lieu déterminé; car elle était au moins aussi
différente autrefois, suivant la race et le climat, qu'elle l'est encore
aujourd'hui suivant le milieu.
A la fin de la civilisation Néolithique de notre Gaule Française, je
ne puis concevoir que la Découverte du Cuivre, appelé dans le com-
(1) Séance du 23 mars 1911.
(2) « Le titre Critiques paradoxales » exprimerait plus justement l'intention de
l'auteur, de provoquer, par échanges d'idées, plus de preuves ou de faits sur cette si
importante évolution progressive des métaux. — [Voir Bulletin de février, 1911],
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 183
merce Cuivre Rouge, ait précédé celle des Métaux blancs, beaucoup
plus fusibles, plus communs, plus facilement réductibles, et jouant
le premier rôle de fondant dans le Bronze, avant de lui donner bien
d'autres qualités.
En effet, les scories du foyer de cuisine, ou mieux du potier nèoli*
thique, ont dû révéler alors aux ignorants, mais si curieux obser-
vateurs de notre Gaule comme bien avant, et aussi bien après, dans
beaucoup d'autres pays du globe), des culots métalliques, dont la
première utilisation a été faite par la fusion et le moulage, avant le
martelage. Celui-ci indique déjà un grand progrès en métallurgie,
puisqu'il faut admettre la qualité du métal, donc sa pureté, par l'affi-
nage des fusions successives, dans le cas spécial du cuivre sans
mélange. Certainement le cuivre natif, qui ne se trouve qu'en
Amérique, de même que dans les sables de la Bolivie à l'état
d'oxyde Cu20 ou d'hydrocarbonate, a pu exister en France; mais
il ne faut pas perdre de vue que c'est l'exception, et que ses vérita-
bles minerais, abondants en Europe, sont les sulfures Cu2S (Chalko-
sine) et Cu2S -f- Fc2S3 (Chalkopgrite), ou simplement Pyrite cuivreuse;
donc des minerais demandant 'déjà une manipulation empirique i/n-
portante et compliquée, savante, non de mots, mais d'observations, défaits-
Si nous considérons la quantité énorme de bronze et de cuivre
utilisée, si d'autre part nous envisageons tout ce qui en a été fondu
et refondu, nous ne devons pas nous étonner qu'avec les progrès
dans l'art du feu nos anciens soient arrivés du Bronze au Cuivre, donc
à la fusion et au moulage de ce dernier : ce qui est déjà un très beau
résultat, et l'œuvre de longues années de fondeurs sachant chauffer
de 1.050 à 1.100°.
J'admets même que l'on ait trouvé et épuisé le cuivre natif. Est-il
soutenable qu'il y en ait eu partout autrefois ? Non. Tandis que par-
tout nous trouvons du bronze utilisé.
Il faudrait admettre des exceptions, possibles, pour la Vendée
comme pour Chypre, comme celles actuellement du Lac supérieur
de l'Amérique du Nord. Mais, si les Néolithiques de Vendée avaient
eu des blocs de 450 tonnes de cuivre natif, mesurant comme à
la mine de Minnesota, 1.000 tonnes (13.75x6.7x2.70) ou (19.80X
9.45X1.27) comme à l'autre mine américaine du Phénix, je ne vois
pas bien l'effet des haches en pierres, même polies, capables
de les entamer pour les utiliser, sans d'autres outils métalliques
plus durs. Donc pas le Cuivre Rouge, mais au moins le Bronze. Il vaut
mieux supposer les morceaux plus petits. Ou, plus probablement,
qu'à Chypre, comme en Vendée, c'était du sable de cuivre, comme au
Chili, le barille de cuivre à 60 ou 80 pour 0/0 de cuivre et 40 à 20
pour 0 0 de quartz. Ou de l'Azurite, 2 Cu03Cu (042) des Cornouailles
d'Australie, ou d'autrefois à Chessy, près de Lyon.
184 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Car, si nous tombons dans les si abondantes Pyrites (l'or des ânes),
nous sommes obligé d'admettre que le Bronze a précédé de beau-
coup le Cuivre pur, en de bien nombreux et différents centres. Et que
les habiles ouvriers du Bronze savaient beaucoup de choses que
nous ne croyons pas, mais que nous constaterons et admettrons par
force un jour, en rompant le cercle, la ceinture trop étroite, la mu-
raille funeste, dans laquelle, nous sommes toujours tenté de classer,
d'enfermer la Science, que nous considérons toujours n'être que ce que
nous en savons, même (oh ironie !) au siècle du radium et de l'aéro-
plane.
M. Desailly (Paris), ingénieur des mines. — C'est un tort de
croire qu'il fût difficile jadis de travailler les minerais de cuivre. C'est
le contraire qui est la vérité, pour les Carbonates de Cuivre surtout,
dont le traitement est extrêmement facile.
Je donne, ci-dessous, pour ceux que la question intéresse, une
importante bibliographie du métal Cuivre natif '(1), auquel on pourra
se reporter.
M. le Dr Marcel Baudouin. — Je vous annonce la découverte
d'une Trente-septième hache plate, en Vendée, à Saint-Martin-de-
Brem, centre de mes fouilles. — De plus, je viens d'en retrouver
deux autres, découvertes à Nalliers, en 1857, et déjà publiées par
B. Fillon, en 1863. — Cela porte mon total à trente neuf, pour
aujourd'hui ! — Je suis convaincu qu'on en découvrira bien d'autres
en Vendée désormais !
Je ne veux pas suivre les orateurs précédents sur le terrain théo-
rique. Je ne veux que colliger ici des faits, c'est-à-dire des Obser-
vations bien prises. Cela fera avancer la question du Cuivre bien
plus vite qu'on ne se le figure !
Cherchons d'abord des haches et des poignards ; et nous discute-
rons après. — Nous avons, je le répéterai toujours, l'éternité pour
nous disputer.
(1) Bibliographie du Cuivre natif: Brongniart. Traité de Minéralogie, 1807 . —
Hauy. Idem, 1822. — Mohn. Idem, 1822. — Beudant. Idem, 1824. — G. Rose. Beise
nach dcm Urat, 1837, vol. I, p. 313, 401; vol. H, p. 453. — Hardinger. Journal
des Sciences d'Edimbourg, 1826, vol. 1,58. — Levy . Description d'une collection de
minéraux, formée par Heuland, vol. III. — Hardinger. Sitzungsber. de l'Académie
de Vienne, 1863. — Schrauf. Mineralogische Mittheilungen, 1872-1873. — Zer-
renner. Idem, 1874. — N. von Kokscharov. Materialien zur Minéralogie Russ-
lands, 209. — G. Seligmann. Verhandl. naturhist. Ver. Rheinl., 1876. — P. von
Jeremejen. Krystallog, 1877. — G. von Rath. Krystal, 1878. — L. Fletcher. Phil.
Mag., 1880. — Von Lasaul. Sitzungsber. Niederrhein Ges., Bonn, 1882.— Von Foul-
lon. Geol. Reichsanstalt, 1883. — Broun. The Journal from the american Se,
1886. — Dana. Journal of Science, décembre 1886.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 185
M. .1. Pagks-Ali.ary. — Je me range complètement au sage
conseil de M. Baudouin : du prouvé ; mais il faut, avec la biblio-
graphie, du nouveau à la Préhistoire. D'où la lre question à résoudre :
Est-ce par la fusion [ou par le martelage des métaux que l'homme a
commencé ? Autrement dit : Est-ce l'or et le cuivre natif, ou les
métaux blancs plus fusibles, qui ont été les premiers utilisés?
Là-dessus une discussion — sans vigueur, donc sans personnalité —
serait urgente, cette année.
Une hache plate à bords relevés.
PAR
CHAPELET (de Paris .
La communication, faite le 23 février 1911 par M. le Dr Marcel
Baudouin sur « la découverte du Centre Occidental de l'Age du
Cuivre en Vendée a, m'amène à vous présenter une hache, sinon
en cuivre, du moins bien pauvre en étain, si Ton s'en rapportée
l'aspect du métal mis à nu sur le tranchant, et aussi peut-être à
la patine vert clair, qui ressemble plutôt à celle du cuivre, les
altérations du bronze étant ordinairement plus foncées.
L'analyse du métal n'ayant pas été faite, nous ne pouvons être
trop affirmatif.
Cette hache est à bords droits peu accentués, ou plutôt rele-
vés, non par le martelage, mais ménagés sur le moule dans lequel
cette hache a été coulée.
MM. G. et A. de Mortillet figurent, sous le n° 794 du Musée
Préhistorique, une hache de même type, trouvée à Rennes (Doubs),
sous la désignation de hache à rebords droits à peine indiqués, de
l'époque Morgienne.
M. Déchelette, dans son Manuel <T Archéologie préhistorique ,
celtique et gallo-romaine, représente, figure 81-2, une hache à
bords droits peu élevés, trouvée à Vienne (Isère).
Ces haches sont abondantes, surtout dans la Gironde ; on les
rencontre fréquemment sur les côtes de l'Atlantique et de la Man-
che; l'Est en a fourni aussi un certain nombre.
Celle-ci a été recueillie à Cussy-la-Colonne, canton de Bligny-
sur-Ouche, arrondissement de Beaune, au cours des travaux de
construction de la ligne du chemin de fer d'Epinac à Beaune.
Les conditions particulières de la trouvaille me sont inconnues.
Cette hache mesure 0m175 de longueur, 0m067 de largeur au
tranchant; son épaisseur maximum est de 0m01, non compris les
bords ; son poids est de 446 grammes (Fig. 1).
H
486
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il pouvait être intéressant de signaler cette pièce, en raison de
sa découverte presque au centre de la France et de son éloigne-
ment des deuxpoints d'importation du bronze, et sans doute aussi
du cuivre. La Suisse et le Jura d'une part, les côtes de l'Atlan-
tique, de la Gironde au Finistère, d'autre part, en tenant compte
de nombreuses découvertes faites dans cette partie de la France,
depuis quelques années.
Si l'on considère la hache plate comme type primitif, la pre-
mière évolution est représentée par la hache à bords martelés ; la
Fig. lf — Hache à bords relevés du Jura français. — Echelle : 1/2 Gr. nat.
seconde par le relèvement des bords au moulage . — C'est ce que l'on
constate sur cette hache, qui serait de la Période II du Bronze,
d'après la classification donnée par M. Déchelette, dans son
Manuel précité.
M. le M. Dr Baudouin. — On me paraît confondre, dans cette
question des Haches plates, plusieurs ordres de choses.
Ce que j'ai appelé, dans ma note, le type évolué n'estni la hache
à bords martelés, ni la hache à bords relevés au moulage ! — Mon
type : Hache plate, primitive, de type évolué, est une Hache
plate, sans le moindre bord, ni relevé par martelage, ni relevé au
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 187
moulage ! — C'est une hache plate à bords concaves (et non droits), et
à tranchant évasé, sans aucun martelage et sans le moindre bord !
Par conséquent, la pièce de M. Chapelet ne ressemble pas à
nos haches de Vendée. — C'est un type intermédiaire entre ma
variété plate évoluée et la hache à bords droits. J'accepte très
bien le terme : à bords relevés, quoiqu'il puisse prêter à la confu-
sion.
Quoiqu'il en soit, cette pièce est très intéressante ; ce doit être,
en effet, un type primitif du Premier âge du bronze [Morgien ou
Prémorgien); mais ce n'est pas un type de VAge du Cuivre, à mon
avis. — D'ailleurs, elle a été trouvé à l'Est de la France, dans le
Jura, où le Bronze lui-même est très rare [Voir la Carte de
M. Déchelette].
Le Cuivre en Bretagne.
PAR
G. GUÉNIN (de Brest).
M. le Dr Marcel Baudouin, pour démontrer l'existence d'un
Centre d'invention et d'utilisation du Cuivre dans la péninsule
armorico-vendéenne, ne « redoute guère que l'opinion de M. Si-
ce ret, en raison de la grande rareté du cuivre en Bretagne et en
« Vendée, à l'heure présente (1). » — Rien n'est plus facile que de
montrer la vraisemblance de l'hypothèse, émise par M. le Dr Mar-
cel Baudouin. Il y eut, en Bretagne, et, sans doute, en Vendée, de
nombreux gisements de Cuivre, livrés à V exploitation !
a) Sans vouloir remonter plus haut que le xvie siècle, en 1519,
une Commission royale est adressée aux juges de Quimper, Car-
haix, Morlaix et Tréguier, pour informer des « larcins opérés es
mines d'étain, plomb, cuivre..., etc. »
b) En 1640, dans un ouvrage devenu très rare, « La restitution
de Pluton », Martine de Bertereau, dame et baronne de Beauso-
leil et d'Auffembach, exposait le résultat des recherches, qu'elle
avait entreprises, avec son mari, pour découvrir en Bretagne des
gisements de Cuivre. En 1779, Gobet, dans ses « Anciens minéra-
logistes du Royaume de France », édité chez Ruault, à Paris, rue
de la Harpe, consignait à nouveau les renseignements de la dame
de Beausoleil, et les donnait aux pages 313-320 de son volume,
presque introuvable aujourd'hui (2).
En classant les indications de Martine et de Gobet, les mines
(1) Soc. Prëh. franc, tome VIII, p. 167.
(2) Nous devons ces renseignements à l'obligeance de M. Maillot, élève à l'école
des Mines.
18*8 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE TRÀNCE
de Cuivre, signalées au xvine siècle, étaient, en suivant les côtes,
à partir de la baie de Saint-Brieuc :
Lanvellec, près de Rosambo, « mine de cuivre, qui contient de
« l'or, dont la fontaine minérale (1) est dans une lande près de
» Tanascole ». Treduder, près de Saint-Michel-en-Grève, « une
« très bonne et riche mine de cuivre, plomb et argent, dont les
« rameaux sont très considérables. » Bourbriac, « dans les bois
,« -de M. le marquis de la Rivière, une mine de cuivré. » Il im-
porte de remarquer que ces trois stations se trouvent sur une li-
gne nord-ouest-sud-est, et que, du nord au sud, on a Treduder,
Lamellec et Bourbiac.
Dans le Finistère, « dans la paroisse de Crozon, proche le bore
de la mer, en face de la rade de Brest, une mine de cuivre. — Ai
Ry, proche de Douarnenez, sur le bord de la mer, une riche
mine, qui contient plusieurs rameaux d'or, d'argent, de cuivre.
— Paroisse de Duve (?), une mine de cuivre. — Près Corro^
(lire Coray), une mine de cuivre. — Au moulin de Ver, prèi
Quimper, une bonne mine d'argent, qui a quelques rameaux de
cuivre. — Enfin, dans le Morbihan à Beaugat, près Malestroit
une mine soupçonnée de cuivre. » .*■ T
c) Au xixe siècle, de Fourcy, 'l'auteur d'une carte géologique
-du .Finistère, signalait, vers 1840, du cuivre au Huelgoat et près
de Gourin ; et de Lapparent, dans la 3e édition de son Traité dt
Minéralogie, indique à Luçon, de l'énargite, arsénio-sulfure de
cuivre, facilement fusible (page 599).
Tels sont les renseignements que nous avons pu recueillir sui
les mines de cuivre en Bretagne. Ils expliquent : 1° l'abondance
tûts haches en cuivre du Finistère, où les gisements sont nom-
breux ; 2° leur absence du Morbihan, où il ne semble pas qu'il \
ait eu de véritable mine de cuivre, bien que l'on ait trouvé ur
moule en cuivre. . .
Il y aurait enfin, à se demander si les haches en cuivre, trou-
vées en Bretagne, coïncident dans leur répartition avec celle de!
filons de cuivre signalés au xvme et xixe siècles. N'ayant pas lei
éléments voulus pour solutionner ce problème, nous laissons i
. d'autres ce soin, nous bornant seulement à montrer qu'une fois
de plus l'une des hypothèses de M. le Dr Marcel Baudouin se
vérifie pleinement.
M. le Dr Marcel Baudouin. — On lit, dans Y Intermédiaire da
Chercheurs et Curieux du 30 mars 1911 (p. 401) : « Existe-t-il dam
l'Europe occidentale des gisements de Cuivre natif, autres qu<
celui de Friedrichtsegen,près d'Ems? J'ai entendu dire qu'il y ei
avait dans le Var ?» — Il serait intéressant d'être fixé sur ces points
(1) Lisez les principaux filons ou les premiers filons.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE 189
Relation du redressement de la table
et des quatre supports du Dolmen
« La Grosse Pierre » ou ï*ierre Couplée,
de "Verneusses (Eure) (4).
[Prise de Date],
M. L. Coutil. — Le monument appartenant à un groupe de
trois Dolmens, tous effondrés, nous avons commencé la restaura-
tion de celui qui était le moins compromis, comme aspect,
bien que la difficulté fut plus grande, un des supports étant
complètement en-dessous, entre deux autres également écrou-
lés.
La difficulté consistait au peu d'espace pour placer les crics
destinés au redressement, et au calage progressif de la table, puis
au dégagement du support, couché horizontalement etemprisonné
sous la table, opération exigeant de grandes précautions, car, à
deux reprises, la table descendit brusquement de 0m08, lorsqu'on
enleva les crics et que la table reposa librement sur ses cales.
Une autre difficulté provenait de la présence d'un énorme sapin,
situé contre le monument, au nord-est, et dans les grosses racines
circulant sous les supports : cet arbre a causé la chute du monu-
ment, et, s'il n'est pas abattu, il amènera encore un nouvel acci-
dent.
Un chêne, situé près du support sud, menace aussi l'unique
support resté en place, quoique très incliné, et que nous n'avons
pas redressé, et, simplement consolidé en le calant fortement à
l'intérieur.
Nous avons replacé verticalement le support ouest tombé en
ors, sur le bord du chemin, relevé le support nord, couché k
plat sous la table, remplacé un nouveau support à l'est, car on
l'avait enlevé. Quant au support situé au sud-est, nous avons dû
faire sauter l'angle supérieur, pour obtenir l'adhérenceà la table;
mais, quand nous avons enlevé les quatre crics qui avaient servi k
enlever la table horizontalement, celle-ci s'est écartée de ce sup-
port de la même quantité (0m02 que nous avions dû enlever);
il n'est pas surprenant qu'au dernier moment les aspérités des
autres supports aientainsiproduit cette petite différence de niveau,
que nous ne prévoyons pas.
La table est fort lourde; elle est en poudingue en-dessus, et en
grès en-dessous ; son épaisseur est en moyenne de 0m60, et arrive
a 0m80; sa forme triangulaire mesure sur ses trois faces 3m55 k
1 ouest,. 4 mètres au nord, et 3m90 au sud-est ; nous l'avons relevée
(1) Séance du Jeudi 23 mars 1911.
190 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de près de 0m75 environ au nord, au-dessus du niveau de la butte ;
la table s'élève du même côté à lm10, si on prend le niveau du
chemin, car le dolmen est entouré d'une butte de cailloux et re-
couvert de gazon sur près de 0m40 à 0m50 de relief: ce quipermel
de supposer que primitivement il était sous tumulus.
Comme le centre du dolmen était très creux et rempli de près
d'un mètre cube de verre cassé et de vaisselle brisée, nous avons
tout enlevé et cherché jusqu'au niveau du sol naturel, sans trou-
ver d'objets ou d'ossements humains ; il a donc été minutieuse-
ment vidé avant nous : nous n'avons pas osé aller jusqu'au pied
même des supports, dans la crainte d'un éboulement.
Nous avons obtenu leclassement de ce Dolmen, en févrierl911,
et fait placer une plaque indicatrice à nos frais. Le Touring Club
de France, quia déjà fait placer sur nos instances des plaquesindi-
catrices sur route pour les monuments classés de la Normandie,
nous a promis deux plaques pour le dolmen de Verneusses; le
Président de cette Association mérite de nouveau notre sincère
gratitude.
Les Ruines romaines d'Inc ai* ville (1), forêt de
Bord, lieu dit le Testelet.
[Prise de Date].
M. L. Coutil rend compte des fouilles qu'il a exécutées depuis
le 14 mars, à la lisière de la Forêt de Bord, le long d'un vieux
chemin encaissé dit Vieux chemin de Rouen. Les ruines dissimu-
lées sous la mousse et généralement sous les arbres de la forêt
occupent un espace de 195 mètres sur 170 mètres ; les construc-
tions étaient orientées du nord au sud et de l'ouest à l'est, avec
déclinaison de 20° vers l'est.
1° Du nord au sud, il a découvert un mur d'enceinte, de 1 mè-
tre d'épaisseur et un édifice d'angle de 13 mètres de long.
2° A 40 mètres vers le sud, des constructions également rui-
nées sur 16 mètres, avec vaste appartement pavé de 12 mètres
carrés.
3° A 37 mètres, autre construction de 8 mètres de côté, avec
murs adjacents démantelés.
4° A 58 mètres, autre construction de 14 mètres sur 19, divi-
sée en deux parties.
5° A l'ouest du second groupe, à 30 mètres et à l'ouest, une
habitation très soignée de 10m50 sur 12m75, avec des murs de
(1) Séance du jeudi 23 mars 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 191
0m80 et même l,niO, soigneusement appareillés : une assise de
pierres fort larges et épaisses se dirige perpendiculairement
sur 15 mètres de longueur ensuite ; on retrouve le pavage d'une
construction, et un mur prolongeant la rangée de pierres.
Aux deux extrémités de cette longue muraille de pierres, il a
trouvé une base de colonne de 0m70 de diamètre et un fût de
0m40 ; il y avait donc une colonnade très importante de 15 mè-
tres et peut-être même 25 mètres : c'est le point le plus impor-
tant de ce cinquième groupe de ruines, qui formait un tout, mesu-
rant au moins 38 mètres sur 20 mètres.
Malheureusement, on a rasé et même démantelé ces murs au
ras du sol, et, trop souvent même, enlevé jusqu'aux fondations.
6° Au sud-ouest, il a retrouvé, à 50 mètres de ce dernier
groupe, une muraille appartenant à un sixième édifice, qui était
relié à la muraille de clôture de 1 mètre d'épaisseur.
La relation plus complète de ces fouilles doit être donnée dans
une quinzaine de jours au Congrès des Sociétés savantes, à Caen.
Discussion sur les Haches polies.
M. Georges Baquié (Nissen Hérault). — Dans mes campagnes de
recherches, durant les mois d'été, j'ai remarqué, dans l'Ariège, di-
verses superstitions, analogues à celles citées par mes collègues de
la Société Préhistorique Française. A Tourtrol (Ariège), un institu-
teur m'a donné une hache polie en pierre dure ; mais il n'a pas
voulu se démunir d'une autre ; il est certain qu'il attache à ces
objets un pouvoir magique. Dans le fond du rideau de la porte
d'entrée de sa maison, il a cousu ces armes, et les regarde comme
des talismans.
Dans la majeure partie des villages de l'Ariège, il n'est pas rare,
avec un peu de soin, de découvrir la hache polie, sous le seuil de
la bergerie, soigneusement cachée. Une hache, mise dans l'eau
d'une source, ou même dans le baquet où vont boire les moutons,
est un moyen sûr, d'après les paysans, d'éviter les maladies du
bétail.
Si un paysan trouve une hache dans un champ, il la porte
sous un arbre voisin, pour le protéger de la foudre, si la décou-
verte a lieu dans les dépendances de sa demeure ; il porte sa trou-
vaille dans les trous du mur de sa grange ou de son écurie, prête
a servir aux usages que j'ai eu à remarquer.
On doit donc, lorsqu'on rentre dans la demeure d'un paysan
de la montagne, ne pas manquer d'explorer les endroits dont je
viens de parler. Il s'est présenté des cas, où les haches polies se
192 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
sont trouvées, sous mes yeux, tout naturellement posées sur la
cheminée, entre un rameau béni et un vieux fus il. Ne pas se
presser; être prudent dans ses paroles ; et, si Ton est connu dans
le pays, la hache est vite dans votre poche; et le paysan est sou-
vent très heureux de vous avoir fait plaisir.
Le Chien en Préhistoire.
M. Georges Baquié. — Le Chien magdalénien a été découvert
dans le massif rocheux de la Clape (Aude), à la grotte de la Crou-^
rade (Environs de Gruissan). [Fouilles delà Commission Archéo-
logique de Narbonne. Fouilles de Tournai (Au musée de Nar-
bonne). Fouilles de L. Ferlus-Baquié]. Ce dernier découvrit, une
mâchoire inférieure, fort bien conservée (Collection Ferlus, à Foix,
Ariège), ainsi que des fragments de mâchoires de « Sus » (Col-
lection G. Baquié, Nissan, Hérault).
M. Gaurichon. — Je signale un oompte-rendu des séances
de l'Académie des Sciences (27 mars 1911), une très intéressante
note, au point de vue de Y origine du Chien.
Découverte d'un Souterrain en Haute-Savoie.
[Prise de Daté].
M. Emile Vuarnet (Messery, Haute-Savoie). — En automne
1909, M. Jordan labourait dans un champ, appelé les Champs
d'Argy, proche le Château de Jouvernex, commune de Margen-
cel (Haute-Savoie). Le terrain argileux céda tout à coup; et un des
bœufs de l'attelage s'enfonça à moitié dans une Excavation incon-
nue, de forme ovoïde, ayant lm70 de profondeur sur autant de
largeur sans aucune muraille; un canal étroit dégorgeant sans
doute à 30 mètres dans un ravin en assurait le drainage. Il n'y
avait rien dans cette cachette. En hersant, le fils de la maison
trouva non loin de là un petit Serpent à double tête, en or, d'un
travail très fin ; je l'ai acheté. Dans le village de Jouvernex, j'ai
acheté également un petit lion, en bronze, ayant la patte droite
sur l'S symbolique gaulois de la même grandeur, et de la même
forme que mon double serpent en or. Ce petit lion avait été
trouvé dans les champs communaux de Jouvernex en 1865, au
milieu de débris de murs.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 193
M. de Paniagua (Bulletin de novembre 1906, page 483) a donné
l'étymologie du mot « Aargilles », qui en Italie, veut dire Souter-
rain (1) ; nous aurions là pour les Champs (TArgy l'explication du
nom.
Haches en pierre clans les murs de Maisons».
M. E. Vuarxet (Haute-Savoie). — Je citerai les faits suivants. A
Annemasse (Haute-Savoie), un employé de la gare a trouvé,
dans le courant de 1910, une hache en pierre, en démolissant un
vieux mur.
Voici la liste des haches en pierre trouvées dans le Nord de
la Haute-Savoie ces années dernières, et que j'ai pu savoir.
Yvoire, sur le bord du lac de Genève, deux haches trouvées par
M. le baron d'Yvoire, au lieu dit les Raynaudes. — Sciez, une
hache, trouvée en découvrant une carrière de pierre, sur le Mont-
de-Boisy, proche la chapelle de Chavannex, par M. Guyon, tail-
leur de pierres (égarée). — Margencel, une, trouvée dans les
champs de Jouvenex, vendue à M. l'abbé Lavorel. — Saint-
Didier, trois, trouvées en levant de la terre pour la tuilerie de
Ballaison; c'est dans ces lieux qu'on avait trouvé les fers de
chevaux, que j'avais présentés Tan dernier et qui sont gaulois, un
clou adhérent ayant une tête en clef de violon. — Collonges-
sous-Salève(2),une hache trouvée par M.Paul Taponnier. — Ce qui
fait au total neuf haches en pierre, dont une trouvée dans un mur.
A propos des Figures en triangle gravées sur
les Haches ou peintes sur les Maisons.
M. Marcel Baudouin rappelle que, dans un mémoire sur les
•"ouilles, faites sur l'emplacement de l'îlot Amiral à Carthage, M.
^hilippe Berger a appelé l'attention de l'Académie des Inscrip-
ions sur diverses lignes, symboles et caractères puniques, qu'on
mve, soit peints à l'encre, soit gravés au trait, sur les blocs des
mbassements puniques de cet îlot. Il les a rapprochés des signes
îalogues, trouvés sur les fondations du temple de Jérusalem, et
)lus récemment sur les murs du temple d'Eryx, en Sicile, et en-
par M. Clermont Ganneau à Tripoli.
D'un autre côté, M. Dieulafoy a pris texte du Triangle de Tanit,
(1) D'après Strabon, liv. V., chap. IV.
(2) Salève, montagne qui domine Genève et Saint-Julien, rappelle les Saluai et
Salasses.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 13
194 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
gravé sur les pierres de taille, à côté des marques de tâcherons,
pour montrer que le Triangle équilatèral avait joué, dans l'anti-
que Orient, un rôle analogue à celui du Triangle rectangle en
Egypte. L'un et l'autre étaient considérés comme sacrés. C'est
une preuve nouvelle qui vient s'ajouter à celles qu'il avait don-
nées, en étudiant la restitution du Mausolée d'Halicarnasse. A
l'appui de cette curieuse interprétation des propriétés géométri-
ques du triangle équilatèral, M. Dieulaloy a rappelé que Xéno-
crate, de Chalcédoine, interprète des superstitions scientifiques
de l'Orient, professait lui aussi que le Triangle équilatèral était
le symbole de Dieu. On s'explique ainsi le rôle considérable joué
par cette figure dans les tracés des édifices élevés par les Chal-
déens, les Perses, puis les Grecs d'Asie mineure, les Grecs d'Eu-
rope, et lesRomains. Ajoutons que sans doute, il en fut de même
chez bien d'autres peuplades plus anciennes (Celtes, Gaulois, etc.).
\ propos de l'Atlantide.
M. E. Vuarnet (Haute-Savoie). — M. Pol Baudet [dans le Bul-
letin de février, page 122] a rappelle un article du Journal du
2 février 1910, au sujet de l'Atlantide. J'ai conservé à ce sujet une
coupure de Y Autorité. — Voici la copie d'une partie de ce texte :
« On mande de Lomé (Togoland) a la Gazette de Francfort
que le chef de l'expédition allemande des explorations dans l'in-
térieur de l'Afrique, M. LeoFrobenius, croit avoir découvert, dans
l'hinterland du Togoland, les traces de l'Atlantide... Platon,
dans le Timée et le Critias, rapporte qu'un prêtre Egyptien avait
raconté à Solon qu'une île de l'Océan Atlantique plus grande que
l'Asie et la Lybie prises ensemble, avait sombré dans la mer, à la
suite d'un tremblement de terre. Or M. Frobenius a déterré une
tête de bronze, antique, d'un beau travail artistique, et portant les
insignes de Poséidon, qui, d'après les traditions des indigènes,
•serait le fondateur de leur Etat, et qu'ils appellent dans leur
langue « Olokoun », c'est-à-dire Dieu des Mers. Cette tête, d'a-
près les esquisses et photographies qui sont parvenues en Eu-
rope, n'a rien du type nègre ; elle est fondue en creux à l'inté-
rieur ; et les formes de la surface extérieure sont aussi fines que
tout ce qu'a laissé la fonte des beaux modèles de l'antiquité ; les
traits sont vivants ; la figure est du haut au bas, jusque sous le
menton, tatouée en lignes parallèles très délicates, juste le genre
de tatouage que les indigènes de la région pratiquent encore ac-
tuellement. Les légendes de ce peuple parlent du reste d'une
ville royale de TOlokoun, qui aurait été enfouie, et dont le don-
jon était protégé par un mur intérieur de laiton {Bronze) ».
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
195
Trouvaille de Vases anciens.
[Prise de Date].
M. le Dr Naulix (Paris). — Un de mes amis, M. le Dr Verrier (de
Thouars, Deux-Sèvres), m'a montré, il y a quelques jours, quatre
vases, qui m'ont semblé présenter un certain intérêt. Dans un
mur, datant de 150 à 200 ans, qu'on démolissait, des maçons trou-
vèrent, dans une petite cachette, trois vases semblables à celuique
je vous présente, et en assez bon état de conservation. Ils conte-
naient une matière blanchâtre, res-
semblant à de la chaux. Un seul de
ces vases portait, au niveau du col,
antérieurement, une bavure en V,
de 4 centimètres de large sur 6 de
haut, d'un beau vernis vert noirâtre,
tranchant sur la terre bise.
Ce qui frappe, et surprend, dans
ces quatre vases, c'est le trou, fait
dans le fond, «pa/if la cuisson, de l'ex-
térieur à l'intérieur, dans lequel s'ap-
plique exactement l'extrémité du petit
doigt {Fig. 1 .
Quelle date assigner à ces vases? A
quel usage étaient-ils destinés? C'est
ce que je viens demander a mes sa-
vants collègues.
Il est certain qu'avant d'être enclos
dans ce vieux mur, les vases ont été
trouvés dans un lieu voisin, puisque
les morceaux manquants ne se trou-
vaient pas dans la cachette !
Ainsi que me l'a fait remarquer
notre savant Secrétaire général, M.
le Dr M. Baudouin, ces vases, datant
de l'époque mérovingienne ou caro-
lingienne, sont, probablement, des
Vases acoustiques ou à rèsonnance, destinés à renforcer la sono-
rité d'une église ou d'une chapelle. Inclus dans la maçonnerie
d'un mur, le petit trou affleurant la paroi intérieure du mur, l'air
y pénétrait sous forme de vibrations, due h la parole ou à la musi-
que, et y subissait un renforcement de vibrations, dû à Y extrême
cuisson de la terre mince et douce, augmentant ainsi la grandeur
de l'acoustique.
Fig. I . — Vase à trou au niveau du
fonà . — Echelle : 1/2 grandeur ; —
Légende : P. Panse; — F, F', fond ;
— T, T. Trou : — c, bas du vase ; —
C, col.
0
196 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
M. Marcel Baudouin ma rappelé que, dans l'église de La
Chartreuse, du Liget, près de Loches, le Congrès préhistorique
de France, en 1910, a pu voir, en place, une série de vases de cette
sorte, tout en reconnaissant la rareté de leur spécimen. Il con-
naît une ou deux vieilles églises de Vendée, aujourd'hui détrui-
tes, qui en possédaient (Givrand, Apremont, etc.).
M. le Dr M. Baudouin ajoute que M. le PrEd. Perrier, dans
l'une de ses dernières chroniques scientifiques du Temps, en don-
nant la théorie des bruits qui se font entendre dans les grosses
coquilles de Gastéropodes marins appliquées contre l'oreille, a
donné des explications, qui peuvent s'appliquer aussi à la réson-
nance de ces vases.
La théorie des résonateurs, qu'on trouve dans tous les ouvra-
ges de physique, permet de comprendre ce qui se produit.
Puisqu'il y a du mortier de chaux à l'orifice des vases [Col), c'est
bien le trou du fond, qui correspondait à la paroi intérieure du
mur de l'église ou chapelle, malgré la petitesse de l'orifice.
Découverte d'une Pierre à Cupules dans l'Isère.
[Note de Prise de Date],
M. H. Muller (Grenoble). — J'annonce à la S. P. F. la décou-
verte, faite le 12 mars 1911, d'un bloc erratique avec cupules, au lieu
dit le Bigot, commune de Saint-Martin-d'Hères (Isère), à 6 kilo-
mètres de Grenoble [Propriété de M. Ducros de l'Isle]. Cette
pierre a une face nord-est, qui a été ravalée sur lm70 -j- 0m80.
Cette face porte environ 45 cupules diverses, de petites di-
mensions. La description en sera donnée ultérieurement.
Pierres à Cupules dites des Francs-Maçons.
M. Jacquot (Grenoble). — On me signale, comme rocher à
cupules, une nouvelle Roche des Francs-Maçons. On sait qu'en
Chablais, plusieurs blocs à cupules ont la même appellation.
Est-ce parce que bon nombre de ces roches portent un ou plu-
sieurs groupements de cupules en triangle ? Ou bien faut-il voir'
là une très vieille tradition ? Le fait est à étudier.
Les Francs-Maçons, au xvne siècle, se réunissaient souvent dans
les bois, pour y tenir leurs Assemblées à l'abri des surprises.
Les Francs-Maçons étaient autrefois regardé comme des dé
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 197
mons, des personnages dangereux et un peu fantastiques.
Je croyais du reste cette appellation restreinte aux environs de
Thonon. La lecture de l'Histoire de Cherpin (1) m'a fait réfléchir ;
comme il fait remonter les Francs-Maçons à un âge extrêmement
ancien, il n'y aurait pas impossibilité aune corrélation entre la
pierre, le nom, et la chose.
Voici maintenant les indications relatives à l'emplacement de
la Pierre des Francs-Maçons, qu'on a vérifiées.
Bonneville (en Fauci^nv). Haute-Savoie, environ 1/2 h. di-
rection nord-est, derrière le Château Blanc, hors de tout chemin,
mais non loin d'un mauvais sentier, à quelque distance dans les
bois, sur le versant sud d'un crèt ; pas de vue immédiate; on n'a-
perçoit que le sommet du crèt voisin, ou plutôt les grands arbres
de ce crèt. Pierre des Francs-Maçons : en calcaire. Les trois
points sont les sommets d'un triangle équilatéral, de 6 mètres
de côté, bien marqués. En dessous de la pierre, une fente. On
aurait trouvé, il y a une dizaine d'années, des débris de papiers
fort anciens [D'après M. P. Boccaccio, élève de Math, spéc]
Découvertes d'Objets en Or.
M. A. Coi sset(E taules).— La France de Bordeaux annonce qu'une
découverte, d'un intérêt assez considérable, vient d'être faite à
Rongères. En creusant dans son champ, un fossé de drainage, M.
Dernonnet a ramené, h la surface, un objet de la grosseur du poing,
ayant l'apparence du métal ; après l'avoir plongé dans l'eau pour
le débarrasser de la terre qui le souillait, il n'a pas été peu sur-
pris de voir apparaître un Vase en Or, contenant un Bracelet, un
anneau, et deux spirales de même métal. Le vase et le bracelet
portent des ornementations en volutes, suffisamment typiques
pour qu'on puisse, sans hésitation, parait-il, les faire remontera
la fin de la première moitié de l'époque du Bronze.
A propos du Capsien.
«M. le Dr R. Collignon (de Cherbourg) écrit que, puisqu'on
scute sur le Capsien [Bulletins S. P. F.,n° 11, 1910, p. 595 ;
1911, n° 1, p. 43], il se permet d'adresser une légère rectifica-
tion aux prétentions des divers belligérants. C'est lui qui, en
1884, c'est-à-dire 16 ans avant M. Jacquot,et 25 ans avant M. de
(1) Hist. pkil. de la Franc-Maçonnerie , — Lvon, 1850.
198 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Morgan, a découvert les gisements de Gapsa. Il les a signalés
en 1886 a la Société d'Anthropologie de Paris; puis longuement
décrits dans les Matériaux pour l'histoire de C Homme, les âges
de la pierre en Tunisie (3e série, tome IV, 1887, mai, p. 171 à
205). Il ajoute que ses Collections sont visibles partie au Muséum,
partie au Trocadéro; qu'elles ont figuré à l'Exposition universelle
de 1889, et qu'elles comprenaient plusieurs milliers de pièces,
dont les premiers silex Chelléens trouvés en Tunisie.
Etablissement romain en cours d'exploration,
situé à Saint- Aubin-sur-Gui lion (Eure.)
[Prise de Date}.
M. Georges Poulain (de Saint-Pierre-d'Outils, Eure). — Saint-
Aubin-sur-Guillou est une commune de 613 habitants, située à 1 kil.
500 de Guillon, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Louviers
(Eure) . A environ 200 mètres de l'église, vers l'ouest, sur le penchant
d'une pente descendant vers un coquet petit vallon, existe au triage
des « Motelles », enfouis sous d'épais taillis, les vestiges d'un éta-
blissement romain, assez important.
Cette villa se compose, d'après les substructions à peine visibles
à la surface du terrain boisé, de plusieurs corps de bâtiments, avec
édifice central, entourés d'un mur de clôture. Ces restes sont recou-
verts par l'humus formé par les feuilles des arbres accumulées de-
puis tant de siècles.
J'ai commencé en novembre 1910 l'exploration de l'édifice central,
qui affecte la forme d'un carré de 15 mètres de côté. Le mur exté-
rieur, qui a été en partie enlevé, offrait une épaisseur de 1 mètre-
Ayant commencé à déblayer l'intérieur, les ouvriers ont mis au jour
un pavage en béton, à 1 mètre d'élévation au-dessus du sol environ-
nant. Une large dalle en calcaire, trouvée peu après, nous ont appris
que le béton sous-jacent en supportait d'autres, formant le pavage
proprement dit de l'édifice.
Sur le côté sud, à l'intérieur, à 3 mètres du mur d'enceinte, j'ai
mis à découvert un second mur, parallèle au premier, ayant aussi
1 mètre d'épaisseur, construit en silex. Ce mur était revêtu de pein-
tures murales noires, rouges, jaunes, bleues et vertes, disposées en
bandes horizontales et parallèles : le noir formant stylobate. Des
tuiles à rebord, de larges briques et quelques morceaux de poteries,
ont été trouvés dans les quelques mètres carrés débarrassés de leur
couverture de terre. En même temps, j'ai fait ouvrir une tranchée à
l'extérieur de la façade est, qui me semblait cacher l'entrée de l'é-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 199
dicule. Sous une grande épaisseur de terre végétale, j'ai recueilli
parmi des débris de démolition, à 4 mètres environ de la muraille,
une série de moyens et petits bronzes, partant de Lucius Vérus
(mort en 169) jusqu'à Constantin II 337-340), ainsi que des cols
d'amphore, un goulot de fiole en verre bleu, une petite ligula en
bronze. Poursuivant la tranchée vers le mur, on se heurta à un bloc
de maçonnerie semblant former le perron d'entrée. J'ai interrompu
mes touilles à cause de circonstances imprévues, mais je les repren-
drai bientôt et tiendrai la Société au courant de leur résultat. Je
pense être en présence d'un de ces fana ou petits temples gallo-ro-
mains, assez communs dans notre contrée normande, et qu'à si bien
étudiés le distingué conservateur du Musée d'Antiquités de Rouen,
M. Léon de Vesly. — Du reste, la fin de l'exploration, nous dira le
dernier mot.
Y.
COMMISSION DES ENCEINTES.
Commission d'étude
des Enceintes préhistoriques
et Fortification-* anhistoriques.
M. Armand Viré, président de la Commission dépose le 46e rap-
port.
— M. le baron du Blaisal, complétant les renseignements qu'il
nous a jadis donnés B. S.
P. F., 24 novembre 1910,
rapport 42, p. 569 nous
envoie le plan de la ferme
de Parenty (Pas-de-Ca-
lais , avec la butte et son
souterrain. Celui-ci part
d'une chambre qui se trouve
à 6 m. ou 7 m. de profon-
deur dans le puits de la fer-
me. La Société des Antiquai-
res du Boulonnais aurait fait
jadis des fouilles dans la
butte.
— M. P. Chanfreau nous Kig 4 ~ Butte et Souterrain de Parenty-
donne des notes sur quelques stations des Bouehes-du-Rhône,
quil qualifie d'oppida. sans toutefois que ses descriptions soient
convaincantes, quant à l'existence d'une véritable fortification.
200 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quoi qu'il en soit, il nous signale: 1° la station du Grand-\ alat,
commune de Velaux, avec poteries et silex, découverte par notre col-
lègue M. Stanil Clastrier ; 2° le camp néolithique du plateau nord-
est du château de Bruny, commune de Berre : couche de cendres et
charbons d'environ 0m60 d'épaisseur, avec silex et poteries ; 3° Plaine
de la Fontaine Canourgue, commune de Rognac, près de l'étang de
Berre : poteries romaine, poteries plus anciennes, silex.
— M. Cormery nous indique l'existence d'un Camp de César, au
lieu dit le Huttereau, à 3 kil. sud d'Angers (Maine-et-Loire), à gauche
de la petite route d'Angers à Sainte-Gemmes-sur-Loire, enceinte
rectangulaire, les grands côtés nord et sud mesurant environ 300 m.
les autres 100 à 120 m. Brèche dans la levée pour l'exploitation du
champ.
— M. L. Coutil nous donne d'intéressants renseignements sur
l'Eure. La commune de Farceaux lui a permis d'observer des mon-
ticules, où des fouilles ont fait voir des constructions relativement
récentes.
1° Hameau de la La Londe. — La butte de la Londe est une butte
rasée mesurant encore comme élévation 3 m. environ. La longueur
totale de l'axe au vestibule est de 8'"60, la longueur d'une cellule à
l'autre est de 5 m. 40; la hauteur du sol au sommet de la voûte de
2 m. Chaque angle du mur était en pierre avec moulures très
simples pour le centre, angle abattu en dessous, et arrachement pour
les murs en silex.
A la base il y avait une couche deO m. 15 de cendres, et au-dessous»
de l'argile cuite, ce qui prouve que l'on avait fait du feu. Fragments
de poterie en grès dur et blanc, quelques ossements d'animaux ;
quelques fragments de poterie vernie du xm et xive siècle, tuiles très
larges, mais peu épaisses, avec une agrafe; une penture de porte en
fer, un fer et un verrou.
Les murs avaient 1 m. 50 de hauteur.
Le premier caveau était complètement enduit de plâtre.
2° Nous avons observé une autre cave du même genre, mais un peu
oblique au centre de l'énorme Motte d Hacqueville (Eure), dite du
Vieux château, sur la plate-forme de laquelle se trouve une ferme.
On y accède par un escalier partant du milieu de la butte, un soupi-
rail latéral, aère ce caveau, qui se trouve à environ 2 à 3 kilomètres
du précédent.
3° Nous signalerons une autre caveau analogue, sous la butte de la
Bucaille, motte entourée de fossés, avec demi-lune et fort en avant; la
motte est aplatie et a été surmontée jadis d'une chapelle du xne. La
Bucaille dépend de la commune de Cuiseniers (Eure), arrondissement
des Andelys.
Le Camp des Chatelets, commune de Champ Dolent, canton de
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 201
Conches Eure), est une enceinte rectangulaire de 100 m. sur 76m.'
le côté nord peu élevé, avec unebrèche produite par l'extraction des
cailloux ; le côté est, peu élevé, son fossé, fait face à la plaine ; le côté
sud a une partie de 34 mètres assez élevée, avec léger fossé, bornant
la plaine faisant face à la commune de Nogent-le-Sec. Une partie de
44 m. est complètement détruite. Le côté qui regarde Champ Dolent est
mieux conservé, sauf vers l'extrémité nord ou il s'infléchit. Les côtés
sud et ouest mesurent de 3 à 4 m. au maximum ; un fossé est apparent
sur les côtés. A 500 mètres au nord-ouest, dans le bois, villa
romaine du Haut guet fouillée en 1904, mesurant 6 m. sur 6 m., les
fondations en très mauvais état; au centre, vestiges de mosaïque, à
800 m. de l'église.
M. L. Coutil a décrit ce camp dans le journal, le Courrier de l Eure,
vers 1890.
D'autres retranchements et une motte se trouvent au confluent de
la vallée de l'Iton, à quelques centaines de mètres de ce camp, situé
sur le plateau, ce qui est assez rare, tandis que cette butte se trouve
au bord d'un promontoire et sur cette même commune de champ
Dolent.
A Evreux dominant la ville, sur le coteau de Saint-Michel-aux-
Anges, on distingue une levée de terre et un large fossé exactement
dans l'axe du transept de la cathédrale, formant ainsi un éperon barré.
Le talus et le fossé dirigés du nord au sud, mesurent environ 140 m.
de longueur; le fossé mesure entre 35 m. de large au nord et jusqu'à
50 m. au sud; un chemin traverse obliquement le talus. A côté, réser-
voir des eaux, plus loin chapelle de Saint-Michel vers l'est. Le talus
a de 4 à 5 m. de hauteur et 8 m. du fond du fossé.
Le Vieux Château, à Montreuil-l'Argillé, canton de Broglie (Eure ,
est sur la rive droite de la Guiel, à l'extrémité du bourg à flanc de
coteau ; on aperçoit une élévation rectangulaire entourée de fossés
très apparents surtout du côté du coteau. Sur le côté nord on voit
très distinctement un appartement rectangulaire. Sur la paroi
faisant face à la côte, le talus est naturellement très élevé, et pour
dominer le coteau on avait élevé une tour qui se voit encore ; une
ouverture ou porte existait de ce côté. On sait que ce fort fut assiégé
dès 1035 par le comte de Brionne. Il est à peu près de la même
époque que les buttes d'Echanfray, situées à 10 kilomètres, et que
nous avons déjà reproduites.
A 1.000 m. dans la vallée, vers le sud, on voit une immense levée
qui barre de part en part cette vallée ; le sommet aplati mesure 30 m.
au centre une échancrure de 8 à 10 m. où passe la Guiel ; aux
deux extrémités, il y a aussi un passage pour les eaux de la vallée;
on nomme, ces buttes boisées, buttes de la Geôle. L'élévation de ces
talus est d'environ 10 m., sur 22 m. de large à la base; on prétend
202 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
dans le pays que les Anglais assiégeant Montreuil auraient élevé ce
retranchement, afin de barrer la rivière ; puis, quand il y aurait eu
assez d'eau, ils auraient fait les trois brèches et les eaux se précipi •
tnatsur la ville, l'auraient détruite. Il aurait fallu de grandes vannes
mobiles, car autrement on n'aurait pu rien obtenir de sérieux. Les
fossés latéraux ont 25 à 30 m. de large. Il s'agit là d'un véritable
retranchement ou les eaux aidant, la vallée se trouvait défendue; de
plus cet endroit marécageux était inaccessible.
— Voici le relevé qu'a bien voulu faire pour nous, d'après son
Inventaire des découvertes archéologiques du département des Côtes-
du-Nord publié par la Société d'Emulation des C.-du-N., M. A. L.
Harmois, des noms d'enceintes, retranchements, mottes etc., de l'ar-
rondissement de Dinan, pour faire suite à l'arrondissement de Guin-
gamp, donné dans notre précédent rapport (B. S. P. F., t. VIII,.
p. 130).
Arrondissement de Dinan (1). — Aucaleuc, (La Barre, La Motte
des Fontaines). — Bobital, plusieurs enceintes. — Bouillie (la), Les Fos-
sés-Normands, (Les Fossès-Méheust), La Haie, La Motte-Pugneix. —
Bourseul, Les Portes, La Vieille Porte, La Porte Gougon, La Motte-
au-Marais. — Corseul, La Motte-Vieux, Montdfîlant. — Dolo,
(L'Echaussée, Haie), UEchaussée-Village. — Eréac, Le Châtellier,
(Les Fossés), Motte du Châtellier. — Guenroc, Les Fossés. — Guitté,
(Les Haies, La Mardelle). — Hénanbihen, Motte-du-Cruchon, (Les
Fossés, Les Murs, La Haie). — Hénansal, Durétal, Motte de Sourtoué,
Saint- Gueltas, (Les Forges). — Landébia, (Les Fossés). — Landec
(la) La Combe, (Les Portes). — Langrolay, Le Châtelet, (La Hous-
sage. — Languenan, Motte près de Véglise, Motte âlaVille-ès-Rage,
(Le bois de la Motte). — Lanrelas, (Le Châtel, La Douve). — Lan-
vallay, (Les Rocheforts), — Lescouet-Jugon, La Rue du-Pont- Douve.
— Matignon, Motte appelée La Butte-au:Coq. A la Motte il y avait
deux autres mottes. Motte appelée le Château. Un camp retranché
existait à l'est de Matignon. — Le Courtil, Muret, Le Tertre-Bagot,
Le Te rtre-auX- Loups. — Mégrit, Les Forges. — Notre-Dame-du-
Guildo, (Le Châtelet, Le Parc). — Plancoët, Le Château, (Le Grand
et le Petit Trait, le Tertre). — Pléboulle, (La Motte-Colas, Le Meur~
tel), — Plédéliac, retranchement ayant 80 mètres de côté sur 6 mètres
de hauteur, motte au centre et aux quatre angles. Se trouve sur le
bord de l'Arguenon. — Plélan-le-Petit, Motte féodale avec vestiges
d'enceinte fortifiée. — (Les Fossés, Le Pont-des-Fossés, Le ChateU
La Hag, La Bandelais, Le Plessis- Robert. L'Echaussée). — Plénée-
Jugon, (Les Douves). — Pleslin, (Le Château de la Motte). — Plessis-
Balisson, emplacement de l'ancien château, de forme triangulaire et
(1) Les noms entre parenthèses sont de simples lieuxdits.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 202
entouré de fossés (moyen C\ge\ (Les Loges). — Pleudihen, Motte au
village delà Motte-Pilandelle . (Le Tertre, La Tourniole, La Forge. —
Pleven, retranchement de Bourghensais (Bourg-Heu-Saos, fortification
des Saxons ?) — Plorec, Motte du Prgtel, camp retranché du Plessis,
(La Cour, La Petite Barrière, Le Plessis-Bouëxière). — Plouasne,
Motte dans l'étang de la ferme de la Boullaye) — Ploubalay, Motte
à la ferme de la Mortillais; motte au Tertre-Bannier; motte à la Yille-
ès-Rage, (la Haute-Motte). — Plouer, retranchements au Chêne-Vert,
(le Petit-Chàtelier). — Pluduno, près de îa Grignardais, petite butte
ayant en avant une forte levée de terre large de 10 mètres. (Le Fossé-
Cralet, Le Plessis, La Fontenelle, La Haie). — Plumaugat, enceinte
ayant 60 mètres de côté; à chaque angle, petite élévation. C'est
l'emplacement de l'ancienne maison seigneuriale, (Les Loges). —
Quévert, (Le Bois-Butte). — Rouillac, (La Vieille-Haie, La Douve,
Le Tertre). — Saint-Cast, (La Ville-Lion, La Cour). — Saint-
Denoual, emplacement de l'ancien château marqué par des talus
et des tossés peu apparents (mogen âge), (Le Chàtel, Les Fonte-
nelles). — Saint-Hélen, (Les Murs, Le Plessit. Le Plessis-Gestil, La
Motte). — Saint- Igneuc, (La Barre, Les Burons, La Noë-Ronde). —
Saint-Jacut-de-la-Mer, (Le Châtelet). — Saint-Jouan-de-1'Isle, Motte
avec douves, traces du donjon. — Saint-Judoce, (Les Cinq Sillons).
— Saint-Lormel, (Le Tertre). — Saint-Maden, (La Haute-et Basse-
Houssage). — Saint-Méloir, (Les Portes). — Saint-Michel dePlélan,
(Le Pré-Rond). — Saint-Pôtan, La Haugne-Morais, (Les Forges. Le
Plessis; La Fosse). — Saint-Samson, (La Mardelle). — Saint-Solen,
(Le Châtelier). — Sévignac, (Les Vieilles-Portes, La Fosselière,
Les Tertres, La Hautière). — Taden, Au village de Trélat, ferraria
antique. — Tramain, Motte à la Ville-Gour, entourée de douves. La
Poterne, La Clôture. — Trédias, (La Motte). — Tréfumel, (Le Tertre).
— régon, La Vieille-Hautière. — Trélivan, La Barrière, (Les Douves,
Le Tertre). — Tréméreuc, (La Bosserag, La Mottag), — Trémeur, Les
Portes, La Motte. — Trigavou, Motte au milieu de l'étang du château
la Motte, (La Marche). — Vicomté-sur-Rance (la), (Le Chàtellier). —
Vildé-Guingalan,(L<?s Tracins). — Yvignac,(Z> Châtelet, Les Loges).
— Le Président de la Commission a trouvé à acheter pour les
archives une brochure intitulée : Notes sur les Stations, les Oppi-
dums, les Camps et les Refuges du départementde Lot-et-Garonne,
par G. Tholin, Agen 1877.
C'est une bonne fortune pour nous, car jusqu'ici il n'avait été fait
mention pour cette région que de quatre enceintes, dont une seule se
trouve dans le présent travail. Nous extrayons les quelques notes qui
suivent :
Agen, Bellevue; cap barré avec butte factice : silex, bronze, mon-
naies gauloises, puits funéraires, chevilles de fer.
204 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Agen, Castillou; éperon barré de 400 m. de long sur 70 à 80 m. de
large, coupé d'un fossé en son milieu.
Birac, Lamothe; levées de terre de 5 à 6 m. de haut; butte factice
de 48 m. de long, 5 m. de large, 5 m. de haut.
Brugnac, Baruteau. Levées de terre formant trapèze et triplées au
nord. Au centre, butte ovale de 80m. X 20 m. de diam. ; 5 à 6 m. de
haut : squelettes, boules de pierre, molettes, poteries.
Même commune, les Combors.
Cocumont, à Goux; butte de terre de 40 ares de superficie, élevée
de 4 à 5 m. entourée de fossés pleins d'eau. Eglise et cimetière du
xie siècle. — A la Tuque de Moureau, camp retranché, circulaire
d'environ 2 hectares. — A Saboureau autre refuge.
Duras. Près de Saint-Cernin de Duras, Castelgaillard. Cap barré,
de 80 à 90 m. de diamètre, coupé d'un fossé de 12 rn. de large et 30m.
de long.
Fauillet, Lasalle; fossés submersibles ; deux enceintes fortifiées
au centre desquelles s'élève une butte de 3 m. de haut et 36 m. de
diam.
Grayssas, Lassalle-Bertrand; butte isolée, ovale, de rochers taillés
de main d'homme, de 60 m. sur 15 m. et 8 m. de haut. : Squelettes»
poteries.
Grateloup, Lamothe de James, près Crébessac, plateau circulaire
de 24 ares de superficie, 5 à 8 m. de haut, avectossés profonds, dou-
blés à l'est, et restes de parapet.
Grateloup, Motte de Vidouze; 66 m. à la base, 20 m. au sommet,
hauteur 12 m. Enceinte en briques. Grezeh-Cavagnon, butte de La-
nau, et un vaste plateau muni de terrassements.
Hautefages, camp de Lugo.
Hauterive, le bois de Hauterive; cap barré de 350m. de long., 8 à
10 m. de large; talus, motte de 40 m. de diam. et 3 m. de haut.
Hautevigne, Lamouthe; grands terrassements.
Houeillès, Castéra, section de Jautan, butte circulaire de 6 m. de
haut ; fossé plein d'eau de 170 m. de tour,
Houeillès, Larché, butte de 70 m. de diam.
Laroque, Vitrac ; éperon barré d'un fossé; poterie grossière rouge
et grise.
Lavergne, Grand'Vergne ; butte naturelle avec fossé creusé de
main d'homme; poterie; souterrain.
Lauzun, près du village, à gauche de la route d'Eymet, butte fac-
tice de 210 m. de tour, 10 m. de haut.
Moncault, près de Maynard dans le Bois-Noir, butte factice de
35 m. X 28 m. de diamètre, 4 m. de haut, avec fossés.
Montault, Lamothe; butte de terre mi-partie naturelle, mi-partie
artificielle, séparée du coteau par un fossé de 20m. de large. Dimen-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 205
sions 20 m. X 50 m. et 4 m. de haut. Agrafes de bronze, armes de
fer; souterrain.
Montpouillan, Château de Priâmes; cap barré par un tossé; de
forme circulaire, d'environ 30 m. de diam.
Nicole, le Pech de Berre; éperon barré, de 165 m. d'altitude, coupé
de fossés et de levées déterre détruits peu avant 1877; poteries,
meules, pierres de fronde, silex, haches polies. A Cap dou Moundo,
fossé de 3m. de large surlm50 de profondeur, rempli de terreau noir
et d'ossements humains.
Rayet, Montpeyran ; butte quadrangulaire de 68 m. de long, 30 à
60 m. de large, 4m50 de haut; fossés de 8m. de large.
Réaup, Lamothe; butte pentagonale entourée de fossés avec para-
pet. Nous avons déjà cité ici (B. S. P. F. IV, 1907, 97) à Réaup un
Camp de César. Est-ce le même ouvrage?
Rives, hauts terrassements entourés de fossés. Cimetière et
église du xne siècle, avec fragments plus anciens.
Romestaing. à Saboureau, refuge rond en terre d'une contenance
de 30 ares, avec fossé.
Saint-Pastour, à Francoulan, près Touni ; butte naturelle de 70 m .
long, 10m de large, 15m. de haut, entourée d'un fossé avec para-
; en pierres. Foyers et sépultures.
Samazan, Bourgale, enceinte quadrangulaire en terre avec fossé de
ares de superficie.
Toutels; fossés et parapet.
Varès, au Jordi, enceinte munie de fossés et deparapets, dans une
ine.
Villeneuve-d'Agen, Montfabès, la Calvétie et Lamothe, trois re-
*es avec fossés détruits avant 1877, le dernier pourvu d'une butte
rculaire.
— M. H. Vial, en nous donnant le détail très étudié des intercom-
mnications du système de fortifications dont il a constaté l'exis-
;nce sur la chaîne de collines qui entoure Cannes ( Alpes-Mariti-
îes à l'O. et au N. (v. B. S. P. F., t. V, 1908, p. 371 ; VI, 1909,
36, 81, 123), y rattache une enceinte nouvelle, au Picolaret, épe-
>n méridional de la Tète du Guillet, ou M. Guébhard avait en vain
îerché jadis, sur le sommet, des traces de constructions préhisto-
îes.
Ici il s'agit de murailles dont la rectitude exclut un âge très anti-
îe, et qui se rattacheraient plutôt au type curieux signalé non
loin de là, par M. H. de Ville-d'Avray à Ranguin[\. B. S. P. F.
t. VI, 1909, p. 36,) où l'occupation romaine a laissé, comme au
Pézou, des traces prédominantes.
Mais l'antériorité du principal système défensif, évidemment dirigé
contre les invasions maritimes, est attestée par le récit de Polybe
206 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
qui dit que Q. Opimius, après la défaite des Oxybiens, distribua
ses troupes dans les places fortes du pays, et que, plus tard, Caïus
Sextius refoula les habitants à 9 stades au-delà de la côte, alors
moins reculée, avec défense de s'en approcher davantage.
A Ranguin même M. Vial recueillit, en 1909, avec feu E. Toulouse,
de la poterie néolithique. Tout récemment il trouva, au N. du Fer-
randon, dans la plaine des Bruguières, une hache polie, en diorite,
de 0m13 de long, 0,06 de large, 0,031 d'épaisseur, poids 0 k. 310,
volume 100 cm3, densité 3,10.
Dans l'intérieur même du Ferrandon, l'enceinte la plus élevée de
tout l'ensemble (271 m.), l'Infralias affleure en dalles horizontales,
de texture assez résistante pour avoir donné lieu à des fabrications,
relativement récentes, de grandes roues de meules, dont plusieurs
sont restées en place, abandonnées, dans deux groupements voisins
de dalles de ce genre, M. H. Vial croit avoir observé, un ordonnan-
cement voulu pour simuler grossièrement deux effigies humaines
couchées, rigoureusement orientées d'E. à O. Ces dalles, ainsi que
les voisines, sont couvertes de cavités cupulaires, souvent réunies
par groupes de trois, dont la régularité d'aspect paraît à M. H. Vial
due à un travail humain, en un lieu que sa situation particulière-
ment éminente semblait prédestiner à des pratiques cultuelles. Mais
nous ne saurions trop recommander, à ce sujet, la plus prudente
des réserves, car l'Infralias des Alpes-Maritimes est coutumier de
toutes les fantaisies de cassure et de surface, et M. Guébhard, que
nous avons consulté, craint bien, d'après ses souvenirs géologiques
delà région, et sauf vérification, qu'il ne s'agisse là que de jeux de
la nature.
Nous n'en sommes pas moins reconnaissant à M. H. Vial de tous
les détails qu'il nous signale, et surtout de l'enceinte nouvelle qu'il
ajoute au groupe serré de quatre bien authentiques, déjà révélées par
lui dans cette région côtière des Alpes-Maritimes où aucune autre
n'avait encore été trouvée.
Erratum. — Dans le 43e rapport (22 décembre 1910), ligne 8, lire : M. Gi-
vord (et non Gurère) et: commune d'Annoisin-Châtelans (et non Armoisey-Cha-
telain) .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 207
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Une Roche à Gravures dans la Forêt de
Fontainebleau (Seine et Marne).
Frédéric EDE (Montigny-sur-Loing, Seine-et-Marne).
Découverte. — En 1909, en cherchant un motif d'aquarelle
dans les jolies roches du bornage de la forêt de Fontainebleau,
j'ai trouvé, sur le territoire de Montigny-sur-Loing, près du lieu
dit Roche-au-Nom, une roche présentant des gravures de signes
de croix et de cercles entremêlés. Cette découverte intéressante
et la position de ces gravures au fond d'un creux de roche, à peine
large pour le passage du corps d'un homme, m'animèrent du dé-
sir de trouver d'autres gravures rupestres dans cette région.
Mes recherches aboutirent à la découverte d'une autre roche
à gravures dans la Forêt de Fontainebleau.
Situation. — Cette dernière roche se trouve sur le côté sud du
Mont-Aiveu, monticule situé entre le Haut-Mont et la Malmon-
tagne, dans la partie sud-est de la forêt de Fontainebleau (canton
forestier du Haut-Mont).
Les coordonnées géographiques, qui permettent de situer exac-
tement cette roche sur la carte d'Etat-Major,sont les suivantes :
longitudeEst : 46°, latitude Nord : 53°62. — Il y a plusieurs voies
pour accéder à cette roche, à pied ou en voiture. Il nous suffit de
trouver (voir la Carte Denecourt-Colinet, de la forêt de Fontai-
nebleau) l'intersection de la route de la Garenne Gros-Bois et
de la route de Russie (pied du Mont-Aiveu et Haut-Mont). A
50 mètres de ce point, un petit sentier, chemin de carrier, à
peine visible dans les hautes fougères, part de la route de la Ga-
renne Gros Bois, dans la direction nord-ouest pour aboutir à mi-
pente au Mont-Aiveu presqu'en face notre roche à gravures.
On peut facilement la distinguer, parmi les autres roches ébou-
lées sur le flanc du Mont-Aiveu, car elle se remarque, par sa face
mutilée par l'exploitation du pavé et sa forme ovale, dressée.
Elle s'incline légèrement vers l'ouest, en formant une cavité
ou abri sous roche, avec le sol. — C'est sur le plafond de cet abri
que se trouvent les gravures.
Description de la Roche à Gravures. — La roche est fendue
dans le sens de la longueur (est-ouest) en deux fragments, ayant à
208 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
peu près les mêmes dimensions {Fig. 1). L'abri occupe la moitié
de la partie déclive {Fig. 2). Un éboulis partiel du plafond de l'abri
augmente la séparation des deux fragments et partage l'abri en
deux portions. L'abri s'ouvre sur une terrasse, au sud et à
fa. /
Fig. 1. — Les principales Gravures de ce Rocher.— Echelle : 2/100.
Fig. 2. — Un Rocher a Gravures de la Forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne^,
au Mont-Aiveu.
l'ouest. Du côté sud, la terrasse est en contre-bas, par suite des
fouilles des carriers pour l'exploitation du grès ; du côté ouest,
elle est bornée par une roche assez volumineuse, qui en rend
l'accès difficile.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 209
L'abri, peu élevé sur le sol, lm20 à son bord extérieur, a une
profondeur de 4m30 et une largeur de 4m50.
Les Fig. i et 2 donnent la forme exacte de cette partie du sur-
plomb, avec la distribution des gravures. Elles sont au nombre
d'une vingtaine, disposées sans ordre sur toute l'étendue du
plafond des deux fragments, mais surtout dans la partie basse
la plus reculée. Quelques-unes sont à peine à quelques centimè-
tres de la surface du plancher de l'abri, qui est, sur les Fig. 1
et 2, la roche tombée du plafond.
Description des Gravures. — Les gravures, comme la plupart
de celles signalées dans la région, sont des composés ou des dé-
rivés de lignes droites, assemblées en carrés, croix, V, etc. La
représentation de figures ou formes animales fait totalement dé-
faut, à moins qu'on ne veuille voir, dans le n° 6 de la Fig. 3, le
schéma d'un cheval monté ou d'un cerf percé dune flèche.
J'ai relevé l'empreinte des plus intéressantes de ces gravures
avec de la cire à modeler, afin d'avoir la plus grande exactitude
dans la reproduction de ces gravures. Je les ai réduites ici au
seizième de leur grandeur réelle. L'examen de ces figures évi-
tera une description longue et difficile.
La première de ces gravures (n° i, Fig.Z),esi un signe, rencon-
tré assez souvent dans les gravures rupestres : la marelle. Ici
cette marelle est accompagnée d'une série de traits, partant de
la base du motif et se croisant avec d'autres lignes sous différents
angles, le tout s'encadre dans le même ensemble. — Unpeu à gau-
che et presque à l'extérieur de l'abri se trouve une autre marelle,
qui est très bien dessinée, mais à peine visible, par suite de
l'usure du temps. Ces deux marelles sont comparables à celles
de Saint-Lubin-de-Suèvres, décrite par M. Florance (L'Homme
préhistorique, avril 1908), mais moins finies et symétriques dans
les traits. Il y a aussi une différence notable dans l'utilisation res-
pective de ces marelles. Tandis i[ue la marelle de Saint-Lubin
est accompagnée d'une série de cupules, et semble avoir servi de
table ou autel à sacrifices pour l'accomplissement de rites reli-
gieux, les marelles du Mont-Aiveu, par leur position sur le pla-
fond de l'abri, n'aurait pu servir de façon semblable dans les
mêmes rites.
La plus intéressante des gravures du Mont-Aiveu est le n° 2, de
la Fig. S. Elle diffère sensiblement des autres gravures parles li-
gnes courbes qui entrent dans sa composition. Ces lignes cour-
bes (il y en a plusieurs sur le plafond de l'abri) ont la forme d'un
coutre de charrue. Dans le dessin n° 2, pi. II, ce coutre se trouve
à la base du motif. Un peu au-dessus se trouve une autre ligne
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 14
210 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
courbe, d'où montent plusieurs lignes verticales, garnies de
nombreux petits traits à insertion oblique, comme les barbes
d'une plume. Dans le même motif, il y a aussi une composition
Gravures les plus typiques .
Echelle : 1/16.
Légende :
de signes en forme de canaux; et tout une série de petits trous ou
cupules, disposées en lignes ou en amas (Fig.3; l2).
Les dessins 3, 4, 5 et 9 delà Fig. 3, non moins intéressants que
les deux premiers, présentent toujours des arrangements de lignes
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 211
se croisant pour former des polygones plus ou moins rectangu-
laires et ne différant l'un de l'autre que par l'adjonction de quel-
ques accessoires : croix, V, etc. Un autre groupe (nos 7, 8, et 82)
sort de l'ordinaire par ces lignes courbes et la forme du coutre.
Le dessin n° 6 est le seul pouvant être pris pour une forme ani-
male; il ressemble au dessin qu'un enfant peut faire d'un cheval.
Remarques sur la facture des Gravures. — Nous avions re-
marqué, en relevant les impressions des diverses gravures, une
différence dans la facture des rainures gravées dans la roche, que
je crois intéressant de noter.
Les rainures de la Roche-au-Nom (Montigny-sur-Loing) et de.
Puiselet, près Nemours, que j'ai eu à étudier de près, semblent
avoir été faites, par frottement, c'est-à-dire par un mouvement de
va-et-vient d'un burin (de silex ou de limonite). Les rainures
sont plus larges et plus profondes, diminuant aux extrémités
comme les rainures du polissoir, tandis que les rainures des gra-
vures du Mont-Aiveu sont fines et plus minces, comme si le trait
avait été tracé en ligne droite par un instrument pointu et léger
en main : une pointe de fer par exemple. Je crois pouvoir écarter
l'emploi du silex, parce qu'il s'émousse et éclate facilement contre
le grès dur du plafond. De plus, il n'aurait pu servir à creuser les
petits trous ou cupules.
Il y a aussi une différence dans les sujets ou composition gra-
vées. Les gravures du Mont Aiveu sont beaucoup plus compli-
quées, plus larges de conception, que les signes gravés de la
Roche-au-Nom et de Puiselet, près de Nemours, qui sont plus
simples.
Remarques sur la situation des Gravures. — Lorsqu'on regarde
les gravures du Mont Aiveu, on est forcé de réfléchir sur la posi-
tion où elles se trouvent. Elles sont hors de la vue, comme
cachées, au fond des cavités des roches ou placées dans des
abris sous des roches presque inaccessibles. Cette position n'est
pas seulement particulière aux gravures du Mont Aiveu, mais à
toutes les gravures rupestres de la région. Cette particularitéest
trop évidente pour être l'œuvre du hasard ! — On est forcé de lui
attribuer un but intentionnel. Mais lequel ?
Les légendes et l'histoire nous apprennent que la plupart des
grottes et des abris de la Forêt de Fontainebleau ont servi décachet-
tes ou de refuges, en temps de guerre oud'invasion. On a vu, en 1814
et en 1870, les gens des pays voisins cacher leurs biens, leurs fem-
mes et enfants dans ces lieux sauvages. On voit, par les fouilles faites
en plusieurs endroits de la Forêt, que cette habitude existaitdepuis
H
242 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
les temps les plus reculés. Les gravures auraient pu être l'œuvre
des personnes ainsi cachées ou réfugiées. Mais, ce qui va à l'en-
contre de cette solution facile de l'origine des gravures, c'est que
toutes les cavités ou abris sous roches, portant des gravures, n'ont
pas servi d'habitation ou de refuge. De plus, par suite des occu-
pations différentes et espacées, l'homogénéité de ces gravures eut
été rompue, et on ne leur trouverait plus ce cachet ou air de
famille. Il est également inutile de prendre ces gravures pour des
signes ou inscriptions funéraires de corps qu'on aurait enterrés
sous la roche, ni pour les marques totémiques ou autres d'indi-
vidus ou tribus en séjour ou de passage en ces lieux. Dans ce cas,
les gravures eussent été placées bien en vue, ce qui est le con-
traire dans la situation présente; de plus les tranchées de décou-
vertes, que j'ai faites au fond de l'abri, n'ont rencontré ni ossements,
ni cendres ou autres restes archéologiques, qui aient pu éclairer
l'histoire de ces gravures.
Il est évident que ces gravures ont été soigneusement dérobées
à la vue des yeux curieux ou profanes. Dans quelle intention ?
Mystères religieux, pactes, ou traités entre tribus?
Une légende existait, il y a encore quelques années, disant
qu'autrefois les Romanichels, qui erraient sur le territoire de
l'Europe, se réunissaient chaque année dans une des forêts, pour
élire un chef et accomplir des rites mystérieux. La Forêt de Fon-
tainebleau aurait été le théâtre, paraît-il, de semblables assem-
blées. Il était nécessaire de rappeler cette légende, qui a pu
prendre naissance dans la découverte de signes mystérieux, sem-
blables aux gravures du Mont Aiveu. Chaque année, à l'époque
de Pâques, il n'est pas rare de rencontrer des convois de roma-
nichels, traversant la Forêt mais ils n'y séjournent pas.
L'étude de l'exécution matérielle des gravures peut donner
une indication précise sur l'époque où elles furent exécutées.
Impossibilité d'exécuter le trait au silex ; donc pas néolithique :
époque des métaux !
Ces gravures sont-elles des signes cabalistiques ou des signes
représentatifs : reproduction topographique, expression écrite
d'une proposition ?
A quel genre représentatif se rapportent-elles ?
Nous pensons résumer ainsi l'origine de l'écriture.
1° Le dessin d'après nature, représentatif de la chose qu'on
désigne (dessin des grottes magdaléniennes).
La compréhension se fait par simple vision.
2° Schématisation de ce dessin. La compréhension moins facile
se fait par la réflexion.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 213
3° Schématisation de ce schéma.
Groupement de plusieurs dérivés sur ce schéma, qui devient
une racine et prend un caractère symbolique.
4° Groupement de ces schémas symboliques en alphabet (chi-
nois, par exemple : toit, ciel).
5° Abstraction de plus en plus grande de la schématisation
(alphabet phénicien; alphabet des peuples périméditerranéens).
Compréhension de plus en plus difficile, se fait par initiation,
clefs, signification du signe et de ses groupements.
Nos gravures paraissent appartenir au stade 3.
Pourrons-nous les traduire en termes actuels, savoir si elles
expriment une proposition de caractère religieux, de caractère
guerrier, migrateur, etc ?
Appartiennent-elles à quelques individus sédentaires, à un
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Fig 4. — Coupe schématique des Gravures et des Cupules.— Légende : 1 à 12, Gravures.
peuple en migration .J Quels caractères ethnographiques? A
quelle époque?
Les études des inscriptions anciennes peuvent-elles nous don-
ner quelques indications? Il faudrait faire des comparaisons d'ins-
criptions runiques, alphabet chaldéens, etc., avec ces inscriptions
régionales.
L'Ethnographie comparée peut elle apporter son secours ? Par
des études chez les sauvages, chez les Indiens (études des Survey),
chez les nomades de l'Europe (Tziganes et Bohémiens) ?
Il y a intérêt à découvrir les plus grand nombre de documents
authentiques, à conserver les documents et à éviter les solutions à
priori ; je me contente aujourd'hui de présenter ma découverte,
sans en tirer actuellement aucune conclusion préconçue.
214 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A la Roche au Nom, dont j'ai parlé au début, il y a, d'autre part,
des signes cruciformes, signes accessoires, etc., qui sont grav es éga-
lement.
J'ai classé ces différents signes, en les comparant aux divers
signes que M. Marcel Baudouin a décrit dans sa communication
à la Société d'Anthropologie de Paris sur la Croix blanche des
Fermes du Bocage vendéen : croix simple, croix à points, croix
surmontant un signe accessoire : rectangle, cœur ou cercle !
Je signale une croix, surmontant un cœur renversé, qui rappelle
un ornement religieux russe. Ce motif volumineux est gravé sur
le plafond de la roche ; avec la date 1812 à côté et de même fac-
ture. Mais rien ne prouve que les signes qui couvrent le plancher
de la cavité soient contemporains: peut-être ont-ils donné l'idée
à quelques promeneurs de graver le signe cordiforme ? Ces trois
signes étaient recouverts par le sol végétal. Je les ai dégagés en
cherchant!
Il est évident que nous avons là, en partie du moins, des signes
cruciformes, d'origine récente (période historique), inspirés parla
religion chrétienne, et peut être des signes plus anciens. On
peut donc les rapprocher des signes dit : Croix des fermes du Bo-
cage vendéen.
La position cachée de ces signes au fond d'une cavité rocheuse
engagaient aussiàles comparer à mes gravures rupestres du Mont
Aiveu et à celles de Puiselet, près Nemours, dont la position parti-
culière au fond d'un creux de roche est identique.
Le tableau synoptique suivant montre la chaîne généalogi-
que, qui unit ces signes.
Age de la Pierre : Abri du Puiselet, près Nemours.
Age du Fer; Abri du Mont Aiveu.
Période historique : Cavité de la Roche-au-Nom.
Période actuelle : Croix des Fermes du Bocage vendéen.
Ces divers documents complètentla note précédente d'une façon
un peu inattendue, mais fort intéressante.
ci
M. le D'Dalmon (Bourron, Seine-et-Marne). — J'aivules signes
uci formes de la Roche-au-Nom ; ils m'ont suggéré l'idée sui-
vante. Peut-être avons-nous, dans cette cavité, une série de signes
à' époques différentes; il faudrait examiner avec soin la facture de
chaque gravure: ce qui permettrait de séparer et de cataloguer ces
signes.
Il se peut que des signes cruciformes bien anciens, n'ayant
aucune signification religieuse chrétienne, aient été vus par quel-
que fervent sur cette roche, et que, par esprit d'imitation et d'adap-
tation, ils lui aient suggéré l'idée de graver à son tour des signes
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 215
de croix, à signification religieuse. Le motif cordiforme, sur-
monté d'une croix et de même facture que la date 1812, a un
caractère nettement religieux ; il n'est intéressant que par sa date,
contemporaine du séjour de Pie VII à Fontainebleau, ou de Ko-
ciusko à Montigny. Eliminons cette gravure, située au plafond de
la roche, mais les autres signes sont-ils de même facture ou
d'origine ancienne ?
Fig. 5. — Principaux types de Croix blanches, peintes sur les Maisons
du Bocage de la Vendée.
M. le Dr Marcel Baudouin. — Je suis très heureux de la commu-
nication de notre collègue, M. F. Ede, car elle vient confimer,
Fig. 6. — Types, plus rares, de dessins sur les Maisons de Vendée.
magnifiquement, les hypothèses que j'avais formulées dans mon
mémoire sur la Croix blanche des fermes du Bocage Vendéen (1).
Dès 1908, en effet, j'ai signalé que la coutume moderne en
question avait certainement pour origine les Gravures sur Rochers
de l'époque néolithique et de l'époque du bronze. Et M. Ede
nous apporte aujourd'hui la preuve de la théorie que j'avais
déduite des observations faites {Fig. 5, 6 et 7).
(1) Marcel Baudouin. — Bull, et Mém. Soc. d'Anthr. de Paris, 1908, 8 février. —
Tiré à part, Paris, 1908, 36p., 5 fig.
216
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
J'écrivais alors en effet : « Les Gravures rupestres furent, pour
moi une révélation ; et là, où je ne voyais jadis qu'un signe chré-
tien, je reconnus, une coutume plus ancienne, remontant à l'époque
de la pierre polie, et ayant survécue, transformée parle Christia-
nisme, jusqu'à nos jours ».
Depuis mon premier travail (1908), j'ai pu : 1° Démontrer que
cette coutume se retrouve plus ou moins modifiée en Auvergne,
dans le centre de la France, et surtout dans le Midi, en particu-
lier tout le long de la ligne de Bordeaux à Toulouse. Elle a donc
été générale en France à une époque ancienne ; 2° Prouver que
Fig. 7. — Façon de placer les dessins en forme de croix, sur les maisons de Vendée, au
niveau des portes^et des fenêtres, et même ailleurs. — Légende :
tout cet ensemble de Gravures, comme les Cupules, les Bassins, etc,
est en rapport avec le Culte de la Vie, et celui du Soleil (1),
qui n'en est que la représentation symbolique [Fig. 6;Xa,Xb : C).
Je n'insiste pas, renvoyant pour le détail et l'exposé de ces
théories, à mes mémoires sur les Pierres à Bassins, les Sabois
d'Equidés,\es Roches à Cupules, publiés ici-même ou dans le volu-
me, sous presse encore, du Congrès Préhistorique de Tours.
(1) Les rapprochements que j'ai fait jadis avec les Charriois à quatre roues,
traînés par des Bœufs, pour expliquer les annexes des [Croix Cercles (Fig. 6);
Rectangles, Triangles, etc.] doivent être maintenus, car, si le Char du Soleil fut en
Orient traîné par un cheval ou des cygnes, il serait fort possible qu'en nos pays
on ait jadis remplacé le cheval par des bœufs.
En tout cas, le Chariot à bœufs, très symbolique de l'Agriculteur lui-même, peut
très bien, au Lac des Merveilles, représenter \eCultedela Vie, au même titre que le
Char du Soleil, — Je ne retranche donc rien de ce que j'ai écrit en 1908, à ce sujet.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
217
Notice sur la Préhistoire de la Mauritanie
occidentale Saharienne, (i)
Par le
Lieutenant R. DA.NGELZER de l'Infanterie coloniale .
La partie de la Mauritanie Occidentale saharienne, comprise
d'une part entre le 16° de longitude ouest et l'Océan Atlantique,
d'autre part entre les 19°30 et 23°30 de latitude nord, est encore
aujourd'hui bien incomplètement connue.
fia- 1. — Carte de la Mauritanie. — Les régions grisées sont celles ou l'on trouva les
Pièces néolithiques.
Le sud de cette région appartient à la France, le nord à l'Es-
pagne. Chacune de ces nations a installé un poste militaire sur la
côte : la France celui de Port Etienne, dans la presqu'île du Cap
Blanc ; l'Espagne celui de la villa de Cisneros,dans la presqu'île
du Rio de Ouro (Fig. 1).
(1) Communication faite en octobre 1909.
218 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Ces deux postes, distants de plus de trois cents kilomètres,
n'ont entre eux aucune relation.
Les nouvelles de l'intérieur leur parviennent par l'intermé-
diaire des Maures nomades, qui viennent échanger, contre du
sucre, du tabac, du riz, du thé, les bœufs et moutons, la laine et
les plumes d'autruche.
Dans la presqu'île désertique du Cap Blanc, dont le versant
ouest est espagnol, et celui de l'est lrançais, on ne rencontre
aucun puits d'eau douce.
Deux Oglats, creusés en 1908, à proximité du poste de Port-
Etienne, donnent une eau saumâtre,en quantité à peine suffisante
pour les cinquante chameaux de la presqu'île.
Les pluies ne se font, en effet, réellement sentir dans cette
région côtière qu'une fois tous les deux ou trois ans. El tioudj,
où se trouve le point d'eau douce le plus rapproché du poste
français, est distant de 80 kilomètres dans le nord-est.
11 n'a cependant pas dû en être toujours ainsi, étant donnés
non seulement le très grand nombre de tombeaux d'origine
relativement récente, répartis sur toute l'étendue de la presqu'île ;
mais encore les ateliers et stations préhistoriques, établis sur des
tables remarquables et des sommets aplanis de collines rocheu-
ses.
Il est difficile d'estimer même bien approximativement à com-
bien de centaines d'années doit remonter l'âge de la pierre dans
cette région de l'Afrique.
Les Maures ignorent complètement l'origine de ces objets en
silex, dont ils ne se servent que comme pierre à feu, et comme
jouets pour les enfants. Interrogés, ils répondent que Noé dut les
déposer sur la terre, il y a si longtemps que personne ne peut
s'en souvenir !
D'ailleurs le silex fait défaut dans cette région; il serait inté-
ressant de déterminer le lieu d'où il fut importé ; les recherches
faites dans ce but n'ont encore donné aucun résultat.
Des stations préhistoriques se rencontrent plus particulière-
ment dans les régions de Tellmond, Krekche, Legdame, Zmond,
Imouzane, Aguerguer, Smlilli et Leggir. Dans l'Adrar SotofF, le
Hedbane, le Taziast, le Tijirit et le Tiris, on trouve quelques
stations de bien moindre importance (Fig. 1). Enfin, en dehors
des régions énumérées ci-dessus, il n'existerait d'après les rensei-
gnements des indigènes aucun vestige de l'âge de pierre.
Les flèches et instruments préhistoriques sont à fleur de sol,
en plein air. Le vent, qui souffle toujours avec violence sur cette
contrée dénudée, aura empêché le sable de les recouvrir.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 219
11 arrive plus rarement que Ion trouve des échantillons dans
des Grottes naturelles peu profondes.
Constamment exposés à l'air et au soleil, ces silex ont fini par
être recouverts d'une patine très épaisse. Cette patine a pénétré
parfois si profondément qu'il n'existe plus qu'un très petit noyau
coloré.
Malgré leur très grande fragilité, ces flèches nous sont parve-
nues intactes, n'ayant été en contact qu'avec du sable où des
pierres tendres. En outre, reposant sur des élévations, elles n'ont
été foulées, et, dans le désert plus que partout ailleurs, il existe
des pistes fréquentées en dehors desquelles nul ne saurait s'éloi-
gner trop sous peine de s'égarer. Ces pistes unissent le plus
directement possible les points d'eau ou les maigres pâturages.
Pendant que les recherches se poursuivaient de la baie du
Lévrier, dans l'intérieur de la Mauritanie occidentale, Mme Crova,
de Dakar, faisant paraître dans le Bulletin de la Société préhisto-
rique de France, de juillet 1909, une notice, très complète et très
documentée, sur les instruments néolithiques, recueillis dans la
presqu'île du cap Blanc.
Depuis 1908, il est devenu très difficile de retrouver dans la
presqu'île un instrument néolithique; les quelques silex qui ont
pu être recueillis l'ont été aux emplacements signalés par
Mme Crova.
Les recherches étant peu fructueuses, on fut amené à les
pousser plus avant ; c'est ce qui a permis de délimiter la zone
saharienne occidentale, où se manifeste l'âge de la pierre.
Outils ex Silex. — Il est inutile de revenir sur la description
de ces instruments néolithiques, qui là, comme partout ailleurs,
sont identiques de forme et de matière.
Il importe toutefois de signaler:
1° Des flèches, dont la taille présente des formes variées.
2° Des aiguilles, en très petit nombre.
3° L ne scie, en forme de croissant; cette scie, taillée sur une
face et lisse sur l'autre, se rapproche des scies Scandinaves ; c'est
d'ailleurs le seul échantillon qui ait été recueilli (0m09 de lon-
gueur 0m04 de largeur).
4° Des instruments, taillés ou polis, a section triangulaire poin-
tues aux extrémités, et qui mesurent de 0m045 de longueur et
de 0ra010 a 0m020 de côté.
5° Enfin, de nos jours, les Maures taillent très grossièrement
des éclats de silex, et leur donnent trois formes principales.
La première de ces formes représente un chameau ; la deuxième
220 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
une chamelle; et la troisième un cheval! Les enfants jouent
avec ces animaux de silex.
Ajoutons que l'authenticité de ces instruments préhistoriques
ne peut être mise en doute, étant données la très grande finesse
du travail et des retouches, la façon dont les pièces ont été
recueillies in situ, l'ignorance des Maures au sujet de leur origine,
enfin et surtout la patine très épaisse, qui se remarque sur la plus
grande partie pièces recueillies.
Poteries. - Dans les ateliers et stations préhistoriques, on
rencontre encore des fragments de poterie, en assez grand nom-
bre. Un de ces fragments, orné de triples séries de zig-zag en
creux, mesurait 0m10 sur 0m15.
Tombeaux. — Quant aux tombeaux très nombreux, disséminés
sur toute la presqu'île, il y a tout lieu d'admettre qu'ils sont d'ori-
gine musulmane. Ces tombeaux sont, en effet, orientés nord-sud.
De grandes pierres, fichées en terre au sud, marquent l'empla-
cement du crâne ; et le squelette repose sur le côté droit, face à
l'Est (direction de La Mecque). — Des collections des instruments
néolithiques, recueillis en Mauritanie saharienne, ont été donnés
aux Musées de Saint-Germain-en Laye, et à celui du Bardo
(Tunisie), ainsi qu'au British Muséum de Londres, et au Musée de
Toronto (Canada).
M. Marcel Baudouin. — Je remercie, au nom de la S. P. F.,
M. le Ll Dangelzer de son intéressante présentation ; et je me
permets d'ajouter que les pièces présentées aujourd'hui font dé-
sormais partie de la belle collection préhistorique de notre sym-
pathique et dévoué Collègue, M. Henri Marot (de Paris), où
chacun de nous pourra les revoir à loisir, plus facilement qu'ail-
leurs.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
221
Un Xucleus solutréen, analogue aux
Livres de beurre » du Grand Pressîgny.
Armand VIRÉ (de Lacave, Lot).
En 1904, lors des fouilles exécutées à la Grotte de Lacave,
j'avais récolté un nucléus assez exceptionnel, dont j'ai parlé
sommairement dans le compte-rendu desdites fouilles (1) [Fig. 1).
Une pièce analogue, quoiqu'un peu plus petite, avait déjà été
Fig. 1. — Nucléus solutréen de Lacave.
Vu sur les 2 faces et de profil.
rencontrée dans la même région par Félix Bergougnous, à la
grotte du Coual, dans la vallée du Celé (2).
Notre Président sortant, Henri Martin, nous a présenté, à
l'une des dernières séances, un bloc de silex, solutréen, qui res-
semble beaucoup au nôtre et provient d'une grotte de la Charente.
Vl) L Anthropologie, t. XVI, 1905, p. 418, ligne 13.
(2) F. Bergougnous. — Les Temps préhistoriques en Qtierey. — Cahors, Girma,
1887, avec planches.
222 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
En présence de ces trois objets, très voisins de forme, trouvés
dans trois localités relativement rapprochées, il m'a paru utile
de donner quelques détails complémentaires sur le silex de
Lacave.
Gisement et âge. — Ce silex a été recueilli vers la partie infé-
rieure de notre couche 4 (V. la coupe dans Y Anthropologie), qui
contenait des pointes en feuille de laurier, avec, au sommet, une
pointe à cran. On peut considérer notre pièce comme apparte-
nant au Solutréen inférieur.
Dimensions. Ses dimensions sont 31m5 X 0m14 X O^Oô. Son
poids est de : 2 kilogr. 970.
Forme. — La forme rappelerait un peu celle d'un très gros
coup de poing, si la partie la plus tranchante (inférieure sur la
figure) n'était encore recouverte d'une partie de son cortex, et si
l'extrémité opposée ne se terminait en un grosbizeau, dont l'axe
est perpendiculaire au plan général de la pièce.
Un rapprochement plus intime serait à faire avec les nuclei
du Grand Pressigny, sauf qu'en général les lames qui en ont été
détachées sont moins longues qu'à Pressigny. — Elle est d'un silex
gris marbré, probablement d'origine crétacée.
La Figure 1 ci-jointe me dispense d'entrer dans de plus longs
détails ; mais il m'a paru bon de présenter cette pièce à la
Société, avec l'espoir que, jointe aux deux autres, elle suscitera
d'utiles comparaisons.
Meule en Granité de Trégomar (Côtes-du-\onIi.
M. LE GONIAT (Trégomar, Côtes-du-Nord).
Je crois intéressant de signaler la découverte récente d'une
très vieille meule en granit, au village du Haut-Bourg, en Tré-
gomar (Côtes-du-Nord) (1).
Cette meule grossière a les dimensions suivantes: Grand axe,
0m51 ; petit axe, 0m45. Sa forme est irrégulière ; mais, dans son
état primitif (elle est brisée en plusieurs endroits), elle devait
(1) Trégomar possède un beau Mégalithe, dont la désignation a toujours été
erronée dans les ouvrages archéologiques, parus jusqu'à ce jour.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 223
être circulaire {Fig. 1). Elle est percée d'un trou en forme d'en-
tonnoir, mesurant 0m05 de longueur sur 0m04 de largeur. Ce trou
traverse la pierre dans toute son épaisseur, qui est de f^OSà l'un
des bords, de 0m09 au bord diamétralement opposé. Cette dif-
férence d'épaisseur provient du bris de la pierre. La meule, bom-
bée au-dessus, plate au-dessous, pèse environ 50 kilos {Pi*. 1 ; III).
On ne sait ce qu'est devenue la cuve dans laquelle on la fai-
sait mouvoir.
La meule, qui était enfouie sous la terrasse d'un hangar, se
trayait, il y a trente ans environ, dans la cour de la ferme. Une
personne digue de foi m'a assuré qu'à cette époque la meule
avait, dans une des parties brisées, un autre trou, dans lequel on
pouvait fixer un bâton. Ce bâton, selon toute probabilité, servait
à imprimer le mouvement de rotation. Dans ces conditions, la
Fig. t. — Meule ancienne, trouvée au Haut- Bourg, en Trégomar (Côtes-du-Nord). —
Echelle : 1/20. — Légende : 1, Face inférieure; — II. Face supérieure: — III, Coupe sui-
vant le petit axe [Profil du trou].
meule devait reposer sur un pivot; la découverte de la cuve pour-
rait seule éclaircir ce dernier point.
Les personnes les plus âgées du pays n'ont jamais vu fonction-
ner la meule en question. Peut-être a-t-elle été employée à mou-
dre le blé noir, à une époque qu'il est très difficile de préciser ?
Mais c'est très douteux. Les galettes ou gaufres desarrazin cons-
tituent la principale nourriture des habitants de Trégomar. En
hiver, quand les eaux pluviales sont trop abondantes; en été,
sous l'influence d'une sécheresse prolongée, il arrive, assez
souvent, que les meuniers ne peuvent faire fonctionner leurs
moulins. Autrefois, les ménagères se trouvaient ainsi privées,
momentanément, de la farine nécessaire à la fabrication des gau-
fres. Pour obvier a cet état de choses, d'ingénieux mécaniciens de
village fabriquèrent des moulins en bois, dont le maniement était
difficile et fatigant.
224 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Aujourd'hui on voit, dans toutes les fermes, de petits moulins
très pratiques, peu encombrants, avec lesquels on moud le sar-
razin quand, pour un motif quelconque, le meunier reste forcé-
ment inactif (Ces moulins sont fabriqués à Plancoët, Côtes-du-
Nord).
Je serai très heureux de savoir si de vieilles meules semblables
à celle du Haut-Bourg ont déjà été signalées à la Société préhis-
torique Française.
Récemment, j'ai acquis la certitude que la meule a servi autre-
fois à moudre du blé noir. Un vieillard du pays se rappelle l'a-
voir vu fonctionner, alors qu'il avait quatorze ans. Le bâton ser-
vait à imprimer le mouvement de rotation à la meule ; mais la cuve
n'était pas un monolithe, comme je le supposais. De forme cylin-
drique, elle se composait d'une maçonnerie, en pierr.es sèches,
avec rebord en granit, à la partie supérieure. Ce rebord était
percé d'un trou circulaire, par lequel s'échappait la farine.
La meule tournait sur un plateau formé de plusieurs pierres,
dures et polies, offrant l'aspect d'une mosaïque. Ces pierres
étaient soumises, de temps en temps, à un piquetage. La meule
était relevée ou abaissée, selon le besoin, au moyen d'un levier.
L'usage de ce moulin, construit, sans doute, dès le début de
la culture du sarrazin dans notre pays, s'est perpétué, à travers
les âges, jusqu'en 1830 ou 1840.
La meule du Haut-Bourg est d'autant plus intéressante que ses
semblables sont excessivement rares en Bretagne, pays par ex-
cellence de la culture du sarrazin.
SÉANCE DU 27 AVRIL 1911
Présidenoe de M. L. COUTIL.
PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la dernière
séance [23 mars 1911]. — Le Procès-verbal est adopté.
A propos du Procès-verbal, diverses notes sont adressées à la
Société par MM. A. Guébhàrd, Déchelette, Marcel Baudouin,
Desailly, Guéxix [Notes insérés plus loin].
Errata. — M. Pages- Allary a adressé les corrections suivantes à
ses communications : page 181, 15e ligne, lire Lugarde, et non Ugarde,
16e ligne, près le Puy-Mary. — Page 183, ligne 12 : Dans le cas spé-
cial du cuivre sans mélange, certainement le cuivre natif... Au bas de
cette page, la formule de l'Azurite est : 2 Cu Co3 Cu (OH)2 (qui a
été mal composée). — Page 185, 7e ligne : « Là dessus, une discussion,
sans aigreur, donc sans personnalité ».
M. Jacquot remarque qu'on a imprimé mètres au lieu de centimètres
dans son dernier article (Pierre des Francs-Maçons), en ce qui concerne
les distances des Cnpules (p. 197).
La date de la prochaine séance reste fixée au Jeudi 25 mai, jour de
l'Ascension ; mais l'entrée de la Sorbonne aura lieu par la rue Saint-
Jacques.
Correspondance.
Lettres de remerciements. — M. Didox.
Lettres d'excuses. — M. le Dr Chkrvix, absent de Paris. — M. le
Dr Marcel Baudouin, actuellement à Nîmes, pour assister à la séance
du Conseil général du Gard, et préparer le prochain Congrès. —
M. A. Viré, absent de Paris.
Lettre d'avis de Décès. — M. Paul du Chatellibr, président de la
Société archéologique du Finistère, de Pont-1'Abbé (Finistère), Fonda-
teur de la S. P. F. — Ce savant laisse de remarquables collections, ras-
semblées au Château de Kernuz, et provenant de fouilles poursuivies
pendant 25 ans dans les Dolmens, Tumulus, etc., du Finistère.
M. Riallaxd, pharmacien, à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 15
^S26 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
NÉCROLOGIE.
M. Paul du CHATELLIER (de Pont l'Abbé, Finistère).
Depuis la séance du 23 mars, nous avons perdu un de nos plus
éminents collègues, M. Paul du Chatellier, correspondant du Comité
des travaux historiques, membre fondateur de notre Société, décédé,
à l'âge de 78 ans, dans son Château de Kernuz, près de Pont-1'Abbé,
où il avait formé une des plus belles collections préhistoriques, com-
posée des découvertes des commandants A. Martin et Le Pontois, an-
ciens officiers de marine, provenant des Côtes-du-Nord et du Mor-
bihan, tandis que les remarquables découvertes de M. Chatellier pro-
venaient surtout des dolmens et tumulus du Finistère. Si cette collec-
tion était réunie à celle du Musée de Vannes, ce serait le groupement
le plus intéressant pour l'étude des Monuments mégalithiques de l'Ar-
morique.
Dans sa jeunesse, il débuta à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, dans
l'atelier de Picot et de Gudin; ce n'est que vers 1870, à 30 ou 32 ans,
que la Préhistoire l'attira, comme beaucoup d'autres artistes dont les
noms se retrouvent parmi nous, et notamment, un vendéen, le graveur
éminent O., de Rochebrune.
Les trente-trois ouvrages, dont les titres suivent, suffisent à rappe-
ler sa belle carrière.
1° Exploration des tumulus du départ, du Finistère (29* session de la Soc. d'4rch.
de France, 1861, p. 318 à 348 pi.).
2° Exploration des monuments de Kerugou, Ker/lanl, Pen Ar Menez Kervilloe
(Mém. Soc. Eni. Côtes-du-Nord, 1877, 15 p., pi.).
3° Exploration d'un monument circulaire à Kerbascat (Mém., S.E. Côtes-du-Nord,
1878, 8 p., pi.).
4° Cimetière gaulois du Mont Blanc, à Elrechy (Marne). Ext. Champagne sou-
terraine, 1878, 8 p., pi.).
5° Exploration du cimetière gaulois de Kerviltré en Saint-Jean-Trolimon (Finis-
tère) (Mém. Soc. Emulation Côtes-du-Nord, 1878, 16 p., pi.).
6° Parc Bohars-Izella, commune de Commana (ép. gallo-romaine).
7° Les sépultures de l'époque du bronze en Bretagne. 1884, 83 p., pi.
8° L'époque néolithique dans la commune de Plogoff. 1891, 7 p.
9° Vase trouvé dans un tumulus à Saint-Pol-de-Léon (Finistère). 8 p., fig. (Rev.
archéol., 1891).
10" Ornement de tête en or. Diadème découvert à Saint-Potan (Côtes-du-Nord).
(Ext. Bul. Soc. arch. Nantes et de la Loire-Inférieure, 1892, 8 p., pi.).
11° De quelques monuments préhistoriques dans le Finistère. 1895, 7 p.
12° Allée mégalithique en pierres arcboutées de Lesconil en Poullan (Finistère).
(Rev. Ecole anthrop., 1895, 3 p., pi.).
13° Deux tumulus de l'époque du bronze dans les communes de Locmaria-Plouzane
et de Saint-Yvi (Finistère) (Soc.Emul. Côtes-du-Nord, 1896, 6 p., fig.).
14° Exploration sur les montagnes d'Arrhées et leurs ramifications, 1895-1896.
(Soc. émul. Côtes-du-Nord, 64 p., fig. pi.).
15° Pierre gravée de Kermaria en Pont-V Abbé (Finistère). (Bul. arch., 1898, 3 p.,
fig.).
16° Exploration des tumulus du Fao-Youen et de Casmaner en Plonéour Lanvern
(Finistère). 6 p., fig.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 227
17° Les tumulus de Kervastal en Ploneis [Fi lisière) (Bul. arch., 1899, 4 p., fig.).
18° Le bronze dans le Finistère (Bull. Soc. Arch Finistère, 1899, 56 p.).
19° Haches caraïbes en pierre polie trouvées dans le Finistère, 1899. (Bul. Soc.
arch. du Finistère, 4 p. pi.).
20* Galets et pierres à cupules des sépultures préhistoriques du Finistère (Bul.
Soc. arch. du Finistère, 1900, 77 p.).
21° Exploration des tumulus des montagnes noires Finistère) (Bul. arch., 1901,
21 p., fig.).
22° Relevé des monuments des îles du littoral, de Béniguet à Ouessant (Soc. arch.
du Finistère, 1901, 19 p.).
23° La pointe de Kermorvan en Ploumoguer; ses monuments, pierres à cupules
(Soc. arch. Finistère, 1903, 9 p., fig.).
24° Sépulture sous tumulus à Berrien {Finistère). (Soc. arch. Finistère, 1904,
6 p., fig.)
25° La roche gravée de Slang-Bilérit, découverte à l'île de Groix (Morbihan).
(Soc. arch. du Finistère, 1907, 4 p., fig.).
26" La poterie aux époques préhistorique et gauloise en Armorique, 1907. 60 p.
17 planches (où se trouvent réunis tous les vases qu'il découvrit, et qui forme un
ensemble des plus curieux pour l'étude de cette région).
La Revue Y Anthropologie a publié en outre :
27° De quelques squelettes découvertes dans le Finistère, t. V., p. 204.
28° Quelques monuments de la commune de Plouescat (Finistère), t. X, 54 fig.
29° Exploration du dolmen de Kerveret en Plomeur [Finistère), t. X, 424, 6 fig.
30° Le bronze dans le Finistère, X, 457 (cité ci-dessus, n° 18).
31° Carte des tumulus et trouvailles de bronze du département du Finistère, X,
578.
32° Un âge du cuivre en Armorique; \YS , 536; XV, 394.
33* Du Chatellier et Le Pontors. — La sépulture à barque de file de Groix, XX, 396.
Pour les collections, lire : Le Château de Kemuz, son histoire, ses collections : par
l'abbé Milon, 1905, 39 p., fig.
Il ne nous appartient pas de dire ce qu'était l'homme privé, bon et
charitable, qui compléta les travaux historiques de son père, membre
de l'Institut, en y rattachant tout un passé jusqu'alors inconnu. Ses
débuts à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris ne permettaient pas de
supposer qu'il s'adonnerait aussi brillamment à l'Archéologie.
Nous n'avons pas la prétention de donner ici une bibliographie com-
plète des travaux de notre éminent collègue, qui, à son décès, était
encore Président de la Société Archéologique de Finistère ; cette liste
suffit à prouver l'importance de ses remarquables recherches. Nous
devions à sa mémoire de les rappeler, en lui adressant un dernier hom-
mage de profonde sympathie et d'admiration pour sa féconde carrière
scientifique. L. Coutil.
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société a reçu les ouvrages suivants :
Poitiers et ses environs. Guide des Touristes^ etc., [Synd. d'Iniat.
du Poitou]. — Poitiers, 1910, in-8°, 64 p., nombr. fig. — [M. Frapier,
Archiviste du Comité d'initiative du Poitou, en offrant ce Guide itiné-
raire des touristes à Poitiers et aux environs, avise les membres de la
Société, qui désireraient le recevoir, qu'ils peuvent le réclamer au
siège du Comité, 3, rue du Moulin-à-Vent, Poitiers].
228 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Baudouin (M.). — Description et Restauration d'une Ciste néolithique
et de ses Cercles péritaphiques aux Tabernaudes, à l'Ile d'Yeu (V-).
[Extr. Bull, et Mém. Soc. d'Anthr. de Paris, 1910]. -— Paris, 1910,
in-8°, 40 p., 16 fîg., dont 3 pi. hors texte.
Boucher de Perthes. — Sujets dramatiques. — Paris, 1852, in-8°,
2 vol. [Don de M. le Dr Ballet].
Geneveaux (M.). — Sur la découverte d'une nouvelle station néolithi-
que sur les bords de la Mosson [Extr. Bull. Soc. Langued. de Géogr.,
1906J. — Montpellier, in 8°, 1906, 16 p., 5 pi. hors texte.
Genevaux (Maurice). — Nouvelles recherches dans la station néolithi-
que de la Paillade, sur les bords de la Mosson [Extr. Bull. Soc. Lan-
gued. de Géographie, 1907]. — Montpellier, 1907, in-8°, 11 p., 9 fig.
M. Genevaux et A. Manche. — Recherches spéléo logiques dans la
région du Pic-Saint-Loup. — [Extr. Bull. Soc. Lang. de Géog., XXXI,
1908]. — Montpellier, 1908, in-8°, 36 p., 24 fig., pi. hors texte.
Beaupré (J.). — Rapporta la Société d'Archéologie lorraine et au
Musée historique lorrain sur le projet de loi intéressant V Archéologie. —
^ancy,1911, in-8°, 13 p.
Roux (Albert). — Etude sur les vieilles murailles du Mazet du Jas di
Bioou (Oppida). — Uzès, 1911, in-16°, 4 p.
Plessier (P.). — Obliquité de l'emmanchement dans les Haches et
Hachettes polies à VEpoque néolithique. [Extr. Bull. Soc, Hist. de
Comp., 1911]. — Gompiègne, 1911, in-8°, 21 p.
Th. J. Westropp. — Promontory Forts and similar Structures in the
Country Kerry . Parts IV. cozcaguiny (The Southern Shore). [Extr.
Journ. of the R. Sy . of Antiquaries of Iuland, déc. 1910, p. 265-296,
10 fig.]. — Dublin, 1910, in-8°.
Vœu relatif aux. Monuments mégalithiques
et aux. Arbres.
La Société Préh. Franc, émet le vœu que les arbres, voisins des
Mégalithes, soient complètement détruits. — En effet, ils sont cause
d'altérations et de dislocations, qui peuvent parfois amener la destruc-
tion des monuments les plus importants.
Vœu relatif à l'Acquisition des Monuments.
La Société Préhistorique Française émet le vœu que les Monuments,
destinés à lui être donnés, lui soient cédés par un acte de vente ordi-
naire, sous seing privé, au prix de un Franc, comme le fait aujourd'hui
l'Etat lui-même. — ha. Donation entraîne, en effet, des frais si élevés qu'il
faut y renoncer ! — Il est curieux de constater que Y Etat lui-même est
obligé de violer la Morale et de tourner la Loi, qu'il a faite, pour pro-
téger la Science ! — Une révision d'une telle législation s'impose d'ur-
gence.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 229
VII Congrès de France à Ximes 1911).
M. Edra. Hue, Secrétaire général adjoint, annonce qu'il vient d'être
avisé par M. le Dr M. Baudouin que le Conseil général du Gard a voté,
ces jours-ci, la subvention habituelle demandée pour cette session.
Il a accordé, en outre, une subvention pour l'organisation d'une petite
Exposition locale, qui aura lieu au Muséum d'Histoire naturelle, et sera
mise sur pied par MM. G. Mingaud et F. Mazauric.
M. le Secrétaire-général du Congrès vient de répéter les Excur-
sions, qui seront très intéressantes ; elles permettront d'étudier des
monuments fort curieux, dont le Congrès n'a encore jamais vu de
spécimens.
M. E. Hue est chargé de transmettre les remerciements de la
S. P. F. à M. le Dr M. Baudouin, pour les nouveaux résultats obtenus.
Les Excursions du Congrès Préhistorique
de Xours (19 ÎO).
\Dons de Photographies par M. Fouju].
M. Chapelet remet, sur le bureau, pour la Bibliothèque, de la part
de M. Fouju, vice-président de la S. P. F., une magnifique série de
photographies, prises par lui au cours des Excursions du Congrès
préhistorique de Tours, en 1910. Ces instantanés permettront à nos
collègues de revivre ces quelques jours inoubliables dans la Touraine
préhistorique. — Des remerciements sont votés à M. Fouju, pour le
don de ce manuscrit, unique en son genre.
Admission de nouveaux. Membres.
Sont proclamés Membres de la S. P. F. : MM.
Gillet, artiste peintre, Les Ayeules, Montigny-sur-Loing (Seine-et-
Marne). [Dr Dalmox. — Marcel Baudouin].
Brogxard (Lucien), pharmacien, 16, rue Gambetta, Lillebonne Seine-
Inférieure), [L. Coutil. — Marcel Baudouin].
Chomereau (Gaston dej, Lieutenant au 7e Bégiment d'Infanterie,
18, rue Victor-Hugo, Cahors (Lot],
[J. de Saint- Venant. — E. Hue].
Commission pour la Liberté des Fouilles.
M. le Dr Henri Martin distribue le 3e fascicule des Protestations.
Sur 92 sociétés, 90 sont aujourd'hui protestataires î
230 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Présentations.
Bossa vv. — Vues stéréoscopiques de Mégalithes.
Communications.
Paul de Mortillet (Paris). — Silex du Sahara,
Stanislas Leloutre. — Disque perforé ou casse-tête en silex de
Braisne [Aisne).
G. Rouxel (de Cherbourg). — Un atelier de fabrication d'anneaux
en lignite à Nacqueville-Bas [Manche).
L. Jacquot. — Les pierres à cupules du Bas Chablais [environs de
Thonon) [Demande de classement].
L. Coutil et Duquesne. — Construction romaine à Brionne [Eure).
A. Larmigny (Chàteau-Porcien, Ardennes). — Station néolithique et
gallo-romaine de V 'Aiguillon, près Château- Porcien {Ardennes).
E. Grillet (d'Igé, Saône-et-Loire). — Atelier de fondeur de fera
Jgé. Découverte d'un gros culot de fonte et de débris considérables de
fer à Jgé [Saône-et-Loire). — Discussion : M. Hue, qui donne des
renseignements complémentaires sur de nombreuses tombelles, trouvées
sur ce territoire.
0. Vau ville (Paris). — Alignements de Cuisy -en- Amont. — Dolmen
de la Pierre Laye, à Vauxregis [Aisne). — Discussion : L. Giraux ;
A. Guéhhard. Note Marcel Baudouin.
Maurice Gillet (Paris). — Station moustèrienne de Garches (Seine-
et-Oise).
Plessis (Compiègne). — Cachette de l'Age du bronze dans la plaine
des Sablons, près Compiègne [Oise).
Evrard (Varennes, Eure). — Cimetière mérovingien de Varennes.
Henri Martin (Paris). — Dents humaines moustériennes de La Quina
(Charente).
L. Giraux (Saint-Mandé, Seine). — Le Menhir de Coupvray (Seine-
et-Marne).
A. Cousset (Etaules). — Découvertes en Charente-Inférieure .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 231
H. — NOTES ORIGINALES.
Discussion sur les origines de l'Industrie
du Cuivre en Vendée.
M. J. Déchelbtte (Roanne). — La lecture du dernier Bulletin
de la Société préhistorique (1) m'inspire quelques réflexions, dont
je crois devoir faire l'objet d'une courte communication.
Tout d'abord j'y relève une erreur matérielle, qui a pour ré-
sultat de me prêter, en ce qui concerne l'origine de l'industrie
du cuivre, une opinion absolument opposée à celle que j'ai for-
mulée. M. Marcel Baudouin annonçant qu'il espère démontrer
sous peu l'existence d'un centre indépendant d'invention du cui-
vre et du bronze dans la région bretonne et vendéenne, déclare
« lutter, sur ce point, contre les théories anciennes bien assu-
rées, et surtout contre les hypothèses de M. Déchelette et de
M. Siret, qui admettent une importation du cuivre en Bretagne,
venant soit d'Extrême-Orient (Déchelette), soit d'Espagne
(Siret) ».
Or, il ne m'est jamais venu à l'idée de prétendre que les
minerais de cuivre ou les lingots extraits de ces minerais aient
été introduits de l'Extrême-Orient dans l'Europe occidentale.
Si, d'autre part, par ces mots «importation du cuivre », M. Bau-
douin entend parler seulement de l'introduction de l'industrie
du cuivre, il m'attribue encore une opinion, tout à fait contraire
à ce que j'ai dit. Je me suis, en effet, exprimé ainsi : « De la Mé-
diterranée orientale, les types principaux de l'outillage primitif
en cuivre, la hache plate et le poignard triangulaire, se sont
répandus dans l'Europe occidentale, centrale et nordique. Il ne
faut point entendre par là que des objets, égyptiens ou asiatiques,
auraient été colportés directement chez les habitants des régions
du nord. Ce qui s'est propagé de peuple en peuple par un che-
minement plus ou inoins rapide, suivant les facilités de commu-
nication, c'est la connaissance des procédés métallurgiques. Les
modèles originaux subissaient des modifications sensibles d'un
atelier à l'autre, tout en conservant leurs caractères essentiels.
Les traits de similitude des plus anciens outils, armes et objets de
parure en cuivre et plus tard en bronze, répandus au sud et au
nord de l'Europe, permettent donc d'écarter les hypothèses poly-
génistes, formulées par quelques auteurs sur les origines de la
(1) Février 1911, p. 120-122; 166-V70,
232 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQl E FRANÇAISE
métallurgie dans l'Ancien Monde. De plus, on peut établir que la
connaissance des premiers métaux s'est répandue du sud au nord
et non pas suivant une direction opposée. Toutefois il nous est
encore impossible de savoir si les premiers creusets apparurent
dans la vallée du Nil, en Mésopotamie ou dans quelque autre
région de l'Asie antérieure, voire même de la zone égéenne.
Nous pouvons seulement affirmer que les premiers objets de
cuivre et de bronze de l'Europe centrale, occidentale et nordi-
que, dérivent, pour la plupart, de prototypes méditerranéens » (1).
Dans tout cela, il n'est aucunement question des pays d'Ex-
trême-Orient. Bien plus, en parlant de l'étain, j'ai montré, ou
plutôt rappelé les motifs qui ne permettent pas de retenir l'hypo-
thèse de Gabriel de Mortillet sur l'origine indienne du bronze (2).
Quanta la thèse de M. Marcel Baudouin sur l'existence d'un
centre d'invention du cuivre et ensuite du bronze dans la région
armorico-vendéenne; je crois qu'il sera difficile à son auteur de
lui donner le moindre fondement. Beaucoup trouveront un peu
faible l'argumentation, consistant à prétendre « qu'il y a eu en
Vendée un centre isolé d'invention de cuivre, parce qu'il y avait
là jadis d'importants gisements de cuivre, inconnus aujourd'hui
ou à peu près ». D'autres se laisseront difficilement convaincre,
en cette matière, par des considérations tirées « de l'embryologie,
de l'anatomie et de la physiologie du cerveau humain», et préfé-
reront encore, analyse pour analyse, celles des objets de cuivre
ou de bronze. La tâche de M. Baudouin sera laborieuse, même
dans le domaine plus restreint des faits terre à terre de l'archéo-
logie. Il lui faudra établir que la grande voie commerciale de
l'Atlantique, qui reliait entre elles, par des relations indirectes,
mais constantes et régulières, les tribus occupant le Portugal
actuel, la France occidentale et l'Irlande, n'est qu'une pure chi-
mère, malgré l'importance des faits matériels établissant son
existence et sa haute antiquité. Il devra montrer l'isolement des
populations côtières de la Vendée et de la Bretagne à une épo-
que de grand transit maritime, expliquer par quel singulier
hasard, dès l'âge du cuivre, on voit les guerriers de la Péninsule
ibérique munis, comme ceux de l'Armorique et de l'Irlande, de
la hache-poignard, c'est-à-dire d'une des armes les plus caracté-
ristiques de l'âge du bronze occidental, arme qui se retrouve
encore en Italie, dans l'Europe centrale et en Scandinavie. Ce
travail achevé, M. Baudouin se trouvera aux prises avec la ques-
tion des vases caliciformes, répandus, comme chacun sait, non
(t) Manuel, t. II, 1, p, 92.
(2)Ibid.,p. 97.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 233
seulement en Bretagne, mais dans les Pyrénées, l'Ibérie, les
Alpes-Maritimes, la Sicile, la Sardaigne, l'Italie, la Hongrie, les
régions Rhénanes, la Poméranie, etc. L'uniformité de certains
types d'objets d'or, apparaissant dès l'âge du bronze I sur une
vaste zone, devra encore retenir son attention. Il en sera de
môme pour les poignards triangulaires et pour je ne sais combien
d'autres objets industriels, qui se prêtent à des constatations
similaires, sans parler des analogies observées dans le mode de
construction des sépultures.
Lorsque M. Marcel Baudouin aura produit sur l'ensemble de
ces faits une nouvelle théorie synthétique, embrassant dans l'es-
pace un horizon plus étendu que les trois arrondissements de la
Vendée, en même temps que moins compréhensive à d'autres
égards, notamment en ce qui concerne les observations embryo-
logiques et physiologiques, alors seulement nous nous trou-
verons en présence d'une thèse d'archéologie comparée assez
consistante pour se prêter à la discussion.
Jusque là, avec tous les Préhistoriens d'Europe, je tiendrai
toujours, pour une des plus solides et des plus brillantes con-
quêtes de l'archéologie le grand fait de la très haute antiquité
des relations commerciales ouvertes entre les différents peuples
de l'Ancien Monde ; et je considérerai comme démontrée la diffu-
sion progressive des principaux éléments de la civilisation médi-
terranéenne dans l'Europe de l'ouest, du centre et du nord, y
compris la Vendée.
Que cette région compte parmi les départements où les haches
plaies sont particulièrement abondantes, ce n'est point là un fait
nouveau. Je me suis, en effet, attaché à le mettre en évidence, et
j'ai fait observer qu'en France ce type de hache « apparaît dans
quelques dépôts pour la plupart situés en Gironde, en Charente,
en Vendée et en Finistère, et aussi dans des sépultures de la Bre-
tagne et de la Savoie, sans compter diverses trouvailles isolées. »
(Manuel II, 1, p. 244). Ces dépôts de l'âge du bronze I, j'en ai
donné la liste. Elle comprend les trouvailles de Saint-Etienne-
de-Brillouët (sept haches plates en cuivre) et de Messigny,
commune de Velluire (trois haches plates), l'une et l'autre en
Vendée.
Il est possible, mais non démontré, que ces haches aient été fon-
dues avec du cuivre de provenance vendéenne. On ne doit pas
oublier que le commerce des métaux bruts, non manufacturés, a
joué un rôle important, et que les lingots de cuivre ont circulé de
bonne heure comme les lingots d'étain. Il se peut — et ici tout
est pure conjecture — qu'on ait introduit alors sur notre littoral
atlantique du cuivre ibérique, en un mot que l'abondance des
234
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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1$
Fifif. 1. — Haches plates, probablement en cuivre, trouvées en Italie, en Espagne, à Chypre, en
Hongrie ; 1/4 gr. ; — 1 , Chypre (Evans, Age du br. , p. 43) ; —2, 10, 14. Italie centrale (Monte-
lius, Italie prim., pi. 124); — 8, Espagne (Siret, Premiers âges du métal, pi. 26; —
3, 4, 5, 11, 13 Terramare de Castione et Reggiano {Bull. pal. ital., 1901, p, 9, pi. I) ; —
12, Chypre (Montelius, Chronologie Bronzezeit, p. 11); — 9, Hongrie (Congrès Budapest,
1876, p. 220); — 6, Région de Viterbe {Bull. pal. ital., 1903, pi. XIII); - ", Hongrie
Zeitschrift f. Ethn . , 1896, p. 87) .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 235
haches plates en Vendée soit due à des faits d'ordre plutôt com-
mercial qu'industriel.
Mais, ce que je peux affirmer de la laçon la plus catégorique,
c'est que, contrairement à l'assertion de M. Marcel Baudouin, les
haches plates vendéennes n'appartiennent nullement à des types
originaux. C'est avec une profonde surprise que j'ai vu M. Bau-
douin affirmer que ces haches « constituent un groupe très par-
ticulier, ayant des formes spéciales caractéristiques, très diffé-
rentes de celles des haches du centre cuprique méditerranéen
et de l'Europe centrale. » En quoi consiste cette prétendue
originalité? On ne nous le dit pas; mais les dessins publiés par
M. Baudouin, d'après le Frère René, font, au contraire, ressortir
avec la plus grande netteté la similitude des haches vendéennes
et de celles des régions de la Méditerranée et de l'Europe cen-
trale. Il suffit pour s'en convaincre de mettre en regard de ces
dessins la planche ci-jointe, où j'ai groupé, à titre de spéci-
mens, diverses variétés de haches plates primitives trouvées en
Italie, à Chypre, en Hongrie, en Espagne.
On y remarque précisément la forme à bords rectilignes, à
tranchant non élargi, à talon plus ou moins carré ou triangulaire,
que M. Baudouin paraît donner comme propre à la Vendé.e,
ainsi que celles à pointes latérales saillantes. Une des haches
vendéennes, nous dit notre honoré confrère, présente au sommet
un trou de suspension, ayant dû servir d'amulette. C'est encore
là un trait accessoire de parenté avec les exemplaires méridio-
naux. J'ai déjà noté, après M. Montelius, que « plusieurs haches
plates des pays du sud (Chypre, Asie Mineure, Grèce, Hongrie)
sont perforées au sommet d'un petit trou rond ou rectangulaire
servant peut-être à les suspendre en guise de talismans » [Manuel,
II. 1. p. 245). La seule différence entre ces haches plates primi-
tives des pays méditerranéens et celles de l'Atlantique, paraît, en
iéalité, résider dans les dimensions. Dans l'ensemble (car il y a,
de part et d'autre, des extrêmes qui s'écartent sensiblement de
la moyenne), je crois que les exemplaires de l'Espagne, de la
Charente et de la Vendée l'emportent en longueur sur ceux du
sud, peut-être parce que les premiers fondeurs, ceux des régions
méridionales, ont rencontré au début quelque difficulté à
couler des pièces de grande longueur. Il fallait déjà quelque
expérience au fondeur des haches de Mondouzil (Charente), qui
mesurent 0m24. Quoi qu'il en soit, cette particularité ne saurait
être invoquée à l'appui de la thèse de l'antériorité des exemplaires
vendéens. En général, en passant d'une région à l'autre, les
types industriels se modifient plus ou moins. Pour la hache plate
l»;s modifications ont été très légères. Seule, parmi les va-
236 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
riétés du sud-est, la forme rectangulaire, a bords complètement
parallèles et tranchant élargi, manque en Gaule, aussi bien en
Vendée et en Armorique que dans les autres provinces.
J'ai donc le droit de protester avec énergie, quand je vois
M. Marcel Baudouin affirmer que, contrairement aux théories
anciennes, «l'importation méditerranéenne du cuivre ne peut plus
pour l'ouest de la France être prise en considération, » et que
l'énéolithique de la Vendée, indépendant des premières décou-
vertes métallurgiques survenues dans l'Europe méridionale, pré-
sente un ensemble de formes industrielles originales. A l'heure
actuelle, il est, à mon sens, impossible d'émettre une théorie, qui
soit en contradiction plus complète avec l'ensemble des faits
archéologiques (1).
M . A. Guébhard estime que l'argument de l'uniformité de type
des premiers instruments de l'homme et de l'ultériorité de leur
différenciation, qu'il s'agissse de la hache de bronze ou de cer-
taines formes simples de poteries, se retourne absolument contre
la théorie monogéniste, qui refuse au cerveau de l'homme, arrivé
à un certain degré de maturité, d'avoir pu produire, spontané-
ment, partout, dans les mêmes circonstances, à l'incitation des
mêmes besoins, les mêmes fruits, comme le végétal, où qu'on le
transporte à chaque saison, donne feuille, fleur ou graine, et
comme le moindre insecte, en tous lieux, sans leçons, pratique,
au moment voulu, même art, science, industrie.
Le progrès des communications, aurait dû tendre, comme dans
les sociétés modernes, à l'uniformisation des usages, et non à leur
divergence; et les archéologues qui veulent voir autre chose que
de la physiologie dans l'évolution des manifestations intellec-
tuelles de l'homme, fournissent la mesure de leur propre cérébra-
lité, en arrivant, par l'application de leur méthode et par des
arguments aussi probants les uns que les autres, à placer les uns
(1) J'ajoute une observation d'importance secondaire. M. Marcel Baudouin
oppose les trente-six haches plates qu'il déclare avoir été trouvées en Vendée à
celles du Finistère, où l'on n'en connaît, dit-il, que vingt-quatre, bien que ce dépar-
tement passe pour le plus riche en objets de cette catégorie. Mais ce chiffre des
vingt-quatre haches du Finistère est obtenu uniquement (à une unité près) au
moyen des trouvailles des dépôts connus et figurant 3ur mon relevé, celui-ci
dressé en grande partie pour ce département à l'aide des travaux du regretté
Paul duChatellier. Ce relevé inventorie, en effet, vingt-trois haches plates en Finis-
tère (dépôt de Lety-Bras, cinq : dépôt de Plogastel-Saint-Germain, neuf ; dépôt de
Plouhinec, neuf). Pour la Vendée, au contraire, M. Baudouin, si je ne me trompe
(car il ne donne pas le détail des trouvailles), fait entrer en ligne de compte non
seulement les dépôts comprenant au moins deux objets, mais encore les découvertes
étrangères aux dépôts. S'il en est vraiment ainsi, la comparaison instituée se
trouve tout à fait viciée : il faudrait alors ajouter aux vingt-trois exemplaires des
dépôts du Finistère ceux des sépultures et des trouvailles isolées.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 237
au Nord, les autres au Midi, la plupart à l'Est, personne ne vou-
lant de l'Ouest, le centre soi-disant unique d'émanation de ce qui,
partout, put, dut naître, fatalement d'une certaine équation éta-
blie entre l'homme et le milieu, aussitôt l'un en possession de la
circonvolution cérébrale voulue, et l'autre du matériel idoine à la
satisfaction meilleure d'un besoin de plus en plus développé.
Constater en un point du globe la coexistence de ce matériel
et de l'instrument qui en lut fait, constitue donc en faveur de la
théorie physiologique de l'Evolution indépendante des hasards de
toute révélation monocentrique, une présomption de valeur au
moins équivalente à celles qui ont conduit jusqu'ici les monogé-
nistes à des conclusions divergentes.
M. Marcel Baudouin. — J'accepte très bien et je suis le premier
à comprendre la nécessité de la communication de M. Déchelette.
J'en remercie même très vivement son auteur, dont j'apprécie
particulièrement le caractère et la grande science. Elle donne
un poids, inespéré, à ma modeste prise de date! — Je vais donc
m'efforcer de répondre, aussi brièvement que possible, h notre
collègue, phrase par phrase, pour simplifier. Mais je me sou-
viens que le Fabuliste a dit :
" « L'homme est de glace aos vérités ! >
Si je n'avais été obligé de résumer, en quelques lignes, un mé-
moire, rédigé, de cent pages [qu'il ne dépend pas de moi de n'avoir
pas fait paraître encore], on aurait pu lire, dans ce travail, que
« Invention du cuivre » veut dire (cela ne va-t il pas de soi?) « In-
vention de Yindustrie du Cuivre »', dans le sens même qu'indique
M. Déchelette. Mais, ce que je nie, c'est précisément ce fameux
« cheminement delà connaissance du procédé métallurgique » . Je
suis donc polygéniste (carrément polygéniste), en matière, Indus-
trie, d'origine humaine. Par suite je nie également que les objets
de cuivre de Y Europe occidentale dérivent de prototypes médi-
terranéens.
M. Déchelette et moi nous sommes donc, en réalité, bien
d'accord : nous pensons exactement le contraire l'un de l'autre \
C'est ce que j'ai affirmé en disant : « Je lutte contre les théories
aociennes ». Tout est donc très bien.
On ne peut pas, cependant, déjà trouver faible mon argumen-
tation, puisqu'elle n'a pas été publiée... Il eut été prudent de la
lire, avanttoute critique. D'autre part, M. Déchelette veut ignorer
« le Cerveau humain ». Libre à lui! N'en parlons donc pas, ici,
p sur l'instant. Mais on ne perdra rien pour attendre; qu'on se
rassure !
238 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Je n'ai jamais nié l'industrie, locale, du cuivre dans l'Ibérie ni
dans l'Irlande. Je prétends seulement que les Bretons-Vendéens
n'ont pas eu de rapports forcés avec ces pays, et que le grand
Transit maritime, si célèbre, n'a pas existé dans P Atlantique, à la
fin du Néolithique tout au moins. Je crois queles vases caliciformes
peuvent avoir été inventés aussi bien en Vendée qu'en Espagne,
voir même « en Chine » ! Je répète que cette « affaire de Céra-
mique » ne prouve nullement le « grand Transit maritime ».
C'est justement là où intervient le fameux « Cerveau humain »
dont les Archéologues font toujours fi; d'une manière incom-
préhensible pour les Médecins.
Je reviens à la Vendée; et je rectifie d'abord ce qui est inexact:
1° A Saint-Etienne-de Brillouet, la cachette était de huit haches,
et non de sept (je le prouverai). A Messigny, il n'y avait pas de
haches plates (je le prouverai encore). Dès 1901, le FreRené avait
publié un bon travail sur les Haches plates de Vendée. M. Dé-
chelette ne l'a jamais pas cité, parce qu'il ne le connaissait pas.
Rien de plus excusable au demeurant. « Je sais tout » n'existe
qu'en littérature
Je maintiens la forme spéciale, sinon de toutes les haches de
Vendée (je veux dire de l'Ouest de la France), du moins de beau-
coup, par rapport à celles originaires du Centre méditerranéen;
je le démontrerai par trente décalques, et l'étude des indices,
trop ignorée [Les dessins du Fre René sont trop réduits pour
servir à la discussion]. D'autre part, la hache perforée de Ven-
dée ne ressemble en rien à celles indiquées par M. Déchelette;
il en conviendra lui-même, quand il la connaîtra!
Les types 10 (Italie), 12 (Chypre), 13 (Italie), de la figure de
M. Déchelette, sont inconnus en Vendée (sans parler de la Bre-
tagne) ; or, ce sont précisément les types du Cuivre méditerranéen,
n'ayant rien à voir avec le Cuivre Breton-Vendéen. Par consé-
quent, la figure de M. Déchelette ne fait que confirmer, par ces
numéros, ma théorie, au lieu de l'infirmer ! Or, c'est à ces
seules formes que j'avais voulu faire allusion dans ma note.
D'ailleurs, en ce qui concerne la forme des objets, il y a
longtemps que je défends l'idée que vient de si bien exposer
M. Guébhard; si donc, pour les autres numéros, il y a similitude
de forme (plus ou moins grande), cela ne prouve pas du tout
l'importation de Vidée. Les mêmes besoins donnent les mêmes
formes; la Fonction fait V Organe, en Anatomie vraie.
J'en suis actuellement à trente-neuf Haches plates (je ne dis pas
en cuivre) pour la Vendée. Si j'ai indiqué le chiffre de 24 harhes
plates pour le Finistère, c'est parce que je l'avais trouvé dans
les publications de M. Paul du Chatellier lui-même; mais je suis.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 239
prêt à accepter tout chiffre plus élevé vque If. Déchelelte ne
donne pas d'ailleurs !). Cela ne m'effraie pas. J'ai, au demeurant,
de la marge, puisque j'ai encore quinze haches de plus ; et mon
mémoire [dans lequel j'admets, d'ailleurs, la possibilité (à dé-
montrer) du centre cuprique du Finistère], n'est pas encore
publié 1
Je ferai seulement remarquer, en terminant, que ma note
originale de février avait 48 lignes; et que la critique de M. Dé-
chelette en a 287. Mon honorable contradicteur m'a donc fait un
honneur, dont je suis le premier à apprécier toute la portée
scientifique Je l'en remercie profondément.
J'arrête là cette réponse temporaire, que j'ai faite très courte à
dessein, pour ne pas abuser. C'est mon travail in extenso, qui
répondra scientifiquement aux partisans des théories anciennes. Je
ne reviendrai donc plus sur le côté théorique de la question, pour
ne pas user une encre, qui est plus utile quand elle consigne des
Observations précises, que quand elle les discute.
M. Desailly (Paris). — Au sujet de la note de M. Guénin sur
le Cuivre en Bretagne* je ferai remarquer que la preuve n'est pas
encore faite « qu'il y eut en Bretagne, et sans doute en Vendée,
« de nombreux gisements de cuivre, livrés à l'exploitation ». De
ce que certains auteurs ont signalé la présence de roches plus
ou moins cuivreuses dans cette contrée, on ne peut conclure
quelles ont été exploitées.
Les citations, données par M. Guérin, sur la fo/ de son corres-
pondant, ne sont pas tout à fait exactes. En publiant la liste du
minéral cuivreux, reprise par notre collègue, Gobet ne cherche
qu'il provoquer des recherches, puisqu'il écrit : « On trouverait
des mines en « Bretagne: du marbre dans la Marne, et d'autres
« substances; mais il faudrait confier une ou deux tarières dans
« chaque évéché entre les mains de gens amateurs et intelli-
« gents. »
Une mine ne s'exploite pas sans laisser des traces; et les re-
cherches de M. Hellot (de l'Académie des Sciences) [dans YEtat
des mines du royaume distribué par province, 1750] et Daubrée
[Aperçu historique sur t exploitation des métaux dans la Gaule ;
Revue archéologique, 1868 et 1881], ne donnent aucune mine de
cuivre, ayant été exploitées en Bretagne (1). Mme de Beauséjour,
1) On lit dans Cambry (Mon. celt., p. 22) : « Un vaisseau, chargé de Cuivre, venu
de Gaule, fit naufrage à Ostie, à l'époque de Caligula ou a peu près ! ».
'ieux qui veulent comprendre mon hypothèse, n'ont qu'à relire Cambry — avec
Ye.prit et les connaissances modernes ! » — , car cet écrivain fut un précurseur!
240 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
elle-même, dans la « Restitution de Pluton »,ne cite aucun mine-
rai de cuivre en Bretagne. . .
Pour ce qui est relatif au § a de la note de M. Guénin, voici le
texte exact, d'après Gobet :
« On apprend qu'en 1519 lorsque la Bretagne fut irrévocable-
ment unie a la France, il y eut une commission adressée aux
juges de Cornouailles, Carhair, Morlain et Lautrenier pour in-
former à l'occasion de certains larcins faits es mines d'étain,
plomb, cuivre, vif argent et autres métaux fors, l'or, dans le pays
de Bretagne ». Le mot « Cornouailles » est suggessif, et ne figure
pas dans la note de M. Guérin.
M. Marcel Baudouin. — Vint, des Ch. et Cur. (1911, LXIII,
p. 568) donne la liste des minières, où le Cuivre se rencontre, par
hasard, en France. Pour l'Ouest, il cite : la Charente et la Haute-
Vienne, seulement; pour le Sud : la Corse, les Alpes-Maritimes, la
Savoie . Il conclut : « Depuis la publication des ouvrages classi-
ques (Lacroix; Fuchs et Launay; etc.), l'exploitation des mines de
cuivre, situées sur le territoire français, a une légère tendance à
se développer.
M. Desailly (Paris). — La Compagnie royale de Galabon
a exploité, au pied de la montagne d'Albert, tout proche du village
de Torrède, une veine de cuivre, fort riche. Cette veine si abon-
dante était accompagnée de feuillets de cuivre rouge, très duc-
tiles et formés tels par la nature. On les trouvait répandus parmi
le gravier ou plaqué contre les pierres. J'en ai apporté quelques
échantillons sur'des pierres, où le cuivre naturel est facile a plier,
et paraît ramifié à la manière des dendrites (e).
M. A. Guébhard, à propos du paradoxe lancé par son ami
Pagès-Allary, rappelle que la question de la première tech-
nique du cuivre a été depuis longtemps solutionnée pour l'Amé-
rique précolombienne, dans le sens de l'utilisation par simple
martelage, ave l'aide, peut-être, de la chaleur, mais sans fusion
ni moulage!
Pour revenir en Europe, M. Guébhard rappelle la trouvaille, qui
a été faite dans une palafitte robenhausienne (F. Keller, Schmelz-
liegel fur Kupfer ausder Steinzeit, Indicateur d'Antiquités suisses,
vol. III, 1876-9, p. 680-2, pi. IX) d'un petit creuset, présentant
des traces indubitables d'emploi pour la lonte du cuivre pUr.
(1) Le Monnier. — Mémoire à l'Académie royale de Sciences, 1739.
SOCIÉTÉ PRÉUlsTORIQUE FRANÇAISE 241
M. Giémn (Brest). — Dans César De bello Gallico, III, 21), on
trouve que les Aquitains avaient, en beaucoup de lieux, des mines
de Cuivre. Il est regrettable qu'il n'y ait pas davantage de préci-
sion. En tout cas, à Allaoe (Charente), il y eut du Cuivre exploité.
La Tortue en Préhistoire.
[Culte des Animaux en Tunisie].
Par le D*
E. Cle de MULINEN Berne, Suisse).
Les notes, fournies par M. le Dr Gobert dans le B. S. P. F.
(pages 123-124) sur le rôle religieux attribué à la Tortue en Tu-
nisie, s'accordent avec les renseignements que j'ai pris lors de
mon récent voyage dans l'Afrique du Xord. — Voici ce qui m'a
été communiqué à ce sujet par des indigènes de Tunis.
Les musulmanes de Tunis, les négresses surtout, les femmes
arabes, quelquefois même les hommes, entreprennent annuelle-
ment, pendant l'été, un pèlerinage au sanctuaire de Sidi-Saad,
Après y avoir fait leurs dévotions et déposé les offrandes, elles
se rendent à une sebkha (étang) du voisinage, domicile de la
Lêla Dagdouga, \aDame, c'est-à-dire la Sainte — Tortuel On jette
de la semoule et du grain dans l'eau, d'où surgit lentement une
énorme Tortue. A son aspect, les visiteuses se prosternent, prient,
et font leurs vœux qui ne peuvent manquer d'être exaucés. La
seule difficulté, pour obtenir ainsi tous les biens, consiste dans
l'obligation de répéter le pèlerinage à Sidi-Saad tous les ans ; par
une seule omission, on s'exposerait au courroux du saint.
L'exactitude de cette information me parait hors de doute
qinmt iiu fond, eu égard au caractère des personnes qui me l'ont
donnée ; quoique la courte durée de mon séjour à Tunis m'ait
empêché de la contrôler moi-même, je n'hésite pas à la faire
connaître. Le fait allégué me semble assez significatif pour atti-
rer l'attention des savants.
Il s'agit ici d'un des cas de vénération des Animaux en Tuni-
sie, dont on pourrait aisément citer un plus grand nombre. On
part du monastère, par exemple, par une belle nuit d'été ; les
femmes des pêcheurs prennent la mer sur des barques pour jeter
iu grain à un poisson, la Kahligé, qui, elle aussi, jouit du titre
de Cela, de Sainte. L'Islamisme étant par son génie opposé au
oulte des animaux, les cas précités ne peuvent avoir eu leur ori-
gine dans son sein. Il est, en outre, à remarquer que ce sont prin-
cipalement les femmes qui observent ces cérémonies, car, en
aiatière de religion, elles sont plus conservatrices que les hom-
30CIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 16
242 SOCIÉTÉ PKÉHlSTOItlQUE FRANÇAISE
mes. Nous relevons donc ici les traces d'une croyance antérieure
à l'invasion arabe et même au Christianisme, croyance qui, pour
persister, a dû se déguiser. Elle s'est prudemment mise, dans le
cas de la Lêla Degdouga, sous la protection du saint musulman,
comme partout les cultes survivants du passé savent s'accommo-
der avec la religion dominante !
A propos des Haches en pierre, trouvées <l:ma
les murs de maison*».
M. A. de Paniagua (Paris). — L'Atharva-Véda, le quatrième
véda, dont « le fond est d'une immémoriable antiquité et plonge
en plein dans le passé préhistorique » (V. Henry, la Magie dans
Vlnde antique), donne la description des cérémonies traumatur-
giquesqu'accomplissaient les magiciens Atharvas et Angiras, lors
de la construction d'une hutte ou d'une maison dans l'Inde, afin
de rendre propices la déesse «Dame de la demeure», et le génie
spécial Vastôshpati,qui se confond h demi avec elle. La pratique,
sacrée et propitiatoire par excellence, consistait à enterrer, aux
quatre coins de la maison, six pierres polies (A. de Paniagua,
Congrès des Soc. franc, de Geo. Bordeaux, 1907. Les figurations
tectiformes des cavernes à parois gravées ou peintes des Eyzies).
M. Georges Baquié (Nissan, Hérault). — Dans les premiers
contreforts des montagnes de Saint-Pons, M. l'abbé Louis
Vabre, curé et géologue à Quarantes, Hérault, m'a assuré que
les paysans de la région placent une hache polie dans l'inté-
rieur des clochettes des moutons, pour les protéger de la foudre,
et surtout des maladies.
Le Mot Cro en Préhistoire.
M. A. de Paniagua (Paris). — Mrae Clémence Royer indique,
comme onomatopée du grattement, skrabh ou ghrabli [Les rites
funéraires, p. 41). J'ai écrit, en 1892 [La genèse de l'homme,
p. 205.) : « Si, avec une pierre quelconque, un silex, un calcaire,
on frappe sur une roche, on racle un rocher, on obtient un bruit,
qui peut s'exprimer par une des syllabes cra, cré, cro, suivant la
manière d'entendre de chacun. Si, d'un autre côté, on constate
que cette racine onomatopéique, soit pure, soit déformée par mé-
tathèse, se retrouve dans un grand nombre de mots ayant la si-
gnification immédiate ou éloignée de pierre, de dureté, de résis-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 243
lance, on sera conduit à l'admettre comme ayant la signification
initiale de « Pierre ».
En franc., craie; lat., cre-ta; allem., kre-ide. L'anglais donne le
verbe to crack, « faire éclater une pierre ». Ce mot est typique,
aussi bien que le franc, craquer. Le grec a xpo-xr,, xpo-xaêir], cail-
lou craquant sous les pieds. Par relation d'idées, <rxpa-Etv veut
dire « croasser et « grincer » ; et nous ajouterons que dans le pa-
tois des Vosges le nom du corbeau est crô.
Le dravidien a kal, « pierre», qui par le mute si fréquent des
liquides /et r donne kar en tamoul; d'où le grec /spa?. Dans ce
cas, il y a mute également dans la forme: kar est évidem-
ment pour kra. En vertu de la même métathèse le français roc,
forme masculine de roche, ne serait qu'un anagramme de cro par
la translation de l'initiale au terminale : bas. lat. , ro«:<:a ; provenç.,
roca ; esp. roco ; celt., roc h ; gael., rock.
La Géographie apporte son contingent de preuves, en mon-
trant que nombre de localités, dont les noms contiennent cette
racine, sont des endroits où existent ou ont existé, soit des carriè-
res, soit des abris sous roche, soit des amas de rochers: en
France, Cro-Magnon énorme rocher, qui domine la vallée de la
Vézère ; Crèon (Gironde), carrières de pierres ; Creil (Oise), en-
core carrières de pierres; Craon (Mayenne). A l'étranger, Crons-
tadt, île rocheuse dans l'Estuaire de la Neva; Cracovie, bâtie dans
une plaine, mais entourée de collines pierreuses en amphithéâtre ;
Crémone, qui s'élève sur un énorme rocher. On pourrait allonger
considérablement cette nomenclature.
Discussion sur les Gravures sur Roches.
M. le Dr Dalmon (Bourron, S.-et-M.). — La communication de
M. Ede, dans le précédent Bulletin, sur les Gravures rupeslres,
m'a remis en mémoire un passage des Triades de l'Ile de Bretagne,
du roi Cormac, où il est question de la pierre de Swyddon-Sanhe-
bon, dans laquelle sont gravés tous les arts et toutes les sciences
du monde.
Si, de nos jours, les Mégalithes de nos campagnes sont encore
illustrés de légendes, à caractères modernes ou médiévaux,
nombreuses sont les traditions des premiers siècles de notre ère,
se rapportant aux pierres. Ne sont-ce pas elles, qui ont été l'ori-
gine de la dénomination de pierres celtiques, qu'on donna tout
d'abord aux mégalithes ? Ces légendes ont dû prendre leur racine
dans des légendes plus anciennes de peuples disparus. La légende
244 SOCIÉTÉ PKÊIHSTOIUQUE FRANÇAISE
n'est pas une et immuable; la légende a son évolution. C'est ce
qui peut nous permettre de reconstituer à rebours ses différents
caractères chronologiques, pour en dégager le point primitif pré-
historique, comme l'a si bien fait remarquer notre éminent collè-
gue, M. le Dr Marcel Baudouin. Ces traditions n'ont pas toujours
un caractère religieux.
Il se peut que les gravures rupestres du Mont Aiven aient un
caractère religieux ; mais rien ne le prouve actuellement.
Il me paraît dangereux de les comparer aux signes cruciformes
de la Roche aux Noms. Je souhaite que l'intéressante découverte
de M. Ede en amène d'autres; mais il serait regrettable, à mon
avis, qu'elle soit l'objet de conclusions prématurées ou d'associa-
tions trop éloignées. Le triangle de nos signaux géodésiques n'a
aucun caractère lithurgique !
Présentation de Photographies stéréoscopique»
du Dolmen à polissoir de Vouvray fSarthe).
M. Bossavy (Versailles) fait circuler des vues stérèoscopiques du
Dolmen de Vouvray-sur-Huisne (Sarthe), dont un pilier montre, à
l'intérieur, les traces de son utilisation comme polissoir. M. Bos-
savy se proposait, en raison de cette particularité, de décrire le
dolmen en question, lorsqu'il a appris que notre collègue, M. Car-
tereau (de la Sarthe), en avait fait l'objet d'une importante com-
munication au Congrès préhistorique de Tours, en 1910.
M. Marcel Baudouin. — Je me permets de féliciter M. Bossavy
d'avoir employé la photographie sièrèoscopique pour le Dolmen
Polissoir de Vouvray (Sarthe); et je me borne à rappeler que
j'ai été le premier (1) à employer cette méthode pour les Po-
lissoirs et les Dolmens, dès 1901 (2). Il faudrait toujours l'uti-
liser pour les Gravures sur Rochers [Cupules, Bassins, etc.),
car on les comprendrait bien mieux ainsi.
J'ajoute que mon ami, M. Maurice Hamy, l'astronome, membre
de l'Institut, a montré qu'on pouvait se passer d'appareil spécial,
en prenant deux vues successives avec le même appareil, sous un
angle différent; le seul inconvénient est, pour nous, mathéma-
ticiens élémentaires, de calculer cet angle, pour une distance
(1) Marcel Baudouin. — [La photographie scientifique des Mégalithes.]— Bull, et
Mém. Soc. dÂnthr., Paris, 1901. p. 344 (séance du 6 juin 1901).
(2) Marcel Baudouin. — La Photographie stéréocopique des Mégalithes. — Bull,
et Mém. Soc. d'Anthr. de Paris, 1901, 5 s., t. II, 592-602. — Tiré à part, 1901, in-8",
4 figures.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE "2-io
donnée et notre appareil. — Il est plus pratique, en effet, d'avoir
recours à un appareil ad hoc.
Découvertes en Charente-Inférieure.
[Prise de date\
M. A. Gousset (Etaules) communique quelques notes sur les décou-
vertes récentes, qu'il a faites en Charente-Inférieure.
Les principales sont les suivantes :
i° Camp du Champ de la Mule Sainte-Porchaire). — Ce camp est
inédit: il semble qu'il s'agit d'un éperon barré. Il est probablement
néolithique (silex, poteries, etc.).
2° Les Grottes de Sainte-Porchaire. — On en distingue au moins
trois, dans les environs du Camp précédent.
3° Les Grottes de Rochecorbon. — Certaines de ces grottes ont été
utilisées à une période récente et transformée en des sortes de Refuges,
comme en Charente. — Il y a au moins quatre Grottes.
4° Un Cimetière mérovingien.
5° Un Camp, au lieu dit Le Chatenet.
6° La Grotte de la Vauzelle, qui est très intéressante.
Toutes ces découvertes feront l'objet d'études détaillées ultérieures.
Découverte d'une station moustérienne
à Garches Seine-et-Oiee'.
[Prise de date].
M. Maurice Gillet (SuresnesS.). — Entre une couche de limon
des plateaux, d'une épaisseur de 12 mètres environ et de sable
de Fontainebleau, M. Gillet a recueilli a Garches (briqueterie
Huguet), disséminé sur un banc de meulière, formant l'ancien
sol, un nombreux outillage moustérien, comprenant principale-
ment de beaux éclats Levallois, des racloirs convexes, des
pointes à main, des lames avec encoches pour faciliter l'emmen-
chement, et un instrument triangulaire semblable a celui de la
ligure 70 du Musée préhistorique de G. et A. de Mortillet
(2° édition).
M. Gillet poursuit ses recherches. Il se propose d'en fairecon-
naitre le résultat, si les matériaux réunis lui paraissent intéres-
sants, et si personne ne revendique la priorité de cette découverte.
246 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Un atelier de fabrication d'anneau en lignite
à IVacqueville-Baa (Manche).
[Prise de date].
M. G. Rouxel (de Cherbourg). — La présence d'anneaux en
schiste a été reconnue sur la plage de Nacqueville-Bas dès 1878,
à la suite d'une tranchée, effectuée pour l'établissement de la
batterie de Nacqueville.
Depuis, M. Rouxel a surveillé attentivement ce point, trop
souvent ensablé ; et, a la suite de grandes marées, il y a recueilli
une industrie néolithique comprenant des grattoirs noirs et
courts taillés dans des galets éclatés, des instruments en silex
ocreux, des grattoirs, des petits tranchets et des pointes, géné-
ralement de petites dimensions. Mais ce qui caractérise cette
station et donne une importance capitale aux dernières décou-
vertes, c'est d'avoir de nouveau recueilli plus de vingt ébauches
d'anneaux en schiste bitumineux, portant des traces de débitage,
et dues à des silex plutôt qu'à des instruments en métal. D'après
M. Bigot, ce schiste proviendrait d'un gisement voisin, situé à
12 kilomètres, sur la côte opposée et de la dune, du Pont des
Sablans, entre Biville et Siouville. Deux anneaux terminés offrent
un cercle petit, arrondi sur les bords, avec nervure creuse sur le
pourtour extérieur.
De plus amples détails sur cette découverte, très intéressante
et qui rappelle celles de Buxières et Montcombroux (Allier),
seront fournis ultérieurement.
Casse-tAte de Braisne (Abne).
M. S. Leloutrk. -- Dans sa notice intitulée Casse-tête en silex,
trouvé à Saint-Quenlin-des-Iles, près Bernay (Eure), M. Coutil
a signalé, au n° 3, le casse-tête de Braisne-le-Comte (Oise); l'indi-
cation du département doit être changée ; le lieu de la décou-
verte serait les environs de Braisne (Aisne). Le DrVimyqui l'avait
recueilli avait formé une collection très intéressante, provenant
de cette région située à l'embouchure de la Vesle et l'Aisne, qui
a fourni à MM. de Saint-Marceaux etMoreau (Collection Caranda)
de fort belles choses.
SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE 247
Ex-voto en argile, représentant probablement
un cavalier gaulois, trouvé en Palestine.
Par le D'
E. Comte de MULINEN (Berne).
[Me de date\
La pièce, en argile rougeàtre, haute d'environ 0m12,et excavée
intérieurement, a été trouvée dnns la grande caverne de Bi'ne,
près de Deir el-Asad, à une distance de deux lieues à l'est de Saint-
Jean-d'Acre. Les autorités, auxquelles elle a été soumise, sont
d'avis qu'elle représente, d'après tout son aspect, la chevelure, le
bouclier, un cavalier gaulois. Dans ce cas, il s'agirait d'un membre
de ces vaillantes tribus qui, faisant invasion en Asie, ont fondé le
royaume des Galates, et qui pouvaient même conquérir l'Egypte;
au me siècle, on les trouve un peu partout clans le Levant, notam-
ment dans le royaume des Séleucides, où ils faisaient le métier
de condottieri. La caverne de Bi'ne contient des antiquités de
tous les âges, depuis les temps les plus reculés de la domination
égyptienne sur la Phénicie jusqu'à l'ère chrétienne. On pourrait
donc s'imaginer qu'un ex-voto gaulois a été déposé dans ce sanc-
tuaire funéraire.
Dents humaines Moustériennes
de La Quina (Charente).
[Prise de Date].
M. le Dr Henri Martin (Paris) présente deux dents humaines,
du Moustérien supérieur, de La Quina (Charente). — Ces pièces,
recueillies exactement en place sous un ancien éboulement, ont
été dégagées de la couche tout récemment, lors de ses dernières
fouilles; l'une d'elles a même été trouvée par notre collègue
M. Harlé.
Ces dents, de fortes proportions, répondent à la M' inférieure
droite et à la M3 inférieure gauche. Elles seront l'objet d'une
étude ultérieure.
248 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Objet bizarre en terre cuite.
M. A. Guébhard présente un singulier petit objet trouvé
dans les fouilles de Massiac (Cantal), par M. J. Pagès-Allary.
Façonné en terre micacée, à petits grains de quartz hyalin, il a
la forme générale d'une chausse-trape, c'est-à-dire de deuxpyra-
mides quadrangulaires réunies par leurs bases de 4 centimètres
de côté, à arêtes curvilignes très émoussées et angles arrondis
en tétons, l'un d'eux un peu allongé en manche creux. Dans la
cavité intérieure sont restés mobiles des fragments de terre fai-
sant grelots, peut-être dus simplement à la percée diamétrale de
quatre trous de 0m004 de diamètre, également répartis entre les
saillies, où ils font un peu l'effet d'yeux de part et d'autre de chaque
nez. Aucune intention anthropomorphe ne semble cependant
avoir présidé à ces perforations, destinées plutôt à la suspension
d'un objet de jeu, d'un hochet ou d'un contrepoids, ou peut-être
à l'attache d'un pommeau faisant partie d'une plus grosse pièce.
L'âge, n'ayant pu être donné par la stratigraphie, reste incer-
tain : vraisemblablement gallo-romain. Rien de similaire n'a pu
être trouvé ni dans la littérature, ni dans les collections.
Découverte de Sépultures à Gigny (Jura).
Madame M. Savoye a profité d'un défoncement, qui se faisait
à Gigny (Jura), sur un emplacement où on disait qu'avaient été
trouvées autrefois des sépultures, pour en faire rechercher, un
peu plus profond, encore d'autres, qui furent effectivement dé-
couvertes, en deux lignes parallèles, au nombre de treize;
toutes orientées face à l'Est, la tête reposant sur une petite dalle,
l'entourage et la couverture formées d'autres dalles brutes, mal-
heureusement sans aucun mobilier permettant de préciser leur
âge. M. A. Girardot, avisé fit savoir que les anciennes trouvailles
analogues, faites en 1887, avaient permis de rapporter la plupart
à l'époque mérovingienne (L. Clos, Découverte de tombeaux an-
tiques sur le territoire de Gigny, Jura, Mém. Soc. Emul. du Jura,
4« série, vol. III, 1887, p. 14-23, 1 pi.)
A Graye, ajoute Mmc Savoye, non loin de Gigny, des tombes
analogues ont été plusieurs fois découvertes, sans mobilier, au
nord de l'éminence du Mettiau, où on remarque d'assez nombreux
fragments du silex taillés et de poteries antiques.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 249
III. — COMMISSION DES ENCEINTES.
Commission d'étude
des Enceintes préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
If. Armand Viré, Président de la Commission, empêché d'assister
à la séance, envoie le 47e rapport.
— M. Stéphane Bouttet nous a adressé une étude, tirée de la
Revue Préhistorique, sur le Château-Brulé de Lourdon, commune de
Vilïerest (Loire), intéressant spécimen de fort vitrifié, et sur le Châ-
teau de Verre, de Chatelus, commune de Saint-Alban-les-Eaux
(Loire). Le premier figure dans l'inventaire publié plus loin, et dû à
Mme Savoye ; le second a été publié déjà ici même (J5. S. P. F., VI,
1909, p. 357).
M. N. Gabillaud, nous envoie des notes dont voici d'intéressants
extraits :
« Les environs de Châtillon-sur-Sèvre, autrefois Mauléon (Deux-
Sèvres), ont vu leurs hauteurs tour à tour occupées par les Gaulois
et les Romains (1), les Français et les Anglais, les Catholiques et les
Protestants, les Royalistes et les Républicains, qui, tous, respectè-
rent et, sans doute, utilisèrent les enceintes préhistoriques ou préro-
maines de Château-Gaillard et de Bois-Fichet, commune de Saint-
Jouin-sous-Chàtillon.
« Il est probable que les retranchements de Château-Gaillard
(Camp des Gaulois) et de Bois-Fichet (Camp de Duguesclin), ont été
construits par des peuples agriculteurs se livrant à l'élevage des ani-
maux domestiques. Les deux plates formes, A et B, situées au som-
met de ce dernier mamelon, devaient être entourées d'une palissade
à base consolidée par un ados de terre et de pierrailles. Pendant la
nuit, elles servaient d'abri aux bêtes et aux gens.
De larges avenues bordées de remparts conduisaient le troupeau
du parc aux prairies des alentours. Les cordons de terre et de pier-
res amoncelées qui courent, de haut en bas, sur le flanc du coteau,
pouvaient border les allées de chaque parc, et séparer, entre eux,
les différents quartiers assignés aux familles ou tribus.
(1) Voir N. Gabillaud. — Inventaire Archéologique et Rapport sur la Station
gallo-romaine de la Barbinière. — On vient de ui'apporter un denier d'argent d'O-
' aollie, femme de Philippe père, trouvé en face de Château-Gaillard^ au pied des
l'uinc* de l'ancien château do» Sires de Mauléon,
250 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« Entre les enceintes de Bois-Fichet et de Château-Gaillard, dis-
tantes de 1.000 à 1.200 mètres, existait, jadis, un dolmen. La repré-
sentation que j'en donne, d'après un croquis de M. Chaigneau, ser-
rurier à Châtillon, m'a été fournie par mon obligeant confrère,
M. Charbonneau-Lassay, conservateur-adjoint au Musée des Anti-
quaires de l'Ouest. Après avoir bravé les siècles, les guerres et les
révolutions, le vénérable monument funéraire de Château-Gaillard
est tombé sous les coups de marteau sacrilèges d'un tailleur de pierre,
et sa table de beau granit noir, débitée en linteaux, est entrée dans
une vulgaire construction rurale.
« Quant au prétendu cromlech de la Roche-Galouin, commune
de la Chapelle-Largeau (Deux-Sèvres), l'étymologie du nom, plus
que la régularité de la iorme, ferait croire à son authenticité. On sait
que les roches, dites Gauloises, désignent presque toujours des monu-
ments à origine néolithique. Mais les blocs de la Roche-Galouin ne
ressemblent en rien aux menhirs des cromlechs bretons ; ce sont des
« chirons », indépendants de la roche sous-jacente, roulés là sans
doute par hasard, dont la disposition sur. deux rangs, vue de loin et
du bon côté, paraît à peu près circulaire.
— M. Pagès-Allary nous décrit ses dernières et toujours inté-
ressantes recherches dans le Cantal.
L'enceinte gauloise de Celles prouve que les enceintes n'étaient
pas toujours placées sur le sommet des montagnes, mais qu'il y en
avait à l'époque préhistorique de cachées dans des plissements de
terrain, à mi-côte des rochers escarpés, dans des corbeilles formées
par de grands éboulés — ou des tassements ou glissements de ter-
rain.
L'enceinte gauloise de Celles (près Neussargues), bien datée par
le tumulus gaulois qu'y a découvert et fouillé notre collègue, lui a
procuré dix-sept vases inédits, qu'il a reconstitués avec plus d'un
millier des précieux fossiles tessons.
Les profils qu'il en a exécutés, démontrent, nous dit M. Pages :
1° Que la forme et le galbe ont une importance plus grande que
l'analyse de la pâte, dans une classification logique et utile à la
chronologie ;
2° Que la poterie fine et la poterie grossière peuvent exister : à la
même époque, sur le même lieu, dans les mêmes mains, suivant
qu'elles étaient : à l'usage de la cuisine, du ménage ou des céré-
monies ;
3° Que dans le détail, on remarque par exemple un cordon d'orne-
mentation à renflement près du col des urnes, qui est comme une
marque de fabrique et une date, il n'a pas en même temps, l'utilité
démonstrative d'un usage de fermeture plus étanche de ces vases,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 251
ïiyee l'aide d'un autre renversé dessus pour le recouvrir jusqu'après
ce cordon ;
4° Le n° 17 démontre que la fabrication au colombin était aussi
employée que le tour, la tournelle, ou celle dite à la main, suivant
la pâte et le vase qu'on voulait faire;
5° Que la forme de la nature et la cassure même des tessons, ai-
dent l'ongle, au moment de la trouvaille, pour reconnaître la dureté,
la résistance, la composition de la pâte, d'où on déduit: sa cuisson,
beaucoup plus exactement que lorsque les tessons ont pris de la du-
reté par suite du séchage à l'air ;
6° Enfin ces tessons lavés démontrent ce dont on doute encore : que
dans l'engobe des urnes gauloises, il y a non seulement des dessins
géométriques, mais des peintures, et des peintures polychromes résis-
tant au temps et assez bien au lavage — (le rouge, le noir, le jaune
et le marron-brun surtout).
Cette enceinte est fermée, du côté sud: par une muraille de ba-
salte bien droite et des éboulis de 142 mètres de hauteur, l'isolant de
la planèze, dont l'altitude est de 1000 m. Elle est détendue : à l'est,
par un très long mur, que notre collègue a suivi dans ses fouilles et
où il a trouvé des tessons de vases gaulois ; au nord, par des éboulis
basaltiques de 58 m. environ qui le séparent de la plaine que forme
la vallée de l'Allagnon et l'ancien lac formant la commune de Neus-
sargues. dont les Gaulois ont dû connaître encore les rives tantôt
argileuses, tantôt ensablées, et encore tourbeuses, en prenant la suite
des néolithiques révélés par les silex trouvés dans les travaux de la
gare du passage inférieur fNeussargues, Celles). [Voir Chastelj.
Enfin à l'ouest, par un mur qui descend jusqu'à ce qui paraît avoir
été le bord du lac, et où deux gros murs semblent former un embar-
cadère curieux, dans lequel ont été trouvés les débris de meutes gau-
loises.
A l'intérieur de cette enceinte, on peut relever de nombreuses pe-
tites cases de 3 et 4 m. de côtés ; il devait y avoir aussi des huttes
indiquées par des bordures de pierres tout le long d'un chemin con-
duisant à un amas considérable de blocs de basalte éboulés, d'où
l'air arrive très froid, où la neige glacée reste bien plus longtemps,
et qu'il serait aussi coûteux et dangereux qu'intéressant de fouiller.
C'est peut-être là qu'il faut chercher la cause d'une énorme dé-
viation magnétique constatée (2), et que les basaltes n'expliquent
qu'à demi ?
Ainsi qu'on le voit par la coupe donnée dans la belle thèse (re-
cherches paléophytologiques de M. A. Lautry (série A, nos613, 1348 ;
(1) Bulletin delà S. P. F., Tom V, 1908, pages 474-493.
(2) J. Pagès-Allary, Déchelette et Lautry. — Le Tumulus Arverne de Celles.
Anthropologie, t. XIV, 1903, pages 385-416. "
252 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
page 149), nous avons constaté que l'argile, de la terre noire sa-
propélienne, de la silice à diatomées, avec des agglomérats basalti-
ques, servent de base à une coulée de basalte miocène importante.
M. Pages pense que les eaux du lac, aidées à cet endroit par de
nombreuses sources qu'alimente le vaste plateau de la Planèze, ont
dû ronger les terres friables, en les détrempant sous caves, la coulée
de basalte, qui au moment où le poids surplombant a été supérieur
à l'adhérence de la masse basaltique, s'est détaché pour produire
l'énorme ébouli qui a glissé sur les pentes pour former l'enceinte na-
turelle^ fort bien cachée et protégée, en intérieur de coquille, d'où
on peut voir toute la vallée, au travers des grands arbres qui achè-
vent de masquer cette sation gauloise. Le vase gaulois et le moulin
du plan datent la dernière occupation de cette enceinte.
— Mme Savoye, en dépouillant les publications et les notes inédi-
tes de son regretté mari, a pu dresser les listes ci-jointes, qu'elle veut
bien nous communiquer, au sujet des enceintes de la Loire, du
Rhône et de Saône-et- Loire.
Département de la Loire.
La Chamba, le Chatelard [F. M. Monographie des communes de
l'arrondissement de Roanne, p. 296.]
Changy, Cauhatetard (silex et haches polies) [F. M., op. cit., p. 80].
Chambles, au Palais, oppidum Essalois (haches polies) [Musée de
la Diana].
Crémeau, le Chatelard [F. M., op. cit., p. 50].
Desbats-Rivière-d'Orprat,/e Chatelard de Ry au [Collection E. Bras-
sart, à Montbrison, et C. Savoye, à Odenas. E. Brassard, Congrès
archéologique Montbrison 1885 p. 12].
Essertine-en-Chatelneuf,Monta(7ne du Châtelard[F.M. op.cit. p. 93].
Lérigneu, au Gas-de-Genestoux [T. Rochigneux, Le Forez, canton
de Montbrizon, p. 280]
Machezal, à Pourrières, enceinte vitrifiée et enceinte à pierres
sèches [A. Vachy, fouilles du tumulus de Machezal, 1893]. Les Noes>
au Châtetard [F. M., op. cit., p. 148].
Pavezin, le Château-Belize, enceinte circulaire en pierres sèches,
au sommet du pic de Bourchain [F. M., op. cit., p. 240].
Périgneu, enceinte vitrifiée, au pic de la Violette [F. Thiollier,
Le Forez, canton de Saint-Rambert. F. M. op. cit. p. 330. Vincent
Durand, Bulletindela Diana, t. l°r p. 57. Brassart, op. cit. p. 115].
Perreux, au Chatelard [Musée de Roanne, Noélas, Etude sur les
âges préhistoriques en Roannais, p. 19],
Pinay, oppidum de Cis, au Chatelard (1).
(1) A. de Mortillet Invent,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRAKÇAISE 253
Roizey, enceinte en pierres sèches de 200 mètres de long, sur 40
mètres de large, sur la pente orientale du Pic des Trois-Dents [Sleyert.
Nouvelle histoire de Lyon, t I, p. 32].
Saint-Bonnet-des-Cars, ruines de plusieurs enceintes [Bulletin de
la Diana, t. II. F. M. op. cit. p. 296]. — Saint-Bonnet-le-Courreau,
sur la montagne de Pierre-Haute [F. M. op. cit.]. — Saint-Georges-
de-Barroille, oppidum de Chozi'F.M. op. cil. p. 119.] — Saint Haon"
le-Chatel, sur la montagne du Haut-de-Baudières [F. M. op. cit.
p. 126. — Saint-Marcel-de-Félines (Voir Puray) (1). — Saint-Mau-
rice-au-Gourgois, à Gland [F. M. op. cit. p. 212]. — Saint-Maurice-
sur-Loire, oppidum de Jœuvres , sur la rive droite de la Loire, cons-
truit sur une station néolithique [Musée de Roanne. Collection de
Chapuzy, à Jœuvres. Noelas, op. cit. 31 et 32]. — Villerest, le
Château Brûlé (enceinte vitrifiée) [Musée de Roanne et collection
C. Savoye à Odenas].
Département de Saone-et-Loire.
Auxy, sur le Plateau d'Auny [Bulliot. Essai sur le système délen-
sifdes Romains en pays Eduen, p. 70.] — Chamilly, le Château de
Chamilly, qui fait suite au camp de Chassey Bulliot, op. cit. p. 53.] —
Géange, près du Bois des Hayes [Ragut, Station du département de
Saàne-et-Loire, 1838, t. II, p. 167]. — Gergy, Camp de Rougerot
[Dictionnaire des Gaules] (2; — Grury sur le Mont Folin, près du hameau
de chez Richard [Ragut, op. cit. p. 179. Monnier. notes historiques sur
Saône-et-Loire 1873, p. 70. Dictionnaire des Gaules] 3). — Huilly,,
S à Chatel-Romain, dans les bois de Romaine [Monnier, op. cit., p. 70.
Matériaux d'histoire et d'archéologie, juin-juillet 1869]. — Saint Mar-
tin-sous-Montaigu, à Château-Réau [A Arcelin, station prochaine
de Saône-et-Loire, 1877, p. 65.] — Mont, enceinte sur la montagne
au-dessus du village (silex taillés) [indiqué par erreur dans le diction-
naire des Gaules, à Bourbon-Lancy]. - Pierreclos, Bois desPierres,
enceinte circulaire en pierres sèches [De Ferry et A. Arcelin,
Maçonnais préhistorique, p. 128] — Rully, le Camp-Varrot[A. Arce-
lin, op. cit. p. 15] (4). — La Salle, Camp de la Roche [De Ferry et
Arcelin, op. cit.T p. 128. Collection G Savoye. A. Arcelin, op. cit,
p. 15]. — Sennecy-le-Grand, Camp de Cyrie (silex) [A. Arcelin op.
cit. p. 15]. — Saint-Sermain-du-Plain, Rome Château, [A. Arcelin
op. cit. p. 15]. — Verrières-la-Grande, Camp de Glenne [Bulliot, op
cit , p. 81]. — Saint- Vincent-en-Bresse [Raguet, op. cit., p. 348].
(I) A. de Morlillet : Invent,
(i) A. de Mortillet : Invent.
(*) BSPF, IV, 1907,p.298.
(*) A. de Mortillet : Invent.
î
254 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Département du Rhône.
Camp de YAuguel, commune de Vaux. — L'enceinte de l'Auguel
est un vaste ovale épousant la forme du sommet. Il mesure 92 mètres
sur son grand axe, et 84 sur le petit axe. Formé de pierres sèches,
le retranchement est parfaitement reconnaissable à l'ouest et au
nord, sur une longueur de 140 mètres; le reste a été épierré en par-
tie pour faciliter la culture, et forme deux énormes murgers.
Ce qui frappe tout d'abord la vue, ce sont des débris de briques,
de tuiles à rebords, de meules en lave et en grès, des fragments de
dalles en calcaire oolithique, dont le gisement le plus rapproché est
à une vingtaine de kilomètres de l'Auguel.
Des sondages exécutés au centre du camp ont mis à découvert les
fondations d'une construction rectangulaire, avec mortier contenant
de la brique pilée, procédé généralement employé à l'époque
romaine. En regardant avec attention, on aperçoit des fragments de
silex taillés qui percent ça et là le gazon. Ces silex se rencontrent
surtout sur le pourtour de l'enceinte ; ils abondent autour d'une
source intarissable qui sort de terre au pied d'un houx centenaire, à
50 mètres en contre-bas du camp, sur le flanc méridional de la mon-
tagne .
Avec ces formes taillées, sans formes bien déterminées, nous avons
recueilli un talon de hache polie en diorite, des poteries grossières à
pâte consolidée par des grains de quartz et munies d'anses rudimen-
taires sous forme de mamelons latéraux non percés de trous de sus-
pension.
Deux rampes d'accès encore reconnaissables, l'une au nord, l'au-
tre au sud, indiquent deux entrées du camp. Il devait en exister une
troisième à l'ouest, le terrain ayant été aplani et cultivé maintes fois
de ce côté; des fouilles poussées au-dessous de la couche arable
pourraient seules élucider cette question. Le vieux chemin dont nous
avons parlé plus haut, qui suivait les crêtes, traverse le camp en
reliant les cols de Montmain et des Places, de chaque côté de l'Au-
guel [C. Savoye Beaujolais préhistorique, p. 133-134].
Le Châtelard, de Monsols . — Entre le bourg de Monsols et le col
de Champoint, qui donne accès dans le Charolais, un contrefort
oriental de l'Ajoux ou Saint-Rigaud, de forme conique, est couronné
par des fortifications très anciennes, connues dans le pays sous le
nom de Châtelard. Ce sont deux enceintes circulaires concentriques,
en terre et en pierrailles. Un premier retranchement de 220 mètres
de développement circonscrit un cercle de 70 mètres de diamètre et
d'une surface d'environ 38 arcs. Du côté du plateau qui relie le Châ-
telard à l'Ajoux, le côté le plus accessible par conséquent, le retran-
chement mesure encore 2m50 de hauteur. Ailleurs, où la déclivité du
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 255
sol formait déjà un obstacle naturel, sa hauteur varie entre 1 et 2
mètres.
A 21 mètres de la première enceinte s'élève une deuxième circon-
volution intérieure plus élevée et mieux conservée, limitant un cer-
cle de 28 mètres de diamètre et de 516 mètres carrés par conséquent
de superficie. La hauteur de ce retranchement du côté du plateau,
est de 6 mètres, pour s'abaisser entre 2 et 3 mètres sur le reste du
pourtour.
Nous fîmes couper l'enceinte extérieure par une tranchée orientée
de l'ouest à l'est. A0m80 de profondeur, les ouvriers mirent à décou-
vert quelques ferrailles tellement oxydées, qu'elles s'effritaient sous
les doigts. A part deux fragments assez épais, recourbés en forme de
fer à cheval, de longs clous à tète carrée, les autres objets ne con-
servaient aucune forme bien déterminée. Cinq tranchées ouvertes
successivement en divers endroits, et poussées jusqu'à la roche, ne
donnèrent que du charbon de bois et de menus fragments de vases
à pâte noirâtre sans ornement.
Cette pauvreté archéologique permet de supposer que ce camp fut
élevé par des gens prévoyants, se ménageant un refuge en cas d'at-
taque, mais ne fut jamais habité d'une façon permanente.
Le plateau couvert de genêts, qui sert d'isthme, entre le Chàtelard
et le mont d'Ajoux, renferme quelques traces préhistoriques. Nous
avons récolté deux nucléus, de petites lames et des éclats divers, le
tout en silex bleuâtre. Les silex taillés des hauteurs, comme l'avait
déjà remarqué M. Arcelin, en Maçonnais, présentent rarement des
caractères propres à une époque déterminée. [C. S. Beaujolais
Préhistorique, p. 136-137.
Le Chàtelard de Vauxrenard. — Une colline à sommet conique,
reliée au mont des Alloigners (806 mètres) par une sorte d'étrangle-
ment ou isthme, porte aussi à Vauxrenard le nom de Chàtelard. Le
petit plateau qu'offre le sommet, d'une surface approximative de
4.000 mètres carrés, est défendu naturellement au sud, à l'est et au
nord-est, par la raideur de ses pentes ; au nord-ouest et à l'ouest, du
côté de l'isthme, était le point faible, c'est là qu'il fallait élever un
mur. Construit en pierres et en terre et couvert de genêts, il subsiste
encore sur une longueur d'environ 65 mètres, avec une hauteur
moyenne de lm20.
Ce lieu formait un excellent observatoire pour surveiller le vaste
cirque du bassin de la Mauvaise, et par delà les collines de Chénas et
de Juliénas, la vallée de la Saône.
Plusieurs chemins se croisent près de l'entrée probable du camp.
Le plus ancien paraît être celui qui passe au pied de la Pierre de
Saint-Martin ou des Sarrasins, et longe les roches des Fayules (fées).
III est bordé de grands blocs de porphyre, aux formes fantastiques,
256 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
qui ont dû impressionner de tout temps les passants portés au sur-
naturel. Le Montgour\r que ce chemin contourne, est le siège de
nombreuses légendes, qu'il faut se hâter de recueillir. C'est le grand
sanctuaire des fées, lutins, sarrasins, et autres personnages légen-
daires du Beaujolais.
Les vieilles gens du pays prétendent que « du temps des grandes
guerres (?) les habitants de Vauxrenard se sont retirés au Châtelard».
Nous n'avons pu obtenir aucun autre renseignement au sujet de ce
lieu fortifié. A part quelques fragments de vases à pâte grisâtre bien
cuite, nous n'avons recueilli aucun objet qui put nous éclairer sur l'épo-
que approximative de la construction de l'enceinte. Le sol, bouleversé
en maints endroits, paraît avoir été fouillé très anciennement, sans
doute par les chercheurs de trésors. [Beaujolais Préhistorique, p. 138].
Camp du Crêt de la Garde (près Tarare). — Le Crêt de la Garde,
montagne qui s'élève entre les communes de Valsonne, Saint-Appo-
linaire et Dième, porte à son point culminant les traces d'une ancienne
castramétation. C'est de là que lui vient sans doute son nom de « La
Garde », dérivé du mot tudesque warta, qui a le sens de protection,
de garde, de surveillance.
Une enceinte elliptique, en pierres sèches, et brutes de 75 mètres
de grand axe, entoure le sommet. Les assises qu'ils formaient se sont
écroulées et jonchent le sol, indiquant encore le tracé de l'enceinte.
De ce lieu on pouvait surveiller le Châtelard de Valsonne, éloigné
seulement de deux kilomètres. Les carrières ouvertes dans le magni-
fique porphyre rouge qui forme ce dernier sommet, ont détruit les
traces de son refuge à une époque récente.
Nos recherches au travers des genêts et des bruyères du camp de
la Garde, ne nous ont fourni aucun renseignement sur l'époque de
sa construction.
En résumé, les lieux très anciennement fortifiés sont nombreux
dans la région, mais peu reconnaissables, par suite de la mauvaise
qualité des matériaux employés, qui ne se prêtaient pas à la construc-
tion de murs d'une grande stabilité, puis, surtout à l'énorme exten-
sion de la culture.
Nous appelons l'attention des archéologues sur les points suivants :
le sommet de Saint-Higaud, le Tourvéon, Brouilly, les Chàtelards de
Cublize, Valsonne, Joux-sur- Tarare ; les lieux appelés Bataillu, com-
mune de Cublize et de Chazay ; la Citadelle au-dessus d'Anse ; la Gar-
dette, commune de Propières; le camp de Villemartin, commune de
Saint-Igny-de-Vers. [C. S. Beaujolais Préhistorique, p. 138-139].
Le Châtelard de Courzieu. — Le Crêt Châtelard sur Courzieu, est
au nord du hameau et de l'ancienne chapelle de Saint Clair, altitude
882 mètres. Enceinte de 70 mètres de diamètre, en pierres sèches,
Planche I.
VA
Haches
du Tille
(Ol
Juns
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
?S7
deux entrées. Des chemins pavés entourent la base du Chàtelard.
Tumulus ou amoncellement de pierres au N.-E. Esplanade au cou-
chant. La couche de terre dans l'enceinte a une épaisseur de l^^O.
Elle renferme dans sa partie supérieure des tessons de poterie, des
morceaux de tuiles romaines, des fragments de carrelages ou de pla-
teaux en terre grossière.
Plusieurs réduits en roches et pierres sont inscrits dans l'intérieur
de l'enceinte. Le Crèt du Chàtelard est situé entre le Crèt des Che-
vaux et le Crèt Bramont.
Pied-Froid, commune d'Yzeron. — Grande enceinte en demi-
cercle, 30 mètres de diamètre, le sommet de l'arc visant l'Est (Ma-
melon Est, le Bochet, 805 mètres . Sentier entre le mamelon est et
mamelon ouest de Pied-Froid. — Mamelon est accès par le nord et
le nord-ouest.
Mamelon ouest, enceinte circulaire de 20 mètres de diamètre, exté-
rieur de pierres sèches. Au centre, deux roches verticales coniques
triangulaires. Au sud, amas, entassements de roches de gros volume,
formant des grottes. Le chemin d'accès du mamelon ouest du Pied-
Froid est à l'ouest et décrit des lacets.
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Les grands Eclats Moustériens et le» Pièces
Acbeuléo-Moustérienaus de lacarrière
du Tïllet, près La Ferté-sous-Jouarre
(Seine-et-Marne) (1).
Paul de GIVENCHY de Paris).
Messieurs,
Le titre de ma communication n'est pas très exact, au moins au
point de vue chronologique. Le Paléolithique du Limon des Plateaux
de la Brie serait plus juste. Mais, si j'ai tenu à faire figurer les mots :
Grands éclats Moustériens, c'est plutôt p;ir analogie, et pour indiquer
de suite la forme spéciale de certaines des pièces que j'ai l'honneur
(1) Communication faite à la séance du "26 janvier 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE.
258 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de faire passer sous vos yeux, et dont quelques-unes, à l'instar des
silex Moustériens offrent sur l'une de leurs faces une très belle cas-
sure conchoïdale. Je vous les présente donc comme précédant l'épo-
que dite du Moustier. Nous sommes, en effet, ici dans le limon des
plateaux, où l'industrie Chelléenne et Acheuléenne se trouve mélan-
gée à de grands éclats et à des lames, de forme pseudo-Mousté-
rienne.
Topographie. — La carrière du Tillet est une vaste exploitation
de terre à briques, située sur un plateau, dominant la vallée de la
Marne, entre Reuil et Luzancy, à 4 kilomètres de la Ferté-sous-
Jouarre, et à 70 kilomètres à l'est de Paris.
Le Tillet est un petit hameau dépendant de la commune de Reuil,
située elle-même au bord de la Marne, et à 2 kilomètres de la Ferté-
sous-Jouarre.
La cote de ce plateau est de 176m940 au-dessus du niveau de la
mer, l'altitude de la Marne coulant au pied de cette colline étant de
57 mètres.
Les briques, qui sont fabriquées sur ce plateau, ne sont pas cuites
sur place. Les fours de l'usine se trouvent au pied de la colline, et
sur le bord de la Marne (commune de Luzancy). Un puits, profond
de 48 mètres, a été foré dans l'épaisseur de la colline; et c'est par ce
puits et ensuite par un couloir (à moitié souterrain, à moitié à ciel
ouvert], que les briques sont descendues dans des bennes, puis
transportées par wagonnets jusqu'aux fours.
C'est grâce à ce sondage, que l'on possède une coupe géologique
très complète de cette colline; et M. Morin, mon collègue à la So-
ciété Géologique de France, a bien voulu m'en faire le dessin ci-joint
(voir Fig. 2 et la légende de la coupe géologique).
Au point de vue géologique, cette carrière est connue; et le Mu-
séum y est venu en excursion en 1908. Mais, au point de vue Pré-
historique, aucune communication ou présentation de pièces n'a
encore été faite que je sache sur ce gisement.
Gisement des Haches. — Ce qui nous intéresse donc particulière-
ment ici, c'est la couche du haut, en exploitation (couche I de la
coupe), c'est-à-dire le limon des plateaux; car c'est dans ce mélange
de sable et d'argile que l'on trouve les silex paléolithiques que je
vous présente aujourd'hui. L'épaisseur de ce limon est ici très con-
sidérable, et atteint par endroits jusqu'à 12 mètres ; mais la couche
exploitée ne dépasse pas 6 à 7 mètres, car au-dessous elle se trouve
mélangée à la meulière. Vous voyez, en effet, d'après la coupe géo-
logique, que cette terre à briques repose ici directement sur la Meu-
lière de Brie, dont l'exploitation dans les environs de La Ferté-sous-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 259
Jouarre, est universellement connue (puisqu'on la transporte même
à l'étranger) ; et tout le pays environnant est rempli d'affouillements,
dus à l'extraction de cette pierre meulière.
Au Tillet, la teneur en argile est très forte, et par conséquent
éminemment favorable à la fabrication de la brique ou de la tuile.
Aussi les gens de métier la désignent-ils ici sous le nom de terre
forte.
Comme ce limon, de couleur ocreuse, paraît changer de teinte en
se rapprochant de la terre végétale, il se pourrait que sa grande
épaisseur ne soit pas homogène, et qu'une étude géologique plus
approfondie y fasse découvrir deux ou trois couches distinctes. En
tout cas, contrairement à la plupart des dépôts argileux du même
genre, qui, dans le Nord de la France, reposent sur un cailloutis, le
Directeur de la briqueterie du Tillet nous a assuré qu'aucun cail-
loutis n'existait à la base de cette formation, et que cette terre à bri-
ques reposait bien partout sur la Meulière de Brie.
C'est en général entre 3 et 6 mètres de profondeur, quelquefois
2 mètres, qne l'on rencontre les silex taillés, éclats Levallois, etc., et
surtout de très nombreux fragments de déchets, et d'éclats de débi-
tage vquelques-uns nucléiformes;, et ils y paraissent disséminés et
sans aucun ordre. Cependant leur aire de répartition semblerait
se trouver plutôt dans la zone avoisinant la route allant de Reuil
au Tillet, zone dont l'exploitation est maintenant terminée. Peut-
être y avait-il là un atelier de taille de silex? On en trouve en-
core actuellement dans les autres parties du gisement ; mais cepen-
dant en moins grande quantité, parait-il, qu'il y a quelques années.
► Caractères et description des pièces. — La caractéristique des pièces
que je vous présente, et j'insiste là-dessus, est leur parfait état de
conservation. Ces outils sont intacts; les arêtes ne sont ni usées, ni
émoussées; plusieurs ont même encore leurs pointes; ils n'ont donc
certainement pas été roulés par les eaux, et on a l'impression qu'ils
sont restés en place, ou du moins qu'ils ont du faire peu de chemin,
I s'ils se sont enfoncés dans le limon.
Une autre caractéristique de ces pièces, c'est que beaucoup
d'entre elles ne sont taillées que sur une face, et qu'elles possèdent
sur l'autre face de très belles cassures concboïdales, avec un bulbe
de percussion très apparent. On dirait des outils Moustériens, mais
qui seraient de très grande taille. Tels sont les n0' 2 de la Planche I,
et 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16 et 17 de la Planche II.
Nous sommes donc très probablement ici à cette époque du Qua-
ternaire moyen, à faune froide, qui a suivi l'époque Acheuléenne, soit
à l'aurore des temps Moustériens.
Cependant, au point de vue paléolithique, je suis obligé de faire des
260 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
réserves pour la belle pointe en silex gris cendré à section triangu-
laire (fig. 1) qui a été trouvée dans la couche tout à fait supérieure ;
elle est travaillée avec une telle finesse qu'elle pourrait bien être néo-
lithique, et provenir de la surface du sol, c'est-à-dire de la terre vé-
^immim^ gétale, d'où, par tassement elle aurait
pénétré dans le limon sous-jacent. Mais ce
n'est qu'une hypothèse, puisqu'on somme
elle provient aussi de la terre à bri-
ques (1).
}}
:
La planche I représente, photographiée
sur ses deux faces, 1 A et 1 b et grandeur
naturelle, un très beau coup de poing
Acheuléen du Tillet. Cette pièce, qui est
entière avec sa pointe, mesure 0ra18 de
longueur. La lace du dessus, qui est plus
bombée, est rouge brun, tandis que l'autre
face, qui est plate (c'est celle qui est
figurée, la pointe en bas) est de couleur
café au lait, avec taches blanchâtres.
Cette hache possède par endroits, et sur-
tout vers la pointe, une très belle patine
(à reflets vernis et brillants), due proba-
blement à l'argile, et la face plate est plus
patinée que la face supérieure.
Si on considère chaque face de ce coup
de poing, en mettant le talon en bas, et
la pointe en haut, on remarque de très
fines retouches tout le long de l'arête de
droite, tandis que l'arête de gauche, lisse
et unie, n'en possède aucune, et cela
uassi bien sur la face supérieure que sur
la face inférieure. Ce coup de poing peut
donc, à la rigueur, être considéré comme
un outil à retouches alternes. Je dis : à la
rigueur, car si on voulait discuter à ce
sujet, et être être méticuleux, on consta-
terait, à la loupe, de très petites retouches, tout autour de la pointe.
Pointe en silex gris.
.- Cliché du D-- Henri-
(1) Malheureusement cette hypothèse pourrait bien être vraie. Depuis ma com-
munication de janvier, une hache polie en pierre meulière aurait été trouvée dans
les mêmes conditions, c'est-à-dire dans la partie supérieure du limon, et près
du puits.
D'autre part, M. Chalamon, le directeur de l'usine de Luzancy et de la briquete-
rie du Tillet, m'a montré dernièrement une autre hache polie et un percuteur en
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 261
Mais, abstraction faite d'un centimètre de pointe, ma remarque est
exacte pour tout le reste de l'outil.
Dans le cas présentée considère ces fines petites retouches, comme
des retouches de consolidation, et non d'utilisation ; car elles ren-
dent les arêtes plus solides qu'une simple arête vive et coupante ; et
le coup de poing dont il s'agit est dans un tel état de conservation
qu'il ne semble pas avoir servi. Mais, bien entendu, je ne voudrais
pas généraliser cette remarque à tous les outils possédant des retou-
ches, diamétralement opposées ou non.
A part les grattoirs Moustériens à retouches alternes, de La Qui-
na, découverts et décrits par M. le Dr Henri Martin, je ne vois pas
que les Palethnologues aient jamais signalé ce genre de retouches
sur des coups-de-poing paléolithiques. J'ai cependant observé cette
particularité sur quelques autres haches ; et je possède une petite
Langue de Chat de Creysse, Dordogne, dont chaque face présente
ainsi une arête de gauche lisse et coupante, et une arête de droite
finement retouchée; et le tout par conséquent inversé par rapport à
l'autre face. Dans son ouvrage sur le Limon des plateaux du nord de
la France (Savy, 1878), M. d'Acy, sans signaler cette particularité,
fait figurer sous le n° 3 de la Planche II (Silex taillés de Hangard),
un très beau coup-de-poing, ne possédant aussi de nombreuses re-
touches que sur un côté seulement. Mais j'ignore ici comment se
comporte l'autre face.
Les objets de la Planche I sont photographiés grandeur naturelle;
et tous ceux de la Planche II en demi grandeur.
Les n°s 2 et 3 de la Planche I; 2. 9 et 15 de la Planche II m'ont
été obligeamment communiqués par M. Chalamon, directeur de
cette briqueterie; et je le remercie aussi pour tous les renseigne-
ments complémentaires qu'il a bien voulu me donner.
Les Doi 2 de la Planche I (en silex noir avec quelques taches blan-
ches), et 17 (en silex un peu bleuté) de la Planche II, sont de très
belles pointes de lance, ou peut être seulement pointes à main, por-
tant de fines retouches sur leur face supérieure, tandis que l'autre
côté nullement taillé présente la belle cassure conchoïdale typique
Moustérienne. Le n'J 16 est un outil (tout blanc), identique au n° 17,
sauf qu'il n'est encore qu à l'état de simple éclat non taillé, à arêtes
vives et sans retouches; c'est une véritable ébauche de pointe en si-
lex nu, non fignolé, et obtenu d'un seul coup de percussion.
boule, trouvés aussi dans la zone superficielle de ce gisement. — Devant ces ré-
centes trouvailles, c'est à se demander si vraiment, il n'existe pas un peu de Néo-
lithique dans la couche du haut, couche dans laquelle on ne trouve du reste
aucun silex paléolithique, puisque ceux-ci ne gisent qu'à partir de la profondeur
de deux ou trois mètres [Mai 1911, P. de G].
962 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les nos 13, 18 et 20 ont été trouvés en 1908 à 5 mètres de profon-
deur, et le n° 10. à 6 mètres en 1910. Le n° 14 n'a été trouvé qu'à
2 mètres de profondeur.
Les nos 14 et 15 sont deux grands racloirs Acheuléens, portant de
très belles retouches sur leur arête la plus arquée. Ils offrent beau-
coup d'analogies avec les magnifiques racloirs, ou grands hachoirs,
trouvés à La Quina, par le Dr Henri Martin.
Enfin, si la grande majorité des outils trouvés au Tillet sont en
silex, quelques-uns, mais beaucoup plus rares, sont en pierre, meu-
lière, et quelques autres en grès siliceux. Le n° 8, Planche Il.estune
grande hache de 0m227 de longueur, qui semble être un calcaire sili-
ceux ; et dans cette pièce la pointe est remplacée par une espèce de
tranchant biseauté et assez rudimentaire. Aussi je me demande si le
haut de cette pièce n'a pas été causée accidentellement au moment
de sa fabrication, fournissant ainsi et par hasard à notre ancêtre pa-
léolithique une cassure naturelle en ciseau, qu'il aura tout de même
utilisée au mieux de ses besoins.
Formation de ce limon. — Laissant de côté la théorie éolienne,
qui, si elle est vraie pour les grandes dunes de Loess de la Chine,
ne nous paraît pas posséder de preuves assez solides pour expliquer
la formation du limon des plateaux de la Brie, nous préférons parta-
ger l'opinion de ceux qui mettent sur le compte du ruissellement ou
de l'inondation, la cause de formation de ce dépôt, formation com-
plétée aussi par une transformation chimique.
Il faut penser en effet que sur tous les plateaux de la Brie, il exis-
tait auparavant plusieurs mètres de Sables de Fontainebleau, plus le
Calcaire de Beance, qui recouvrait le tout. Ce calcaire de Beauce, sou-
vent marneux, aurait par sa dissolution donné une assez grande
quantité d'argile et d'oxyde de fer, qui se mélangeant au sable sous-
jacent. qui n'a pas été totalement entraîné, et qui n'est pas soluble, a
produit le limon actuel, qui n'est en somme que du sable et de l'ar-
gile mélangés, par ruissellement.
Jusqu'à ce jour aucune faune n'a été trouvée au Tillet, soit que le
travail chimique dont je viens de parler ait peut être dissous les
dents et les ossements tout en respectant les silex, soit que les osse-
ments aient été entraînés par les eaux.
Il m'est impossible de parler du limon des plateaux, ou de la terre
à briques, sans signaler la dernière et très intéressante communica-
tion qui ait été publiée sur ce sujet. C'est la note présentée à l'Aca-
démie des Sciences, au mois d'octobre dernier, par M. Henri Dou-
villé, professeur à l'Ecole des Mines (1). Car les silex taillés, dont il
(1) Géologie. — Sur la formation du limon des plateaux. Note de M. Henri Dou-
villé. Comptes-rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. 151, p. 630,
séance du 10 octobre 1910.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
263
264 SOCIÉTÉ PRÉMISTOlilQUE DE FRANCE
parle dans cette note, qu'ils viennent du limon des plateaux des en-
virons immédiats de Paris, ou des environs de Rouen ou de Dieppe,
ces silex taillés, dis-je, sont également des pièces ni usées ni rou-
lées, et, à l'instar de ceux de Tillet, sont aussi dans un parfait état
de conservation.
Conclusion. — De l'ensemble de toutes les études faites jusqu'à ce
jour sur le limon des plateaux, il semblerait donc résulter que les
Paléolithiques, qui ont façonné au Tillet ces outils de forme Acheu-
léenne et Moustérienne, vivaient à l'époque glaciaire (Quaternaire
moyen ou Pléistocène). Des gisements analogues, comme terrain et
silex taillés, ont fourni la faune froide à Rhinocéros tichorinus et
Elephas primigenius.
C'est à la fin de cette époque glaciaire ou sibérienne, qu'ont dû
avoir lieu, par suite de changement de climat, les phénomènes de
ruissellement ou d'inondations, qui sont la cause de formation de ce
dépôt limoneux. Et c'est ce limon qui a recouvert et enterré sans les
rouler, les belles pièces que je viens de vous présenter, pièces sou-
vent entières et intactes, et qui semblent avoir été abandonnées en
toute hâte par leurs possesseurs.
Légende de la Coupe géologique du coteau de Luzancy,
au-dessus de f usine (voir Fig. 2).
I. — Limon des plateaux 'gisement des haches).
II. — Meulières de Brie.
III. — Glaises vertes.
IV. — Marnes blanches. /
V. — Glaise et silex. \ de IV à VII
VI. — Marne blanche argileuse. } Marnes supra-gypseuses.
VII. — Glaises grises ou noires.
VIII. — Marne calcaire (1" Marne).
IX. — Gypse fer de lance.
X. — Calcaires et marnes Marnes intercallaires, de lre et 2«m« masse).
XI. — Gypse, exploitable.
XII. — Calcaires solides (d'après le sondeur) : doit contenir des couches très diverses,
et représente depuis la 3*m* masse du gypse, jusqu a la partie supérieure des
Sables moyens qui est calcaire dans la région.
XIII. — Calcaire en bancs plus ou moins solidt-s (Calcaire de Luzancy).
Xl\. — Sables moyens, fossilifères par place.
XV. — Grès siliceux
XVII. — Sable compact.
XVII. — Grès siliceux.
XVIII. — Calcaire sablonneux ib&te des Sables moyens).
XIX. — Marne blanche magnésienne avec géodes de quartz et de calcite (Caillasses du
Calcaire grossier).
11
à
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Phnl/wnllrior Ti»la
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
265
Les Fotiilles de Las Tours en 1 © 1 O.
J. PAGÈS-ALLARY (Murât, Cantal).
Continuant les pénibles fouilles de Las Tours, j'ai, en 1910, ob-
tenu une plus grande satisfaction que les années précédentes; et, une
aimable subvention de Y Association Française pour l'Avancement des
Sciences me permettant dorénavant la reproduction de toutes mes
planches, je puis commencer par donner, avec les six figures ci-con-
tre, une idée d'ensemble des trouvailles.
Bien entendu, les tessons sont toujours fort intéressants : les figu-
res 1 et 2 représentent quelques types, qui méritent une mention
Wm>o\*\ fàitiii Cvù^ St^Ob Ooul*. .iC^At Wuu *«J. SIcVXtXC
' i i > X i i l i i L '■ .'- ■'.
<$3E
Fig. t. — Tessons de Poteries.
spéciale, parce qu'en outre de leur cuisson très forte, nous rappro-
chant de l'apparition de l'émail, ils sont encore datés par des mon-
naies, trouvées au même lieu, dans la même case, au même niveau,
c'est-à-dire dans les couches de recouvrement de la case supérieure,
angle sud-ouest du plan anciennement donné (1).
La chronologie des tessons du Cantal prend ainsi une certitude,
non plus « empirique ». mais scientifique, et confirme pleinement
celle déjà constatée pour les strates supérieures ou historiques de
(1) Troisième Congrès préhistorique de France, session d'Autan, 1907, p. 751-758.
°'66 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇASIE
Chastel, La Roche-Sellée et Laqueuille : nous sommes du xe au
xiie siècle, c'est-à-dire en pleine nuit de l'histoire locale !
Fj'g 2. — Amulettes et Pesons.
I
gl».
Fr'g. 3. — Clés. — Lances, etc.
A noter l'abondance des amulettes ou pesons, qu'on ne peut plus
appeler fusaïoles, car le trou n'est plus central, ni perpendiculaire
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 207
aux deux faces (n°s 18, 19, fig. 1.), qui elles-mêmes ne sont pas tou-
jours plates (nos 14, 15, 18, 21 et 10).
7vr Ajm ^FôriijicaJuns Jiioèruuns £ ■&* Tours. (a^&^-Ciu>U>.JCxr
Fig. 4. — Fers a Chevaux. — Eperons.
Fig. 5. — Objets en Cuivre rouge doré.
Tandis que le n° 7, en scorie basaltique, fait songer à un poids,
assez lourd, fixé par un nœud à l'extrémité d'une corde servant à
268 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
lier du fourrage ou du bois, les autres sont formées de tessons de
poterie de couleurs diflérentes. Le n° 13 n'est pas même percé com-
plètement.
Mais la plus importante constatation à faire sur ces deux planches
de tessons de poterie, c'est assurément le faux Samien n05 1 à 6, fig. 1,
et 5 fig. 2. Sans doute un chimiste, d'après la composition de la pâte
et la couleur, jugerait-il que c'est du Samien, du Ier au ivB siècle; le
technicien fouilleur répond avec assurance, grâce à la stratigraphie,
que c'est du taux Samien du xe au xnc siècle ; et il précise même que
ces fessons à pâte rouge très fine, presque toujours très cuite, sont
les débris de « trompes », encore en usage dans certains pays.
La simple observation « empirique » permet de constater une
technique de fabrication tout à fait particulière : aux n°s 1 et 4, sur le
pavillon de la trompe, on remarque à l'intérieur la trace des doigts sur
pâte molle, tandis qu'à l'extérieur le raclage sur pâte sèche est fort
visible, comme sur l'embouchure n° 5 ; mais il y a aussi des faces à
pans coupés très nets, n° 3, laissant voir l'empreinte d'une ligature
d'enveloppement espacée, et n° 6 des lignes sinueuses ou des points
de décoration de couleur blanche rapportée sur la pâte rouge. Com-
ment l'analyse chimique seule aurait-elle pu donner une date à ces
tessons trompeurs ?
Fer. — Si nous passons au fer, nous le trouvons {fig. 3 et 4) tou-
jours bien daté, puisque c'est du même niveau stratigraphique loca-
lisé de la case supérieure, il confirme par son analogie les trouvailles
déjà datées de Chastel, Las Tours, et Laqueuille, de l'arrondissement
de Murât.
Ces objets, présentés au Congrès de Toulouse, ont attiré l'attention
de nos collègues, qui ont particulièrement remarqué l'éperon n° 24,
fig. 4, les ciseaux n° 1, fig. 3, les clefs nos 27 à 30, et la serrure n° 31,
dont la tige centrale, très rouillée, est tombée pendant le séchage, la
fermeture cintrée, à charnière et piton mobile n° 32 ; les pointes de
flèches en fer de 14 à 29; les fers à cheval n°s 1 à 11, fig. 4, tous
documents bien datés par les monnaies de la fig. 5, classées par
M. H. de La Tour comme deniers du Puy et de Brioude du xe au
xie siècle.
Cuivre. — Le résultat le plus précieux sinon le plus important de
ces fouilles, est sûrement la trouvaille, avec les pièces de monnaies
nos 20 à 25, fig. 3, de quinze objets en cuivre rouge doré.
Le cuivre rouge doré déjà trouvé à Chastel (1) et à Bredon (2),
indique une phase particulière de la métallurgie, qui, par la décora-
tion, montre bien l'influence des croisades ou des sarrazins : voir
(1) B. S. P. F., t. VII, 1910, p. 648, fig. 1.
(2) Boucle ronde donnée au Musée d'Aurillac (Musée Rames).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAIS 269
surtout l'anse n° 3, à dessin de facture arabe (1), imitée des Perses
rappelant les pièces présentées à Beauvais(2 en 1969, par M. Arne,
de Stockholm Congrès préhistorique, fig. 1, 2, page 588).
Ce qui en plus du style du dessin me fait faire ce rapprochement,
c'est l'éperon en fer, signalé fig. 4, n° 24.
Les autres objets en cuivre rouge doré paraissent être les débris
d'ornementations d'un riche coffre, sur lequel le n° 2 peut-être re-
présenté le blason du propriétaire. Sur len° 1, on voit une sorte de V
gravé ; partout la dorure a laissé des traces d'application à la feuille
plutôt qu'au mercure : voilà un cas où la chimie pourrait peut-être
trancher la question.
Fig. 6.— Meules diverses
Dansée fond de ces fouilles, il a été trouvé (v. n° 19) une pièce de
la colonie Nimoise, au crocodile et palmier, deux débris d'os et
ivoire travaillés 28 et 29, et une perle en verre de couleur bleue et
blanche, une clochette et trois anneaux nos 16, 17, 18 et 28.
L'impression qui résulte des fouilles est que la destruction de Las
Tours au xne siècle eut lieu par pillage plutôt que par incendie.
Quant aux origines, il est à noter qu'une fouille, poussée à 2 mètres
(1) Les relations de la Suède et de l'Orient pendant l'âge des Vikings. — Congrès
préhistorique de France, Ve session, 1909, p. 586-592.
(2) Notons cependant que, soit M. H. de La Tour, soit M. Marquet de Vasselot,
que leur compétence spéciale désignait pour examiner la pièce à ce point de vue,
n'ont pas voulu y voir autre chose que le style limousin courant de l'époque.
270 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de profondeur en dessous des fondations d'un gros mur de fortifi-
cation, en contre-bas de la case précédente, a livré, avec des débris
de poterie peu cuite, d'aspect néolithique, un éclat retouché de cris-
tal de roche, n° 1, fig. 6, et une meule dormante (n° 2, fig. 6), en tuf
volcanique, dont la face supérieure (2, 2 bisj est usée en un plan bien
horizontal, comme à Chastel. Peut-être d'autres fouilles profondes
conduiraient-elles encore ailleurs au néolithique comme là-bas (1).
Diverses Sépultures gallo-romaines
en Loir-et-Cher.
FLORANGE (de Blois),
Président de la Société d'Histoire naturelle de Loir-et-Cher .
En parcourant le Loir-et-Cher, l'année dernière (1910), à la
recherche des enceintes préhistoriques ou très anciennes, j'ai
eu l'occasion de rencontrer diverses sépultures gallo-romaines,
que je signale ici au point de vue de leur genre très différent.
Dans le courant du mois de septembre, en passant sur la
route qui relie Fréteval à Vendôme, deux kilomètres avant
d'arriver à Fréteval, dans la belle vallée du Loir, je vis des
ouvriers qui construisaient un chemin dans la prairie, pour faire
communiquer directement la grande usine de papeterie de Cour-
celles avec la route. On avait creusé le sol de 0 m. 30 à 0 m. 40,
pour faire une chaussée empierrée; d'un côté du futur chemin, on
avait rangé la terre extraite et de l'autre on avait mis en ligne
des tas de cailloux de silex pour l'empierrement.
C'était à peine à 400 mètres au sud de la Tour de Grisset,
ancien petit temple gallo-romain : à 300 mètres au sud-est de la
ferme de l'Ormois, bâtie dans une enceinte anhistorique et à
200 mètres à l'est du Dolmen de Fréteval. Tous ces voisinages
me firent penser que, en remuant la terre ou les silex, les
ouvriers pouvaient avoir trouvé des objets anciens ; et, m'appro-
chant d'eux, je le leur demandai. Ils n'avaient rien vu, rien
trouvé. En m'en retournant, un peu désappointé, j'examinai les
tas de cailloux et la rangée de terre; dans les premiers je ne vis
aucun fossile ni le moindre silex taillé; mais sur la terre j'aperçus
de gros morceaux de tuiles à rebords, dont plusieurs rouges
(1) Depuis la communication de ces fouilles, j'ai trouvé, cette année, deux haches
polies (Fibrolithe et Jaspe) trustes [Le pays exploré a des tessons néolithiques] ,
dans la fouille du gros mur de fortification, à 2 m. 50 à 3 m. de profondeur.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 271
comme des tuiles neuves; des fragments de poteries, la plupart
grossières, de couleur grise et d'autres tessons rouges et noirâ-
tres de plusieurs modèles plus petits et de terre plus fine, appar-
tenant sans conteste à la période gallo-romaine. Je vis à côté une
certaine quantité de terre rougeâtre ressemblant à de la terre
cuite. J'allai revoir un ouvrier, non loin de là, pour lui exprimer
mon étonnement de ce qu'il n'avait rien vu de particulier, tandis
qu'en un instant j'avais trouvé une quantité de débris gallo-
romains. Il m'avoua alors, qu'à l'endroit que je lui indiquais, il
avait remarqué une sorte de puits, formé par une terre rouge
comme de la brique, qui l'avait fort intrigué, et qu'il avait été sur
le point de le fouiller. Le temps lui avait manqué et on avait
répandu, sur le milieu du tracé du chemin, une couche de 0 m. 15
à 0 m. 20 de cailloutis, qui recouvrait en même temps l'emplace-
ment du puits; c'était à 20 mètres environ de la route de Ven-
dôme à Fréteval, presque au milieu de la nouvelle chaussée.
Je ne doutai pas un instant que je me trouvais en présence
d'une sépulture gallo-romaine après incinération, d'où prove-
naient les fragments de tuiles et poteries que je venais de
ramasser. Etant pressé par l'heure du train qui devait me rame-
ner à Vendôme, je me promis de revenir dans peu de jours, avant
qu'on ait empierré complètement le chemin. J'emportai un lot
de fragments de poteries que je remis le soir même, sauf un
tesson, à mon ami et collègue, M. G. Renault, conservateur du
Musée de Vendôme, qui devait m'accompagner le lendemain pour
fouiller; mais le mauvais temps nous empêcha de partir.
Huit jours après, je revenais seul, M. Renault n'ayant pu venir
avec moi. Je m'adressai à la Papeterie de Courcelles, et, en
l'absence du Directeur en congé, le contremaître avait l'obli-
geance de m'autoriser à faire la fouille, et de m'indiquer un
ouvrier disponible que je mettais à l'œuvre immédiatement.
Sous le cailloutis nous retrouvions facilement le contour circu-
laire du puits, bien dessiné par un entourage de terre cuite, très
rouge, ayant une épaisseur de 0 m. 10 environ; cette terre a été
rougie et cuite sur place par le feu qu'on a dû faire dans la fosse
sépulcrale, creusée simplement dans l'argile compacte et épaisse
du sol, afin de durcier et de solidifier l'entourage. La fosse
avait 1 m. 10 de diamètre, au fond comme à l'ouverture : ce
qui lui donnait une forme cylindrique, et 1 mètre de profon-
deur environ. Elle était remplie de cendres calcinées, et,
en divers endroits, nous trouvions des petits morceaux de
charbon, quelques débris d'ossements calcinés, des morceaux
assez grands de tuiles à rebords de sis modèles différents, et des
fragments de poteries assez variés. Ce n'était pas surprenant de
272 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
ne rencontrer que des tuiles ou des poteries brisées; mais, ce que
j'ai trouvé singulier et qui m'a paru intentionnel (1), c'est qu'on
voyait rarement deux morceaux des mêmes tuiles, des mêmes
vases, tout en prenant les plus grandes précautions pour les
extraire, en les mettant de côté immédiatement et en cherchant
à les appareiller. Les cendres étaient en blocs gras comme de
l'argile, que la trop grande humidité du sol empêchait de réduire
en poussière et même d'écraser; il a pu y rester de menus ob-
jets, comme des monnaies ou médailles; cependant je ne le crois
pas; ou ils sont rares, car j'ai bien examiné tout ce qu'on sortait
et n'ai rien vu de particulier pouvant dater la sépulture.
M. André Piédallu, préparateur au Laboratoire de Mamma-
logie au Muséum, en vacances alors dans les environs, à Morée,
arriva à la fin de la fouille et en vit le résultat. Il emporta des
fragments de tuiles à rebords et de poteries, comme témoignage
de la découverte qui venait d'èlre laite. Moi-même j'ai conservé
de la terre cuite de l'entourage, des blocs de cendres, des os
brûlés, et des fragments de poteries diverses.
Je n'ai pu voir comment était organisée la couverture qui
n'était qu'à 0 m. 20 au plus de la surface du sol ; mais il est évi-
dent qu'elle devait être formée par les morceaux de tuiles à re-
bords assez nombreux, qui avaient été retirés de la terre par les
ouvriers, ainsi que par les nombreux fragments de poteries que
j'ai trouvés extérieurement. Ayant remarqué de petits tas de
tuiles et de poteries à différents endroits, à l'est et à l'ouest, à
0 m. 10, 0 m. 75 et à 1 mètre de profondeur, j'en conclus qu'il
doit y avoir eu des sépultures différentes, trois ou quatre au
moins. Les corps, dont les cendres reposent dans le petit puits
funéraire, ont-ils été incinérés en même temps ou le même jour ?
C'est ce que je ne saurais dire. Quoique par la force des choses,
cette sépulture fut destinée à être recouverte immédiatement par
la chaussée du nouveau chemin, j'qi voulu la conserver pour
l'avenir; et j'ai tenu à ce que mon ouvrier n'en détruisit pas les
contours et y remit les cendres retirées pour la fouille.
L'incinération a-t-elle eu lieu dans la fosse ? C'était possible et
cependant c'est peu probable, malgré l'épaisseur de la terre cuite
autour, et la facilité d'incinérer qu'on avait à une aussi faible pro-
fondeur; s'il y a eu plusieurs corps incinérés, ils l'ont été sans doute
sur un bûcher spécial les uns après les autres, et leurs cendres
(1) Il paraît cependant certain que les vases, même les plus beaux et les plus
grands étaient souvent brisés au moment des funérailles, et que leurs débris
étaient dispersés dans la terre environnante [Antiquités de la Russie méridionale ;
par le professeur Kondakof, le comte J. Tolstoï et S. Reinach. Ernest Leroux,
éditeur, Paris, 1891].
SOCIÉTÉ IT.ÉHISTOIUQUE FRANÇAISE 273
réunies dans un coin spécial, ou plutôt une couche différente,
ainsi que semblent le prouver les tas de tuiles et de poteries à
différentes profondeurs. A plusieurs reprises, j'ai rencontré dans
l'intérieur quelques veines de terre cuite répandue horizonta-
lement. Cette terre cuite devait provenir de l'extérieur, elle a
dû être introduite avec les cendres provenant d'une inciné-
ration extérieure. Pour incinérer à l'air libre on devait avoir
besoin d'un combustible considérable, et, malgré la dimension
de la fosse, qui pouvait avoir une contenance d'un mètre cube,
je crois que l'incinération des corps avait lieu à l'extérieur.
On a mis à jour par toute la France, un nombre considérable
de sépultures gallo-romaines et cependant je n'ai pas connais-
sance de descriptions analogues à la mienne.
Dernièrement, au Congrès de Tours, j'ai rendu compte de ia
découverte d'une sépulture du même genre, mais plus profonde
et en forme de four, que j'ai reconnue dans une autre partie du
Loir-et-Cher, H Langon, sur le coteau de la rive droite du Cher.
Comme pour celle de Fréteval, une couche de terre cuite autour
formait un entourage qui n'avait été établi que par un grand feu
à l'intérieur ; cette couche de 0.05 c. d'épaisseur n'est pas
exactement délimitée. J'étais heureux d'en donner connaissance
à la Société Préhistorique française, pensant que mes collègues
ne manqueraient pas de me documenter. Je n'ai pas encore vu
non plus citer un cas semblable. En ayant donné la description
je ne recommencerai pas ici.
En juin dernier, j'ai constaté une autre sépulture gallo-
romaine, après incinération, en Beauce, près de la ferme de
Chèvremont, dans la commune de Tripleville, à 48 kilomètres au
nord-est de Blois, où il existe de nombreux dolmens et un
superbe menhir. Mais cette sépulture, très peu profonde, a eu
lieu évidemment après une incinération à ciel ouvert, sur place.
Elle m'a été révélée par des cendres et du charbon en assez
grande quantité, avec un certain nombre de tessons de poteries
gallo-romaines, de fragments de tuiles à rebords et quelques
débris d'ossements brûlés, mis à jour par des ouvriers qui
avaient creusé la terre à moins d'un mètre de profondeur pour
en extraire des cailloux. C'était sur le bord d'un très ancien
chemin, sur lequel je passais pour faire des recherches préhis-
toriques, dans un vallon charmant, qui porte le nom poétique de
Val d'Avril. Naturellement je m'arrêtai, et fus très étonné de voir
en cet endroit des cendres et des débris gallo-romains. Nulle
part autour, il n'y avait de terre rougie par le feu comme pour
les deux cas précédents.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 18
274 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cette année, dans mes pérégrinations en Loir-et-Cher, j'ai
encore vu d'autres sépultures gallo-romaines. C'est à Gièvres, sur
les bords du Cher, près de la voie romaine & Avaricum à Cœsaro-
dunum, de Bourges à Tours, l'ancienne ville gallo-romaine de
Gabris, qui dut être relativement importante. De sa véritable
nécropole, M. de ta Saussaye, ancien membre de l'Institut, aretiré
il y a quelque cinquante ans, une quantité de vases et de curieux
objets, en partie au Musée de la ville de Blois, auquel il les a
légués. L'année dernière, M. Jouannet, instituteur, en cultivant
son jardin, y a découvert plusieurs sépultures; je l'ai appris et je
suis allé voir ses découvertes intéressantes. Les fosses peu pro-
fondes étaient à peu de distance les unes des autres. C'était sans
doute le côté des enfants, car il y a rencontré une demi-douzaine
de biberons et des timbales joliment décorées, en terre fine. Les
vases ou autres objets étaient généralement trois par trois, à
moins de 0m50 de la surface du sol. Dans le terrain sablonneux
de. la Sologne, les vases faciles à extraire étaientintacts, h l'excep-
tion de ceux qui, n'étant pasenterrés assez profondément avaient
été brisés par la culture. En cet endroit le sol est couvert de
débris de poteries gallo-romaines et on y a trouvé beaucoup de
monnaies ou médailles recouvertes d'une belle patine. Les cen-
dres et les ossements calcinés étaient en assez petite quantité,
avec des traces de charbon. L'incinération a eu lieu certainement
dans un endroit spécial; la localité était assez importante pour
avoir un four ou bûcher spécial. Peut-être les restes étaient-ils
enfermés dans de petits cercueils, car M. Jouannet a trouvé dans
ses fouilles un certain nombre de clous de fer qui sembleraient le
démontrer.
A 10 kilomètres au nord de Blois, sur le territoire de la com-
mune d'Averdon, très importante station préhistorique, presque
à la naissance de la Vallée de la Grande-Pierre et dans le petit
val, j'ai vu encore un lieu de sépultures gallo-romaines. Cet en-
droit est situé à un kilomètre à l'est du hameau de Malakoff et de
la route de Blois à Oucques, à 4 kilomètresàFestdu bourg d'Aver-
don. Il m'a été indiqué par M. Quentin-Lefeuvre, propriétaire-
cultivateur à Malakoff. Ce sont des carriers qui ont mis à jour
plusieurs de ces sépultures ; ilsont été frappés par la vue des osse-
ments et des débris de poteries qu'ils trouvaient presque à la sur-
face du sol, c'est-à-dire à 0m20 ou 0m25 de profondeur. Là il n'y
a pas eu d'incinération; il y a eu simple inhumation. On y trouve
en effet de gros ossements qui n'ont certainement pas subi l'action
du feu ; la terre est noirâtre et on ne voit pas de traces de cen-
dres. Les poteries que j'y ai ramassées n'ont rien de remarqua-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 2-0
bles ni de particulier ; il y a de grosses poteries de terre de cou-
leur gris cendré et de plus fines gris-noiràtre. Je ne crois pas qu'il
v ait eu là un grand nombre d'inhumations. Sur la hauteur à 100
mètres au nord et à l'ouest, on peut remarquer dans les champs
d'assez nombreux débris de tuiles à rebords et de poteries gallo-
romaines. Il a dû exister dans ce lieu, désert aujourd'hui, une
colonie agricole, et ce sont, sans doute, les restes du personnel de
l'exploitation qu'on retrouve dans cet endroit spécial, qui n'était
pas cultivé par suite du peu de profondeur de la terre végétale.
Voilà donc cinq genres de sépultures bien distincts, tous de la
période gallo-romaine que je puis résumer ainsi :
1° A Fréterai, plusieurs incinérations dans une fosse cylindri-
que, de 1 mètre de profondeur, dans l'argile, dont la paroi a été
rougie et comme cuite par le feu, sur 0ra10 d'épaisseur; quantité
de cendres ^un mètre cube) pour plusieurs corps ; mobilier com-
posé de morceaux de six modèles divers de tuiles à rebords et de
fragments de poteries variées, dont il n'y a pas en général deux
morceaux du même vase.
2° A Langon, une seule incinération dans uu four creusé à 2
mètres de profondeur, dans le tuf crayeux, auquel on accédait
par un passage oblique ; quantité de cendres, pour un seul corps,
sans doute; parois rougies et cuites par le feu sur une épaisseur
deOm05; sans mobilier ou en fragments non remarqués. Ce genre
de sépulture doit remonter aux premiers temps de l'occupation
romaine.
3° A Tripleville, incinération sur place, à l'air libre, à une pro-
fondeur de 0m50, dans le sable ou terre légère; pas de parois
rougies; quantité de cendres pour un seul corps par fosse; débris
de charbon; poteries variées, toutes brisées, peut être intention-
nellement, peut-être par les carriers.
4° AGièvres, incinération dans un four crématoire et inhuma-
tion des restes, très probablement dans un petit coffre ou cer-
cueil, placé à 0m50 ou plus dans le sol; mobilier assez riche, avec
vases entiers trois par trois; véritable nécropole.
5° A Averdon-Malakoff, inhumation simplement, à 0m20ou 0m25
de profondeur dans le tuf calcaire, sans incinération, mobilier
pauvre et en fragments.
Il est évident que ces genres ne sont pas tous du même siècle.
Le rite pouvait différer par région, mais dans les localités bor-
dant le Cher, comme à Langon et à Gièvres, éloignées seulement
d'une douzaine de kilomètres l'une de l'autre, ce sont les
siècles sans doute qui ont causé le changent de rite. Je laisse à
276 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
d'autres plus compétents le soin de les dater, me bornant à les
signaler.
Je n'ai jamais tant vu ni étudié de sépultures gallo-romaines
qu'en 1910; il est vrai que je n'en avais jamais cherché jusque-là.
Il n'est pas douteux qu'on en pourrait découvrir dans beaucoup
de localités importantes à l'époque gallo-romaine qui n'ont pas
encore révélé leurs trésors archéologiques. J'en connais dans ce
cas. Il y a donc encore de beaux jours pour les chercheurs et
les archéologues qui n'attendront pas du hasard seulement le
plaisir des découvertes.
M. M. Baudouin. — Notre collègue trouvera d'intéressants
points de comparaison dans nos travaux sur les puits funé-
raires et dans ceux de l'abbé F. Baudry.
Résultat des fouilles effectuées dans un abri sous
roche à Bonnières (Seine-et-Oise), et décou-
verte d'une sépulture néolithique à Jeufosse
(Seine et Oise.)
PAR
Henri G A DE AU de KER VILLE (Rouen, Seine-Inférieure)
et Georges POULAIN (Eure).
A quelques kectomètres en aval de la petite ville de Bonnières, dans
un bois situé près de la rive gauche de la Seine, au triage de la côte
Masset, existe un abri sous roche, appartenant à l'étage sénonien.Cet
abri mesure 33 mètres de long et une hauteur maximum de 5 mètres.
Une tranchée a été faite au pied de la partie en surplomb. Dans la
couche de terre végétale, de 0m50 à 0m60 d'épaisseur, nous avons
trouvé quelques silex néolithiques, et des os fendus intentionnelle-
ment. Au-dessous, la terre, plus compacte, dure et de composition
argilo-calcaire, nous a fourni, à environ un mètre de la paroi de l'a-
bri, des silex à faciès nettement magdalénien.
A lm40 de profondeur totale, nous avons rencontré un foyer repo-
sant sur la roche vive. A côté se trouvaient une petite meule gisante
en grès, de nombreuses lames, des nuclei et beaucoup d'éclats. Les
lames, les lamelles et les éclats étaient par petits tas autour du foyer,
près duquel nous avons recueilli les os d'un tarse et un métatarsien
de cheval, une défense de sanglier, quelques os fendus en long pour
en extraire la moelle, et d'autres indéterminables. Parmi les lames,
il y en a deux possédant de fines retouches : une lame-grattoir et
une lame dont une extrémité a été retaillée en pointe.
L'outillage nous a montré que nous étions en présence d'une sta-
tion de l'époque de la Madeleine. C'est la deuxième découverte de
vestiges de cette époque dans les abris sous roche du bassin inférieur
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 277
de la Seine ; la première a été faite par l'un de nous (Georges Pou-
lain), en 1902-1903, à Mestreville, commune de Saint-Pierre-d'Autils
(Eure) 1).
Dans un bois qui se trouve près de la rive gauche de la Seine, en-
tre Bonnières et Vernon, à Jeufosse Seine-et-Oise), existe, dans
l'étage sénonien, un rocher de 54 mètres de long, et d'une hauteur
maximum de 8 mètres, connu sous le nom de « Roche Galerne ». Une
cavité de ce rocher, qui était en grande partie comblée avec de la
terre, nous a révélé une sépulture de l'époque néolithique, contenant
des ossements de trois squelettes deux adultes et un adolescent).
La sépulture fut aménagée au fond de cette cavité, et les corps dé-
posés sur le calcaire en fragments détachés du plafond à une époque
plus ancienne. Puis on la ferma au moyen d'un mur à sec, composé
de pierres calcaires dont plusieurs mises de champ.
Les ossements ont été partiellement dispersés parles blaireaux ou
les renards, qui avaient enlevé des pierres du mur à sec pour péné-
trer au fond de la cavité. Néanmoins nous avons recueilli en dedans
de ce mur une partie des ossements, dont un crâne d'adulte en par-
fait état de conservation. De plus, nous avons trouvé, en criblant
ou non la terre, des fragments de poteries néolithiques et quelques
silex, dont une hache ébauchée.
Les sépultures de ce genre sont rares dans le nord de la France.
C'est, à notre connaissance, la deuxième du genre, découverte dans
la partie inférieure de la vallée de la Seine. La première fut mise à
jour par l'un de nous (Georges Poulain), en 1903, à Mestreville, com-
mune de Saint-Pierre-d'Autils Eure) (2).
Relativement à ces intéressantes trouvailles, nous publierons,' dans
le Bulletin de la Société normande d'Etudes préhistoriques, un mé-
moire accompagné de figures dans le texte et de planches.
Hache en silex, de forint» arquée.
PAR
Louis GIRA.UX (de Saint-Mandé, Seine) (3).
La hache en silex, que j'ai l'honneur de vous présenter a été
recueillie dans les environs de Bergerac, à Puy-Charmant (Dordo-
gne). Dans cette région, on trouve à la surface de nombreuses pièces
(1) Bull, de la Société normande d'Études préhistoriques, ann. 1903, p. 62, et
pi. V. et VI ; ann. 190Ï, p. 89.
Emile Cartailhac, dans la revue L'Anthropologie, ann. 1905, t. XVI, n* 3
p. 322.
(2) Bull, de la Société normande d'Etudes préhistoriques, ann. 1904, p 98 et
pi. VI.
1,3) Séance du 26 janvier 1911.
278 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
acheuléo-moustériennes et néolithiques; mais c'est à cette dernière
époque que celle que je vous présente doit appartenir. Elle provient
de la collection de l'abbé Landesque.
Cette pièce, en silex gris, légèrement jaunâtre, mesure 0m168 de
longueur, sa plus grande largeur est de 0m080 du côté du tranchant,
et elle est de 0m018 à 0m020 à l'autre extrémité; son épaisseur, au
centre, est de 0m025 environ.
La particularité que nous offre cette pièce, c'est qu'elle est de forme
arquée. En l'examinant, nous constatons qu'elle a été taillée dans
une plaquette de silex
qui avait primitive-
ment cette forme. La
partie convexe est ab-
solument lisse, comme
si elle avait été polie ;
on s'est simplement
contenté, pour lui don-
ner sa forme, d'abat-
tre les deuxcôtés : la
Figure 1 nous le re-
présente fort bien.
Pour former le tran-
chant de la hache, l'ex-
trémité de la plaquette
a été abattue et un arc
de cercle assez régu-
lier a été obtenu.
Si nous passons à la
partie concave de la
pièce, nous constatons
également que, sur
plus de la moitié de la
longueur, elle est for-
méepar la partie natu-
relle de la plaquette de silex. Du côté du tranchant, cette plaquette
était plus épaisse et une partie de la matière a étéenlevée à grands
éclats de façon à la réduire pour en faire le tranchant.
La Figure 2 vous montre la pièce de profil et il est facile de se
rendre compte de sa forme arquée.
A première vue, cette pièce pourrait être prise pour une hermi-
nette; mais en l'examinant, on constate qu'il n'en est rien, d'abord
en raison de la disposition de son tranchant, et ensuite parce que la
forme de l'extrémité opposée ne permettrait guère de pouvoir l'em-
l. — Hache en silex de forme
arquée [1/2 grand, nat.].
Fig. 2. — La même
pièce, vue de pro-
fil (l/2 grand.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 279
mancher d'une façon solide. D'un autre côté, il ne nous semble guère
possible de pouvoir l'employer en la tenant à la main.
Notre opinion est que cette pièce doit être simplement une ébau-
che, que l'ouvrier a dû abandonner, ne pouvant pas en faire un outil
utilisable.
-<_^-c"O^G»s*~-£V-^~>-
8ur quelques causes déterminantes du magné-
tisme des poteries.
PAR
L. FRANCHET (Paris).
La question du magnétisme des poteries, préoccupe depuis quel-
que temps les physiciens et les préhistoriens, mais il ne semble pas
que l'accord soit bien parfait, au sujet de l'influence des poteries sur
l'aiguille aimantée.
D'autre part, les causes mêmes de ce magnétisme, semblent être
encore dans le domaine de l'hypothèse.
Parmi les auteurs qui s'en sont occupé, les uns font remonter ces
causes « à la longue immobilisation delà poterie, sous l'influence de
l'induction terrestre », les autres, « à l'aimantation d'ensemble
acquise par le vase au moment de la cuisson, supposée laite en posi-
tion verticale » ou encore « à l'action inductrice des briques du four
qui furent les premières à s'aimanter » (1).
Mais ces hypothèses, si intéressantes qu'elles soient, ne sont que
des hypothèses qu'il me paraît bien difficile de vérifier expérimenta-
lement.
C'est pourquoi je pense qu'il n'est pas inutile d'apporter à l'étude
de cette question, non pas d'autres hypothèses, mais des faits con-
firmés par l'expérience.
I Certaines poteries possédant réellement la propriété de faire
dévier l'aiguille aimantée, il y avait lieu d'examiner les deux points
suivants :
1° Quels sont les éléments magnétiques pouvant se trouver dans la
pâte d'une poterie ?
2° Comment ces éléments ont-ils pu se former ?
ICe sont ces deux questions que je vais m'efforcer de résoudre.
(1) Bull, delà Soc. Prek. de France, t. VII, p. 504 et 505.
280 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
1° Nature des éléments magnétiques des pâtes.
Les poteries magnétiques sont toujours ferrugineuses.
L'oxyde de fer contenu dans les pâtes provient principalement des
argiles. Or toutes les argiles renferment du fer à l'état de peroxyde ;
le kaolin lui-même n'en est pas exempt. J'ai analysé celui de Mar-
saguet (dans le Limousin), qui fut longtemps employé à la manufac-
ture de Sèvres, en raison de sa grande pureté. J'ai constaté néanmoins
qu'il contenait en moyenne 0,24 pour 100 de peroxyde de fer.
Les argiles ordinaires employées dans la fabrication de la poterie
en renferment jusqu'à 25 p. 100.
Examinons maintenant quels sont les oxydes de fer jouissant de
propriétés magnétiques. Ce sont: les protoxydes de fer, Fe O. ; —
l'oxyde magnétique, Fe3 O*; — le peroxyde de fer (dans certains
cas), Fe2 O3; les oxydes des battitures (compositions très diverses).
De ces quatre oxydes magnétiques, les trois premiers seuls nous
intéressent, puisque le quatrième ne peut, en aucun cas, se ren-
contrer dans les composés argileux.
Or la formation des trois premiers oxydes, dans les poteries, au
cours de la cuisson, est facile à démontrer.
2° Formation des oxydes de fer magnétiques dans les poteries.
Il me faut ici ouvrir une parenthèse, pour rappeler certains phé-
nomènes relatifs à la combustion des gaz émanant d'un foyer.
Lorsque les corps combustibles sont décomposés par la chaleur,
les gaz qu'ils renferment se dégagent et brûlent en produisant une
flamme. Ces gaz consistent principalement en oxyde de carbone,
acide carbonique, carbures d'hydrogènes, azote et vapeur d'eau.
Mais la combustion ne peut avoir lieu que grâce à l'oxygène que
la flamme emprunte à l'air ambiant. L'oxygène joue le rôle de corps
comburant.
Parmi les gaz qui se dégagent et que je viens de citer, il en est
plusieurs qui doivent retenir notre attention, d'une façon toute par-
ticulière. Ce sont l'oxyde de carbone et les carbures d'hydrogène qui
sont des gaz essentiellement réducteurs.
On appelle réducteur un corps qui possède la propriété de
réduire un oxyde métallique, à un état inférieur d'oxydation et fina-
lement en métal.
Prenons par exemple du peroxyde de fer, qui représente du fer à
son maximum d'oxydation (c'est celui que l'on trouve dans les
argiles) et chauffons le dans un courant d'oxyde de carbone. Celui-
ci sous l'influence de la chaleur se combinera avec l'oxygène qui est
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 281
lui-même combiné au fer, transformera par conséquent le peroxyde
en fer métallique en le faisant passer par tous les états intermédiaires
d'oxydation, y compris le protoxyde qui, comme on le verra'est
très important pour nous.
Donc, lorsque je parlerai, pour la cuisson des poteries, de feu ré-
ducteur ou d'atmosphère réductrice, terme admis lorsqu'il s'agit de la
cuisson dans les fours, il s'agira d'un feu duquel se dégage un excès
d'oxyde de carbone et de carbures d'hydrogène; et cet excès de gaz
réducteurs provient d'une combustion incomplète, par suite d'une
insuffisance d'oxygène.
Si maintenant nous saturons d'oxygène, les gaz combustibles, au
moyen d'un entraînement rapide de l'air ambiant, par une cheminée
d'appel, il se produira deux phénomènes:
1° La quantité d'air, et par conséquent d'oxygène, entraîné, est
suffisante pour se combiner exactement aux gaz ; il n'y aura alors ni
oxygène, ni gaz réducteurs en excès : il y aura équilibre et l'atmos-
phère sera neutre.
2° La quantité d'air est supérieure à celle qui est nécessaire pour
se combiner exactement aux gaz. Il y aura donc excès d'oxygène et
la combustion sera complète : nous aurons ainsi un feu oxydant, ou
atmosphère oxydante. Par conséquent, le métal que nous avons
obtenu tout à l'heure un peu réducteur, retournera, si nous le sou-
mettons à ce feu oxydant, à l'état d'oxyde.
Maintenant que nous connaissons les propriétés et par conséquent
le rôle d'une flamme, examinons ce qui se passe au cours de la cuis-
son des poteries, en envisageant surtout les procédés primitifs.
Aux âges préhistoriques, la cuisson se faisait ou à l'air libre ou
dans des fours très primitifs ; mais, dans un cas comme dans l'autre,
le feu était ordinairement réducteur, comme en témoigne la presque
talité des poteries.
Ce fait n'a rien d'extraordinaire, car la combustion, dans un feu
ûlant à l'air libre ou dans un four rudimentaire, est incomplète,
rce que la flamme dans son mouvement ascensionnel n'entraîne
s une quantité suffisante d'air.
La poterie se trouvera placée, par conséquent, dans un milieu qui
ra plus ou moins réducteur, mais jamais absolument oxydant.
Deux cas peuvent se présenter : ou bien le feu sera absolument
ducteur; ou bien il le sera incomplètement.
Dans le premier cas, le peroxyde de fer contenu dans l'argile se
transformera en protoxyde qui, je le rappelle, est magnétique.
Dans le deuxième cas, le peroxyde se trouvant soumis à l'influence
'un mélange d'oxyde de carbone et d'acide carbonique, se transfor-
mera également en protoxyde, partiellement ou en totalité, suivant
la durée de l'opération.
282 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cette transformation sous l'influence des deux gaz a été démon-
trée, il y a environ un demi-siècle par Debray (1).
Donc dans les deux cas, la poterie contiendra un élément magné-
tique : le protoxyde de fer.
Voilà une première cause de magnétisme.
D'autre part, Moissan a démontré, jadis, qu'il existait deux varié-
tés allotropiques <Toxyde magnétique, dont l'une s'obtient, notam-
ment, en chauffant le peroxyde de fer dans un courant d'oxyde de
carbone, à basse température (vers 350°), et l'autre en le décompo-
sant à une température élevée voisine du rouge blanc.
Or, puisque l'oxyde magnétique peut commencer à se former à
350°, dans une atmosphère chargée d'oxyde de carbone, il est très
naturel que les poteries préhistoriques en renferment d'autant plus
que leur examen démontre surabondamment qu'elles ont été cuites à
très basse température.
Nous avons ainsi une deuxième cause de magnétisme.
Nous allons maintenant examiner le cas où le procédé de cuisson
étant perfectionné, le feu est absolument oxydant, et où, par consé-
quent, le peroxyde de fer, qui, tel qu'il se trouve dans les argiles,
n'étant pas magnétique, devrait théoriquement rester stable et n'a-
voir aucune action sur l'aiguille aimantée.
Nous allons voir qu'il n'en est pas ainsi.
En effet, d'après les recherches de différents chimistes, le peroxyde
de fer peut être magnétique dans certaines conditions.
Tout d'abord, d'après Malaguti (2), lorsqu'il est obtenu par la cal-
cination des dépôts ocracés formés par les eaux minérales ferrugi-
neuses, ou de certains carbonates de fer, naturels. Mais je ne m'ar-
rêterai pas à des cas particuliers, parce qu'il est très difficile, sinon
impossible dans bien des cas, de vérifier l'origine du peroxyde de
fer contenu dans une argile.
D'autre part, Lallemand (3), étudiant un peroxyde de fer pur exempt
d'oxydes magnétiques, a trouvé que son magnétisme était pres-
que égal à celui de l'oxyde magnétique proprement dit, et a démontré
ainsi qu'il existe deux peroxydes de fer, l'un magnétique et l'autre
inerte.
Le peroxyde magnétique peut perdre cette propriété d'être attira-
ble à l'aiguille aimantée, si on le chauffe à une température très éle-
(1) Wurtz. — Dictionnaire de Chimie pure et appliquée, 1. 1, 2e part., p. 1490.
(2) Annales de Ch. et de Phys.,t. LXIX, p. 214.
(3) Annales de Ch. et de Phys., t. LXIX, p, 223.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 283
véc : ce qui n'est pas le cas pour les poteries primitives ou les pote-
ries communes modernes.
Lallcmand a donc prouvé que le magnétisme du peroxyde de fer
n'était pas dû, comme l'avait autrefois pensé Luca, à la présence de
protoxyde.
Nous trouvons dans cette propriété du peroxyde de fer, une troi-
sième cause de magnétisme des poteries.
Le peroxyde de fer attirable à l'aimant, prend, lorsqu'il a été
chauffé, une teinte rouge brique; et cette particularité m'a engagé à
vérifier le magnétisme des poteries grecques et romaines, à pâte
rouge.
Les échantillons que j'ai examiné proviennent de sources sûres et
j'ai constaté que tous les spécimens grecs, du vm" au rve siècle,
étaient très magnétiques.
Quant aux poteries romaines (dites samiennes), elles possèdent un
magnétisme beaucoup plus faible, quelquefois nul.
Cette différence, entre les propriétés magnétiques des poteries
grecques et romaines, doit provenir principalement des procédés de
cuisson.
Conclusion. — La propriété que possèdent de nombreuses pote-
ries, de faire dévier l'aiguille aimantée, est due à la présence de di-
vers oxydes de fer magnétiques, répandus dans la masse de leur pâte.
La nature de ces oxydes tient à deux causes :
1° La composition de la flamme ; 2° Le degré de température.
Un oxyde de fer inerte, contenu dans l'argile, pourra donc deve-
nir magnétique, toutes les fois qu'il se trouvera soumis à l'influence
d'une atmosphère de composition et de température déterminées.
Or, l'expérience nous apprend que ces conditions se trouvent très
fréquemment réunies, dans le cours de la cuisson des poteries, sur-
tout lorsqu'elle a lieu dans un four rudimentaire, dans lequel il
n'est pas possible de faire pénétrer la quantité d'air nécessaire à la
combustion, ce qui influe doublement sur la nature de l'atmosphère
intérieure du four et sur la température.
Quant aux poteries qui sont cuites à feu libre, elles se trouvent
dans les conditions voulues, comme je l'ai démontré, pour que
1 oxyde de fer contenu dans leur pâte, acquiert facilement, par ses
diverses transformations, des propriétés magnétiques.
L'intensité du magnétisme d'une poterie dépend delà nature et de
la quantité des éléments magnétiques que renferme sa pâte.
Or, comme ces conditions d'intensité sont liées en même temps à
la nature de la flamme et à sa température, il s'ensuit que plusieurs
284 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
poteries cuites en même temps, ne pourront toutes contenir des élé-
ments magnétiques identiques.
L'expérience démontre en effet, que suivant la place occupée par
les pièces, dans le four ou même dans un foyer libre, elles ne sont
pas soumises aux mêmes influences et dans le même temps.
Toute poterie, contenant de l'oxyde de fer, qu'elle soit antique ou
moderne, est susceptible d'accuser un magnétisme plus ou moins
prononcé; mais il est compréhensible que, si ses éléments magnéti-
ques sont en trop petit nombre, ce magnétisme pourra être à peine
sensible, ou même complètement insensible, vis-à-vis des moyens de
vérification dont la science dispose actuellement.
Les causes déterminantes du magnétisme des poteries, celles
du moins, que j'ai indiquées, ne m'autorisent pas à d'admettre que
la longue immobilisation de la poterie, dans le sol, sa position verti-
cale dans le four ou l'action inductrice des briques du four, aient pu
jouer seules un rôle certain, ou tout au moins absolu.
Je ne puis pas, non plus, admettre, que, vu le mode de formation
des éléments magnétiques dans les poteries, ce magnétisme puisse
permettre de déterminer l'âge de celles-ci .
Enfin, il y aura lieu de rechercher si le magnétisme des argiles
cuites par les coulées de laves et qui ont servi de point de départ à
l'étude, de cette question ne provient pas, comme c'est possible, de
ce que ces argiles ont été soumises, au moment de leur contact
avec les laves, à l'influence de gaz réducteurs.
Ainsi s'expliquerait le désaccord qui existe entre les diverses ob-
servations qui ont été faites.
M. A. Guébhard espérait avoir à complimenter M. Fran-
chet sur quelque contribution expérimentale nouvelle, apportée,
non pas, sans doute, à la question des « causes déterminantes du
magnétisme des poteries », question ressortissantàla physique et
jugée depuis longtemps, à titre définitif, hors la compétence de
M. Franchet, mais sur quelque détail, plus ou moins justiciable
de la S. P. F., quant à l'applicabilité des observations magnéto-
métriques à la détermination de l'âge des poteries.
Au lieu de cela, M. Franchet, après s'être complu à rappeler aux
préhistoriens de très élémentaires souvenirs d'avant baccalau-
réat, sur la transformabilité, en oxydes dits magnétiques, des
impuretés ferrugineuses, qu'il est notoire que contiennent toutes
les argiles, a basé tout ce qu'il dit du magnétisme céramique sur
une si manifeste erreur de physique, qu'il incombe à l'ancien pro-
fesseur de physique auquel M. Franchet veut faire la leçon, de le
rappeler lui-même aux rudiments de la science, pour essayer de
lui faire comprendre que l'épithète a magnétique » des chimistes,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 285
signifiant tout au plus magnétisable, n'a jamais eu le pouvoir
intrinsèque de conférer autre chose queYaptitude au magnétisme,
mais pas la moindre parcelle du magnétisme effectif des physi-
ciens.
Certes, il est hors de discussion qu'une poterie, pour être
magnétique, doive contenir un élément magnétique. Mais faire
de ce postulatum de La Palice, qui servit de point de départ à
tous les physiciens, le point d'arrivée de longs développements ;
ériger en belle triade de « causes déterminantes » ce qui ne fut
jamais qu'une condition nécessaire, mais nullement suffisante;
édifier sur une pure illusion verbale et un gros malentendu phy-
sique des « conclusions » dédaigneuses à l'égard des données les
mieux établies par les vrais physiciens : voilà qui méritait, de la
part d'un spécialiste, une protestation motivée, devant un audi-
toire non spécialisé.
Même en ce milieu, il ne se trouvera personne à qui faire ac-
croire qu'un luminaire puisse être lumineux avant que d'être
allumé, ou que, par la seule magie des formules chimiques, il suf-
fise de la présence d'un oxyde dit magnétique pour rendre ma-
gnétique une poterie sans qu'elle soit magnétisée, c'est-à-dire
sans qu'elle ait reçu, et surtout gardé, — car c'est alors seule-
ment qu'elle devient intéressante, — une polarité, une aimanta-
tion stables, lui permettant d'agir, non seulement sur l'aiguille
aimantée, comme le fer banal, mais sur la limaille de fer doux,
comme font les seuls aimants.
Or ce n'est que sous l'influence de l'aimant terrestre, et dans
des circonstances qu'ont déterminées, mieux que les « causes
déterminantes » de M. Franchet, des savants comme Folgherai-
ter, Brunhes, Mercanton, sachant, eux, ce qu'est le magnétisme,
et « admettant » en connaissance de cause, tout ce que « n'ad-
met pas » ce publiciste, c'est donc en rapport certain avec les
variations séculaires du solénoïde terrestre, qu'est né, dans cer-
taines poteries ou laves, un magnétisme, à l'avènement duquel
les « gaz réducteurs », à quoi M. Franchet réduit son horizon,
n'ont pu jamais que préparer son substratum. Il y a quelque
chose de vraiment pénible à voir opposer aux consciencieuses re-
cherches, aux laborieuses expérimentations, et aux prudentes ré-
serves, de tels savants, une pure phraséologie, sans rapports avec
leurs travaux incompris, et à constater la prétention persistante
de M. Franchet à vouloir régenter, au nom de la chimie, la phy-
sique, après la préhistoire, au lieu d'apporter simplement à l'une
et à l'autre un précieux auxiliaire.
11 y avait pourtant, pour le céramiste, en possession de la tech-
nique, du matériel et des subventions nécessaires ; il y avait, sur-
286 SOCIÉTÉ PRÉHISTOU1QUE FRANÇAISE
tout, pour l'inventeur des trois genres de poteries préhistoriques:
1° carbonifères, 2° ferrugineuses, 3° non ferrugineuses, — trois
genre» dorénavant réduits à un seul, puisqu'il fut toujours évi-
dent que le premier devait rentrer dans l'un des deux autres,
et qu'aujourd'hui même, il est reconnu que le dernier, le non
ferrugineux, est, préhistoriquement, inexistant; — il y avait,
pour un expérimentateur sérieux, une question vraiment belle a
traiter, autrement que sur le papier : Du rôle de la carburation
dans l'aimantation des poteries. C'était bien dans la note : car-
bone et fer, céramique et aimantation. Mais encore faudrait-il,
de cette dernière, un juste concept. Je désespère de devoir ja-
mais la solution à M. Franchet.
Présentation de pièces campigniennes,
trouvées en surface
dans le département de l'Yonne.
PAR
M. le Marquis de TRYON MONTALEMBERT (Paris).
Je crois ces pièces de l'époque campignienne et des premiers
temps de cette époque, c'est-à-dire, tout à fait du début des temps
néolithiques; et plusieurs d'entre elles me semblent présenter des
particularités intéressantes.
Ce sont d'abord deux enclumes et deux percuteurs. Une de ces
enclumes et un de ces percuteurs portent des traces de l'ordinaire
martelage écrasé. L'autre enclume et Vautre percuteur, au contraire,
portent de petites entailles, très rapprochées, marquées dans le silex
comme par une pointe, qui rappellent, par leur aspect, celui des os
ayant servi à retoucher les taillants par pression.
Je crois que cette dernière particularité a été étudiée déjà sur des
enclumes; mais je n'ai pas eu connaissance qu'on ait eu jusqu'à pré-
sent l'occasion de l'observer sur des percuteurs. Peut-être celui-ci
était-il destiné à retoucher le taillant de pièces volumineuses, soli-
dement calées, ou fixées en terre. Le retouchoir aurait été alors mo-
bile, contrairement au cas observé pour les os ou pour les enclumes.
Ce sont ensuite des outils, auxquels je ne sais si je dois donner le
nom de hache ou celui d'herminette. La plus grosse pièce semble
avoir été taillée en vue de l'emmanchement par ligatures. C'est cer-
tainement une pièce finie, malgré son apparence fruste. Elle affecte
grossièrement la forme d'un 8. Ses dimensions sont à peu près exac-
tement de 0,n20 dans sa plus ^grande longueur, Omll clans la plus
grande largeur du côté du taillant, et 0m10 du côté du talon.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRAfiÇAISE 287
Très peu convexe, presque plane sur une face, elle porte sur la face
opposée une énorme protubérance. On imagine très bien cette pièce,
fixée solidement à un manche en forme de fourche par des ligatures
de cuir ou d'écorce, pour lesquelles les encoches centrales semblent
préparées. Avec son fort taillant en ligne sinueuse, cette pièce devait
être une arme terrible.
J'apporte encore deux pièces très grossières : la plus volumineuse
a plutôt l'apparence d'un marteau, ou d'une massue. Une de ses
extrémités forme cependant une sorte détaillant très épais qui parait
porter des traces d'utilisation violente; et des retouches centrales
profondes permettent de penser qu'elle a été attachée à un manche.
L'autre pièce est très peu travaillée. Elle me semble pourtant inté-
ressante par sa grossièreté même, qui montre à quel point son au-
teur était sans doute dédaigneux de la régularité de la forme et du
fini de son travail, du moment que le résultat pratique désiré était
obtenu. La pièce s'étant trouvée, par un hasard de taille, présenter
une forme commode pour l'usage, on s'est borné à marteler les
arêtes de la dépression centrale afin de faciliter l'emmanchement. Ce
sont bien là selon l'expression, je crois, de Rutot, les Eolithes du Xéo-
lithique.
Je présente encore plusieurs pièces de la même époque et de la
même région, que je soumets à votre appréciation.
Je signale enfin la présence de parties de cortex sur ces pierres,
comme sur la majeure partie de celles de même sorte, trouvées dans
le pays. J'attribue cette présence fréquente, d'abord à la négligence
de l'ouvrier pour tout ce qui avait trait à l'apparence extérieure de
son ouvrage, et aussi à la dimension généralement restreinte et aux
formes très contournées des rognons siliceux dans lesquels ces pièces
ont été taillées.
L'irrégularité des patines est encore une caractéristique constante
de toutes ces pièces, et doit tenir, en partie du moins, au manque
d'homogénéité de la substance employée.
If. Stalin (Beauvais). — La station de Champignolles, commune
de Sérifontaine (Oise) (1), visitée par les membres du Congrès de
Beauvais en 1909 (2), nous a fourni, à M. V. Patte (de Gisors) et
moi, quantité de pièces de même faciès que celles présentées par
M. de Montalembert. Ces pièces, parmi lesquelles se remarquaient
de vagues marteaux à encoches parallèles, des ébauches de haches
et de pics, se trouvaient, comme celles indiquées par M. A. de Mor-
tillet, auprès de puits (3) avoisinant cette station.
(1) V. Patte. — La Préhistoire à Sérifontaine. — Comptes rendus du V Congrès
Préhistorique de France, session de Beauvais, 1909, pages 240-249.
(2) Eicursion du 23 juillet 1909 [V. Comptes rendus ci-dessus, p. 639-734].
(3) G. FocJU. — Les Puits préhistoriques pour Vextraction, du silex à Champi-
288 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A Lhéraule, autre localité de l'Oise (1), toujours à proximité de
puits d'extraction, j'ai également récolté de semblables instruments.
L'identité des gisements respectifs de ces instruments me laisserait
supposer qu'ils appartenaient tous à une même catégorie de blocs
de dégrossissage, destinés, soit à l'exportation, soit à l'utilisation
sur place.
gnolles, commune de Sérifontaine (Oise), 10 p. in-8°, avec 5fig. dans le texte. [Extr ,
de l'Anthropologie, juillet-août 1891, n° 4. Paris, Ma3son,1891],
Dr Th. Baudon. — Des puits d extraction de Champignolles. Comptes rendus du
IVe Congrès Préhistorique de France, session de Chambéry, 1908, p. 304-327.
Horace W. Sa>dars. — On the use of dear horn pick in the mining opéra-
tions of the ancienls. — 23 pages in-4°, avec 21 figures dans le texte, et 3 planches
hors texte. Extr.de Archcologia, vol. LXII, Oxford, Horace Hart, 1910.
(1) Comptes rendus du Iet Congrès Préhistorique de France. — Session de Péri-
gueux, 1905, p. 238.
«2S?
SÉANCE DU 25 MAI 1911
Présidence de M. CHAPELET.
^»KgK^-^
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la dernière
séance [24 Avril 1911]. — Le Procès-verbal est adopté.
A propos du Procès-verbal, diverses notes sont adressées à la
Société par MM. A. Harmois, M. Gillet, Quilgars, Giradx, Bac-
quié, Fiévé, J. Pages- Allary, Jacquot, Marcel Baudouin, Gué-
bhard [Notes insérées plus loin].
Correspondance.
Lettres de remerciements. — M. Numa Gillet.
Lettres d'excuses . — M. L. Coutil, président, qui a prié un des
vice-présidents de le suppléer. — E. Taté.
Lettre adressée par le Président. — Lettre adressée par M. Coutil à
M. le Ministre de l'Intérieur, pour demander qu'on respe3te le Gise-
ment du Mont-Dol, menacé d'être exproprié pour l'établissement d'un
cimetière.
Lettre à M. Boxxaud, archiviste de r Académie du Var, et à la Com-
mission des Monuments préhistoriques, pour que les arbres qui entou-
rent le Dolmen de Draguignan soient abattus. L'Académie du Var a
pris l'affaire en mains et s'en occupe activement.
La Préhistoire au dehors. — M. A. Guébhard présente à la
Société le troisième volume de la Société préhistorique Suisse, qui
fait, autant que les précédents, honneur à son rédacteur, M. J.
Heierli, et qui montre combien ont été bien avisés ceux qui, dès le
début, se sont associés pour la très modeste cotisation de 5 francs,
au succès de la Société-sœur.
Monument indicateur d'un Puits funéraire en Corrèze. — M. E.
Bombal envoie la photographie du petit monument — une simple
stèle sur un cairn — repérant la position et commémorant la fouille
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 19
290 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
du Puits funéraire du village de Bros, commune de Monceaux, près
Argentat (Corrèze), achevée en 1910, avec une subvention de notre
Caisse des Fouilles (1).
Efcibliol bèque.
La Bibliothèque de la Société a reçu les ouvrages suivants :
Wkstropp (Th. Johnson). — Promontory Forts and similar Structures
in the Country Kerry : Corcaguiny [The Southern S/iore) [Extr. de
the Roy. Soc. of Ant. of Irlands, 1910, déc, 265-296, 10 fig.]. —
Dublin, 1910, in-8°.
Dr H. Schetelig. — Vorgeschischte Norwegens (Ergebnisse der
letzten zehn Iahre) [Ext. Mann, 1911, Bd III, H. 1/2. — Wùrzburg,
1911, in-8°, 75 figures.
Bulletin de la Soc. d'Hist. nat. de Loir-et-Cher. Année 1910. — [La
station préhistorique de Maves-Pontijoie, p. 383. — Cinq genres différents
de Sépultures gallo-romaines en Loir-et-Cher; par Florance, p. 408] .
Aveneau DE la. Granciere. — L'industrie acheuléenne dans le cen-
tre du Morbihan. Le Paléolithique inférieur en Bretagne- Armorique .
[Extr. Bull. Soc. Polym. Morb., 1910]. — Vannes, 1910, in-8°, 4p., 1 pi.
hors texte.
Aveneau de la Granciere. — Sur les découvertes et interprétations
récentes de Pètroglyphes ou signes gravés de F Epoque Néolithique [Extr.
Bull. Soc. Polym. Morb., 1910]. —Vannes, 1910, in-8% 14 p., 4 fig.
Aveneau de la Granciere. — La cachette larnaudienne de Boedic
en Moréac(M.) [Extr. Bull. Soc. Poly. Morb., 1909].— Vannes, 1909,
in-8°, 3 p.
Aveneau de la Granciere. — Un fragment de poterie à décoration
inédite provenant du Cromlech de Vile d'Er-Lanic (M.) [Extr. Bull.
Soc. Poly. Morb., 1910]. — Vannes, 1910, in-8°, 1 fig., 6 p.
Aveneau de la Granciere. — Découverte d'une Sépulture préhisto-
rique à Plumelin (M.) [2e Epoq. Fer] [Extr. Bull. Soc. Poly. Morb.,
1909]. — Vannes, 1909, in-8°, 3 p.
V. Berthier. — Le VIe Congrès préhistorique de France. [Extr. des
Proc. Verb. delà Soc. d'Hist. Nat. d' Autun, 1910]. — Autun, 1911, in-8°,
8 p.
Berthier (Victor) et Dechélette (Joseph). — Le Menhir de Saint-
Micaud [et Station Mo ustérienne de Saint- Micaud]. — [Extr. des Proc.
Verb. Soc. Hist. Nat. Autun, 1911]. — Autun, 1911, in-8°, 63 p., une
pi. hors texte.
Benêt. — Le Mont-César de Bailleul-sur-Thérain (Oise) : Oppi-
dum gaulois et Camp romain [Fouilles exécutées en 1878; par I. Ber-
vl) Voir BuU. Soc. Préh. France, 1911, n« 2, p. 149.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 291
ton]. — Paris et Beauvais, 1879, in-8<\ 171 p., XII pi. lithogr.
hors texte. Don de M. le Dr Soubeiron.
Berton (Isidore). — Le Château- Thierry, près de Clermont [Oise)
[Fouilles exécutées de 1881 à 1884]. — Beauvais, 1884, in-8°, 16 p.,
4 lithogr. hors texte [Don de M. le Dr Soubeiran] .
AdmUsioo de nouveaux Membre».
Sont proclamés Membres de la S. P. F, : MM.
Foucher, fabricant d'orgues, 17-19, rue de la Vega, Paris.
[L. Coutil. — Marcel Baudouin].
Viollier, conservateur du Musée national suisse, Zurich (Suisse).
[L. Coutil. — H. MartixJ.
Musée national suisse [Schweitzerische Landesmuseum, Zurich] (Suisse).
[L. Coutil. — M. Baudouin].
Florancb (E.)., archéologue, 16, Boulevard Eugène-Riffault, Blois,
(Loir-et-Cher). [L. Coutil. — M. Baudouin].
Vauriot, D. M., adjoint au Maire, Nîmes (Gard).
[J. Bourrilly. — Marcel Baudouin],
Larrie (J.) (L'abbé), curé, Frontenac (Gironde).
[Gaurichon. — A. Bardiéj.
Poilaxe (Alfred), huissier, Montrevault (Maine-et-Loire).
[L. Coutil. — 0. Desmazières].
Du Chatellier (A.)., archéologue, Château de Kernuz, Pont-L'Abbé
(Finistère). [L. Coutil. — M. Baudouin].
Institut géologique de Mexico, Mexico [Am. Centrale].
[M. GiLLET-Marcel Baudouin].
VIIIe Congrès préhistorique de France (loi »)-
Le Congrès préhistorique de France tiendra, en 1912, sa VIIIe session
dans la ville d'AxGOULÈME (Charente),' sous la présidence du D'Henri
Martin, ancien Président de la Société préhistorique française.
La Municipalité d'Angoulêrae a bien voulu voter déjà la subvention
habituelle.
Le Comité local va être constitué sous peu, sous la présidence de
M. G. Chauvet, notre très érudit collègue de Ruflec.
Présentations.
Ph. Reygmer (Lizy-sur-Ourcq, Seine-et-Marne). — Pièces chelléen-
nes et Haches en bronze de la Marne.
G. Romain (Le Havre). — Les produits lithiques des chocs naturels
sur les plages de Saint-Valéry-en-Caux et Veules-les-Roses (S.-I.). [Pré-
sentés par M. Chapelet],
292 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A. Bertin (Paris). — Silex de la Manche et des Balastières du
'urotoy {Somme).
L. Didon (Périgueux). — Phallus en bois de Renne et Pierres gra-
vées.
H. Martin. — Phalange de cheval de Brassempouy travaillée.
Communications.
L. Giraux (Saint-Mandé, S.). — Découverte de Fours dans la Nécro-
pole gallo-romaine d'Ocquerre (S.-et-M.).
A. GuÉrhard (Paris, S.). — Particularité curieuse de certaines Epin-
gles de bronze, dites à collerettes.
Charles Matthis (Niederbronn, Alsace). — La Préhistoire de Nie-
derbronn : Enceintes. Roches à Cupules et à Bassins [Lieux de Culte).
A.-L. Harmois (Saint-Brieuc, Gôtes-du-Nord). — Haches plates en
cuivre des Côtes-du-Nord. — Amphore trouvée en mer.
G. Baqoié (Nissan, Hérault). — Grotte sépulcrale des Montagnes de
La Clape (Aude).
S. Poulain (Saint-Pierre-dAutils, Eure). — Villa romaine à Saint-
Pierre-la- Garenne [Eure).
L. Jacquot (Grenoble). — Faux mégalithes de Miribel-les- Echelles
et de Merlaz (Isère) .
NOTES ORIGINALES ET DISCUSSIONS.
Discussions sur l'âge du Cuivre
et du Bronze [Suite).
M. J. Pages Allary (Murât). — L'allusion de M. Guébhard au
paradoxe (1) sur l'origine du Bronze et du Cuivre m'oblige à
relever le mot, pour soutenir mon doute par les hypothèses sui-
vantes.
1° Techniquement, il est très soutenable que le cuivre natif,
comme l'or, ont été utilisés par le martelage, aussi bien au com-
mencement qu 'à la fin du Néolithique, et, en tout cas, bien avant
la fusion et le moulage du Bronze et du Cuivre. Car, si l'homme
a eu assez vite une circonvolution cérébrale suffisante pour
savoir broyer la matière, j'estime que « marteler » dérive encore
plus directement du broyage que « polir»! Et que même,cérébra-
(1) Bull. S. P. F., avril 1911, n° 4, page 240.
SCCIÉTÊ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 293
lement, cela peut presque immédiatement venir après la pierre
éclatée du paléolithique.
Frapper pour éclater, broyer, mâcher, marteler : tout cela
est bien dans le niveau primitif de la technique du travail. Tan-
dis que chauffer, fondre et mouler exigent un échelon plus élevé
de l'évolution humaine.
Mais, alors, en diminuant considérablement l'importance de
l'âge du Bronze, on augmente celle du Néolithique, inséparable
de l'âge du Cuivre, non plus seulement par la si peu différente
cuisson des tessons de poterie de cette grande période.
Mais c'est aussi ce qui rend partisan des hypothèses polygé-
nistes, par différentes autres raisons que la savante donnée par
M. Guébhard, et que je base sur la rectification de l'erreur, ou
grave confusion, que le mot unique, et très insuffisant, de « ha-
che », a fait commettre.
2° En effet, je trouve étrange que l'on tienne un si grand
compte de la forme et des dimensions d'un objet, qui avait plus
d'emplois et d'utilisations que n'en comporte le mot unique de
hache, dénomination fausse parce qu'insuffisante pour désigner
le tranchet, la curette, le racloir, le burin ou ciseau, de ce « fait-
tout » que nous appelons invariablement hache, malgré les diffé-
rences de ses dimensions et des formes de son tranchant.
Pas plus que les haches polies en pierre, les haches en bronze
et en cuivre ne sont pas exclusivement des haches, ou armes, mais
des outils, très différents d'usage, bien que d'aspect uniforme,
suivant qu'ils doivent servir à tuer, couper, tailler, trancher,
racler, découper, etc. etc. Il n'y a donc que des conclusions
erronées à tirer des études de mensuration et morphologiques de
ce que nous appelons hache, tant que nous ne serons pas fixés
sur les dimensions, et formes des tranchants, des différents outils,
sur lesquels nous raisonnons; comme s'ils n'en formaient qu'un
seul : la fameuse hache incomparative, même plate et en cuivre]
3° Mais si, par le martelage, on peut obtenir facilement de petits
objets, de petits outils simples, pour les grands, les très grands,
il faut bien faire intervenir, avec la difficulté du travail, la ques-
tion technique, entraînant celle de la chronologie, d'un niveau de
conception bien plus élevé techniquement et cérébralement.
Il faut arriver à l'époque où l'homme a su chauffer et même
fondre ; et, à ce moment, on est à l'évolution que nous avons con-
venu d'appeler âge du bronze ou des métaux, avec le feu, le four,
les creusets et les moules. C'est alors seulement que les tailleurs,
marteleurs, et polisseurs des pierres cèdent le pas aux métallur-
gistes.
Et c'est de cette époque que part mon doute, très peu para-
294 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
doxal, que l'homme a dû fort probablement connaître la fusion
des métaux blancs, avec celle du bronze; avant celle du cuivre
rouge, par V affinage de tout ce qui n'était pas du cuivre pur ou
natif.
Ici les monocentristes perdent encore des points, car, pas plus
qu'il ne vient à l'idée d'un préhistorien de chercher un centre
d'invention des outils désignés o haches polies », se rencon-
trant invariablement dans tous les pays du monde, il ne doit
nous venir la pensée qu'il y a eu un centre unique d'invention de
ces mêmes outils, obtenus par la fusion du bronze et cuivre. Si l'on
tient compte que chaque homme était alors forcément chauffeur-
cuisinier et potier-céramiste, il n'y a pas lieu de penser que l'idée
de fondre et de mouler n est venue qu'à un seul dans le temps et
l'espace, quand alors tous savaient fondre la graisse, le miel, la
cire, etc., dans un vase et les couler dans un autre : donc mouler.
Bien plus difficile est de savoir, par intuition, si le cuivre natif,
ou même le carbonate de cuivre, étaient plus abondants à la sur-
face qu'aujourd'hui, et si, exceptionnellement, pour cette unique
raison, le cuivre a été obtenu et fondu avant le bronze. Or, les
plus grandes difficultés, pour obtenir, fondre et couler du cuivre,
que du bronze plus fluide, me font opiner pour le bronze, dont
les compositions si irrégulières, avec d'aussi étranges que varia-
bles impuretés de composition, me donnent un argument de plus.
Donc la découverte d'un outil de Cuivre Rouge, dit Hache, plate
ou non, n'est pas toujours la preuve, d'une époque antérieure a
l'âge du bronze; et il y a là une cause d'erreur chronologique,
contre laquelle il faut mettre la Préhistoire en garde. Même en
admettant que le métal natif, utilisé comme pierre non taillable,
mais martelable est bien plus ancien que le métal rouge, utilisé
comme matière fusible, en différents centres suivant le lieu, la
race, et son évolution. Car il a fallu les grands progrès de l'art
du feu, et la connaissance de gisements importants de minerais,
facilement réductibles, pour fondre le bronze, et surtout mouler
le Cuivre à la fin du Néolithique.
Logiquement et techniquement, si nous faisons partir le vérita-
ble âge des métaux de l'époque de leur fusion, il est très probable,
pour ne pas dire certain, que le Bronze a dû être moulé et utilisé
avant le cuivre d'affinage.
Il est donc très important, quand la rare stratigraphie est pos-
sible, d'observer si une pièce en cuivre a été martelée ou moulée
et martelée, avec ou sans trace de fusion. Dans le premier cas,
j'accepte la priorité du cuivre sur le bronze; dans le cas de la
fusion, je suis plus porté en faveur du bronze, plus fusible, plus
dur, plus moulable et utilisable que le cuivre pur.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 295
Le stimulant de la curiosité et du petit secret de fabrication,
vibrant dans l'espace comme la télégraphie sans fil, autant que le
besoin (Coutils et Y abondance des minerais, ressemblant l'or,
donc bien reconnaissables, sont, autant que l'évolution cérébrale,
des probabilités que les chauffeurs primitifs (cuisiniers ou po-
tiers) ont dû vile, souvent et facilement remarquer, que le feu et
le charbon de bois faisaient, avec ou sans fondant, fondre ou per-
ler le métal de la pierre, pleurant, coulant dans les cendres du
foyer. Les inventions, non légendaires, mais pratiques, du verre
cassant et du métal résistant, ont la même origine, due aux ca-
prices du hasard, sous les yeux observateurs des curieux, arrivés
à une circonvolution cérébrale suffisante.
M. A. Guébhard tient a spécifier que ses remarques, faites à la
fin de la discussion sur le Cuivre, ne visaient pas uniquement la
théorie de M. Déchelette, mais toute la discussion, et spéciale-
ment certains arguments émis, au sujet desquels il n'a pas paru
de notes au Bulletin.
Discussion sur la Chronologie préhistorique
M. Ch. Cotte Pertuis, Vaucluse). — M. le Dr Raymond m'a con-
sacré deux notes Revue préhistorique), au sujet de la communica-
tion que j'ai faite, en novembre dernier, à la Société préhistorique
Française. Je vais répondre brièvement.
Pour lui, le tait de prendre date à une Société importe peu ; tout
frelon scientifique ce terme ne s'applique pas, bien entendu, à M. le
Dr Raymond est libre d'écouter ce qui est dit en séance, de vite
publier dans une Revue peu encombrée ce qu'il vient d'apprendre,
et de réclamer la priorité envers le premier auteur. En vertu de ce
principe, M. le Dr Raymond doit revendiquer la priorité de la publi-
cation de la présence de l'étain dans certains poinçons losangiques.
Dans le numéro de sa Revue où il signale la chose, il critique, il est
vrai, un article où j'ai fait une allusion suffisante à cet alliage; mais la
communication faite à un Congrès et actuellement imprimée, dans
laquelle je prenais date précise, n'est pas encore en librairie. Cet
exemple prouve combien je suis docile aux leçons du Maître !
Mais, élève respectueux, je suis confus, sur un autre point, de ne
pouvoir saisir la différence sérieuse qu'il y a entre la pointe de flèche
de Reillanne et celle de la grotte du Castellaras, dessinée aumilieude
la figure publiée par M. le Dr Raymond. Celui-ci mepersifle en l'espè-
ce et profite pour me reprocher la coquille typographique trouvée par
lui dans un de mes articles paru il y a six ans. S'il le désire, je lui
296 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
en signalerai de plus récentes dans mes propres travaux ; mais je
jugerais peu digne de relever celles qui émaillent sa Revue.
Au sujet des vases en pierre ollaire, je n'ai commis aucune inexac-
titude, en disant que les collaborateurs de M. Raymond les ont trou-
vés, en Provence, puisque les expressions mêmes de mon alinéa
montrent que j'y avais en vue les seules découvertes provençales. Si
M. Fournier, dont j'ignorais la note, lorsque j'ai écrit mon article,^
« complété la bibliographie de M. le Dr Raymond », cela ne prouve
pas que celle-ci fut parfaite.
Simple question : Pourquoi mettre sous le titre « à propos de la
poterie de l'âge du bronze en pierre ollaire », la mention d'une trou-
vaille de vase de ce type dans une ville romaine ? L'insuffisance de
détails permet aux lecteurs de croire qu'il s'agit d'une pièce trouvée
dans une couche de l'âge du bronze : ce qui n'est pas !
Discussion sur les haches polies dans In Tradi-
tion populaire (Suite).
M. H. Quilgars (Evreux). — La croyance populaire aux vertus
magiques de certains objets préhistoriques est demeurée très vi-
vace dans le pays de Guéran de (Loire-Inférieure). Certaines familles
de la commune de Saint-Lyphard conservent encore des grains de
colliers, trouvés en détruisant des sépultures néolithiques, et croient
que leur possession garantit de tous les maux.
Mais ce sont principalement les haches de pierre, qui passent pour
posséder des vertus surnaturelles. Dans les communes de Saint-Ly-
phard, de Saint- André et de Guérande, elles sont connues sous le nom
de pierres à tonnerre, et passent pour préserver de la foudre les mai-
sons où elles sont conservées. Elles proviennent, croit-on, du ciel, et
tombent sur la terre pendant les orages, lancées par les éclairs. En
1899, nous avons acquis un celtde diorite, qui venait d'être découvert
englobé dans les fondations d'une maison du xve siècle, au village de
Penneloc, en la commune de Saint-Lyphard. Ce celt appartient au
type des haches à bouton, communes dans la région nantaise du sud
de la Loire. C'est le seul spécimen de ce type découvert dans le pays
de Guérande : ce qui fait croire que son possesseur le conservait
comme un objet précieux, apporté à ce titre des environs de Nantes,
et qui peut-être avait passé dans plusieurs familles, avant d'être en-
foui dans le mur de la maison de Penneloc.
Dans les communes de Piriac et de la Turballe, on nomme les
celts pierres de contre-vrin; et on y attache une autre propriété : celle
de guérir les vaches malades. A cet effet, on les enduit de graisse, et
l'on frictionne avec eux l'endroit malade. Ce remède est si efficace
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 297
que nous n'avons pu décider plusieurs personnes à se séparer de ces
pierres douées de tant de pouvoir, même pour un prix élevé : on veut
bien les prêter, mais non les vendre; la pierre vendue perd, du reste,
toutes ses vertus.
Phallus en bois de Renne et Pierres gravées
de l'époque Aurigoacienne.
[Prise de date\
M. L. Didox (Périgueux\ — Dans les touilles que je viens de faire
dans la station aurignacienne de Castelmerle (D.), j'ai trouvé, fin
mai 1910, unphallus en bois de renne. J'y ai trouvé également, vers la
même époque, trois pièces gravées, représentant des Pudendum mu-
liebri. Ces objets seront du reste décrits dans le travail que je publie-
rai prochainement sur cette fouille remarquable, riche en « inédit ».
M. le Dr M. Baudouin fait remarquer que M. A. de Mortillet a
publié jadis un intéressant article surdes pièces, sinon analogues (1),
du moins ayant trait à des phallus et à des vulves et paléolithiques
supérieures.
Fouilles d'une Grotte sépulcrale
dans les montagnes de L.a Clape Aude.
[Prise de Date] .
M. Georges Baquié Nissan, Hérault . — En 1903, j'ai étudié, pour
la première fois, la Grotte du « Trou des Morts », située dans le mas-
sif rocheux de La Clape. Ainsi qu'en 1905 et 1907, la richesse en os-
sements n'a fait que s'accuser de plus en plus. Décidé à faire une
fouille complète de cette sépulture, que personne avant moi n'avait
fouillée, je l'ai entreprise en 1910, et, après de rudes travaux, j'ai
réuni une nombreuse série d'ossements humains et des objets de
l'industrie de l'homme.
Les comptes-rendus et résultats des fouilles seront publiés ici-
même ultérieurement.
(1) Bull Soc. Préhist. de France, Paris, 1906, p. 431 (3 figures).
298
SOCIETE PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Exploration d'une Villa agraria romaine, située
a. Saint-Pierre la Garenno (Eure).
PAR
Georges POULAIN (de Saint-Pierre-dAutils, Eure).
[Prise de date].
Dans le courant de l'année 1910, j'ai exploré (1) complètement les
restes d'une villa agraria romaine des me et ive siècles, situés à la
limite des communes de Saint-Pierre-la-Garenne et de Saint-Pierre-
de-Cailleul, canton de Gaillon (Eure). L'endroit où s'élevait cette
antique habitation, est à environ 120 mètres d'altitude, sur le pla-
teau dominant la vallée de la Seine, au lieu dit les « Quatorze- Acres ».
Le chemin, dit de Tourneville à la Plesse, passe à 73 mètres de là.
Les substructions mises au jour présentaient un corps de bâtiment
de 27m50 de long sur 18m40 de large. L'aile nord-ouest, seule habitée,
se composait de trois pièces, dont deux chauffées par un hypocauste
et pavées de mosaïque ; l'autre extrémité était occupée par une grange
spacieuse, ou local servant à l'exploitation agricole.
J'ai recueilli, dans ces fouilles, outre des fragments de mosaïque,
des morceaux de poterie de toutes sortes : doliums, ollœ, jarres, tré-
pieds et vases samiens. Parmi ceux-ci, j'ai ramassé la marque du
potier satto, qui figure au Musée d'antiquités de Rouen. Des frag-
ments de cette poterie de Samos portaient des raies parallèles dans
le sens transversal avec stries disposées en arêtes de poisson. Cette
facture est d'importation germanique et ne se rencontre que dans le
nord de la Gaule, traversée par les invasions. Quatre petits bronzes
ont aussi été recueillis : un à l'effigie de Tétricus (268-273) ; un au-
tre à celle de Gratien (359-383), les deux autres étant frustes et illi-
sibles. La présence parmi les déblais de deux bords de vases caré-
nés à faciès franc et d'un fauchard, d'origine également franque,
montre que cette villa fut occupée à la fin du ive siècle par des hor-
des germaniques. C'est du reste à la fin de ce siècle, époque des
grandes invasions, que furent détruites un grand nombre de localités
du littoral de la Seine .
(1) J'ai pu mener à bien cet important travail, grâce à l'aide pécuniaire demor
éminent collègue et ami, M. Henri Gadeau de Kerville.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
299
Iv« Hache plate en Cuivre en Maine-et-Loire.
Prise de date].
M. le Dr Fiévé (de Jallais, Maine-et-Loire). — J'adresse à la So-
ciété Préhistorique Française le décalque de trois Haches, extrême-
Hg. i.
Une hache à bords relevés et deux haches plates de Maine-et-Loire,
tion du Dr Fiévé (de Jallais).
ment plates, de ma collection. — Elles proviennent de Maine-et-
Loire : 1" Lit de la Maine, Angers; 2° La Poitevinière (La Volerie) ;
3° La Poitevinière (Le Plessis).
On remarquera que les deux haches plates, viennent de la même
commune, qui est très rapprochée de la Haute Vendée et assez voi-
sine de celle où a été trouvée la Hache plate et la flèche en cuivre,
décrites par M. Charbonneau-Lassay. Ces haches seront décrites
ultérieurement par M. le Dr Marcel Baudouin.
l.a Hache plate en cuivre dans le département
des Côtes-du-.\roi'd.
Par M.
A. L. HARMOIS (de Saint-Brieuc).
Nous connaissons, dans l'arrondissement de Saint-Brieuc, plu-
sieurs haches plates, en cuivre.
En voici la description et le lieu de la découverte.
A. Le Musée de Saint-Brieuc en possède deux : 1° Une ayant 0m088
de longueur; 0m032 de largeur à la crosse (carrée); et 0m046 au tran-
chant qui est arcqué. Elle est en cuivre rouge ; l'étiquette est rongée
300 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
à l'endroit portant le nom de la commune du département; 2° Une de
0m087 de longueur ; 0m020 de largeur à la crosse (carrée) ; et 0m045
au tranchant qui est arcqué. Cuivre rouge. Etiquette rongée. Prove-
nance certaine du département.
B. Dans les autres collections, il y en a : 3° Une de 0m115 de lon-
gueur ; 0m033 de largeur à la crosse (carrée); et 0m060 au tranchant
qui est arcqué. Cuivre rouge. Trouvée à Cesson-Saint-Brieuc, en
1910 [Collection Harmois] ; 4° Une de 0m055 de longueur; 0m068 de
largeur à la crosse (ronde) ; et 0m032 au tranchant qui est arcqué.
Poids 35 grammes. Cuivre jaune. Trouvée au lieu dit Cognet, com-
mune du Gouray, en 1897 [Collection de M. Collen, à Collinée].
5" Une de 0m057 de longueur; 0m030 de largeur à la crosse (carrée);
et de 0m048 au tranchant qui est carré à angles ronds. Poids 105 gram-
mes. Cuivre rouge. Trouvée au lieu dit la Rochette, commune de
Langourla [Collection de M. Collen, à Collinée].
Découverte de Fours dans la IVécropole
gallo-romaine d'Ocquerre (Seine-et-Marne).
[Prise de datê\,
M. L. Giraux (Saint-Mandé, S.). — Pendant le cours des fouilles,
que nous avons faites au mois de mars dernier, avec M. Ph.
Reynier, dans la Nécropole gallo-romaine d'Ocquerre, nous avons
découvert plusieurs Fours, qui nous ont paru fort intéressants.
Le premier de ces fours est très grand; il est à peu près circulaire;
et, à l'intérieur, il mesure 2 mètres de diamètre; sa hauteur est de
lm10; l'épaisseur de la construction était d'environ 0m25 et elle était
formée de blocs de calcaire; les interstices existants entre ces blocs
avaient été comblés par du loess argileux. La partie supérieure du
four était également constituée par des blocs du mèm?, calcaire.
L'ouverture était orientée au nord-nord-est et elle était formée par
six blocs de grès, trois de chaque côté, qui étaient grossièrement
équarris. Un bloc de grès, de un mètre de longueur, reposant sur
ces deux côtés de l'ouverture, en formait la partie supérieure,
comme un véritable linteau.
Ce qui rend ce four particulièrement intéressant, c'est que les
blocs entrant dans sa construction étaient recouverts d'une véritable
vitrification, ayant, en certains endroits, 0m002 ou 0m003 d'épaisseur.
La température nécessaire pour obtenir une semblable vitrification
devait être au moins de 1600 degrés. Nous n'avons absolument rien
trouvé dans l'intérieur de ce four.
La largeur de l'ouverture (0ffl60), la hauteur de cette ouverture
(0m75) et la dimension intérieure (2 mètres), nous permettent de
croire que cette construction était un Four à Incinération. Un four
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 301
de verrier aurait nécessité une chaleur semblable à celle à laquelle
ce tour a été soumis; dans ce cas, nous aurions du trouver soit dans
le four, soit dans ses environs immédiats, des creusets ou des débris
de creusets ; mais nous n'avons fait aucune récolte de ce genre. De
plus, aucun fragment de verre n'a été recueilli pendant tout le cours
de nos fouilles.
La seconde trouvaille consiste en deux fours superposés. Celui quj
était à la partie supérieure est de forme absolument ronde ; son dia-
mètre intérieur est de lm20; la distance de la solle à la partie supé-
rieure est de 0"45. Il était construit au moyen de tuiles plates ayant
une épaisseur de 0m02 centimètres environ. L'épaisseur de la cons-
truction était de 0m20 à 0m25 centimètres. La solle était formée de
gros carreaux, et elle avait une épaisseur de 0m20. Plusieurs vases
brisés se trouvaient dans ce four. En démolissant, pour en
connaître l'épaisseur, nous avons, au-dessous, trouvé de nombreux
fragments de vases qui en formaient pour ainsi dire l'assise. Nous
eûmes l'idée de continuer à fouiller, et nous avons toujours trouvé
de nombreux débris de poteries ; nous sommes alors arrivé sur une
nouvelle solle. Nous avons dégagé le tout et nous avons reconnu un
autre four construit d'une façon tout à fait différente. On avait fait un
trou profond dans le sol et il avait été arrondi ; les parois et le fond
de ce trou avaient été tapissés d'une couche de terre argileuse, que
nous avons retrouvée bien en place et entièrement cuite, ayant une
épaisseur deOm20 environ. La distance entre la solle de ce four et le
dessous de celle du four supérieure était de 0U,40.
De cette trouvaille, nous avons déduit que le four inférieur était
gaulois, et que le four supérieur était romain. Les Romains s'étaient
simplement contentés de remplir de débris de poteries le four gau-
lois, et ils avaient construit le nouveau four tout simplement sur le
premier.
Nous ferons remarquer que ces deux fours superposés se trou-
vaient près d'une habitation, tandis que le premier four décrit exis-
tait à une certaine distance et était placé dans la partie du champ
dans laquelle nous avons rencontré et fouillé de nombreuses fosses
à sépulture par incinération.
Des indications plus complètes, des dessins et plans de ces fours
seront exposés dans un travail qui sera publié sur cette Nécropole
gallo-romaine.
302 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La Tortue en Préhistoire.
M. Jacquot (Grenoble). — Lela Dagdouda, Litt. la dame qui fait
dag dag. Par analogie, en argot algérien, faire dag dag, c'est
commencer l'acte de chair, se frotter l'un à l'autre. Voici d'où vient
le mot. Lorsqu'arrive le temps des amours, les mâles invitent les
femelles à la reproduction, en les frôlant de leur carapace. Le bruit,
produit par ces chocs répétés et de plus en plus rapide, imite assez
bien la consonnance du mot dag dag. C'est donc une onomotapée.
La viande de Tortue est qualifiée impure.
M. Marcel Baudouin. — Nos amis MM. F. Mazauric et G. Min-
gaud (1) ont trouvé dans les Grottes de Meyrannes (Gard) [Néoli-
thique et Bronze], une carapace de Tortue [Cistudo Europea) qui a,
peut-être, disent-ils, servi d'écuelle.
M. Morin Jean a décrit (2) des fibules gallo-romaines, qui ont une
tête stylisée semblant appartenir à une tortue ; il a ajouté que l'arc,
large et émaillé, rappelle la carapace écailleuse des Chéloniens.
Présentation d'une première Phalange de
Cheval avec mutilations diverses.
[Prise de date.]
M. le Dr Henri Martin (de Paris) présente une pièce, commu-
niquée par MM. Dubalen et de Paniagua (Fouilles deBrassem-
pouy, Aurignacien inférieur). — C'est une première phalange de
cheval. La phalange présente des entailles de chocs siliceux ou de
compression, des marques de désarticulation, des sillons circu-
laires, et des coups de dents. — La description de la pièce et les
figures paraîtront dans un des Bulletins prochains.
Station préhistorique de Garches (Seïne-et-Oise).
M. M. Gillet. — Dans sa note du Bulletin n° 4 (avril dernier),
relative à la découverte d'une station préhistorique à Garches
(Seine-et-Oise), un lapsus calami lui a fait écrire Moustérien, au
lieu tfAcheuléen.
C'est bien effectivement en présence d'une industrie Acheu-
léenne ou intermédiaire, que l'on se trouve à Garches, puisque,
durant la période Moustérienne, l'eau recouvrait le Bassin pari-
(1) Bull. Soc. Se. Nat. Nîmes, 1904.
(2) Congrès préhistorique de Tours, 1910, Paris, 1911 [Voir p. 823; fig. 30].
(3) Elle paraîtra ultérieurement.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 303
Discussion sur les Lignées de pierres.
M. L. Giraux. — A propos de la communication de M. Vau-
villé sur les Alignements de Cuisy-en-Amont (3), M. L-. Giraux in-
dique que des Alignements du même genre existent au Château
de Pinon (Aisne), et qu'ils ont été signalés en 1864 par M. Pei-
gné-Delacour, dans un mémoire lu à l'Académie des Inscriptions
et Belles Lettres, et intitulé « Notice sur divers Monuments de
T époque celtique dans le département de l'Aisne ».
L.e Mot Cro en Préhistoire.
M. A. Bertix (Paris). — M. Florentin Lefils, auteur d'une Histoire
de la ville du Crotoy et de son château, dit ceci : « Les Celtes appe-
laient Crot un banc de sable, formant abri. Il y avait un crot, à l'em-
bouchure de la Seine, près de la pointe du Hoc: il y avait un crot à
l'embouchure de la Somme, près du hoc de la Naye. Dans la Seine,
c'est Crétin, dans la Somme, c'est Crotoy ».
Sur le littoral du Marquenterre, encore aujourd'hui, un Crot est
une butte de sable, un banc affranchi des eaux et exhaussé par l'ap-
port des vents Par extension les gens du pays ont donné ce nom de
crot ou croz aux dunes et à toutes les éminences de sable un peu
élevées.
D'un autre côté, le Dr Pratbernon dit que croz ou crot vient du
celtique [cro, boue ou croosum, crotum, creux, ravin, fossé, lagune,
mare; d'où vient le mot encroter. Or, près du crot où fut édifié Le
Crotoy. il y avait un terrain d'alluvions gras, un sol de boue, formé
de ravins comme sont toutes les mollières. Sur plusieurs cartes
anciennes, Le Crotoy est écrit : Créta, en 663; Crotéïum, 1237; Cro-
tolium. 1258; Courtoy, 1346 ; et Crottoy, 1421.
M. Jacquot. — J'ai déjà indiqué Xspx; comme ayant pu former
Queyras, région des Hautes-Alpes particulièrement rocheuse. Kal,
pierre. Est-ce que par hasard le nom arabe de Djebel Lelchal (monta-
gne noire) sur Youed-K'ton probable rivière de la forteresse) se serait
superposé à l'ancienne appellation celtique kal, signifiant pierre,
rocher? Le dj', le K'hal, est, en effet, un chaos de rochers; et pour
y grimper par l'Est, il ne faut pas craindre les cals aux mains.
304 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Amphores romaines trouvées dans la Mer.
[Prise de date].
M. Harmois (Saint-Brieuc) adresse la photographie d'une amphore
romaine, trouvée à Cessan (Côtes-du-Nord). Elle a 0m890 de hauteur.
Elle est en parfait état de conservation. Elle a été recueillie au fond de
la mer et ramenée dans le filet d'un pécheur. Sa surface est recou-
verte de dépôts intéressants ; au niveau du col se voient des tuhes
de Serpulesy très reconnaissables.
M. Bossavy (Versailles) fait remarquer, à ce propos, que des am-
phores analogues ont été trouvées en assez grand nombre sur le lit-
toral provençal, notamment dans la rade d'Hyères, et jadis déposées
dans les Musées d'Hyères et de Porquerolles [celui-ci constitué par
l'abbé Olivier, aumônier militaire] .
Note sur une découverte de Sépulture»
gallo-romaines à Pacy-sur-Eure (E.) (1).
PAR
H. BARBIER (de Pacy-sur-Eure, E.),
Pharmacien.
Le 3 mars dernier, des terrassiers travaillant à extraire de la terre,
pour les fondations d'une maison en construction, rue de Gaillon,
dans la partie élevée de la ville, furent étonnés de trouver, à environ
0m70 à 0m80 de profondeur, des ossements, appartenant à deux sque-
lettes, dont l'un avait la tête tournée vers le nord, paraît-il.
Ces squelettes, n'auraient fait qu'intriguer les ouvriers déjà ache-
minés sur la pente facile de la probabilité d'un crime ancien non
découvert, s'ils n'avaient été accompagnés de quelques pièces, qui me
furent heureusement remises.
Ces pièces se composent de deux poteries et d'objets en fer.
La première poterie, à peu près intacte, est un vase noir, d'envi-
ron 0mll de haut, à pied bas et étroit, à panse décorée sur son pour-
tour de cinq enfoncements ronds dans la pâte, et à col haut. Cette
poterie, caractéristique des sépultures à inhumation du ive siècle,
constitue par sa configuration un acheminement vers les formes bar-
bares de l'époque franque. Aucune monnaie n'ayant été trouvée dans
les fouilles, je ne puis préciser à quelle date du ive siècle ces sépul-
tures à inhumation ont été faites; mais je suppose que c'est vers la
seconde moitié.
(1) Séance de mars 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 305
La deuxième poterie est incomplète et se compose de trois mor-
ceaux que j'ai recollés, et qui forment ainsi les trois quarts d'un bol,
à bords obliques, en poterie samienne. La pâte est lisse et sans dé-
cors; mais, dans le fond interne de l'objet, a été estampillée la marque
du potier. Malheureusement, faute du morceau manquant, cette
marque est presque indéchiffrable; tout au plus peut-on penser
qu'elle se termine par les lettres D I V, l'S final du nom n'ayant
peut-être pas marqué, à cause que le cachet aura été plus enfoncé sur
la gauche que sur la droite.
Quant aux objets en fer, un moment pris par les ouvriers pour des
sabres ou des poignards et ensuite brisés en pièces, ils ne me furent
remis qu'en morceaux. Après les avoir à peu près reconstitués, je
n'eus pas de peine à reconnaître les ferrures des cercueils en bois,
dans lesquels furent inhumés les cadavres. Des traces de bois se
reconnaissent encore à certains endroits de ces pièces, aujour-
d'hui complètement passées à l'état de rouille.
Telle est cette découverte, qui me parait avoir une certaine impor-
tance historique, tant au point de vue purement local qu'à celui de la
distribution de la civilisation gallo-romaine dans le département de
l'Eure.
Il reste à souhaiter que les hasards de constructions nouvelles ou
de causes analogues provoquant des remaniements de terrain nous
fassent peu à peu connaître la direction, la superficie et la richesse
du Cimetière gallo-romain, caché sous cette partie de la Ville, et nous
permettent d'en tirer, au profit de l'histoire de notre pays, des ensei-
gnements plus complets.
Gravure sur la paroi d'une ancienne Habitation,
taillée dans le roc,
au pied du Coteau d'Ecornebœuf,
près Périgueux (Dordogne).
PAR
Ch. AUBLANT (Périgueux, D.).
Aux portes de Périgueux, et plongeant leurs pieds rocheux dans
la rivière, l'Isle, se trouvent deux coteaux très escarpés : Ecorne-
bœuf et La Boissière.
On rencontre, sur ces deux coteaux, visités lors du premier Con-
grès préhistorique, tenu à Périgueux en 1905, de très anciennes traces
de l'occupation humaine.
Le premier, Ecornebœuf, possède une station de l'époque néoli-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 20
306 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
thique, aujourd'hui à peu près épuisée, qui a donné de nombreux ob-
jets, dont un certain nombre sont dispersés, soit au Musée du Péri-
gord, soit dans plusieurs Collections particulières périgourdines. Les
traces de l'époque du Bronze y ont été également relevées.
Le second de ces deux coteaux, La Boissière, a été occupé par les
légions romaines. On y voit encore, en parfait état, les levées de
terre faites, par les conquérants de la Gaule, pour se retrancher du
côté des points faibles et limiter leur Camp.
Ce vaste emplacement et ses environs ont donné quelques armes
et de nombreuses poteries : vases de toutes dimensions, amphores,
« dolia », etc.. On le désigne sous le nom de « Camp de César ».
La tradition du pays rapporte que c'est sur Ecornebœuf qu'était
l'Oppidum, où se réfugièrent les habitants de la cité gauloise, alors
que, sur La Boissière, campaient les soldats romains.
Ces deux coteaux ne sont séparés que par un étroit et profond val-
lonnet appelé : Vallon de Campniac.
C'est dans ce vallon, en face d'Ecornebœuf, sur le flanc du coteau
de La Boissière, que s'ouvre l'intéressante Grotte sépulcrale, dite de
Campniac, qui a donné un mobilier nettement néolithique, avec plu-
sieurs modes de sépulture.
Au bas d'Ecornebœuf, entre le rocher et la rivière, où devait
exister anciennement un petit sentier, une simple piste a été cons-
truit ; plus tard, chemin carrossable pris, en certains endroits,
mi-partie sur la rivière, mi-partie dans le roc. L'établissement de
ce chemin fit disparaître, presque totalement, d'antiques Habitations
taillées dans les parties les moins dures de la falaise : habitations, à en
juger par ce qu'il en reste, semblables à celles que l'on rencontre
fréquemment en Périgord, notamment dans la région sarladaise, et
couramment nommées « Demeures des Troglodytes ».
Or, l'été dernier, en suivant, pour la centième fois peut-être, ce
chemin, qui est une charmante et fraîche promenade, mes yeux tom-
bèrent, par hasard, sur un petit ensemble de traits, profondément
gravés au milieu d'une sorte de trumeau, servant de séparation à
deux niches dans une de ces antiques demeures. J'examinai attenti-
vement ce dessin et crus reconnaître, dans ces quelques traits, une
tête de Cervidé, avec ses bois et andouillers, exécutée là par un des
habitants de ce repaire. Je retournai, le lendemain, muni de mon
appareil photographique, revoir ma découverte et persistai, de plus
en plus, dans ma première manière de voir. J'en pris alors la photo-
graphie, que je soumets, aujourd'hui, à l'appréciation éclairée de,
mes collègues.
La gravure, ainsi que le montre très bien la photo, est placée sur
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 307
une face du rocher, taillée, aplanie, pour les besoins de l'habitation,
et, par conséquent, postérieure à celle-ci.
Le graveur primitif a-t-il voulu orner sa demeure, en représentant
la tète de l'un des animaux qu'il chassait quotidiennement dans les
forêts des environs ? Ou a-t-il obéi à d'autres pensées ?
A quelle époque furent taillées ces sortes de demeures, qui ont été
fréquentées en Périgord, parfois, jusqu'à nos jours ? Et, conséquem-
ment, à quelle époque fut exécutée cette gravure ?
Je laisse à de plus savants le soin de prononcer en dernier ressort.
Quant à moi, étant donné le lieu où je l'ai découverte et son voi-
sinage, que j'ai essayé de décrire plus haut, je ne serais pas éloigné
de la croire, sinon de l'époque gauloise, tout au moins du très haut
moyen âge.
L'orientation de ce côté du coteau où se trouve la gravure est
franchement Nord.
M. M. Baudouin. — La découverte de notre collègue, M. Aublant,
est à noter ; mais il est bien difficile de se prononcer sur cette gra-
vure, sans l'avoir vue, malgré l'excellente photographie envoyée.
En matière de « Gravures sur roches », pour discuter, il faut, au
moins, des positifs stéréoscopiques, bien pris. — En ce qui concerne
les « Demeures des Troglodytes », j'incline à croire, moi aussi, que
certaines de ces habitations peuvent être pré romaines. Il y a là un
vaste sujet de recherches, que personne n'a eu encore le courage
d'aborder. — Pourtant nos souterrains de l'Ouest indiquent plutôt le
début du Moyen Age !
Que de choses à étudier encore ?
Note sur la Montagne de Cordes (1),
près Fontvieille I Boucbe-d u-Rhône) .
F. MAZAURIG (Nîmes) et J. BOURRILLY
(Marguerittes, G.).
Sans vouloir anticiper sur une étude plus développée, en prépa-
ration, nous insisterons seulement, dans la présente note, sur deux
faits, qui nous ont frappé dans une récente visite aux remarquables
Monuments mégalithiques de cette région. Comme cette station sera
comprise dans le programme des Excursions du prochain Congrès
Préhistorique, nos collègues pourront, de visu, se rendre compte de
l'importance des faits nouveaux, que nous exposons ici.
(1) Gazalis de Fondouce. — Les Allées couvertes de Provence. — Ment. Acad.
Se. Lettres de Montpellier, 2 vol., 1876-78.
308 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Nous signalerons, d'abord, que le Mur d'enceinte, — qui défend la
colline sur le seul versant facilement abordable (versant S.), et qui a
toujours été donné comme relativement moderne (1), — est, en réa-
lité, édifié sur des bases anciennes, parfaitement apparentes sur cer-
tains points, et de type nettement cyclopéen. Il n'a été que, bien plus
tard, peut-être au Moyen âge, relevé, consolidé, et recouvert d'une
chape de mortier. Nous avons trouvé dans ses décombres des frag-
ments de poterie, à glaçure noire, de type Italo-Grec.
En arrière de ce mur s'étendaient une Terrasse, puis les Cabanes.
Nous avons recueilli là de nombreux tessons de poterie gauloise
(amphores, poterie fine à pâte grise et engobe noir, tessons de vases
carénés, poterie à glaçure noire), et peut-être de poterie néolithique,
des objets de bronze (belle pointe de lance à douille, avec tête de
rivet, anneaux plats...), des galets de quartzite, dont quelques-uns à
facettes naturelles (pierres de jet?), et des variolites (l'une polie et
appointée).
Nous avons découvert, à l'est de
l'Allée couverte, dite Grotte des Fées,
et dans la partie de la colline à peu
près correspondante au fond de la
grotte, un énorme bloc de molasse, de
7m60 de long sur 4 mètres de large et
O^ôO d'épaisseur, environ, gisant sur
le sol, et fendu en plusieurs fractions
contiguës (voir Fig. 1 ci -jointe). Les
fentes ont été aggrandies par les agents
atmosphériques. La rupture de ce
bloc, qui paraît reposer sur la terre vé-
gétale, et non sur son lit naturel, ne
peut être attribuée qu'à deux causes :
soit à sa chute en avant, s'il était dres -
se ; soit à un éclatement pendant le
charriage (par porte-à-laux sur le sol
ou heurt quelconque). La première hypothèse nous paraît bien plus
vraisemblable.
En outre, ce bloc est retaillé (2), échancré intentionnellement à
sa partie supérieure, et présente une forme générale, rappelant d'une
Fig.\.— Le Bloc de Cordes, à bords
tai'lés, situé près de l'Hypogée.
(1) Anibert. — Dissertation topographique et historique sur la Montagne de Cordes
et ses monuments, Arles, 1779. — Gazalis de Fondouce {Op. laud., I., p. 7.) —
Tous les auteurs n'ont fait ensuite que reproduire, sans vérifier les assertions de
ce dernier ouvrage, fort remarquable du reste, et qui demeure la seule étude de
fond, complète, sur les Monuments de Cordes et du Castellet.
(2) Les côtés sont bien parallèles.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 3Ô9
façon frappante celle de certaines stèles funéraires et de certains
menhirs. La partie supérieure de la face libre est légèrement creusée,
pour dégager ce qui semble représenter la « tête » ; cette dépression
est visible sur une de nos photographies, représentant le bloc de
profil. Ce bloc couché est orienté actuellement à peu près E.-O. : ce
qui supposerait (si notre première hypothèse se vérifiait) qu'il est
tombé sur sa face primitivement tournée au couchant, c'est-à-dire
vers l'entrée de la grotte funéraire.
A côté, on remarque un autre bloc, de moindres dimensions, repo-
sant encore sur son lit de carrière, dont il est pour ainsi dire décollé,
la couche marneuse ayant été soigneusement enlevée sous lui, sauf
en un point. — Etait-ce là une Dalle préparée pour la couverture d'une
Grotte artificielle? Nous ne saurions l'affirmer.
En tout cas, nous saisissons là le procédé primitif de préparation
de ces énormes dalles de couverture.
M. Marcel Baudouin. — Je crois qu'il est indispensable de bien
distinguer, au point de vue Monuments d'ordre funéraire, les Méga-
lithes vrais des monuments, ajuste titre si célèbres, de la Montagne
de Cordes. — Pour moi, Mégalithe veut dire : Construction édifiée,
sur le sol, avec de grosses pierres brutes, non taillées. Or, à Cordes,
malgré l'emploi du terme Allée couverte (Cazalis de Fondouce), il
ne peut être question d'un tel Mégalithe.
En effet, il s'agit là d'une Cavité, creusée a ciel ouvert, dans la
roche du sous-sol, tout comme pour les Grottes artificielles, creusées
en tunnel, de la Marne, bien connues depuis les recherches de M. le
baron de Baye. Mais le creusement n'a pas eu lieu d'avant en arrièreet
en /un/ie/, comme à Villevenard, par exemple. Il a été exécuté, dehauten
bas, en partant du sol même, en tranchée et à Pair libre, comme pour
certaines parties des Souterrains-refuges. lia doncfallu, pour voûter
le monument, y apporter des dalles de couverture : d'où le nom d'Al-
lée couverte. — Mais celui-ci est encore erronné, en l'espèce, puisque,
par définition, il ne doit s'appliquer qu'à des Dalles non taillées; et
qu'à Cordes, au contraire, ces dalles sont manifestement préparées et
équarries ! — Je crois donc que le meilleur terme à employer, pour
ces monuments, reste toujours celui d'Hypogée (ou tout autre d'ail-
leurs), car il ne préjuge rien.
Comme ces hypogées sont orientées à l'Ouest , c'est-à-dire en sens
contraire des Dolmens et Allées couvertes vraies, elles ne peuvent
être ni de la même Epoque, ni de la même Civilisation. — D'ailleurs
leur mobilier correspond à Y Age du Cuivre du Centre méditerranéen.
Nous n'avons rien de semblable dans l'Ouest de la France. Il est
difficile d'affirmer que ces Hypogées sont un peu postérieures aux Mé-
galithes; mais cependant tout plaide en ce sens {Mobilier non néoli-
310 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
thique exclusivement; Mégalithes de transition (Coutignargues,etc.);
Orientation différente] (1).
Objet énigmatique trouvé par M. Pages- Allary.
Nous sommes heu-
reux de donner au-
jourd'hui la figure,
arrivée trop tard, de
la gravure pour notre
dernier Bulletin,
montrant sous toutes
ses faces, à demi-
grandeur, l'objet sin-
gulier, déterre cuite,
trouvé par M. Pages
Allary dans ses fouil-
les de Massiac (Can-
tal)(#^. 1).
Peut - être la vue
de ces dessins sug-
gérera- t - elle la ré-
miniscence de quel-
que analogie, dénatu-
re à nous éclairer sur
la destination problé-
matique de cette
pièce originale (2) ?
(1) Depuis que cette note a été rédigée [Séance de décembre 1910], j ai visité»
sous l'aimable direction de MM. F. Mazauric etJ. Bourrilly, ce célèbre monument»
lors de la préparation des Excursions du futur Congrès de Nîmes. En présence du
Dr Marignan, j'ai fait à mes collègues les remarques qui précèdent, qu'ils n'ont pas
accueillies, d'ailleurs, sans résistance... Mais je les convaincrais bien un jour!
J'ai vu aussi le bloc dont il est question ci-dessus. Il possède des Cupules.
Est-ce un Menhir? Est-ce une Dalle d'Hypogée ? — Nous discuterons toutes les
questions que soulèvent cette belle station et les monuments voisins, au Congrès
de Nîmes. — Je n'ai qu'un mot à ajouter. Pour moi l'Hypogée de Cordes vaut Ga-
vrinis; et elle n'est pas encore... classée ! — La S. P. F. s'honorerait, en achetant
ce monument, et en le restaurant.
(2) « Ce qui m'a fait donner le nom de Hochet à cet objet, observe M. J. lagès-
Allary, ce sont : 1° sa forme ; 2° ses dimensions ; 3° les petites boucles de l'inté-
rieur, donnant un son récréatif et assez fort, grâce aux quatre trous percés en
oblique pour empêcher les grains antérieurs, et plus gros, de sortir. Ces grains
ont été introduits par la pointe C de la base, refermée ensuite par pression de
l'argile déjà un peu sèche : ce qui fait qu'il n'y a pas eu soudure complète. —
4° Mais ce sont surtout les cinq tétons, qui confirment bien que cet objet est un
hochet d'enfant, pouvant, sans trop de danger d'y abimer ses gencives. — 5» Si cet
objet n'était pas à l'extrémité d'un manche flexible, il pouvait servir de petite
toupie, la partie opposée à la base C servant de pivot, comme dans un vire-vire
ou pirouli, mais toujours à l'usage et pour la distraction d'un enfant — C'est donc
bien un hochet primitif. — 6° La forme des tétons rappelle l'extrémité du biberon
gallo-romain, tout comme la cuisson, de l'argile que les trous ont du aider à
sécher plus facilement ».
SOCIÉTÉ PREI1ISTORIQUE FRANÇAISE
311
Objets provenant d'une Grotte magdalénienne
à Luzech, et d'une station néolithique à
l'Impernal, près Luzech Loti.
L'abbé MALGA (Gels, Lot).
Au nom de notre confrère M. l'abbé Malga absent, M. Armand
Viré a présenté des silex et ornements travaillés, provenant des
environs de Luzech.
Grotte de Luzech. — C'est une cavité d'environ 4 mètres de
large sur 7 mètres de longueur, qui s'ouvre dans les rochers au
voisinage et en arrière du vieux Donjon de Luzech, au pied de la
colline de l'Impernal. Le sol est composé d'une couche de cail-
loux, recouverts de limon vers le fond. Une cavité s'amorce à la
partie la plus reculée, mais n'est point encore explorée.
Fig. i. — Outils d'os et de silex de la Grotte de Luzech, (Lot).
Les récoltes consistent surtout en silex éclatés, non utilisés ;
sauf deux d'entre eux, où l'on peut reconnaître un grattoir (Fig. 1,
n° 1) et un grossier burin (n° 2).
Parmi les os, on peut signaler des défenses de sanglier, qui ont
été raclées; des côtes aplaties, par sciage et raclage, dont une
(Fig. 1, n° 3), rappellerait assez nos coupe-papier; des poinçons
entiers (4 et 5) ou fragmenté, comme le n° 8, qui devait être fort
bien travaillé ; enfin des lissoirs (6 et 7).
Il est donc vraisemblable que nous avons affaire là à une sta-
tion magdalénienne, qui viendra compléter, pour la partie aval
du Lot, dans notre département, les fouilles que Bergougnoux
312 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
entreprit jadis avec tant de succès dans la partie amont et dans la
vallée du Celé (l).
Station néolithique de V lmpernal. — Au N.-N.-O. de Luzech
s'élèvent assez brusquement les hauteurs de l'Impernal. C'est
sur ces hauteurs que Castagne (2) place un important Oppi-
dum.
M. l'abbé Malga vient d'y explorer une grande station néolo-
thique, sans qu'il ait pu nous dire encore si cette#station se trouve
ou non au même lieu que l'Oppidum. Jusqu'à plus ample informé,
nous pensons qu'elle en est distincte ; l'Oppidum, d'après Casta-
gne, étant tout à fait sur la hauteur, tandis que la station se
Fig. 2.— Objets trouvés à l'Impernal, à Luzech.
trouve dans une petite vallée ou combe (Comba Nina), c'est-à-dire
un point bas, relativement au sommet de l'Impernal, et non rela-
tivement à la vallée du Lot, qu'elle domine d'au moins 50 mètres.
Cette combe, d'environ 200 mètres de large, limitée au nord par
le flanc abrupt de la colline, s'infléchit vers l'ouest d'abord dou-
cement, puis dévale rapidement vers le Lot.
Dans la combe et sur ses versants sud et ouest se remarquent
un grand nombre de fragments de poterie et d'ossements. Par
endroits, la terre est noire et les pierres calcinées (fonds de
cabanes ?).
(1) BergougnOus. — Les temps préhistoriques en Quercy. Cahors, Girma, 1887.
(2) Castagne. — Mémoire sur les ouvrages de fortification des Oppidum gaulois de
Murcens, d'Uxellodunum et de l'Impernal. — Congr. arch. de Senlis, 1876.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 3i3
Les échantillons présentés sont peu nombreux, mais bien ca-
ractéristiques de l'époque néolithique. C'est d'abord une hache
de couleur verdàtre (Fig. 2^ (n° 1) en basalte, de 0m07 de long;
puis un fragment de hache en silex jaune, ayant subi un faible com-
mencement de polissage (n° 2) surtout sur la face opposée à celle
qui est figurée ; un grattoir quadrangulaire, épais en jaspe roux
(n°3); un grattoir en jaspe jaunâtre (na 4); divere grattoirs de silex
noir ou brun (6, 7, 8, 9) ; deux pointes (5 et 10) retaillées sur les
deux faces; enfin une pointe de flèche à ailerons (11), en jaspe
rougeàtre, dont la pointe a été cassée.
Enfin M. l'abbé Malga signale la présence de deux polissoirs
en grès.
Cette station mérite d'être explorée bien en détail; elle a une
grande importance pour la région. Si, en effet, le Néolithique
des dolmens et des tumuli est loin d'être inconnu dans le Lot (1),
si Ton a déjà signalé une ou deux stations de grotte où le Néo-
lithique surmontait les couches paléolithiques, il n'est point à
notre connaissance qu'à part une petite station, encore mal définie
et peu explorée, au-dessus du village de Lacave(2), il ait été encore
signalé un seul habitat néolithique sur les plateaux du départe-
ment du Lot.
La station de l'Impernal méritait donc d'être signalée dès sa
trouvaille et mérite encore plus que M. Malga l'étudié, très en
détail, nous espérons ; donc il en sera reparlé ultérieurement
dans nos Bulletins.
Remarques sur quelques pierres
'Habitat Liguro-celtogrec « du Pain-de-Sucre » ,
à Marseille.
St. CLASTRIER Marseille -
Parmi une douzaine de pierres, qu'à révélées la fouille du « Pain-
de-sucre», j'observe une persistance des lignes, très embrouillées
et dans tous les sens ; mille petits traits inexplicables attirent ma
curiosité, mais sans solution, je l'avoue. Cependant, sur certaines,
un leil-motiv, si je peux m'exprimer ainsi, domine et s'impose à
(1; Delpon. — Statistique du Lot. Paris, Bachelier, 1831. — Castagne. Des Mo-
numents primitifs en Quercy et les peuples qui les ont élevés (Bull, de la Soc. des
Etudes du Lot, 1888.
(2) Boule et Cartailhac. — La Grotte deReilhac. Lyon. 1889. — Bergougnous. Op.
cit. — Armand Viré. Recherches spéléoloçiques dans la vallée de lOuysse. Bull, du
Muséum, 1903, n» 3, p. 149 et 151.
314 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
première vue. C'est un motif de quadrillage imparfait, dessiné a
main levée, toujours losangique ; le carré n'est jamais parfait.
C'est voulu ; les traits sont finement incisés, légers, probablement
tracés à la pointe de fer (l'habitat renferme du fer et du bronze).
Cen'estpastout. Surce premier tracé [Fig. 1), sont posées des dia-
gonales,brochantsur lespremières lignes (figure A) ; maiscela n'est
pas dû au hasard, ainsi qu'on pourrait se l'imaginer ; ces traits sont
du même temps et du même traceur; entre ces traits fondamen-
taux existent d'autres petits traits, inégalement posées, tels des
trémas ; à certains endroits, des points en creux paraissent com-
mander des croisements de lignes .
J'observe aussi que ces traits sont
parfois effacés comme par un érafle-
ment, ou comme si la pierre avait
été raclée intentionnellement, mais
sans grande pression ; et j'en con-
clus que ces pierres ont dû servir à
des apprêts de repas, sous forme de
pâtes hachées, tel que cela se prati-
que encore aujourd'hui ; et alors on
comprend très bien ce fouillis de
traits incohérents et ces parties effa-
cées, raclées, par frottement ; ce-
pendant, ces pierres ne sont pas tein-
tées ; j'ajoute que ces pierres sont
toujours très plates, choisies et
utilisées ; que, sur une même face,
celle du délitement, ou polie par le
temps ; quant à l'autre face, elle est toujours rugueuse, granulée,
mamelonnée, en forme de riz de veau, et portant le caractère
indiscutable de géologie naturelle et de virginité ; il n'y a pas
d'exemple, et je possède aujourd'hui assez de ces dalles pour
en juger, il n'y a pas d'exemple d'utilisation sur les deux faces,
encore moins sur les côtés.
Ces pierres faisaient-elles partie du sol ? Si elles ont servi de
dalles, seraient-ce des traits gravés par des chaussures ferrées (je
parle des petits traits) ? Sont-ce des frottements de corps durs,
bûches, bases de dolia ?
Fig.i.— Pierre à traits gravés |Le
Pain de Sucre, Marseille].
Jusqu'à présent, j'ai toujours trouvé ces pierres errantes, dans
le camp, parmi les éboulis des huttes à pierre sèche. Il m'est
difficile d'affirmer qu'elles ont pu être utilisées dans la construc-
tion des murs élevés par la tribu Massaliote.
Il faudrait, pour s'en assurer, soulever et vérifier sur des pierres
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 315
de murs en place ; mais, là. je suis arrêté par l'insurmontable peine
que cela me fait ; les vrais fouilleurs me comprendront. Cepen-
dant je ne désespère pas de solutionner plus tard ce petit problème.
Dans mon dessin (Fig. 1), je ne donne que les traits principaux,
pour éviter la confusion.
M. Marcel Baudouin. — En Août 1910, dans le Puits funéraire,
gallo-romain, que j'ai découvert à Saint-Martin-de-Brem
(Vendée), j'ai trouvé une pierre (Calcaire Liasique du Havre de la
Gachère), à surfacegréseuseetplane, présentantdes quadrillages,
tout à fait comparables à ceux signalés par M. S. Clastibr. J'ai
conservé cette pièce dans ma collection, parce que c'est la pre-
mière de cette sorte que j'ai observée; et je la décrirai dans un
mémoire sur ce puits.
Mes traits sont donc gaulois; ils sont d'ailleurs voulus, d'ordre
décoratif & mon sens, et comparables à ceux que j'ai découverts,
sur les Côtes des Bœufs, de la même époque, dans un autre Puits,
au Bernard (V.) (1) ; et que j'ai retrouvés sur les Côtes de Bœufs,
extraits de certains points des Fouilles d'Alésia — où fa vais
annoncé à l'avance leur trouvaille, dès 1907, lors du Congrès
d'Autun.
III. — COMMISSION DES ENCEINTES.
Commission d'étude
des Enceintes préhistoriques
et Fortifications nnbistoriques.
M. Armand Viré, président de la Commission, dépose le 48e Rap-
port.
Le président annonce la perte regrettable que vient de faire la
Commission, en la personne d'un de ses excellents délégués, M. J-
Moriot, instituteur, à Ganna\-sur-Loire (Allier).
Nous lui devons d'intéressants renseignements sur des buttes et
fortifications encore un peu énigmatiques des bords de la Loire et
nous espérions le voir figurer encore longtemps parmi nous.
— M. le Dr Deyrolle nous envoie le plan d'une enceinte, appelée
Old Fort, du village des Pinnacles, Comté de Salme (Etats-Unis), de la
Vallée du Missouri, d'après l'ouvrage « Antiquities of Central and
(1) Marcel Baudouin. — Les Gravures sur os de l époque gallo-romaine à la
Nécropole de Troussepoii, au Bernard (V.).— Bull, et Mem. Soc d'Anthr. de Paris.
1905, 6 juillet, 6 Fig., 310-320. — Tiré à part, 1905, in 8», 11 p., 6 Fig.
316 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Soùth-eastern Missouri » de Gérard Fowke, publié par la « Smith-
sonian Institution » (Bureau d'Ethnologie américaine). [Bull. 37, Was-
hington, 1910].
EUe est vraisemblablement pré-colombienne et contemporaine des
« Mounds » du Missouri ; dans l'espèce, sorte de tumulus, contenant
des tombeaux en pierres sèches (voir un compte-rendu dans la Revue
d'Anthropologie, 1911, E. Deyrolle).
C'est un ouvrage de fortification, composé actuellement d'une levée
de terre de 2 mètres à 3 mètres de large sur un mètre de hauteur, entre
deux fossés de 2™50 de large sur 1 mètre de profondeur environ ;
mais primitivement les dénivellations ont été plus considérables. —
Au point faible (N. et S.), la défense est complétée par des séries plus
complète d'épaulements et de fossés.
Les talus sont formés de terre, sans pierres ; il n'y a pas trace de
pieux ou de palissades.
On peut évaluer le grand axe à 330 mètres, le petit à 150 mètres,
le tour des fossés à 1000. Ce travail considérable a été attribué aux
Indiens Mami.
— M. L. Jacquot, de Grenoble, nous écrit :
« Le 8 mai, à la séance de la Société dauphinoise d'Anthropologie
et d'Etno graphie, M. Piraud (naturaliste) nous a annoncé qu'il avait
remarqué une levée de terre, qui lui a paru une fortification très
ancienne, derrière le Rachaix, non loin du sommet et sur la face
(nord) regardant le massif de la Chartreuse. Il est nécessaire d'expli-
quer que Grenoble est bâti au pied sud du Rachaix, et que cette mon-
tagne est une arête (orientée sensiblement nord-sud), qui se détache
du massif de la Chartreuse. Différents cols la séparent des sommets
voisins. — Je me réserve d'aller étudier ce mur, qui avait échappé
jusqu'ici aux yeux de nos anthropologistes locaux. »
— M. Ludovic Mazéret continue ses explorations dans le Gers
et nous adresse la note suivante.
Dans la commune de Bouzon-Gellenave, le plateau, supportant
l'église et le village de Saint-Gô, s'avance vers le S.-E. en presqu'île,
surplombant un vallon très profond. Ce plateau était autrefois fortifié
sur tout le pourtour. On remarque encore au-dessus de l'à-pic, au
S-E., une dépression indiquant un chemin de ronde. Cette dépres-
sion disparut en partie lors de l'établissement de la ligne du Port-
Sainte-Marie à Riscle, et une carrière fut même creusée dans le val-
lum. Je me rappelle même y être passé à cette époque et d'avoir
remarqué des ossements superbes, rappelant la faune de Sansan
(Mastodon tapiroïdes, C. ; Rhinocéros tetradactjdus, L. ; Antilope cla.
vata, Gerv ; Crocodilus ; Hélix pulchilla, D ; Hélix rotundata, Mûl-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 317
1er; Pupa Lortetii, de B; Planorbis cornu, B; Planorbis declivis,
N., etc.).
Le plateau porte encore, dans cette direction, une belle motte, de
4 à 6 mètres d'élévation, revêtue de châtaigniers en taillis. Elle a
été entamée vers l'E, soit par quelques éboulements soit par quelque
fouille mal dirigée. Car il ne faut pas oublier qu'aux yeux de nos
paysans toutes ces masses de terre ne sont que des tumulus : tom-
beaux de quelque chel rentermant de nombreuses richesses et
objets précieux; et entre autre : « la Crabo d'or » (Chèvre d'or).
Autour de la motte vers le N. et le N.-O. de légères traces de fossé.
C'est même vers ce point que, il y a quelques années, M. Senmartin,
instituteur à Saint-Gô, trouva deux belles haches polies, en roche
noire schisteuse, dans une fouille faite sur ma demande.
J'oubliais de signaler au N.-E. et à peu de distance, Campet, avec
débris de tuiles à rebord et poterie romaines.
Dans la commune de Pouydraguin, le petit village du Mimort était
entouré d'une enceinte aujourd'hui disparue. D'après un vieillard,
entre le Mimort et le château de Lassalle, il y avait une fort belle
motte, très haute et d'une grande étendue. Elle fut démolie en grande
partie par les fouilles qui y furent pratiquées. Et, comme elle ne for-
mait plus qu'une masse informe, on transporta la terre dans les
vignes.
Dans le village, près de l'antique chapelle s'élevait jadis, d'après
la tradition, un tombeau formé de grandes pierres : un dolmen appa-
remment. Le seigneur de Lassalle s'en servit pour la construction de
son château. La dalle qui recouvrait, parait-il, le corps, ne put
jamais être enlevée. Et plus on creusait pour l'enlever et plus elle
s'enfonçait. Le seigneur la fit alors recouvrir de terre; et on ne l'a
plus revue. A signaler quelques haches en roche noire, trouvées aux
environs; mais elles sont détériorées parles charrues.
Le Château de Pouydraguin se trouve sur un monticule très élevé
(221) et à peu près isolé. Ce monticule porte de nombreuses traces
de chemins de ronde sur presque tout son pourtour, et, en haut, vers
le N.-O, il y avait naguère une belle motte, aujourd'hui disparue.
Le village de Castelnavet était égalementune enceinte fortifiée, dont
il ne reste aujourd'hui qu'une belle motte de 8 à 10 mètres de hau-
teur sur plus de 40 de base. Elle est au S.-E. du village et domine la
route de Plaisance.
A l'est, en sortant de Pey russe- Vieille, on remarque également une
tort belle motte à peu près de même hauteur et portant sur une partie
de son pourtour des traces de chemin de ronde. En contre-bas vers
le fond du talus, une légère dépression indiquerait peut-être une
seconde enceinte.
Dans la commune de Lupiac, au lieu dit à Lamothe, on remarquait
318 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE
encore, il y a peu d'années, une belle motte, d'une assez grande
dimension et entourée d'un fossé large et protond. Dans les champs,
à côté, on exhume assez souvent des débris de poterie rouge à pâte
de brique pilée, des tuiles à rebord et des petits cubes de un centi-
mètre de côté, provenant sans nul doute de mosaïques détruites. Il y
a quelque temps, au dire de voisins, on trouva à Lamothe des silex
et une hache polie brisée sous le tronc d'un gros chêne.
A Barada, on remarquait jadis une longue tranchée entre cette
maison et Bounugues. Au N.-O., elle formait un angle rentrant et se
continuait vers le nord, bordant les coteaux de la rive droite de la
Gélise. Ce tossé devait, je crois, entourer le petit plateau de Barada,
car on en remarque quelques traces vers le S.-E.
Près du village de Tonrdun, vers la côte 227, M. Henri Carrère,
avocat à Marciac, a trouvé de nombreuses substructions romaines,
avec murs en petit appareil, mosaïques, tuiles à rebord, tuyaux
d'hypocauste et de conduite d'eau, débris de poterie et nombreuses
monnaies en argent et en bronze.
A Lar ronde, commune de Callian, il y a deux ou trois ans, on
trouva en labourant sur un petit plateau, une belle hache polie, en
roche noire ayant servi de percuteur. Ce champ fournit parfois des
débris de silex et de quartzites à aspect robenhausien.
En finissant et pour prendre date, je signale l'enceinte fortifiée de
Saint-Georges, dans la commune de Lagraulet et renfermant deux
rochers à cupules, les premiers qui ont été remarqués dans le Gers.
J'en ferai une étude plus approfondie, lorsque mon état de santé me
permettra d'aller les photographier .
— Le IIIe volume annuel de la Société préhistorique de Suisse con-
tient plusieurs observations nouvelles de « Refugium » : c'est le
nom qui est resté usité là-bas, depuis Keller, pour les enceintes pré.
historiques. Il donne aussi la gravure de quelques-uns des superbes
plans, dont M. B. Moser avait offert la primeur à la S. P. F. (t. V,
p. 316 et VI, 355), notamment celui de Lùtzelflùh (Emmenthal) de
Bisenleh, commune d'Arch, de la Hasenburg, près Vinetz, tous dans
le canton de Bern.
Dans les talus de l'enceinte de Stadler Hochwacht au-dessus de
Raat (canton de Zurich), il a été trouvé un grand nombre de silex tail-
lés et de déchets de taille, quoique le silex lui-même ne se trouve
qu'à une assez grande distance.
La Société des Antiquaires deWetzikon ayant fouillé le Refuginm
d'Himmerich, voisin de la palafitte de Robenhausen,y aurait trouvé,
outre un marteau de pierre, une amulette et des os, des tessons de
l'âge du Bronze, indiquant une occupation tardive de ce poste. —
A. G.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 3l9
— Nous donnons ici deux planches qui devaient accompagner la
note de M. Pagès-Allary le mois dernier et que nous avons reçues
trop tard (Fig. 1 et 2).
t'-uiiuiH. JL tuNUutuj C^autoij b« Bo»4 2t ClU«
f&
s p^ ^^ j^^glpfiaj*-
Fig. 1. — Tumulus Gaulois du Bois de Celles (Cantal).
<?u{^ fl^CuM C^U» V. t?«w*vU, QlUMKM V £AU* L ^' .Vunkim^u, . C««Ut
Fip. 2. — Vases Gaulois du Tumulus de Celles.
320 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Le Pas de Dieu, à Sainte-Radegonde,
de Poitiers.
Par le D'
Marcel BAUDOUIN (de Paris).
Dans l'Église de Sainte-Radegonde, à Poitiers, autrefois Sainte -
Marie-hors-les-Murs (1), fondée au vie siècle par cette sainte, il y a
une Chapelle, dite du Pas deDieu, située à droite. C'est une sorte d'an-
cien lombeau, pratiqué dans l'intérieur du mur. On y voit deux
statues de pierre (Jésus -Christ et Sainte-Radegonde); et, entre elles,
une pierre, qui porte la trace d'un Pied. — C'est l'Empreinte, faite par
Jésus Christ, raconte-t-on, le jour où il apparut à Sainte-Radegonde,
dans sa cellule ! — D'où le nom de Pas de Jésus-Christ ou de Pas
de Dieu. — Le Pas de Dieu est cité dans tous les Guides (2).
I. — Considérations Historiques.
I. Dénomination. — Le nom de Pas de Sainte-Radegonde, qu'on
trouve parfois dans des ouvrages modernes, est tout à fait erroné.
Quoique ce pas se trouve dans l'église de ce nom, on doit lui con-
server son vrai nom traditionnel, c'est-à-dire ancien, d'autant plus
que, même aujourd'hui, personne ne prendrait cette gravure pour
une empreinte de pied de femme ! Le Peuple, qui ne se trompe jamais,
l'avait donc bien dénommé; et il a fallu l'intervention de certains
savants — n'y comprenant rien — pour dénaturer la légende
Empressons nous donc, une fois pour toutes, de réparer cet acte
de vandalisme en matière de Folklore ; et maintenons la vraie déno-
mination de Pas de Dieu.
II. Historique. — Presque tous les auteurs, qui ont résumé l'his-
toire de Poitiers ou écrit sur Sainte-Radegonde, ont fait allusion à
cette Empreinte pédiforme. — Citons-en quelques-uns.
Voici d'abord le texte de M. Foucart (3) :
« Entre les deux statues, coloriées [représentant une Apparition de
Jésus-Christ à Sainte-Radegonde], se trouve, recouverte par une
petite grille, l'Empreinte du Pied, que, d'après la tradition, le Sei-
gneur laissa sur la dalle de la cellule de Sainte-Radegonde [lorsqu'il
lui apparut]. Ce monument, qu'on appelle le Pas deDieu, était autre-
(1) Jadis ainsi appelée Sainte-Marie-hors-les-Murs, parce qu'elle se trouvait, au
Moyen âge, en dehors de l'enceinte de la ville d'alors.
(2) Joanne. — Loire et Centre. — Paris, 1868, p. 64. — Etc.
(3) Foucart. — Poitiers et ses monuments. — Mém. de la Soc. des Antiquaires '
de l'Ouest, 1840, Poitiers, 1841, p. 103-202 [Voir p. 153-154].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 321
fois dans le Couvent de Sainte-Croix ; il a été transporté dans l'église,
depuis la Révolution de 1789. »
Il se trouve dans ce qu'on appelle aujourd'hui la Chapelle du Pas
de Dieu de l'Église Sainte-Radegonde.
2 Ce Pied a été cité à nouveau dans les Mémoires de la Société des
Antiquaires de l'Ouest, un peu plus tard (t. VIII, p. 454).
3° Mais un écrivain local a été, dès 1873, beaucoup plus expli-
cite ; c'est M. Edouard de Fleury (1).
« Cette église, dit-il, renferme encore aujourd'hui le monument
dit du Pas de Dieu. Dans un des murs latéraux de la nef, à droite en
entrant, on voit une petite Chapelle, dont le devant est gardé par une
grille en bois. A l'intérieur, une statue de grandeur naturelle repré-
sente le sauveur Jésus-Christ, debout et parlant à sa sainte servante,
qui prie à genoux. Cette scène représente Y Apparition du fils de Dieu,
qui précéda la mort de Radegonde d'une année.
« La pierre est la même que celle où elle était, à genoux, dans sa
Cellule, et sur laquelle, d'après une pieuse et très ancienne tradi-
tion, le fils de Dieu laissa, en disparaissant, YEmpreinte de son Pied
droit (2).
« Cette empreinte est couverte d'une grille, et, par dessus, d'un
coussin, surmonté d'une couronne. On la découvre à certains
jours; et les fidèles ne vont pas visiter le tombeau, sans s'arrêter
au Pas de Dieu (3) ».
4° Le Pas de Jésus-Christ a été cité aussi par M. Vinson (Evolution du
Boudhisme . Bull, et Mém. Soc. d'Anthr. de Paris, 1892, p. 915), qui
a écrit : « Ne vénère-t-on pas, à Poitiers, le Pas de Jésus Christ,
lorsqu'il vient parler à Sainte-Radegonde, le 3 août 487 ? » (4).
On le voit, ces récits concordent à peu près complètement.
5° P. Sébillot (Folklore de France, 1. 1, p. 603) a écrit : ■ A Poitiers,
on avait élevé YEglise du Pas de Dieu, à l'endroit où le pied du Sau-
veur était resté marqué après son apparition à Sainte-Radegonde
[D'après A. Maury, Lég. pieuses du Moyen Age, p. 205].
On constatera que ce texte ne concorde pas du tout avec celui de
M. de Fleury, qui semble pourtant le seul véridique.
(1) Edouard de Fleury. — Vie de Sainte-Radegonde, etc. — Poitiers, 1873,
2« édition, Henri Oudin, in-36<>, 166 p., 1 pi. hors texte. [B. N. = L*/50b] [Voir p.
150-151].
(2) Erreur apparente, car il s'agit d'un Pied gauche, en réalité. — Mais, comme
il y a Inversion, c'est bien le Pied droit qui est représenté en réalité.
(3) Il y a, à rapprocher du Pas de Dieu, l'histoire du laurier, planté par
Sainte-Radegonde, derrière « Le petit Pas de Dieu, où était jadis la chambrette de
la sainte », dit un ancien historien. — E. de Fleury (p. 81) affirme que ce laurier
se voit encore dans le jardin de l'Evèché ! C'est peut-être aller un peu loin
(4) Erreur, typographique, pour 587 [Voir plus loin].
(5) A. Po^chon. — Les Polissoirs de la Somme. — L'Homme préhist., Paris, 1907,
V, in-8% p. 273-281, 3 fig. [Voir p. 280].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 21
322
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 323
6° Enfin, M. A. Ponchon (5), dans un article tout récent, s'exprime
ainsi : « Dans une église de Poitiers, on voit, chose curieuse, une
pierre, consacrée à Sainte-Radegonde, et portant une Empreinte du
Pied de Jèsus-Christ, quand il vint, au vie siècle, faire visite à la
femme de Clothaire. Cette pierre, qui se trouve dans la Chapelle du
Pas de Dieu, est surmontée d'une plaque commémorative, sur la-
quelle on lit : « Monument du Pas de Dieu. Le 3 août 587, Notre
Seigneur apparut à Sainte-Radegonde, en disparaissant, il laissa
imprimée, la forme de son Pied droit, sur la pierre où il était appuyé »
[D'après Fleury, 1873J.
Cet auteur ajoute : « Près de Poitiers, où la sainte séjourna, est
une énorme Pierre Levée, dite Pierre de sainte Radegonde » (1).
Mais, en somme, ce n'est là qu'un résumé du texte de l'auteur
précédent, M. E. de Fleury, le seul dont il faut se préoccuper.
III. — Folklore. — Détails de la Légende. — E. de Fleury a,
en outre, très bien raconté comment est née la Légende du Pas de
Dieu.
« Un an avant l'époque de son décès, comme elle était retirée
dans sa Cellule et occupée à prier, suivant sa coutume, elle
[Sainte Radegonde] eut une Vision, surnaturelle . Il lui sembla voir
le séjour qui était préparé pour sa gloire, et un jeune Homme, qui
venait à elle, revêtu d'une admirarle reauté. S'approchant de la
sainte, il lui adressait de douces paroles; et, comme elle ne le recon-
naissait pas, il lui parla en ces termes [Suit le discours]. »
C'était Jésus lui-même qui venait la visiter et lui annoncer sa
gloire et sa délivrance prochaines.
La Communauté avait toujours gardé précieusement le souvenir de
cette Apparition miraculeuse du Sauveur. Une Chapelle avait été
bâtie, au lieu où priait Radegonde, quand elle eut cette vision [sa
Cellule du Monastère (2)].
La pierre même, sur laquelle elle était à genoux, avait été conser-
vée; et on y montrait cette Empreinte du Pied droit, que Jésus-Christ
avait, selon une très ancienne tradition, laissée profondément enfoncée
dans le granit (3).
Pour cette raison, la Chapelle portait le nom de Pas de Dieu. On
y voyait Radegonde à genoux et Jésus-Christ devant elle.
En 1792, cette Chapelle fut renversée ; et les statues furent emportées,
avec la pierre qui porte l'empreinte miraculeuse, dans l'Église de Sainte-
(1) Il s'agit certainement ici du fameux Dolmen de Pierre Levée, bien connu
depuis Rabelais, qui l'a cité.
(2) D'après de Fleury, c'est le gouverneur du Poitou qui fournit les matériaux
pour la construction du Monastère.
(3) Il doit y avoir là une erreur. La pierre doit être en Calcaire. — Même remar-
que que plus haut pour le côté du Pied .
324 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Radegonde (1). — La Chapelle (2) se trouvait dans le jardin actuel de
l'Evêché. »
II . — Etude personnelle.
I* — Technique. — a) Pour me rendre un compte exact de la na-
ture véritable du Pas de Dieu (3), j'ai prié l'un de mes amis de Poi-
tiers, — bien placé pour obtenir toutes les autorisations nécessaires
— de m'en exécuter un Moulage, en plâtre, qui fait aujourd'hui partie
Fig. 2. — Les Moulages en Plâtre [Positifs] des principales Gravures pédiformes de
la Collection Marcel Baudocjiic, à l'Exposition préhistorique de Tours (août 1910). — R,
Le Pas de Dieu, de Sainte-Radegonde (Poitiers).— Légende-. S, Rocher aux Pieds (Savoie) ;
—V, Pied à gros orteil (Vosges) ; — Le Pied oe La Dévalée (Ile d'Yeu, Vendée) ; — G1, Les
deux pieds (a, 6), de Gatine (lie d'Yeu, Vendée' ; — F, Faux pied d'Equidé (Goex, Vendée) ;
— V, Fers de Chevaux (C1, C2, C.3) i Vosges). — M. Fausse Gravure de Parthenay (Deux-
Sèvres). — Le Pas du Roi (Charente- Inférieure) : 1. Gravure n° XXII ; 2, 3, 6, 8, 11, Gravu-
res d'Empreintes horizontales de sabot m- 1, 11, IX, X ; 9, Gravure, n° XVII ; 5, Gravure
de Pince ; 4, 10, Cavités en Croissant. — Fers de Chevaux de Pons (Pi, P2).
de ma Collection d Empreintes de Pieds, et qui a été déjà publique-
ment exposé au Congrès préhistorique de Tours, en 1910 {Fig. 2).
b) Après avoir reconnu qu'il s'agissait d'une vraie Gravure sur
roche, préhistorique, j'ai pris un Décalque très exact : 1° du pourtour
(1) 11 y a eu à Poitiers un Prieuré, appelé le Pas de Dieu, situé dans l'enceinte
de l'Abbaye de Sainte-Croix (Bulle de Sixte IV, Rome, 6 mars 1478).— On croit que
ce prieuré du Pas de Dieu avait été fondé à une époque inconnue, dans l'ancienne
cellule qu'habita Sainte-Radegonde [Dufour. De l'ancien Poitou, 1826, p. 352].
(2) L'Eglise de Sainte-Radegonde a été élevée sur le tombeau [Crypte] de
Sainte-Radegonde, reine des Francs. Elle existait bien avant 838 [Dufour. Loc. cit.,
p. 353]. — L'intérieur de cette crypte aurait été retrouvé vers le XIe siècle.
(3) Il existe d'autres « Pas de Dieu ».— Par exemple : sur la Pierre de Bdrling,
dans la Prusse Orientale. — Il y a un « Pied de Jésus-Christ », à Rome, dans une
Eglise, près de la Porte San-Sebastiano.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 325
de la Cavité creusée, c'est-à-dire de YEmpreinte plantaire (en plan);
2° d'une Coupe verticale, passant par son axe, exécutée sur un autre
exemplaire d un second moulage en plâtre, en le sciant en deux, de
façon à avoir un dessin scrupuleusement précis.
Je reproduis ici ces deux figures, réduites de moitié [Fig. 1).
II. — Description. — Le Pas de Dieu représente, en réalité, une
Cavité, assez profonde, allongée, creusée dans une pierre, et pré-
sentant, en avant, un diverticule. On dirait un Gros orteil d'une
Empreinte plantaire du Pied gauche ! Ce n'est pas exactement ce qu'a
vu le peuple, qui a conclu au Pied droit, avec raison.
L'intérieur du trou est très irrégulier; ilTésulte, au centre, évidem-
ment, d'une désagrégation de la roche.
a) Iravail humain. — Mais, en examinant avec soin les bords de
la cavité, on constate d'abord : 1° que la pierre a été cassée ou taillée
ou sciée en KK', car ce point correspond à un joint dans la maçon-
nerie actuelle de la Chapelle du Pas de Dieu, et qu'ici, par suite, la
gravure est un peu incomplète; 2° qu'il y a une surface polie, pa-
tinée, très nette, indiscutable au talon, puis en dedans et en dehors,
et même au point D (Fig. 1 .
Cette surface polie est en contre-bas de la face supérieure de la
pierre de0'"020 au talon, de 0m015 à l'union du talon et de la plante,
et de 0m010 de ce point au gros orteil.
Tout ce qui est au-dessous du niveau de 0m10, au centre, n'est
plus du tout poli, mais très sinueux et irrégulier. Les creux (c1 et (?)
et rigoles R,R\ R2, R3), et même les seuils (S1), ne remontant pas à
0,nl() au-dessous de la surface, ne présentent pas la moindre trace de
Polissage. Ils serpentent, de ci de là, avec des bosselures et des
dépressions.
Au contraire, deux forts seuils (M1 et M2 , situés sur le bord
externe de l'empreinte, de même que les bordures TK et PI K1, qui
atteignent ces 0m10, sont manifestement polis, mais à leur sommet
secl, car les flancs des monticules sont irréguliers (quelle que soit la
pente et les courbes de fonds. Ce poli est exactement le même que
celui du talon T), de la plante (côté interne PI), et du gros orteil, D.
De plus tous les bords, a pic, de la cavité (Fig.l, n° II), sont, eux
aussi, manifestement polis ; mais seulement jusqu'à 0m010 de pro-
fondeur ; au-dessous, ils sont irréguliers, sinueux et effrités, à peine
patines.
Déductions. — Il résulte de là que nous avons affaire ici :
1° A une Gravure pédiforme de l'Epoque de la pierre polie, d'un
Pied gauche, [en réalité : Droit, à cause de l'Inversion], obtenue par
Creusage, et ayant subi le Polissage.
2° Que la partie centrale et antérieure s'est altérée, et énormément
326 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
creusée, spontanément, plus tard, par désagrégation de la roche
[partout où le Polissage manque].
C'est là, exactement, le même phénomène oui s'est passé pour le
Bassin n° I de la Gravure n° I de la Pierre des Amporelles, à l'Ile
d'Yeu, sauf qu'en Vendée la roche est du granité schisteux, tandis
qu'ici elle semble de nature différente (1).
Il n'y a donc pas lieu d'insister davantage sur cette disposition très
curieuse, très facile à comprendre aujourd'hui, mais qui, évidem-
ment, a pu jadis dérouter tous les chercheurs !
III. — Caractères anatomiquks de l'Empreinte. — a) Dimensions.
— La longueur totale de la plante du pied est de 0m310, à laquelle il
faut ajouter la longueur de la racine de l'orteil D, qui persiste (après
la cassure KK'), soit 0m030. La largeur maximum de la plante est
de 0m115. Le talon a 0m085 et même 0m090, dans la partie polie la
plus large qui persiste. — La profondeur de la gravure était de 0m010
à la plante ; de 0m020 au talon, avec O^Olô pour la partie intermé-
diaire.
Le talon était donc un peu plus creux, comme si l'artiste sculpteur
avait voulu marquer que YEmpreinte avait été très forte en arrière,
« comme si le talon tombait de haut sur un sol mou » (2) !
h) Comparaisons. — Evidemment, il s'agit là d'un très grand pied
d'Homme, et d'un pied qui semble plus grand que nature Mais il
ne faut pas s'en étonner.
Il y a, en effet, des Gravures pédiformes sur roches, du début du
Robenhausien, indiscutables, à l'Ile d'Yeu (Vendée), par exemple,
qui atteignent des dimensions plus considérables encore. C'est ainsi
que la Gravure du Pied de La Dévalée, que nous avons découverte
en 1909, atteint une longueur de 0m340 [Fig. 2 ; D) (3). D'autre part»
une de celles de la Roche aux Fras (Ile d'Yeu) atteint 0m280.
Or la gravure.de la Dévalée est beaucoup plus fruste. Il n'y a pres-
que pas là de parties polies ; elle est beaucoup plus profonde; et elle
n'a pas d'orteils ! D'autre part, elle est nettement pédiforme, malgré
sa plus grande ancienneté [Nous considérons, en effet, les Empreintes
(1) Marcel Baudouin. — La Pierre à Bassins et à Rigoles des Amporelles, à l'Ile
d'Yeu (Vendée). — Congrès préhistorique de France, Tours, 1910. — Paris, 1911,
[voir p. 531 ; fig. 6]. — Tiré à part, 1811, in-8".
(2) Ce caractère n'a pas été sans influer sur le mode à' invention de la Légende,
comme nous le verrons. — C'est celui qui se prête le mieux à l'idée à' Apparition
d'une Divinité quelconque (opposée à l'idée à' Ascension aux cieux).
A la « Pierre à Mulot », dans les Vosges, le. pied droit est aussi plus profond
au talon. — Ce caractère est fréquent.
(3) Voici les dimensions de ce pied : Longueur : 0,340 ; Largeur de la plante:
0,108 ; Largeur du talon : 0,90 ; Profondeur : au moins 0,025 à 0,030.— On voit que
les dimensions concordent presque.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISB 327
à orteils et bien polies comme un peu plus récentes que celles sans
orteils: ce qui est assez logique au demeurant].
Il ne faut pas s'étonner de ces dimensions du pied, qui paraîtront
exagérées à beaucoup. En effet, le Géant russe, Machnow, toujours
vivant, qui, à 25 ans, avait une taille de 2ra85, a un pied atteignant
0m510 de largeur! On voit par là qu'un pied d'Homme néolithique,
exceptionnel il est vrai pouvait très bien avoir 0m320, même sans
sandale, et complètement nu..-.
De plus, on a découvert jadis, dans l'Amérique du Nord, des
Empreintes sur sol de Pieds humains, chaussés de sandales (1); et on
a constaté en moyenne les dimensions suivantes, pour ces pieds
préhistoriques : Longueur maximum : 0m470; Largeur maximum :
0m200 ; Largeur (minima ou du talon) : 0m150 On a même noté des
pieds de 21 pouces de long, c'est-à-dire de 0m520, comme chez
Machnow !
Je sais bien que M. de Nadailhac (2) s'est appuyé sur ces dimensions
même pour nier ces empreintes, de même que la courbe prononcée
qu'elles présentent- Mais les savants américains ont maintenu leurs
dires ; et, vraiment, il est difficile de les récuser. Et il suffit, pour
s'entendre, d'admettre que les sandales étaient un peu plus longues
que le pied lui-même.
Or, on pourrait supposer — à la rigueur — que la plante du pied du
Pas de Dieu est la représentation sur rocher de la face inférieure
d'une large sandale, chaussant un pied d'homme, et dont le gros or-
teil aurait fait saillie au dehors (Même hypothèse pour le Pied de la
Pierre à Mulot, des Vosges).
c) Indices.— Si l'on calcule les indices de cette gravure, on obtient :
a) Indice soléo-podalique : 115 X 100 : 310 = 37,09.
b) Indice talo-podalique : 90 X 100 : 310 =27,12.
c Indice moyen de profondeur : 15 X 100 : 310 == 13.04.
Or, si l'on rapproche ces indices de ceux d'un pied d'Homme nor-
mal, on constate qu'il y a presque identité, puisque un pied actuel
donne respectivement : 37.50 (au lieu de 37,09) (3); et 28,75 (au lieu
de 27,12). — Il s'agit donc bien d'une gravure de Pied d'Homme (4).
(1) On les a rapprochées des huaraches, sandales en cuir des Indiens du Mexique,
plus longues que le pied !
(2) M. de Nadailhac. — Empreintes de pieds humains découvertes dans une
carrière de Cardas (Sevada/. — Mat. p. ÏHist. de l'Homme, 1882.
(3) La Femme peut descendre à 36.
(4) Il n'y aurait rien d'impossible à ce que sur le Rocher d'origine ou sur l'élé-
ment mégalithique (provenant d'ailleurs de ce rocher), il y ait eu deux pieds de
gravés : un droit et un gauche, c'est-à-dire une paire de pieds, comme à La
a Pierre à Mulot (des Vosges). — Le deuxième pied [celui de droite] aurait alors
disparu, soit à l'époque de la construction du Dolmen, soit à l'époque de la confec-
tion de Dalle [c'est-à-dire au Moyen Age].
328 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
d) Gros orteil. — On discutera peut-être aussi notre interpré-
tation de gros orteil, pour la partie delà gravure, cassée en D. — Mais
ce serait bien inutile :
a) Parce que le Peuple, qui sait ce qu'il dit, y a très bien reconnu le
gros orteil .
b) Parce que les Préhistoriens savent que, dans les Vosges, il y a
des Plantes de pied [là-bas les deux pieds sont représentés : donc pas
de discussion possible !],où l'on voit des gros Orteils analogues [Nous
possédons un moulage d'une telle gravure [Fig. 2; V), exécuté d'après
les moulages mêmes de F. Voulot [qui sont au Musée de Genève] (1).
La largeur de cet orteil est ici de 0m040 ; la longueur est inconnue
(fracture du rocher d'origine (2), lors de la fabrication de la Dalle de
la cellule de Sainte-Radegonde) ; sa profondeur était de 0m010.
IV- — Pétrographie. — Dans les conditions où se trouve la gra-
vure, il est, bien entendu, impossible de prendre un échantillon de
la Roche.
Nous avions prié notre ami d'examiner de très près la dite gravure,
lorsqu'il en prit le moulage ; puis de rechercher à Poitiers un frag-
ment de pierre exactement semblable; et, enfin, de nous l'envoyer
pour détermination. — Malheureusement, ce document n'a pu nous
être remis encore. — Si bien qu'il nous est impossible de donner la
nature exacte de la Roche gravée.
On a vu plus haut que E. de Fleury y voit du granité; mais cette
détermination doit être inexacte, pour la raison qu'on lira plus
loin.
J'incline à penser, jusqu'à nouvel ordre, que la pierre est un Cal-
caire Jurassique, assez dur et résistant, mais pourtant assez friable
pour avoir subi les altérations ci- dessus mentionnées.
V. — Géologie.— Nous avons essayé : 1° de retrouver la carrière où
les matériaux avaient été pris pour construire le Monastère primitif;
Ce qui m'a fait songer à cette hypothèse, c'est que, d'ordinaire, les pieds de
cette forme [à gros orteil très marqué et détaché] se rencontrent d'ordinaire par
paire et non isolé. — Mais il faut dire, d'autre part, que les pieds gauches [en ap-
parence] se voient souvent isolés. Il est donc impossible de conclure d'une façon
ferme.
(1) Les dimensions du pied gauche de la Pierre à Mulol sont les suivantes : 260
X 90 X 75- — Mais sur ce P'ec* l'orteil est Peu détache.
Les dimensions du Pied droit [apparence, bien entendu] sont plus fortes [270
X 90 X 801- — Les Indices moyens sont par suite : 33.97 [33.33 + 34.61 : 2] et
29.33 [29.63 + 28.84 : 2] .
Cet indice 33.97 [= 34] s'éloigne plus de l'Indice réel [37.50] que celui du Pas de
Dieu [37.09], et cela de plus de 3 points. — Or, pourtant, la paire de pieds est ici
évidente ! — Il faut en conclure qu'au Pas de Dieu il s'agit bien d'un Pied.
(2) La longueur de X orteil du pied droit (très net) de la Pierre à Mulot n'est que
0,025 pour 0,270; soit 10/100 environ. Au : as de Dieu, elle est de 0,040 pour 0,310,
proportion presque analogue (8/100). — Cela montre que la Cassure de la roche
en ce point correspond, en somme, au sommet même de l'orteil.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 329
2° de savoir si, sur les Rochers actuels y correspondant, il persistait
encore des Gravures sur Rochers.
a . Voici ce que nous avons appris de M. le Pr J. Welsch, professeur
de Géologie à la Faculté des Sciences de Poitiers, qui a bien voulu
nous écrire ce qui suit, en ce qui concerne la première question.
a 1° Autrelois, à Poitiers, on a exploité, pour les constructions, les
Calcaires à silex du Jurassique moyen (Bajocien et Bathonien), qui
occupent les pentes et les escarpements des vallées du Clain et de la
Boivre, à Poitiers même pas de route pour aller plus loin].
Autour du Monastère de Sainte-Croix mais non pas de Sainte Ra-
degonde), il y a des trous et excavations, à ce niveau géologique, qui
ont très certainement donné la pierre aux ouvriers de Sainte-Rade-
gonde.
Les auteurs religieux se trompent, en parlant de granité ; le terme
veut dire « roche dure», pour le vulgaire.
2° Il n'y a pas de granité à Poitiers, ni à la Pierre Levée; mais il y
a un affleurement, à 8 kilomètres au sud de la ville, à Ligugé, et, au
sud, sur les deux bois de Clain [granité, avec granulite schisteuse, et
porphyroïde, résultant de granité métamorphique] (1 . Ces roches
n'ont pas été exploitées pour Poitiers ; je n'en ai jamais vu sur un
mur quelconque ».
b). On n'a jamais encore cité de Cupules, etc., aux environs de
Poitiers.
Conclusions. — Nous nous sommes borné ici, pour ne pas
allonger cette note, à établir qu'il s'agit bien là : 1° d'une Empreinte
pédiforme ; 2° d'une Gravure sur rocher véritable [Travail humain :
Entaille; Polissage]; 3° et d'une œuvre artistique, datant de la fin du
Robenhausien, mais probablement antérieur au Mégalithisme.
C'est tout ce que nous voulions démontrer, aujourd'hui, pour le
Pas de Dieu (2).
III. — Légende et Pèlerinage.
Origine de la Légende. — Comment a pu prendre naissance la
Légende, étant donné ce que nous savons après l'étude scientifique
précédente de ladite empreinte, et les autres faits analogues connus?
Evidemment, de la façon suivante :
1° Quand on a construit la Cellule de sainte Radegonde, dans le
Monastère qu'elle avait londé vers 550-60, on y a placé un Dallage,
avec des dalles de Calcaire.
(Il II n y a pas d'autre affleurement que celui indiqué sur la feuille de Poitiers;
et le granité (non indiqué) existe à l'extrémité méridionale.
(2) Ce n'est pas, d'ailleurs, le lieu d'expliquer ces Gravures, car cela nous entraî-
nerait beaucoup trop loin. — Nous y reviendrons plus tard.
330 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
2° Cette dalle avait été prise, soit dans une carrière de Calcaire,
voisine, à Poitiers, où il y avait des Gravures sur Roches de l'Epoque
néolithique, et en particulier une Empreinte pédiforme; soit dans un
Dolmen, présentant de telles gravures.
3° Cette dalle, portant à sa face superficielle l'empreinte (la supé-
rieure sur le Rocher), fut placée dans un coin de la cellule.
4° Pour une raison quelconque, c'est à cet endroit précis que pria
Sainte-Radegonde, le jour de 1' Apparition.
5° L'Apparition eut lieu évidemment pendant une période d'Extase,
dans des conditions bien connues des médecins s'occupant des Ma-
ladies NERVEUSES.
6° A son réveil, Sainte-Radegonde se rappela sa Vision, d'une
part, et la raconta ; d'autre part, elle-même ou les personnes de son
entourage remarquèrent alors la cavité, près de laquelle elle s'était
agenouillée, et furent frappés de sa forme, insolite et spéciale (1).
7° Immédiatement un rapprochement se fit dans leur esprit.
Jésus-Christ avait voulu laisser la trace de son Apparition, et avait
enfoncé son pied dans le « granit », comme dans une cire molle. —
D'où : Miracle !
8° Dès lors, l'Empreinte pédiforme devint miraculeuse (1) et fut
Christianisée (Chapelle ; Culte spécial, etc.).
(1) Beaucoup de miracles de même ordre sont connus. Dans un ordre d'idées
différent de celui des Empreintes pédiformes, on peut citer le Miracle de Sainl-
Aubert, dans lequel Saint-Michel, enfonçant son doigt (cette fois) dans le crâne du
Saint, comme dans de la cire molle [quoiqu'un os soit moins dur que la pierre], y fit
un trou, qui n'est pas autre chose qu'une Trépanation néolithique guérie. C'est là
la même idée sous une autre forme [Marcel Baudouin. Une trépanation préhis-
torique sur un crâne considéré à tort comme celui d'un homme moderne. — Arch.
prov. de Chirurgie, Paris, 1911, février, n» 2, p. 81-89, 2 Fig.].
(1) Les Miracles de Sainte-Radegonde, dont voici les principaux, sont tous du
ressort de la Pathologie nerveuse [Voir les travaux de l'Ecole de Charcot].
Ie Femme, riche, aveugle. Attouchement, r/uérison. [Femme atteinte d'Hystérie et
A' Amaurose ; influence de la Suggestion].
2° Religieuse d'un monastère; ne peut pas faire un pas. — Rain chaud ; attouche-
ment. [Femme atteinte d'Hystérie et de Paraplégie]. — Sort seule du Rain, guérie-
3e Femme d'un charpentier, possédée du Démon. [Femme atteinte d'Hysléro-
épilepsie].
4° Un arbre [un Laurier planté] ne grandit pas ; puis, tout à coup, il pousse.
[Explication aisée, non médicale],
5° Femme ; une Religieuse, qui a perdu la vue. — Une application d'un sachet la
guérit [Amaurose],
6° Une Religieuse paraît hydropique [Ce n'est qu'une Hystérique. Rationnement
du ventre spécial]. Disparition subite.
7° Vin d'un baril, qui ne se vidait jamais. [Explication facile, non médicale].
8e Une Femme, en état de mort apparente. — Elle se lève tout à coup [Explication
classique].
Il est probable que Sainte-Radegonde, femme très intelligente (ancienne Reine
de France) diagnostiquait l'Hystérie chez les malades, avant d'agir !
Elle a, évidemment, sauvé bien des personnes, caria Foi guérit vraiment.
D'ailleurs, les travaux récents, basés sur les fouilles des Sanctuaires médicaux
(Temples d'Esculape) de la Grèce {Œsculapc, 1911, n° 5, p. 103) prouve que, dès
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 334
Il est évident, en effet, que l'Empreinte du Pied existait antérieure-
ment à la construction du Monastère de Sainte-Croix (1), [fondé au
vie siècle (vers 550) par Radegonde] sur la dalle de sa cellule (2) !
C'était une Gravure sur Rocher, néolithique comme les autres,
correspondant, soit à un Mégalithe, soit à un bloc de Rocher fixe,
qui tut détaché d'une carrière (lors de l'édification du Monument),
là où l'on prit la pierre de construction (3) ; puis transformé en
dalle de pavage de la cellule. Tout à coup, à un moment donné, —
sans doute, du temps même de Sainte Radegonde (4 — on découvrit
cette empreinte ; et on l'attribua immédiatement à une intervention
miraculeuse, c'est-à-dire divine. Ce ne pouvait être que l'empreinte
du Pied de Dieu, descendu des Cieux, pour venir se montrer à Sainte
Radegonde, d'autant plus qu'elle est fort grande.
De là est venue l'idée de l'Apparition de Jésus-Christ à Sainte-
Radegonde ; de là les deux statues coloriées, les représentant encore
dans l'Eglise actuelle ; de là le nom de Pas de Dieu !
Pèlerinage. — Sainte-Radegonde est toujours la protectrice de
Poitiers. Chaque année, à l'époque de sa fête (13 août et jours sui-
vants', les habitants des campagnes viennent à Poitiers, pour offrir
leurs prières à la Sainte, accompagnés de leurs enfants ! — En effet,
ceux quon fait passer sous son Tombeau doivent être préservés de tout
danger et de toute maladie.
Rapport du Pèlerinage et du Pas de Dieu. — Il n'est pas du
tout certain que cette coutume de passer sous un Tombeau, qui se ratta-
che au Culte des Pierres, et surtout aux Dolmens (5), comme l'a bien
démontré H. Gaidoz dès 1882, se rapporte à l'Empreinte du Pas de
Dieu elle-même.
Et il n'y a, à mon sens, qu'un moyen d'expliquer ces deux faits,
évidemment connexes : c'est de supposer que la Dalle de la Cellule de
Sainte Radegonde provient, non pas d'un Rocher fixe, mais d'un
cette époque, on opérait de la même façon ! Presque toujours — les Inscriptions le
disent, — les malades avaient un Songe \Sommeil hypnotique], et, une fois réveillés,
ils étaient guéris, tout comme à l'heure présente dans les centres miraculeux.
(1) Ce Monastère est devenu l'Evèché, pour la partie abbatiale, c'est-à-dire celle
réservée à Radegonde, l'abbesse.
(2) Une petite Chapelle fut bâtie plus tard sur l'emplacement de cette Cellule ;
elle se trouvait « dans la partie des jardins de l'Evèché que la nouvelle rue des
Ponts-Neufs a séparé » [Chapelle du Pas de Dieu].
13) Ce qui explique la construction d'une Chapelle spéciale sur la dite Cellule
de Hadeçonde. — Il y a souvent des Monuments religieux dans les endroits où il
y a des Gravures sur Rochers.
(4) On verra plus loin que nous choisissons l'hypothèse de Mégalithe.
(5) Par superposition de culte ou transport de coutume d'un monument à un
autre. — Les exemples sont fréquents ; par exemple : Tombeau de Sainte-Clotilde,
en Normandie.
332 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
pilier ou d'une table de Dolmen, ayant, sur sa face primitivement
supérieure, une Empreinte de pied [comme au Dolmen de Gatine, à
l'Ile d'Yeu; à l'Allée couverte de Commequiers (Vendée) ; etc.].
Dans ces conditions, on peut admettre : soit qu'il a existé un Dolmen
à l'endroit où sainte Radegonde fit construire son Monastère (ce qui
n'aurait rien d'extraordinaire et se voyait souvent vers 550 après
Jésus-Christ) ; soit que cette dalle provienne d'un pilier du fameux
Dolmen de la Pierre Levée de Poitiers, situé sur la rive opposée du
Clain), c'est-à-dire sur un coteau voisin à l'Est (1).
Cette seconde hypothèse pourrait être la bonne, puisque, d'après
la Légende, ce monument célèbre est un présent de Sainte-Radegonde,
et qu'on raconte que la sainte portait précisément la pierre, sur sa
tête, et les Piliers dans son tablier de mousseline, quand l'un d'eux
tomba par terre, et fut immédiatement emporté par le Diable.
En tout cas, il semble qu'un rapport réel existe entre des Dolmens
et Sainte-Radegonde, qu'il s'agisse du monument situé sur la rive Est,
ou, à la rigueur, d'un autre détruit sur la rive Ouest du Clain, et
jadis situé à la place du monastère.
Conclusions. — Les réflexions précédentes montrent les rapports
du Pas de Dieu avec la Médecine populaire et les Superstitions médi-
cales, puisque le Pèlerinage, qui y a lieu encore, a pour but surtout
d'obtenir la guérison des enfants.
Certes, le peuple a tout mélangé : Empreinte pédiforme, dite
miraculeuse (en réalité néolithique) ; Dolmen voisin (d'où elle prove-
nait sans doute) ; Tombeau de Sainte-Radegonde (on sait que les
Dolmens sont des tombeaux) ; tout cela pour s'efforcer de trouver un
remède aux Maladies des Enfants, grâce à l'intervention d'une Divi-
nité. — Mais la Préhistoire est intervenue ; et elle a jeté subitement
une manifeste clarté scientifique sur cette affaire, au premier abord
indéchiffrable ! — Le problème est désormais résolu.
M. L. Jacquot (Grenoble). — Les pierres à sculptures ne présen-
tent pas seulement des cupules, des écuelles ou des bassins et des
traits, qui nous ont paru tantôt de véritables caractères alphabétiques,
tantôt des signes de numération, ou peut-être de mystérieux points de
repère pour les voyageurs. Le Congrès de Chambéry nous a montré
qu'un type de gravure rupestre, très fréquent en France et en Suisse,
était la représentation du Pied humain. A la suite de ces communica-
tions, j'ai feuilleté nombre d'ouvrages, tant français qu'étrangers, et
j'ai pu noter la présence de (h-avures pédiformes sur toute la surface de
l'ancien monde. Après avoir rappelé pour mémoire le Pied d'Adam
(sur le pic d'Adam, à Ceylan), et le Pied de Boudha (dans le péri-
(1) Ne pas oublier qu'on a continué à graver sur sa table des inscriptions
variées !
SOCfÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 333
mètre du temple du mont Ihràbal, au Laos), je me suis souvenu avoir
lu autrefois. dans un des volumes de la Société de Géographie d'Oran,
si je ne fais erreur, qu'aux environs d'Ain Sefra il y aurait un rocher,
portant aussi une gravure pédiforme. J'ai vainement demandé au
cercle des officiers de cette garnison de me fournir quelques indica-
tions sur la pierre en question ; il ne m'a pas été fait plus de réponse
que pour la roche dite du Pied du Roi. qui se trouverait dans la
forêt de Fontainebleau.
Enfin, voici ce que je lis dans le Tome II du bel ouvrage de
M. Mouliéras, intitulé Le Maroc Inconnu (p. 758) : « Tribu des Béni
H'assan, fraction des Beni-Leit, montagne du Djebel Bou Hachem.
— Moulaye Abd-es-Selam, patron du Djebala,... faisait des pas de
10 à 15 kilomètres chacun... Un jour, son pied droit vint se poser
sur un rocher de la forêt de Taïnza. L empreinte qu il g laissa est
nette, caractéristique, profonde de 0m08 environ; le Pied, admirable-
ment dessiné, a ses contours ; et ses cinq doigts puissamment imprimés
dans le roc. La superstition populaire a élevé autour de cette petite
excavation un modeste enclos de pierres sèches, qui est devenu le but
de nombreux Pèlerinages. » ■
M. Mouliéras ne se doutait pas. en écrivant son livre, qu'il allait
fournir un curieux document à la Préhistoire. C'est là la preuve
qu'un géographe ni un ethnographe ne doivent jamais négliger aucun
détail, car ce qui indiffère à l'un peut être d'une grande utilité à
l'autre. Mais quelle est donc la signification de ce Pied, qu'on ren-
contre sur toute la surface du globe ? Est-il un souvenir, une marque
tangible du passage des premières hordes nomades, venues d'Asie
pour envahir l'Europe ? Que les Français qui seront appelés à étudier
plus tard le Maroc veuillent bien recueillir ou signaler tous les
documents de ce genre !
M. Marcel Baudouin. — Si notre collègue, M. Jacquot, avait pu
prendre connaissance du formidable dossier que j'ai pu réunir sur les
Gruvures pédiformes, son étonnement serait moins grand (1). Il y a
longtemps que j'ai dit que les « Pieds humains » se rencontraient
aussi bien dans 1 Amérique Centrale, Y Amérique du Sud, et YOcéanie
qu'en Asie, en Afrique, et en Europe ! Il y en a partout .. C'est donc
l'expression universelle d'une phase de la Mentalité humaine, à un
moment donné, correspondant à un certain développement des cir-
(1) Marcel Baudouin. — Pied du Diable. Int. Cherch. et Cur., 1903, 30 octobre,
p. 617; 20déc, p. 941. — Moulages de Gravures (Pieds), découvertes à l'Ile dieu
(Vendée). C. R. Acad. des sciences, Paris, 1909, 1" janv., CXLVIII, 407,
15 février, p. 442-444. — Découverte et moulage d'un Pied humain sculpté sur une
table d'allée couverte [Mégalithe de Gatine, Ile d'Yeu, F.). A. F. A. S., Congrès de
Lille, 1909. Rés. des Trav., Paris, 1909, in-8°, p. 142.
334 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
convolutions cérébrales ! Et voilà où interviennent encore l'Anato-
mie, la Physiologie et l'Embryologie, que détestent tant les Archéo-
logues officiels....
Mais je ne veux pas aujourd'hui discuter la signification des dits
Pieds, quoique ma théorie soit établie depuis trois ans. Je me borne
à renvoyer mon collègue à mes publications sur les Gravures de
Sabots a"Equidés(l), qui sont aussi universelles que les Pieds humains,
et qui ont une signification analogue (2). J'ajoute seulement que je
n'admets ni YImportation de l'Idée (elle a germé partout dans des
conditions anatomiques précises, mais non dans le même temps), ni
l'hypothèse qu'il propose {traces de passage), au moins pour les Gra-
vures préhistoriques (Néolithique, Cuivre et Bronze), si cette dernière
opinion peut être soutenue, pour l'époque moderne et les Gravures
de Fers de chevaux en particulier.
Note sur une pendeloque néolithique
trouvée à Liglet .Vienne).
Par le D'
Louis GOBILLOT (La Trimouille, Vienne).
Au cours du VIe Congrès préhistorique de France, j'ai
exposé, au Musée de Plessis-lès-Tours, dans l'une des vitrines qui
furent si aimablement mises à la disposition des collectionneurs
par le Docteur Ghaumier, une pièce au sujet de laquelle je désire
faire une communication à la Société Préhistorique française.
Il s'agit, en l'espèce, d'une petite pièce trouée, de forme un peu
spéciale, appartenant très certainement à l'industrie néolithique
du Montmorillonnais ; elle provient de Glandonp station intéres-
sante, située dans la commune de Liglet, canton de la Trimouille,
arrondissement de Montmorillon, non loin de la rivière de
Benaise (Fig. 1).
La rareté des pièces forées, dans ce qu'il m'a été donné de voir
depuis quinze années de l'industrie néolithique régionale, la
rareté parallèle de ces mêmes pièces dans les collections de Tou-
raine, exposées à l'occasion du vie Congrès, me lait croire que
cette communication pourra présenter un certain intérêt.
(1) Marcel Baudouin. — Découverte d'une Gravure de Sabot de Cheval de l'épo-
que néolithique sur le Rocher du Grand Chiron, à l'Ile d'Yeu (Vendée). — Bull. Soc.
Préh. de France, Paris, 1909, VI, 27 mai, n« 5, 238-260, 6 fig., 1 pi. hors texte.
(2) Marcel Baudouin et A. Gousset. — Découverte de Gravures de Sabots d'Equi-
dés sur rocher, au Pas du Roi, à Saint-Just (Ch.-Inf.). — VIIe Congrès préhist. de
France, Tours, 1910. Paris, 1911 [Voir p. 572].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
335
La forme générale de l'objet en question rappellerait un tronc
de pyramide, si l'une de ses faces, au lieu d'être plane, n'était
Ftg. 1. — Pendeloque| Néolithique de Liglet (Vienne). — Légende : I; L D, Face laté-
rale droite ; — A, Face antérieure; — II, Autre Face ; — III, Autre Face ; — P Face
postérieure ; - IV, Vue de trois quart ; - M, Mackûres. — Échelle : Grand, nat.
336 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
convexe. Pour la description on peut lui considérer six faces :
une face antérieure convexe ; une postérieure plane ; deux faces
latérales planes, trouées à leur partie supérieure ; une face supé-
rieure et une face inférieure.
Les bords sont mousses et arrondis par le polissage, à l'excep-
tion des bords droit et gauche de la face postérieure, qui présen-
tent une arête plus saillante et un angle presque droit.
L'objet pèse 132 grammes; son volume est très approximati-
vement de 50emc ; sa densité, déduite de la formule D = ~ est
égale à 4m64. Il présente les dimensions suivantes :
Longueur : 0ra065 millimètres.
ii à sa plus grosse extrémité 0m029 millimètres,
o ^ à sa plus petite extrémité 0,n021 millimètres.
Epaisseur : 0ra035 millimètres.
Les diverses faces présentant des particularités sont :
1° Les deux faces latérales, trouées comme je l'ai dit plus haut
à leur partie supérieure, représentant les caractères très nets du
forage intentionnel : forage à l'archet très probablement.
Les deux trous ressemblent à deux troncs de cônes opposés
par leurs sommets, et la trace de stries circulaires est encore
visible dans la roche constituante.
La face antérieure convexe présente des stries parallèles et
légèrement obliques de gauche à droite.
La face postérieure présente des stries verticales dans la moi-
tié supérieure et une excavation peu profonde, à bords irréguliers
dans la moitié inférieure : cette excavation semble un accident
de fabrication, ou une défectuosité résultant d'un polissage incom-
plet ; stries et excavation sont parfaitement visibles sur la photo-
gravure ci-jointe {Fig. 1).
La face supérieure porte quelques éraillures légères ; enfin la
face inférieure porte des stries parallèles rectilignes plus pro-
fondes qui s'accentuent, au niveau du bord antérieur, en une sorte
de mâchure, d'écrasement donnant à la roche une coloration
blanchâtre spéciale.
Ces diverses particularités sont visibles sur les aquarelles
jointes à ma communication. La pièce a une coloration générale
brun verdâtre ; fraîchement lavée la coloration des parties
vertes devient plus nette ; l'aspect général en est assez joli.
Il est assez difficile de définir sa composition minéralogique
par un simple examen macroscopique, car autant celui-ci est
facilité par une cassure fraîche, autant il est gêné par un polis-
sage datant de plusieurs milliers d'années.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 337
La roche n'est pas homogène ; elle renferme des paillettes de
mica blanc, extrêmement nombreuses, mélangées avec une
matière vert émeraude et avec une autre brun ocracée.
Pour M. VVelsch, professeur de géologie à l'Université de Poitiers,
il s'agirait d'un schiste micacé à grenats grossiers ; la roche
verte pourrait appartenir à une variété grossière de Béryl. Tout
cela bien entendu demanderait à être confirmé par un examen
plus précis, qui entraînerait la destruction ou l'altération de la
pièce archéologique.
La roche est assez tendre ; elle est rayée parle quartz et même
par le verre.
Il reste a dire quelques mots sur l'usage probable de cet objet.
J'ai cherché, dans l'Iconographie robenhausienne en ma pos-
session, des objets comparables.
La planche 68 du Musée préhistorique de MM. de Mortillet,
[Fig. 753) représente une pendeloque en schiste, provenant des
prairies de Mées, sur le bord de l'Adour, qui paraît avoir avec la
pièce en question certaines analogies.
La figure 757 de la planche 69, qui représente une défense de
sanglier perforée, présente aussi une forme générale et une dis-
position de la perforation assez comparables.
Il est plus que probable qu'il s'agit également ici d'une pende-
loque, d'une amulette; et M. A. de Mortillet, à qui l'objet a été
présenté par moi au cours du Congrès, a été très affirmatif à ce
sujet.
Son avis nous semble indiscutable.
On pourrait se demander, cependant, si l'objet en question n'au-
rait pas pu être utilisé également comme poids de filet, en raison
du diamètre de l'orifice qu'il présente et qui peut admettre une
cordelette assez forte, en raison également des mâchures de son
bord antérieur et qui se trouvent sur le prolongement de la ver-
ticale passant par son centre de gravité (on sait, en effet, que,
dans les pyramides comme dans les cônes, le centre de gravité
du solide est placée sur la droite qui joint le sommet au centre
de gravité de la base, et aux trois quarts de cette droite à partir
du sommet).
Nous aurions ainsi l'explication des mâchures les plus profondes
aux points les plus exposés aux frottements, et qui de par les
lois de la pesanteur, doivent être les premiers en contact avec
le sol.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 22
338 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Pseudo-nucléus et éclat de laitier,
trouvé à Le Vivier, commune de Royan
(Charente -Inférieure) (1).
M. Arthur Gousset (Etaules, Charente-Inférieure). — J'ai
l'honneur de présentera la Société : 1° Un pseudo-nucléus (Fig. 1) ;
2° un éclat : tous les deux de même nature, trouvés dans le même
Fig. 1. — Pseudo-nucléus de laitier. — Côté ^vec sorte de plan de frappe et éraillures
de percussion.
Fig. 2. Même pièce, côté opposé, avec plan de frappe et un conchoïde en creux.
Fig. 3. — Même pièce, vue du dessous.
champ, au lieudit : Le Vivier, commune de Royan (Charente-
Inférieure). Ce lieu est situé entre la ferme du même nom (Le
(1) Le morceau est cassé, à grands éclats, absolument comme un vrai nucléus
même forme, mêmes éclats, etc]; — les confusions sont très faciles.
SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE.
Planche I.
HACHE POLIE A FACES ALTEREES.
Provenant de Danemark (Grandeur naturelle).
SOCIETE PREHISTORIQUE FRANÇAISE
Planche II.
Fig. i
Fiq.H.
FCg. III.
HACHE POLIE A FACES ALTÉRÉES.
Dessins montrant les parties plus dures formant érosions sur toute la surface de la hache.
Fig. I et II. — Les deux faces de la hache.
Fig III. — Un des côtés de la hache (1/2 Grandeur naturelle).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRA>ÇAISE 339
Vivier) et le quartier Saint-Pierre-de-Royan; il est resserré entre
deux collines, formant un vallon étroit, se rattachant aux marais
sur lesquels est bâtie la gare. Le sol est composé de terre très
noire, formée en majeure partie d'humus : indiced'un séjourdans
l'eau, comme du reste l'indique le nom : Le Vivier.
C'est dans ce fond, près de la route qui la traverse, que M.
Léger, jardinier à Saint-Pierre, a récolté les deux pièces.
Le pseudo-nucléus a été recueilli le premier à la surface même
du sol, où il attira l'attention par sa couleur et sa forme. L'éclat
fut trouvé plus tard, à peu de distance, en retournant la terre.
Jusque-là, l'ouvrier n'avait pas trouvé, ou n'avait pas remarqué,
de pièces de ceite nature, dans le terrain, ni aux environs.
Des découvertes d'objets en pierre polie ont été faites, sous
des débris gallo-romains, dans le voisinage. Vu le lieu, à l'em-
bouchure d'un grand fleuve, et surtout la nature imprévue de
ces pièces en ces lieux, j'ai tenu à signaler le fait.
J'en donne du une reproduction grandeur naturelle, en
figurant de mon mieux le plan de frappe, les esquilles de
percussion, et les traces des longs éclats qui en ont été détachés,
pour montrer qu'une confusion est possible avec un vrai nucléus.
Ce pseudo-nucléus est vert foncé au milieu et d'une couleur
verte plus pâle surlesdeux côtés; il est cacholonné; son poids est
de 240 grammes.
Hache polie à faces altérées
provenant du Danemark.
PAK
Louis GIRAUX (Saint- Mandé, S.).
J'ai l'honneur de vous présenter une hache, provenant du Dane-
mark, dont toutes les faces sont altérées. Cette pièce, de forme régu-
lière, est assez plate. Sa longueur est de 0m203 ; sa largeur au tran-
chant est deO^OTô et au talon de 0m045; sa plus grande épaisseur au
centre est de O032 et celle des côtés est d'environ 0m025; son poids
est de 1045 grammes; sa densité est de 2,92. Cette hache est de
teinte vert-noirâtre. La planche I en donne exactement la couleur
et la représente de grandeur naturelle.
La roche de laquelle est formée cette hache est peu communé-
ment employée. J'avais montré cette pièce à plusieurs personnes,
afin d'en connaître la nature ; deux d'entre elles m'indiquèrent
qu'elle devait être en basalte, mais sans toutefois pouvoir l'affirmer.
Je l'ai alors soumise à M. le Professeur Lacroix, du Muséum
d'Histoire Naturelle de Paris, qui m'a déclaré qu'il lui était abso-
340 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
lument impossible de déterminer de visu la roche dont elle était for-
mée, et que, pour pouvoir la connaître, il était nécessaire d'en faire
une préparation microscopique, qui lui permettrait d'en examiner la
constitution, et, par suite, d'en établir la détermination exacte.
J'ai donc fait enlever à l'une des extrémités de la pièce, du côté du
talon, une certaine partie, dans laquelle une coupe mince a été pré-
parée. M. le Professeur Lacroix en a fait l'examen microscopique et
il y a reconnu les éléments suivants : Epidote. Amphibole verte.
Chlorite. Titanomagnétite, se transformant en sphène. Feldspath
(altéré). Quartz. Pyrite.
L'ensemble de ces éléments a alors permis de déterminer que la
roche était une Diabase modifiée. Mais, par ce terme de Diabase mo-
difiée, il faut entendre que les éléments étaient modifiés lors de la
constitution de la roche, mais qu'ils ne l'ont pas été après. Cette dia-
base modifiée a été ensuite altérée ; mais seulement après avoir été
employée à la confection de la hache polie.
Cette analyse microscopique a également permis de connaître la pro-
venance de la roche. La hache polie a été recueillie en Danemark;
mais, dans ce pays, il ne se rencontre pas de diabases ; on en trouve
beaucoup en Suède ; et l'on peut dire avec presque certitude que la
roche avec laquelle a été faite cette hache provient de ce dernier pays.
Cette pièce, d'aspect absolument rugueux, a été polie lors de sa
préparation ; elle a été profondément altérée, car on peut y remar-
quer des parties en relief, dues à l'érosion qui atteignent environ
0ni003 d'épaisseur : elles sont nombreuses sur les deux faces, ainsi
que sur les côtés. La surface de ces parties en relief est polie : ce
sont donc bien là des témoins du polissage de la pièce.
A l'extrémité de la hache, près du tranchant et en oblique par
rapport à ce dernier, on constate une véritable ligne droite, bien en
relief, qui s'étend de l'un à l'autre des côtés de la hache ; cette ligne
en relief se présente sur les deux faces. Cette ligne est comparable à
celle qui existe sur la pièce très intéressante qui a été présentée par
Mme Crova, à la séance du 24 novembre 1910, et dont la description
et les dessins figurent dans sa communication intitulée « Hache polie
portant des sculptures par érosion », insérée dans le Bulletin de
Décembre 1910 (pages 661 et suivantes).
La Planche II représente les parties en relief formées par l'érosion
sur les deux faces et sur l'un des côtés de la pièce que je vous sou-
mets.
D'après M. le Pr Lacroix, cette altération s'est faite sur place;
la pièce n'aurait été ni charriée, ni roulée. Les eaux ont dis-
sous petit à petit les éléments les plus solubles et les ont enlevé
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 341
au fur et à mesure. Les parties en relief sont celles qui étaient les
plus dures et qui ont résisté à la décomposition. Cette décomposition
s'est surtout effectuée sur l'élément feldspathique altéré et sur la
chlorite ; elle a donné lieu à la formation d'une argile marneuse, qui
a été enlevée par les eaux. La partie prélevée pour la préparation
comportait une de ces parties en relief; et elle existe dans la coupe
examinée au microscope que j'ai l'avantage de vous présenter.
L'enlèvement de cette partie a été fait par sciage au fil d'acier ; le
frottement de ce fil a, pour ainsi dire, poli la roche; et nous avons par
ce fait une idée de l'aspect que pouvait avoir cette pierre polie.
Dans la discussion qui a suivie la communication de Madame Crova,
If. le Dr Marcel Baudouin a fait remarquer la nécessité qu'il y
aurait à étudier les haches polies par les méthodes nouvelles, c'est-à-
dire par les procédés chimico-miscroscopiques. C'est également l'avis
de M. le Pr Lacroix qui estime que les déterminations, faites de visu
pour les pièces de collections importantes et connues, sont erronées
pour beaucoup.
En résumé, l'étude chimico-microscopique de la pièce que je vous
présente aujourd'hui a donc permis :
l°De connaître tous les éléments constitutifs de la roche employée ;
2'De pouvoir en faire exactement le diagnostic et de dire avec cer-
titude le nom de la roche ;
3° De connaître les éléments qui ont disparu et d'expliquer le pro-
cessus de leur décomposition;
4° De pouvoir établir d'une façon à peu près certaine la provenance
delà roche.
Dans cette diabase, la décomposition des éléments fieldspatiques a
donné naissance, ainsi que je l'indiquais plus haut, à une argile mar-
neuse, qui a été entraînée par les eaux au fur et à mesure de sa for-
mation ; et cet enlèvement a toujours laissé la surface de la pièce à
portée de décompositions successives et continues. Mais, qui dit
décompositions dit transformations et combinaisons chimiques!
Pour certaines autres roches, sur lesquelles les agents chimiques
produisent des combinaisons résistant aux actions physiques et méca-
niques, les nouveaux corps produits restent à la surface de la roche
et s'y fixent en l'entourant plus ou moins complètement ; ils consti-
tuent alors ce que l'on appelle la Patine. Cette question de la patine,
dont il a été beaucoup parlé, n'a jamais été étudiée d'une façon spé-
ciale ; des constatations, fort intéressantes assurément, ont été faites
par quelques palethnologues.
Il est à croire que les méthodes d'observations chimico-microsco-
342 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
piques que nous avons actuellement pourront probablement nous
permettre maintenant d'aborder cette étude d'une façon précise, et
d'en tirer des résultats intéressants sur cette question, qui n'a jamais
pu encore être solutionnée.
I.ï» Préhistoire <Fe la Nouvelle Edition de la
Touille d'Amas (1910) de la Carte géologique
de France.
PAR
L. DESAILLY (de Paris),
Ingénieur des Mines.
La deuxième édition de la feuille d'Arras de la Carte géologi-
que de France au 80000e vient de paraître. C'est M. Gosselet,
doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Lille, qui a été
chargé de revoir et corriger la première édition.
Ayant accompagné ce savant dans quelques-unes de ses ex-
plorations, j'ai relevé quelques coupes, et ramassé quelques ob-
jets préhistoriques, qui sont pcit-être de nature à vous intéres-
ser.
Mais, avant de vous les soumettre, je voudrais vous dire quel-
ques mots sur le nouveau classement des limons*, qui a été adopté.
Lorsque les premières cartes du nord de la France ont été
dressées, Elie de Beaumont était encore à la tête du service de la
Carte géologique détaillée; et sa direction était aussi effective au
point de vue scientifique qu'au point de vue administratif.
Il y avait obligation, pour tous ses collaborateurs, de se confor-
mer, pour toutes les questions de principe, aux solutions qu'il
avait au préalable fixées ! C'était donc sur des idées théoriques
que reposait le classement des limons, tel que vous les connais-
sez, savoir :
Dépôts meubles des pentes.
Limons et graviers anciens des vallées.
Limons et graviers des terrasses.
Limons des plateaux.
Argile à silex.
Dans les nouvelles feuilles d'Arras, ces subdivisions arbitraires
ont été supprimées et groupées sous le nom de Limon plèislocene.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 343
« Il existe certainement, dit M. Gosselet, des limons d'âges
a différents ; mais, dans l'état actuel de la science, il serait bien
« difficile de les distinguer sur une carte au 80000e ». Toutefois,
dans la pensée qu'une carte géologique doit faire ressortir autant
que possible la géographie physique, on a désigné spécialement,
et par suite teinté avec des couleurs différentes: 1° le limon de la-
vage (A), indiquant les vallons et vallées sans eau ; et 2° les allu-
vions des rivières et cours d'eau (aa), qui renferment souvent de
la tourbe.
Revenons maintenant aux Silex taillés.
La légende de la feuille d'Arras indique qu'on a trouvé, à Cam-
blain-l'Abbé, des silex du type de Saint-Acheul. Ce sont eux que
je désire vous présenter, pour avoir votre avis à leur sujet.
On les trouve en quantité considérable daus les nombreuses
carrières de grès et de sable, qui existent sur le plateau de l'Ar-
tois, formant les collines surbaissées, qui s'étendent du mont
Saint-EIoi, à Estrée-Cauchy.
Ces silex taillés sont tellement nombreux que, dans une seule
carrière, située au lieu dit la ferme du Bois de la Vache (cote
148), à Camblain-l'Abbé, l'instituteur de ce village, M. Bailly,
eu a ramassé plus de cent.
m^^im^
f-ig. 1. — Coupe théorique.
Examinons les conditions de leur gisement.
Les collines en question sont constituées par un massif de craie,
riche en silex vers le haut, au sommet desquelles s'est déposé du
sable éocène (étage Thanetien ou Landénien), qui renferme à sa
partie supérieure des grès disposés en blocs volumineux disjoints,
et stratifiés sur une ou deux rangées horizontales.
Cette formation landenienne a été recouverte par le limon
pléistocène, qui est constitué par un limon rouge ou panaché.
344
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
contenant à sa base des silex brisés provenant de la craie sous-
jacente, et des débris de grès landeniens.
C'est ce limon qui renferme les silex taillés.
Mais les dépôts que je viens de décrire ne sont pas restés dans
l'état indiqué par la figure théorique présentée (Fig. 1).
Presque partout, le sable a été entraîné par des courants dilu-
viens ; les blocs de grès ont été déchaussés. Quelques-uns ont
roulé sur la pente de la colline; d'autres sont descendus jusque
sur la craie (Fig. 2).
f /
Hg. 2. — Coupe réelle.
La surface de celle-ci a elle-même subi de profondes modifica-
tions. Les eaux d'infiltration, chargées d'acide carbonique, ont
Fig. 3. — Coupe d'une poche de la craie.
exercé une action décalcifiante sur la craie. Cette action se pro-
duisant d'une façon inégale selon les points, a creusé dans celle-
ci des dépressions plus ou moins profondes, dans lesquelles s'est
afiaissé le limon. Les blocs de grès ont pénétré dans celui-ci en
raison de leur poids, et sont descendus jusqu'à la craie, en pre-
nant des inclinaisons plus ou moins fortes et quelquefois en se
renversant complètement.
SOCIÉTÉ PRÉUIsTOMQUE DE FRANCK 345
C'est en exploitant les grès dans ces poches, qui atteignent jus-
qu'à 10 mètres de profondeur, qu'on recueille les silex taillés
(Fig. 3).
Pour les raisons que je viens de donner, il n'est pas rare d'en
trouver sous les grès.
C'est d'ailleurs, abrité sous un de ces blocs, que le squelette
d'Ursus ferox du Musée de Lille a été trouvé dans une localité
voisine (Beuvry).
En dissolvant la craie, les eaux d'infiltration ont laissé à la sur-
face de celle-ci une couche résiduaire d'argile noire peu épaisse,
riche en silex entiers ou brisés, provenant les uns et les autres
de la craie.
On s'explique facilement comment la chute lente ou brusque
d'énormes blocs de grès, pesant parfois plus de 10 tonnes, a pu
esquiller les silex empâtés dans la craie, et leur donner la forme
éolithique, qui vous a été signalée par M. Commont.
Ces poches de craie sont d'ailleurs par leur contenu un véri-
table chaos géologique; dans l'une d'elles, située sur le même
plateau de l'Artois, j'ai ramassé des molaires de Rhinocéros ti-
chorinus, un débris de hache polie, presque en contact avec une
plaque de grès silicifié, pas trop rare dans la région qui nous oc-
cupe, et qui porte les fossiles caractéristiques de l'Éocène moyen
(étage du Calcaire grossier des environs de Paris) !
En signalant ce dernier fait, je veux simplement montrer qu'il
faut apporter beaucoup de prudence dans l'étude des limons et
graviers du Terrain quaternaire.
Sur les pointe de cuisson
de deux fragments de poterie,
trouvés dans la Station magdalénienne
de Beauregard.
L. FRANGHET de Paris).
Le Dr Henri Martin m'a remis récemment deux fragments de pote-
ries, trouvés par lui dans la Station de Beauregard, près de Nemours
(Seine-et-Marne ; et, point capital, dans une couche qu'il a pu attri
buer au Magdalénien (1).
(t) Ces échantillons de poteries ont été présenté*» en 1909 au Congrès préhisto-
rique de Beauvais, par le Dr H. Martin.
346 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le premier de ces fragments a été découvert sur le sommet de
la croupe de Beauregard, roche de cette station.
Cette poterie a une épaisseur de 10 millimètres et ne contient
pas d'éléments très grossiers.
Elle a été cuite : ce qui est prouvé par le seul fait qu'elle a perdu
sa plasticité ; ce que l'on peut voir en l'humectant avec de l'eau.
La plasticité est le caractère distinctif d'une argile crue. Elle pro-
vient de ce que l'eau, qui est introduite pour permettre le pétrissage,
et appelée eau de façonnage, s'interpose entre les cristaux lamellai-
res de la kaolinite, base de toutes les argiles, même les plus grossières,
employées en céramique; ces cristaux peuvent ainsi adhérer les uns
sur les autres. En outre, ils s'imbriquent les uns sur les autres et leur
mobilité permel à l'argile de prendre et de conserver, par adhérence,
toutes les formes qu'on lui donne. Cette adhérence et cette mobilité
sont dues à un phénomène de capillarité, qui ne peut exister qu'à la
condition que la kaolinite soit à l'état cristallisée. En même temps
que la kaolinite, le mica qui se trouve dans la presque totalité des
argiles, concourt également à la plasticité, lorsqu'il se trouve dans
un état de très grande division, et cela, en raison même delà forme
lamellaire de ses cristaux.
Mais, si nous cuisons l'argile, il se produit, sous l'influence de la
chaleur, une désagrégation complète des cristaux : désagrégation
due à l'élimination de l'eau de constitution de la kaolinite, qui est
formée de deux molécules de silice, d'une molécule d'alumine et de
deux .molécules d'eau.
Par conséquent, lorsque la chaleur aura désagrégé les cristaux,
ceux-ci seront devenus pulvérulents, informes ; la disposition imbri-
quée ne pourra plus avoir lieu, pas plus que la capillarité. Bref, la
cause initiale de la plasticité n'existera plus.
Voilà pourquoi une argile cuite ne peut plus être plastique!
Or, l'élimination de l'eau de constitution commence à s'opérer à 400°
et se trouve complètement effectuée à la température du rouge soit 600°.
Donc, toute poterie dont la pâte a perdu sa plasticité a été cuite au
moins à 400° ; et c'est le cas pour la poterie de Beauregard.
La poterie trouvée dans ce gisement possède cette coloration
brune particulière aux pâtes ferrugineuses, qui ont été cuites dans
une atmosphère réductrice, et qui indique qu'il y a eu transforma-
tion, plus ou moins complète, du peroxyde de fer en protoxyde et en
oxyde ferroso-ferrique.
C'est, à mon avis, à la présence de ces deux derniers oxydes de fer,
qu'est dû le magnétisme de ce fragment céramique, qui fait dévier
l'aiguille aimantée.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE «M 7
Lorsque le Dr Henri Martin présenta cette poterie au Congrès de
Beauvais, il fît remarquer que la coloration brune est uniforme sur
les deux faces du tesson.
Or, en pratiquant une section dans l'épaisseur, on voit que la colo-
ration brune la plus prononcée se trouve à la partie concave, qui
formait l'intérieur du vase, et qu'à mesure qu'on se rapproche de la
partie convexe, c'est-à-dire de la partie externe du vase, soumise
directement à l'action du feu, cette coloration passe au brun clair,
pour arriver graduellement au brun rougeàtre, dans la partie super-
ficielle.
Par conséquent, nous en pouvons déduire logiquement qu'au
commencement de la cuisson, le feu a été réducteur par suite d'une
combustion incomplète des gaz émanant du combustible, comme
cela se produit toujours, non seulement dans un feu brûlant à l'air
libre, mais aussi dans les fours les plus perfectionnés,
Peu à peu, la température progressant, la combustion est devenue
plus complète; le feu a donc pris une allure oxydante et les oxydes
de fer, au minimum, qui s'étaient déjà formés, se sont de nouveau
transformés en peroxyde.
Mais, bien entendu, cette transformation a commencé à s'effectuer
sur la partie externe du vase, celle qui était en contact direct avec
le feu. Si la cuisson avait été prolongée un temps suffisant, la trans-
formation se serait poursuivie à travers toute la masse; et la poterie
eut été uniformément rougeàtre.
Me basant sur les expériences que j'ai faites sur la cuisson des
poteries et sur les transformations que subissent les différents oxy-
des de fer, sous l'influence des gaz oxydants ou réducteurs, j'estime
que le fragment de poterie de la croupe de Beauregard a été cuit
vers 600'.
Quant au deuxième fragment découvert par le Dr H. Martin, non
plus au sommet de la croupe de Beauregard, mais dans l'abri sous
roche de cette station, il est d'une nature toute différente du pre-
mier.
Ce tesson représente le bord supérieur d'un vase, dont l'épaisseur
était de 0m004 et le diamètre, calculé d'après la courbe du tesson, de
0m095. Ce faible diamètre explique le peu d'épaisseur des parois.
Une pièce aussi mince a pu être fabriquée à la main et sans l'aide
d'un tour. Parmi les nombreux exemples que l'on pourrait citer,
parmi la céramique primitive, je signalerai seulement les poteries
précolombiennes du Pérou, fabriquées entièrement à la main, cuites
à feu libre, et dont l'épaisseur varie de 0ID004 à 0m006 pour un dia-
mètre atteignant jnsqu'à 0m15 ou 0m20.
La poterie provenant de la croupe de Beauregard ne contient pas
348 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de gros matériaux de dégraissage ; et ceux-ci consistent principale-
ment en grains de quartz, arrondis, qui, peut-être, se trouvaient
naturellement dans l'argile.
Elle est imprégnée de charbon, dans toute sa masse; et ce charbon
ne paraît pas provenir d'un enfumage prolongé, mais de charbon
pulvérisé, et incorporé à la pâte au moment de sa préparation.
En effet, lorsqu'une pâte a été soumise à un enfumage suffisam-
ment prolongé pour que toute sa masse soit saturée de carbone, la
coloration noire est moins foncée au centre qu'à la surface : ce qui
est compréhensible.
Au contraire, lorsque le charbon réduit en poudre a été ajouté
directement à la pâte, celle-ci possède une coloration absolument
uniforme.
Cette poterie a été cuite, puisque, comme la précédente, elle a
complètement perdu sa plasticité. Nous allons essayer de nous ren-
dre compte de la température à laquelle elle a été soumise.
J'ai démontré jadis que les poteries dont la pâte contient du char-
bon ne peuvent être cuites au-dessus du rouge sombre, parce que,
sous l'influence de l'élévation de la température, la combinaison du
charbon et de l'oxygène emprunté à l'air, se fait très facilement, en
produisant de l'acide carbonique qui se dégage.
On peut donc en déduire que la poterie trouvée au sommet de la
croupe de Beauregard a été cuite vers 500°.
Dolmens et Tiunuli du Lot.
PAR
Armand VIRÉ (de Lac ave, Lot).
La région des Causses, aussi bien les Causses du Quercy ou
Causses mineurs, que les Causses du Gévaudan ou Causses majeurs, a
été occupée dès l'époque néolithique par les constructeurs de méga-
lithes. C'est par milliers que l'on trouve encore dans ces régions les
dolmens et les tumuli, dont la plupart sont de dimensions exiguës,
mais dont quelques-uns peuvent rivaliser avec les beaux spécimens
de Bretagne (Etron de Gargantua, à Gramat; Pierre Martine, à Li-
vernon, etc.).
Malheureusement, la majeure partie a été, soit fouillée méthodi-
quement par Delpon, au commencement du xixe siècle et par Pru-
nières, Bergougnous, Castagne à la fin du même siècle; soit ravagée
par les bergers ou les chercheurs de trésors. Sans être toujours
d'une grande précision, les travaux des premiers nous renseignent
tout au moins sur les objets trouvés et souvent sur le lieu même de
la trouvaille, tandis que les déprédations des autres n'ont abouti qu'à
priver la Préhistoire de ces régions de précieux éléments d'informa-
tion.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 349
Il y aurait eu, peut-être, une troisième catégorie de fouilleurs, qui
tout en enlevant les objets d'ethnographie qui nous seraient précieux
aujourd'hui, nous ont laissé au moins la forme et la construction
même de ces monuments.
D'après Delpon (1), les Goths auraient eu des prêtres spéciaux,
dont la fonction aurait consisté à faire ouvrir les tombes anciennes,
pour en retirer les matériaux présentant une valeur monétaire ou
industrielle, tout en respectant les ossements.
« On voit, par un passage de Cassiodore, qu'une des attributions
des Savons des Goths était de faire ouvrir les tombeaux où l'on soup-
çonnait des trésors, et de faire respecter en même temps les cendres
des morts. Il est donc à présumer que les Wisigoths, lorsqu'ils furent
maîtres du Quercy, firent faire des recherches sous les tombeaux
druidiques de cette contrée ».
Fig. 1.
N ' I. Plan et coupe du Dolmen suus luuiuius du l'ecli de Ouurtiières.
Plan et coupe du Dolmen sous Tumulus des Divinaudes.
Nous ignorons si cette opinion est fondée; mais nous lui attribue-
rions volontiers au moins une certaine vraisemblance, et d'après la
conscience scrupuleuse de cet auteur, que nous n'avons jamais
trouvée en défaut, chaque fois que nous avons pu vérifier ses asser-
tions, et aussi d'après une fouille dont nous allons rr rler, et qui
semble de nature à confirmer les dires de Delpon.
Dans un rayon de quelques kilomètres nous avons examiné de près,
ou fouillé lorsque l'apparence extérieure s'y prêtait, 23 dolmens et
tumuli. Sur ce nombre, 12 étaient manifestement vidés et en partie
détruits; 8 ont été reconnus violés dans des temps vraisemblablement
récents; 1 enfin, et c'est de celui-là que nous parlerons en premier,
qui a été violé et reconstitué avec un certain rite; 2 seulement étaient
intacts.
Le Tumulus des Divinaudes est à la limite des communes de La-
(i) Delpon. —Statistique du sol. — Paris, Bachelier, 1831, t. I,p. 393 (en note).
330 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
cave et de Meyronne, à 400 mètres N.-E. environ, de la métairie des
Divinaudes, à la tête d'un ravin, qui aboutit aux sources du Limon,
propriété de M. Rougié, du Bougayrou. Alt. : 150 mètres. Alt. de
la vallée de la Dordogne : 98 mètres. Petit monticule de 7 mètres de
diamètre, 0m30 de haut, composé de pierrailles. Vers le centre, il a
été rencontré l'angle d'un petit dolmen intérieur, mais sur les côtés
S. et E. les dalles manquaient totalement. La dalle de recouvrement,
si elle a existé, est absente.
Tout l'intérieur a été bouleversé jusqu'au roc, et la terre, que Ton
rencontre généralement au tond des tumuli, a été ici mélangée à la
pierraille, et le tout a été fortement tassé par les infiltrations.
Au centre a été trouvé un tas d'ossements plus ou moins brisés,
appartenant à toutes les parties du squelette, et soigneusement posés
en un petit tas assez régulier.
Fig. 2. — Polissoirs de grès, etc., ,'u Tumulus
de Divinaudes.
Fig. 3. — l'asoir de bronze.
De nombreux fragments de poterie brune et noire, très soignée et
ornée, gisaient ça et là parmi les débris, sans qu'on ait rien pu re-
constituer. De minuscules fragments d'oxyde de cuivre, de moins de
2 millimm., se sont rencontrés en diverses places, prouvant l'exis-
tence ancienne d'instruments de cuivre ou de bronze qui ont été
enlevés jadis. Enfin vers l'angle des deux dalles, cinq fragments d'un
grès très tendre, utilisés comme polissoirs. Dimensions maxima :
0in105 X 0m055 X 0»035. Dimensions minima : 0">085 X 0,n040
X 0m030. Un minuscule grattoir de silex, une défense de sanglier
raclée et appointée et un fragment de bois de cerf, dont l'extrémité a
été frottée et polie, composent tout le reste du mobilier.
Tout cet ensemble nous montre que nous avons affaire à un tumu-
lus de l'âge du bronze, violé à une époque inconnue, mais dans lequel
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 351
les ossements ont été replacés suivant un rite, après que la sépul-
ture a été débarrassée de tous les objets pouvant avoir quelque valeur.
A quelques dizaines de mètres sont deux dolmens d'environ l'"50
de haut, complètement vidés ainsi que quelques tumulus que nous
nous proposons de fouiller ultérieurement.
A quelques mètres au nord, était un Cayrou de dimensions à peu
près analogues, que nous avons vidé, sans y rien rencontrer qui put
nous indiquer si nous avions affaire à un tumulus vrai ou à un
simple épierrement. Nous ne le faisons pas entrer en ligne de compte
dans la statistique des tumuli.
Dolmens du Pech de Gourbières. Ils s'élèvent aux limites des
communes de Lacave et de Rocamadour, (Alt. 340 mètres;, au bas et
au S-O. du mamelon appelé Pech de Gourbières, près du carrefour
de deux chemins antiques de Lacave à Gramat et de Rocamadour à
Mérignac-le-Frankal, dans la propriété de M. Calvel de Mérignac.
L'un d'eux est composé de quatre grosses pierres dont trois forment
les côtés, et une le recouvrement. La dalle du côté E. a disparu. Vidé
à une époque qui ne paraît pas ancienne.
Le second avait l'apparence d'un gros tumulus bien régulier de
21 mètres de diamètre sur lm80 de hauteur. Une tranchée nous mit
en présence d'une dalle épaisse, qui nous sembla former la paroi
d'un dolmen. La fouille fut reprise alors par le haut, où nous ne
trouvâmes aucune trace de dalles de recouvrement.
Tout l'intérieur fut vidé, mais nous ne trouvâmes que d'innom-
brables et minuscules fragments d'ossements humains mélangés, à
tous les niveaux, aux pierrailles de comblement. Il semble qu'on se
trouve là encore en présence d'une sépulture anciennement violée,
sans que les fouilleurs aient pris le même soin qu'aux Divinaudes
pour remettre les ossements en place.
Dimensions des dalles. Côté N.-O. : 2m10 X 0m50 X lm50, et ln,10
X 0m90 X lm50. Côté S.-E. : lm50 X 0m40 X 1"40, et 2^10 X 0m30
X lm45. Côté N.-E. : lm50 X 0m40 X lm50.Côté S.-0.(2 dalles acco-
lées) : lm50x 0m40 X lra40, et lm30 X 0"'35 X 1*45.
Commune de Padirac. — A 500 mètres S.-O. du Puits de Pa-
dirac, deux gros dolmens complètement vidés autour desquels des
amas de pierrailles font présumer qu'ils furent jadis enfouis sous
tumulus.
A 500 mètres X. E., Cayrou de l'Homme Mort, petit dolmen sous
tumulus, formé de dalles dressées de champ peu épaisses, formant
une chambre d'environ 2 mètres de long sur 0m70 de large, entière-
ment vidé.
A 1 kilomètre N.-E., sur le Pech de la Croix d'Hélène, une ving"
taine de très petits monticules de quelques décimètres seulement
de saillie; sept ont été fouillés ; six n'ont donné que des débris insi-
352 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
gnifiants d'ossements humains très friables, mélangés aux pier-
railles, un seul de 4 mètres de diamètre, sur 0m70 de saillie a
donné un squelette en place, tellement friable que rien n'en put être
recueilli
Les ossements, non protégés par une couche importante de terre
ont été dissous par les eaux pluviales de telle sorte qu'au moindre
choc ils tombaient en poussière.
Près de la poitrine, était un rasoir de bronze de 0m07 X 0m06.
Commune de Souillac, le Camp de VHoste. Sur ce terroir, nous
avons fouillé un tumulus de 1 mètre de saillie, 3 mètres de diamètre.
A 0m30 de profondeur, a été trouvée une poterie fragmentée, qui a
pu être reconstituée ; elle est brunâtre, à pâte assez fine, en forme de
coupe de 0m20 de diamètre {Fig . 4) .
Sctnt'.
Fig. 4. — Coupe en terre du Tumulus du Camp de l'Hoste.
Même commune, la Vie Rouge ou Bio Routze. Un tumulus sem-
blable au précédent fut touillé- jadis par Ernest Rupin; il y fut trouvé
des Iragments de cuir encore adhérents à du bronze ; ils sont con-
servés au Musée de Brive.
Même commune, la Tour de Dourzole, dans l'enceinte signalée dans
notre Inventaire du Lot (1). Fragments d'os indéterminables.
Ces trois derniers tumuli sont dans les propriétés de notre ami
Julien Valat.
— Commune de Carennac, tumulus de Magniagues, près de Ylgue
de Magniagues. Fragments d'os insignifiants.
Même Commune, au Noutari, dolmen de 1 mètre de saillie, 4 mè-
tres de long, fouillé depuis longtemps.
— Commune de Lacave, sur \ePech de Lacave, petit dolmen sous
tumulus de lu,80 environ de longueur, formé de petites dalles plates
dressées de champ ; fouillé depuis longtemps.
Commune d'Autoire, au N.-O. et près des maisons du hameau de
Siran, dolmen de 2 mètres de haut, complètement vidé.
Tel est à ce jour le bilan assez maigre de nos recherches dans les
dolmens et tumuli du Lot. Nous espérons pouvoir dans l'avenir re-
tirer de leur étude des documents plus importants.
(1; Inventaire du Lot, n° 53. — Séance du 27 février 1908, p. 79.
30
SÉANCE DU 22 JUIN 1911
Présidence de M. L. COUTIL.
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la dernière
séance [25 Mai 1911]. — Le Procès-verbal est adopté.
A l'occasion du Procès-verbal, diverses notes sont remises sur le
Bureau par MM. S. Clastrier, Jousset de Bellesme, Rouxel,
Pagès-^llary, Stalin, Jacquot, Marcel Baudouin.
Correspondance.
Envoi de Cartes postales préhistoriques. — M. Hauser (Dordogne).
Lettres d'avis de découvertes. — M . Roseville des Grottes.
Erratum. — M. Rouxel, de Cherbourg, à propos de sa communi-
cation sur un atelier de fabrication d'anneaux en lignite à Macqueville
(Manche), rappelle qu'il Ta présentée, le 20 avril 1911, à Caen, au Con-
grès des Sociétés Savantes de Paris et des Départements. — Cette
communication fort intéressante sera imprimée in-extenso dans le vo-
lume du Congrès de Nîmes, auquel elle est destinée.
VIIe Congrès préhistorique de France s
Session de Mîmes [6-1 S août 1911].
M. le Secrétaire Général dépose, dans la salle des séances, des
exemplaires du Programme général du Congrès (Circulaire IV), qui
contient le détail des Excursions et le prix de chacune d'elles. Les
trois excursions finales coûteront respectivement 19 fr., 20 fr., et 23 fr. ;
toutes se feront en Automobiles et seront très faciles.
Il rappelle que le Congrès s'ouvrira, à Nîmes, le Dimanche 6 Août
1911, dans l'après-midi, et que les Excursions seront exclusivement
Préhistoriques, et non pas purement gallo-romaines, comme on s'est
plu à le dire.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRA>ÇAISE. 23
354 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
VIe Congrès préhistorique de France :
Session de Tours (191 0).
Par suite d'un retard, dû à des causes absolument imprévues, le
volume des Comptes-rendus du Congrès de Tours n'a pu être adressé
que ces temps derniers aux membres souscripteurs.
Certes, ce retard est exagéré; mais il est exclusivement dû à l'Impri-
merie. Nous osons espérer qu'il ne se reproduira pas l'année pro-
chaine. — Depuis le 20 juillet, le volume est en vente au prix habituel
de trente Francs.
Protestations adressées à la Société à propos
de la l .oi sur la Liberté des Fouilles.
Les Sociétés, énumérées ci-dessous, nous ont fait parvenir leurs'
protestations (1) :
8o° Société d'Emulation de Montbéliard, — 8i° Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Tarn-et-Garonne. — 820 Société d'Histoire et
d'Archéologie de Valognes. — 83° Société d'Histoire Naturelle du
Doubs. — 84° Société Archéologique du Maine. — 85° Société 'des Amis
des Arts et des Sciences de Tournus (Saône-et-Loire). — 860 Société d'Ému-
lation des Côtes-du-Nord. — 870 Société d'Agriculture, Commerce, Scien-
ces et Arts de la Marne. — 88° Société Archéologique de Bellac : le Dol-
men Club. — 890 Société de Géographie commerciale de Bordeaux. — go°
Société Nivernaise des Lettres, Sciences et Arts. — 91 ° Académie des Scien-
ces, Arts et Belles-Lettres de Caen. — 920 Société Archéologique du Ven-
domois. — g3° Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau. — g4° Comité
Flamand de France. — 96° Société des Antiquairesde Picardie, d'Amiens. —
$6° Société Historiqueet Scientifique des Deux-Sèvres. — 97° Société Scien-
tifique, Historique et Archéologique de la Corrèze. — 980 Société d'His-
toire naturelle et de Palethnologie de la Haute-Marne.
Admission de nouveaux Membres.
Sont proclamés. Membres de la S. P. F, : MM.
Pingault (Camille), Le Grand-Pressigny, Indre-et-Loire.
[Gaurichon. — J. RougéJ.
Société Jerseyaise [M. E. Toulmin Nicolle, Secrétaire],
Jersey (Angleterre). [L Coutil. — M.Baudouin].
L. Brunehant, archéologue, Pommiers (Aisne).
[O. Vauvillé. — A. de Mortillet],
Begouen (Le Comte), château des Espas, par Saint-Girons (Ardèche);
et 16, rue Vélane, Toulouse (Haute-Garonne),
[H. Martin. — E. Hue].
(1) Consulter à ce sujet le Bulletin de la S. P. F. du 22 Dec. 1910 et celui du 23
Février 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 355
Dons îi la Société.
M. Chapelet (Paris) (1). — Vous avez remarqué, Messieurs, comme
moi, les deux superbes photocollographies, qui accompagnent la
communication de M. de Givenchy, notre sympathique secrétaire,
sur l'outillage paléolithique de la terre à briques du Tillet (Seine-et-
Marne). — Ce n'est pas la première fois qu'il gratifie notre Bulletin
de planches semblables, par lesquelles il semble nous mettre, pour
ainsi parler, sa collection en poche. Je suis heureux d'être votre
interprète pour remercier M. de Givenchy et lui exprimer la recon-
naissance de la Société préhistorique Française pour cette nouvelle
libéralité.
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société Préhistorique Française a reçu les
ouvrages suivants :
Commoxt (V.). — Niveaux industriels et fauniques dans les couches
quaternaires de Saint-Acheul et de Mohtières. Niveaux de V Industrie de
Vâge du Renne dans les limons du Nord de la France. Le Moustérien
dans le Nord. — VIe Congrès préhistorique, Tours, 1910, 99-115. —
Tiré à part, 1911, in-8°, 1 p., fig.
Commont (V.). — Note sur les Tufs et les Tourbes de divers âges de
[a vallée de la Somme. Mode de formation et chronologie d'après la
faune et l'industrie que renferment ces dépôts [Extr. des Ann. de la Soc.
de Géol. du Nord, 1910, p. 210-248, 9 nov.]. — Lille, 1910, in-8°.
Commoxt (V.). — Note préliminaire sur les Terrasses fluviatiles de la
vallée de la Somme. Epoque de l'Apparition de l'Homme quaternaire
[Extr. des Annales de la Soc. Géol. du Nord, t. XXXIX, 9 nov. 1910,
p. 185-210]. — Lille, in-8°, 1911, fig.
Commoxt (V.). — Les gisements paléolithiques oTAbbeville [Stratigra-
phie. Faune. Industrie humaine. Situation par rapport aux terrasses flu-
viatiles de la Somme] [Extr. des Annales de la Soc. Géol. du Nord,
1910, p. 249-292, t. XXXIX, 9 nov., Lille, 1911, in-8°, fig.
Marlot (H.). — Les pelotes stomacales des Léporidés [Extr . Bull.
Proc. Verb., Soc. Hist. nat. d'Autun, 1911]. — Autun, in-8°, 4 p.
Coxil (P. A.). — Contribution à l'étude du passage du Moustérien à
PAurignacien en Gironde : Station de la Verrière (Gironde) [Extr. Rev.
Anthropol., 1911, mai n° 5, 182-188]. — Paris, Alcan, 1911, in-8°,
2 figures.
Lewis (A. L.). — On some dolmens of peculiar types in France and.
elsewheve [Extr. Journal of. Roy. Anthr. Int. of great Britt. a Ireland,
1910, XL, 336-348]. — London, 1911, in-4°, fig.
(1) Paroles prononcées à la Séance de Mai 1911.
356 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Franchkt (L.). — Le projet de loi sur les foui/les archéologiques
[Extr. de l'Homme Préhistorique, 1910]. — Paris, in-8°, 1911, 4 p.
Présentations.
A. de Mortillet et Passemard. — Caillou roulé simulant une
hache polie. — Discussion : MM. A. de Paniagua; Ballet.
Albert Gahen (Le Havre). — Pierre à aiguiser en schiste. — Dis-
cussion : MM. Doigneau ; Chapelet.
A. Bertin (Paris). — Silex de Chamigny (S.-et-M.) et Bézu-le-
Guéry (Aisne). — Discussion : MM. A. de Mortillet ; A. Doigneau.
Communications.
0. Desmazières (Segré Maine-et-Loire). — Les haches plates et
l'origine de l'industrie préhistorique du cuivre dans le département de
Maine-et-Loire. — Discussion : MM. L. Coutil, A. de Mortillet,
Ch. Guéneau, L. Franchet, Marcel Baudouin.
L. Coutil (Eure). — Une épingle à hélière de l'âge du Bronze,
trouvée dans la Seine près de Rouen. — Discussion : M. A. de Paniagua.
Dubus (Neufchâtel-en-Braye, S.-L). — Sur l'outillage paléolithique
du Tillet (S.-et-M.).
Clastrier et Icard (Marseille). — Fouille du Camp retranché de la
Cloche au Pas-des- Lanciers (B.-du H.) \ Prise de date].
IL — NOTES ORIGINALES ET DISCUSSIONS.
Une intéressante Pièce de Cbelles.
M. Ph. Reynier (Lizy-sur-Ourcq). — J'ai l'honneur de présen-
ter d'abord une intéressante Pièce de Chelles, trouvée dans la
sablière Bourgeois.
Cette pièce présente certaines particularités de taille, que nous
devons noter; ce petit fait a son importance, car, en examinant
bien les pièces que nous récoltons, principalement dans les gise-
ments non remaniés, nous pouvons nous apercevoir que la taille
diffère pour les unes et les autres, tout en n'étant pas des mêmes
époques.
Ce fait semble s'être produit par suite de la différence des
roches. Ainsi, celle que je présente est un silex du calcaire, que
l'on nomme vulgairement Meulière bâtarde, très commun aux
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 357
environs de Chelles, de Lagny à Dampart .; ce calcaire fournit
une bonne pierre, où se trouvent de beaux blocs de silex, souvent
très rubanés, dont le clivage produit de belles lames; mais il
faut avoir beaucoup de prudence, pour ne pas détruire la forme
que Ion veut donner à la pièce. Ainsi, pour celle que je présente,
l'ouvrier a évité, en connaisseur, toutes les parties qui auraient
pu produire un clivage grossier et qui aurait déformé la pièce et
l'aurait rendu inutilisable.
La partie dont le clivage a pu se faire régulièrement se voit par
une belle taille bien régulière ; il n'en est pas de même de l'autre
partie, où l'on voit une taille grossière.
Ce fait, je l'ai remarqué souvent sur des pièces de Chelles, et
d'ailleurs. Ces simples remarques nous semblent indiquer que les
tailleurs de silex de Chelles avaient une longue habitude de la taille,
et connaissaient bien la matière première qu'ils employaient ! Ce
qui semble bien démontrer que les Hommes qui taillaient les silex
de Chelles n'étaient pas des débutants. D'ailleurs certaines pièces
chelléennes ne sont-elles pas extrêmement fines, et surtout très
fragiles! Il fallait donc que le tailleur fut très habile, pour pouvoir
terminer son outil sans le casser. Sur les pièces de Chelles, nous
ne voyons pas, lors même qu'elle sont grossièrement taillées,
cette hachure ou écrasement, qui forment la taille des Éolithes,
que nous trouvons à Ocquerre et à Vendrest. — Notre Chelléen
était donc déjà un artiste tailleur de pierres !
Au point de vue minéralogique, il est intéressant de remarquer
que presque toutes les pièces trouvées à Chelles sont en silex
local : pas positivement à Chelles, car le sol que forme le terri-
toire de Chelles est composé de diluvium ; mais sur les collines
avoisinantes, où le silex du calcaire de Brie est très commun.
En ce qui concerne le silex du Calcaire de Champigny, qui a
fourni aussi de nombreux et beaux échantillons, on en trouve des
blocs dans leDiluvium; les assises de cette roche sont bien carac-
téristiques sur les bords de la Marne, au tunnel de Chalifert.
Le silex du Calcaire de Champigny est caractérisé par son bril-
lant, qui, étant nouvellement taillé, est extrêmement tranchant',
mais, en restant à l'air, il devient entièrement blanc. J'ai, dans ma
collection, plusieurs pièces de Chelles, qu'à un superficiel exa-
men on pourrait croire taillées dans un bloc de Calcaire !
M. Marcel Baudouin. — J'insiste sur la portée scientifique de
la remarque faite par M. Ph. Reyxier. — Il est bien certain qu'on
a taillé la pierre avantle Chelléen ;il reste à trouver les gisements
des époques Préchelléennes.
358 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Haches plates d'Eure-et-Loir.
[Prise de date],
M. Jousset de Bellesme (Nogent-le-Rotrou). — Il est peut-être
utile de publier le décalque des deux haches plates, de cuivre et de
bronze, de ma collection. — Elles proviennent d'un endroit appelé
Marolles, aux environs de Nogent-le-Rotrou (E.-et-L.).
Fig. 1. — Deux haches plates d'Eure-et-Loir.
Ces pièces ont été évidemment apportées dans le pays du Perche, où
le seul minerai qu'on rencontre est la Limonite, très exploitée à l'épo-
que Halstattienne, et plus tard à l'époque Gallo-romaine, pour l'ob-
tention du Fer.
Leur poids est de 265 grammes pour la hache en cuivre; et de
90 grammes pour la hache en bronze.
Deux. Haches en bronze de la Marne.
M. Ph. Reynier (Lizy-sur-Ourcq). — Je présente deux Haches
enbronze, qui ont été trouvées dans la Marne, près du village de
Tancrou. — Le village de Tancrou fait partie du canton de Lizy-
sur Ourcq, qui en est à 3 kilomètres. En cet endroit, la Marne
forme plusieurs petits îlots, qu'à l'époque préhistorique, on a
dû utiliser pour le passage de la rivière. Plusieurs fois, en dra-
guant près de ces îlots, on a trouvé des objets préhistoriques, soit
en silex, soit en bronze ; les pièces que je présente proviennent
de dragages.
A Jaignes, la Marne forme également plusieurs petits îlots. En
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 359
1837, des ouvriers, employés pour le compte de M. Piquety,
beau-père de notre collègue, M. E. Taté, trouvèrent, en draguant,
à Jaignes, une belle lance, qui fut vendue à un habitant de Jai-
gnes, et par la suite à un brocanteur parisien.
Découverte d'une Hache en silex
dans les Ardennes (1).
M. A. Collaye Signy-l'Abbaye, A.). — J'ai découvert, à Signy-
l' Abbaye Ardennes , lieu dit « La Fosse aux Lions », dans un talus
du chemin de fer départemental de Wasigny à Mézières, une petite
hachette polie, en silex. Elle gisait là au milieu du talus d'une hauteur
de 3 mètres environ. J'ai cherché dans les environs et dans le talus;
je n'ai pas trouvé d'autres objets préhistoriques. Le terrain, en cet
endroit, se compose, comme tout le pays environnant, de bancs ar-
gileux, marneux et calcaire, appartenant à la formation oolithique
du Jura. — On n'y rencontre jamais de Silex. Les fouilles seraient
difficiles; l'eau filtre partout au milieu des pâturages.
On n'a jamais trouvé d'objets de l'âge de la pierre à Signy-l'Ab-
baye. L'endroit, où gisait cette hachette, se trouve, par le chemin de
fer départemental, à une distance de 29 kilom. 700 de la gare de
Mézières. A noter qu'à un kilomètre de là se trouve un petit lac,
d'environ 150 mètres de diamètre, au sommet d'une montagne, sur
la limite des versants de la Meuse et de l'Aisne, à la cote 246.
Aucune source visible ne l'alimente et son niveau reste constant.
Deux meules à broyeurs, trouvées en place
à Vernelle (S.-et-M.).
M. Ph. Reymer (Lizy-sur-Ourcq). — Sur le territoire de Ver-
nelle, hameau de la commune de May-en-Multien, à 200 mètres
du village, se voit plusieurs emplacements de foyers, au centre
d'une station préhistorique. Après un labour profond, j'y ai trouvé
une petite meule, avec son broyeur. La petite meule est un frag-
ment de grès des argiles plastiques, assez commun dans la vallée
de l'Ourcq. Ce qui lui donne bien son caractère de moulin, c'est
la taille en forme de cuvette. Le petit broyeur est un de ces
rognons siliceux, que l'on trouve à la base saumâtre du Calcaire
de Saint-Ouen, et qui sont assez communs sur le territoire de
Lizy-sur-Ourcq.
Il me semble qu'il y aurait certain intérêt à récolter un certain
(1) Séance do 11 Mai 1911.
360 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
nombre de ces petits moulins, car beaucoup ont été utilisés, tout
en étant préhistoriques, par les Gallo-romains. Du reste, à Mairy-
sur-Marne et à Ocquerre, on les trouve sur des emplacements
préhistoriques et romains. Ce sont deux petites meules plates,
intentionnellement taillées ; mais les meules à cuvettes, avec
broyeurs arrondis, sont moins communs. Néammoins, j'ai pu en
réunir une belle série ; quelques-uns de ces petits moulins à
cuvettes sont des sortes de cupules, agrandies par l'usage du frot-
tement d'un broyeur rond.
En Préhistoire, il ne faut rien négliger. Ceux surtout qui,
comme moi, peuvent explorer plusieurs fois et retourner sur les
stations ou ateliers, qui sont renseignés sur la situation géolo-
gique, donnant la composition des roches utilisées pour les pièces
que l'on trouve dans ces stations, rendent les plus grands ser-
vices à la Science. — Je fais actuellement une étude sur la situa-
tion stratigraphique des Eolithes, dans une région qui le prouvera
amplement.
Découverte d'une station romaine dans le Var.
[Prise de date].
M. Bout de Charlemont signale un gisement archéologique,
découvert par lui au sommet de l'Agache, suite de trois mamelons
rocheux situés à l'est des ruines de Tauroenlum et du site actuel
de la Petite Madrague de Saint-Cyr (Var), où il a reconnu un éta-
blissement romain, composé de plusieurs fours à chaux (au moins
une demi-douzaine), aux environs et dans les décombres des-
quels il a recueilli de nombreux débris de grosse poterie de l'épo-
que : fragments de panses, pieds, anses, cols, bords et fonds
d'amphores et de dolia, ainsi que plusieurs morceaux de moulins
en basalte. Sur l'un des sentiers qui mènent au gisement, et dans
l'étendue de celui-ci même, M. Bout a ramassé plusieurs mor-
ceaux de bords de vases, décorés à la barbotine, quelques menus
fragments d'une coupelle campanienne, et deux débris de poterie
grecque.
Il paraît certain que les fouilles en cet endroit donneraient des
résultats fort satisfaisants. M. Bout espère pouvoir s'y adonner
quelque jour. Mais il verrait sans déplaisir tel ou tel de ses con-
frères concourir à ces travaux ; et le propriétaire du site ne se
refuserait sûrement pas à étendre, sur la demande de M. Bout, à
d'autres chercheurs l'autorisation qu'il a bien voulu aimablement
octroyer à ce dernier. C'est en recherchant en ces lieux les traces
d'un établissement ligure ou indigène si l'on aime mieux, qui
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 361
ne peut, d'après notre confrère, ne pas y avoir existé, tant les con-
ditions d'un habitat ancien s'y trouvent, selon lui, réunies, que
M. Bouta été amené à faire la découverte de ce gisement, dont,
nul, dans le pays, n'avait jusqu'alors soupçonné l'existence.
Découverte de Tumuli en Corrèze.
[Prise de date].
M. A. Mczac a noté, sur le territoire de Saint-Privat (Corrèze),
deux tumuli: l'un (parcelle n°298, les Couailles) à un kilomètre du
hameau de la Vergne, ayant été éventré par une tranchée, a mon-
tré un noyau de pierrailles et des cendres; l'autre (n° 480,
Bruyère de la Gane), à 500 mètres au Nord du village duBos, est
intact et a près de 10 mètres de haut et 50 mètres de grand
diamètre.
I.e mot Cro en Préhistoire.
M. Stalix ;de Beauvais, O.). — Nous devons remercier l'éminent
linguiste qu'est M. de Paniagua de l'étymologie, raisonnée et
savante, qu'il nous a fournie du terme Cro dans le dernier Bulletin.
Nous sommes d'accord avec lui, quand il tire des syllabes « Cra,
Cré, Cro » la racine onomatopéique de mots exprimant l'idée de « Pierre,
de dureté, de résistance et même de bruit». L'on trouve évidemment
réunies dans ces syllabes, les sensations d'effort, de pesanteur et de
bruit, provoqués par le soulèvement d'objets lourds.
A l'appui de la thèse si documentée de notre confrère, il est facile
de signaler ici de nombreuses expressions, provenant des mêmes ra-
dicaux et ayant par cela même une identique signification. Nous n'en
donnerons pas la liste intégrale, car cela nous entraînerait trop loin;
et nous tenons à ne pas abuser de la place réservée aux discussions.
1° Radicaux Cra et Cre,avec le sens de pierre, de dureté et de ré-
sistance. En Allemand : Kreide (craie), Kraft ;force) ; En Anglais :
Crag (rocher, roche) ; En latin : Crater (bassin de fontaine), Cra-
terites (pierre précieuse), Crepido piédestal, socle); En Français :
Crépi (enduit).
2° Mêmes radicaux avec le sens de bruit. En Allemand : Kraheln
(gratter), Krazchen (croasser), Kràhen (chanter , Krùhe ; corneille) ;
En anglais: Crash (fracas), to creak (crier), Crimp (cassant , to Croak
croasser), Crow (corneille^, Crush (choc', to Craze (écraser) ; En
latin : Crepitare (crépiter), Crepare (croquer), Crepulus (résonnant1,
Crepundia Sistre ; équivalent du français Crécelle), Crocatio et Cro-
362 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
citus (croassement), Crotalium (castagnette), Cribare (sasser), Cri-
bellare (tamiser, cribler).
3° Radical Cal, avec le sens de dureté et de pierre. En Français :
Calcaire, Calcédoine, Caillou ; En latin : Cala (pierre) ; Calcea
(chaussée empierrée); Calculus (petite pierre, calcul), Callaïs (tur-
quoise); Callere (avoir des durillons), Callis (chemin pour le bétail);
Callimus (pierre d'aigle).
4° Radicaux : Cla, Cli, Clo, dérivés de Cal, avec le sens de bruit, de
dureté, de pierre. En Allemand : Kliiffen (japper), Klammer (cram-
pon), Klangvoll (sonore), Klingen (sonner), Klinge (lame d'épée),
Klieben (fendre), Klimpern (tinter), Klippe(écueil, roc), Kilppschenke
(cabaret borgne, partant bruyant), Klippschule (école enfantine),
Klage (plainte), Kloben (crampon), Klopfer (heurtoir) ; En anglais :
to Clatter (criailler), to Clap (claquer), Clang (cliquetis), Claymore
(glaive, épée), Cliff (falaise, rocher), to Clink (tinter); Clip (soufflet);
En Français : Claquer, Clapet, Clapoter, Clinquaillerie ; En provençal :
Clapier, Clapas, (enceinte ou amas de pierres).
A ces diverses citations il convient d'ajouter quelques termes,
dont l'initiale par un mécanisme connu a remplacé le C. En
Anglais : Glass (verre), Gleek (musique), to Grind (broyer), Gruff
(bourru), Grumbler (grondeur) ; En Allemand : Grabe tombeau) ;
En Français : Grappin, Griffe, Grabat, Gravier, Grès, Granit ; En
latin : Gravis (lourd), Granus (grain), Gladius (glaive), etc.
Beaucoup d'expressions géographiques, commençant par les
syllabes précitées, ont, sans nul doute, la signification de « pierre » ;
mais peut être faudrait-il faire quelques réserves au sujet de cer-
taines d'entre elles. En ce qui concerne le nom de Creil (Oise), lati-
nisé dans les vieux textes Credulium, nous estimons qu'il vient du
gaélique Craig dhu (rocher noir), appellation encore portée par une
commune du Comté de Perth (Ecosse).
M. L. Jacquot (Grenoble). — Auprès de Thonon existe une
cuvette, desséchée depuis peu de temps et dont le sol, encore
tremblant, est formé d'une épaisse couche de tourbe. Un étroit
couloir permet aux eaux pluviales de se déverser dans l'Oucion,
ruisseau qui coule sur la terrasse s'étendant entre le lac et les pre-
mières collines. Une pierre à cupules existe sur la pente orientale
du couloir. L'endroit est appelé par les indigènes Crotte-au-Loup .
Ce nom s'expliquerait par l'étymologie que le Dr Pratbernon
donne aux mots croz et crot, qu'il fait dériver du celtique cro,
boue, ou croosum, crotum, creux, ravin, fossé, lagune, mare.
Quelqu'un peut-il me dire pourquoi on trouve tant de lieux dits
appelés Chante-Louve et Chante-Merle? Il n'y a pas eu plus de
loups que de renards, plus de merles que de pies ou de corbeaux ;
les loups, en tout cas, n'ont jamais passé pour chanter. Ne faut-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 363
il pas voir dans ces noms une corruption de mots celtiques, ayant
un sens tout différent ?
M. Marcel Baudouin. — Cela est bien certain. Mais le mot
d'origine peut être aussi bien ligure que vieux celtique ! — Pour
élucider ces questions, il faut faire d'abord des Vcoabulaires très
soicrués, donnant toutes les étapes historiques des mots; nous
discuterons après.
Discussion sur les Empreintes pédi formes.
M. L. Jacquot. — a) Pieds humains. — Dans l'église de Lans-
le-Villars (Savoie), au pied du col du Mont-Cenis et dans les
environs des superbes Pierres à sculptures de Pisselarent et de
Chantelouve (voir les brochures de M. L. Schaudel), un tableau
représente Jésus en croix. Au pied de la Croix est une pierre,
portant une empreinte de pied.
b) Empreintes de fers de cheval. — En face du château de Blo-
nay, à Grande-Rive (prèsEvian), sur la plage, est un bloc de ro-
che dure, avoisinant une source ferrugineuse. — La légende ra-
conte qu'un baron de Blonay, poursuivi sur la côte Suisse par
des ennemis, leur échappa en lançant son cheval dans le lac.
Monture et cavalier traversèrent, tout bardés d'acier, les quatre
lieues d'eau qui séparent les deux bords du Léman, et vinrent
atterrir auprès du rocher en question. En prenant pied, le che-
val laissa l'empreinte de son fer dans la pierre, où je l'ai vaine-
ment cherchée!
Les fers que représente la figure de l'Exposition M. Baudouin à
Tours sont bien des Fers de Chevaux] ce sont des demi-cercles.
Les prétendues empreintes de la Pierre à Bonnet, dont il a été
question Tan passé, sont des Disques. Il ne peut y avoir de com-
paraison à faire entre les deux types d'excavation.
Note. — Quelqu'un connaît-il la roche du Pied du Roi dans
la forêt de Fontainebleau?
M. M. Baudouin. — Il faut remercier M. L. Jacquot de ces
deux observations, très intéressantes. — Il faudrait faire l'his-
oire de ce Tableau ; cela en vaut la peine. — La Légende du Châ-
teau de Blonay est à rapprocher de celle du Saut de la Pucelle à
Vaudemont (Vosges) ; mais là, comme à Tourronde, les Gravures
de Fers de chevaux [étaient-ce bien des fers, ou des Empreintes
non ferrées ?] sont aujourd'hui détruites. Quoiqu'il en soit, ces
gravures sont préhistoriques [Pierre, Bronze, ou Fer).
364 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A propos du Hochet gallo-arverne.
M. L. Jacquot. — En voyant la Fiçure 1 du Bulletin n° 5 (p. 310),
ma première impression a été que j'étais en présence d'un de
ces dés-toupies à quatre faces, dont chacune porte un chiffre, avec
lesquels, dans mon enfance, nous nous amusions à gagner (ou à
perdre!) des plumes ou de petites images. — J'ai beau m'ingénier,
je ne puis y voir de hochet : l'objet est si petit qu'on le tiendrait
malaisément et qu'un baby serait trop tenté de le mettre dans
sa bouche. Je me rappelle que ma bonne me fabriquait des jouets
semblables avec de la mie de pain : mais ils n'étaient pas creux,
cela va sans dire !
M. Marcel Baudouin. — Je rappelle que l'habitude de faire
des objets de cette sorte en mie de pain existe à Paris comme
dans toute la France.
L.e Chien en Préhistoire.
M. Stanislas Clastrier (Marseille). — « Il y avait les Crapotines
et, à la fin du mois, pendant la Canicule, qu'on considérait comme
une divinité, on sacrifiait à celle-ci des Chiens roux, dans le but
d'épargner des chaleurs trop vives. »
Cette note est copiée dans le journal Le Radical (de Marseille) du
29 juin sous la signature Robert Delys (Art. intitulé : Juillet).
Gravures sur Roches dans in grotte d'Arudy
(Ilassesl'yrénéfs)
[Aurignacien et Magdalénien].
[Prise de date]
M. Roseville des Grottes vient de faire une intéressante décou-
verte dans la Grotte préhistorique d'Espalungue, à Arudy. Il s'agit de
Gravures pariétales, qui se trouvent sur un bloc de rocher dans la
salle dénommée « salon de Rotonde »,côté gauche du milieu. Ces gra-
vures représentent une tête d'auroch, et un cheval à épaisse et longue
crinière. Des membres de la tribu magdalénienne, qui occupaient
très probablement cette caverne, avaient installé, autour de ce gros
bloc tombé de la voûte, un petit atelier de taille, selon l'usage qu'ils
en avaient; et cette surface pierreuse leur servait de table pour poser
leurs outils d'os et de silex. La terre grasse et noirâtre, mélangée de
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 365
charbons, indiquait bien là un foyer. M. Roseville a également
retrouvé dans les débris des fouilles des burins du type d'Aurignac,
des lames de silex à pointe aiguë et des grattoirs-marteaux semblables
à ceux que les abbés Buissonie ont retirés de la « Comba del Boui-
tou », près Brives : ce qui tendrait à indiquer que la caverne fut
d'abord habitée par une tribu de Y Aurignacien supérieur, ayant pré-
cédé les Magdaléniens, artistes graveurs. D'après le Nouv. de Bor-
deaux, 27 mai 1911 .
Coutumes française : l'Inhumation des Mort-nés.
M. Georges Baquié (Nissan, Hérault). — Je viens exposer à mes
collègues de la Société Préhistorique Française une sorte d'usage, ou
de rite peu connu, arrivé traditionnellement jusqu'à nous (peut-être
depuis les temps préhistoriques , et qui va bientôt disparaître de nos
campagnes. C'est encore dans l'Ariège que j'ai pu apprendre ce qui
va suivre. - Dans les campagnes souvent fort reculées, dont des mé-
tairies éloignées, et des hameaux misérables forment souvent une
commune, il n'y a ni docteur, ni sage-femme. Le paysan ne se
soigne qu'à la dernière extrémité, ayant plus de souci de la santé de
ses animaux que de celle de sa famille. Une naissance a lieu à l'im-
proviste: et le nouveau-né paye de sa vie le manque de soin, dont la
mère a été l'objet ; ou bien c'est un monstre, qui lui aussi ne fait que
passer en ce monde.
C'est alors que, par crainte de lame du mort, par respect pour
l'être qui vient de mourir, pour ne pas susciter sa colère, et pour
lui être agréable, qu'on va l'ensevelir pieusement dans une fosse,
creusée sous l'escalier qui conduit à la chambre, pour qu'il reste
toujours dans sa famille, près des vivants.
N'est-ce pas là une curieuse image des temps préhistoriques,
dont les Lois actuelles arrivent avec peine à empêcher l'accomplis-
sement ?
Une épingle à bélière de l'âge du bronze dans les
dragages de la Seine aux. environs de Rouen.
[Prise de date],
M. L. Coutil (Saint-Pierre-du-Vauvray). — A la séance du 22
décembre 1910, nous avons présenté une série d'armes et d'objets,
trouvés dans les dragages de la Seine, aux environs de Rouen,
notamment une longue épingle à bélière, à tète plate et ronde,
avec partie médiane aplatie et ornée de fines lignes formant des
losanges entrecroisés. Nous l'avions rapprochée d'une autre
épingle, reproduite par John Evans, dans son Age du bronze
(p. 399 _ Fig. 457), provenant de l'Irlande; mais nous n'avions pas
366 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
cité une autre épingle reproduite à la page précédente (Fig. 454),
offrant à peu près la même ornementation et mesurant 0m194, au
lieu de 0m27. Son moyen d'attache diffère légèrement ; le renfle-
ment de la partie centrale est percé, au lieu de présenter une
sorte de petite patte. Par une coïncidence bizarre, cette grande
épingle est aussi incurvée ; et M. Francks (que cite J. Evans) a
supposé que cette déformation était intentionnelle; cette épingle
a été trouvée dans la Tamise, à l'embouchure de la rivière
Wandle (comte de Surrey) ; elle ressemble surtout à l'épingle
trouvée à Amiens, de la collection J. Evans.
Cet auteur a cité aussi, page 398, une épingle de même forme,
ornée de la même manière et munie d'une bélière ; elle a été
Fig. 1. —Epingle en bronze avec bélière latérale.
trouvée dans un tumulus des environs deLewes; la tète est large
avec une bosse.
Il cite aussi une autre épingle incurvée à la pointe; la tète
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 367
porte un morceau d'ambre ; sur le côté existe une attache ou
bélière ; elle a été trouvée, dans une mine, près de la rivière
Fowey (p. 397). Certaines épingles germaniques portent aussi
une petite attache sur le côté ; elles sont décrites par Lisch
(Freder Francise, pi. XXIV, 5, 6).
Nous présentons aujourd'hui une autre épingle, différente de
forme et incurvée presque à angle droit, vis-à-vis de la bélière,
d'une manière peu artistique {Fig. 1); mais cette courbure est-elle
intentionnelle? Si elle était redressée, elle mesurerait 0m24 de lon-
gueur; sa tète est massive, ronde, en olive très oblongue, avec
l'extrémité aplatie; elle est ornée de seize filets saillants; sa forme
est également rare. La patine noirâtre nous ferait croire plutôt
qu'elle vient des tourbières, comme les suivantes, que du lit de la
Seine près de Rouen, ainsi que le croit M. Taurin, de Rouen,
qui en est propriétaire. Elle se rapproche surtout d'une épin-
gle trouvée à Arry, canton de Rue (Somme), collection Dimpre à
Abbeville, de celles des Baux-Sainte-Croix (Eure) (1), et aussi de
celles de Plainseau, du Musée d'Amiens, mais qui n'ont pas d'at-
tache latérale. Cette dernière découverte en a fourni deux autres,
avec attache latérale, et de plus petite dimension: l'une unie, l'autre
avec partie annelée et rappellant un peu celle que nous présen-
tons ; elles sont aussi au Musée d'Amiens. Elles ont été reprodui-
tes par M. l'abbé Breuil dans son 4^e du Bronze dans le bassin de
Paris [L Anthropologie, 1907, XVIII, p. 514, Fig,l,2, 3, 7,9 et tO).
Nous avons fait exécuter un croquis par M. Commont de
l'épingle de Plinseau ; elle diffère du dessin de M. l'abbé
Breuil (1). Ces dernières épingles étaient associées avec des
haches à douille et à ailerons : ce qui démontre qu'elles sont de
la fin de l'âge du bronze.
Nous avons tenu à signaler cette grande épingle courbée, de
forme différente, munie aussi d'un petit anneau pour la
fixer. Il est permis de supposer que ces épingles étaient sans
doute destinées au vêtement, qu'elles étaient en outre fixées au
moyen de l'anneau, et constituaient peut-être des fibules primi-
tives, qui précédèrent les fibules à arc orné aussi de côtes paral-
lèles. Nous avons tenu à les grouper pour la première fois et à
provoquer une étude générale de ces parures ; car l'étude de
M. de Saint-Venant, sur les Antiques Epingles a Bélière, est
consacrée à des épingles ayant des attaches au sommet de la
tête, et non sur le côté.
(1) L. Coutil. — L'âge du bronze en Normandie et spécialement dans les départe-
ment* de l'Eure et de la Seine-Inférieure.— 1899, p. 37 et 49, PI. V, Fig. 8 et 9, des
Baux-Sainte-Croix (Eure).
368 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Discussion sur l'Industrie du Cuivre (suite),
M. Stalin (de Beauvais). — Au cours de la discussion termi-
nale de la communication de M. Zaborowski (1), notre collègue,
M. Marcel Baudouin, émettant la théorie d'un Centre vendéen
d'invention et de fabrication de Haches plates en cuivre, énonçait
qu'un seul moule de hache de cette forme, — découvert en Mor-
bihan — , était connu (2) en France. — Mais, pour l'Europe, qu'on
me permette de donner les indications suivantes.
Le Catalogue du Musée national d'Edimbourg (3), publié en
1876, donne, en effet (4), la représentation de deux moules
de haches plates. Le même ouvrage indique, comme existant
à cette époque audit Musée (5), vingt-trois haches plates d'origine
écossaise, et quarante-quatre, provenant d'Irlande. John Evans,
d'autre part, en son Age du bronze (6), signale six moules, trou-
vés en Angleterre et en Irlande; et deux moules, recueillis à
Bodio dans le lac Varède. — 11 s'ensuit donc que les Iles britan-
niques, exportatrices de cuivre dès le premier âge du bronze, —
selon M. Charles Read (7) — possédaient, elles aussi, entre le
nord et l'ouest, un, sinon plusieurs, centres de fabrication de
haches plates, et pouvaient pour cette raison faire également
commerce de ces dernières avec le continent.
M. Marcel Baudouin. — A l'une des dernières séances de
l'Académie des Inscriptions (23 juin), M. le Pr Vasseur (de Mar-
seille), a fait connaître l'existence d'une mine de Cuivre, située
dans les garrigues de l'Hérault, près de Cabrières : mine qui a été
exploitée pendant la période du Bronze. Cette antique exploita-
(1) Bull. Société Préhistorique Française, séance du 23 février 1911, p. 165, et
167.
(3) Catalogue of Antiquities in the National Muséum of Ihe Society of Antiquaries
of Scotland. — Royal Institution Edimburg, 1876.
(4) P. 87.
(5) P. 88-89.
(6) John Evans. — Age du bronze : instruments armes et ornements dé la Grande
Bretagne et de l'Irlande. Traduction W. Battier. — Paris, Baillière, 1882 [p. 467 et
suivantes].
(6) « L'extrême rareté de 1 etain pur et du cuivre, dans les découvertes Scandinaves
« de l'âge du bronze, laisse supposer que le bronze à cette période, était importé.
« L'analyse démontre, en effet, qu'une partie provient de l'Europe Centrale, l'autre
« des Iles britanniques » (British Muséum. A guide to tbe antiquities of the
bronze âge in the Department of British and Medianal Antiquities. London, 1904,
p. 103, g 2).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 369
tion, dénommée « Les neuf Bouches », se trouve vers le sommet
de la hauteur de Bellarade. M. Vasseur a recueilli, à l'entrée et
aux alentours de cette mine : 323 outils primitifs, en pierres très
dures [quartz et quartzites), qui ont servi à concasser et broyer
le minerai [azurite et malachite). Sur le versant méridional de
la colline, on voit, à 600 mètres environ de la mine, quartier de
la Roque-Blanche, une Grotte sépulcrale, renfermant une très
grande quantité d'Ossements humains, associés à des poteries de
t-dge de bronze. L'auteur estime que cette grotte a servi de sépul-
ture aux mineurs de Bellarade ! C'est la première fois, écrit
M. Vasseur, qu'on peut fournir la preuve qu'une mine de Cuivre
a été exploitée, en France, a cette époque.
Qu'on me permette d'ajouter que M. L. Davy a signalé l'exploi-
tation de mines d'Etain en Maine-et-Loire, et qu'on a signalé
une mine de Cuivre à Murs (Maine-et-Loire), comme le répétera
tout à l'heure notre collègue, M. O. Desmazières (1).
M. Pagès-Allary. — Les Haches ! Bien réfléchir, en écrivant,
sur une question de Préhistoire, son avis en peu de mots, résu-
mant les déductions principales, ne suffit pas ; car diverses
idées, pensées ou réflexions, qui restent ainsi muettes,
échappent au lecteur, qui n'a pas l'occasion ou le temps de les
faire, en lisant. C'est pour cela que quelques collègues pourront
me faire la juste observation que signaler une différence, et bien
l'énoncer, « pour le mot Hache », n'est pas suffisamment démons-
tratif.
Il faut, en effet, montrer une distinction de la hache utilisée
par choc, et la hache utilisée par pression : soit la hache propre-
ment dite, et la hache-outil, le tranchet, par exemple. Qui de
nous cependant n'a pas coupé du papier avec le fil d'un tranchet
en pierre, appelé Hache?
Pour raisonner juste, il faut voir juste; c'est le moyen d'avoir
un bon point de départ, pour étudier l'origine du cuivre et du
bronze, actuellement trop basée sur la Forme, et pas assez sur le
fond. Or si, même sur la forme, on confond un marteau avec un
couteau, et que l'on frappe — ou table — avec le couteau en le
considérant comme marteau, il est clair que les conclusions tirées
des formes et des dimensions de ce dernier ne peuvent être ni
bien justes, ni bien nettes pour l'autre !
C'est le cas des déductions, sur la base, unique et vague,
qu'est le mot « Hache », actuellement, en Préhistoire.
Pendant les périodes ou civilisations : Néolithique, Cuivre et
(1) Voir son travail, qui ne pourra paraître qu'ultérieurement, en raison de sa
longueur.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 24
370 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Bronze, il y a, dans les outils appelés « Haches préhistoriques »,
Haches plates surtout :
1° La matière, employée à ces différentes phases ;
2° La forme et les dimensions de cette matière et des divers
coefficients de sa résistance au choc et à l'usure, puis de son état
de présentation et abondance naturelle dans le sol, et enfin celle
de son emmanchement, pour la plus grande commodité de ses
usages et la généralité de ses emplois les plus fréquents ;
3* Mais, avec la technique de fabrication, il y a celle de I'utili-
sation. — C'est la plus importante et la plus caractéristique,
mais c'est aussi la plus négligée.
Si techniquement la forme générale d'un outil préhistorique
tient principalement a la manière dont il est tenu ou emmanché
pour plusieurs usages, paitant de la résistance de la matière
employée, cela ne peut après varier beaucoup, et être, pour les
temps primitifs, qu'un faible moyen de distinction pour nous (1).
Tandis que la forme de la partie utilisée tient et représente bien
l'usage qu'on en faisait.
C'est donc cette dernière qu'il faut examiner surtout, pour avoir
une juste idée de son usage, et donner un nom à l'outil, suivant
sa forme active, l'autre n'étant que passive.
Car, appeler «hache» un tranchet est une erreur, qui s'aggrave
surtout, lorsque, de cette fausse idée, on essaye de tirer des
déductions, d'autant plus i rèj udiciables à la Science préhisto-
rique qu elles sont plus savamment exposées.
Or, si même sans faire de distinction pour le moment des
matières premières employées, Pierre, Cuivre et Bronze, nous
examinons seulement la forme des tranchants exclusivement,
nous voyons de suite les mêmes variations de la partie utilisée
épouser à toutes les époques les mêmes invariables profils, indiffé-
rents à la matière employée ; ce sont les mêmes différents outils
qui confirmèrent que ce sont encore les mêmes besoins, et récipro-
quement.
Donc c'est bien Y usage, et non la substance, qui est le facteur
premier. La preuve, c'est qu'il agit plus tard même sur l'emman-
chement, la monture, et la forme générale, avec les progrès de
la civilisation et technique du travail (2).
(1) Rien ne ressemble plus à une hache plate en cuivre, ancienne, qu'une autre
hache plate en cuivre de nos jours, fabriquée par exemple par les monteurs
mécaniciens, qui ne veulent pas mater un morceau «le fer, sur lequel ils sont obli-
gés de frapper, et qui mettent une lame de cuivre ou plomb entre le fer et le mar-
teau.
(2; A la fin du Bronze, chaque outil épouse une différence de forme, comme nous
le montre bien clairement M. Déchelette lui-même dans son beau Manuel de t910
[Age du Bronze, pages 271-272].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRVNÇÀ1SE 371
En effet (Planche i, 1-2;, si A. B. C. peuvent servir pour buri-
ner, racler ou frapper, a. b. c. peuvent simplement servir pour
découper, sans choc, par simple pression, avec une inclinaison
avant ou arrière, pour couper, en avançant ou en reculant l'outil.
Ce Tranchet est d'un usage tellement général que nous le
voyons employé, même à l'âge du fer [Fig. Fld (1)] par les Gau-
lois de Celles (2) ; et de nos jours dans la demi-lune ou couteau à
Fig. 1. — Analogie de certaines Haches en Pierre, Cuivre et Bronze avec les Tranchets en Fer.
Il
trancher [Fig. M1], qui sert encore à nos bourreliers pour décou-
per le cuir, faire des lanières, et effiler les extrémités avec une
grande facilité.
C'est donc un outil type, qui s'écarte bien de la hache, non
par sa forme générale aux époques qui nous intéressent du Néo-
lithique au début du Cuivre et Bronze ; mais, pour la partie très
courbe et souvent très élargie, augmentant l'effet utile de l'outil, en
(1) F1', F*, F3, sont trois outils en fer du Tnmulus Gaulois de Celles.
(2) J . Pagès-Allarï. — Souv elles observations sur le Tumulus de Celles. —
L'Anthropologie, page 117, Fig. 2, N<> 1, 1905, Tome XVI. — Pagès-AUarv, Déche^
lette et Lauby, id., page 395. N« 3, 1903, T. XIV.
o'ÏS SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
donnant de l'entrée, du mordant, de la direction sure, et conser-
vant au volume du tranchet des proportions que le poids exigeait
ou limitait, pour rester maniable. — Ce qui nous permet de con-
clure que, déjà à l'âge de la pierre, on avait trouvé, sans for-
mule, mais pratiquement, la forme du tranchant, convenant le
mieux pour découper, trancher des peaux, des écorces, etc., faute
de cuivre, etc.. — Et non, comme l'a fait un savant archéologue,
M. Louis Siret (1), une conclusion en faveur de l'extraction
secrète et l'introduction de l'Etain en Espagne-Bretagne, avec
la raison intermédiaire, mais tout aussi risquée, que les Néolithi-
ques ont imité en pierre la Hache de Cuivre ou Bronze, qu'on
leur importait en échange des minerais d'étain, qu'on venait
extraire chez eux, en leur en cachant l'usage et les propriétés. Ce
qui est une idée qui me paraît tout à -fait contraire aux relations
commerciales et de concurrence, à la technique et aux intérêts.,
comme à la simple curiosité des industriels, ou des propriétaires
des minerais exportés !
Ce n'est donc pas davantage un argument vn faveur d'un centre
de départ de l'utilisation du cuivre, ni de la priorité d'utilisation
du cuivre sur le bronze, toujours et partout !
De même que nous constatons des civilisations différentes,
échelonnées suivant l'évolution des pays et des races, nous
devons penser aux inventions de moyens techniques différents,
pour obtenir les mêmes outi/s, devant servir aux mêmes besoins;
et ne pas nous étonner plus qu'ils soient presque de même forme,
que nous nous étonnons d'avoir les mêmes dents humaines, sous
le même soleil !
Le cuivre et bronze ont eu des centres de production et fabri-
cation, partout où on trouve aujourd'hui des moules, même où
on ne trouve plus que des creusets, et où il y a eu abondance de
minerais facilement utilisables, provoquant et facilitant la réin-
vention parfois, à différentes places, en différents pays et époques
ignorées et s'ignorant.
Toute la difficulté de l'industrie du bronze et du cuivre, et ses
secrets de fabrication ou tours de mains, consistent surtout à
savoir construire un four, plus ou moins primitif mais soufflé,
afin d'obtenir la température de fusion, soit 1100 degrés, sur les
creusets contenant le bronze ou le minerai, et résistant à cette
température.
Les tessons de poterie provenant des tuyères et creusets sont
encore, dans ce cas, les plus précieux fossiles indicateurs de cette
industrie, avec les fonds des creusets, contenant encore des traces
du métal même altéré par volatilisation.
(1) Louis Siret. — L'Anthropologie, page 327, N° 3 et 4, 1909, Tome XX.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 37 3
Quelle différence d'assurance scientifique, à côté de celle que
donne la forme, les dimensions et même la nature des haches, en
cuivre ou bronze?
Tout le secret du bronze et du cuivre n'est-il pas dans ta fabrica-
tion du four et creusets, et surtout dans le ventilateur ou soufflet
si variable, encore aujourd'hui, dans les peuplades sauvages des
différents continents?
N'est-il pas intéressant de comparer l'évolution — paraissant
en sens inverse — des deux métaux et des deux alliages les plus
emplovés par l'humanité : Cuivre et Fer; Bronze et Fonte.
On y voit :
1° Le martelage précéder la fusion, dans le problématique et
exceptionnel martelage du cuivre natif, qui n'a pu nous laisser
aucune trace, nous en donnant indiscutablement la certitude,
comme dans la masselotte pâteuse du fer au bois.
2° La fusion des alliages, donnant une date bien nette, et
bien différente d'évolution, de ces deux métaux, par le bronze et
la fonte; comme aujourd'hui par les aciers Bessemer et Martin:
véritables dates auxquelles succèdent celles des aciers très durs
— chromés, au vanadium, et au tungstène — où l'analyse chimique
a tous ses droits, comme dans la poterie après l'émail, c'est-à-
dire à partir seulement du jour où on a pesé et dosé les éléments
de composition, introduits en connaissance de cause; c'est-à-dire
à la fin du créateur et impulsif Empirisme.
Mais, par dessus tout cela, le grand facteur est toujours Y art
du feu, la chaleur; toute la grande évolution sociale se ramène
a l'art d'être, comme aujourd'hui, bon chauffeur, et à se demander
si les circonvolutions cérébrales ne sont pas elles-mêmes soumises
aux vibrations et transformations de la chaleur; donc, si le culte
du Soleil, avec ses symboles du swastika, de la rouelle gauloise,
et de la rosette des Wisigoths, n'est pas la démonstration de la
profondeur des observations de nos ancêtres.
A ces réflexions il faut ajouter qu'il y a des raisons pour que le
CUIVRE SOIT PLUS ABONDANT AUX BORDS DES MERS.
Autant par la plus grande utilisation que par la facilité du
trafic, le cuivre a été de tout temps transporté de préférence aux
bords de la mer, motifs pour qu'on le trouve en plus grande
abondance que dans l'intérieur des terres.
A ma connaissance, pour des raisons chimiques, physiques
et magnétiques, même à notre époque de l'aluminium, du nickel
et des aciers galvanisés, il y a encore une tendance à employer —
donc à retrouver — plus de cuivre rouge aux bords de la mer
qu'à l'intérieur ; dans beaucoup de cas, à cause de Pair humide et
salin.
374 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La marine de guerre et marchande préfère encore, malgré son
prix élevé, le cuivre au fer dans les ports et sur les navires.
1° Il résiste mieux aux oxydations, à l'air, et l'eau salée: il se
ronge moins facilement; aussi, avant la galvanisation du fer, son
usage en était encore plus général.
Les gournables, chevilles rondes et carrées, les doublages
étaient en cuivre, parce que résistant mieux, non seulement que
le fer, le zinc, mais aussi que le laiton, et le bronze, à l'eau de
mer. De sorte qu'aujourd'hui encore, dans certaines maisons du
bord de la mer, on trouve aussi facilement un coin, une barre de
cuivre rouge que de fer ; et certaines cachettes de cuivre volé y
font concurrence aux cachettes des anciens fondeurs.
Telle charnière, serrure ou autre objet en fer à l'intérieur du
continent, est en cuivre au bord de la mer,
2° Il y a aussi à cause de la boussole une petite raison de préfé-
rer le cuivre au fer, sur certaines parties des bateaux où se trou-
vent les compas.
3° Les manipulations fréquentes de la poudre à préserver des
chocs du fer, autant que de l'étincelle de la foudre, exigent aussi
que tous les outils employés soient en cuivre, tout comme dans
certaines fabrications et manipulations de produits chimiques et
alimentaires.
Il n'y a pas bien longtemps que j'ai désillusionné un chercheur,
croyant avoir trouvé des outils ronds et carrés du pur âge du
cuivre, quand ce n'était que la curette, la barre à bourrer, et le
débourroir d'un vieux mineur, de notre siècle probablement.
Assurément boussole et poudre ne sont pas des raisons pré-
historiques ! Mais l'action chimique est de tous les temps ; et, à
elle seule, elle suffit pour expliquer, avec la facilité des trafics,
que le cuivre rouge et différents outils soient plus abondants sur
certains rivages maritimes, sans remonter pour cela à Page du
cuivre. A plus forte raison, quand sur ces rivages l'existence du
minerai est démontrée. Mais il reste encore à trouver, par les
fossiles tessons et outils, V époque de l'exploitation, car les haches
plates en cuivre de toutes les époques se ressemblent beaucoup
par la forme ; et la patine est si souvent enlevée !
D'autre part, le cuivre rouge n'a pas d'époque fixe d'utilisation;
la preuve en est encore donnée par les fouilles des enceintes (1)
de Chastel-Les-Tours, Bredom, La Bastide, où, du xe au xve siècle,
on rencontre beaucoup d'objets en cuivre.
Je crois que la raison de cette, fabrication est dans la plus
grande facilité et solidité de la dorure à la feuille qu'on appliquait
(1) Bulletin S.P.F., 1909-1910.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 375
sur ces objets (1), dorure qui n'est très visible et bien constatable
qu'au moment de la trouvaille ; car, en séchant à l'air, la feuille
d'or tombe de suite, pour laisser dessous une croûte noire bitu-
mineuse qui s'écaille et met à nu la poudre oxydée du métal, qui,
à l'amlyse, ne manquerait pas d'indiquer l'âge du cuivre pur,
mais pas celui de son origine chronologique.
Voilà une cause d'erreur, qui s'ajoute à celle qui consiste à
confondre la production d'une matière première avec quelques
utilisations ou transformations artistiques de cette matière. Le
milieu de l'ouvrier qui a traité le minerai peut difficilement être
celui de l'artiste qui a fabriqué les bijoux et objets finis, qui nous
sont exceptionnellement parvenus, pour une raison toute parti-
culière du respect des sépultures, mais qui ne représentent
qu'une infime partie de la fabrication de cette époque, détruite
par la réutilisation, par fusion.
La similitude du travail de transformation en objets uniformes
et finis est peut-être un argument en faveur d'un centre de
départ de cette fabrication et de l'utilisation des objets ayant sur-
vécus à une époque fixe, mais non sur les origines de la métallur-
gie ou production de la matière première. — Il faut les fossiles
tessons, des tuyères et des moules, des fours, et des galeries d'ex-
traction des minerais.
M. L. Vésignié (Bourges). — Je suis, avec intérêt, dans le Bul-
letin de la S. P. F., l'exposé et la discussion des faits, relatifs aux
Haches en cuivre (1).
Dans le numéro de mars 1911, on signale Pintérèt qu'il y
aurait à être fixé exactement sur les gisements de Cuivre natif en
Europe.
Pour la France au moins, permettez-moi d'attirer votre atten-
tion sur la Minéralogie de la France et de ses Colonies, par le
Pr Lacroix. Cet admirable ouvrage, de science profonde et de pa-
tiente érudition, condense tout ce qui a paru sur les gisements
minéralogiques ou miniers français, tant anciennement connus et
étudiés que récemment découverts, et les décrit tous avec le
plus grand soin. Pour ce qui est des gisements de cuivre natif
étrangers à la France, les ouvrages de minéralogie donnent
d'assez nombreux renseignements.
Je crois qu'il convient, dans les études ou recherches préhis-
toriques, lorsqu'il s'agit de roches, minéraux, minerais ou métaux
natifs se trouvant dans les alluvions, de ne pas perdre de vue
que :
(1) Bulletin S.P.P., p. 267 ; avril 1911, n' 4.
376 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
1° L'érosion pluviale ou torrentielle, les glaciers et les autres
agents qui travaillant de concert à l'abrasion superficielle des
continents, ont démantelé et démoli les chapeaux de faîte de nom-
breux filons métallifères, dont il ne subsiste plus que les parties
profondes, presque exclusivement constituées de sulfures et sul-
fo-arseniures. Les parties les plus résistantes (métaux natifs) de
ces chapeaux de faîte ont été triées et accumulées dans les allu-
vions.
2° Dans un pays depuis très longtemps peuplé, au cours de
nombreux siècles de recherches et d'exploitation, les terrains
d'alluvions, dont la masse est relativement faible, du moins en
leurs parties facilement accessibles, se sont nécessairement
appauvris peu à peu en matières considérées comme précieuses,
depuis le Néolithique : d'abord galets de jade, jadéite, chloromé-
lanile, eclogite et autres roches similaires, et peut-être locale-
ment petits cailloux de Callaïs; puis bientôt pépites et paillettes
d'or, sables et graviers de cassitérite, et masses de cuivre natif.
En résumé, sur un sol habité et exploité depuis aussi long-
temps que celui de la France, la richesse relative des alluvions en
matières précieuses activement recherchées par l'homme a né-
cessairementvarié dans de très larges mesures. Pauvreté actuelle
veut plutôt dire appauvrissement définitif, après de longs siècles
de richesse décroissante! Nous assistons de nos jours à un phé-
nomène analogue, mais à évolution plus rapide : après le prompt
épuisement des placers d'alluvions de l'Australie, de la Califor-
nie et même du Klondike, il a fallu passer à l'extraction de l'or
des filons quartzeux en place !
Il résulte des indications données par le Pr Lacroix que le
cuivre natif se rencontre encore dans le Tarn, les Hautes-Alpes,
et le Var, en masses importantes.
Il est intéressant de noter que, simple coïncidence peut-être,
le vallon de Saint- Véran est relativement voisin de Réallon,
célèbre par sa trouvaille de bronzes larnaudiens.
Enfin, peut-être serait-il utile de signaler aux membres de la
S. P. F., dans cette même Minéralogie de la France du Pr Lacroix,
que tous n'auront pas l'idée de consulter, un passage très inté-
ressant pour les Préhistoriens, au tome IV, paru en 1910, savoir
(page 484), l'étude de la Callaïs néolithique (perles des Monu-
ments mégalithiques), son attribution à l'espèce Variscite (et non
à l'espèce Turquoise), et une intéressante discussion sur son ori-
gine probable.
M. Desailly (Paris). — Il paraît évident que le cuivre natif,
que l'on rencontre encore de nos jours en Hongrie, en Saxe, dans
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 377
les pays Scandinaves, en Cornouailles, etc. , etc., était beaucoup
plus abondant* l'époque préhistorique! — Son aspect, sa couleur,
son éclat, ont attiré l'attention sur lui et provoqué son exploita-
tion et son utilisation. Il est vraisemblable que l'Homme néolithi-
que a d'abord martelé, puis forgé le cuivre natif; mais, comme
celui-ci se trouve souvent cristallisé, il a fallu le fondre, pour
l'utiliser dans cet état.
Cette fusion est aussi difficile à obtenir que la réduction de
certains minerais cuivreux, tels que les carbonates ! — En avan-
çant ce fait, dans une de nos précédentes séances, j'ignorais la
découverte ci-dessous, signalée par les ingénieurs Siret, dans
leur ouvrage intitulé : Les premiers âges du métal dans le Sud-
est de V Espagne (page 213).
MM. Siret, en ouvrant une tombe, renfermant un squelette,
ont mis à découvert des instruments en cuivre ; des moules, des
scories ; un tas de minerai, de 10 kilogr., composé de Carbona-
tes de cuivre, bleu et vert. Sur toute la colline avoisinant la
tombe, des morceaux de ce même minerai étaient dispersés et
mélangés avec des scories, on a vérifié, par l'analyse, que la sco-
rie provenait bien du traitement du minerai, et que le procédé
d'extraction était rudimentaire, car les dites scories renfermaient
encore 12 % de cuivre, alors que le minerai en contenait 20 °/0.
Il faut noter que le minerai en question renfermait 0,08 °/0 tfétain ;
le cuivre obtenu pouvait donc en posséder 0,4 °/0.
On se trouve bien là en présence d'un procédé très primitif,
marquant le début de la métallurgie du Cuivre, le minerai
employé étant un carbonate, dont le traitement était assez simple
(une simple fusion avec du bois).
A propos de l'Outillage paléolithique (Acheuléen)
de lu terre à briques du Xillet.
M. A. Dubus (Neufchâtel-en-Bray . — J'ai lu, avec le plus vif in-
térêt, la communication de notre honoré collègue, M. Paul de
Givenchy, sur l'Outillage paléolithique, trouvé dans la terre à briques
du Tïllet.
Au sujet de l'instrument, désigné sous le numéro 8 de la Planche II,
l'auteur se demande si cette forme ne serait pas accidentelle.
Je n'hésite pas à rassurer notre collègue. Non, cette forme n'est
pas accidentelle : elle est voulue; et elle n'est que l'acheminement à
un outil, dont l'extrémité est taillée en éventail ou arc de cercle.
378 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Dans une note parue en 1902 (1), j'ai figuré, pi. III, sous les nu-
méros 27 et 31, deux instruments semblables au numéro 8 en ques-
tion. J'ai désigné ces pièces sous la dénomination d' « Outils à
biseau » .
Les numéros 21 et 30 de la même planche III peuvent entrer dans
cette catégorie. Le numéro 32 représente un instrument à extrémité
tranchante en forme d'arc de cercle ou éventail.
J'ai désigné ces dernières pièces sous la dénomination de « grands
tranchets ».
Je possède 30 pièces, qui entrent dans cette catégorie. C'est plus
qu'il n'en faut pour affirmer chez l'Acheuléen une intention bien
arrêtée de faire entrer dans son outillage cette forme bien parti-
culière.
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
Objets divers
provenant des sépultures néolithiques
de Montigny-l'Engrain (Aisne) (2).
PAR
O. V AU VILLE (de Paris).
Dans une séance de la Société, j'ai déjà présenté les 21 petits
Tranchets, que voici. L'un d'eux est emmanché dans un bois de
Cervidê; ils proviennent de mes fouilles, faites en 1887 et en
1888, dans les Sépultures néolithiques de Montigny-l'Engrain.
Après ma présentation, une discussion eut lieu sur l'usage de
ces petits instruments. Aujourd'hui, je crois devoir donner des
renseignements et présenter d'autres pièces, qui pourront peut-
être servir à indiquer l'emploi probable des outils en question.
Avant de présenter d'autres objets provenant de Montigny-
l'Engrain, je crois devoir donner quelques renseignements sur
T Allée couverte, fouillée en 1887, et sur les sépultures qu'elle
contenait.
Ce monument funéraire avait une longueur totale de 7m90
(Fig. 1; plan), sur lm30 de profondeur, au dessous du niveau actuel
du sol ; il était entouré par de fortes pierres plates, brutes, dres-
(1) Contribution à l'étude de 1 époque paléolithique des stations de Bléville, La
Mare-aux-Clercs et Frileuse, près Le Havre. — Bulletin de la Société géologique de
Normandie, Tome XXII.
(2) Séance du 23 mars 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 379
sées verticalement, disposées de manière à recevoir d'autres pier-
res plates pour la couverture. Le fond était généralement dallé
avec de petites pierres plates.
Cette partie de 7m90 de longueur, contenait quatre groupes
bien distincts de sépultures, A, B, Cet D Fig. V. de diverses lon-
gueurs (i).
Les pierres de couverture ayant
été enlevées longtemps avant mes
fouilles, les ossements humains
étaient, par ce fait, en mauvais
état de conservation. Malgré cela,
j'ai pu constater que le groupe D
{Fig. 1), de 2 mètres de longueur
sur l^O de largeur, contenait
quatre couches de squelettes, qui
étaient superposés d'une manière
régulière et méthodique ; les pieds
tournés vers le centre dans le
genre représenté par les Figures 2
et 3 (2), la face avant été tournée
vers le bas. Ces quatre couches
comprenaient 48 squelettes, entre
lesquels il y avait fréquemment
de petites pierres plates ; en plus,
il y avait encore au-dessus, vers
le milieu de ce groupe, quatre
squelettes : ce qui en portait le
nombre à 52, compris dans une
aussi faible partie du monument
funéraire.
Vers le centre, en C {Fig. 2 et 3),
se trouvait beaucoup de cendres
et de charbons de bois, provenant
très probablement du feu. fait en
diverses fois pour désinfecter l'en-
droit avant de nouvelles inhuma-
tions . Fig. 1. — L'Allée couverte de Montigny-
T ,^« ». , l'Engrain (Aisne). — Ouverture au
Le rangement méthodique des sud. -pian des sépultures,
squelettes des groupes A, B et G
du plan {Fig. 1) avait été aussi fait dans même genre que celui de
(1) Pour plus de détails, voir Bull, de la Société d' Anthropologie de Paris, vol.
1887, p. 710 et 1885, p. 151.
(2) Les clichés des Figures 1, 2 et 3 appartiennent à la Société <T Anthropologie
de Paris.
380 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
D, indiqué Figures 2 et 3 ; de nombreuses cendres et des char-
bons de bois ont aussi été constatés vers le milieu des groupes
A, BetC.
Ces observations permettent bien de croire que l'Allée couverte
en question a servi pour des Inhumations, qui ont été faites mé-
thodiquement et d'une manière continue, et pendant une assez
longue durée.
Fig. -2. — Disposition des Cadavres au fond de l'Allée couverte [Plan horizontal].
Maintenant, je présente à la Société une bonne partie des
objets divers, que j'ai pu recueillir dans ces fouilles de Montigny-
l'Engrain et qui comprennent :
1° Silex polis et taillés : 4 haches polies entières ; 15 frag-
ments de haches polies; 1 perçoir; une base de forte lance (?);
3 grattoirs ; 5 pointes, diverses; 40 lames ou couteaux, dont un de
0m195 de longueur; 4 retouchoirs; 3 scies; 3 pointes de flèches ;
30 éclats ou pièces diverses ; 53 tranchets.
Ce qui fait 162 pièces en silex.
2° Objets divers. — 4 poinçons en os, variant de 0m112 à
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
381
0mI14 de longueur, ayant été sciés sur de gros ossements;
1 manche en os probablement un deuxième de tranchet); une
pendeloque, formé d'un coquillage percé.
3° Poteries. — Dans les sépultures se trouvaient aussi des
vases en terre, de pâte très grossière, ayant été façonnés à la
main; leur fragilité ne m'a permis d'en conserver qu'un seul bien
intact, il a 0m08 de hauteur ; 0m09 sur (MO de largeur du haut et
0m05 du fond.
11 me parait intéressant de faire remarquer que. sur 53 petits
Tranchets, venant de mes fouilles, on peut constater que 48 ont
Hg. 3. — Coupe verticale
l'Allée Couverte.
le tranchant plus ou moins ébrèchè ; ce fait permet de croire qu'ils
ont pu être utilisés pour décharner des corps, comme l'a dit notre
collègue. M. le Dr M. Baudouin, dans la dernière séance.
Parmi les 4 lames présentées, variant de 0m112 à 0m195 de lon-
gueur, on peut voir que trois ont été très fortement ébrèchèes
sur les deux taillants; on peut donc se demander si ces couteaux
n'ont pas servis pour le même usage que les tranchets!
La découverte des 52 squelettes, trouvés a Montigny-l'Engrain,
dans le groupe D (Fig. i), compris sur 2 mètres de longueur sur
lm78 de largeur, ne serait-elle pas une suite d* inhumations, ayant
été faite après le décharnement des cadavres ?
M. le Dr M. Baudouin. — Il est évident qu'il y a les plus gran-
des analogies entre les objets trouvés dans cette Allée couverte
;t ceux découverts dans la Chambre sépulcrale de Vendrest.
Je constate pourtant qu'à Montigny-l'Engrain existaient des
382 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« vases en terre, en pâte grossière » , et qu'au contraire, à Vendrest,
nous n'avons pas trouvé un seul vase en terre ! — Comme l'a bien
fait depuis longtemps remarquer A. de Mortillet, celte différence
est capitale. J'y ai insisté, moi aussi, au Congrès de Beauvais (1),
à propos des vraies Allées couvertes de l'Oise. J'ai même émis
l'hypothèse que les deux sortes de sépultures ne devaient pas être
comparables, et n'étaient peut-être pas absolument contem-
poraines !
N'ayant pas examiné les ossements de Montigny-l'Engrain, je
ne puis pas dire s'ils ont été, ou non, dècarnisés avant la mise
dans l'Allée, et si celle-ci est bien un Ossuaire. — Je le crois ; mais
je n'en ai pas la preuve.
Une autre analogie à signaler avec Vendrest, c'est l'existence
d'un Dépôt d'Incinérations, au centre même du Monument.
M. Vauvillé y voit des restes de feu, fait dans la grotte ; je ne
puis pas le suivre sur ce terrain. J'ai démontré qu'à Vendrest le
Dépôt d] Incinérations avait été apporté de l'extérieur. — Je con-
clus que l'Allée couverte de Montigny-l'Engrain a d'abord été uti-
lisée comme chambre à dépôt d'incinérations, ainsi que le caveau
de Vendrest.
J'ajoute que l'Allée était ouverte au Sud (Soleil à midi), comme
celle de Trye-Château et de Villers-Saint-Sépulcre ; ceci confirme
la théorie que j'ai émise au Congrès de Beauvais.
>X«v»«M
Une pierre à aiguiser en schiste.
PAR
Albert CAHEN (Le Havre).
Au cours de mes recherches de l'hiver dernier, dans les terres
avoisinant le champ de Courses deFécamp, j'ai recueilli un frag-
ment de schiste, long de 0m12; d'un côté, il présente un biseau
épais de 0m015; l'autre extrémité se termine par une cassure et
n'a que 0m01 d'épaisseur.
L'endroit où cette pièce a été trouvée est situé au haut de la
falaise qui domine Fécamp {altitude 106 mètres). C'est un lieu
très riche, surtout au point de vue de l'industrie néolithique que
l'on y rencontre, caractérisée par de superbes lames, de beaux
grattoirs, des perçoirs, pointes, ciseaux, tranchets, pointes de
flèches triangulaires et à tranchant transversal; quelques frag-
ments de haches polies y ont été également recueillis.
Ce qui m'a engagé tout d'abord à ramasser cet objet, c'est la
nature de la roche dont il est fait : le schiste n existe pas dans la
(1) Voirie volume des C. R. fp. 700].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 383
région; et il faudrait aller bien loin pour en trouver un gisement.
Des fragments de schiste roulés par la mer ayant déjà été pré-
sentés à la Société, je tiens à déclarer que le galet, qui se trouve
au pied des falaises deFécamp, est composé uniquement de silex
et de calcaire. D'ailleurs quelle que soit la provenance de ce
morceau de schiste, il est évident qu'il a été amené, au point où il
a été trouvé, dans un but déterminé.
Si on examine la pièce en question, On remarque que la face
inléricure présente un certain poli, indice de l'usage auquel elle
a pu servir : aussi, je serais assez porté à croire que ce fragment
a pu être utilisé à une époque ancienne, comme pierre à aiguiser.
Je serais désireux de connaître l'avis de mes collègues à ce sujet ;
et je m'estimerais très heureux s'il pouvait en résulter quelques
rapprochements intéressant? avec des objets semblables trouvés
dans d'autre^ localités.
Dans l'ouvrage de M. R. Dussaud sur les Civilisations préhel-
léniques dans le bassin de la mer Egée, il est dit que les « pierres
« à aiguiser en schiste, rares à l'époque du cuivre, sont nom-
« breuses aux époques du bronze, et disparaissent quand arrive
« l'âge du fer ! » Cette remarque peut sans doute s'appliquer à
toutes les régions où le bronze a été en usage; et, comme dans
les environs de Fécamp. plusieurs découvertes d'objets en bronze
ont été faites, peut-être est-il permis de penser que ce fragment
de schiste a pu être utilisé à cette époque.
Les affutoirs en schiste ont été trouvés sur différents points de
la France; en général, ils sont munis d'un trou de suspension.
M. A. Doigneau (Fontainebleau). — Cette pièce semble et
peut-être moderne, voire même récente.
M. Chapelet (Paris). — A propos de la présentation d'une
pierre à aiguiser en schiste, par M. Albert Cahen (Le Havre),
annoncée à l'ordre du jour de la séance du 27 mai 1911, j'ai
apporté, à titre de comparaison, sept affutoirs en schiste, de
dimensions diverses, la plupart percés, provenant de l'Allier et
de Saône-et-Loire.
La pièce présentée par M. Albert Cahen étant plate, sans trou
de suspension, les affutoirs arrondis n'avaient plus qu'un intérêt
secondaire. Du reste ces objets, recueillis le plus souvent à la
surface du sol, ne peuvent être datés d'une manière certaine; et on
peut les attribuer aussi bien à l'époque néolithique qu'à l'époque
du bronze, voire même à des époques plus récentes. Tout au
plus pourrait-on faire quelques distinctions, d'après la manière
iont ils sont perforés. On les considère aussi comme des orne-
ments ou des amulettes, mais sans plus de certitude.
384
SOCIETE PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le Menhir de la Grosse Borne, à Coupvray
(Sei ne-et-Marne) .
PAR
L GIRAUX Saint-Mandé).
Dans une communication faite par M. Ph. Reynier et intitulée
Découverte de fonds de cabanes à Ocquerre (Bulletin S. P. F.,
n° 10, septembre 1910), notre excellent collègue a indiqué qu'un
Menhir se trouvait à la limite des trois communes d'Esbly, de Coup-
vray et de Lesches. — Au cours de différentes excursions que nous
avons fait ensemble dans cette région, nous avons visité ce monu-
ment; et le but de cette communication est d'en donner la des-
cription.
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Ft'g. 1. — Plan cadastbal, indiquant la situation du Menhir. .
Indications topographiques. — Situation. — Le Menhir de la
Grosse Borne est situé sur le territoire delà commune de Coupvray,
canton de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) . Il se trouve sur le
bord du vieux chemin qui va d'Esbly à Lesches et qui aboutit près
de l'église de cette dernière localité. Ce chemin sert de limite aux
territoires des trois communes d'Esbly, de Coupvray et de Lesches.
Le menhir est sur Coupvray et à environ 15 mètres du point limitro-
phe de cette commune avec celle d'Esbly. Il marque donc, pour ainsi
dire, la séparation de ces trois territoires. Si ce menhir n'a pas été
SOCIÉTÉ PRtlIlSTORIQLE FRA>ÇA1SE
385
détruit, c'est grâce à son emploi de borne limite entre ces trois com-
munes, car d'autres menhirs se trouvaient dans le bois des Gollots.
à environ 300 mètres de celui de la Grosse Borne ; et ces derniers
n'existent plus.
La Grosse Borne est située dans la parcelle portant au cadastre le
numéro 791 bis, au lieu dit « Les Gollots » Fig. 1). L'ancien
plan cadastral portait le menhir placé au milieu du chemin ; le nou-
veau plan l'indique au bord de ce chemin, sur le territoire de
Fig.
o i 5
Pian, d'après la carte au 50 GOO*; — Voie d'accès. — Le chemin à suivre est indi-
qué par un pointillé et par des flèches.
Coupvraj'. Le propriétaire actuel du champ, dans lequel il se trouve,
est M. Huisse Denis, de Coupvrazy.
Altitude. — L'altitude du menhir de la Grosse Borne est d'environ
105 mètres. Il se trouve presque à la partie supérieure du coteau,
dont la cote 106 sur la carte de l'Etat-major est indiquée dans le
petit bois des Gollots, au nord-est et à peu de distance du menhir.
Accès. — En partant de la station d'Esbly, si l'on quitte le train de
Paris et allant vers Meaux, ne pas traverser la ligne du chemin de
fer. Prendre face au passage à niveau la route qui monte et qui mène
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 25
386 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
à Trilbardou, en passant par le château de Montigny ; suivre cette
route pendant environ 800 mètres jusqu'au sixième chemin à gauche;
prendre ce chemin qui mène à Lesches et qui aboutit le long de
l'église de ce village; le suivre pendant 550 mètres environ et l'on
rencontre le menhir de la Grosse Borne à gauche de ce chemin.
Comme il se trouve dans un champ cultivé et exactement au bord de
la route, il est donc très facile de l'apercevoir.
La distance à parcourir pour aller de la gare d'Esbly au menhir
est de 1.350 mètres; celle à vol d'oiseau est d'environ 1000 mètres.
Le chemin à parcourir est indiqué sur la carte (figure 2) par un poin-
tillé et par des flèches.
Indications stratigraphiques. — Nature de la Roche. — Le menhir
de la Grosse Borne est formé par un gros bloc de meulière, prove-
nant de l'étage géologique appelé Meulières de Brie. La Fig. 3
■ig. 3. — Coupe géologique du coteau sur lequel est situé le menhir. — Légende : — 1, Sa-
bles moyens (niveau de Beauchamp ; — 2, Calcaire de Saint-Ouen ; — 3, Gypse; — 4, Ar-
giles vertes; — 5, Calcaire et Meulières de Brie.
donne la coupe géologique du coteau, prise à partir de la voie du
chemin de fer. A la partie inférieure se trouve une couche assez
épaisse appartenant aux Sables Moyens, niveau de Beauchamps(l), non
fossilifères à cet endroit, mais parfaitement caractéristiques par leur
composition; au-dessus vient le Calcaire de Saint-Ouen (2), repré-
senté par une formation de plusieurs mètres d'épaisseur; le Gypse (3)
et les Argiles vertes (4), qui paraissent au-dessus, ne nous montrent
en cet endroit que des couches peu importantes; enfin, le sommet
du coteau est formé par le Calcaire et les Meulières de Brie (5 . Cette
dernière formation couronne tout le plateau et elle était assez im-
portante pour avoir permis d'en faire autrefois l'exploitation. Le gros
bloc employé pour le menhir provient de cette formation des Meu-
lières de Brie.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
387
1^
I
v 1
cS
4
388 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Description. — Le Menhir, ainsi que je l'ai indiqué plus haut, est
érigé sur le bord du champ. Son orientation est Sud-sud-est. La
roche le constituant étant une meulière assez compacte, il présente
sur toute sa surface les petites cavités caractéristiques, que l'on ren-
contre toujours dans cette roche. La forme est irrégulière ; et elle
diffère sensiblement sur chacune de ses faces.
Sur la ligne Sud, sa surface est légèrement bombée. Les dimen-
sions relevées sur cette ligne sont les suivantes :
Largeur, à la base. lm85
Hauteur lm35
En faisant face à cette ligne, sur la partie gauche et à lm20 du sol,
il s'infléchit brusquement et forme une partie plus plate ayant lm15
de longueur.
Ligne Ouest. — On remarque que la disposition du menhir incline
légèrement sur la ligne sud. Cette face est plus plate que la précé-
dente ; son épaisseur, à peu près régulière, est deOm70 environ.
Ligne Nord. — C'est cette face du menhir qui se trouve sur le bord
du chemin; elle est plus plate que la face opposée. Sa largeur à la
base est de lm55 et vers le milieu, elle atteint lm65.
Ligne Est. — Ce côté au menhir est à peu près vertical jusqu'à
lm20 du sol ; à partir de cette hauteur, il s'incline brusquement jus-
qu'au sommet. Son épaisseur à la base est de 0m70 et au sommet de
0m65.
Primitivement, le menhir émergeait du sol d'une plus grande hau-
teur. Par suite des travaux de la culture, on a fait autour des apports
de terre ; mais, en examinant le plan des champs environnants, on
peut évaluera 0m50 l'épaisseur de ces apports. En tenant compte de
cela, on peut donc indiquer comme probables les dimensions sui-
vantes :
Hauteur lm80
Largeur lm85
Epaisseur. 0m65 à 0n'70
La Fig. 4 ci-jointe donne les dessins des quatre faces du menhir,
d'après des photographies cardinales et équidistantes sur les lignes
Nord, Est, Sud et Ouest, prises à quatre mètres du monument.
Trouvailles. — Il n'a pas été recueilli d'industrie lithique aux
abords immédiats du menhir; mais un important atelier se trouve à
quelques centaines de mètres de là, au lieu dit : Les Chauds Soleils.
Ph. Reynier et moi-même y avons fait de fructueuses et d'impor-
tantes récoltes de silex taillés, que nous nous proposons de décrire
dans un prochain mémoire.
Autres monuments. — Le Menhir de la Grosse Borne se trouvait
presque à égale distance de deux Tumulus.— -Le premier se trouvait à
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 389
environ cent mètres de la gare d'Esbly à gauche, et sur le bord de
la route menant au Château de Montigny ; il a été découvert par
M. Ph. Reynier en 1888; il a pu en recueillir deux haches polies
et deux couteaux ; le propriétaire a empêché de continuer les re-
cherches ; le turaulus n'existe plus ; il a été détruit lors de la cons-
truction d'une maison. — Le second est celui de Montigny, qui a
étéfouillé par M. Emile Collin,qui en a retiré une très grande quan-
tité de haches polies et d'autres objets.
Légendes. — Les gens du pays désignent le Menhir sous le nom de
la Grosse Borne des Gollots, et sous celui de X Armoire de Condé-
Sainte-Libiaire. Nous avons recueilli la légende suivante, se rappor-
tant à cette dernière dénomination. Cette légende dit qu'une domes-
tique, dont les maîtres habitaient la localité de Condé-Sainte-
Libiaire, distante de quelques kilomètres du menhir, les avait volés,
et qu'elle était venue cacher le produit de son larcin au pied de la
Grosse Borne ; de là, ce nom de Y Armoire de Condé-Sainte-Libiaire .
M. Marcel Baudouin. — En effet, souvent, on trouve des Menhirs
à la limite de deux ou trois communes. On en a conclu, bien à tort,
qu'on les avait érigés là, pour servir de limites : d'où le nom de
Bornes qu'on leur a donné ! — En réalité, c'était le raisonnement
inverse qu'il fallait faire : On a placé là les limites des Communes,
uniquement parce qu'il y avait déjà un Menhir, lequel pouvait servir
en effet de borne. — On a donc, en l'espèce, mis la charrue avant
les bœufs, puisque, n'est-il pas vrai, les Menhirs sont antérieurs aux
divisions de la France par communes, et même paroisses !
La légende de Y Armoire est d'explication facile. — En effet, quand
on cache quelque chose en rase campagne, on le fait le plus souvent
en un endroit facile à retrouver : le pied d'un arbre ; le bord d'un
terrier trésors modernes enfouis ; le pied d un Menhir !
Or, il a existé des Cachettes, néolithiques et du Bronze, faites au
pied des Menhirs, grâce à ce processus psychologique. Les paysans,
jadis, les ont découvertes. Donc, le Menhir était une... Armoire.
C'est là l'origine de la légende des 7 résors cachés au pied des
Menhirs.
Il est probable que ce Menhir était Y indicateur du Tumulus, décou-
vert par M. Reynier, et détruit. En effet, la ligne de direction,
d'après M. Giraux, est le Sud-Sud-Est. Or, c'est au Sud-Sud-Est du
Menhir [c'est-à-dire à gauche de la gare d'Esbly (Fig. 2j] que se
trouvait cette sépulture!
390 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A propos delà décoration an champ-levé,
ou par excision,
d'une poterie préhistorique provençale.
Par le D'
A. GUÉBHARD (Saint- Vallier-de~Thiey, A..M.) (1).
Dans un magnifique envoi d'objets, provenant des grottes de la
région du Gardon (arrondissement d'Uzès) que m'a fait gracieu-
sement M. J. Deleuze, et que j'ai été heureux de remettre à la Société
(B.S.P.F., t. VIL p. 608), un important tesson, provenant de la
Grotte Nicolas, est particulièrement remarquable par sa presque
identité avec un beau plat de la même région figuré par Ulysse
Pumas (B.S.P.F., VII, 1910, p. 133, Fig. 3, n°s3-4), et par une orne-
mentation, qui, quoique bien connue, n'est exactement désignée par
aucun des termes habituellement usités dans le langage courant.
C'est uniquement sur cette question de terminologie que je viens
dire deux mots, laissant à M. le Pr G. Vasseur, que je vis, à Mar-
seille, il y a bien des années, en train de reconstituer un vase admi-
rable, tout entier, de cette même céramique, la priorité à laquelle il
a droit, pour traiter de tout ce qui la concerne infiniment mieux que
je ne saurais le faire.
De pâte brun-chocolat, fortement mêlée de très fins éléments cris-
tallins, cette poterie a passé par la cuisson au rouge brique sur ses
deux faces, enduites d'un engobe brun, soigneusement lissé. Ce qui
la caractérise, c'est sa riche ornementation géométrique, qui au lieu
de tirer son effet du creux des traits eux-mêmes, la demande surtout
aux reliefs des étroites plates-bandes laissées en réserve par de lar-
ges enlèvements de substance pratiqués dans la surface molle. Le
dessin est donc formé par les lignes respectées de l'ancienne surface
elle-même, en petits rubans d'une largeur assez régulière de deux à
trois millimètres, dont quelques-uns, horizontaux, font simplement
tout le tour du vase, les autres, entre deux, zigzaguent en dents de
loups, d'autres enfin cèdent la place, de temps à autre, à des sortes
de damiers de petits rectangles en chicane, alternativement en creux
ou en réserve, du plus joli effet (Fig. 1). Même la grande étoile à
cinq branches qui orne à l'intérieur le fond du plat, est constituée
par des réserves de rubans rectilignes un peu plus larges que les
autres, saillant, en plateau lisse, entre deux fossés creux.
La netteté de délimitation des réserves, évidemment tracées à
l'avance, par un premier travail de gravure, contraste avec l'irrégula-
rité des fonds de creux, dont chacun laisse voir les empreintes répé-
(1) Séance du 26 Janvier 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
391
392 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tées du burin à pointe largement triangulaire qui, enfoncé oblique-
ment, puis relevé par un mouvement de levier, enlevait par un arra-
chement irrégulier la portion du champ à lever. Nulle tentative n'a
été faite pour régulariser, lisser ces fonds, et tout fait penser, quoique
rien n'en apparaisse sur nos échantillons, qu'il ne s'agissait nulle-
ment d'une négligence mais d'un dessein bien intentionnel, afin de
pouvoir retenir ultérieurement quelque pâte claire de matière colorée
destinée à rehausser le remarquable motif du dessin sombre réservé,
et à transformer la poterie excisée en poterie incrustée, comme fai-
saient déjà les néolithiques pour la superbe poterie incisée ou estam-
pée dont Grossgartach par exemple a fourni de multiples échantil-
tillons (1).
Sans nous appesantir sur cette hypothèse, ni discuter l'âge halls-
tattien qu'Ulysse Dumas attribuait, pour le Gard, à cette poterie (2),
il nous faut bien noter cependant que c'est au Bronze II et III que,
presque partout ailleurs (3), ont été rapportées les analogues (4). Il
est vrai que, presque partout aussi, le même effet était demandé à
un procédé quasiment inverse, celui de Y estampage , aidé seulement
de l'excision, comme ressource complémentaire, pour la retouche
des grands creux, où le refoulement par pression d'une trop grande
masse de terre aurait amené des déformations, des bavures. C'est ce
que l'on constate avec évidence sur les échantillons de Vilhonneur
(Charente) provenant de l'ancienne collection de l'abbé Bourgeois (5),
visibles au musée de Sèvres (vitrine 7 bis), où la décoration mêle
aux dents de loup orthogones et aux damiers dessinés par poinçon-
nage, d'autres impressions, circulaires ou ovales, ces dernières obte-
nues évidemment avec quelque dent d'animal aplatie, à deux cus-
(1) A. Schliz. Das steinzeitliche Dorf Grossgartach. seine Kultur, u. die spàtere
vorgeschihiliche Besiedelung der Gegend, gr. in-4% 52 p. 24 fig., XII pi., 1 carte.
Stuttgart, 1901.
(2) V. Dumas. Des temps intermédiaires entre la pierre polie et l'époque romaine,
B.S.P.F., t. VII, 1910, p. 122-136 et 186-200, 6 fig. (v. p. 133, fig. 3 n"3-4 et fig.
5 n" 1, fig. 2 n" 3-4).
Nous avons dit (B. S. P. F., VII, 1910, p. 198) comment il nous semblait que
la nomenclature de V. Dumas avait 1 apparence de rajeunir parfois un peu trop
la céramique du Gard ; mais tout élément personnel nous fait défaut pour discuter
en ce cas-ci l'opinion d'un excellent observateur, qui doit garder tout son poids.
(3) Joseph Déchelette. Manuel, t. II, 1910, p. 379.
(4) M. G. Chauvet [Poteries préhistoriques à ornements géométriques, en creux
{Vallée de la Charente), G. R. Gongr. internat. d'Anthr. et Archéol. préhist., XIIe
session, Paris, 1900, p. 371-390, fig. 722, pi. V) a figuré de remarquables exemples
et donné une bibliographie abondante où, cependant, paraissent mêlés au cas
très spécial que nous nous appliquons précisément à distinguer, d'autres qui ren-
traient mieux dans l'intitulé large choisi par l'auteur que dans notre étroite donnée.
(5) Abbé Bourgeois. Grotte sépulcrale néolithique de Vilhonneur, Matériaux,
XII, 1877, p. 150 et XIII, 1878, p. 49-56, fig. 29-36. — Abbé G. Delaunay. Une
station de l'âge du Bronze à Vilhonneur (Charente). Matériaux. XIII, 1878, p. 299-
305, fig. 202-222 (v. p. 305). — G. de Mortillkt, Habitations de Page du
Bronze. Terramares. Rev. Ecole Anthrop., IV, 1894, p. 33-45, fig. 4-11 (v. p. 34,
fig. 4-5).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 393
pides, dont l'empreinte se trouve partout répétée au fond des trous.
C'est uniquement par impression que semblent avoir été obtenues,
sur des poteries de la collection De Baye, au musée de Saint-Ger-
main n - 53386 les doubles lignes de fossettes triangulaires alter-
nantes qui dessinent des rubans, obliques par rapport au rebord,
paraissant rayonner autour d'un centre (1). Le procédé de l'exci-
sion semble mêlé à l'autre dans les poteries des tumuli de la forêt de
Hagueneau, collection Messel, au même musée, et dans presque tou-
tes les poteries similaires décrites par les auteurs allemands ou suis-
ses 2 . Même dans le Gard, M. Siméon Lhermite ifrère Sallustien
Joseph) a recueilli dans la grotte Saint- Vérédème (3) d'importants
fragments où le décor pointillé par estampage, se mêle aux triangles
creux, dont la netteté de contours ne peut guère être due qu'à l'excision
et non au simple poinçonnement de la pâte. Enfin un beau spécimen
de Dions, dans la même région (4), est exactement du même décor, à
damiers et zigzags, que l'échantillon de la grotte Nicolas.
(1) H. Hubert, Lapoterie de l'âge du Bronze et de l'époque du Hallslatt dans la
collection de Baye, Rev. prébist., J910, p. 104-115. 35 fig. (v. p. 104, fig. 26).
• (2) Dr F. Keller, Die Pfahibauten in-u. uni Zurich, Indic. d'antiq. suisses, II,
1872-1875, p. 345-354 (v. p. 352 et pi. XXXIII, 15). — J. Heierli, Pfahibauten,
IX. Ber.. Mitt. d. antiq. Ges. in Zurich. XXII, 1886, p. 33-98, XXI pi. (1888.
(v. pi. IX. 10; décor réduit aux bandes de fossettes triangulaires opposées et
alternantes, comme sur la poterie du Baron de Baye). — A. Hedinger, Xette kel
tische Ausgrabungen au/ der schwabischen Alb [1900 u. 1901). Archiv f. Anthrop.
1902, p. 185-199, 23 fig. v. p. 196, fig. 21-23, décors complexes, auxquels se mêle
jusqu'à la ligne d'ondes ; à remarquer sur un fond de vase, pourtant assez profond,
un décor pétuloïde à cinq branches, comme notre étoile), — Dr Julius Naue, Die
Bronzezeit in Oberbayern, in-4% 292 p., 163 fig. et atlas de 49 pi., 1 carte. Muxchex,
1894 (v. pi. XL VII, 1 et p. 21, 223, etc., où se mêlent au ruban zigzagué dessiné par
les intervalles des empreintes triangulaires, les petits cercles ocellés, imprimés
avec point central ; etc.). — Lindenschmit, Die Atterthiimer unserer heidnischen
Vorzeit, Bd. I, 1808, Hft. IV, Taf. 5, fig. 9 (vase médiéval, uniquement décoré de
bandes de zigzags, déterminées par le poinçonnage de petits triangles, mais d'un
effet bien moins réussi que notre décor préhistorique où des rubans continus et
des damiers varient la combinaison) ; Hft. XII, Taf. III, fig. 4, 12: Bd. III, 1890,
Hft. X, Taf. 2, fig. 9. etc. — K. Schumacher, Thongefâsse d. Bronze-u. Hallstattzeit,
mit Stempel-, Schnitz- u. Kerbschnit-Verzierung, AltertUmer unserer heidnischen
Vorzeit, t. V, vi, pi. 32 et 40, fig. 166, p. 176-180. Il ne s'agit, évidemment, pres-
que partout, dans ces belles poteries allemandes que de décor au poinçon. Mais les
vases entiers représentés par les figures 544 et 557, ou l'on voit les bandes d'or-
nements courant sur la partie rebondie de la panse se relever gracieusement pour
venir s'accrocher à l'anse unique, attachée un peu au-dessus du col, nous expli-
quent le singulier contournement observable sur notre tesson fig. 2, qui n'ast
point du tout un rebord, mais aurait dû être figuré avec la partie ornementée
horizontale, en bas. — Le même auteur (Funde ans de' Période der neolitischen
Zonenkeramik. AltertUmer, Bd. V, pi. 61, fig. 1091, 1103), donne des figures de
vases néolithiques campaniformes, montrant la même ligne de zig-zags en réserve,
au milieu de triangles en creux, que nous retrouvons, à état de mode généralisée,
aux époques ultérieures.
(3) Frère Sallustien Joseph. La grotte néolithique de Saint- Vérédème. Mém.
Acad. de Nîmes, t. XXVII, 1904, p. 1-36, VIII pi. (v. pi. VIII, et p. 32).
(4) A. de Mortillet. La Grotte de Baume-Longue, près de Dions (Gard).
L'Homme préhistorique, 1903, p. 336-339, Fig. 64-5 (V. Fig. 65).
394 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les deux procédés sont donc, bien évidemment, connexes. Mais
est-ce une raison pour ne pas les distinguer? Il nous semble que
l'expression d'incisions profondes qu'emploie M. Déchelette demeure
insuffisante, même éclairée par le détail de la description, qui
montre « le décor profondément gravé dans la pâte, soit au moyen
d'entailles, soit par estampage; la panse ainsi creusée d'alvéoles
profondes, destinées le plus souvent, semble-t-il, à recevoir des
incrustations de matière blanche. « Cette expression d' « incisions
profondes » peut s'appliquer, en effet, tout aussi bien, si ce n'est
mieux, aux dessins de notre Fig. 3 ou de la Fig. 148, p. 378, de
M. Déchelette, où la pointe d'un instrument soit aigu, soit mousse,
opérant avec une pression assez forte pour refouler largement, si ce
n'est arracher, la substance, a dessiné en profonds sillons, dans l'ar-
gile molle, des combinaisons de lignes, droites ou courbes, souvent
d'un très bel effet. C'est évidemment à une sorte de coupure de la sur-
face molle qu'est due ce genre de dessin, exécuté visiblement toujours
d'une main hâtive autant que sûre. Aussi est-ce à ce décor là que
nous voudrions que fût réservée la qualification de décor incisé, et
cela, sans épithète, car, dès que ïincision cesse d'être (relativement)
profonde, elle devient une pure égratignuré, une gravure, au sens
strict du mot, qui implique une sorte de résistance du substratum,
et conséquemment de finessse du trait, sans enlèvement sensible de
matière, obtenant l'effet par un contraste décoloration plutôt que de
relief.
Un joli exemple de ce cas est fourni par un autre tesson de
M. Deleuze {Fig. 4), dont M. Henri Martin a eu l'obligeance de faire
un bel agrandissement, réduit ici à environ 4/3. L'effet décoratif a été
obtenu par simples éraflures au moyen d'une pointe très fine, grat-
tant la pellicule lustrée d'engobe noir brillant, sur lequel les traits
se détachent en clair. Il est certain que la gravure, dans ce sens
étroit, ne pouvait guère être exécutée que sur la poterie déjà cuite, ou
à demi séchée pour la cuisson. Pourquoi donc confondrait-on parles
mots deux choses aussi différentes ?
Quant à la poterie si spéciale et si remarquable qui a fourni le
sujet de cette note, puisqu'elle ne doit son originalité qu'à Yexcision
de substance, qui suit toujours soit un large estampage, soit un pre-
mier tracé gravé à la pointe, ou incisé avec une lame tranchante, pour-
quoi ne pas la caractériser du nom de poterie excisée, ce mot pouvant
s'ajouter comme épithète, aux deux autres sans contradiction, pour
préciser et peindre le mode opératoire? Il est certain, par exemple,
que les petits damiers de notre échantillon (Fig. 1) ont été d'abord
dessinés par gravure, puis achevés par excisure. Quant aux longues
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 395
lignes droites jumelles des branches de l'étoile pentagonale qui
décore l'intérieur du fond, elles ont dû être l'objet, chacune, d'abord
d'une ou deux incisions linéaires, puis d'excisions de proche en proche
pour creuser latéralement les deux petits canivaux jumaux mettant
la ligne en relief, même sans incrustations.
Sans doute serait-il excessif d'appeler excisé le décor lui-même,
puisque ce n'est pas la partie enlevée, mais bien celle qui reste qui
fournit dorénavant les lignes ornementales. Mais il y a, pour cela,
une expression technique consacrée : celle de champ-levé, qui rap-
pelle, sans parler de l'art musulman (1), maints procédés divers,
actuellement en usage, et que j'ai souvenance, moi-même, d'avoir
vu pratiquer par des pâtres provençaux, pour décorer, à la pointe
du couteau, avec des motifs tout à fait semblables, des buis qu'ils
sculptent comme passe-temps dans leur solitude.
En somme, les mots ne font pas défaut; et c'est seulement sur la
manière de s'en servir que je me permets d'ergoter.
« Une bonne langue, a dit Condillac, fait une bonne science. »
De bonnes figures en disent plus que toutes les définitions; et il
suffira de regarder celles que je dois à l'habile objectif de mon ami
Henri Martin, pour saisir la différence que je voudrais voir s'éta-
blir une bonne fois entre la poterie gravée Fig. 4), incisée
(Fig. 3), et excisée {Fig. 1 et 2).
(1) J'ai eu en mains, autrefois, des objets en forme de petits coquetiers supports
de tasses à café arabes), en terre brun chocolat, à peine un peu plus rouge et mieux
cuite que la préhistorique, provenant, m'avait-on dit, du Dahomey, et dont tout le
décor paraissait dû à un procédé identique, combinaison d'estampage et d'exci-
sion, mais sans lignes droites, donnant pour résultante une zone de grandes
palmctles découpées en réserve, surchargées d'autres petites poinçonnées.
Dans la collection Capitan se trouve une pièce zoomorphe (gratte-pieds arabe
des Siouts), représentant un crocodile stylisé, dont toute la décoration est obtenue
par excision. Au musée du Trocadéro, les bois sculptés de la Côte d'Ivoire mon-
trent le même motif de damiers et triangles rectangles isocèles que notre poterie
du Gard. Enfin une bonne partie de la poterie péruvienne (on en voit des modèles
aussi à Sèvres : par exemple, vitr. 8, silvadores n° 3688) est décorée au champ
levé ; mais ici les réserves représentent des sujets compliqués souvent anthropo-
morphes et les larges plages du fond sont travaillées elles-mêmes au piqueté de
manière à faire ressortir l'éclat brillant des réserves foncées sur un sablé mat plus
clair. Cela n'a plus rien de commun avec nos excisions géométriques, bien plus pro-
fondes, plus monotones et moins étendues.
396
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Sur une particularité remarquable *ie certaine»
épingles de hrouze dite» « à Collerette» » .
Par'li- Dr
A. GUÉBHARD (Paris).
A l'occasion de la présentation faite à la Société Préhistorique
Française (Séance du 23 juin 1910, B. S. P. F., t. VIL p. 317) d'ob-
jets de bronze provenant dune cachette de colporteur des Alpes-
Maritimes, j'eus la curiosité de faire quelques recherches au sujet
Fig. 1. — Echelle : 21/20. — Tète d'épingle, en bronze, de Clans (Alp.-Marit.).
d'une épingle, du type, peu commun, dit « à collerettes », représenté
Fig. 1. Et tout en constatant le petit nombre d'exemples réellement
similaires, tous fournis parla vallée du Rhône ou ses prolongements
vers la Seine ou l'Helvétie (1), je fus amené tout de suite à distinguer
de ce type, formé de disques minces et plats, espacés à distances
Fig. 2 et 3. —Echelle : 1/1.— Tête d'épingle en bronze, de Vers (Gard), et Bouton, à collerette
non crénelée, de Meyrannes (Gard) [Clichés Mingaud].
égales, comme nos modernes ailettes de radiateur, sur un renflement
fusiforme de l'axe, un autre type {Fig. 2, 3), présentant bien, à l'exté-
rieur, un profil le plus souvent fusiforme, constitué par les tranches
horizontales de collerettes minces équidistantes, mais celles-ci atta-
(1) Voir ma notice au volume du Congrès Préhist. {Vf Session, Tours, 1911),
p. 733-747, 2 pi.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 397
chées en simples crêtes équatoriales sur le pourtour de boutons mas-
sifs dont les corps épais, traversés en brochette par l'axe, y sem-
blaient comme empilés les uns sur les autres.
La variation de diamètre des boutons, ordinairement calculée
pour donner une sorte de poignée renflée et non un cylindre à
génératrice droite, eût d'autant moins porté à imaginer qu'il s'agit de
pièces séparées, réellement enfilées sur l'axe, que, dans l'autre type,
il ne pouvait y avoir de doute sur la fonte d'un seul jet (1). Pour-
quoi eût-on supposé ces épingles faites par un autre procédé, un pro-
cédé plus compliqué, que le grand nombre de celles qui présentent en
dessous de la tête de simples annelures, plus ou moins saillantes,
plus ou moins serrées ou espacées, mais évidemment parentes, —
ancêtres, peut-être — des collerettes, quoique à tort confondues avec
celles-ci, dont elles n'ont ni l'aspect laminaire, ni les bords tran-
chants, annelures qui, sauf peut-être la retouche des bords, sont
évidemment dues à un seul jet de fonte?
Rien dans les dessins — naturellement, — mais rien, non plus,
dans lestâtes courants, monographies locales ou traités généraux,
rien dans les collections, où l'oxydation a trop souvent joué son rôle
cohéreur, ne permettait de soupçonner le curieux détail sur la piste
duquel me mit — fait assez rare pour être cité! — le libellé d'une
bonne étiquette du Musée d'Annecy, transmis obligeamment, dans son
intégralité, — à cause de sa singularité même, s'appliquant à de vul-
gaires moulages figés, — par le docte et complaisant conservateur,
M. Marc Le Roux, a qui je m'étais adressé pour retrouver la piste
d'une certaine épingle de la Haute-Savoie, célèbre sous le nom du
Fillinges, quoiqu'elle soit, en réalité de Marcellaz (2).
Voici ce que disait l'étiquette :
« Epingles en bronze, à disques mobiles (Originaux dans la collec-
tion Balliard, notaire à Reignier, Haute-Savoie) trouvées près de
Fillinges, Haute-Savoie »,
Or, juste à ce moment, mon habitude — déplorable au point de vue
de la dépense de temps, mais qui, décidément, a parfois du bon ! —
de ne rien citer sans être remonté à la source, me faisait rechercher
la description originale, donnée par M. G. Mingaud, d'une autre
épingle « à collerettes » de Vers (Gard , que citait le Manuel de M. J.
(lj Louis Revox, La Haute-Savoie avant les Romains, IV, Revue savoisienne, XVII,
1876, p. 45-48, fig. I27-I43 (v. p. 47). « Entre Douvaine et Thonon, épingle longue
de 0m24. La tète a 0"09 de longueur, et se compose de vingt disques d'un seul jet,
dont les diamètres varient de manière à constituer une sorte de poignée fusi-
forme, terminée par une tête. Collection Balliard. »
(2) L. Revo.x, op. cit., p. 48 : t Dans Ylndic. d'hist. et d'antiq. suisses, p. 108
la broche de Marcellaz a été indiquée a tort comme venant de Fillinges, commune
voisine. »
398 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Déchelette (1) ; et je fus frappé d'y lire, comme légende de la figure 6 :
« Epingle à tête plate et large, en forme de bouton, rivée àl'extrémité
supérieure; le haut de la tige porte huit disques dentés, mobiles, sur
une longueur deOm05. Long. : 0m46; poids : 93 gr. »
Le mot « mobiles » était souligné, preuve que son intérêt n'avait
"pas échappé à l'excellent observateur qu'est M. Mingaud ; mais pour-
quoi n'avoir pas consigné cet autre détail, qu'il m'a fait connaître
par lettre, que la partie de la tige, portant les anneaux, était rectan-
gulaire, ne laissant que la liberté de déplacement dans le sens axial,
et point celle de rotation?
Pourquoi n'avoir pas rappelé, à cette occasion, la trouvaille anté-
rieurement faite, à l'état isolé, d'un bouton de ce genre, dans la
grotte de Meyrannes (Gard), et la réflexion publiée dès 1903 à ce
sujet (2) que, « enfilés par groupes, ces disques ornaient générale-
ment la tête de grandes épingles de bronze ? »
Sans doute les auteurs, familiers avec l'épingle de Fillinges-
Marcellaz, jugèrent-ils, suivant l'habitude des trop modestes, ce
détail connu de tout le monde, et inutile à relever plus que ne
l'avait fait le premier descripteur L. Revon, qui, dans sa note de
1860 (3), n'y tait même pas allusion, et qui, en 1876, lorsqu'il
redonna la figure et rectifia sa première indication d'origine (4),
(1) Galien Mingaud, Epingles en Bronze trouvées à Vers (Gard), Bull. Soc.
d'Etude des Se. nat. de Nîmes, t. XXXVIII, 1905, p. 77-79 (v. p. 78, fig. 6. —
Cachette de l'époque du Bronze découverte à Vers (Gard). L'Homme préhistorique,
III, 1905, p. 225-227, 1 fig.
(2) F. Mazauric, G. Mingaud et L. Vedel, La grotte de Meyrannes (Gard).
Bull. Soc. d'étud. se. de Nîmes, XXXI, 1903, p. 52-70, 5 pi. [v. pi. et p. 68]. >» Cet
ornement, disent les auteurs, se trouve figuré dans l'Atlas de Chantre, pi. LI. de
la fonderie de Publy (Jura). Or, vérification faite, il n'y a pas de rapport réel entre
le disque de Meyrannes, comparable, pour la forme, à une petite roue avec son
trou d'essieu, et 1' « objet indéterminé » de Chantre, offrant bien « un disque à
bords fort tranchants », mais sans trou axial, fermant, au contraire, en chapeau,
l'ouverture d'une « tige creuse, percée de deux trous pour recevoir des goupilles »,
ayant donc toute l'allure d'un pommeau ou bout de tige.
(3} L. R., Broche de Filinge (sic) en Savoie, Inlicateur d'Histoire et d'Antiquités
suisses, vol. I, 3" cah., 1859-60, pi. II, 7 (mars 18F0) et p. 108 (juin 1860).
« Broche en bronze de très grande dimension (longueur 0m89)..., trouvée en com-
pagnie d'une autre tout à fait pareille;... l'ouvrier dit qu'elles étaient à environ un
mètre de profondeur placées l'une à côté de l'autre, en sens inverse, la tète de
l'une reposant vers la pointe de l'autre. Ces broches ressemaient à celles de
Berne..., mais la tête qui, dans les broches de Berne, pouvait laisser supposer
qu'on avait aflaire à une espèce d'arme, est, dans celle de Filinge (sic) ornée de
telle sorte qu'une pareille supposition n'est pas admissible. Cette tète paraît bien
être un ornement, et l'ensemble de la pièce rappelle tout à fait quelques-unes des
broches à cheveux trouvées dans nos pilotages. »
(4) Louis Revon, La H.-Sav., op. cit., p. 46, fig. 133. « Deux grandes épingles,
baguettes de commandement ou armes, car on ne sait trop quelle attribution leur
donner, étaient posées en croix (tic), à un mètre de profondeur, dans un champ de
M Balliard, tout près de sa maison, hameau de Balliard, et font partie de sa col-
lection. Ces deux objets identiques ont une longueur de 0m89. Pointue à l'extrémité,
la tige augmente d'épaisseur jusqu'à l'autre bout, où elle a 0»"01 de diamètre et
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 399
parla en termes tels qu'il faut connaître la particularité pour la
retrouver entre les lignes.
En réalité, nous ne sachions pas que personne eût jamais attiré
l'attention sur ce curieux détail, avant les savants observateurs de
Nîmes, et encore leurs italiques, tout incidentes, n'avaient-elles pas
suffi à graver le fait dans notre piètre mémoire, lorsque nous avait
passé sous les yeux la notice de l'Homme Préhistorique, qui ne se
rattachait, alors, à aucun de nos sujets d'étude particuliers.
Aussi fut-ce presque avec le plaisir dune découverte que, surpris
d'abord par le rapprochement de la remarque de M. Marc Le Roux
avec le texte de M. G. Mingaud, puis par l'assurance du propriétaire
de l'épingle de Marcellaz, M. le notaire Balliard, qu'elle avait bien ses
disques mobiles, autour de la tige, demeurée cylindrique (1), nous
trouvâmes dans ce détail de fabrication une confirmation de notre
impression première, que la pratique des « collerettes » ne se ratta-
chait pas à une pure mode ornementale, mais à un but utilitaire, en
rapport avec l'emploi usuel de la broche-épingle. Remarquons que
c'est seulement sur les plus gigantesques d'entre elles que se déve-
loppe le type à boutons (Fig . 2), et qu'à ces boutons est donnée une
certaine mobilité, longitudinale à Vers, rotative en même temps, à
Marcellaz, le premier cas constituant certainement un progrès sur
l'autre, vu la complication de l'équarrissage d'une partie de la tige.
Dans quel but ? Voilà ce qu'il est plus difficile de préciser. Sans
doute les collerettes elles-même étaient-elles destinées à fournir, pour
desliens d'une finesse et souplesse relatives, descrans d'attache mieux
gradués et plus sûrs que les simples annelures longtemps usitées.
Sur des épingles à cheveux, des boutons mobiles ne pouvaient avoir
que des inconvénients. Mais était-ce bien pour la chevelure, et non
pour les vêtements, que s'employaient, lourdes comme elles sont,
même les plus petites de nos épingles à collerettes, celles du premier
type (Fig. 1). toujours venues d'un seul jet, et dont le moule ne de-
vait pas laisser que de présenter certaines difficultés de confection,
même avec l'empioi intermédiaire d'un modèle sculpté en bois ou en
os ? Etait-ce bien pour la vestiture qui pouvaient s'employer ces
broches de près d'un mètre, qui ne sont pas des plus rares, et que
offre des filets et des lignes creuses ; puis vient une espèce de poignée, longue de
)"19, formée d'un axe dans lequel ($ic) sont superposés des disques tantôt plats
.antôt renflés au milieu, et terminés par une plaque circulaire bombée, ayant un
diamètre de0"03. »
(1) C'est tout ce que nous ayons pu tirer de notre correspondance avec M. Bal-
liard; car celui-ci, malgré toute sa bonne volonté, n'est pas parvenu à nous pro-
curer la photographie à grande échelle que nous eussions eu plaisir à reproduire.
4-00 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Flouest (1) ne trouvait pas exagérées pour la coiffure des Gaulois
« ces colosses chevelus », nos ancêtres ? Si c'était, suivant la très
curieuse hypothèse inspirée à M. E. Babelon par la fréquente trou-
vaille de broches analogues réunies en faisceaux (2), la première
forme de la monnaie d'échange (3), à quoi bon donner à grand'peine
la mobilité à des anneaux, qui, s'ils avaient pu être tirés du même
moule, auraient certainement simplifié le travail, mais qui, fabriqués
un à un, de dimensions diverses, ne taisaient que le compliquer,
pour arriver au profil d'ensemble que donne l'ornementation sim-
plement annelée (4) ? Peut-on trouver à cela un rapport quelconque
avec l'hypothèse du comte J. Beaupré (5), qui opine pour des bro-
ches de cuisine, quoique, évidemment, pour cet usage il semblât in-
diqué, de faire toute la tige carrée, et pas seulement un bout? L'exa-
gération de poids de la tête par rapport à la longue tige ne pouvait-
elle avoir quelque raison autre que celle qu'imagine le Comte Beau-
pré?
Les questions se posent, nombreuses, sans pouvoir se résoudre.
Mais un fait reste, qu'il nous a paru bon de mettre en relief, ne fût-
ce que pour rendre hommage à ceux qui, les premiers, l'observèrent:
c'est qu'à la veille de l'avènement de la fibule, l'épingle, près d'être
supplantée, était parfois l'objet, dans sa fabrication, en plusieurs
pièces, d'une complication spéciale, dont le but réel peut nous échap-
per, mais qui en avait certainement un (6), répondant au dévelop-
pement rapide de l'esprit d'invention de l'homme, déjà si éloigné de
ses premiers tâtonnements de l'âge de la Pierre. Petite étape dans la
marche du progrès, mais qui, peut-être, contribua à de plus grandes,
et qui méritait certainement d'être notée.
Post-Scriptum.
De la discussion qui suivit notre exposé (7), il résulta que M. A. de
Mortillet, non seulement ne croit pas que les collerettes, mobiles
ou non, aient eu un but utilitaire, mais encore que, dans son opi-
nion, l'enfilage des boutons mobiles, plus ou moins décoratifs, pour
(1) E. Flouest. Les sépultures antéhisloriques de Veuxhaulles [Câte-d'Or), Bull,
soc. se. de Semur, VIII, 1871, p. 317-334, 2 pi. (v. p. 328).
(2) Le Baron de Bonsietten. Second supplément au Recueil d'antiquités
suisses, gr. in-f°, 18 p., XVI pi., Lausanne, 1867 (v. p. 6).
(3) Ernest Babelon. Les origines de la monnaie considérées au point de vue
économique cl historique, in-18 de 427 p., Paris, Didot, 1897. — J. N. Svoronos,
Leçons numisma tiques; les premières monnaies (trad. J. Dargos), Rev. belge de
numismat., 1909, p. 115. — Joseph Déchei.ette, Les origines de la drachme et de
lobole, Rev. numismatique, 1911, p. 1-59, 15 fig.
(4) De Bonstetten, op. cit., pi. II, 5.
(5) Comte J. Beaupké. Observations sur un instrument de bronze désigné com-
munément sous le nom d'épingle, Bull. Soc. Préhist. de Fr., I, 1904, p. 105-114,
fig. 26-34.
(6) Voir le Posl-Scriplum.
(7) Séance du 27 mai 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 401
former la tête d'épingle que j'ai distinguée comme second type,
avait dû, au contraire, précéder la fonte d'un seul jet des tètes à col-
lerettes de mon premier type, qui ne serait qu'une simplification
technique, une vulgarisation industrielle, une dégénérescence artis-
tique des boutons crêtes.
Mais, alors, pourquoi est-ce justement dans les cas où le procédé
eût été le plus avantageux, c'est-à-dire où les annelures, semblables
les unes aux autres, eussent pu être tirées d'un seul moule, au lieu
d'être faites de grandeurs toutes différentes, que l'on ne trouve pas
trace de ce mode de confection, par plusieurs pièces rapportées ? Les
difficultés de rivetage ne constituaient-elles pas un obstacle sérieux?
Fig. 4. — Echelle : 1/2.— Double tète d'épingle ?), de Glasinac (Bosnie}.
Au lieu de cela, l'étude chronologique du développement de l'épin-
gle ne nousmontre-t-elle pas (j'ai résumé la question dans ma notice
du Congrès) les annelures de la tête, peu à peu s'ajoutant (1), puis
se substituant aux trous funiculaires ou aux petites boucles ou
bélières, qui, au début, servaient seules à retenir en place l'objet pré-
cieux ? Ne voit-on pas ces annelures s'accentuer graduellement jus-
qu'au degré qui nous occupe, représentant une forme d'évolution
presque finale, puisque nous en retrouvons la mode, purement orne-
mentale, cette fois, — et encore, qui sait ? — sur la fibule, près
de supplanter tout à fait l'épingle simple, qui, seulement au moment
de disparaître, et en plein âge du Fer, montre, à la place des bou-
tons ailés, des enfilades de sphères, des chapelets de perles, sou-
(1) A l'exemple que nous avons cité, d'après M. l'abbé H. Breuil, nous pouvons
en ajouter deux autres, particulièrement intéressants, parce qu'ils s'appliquent à
des épingles coudées. Lune a été présentée par M. L. Coutil à la séance du 23
juin de la S. P. F., provenant des dragages de la Seine, près de Rouen, dont il fut
question au B. S. P. F. (t. VII, 1910, p. 611 et 643); elle a sa bélière.très origina-
lement placée, latéralement au coude, en bas de la tète annelée. Une autre, non
moins singulière, de la Prusse orientale, a été figurée par M. Jentsch Schrift. ci.
phys.-ôk. Ges. z. Kônigsberg, XXXIII, 1882, pi. IV, 5), ayant au coude une sorte
de manchon tronconique, formé par un enroulement de six tours de fil accolés,
laissant dans leur axe, latéralement à la tige, une lumière qui remplit évidem-
ment le rôle de trou funiculaire.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 26
402 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
vent de substances diverses (Montelius, It. sept., pi. 49, 4), et qui,
redevenue purement capillaire et ayant reporté toute l'ornementa-
tion sur l'extrémité seule de la tête, devenue sphérique et énorme,
reprend alors, en dessous, quelques petites annelures, assurant la
fixation du bijou dans le chignon (1) ? M. Franz Fiala (2) a trouvé,
dans ses fouilles de Glasinac (Bosnie), deux objets de oronze {Fig. 4),
desquels il se demande si ce ne sont pas des têtes d'épingles, cons-
titués chacun par une série de disques épais, portés, à distance les
uns des autres, par un axe commun, et destinés évidemment à per-
mettre de varier les points d'attache d'une chaînette, trouvée réu-
nissant les tètes jumelles.
Enfin, au fait, que nous avons déjà cité, d'un manche de couteau en
bronze, muni, en collerettes, de plusieurs disques échelonnés comme
ceux de la Fig. 4, nous pouvons ajouter deux observations analo-
gues, nouvellement publiées en Allemagne (3), de poignards, mon-
trant la même particularité, et ne laissant guère douter que l'espace-
ment des disques ne fût destiné à être garni de quelque substance
périssable — bois, corne, dit un auteur; résine, dit un autre; enrou-
lements de fibres ou lanières, opinerions-nous plutôt, — ayant pour
but de donner une poignée bien en main, non glissante. Notons enfin
que l'un de ces poignards est attribué à l'extrême fin de la période
du franc Bronze, en même temps que des bracelets à énormes
côtes (4) et des épingles à annelures, si accentuées de creux et si
tranchantes de crêtes qu'elles rappellent tout à fait le type à bou-
tons : tous détails confirmant l'âge tardif de celui-ci !
Voilà des faits d'observation ou d'évolution trop bien établis pour
que puissent prévaloir contre eux, si spécieuses qu'elles soient, les
vues abstraites de M. A. de Mortillet, qui auraient, de plus, l'in-
convénient, grave à nos yeux, de clore la question d'utilitarisme,
qu il nous a paru, au contraire,' intéressant d'ouvrir, afin que l'ap-
port de documents nouveaux en puisse atténuer peut-être le côté
conjectural.
(1) D"- Julius Naue. Die Bronzezeit in Oberbayern. — In-4% 292 p., 163 fig.,
Album de XLIX pi., 1 carte. MUnchen, 1894 (v. pi. XXX).
(il) Fkànz Fiala. Die Ergebnisse der Untcrsuchung pràhistorischer Grabhùgel
auf dem Glasinac. Wissenschaftl. Mitt. aus Bosnien u. Hercegovina, t. III, 1895,
p. .5-38, 81 fig., 1 pi. (v. p. 24, fig. 63).
(3) K. Schumacher. Neolilhische u. bronzezeiiliche Grabfunde aus Mitlel-u. Nord-
Deutschland. Altertumer uns. heidn. Vorzeit, Bd. V, p. 53-59, pi. 13, fig. 202.
P. R.EINECKE. Grabfunde von Ende der reinen Bronzezeit in Norddeutscldand.
Id.. p. 208-215, pi. 39, fig. 642.
(4) P. Reinecke. Grabfunde von Ende der reinen Bronzezeit in Siiddeuischland.
Altertumer, Bd. V, p. 205-207, pi. 38, fig. 16 et 638.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 403
Découverte d'un dépôt de trois haches en cuivre,
de l'Age du bronze I, à La Sablière,
Commune de Breuillet (Charente-Inférieure).
PAR
Arthur COUSSET (d'Étantes, C-I.)
Situation. — Commune de Breuillet, canton de Royan (Cha-
rente-Inférieure).
Distance de Royan. — 6 kilomètres.
Lieudit. — La Sablière.
Voie d'accès. — Partant du village du Billeau, suivre la route
qui eonduit au hameau du Grallet; la distance entre les deux est
de i kilomètre au plus. Aussitôt que l'on a dépassé la dernière
maison du Billeau, on descend une pente rapide ; le ravin qui est
au bas se relie sur la droite aux marais (1) d'ARVERT. Remon-
tant la pente opposée, et à 50 mètres environ du fond du vallon,
sur la droite, dans un petit bois et en bordure de la route qui
est légèrement encaissée à cet endroit, on voit une petite excava-
tion, où il a été extrait du sable. — C'est là que fut faite la trou-
vaille.
Découverte. — Pendant l'automne 1904, M. Girard, son fils et
MM. Benêt frères, étaient occupés à charger du sable, quand,
sous la pioche de l'un d'eux, M. Girard fils, une boule, verdâtre.
d'environ 0ra40 de diamètre, formée de sable aggloméré, se dé-
tacha du talus.
En brisant cette masse vert-de-grisée, les ouvriers trouvèrent,
à l'intérieur, trois haches en métal, qu'ils crurent être du bronze.
Elles étaient absolument pareilles de forme, de même métal; mais
de grosseurs différentes.
L'une lut placée, par M. Girard fils, au Musée scolaire de
Breuillet, d'où elle a disparu, avec des haches en silex [Ecole de
garçons! ; la seconde, la plus grande des trois, fut gardée par
M. Girard; c'est celle qui fait l'objet de la présente communica-
tion; quant à la troisième, elle fut remise à un voisin, un M. Che-
vallier, et je n'ai pu savoir ce qu'elle était devenue.
Le terrain où cette découverte a était faite est incliné vers le
levant, et est à l'abri des grands vents de la mer. Un lieu dit :
La Bertoxnerie, touchant du levant à la Sablière, a fourni un
grand nombre de haches polies.
(1) Ancien Lac d'eau douce d'ARVERT, etc.. [Voir : Receuil de la Commission
des Arts. La Rochelle, 1888, p. 5 ; et Bulletin des Archives hisiorioues. Tome IX
p. 54 et 30'i Lu Rochelle].
404
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les trois haches étaient placées l'une sur l'autre, dans le même
sens, et, autant que les ouvriers peuvent se le rappeler, le bout
le plus large faisait face à la route. Si cette dernière remarque
est juste, elles auraient été orientées le talon direction du cou-
chant et le coupant (le bout le plus large) direction du levant!
La profondeur du dépôt était de 0ra80 environ, dans le sable
jaune siliceux, sans aucune trace de cendre, ni de terre noire, ou
autre indice étranger au sol.
Ayant été informé du fait, je
me rendis chez M. Girard, qui
me montra celle des trois restée
en sa possession.
Je reconnus de suite que,
contrairement à l'opinion pri-
mitive, cette hache était en
cuivre, et non pas en bronze.
Elle est de forme plate, très
coupante aux deux extrémités;
les deux bouts sont terminés
en arc de cercle; le plus grand
est un peu élargi. Aucune trace
de bord {Fîg. 1).
Longueur, 0m165; largeur au
millieu,0m045; largeur au grand
bout, (M)65; au petit, 0m030 ;
épaisseur au milieu, 0m015.
Poids : 645 grammes.
Reproduction sur la plan-
che ci-contre, demi-grandeur
1. — Hache plate en cuivre. — Prove-
nance : La Sablière, commune de Breuillet
[Charente-Inférieure] .
Les trouvailles (1) en silex
poli et fusaïoles sont assez nom-
breuses dans toute la commune
de Breuillet, et surtout dans la
région du Billeau.
Classement. — En tous points (2), je trouve que les haches de
La Sablière de Breuillet sont conformes à celles dites de la
lre époque ou Age du bronze I.
Cette découverte vient donc augmenter de une unité les douze
(1) Voir Bulletin de S. P. F., 1910, p. 381.
(2) Manuel d'Archéologie; par M. Dcchelette. 1910, tome II, p. 3 et 34.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 405
dépôts connus en France du 1er âge du bronze [1) [Période du
Cuivré] (2); former le treizième dépôt : Breuillet (Charente-
Inférieure' ; et porter à dix le nombre des dépôts connus de la
Charente-Inférieure (3).
MM. Girard, reconnaissant que cet objet est mieux placé dans
une collection que partout ailleurs, m'ont offert spontanémentet,
à titre gracieux, leur trouvaille. Je serais heureux qu'une analyse
chimique en soit faite, pour connaître si c'est bien du cuivre pur.
Le résultat de l'analyse sera publié par la suite. — J'ai confié
l'objet pour cela à mon collègue et ami, M. le Dr M. Baudouin.
M. Marcel Baudouin. — Cette hache est tout à fait comparable
à celles que j'ai décrites sous le nom de Type évolué. — Elle ne
présente par la moindre trace de martelage ni de polissage.
Elle est très rugueuse. Elle n'a donc pas été terminée, c'est-à-
dire polie. — Il s'agit, par suite, d'une Cachette de Marchands
ambulants, plutôt que d'un Dépôt rituel.
Station néolithique et Incinérations
gallo-romaine!» à Château Porcien (Ardeanes).
M. A. LARMIGNY (de Château-Porcien, A.).
Les découvertes, relatives aux quelques photographies présen-
tées ont eu lieu à la briqueterie de Chàteau-Porcien, au lieu dit l'Ai-
guillon. En partant de la gare du C. B. R., nous suivonsla rue prin-
cipale jusqu'au centre de la ville de Chàteau-Porcien, à la place
de l'Hôtel-de-Ville; là, prenant à droite la route d'Ecly et à envi-
ron un kilomètre, nous arrivons à la côte 79, à la bifurcation de
plusieurs routes. C'est là que se trouve l'emplacement d'une sta-
tion, dont l'origine est néolithique. On y a découvert depuis plu-
sieurs années cinq haches polies en silex noir.
Une voie romaine a été suivie pendant plus de vingt-six ans
dans la briqueterie. La découverte d'un cimetière par incinéra-
tion date de deux années. On v a trouvé des poteries de toutes
formes et de toutes dimensions, des fibules de bronze et de
ferr des anneaux, des miroirs métalliques, des monnaies : ces
(1) Manuel d'Archéologie; par M. Déchelette. 1910, t. II. p. 242, et fig. 80. p. 243.
(2) — même traité, p. 171 et 172.
(3) — même traité, p. 168.
406 SOCIÉTÉ rRÉHISTOKlQUE FRANÇAISE
dernières, en petite quantité; plusieurs amphores incomplètes
ont été découvertes. En mai 1910, au cours des terrassements,
à lra10 de profondeur, un vase avec couvercle (chose rare, que
nous n'avions jamais rencontrée), contenant des incinérations,
fut mis au jour. Il nous a paru très curieux à observer, à
cause de sa forme et de sa couleur gris-bleu; Son diamètre est
de vingt-deux centimètres; la hauteur totale avec le couvercle
est de quinze centimètres. Sur la partie cylindrique se voit, au
bord et au milieu, deux cordons, en forme de boudin. Au
raccord de la partie droite et du fond, le demi boudin est double.
Ce vase isolé contenait des ossements, dans lesquels nous avons
extrait un morceau de fibule en fer. Nous pensons qu'il s'agit
d'une incinération de l'époque gauloise (beuvraysienne).
En février et mars 1911, autres découvertes : une amphore com-
plète de quatre vingt-dix centimètres de hauteur, vingt-huit cen-
timètres au plus gros de la panse; cette pièce est remarquable
par la grandeur de son col et, aux anses, cette partie n'a pas moins
de trente-six centimètres. Sur la panse, on remarque en creux un
caractère, que Ton pourrait prendre pour un L renversé. Nous
avons trouvé à côté des morceaux d'une autre amphore de plus
grande dimension. Les ossements incinérés se trouvaient en tas
près de ces vases; nous y avons rencontré une agrafe de ceinturon
en bronze, un anneau en potin, un fragment de fourreau en fer,
auquel adhère encore un morceau d'étoffe bien conservé par l'oxyde
de fer. La présence de la terre noire nous indiquait que l'on allait
rencontrer quelque chose.
A quelques mètres, une autre sépulture se présente avec un
nombre de vases plus important; nous pouvons l'évaluer à dix;
mais on a pu en avoir que trois entiers : vases enterre noire, bien
cuits; hauteur 0m22; 0m18; 0mll. Les os incinérés se trouvaient
en tas à côté; leur volume et les différences dans la grosseur des
os permettent d'observer qu'il y a là les restes de plusieurs sujets.
On a réuni deux fibules en fer; dans l'une d'elle se trouve passé
un crochet en fer formant pendentif. Une amulette en os de forme
ovale a bords biseautés et trou de suspension, comme celles de
la forêt de Compiègne ; cette pièce, qui a très bien résisté au feu,
est une base de bois de cerf. A côté des vases, nous avons décou-
vert les membres postérieurs d'un mouton, probablement le repas
funéraire ; également trouvé des morceaux de bronze ayant trop
subi de fusion pour pouvoir être classés.
A un mètre de cette sépulture, on a découvert une lame en silex
rouxrubané de la Marne ; sa longueur est de treize centimètres ; sa
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FBANÇAISE 407
pointe en forme de perçoir est très effilée, sur les deux tiers de la lon-
gueur, on y remarque de fines retouches. Un morceau de bronze,
probablement d'un bracelet, se trouvait à côté; ces deux pièces
n'ont aucun rapport avec la sépulture ci-dessus.
Un trou (Fosse), rempli de terre noire et de déchets de cuisine,
a été rencontré; nous y avons trouvé des morceaux de vases noirs
et gris-bleu de différentes épaisseurs; des os d'animaux dont une
côte taillée en pointe très effilée, des fragments de carreaux en
terre cuite; le squelette d'un petit animal dans lequel on a re-
connu un cochon de lait; cinq morceaux d'os, qui, rassemblés, ont
permis de reconstituer uu fragment de peigne. Par les poteries,
nous nous crovons en présence de Sépultures gauloises Beuvray-
siennes.
L'an dernier, nous avons remarqué trois puits, dans cette partie
du champ, puits très étroits et sans murailles, qui étant donné, la
situation de cette station, pourraient bien être des Puits funé-
raires; ils sont visibles et prêts à être fouillés (1).
Les objets découverts à l'emplacement ci-dessus sont conservés
et visibles à Château-Porcien.
La Cachette de fondeur, découverte à
Compiègne*(Oise .
PAR
L. PLESSIER de Compiègne),
Ancien Président de la Société historique de Compiègne;
Les objets de l'âge du bronze ne sont pas très rares dans le dépar-
tement de l'Oise; et nous sommes heureux de signaler aujourd'hui la
récente découverte d'une cachette de fondeur en la plaine des Sa-
blons, territoire de Compiègne, dans un terrain appartenant à
M. Fournier Sarlovèze, maire de la ville, et député de l'arrondis-
sement 2 .
Une lance en bronze fut d'abord rencontrée, et, ensuite, quelques
mètres plus loin, un amas d'objets de même métal [Fig. 1), compre-
nant, savoir :
(1) M. Coutil en a signalé quatre d'origine romaine, mais sans poteries ; à côté
on a trouvé 2.000 monnaies romaines, dans un vase, à Arquigny (Eure).
(2) Un travail d'ensemble sur cette trouvaille a été lu. dans la séance du
17 mars dernier, à la Société historique de Compiègne et paraîtra, avec gravures
ou phototypies. dans le prochain Bulletin de cette Société.
408 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
1° Deux haches à ailerons terminaux : l'une à tranchant presque
droit; l'autre, plus usagée, à tranchant curviligne; et les frag-
ments de deux autres.
2° Six haches à douille, la plupart à tranchant plus ou moins évasé
en arrondi, et les morceaux de six autres.
3° Un fragment ou petit tronçon de lame d'épée.
4° Enfin, un large culot de fonte, ayant pris la forme du creuset
et d'un poids assez considérable (2 kil. 800) (Fig. 1).
Le sol, comme l'indique la dénomination du lieu dit, est essen-
tiellement sablonneux à la surface ; il se compose d'une couche de
sable de 0m40 d'épaisseur au maximum, reposant sur le tut et la
masse calcaire qui forment l'ossature souterraine en cet endroit.
C'est vers la partie inférieure de cette couche, ou à 0m35 de pro-
Fiji.l. — La Cachette de fondeur de Compiègne (Oise) .
Echelle : 1/5 de grandeur.
fondeur au plus, que fut recueillie la lance, tandis que les autres
objets gisaient pêle-mêle à 0m25 environ, limite de la couche arable,
le culot recouvrant le tout.
Sans qu'aucun deux soit absolument inédit, tous ces objets pré-
sentent de très intéressantes particularités par leurs formes, leur
technique de fabrication, leur ornementation et même par certains
détails, insignifiants en apparence.
Le martelage intense, par exemple, de la partie supérieure de la plus
usagée des haches à ailerons semble indiquer qu'elle a dû plutôt ser-
vir comme coin ou ciseau que comme hache proprement dite ; et l'un
des fragments du même type montre clairement que les ailerons
étaient parfois rebordés ou renforcés d'un filet marginal, pour don-
ner plus de résistance à ces appendices.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRAXÇAISE 409
L'une des haches à douille, rebutée sans doute au démoulage par
suite de défectuosité dans le haut de l'une des faces, est restée telle
quelle, sans avoir été ébarbée, ni son tranchant affûté ; et il semble
que le creux de la douille y ait été obtenu à l'aide d'un double noyau,
dont les bavures sont perpendiculaires à celles des valves du moule
principal, pour ne pas affaiblir les parois aux mêmes points.
Une autre au contraire, entièrement polie par un usage prolongé,
porte de nombreuses traces de martelages successifs vers le tran-
chant : ce qui prouve que ce dernier était rebattu ou réaffùté à main-
tes reprises, et tant que sa solidité n'était pas compromise par la
rencontre du vide de la douille.
Enfin une troisième, par ses faibles dimensions, a dû servir
comme l'une des haches à ailerons, plutôt de ciseau que de hache,
bien que le tranchant en soit assez évasé et nettement curviligne.
Le culot de creuset est surtout précieux, en ce sens qu'il caracté-
rise nettement la nature du dépôt. Il démontre, d'un autre côté, par
son poids brut de 2 kil. 800 que le fondeur, à cette époque, pouvait
déjà faire entrer en fusion une notable quantité de métal à la fois.
Toutes ces pièces sont d'ailleurs recouvertes d'une patine variant
du vert clair au vert russe ou brun plus ou moins foncé, brillante ou
rugueuse, suivant la place respective qu'elles occupaient dans la ca-
chette.
Les conclusions suivantes paraissent donc pouvoir être formulées *
1° La trouvaille de la plaine des Sablons doit être considérée
comme intéressante à tous égards.
2° Elle représente évidemment une Cachette de Fondeur, comme
l'attestent le culot du creuset et les fragments de bronze ouvré, suffi-
samment menus pour s'incorporer rapidement dans une refonte, à
la masse en fusion.
3° L'ensemble des pièces et la cachette elle-même doivent remonter
à la dernière période ou Larnaudienne de G. de Mortillet, ou à VAge
du Bronze IV de la nouvelle classification ,1. Déchelette, soit à en-
viron 900 à 1200 ans avant l'ère chrétienne.
4f0 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Trnnchets préhistorique» du Soissonnais.
PAR
M. O. VAUVILLÉ (de Paris).
Les recherches et les fouilles, que j'ai faites dans le département
de l'Aisne m'ont fait découvrir de nombreux, Tranchets en silex
divers Je crois devoir en présenter un certain nombre à la Société.
1° Époque paléolithique.
Les fouilles assez importantes que j'ai faites, en diverses fois,
dans le très intéressant et important gisement quaternaire de Cœu-
vres, canton de Vie-sur- Aisne, arrondissement de Soissons, m'ont
fait découvrir plus de 350 pièces ou instruments divers, en silex va-
riés, dont 21 qui peuvent se rapporter au Tranchet. Cet instrument
remonte donc bien, dans cette région, à l'époque quaternaire, en
pleine faune du Mammouth, dont les restes sont nombreux dans le
gisement de Cœuvres.
Voici 6 de ces tranchets, en silex d'eau douce, venant de Cœuvres,
avec l'indication de leurs dimensions en longueur, largeur du tran-
chant et épaisseur; j'indique aussi la profondeur, où je les ai recueil-
lis dans le gisement non remanié.
N° 1 Longueur 55 mil]. Tranchant 40 mill. Épaisseur 23 mill. Profondeur 2in30
— 2
—
53 —
—
39 —
—
15 —
—
1"40
— 3
—
45 —
—
38 —
—
13 -
—
WO
— 4
—
37 -
—
44 -
—
21 —
—
lm50
— 5
—
42 —
—
36 -
—
17 —
lm80
— 6
—
45 -
—
50 —
—
24 —
—
1™60
2" Époque néolithique.
A. Tranchets.
7 Longueur 75 mill. Tranchant 45 mill. Trouvé à Pommiers.
8 — 53 — — 44 — Trouvé à Pommiers.
Ces deux tranchets sont bien retouchés en forme de soie, pour
être emmanchés.
Tranchets provenant de l'Allée couverte de Montigny-l'Engrain,
où j'en ai découvert 53 dans mes fouilles faites en 1887 et en 1888(1).
(1) Bulletin de la Société d' Anthropologie de Paris, vol. 1887, p. 710; et vol. 1888,
p. 455.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE A 11
Les 20 tranchets n°8 9 à 28, du carton, qui varient de 21 à 42 mil-
lim. de longueur, d'une épaisseur de 3 à 6 raillim. et d'un tranchant
variant de 13 à 26 millim., donnent bien une idée des formes des 53
pièces recueillies dans mes fouilles. — La pièce la plus intéressante,
provenant de Montigny-l'Engrain, est celle n° 29 ; on voit là un petit
tranchet, qui a été emmanché dans un bois de Cervidé. Ce fait
prouve bien que les petits instruments de cette forme sont bien des
tranchets, et non des flèches à tranchant transversal. On peut remar.
quer que toutes les pièces, des n°5 9 à 28, qui ont été faites avec des
fragments de lames, ont été régulièrement très bien retouchées de
chaque côté, mais presque perpendiculairement à la partie plate, ou
revers du tranchet; cette particularité devait avoir pour but la soli-
dité de l'emmanchement de l'instrument. Les retouches perpendicu-
laires à la lame donnaient beaucoup de résistance dans le manche;
au contraire des retouches faites obliquement auraient eu l'inconvé-
nient d'abimer vite le manche, et, par suite, de le mettre hors d'usage
en peu de temps.
On peut aussi remarquer que, les retouches de ces pièces ayant été
faites perpendiculairement à la surface plate, cet instrument ne pou-
vait pas être convenable pour servir de flèche, attendu que ce genre
de retouches n'aurait pas permis la pénétration facile d'un trait de
ce genre dans un animal !
Dans mes fouilles de Montigny-l'Engrain, j'ai aussi trouvé un au.
tre petit manche en os, de 48 millim. de longueur, que voici ; il a très
probablement servi de manche de tranchet.
Loin de croire qu'il n'y a pas eu de flèches à tranchant transver-
sal à l'époque néolithique, je pense au contraire qu'elles ont été très
probablement employées. Je pense le faire voir dans une autre pré-
sentation de pièces néolithiques de l'Aisne.
B. Tranchet double.
La pièce n° 30, qui a été trouvée à Pommiers, est un tranchet
double; sa longueur est de 66 millim.; il a un tranchant de 15 millim.
de largeur d'un bout et un autre de 22 millim. de l'autre bout,
lace et profilj. — On peut remarquer que les deux côtés ont été
très bien retouchés sur toute la longueur de la pièce.
C. Fragment de hache polie, adaptée en brunissoir.
Voici une pièce que je crois aussi devoir présenter à la Société.
I est un très beau fragment de hache polie, en roche serpentineuse,
ayant très probablement été éclatée d'une très belle hache, par suite
412 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de clivage. Ce fragment, qui a encore 218 millim. de longueur, sur
36 millim. de largeur du bout du tranchant, et une épaisseur maxi-
mum de 36 millim., a été utilisé, après sa séparation de la hache,
comme brunissoir, comme le prouve bien le polissage moderne, sur
la partie éclatée, lequel est beaucoup plus récent que celui du con-
tour de l'ancienne hache. — L'origine de cette pièce m'est inconnue.
*
^(3
SÉANCE DU 27 JUILLET 191 I
Présidence de M. CHAPELET, Vice-Président.
a- »•*€&&>•'•
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la dernière
séance (22 juin). — Ce procès-verbal est approuvé.
A propos du procès-verbal de la dernière séance, M. Ed. Hue ajoute
quelques explications relative au Culte du Feu, et aux incinérations
au xvie siècle.
Correspondance.
Lettres d'Excuses. — M. Coutil, Président, retenu à Aix-les-Bains
pour raisons de santé, s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la
séance. — Excusé également M. Marcel Baudouin, Secrétaire général,
retenu en Vendée par ses travaux.
Lettre d'avis de Décès. — M. Auguste Mallet, membre de notre
Société, décédé le 5 juillet, dans sa 70e année, à La Roche :Seine-et-
Oise).
M. A. de Mortillet donne quelques détails sur les travaux scienti-
fiques de M. Mallet, dont l'étude sur les Grès taillés de Seine-et-Marne
était bien connue. M. le Président et M. A. de Mortillet associent la
Société toute entière au deuil qui frappe la famille.
Lettre d'avis de Nomination. — M. Muller (de Grenoble ), membre de
tre Société, qui est bibliothécaire de l'Ecole de Médecine et conser-
ateur du Musée Dauphinois, vient d'être nommé, par M. le Ministre
de l'Instruction publique, membre correspondant de la Commission
des Monuments historiques (Section des Monuments préhistoriques). Il
est chargé, en cette qualité, de l'étude et de la surveillance des Anti-
quités préhistoriques dans les départements de l'Isère et de la Drôme.
Lettres relatives aux Analyses de Métaux. — M. Chauvet commu-
nique, par lettre, la réponse de M. Chassaigne (de Ruffec), relative à
des analyses de bronze. M. Chassaigne s' engageant à faire cette
analyse moyennant rétribution, M. Géneau remet une note à l'occasion
de cette lettre.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 27
414 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
VII'J Congrès Préhistorique : Session de Nîmes.
M. le Secrétaire fait circuler les Programmes des Excursions du
Congrès préhistorique de Nîmes, envoyés par M. le Secrétaire-
général.
Admission des nouveaux. Membres.
Sont nommés Membres titulaires :
Nourry (Emile), libraire-éditeur, 62, rue des Ecoles, Paris.
[MM. Héhert et L. Coutil].
Houry, 4, rue de Meudon, Issy (Seine).
[MM. Ballet et Gillet].
Estaunié (Désiré), commis de commune mixte, Ammi-Moussa,
Département d'Oran (Algérie).
[MM. Adolphe et Charles Schleicher].
Leclerc, instituteur, Solers (Seine-et-Marne).
[MM. Doigneau et Bazin],
Présentations.
M. le Dr Ballet présente un très beau Coup-de-poing Acheuléen, de
grande taille, 0m27, et provenant d'une sablière de Boulogne-sur-Seine.
Cette pièce, qui a une très belle patine, a été trouvée au-dessous
du deuxième cailloutis.
M. G. Bamond-Gontaud prend la parole à ce sujet. Il donne quelques
explications sur la structure lenticulaire des dépôts d'alluvions ancien-
nes.
M. A. de Mortillet présente, de la part du Dr Pfeiffer (de Wei-
mar), des moulages de Silex recueillis dans le gisement quarternaire de
Taubach (Saxe-Weimar).
M. Edmond Hue. — Les moulages qui nous sont présentés sont
admirablement faits.
LeDr Henri Martin a présenté à la S. P. F., il y a longtemps et à plu-
sieurs reprises, des quantités d'outils de La Quina, ayant avec ceux-
ci de grandes affinités de faciès et de technique. Cette pointe lancéo-
lée, à base amincie, cette pointe double allongée à dos convexe en
forme de limace, cette pointe à retouche latérale, dont Henri Martin
nous a présenté des échantillons avec retouches alternes, ces cou-
teaux, ces lames, se comptent par centaines, non-seulement dans la
collection d'Henri Martin, mais aussi dans les collections des savants
étrangers et français et des amis, qu'il a gracieusement invités à fouil-
ler à La Quina, et auxquels il a si généreusement abandonné le pro-
n
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 415
duit des fouilles qu'ils y avaient faites. Il est certain que If. Déche-
lette n'a pas connu le Taubach qui nous est présenté en ce moment,
et que son étude sur cette station (pages 76 et suivantes de l'Archéo-
logie préhistorique ne s applique nullement aux outils que nous avons
sous les yeux! — Les pièces, dont les moulages nous sont présentés,
sont de l'époque évoluée ou supérieure du Moustérien de La Quina,
sans aucune espèce d'hésitation.
Communications.
A propos de la communication faite à la dernière séance par M. Cou-
til sur les épingles à bélière, M. le Dr Deyrolle se demande si ces
objets ne sont pas plutôt des broches que des épingles. — MM. A. de
Mortillet et Hue prennent la parole à ce sujet ; ils donnent des rensei-
gnements ethnographiques sur les longues épingles que portent les
femmes de certaines tribus de l'Afrique Occidentale. MM. Taté et de
Pamagua prennent part également à la discussion.
M. ie Dr Guehbard présente :
1° Une note de M. Bout de Charlemont, qui vient de trouver, dans
ses fouilles des ruines Gallo-Romaines de Taurantum (Bouches-du-
Rhône), un petit nodule de peinture verte, ancienne, et dont il donne
l'analyse chimique.
2° De la part de M. Pagès-Allart, un poignard de fer, du moyen
âge, qui présentait, au moment de la trouvaille, une patine cuivreuse
singulière.
3° Ln mémoire de M. Pagès-Allary sur les Hochets préhistoriques.
4° Ln second travail de M. Pagès-Allary, intitulé « Hypothèses tirées
des Haches Préhistoriques : Les Haches en Cuivre et Bronze sont des
Outils variés » .
M. Paul de Mortillet de Paris) fait une communication relative à
la découverte d'un nouveau Dolmen à La Roche aux Loups, situé sur la
commune de Buthiers (Seine-et-Marne ; jusqu'ici on ne connaissait
que trois dolmens dans l'arrondissement de Fontainebleau.
M. A. de Paniagua présente, de la part de M. Dubalen, des Gravures
sur Os, qu'il a trouvées lui-même dans la Grotte de Rivière, près deDax,
dans les Landes. M. Dubalen serait heureux d'avoir l'avis de la Société
sur l'authencitité de ces petites gravures; deux gravures fausses ont,
en effet, été trouvées à la fin de ces fouilles !
Plusieurs membres prennent la parole à ce sujet. MM. Hue et Bal-
let pensent que ces gravures sont bien de l'époque ; mais M. A. de
Mortillet les tient pour douteuses. ■ Ce sont, dit-il. peut être des
entailles anciennes, que l'on aurait travaillées depuis ; l'ovale de la
figure gravée n'est pas Magdalénien. Les gravures fausses sont toujours
416 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
bien au milieu de la pièce: ce qui est ici le cas. M. Taté y voit un
semblant d'œil ; et M. Guébhard trouve que l'éclatement de l'os est
frais, et que le sillon a une autre patine.
Finalement, M. A. de Mortillet, trouvant que la pièce gravée que
M. Dubalen appelle Chimère paraît plus ancienne, mais que l'autre
est douteuse, propose de faire agrandir photographiquement ces piè-
ces par M. Henri Martin, et ajoute que M. Dubalen devrait autoriser le
nettoyage des entailles.
NOTES ORIGINALES ET DISCUSSIONS.
Nouveau Dolmen de l'arrondissement
de Fontainebleau.
[Prise de date],
M. Paul de Mortillet (Paris). — Je tiens à signaler à la Société un
Dolmen de Seine-et-Marne, qui, je crois, est inconnu ; il est cependant
visible et en partie hors de terre depuis fort longtemps. Dans le pays,
les blocs de grès qui composent le monument sont désignés sous le
nom de Roche aux Loups. Cet endroit, isolé et très peu fréquenté par
les touristes et par les habitants de Malesherbes et de Buthiers, est
surtout un lieu de rendez-vous pour les chasseurs. Ce sont MM. Mer-
let, juge de paix, et Paul Leroy, vétérinaire à Malesherbes, et M. Albert,
Leroy, de Paris, qui m'ont signalé, au mois de juin dernier, ces
pierres, comme faisant partie d'un Dolmen.
On ne connaissait que trois dolmens, jusqu'à ce jour, dans l'arrondisse-
ment de Fontainebleau : La Pierre de l'Ormail, à Rumont, signalé dès
1855; le dolmen de Cannes, signalé par Thomas-Marancourt, en 1893 ;
la Pierre-Lourde ou Pierre-Louve, à Episy, décrit par notre savant
collègue, A. Viré, en 1897.
Le dolmen de la Roche aux Loups se trouve au sud-est de Buthiers,
sur le territoire de cette commune, à deux kilomètres environ du vil-
lage d'Herbauvilliers. Il comprend sept supports et deux tables en
grès, formant une chambre rectangulaire de 3 '"55 de longueur sur
l^GO de largeur au fond; de ce côté la dalle et les deux premiers sup-
ports de droite et de gauche occupent encore leur place primitive. Les
autres supports, un du côté droit et deux du côté gauche, sont déplacés
et sont actuellement en dehors du monument. Le septième support,
planté face à la dalle du fond, ferme en partie l'entrée de la sépulture.
Le Dolmen dans sa longueur est orienté à peu près exactement Est-
ouest. L'entrée est à l'Est.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRAiNÇAISE 417
Lors de ma visite à ce monument, le 6 juillet dernier, MM. Leroy, dans
une fouille exécutée sous la première table, ont rencontré des débris
d'ossements humains et deux éclats de silex; ils étaient disséminés
dans la terre, au milieu de blocs de pierre, qui gisaient là et sans aucun
ordre. Des recherches ont évidemment été faites dans ce dolmen, à une
époque inconnue, tout au moins vers l'entrée. Je ne pense pas que ce
soit par un palethnologue, mais bien par un chercheur de trésor. Il
serait intéressant de fouiller complètement cette sépulture.
¥>a Tortue en Préhistoire.
M. le D'MarignàN Massillargues, H.). — Au Musée archéologique
de Nîmes, dans la collection Emilien-Dumas, il y a une petite Tortue,
en bronze, de la dimension d'une pièce de vingt sous. La carapace est
ornementée de volutes en creux, qui imitent les imbrications de
l'écaillé. Cette tortue paraît avoir été la pièce principale d'une
applique, ou peut-être d'une Fibule.
Elle est accompagnée d'une note ainsi conçue : « Petite Tortue,
gallo-romaine, en bronze, trouvée à Bellau, chez M. Gaillet, Ville-
vieillé Gard)». — Villevieille, à côté de Goumières, a donné beau-
coup d'antiquités gallo-romaines et romaines.
Le Cheval en Préhistoire.
M. le Dr Marcel Baudouin. — On trouve souvent, dans les sépul-
tures, des Os isolés de Chevaux, dont on ne s'explique pas la pré-
sence.
Le fait suivant peut faire comprendre ces trouvailles. En Chine,
il existe encore un moyen prophylactique original pour la Peste :
« Prendre un fragment d'os de Cheval, l'envelopper dans un morceau
d'étoffe rouge, et le coudre dans un sachet, que les hommes devront
porter du côté gauche, alors que les femmes le mettront sur leur
flanc droit ».
Ainsi donc, chez les Chinois actuels, un fragment d'os de Cheval est
un talisman, voire même un remède, agissant par sa seule présence.
Il serait intéressant de retrouver pourquoi, en l'espèce, on a choisi
le Cheval !
418 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Découverte d'un Singe Anthropoïde au
Miocène moyen.
Récemment, à l'Académie des Sciences, M. le professeur Deper-
ret (de Lyon) a annoncé la découverte, à la Griffe Saint-Alban
(Isère), dans le Miocène moyen, d'un grand Singe anthropoïde,
ressemblant au Drgopithecus des Faluns. — Cette station serait très
fertile en fossiles d'animaux, notamment en Anthroproïdes !
A. propos du Hochet gallo-arverne.
M. PagÈs-Allary (Murât). — Des remerciements sont dus à notre
très distingué collègue et ami Jacquot pour sa contribution, publi-
quement ironique [page 364, n° 6, 1911, du Bulletin], La boulette, de
mie de pain, qu'il a bien voulu lancer sur le Hochet gallo-arverne,
prouve que le baby des Alpes a la bouche plus grande que l'enfant
arverne ! A moins toutefois que notre ami, M. Jacquot, ne se soit ingénié
surtout à ne pas voir ou à ne pas tenir compte de l'échelle, qui accom-
pagne la figure du Bulletin (n° 5, p. 320).
Cette échelle démontre, toute seule, que le hochet est assez grand
pour fermer la bouche même d'une très grande personne, et être bien
en main, même d'un grand explorateur. — Au fait, comme on doit tout
utiliser, la mie de pain servait, peut-être, faute de cire, à ménager (1)
le creux intérieur, plus difficile à obtenir qu'à critiquer. — Il est cer-
tain que cette forme bizarre, mais très pratique, du hochet, est, après
la boulette ronde (2), celle que les doigts fabriquent machinalement,
sans grande tension de l'esprit, toujours sans doute occupé ailleurs.
Le Chien en Préhistoire.
M. Patte (Oise). — Cranz rapporte dans son Histoire du Groen-
land que, de son temps encore, bien des Groënlandais avaient coutume
de placer une tête de Chien, près de la tombe d'un enfant, « afin que
l'âme, du chien qui sait trouver partout sa demeure, puisse montrer à
celle de l'enfant le chemin de la terre des esprits ». — Je ne sais si
cette belle et touchante idée appartient aux Esquimaux ou au mission-
naire; mais un fait certain, c'est que l'on a trouvé des crânes de Chien
dans des tombes d'Esquimaux, dans diverses localités du Groenland.
(1) Dans l'argile du hochet Gallo-Arverne — dont je maintiens : et le nom et l'u-
sage; malgré l'avis de mon vieux compatriote, professeur et collègue, M. Delort,
de Cosne, y voyant un jeu dans le genre non du « Brounjidou », comme il me
l'écrit; mais du hirouli altération de virouli — déjà signalé — page 3!0.
(2) La boulette ronde se fait avec deux doigts d'une main (pouce et index); la
forme Hochet ne s'obtient qu'avec les deux premiers doigts des deux mains.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 419
Ainsi Scoresby raconte ( W. Scoresby s. d. J. Tagebuch einer Reise
aufdem WaUfischfang) qu'il trouva, sur la terre de Jameson, le crâne
d'un chien « dans une petite tombe, qui probablement était celle
d'un enfant ».
Quelque portée que l'on puisse ou que l'on veuille donner au fait
suivant, il est certain que l'on a aussi trouvé parfois en Suède des sque-
lettes de Chiens, parmi les squelettes humains de nos chambres sépul-
crales. Des recherches ultérieures montreront peut-être si les crânes
de chiens que l'on rencontre dans ces hypogées reposent à côté des
squelettes d'enfants [Sven Nilssoxx. Les habitants primitifs de la
Scandinavie 1868, page 184].
M. Marcel Baudouin Paris). — Ces données sont à rapprocher de
celles déjà publiées ici même et des récentes trouvailles faites en Subie
[Cadavres de chiens, sans tète, près de certaines tombes] [Voir The
Arch. Survey of Nubia, passim].
Le Fer à cheval et le mauvais œil.
M. L. Jacquot (Grenoble). — La lecture du mémoire de M. Rivière
sur les Fers de chevaux (1), considérés comme porte-bonheur, m'oblige
à rappeler que les indigènes d'Algérie ont coutume de fixer, sur leurs
portes, et plus généralement sur les volets des cafés maures, un fer
de cheval. Ils y appliquent également l'empreinte d'une main d'homme:
ce qui s'obtient en plongeant la main dans une écuelle remplie de cou-
leur — rouge, verte ou bleue — et en la plaquant ensuite contre le
mur ou le volet ! — Ces deux totems, fer et main, paraissent avoir la même
valeur protectrice et sont destinés à éloigner le mauvais œil. La main
est cependant plus communément employée ; on en fait de nombreux
bijoux. En Tunisie, on la remplace fréquemment par une queue de pois-
son, fichée sur les murs même les Siciliens et les Juifs !); dans le Sahara
algérien, on plante des gros os de mammifères sur les murailles et sur
les parapets des terrasses, toujours pour protéger l'immeuble.
Pour écarter le mauvais œil, il y a encore d'autres moyens. En Tu-
isie. les Juifs étalent par dessous le vêtement leur main ouverte; en
Igérie, les Arabes, parlant aune personne suspecte, font les cornes,
n étendant l'index et le majeur, et disent : « Lama fi ïanek ! (L'aveu-
lementdans ton œil). »
Un autre mode à retenir est celui-ci : on rencontre souvent des tas
e petites pierres qui recouvrent les restes d'un mort, voyageur décédé
ccidentellement ou passant assassiné. Ces sépultures se confondent
vec les amas de pierrailles d'origine anhistorique, si fréquents en Algé-
1; VI« Congrès préhistorique de Tours, 1910.
420 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
rie. Les indigènes disent que l'âme du mort décédé de mort violente
sort de son tombeau à l'époque anniversaire de son décès et va tour-
menter le passant. Pour l'empêcher de sortir, il faut planter un objet
en Fer, de préférence un Couteau, au centre du tas de pierres.
En Savoie et en Corse, ces mêmes tas de pierres existaient aussi, for-
més par les passants qui n'auraient pas manqué de jeter un caillou à la
place où gisait la victime d'un crime ou d'un accident. Ces tas se sont
confondus avec les murgers ou pierriers, formés par le nettoyage des
champs (et dont plusieurs doivent même exhausser des murs anhistori-
ques).
Une coutume semblable existe à Madagascar, où se retrouvent aussi :
1° les mêmes tombelles que dans le Tell Algérien, notamment dans la
région de Sétif ; 2° l'usage des portes de maison ou de village en dalle
de forme circulaire, comme certaines portes de sépultures romaines de
la province de Constantine (Mila, Sétif), et de celle d'Alger (Tombeau
de la Chrétienne, Monument des Isser).
Voilà donc des coutumes très générales, presque universelles. —
Je termine en disant que le Fer à cheval est un porte-bonheur en Dau-
phiné et en Savoie pour les gens superstitieux.
Le mot Cro en Préhistoire.
M. Ch. Aublant (de Périgueux, Dordogne). — Dans le parler péri-
gourdin, qui est un des nombreux dialectes de la langue d'Oc, le mot
Cro (nous prononçons o long) signifie trou, creux, enfoncement quel
qu'il soit et où qu'il soit. A Cro-Magnon, il y avait grotte et abri ; par
conséquent, pour les indigènes Cro.
Magne, Magnou, Magnanou, etc., sont des noms portés fréquem-
ment en Périgord par des familles ou des individus.
Dans le mot composé Cro-Magnon, le second de ces deux mots,
Magnon, ne serait, à mon avis, que la francisation du nom Magnou;
cette francisation en on des mots périgourdins, terminés en ou, est
excessivement fréquente.
En Dordogne, et notamment dans l'arrondissement de Sarlat où se
trouve situé Cro-Magnon, les habitants ont utilisé de tout temps, et uti-
lisent encore, les grottes et les abris sous roche comme habitations,
transformant en demeures plus ou moins confortables, d'après les
époques et les ressources de chacun, les unes et les autres. A côté de
simples cabanes, il y a eu des châteaux bâtis de cette façon !
Autrefois, dans cette même région, on trouvait souvent et quelque-
fois encore aujourd'hui (j'en ai rencontré au moins deux fois en chas-
sant ou en faisant des excursions) des individus, presque toujours fai-
bles d'esprit ou atteints de quelque infirmité, habitant seuls dans des
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 421
trous de rochers, vivant de charité et aussi de rapine, loin de toute
autre habitation.
D'après ce que je viens d'exposer Cro-Magnon ne voudrait-il pas
dire le trou, et par extension, le rocher de Magnou; soit qu'un nommé
Magnou en ait été le premier possesseur, soit qu'une famille de ce nom
ait longtemps habité ce lieu, soit aussi qu'un solitaire, portant ce
vocable, en ait fait sa tanière?
Magnon ou Magnou étant un diminutif de Magne, qui vient de
Magnus, Cros-Magnon aurait-il désigné un trou, et par extension un
rocher comme moins grand ou moins haut qu'un autre?
Les Lieux-dits :
A. propos die l'appellation de « Chante-Loup »
ou de « Chante-Louve » ,
appliquée à nombre de lieux dits.
M. A. de Paniagda Paris . — M. L. Jacquot, dans le dernier
Bulletin de la Société, demande pourquoi un aussi grand nombre
de lieux sont appelés Chante-Merle et Chante-Louve.
Pour Chante-Merle, l'explication me semble facile : c'est simple-
ment parce que les endroits qui portent ce nom, étaient fréquentés,
de préférence, par des merles. — C'est pour la même raison que, dans
le Midi de la France, maints endroits sont dénommés Cante-Laude,
« Chante-alouette ».
Pour Chante-Loup ou Chante-Louve, l'explication est plus compli-
quée. Je pense que cette appellation, appliquée à un lieu dit, indique,
que, en cet endroit, soit un Sorcier, soit une Pythonisse, disant la
bonne aventure.
Il faut expliquer, d'abord, que le mot « chanter » a eu primitive-
ment le sens de « dire » et « de vaticiner », ainsi que l'affirme posi-
vement Strabon : ce qui porte, par force, à croire que les premiers
orciers faisaient leurs prédictions sur le ton de la mélopée. Ainsi se
comprend l'épithète de « a la voix sonore » qu'Hésiode donne aux
nymphes Hespérides, qui formaient, sans aucun doute, une confrérie
de femmes pythonisses : interprétation fortement confirmée, d'ail-
leurs, par Horace, disant que la sibylle de Cumes était resonans.
Or, pour des raisons trop longues à développer ici, les premiers
sorciers vaticinateurs ont été assimilés à des Loups. Au dire d'Hé-
rodote Melpomène, CV , les Neures de Scythie, formant une peu-
plade de sorciers, se métamorphosaient, chaque année, pendant
quelques jours, en Loups, pour reprendre ensuite la forme humaine :
en somme, des Loups-garous, dont le souvenir persiste dans nos
mpagnes. Et notons que cette désignation garou, venant du sans-
422 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
crit garj, qui a produit le latin garrire, « chanter, conter », fait un
« chanteur », du loup qui la porte.
Le Zeus prophétique d'Arcadie était dit « Lycéen », le Loup (Pla-
ton, La République, liv. VIII). C'est un nommé Lycus, « le Loup »,
Aùxoç, un sorcier hyperboréen, qui introduisit en Grèce le culte
d'Apollon, le dieu vaticinateur par excellence. Eh bien, on retrouve
ce personnage mythique divinisé, en Gaule, sous le nom de Lug, qui
n'est qu'une légère déformation de prononciation de Aùxoç, avec la
chute de la désinence grecque. Beaucoup de localités portent ce
nom : Lug-dunum, Lug-dunum d'Aquitaine ; Lug-os, dans les Landes ;
Lug-asson, dans la Gironde, etc.
La démonstration de ce qui vient d être dit doit, semble-t-il, être
faite par l'étude d'une monnaie de la Narbonnaise, citée dans le cata-
logue Chabouillet (2350, 2399). Au droit, un Hermès phallique avec
en exergue : AOYKO EIKN02 ; au revers, un trépied, attribut de la di-
vination, et la légende : AOYK02 TAAHTTÎIN. Le sens de Aouxo etxvo;,
est « Lug prophétique. » En effet, etxvbç vient de eiv:w, avec le sens
de « être en proie à la fièvre prophétique. » Dans la légende du
revers : Xoyyoç Ta^yToiv, loyyoç, pour Xoyo;, est simple; l'attique xaXriôé;
est pour aÀaOeç et veut dire « le vrai, le véridique » ; il correspond
au latin vates. De plus, on trouve, avec évidence, dans la composi-
tion de ce mot, le radical à'Xv), « course errante. » TaXr^xojv n'est pas
un génitif pluriel, mais un nominatif singulier comme son synonyme
ocà'Viwv, « vagabond. » Donc, traduction deXoyyo; xfxkr^zw^ : « la bonne
aventure errante » : légende bien appropriée, spécifiant la bonne
aventure, que, ainsi que les Bohémiens actuels, colportaient les
magiciens primitifs, serviteurs de l'ancêtre immédiat d'Apollon, le
Pan des origines, auquel Orphée donne lesépithètes de « frénétique »,
qui répond au eixvo; de la monnaie gauloise, et aussi à celle de « vaga-
bond », qui corrobore TaXrjYTwv.
M. Gh. Aublant (Périgueux, Dordogne). — En Périgord, les noms
de Chante- Louve on Loube (1), du mot périgourdin loubo, Chante-Poule
et Chante- Géline, Chante- Alouette, Chante-Perdrix, Chante-Merle,
Chante- Luzer ou Luzar (Lézard), Chante-Grel ou Greil (Grillon), sont
donnés à de nombreux hameaux et lieux dits.
Je crois qu'en tenant compte de la topographie, des changements pro-
bables opérés au cours des siècles par la culture et les déboisements,
des mœurs et des habitudes des animaux, dont les noms ont servi à
former ces appellations, on peut arriver facilement à les expliquer.
Chante-Louve sera un endroit désert, triste ou sauvage, un hameau
(1) Tous ces noms se prononcent et s'écrivent aussi Gante-Louve, Gante-Grel, etc.,
d'après les régions où le parler est plus ou moins dur.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 423
isolé; un lieu, en somme, où venaient hurler les loups, alors que ces
animaux abondaient sur notre territoire.
Chante-Poule indiquera plutôt un endroit fertile, bien situé pour
une métairie.
Chante- Merle un lieu un peu retiré, couvert, frais, broussailleux;
endroit qu'affectionne ce chanteur de nos bois.
Chante-Perdrix sera -peut-être souvent un lieu sec, un peu élevé, non
boisé, où la perdrix rouge piète facilement, se remise souvent, et où elle
chante soit au soleil levant, soit à la tombée du jour.
Chant- Luzare et Chante-Grel ne seront certainement pas des endroits
bas et humides, car ces deux petits animaux aiment les lieux secs et la
chaleur.
J'ai noté, sur la carte, un certain nombre de hameaux portant ces
dénominations; et je me propose de les visiter pour voir si mes suppo-
sitions sont exactes.
A mon avis, cette famille de noms de lieux a été formée comme celle
qui possède Bonair, Belair, Bellevue, Beauregard^ Beh'ès, Belcayre,
Beauséj'our, etc., etc.
M. Marcel Baudouin. — Le Congrès Préhistorique de Ximes a vi-
sité, en août 1911, une Nécropole énéolithique à Cantaperdrix, près de
Galvisson (Gard). — C'est bien « un lieu sec, un peu élevé, non boisé » !
,
Module de Peiature gallo-romaine.
H. Bout de Charlemont a trouvé, dans les déblais de fouilles
poursuivies actuellement à Tauroentum (Var), sur les ruines de l'acro-
pole de l'ancienne ville gallo-romaine, un petit nodule de peinture
verte, incontestablement ancienne, dont M. Berg, professeur de mi-
néralogie et d'hydrologie à l'École de médecine de Marseille, a bien
voulu faire l'analyse que voici :
Eau 2 . 20 pour cent .
Perte au rouge 4.80 —
Silice 53.57 —
Oxyde de fer (ferreux) 21 .23 —
Alumine 1.25 —
Phosphate de fer 0.67 —
Chaux 0.86 —
Magnésie de 8 à 10.
pâte est d'un aspect brillant, lisse, douce au toucher, com-
te et tendre pourtant puisqu'elle trace en vert par frottement sur
)apier, comme le pastel.
424 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
M. Bout a également trouvé, dans les mêmes déblais, une coquille
conservant des traces de peinture rouge (oxyde ferrique) ancienne
aussi.
Les nuances de ces résidus sont celles des restes de peintures à
fresque qui recouvraient les murs de l'acropole. Les uns sont donc
identifiés par les autres, comme aussi par leur voisinage réciproque,
et, à ce titre, les susdits résidus, si peu importants soient-ils par
leur volume, présentent un réel intérêt, au point de vue, notamment,
de la composition des peintures anciennes.
III. — COMMISSION DES ENCEINTES.
Commission d'étude
des Enceintes Préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
M. Armand Viré, président de la Commission, dépose le 49e rap-
port.
Nous recevons de M. A. Cousset les intéressants documents sui-
vants sur le Camp du Chatelard, situé commune de Royan (Cha-
rente-Inférieure).
Le Camp du Chatelard (1) a été découvert par M. Morin-Delisse.de
Royan, qui le premier en a donné une description dans la « Revue
de la Saintonge et de fAunis », XXVe volume, 6e livraison, novembre
1905, p. 403 à 413. Son inventeur lui donne une étendue qui peut
égaler le 1/4 de la commune ou environ ; mais, d'après nous, son
importance serait beaucoup plus modeste, et il n'occuperait même
pas entièrement le fief dénommé au cadastre delà commune : Les
Bois-Châteaux.
Dans le reste des bois, entourant le hameau du Chatelard et les !
autres villages, on rencontre bien quelques fossés et chemins creux; j
mais ils ne dépassent pas en importance les délimitations ordinaires
des lieux dits et des propriétés, et n'ont rien de commun avec des
ouvrages défensifs.
Le camp est difficile à trouver, même pour quelqu'un habitant la
(1) Le Chatelard (sans accent), d'après le Cadastre et les Cartes.
SOCIÉTÉ PREMSTORIQUE FRANÇAISE 42o
région. Les bois qui l'entourent sont très touffus et leurs chemins
peu fréquentés sont envahis par les branches.
Il se trouve dans le fiel connu sous le nom de Bois-Chàteaux,
dans lequel il y a de grandes Doues (1).
C'est là seulement que nous avons pu découvrir le camp, après
plusieurs recherches infructueuses, que nous avions tentées seul à
plusieurs reprises, avec la description de M. Morin en main, et après
avoir suivi entièrement son itinéraire.
Aussi, vu la proximité d'une grande plage telle que Royan, et pour
faciliter l'accès du camp aux touristes, nous avons voulu les faire
bénéficier de nos recherches, en le situant sur une coupure de la
carte au 80.000, et en complétant les renseignements à 1 aide d'un
extrait du Cadastre communal. Le côté Sud [fossé et rempart] cor-
respond à la coupe A-a.
Le fossé s'avance jusqu'à la limite du lieu dit voisin Les Espies^ (2)
tout en faisant partie de « Bois-Chàteaux » sur le cadastre aussi bien
que d'après les indices laissés par les coupes des bois, et est utilisé
de nos jours un peu comme chemin pour l'exploitation des parcelles.
Le côté Est fossé et rempartj : coupe B-b; C-c est taillé
dans le fief de Bois-Chàteaux et n'atteint le vieux chemin de Riva-
ient que très loin alors que commence le marais. A partir de là
[2* chemin, venant du lieu dit : Le Couran , le fossé extérieur est
double, sur une centaine de mètres au plus, [voir la coupe C .
Du côté ouest, le fossé est peu important.
Le côté Nord touche à un vallon étroit et marécageux, prenant
naissance dans le iieu dit : Le Couran [sic]. Ce vallon se prolonge au
bas du logis de Taupignac et rejoint les vastes marais d'Arvert.
Sur ce côté nord la terre est légèrement relevée en bordure et forme
un petit parapet, touchant le marais, sans fossé.
La surface du camp est plane et comprend les parcelles n s 174 à
247; le sous sol est du tuf recouvert de terre de bruyère; les princi-
pales essences d arbres qui y croissent sont : le chêne commun, le
chêne vert ou yeuse, le pin maritime, etc..
Aucun éclat de silex n y a été trouvé par nous, aussi bien à la sur-
face du sol que dans les terrassements faits par quelques proprié-
res, qui y ont arraché de grands arbres l'hiver dernier.
camp est situé au fond d'un ijord, communiquant directement
i importants marais (3). Dans la direction de Vaux, de Pontaillac,
Les Doues des Bois-Chuleaujc ; la prononciation du mot Doues [pour Douves,
-à-dire suas la lettre VJ est la même pour toute la Saintonge.
- Expies: >ioin de lieu dit, que nous avons trouve dans presque tous les cadas-
t communaux de la région, sans pouvoir lui attribuer lu moindre signification.
i Revue de ia Saintonge et de 1 Àunis, T. Ut, p. 5i et 304 _Ancien Lac d'eau
— d'ArvertJ.
426 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
et de la gare de Royan, trois autres fjords très accentués, venant de
la mer, s'en approchent également à peu de distance.
Il a été trouvé, paraît-il, des vestiges de bateaux enamont du logis
de Taupignac, en creusant des canaux de dessèchement dans la
tourbe du marais, ce qui indique qu'on pouvait y accéder par eau à
une époque lointaine.
Cette forteresse, par sa situation au voisinage de la mer et à la
partie la plus resserrée de la presqu'île comprise entre le cours actuel
de la Seudre et celui de la Gironde, commandait le pays, comme le
dénote encore la disposition de ses principaux ouvrages défensifs : le
côté Sud qui fait face à la mer et le côté Est, dirigé face au Conti-
nent.
Rien de matériel, qui soit connu de nous, ne permet de le dater
sûrement ; mais, pour des raisons que nous développerons plus tard à
propos d'autres ouvrages similaires, nous lui attribuons une origine
remontant au moins au 11e siècle de l'occupation romaine.
M. O. Desmazières, qui a fait un travail très complet pour
le VIe Congrès Préhistorique de Tours, nous donne aujourd'hui
une récapitulation des Enceintes de Maine-et-Loire.
1° Camps. Enceintes. Retranchements.
Arrondissement d'Angers, 6.
Louroux-Béconnais. Enceinte des Châteaux (i).
Ponts-de-Cé. Extension du camp de César, de Fre-
mur.
Saint-Gemmes-sur-Loire. Camp de Frémur ou de César (Les
Chateliers, le Frémureau, champ
Charles ou le Huttereau).
Charcé. Retranchements de Charcé.
Murs. Chatelier-de-Murs (enceinte de pierre
Saint-Ellier. Retranchements de Charcé (suite).
Arrondissement de Baugé, 6.
Beauveau. Camp de Richebourg.
Durtal. Enceinte de Chalou.
— — de la Galaisière.
Lue. Enceinte de Chatillon.
— — de la Reynière.
Marcé. Tranchées ou fossés des Romains.
(i) Les enceintes imprimées en italiques sont celles qui figurent déjà dans
l'inventaire de M. A. de Mortillet.
I
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
427
Arrondissement de Cholet, 16.
Beaupréau.
Chapelle-du-Genêt.
Cholet.
Fief-Sauvin.
Jallais.
Montigné-sur-Moine.
Romagne (La).
Renaudière (La).
Saint- Pierre-Montlimart.
Saint-Remy-en-Mauges.
Tourlandry (La).
La Ségourie (existe sur le Fief-Sauvin
seulement. -
Redoute de la Roche-Alain.
Enceinte du Chêne-Landry.
Oppidum de la Se'gowie.
Retranchement du Petit-Nombault.
— de la Forêt de Leppo.
Camp de Braud.
Enceinte de Bouzillé (La Chasse).
— du bois des Brunières.
Tranchées ou fossés des Anglais.
Camp de la Boutrie.
Enceinte mégalithique.
Enceinte de la Motte Bataillère.
— du Chiloux.
Enceinte du Bois des Minières.
Enceinte de la Volerie.
Arrondissement de Saumur, 16.
Bagneux.
Chenehutte-les- Tu ff eaux .
Doué-La-Fontaine.
Fontevrault.
Forges .
Gennes.
Louerre.
Noyant-la-Plaine.
5aint-Cyr-en -Bourg.
Brain-sur-Allonnes.
La Breille.
La Breille.
Enceinte de Terrefort.
Camp de Chenehutte.
Camp de Doué ou de Montfiel .
Enceintes du Poteau d'Arrée, 3.
— de la Garde.
Enceinte de la Bardinière.
Camp du Vau.
Camp de la Brosse.
Enceinte de Saumoussay.
Enceinte de la Cave peinte.
H etranchements des Grands- Buissons.
Retranchements de la Lande Sebille.
Camp des Prussiens (Enceinte des
Mortiers).
Camp de la Girard.
Arrondissement de Segré, 8.
Angrie.
La Butte aux Anglais.
Chatelais.
Enceinte de Saint-Julien.
—
— de Rouge-Ecu.
Lion d'Angers.
Camp de l'Ile.
Montguillon.
Enceinte des Rouvrais, 2
428 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Pouancé. Enceinte du Bois delà Haie.
St-Michel et Chanveaux. Enceinte de Chanveaux.
Total général, 52.
2° Buttes et Mottes (les plus remarquables).
Communes. Dénominations.
Baugé. Monte-Echelle ou Château-Coin.
Chalain-la-Potherie. Butte de la Jotelle.
Jaille-Yvon (La). Butte de l'Echaudé.
Jallais. Motte de la Gourdonnière.
Loire. La Motte Cesbron.
Montfaucon. La Motte des Fiefs.
Mouliherne. Motte du Cavalier.
M. M.Stalin, membre de la Commission, et le docteur Soubei-
ran, signalent l'existence, à Pont-Saint-Pierre (Eure) — rive
gauche de l'Andelle — d'une enceinte et d'une motte, non invento-
riées à ce jour.
La première, qui présente quelque analogie avec le Château
Buron de Bouillancourt-en-Sery (i) (Somme), connue dans le
pays, sous le nom de Catelier, de forme elliptique et pourvue du
côté Nord-Est d'une sorte dedonjon, se trouve sur la colline sépa-
rant la route de Pont-Saint-Pierre de celle de Flipou, à peu près à
hauteur du passage a niveau du chemin de fer.
La seconde, dite Motte du bourg, distante de la précédente d'en-
viron trois cents mètres seulement dans la direction de la Seine, et
en bordure d'une chaussée d'origine très ancienne, n'offre aux
regards rien de particulier. Entourée d'un vallum peu profond,
large approximativement de trois-mètres, elle semble accuser, tout
au plus, en diamètre, quatorze mètres à la base et huit au sommet,
et en hauteur six mètres.
La présence dans le voisinage immédiat de ces ouvrages défen-
sifs, au lieu dit le Coudray et dans le bourg même de ,Pont-Saint-
Pierre, de stations néolithiques (2), la découverte à plusieurs
reprises dans le lit de l'Andelle de haches polies en serpentine,
judeite et diorite, ne paraissent pas suffisantes à nos collègues pour
en dater l'édification; mais ils espèrent qu'une tranchée, qu'ils se
proposent d'exécuter au cours d'une prochaine excursion réservée
à la levée d'un plan, leur fournira d'utiles indications à ce sujet.
(1) Voir C. Bacquet. — XIII* Rapport B. S. P. F. [Séance du 26 décembre
1907, p. 490I.
(2; Quenouille. — Recherches néolithiques dans le bassin de l'Andelle. — Bull.
S. N. E. P., Tome VIII, 1901.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 429
— M. A. Coutil nous envoie les notes suivantes sur des
enceintes de l'Eure.
i° Brionne, arrondissement de Bernay (Eure). — Le Camp du
Vigneron. — Ce camp a été signalé, sans description, d'abord par
Gadebled, dès 1840, et précédemment par A. Le Prévost, sous le
nom de Tombeau du Druide, parce que le rempart de l'éperon
barré offre peu de longueur (j5 mètres); il a 16 à 18 mètres de
haut. Ces auteurs avaient pris le talus pour un tumulus; d'où le
nom de Tombeau du Druide. Vers 1860, un original du pays,
nommé Trajin, fit aplanir le milieu du talus, sur 20 mètres carrés,
qu'il fit entourer d'un petit fossé; et il composa la dédicace sui-
vante pour la dalle tumulaire qui devait le recouvrir :
Jacques-Paul-Constant Trajin,
Né, à Salerne, le 2 novembre 1790
baptisé le même jour.
c'est une loi que tout chacun doit suivre
c'est un devoir de mourir après vivre
ainsi mortels je vous dis au revoir
adieu bonjour ou bien adieu bonsoir
le 11 février i865.
Cet éperon barré situé sur un cap abrupt domine Brionne (Eure)
de 1 18 mètres; cette première partie du camp occupe près de 600
mètres. En avant du grand rempart, à 22 mètres, il existe un pre-
lier petit talus, de 1 mètre de hauteur, avec fossé de im5o de large ;
forme un arc de cercle; quelques cavités du voisinage doivent
>rovenir d'anciennes carrières de silex à bâtir, dont on trouve des
)locs énormes dans toute cette région. A l'angle N.-O. du fossé de
mètres de largeur et 6 de profondeur, précédant le grand talus,
voit un talus oblique de im6o de haut, avec fossé; il contourne
>ut le sommet de ce monticule sur plus de 1 200 mètres et se dirige
îrs le hameau de Gauville. Sur l'autre déclivité regardant la
tisle, il n'y a pas de retranchement. Ce dernier talus m'a été si-
talé par M. Duquesne, membre de la Société, avec lequel j'ai pu
pu contrôler sa direction et sa longueur. Comme cet endroit est
boisé et tapissé de bruyères très épaisses, il est impossible de re-
connaître son origine.
Brionne Eure). — Le camp du Parc. — En face, sur la rive
droite de la Risle et le ruisseau du Bec, qui coule dans l'autre
vallée, se trouve un camp, d'une forme bizarre : un angle me fut si-
gnalé par mon collègue M. Duquesne; depuis nous avons pu en
suivre les trois côtés. L'un d'eux est parallèle à la Risle, les deux
autres côtés sont relativement perpendiculaires à celui-ci et à peu
près parallèles; ils sont distants de 5oo mètres, lorsqu'ils s'éloi-
SOCIÉTÉ PRÉHISTOKIQUE FRANÇAISE. 28
H
430 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE
gnent du coteau de la Risle, puis de 340; enfin de 25o mètres seu-
lement au bas du coteau descendant à la vallée du Bec Hellouin-
Il est nécessaire de faire remarquer que les fossés ne sont pas tou-
jours extérieurs ; cette particularité existe sur les côtés Sud et Est,
où il y a un double fossé ; et, à environ 1 6 mètres de ce fossé, on re-
trouve sur de très longues distances (plus de 5oo m.) un mur en gros
silex de om8o d'épaisseur et 2 mètres de haut; on voit près du large
fossé d'enceinte des fosses nombreuses de 6, 8, et 10 mètres de lar-
geur sur 5 à 6 mètres de profondeur, d'où l'on a extrait les silex du
mur. Cette clôture fut sans doute construite aux xe et xie siècles par
les religieux de l'Abbaye du Bec, située à 2 ou 3 kilomètres de là.
Mais nous ne croyons pas que les talus et fossés soient de cette épo-
que. En effet, le mur contourne bien à 8 ou 16 mètres de distance
deux des côtés du camp; mais, sur le 3e côté, situé à 35o et 400 mè-
tres, presque parallèlement, il n'y a jamais eu de mur. Quant à
dater ce camp, ne peut-on pas supposer que c'est un ouvrage du
IXe ou X* siècle, contemporain des attaques du donjon de Brionne,
qui se trouve au sud, à 2 kilomètres, et construit vers cette époque.
Tourneville (Eure) — Le camp du Parc. — Il est intéressant
de rapprocher ce camp, nommé le Parc, d'un autre camp que j'ai
découvert l'été dernier, en fouillant des tumulus situés dans le
bois du Parc, près de grands talus, à Tourneville (Eure). J'ai re-
marqué d'un côté deux remparts, avec deux fossés, distants aussi
de 1 5 à 16 mètres, et d'un seul côté; alors que les deux autres côtés
ne sont pas doublés, ils descendent aussi du sommet du plateau,
vers la vallée et la rivière, sur une longueur de près de 16 à
1800 mètres; le 4e côté du retranchement n'existe pas vers la décli-
vité et la rivière. Il y a donc là deux faits analogues à Tourneville
et Brionne.
Je me propose d'étudier beaucoup d'autres bois, portant le nom
de Bois du Parc, alors qu'il n'existe aucun souvenir qu'un château
ait existé à proximité. J'attire donc l'attention de mes collègues
sur cette particularité, en les mettant en garde sur les fossés limites
de propriétés. Dans les bois, les divisions de propriété sont à
craindre ; il faut une grande expérience des retranchements pour
pouvoir éliminer ce qui est un simple fossé limite. Il existe aussi
dans les forêts des doubles fossés, parallèles aux grandes routes
départementales, et même de moindre importance.
Du reste, je crois que beaucoup de ces retranchements sont net-
tement historiques, bien que pour les camps carrés, nommés aussi
Parc ou Parquet, il s'en trouve qui sont entièrement remplis de
substructions romaines. J'ai fait des sondages, récemment, au Par.
quet aux Anglais, dans la forêt du Bord, à 3oo mètres de la villa
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 431
d'Incarville, que je viens d'explorer; et bien que des bûcherons
m'aient dit qu'ils y avaient trouvé des tuiles romaines, les six son-
dages faits contre les talus et au centre ne nous ont rien donné.
3° Villers-sur-Andelys. — Le camp du Tare ou du Galardon.
— Bien que j'aie souvent parcouru ce coin de Bois du Parc, il a
fallu qu'il soit défriché pour que les talus et fossés me démon-
trent qu'ils appartiennent à un camp. (Tout un coin malheureuse-
ment des talus est transformé en carrière de silex). Ces talus mo-
destes, de im5o, correspondaient à un ouvrage de défense peu im-
portant, qui fut sans doute renforcé par des palissades. C'est sur-
tout la partie située an sud qui le caractérise, avec son large fossé
oblique de 6 à 8 mètres; on ne comprendrait pas qu'un propriétaire
ait séparé un petit coin de bois de 120 mètres de long d'un côté,
sur 100 mètres de l'autre, et 60 mètres de base, par un talus et un
fossé de 6 à 8 mètres de largeur. Ce double rempart et ce tossé,
surtout accusé à la partie déclive, indique bien une intention de
défense.
40 Acquigny, arrondissement de Louviers (Eure), Le Château
Robert. — Un 4e camp, que j'ai signalé déjà ( 1), offre le plus grand
rapport avec le Camp du Vigneron de Brionne. C'est le Château
Robert.
Cet éperon barré, dominant les ruines de Cambremont, l'église
et le château d'Aquigny, forme un cap dominant la vallée de l'Eure
au Nord, à l'Ouest et au Sud; il est isolé du coteau boisé, vers
l'Est, par un immense rempart, en arc de cercle, mesurant 100 mè-
tres de corde; une porte existe au centre de ce grand rempart. Le
talus s'élève de i5 mètres et de 18 mètres du fond du fossé; ce der-
nier fossé mesure de 4 à 6 mètres de profondeur et 8 à 10 mètres
de largeur, vers le plateau ; ce fossé a dû se combler par la chute
des feuilles et le ruissellement provenant de talus. Un second re-
tranchement, comprenant un talus de im5o à 2m5o et un fossé de
3 mètres, précède le grand talus ; il forme au centre une seconde
enceinte elliptique mesurant 85 mètres de long sur 40 mètres de
large; du milieu part un 3e talus de 3o mètres de long, se ratta-
chant au côté nord de l'éperon. Le grand talus se prolonge au nord
et au sud, sur les côtés du promontoire; à 3oo mètres au nord se
détachent deux autres talus de 100 mètres, se coupant vers l'ouest,
à angle aigu; ces deux talus présentent chacun deux solutions de
continuité.
Je ne puis encore attribuer une date pour la construction du re-
(1) L. Codtil. — Archéologie gauloise, gallo-romaine, franque et carolin-
gienne. Département de l'Eure, arrondissement de Louviers. — 1898, p. 75-76.
432 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
trancheraient de Château Robert, d'Acquigny, il rappelle le Camp
du Vigneron de Brionne; les recherches que je poursuis sur l'ori-
gine des e'perons barrés de Normandie seront publiées prochaine-
ment, ainsi que le plan, dans le volume du Congrès préhistorique
de Nîmes.
— M. Victor Piraud nous adresse la note, rectificative suivante :
« On vient de me communiquer le numéro du mois de mai 1 9 1 1
du Bulletin de la Société Préhistorique Française, où je lis, à la
page 3 1 6, un entrefilet de M. Jacquot, au sujet d'une levée de terre,
que j'ai remarquée au sommet du mont Rachats, et que j'ai signa-
lée à la séance du 8 mai de la Société Dauphinoise d'Anthropolo-
gie et d'Etno graphie. Dans ce court article, M. Jacquot se ré-
serve d'aller étudier ce mur.
A ce sujet, je vous serai très reconnaissant, si vous vouliez bien
indiquer dans votre Bulletin qu'à la séance du 8 mai de la Société
Dauphinoise d'Anthropologie et dEtnographie j'ai fait part de mon
intention d'étudier d'une façon plus approfondie ce mur, auquel j'ai
cru devoir attribuer quelque importance. »
Nous ne pouvons que nous réjouir delà bonne volonté manifes-
tée à ce propos, et espérer que les recherches combinées de nos
deux collègues nous apporteront bientôt les documents inédits et
intéressants.
— M. L. Jacquot a transmis à M. Baudouin l'indication et le
plan du Camp des Romains, près de Clementières (et de Saint-Mar-
tin-le-Venoux), commandant une série de massifs montagneux, le
mont Rachais (Isère) et la plaine du Grésivaudan. Ce point cul-
minant est entouré de pierres.
— Me M. Savoye nous envoie deux remarquables photographies,
dont Tune représente dans son ensemble, vue du Sud-Ouest, l'en-
ceinte inférieure de Graye qui entoure, comme d'une collerette,
le sommet dominé par une église; et l'autre un détail, sous bois
de l'important éboulis, de pierres marquant l'enceinte supé-
rieure.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Stratigraphie de trois tranchées dans l'atelier
de Larcy (Grand-Pressigny).
PAR
MM. Henri MARTIN Paris) et J. -B. BARREAU (Tours).
Pendant le sixième Congrèspréhistorique, tenu àTours,enaoût
1910, nos collègues ont pu se rendre compte de l'importance des
ateliers de Larcy et chacun d'eux a pu faire une ample récolte
d'éclats de silex travaillés et de livres-de-beurre.
Aucune tranchée méthodique ne permettait alors de connaître
au Grand-Pressigny la fréquence et la répartition des pièces en
profondeur. — C'est pourquoi, pendant l'excursion du Congrès,
nous avons arrêté le plan de fouilles, que nous avons exécuté du
1er au 4 février 1911.
Les alentours de la ferme de Larcy, commune de Neuilly-le-
Brignon (Indre-et-Loire), comprennent plusieurs ateliers; mais
nous nous sommes limités à l'étude d'un seul, celui de la Pièce
di's Rouchères, de beaucoup le plus important (Fig. 1).
Trois tranchées ont été ouvertes et sont repérées sur le [Fig. 1)
plan en A, BetC; elles correspondent a des altitudes différentes
du champ.
Tranchée A. — Plutôt située sur la Pièce des Grosnais, cette
tranchée a été creusée à peu près sur le point culminant de
l'atelier. Ses dimensions sont les suivantes : longueur 3 mètres,
largeur lm50, profondeur lm20. Le grand axe orienté dans le
sens du thalweg.
Nous n'avons pas choisi au hasard l'emplacement de cette tran-
chée ; nous nous sommes basés sur la concentration de quelques
pièces intéressantes en silex, telles que : hache polie, percuteurs,
débris de lames et nombreux éclats de formes variées.
Nos ouvriers, cultivateurs de la région, nous firent remarquer
qu'une tranchée en ce point serait vite arrêtée par la roche sous-
jacente, gisant, d'après eux, à une faible profondeur. Il n'en a rien
été; la gelée seule rendit le terrain résistant jusqu'àl5centimètres.
La coupe nous a donné 30 centimètres de terre arable argi-
leuse, avec quelques débris de silex et de tuiles; puis au-dessous
une argile verdâtre parsemée de traînées rougeâtres ne contenait
aucun silex, que nous avons traversée pendant un mètre. Au con-
tact des deux couches argileuses se trouvaient des fragments de
poudingue siliceux.
434
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Fig. i. — Situation des Tranchées exécutées à l'Atelier de Larcy (I.-et-L.).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FPANÇAISE
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Tranchée^ B.
436 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le résultat obtenu en ce point était médiocre, l'industrie du
silex s'éteignait à une faible profondeur, sans avoir donné en
tranchée une seule pièce caractéristique.
Tranchée B. — Cette saignée fut pratiquée vers le milieu de la
Pièce des Rouchères. Dimensions : longueur 10 mètres, largeur
lm30, profondeur maximum 3m80.
Successivement : nous avons trouvé les couches suivantes :
a. Terre végétale argileuse : 0m25.
b. Terre argileuse, d'une teinte grisâtre, mêlée de petits cail-
loux : lm20.
c. Argile verdâtre pure, teintée et tachée jaune, avec quelques
éclats de sable et des petits rognons de silex colorés extérieure-
ment en rouge sang, par des sels de fer : 1 mètre 55.
d. SableOm25, passant au calcaire tendre blanc jaunâtre. Cette
dernière couche étant en place sans remaniements, n'a pas été
creusée au delà de 0m80.
Avant d'aborder la répartition des pièces archéologiques trou-
vées dans ces différentes couches, nous envisagerons certains
détails géologiques les concernant.
La couche superficielle en terre arable (a) est d'une médiocre
fertilité et non exempte d'engrais ; chaque année elle est remuée
par la charrue, jusqu'à une profondeur de 30 centimètres au
maximum; c'est donc une couche assez mince dont les mêmes
parties, continuellement brassées, reviennent à la surface.
La couche sous - jacente (b), malgré le froid du moment
( — 6° centigr.), a été entamée facilement ; l'argile n'est pas stra-
tifiée ; sa couleur, au lieu d'être uniformément grisâtre, est
éclaircie par des îlots de petits fragments de calcaire siliceux,
qui maculent la teinte du fond.
Cette couche, par son manque de stratification horizontale,
offre l'aspect d'une nappe descendue, sous forme de boue, de la par-
tie élevée de la région, distante approximativement de 120 mètres.
La masse argileuse inférieure (c) est plus homogène, plus
grasse; elle tranche aussi par sa coloration bistre-jaune; la strati-
fication manque également; on y retrouve de petits amas de sable
jaune clair ; mais les fragments de calcaire et de silex y font
défaut.
Cependant, au contact des deux couches argileuses, nous avons
trouvé de grosses plaques de silex noir, épaisses de 0ra05, attei-
gnant parfois 0m40 et 0m60 dans les mensurations de surface. Ces
fragments, ou tout au moins quatre d'entre eux, étaient situés à
plat, tandis qu'un autre était placé de champ. Cette position nous
fit penser que ces fragments n'étaient pas dans leur position
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
437
géologique primitive; d'ailleurs en les juxtaposant nous avons pu
reconstituer la dalle brisée, et nous rendre compte qu'une fracture
avait disloqué les différentes parties; quant au redressement du
dernier morceau, on peut l'attribuer à la poussée, produite au
moment du glissement de cette masse argileuse.
A la base de cette couche (c), sous une faible épaisseur, l'argile
devient pure et se trouve en contact d'un sable très fin, blanc-
jaunâtre (d), fossilifère, qui passe, après 0m25 d'épaisseur, à un
calcaire très £n et très tendre d'un jaune pâle.
Cette couche a été explorée sur 0m80 de profondeur, car il n'é-
tait pas douteux que nous étions arrivés sur des formations ma-
rines en place, antérieures au Quaternaire.
D'ailleurs, les renseignements fournis par M. Lecointre,sur les
échantillons que nous lui avons communiqués, sont concluants; il
les rapporte aux couches de passage entre le Turonien moyen
(Craie tuffeau) et le Turonien supérieur.
D'autre part, M. Lecointre a bien voulu nous fournir d'intéres-
sants renseignements sur le silex de la région, et nous sommes
heureux de les joindre à notre communication.
Origine des Silex du Grand-Pressigny . — Le silex jaune
(Livre de beurre) provient du Turonien supérieur.
On peut le voir en place dans un certain nombre de localités :
par exemple a Montrésor, où il existe sous la forme de bancs
liscontinus (cordons), formés de silex plats d'une épaisseur va-
lant de 0m05a0ra20.
Le Turonien supérieur ne présente ce silex que dans la partie
id-est de l'Indre-et-Loire ; les autres régions en sont dépour-
vues.
AuGraud-Pressigny, la Craie ayant disparu par décalcification,
;s silex restants constituent la formation appelée : Argile à Silex.
Les silex noirs n'ont été observés en place qu'à l'état des petits
)gnons dans le Turonien inférieur (craie marneuse à Inocera-
ius labiatus) et dans le Sénonien (craie à silex). L'argile à silex
le Larcy, reposant sur le Turonien moyen (craie tuffeau), ne peut
►ntenir de silex du Turonien inférieur. De plus, ladite 'argile à
silex nous a livré quelques fossiles, dont Janira quadricostata,
iractéristique du Sénonien.
Il y a donc lieu de considérer, jusqu'à preuve du contraire, les
silex noirs comme le résidu de la décalcification du Sénonien ».
En résumé, cette épaisse couche argileuse, de 3 mètres, est le
imoin d'un important ruissellement, qui a modifié le relief de
la côte des Rouchères, à une certaine époque du Quaternaire que
îous tâcherons de préciser plus loin.
438 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La descente de l'argile inférieure n'a pas été brusque ; cette
argile était assez délayée, car sa base offre peu d'éléments étran-
gers arrachés au substratum; elle est fine et recouvre le sable
sans s'y mêler.
Le transport de la grosse masse argileuse doit coïncider avec
de fortes pluies; elle a pu glisser, sous forme de bouillie liquide et
les couches, situées jadis au sommet du « Bois des Demoiselles »,
ont suivi la déclivité de la région. La poussée a été suffisamment
forte pour entraîner de lourdes plaques de silex et les briser en
morceaux, que nous retrouvons aujourd'hui disjoints.
Les silex taillés habituels de surface ont été trouvés abondam-
ment ici, nous voulons parler de ceux connus depuis tant d'années
dans les différents ateliers du Grand-Pressigny et nous n'insis-
terons pas beaucoup sur ces trouvailles, appartenant à un Néoli-
thique assez fruste, où se trouvent des fragments de lames, des
perçoirs, des éclats taillés et utilisés, quelques haches polies,
mais qui est caractérisé par la présence des gros nucléus ou livres
de beurre.
Les silex de couleur noire prédominent dans ce champ; et
presque toutes les livres de beurre sont de couleur foncée.
Dès les premiers coups de pioche dans la terre végétale, nous
avons mis au jour des éclats ordinaires, sans rencontrer de pièces
bien définies; il en a été de même sur une surface de 13 mètres
carrés ; et, à une profondeur de 0m30, nous avons constaté la dispa-
rition complète des éclats ; mais à 0m40, dans la couche argi-
leuse (c), nous avons trouvé deux pièces intéressantes : l'une, un
petit coup-de-poing acheuléen, parfaitement taillé aux deux faces,
long de 0m076 (PI. I, Fig. 1): l'autre, un disque à taille unifa-
ciale, d'un diamètre égal à 0m092 (PI. I, Fig. 2).
Un deuxième niveau archéologique, situé à lm20 de la surface,
nous fournit ensuite deux racloirs massifs et grossiers ; l'un d'eux
est assez grand ; mais leurs caractères ne permettent pas de les
rapporter avec certitude à un âge quelconque; le plus petit (PI. III,
Fig. 6) porte sur sa face bombée quelques macules de cacholong.
Un peu au-dessous de ce niveau, nous avons trouvé une sorte
de^ pointe moustérienne, à taille unifaciale, de forme triangulaire,
avec un plan de frappe et un bulbe (PI. I, Fig. 3 et 4). Puis, à
2m10, dans l'argile verdâtre (c), une autre couche archéologique
fournit deux éclats très retouchés et très utilisés en silex jaune; et
un peu au-dessous, à 2m40, un gros bloc conique; en silex noir,
mesurant 0m17x0mll, sorte de grand hachoir très épais, por-
tant des retouches fines et serrées sur le bord le plus aigu.
Enfin, le dernier niveau, avant la rencontre du sable, nous a
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 439
livré à 2m65 de la surface, dans la couche argileuse (c), une livre
de beurre et un fragment de tuile ! Ce nucléus en silex noir appar-
tient au type plat et court ; sa ligne sinueuse est parfaitement
taillée et visible sur les quatre bords; les deux faces de la pièce
portent les empreintes de plusieurs lames détachées (PI. II,
Fig. 5).
Le fragment de tuile a 0m015 d'épaisseur, il est rouge et a subi
la cuisson ; l'absence de courbure nous fait employer le mot tuile,
plutôt que celui de poterie, sans toutefois être définitivement
fixés (PI. III, Fig. 8).
En résumé, cette tranchée nous donne une superposition
archéologique, où l'Acheuléen se place immédiatement au-dessous
des pièces néolithiques de surface ; puis s'échelonnent en profon-
deur des silex d'aspect moustérien, et, enfin, à la base, une livre
de beurre, accompagnée d'argile cuite et façonnée.
Les terrassements ont été faits sous nos yeux, par six ouvriers,
pendant trois jours ; et les différentes pièces que nous signalons
ont été retirées des couches par nous-mêmes. Notre collègue,
Jacques Rougé (de Ligueuil), est venu sur un appel constater, le
dernier jour des fouilles, l'état des tranchées.
Cette coupe paraîten contradiction avec la stratigraphie indus-
trielle du Quaternaire, mais l'inversion observée peut cependant
s'expliquer.
La déclivité du terrain et le ruissellement sont les deux prin-
cipaux facteurs du renversement des couches.
On peut supposer que la région haute desRouchères contenait
encore, un peu après le début du Néolithique, des couches mous-
térienues et acheuléennes dans leur superposition archéologique,
et que de fortes pluies aient entraîné vers les parties déclives la
couche superficielle néolithique, puis le niveau moustérien, et
enfin l'acheuléen; c'est pourquoi le niveau le plus ancien, glissant
le dernier, est venu recouvrir les pièces d'un âge plus récent.
En tout cas, ce ruissellement s'est produit à une époque où la
livre de beurre et l'argile cuite étaient connues, et, après ces phé-
nomènes d'inversion, l'occupation néolithique a de nouveau laissé
des vestiges sur toute la surface de ce terrain.
Actuellement la différence de niveau est de 4 mètres entre le
point où fut exécuté cette tranchée et le sommet du Bois des
Demoiselles.
D'après les données, certainement très incomplètes, de cette
! coupe, il semble que le Polissage du silex est limité aux pièces
de surface.
i
440 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Tranchée C. — Exécutée dans la partie la plus déclive du
champ, cette tranchée mesurait 4 mètres de long et lm50 de large;
la terre végétale y est plus épaisse qu'ailleurs; elle atteint 0m40.
Les éclats néolithiques étaient très nombreux dans toute la hau-
teur de cette couche ; mais nous n'avons trouvé aucune pièce sail-
lante. Au-dessous, jusqu'à 1 mètre de profondeur, la terre
argileuse est dépourvue de tout vestige siliceux.
Il semble qu'on voit encore, dans cette région inférieure du
champ, l'effet du glissement des terres superficielles, entraînant
vers la déclivité un maximum d'éclats.
Dans la région supérieure de l'atelier, les silex sont disséminés
dans une couche, dont l'épaisseur ne dépasse pasOm30, tandis que,
à une distance de 110 mètres et à une différence de niveau attei-
gnant 4m40, les vestiges archéologiques sont plus abondants et
répartis dans un dépôt dépassant parfois 0m40.
Explication des Planches hors texte
Planche 1. — Fig. 1. — Petit coup- de-poing, d'aspect acheuléen. Silex blond. Taillé aux
deux faces. Trouvé à 0m40.
Fig, 2. — Disque d'aspect moustérien. Taille périphérique sur une seule face. On retrouve
cependant un petit plan de frappe et un bulbe de percussion. Silex blond . Trouvé à 0"40.
Fig. 3 et 4. — Pointe grossière d'aspect moustérien, photographiée sur les deux faces. Taille
périphérique sur une seule face. Plan de frappe; bulbe de percussion avec esquillement.
Silex blond. Trouvée à 1">20.
Planche 2 Fig. 5. — Livre de beurre. Fracture de l'extrémité antérieure. Taille bi-faciale
Prélèvement de lames aux deux faces. Les deux bords offrent la ligne sinueuse obtenue,
par des cupules alternes. Silex noir. Trouvée à 2m65.
Planche 3. Fig. 6. — Racloir dont le bord actif et retouché est surbaissé. Eclat assez gros-
sier en silex blond, trouvé dans la tranchée à 1°»20 de profondeur.
Fig. 7. — Eclat triangulaire irrégulier taillé aux deux bords d'une seule face. La face oppo-
sée dans son plan de clivage, ne porte aucune retouche; on y voit le bulbe de percus-
sion. Silex blond. Trouvé à lm10.
Fig. 8. — Fragment de tuile (?) trouvé à2m65 auprès de la livre de beurre (photographie
PI. 2, fig. 5). Couleur rouge, lisse sur une face, et rugueuse sur l'autre. Epaisseur :
15 millimètres . Pâte à grain assez fin, cuisson régulière. La face lisse porte les stries
parallèles et nombreuses.
Nota. — Toutes les photographies, représentées sur les trois planches, sont, à quelques
millimètres près, de grandeur naturelle.
FOUILLES DE LARCY (GRAND-PRESSIGNY).
MM. Henni MARTIN" et J.-R. BARREAU.
PI. i
Clichés D- Henri Martin.
FOUILLES DE LARCY (GRAND-PRESSIGNY).
MM Henri MARTIN el J.-B. BARREAU.
PI. 2.
Cliché I) Henri Martin.
FOUILLES DE LARCY (GRAND-PRESS1GNY
MM. Henri MARTIN et J.-B. BARREAU.
PI. 3.
É!
Qichés I) Hi-ii,' Martii
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 441
La Préhistoire de Xiederbronn (Alsace) (1).
PAR
Charles MATTHIS (de Niederbronn, A.),
Membre de la Société Préhistorique Française.
Introduction. — Dans de précédents ouvrages (2, 3, 4, 5, 6,7),
il m'a été possible d'établir la haute antiquité de Niederbronn,
cette petite station thermale située sur les confins de l'Alsace
septentrionale, et traversée par l'ancienne voie celtico-romainede
Strasbourg à Metz. C'est en fouillant la terre, à Niederbronn et
dans les environs, que j'ai pu trouver des Silex taillés (armes et
outils), des haches polies en pierre, des haches en bronze et en
1er, de la verroterie décorée, des monnaies portant un sanglier en
effigie, et de la poterie très primitive.
Ces pièces furent examinées par des personnes compétentes et
attribuées, les unes, à des tribus Gauloises, les autres aux hommes
de 1 âge du bronze et de la pierre polie.
Pour l'époque romaine, les résultats furent plus beaux encore,
surtout dans le voisinage de la Source minérale (tempérée et
saline). On trouva, outre les Thermes, de nombreuses sculptures,
les unes détériorées, les autres en parfait état de conservation.
Ce furent des cippes avec l'image des dieux sur les quatre faces;
d'autres piècesdonnèrenten relief Pallas, Diane, Junon, Hercule,
Minerve, etc. Une belle plaquette en grès rouge montra une
Vénus toute nue, sadmirant dans une glace; à ses côtés se tient
Y Abondance, avec sa corne remplie de fruits. En outre, on
trouva de nombreux autels, dédiés aux génies des lieux et auxcfiW-
nitès de la Source. De la vase retirée en 1568 du fond du bassin
(construction romaine de forme hexagonale), on parvint à sauver
des centaines de monnaies, très bien conservées : une série inin-
terrompue des Césars, depuis Auguste jusqu'à Arcadius ! Sur la
route qui reliait Niederbronn (l'ancienne Wasgowiana, nom qu'on
c-oit avoir été celui que portait la ville sous la domination
romaine) par Brumath à la grande voie qui venait de Strasbourg et
se dirigeait vers le Rhin, étaient échelonnés de nombreux Vicus,
dont certains furent pour les musées de véritables puits de
richesse.
1) Communication faite à la séance de mai, 1911.
2) Niederbronn aux anciens temps (époques romaine et moyen âgé).
3) La Wasembourg : un temple de Mercure et une ruine gothique.
|4) Carte des châteaux et des curiosités du Wasgau (Basses- Vosges),
5) Enceinte préhistorique du Riesberg.
6) Les Monolithes des alentours de Niederbronn.
7) Un cimetière franc près de Niederbronn,
II
442 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Toutefois ce ne fut pas à la plaine que s'arrêtèrent mes recher-
ches, car, à mesure qu'on s'y avance, les objets pré-romains di-
minuent. Je me tournais alors vers les montagnes, qui avaient su
conserver, sous l'épaisseur de leurs bois sombres et mystérieux,
sous une couche épaisse de feuilles et de mousses, les objets qui
furent les muets témoins de nos belles légendes, si populaires
encore avant la guerre, et qui tombent aujourd'hui de plus en plus
en oubli.
Depuis mon jeune âge, ces pierres et ces roches aux formes cu-
rieuses m'avaient frappé. Des murs, formés d'énormes blocs; des
galeries creusées dans le roc; des grottes dans lesquelles de nom-
breuses personnes pouvaient facilement se coucher, et où l'on
trouvaitdes fragments de poterie primitive, des os et du charbon :
c'étaient-là pour moi des motifs suffisants pour aiguiser ma soif de
chercheur. Joignez à cela les nombreux petits bassins ronds et
profonds, dans lesquels on était sûr de trouver de l'eau ; et vous
trouverez l'explication de mon travail d'aujourd'hui. Car Vhomme
de la plaine, l'habitant des vallées, a, malgré les siècles, con-
servé le vieux culte de la montagne ; il aime à y retrouver la
demeure et le refuge de ses ancêtres, et les ruines des monu-
ments qui y sont restés sont encore aujourd'hui pour lui un sujet
de crainte, de respect et d'horreur.
Toutes les montagnes, qui entourent Niederbronn d'un si beau
cadre de verdure et dont les pentes descendent vers la ville,
cachent sur leurs hauteurs des vestiges de constructions des
temps préhistoriques, qui sont des habitations, des murs de dé-
fense et des camps de refuge, ou des lieux de culte. Dans mon
jeune âge, je fuyais ces endroits, que je recherchais plus tard.
Les Cupules qui s'y rencontrent se trouvent toujours dans le
voisinage d'autres pierrestravaillées, dont l'usage et le but nous
sont encore inconnues; toutefois les noms des montagnes, des
cantons ou des chemins, ont toujours quelque chose d'antique et
de particulier et se sont conservés. Comme montagnes, je nomme-
rais les Finster (sombre), Ochsen (Bœuf) Heidenkopf (tête de
païen), Bild- stoeckel {tronc avec P image), Lichteneck (coin de
lumière), Zickenburg, Kelten Lager, Gailer-Lies, Pfaffenberg, ,
Riesberg.
Sur chacune de ces montagnes j'ai relevé des Cupules; elles j
sont placées, d'après un système très réfléchi, de manière à ce
qu'on put correspondre d'un point à un autre.
A côté ou à proximité des cupules et sur le sentier qui y con-
duit se trouvent toujours les Pierres à marques (Fig. I et II),
qu'on ne rencontre pas sur nos autres montagnes !
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
443
444 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A Saverne-Dabo, en Lorraine, à 40 kilomètres d'ici, et dans
le Palatinat, on retrouve des Cupules ; mais non pas les pierres à
marques au même état primitif.
Les pierres à cupules, ainsi que les autres mégalithes, étaient
(à part l'enceinte du Camp, dit celtique, et le Monolithe de la
Liese), absolument inconnues !
Ne désirant pas donner trop d'étendue à ce premier travail, je
ne parlerai ici que des Mégalithes les plus beaux, les plus curieux
et les plus rares, que j'ai découvert et qui se trouvent sur le
Riesberg et le Pfaffénberg (Fig. 1) .
I. Le Riesberg. — a) La Wasembourg et le Temple de Mercure.
— Sur le côté du Riesberg (montagne à proximité de Nieder-
bronn et formant l'un des côtés d'entrée de la vallée de Bitche)
(conduisant en Lorraine), regardant le levant, à 3 kilomètres de
Niederbronn, s'élève une ruine féodale, datant du xme siècle, la
Wasembourg, qui fut construite sur l'emplacement et avec les
matériaux provenant d'un Temple de Mercure.
Une inscription romaine [voir page 11 de mon travail (1)], qui
s'y trouve gravée sur le rocher, a été très bien expliquée par Jules
Quicherat (que j'ai eu le plaisir de voir, car il venait souvent chez
nous avant la guerre de 1870); ce grand archéologue en parle
aux pages 86-87 d'un de ses travaux [Mélanges d' Archéologie et
d'Histoire).
Le rocher contre lequel s'adossait la Cella (dont on voit encore
les traces, et autour duquel j'ai trouvé des fragments de tegula,
deux petites lampes romaines, et une fibule) fait vers l'Ouest un
angle, dans le fonu duquel une niche, assez profonde, forme dans
son tond un tronc, un Opfer-Stock, une cuvette, ou une cupule,
très facile à reconnaître, bien que la partie du devant soit enlevée.
Ce tronc est du même travail que les autres cupules du Ries-
berg et doit remonter à la plus haute antiquité. Il servait peut-être
déjà à un usage religieux, avant que les Romains aient fait tailler
leur inscription sur le rocher, dédiant ce petit temple à Mercure.
Parlons maintenant d'une autre découverte, le grand Temple de
Mercure, dont on n'avait nulle connaissance, au temps où M. Qui-
cherat venait dans ce pays. En 1887, je fis des fouilles au pied du
plateau entre la ruine actuelle et un rocher isolé placé sur la pointe
extrême de la crête vers l'Est et nommé le Wachfelsen, que M. Qui-
cherat avait également étudié [Photographie, page 12]. Je décou-
vris de nombreuses pierres taillées, portant des sculptures en
relief et des inscriptions ; puis des Autels, des pièces de frise
(1) Gb, Matthis, — Niederbronnet Steindenkmaeler, Saverne, A. Fucbs, 1911,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQIF FRANÇAISE
445
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fig. ?.— Sculptures sur Rochers, d'ordres divers : Dossier; Siège; Rigole; Fauteuil; Canal;
Grand Bassin.
SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE. 29
446 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
d'énormes dimensions; des demi-colonnes et d'autres pièces pro-
venant d'une grande construction. Toutes les inscriptions se rap-
portaient à Mercure et à un Temple. Ces pierres ne pouvaient
provenir que d'un temple, ayant dû se trouver sur le plateau et
qui, tombé en ruines ou démoli, avait été jeté en bas du rocher
où les siècles et les siècles le recouvrirent de terre, de mousse,
d'arbres et d'autres déblais; son existence était absolument
ignorée.
Mais, sur le rocher même, sur un espace de 10 mètres carrés, la
place aplanie dénote l'endroit où il s'élevait ; et, à côté, l'on remar-
que d'autres pierres, aux dimensions énormes, portant les mêmes
traces de travail que celles qui sont tombées ou qui ont été jetées
à bas. Il est donc incontestable que, sur ce plateau, se trouvait
un grand édifice dédié à Mercure. Une partie de ces sculptures
furent déposées au Musée de Strasbourg, d'autres à Niederbronn J
et plusieurs sont restées en place (page 12 et suiv. de mon
mémoire).
Il était tout à fait nécessaire de donner ici ces détails (qui sont
encore inconnus) sur les découvertes de ce grand temple, pour
servir à justifier la haute vénération dont jouissait le Riesberg,
non seulement à l'époque romaine, mais déjà longtemps avant
notre ère!
Car tout le Riesberg devait être sacré et uniquement dévoué
au culte du Dieu-Soleil, le grand dieu des Vosges, qui devint
plus tard Mercure.
Son extrémité Ouest, s'appelant Sonnenberg (Mont du Soleil),
se termine par un énorme rocher [La Chaire de Saint-Jean sur
laquelle on allumait les feux à cette fête. Des fouilles faites anté-
rieurement déjà au Sonnenberg ont fait découvrir, outre les objets
de l'âge du bronze et de la pierre, l'image du Dieu-Soleil, avec les
sept rayons gravés sur une pierre.
En outre, toutes les inscriptions et toutes les sculptures trou-
vées jusqu'ici au Riesberg ne concernent que Mercure, tandis que,
parmi les nombreuses inscriptions, reliefs et autres sculptures
trouvées autour de la Source de Niederbronn, aucune ne se rap-
porte à ce Dieu !
b) Le Wachfelsen (Roche d'observation). — Ce rocher se dis-
tingue de très loin de la plaine; il a 12 mètres de long et 10 de
haut; il porte tout à l'entour de nombreuses marques d'usage, et
fut sans doute, à l'époque où une petite garnison romaine de la
8e légion était postée à ce point d'observation, compris et utilisé
pour la défense. Sur sa partie supérieure, se retrouvent les quatre
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
447
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Hg. 3. — Cupules et Bassins, avec Rigoles.
448 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
trous de la Tour d'observation [spécula] ; et, vers l'est, où dans le
fond de la vallée (passe la route) vers la Lorraine, on remarque
des restants d'ouvrages militaires. Vers 1830, on trouva près
de là une pierre votive, dédiée à Caracalla par des soldats de la
8e légion (Voir mon mémoire, p. 13.)
Le Wachfelsen m'a fourni, en outre, après de longues recher-
ches, des documents bien plus anciens, et qui s'accordent avec
les vieilles légendes du pays. Outre les trous d'assise de la Tour,
le rocher porte, sur sa partie supérieure, et sur ses côtés, des
Cupules. A 2 mètres du sol, sur le côté nord, sous un abri, se
voit un siège, taillé dans le rocher, ayant une cupule de chaque
côté (Fig. 2, n° III).
Ce siège doit avoir eu un usage, un but religieux, car, dirigé
vers le nord, il regarde le camp celtique, situé en face (où j'ai
découvert un Dolmen, que je décrirai plus tard).
La légende raconte, pour le Wachfelsen, que :
« 1° Un pont aérien, reliait jadis les deux montagnes, que tra-
« versaient des jeunes vierges blanches, portant les messages du
« prêtre, d'un lieu saint à l'autre.
« 2° Sur le Wachfelsen, brûlaient des feux, pour appeler les
« fidèles au culte; d'autres signes partaient du rocher aviser les
« gens de la plaine de l'approche du danger.
« 3° Au pied du Wachfelsen, à la place où s'éleva plus tard le
« Temple de Mercure, était le Bois sacré, au milieu duquel on
« voyait l'autel pour les sacrifices » . Et, chose curieuse, à celte
même place, où la légende populaire plaçait cet autel, on re-
trouvait, il y a quelques années seulement, une pierre avec
l'inscription suivante : MERCVRIO. SAGRVM. LVMINI (Voir
page 14 de mon mémoire).
Quittons la Wasembourg et le Wachfelsen. A 5 minutes de là
et à 300 mètres au nord du château, sur la pente Est du Ries-
berg, j'ai été encore assez heureux, en 1902, de trouver une
Enceinte, complète, très bien conservée, et absolument ignorée.
c) Camp de refuge. Etang et système de Canalisation préhisto-
rique (440 mètres d'altitude). — Cette enceinte est construite en
pierres sèches, posées sur une base de gros blocs ; l'intérieur est
d'une contenance de plus de 2000 mètres carrés.
La coupe de l'enceinte, qui est très curieuse, ressemble à celle
en terre, se trouvant en haut d'une montagne appelée la Ville
détruite (Burgstadt), près de Ratzwiller, dans le canton de Dru-
lingen, où l'on a trouvé des objets en pierre et en bronze] et où
j'ai également l'année passée relevé des cupules.
Société préhistorique française
449
Fig. 4. — Cupules, Bassins, Pierres gravées, etc.
I
450 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Ce camp de refuge était de tout temps hanté : on le fuyait; on
l'ignorait. On l'appelait Elfengarten (Jardin des Fées). Les femmes
blanches s'y réunissaient la nuit, pour y faire leurs orgies et
leurs sacrifices.
Au nord de cette enceinte, une Allée, droite, se dirige vers
un Tumulus, élevé, qui se voit également de la plaine. Vers
l'ouest, l'enceinte est, sur une largeur de quelques mètres, inter-
rompue et fut là sans doute fermée par des palissades. A ce
même endroit, se trouve un puits, ou citerne, d'une profondeur
de 3 mètres, faite en maçonnerie sèche, avec un fond conique.
L'eau, qui y était amenée par une rigole, traversait un canal,
taillé en arc d'une pièce dans le roc (Fig. 2, n° IV). Ce canal
est excessivement curieux, comme travail, et lait avec une grande
ingéniosité; il est peut être, dans les Vosges, unique dans son
genre! Entièrement recouvert de terre, il ne fut mis à jour que
l'an passé, où je fis tracer un petit sentier, pour permettre de vi-
siter le Camp de refuge et, d'arriver aux Cupules ; c'est alors que
je découvris ce canal, l'étang et tout le système, pour alimenter
d'eau la population, qui s'était réfugiée ou qui vivait là-haut dans
le refuge ?
Malgré son bel état de conservation, on ne remarque nulle
trace d'outil. Le petit étang (Fig. 2, n° V) d'où venait l'eau est à
600 mètres de distance. A gauche et à droite sur ce plateau on
trouve également dans les roches des profondeurs de formes et
de grandeurs diverses, qui longtemps me firent croire à des ves-
tiges d'habitations, ou à des tombes. Un examen minutieux de
personnes compétentes les attribue à des carrières, remon-
tant aux époques romaines, et même celtiques ; on y retrouve
les mêmes entailles qu'au mur païen du Mont Sainte-Odile !
d) Cupules du Riesberg. — Près du petit étang du Riesberg
{Fig. 2) se trouve encore ce qui reste de ces immenses Champs
du berger, Bergfelder, occupant jadis les hauts plateaux des
basses Vosges.
Vers l'ouest, une pierre à marque (Fig. 4) indique le voisinage
des cupules. Ces dernières se trouvent non loin de là sur l'extrême
crête rocheuse du Riesberg, à 460 mètres de hauteur. Ici, dans
une partie du bois, tout à fait à l'écart, se trouvent à fleur de
terre, en grand nombre, les rochers à cupules. Ces dernières
sont de toute forme et de toute grandeur; elles sont souvent
reliées par de petits canaux, se déversant les uns dans les autres,
et contenant presque toujours de l'eau.
Les cupules du Riesberg sont particulièrement intéressantes
dans ce sens que leur fond, qui partout ailleurs est rond ou plat,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 451
est ici de forme pointue. A 3 mètres à l'ouest de la roche à
Cupule IX se trouve la Fig. 4, n° IX, monument rare, frappant et
incompréhensible. Entièrement taillé dans le même roc, il était
recouvert de terre et de mousse; il m'a fallu du temps pour le
mettre à jour. Sur le dessin, la coupe et les dimensions sont indi-
quées; quant au bassin, qui se trouve dans le sol, il mesure
2 mètres le long, 0m80 de large, et 0m50 de profondeur.
c) Graeberfehl [Tombes). — Du Riesberg, si Ton redescend sur
le plateau, on trouve un terrain, entrecoupé de rochers de toute
forme, appelée ici Graeber, les tombes. C'est là qu'on a décou-
vert, vers 1830, et il y a peu d'années, des silex taillés en lances,
en flèches, en couteaux; des haches, des fibules, des torques en
bronze, etc. ; et ce fut aussi, près de ces tombes, que fut trouvée
là grossière image du Dieu-soleil . A cet endroit, à l'entrecroise-
ment de nombreux chemins, on remarque un très beau cercle
d'énormes rochers, dont un, celui du milieu, est sillonné de
rigoles. Cet endroit, prétendu hanté, porte le nom de Hexen-
plaetzel (Place des Sorcières).
II. — Le Pfaffenberg. — Le Pfaffenberg est la continuation
«lu Riesberg; des vallées aux noms curieux y convergent, rappe-
lant les unes les invasions barbares arrivant de l'est, d'autres
des noms incompréhensibles : Germannsthal (vallée des Ger-
mains}, Dollmannsthal [ou Poil), Ungernthal hongrois), Dornen-
thal (des épines); cette dernière vallée conduit au Piaffenberg,
qui forme à l'extrémité nord-est un pic absolument caché, isolé,
dont beaucoup de personnes ignorent le nom et l'existence.
C'est un cadran solaire sculpté sur un rocher, qui me le fit
trouver.
Dans le chemin rocheux qui y conduit, on voit de profondes
ornières ou roues de char, d'une largeur inusitée aujourd'hui :
on trouve, sur un rocher à fleur de terre, une flèche dirigée vers le
nord ; à droite se trouvent à égale distance sept points; à gauche
plusieurs signes et au centre un petit trou. A quelque distance
4 mètres' de là, un carré de 10 mètres de côté, avec des restants
de murs, partie en terre, partie en roches non taillées, fait suppo-
ser une ancienne habitation ; dans un coin se trouve une citerne.
Sur tout le plateau, on remarquait il y a peu d'années, de nom-
breuses lignées de pierres, formant des carrés, mais qui furent
détruites par la culture forestière. A ce moment je n'attachais
guère d'importance à ces lieux; j'en ai aujourd'hui de vifs
regrets î
Toutefois, ce que l'on n'a pas dérangé et qui est resté tel quel,
452 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
c'est la Fig. 4, [n° XII] ; des rochers aux angles saillants, des
couloirs que l'on pouvait ouvrir et fermer permettent de circu-
ler autour du rocher à cupules, sans être aperçu ; cette enceinte
est tout à fait curieuse et bien conservée !
Ici encore on se trouve en présence d'un de ces bassins ou
sièges, regardant Y ouest, dont j'en ai trouvé de semblables à
Sainte-Odile et à Ratzwiller; une très belle cupule se trouve iso-
lée dans la même enceinte.
La grande roche (Fig. 4, n° XIII) est placée hors de l'enceinte ;
ses cupules et ses rigoles sont très curieuses. Au centre de l'une
d'elles se trouve un petit signe de la Croix (que j'ai d'ailleurs re-
trouvé plus accentuée sur plusieurs de nos rochers et que j'ai
l'intention de décrire plus tard).
À l'extrémité du Pfaffenberg, à 10 mètres vers l'est, se trouve
une pierre taillée; toutefois, elle ne paraît pas être si ancienne
que les cupules et les autres roches; l'intérieur en est creux et a
tout h fait l'air d'une pierre tombale; mais sa présence est assez
frappante; elle est à 460 mètres de hauteur.
Conclusions. — Toutes ces roches, les pierres à marques
(Fig. 3 et 4), la cupule en partie détruite de La Wasembourg, le
siège et les cupules du Wachfelsen, le Camp de refuge, le Canal
taillé dans le roc, les cupules du Riesberg, la pierre-autel avec
son écuelle, sa rigole, son bassin, et le cercle ou cromlech du
Riesberg, ainsi que V enceinte du Pfaffenberg et les pierres à ri-
goles, ne m'ont révélé, après le plus minutieux examen, nulle
trace d'un outil qui y fut employé. Tous ces monuments, de l'âge
de la pierre, trouvés chez nous, doivent remonter à une époque
et être attribués à un peuple qui n'était nullement dans l'igno-
rance. Au contraire, ils doivent provenir d'une nation fort puis-
sante et ayant déjà atteint un haut degré de culture avant l'arri-
vée des Romains.
Au pied du Pfaffenberg, à l'entrée de la vallée des Epines
(Dornenthal), se trouve une petite Chapelle, pèlerinage jadis très
réputé. Les jeunes filles désirant se marier y font déposer leurs
vœux et leurs offrandes. Ces vœux, au dire de la légende, se rap-
portaient jadis à la roche du Pfaffenberg.
Les cupules des montagnes de Niederbronn sont regardées,
d'après la légende, comme des objets de Culte, et durent servir,
les unes à y déposer les vœux et les offrandes, d'autres à y faire
des ablutions avec de l'eau, apportée d'une source déclarée sa-
crée; et peut-être même encore à y accomplir des sacrifices
humains ! Demandez à nos vieux ouvriers des bois, à nos bûche-
rons, à quoi servaient ces roches avec leurs bassins. Ils vous ré-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
483
pondront tous : « Ce sont des pierres à sacrifices \Opfersteine> ;
ici des gens furent immolés »; et, en langage alsacien : « do han
sie frûjer d'Utl gekôpfft ».
Il est à supposer que les trois versions ont quelque chose de
réel. La source de Niederbronn était sacrée ; la grande quantité
de monnaies qui v furent trouvées ainsi que les nombreuses sculp-
tureset inscriptions dédiéesà la source et à la nymphe le prouvent;
et, en dernier lieu, de vieux contes disent que le nom de Kindels-
brunnen (Puits aux Enfants) était donné jadis au bassin, racon-
tant que c'était de là qu on « péchait les petits enfants ! » Hélisée
Roesslin, un écrivain du xvi" siècle, recommande l'usage de l'eau
de Niederbronn aux femmes désirant devenir mères !
Tranchets préhistoriques du Moissonnais.
M. 0. Vauvillé (Paris) — L'imprimerie n'ayant pu retrouver, en
temps voulu, les zincs des Figures relatives à mon article sur les Tran-
Fig. 1. — Trancbets préhistoriques du Soissonnais.
chets du Soissonnais, paru dans le n° de juin, je publie aujourd'hui ces
dessins, persuadé qu'ils intéresseront nos collègues : l'un, surtout,
celui relatif au petit tranchet néolithique emmanché (Fig. 1).
454 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Alignements de pierres et autres pierres
non rangées,
probablement de l'époque néolithique,
sur Cuisy-en-Almont (Aisne).
PAR
0. VATJVILLÉ (de Paris).
Dans la séance de la Société du 23 mars, M. leDr A. Guébhard
a présenté un plan et des photographies au sujet de pierres inté-
ressantes, récemment découvertes dans le Soissonnais. Une dis-
cussion a suivi cette présentation, sur laquelle on manquait de
renseignements.
Aujourd'hui je suis autorisé à donner des renseignements
sur cette découverte.
M'étant rendu à Pommiers (près Soissons), M. Louis Brune-
hant, maire de cette commune, me fit part, le 26 mars, d'une
découverte, qu'il avait faite récemment sur Tune de ses terres de
son exploitation agricole de Cuisy-en-Almont, canton de Vic-sur-
Aisne. Il me proposa de me conduire à l'endroit des fouilles le
mardi suivant; ce jour-là, le matin M. Brunehant m'écrivit qu'il
était obligé de partir pour Paris ; il remettait l'excursion proje-
tée à plus tard.
Étant renseigné sur l'endroit des fouilles, je m'y rendis seul le
2 avril, en prenant le train de Pommiers à Vauxrexis (1); de là
en passant directement par les hameaux de Tancourt et de la
Carlette, j'arrivais sur le plateau où, en suivant le chemin vicinal,
allant vers Tartiers, je vis les fouilles, après avoir parcouru envi-
ron 2 kilomètres.
Situation des découvertes. — La découverte a été faite, sur le
plateau de la section A du cadastre de Cuisy, dite de la Grande
Montagne, située au Nord-Est de Cuisy et de la ferme de la Mai-
son Bleue, au lieu dit Dessus le Chemin de Noyon à Soissons,
d'après le cadastre, ou La Poterie, d'après des titres (2), en A
du plan, (Fig. 1; A).
Cet endroit se trouve à l'altitude d'environ 120 mètres, mais
sur un terrain qui a une pente venant de l'Est, dont la partie
haute du sol s'élève à 145 mètres environ ; ce fait est à remarquer.
Origine de la découverte ; orientation ; importance et résultats
des fouilles. — En labourant la terre, comprise dans l'exploita-
(1) Chemin de fer départemental de Soissons à Coucy-le-Cbâteau.
(2) A environ 7 kilomètres au Nord-ouest de Soissons, à vol. d'oiseau.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRASÇAISE 455
tîon de M. Brunehant, la charrue était gênée par des pierres, qui,
se trouvaient dans le sol ; on enleva une partie de ces pierres ;
ayant remarqué que les pierres se trouvaient dans un certain
ordre d'alignements, sur deux rangs, M. Brunehant fit dégager
de terre toutes celles qui étaient encore dans le sol.
Des fouilles importantes furent exécutées, en ligne droite, sur
une lono-ueur d'au moins 150 mètres, dans la direction du Sud-
Est au Xord-Ouest, parallèlement et à 14 ou 15 mètres de dis-
tance à l'Est du chemin vicinal, ou ancienne route de Xoyon à
Soissons.
Les fouilles ont été faites généralement de 0ra70 à 1 mètre de
profondeur : ce qui a permis de remettre au jour un très grand
Fig. 1. — Situation des Alignements de Cuisy-en-Almont (Aisne).
d'État-major au 1/80.000.
D'après la Carte
nombre de pierres, qui avaient été recouvertes de terres, ame-
nées graduellement, par suite du temps, par ruissellement sur la
pente du sol, depuis une époque ancienne : ce qu'il est facile de
prouver.
M. Brunehant a communiqué les résultats de ses découvertes
à la Société archéologique de Soissons, dans la séance du 6 mars
dernier, sous le titre de : Alignements préhistoriques, terroir de
Cuisy-en-Almont. Un plan et des photographies ont été présen-
tés par M. Brunehant; ce sont les mêmes pièces qui ont été
envoyées par M. F. Blanchard au Dr A. Guébhard, qui les a com-
muniquées à notre Société à la dernière séance, mais sans ren-
seignements.
Voici ce que j'ai constaté à l'endroit des découvertes. Vers le fond
des fouilles, j'ai recueilli douze fragments de poteries, que voici;
on peut voir que dix sont de l'époque gallo-romaine; une est gau-
loise, et une doit être néolithique. M. Brunehant a aussi des
456
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
^.!XXK*
fragments de poteries, venant du
fond des fouilles; mais je n'ai pas
pu les voir.
Ce fait d'anciennes poteries,
trouvées au fond des fouilles, pa-
raît bien prouver que toutes les
pierresquiont été remisesàu jour,
par les fouilles, ont été placées là
à l'époque préhistorique, comme
le croit M. Brunehant ; ces pierres
ont été recouvertes depuis cette
époque par la terre amenée par
les eaux de la partie supérieure
du plateau, en suivant la pente
du sol, de sorte que des pierres
qui primitivement devaient avoir au moins
0m80 à 0m90 de hauteur hors du sol, étaient
complètement recouvertes de terre avant les
fouilles.
Groupes de pierres non rangées et d'autres
bien alignées sur deux rangées. — Pour faci-
liter la description de mes observations, j'ai
disposé un croquis sur lequel j'indique la lon-
gueur de chaque groupe, les dispositions di-
verses des pierres, mais sans proportion pour
ces dernières (Fig. 2) : ce qui donnera une idée
de l'importance et de l'intérêt de ces décou-
vertes. Des photographies, qui m'ont été en-
voyées gracieusement, le 15 avril, par M. Bru-
nehant, permettront de contrôler mes observa-
tions (Fig. 3).
Si on commence à examiner les fouilles par
le bout du Sud-est, on trouve successivement,
en suivant l'ordre du croquis (Fig. 2) :
A, Sur 30 mètres de longueur (1) : 26 grosses
pierres et des petites pla-
cées sans ordre.
21 grosses pierres dressées
et alignées : 9 à l'Est et
12 à l'Ouest.
4 grosses pierres.
15 grosses pierres et des pe-
tites placées sans ordre.
(1) Toutes les longueurs indiquées ne sont qu'approxi-
matives.
g B
10
C, — 7 —
D, — 10 —
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 457
E, Sur 28 mètres de longueur : 25 grosses pierres dressées et
aligrnées à l'Est et 23 de même à l'Ouest.
Pierres alignées sur deux rangs, enlevées des
fouilles, d'après M. Brunehant.
3 grosses pierres dressées et alignées à l'Est,
et 2 de même à l'Ouest.
En labour, non fouillé.
3 grosses pierres dressées à l'Est ; 2 dressées
à l'Ouest.
F,
—
15
G.
—
3
11.
__
12
I,
—
8
Hg. 3 — Aspect général des Alignements de Cuisy-en-Almonl [D'après une pholographie-
de M. Brunehant .
J — 9 — 4 grosses pierres, dont 2 dressées à l'Ouest.
K, — 6 — Labour non fouillé.
L, — 5 — 3 pierres dressées et alignées à l'Est ; 2 dres-
sées et 2 couchées à l'Ouest.
M, — 6 — Une seule grosse pierre, non dressée.
11 résulte de l'examen ci-dessus que les groupes de pierres, A
et D, d'une longueur d'environ 40 mètres, ne comprennent que
des pierres plus ou moins grosses, ayant été placées sans ordre,
comme on peut le voir sur les photographies n°» 1 et 2.
458 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les parties B, E, G, I, J et L, d'une longueur de 63 mètres
environ, ont 88 belles et grosses pierres, dressées et alignées, sur
deux rangs, séparées par un passage variant de 0m50 à 0m65 de
largeur. Si on ajoute les 15 mètres de la partie F, dont les pierres
alignées, ont été enlevées, on voit qu'il y avait environ 78 mètres
de longueur de pierres dressées et alignées sur Cuisy.
La photographie fig. 3, de M. Brunehant, prise du côté de l'Est
du groupe E du croquis, donne une idée d'une faible partie de
ces belles pierres alignées {fig. 3).
Les parties A, C, D et M, de pierres placées sans ordre, ont
une longueur d'environ 53 mètres, avec les 78 mètres de pierres
alignées ; il y avait donc 131 métros de longueur où des pierres
diverses ont été constatées et bien découvertes de terre.
Des Touilles, faites plus loin, sur le prolongement du bout du
Nord-Ouest, n'ont rien fait découvrir d'intéressant.
Les photographies nos 4, 5 et 6, de M. Brunehant, représen-
tent des pierres que je n'ai pas examinées. Sont-elles taillées ou
naturelles dans leurs formes? Je ne sais.
Quelles conclusions peut-on admettre pour ces découvertes?
11 est bien difficile de préciser; mais il est très probable que
les pierres, ayant été dressées et alignées, sur deux rangs, doivent
bien remonter à l'époque préhistorique; les 'poteries des époques
néolithique, gauloise et gallo-romaine, que j'ai recueillies vers le
fond des fouilles, paraissent bien en être la preuve.
Ces pierres ne peuvent certainement pas se rapporter à un an-
cien mur, comme on en a parlé à la dernière séance de la Société.
Les parties indiquées, en A et D, du croquis (Fig. 2), avec de
nombreuses pierres ayant été mises là sans ordre, représentées
par les photographies nos 1 et 2, n'auraient-elles pas servies pour
des tumulus ou tombelles, dont les terres seraient disparues?
Il serait intéressant de faire de nouvelles fouilles pour savoir
si, sous ces groupes de pierres non rangées, bien ditférentes de
celles dressées et alignées, on ne découvrirait pas des restes de
sépultures à incinérations ou à inhumations.
Dans le cas de nouvelles découvertes, elles pourraient proba-
blement servir pour fixer avec certitude l'époque de la formation
des divers groupes de pierres de Cuisy.
Dolmen de Vauxrezis (Aisne). — Après avoir parlé des Aligne-
ments de pierres de Cuisy, je crois devoir dire à la Société qu'à
environ 2 kilomètres à l'Est des fouilles dont il vient d'être ques-
tion, se trouve le beau Dolmen de Vauxrezis, canton de Soissons.
Je présente à la Société une photographie de ce monument,
prise du côté du Nord,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 459
Ce dolmen est situé à l'Est du hameau de Villers-la-Fosse, sur
le bord du plateau, vers l'altitude de 140 mètres, un peu vers
l'Ouest de l'ancienne voie romaine, dans un angle de terrain
compris entre cette voie et le chemin de Chavigny à Villers, en B,
du plau (Fig. i; B) de l'article précédent.
Ce dolmen est connu dans le pays sous le nom de « La Pierre
Laye » ; il a été fouillé vers 1850; on peut trouver des renseigne-
ments divers, sur les louilles et autres particularités de ce monu-
ment, que j'ai signalées, à la Société d'Anthropologie de Paris,
dans les Bulletins. Vol. 1892, p. 602.
Le propriétaire actuel est aussi M. Brunehant, qui a fait faire
les fouilles de Cuisy.
Il serait intéressant de faire reproduire la photographie de ce
dolmen, qui a été prise en 1909, par M. Vergnol [de Soissons),
dans un champ de blé de M. Brunehant.
M. L. Giraux (de Paris). — Comme suite à la très intéressante
communication de M. Vauville, relative à des alignements décou-
verts à Cuisy (Aisne), j'ai l'honneur de vous présenter deux pho
togra plues d' alignements du même genre. Ces photographies ont
été prises lors d'une excursion faite en 1903 par ia Société d Ex-
cursions scientifiques dans la forêt du Lay, près de l'Isle-Adam
Seine-et-Oise), propriété du prince Murât. C'est M. Denise,
archéologue, a llsle-Adam, qui nous a conduit visiter ces aligne-
ments, qui se trouvent en deux endroits, aux lieux dits La lète à
la Souche et le Bois de Hude.
Au lieu dit : La Tête à la Souche, ils existent sur une longueur
d environ 400 mètres ; et ils se composent de deux rangées, paral-
lèles, de pierres dressées, qui iorment une véritable allée, ayant
environ i^O de largeur.
Dans l'autre partie de la forêt, au lieu dit « Le Bois de Hude »,
se trouvent deux alignements semblables, dont l'un parait avoir
înviron 600 mètres de longueur, et l'autre 70 mètres; ce dernier
orme un angle aigu avec le premier. Chacun d'eux se compose
de deux rangées parallèles de pierres; mais l'intervalle entre ces
angées est moins grand que dans l'alignement de « La Tète à la
Souche » : il n'est seulement que de 0m80. La hauteur des pierres
est d'environ l'"30, mais dont la moitié à peu près est enterrée.
Ces pierres sont ordinairement en grès ou en meulières, et
proviennent des environs immédiats.
M. Denise a pratiqué plusieurs sondages dans ces deux aligne-
ments : il n'a récolté que quelques fragments de poterie néoli-
thique; quelques éclats de silex ; et trois ou quatre petits silex,
du type lardenoisien. Il n'y a recueilli aucun ossement. Il a publié
460 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
sur ces alignements deux articles fort intéressants, qui ont paru
dans YHomme Préhistorique (numéros de novembre 1903 et de
janvier 1904). — Les résultats de ses recherches ne lui ont pas
permis de déterminer la signification de ces monuments.
M. Marcel Baudouin. — Je me permets de faire remarquer que
le mot Alignement, employé en l'espèce par nos collègues, me
paraît prêter à la confusion, et ne devrait plus être utilisé. Je lui
préfère de beaucoup le terme de Lignée de pierres, proposé par
M. A. Guébhard; et on pourrait peut-être trouver mieux encore !
\1 alignement vrai est, en effet, un Monument mégalithique \ d'un
ordre particulier (1), qui ne ressemble en rien à ceux décrits
pour l'Aisne et pour la Seine-et-Oise. Il suffit de citer un type,
celui de Ménec à Carnac, pour fixer les idées...
Pour moi, ces longues lignées sont à rapprocher plutôt des murs
<3l enceintes, idée qu'on accepte d'autant mieux qu'on connaît
mieux les murs doublés, en pierres sèches, des enceintes de Y Age
du Fer. Ce seraient donc des sortes ^enceintes, néolithiques ou
non, de nature inconnue.
La distinction est facile. — Les allées des Alignements vrais ont,
au moins, 3 mètres à 4 mètres de large, au lieu 0m80 à 1 mètre.
// ny d lien dans ces allées. De plus, les éléments d'alignements,
que j'appelle Fichades (2), pour les distinguer des Menhirs véri-
tables, sont d'ordinaire à 4 ou 5 mètres de distance, et non pres-
qu'au contact, comme dans les lignées du bassin de Paris. Enfin
les Fichades sont, en certaines parties de l'Alignement, des pier-
res, qui peuvent atteindre 7 à 8 mètres de hauteur.
On voit combien ces deux sortes de monuments diffèrent.
Aussi le même terme ne peut-il pas convenir pour les désigner,
sans amener de regrettables confusions.
Je me permets en outre de faire remarquer que le lieutenant
Mennetrier, au Congrès de Tours, a décrit deux lignées analogues
au Djebel-Achach (Province de Constantine). Il s'agit, là aussi, de
monuments spéciaux, très différents de ceux de Carnac : peut-être
de murs.
M. A. Guébhard croit devoir faire observer que c'est par
M. Blanchard, conservateur du musée de Soissons, que la S. P. F.
et M. Vauvillé ont été avisés de la découverte faite par M. Bru-
nehant, et des plans et photographies que celui-ci en avait fait
lever. C'est donc à M. Blanchard que la S. P. F. doit savoir gré
des intéressantes observations, que vient d'apporter M. Vauvillé.
(1) On sait que, pour ihoi, les Alignements vrais ne sont que des Temples, en
rapport avec le Culte du Soleil Levant.
(2) Voir mes travaux sur les vrais Alignements de Vendée.
SÉANCE DU 27 JUILLET 1911
(Suite).
Présidenoe de M. CHAPELET, Vice-Président.
NOTES ORIGINALES ET DISCUSSIONS (Suite).
Lieux dits à radical << Chante » .
M. Marcel Baudouin. — En Vendée, nous avons quelques lieux
dits, appelés Chante-foin, en particulier à La Meilleraye-Tillaye.
— Chantavoine doit exister ailleurs, puisque certaines personna-
lités bien connues portent ce nom à Paris ! — Ces dénominations
m'ont toujours fait supposer que, dans ces mots, le radical Chante a
un sens particulier, qu'on finira certainement par dégager, en rap-
prochant tous les termes où il intervient, qu'il soit accolé ou non
à un Animal chanteur (Chante-merle) ou non (Chante-loup, etc.),
ou à un Végétal. — En tout cas, il semble être en rapport plutôt
avec l'idée de Production (pays produisant tel végétal ou possé-
dant tel animal) qu'avec l'acte de Chanter, à proprement parler.
J'abonde donc dans le sens indiqué par notre collègue M. Au-
blant.
En faisant des relevés cadastraux en Vendée, — par exemple
dans la commune de Saint-Mesmin, située en plein Bocage, — j'ai
trouvé les lieux dits suivants : Le Champ-a" Avoine (B, 265); Le
Champ du Froment (B, 272) ; Le Pré-Merle (A, 785) ; Le Champ-
Loup (A, 152) ; La Fosse au Loup (B, 131) ; Le Champ et le Pré
du Geay (B, 385, 458) ; le Champ du Gui/ ; le Champ des
Agneaux, etc. ; etc. — Dans ces conditions, je me demande si
Chanteloup [Chantelouve, etc.] .n'est pas une altération de
Champ-Loup ; et si le radical Chante ne doit pas être tout sim-
plement rapproché, avec plus de vérité j de celui de Champ que
de celui de Chant !
Il faut se méfier en effet, des altérations, bizarres parfois, que
font subir les paysans aux mots les plus simples...
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. . 30
462 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
M. A. de Paniagua (Paris). — Dans la communication, que j'ai
faite dans le dernier Bulletin de la Société, au sujet de la dénomi-
nation Chante-Louve, de telles erreurs de composition, pour les
mots grecs, se sont produites, que la dernière partie de cette com-
munication est incompréhensible. La voici rétablie : La démons-
tration de ce qui vient d'être dit doit, semble-t-il, être faite par
l'étude d'une monnaie de la Narbonnaise, citée dans le catalogue
Chabouillet (2350, 2399). Au droit, un Hermès phallique avec en
en exergue : AOYKO PIKN02 ; au revers, un trépied, attribut de la di-
vination, et la légende : A01T02 TAAHT12N. Le sens de Aouxo (i>txvoç,
est « Lug prophétique. » En effet, pixvbç vient de piyéw, avec le sens
de « être en proie à la lièvre prophétique. » Dans la légende du
revers : XoyYoç tocXtitov, Xo-ffoç, pour Aoyoç, est simple ; l'attique Tcftï)9éç
est pour aÀY]6Éç et veut dire « le vrai, le véridique » ; il correspond
au latin vates. De plus, on trouve, avec évidence, dans la composi-
tion de ce mot, le radical aXr), « course errante. » TaXr,Ttov n'est pas
un génitif pluriel, mais un nominatif singulier, comme son synonyme
aX^fxtov, « vagabond. » Donc, traduction de Xoyyoç tocXtitwv : a la bonne
aventure errante » : légende bien appropriée, spécifiant la bonne
aventure, que, ainsi que les Bohémiens actuels, colportaient les
magiciens primitifs, serviteurs de l'ancêtre immédiat d'Apollon, le
Pan des origines, auquel Orphée donne lesépithètes de « frénétique »,
qui répond au £ixvo; de la monnaie gauloise, et aussi celle de « vaga-
bond », qui corrobore xaXrjTGov.
L« Tortue en Préhistoire.
M. Harmois (Saint-Brieuc).— La Tortue totem de Séoul.— On voit
à Séoul un monument, très ancien, qui fut élevé par les Coréens en
souvenir d'une invasion Japonaise qu'ils repoussèrent, il y a de cela
bien des siècles.— Une énorme Tortue, sculptée dans la pierre, porte
sur sa carapace un monolithe, taillé, au sommet duquel un dragon est
accroché. — Ce curieux monument est reproduit dans le Journal des
Voyages [10 avril 1910, p. 310].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 463
TrépaaatioD préhistorique christianisée
et Crâne de Saint Aubert.
Description de la marque faite au Crâne de Saint Aubert
par divers auteurs.
M. Harmois (Saint-Brieuc). — M. Boutanquoi a signalé, dans
le N° 12 du T. VII de la Société préhistorique française (1910), le
Crâne, trépané, que l'on voit aujourd'hui dans l'église Saint-Ger-
vais, à Avranches. Dans le N° 1, T. VIII, janvier 1911 de la Société
préhistorique française, j'ai pris part à la discussion. Aujourd'hui
je donne, d'après les Historiens du Mont-Saint-Michel, les différentes
descriptions d'un certain nombre d'entre eux.
1° XVI^. — Le Père François Feuardent : Histoire abrégée du
Mont-Saint-Michel en Normandie [S. D., in-18°, page 18].
Saint Michel perce la tête de saint Aubert. « Il est vray toutefois
que saint Aubert, craignant ces illusions, n'avoit pas ajouté foy à
deux apparitions de l'Archange, lequel venant pour la troisième fois
le toucher du doigt sur le Front, où il luy fit un trou, sans le bles-
ser, afin qu'il n'hésitast plus en la croyance qu'il devoit à la Vérité
de ses apparitions. Et, pour enlever tout scrupule et défiance, non
seulement de son esprit, mais encore de celuy de tous les hommes,
tanst de ce tems-là que des siècles à venir, jusques à la fin du monde,
le saint Evêque, qui avoit été affligé depuis plusieurs années d'une
fâcheuse migraine, en fut guéri par l'inffliction de cette plage, qu'il
porta en parfaite santé l'espace de quinze ans, qu'il survéquit; et on
l'admire encore dans le Trésor du Mont-Saint-Michel, où cette même
tète est gardée avec vénération, dans un reliquaire de prix, expres-
sément travaillé pour un si précieux et céleste joyau. »
2° XIXeS. — Notice historique du Mont- Saint-Michel et de Tombe-
laine; par Blondel (Louis) [Avranches, Le Court, 1816, pages 12-13].
« Une ancienne tradition porte que l'archange saint Michel appa-
rut plusieurs fois à saint Aubert, lui ordonnant de consacrer sous
son nom le Mont-Tumba; que ce ne fut que quand l'Archange lui
eut fortement appliqué le doigt sur le Front, que le saint Prélat
reconnut la volonté du ciel, et qu'il s'empressa de l'accomplir. Ce
qu'il y a de certain, c'est que, pour imprimer plus de vénération au
Peuple, les Religieux de l'Abbaye montraient aux Pèlerins une
châsse précieuse, qui contenait la tête de saint Aubert ; ils faisaient
remarquer l'os frontal, percé à la grosseur du doigt. Cette relique,
soustraite à la dévastation des églises, se voit encore aujourd'hui en
celle de Saint-Gervais, à Avranches, où elle a été transférée ».
3° Brée à Falaise [1836, broch. in-8°, p. 7]. [Sans nom d'auteurj.
464 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« Vers l'an 708, saint Aubert, premier évêque d'Avranches, eut
eut une vision; saint Michel, l'archange, lui apparut; il lui imprima
le doigt sur le Front et la marque y resta ».
4° Histoire du Mont-Saint-Michel et de ïancien diocèse d'Avran-
ches; par l'abbé Desroches [Caen, Mancel, édit., 1838, t. I, p. 94].
« Pour se livrer à la prière, Saint-Aubert avait coutume de se reti-
rer sur le Mont-Tumba, alors dans une affreuse solitude, au milieu
des sables du désert. Il n'y avait plus de solitaires; il n'était resté
que deux petits oratoires, abandonnés au pied de la montagne. Une
nuit que le saint évêque était resté enseveli dans une profonde médi-
tation, un archange lui apparut : « Je suis, lui dit-il, saint Michel »;
ce mont est sous ma protection. Dieu veut qu'on y bâtisse un temple !
L'honneur qu'on me rendra ici ne sera pas inférieur à celui qu'on
rend aux anges sur le Mont Gargand. A ces mots, il disparut. Surpris
d'une pareille vision, le saint prélat réfléchit à ces paroles de l'apôtre
saint Jean ; éprouvez si c'est l'esprit de Dieu. Une seconde fois se
montra lui, et lui ordonna d'accomplir ce qui lui était commandé.
Néanmoins, le saint évêque différa encore; mais il employa la prière
pour connaître la dernière volonté du saint archange
Cependant, le vénérable évêque est averti une troisième fois d'en
haut ; mais ce fut avec sévérité, afin qu'il se rendit plus promptement,
au lieu qui lui était désigné. L'ange le toucha; et une concavité appa-
rut sur son Front. Sachez, lui dit l'archange, que vous ne pourrez
quitter ce lieu que vous n'ayez achevé ce qui vous est commandé. On
montre encore aujourd'hui, poursuit l'analiste, la pierre sur laquelle
le pontife s'assit* pendant tout le temps que les ouvriers travaillè-
rent. On voit pareillement encore son Frontal, percé à la grosseur
du doigt; et, si on l'examine attentivement, on reconnaît que ce n'est
ni l'indice d'un cautère, ni la suite d'une blessure. — C'est un témoi-
gnage du pouvoir divin. Nous savons qu'il a été confirmé par le saint
Archange; nous le ferons voir dans la suite de ce récit. Nous le
croyons; nous le disons hautement; c'est la vérité. Ainsi parle un
historien qui vivait dans ces premiers temps, et qui traça sur un
manuscrit un grand dessin de cette vision ».
5° 1872. — Les curieuses recherches du Mont-Saint-Michel; par Dom
Thomas Le Roy, publiées pour la première fois avec une introduc-
tion et des notes, par E. de Robillard de Beaurepaire. [Caen, Vve
Le Gast-Clérisse, 2 vol., in-8°, t. I, p. 74].
« L'archange lui apparut pour la troisième fois et le blessura de
son incrudulité et ingratitude en son endroit, et s'approchant, luy
touche du doibt la teste, de telle sorte qu'il y fit un trou, par lequel
on voyait la cervelle ».
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 465
6° 1872. — Histoire générale de F Abbaye du Mont-Saint-Michel au
péril de la mer; par Dom Jean Huynes : publiée, pour la première
fois, avec une introduction et des notes, par E. de Robillard de Beau-
repaire, [Rouen. A. Le Brument, 2 vol. in-8°, t. I. p. 24].
« Estant ainsy endormy, voici que je vis cet archange qui nie
reprenoit très aigrement de mon incrudulité et me blasmant d'être
trop tardif à croire me donna un coup dp doigt sur la teste, dont
vous en voyez la marque. Ces paroles si naïves du saint Evesque
ne causèrent aucun doute es esprits des assistants, et de plus ils
voyaient de leurs yeux en sa teste le trou que l'archange lui avait
faict, qui estait une preuve très certaine de la vérité de son dire. Car
un chacun sçavoit qu'il n'avoit auparavant ce trou et qu'humaine-
ment il ne pouvoit estre en santé comme il étoit et le fut l'espace de
quinze ans qu'il survécut ayant une telle blessure. »
Ces quelques extraits d'ouvrages sur le Crâne de saint Aubert
sont fort intéressants. — Je dois ajouter que c'est le seul crâne tré-
pané, signalé jusqu'à ce jour dans le département de la Manche.
Donc il n'y avait qu'un mot à dire, pour surprendre la bonne foi
des fidèles, qui n'avaient jamais vu pareille chose !
M. Marcel Baudouin. — La légende ancienne du doigt appliqué
sur le front était bien plus logique que celle qu'on est obligé d'admet-
tre, pour l'époque moderne, après examen du crâne ! En effet, le
geste habituel de l'homme qui réfléchit est de mettre le doigt sur le
front [et non pas sur le pariétal].
Mais, ce qui est intéressant à noter, c'est qu'i'/ n existe pas, à ma
connaissance, de vraie Trépanation préhistorique, néolithique, siégeant
sur l'avant du Frontal (1). En appliquant la légende d'origine à un
Crâne, en réalité trépané, on ne s'en doutait évidemment pas! Et,
d'ailleurs, les prêtres ont pu certainement toujours parler de Fron-
tal, au lieu de Pariétal, puisque le peuple ne sait pas l'Anatomie !
En réalité, il est probable que la légende n'a jamais changé et
qu'il n'y a pas eu de substitution du Crâne trépané à un autre,
inconnu, comme je l'ai déjà indiqué dans mon article sur ce crâne (2*.
(1) Marcel Baudouin. — Etude d'un crâne préhistorique à triple trépanation
exécutée sur le vivant. Bull, et Mim Soc. d'Anthr. de Paris, 1908, XI, 21 mai,
436-450, 2 fig. — Arch. prov. de chir. 1908, VI, 362-376 1 fig. — Marcel Baudouin,
Etude d,un crâne néolithique à double trépanation. L'Homme préhistorique, Paris
1907. V, 207-215, 4 fig.
. Marcel Baudouin. — Une trépanation préhistorique, sur un crâne considéré
à tort comme celui d'un homme moderne [Ckane de Saint-A^Bekt1 . — Archives
provinciale^ de Chirurgie, Paris, 1911, N° 2, février.
466 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Inhumation des enfants mal conformés.
[Coutume Indo-chinoise].
M. Harmois (Saint-Brieuc) . — Chez les Kos, peuplade monta-
gnarde qui habite dans la région de Muong-Sing, non loin du
Mékong, si, par malheur, l'enfant nouveau-né est mal conformé, on
ne lui reconnaît pas le droit de vivre. On étouffe le pauvre être avec
de la cendre prise au foyer et dont on lui emplit la bouche. Sa nais-
sance amènerait un malheur, si on ne le supprimait pas ; et on ne
néglige pas, en pareille circonstance, de sacrifier, en neuf endroits
différents des environs du village, neuf cochons et neuf chiens.
[Extrait du Journal des Voyages du 12 juin 1910: Article de Gustave
Regelsperger, p. 24].
M. Marcel Baudouin — A remarquer le chiffre fatidique Neuf
(neuf =3x3), qu'on retrouve dans nos coutumes gauloises [Puits
funéraires, etc.].
Discussion sur les Files géminées de
Pierres plantées.
M. A. Guébhard, a propos des doubles lignes de pierres-de-
bout de Cuisy (Aisne), dont il est question dans le Bulletin de
juillet (p. 454-460), regrette que ceux qui en ont parlé persis-
tent, malgré les observations faites, à les confondre, sous le nom
d'Alignements, avec les monuments mégalithiques très différents,
auxquels l'usage a consacré ce nom. En Angleterre, où le
Dr PmoRen publia de nombreux cas (1), dès 1872, et montra leur
ressemblance avec des monuments observés aux Indes par le col.
Hamilton Smith, il les désigna sous les noms d' Avenues ou Paral-
lélithons. Sans se prononcer sur les hypothèses, parfois extraor-
dinaires, faites quant à leur destination, et tout en tendant à les
rapprocher des célèbres Alignements de Carnac, il mit en évi-
dence leurs étroites relations avec les constructions qu'on appe-
lait autrefois druidiques, et montra que ces files géminées de pier-
res plantées, dessinant comme des bordures d'allée, sur des cen-
taines de mètres, tantôt droites, tantôt sinueuses, avaient presque
(1) Dr Prior, Archaic Stone Monuments, Bedfordshire Architect. and. Archaeol.
Sy., vol. XI, pi. II, 1872, p. 343 357, 4 pi. — M. A. L. Lewis a d'ailleurs plusieurs
fois fait allusion, dans ses communications à nos Congrès, à des lignes jumelles
de pierres debout; il en a même figuré une, dont la signification astronomique
paraît hors de doute, dans le vol. de la IHe session, Autun, 1907, p. 509, fig. 8, en
même temps qu'il en signalait (p. 505) d'autres, nombreuses, mais sans significa-
tion reconnue, aux environs de Dartmoor'.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 467
toujours pour point de départ soit une autre pierre levée plus
grande (menhir), soit un cercle de pierres (cromlech), soit un
dolmen, etc. (1), pour aboutir souvent à un cours d'eau.
M. Gubbhard croit d'ailleurs devoir rappeler que le rôle de
bordure de chemin, joué par des pierres plantées orthostatique-
ment (2), a été observé non seulement dans les vastes nécropoles,
« champs de dolmens », de Tunisie (3). mais, dans des circons-
tances semblables, en France, par A. F. Lièvre (4). Cela n'a
d'ailleurs rien de commun avec ces autres doubles files parallèles
de dalles, dont des tronçons isolés furent longtemps pris en Al-
gérie pour des allées couvertes, et qui furent finalement reconnus
comme de simples soubassements de murs, pratiqués dans tous
les pays où la roche se clive naturellement en grandes dalles
minces (Malte, Kabylie, Palestine, etc.).
M. Pagès-Allary (Murât). — 1° Pour éviter des confusions
possibles dans l'emploi du même nom, pour désigner des outils
bien divers [différence des tranchets en silex taillés, de M. O.
Vauvillé, avec ceux que je m'efforce de faire admettre en
pierre polie, cuivre, bronze et fer] je demanderai à mon très
estimé collègue de bien définir remploi de son genre de tran-
chet, non pour trancher ni découper le cuir, les peaux, etc.,
comme ceux que je signale, mais plutôt pour, à mon sens, fen-
dre ou couper des tiges d'osier ou de bois, etc., car, sans cela,
leur forme, donnée dans le dernier Bulletin (page 453), est plutôt
celle du burin, du ciseau, ou bec-d'âne, concordant sans doute
avec l'utilisation.
2° Au sujet de son autre très intéressante communication, mo-
tivée par M. Blanchard, sur la découverte de M. Brunehant (page
454 du même Bulletin), il faut approuver et féliciter M. Baudouin
qui fait très justement remarquer (page 469) qu' Alignement et
Lignée de pierres sont deux choses bien différentes ! L'une bien
établie pour le premier terme, à Carnac, etc., etc. ; l'autre bien
vague encore pour mur d'enceintes, etc. — Il faut y ajouter :
(1) A Fépoque où écrivait le Dr Prior, la distinction des termes n'était pas éta-
blie; et le mot cromlech est employé par lui couramment pour dolmen; ce qui, dans
la littérature anglaise, est encore trop commun aujourd'hui.
(2) Voir B. S. F. P., t. III, 1906, p. 419; t. IV, 1907, p. 295 et 403 ; t. V, 1908,
p. 84, 189 et 493 ; t. VI, 1909, p. 38, 78.
(3) D' Chopinet, Bull. Soc. Géogr. de Toulouse, p. 882, p. 212. — E. T. Hamy,
Cites et Nécropoles berbères dans l'EnpZda. Bull. Géogr. Hist. et Descript., 1904,
p. 33-40.
(4) A. F. Lièvre, Les temps préhistoriques dans TOuest. Bull. Fac. Lettr.de
Poitiers, 1889, (v. p. 26 du tir. à part) [M. A. Guébhard avait rappelé le fait,
B. S. P. F., t.V, 1908, p. 189].
468 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
A). Celle de certains chemins ainsi limités (comme par exem-
ple celui de Las Tours) allant des cases à une source abondante
signalée, et les nombreux passages, allant d'une ferme aux
abreuvoirs, en traversant des prairies, jardins, réserves, ou au-
tres champs à protéger contre le dommage ou la tentation du bé-
tail d'y tondre plus que la largeur de la langue, etc.
B). Celle de certains abreuvoirs antiques, faits encore dans le
Cantal avec des pierres solidement fichées, mais se distinguant
des chemins : 1° par la longueur ne dépassant pas souvent 30 mè-
tres et la largeur variant de 0m50 à 1 mètre ; dans ce cas le fond
est aussi généralement tapissé de larges pierres pour le nettoyage
plus facile.
C). Enfin, d'après la conclusion de M. Vauvillé, il a été trouvé
des poteries préhistoriques ; donc la lignée de pierres de ce que
je considère plutôt comme un mur, comme un chemin protec-
teur, est bien préhistorique.
D). Mais admettons pour un instant que nous ayons à faire
disparaître ce chemin, je veux dire à en abolir l'usage? Pren-
drions-nous le plus pénible et plus long moyen d'enlever les
pierres, ou celui, plus pratique, de le barrer, de le couper,/^/-
des groupes de pierres. — C'est le cas très probable de Cuisy-
en-Almont, etc., etc.
E.) Les animaux, les esclaves, les manants, moins domestiques
autrefois qu'aujourd'hui, avaient peut-être besoin d'un chemin
bien tracé à travers les bois et forêts du Lay, ou d'autres pays aux
tribus jalouses ou chicanneuses, sur un droit de passage ? Une
fontaine, un communal, joint indivis entre deux chefs, deux cam-
pements étaient une raison suffisante, pour motiver un chemin
fiché, comme ceux de Seine-et-Oise, signalés par M. Giraux
après M. Denise. — Bref il semble que l'utilisation de la pierre
fichée est plus primitive sous tous ses rapports que celle du mur,
ou devait l'être, dans les pays de pierres de formation schisteuse
ou se débitant (1).
(1) IIIe Congrès préhistorique de France, Autun, 1903, pages 751-758, PI. 1.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 469
III. — COMMISSION DES ENCEINTES {Suite).
Commission d'étude
des Enceintes Préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
M. A. Viré, Président, envoie le 50e Rapport.
— M. P. Clément, ne pouvant songer à poursuivre les fouilles
du puits du Châtellier (1) près d'Artins (Loir-et-Cher), qui,
malgré la sécheresse de la saison, continue à ne pas tarir et exi-
gerait, malgré son excellente conservation, des frais hors de pro-
portion avec le résultat, a porté ses investigations sur le vallum
lui-même, où. il a fait plusieurs sondages, sans y trouver autre
chose que la terre rejetée du fossé, avec prédominance de pierres
à la partie supérieure, peut-être intentionnellement groupées en
guise de revêtement protecteur.
Dans une partie du fossé qui paraissait avoir été l'objet d'un
commencement de remblayage, sur une quarantaine de mètres, il
n'a été trouvé que de la terre rapportée, sans objets dateurs.
Même résultat négatif, enfin, dans l'exploration d'une dépres-
sion visible dans le premier fossé ouest, vis-à-vis la voie qui sé-
parait le castrum du castellum. Ce devait être une sorte de ci-
terne ou d'abreuvoir pour les bestiaux, à juger par la vase noi-
râtre qui en couvrait le fond sur une assez grande épaisseur, mais
qui, malheureusement, ne fournit pas la moindre pièce ouvrée.
— M. A. Guébhàrd a dressé la liste des imprimés de langue
anglaise et de langue allemande des Archives, qu'il s'applique
à constituer pour notre Commission. Nous les publierons dans
un prochain fascicule.
— M. J. Pagès-Allary (Murât, C.) envoie les notes suivantes
sur quelques-unes de ses planches, clichées au quart de gran-
deur, que nous n'avions pas encore eu l'occasion de reproduire.
« La question, actuellement si discutée, de l'origine du Cuivre
et bronze, m'a rappelé quelques planches des fouilles du 1er tri-
mestre de 1910 à Chaste.l-sur-Murat (Cantal).
« L'une figurait un bloc, perforé en tronc de cône, que j'ai tou-
jours considéré comme tuyère de fondeur préhistorique {Fig. 1,
n°5), et probablement de l'âge du bronze, d'après la stratigraphie
(1) B. S. P. F., VI, 1909, p. 284, XXIX* Rapport.
470 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
profonde. Ce bloc, formé d'argile très légère, quoique quartzeuse,
ne pèse que 0 kil. 250 grammes ; il a été trouvé dans la même
Fig. 1. — Pierres utilisées de Chastel-sur-Murat (G.). — Gr. 1/4.
fouille qui a donné des scories vitrifiées, portant des taches bleues
et vertes d'oxyde de cuivre.
HaeAeà jPfifaà du J^ui-^i <ù Cfauàé 19/0.
iâfMO
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l/VrMUI
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UM
Fig. 2. — Haches polies des Fouilles de Chastel-sur-Murat (C). — Gr. i/4.
« C'est cette même tranchée qui a donné : un petit percuteur
en quartz fibrolithique, très bien en main, très dur et très résis-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 474
tant, pesant 0 kil. 190 grammes; l'usure démontre une longue et
intense utilisation. Le même jour, on a trouvé deux haches rusti-
ques, dont une cassée en basalte, haches que je considère être
des tranchets : le X° 1 ne faisant aucun doute d'après son tran-
chant usé ; le N° 2 pas davantage, parce que le basalte, très dur,
est trop cassant pour être utilisé au choc et que son tranchant ne
pouvant être utilisé qu'à la pression comme tranchet.
« Il y avait aussi la molette en quartz X°3, pesant 0 k. 445 gram-
mes, du même niveau, usée sur toute sa périphérie, la partie plate
laissant apercevoir des traces d'une couleur rouge brique. Les
couches supérieures de cette tranchée avaient donné une pierre
à aiguiser X° 8) de 0 kil. 345 grammes; un pilon de mortier éga-
dt Pc&rres , fu.ifi/fJ Jûjves h (6 £//a.i/ï/.s /S//m/~
': ■.-■-
Fig. 3. — Poteries lustrées de Chastel-sur-Murat (C). — Gr. 1/4.
lement en mica schiste, de Okil. 240 grammes N° 4; et au-dessus
un débris de meule (X° 7) assez bien travaillée, de très petit dia-
mètre Ces objets ont été présentés au Congrès de l'AFAS à Tou-
louse, avec ceux de la Fig. 2) où sont figurés d'autres débris
d'outils sous le nom général de haches polies, bien que le X° i soit
un casse-tête en amphibolite, ayant, au-dessous de AB les enco-
ches d'emmanchement et pesant 0 kil. 715 grammes. — LeN° 2
est une curieuse hache (?) non terminée, en.'basalte ; les N0s 3, 4, 5
sont des tranchets, et tous les autres Xos 6 à 17 des débris d'outiis en
pierre polie, variant de 0 kil. 080 à Okil. 010 grammes et des
éclats de ces outils en jaspe, diorite, fibrolite et quartz. Le X° 4
en jaspe pesant 0 k. 010 grammes mérite l'attention par sa
472 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
petitesse : c'est ce qu'on dit à tort être une « hache votive» ! Or
la seule partie soignée est justement le tranchant, qui est bien
aiguisé ; c'est évidemment un tranchet de poche, fait tout simple-
ment avec un éclat d'un tranchet plus grand !
Tessons de Poterie. — Avec ces pseudo-haches et débris d'ou-
tils en pierre polie se trouvait également la poterie Néolithique
et du Bronze de la Fig. 3, avec anses percées néolithiques
(N°s 6, 7, 8), et quelques tessons si bien lustrés qu'on les dirait ci-
rés. — Le N° 5 porte une anse ordinaire avec des lignes profon-
des d'ornementation (de même époque et provenance que d'au-
tres, figurés sur une planche non clichée); le N° 4 a une anse mi-
Fig. 4. — Poterie très cuite de Chastel-sur-Murat (C). — Gr. 1/4.
nuscule percée de deux trous; la pâte rouge, assez fine et bien
lustrée. Un des tessons de ce vase, placé sur le fourneau pour le
sécher plus rapidement, n'a plus donné au nettoyage à la brosse
le lustrage ciré des autres morceaux séchés à l'air! Faut-il con-
clure qu'il y a eu destruction par la chaleur d'une substance
grasse, onctueuse, ou cireuse ? Elle aurait alors laissé des traces
charbonneuses. Il semble plus simplement que l'évaporation de
l'eau du tesson humide, faite trop rapidement, a détruit l'en-
gobe du lustrage : ce qui d'après les petites gerçures observées à
la loupe, paraît assez probable.
« Avec le N° 9, également assez cuit et marqué de fossettes en
creux de décoration, faisant ressortir la pâte à l'intérieur (donc
faites sur pâte encore fraîche), c'est la poterie à décoration estarn-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 473
pée de l'époque du bronze ; la couche de ces trouvailles variait
de lm à lm50 de profondeur, dans une terre gris-rougeàtre, qui
laisse aux tessons un aspect bien distinct de ceux de la couche
supérieure noire, où se trouve la poterie des Francs.
Poterie du Ve au Xe siècle. (Fig. 4 et 5). — Très cuite, d'un galbe
bien typique, pâte grise bleutée, lissée pour l'ornementation, as-
sez épaisse (0m006 en moyenne), mais plus du tout lustrée : tels
so.it les caractères distincts des X05 1 et 2, ainsi que d'une as-
siette creuse N° 3, trouvée en même temps. Cette poterie des
Francs du ve au xe siècle est la plus commune et la plus abon-
dante des fouilles de Chastel. indiquant la longue et prospère
occupation de ce sommet pendant cinq siècles.
y^BRONZE.Bss FOUILLES de CHASTEL. r?19 10. «M
Fig. 5. — Le Bronze à Chastel-sur-Murat (C). — Gr. 1/4.
« Cette poterie, touche de très près par sa technique à celle
des ^Yisigoths, mais avec peu de décoration estampée, et beau-
coup d'ornementation à la molette; c'est surtout par un lissage
d'agrémentation bien soigné qu'elle se caractérise : lissages colo-
rés quelquefois en noir, faisant bien sur le fond gris-blanc-bleuté.
« La cassure indique une pâte très fine, homogène, où le quartz
est très peu apparent, tellement il est broyé fin. Inutile d'analyser
pour dire que l'argile employée est très peu ferrugineuse. Le
tournage des fonds et des bords ou cols est particulièrement soi-
gné, très variable, très recherché, ce qui donne à cette poterie
un beau galbe, en sus de ses qualités de cuisson : solidité et so-
norité.
474 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« Le moule à fromage de la Fig. 6 provient aussi de ces fouilles.
C'est à cette époque que je rattache une grande partie des fonds
percés de nombreux trous, habituellement ronds, quelquefois
carrés, qui devaient avoir pour but d'égouter le petit lait de la
PASSOIRE A LAITAGE. E.T.C.
DES. FRANCS. DE .CHASTEIl.
RECONSTITUÉ E.dE.9.TES SONS.'
Fig. 6. — Passoire à laitage de. Ctaastel-sur-Murat (G.). — Gr. 1/4.
tome (ou lait caillé), pour faire le fromage. Le grand usage de cet
aliment à toutes les époques se constate par l'abondance des tes-
sons percés ainsi, dans une pâte plus ou moins cuite, partant du
Gaulois au ve siècle, mais développés du ve au xe siècle (1).
(î) Notre actuel fromage de chèvre, le « Cahecou », bien supérieur encore au
Cantal, se moulait il y a environ 40 ans dans une forme en bois — qui depuis ce
temps a disparu, comme le moule en terre, devant celui de fer blanc — , plus lé-
ger et plus facile à tenir propre par le lavage aujourd'hui exclusivement en
usage, autant pour son prix minime que parce que non poreux, sans odeur après
rinçage.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 475
« C'est à cette poterie, facile à distinguer empiriquement, aussi
bien de la poterie gallo-romaine que de la poterie très cuite,
qui vient après le xe siècle, — que se rapportent plus de 5.000 tes-
sons, ramassés à Chastel, qu'un coup d'œil de fouilleur expéri-
menté permet de classer et dater plus sûrement que 5.000 ana-
lyses de chimistes.
« La poterie, très cuite, qui lui succède à Chastel, est souvent
noirâtre, sans lissage, à galbe peu soigné; mais, outre la cuisson
très forte, ce qui la distingue le plus, c'est la diminution très sen-
sible d'épaisseur de la pâte, allant en moyenne de 3 à 4 millim.
Son ornementation à la molette est formée par des dents de
loup, très allongées, ou des losanges pas très profonds, impos-
sibles à confondre avec ceux des poteries préhistoriques, si on
tient compte des autres caractères. Nous aurons sans doute l'oc-
casion d'en parler, avant de donner les planches du bronze trouvé
à Chastel en 1910 et 1911. La Fig. 5 est l'inventaire des débris
de bronze, dessinés au fur et à mesure des trouvailles, pendant
le 1er trimestre 1910, avec les objets ci-dessus décrits, et la pote-
rie estampée déjà reproduite. — Nous essayerons un jour de
mettre un peu de clarté et d'intérêt dans ce capharnaûm de
fouilles, sincèrement relevées, datées et figurées. »
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
La Hache plate en Cuivre dans le département
des Côtes-du-Nord {Suite).
PAR
A.-L. HARMOIS (de Saint-Brieuc).
Arrondissement de Dinan. — Caulnes. — Hache plate; crosse car-
rée, tranchant très arcqué. Longueur totale, 0,110; largeur de la
crosse, 0,030 ; corde de l'arc du tranchant, 0,080. Epaisseur à la
crosse, 0,006 [Collection J. Le Moine, à Lamballe".
Arrondissement de Dinan. — Plénée-Jugon. — Hache plate; crosse
carrée; angles un peu arrondis; tranchant arcqué. Elle était accom-
pagnée, lors de la trouvaille, de lingots de bronze (?) (Cachette).
Longueur totale, 0.098; largeur à la crosse, 0,025; corde de l'arc
du tranchant, 0,050. Epaisseur à la crosse, 0,004 [Collection J. Le
Moine, à Lamballe].
Arrondissement de Guingamp. — Bourbriac. — Hacheplate, trouvée
dans le tumulus de Tanwëdou, fouillé en 1865, le 5 juillet, par l'abbé
Le Foll et Mgr David.
476 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Longueur totale, 0,150; largeur à la crosse, qui est carrée, 0,033;
corde de l'arc du tranchant, 0,080; épaisseur au centre, 0,006, légère-
ment bombée.
Elle était accompagnée de quatre lames de poignards, du type
triangulaire, en cuivre, ornés de filets ! — La poignée de chacun d'eux
était garnie de petits clous d'or, placés en lignes brisées et horizon-
talement. Il en a été ramassé plusieurs milliers. Une pince, épila-
toire, en. or pâle, couverte d'émail rouge sur les branches, et deux
clavettes en or, portant la trace de rivures à leurs deux extrémités (1).
[Musée de Saint-Brieuc].
Arrondissement de Guingamp. — Plésidy. — Hache plate. Lon-
gueur totale, 0,096; largeur de la crosse, qui porte une entaille en
forme de V, 0,022; corde de l'arc du tranchant, 0,055. Epaisseur
à la crosse, 0,005 [Coll. J. Le Moine, à Lamballe].
Arrondissement de Saint-Brieuc. — Saint-Alban. — Hache plate.
Longueur totale, 0,140; à la crosse qui a les angles légèrement ronds,
0,030; corde de l'arc du tranchant, 0,060. Epaisseur maxima, 0,010.
[Coll. J. Le Moine, à Lamballe].
Département d'Ille-et-Vilaine.
Arrondissement de Rennes. — Sens. — Hache plate; tranchant et
crosse très arcqué. Longueur totale, 0,174; corde de la crosse, 0,030 ;
corde du tranchant, 0,075 [Coll. J. Le Moine, à Lamballe].
(A suivre).
Echantillons provenant des bords de la mer
et des balastières des environs du Croloy
(Somme) (2).
M. Bektin (Arcade) (de Paris). — C'est à la séance du 27 février
1908 que je vous fis connaître, pour la première fois, le Crotoy,
par une présentation d'échantillons, de forme géométrique.
D'après M. André Depoilly, la fondation du Crotoy est due à une
colonie massilienne, qui lui donna ce nom, en souvenir de l'île
de Crète; mais M. Lefils, historien crotellois, suppose que cette
ville est bien plutôt d'origine celtique.
Ce qu'il y a de certain, c'est que Rue, petite ville de 3.000 ha-
bitants, située à 8 kilomètres du Crotoy, était baignée par la mer
au xiie siècle ; et, à ce sujet, permettez-moi de vous signaler la
légende du Crucifix miraculeux, publiée dans la Picardie le
(1) Voir rapport de M. de Longperrier à ÏAcad.des Inscriptions et Belles Lettres,
1865, 2« semestre. — Revue Archéologique, 1865, 2e sem., p. 469 à 471. — Inventaire
des découvertes archéologiques dans le département des Côles-dii-Nord, page 96 ;
par A.-L. Harmois.
(2) Présentation du 25 mai 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 477
15 octobre 1900. Ce crucifix aurait été trouvé sous la porte du
Golgotha à Jérusalem ou sous la maison de Nicodème, un des
disciples du Christ, avec deux autres images tout à lait sembla-
bles. Elles furent placées chacune sur une nacelle au port de Jaffa,
et exposées à la merci des flots, sans voiles, sans gouvernail, sans
pilote. Une s'arrêta, dit-on, près de Lucques, en Italie ; la se-
conde à Dives sur la côte de Normandie; la troisième sur la plage
de Rue, le premier dimanche de Tan 1101 ! — Depuis cette épo-
que, la mer aurait donc perdu 8 kilomètres en profondeur. Mais
d'où vient cette quantité énorme de galets, qui est venue s'accu-
muler en cet endroit?
Il n'y aurait rien d'impossible que cela soit le résultat du per-
cement du canal du Pas-de-Calais par la mer, cette dernière
rongeant continuellement les côtes, et refoulant ensuite les débris
à l'embouchure de la Somme. Ces débris, dis-je, sont venus s'a-
monceler dans la partie que j'indique et ont pris, petit à petit, la
place de la mer . Ceci, bien entendu, n'est qu'une simple hvpothèse.
Cependant, il y a un fait sur lequel on peut s'appuyer : c'est
que, en étudiant les balastières et le talus qui longe la mer au
Crotoy, on remarque que les pièces les plus belles, les mieux tra-
vaillées, principalement les plus petites, se trouvent dans le fond,
à 4 ou 5 mètres, incrustées dans la terre glaise, surtout le long
de la plage, face au lieu dit le Camp romain : ce qui porte à croire
que cette masse caillouteuse, poussée à l'intérieur des terres par
la mer, aurait produit l'effet que je signale, c'est-à-dire que les
petits échantillons devaient s'enfoncer en passant à travers les
intervalles qui séparaient les gros, au fur et à mesure que s'opé-
rait la marche en avant.
J'arrive à ma présentation : 1er plateau, 38 échantillons,
dont 34 en silex gris du Crotoy; 3 en silex jaune, de Paris, pro-
venant du percement de la ligne souterraine Nord-Sud; et un de
Vigneux (Seine-et-Oise).
Cette forme quadrangulaire à biseau est connue; mais ce qui
paraîtra surprenant à bon nombre de nos collègues, c'est que
l'on puisse trouver de semblables échantillons sur le bord de la
mer! Le plus grand a 0m10 de long sur 0m02.de large, le plus
petit 0ra04 de long sur 0m02 de large; la moyenne est : longue
0m05, large 0m03 ; — 2me plateau, 56 échantillons, en silex gris,
de formes différentes, provenant tous du Crotoy; le plus grand a
0m06 de long sur 0m015 de large, le plus petit 0m025 de long sur
0m01 de large; beaucoup portent les traces qu'ils ont été sérieu-
sement roulés par la mer; malgré cela, ils n'en sont pas moins
intéressants et je ne crois pas me tromper, en disant qu'ils méri-
tent qu'on s'intéresse à eux.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 31
478 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
J'attire particulièrement votre attention sur 7 échantillons,
dont la forme est la même; ce sont de véritables parallélipipèdes,
rectangles ; et que dites-vous de celui qui est poli sur cinq faces ?
Tous, en général, portent la trace d'un travail intentionnel, qui
ne permet pas de supposer qu'ils sont l'œuvre exclusive de la mer.
Je termine en disant que, plus j'étudie les draguages, lesbalas-
tières, les sablières, plus j'ai la conviction qu'on a la chance d'y
rencontrer des pièces intéressantes; et cela prouve, une fois de
plus, qu'en Préhistoire il ne faut rien négliger.
A la prochaine séance, je vous présenterai des pièces prove-
nant de Paris, du creusement des galeries souterraines pour le
Métro et l'électricité, principalement de la ligne Nord-Sud, où
j'ai recueilli, sur le quai delà Conférence, près du pont Alexan-
dre-III, face au Petit-Palais, ainsi que dans le jardin des Tuile-
ries, au bas des terrasses qui font face à la place de la Concorde,
dans des amas de gros sables mélangés à de nombreux cailloux,
de grandes quantités d'échantillons extraits, d'après les rensei-
gnements que j'ai pu obtenir, dans la partie qui va de la Seine
se dirigeant du côté de la Madeleine ; et vous pourrez constater
qu'ils ressemblent beaucoup à ceux que vous avez sous les yeux.
Au reste, le puits d'extraction se trouve place de la Concorde,
face à la statue de Nantes; et c'est de là qu'un camion automobile
transportait les sables aux endroits que j'indique.
M. Edmond Hue demande à M. Bertin de bien vouloir désigner
ceux des échantillons que M. Bertin déclare semblables aux outils
asiatiques, présentés par M. Jousset de Bellesme. M. Hue s'élève
contre cette comparaison, dont il démontre l'invraisemblance
absolue par un croquis fait au tableau. Il serait regrettable que
de semblables allégations puissent se produire, sans soulever les
protestations nécessaires, alors qu'il n'est pas donné à tous les
membres de la Société Préhistorique Française d'en juger de »»»«.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 4"î9
Description de la Chambre sépulcrale, restau-
rée, de Belleville, à Vendrest ^Seine-et-Marne)
[Propriété de la Société Préhistorique Française].
PAR
Marcel BAUDOUIN,
Secrétaire Général.
La Société préhistorique française est, à l'heure actuelle, pro-
priétaire d'un terrain, de forme à peu près quadrilatère, constitué
à l'aide d'une série d'achats, et situé sur le flanc sud de la Montagne
de Belleville, terroir de Rademont, Commune de Vendrest (Seine-et-
Ifarne] (Fig. 1).
Au milieu de cette sorte de petit Parc, minuscule, entouré de
petits bois à l'Ouest, au Sud et à l'Est, et borné au Nord par un terre-
plein en friche un peu moins boisé, se trouve une Chambre sépul-
crale, découverte en 1908 par M. Philippe Reynter (de Lizy-sur-
Ourcq, S.-et-M/, membre de la Société préhistorique française.
Cette Sépulture était vierge et de l'Epoque néolithique. Après
avoir été achetée sur les indications judicieuses de notre avisé col-
lègue de Seine-et-Marne, elle a été fouillée, d'une façon scientifique
et complète, et restaurée en 1909 et en 1910 par la Société préhisto-
rique française, à l'aide de fonds provenant de sa Caisse spéciale de
Fouilles (Fig. 2).
A l'histoire de la Trouvaille et de Y Acquisition, à la description de
la Fouille, menée aussi consciencieusement qu'il a été possible, et
de la Restauration de ce Monument, due à un membre du Bureau,
spécialisé en ces sortes de travaux, un ouvrage important vient
d'être consacré (1) (Fig. 3 et 4).
Nous en extrayons, pour le publier clans le Bulletin, le paragraphe,
qui est relatif à la Description de ce Monument, tel qu'il est aujour-
d'hui, après la Restauration terminée.
Nous sommes persuadé que nos Collègues seront heureux d'avoir
de cette façon une idée, aussi complète que possible, de leur belle
Propriété, et nous sauront gré de cette bonne intention....
Nous ne reviendrons pas iei sur la Découverte de la Chambre funé-
raire. Elle a été suffisamment précisée, ici même, par son inventeur,
notre collègue Ph. Reynier, quand il l'a décrite 2 .
(1) La Sépulture Séohthique de Belleville, à Vendrest (S.-et-M.). Fouille et Res-
tauration. Rapport général; par le Dr Marcel Baudouin. — Paris, 1911, in-8°,
2b0 p., nomb. fig., et 16 planches hors texte, en photo-collographie. [Dr H.Mar-
tin]. — Prix : 10 Francs (Pour les Membres de la S. P. F. : 5 Francs).
%] Ph. Reymer. — La Grotte sépulcrale de Belleville, à Vendrest ySeine-et-
Marne). — Bulletin Soc. Préh. de France, Paris, t. V, 1908, p. 378-382.
480 société préhistoriqueJfrançaise
Nous abordons de suite la description du Monument tel qu'il se
présente à l'heure actuelle.
Nous allons décrire le Monument tel qu'il était après son édifica-
tion; et, chemin faisant, pour ne pas trop allonger cette description,
nous indiquerons les parties que nous avons dû restaurer, et com-
ment cette Restauration a été effectuée.
I. — Matériaux. — Mais, tout d'abord, voyons de quels matériaux
de construction on s'est servi pour l'élever. Plus loin, nous insisterons
sur la façon, élégante et habile, dont les Néolithiques les ont utilisés
[maçonnerie; dallage ; porte; etc.].
1° Pétrographie du Monument. — Les éléments, qui entrent dans
la construction du monument (Fig. 5), ainsi que dans la constitution
de son contenu, sont les suivants :
Fig. 1. —Vue de la Montagne de Belleville, au niveau de la partie supérieure du
Monument. — Photographie prise au Nord. — Aspect de la ValléefCliché H. Martin].
Légende : P., Le Polissoir d'Ocquerre, placé sur le Rocher T de Couverture. —
E, Entrée du Monument. — R1, Pierre libre. — G. S., Niveau du fond de la grotte.
1° Sable de Beauchamp, utilisé pour l'enrobement des Os dé-
charnés, et pour la confection des murettes ;
2° Grès de Beauchamp (blocs de couverture et piliers d'entrée) ;
3° Calcaire de Saint-Ouen [murettes] ;
4° Très rares fragments de Meulière.
Nous insisterons surtout ici sur les matériaux de construction prin-
cipaux.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 484
1° Sable de Bcauchamp. — A) Contenu. — Il n'y a rien à dire de
spécial à propos des Sables de Beauchamp du Monument.
a) Il y avait, à la surface du dallage, une couche de sable très blanc,
extrêmement fin, épaisse de 0m05 au maximum, au moins dans les
parties non occupées par le Dépôt d'Incinérations.
Ce sable, à caractères éoliens marqués, a paru avoir été surtout
entraîné là par le vent, dans la période où le Monument, restant ou-
vert, a reçu le Dépôt d'Incinérations et les premiers tas d'os, formant
l'Ossuaire. — Il provient évidemment du voisinage.
#ig.2. — Etat de l'Entrée de la Sépulture néolithique de Vendrest [Lieu dit:
Belleville], en 1908, au moment des premières Fouilles de M. Pli. Reynier [Photo-
graphie d'Amateur].
Entre les Piliers d'Entrée, on voyait, nettement, la coupe du Contenu sépulcral
[Amas de sable]. — En avant, Ossements déjà retirés de l'Entrée même [Os d'aspect
blanc très marqué].
Rien ne permet de dire qu'il a été déposé là à dessein, pour former
une couche spéciale, et apporté par les hommes d'une certaine
distance.
b) L' Ossuaire était bourré, en dehors des ossements, avec du Sable
de Beauchamp, trouvé parfois très sec, parfois très humide. Mais ce
sable était, en général, beaucoup plus rouge que le précédent.
482 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Nous n'avons pas à insister ici sur ce qu'était le sable d'éboulis,
tombé dans la partie vide, supérieure, et d'origine moderne [par des-
truction du Bloc de couverture n" II]. Ajoutons seulement que le sable
de l'ossuaire proprement dit avait été apporté à dessein pour envelop-
per les os et qu'on avait dû le prendre dans les terrains voisins de la
sépulture, où il affleure.
B) Rien de spécial à dire du sable servant de mortier dans les
Murettes.
F ig. 3. — Vue de la Voutk artificielle, remplaçant un bloc de Grès de Beau-
champ (n° II) du Monument de Belleville, après la Restauration. [Photographie
d'intérieur, au magnésium, exécutée par le Dr H. Martin, dans les conditions les
plus défavorables]. — Légende : Sol., solives de fer [Barres à plancher]; — G, pla-
quettes de Calcaire de Saint-Ouen.
2° Grès de Beauchamp. — a) Le Bloc n° III limitait le Couloir
d'entrée; il était extra-sépulcral. Les Blocs I et II formaient la
Couverture. — Tous trois étaient en place et n'avaient pas été re-
mués par les hommes (1).
b) Les deux piliers d'entrée sont constitués par des plaquettes de
Grès de Beauchamp, qu'on a dû aller chercher assez loin, car on n'en
retrouve plus d'analogue dans le voisinage.
c) Les murs en pierres sèches ne renferment que de très rares petits
blocs de ce grès. Cela se conçoit, car ceux-ci se prêtent mal à la
construction et étaient, en somme, assez rares, à la surface du sol.
(1) Leur volume aurait rendu une telle opération très difficile dans le point
Considéré.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
483
3° Calcaire de Saint-Ouen [Plaquettes de Calcaire ]. — On l'a utilisé
pour construire : a) les murs latéraux, de même que pour établir le
mur du fond, et le mur extra-sépulcral; b) le dallage à double cou-
che de pierres.
C'est lui qui, d'autre part, a fourni toutes les pierres libres, ou pla-
quettes, trouvées dans le monument et énumérées ci-dessus.
Fig. 4. — Entrée du Mo.mmknt dk Bkli.kvili.k, après la estai ration. — Pho-
tographie Marcel Bandouin. prise au Sud- est.
Légende : R«, Bloc de Grès de Couverture (n° I); — Po, pilier de l'Entrée (Ouest):
— Es, Escalier (marche supérieure): — M' RJ. Mur moderne, remplaçant le Bloc
no III;— M, Né., Mur néolithiq ue extraséputcrul : — M..1 , Mur Moderne •Ouest':-—
Mo-, Mur Moderne (Est); — M, Entrée.
I
C'est d'ailleurs un excellent appareil pour les constructions de cette
espèce, vu sa petitesse, sa régularité et sa forme.
Dans le fond de la Grotte, les plaquettes de calcaire de Saint-Ouen
étaient recouvertes parfois, à leur pourtour, de sels de manganèse.
Cela indiquait qu'elles avaient été baignées longtemps dans les eaux
d'infiltration, et plongées pour ainsi dire tout entières dans une disso-
lution de ces sels ; c'est dire qu'il s'agissait donc de plaquettes libres
ou devenues libres à un moment donné [Pierres de recouvrement, etc.].
Les plaquettes, faisant au contraire partie des murettes, n'avaient
des dépôts que sur leur parement interne; la partie invisible et encastrée
dans le mur était restée tout à fait blanche. Encore n'y avait-il de tels
dépôts que sur les plaquettes faisant une saillie notable à l'intérieur.
£EPULTlflE iie YENDRE5TJ
Figm 5. — La Grotte sépulcrale, artificiel
Awl
Plan dû à Jj
I. — Pian général : M, Escalier d'accès, moderne (Restaurj
partie Est du Rocher n° I, cassé ; — D, Mur, moderne ^Restaura]
cral ; — À et B, Piliers de l'Entrée ; — E, Bloc de Grès, témoin,
de Calcaire de Saint-Ouen ont une disposition spéciale ; — R',
II. — Vue de la partie de la Murette latérale Est, corres
brèche, faite dans la Murette, pour en étudier la structure, et I
APi\is PEBTAURATÎDM
;ville. à Vendrest (Seine-et-Marne)
I - F. Mur, moderne Restauration), pour remplacer la
'fhern'HI, disparu : — <i. Mur Néolithique, extra-sépul-
iirae de fond: — C. Coin Nord-ouest, où les plaquettes
r>. disparu: — • I. F. Traces d'Incinérations.
FI. Limites du Dépôt d'Incinérations : — S, petite
pour contrôle scientifique.
486 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Ce qui prouve que ces dépôts étaient postérieurs à la construction du
Monument.
Ces dépôts se forment, sur des pentes aussi fortes, avec rapidité,
puisque les pierres de la couverture provisoire, posée en 1909, en
présentaient déjà en 1910, mais sur leur face supérieure seulement !
Fig. 6. — Le Monument de Bellevili.e, la Restauration complètement ter-
minée. — Plan dressé par E. Hue. — Echelle : 1/100. — Légende : R. Rocher en
place (Bloc n° I). — R' Rocher détruit (Bloc n° II). — H, Mur de fond. — 1,1», si-
tuation du Dépôt d'Incinérations. — A, B, piliers d'Entrée. — E, Bloc témoin ed
grès [Rocher C,. — G. Mur néolithique extrasépulcral. — D, Mur, moderne, rem-
plaçant le Bloc de Grès de Beauchamp (n° III). — M, Escalier moderne. — F,
Mur, moderne, remplaçant la partie I cassée du Bloc R, à l'Est. — C, Dispositif
spécial du Mur néolithique, au coin Nord.
4° Meulière. — De très rares fragments de Meulière, assez petits au
demeurant, ont été reconnus dans les murettes en pierres sèches.
Ils proviennent d'une certaine distance, car il n'y a pas de Meu-
lière aux alentours mêmes de Vendrest.
Conclusion. — En somme, dans la constitution de ce monu-
ment, il n'entre pas la moindre pierre dite de carrière. — Donc les
Néolithiques, à Vendrest, n'avaient pas encore inventé l'extraction
de la pierre en carrières: découverte que les Néolithiques d'Egypte, et
d'ailleurs, réalisèrent pourtant, à ce qu'on pense.
On ne trouve là que des pierres libres du sol, presque toutes à
angles arrondis par les agents atmosphériques, et plus ou moins d'ap-
parence glacée (gelée), grâce à des effritements répétés (1), surtout
(1) Les pierres s'arrondissent d'ordinaire de la sorte, sans que le roulement
sur le sol ait à intervenir.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 487
pour le Calcaire de Saint-Ouen, aussi abondant que le Grès de Beau-
champ sur la Montagne de Belleville.
II. — Architectomque. — La Chambre sépulcrale de Belleville
comprend deux parties principales (Fig. 5):
1° Le Couloir d'Entrée ; 2° la Chambre elle-même.
1° Couloir d'Entrée. — Le Couloir d'Entrée correspondait au sol
naturel, et à un interstice, de 1"10 de large, entre deux gros Blocs de
Grès de Beauchamp (n°* I et III), en place. Il était dirigé du Nord-ouest
au Sud-est; et l'Orientation précise de ce couloir était de 135° Est.
Commençant de plein pied, du côté Sud-est, près du bord corres-
pondant du Bloc n° I, sur le flanc de la Montagne de Belleville, il des-
cendait en pente douce vers le Nord-ouest, de façon à aboutir au ni-
veau de l'Entrée, située au Nord-est, en suivant cette tranchée trans-
versale. — A ce point terminus, il était à lm10 en contre-bas.
Son fond Nord-ouest était constitué par une Murette, en pierres
sèches [Mur extra-sépulcral], ayant 0m40 d'épaisseur, lm10 de hauteur,
lm10 de largeur Nord-Sud, et destinée à maintenir les sables de l'Ouest
et à les empêcher d'obstruer, en s'éboulant, ce couloir. La paroi Nord-
est était formée par le Bloc n° I ; l'autre par le Bloc n° III.
Nous avons dit plus haut ce que nous avions fait : a) pour consolider
le Mur extrasépulcral; b) pour remplacer le Bloc n° III, au sud ; c) pour
faciliter la descente ; d) pour remplacer la partie cassée du Bloc n° I.
Il est inutile de revenir ici sur cette Restauration, forcément sans
ressemblance avec l'état primitif (Fig. 8).
II0 Chamhre sépulcrale. — La Chambre sépulcrale était une cavité
en forme de parallélipipède, à grand axe allant du Sud-ouest vers le
Nord-est (Fig. 6).
1° Ensemble. — A) Axe. — Ce grand axe est, en réalité, non pas de
180° à la boussole, mais de 226°, c'est-à-dire incliné vers l'ouest. Par
conséquent, il est, à peu près, Xord-est- Sud-ouest (Fig. 6).
B) Dimensions. — Les dimensions sont les suivantes :
a) Longueur maximum (intérieur) : 6m20.
à l'entrée : l""^.
b) Largeur maximum 1 à lm de l'entrée: ^oo.
Moyenne : 1"80.
à 2m de l'entrée: lm80.
au milieu (près de 3m de l'entrée): lm95.
à 4m de l'entrée : lm80.
à 5m de l'entrée : lm80.
au fond (6m de l'entrée) : l-Sô.
488 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
c) Hauteur maximum
à l'entrée même : lm10.
à 2m de l'entrée : lm05.
au milieu (bord postérieur du Bloc I) : lm10.
Moyenne : lm10. | d'après la hauteur ) à 5m de l'entrée : lm20.
;
des murs latéraux. / au fond même : lm25.
En calculant sur les moyennes ci-dessus, cette Chambre avait donc
une superficie de 6m20 X lm80 = ll^lô ; et le volume suivant:
6™20 X lm80 X lm10 == 12œc276.
Admettons, en chiffres ronds : 12mc.
2° Différentes parties. — Nous avons à décrire les différentes parties
de cette chambre :
1° La couverture du monument.
2° Les murs latéraux; le mur de fond;. et les piliers d'entrée.
3° Le dallage.
1° Couverture. — Jadis, elle était constituée par deux énormes Blocs
de Grès de Beauchamp : l'un au sud (n° I) ; l'autre au nord (Bloc n° II).
Mais ce dernier a disparu (Fig. 6).
1° Bloc n° I. — Cet énorrrie bloc de Grès de Beauchamp, qui est en
place dans son gisement, est disposé bien horizontalement. Mais il
n'est pas entier ; on a brisé son coin sud-est (Fig. 6 et 7).
Il est de forme à peu près cubique, avec pointe avancée à l'ouest.
Son petit axe est Sud-ouest-Nord-est.
Il présente les dimensions maxima suivantes, à l'heure présente, et
à sa face supérieure (la partie ouest n'est pas, en effet, visible sous les
sables) : Longueur, 4m60 (Est-Ouest) ; largeur (Nord-Sud), 2m60 ;
épaisseur, lm40.
Cela donne un cube d'environ : 4n,60 X 2m60 X lm40 = 16mc744.
Comme presque un quart a été cassé, ce bloc avait jadis au moins
20B,C. En admettant que la densité du Grès de Beauchamp soit 2, 3, cela
donne un poids de 16. 750 X 2.3 = 38.425, simplement pour la partie
qui persiste actuellement; soit 38.000 kilogs environ.
On voit que le poids supporté par la murette latérale Est, qui, depuis
la cassure Est, porte seule la moitié de ce bloc, c'est-à-dire au moins
16.000 kilogs, est très considérable. Mais, à l'ouest, en raison de
l'existence d'une pointe, assez longue (au moins 2 mètres), s'enfonçant
sous le sable, la paroi est bien moins chargée.
2e Bloc n° IL — Le bloc n° II ou Nord, que les carriers ont brisé,
devait être aussi volumineux.
D'après les fouilles, et la place des Eclats retrouvés en place, on
peut admettre qu'il avait son grand axe Nord-Sud [c'est-à-dire en
sens contraire du précédent], et présentait les dimensions suivantes :
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
489
fi"
490 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Longueur (Nord-Sud), 4 mètres au moins; largeur (Est-Ouest),
3m50 au moins (peut-être plus); épaisseur, lm20 au moins.
D'où un cube presque aussi considérable et un poids de plus de
30.000 kilogrammes certainement !
Cette masse ne paraît pas avoir été la cause des modifications sur-
venues dans les murettes latérales à son niveau. Il est probable que
c'est plutôt sa destruction qui les a provoquées.
2° Murettes périphériques. — Elles comprennent les deux murs
latéraux, Est et Ouest; et le mur de fond ou Nord-est. Elles sont
presque intactes et complètes (Fig. 6).
Elles ont une épaisseur moyenne (vérifiée à la fouille) de 0,n40
environ, correspondant à la dimension la plus grande des plaquettes
de Calcaire de Saint-Ouen qui les constituent en presque totalité, et
qu'on trouvait alors sur le sol du voisinage.
Ensemble, ils cubent environ : Murs latéraux, 5 mètres ; Mur de
fond, 1 mètre cube. Total : 0 mètres cubes.
Pour montrer cette épaisseur d'une façon permanente, et donner
une idée de leur surface extérieure, M. le Dr M. Baudouin a eu l'idée
de faire, dans le mur de l'Est, une petite brèche, sous forme de fenêtre,
située à 2 mètres de l'entrée, et à 0m60 au-dessus du dallage (Fig. 6;
II, S).
Cette trouée artificielle montre que, derrière le mur, il n'y a que
du Sable de Beauchamp, d'une coloration presque blanche, très fin,
tout à fait comparable à celui qui recouvrait le dallage, à l'intérieur
du monument.
Le parement de ces murs est exclusivement à Yintérieur ; les
faces externes ne sont pas parées et sont très irrégulières. Cela ren-
seigne sur leur mode d'édification et prouve qu'ils ont été construits
après creusement d'une Cavité dans le sable, et, dans l'intérieur même
de cette cavité, de bas en haut.
Ils sont en pierres sèches, placées les unes sur les autres, séparées
à peine par de petits lits de sable local. Les plaquettes sont nette-
ment entrecroisées pour donner de la solidité, et sont presque toutes
en Calcaire de Saint-Ouen ; on n'y voit que de rares blocs de Meulière
ou de Grès de Beauchamp, un peu plus volumineux que les pla-
quettes. Certaines parties montrent combien les Néolithiques étaient
habiles en cette matière, et intelligents [Coin Nord-ouest du fond, par
exemple] (Fig. 8; II).
1° Murs latéraux. — La longueur des murs latéraux est à peu près
la même, environ 6 mètres ; leur épaisseur est de 0m40. Leur hauteur
est celle de la grotte elle-même. Tous deux sont bien verticaux,
c'est-à-dire à 90° sur le dallage (Fig. 0).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
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492 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
a) Mur latéral Est. — Le Mur latéral Est (en réalité Sud-est exac-
tement) est assez irrégulier. Au lieu de former une ligne bien
droite, il présente une obliquité et se dévie au fond vers l'Est : ce qui
explique pourquoi le monument est plus large au fond qu'à l'entrée
(lm60 contre lm85) (Fig. 6).
De plus, il présente un renfoncement apparent et un bombement réel
vers l'intérieur, surtout marqué sur la coupe verticale par suite de
la poussée exercée sur les pierres sèches qui le constituent par les
sables le soutenant en dehors. Ce bombement doit être le résultat de
la démolition du Bloc n° II par les carriers.
b) Mur latéral Ouest. — Au contraire, le Mur de l'Ouest (en réalité
Nord-ouest) est extrêmement régulier et parfaitement rectiligne ; il
est seul parallèle à l'axe central du monument. Il ne forme pas le
moindre creux ; et ses pierres sèches ne bombent pas.
Il n'a pas bougé, pour ainsi dire, depuis sa confection !
Chacun de ces murs cube : 6 X 1.20 X 0,40= 2.88; soit au moins
2mc500.
2° Mur de fond. — Ce mur, très bien construit, est remarquable
par ce fait qu'il n'est pas vertical, mais oblique, de 10°, de haut en bas
et de dehors en dedans (Fig.l ; H), pour résister plus facilement à la
poussée des sables du sommet de la colline. L'angle intérieur, au lieu
d'être de 90°, est donc de 100° environ.
Ce mur a dû être élevé le dernier, pour lutter contre la chute
de ces sables à l'intérieur de la cavité creusée.
A son coin Ouest, on note un chevauchement et un enchevêtre-
ment de ses blocs avec ceux du Mur latéral Ouest, destinés à conso-
lider cette partie d'une façon encore plus certaine (Fig. 8 ; II). Cette
particularité et l'obliquité paraissent bien indiquer qu'il fut le der-
nier mis en place.
L'ensemble de ce mur cube au moins : 2 X 1,20 X 0,40 = 0,960 ;
soit environ lmc.
3° Disposition de l'Entrée. — L'entrée est évidemment la partie
qui a été construite en dernier lieu, car elle est formée par deux
Piliers, latéraux, séparant un espace vide ou Porte, et appuyés sur les
murs latéraux et le dallage lui-même.
Les deux piliers n'ont donc pu être placés qu'après l'établissement
définitif de la Chambre ; mais ils sont antérieurs, par contre, à la
construction du Mur extra-sépulcral.
à) Pilier Ouest. — Le pilier gauche, Ouest ou Sud-ouest, semble
du dehors le plus petit ; mais, en réalité, il est à peu près de même
dimension que l'autre. Cela tient à ce qu'à l'extérieur toute sa partie
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 493
Ouest est cachée par le Mur extra-sépulcral, qui s'appuie sur sa face
externe, et à ce qu'à Y intérieur cette partie est aussi cachée par le Mur
latéral Ouest : disposition qu'on ne retrouve pas pour l'autre pilier.
Ce pilier, un peu moins haut que l'autre, n'a guère que 1 mètre,
car son bord supérieur ne touche pas au Bloc n° I ; en effet, on cons-
tate, aujourd'hui, en ce point, l'existence d'un petit vide, de forme
triangulaire, ouvert à l'Est (Fig. 8; I, A). Ce vide était comblé autrefois
par des plaquettes en calcaire, qui sont tombées en 1908, au dire de
M. Reynier.
Sa largeur est de 0m60 et son épaisseur de 0m20. Il est verticale-
ment posé sur les pierres du Dallage : ce qui prouve qu'il est bien pos-
térieur à ce dernier.
Une preuve que les choses se sont bien passées ainsi, c'est qu'il
forme avec larète Sud du mur Ouest, non verticale, un angle ouvert
au zénith, qui a été comblé par des blocs de calage, verticaux, et non
horizontaux, en Calcaire de Saint-Ouen, placés après coup, et sur-
tout abondants à la partie supérieure, et non pas en bas.
A l'extérieur, on n'en voit, en bas, que 0m10; en haut que 0m30. A
l'intérieur 0m40 seulement sont visibles ; il y a 0m20 en contact avec
le Mur latéral. Il est probable que cette sorte de recul vers l'Ouest de
ce pilier est dû à ce qu'il était trop large, et que, pour obtenir une
Porte de la dimension voulue, on a été obligé de le refouler vers
l'Ouest, et de l'accoter sur le mur latéral Ouest.
b) Pilier Est. — Ce pilier est vraisemblablement celui qui a été
posé le premier, car il s'encastre admirablement dans l'espace qui lui
avait été réservé. Il s'appuie seulement, d'ailleurs, sur la face
interne du mur néolithique, au lieu de le dépasser à l'Est : ce qui
prouve qu'on a voulu ainsi utiliser toute sa largeur disponible. Il
repose d'ailleurs sur le dallage, s'avançant à l'aplomb de la face Sud
du Bloc n° I, et est entièrement visible de l'extérieur (Fig. 8 ; B).
En dedans, on l'a consolidé, en plaçant des blocs de calage en bas,
près du dallage, entre lui et le mur latéral correspondant.
Actuellement, ce pilier est un peu déplacé au niveau de son bord
interne, qui a été repoussé légèrement en dedans par un coup de barre
d'un carrier en 1908, d'après M. Reynier.
Il mesure exactement lm10 de hauteur; et son bord supérieur est
au contact du rocher (n° I), comme son bord Est l'est en haut avec le
mur néolithique. Il a 0m65 de large en haut ; 0m40 en bas ; et son
épaisseur de 0m20. Il est donc trapézoïde, à petite base inférieure.
c) Roche. — Ces piliers sont constitués par des plaquettes, extrême-
ment régulières, choisies à dessein, de Grès de Beauchamp.
Il a fallu sans doute chercher longtemps, pour trouver deux blocs
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 32
494 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
presque aussi semblables et surtout aussi aplatis et à bords aussi droits
et de même épaisseur, car ils n'ont subi aucun travail de régularisation.
Ces plaques sont bien du Grès de Beauchamp ; mais elles n'ont pas
été trouvées sur la colline de Belleville, et viennent de loin... Elles
proviennent peut-être d'une même grande plaquette, cassée!
La recherche de ces pierres est un fait très remarquable, au point
de vue psychologique. D'ailleurs l'édification de ces deux piliers est
une des caractéristiques principales du Monument; elle indique une
Civilisation déjà avancée et des hommes fort intelligents, aussi in-
telligents certainement que nos paysans bretons ou savoyards actuels.
d) Porte ou Entrée. — La Porte ou Entrée du monument est consti-
tuée par l'espace, vide, délimité par les bords internes de ces deux
Piliers, bords qui sont très rectilignes et bien verticaux.
Le seuil en est constitué par l'extrémité Sud du Dallage, arrivant
à l'aplomb du Bloc n° I, qui forme d'ailleurs la voûte.
La hauteur de cette porte est de lm10; sa largeur de 0m55 : c'est
dire qu'elle est environ de deux pieds. L'épaisseur correspond, bien
entendu, à celle des piliers (0m20).
d) Fermeture. — Comme nous l'avons vu plus haut, cette porte
a toujours été dans cet état. Elle n'a jamais vue fermée par une
murette ou un bloc de pierre quelconque ! — Il est probable pourtant
qu'elle était jadis cachée aux yeux par un amas de sable; mais
M. Reynier ne peut pas être affirmatif sur le mode d'occlusion,
puisqu'il n'est arrivé sur les lieux que quand le contenu du monu-
ment était visible.
4° Dallage. — Le Dallage, constaté dès le début, s'étend dans
toute l'étendue du Monument. Parti du fond, longeant les murs laté-
raux, il s'avance jusqu'au seuil même de la porte. Cette disposition
prouve qu'il ne fut établi qu'après l'édification des murettes, mais
avant la mise en place des piliers.
En effet, les deux piliers reposent sur lui (Fig. 7). C'est donc lui
qui constitue le seuil compris entre ces piliers, et qui s'arrête aussi à
l'aplomb de la face sud du Bloc n° I.
Pour se rendre compte de la constitution de ce dallage, M. le Dr
M. Baudouin a fait deux sondages successifs.
a) Le premier a été pratiqué le long de la murette latérale ouest,
pour étudier les rapports de cette murette et du dallage. Il a été ob-
tenu en déplaçant les dalles qui le constituait, en un point assez voi-
sin de l'entrée (environ lm30). — On n'a pas replacé, à dessein, les peti-
tes dalles déplacées, pour permettre aux visiteurs spécialistes d'étudier
la constitution du dallage. — C'est donc là un fait qu'il faut retenir.
b) Le second a été exécuté au centre du monument, lors de l'enfouis-
sement du bloc de Grès, signalé plus haut. Tout, en ce point, a été re-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 405
mis en état, car cela était indispensable. Cette fouille, large, longue
et profonde, a prouvé qu'il n'y avait au-dessous que des Sables de
Beauchamp en place, c'est-à-dire le sol naturel.
, De ces deux sondages, il résulte que ce dallage est constitué par
deux couches de Plaquettes de Calcaire de Saint-Ouen, placées direc-
tement l'une sur l'autre, avec une légère interposition de Sable de
Beauchamp, servant de mortier. Ces plaquettes n'ayant guère que
0m10 d'épaisseur, la totalité de l'épaisseur de ce dallage, très bien fait
au demeurant, ne dépasse pas 0m20.
Les Plaquettes ont été choisies à dessein, car quelques-unes sont
très larges et d'autres assez longues; mais leur épaisseur, fait à noter,
étant constante, le travail exécuté a pu être très régulier, et mené à
bien, grâce à de petits blocages ou calages fort bien compris. L'en-
semble représente : 6m X 2m X 0m20 = lrac40, c est-à-dire près d'un
mètre cube et demi de Calcaire de Saint-Ouen.
Le premier sondage a montré, d ailleurs, que les Murs latéraux
descendent à 0,n20 plus bas que la surface du dallage : ce qui prouve
bien que le Dallage est postérieur à ces murs !
D'autre part, comme on l'a vu, les plaquettes s'arrêtent à la Porte;
on n'a donc pas dallé le Couloir d'Entrée : pointimportant à souligner
aussi, car il montre bien que ce couloir n était que Yaccessoire,
obligé, de la Porte.
Mode de Construction. — Comment fut conçu le plan de ce Mo-
nument ? Comment la construction fut-elle menée à bien ? - Voilà
les deux problèmes qu'il nous faut aborder dans ce paragraphe.
la Etablissement du Plan. — Il est évident qu'avant de se lancer
dans 1 édification de cette Chambre sépulcrale, les Néolithiques com-
mencèrent d abord par choisir le lieu.
a) Ce choix fut dicté parle volumineux groupe de Rochers, qu ils
trouvèrent sur le plan sud de la Montagne de Belleville, à quel-
quesmètres du sommet.
6) Cela fait, ils cherchèrent le meilleur moyen d'utiliser cet em-
placement favorable, et pour cela se rendirent compte de la disposi-
tion des Rochers, que M. Reynier a pu reconstituer.
Cet examen terminé, ils comprirent qu il ny avait guère qu'un
plan à adopter, à cause des conditions où ils se trouvaient : ils
établirent \ Orientation générale du Monument ; puis ils se mirent à
construire.
Etudions d'abord ce qui concerne cette Orientation d'ensemble.
2J Orientation. — Etant donné le mode de construction des Néo-
lithiques pour de tels Caveaux, il est évident que 1 Orientation gêné-
496 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
raie du Monument et de 1 Entrée semblait commandée par la dispo-
sition des lieux, c'est-à-dire la situation réciproque des blocs de pierre
naturels, qui devaient servir de couverture à la Chambre.
D'autre part, étant donné la disposition habituelle des Rochers
éboulés sur le flanc des coteaux, et le mode d'édification de ces cham-
bres, 1 entrée ne pouvait être que du côté de la vallée, et l'axe plus ou
moins perpendiculaire à la direction du thalweg (1). En effet, il au-
rait été bien plus difficile de creuser sous les roches, en commençant
du côté du sommet [ce qui aurait exigé le creusement d'un puits ou
d'un long couloir], ou même sur les côtés. D'autre part, c'est lé grand
axe du rocher de couverture, qui, dans ces cas, règle le plan des cons-
tructions sous-jacentes, modelées pour ainsi dire sur la forme de la
pierre en position naturelle. On est donc là dans des conditions toute
différentes de celle des Mégalithes proprement dits (Allées couvertes,
Dolmens, etc.), où l'on pouvait choisir l'axe d'orientation comme on le
voulait, puisqu on opérait sur le sol môme, à l'air libre, avant la mise en
place de la couverture, qu'on pouvait disposer comme on le désirait !
a) Grand axe et fausse entrée. — A Vendrest, ces conditions se sont
trouvées réalisées ; et la construction de ce Caveau, sous Rochers en
place, a eu lieu conformément aux données théoriques précé-
dentes.
La Porte d'entrée de la Chambre est au Sud-ouest (225°), exactement
en face de la Vallée du Ruisseau, qui, par Ocquerre, se dirige vers
l'Ourcq [Le Ru Jean Rassat}. — L'axe d'orientation est, par suite,
Nord-est-Sud-ouest. Il correspond exactement à l'undes axes des Rochers
de Couverture, dont l'un est encore en position d'origine, c'est-à-dire
placé de telle façon que, descendu de la partie supérieure de l'origine
des Sables de Beauchamp en suivant le flanc du coteau, ses bords
les plus longs sont perpendiculaires comme d'ordinaire à la ligne de
glissement, c'est-à-dire parallèles à l'axe de la vallée [Les autres blocs
étant détruits, on n'en peut rien dire].
h) Couloir d'accès (véritable Entrée). — Mais, cependant, les Néo-
lithiques devaient tenir à ce que, autant que possible, dans le cas de
Caverne sous roche comme dans celui d'Allée couverte, l'Entrée fut
reportée du côté du Soleil levant, et ne se trouvât pas du côté du So-
leil couchant. Et nous en trouvons une preuve à Vendrest : preuve
(1) Ce sont ces considérations qui ont fait croire à certains Préhistoriens que
les Dolmens, comme ces Grottes-là, avaient toujours leurs Entrées du côté du
thalweg. — Mais M. M. Baudouin a réussi à démontrer qu'il n'en était rien et que
c'était le Soleil qui était le seul guide des Constructeurs de Mégalithes vrais,
c'est-à-dire des Monuments érigés sur le sol. — Les auteurs, qui avaient jadis
abordé cette question, n'avaient pas pu apporter de preuves convaincantes,
faute de fouilles méthodiques et précises.
SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE 497
tout à fait èclatantel — En effet, il existe, à lOuest de l'Entrée, un.Vur
néolithique, extra-sépulcral, de construction postérieure à celle du Ca-
veau, qui montre qu'on a tenu, de cette manière, à n'avoir accès à cette
Entrée que par le côté du Soleil levant. La présence d'un autre bloc
de grès au devant de 1 entrée, c'est-à-dire au Sud du premier, ne lais-
sant libre pour l'accès qu'un Couloir naturel, orienté du Nord-ouest
au Sud-est, ne permettait pas le choix : il fallait accéder, soit par le
Xord-ouest, soit par le Sud-est ! — Si les constructeurs n'avaient pas
eu une idée directrice, le Soleil levant ou « midi (Soleil en Marche),
ils auraient pu songera disposer leur nouveau muret, de façon à en-
trer du côté du Sud-ouest, puisque c'est ce côté que désignait le Ter-
rain, en raison de la direction générale de la Vallée, qui va s élargis-
sant vers l'Ouest; puisque c'est de ce côté que se dirige réellement l'axe
(225°) du Caveau !
Or leur muret est construit de telle façon (son parement fait face au
Sud-est) que le Couloir ne pouvait être, à 1 origine, que de ce côté
ud-est.
Si bien qu'en réalité le Caveau sépulcral, de par ce dispositif, a sa
véritable Entrée reportée au Sud-est (à 135° Est), grâce à ce Couloir
d'accès, à 90° sur le grand axe de 225°.
c) Signification. — Il résulte de là que la Porte, située à l'extrémité
du grand axe du Caveau, n'est qu'une fausse Entrée, tout à fait compa-
rable au Trou d'accès des Chambres sépulcrales de fond des Allées cou-
vertes à trou (type Villers-Saint-Sépulcre et Trye-Chàteau), et que la
véritable Entrée est reportée à l'origine Est du Couloir d'Accès, qui
dès lors représente le Vestibule des dits monuments ! Mais, dans le
cas de Vendrest, ce couloir d'accès, au lieu d'être sur le prolongement
du grand axe de la Chambre sépulcrale, est coudé à 90° (angle droit),
comme dans certaines Allées couvertes de Bretagne (type « Pierres
plates », ou autres), en raison même de la disposition des lieux,
constituant ici un cas de force majeure.
Il est, par suite, évident que cette Orientation générale, s'inclinant
vers le Sud-est, est voulue et a une signification rituelle, là comme dans
les Dolmens ! — C'est ce que nous tenions à établir ici, tout d'abord,
pour justifier notre Restauration de l'Entrée. C'est, en effet, pour qu'une
trace de cette disposition persiste, après la disparition du Rocher
d'avant (Bloc III), que nous avons fait construire un Mur spécial [arti-
ficiel, en Grès de Beauchamp et ciment], orienté Sud-est-Nord-ouest, et
remplaçant le bord Nord-est de ce Rocher Sud (n° III) extra-sépulcral,
d'une part ; et que, d'autre part, nous avons maintenu libre le couloir
d'accès du côté de l'Est, en y installant un Escalier, permettant une
descente facile dans le Caveau, du côté même de l'ancienne véritable
Entrée.
498 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
d) Début de la Construction. — En réfléchissant à cette disposi-
tion et en poussant plus loin le raisonnement, on peut même affirmer
que les Néolithiques, quand ils ont voulu construire un tel monument,
ont recherché à dessein une disposition naturelle du terrain, correspon-
dant à /'idée directrice indiquée plus haut.
Désirant une chambre sépulcrale à axe Sud-est-Nord-ouest, ils
ont choisi l'intervalle de deux rochers, donnant un couloir, ayant cette
direction précise. Après déblayage du sable de ce couloir, constatant
qu'ils ne trouvaient pas, au fond, un Rocher assez gros [Peut-être un
Bloc de l'Ouest, n°lV ?], sous lequel ils pouvaient creuser leur grotte,
ils obliquèrent vers le Nord, quitte à murer plus tard à l'ouest le
fond du couloir, et creusèrent alors sous le Bloc n° I, Nord !
Ils semblent donc avoir désiré nettement une Chambre sépulcrale,
ayant son fond vers le Nord, et une construction à grand axe Nord-Sud
ou à peu près, comme dans les Dolmens de Bretagne (1). La preuve
que cette « allée » vers le Nord est voulue, c'est qu'ils auraient
très bien pu « aller », c'est-à-dire se diriger vers le Sud, puisqu'il y
avait là aussi un rocher au Sud !
Il est vrai qu'une autre raison a pu les déterminer à pousser leurs
travaux vers le Nord : car de ce côté était la Butte de Belleville ;
et le travail, sur ce flanc là, devait être plus facile et plus sûr.
3° Construction. — Cela étant bien établi, le reste se comprend
très bien.
a) Creusement. — On commença, par l'intermédiaire du couloir
d'accès, à enlever tout le Sable de Beauchamp, situé sous le Bloc
n° I, sur la largeur voulue (2 mètres, -f- 0m40-f- 0m40 pouiles muret-
tes ; soit 3m, ou environ 9 pieds).
Rendu au bord Nord du Bloc I, on constata que, plus loin, il y
avait un autre Bloc, le n° II, et qu'on pouvait continuer à creuser
aussi sous celui-là. On s'avança donc jusqu'au bord Nord du Bloc
n° II ! — A ce moment, un Rocher faisant défaut pour constituer une
voûte, il fallut bien s arrêter et songer à terminer le creusement....
b) Etablissement des Murettes. — De l'avis de M. le D' Marcel Bau-
douin, on dut commencer à édifier les deux murs latéraux, en même
temps que l'on pratiquait le creusement ; on les continua, au fur et à
mesure, en allant de l'entrée vers le fond. Il n'est pas probable, en
effet, qu'on ait attendu la fin du creusement, pour bâtir ces murs ; cela
pour les raisons suivantes :
1°) Nécessité de maintenir les sables, au fur et à mesure du creuse-
ment : cela de chaque côté.
(1) S'ils n'avaient pas eu cette idée, rien n'était plus simple pour eux que
d'attaquer le Bloc n° I par son côté Ouest : ce qui était plus facile, même dans
l'hvpothése de l'existence du Bloc n° IV !
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 499
2° Nécessité d'avoir construit le mur latéral Ouest d'abord, pour
combiner l'engrenage des pierres du coin Nord-ouest.
3° Si l'on avait débuté par le mur de fond, rien n'empêchait de le
feire vertical, comme les latéraux; or il est oblique et dirigé de bas en
haut vers le Nord : ce qui semble en rapport avec son édification à la
fin des travaux.
c) Etablissement du Dallage. — Il est difficile de dire si le Dallage
fut mis en place d'avant en arrière, au cours des travaux. — Il est plus
probable qu'il fut posé, au contraire, d'arrière en avant, les murettes
terminées ; mais rien ne permet de l'affirmer.
d) Mise en place des Piliers. — Puis, on mit en place les Piliers. On
a dû commencer par le Pilier Est, pour les raisons indiquées (appli-
que directe sur la face interne du mur latéral Est), au coin Sud-est.
Puis on plaça le Pilier Ouest. Comme la porte devait avoir deux
pieds de large [pour pouvoir pénétrer], en raison des dimensions en
largeur de ce pilier, on dut le reculer vers l'Ouest, et, au lieu de
l'appuyer sur la face interne du mur Ouest, on l'accola à l'extrémité
Sud de ce mur, si bien qu'il le déborde à l'Ouest d'une façon notable.
Cela explique pourquoi les piliers reposent sur le Dallage.
A ce moment, on compléta les contacts, en intercalant des blocs de
Calcaire de Saint-Ouen dans les espaces libres, en particulier aux
coins Sud-est et Sud-ouest, et au-dessus du Pilier Ouest, un peu trop
court.
e) Construction du Mur extra-sépulcral. — La Chambre funéraire
terminée, ayant constaté que les sables de l'Ouest s'éboulaient facile-
ment, on crut utile de les maintenir en place par une petite murette,
obturant le fond du couloir d accès. Après avoir arcbouté le pilier
ouest par un gros bloc de Grès de Beauchamp (Fig. 8 ; K), on éleva
pardessus cette murette extra-sépulcrale, jusqu au sommetde la Porte.
De la sorte, 1 accès du monument fut aisé ; et on évita toute crainte
d éboulis pendant la période d'activité de 1 Ossuaire.
Conclusions. — Le Monument de Belleville, à Vendrest, est, en
somme, un Caveau, creusé sous des Rochers en place, reposant sur des
sables. Des murettes en pierres sèches, sur les parois et au fond,
furent élevées, après creusement, pour arrêter les sables. L'entrée fut
rétrécie par deux piliers, dressés après coup. Il fut protégé par une mu-
rette extérieure. — Il ne s'agit donc pas là d'un vrai Dolmen, mais
d'une construction intermédiaire entre cette sorte de Mégalithe, et la
Grotte artificielle, taillée dans la craie (Marne, etc.),
500 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
On connaît, en Seine-et-Oise, des monuments analogues : par
exemple à Obterre (Les Boutards) ; à Buno-Bonnevaux, près Milly
[avec Incinérations) [D'après G. Courty, Congrès de Beaiwais, 1909,
p. 323]. — Il est probable qu'il yen a encore d'autres semblables aux
environs de Paris et en Seine-et-Marne.
Il est certain qu'il s'agit d'un Ossuaire de VAge Néolithique, épo-
que Robenhausienne [pas le moindre mélange dans le mobilier].
D'importantes Découvertes scientifiques ont été faites dans cette sta-
tion [Trépanations ; Grattages crâniens ; Actions humaines sur les Os
décarnisés ; Déformations crâniennes ; Maladies des os ; Affections
dentaires, etc.], où il y avait, à la base, un Dépôt d'Incinérations, et, en
haut, un amas d'Ossements non incinérés, qui ne peut correspondre à
des inhumations vraies, mais bien à un Dépôt d'Os, placés là avec
conservation des ligaments des grandes articulations.
La Société Préhistorique française a donc bien mérité de la Science,
en le restaurant complètement.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRÀNÇAtSE
501
Sur les anses verticales
multiforées horizontalement.
Dr A. GUÉBHARD (Saint- Vallier-de-Thiey, A. -M).
Au cours de recherches sur les anses multiforées verti-
calement (1), il m'arriva de remarquer de singulières anses
verticales, multiforées horizontalement, de destination toute
différente et beaucoup plus rares, — parce que, peut-être,
beaucoup plus fragiles.
Quoique aucun lien de famille ne m'ait paru pouvoir réu-
nir les cas très divers de cette espèce qu'à la longue j'arri-
Fig. 1. — Loge postérieure d'une sépulture sous tumulus de Klycken, Prusse orientale [A.
Bancuuini, Bericht ûber Ausgrabungen in Ostpreussen wâhrend der Jahre 1900 bis 1902.
Sitzsb. d. Altertumsges. Prussia, 1900-1904, Hft. XXII, 1909, p. 250-295, flg. 173-192, pi.
XLII-XLVI (v. pi. XLV et fig. 174, p. 263)].
vai à recueillir, il s'en trouva un, pourtant, dont l'intérêt me
sembla dépasser la simple curiosité et pouvoir justifier, à lui
seul, le groupement tout artificiel des autres.
C'est celui de certaines anses polypodes à deux, trois,
jusqu'à cinq trous, qui paraissent avoir constitué, vers le
milieu et la fin de l'époque de La Tène, dans la Prusse
(1) A. Guébhard. Sur tes anses multiforées à trous de suspension verticaux.
Congrès Préhist. de France, IVe sess., Chambéry, 1908, p. 737-768, 27 fig.
Le Mans. 1909. — Sur une spécialité céramique méconnue de l'arrondissement
d'izès avant l'histoire, 8\ 16 p., 33 fig., Le Mans, 1910.
502
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISB
orientale, une mode aussi générale, mais aussi localisée,
qu'à la fin du Néolithique, celle de l'anse « en flûte de Pan »,
dans les régions d'Uzès et de Chassey.
La Figure 1 nous en montre des exemples en place dans
la partie trouvée inviolée d'une sépulture rectangulaire
découverte par M. A. Brinkmann, à Klycken, sous un turau-
lus, dont elle n'occupait point le centre, mais un secteur
oblique, entre un triple cercle de pierres extérieures et une
petite logette circulaire centrale, ayant servi de foyer.
Quatre urnes s'y trouvaient réunies, l'une sans anse, mais
coiffée d'un couvercle percé d'un trou central, les trois
autres munies de ces anses multipartites polypodes d'as-
pect extraordinaire, grimpant comme de grandes chenilles
depuis la carène, très accentuée, du vase, en bicône bien
caractéristique, jusqu'à la bouche, légèrement renversée en
dehors.
Fig. 2. Fig. 3. Fig. 4.
Fifi. 2 et 3. Echelle : U/lô. — Urocs cinéraires de Warnicker Forst, Prusse orientale [H. Kkmkk,
Hugelgrûber im nordwestlichen Samland. Sitzsb. Altertumsges. Prussia, 1900-1904, Hft. XXII,
1909, p. 385-423, fig. 215-222, pi. LVII-I.1X (v. fig 216-218 et p. 390)].
Fig. 4. Echelle : 2/15. —Urne cinéraire de Kalkberg, Prusse orientale [H. Kkmke, Katalog de»
Prwatiamuseums, 1, 1906, n° 252, lig. 93 £].
Trois ou quatre cruches analogues devaient occuper l'an-
tichambre violée de la tombe. Toutes étaient remplies de
fragments d'os brûlés, parmi lesquels on trouva une épin-
gle et une fibule de fer, une autre de bronze, et un fragment
de métal, qui donna, à l'analyse : Cu 82,2; Pb6.0; St6,8;
Zn 0,4; Fe 0,1. Tous ces objets, aussi bien que la forme et
l'ornementation des poteries, rattachent celles-ci à l'époque
moyenne de La Tène dans la Prusse orientale, c'est-à-dire à
peu près aux me et ne siècle avant Jésus-Christ.
Mais elles y ont peut-être duré plus longtemps, à juger
par deux vases des mêmes parages (Fig. 2, 3), que M. H
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 503
Kemke, après une discussion, plus développée, il est vrai,
que convaincante, attribue à la fin de La Tène, plutôt qu'à la
période moyenne, à cause de leur système d'ornementation,
couvrant jusqu'au dos de l'anse, ici (Fig. 2) par un prolonge-
ment des lignes de fossettes, là (Fig. 3), par un triple sillon
longitudinal, recoupé, entre chaque boucle, par une double
encoche transversale.
L'auteur, après avoir rapproché ces vases d'autres de la
même région, précédemment publiés par 0. Tischler (1),
Heydegk (2) [Fig. 4-7) et Hollack, prend prétexte de ce que
les gravures géométriques que montre un de ces vases, en
dessus et en dessous de sa carène, à angle mousse, rappel-
lent les dessins de « bandes perlées » que M. J. Déche-
Fig. 5
Fig. 5. Echelle : S/15. — Urne cinéraire de Viehof, Kr. Labiau [K. Hollack, Ausgrabungen 1895,
Sitzsb. Altertumsges. Prussia, Hft. XX, 1896, p. 111-1*5 (v. p. 114, fig. 30»].
Fig. 6. Echel'e . 2/15. — Très jolie petite urne de Scn«burg, à moitié inférieure rugueuse, la
supérieure noir mat ; tiouTée avtc une libule terminée par un bouton en spirale, quatre perles
dorées, quatre autres a 'émail jaune orange, deux d'émail rouge. Le tout da é très exactement
du premier siècle de notre ère. 0. Tischler, Ostpreusxiscke Grâberfelder. III. Schrift. d.
phvsik.-ôkon. Ges. zu Konigsberg, XIX, 1878, p. 159-269, pi. VII-XI (v. p. 263 et
pi. VII, 3)].
Fig. 7. Echelle : 1/5. — Urne cinéraire d'une sépulture de La Tène à Rmlau (n* 4563 du Catal.
dn Musée de Konigsberg) [0. Tischlbr, Grabhûgel, II, 1888. p. 133, pi. 1, 18].
lette (3; regarde comme caractéristiques de la fin de La Tène
gauloise, pour rajeunir, avec l'urne de Kalkberg {Fig. 4),
toutes les autres KFig. 5 à 7), même celles qui ne montrent
pas d'ornementation géométrique.
(1) 0. Tischler. OstpreusiUche Grabhûgel. Schriften d. physik.-6kor» . Ges.
zu Konigsberg, t. XXVII, 1886, p. 113-178, 6 fig., pi. III- VI: t. XXIX. 1888. p. 106-
135, 2 fig., pi. I-1I; t. XXXI, 1890, p. 1-37, pi. I-II.
(2) Heydeck. Stzsb. d. Altertumsges. Prussia, 1879-1880, p. 13.
(3) J. Déchelette. Monte foriino et Ornavassa. Etude sur la civilisation des
Gaulois cisalpins. Revue archéologique, t. XL, 1902, p. 245-283, 35 fig. [v. p. 275,
504 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quoique nous ne puissions prétendre trancher la question,
il nous semble qu'il y a là un cercle vicieux, que ne corrige
nullement la concession faite par cet auteur de laisser à La
Tène moyenne une autre urne de Klycken, du type encore
de celle de Kalkberg, dit l'auteur, mais à poignée moins
massive, avec deux grandes ouvertures, au lieu de trois ou
quatre petites, et qui, par son décor de fossettes ovales,
remontant jusque sur l'anse, ainsi que par la forme presque
hémisphérique de sa panse déprimée, qui se continue douce-
ment, sans angle, avec un fond non aplani, rappelle un des
vases de Tischler provenant de Grùnwalde {Fig. 9), attribué
par celui-ci au commencement de La Tène moyenne.
Fig. 8. Echelle: 1/5. — Urne cinéraire de Warschken, en argile mêlée de graviers, cuite au
rouge clair et recouverte d'un enduit (in d'un gris-brun-jaunàtre, parfaitement lissé (n° 4382,
Kônigsberg) [0. Tischler, Grabhuyel,!, 1886, p. 165, pi. III, 8].
Fig. 9. Echelle ; 1/5. — Urne cinéraire de Grùnwalde (n° 7373), de pâte semée de granité pilé
recouvert d'un enduit lin, brun-jaune-clair, bien lisse. Ce vase se trouvait dans une ciste de
pierre de 4™50 de longueur sur 0m80 de largeur avec un très grand nombre d'autres, la plupart à
couvercles, et décorés a la roulette, ce qui les met tout à la tin du Hallstatt, vers les débuts
de la Tène [0. Tischler, Grabhûgel, III, 1890, p. 3-7, pi. I, 13].
Or si nous nous reportons aux études citées de M. Déche-
lette, nous voyons, ainsi que pouvait le faire prévoir l'expres-
sion de bandes perlées, qu'au lieu de fossettes creuses, il s'agit
de petits globules ménagés en relief, au centre d'une alvéole
imprimée en creux dans la pâte fraîche (1). D'autre part les
fig. 23-25]. — Poteries de La Tène à décoration géométrique incisée, Rev. arch.,
t. XXXIX, 1901, p. 51-63, 4 fig. [v. p. 59J. — Les vases peints gallo-romains du
Musée de Roanne, Rev. arch., t. XXVI, 1895, p. 197-212, pi. V-VI.
(1) Cf. Bulliot. Fouilles du Beuvray, Ancienne Dibracte, 1899, Album, pi. XXIII,
fig. 1; pi. XXVJII, fig. 3; pi. XXXIII, fig. 6, 10, 15, 17, 22, 24. En réalité, c'est un
simple perfectionnement de l'estampage d'un cercle en creux, avec mise en valeur
de la « perle » forcément produite au milieu et d'autant mieux isolée qu'est plus
grande l'épaisseur des parois du cylindre imprimeur. Aux temps barbares, cela
donna le décor ocellé dont nous avons cité de curieux exemples médiévaux (B. S.
P. F,, VII, 1910, p. 13, fig. 2, 3) en insistant sur ce que cela remontait aux pre-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 505
lignes des dessins de M. Déchelette, soit gravés, soit peints,
n'ont rien de la simplicité géométrique des traits droits
pointillés de la Fig. 9, mais présentent des combinaisons de
courbes compliquées, parmi lesquelles domine l'S couchée.
Et si nous revenons alors au mémoire original de Tisch-
ler (1), nous voyons d'abord celui-ci établir expérimentale-
ment que l'ornementation de lignes piquetées de son vase
[Fig. 9), imitant, en moins serré, les impressions de corde-
lettes et les incisures à incrustations colorées de l'époque
néolithique, n'a nullement été obtenue, — comme d'autres,
d'apparence similaire, mais à pointillé moins serré — d'Ihlni-
cken, ou comme les fossettes de nos poteries à anses polvpo-
des, par impression d'une pointe de baguette taillée ad hoc,
mais à la roulette, comme le furent plus tard les pointillés
beaucoup plus fins, et sur plusieurs rangs, des belles pote-
ries noires des 1er et ne siècles, du Mecklembourg-Schwe-
rin, jusqu'en Bohême.
Fig. 10. — « Vase des collections de la Société Prussia à Koe-
nigsberg, d'an tumuius à ciste, trouvé à Tikrehnen. > Un des- tfssïJ. "^^
sin en a été donné par le D' Isgwalo Usdsei {Jernalde I Jfis, p>jj|à
feus Begyiidelse i Mord-Europo, in 8*, 464 p.. 209 fig., 32 pi ; J •*" J \
Kristiama, Cammermeyer. 1881; v. pi. XV, 15 et p. 137 et f jZ .vÉTl
451); mais il e?t très inexact, et le cliché que j'en arais fait ^K^^=-4Sï» J \
faire était lui-même défectueux. Aussi suis - je d'autant plus Jv&ffi ^É' w
heureux d'avoir dû à l'obligeance du réminent président de l'Ai- \V& «âT* M
lertumsgeseUschap Pnusia, de Kônigsberg. M. le P roi' A. Bez- "^^^ ^sÈs?^
zg5BERGga, en outre d'une foule d'indications précieuses, le dessin
rigoureux, fait spécialement à mon intention, dont la figure 10 est \ /
une reproduction très réduite, montrant cependant bien la gra-
vure anthropomorphe qui fait l'intérêt tout particulier de cette pièce. La restitution en poin-
tillé te la forme u'est nullement fantaisiste, mais faite d'après une urne de Rantau présen-
tant, an décor près, les plus grandes similitudes.
Enfin Tischler insiste (2) sur ce que les vases à fond rond,
qui sont toujours recueillis dans les sépultures adventices
des tumulus, dont la loge centrale renferme, au contraire,
miers temps de la céramique préhistorique. M. Marc Le Roux en a publié an joli
cas néolithique {La Palafitte néolithique du Lac d'Annecy : outillage, industrie,
faune. Congr. Préhist., IV* sess., 1908, p. 5't 7-566 : v. p. 561, fig. 93). M. J. de
Saint- Venant en figure un gaulois Un retenant du Châleaumeillant gaulois,
tesson de poterie à cupules perlées, Mém. Soc. Antiq. du Centre, t. XXXII, 1909).
Nul doute que la pratique n'en soit née de bonne heure, non pas seulement aux
pays où pousse le roseau ou le sureau, mais à peu près partout où. un os creux
donna la première idée du cylindre et de sa section droite circulaire, à employer
comme cachet. Mais le procédé fut toujours différent, et probablement pas con-
temporain, de la fossette simple, immédiatement dérivée elle-même de l'impression
digitale primitive.
(1) Op. cit., III, p. 3-8.
(2) Op. cit., I,p. 134, 160, etc.; 11,123; 111,10.
506 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
des vases à fonds plats, sont nécessairement postérieures,
quoique pas de beaucoup (de quelques générations à peine),
aux fonds plats, qui d'ailleurs régnaient déjà, et exclusive-
ment, aux débuts du Bronze.
A ce propos nous pouvons remarquer encore qu'ULYSSE
Dumas (1) regardait, au contraire, dans le Gard, le fond plat
comme le dernier venu de l'âge du Fer, postérieur même au
pied rajouté en saillie, perfectionnement du fond simplement
repoussé en dedans, lequel aurait été le premier à suivre le
fond bombé primitif.
Et, au milieu de tout cela, personne ne semble vouloir
admettre, malgré l'évidente leçon des tableaux de fouilles,
que nos ancêtres aient pu, comme nous faisons nous-mêmes,
fabriquer simultanément, suivant la destination pratique, des
récipients à fond plat et à fond rond, des anses simples ou
multiples, et du décor piqueté ou linéaire, ou même les deux
combinés, suivant la fantaisie du décorateur, satisfaisant,
par delà le but utilitaire, à ce besoin d'art qui sut, de tout
temps, corriger la tyrannie de la mode par la liberté de la
patte et la variété du coup de pouce individuel.
Mais, en vérité, devant tant de contradictions, les nuances
sur lesquelles s'appuie M. Kemke pour mettre un écart de
deux ou trois siècles entre des poteries bien semblables et
trouvées tout près les unes des autres, doivent paraître bien
subtiles, et risqueraient, par l'excès même de recherche de la
précision, de justifier des critiques du genre de celles que
formulait récemment M. L. Franchet contre l'empirisme
des méthodes chronologiques usitées en céramique préhisto-
rique (2), si ce dernier auteur, qui est chimiste, ne leur
avait ôté lui-même toute force en émettant l'inadmissible
prétention de leur substituer uniquement l'analyse chi-
mique. Il serait curieux vraiment de mettre celle-ci à l'é-
preuve et de voir comment elle arriverait à nous apprendre,
(1) U. Dumas. Des temps intermédiaires entre la Pierre polie et l'époque Romaine.
Bull. Soc. Préh., t. Vif, 1910, p. 122-136 (4 fig.) et 186-200 (2 fig.) [v. p. 12, 16
du t.-à-p].
(2) « Si les recherches des préhistoriens, dit cet auteur, en traitant spéciale-
ment Du râle de la Chimie dans les recherches préhistoriques (Août 1910) sont res-
tées infructueuses, ils ne le doivent qu'aux méthodes empiriques employées, alors
que la Chimie (vous êtes orfèvre, M. Josse !) leur donnait tous les moyens de par-
venir directement au but à atteindre ». Or ce but des préhistoriens venait d'être
précédemment, par le même auteur, très bien défini (Sept. 1909) : c'est la Chro-
nologie. Et quand parut enfin (Sept. 1910) la fameuse classification rénovatrice
« directement » fournie par la Chimie, voici comment M. Franchet lui-même la
jugea : « La classification technique, telle que je viens de la présenter, ne peut
être d'aucun secours pour la Chronologie ». Alors ??? [Voir B. S. P. F., t. VII.
1910, p. 650 et suiv.].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 507
sur les âges relatifs ou absolus de ces poteries, identiques
de pâte et de lustres superficiels, ce que n'a pu révéler sûre-
ment ni l'observation de leurs caractères physiques, ni l'é-
tude raisonnée des objets qu'elles renfermaient ou qui les
accompagnaient.
Certes, il pourrait être intéressant, ici, de rechercher par
l'analyse chimique (ou plutôt minéralogique, car il semble
s'agir de simples badigeonnages d'argiles plus fines) la nature
des enduits lissés qui montrent aujourd'hui, sur ces vases,
des teintes sales très diverses, gris-jaune, rouge-brun, etc.
Mais il y a beau temps qu'une étude de ce genre a été faite,
sans révolutionner la céramique préhistorique, par D. A. Van
Bastelaere (1) dont le très intéressant mémoire nous a déjà
plus appris que les multiples et variés projets de réformes
sur le papier que M. Franchet a négligé jusqu'ici d'éclairer
du moindre exemple d'application chronologique. Encore
cette importante étude, déjà ancienne, d'un chimiste-archéo-
logue, n'avait-elle aucunement visé à substituer l'unique
chimie à tous les autres moyens pratiqués pour la classifica-
tion des poteries; mais elle n'avait que mieux fait ressortir
l'importance, dont personne n'avait jamais douté, d'un auxi-
liaire, qui, s'il ne s'appuyait lui-même sur d'autres, ne pour-
rait, seul, absolument rien.
Non quechacun desautres, à lui seul, puisse beaucoup plus.
Et il est incontestable qu'une importance exagérée ne cesse
d'être accordée à de simples détails d'ornementation. Pour
peu que Ton songe, d'une part, à l'étroite équation qui relie
chaque stade du développement de la machine humaine avec
les produits de son industrie, ce qui a dû, en tous lieux, faire
correspondre à une cérébralité déterminée des manifestations
adéquates; et, d'autre part, aux localisations extraordinaires
qui s'observent de nos jours encore, au point de vue mode
et formes, en céramique; peut-on s'empêcher de trouver bien
risquée une synchronisation, de Gaule à Germanie, basée sur
un décor aussi simple que celui de la Fig. 4 ? Graver des
laisceaux de traits obliques alternativement à droite ou à
gauche pour les opposer en losanges sur la ligne saillante
de la panse, n'a-t-il pu venir à l'idée du potier de la Baltique,
sans les leçons des bords du Rhône ou du Danube ? Et s'il y
avait eu influence lointaine, pourquoi donc ne se serait pas
(1) D. A. Van Bastelaeke. Les couvertes, lustres, vernis, enduits, engobes, etc.,
de nature organique, employés en céramique par (es Romains. Recherche* chimiques
et archéologiques. Annales Ac. Archéol. de Belgique, t. XXXIII, 1876, p. 113-140.
Arvbbs, J. P. Plaskv.
508 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
vulgarisée aussi la forme d'anse originale et pratique, que
nous venons de voir commune dans la Prusse orientale, in-
connue partout ailleurs ? Et vice versa, pourquoi donc la
Prusse, qui a gardé à travers des siècles, et malgré maints
changements de forme du corps du vaisseau, un goût carac-
térisé pour ce genre d'anses polypodes, dont la localité de
Masuren fournit des exemples jusqu'au IIIe siècle après
J.-C. (1), n'aurait-elle jamais connu la jolie anse « en flûte de
Pan •», commune, à la fin du Néolithique, aux environs de
Bibracte et dans la région du Gard (2), inconnue partout
ailleurs? Et pourquoi, même plus tard, au Moyen-âge, une
région de l'Orne aurait-elle gardé la spécialité d'un décor
annelé (3), et la Mayenne, toute voisine, celle d'une curieuse
combinaison de treillis, mascarons et ocellures (4)?
Fig. 11. Echelle : 1/5. — Vase du cercle de Schwerin a. Warte
[Prof' Dr Gustav Kossinna. Die Indogermanische Frage archaeo-
logisch beantworlet, VI, Ztschr. f. Ethnol., XXXIV, 1902, p. 162-
222, 39 fig. (v. p. 173, fig. 19;]. L'auteur cite des vases ana-
logues, à paire d'anses dissymétrique, à Strelno (Gr. Koluria)
et' Rhinow (West-Havelland). On peut en rappiocher un vase
assez déprimé, en forme A'olla; publré par H. Seei.mann-Alten
[Sleinzeittiche Gefaesne aus dem Kreise ipessau, Nachr. d.
dculsch. Altertiimir (Ergzsbl. z. Ztschr. . Ethnol.., XXXV,
1903, p. 87-95, 15 fig.]. Ce vase néolithique, très joliment
décoré de lignes, triangles et lo«anges obtenus au po;nlillé
par l'impression d'une toute petite demi-circonférence, porte d'un seul côté, sur la ligne de
gorge, assez distantes l'une de l'autre, deux toutes petites bouclettes funiculaires, évidemment
inutiles pour la préhension et disproportionnées avec la hauteur de 18 cent. d« vase.
En réalité, dans l'aire étendue des formes biconiques à
galbe caréné, et pendant la vogue du décor à fossettes,
l'anse verticale polypode, telle que nous venons delà figurer,
forme un type nordique bien sui generis, occupant un îlot
limité vers la Prusse orientale. Type que sa particularité
(1) Nous devons ce renseignement à l'amabilité de l'éminent président de la
Société Prussia de Kônigsberg, M. le Prof. A. Bezzenbergek, qui, lui, cependant, à
juger par l'absence de toute transition locale entre les anses de la fin du Bronze
et les anses polypodes, semble incliner à croire à une importation de l'idée
tout au moins, qui .trouva là un terrain particulièrement propice.
(2) A. Guébhabd, op. cit.
(3) A. Guébhard. Rapports présentés à la Commission des Enceintes sur les
Fouilles de 1009 de M. E. Foucault à la Butte de la Nocherie en Saint- Bômer-les-
Forges[Orne),B. S. P. P., t. VII, 1G3-173, 13 fig. et 212-217, 3 fig.
(4) Id., p. 214. Il faut dire que nous avons retrouvé dans Laurent Rabut [Ha-
bitations lacustres de la Savoie, ier Mém., Mém. et docum., publ. par la Société
Savoisienne d'hist. et d'archéol., t. VIII, 1864, p. 79-145; album de XVI pi. in f»
(v. pi. VIII, fig. 2)] une figure de vase palafittique, où l'on pourrait, avec un peu
de parti-pris, voir l'origine du type de l'Orne. Mais ce serait aller bien à rencon-
tre de notre thèse, et nous n'en parlons que pour relever, au contraire, ce qu'au-
rait de forcé une assimilation qui ne tiendrait compte ni du saut chronologique, ni
de la différence des cordons d'argile, des ocellures, et de mainf s autres détails.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 509
même prouve n'avoir pas été d'essence foncièrement
humaine, comme ceux qui, répondant à quelque besoin pri-
mordial d'utilité, ou seulement d'art élémentaire, se retrou-
vent identiques en tous milieux 1 . Type spécialisé, même
dans son domaine spécial, car on trouve, côte à côte, quantité
tle vases semblables déforme, mais absolument dépourvus
d'anse; type utilitaire, cependant, et point purement déco-
ratif, puisque jamais préoccupé de symétrie binaire.
Fig. 12. Fig. 13.
Fig. lî. Echelle : Knv. l'4. — Vase de la palafltte de Haumesser à Wollishofen, lac de Zurich;
transition du Néolithique au Bronze. Actuellement an Musée National Suisse, à Zurich. Hauteur :
0-165. Diam. d'ouverture : 0-12. Photo.due a l'obligeance de M. Jakob Heierli".
Fig. 13. Echelle Env. 1 t. — Vase d'Auvernicr {canton de Neuchàtel, Suisse). Au Musée Natio-
nal Suisse, à Zurich. Hauteur : 0-165. Diam. d'ouïerture : 0-13. Photo, due à l'obligeance
de SI. J. Heiebli .
Evidemment, c'était l'anse de préhension réservée aux cru-
ches,et plus particulièrement aux grosses cruches de libation,
dont la grande hauteur, 0m30 environ, et la large panse, ainsi
(1) R. Vibchow (Die diesjaehrige Generalversammlung der deutschen anthropoto-
gischen Gesellschaft u. der Stand der archaeol. Forschung in M'est-u. Ost-Preussen,
Verhandl. d. Berliner Ges. f. Anthropologie, 1891, p. (746)-(76ô; ; [v. p. 760]), qui,
en 1891, avait été particulièrement frappé de ce type d'anses multiforées dont
nous nous occupons, cherchait dans la forme biconique des vases qui leur ser-
vent de support, une raison pour les apparenter aux urnes-pagodes du style ar-
chaïque d'Italie en même temps qu'aux urnes-figures prussiennes comme nous le
ferons nous-mème un peu plus loin. Mais il est obligé de noter que les premières
non seulement n'ont jamais porté d'anse polypode, mais encore n'ont jamais eu
leur anse attachée que sur le cône inférieur, et point supérieur.
Nous voyons là, quant à nous, un argument contraire, et tout en faveur de no-
tre thèse, que si la forme biconique de la panse et la bipartition de l'anse consti-
tuent encore des conceptions assex simples pour avoir pu, à un moment donné,
naître d'un état de développement déterminé, sur des points très divers du globe,
sans communication ni leçon, le type polypode de l'anse prussienne, fût-il un
dérivé (ce qui n'est pas démontré) de la bianse commune, ne fut jamais qu'un dé-
rivé tout local, à extension très restreinte, et tel que, si jamais on en trouvait,
loin du centre, quelque tesson bien caractérisé, l'on serait, alors, bien autorisé à
parler de relations lointaines, mais d'exportation et non d'importation, cette der-
nière étant démentie, à mon avis, plutôt qu'établie par la comparaison du vase
de Platénice, Bohème (Fig. 58), par exemple, soit avec ceux d'Italie, soit même
avec ceux de la Prusse orientale.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 33
510 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
que le poids ajouté à celui du contenu, exigeaient un ren-
forcement spécial pour la manœuvre d'une seule main.
Or, ouvrir la poignée assez pour permettre le passage des
quatre doigts ensemble, c'était lui donner le développement
d'une anse d'œnochoé fragile. Et pouvait-on, avec cette terre
grossière, toute mélangée de fragments inégaux de granité
pilé, donner assez de solidité à la courbure et surtout à ses
deux attaches, pour supporter tout l'effort? Même au point
de vue esthétique, une large courbe se serait-elle harmoni-
sée avec ce profil anguleux de génératrices de troncs de
cônes, du raccord desquels élait formé, sans l'aide du tour,
le grand pot? La ligne droite de plus grande pente n'appe-
lait-elle pas une autre ligne droite comme profil d'anse (1) ?
Fig. 14. Fig. 15.
Fig. 14. Echelle : 2/15. — Urne cinéraire de Fodersdorf, couleur brun clair, trouvée avec beaucoup
d'autres, sous un tumulus de terre recouvrant deux grands cercles de pierres concentriques, déni-
velés, l'intérieur plus bas de près de 30 cent. [A. Bkzzbnhbrger, op. cit.,'p, 15 et 23, pi. VU, 3].
Fig, 15. Echelle : 2/15. — Vase de Liverdun (Meurthe-et-Moselle). « Pièce la plus intéressante
de la trouvaille, poterie à anse double; pâte grossière, de coloration brune rougeâire; décora-
tion de trois traits parallèles reliés entre eux par des triangles juxtaposés, dont le sommet de
l'un se dirige vers le col et le sommet de l'autre regarde la base. Hauteur : 0m20; diam. : 0m20.
Façonné à la main. » Trouvé à côté d'une sépulture par inhumation d'époque incertaine, Bronze ou
Hallstatt, pour M. Braupré, Bronze pour M. Dec h blette, d'après la poterie [Comte J. Beaupré,
La station funéraire de la Garenne à Liverdun (Meurthe-et-Moselle,, Mémoires Soc. archéol.
Lorraine et Musée Lorrain, t. LV1I, 1907, p. 425-460, 4 pi. (v. p. 437]).
Et multiplier les pieds d'attache, n'était-ce pas préparer
juste les orifices nécessaires pour permettre de ramener so-
lidement contre le pouce les autres doigts repliés et de ser-
rer à pleine poignée ?
Combinaison vraiment ingénieuse — trop ingénieuse
pour venir à l'esprit de n'importe qui, n'importe où, — mais
qui devait naître justement là où y conviaient la forme usuelle
du vase et la médiocre qualité de la terre.
Une autre, plus simple, avait dû certainement la précéder,
surtout sur vases de profils courbes. Un seul pied médian sup-
plémentaire, suffisant pour le renforcement (Fig. 8, 9, 10, etc.)
dédoublait la poignée, si tant est que l'idée première n'ait
(1) Il est intéressant de comparer, à ce point de vue, les figures 8 et 9; puis les
fig. 24 et 25; etc.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE oil
pas consisté à mettre deux anses verticales Tune au-dessus de
l'autre, comme il arrive d'en voir deux l'une à côté de l'autre
[Fig. 11). Idée bien antérieure, en tout cas, aux anses poly-
podes des bords de la Baltique, car nous la trouvons appliquée
déjà sur un vase incisé, de YVollishofen, de la période de tran-
sition du Néolithique au Bronze, figuré par M. J. HEiERLi(l)et
sur deux autres plus simples, provenant également des palafît-
tes suisses, que notre savant confrère a bien voulu non seule-
ment nous signaler, mais encore faire photographier au Musée
national, pour que nous puissions les reproduire (Fig. 12-13)-
Fig. 46.
Fig. 11
Fig. 48.
Fig. 16. Echelle : 1 2. — Col de vase, a anse en forme de B, dont la panse étail probablement
en forme de sphère déprimée, suivant le type saxon des champs à incinération du jeune à se du
Rronze à Kamenz (Saxe). Des collections préhistoriques do Musée de Dresde, dont l'éminenl
directeur, M. le Profr Dr Deichmûlle» a bien voulu nous envoyer cette photographie.
Fig. 17. Echelle : 1/5. — Broc du Scbmiedeberg. a anse en B. — « A côté de petites bouteilles
ansées, assez pansues, de 0»10 seulement de haut, gisait, dans une sépulture, une autre bouteille,
élancée, de 0" 185 de hauteur et 11 de plus grand diamètre, de couleur rouge pâle, marquée de
7 et 5 rainures sons le col et vers la base: au eol.de 0-08, sont attachées l'une au-dessus de
l'autre deux anses formant un B, singularité tout à fait rare, à laquelle ne sont connus comme
pendants qu'une cruche largement ouverte, à base décorée de spirales, de Kônigswartba, Haule-
Lusaee (Musée d'Antiquités de Gôrlitz; tigurée par Prbisker, Bticke »"« die ratcrlândische
Yorzeit, pi. 4. lig. 588): une aulre de Heidenstadt près Engcnburg. Basse-Autriche (Coll.
Mucb, à Vienne), et une de Gùssfeld près Salzwedel, Aitmark, de 0"90 de haut, largement ou-
verte, décorée d'un simple zigzag ; Musée d'Ethnologie de Berlin). La forme est très différente
des vases de la Prusse orientale à anses divisées par un ou deux piliers intermédiaires en deux
ou trois ouvertures, comme il y eu a un exemplaire de provenance inconnnue, des débuts des
temps romains, au Musée royal de Berlin, outre ceux de La Tène moyenne qu'a publiés
Tischler... >;H. Jentsch, Vorslatische Funde ton Schlagsdorf bei Guben, natnentlich èinGefae**
mir B-foermigem Henkel. Verhandl. d. Berl. ges. f. Anthrop., 1873, p. 1274H276), 1 fig.
(v. p. 275, fig. 1 "].
Fig. 18. Echelle: env. 4 3.— Bombylios Chypriote du Musée de Saint-Germain < n» 15135.
Gourde ovale aplatie. Vente Cesnola, 1870. » Hauteur : 0-112. Largeur : 0"074. Epaisseur :
0-043.
La même impression d'arceaux superposés, plutôt que
d'un seul arc subdivisé, se retrouve dans un vase, d'âge
déjà moins ancien, découvert par M. le comte Jules Beaupré
1 J. Heierli. — Pfahlbauten, IX. Bericht, Mitt. antiq. Ges. Zurich, XXII, 1888,
p. 33-38, XXI pi. (v. pi. VIII, fig. 11).
512 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
en Lorraine {Fig. 15) et sur plusieurs contemporains des
anses polypodes de la basse Vistule [Fig± 14), ainsi que sur
un col de vase, du Lausitzer Typus, représenté à grande
échelle [Fig. 16) et une cruche préslave de Guben [Fig. 17).
"Ces deux dernières figures peuvent servir de type à ce
que l'es Allemands ont appelé, d'une manière assez imagée,
l'anse en B, dont nous avons retrouvé dans la poterie chypriote
un joli exemple {Fig. 18), et dont nous aurions voulu, grâce
aux relevés qui ont été donnés par Jentsch et par Pic, pou-
voir grouper ici complètement le nombre assez restreint de
cas observés en Allemagne (1).
Malheureusement, plus nous avons rencontré d'aimable
empressement auprès d'un certain nombre de savants, et
plus l'inutile multiplication de nos instances auprès d'autres
pendant de longs mois, nous a confirmé combien il était sou-
vent plus difficile d'extraire un renseignement d'un musée,
fût-il de l'importance du Màrkische Muséum, qu'un fossile de
terre. L'herméticité de certains conservateurs est plus invio-
lable que celle des stratifications géologiques les plus pro-
fondes, et l'on se demande ce qu'ils conservent le mieux, ou-
tre leurs personnes, si ce n'est le silence. Il faut donc nous
contenter, — renvoyant pour le surplus à la bibliographie, —
d'ajouter aux précédentes figures deux croquis {f'ig- 19, 20),
dus à l'obligeance de M. le Pr A. Gôtze, et la photographie
{Fig. 21) d'un superbe vase de Crobern, gracieusement en-
voyée du Musée de Dresde, avec l'anse de Kamenz, par
M. le Pr Deichmûller.
Mais cette dernière nous ramène à une conception géné-
tique toute différente de la bianse : il est évident qu'ici le
pied médian n'est pas dû à la juxtaposition de deux anses
simples, mais à la subdivision de celle qui, gracieusement
jetée du col à la panse, n'eût probablement pas présenté,
pour un aussi grand vase, assez de solidité, ou peut-être ne
se fût pas harmonisée suffisamment avec la sobre élégance
(1) Nous avons trouvé (malheureusement trop tard pour les reproduire) dans
un volume envoyé par M. le Prof. A. Bezzenbërgek, plusieurs figures encore
bien typiques. Dans l'intéressant mémoire de A. Bez/.enberger, Der Graberfehl
bei Romintcn, Stzsb. Prussia, Hft. XX, 1895-96, p. 35-56, f. 1-29, pi. I-HI, il y a
(p. 48, fig. 16) un vase funéraire à bi-anse, d'Imten, très curieux, duquel il y a
lieu de rapprocher un autre, de Forst Dinge, gravé de bandes de traits obliques
formant, comme dans notre fig. 9, des angles alternants (Prof. Dr Heydeck,
Slcinkislengràber im Kreise Pr. Eylau, Stzsb. Prussia, p. 67-74, pi. V-1X ; v. pi.
IX, 3j. Dans le même volume, p. 55, fig. 28, une anse à trois trous se voit sur
une urne cinéraire sans aucun décor; pi. Il, fig. 4 et 8 des restes d'anses verti-
cales multiforées caractérisent encore des vases du cimetière de Rominten.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
513
big. 19. Fig. 20.
Fig. 19. Echelle : 1/5. — Cruche rie Kriele, cercle de West-Havelland. Au Musée d'Ethnologie
do Reriin. D'après un croquis de M. le Prof. A. Gôtze, Directeur.
Fig. 2t». Echelle: l/>. — Vase de Gùssfeld, cercle de Salzwedel, dans i'Altmarek H. t>»20.
Musée d Ethnologie de Berlin. D'après un croquis de M. A. Gôtze [Cf. H. Jektsch, op. cit.,
p. (27ô}\ Quant au vase • des débuts de l'époque romaine », également cité par Jbntsch (t.
lég. de notre Fiy. 17). M. Gotze n'en a pn retrouver la trace.
Fig. 21.
Fig. 21. Echelle : 1/5. — Beau vase de Crôbern près Leipzig (Saxe), montrant encore, mais avec
moins de relie', le décor caractéristique, de protubérances et de cannelures, qui appartient plutôt
à la période ancienne du Bronze saxon, tandis que les deux petites saillit s qui marquent l'ai—
t.iehe supérieure de l'anse, dans cette pièce ainsi que dans U fig. 16, ne se trouvent P>* d'habi-
tude à cette période, mais fréquemment à la suivante. Collection préhistorique du Musée de
Dre>de. C'est à l'obligeance de M. le Prolr D' Deicbxûllek, directeur, que nous devons la
p!iotogranhie et [es renseignements ci-dessus.
Fig. 22. Fig. 23.
Fig. 22. Echelle : 1/5. — < Vase en terre noire, orné entre le col et la panse d'une bande verticale
garnie d'un pe'.it quadrillé. L'anse qui relie le col à la panse est percée de deux trous. Nécru-
pole de Komunta. Epoque Scytho-Byzantme. Collertion Olebewski. » K. Chutre, Caucase,
t. III. Période historique, 136 p., 46 fig., ail. de XXVIII pi.; Paris, Reinwald, 1887 (voir
pi. XII, 2 et p. 115)].
Pif. 2.'{. Echelle : 1/5. — c Vase en terre noire, renflé vers la base et orné sur ce point de
quatre pianu-lons: il est pourvu d'une mise à deux trous pour deux doigts. NYcioiole ne Kn-
•uuota Coll. Olcliewskl. » Chantre. Cancane, III, atl. pi. XXII, 1 .
514 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
de ce bel art lusacien. Peut-être même pourrait-on, dans les
deux tubercules du point d'attache supérieur de l'anse, que
le Pr Deichmùller signale comme caractéristiques, en Lu-
sace, de la période avancée du Bronze, voir un argument à
l'appui de l'interprétation zoomorphe que donne Mme la com-
tesse Ouvaroff de certaines anses analogues observées dans
le Caucase (cf. Fig. 22, 23), interprétation moins vraisem-
blable pour les figures 24, 26, et qui redevient soute-
nable, à la rigueur, sur les apparences des figures 25, 27.
Mais il suffit de remarquer que la même particularité se
retrouve sur des anses simples, pour que le sens allégorique
s'en efface tout à fait devant le sens utilitaire, ou devant des
réminiscences tout autres, comme celle des rivets des usten-
siles en métal, dont nous voyons dans les figures 29 et 30
deux types, de nature et d'âge très différents, montrant l'un
la subdivision, l'autre le doublement en B de l'anse simple.
Lorsqu'il s'agit de petits vases à boire, objets d'usage do-
mestique, n'allant pas au feu, la fantaisie du potier se donna
de bonne heure carrière pour créer, à côté des ustensiles
ordinaires, une véritable vaisselle de luxe, non seulement
par des figurations zoomorphes, dont nous trouvons l'inspi-
ration pareille {Fig. 31-32) au Nouveau Monde et dans l'an-
cien, au Caucase et aux Etats-Unis (1) ; mais souvent par des
(t) A noter, comme rapprochement extrême, une magnifique aiguière en cristal
de roche, du xvie siècle, à la galerie d'Apollon du Louvre (n° E. 145), où
deux hippocampes ou petits dragons stylisés, attachés au corps du vase parla
bouche, le ventre et la queue, forment deux
anses « en B » remarquablement élégantes.
Il est exceptionnel, cependant, que ce soit ainsi
par la jonction du museau de l'animal avec le
corps du vase que se fasse la duplication de
l'anse (Fig. 31). Ordinairement tout se borne à
deux ouvertures perpendiculaires au plan de l'anse
produites par l'écart des jambes du quadrupède.
Gozzadini en donne un joli exemple de Villanova
dans son ouvrage Di un sepolcreto eirusco scoperto
presso Bologna, pi. IV, Fig. 2 (p. 18), Bologna,
1854. Un autre, plus curieux encore, se voit au
Musée de Sèvres, sur une poterie précolombienne
du Pérou (vitrine 8, n° 20942), où un simple bou-
din de terre dessinant un demi-cercle vertical
entre le col allongé de la bouteille et la large
panse (Fig. 103) a été transformé en un simu-
lacre mi-zoo-anthropomorphe de corps arcbouté,
par l'adjonction, en haut, d'une petite tête hu-
Hy. lu>i. maine regardant en l'air, de part et d'autre de
laquelle se détachent horizontalement deux bras arrondis, embrassant le col, tandis
qu'en bas deux autres boucles supplémentaires, également perpendiculaires à la
principale, en oméga renversé, se terminent par des pattes bien appuyées sur
la panse.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
515
Fig. 24.
Fig. 25.
Fig. 26.
Fig. 27.
Fig. 24. Echelle : environ 1 , ô . — Vase médiéval desKnasasA. M. Pokrovski, La Nécropole de
Verchni-Sallor. XII' Congr. archéol. russe (Kbarkov. 1908), Trndi, t. I, p. 465-491, pi. XX-
XXIV, Moscou, 1905 (v. pi. XXIII, 112 et p. 476,]. Ce vase, parfaitement daté du vnr-
IXe siècle par des monnaies abassides, a été trouvé par la Comtesse Ouvaroff dans les fouilles
de la riche nécropole du Haut-Saltov. il est exceptionnel par son anse plate biforér, rempla-
çant l'anse ordinaire, à petit trou digital, qu'on voit sur cette sorte de vases bas, à large ouvtr-
ture, généralement sans ornement, ici avec une simple rainure assez protonde courant équalo-
rialement autour de la panse. Une anse analogue trouvée à Comboulta sur un vase très ressem-
blant a notre fig. 24 (Comtesse Ocvaroff, Les Nécropoles du Caucase supérieur. Matériaux
pour l'Archéologie du Caucase, t. VIII, 1900, p. 231, fig. 194) montre en haut deux légères
protubérances, et sur le dos, une rainure, où M"« la Comtesse Ouvaroff croit voir une rémi-
niscence zoomorphe, qu'elle retrouve ensuite, même dans des formes plus simples, comme
celle d'un vase a anse biforée de Kortza ' pi. CXXVilt, io, et p. 181:, ou encore dans d'autres
formes tout à fait altérées, comme un vase de Delagkau (fig. 156, p. 161). où, au lieu de la
boucle supérieure, n'existe plus qu une projection rectiligne (Cf. notre fig. 27) exagération du
petit bouton qu'on voit souvent à cette place. A la vérité, le fait que celui-ci est lui-même
parfois modelé en forme de tête ipl. CXXVI11, 9, 14) corroborerait la manière de voir de
M"' la Comtesse Ouvaioff, si pareil fait ne s'observait assez souvent sur des anses dont la
forme, pour le reste, ne saurait évoquer aucune analogie animale, comme les gracieu.-es anses
étrusques, simples ou à tenon, au haut desquelles l'adjonction d'une petite tête à oreilles sail-
lantes (Mosielics, II. centr., pi. 330, fig. 4;, n'a certainement pas eu o'auire but que de jouer
le rôle de bouton d'arrêt pour caler le pouce au haut de la poignée. D'autre part, le grand
nombre de siècles qui séparent le vase de Khoban 'Fig. 31) des autres engagerait plutôt à re-
tourner l'hypothèse génétique, et à regarder le modelage zoomorpbique comme une complication
ornementale superfétatoire, qui s'est produite accidentellement à toutes les époqurs, de la solu-
tion simple du problème de préhension que les Etrusques, de leur côté, avaient résolu plus
t-légammeut, quoique sans iniluence animalière, tantôt par l'anse a deux trous, tantôt par des
appendices saillants qu'on a qjalifiés à'ansa comuta, lunata, etc. {Fig. 30-41,1, et quelquefois
même par la combinaison de» deux moyens 0. Mo.ntilius, Italie cenlr,, pi. 362, n'att). Ce
même art étrusque se charge «'ailleurs, en ce qui le concerne, — si différent qu'il est de l'art
russe — de nous fournir la preuve, avec le vase de notre Fig. 28, que, si jamais l'anse « en B > eut
pour oiigine un quadrupède broutant, celte conception était depuis longtemps oubliée, puisque
nous vùvoi.s ici 1 animal ou plutôt l'attelage de deux animaux, avec le conducteur derrière), au
lieu de former lui-même l'anse à deux ouvertures, campé sur la boucle inférieure, a laquelle il en
superpose une antre, avec une poignée proéminente.
Hg. 25. Echelle : 1/5. ■— « Vase étrusque de Chiusi, de pâte rouge foncé, important à cause de
son an.-e double verticale, à appendice cornu, qui semble uu lointain souvenir de l'anse des ter-
ramares. D'autres exemples, aussi d'Etrurie, se voient au Musée de Corneto. Se trouve au .
Musée de Hume avec d'autres pièces d'un art local grossier s'efforça nt à reproduire les formes
gracieuses de 1 importation étrangère. > [G. Karu, Di un vaso etrusco trovato a Chiusi, Buii. d.
paletnol. itel., XXVi, 1900, p. 38-17, 2 tig. , pi. lit (v. p. 45 et pi. III. B .
Fig. 26. Echelle : 1/5. — « Pot de terre cuite de Tarquinià, trouvé à côte d'une urne-cabane en
terre cuite contenant des objets de bronze. Hauteur avec la poignée : 0*24. > G. Gherardi.ii,
op. cil., p. 174 et pi. XII, i2.;
Fig. 27. Echelle : 1/10. — «Vase de la nécropole de Villanova, avec ornementation gravée en
méandres > [O. Momblils, op. cit., col. 427 et pi. 93, 1 id'après Gozzadim, op. cil., p. 18 et
pi. III, tig. 19)\
516 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
profils dune admirable pureté de style, ou des combinai-
sons d'une extrême originalité, comme dans ces vases itali
ques (1) exhumés des laves pépérines d'Albano {Fig. 33 a
43), où l'on ne sait ce qu'il faut admirer le plus, ou la variété
obtenue dans l'unité de type par l'effort d'un art tout classi-
que, ou la solution pratique apportée par cette anse, si gra-
cieusement proéminente, au problème de permettre de boire
sans lever le coude, par une simple rotation du poignet (2).
(1) Des types que nous reproduisons, on peut rapprocher encore, pour complé-
ter la bibliographie : S. de Rossi, Iiapporto sugli studi e sulle scoperte paleoetrto-
logiche nel bacino délia campagna romana, Annali del Institutodi Gorrespondenz.i
archeologica, vol. XLIX, 1867, p. 5-72 (v. p. 52 et 53 ; aucune remarque spéciale
sur l'anse à double lumière, dont quatre échantillons sont figurés, deux en terre
fine, d'importation étrusque, un en imitation locale, provenant du peperino du
Monte Cressenzio, époque des métaux; les figures se trouvent dans l'atlas in-folio
intitulé : Monumenti inediti pubblicati dall' Inst. di corr. Arch. per gli anni 1864-
1868, vol. VIII, tav. XXXVII. 38, 46, 63). — G. A. Colim e R. Mengarelli, Grot-
taferrata. Necropoli di cilla Cavalletti, Notiz. d. Scavi, 1902, p. 135-198, 112 Fig. (v.
p. 139, Fig. 8 et p. 177, Fig. 79 : formes originales, à ouverture rétrécie, c'est-à-
dire en forme de petits pots, à anses biforées proéminentes, sans décoration, puis
formes variées (Fig. 14, 68, 70, 74, 79) que l'auteur répartit en quatre autres
catégories (p. 173), en remarquant que les exemples connus en sont aujourd'hui
très nombreux. — Josf.ph Beldam, Remarks on certain ancient Pclasgic and La-
tian Vases found in Central Italia, Archaeologia, vol. XXXVII, p. 187-195, pi. VII
en couleur (v. p. 189, céramique pélagique). — Paolo Orsi, Scarichi del vilaggio
siculo di Castelluccio, Bull. Paletnol. ital., XIX, 1893, p. 30-51, tav. V-VII, (v. p.
43), « anse d'un type nouveau, disposée de manière à permettre deux modes de pré-
hension de la coupe à boire évasée ». Puis, p. 44, pi. VI, 8a, jolie tasse peinte : « Le
fait, dit l'auteur (p. 48), d'une civilisation purement lithique ou énéolithique dis-
posant d'une vaisselle peinte et de systèmes complets d'ornementation géométri-
que.., rappelle l'Amérique centrale d'avant la conquête ». — L. Pigorjni, Anti-
chità délia prima elà del ferro scoperte in Roma nel Quirinale, Bull. Paletnol.
ital., XXXIV, 1898, p. 100-119, tav. II, [v. pi. II, 3, 6; rien dans le texte]; les
formes semblent moins pures, l'ansemoins élancée que dans le type du Pascolare.
— Jules Martha, L'Art étrusque, gr. in 4°, 635 p., 400 fig.. 4 pi. coul., Paris,
Didot, 1889 (v. p. 49, Fig. 11) ; l'auteur regarde comme un simple tenon la divi-
sion en deux de l'ouverture de l'anse dans les coupes du type latial, où cependant
l'anse n'a nullement la gracilité du type attique et se passe souvent de ce ren-
forcement, toujours utile, en même temps qu'ornemental, mais jamais indispen-
sable. L'adjonction a pu être dictée souvent par la prudence, mais alors prévue
d'avance et soigneusement incorporée dans le décor, point rapportée après coup,
en discordance, comme un expédient de fortune. — ■ M. Hœrnes, Eine Rronzefibel
einfachster Form von Glasinac in Rosnièn, Verhandl. d. Berl. Ges. f. Antbropol.,
1891, p. (334)-(338) [v. p. (337)]; après avoir donné plusieurs figures d'anses bos-
niaques analogues à celles des terramaricoles, lunulées, cornues, etc., l'auteur
ajoute que quelquefois le milieu de l'anse proéminente était réuni au bord du vase
par une traverse horizontale. Mais les exemples de Franz Fiala ne donnent
guère cette impression et rappellent plutôt l'anse décorative de Marino.
(2) C'est dans ce but très rationnel qu'en certains pays, comme la Suisse; par
exemple, le» potiers actuels mettent l'anse de leurs vases à bec, non à l'opposé de
««■lui*!, .!••.,,. |,, piun diamétral, mais duns le plan perpendiculaire, ù droite.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
517
Fig. 28. Echelle 1/3. — Vase
d'une sépulture a incinération
de Bisenzio, prov. de Rome.
0. MoKTELins, II. centrale, pi.
555,3.
A droite, détail de l'anse, vue de
face.
Fig. 29. — Vase en bronze trouvé dans une tombe près Pfahl-
heim (Wurtemberg). Hauteur : 0-14. c Ce vase, presque
sphérique.a une épaisseur de naroii extraordinaire.. L'anse
est d'une structure au<si singulière qu'inélégante. L'arc est
beaucoup trop mince ponr pouvoir être tenu ferme en main
C'est vraisemblablement pourquoi a été rajouté le ténor.
transversal qui donne de la prise aux doigts et facilite l'in-
clinaison du vase plein pour verser le liquide. C'est ainsi
que par un détour on a réalisé ce que donnait de la façon la
plus simple la forme à la fois pratique et belle de l'anse an-
tique... > L. Li.ndexschmit fils, Die Alterthumer unserer
heidnischen Vorzeit, Bd. IV, 1900, pi. 58. n* 1. D'après L. Mayer. Die meroringisckei Funde
von Pfahlheim. Ami Ellwangen, Westdeutsche Ztschr.. 1833, p. 33S. — Epoque fianque-alle-
raane. Actuellement au Musée d'Art et d'Antiqaités nationales, à Stuttgart-
Fig. 30. — Vase île bronze de
la grande nécropole de Giu-
biasco (Tessin, Suisse). — Je
dois a l'obligeance de M. J.
Hiierli la communication de
ce remarquable cliché, publié
avec d'autres superbes pièces
(casque de fer. etc ) de cette
provenance . malheureuse -
meni, sans aucun renseigne-
ment, au cours de l'éuuméra-
tion des trouvailles suisses de
1910 de l'âge du Fer dans le
///• Annuaire de la Société
Préhistorique Suisse, Zurich,
1911, p. U4. fig. 42.
518
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
31.
Fig. 32.
Fig. 31. Echelle : 1/5.— « Vase en terre presque cylindrique, légèrement évasé vers le haut;
anse formée d'un quadrupède pourvu d'oreilles et de protubérances frontales, au corps et aux
jambes mouchetées de petites impressions disposées en feuille de laurier. La paroi extérieure
du vase est ornée d'encoches et rie traits divers gravés. » E. Chantre, Recherches anthropo-
logiques dans le Caucase. Premier âge du Fer, t. II, Période protohistorique, in-P, 226 p.,
184 tig., atl.de LVlI.pl.; Paius, Reinwald, 1886 ,'v. pi. XXXVI bis, A).
Fig. 32. Echelle: 1/5. — Tasse de Laguna, Nouveau-Mexique. « Même forme que le numéro
précédent de la liste (2381), mais sans rebord, et avec anse sur laquelle est posé un animal,
probablement un chien. Ces deux numéros sont les seuls exemplaires à anses qui aient été
trouvés. > James Stevenson, llluslrated Catalogue of the Collection obtained from the lndians
of New-Mexico, in 1879, IV Annual Report of the Beau of Ethnology of Smithsonian lnstit.,
1880-'l, p. 391-422, fig. 338-697 (v. p. 403 et fig. 617). — Dans les cliff-houses de l'Utah et
du Nouveau-Mexique on a trouvé, parmi beaucoup de petits vases anses, en forme de chope
allemande plutôt que de tasse italique, deux qui portent sur la partie supérieure de l'anse deux
petits animaux, simplement décoratifs. [Warrbn K. Moorehead, The Stone âge in North-
America. 2 vol. gr. in-8°; I, 458 p., 398 fig.; Il, 418 p., lig. 399-723; Boston, 1910 (v. t. H.
p. 290, lig. 687)].
Fig. 33.
Fig. 34
Fig. 35.
Fig. 33. Echelle : 1/6. — Tasse de Tarquinia. « Parmi les vases de terre cuite, les exemplaires
qui méritent d'être mentionnés, à cause de leur grande importance, sont de petites tasses ij'en
compte huit) munies d'une poignée verticale à deux ouvertures... comme on en a déjà trouvé, à
Corneto, dans la Tombe du Guerrier (premier âge du Fer;. » Gherardo Gherarpini, Corneto-
Tarquinià, Notizie di Scavi 1882, p. 136-215, pi. X1I-X1II bis [v. p. 149 et pi. XIII, 15].
Fig. 34. Echelle : 1/5. — « Tasse élégante, très déprimée, à enduit noir, à poignée, et un cercle
d'ornements triangulaires gravés. Hauteur : 0m075 ; diam. : 0™12. » W. Helbig, Oggelli trovati
nella tomba cornetana delta del Guerriero, Ann. d. Inst. di Corr. archeol., vol. XLVI, 1874,
p. 249-266 (v. p. 262). La ligure est publiée par A. Parchow (dans Monumenti inedili, vol. X,
1874-1878, pi. X c, 15) et Helbig reparle encore de cette pièce à propos des Scavi di Corneto
(Bull. d. Inst. di Corr. Archeol., 1882, p. 10-22 (v. p. 15), mais toujours sans faire aucune
remarque spéciale sur l'anse.
Fig. 35. Echelle*: 1/5. — «Vase d'Albano trouvé avec un couteau en bronze et une lampe en
terre dans une petite ciste, ensevelie entre deux nappes de peperino. » Coll. Caselli, Rome. —
W. M. Wylie, On varions antiqtdlies from Prœnesie, Oslta and Albano. Archacologia,
vol. XLIl, 1869, p. 489-493, pi. XXVI-XXXIV [v. p. 4*7 et pi. XXXI, 2].
Fig. 36. Echeile: 1/5. — c Vase de Marino, avec une anse très particulière, conservé au Musée
étrusque du Vatican. Un autre, à anse absolument semblable, se trouve au Musée de Parme,
n'ayant que 0"04 de hauteur et 0">05 de largeur. > Luigi Pigorini and Sir John Lubbock,
Noies on the Hul-Urns and olher objects discovered in an ancient Cemelery in the Commune of
Marino (Prov. of lioma), Archaeologia, vol. XLU, 1869, p. 99-123, pi. IX-X [v. p. 114 et
pl.X, fig.l4J.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Fig.
fit. 37. Echelle: 1/5 — « Simpule, coll. de lilaeas. » Duc m Blacas, Mémoire sur une dé -
couverte de vases funéraires prés d' A Ibano, Mém. Soc. Antiquaires, t. XXV111, 1865, p. 90-
110. VI pi. (v. pi. IV et p. 94).
Fig. 38. Echelle : 1/5. — < D'un tumulus à incinération île la Caroline septentrionale. Du groupe
céramique sud-appalachien. > W. H. Hol«es. Abori°iital Volterg of the Eastein L'niled -States,
XXtii Annual Report of the Beau of american Ethnology of thc Smilhsonian Institution. 1898 99,
p. 1-201, flg. 1-199 (v. p. 144, pi. CXXIX). Quoique ce soit la feule anse de ce type qui soit
venue à notre connaissance, de la céramiqie américaine, l'auteur ne lai accorde aucune mention
spéciale.
Fig. 39. Fig 40. Fig. 41.
Fig. 39. Echelle : 1/3. — Vase à ansa coruula d'une sépulture de Rome. Age du Fer.
(Montelîus, 11. centr-, pi. 360, 3.)
Fig. 40, 41. Echelle : 1/3. — Vases à ansa cornula, de Rome, dé; ôl tn Vinïnale.
(Moktelius, II. cenlr., pi. 362, 17, 22.;
^*V- «. Fig. 43.
Fig. 42. Echelle : 1 3. — Tasse de Rome, dépôt du Viminale. (Moxtelius, lt. centr.
pi. 362, 25.)
Fig. 43. Echelle : 1/3. — Tasse provenant d'une sépulture de Rome. Age du Fer.
(MosTELins, lt. centr. , pi. 360, 1.)
520 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Dans toutes les pièces de ce type, si intimement lié aux
formes des terramares, mais dont aucun exemple n'en sem-
ble venir directement (1), quoique ce soit avec ces mêmes
formes encore qu'on le retrouve mêlé en Bosnie {Fig. 44-45),
le but de renfort du pied médian est si bien dissimulé dans
l'harmonie de la décoration que certains descripteurs de ces
f0. Fig. 44 et 45. Echelle : 1/5. — Anses du Debelo près Sarajevo
(fS [j| ( C1 Va (Bosnie). [Fhanz Fiala, Aungrabungen aufdetn Debelo brdo bei
Sarajevo im Jahre 1894, Wissenschaftliche Mitteil. aus Bosnien
u. Hercegovina, in-4», V, 1897, p. 124-131, 23 fig., pi. XLVIII-
L1V (v. pi. Ll, 4,6 et p. 1251]. L'auteur ne fait aucune remarque
spéciale sur le trou de la « proéminence ailée > par laquelle il
caractérise toute une série d'anses ordinaires, à une seule ouver-
ture. II est d'ailleurs évident, d'après les figures, que la division
médiane n'a pas éié rajoutée comme lenon pour consolider le fragile élancement d'anses trop
grêles, mais que les ouvertures ont été plutôt ménagées dans la pâte pour alléger l'aile trop
massive, qui, sur d'autres échantillons, où elle est restée pleine, a son plat décoré de quelques
fossettes.
objets n'ont point songé à leur prêter une importance spé-
ciale et à en faire une catégorie à part (2), comme n'y man-
quaient jamais, surtout au début, les propres inventeurs.
Mais où le rôle de simple pièce de soutien est bien laissé
en évidence, c'est dans les imitations italiotes que nous mon-
(1) Voir le grand ouvrage du Dott. Francesco Goppi, Monografia ed Icono-
grafia délia terra cimiteriale o terramara di Gorzano, II, Monumenti storici e
preislorici del Bronzo e Pietra, in-4°, 116 p., atlas de 32 pi. — Modena 1871.
(2) Le Baron G. de Bonstetten (Recueil d'Antiquités suisses, gr. t', 49 p., 28 pi-
coul., Berne, E. Matbey, 1855) donne, pi. XVII, fig. 3 et 5, deux tasses de Marino,
remarquables par leur décor, l'une à côtes, de 7 cm. de hauteur, l'autre à dessins
de méandres et chevrons, de 9 cm. de haut, mais à profil élégant et rare de
petite cruche ou pot à lait plutôt que de « tasse », analogue, en beaucoup plus fin,
aux deux vases de Grotlaferrata cités précédemment; mais l'auteur ne fait aucune
remarque particulière quant à la forme bioculée de l'anse. M. E. PottIer, en
publiant une de ces tasses, très jolie, du musée du Louvre, « petit cyatbos à côtes
saillantes » en bucchero nero d'Etrurie, traite encore de vulgaire « tenon », la
subdivision de l'anse, qui est pourtant des plus gracieuses (Vases antiques du Lou-
vre, p. 28 et pi. 23, G. 21). Et il est remarquable que M. O. Mostelius, au cours
des 113 pi. de l'Atlas de son magnifique ouvrage La civilisation primitive en Italie
depuis l'introduction des métaux, lTe Partie : A. Fibules ; B. Italie septentrionale
(in-4° de 569 col. avec fig., Stockholm, s. d.) ne donne pas d'autre exemple que
celui que nous reproduisons Fig. 20. Par contre dans la 2m* Partie. Italie centrale
[Atlas des pi. 114-246, (in-4», 1904) avec texte de 1024 col. (in-4% 1910) etatl. des pi.
250-383, (gr. in-4°, Stockholm), texte non encore paru, on trouve, outre la repro-
duction de plusieurs tasses du Latium que nous avons citées (pi. 141, n°' 4, 5, 9,
et pi. 216, 5) plusieurs cas inédits (pi. 171, n» 7 ; 172, 4 ; 173, 3; 229, 16; 239, 8;;
et dans la 2e volume de plunches, des quantités d'exemples (PI. 257, 8; 278, 10 ;
281, 27 ; 283, 16 ; 285, 16 ; 290, 13 ; 307, 11, U ; 320, 1, 4; 329, 10 ; 330, 4 :
350, 4 ; 360, 1, 3, 14; 362, 22, 25; 372, 40); le même album donne aussi plu-
sieurs canthare» avec anses « à ' tenon » ; pi, 262, 9 ; 300, 1 : 379, 6 :
380, 2).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
521
tre le Musée du Louvre (l)de la légère céramique grecque à
figures rouges (2), où la ligne droite du contrefort jeté de
l'anse au col du vase jure communément avec l'élégante
courbure des deux fines poignées proéminentes qui don-
nent au moindre canthare une ampleur latérale et au plus
ordinaire lécythe une sveltesse pleine de grâce. Tandis
qu'assez souvent une pensée esthétique fait remplacer vers
le bas par une applique remontante en forme de feuille déje-
tée en dehors, le vulgaire petit poucier, planté en appendice
perpendiculaire en dessous du milieu de presque toutes les
Fig.AC. Echelle : 1 5. — Vase ci faie.icc de Tata
(Hongrie», don du Musée de Budapest au Musée
de Sèvres. Epoque 1800-1810. N» 8498, vitrine 62.
à Sèvres. D'après une photographie due à l'obli-
geance de M. Kmile BoiRoeois, directeur. — L'n
accident de gravure a privé le côté gauche du
petit appendice de l'anse, visible a droite; La
pièce est ainsi décrite par Edouard G a uni m,
Catuloane du Musée céramique dé la Manufac-
ture nationale de Sevrât Faïences. Fasc. IV,
1897, (536 p. (v. n° 1549) : « Vase en forme
de cantharos, à anses surélevées: pied haut; émail
sec d'un ton gris sa!c; décor polychrome: sur
chacune «les faces un paysage en irails lins et lavé
d.e teines coloriées; au pied, sur les anses et
à 1 intérieur, des galon* géométriques ; marque T;
attribué à la fabrique de Tata. Hauteur : 0-19. »
anses, pour faciliter la préhension, c'est exceptionnellement
(3) que la division médiane de la poignée épouse, en la con-
tinuant, la courbure de la partie supérieure, pour la fermer
en anneau ou la terminer en crosse, comme dans le curieux
vase moderne, de style Empire (Fig. 46;, évidemment inspiré
des modèles helléniques, que le Musée de Budapest a donné
a celui de Sèvres, où l'on voit un simple calice de porcelaine,
haut monté sur un pied mince, transformé en une large
coupe, non sans grandeur, par le gracieux embrassement en
demi-ovale de deux sortes de points d'interrogation, à bou-
cles doucement appuyées sur le rebord.
Parfois, il est vrai, une décoration spéciale est appliquée à
1 extrémité interne du contrefort, sculptée en forme de mas-
(1) Salle K, vitrine C, n° 592 ; coupe blanche à peinture polychrome. Vit. G, 167
i 171 : H, 172-173; M, 559, vases à figures rouges.
(2j Salle L, vitr. F, en bas, curieux petit vase à surprise, tout noir, sans figures,
i couvercle adhérent, percé, sur le pourtour, d'une bouche de tire-lire; grelot à
intérieur (n* d'inventaire C. A. 797). Même salle, sur la cheminée, joli canthare
Inv. C. A. 1587). Au haut de la vitrine F grande urne ansée.
(3) Salle K, vitr. G. n" 168, 170, 173.
522
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
que humain (1). Mais c'est encore là un détail isolé de l'en-
semble, sans rapport avec l'harmonie générale des formes
et destiné plutôt très utilitairement à renforcer la jambe de
force à son point d'appui (2). Cela ressort bien de l'expres-
se 54 52
Hg. 47-50. — Profils de vases du Musée d'Athènes [Maxime Collignon et Louis Couve : Cata-
logue des vases peints du Musée national d'Athènes, texte, in-8°, 709 p. en deux fasc; atlas gr.
in-4% 22 p., 9 flg , LU pi.; Paris, Fontemoing,1902].
47. — « Grand vase; anse rattachée au col par un tenon. Décor purement géométrique.
Athènes. — Style du Dip\lon. H. 0™73. » {Op. c«7.,'n» 228, pi. XIII, p. 6). C'est le vase clas-
sique à svastikas, figuré par Pérot et Chipiez, Hisl. de l'Art., t. VII, p. 203, Bg. 44, etc,
L'antique origine du tenon confirme encore une fois son rôle utilitaire.
48. — « Vase en forme de tasse, avec une anse rattachée au col par un tenon. Vase de style
géométrique, du Dipylon. H. 0™1I5. » [Op. cit., n» 254, pi. XIV et p. 6.;
49. — « Amphore de forme élancée, a long col. Les anses sont rattachées au col par des
tenons. Vase attico-corinihien à décoration orientale. H. 0m;>9. » {Op. cit., n» 593, pi XXIV
et p. 11.)
50. — « Canthare corinthien a fond touge. H. 0»16. »(Op. cit., n» 630, pi. XXVI et p. 13).
Fig. 51-54. — Types de formes du Musée de la Société Archéologique d'Athènes [Maxime Colli-
gnon, Catalogue des vases peints du Musée de la Société Archéologique d'Athènes, biblioth des
Ecoles fr. d'Ath. et de Rome, fasc. 111, 1877, 220 p., VII pi.; in-8», Paris, E. Thorin].
51. — « Forme 81. Karchésion. Vase à figures rouges sur fond noir. Style attique élégant.
H.0-095. »(t)p. ci/., pi. 111, 81 et p. 103, n° 408).
52. — « Forme 108. Grand vase à une seule anse, rattachée au col par un tenon. Couvercle
surmonté d'un petit vase... Type ancien d'Athènes. Dessin bistre sur fond jaune. H. 0m455. »
{Op. cit., pi. III, 108 et p. 10, n° 13).
53. — « Forme 23. Canthare en terre lourde, à couverte noire sans figures. Grafhto sous e
pied. H. 0-095. > (Op. cit., pi. I, 28 et p. 10, n» b06.)
54. — « Forme 44. Canthare provenant de Béotie (Thespies ou Tanagra). Figures rouges sur
fond noir. Sujet dionysiaque de style très fin. H. 0»>55. » (Op. cit., pi, H, 44 et p. 160. n» 563 1.
sion de tenon que lui appliquent constamment les catalogues
des musées d'Athènes (3), et delà raideur que lui donnent les
tableaux des formes typiques de M. Collignon (Fig. 51-54),
(1) Louvre, Salle K, vilr. G, n»' 169-171.
(2) Une des pièce où la faute paraît le plus choquante est en effet la belle urne du
haut de l'armoire F, de la salle L, de la Céramique grecque, trou fée en Grèce.
(3) Aussi celui du Louvre (Ed. Pottier, op. cit. p. 29,30) à propos des repro-
ductions qu'il donne (pi. 24) des deux beaux vases n°* 500 et 537 de la salle G.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 523
raideur due peut-être un peu à la schématisation du graveur,
mais qui se retrouve dans les profils que nous avons direc-
tement calqués sur les photographies (Fig. 47-50J.
D'ailleurs, si cette faute de goût ne doit pas trop surpren-
dre chez les potiers décadents du Ve siècle ou chez les copis-
tes attardés d'un art lointain, elle
n'en fait ressortir que mieux l'in-
time dépendance qui lie, en géné-
ral, le dessin de l'anse à celui du
corps et décor du vase, dans le bassin
de la Méditerranée aussi bien que
de la Baltique, où il est facile de
reconnaître, sur les figures 8 à 10.
que la substitution de la bianse à
l'anse polypode était commandée
toujours par des raisons de forme
et d'utilisation, qui n'avaient rien
de funéraire , et auprès desquelles semblent de plus en
plus artificielles les subtilités chronologiques de M. Kemke.
Bien loin de nous lancer dans une telle voie ou d'essayer de
tirer de nos rapprochements d'images d'autres enseigne-
ments que ceux des fouilles elles-mêmes, nous ferons plu-
tôt ressortir que si celle-là d'entre toutes les formes citées
qui semble répondre à la plus grande perfection artistique,
celle de la tasse américaine Fig. 32}, est bien aussi celle qui,
Fig. 55. —Vase chypriote du
Musée de Saint-Germain.
Fig, 56. Echelle : 1/15. — Vase en forme d'outre de Parazuelos,
province d'Almeria, Espagne HtNRi et Louis Siret, ingénieurs.
Les premiers âges du Métal dans le S.-E. de l'Espagne, gr.
in-4",428p., XXVIII pi. et Alb. gr. in-f de 70 pi. et 1 cart.
Asvirs, 1887 (V. Atlas, pi 8 et p. 45 ]. — Aussi : H. et L.
Sirbt, Les premiers habitants des provinces de Murcie et d'Al-
meria, Revue d'Ethnographie, t. VII, 1889, tu 181-214, flg. 30-42.
V. fig. 23, n» 27 . — Remarquer les bourrelets sinueux simulant
des cordes, dont un enserre le col, et les autres la panse, mais
en passant à côté des trous réservés aux vraies cordes. A la base,
encadrée d'un cercle en relief, est une étoile irrégulière de cinq
ligues en saillie.
en chronologie absolue, répond à la date la plus récente, pos-
térieure, probablement, au premier millénaire de notre ère,
elle est en même temps celle qui, dans la chronologie relative
des époques préhistoriques, serait une des plus reculées,
remontant aux débuts, tout au plus, de l'âge des métaux,
tandis que presque toutes les autres se rattachent à des
périodes plus ou moins avancées du Bronze et du Fer.
524 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Et si, à la plus compliquée des formes, celle de l'anse
réellement polypode des figures 1 à 7, il fallait absolument
donner un ancêtre morphologique, ne le trouverait-on pas
plutôt, soit dans l'abus chypriote des bouclettes, dont les
figures 55 et 100 nous fournissent des exemples, soit dans les
trois crêtes à trous de la rustique poterie ibérique, imitant une
outre {Fig. 56) trouvée par les frères Siret avec un mobi-
lier d'entre Pierre et Bronze, que dans toute la série des
bianses, même en regardant comme transitionnelle la forme
à trois trous {Fig. 57 et 2, 3, 7), dont un spécimen original
Fig. 57. Echelle : 1/5. — Anse triforée d'urne funéraire, rie Saint-Lorenz (Prusse orientale).
P.-riodc de La Tène. N* ii\ du Musée de Kocnigsberg [O. Tisciiler, Ustpr. Grabhttgel, III,
pi. V,3j.
Fig. 58. Echelle : env. 1/2 — Petit vase rie Plalénice, rappelant le type lusacien. « A remarquer
comme une rareté pour la forme tripartite de son anse, dont le type originel se trouve dans les
civilisations de Villanova et du Dipylon, mais est assez rare, à ces époques, entre le Danube et
la Raltique. » [J. L. Pic, Die Llrnengraeber Boehmen.t, trad. du bohème en allemand par J.Mul-
lkr-Horsky ht J. V. Zkli-ko, in-fol., 4Î0 col.. 9111g.. 100 pi , Lsn>zi<;, Hiersemann, 1907
(v p|. XXVII, 17 et col. 79;]. Dans un- note, col 80, l'auteur cite, outre p usieurs des cas que
nous avons flgurés, d'autres exemples d'anses « divisées par le milieu, observées sur le pourtour
de la zone des sépultures à urnes de Bohême : une cruche cannelée de Kœnigswartc, au Musée
de Gœriitz. une sorte de bouteille à long cou, de Gross Schauen, au M aerktscue Muséum, une
tasse rie style lusacien, de Velem. dans la collection privée du baron Miske.. .> Ce sont, avec
celui de la collection Much. cité par Jentsch et celui rie Burg, ceux sur lesquels nous ne sommes
pas parvenu à obtenir plus de renseignements, malgré les excellentes indications du D' Pic, à
l'obligeance duquel nous avons dû un l'on nombre des autres, et qui, dernièrement encore, nous
signalait l'existence d'une sorte de gobelet droit à anse en B, à Kara m Crimée, dans les col-
lections de M. Novikov. Nous ne saurions trop remercier l'éminenliiirccteur du Musée National
bohème de l'empressement avec lequel il a bien voulu contribuer à notre documentation.
Fin 59. Echelle : l|6. — Anse de la Cueva de la Muge?- (v. la légende de la Fig. (iHi donnée par
L. Sirkt, L'Expaoneprehino ique, Rev. des Questions sci.nl., oct. 18H3.78 p., 310 li«. (v. p. 28,
lig. U6) d'après Mac-Phkr on, 2« partie, pi. V, fig. 2. La même grotte a fourni de nombreux
exemplaires d'anses verlical-s multiforées, tandis qu'aucun autre n'est cité d'Espagne dans les
éludes si remarquables des frères Siret : curieux exemple d'une localisation encore plus étroite
que celle de la Prusse orientale.
trouvé à Platénice (Bohême) {Fig. 58), se rattache bien, à la
rigueur, aux types du Nord, par la nature de sa poignée tri-
forée, et aux types du Midi par le galbe de sa panse, mais en
différant assez des premiers, par l'inégalité voulue de ses trois
lumières, et des seconds par la position inférieure et non
proéminente de l'anse, pour qu'à nos yeux elle constitue bien
plutôt une fantaisie sporadique d'artiste local, qu'un chaînon
véritable, dû à quelque influence ou réminiscence, soit du
sud, soit du nord. (il suivre).
5\2 5>
SÉANCE DU 27 JUILLET 191
[Suite).
Présidence de M. CHAPELET, Vice-Président.
II. — NOTES ORIGINALES ET DISCUSSIONS (Suite).
Lieu dit à Radical « Chante » (Suite).
M. Marcel Hébert (Paris). — Je crois qu'il faut maintenir dans
le problème que M. M. Baudouin a posé, comme dans tant d'autres,
la pluralité des solutions.
Sans avoir en aucune manière la prétention de traiter à fond
ce sujet, voici quelques renseignements, pris dans les divers
volumes du Dictionnaire topographique de la France (Bibliothè-
que nationale).
Eure-et-Loir: Chanteloup [Cantans lupus, dans un texte de
1080 environ].
Chantepie [Cantans pica, Idem].
Pas-de-Calais : Canteleu (Cantus lupi, xne s. et 1298].
Canteraine [Cantus rane, 1214].
Haute-Marne : Chantemerle [Cantus merule, 1318],
Vienne: Chanteloup [Apud Canlum Lupi, 1404].
Mayenne: Chantemesle [Cantus merule, 1010],
Chanteloup [De Cantu Lupi, xie s.].
En revanche, on a, aussi :
Vienne : Chantdoiseau, qui s'écrit Champdoizeau (1^16) et
Chantdoyseau (1446).
Pas-de-Calais : Cantemerle, qui s'écrit Campemelle (1725).
Aisne: Champleu [Campas lupi, 1240].
Campus lupi, et Cantus lupi ci-dessus.
Voilà bien les deux solutions. — En faveur de l'idée de chant,
on peut encore citer :
Aisne : Le chant des oiseaux (maison isolée et hameau).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 34
526 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
J'ai trouvé un Chantepierre, mais sans étymologie latine ; pour
un nom de ce genre, comme pour Chantavoine, j'admettrais
volontiers l'étymologie Campus', mais je n'ai pas trouvé d'exem-
ple, sauf le Ghampleu ci-dessus; toutefois l'orthographe n'est pas
la même. — Encore une fois, je n'ai pas voulu traiter le sujet,
mais seulement fournir une indication.
M. Marcel Baudouin. — L'importante contribution ci-dessus à
la question soulevée me paraît plaider, singulièrement, en faveur
de mon hypothèse ! — En effet, elle est soutenable, puisqu'on a :
Champ-doizeau (1416); Campemelle (1725); Campus lupi
(1240); etc.
Et, en raison de ce Campus lupi (xme s.), qui est déjà Cantus
Lupi au xie siècle (Mayenne) et en 1404 (Vienne), il me semble
même que les mots Cantus, Cantans ne sont que de mauvaises,
et secondaires, traductions latines (pour Campus) du mot vieux
français a" origine, antérieur au xie siècle. — Mais, ce n'est là
qu'une impression
Il est bien évident qu'il faudrait des recherches approfondies
pour solutionner définitivement la question ; pourtant rien ne nous
empêche d'apporter chacun, et chaque jour, notre petite pierre
à la construction d'un édifice, qui peut devenir un jour aussi
solide — je veux aussi indiscutable — qu'un Menhir!
M. A. Conil (Sainte-Foy-la-Grande). — Les remarques si judi-
cieuses de M. le Dr Baudouin au sujet des lieux dits à radical
Chante, parues dans le bulletin d'août, à la suite de la communi-
cation sur le même sujet de notre collègue M. Aublant, qui
tendraient à traduire Chante par Champ, me paraissent confir-
mées par l'étymologie primitive de ce mot.
En Périgord et en Agenais, le nom de Cantelove, dérivant
d'un lieu dit est encore porté par plusieurs familles. Dans les
anciens écrits on trouve aussi Cantelon, Cantalon, Cantelove,
qu'on a traduits en les francisant, ce qui arrive souvent aux topo-
graphes sur les cartes, par Chante-loup et Chante-louve. Or,
Cante, me semble dériver d'un vieux roman : Can, qui a donné
naissance aux deux mots : Cant et Cante, encore employés dans
le patois local dans le sens du champ; à Quantou, Quanteu,
(prononcer Canteou) Quanton, qui, au moyen âge, voulaient dire
également « champ, endroit »; et enfin au mot canton actuel.
Cante lou, Chante loup correspondaient à Champ du lou. Chante-
louve me paraît être une corruption de Cantalove, comme sem-
blerait l'indiquer le nom de Cantelove précédemment cité.
Alove, Alovette, Lobette, signifient, en patois, alouette, petit
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 527
oiseau. Dans la haute lande, or» chante encore : « J'ai plumé la
teste, la queue, le vec, de mon aluvette v« se prononçant ou) ».
Pour Cro-Magnon, Croy Crot, comme le dit très bien M. Aublant,
exprime l'idée de creux, d'enfoncement, et, Magnon, serait, me
semble-t-il, un diminutif de Magnie (om-o/i), dont le sens au
moyen âge, était : demeure, gîte, abri. Cro-Magnon équivau-
drait à Petit abri du trou, de renfoncement du rocher, autre-
ment dit : Petite demeure de l'abri, par comparaison, peut-être,
avec d'autres plus vastes du grand abri voisin des Eysies.
I .<•- Menhirs bornes.
M. A. L. Lewis (Angleterre). — Dans le Bulletin de la Société
Préhistorique (juin, p. 389), M. leDr M. Baudouin parle des Men-
hirs, comme limites ou bornes. — Nous avons la même chose en
Angleterre. Le Cercle « Roll-wright » est sur les bords des com-
tés Oxford et Warwich. Sans doule les limites des Comtés ont
été faites sur ce lieu, parce que ces pierres étaient un point de
repère, bien connu.
I «•« produits lit niques des chocs naturels
sur les plages de
9aînt-Yaléry-en-Caux et de Veulesles Roses.
PAR
Georges ROMAIN Sainte -Adresse, Seine-Inférieure).
Profitant des fêtes de Pâques, je suis allé à Saint-Valérv-en-Caux
et à Veules-les-Roses, dans l'espoir de rencontrer, sur les plateaux
qui dominent la mer, quelques ateliers ou stations en plein air.
J'ai alors exploré toute le région entière, qui s'étend depuis le
sémaphore de Saint-Valéry jusqu'à Sotteville-sur-Mer, au-delà
de Veules ; mais, malgré de sérieuses recherches et d'innombra-
bles allées et venues dans des terres sèches et poussiéreuses, je
n'ai, à mon grand regret, rien trouvé d'intéressant.
En effet, après avoir parcouru 48 kilomètres environ, j'ai été
surpris de ne récolter qu'une douzaine de silex taillés, en plus ou
moins bon état; d'autant plus que, dans les champs qui bordent
les falaises des environs du Havre et de Fécamp, nous sommes habi-
528 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
tués à recueillir une industrie très soignée, abondante et variée.
Pour expliquer ici la rareté des outils néolithiques à la surface
du sol, il faut, je crois, tenir compte de la configuration de cette
partie de la côte normande, dont les falaises escarpées et
crayeuses ne présentent pas de véritables échancrures vers la
mer, où, du moins, elles sont trop espacées les unes des autres.
Or, il est probable que notre Néolithique ne stationnait que
temporairement sur ces côtes, ear il ne pouvait point descendre
au bord de la mer pour chercher sa nourriture, ni se désaltérer
aux eaux qui sourdent du pied des falaises; ensuite, l'argile h silex
se trouvant souvent à une certaine profondeur des sables ter-
tiaires ne lui permettait pas toujours d'extraire les matériaux
nécessaires pour confectionner son outillage.
Notre région est, au contraire, plus privilégiée sous le rapport
des nombreux vallonnements, produits par dislocation ou dénuda-
tion, qui descendent jusque sur le rivage; et la matière siliceuse
est très répandue à une faible épaisseur du sol.
Cette hypothèse, très sommaire est sans doute insuffisante ;
quoiqu'il en soit, les côtes de ces deux localités paraissent très
pauvres en vestiges de l'industrie néolithique.
Devant l'insuccès de mes recherches, j'ai exploré ensuite les
plages à mer basse, car elles offrent toujours un sujet d'étude très
intéressant; et celles de Saint-Valéry et de Veules ont un cachet
tout particulier, avec leurs placards crayeux (Crétacé supérieur)
formés parle pied des anciennes falaises détruites par la mer.
Ce sol, tout blanc, qui s'étend vers la haute mer, intéresse
le géologue, et permet aussi aux pêcheurs de creuser des parcs
ou réservoirs, dans lesquels ils déposent le produit de leur pêche ;
quand aux espaces libres entre les rochers, ce sont autant de mi-
nuscules aquariums, où tout un petit monde marin pullule, à
travers une végétation lilliputienne.
Mais, mon retour approchant, je n'avais guère le temps de rê-
ver aux curiosités naturelles sous-marines qut font la joie des tou-
ristes ; mon sac était vide de souvenirs intéressants.
Je portais donc toute mon attention sur les talus de galets, an-
ciens et récents, formés par les vagues; or, j'avais à peine fait
quelques pas, que je recueillais, en très peu de temps, un grand
nombre de curieux pseudo-outils, façonnés par les chocs produits
par la mer.
C'est principalement à Veules-les-Roses où j'ai été le plus
étonné de rencontrer tant de galets, donnant, sans grand effort
d'imagination, l'illusion de silex taillés, mais roulés par la mer ;
et, je suis persuadé que plus loin encore, on doit trouver les
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 529
mêmes spécimens, puisque le littoral est de même composition
jusqu'à la baie de Somme, que du reste on aperçoit très bien, par
temps clair, des jetées de Saint-Valéry-en-Caux.
Dans cette dernière exploration, j'ai ramassé 107 échantillons,
dont la nomenclature ci-dessous donnera une idée des rapproche-
ments que l'on peut faire entre les vrais silex taillés et les faux,
fabriqués par le mouvement de va et vient continuel des vagues.
Plages de Saint- Valérv-en-Caux et de Veules-les-Roses :
Racloirs? 5
Grattoirs? 28
» en creux? 8
Galets percés 13
Polypiers (Siphonia) 4
Instruments ?
9
Pointes de silex?
. .. 16
... 20
Eclats arqués?
2
« à biseau?
« divers ?
7
7
Cette similitude de formes est parfois assez curieuse; c'est
pourquoi j'ai été obligé d'emprunter, pour désigner ces vulgaires
cailloux, les noms généralement employés pour déterminer l'in-
dustrie lithique. Ainsi, par exemple, j'ai recueilli deux galets,
qu'on prendrait certainement pour des pointes moustériennes (?);
ensuite, de très petites lames, qui, lorsqu'elles sont mouillées,
donnent l'illusion complète d'un silex soigneusement clivé; ainsi
que des éclats aux formes diverses présentant les caractères
essentiels de la taille intentionnelle.
Quant aux grattoirs-racloirs, ce sont les plus typiques, car ils
se rapprochent davantage des outils néolithiques.
Enfin, les galets percés, de différentes dimensions, se rencon-
trent en grand nombre sur ces plages ; et leur orifice presque
toujours évasé semble mâché par les heurts répétés; on voit très
bien que le petit polvpier, qui était emprisonné dans le calcaire
dur ou dans le silex, s'est effrité avec le temps et les chocs.
En dernière analyse, si ces cailloux, ou plutôt ces galets, sont
généralement de petite taille, cela tient à ce que la matière sili-
ceuse se présente, dans ces falaises, sous forme de plaquettes ou
de rayons siliceux très peu volumineux, lesquels, tombant à chaque
instant sur la plage de galets, se trouvent brisés en menus éclats,
qui acquièrent assez rapidement des formes particulières.
Ce bref aperçu pouvant paraître exagéré, j'ai recours à l'obli-
geance de mon ami, notre sympathique collègue ,M. Chapelet,
vice-président de la Société Préhistorique Française, pour me
faire l'honneur de soumettre à nos collègues le résumé de mes
dernières excursions, ainsi que 35 spécimens de ces galets en
question.
Cette présentation simplifiera les explications plus ou moins
530 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
bien présentées de ces curieux cailloux et permettra, aux per-
sonnes qui n'ont point l'occasion de parcourir nos plages de ga-
lets, de se rendre compte, pièces en mains, de l'intérêt que peu-
vent avoir, au point de vue de l'industrie préhistorique, les
produits des chocs naturels.
En terminant cette trop longue causerie, qu'il me soit permis
de conseiller à nos collègues qui auraient l'intention de visiter la
charmante commune de Veules-les-Roses, de s'arrêter quelques
instants sur les talus de galets ; ils éprouveront certainement
ce que j'ai éprouvé moi-même : une grande surprise à la vue de
tous ces pseudo-outils et l'embarras du choix.
L.e Cimetière, mérovingien et carolingien, de
Manneville-sur-RisIe (Eure).
J. LEROY (Pont-Audemer, E),
Membre de la Société préhistorique française et de la Société normande
d'Etudes préhistoriques .
Le cimetière, mérovingien et carolingien, de Manneville-sur-
Risle, est situé sur le territoire de cette commune, au quartier de
l'Eglise; Les limites, d'après M. Carrey, géomètre-expert, qui
a publié une note sur Manneville (1), en sont faciles à déter-
miner, à cause de la plantation d'ifs qui l'entourait et dont une
partie subsisterait encore; le chemin qui y conduit en venant de
la vallée, portant encore le nom significatif de « Rue des Ifs ».
Dans ce cimetière, de 12 à 14 hectares, ont été trouvés, en dif-
férentes fois, une cinquantaine de tombeaux en pierre, composés
de trois morceaux : deux formant auge avec couvercle par-dessus.
Un tombeau, cependant, trouvé par un nommé Prey, sous une
voûte en caillou, n'était que de deux morceaux en pierre d'Anne -
baut (les autres étaient en calcaire grossier ou en travertin) ; ce
cercueil, mieux soigné, avec couvercle en dos d'âne, caractéristi-
que de l'époque carolingienne, renfermait le squelette d'un ado-
lescent, casque en tête et bouclier au côté, en fer et bronze ; à
droite et à gauche, on a ramassé des poignées d'épée et de poi-
gnards, deux boucles, et une très riche agrafe.
Déjà, à différentes époques, vers 1830, à l'est de la commune
qui se termine à cet endroit par un terrain légèrement incliné
qui a pour limite un petit vallon descendant de Fourmetot, et sur
le flanc duquel se développe le versant plus rapide de la vallée de
(1) D. Cakrky. — Notice historique sur Manneville- sur-Risle (Eure,. — Bulletin
delà Société normande d' Etudes préhistoriques, t. XVII, année 15)09, p. 65 et suiv.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 531
Risle, plusieurs tombeaux mérovingiens avaient -été découverts,
lors de l'établissement de la grande route de Rouen ; d'autres
furent trouvés également dans le verger de l'ancien presbytère, à
droite du cimetière actuel, dans un autre verger, à gauche du
même cimetière, dans un troisième plus bas que ce dernier, et
dans un terrain en labour plus rapproché du ravin.
En 1836, vers le mois de juin, M. Canel (1) aurait vu un cer-
cueil en pierre, qui venait d'être ouvert, dans un terrain en friche,
situé entre les vergers et le labour sus-mentionnés et près du
chemin qui descend à droite de celui de l'église ; il contenait, à
côté du squelette intact, deux boucles de ceinturon, de forme
carrée en bronze, grande et petite, et, vers la région des côtes du
squelette, une lame de fer oxydée, brisée et longue de six pouces
environ (2).
En 1841, de l'autre côté du même chemin, vers la vallée de
Risle, nouvelle découverte d'un nouveau cercueil; et, dans celui-
ci, trouvaille d'un petit col de vase en terre cuite.
Enfin, vers la fin de mai 1863, les ouvriers occupés à défricher
la partie du versant où fut trouvé le cercueil de 1826, en rencon-
trèrent un certain nombre d'autres; cette dernière découverte, de
beaucoup plus importante que la précédente, a permis à M. Canel,
quia suivi les fouilles, d'en tirer différentes déductions qu'il est
intéressant de rapporter.
I. — La partie du terrain, sur laquelle la présence de sépultu-
res a été signalée, ne contient pas moins de sept hectares; et le
cimetière actuel de la paroisse ne serait qu'une faible parcelle de
celui dont les fouilles ont révélé l'existence.
II. — Les cercueils étaient plus larges d'un bout que de l'au-
tre, grossièrement travaillés, en pierre du pays et en forme d'auge,
avec couvercle en pierres plates au nombre de deux ou trois
adhérentes l'une à l'autre ; un seul se serait présenté incomplète-
ment couvert et c'est au-dessus de l'extrémité la plus large; qu'é-
tait posée la dalle de pierre; les ossements, qui y furent trouvés ,
étaient en ordre parfait. Les cercueils d'enfants entrevus étaient
formés dune seule pièce ; 45 centimètres de terre environ recou-
vraient chaque cercueil.
III. — Ces sépultures étaient orientées, pour le plus grand
nombre, de l'Ouest à l'Est, en d'autres termes, et pour mieux
préciser, les pieds des squelettes étaient dirigés vers le levant
d'hiver, en déviant toutefois un peu vers le sud ; un seul parmi
(1) A. Canel. — Découverte de cercueils à Manneville-sur- Risle en 1863. [Opuscul
conservé à la bibliothèque Canel, à Pont-Audemer, série L, ray. 7] (a paru en arti
clés, publiés dans le Journal de Pont-Audemer de l'époque).
(2) Société libre de l'Eure, t. VIII, p. 27.
532 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
les cercueils faisait exception à cette règle : il regardait le sud-
ouest.
IV. — Les cercueils étaient remplis de terre ; on y remarquait
plusieurs fragments de tuiles romaines : ce qui établirait un rema-
niement en même temps qu'une violation de sépulture reconnue
d'ailleurs dans une partie de celles-ci, alors que, dans les autres,
les ossements étaient représentés dans l'ordre le plus parfait. Le
crâne de chaque squelette reposait sur un morceau de pierre (i).
V. — Les sarcophages ne contenaient aucun vase ou débris de
vase, même ceux qui n'offraient pas trace de violation, exception
faite toutefois pour la trouvaille de 1841, également dans la plu-
part de ces mêmes cercueils, violés ou non, il ne s'est rencontré
aucun mobilier funéraire, contrairement à ceux découverts et
explorés par l'abbé Cochet, notamment dans le pays de eaux qui
renfermaient, en général, une foule d'objets de divers genres.
VI. — Quelques cercueils cependant ont fourni quelques
objets; celui découvert en 1836, mentionné ci-dessus, un de ceux
de 1863 qui renfermait une boucle ; un autre, une boucle en
bronze, de forme arrondie, avec quelques traces d'une lame de
poignard; dans un troisième, plusieurs morceaux de fer, dont la
plus faible parcelle avait été une petite boucle; enfin, dans un qua-
trième, une agrafe et un style en bronze (2).
Telles sont, brièvement rapportées, les découvertes faites dans
la Nécropole mérovingienne de Manneville-sur-Risle.
Il est à regretter, toutefois, que ces fouilles n'aient pas été
faites par des personnes compétentes, et qu'une méthode scienti-
fique n'ait pas présidé à leur direction, fouilles qu'un sous-préfet
d'alors interrompit, en faisant recouvrir les cercueils, sous pré-
texte de violation de sépultures (sic) !
Ce cimetière, d'une superficie de 12 à 14 hectares, est loin
d'avoir été entièrement exploré ; par les quelques objets en bronze
recueillis, armes, boucles de ceinturon, agrafes, style, etc., etc.,
il se révèle comme intéressant à étudier ; et il serait à souhaiter
que de nouvelles fouilles y fussent pratiquées et que la délimita-
tion de cette Nécropole soit ainsi fixée, pour le plus grand bien de
l'histoire de nos origines ancestrales.
(1) Un de ces blocs, conservé au Musée Canel, est un fort beau nucleus néolithi-
que, de forme circulaire, aux fines traces de lames enlevées du pourtour ; il est en
silex noir de la craie cénomanienne et a dû être ramassé sur place dans la riche
station néolithique de Manneville.
(2) Ces deux objets, la boucle de ceinturon, d'un travail magnifique, qui est très
bien conservée, ainsi que le style en bronze, sans nulle trace d'oxydation, font partie
de la collection de M11' Thouroude, qui a autrefois habité Manneville-sur-Risle
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 533
Notes succinctes sur quelques Instruments
Sahariens de l'âge de la pierre.
PAK
M. ROSEVILLE DES GROTTES (Lasseube, B.-P).
Le Préhistorique du Sahara, aussi bien que celui de tout le
nord de l'Afrique, est maintenant connu, tout au moins dans ses
grandes lignes, grâce aux recherches persévérantes d'éminentes
personnalités : les Pallary, Flamand, Laguière, et tant d'autres,
fonctionnaires, professeurs, militaires, ou simples touristes, que
la Terre du Silex n'a cessé d'attirer et de passionner.
Mon intention n'est donc même pas de glaner après les riches
moissons de ces érudits fureteurs ; il y aurait du reste quelque
présomption à le faire pour un simple curieux, qui n'eut jamais
l'heureuse fortune de fouler le sol africain et qui ne connaît cette
superbe contrée qu'à l'aide des nombreux travaux de ceux que
les richesses cachées sous ses sables ont si vivement tentés.
Je me bornerai simplement à décrire les formes qui m'ont paru
spéciales ou peu connues, parmi les nombreux instruments sélec-
tionnés dans les multiples envois, dus à l'inépuisable générosité
des Pères Blancs d'Afrique et à la particulière bienveillance du
ère Bardou, préfet apostolique du Sahara.
J'essayerai de comparer ces formes à leurs similaires de divers
pays, espérant que ces rapprochements pourront faire naître, en
des esprits plus scientifiques que le mien, de curieuses et profita-
bles déductions.
Sur le lot assez considérable de Haches Sahariennes, parmi des
formes connues, telles que celles dites à boudin, relativement
rares et de dimensions moyennes, et beaucoup d'autres très apla-
ties et triangulaires, de type Egyptien, j'en ai distingué une, qui,
par son originalité et sa facture spéciale, mérite un mot de des-
cription.
Cette hache, de forme lenticulaire et peu bombée, a son sommet
orné dune sorte de chapeau, dont le rebord est formé par une
ligne circulaire très en saillie, cordon destiné à retenir l'arme
dans l'emmanchure; cet objet ressemble à une gourde ; le pour-
tour de la hache à la base, comme dans tonte la partie circulaire,
c'est-à-dire jusqu'au près du sommet, est très aminci et aiguisé
avec soin. La nature de la pierre est du grès à grains très serré.
La provenance exacte de cet instrument, comme d'ailleurs de tous
ceux dos L-nvois ultérieurs, n'a pu être établie avec précision ; en
effet, les Arabes des caravanes du lac Tchad à Ouargla se bornent
534 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
en cours de route à ramasser les objets en silex, au fur et à
mesure de leur rencontre, et revendent leurs récoltes à leur arri-
vée à Ouargla ; les indications mêmes qu'ils pourraient ou vou-
draient donner seraient du reste souvent suspectes.
Cet objet semblant n'avoir jamais servi et sa forme le rendant
du reste très peu propre à un usage pratique, il pourrait se faire
que ce fut une arme votive, ayant fait partie d'un mobilier funé-
raire.
A rapprocher de cette hache saharienne les deux formes sui-
vantes.
Fig. i.
Hache caraïbe de La Guadeloupe,
ornée d*un Soleil.
Fig. 2. — Hache, phallique, de La Dominique
L'une (Fig. 1), d'origine caraïbe, provenant de La Guadeloupe
et trouvée par moi sous la porte de l'étude d'un notaire de la
Basse-Terre, où elle servait à caler l'huis de cet honorable tabel-
lion; l'autre (Fig- 2), récoltée à La Dominique, et faisant partie
de la riche collection d'un créole de cette île ; j'ai donné de ce
dernier objet une description succincte dans ma note sur les tom-
bes caraïbes (U Homme préhistorique, n° 4, avril 1908).
Voici donc trois haches lenticulaires, pouvant être attribuées à
un but votif ou religieux : armes de tombe ou objets cultuels.
L'une, celle du Sahara, pourrait représenter la gourde du voya-
geur, partant pour une longue route : allégorie sépulcrale accom-
pagnant le passant de la vie vers les lointaines régions des espaces
infinis d'où l'on ne revient plus; l'autre, la Guadeloupienne,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 535
avec un soleil rayonnant en tète, indiquant la personnification
de l'astre, source de tout bien être; la hache phallique, peut être
objet de parure avec son trou de suspension, facile à porter par
suite de la petitesse de ses dimensions ■ souvenons-nous que main-
tes dames romaines, et non des moindres, ne dédaignaient pas de
suspendre à leur cou un phallus), glorification de l'admirable
continuité de la vie par l'organe sacré de la reproduction, véri-
table culte de la vie universelle, pieux hommage d'admiration et
de reconnaissance de l'être primitif à l'organe des plus intimes
sensations Quel est le pudique Bérenger, qui pourrait s'offusquer
à la vue d'un tel objet, alors que, très probablement, aucune pen-
sée lubrique n'a dû accompagner l'esprit du primitif dans la naïve
conception de sou œuvre? La Civilisation, à ces lointaines épo-
ques, n'avait pas encore fait naître le vice dans ses raffinements;
et seule la Nature parlait dans ses besoins légitimes et immé-
diats.
Culte du Soleil, Culte du Phallus! Il n'y a rien là de métaphysi-
que, aucune idée innée de la Divinité : simple constatation de la
réalité, de la palpabilité, du rationalisme, exempt de toute idée
préconçue et imposée.
Il existe, au Musée d'Histoire naturelle de l'Hôpital maritime de
Brest, une hache océanienne, ayant cette même forme lenticu-
laire ; mais j'ignore si elle est pourvue de quelque particularité,
ne l'avant entrevue, ily a une trentaine d'années, que sous vitrine.
Dans tous les cas, je ne sais si, en France ou en Europe, il a
été signalé d'autres haches de cette forme; je crois que cela a dû
être assez exceptionnel.
Je signalerai également des instruments que je ne trouve a
classer que sous la dénomination de Coups-de-poinçs, sans toute-
fois pouvoir, à l'aide de leur forme, les faire figurer dans aucune
catégorie de ce genre d'instruments (Chelléen ou Acheuléen\
existant à l'époque quaternaire en Europe. Ce sont des blocs de
silex avec un large plan de frappe qu'on a écrouté par un premier
équarrissage et ressemblant au tout premier abord aux nuclei des-
tinés à un débitage ultérieur en lames ou lamelles.; seulement la
différence, qui existe entre ces nuclei et ceux que je dénomme
coups-de-poing, consiste en ce que, à la suite de l'écroulement du
rogûon, aucune lame n'a été enlevée du bloc, ni sur la face, ni au
dos et qu'une véritable taille très soignée n'a eu qu'un but, ren-
dre le bloc de silex extrêmement affiné et coupant en formant
une arête circulaire supérieure opposée au talon et élargie à son
maximum, puis ensuite ménager au-dessous par le départ d'une
536 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
forte esquille de silex, un creux commode pour y passer le des-
sous du doigt de la main, en empoignant et en maintenant ainsi
fortement l'arme tournée vers son redoutable tranchant, après
avoir préalablement appuyé solidement la paume de la main sur
le large plan de frappe ; en résumé, une admirable arme bien en
main.
J'aurais certainement hésité à faire une telle attribution d'un
bloc de silex, si, parmi les 40 ou 60 kilos de nuclei ou outils simi-
laires, je n'avais quatorze fois rencontré la même forme, identi-
quement reproduite, et aussi bien réellement voulue : le coup-de-
poing !
Du reste, en examinant et en confrontant les nuclei et les coups-
de-poing des envois Sahariens, l'énorme différence qui en résulte
enlève tout doute. Je n'oserai prétendre que ces coups-de-poing,
présumés tels, soient paléolithiques, car leur taille fine et soi
gnée et leur voisinage immédiat avec de multiples instruments
néolithiques plaide en faveur de la négative; mais que dirait-on
si j'osais timidement émettre la supposition que ces objets pour-
raient se dénommer coup-de-poing néolithiques? J'ajoute vivement
du Sahara, car cette forme paraît bien spéciale et uniquement
applicable au Sahara, ou peut-être au nord africain.
Rabourdin, qui, l'un des premiers, traita du Préhistorique
Saharien dans sa brochure sur la première mission Flatters,
dont il fit partie, semble, dans une note, émettre l'opinion que
tous les objets de l'âge de la pierre, rencontrés pêle-mêle dans
les ateliers de surface, ont bien pu être produits à la même épo-
que, quelle que soit au reste leur fortune, car, dit-il, qui peut le
plus peut le moins ! N'oublions pas du reste que tout semble bien
particulier dans le Sahara, où le Néolithique a duré presque jus-
qu'à l'époque de la domination romaine — etoùles diverses phases
de l'âge de la pierre ont eu une succession sous-synchronienne
possible avec celles d'aucune autre contrée. — Assurément cha-
que outil est le résultat d'un besoin spécial; et il peut paraître
vraisemblable que l'énorme quantité de racloirs des formes les
plus primitives a pu être utilisées par les néolithiques Sahariens,
pour le raclage de leurs peaux, soit qu'ils s'en soient servis, les
ramassant sur le sol où les avaient laissés leurs prédécesseurs
géologiques, soit qu'ils eussent eux-mêmes rapidement dégrossi,
pour le besoin immédiat et sur place, les matériaux siliceux si
abondants sous leurs pas; il ont aussi bien pu confectionner des
coups de poing avec les nuclei inutilisés et déjà écroutés qu'ils
rencontraient sur le sol, sorte d'assommoir pour sacrifier le bétail,
plus utilisable que le premier bloc de silex venu.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 537
Je ferai remarquer que presque toutes les formes, cependant
si variées et si originales, de flèches Sahariennes peuvent se re-
trouver parmi les échantillons extraits en France et en Europe,
soit des cavernes et abris, soit des dolmens, soit enfin des ateliers
de surface. Si, généralement, celles d'Europe sont plus grandes,
c'est qu'on n'a retrouvé que celles des sépultures ou ayant un but
spécial, car toutes les formes, même les plus minuscules ont dû
être créées en France, et la grande abondance de ces objets dans
le Sahara ne peut s'expliquer que par le caprice du vent qui
cache et découvre par intermittence les vastes étendues de sables
qui seules limitent les nombreux ateliers.
En France, la nature du sol, sa culture et diverses circonstan-
ces faciles à comprendre ont forcément raréfié un objet, encore
si facile à trouver en Afrique.
Dans la cachette néolithique de la grotte d'Izeste (Basses-
Pyrénées), j'ai trouvé la flèche dite à écusson, jusqu'ici seulement
signalée dans le Sahara ; j'en ai retiré deux exemplaires à l'entrée
de cette grotte : l'une formant partie du lit de la cachette ; l'autre
ramassée dans le pêle-mêle de la surface, mais loin du même
endroit.
Je ne crois pas qu'il y ait lieu de s'appesantir, tant pour ces
instruments que pour tous les autres objets du Sahara, sur les res-
semblances ou dissemblauces qui existent entre eux; il me suffira
de dire, sans mettre en avant la proximité de l'Europe et de l'Afri-
que, encore plus grande aux époques géologiques, qu'il me
semble que les mêmes formes, issues du même besoin, ont pu
naître, sans imitation, créés séparément par le cerveau des pri-
mitifs au fur et à mesure d'une logique et identique évolution
cérébrale, développant et aiguisant leurs aptitudes; la poudre et
l'imprimerie, ainsi que bien d'autres découvertes, ont été asiati-
tiques, bien avant d'être européenneset mondiales; si, comme il
est certain, l'évolution de l'esprit humain à toutes les époques
vitales n'a pas été parallèle et simultanée, il n'en est pas moins
présumable que les mêmes étapes essentielles ont dû être par-
courues et franchies, là du moins où le sol et les conditions de
vie et de milieu n'y mettaient pas un obstacle à priori.
Je soumets encore à mes confrères des instruments qui sont
de véritables petits poignards, ou mieux des couteaux avec man-
che réservé et étranglement sous la garde, de provenance Saha-
rienne, et qui semblent n'avoir pas leurs similaires en France.
Ces objets sont taillés sur une seule face, le dessous demeurant
lisse. Ils sont en silex à forte patine jaunâtre et mesurent respec-
tivement 0"ii, 0m07 et 0m08de longueur.
538 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il faut se souvenir, du reste, que le fameux poignard en silex de
0m21 de long, jusqu'ici unique au monde, que Ton peut voir au
Musée préhistorique des Pères Blancs, transféré d'Ouargla à Car-
thage et qu'a décrit le lieutenant Pézard, dans un des Bulle-
tins de la Société préhistorique de France (novembre 1909), pro-
vient aussi du Sahara.
Enfin, je terminerai en indiquant une forme de hache-grat-
toir, qui paraît bien spéciale à la région Saharienne.
C'est une hache très plate, de forme triangulaire, généralement
en silex blanc ou en pierre schisteuse de diverses teintes, où
l'on a ménagea la base, au lieu d'un tranchant biseauté, quel-
ques vives arêtes, pour en faire un grattoir. En voici ci-dessus
deux modèles. J'en possède une trentaine de la même forme et
de dimensions diverses.
M.Paul de Mortillet (Paris). — Je profite de l'intéressante com-
munication de notre collègue, pour vous présenter quelques pièces,
venant du Sahara. Ces pièces m'ont été gracieusement offertes
par M. Roseville des Grottes ; elles montrent l'ensemble des formes
qui se rencontrent le plus ordinairement dans cette région.
Parmi ces armes et ces instruments en pierre, se trouvent de
belles pointes en feuille de laurier, très bien taillées sur les deux
faces. Certaines très plates ont toul à fait l'aspect de pointes
solutréennes. On doit cependant les considérer comme contem-
poraines des haches polies et autres silex, de forme néolithique,
qui se rencontrent avec elles. Nous connaissons d'ailleurs des
pointes analogues trouvées en France dans des milieux roben-
hausiens. Edouard Piette, au Congrès de l'AFAS, à Nantes, en
1875, a,' dans une importante communication, établi ce rappro-
chement de forme. Les pointes de silex en feuille de laurier, pro-
venant des montagnes de Bréonio, près Vérone et des gorges de
l'Adige, affectaient tellement le type solutréen, que plusieurs pa-
lethnologues les considéraient comme appartenant à cette époque.
Les fouilles, exécutées par mon frère, à Bréonio, lui ont montré
qu'on les rencontrait dans des couches nettement néolithiques.
Je regrette de ne pas être de l'avis de mon excellent collègue
M. Roseville des Grottes, quant à l'attribution des deux pièces,
présentées comme Coups-de-poin<* néolithiques. Je les considère
comme des nucléus, très soigneusement préparés. On peut certai-
nement enlever un éclat quelconque, plus ou moins allongé, en
frappant un coup sec sur un bloc brut de silex. Mais, pour obtenir
une belle lame, d'une largeur voulue, il est essentiel de com-
mencer à tailler avec soin le nucléus que l'on veut employer. Les
beaux nucléus du Pressigny en sont un exemple très probant.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 539
Je pense aussi que les haches-grattoirs sont plutôt des pièces
retaillées, pour subir un nouveau polissage. Les instruments de
cette forme — je vous en présente quelques-uns — étaient, non
des haches, mais des herminettes . Ils sont, en effet, plat d'un
côté ; et de l'autre ils ont un tranchant taillé en biseau, puis poli.
Une Hache acheuléenne de la Seine.
M. le Dr Ballet (Paris). — J'ai l'honneur de présenter une
Hache taillée, du type lancéolé, provenant d'une Sablière de la
rue des Princes, à Boulogne-sur-Seine {Fig. 1).
Cette pièce a été trouvée en place par
M. Iloury, au-dessous du 2e cailloutis.
Notre distingué collègue, M. Dessailly,
dans un intéressant travail paru dans le
Bulletin en juillet 1907, divise les couches
quaternaires en trois étages, d'après
MM. Gosselet et Ladrière. Chaque étage
présente à sa base un cailloutis ou gra-
vier. J'ai pu vérifier cette assertion de-
puis vingt ans bientôt que j'étudie les
sablières des environs de Paris. Le gra-
vier de base de l'étage inférieur est beau-
coup plus volumineux que celui des
étages supérieurs. Il se divise de lui-
même en deux parties bien distinctes :
l'inférieure est franchement chellèenne,
avec E. antiquus ; la supérieure est
Acheuléenne, avec E. primigenius.
La pièce que j'ai l'honneur de présenter
a été trouvée bien au-dessous du 2e cailloutis (étage moyen); elle
serait donc acheuléenne. Ce volumineux silex est long de 27 cen-
timètres, et a un diamètre de 6 centimètres dans sa plus grande
épaisseur. J'ai pensé que cette pièce (Fig. 1) méritait de vous être
présentée.
M. G. Ramond-Gontaud donne, à la suite de l'intéressante
communication de M. le Dr Ballet, quelques détails sur la struc-
ture lenticulaire des dépôts d'alluvions anciennes. Il paraît assez
difficile, comme le prétendent certains auteurs, de diviser ces
dépôts en trois niveaux successifs, nettement délimités. Quaut à
la rubéfaction de certains niveaux et de débris organiques ou
autres qu'ils renferment, c'est là un phénomène général, qui peut,
affecter n'importe quelle assise géologique.
Fig 1 . — Hache acheuléenne
de Boulogne-sur-Seine .
540 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les prétendues Pierres druidiques
de Jlliribel-les-Eclielles et de Merlaz (Isère).
L. JACQUOT (de Grenoble).
Le 12 mai 1911, M. Morel, constructeur à Domène, nous ayant
obligeamment offert son automobile et ayant voulu profiter de
cette occasion d'une excursion en montagne pour nous prouver
l'excellence des pneus increvables de son invention, nous par-
tions dans le but d'étudier tous les blocs, plus ou moins légen-
daires ou druidiques, des communes de Miribel-les-Echelies et de
Merlaz. La caravane se composait de MM. Morel, Jourdan père,
industriel à Voiron, L. Carrière (chef de la maison des ciments
de la P. d. F.), et Jacquot. Le premier fournissait le véhicule,
le second ses relations dans le pays, le troisième les documents
recueillis de longue main, le dernier son expérience person-
nelle en la matière.
Les blocs à inspecter étaient au nombre de cinq, savoir : 1° la
Pierre du Frou, entre les fermes du Frou et de Lanfrey, à 15 mi-
nutes Nord-Ouest de Miribel; 2° la Pierre à Mata, à 25 minutes
nord de la précédente ; 3° la Pierre des mille Martyrs, sur la
ligne des crêtes séparant Miribel de Merlaz; 4° et 5° la Pierre à
Mata et la Pierre aux Sacrifices de Merlaz, à 10 minutes Nord du
chef-lieu et voisines l'une de Pautre.
Disons tout de suite que le n° 3 est une croix, plantée dans un
bloc de pierre dure, édifiée en souvenir — raconte la tradition
locale — du massacre d'une légion romaine, surprise par l'ennemi
sur les lieux mêmes.
Ce socle ne présente ni cupules, ni sculptures ou signes inten-
tionnels quelconques.
Quant au mot Mata, il mérite qu'on s'y arrête un peu, surtout
puisqu'il a servi à baptiser deux pierres légendaires. En parler
du pays, Mata aurait le sens de tuer, d'assommer. Gariel (Dict. des
patois du Dauphiné) dit que Mata, c'est pétrir; Blanchet, dans le
même ouvrage (volume deuxième), le traduit par dompter, assom-
mer, tuer des bestiaux dans les boucheries..., pétrir de la neige
pour en faire des pelotes. En arabe, mètt' (s'écrit matt et se pro-
nonce mètt), c'est tuer. « Ech cheick imètt' (Echec et mat) » se tra-
duit littéralement : le chef est mort! Dans le même sens, mata-
more et matador sont les héros qui tuent l'un les Maures, l'autre
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 54i
les taureaux. Enfin, en français, mater quelqu'un, c'est le réduire
a l'impuissance !
Quant à Frou, qui dénomme également un passage bien connu
des Echelles, le « Dictionnaire Roman, celtique et wallon, par
un Bénédictin », dit qu'il signifie : torrent au cours d'eau rapide.. .
(en celtique), détroit, torrent (Ffrwd, en langue gaélique)...,
lieu désert, stérile, chemin en mauvais état, route rompue (frau
ou frous, en roman ; frocus, en bas latin).
Tous ces noms à l'allure celtique, toutes ces appellations,
semblaient sentir les Cupules : nous n'avons cependant absolu-
ment rien trouvé, qui pût faire croire à une appropriation cul-
tuelle dès l'époque préhistorique !
1. — Pierre du Frou.
La Pierre du Frou est un bloc erratique, de nature schisteuse,
ayant la forme générale d'un parallélipipède très irrégulier, sen-
siblement plat par-dessus et par-dessous, plus long que large, et
incliné du Nord vers le Sud. Ses dimensions sont de : longueur
(nord-sud)=2m20; largeur (est-ouest) = lm30, et lm40; épaisseur :
nord= lm60, sud= lm10; circonférence = 8 mètres. Les flancs
sont presque verticaux, mais non taillés. La surface porte une
légère dépression naturelle. — Le bloc repose en équilibre sur
la pointe d'un autre rocher enterré (Nord) et sur deux gros cail-
loux (Est et Sud), d'un volume moyen de 30 à 40 cent, cubes et
paraissant avoir été cimentés. De l'analyse de ce mortier, faite par
M. Dodero, chimiste à la Faculté, il appert que ce prétendu
ciment n'est autre chose que le résultat de la désagrégation de
la roche et de sa décomposition. Ces trois points sont espacés
les uns des autres respectivement de 0m75, 0m75, lm25 et forment
un triangle irrégulier. (Fig. 1).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 35
542 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La roche est presque à l'orée d'un bois de jeune futaie; de la
lisière, et même entre les branches, on aperçoit très distincte-
ment le massif de la Chartreuse, les Echelles et le Mont du
Chat (1).
Pour parvenir à la Pierre du Frou, on peut suivre depuis Miribel
la route de Villard, et, ensuite, un chemin montant, encaissé et
pavé de larges dalles irrégulières et naturelles, qui mène à la ferme
du Frou.
A 20 minutes Nord du Frou, et à trois quarts d'heure de Miri-
bel, après avoir traversé de belles prairies, on atteint un chemin,
qui suit la ligne de faîte et qui sert de limite aux commune des
Miribel et de Merlaz. A peu près entre La Chapelle et Grand Cos-
sert, un peu à l'Ouest et à une centaine de mètres en contre-bas
de la ligne de partage des eaux, dans un bois de résineux que
traverse un mauvais sentier, est une roche, de fort volume, arrêtée
par hasard sur le bord d'une bande de rocher à configuration
ruiniforme.
Ses dimensions sont énormes : hauteur à l'ouest (aval) =
4m50, à l'est (amont) = 3m20 ; longueur (est-ouest) = 3m60; lar-
geur (nord-sud) =s 3m50. La forme générale est celle d'un cube
irrégulier, quelque chose comme un dé à jouer dont les angles
seraient très arrondis par l'usage; c'est dire que les parois sont
sensiblement verticales et que la surface forme comme une espèce
de plate-forme, fortement inclinée de l'Ouest vers l'Est (partie la
plus basse). C'est seulement vers l'Est qu'on peut escalader le
rocher; et encore l'escalade est-elle très difficile sans le secours
d'une échelle ou d'un compagnon aux robustes épaules.
A l'Ouest, la paroi prolonge en quelque sorte en hauteur la
face plane du mur naturel dont nous avons parlé : ce qui donne,
à ce côté, une hauteur totale de 7 mètres au moins au-dessus du
sol, lequel est lui-même extrêmement incliné. Pour une per-
sonne arrivant du pied de la colline, la Pierre à Mata prend donc
des proportions fantastiques.
Du côté Sud, le pied du rocher est légèrement en retrait et
forme comme une niche dans laquelle on ne peut pénétrer qu'à
genoux et qui a au maximum en largeur, la dimension d'un
homme de petite taille avec une profondeur un peu moindre.
Dans cette anfractuosité, trop petite pour être qualifiée iïabri
sous roche, nous avons remarqué une Statue de la Vierge Marie,
quelques vases de porcelaine commune, et de nombreux bou-
(1) Ce nom, d'après la légende, serait le souvenir d'un félin fantastique, qui
habitait jadis les parages du col. — Nous y voyons une interprétation erronée du
mot chas, trou, avec le sens de passage ou col.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 543
quets. Le guide qui nous accompagnait nous a expliqué que la
Pierre à Mata était un lieu de dévotion, où venaient prier les
jeunes gens en mal d'amour et qui désiraient trouver un époux
ou une épouse, ou encore s'attirer les bonnes grâces de la per-
sonne aimée. « Gela, du moins, se faisait encore il n'y a pas très
longtemps — précisa l'indigène; — mais on ne fréquente plus
guère maintenant l'oratoire ». Le jeune homme avait raison, car,
aujourd'hui, personne ne croit plus guère aux influences ni divi-
nes, ni démoniaques.
- Sur le plateau qui couronne le bloc, M. Jourdan, qui y estseul
monté, a déclaré n'avoir trouvé ni cupules, ni rigoles, ni aucune
I
«T^lfcjfr -=^
Fig. 2.— Pierre à Mata. — Près du personnage est l'abri sous roche. La niche est au
milieu de la figure.
marque quelconque de travail humain. L'escalade présentant
quelques difficultés, nous n'avons pu personnellement la prati-
quer, faute d'échelle (Fig. 2).
Ce qui fait de ce coin un endroit digne d'attention, c'est, outre
le volume du rocher et sa présence insolite sur la pente — fort
raide, — d'abord la vue étendue dont on jouit, au-delà de La
Chapelle, sur les hauteurs avoisinant Merlaz, et — plus loin —
sur les premières assises des Terres Froides ; ensuite la présence,
au pied même de la roche, d'une muraille naturelle, formée de
blocs énormes, parfaitement unie et rectiligne du côté aval, for-
544 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
niant terre plein en amont, et mesurant 14 à 15 mètres de long
(du nord au sud) avec, vers le milieu, une brèche de 3 mètres
d'ouverture. Un bloc, en se détachant de cette muraille juste
devant la roche, a laissé un vide qui semble une niche (ou un trou
de guetteur). A distance, l'ensemble est impressionnant ; et le
banc des rochers inférieurs donne l'illusion d'une terrasse cyclo-
péenne.
A n'en point douter, les Préhistoriques ont dû utiliser la Pierre
à Mata, soit comme lieu de culte, soit comme guette, soit comme
abri sous roche, ou encore pour sépulture. La présence de l'ora-
toire trahit assez un lieu de dévotion très ancien. Cependant, là
encore, aucune preuve d'habitat ni de culte primitif ! Quant à la
voûte transformée en oratoire, elle n'est pas assez grande pour ser-
vir d'habitation, et c'est à peine — nous le répétons — si un homme
pourrait s'y glisser, allongé au fond ou accroupi au devant.
Arrivons maintenant aux Pierres de Merlaz.
Pour les trouver, il faut descendre pendant 10 minutes au plus
la route carrossable de Merlaz à La Chapelle et prendre ensuite
un sentier, qui aboutit au torrent. Dans le lit même du ruisseau
la première roche est posée sur trois petites pierres quelconques,
un peu au-dessus d'une roche plate glissante, qui occupe en cet
endroit toute la largeur du cours d'eau. Elle est inclinée du Sud
au Nord — sens de coulée du ruisseau — et a un volume de deux
mètres cubes environ. Sa surface est sensiblement plane, mais ne
présente aucune trace de travail humain. — Cette pierre se
nomme, elle aussi, Pierre à Mata.
L'autre, appelée Pierre-des-Sacrifices, est à quelques 50 ou
100 mètres plus bas. A peu près de même volume et de même
forme, placée elle aussi dans le lit du torrent, elle repose égale-
ment sur trois petits quartiers de roc. Notre guide nous a dit que
les femmes du pays venaient, il y a peu de temps encore, enle-
ver chaque année la mousse qui tapisse la surface de la pierre et
la nettoyer. Pourquoi ? Dans quelles formes ? A quelle date pré-
cise ? Il n'a pu être fait aucune réponse à ces questions.
Notre récolement était terminé. Nous rentrâmes à Grenoble à
la nuit... ! sans avoir crevé le moindre pneu : c'est le résultat que
visait surtout notre aimable automédon, moins enthousiaste que
nous des mystères archéologiques ! Grâce à lui — et à ses pneus
à ressorts, — nous avions pu accomplir en moins d'une journée
une excursion, qui, autrement, nous eût demandé deux grands
jours avec une découchée.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRÀNÇAISB 54o
Mais quelle conclusion tirer de cette visite ? En matière archéo-
logique, il faut être très circonspect. Personne ne peut donc
assurer que les pierres examinées ont été l'objet d'un Culte. Il
semble cependant résulter d'un grand nombre de circonstances
qu'elles ont attiré de tout temps l'attention des indigènes et
qu'elles ont été des lieux de rendez-vous, de pèlerinage, et peut-
être de repère ou de guet. Pour le moment, on ne saurait rien
prétendre de plus. Il faudrait faire des sondages autour de cha-
cune d'elles.
Quant à ce qui est des trois pierres — chiffre fatidique ! — qui
supportent trois sur quatre des blocs, bien que cette coïncidence
étonne tout d'abord, elle s'explique au contraire à mon sens très
facilement: il faut au moins trois points de contact pour soute-
nir un objet ou une masse inerte; avec moins de trois supports
l'objet tombe et rien, alors, n'attire plus l'attention ; plus de trois
points sont difficiles à rencontrer accidentellement, puisque le
hasard devrait rapprocher quatre ou plus de quatre supports de
même relief. Lorsque les blocs ont été déposés par les glaces qui
les avaient amené de loin, — les chistes ne font pas partie des for-
mations géologiques du massif — , ils glissaient sur un lit de cail-
loux et de morceaux de roches. Quand les glaces les déposèrent
sur les flancs de la colline ou au fond du ruisseau, le* eaux entraî-
nèrent celles des pierres que ne pressaient pas les roches légen-
daires. Par suite de ces éliminations successives, il ne resta plus
que les trois cales les plus hautes. Donc, rien d'extraordinaire ;
mais un ensemble de cas fortuits, quoique très naturels, qui devait
frapper des cerveaux simples et agir sur des imaginations archi-
vives ! De là à rendre un culte à ces pierres équilibristes, il n'y
avait qu'un pas ! Nos ancêtres l'ont-ils franchi ? C'est ce que, seul,
la chance d'une découverte pourra nous dire.
Additamentum.
Je lis dans un ouvrage de Barginet (de Grenoble), écrit en 1826,
intitulé Les Montagnardes, et dont l'action se déroule dans le
massif de la Chartreuse, vers Saint-Laurent-du-Pont, le passage
suivant (tome I, page 193) :
« Du côté de la colline, sur la lisière du bois,... on trouve sur
le rivage [d'un petit ruisseau] quelques pierres, noircies par les
vapeurs de l'eau et couvertes en partie d'une mousse jaunâtre, qui
ne permet plus d'y lire les caractères sacrés, les runes harmo-
nieuses des anciens jours. Ces pierres, autrefois vénérées, qui
couvrent les ossements des héros ou qui servaient aux sacrifices
de sang, ces pierres antiques et religieuses ne sont maintenant
546 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
visitées que par la tempête, les rayons de la lune ou par l'impru-
dent, qui vient se réfugier dans la solitude avec toutes ses pas-
sions » .
Puis, page 194, en note :
« L'imagination donne facilement le nom de Dolmen à ces
grandes pierres noires, qu'on trouve au bord des torrents ou sur
le penchant des collines et auxquelles les Montagnards attachent
presque toujours des souvenirs merveilleux et touchants. »
Il est évident que l'auteur a eu en vue, sinon nos pierres elles-
mêmes, du moins d'autres pierres, parfaitement analogues. Nous
ne sommes donc pas le seul à voir dans ces blocs pittoresques de
faux dolmens et de fausses pierres druidiques ; j'entends : des
roches édifiées artificiellement, suivant une intention déterminée !
Mais nous penchons au contraire, pour une appropriation très
ancienne au culte d'une divinité ou à des rites funéraires.
Présentation d'échantillons,
provenant de Chamigny (Seïne-et -Marne)
et Bézy-le-Guéry (Aisne).
PAR
A. BERTIN (de Paris).
Dans la présentation, que je fis le 25 mai dernier, je vous
annonçais que je vous présenterais des pièces à biseau, prove-
nant de Paris, du creusement des galeries souterraines pour le
Métro et l'électricité, principalement de la ligne Nord-Sud, et
du jardin du Louvre, dans la partie comprise entre la porte
principale qui fait face à la rue Marengo et le Ministère des
Finances, côté de la rue de Rivoli ; creusement destiné a l'instal-
lation de calorifères et dont les sables grossiers ont été trans-
portés dans le jardin des Tuileries au bas des terrasses qui font
face à la place de la Concorde. Au dernier moment, j'ai changé
d'avis, et me suis décidé à vous faire connaître des pièces, de
forme quadrangulaire, à biseau également, mais provenant de deux
stations préhistoriques différentes.
La première est Chamigny, petit village situé non loin de la
Marne, en amont de la Ferté-sous-Jouarre (S.-et-M.) rive droite,
presque en face du petit hameau du Tillet, signalé a la Société,
par M. Paul de Givenchy, dans la séance du 25 janvier 1911,
par la très belle présentation qu'il nous fit.
C'est en 1901 que j'eus la chance, en parcourant le plateau
qui s'étend à droite de la Ferté-sous-Jouarre et de Chamigny,
à quelques centaines de mètres de la ferme de Marcy, à droite
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 547
du bois qui lui fait face, au lieu dit le mont Bardi, dépendant du
territoire de Chamigny, de rencontrer dis-je, un champ, d'une
contenance d'un demi-hectare environ, de terrain crétacé, limité
d'un côté par le chemin vicinal, de l'autre, par un large fossé.
Mon regard fut attiré de suite par une certaine quantité de
silex, qui avaient subi l'action du feu, d'autant plus que cela est
facile à reconnaître par le craquellement et la décoloration du
silex ; bientôt à ces silex altérés, vinrent s'ajouter les pièces que
vous avez sous les yeux, ainsi que d'autres que je vous présen»
terai également.
En 1893, passant mes vacances à Nanteuil-sur-Marne, je
découvris, sur le territoire de Bézu-le-Guéry (Aisne), à la ferme
Génevroy, située entre Nanteuil et Bézu, des pièces qui portaient
les traces d'un travail intentionnel ; et j'appris en même temps,
par le fermier, que ses charretiers, au moment des labours et de
la semaille, rapportaient assez souvent dans leur musette des
haches polies en silex, d'un beau jaune; si, comme je le crois, la
chose est, nous nous trouvons donc en présence d'une station
néolithique.
Pour ma part, je n'ai trouvé aucune belle pièce ; par contre,
M. Caron, instituteur à Bézu-le-Guéry, aujourd'hui retraité et
retiré à Saacy-la-Gare, possédait une assez belle collection de
Haches polies, provenant de l'endroit que j'indique.
1er plateau. — Cinq échantillons, de Chamigny, en silex de dif-
férentes couleurs, le plus grand de forme quadrangulaire et à
biseau a 0m21 de long sur 0m04 d'équarrissage; si le talon ne se
terminait pas en pointe, ce serait un véritable parallélipipède; un
autre de 0,16 de long sur 0,05 de large, côté du biseau, et 0,04
d'équarrissage au talon, si on l'examine bien, on ne peut s'em-
pêcher de reconnaître qu'il est le prototype de l'instrument à
bec-d'âne ou bédane, dont se servent encore aujourd'hui les
charrons et les menuisiers; trois autres de forme plate : le plus
grand a 0,20 de long sur 0,04 de large et 0,025 d'épaisseur, le
le plus petit a 0,12 de long sur 0,04 de large.
Ces cinq échantillons portent tous, sur les côtés, des traces
d'éclatements : ce qui leur donne l'aspect d'un visage ravagé par
la variole, et cela pourrait bien être le résultat de l'action du feu.
2e plateau. — Sept échantillons, en silex veiné, dont deux à dos
d'àne d'un côté et plat de l'autre ; le plus grand a 0,17 de long sur
0,04 de large, le plus petit 0m10 sur 0m04, les cinq autres, plats
des deux côtés et de taille grossière, ont 0m08 de long sur 0m04
de large.
3e plateau. — Six échantillons de forme plate, en silex veiné,
548" SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
cinq de Chamigny et un en silex jaune, à dos d'âne d'un côté,
plat de l'autre, de Bézu-le-Guéry (Aisne); le plus grand a 0m15 de
long sur 0m05 de large ; le plus petit 0m09 sur 0m04 ; plus sept
échantillons craquelés et décolorés par le feu.
Ayant fait connaître à la Société les nouvelles stations préhis-
toriques de Chamigny (Seine-et-Marne) et de Bézu-le-Guéry
(Aisne), je crois bonde borner là ma présentation.
Eolithes et pseudo-éolithes.
M! Marcel Hébert (Paris). — M. Thieullen vient d'envoyer
un article (Revue préhistorique, juillet 1910), où il émet, relative-
ment aux pseudo-éolithes de l'usine dé Guerville, près Mantes,
une ingénieuse hypothèse.
Ces pseudo-éolithes, ce beau pseudo-racloir à encoche, par
exemple, qu'il a vu dans ma collection (1), n'ont pas été, selon
lui, fabriqués au hasard par les tiges de fer des malaxeurs. Ces
silex ne viennent pas de la craie. Ils proviennent de l'argile que
l'on mélange à la craie pour (aire le ciment. Et ce sont des silex,
taillés par l'homme, que contenait l'argile — tout comme elle en
contient à Villejuif, par exemple — , et que l'on retrouve ensuite
sortant de la cuve à malaxeurs.
J'écrivis de suite à l'Ingénieur de la fabrique de Guerville. Il
me répondit (12 Octobre 1911) :
« Les silex que vous avez pu voir à notre usine proviennent
non de l'argile, mais de la craie ; et la substance blanche dont vous
avez pu constater l'existence dans les anfractuosités est un reste de
la craie qui s'y trouvait dès l'origine. Quant à l'argile employée,
c'est une argile plastique, qui ne contient pas de silex. »
L'hypothèse de M. Thieullen est donc gratuite.
Mais, comme dit très bien l'abbé Breuil, à propos de pseudo-
éolithes de l'Eocène inférieur : «On ne peut conclure de la décou-
verte de Belle-Assise ni qu'il n'a pas existé d'industrie éolithi-
que, ni que la taille intentionnelle n'a pas débuté par des mani-
festations rudimentaires (2). »
Ce qui est certain, c'est que, jusqu'alors, nous manquons de cri-
térium objectif pour distinguer les pseudo-éolithes des éolithes, et
que nous n'avons encore le droit de parler de ces derniers qu'avec
les divers degrés de probabilité qui conviennent aux hypothèses.
'1) J'en ai un autre, tout aussi bien fabriqué par la mer.
(2) L'Anthropologie, fasc. 4 5, 1910). — Voir la réponse de M. Rutot : Mise au
point pour 1911 du Mémoire « Le Préhistorique dans l Europe centrale ». — Malines,
Godenne. 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
549
H-t^ — i*_,.i5 r i
*-H«g
Les Hochets préhistoriques*
PAR
J. PAGÈS-ALLARY (de Murât, Cantal).
La présentation du Hochet Arverne, sous la dénomination
« d'objet bizarre » par M. A. Guébhard (Fig. 1), a provoqué,
de la part de quelques
dévoués collègues, de
précieuses réflexions,
qui font qu'aujourd'hui
l'hypothèse « Hochet
Arverne » est une ques-
tion résolue, avec preu-
ves que le Cantal n'est
pas le seul pays où l'on
a fabriqué ou utilisé
cette forme « bizarre » ,
parce que très pratique,
de ce hochet en terre
Gallo-Romain.
Ce jouet des enfants,
cette petite chose, qui
nous semble futile, par-
ce que bonne tout au
plus à donner une dis-
traction à l'enfant au
maillot, ne le retrouve-
rons-nous pas dans tou-
tes les chosess sans uti-
lité, autre que de flatter
nos passions ou besoins,
d'occupation, de dis-
traction ?
Hochtt? Ç*llo Arrcrnc ■ <K-*
Fig. 1. — Hochet (?) gallo-arverne (Massiac, Cantal).
Aux yeux des profanes, n'est il pas l'emblème de nos recher-
ches passionnées en Préhistoire, bonnes à nous faire passer le
550 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
temps, sans profit pécuniaire (au contraire!) (1), mais non sans
peine et sacrifice, mais aussi non sans de vives et moralisantes
émotions et satisfactions? Et, après tout, l'homme toute sa vie
n'est-il pas, heureusement pour lui, un grand enfant, et le plus
beau des hochets, lui-même, et des jouets de la Nature, quand il
ne l'est pas de ses semblables?
Ce petit objet bizarre en terre cuite, dont j'ai cherché à devi-
ner l'emploi, n'est-il pas un outil des plus précieux pour la Pré-
histoire? Ne nous démontre-t-il pas, une lois de plus, que le be-
soin fait naître V objet dans son milieu, c est-à-dire quand révo-
lution est arrivée au point marqué par une circonvolution céré-
brale déterminée, dont la technique de fabrication mesure l'inten-
sité et précise le moment?
Ne fait-elle pas aussi doser l'amour pour l'enfant, à qui l'on
cherche à éviter des pleurs par la distraction, ou déjà à occuper
les sens, sinon l'esprit d'observation, quand ce n'est pas l'étour-
dir par le bruit, ou le calmer par le moyen de guérir un mal par
un autre moindre, en lui faisant mordre, avec ses gencives agacées
par la poussée des dents, un morceau dur, insoluble, donc sans
saveur?
Tout cela démontre que l'on savait déjà à cette époque que Yil-
lusion remplace souvent la réalité! Remède qu'un cœur de mère
n'a pas dédaigné même vis-à-vis de ses enfants, pas plus qu'un
chef vis-à-vis de ses sujets, ou un pasteur vis-à-vis de ses fidèles,
et ainsi jusqu'aux plus hauts degrés de l'évolution sociale ac-
tuelle.
Le Hochet, cest l'illusion, entretenant V espérance jusqu à Vim-
possibilitè : donc le grand mobile de la résignation à nos fonctions
souvent capricieuses, inutiles ou futiles autant que celles de l'en-
fant qui pleure pour avoir son hochet : ce qui, à cet âge — à l'in-
verse du nôtre, — a l'avantage de faciliter ou d'aider au moins les
travaux de la digestion.
A ces caprices de l'instinct, nous opposons les caprices de la
raison, souvent contraires au développement de nos fonctions
animales, — donc à notre développement complet ou équilibré,
— c'est-à-dire à notre bonheur, à nos hochets.
Quatre réponses, provoquées par le titre si bien choisi par M.
Guébhard pour faire germer des idées, furent le résultat de cette
demande d'avis; et, sur ces quatre opinions aimablement émises,
les trois premières furent négatives quant à la détermination
(1) Gomme si on ne yivait que d'Argent!
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 551
« Hochet » ; la quatrième seule fut une approbation mais magni-
fique, ayant la valeur d'une véritable enquête.
Dans la première, notre savant ami M. Guébhard voyait V objet
un peu lourd pour accepter comme sûre mon hypothèse de hochet.
Dans la deuxième, notre érudit et excellent collègue, M. Garris-
son (de Montauban), y voyait un objet, quoique en terre cuite et
non en bronze, analogue à celui que M. Déchelette décrit dans
son beau Manuel [tome II, page 298 : « l'Estrebel »1.
Dans la troisième, notre éminent collègue, M. Denoyelle (de
Beauvais), n'y voyait qu'un sifflet à roulement et nous donnait dans
deux lettres successives de très bonnes et trop justes raisons con-
tre la destination du hochet : 1° Manque de moyens d'attache au
cou de l'enfant; 2° Casse terrible de cet objet fragile dans les
mains des enfants en rage de dents.
A ces deux positives raisons, j'avais bien répondu parla pos-
sibilité d'un manche à boucle, avec une enveloppe protectrice en
osier; cela donnait quand même à réfléchir, afin de trouver une
réfutation radicale. Car, lorsque sur un objet examiné sous toutes
ses faces une conviction est faite, par plusieurs observations con-
cordant entre elles, les meilleures raisons de ceux qui n'ont pas eu
l'avantage à' avoir pris contact avec l'objet arrivent difficilement à
l'ébranler, si peu que le bon sens empiriste soit développé.
Les excellentes et logiques observations de nos dévoués con-
frères m'ont démontré, une fois de plus, Y influence inspiratrice
considérable de la mise en communication directe avec l'objet.
Aux dessins, aux coupes les plus exactes et
parlantes, il manque toujours le fluide de la
réalité matérielle et peut-être si non vitale,
sans doute magnétique ? Cependant, sans un
dessin pour compléter la description conden-
sée, probablement personne n'aurait porté
intérêt à la question, ne l'aurait même exa-
minée, parce que encore moins facilement
compréhensible ! Donc il faut des séances de
i-'h. 2. Kcheiu : 1/2. Congrès, pour s'expliquer et discuter sur un
— Pièce du Musée objet présenté et touché !
de Reims, signalée
par m. Gardez. J'en étais là de mes réflexions, quand notre
vaillant chercheur et collègue de Reims,
M. Gardez, trésorier de la si intéressante Société Archéolo-
gique Champenoise, me fit parvenir son approbation aussi entière
qu'amicale à l'idée de hochet, avec le dessin d'un « objet bizarre »
de la Marne, en tout semblable à celui du Cantal [fig. 2), mais
ayant en plus un crochet de suspension, répondant à point, et
Objet é^iqma/lôue.
"Ûfi/tv f 7?cmc,m Jt
( feÂm
552 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
d'une éloquente façon, aux objections, qu'il ignorait, de notre
collègue de Beauvais.
La preuve était donc faite sur toute la ligne, même contre les
dernières objections possibles et logiques du hochet, par cet autre
objet trouvé en Champagne, il y a 10 ans, par un des plus dévoués
fouilleurs de Reims, notre excellent ami, M. Gardez. Les Arvernes
et les Rémi se sont donc une fois de
plus donné la main, pour prouver par
un lien commun de plus, en céramique,
la même coutume d'éducation intime et
familiale, la grande affiliation sympa-
thique de ces deux importants berceaux
et foyers gaulois.
Enfin un tout récent voyage a Cler-
înont, pour visiter la belle et très riche
collection de notre aimable compatriote,
M. le docteur Charvilhat, nous a procuré
le plaisir de voir un tesson [Fig. 3),
doublement précieux, représentant un
bon tiers de notre hochet du Cantal, en
pâte grise, légèrement plus cuite, qu'il
nous a promis de photographier et de
communiquer à notre Société.
Cela fait donc trois preuves pour, con-
tre trois objections contraires. Je n'in-
siste pas davantage sur cette trouvaille,
se confirmant trois fois dans des pays
bien gallo-romains par trois objets iden-
tiques, sans autre attribution possible
que pour amuser, distraire et calmer les
enfants.
Fig. 3. — Hochet gallo-romain
de la Collection Dr Charvil-
lhat (Puy-de-Dôme).
Mais, pour compléter cette étude,
notre ami M. Gardez a bien voulu nous
donner les détails suivants, sur la ri-
chesse du Musée de Reims à ce sujet.
« J'ai tardé à répondre à votre lettre, car il a fallu que je fasse des-
siner les hochets que vous m'aviez demandés. C'est un jeune homme de
notre S. A. C, qui a bien voulu s'en charger ; vous pouvez faire re-
produire ces dessins et celui que je vous ai envoyé avec le crochet de
suspension, qui a été trouvé à Reims, il y a dix ans, en faisant des ter-
rassements, et que j'ai obtenu des ouvriers ; c'est en plein terrain
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 553
romain qu'il a été trouvé, avec de beaux débris de poterie samienne,
à 50 mètres de l'arc de triomphe et de la grande mosaïque qui se trouve
au musée de Reims ; c'est ce que nous appelons la belle époque.
«M. Habert, l'ancien Conservateur du musée de Reims, l'avait placé
dans le catalogue du Musée sous le n° 1.967 et la dénomination de :
« jouet d'enfant en terre rougeàtre, forme carrée, percé de deux trous
« et portant six pointes saillantes, dont une, plus longue que les autres,
« forme une sorte de bec arqué ».
« Les deux objets à longue queue [Fig.k ) nos 2 et 3,(1968 et 1969 du
catalogue), viennent de la collection Gerbault, un donateur rémois,
sans autre indication ; il est probable qu'ils ont été trouvés à Reims.
- Quatre hochets (n* 1, 2, 3 et 4) du Musée de Reims,
sins communiqués par H. Gardez.
Des-
« Il y en a deux ronds comme celui du n° 4 [Fig. 4), qui ont été
trouvés dans un cimetière où il n'y avait aucune tombe, c'étaient des
vases à incinérations dans lesquels furent trouvées des fibules, et diffé-
rents objets en bronze; j'y ai également trouvé un miroir rectangu-
laire en airain poli très bien conservé, dont j'ai fait la relation sur un
de nos bulletins il y a deux ans. C'est donc du Gallo-romain.
554 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« Celui qui porte le n° 1 de la Figure 4 a été trouvé à Somme-Tourbe,
à environ 25 kilomètres de Reims, en plein pays des cimetières de
l'époque Marnienne : la plus belle époque gauloise dite de l'indépen-
dance. Tous ces hochets ont des petites pierres qui sonnent très bien.
Voilà donc plus qu'il ne faut pour convaincre les incrédules et je suis
content de pouvoir aider à l'adoption de votre objet comme hochet »•
« Bien à vous, H. Gardez,
Le seul mot qu'il me reste à ajouter est pour souligner :
1° combien le travail de la Préhistoire est facile et agréable avec
la franche cordialité; et 2° de faire remarquer que, sur les excel-
lents dessins de M. Roger Canet, le n° 3 porte comme décoration
des symboles du Soleil, qui servent de traits d'union entre ceux
des Gaulois et des Wisigoths.
3° Que la technique de fabrication a suivi, par les difficultés
habilement surmontées, l'évolution chronologique, de la feuille
d'argile roulée en tuyau, puis soudée aux deux extrémités avec
une légère compression vers le centre : début de la sphère com-
plète du Gallo-romain.
4° Que cette forme de hochet à cinq tétons du Cantal, Marne
et Puy-de-Dôme, est la plus complète pour la fonction — jouet
d'enfant — puisqu'à sa forme et à son bruit elle ajoute ce qui man-
que aux autres : l'illusion du biberon, le moyen de calmer ou de
faciliter le percement des gencives par les dents.
5° Que ce n'est pas d'aujourd'hui que les enfants sont aimés
et même gâtés en Gaule !
6° Que l'observation sérieuse de la cuisson de la pâte a donné
encore une fois un résultat pratique, puisque, sans stratigraphie,
elle m'a donné une indication chronologique, vérifiée et confir-
mée dans deux autres Départements.
P. S. — Ces lignes étaient écrites, quand parut au Bulletin
l'objection, ultérieurement retirée, de notre loyal collègue
M. Jacquot, dont la première enquête, à Grenoble, avait conclu
à la négative pour le Hochet Gallo-Romain-Arverne. Mais bientôt
m'arriva, de Grenoble aussi, par mon ami, le très technique
H. Muller, d'abord réfractaire à mon hypothèse, un argument
clôturai, sous la formed'un moulage de jouet d'enfant des Pala-
fittes de la Suisse, que M. Viollier, Conservateur du Musée
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 555
national, avait bien voulu lui donner. J'essaye {Fig. 5) d'en donner
une idée par le dessin.
Hochet f dt*
w o«u4 u*\ VyuKtïcuu \u
■ • ■■■*»■ ■ -
Fig. 5. — Jouet d'enfant des Palafittes de Suisse.
lit en terre noire, avec six tétons égaux, et beaucoup plus
courts que les précédents, mais portant quatre cercles qui faci-
litent l'application des lèvres et gencives. La différence notable
est que les trous, six au lieu de quatre, sont placés aux sommets
de chaque tétine : ce qui rend la succion moins fatigante pour
l'enfant, mais a l'inconvénient de lui faire avaler les poussières et
éclats produits par l'usure et choc des boules ou grains inté-
rieurs.
Ce hochet de l'âge de Bronze semble démontrer que la suc-
cion a remplacé le bruit dans l'art de consoler ou distraire plus
facilement les enfants !
M. Marcel Baudouin. — Je me permets de féliciter notre ami
Pagès-Allary, non seulement du beau résultat qu'a fourni son en-
quête, mais aussi de ses idées sur la valeur de la cuisson de la
pâte céramique, comme élément de diagnostic chronologique, et
enfin sur la façon dont il comprend Y évolution de l'industrie, ayant
pour base V évolution des circonvolutions cérébrales ! Sur tous ces
points, — je l'ai dit bien souvent — , je suis absolument en con-
formité d'idées avec lui. Et, si j'ai tenu à l'affirmer ici, c'est parce
que, sur nombre d'autres, nous différons d'opinions si profon-
dément que cela étonne beaucoup de nos collègues. — L'avenir
se chargera certainement de mettre tout au point.
556
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
IVote sur un fragment en terre cuite de l'époque
gallo-romaine provenant de Clermont-Ferraod,
analogue à un objet de même nature trouvé à
Massîac (Cantal) et encore indéterminé (1).
PAR LE Dr
G. GHARVILHAT (de Clermont-Ferrand).
M. le Dr À. Guébhard a présenté cette année à la Société Pré-
historique Française (2) un curieux objet en terre cuite, découvert
par M. Pagès-Allary, dans ses fouilles de Massiac (Cantal).
Cet objet, que M. Pagès-Allary
désigne sous le nom de Hochet
gallo-ai-verne (3), a la forme de
deux pyramides quadrangulaires
réunies par leurs bases, à arêtes
curvilignes et angles arrondis en
tétons, l'un d'eux plus allongé.
Des trous existent sur les quatre
faces à la partie médiane. « Rien
de similaire, ajoute M. le Dr A.
« Guébhard dans sa notice, n'a
« pu être trouvé ni dans la litlè-
« rature, ni dans les collections ».
Le fragment, que nous commu-
niquons à la Société Préhistorique
Française [Fig. 1) et qui provient
de Clermont-Ferrand, semble avoir appartenu à un objet présen-
tant les plus grandes analogies avec l'intéressante petite pièce,
si bien décrite et figurée par M. Pagès-Allary.
Fig. 1. — Objet de terre cuite, de la
collection du Dr G. Charvilhat, à
Clermont-Ferrand [Grandeur natu-
relle).
(1) Ce titre, envoyé par le Dr Charvilhat à M. A. Guébhard, pour la présenta-
tion dont il se chargea à la S. P. F., est antérieur, non seulement à la commu-
nication de M. Gardez, mais encore à celle des types suisses qui devaient opé-
rer la conversion de M. H. Muller, le sceptique de la première heure. — En main-
tenant son titre tel quel, M. Charvilhat — peut-être aussi converti maintenant —
nous montre qu'il ne lui a pas suffi de se trouver l'heureux possesseur d'une
pièce absolument semblable à celle de M. Pagès-Allary, pour trouver là une
démonstration suffisante d'une hypothèse intuitive, qu'un médecin avait qualité
pour juger mieux que personne. C'est là un digne exemple de cette probité scien-
tifique qui fait d'une réserve prudente la première règle des méthodes d'observa-
tion, et qui nous commande encore présentement de ne point donner pour une
certitude ce qui doit rester une simple hypothèse très vraisemblable. — A. G.
(2) Dr A. Guébhard. — Objet bizarre en terre cuite. — Bull, de la Soc.
Préhist. franc., avril 1911, p. 248.
(3) Objet énigmatique trouvépar M. Pagès-Allary. — Bull, de la Soc. PréhÏ9t.
franc., mai 1911, p. 310.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 557
Non seulement la forme, mais encore les dimensions sont les
mêmes. A peine M. A. Guébhard a-t-il remarqué des pointes un
peu plus effilées, une surface mieux lissée, la trace encore visi-
ble de l'ébauchoir plat qui a écrasé extérieurement chaque arête,
enfin un poids moindre qu'à l'échantillon do Murât, qui pèse
80 grammes, tandis qu'ici, pour à peu prèsl a moitié, nous n'avons
que 28 grammes.
A l'intérieur, les prolongements de la cavité, en correspon-
dance avec les cinq tétons pleins et avec celui, plus long, qui de-
vait former soit le manche, comme dans la pièce de Murât, soit
un crochet de suspension, comme dans celle de Reims, semblent
indiquer que la forme a été obtenue par surmoulage sur une autre
Le même objet vu de côté. Fig. 3
plus petite, similaire, mais certainement pas très lisse. Une légère
fente verticale, de haut en bas, invisible au dehors, paraît corres-
pondre à la fermeture de la lame d'argile repliée sur le moule,
sans doute formé d'une masse sableuse destinée à s^couler par
les trous, ou combustible, peut-être simplement fusible, dispa-
rue à la cuisson.
Ce dernier cas est le moins probable, car aucune teinte char-
bonneuse ne distingue l'intérieur du dehors, qui est lui-même
de couleur bien plus noirâtre, moins jaune, que sur l'échantillon
de M. Pagès-Allarv, malgré l'analogie de la pâte, à peine un peu
moins micacée, mieux dépouillée de grains quartzeux, mieux
durcie à la cuisson.
Une dernière remarque, relative aux bavures internes des
trous, montre que ceux-ci ont été faits un à un, après moulage,
avant cuisson, et non pas réservés avec un brin de bois traversant
de part en part.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 36
558 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quant à l'âge, nous considérons notre fragment comme gallo-
romain.
M. J. Pagès-Allary, qui a vu et touché le tesson signalé par
l'éminent préhistorien du Puy-de-Dôme, le Dr G. Charvilhat,
est en mesure d'affirmer que ce fragment de hochet doit être de
la même fabrication que le sien, Gallo-Romain-Arverne des pre-
miers siècles de notre ère, et d'origine gauloise. Les uns et les
autres sont, tout comme celui de Reims signalé par M. Gardez,
de même invention, de même destination : distraire et calmer
les rages de dents d'un enfant !
M. A. Guébhard est particulièrement heureux de voir repré-
senté par une bonne figure le façonnage en creux de l'objet qui,
sur l'échantillon entier de M. Pagès-Allary, avait pu, un instant,
d'après l'aspect superficiel de sa pâte micacée et sa lourdeur en
main, être pris pour taillé dans un grès tendre naturel ou quel-
que spongiaire fossile.
Ce détail de poids et de relative grosseur était même la prin-
cipale objection qui se présentait à l'interprétation comme
hochet d'enfant, impliquée dès l'origine par la désignation de
tétons appliquée aux pointes : aussi n'est-ce certainement qu'à
une erreur d'appréciation de l'échelle des figures, réduites à moi-
tié, qu'a pu être due l'objection contraire, celle d'une trop grande
petitesse, formulée par M. L. Jacquot. En tout cas, la coïnci-
dence d'objets similaires, trouvés en Champagne eten Auvergne,
après qu'il en avait été vainement cherché trace soit dans la litté-
rature, soit dans les grands musées (Louvre, Carnavalet, Saint-
Germain, etc.), ou diverses collections privées, prouve qu,' il s'agit
d'un instrument assez usuel ; et il faut d'autant plus féliciter
M. Pagès-Allary d'avoir attiré sur lui l'attention que, peut-être,
d'autres indications viendront encore, après celles de MM. H.
Gardez, qui a commencé à éclaircir l'énigme, et celle du Dr Char-
vilhat, qui a montré ce que l'objet avait « dans le ventre »,
confirmer l'âge gallo-romain , diagnostiqué « empiriquement »
par le sagace coup d'œil de notre confrère de Murât.
Ultérieurement, M. A. Guébhard, ayant reçu de M. Pagès-
Allary le moulage d'une pièce du Musée de Bern, obligeamment
remis à M. Muller, en tournée scientifique, par M. D. Viollier,
Conservateur au Musée national suisse, à Zurich, a dû encore à ce
dernier confrère, outre des détails fort intéressants, le moyen de
reproduire ici, d'après les planches originales (Fig. 1), deux
objets palafittiques, bien datés de la fin de l'âge du bronze et
qui, tout de suite qualifiés de hochets, parmi le riche cortège de
tout ce qui les accompagnait, viennent à propos corroborer la
première spécification émise par M. Pagès-Allary.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 559
Tout au plus pourrait-on hésiter encore en faveur du nom de
grelot, que méritent aussi tous ces objets, par la présence de
particules libres dans leur cavité, et que quelques-uns, par leur
forme purement sphérique, semblent même mériter exclusive-
ment. Mais, cela n'est nullement antagoniste de la qualité de
hochet, pour les objets qui, rendus plus ou moins bi-tétraédri-
ques, ont leurs angles allongés en mamelons, dont il semble
même que la figuration réaliste a été recherchée par la gravure
des aréoles sur l'exemplaire remarqué par M. Muller.
Fig. 1,2. — Ech.Vl. — *. Jouets d'enfant. Klapperkugeln, de Mœringen. Musée de
Berne ». — « Curieux hochets en argile, qui rappellent assez, par leur forme, les grelots
actuels. Ce sont de petites boules creuses, percées de trous, et ornées de lignes et de sil-
lons, renferniai.t à l'intérieur de petits fragments d'argile durcie ». Dr. Ferdinand Keller,
Pfahlbauten, VII. Ber. (1876;; Mitt. d. Antiquar. Ces. in Zurich, Bd. XIX, 1875-7. Heft 3,
82 p., XXIV pi. [v.pl. XIX, 3, 4].
Mais on aura, sans doute, reconnu un inconvénient à l'excès
de réalisme qui avait fait mettre au centre un trou, du moment
que celui-ci ne pouvait donner que de l'air, et fut-ce à titre de
perfectionnement que le hochet gallo-romain, déjà muni d'un
crochet de suspension, eut ses trous alternés avec les tétons,
beaucoup plus allongés et mieux aptes à la succion sèche.
Par contre, on voit presque abandonné, pour le côté utilitaire,
le soin d'ornementation qui se remarque, à la belle époque du
Bronze IV, jusque sur les jouets d'enlants, si nombreux qu'ils
occupent toute la pi. XIX du VIIe Rapport de Keller sur les
Palafittes (1876). Victor Gross, dans ses Protohehèles (i), figure
(pi. XXVI, n° 64) un hochet en forme d'oeuf, trouvé au petit
bout ; il regarde aussi comme « biberons » (p. 93) « des
petits vases de forme allongée (pi. XXIII, nos 2, 6, 15, 23), qui,
(1) Victor Gross ; Le* Protohelvètes ou les premiers colons sur les bords des lacs
de Bienne et de Xeuchâtel, gr. in-4», 116 p., 33 pi.; Paris, Baer, 1883.
560 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
toujours, sont percés d'un trou à l'un des bouts, et quelquefois
même forment un petit goulot... ». On le voit, le souci de l'enfant
remonte encore au delà du hochet de M. Pagès-Allary, et l'évolu-
tion, qu'il voit d'une manière si conforme à nos échanges d'idées,
était en marche déjà, dès l'époque du Bronze : qui sait si l'on ne
pourra pas remonter plus haut, maintenant que, grâce à l'heu-
reuse trouvaille que cet infatigable chercheur m'a procuré le
plaisir de signaler ici, l'attention se trouve réveillée, chez nous,
sur une foule d'objets énigmatiques, qui gisent peut-être sans
attribution dans les tiroirs des collectionneurs?
III. — COMMISSION DES ENCEINTES (Suite).
Commission d'étude
des Enceintes Préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
Archives de la Commission.
CATALOGUE DES IMPRIMÉS
(6e Liste. — Langue allemande).
[Ouvrages reçus, sauf mention spéciale, comme hommages d'auteur et donnés à la Com-
mission en nue propriété par M. A. Guébhard, qui les garde à la disposition de ses
correspondants] (1).
Formats pet. in-8 (21 cm. et en dessous).
1 . Prof. Dr. ANTHES. Bericht ûb. d. achten Verbandstag d. West-
u. Stiddeutschen Vereine fur rôm.-germ. Altertumsforschung
zu Heidelberg u. Mannheim [ex Korrespondenzbl. des Gesamt-
vereins der deutschen Geschichts - u. Allertumsvereine, 1907-08,
71 p., Berlin, E. S. Mittler, 1908].
1 bis Prof. Dr. ANTHES. Bericht ûb. d. neunten Verbandstag d.
"W.-u. Stiddeutschen Ver. f. rôm.-germ. Altertumsforschung
u. d. vierten Verbandstag d. Nordwestd. Verb. f. Altertums-
forschung, gemeinsam abgehalten zu Dortmund, vom. 20 bis
23 april 1908 [ex Korr.Bl. d. Gesamtsvereins d. deutsch. Gesch.-u.
Altertumsvereine, 1908, 94 p., Berlin. E. S. Mittler 1908].
(1) Ne sont portés sur cette liste que les ouvrages où il est question d'encein-
tes. Sur l'angle supérieur gauche de chaque couverture, un chiffre romain ins-
crit correspond au numéro de tête de la liste ; des chiffres arabes, au numéro
d'enregistrement dans la liste. A droite, renvois aux passais spéciaux.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 561
2. Dr Robert FORRER. Urgeschichte des Europàers, von der
Menschwerdung bis zum Anbruch der Geschichte. Spemann's
Compendien, II, 1 vol. rel., 584 p., plus de 1000 fig. ; Stuttgart,
W. Spemann.
3. J. HEIERLI. Die archâologische Karte des Kantons Thurgau
[ex Thurg. Beitràgen, Hft. 36, 56 p., 1 carte coul., Frauenfeld,
1896J.
4. Dr Jakob HËIERLI. Blicke in die Urgeschichte der Schweiz, Bei-
lage z. 23. Jahrg. des Fortbildungssckùlers, 32 p., 76 fig. ; Solo-
thurn, E. Gassmann.
5. Prof. Dr F. HERTLEIN u. Dr P.REINECKE. Die Grabungenauf
dem Hesselberg bei Wassertrùdingen im Spàtsommer 1907 [ex
Jahresb. d.Histor. Vereins f. Mittelfranken, LV, 1907, p. 79-104,
3 fig. ; Ansbach G. Brûge, 1908].
6. Hugo JENTSCH. Das Graberfeld bei Sadersdorf im Kreise Guben
u. die jûngste Germanenzeit der Niederlausitz [ex Niederlau-
sitzer Mitteilungen, 142 p., 4 pi., Guben, 1896]
7. Gymnasiallehrer LUETHI. Die Ringwâlle im Uchtland [ex Kor-
resp. Bl. d. Gesamtvereins d. deutsch. Gesch.-a. Altertumsve-
reine, 1906, p. 39-43, lfig.]-
8. F. POLLACK. Das pràhistorische Gewand des Breitenberges bei
Striegau, 14 p., 3 fig., Striegau, th. Tschœrner.
Formats gr. in-8 (22 cm. à 25 cm.).
9. Anonyme. Celtische Alterthûmer zu Erlàuterung der àltesten
Geschichten u. Verfassung Helvetiens, lxiv - 192 p., cart.,
Bern, 1783.
10. Oberpraezeptor BUROKHARD. Grabungen an u. bei den Wâl-
len im Staatswald Rotenay, Markung Lauterach OA. Ehingen
[in Fundbericht aus Schwaben, XVI, 19 08, p. 42-44 ; Stuttgart,
E. Schweizerbart, 1909]. (Don de M. P. GOESSLER).
11. Wilhelm DŒRPFELD. Fûnfter Brief ûber Leukas-Ithaka : Die
blrgebnhse der Ausgrabungen von 1908, 47 p., 4 pi. (Oct. 1909).
12. Prof. J. FRUEH. Exkursionsberichte 1905 u. 1906; II, Hohen-
klingen b. Stein a. Rh. ; Ilohentwiel. [in Jahresbericht d. Geo-
gr.-Elhnogr. Ges. in Zurich, 1905-6, p. 16-20; Zurich, F. Loh-
bauer, 1906]. (Don de M. J. HEIERLI).
13. Dr Peter GOESSLER. Die pràhistorischen Befestigungen auf
dem Lemberg bei Feuerbach [in Fundbericht aus Schicaben, XVI.
Jahrg., 1908, p. 34-41, 2 fig. ; Stuttgart, E. Schweizerbart,
1909]. Ou y a joint :
14. 39. Deutsche Anthropologenversammlung in Frankfurt a. M.
[coupure ex Schwàbischer Merhur, Abendblatt, n° 369, 10 août
1908; Stuttgart].
15. A. GOETZE. Die Steinsburg auf dem Kleinen Gleichberge bei
Rômhild, eine vorgeschichtliche Festung [Neue Beitrâge zur Ges-
562 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
chichte deutschen Allertums, herausgeg. v. d. Hennebergischen
Altertumsforschenden Verein, Xvl, 1902, 21 p., 2 pi. ; Meiningen,
Brûckner u. Rennei, 1902].
16. A. GQETZE. Uebersicht ùber die Vor-u. FrûhgeschichteThùrin-
gens [ex Die vor u. Jrùhgeschichtlichen Altertùmer Thùringens,
1909, xxxin p.).
17. Dr Jakob HEIERLI. Vindonissa. I. Quellen u. Literatur [in
Argovia, Bd. XXXI, 1905, p. 1-112, pi. MX, 1 carte; Aarau,
H. R. Sauerlânder, 1905].
18. M. HELLMICH, Der Gôtze'sche Bëschungsmesser [ex Ztschr. f.
Ethnologie, 1904, p. 885-890, 3 fig.]. (Don de M. A. GOETZEj.
19. Prof. D-rHERTLEIN. Die Ringwâlle Buigenundlpf, untersucht
1907 [ex Fundber. aus Schwaben, XV, 1907, p. 33-38].
20. F. HERTLEIN. Ringwâlle 1, Grabungen auf dem Ipf bei Boffin-
gen [ex Fundb. aus Schwaben, XVI, 1908, p. 28-33].
21. Emil HOLLACK. Vorgeschichtliche Uebersichtskarte von Ost-
preussen, 1 gr. carte in-f» en couleurs, pliée, avec texte d'expli-
cations formant un vol. de 234 p., Glogau-Berlin, C. Flem-
ming, 1908. (Don de M. A. BEZZENBERGER).
22. P. KAHLE u. H. LUEHMANN. Die vorgeschichtlichen Befesti-
gungeD am Reisling (Elm) u. ihre Umgebung, 1 gr. carte in-f°
en coul., pliée. Braunschweig, 1898. (Acq.).
23. LISSAUER. Anthropologische Bericht ûb. seine letzte Reise in
Sùd-Frankreich u. Italien [ex Verhandl. d. Berl. anlhrop Ges.
21 juillet 1900, p. 401-411, 5 fig.].
24. E. LUETHI. Bericht ûb. alte Befestigungsanlagen an der Aare,
Saane u. Sensé [in Pionier, Organ d. schweiz. perman. Schul-
ausstellung in Bern, XXVII, 1906, nos 4-5, p. 33-40, 2 fig. ; Bern,
Stâmpfli] .
25. Albert MAYR. Die Insel Malta im Altertum, 155 p., 36 fig.,
1 carte, Munchen, Beck, 1909.
26. R. NEEDON. Der Steinwall auf der Schmoritz, eine frùhge-
schichthche Eisenschmeltzstâtte [ex Jahreshefted. Ges. /. Anthro-
poL u. Urgesch. d. Oberlavsitz, Bd. II, 1908-9, p. 125-131, 4 fig.
Goerlitz, 1909].
27. R. NEEDON. Rundwàlle der Bautzener Gegend [ex Jahreshft.
d. Ges. f.A.u. U. d. Oberlausitz, Bd. II, 1908-9, p. 242-251, 3 fig.].
28. R. NEEDON. Der Radisch bei Kleinsaabernitz [ex Jahreshft. d.
Ges. f. A. u. U. d. Oberlausitz, Bd. VI, 3 p., 14 fig.].
29. R. NEEDON. Die Spittwitzer Schanze [ex Jahreshft. d. Ges. f.
A. u. U. d. Oberlausitz, Bd. VI, 6 p., 11 fig.]. On y a ajouté,
du même auteur : « Auf den Spuren Julius Câsars », coupure
in-f°, pliée, de 3 col.
30. E. J. PROPPER, E. LANZ-BLOESCH, B. MOSER u. E.
BANDI. I. Bericht ûb. die Ausgrabungen der Kelto-helvetis-
chen u. rômischen Ruinenam Jensberg bei Biel, von 1898-1 9C4
[ex-Anzeiger f. Schweiz. Aller lumskunde, 1906, n« 1, 2,], 34 p.,
22 fig. 1 pi., Aarau, E. Wirz. (Don de M. B. MOSER).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 563
31. D' Alfred SCHLIZ. Die Bevôlkerung des Oberamts HeilbronD,
ihre Abstamrnung u. Entwickelung, 32 p., 3 p1.,Heilbronn1899.
32. A. SCHLIZ. Die gallischen Bauernhôfe der Frûh-La TèDe-Zeit
im Neckargau u. ihr Hausinventar [ex Fundber. aus Schwa-
ben, XIIL 1905, p. 30-57, 7 fig., pi. I.].
33. Hermann SCHMIDT. Die vorgeschichtlichen Rundwâlle in der
Arotshauptmannschaft Lobau i. S. [in Jahreshft. d. Ges. f.
Anthrop. u. Vrgesch. der Oberlausitz, Bd. II, 1907-8, Heft 3-4,
p. 165-241, 29 fig.; Goerlitz, 1909].
34. Ch. l. THOMAS. Unsere Taunus-Rmgwalle [coup, ex Mitteil.
d. Vereinsf. Nassauische Altertumskundeu. Geschichts forschung,
XII, 1909, p. 97-103].
35. J. W1EDMER-STERN. Archàologisches aus dem Oberaargau
[in Archw. des Hist. Vereins des Kantons Bern,. XVII, Hft. 2,
p. 300-479, pi. 4-7. Bern. Lack u. Grùnau, 1904].
Formats au-dessus de 26 cm .
36. Eduard ANTHES. Der gegenwârtige Stand der Ringwallfor-
schung [ex Ber. ùb. die Fortschr. d. Rôm.-German. Forschung im
Jahre 1905, p. 28-48, 2 fig.].
37. Eduard AiNTHES. Zur Ringwallforschung [ex Ber. ùb. die Fort-
schr. d. Rôm.Germ. Forschung im Jahr. 1906, p. 32-52, 8 fig.].
38. Eduard ANTHES. Ringwallforschung u. Verwandtes (Dritter
Bericht), [ex VI. Ber .d. Rôm.-Germ. Komm., 1911], 44 p., 16 fig.
39. Rektor Wilhelm BARTELT u. mittelschullehrer Karl
WAASE. Die Burgwalle des Ruppiner Krei?es, ein Beitragzur
Heimatkunde, Forsch z. Friih-u. Vorgeschichte Europas, Hft.
1, 65 p., 21 pi., Wùrzburg, C Kabitzsch, 1910. (Acq.).
40. R. FORRER. Ueber HôhlenwohnuDgen, Donnerâxte, Erdwâlle
u. Hexensitze im Graufthal, 7 p., 4 fig., Strassburg, R. Schuliz,
1899.
41 . Dr R. FORRER. Zum Ausfluge nach der Heidenmauer von
St. Odilien. [ex Du Vogesen,l. Jahrg. 1907, n° 14, p. 173-181,
9 fig.; Strasbourg, DuMoDt Schauberg].
D"- Peter GOESSLER. Das rômische Rottweil hauptsàchlich auf
Grund der AusgrabuDgen von Herbst 1906, 72 p., 16 fig., 4 pi.,
Stuttgart, J. B. Metzler, 1907.
43. Dr A. GOETZK. Die Steinsburg auf dem Kleinen Gleichberge bei
Rômhild [ex Bau-u. Kunstdenkmàler Thùringens, Hft. XXXI,
1904, p. 466-472, 13 fig , Iena, Fischer].
44. Dr GOETZE. Konservierung pràhistorischer Steimauern [ex Korr.
Bl.d. deutsch. Ges. f. A., E. u. U., XXXVIII, 1907, n°9/12., 2 p.,
3 pi., Braunschweig].
45. Prof. A. GOETZE. Vorgeschichtliche Forschuogen u. Funde, [ex
Korrespondenzbl. d. Gesamtuerems d. deutsch. Geschichls-u. Alter-
tumsvereine. 1909, 12 col.; Berlin, E. S. Mittler].
46. Prof. A. GOETZE. Die Disburg [ex Bau-u Kunstdenkmàler Thû-
? ingens, Hft. XXXVI, 1910], 5 p., 4 fig., Iena, Fischer.
564 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
47-48. D'A. GOETZE. Wallburg bei Queienfeld [ex Bau-u. Kunstden-
kmâler Thûringens, Hft. XXX, 19 p. 471, 1 fig.]. Iena, Fis-
cher. — On a joint, du même auteur, l'analyse de l'ouvrage de
Chr. L. THOMAS, Die Ringwâlle im Quellengebiet der Bie-
ber im Spessart [in Ann. d. Ver. f. Nassauische Allertumsk. u.
Geschichtsforschung, XXXIV, p. 179-205]; 1 p.
49. J.HEIERLI. Die Rômerwarte beim Kleinen Laufen zu Koblenz
[ex Anzeiger f. Schweizer. Aliertumskunde, N. F., Bd. IX, 1907,
p. 186-189, fig. 43-44].
50. Friedrich HERTLE1N. Die vorgeschichtlichen Befestigungen auf
dem Ipf [in Blâlter des Schwâbischen Albvereins, XXXIII, n° 2,
févr. 1911, col. 47-56, 4 fig. ; et n° 3, mars 19H, col. 67-74, 4 fig.].
51. M. HOERNES. Die Anfaenge Menschlicher Kultur [ex J. V.
Pflugkhartung's Weltgeschichte, p. 81-135, nombr. fig., 2 pi.
coul. ; in-4°, Berlin, Ullstein].
52. G. KARO. Ber. ub. Kreta, Griechenland [ex Jahrbuch d. k.deut-
sch. Arch. Instituts, 1910, 2, col. 147-174, 1 fig.J. Berlin, G. Rei-
mer.
53. Hans LEHNER. Die neolithische Festung bei Mayen in der Ei-
fel [in Ausgrabangsberichle des Provinzialmuseums in Bonn, ex
Bonner Jahrbucher, Hft. 119, pi. 206-228, 18 fig., pi. IV-XI].
Bonn, 1910.
54. Dr Albert MA YR. Eine MittelalterlicheFliehburg im Altmùhl-
tal [in Beilage z. AUgemeinen Zeitung, 20 nov. 1907, p. 237-238;
Mùnchen].
55. Dr Albert MAYR. Pantelleria [in Globus, Bd. LXXVII, n° 9,
10 mars 1900, p. 137-143, 5 fig. ; Braunschweig-, 1900].
56. Dr Albert MAYR. Die vorgeschichtlichen Denkmaler von Sar-
dinien [ex Globus, Bd. LXXXVI, 1904, p. 133-137].
57. Dr Albert MAYR. Neue vorgeschichtliche Forschungen auf
Malia [ex Globus, Bd. XCVI, n° 17, le' nov. 1909].
58. D' Oswald MENGHIN. Neue Wallburgen im Etschtaie zwischen
Meran und Bozen [ex Miit. Anlhrop. Ges. in Wien, Bd. XL,
1910, p. 161-180, 9fig.].
59. D* Mattileus MUCH, Die Hausberpe in Niederoesterreich, ihre
Bedeutung u. ihre Zeitstellung [ex Mitt. d. Anthrop. Ges. in
Wien, Bd. XXX Vil, 1907; 9 p., Wien].
60. DrJ. L. PIC. Aphorismen ùber Ethnographie u. Kunstgewerbe
in der prâhistorischen Archâologie, 28 p., Prag, A. Wiesner,
1910.
61. C. SGHUCHHARDT. Die Rômerschanze bei Potsdam nach den
Ausgrabungen von 1908 u. 1909 [ex Praehistorische Zeitschrift,
1909, 2, p. 209-238, 19 fig., pi. XXI-XXIV].
62. R. VIRCHOW u. W. v. SCHULENBURG. Der Spreewald u.
der Schlossberg von Burg. [XL allg. Versamml. d. deutsch. an-
throp. Ges., 31 p., 2 cart. ; Berlin, Wiegandt, Hempel u. Parey,
1880]. (Acq.).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 565
63. Maoritids WOSINSKY Das pràhistorische Schanzwerk von
Lengyel, seine Erbauer u. Bewohner. Erstes Heft, 69 p., 34 pi.
Budapest, F. Kilian, 1888. (Don de M. M. IMBERT).
Formats au-dessus de 32 cm.
64. D' R. FORRER. Die Heidenraauer von St.-Odilien, ihre prâ-
historischen Steinbrûche u. Besiedelungsreste, 50 p., avec 120
fig., plans et cartes. Strassburg, Schlesier u. Schweikhardt,
1899.
65. DrA. SCHL1Z. Das steinzeitliche Dorf Grossgartach, seine Kul-
tur und die spàtere vorgeschichtliche Besiedelung der Gegend,
in-4°, cart., 52 p., 24 tig., XII pi. et 1 carte. Stuttgart, F.
Enke, 1901.
Périodiques, 25 cm. et au-dessus.
66. Bericht iïb. die ForlschHtte der Rômisc h- Germanise tien Foischung,
années 1904, 1905, 1906-07, 3 vol. ; Frankfurt a. M., J. Baer,
1905, 1906. 1909. (Don de M. H. DRAGENDORFF).
67. Jahr-Buch. d. Geselhchaft fur lolhringische Geschichte u. AUertums-
kunde, années XVIII, 1906; XIX, 1907; Metz, G. Scriba [partie
en français].
(Don de M. lecomie de ZEPPELIN-ASSCHHAUSEN).
68. Jahresbericht d. schweizerischen Gesellschaft fur Urgeschichte {So-
ciété préhistorique suisse), I, II, III, Zurich, 1909, 1910, 1911 [par-
tie en français]. (Ab.).
69. Korrespondenz Blatt d. deutschen Gesellschaft fur Anthropologie,
Ethnologie u. Urgeschichte, années XL, 1909 ; XLI, 1910; XLII,
1911; Braunschweig, F. Vieweg. (Ab.).
70. Mannus, Zeilschrijt fur Vorgeschichte, Organ der deutschen Gesells-
chaft fur Vorgeschichte, Bd. I, 1909; II, 1910; III, 1911 et I. Er-
ganzungsband, Bericht ùb. die I. Hauplversammlung zu Hannover,
6 bis 9 August 1909 . Wùrzburg, C Kabitzsch. M6.).
71. Miltfilungen der Anthropologischen Gesellschaft in Wien, Bd. XL.
1910; XLI, 1911 ; Wibn, A. Hôlder. (Ab.).
«2 . ilitteilungen d. Kaiserlich deutschen Archaologischen Instituts. Athe-
nische Abteilung, Bd. XXXIV, 1909; XXXV, 1910; XXXVI,
1911; Athen, Eleutherudakis. (Ab.).
73. Praehislorische Zeilschrift, Bd.I, 1909; II, 1910; III, 1911 Leipzig.
(Ab.).
74. Rômisch-germaiisches Korrespondenzblail, ann. I, 1908; II, 1909;
III, 1910; IV, 1911; Trier, J. Lintz. (Ab.).
75. Silzungsberichte der Allei lumsgesellchaft Prussia, Hft. XX, 1895-
1896; Hft. XXII, 1900-1904; Kœmgsberg i. pr. 1896 et 1909.
(Don de M. A. BEZZEN'BKRGER).
76. Zeitschri;t fur Ethnologie, Organ der Beriiner Ges. f. Anthropologie,
Ethnologie u. Urgeschichte. Ann. XLI, 1909; XLII, 1910;XLIII,
1911 ; Berlin, Bebrend. (Ab.).
566 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Archives de la Commission.
CATALOGUE DES IMPRIMÉS
(7e Liste. — Langue anglaise).
[Ouvrages reçus, sauf mention spéciale, comme hommages d'auteur et donnés en nue pro-
priété à la Commission par M. A. Guébhard, qui les garde à la disposition de ses cor-
respondants.
Formats pet.-in-S° (23 cm. au plus).
1. E. L. BARNWELL. Craig-y-Dinas [coupure ex Archaeologia
Cambrensisl paginée 217-221, 2 pi.]. (Don de M. A.-L. LEWIS).
2. E. L. BARNWELL. Pen Caer Heien (coup, ex Archœeol. Cam-
brensis, 4 th. ser., vol. XI.V, 1883, p. 192-195, 2 pi.]. On y a
ajouté :
R. F. BURTON, 3 pi. dont 2 doubles : Sketch of the Castelliere
di Cunzi; The prehistoric village and Castelliere in Istria, resto-
red; Traccia dell'antico Castelliere chiamato di Monticelli, sito
nel circondario di Cervera, etc. [ex Anthropologia, vol. I, pi.
9-10] (Don de M. A. L. LEWIS).
3. Arthur G. CHATER and Albany F. MAJOR. Excavations at
Downend, near Bridgwater, 1908 [ex Proceed. of the Somerset
Archaeological and National Hislory Sy., vol. LV, 1909, part. II,
p. 162-174, 4 fig.
4. Dr D. CHRISTISON. The prehistoric fortresses of Treceiri and
Eildon [ex Archaeologia Cambrensis, ve série, vol. XIV, 1897,
p. 17-40, 9 fig].
5. David CHRISTISON. On some obscure remains in the parishof
Dailly, Ayrshire [ex Proceedings of the Sy. of Antiquaries of Scot-
land, vol. XXVI, 1891-2, p. 177-179, 1 fig.].
6. D. CHRISTrSON. The Forts, 'Camps', and other Field- Works of
Perth, Forfar and Kincardine Tex Proc. Sy. Anliq. Scotl., vol.
XXXIV, 1899-1900, p. 43-120, 56 fig., 1 cart].
7. D. CHRISTISON. Report on the Progress and Work of the So-
ciety during the past year [ex Proc. Sy. Antiq. Scotl., vol. XL,
1905-6, p. 3-9].
8. D. CHRISTISON. Forts on Whitcastle Hill, Upper Teviotdale;
and Earthwork on Flanders Moss, Menteith [ex Proc. Sy. Anliq.
Scotl., vol. XL, 1905-6, p. 15-22, 2 fig.].
9. D. CHRISTISON, D' Joseph ANDERSON and Thomas ROSS.
Report on the Society's excavations of Forts on the Poltalloch
Estate, Argyll, in 1904-5 [ex Proc. Sy. Antiq. Scotl., vol. XL,
1905-6, p. 259-322, 60 fig.].
10- COMMITTEE ON ANCIENT EaRTHWO^KS AND FORTIFIED ENCLOSURES.
Report presented to the Congress of Archœological Societies
10 th. July 1901, 1 p.; 1904, 4 p. et Appendix, 3 p.; 1905, 6 p.;
1906, 8 p. ; 1907, 15 p.; 1908, 15 p. ; 1910, 12 p.; 1911, 11 p.
(Don de M. A. G. CHATER).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 567
11-12. CONGRESS OF ARCILEOLOGICAL SOCILTIES IN UNION WITH THE SY.
of Antiquaries of London. Scheme for Recording Ancient
Défensive Earthworks and Fortified Enclosures, 1903, 22 p.,
nombr. fig. et plans, Londres, Harrison, suivi de Appendix II,
1905, 4 p,, 2 fig. — Le même, revisé en 1910, 23 p., nombr. fig. ;
Taunton, Wessex Press. (Don de M. A. G. CHATER).
13. C. W. DYMOND. Dolbury and Cadbury Camps [ex Proc. of the
Somersetshire Archaeological and Nalural Hislory Sy., vol. IX,
n. s., 1883, part. II, p. 104-116. 2 p!.].
14. C.-W. DYMOND. Ancient villages at Yanwath and Hugill [ex
Transactions of the Cumberland and ' Westmorland Antiquarian
and Archaeological Sy., vol. XII, 1892, p. 1-14, 2 plans; Kendal
T. Wilson]. *
15. C.-W. DYMOND. Barnscar : an aocient Seulement in Cumber-
land [ex Trans. ofthe Cumberland and Westmorland Antiq. and
Arch. Sy., vol. XII, 1892, p. 179-187, 1 pi.].
16. C.-W. DYMOND and H. C. TOMKINS. Plan of Worlebury,
coupure in-f°, pliée, 1880.
17. Chancellor FERGUSSON, C. W. DYMOND and H. S. COW-
PER. An ancient Village in Hugill [ex Trans. Cumberland and
Westmorland Antiq. a. Arch. Sy., vol. XIV, 1897. p. 460-469,
1 fig.].
18. Willoughby GARDNER. The ancient Hill-f'ortress on Pen-y-
Corddyn, near Abergele [ex Archaeologia Cambrensis, 1910, p. 1-
80, 42 fig., London, Bedfort Press]. 1 vol. rel.
19. Rev. Stephen D. PEET. The Mound Builders, their Works and
Relie?, 376 p., 1 vol. rel., nombr. fig, Chicago, 1892. [Acq.].
20. Otho B. PETER. The ancient earthfenced Town and Village si-
tes of Cornwall [coupure paginée, 107-119, 2 pi.].
(Don de M. A. L. LEWIS).
21. Francis W. READER and Horace WILMER. Report of the Red
Hills Exploration Committee, 1906-7 et 1907-8 [ex Procecd. ofthe
Sy of Antiquaries of London, 2d. S., vol. XXII, 1908, p. 164-214,
27 fig. et pi ; et vol. XXIII, 1910, p. 66-96, 13 fig. et pi.; London].
22. Thomas Johnson WESTROPP. The Cists, Dolmens and Pillars
ofthe Eastern Half ofthe County of Clare. I The Baronies of
Bunratty. II The Baronies of Tulla [ex Proceedings of the Royal
Irish Academy, vol. XXIV, sect. C. part. 2, 1902-4, p. 85-106,
17 fig., pi. V-IV et p. 107-132, 2 fig., pi. VII- VIII, Dublin,
1903].
23. Thomas JohnsonWESTROPP. The Cists, Dolmens and Pillars of
the Western Half of the County of Clare [ex Proc. fi. Irish. Ac,
vol. XX\T,sect. C, n° 16, p. 447-472, 3fig. pl.XXHI-XXV ; Du-
blin, 1907].
24. W. WYNN-W1LLIAMS, Pentyrch, Carnavonshire [coup ex Ar-
chaeol. Cambrensis, 4 th. ser., vol. IV, 1873, p. 154-157, 2 pi.].
(Don de M. A. L. LEWIS).
568 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
25. W. WYNN-WILLIAMS, Caer-Crini [coup.e* Arch. Gambr.k th.
ser., vol. XII, 1881, p. 307-315,2 pi.]
(Don de M. A. L. LEWIS).
26. (?) Miscellaneous Papers Relating to Anthropology [paginé 527-
686 contenant de nombreuses descriptions et figures d'encein-
tes préhistoriques américaines] .
(Don de M. M. IMBERT).
27. Smithsonian institution Bureau of ethnology. Bull. 31. Listof
Publications of the Bureau of American Ethnology, with index
to Authors and Titles; Washington, 1906.
Formats gr. 8° (25 cm. au plus).
28. A. G. GHATER, Earthworks of the Hill-Spur type [ex The Jour-
nal of the Br il. Archœological Association, 1909, p. 21-46. 8 fig].
29. George Grant Mac CURDY. Neolithic Dewponds and Cattle-
ways, by A. J. Hubbard and G. Hubbard. A review [ex Ame-
rican Anthropologist, N. S., vol. 7, 1905, p. 529-531 ; Lancaster,
Pa., U. S. A.
30. George Grant Mac CURDY. Anthropology at the Winnipeg
Meeting of the British Association [ex American Anthropologist,
vol. XI, 1909, p. 456-477]
31. David RANDALL-MacIver. The Rhodesia Ruins; their Pro-
bable Origin and Significance [in The Geographical Journal, vol.
XXVir, n°4, avril 1906, p. 325-347,7 fig. ; London, E. Stanford].
(Don de The Royal Geographical Society).
32. Thomas J. WESTROPP. Early Irish Forts, Recueil factice de
1891 à 1905, relié, comprenant :
Prehistoric Stone Forts of Northern Clare [ex The Journal of
the Proceedings of tht Royal Sy. of' Antiquaries of Ireland, Part
2, vol. VI, 5e série, 1896, p. 1*42-156, 363-369 et vol. VII, 1897,
116-127; nombr. fig.].
Prehistoric Remains in the Burren, County Clare (I. Carran,
and Kilcorney) [ex Ibid., vol. VIII, 1898, p. "52-366, nombr.
fig., 1 pi.] ; II. Kilcorney and the Eastern Valleys [IX, 1899,
p. 367-384, nombr. fig.].
Prehistoric Remains in North-Western Clare [XXXI, 1901, p. 1-
17 el 273-291, nombr. fig.].
Prehistoric Remains (Forts and Dolmens) along the borders of
Burren, in the County Clare I. The Eastern Border, [XXXV,
1905, p. 205-228, nombr. fig., 1 pi.]; II. West Corcomroe
[XXXV, 1905, p. 342-361, plus. fig.].
Robert Munro. Notices of Books : The ancient Forts of Ireland:
being a Contribution towards our Knowledge of their Types,
Affinities, and Structural Features, by T. J. Westropp, M. A.
Dublin, 1902 [XXXV, 1905, p. 419-429].
On Irish motes and early norman Castles [XXXIV, 1904, p. 313-
345, plus. fig.].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 569
33. Thomas Johnson WESTROPP. Noies ou certain Promontory
Forts in the Counties of Waterford and Wexford [ex Journ.
Proc. R. Sy. of Antiq. of. Ireland, Part 3, vol. XXXVI, i906,
p. 239-258, plus. fig.].
34. Thomas Johnson WESTROPP. Promontory Forts in the « Irrus»,
Couoty Clare. I. The Kilkec Group [ex Proc. Sy. Antiq. Ir. Part
3, vol.XXVIU, 1908, p. 28-47, plus, fig., 1 pi.] II. Loop Head
and Cross Group [XXVIII, 1908, p. 221-231, plus. fig.].
35. Thomas Johnson WESTROPP. Ring- Forts in the Barony of
Moyarta, Co. Clare, and iheir Legends. I. From Loop Head
to Garrigaholt [ex Proc. Sy. Antiq Ir., Part 3, vol. XXVI il,
1908, p. 344-361, plus, fig.]; II. Kilkée to Carrigaholt [XXIX,
1909, p. 113-126].
36. Thomas Johnson Westropp. Promontory Forts and allied Struc-
tures in Northern County Kerry. I. Iraghticonnor [ex Proc. R.
S. Antiq. Ir., XL, 1910, p. 6-31, plus, fig., 1 pi.]; IL Clanmau-
rice [XL, 1910, p. 99-131, nombr. fig., 1 pi.]; III. Corcaguiny
» (Brandon to Dunquin) [XL, 1910, p. 179 213, nombr. fig.]; IV.
Corcaguiny (The southern Shorej [XL, p. 265-296, nombr. fig.].
Formats au-dessus de 25 cm.
. The rev. J. O. BEVAN, James DAVIES and F. UAVERFIELD.
An Archaeological Survey of Herefordshire [ex Archaeologia,
1893, 16 p., 1 carte]. Westminster, Nichols, 1896.
[Don de M. A. L. LEWIS].
S. DENISON. Yorkshire Archseological Society's circular, with
Scheme for recording Ancient Défensive Earthworks and For-
tified Enclosures, Yorkshire Example (nombr. fig.) and Enqui-
ry Formular, 4 p. 33 X 21, Leeds, Dec. 1907. — On y a joint :
39. Schedule of Ancient Défensive Earthworks in the County of
York, as marked on the Ordnance Survey (excluding Wold
Dykes or Entrenchments) arrangée! numerically, 13 feuilles ti-
rées à part préventivement, pour révision de Victoria History of
Yorkshire ; Leeds, 1908.
40. W. A. DUTT, Some Récent Discoveries at Burgh Castle [in The
Antiquary, N. S. vol. V, n° 6, juin 1909, p. 210-213, 3 fig.; Lon-
don, Elliot Stock]. (Don de M. C. W. DYMOND).
41. C. W. DYMOND. The Cuit of the Neo Druidism : A Test-case
examinated [in The Antiquary, N. S., vol. IV, n° 12, Dec. 4908,
p. 447-448; London, Elliot Stock].
42. William HARRISON. An Archaeoiogical Survey of Lancashire
[ex Archxologia, 1894, 26 p., 1 carte] ; Westminster, Nichols,
1896. [Don de M. A. L. LhWIS].
43. A. L. LEWIS. Prehistoric Remains in Cornwall. ; II, West
Gornwall [ex Journal of Anthropological Imtitute of Gr. Br. a.
Ir., vol. XXXV, 1905, p. 427-434, 2 fig.]
44. A. L. LEWIS. On some Megalithic Remains in the neighbour-
hood of Autun (Saône-et-Loire), France, with some Observa-
tions on Lines of Standing Stones in Other Places [ex /. Anthrop.
Inst. vol. XXXVIII, 1908, p. 380-387, 1 fig.].
570 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
45. A. L. LEWIS. Some Stone Circles in Ireland [ex /. Anthr. Inst.
vol. XXXIX, 1909, p. 517-529, 5 fig.].
46. A. L. LEWIS. Notice sur Stonehenge and other British Stone Mo-
numents Asrronomically considérée, by Sir Norman Lockyer 2 d.
éd. London, 1909 [in Man, vol. X, n° 4, p. 61-62]. L'auteur y a
ajouté :
47. Stonehenge, Photographs by Mrs Catherine Weed Ward [coup.
ex. Englhh Illustrated Magazine, n° 196, Janv. 1900, p. 373-377,
8 fig.].
48. Stonehenge : the Story ofitsBuildingandits Legends. by Arthur
J. Ireland, 18 p., 6 fig., in-16, London, J. Henderson.
49. Duncan MACKENZIE. The tombs of the Giants and the Nuraghi
of Sardiniain their West European Relations [ex Memnon, vol.
II, fasc. 3, 31 p., 27 fig.; Leipzig, R. Haupt, 1909].
(Don de M. F. V. DICKINS).
50. W. R. PATON and J. L. MYRES. On some Karian and Hellenic
Oil-Presses [ex Journal of Hellenic Studies, vol. XVIII, 1898,
p. 209-217, 8 fig.].
51. G. Torrance STEPHENSON, Destruction of Britain's Oldest
Houses : owing to Quarrying on Penmaenmawr [coup, ex The
Sphère, 19 nov. 1910, p. 174-175, 3 fig.].
(Don de M. A.-L. LEWIS).
52. W. F. de VISMESKANE, The Black Pig's Dike : the ancient
Boundary Fortification of Uladh [ex Proceedings of the Royal
Irish Academy, vol. XXVII, sect. C, p. 301-328, 2 fig. pi. XVI;
Dublin, Hodges, Figgis and Co., 1909].
(Don de M. T. J. WESTROPP).
53. Thomas Johnson WESTROPP. Types of the Ring-Forts and
similar Structures remaining in Eastern Clare. I. The New*
market Group [ex Proc. R. Ir. Ac. vol. XXVII, 1908, sect. C,
p. 217-234, plus, fig-, pi. 1X-X; Dublin, 1908]; II. Quin, Tulla,
and Bodyke [XXVII, p. 371-400, 8 fig., pi. XVII, Dublin, 1909].
54. Thomas J. WESTROPP. A St Jy of the Fort of Dun Aengusa
in Inishmore, Aran Isles, r 'and : its Plan, Growth, and Re-
cords [ex Proc. R. Ir. Ac, -oi. XXVIII, sect. C,46p., 8fig.i
3 pi. ; Dublin, 1910], relié to 3.
55. Thomas Johnson WESTROPP. A Study of the Early Forts and
Stone Huts in Inishmore, Aran Isles, Galway Bay [ex Proc. R.
Ir. Ac, vol. XXVIII, sect. C, p. 174-201, plus, fig., pi. V-VII;
Dublin, 1910].
56. Thomas Johnson WESTROPP. Notes on the Larger Cliff Forts
of the West Coast of County Mayo [ex Proc. R. Ir. Ac, vol.
XXIX, sect. C, p. 11-33, 4 fig., pi. VI; Dublin, 1911].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 571
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Sur les anses verticales
mal ti forées horizontalement.
PAR LE
Dr A. GUÉBHARD Saint-Vallier-de-Thiey, A. -M).
{Fin) (1).
Certes on y peut voir un développement de l'anse à deux
trous, comme, dans celle-ci, de l'anse simple; mais l'une et
l'autre de ces dernières sont primordiales, universelles,
et on les voit en tous lieux, dès les temps les plus primi-
tifs, immédiatement liées aux premiers procédés de suspen-
sion funiculaire.
Il est vrai qu'à l'inverse de ce qui s'observe pour le trou
de suspension foré en tubulure verticale, qui est moins
commun que l'horizontal, les cas de simple doublement de
celui-ci sont beaucoup plus rares que ceux de multiplication
de l'autre. On conçoit en effet que les liens circulaires
entourant horizontalement la panse du vase n'aient nulle-
Fig. 60. Echelle: 1/3. — « Vase présentant
l'aspect de deux vases placés l'un sur l'autre,
et muni, pour cela, de deux paires d'aubes
Terticales. Entre ce les-ci, sur la panse, se
▼oient, de chaque rôle, deux mamelons. Les
bords étant brisés, on ne peut connaître la
hauteur primitive: actuellement, elle esi de
0"105. » Christos Tsocktas, Les acropoles
préhistoriques de Dimiui et Sesclon (en
grec), gr. in-4° de 424 col., 312 flg., 27 pi.;
Athènes, 1908 (v. fig. 2C0 et col. 275).
'Fig. 60.
ment eu besoin d'être multipliés autant que les cordelettes
chargées de tout le poids du récipient; et que des anses
comme celles de M. L. Siret (Fig. 56 et 59) ou de la
curieuse petite olla néolithique de Dimini (Fig. 60), qui imite
deux marmites mises l'une dans l'autre, aient eu plutôt pour
but de prévoir la rupture de l'une des boucles que de les
utiliser toutes deux. Pourtant l'espèce de rainure qui marque
dans ce dernier cas, leur séparation surtout le pourtour du
bocal avait certainement un Dut, puisque nous la retrouvons
en toutes sortes de pays où il n'est pas supposable qu'elle
(Il Afin d'épargner à d'excellents confrères la juste susceptibilité de croire crue la
longueur de ce mémoire les frustre d'une place bien méritée, mais que les exi-
gences du budget social forcent à ménager, je me sens amené, quoi qu'il 'm'en
coûte, à déclarer, une fois pour toutes, que toutes mes publications données au
Bulletin le sont dans le sens littéral de ce mot, c'est-à-dire entièrement à mes frais,
en supplément à la publication normale fixée par le Conseil.
572 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ait été importée: au Nouveau-Mexique, par exemple, sur une
poterie préhispanique qu'on pourrait dire identique à celle
de Thessalie si sa paire d'anses n'était simple (1); en divers
points de l'Allemagne, sur des poteries d'entre Bronze et
Hallstatt, à une ou deux anses simples, que M. Brunner, en
les comparant, comme nous, à deux vases mis l'un sur l'autre,
a baptisées « vases à étages » (2); enfin, pour rentrer dans
notre sujet, sur la plus extraordinaire de ces créations de
cerveaux primitifs (Fig. 61) : une anse en oreille verticale très
saillante, échancrée à son extrémité en queue d'aronde et
percée horizontalement de deux trous vers son bord, puis
d'un troisième à sa base, dans la ligne de la gorge, évidem-
ment réservée au passage d'une corde (la figure est aux 2/3).
Fig. 61. Echelle : 2/3. — «Remarquable fragment d'un vase en
terre noirâtre, ornementé et garni d'un double mamelon trans-
p rcé de trois trous intentionnels, régulièrement disposés. Le
plus grand irou longe la paroi de la poterie; les deux autres
perforations se rapprochent des extrémités du mamelon. » Mar-
cel de Puïdt, Fonds de cabanes néolithiques de Niva et de
llassettge, Mém. Soc. d'Anlhrop. rie Bruxelles, t. XXIII, 1903-4,
20 p., 5 pi (v. pi. IV, t. 2). C'est d'après une photographie
laite spécialement à notr.- intention, que M de Puydt, avec une
grande obligeance, nous a permis de faire ressortir, encore
mieux que dans sa belle publication, la particularité qui nous
intéresse.
Fig. 61.
Ceci donc nous ramène aux anses proprement funiculaires,
et au simple trou étroit, percé dans la paroi même du vase
uniquement destiné à la fixation d'un lien, qui fut certaine-
(1) James Stevenson, Jllustrated Catalogue of the collections oblained front the
Indians of New-Mexico and Arizona in 1880, Annual Rep. of the Bureau of Etbno-
logy of Smithsonian Institution, 2J Rep. 1880-'l. Washington, 1883, p. 391-422,
Fig. 338-697 (v. p. 416 et Fig. 674). « Vase n<" 39.650, de pâte noire, avec large
orifice, à bord festonné. Grosses anses de chaque côté, près du haut, bond
ovale avec une cannelure imprimée tout autour, à mi-hauteur du vase. Dans
certains vaisseaux de cette forme, celte dépression a pour but de retenir la
corde avec laquelle le vase est transporté ». Hauteur, environ 0m13; diamètre à
l'ouverture, 0m09: au plus large, sous la dépression, 0m15.
(2) K. Brunner, Vorgeschichtliche Funde in Bayern, Nachricht. d. deutsch.
Altertumsforschung (Ergzsbl. z. Ztschr. f. Ethnologie, XXXV, 1903), p. 38-44,
22 fig. (v. p. 42, fig. 21). Dans le croquis donné par l'auteur, l'anse unique,
assez mince pour un pot de 0 m. 25 de hauteur et 0 m. 225 de ventre vers le bas,
est à cheval par dessus la rainure. L'auteur donne (p. 43) la bibliographie
d'assez nombreux cas analogues. Mais, vérification faite, on y reconnaît vite ce tra-
vers auquel pousse la facilité de composition des mots dans la langue allemande,
de prendre pour un lien de famille réel le rapprochement verbal que créa le
hasard d'une commune étiquette, puis de vouloir étendre cette famille au delà de
toute vraisemblance. Ne voit-on pas un auteur (A. Voss, Eine seltene Urnenform,
Verhandl. Berl. Ges., VIII, 1876, p. (94)-(97), 7 fig. ; v. pf 96, fig. 5), essayer
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 573
ment — nous développerons cette idée dans un autre tra-
vail, en préparation (1) — le point de départ de toutes les
autres formes d'anses.
Aussi bien est-ce sur les poteries les plus primitives que
nous trouvons le doublement du trou funiculaire horizontal.
Le musée de Carnac (Morbihan), nous donne la forme néoli-
Fig. 62. Fig. 63.
Fig. 62. — Vase apode à trois anses verticales biforées, trouvé dans la lande de Pusso, entre les
alignements de Kermario et le tumulus de Saint-Michel de Carnac. en 1888 (Musée de Carnae,
Morbihan;. Nous devons a l'obligeance de M. Z. Le Rouzic la photographie qai nous a permis
de mettre en évidence, ne fût-ce que par un croquis sommaire, cet intéressant cas inédite
Fig. 63. — Tesson néolithique de la palaOtte de Haumessergrund près Wollishofen (Suisse).
[D' Jakob Heibrli, PfahibautenJX. Berkht, Milt. d. Antiquansch. Ges. in Zurich, t. XXII,
1888. p. 33-98, XXI pi. (v pi. VIII, 8\ Sur la même planche, mais moins visible, est repré-
sentée (flg. 11) une véritable anse « en B » de la même provenance, et M. Heierli, que je re-
mercie vivement île l'obligean;e avec laquelle il a répondu à mes demandes de renseignements,
me signala qu'en outre d'un vase entier dn même genre, à décor géométrique, avec la même
anse, le Musée national de Zurich possédait encore un autre vase entier de ce genre, provenant
d'Auvcrnicr 'v. fig. 11-li). Depuis lors, j'ai retrouvé un autre exempl* palafittique dans
V. Gross, Les Protohelrêtes ou les premiers colons sur les bor!s des lacs de Bienne et Neu-
chdtel, gr. in~4«, 116 p., XXIU pi.; Paris, Baer, 1883 (v. pi. XXXXl, 10) Preuve de l'anti-
quité préhistorique d'une conception simple qu'il n'est pas étonnant de voir se reproduire sou-
vent à travers les âges.
thique de la Fig. 62, à trois petites oreilles percées de deux
trous. Des palatittes, où les récipients destinés à puiser l'eau
devaient être particulièrement bien attachés, nous trouvons,
sur un petit tesson de Wollishofen [Fig. 63; deux gros bou-
tons biforés, indice qu'il y en avait au moins quatre, sinon
davantage, remplaçant la couronne de petits trous qui en-
d'appnrenter à celte famille, sous prétexte qu'il y a deux petites anses à l'enco-
lure, la forme commune de vase constituée par une sphère surmontée d'un cylin-
dre droit, ou vulgaire bouteille à col large ? Mieux que cela, un autre ne se
demande-t-il pas sil ne faudrait pas faire rentrer dans les >< Elagengefaesse » un
cylindre absolument droit, sans la moindre inflexion dans sa génératrice verticale,
mais où un banal décor de cercles se répète deux fois dans la verticalité, au rez-
de-chaussée et au premier t étage » ? Fatal entraînement du mol, qui fait oublier
que l'idée première du vase à étages ne fut point, selon toute probabilité, d'ordre
technique, mais plutôt inspirée par la vue de la variété de courge, dite gourde de
pèlerin, qui est commune dans les pays chauds et qui, avec sa gorge étranglée à mi-
hauteur, semblant faite exprès pour être suspendue, légère, au dos du voyageur,
fut copiée, originairement, telle quelle, en Grèce comme en Amérique [Cf. William
H. Holmes, Origin and development of form and ornament in ccramic art. IV th,
Ann. Rep. of the Bureau of Ethnol. of Smilhsonian Institution, 1882-'83, p. 437-465,
fig. 464-489], puis se répéta sporadiquement à toutes sortes d'époques, en toutes
sortes de lieux, sans qu'il soit possible de trouver sérieusement un lien quelconque.
L'Album Caranda (Suppl. au fasc. de 1888, pi. 104, nouv. sér. fig. 2) montre encore
au moyen-àge une jolie cruche mérovingienne de ce genre, à bouche tréflée.
(1) Sur les Anses funiculaires, Congr. Préhist., VIIe session, Nîmes, 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 37
57-i SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
toure si souvent le pourtour des vases lacustres. Un tesson
de M. Golini (Fig. 69), analogue à un autre de Bollwiller
(Alsace), représenté Fig. 64, provient d'Une grotte dont le nom
AU' Onda dit bien que le voisinage de l'eau y jouait un grand
rôle.
M. J. Pagès-Allary, dans la couche inférieure, à haches
polies, de ses belles fouilles de Ghastel-sur-Murat a trouvé,
parmi plusieurs cas de boutons forés olivaires absolument
semblables à ceux qu'on voit souvent, géminés verticale-
ment, dans les palafittes italiennes (1), un cas tout à fait eXCep-
Fîâr. 64'.
big. 65.
Fig. 66.
Fig. 64. ->• c Fragment d'un pot d'assez grande taille muni iI'ubc oreillette perforée de deux trous
superposés... peu saillante, mais à perforations nettement découpées. La couleur est franchement
rouge brique sur toute l'épaisseur et les parois suffisamment bien dressées pour qu'on se de-
mande si le vase n'a pas été fait au tour... Pour MM. Dblbos et Collignon (Revue d'Anthro-
pologie,^ série, t. III, p. 385), cette poterie serait bien plus moderne, peut-être romaine. »
Mais l'auteur n'incline pas pour cette opinion et croit qu'il s'agit seulement de différences vou-
lues de cuisson, dans un atelier préromain [Dr Bleicheh, Contribution à L'étude : 1° de la Céra-
mique préromaine; 2° des matières premières usitées par les populations anciennes de l'Alsace
de la Lorraine, du Nord de l'A/rique. Matériaux p. une étude préhistorique de l'Alsace (Extr.
du Bull. Soc. Hist. nat. de Colmar, 1886-8, V» publication, p. 67-127 (v. p. 83 et pi. VII, 2)].
Fig. 65. Echelle : 1/5 . — Grolte de Barriera près de Catane. « Couvercles de forme singulière
mais pas inconnue, munis de trous pour la ficelle qui les attachait au vase correspondant. »
Paolo 0*s\,Necropoli e stazioni êicuie di transizione, Vil. Bull, palttn. it., ann. XXXIII,
1907, p. 53-99, 42 fig. (v. p. 70 et fig. 10J.
FigT 66. Echelle : 1/5. — « Il e«t incertain si l'anse bioculée et pontée de la fig. 20 doit être
rapportée à la première ou à la seconde période de l'industrie sicule. > P. Orsi, Op. cit., p. 75
et fig. 20, p. 66.
tionnel de deux canalicules horizontaux ménagés l'un au-des-
sous de l'autre dans une longue et large applique verticale.
Quoique encore plus rare, on trouve, en des pays très
éloignés, et sur des poteries très primitives, le cas de bour-
relets verticaux triforés horizontalement : en Espagne
(1) Abbate Giovanni Ranchet e Prof. Innocenzo Regazzoni. Le nuove scoperte
preistoriche ail Isolino del Lago di Varese, Atti. Soc. it. d. Se. natur., vol XXI,
1879, p. 369-397, pi. VIII-XIII (v. pi. 8, fig. 11-12 et pi. 9, fig. 1 à 5). Nous comp-
tons donner plusieurs figures de pièces analogues dans notre étude plus générale,
en préparation Sur les anses funiculaires.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
573
[Fig. 68), dans l'Aude française [Fig. 67), en Italie [Fig. 69).
L'étroitesse des trous ne saurait laisser de doute sur leur
âge lun iculaire.
Fig, 67.
Fig. C8.
Fig.
Fig. 61. Echelle: 1/5. — Anse de Cannes (Aude). Germais Sic\rd, La grotte sépulcrale dite
Balmo dal Carrât, Caunes {Aude\. L'Anthropologie, t. I, 1890. p. 506-509, 15 fig. (t. fig. 6,
p. 508 . Il n'est pas absolument certain, d'après le dessin, qu'il y eût bien trois trous, ni que
la position fût verticale et i'antenr, qni a bien voulu rechercher la pièce, sur notre demande, n'a
pu la retrouver pour préciser sou souvenir.
FiV.68. Echelle: 1/5. — Anse de îa Grotte de la Femme, près de Grenade Espagne . « Les
anses sont très variées. L'ouveiture se réduit parfois à un trou d'à peine 0"003 de diamètre.
L'anse représentée pi. VI, fig. 7, est formée de trois de ces trous, et la fig. 1 de la pi. II est,
de même, formée de trois trous, mais beaucoup plus gros, car dans chacun peuvent entrer trois
doigts de la main, sans difficulté . » G. M. Phersc*, La Cuera de la Muger, description de una
carema conteniendo reslot prehistot icos descubierta en la* tnmediaciones dé Alhamade Granada.
Revissa Médica, 18*0. 4 p., 10 pi., gr. in-4% Cadu, F. Joly y Velasco ; 2» partie, 1871,7 p„ 9 pi.
[t. 1" partie, pi. VI, fig. 7 et pi. II, tig. 1; cette dernière, en grandeur naturelle, est énorme
par rapport à l'autre, mais semble bien se rapporter aussi à une anse verticale, attachée près du
bord du récipient].— Un résumé de la première partie de cette belle fouille néolithique a été
donné, avec une planche, par G. di Mortillet, Matériaux pour l'histoire primitive de l'Homme
VI- ann., 1870. p. 517, pi. XXI (v. fig. 12).
Fig. 69. Echelle : 1/5. — « Parfois l'anse est formée d'une protubérance verticale aplatie, avec un
ou deux trous transversaux pour y passer les ficelles à suspendre le Tase. > G. A. Colini, L'era-
mica neotitica délia grotla Air Onda nette Alpi apuane iLecce,, Bull, paletnol. it., ann. XXVI,
1900, p. 196-S02, pi. VI-VII (v. pi. VII. 1 et p. 198).
/•!</. 70. Echelle : un peu plus de 1/5. — * Vase de Marino, au
Musée archéologique de Parme. Hauteur 0-13: diamètre vers
le milieu, environ 0"11 . Aucune poterie de ce slyiv n'a été trou-
vée à Golasecea, Villanova ou Bologna, dont tous les autres
produits ont avec ceni d'Albano Marino) une telle analogie
qu'ils permettent l'at'.ribution à l'âge du B olzc des deux
pièces qui, avec eelle-ci, font exception. » PicoRm et Libboce,
Op. cit., pi. X, fig. 3 et p. 113.
Hg. 70.
Mais, parfois, la ficelle elle-même pouvait avoir un autre
but que la suspension. Nul doute, par exemple, que les trois
trous percés vers chaque extrémité de la singulière pièce
sicule (tellement singulière qu'on l'avait prise d'abord pour
une lampe !) publiée par M. Paolo Orsi [Fig, 65', n'aient été
destinés à rattacher à quelque gros récipient son couvercle.
Inversement, c'était, sans doute, à retenir un bouchon qu'é-
taient destinés, sur la petite bouteille étrusque de la Fig- 70,
576 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
les deux trous de l'anse inélégante qui, largement percée,
eût été moins disgracieuse mais qui, pourtant, dut avoir sa
raison d'être, puisque nous la retrouvons telle quelle au
milieu d'une double rangée de vases funéraires de la Prusse
orientale (Fig. 71).
Et, dans ce pays encore, nous retrouvons, sous une forme
bien originale, une variété d'anses verticales à perforations
horizontales dont il se voit des exemples en toutes sortes
d'autres parties du monde : c'est celle qui, matérialisant
l'idée anthropomorphique d'après laquelle, en tous lieux et
en toutes langues, furent empruntées au corps humain les
désignations du langage céramique : bouche, oreille, patte,
col, épaule, panse, pieds..., fond..., voulut donner une figure
à ce corps sans tête et faire représenter aux anses sail-
lantes l'aspect de véritables oreilles, munies de tous leurs
anneaux.
pig.~\ . — Dans une chambre funéraire en p erres, de 10 pieds île longueur sur 3 à 4 de largeur,
creusée dans le sable de Lindenberg (Prusse orientale), sur 15 urnes, en deux rangées, qui se
rencontrèrent intactes, avec lenrs couvercles, une seule portait une anse, en forme de disque
mas-if, réunissant le ventre de la cruche à son col, et percé de deux trous [Dr H. Dewitz,
Altertlmmsfunde in Westpreussen, Silzsb. d. phys.-œkon. Ges. zu Kœnigsbcrg, XV, 1874, p. 19-
24, 4 fig. (v. p.a3, lig. 3;].
Il nous a paru intéressant de vulgariser par l'image quel-
ques-unes des urnes-figures de la Prusse occidentale {Fig. 72-
81) puisque, aussi bien, elles fournissent mieux que jamais
la démonstration de l'usage de ces trous multiples, qu'on
trouve, trop souvent, privés de leur accessoire normal. Là-
bas, les cas soni nombreux de boucles d'oreilles restées en
place et quand on voit la diversité du nombre des trous qui
leur étaient destinés, on peut se demander si cela n'était pas
en corrélation avec quelque rite de hiérarchie mortuaire,
l'oreille étant apparemment la partie fondamentale de la
figuration, comme le montre l'urne de Rantau (Fig. 81), forme
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
577
Fig. 72
Fig. 74.
Fig. lia.
Fig. 72-74. Echelle : ?/2\ — Urnes-figures de Friedensau près Pelonken. Cinq urnes de te
genre de couleur rougeâtre, lustrées, plus ou moins tachées de gris, dans autant de cistes sous
tumulus, dans un rayon resireint. Trois seulement purent être sauvées. Musée de la Xaturforsch.
Getellschafl de Djnzig. ;Prof> D^ G. Bbre>dt, Nachtrag zu den Pommerellischen Cesichts-
urnen. Schriften d. physikalisch-œkonomischen Ges. zu Kœnigsberg in Pr. (Abhandlungcn),
XVIII* ann , 1877, p. 113-160, pi. I-V (v. pi. IX, fig. 41-43, et p. 134)].
Remarquer au numéro 41 l'avancement des oreilles par rapport au plan diamétral, au nu-
méro 42 la petitesse de ces oreilles, pas percées, mais moins schématiques que d'ordinaire, et
au numéro 43, montré sous ses deux faces, pour faire voir postérieurement ce qu'on a inter-
prété comme une tresse, les grandes boucles d'oreilles en plaça, l'inférieure garnie de deux
perles d'ambre, la moyenne d'une seule, et la supérieure d'une perle de verre bleu.
Fig.To--l. Echelle ; 2/15. - (Beresdt, Op. cit., pi. VII, 58, 36, 44 et p. 146, 120, 137). —
75. — Grande urne de Sampohl an d. Brahe, en terre lissée, noire. Au Musée royal de
Berlin. H. 0-29, sans le couvercle.
76. —Urne de Pr. Stargardt, au Musée provincial de Kœnigsberg. Pas de boucles dans les
trois trous d'oreil'e. Remarquer, quoique point exceptionnelle, l'absenee de bouche et la facture
des yeux, imprimés en petits cercles avec le même instrument qui ■* fourni la décoration poin-
tilUe de la ceinture sur la panse. H. 0m32.
77. — La seule sauvée de 16 urnes que contenait une ciste éventrée par la charrue à
Sascoczin. Les oreilles, qui ont conservé leurs anneaux à perle* d'ambre et de verre bleu,
laissent voir qu'elles furent rappliquées après coup sur le vase déjà façonné, non par simple col-
lage, comme d'ordinaire, mais au moyen d'un bouchon d'argile enfoncé dans un trou du col. —
Musée de la Soc.d'Hist. nat. de Danzig.
578 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
dégénérescènte de la Prusse orientale, aux extrêmes confins
de la zone de dispersion, où, n était l'avancement tout à fait
caractéristique des anses par rapport au plan diamétral, il
pourrait paraître bien hardi de prendre pour une représen-
tation du nez, en l'absence de rien qui représente soit la
bouche, soit les yeux, le petit trait vertical isolé à égale dis-
tance des oreilles percées.
Fig. 78.
Fig. 78-79. Ëehetle : 2/15. — [BïitENivr, Op. cit., pi. VII, 35 et 40, p. 128 et 129].
78. —Urne de Neuburg près Liniewo, noire et gris lustré, intéressanle parce qu'une seule
subsistant de ses oreilles, anormalement anguleuses, longues de 0m035, et percées de cinq trous,
l'emplacement de l'autre et celui du nez, également disparu, laissent voir commcntjces pièces
avaient été simplement collées après coup. Deux simples fossettes marquent les yeux.
"9. — « L'urne impériale », ainsi dite parce qu'elle provient, sans indication d'origine, des
collections <le Frédéric Guillaume IV a Sans-Souci. Actuellement au Ma»rkischc Muséum de
Berlin. Remarquable par le bout de chaînette resté attaché aux boucles d'oreille et qui, proba-
blement devait faire collier, comme dans deux urnes connues, l'une de Dirschau (Op. cit., pi. V,
2\ l'autre de Goschin ,pl. IV, 28). Les dessins étaient incrustés de blanc sur fond noir.brillant.
La forme déprimée de la panse semble caractéristique ries poteries de Dirschau. La grandeur
ries quatre tious de chaque oreille rapproche particulièrement ce cas des anses polypodes dont
il a été qucition au début de cette notice.
Fig. 80. Echelle: 2/15.
Fig. 81. Echelle : 2/15. — Urne-figure de Rantau, la première trouvée aussi loin du centre de la
Basse-Vistule, dans la province de la Prusse orientale; type aberrant, se distinguant de celui de
la Prusse occidentale par la réduction à sa plus simple expression rie la schématisation du vi-
sage, dont il ne subsiste, outre le nez, réduit à un simple trait et sans apparence d'yeux, que les
oreilles percées, placées en avant d'un plan diamétral. Le rouvercle aussi se distingue à la fois
par sa forme, qui n'est plus en calotte, et par la position centrale du trou unique, remplaçant le
triangle de trous excentriques, de règle dans le type originel. Mais il s'agit évidemment d'une
émanation divergente de celui-ci, et ce vase, trouvé, avec d'autres, dans une ciste de pierres du
grandeur exceptionnelle, peut être daté, comme les autres, très approximativement, de la fin de
V» ou commencement du IVe siècle av. J.-C. [Dr Tischler, Eine (lesichtsurne aus Oslpreussen.
Corresp.-Bl. d. deutschen Gcs. f. A., E. u. U., t. XXI, 1890, p. 135-136, 1 fig. — Profr
D* Jentsch, Bericht ûb. die Verwalt. u. Vermekrung lier archœul. Sammlungcn des Provinzial-
Museums, in den Jahren 1890-1891. Schr. d. phys.-œk. Ges. Kœnigsbcrg (Stzsb.), XXXIII,
1892, p. (26)-(83), 21 fig., pi, IV (v. fig. 19, (p. 35)].
Ce qui tendrait encore à prouver l'importance cardinale
attachée à l'oreille dans le vase funéraire, c'est la trouvaille
faite par le Dr J. L. Pic, en Bohême, à Hanin, dans une se-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 579
pulture du xic siècle, d'une oreille de cette sorte (1), détachée
du vase, mais portant encore cinq pendants, avec un seul
trou vide. Butin de campagne, sans doute, car l'aire de pro-
pagation des urnes-figures ne descend guère au-delà de la
Silésie que vers l'extrême Nord de la Hongrie, sans en attein-
dre le Sud. Aire parfaitement délimitée, comme celle des
anses polypodes, mais à la province de l'Ouest plutôt que de
l'Est, et pas du tout identique, malgré le trait d'union évi-
dent qu'établit, à défaut d'autres raisons, l'urne dite impé
Fig. 8-2.
Fig. 83.
Fig. 84.
Fig. 82. Echelle : Enr. : 1/5. — Vase en poterienoirc lustrée du cimetière préhistorique de Lands-
berg a/W. Au Musée d'Ethnologie de Berlin. « De la tête déprimée se détachent deux lobe-
d'oreilles percées où devaient être fixés probablement des anneaux de bronze. > [Fklii Hobus,
Die DechseUr Cuil. Figur., VerhandI. d. Beil. Ges. f. A., E. u. U., 1902, p. (50)-56J, 3 fig.
(t. p. 51)].
Fig. 83. Echelle : 1/10. — « Vase cinéraire (canope) en forme de tête humaine et muni de bras
mobiles. Le n'eipient, destiné à contenir les cendres ou les ossements desséchés, a la (orme
d'une amphore à deux anses plates verticales, dans lesquelles sont engagés deux bras qui
sont fixés au moyen de fiches en bois ou en métal passées dans des trous correspondants. La
tête coiffe le vase comme un couvercle... Les lobes des oreilles sont percés d'un trou pour re-
cevoir des pendeloques. Le sommet de la tête porte aussi un grand troa circulaire... Une petite
anse verticale est soudée a l'occiput. La tête peut être filée sur le goulot du vase au moyen de
fiches passant dans des trous correspondants... Haut. 0-50 [Inv. N 4835 et MN 1161». Pas rie
provenance connue. Sans doute l'Eiruric. » E. Pottiir, Vases antiques du Loutre, gr. in-4»,
156 p., 102 pi., Paris. 1897 (v. pi. 35, salle D, 162 et p. 41).
Fig. 84. Echelle : 3/20. — « Vase en terre, colorié de rouge et de blanc sur fond jaune, de la
vallée moyenne du Mississipi. Hauteur : 10 pouces 1/2. > \V. H. Holmes, Op. cit., pi. XXXIX
(en couleurs) et p. 101.
rude (Fig. 79), où l'anse n'essaie même pas de rappeler la
forme de l'oreille, mais se borne à multiplier les trous en
crémaillère, exactement comme dans nos figures 1 à 7.
(I) Dr J. L. Pic, Kosirové hroby z prvé doby Kreslanské, Starozilnosti zemé
ceské, Dil. III, 1909, Svas. I, col. 73-200, fig. 30-96 (v. col. 78 fis- 31
(1) Op. cit., loc. cil.
580 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUEFRANÇAISE
Aussi, pas plus que pour ces anses-là, ne nous semble-t-il
utile de rechercher une influence venue de loin. En admet-
tant même que ce soit par le grand souffle de la civilisation
d'Orient qu'ait été colportée l'idée première, pourquoi le
germe, semé en chemin, n'en aurait-il pas prospéré, pareil-
lement ou d'autre façon, ailleurs, par places, en jalonnant
nettement la route ? Sans doute on peut trouver avec les
urnes-figures de Troie, ou la prétendue « tête de chouette »
chère à Schliemann, quelques analogies; mais ce ne sont
pas seulement des myriamètres de distance, ce sont des
millénaires d'âge qui les séparent, même si l'on recule les
urnes prussiennes au commencement plutôt qu'à la fin de la
Tène, comme y inclinait Virchow (1). Voudra-t-on, comme
l'essaya celui-ci pour les anses multiforées, se rejeter sur
une ressemblance italiote ? Il suffirait, pour se détromper,
de jeter un coup d'œil sur les planches où M. K. Schuma-
cher (2) vient de réunir des séries d'urnes-figures de l'épo-
que romaine, où, la face occupant toute la panse, y prend
des rotondités lunaires et des boursouflures batracoïdes sans
grand souci du rendu de l'oreille et sans aucun rapport
avec le faire de la Basse- Vistule. Que sera-ce si l'on se re-
porte aux célèbres vases-canopes des tombe a zirode Chiusi
{Fig. 82) où le couvercle seul est façonné en forme de tête
mobile et tout le reste machiné avec un souci de vérité
ne se bornant pas à représenter l'oreille, mais imitant ses
boucles en terre lorsqu'elles ne devaient pas être ajoutées
en bronze ?Quel abîme entre la grossière technique du Nord
et ce style italique si spécial, où M. L. A. Milani (3) a pu
suivre tout le développement de l'art du portrait en Etrurie?
Le Dr J. Undset lui-même (4), tout en ne rejetant pas abso-
lument la possibilité d'une origine sémitique et orientale,
convient qu'il est bien difficile d'admettre un lien entre la
(2) K. Schumacher, Gesichtsgefaesse rômischer Zeit, Altertttmer uns. heidn.
Vorzeit, Bd. V., Hft. X, 1908, p. 342-7, pi. 59.
(3) Lxjigi A. Milani, Monumenti etruschi d'uso cinerario illustrati per serf ire a
una sloria del ritratlo in Eiruria, Museo it. di antichità class., vol. I, 1885, p.
289-344, pi. VIII-XIII (v. p. 337 et pi. VIII, 5, VIII a, 14). Un vase, représenté
pi. XII, 1, montre comme deux épaulettes, constituées chacune par un dragon,
enroulé en huit. Cela donne l'anse bi-oculée, ou en B, que nous avons vue sur
des poteries de tous âges et de tous pays, sans qu'il y ait davantage lieu de la
faire venir du serpent étrusque que du quadrupède caucasique. De même qu'il
serait absurde d'attribuer une origine herpétomorphe à l'anse à trois trous de
Platénice, sous prétexte qu'il en a été fait de ce genre ^Montelius, It. centr.,
pi. 215, 3) formées par un véritable enroulement serpentin.
('t) Dr Ingwald Undset, Ueber italische Gesichtsurnen, Ztschr. f. Ethnol., Bd.
XXII, 1890, p. 104-145, 38 fig. (v. fig. 21, 23).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 581
mode étrusque et celle de la Baltique (1) et c'est bien notre
impression, même en mettant en compte la poterie excen-
trique, d'aspect larvaire, à tête fœtale, de Landsberg (Fjg-. 83),
qui constitue, en Prusse même, une anomalie sans pendant,
traitée, à cause de cela, de « rituelle », alors que le Tennes-
see, aux Etats-Unis, fournit toutes sortes de variantes du
bonhomme accroupi enterre polychrome dont nous donnons
[Fig. 84) un croquis, d'après une belle planche en couleurs
de W. H. Holmes.
Mais eut-on l'imagination de M"e Sophia von Torma (2)
qui arrive à donner à chaque vase-figure un rôle déterminé
dans le culte astral, ce serait en vain qu'on chercherait en-
core d'autres rapprochements plus ou moins forcés : ils ne
serviraient qu'à faire ressortir partout le caractère étroite-
.
Fig. 85. Echelle : 3/20. — « Remarqua-
ble nrne-tigure en terre ; probable-
ment un portrait ; trouvée à Blythes-
ville, Arkansas, provenant d'un tu-
malus délavé par les eaux. Collection
H. M. Braun, East Saint -Louis,
Illinois. Vues de face et de profil. >
Warri* K. Moorihead, Thé Stone
Age in Ameiica. 2 vol. gr. in-8«
carré; vol. I, 458 p., 398 fig.; vol.
11,418 p., fig. 399-723. Bostox et
New-Yorb, 1910 (v. p. 2&V fig. 682).
Fig. 85.
ent régional du développement d'une idée élémentaire,
absolument sans patrie, susceptible d'éclore spontanément
aux points lès plus opposés du globe, mais d'y prospérer
différemment, en évolution divergente, suivant l'influence
du milieu.
Les urnes-figures et les vases à anses polypodes ont une
zone commune. Les unes cependant ont marché à l'Ouest,
les autres à l'Est.
De l'autre côté de l'Atlantique, quelle différence entre les
Précolombiens du Pérou qui ajoutent à une schématisation
de corps bien complet une schématisation de tête, à même le
cou, et les Pueblos du Nouveau-Mexique qui, supprimant
totalement le corps, modèlent une tête d'un tel réalisme qu'il
a fallu regarder de très près pour s'assurer qu'il ne s'agis-
sait pas de moulages directs post morteml Les figures 85 à
88 reproduisent schématiquement quelques-uns de ces types,
(1) Id. — Op. cit., p. 143.
(2) Sophia t. Torma-Boos, Ueber Thraco-Daciens symbolisirte Thonperlen, Son-
neraeder u. GesichUurnen, Corr.-Bl. d. d. Ges. f. A., E. u. U., XX, 1889, p. 11-14,
19-22, 28-29 (v. p. 19).
582
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
au regard mort, au rictus macabre, où l'on peut remarquer,
vers le milieu du front, comme sur le haut de la tête étrusque,
un appendice spécial avec trou funiculaire, prouvant bien que
les trous des oreilles avaient leur destination particulière.
On les retrouve d'ailleurs, ces trous, simples ou multiples,
sur des terres cuites, point faites pour être suspendues. Qui
ne connaît les statuettes chypriotes, dont les figures 89 et
90 représentent deux types du Musée céramique de la ma-
Fig. 87.
Fi g. 86 a.
Fig. 88.
Fig. 87 a.
Fig. 86. Echelle : 3/20. — « Vase imitant la tête humaine. Du groupe céramique de la vallée
moyenne du Mississipi, Arkansas. Collection rie l'Académie de Davenport. Hauteur : 6 pou-
ces 3/4. Poterie peinte. » W..H. Holmes, Op. cit., (v. notre fig 14), pi. XXIX, c, XLIII, b, et
p. 98.
Fig. SI. Echelle: 3/20. —«Vase funéraire imitant la tête d'un mort. De la vallée moyenne, du
Mississipi. Poterie peinte. » Holmes, Op. cit., p. 39, fig. 16 et pi. XXXI, XLIII, "a, p. 98
et 100.
Fig. 88. Echelle : 3/20. — « Vase imitant la tête humaine, de l'Arkansas; groupe céramique de
la vallée moyenne du Mississipi. Hauteur: 5 pouces 1/4. » W. H. Holmks, Op. cit., pi. XXXlIrf.,
— Quoique cette tête ait, parmi toutes les autres, avec ses yeux ouverts, un faciès excep-
tionnel, que fait remarquer l'auteur, celui-ci, après avoir exposé en détail fp. 96-99) ce qui con-
cerne ces urnes-figures, à oreilles presque toujours percées de nombreux trous, et dont le nez
semble parfois avoir dû porter lui-même un anneau, tandis qu'un petit appendice spécial, au
milieu du front, était destiné à laisser passer une ficelle, n'accorde aucune mention spéciale
aux autres trous nombrenx, faits après la cuisson, que montre la figure et qui rappellent ceux de
nos urnes mérovingiennes.
nufacture nationale de Sèvres, le premier particulièrement
curieux par ses analogies avec la stylisation péruvienne?
Dans l'autre, on voit encore en place les boucles d'oreille, en
faveur desquelles a été élargie démesurément la tête, sans
souci de l'expression de la figure, réduite à une sorte de
bec de perroquet entre deux yeux énormes, presque sans
bouche.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 583
Sur une autre Aphrodite chypriote 1), on voit la tète sur-
montée d'un large chapiteau portant des anneaux. Par contre
des trous paraissant bien destinés à la suspension funicu-
laire se voient parfois ailleurs qu'aux oreilles, par exemple
sur une sorte de patte coiffant la tète (2). Mais il est remar-
quable que les statuettes non féminines en sont généralement
dépourvues.
En Podolie, fait remarquer
le Prof. G.Kossixna, les repré-
sentations masculines, bien
plus rares que les autres,
n'ont jamais qu'une seule
oreille percée, la gauche.
Dans les Fig. 91 à 94. on est
frappé du contraste du déve-
loppement auriculaire des fi-
gurines néolithiques de dées-
ses-mères {Fig. 91-93) avec
Fextrèmeréduction de la tête
de la statuette mâle (Fig. 94).
Dans les Fig. 95 à 98, pro-
venantdes admirables fouilles
de M . Chwoiko dans l'U-
kraine, qui ont révélé toute
une civilisation néolithique
à poteries peintes, tellement
remarquable qu'on l'a distin-
guée sous le nom de «'Tripol-
jekultur », on voit qu'en plus
des trous auriculaires, d'au-
tres étaient ménagés, soit
aux épaules, soit aux han-
ches, et ne pouvaient avoir
d'autre but que le passage de
liens.
:/
Fig. 89 et 00. Echelle : env. 3,10. — Sta-
tuettes chypriotes do Musée céramique de la
Manufacture nationale de Sèvres. Vitrine 2.
« X° 1C0873 . Poterie antique trouvée à
Alambra. Figurine d'Aphrodite. .- Hauteur :
0"205. — N° 10t>871. Poterie antique. Figurine
primitive trouvée a A rpéra (Chypre). > Hau-
teur : Qm!2&>. [D'après des photographies
dues à l'obligeance de M. Emile Bourgeois,
directeur de la Manufacture nationale de
porcelaines;.
Maisnous voilà entraînésloin de notresujetd'anses vertica-
les multiformes, et ce n'est qu'afîn de ne rien négliger de con-
nexe, que nous mentionnerons encore certaines formes sin-
gulières, point rare dans la petite céramique chypriote (v.
(t) Max Oh.\ef\lsch-Richter. Kypros, die Bibel u. Homer, Beitraege z. Kultur-
Kmsl-u. Religions Geschichte des Orients im Alterlhum, gr. 4°, 535 p., 272 fig., atl.
d<- CGXIX pi. (v. pi. XXXVII, r.et p. 2 p. 37.)
(2) Id., pi. CXLVIII, 9 a.
584
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Fig. 100), et renouvelées en plus grand, mais avec infiniment
moins d'élégance, aux temps relativement avancés du moyen
âge, où l'on voit, en dessous d'une grande anse de préhen-
sion, dans le même plan vertical, une autre plus petite, à
destination évidemment funiculaire. La Fig. 99, nous en
montre un curieux spécimen transcaucasien. J'ai reçu moi-
même, de M. L. Marin, qui l'avait trouvée en surface dans
une grotte de Montpeyroux (Hérault), une grande poignée de
Fig. 91.
Fig. 94.
Fig. 91 à 94. — Trois idoles néolithiques féminines et une masculine, de Podolie [Gustav
Kossinna, Der Ursprung der Urfinnen und lirindogermanen u. ihré Ausbreilung nach thten. 2.
N ordindogermanen u. Sûdindogermanen, Mannus, I, 1909, p. 225-245, 22 fig., pi. XXII-
XXXIV (v. p. 238 et fig. 17 a-d)].
cruche, deux fois rainée, sur sa largeur de plus de 0m06, et
assez ouverte pour laisser passer deux mains fermées, mon-
trant, en dessous de son point d'attache inférieur, une autre,
en simple boucle, de 0™02 à peine de largeur, laissant juste
passer un doigt. Dans le voisinage de celle-ci se voient, sur
la surface, non vernissée, mais très cuite et marquée des
stries du tour, quelques empreintes mal venues de fossettes
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
58)
Fig. 95.
Fig. 96.
Fig. 97.
Fig. 95 à 98. — « Idoles féminines en terre caitc des 2« et » styles de Tripolje. »
G. Kossm.t, Dp. cit., pi. XXIX; d'après V. V. Chwoiko, Les débuis de la poterie et l'âge
du Bronze dans le Haut-Dnieper (en russe). Xl« Congr. archéol. russe (Kiew, 189)), gr. in-4»,
Moscou, 1907; p. 714-812, pi. XVI-XXVIII (v. pi. XXII .
Fig 99. Echelle: 1/5. — Poterie chypriote du Musée du Louvre,
salle A. 40.
« Œnochoé à une anse piate et à trois pieds, couverte d'appen-
dices saillants... Dix-neuf saillies percées d'un trou dessinent
sir le col et sur la panse des lignes verticales... Poterie
fsconnée à la main. Terre rougeâtre. Engobe blanc. Peinture
eu noir mat, qui a, presque partout, tourné au rouge. Hau-
teur : 0-22. Trouvé dans l'île de Chypre et acheté en 1878 de
l'ancienne collection Barre. >lnv. MNB 1298., Cat. p. 106] i.
RI. Poitier, Vases antiques du Louvre, V Série, in-4*, 59
p., 51 pi. ; Paris, Hachette, s d. >
Une pièce presque scablable.se voit au Musée de Sèvres, vitrine I,
n« 7240.
Fig. 100. Echelle : 1/5. — c Koorgane d'Hrlenendorf ; âge du
Bronze. Haut. : 0*30. Grande urne a large panse et col
mince, à bord déjeté, d'où part, jusqu'à l'épaule, une anse
élégamment coudée. En dessous du point d'attache se trouve
une bouclette funiculaire. Du col au milieu de la panse, de
fortes rainures creusent la paroi, d'un brun brillant, eu
terre bien cuite. > E. Rôslir, Archxologiscke Forschun-
gen u. Âusgrabungen in Transkaukasien im Jahre 1900.
Verhandl. d. Berliner Ges. f. A., E. u. U., 1902, p. (137).
131), 255 fig. [v. p. (174>, flg. 157}.
586 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
rectangulaires obtenues à la roulette, qui ne laissent guère
de doute sur l'âge mérovingien de la pièce.
Enfin, c'est une véritable anse « en B » que présentent,
quand on les pose debout, sur la base aménagée dans ce but,
certains tonnelets médiévaux, dont nous figurons (Fig. 101
et 102), deux exemplaires ; il semble bien que la bonde,
placée dans le milieu, entre les
deux poignées, après avoir servi
au remplissage du tonnelet en
position horizontale, était desti-
née, après redressement de celui-
ci, à empêcher la rentrée de l'air,
dont la surface de contact se trou-
vait ainsi réduite au minimum.
Sans doute ces curieux récipients,
qui ne semblent pas rares, eurent-
ils en leur temps un usage bien
déterminé, peut-être renouvelé
des Romains, à juger par la trou-
vaille qui a été faite par le
Dr Arpad Buday, en Hongrie (1),
d'un tonnelet semblable, quoique
Fig. 101. Echelle : environ 1/5. —
Tonnelet en poterie non vernissée
provenant du lit de la Mayenne à
Laval. Musée d'histoire naturelle de
Laval. (D'après une photographie due
a l'obligeance de Al. I). P. CFhleht,
directeur.]
Fig. 102. Echelle : environ 1/7. — Tonnelet-bouteille
provenant de la collection d'un amateur de Poitiers;
actuellement à M. E. Foucault, à Fiers (Orne). [D'après
un croquis de M. E. Foucault.] Un diaphragme destiné
au bouchon rétrécit l'orifice du goulot-entonnoir à la
hauteur duquel le grand diamètre est de 0m280, tandis
que, de la base à la calotte, faisant pièce avec le corps,
il n'y a que 0™275. Le décor des cordons qui courent sur
la panse est formé par de petites fossettes impression-
nées. Toute la surface est couverte d'un vernis plom-
bifére, fortement écaillé, couleur vert foncé de bronze
antique ou feuille de houx.
bien plus élégant, fusiforme, muni, en face de la bonde
évasée en entonnoir, d'un cercle en relief formant pied
pour la position horizontale.
Le musée du Louvre possède dans sa collection de pote-
(1) D' Arpad Buday, II. Bericht ùb. die Ausgrabungen in Porolissum (Erdélyi
Muzeum, 1909, p. 300); analysé par M. Rozka, Archœologisches aus Siebenbiirgen
im Jahre 1909, Praehistorische Ztschr., I, 1910, p. 406-408 (v. p. 407, fig. 1). Le
défaut d'indication d'échelle ne nous permet pas de préciser ; mais l'aspect du fin
vase romain, qualifié de cultuel, est d'une dimension plutôt inférieure à no
grosses et grossières pièces médiévales.
SOCIÉTÉ PREMSTORIQUE FRANÇAISE 587
ries chypriotes (1), un vase en forme de barillet ovoïde, très
décoré, en noir mat et rouge vineux sur engobe blanc, devenu
grisâtre. Mais le goulot qui occupe la place de la bonde, au
lieu de se trouver entre deux anses, comme dans nos mo-
dèles médiévaux, et comme on le voit si souvent sur d'au-
tres modèles orientaux, sert d'appui à une seule anse ordi-
naire, située dans un plan perpendiculaire au grand axe et
point parallèle.
Et maintenant il est temps de mettre un terme à ce travail
fastidieusement compilatoire, auquel nous nous reproche-
rions amèrement de nous être laissé aller à donner des heures
et des efforts utilisables de meilleure façon, si, à côté de la
satisfaction de vulgariser par l'image certaines formes céra-
miques peu répandues, nous n'avions rencontré maintes fois
matière à considérations plus larges et mille arguments de fait
contre ces théoriciens, qui, sur chaque cas particulier, croi-
raient déroger à leur érudition, s'ils ne trouvaient à la moin-
dre chose une origine bien lointaine, afin d'échafauder, sur
des rapprochements souvent moins nombreux et moins com-
plets que ceux que nous avons accumulés, de belles théories
de migrations de peuples ou d'idées. Tous nos rapproche-
ments, à nous, n'ont servi qu'à faire ressortir le grand isole-
ment de certaines îles de civilisation, où la même idée, soit
éclose spontanément, soit apportée du dehors, se dévelop-
pait en sens absolument divergents, et en donnant à ses pro-
duits des formes dissemblables, à caractères de terroir étroi-
tement localisés. L'anse multiforée de la Basse Vistule a son
type à elle, qui ne dépasse pas un cercle déterminé, et n'est
certainement venu de nulle part. L'anse étrusque bioculée
a peut-être quelque chose d'hellénique; mais elle est abso-
lument différenciée, avec une aire de dispersion bien à
elle aussi.
Pourquoi donc l'homme, cet être essentiellement modifia-
ble, et dont la « supériorité » vient surtout de sa grande
plasticité d'adaptation, aurait-il, moins que le végétal, subi
l'influence du sol? Or la vigne d'Amérique, à la supposer
issue de même souche que celle d'Europe, donne bien, comme
celle-ci, sans transport de pollen, du raisin en grappes,
mais pas le même vin. Aujourd'hui encore, la poterie popu-
laire n'est pas la même en Bretagne et en Provence.
('•) E. Pottier, op. cit., pi. 8, A , 151 [Invent. MXB 1297J.
588 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Ce qui se trouve partout pareil, ce qu'il est impossible, et
aussi oiseux que pour le fruit de la vigne, de dire apporté
d'ici là, ou de là ici, c'est l'idée élémentaire, fruit du cer-
veau, directement issue d'un besoin, comme celle de doubler
l'anse fragile pour doubler la facilité, la sécurité d'emploi.
De même que le genre Vitis, dans toutes ses variations indi-
viduelles ou spécifiques; doit son existence à l'analogie
de certaines productions foliacées ou florales répondant à ses
besoins de vie, de même le genre Homo, à chacune de ses
phases, fut caractérisé par la même floraison, la même fruc-
tification de ses pensées, aboutissant partout à une même
manière, de répondre aux mêmes besoins, sans autres
modifications que celles d'adaptation à l'ambiance.
Mais il y eut aussi, de très bonne heure, le besoin de luxe,
nullement vital, par quoi reprit ses droits le libre arbitre,
cause des divergences observées, créateur de modes régio-
nales et de zones d'expansion.
Quoi d'étonnant à ce que celles-ci soient demeurées loca-
les, ne répondant qu'à des goûts tout locaux? Ceci ne fait
nullement objection au fait, établi par d'autres constatations,
de l'existence de lointaines relations de peuples dès la haute
antiquité. Mais si le transport d'objets de grande utilité,
comme les métaux, ou de grande rareté, comme l'ambre et
certaines coquilles marines, devait faire naître le commerce,
pourquoi celui-ci se fût-il chargé de la véhiculation, soit
d'objets encombrants et fragiles, soit simplement d'idées
d'ornementation ne répondant, même en art, qu'à un caprice
de fantaisie esthétique?
Il ne faudrait donc point que l'on fît de notre thèse un
argument absolu, et à tort généralisé, contre tous les faits
très intéressants de commerce préhistorique qui ont été dû-
ment constatés : c'est seulement contre la tendance à l'abus,
que nous avons tenu à protester, en demandant qu'on ne re-
garde comme « transportés » que les objets pour lesquels il
aura été préalablement établi, comme nous l'avons fait pour
les anses polypodes prussiennes et pour les « flûtes de Pan »
cévenoles ou éduennes, une délimitation originelle, bien
incontestable.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1911
Présidence de M. L. COUTIL.
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE
II. le Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du
27 Juillet 19ii. — Le procès-verbal est adopté.
A propos du procès-verbal, des notes ont été envoyées par MM. L.
GOBILLOT, M. GlLLET, A. CoNIL, A. GOUSSET, HÉBERT, M. BàBDOUIX,
[Elles sont insérées plus loin].
Correspondance.
Lettres de remerciements : M. NoDRY.
Lettres d'Excuses : Mme la marquise de Luppé; Mme Crova et
II. Crova; M. Dubus; M. H. Marot.
Nécrologie.
Nous avons le vif regret d'annoncer la mort, à l'âge de cinquante-six
ans, du Docteur Paul Girod, Professeur à la Faculté des sciences et à
l'Ecole de médecine de Clermont-Ferrand, dont il a été longtemps le
Directeur. 11 était Chevalier de la Légion d'honneur. Il est Fauteur de
« Manipulations de Botanique » et de Manipulations de Zoologie, » et
d'un ouvrage de vulgarisation : Les Sociétés chez les Animaux. Son
œuvre principale est un travail de Préhistoire, de longue haleine, en
collaboration avec Massénat : Les stations de Page du renne dans les
vallées de la Vézère et de la Corrèze. On sait que M. Girod avait recueilli
la Collection Massénat, et que, désormais, la plupart de ses pièces sont
au Musée de Saint-Germain-en-Laye.
M. A. Morix, père de notre collègue M. Morin (Jean), un assidu de
nos Congrès préhistoriques, est décédé récemment.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 38
590 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Présentations et Communications.
Dr Henri Martin (Paris). — Conditions de Trouvaille de l'Homme
fossile du Moustérien inférieur de La Quina [Trouvaille 1911].— Pré-
sentation du Crâne.
Dr Marcel Baudouin (Paris). — Présentation de la Brochure de Ven-
drest [Résumé des Fouilles de 1909 et 1910].
A. GtfÉBHARD (Paris). — Don d'un moulage d'épingle à collerettes et
disques mobiles, fait par le Musée de Villefranche (Rhône) .
Bouillerot (Dijon). — Une épingle à collerette.
M. Houry (Issy, S.). — 1° Une enclume, assez volumineuse, avec
traces indiscutables d'utilisation [Sablières de Billancourt]. 2° un
Racloir (moustérien?), trouvé au bord de la mer, au pied d'une falaise, à
Dieppe [M. Houry, craignant que la pièce ne soit due à l'action de la
mer, a demandé l'avis de la Société].
Roland (de Villevenard) et L. Coutil. — Crânes néolithiques. Mou-
lage de la Hache sculptée sur le fond d'une Grotte à Courjeonnet
(Marne).
Baudon (Dr) (Oise). — Hachette néolithique avec manche en silex.
— Casse-tête troué. — Parures paléolithiques en silex.
PagÈs-Allary (Murât). — Haches polies et Tranchets.
Boutanquoi (Oise). — Découverte scientifique de deux Menhirs indi-
cateurs inconnus d'une Sépulture néolithique connue à Tros/y- Vieux-Mou-
lin (Oise).
L. Gobillot (La Trimouille, V.). — Haches en roches cristallo-phyl-
liennes à érosions (Néolithique Montmorillanais).
Estaunié (Algérie). — Découverte de stations préhistoriques à Ammi-
Moussa (Gran, Algérie).
L. Desforges (Nièvre). — Le Paléolithique inférieur dans la Vallée
de l'Alêne (Nièvre).
A. Aymar (Clermont-Ferrand). — Pourquoi l'Auvergne a été un des
centres les plus importants de la céramique gallo-romaine. — Technique
de la gravure gallo-romaine.
A. Aymar. — Un sifflet néolithique.
H. Bout de Gharlemont. — Trouvaille abondante de poteries ibcro-
mycénienne des vile-vme siècles dans une grotte de Marseilleveyre
(Bouches-du-Rhône).
Graff (Issou, Seine-et-Oise). — Ebauche de Haches polies du fond
de la Vallée de V Issou (Seine-et-Oise).
H. Barbier (Eure). — Découverte d'un pic-hache gallo-romain à
Pacy-sur-Eure.
Houry (Issy, Seine). — L'industrie paléolithique de Billancourt (Seine).
[1 coupe].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 591
A.-L. Lewis (Wallington, Angleterre). — Les Alignements de pierres
[Stone Rows) de Dartmoor, Devonshire, Almont (Plans).
M. Dubus (Neufchàtel-en-Braye, Seine Inférieure). — Traces de
l'existence d'un culte de la Hache pendant le Paléolithique inférieur.
M. Le Coxiat ^Trégomar, Côtes-du-Nord). — Hache polie de grande
taille.
Harmois (Saint-Brieuc). — Hache polie à érosions (Gesson, Côtes-
du-Nord).
Dr Doranlo (Mathieu, G.). — Squelettes humains, découverts près
de Lion-sur-Mer [Calvados).
0. Vauvillé (Pommiers, Aisne). — Ciseau en silex taillé et poli.
M. Baudouin (Vendée).- — Les Menhirs indicateurs de l'Allée cou-
verte delà Frébouchère au Bernard (Vendée).
Bibliothèque.
La Société Préhistorique a reçu les brochures suivantes :
Programme du Cinquantième Congrès des Sociétés savantes de Paris et
des Départements à la Sorbone (avril 1912). — Paris, 1911, in-8°,
20 p.
Vidal de la Blache. — Discours de la Séance de clôture du Congrès
des Soc. sav. de 1911 à Caen. — Paris, I. N., 1911, in-8°, 13 p.
Bloch (G.). — Discours prononcé au Congrès des Sociétés savantes à
Caen, le 22 avril 1911 [Séance de clôture]. — Paris, 1911, in-8°, 17 p.
Marcel Baudouin. — La Sépulture néolithique de Belleville à Ven-
drest (Seine-et-Marne). Fouille et restauration. Etude scientifique.
— S. P. F., 1911, in-8°, 267 p., 40 fig., avec XVI pi., hors texte, en
Photocollographie, du Dr H. Martin.
Westropp (Th. J.). — Saint- MochulU of Tullay County Clare : his
legend and the entrechments and remains of his Monastery. Bepr. fr.
The Journal of the Proced. of the Roy. Soc. ofAnt. of Ireland, 1911,
part 4, Vol. XLI, q. 1 (Com. de juillet 1910). — Broch. in-8°, 14 p.,
5 fig.
Westropp (Th. J.). — Cahermurphy Castle and its earthivorks, ivith
certains fort near Milltown-Malbay , County Clare. — [Gom. du 23 janv.
1911]. Bepr. fr. The Journal of the Proceed. of the Journal of the Roy.
Soc. of Antiq. of Ireland, 1911, part. 3, XLI, q. 2, juin. — Broch. in-
8°, 1911, 20 p., 7 fig.
Mazaubic (Félix). — Les Musées archéologiques de Nîmes. Recher-
ches et acquisitions : année 1910. — Nîmes, 1911, in-8°, 47 p.
Pigorini (Luigi). — Preistoria [Extr. Cinquanta anni di Storia ita-
liana 1860-1910]. — Borna, Accadem. Lincei, 1911, in-4°, 72 p.
Rutot (A.). — Mise au point pour 1911 du Mémoire intitulé : Le
592 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
préhistorique dans l'Europe centrale, paru en 1903. — [Extr. Congrès
archéol. belge]. — Malines, 1911, in-8°, 114 p., 22%.
Hauser (0.). — Le Périgord préhistorique [Vallée de la Vézère et
de la Dordogne]. — Le Bugue, G. Réjan, 1911, in-8°, 22 p. (Cartes
hors texte, non reliées).
Metman (Jean). — La Législation française relative à la protection
des monuments historiques et des objets d'art. — Dijon, Darantière,
1911, in-8°, 171 p.
Deydier. — Le préhistorique aux environs du Mont-Ventoux : Région
Sud-Ouest (2e partie). Paléolithique. Néolithique. [Extr. VIe Congrès
Préh. France, Tours, 1910, 196-226]. — Tiré à part, 1911, in-8°,
31 p., 4 pi. h. texte.
Proceeding of the Prehistoric Society of East Anglia. — Fév. 1908-9 et
1909-10, vol. I, part. I. — London, H. K. Lewis, 1911, in-8°, 121 p.
Dritter Jahresbericht der Schweiz Gesellschaft fur Urgeschichte [Soc.
préhistorique Suisse]. — Zurich, 1911, in-4°, 180 p.
Hue (E.). — Distribution géologique de l'Industrie en Silex du Grand
Pressigny [Rapport général]. [Extr. VIe Congr. Préh. France, Tours,
1910, p. 390-436]. — Broch., 1911, in-8°, 48 p., 1 fig., 1 pi. hors
texte (Cartes).
Millon (Abbé) (A.). — Pauvres pierres : Les Mégalithes bretons devant
la Science. — Paris, E. Chevalier; Saint-Brieuc, R. Prud'homme, 1911,
in-8°, 296 p., 5 pi., hors texte.
Guébhahd (A.). — L'Eglise et la Préhistoire. [Extr. de la Grande
Revue, 1911, 25 juillet, p. 353-362]. — Broch., Par., 1911, in-8°.
Guébhard (A.). — Les dépôts de bronze du département des Alpes-
Maritimes. [Extr. Congr. Préh. de France, session de Tours, 1910,
733-747, 14 fig., 2 pi. hors texte]. — Broch., in-8°, 1911.
Guébhard (A.). — A propos de la décoration au champ levé ou par
excision d'une poterie préhistorique provençale . [Extr. Bull. Soc. Préh.
Franc., 1911, juin]. — Broch., in-8°, 1911, 8 p., 1 fig.
Guébhard (A.). — Sur une particularité remarquable de certaines
épingles de bronze dites à collerettes. [Extr Bull. Soc. Préh. Franc.,
1911, juin]. — Broch., 1911, in-8°, 8 p. 4 fig.
Baudouin (Marcel). — La Grotte cachette ou Souterrain de La Brune-
tière, à La Boche-sur-Yon (Vendée). [Fouilles. Preuves de plusieurs uti-
lisations successives. Restauration]. [Extr. Congrès de la Féd. Arch.
de Belgique, Malines, 1911]. — Malines, 1911, in-8°, 53 p., 18 fig.
Baudouin (Marcel). — Découverte, fouille et description du Souterrain,
aujourd'hui détruit, de la Minerie, à Girouard [Vendée). [A. F. A. S.,
Toulouse, 1910]. — Paris, 1911, in-8°, 24 p., 12 fig.
Baudouin (Marcel). — Découverte d'une Ciste néolithique au Çhiron-
Lazare, à Vlle-d'Yeu (Vendée). [Extr. A. F. A. S., Toulouse, 1910,
t. II, p. 287-293, 4 fig.]. — Tiré à part, 1911, in-8°, 4 fig., 6 p.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 593
Baudouin (M.). — Découverte d'un petit Cromlech et dune station
néolithique a Barbe, en Vlle-dYeu (Vendée). [Extr. A. F. A. S., Tou-
louse, XXXIX, t. II, p. 280-287, 3 figures, 19*10]. — Tiré à part, 1911.
Baudouin (M.). — Découverte d'une Pierre à bassins et à rigoles
typiques : Les Amporelles à ï Ile-d Yeu [Vendée). [Extr. Congrès Préh.
Fr., Tours, 1910, 513-550]. — Par., in-8*, 1911, 38 p., 13 fig.. dont
6 pi., hors texte.
Baudouin (M.). — Les Silex taillés du Grand Pressigny en Vendée.
[Extr. Congrès Préh. Fr., Tours. 1910, 341-376]. — Paris, 1911,
in-8°, 36 p., 28 fig., dont 1 pi. hors texte.
Cousset (A.) et Baudouin (M.). — Découverte de Gravures de Sabots
dÉquidés sur rocher au Pas du Roi à Saint-Just (Ch.-I.). [Extr. Congr.
Soc. Préh. de France, Tours, 1910, p. 572-618]. — Paris, 1911, in-8«>,
48 p., 17 fig., dont 2 pi., hors texte.
Givenchy Paul de). — Hache polie avec gravure géométrique. [Extr.
Bull. Soc. Préh. Franc., 1910, déc. 22]. — Broch. 1911, in-8°, 4 p.,
2 fig.
Givenchy (Paul de). — Les grands éclats moustériens et les pièces
acheuléo-moustériennes de la carrière du Tillet, près la Ferté-sous-
Jouarre (Seine-et-Marne) [Extr. Bull. Soc. Préh. Fr., 1911]. —
Broch. in-8°, 8 p , 2 pi., hors texte en photocollographie.
Collet (L'abbé A.). ■ — Les origines préhistoriques et historiques de
Elnes, Luculves et Wavrans surfAa. [Extr. du Bull. Soc. Acad. de Bou-
logne-sur-Mer, t. IX, 1911]. — Broch., 1911, in-8% 19 p.
Collet (L'abbé A.). — Un moulin primitif. Pierres de jet. Ra-
cloirs, grattoirs en silex. [Extr. du Bull, de la Soc. Acad. de Bou-
logne-sur-Mer, 1910, t. IX]. — Boulogne-sur-Mer, 1911, in-8°, 27 p.
Dubalen (P.-E.). — Aperçu géologique de la région du sable des
Landes. — Dax, 1911, in-8°, 19p., 1 carte, 1 tableau.
Boyard (Ch.). — Contribution à P étude des industries de la pierre
dans la région des Hauts-Plateaux tunisiens [station de Sidi Mabrouk,
près Thala]. [Extr. F/e Congr. Préh. Tours, 1910, p. 462-468]. —
Broch., in-8°, 1911, 8 p., 4 pi., hors texte.
Boyard (C). — Le paléolithique inférieur dans la région de Nan-
sous-Thil [Industrie des stations moustériennes de plein air]. [Extr.
A. F. A. S., Toulouse, 1910, p. 254-260]. — Broch., 1911, in-8°, 1 pi.].
Atgier. — Mégalithes funéraires et cultuels. — [Extr. Congrès préh.
de Tours, 1911]. — Broch., in-8°, 1911.
Martin (H.). — Les couches du gisement de La Quina et leur âge.
[Extr. VI* Cong. Préh. de France, Tours, 1910. p. 125-128]. —
Broch., 1911, in 8°, 4 p., 2 pi.
Martin (H.) et J.-B. Barreau. — Stratigraphie de trois Tranchées
dans râtelier de Larcy (Grand-Pressigny) . [Extr. Bull. Soc. Préh .
594 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Franc., 1911, 27 juillet, 433-440]. — Broch. 1911,in-8°, 2 fig, 8 p.,
3 pi. hors texte.
Martin (H.). — Sur un Squelette humain, de l'Epoque moustérienne,
trouvé en Charente. — [Extr. C. R. Ac. des Se., Par., 1911, T.
CLII, p. 728, 16 oct.].— Broch., 1911, in-8°, 3 p., 1 phot. hors texte.
The Archœologlcal Survey of Nubia. — Caïro, Bulletin n° 7, 1911.
admissions de nouveaux. Membres.
Sont proclamés Membres de la S. P. F. : MM.
Ambayrac (Hippolyte), Professeur en retraite, 6, place Garibaldi, Nice
(Alpes-Maritimes). [L. Coutil. — P. Goby].
Augier (Marius), Capitaine en retraite, 29, cours Saint-Martin, Orange
(Vaucluse). [L. Coutil. — M. Gennevaux].
Boismoreau (E.), D. M., Saint-Mesmin-le-Vieux (Vendée).
[M. Baudouin. — L. Coutil].
Boissy d'Anglas, Ancien ministre plénipotentiaire, Sénateur de l'Ar-
dèche, 45, boulevard Berthier, Paris. [Dr Jui.lien. — A. VialJ.
Bresson (Paul), Gaujac, par Anduze (Gard).
[Coutil. — M. Baudouin].
Coiffard (Joseph), Villebois-Lavalette (Charente).
[A. Jarraud. — Henri Martin].
Debens, Architecte, Montpellier (Hérault).
[L. Coutil. — M. Gennevaux].
Derancourt, Capitaine au 123e régiment d'infanterie, géologue, La
Bochelle (Charente-Inférieure). [Atgier. — M. Baudouin].
Doranlo, D.-M , Mathieu, Calvados. [L. Coutil. — Gidon],
Ferrier, M. D., Dentiste des Hôpitaux, 5, rue de Lisbonne, Paris.
[Réintégration],
Fulconis, Sculpteur, Soukh el Arbah (Tunisie).
[L. Coutil. — M. Baudouin].
Gasnier (F.), Docteur en droit, 9, rue de Strasbourg, Nantes (Loire-
Inférieure). [Marcel Baudouin. — Henri Martin].
Hutteau (Léonce), Étampes (Seine-et-Oise).
[L. Coutil. — Marot],
Ingelbeen (L'abbé René), Château d'Aertrycke, La Panne (Flandre
Occid.) (Belgique). [L. Coutil. — A. Viré].
Lesueur, D. M., 60, rue Saint-Germain, Bezons (Seine-et-Oise).
[A. Bertin. -- Camichel].
Menut (Henri), Inspecteur départemental de l'Enseignement technique,
3, rue Christine (Cherbourg). [L. Coutil. — M. Baudouin].
Moorehead (Warren K.), Andwer, Massachusetts (U. S. A.).
[L. Coutil. — PeabodyI.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 595
Musée impérial historique de Russie, Moscou (Russie).
[A. P. Pavlow. — B.-A. Gorodzoff].
Musée des Antiquités (M. le Conservateur), Nîmes (Gard).
[L. Coutil. — Marcel Baudouin].
Pàder, Vétérinaire principal, 1, rue Urbain II, Clermont-Ferrand
(Puy-de-Dôme). [L. Coutil. — E. Hue].
Reygasse Maurice), Administrateur adjoint de commune mixte en
congé, La Capelle-Marival (Lot). [M. Baudouin. — A. Viré].
Roche (Gaston), Garde général des Eaux et Forêts, La Calle (Algérie).
[Ch. Ferton. — Marcel Baudouin].
Socley, Archéologue, 17, quai Gauthey, Dijon (Côte-d'Or).
[A. de Mortillbt. — Ratinet].
Schlesischer Althertums-Verein, 14, Granpenstrasse, Breslau-I (Alle-
magne). [L. Coutil. — A. Guébhard.]
Thibon (Louis), 10 bis, Avenue Laplace, Arcueil (Seine).
[A. Schleichbr. — Ch. Schleichbr].
Vedel (Louis), Molières-sur-Cèze (Gard).
[L. Coutil. — Mingaud].
Les « Mémoires » de la Société Préhistorique Français
Voici la liste des premières Adhésions aux « Mémoires » :
1. Aveneau de la Grancière. 20. Déchelette.
2. Aymard. 21. Deglatigny.
3. Audéoud. 22. Delugin.
4. Ballay. 23. Delvincourt.
5. Barthélémy. 24. Denoyelle.
6. Baudon. 25. Desailly.
7. Baudouin (Marcel). 26. Desmazières.
8. BertheauduChazal. 27. Deydier.
9. Boulanger. 28. Doigneau.
10. Boutanquoi. 29. Dramard.
11. Brognard. 30. Ducourtioux.
12. Chapelet. 31. Dubalen.
13. Charvilhat. 32. Duvaux.
14. Chauvet. 33. Evrard.
15. Clastrier. 34. Exsteens.
16. Coutil (L.). 35. Fessard.
17. Cotte. 36. Ferton.
18. Dauphin. 37. Floranc'e.
19. Daleau. 38. Foucault.
596
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
39. Fulconis.
68.
Poilane.
40. Gennevaux.
69.
Sâint-Périer (de).
41. Gidon.
70.
Saint-Venant (de).
42. Gillet (Numa).
71.
Sales.
43. Gillet.
72.
Sartorius.
44. Giraux.
73.
Schleicher Charles.
45. Gobillot.
74.
Sellier.
46. Guébhard.
75.
Soubeiran.
47. Harmois.
76.
Société d 'Arch . de Bruxelles.
48. Hue.
77.
Stalin.
49. Jullien.
78.
Taté.
50. Kessler.
79.
Terrade.
51. Lamotte.
80.
Thiot.
52. Lewis.
81.
Valette.
53. Luppé (Mme la
Marquise de).
82.
Vauriot.
54. Marignan.
83.
Varaldi.
55. Marot.
84.
Viollier.
56. Martin (H.).
85.
Viré.
57. Musée archéologique de Nimes.
86.
Volkow.
58. Miguet.
87.
Petit (M) .
59. Mollandin.
88.
Lorrin (V,).
60. Mortillet (A. de
)• '
89.
Vésignié (L .).
61. Muséum de Nimes.
90.
Goury (G.).
62. Pages- Allary.
91.
Schesischer Alterthums Verein
63. Musées royaux
de Bruxelles.
92.
Société jersiaise.
64. Peabody.
93.
A. Gousset.
65. Patte (E.).
94.
P. Vouga.
66. Pistât.
95.
Henry Corot.
67. Pokrowsky.
96.
F. Schmidt.
II.
NOTES ORIGINALES ET DISCUSSIONS.
Lieux dits à Radical « Chante » (Suite).
M. le Dr Louis Gobillot (La Trimouille, Vienne). — La re-
marque de M. L. Jacquot, relativement à la fréquence des noms
de lieux dans lesquels on rencontre le radical Chante, est appli-
cable au Montmorillonnais. C'est ainsi qu'à proximité de la Tré-
mouille j'ai relevé les lieux dits suivants : Chanteloup, commune
de Journet; Chanteloube, commune de Bourgarchambault; Chan-
tegeaxjy commune de Liglet; Chantebon, commune de Béthines.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE n97
Touchant ces diverses localités, je n'ai pu recueillir sur place
aucune tradition, aucun souvenir, aucune légende, permettant de
croire à l'existence plus ou moins problématique d'un Sorcier ou
d'une Pythonisse. L'explication, proposée par M. C. Aublant(de
Périgueux), me parait plus acceptable, en ce qui concerne le Poi-
tou, qui, à plus d'un point de vue, présente des affinités avec le
Périgord (dans le choix de ses lieux dits en particulier). Mais,
avant de donner une étymologie certaine de ces divers noms, ne
conviendrait-il pas d'être très documenté sur l'historique des
localités qu'elles désignent, et, s'il est possible d'attribuer à plu-
sieurs d'entre elles une origine ligure ou gallo-romaine, il me
parait téméraire de l'affirmer pour le Poitou.
Dans le Montmorillonnais, dont l'histoire locale est encore
bien obscure, on retrouve des vestiges nombreux de l'occupation
humaine depuis les époques préhistoriques, protohistoriques, gau-
loises, romaines, etc. Or, beaucoup de villages sont construits sur
des emplacements habités dès l'époque gauloise; d'autres sont
modernes ; d'autres encore, très anciens, ont disparu.
Il est possible que des appellations identiques aient des origi-
nes absolument dissemblables.
En ce qui concerne Chanteloup et Chantebon, localités voisi-
nes l'une de l'autre, mais situées dans deux communes différentes,
j'ai une remarque intéressante à présenter: c'est l'existence, dans
leur voisinage, de stations préhistoriques assez importantes et
encore peu étudiées. Existe-t-il une relation quelconque entre
leur appellation et l'ancienneté de leurs occupations par l'homme ?
Je ne sais. En tout cas, si Chanteloup en Montmorillonnais ne
peut rien nous apprendre sur l'origine de son nom, il pourrait
encore, par sa situation dans une région relativement boisée,
justifier son nom lugubre : Messire Loup y fait encore à l'occa-
sion quelques passages! Il est également permis de se demander
si Chantebon, dernier vestige d'une maison seigneuriale datant
du moyen âge, à proximité de Chanteloup, n'est pas, par une
antithèse significative, un nom choisi jadis pour désigner le lieu
hospitalier à côté de l'endroit peu sûr ! Enfin Chanteloube, village
de quatre à cinq feux sur la route de JournetàLathus, était, avant
la construction de la route actuelle, un hameau perdu à l'orée du
Boischaut et la vaste région de Brandes, faisant suite à la Brenne,
et qui par les progrès de là culture est devenue la Beauce Mont-
morillonnaise (Cf. Ardouin-Dumazet, Voy. en France, 26e série,
1901), eut, maintes fois, et tout récemment encore, à souffrir des
méfaits du sire à la triste figure.
o
J'ajoute que deux noms de famille, très anciens dans la contrée,
598 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
sont typiques : Chantemargue et Champdavoine (sic). Je signale
aussi une localité du pays Trimouillais, où le radical Chante est
remplacé par le radical Jappe: Jappeloup, commune de Thollet,
canton de La Trimouille.
M. M. Gili.et (Paris). — Dans le Berry et notamment dans le dé-
partement du Cher, on trouve assez fréquemment des personnes,
portant des noms d'origine latine. Parmi ces noms, il y en a un
qui nous intéresse : c'est celui de Chantome, dont l'étymologie
semble être canlarehomo. En 1745, on le trouve écrit Chantehome,
puis Chantome, et enfin Chantome, sans accent circonflexe. A ce
sujet, je me rappelle avoir lu, dans un auteur latin, qu'il y avait
dans les armées romaines, outre les musiciens, des hommes
chargés d'entonner des chœurs guerriers, pour exciter l'ardeur
des soldats pendant les combats. Si ce nom de Chantome désigne
la fonction d'un ancêtre, mon hypothèse serait exacte; et il faudrait
laisser au radical Chante, dans la plupart des cas, la signification
qui vient de suite à l'esprit.
M. Hébert (Paris). — Encore quelques exemples intéressants.
Chanteil (Mayenne): Campus Tiliate (xme siècle).
Chantemerle (Nièvre) : de Camptu (1) Merula (1355).
Chantebarbe (Haute-Loire) : Champenbarbe (1523), Champthu-
barde (xvnie siècle).
Chantegroux (Vienne) : Champ de Gros (1841).
Chantepie (Calvados) : Champ de pie (1847).
Chanteduc (Hautes-Alpes) : Campum Ugonem (1428).
Ces quelques exemples ont été glanés aussi dans le Diction-
naire topographique de la France; les nos 4 et 5 concordent avec
l'hypothèse de M. Baudouin, mais sont trop récents; les nos 1
et 6 sont bons (2).
M. A. Conil. — Il me faut indiquer un petit Erratum nécessaire,
au sujet de ma dernière note (page 526) sur les lieux dits à radical
« Chante ». — A la neuvième ligne, lire : Cantelou et Cantalou,
au lieu de Cantelon et Cantalon ; et, à la douzième lire : Cante,
me semble dériver d'un vieux mot roman...
M. A. Cousset (Etaules, Charente-Inférieure). — Sans vou-
loir éterniser la question, ni revenir sur ce qui a déjà été dit, il
me semble utile de présenter à la Société certains noms relevés
(1) Je ne sais si Camptus, Champt égale Campus.
(2) Le Professeur de philologie française de l'Université de Gand, consulté
par un de mes amis déclare Chantavoine pour Champ d'avoine possible.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 599
sur la carte d'Etat-major (Charente-Inférieure), lesquels sem-
blent jeter quelque éclaircissement sur la discussion.
1° Département de la Charente-Inférieure. — Nous avons,
commune de Saint-Sornin, Chante-Loup ; c'est un hameau près
du village de Château-Gaillard ', auprès d'un bois et du Pas de
Saixt-Sorxin {pas pour passage d'eau). — ARoyan, il y a Chan-
temerle, hameau près du Camp du Chatelard, à la lisière d'un
grand bois. — A Vaux-sur-Mer, Le Merle est un hameau, à
peu de distance du précédent. — A Arces, il y a Huchepitard,
qui est un hameau près d'un bois; altitude 32 mètres; à quel-
ques kilomètres du fleuve, la Gironde. Bûcher, en patois
de Saintonge, signifie crier, appeler quelqu'un. Pitard (?) est,
peut-être, pour Bitard. Buchepitard est situé sur une hauteur,
mais près des marais d'Arces, sur la rive droite de la Gironde.
Le Bitard est, dans l'ouest de la France, un gibier imaginaire,
que l'on donne à chasser par brimade ou par mauvaise plaisan-
terie à un étranger, trop fanfaron ou trop ingénu ; les deux s'y
laissent prendre, surtout le premier. Le tour consiste à conduire
pendant la nuit, et à plusieurs, le chasseur naïf au milieu des
grands bois ou mieux encore dans les marais gâts des côtes de
l'Océan ; à le poster à la « bonne place » pour faire prendre par lui-
même le Bitard, que les rabatteurs se disposent à envoyer dans sa
direction, tandis que, en réalité, tous se retirent discrètement
par les aîtres qui leur sont familiers, pendant que le patient
attend le passage du gibier légendaire. Il est inutile d'ajouter
que c'est toujours lui qui le prend! Il est très rare que le
« nemrod », tout malin qu'il s'est cru, puisse revenir par ses
seuls moyens de son expédition ; et l'aurore l'a souvent surpris,
par des nuits d'été, criant, appelant, huchant : Bitard ! — A
moins que quelqu'un de bonne volonté aille le cueillir sur place.
Ce « bon tour >• se joue encore, de nos jours, dans les marais
de la Saintonge et mieux encore dans ceux de la Vendée, qui,
par leurs canaux, offrent de plus nombreux labyrinthes ! Cette
farce doit être très vieille; et son antiquité est plus que suffi-
sante pour justifier l'appellation de ce hameau de Huchepitard,
commune d'Arces.
A Blanzac, il y a un lieu dit : Bitard, et auprès un autre dit :
Pellegrue, sur des hauteurs. (Ils ne sont pas habités).
Dans la commune de Corme-Ecluse, il y a Chante-Grenouille,
hameau près du confluent delà Seudre et d'un ruisseau, au bord
des marais; altitude 11 mètres. A Saint-Sulpice-de-Royan, il y
a Grolier, hameau près des marais salants de la Seudre; plus
bas, sur les marais même existe le pont de Groleau. — A Soubise
se trouvent la Vieille Crolliere et la Nouvelle Grollière, grands
600 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
bois, dont l'un, la Vieille Gollière, renferme les célèbres Dol-
mens de la Sausaie. Le mot grolle est le nom vulgaire que
l'on donne au corbeau dans l'ouest. — A Mursac, Chante-
loube est un moulin à eau sur la Seudre. — A Antignac,
Chantereine est un moulin à eau sur le ruisseau Le Trèfle [Reine
désignant la rainette, grenouille verte); Grelet est un hameau voi-
sin (Le mot greletestle nom patois du grillon.) — A Champagnac,
La Grolllière, hameau dans la vallée de la Seugne ou Sévigne.
— A Pérignac, Chanteloup, ferme. — A Mâtha, Chantemerle,
moulin à eau sur l'Anteine. — A Asnières, Chante-Ajasse, ha-
meau (Ajasse est le nom patois de la pie dans l'ouest ; — Pisse
loup, ferme. — ASaint-Georges-de-Longue-Pierre, Chantemerle,
moulin à eau sur la Boutonne ; Chante Oiseau, hameau, près
d'un bois. — A Saint-Mandé, Chante Oiseau, hameau, altitude
108 mètres. — A Contré, Chantemerlière, grand bois se reliant à la
forêt d'Aulnay (côte 172), l'une des plus hautes du département ;
Chantemerlière, village qui a donné ou tiré son nom du bois.
— A La Villedieu Buffageasse, grand bois se reliant à la forêt
de Chizé, côte de 109 mètres avec signal, près du village de
Villiers ; La Buffageasse, village situé à la lisière du bois du
même nom, près de Villiers {Buffer, mot du patois santongeais
qui signifie souffler] Ageasse, dans le même parler désigne la
Pie.
2° Département des Deux-Sèvres. — A Chizé, Chantemerle est
un hameau sur la lisière de la forêt de Chizé. — A Secondigné-
sur-Chizé, Gratteloup, hameau sur la lisière de la même forêt.
— Dans la forêt de Chizé, il y a le carrefour du Loup. — A Mel-
leran, Groles est un village [Grolle, pour corbeau).
3° Département de la Charente. — A Sainte-Radegonde, le
Poste de la Grolle est sur la route de Paris à Bordeaux, près du
château de Saint-Bernard. Altitude 142 mètres. — A Sainte-
Même, près Jarnac, Chante Oiseau, ferme, est près de Trotte-
Chèvre (ferme). — A Cherves-de-Cognac, Chante-Merle, hameau
sur la voie romaine de Limoges à Saintes. — A Sainte-Sévère,
Panneloup, hameau sur la même route romaine. — A Nercillac,
Chante Grolle, hameau [Grolle pour corbeau]. — A Mareuil-Lau-
ville, Chanteranne, hameau (probablement ranne pour rainette).
— Verdille, Chante Grelet, hameau (altitude 114 mètres {Grelet,
nom vulgaire, en Saintonge, du Grillon).
4° Département de la Vendée. — A Chaillé-les-Ormeaux, La
Merlerie, deux hameaux de ce nom ; dans cette partie du bocage
le Yon coule au pied.
5° Département de l'Oise. — A Merlemont, bourg et commune
de Merlemont, château de Merlemont, bois de Merlemont. Le
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 601
bourg et le château de Merlemont, sont bâtis au pied d'un mont
couvert de bois, le tout à quelques centaines de mètres du Thé-
rain. Dans le bois, le merle est très commun.
11 semble résulter, des observations ci-dessus que les mots à
radical Chante suivi d'un nom d'animal, d'oiseau ou d'insecte,
indiquent une Action; que le mot Chante ou son remplaçant
est un verbe représentant l'action du sujet, ou bien que ces lieux
sont ou ont été fréquentés par des êtres de ce même nom. — 11
existe des exceptions : elles se trouvent surtout dans les noms
d'homme. Il y a dans le canton de La Tremblade, par exemple, à
propos du mot avoine déjà mis en avant, plusieurs familles Char-
davoine; mais j'ai connu ailleurs des Machavoine et des Bala-
voine.
M. Marcel Baudouin. — Il y aurait peut-être intérêt, dans la
discussion actuelle, à joindre aux mots à radical Chante, ceux à
radical Huche, fréquents en Vendée. Je connais Huche-pie à Chal-
lans ; Huche-Grolle, à Triaize (mais, au Lairoux, il y a Juche-
Grolle, qui n'est peut-être pas une altération de Huche) (1) ;
La Grolle, à Vieillevigne, etc.
A propos de Bitard, je voudrais rappeler qu'en Vendée mari-
time, j'ai assisté il y a quelques années à une plaisanterie de ce
genre; mais parfois l'oiseau chassé s'appelle un Darin. J'ai ra-
conté ailleurs cette histoire (Interméd. Aiantais, 1907, 22 avril et
20 mai, p. 70-71). — Toutefois, dans le Glossaire poitevin de
Fabre, Bitard aurait signifié jadis un Epervier. — La Pie (Ageasse)
joue un grand rôle dans les campagnes de l'ouest, où il y a une
chauson célèbre: la Mère Ageasse ^J. Bujeaud).
A. propos du mot a Crot§».
M. A. Cousset. — Pour le département de la Charente-Infé-
rieure, on lit dans « La Charente-Inférieure avant l'histoire et
dans la légende, de M. Georges Musset » (page 88) : a Commune
« de Saint-Pallais-de-Nérignuc. 1° Le 1 rou-des-Eadets, souterrain
« reluge, décrit par l'abbé Caudéran, avec plan à l'appui [Bulle-
« lin de la Commission des Arts, tome III, page 298) ; 2° Au
« CRET, station préhistorique indéterminée. [Bulletin de la Com-
« mission des Arts, tome V, page V, par l'abbé Caudéran). »
l En eflet, en patois de l'Ouest Saintonge et Poitou), le mot jucher veut dire
p ii cher. Exemple : Les poules sont juchées quand, dans le poulailler, elles sont
grimpées sur les traverses, perches ou échelles qu'on y place. — Pareillement,
le , corbeaux juchent à la cime des grands arbres et le nom : Juche-Grolle se jus-
tifie.
602 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE
Ciseau en silex taillé et poli.
M. 0. Vauvillé (de Pommiers, Aisne) présente un Ciseau en
Silex taillé, et poli, provenant de Couvrelles, canton de Braisne
(Aisne). — La pièce présentée lui a été donnée par M. Sénépart,
qui l'avait recueillie dans le même pays. Cet intéressant instru-
ment est un outil néolithique, que je crois assez rare. On peut
dire qu il est presque analogue, en son genre, aux ciseaux qui
sont employés de nos jours par les menuisiers. — Voici la des-
cription de cette pièce. On s'est servi pour le faire d'une très
belle lame en silex; l'outil a une longueur de 0m129, une lar-
geur de 0m029 et 0m009 d'épaisseur. Le bout du tranchant a été
poli sur les deux côtés; l'autre bout de la lame a été diminué de
largeur pour emmancher le ciseau; les deux côtés, hors du
manche, ont aussi été polis, en partie.
A propos des Broches de bronze
« à <~ollerclt.es » et à disques mobiles.
PAR
A. GUÉBHARD (Paris).
Je suis heureux d'offrir, à la Société, un moulage remarquablement
bien exécuté qu'a bien voulu m'en voyer gracieusement, avec un autre
exemplaire destiné au Musée de Saint-Germain, M. E. Royer, con-
servateur du Musée de Villefranche (Rhône), à l'instigation du maire,
M. le D' Besançon, que je ne saurais trop remercier.
En vérité, l'origine première de cette bonne fortune fut un rensei-
gnement dû à l'amabilité de Mme Claudius Savoye, qui, en suivant
les travaux de notre Société, a trouvé que de s'y associer était le
meilleur culte à rendre à la mémoire du regretté préhistorien, auteur
du Beaujolais Préhistorique.
Quelque connu et quelque apprécié que soit, en effet, l'excellent
ouvrage de Cl. Savoye, publié en 1899 sous les auspices de
VA. F. A. S. {1 vol. 206 p., 10 fig., 4 pi. et 1 carte), je n'avais pas
songé que je pourrais trouver là ce que j'avais été chercher tort loin,
un type très caractérisé, et très bien figuré (p. 144, fig. 67), de broche
« à collerettes » et à disques mobiles. Ce lut grâce à un mot de
Mm* Savoye que j'en eus l'indication et que je pus même un instant
concevoir l'espoir d'être mis à même d'étudier de visu les détails de
cette particularité si curieuse, et de vous présenter ici la pièce,
comme j'avais eu le bonheur de pouvoir le faire pour les bronzes de
Nice et ceux du Musée de Draguignan. Si j'ai dû me contenter du
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 603
moulage, du moins les observations minutieuses qu'a eu la grande
obligeance de faire à ma place M. Royer me permettront-elles de
préciser quelques détails intéressants.
La symétrie recherchée du profil fusiforme de l'ensemble des dix
anneaux superposés, devait suggérer la question de l'obtention de
ces anneaux pièce par pièce, ou par couples, réduisant à cinq le
nombre des moules, qui, en ce cas, auraient dû être nécessairement
de substance réfractaire et non périssable.
Or l'examen le plus attentif n'a pas permis de trouver deux pièces
homologues, qu'on puisse croire issues de la même forme. Toutes se
différencient les unes des autres par quelque petit détail et surtout
par l'excentricité variable, toujours considérable, de leur trou cen-
tral.
Celui-ci, d'ailleurs, n'est pas rond, comme sur l'épingle de Marcel-
laz (Haute-Savoie), mais de section carrée, comme à Vers (Gard],
enfilé sur une partie d'axe elle-même équarrie, sur une longueur
plus grande que nécessaire, laissant comme jeu un peu moins que
l'épaisseur d'un bouton supplémentaire. La répétition de ce détail,
observable également sur l'épingle dû Musée de Nîmes, semblerait
indiquer qu'il n'est point accidentel (faux calcul de la longueur, dis-
parition d'un bouton, etc.j, mais voulu, pour laisser aux disques une
certaine mobilité longitudinale, sans leur permettre de tourner. Peut-
être même est-ce à l'usure qu'il faut attribuer l'émoussement des
arêtes noté par M. Royer, qui a remarqué aussi, sur la face infé-
rieure de l'anneau diiâbas, de toutes petites encoches, les unes ali-
gnées par 3, 5, 6, les autres irrégulièrement groupées, formant une
sorte de martelage, comme produirait le choc contre une pointe dure
de burin. Ni la face supérieure de l'anneau, ni les autres, ne mon-
trent rien de pareil. Mais la partie ronde de la tige présente des
rayures longitudinales parallèles, comme si elle avait été éraflée sur
des aspérités. Le tout évidemment s'expliquerait si l'usage de l'instru-
ment était d'être enfilé jusqu'à la garde dans quelque ouverture étroite
et mal polie de corps plus dur que lui et susceptible de le rayer.
Quanta la tète, elle a été très visiblement rivée; l'enlèvement
d'une légère poussière d'oxyde a laissé paraître, au haut de la partie
saillante du bouton, la trace de l'extrémité de Taxe.
Tous ces détails, que nous devons à M. Royer, paraîtront peut-
être un peu minutieux. Mais ce n'est qu'en multipliant de telles ob-
servations, suivant la méthode des sciences naturelles, sur les piè-
ces analogues, malheureusement peu nombreuses et toutes disper-
sées, qu'on pourra trouver dans quelque rapprochement, d'appa-
rence peut-être insignifiante, la clef des questions d'emploi et de
fabrication, qui se posent au sujet de ces instruments curieux.
604 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Sur une épingle de Bronze» à « collerettes mo-
biles » , enfilées sur une tige de fer.
PAR
Raoul BOUILLEROT (Dijon, C.-dOr).
La très intéressante étude de notre savant confrère, le Dr A. Gué-
bhard, sur les épingles de bronze à collerettes, parue dans le Bulletin
de la Société Préhistorique Française (juin 1911), m'a remis en mé-
moire un exemplaire assez curieux, remarqué dans la collection de
M. le conseiller Millon, de Dijon (1).
Je suis allé aussitôt revoir de plus près cette épingle, dont ci-joint
le dessin {Fig. 1).
0Elle se compose de la tête et de sept disques,
réunis sur une tige de fer rivée au sommet de la
tête, qu'elle traverse de part en part. Ces disques
fsont absolument indépendants les uns des autres,
celui du haut, le plus rapproché de la tête, étant
demeuré complètement mobile. L'oxydation du fer
a soudé les autres sur la tige ; le dernier est en
partie brisé ; la tige est actuellement tordue.
Tous les disques sont du même modèle, mais
non absolument identiques, et il n'apparaît pas
qu'ils soient tous sortis du même moule.
Ce n'est pas là une pièce truquée, ni une res-
tauration moderne. Il est hors de doute que cer-
tains objets, quoique démodés depuis longtemps,
Fig, 1. — Epingle de de l'âge du Bronze, sont restés occasionnellement
ia collection millon, usage à l'âge du Fer; et, après un examen
à Dijon — Dessin ° , •
de m. r. bouille- minutieux de 1 épingle en question, il n est pas
rot,— : 1/2. téméraire d'attribuer à un artisan hallstattien ou
de La Tène la substitution d'une tige en fer à la tige initiale en
bronze accidentellement brisée.
Cette pièce anormale n'en reste pas moins intéressante, en ce
qu'elle confirme, à une époque postérieure, le procédé d'enfilage de
disques mobiles, constituant le type des « Épingles à collerettes ».
Malheureusement, la provenance de cet objet n'est pas absolu-
ment certaine. M. Millon croit qu'elle provient des dragages de la
Saône, à Chalon ; mais, extrêmement scrupuleux quant à l'origine
(1) Cette précieuse collection va être incessamment publiée par M. J. Déche-
lette, avec la collaboration de MM. Parât, Dr Brulard, R. Bouillerot et
C. Drioton [Paris, Geutbner].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 605
des pièces qui composent sa collection, il déclare ne pouvoir être
aftirraatif à cet égard. Nul ne saurait l'en blâmer.
Au point de vue documentaire, il y a lieu de retenir : que l'épin-
gle a été trouvée telle qu'elle est, que la réparation est ancienne, et
qu'elle a été pratiquée suivant la technique en usage à l'âge du Bronze.
C'est à ce titre que je la signale à M. le Dr Guébhard, car toutes
les suppositions qu'on pourrait taire sur la destination attribuée aux
épingles de bronze recueillies et utilisées aux époques postérieures
ne sauraient reposer sur aucun fondement.
M. A. Guébhard est heureux de trouver, dans l'intéressante
communication de M. R. Bouillerot, une confirmation, aussi cu-
rieuse qu'inattendue, de l'attribution qu'il avait été porté à faire de ce
genre d'épingles-broches à l'extrême fin du Bronze, puisque en voici
un exemplaire quia été conservé et utilisé jusqu'au Fer! — D'où
présomption nouvelle, en faveur de l'antécédence évolutive plutôt
que de la postériorité du type plus simple de Clans, fondu d'un seul
jet.
Les remarques de M. Bouillerot confirment d'ailleurs, jusqu'au
rivetage, celles de M. Royer ; et il parait bien établi que c'est à la
pièce que se taisait, même pour les anneaux, tout ce travail d'orfèvre-
rie métallique, qui semble avoir eu, des deux côtés du Jura, là et
en Suisse, des centres de prédilection.
A Vogna même, commune d'Arinthod Jura , qui nous a fourni
un de nos prototypes, les trois grandes broches trouvées ensemble,
qui sont visibles au Musée de Lons-le-Saunier, sont toutes différentes,
nous écrit M. A. Lejay, soit de longueur 0m(52, 0m66, 0m70), soit de
décor de tète. Parcontre, autant qu'on en peut juger à travers les vi-
trines et sous l'empâtement du vert-de-gris, il ne semble pas que
leurs annelets aient jamais été détachés.
■ »»»t»t m »~«.~
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE.
606 SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISB
COMMISSION DES ENCEINTES
Commission d'étude
des Enceintes Préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
M. Armand Viré, Président de la Commission, s'excusant de son
absence, a chargé M. A. Guérhard de déposer le 51e Rapport, qu'il
a fait précéder des quelques mots suivants :
« La Commission des Enceintes entre dans sa sixième année ; et
c'est, pour une Commission aussi spéciale, un passé déjà long.
« Accueillie à son début par le doux scepticisme de quelques-uns,
par la froideur plutôt malveillante de quelques autres, elle a heureu-
sement, d'emblée, trouvé de chauds et dévoués collaborateurs ; et elle
a prouvé, par l'amoncellement des documents qui garnissent ses rap-
ports, qu'elle venait à son heure combler une lacune dans l'ensemble
des études préhistoriques.
« Certes tout n'est point parfait dans nos travaux. On souhaiterait
davantage de fouilles proprement dites ; mais il faut savoir se rési-
gner et. . . attendre.
« Continuons donc avec ardeur notre œuvre d'inventaire, pourdoter
nos successeurs d'un puissant organe de travail. »
— MM. Eusèbe Bomral et Amédée Muzac nous signalent, à côté
d'un menhir en granit, des restes de murailles à pierres sèches et une
couche déterre noirâtre fortement imprégnée de charbon et de menus
débris de poteries.
S'agit-il bien d'un reste d'Enceinte ? Quoi qu'il en soit, le tout est
situé dans les dépendances du village de Couderc, commune de Ser-
vières(Corrèze), au lieu dit Champ d'Astier, au bord d'un précipice, où
coule le ruisseau de la Glane, alias de la Dame, et sur la rive gauche
de ce cours d'eau.
— M. H. Corot, en attendant de pouvoir aller vérifier par une
fouille le caractère préromain de certains retranchements observés
aux environs d'Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or), à Flavigny, Bussy,
etc., nous envoie de très démonstratives photographies des fouilles
de la Croix-Saint-Charles, à Alise même, par lesquelles le comman-
dant Espérandieu et le Dr Epery ont mis à jour l'ancien mur d'en-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 607
ceinte gaulois d'Alseia, dont la structure est bien démontrée par les
grandes fiches de fer, retrouvées dans les trous laissés parla dispari-
tion des poutraisons intérieures : mode de construction qui se per-
pétua d'ailleurs, surplace, après l'occupation, puisqu'on l'a retrouvé
sur un autre pan de mur, fait avec des débris de sculptures romaines.
Très curieuse aussi la voie gauloise, retrouvée à un mètre de pro-
fondeur, et qui montre, sur le roc vif, les deux profondes ornières
creusées par le charroi de l'époque. — A. G.
— Nous publions ci-contre {Fig. 1,2) le plan du camp du Chatelard,
commune de Royan (Charente-Inférieure), que nous n'avons pu
faire figurer avec le texte qui le concernait, lorsque nous avons dé-
crit ce camp (t. VIII, p. 424, rapp. 49), d'après M. Arthur Cousset.
Fig. 1. — Emplacement du Camp du Chatelard, commune de Royan.
— M. E. Hugon nous annonce de prochains détails sur une en-
ceinte nouvelle, qu'il a découverte au hameau de Merlin, commune
d'Orgelet (Jura).
— M. L. Jacquot nous transmet une note de M. L. Carrière sur
le Camp des romains, situé sur le plateau de Charlasse, au-dessus de
la Bourboule (Puy-de-Dôme), ait. 1250. C'est une série de retran-
chements de terre, avec trous d'homme, du côté du Sud, barrant un
éperon ; alignements en pierre sur les autres côtés. Source abon-
dante vers le centre avec, autour, un groupement comportant de gros
blocs de pierre.
Un chemin couvert, venant du S. et bordé de grosses pierres,
semble avoir servi d'accès .
608 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les mêmes correspondants décrivent une nouvelle fortification,
dite Mur Piraud, du nom de l'auteur de la découverte.
« Le Rochaix est une crête étroite, dirigée sensiblement du nord au
sud et isolée des montagnes voisines par plusieurs cols : de Clémen-
tières à l'ouest, le séparant du Casque de Néron ; de Vence, au nord,
le séparant du Charmant-Som ; de Porte, à l'est, le séparant du
Saint-Eynard. Le Rochaix (corruption du mot Rocher) s'abaisse au
sud par une série de pointes de plus en plus basses et de petits ter-
rains jusqu'à son contact avec l'Isère, qui se heurte contre sa der-
nière falaise (Quai Perrière). Les deux pitons les plus méridionaux
portent des fortifications élevées par Vauban : le fort Rabot et la
Bastille.
Cow*W <UVtya* iStâJip)
c
big. 2. — Le Camp du Chatelard.
« En arrière (nord), c'est le massif de la Chartreuse. En avant
(midi), c'est la plaine du Grésivaudan — venant de Montmélian
(au sud-est), — le grand cirque plat (sud , créé par les débordements
de l'Isère et du Drac et autrefois occupé par des marécages, la vallée
de l'Isère (sud-ouest) continuant sur Valence. Le Rochaix forme
comme un éperon avançant en dehors du massif de la Chartreuse et
quia obligé l'Isère à décrire une courbe sensible.
« Pour suivre la vallée de l'Isère, — quand les eaux le permet-
taient — il fallait passer sous les palissades de Cularo (ancienne
bourgade indigène). Par temps normal les voyageurs arrivaient de
Chambéry parle Sapey et la Tronche (vierge noire), traversaient ou
contournaient Cularo (Chalemont, Sainte-Marie-d'en Haut), remon-
taient le long du Racloir, par Rabot, la propriété Guy-Pape (sque-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 609
lettes, fers minuscules) et Clémentières (pierre à cupules), descen-
daient à Quoix 'vieux manoir) et prenaient le vallon de la Vence,
pour venir retrouver l'Isère à Saint-Egrève- Saint-Robert (grotte de
l'Ermitage .
« Mais Cularo, au pied de la montagne, était menacé d'être surpris
par les bandes qui auraient pu arriver du massif de la Chartreuse en
suivant la crête du Rochaix. Les Allobroges qui l'habitaient, gens
paisibles et trafiquants, devaient donc avoir songé à se garder du côté
du nord par un poste ou grand'garde avancée. Jusqu'à présent per-
sonne n'en avait trouvé trace, des broussailles couvrant tous les
flancs de la montagne. Un incendie récent 'ayant fait disparaître les
fourrés, M. Piraud — passant là par hasard — aperçut les murs et,
en homme averti, les signala.
Voici maintenant ce que dit M. Carrière :
« Le Rochaix est en pente rapide à l'est, très raide au nord et pres-
que abrupte à l'ouest. Un poste n'avait donc à se garder d'une atta-
que de vive force que dans deux directions : nord et est; le sud, étant
dans la direction de la bourgade, était moins menacé. Néanmoins, il
ne fallait pas être coupé de Cularo et, pour cela, il fallait éviter de
s'en éloigner trop, tout en se fixant à un endroit où la surveillance pût
être efficace. Nos aïeux choisirent la pente nord du point culminant
(1.053 mètres) et s'établirent un peu au-dessus d'une dépression en
forme de petit col que traverse encore maintenant un mauvais sen-
tier. Ils pouvaient de là surveiller la vallée du Grésivaudan. le Saint-
Eynard, les cols de Porte, et de Clémentières, le casque de Néron et
la vallée de l'Isère àlaBuisserate. Des vedettes envoyées sur les con-
treforts plus septentrionaux suffisaient à surveiller les cols de Porte
et de Vence, complétant ainsi le système défensit. Quant à l'eau, elle
manquait; on devait retenir l'eau de pluie dans des citernes et, dans
tous les cas, on pouvait en trouver à un ravin qui se trouve à vingt
minutes du poste, sur le chemin conduisant à Clémentières. D'ail-
leurs le pays, alors plus boisé, devait avoir beaucoup plus de sour-
ces qu'aujourd'hui.
a Les vestiges Piraud sont à mi-hauteur entre le col et le point cul-
minant, à une distance à vol d'oiseau, d'environ 200 mètres du som-
met et du côté nord. Ils font face à la gorge ou col que suit la route
du Sapey après le col de Vence.
« lisse présentent sous l'aspect d'un mur en pierres sèches haut de
lm50à 2 mètres mesure intérieure), semi-circulaire et d'un dévelop-
pement d'une cinquantaine de mètres, la convexité vers la plaine,
ledit mur tout à fait éboulé et ayant sa face extérieure sur la pente.
« Les matériaux sont des pierres non ouvrées, trouvées sur place,
sorte de pierraille qui ne semble pas avoir été disposée par assises. La
face intérieure est sensiblement verticale tandis que celle extérieure,
610 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
qui a dû être dégradée par l'effet des eaux, est à 45 degrés comme la
pente. On aperçoit sous la pierraille, quelques gros blocs qui parais-
sent avoir été mis là intentionnellement, peut-être pour soutenir
le mur de distance en distance.
« Les défenseurs avaient leurs derrières protégés par les escarpe-
ments de l'ouest.
« La vue dont on jouit depuis le poste est très étendue et très effi-
cace pour la protection du Rabot.»
— M. Albany F. Major, qui a succédé à M. A. G. Chater dans
le secrétariat du Committee of Ancient Earthworks and Fortified
Enclosures nous adresse le Rapport adressé au Congrès des Sociétés
archéologiques anglaises, le 5 Juillet 1911. Quoique le mouvement
en faveur de l'étude des Enceintes paraisse s'étendre, et qu'il ait
même été constitué des Commissions spéciales pour cela au sein du
Dorset Field Club (exemple que devraient bien suivre nos Clubs
Alpins) et de la Bucko Architectural and Archaeological Society, le
nombre des fouilles de l'année, pour les enceintes, n'est pas bien
grand. A Repton (Dorbyshire), l'enceinte rectangulaire en terre des
Buries, qui passait pour romaine ou danoise, n'a fourni à MM. Au-
den et Simpson que des poteries du xv° siècle. A Stokeleigh Camp
(Somerset) des fouilles et des coupures dans le rempart des pierres '
sèches effectuées par le Professeur C. Lloyd Morgan et M. A. E.
Hidd, n'ont rien fourni de caractéristique. Il y a bien eu quelques
autres fouilles, mais elles n'ont pas été publiées, et si nous compa-
rons à l'enquête de notre Commission isolée les résultats obtenus
dans un pays où tant d'importantes organisations s'en occupent, il
n'y a certes pas lieu de trouver inférieure la tâche accomplie chez
nous. — A. G.
— M. M. Marignan, dont on attend avec impatience la description
des belles fouilles, donne, dans le volume de l'A. F. A. S., 39e session,
Toulouse 1910, t. II, p. 273-275, une note préliminaire qui appelle
quelques réflexions sur la station néolithique et l'oppidum d'Am-
brussum à Villetelle (Hérault).
Après avoir exposé comment, à lm80 de profondeur, sous les
cases gauloises, il a trouvé d'abondantes traces d'une occupation
néolithique, il ajoute :
« Je ne crois pas qu'il soit possible d'attribuer aux Préhistoriques
la construction de l'enceinte. En effet, on trouve du silex aussi bien
à l'extérieur qu'à l'intérieur du rempart ; on en trouverait sous la
muraille si l'on pouvait y fouiller. Ceci ne serait pas une preuve
absolue ; mais en voici une meilleure : la superficie de l'Oppidum a
6 hectares environ, le rempart a 635 mètres de longueur, or l'habitat
néolithique, situé sur le point culminant de la colline, n'a pas plus
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 611
d'un hectare de superficie. Les néolithiques ne se seraient pas amu-
sés à bâtir un mur de 635 mètres et à fortifier 6 hectares pour n'oc-
cuper qu'une faible partie de cette vaste enceinte. »
Je regrette infiniment d'avoir à le dire à un de mes collègues les
plus appréciés de la Commission des Enceintes ; mais je serais bien
désolé, au point de vue de la saine méthode scientifique, que sa ma-
nière de raisonner eût des imitateurs, même si elle l'a conduit à une
conclusion juste en ce cas spécial d'Ambrussum, que je ne connais
pas, et que, faute d'autres détails, je ne me permets pas de juger.
Ne tombe-t-il pas sous les sens que, lorsqu'on pose un mur, sans
fondements, comme faisaient les pré- ou protohistoriques, sur le sol,
ce sont précisément les objets de l'époque de la construction que doit
recouvrir ce mur, contre lequel ne viendront s'accumuler, avec
l'exhaussement du sol, que des restes postérieurs?
"
Quelques cas où des objets peuvent se trouver déposés en dessous du niveau de
base' d'un mur contemporain ou même plus ancien.
A fortiori, si l'on tient compte de l'habitude des néolithiques de
creuser leurs demeures de près d'un mètre dans le sol, là où celui-ci
s'y prêtait! Le croquis ci-dessous, que j'ai publié dans le t. V (1908,
p. 164, fig. 1) est suffisamment démonstratif par lui-même pour que
je m'étonne de voir reprendre par mon savant confrère un argument,
que j'avais cru devoir combattre préventivement, dès que je l'avais
vu poindre. Non seulement il ne constitue pas une « preuve abso-
lue » ; mais ce serait plutôt une preuve négative, tant qu'aucun objet
gaulois n'aura été trouvé à la base, sinon sous la base du mur attri-
bué à cet âge.
L'autre preuve est-elle meilleure ?
Que dirait alors notre confrère des nombreuses enceintes où ne se
retrouve aucune trace d'habitat? Très exceptionnelles sont celles qui
ont donné lieu à des occupations stables et prolongées ; encore plus
celles, même parmi les récentes, dont la surface entière aurait été
occupée. Ne fallait il pas pour les bêtes plus d'espace que pour les
gens? La situation topographique elle-même ne commandait-elle
pas le tracé et les dimensions du mur? Et, quant aux dimensions de
celui-ci, à Ambrussum,ne restent-elles pas encore mesquines parrap-i
612 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
port à maintes murailles de même type, incontestablement néolithi-
ques, observées en Allemagne? Faudrait-il donc en revenir à croire,
ou à un Age d'Or, ou à une infériorité intellectuelle, l'un et l'autre
bien extraordinaires, pour les néolithiques de tout le Bas-Languedoc,
quand M. Marignan, sans davantage de preuves, conclut: « En défi-
nitive, la question paraît tranchée pour Ambrussum : le rempart n'est
pas l'œuvre des Néolithiques. Je me demande même s'il existe des
remparts néolithiques dans notre Bas-Languedoc... C'est aussi, je
crois, l'opinion de M. Mazauric, qui connaît à fond son dépar-
tement. »
Je crois qu'il ne faudrait pas beaucoup chercher dans les publica-
tions de M. Mazauric pour prouver le contraire, en ce qui concerne
le Gard; mais, pour Ambrussum, je tiens à proclamer très hautement
que la question ne paraît nullement tranchée. En Science, il ne suffit
pas de croire : il faut aussi démontrer ; et la démonstration reste à
faire .
Sans doute un argument, qu'omet de faire valoir M. Marignan,
pourrait-il faire penser à des constructeurs postérieurs aux néolithi-
ques : c'est celui des tours aux angles saillants. Mais encore faudrait-
il savoir si celles-ci font corps avec le mur, pu ne sont pas simplement
plaquées en contreforts, comme à Constantine. Et, même alors, res-
terait discutable la question de contemporanéité, et parfaitement l'âge
possible du Bronze (Exemple : Hissarlik).
J'insiste d'ailleurs sur ce que je ne rejette nullement, de parti
pris, Yhypothèsede M. Marignan, mais à condition de ne la regarder
que comme une hypothèse; car, en tout état de cause, d'après ce qui
a été exposé, notre confrère n'a pas plus le droit de « trancher »
pour l'âge gaulois que nous pour l'âge néolithique, malgré quelques
vraisemblances qu'il a lui-même fournies pour cette dernière alter-
native. — A. G.
*— M. A. Poirot nous envoie, pour être ajouté à l'inventaire de
Meurthe-et-Moselle, donné par M. le Comte Jules Beaupré, dès
les débuts de notre enquête (B. S. P. F., IV, 1907, 7e Rapp.,
p. 155-159), deux enceintes inédites, observées par lui et ses fils,
MM. G. et A. Poirot.
Frouard. Côte de Pimont. Long. E., 4 gr. 188; Lat.,54 gr. 170.
Promontoire situé à 340 mètres d'altitude et dominant de 130 mètres
la vallée de la Moselle, barré à 500 mètres de l'extrémité par un
Vallum en pierre et terre, non calciné, sans fossé, de 350 mètres de
longueur, de 7 mètres de largeur à la base et lm50 de hauteur {Fig. 4).
Faulx. Bois de Faulx. Long E., 4 gr. 280; Lat., 54 gr. 191.
A 350 mètres d'altitude, sur le flanc Est du plateau dominant de
-110 mètres la vallée du Ruisseau de Chavenoy, enceinte de 100 mè-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 6l3
très sur 120 environ. Vallum en pierre et terre, non calciné,
sans fossé, atteignant 6 mètres de largeur à la base et lm80 de hau-
Fig. 4 et 5. — Encintes inédites de Meurthe-et-Moselle, levées par M. A. Poirot.
teur. Autre vallum formant demi-lune sur le flanc Est. Nombreux
monticules de pierres ,sans doute des tumulus) et nombreuses lignes
de pierres disséminées dans les environs (Fig. 5).
WN( Uhrryï ?<r \Jrtun^ (^<rt^rr»rtC
Fig. 6. — Camp de Graou Courrent 'A.-M.). — Levé à vue par M. Cl. Rébuffel
— M. A. Guébhard, hanté par une très vieille réminiscence d'ex-
cursion géologique, qu'il avait malheureusement omis de noter,
quant à 1 existence d'un caslelar sur le sommet qui domine au nord
le village de Val de Roure( Alpes -Maritimes), ne cessait, depuis
qu'il s'était vu retenu à Paris par les nécessités de cette enquête spé-
ciale et ses suites, de tâcher d'obtenir une confirmation des plus
6H SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
proches habitants de la région. Sans se laisser décourager par
maintes réponses négatives, il faisait grand fond, pour la vérification
de cette pré- ou plutôt rétro-vision, sur le flair de l'actif détec-
teur, M. Clément Rébuffel, qui, résidant dans une commune pas
très éloignée, celle de Séranon, y avait déjà vérifié, malgré les déné-
gations des immédiats voisins, l'existence, prévue à distance, d'une
importante enceinte sur la montagne du Cournet (B. S. P. F. t. VI,
1909, p. 300, fig. 4, 5, fi, XXIXe Rapport).
M. Clément Rébuffel, dès qu'il en eut le loisir, se rendit sur le
sommet désigné, qui se trouve d'ailleurs figuré sur une des planches
de l'ouvrage de M. A. Guébhard, Les Préalpes maritimes (1) et là il
trouva effectivement une enceinte très développée qui, d'après le
croquis très sommaire qu'il a pu en prendre, sans aucunes mesures,
et que nous reproduisons (Fig. 4) à titre de document préliminaire,
présenterait cette particularité d'occuper non seulement la pointe
isolée du mamelon, mais encore d'englober dans un double système
de rempart le débouché supérieur de la petite gorge d'accès qui
isole au Nord le mamelon, comme il est à l'Est et au Sud par
l'abrupt, mais sans défenses naturelles du côté de l'ouest.
Au cadastre de Valderoure, cet emplacement correspond au n° 945
de la section B, et porte le nom de Graou-Courrent que nous laisse-
rons au camp lui-même. Sur ce même cadastre, M. C. Rébuffel a
encore noté que le camp qu'il nous avait autrefois signalé au Col de
Saint-Pierre, se trouve très bien dessiné au n° 746, section D, ou du
Bois de Pugnafort, avec la désignation spéciale de Rocher du Midi.
(lig.6).
Ce seront probablement les dernières découvertes qu'aura à nous
signaler notre correspondant, car il a exploré maintenant à peu près
tous les sommets de ses environs, susceptibles de porter des fortifica-
tions, et n'a rien trouvé de plus que ce qu'il nous signale. Mais,
connaissant par expérience la difficulté de ces explorations, nous lui
sommes déjà bien reconnaissant d'avoir ajouté deux points nou-
veaux sur les extrêmes confins de notre carte; et il n'y a pas de doute
que nous ne verrions reculer de plus en plus les limites de la zone
des castelaras s'il se trouvait dans chaque commune un investigateur
aussi actif et dévoué que le jeune créateur du Syndicat d'intérêt local
de Siranon.
(1) A. Guébhard. — Les Préalpes maritimes, t. I, 110 p., 87 fig., XXI pi. h. t.,
[ex Bull. Soc. Geol de Fr., 4* série, t. II, 1905; v. pi. XXVIII].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 615
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Présentation d'un Crâne humain
trouvé avec le Squelette à la base
du Moustérien de La Quina (Charente).
PAR LE
Dr Henri MARTIN (de Paris).
C'est avec un vif plaisir que je viens aujourd'hui vous présen-
ter un Crâne humain, portion d'un squelette, que j'ai trouvé le
18 septembre 1911, dans l'une des couches moustériennes infé-
rieures de La Quina.
Dans cette séance, je m'étendrai seulement sur les circons-
tances de la trouvaille, et fournirai tous les éléments nécessaires
pour authentiquer le squelette.
Beaucoup d'entre nous connaissent déjà le gisement de La
Quina et ont pu se rendre compte de l'importance des couches
et de leur superposition. Ceux qui y ont fouillé savent qu'on ne
peut confondre la couche archéologique supérieure (cote C1 et C2)
avec l'Aurignacien III, malgré certains auteurs étrangers, notam-
ment M. Rutot, qui ont tenté de jeter la confusion entre des dé-
pôts parfaitement établis, non seulement par la stratigraphie,
mais encore par l'industrie.
La découverte du 18 septembre suffit à elle seule pour écar-
ter une telle hypothèse, car elle met au jour le type le plus ac-
centué de la race de Néanderthal, race considérée à juste titre
par les paléontologistes compétents, entre autres par le Pr Boule,
comme appartenant au Pleistocène moyen.
Depuis plusieurs années, sans être absolument sur la voie de
la découverte actuelle, j'avais rencontré plusieurs débris humains
dans la couche supérieure et moyenne; mais les dents, les astra-
gales, le fragment d'occipital, la vertèbre, dégagés des couches,
n'étaient pas accompagnés d'autres fragments en série anato-
mique.
Faut-il insister sur ce moment d'émotion, qui accompagna la
découverte d'un humérus droit humain, moment où je le tendis à
M. Henri Marot, qui fouillait avec moi. Notre excellent collègue
comprit aussitôt toute l'importance de cette trouvaille; et aujour-
d'hui je fais appel au témoin oculaire, si compétent, qui connaît
le gisement dans tous ses détails.
616 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cet humérus était tombé dans mes mains, en faisant un aba-
tage, manœuvre employée parfois dans mes fouilles! Elle consiste
à introduire la pointe d'une pioche dans la couche mince de sa-
ble stérile située en C4, et a pour but, en appuyant sur le manche
de l'instrument, de faire des pesées de bas en haut, à la base de
la couche G3, et d'y pratiquer des fissures. Cette technique per-
met de recueillir, sans les mutiler, les silex et les ossements.
Après avoir déterminé sur le front de la coupe la position et la
hauteur de cet os appartenant au bras, songeant toujours à la
possibilité de rencontrer un squelette humain, je pris, devant
M. H. Marot, mes points de repère pour circonscrire à l'inté-
rieur de la couche un crâne virtuel, qu'aucun indice ne trahis-
sait.
Des recherches de quelques minutes me firent trouver les deux
arcades dentaires. La fragilité et l'état pulvérulent du maxillaire
supérieur droit firent tomber Irois dents entre mes mains.
L'une d'elles, la canine, de proportions si considérables, me fit
hésiter un instant; mais les deux prémolaires bien caractéristi-
ques confirmèrent le diagnostic humain. Certain de me trouver
en face d'un crâne, je repérai l'arcade sourcilière encore invisi-
ble et avec tous les ménagements nécessaires, je ne tardai pas à
découvrir la plus typique, la plus belle des visières du type de
Néanderthal. Il n'y avait plus de doute. Un crâne moustérien
était là; il restait à prendre les dispositions pour le dégager.
La résolution à laquelle je m'arrêtai fut l'enlèvement d'un bloc
assez volumineux pour contenir le crâne et les autres régions du
corps. La nuit venait, car l'humérus avait été trouvé à 5 h. 1/2
du soir; et, jugeant imprudent de remettre au lendemain le tra-
vail de dégagement, j'abandonnai l'idée de dissimuler mon tra-
vail ou de le protéger, moyens toujours inefficaces; car chacun
sait le sort réservé à ces sortes de trouvailles, si la surveillance
n'est pas absolue !
C'est en pleine nuit, éclairé suffisamment, et avec l'aide de mes
deux excellents et dévoués ouvriers, Mazif et Lauger, que je
creusai les tranchées nécessaires pour limiter un bloc de lm10 de
long, 0ra65 de large, et 0m60 de haut(l).
Le matériel nécessaire pour procédera ce travail fut amené sans
retard sur le terrain; je protégeai d'abord la région faciale du
crâne avec une couche de sciure de bois légèrement humide, et
l) La longueur de \™\(i ne correspond pas à la taille d'un squelette; mais cette
suie était imposée par une coupe antérieure, où cependant aucun os humain
(1)
mesure était imposée par une coupe antérieure, où ceper
n'avait été trouvé.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 61?
une planche; entre les deux, je fis couler de Yalabastrine, à prise
lente.
Quatre planches solides furent ensuite disposées en cadre au-
tour du bloc, et maintenues avec des cordes pour éviter les éear-
temeuts et les fissures. Le passage du plancher sous le bloc lut la
manœuvre la plus rude. Le terrain friable menaçait de s'effon-
drer; et parlois nous eûmes des moments de crainte. Enfin, vers
deux heures du matin, nous avions réussi à passer sous le bloc,
une à une et parallèlement, six planches résistantes; mais cette
assise jugée trop instable fut renforcée dans lesensdelalongueur,
par trois autres planches. A l'aide de rouleaux, nous glissons, non
sans peine, un grand plateau de bois, pour réunir entre eux les
différents plans de soutien posés précédemment. Le bloc était
isolé ! Puis, avec des cordes et des clous, toutes les pièces qui for-
maient ce gros caisson furent solidement unies. Nos efforts, ceux
de trois hommes, furent à ce moment insuffisants pour soulever,
même de quelques centimètres, une extrémité de cette lourde
masse. Le poids devait atteindre 600 kilogrammes!
Nous n'avions plus qu'un moyen pour réussir, c'était d'amener
une charette dans l'intérieur du gisement, de placer l'arrière du
véhicule à la hauteur du fardeau, et de l'y pousser à l'aide de rou-
leaux et de pinces. Quelques terrassements étaient nécessaires,
et le courage de mes compagnons ne faiblit pas, malgré la fatigue.
Enfin, à 4 heures du matin, le chargement était terminé; la cha-
rette passait du gisement sur la route ; et nous rentrions à la
pointe du jour au Peyrat. La distance de 1.800 mètres fut par-
courue au pas, évitant les cahots; et le nouveau Néanderthal venait
prendre place dans le Laboratoire !
Ces détails, aux yeux de beaucoup, sont peut-être superflus
avant d'entrer dans la description; mais ces souvenirs qui datent
de quelques semaines sont encore si vivants, qu'il me tient à cœur
de vous les conter et de vous faire partager aujourd nui l'anxiété
et la joie que j'ai éprouvées. J'ose le faire, mes chers collègues,
car vous m'avez toujours donné votre appui et encouragé dans
nies recherches.
Sur la coupe, que notre dévoué collègue Ed. Hue a bien voulu nous
représenter à l'échelle (Fig. 1), nous pouvons aborder l'étude de la
couche archéologique, où j'ai découvert ce squelette humain ; son
irtegrité est absolue; ni remaniement, ni glissement d'aucune
sorte, n'y sont visibles; le gisement, à cet endroit, est recouvert
d'un éboulement fort ancien, fin moustérien, qui le protège et le
surmonte de trois mètres de calcaire turonien très dur.
Cet éboulement (n° 6 de la coupe) a été détruit à l'aide de
i
618 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
petits coups de mine donnés successivement au cours des tra-
vaux; ils laissent ainsi à découvert la couche 1 et 2, que j'ai dési-
gnées autrefois, sous le nom de Moustérien supérieur ou perfec-
tionné (1). La couche 1 se confond souvent avec la couche 2 ;
.'-'"l'-""Jkr!/e fouillée
, Terre'
tyvègelde-
6. Ebmile/nentposhioujk'rieii.
?f.A. Couche jMeilse supérieure.
hue noire, ûssemtyb utilisés.
3. ùudieâiyib-j£eujeverdà?re.Jnéitrri'i!miukr!!
f|!^-* . k. doude A jiUe fin . Jtek/e . !
'' du premiv
lèU noire J.
------ -"i* ' ■ Cailloutit ' du premier Jtor&n Tiuiujfcrien. .
11 ■ Coueke de csLca,
i
îi. Coude de Cilcajretrou!t!i.(roiye),
tig. 1.
néanmoins j'ai été obligé, à cause du contact immédiat de l'ébou-
lement, de faire une division spéciale, qui permet délocaliser
certaines pièces entraînées au début de la chute des corniches.
La couche 3, ordinairement moins riche en industrie, est assez
variable; certains points du gisement la montrent avec un sable
verdâtre plus ou moins argileux; ainsi, entre les côtes A et B, là
où j'ai découvert le squelette, cette couche atteint 0m70 d'épais-
(1) Dr Henri Martin. — Industrie moustérienne perfectionnée. Station de La
Quina.— Bull. Soc. Préh. Fr., 28 juin 1906, page 233.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 619
seur; ailleurs, elle mesure seulement 0m40, et contient beaucoup
de sable; à la cote C, elle dépasse un mètre et devient très argi-
leuse^^. 1).
Au-dessous, les sondages antérieurs m'ont révélé un faible
niveau de sable fin de rivière et de cailloutis, où l'industrie s'ap-
pauvrit, mais où le Renne existe déjà. Ces couches 4 et 5 repré-
sentent la base moustérienne de LaQuina;je les ai indiquées
autrefois comme appartenant au Moustérien inférieur. Tous ces
niveaux sont d'autant plus pauvres en industrie et en ossements
qu'ils sont plus inférieurs; ils renferment tous les débris d'une
faune froide avec le Renne. Quoiqu'il en soit, la C3, sans être
stratigraphiquement à la base des dépôts, n'en est pas éloignée
dans ses parties basses; elle peut, si on admet le Moustérien
moyen, rentrer dans cette division, à la condition de ne pas oublier
qu'à La Quina le moustérien inférieur est presque nul et peu dif-
férencié.
La position du squelette était la suivante : Entre les cotes À et B,
à 4m50, sur le trajet de la perpendiculaire menée horizontale-
ment du pied de la falaise ; le centre du crâne à 0m25 au-dessus
du plan horizontal, formant la base de la couche 3, par consé-
quent à peu près au tiers inférieur.
Le squelette était placé horizontalement; la tète couchée sur le
côté droit regardait la vallée; elle était en amont, et les fragments
de membres en aval. Une traînée brun rougeàtre de fines parti-
cules prolongeaitsur un mètre environ la région crânienne, par-
ticularité que je n'avais jamais rencontrée dans le gisement. Cette
sorte de stratification à éléments pulvérulents m'a fait penser à
des débris du sternum, des côtes, et à d'autres parties, non déter-
minables. Le niveau de cette couche, contenant des os d'une fragi-
lité si déconcertante, a été respecté, et, avant d'y toucher, il faut
laisser au temps le soin d'opérer ladessiccationdubloc; etpeut-ètre
y retrou vera-t-on ultérieurement d'autres régions en bon état.
Autour du squelette etau-dessus, j'ai trouvé plusieurs esquilles
d'os longs avec des impressions de silex (os utilisésj, des ràcloirs
Lien taillés et assez grands, des pointes larges à base épaisse, et
uue sphère de 12 centimètres de diamètre, exactement ronde et
piquée, en calcaire très siliceux.
La faune est représentée par le renne, le cheval, et un gros
bovidé.
Au-dessus du squelette, jusqu'à la limite supérieure de la cou-
che 3, le dépôt n'est pas modifié; dans toute la hauteur, j'ai
observé, sur 0m40, la même composition argilosableuse à éléments
fins et quelques petits fragments de calcaire. D'ailleurs, dans tous
i
620 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
les points du talus fouillés, j'ai retrouvé ce dépôt plus ou moins
vaseux, qui semble indiquer celui d'une rivière à courant lent.
La présence des objets industriels et des débris alimentaires
non roulés peut s'expliquer par leur chute des terrasses supé-
rieures; d'autant plus que la corniche inférieure existait à cette
époque et j'ai démontré autrefois (1) qu'elle surplombait au moins
de 2 mètres la rive du Voultron : ce qui réduit de moitié le point
de chute du cadavre par rapport au pied de la falaise.
Nous ne nous arrêterons pas à l'idée d'une sépulture: comment
songer à l'inhumation d'un corps dans une nappe d'eau vaseuse ?
Il est beaucoup plus vraisemblable qu'une chute, accidentelle ou
provoquée, ou post-mortem, du haut de la falaise, ait été la cause
de la situation et de la position du cadavre. On pourrait songer
aussi au transport par le courant; dès lors le point d'immersion
ou de chute serait situé plus ou moins haut dans la vallée ; mais
cette distance ne pouvait néanmoins excéder 3 kilomètres.
Quoi qu'il en soit, l'immersion prolongée du cadavre a produit
une disjonction des os; ceux du crâne ont cédé au niveau de leurs
sutures et se sont imbriqués; la tête n'a pas été écrasée par un
traumatisme violent, car l'état des dentelures suturales est parfait
de conservation. La macération, même dans un milieu vaseux,
explique parfaitement cette séparation; c'est un résultat qu'on
obtient journellement dans les amphithéâtres.
Les dépôts, apportés par la rivière ou descendus des terrasses,
renfermant des débris d'industrie, ou même les belles pièces
arrachées par les pluies dans les cantonnements, sont venus re-
couvrir le cadavre progressivement, en se mélangeant à de petits
fragments de calcaire, à la terre et au sable.
Pourrait-on un instant songer à l'immersion incomplète ou
intermittente du cadavre ; alors il faudrait compter sans l'avidité
de certains fauves; les loups et les hyènes auraient opéré une
dissémination rapide et complète de toutes les parties du corps!
Il n'en est rien, car le corps apparaît dans le plan horizontal;
les fragments des fémurs et les humérus sont sensiblement dans
cette orientation.
Arrivons maintenant aux détails du dégagement. — Le caisson,
transporté dans le Laboratoire, fut placé sur un socle résistant et
six jours après la découverte je commençai le dégagement du
crâne; il était repéré de telle façon que je pus facilement entailler,
à son niveau dans la planche, une baie assez large pour le décou-
(t) Dr Henri Martin. — Nouvelle coupe de la station moustérienne de La Quina
et 9on interprétation. — Homme Préhistorique, 1907, page 321.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 621
vrir. Grain à grain, pendant quatre longues journées, à l'aide d'une
pince à dissection et dune brosse douce, j'ai retiré la masse où
le crâne était inclus. Tous les fragments périphériques, os ou
silex, ont été enveloppés séparément, et leur position notée; des
photographies ont été prises à tous les changements d'aspect ;
l'une d'elles a été communiquée, à l'Académie des Sciences, le jour
où je prenais date de cette découverte 1. Sans entrer dans tous
les détails du dégagement et de la patience qu'il a nécessitée, je
crois suffisant d'exposer le résultat obtenu et de demander à mes
collègues d'examiner les photographies.
Il est facile de constater que les pièces crâniennes, au lieu de
s'éloigner les unes des autres, se sont emboîtées ou plus exacte-
ment ont subi une véritable imbrication. Cette disposition cor-
respond, à cause de l'état intact des sutures, non à un trauma-
tisme rapide et violent, mais à une pression lente, exercée par le
poids des masses recouvrantes.
Le frontal a glissé en partie sous les pariétaux ; mais les deux
tiers de la région gauche sont apparents.
Le pariétal gauche, au niveau de la suture sagittale, passe sous
le pariétal droit; ici l'imbrication n'est pas très profonde, et pres-
que toute la surface de cet os est apparente. Le pariétal droit a
glissé en avant en recouvrant un peu celui du côté gauche ; il mas-
que la partie droite du frontal.
L'occipital est également disjoint; il est relevé et montre la su-
ture lambdoïde.
Le temporal gauche, en plusieurs fragments, a cédé au niveau
de la portion écailleuse; il se trouve probablement repoussé vers
la base du crâne. Cette région, à cause de sa fragilité, n'est pas
encore dégagée; et nous ne pouvons nous rendre compte de l'état
de l'apophyse zygomatique ; je pense qu'elle est enfoncée.
Les os de la face permettent actuellement de découvrir le
maxillaire supérieur gauche ; il est déplacé et repoussé en arrière.
La mandibule est fendue au niveau de la symphyse; la branche
droite n'est pas encore visible ; mais on la soupçonne dans la gan-
gue ; la branche gauche bien apparente indique le faible déplace-
ment de cette pièce ; sa branche montante, l'apophyse coronoïde
et le condyle doivent se retrouver a la base du crâne, car nous
avons vu que toute cette région avait subi un défoncement: et
une pierre calcaire du volume sensiblement comparable à une
petite pomme aplatie comblait la fosse temporale.
(1) Sur un squelette humain de l'époque moustérienne. Note de M. Henri Martin,
présentée par M. Eugène Simon. — Comptes Rendus Ac. Se, n» 16, 16 octobre 191 1,
p. 728.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 40
622 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quant le sable argileux sera retiré de toute la masse que je
vous présente, beaucoup de fragments seront retrouvés et per-
mettront de reconstituer cette brèche.
Les dents visibles sont au nombre de quatorze ; elles se répar-
tissent ainsi :
Maxillaire supérieur gauche : I2, C, PMf, PM2, M4.
Maxillaire supérieur droit : C.
Maxillaire inférieur gauche : C, PM1, PM2, M\ M2.
Maxillaire inférieur droit : PM1, PM2, M1.
Sans doute la partie droite du crâne, entièrement cachée, nous
réserve d'autres constatations. Lorsque j'aurai présenté cette pièce
in situ aux personnes compétentes, je procéderai à la reconstitu-
tion. Actuellement, n'osant pas mouler ces os fragiles, j'attendrai
le résultat d'une maquette que nos excellents artistes, MM. Char-
les et Robert Bousquet, veulent bien exécuter.
Les sutures crâniennes ne paraissent soudées en aucun point
(cette particularité permet de penser que l'individu n'avait pas
45 ans); les dentelures se sont dégagées complètement tout en
gardant leur intégrité ; il est même surprenant de voir, sur le
bordlambdoïdien de l'occipital redressé verticalement, toutes ces
petites aiguilles intactes.
Signalons encore quelques solutions de continuité, visibles
sur ces os. Le frontal porte sur la région médiane une fissure
angulaire qui soulève légèrement un éclat; le pariétal gauche
dans sa portion médiane et postérieure offre, une étoilure à cinq
branches, limitant des fragments restés parfaitement en place.
L'arcade sourcilière droite n'est pas visible ; elle pourra, je
pense, être retrouvée fragmentée.
Une lacune trop grosse existerait, dans cette présentation, si je
ne signalais certains caractères très accentués observés déjà sur
le crâne de La Quina. Dès aujourd'hui, j'insisterai sur l'arcade
sourcilière ; elle est de proportions considérables, la plus proé-
minente des types actuellement connus. Son profil, pris à la cham-
bre claire, à l'échelle des courbes données dans Y Anthropolo-
gie, par M. Boule, ne coincide pas avec celui du crâne de La
Chapelle-aux-Saints ; le bourrelet est plus saillant, plus épais, et
surtout plus retroussé; Féchancrure glabellaire semble faire
défaut.
La gouttière, qui limite en arrière la visière frontale, est très
accentuée.
La crête latérale du frontal, qui se continue en arrière avec
celle du temporal est très saillante; elle établit une limite accen-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 623
tuée entre la partie supérieure et latérale du frontal; et elle exa-
gère la fosse temporale. Sa courbure est profonde et elle se ter-
mine en avant, sur la région postérieure et externe du bourre-
let sourcilier. Cette particularité a un double résultat : le rétré-
cissement du front et l'exagération de la fosse temporale.
Il me semble, avant d'avoir fait toutes les comparaisons néces-
saires et pris les mensurations indispensables, que les caractè-
res observés sur la crête latérale du frontal sont beaucoup plus
voisins des indices donnés par le Pilhecanthropus, et que ceux
du Xéanderthal sont plus atténués; ils me paraissent intermé-
diaires.
Les dents nous offrent aussi des éléments de première impor-
tance. Déjà, avec mon excellent confrère, le Dr SifFre, nous avons
commencé cette étude et avons pu nous rendre compte de la
puissance exceptionnelle de l'appareil dentaire. Nous savons que
la fosse temporale est énorme ; elle est le moule d'une masse
musculaire puissante et épaisse, qui préside à la mastication ; il
ne faut pas s'étonner de trouver des dents volumineuses, en fonc-
tion de la puissance exercée; c'est un véritable corollaire.
Non seulement l'usure des couronnes, mais encore la solidité
d'implantation de chaque organe, démontre que cet homme
était doué dune puissante mâchoire, et que sa mastication était
opiniâtre.
Les couronnes, examinées sur les molaires, les canines et l'inci-
sive sont rasées, usées, diminuées parfois de moitié, autant de
traces indiscutables d'une trituration alimentaire minutieuse et
prolongée.
Si nous examinons maintenant sommairement les moyens
d'attache de ces dents, nous les trouvons considérables ! Les
zones striées de dentine qui soulignent transversalement les raci-
nes sont très développées et correspondent à une disposition
rencontrée rarement aujourd'hui. Toutes ces stries sont en rap-
port direct avec les insertions ligamenteuses ; elles offrent ici des
traces multiples et volumineuses, véritables moules de l'implan-
tation et de la puissance des ligaments alvéolo-dentaires.
Je n'insiste pas encore sur la mensuration des dents; seul
l'examen de la canine supérieure est suffisant pour montrer l'im-
portance de ces organes; la longueur de la racine dépasse déjà de
deux millimètres et demi la longueur maximum indiquée par
M. J. Choquet pour notre race.
Les canines supérieures présentent encore une autre particu-
larité : celle d'un sillon longitudinal, très accentué sur la face
i
624 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
mésiale, on le retrouve parfois aujourd'hui, mais, le cas est excep-
tionnel, tandis qu'ici nous nous rapprochons des Anthropoïdes.
Le collet, sillon qui sépare la couronne de la racine, est
très marqué, il prend les allures des races primitives et surtout
celles des pithéciens ; chez les races évoluées, il s'atténue et tend
à disparaître.
La dent chez cet homme montre au dehors toute sa puissance
dans sa couronne; en dedans, à l'intérieur de son alvéole, elle
cherche les moyens les plus puissants d'attache par un cément
renforcé, et ces deux puissances, à leur rencontre en un point
mort, sont soulignées d'un sillon accentué : le collet.
La constitution de toutes les dents estbelle ; aucune trace patho-
logique, aucune tare, l'émail est puissant et en parfait état.
Beaucoup d'autres particularités devraient être signalées; elles
feront l'objet d'un travail ultérieur; pour les dents ainsi que pour
les autres régions, je me ferai un plaisir et un devoir de m'entou-
rer de toutes les compétences et de chercher des conseils auprès
de ceux qui déjà ont étudié ces questions si délicates.
Les photographies jointes à cette présentation répareront les
lacunes inévitables de ce sujet inépuisable. J'ajoute encore quel-
ques mots, pour signaler les humérus et les fémurs trouvés
pendant la fouille ; ils ne sontpas entiers ; mais peut-être se com-
plèteront-ils avec les fragments repérés ? Les humérus paraissent
moins robustes que les fémurs et ces derniers donneront un fort
indice de courbure.
Tous les ossements ont l'aspect et la consistance des os fossiles
trouvés dans le gisement; la coloration du crâne est à fond ocre
jaune avec marbrures brun rouge violacé, sortes d'impressions
produites par les racines. Les autres os sont gris jaunâtre.
Lorsque l'étude de cet ancêtre sera terminée, lorsque la Société
Préhistorique Française aura enregistré dans ses Archives les
observations nouvelles que je lui communiquerai, je prends l'en-
gagement formel de donner cette pièce au Muséum d'Histoire
naturelle, pour figurer dans les Galeries de Paléontologie; elle
viendra, à la base de cette série unique que le Pr Boule a pu réu-
nir, enrichir nos belles Collections nationales.
M. A. Guébhard, après les éloges si justes et si bien dits de
M. Adrien de Mortillet, croit devoir encore, au moment où un
projet de « loi scélérate » menace, au seul profit éventuel de deux
Herr Professor venus de l'étranger, la liberté française des fouilles
préhistoriques, faire ressortir quel bel exemple d'initiative privée
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 625
vient de donner le Dr Henri Martin, en réalisant, seul, en Cha-
rente, dans des conditions plutôt aléatoires, ce qu'auraient pu
faire, presque à coup sûr, en Dordogne, à la place d'un étranger,
les représentants officiels de la Science française, disposant de
toutes les ressources de l'appui gouvernemental ! Au lieu de
n'avoir plus qu'à criailler piteusement contre les trop beaux résul-
tats obtenus là-bas par un autre, n'eût-il pas mieux valu, pour la
Patrie et la Science, user sur le terrain des abris sous roche vézé-
rois, plutôt que des Chambres et antichambres parisiennes, le
beau zèle dépensé pour arriver législativement à ôter toute envie
à un indépendant quelconque de plus jamais tenter ce qu'on se
montra, d'autre part, impuissant ou dédaigneux d'entreprendre ?
Coupe du Gisement de La Quina.
La coupe passe par une perpendiculaire menée sur la falaise de la rive gauche au travers
du talus archéologique entre les cotes A et B du gisement, à 3 mètres en amont de l'angle
de la tranchée (Point A . Elle est relevée sur la normale passant par le crâne.
La direction du Nord est en oblique à gauche.
1 . Couche sableuse avec fragments calcaires en contact avec l'éboulement, elle contient
quelques pièces moustériennes (ClL
2. Couche noirâtre argileuse. Epaisseur : 0=>25 à 0"40. contient la belle industrie mousté-
rienne évoluée C- .
3. Couche argilo-sableuse verdâtre à industrie moustérienne, sans disque, non évoluée,
sauf au contact de C*. Epaisseur 0"65 à 0-70 (C").
4. Sable fin de rivière avec débris de fossiles turoniens roulés. Epaisseur, 0"»15 Indus-
trie et ossements rares. Les os, lorsquon en trouve, sont très fortement colorés par le fer
et le manganèse (C*).
5. Cailloutis. Petits fragments de calcaires compacts roulés. Pièces moustériennes
rares C*). Ces deux niveaux Ci et C5 représentent les bas niveaux moustériens de La
Quina.
7. Terre végétale contenant des débris de silex et d'ossements d'âge mouslérien, des-
cendus par tuissellement après l'éboulement. Mais on observe en certains points du gise-
ment (côte C , plus nettement qu'ici, une réoccupation moustérienne avec plusieurs foyers
superposés.
Après la chute des gros blocs et à la fin de l'époque moustérienne, il y a donc eu un
retour et les hommes sont venus habiter la nouvelle terrasse inférieure •Point 10 de la
coupe) .
ÎO. Gros écoulement de calcaire qui recouvre les couches archéologiques. Les blocs
éboulés proviennent des terrasses supérieures et très probablement de la corniche 13.
L'épaisseur atteint ici 2"83. La roche appartient à un calcaire turonien très fossilifère.
11 . Couche noire contenant des blocs de calcaires plus ou moins spongieux de la taille du
poing à celle de la tète.
12 Couche rouge, mêmes éléments que la couche II ; les fragments sont souvent en pla-
quettes La coloraUon est due aux sels de fer.
Un sondage d'un mètre n'a pas donné d'autres indications stratigraphiques. Ces deux
couches (11 et 12) sont stériles.
13. Calcaire turonien, en place. L'érosion est encore visible malgré l'éboulement de la
corniche.
Cr. Emplacement du crâne humain à la base de C3.
626 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Nota. — Les légendes et les côtes de cette coupe sont les mêmes que celles employées
dans un travail antérieur (Nouvelle coupe de la station moustérienne de La Quina, In
Homme Préhistorique ,1907, Page 321). C'est ce qui explique l'absence de certains renvois,
la disposition des couches rencontrées ici n'étant pas la même.
Planche L — Le gisement de La Quina. Etat des fouilles le 18 octobre 1911, après l'enlève-
ment du bloc contenant le squelette humain dans la couche 3. L'entaille correspond au bloc
et aux deux tranchées de dégagement.
Les os humains ont été représentés schématiquement par M. Ed. Huesur la Photogra-
phie; ils montrent la position exacte des pièces recueillies ou visibles sur le bloc.
1 et 2. Couches archéologiques moustériennes évoluées.
3. Sables argileux, renfermant une industrie plus simple, ou Moustérien primitif, sans
être cependant à la base absolue, car deux niveaux inférieurs, très pauvres et peu épais, se
trouvent encore au-dessous.
Planche IL —Vue de face du crâne de l'Homme fossile de La Quina. La photographie a été
prise pendant une des premières phases du dégagement, au Laboratoire du Peyrat Le crâne
est couché sur le côté droitet tient encore à sa gangue argilo-sableuse. Trois dents tombées
au moment de la découverte ne sont pas replacées ici.
Planche III. — Vue de profil du Crâne. Photographie prise à la fin du premier dégagement,
avant toute reconstitution.
La séparation des os du crâne montre le bon état des sutures. Le frontal est imbriqué
sous les pariétaux. L'arcade sourcilière gauche est seule visible et proéminente; le maxil-
laire supérieur est enfoncé, ainsi que le temporal. L'occipital est redressé. En bas et à
droite, on voit l'humérus gauche et probablement l'omoplate. La distance qui sépare le men-
ton du sommet de l'arcade sourcilière est de 0m146.
PLANCHE II.
PLANCHE III.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 627
Hypothèses tirées des Haches Préhistoriques.
PAR
PAGES- ALLARY ^de Murât, Cantal).
Les Haches, en Cuivre et Bronze, sont des outils variés. — Si quel-
ques Préhistoriens veulent bien accepter cette hj^pothèse que beau-
coup de haches en pierre polie ne sont pas des Haches, mais des
Tranchets (parce que le profil de la partie utilisée est très arqué, la
partie cintrée très élargie et très finement effilée), ils ne feront pas
davantage de difficultés, — au contraire, — pour les haches en cuivre
et bronze, qui sont dans le même cas! Car déjà la forme primitive
commence à épouser des modifications, évoluant avec la matière em-
ployée, plus résistante et plus docile, plus facile à réduire dans la
masse inutile au profit de la partie active (le taillant ou tranchant),
en caractérisant mieux l'outil. Si nous prenons le profil moyen de
toutes les haches en bronze trouvées ou publiées à ce jour, nous
constatons, de suite, que, par rapport à la masse ou poids, ces haches
sont tout au plus des hachettes Fig. 1 . Et, si nous examinons leur
forme du côté de l'emmanchement, nous voyons que ces hachettes
sont (à partir d'un volume ou poids déterminé par la fonction) le
plus souvent des outils emmanchés sur un levier droit, et non coudé
à 70°, 80° ou 90°, comme dans quelques cas de binette, houe, hermi-
nette. piochon, Sapa, etc. (Fig. 1, noS 48, 46, 47, 35, 45). La longueur
de l'outil et la forme de la partie destinée à recevoir la ligature le dé-
montrent amplement. Ainsi montée, la hachette donne l'idée d'une
Raclette (Cat. 2, Fig. 1), comme l'« Allizon » (1) de nos cultivateurs
eantaliens, qui dérive de l'extrémité de certaines lances, lancettes, et
aiguillons gaulois et modernes 2 . La minuscule masse du poids mort,
réduite de plus en plus, chasse de mieux en mieux l'idée de hache et
même souvent de hachette. Aussi, pour combler par un mot ce
vide de logique, nous avons imaginé : la hache votive ou de secours,
quand c'est toujours Voutil utile qu'il faut considérer.
Sans nier l'existence des amulettes et même des ex-voto, ni sur-
tout des poids et monnaies sous forme de hachettes ou emblèmes
bruts de fonderie, donc non aiguisés, je suis persuadé que les petites
haches en pierre ou bronze, dites votives, ne sont, bien souvent, pas
plus haches que votives, mais bien des tranchets de poche, usagés,
comme quelquefois la petite pierre à aiguiser, percée, portée attachée
pour ne pas être perdue et servir à chaque instant.
(1) L'Anthropologie, p. 117, Tome XVI. N* 1, 1905.
[*) Pages- Allary. — Svuvelles observations sur le Tumulus de Celles {Cantal f.
[Hoche. Fig. l.n° 47. Sapa-Houe, n» 45. Houlette, n* 31. Talon de lance, n» 30 et
i ■:-*'(. Aiguillon ou Aiguillade, n* 31].
628 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
L'utilité prime toujours la fantaisie, même quand ces petits objets
sont ornementés ou aux angles arrondis, pour en rendre le port plus
facile ou agréable A Chastel, les toutes petites haches, en fibrolithe
ou en jaspe, toujours très taillantes et soigneusement aiguisées quand
le reste de l'outil est négligé, chassent l'idée de l'amulette, pour dé-
montrer l'usage, l'emploi de ce petit tranchet, sorte de couteau ou
canif de poche.
Mais, si, maintenant, nous examinons la partie de la hachette la
plus intéressante de F outil, celle qui travaille, qui tranche, nous
voyons de suite qu'on peut diviser les haches en bronze de toutes les
catégories d'emmanchures et de formes en trois séries bien diffé-
rentes (Fig. 1) :
Catégorie n° 1 . — Celles qui ont le taillant en ligne droite.
Catégorie n° 2. — Celles qui ont ce taillant arrondi aux deux
angles avec un arc à très petite flèche.
Catégorie n° 3. — Celles qui ont tout le taillant plus ou moins
arqué, jusqu'à la demi-lune, c'est-à-dire avec la flèche égale au rayon,
et même plus grande dans certains cas.
Ces trois grandes catégories se subdivisent chacune, en taillantplus
ou moins large ou étroit, la corde de l'arc variant beaucoup suivant
l'usage ; et ce taillant, martelé ou aiguisé, est plus ou moins aigu ou
biseauté, mousse jusqu'à la forme marteau ou rivoir, évidé ou creusé
pour les formes, poinçons ou gouges, ou même quelquefois appointé
pour percer et autres usages de ces outils. Subdivisions d'autant plus
grandes et accentuées que l'évolution de la technique du travail est
plus avancée, et que l'époque chronologique de la civilisation est
moins ancienne dans la région de la trouvaille.
En poussant l'hypothèse jusqu'au paradoxe, on arriverait facile-
ment à dire que, dans la classification actuelle des haches en bronze,
l'outil le plus rare à trouver est une véritable hache, dans le sens du
mot ! Sans aller quand même jusque-là, je crois utile de montrer
combien on fait fausse route à n'employer qu'un seul mot, pour les
différents outils qui ont servi à l'homme primitif. D'abord, sous une
seule forme, puis sous des formes et volumes très différents, à me-
sure que la division du travail en a dicté l'utilité, pour faciliter la
production et la commodité de l'artisan.
Or, dans un outil travaillant au choc comme la hache, la partie la
plus fragile, celle qui peut subir le plus facilement une dégradation
ou rupture, est celle qui offre le moins de résistance donc celle qui
est placée aux deux angles de l'outil. Nos vieux observateurs préhis-
toriques n'ont pas manqué d'arrondir ces deux angles à leur soi-
disant hachette, même en pierre, et non de leur donner de l'ampleur,
SOCIÉTÉ PRÉHISTOSIQUE FRANÇAISE 629
comme le dit L. Siret, dans Y Anthropologie, pour la simple raison
d'augmenter la difficulté du travail — sans utilité autre que d imiter
les haches de bronze importées —, ou de se créer un plus grand effort
pour un résultat négatif : ce qui parait un contre- sens inadmis-
sible, et beaucoup plus grand encore autrefois qu'aujourd'hui.
C'est dans cette Catégorie n° 2 qu'il faudrait chercher la petite place
qui.conviendrait à ces petites hachettes, si l'emmanchure concordait
mieux avec celle qu'il faut à ce genre d'outil.
C-U>W»^- ^U H.oJuttcj t« NMUA CtMMf,w 3 H/ûit» , S^m. L lutmu x. Cw.v:ku.v\L . ^J$',
Fig. 1 — Hachettes de métal.— Etude de leur Tranchant.
La Catégorie n° 1 renferme les outils genre raclette, rabot ou racloir,
ciseau, burin, gouges, marteaux, rivoir à mater ou à calfater, hou-
lette, etc., (Fig. 1; n°« 31-44 .
Le n° 3 est la Catégorie connue des tranchets, couteaux, décou-
poirs (Fig. 1; n0s 13-18); talons de lance [Fig. 1; n" 30-43), etc.
Dans ces trois catégories, le mode d'emmanchement diffère évi-
demment avec l'usage de l'outil, mais aussi avec les progrès et 1 in-
génuosité des races qui les ont utilisés.
Les travaux pour la construction des navires et autres utilisations
du bois ont donné plus de développement aux outils différents en
cuivre et bronze plus nécessaires sur les plages que dans les terres,
où à cette époque la grande occupation était celle de l'agriculture et
de l'élevage des troupeaux; et c'est dans ce travail qu'il faut trouver
la grande utilisation générale des outils de l'homme du bronze, trouvés
à peu près semblables un peu partout.
630 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Or qu'avaient-ils à travailler à l'époque ? 1° La terre ; 2° le bois ;
3° les peaux et autres produits des animaux. Car des Néolithiques au
Fer, les Hommes, qui ont cessé d'être exclusivement chasseurs sont
encore plus pasteurs que guerriers. — Ils restent toujours pêcheurs,
marins, au bord de la mer!
Les hommes de la fin du Néolithique ne sont sans doute pas encore
devenus assez riches ou amants-jouisseurs de ces richesses pour être
égoïstes ; l'esprit de la tribu est celui de la famille, conciliant, pacifique
et progressant; cette raison domine encore celle de la force des tribus
ou peuples, obéissant à un grand chef, donc à ses ambitions, haines
ou caprices décadents !
Pour se défendre et pour la chasse, ils ont du reste l'épée, le poi-
gnard, la lance et les flèches. La hachette, si mal emmanchée, serait
de peu futilité à côté (Fig. 1, n°s 31 et 30, 48, 29); c'était un outil et
non une arme, une sorte d'herminette plutôt qu'une hache, une ra-
clette d'aiguillade, plutôt qu'un talon de lance, une binette plutôt
qu'un casse-tête !
Aussi, dès qu'il a pu se dispenser de faire cet outil en pierre, il l'a
martelé dans des matériaux qu'il connaissait et savait choisir, très
minutieusement et très à propos, voir même en or, ou en cuivre natif.
Quand, par le hasard des lieux, il en avait sous la main, il n'a pas
manqué très attentivement de le rechercher pour l'utiliser, à cause
de ses avantages sur la pierre dure, mais non résistante, non mal-
léable, non martelable, non étirable, etc, donc beaucoup moins pré-
cieuse à trouver, parce que plus difficile à travailler et à utiliser.
C'est alors que l'on a martelé en cuivre la hache plate ; puis la
hache à bords droits, et enfin les haches à ailerons centraux ou ter-
minaux; les quatre types ont pu exister avant la fusion et le moulage
du cuivre, tandis que les deux types à talon et à douille sont techni-
quement ceux qui caractérisent bien nettement la fusion et le moulage
de 1 âge du bronze. Ce qui ne veut pas dire que l'on n'a pas à cette
dernière époque fondu les autres types, en cuivre rarement, mais
surtout en bronze, en laissant du tranchant et des ailes étirables par
le martelage, tant en cuivre qu'en airain ou bronze doux. Les objets
en cuivre martelé et non fondu sont donc les seuls outils de l'âge du
cuivre, précédant, préparant l'âge des métaux, mais pouvant appar-
tenir aussi bien au début qu'à la fin du Néolithique local.
Mais, quand bien plus tard — fin du Néolithique — il a su fondre,
c'est avec les minerais qu'il avait dans sa région (1 ) qu'il a confectionné
ses outils en métal, plus ou moins refondu, épuré, affiné, c'est-à-dire
en bronze, quand les minerais n'étaient pas du cuivre natif, ou du
carbonate de cuivre pur, ce cuivre natif déjà connu, mais non épuisé
(1) Du carbonate de cuivre.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 631
dans quelques régions privilégiées, où on a dû continuer longtemps
à le marteler, même après l'invention du moulage.
Dans ces régions, l'âge du Cuivre martelé a dû ou a pu se prolon-
ger pendant tout l'âge du Bronze, et peut-être au commencement du
Fer, pour la seule raison que le travail était plus simple, plus facile,
plus avantageux, car, après le débitage, après le sciage du métal natif,
le martelage est une manipulation facile .
Le Bronze antique a comme titre ses impuretés, aussi variables que
les alliages des objets fabriqués avec lui. Lorsque cet alliage de hasard
était très riche en cuivre à plus de 95 p. 0/o, il était rouge, résistant
à la casse, parce qu'assez tendre, et très martelable; au contraire,
quand il y avait de l'étain en abondance, plus de 15 à 20 p. 100, il
devenait blanc, mais très cassant et très dur, tandis qu'il prenait la
teinte dorée et les qualités du bronze ordinaire de l'airain ou bronze
noble avec un peu moins d'étain, soit 9 à 10 p. ° /„. Le plus souvent,
c'était un peu de plomb, ou d'antimoine, ou de fer ou de zinc, arse-
nic, etc., etc., qui remplaçait l'étain ou s'ajoutait à lui pourformerle
bronze bâtard, que les analyses nous révèlent si variable, si com-
plexe, si déroutant pour les chimistes incapables de comprendre les
impénétrables secrets de la fabrication empirique, subissant les ca-
pricieuses volontés de la Nature et de ses gites métallifères. Même
le laiton ou cuivre jaune n'était pas distingué du bronze comme au-
jourd'hui. Bref, tout ce qui n'était pas Cuivre pur de carrière était du
Bronze, à ce seul titre. Or il était souvent plus dur que le Cuivre à
l'usage, donc plus apprécié et plus recherché.
Je doute fort qu'il y ait des outils dits haches en cuivre jaune ou
laiton préhistorique, c'est-à-dire en Cuivre Bouge pur exclusivement,
allié à du Zinc pur, bien que quelques collègues en signalent, sans
doute sans avoir fait la cassure nécessaire, pour examiner la diffé-
rence du grain, et de la teinte de cet alliage, avec celle du bronze.
La première est franchement jaune, avec des cristaux rappelant
les feuilles de cristallisation du zinc, très différentes de celles du
bronze, même lorsque l'étain mal allié laisse des traces blanches à
côté du grain du bronze. U/n trieur exercé peut avec une lime ou
mieux un burin et marteau, mais surtout une tenaille pour détacher,
casser un petit éclat, déterminer par le grain la nature de l'alliage
rouge-jaune ou bronze et même en bronzes, de qualité différentes,
en bronzes impurs et un laiton de différents titres, aussi sûrement
et beaucoup plus rapidement qu'une analyse qualitative, de bien
suffisante utilité en Préhistoire, mais encore trop longue pour être
pratique en Fonderie. Un bon fondeur, comme un bon trieur ou ar-
chéologue, juge, au grain de son métal, sa qualité et la pureté de
l'alliage, avec autant de certitude, que, de la même façon, on juge
et classe au grain la qualité des morceaux ou barres de fer essayés.
632 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il y a là une précision et une assurance empirique, dont les savants
chimistes ne peuvent avoir idée. Mais je reconnais que c'est encore
bien plus facile que d'estimer au degré et à l'œil la température
exacte de cuisson d'une poterie, dont on néglige les degrés de du"
reté par séchage à l'air des éléments inconnus, durcissant plus ou
moins, autant que la durée de la cuisson ! Il faut le tesson sortant
humide de la fouille pour juger : un peu ou beaucoup, mais non au
degré ; ici le Céramiste exagère ses capacités ! Ce qui me laisse per-
plexe, autant que de rencontrer, dans les admirables travaux de
M. Louis Siret (1), quelques raisons, également tirées parles cheveux,
sur l'étain, le bronze, et les haches en pierre polie à tranchant
élargi (2), pour arriver à faire cadrer de très justes observations
avec le moins juste centre unique, le foyer classique de toutes les ci-
vilisations, toujours sortant du même point : la Méditerranée avec ses
mêmes classiques navigateurs Phéniciens, successeurs des Grecs !
Etonné, on se demande si l'Océan n'a pas eu autrefois, à cet égard,
et pendant le Néolithique surtout, autant de droits et d'action qu'il
en a aujourd'hui, et si les navigateurs de la Méditerranée devaient
(parce que seuls signalés par nos classiques) absolument tout faire
dans le trafic mondial, quand les Anglais, ces Phéniciens de nos
jours, mais bien autrement puissants et plus forts, sont encore inca-
pables d'accaparer, non seulement pas l'industrie ou les affaires com-
merciales, mais pas même les transports de notre continent !
Il n'y a qu'un grand centre : le Soleil ; mais, autour de lui, les peu-
ples de l'humanité ont les mêmes droits, les mêmes lois d'évolution,
les mêmes poussées vers le progrès par les circonvolutions céré-
brales arrivant en temps et lieu.
Les Basques doivent - ils leur language aux Grecs ? Les Gaulois
leur astronomie aux Romains, pas plus que leur grande habileté en
métallurgie et céramique ? Et ces Celtes-gaulois, qu'on veut rendre
tributaires des Phéniciens pour le bronze et l'étain par les classi-
ques, ne sont-ils pas cités comme les premiers à pratiquer l'Etamage et
l'Argenture, entre autres décorations, aussi luxueuses et merveil-
leuses que non classiques.
Et les Arvernes, avec leurs symboles divers et rouelles en soleil, y
compris le Cheval marin ou Hippocampe de leurs monnaies, venaient-
ils de la Méditerranée plutôt que des eaux de l'Océan ? Et les
haches polies d'Amérique, en tout semblables à celles de nos côtes de
l'Atlantique au Néolithique, est-ce aussi de la mer Egée qu'elles
sortaient? Enfin les pointes de flèches, si bien taillées, de Chastel, avec
(1) L'Anthropologie, Tome XX, page 129, 283.
(2) L'Anthropologie, Tome XIX, page 129. [Les CassHérides et l'empire colonial
des Phéniciens].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 6H3
un faciès africain remarquable, ne donnent-elles pas à penser que
notre Gaule d'autrefois pourrait se retrouver au Maroc, aujourd'hui,
avec quelques ressemblances de la même époque dans les sépul-
tures, tumulus. etc., bien fouillés comme sur nos côtes de l'Ouest.
Et toutes les ornementations qu'on fait venir d'Italie, où on n'en
trouve pas cependant ; et le hiatus [Déchelette (1 ] en Espagne, entre
le début du bronze et le fer?
Il semble que l'homme du Bronze de l'Ouest a eu à lutter contre le
courant de l'homme du Fer de l'Est, après une grande diminution de
ses forces ou puissance par une forte vague de destruction. Com-
ment comprendre autrement les immenses travaux, restés incom-
préhensibles et inexplicables aujourd'hui, sur une si petite étendue
de nos côtes, où un grand peuple, une grande race n'aurait pu vivre,
donc si bien, si majestueusement, travailler !
Il y a donc des raisons multiples pour penser que le Bronze et le
Cuivre avaient à l'Ouest des centres de travail : donc des produc-
teurs importants et nombreux autant et plus peut-être qu'autre part.
— Donc les îles de l'Atlantide ne sont pas du roman, mais une scien-
tifique probabilité que paraissent confirmer la Géologie des côtes, le
Gulf-stream, et les enceintes, monuments et sépultures préhistoriques,
autant que certaines races, et surtout l'industrie du Cuivre et Bronze
et autres métaux.
Pourquoi donc n'y aurait-il pas eu un courant de civilisation de
l'Ouest, avec les monuments, les restes néolithiques, ceux du cuivre
qui nous restent, comme on admet un bien évident et bien clas-
sique Orient. Comme si le paradis terrestre ne devait pas être
partout où il y a travail et progrès, donc évolution vers le mieux-
ètre, par la lutte vivifiante et constante, vers des inventions nouvel-
les, diminuant les efforts, en les rendant plus utiles, par la poussée
de la constante évolution cérébrale.
Conclusions. — Les objets de Bronze, comme les tessons, et
toutes les choses qui nous environnent, n'ont pas qu'une face, mais
plusieurs, plus ou moins visibles ou invisibles : ce qui fait qu'en
n'examinant bien qu'un côté on croit voir, quand on voit mal, et être
dans le vrai quand on se trompe considérablement.
Pour connaître scientifiquement la civilisation et l'âge du cui-
vre et du bronze, et tirer des conclusions très justes des outils,
bijoux, monnaies, amulettes, armes et surtout dans notre cas de tout
ce que nous avons appelé haches, il faut :
1° A la très bien faite classification actuelle, par les formes de la
(1) L'Anthropologie, Tome XXI, X° 1, 1910, page 89. — Revue archéologique,
Paris, E. Leroux, 1909, 98 pages, in-8".
63V SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
partie servant à l'emmanchement ajouter maintenant, pour la complé-
ter :
2° Une classification d'utilisations, par nature d'outils différents,
par les dimensions et le tranchant, aujourd'hui confondus sous le
même nom.
3" Puis, faute de stratigraphie, faire une classification des lieux
par Continents et Régions.
4° Etendre la classification commencée par M. Chauvet, par
l'analyse sinon quantitative, tout au moins qualitative, afin de con-
naître les éléments de composition de l'objet, son métal ou ses mé-
taux. Bien tenir compte qu'une hache en bronze, chauffée au rouge,
prend la teinte du Cuivre, par suite de l'évaporation ou l'oxydation
en surface des métaux alliés au Cuivre.
5° Faire, par la technique de fabrication, la classification des
objets en cuivre martelé, non fondu, de ceux en cuivre moulé.
6° Arriver ainsi à la classification chronologique des civilisations.
D'où on pourrait alors tirer des conclusions scientifiquement
exactes et dire :
A) Si l'âge du cuivre martelé a pu exister à la fin du Paléoli-
thique et pendant toute la longue période Néolithique!
B) Si, à la fin du Néolithique, l'âge des Métaux, « du Bronze »,
commence dès que la fusion du métal permet le moulage des outils,
non à une date fixe, la même pour tous les peuples, mais suivant la
phase très variable d'évolution. — Générale ou localisée en plusieurs
centres.
C) Si ces outils sont, non des haches exclusivement, mais des
instruments très différents pour travailler la terre, le bois et les pro-
duits animaux, peaux, etc.
D) S'ils ne paraissent pas démontrer une origine occidentale,
autant qu'orientale : donc différents centres de production métallur-
gique.
E) Si, avec la hache polie, la pointe de flèche en silex et les
menhirs et dolmens, on n'a pas raison d'être tenté de penser une
fois de plus à l'Atlantide, et d'y trouver des probabilités nouvelles,
sinon définitives.
F) Si toutes ces hypothèses sont vraies, ne doivent-elles pas se
trouver vérifiées, sur la côte occidentale de l'Afrique, par la même
civilisation Néolithique-Cuivre, et les mêmes coutumes conservées,
même en Amérique.
G) Si les marins, capables de naviguer sur l'Océan, devaient
l'être au moins autant sur la Méditerranée ; si la réciproque peut être
aussi vraie, à l'époque de la pierre polie, les navigateurs de l'Occi-
dent devront être au moins aussi nombreux et plus capables que
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 6^5
ceux de la Méditerranée, dont les traductions classiques ont fait des
demi dieux, plus puissants qu'ils ne pouvaient l'être.
H) Si tout ceci ne donne pas à réfléchir que si, à une période
donnée, et dans un rayon déterminé, la Méditerranée a eu un déve-
loppement important de civilisation, que nous connaissons unique-
ment très bien, rien ne nous autorise à en faire un centre unique,
d'où est parti toute l'évolution du Monde ! Car, avant la période
« dite historique », parce qu'elle limite nos connaissances classiques,
il y a eu, avant, jusqu'au début de l'âge des métaux, des influences
et des travaux d'une autre direction, qui ne cadrent pas avec cette
idée.
A la fin du Paléolithique, ces influences sont localisées, pour nos
connaissances actuelles en Préhistoire, autant en Occident qu'en
Orient.
Il suffit de tenir compte de la période glaciaire, des effets des
différentes canalisations, du courant du Gulf-stream, et de la très
grande probabilité de la disparition de l'Atlantide, qui permettait la
communication de l'Europe avec l'Amérique et l'Afrique, pour être
convaincus que la Civilisation nous est venue comme la lumière,
comme le vent, un peu de partout, suivant les caprices du Soleil,
celui qui parmi les astres connus, paraît le plus centraliser le départ
de toutes nos forces, puisqu'à la satisfaction de notre égoïsme étroit,
il faut toujours la recherche d'une unité, comme à notre curiosité,
jamais satisfaite, le Paradoxe.
M. Marcel Baudouin. — 11 est indiscutable qu'il y a du vrai dans
les théories que soutient ici notre collègue. Mais, comme toujours,
il a dû forcer la note, pour faire comprendre son idée. Il ne faut pas
lui en faire un crime ! C'est ainsi qu'opèrent tous les orateurs de
métier, pour arriver à transformer l'esprit de leurs auditeurs.
Pourtant, en Science, il faut plus de précision pour entraîner des
convictions Je reproche d'abord, à mon ami, M. Pagès-Allary, de
ne pas employer, pour sa démonstration, la méthode analytique à
laquelle nous sommes accoutumés en Anthropologie : celle des
Indices, c'est-à-dire des rapports mathématiques.
Dans ma longue étude sur les Haches plates de Vendée, — qui va
paraître enfin dans les Mémoires, — j'ai déjà fait nombre de remar-
ques comme celles ci-dessus formulées; mais j'ai tenu à les
appuyer par des chiffres [Dimensions; Poids, etc.]. Or, notre col-
lègue se borne à affirmer, sans fournir des éléments qui puissent
nous convaincre. Il veut trop prouver par l'empirisme.
Je reproche surtout à sa méthode de démonstration de n'en être
pas une, en réalité, pour nous autres, habitués à raisonner différem-
ment, et accoutumés à une méthode comparative précise, plutôt qu'à
636 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
des déductions un peu aventurées. Mais qu'il réfléchisse et qu'il se
recueille; et il trouvera les faits, les arguments, le terrain plus
solide, qui portent, au lieu de se laisser aller à son inspiration ! Il
ne suffit pas de deviner; il faut prouver!... D'autres devinent aussi,
ont du flair, de l'intuition ; mais les malins et les plus forts sont ceux
qui, ensuite, transforment en formules scientifiques leurs géniales
trouvailles. A ceux-là, personne ne peut plus résister : Ils écrasent
tout sur leur passage.
A propos de l'Atlantide, je voudrais seulement rappeler ce qu'a
écrit récemment le Pr Ledouble (de Tours) : « La preuve certaine
de l'Atlantide a été donnée fortuitement dans la Grande Canarie, à
un naturaliste tourangeau, le Dr J. Pitard, qui a constaté, au-dessous
de Basaltes quaternaires, la présence d'un Calcaire rempli de
Bryozoaires, se rattachant certainement au Secondaire. Les terrains
tertiaires manquent; et, puisqu'ils sont absents, c'est que les mers
éocènes et pliocènes nont jamais recouverts les sédiments crétacés.
Cette région a donc été émergée pendant tous les temps tertiaires .
[J. Pitard, L'Atlantide, Tours, 1905] ». — On pourrait ajouter : « Et
pendant une partie du Quaternaire, ancien et moderne peut-être ».
En tout cas, comme l'Homme tertiaire a existé, il a pu vivre là.
Diodore n'a, par suite, peut-être pas inventé (on n'invente pas ces
choses-là), la ville de Cerné, capitale de l'Atlantide. La Légende
déforme toujours ; mais elle ne crée jamais !
Ce sont peut-être « ces Morts-là qui nous gouvernent », et non
ceux d'Orient
Encore un objet énigmatique.
PAR
le D' A. GUÉBHARD (Paris).
M. Emile Schmit a présenté, au Congrès de YAfas à Dijon, un
objet que je n'avais pu voir, mais qui, à la lecture de sa description
sommaire, m'avait paru pouvoir présenter une certaine analogie
avec les « Hochets » de M. Pagès-Allary.
La photographie (Fig. 1), qu'a eu l'obligeance de m'envoyer
M. Schmit, bientôt suivie d'un modèle sculpté en craie, montre que
cette analogie n'est pas très proche et même très vaguement formelle.
C'est, géométriquement, le solide formé par la triple pénétration
orthogonale de trois bouts de cylindres mousses égaux, de 0m08 de
longueur, près de 0ro04 de diamètre, dont un massif, deux autres
percés d'un canal de 0m009 de diamètre, constituant par leur ensem-
ble six moignons, saillant d'une masse centrale biforée en croix.
A la rigueur peut-on y voir le bitétraèdre de M. Pagès-Allary, à
société PRÉHisTORiQUEjFRANÇAisE 637
flancs plus rentrés, et à substance reportée sur les saill es façonnées
en cylindres, au lieu de cônes éiuoussés.
Mais, justement à cause de cela, à
cause de l'épaisseur des cylindres
percés, tout à fait disproportionnée
et mal commode pour la petite bouche
d'un enfant, comme à cause de
l'absence de grelots à l'intérieur, il
faut renoncer à toute assimilation
comme usage.
Cependant ce n'est pas non plus un
objet de pure fantaisie, car il y a quel
que chose de très approchant figuré
dans le Musée Préhistorique (1), comme
trouvé à Hallstatt.
Il est vrai que là une seule des trois
branches est forée, au lieu des deux
qui se croisent ici au centre, ce qui
avait permis à M. Pages- Allary de formuler assez plausiblement
l'hypothèse qu'il s'agirait d'une lanterne de fondeur, ou d'un moule,
pour obtenir, à substance perdue, un moyeu de roue avec ses quatre
hig. 1. Echelle : 1/2. — Objet en
terre cuite, trouvé par M. Laixe-
mant, dans un foyer gaulois, à
Somme- Vesle (MarneK présenté par
M. E. Schmit, au Congrès de
l'AFAS. à Dijon.
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SC^5=^^
Fig. 2. — t Vase-char, de terre très fine, en forme d'oiseau, snr quatre roues. Le corps est
creux presque jusqu'au bout de la queue. Sur le dos, il y a une ouverture rectangulaire
dont le couvercle forme le cou et la tête de l'oiseau.— 8 b, Couvercle tu de côté ; 8 c, Cou-
vercle vu de haut — Le couvercle pouvait être fixé au moyen de deux trous qui correspon-
dent à deux autres trous, dans deux petites saillies placées sur le corps. Les essieux
étaient probablement des fils de bronze passant par les moyeux et par des trous praUqués
dans les quatre pieds de l'animal . Entre les roues antérieures, on remarque une saillie
perforée, peut-être pour une corde au moyen de laquelle on pouvait tirer le vase-char.
Ornements en creux ; traces de graphite sur la surface. — Musée d'Esté. — V. Prodo-
cmi, Suite necropoli Engamec, NoUz. d. Scar., 1882, p. 6, pi. J-VIII (v. p. 18et pi. III). »
(1) A. et G. de Mortilet, Musée Préhistorique, in-4°. Paris. Reinwald, 1881,
pi. C, fig. 1250 : « Tube cruciforme en poterie; les quatre branches se terminant
par des croix cantonnées gravées. Nécropole d'Hallstatt (Autriche). Récoltes Ram-
sauer (Musée de Vienne). D'après SacSrr, Grabfcld von Hallstale, pi. XVIII.
ûg. 6 ».
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE.
638 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE
0. Montélius, La civilisation primitive en Italie, depuis l'introduction des métaux. I, Fi-
bules et Italie septentrionale, in-4», 548 col. 113 pi. Stockholm, 1895 (v, col. 282 et pi. 50,
8 a-c)] .
Le symbolisme de ces sortes de chars ornithomorphes remonte certainement fort loin, car
on les retrouve en cuivre dans l'Amérique pré-colombienne et en bronze, un peu par-
tout, ayant presque toujours des roues à quatre raies, 'litons, par exemple, le char très
curieux d'Arcatelle, en Etrurie, formé d'un quadrupède à corps d'oiseau, queue de poisson,
col et tête de cerf, cornes de bœuf, dont le couverclt-, doublant toute la partie supérieure
pour en ferme l'orifice, est également muni de trous correspondants à d'autres du corps,
probablement destinés à des clous ou chevilles de métal, ou à des chaînettes plutôt qu'à
des ficelles [Ingwald Undset, Altitalische Bronzewagen, Verhandl. Berl. Ges., 1883,
p. (197)-(202), iflg].
Mais la remarquable ornementation de la pierre hallstattienne —
svastikas gravés sur les extrémités borgnes ; triangles et festons pi-
quetés sur les branches — exclut encore cette explication, même si
on la retourne pour revenir à une indication de M. Schmit, en regar-
dant ici comme un axe d'essieu le cylindre fort et les deux autres
comme rais d'une jante absente, ayant appartenu à quelque figuline
fantaisiste, du genre de celles (Fig . 2) qui furent en grande vogue à
l'âge du Fer, et qu'on trouve déjà, en métal, à l'âge du Bronze, ou
en réalité le champ reste ouvert pour arriver à une explication qui
convienne à la fois aux deux objets analogues que nous avons rap-
prochés.— Le mieux pour pousser à la solution n'est-il pas de propa-
ger l'image originale due à l'amabilité de M. E. Schmit, et d'ouvrir
ici un second problème au moment où un autre, grâce à ce procédé,
vient de se clore.
La Grotte de Rivière (Landes).
PAR
P. DUBALEN (Mont-de-Marsan, Landes).
Des renseignements pris dans le pays après la découverte de
l'emplacement de la Grotte de Rivière (Landes), il résulte que, en
1848, entre le chemin de Halage et l'Adour, à la petite Roque, un
rocher gênant le halage fut arasé. Dans une cavité on trouva des
ossements, que l'on dit être de grands chevaux. Ces ossements appor-
tés au château de La Roque ont été détruits dans un incendie en 1908.
Depuis 1848, cet espace de quelques mètres carrés est couvert
par des ronces ; il laisse voir un petit pointement de roche, noircie
par le temps. En 1910, au cours d'études géologiques, je voulus véri-
fier la nature de cette roche ; un coup de marteau me donna de la
brèche archéologique, fortement cimentée à la dolomie Cénomanienne.
Une fouille sommaire me permit de reconnaître une habitation
troglodytique avec dents de Renne. Après autorisation de M. Etienne
Darricau, propriétaire, et avec une subvention de la ville de Mont-
de-Marsan et du Ministère, je fis les fouilles en mars 19ll. Quel-
ques sondages précisèrent l'emplacement de la grotte. Je rencontra
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 639
d'abord une forte couche de pierrailles de calcaire, et au-dessous
des limons et des sables, apportés parles crues de l'Adour, dans les-
quels se trouvaient quelques blocs de stalagmites avec brèche ar-
chéologique.
La grotte est divisée par une protubérance rocheuse médiane en
deux chambres. Au fond de la chambre Nord finissant en entonnoir,
coule de l'eau chaude à 32°. — Contre la paroi gauche ont été trouvés
le poinçon (alêne: en ivoire; la grande figure sur os ; l'os portant les
2 3 d'une circonférence; les harpons, aiguilles, coquilles, fossiles
nombreux, quelques-uns percés, etc., etc.
Plus tard, dans la cham-
bre Sud, du côté de l'Adour,
tous les ossements rencon- /
très dans un puissant foyer Si
sur dallage mêlés à une . ' /
couche de cendres de 0m35
étaient plus ou moins alté-
rés par le feu.
La chimère sur os, forte-
ment brûlée, provient de ce
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loyer, ainsi que 1 os noir,
très dense, offrant de^ nom- »x
breuses rayures et qui laisse
voir, sur un des côtés de la
partie médiane, un arc de
cercle assez large au-des-
sous duquel deux points
rapprochés donneraient,
dans leur ensemble, la figu-
ration de la face d'un être v
finplpnnmiP Fi9 • 1 — La grande figure de la Grotte de Rivière
quelconque. (Landes).
La?grande figure, après plusieurs semaines d'observation, me parut
présenter un ensemble très régulier et géométrique. Cherchant sur
ia photographie agrandie, avec un compas ordinaire, je remarquai
que toutes les lignes courbes appartenaient à des circonférences de
rayons divers.
Ci-joint le tracé géométrique obtenu Figl Je considère que cette
figure a été marquée au compas et que l'artiste a suivi cette marque
avec un burin fortement appuyé, travail qui forcément a donné une
ligne un peu flottante .
L'accident de travail, qui a fait assurer par une personnalité que
640 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
cette gravure était fausse, est, dit-elle, l'esquille qui se remarque à
la partie inférieure de la figure, parce que l'os gravé à l'état frais ne
donne pas d'esquilles .
Pour moi, je ne vois là qu'une éraflure causée par le burin venant
de bas en haut, éraflure laite par le burin dont le bec s'émousse sous
la pression; soit encore par le burin mal tenu qui s'incline en dedans,
faisant une raie plus large. Comme il peut arriver lorsqu'avec un
crayon on suit une ligne courbe déjà marquée, la pointe du crayon
s'échappe souvent, soit en dehors soit en dedans delà courbe.
En second lieu, là ou s'est produit cette éraflure, l'accident devait
arriver, malgré toute l'attention de l'artiste. On remarque en effet
sur ce point, très nettement, lorsque l'os a été mouillé, que cette
région est beaucoup plus longue à sécher.
La photographie laisse voir, une zone plus loncée, plus spongieuse.
Ce qui dénote une modification du tissu osseux, particularité due à
un état morphologique (Ostéite raréfiante), altération qui ne peut se
produire post mortem.
Une moindre résistance sur ce point devait produire une sorte
d'éraflure et même un écrasement, provoquant une plus large em-
preinte.
J'appellerais en outre toute l'attention de mes collègues sur la
cupule formant l'iris (vue à la loupe), qui paraît aussi ancienne et de
même nature que les petits vallonnements interfibreux. L'examen au
microscope dénote une dissemblance absolue avec des traits récents,
qui laissent voir des parties farineuses et non agglutinées.
Je prie encore mes collègues d'examiner l'os portant les 2/3 d'une
circonférence, dans laquelle il me semble voir un profil de face
humaine, inscrit dans le cercle (voir Photogr.). Cette figure est-elle
réelle, ou bien due à un ensemble fortuit de traits quelconques?
Conclusions. — 1° Toutes les gravures trouvées à Rivière indi-
quent un même procédé de dessin (par circonférences) .
2° Qu'un outil a forme spéciale, non encore précisée (Compas),
accompagne ces dessins.
3° Que les deux autres grottes, que j'ai découvert dans le départe-
ment (Brassempouy et Sordes, Dufaure) ont fourni des outils sem-
blables : outils dont nous n'avions pas reconnu l'emploi et l'usage.
4° Que le procédé qui consiste à accentuer une saillie (le nez de la
figure principale de Rivière), par application d'un corps chaud pour
foncer la coloration de l'os, a été employé par les habitants de la Grotte
de Brassempouy (dessus de l'oeil de la tête de cheval hennissant, que
j'ai trouvé à Brassempouy. Musée de Saint-Germain).
5° Que 1 éraflure du bas de la figure devait fatalement seproduire,
à cause de la plaque d'ostéite raréfiante de cette région. Que cette alté-
ration de l'os ne peut être due à une altération post-mortem.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 641
En conséquence de ces faits :
1° Un faussaire, pour si habile dessinateur et si instruit qu'il fût en
Préhistoire, ne pouvait avoir l'idée de mettre ces moyens en usage,
moyens inconnus jusqu'à ce jour. En outre, il ne pouvait pas imaginer
les outils compas , ni les fabriquer et les introduire dans la fouille,
ces silex ayant une patine indiscutable !
2° Que la gravure de la chimère, avec entrelacs tracés au compas,
à la base par trois arcs de circonférences., ne saurait être l'œuvre
d'un faussaire, puisqu'il y a impossibilité matérielle de graver sur
cet os si fortement altéré par le feu qu'un essai a déterminé la cas-
sure et l'écaillement de l'os.
Les deux gravures fausses, trouvées en fin de fouilles sur os, n'of-
frant pas de caractères de fossilisation, étaient en mauvaise place, de
facture non géométrique et de conception moderne ; les traits lais-
saient voir à la loupe leur fraîcheur. — Cette œuvre d'un mauvais
plaisant ne saurait jeter un doute sur des gravures offrant tous les
caractères possibles d'ancienneté, tout particulièrement dans le cas
qui nous occupe, où nous trouvons un procédé nouveau de dessin,
que n'avait pas su comprendre le faussaire.
Contribution à l'étude clu Néolithique
Montmorillonnais :
Haches en roche» cristallophylliennes
à érosions.
Par le D'
Louis GOBILLOT (La Trimouille, V).
La lecture de la Communication de Madame B. Crova, parue
dans le n° 12 du Bulletin de la Société Préhistorique de France
(Année 1910. page 661) et de celle de M. L. Giraux, dans le n° 5
de l'année 1911 de la même Revue, m'a déterminé à présenter
une note sur les haches en roches cristallophylliennes du Mont-
morillonnais, que je possède dans ma collection d'objets préhis-
toriques, et à y joindre quelques clichés des pièces les plus
remarquables [Planches I à III].
Le Montmorillonnais, jadis riche en beaux spécimens de
haches polies en silex, de grande taille, assez comparables aux
pièces de Bretagne et de Vendée, et qu'il serait encore possible
aux Préhistoriens d'admirer entre les mains de M. l'abbé
Blanchard, curé à Pouant (Vienne), neveu et héritier du Prési-
dent Demairé, est assez pauvre en haches confectionnées avec
des roches autres que le Silex
Depuis quinze ans que je m'occupe de recherches préhistori-
642 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ques, c'est à peine, si, malgré de nombreuses relations et de fré-
quentes excursions, il m'a été possible de réunir plus de 24 ou
25 de ces objets.
C'estpourquoi, j'ai pensé qu'il serait intéressant d'adopter pour
la description de ces divers échantillons, les tableaux, dont le mo-
dèle est donné par le « Manuel des Recherches Préhistoriques ».
Parmi ces pièces deux sont remarquables par leur volume con-
sidérable ; les autres par des érosions assez comparables à cel-
les qui ont été signalées par Mme Crova et M. Giraux.
Les pièces de grande taille sont:
1° Une hache à bouton, qui a été reproduite dans le recueil des
communications présentées au Congrès de Tours. Analogue à
celle qui est figurée dans le « Musée préhistorique » de M. de
Mortillet (planche 54, figure 478), elle mesure 0m26 de long, et
pèse 1 kil. 470. Sa particularité la plus intéressante est d'être
préparée par un piquetage très soigné et très serré, de n'être
polie qu'au niveau de la petite extrémité renflée en bouton, et au
niveau du tranchant, arrondi assez mince et coupant. (Planche I).
Pareille pièce fut-elle emmanchée? Fut-elle destinée à être
tenue à la main et à servir plutôt d'instrument tranchant que
contondant? Je laisse à des collègues plus autorisés que moi le
soin de discuter la chose !
2° La seconde est d'un poids un peu moindre, ne pèse que 1335
gr., et ne mesure que 0m22 1/2. C'est une hache assez étroite,
par rapport à sa longueur, épaisse, à section presque circulaire,
et dont la forme générale ressemble à un Boudin. Elle ne pré-
sente pas de piquetage apparent, mais un polissage assez impar-
tait, en raison de l'inégalité et de la texture granitoïde de la
roche constituante, qui est très probablement une Diorite.
Ces deux haches proviennent de l'arrondissement de Montmo-
rillon : à savoir de Lathus et de Saint-Pierre-de-Maillé ; elles
ont beaucoup de ressemblance avec les pièces vendéennes.
La diagnose minéralogique de ces diverses pièces a été soi-
gneusement faite par M. Welsch. professeur de géologie à
l'Université de Poitiers ; elle nous indique une assez grande uni-
formité dans le choix de la matière employée à leur confection ;
elles sont presque toutes taillées dans des fragments de roches
vertes [diorites, diabases, amphibolites].
Il est fort probable qu'en raison de la présence fréquente de
galets analogues dans les alluvions anciennes et modernes de la
D< Louis Gobillot. ' Planche I.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NÉOLITHIQUE MONTMORILLONNAIS
HACHES NÉOLITHIQUES A ÉROSIONS.
C Elève, phot.
N* 2t. — Hache à bouton, en Diorite. — Ensirons de Lathus (Vienne). — 1/2 Grandeur.
N> ?2. — Hache en boudin, en Diorite.— Saint-Pierre-de-Maillé (Vienne % — 1/2 Grandeur.
Dr Louis Gobillot.
CONTRIBUTION A L'ETUDE DU NEOLITHIQUE MONTMORILLONNAIS.
HACHES NÉOLITHIQUES A ÉROSIONS.
C. Elève, phot.
N° 23 Hache à tranchant convexe, en Amphibolite à grenats (Grandeur nature)
Journet (Vienne).
N° 9. — Hache à érosions nombreuses. Schiste à mica noir (Grandeur nature).
Liglet (Vienne).
D' Louis Gobillot.
Planche 11 1.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NÉOLITHIQUE MONTMORILLONNAIS.
HACHES NEOLITHIQUES A ÉROSIONS.
C. Elève, phot.
8. — Hache, à tranchant presque rectiligne. en Amphibolite à grenats (Grandeur nature).
Les HérolJes (Vienne'. — Erosions nombreuses.
^"° 20« — Hache en Amphibolite, à érosions profondes (Grandeur nature). —
Journet i Vienne).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 643
Gartempe, delà Benaise et du Salleron, torrents qui ont dû char-
rier dans leurs cours généralement orienté du sud au nord, pas
mal de matériaux provenant du massif cristallin du Limousin,
ces diverses haches aient été confectionnées sur place.
En tout cas, excepté pour l'amphibolite, la carte géologique de
France feuille de Poitiers et d'Aigurande, à l'échelle de 1,80.000e)
ne donne pas de gisement apparent très rapproché. Il faut donc
pour le moment leur assigner une origine erratique, jusqu'au
jour où de nouvelles recherches géologiques auront mis en évi-
dence des gisements bien déterminés, ainsi que je l'ai constaté
pour un affleurement d'Amphibolite, dans le voisinage de la
Trimouille, au lieu dit la Clairaudrie [Planche II].
J'ai dit, plus haut, que, parmi les haches étudiées, un certain
nombre présentaient des altérations analogues à celles qui ont
été étudiées par M. Giraux et Mme Crova, et par MM. Coutil,
Chapelet, et le docteur Marcel Baudouin.
Comme clans les cas précités, ces pièces sont confectionnées
en roches composites; et un examen même superficiel permet d'v
reconnaître plusieurs éléments absolument distincts. La plupart
sont constituées en roches grenatiferes ; il s'agit dans l'espèce
de grenats grossiers, ferrugineux, mais enfin parfaitement déter-
minés.
Dans l'une de celles dont je communique la photographie
[Planche III], il s'agit de macles, d'un mica noir, qu'à première
vue on serait tenté de prendre pour des aiguilles de tourmaline
dans un schiste micacé gris clair.
Les érosions, qui sont dues à des altérations chimiques et méca-
niques analogues à celles qui ont été si bien décrites par ces
divers observateurs, ont été réparties inégalement et à des profon-
deurs différentes, en raison de la résistance plus ou moins grande
de l'élément minéralogique au niveau duquel l'action chimique
dissolvante a été appliquée : c'est ainsi que la trame cristalline a
toujours été plus respectée que la gangue enveloppante. Il en
résulte un faciès spécial qui donne dans certains cas un aspect
décoratif à la pièce ainsi altérée : il n'en est pas moins per-
mis de supposer que la roche a été primitivement choisie avec
une intention décorative et qu'un polissage très soigné ne devait
pas nuire à l'aspect multicolore de plusieurs de ces objets.
Quant à l'utilisation du relief à la décoration pour les pièces
que je possède, je n'y crois guère, si ce n'est pourla hache à bou-
ton : et encore cette saillie arrondie peut avoir été aussi bien faite
pour en faciliter l'usage, que pour en enjoliver l'extrémité.
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Sur les anses verticales
multi forées horizontalement.
PAR
M. A. GUÉBHARD (Paris) .
Appendice.
Ayant retrouvé après coup quelques figures intéressantes à
intercaler dans notre tirage à part, nous pensons bien faire de
donner ici les principales.
Fig.iOB. Fig. 104. Fig. 107.
Fig. 103. — Tonnelet romain, mentionné plus haut.
Fig. 104. Echelle : 1/4. — Tasse » bi-anse de Wilmersdorl [Hkrmann Bussk, Mœrkische Fund-
slellen von Allerthûmer, Verhandl. Berl. Ges., 1895, p. 454-456, 16 lig. (V. p. 52 », 1 fig.)].
Fig. 107. Echelle : 1/5. — Vase du Centre-Amérique, à anse formée par le classique talou natio-
nal (armadillO)t [G#Gbant Mac Curdy, A Study ofChirir/uian Ântiquities,Mem. of Connecticut
Acad. of Arts and Sciences, vol. III, 1911, gr. in-4\ 250 p.,XLIX pi.; t. pi. XVI, /. et
p. 71].
Fig. 108. — Canthare béotien, de la Société Archéologique d'Athènes.
Fig. 109-111. Eck. : 1/5, — Urnes cinéraires de la Prusse orientale.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
647
Découverte scientifique des deux Menhirs indi-
cateurs d'une Sépulture sous roche ou Cham-
bre sépulcrale, à Trosl y- Vieux-Moulin (Oise).
0. BOUTANQUOI (de Nampcel, Oise).
Instituteur-primaire.
[Prise de Date],
J'ai voulu, pendant ces dernières vacances, essayer de mettre en
application la théorie de M. le Dr Marcel Baudouin sur les Menhirs
indicateurs.
Il existe, en forêt de Corapiègne, près de Rethondes, une énorme
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Fig. 1. — Chambre Sépulcrale néolithique : La Pierre qui tourne. — Coupe Est-
Ouest. — Vue Nord. — R, Pierre qui tourne, rocher recouvrant l'Hypogée.
pierre, appelée La Pierre qui Tourne. — P. de Mortillet, dans
l'Homme Préhistorique [1911, n° 2, p. 43] dit : « Trosly-Breuil.
On a décrit, comme étant un menhir, un énorme bloc de calcaire,
désigné dans le pays sous le nom de Pierre Tourniche ou Pierre qui
Tourne. C'est un rocher naturel, situé sur la pente du Mont-Saint-
Marc, dans une partie de la Forêt de Compiègne, dépendant de la
commune deTroslv ».
Il s'agit cependant d'un Monument mégalithique, bien orienté Est-
Ouest, avec entrée à F Est, se rapprochant du Dolmen. La fouille,
faite en lc%5, a révélé, en effet, l'existence d'une Chambre sépulcrale,
contenant trois couches de squelettes une vingtaine environ). On a
recueilli une trentaine de silex (lames; pointes de flèche ; petits tran-
chets ; pas de poterie [d'après M. Plessier, membre de la Société
648 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Préhistorique Française : Bulletin de la Soc. hist. de Compiègne,
Fig. 2. — Situation de la Pierre qui TOURNETet des Menhirs voisins : Menhir de
l'Ortille; Menhir de la Borne trouée. — E, Entrée de la Sépulture correspondante.
<£ -faeMJL <
Fig. 3. — Les Menhirs indicateurs de la Pierre qui tourne [Sépulture].—!, Menhir de l'Or-
tille (2-10). — II, La Borne trouée, couchée. — III, Mare, où cette pierre B se trouve.
1869-72] (1). — Le tout est donc nettement Néolithique (Fig. 1).
(1) La fouille a été faite en 18G5-18GC, par M. wy-anobski, inspecteur des travaux de
Pierrefonds. — Un crâne a été étudié par M. PnuWr-Bey,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FUA.NÇÀISF, 649
Connaissant parfaitement les lieux, je me suis mis à la recherche
des Menhirs satellites; et je crois les avoir trouvés.
1° Menhir de l'Ortille. — C'est le nom que je lui donne. — En
forêt. Inédit Fig. 3 ; I . Fait face au dolmen, à environ 1 km. ouest
du menhir (Fig. 2) ^Menhir correspondant au fond de la sépulture).
2° La Borne Trouée. — 2,ne menhir. Inédit (Fig. 3; III et II).
Dans le pays, on dit la ferme de La Bonne trouée. Sur cette indica-
tion, j'ai exploré les environs de la ferme; et j'ai découvert, au milieu
de la mare, épuisée par la sécheresse, un gros bloc de pierre, ren-
versé, paraissant brisé à l'extrémité. Distance delà Pierre qui Tourne,
environ 800 m. Fig. 2 [Indicateur du côté nord] (1).
D'après la topographie des lieux, le Menhir de l'Ortille se trouve
à Ventrée de la vallée du rù de Berne sortie de la forêt), et la
Borne trouée au milieu de la vallée de l'Aisne, à proximité de la rivière
et d'un gué. Donc indication des deux côtés pour trouver le Dol-
men Fig. 2). — Un troisième menhir, du côté sud. est probable sur
le flanc du Mont-Saint-Marc.
M. Edmond Hue (Paris). — On lit dans Graves 185o). à la page
20 : « Trosly-Breuil. — A la limite du territoire, vers Compiègne,
la Pierre posée, à l'extrémité du Mont Saint-Marc, dite Pierre tor-
niche au xvie siècle, et aujourd'hui Pierre qui tourne. Egalement sur
les pentes du Mont-Saint-Marc, une pierre fichée, à peu près triangu-
laire, haute de 4 mètres, entourée de blocs d'une moindre dimen-
sion. » — Puis, à la page 32 : « La Pierre sautée, lieu dit, à l'est de
Breuil ».
M. Marcel Baudouin fait remarquer que ces données, très con-
nues de M. Boutanquoi, ne se rapportent pas aux Menhirs décou-
verts. — Toutefois il est possible que le Menhir de 4 mètres cité soit
aussi un indicateur sud de cette Sépulture. C'est à vérifier.
(1) Je fais cependant quelque réserve, à eause de la chute. Cependant la pierre
faisait face aussi au Mégalithe, si elle est en place : ce que je crois (petit tertre
au milieu de la mare).
650
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le Paléolithique inférieur
dans la vallée de l'Alêne (Nièvre).
Par
A. DESFORGES (Fléty, N.).
Les stations de la vallée de l'Alêne, au sud-est du département de
la Nièvre, que j'ai signalées à diverses reprises dans le Bulletin de
la Société Préhistorique Française, renferment, comme la plupart des
Cenhrnstrrt
Fig. I. — Pièces du Paléolithique Inférieur de la Vallée de l'Alêne (Nièvre). — I, Chelléen :
— II, Chelléen évolué; — III, Acheuléén 1; — IV. Acheuléen II.
gisements de surface, des pièces appartenant aux diverses périodes
du Paléolithique et du Néolithique.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 651
Les coups-de-poing, toutefois, y sont plutôt rares. Jusqu'à ce jour,
je n'en ai recueilli que cinq, dont un fragmenté. Tous, sont en silex
jaune, du tertiaire de la vallée de l'Arroux.
Je les présente aujourd'hui, d'abord parce que ces objets sont
assez rares dans la Nièvre: ensuite parce qu'ils me paraissent carac-
tériser des stades différents dans l'évolution de la taille du silex.
(Fig. 1).
Le n° 1 est un coup-de-poing grossier à talon. Il porte des retou-
ches alternatives aux deux côtés de la pointe sur une face et à un seul
côté sur l'autre face, qui a conservé son cortex (Fig. 1 ; n° 1). Le
talon a été également grossièrement retouché. Cette pièce mesure
105 mm. de longueur, 0m072 de largeur etOm027 d'épaisseur. Elle a
été trouvée en 1905 à Roche, commune de Fléty. C'est la plus an-
cienne; je la considère comme chelléenne.
Le n° 2 (tig. 1 ; n° 2) est taillé à grands éclats sur les deux faces et
affecte la forme amygdaloïde. Son talon est aminci, comme les bords.
Le milieu et très épais. L'une des faces porte des restes de cortex. La
pointe à été cassée. Cet instrument a 0m104 de longueur, 0m082 de
largeur et 0m038 d'épaisseur au milieu : je l'ai trouvé en 1908 dans le
jardin de l'école de Fléty. C'est du Chelléen évolué.
Le n° 3, dont la pointe manque, parait avoir été une grande pièce
amygdaloïde de la fin du Chelléen. Il est très bien taillé sur les deux
faces et a les bords sinueux. Le fragment qui reste mesure 0m092 de
largeur etOm036 d'épaisseur. Il est légèrement patiné. On l'a recueilli
en 1910, au lieu dit Le Champ Janvier, commune de Fléty .
Le n° 4 (Fig. 1 ; n° 3) est une jolie limande, bombée d'un côté et
presque plate de l'autre. L'un des bords est rectiligne et finement re-
louché comme une pointe moustérienne. L'autre bord est plus irré-
gulier ; il est usé et forme deux coches près de la pointe. C est une
belle pièce acheuléenne. Elle a 0m110x0mO70x0D020. Elle provient
de louche du Moulin-Neuf (Fléty , où elle a été trouvée en mai 1909.
Le n1 5 Fig. 1 ; n° 4) est presque triangulaire; il est finement taillé
sur les deux faces. Son pourtour est à peine sinueux. Il mesure 0m090x
O^O^X 0*016- Il a été recueilli à Roche Fléty , le 16 avril dernier.
Cet instrument parait appartenir à la dernière époque de l'Acheu-
léen. Il est fortement patiné.
652 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE PRANÇMSE
L'Industrie paléolithique de Billancourt
(Seine).
PAR
HOURY (Issy, Seine).
Au moment où les nombreuses constructions, qui s'élèvent chaque
jour de tous côtés sur le territoire de Billancourt, rendent difficile,
sinon impossible, l'ouverture de nouvelles fouilles, il semble oppor-
tun de rappeler, dans un rapide exposé, le nombreux outillage paléo-
lithique, que son sol a fourni, et de donner en même temps une coupe
stratigraphique {Fig. 1) des sables et graviers anciens, dans lesquels
il a été recueilli.
Chargé depuis 1889 de la surveillance et de la direction de travaux
de terrassement effectués sur différents points de cette localité, nous
avons relevé, aussi consciencieusement que possible, au cours de
chacun d'eux, la coupe géologique des terrains exploités, et noté avec
soin les niveaux où l'homme a laissé les traces de son industrie.
Comme une description d'ensemble ne répondrait pas au but pro-
posé, chaque Ballastière est décrite séparément, en suivant le cours
delà Seine, c'est-à-dire de l'Est à l'Ouest.
1° Avenue des Moulineaux (proche les fortifications). Superficie :
2.000 m. q. — La coupe géologique de cette petite exploitation n'offre
rien de particulier, si ce n'est qu'au milieu de la masse de sable
blanc (7i, on aperçoit des couches d'un sable gras (9), tellement rec-
tilignes qu'elles paraissent avoir été tracées au cordeau.
C'est dans le banc de sable du fond que se trouve l'outillage Chel-
léen. Un coup-de-poing, mesurant 0œ18, y a été recueilli au milieu
de grattoirs et de percuteurs tranchants.
Près de là, une deuxième fouille a mis à jour, à deux mètres de
profondeur, dans cette couche que l'on appelait le Diluvium rouge,
une grande quantité d'ossements, parmi lesquels se remarquaient
ceux du cheval et du bœuf, des défenses de sanglier, quelques débris
de poteries grossières, une spatule en os, et un petit aiguisoir à
aiguilles.
La couche de sable orange du fond (8) a fourni une molaire dCEle-
phas antiquus, des coups-de-poing à talons et à pointes, avec d'au-
tres outils tels que lames et racloirs.
Cette fouille présente la même coupe de terrain que la première,
avec cette différence que le banc de sable est moins épais et la cou-
che de craie plus profonde et plus ravinée.
2° Rue du Point du Jour. Superficie : 3,000 m. q. — Quoique
située près de la carrière précédente et plus rapprochée de la Seine,
la formation géologique de cette station en diffère sensiblement. Très
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAIS!: ÔW
riche en silex taillés : la couche 8 a donné aussi une faune et une flore
caractéristiques, notamment une molaire d'Elephas antiquus, une
dent d'un Fèlis, paraissant être celle du Lion, et plusieurs branches de
palmier.
Parmi les nombreux racloirs dont quelques-uns ont, dans ce
gisement, un faciès moustérien, il convient de signaler un os taillé,
dont l'utilisation ne fait aucun doute.
3° Rue des Princes (proche le Vélodrome . Superficie : 2,000 m. q.
— La présence d'un sable très ferrugineux, d'une épaisseur de lm50
environ, immédiatement au-dessus de la craie, constitue une parti-
cularité digne d'être signalée, puisqu'elle ne se présente que dans
cette partie de Billancourt. La coloration de ce sable, presque noir
et très maigre, ne serait-elle pas due à une infiltration de la source
d Auteuil?
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<-./>i —
Fig. 1. — Coupe de quelques Ballastières de Billancourt !Seine). — Légende : 1. Teni'.
végétale: 2. Diluviutn rouge; 3. Sable gras terreux; 4. Sable gris; 5. Calcin ; 6 Sable
rougeàtre; 7. Sable fin presque blanc ; 8. SabL- orange où Ion trouve de nombreux silex
taillés; 9. Sable gras; 10, Sable ferrugineux ; 11. Dragage; 12. Craie.
Il est difficile de se prononcer, les travaux effectués entre elle et
la rue des Princes, avant la construction du Vélodrome, n'ayant
fourni aucune indication utile. Si le banc de sable orange 8), ordi-
nairement riche en silex taillés, n'a fourni que quelques échantillons,
par contre on peut dire que la qualité a remplacé la quantité, puis-
que le superbe coup-de-poing, mesurant 0m28 et recouvert d'une
belle patine, présenté à la Séance du 27 juillet dernier, à la Société
Préhistorique Française [voir p. 539 ], par M. le Dr Ballet, provient
de la rue des Princes. Il était accompagné de plusieurs lames grossiè-
rementtaillées.
4" Rue du Chemin-Vert. Superficie : 5.000 m. q. — Cette ballas-
tière a donné un outillage paléolithique des plus intéressants. Ce
sont d'abord les godets ou lampes, dont la description a été. donnée
654 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
par M. Gillet, à la Société Préhistorique Française en 1905 et 1906; et
par M. le Dr Baudon, au Congrès deChambéry; puis des beaux coups -
de-poing de tailles et de dimensions très diverses, car, pendant que
les uns ont leurs talons recouverts de leur gangue ou sont taillés sur
toute leur surface, d'autres sont de véritables disques, larges etépais,
à côté desquels on trouve des racloirs, des nucléus, dont l'un affecte
la forme d'un marteau; et, enfin, de nombreuses pièces usagées ne
répondant à aucun type classique.
La faune et la flore sont également bien représentées, rue du Che-
min-Vert, par des molaires ^Elephas antiquus, des dents et des
sabots à'Equidés, ainsi que par des bois de palmier.
Quelques couteaux et grattoirs ont été aussi ramassés à la partie
supérieure du banc de sable orange (8), immédiatement au dessus de
la couche de calcin.
Enfin, une hache polie provient de la surface du Diluvium rouge.
Sa présence nous indique que l'Homme néolithique a habité Billan-
court !
Un fait digne d'être mentionné est que la plupart des outils chel-
léens de ce gisement étaient cantonnés dans la partie Est de la bal-
lastière, sur une étendue relativement faible à proximité de roches
de nature granitique.
5° Rue Thiers. Superficie : un hectare. — Rue Thiers, l'outillage y
est clairsemé. On le rencontre, comme partout ailleurs, aussitôt après
le banc de craie. Il n'offre rien de particulier. La couche de sable
orange (8/ s'infléchit du reste brusquement, dans la direction de
l'Ouest, pour disparaître un peu plus loin sous la nappe d'eau.
6° Route de Versailles (66 bis). Superficie : 12.000 m. q. — Dans
cette exploitation, où la couche de sable orange fait défaut, la masse
est partagée, presque par moitié, par un beau sable gris (4), adossé à
un sable gras (9), impropre à tout usage ; les sables ne renferment
aucun silex taillé. Seuls, quelques ossements, des couteaux et des
racloirs, proviennent des travaux de dragage, effectués à une profon-
deur de 4 mètres.
7° Boulevard de Strasbourg (145 bis). Superficie : 6.700 m. q. —
La partie supérieure du sable gris contient quelques poches de sable
gras, terreux ou tuf 1,3), de forme lenticulaire, que l'on observe jus-
qu'à lm50 au-dessous du diluvium rouge. Dans l'angle Nord de cette
ballastière, à trois mètres de profondeur, il a été extrait de superbes
lames et quelques pointes ; puis, tout à fait au fond, au-dessus de la
craie, la drague a ramené de beaux disques, des coups de poing, des
couteaux, des racloirs, dont quelques-uns concaves et de gros os de
Bovidés.
SOCIÉTÉ PKÉUlSTuHlQUIi FRANÇAISE 6»5
8° Boulevard de Strasbourg n° 194). Superficie : 10.000 m. q. —
C'est dans cette fouille qu'à deux mètres de profondeur, nous avons
mis à jour une Sépulture gallo-romaine, comprenant quatre squelettes
bien conservés, près desquels se trouvaient pour tout mobilier un
vase en terre dite samienne, et deux éperons en bronze, sans molet-
tes.
Un peu plus loin et au même niveau, deux haches polies ont été
également extraites.
Quant à l'outillage, provenant du dragage, il est sensiblement le
même que celui de la ballastière précédente. On en a retiré un bois
d'Antilope Saïga.
9" Boulevard de Strasbourg n° 160 . Superficie : 9.800 m. q. — La
formation géologique de cette exploitation est uniformément com-
posée d'un très beau sable gris 4 , dans lequel on n'a rencontré
aucun silex; mais, si l'industrie paléolithique est seulement représentée
au niveau de l'eau par quelques grattoirs, des lames luisantes comme
la porcelaine et de rares coups-de-poing, en revanche la faune y est
abondante. Un grand andouiller de Benne, accompagné d'autres frag-
ments, a été recueilli à trois mètres du sol, et, un peu au-dessous, un
second andouiller, paraissant appartenir au. Cerf des Tourbières. Des
bancs du fond, il a été retiré des dents et des ossements du Bhinoce-
ros tichorinus; des troncs de bois de palmier, ainsi que des lames et
des pointes, dites moustériennes.
Conclusions. — En résumé, pendant les vingt-deux années qu'il
nous a été permis de fouiller le sol de Billancourt, sur une superficie
d'environ 62 hectares, nous nous sommes efforcé de réunir tous les
documents nécessaires pour l'étude de son terrain, de son industrie
paléolithique, de sa faune et de sa flore.
Elle nous montre aussi que les couches de terrain se sont super-
posées lentement, méthodiquement, sans bouleversement, ni rema-
niement, dans cette partie du bassin parisien ; car, si des actions vio-
lentes y avaient eu lieu, les longues nappes de sable ne se seraient
pas prolongées, comme nous avons pu le constater, en une ligne
droite continue, sur une longueur de plusieurs kilomètres
De plus, cette industrie du Paléolithique inférieur, en nous dévoi-
lant tous les caractères d'une technique déjà développée, fait reculer
l'apparition de l'Homme, bien au delà de cette période, étant donné
qu'il est difficile d'admettre que, dès son apparition sur terre, il a
fabriqué aussitôt ces instruments, si nombreux, si variés et si par-
faits de forme, sans y avoir été déjà préparé par un long apprentis-
sage. L'Homme de Billancourt avait déjà de grands ancêtres !
656 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
M. Marcel Baudouin. — Je me permets de signaler la grande
valeur et les excellentes précisions de la communication précédente.
Elle doit intéresser non seulement les Parisiens, qui trouveront ici la
preuve qu'il y eut bien un Paris paléolithique; mais tous ceux qui
comprennent combien il faut de travail et de volonté pour prouver,
en aussi peu de mots, tant de choses importantes ! — Oui l'Homme
de Billancourt, avait de grands ancêtres. Notre ami, le Dr Baudon,
les trouvera peut-être dans l'Oise....
Hache polie de grande taille.
M. LE GONIAT (Trégomar, Côtes-du-Nord).
Je crois intéressant de signaler, à la Société Préhistorique Fran-
çaise, la découverte d'une hache polie, en diorite, de grande taille.
Cette arme superbe a été trouvée par M. Louis Bécherel, dans un
champ nommé La Plesse-du-Chemin, quartier de La Plançonnaie,
en Plédéliac (Côtes-du-Nord).
Ses dimensions sont les suivantes : Longueur : 0ra240; Largeur à la
crosse : 0m025 ; Largeur au tranchant : 0m072. Circonférence maxi-
mum : 0m190. Epaisseur : CT042. — Tranchant normal; crosse ronde;
faces et bords arrondis. — Poids : 1 kil. 320.
La hache, d'un travail très soigné, est intacte ; ce qui lui donne
surtout de l'intérêt, c'est que les haches polies de grande taille sont
très rares dans notre Département.
Le Musée préhistorique de Saint-Brieuc ne possède pas une pièce
néolithique aussi belle que l'arme décrite ci-dessus, et qui appartient
à ma collection.
fsv
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1911
Présidence de M. L. COUTIL.
PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE.
M. le Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du
26 octobre 1911. — Le procès-verbal est adopté.
A propos du procès- verbal, des notes ont été envoyées par MM.
Marcel Baudouin, A. Cousset, l'abbé Breuil, de Pamagua, Dubalbn.
[Elles sont insérées plus loin].
Correspondance.
Lettres de remerciements : Musée des Antiquités de Nîmes.
Dons de Cartes postales de Mégalithes.
M. A.-L. Lewis (d'Angleterre) a envoyé à la S. P. F. sue cartes
postales, représentant deux : Âssacombe Stone Avenue, à Dartraoor;
quatre : Stone Avenue (2, nr Merrivale Bridge; first and second row;
1, nr harter Tor, Princetown; 1, nr Kestor). — Bemerciements au
donateur.
Laboratoire et Bibliothèque.
Le Laboratoire et la Bibliothèque de S. P. F. vont être organisés
dans un vaste local, qui vient d'être loué à cet effet. Il est situé, 250,
rue Saint-Jacques, Paris-V.
On est prié d'y adresser, dès aujourd'hui, tous les ouvrages et bro-
chures, et toutes les pièces préhistoriques, qu'on voudra offrir à la
Société.
Sont nommés, pour 1912, par le Conseil d'Administration :
Bibliothécaire : M. Charles Géneau.
Conservateur des Collections : M. Edmond Hue.
société préhistorique française. 42
658 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Les « Mémoires » de la Société Préhistorique Française.
[Année 1911].
pour
Vc
)ici la deuxième liste des A
dhésions (1) aux « Mémoires
1911
(2):
97.
DrChervin.
106.
Gartailhac .
98.
P. de Givenchy.
107.
Pol-Baudet.
99.
Berthier.
108.
G. Viré.
100.
Breuil.
109.
Bossavy.
101.
E. Cartereau.
110.
Bacquié.
102
Chevallier.
111.
G*1 Rau.
103.
Cte Beaupré.
112.
P. Boulet.
104.
Bon Edm. de Rothschild.
113.
Dr Gobert.
105.
Roland Guébhard.
114.
Garrisson.
Nous rappelons que le prix de ces Mémoires sera de 15 francs.
Mais, pour qu'il en soit ainsi, il est souhaitable que le nombre des
souscripteurs s'élève à 150! — S'il dépassait ce nombre, le prix serait
abaissé à 12 Francs l'année prochaine.
"Ville Congrès préhistorique de France.
[Session d'Angouléme : 15-21 septembre 1912].
Dans sa dernière séance, le Conseil d'Administration de la S. P. F.
a constitué le Comité d'Organisation du VIIIe Congrès préhistorique de
France, dont la session aura lieu en 1912, à Angoulême (Charente),
sous la présidence de M. le Dp Henri Martin, ancien Président de la
S. P. F.
Le Comité a" Organisation s'est déjà réuni le 30 novembre 1911 et a
rédigé les premières circulaires, qui seront envoyées en janvier.
La date du Congrès est dès aujourd'hui fixée. Il aura lieu du 15 au
21 Septembre 1912. — Les excursions pourront, très probablement,
avoir lieu en Automobiles. On visitera la célèbre station de La Quina,
et visitera le point où a été découvert le Squelette du Moustérien infé-
rieur, rais au jour par M. H Martin le 18 septembre dernier.
Admissions de nouveaux. Membres.
Sont proclamés Membres de la S. P. F. : MM.
Lamertin, Editeur, Bruxelles (Belgique).
[M. Gillet. — M. Baudouin],
(1) L'engagement n'est valable que pour une année; mais il sera toujours renou-
velé d'office, sauf contre-ordre en temps voulu (c'est-à-dire six mois avant la fin
de l'année en cours) de la part des Souscripteurs.
(2) L'impression du volume de 1911 est, au demeurant, presque terminée. Le
Volume sera expédié aux Souscripteurs fin janvier 1912.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 659
Barbe (Henry), Professeur au Lycée, rue Paradis, 377, Marseille
(B-.d.-R.). [A. Guébhard. — M. Baudouin].
Bourrinet (Pierre), Instituteur, Teyjat, arrondissement de Nontron
(Dordogne). [H. Martin. — Marcel Baudouin].
Présentations et Communications.
Présentations.
L. Giraux (Saint-Mandé). — Hache polie avec gravures sur les deux
faces.
M. Baudouin (Paris). — Hache polie avec gravures sur les deux faces
et les deux bords.
L. Coutil (Eure). — Ardoise ornée de gravures du Gisement mous-
térien de Bretteville, près Cherbourg.
Ed. Hue. — Quelques pièces préhistoriques de Luc, Langruneet Lion
{Calvados).
Paul Guébhard et II. Baudouin. — Hache en fer du Fouta-Dialon.
Roland Guébhard. — Hache polie d'Afrique.
Communications.
Drs E. Boismoreau et M. Baudouin (Vendée). — La « Famille so-
laire » du Monument des Veaux, à Saint-Aubin-de-Baubigné (D.-S.)
[Décalques des Gravures].
Duquesne et L. Coutil. — Centre important pour la fabrication des
tuiles et de la poterie, à l'époque gallo-romaine, près d'Illeville [Eure),
forêt de Monlfort-sur-Risle. [Prise de date].
Dubalen (Mont-de-Marsan, L.). — Note complémentaire sur les os
gravés de la Grotte de Rivière (Landes).
Le Coniat (Trégomar, C.-d.-N.). — Le Pied de Saint-Yves [Gravure
sur Rocher].
G. Guénin (Brest). — Grain d'enfilage de Landaoudec en Crozon
(Finistère). — Une idole de forme égéenne, trouvée dans les Côtes-du-
Nord.
PagÈs-Allary (C.) et Charvillat (P.-d.-D.). — La Grotte Pic, à
l'Orcier, près Retournac (H.-L.). — Le Progrès préhistorique.
Dr DE Saint-Périer (Paris). — Découverte d'une Grotte Paléoli-
thique à Lespugne [Haute- Garonne) [Magdalénien].
Reynier (Lizy-sur-Ourcq, S.-et-M.). — Le Limon des Plateaux.
Dr Jullien (Joyeuse). — Outil néolithique servant à piquer les
meules.
E. Nicolle (de la Société Jersiaise). — Rapport sur la reprise de
l'exploration de La Cotte, à Sainte-Brelade (Jersey), par la Société Jer*
siaise.
660 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Duquesne. — Découverte d'un Cervus elaphus à Montfort-sur-Risle
{Hure).
A. Gousset. — Découvertes en Charente-Inférieure.
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la S. P. F. a reçu les ouvrages suivants :
Bulletin of Dep. of Archeology : Philipps Academy, Andower, Mass.
— Tome I (1904); II (1906); III (1906) ; IV (1908).
Volk (Ernest). — The Archeology of the Delaware Valley. [Papers
of the Peabody Muséum of American Archœlogia and Ethnology,
Harvard University. Vol. V.]— Cambrid., Mass., 1911, août, in-8°,
258 p., 2 cartes, 125 planches hors texte ; et 25 fig. dans le texte.
Warren K. Mooreheàd. — The stone Age m North America. —
2 volumes. Boston et New-York, Houghton Mipplin Gy, 1910, gd.
in-8°; vol. I, 457p., 398 figures; vol II, 417 p., 325 figures.
Baudouin (Marcel). — Découverte et fouille d'un Kjôkkenmôdding
néolithique aux Tabernaudes, à l'Ile d'Yeu (Vendée). [Extr. Bull, et
Mém. Soc. d'Anthr. de Paris, 1910]. — Paris, 1910, in-8°, 48 p., 17 fig„
2 pi. hors texte, 19 figures.
Mochi (Pr Aldobrandino). — Le recherche del Dott. Marchesetti
nella Grotta pocalapresso aurigina sul carso Trietino. [Extr. de Arch.
p. Antropologia e la Etnologia], 1911, XLI, fasc. 3]. — Firenze, 1911,
in-8°, 21 p., 1 pi. hors texte.
Harlé (Edouard). — Les Mammifères et Oiseaux quaternaires con-
nusjusqu'ici en Portugal. Mémoire suivi d'une liste générale de ceux
de la Péninsule ibérique. [Extr. du Tome VIII des Comm. du Ser. Géol.
du Portugal, p. 21-85, 1910]. — Lisbonne, 1910, in-8°, cinq pi. hors
texte.
Gobillot (L.). — Contribution à l'étude du Néolithique Montmoril-
lonnais : Pointes de flèches minuscules. [Extr. du Bulletin du Dolmen-
Club, 1911]. — Bellac, 1911, in-8°, L. Dupanier, 1 pi. hors texte.
Westropp^T. J.). — Types ofthe ring Forts remaining ineastern Clare
(Killaloe, its royal forts, and their history) [A group of IX-X Gentury
Forts]. [Extr. Proceedings of the Royal Irish Academy, Dublin, XXIX,
Sect. G, n° 7, août, 1911, 186-212, 2 fig.]. — Dublin, 1911, in-4°.
Delort. — La Planèze aux temps anciens [Notes d'Anthropologie
et d'Archéologie préhistoriques]. [Extr. de la Revue de la Haute-
Auvergne]. — Aurillac, 1911, in-8°, 11 p.
L. Giraux. — La Pierre à Cupules du Dolmen de la Niana. — Sur un
Galet de Quartz ayant servi de billot. — Le Menhir de la Grosse-Borne,
à Coupvray . — Silex en forme de rabot provenant de Vendrest. —
Hache polie à faces altérées provenant du Danemark. — Silex faux en
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 661
forme de Croissant. — Les Menhirs de Campo Maggiare. — Les Monu-
ments mégalithiques de la commune de Guinchetto. — Les Monuments
mégalithiques au sud-ouest de la Corse. — Hache en silex de forme
arquée. — A propos des os utilisés. — A propos des traces humaines
laissées sur les os. — Les monuments mégalithiques de Capo di Luogo
(Corse). — Travaux et fouilles de Gorge d'Enfer. — Billot en phalange
de bœuf à trois faces de La Quina. — Ossements utilisés de l'époque
magdalénienne. — Nouvelles constatations sur des os utilisés du Mous-
térien et du Solutréen. — Pointes de flèches de Grossa [Corse).
19 brochures [Extr. de div. Soc. Sav.].
NOTES, ORIGINALES, DISCUSSIONS,
ET PRISES DE DATE.
L'Ktain en Loire-Inférieure.
M. M. Baudouin (Paris). — M. Leroux, le 7 novembre 1911, a lu,
à la séance de la Société archéologique de la Loire-Inférieure, une
étude sur les Buttes de Nozay et d'Abbaretz. Ces buttes, que M. Ker-
viler croyait être les vestiges d'anciennes exploitations minières de
Fer, transformées plus tard en Retranchements, habitations, sont,
pour M. Leroux, les restes d'exploitations de mines d'Etain. Il a
remarqué que le Fer, abondant dans l'arrondissement de Château-
briant, fait à peu près défaut autour des buttes. Au contraire, à
cet endroit, on a trouvé des scories de Bronze : ce qui prouve qu'on
y fondait l'alliage du cuivre et de Y é tain. Comme on ne rencontre pas
là de Cuivre, il est fort probable qu'on s'y livrait à V extraction de
YEtain. — D'ailleurs, une Société Nantaise a entrepris dernière-
ment des travaux, qui ont permis de mettre à jour du minerai de ce
métal .
Découvertes en Charente-Inférieure.
M. A. Cousset (d'Etaules). — Près d'Etaules Charente-Inférieure),
au lieu dit du cadastre La Haute Borne, j'ai découvert un petit
menhir, qui n'a pas encore été signalé. Je ferai bientôt le lever du
plan, etc.
En Charente-Inférieure, près de Matha, j'ai trouvé des restes d'un
Dolmen, inédit au cadastre lieu dit : Pierre levée) ; je compte, là
aussi, faire le nécessaire sous peu (Plan, etc.).
662 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Découverte d'une Grotte magdalénienne
à Lespugne (Haute-Garonne).
\ Prise de daté].
Par leD'
DE SAINT-PÉRIER (de Paris).
Comme prise de date, je viens signaler à la Société que j'ai com-
mencé à explorer, au mois d'août 1911, une Grotte naturelle, située
sur le territoire de la commune de Lespugne, canton de Boulogne-
sur-Gesse (Haute-Garonne). Je n'ai pratiqué dans cette Grotte qu'une
tranchée exploratrice, qui m'a permis de recueillir, dans un foyer
de cendres et de charbons, de très nombreux débris de cuisine,
parmi lesquels j'ai pu identifier des os des espèces suivantes : Che-
val, très abondant ; Renne, très abondant ; Ours des cavernes ; Chamois ;
Bovidé d'espèce encore indéterminée ; et un fragment d'un mollusque
marin, appartenant au genre Cypris. L'industrie, outre un grand
nombre d'éclats de taille de silex, est représentée par un racloir et un
perçoir en silex; deux lissoirs en os; une pointe de sagaie en os; et une
extrémité depoinçon en os. Ces pièces, ainsi que la faune observée,
font dater le gisement d'une époque magdalénienne ancienne. Les
fouilles seront reprises méthodiquement, et leur résultat communiqué
ultérieurement à la Société, s'il y a lieu, la note actuelle n'ayant
comme but que la prise de date de la découverte.
Hypothèses sur les Hacbes en silex et en bronze.
M. Jacquot (Grenoble). — Je possède des outils en silex taillés, de
fortes dimensions (l'un d'eux mesure 0m22 de long, 0m09 de large et
0m125 (^épaisseur), affectant la forme d'une hache et pesant plusieurs
livret voir plusieurs kilogs. Il était difficile d'utiliser ces outils
comme haches de guerre, car leur maniement eût rapidement épuisé
les forces de l'homme qui s'en serait ainsi servi.
Est-il déraisonnable de penser que ces prétendues haches n'étaient
autre chose que des pics, des pioches agricoles, ou peut-être même
des socs de charrue, analogues aux socs en bois de quelques peu-
plades arriérées, et même au soc en bois à pointe ferrée qu'utilisent
encore aujourd'hui les Arabes ? On retrouverait l'analogue de ce soc
en Haute-Maurienne, aux environs de Bessans : ce village qu'on pré-
tond descendre des Sarrazins.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 6b3
A ce propos.je dois faire connaître que les Arabes des tribus — par
opposition aux Arabes des villages, déjà accoutumés à nos modes de
culture — ont un outil quasi national, qu'on appelle el fés et qui est
une petite pioche, à fer plat, peu large, dont le talon est également
aplati, mais dans le sens contraire. L'œil ou trou d'emmanchure
est entre les deux plats, dont l'un se trouve toujours perpendiculaire
à l'autre. Cet outil sert à tous les usages courants des indigènes,
c'est-à-dire à piocher les jardins, à couper du bois, à se fendre
mutuellement le crâne dans les rixes, à creuser une rigole ou une
fosse, etc. Les Romains utilisaient exactement le même outil, égale-
ment en fer; et j'en possède un exemplaire trouvé en démolissant un
mur romain auprès de Bouhira ( Sétif ' . Il n'est donc pas impossible,
je le répète, que, comme l'idée semble en être venue à quelques-uns
de nos collègues, certaines haches n'aient été autre chose que des
pioches ou un outil agricole.
Peut-être aussi certaines haches en bronze n'ont-elles été que des
talons de lance analogues aux talons qu'on remarque à quelques lan-
ces sauvages. Les uns sont pointus et servent à frapper en arrière
dans la mêlée, sans avoir besoin de retourner l'arme (c'est ce que
font encore les lanciers, en renvoyant violemment en arrière le
talon ferré de leur lance de frêne ou de bambou, talon arrondi, mais
très pesant > ; les autres sont plats et nous en connaissons deux caté-
gories : 1° le talon de la lance targui, coupé carrément et qui ne sert
qu'à ficher l'arme dans le sable, à portée de la main, pendant le repos
du guerrier; 2° le talon de certaines javelines, généralement en
feuilles de laurier, que leurs propriétaires peuvent déchausser et
utiliser, en campagne, comme hachette de fortune, pour se procurer
le bois nécessaire au feu de bivouac.
Enfin la hache de petite dimension peut avoir été employée, non
pour frapper étant tenue dans la main, mais pour être lancée comme
le tomahawk indien.
Je termine en rappelant un type de hache (?), en silex taillé, que
j'ai trouvé fréquemment à Gafsa et dont j'ai montré des spécimens
aux Congrès de Chambéry et de Beauvais. Je ne puis le comparer
qu'à un revolver coup-de-poing pour sa forme générale, qui est large
d'un côté et en pointe arrondie de l'autre. Quelques pièces n'ont pas
plus de 0m35 de long; et je ne vois pas ce que cela pouvait être.
664
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Fig. 1. — Ardoise gravée de la station de Bretteville-en-
Saire (Manche) [Collect. de M. H. MENUT,à Cherbourg].
Ardoise gravée de la station de la Pointe du Heu,
à Oretteville en-Saire (Manche).
M. L. Coutil. — Les terrassements, exécutés, en 1879, par notre
collègue, M. H. Menut, de Cherbourg, sur un mamelon s'avançant
dans la mer, et nommé la Pointe du Heu, ont amené la découverte
d'une riche station paléolithique, qui lui a donné près de deux cents
instruments choisis, au milieu de nombreux éclats de taille, haches
lancéolées ou amygdaloïdes, pointes moustériennes, racloirs et
lames.
Le Néolithique était surtout représenté par des grattoirs, scies,
perçoirs, tranchets, couteaux, quelques pointes de flèches.
Une ardoise (Fig. 1)
n'a pas été signalée
alors ; mais elle a bien été
trouvée dans ce gisement,
à la partie supérieure du
Moustérien. L'ardoise en
question mesure O^IS
de long, 0m09 de large,
0m015 d'épaisseur ; sa
forme est irrégulière. Si
nous la décrivons, c'est qu'elle figura à l'Exposition historique et
archéologique de Cherbourg, en 1899, avec les instruments qui pré-
cèdent, et qu'à plusieurs reprises, et tout récemment, au Congrès pré-
historique de Nîmes, on a parlé de signes gravés sur des rochers,
représentant probablement un jeu de marelle. M. Florance en a
signalé un sur un menhir du musée deBlois; et M. le Dr Ballet
sur des roches des Vosges. M. Courty en a signalé aussi sur les
rochers degrés du bois de la Briche, dans la forêt d'Etampes (Seine-
et-Oise); il en existe aussi sur des Mégalithes des environs de Gué-
rande, et probablement d'autres que nous ne connaissons pas encore.
Ce qui serait particulièrement intéressant de savoir, c'est si l'ardoise
de la station de Bretteville était dans la couche moustérienne (c'est
peu probable) ; on n'a pu présiser ce détail, lors de la découverte.
Cette gravure peut encore être rapprochée de celles qui ont été dé-
crites par M. F. Ede, dans le Bulletin de la Société (T. VIII, 1911,
p. 210, fig. 3, nos 1, 3, 4, 5) et qui se voient sur un rocher degrés de
la forêt de Fontainebleau, au Mont Aiveu, où l'on retrouve figurés des
dessins géométriques et des sortes de marelles. D'autres ont été signa-
lées par M. Florance, à Saint-Lubin-de-Suèvres, dans l'Homme Pré-
historique (avril 1908).
M. M. Baudouin. — Cette ardoise me semble bien néolithique.
Elle est tout à fait comparable à celles décrites par M. le Cl Martin
et trouvées dans les Sépultures néolithiques en Bretagne.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 665
Observations sur les gravures problématiques
trouvées à Rivière ^Landes).
L'abbé H. BREUIL (de Paris),
Professeur à l'Institut de Paléontologie humaine.
Au mois de mars 1911, grâce à l'aimable invitation de M. Du-
balen, j'ai été visiter le curieux gisement découvert par lui à
Rivière, dans la berge même de l'Adour, et où il recueillit, partie
dans des masses brècheuses, partie dans des poches contournées
et d'études stratigraphiques impossibles, des objets appartenant
à T aurignacien, au solutréen et au magdalénien.
Il m'avait parlé de la découverte de gravures singulières sur
éclats d'os, qu'il considérait alors toutes comme authentiques, et
que, dès le premier instant, je jugeai toutes également fausses.
Mon collègue, M. Obermaier, qui m'accompagnait, partagea sans
réserve mon jugement. A ce moment, M. Dubalen était si con-
vaincu de l'authenticité des gravures, qu'il s'efforça de nous
démontrer que personne de ceux qui assistaient aux fouilles
n'avait pu les faire, et que le faux était impossible. Je lui fis
remarquer que je n'avais pas à me préoccuper de ce point de vue
delà question, n'étant pas juge d'instruction, mais qu'en ce qui
concernait les gravures, il n'y avait aucun doute sur leur carac-
tère apocryphe.
Il y avait deux faces humaines, une sorte de fleuron, un cheval
absurde, et peut-être encore autre chose.
Plusieurs de ces os, grâce à leur structure et à leur patine
éburnée, étaient, bien que fossiles, assez résistants pour suppor-
ter le travail de gravure sans trop se déliter sur les bords du
trait. C'est une chose connue par tous les faussaires, ou par
ceux qui s'efforcent de connaître leurs procédés, que, sur certains
os, principalement ceux conservés dans un milieu argileux, comme
par exemple ceux de Brassempouy (Landes), ou ceux de l'Eglise
de Guyenne (Les Eyzies), on peut graver des figures presque
i mpossibles à distinguer comme récentes. Plusieurs de celles
de Rivière étaient de cette catégorie, spécialement les deux faces
humaines, exécutées toutes deux suivant les mêmes procédés, et
d'une ligne extrêmement déliée.
Sur la seule que M. Dubalen présente aujourd'hui comme
valable, il y a un point où la gravure, fait sur os fossile, a fait
sauter une écaille de la table superficielle de l'os : si celui-ci
666 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
avait été frais, jamais cela n'aurait eu Heu, et l'échappée du burin
serait caractérisée par une glissade, et non par une écaillure
tabulaire.
Quant à l'os orné d'un fleuron que M. Dubalen appelle une
chimère, il est gravé d'un trait profond; cependant le trait est
est terne et ne présente pas les fines striures que le silex laisse
toujours sur l'os frais; d'autre part, tout le long du trait, de nom-
breuses écaillures tabulaires se sont produites.
Ces caractères, joints à l'absence totale de style de ces dessins,
avaient suffi à déterminer mon jugement.
Très ennuyé de cette aventure, M. Dubalen fit une enquête
très serrée, qui aboutit à la découverte d'un faussaire ; celui-ci
n'était pas un ouvrier, mais une personne cultivée et nullement
ignorante des questions relatives à l'histoipe naturelle.
M. Dubalen aurait obtenu son aveu pour certaines pièces; il
paraît que les deux qu'il présente, auraient été trouvées avant sa
première visite. Si cela est vrai, cela prouverait que le faussaire
avait un complice. D'ailleurs peu importe l'origine des faux, qui
sont tout à fait naïfs ; mais il serait regrettable de laisser péné-
trer dans la science une donnée aussi sujette à caution.
C'est pourquoi je me vois obligé de contrister aujourd'hui mon
excellent ami Dubalen en exprimant publiquement mon juge-
ment sur les faux de Rivière. Bien qu'il soit regrettable que des
personnes que leur éducation devrait mettre au-dessus de pareil-
les plaisanteries aient pu induire en erreur le chercheur avisé
qu'est le dévoué conservateur du beau musée régional de Mont-
de-Marsan, la trouvaille de Rivière demeure une fort intéressante
découverte, et sa position, dans la berge même de l'Adour, en
un point où la marée se fait encore faiblement sentir, est peut-
être de nature à servir de base à d'intéressantes déductions sur
la géologie des derniers temps quaternaires.
M. Dubalen. — Après lecture de l'article de M. Breuil, je ne puis
ajouter que ces quelques mots
Je garde la conviction que les traits de la face humaine, de la chi-
mère sur os brûlé, de la circonférence sur un troisième os avec profil
de face humaine, sont anciens, d'un procédé par tracé de circon-
férences et que les silex à pointes très finement retaillées sur chaque
côté de bouts de lames ont servi a exécuter ce mode de travail ; outils
qui se trouvent en nombre dans cette grotte, et les plus soignés
comme travail.
J'insiste sur le fait que le nez de la gravure de la face humaine est
marqué par un corps chaud, appliqué sur l'os pour brunir et accen-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 667
tuer le trait et que Brassempouy nous donne le même procédé pour
accentuer le dessus de l'œil du cheval hennissant pièce au Musée de
Saint-Germain) !
Tous les faussaires réunis ne pouvaient imaginer ce procédé, que
nul n'a encore signalé !
Rivière nous donne encore des formes nouvelles : des pointes de
flèches longues en os, avec procédé nouveau d'emmanchement, par
la retaille en soie de l'olécrâne, probablement d'un chevreuil (pièces
que je communiquerai à la Société Préhistorique Française).
Si les traits anciens sur os ne peuvent se différencier des traits
récents, on peut avancer que rien ne prouve l'authenticité d'une gra-
vure quelconque!
La chimère ou fleuron a été trouvée dans un foyer de cendres de
0m40 d'épaisseur et absolument intact !
De ce que deux gravures sur os blancs, relativement récents, ont
été trouvés dans les pierrailles de couverture et du côté opposé aux
dépôts archéologiques, on ne peut tout mettre en doute.
A chacun de porter son jugement après examen des originaux.
La place qu'occupe cette grotte, au niveau actuel de la marée
haute et à trois mètres au-dessous des grandes inondations aussi
nouvelle pour la préhistoire que certains objets qu'elle contient,
devra modifier les idées reçues sur le Quaternaire supérieur.
Je crois inutile de rappeler que M. E. Détroyat a fouillé une
grotte à Bayonne même, sur les bords de la Nive, en 1866, et que
son niveau au-dessus de la mer paraît être semblable à celui de
Rivière.
M. A. de Paniagua. — D'après la discussion à laquelle a donné lieu
la gravure de Rivière représentant une face humaine, deux observa-
tions utiles peuvent être faites.
On a dit que la gravure intacte, sans brisure, au milieu de la sur-
face plane de l'os, devait rendre la pièce suspecte. Je me demande
pourquoi. De ce que beaucoup de gravures de cet âge nous sont par-
venues fragmentées par suite d'accidents consécutifs, ce n'est pas une"
raison pour en induire qu il ne peut s'en trouver d'entières, les
pièces qui les portent s'étant trouvées dans des conditions favorables
de bonne conservation. D'ailleurs, d'autres gravures de l'âge du
renne, indiscutables et non discutées, ont été découvertes dans les
gisements des Landes où se trouve justement la Grotte de Rivière ;
exemple : l'étalon et la jument de Brassempouy. On peut citer aussi la
tète d'Equidé de Sordes, gravée sur une plaque de schiste.
On peut observer encore que la pièce, manifestement fausse, le
cheval que M. l'abbé Breuil qualifie très exactement d'absurde,
accuse un tout autre travail que la gravure du faciès humain Sans
668 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
aucun doute, ce n'est pas la même main qui a gravé celui-ci et le
cheval. S'il était vrai que toutes les gravures de Rivière sont apocry-
phes, il faudrait admettre plusieurs faussaires ; et cela paraît bien
peu probable.
M. Marcel Baudouin. — Une figure presque semblable à celle
de M. Dubalen est représentée dans le beau livre de notre collègue
M. Moorehead [The stone Age in North America, t. Il, p. 24,
Fig. 422]; mais il s'agit ici d'une sculpture sur pierre, due à des
Indiens, qui pouvaient déjà être arrivés à Y Age du Cuivre [nez ;
deux yeux de face ; bouche]. On voit des représentations humaines
analogues sur les fameuses pipes en pierre, qui sont si fréquentes
aux Etats-Unis, qu'on retrouve en Afrique, et qu'il est bien
extraordinaire de ne pas retrouver dans les stations Néolithiques
d'Europe.
En conséquence,je propose à M. Dubalen l'hypothèse suivante :
Ne pourrait-ilpas s'agir en l'espèce d'une Gravure sur os, vraie,
faite, non pas à la fin du Paléolithique, mais bien à la fin du
Néolithique?
Y a-t-il ici impossibilité : 1° à ce que les Néolithiques aient fré-
quenté sa Grotte ; 2° à ce qu'ils aient exécuté cette Gravure ? — Je
ne le crois pas à priori. Mais je ne donne ici mon opinion que
pour ce qu'elle vaut ; et je suis prêt à l'abandonner, si Ton me
prouve qu'elle n'est pas défendable, pour des raisons straligra-
nhiques et géologiques exclusivement.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 669
III. — ARTICLES ORIGINAUX.
Découverte d'une Grotte néolithique
à Courjeonnet, près Villevenard (Marne).
PAR
M. ROLAND de Villevenard, Marne),
Instituteur public.
Je viens de découvrir une nouvelle Grotte néolithique ; elle m'avait
été indiquée par une pousse plus forte de l'avoine et par une pierre
rencontrée à la sonde, à 0m80 de profondeur, le sol arable n'ayant
d'ordinaire que 0m10 d'épaisseur.
Cette grotte a été ouverte, le 16 août 1911, en présence de
MM. Guillemot, Président de la Société d'Agriculture de la Marne,
Schmidt, vice-président, Merlin, Conseiller général de Montmirail, et
de plusieurs autres personnes.
Elle est située sur le territoire de Courjeonnet, lieudit Les Vignes
Jaunes la vigne chlorose dans ces terrains calcaires), à 25 mètres en
dos d'âne du sommet d'un mamelon, dont la pente fait face au sud,
et bien à découvert de tous côtés. La vue s'étend devant soi à 15 kilo-
mètres et permet d'explorer la vallée du Petit-Morin Marais de
Saint-Gond, Mont Août, hauteurs d'Allemant et de Mondement). Sur
sa gauche, à l'est, une gorge indique le cours d'un ancien ruisselet,
qui avait sa source à 150 mètres de là (Fontaine Jean Hibbard), et
dont les eaux s'infiltrent aujourd'hui peu après leur sortie de terre.
A 150 mètres à l'ouest, et légèrement en aval, se trouve le petit
monticule du Trou du Renard (Trou Blériot), qui renferme une sta-
tion de plusieurs Grottes, découvertes et visitées autrefois par M. le
Baron de Baye.
A 300 mètres environ, en arrière, se trouvent les vignes, en pente
rapide, du Haut de la Fontaine et des Forteras ; le tout est dominé par
un plateau élevé, dénommé les Hauts de Congy, où les néolithiques
allaient travailler leurs outils; de nombreux éclats, des silex ayant
subi l'action du feu, des percuteurs, des pièces travaillées trouvées à
la surface d'un sol non calcaire, indiquent assez un Atelier.
La Grotte est seule; ce n'est pas une nouvelle station; le terrain
avoisinant a été exploré et n'a donné aucun autre résultat. L'empla-
cement était cependant fort convenablement choisi pour une instal-
lation ; le banc de craie est bien consistant.
Couloir. — Le couloir, comme ailleurs, est à ciel ouvert (Fig. 1).
Il est rempli de mastic, durci contre les parois, et au centre d'un
670 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
mélange moins compact de craie, de cendre noire et de terre végétale;
quelques pierres plates y avaient été jetées pêle-mêle. Il a une lon-
gueur de £m60; il part de la surface sur une largeur de 0m60, pour
s'enfoncer à 2m06 et acquérir une largeur de lm80.
Sa direction Sud-est est moins inclinée que celle des Grottes qui ont
été découvertes l'an dernier.
On y a trouvé simplement qu'un morceau de crâne, une vertèbre
et des fragments d'os humains disséminés dans la terre de remplis-
sage de ce couloir.
GROTTE SEPULCRALE de COURJEONNET (CANTON ^MaNTMORT.ArrMÏPERNAYtMAKNE)
VAld.it otu PETIT 'MORiM.ZroUIl.I.Ér.'l DECOUVERTE ).JrM'RoI>AND INSTITUTEUR
U ]t AoDt "1811
Fig. 1 et -2, — Profil et Plan de ./a Grotte sépulcrale de Courjeonnet (Marne).
Dessin de M. L. Coutil.
Anti-Grotte. — L'ouverture était obstruée par des pierres plates
de toute nature et de toutes dimensions (ici, pas d'énorme grès); la
plus volumineuse, légèrement triangulaire, mesurait lm05 de hau-
teur, 0m70 de largeur moyenne, et 0ra10 d'épaisseur. Le volume total
de ces pierres de fermeture peut être évalué à 0m3750 ; il pouvait y
avoir 70 pierres ; les plus petites avaient 30 à 40 centimètres de dia-
mètre.
Le poids des terres, et probablement les trépidations du sol sous les
pas des chevaux de culture, avaient affaissé plusieurs de ces pierres; et
cet affaissement avait permis à de petits mammifères de pénétrer à
l'intérieur et d'y établir leur demeure. Ils y avaient construit des
nids avec des débris végétaux et amassé des noix. D'autres pierres
étaient fortement scellées aux parois du couloir,.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FPANÇAISE 671
Cette ouverture rectangulaire, relativement grande, mesure lm06 de
haut sur 0"58 de large; son épaisseur de paroi est 0m25 (Fig. 1).
L'anti-Grotte offre un petit vestibule, qui s'étend de chaque côté de
l'issue de 0m50; elle a lm15 en longueur sur lm20 de hauteur. Sa
partie droite est arrondie ainsi que la voûte; la partie gauche offre
des angles bien nets; on croirait être en présence de deux styles
d'architecture. Des coups de hachette sont distincts. Des traces de char-
bon se relèvent sur le sol.
La Grotte. — L'ouverture est assez haute, 0m83 sur 0m69, d'un
accès relativement facile ; ses dimensions en donnent une idée; la
base, qui forme seuil, a 0m32 de hauteur. Les traces des coups de
hachettes ont disparu pour faire place à une surface lisse : ce qui
indique un usage fréquent, et prolongé, c'est-à-dire des visites répétées.
Le nombre des squelettes, la diversité des flèches et des penden-
tifs montrent assez qu'elle a dû servir d'Hypogée pendant plusieurs
générations. En avant du seuil de la chambre sépulcrale, une petite
tranchée est creusée; est-ce pour arrêter l'écoulement des eaux en
temps d'orage ou de pluies diluviennes? L'ouverture de la Grotte
n'était pas fermée. Elle est ornementée à T intérieur d'un encadrement
en relief, taillé dans la craie et d'un joli effet. La grotte est assez
vaste : 3œ35 sur 3m20. La voûte du côté gauche lm45 et 0œ80 d'élé-
vation) est arrondie, par opposition à l'anti-grotte, dont la partie cor-
respondante est à l'angle droit et vice versa. La voûte du côté droit
est à angle bien défini, avec hauteur variable à l'entrée : lm10, au
fond lm55).
La petite Banquette, à gauche, mesure lm15 de long, 0m30 de large
et 0m05 d'épaisseur; la petite Banquette, à droite, 0U150 de long, 0m30
de large, 0m05 d'épaisseur (Fig. 2).
Une hache emmanchée [ayant pour dimensions : Hache, longueur,
0m24; manche, longueur, 0m40 ; épaisseur du relief, 0ni016], est sculp-
tée sur la paroi du fond (Fig. 3).
A côté, dans l'encoignure de droite, se trouve un Socle, également
taillé dans la masse calcaire (Dimensions du socle : longueur, 0n19;
largeur, 0m10; hauteur, 0ra33; il s'arrête à 0m16 du sol. Est-ce la mar-
que de l'ouvrier terminant un travail long et pénible et voulant lais-
ser la trace de son passage ? est-ce un symbole, un hommage aux
défunts? Nul ne le sait.
Le sol de la grotte n'est pas parfaitement uni ; il présente quelques
légères aspérités.
Les squelettes étaient entassés pêle-mêle lors de la découverte ;
mais les corps avaient été, les uns allongés dans tous les sens, les
autres accroupis contre les parois et même superposés avec un cer-
tain soin.
672 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Quelques-uns reposaient sur des pierres plates; et, sous ces mêmes
pierres, d'autres ossements indiquaient une sépulture antérieure. La
voûte centrale était légèrement éboulée et les squelettes étaient écra-
sés. Les crânes avaient roulé dans tous les sens. Tous les ossements
Fig. 3. — Là Paroi du Fond de la Grotte, avec la Hache sculptée et le Socle [Photographie
Roland et L. Coutil].
étaient dans un état de complète vétusté, moins bien conservés que
dans les Hypogées précédemment ouvertes, et moins résistants ; la moin-
dre pression les réduisait en pièces. D'autre part, les mammifères
avaient déplacé de petits ossements; ils s'en étaient servi pour faire
des nids !
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 673
Cette chambre funéraire renfermait 26 corps, de tout âge et de tout
sexe (1).
12 crânes, plus ou moins détériorés ont pu être recueillis, ainsi
que 15 mâchoires inférieures, dont plusieurs avaient appartenu à de
jeunes enfants.
Ceux de la partie centrale étaient réduits en miettes sous les moel-j
Ions de la voûte.
Un crâne offrait une particularité indiquant que l'individu était
un être anormal; les orbites étaient en ligne oblique et la face devait
être déformée, car la mâchoire était complètement de travers, puis-
qu'une prémolaire se présentait sous les fosses nasales (?).
Objets recueillis. — On a trouvé :
1° Dans le couloir : 7 flèches à tranchant transversal ; 1 flèche
taillée en amande ; 1 couteau, à 0m20 du fond, planté verticalement
dans les terres de remplissage.
2° Dans la grotte : 2 haches, l'une de 0m15, très bien arrondie,
intacte et presque tranchante, trouvée contre la paroi droite, vers le
milieu, sous une moitié de crâne d'enfant; l'autre de 0m10, fortement
ébréchée, usagée, rencontrée près de l'entrée; l'effondrement de la
voûte avait brisé les manches en corne de cerf, dont on a recueilli
quelques débris.
Une pointe, d'aspect yji
solutréen (0m036 de
long, 0m018 de large),
sur la banquette d'en-
trée à gauche, près
d'un manche d'outil,
en os.
8 couteaux, de diffé-
rentes grandeurs et en
silex de couleur va-
riée.
Au centre, en deux
endroits rapprochés ,
3 et 8 dents perforées
de porc ou de Sanglier; elles devaient servir de parure à deux
individus ; les plus longues et les plus fortes avaient été cassées
Fig. 4 — Grotte sépulcrale néolithique de Courjeonnet. —
Pièces d'enfilage. —Légende 1. Callaïs: 2. Dent de
porc; 3. Coquille perforée d'Anodonte; 4. Coquille per-
forée: 5. Os perforé; 6. Coquille perforée; 7. Dentale;
8. Poinçon en os.
(1) Certaines grottes de la région renfermaient une couche épaisse de la terre
noirâtre mélangée aux corps, qui reposaient aussi sur des pierres plates : des
excroissances calcaires, en forme de champignons, surmontait ce dépôt funéraire.
Lu grotte, explorée par M. Roland en 1909, à Villevenard, avait sa voûte éboulée ;
les squelette> placés contre les parois. Pas d'anté-grotte; l'entrée était fermée
par huit pierres assez grosses. La chambre sépulcrale se trouvait à 2m25 du sol;
elle mesurait 2||l25 de long, 3m10 de large, lm50 de haut. — Une autre grotte
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 43
674 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
intentionnellement, probablement pour en réduire les dimensions
et donner de l'uniformité au collier.
4 perles en pierre, cylindriques.
8 pendentifs allongés, et 2 arrondis en coquilles d'onodonte des
marais.
1 perle de coquillage fossile {Fig. 4).
1 perle ovale, taillée dans un os très mince.
38 pendentifs en coquillages allongés et tronconiques de Dentales
fossiles de Téocène des environs de Paris (1), s'emboîtant deux à
deux, quelques-uns percés sur le côté d'un trou minuscule.
68 flèches à tranchant transversal de toute grandeur, de toute cou-
leur, et d'un travail plus ou moins fini.
1 perçoir ou aiguille en os bien arrondi, de Omll de long, sans chàs,
à extrémité effilée.
1 perle, grossièrement travaillée, percée d'un trou foré au poinçon,
pendentif d'un caractère original; cette pièce, unique, est en Callaïs.
M. L. Coutil présente un moulage de la Hache sculptée, qu'il a
exécuté, et les ossements qui lui ont été remis par M. Roland, pour
la Société Préhistorique Française, afin d'être étudiés par le Dr M.
Baudouin. — Il insiste sur la présence de cette hache, à côté d'un
petit support, où on a pu placer une lampe? un objet cultuel? ou
tout autre chose... Comme la hache et le support dominaient légère-
ment le dépôt funéraire dans le fond de la grotte, mesurant 0m15 à
0m20 centimètres d'épaisseur (beaucoup moins important que dans
les autres grottes), il évoque le souvenir des stèles gallo-romaines,
où l'on voit sculptée la hache, avec l'invocation : SA.D. = SVB
A SCIA DEDICAVIT (2), qui serait le souvenir d'un rite plus an-
cien, et qui est resté inexpliqué. Il est permis de supposer que
l'ouvrier qui a exécuté ce tombeau a voulu indiquer ainsi qu'il
n'avait pas été utilisé précédemment, car on distingue partout les
intacte avait un couloir de lm20 de large, l'entrée l»a20 sur 0"6b était fermée par
des pierres; une ouverture cintrée donnait accès à la grotte, qui contenait douze
squelettes reposant sur le sol, le dos adossé aux parois ou posés sur des pierres
plates et minces : un squelette paraissait avoir subi l'action du feu ; le sol était
recouvert de terre noire. Le mobilier funéraire comprenait 18 pendentifs en narrre
à 2 trous, et 6 flèches, pas de haches : Cette grotte était à 3>»80 de profondeur et
0m30 en contrebas de l'autre grotte. Un crochet était taillé dans la craie, (Ext.
But. Soc. arck. Champe oise, n° 4, décembre 1910 [Grottes néolithiques]).
(1) Déterminations du Pr Boule et de M. Thévenin, du Muséum.
(2) On a proposé de nombreuses interprétations de cette devise; on a supposé
que cela s'appliquait à un tombeau sortant de sous hache du tailleur de pierres
(c'est-à-dire un tombeau n'ayant pas encore servi, car on en utilisait de vieux) ;
ou encore, la puissance protectrice des divinités souterraines gardiennes des sé-
pultures, etc., etc. Pour cette sépulture néolithique, comme la grotte porte les
nombreuses empreintes de haches, qui l'ont façonnée et ornée, l'artisan a peut-
être voulu reproduire son instrument de travail, comme les tâcherons du moyen
âge dessinaient leurs outils sur les pierres, pour les grouper ou se faire régler
leur travail; c'était une sorte de dédicace indiquant que le travail était terminé.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 675
coups de hache sur les parois ; et, pour terminer son travail, il a
sculpté sur la paroi du fond l'outil qui a servi à effectuer ce travail,
qu'il a dédié ainsi aux défunts inhumés ou aux divinités sépulcrales;
ou encore, c'est une marque de tâcheron, comme celles que l'on
observe parfois au xme ou xive siècles sur les pierres des édifices.
D'autres haches analogues figurent sur la paroi d'entrée de grottes
voisines, découvertes par M. de Baye, également à Courjeonnet, en
1873; d'autres, situées sur la commune voisine de Coizard, sont
accompagnées d'une représentation féminine On voit une hache
emmanchée, gravée sur une grande dalle du Mane-Lud (Morbihan).
Il insiste également sur l'entourage, sculpté en relief, de 0m05
d'épaisseur, qui orne la porte de la chambre sépulcrale, en face la
hache; il est formé de deux pilastres, surmontés d'un linteau, avec
deux tablettes formant la base des linteaux. Cet ensemble, vérita-
blement architectural et réservé à la Chambre sépulcrale, constitue un
document d'un grand intérêt artistique; car, si on a beaucoup insisté
jusqu'ici sur la peinture et la sculpture des Préhistoriques, nous ne
Fig. 5. — Grotte sépulcrale de Courjeonnet (Marne). — Vue prise du fond de la Grotte,
permettant de voir l'entrée ornée de la chambre sépulcrale, ainsi que l'entrée de l'anti-
grotte; au fond, le vestibule, obliquant à droite; la porte de la grotte n'est pas au centre,
car, à gauche, il y a un espace de 0-54, tandis qu'à droite il y a une paroi de 1»15 ; les
deux petites tablettes du bas ne sont pas identiques : celle de droite ne fait pas saillie sur
l'aplomb des chambranles; celle de gauche avance d'environ 0»10 à 0m15.
croyons pas que l'on ait encore signalé de manifestation architec-
turale aussi accusée et aussi ornementale à l'époque néolithique
(Fig. 5).
L'entrée de l'allée couverte de Dampont (Seine-et-Oise) offre une
entrée presque carrée, avec une échancrure, pour placer un bouchon
carré de 0nl46 sur 0m48 de large, une feuillure de 0m06 et 0m10 de
profondeur; le dolmen d'Arrouville (Seine-et-Oise) offre une ouver-
ture carrée, de 0m56 de haut, 0"'58 de large, une feuillure de 0"28;
l'allée couverte de Dampmesnil (Eure), offre une ouverture circu-
676 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
laire incomplète, avec feuillure, etc. — C'est pourquoi M. Coutil a lait
l'acquisition de la grotte, afin de la protéger contre toute altération
atmosphérique; de conserver la précieuse découverte de M. Roland,
pour la Société Préhistorique Française; et aussi pour mettre en
valeur une soixantaine de grottes sépulcrales néolithiques de la
même région et voisines, dont 12 sur Courjeonnet, 35 sur Coizard,
4 sur Villevenard et d'autres sur Oyes, explorées par M. de Baye
vers 1873-1874.
M. Chapelet. — M. Coutil, notre sympathique et dévoué Prési-
dent, nous a fait une communication sur la Grotte de Courjeonnet
(Marne), et nous a présenté un moulage de la hache sculptée sur la
paroi du fond de la grotte sépulcrale.
A l'heure présente, M. Coutil fait plus encore : il nous offre cette
Sépulture préhistorique ; ou plutôt, il la vend à la Société Préhistorique
française ; et le prix qu'il en demande (1 franc) constitue plus qu'un
don !
Je suis certain d'exprimer votre pensée, en remerciant M. Coutil,
en votre nom et au nom de la Société préhistorique française, pour ce
don magnifique, dont nous devons être honorés, puisqu'il nous confie
la conservation de ce monument, qui intéresse nos études à un titre
tout spécial, et qui vient s'ajouter à ceux qui nous ont été déjà
légués par des généreux donateurs. [Vifs Applaudissements.)
M. A. Guébhabd, à propos de la locution sué ascia dedicavit, que
vient de prononcer M. L. Coutil, croit devoir signaler que, dans
une lettre toute récente, M. Alphonse Aymar annonçait précisément
être sur la piste de renseignements particulièrement intéressants
quant à une trouvaille, faite en Auvergne, d'une hache polie, placée
comme obturateur sur une urne cinéraire gallo-romaine. Voilà un
fait qui jetterait une clarté nouvelle sur la formule sacramentelle des
Romains.
M. Marcel Baudouin. — Les ossements seront étudiés plus tard.
— Il faut insister sur l'absence de Poterie, qui, comme je l'ai dit,
semble indiquer un Ossuaire ; sur le nombre de petits Tranchets, qui
ne peut s'expliquer que par la Décarnisation. Le mobilier ressemble
à celui de Vendrest, mais est sans doute un peu plus récent [Callaïs].
La Hache sculptée permet de comprendre la présence, dans ces Os-
suaires, des quelques Haches polies, qu'on y trouve presque tou-
jours : leur présence serait alors la conséquence d'une manifestation
rituelle.
Cette découverte est vraiment intéressante ; et il faut remercier
M. Roland d'avoir remis les ossements conservés à la Société Pré-
historique Française.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 677
Vote sur les traces de l'existence
d'un Culte de la Hache
pendant le Paléolithique inférieur.
PAR
A. DUBUS (Neufchatel-en-Braye, S.-I.).
Sous ce titre, notre collègue M. Rutot, à la session de Tours du
Congrès Préhistorique de France, a fait part de ses impressions, con-
cernant de très petits coups-de-poing, de 0m02 à 0m03 de longueur ;
puis, par opposition, de trois haches formidables, de 0m32 de lon-
gueur en moyenne, 0m16 de largeur et d'un poids de 3 à 4 kilo-
grammes.
En parcourant cette communication, nous sentions que notre émi-
nent collègue a été impressionné par l'aspect de ces haches « formi-
dables», ainsi qu'il les appelle.
Aussi, semble-t-il vouloir idéaliser ces haches « formidables »,
venant après les haches de 0m12 à 0'n18, d'un usage courant, pour
en faire l'objet d'un Culte de la force !
« Voilà donc, dit-il, une nouvelle question ouverte : celle de l'exis-
« tence probable d'un « culte de la hache » pendant le paléolithique
« inférieur. De pareils indices existent-ils ailleurs? Il ne me semble
« pas en avoir reconnu d'évidents pour ce qui concerne le nord de
« la France, où il n'existe guère, à la fois, de très grands et de très
« petits coups-de-poing... »
De la présence de pièces uniques par station, notre savant collègue
émet l'idée représentative d'un « Culte de la Hache », ou de l'emblème
de commandement.
En faudrait-il donc déduire que seuls les chefs de tribus en avaient
l'apanage, ou que seuls les représentants du culte en étaient les dis-
pensateurs, alors que, la matière première ne faisant pas défaut, le
gens du peuple ne pouvaient avoir la possibilité de tailler ces grands
instruments au gré de leur fantaisie, ou, insistons-nous, de leurs
besoins?
Nous avons fait paraître, en 1903, une communication, sous le titre
de : Contribution à l'Etude de l'Epoque Paléolithique des stations de
Bléville, la Mare-aux-Clercs et Frileuse, près le Havre [1), dans la-
quelle nous avons relaté les différentes sortes de coups-de-poing,
recueillis dans les limons de nos plateaux de Caux ; l'outillage y est
représenté, sous l'aspect Acheuléen, par des pièces variant entre
0»045 jusqu'au dessus de 0m30.
(1) Bulletin de la Société géologique de Xormandie.
678 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
D'ailleurs, nous ne pouvons mieux faire que de résumer, dans le
tableau ci-après, 1 état des récoltes que nous avons faites dans ces
trois stations.
Ces récoltes se divisent ainsi :
de 0 Ù0m05, de 6 à 10, de 11 à 15, de lf. à 20, de 21 à 25, de 26 à 30™ au-dessus
où 2 197 238 213 70 17 4
0/0 0,03 26 32 29 10 2 50 0.06
Tous les coups-de-poing de nos limons, quels que soient leur
forme et l'usage auxquels ils étaient destinés, quels que soient leur
longueur, leur épaisseur, leur poids, sont généralement taillés très
finement. Un grand nombre sont à l'état de neuf; aucun n'est roulé.
Certaines grandes pièces de la Dordogne que nous possédons,
dont la longueur varie entre 0m28 et 0m31, sont au contraire taillées à
très grands éclats.
En suivant le tableau ci-dessus, nous voyons que la proportion de
l'emploi des coups-de-poing de 0m6 à 0m10, de 0mll à 0m15 et de 0m16
à 0ra20 est à peu près la même, mais que la marche ascendante en
longueur, à partir de 0m21, bien que diminuant en nombre, n'en suit
pas moins graduellement un cours régulier jusqu'à la grandeur
extrême.
En un mot, il n'y a pas arrêt dans la fabrication pour sauter, par
exemple, de 0™22 ou 0m24 à 0m32.
Il serait donc difficile de dire où commencerait alors la « Hache
formidable » dans cette échelle.
Nous ne pourrions mieux comparer la difficulté de cette délimita-
tion qu'à celle qui existe entre la fin du tranchet néolithique et le
commencement du ciseau, ainsi que nous l'avons fait remarquer
antérieurement (1).
Nous ne pouvons partager l'avis de notre éminent collègue, en ce
qui concerne les grands instruments, d'autant moins que, parmi ces
grands coups-de-poing, nous en possédons un, dont la forme natu-
relle, en S sur l'un des bords, a été respectée par l'ouvrier qui l'a
taillé, de façon à bien placer l'outil en pleine main, sans risque de
blesser. Ajoutons, ce qui n'est pas moins intéressant à constater, que
ce très grand instrument a conservé des traces indéniables d'usage.
Quant aux petits coups-de-poing minuscules, nous en possédons
quelques-uns que nous avons recueilli au milieu de nos stations néo-
lithiques et que nous avons figuré dans la série des pointes de fié
ches, avec mention spéciale (2).
(1) Note sur l'industrie néolithique aux environs du Havre et de Neufehàtel-en-
liray. — Bulletin de la Socirlc çéolo!*itjue dt 'Normandie , 190?i.
(2*i Voir note sur l'Industrie iteolithiqWe .l.-ia i:il.-e.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 679
C'est bien au milieu de tout cet outillage néolithique que nous les
avons trouvés: il serait bien difficile de leur attribuer une contempo-
ranéité avec leurs semblables appartenant à l'Acheuléen.
De l'examen de nos grandes pièces, nous concluons qu'elles ont dû
être utilisées au même titre que les autres ; que certaines ont pu être
emmanchées.
Enfin, nous insistons sur ce point, car nous possédons à ce sujet
une pièce bien démonstrative, que, parmi ces outils exceptionnel'
lement grands, certains ont été utilisés manuellement.
En résumé, l'objet de cette communication est de démontrer que
certains limons du nord de la France renferment un outillage
complet, depuis les coups-de-poing les plus réduits jusqu'aux plus
grands connus à ce jour.
Que c'est bien graduellement, et sans interruption aucune, que
nous arrivons aux pièces extraordinairement grandes.
Que les preuves d'usage de ces dernières pièces paraît exclure
toute intention d'un Culte.
Découverte de Stations préhistoriques
à Vimni-Moussa (Oran, Algérie .
Désiré ESTAUNIÉ d'Ammi-Moussa, Algérie).
Le village d'Ammi-Moussa, chef-lieu du canton et de la commune
mixte de ce nom, est situé à l'Est du département d'Oran, à 25 kilo-
mètres au Sud de la ligne de chemin de fer d'Alger à Oran.
Au cours de recherches effectuées à la fin de 1910 et en 1911, j'ai
relevé, dans un rayon de 5 à 6 kilomètres autour de ce village, les
stations préhistoriques suivantes.
1° Champ de manœuvre. — Plateau moyen, formant cap dans la
vallée de l'Oued Riou 1); altitude 181 mètres. Emplacement de poste
romain. Couche archéologique, bouleversée par d'importants tra-
vaux romains et actuels. Outillage Paléolithique, recueilli à la sur-
face et à une faible profondeur 0m60 au maximum): coups-de-poing
amygdaloïdes très épais, d'autres à talons réservés, amandes acheu-
léennes, lames et racloirs moustériens, en quartzites roulés de l'Oued
Riou et en calcaire crétacé, roche locale.
(1) Oued = rivière; Djebel = montagne.
680 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
2° Tranchée de l'ancienne route d Orléansville . — Al kilomètre
au N. d'Ammi-Moussa. Station de surface. Terrasse alluvion-
naire dominant l'Oued Riou d'une trentaine de mètres. Objets
recueillis : disques et racloirs grossiers en quartzites, racloirs en
silex dont plusieurs à coches, pointes pédonculées épaisses, taillées
sur une face, en quartzite, percuteur à dépression médiane, galet-
polissoir portatif à stries, fragments de poterie grossière sans orne-
ments. Station paraissant être de l'époque dénommée par Pallary
Néolithique berbère (lj ou récent.
3° Pont de l'Oued Tléta. — A 1,800 mètres N.-E. d'Ammi-
Moussa, pente inférieure de la vallée; altitude 130 mètres. Foyer
en plein air; outillage microlithique en silex : petites lames, quel-
ques-unes à retouches marginales, coches-grattoirs, racloirs circu-
laires, perçoirs, lames en croissant et en segment à dos retaillé.
Absence de poterie et de pierre polie. Industrie paraissant être de
l'époque dénommée par Pallary Ibéro-Maurusienne [Paléolithique
récent).
4° Premier pont de VOued Sensig. — A 6 kilomètres N.-E.
d'Ammi Moussa; pente inférieure delà vallée, altitude 160 mètres.
Même genre de station que la précédente, mais bien moins riche
en silex.
Objets isolés. — J'ai aussi recueilli dans les environs d'Ammi-
Moussa : un percuteur en grès fin dans une haouita (2), près de la
Koubba Sidi Abdelkader Merkeb, à 2,000 mètres au S.-O. d'Ammi-
Moussa ; un autre percuteur, galet roulé en calcaire, dans une hao-
uita, près de la Koubba Mouley Sidi Abdelkader à 2,500 mètres à
l'E. d'Ammi-Moussa (ces deux objets avaient été déposés là en ex-
voto par les indigènes); une pointe moustérienne en calcaire, sur le
flanc N. du Djebel Hadjar, à 3 kilomètres N.-O . -O. d'Ammi-Moussa.
Tumuli. — Les tumulus sont assez communs dans les environs
d'Ammi-Moussa; mais, tous ayant été violés et saccagés, leur étude
n'offre plus qu'un médiocre intérêt. Je les signale ici pour mémoire.
(1) P. Pallary. — Instructions pour les recherches préhistoriques dans le N.-O.
de l'Afrique.
(2) Haouita = cercles de pierres marquant l'emplacement où un saint person-
nage a fait un arrêt, et où ensuite tout passant musulman pose une pierre.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 681
Découverte d'un Pic-hache gallo-romain,
aux. environs de Pacv -sur-Eure.
PAR
H. BARBIER (Pacy-sur-Eure, Eure).
Il y a environ deux ans, un cultivateur de Villegats (Eure), ayant
ouvert une carrière de cron (calcaire grossier dans le flanc d'un
petit coteau (1] dominant l'étroit vallon dans lequel court pendant
quelque temps la route qui mène de Villegats à Saint-Chéron, fut
fort étonné de trouver, au cours de ses travaux de pénétration, les
ossements d'un squelette, qui lui parut appartenir à l'espèce humaine.
Au milieu de débris osseux, il ramassa une sorte de fort pic, très
rouillé, et une pointe de lance ou de javelot, qu'il rapporta chez lui.
Ces faits étant venus à ma connaissance au début de cette année, je
fus assez heureux pour me rendre acquéreur du pic seul, la pointe
de javelot ayant été égarée par les enfants du cultivateur et n'ayant
pu être retrouvée jusqu'à présent.
Fig. 1. — Pic-Hache. — Echelle ; 1/4 Grandeur environ.
Examinant pour la première fois un objet de cette nature et crai-
gnant de faire une détermination quelque peu hasardée, j'eus recours
aux bons conseils de M. Salomon Reinach, le savant directeur du
musée d'antiquités nationales de Saint-Germain, qui voulut bien
m'en confirmer l'origine romaine (2).
Quelques semaines après, ayant pu me rendre au Musée de Saint-
Germain, je constatai que mon instrument était de même facture que
le pic-hache, qui provient de l'Oppidum du Puy-d'Issolud 'Uxellodu-
num , et qui est exposé dans la salle XIII, de la conquête des Gaules,
par César. Cependant le pic-hache du Musée de Saint-Germain m'a
paru moins robuste que celui que je possède (Fig. 1).
(1) Ce coteau se trouve sur la commune de Cravent (Seine-et-Oise).
(2) Je suis heureux de le remercier ici de son autorisé autant que bienveillant
concours.
682 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Il restait à me rendre sur les lieux de la trouvaille pour bénéficier
des enseignements que l'on tire toujours d'une visite sur place.
A l'examen de la paroi gauche de la tranchée d'ouverture de la
carrière, il est facile de constater l'existence dans le cron, d'une sorte
de poche de trois à quatre mètres de profondeur, remplie par un
amoncellement confus de terre, de pierre et de cron, présentant tous
les caractères d'un très ancien éboulement Et l'on saisit, comme
si c'était d'hier, par suite de quel terrible accident s'est terminée bru-
talement l'existence du gallo-romain qui, son javelot maintenu au
corps, était occupé à tirer à l'aide de son pic-hache, soit du cron,
soit de la pierre. Un énorme bloc de pierre qui fut trouvé éboulé
dans le cron, à l'entrée de la carrière, fut probablement la cause de
cet accident qui nous est révélé à près de 2,000 ans de distance,
par l'heureux hasard qui a voulu que les travaux d'ouverture de la
carrière fussent dirigés vers cet endroit.
Non loin de là, près du lieu dit « le Buisson Major » , les cultiva-
teurs, en labourant, arrachent avec le soc de leur charrue, du cron
qui a servi à l'empierrement d'un chemin aujourd'hui disparu sous
une couche de terre arable, et qui est peut-être un tronçon de la voie
romaine qui, descendant dans la vallée et remontant sur le plateau
opposé, est encore visible au Plessis-Hébert, à Orgeville et Cail-
louet, et aboutissait à Evreux. Il est permis de penser, sans pour
cela donner un cours trop libre aux fantaisies de la pensée, que, pro-
bablement, le terrassier gallo-romain, victime de l'éboulement, tra-
vaillait à extraire du cron ou de la pierre, destinée à l'entretien ou
même à la construction de la dite voie.
Quoi qu'il en soit, j'ai cru intéressant de signaler la trouvaille de
ce pic-hache, objet peu commun je crois, et dont l'exhumation vient
apporter une contribution de plus à l'histoire de la civilisation gallo-
romaine en Normandie.
En voici les dimensions : longueur 0m33; hauteur du tran-
chant 0m09. Ces dimensions ont dû être sensiblement plus fortes sur
l'objet à l'état de neuf, de fortes plaques de métal à l'état de rouille
s'en étant détachées {Fîg. 1).
M. Marcel Baudouin. — Je possède, dans ma collection person-
nelle, un instrument analogue, mais en forme de Pioche, que j'ai
décrit dans un Mémoire précédent auquel je renvoie, et dont je me
borne à reproduire ici des figures (Fig. 2 et 3).
Cette Pioche, comparable à celle de nos jours, mais toute petite
{Piochon de fouilleur), pèse 1.200 gr. ; elle a subi une oxydation
absolument complète. Elle se compose, d'un côté, d'une pioche vraie
(1) M. Baudouin. — Découverte, fouille et étude du Soulerrain-i e/ûge du Moulin-
neuf, à lu Roche-sur-Yon (Vendée). A.F.A.S., Paris, 1909. in-8°, 51 p., 15 fig.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 683
(panne) et de l'autre d'une sorte de pic. massif, en forme de pointe
mousse, presque carrée; elle a un orifice pour le manche entre les
Fig. 2. — Dessin de la Pioche gallo-romaine, trouvée à la Haute-Thermelière. —Echelle:
1/4 grandeur. — Légende :/, Vue de face: — //. Vue de profil!— 0, orifice d'emman-
chement; — O, A. B. pioche: — C, D, pic (A noter surtout le profil de l'outil: il est
caractéristique.
deux (Fig 3 ; //). L'outil, qui a une longueur totale de 0m285, pré-
sente les dimensions suivantes :
LONGUEUR
LARGEUR
— »— — — -
—
max. min.
180
65 40
90
35 15
Pioche (panne) 180 65 40 25 10
Pic (pointe) 90 35 15 30 20
Trou ponr le manche. 15 7 30
On remarquera que la pioche est très mince et très large, tandis
Fi?. 3. .— l, Pioche en fer, trouvée en 1907 dans une tranchée de la Mine de Fer de la
Haute-Thermelière, à La Ferrière Vendéel [Époque gallo-romainel. — fD'après une
Photographie de Marcel Baudouin]. - Echelle : 1/ 3 Grandeur.
N- 1. — Vue de la facs postérieure de l'outil. — A, orifice pour le manche, à ficelle
passant par cet orifice.
que le pic est presque carré et très massif (fig. 2 et 3). On dirait un
piochon de Préhistorien ! C'est, évidemment, un outil de mineur
gallo-romain.
m
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Ebauches die Haches polies du
Fond de lu Vallée d'Issou (Seine-et-Oise).
Par
GRAFF (d Issou, S.-&-0.),
Instituleur-primaire.
Depuis un demi-siècle, l'extraction de pierres de silex, pour l'em-
pierrement des routes et des chemins de la région, s'effectue en l'en-
droit appelé Le Fond de la Vallée. J'ai l'honneur de présenter à la
Société des pièces récemment découvertes en ce lieu, dans cette belle
vallée de la Seine, dont j'explore les rives depuis plus de trente ans.
Le résultat de mes recherches forme une collection d'un millier
d'objets, retraçant la Préhistoire dans l'arrondissement de Mantes.
Les objets paléolithiques et néolithiques y sont nombreux ; mais
cette dernière époque domine surtout par l'ensemble des pièces
recueillies. Sauf quelques monnaies gallo-romaines, les objets de
l'âge du bronze font presque totalement défaut.
Je joins le croquis en coupe (Fig. 1) de la carrière du Fond de la
Fig .
Coupe de la Carrière de Fond de la Vallée. — Echelle : 1/100.
Vallée, où un ouvrier a mis à jour une ébauche de hache et une
hache polie trouvées à I^IO de profondeur; plus loin, le fragment
d'une autre hache polie, relevé à 0m90 (Fig. 1 ; n° 1 et 2). En cet
endroit du fond de la Vallée, une partie du terrain, entraînée par les
eaux, a recouvert par superposition et glissement la couche de sable
roux empâtée de moyens morceaux de silex; et la couche supé-
rieure végétale s'est trouvée recouvrir, en une mince surface, humi-
tère, la partie de sable roux.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 680
Celle-ci, à son tour, recouvre le dépôt marin formé de sable et de
gros morceaux de silex extraits aujourd'hui de ces alluvions marins
tertiaires, où gisent de nombreux oursins.
C'est au-dessous de la partie végétale et des cailloux mélangés au
sable roux, sur le dépôt marin même, que ces trois objets ont été
recueillis.
Au-dessous du dépôt et des sables lavés, la marne et le craon cal-
caire se relèvent jusque sous la terre végétale. Ne trouvant plus alors
de silex à exploiter, l'ouvrier abandonne la carrière pour recher.
cher un nouvel emplacement.
Voici les dimensions des objets que M. Carpentier, carrier, a bien
voulu m'offrir pour ma collection, objets d'autant plus rares en cet
endroit que, depuis treize ans que j'explorais le Fond de la Vallée, je
n'avais trouvé qu'une hachette polie, roulée par les eaux; ce qui ne
procurait pas de donnée suffisamment exacte pour établir l'antiquité
du Néolithique en ce lieu.
1° Ebauche en silex marin gris clair : longueur 0n,245; largeur
0m10, au centre; largeur 0m07 au tranchant et 0m06 à l'extrémité
opposée: poids 1 k. 120 gr.
2° Hache polie, en silex marin gris foncé : longueur C'ilô; lar-
geur 0m055 au tranchant ; largeur 0œ03 à l'autre extrémité : poids
0 k. 230 gr.
3° Fragment de hache polie, silex marin gris clair : longueur
0m175sans tranchant; largeur 0m06 à la base ; largeur 0m03 à l'ex-
trémité opposée : poids du fragment 0 k. 460 gr.
4° Hachette polie roulée par les eaux trouvée dans le dépôt marin :
longueur 0m10 ; largeur 0m05 au tranchant ; largeur 0m035 à l'autre
extrémité : poids 0 k. 180 gr.
Les « Alignements de pierres » (atone ï*o-*vs)
de Dartmoor, Devonshire (Angleterre).
A. L. LEWIS Angleterre).
La découverte récente d'un « Alignement de pierres » à Cuisy en-
Almont m'a donné l'idée de présenter, à la Société Préhistorique fran-
çaise, quelques renseignements sur des monuments similaires en
Angleterre. Il y a plusieurs « Stone rows »,ou Alignements de pierres,
sur Dartmoor, en Devonshire ; mais, ailleurs, il y en a très peu en
Angleterre. Feu M. R. N. Worth de Plymouth) a publié une liste de
36 pour celles de Dartmoor 1,; et d'autres ont été découverts, dont
(1) Transactions of the Devonshire Association for the Advancement of Science,
etc., 1892-1894.
686 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUEfFRANÇAISE
je n'ai pas de détails. De ces 36 alignements, 18 sont formés d'une
ligne seulement ; 14 de deux lignes (comme celle de Cuisy) ; 2 de 3
lignes ; 1 de 4 lignes ; et 1 de 7 lignes.
Leur orientation est : N.-S., 9; E.-W. (ouest), 7 ; N.-E. S.-W (ou
à peu près), 10 ; N.-W. S.-E. (ou à peu près), 7; N.-N.-E-S.-S.-W.,
2; ?1. Total 36.
Je crois que ces orientations ne sont pas très exactes. Les Aligne-
ments diffèrent beaucoup dans la longueur ; il y en a un qui a trois
kilomètres; et quelques autres qui n'ont qu'une centaine de mètres de
longueur. La plupart des pierres de ces alignements sont petites,
leurs dimensions étant inférieures à un mètre ; mais il y en a quel-
ques-unes, qui atteignent jusqu'à deux mètres de hauteur ! Très sou-
vent, il y a un cercle de pierres ou un menhir à une extrémité, et
un tumulus à l'autre extrémité d'une rangée de pierres ; la fin des
rangées doubles est souvent fermée par le plus large côté d'une
seule pierre. Certainement, les Stone rows de Dartmoor ne sont
pas les restes d'avenues, de murs, de chemins, ni d'enceintes. Mais
le brouillard est très commun et très soudain sur Dartmoor, et ,dans
le brouillard les Stone rows sont bien utiles, pour aider les habi-
tants à retrouver leurs chemins ! Sir Norman Lockyer trouve pour
elles un emploi astronomique (1). Il y a toute raison de les attribuera
l'âge néolithique.
J'envoie, pour la Bibliothèque de la Société, les plans d'un aligne-
ment unique à Stallmoor, et de deux alignements doubles à Mérivale
(tous deux sur Dartmoor]. Ces plans sont l'ouvrage de M. Hansford
Worth (de Plymouth), le fils de feu M. R. N. Worth, et qui est lui-
même un ingénieur distingué et un archéologue.
En égard aux lettres que j'ai marquées en bleu sur le plan de
Mérivale, j'ai trouvé que la distance de A à C est la même que celle
de C à B, que la distance de A à B est la même que celle de D à E,
et qu'elle est la moitié de celle de D à F ; que la distance de D à F
égale un quart de la longueur de l'alignement le plus long (F-B.) (2).
D'autres alignements de pierres existent dans la Grande-Bretagne
(en ne comptant pas les avenues des cercles) ; nous citerons ceux de
Shap en Westmoreland (3), d'Ashdown Park, en Berkshire (4), et, en
(1) Stonehenge and other British Stone Monuments, aslronomically considered ;
par Sir Norman Lockyer. — K. C. B., 1909.
(2) Ancient Measures in Prehistoric Monuments. — Journal of Anthropologie al Insti-
ule, nov. 189/.
(3) Past and Présent condition of certain rude Stone monuments in Westmoreland.
— Journal of Anthropologie al Inslitule, 1885.
(4) Certain Druidic Monuments in Berkshire.— Transactions of international Con-
crets of Prehistoric Archeology, 1868.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 687
connexion avec quelques cairns, en Caithness; mais aucunes de
ceux-ci ne ressemblent vraiment aux Stone roivs de Dartmoor, ni
à l'alignement de Cuisy-en-Almont.
M. Marcel Baudouin. — Je crois que les Alignements de
Dartmoor sont très différents de ceux découverts par M. Vauvillé.
Ils ont certains caractères des grands alignements bretons, dont le
type est à Carnac, puisque il y en a un de sept lignes; 2 de trois
lignes; un de quatre lignes; puisque 11 de ces deux alignements
sont orientés N.-E. S.-O., c'est-à-dire comme ceux de Bretagne; et
puis que 7 sont Est-Ouest, et 9 sont Nord-Sud, etc.
Dans un mémoire, qui est depuis longtemps rédigé, mais inédit,
sur les grands Alignements détruits d'Avrillé Vendée), j'ai montré
comment, grâce à l'étude approfondie des Fichades qui subsistent
encore j'appelle Fichades les menhirs spéciaux d'alignement), on
peut reconstituer ces énormes Monuments, indéchiffrables aujour-
d'hui comme jadis.
Or, je suis convaincu que, si l'on faisait à Dartmoor le travail que
j'ai effectué à Avrillé, on arriverait à retrouver là des Monuments,
plus ou moins comparables à ceux de Carnac, d'autant plus que
If. A. L. Lewis parle de « Cercles de pierres » Cromlechs), comme
à Carnac, et que Sir Norman Lockyer semble avoir la même idée
que moi. — Mais, pour cela, il faudrait des descriptions, très précises
et très méticuleuses, qui manquent jusqu'à présent.
688 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FIUNÇAISE
Hache polie
avec gravures sur les deux faces.
PAR
Louis GIRAUX (Saint-Mandé, S.).
La pièce que j'ai l'honneur de vous présenter est une hache polie,
en diorite, mesurant 0m082 de longueur et dont la plus grande largeur
est de 0m040; son poids est de 126 grammes; le tranchant de cette
hache est légèrement oblique . L'intérêt de cette pièce est que, sur
ses deux faces, elle présente des gravures : c'est cette particularité
qui motive la présentation que je vous en fait. (Planche I).
Cette pièce a été découverte dans le courant du mois de juillet 1911,
dans la maçonnerie du vieux château du Laz, en Carnac (Morbihan),
qui fut construit en 1621 et qui est en ruines; c'est en démolissant un
de ses murs que cette intéressante pièce a été trouvée . Cette hache
est la propriété de notre excellent collègue, M. Zacharie Le Rouzic,
Conservateur du Musée Miln, à Carnac, qui a eu la grande obli-
geance de me la confier, afin de vous la soumettre.
Les gravures qui se trouvent sur les deux faces de cette hache sont
les suivantes : sur l'une des faces, il y a deux traits représentant une
croix ; celui formant la grande branche est exactement au milieu et
dans l'axe longitudinal de la hache; il commence au talon et sa lon-
gueur est de 0m035; le second trait est absolument perpendiculaire
au premier, et il est placé àOm015 du talon de la hache; sa longueur
est de 0m020, soit 0m010 de chaque côté du trait vertical . La position
de ces deux traits forme donc une croix très régulière.
L'autre face de la hache nous présente des gravures plus compli-
quées : une double croix, à l'extrémité de laquelle se trouve un trian-
gle. Un long trait, comme sur l'autre face, est exactement au milieu
et dans l'axe longitudinal de la pièce; il commence également au
talon et sa longueur est de 0m056 ; il est coupé par deux autres traits
qui lui sont absolument perpendiculaires ; le premier est à 0m010 du
talon et sa longueur est de O^OM ; le second est à 0m030 au dessous
du premier et il a une longueur de 0m028, c'est-à-dire exactement le
double (cette dimension double est à remarquer et elle est assuré-
ment voulue). A l'extrémité de cette double croix et reposant exacte-
ment sur le grand trait, se trouve la gravure représentant un triangle
équilatéral; la base du triangle n'est pas perpendiculaire à ce trait,
elle lui est oblique et forme avec lui un angle de 45 degrés. Ce trait
a une longueur de 0m020 et les deux autres formant les côtes ont
0m016 de longueur. Ces traits se croisent et forment un triangle équi-
latéral dont chacun des côtés a une longueur de 0m013. Un autre
trait part du sommet du triangle, en s'écartant de l'un des côtés; on
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
HACHE POLIE EN DIORITE
AVEC GRAVURES SUR LES DEUX FACES
(Grandeur naturelle).
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 68J
peut croire que ce trait n'ayant pas été fait exactement à la place
qu'il devait occuper, l'ouvrier en a exécuté un second de façon à
obtenir un tracé, donnant exactement la même longueur aux trois
côtés du triangle. Dans l'intérieur du triangle, on remarque sept
traits, à peu près parallèles à la base, qui, sauf un seul, sont moins
profonds que tous les autres existant sur la hache. La profondeur et
la largeur de ces traits sont égales et régulières ; ils sont environ
d'un millimètre.
Leur régularité et leur faciès nous permettent de dire qu'ils ont été
faits au moyen d'un objet en métal. En faisant une coupe de ces
traits, on constaterait qu'ils sont à angles droits (, ,!, et on n'obtien-
drait pas cela au moyen d'un objet en pierre, qui donnerait au con-
traire une coupe en forme de V). Cette constatation prouve, d'une
façon absolue, que ces gravures ont été faites postérieurement, à la
fabrication de la hache polie, à l'âge des métaux au moins. Il est
même bien probable qu'elles ont été faites au moment où la hache
aura été placée dans la muraille du Château, c'est-à-dire lors de sa
construction Planche I).
Nous arrivons maintenant à examiner pour quels motifs cette hache
a été placée dans ce mur et à rechercher ce que peuvent signifier ces
gravures.
Les haches polies, appelées un peu partout Pierres de Tonnerre,
sont souvent placées dans un mur, lors de la construction des mai-
sons et cela comme talisman, afin de les préserver contre la foudre.
Nous en connaissons de nombreux exemples apportés par nos col-
lègues et nos Bulletins contiennent d'intéressantes discussions à ce
sujet. M. Z. Le Rouzic me signale également qu'il existe, au Musée
Miln, à Carnac, plusieurs haches polies, qui ont été trouvées dans les
murailles de vieilles maisons; mais ces haches ne portent pas de
gravures comme celle qui nous occupe en ce moment.
Quelle signification pouvons-nous donner à ces gravures? Devons-
nous voir, dans ces deux représentations de croix, une idée de culte;
ou bien devons-nous croire que ces représentations de croix et de
triangle nous indiquent des signes cabalistiques ; ou bien encore
devons-nous supposer que ces gravures, tout comme les dessins sur
maisons signalés en Vendée par M. le Dr Marcel Baudouin, sont
destinés à les protéger contre les mauvais génies et contre le diable.
Il est probable que c'est dans cet ordre d'idées que cette hache gra-
vée a été fabriquée ; et, en la plaçant dans l'une des murailles du
Château du Laz, elle devait le protéger à la fois et contre la foudre
et contre les mauvais génies.
A la séance du 22 décembre 1910, notre secrétaire, M. P. de
Givenchy, a présenté une hache en serpentine magnétique, portant
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 44
690 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
une gravure en forme de triangle ; cette pièce est à rapprocher de
celle que je vous présente; mais son absence d'indications relatives
à la provenance et aux conditions de la trouvaille n'a pas permis à
notre collègue d'en tirer des déductions aussi certaines.
A propos des vertus attribuées comme talisman aux haches polies,
M. Z. Le Rouzic m'a indiqué les suivantes, qu'il me paraît intéres-
sant de vous signaler. Il possède une hache polie qui a servi pen-
dant longtemps à guérir les jeunes vaches de la fièvre vitulaire {Er-
felon, en breton;. Il suffisait, pour les guérir, de faire chauffer la
hache et d en frictionner le pis et les trayons des vaches malades.
Notre collègue possède également une autre hache que l'on mettait
dans l'eau en ébullition; cette eau, donnée ensuite aux vaches, ser-
vait à faire revenir la crème à celles qui l'avaient perdue; les culti-
vateurs bretons sont convaincus que, par des sortilèges, on peut en-
lever la crème aux vaches et s'en emparer.
M. Z. Le Rouzic connaît également une autre hache polie, en
jadéïte, qui est placée dans le charnier d'un cultivateur de sa région;
et cette hache a la propriété d'empêcher le lard de tourner.
Ce sont là quelques vertus des haches polies, qui sont assurément
beaucoup moins connues que celle de préserver les maisons contre
la foudre et dont il m'a semblé utile de nous entretenir.
Je terminerai cette présentation en me faisant un agréable devoir
de remercier M. Zacharie Le Rouzic d'avoir bien voulu me confier
cet objet, afin de pouvoir vous le soumettre et en le télicitant d'avoir
pu recueillir et conserver une pièce aussi intéressante et aussi
curieuse que cette hache polie.
M. Marcel Baudouin. — Il existe, au Musée archéologique de
Nantes (Musée Dobrée; n° 115 du Catalogue), une Hache polie, qui
a une certaine analogie avec celle décrite ci-dessus par M. L. Gi-
raux. Elle est indiquée comme originaire de Saint-Martin-des-
Noyers { Vendée] . Elle est très belle. Elle présente, à cheval sur le
talon, une encoche verticale, qui y a été sculptée, longue de quelques
centimètres seulement. Au-dessous, à environ un centimètre se voit
un trait horizontal, gravé en filet. Cela représente, en somme, le haut
seulement de la pièce de M. Giraux.
Le Catalogue (1; porte : « N° 115. Hache à bouton. Diorite. Lon-
gueur : 0m205. Saint-Martin^des-Noyers » (21.
Elle passe, en Vendée, pour avoir servi de poids dans une grande
horloge, verticale ! Mais je ne puis pas affirmer que les traits aient
(1) P. de I'Isle du Dreneug. — Cat. du Musée Arch. de Nantes. — Nantes,
1903, in-8% 3e Edit. [Voir p. 4, n<> 115].
(2) On remarquera que la Hache en question est énorme, par rapport à celle de
M. L. Giraux..., Elle est quatre fois plus longue, et par suite bien plus lourde.
•¥'
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 691
bien été gravés dans le but de fixer plus solidement les ficelles qui
devaient l'encadrer pour la suspendre. La pièce de M. L. Giraux
permet d'avoir des doutes sur cette interprétation, qui n'a peut-
être été imaginée qu'après coup, à la constatation des sculptures !
Pourtant la grande longueur (0m20), le volume et le poids plaident en
faveur de l'usage possible comme organe d'horloge. J'ai vu, en Ven-
dée, dans des horloges, des haches servant de poids.
Dans l'un de mes travaux antérieurs (1), j'ai montré le rôle joué
par le Triangle dans le Folklore vendéen, en particulier par le Triangle
peint à la chaux sur les Maisons, comme protecteur contre le mau-
vais sort et les mauvais génies .
J'ai montré qu'il y avait
des Triangles, supportant
nombre de croix : triangles
qu'on a pris à tort pour
des bases de calvaire. J'ai
pu le prouver, en citant des
Triangles isocèles, dépour-
vus de croix, et bien isolés
au-dessus des portes de mai-
son [Cas de Vairé, par exem-
ple :B. S. P. F., ft° XI, Fig. 2,
p. 174, 1911].
Aujourd'hui, je puis citer
un fait plus démonstratif
encore, que j'ai observé, en
1911, au Plessis - André,
ferme de la commune de
Saint - André - sur - Sèvre
(D.-S.), à la limite occi-
dentale de la Vendée. J'ai vu, à gauche de la porte principale, expo-
sée à YEst, face à la route de Saint-Mesmin à Menomblet, une belle
Croix, à base en Triangle plein [Fig. 1; B, C1 ; et, bien isolé, au-des-
sus de cette Croix, un splendide Triangle isocèle T ), non plein,
peint avec une intensité de couleur (Eau de Chaux) et une recti-
tude de lignes inusitées ; L'artiste décorateur a ainsi voulu, sans doute,
montrer que le Triangle avait ici un rôle supérieur à la Croix].
Au-dessus et à droite de cette porte (P.) se trouvaient deux autres
Croix, très petites, sans aucun triangle à la base [Fig. 1; C2 et C3).
Dans ce cas, le Triangle, isolé T.), était, en réalité, plus grand que
(1) Marcel Baudouin. — La Croie Blanche des Fermes du Bocage Vendéen
[Christianisation d'un Culte préhistorique], — Bull, et Mém. Soc. d'Anthrop. de
Paris, 1908, 6 février, faac. 1, p. Ï1-", 5 Fig. — Tiré à part, 1008, in-8°, 36 p.,
5 Fig.
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ig. 2. — Dessins exécutés, à l'eau de chaux, autour
d'une Porte de Ferme, au Plessis-André (Saint-
André-sur-Sèvre, Deux-Sèvresl. — Légende : P,
Porte principale ; — C, grande Croix, supportée
par un triangle plein (B) ; — T, grand Triangle ;
— C*, C3, peUts Croix.
692 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
la grande Croix en totalité; ses traits étaient plus épais que ceux de
la croix. Il la dominait manifestement (1) ! — On dit, en Vendée, que
le Triangle équilatéral représente la Trinité [2) ; mais, dans ce cas le
triangle est nettement isocèle. Il n'est donc pas Chrétien ici; et ce ne
serait dès lors qu'une persistance de Tradition préchrétienne.
M. Martial Imbert présente des observations sur la signification
du triangle gravé sur la hache. Pour lui, ce signe et la ligne barrée
en double croix se rapportent aux marques dites de tacherons, qui, au
xivc et xve siècles, étaient employées par les maçons constructeurs
de monuments importants. Le maçon, qui a mis cette hache dans le
mur, a pu désirer la signer de sa marque.
Débris de Hache polie à gravures modernes
sur les Taces et les bords.
Par le D'
Marcel BAUDOUIN (de Paris).
Mon collaborateur et ami, M. Crochet (de Saint-Gilles-sur-Vie),
ancien instituteur à Saint-Martin-de-Brem (Vendée), possède, dans
sa belle collection locale, un débris de hache polie, correspondant
au talon, qui, sur ses faces et ses bords, présente des traits gra-
vés, évidemment modernes, puisque ces traits ne sont pas patines
de la même façon que la surface polie de l'objet, quoique cependant
ils soient un peu ternis par le temps.
Ce fragment, de forme pyramidale, a
été trouvé sur le sol, à la Nizandière, en
Saint-Martin-de-Brem, en 1911. Il pèse
125 grammes et est en diorite. Sa plus
grande longueur, qui va du talon à la par-
tie moyenne, est de 0m075; sa largeur
maximum de 0m045 ; l'épaisseur de 0ID025.
La hache entière devait avoir environ
0U112 à 0m13 de longueur, au maximum. —
La cassure est en V, à sommet inférieur, et
non perpendiculaire à l'axe (Fig. 1).
Au niveau de ce reste de talon, il y a des
gravures sur les deux faces et les deux
bords. — C'est la première fois que je vois
chose pareille.
1° Sur la face, que j'appellerai droite (F.
A.), on voit un trait vertical (Fig. l;a,b,f,),
allant du talon à la cassure; à 0m050 du
talon, existe un autre trait, presque hori-
zontal, qui fait d'ailleurs tout le tour de l'objet (r, b,s,), mais est
(1) La Figure 1 ne traduit pas cette impressionna Croix G» y est trop haute).
(2) Marcel Baudouin. — Bull. Soc. Préhist. Franc . , 1911, p. 174.
7ig. 1.— Fragment de Hache
polie à Gravures. — Côté
du talon (T. A.). Face droite
(F A.). - Echelle : 1/2 gran-
deur. — Légende : c, Cu-
pulettes; — a, b, f, trait
vertical; — r, b, f, trait
horizontal; — z, z\ bords
de la hache prolongés; —
KAK', Cassure;— cr, traits
fins, allant manifestement
à la ligne de fracture.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 693
interrompu au niveau des deux bords (Fig. 3 et 4; m etn) et croise
le premier à angle droit. Du point de croisement b, part, de
chaque côté, à 45°, une sorte de rameau d'arbre, parfois dédoublé, à
ramuscules réguliers; plus haut, de centimètre en centimètre ou à
peu près, montent des rameaux plus courts. A noter, quatre petites
cupulettes (c) sur cette face.
2° Sur la tace dite gauche Fig. 2; F.P., mêmes traits, vertical rejoi-
gnant le premier au talon (o, d, e,), et horizontal [d, r, s,). Il part aussi
du point de croisement d, deux rameaux doubles, à45° ; mais, d'un côté,
l'un n'a des ramuscules que d'un côté. A noter, d'autre part, les lignes
obliques et les lignes anastomotiques parallèles aux deux grands ra-
meaux Fig. 2 . On compte neuf cupulettes c), distribuées au hasard
sur cette face. >,
3° Le bord supérieur et le bord inférieur diffèrent peu d'aspect [Fig. 3
et 4). Et, sur tous les deux, on retrouve un trait vertical, continu
(o, l;o\ F) d'où partent des ramuscules ascendants ; à noter deux
traits anastomotiques sur chaque bord et l'ahsence de cupulettes;
Fig i. Fig. 4.
Fig. 2. — Même Hache. — Face gauche iF. P ). — Echelle : :,i grandeur. — Légende :
La même que Hg. 1 ; — f, b. r, trait horizontal : — K K' B, Cassure.
Yig. 3.— Même Hache. — Bord supérieur VS.). — Echelle : i/2 grandeur. —Légende :
o, J, trait vertical; — /, H», trait horizontal. — Tps, sommet de la cassure : — K K', partie
inférieure de la Cassure.
Fig. 4. — Même Hache. — Bord inférieur (I.). — Légende : T a i, sommet de la Cassure. —
Echelle : 1/2 grandeur.
Ces gravures ressemblent assez aux nervures d'une feuille, qu'on
aurait, pour ainsi dire, décalquée sur la hache ! Mais, en vérité, il
s'agit d'une figure presque géométrique, évidemment d'ordre pure-
ment décoratif, exécutée sans idée préconçue au point de vue Fol-
klore ou Culte.
Les traits sont très fins, très peu larges, et ordinairement simples ;
ils paraissent avoir été faits avec une pointe enfer (couteau moderne,
694
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
par exemple). — Il y a quelques rayures doubles, peu prolondes aussi,
et très fines (Fig. 3 et 4). La finesse des traits est telle qu'il a été im-
possible de les mouler, même à la plasticine...
Quant aux Cupulettes, elles ne sont pas spontanées, par altération
de la roche ; elles sont dues aussi à l'homme !
La cassure, quoique patinée, de cette hache est évidemment posté-
rieure à la gravure. On le voit très bien, en examinant la façon dont
se termine les traits gravés sur les bords de la fracture en V. Cela
est surtout très net aux points A, B, et cr (Fig. 1 et 2).
Outil servant à piquer les Meule» néolithique*.
PAR LE
D JULLIEN (Joyeuse, Ardèche).
J'ai trouvé, en place, dans la berge entamée par le Chassezac, sur
le territoire de la commune de Grospierres, dans un niveau néolithi-
Fig. I. — Outil servant à piquer les Meules néolithiques. — Vue de deux Faces.
que non remanié, et voisinant avec une meule fixe en grès fin, l'ou-
t il suivant (Fig. 1).
Cet outil a été obtenu d'abord par section nette, et à peu près mé-
diane, d'un galet ovale en roche très dure. Il en est résulté un bloc,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 695
long de 0m090, large de 0ni030. présentant trois faces et deux extrémi-
tés, du poids de 190 grammes. Les extrémités présentent les traces
d'un travail intentionnel des plus intéressant.
1° Extrémité A : Détachement de trois éclats nets, deux sur les
faces, un médian sur un bord. L'extrémité est ainsi transformée en
une pyramide à quatre faces, dont le sommet forme un biseau légère*
ment convexe.
2° Extrémité B : Elle est fortement applatie par des traces de
martelage.
L'instrument représente ainsi un gros Ciseau-burix.
Son usage est révélé par le voisinage de la meule. Il servait, à
mon avis, à l'opération qui porte le nom de Piquage, et dont le but
■F'g' 2. — Décalque des grains en relief d'une Meule néolithique.
est d'aviver la surface triturante de la meule qui tend de plus en
plus à se polir par l'usage, et à devenir impropre à sa fonction de
triturationd es grains.
J'ai tenté, par 1 étude de la surface triturante, de connaître quelque
chose de la technique du piquage. J'ai obtenu, par imprégnation à
l'encre de Chine, un décalque des grains en relief (Fig. 2); il semble
que ceux-ci aient une orientation assez régulière, dans le sens de la
flèche. Le burin traçait donc des stries parallèles sur la meule ; et
le broyage obtenu par un mouvement de va et vient était le plus
efficace.
696
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Hache Néolithique à manche en silex.
Casse-tête Néolithique troué en silex.
Pendeloque Paléolithique en silex.
PAR LE
D' Th. BAUDON (de Paris).
Parmi les objets que j'ai cru devoir soumettre à vos observations,
il en est un, qui est de la plus grande rareté.
C'est la première fois qu'il m'est tombé sous les yeux et la plupart
des chercheurs, de ceux qui arpentent les terres pour rencontrer les
divers spécimens de l'outillage de la Pierre auxquels je l'ai montré,
n'en ont jamais vu de semblables-
Fig. 1 et 2. — Hache taillée, à manche en silex. — Vue des deux faces.
Il s'agit, comme vous le voyez, d'une hache, avec manche en silex
{Fig. 1 et 2). L'ancêtre qui l'a fabriquée n'a dû en concevoir la
forme que parce que le silex dont il s'est servi avait, par un écla-
tement naturel, revêtu un peu l'aspect que nous lui voyons.
Il semble qu'ils ont voulu copier le modèle connu de la hache
emmanchée dans un bois de cerf.
Ce curieux instrument provient de Neuilly-en-Thelle, du lieu dit
le Bois des Cauches, qui a déjà fourni de nombreux spécimens de
l'Industrie néolithique.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 697
La Hache proprement dite présente deux faces, produites par des
retouches nettement accusées. Son bord, un peu épais, n'a jamais été
très tranchant. L'arme, plutôt contondante, pouvait également servir
de casse-tète. Sa forme est circulaire et bien dessinée.
La hache ne fait qu'un avec le manche qui lui est perpendiculaire.
Ce manche, dont la largeur diminue de la base à l'extrémité infé-
rieure, présente deux faces assez planes et deux bords rectilignes
légèrement obliques de haut en bas.
La partie supérieure du bord gauche forme un angle droit avec le
bord inférieur du tranchant de la hache; la partie supérieure du
bord droit devient de plus en plus épaisse et constitue une espèce de
marteau opposé au tranchant.
L'instrument présente les dimensions suivantes :
Longueur de la hache prise de son bord tranchant à L'extrémité
du marteau qui lui est opposé, Omll. Longueur du manche, 0m175.
Largeur du manche à la base, à l'endroit où il fait avec le bord infé-
rieur de la hache un angle droit, O^Oô. Largeur du manche à son
extrémité inférieure, 0m04. Epaisseur mojenne des bords. 0m02 Epais-
seur du bord à l'extrémité supérieure formant marteau, 0m025. —
Tel est le singulier instrument, que nous avons cru devoir présenter
aux membres de la Société.
Nos ancêtres ont eu d'excellentes
raisons pour ne pas en fabriquer de •'''■<.
semblables. Quand le manche est
en bois ou qu'il est constitué par
un andouiller, il peut se briser sans
trop d'inconvénient ; on peut le rem-
placer assez facilement et la hache
qui forme la partie la plus essen-
tielle de l'outil n'est pas perdue.
Si le même accident survient à
un instrument semblable à celui
qui fait l'objet de cette présentation,
il n'est plus utilisable.
Tel est probablement le motif
pour lequel on ne le rencontre pas
dans nos ateliers néolithiques. Il ne
faisait pas partie de l'outillage in-
dustriel de nos ancêtres.
Je ne pense pas que la hache à
manche en silex, que je vous présente, soit autre chose qu'un objet
de curiosité.
/
Fig. 3. — Casse-tète en silex. — Vue
d'une face et reconstituUon de la
pièce.
Le deuxième instrument [Fig. 3) est un casse-tête en silex. Il pro-
698 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
vient de Goincourt, près Beauvais (Oise). Il est malheureusement
brisé comme il arrive à ces sortes d'armes, quand elles ne sont pas
fabriquées en roche dure et compacte.
Les casse-têtes en silex sont assez rares. Celui que je vous pré-
sente devait probablement se terminer par son extrémité brisée en
un marteau arrondi ; celle qui reste se termine en pointe.
Sa forme, en ce cas, serait peu commune.
Il est taillé sur les deux faces par de larges retouches, pratiquées
latéralement, qui ont laissé sur les bords du marteau une arête sail-
lante et dentelée.
Il est certain que le rognon ou galet de silex, avec lequel a été
fabriqué cet objet, devait présenter sur une de ses faces, sinon une
ouverture, du moins une concavité naturelle qui a donné à l'Homme
Préhistorique l'idée d'en faire un trou destiné à l'emmanchure.
Ce qui le prouverait assez, c'est qu'il n'a pas été pratiqué suivant
l'axe médian du galet. Cet axe est plus porté d'un côté que de l'autre.
Comment le trou a-t-il été foré? Je pense que, pour obtenir [le
résultat, notre ancêtre s'est servi d'un taraud de silex, de sable et
d'eau. Je rappellerai que notre Collègue, M. Plessier, ancien Prési-
dent de la Société Historique de Compiègne, a fait part, il y a peu d'an-
nées, aux Membres de la Société Préhistorique, d'une trouvaille qui
consistait en un galet à peu près complètement percé, et en un taraud
récolté à côté de lui. Ce taraud, ainsi que l'ont pleinement prouvé
les expériences de notre collègue, était l'instrument avec lequel le
forage du galet avait été exécuté.
Nous avons essayé de démontrer, dans notre travail sur les silex
perforés naturellement employés, aux Temps Préhistoriques, que
beaucoup d'outils considérés comme des retouchoirs n'étaient que
des tarauds, employés à percer des trous dans le bois, la corne de
Cerf et le Silex.
Nous pensons donc que les trous biconiques, qui existent sur de
nombreux objets Néolithiques et même Paléolithiques, ont été forés
au moyen de ces Silex allongés, qu'on trouve souvent polis aux extré-
mités et latéralement par suite d'usage et qu'on rencontre fréquem-
ment dans les ateliers de la Pierre polie.
Le beau casse-tête de l'Aisne, qui provient de la Collection du
Dr Wimy, en est une nouvelle preuve (Fig. 5 et 6).
Le trou dont il est foré est bi-conique ; mais le cône pratiqué sur
chacune des faces est irrégulier. L'un des côtés est plus oblique que
l'autre ; et cette différence se remarque sur les deux cônes, mais en
sens opposé. Cette obliquité n'a pu être occasionnée que par la forme
même de l'instrument qui servait de taraud.
Cette constatation semble démontrer que c'était par un mouvement
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 699
alternatif de demi-rotation, pratiqué avec la main, qu'étaient fabri-
quées ces ouvertures.
Dans le casse-tète de l'Aisne, le trou bi-conique a été percé sur
les deux faces, par le même taraud, qui présentait deux bords irrégu-
liers, dont l'un était plus saillant que l'autre.
Fig 4
I ;
Fig. h.
Fig- 4 et 5 — Casse-tète de l'Aisne. — Vue d'une face et profil du trou.
Les dimensions de notre casse-tête sont les suivantes : Longueur
de l'instrument, tel qu'il se présente 0m10 : Longueur supposée, s'il
était entier, 0ra13 à O"1^. Largeur, 0"08. Epaisseur du casse-tête au
niveau du trou d'emmanchure, 0'"04. Dimension du trou d'emman-
chure : Diamètre aux orifices des deux cônes, 0m035 ; Diamètre inté-
rieur à la réunion des deux cônes, 0'n022.
700
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le troisième objet, que j'ai l'honneur de vous soumettre, est encore
un objet perforé (Fig. 6 ; n° 2 et 3).
Ce n'est ni une arme ni un outil, mais une pendeloque en Silex.
Son intérêt réside surtout dans l'âge auquel il appartient. Il date, en
effet, du Paléolithique inférieur, et provient du diluvium quaternaire
de Voisinlieu, près Beauvais, dans lequel l'a trouvé un élève de
l'Ecole Normale d'Instituteurs.
L'ouverture est biconique. A la réunion des deux cônes, le trou,
tout à fait circulaire, a un diamètre de 0ni007.
Ce silex devait présenter une très petite ouverture sur une paroi
très amincie. C'est ce qui a donné à notre ancêtre l'idée de l'agran-
dir pour en faire un objet de parure.
Au lieu de faire agir le taraud verticalement, on lui a donné une
direction oblique, semblable à celle que devait avoir l'ouverture na-
turelle primitive.
Fig. 6.
Pendeloque en silex. — 2 et 3, vue des deux Faces; — 4 et 5, axes des trous.
On pourrait croire, en examinant superficiellement cette ouverture,
qu'elle est le produit de quelque animal perforant ; mais, si on la con-
sidère sur les deux faces, on voit qu'elle n'est pas constituée par un
canal, dont l'axe est identique. Sur l'une d'elles {Fig. 6, n° 4), l'axe
est très oblique de haut en bas et de gauche à droite; sur l'autre
{Fig. 6; n° 5), l'axe est presque vertical de bas en haut et très peu
oblique de droite à gauche.
Cette remarque suffit pour qu'on puisse affirmer que l'ouverture
est bien due au travail de l'Homme.
J'ignore si l'on a rencontré des objets de parure en silex dans le
Paléolithique inférieur. On en a cité, je le sais, dans le Paléolithique
moyen ; mais je ne crois pas qu'il en ait été signalé datant d'une épo-
que plus ancienne.
C'est surtout pour cette raison que j'ai cru qu'il était intéressant
de vous présenter cette pendeloque.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
701
Une hache pi-Ahistorique en Fer
du Fouta-Dialon (Afrique Centrale),
de la Collection Pnul Guébhard.
Le Dr Marcel BAUDOUIN de Paris .
Grâce à l'aimable intervention de notre ancien Président, M. le
Dr A. Guébhard, M. Paul Guébhard. administrateur des colonies, a
donné, ainsi qu'on le sait (1), à la Société Préhistorique française, la
collection d'objets préhistoriques du Fouta-
Dialon, qu'il avait exposée à Beauvais, lors
du Ve Congrès Préhistorique de France.
Dans ce magnifique ensemble, qui sera
sous peu étudié par notre collègue E. Hue,
il n'y avait qu'un seul objet en Fer. que
j'ai été chargé de décrire, car, dans sa com-
munication au Congrès de 1909, M. P. Gué-
bhard (2) n'y a pas fait la moindre allusion.
Description. — La hache en Fer en
question est du type des Haches plates,
ordinairement en Cuivre, mais de forme
extrêmement allongée. On connaît des haches
plates de cuivre également triangulaires ;
mais le triangle isocèle qu'elle forme est
moins étiré que dans ce fait (Fig. 1).
1° Dimensions et Poids. — Voici d'ail-
leurs les dimensions de l'objet.
Longueur maximum , 0mllQ ; largeur
maximum ou au tranchant, 0m030; épais-
seur maximum, 0œ021 ; largeur (du talon)
minimum, 0m004. Poids : 417 gr. Volume :
56 cmc. Densité : 7,446.
2° Caractères. — Les bords sont absolu-
ment rectilignes et arrondis. Les faces sont
plates, avec toutefois une très légère vous-
sure sur l'une d'elles.
Le tranchant, pour une longueur circu-
laire d'environ 0m040, présente une flèche de courbure, qui ne dé-
passe pas 0m005. Il n'est donc que très légèrement convexe. Une
[l Bull. Soc. Préh. France, 1911.
(2) Paul Guébhard. — Stations préhistorique» au Fouta-Dialon. — VIe Congrès
Préh. de Fr., Beauvais, 1909, Paris, 1910, in-8» [Voir p. 201-289].
- Hache en Fer du
Fouta-Dialon.— Echelle : 1/2
Grandeur. — Légende : Tr,
Tranchant ; F, une face; C,
coupe transversale au mi-
lieu; Pr., coupe longitudi-
nale ; Ta, Talon ; a, b. li-
mites du tianchant : c . flè-
che du tranchant.
702 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
des extrémités, qui paraît plus arrondie, semble indiquer que le
bord inférieur de l'outil était de ce côté, s'il était emmanché en
hache (ce que l'on ignore et ce qui n'est pas certain dans l'espèce).
Le talon est une pointe presque aiguë, en raison de l'allongement
considérable du triangle isocèle.
Altération. — Inutile de dire que la rouille a attaqué toute la su-
perficie de l'objet, qui tombait en débris multiples, avant son gom-
mage. S'il y a eu des gravures ou des décors sur les faces, elles ne
sont plus visibles, bien entendu, étant donné l'altération du métal.
Constitution. — Il serait intéressant de faire l'analyse chimique du
métal, au point de vue des métaux associés, s'il ne s'agit pas de Fer
absolument pur.
Indices. — Si l'on calcule les indices de cet objet, on trouve :
Indice Largeur-Longueur : 22,15. Indice Epaisseur-Longueur : 11,93.
Comme on le voit, l'indice capital (Indice d'Aplatissement) ou Epais-
seur-longueur n'est pas très élevé. Il est à peine supérieur à celui
d'une Hache plate en cuivre de Mauritanie, que nous décrirons
plus tard (1), et qui atteint 11, chiffre déjà élevé.
L'Indice Largeur-longueur indique évidemment une hache très
allongée, puisque, pour les Haches de Cuivre, cet indice ne descend
pas, comme moyenne, au-dessous de W (2).
Technique- — Il est probable que cette hache est en fer martelé.
Aspect d'ensemble. — Cette pièce, qu'on dirait moulée à l'aide d'un
Moule à haches plates de Cuivre (3), trouvé à Hissarlik, et figuré par
J. Déchelette (4), ne ressemble en rien à nos Haches de Fer d'Eu-
rope. Elle semble calquée sur une Hache de Cuivre (5)! Cet aspect ne
paraît pouvoir s'expliquer d'ailleurs que si, dans la région où elle a
été trouvée, il n'y a jamais eu d'Age du Bronze, à proprement
parler.
Le Fer en Afrique. — Dans l'article qu'il a publié sur ses récoltes
préhistoriques en Afrique, M. Paul Guébhard (6) n'a consacré que
ces quelques lignes aux pièces en Fer ancien, qu'il a rencontrées.
« D'autre part, si l'on admet que la Pierre servit aux hommes lors-
qu'ils ignoraient l'emploi du Fer, on doit remarquer que celui-ci,
dans cette partie de l'Afrique, date assurément du premier usage que
les hommes firent du feu. De toutes parts, le Fer abonde, dans des con-
(1) Marcel Baudouin. — Bull. Soc. Prch. France,' 1912.
(2) Marcel Baudouin. — Les Haches plaies de Vendée. — Mem. de la S. P. F.,
année 1911.
(Z) J. Déchelette. — Man. d'Arch., t. II, p. 3'<, Fig. 3 [Haches plates d'His-
sarlik II].
(4 J. Déchelette. — Manuel d'Arch., t. II, p. 182, Fi%. 52 [D'après Dorpfeld].
(5) En effet, ce sont ces haches que l'on aurait alors imitées.
(6) Paul Guébhard. — hoc. cit., 1909 [Voir p. 288].
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 703
ditions de richesse et de facilité d'extraction qu'il ne possède peut-être
dans aucun autre pays ; et il suffit dans certaines régions d'allumer
du feu, là où se rencontrent certains petits cailloux ferrugineux, pour
trouver dans le foyer de la fonte de fer, dont le poids, l'éclat métal-
lique, mirent assurément les primitifs sur la trace de son emploi.
Celui-ci nous parait donc avoir été particulièrement précoce
pour ce pays ; et c'est pourquoi nous inclinerions à penser que l'on
doit reculer l'âge de la pierre pour l'Afrique, si l'état primitif dans
lequel y sont demeurées les sociétés, par rapport à notre moderne
progrès, ne venait diminuer considérablement la valeur de toute
hypothèse à ce sujet. »
Il n'a donc pas fait allusion à cette hache.
Haches de Feu. — Mais ces objets sont connus depuis assez long-
temps. Nous n'en voulons pour preuve que les passages suivants de
G. de Mortillet. décrivant les objets préhistoriques, de l'Afrique Cen-
trale, envoyés à l'Exposition universelle de 1867 (1).
1° Colonies françaises Gabon). « Les deux colonnes du mi-
lieu de la salle sont entourées d'objets divers provenant du Gabon
et de la Guinée supérieure ^Afrique).
« Ce sont des armes en Fer. Ces Haches de Fer ont tout à fait la
coupe de certains coins de bronze. Elles sont simplement fichées
par le petit bout dans des manches en bois, renflées en haut.
« Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que ces haches-coins, sans
douilles, ont leurs faces ornées de gravures, qui rappellent tout à
fait celles de la fin de l'époque du Bronze et du commencement de
l'Epoque du Fer. Ce sont des dents de loup en pyramides, formées
d'une série de lignes parallèles, coupées par une ligne en sens in-
verse; des ronds, dont quelques-uns ont des croix inscrites à l'inté-
rieur; des lignes qui s'enroulent un grand nombre de fois, concen-
triquement, et forment parfois des S composés de deux grands en-
roulements en sens inverse.
« Des trophées, à l'extrémité de la salle, contiennent aussi de ces
haches en fer, en forme de coins larges et minces, ornées de gra-
vures (p. 161)».
2° Portugal. - Objets en fer d'Afrique. — « Parmi les trophées
du milieu de la salle, on voit plusieurs de ces haches de fer, signalées
à propos des Colonies françaises. Ce sont de simples lames minces
de fer, en triangle fort allongée, implantées dans le bout rempli ou
dans le dos de la partie coudée d'un manche en bois. Bois et Fer
portent fréquemment des ornementations de l'époque du Bronze et
de la première époque du Fer : dessins en dents de loup, petits cer-
cles, cercles avec un point au milieu, etc. (p. 164;. »
(1) Gabriel de Mortillet. — Promenades préhistoriques à l'Exposition universelle.
— Paris, C. Reinwald, 1867, in-8» [Voir p. 161-164 et 170-177].
"704 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
3° Egypte. — Instruments en Fer. — « Parmi les instruments en fer,
on remarque une de ces haches plates, en triangle fort allongé, simple-
ment implantées dans le bout renflé d'un manche. Cette forme, si com-
mune et si générale, dans une grande partie de l'Afrique, vient jusque
dans le Sud de l'Afrique. — Il y a aussi deux haches à douille, terminale,
dans le sens de la longueur, forme des plus primitives, emmanchées
à l'extrémité d'un manche coudé, en forme 'd'herminette (p. 170) ».
4° Colonies anglaises. — Objets en Fer (Afrique Centrale'. — « On
remarque deux haches en fer, lame métallique plate, simplement
fichée par le petit bout, dans un manche en bois terminé au sommet
par un renflement, ou une espèce de crosse » (p. 177).
Remarques. — Tout récemment, un médecin nègre, M. le Dr Casséus
(d'Haïti), écrivait (1) :
« Personne ne constate que l'usage du Fer ait été découvert en
Afrique. A côté de nombreux faits, qu'il serait trop long d'énumérer,
disons que la Mythologie et la Science sont d'accord pour laisser la
gloire de cette belle découverte aux premiers habitants de l'Afrique
centrale. Nous savons que, dans la Mythologie, le fer était voué à
Typhon, dieu du désert. N'est-ce pas une confirmation que le Fer
vient du centre de l'Afrique ?.. Sans le fer, a écrit G. de Mortillel, la
Civilisation égyptienne n'aurait jamais pu atteindre le haut degré de
développement où elle est parvenue ».
On se rappelle, d'ailleurs, que cet auteur a fait remonter le Fer, en
Egypte, presque à 4.000 ans avant J.-C. - Ce qui y reporte bien loin
en arrière l'âge de la Pierre polie !
Conclusions. — Des caractères que présentent la hache décrite
ci-dessus, et des réflexions et observations rapportées plus haut, il
semble qu'il faille conclure que cette Hache dérive directement des
Haches plates, soit en Pierre polie, soit en Cuivre pur . Il ne paraît pas,
par suite, qu'il y ait eu un âge du Bronze dans cette partie de l'Afri-
que. On dirait même que la Métallurgie a débuté ici par la découverte
du travail des Minerais de Fer ! Et, si le Cuivre n'est pas connu dans
cette région, on peut, sans crainte presque de se tromper, avancer
que cet âge n'a pas existé non plus, car les Haches de Fer semblent
plutôt dériver, de par leur forme, des Haches plates de Pierre que
des Haches de Cuivre.
Evidemment, une seule observation, même précise, n'est pas suffi-
sante pour soutenirde telles hypothèses. Mais, cependant, ellenousy a
fait songer; et nous devions au moins signaler — à titre d'indications
pour les recherches ultérieures — les idées que ce fait nous a suggérées.
ri) CEsculape, Paris, 1911, novembre, p. 248-249.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 705
Observations sur l'existence des fabriques de
Poterie en Auvergne, à l'époque Gallo-romai-
ne, et sur la technique de la glaçure de leurs
produits.
PAR
Alph. AYMAR (Clermont-Ferrand, P.-de-D.)
On se demande toujours les motifs qui ont amené la création, en
Auvergne, à l'époque gallo-romaine, d'ateliers de céramique aussi
nombreux et aussi remarquables par la qualité et l'élégance de leur
fabrication.
Nous avons, dans le Puy-de-Dôme, un centre particulièrement im-
portant, Lezoux, dont les produits, on le sait, étaient l'objet d'une ac-
tive exportation.
Viennent ensuite les fabriques des Martres deVeyre. Nous ne par-
lerons pas de celles du département de l'Allier Vichy, Toulon-sur-
Allier, etc.), car les mêmes causes ont eu les mêmes résultats.
Quant à Clermont Ferrand et Arpajon (Cantal), où d'abondantes
trouvailles de tessons de vases et de moules ont suggéré l'idée de la
présence d'Ateliers, nous attendrons, pour confirmer l'hypothèse, la
découverte de fours bien authentiques, seule preuve irrécusable !
Les alluvions des environs de Lezoux et des Martres de Veyre
renferment une matière première excellente, soit pour les argiles,
soit pour les sables. Mais cette circonstance ne saurait suffire à jus-
tifier l'épanouissement exceptionnel de la fabrication de la poterie
sigillée, poterie qui nous frappe aussi bien par la variété de son or-
nementation que par l'éclat de la glaçure.
Nous savons que les décors étaient obtenus à l'aide de poinçons
et de moules ; et il nous est facile aujourd'hui de créer des formes et
des motifs identiques.
Mais, en ce qui concerne la pâte et la glaçure, M. Déchelette re-
connaît « que l'on n'a pas encore réussi, malgré de nombreuses ten-
tentives, à fabriquer dans nos manufactures modernes des vases ab-
solument semblables aux poteries sigillées de l'époque romaine par
leur pâte et leur vernis » (1).
La pâte, généralement rouge et présentant les divers tons de cette
couleur, est, avouons-le, d'une très grande finesse. Il nous semble,
cependant, que cette qualité pourrait résulter uniquement, opé-
rations souvent répétées de lavage et de malaxage subies par de
l'argile plastique de choix. D'autre part, la couleur naturelle de la
(1) J. Déchelette. — Les cases céramiques ornés de la Gaule romaine. — A. Pi-
card. Paris, 1904.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 45
706 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
pâte a pu être aisément modifiée au moyen de l'ocre ou de l'oxyde
de fer. Toutefois, il n'y a là qu'une impression personnelle, nos re-
cherches n'ayant jamais porté sur ces points.
C'est à la glaçure qu'est allé tout notre intérêt. Après avoir eu con-
naissance des tentatives de reconstitution, tentatives couronnées d'un
certain succès, effectuées par l'habile céramiste de Lezoux, M. Ra-
connat, nous nous sommes passionné pour cette question et nous
avons compulsé les ouvrages d'un grand nombre d'auteurs qui l'ont
traitée. Un hasard heureux nous a mis sur la trace d'une formule, qui,
aux essais, donne la solution désirée. Nous la tenons, néanmoins, en
réserve, jusqu'au jour où de nouvelles expériences confirmeront dé-
finitivement sa valeur.
Pour le moment, nous nous contenterons de dire que le carbonate
de soude y joue un grand rôle. Or, les anciens ne connaissaient
guère que cette matière vitrifiante (le natron), qu'ils retiraient surtout
d'Egypte.
Quand les Romains vinrent occuper la Gaule, ils trouvèrent en
Auvergne ce qu'ils allaient chercher si loin. Le carbonate hydraté
naturel de soude existe, à l'état de dissolution et d'efflorescences,
dans presque toutes les eaux thermo-minérales alcalines, comme
dans les lacs de natron égyptiens.
Nos eaux minérales bicarbonatées-sodiques apportaient ainsi un
précieux concours, soit à la thérapeutique, soit à l'industrie du vain-
queur. Celui-ci rechercha particulièrement les endroits offrant les
meilleures conditions d'exploitation de l'argile, du sable, de l'eau
minérale et s'y installa avec toutes les garanties du succès. ,
Nous avions d'abord pensé que les végétaux étaient également sus-
ceptibles de fournir, par incinération, la soude nécessaire; et, comme
il fallait, pour subvenir à l'étendue des besoins, une famille végé-
tale très riche en cette matière, nous songions à une culture inten-
sive des Salsolacées, dont le développement devait être favorisé par la
salure du sol due au contact des eaux minérales. Mais cette famille,
essentiellement maritime, n'est pour ainsi dire pas représentée en
Auvergne.
Voici la réponse que vient de nous faire, à ce sujet notre érainent
botaniste auvergnat, F. Héribaud.
« Les plantes de la flore française, qui fournissent de la soude par
incinération, appartiennent à la famille des Salsolacées et aux genres
Salicornia, Suœda et Salsola.
Les Salicornia comprennent une quinzaine d'espèces, habitant les
rivages et les lieux salés des deux mondes. La flore française pos-
sède quatre Salicornia : S. herbacea L, S. fruticosa L, S. radicans
Sm. etS. macrostachy aMoric. Les trois premières espèces habitent le lit-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 707
toralde la Méditerranée, de l'Océan et de la Manche; la quatrième
ne se trouve que sur le littoral de la Méditerranée.
Les Suœda comprennent environ 45 espèces, habitant, comme les
Salicornia, les rivages et les terrains salés de presque tout le globe.
La flore française ne posssède que 3 espèces de Suœda : S. fruciico-
sa Forsk., commun sur le littoral de la Manche, de l'Océan et de la
Méditerranée; S. maritima, Dum, même habitat que l'espèce précé-
dente; S. splendens Gr. et Godr., localisé sur le littoral de la Méditer-
ranée.
Les Salsola comprennent environ 40 espèces, habitant comme les
espèces des deux genres précédents, les rivages et les lieux salés des
régions tempérées et subtropicales.
La flore française ne possède que deux espèces : Salsola soda L.,
assez abondant sur le littoral de la Méditerranée et de l'Océan
jusqu'au Morbihan. Salsola Kali L., très abondant sur le littoral de
la Méditerranée, de l'Océan et de la Manche. Le Salsola Kali L,
s'éloigne plus ou moins des rivages maritimes; on le retrouve en effet
sur les alluvions du Rhône et du Tarn, et sur quelques points du
département de l'Aveyron. Il y a 5 ou 6 ans, je l'ai trouvé à Herbet,
près de Clermont; mais je ne l'y ai pas revu. Lorsque cette espèce
s'éloigne du littoral, pour végéter dans un sol neutre, les feuilles
sont beaucoup plus étroites et moins charnues ; c'est cette forme que
Linné avait cru pouvoir séparer spécifiquement de son Salsola Kali,
sous le nom de Salsola tragus L. »
Il faut donc admettre que les sources d'eaux minérales surtout
contribuèrent à attirer, par leur richesse en soude, les potiers ro-
mains et gallo-romains.
Non loin de Lezoux, à 6 kilomètres environ, dans la commune de
Joze, existent des sources très abondantes : Sources du Gros Bouil-
lon ou de l'Ours, du Petit Bouillon, Daguillon, les Graviers, etc. Au
xvme siècle, dans son Histoire d'Auvergne (1), le chanoine Audi-
gier appréciait ainsi les deux premières : « L'eau du Petit Bouillon
est très limpide et de saveur aigrette. Pendant qu'elle évapore, il se
forme à la surface de petites pellicules qui se précipitent par petits
flocons et s'attachent aux côtés des vaisseaux. La résidence (résidu)
sèche de cette eau évaporée revient à i 345 de son poids, dont on
peut extraire plus de la moitié de sel roussâtre qui sent fort la les-
sive et qui est reconnu nitreux. Il devient bleuâtre après avoir été
fondu au feu. La terre, séparée de ce sel, se dissout en partie avec
effervescence dans le vinaigre distillé et ne change pas de couleur
au leu. »
(1) Manuscrit public par Y Académie de ClermoaUFerrand. Fascicule septième.
Bellet-Clermont-Ferrand, 1894.
708 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
« L'eau du Grand Bouillon a une saveur vineuse plus forte que
celle du Petit Bouillon, mais ses résidences sont pareilles, et son sel
nitreux comme l'autre. L'eau du Gros Bouillon est si abondante que
l'eau qui en sort formerait un assez gros ruisseau » .
M . Truchot, professeur de chimie à la Faculté des Sciences de
Clermont, donne l'analyse suivante, pour la source de l'Ours (1)
(Gros Bouillon) :
Pour un litre : acide carbonique libre 0 gr. 516
— Bicarbonate de soude 1 379
— de potasse 0 245
— de chaux 1 582
— — de magnésie . 0 960
— — de fer 0 015
— Sulfate de soude 0 250
— Phosphate de soude traces
— Chlorure de sodium 0 633
— — de lithium 0 030
— Arséniate de soude traces
— Silice 0 080
— Matières organiques traces
Total non compris l'acide carbonique libre. 5 gr. 174
Les sentiments de reconnaissance, que devaient inspirer les bien-
faits si variés de ces eaux, nous portent à croire que les vestiges
d'une importante construction gallo-romaine, découverts à Joze en
1826 (2), étaient ceux d'un temple élevé aux divinités des sources.
Les bassins d'évaporation de l'eau minérale ont dû aussi laisser
des débris qui n'ont pas frappé l'attention.
Les potiers des Martres de Veyre avaient également de nombreu-
ses sources à leur disposition : celles du Tambour, du Cornet, des
Roches, du Saladi, etc.
La composition de cette dernière, par exemple, assez rapprochée
du village des Martres, serait d'après M. Truchot :
Pour un litre : acide carbonique libre 1 gr. 009
— Bicarbonate de soude 2 461
— — potasse 0 227
— — chaux 0 979
— — magnésie 0 777
— — fer 0 040
(1) Dictionnaire des Eaux minérales du département du Puy-de-Dôme, Paris, De-
lahaye, 1878.
(2) Voir BoulLLET. — Description archéologique des Monumenlsdu Puy-de-Dôme.
Mémoires de l'Académie de Clermont, 1874.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 709
Pour un litre : Sulfale de soude 0 gr. 199
— Chlorure de sodium 2 246
— — lithium 0 040
— Arséniate de soude traces
— Silice 0 112
— Matières organiques traces
Total non compris l'acide carbonique libre. ... 7 gr. 237
Tout le résidu abandonné par l'évanoration était probablement
utilisé, caries éléments dominants sont employés en céramique pour
la composition du vernis: et 1 on conçoit qu'un mélange, au dosage
différent, ait eu une réelle influence sur la couleur et le brillant de
la glaçure, en dehors des elîets provenant de l'emploi simultané de
l'argile.
Enfin, il ne serait pas téméraire de supposer, d'après une trou-
vaille sur laquelle porte en ce moment notre examen, que les Gallo-
Romains connaissaient encore le rôle du carbonate de chaux au
point de vue de la pétrification artificielle.
Cet exposé sommaire nous autorise à conclure que les sources
d'eaux minérales ont été, pendant l'occupation romaine, un des prin-
cipaux facteurs économiques de la prospérité de l'Auvergne, comme
elles le sont encore de nos jours sous leur seul aspect thérapeutique.
M. Marcel Baudouin. — En Vendée, on fabriquait jadis de la
soude en certaine quantité, surtout à l'Ile d'Yeu, à Croix-de-Vie, et
à l'Ile de Xoirmoutier; aujourd'hui, cette industrie est presque
abandonnée. Il n'en persiste que des fours à soude, construits par les
pêcheurs sur les falaises. On en rencontre parfois encore : cela m'est
arrivé au cours des Fouilles préhistoriques ; et il faut bien connaître
ces petites constructions, pour ne pas les confondre avec des restes
de Mcgalitthes funéraires, et surtout avec les Cistes néolithiques,
quand il en existe beaucoup, comme sur la falaise occidentale de l'Ile
d'Yeu, par exemple.
Mais, dans cette partie de la Vendée, on n'emploie pas les Salso-
lacées pour fabriquer de la soude. On utilise toutes les plantes
maritimes, arrachées des falaises rocheuses par les flots en furie,
c.-à.-d. le Goémon ou Varech, et en particulier les Fucus [Fucus mûrî-
mes, vesiculosus, serratus, nodosus, siliculosus). Dans les îles de ce
pays, où pourtant les Salsolacées (1) abondent, on ne les brûle
jamais. On ne fabrique en Vendée de la soude de Salsolacées (Salsola
Kali L., dit Boucard ou Salicor) qu'à Saint-Michel-en-1'Herm, c.-à-.d.
dans le Marais du Sud.
Il me semble qu'il est impossible de songer à cette soude là, en ce
oui concerne lépoque gallo-romaine, au moins pour l'Ouest.
En frutico^a, kerbacca, radicans ; Salsola Kali, soda ; Suœda frutico-
Kcccccmi
710 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Un si filet néolithique.
PAR
Alph. AYMAR (Clermont-Ferrand, P.-de-D.).
Une collection importante, formée à Clermont-Ferrand par les
Frères de l'établissement de Saint- André, a été vendue tout récem-
ment à un marchand d'antiquités de l'endroit. Elle comprenait des
objets de l'époque de la Pierre polie, des spécimens de faune d'âge
indéterminé, de nombreux échantillons de céramique et de verrerie
gallo-romaines. La plupart des objets étaient revêtus d'étiquettes
indiquant soit le lieu de l'origine, soit un numéro de catalogue. Le
peu de soin qui a présidé au déménagement de la collection, a fait
disparaître un grand nombre de ces dernières; nous avons pu néan-
moins nous rendre compte, d'après celles qui ont été conservées,
que la majeure partie des trouvailles provenait de la région.
C'est donc une collection bien auvergnate qui vient d'être disper-
sée au plus grand préjudice de l'histoire locale. Et voici la seconde
fois, hélas ! que nous avons à exprimer le même regret dans l'espace
de moins d'une année.
Dans le lot mis de côté par le marchand comme ayant le plus de
valeur, lot que nous avons heureusement acquis, figurent des haches
ou fragments de haches en pierre polie et un objet en pierre classé
dans la catégorie des amulettes.
Certaines haches offrent un réel intérêt, notamment la moitié (par-
tie du talon) d'une hache en basalte recueillie à Gergovia, de belle
forme et de beau travail, dont le poids de 925 grammes et la lon-
gueur de 0m155 permettent d'attribuer à l'outil entier un poids excep-
tionnel de 2 kilogrammes au minimum et une longueur très rare de
0m30 environ.
Mais, dans cette communication, nous nous occuperons seule-
ment de la prétendue amulette, sur l'origine de laquelle il nous est
impossible de fournir des renseignements plus précis. De pressantes
démarches ont été en vain tentées à ce sujet.
La matière est du silex roulé, que l'on trouve dans les alluvions
sableuses des environs de Clermont. La patine est brune, avec
aspect terne sur les parties intactes, moins foncé et luisant sur celles
qui présentent des traces de retouches.
L'objet est creux; l'évidement intérieur paraît dû à des phéno-
mènes mécaniques naturels ; sur les parois adhèrent encore forte-
ment des grains de sable.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 7 M
La forme générale est triangulaire base : 0m033; hauteur à peu
près identique); l'épaisseur est de 0m030; le poids est de 25 gr.
Certes, au premier aspect, naît l'impression d'une amulette; les
trois trous percés — un à la base le plus petit), un de chaque côté
(le plus grand à gauche) — assurent un facile passage au lien de
suspension. D'autre part, si l'on met sur le même alignement les
deux plus petits trous et si on les présente de face, on a une figure
qui évoque de singulière façon celle d'une tète de tortue et l'impres-
sion du début s'accentue davantage.
Mais, en considérant attentivement les trous, on ne tarde pas à
s'apercevoir que les différences des dimensions sont intentionnelles,
qu'elles ont été obtenues par des agrandissements à l'aide de retou-
ches effectuées sur les bords. Cette circonstance stimule déjà la
curiosité.
On remarque ensuite que le pouce de la main droite s'applique
exactement sur le gros trou, et que l'index s'adapte aussi facilement
sur le trou opposé de moindre grandeur.
Les deux doigts étant en place, il ne reste plus qu'une ouverture
parfaitement arrondie, beaucoup plus petite que les autres et sans
aucune retouche.
L'idée du sifflet se présente aussitôt à l'esprit. En soufflant, à la
mode des chevriers, l'on obtient, en effet, un son plus ou moins
aigu, suivant la force du souffle. En l'espèce, les doigts servent
d'obturateurs, ils donnent à l'air emmagasiné une issue susceptible
d'être réglée à volonté.
Incontestablement, il s'agit bien d'un sifflet très primitif, précur-
seur de la Flûte de Pan, contemporain des haches polies qui lui fai-
saient escorte dans la vitrine des Frères collectionneurs.
On ne peut qu'admirer l'ingéniosité de l'Homme des Dolmens qui
sut, tout au moins, tirer d'une simple pierre un mode pratique d'ap-
pel et de signal.
Nous ne pensons pas qu'un objet de ce genre, aussi bien caracté-
risé, ait été déjà présenté. Le sifflet néolithique d'Auvergne n'en est
que plus intéressant.
M. A. Guébhard, tout en reconnaissant que le galet qu'il présente
de la part de M. Aymar, fonctionne bien comme sifflet, est parfaite-
ment en main, et a pu être utilisé comme tel, doute que l'homme pri-
mitif, pouvant trouver dans la nature, même parmi les silex, maints
autres objets idoines à un seul trou, en eût choisi un à trois, dont il
faut boucher deux. L'obturation de ceux-ci justifiait-elle vraiment un
travail de retouches des rebords, qui, restant mousses, n'en étaient
que plus doux aux doigts? Les écaillures, certainement très anciennes
712 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
niais très irrégulières, de certaines parties faibles des bords s'obser-
vent couramment, et sont même de règle, sur des éléments analogues
de poudingues antérieurs à l'apparition de l'homme; elles s'expliquent
géologiquement par le heurt violent des galets, d'abord roulés, avant
d'être cimentés par une gangue argilo-siliceuse, dont l'intérieur de la
pièce de M. Aymar montre des traces irrégulières, peu compatibles
avec l'hypothèse d'un long usage instrumental, ou même d'une sus-
pension comme pendeloque ornementale.
M. Aymar. — Nous avions bien songé aux objections présentées
par notre confrère, M. le DrGuébhard; mais elles n'avaient pas
ébranlé notre sentiment au sujet de l'affectation de l'objet.
C'est surtout la présence des trois trous, qui nous avait paru de
nature à retenir l'attention. Les objets en pierre percés d'un seul
trou se rencontrent si fréquemment qu'on ne songe pas à les exami-
ner. On ne saurait, d'ailleurs, obtenir avec un trou les mêmes résul-
tats qu'avec trois.
L'existence, sur les bords de deux trous seulement, de retouches
destinées certainement à les élargir, nous avait conduit à écarter
l'hypothèse de causes mécaniques purement accidentelles, causes
admises néanmoins pour l'évidement.
En effet, si les retouches n'étaient pas intentionnelles, comment
expliquer leur absence sur le trou appelé à recevoir le souffle ? Com-
ment expliquer une adaptation si parfaite des deux autres trous à la
grosseur des doigts destinés à tenir l'objet ? La gangue et les rugosi-
tés que présente l'intérieur de celui-ci, ne pourraient-elles être pos-
térieures à l'appropriation ?
Evidemment, ces réflexions n'ont peut-être pas assez de force pour
dissiper tous les doutes — et nous sommes reconnaissants à M. le
Dr Guébhard d'avoir jugé notre opinion digne d'être discutée
mais elles ne nous paraissent pas moins susceptibles de conférer à
notre sifflet un caractère très sérieux, qui ne permet pas de le confon-
dre [avec les objets préhistoriques que l'on a voulu comprendre dans
la même série.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 713
Découvertes faites dans une
Grotte du massif de Hnrseilleveyre.
PAR
M. H. BOUT DE GHARLEMONT Marseille).
[Prise de date : 30 septembre 191 i].
Aujourd'hui, 30 septembre, je signale à la Société des découvertes
que j'ai faites dans le massit de Marseilleveyre, groupe de collines
plus ou moins abruptes qui dominent Marseille au Sud.
Il y a un an environ, en allant de la Font de Voyre (vulgaire-
ment la Fontaine d'Ivoire , à la Grotte Rolland, où Boucher de Per-
thes, en 1805, découvrit des ossements humains et où, en 1895,
M. E. Fournier trouva des fragments de poterie robenhausienne, je
remarquai, au-dessus d'un sentier longeant l'escarpement qui fait
face à la fontaine, une petite grotte précédée d'un talus d'éboulis
assez raide, d'une vingtaine de mètres. J'y montai etla première ins-
pection des lieux me convainquit que cette excavation avait dû être
habitée. Je ne me trompais pas et, dès les premières fouilles que j'y
pratiquai, je commençai à trouver à 0m20 du niveau du sol, des
débris de poterie indigène de pâte brune ou rougeàtre, rugueuse au
toucher et plus ou moins micacée, ayant toute l'apparence de la
poterie robenhausienne, répartis sur une épaisseur de 0m20. Vingt
centimètres plus bas, je mis à jour un autre gisement qui s'étendait
en profondeur sur 0m80 et où la céramique grecque remontant au
ve et vie siècle avant Jésus-Christ, se montrait en abondance, à
l'exclusion de toute autre poterie. Je continuai à fouiller et descen-
dis ainsi jusqu'à lm50 ou 2 mètres en totalité, sans plus rien trouver.
J'ai réuni, dès mes premières fouilles, assez de débris pourrecons-
tituer en tout ou en partie, une quarantaine de vases : coupes,
cruches, écuelles, jattes, aryballes, lampes. J'ai en outre, en frag-
ments divers appartenant à des vases différents, les témoins rétros-
pectifs de la présence en ces lieux d'une soixantaine d'autres vases,
et il n'est pas douteux pour moi que, si jepuis fouiller letalus d'ébou-
lis qui précède la grotte elle-même, aujourd'hui complètement vidée,
je devrai y trouver des débris analogues et vraisemblablement en
plus grande abondance encore.
De l'examen de la partie du massif où j'ai fait mes trouvailles, est
résultée pour moi la persuasion qu'en poursuivant les fouilles en
divers autres points voisins, qui, dès le début de mes travaux, ont
attiré mon attention (grottes et abris sous roche), j'obtiendrai des
résultats semblables, résultats dont l'ensemble pourra concourir à
asseoir sur une base solide, l'hypothèse du recul de l'époque de la
714 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE
première apparition des Grecs sur les côtes de Provence au-delà
de la date officiellement acceptée pour la fondation de Marseille. Ils
pourraient aussi concourir à prouver que le berceau de la cité mas-
saliote fut bien, comme le prétendent certains, dans le massif du
Marseilleveyre et que la première escale des Grecs dut être à l'anse
des Goudes, derrière le cap Croizette, l'ancien Zao promontorium.
Le sol de la grotte du Draiou, c'est ainsi que s'appelle l'excava-
tion où j'ai fait mes trouvailles, est composé entièrement, jusqu'à la
roche sous-jacente, d'une argile rouge très chargée en oxyde de fer,
venue de plus ou moins loin par un conduit qui s'enfonce dans la
colline perpendiculairement à l'orifice de la grotte. En dehors de la
poterie, je n'ai rien trouvé dans cette argile, ni fragment de métal,
ni monnaie, ni coquille marine ou fluviale. A peine y ai je ramassé
quelques fragments d'os épars dont la contexture est devenue, par
l'influence du temps et surtout du milieu, molle, friable et fari-
neuse. Un seul silex s'est offert à moi dans le premier gisement et
encore est-il bien peu déterminable, quant au travail de taille et à la
destination. Je dois cependant signaler, que M. Félix Martin a re-
cueilli sur le sol de la grotte, il y a plusieurs années, « une sorte de
poignard calcaire, taillé en flamme » identique, paraît-il, à ceux
que M. de Mortillet a classés dans le Moustérien.
J'ajoute que j'ai relevé, à divers niveaux du sol fouillé, plusieurs
foyers dans lesquels je n'ai, d'ailleurs, remarqué rien de particulier.
Tel est actuellement l'état de mes recherches.
Les circonstances et des raisons de santé m'ayant empêché de
donner à ces recherches toute l'activité et toute l'ampleur que j'au-
rais voulu, ce qui fait que je ne suis pas et que je ne serai pas encore,
d'un certain temps, en mesure de donner un exposé d'ensemble des
fouilles faites ou à faire, je me suis décidé à ne pas attendre plus
longtemps pour prendre date en saisissant à la fois la Société Archéo-
logique de Provence et la Société Préhistorique française de la ques-
tion et tel est l'objet de la présente note, en attendant une commu-
nication plus détaillée que je serai heureux de faire en son temps à
la Société.
En terminant, il me faut mentionner que c'est par suite d'une erreur
involontaire, mais dont j'ai toutefois à m'excuser, que, dans la
note annonçant mes découvertes de poteries, celles-ci ont été dési-
gnées en partie sous la qualification d Ibéro-mycénienne et datées
du vne et vme siècles.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
715
Quelques pièce» préhistoriques de Luc,
Langrune, Lion et Oény (Calvados).
PAR
Edmond HUE de Paris).
Je regrette que M. le Dr Doranlo ne nous ait pas fait la présenta-
tion des squelettes humains, découverts à Lion-sur Mer, annoncée
le mois dernier. J'avais apporté à l'appui de sa communication, les
*tf.
4* <Î0II^L-1MC . Cc&>
Jïchcn J3, du J/auf- -lit
Jiitu» Su. 100-
Fig.
Juplùo r/t JitOrt.-J
Lion-sur-Mer .Calvados . — Extrait du Cadastre. Section B, n* 193 à 207. —
Echelle : 1/5.000.
pièces que je vous présente et qui ont déjà été produites au Congrès
de Béarnais en 1909 Fig. 1).
Ces deux fragments de haches polies en silex jde la craie ont été
trouvés par moi, en 1908, dans les labourés de la parcelle n° 199 du
716 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Cadastre de Lion-sur-Mer, non loin d'une petite carrière à ciel ou-
vert, sise à l'Ouest de la villa Bon Air {Fig. 1). Les déblaiements de
surface de cette carrière seraient à surveiller.
Une autre hachette polie avait été trouvée antérieurement, un peu
plus au Sud. Elle appartient à M. Loubery.
D'autre part, le propriétaire de la villa Bon Air m'a dit avoir
trouvé plusieurs haches polies, lors du creusement du puits de son
jardin. Elles se trouvaient dans une couche de terre noire, à environ
un mètre de profondeur. Il en avait fait don à un de ses parents.
Je vous présente aussi quelques petites récoltes de surface, faites
sur le territoire de Langrune, aux lieux dits le Coq Blanc,\a Garenne
le Petit Marais, le Fossé de terre et le Marais.
Ce sont des pièces néolithiques fort modestes.
Sur la commune de Luc-sur-Mer, j'ai trouvé dans les labours, ces
quelques pièces néolithiques plus volumineuses au lieu dit le Champ
de Bataille (région sud-ouest du territoire de Luc).
Ces deux grattoirs néolithiques ont été trouvés par moi dans la
zone maritime de la commune : à la Brèche du corps de garde de
Luc. Ils sont en silex noir. Le premier provient de la couche d'ar-
gile qui couronne la falaise, côté Est de la brèche, à environ 0m50
du sol. L'autre provient du remplissage du four romain de Luc, situé
à une centaine de mètres plus à l'Est (1). Enfin une dernière série
provient des abords des bois Bellamy, sur les hauteurs de la Mue
territoire de Bény-sur-Mer, à mi-chemin entre le Menhir de Pierre-
debout de Reviers, et le Menhir de la Demoiselle de Bracqueville, de
Bény-sur-Mer.
Toutes ces pièces (lames, pointes, grattoirs, percuteurs) sont peti-
tes et fortement retouchées. Elles sont très rares à la surface du sol,
où le mode de culture permet difficilement leur recherche.
Ce ne sont pas des pièces sensationnelles de collection ; mais elles
ont une valeur toute locale. C'est à ce titre que je vous les présente
comme échantillons de l'industrie néolithique de ma région.
(1) EdmondHue. — Note sur un Four romain, découvert à Luc-sur-Mer (Cal-
vados). — Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen, 190'J.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 717
La Grotte I*ïc, à l'Orcier,
près Betournac (Haute- Loire).
Premiers sondages et fouilles des 7 et 8 novembre 1911.
PAR MM.
J.PAGÈS-ALLARY. LAUBY et CHARVILHAT.
Dès que j'eus appris que MM. Pic frères, entrepreneurs à Retour-
nac, avaient trouvé en exploitant, à la dynamite, leur importante
carrière de basalte de l'Orcier, une grotte, complètement fermée
par les éboulis et alluvions, je me suis rendu sur place sans tarder,
et non sans aviser, à Clermont-Ferrand, mes amis Lauby et Char-
vilhat, qui ont bien voulu m'accompagner.
Avec eux, puis le second jour, avec M. Matte, Inspecteur au Puy,
qui déjà, avant nous, s'était rendu sur les lieux une première fois,
nous avons pratiqué des sondages, pour reconnaître la nature et l'im-
portance de l'alluvion de remplissage.
Nous étions aidés par le véritable inventeur et propriétaire de
cette grotte, M. Pic jeune, qui nous a aimablement prêté des ouvriers,
tout en nous aidant lui-même à prendre les dimensions et à faire nos
fouilles. — Intelligent et travailleur, il mérite, ainsi que ses frères,
toutes nos félicitations et remerciements, autant que des encourage-
ments, car je suis persuadé que ces Messieurs sauront diriger leur
exploitation pour faciliter les recherches scientifiques, au détriment
quelquefois, de la production de leur carrière, si on sait les indem-
niser avec justice.
Le premier fait curieux de la trouvaille de M. Pic est certaine-
ment la formation géologique de cette grotte naturelle, en plein
basalte, dont limportance augmentera à mesure qu'on l'exploitera de
plus près et plus minutieusement. On y trouve par place des
enclaves, formant cachettes, qui serviront à expliquer ou à indiquer
comment cette grotte a pu se former.
Aux 15 à 20 mètres de longueur annoncés, il convient d'en ajouter
autant, que nous avons mesuré exactement; mais ce ne sont encore
que des dimensions approximatives, car je suis convaincu que
nous aurons plus de 100 mètres qui se multiplieront quand les deux
importants embranchements, situés sur le côté gauche seront plus
facilement mesurables. Ils sont actuellement trop remplis de l'allu-
vion, qui forme le sol de toute la grotte, sur une épaisseur d'environ
4 à 5 mètres d'après nos sondages.
Ces alluvions sont composés de terre et débris de basalte à arêtes
vives; les uns à gros blocs, provenant du ciel de la grotte, avec des
718 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
dépôts de carbonate de chaux : ces dépôts très blancs d'aragonite,
formaient par places des stalactites et stalagmites, de suite détruites
par les premiers visiteurs nocturnes, croyant emporter un souvenir
précieux ou une chose rare !
M. Boissier, de Firminy, a heureusement photographié cette grotte
le premier, à l'intérieur. Il possède ainsi de précieux documents.
Les autres débris basaltiques sont en petits fragments, dont les
angles ne sont pas beaucoup plus arrondis ; ce qui laisse supposer
qu'ils n'ont pas été beaucoup roulés (donc ils ne viennent pas de
bien loin). Ce sont très probablement les produits d'une époque inter-
glaciaire ; ce qu'indiquera bien sûrement l'étude des ossements fos-
siles, trouvés brisés et mélangés à la terre et aux débris de basalte,
et dont quelques-uns sont en affleurement sur le sol même de la cou-
che de remplissage.
Si ce remplissage de la grotte, par ces alluvions quaternaires
remonte à la formation de ces alluvions, l'âge de cette grotte, formée
au moment de la coulée volcanique, laisse qu'un peu d'espoir d'y
trouver de l'industrie humaine; mais, en revanche, donne la grande
probabilité d'une riche mine de débris des animaux fossiles de cette
époque.
Si, au contraire, comme je le souhaite, le remplissage de la grotte
s'est fait non à la suite des glaciers, mais bien postérieurement, par
suite d'une trombe d'eau, d'une forte crue de la Loire ou des violents
orages, nous aurons sous ces alluvions quaternaires remaniés, for-
mant un remplissage protecteur, toutes les civilisations, dont la plus
moderne nous indiquera l'âge du remplissage de la grotte; mais en
même temps s'ouvrira une des plus belles pages de l'évolution hu-
maine, bien en place, à stratigraphie sûre parce que non dérangée
depuis.
Il est impossible qu'aux bords de la Loire cette belle et chaude
grotte, avec son ouverture en plein midi, dans une position magnifi-
que, n'ait pas été recherchée et occupée de très bonne heure par les
premiers hommes, qui ont su l'utiliser. Les vertèbres humaines, mé-
langées aux alluvions, en seront une première preuve. Les ossements
que j'ai ramassés, en surface, dans la grotte (dents, vertèbres, con-
dyles, défenses d'ivoire, etc.), ainsi que ceux trouvés dans nos son-
dages, et ceux que M. Pic a confié à M. Matte, seront étudiés au
Muséum, où M. Lauby les a apportés, pour les faire déterminer par
M. le Pr Boule notre compatriote, maître et ami dévoué.
Il serait bon de fouiller cette grotte sans retard, car les travaux de
M. Pic peuvent, d'un jour à l'autre, en rendre les fouilles dange-
reuses (nous entendions les coups de mines de chaque côté comme
sur notre tête !). Ce serait en tout cas trop gênant pour ses travaux.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
1H)
Les bonnes volontés ne manqueront pas, et. espérons-le, les moyens
non plus. Pourquoi la Société Préhistorique Française, où M. Henri
Martin donne l'exemple, n'aiderait-elle pas au besoin le Muséum, et
pourquoi le Muséum refuserait-il l'aide actif des Préhistoriens ?
Si la grotte Pic faisait constater une fois de plus, que, pour que
l'union fasse la force, il n'y a qu'à le vouloir, cette grotte serait une
des plus fructueuses de France. Malgré que cette très chaude grotte
soit dans le basalte (1), l'homme a pu y établir ses foyers même à
l'intérieur, à cause de la hauteur de certaines chambres 4 à 5 mè-
tres , suffisante pour que la flamme ne fasse pas éclater la roche au-
dessusdu foyer, et il y a toujours la mystérieuse question, religion
ou magie à résoudre.
Une Idole, «le forme égéenne, trouvée dans les
Côtes-du-Xord.
G. GUENIN de Brest .
I.
Au mois de septembre, en visitant la collection préhistorique
si remarquable de M. Jules Lemoine, à Lamballe, je fus assez
surpris d'y trouver l'une de ces amulettes, en forme de violon,
que l'on rencontre en Asie-mineure et en Espagne.
Cette petite plaque de
schiste gris clair, parsemée
de point es mouchetées noir es.
provient de Morieux, et,
c'est en labourant qu'un
cultivateur la découvrit en
1899. M. Lemoine, a l'obli-
geance duquel je tiens ces
renseignements, me fait re-
marquer qu'on lui apporta,
en même temps, une hache
en diorite de moyenne di-
mension, sans qu'il ait pu
savoir si les deux objets
avaient été trouvés ensemble
ou isolément.
u
Fig. I. — Profil. Fig. î. — Face.
Idole, de forme égéenne, des Cotes-du-N'ord .
[Grandeur naturelle].
Quoiqu'il en soit, cette plaque est de dimensions peu considéra-
(1) Ce qui, géologiquement a un grand intérêt scientifique, augmenté par
'abondance des débris fossiles des animaux quatermaires et la probabilité d'outils
en hasalte, etc.
720 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
bles. Les figures 1 et 2 représentent exactement l'épaisseur, la
largeur et la hauteur de l'amulette. Elle est cTorigine locale.
C'est, en effet, le schiste micacé amphibolique de Morieux et des
environs. — Cette constatation a d'autant plus d'importance que
les autres idoles (?) de ce genre, ont été découvertes en Espagne
et plus loin encore !
Dans son article sur les Cassitérides et l'Empire colonial des
Phéniciens (1), L. Siret déclare posséder trois exemplaires d'une
idole en forme de violon, et les compare, avec juste raison, à
des idoles semblables, trouvées dans les deux plus anciennes
villes d'Hissarlik. La seule différence est l'absence des signes
gravés, et, à ce titre, l'idole de Morieux, dépourvue de nez et
d'yeux, rappelle a s'y méprendre les idoles a et d de L. Siret,
provenant d'El Garcel.
D'après L. Siret, deux amulettes appartenaient à la plus an-
cienne période néolithique et l'autre était en compagnie d'objets
du Néolithique moyen. En faisant toutes réserves sur l'époque
assignée à ces trois idoles, il convient de mentionner que M. Dé-
chelette (2) fait remonter l'Hissarlik première à l'époque du cui-
vre et l'Hissarlik seconde au début du bronze. À cette phase pré-
mycénienne ou amorgienne, on déposait avec les morts de pe-
tites figurines en pierre dure ou en marbre, représentant le plus
souvent une femme nue, d'un travail primitif, les bras croisés
sur la poitrine, quelques-unes schématisées en forme de violon
(cf. Arch. celtique, p. 45). M. Déchelette propose comme date à
la période prémycénienne les années 3000 (?) à 2000; ce qui ne
cadrerait guère avec les estimations de L. Siret.
Et maintenant, quelles conclusions faudrait-il tirer delà trou-
vaille de Morieux ? La provenance locale de l'idole paraît s'oppo-
ser à l'importation de l'Espagne, ou d'un autre pays encore plus
éloigné; la trouvaille d'une hache en diorite, apportée le même
jour par le même individu, permet de supposer qu'il s'agissait
d'une Sépulture. — Quelle en est la date? Je laisse à de plus
habiles le soin de la déterminer, trop heureux d'avoir signalé
une découverte, digne d'attirer l'attention sur des objets que l'on
a peut-être négligés, comme étant sans conséquence (3).
(1) L'Anthropologie, t. XX, p. 147.
(2) Archéologie celtique, p. 32.
(3) Pour la bibliographie de ces idoles, voir J. Déchelette [Arch. celtique, p. 45,
note 1].
72/
SEANCE DU 28 DECEMBRE 1911
Présidence de M. L. COUTIL.
«^Ht^^» —
I. — ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE 1911.
Conformément aux Articles IV et VII des Statuts, votés le 24 no-
vembre 1910, l'Assemblée générale annuelle des Membres de la Société
Préhistorique Française a eu lieu le 28 décembre 1911, à 3 heures 3/4,
à la Sorbonne, Amphithéâtre Edgard-Quinet, rue des Ecoles.
L'ordre du jour était le suivant :
1° Rapport sur la Situation morale de la Société et la Gestion du Con-
seil d'Administration.
2° Approbation des diverses Acquisitions de Mégalithes, faites pen-
dant Tannée 1911 [Art. IX des Statuts).
3° Rapport sur la Situation financière et Approbation des Comptes de
l'exercice 1911. — Vote du Rudget pour 1912.
4° Election pour le renouvellement du Conseil d'administration (cixq
membres, à nommer pour trois ans; ux membre à nommer pour
deux ans).
La séance est ouverte à 3 heures 3/4. — Les membres, qui assistentà
la séance, sont inscrits sur la liste' de présence.
M. le Président donne la parole à M. le Secrétaire général pour la
lecture de la Correspondance de l'Assemblée générale annuelle.
M. le Secrétaire général dépose, sur le Bureau, les Bulletins de
vote, qu'il a reçus pour le vole par correspondance.
On procède alors au tirage au sort de quatre personnes, chargées
du dépouillement des votes par correspondance, et de deux scrutateurs.
Les noms de MM. P. de Mortillet. Hexriot, de Saixt-Périer,
Thiot, A. de Mortillet et Chapelet, sortent de l'orne ; ces deux
derniers membres seront les Scrutateurs.
Le Scrutin public est ouvert à 4 heures.
M. le Secrétaire général donne lecture de son Rapport sur l'exer-
cice 1911. .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 46
722 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Rapport de M. le Secrétaire général sur la Situa-
tion morale et la Gestion du Conseil d'Adminis-
tration en 1911 de la Société Préhistorique
Française.
Mes chers Collègues,
Au nom du Conseil d'Administration de la Société préhistorique
française, j'ai l'honneur de vous soumettre le Rapport sur la Situation
morale, actuelle, de notre Association et la Gestion, pour l'année écoulée
(1911), de votre Conseil, conformément à la Loi et à nos Statuts (art
VIIIJ.
On dit que les peuples heureux n'ont pas d'Histoire ou d'his-
toires, dignes au moins d'être écrites ! Notre Société a donc été vrai-
ment heureuse cette année, puisque je n'ai presque rien à vous conter
de sensationnel. Elle a vécu des jours très calmes, qu'aucun grave
incident n'est venu troubler.
Après la grande joie que nous avons éprouvée en 1910, à la suite de
notre Reconnaissance d'utilité publique, nous ne songions guère,
d'ailleurs, en 1911, à en éprouver une plus intense, à moins de voir
échouer, dans nos bras, désormais largement ouverts et capables de
retenir tout ce qu'on pourra y déposer, des héritages imprévus ou des
dons importants. — Hélas ! Rien n'est tombé du Ciel, où, au demeurant,
il n'y a plus de Trésors, s'il y demeure encore des Etoiles. Et les quelques
biens, qui nous sont échoués en partage, sortent tous, sans exception
aucune, du sol de cette Terre française, qui est si infiniment riche: ils
proviennent tous de cette excellente Mère, aux bontés infinies, qui
sera toujours bienfaisante aux pionniers de notre Préhistoire.
Mémoires. — Cependant, Messieurs, notre initiative s'est manifestée,
cette année, par une œuvre spéciale, nouvelle, pleine d'intérêt. Nous
avons réussi à mettre sur pied une entreprise, qui ne pouvait pas,
en réalité, échouer, vu l'urgence : nous avons créé les Mémoires de
la Société préhistorique française.
Depuis que le nombre de nos adhérents a dépassé quatre cents,
nous avons vite constaté que notre Bulletin mensuel, même avec ses 64
pages, ne pouvait plus réussir à satisfaire tous les appétits, bien légi-
times au demeurant, de publication rapide pour les découvertes
faites chaque mois par nos collègues dans les différentes parties de la
France. Il fallait donc songer, soit à en augmenter le volume et le
poids [ce qui était mathématiquement impossible (en raison du mon-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1-3
tant trop faible de notre cotisation annuelle), sans élever le prix de cette
dernière] ; soit imaginer une seconde publication.
C'est à cette seconde idée que votre Conseil, sur la proposition de
votre Secrétaire général, s'est arrêtée, pour ne pas changer notre prix
de début. Cela nous aurait certainement fait perdre, en effet, un grand
nombre de membres, qui ne sont venus à nous qu'en raison
de la modicité de notre cotisation. — On a donc pensé qu'en créant
desMémoires, c'est-à-dire en publiant un volume annuel, réservé spé-
cialement aux travaux de longue haleine, aux revues d'ensemble et
aux récits détaillés de fouilles considérables, on parerait aux diffi-
cultés présentes. Ce n'était, de reste, qu'imiter des sociétés
sasantes célèbres, telles que l'Académie des Sciences, la Société des
Antiquaires de l'Ouest, etc., sans parler des sociétés médicales.
Cependant, nous n'avons pas voulu contraindre tous nos collègues à
s'imposer le sacrifice d'une dépense annuelle supplémentaire de quinze
francs. Aussi a-t-il été décidé que la souscription aux Mémoires serait
facultative et annuelle, chacun restant libre de se désintéresser de
cette manifestation spéciale de notre vie scientifique. Mais, en consé-
quence, nous avons dû décider que, seuls, les souscripteurs pourraienty
insérer leurs travaux, sous le seul contrôle d'ailleurs de votre Conseil
d'Administration. Ce n'est là que justice.
Le succès, on peut le dire, a répondu très rapidement à nos espéran-
ces ; et j'ai le plaisir de vous répéter que notre premier Volume (1911),
actuellement sous presse, pourra être terminé avant la fin de janvier
1912. Evidemment son importance sera en rapport avec les ressources
dont nous pouvons actuellement disposer, et qui ne dépassent pas, à
l'heure présente, seize cents francs; mais nous espérons, que, sous
peu, nos souscriptions, qui n'atteignent pas encore le chiffre de
120, augmenteront notablement de nombre, au vu du volume publié,
et avant la fin de l'année prochaine.
Bulletin. — Malgré la création prévue des Mémoires, notre Bulletin
de 1911 aura été encore plus volumineux que celuide 1910 ! Il atteindra
près de 800 pages, au lieu de 684, sans parler des nombreuses figures
insérées, et sans compter les belles planches hors texte, qu'on admire
dans presque tous nos numéros mensuels. — Le nombre considérable
de prises de date qu'il contient prouve en outre l'activité des recherches
faites dans toute la France.
Bibliothèque et Laboratoire. — Nous avons pu, après des mois de
recherches il est vrai, trouver en cette fin d'année un local approprié,
très suffisant et fort convenable, pour y organiser notre Bibliothèque et
notre Laboratoire, et y déposer nos Collections. — Désormais, nous
pourrons y conserver les livres qu'on voudra bien nous remettre, et
724 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
y placer toutes les pièces préhistoriques qui nous seront adressées.
Je vous prie de ne pas l'oublier ; et, si votre propre appartement est
trop encombré, n'hésitez plus à adresser tout ce qui vous gênera, en
matière de Préhistoire, au n° 250 de la rue Saint-Jacques, à Paris. —
Tout envoi y sera le bienvenu et en sûreté.
Vos colis trouveront d'ailleurs là, pour les recevoir, un Bibliothécaire
dévoué, notre jeune collègue,' M. Charles Géneau, dont nous avons
déjà pu apprécier, dans différents Congrès, le zèle et la compétence; et
un conservateur de collections émérite, notre excellent ancien vice-
président, M. Edmond Hue. Il classera et étudiera, avec sa grande
expérience, tous les objets que nous possédons déjà ; et son talent de
dessinateur lui permettra en outre de les représenter et de les faire
connaître à tous par l'intermédiaire de notre Bulletin. — L'installation
matérielle, qui va nécessiter une dépense importante, sera terminée
sous peu. Bientôt aussi, nous y organiserons notre Musée de Diapositives
pour Conférences; et nous prions nos collègues de nous donner toutes
celles dont ils pourraient disposer.
Caisse des Fouilles. — Grâce à la Caisse des Fouilles, présidée par
M. A. Guébhard,nous avons pu, cette année, publier le Rapport géné-
ralde la Fouille de la Sèpullurenéolithïque de Vendrest (Seine-et-Marne).
Ce volume, illustré des magnifiques photographies exécutées par le
Dr Henri Martin, est consacré, non seulement au récit de la fouille et
de la restauration et à la description du Monument, mais aussi à une
étude anatomique de la plupart des ossements découverts, et, en parti-
culier, des os pathologiques et surtout des os qui ont subi des actions
humaines. Comme vous le savez, l'étude de ces ossements a fourni des
indications d'un intérêt scientifique de premier ordre et révélé des
faits absolument inconnus jusqu'à ces derniers temps (Incinération ;
Ossuaire; Déformation crânienne; Usure des dents de la première
dentition; Travail des os après la Mort; etc.; etc.).
Il serait à souhaiter que nos collègues, pour s'initier aux méthodes
modernes de la Technique préhistorique, se procurassent cet ouvrage,
qui n'a pas coûté un centime à la Caisse de notre Société. Ils enrichi-
raient ainsi de leur modeste obole notre Caisse des Fouilles, qui, à
l'heure qu'il est, est presque vide...
Commission pour la Liberté des Fouilles. — Vous savez avec quel
succès le Président de cette Commission, M. le D' H. Martin, a mené
à bien la campagne de presse qu'il a dirigée à cette occasion. — Le
succès a été obtenu, puisqu'il n'est plus question de Loi nouvelle ! Il
est probable qu'on laissera dormir, dans les carions vénérables de la
rue de Valois, les trop nombreux articles de ce projet inutile. On fera
bien, car nous avons mieux à faire qu'à perdre notre temps à empêcher
le Gouvernement de perdre le sien en de telles organisations. Il y a
SOCIÉTÉ PRÉ HISTORIQUE FRANÇAISE 725
assez de choses défendues chez nous. N'imitons pas les pays d'outre-
Rhin, où l'on rencontre, à chaque pas, le Verboten si désagréable !
D'ailleurs, la découverte de La Quinaest venue donner à votre Pré-
sident une autorité nouvelle, car c'est en marchant lui-même qu'il a
prouvé le mouvement ! Or il n'y a pas au monde, même à la Chambre
des Députés, d'argumentplus frappant. On en tiendra sûrement compte.
Commission des Enceintes. — La Commission des Enceintes, toujours
présidée par M. A. Viré, a continué à fonctionner comme les années
précédentes. D'ailleurs M. A. Guébhard y consacre toujours beaucoup
de son temps, entretenant une correspondance considérable avec les
nombreux Délégués. Dans chacun de nos Bulletins, a paru, comme
d'ordinaire, un Rapport résumant chaque mois les trouvailles nou-
velles.
Congrès de 1910. — Vous avez tous reçu, un peu tard cette fois,
l'énorme volume du VIe Congrès préhistorique de France. C'est le plus
considérable qui ait jamais été publié (plus de i. 200 pages), et celui qui
a entraîné la dépense la plus élevée, en raison du nombre de ses illus-
trations et de ses mémoires originaux (plus de 7.000 francs)!
Malgré les frais occasionnés par les excursions en automobiles, qui
furent si instructives et si fructueuses, et celles de diverses initiatives
inaccoutumées, notre excellent trésorier, M. L. Giraux, a pu, comme
d'usage, grâce à des dons importants de planches et de gravures,
parvenir à boucler le budget. Mais, évidemment, il ne faudrait pas,
tous les ans, nous montrer aussi prodigue et laisser croire aux adhé-
rents de nos assemblées provinciales que nous avons le pouvoir
magique de faire surgir partout et toujours des trésors sous nos pas.
Une question, du plus haut intérêt scientifique, y a été, on peut le
dire, presque résolue, grâce au dévouement de notre collègue M. Ed-
mond Hue, qui a mené à bien l'enquête imaginée par le Comité d'orga-
nisation du Congrès ; il a réussi à recueillir des documents de la plus
haute importance, en particulier le magnifique travail de M. de Saint-
Venant, qui fera date.
Congrès de 1911. — En présence des accablantes chaleurs de juillet
dernier, nous avions, je ne crains pas de le dire aujourd'hui, de sé-
rieuses craintes pour la session de Nîmes de nos Congrès annuels, De
tous côtés, on faisait courir le bruit que nos séances seraient délaissées,
et nos excursions dans le Gard bien moins suivies que d'ordinaire.
Certes, Messieurs, il est certain que, si nous avons été presque aussi
nombreux que d'habitude à Nîmes (plus de 350), que si nos réunions
ont été aussi intéressantes, au point de. vue scientifique, dans la vieille
ville romaine qu'ailleurs, nous avons été moins nombreux au cours de
nos randonnées dans la vallée du Gardon, sur les hauteurs de la
726 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Vaunage, voir même dans la Camargue et au pays de Mireille (60, au
lieu de 100). Il ne faut pas nous le dissimuler; mais nous devons regret-
ter que nos Collègues ne se soient pas décidés à venir en Provence,
parce que la température n'y fut pas plus inclémente qu'ailleurs en cette
année exceptionnelle, et parce qu'ils ont manqué une occasion unique
de visiter des monuments funéraires très spéciaux (les Hypogées du
Castellet), les Enceintes admirables de La Liquière et de Nages, les
splendides grottes du Gardon, sans parler de Nîmes, d'Arles et du
Pont du Gard. — Quand ils parcoureront le volume, actuellement
sous presse et qui paraîtra, nous l'espérons, plus rapidement que
l'an dernier, du VIIe Congrès Préhistorique de France, ils regretteront
certainement cette occasion magnifique, qu'ils ne retrouveront jamais.
Découverte sensationnelle. — Une des grandes joies, que nous avons
tous ressentie en cette fin d'année, a été la trouvaille sensationnelle
d'un Homme fossile, de l'Epoque Moustérienne inférieure, dans le magni-
fique gisement de La Quina. Elle a été réalisée par notre cher ancien
Président, M. le Dr Henri Martin, avec une maestria et une élégance
extraordinaires, qui n'ont pas étonné ceux qui connaissent ses fouilles
méthodiques et l'esprit scientifique et pratique qu'il apporte dans toutes
ses recherches sur le terrain.
Ce n'est pas à votre Secrétaire général d'insister sur la portée
d'une telle découverte, au point de vue des progrès de la Préhistoire.
Mais vous lui pardonnerez de déclarer pourtant qu'il a partagé l'émo-
tion de tous, en apprenant que c'était l'un des nôtres, et l'un des meil-
leurs, qui, grâce à sa persévérance et à sa foi, avait si brillamment
triomphé.
Congrès de 1912. — Cette aubaine, Messieurs, est arrivée à point;
on pourrait croire même que cette découverte a été faite sur com-
mande, à la veille du futur Congrès Préhistorique de France, qui doil
précisément avoir lieu en Charente, en 1912, sous la Présidence du
Dr Henri Martin. — Décidément, les Dieux sont avec nous. .. Auda-
ces fortunajuvat !
J'en augure que notre session d'Angoulême, au cours de laquelle une
longue visite et une fouille importante auront lieu à La Quina, au lieu
même de la trouvaille, sera très suivie, en particulier par les Savants
étrangers, qui voudront, je n'en doute pas, voir de leurs yeux le point
où a été rencontré le squelette le plus Neanderthaloïde que l'on con-
naisse pour le Quaternaire moyen, le plus vieux Crâne connu!
Dons. — Un certain nombre de dons en espèces ont été reçus par
notre Association. Mais c'est surtout le Bulletin qui a bénéficié le plus,
cette année, de la générosité de nos Collègues. Il vous suffira de jeter
un coup d'œil sur les nombreuses planches hors texte qui l'illustrent et
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 727
r le nombre de pages de certains de nos fascicules, qui réglemen-
tairement ne doit pas dépasser le chiffre de 64, pour constater les
superbes cadeaux qui nous ont été faits.
Il serait matériellement impossible de mettre, sur pied, sans eux,
pour la modeste somme de douze francs, un volume du poids et de la
valeur de celui de 1911, tiré déjà à 650 exemplaires.
Nos Collections se sont aussi enrichies de dons divers, en particulier
grâce à M. Kessler (d'Alsace).
Achats de Mégalithes. — L'année qui vient de s'écouler a permis
l'achat, dans d'excellentes conditions, comme toujours, de quelques
Monuments Mégalithiques.
a) Nous devons signaler, d'abord, l'acquisition de la magnifique
Grotte de Courjeonnet, dans la Marne, qui a été accomplie grâce aux
démarches de M. Roland, et au dévouement et à la générosité de notre
Président, M. L. Coutil. Il s'agit d une grotte sépulcrale, néolithique,
à sculptures et à gravures superbes, fouillée en août dernier par M.
Roland.
b) Puis nous avons acheté le Menhir de la Pierre aux Bœufs, méga-
lithe en grès de 2m20, situé commune de Montreuil-l'Argillé, arron-
dissement de Bernay (Eure , redressé et payé aussi par M. Coutil en
1911.
c) A Vendrest, pour régulariser la situation et nos rapports avec les
propriétaires voisins, nous avons fait établir un procès-verbal de Bor-
nage amiable, dont les éléments ont été publiés dans le volume consa-
cré à la description de cette Sépulture.
d) Nous avons reçu les pièces relatives au Don qui nous a été fait
du Polissoir de Sézannes, acheté par le regretté H . Marot, et qui se
trouve aujourd'hui sur un terrain, qu'à concédé à la Société Préhis-
torique Française la commune de Belval-sur-Chàtillon (Marne) , par
délibération de son Conseil municipal en date du 28 mai 1911.
Messieurs et chers Collègues,
A l'heure actuelle, malgré nos morts et les défections annuelles, qui,
d'ailleurs, restent toujours peu nombreuses, la Société préhistorique
Française compte aujourd'hui bien près de 550 membres; exactement :
531. — C'est un chiffre des plus respectables. Mais nous ne désespérons
pas de le voir augmenter encore !
Notre influence scientifique, d'autre part, s'accroît chaque jour; et
découvertes, comme celles de notre savant collègue, le Dr Henri
in, sont bien faites pour donner à nos travaux encore plus de
ds et d'autorité à l'étranger . Certes, certains esprits grincheux, et
impossibles a priori à satisfaire, trouvent que notre Bulletin, encombré,
728 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
n'a pas toujours la tenue scientifique qui conviendrait, sans oser d'ail-
leurs le dire trop ouvertement. — Mais nous attendons ces détracteurs
premier volume de nos Mémoiresl
Votre Conseil d'Administration, dont le zèle est manifeste et dont
le travail est constant, consacre toutes les heures dont il peut disposer
au développement et au progrès de notre Association. Grâce à notre
Trésorier, M. Gillet, nos finances sont toujours excellentes. Il n'est pas
possible que de tels efforts ne soient pas entièrement et publiquement
consacrés enfin par une récompense émérite; par une aide matérielle,
plus efficace encore, de la part des Pouvoirs publics. Il n'est pas possi-
ble qu'un jour où l'autre on ne voie pas, en haut lieu, le résultat obtenu,
qui pourtant éclate aux yeux de tous! Mais ayons confiance; notre tour
viendra, car désormais notre édifice repose sur une base indestructible.
Ce jour-là, Messieurs, le navire sera enfin bien ancré au port ; et le
capitaine pourra, sûr de l'unanimité du Conseil de guerre qui l'absoudra,
abandonner son bord.
M. le Président met aux voix l'adoption du rapport de M. le Secré-
taire général. — Le rapport est adopté à l'unanimité, sans aucune
observation [Applaudissements) .
M. le Président met ensuite successivement, aux voix l'approbation
des diverses Acquisitions de Mégalithes, faites d'urgence, pendant Tannée
1911, par le Conseil d'administration (Art. IX des Statuts).
En conséquence, la ratification des achats suivants est demandée :
1° Menhir de la Pierre aux Bœufs (Montreui]-l'Argillé,Eure).
2° Giotte artificielle de Courjeon.net (Marne).
Ces acquisitions sont approuvées à l'unanimité.
M. le Président donne la parole à M. le Trésorier pour la lecture
de son rapport.
M. le Trésorier lit, d'abord, son rapport sur XExercice 1911,
arrêté au 31 décembre 1911.
Rapport du Trésorier sur l'Exercice 1911.
Conformément à nos Statuts, j'ai l'honneur de vous présenter les
Comptes de la Société Préhistorique française, pour l'année 1911, arrê-
tés au 31 octobre ; comptes qui ont été approuvés par le Conseil
d'administration dans sa dernière réunion.
I. — Recettes.
1° En caisse, au l*' janvier 1911 7.343 50
2° Cotisations. — 486 cotisations à 12 fr 5.832 »
2 Cotisations rachetées 400 »
3 Cotisations de 1910 36 »
6.268 »
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 729
3' Encaissements divers. — Versement d'un membre
donateur 50 »
Arrérages de rentes , 135 »
Souscription du Ministère à 25 Bulletins 270 »
Remboursement de tirages [Impressions dans le
Bulletin] 532 05
Remboursement de clichés 38 90
Vente de Bulletins 184 »
4° Caisse des Fouilles au 1er janvier 1911 66 55
Subvention du Conseil général de Seine-et-Marne
(Caisse des Fouilles) 50 »
1.326 50
Total des Recettes 14.938 00
II. — DÉPENSES.
1° Bulletins. — Frais d'impression 4.191 63
1000 Exemplaires de la Brochure relative au Projet
de Loi sur les Fouilles 111 10
Frais de clichés 26? 55
4.570 28
2° Frais généraux. — Imprimés divers 68 35
Papier et enveloppes Il 75
Local de la rue de Jussieu (Laboratoire). . .-. 252 40
Impôts d'un dolmen 0 30
Société française des Fouilles archéologiques (sous-
cription)..* 20 20
Dépenses du Secrétariat général 109 00
Dépenses tlu Secrétariat... 50 00
Dépenses du Trésorier 240 44
752 44
3* Frais extraordinaires (Banquet) 77 00
4" Dépenses pour le Monument de Vendrest (Caisse
des Fouilles) 74 74
5° Achat d'un titre de rente de 100 fr. (au cours) 3202 40
3.354 14
Tolal des dépenses 6.G7G 86
III. — RÉCAPITULATION.
Recettes 14.938 00
Dépenses 8.676 86
Solde en Caisse
Ce solde se décompose comme il suit :
Caisse ordinaire 6. 180 43
Caisse des Fouilles 80 71
Total égal 6.261 14
Au 1er octobre 1911, l'actif de la Société Préhistorique de France est
de 12.890 99, ainsi constitué : .
730 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Espèces en caisse
210 francs de Rente française.
12.890
Certifié conforme : le Trésorier,
M. GlLLET.
M. le Président métaux voix l'approbation du Rapport du Trésorier
sur l'exercice financier de 1911. — Ce rapport est approuvé à l'una-
nimité [Applaudissements).
M. le Trésorier lit enfin le Projet de Budget pour 1912, conformé-
ment à la Loi et à nos Statuts.
Projet du Budget pour 191%.
I. — Recettes.
Recettes. — 500 cotisations à 12 francs 6.000 »
Arrérages de rentes 210 »
Total des recettes 6.480 »
II. DÉPENSES.
Impression et envoi de Bulletin 4.300 »
Frais de clichés 300 »
Frais d'impression diverses 200 »
Frais généraux 400 »
Location et frais de salles 350 »
Impôts et cotisations 30 »
Divers et imprévus 200 »
Total des dépenses 5.780 »
M. le Président met aux voix l'adoption du Projet de Budget pour
1912. — Il est approuvé à l'unanimité.
Election des Membres
du Conseil «1* Administration pour 191S.
1° Remplacement de cinq Membres sortants.
Memrres a élire pour trois ans.
Après une suspension de séance pour le dépouillement du Scrutin
public, qui a été fermé à 5 heures, M. le Président rouvre la séance
pour annoncer le résultat du vote des nouveaux membres à élire pour
le Conseil d'Administration, et donne lecture du résultat définitif du
scrutin.
Nombre de votants 300
Bulletins nuls 5
Reste 295
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 731
Nombre des suffrages exprimés, ont obtenu :
Thiot (Oise). , 289 voix.
Pagès-Allary (Gantai) 288 —
J. Bossavy Versailles) 288 —
Martial Imbkrt Paris) 287 —
D' Baudon (Paris) 286 —
2° Remplacement d'un Membre démissionnaire.
Membre a élise pour deux Arts.
Paul de Mortillet (Paris) 286 voix.
M. Cartailhac a obtenu trois voix. — MM. Breuil, Daleau, Me Paul,
M"e WuhVer, ont obtenu deux voix. — MM. Déchelette, Dubus, Bay-
mond, 0. C. de Beauregard, Hébert, J. Morin, Schaudel, Courty,
Giraux, Marraagne, Hauser, Stalin, P. Guébhard, B. Guébhard, Com-
mont, Deydier, Cte Beaupré, Mme* de Marton, Wilson, Ganis, Leprince,
de Luppé, ont obtenu une voix.
M. le Président déclare élus membres du Conseil d'administration
de la Société Préhistorique Française : MM. Thiot, Pages-Allary,
Bossavy, Martial Imbert, Baudox et Paul de Mortillet.
M. L. Coutil, Président sortant, devient membre de droit du Con-
seil d'administration pour trois ans.
Les autres membres du Bureau continuent leurs fonctions, confor-
mément aux Statuts.
La séance est levée à 6 heures 1/2.
II. — ELECTIONS DU BUREAU POUR 1912.
Immédiatement après, le nouveau Conseil d'Administration de la
Société préhistorique française s'est réuni dans le local habituel de ses
séances. — Il a procédé à l'élection du Bureau pour 1912. — Sont nom-
més, à l'unanimité :
Président : M. A. Viré (Lot).
Vice- Présidents : M. Martial Imbert (Paris).
M. Pagès-Allary (Cantal .
M. Thiot (Oise).
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7 '-ï2 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
III. - SÉANCE MENSUELLE.
Présidence de M. L. COUTIL.
3-=>%Q$H<=*:
I. — PROCÈS- VERBAL DE LA SÉANCE.
M. le Secrétaire donne lecture du Procès-verbal de la dernière
séance [Novembre 1911]. — Le Procès-verbal est adopté.
M. le Secrétaire Général donne connaissance des notes reçues à
propros du procès-verbal, et envoyées par MM. Fhanchet [Céramique
gallo-romaine']\ Marcel Baudouin; etc.
Correspondance.
Lettres cT Excuses : M. M. Cloutrier ; Van der Broœk; Dr Ferrier ;
M. et Mme Crova; Me de Luppé.
Lettres de Remerciements : M. Ingelbeen (R.) ; Mme Ve Marot ; Mme et
M. Péchadre.
Lettres diverses : M. le Cte Beaupré ; M. Gh. Cotte ; M. H. Breuil;
M. J. Déchelette.
Nécrologie.
Deux membres de la S. P. F. sont décédés le mois dernier :
M. Fougeat, ingénieur des Mines à Paris, qui s'était chargé
des négociations avec la ville d'Angoulême pour l'organisation du
VIIIe Congt es préhistorique de France, de 1912.
M. Henri Marot, ancien membre du Conseil d'Aministration et
ancien vice-Président de la Société préhistorique française, ancien vice-
Président des Congrès préhistoriques de France, Officier d'Académie,
qui est décédé le 27 novembre 1911, à Paris, à l'âge de 65 ans.
La S. P. F. était représentée aux obsèques de M. Marot par presque
tout son Conseil et de nombreux membres.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 733
M. L. Coutil, Président, y a prononcé le discours suivant.
Discours de M. L. Coutil,
Président de la Société préhistorique française.
Mesdames, Messieurs,
Par une cruelle ironie, l'an dernier, à pareille époque, la Société
préhistorique française célébrait sa reconnaissance d'Utilité publique;
et l'un des organisateurs de la Fête était l'ami que nous pleurons tous
aujourd'hui !
Ce fut, certes, un de nos plus dévoués et de nos plus sympathiques
collègues, un de ceux qui ont le plus contribué à la prospérité de la
Société, et un de ses fondateurs.
Ne manquant jamais les réunions, ni celles du Conseil, auxquelles
il apportait de sages avis, aidant discrètement ses collègues, il refu-
sait toujours les remerciements, protestant d'être trop heureux de faire
plaisir, et nous désarmant par son bon sourire, qui va nous manquer
maintenant.
Et c'est ainsi qu'en se prodiguant sans compter, il avança ses jours,
pour rendre service à tous, heureux de faire le bien.
Nous pouvons en parler, ayant été son collègue à la vice-présidence
de la Société et du Congrès préhistorique de Beauvais. Nous l'avons
vu aux excursions scientifiques, dirigées par A. de Mortillet; aux Con-
grès de l'Association française pour l'avancement des Sciences. Et tous
ceux qui l'approchèrent devinrent ses amis, séduits par son aménité.
Quoique très fatigué et souffrant, il brava la température accablante
de Tété dernier; il assista au Congrès de l'Association française à
Dijon et tint encore à nous accompagner à Nîmes, au Congrès pré-
historique; mais, là, ses forces le trahirent; il fut terrassé et dut rentrer
à Paris.
Un peu remis, notre ami, le docteur H. Martin, l'emmena dans sa
propriété du Peyrat; et, à force de soins presque filiaux, il retrouva
quelques forces; il eut la joie suprême d'assister à la découverte de
l'Homme moustérien de La Quina.
Ce fut son dernier rayon de joie; mais il ne put avoir la consolation
d'assister à la séance de la Sorbonne, pour applaudir son excellent
ami; il dut s'excuser, car ses forces déclinaient déjà ; et, peu après,
une agonie trop longue l'enleva à l'affection des siens et de ses amis
anxieux, qui voulaient encore espérer.
Tous ceux qui ont connu l'ami sincère et désintéressé que nous avons
tenu à accompagner jusqu'à cet instant suprême, où nous devons nous
séparer, conserveront le souvenir ému de ce collègue à l'amitié si sure,
au regard si bienveillant, et qui va laisser parmi nous un vide irrépa-
rable.
Nous sommes l'interprète de tous nos collègues de la Société pré-
historique française, en offrant à Mme Marot, à Mme Péchadre, sa fille
qu'il affeclionnait. au docteur Péchadre et à ses enfants, ainsi qu'à sa
famille, nos plus sincères condoléances.
Adieu, cher Monsieur Marot Soyez assuré que vous emportez l'es-
time générale de notre Société et de tous vos amis, qui ne yous oublie-
ront jamais.
734 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
M. le docteur Henri Martin a fait également l'éloge du défunt. Voici
le discours, prononcé par M. le Dr H. Martin, Président du prochain
Congrès préhistorique de France.
Mesdames, Messieurs,
Au milieu des regrets et des larmes, un récent, mais bien sincère,
ami s'approche de votre tombe, Henri Marot, pour vous adresser un
dernier adieu. Adieu déchirant pour vos chers enfants, auprès desquels
vous trouviez l'affection si douce qu'on devait à l'aïeul vénéré. Adieu
poignant pour tous nos collègues delà Société préhistorique et des Con-
grès préhistoriques de France ! Belle et noble figure, au regard si profond
et si droit, empreint d'une sorte de timidité ou plutôt de sage réserve,
vous saviez, dans vos actes, associer la réflexion et la décision. D'une
bonté inépuisable, vous vous complaisiez dans le bien ; et les satisfac-
tions, les joies que vous pouviez procurer à vos amis, faisaient votre
bonheur. Profondément versé dans la Préhistoire, vous possédiez à fond
cette belle science et étiez un modeste, mais saviez y trouver les élé-
ments d'une philosophie élevée, que votre esprit réclamait. Curieux des
récentes découvertes, vous n'hésitiez pas à suivre les cours de l'Ecole
d'Anthropologie; et alors vous deveniez l'élève studieux, qui grave dans
sa mémoire et n'oublie jamais le point essentiel de la leçon originale.
Votre activité scientifique ne se bornait bas à la fréquentation des Socié-
tés savantes et des Ecoles. Il y avait la pratique ; et les Congrès, les
Excursions, les Fouilles étaient, pour vous, le terrain préféré de la Pré-
histoire.
Deux mois à peine nous séparent de ce jour, où vos yeux s'illumi-
naient, dans le gisement deLaQuina, au moment de la découverte d'un
ancêtre fossile! — Moment d'émotion, que nous avons réciproquement
partagé, moment de joie que j'ai été heureux de vous donner. Hélas !
Nos beaux projets sont anéantis, puisque vous me laissez seul dans ces
tranchées archéologiques, où vous étiez si attentif et si anxieux.
Hier, vous étiez l'ami désiré de la maison, l'aimable collaborateur, le
conseil précieux; et aujourd'hui la mort a tout fauché. Mais que de
souvenirs resteront attachés à vous dans ce coin de la Charente, où
toutes les mains se tendaient vers vous.
Adieu, cher et bon camarade, Adieu!
Après lui, M. A. de Mortillet parla au nom de la Société d'Excur-
sions scientifiques ; et M. G. Courty, l'explorateur géologue, exprima,
enfin, au nom des amis du défunt, les regrets que causait sa disparition
brutale .
Ville Congrès préhistorique de France.
Session d'Angoulème : 18-24 Août 1912.
Le Comité d'Organisation du Congrès préhistorique de France, qui
doit se tenir à Angoulème en 1912, a résolu, dans sa réunion du 6
janvier dernier, de changer la Date précédemment choisie, considérée
comme trop tardive par de très nombreux collègues. En conséquence,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 735
le Congrès d'Angoulème aura lieu du 18 au 24 Août 1912, conformé-
ment aux Circulaires, qui vont être incessamment envoyées.
Nous pouvons annoncer dès aujourd'hui que la réduction de 50 °[0
sur les Chemins de fer est obtenue. Mais il faudra être muni, désor-
mais, d'une Lettre d'Invitation spéciale, qu'il faudra avoir soin de
demander, au moins un mois à l'avance !
Banquet de la S. P. F.
Nous rappelons que le Banquet annuel de la S. P. F. aura lieu le
Jeudi 25 Janvier 1912, à 7 heures et demie du soir, au Restaurant
Foyot, rue de Tournon, à Paris.
Nous engageons nos Collègues à y assister, et prions les dame?,
membres de la S. P. F. et des Congrès, de vouloir bien honorer cette
modeste fête de leur présence.
Les « Mémoires » de la Société Préhistorique Française.
Année 1911. — 3e Liste..
Voici les noms des nouveaux adhérents :
115. Hauser. 120. Boismoreau.
116. Haacke. 121. Musée historique (Moscou).
117. CleBegouen. 12?. Gaillard.
118. J. Lahrie. 123. Vial,
119. H. Giraux. 124. Hugues.
Le Volume I des Mémoires (1911) va être, sous quelques jours,
dislribué à tous les Souscripteurs.
A partir de Février 1912, ce volume sera disponible en Librairie. —
Il sera mis en vente au prix fort de Vingt Francs, comme le Bulletin
de la Société.
admissions de nouveaux Membres.
ISont déclarés admis comme Membres de la S. P. F. : MM.
Siffre, D. M., 97, boulevard Saint-Michel.
[H. Martin. — E. Hue].
Qliller, archéologue, Cbàteauroux (Indre).
[A.-L. Girardot. — J.-B. Barrbau].
Salle (Louis), directeur du Trait d'Union commercial, 69, rue de la
République, Rouen (Seine-Inférieure).
[Durus. — L. Coutil].
Le Bel, 250, rue Sain-Jacques, Paris, Ve.
[Guébhard. — L. Coutil].
Guyochin, D, M., 171, faubourg Poissonnière, Paris.
[Théoleyre. — Le Pileur].
736 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la S. P. F. a reçu les ouvrages suivants :
AvENEAU de la Granciere . — Explorations archéologiques en
Moréac (Morbihan). — Le Tumulus de Kerlaun. — Tombelles de Beau-
lieu. — Ferriers de Beaulieii. — Néolithique de Beaulieu. — [Extr. Bull.
Soc. Poly., Morb., nov. 1911]. — Vannes, 1911, in-8°, 12 p., 4 fig.
Aveneatj de la Granciere. — Découverte d'une nouvelle Villa gal-
lo-romaine près du Château de Kerhan-en-Areadon [Morbihan). — Les
Subslructions de Pen-er-Men. — [Extr. Bal. Soc. Polym. du Morbi-
han, 1911]. —Vannes, 19U,in-8°, 6 p., 1 plan.
Aveneau DE la Granciere. — Sur les découvertes et interprétations
récentes de Pétrog/yphes ou Signes gravés de l'époque néolithique. —
[Extr. Bull. Soc. Polym. de Morbihan, 1910]. — Vannes, 1910, in-8°,
14 p., 4 fig.
Aveneau de la Granciere. — Inventaire des Silex du Grand-Prcssi-
gny recueillis dans le Morbihan. — [Extr. VIe Congr. Préh. de France,
Tours, 1910, p. 333-340]. — Le Mans, 1911, in-8°, 8 p., 1 pi.
hors texte.
Aveneau de la Granciere. — Inventaire sommaire des haches-mar-
teaux et des haches doubles en pierre polie, trouvées en Bretagne-Armo-
rique, et plus particulièrement en Morbihan. — Note sur une hache mar-
teau en pierre polie, trouvée à Saint-Barthélémy [Morbihan). — [Extr.
Bull. Soc. Polym. Morb., nov., 1910]. — Vannes, 1910, in-8°, 19 p.,
15 fig., 1 pi. hors texte.
Bénard. — - Découverte et fouilles d'un Dolmen à Champignolks
[Oise). — [Extr, des Mém. delà Soc. Acad. de V Oise, XIX, lrc partie].
— Beauvais, 1905, in-8°, 16 p., 4 pi. hors texte.
Antonio dos Santos Rocha. — Materiaes para o estudo da stade
Cobre em Portugal. — Fogueira.de Foz, 1911, in-8°, 79 p., XI pi.
hors texte. [Très important mémoire sur l'Age du Cuivre en Portugal].
Travaux de la Section Numismatique et Archéologique du Musée Natio-
nal du Transylvanie. — Année 1910, t. T, n° 1. Année 1911, t. II, n° 1
et 2. — Ivolozsvar, in-4°, nombreuses figures.
Westropp (T. J.). — The ancient forts of Ireland : being a contribu-
tion towards our Knowledge of their types, affinities, and structural fea-
lures. — [Extr. The Trans. of the Boy. Irish Acad., XXXI, par. XIV,
1912, Mars]. Dublin, in 4°, 1902, nomb. fig.
Westropp (T. J.). — Types of the Bing- forts remaining in Eastcrn
Clare [Killaloe; ils i oyal forts, and their history. — [Extr. Proceed. of
the Boy. Irish. Acad., XXIX, Sect. C, n°7, Août, p. 186-212]. — Du-
blin, 1911, in-4°, fig.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 737
YVestropp T. J.). — Clare Island Survey. Part ?. History and
Archœology [Extr. Proc. of. the Roy. Irish Acad., XXXI, 1911, déc,
78 p., 10 pi. hors texte] — Dublin, in 4°, 1911.
Cartereau (E.). — Le Mégalithe de Vouvray-sur-Huisne [Sarthe). Un
cas d'antériorité du Polissoir sur le Dolmen. — [Extr. VIe Congr.préh.
de France, Tours, 1910, p. 619-631]. — Tiré à part, Le Mans, 1911,
in-8°, 15 p., 5 fig.
Harmois (A. L.). — Inventaire des Cachettes de l'Age du Bronze dans
le département de la Manche. — Homme Préhist., n°6et 7, 1911, p. 176.
Harmois (A. L.). — La Poterie (Canton de Lamballe) : étude archéo-
logique.— [Extr. Mémoires Soc. Emul. des Côtes-du-Nord, 1911]. —
Saint-Brieuc, 1911, in-8°, 12 p.
Jahresbericht der historichen Muséum in Bern pro 1909. — Bern,
1910, in-8°, 64 p., figures.
Procès intenté à la Société.
M. Pény-Hirmenech est débouté de sa demande en paiement de dom-
mages-intérêts par un Jugement du Tribunal civil de la Seine, en date
du 18 décembre 1911.
Présentations et Communications.
Présentations.
J. Wiedmer-Stern (Suisse) et Guébhard (Paris |. — Photographie
de petites poteries palafittiques, d'usage infantile, du Musée de Berne.
H. Martin (Paris) et Dr Siffre (Paris). — V Homme fossile de La
Quina. [Présentation d'une Maquette en plâtre et de Moulages divers].
P. de Mortillet (Paris). — Hache polie gravée. — Discussion :
M. Marignan; A. Guébhard.
Comte de Mulinen Suisse). — Ex voto en terre cuite, trouvé en
Palestine (Photographie).
Communications.
\ carnet (Savoie). — Pierre à rainures de Suisse.
E. Menant (Autun). — Tortue en porphyre d'Autun. — Discussion :
MM. Baudon; E. Taté; A. de Mortillet; Pagès-Allary.
H Corot (Côte-d'Or). — Le Néolithique à Alise- Sainte-Reine.
0. \ al ville (Aisne). — Doubles rangées de Grès, dressées et alignées,
du Département de l'Aisne.
De Saint-Périer. — Découverte d'une Roche à pétroglyphes à Mouli-
ncu.r (Seine-ct-Oisel. — Discussion : G. Courty; M. Baudouin.
SOCIKTK rRÉllISTOUIQCE FRANÇAISE. 47
738 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Marcel Baudouin (Vendée). — Découverte de quatre Polissoirs en
Vendée en 1911 [Cheffois ; Avrillé [Deux); N.-D.-de-Riez).
M. Stalin (Beauvais). — Meule à grains de la fin du néolithique ou
des débuts de l'âge du bronze, provenant des environs de Cires-les-Melle
(Oise). — Molette de même époque recueillie à Bourcq [Oise). — Dis-
cussion : MM. A. dk Mortillet; M. Baudouin.
Charvilhat (G.) (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme). — Fouille à la
station magdalénienne du Pont de Longue, près la gare de Vic-le-Comte
(Puy-de-Dôme), en mai 1910.
Charvilhat (Clermont-Ferrand, P.-de-D.). —Découverte d'un Men-
hir, près le village de Piogat, canton de Menai (Puy-de-Dôme) .
Le Coniat (Trégomar, C.-du-N.). — L'Allée couverte des Jeanne-
tières-de-Plédeliac (Côtes-du-Nord) .
Boutanquoi (Nampcel, Oise). — Station préhistorique de Nampcel
(Oise) .
11. — NOTES ORIGINALES, DISCUSSIONS,
ET PRISES DE DATE.
Discussion sur les Pressoirs.
M. E. Vuarnet a fait savoir à M. A. Guébhard qu'il avait remar-
qué, à Nyon (Vaud, Suisse), une pierre tabulaire, à rainures de plus
de 1 mètre de longueur, rappelant les tables de pressoir, dont il a été
question dans le Bulletin (t. VII, 1910, p. 62-80, 86-88, 144-149, 209-
211, 376-378, etc.), notamment la big. 14 de la p. 69.
Sur une petite Tortue en porphyre»
trouvée à Vulmi.
M. E. MENAND (Autun, S. et-L.).
Pour faire suite aux notes parues, dans les derniers Bulletins de la
Société Préhistorique Française sur la Tortue, j'ai à vous signaler une
petite pierre en cabochon, dont la partie convexe reproduit par des
traits en creux les imbrications d'une carapace de tortue.
Cette pierre, un porphyre vert d'Egypte est très soignée comme
travail ; la partie plane a un contour de forme ovoïde et mesure
0m014 dans son plus grand diamètre et 0m012 dans son diamètre
le plus faible. Telle qu'elle est actuellement, elle est incomplète en
ce sens qu'elle devait être sertie dans un métal.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 739
Le porphyre vert, qui fut importé abondamment d'Egypte en
Gaule à l'époque de la domination romaine, et dans lequel a été
taillée cette petite carapace de tortue, l'emplaeement très rapproché
du théâtre gallo-romain d'Autun dans lequel elle a été trouvée : tout
semble indiquer que cette pierre a fait partie d'une bague ou d'un
autre bijou gallo-romain, et que la Tortue était employée par les
Gallo-Romains comme ornementation et peut-être comme amulette.
Statuette en terre cuite trouvée en Palestine.
PAR
M. le Dr E. Comte de MULINEN (Berne).
A l'appui de la petite note donnée à la p. 247 du Bulletin d'Avril,
nous sommes heureux de publier la photographie d'un ex-voto, pro-
venant d'une grotte des environs de Saint-Jean-d'Acre, représentant
un cavalier, dans lequel la plupart des archéologues qui l'ont étudié
croient bien reconnaître une figuration de Gaulois.
Fig. 1. —Statuette en terre cuite de la grotte de ElBi'ne, près Akka (PalesUne).
Nous devons ce cliché à l'obligeance du Musée Historique de
Berne, qui possède la pièce originale et qui a bien voulu répondre,
aussitôt que cela lui a été possible, au désir exprimé tout de suite à
ce sujet à M. de Mûlinen par M. A. Guébhard.
740 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Objets en terre cuite des Palafittoa Suisses
(Age du Bronze).
M. A. Guébhard présente, de la part de M. Wiedmer-Stern, une
vingtaine de remarquables photographies, grandeur naturelle, de
petits objets de terre cuite des Palafittes suisses, de l'âge du Bronze,
dont quelques-uns, munis de trous latéralement et supérieurement,
peuvent bien avoir été. plutôt que des biberons, de petites lampes à
graisse, mais dont la plupart ne semblent guère avoir pu être que
des hochets, ou jouets d'enfants, quoique, en d'autres circonstances,
où ils furent rencontrés en quantité considérable (1) ou même en
amas industriels (2), quelques-uns, surtout les zoomorphes( 3), aient
été interprétés comme objets votifs, et d'autres, réduction miniature
d'ustensiles courants, parfois taillés en pierre (Morgan, Perse, VII,
18, fig. 2-14), comme pots à fard, godets de couleur, etc.
Leur abondance dans les stations lacustres justifierait bien une
étude monographique.
M. le Dr Baudon, qui a eu l'occasion de voir récemment beaucoup
de ces objets dans les Musées suisses, appuie l'interprétation d'un
bon nombre d'entre eux comme lampes.
Présentation de Moulages et de Photographie*.
Reconstitution du Crâne de l'Homme fossile
de I.î» Quina.
M. le Dr Henri Martin entretient les membres de la Société des
travaux de reconstitution qu'il exécute sur le Crâne moustérien de La
Quina et présente deux maquettes. L'une reproduit le crâne dans
son état primitif avec le chevauchement des os ; et l'autre un état
de dégagement assez avancé. Ces témoins faciliteront la reconstitu-
tion, car les fractures des pièces crâniennes ont été reproduites par
MM. Bousquet, avec une exactitude parfaite. La méthode du raou-
. (i) S. DE Rossi, Intorno ad un copioso deposito di sloviglie od allri oçgelti
arcaici rinvenuto nel Viminale, Bull. d. Gommiss. archeol. commun, di Roma,
VI, 1878, p. 6o-92, pi. VI-VIII (v. p. 79).
(2) Giovanni Patroni, Caverna nalurale con avanzi preislorici in prov. di
Salerno, Monum. antichi, IX, 1900, col. 541-616, 72 fig. — L'auteur remarque
(col. 570) l'extraordinaire abondance de vases minuscules, quelques-uns faits d'un
simple coup de doigt dans la pâte, trouvés par centaines, encore alignés ou
empilés dans cette grotte préhistorique.
(3) Baron Albert Nyari, A Peliny-Varhegyi Oeslelep, Archcologiai Ertesilo,
XXIX, 1909, p. 431, fig. 24.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 741
lage a été abandonnées pour ce premier travail ; les pièces étant très
fragiles, on pouvait craindre des dégâts irréparables.
Cependant la consolidation des os n'est pas négligée ; e.le est faite,
non pas avec des matières putrescibles comme la gélatine, mais avec
des applications au pinceau de térébenthine contenant en dissolution
de la cire d'abeilles et de la paraffine. Ce procédé donne d'excellents
résultats.
Les croquis des différentes phases du dégagement et les nombreu-
ses photographies, représentant les changements successifs du bloc
contenant les pièces crâniennes, sont présentés, ainsi que la méthode
employée pour le repérage et la numération de tous les fragments.
Actuellement la seconde arcade sourcilière a été en partie retrou-
vée; la tète se reconstruit; et les principaux os du crâne sont juxta-
posés.
Les difficultés d'assemblage ont été amoindries, en employant, non
pas un collage précipité et définitif, mais un dispositif de bandelettes
de toile, maintenues avec de la gomme arabique et rapprochant les
fragments entre eux. Ces bandelettes, au niveau des sutures et des sil-
lons de fracture, sont dégommées pour permettre un mouvement
de charnière ; ce procédé permet de conserver un certain jeu entre
des pièces avant leur réunion solide et définitive ; il facilite aussi
l'adaptation des os wormiens et des fragments intercalaires, d'une
mise en place souvent très difficile.
Ce long travail est en bonne voie ; et bientôt l'étude du crâne sera
soumise à la Société préhistorique.
îVote sur une Usure spéciale des Molaires du
Squelette de La Quina.
Par M. le D'
SIFFRE (Paris),
Directeur de l'Ecole Odontotechnique.
Je remercie M. le Dr Martin de l'honneur qu'il m'a fait, en me per-
mettant d'étudier la denture du sujet si intéressant qu'il a découvert
à La Quina; et. avec son autorisation, je me permettrai de signaler
une usure particulière, portée par la lrc et la 2e molaire inférieures
gauches.
On remarque, sur la face de la 2e molaire située parallèlement
au bord de l'émail au collet, et intéressant cet émail même,
une gouttière, qui mesure environ 0tu04 à 0m05 millimètres de
longueur, sur un millimètre de profondeur. Gouttière absolument
lisse, sans trace de calcification, et qu'il n'est pas possible d'attribuer
soit à la carie, soit à une action quelconque post-mortem.
742 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Sur la lre molaire, à l'angle cervical jugo-distal, c'est-à-dire au
collet, existe une gouttière, creusant cet angle sur son côté externe
ou jugal d'environ 0m02 et sur son côté postérieur ou distal, d'envi-
ron 0m04, en longueur. La profondeur de la gouttière semble attein-
dre 0m02 à sa partie moyenne, pour diminuer et cesser vers l'angle
disto-lingual.
La largeur de cette gouttière est d'environ 0n)02 et demi, tandis
que la gouttière de la 2e molaire ne dépasse pas 0m01. La présence
de cette usure n'a d'autre explication que par l'usage d'un instru-
ment, introduit souvent etjongtemps entre les deux molaires, en un
mot par l'usage d'un « cure-dent ? »
Cette usure n'est pas générale ; elle n'existe pas sur toutes les dents ;
on peut donc croire que, là seulement, le sujet avait éprouvé le besoin
de se débarrasser de ce qui avait pu s'accumuler entre ces deux
dents lre et 2e molaires (1).
La question se pose de savoir, si, par habitude, le sujet de La Quina
introduisait un objet pointu entre ses dents, et, par cela même,
n'avait pas blessé et infecté sa muqueuse et ouvert l'articulation
alvéolo-dentaire dans la région interdentaire, ou bien, si, porteur
d'une gingivite d'origine tartrique localisée sur le groupe molaire, il
n'avait pas senti le besoin de retirer les aliments introduits pour la
mastication dans 1 infundubilum alvéolo-inter-dentaire, qui le
faisaient souffrir ou le gênaient simplement.
Je crois que c'est plutôt cette dernière raison, qui détermina l'usage
du cure-dent. En effet, chez tous les sujets et chez le sujet même de
La Quina, on constate la présence de tartre, et un déchaussement
marqué de ce fait. Sur ce dernier sujet, on peut aussi constater une
lésion de l'os alvéolaire-interdentaire; et je ne crois pas m'avancer
beaucoup, en disant qu'il avait de l'arthrite chronique à ses deux
molaires au moins.
Du reste, l'usure que j'ai l'honneur de signaler, se rencontre iden-
tique sur un crâne de nègre de Dakar (2), que possède le Dr Martin, et
la dent ainsi usée laisse constater une phase très avancée de gingi-
vite expulsive ou mieux d'arthrite infectieuse — et suppurant — avec
cavité d'ostéite péri-radiculaire, le même crâne porte des traces
manifestes d'alvéoles ayant perdu leur dent par le processus patho -
logique connu couramment sous le nom de pyorrhée ou de poly-
arthrite infectieuse chronique.
En résumé, le sujet de La Quina a creusé, par un long usage, une
(1) Je fais mes réserves pour les mêmes molaires supérieures, qui semblent por-
ter la même usure. Mais il faut attendre qu'on puisse les avoir en mains, pour
affirmer.
(2) J'ai constaté cette usure sur d'autres dents préhistoriques.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 743
région de ses dents absolument à l'abri des facteurs d'usures connus
et naturels.
Cette usure n'a pu être produite qu'avec un objet pointu et assez
aigu pour ne creuser qu'un millimètre à sa pointe, et assez dur pour
entamer un tissu dentaire comme l'émail.
L'on peut dire que primitivement il y a eu lésion et que les ali-
ments introduits, gênant et provoquant de la douleur, ont obligé le
sujet à chercher le moyen de s'en débarrasser!
M. Marcel Baudouin. — Je ne puis pas ne pas souligner l'intérêt de
l'observation, si remarquable, de M. le Dr Siffre, relative à l'Homme
fossile de La Quina, pour deux raisons : la première, c'est que j'ai
bien examiné les lésions dentaires du Nègre de Dakar, qu'il a présen-
tées à la Société d'Anthropologie, et que je suis absolument de son avis ;
la seconde, c'est que j'ai déjà, moi-même, en 1908, signalé, à la même
Société (1), l'existence de lésions dentaires analogues sur des crânes,
probablement préhistoriques, provenant de la Grotte de Martiel
(Aveyron).
A cette époque, comme j'insistais sur cette affection, qu'autrefois
on appelait la Gingivite expulsive (Magitot) et qu'on dénomme au-
jourd'hui Polg-arthrite infectieuse chronique, M. le Pr P. Rajmond
m'accusa défaire un diagnostic erroné. Je remercie très vivement
M. le Dr Siffre de m'avoir permis de répondre, à la Société d'Anthro-
pologie même, que c'est bien moi qui avais raison... Je le répète, au-
jourd'hui, ici, afin que personne n'en ignore plus.
Je voudrais terminer par une remarque déjà faite. Plus je vais, plus
je constate que YHomme Moustérien était un homme déjà très intelli-
gent : la preuve, c'est qu'il avait inventé le cure-dent ! Par conséquent,
son cerveau était déjà très évolué. — Cela prouve enfin, une fois de
plus que c'est bien à Y époque Tertiaire qu'il faut rechercher les
premiers Hommes, et non au Chelléen!
Discussion sur l'émail des Poteries romaines.
M. L. Franchet (Asnières, Seine). — M. Aymar, dans un article
qui a paru dans le dernier Bulletin, émet l'hypothèse que les Gallo-
romains ont pu utiliser les sels alcalins, contenus dans les eaux de
certaines sources de l'Auvergne : sels qu'ils auraient extraits au
moyen de bassins d'évaporation. Il n'est certes pas impossible, qu'un
tel procédé ait été utilisé, et il sera intéressant de rechercher dans le
voisinage des sources salines, ce qui peut subsister de ces installa-
tions industrielles, si toutefois elles ont existé. En attendant que
(1) Marcel Baudouin. — La Grotte de Jammes, à Martiel (Aveyron). — [Rapport
de Mission]. — Bull, et Mém. Soc. d'Anlhr. de Paris, 1908, p. 746-748.
744 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
nous soyons fixés sur cette intéressante question, il n'est pas inutile
de résumer ce que nous savons, relativement aux provenances de la
Soude chez les anciens.
Tout d'abord, et avant toute chose, je voudrais éclaircir un point
très important, relatif à l'enduit vitrifié qui recouvre la poterie romaine
et que les auteurs désignent indistinctement sous les noms deglaçare
et de vernis, alors que c'est un véritable émail. Celte confusion, entre
plusieurs termes désignant des produits absolument distincts les
uns des autres, existe malheureusement dans tous les ouvrages de
Céramique, parce que leurs auteurs se sont tous inspirés du Traité
des Arts céramiques de Brongniart, livre vieux de près d'un siècle.
Pour être bref, je dirai seulement que le vernis, ainsi que la glaçure,
sont des enduits vitrifiés transparents, tandis que l'émail est un en-
duit vitrifié opaque (1).
Or l'enduit rouge des poteries romaines, est un véritable émail,
coloré par du peroxyde de fer, qui est un opacifiant aussi énergique
que l'oxyde de chrome (dans la série des opacifiants colorés). J'ai
montré naguère (2) que l'émail noir des Grecs était composé de car-
bonate de soude (le fondant) et d'oxyde ferroso-ferrique (le colorant).
— La coloration noire de cet émail est due à ce dernier oxyde. Ce-
pendant, si, lorsque l'émail est vitrifié, on le laisse exposé à la chaleur
du four, mais sans augmenter la température, l'oxyde ferroso-ferri-
que noir (Fe80; contenant 27 °/0 d'oxygène) se suroxyde et passe à
l'état de peroxyde de fer rouge (Fe203 contenant 29 % d'oxygène).
Ce passage du noir au rouge s'observe assez fréquemment dans
l'émail grec; et cet émail rouge est alors rigoureusement identique à
l'émail romain des poteries dites samiennes. J'ai signalé, en même
temps, que l'usage de l'émail noir grec s'était continué chez les
Romains concurremment à celui de l'émail rouge, devenu alors d'une
fabrication courante (3).
L'émail rouge est composé d'un sel alcalin et de peroxyde de fer;
peut être aussi d'un peu de chaux, dont la présence est très difficile
à mettre en évidence, en raison de la faible épaisseur de l'enduit
vitrifié. En tous les cas le brillant de l'émail n'a certainement pas été
obtenu au moyen de vapeurs salines, comme on l'a dit à tort.
Donc, pour en revenir à la question du carbonate de soude, ce sel
avait chez les Romains un grand emploi, non pas tant dans les fabri-
ques de céramique, que dans celles de verrerie. D'où provenait ce
(1) J'ai indiqué la nomenclature céramique réelle dans ma Céramique primitive.
Introduction à la technologie. 1911, Paris, Geuthner, édit. (pages 78 à 82).
(2) Sur la préparation de l'émail noir des poteries grecques par l'oxyde feroso-
ferrique naturel. — Comptes tendus de lAcad. des Se, t. 152, p. 1097.
(3) J'ai de nouveau traité cette question au Congrès de l'Association française
pour F Avancement des Sciences, tenu à Dijon au mois d'aoïit 1911.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE "45
Carbonate de soude? Et tout d'abord, était-ce bien toujours ce sel qui
était employé sous le nom de Xatron? En effet, nous traduisons ainsi
le Xilriun des latins, produit qui désignait indistinctement les carbo-
nates et sulfates de soude et de potasse (mais non pas le salpêtre,
notre nitre. comme l'ont avancé certains auteurs). Cette erreur a été
combattue par Berthelot, avec l'autorité que lui donnait sa profonde
connaissance des origines de la chimie.
Les anciens désignaient, sous le nom Nitrum factice, le sel extrait
des cendres du chêne : c'était donc du carbonate de potasse (les
cendres de chêne, de châtaignier, de charme, de hêtre, de noisetier,
etc., en renferment 80 à 90 p. 100 . Par conséquent- vu l'abondance
des forêts, en Gaule, les Romains pouvaient se procurer très faci-
lement un sel alcalin, servant de fondant à l'émail, car on sait que
les carbonates de soude et de potasse possèdent, sous ce rapport,
des propriétés absolument identiques; si aujourd'hui on préfère
employer du carbonate de soude, cela tient à ce que le carbonate
de potasse est d'un prix plus élevé ; il a aussi l'inconvénient d'être
déliquescent.
Voyons maintenant la provenance de la Soude. Il faut se rappeler
que l'Egypte avait été convertie en province romaine dès l'an 30 avant
J-C, de sorte que, pendant que les Romains occupaient la Gaule, ils
avaient toutes facilités pour tirer, de leur colonie égyptienne, les sels
de soude, dont ils avaient besoin et qu'ils trouvaient en abondance
dans certains lacs. A défaut de l'Egypte, ils avaient la faculté d'em-
ployer les cendres puisqu'ils connaissaient ce procédé des plantes
appartenant aux genres Atriplex, Sassola, Salicornia, Chenopodium,
qui croissaient dans le Sud de la Gaule, en Italie, ainsi que dans le
Nord de l'Afrique et en Espagne, également soumis à leur domina-
tion. Je suis fondé à croire, cependant, que parmi ces diverses
sources, où les Romains pouvaient puiser pour se procurer la
soude, ils préféraient les sels alcalins provenant de l'Egypte ou de la
Syrie. En effet, on sait combien, dans les Arts du Feu, les traditions
se sont perpétuées longtemps, puisque, même aujourd'hui, nous
retrouvons communément, en céramique et en verrerie, des procédés
empiriques, qui remontent à une antiquité extrêmement reculée, bien
antérieure à l'époque romaine. D'autre part, on connaît la prospérité
des verreries de l'Italie, à l'époque de la Renaissance. Néri 1612 ,
qui nous a transmis les procédés de fabrication qui était alors en
usage, s'exprime ainsi à propos de la soude : « La poudre vulgaire-
ment appellée Rochetta, que l'on apporte de Syrie ou du Levant, est
la cendre d'une plante, qui y croît en abondance. Cette cendre donne
un sel incomparablement plus blanc que la soude d'Espagne. »
Donc, à cette époque la soude provenant de l'Orient était réputée
746 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
la meilleure. N'est-on pas fondé à croire que c'est par simple tradi-
tion, et parce que l'usage s'en était implanté depuis une longue suite
de siècles?
Quoiqu'il en soit, les recherches entreprises par M. Aymar sont
intéressantes, parce qu'elles sont susceptibles de fixer, peut-être un
jour, un point de l'Histoire des Arts industriels, importés en Gaule
par les Romains.
I <* Néolithique au Plateau «l'Alise.
PAR
M. Henry COROT (Savoisy, Côte-d'Or).
Les fouilles d'Alésia, à la Croix Saint-Charles, c'est-à-dire celles
opérées sous la direction de MM. le Dr Epery et le Commandant
Espérandieu ont été, cette campagne, particulièrement intéres-
santes et fructueuses.
L' Académie des Inscriptions en a entendu les échos par les com-
munications de M. Héron de Villefosse et de M. le Commandant
Espérandieu lui-même, qui ont fait ressortir la valeur historique de
la découverte de la voie gauloise d'Alésia, ainsi que des vestiges des
Fortifications, élevées en l'an 52, par Vercingétorix, pour aider à la
défense de la place.
Les fouilles faites en tranchées en tous sens, sur cette première
assise de l'Oppidum,' immédiatement au-dessus des abrupts, ont
procuré des restes de Y occupation néolithique du plateau, restes
d'autant plus intéressants qu'ils paraissent appartenir à un fond de
cabane de l'époque, puisqu'ils ont tous été recueillis dans un foyer,
à part cependant la poterie, qui se trouvait à quelque distance du
foyer, et en plein dans un magma d'argile, provenant vraisemblable-
ment du niveau des sources, dont l'emplacement en question se
trouve en contre-bas, d'environ lm50.
Les objets sont des racloirs, de diverses taille et dimensions, et
une très intéressante pointe de flèche, triangulaire, appartenant au
type dit à tranchant transversal.
Mais, ce qui fait l'intérêt de cette flèche, c'est qu'obtenue comme
on le sait, d'une lame de couteau brisée en triangle, elle a été fine-
ment retouchée sur les parois de la section du plan du couteau.
La poterie est bien franchement de la fin du Néolithique; c'est un
vase, apode, de grandes dimensions, dont le diamètre de la panse
pouvait atteindre si j'en juge par les débris qu'il m'a été permis de
réunir, environ 0m35 à 0m40, sur une hauteur d'environ O^O ou
0m45, le vase est à six anses tubulaires, posées deux à deux et l'une
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 747
sous l'autre, dans le genre de ceux qui ont été trouvés à Furfooz, et
à ce qu'a signalé, ici même, notre très érudit confrère M. leDrGuéb-
hard.
J'ajouterai qu'un ciseau, en os, dont la partie supérieure ou talon,
est formée par la moitié de la tête d'un radius d'animal, et dont le
tranchant a été poli par frottement, sur un grès très fin. C'estune des
pièces les plus intéressantes que nous ait procuré la région en fait
d'os utilisés.
Pour intéresser les Protohistoriens, j'ajouterai encore que l'Oppi-
dum d'Alésia a fourni, comme tout oppidum qui se respecte, son dé-
bris de Poterie grecque du ive siècle A. C, ainsi que des vestiges
des Ages du Bronze.
I.ïi Station préhistorique de IVampccl (Oise).
PAR
O. BOUTANQUOI Nampcel, Oise).
\ Prise de date].
J'ai l'honneur de signaler, à la Société, la Station préhistorique
de Nampcel (Oise), que j'explore depuis quelques années. Il
s'agit d'une Station néolithique, de surface, à ranger parmi les
plus intéressantes du département de lOise. Les objets récoltés
s'élèvent à plusieurs milliers.
Située à l'une des extrémités du plateau du Soissonnais, entre
les vallées de l'Aisne et de l'Oise, la station a été habitée pendant
toute la période néolithique. L'industrie est sans mélange. A part
quelques galets utilisés, le mobilier a été fabriqué surtout avec le
silex zone, lacustre, et le silex de la craie, silex absolument d'im-
portation. Le grès, roche locale, a servi également. Le silex du
Grand-Pressigny est représenté par trois spécimens. Les roches
étrangères sont à l'état d'exception (éclogite et micaschiste).
L'outillage comprend tous les modèles classiques ; mais, ce qui
caractérise la station, c'est le grand nombre d'armes que l'on y
rencontre. lia été recueilli une vingtaine de haches polies entiè-
res ou à peu près entières; et plus de mille fragments gros et
petits. Il n'en existe pas une seule, dite « préparée » pour le polis-
sage ! Les haches en silex, d'abord taillées à petits éclats, sont
entièrement polies. Les haches eu grès ont été préparées par un
piquage, qui reste visible au talon.
Les pointes de flèche, ordinairement rares, sont ici fréquentes;
environ deux cents figurent dans ma collection. Presque tous les
types connus s'y trouvent. Le dard à pédoncule et à barbelures
718
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
est le plus commun. Un certain nombre d'entre elles sont de
véritables chefs-d'œuvre par le soigné du travail d'exécution. La
tribu, qui habitait la station, se livrait donc surtout à la chasse. Le
pays est, du reste, encore aujourd'hui un centre giboyeux.
Discussion sur les
Huches polies avec gravures.
M. Paul de Mortillet. — J'ai l'honneur de présenter à la So-
ciété, au nom de notre collègue M. J. Théoleyre, une hache polie,
faisant partie de sa collection. Cette hache (Fig. 1) est curieuse, à
cause des traits gravés à la partie extrême du talon : traits qui forment
sur les deux faces le même dessin. La hache mesure Omll de long,
0m055 de large au tranchant, et 0m02 au talon ; elle est, je crois, en
grauwacke des Vosges, et a été trouvée à Steinsnlz, canton de
Fie/ 1 . — Hache polie avec gravure au talon. Vue des deux faces. — Echeie : 2/3 Grandeur.
Hirsingue (Haut-Rhin). Cette localité a fourni d'autres haches polies;
les docteurs Faudel et Bleicher en indiquent quatre dans leur
travail : « Matériaux pour l'étude préhistorique de l'Alsace ».
Pour les figures gravées sur les haches polies, qui nous ont été
communiquées par M. Paul de Givenchy en 1910, et M. Louis Gi-
raux à la dernière séance, nous sommes tous d'accord, je crois, pour
les regarder comme postérieures à l'époque néolithique. Il doit en
être de même pour le dessin tracé sur la hache que je vous pré-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 749
sente. Quant au dessin lui-même, on peut le considérer comme un
signe cabalistique, destiné à renforcer le pouvoir de la hache polie,
déjà regardée comme amulette. Ce n'est là qu'une simple hypothèse,
car nous ignorons dans quel milieu a été recueillie la hache de
M. Théoleyrc. Cependant l'enduit noir, qui se voit surtout au talon
et sur l'un des côtés, me parait prouver le long séjour de cette hache
dans une cheminée, et par conséquent son utilisation comme amu-
lette. Nous savons, en effet, que dans la plupart des provinces fran-
çaises, les haches polies sont populairement appelées Pierre de fou-
dre ou Pierre de tonnerre ; elles passent pour préserver les maisons
contre la foudre. Cette superstition est aussi répandue dans le Haut-
Rhin, car il est dit, dans le Dictionnaire archéologique de la Gaule,
première partie, parue en 1878, que les haches polies sont considé-
rées Comme des Pierres d'éclair par les paysans du canton d'Hir-
singue.
M. le Dr Marignax (Marsillargues, Hérault) envoie, pour faire
suite à l'histoire des haches polies avec gravures, la photographie
d'une pièce de sa collection. Sur cette photographie les traits de sa
gravure ressortent bien.
Cette hache est en gneiss ; elle a 0m095 de longueur, 0m060 de lar-
geur, 0m036 d'épaisseur; elle pèse 360 grammes.
Il a ramassé cette hache, il y a une dizaine d'années, dans les dé-
combres provenant de la démolition d'un mur de l'ancien Couvent de
Saint- Julien de Corneillac, à 1 kil. 12 de Marsillargues. Ce couvent très
vieux, puisque s'y était réfugié un fils de Charlemagne, qui avait fait
des frasques, fut détruit en 1568 par les Protestants ! Ce n'est plus
aujourd'hui qu'une ferme.
La hache présente sur une face, une Croix de Saint-André très fine-
ment, mais très nettement tracée, comme n'a pu le faire qu'un outil
en métal. Celui qui a mis ce talisman dans ce mur, a donc eu soin,
au préalable, de le christianiser .
Autour de ce couvent il y avait encore au xive siècle un petit village
de dix-huit feux. J'ai trouvé dans les tombes en dalles du cimetière
de ce lieu, des vases du type que nous appelons ici Pegau bas-latin,
Peguarium, roman Peguad .
Dans quelques tombes, il y avait aussi une Coquille de Saint-Jac-
ques perforée.
M. A. Guébhard, à propos de la hache incisée dont M. L. Giraux
a publié de belles photographies (B. S. P. F., VIII, p. 088), rappelle
l'exemple de gravures sur pierres dures assez analogues, quoique
formées d'entailles rectilignes bien plus nombreuses, observées dans
la Palafitte de la Lagozza, en Italie, et dont M. Muxro donne une
750 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
image réduite dans son ouvrage sur Les Stations lacustres d'Europe
(Trad. P. Rodet, p. 211, pi. 30, Fig, 11-12).
III. — COMMISSION DES ENCEINTES.
Commission d'étude
des Enceintes Préhistoriques
et Fortifications anhistoriques.
M. Armand Viré, président de la Commission, dépose Ie52e-Rap-
port et constate avec satisfaction que, si quelques régions semblent
avoir presque dit leur dernier mot, d'autres au contraire continuent
à donner des matériaux abondants et nouveaux, tandis que plusieurs
paraissent attendre encore leur explorateur.
L'infatigable M. Eusèbe Bombal nous donne l'exemple d'une té-
nacité scientifique bien digne d'être imitée ailleurs, en poursuivant ses
belles fouilles au Piiy-du-Toiir, commune de Monceaux (Corrèze).
Munis d'une subvention de 200francs accordée par le Touring-Club
de France au Syndicat des Gorges de la Dordogne, M. Bombal, et son
actif collaborateur, M. Amédée Muzac ont mis le sol à nu, sur une
longueur de 25 mètres et une largeur de 6, du côté de l'Est, qui re-
garde Argentat. Ils ont enlevé une première couche stérile d'une
épaisseur moyenne de lm50. Ils ont trouvé alors un sol ancien, on-
dulé dans les deux tiers d'amont, plat sur le reste (Fig. 1).
Fig. 1. — Plan des Fouilles de 1911, sur Puy-du-Tour.
Sur la ligne ondulée C D du plan ci-joint, le roc a été entaillé en
talus continu. Une série de trous cylindriques de 0m70 à 0m35 de
diamètre, et de 0n,65 à 0m20 de profondeur ont servi sans nul doute
à asseoir le pied des poteaux constituant l'armature des cabanes .
D'après la disposition des lieux, les fouilleurs pensent que ces
cabanes étaient pourvues d'un étage pour l'habitation, le rez-de-
chaussée servant d'étable et de réserve à provisions.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FHA>Ç\ISE 751
Les trouvailles sont nombreuses et importantes.
Monnaies. — Six en bronze appartenant au monnayage des Pic
tones, d'après M. Adrien Blanchet; aux Lemovices d'après d autres
auteurs. Une septième, en bronze également, d'un diamètre de 0,n015
présente d'un côté un sanglier tête à gauche, à sexe fortement ac-
centué, surmonté d'un croissant : autour sont des apparences de
caractères romains. Au revers, un Hippocampe tête à droite, à partie
postérieure terminée en queue de poisson : ce qui le différencie de
celui qu'on voit sur la monnaie Arverne MOTVIDIACA. Une mon-
naie en argent, pesant 1 gr. 50, d'un diamètre de 0m013, présente le
type de celle trouvée par notre collègue, M. Pagès-Allary, à Chastel-
s. -Murât, et figurée par leDr A. Guébhard dans son Rapport XXIX,
du 24 juin 1909, fig. 3, n° 4. Elle est convexe à la face, concave à
l'envers, comme celles du monnayage macédonien.
De 1906 à 1911, M. Bombal a aussi récolté 26 monnaies, dont :
bronze, 21 des Pictones ou Lemovices, 2 de MOTVIDIACA; une au
sanglier; argent, une des Bituriges.
Statuette. — Une applique creuse, en bronze, représente une tête
grotesque d'homme imberbe, démesurément longue, coiffée d'une
sorte de casque hémisphérique orné d'un galon qui couvre le front
presque sur les yeux. Sa longueur est de 0m036 et un trou sous le
nez servait à le fixer. Est-ce un unibo de bouclier?
Objets en bronze. — Deux bagues, dont une ornée de filets; 15 an-
neaux de diverses grandeurs ; un serpent boucle d'oreilles) cassé ;
des débris de colliers; un bracelet en forme de serpent, des dé-
bris de fibules, des rognures de feuilles de cuivre ; des scories de
bronze.
Objets en fer. — Un tronçon d'épée, large de 0'"060, long de 0m27,
qui sur ses deux faces présente une côte au milieu, accostée de deux
gouttières et de deux plats au tranchant ; un couteau de 0m12 de lon-
gueur, dont le manche est percé par le bout d'un trou dans le sens
du tranchant au dos. Ces deux objets ont été trouvés dans un des
trous avec un peu de charbon ; un autre couteau de 0m26, y compris
la pointe qui manque, trouvé dans la couche inférieure, non loin de
la ligne BD; une serpette à manche percé à son extrémité, trouvée
vers les trous 2 et 3; deux clefs non coudées; deux tiges de clefs,
l'une plate, l'autre cylindrique et forée; un emporte-pièce en forme
de gouttière; deux douilles de lance; une boucle de harnais, trois
anneaux de 0m037 à 0" 027 de diamètre ; trois étriers avec rivets pa-
raissant avoir servi à relier des pièces de bois, une poignée ; trois
pièces de fer indéterminées de 0m27 à 0m17 de long; des plaques de
fer informes ; des clous à tête ronde, de 0m03 de diamètre, convexes
en dessus, concaves en dessous, conformes à ceux du crucifiement
de Jésus-Christ, conservés à Rome; scories deionte de fer épousant
7og2 SOCIÉTÉ PKÉHISTOIUQI F FKANÇAlSË
la forme du fond du creuset ; l'une d'elles porte, noyée dans sa masse,
une fibule de cuivre, sans doute tombée d'un vêtement.
Paierie. — Elle est très abondante et très variée, comme terre et
comme facture. De nombreux tessons de cols, parleur ornementation
de cercles virgules ou de dessins géométriques, accusent l'enfance de
l'art. Nombreux débris de grandes amphores; la moitié inférieure
d'un de ces vases, trouvé près de l'applique en bronze, mesure 0U,62
de long. Un bord de vase, épais d'un centimètre, en terre brune
micacée, décoré d'un cercle irrégulier de petits points formés par
l'ébauchoir tenu obliquement, est percé au-dessus de ce cercle
d'un large trou, dans lequel est engagé un anneau de fer de 0m045 de
diamètre. On a trouvé aussi un autre bord percé d'un trou et couvert
d'un enduit noir au dedans et au dehors; un fond de vase en terre
rouge, légèrement concave, percé de petits trous et noirci par
places ; un petit éclat de terre brune, vernissé, ayant une section de
cercle jaunâtre.
Verre. — Une fusaïole noire de forme aplatie, et la moitié d'une
autre de couleur d'agate.
Pierre. — Trois fragments de meules ; cinq polissoirs en grès
schisteux; un autre en lave. Un septième, en grès schisteux mérite
d'être décrit : son plan est un trapézoïde de 0m125 de long, de 0m05
à la base, de 0ni03 au sommet . Il a servi à aiguiser sur les tranches,
sauf sur celle du haut; très rugueux sur une face, il a été uni sur
l'autre, où il n'existe pas de traces de repassage. Il est percé en tête
d'un trou très lisse; trois rainures, dont deux horizontales dans la
direction du diamètre du trou et l'autre verticale au-dessus, parais-
sent avoir une ligature pour préserver le bris de la tête Est-ce une
queue à aiguiser la faux, analogue à celle encore usitée aujourd'hui?
On a trouvé, en outre, une pointe de flèche en silex jaune gris et un
grattoir en silex noir semi-circulaire d'un côté, terminé en pointe à
l'opposé; de nombreux galets de la Dordogne (pierres de jet?); des
galets de laves et de quartz, plus petits [parures ?); enfin, du charbon
à peu près partout.
D'après l'aspect divers de tous ces objets, le Puy-du-Tour paraît
avoir été occupé pendant de longues périodes.
Les occupants des cabanes, dont on retrouve le sol, paraissent en
avoir été expulsés violemment par de nouveaux venus. Ceux-ci,
Gaulois sans doute, auraient élevé un nouveau rempart de terre,
pierres et poutres clouées, selon le mode indiqué par César et cons-
taté à divers Oppida tels, que Murcens et l'Impernal, dans le Lot,
non loin de la région qui nous occupe.
On voit, par cet exposé, que nous avons à dessein assez déve-
loppé, quelle est l'importance des travaux réalisés par nos savants
correspondants .
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 753
La subvention du Touring-Club de France ne pouvait tomber en
de meilleures mains et nous espérons que MM. Bombal et Muzac
continueront longtemps encore leurs fouilles si profitables à la
Science, et qu'ils nous donneront, un jour, une monographie d'en-
semble, abondamment illustrée, de la très intéressante série d'habi-
tats successifs du Puy du-Tour. Ajoutons que, avec un rare désin-
téressement, les auteurs déposent leurs récoltes au petit Musée
local de la coquette ville d'Argentat, où chacun pourra les étudier.
M. Cormery nous envoie une note sur un curieux Souterrain-
refuge, trouvé près du château de Jarzé (Maine-et-Loire). Nous
regrettons de ne pouvoir l'insérer dès maintenant dans nos rapports;
nous la mettons dans nos dossiers, déjà importants, surtout comme
bibliographie, jusqu'au jour où la S. P. F. abordera l'étude de ce
genre de monuments. Nous devons sérier les questions et l'étude des
souterrains-refuges est trop vaste et trop complexe par elle-même
pour figurer en simple annexe de l'étude des Enceintes. Elle méritera
d'être entreprise un jour pour elle-même, avec toute l'ampleur que
comporte le sujet; et avec des hommes nouveaux, plus compétents
que nous en la matière. Le plus tôt sera le mieux.
M. Léon Coutil décrit les retranchements de la Plaine du
Roumois, entre Bourgthéroulde et Montfort-sur-Risle (Eure), dont
nous n'avons fait que mentionner quelques-uns, pour inventaire,
d'après un relevé de M. J. Leroy, dans notre 10e rapport (B. S. P. F.,
IV, 1907, p. 341).
1° Boscbénard-Commin (canton de Bourgthéroulde). Enceinte du
Camp-Héroult ou du heubourg. — A 80 mètres environ de l'extré-
mité du petit hameau du Neubourg, se trouve une motte elliptique
aplatie mesurant 8 mètres sur 22, entourée d'un fossé peu profond;
la butte mesure 34 mètres de diamètre à la base. En face, s'ouvre une
large fosse elliptique également de 70 à 75 mètres de diamètre sur
55 mètres, vers l'ouest, la fosse a près de 15 mètres de profondeur
et 12 à l'est, une sorte de plate-forme existe au centre de la fosse, elle
a servi pour l'extraction de la terre. Le dessus des talus mesure 8 à
10 mètres de large et 4 mètres de hauteur surtout à l'Est. En avant,
existe une autre fosse plus petite de 33 mètres sur 55 et de 6 à 7 mè-
tres de profondeur. De sorte que les trois obstacles, la butte et les
deux fossés mesurent 115 à 120 mètres et 100 mètres de large pour
la grande fosse prise du bas des fossés extérieurs.
A 1500 mètres, on extrait de la terre noire pour la porcelaine et à
côté de la fosse très profonde existent toute une série d'excavations.
11 est difficile d'affirmer que cela ait été aussi pour exploiter cette
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 48
754 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
terre, pour chercher du poudingue qui existe dans le sol de cette
région, ou pour arrêter la marche de l'ennemi.
Nous ne croyons pas toutefois beaucoup à cette dernière hypo-
thèse.
2°Saint-Denis-de-Bosquérard (canton de Bourgthéroulde).£'/ice//2/e
des Cateliers. Section C, n° 118. — C'est un retranchement rectangu-
laire, comme la plupart des Cateliers. Il se trouvait jadis sur une
lande, une moitié a été en haute futaie et l'autre moitié en bois, un
petit fossé sépare les deux propriétés et a dénaturé ainsi un peu ce
retranchement effacé sur le côté Est. C'est le côté Nord, qui est le
plus élevé, et faisant face aux routes de la Haye-du-Theil et du
Gros-Theil qui passent à 100 et 110 mètres de distance.
La largeur du camp est 100 mètres sur 67 mètres.
3° Boisset-le-Chatel (canton de Bourgthéroulde.)/snce//i/e de Tilly,
la Butte du Diable. — Au bord du bois, à 50 ou 60 mètres de la route
de Voiscreville, la Butte du Diable, énorme butte de 12 mètres de
haut, aplatie, de 16 mètres au sommet et 35 à la base, entourée de
fossés, à l'Ouest existe une enceinte s'arrondissant pour former un
angle saillant au Nord- Ouest. Des pans de murs de 0m80 d'épaisseur
au Nord-Ouest et au Sud-Ouest.
4° Berville-en-Roumois, même canton. Enceinte de La Tomberie. —
Dans les bois dépendant de la ferme, existe une enceinte que nous
n'avons pu encore étudier, sur la route de Thiellement.
5° Illeville-sur-Montfort (Eure). Le Calelier. — Enceinte assez
effacée, rectangulaire. Les angles et surtout le côté Est-Sud sont bien
conservés, de ce côté existe un fossé. Placée dans le bois, à 20 mètres
du chemin forestier conduisant à la Cabane du Forestier et à 400 mè-
tres de la route de Montfort à Bourgachard, elle a 60 mètres sur 80
et une porte à l'Est.
6° Appeville-Annebault. Enceinte du Vieux-Mont fort. — Sur un
promontoire dominant les vestiges d'une vieille ferme et d'une cha-
pelle, dans un bois, se cache la Butte du Vieux-Mont fort, de 28 mètres,
formant segment de cercle avec talus de 80 mètres à l'Est-Sud, de
80 au Nord-Ouest, avec retour à angle droit sur 350 mètres de long.
Mme M. E. Cunnington, ayant consacré six semaines de fouilles,
avec six hommes, à étudier les traces complexes de fortifications du
Knap hill Camp en Wiltshire( Angleterre), est arrivée ày démontrer
trois occupations successives très distinctes. La grande enceinte du
sommet du plateau, constituée par une levée de terre derrière un
fossé, n'a fourni que de la poterie grossière et des silex, sans trace
de métal : ce qui permet de lui assigner un âge certainement préhis-
torique, probablement Néolithique, au plus tard du Bronze. Elle
présente la particularité, observée pour la première fois en Angle-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 755
terre, mais déjà remarquée en Allemagne, d'être très fréquemment
interrompue par des entrées de plein pied, formées par des parties
réservées de l'ancien sol, interrompant fossé et rempart. Mme Cun-
mngton en cherche l'explication dans les nécessités de la défense
contre l'assaut. Nous avons rapporté (B. S. P. F., t. VII, 1910,
p. 573, XLIIe Rapport) qu'en Allemagne on voit là une caractéris-
tique différentielle des camps de refuge, prêts à abriter brusquement
la masse fuyante des gens et bêtes, avec les oppida, ou villes forti-
fiées permanentes, qui se contentaient d'un nombre restreint d'ou-
vertures savamment protégées. Or, il est à remarquer que la
position de Knapp Hill, loin d'une source, à la merci de tous les
vents, en faisait bien plutôt un lieu de retraite temporaire que
d'habitation.
Lorsque, très longtemps après la première occupation, l'on y
revint, au premier âge du Fer, ce fut sur l'extrémité inférieure
du plateau qu'on établit une enceinte nouvelle, qui, en s'appuyant
sur la première, entama, par son fossé, le vieux rempart. L'occu-
pation se continua après la conquête romaine, car la poterie sa-
mienne, les tessons sigillés se mêlent en abondance au Fin-celtique,
mais sans aller au-delà du vie siècle, qui a laissé une très belle
épée saxonne.
A ce moment, interruption, pour un millénaire; car ce n'est que
au xvne siècle qu'on retrouve de nouvelles traces évidentes : mon-
naies, pipes nombreuses, poterie émaillée... et jusqu'à un objet
(déjà !) « importé de Germanie ». Mais ce ne fut encore, en ce séjour
peu hospitalier, qu'une occupation toute passagère, et il est curieu-
sement suggestif de constater que le souvenir d'événements vieux
d'à peine cinq siècles se trouve plus perdu dans l'Histoire que, pour
nous, dans la Préhistoire, l'Age de la Pierre. — A. G.
M. Ludovic Mazéret continue ses intéressantes recherches dans
le Gers.
« N° 1. Dans la commune de Monclar, canton deCazaubon, au lieu
dit à La Moutan, se voit encore une assez belle motte de 5 à 6 mètres
de hauteur sur 20 de base. Elle était plus haute au début, car le
sommet est en talus ; et, à sa base, on devine encore des terres
éboulées. Une dépression circulaire marque le fossé dont elle
était entourée. En scrutant les alentours, on peut encore se rendre
compte que cette motte occupait l'angle sud-est d'un camp assez
vaste mesurant 250 mètres de long sur 200 environ de large.
Il y a quelque temps, M. Capot y trouva une belle hache en gra-
nulite de 0;"15 de long, polie sur toute sa surface, malheureusement
à tranchant cassé, et une ébauche d herminette, en quartz blanc, prête
pour le polissage, de 0m12 de long. J'ai vu ces deux objets avec
756 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇVISE
d'autres, dont j'aurai l'occasion de parler plus tard, chez M. Capot,
lui-même, au Jaulé, commune de Castelnau-d'Auzan, Gers.
« N° 2. A peu de distance, au Sud-est, au Pouyblanc, d'après les
renseignements puisés auprès dune personne âgée, ce petit plateau
aurait autrefois supporté une fort belle motte détruite depuis long-
temps. Vers le bas, on voyait naguère une dépression, dernier
vestige d'un chemin de ronde. Dans un champ, sur le plateau, les
voisins ont trouvé quelques silex dont ils se servent pour briquet.
L'un d'eux, pas encore trop endommagé, m'a paru être un grattoir
robenhausien, forme castagnette.
Un brassier m'a dit avoir découvert, il y a longtemps, à mi-coteau,
en arrachant un arbre, des hachettes plates en cuivre, au nombre de
douze. Jeune alors et n'en connaissant pas la valeur, il les avait
vendues 20 sous à un chiffonnier. Hélas 111
« N° 3. Dans la petite vallée du ruisseau du Casléra, affluent de la
Douze, commune de Larée, on trouve encore aux environs d'une
maison portant le nom significatif de Castéra, beaucoup de débris de
tuiles à rebord, des restes de ciment et des petits cubes de diverses
couleurs. C'est naturellement l'indication d'une station romaine. Les
petits cubes proviennent nécessairement d'une mosaïque désagrégée
par les intempéries et la charrue.
« N° 4. Le plateau du Cucassé, dans la commune de Monclar, a été
autrefois entouré au Sud-est et à l'est par un parapet et un chemin de
ronde, dont on voit encore quelques vestiges dans les fourrés. En
descendant les glacis, à une vingtaine de mètres du sommet, on
remarque une légère dépression disparaissant, par places, sous le
dépôt des pentes, mais que l'on peut suivre à peu près sur tout le
pourtour. Le plateau a fourni des débris de silex à aspecl néolithique
et deux haches polies en roche schisteuse, cassées.
« N° 5. A Lagardire, commune de Marquestau, il y aurait eu, au
moyen-âge, un poste d'observation édifié dans une vieille enceinte
dont on ne voit aujourd'hui que de légers vestiges. Cependant ce
plateau est remarquable par une trouvaille des plus intéressantes,
malheureusement perdue aujourd'hui. D'après une personne d'un
certain âge, il y a quelque vingt ans, on trouva, en creusant un che-
min de service six haches en bronze, plusieurs cassées et deux
moules. N'en connaissant pas la valeur, l'inventeur vendit le tout à
un refondeur ambulant. Encore, hélas !!!
« N° 6. Près de Lahitle, vers la cote 135, commune de Cazaubon,
on voyait autrefois un beau Menhir, en molasse coquillière [déter-
minée d'après la roche de la carrière la plus proche], détruit, dit-on,
par la foudre. C'est Dieu, dit la légende, qui voulut punir la pierre
d'avoir été témoin de certain acte impur, commis à son ombre par un
jeune châtelain et une jeune châtelaine des environs. Ces éclats reste-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 757
rent longtemps épars sur la terre, personne n'osant y toucher. Ce-
pendant un tenancier, plus courageux que les autres, après avoir mis
dans sa poche un morceau de gâteau de Noël et une partie du cierge
de la Chandeleur, non sans avoir, au préalable, lavé ses outils d'eau
bénite, osa prendre ces débris avec sa pelle, les jeta sur son tombe-
reau, dans lequel il avait placé un chapelet, coiffé ses bœufs d'un
rameau de laurier bénit, et les transporta sur son chemin où ils furent
concassés.
Les jeunes châtelains moururent quelques temps après et leurs
ombres errèrent longtemps dans ces lieux. Naguère on voyait encore,
par les nuits sans lune, un couple de jeunes gens, vêtus de blanc,
aller du Menhir — rétabli pour la circonstance — à l'endroit où
gisent ses débris.
« N° 7. La Croûte (Croste, Crosta ou Crausla,en roman : couvent).
D'après la tradition, cet endroit aurait été occupé par un monastère,
édifié dans une ancienne enceinte fortifiée. Il y avait encore, il v a
quelques années, une motte fort haute, presque complètement arasée,
et ne se trahissant aujourd'hui que par une légère boursouflure ».
IV. — ARTICLES ORIGINAUX.
Rapport sur l'exploration de la Grotte paléoli-
thique, connue sous le nom de « La Cotte » ,
située dans la baie de Saint-Brelade, à Jersey.
PAR
Ed. TOULMIN-NICOLLE (Jersey, A.) et J. SINEL (Jersey, A.),
Secrétaire honoraire. Conservateur du Musée.
Cette grotte est située dans une falaise près du Ouainé, qui est
le nom de la pointe Est de la baie de Saint-Brelade.
Sur ce point de l'île, les falaises, qui sont formées de syénite
à gros grain, s'élèvent verticalement à environ 200 pieds au-des-
sus du niveau de la mer ; et la grève est couverte de gros blocs
de rochers plus ou moins arrondis qui sont tombés des falaises à
diverses époques, à mesure que les vagues en sapaient la base.
Sur un point de cette falaise se trouve un petit ravin ou gorge,
de 40 pieds de large environ, pénétrant d'à peu près 150 pieds
vers l'intérieur avec des murs latéraux à pic (Fig. 1).
Cette coupure, dans la falaise a été évidemment formée dans
les temps géologiques, par suite de l'érosion par la mer d'une
758 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
veine de granité, moins résistante que les parois verticales, et
dont les assises étaient horizontales. La grotte elle-même fut
creusée par les mêmes moyens et à une époque où le niveau de
la mer était plus élevé qu'il ne l'est à présent; très probablement
pendant la période où furent déposés les amas de cailloux roulés
que l'on trouve dans plusieurs parties de la côte de Jersey, à une
élévation de 70 pieds au-dessus de la mer.
C'est dans un des murs verticaux de ce ravin et tout près du
fond, que se trouve la grotte. L'ouverture est une arche irrégu-
lière de 25 pieds de hauteur sur 20 de large ; et le sol est à en-
viron 60 pieds du niveau moyen de la mer {Fig. 2).
Il est visible que jusqu'à une époque récente, le ravin était com-
plètement rempli par un mélange d'argile et de rochers arra-
chés par les eaux au terrain situé au-dessus de la falaise, et qui
présentait alors une épaisseur plus considérable que celle que
nous y voyons maintenant. La grotte elle-même était en partie
comblée par l'expansion latérale de l'éboulement de terre et de
rochers, et aussi par des blocs tombés de la voûte.
Dans des temps plus récents, la mer a de nouveau déblayé le
ravin, en laissant seulement dans le fond un talus très raide. L'é-
boulement qui comblait la ravine, étant ainsi en partie enlevé, a
fait apparaître une fraction de la voûte et a même dégagé plus
bas une partie peu étendue du sol de la grotte.
La première preuve, qu'on ait eu de l'ancienne habitation de la
grotte, fut donnée, en 1881, par MM. S. Dancaster etT. Saunders,
qui, en faisant une étude géologique de cette partie de la côte,
trouvèrent un éclat de silex au bas du talus dans le ravin, et, en
recherchant d'où il pouvait provenir, remontèrent jusqu'à la par-
tie exposée du sol de la grotte. Ils y trouvèrent des éclats de si-
lex et un ou deux ossements, apparemment d'un gros Oiseau;
mais ils ne reconnurent pas l'importance de cette découverte.
L'affaire en resta là jusqu'en 1894, lorsque M. R. Colson et le
Dr P. Chappuis fouillèrent une portion du sol de la grotte et mi-
rent à jour un nombre considérable de silex taillés, ainsi qu'un
magma d'ossements qui forme une large partie du sol dans cette
partie de la grotte. On put, parmi cesos, identifier quelque temps
après une dent et un métatarse de Cheval. Ces divers objets sont
conservés dans le Musée de la Société Française.
Dans la suite, les Messieurs cités plus haut, puis le capitaine
Rybot, et une ou deux autres personnes, se livrèrent a de nou-
velles fouilles, qui amenèrent la découverte de nouveaux silex
taillés et d'une quantité d'éclats de silex, dont la presque totalité
se trouve au Musée de la Société.
En septembre 1905, la Société Jersiaise décida d'explorer la
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
759
grotte d'une façon systématique. Le secrétaire (M. l'avocat Ni-
colle), le Dr P. Chappuis et M. Colson recommencèrent les fouil-
Fig
— Ravin, appelé La Colle, à SA1NTE-BRELADE 'Jersey;, montrant l'emplacement
de la Grotte préhistorique là gauche).
les dans la partie du sol de la grotte déjà mentionnée. On décou-
vrit de nouveaux silex taillés, mais au commencement d'octobre
760 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
on dût arrêter les travaux, par suite des pluies et surtout du dan-
ger d'éboulement causé par les excavations. Il devint évident
qu'une grande partie du talus devait être déblayé avant qu'on ne
puisse reprendre les fouilles.
En juillet 1910, avec la permission du propriétaire, M.G.F.B. de
Gruchy, Seigneur de Noirmont, la Société Jersiaise décida de
reprendre les fouilles et M. Marris ayant accepté le contrat en-
voya des carriers expérimentés pour faire ce travail qui était
rendu non seulement difficile par la situation même de la grotte,
mais surtout très dangereux par suite du peu de solidité du talus
et des gros blocs de rochers qui surplombaient.
Les fouilles furent donc reprises le 1er août, et après un peu
plus de trois semaines de travail, on avait déblayé une assez
grande portion du talus éboulé, pour mettre à jour la forme inté-
rieure de la grotte, etpourdécouvrir une portion du sol d'environ
onze pieds carrés à gauche de l'entrée. Les auteurs de ce rapport
et M. P. N. Richardson assistèrent aux fouilles pendant la plu-
part du temps.
Voici les dimensions de la grotte, telles qu'on put alors les me-
surer. L'entrée comme il a été dit plus haut, a 25 pieds de hau-
teur et 20 de largeur. Juste à l'entrée, la voûte s'élève en forme
de" dôme de 30 à 32 pieds du sol. On ne peut dire encore jusqu'à
quelle profondeur la grotte pénètre dans le roc mais, à en juger
par la courbe de la voûte vers le fond, on peut l'estimer entre 40
et 50 pieds; la portion de cette voûte actuellement mise au jour,
mesure environ 35 pieds d'avant en arrière {Fig. 2).
Aussitôt qu'on eut déblayé la portion du sol sus-mentionnée,
le 25 août, la grotte fut visitée par MM. les D" A. Dunlop, P.
Chappuis, Colonel R.-G. Warton, A. -H. Barreau, ainsi que les
auteurs du rapport, et enfin M. E.-F. Guiton qui prit les photo-
graphies ci-jointes {Fig. 1 et 2). On fit alors un examen détaillé et
des fouilles systématiques qui donnèrent les résultats suivants.
Le sol primitif de la grotte n'était pas trop distinctement re-
connaissable car différentes couches de terre noire (qui fut re-
connue comme un mélange de cendres, charbon de bois, et terre
glaise), étaient alternées avec des masses blanches de débris d'os
et de glaise formant un magma. Des débris de silex, d'autres bien
taillés, étaient mélangés en grand nombre à travers toutes les
couches différentes du sol.
A gauche de l'entrée et à une distance d'environ 8 pieds, on
trouva un foyer renfermant une quantité de cendres et de char-
bons de bois, le tout du volume d'environ un quart de tonne.
Au milieu des cendres du foyer, on trouva réunis en tas, un cer-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 761
taîn nombre de cailloux roulés de granité et de felsite, qui por-
taient des traces de feu. Ils avaient peut-être servi à faire bouil-
Fig. i. — L'Entrée de la Grotte de SA1NTE-BRELADE Jersey)
lir de l'eau en les faisant rougir au feu, puis les plongeant dans
des récipients pleins d'eau ; cette méthode culinaire a été sug-
762
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
gérée, par des archéologues après découvertes de cailloux sem-
blables dans des grottes.
hig»3. — Outils en silex, du type Moustérien, provenant de La Cotte, à Sainte-Brelade.
Echelle : 1/3 Grandeur.
Malheureusement la nature du sol dans cette grotte (comme
aussi dans la « Cotte à la Chèvre », qui avait étéexplorée anté-
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRAM AI-E 763
rîeurement à Saint-Ouen, sur la côte nord de Jersey), est telle
que la conservation des os y est rendue presque impossible. La
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plus grande partie de l'argile de Jersey a des propriétés décal-
cifiantes ; et d'autre part, l'eau s'écoulant de la voûte de la grotte
764 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
ou le long du talus, contribuait à rendre encore moins favorables
les conditions de conservation. La présence de détritus osseux
était facile à reconnaître dans les différentes couches constituant
le sol; mais ce n'était qu'à de rares intervalles qu'on pouvait trou-
ver un fragment ayant conservé sa forme anatomique.
Néanmoins, dansun recoin placé un peu plus haut que le foyer,
on découvrit une masse d'ossements parmi lesquels certaines par-
ties purent être déterminées. D'autre part, les dents étaient en
général en meilleur état, quoique dans certains cas les dents mê-
mes semblaient transformées en une masse comme de la bouillie.
Toutes les fois qu'il a été possible, les fragments osseux ont été
extraits avec une portion de la terre qui les entourait, puis ils
étaient enveloppés de ouate et placés dans des boîtes séparées.
On les transportait ensuite avec une voiture jusqu'au Musée, où
ils étaient infiltrés et durcis avec une solution chaude de gélatine.
Dans une des masses osseuses les plus compactes, on décou-
vrit la "moitié d'une mâchoire inférieure humaine, neuf dents
étaient rangées Côte à côte, dans leur ordre naturel, mais on ne
put malheureusement voir aucune trace de l'os qui aurait dû les
supporter.
Nous avons fait un rapport au Comité exécutif, du résultat de
ces fouilles; puis les différents ossements, les dents, etc. furent
transportés parM.P. A. Aubin, au Musée Britannique, pouryètre
déterminés. MM. les Drs A. S. Woodward et C. W. Andrews,
ont pu identifier les spécimens dont voici la liste.
Dents. — Partie d'une prémolaire inférieure gauche de Rhino-
céros [Rhinocéros lichorinus). Dernière prémolaire et première
prémolaire de renne (Rangifer tarandus), une espèce de grande
taille, apparemment aussi grande qUe le Caribou. Dents supé-
rieures molaires d'une petite espèce de Cheval. Dents inférieures
et portion de mâchoire d'un Bovidé, de petite taille. Incisive gau-
che de Bœuf (espèce indéterminée).
Neuf dents humaines {Fig. 4).
Ossements et Cornes. — Partie du support de la corne d'un
bovidé de petite taille. Portions d'andouillers de Renne.
Os probablement de l'articulation de la jambe d'un cerf. Os du
bassin, probablement d'un Bovidé de petite taille. Portion d'os
(neuf pouces de long sur six pouces de diamètre), tombé en miet-
tes lorsqu'il fut séparé de l'argile, — probablement Rhinocéros.
En plus des os ci-dessus, un grand nombre de fragments
grands ou petits avaient été trouvés, mais dans un tel état qu'ils
ne pouvaient être identifiés. Parmi eux, nous devons citer un os
qui semble appartenir à un tibia humain.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 765
Plus de cent instruments de silex ont été rapportés au Musée.
Ils sont tous sans exception, du type^Moustérien, si facile à re-
connaître : la « pointe à main » de de Mortillet {Fig. 3).
Après avoir reçu le rapport des autorités du British Muséum
sur l'identification des os, etc., le Comité exécutif a décidé de
continuer les fouilles. Le travail fut repris le 19 septembre. Il
avait été décidé de pousser les excavations plus loin vers le fond
de la grotte, en partant du point où les dents et les os avaientété
trouvés. Pour y parvenir, il fallait enlever une quantité de terre
et surtout de blocs de rochers, qui par leur poids et leur position,
rendaient la situation des ouvriers de plus en plus dangereuse.
M. Charles Messervy, Ingénieur, membre du Comité exécutif,
après avoir soigneusement examiné la grotte, jugea qu'on devait
suspendre le travail : ce qui lut fait le 23 septembre.
Nous devons ajouter que ce dernier travail, en déplaçant la
terre et les rochers, a recouvert la portion du sol de la grotte où
les trouvailles les plus intéressantes avaient été faites, mettaut
ainsi un obstacle à toute sorte de fouille inopportune, jusqu'au
moment où la Société Jersiaise jugera bon de recommencer ces
recherches.
Cette grotte ne présente aucun signe d'habitation à des dates
successives, et par le fait nous évite cette confusion qui résulte si
souvent du mélange ou de la superposition d'instruments et de
faunes, appartenant à des périodes différentes ; mélanges qui peu-
vent résulter soit du travail d'animaux qui creusent la terre, soit
du transport par les eaux pendant les inondations, comme cela
se reconnaît dans un grand nombre de grottes en d'autres pays.
Ainsi donc, la Grotte de Saint-Brelade à Jersey nous montre
par sa faune et par ses instruments de silex, d'un type uniforme,
qu'elle est de la Période Moustérirnne. Elle forme ainsi une addi-
tion intéressante, non seulement à l'histoire archéologique de
notre île, mais à celle de l'Europe entière.
Rapport sur la reprise de l'Exploration de « La
Cotte » , par la Société Jersiaise.
PAR
Ed. TOULMIN-NICOLLE (Jersey, A.) et J. SINEL (Jersey, A.),
Secrétaire honoraire. Conservateur du Musée.
La Société Jersiaise a repris, le 14 août 1911, l'exploration de
« La Cotte », qui avait dû être interrompue en septembre 1910,
766 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
par suite du danger d'éboulements du toit ou des côtés de la
grotte. On avait pu, dans l'intervalle, prendre des mesures pour
diminuer les chances d'éboulements (Fig. 1).
La portion de l'aire, d'environ onze pieds carrés, qui avait
été explorée l'année dernière avait été laissée couverte par des
blocs de granit, de l'argile et des cailloux tombés du talus for-
mant le fond de la grotte et, pendant plusieurs jours, les ou-
vriers s'occupèrent à nettoyer tous ces décombres pour remettre
les choses au point où elles étaient à la fin de l'exploration
de 1910 {Fig. 2).
On se rappellera que le foyer principal se trouvait à gauche
et à environ huit pieds de l'entrée et que c'est juste en arrière
de ce large foyer et un peu plus haut, que furent trouvés les
ossements les plus intéressants et surtout dans le meilleur état
de conservation. C'est également, en ce point, que se trouvaient
les fameuses dents humaines que nous avons eu la bonne fortune
de découvrir (Fig. 4).
Nous avions, l'année dernière, fait une tranchée de onze pieds
le long de la paroi de gauche ; c'est en continuation de cette
tranchée que les travaux furent repris cette année.
En arrière d'un très gros bloc de granit, situé à l'entrée et
qu'il fallut briser, la paroi rocheuse de la grotte se [creusait en
une sorte de cavité dans laquelle on pouvait suivre clairement le
foyer, mais en ce point son niveau se relevait légèrement : c'est
dans cette cavité et tout près du foyer que furent trouvés les osse-
ments les mieux conservés.
En faisant de nouveau un examen minutieux de l'aire de la
grotte, nous fûmes assez surpris de reconnaître que les couches
inférieures du foyer ne se terminaient pas au contact du gros
bloc de granit, mais qu'elles se continuaient par en dessous, et
en même temps nous trouvions en dessus du bloc de granit et
dans le mélange d'argile et de cailloux en arrière, des cendres,
des débris d'ossements, des outils et des éclats de. silex, qui nous
prouvaient que cette masse de pierres était tombée de la voûte,
pendant que la grotte était habitéei et que son occupation avait
continué à un niveau plus élevé.
Comme il n'était pas question d'employer la dynamite avec les
quelques centaines de tonnes de blocs plus ou moins disloqués,
qui forment la voûte de la grotte, on dul briser le bloc de granit
sans explosion et l'enlever par morceaux.
Cette opération facilita beaucoup l'ouvrage et permit d'en-
lever sans difficulté l'amas d'argile et de cailloux du côté du
fond de la grotte, de sorte qu'on put mettre au jour l'aire de la
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 767
grotte sur vingt-cinq pieds d'avant en arrière et dix-huit pieds
de largeur.
La même méthode de recherche fut employée pendant tout le
travail. A mesure qu'une nouvelle tranche d'argile et de cailloux
était mise au jour par la pioche ou la pelle, elle était minutieuse-
ment examinée « in situ » par plusieurs des personnes présentes,
et quand on enlevait les matériaux à la pelle pour les déposer
dans la brouette qui les déversait en bas de la falaise, chaque
pelletée était soigneusement manipulée, de façon à ne pas laisser
échapper le plus petit morceau intéressant.
En examinant une mince couche d'argile qui adhérait à la
paroi gauche de la grotte, non loin de l'endroit où des dents hu-
maines avaient été trouvées l'année dernière, nous eûmes la
chance d'en découvrir quatre nouvelles : ce qui porte le chiffre
total à treize {Fig. 4).
La chose la plus regrettable dans tout le cours de cette explo-
ration était le pouvoir décalcifiant de l'argile. Les ossements
abondaient de toutes parts ; mais la plupart du temps ils étaient
transformés en une masse blanchâtre onctueuse comme de l'argile
adhérant aux pierres ; ou même ils ne présentaient plus qu'une
infiltration blanche dans la masse terreuse. Rien d'étonnant que
nous n'ayons pu retirer qu'un petit nombre d'ossements, présen-
tant des formes reconnaissables.
Dans les endroits où des cendres s'étaient mélangées avec
l'argile, comme autour du foyer, l'action décalcifiante se trouvait
diminuée ; et l'on pouvait obtenir des ossements assez bien con-
servés pour être soumis à l'identification.
La découverte d'ossements, d'éclats de silex ou d'outils en
silex dans les couches de niveaux très différents et pouvant même
s'élever à dix pieds au-dessus de l'aire principale, nous avait
d'abord déconcertés; mais il nous semble maintenant évident que
des chutes successives de pierres provenant de la voûte de l'ar-
gile provenant d'une fissure au sommet à droite, ont à plusieurs
reprises relevé le niveau par des terrasses successives, sans in-
terrompre l'occupation de la grotte.
Les ossements, découverts durant l'exploration de 1911, autres
que les dents humaines, consistaient, comme l'année dernière,
en vestiges d'animaux que les habitants de la grotte y avaient
apportés pour s'en nourrir. Ces ossements et ces dents furent de
même que précédemment envoyés par les soins du Comité au
département d'Histoire naturelle du British Muséum, et MM. les
Drs Woodward et Andrews eurent la bonté de procéder à leur
768 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
identification. Ce sont pour la plupart de nouveaux spécimens de
Rhinocéros à toison, deux espèces de Cheval, un Bœuf de grande
taille probablement Y Urus, une espèce de Mouton ou de Chèvre,
plusieurs Cervidés de petite taille, un Renne, et en plus de
l'année passée nous avons des os de la tête et les bases des
andouillers d'un grand Cerf (peut-être le Cerf rouge). Un obser-
vateur superficiel pourrait croire que ces andouillers semblent
bien gros pour un Cerf; mais il faut se rappeler que le Cerf de
l'époque pleistocène était de taille bien supérieure à celle des
représentants modernes de l'espèce (Lydekker, Les Cervidés
fossiles).
Les dents humaines furent examinées par M. le Dr Keith, con-
servateur du Musée du «Royal Collège of Surgeons» et il déclara
qu'elles appartenaient à la même mâchoire que celles que nous
avions trouvées l'année précédente.
Il est remarquable que, tandis que la plus grande partie des
ossements et même des dents (particulièrement les molaires des
Bovidés) sont presque complètement décomposés, nous avons
justement eu la chance de trouver en parfait état de conservation
les dents humaines, une grande molaire de Rhinocéros, des mo-
laires de Renne, des incisives et dés canines d'un grand Cheval,
des incisives de Bœuf et un grand nombre de dents de petits
Bovidés.
Durant cette seconde exploration, nous avons trouvé une
soixantaine d'instruments en silex bien travaillés (en ne tenant
pas compte de tous les morceaux d'instruments incomplets ou
brisés ou qui ne présentaient pas les marques d'une taille secon-
daire), et un nombre considérable de cailloux ronds ou ovales
qui avaient pu servir de marteaux ou de broyeurs.
Parmi les objets en silex quelque-uns sont très beaux, ils pré-
sentent tous le même type de la « Pointe Moustérienne » de de
Mortillet. Il est à noter qu'autant les silex taillés ou non étaient
nombreux près de l'entrée de la grotte, autant leur nombre dimi-
nuait en avançant vers le fond, et ils manquaient complètement
à partir de 25 pieds de l'entrée (Fig. 3).
Il y a là une question très intéressante au sujet de l'étendue
primitive de la grotte et sa configuration relative avec la gorge
qui existe à présent; évidemment on doit aussi tenir compte de
l'importance d'un éclairage suffisant pour la taille des silex. Tout
ceci joint au problème de la géologie locale pendant l'époque
pleistocène formerait un très intéressant sujet pour de futures
discussions.
SOCIÉTÉ PHÉHISTOItlQUb: FUA.NÇAISE 76g
Lorsque l'examen de l'aire principale et de ses couches supé-
rieures eut été complète dans les limites indiquées plus haut,
on fut obligé de cesser le travail dans cette direction par suite du
danger que présentait l'inclinaison des talus et leur peu d'homo-
généité; nous décidâmes alors de creuser au-dessous de l'aire,
pour savoir si on pourrait y trouver des vestiges d'occupation
antérieure.
Dans ce but, on ouvrit une tranchée de cinq pieds de profondeur
et cinq pieds de largeur contre la paroi de gauche, sous l'empla-
cement même du foyer principal ; et on la conduisit jusqu'à 25
pieds de l'entrée; cette tranchée nous permit de reconnaître suc-
cessivement les couches suivantes.
1° Immédiatement sous l'aire se trouve une couche d'un pied
d'épaisseur composée d'argile et de cailloux analogues à ceux qui
remplissent la grotte.
2° En dessous se trouve une couche de 18pouces d'épaissenr de
gravier comme du granit décomposé), contenant très peu d'argile.
3° Enfin une troisième couche d'épaisseur, variant entre 16
pouces et un pied, composée d'une matière noire, grenue, percée
par endroits de trous ronds d'un pouce et plus de diamètre. Ces
trous soigneusement examinés nous révélèrent des moulages de
morceaux de branches d'arbres qui avaient complètement disparu
en ne laissant que leur impression, mais avec de tels détails que
l'on put reconnaître la nature de l'écorce et même dans certains
cas la présence de plantes grimpantes, comme si du lierre avait
adhéré à la branche lorsqu'elle fut enfouie.
Un moulage, obtenu en coulant du plâtre de Paris dans une de
ces cavités, nous a donné une remarquable reproduction de la
branche qui l'avait formée ; c'était du chêne ou de l'orme, et un-
revêtement de lierre. Si le fait est exact, il dénote une période
pendant laquelle le climat était plus doux que celui pendant lequel
1 Homme Moustérien occupait la grotte.
L'analyse chimique de ce terrain, faite par M. F. W. Toms
(analyste officiel), montre qu'il est formé de matières animales et
végétales décomposées; et la présence de matériaux agates prouve
que ce n'était pas l'emplacement d'un foyer.
Les rares fragments osseux, trouvés à ce niveau, ne sont ni
décomposés, ni à consistance d'argile comme ceux trouvés plus
haut; ils sont de vrais fossiles et leur analyse est identique avec
celle des ossements fossiles, provenant de quelques grottes en
Angleterre.
Au-dessous de cette couche noire, on ne trouve qu'une espèce
de casse, formée de morceaux de granit dans une argile blan-
châtre, et qui se continue aussi profondément que nous avons pu
creuser.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE. 4'J
770 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAIS!:
On ouvrit une seconde tranchée au centre de la grotte, h angle
droit avec la dernière; elle donna les mêmes résultats.
Aucun silex taillé ou non, et aucune autre indication de la pré-
sence de l'homme ne nous ont été fournis par ces dernières exca-
vations : ceci prouve bien que ce que nous avons appelé Faire
principale de la grotte marque l'origine de l'habitation par
« l'IIomo Breladensis », homme de la race de Néanderthal.
Entre autres faits de moindre importance résultant des der-
nères explorations, nous devons en mentionner un qui, contraire-
ment à l'opinion généralement admise, suggère que l'homme
moustérien connaissait l'usage de l'arc, ou tout au moins de la
flèche. Nous avons trouvé enveloppé dans l'argile un petit silex
taillé, d'un pouce de long sur 3/4 de pouce de large à la base, et,
comme tous les Moustériens, présentant une face lisse et l'autre
taillée avec soin en forme de barbe et de tige, avec indication que
l'autre barbe avait été brisée.
Est-ce bien une pointe de flèche, ou bien est-ce une simple
pointe moustérienne très finement taillée et brisée de telle façon
qu'elle représente d'une forme si remarquable la tige et la barbe
d'une flèche ? On ne cite aucun silex taillé de cette forme dans
le Moustérien ; et nous n'avons rien trouvé de semblable dans
toutes nos fouilles. Faut-il croire que cette forme unique est un
accident de la taille ? C'est probable.
Nous devons reconnaître maintenant l'erreur que nous avions
faite au début des fouilles. Nous avions alors pensé que le cail-
loutis mélangé d'argile, qui avait rempli la grotte, provenait de
l'entraînement l'itérai du remblai qui se trouve dans la fissure de
la falaise; mais, à mesure qu'on a enlevé ce cailloutis, on a pu se
rendre compte qu'il s'étendait à l'intérieur de la grotte à plu-
sieurs pieds au-dessus du niveau de l'entrée, révélant un toit en
forme de dôme, contre lequel s'adossait le cailloutis mélangé
d'argile.
La paroi rocheuse dans laquelle s'ouvre la grotte est parfaite-
ment unie et verticale, sur environ 80 à 90 pieds au-dessus de
l'ouverture; mais de l'autre côté de la falaise, celui qui corres-
pond au fond de la grotte, la côte descend en pente irrégulière,
avec une sorte de dépression circulaire en forme d'entonnoir à
demi rempli, qui correspond précisément avec le monceau de
cailloux qui remplit le fond de la grotte. 11 est évident que c'est
par cette voie que sont entrés les matériaux qui ont comblé la
grotte.
La présence d'une aussi grande quantité d'argile, aussi bien
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 77 1
dans l'intérieur de ia grotte que dans le remblai de la fissure
dans la falaise, soulève une autre question intéressante. Cette
argile n'est pas d'origine éolienne; elle n'est pas non plus formée
par la décomposition de la roche « in situ ». Sa contexture gre-
nue, la présence dans sa masse de blocs de granit et même de
cailloux roulés, prouvent sa formation fluviale, c'est-à-dire un
dépôt de matériaux entraînés par les fleuves dans la période gla-
ciaire. Et alors d'où a-t-elle été amenée ? Le plateau supérieur
n'en renferme pas trace à plus d'un mille de distance ; il n'est
recouvert que d'une mince couche noirâtre résultant de la
décomposition des genêts et bruyères, avec quelques gravois
provenant du granit inférieur. Et, de plus, entre le plateau lui-
même et la tète de la falaise dans laquelle la grotte est creusée,
il y a une espèce de dépression en forme d'ensellure, qui s'abaisse
d'au moins 30 pieds.
Tout ceci prouve un changement considérable dans la configu-
ration du terrain entre la période actuelle et celle où la grotte
était occupée par Y « Homo Breladensis » et ouvre un champ
intéressant aux Géologues !
Noos tenons à noter encore un des moindres détails de notre
exploration. Dans la liste de la faune et de la flore de l'époque
Moustérienne, il n'est fait aucune mention des Insectes, proba-
blement parce que leur conservation est très rare à cause même
de leur délicatesse. Dans une section verticale delà couche d'ar-
gile, assez profondément dans la masse pour empêcher toute
possibilité de pénétration accidentelle, nous avons trouvé un
gros Coléoptère. L'animal lui-même était réduit en poussière ; mais
l'impression était parfaitement nette dans l'argile : on pouvait
reconnaître le segment thoracique, les élytres et les pattes. Il
appartenait à une grosse espèce, du volume de nos Hydrophiltis,
mais plus épais du dos au ventre. Malheureusement nous ne
pûmes conserver, ni l'insecte, ni son moulage; mais nous croyons
devoir mentionner cette trouvaille, qui pourrait ouvrir un nou-
veau chapitre dans la faune de la période Moustérienne.
L'exploration, dont nous venons de donner les principaux résul-
tats, fut terminée le 21 août 1911. Pendant toute la durée de nos
travaux, M. J. W. Sinel a été notre aide assidu; et M. R. R.
Marett s'est joint à nous, à partir du 17 août. Le Président de la
Société Jersiaise (M. le Colonel E. C. Malet, de Carteret), les Drs
Dunlop, Chappuis et Xicholls, ainsi que plusieurs autres mem-
bres de la Société, nous ont fait de nombreuses visites. Nous
devons à l'obligeance de MM. A. H. Carreau et Emile Guiton des
772 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
photographies, qui montrent de façon intéressante les diverses
phases des travaux.
Nous devons aussi une marque de reconnaissance aux hommes
que nous avons employés, à M. Ernest Daghorn et à ses deux
aides. Ils ont travaillé non seulement sans relâche; mais surtout
ils ont été saisis par l'intérêt de leurs recherches, de telle façon
qu'aucune trace d'objet de vestige intéressant, ne pouvait leur
échapper.
M. le Dr Marcel Baudouin. — Je ne suis pas très étonné de voir
que malgré le voisinage, qu'on suppose ici probable, de la Mer, a
Yèpoque moustèrienne (puisqu'on l'accuse d'être la cause déter-
minante de la grotte elle-même), on n'ait pas trouvé le moindre
reste d'oiuGiNE marine (1), dans cette station si intéressante et si
curieuse.
Si j'en juge par ce que j'ai observé pendant plusieurs années à
l'Ile d'Yeu (Vendée), sur la falaise occidentale, qui ressemble tant
aux côtes Ouest de Jersey, où ces restes marins abondent dans
tous les gisements (quoique l'Ile d'Yeu, à l'époque préhisto-
rique, n'ait été qu'un Cap, avancé dans l'Océan : le Promunto-
rium Pictonum des Géographes romains), j'en arrive à penser
que, non seulement Jersey n'était pas une île aux époques pré-
historiques (ce que l'on sait depuis longtemps, grâce à des docu-
ments historiques), mais qu'à Yèpoque moustèrienne elle devait
même être très éloignée de i/Océan !
Cela se conçoit très bien, d'ailleurs, si l'on m'accorde que la
Mer de la Manche n existait pas du tout à l'époque du Paléolithique
moyen : ce que semblent admettre les Géologues modernes.
La découverte de Jersey est donc capitale, puisqu'elle apporte
un argument nouveau en faveur de la théorie de ceux qui admet-
tent l'existence d'un grand continent, reliant l'Angleterre à la
France aux temps paléolithiques; puisqu'elle se rapporte à une
Grotte d'origine terrestre et non marine; puisqu'elle prouve
l'existence de YHomme Moustérien, dans le bassin de l'ancien
grand Fleuve (Manche), dont la Seine n'était alors qu'un affluent ;
puisqu'elle éclaire d'un jour nouveau les belles recherches de
M. Commont sur le Moustérien du Nord de la France et des
Côtes de la Manche. — On ne peut qu'en vivement féliciter nos
collègues anglais.
(1) La faune est, en effet, purement continentale.
SOCIÉTÉ PRÉIUSTORIQOE FRANÇAISE 773
Une ff*ïeri*o à Empreinte pétlïforme :
Le ï*ïed de Saint Yves :
PAR
LE CONIAT (Trégomar, C.-d.-N.).
Dans un charmant vallon, frais et silencieux, où le poète et le rêveur
aiment à porter leurs pas, coule le Lézouen, qui déverse les eaux de
l'étang de Canon dans le port de Paimpol en Goëlo.
A environ 1.200 mètres Sud de cette jolie ville, que P. Loti et Botrel
ont fait connaître au loin, une Pierre àempreinte traverse le Lézouen,
qui prend le nom de Quinic, à son entrée dans la petite cité des
pêcheurs d'Islande.
La pierre, connue sous le nom de Pied de Saint-Yves, mesure envi-
ron 2m30 de longueur, 0ra80 de largeur, et 0m25 d'épaisseur. A son
extrémité Est, à droite, se voit une Empreinte, ressemblant à celleque
laisserait, sur une terre glaise, un boto chouquen [sabot breton ; à
bout pointu et recourbé].
Saint Yves, si populaire dans toute la Bretagne, naquit le 17 octo-
Fig. 1. — Le Pied de Saint-Yves (D'après des souvenirs de jeunesse) .
bre 1253, au manoir de Kermartin, paroisse du Minihy, près Tré-
guier. Il était fils d'Héloury, seigneur du lieu, et de dame Azo de
Kerenguis, de la maison du Plessis. De bonne heure, il embrassa
l'état ecclésiastique et fut nommé, par l'évêque de Tréguier, Alain de
Bruc, officiai du diocèse et recteur de Trédrez. Ce fut dans ces fonc-
tions qu'il exerçait au nom de l'évêque, que Saint-Yves fit briller
cet esprit d'équité qui le distingua entre tous, et qui le porta à
plaider gratis, devant les tribunaux séculiers, la cause des faibles et
des opprimés. Il fut surnommé l'avocat des pauvres. De sa maison
il avait fait un véritable hôpital, où il soignait tous les malheureux
qui s'y présentaient. Il mourut où il était né, le 19 mai 1303 et fut
inhumé dans la cathédrale de Tréguier. Dans sa jeunesse, dit la
légende, Saint-Yves fréquentait, chaque jour, l'école de Kerfot,
774 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
bourg du canton de Paimpol, distant à vol d'oiseau, de 16 kilomètres
de Kermartin.
La mère du futur saint l'aimait si tendrement qu'elle ne pouvait
se résoudre à le voir absent pendant une longue journée ; aussi le
jeune écolier devait-il se rendre pour l'heure du déjeuner, à la mai-
son. Quand le repas était prêt, la maman criait : « Yves, je vais
bientôt servir! » Le petit Héloury s'empressait de se rendre à l'appel
de sa mère et arrivait toujours à l'heure exacte pour le goûter.
Un jour cependant, il s'attarda au jeu avec quelques camarades.
Voulant rattraper le temps perdu et craignant d'être grondé, il se mit
à courir à belles jambes dans la direction du manoir paternel.
Arrivé sur la rive droite du Lézouen, il fit un faux-pas, en voulant
franchir le pont rustique. Son sabot frappa si fort la pierre, qu'il y
laissa l'empreinte qu'on y voit encore.
Il serait à souhaiter qu'on préservât de l'oubli ces naïves légendes,
autrefois si nombreuses au pays d'Armorique.
Nota. — Le manoir de Kermartin a été détruit par un incendie, en
1906 ou 1907.
M. Marcel Baudouin. — Comme le Pied de Saint-Yves existe tou-
jours, je prie nos collègues des Côtes-du-Nord d'en prendre un Dé-
calque très exact, sur papier fort; une coupe longitudinale et deux
transversales à la pointe et au talon (au moyen de la lame de plomb) ;
et, s'ils le peuvent, un moulage en plâtre. — Il pourra s'ajouter à la
nombreuse collection de Moulages de pieds humains scupltés que je
possède en Vendée.
Je profite de la circonstance pour annoncer la découverte que j'ai
faite, en juillet 1911, de deux nouveaux Pieds gravés humains, dans
la Garenne de Clisson (Loire-Inférieure); on n'en avait signalé qu'un
jusqu'à présent (Gabillaudj. J'ai exécuté les trois moulages.
Il y a là un vaste champ d'Etudes, -car je viens d'en découvrir un
autre à Avrillé (Vendée) : Le Pied de la Vierge, à la Fontaine Saint-
Gré.
Je publierai sous peu les Gravures pédiformes, que j'ai observées
et moulées à l'Ile d'Yeu, dès 1908 et 1909.
Mais il est indispensable, pour les comparaisons, d'avoir les Mou-
lages; les Décalques ne parlent pas assez aux yeux.
fc»»»B>f 3-'d a •
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
775
Un grain d'enf ilage, non achevé, trouvé
à Landaoudec en Crozon (Finistère).
PAR
G. GUÉNIN (Brest, F.).
En allant relever le plan des Alignements et de l'ensemble mé-
galithique de Landaoudec en Crozon, je trouvai, dans des déblais
de menhirs, que l'on avait fait sauter à la mine, un objet bizarre.
Il était au milieu d'un trou, laissé par le premier menhir (de la
première rangée), tombé sans avoir bouleversé les terres, et débité
par les carriers en menus morceaux II me suffit donc de gratter
la terre dans le trou, pour découvrir cette pièce curieuse, dont
je ne connais pas d'analogue.
C'est une pierre assez tendre, appartenant aux schistes argi-
leux de Porsguen, d'une couleur vert olive ou gris brunâtre. Ces
schistes ont des lits noduleux, calcareux et minces, particulière-
ment au Fret; et l'objet en question est précisément l'une de ces
nodules, vert clair, provenant du Fret. La distance, entre cette
localité et l'endroit précis, est d'environ 6 kilomètres. Il y a
donc transport intentionnel.
Le dessin qui suit (Fig. 1) peut donner une idée de ce qu'est
cette pierre, taillée dans un but que
j'ignore. La forme est celle d'un œuf,
si l'on veut; les deux cassures du haut
et du bas ne permettent pas de pous-
ser la comparaison plus loin. L'enve-
loppe extérieure [Fig. 1; A) a été enlevée
de manière à faire apparaître la surface
B, de couleur verte, alors que l'écorce
A est brune ou jaunâtre, sous l'in-
fluence des sels de fer. En travers,
l'objet se présente sous une forme ova-
laire [Fig. 2).
L'écorce A n'a été enlevée que sur
une épaisseur de 0m00l à 0m002 ; et la surface B est assez bom-
bée. En C, il existe une petite dépression circulaire, analogue à
celle que ferait un doigt, s'imprimant dans une matière assez
molle.
Fig. 1. — Grain d'enfilage,
non achevé, du Finistère.
776 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le trou, creusé h la partie inférieure, est très régulier et s'en
fonce de 0m05 à V intérieur
de la pierre; mais l'ouvrier iT _ .3
n'est pas parvenu a le faire Jl. ^v^**""" """""""""^V*.
en droite ligne, car il s'in- -/!' ***. /t AJ»
fléchit légèrement. Si le tra- l rn ^-^ f
vail s'était continué, la pierre \^^ ^^X^
aurait été mal percée et le «
trou serait venu se placer en p«* 2- "Grai" d'engagé (Finistère). -
X. Vu en travers.
D. — Est-ce la raison pour la •
quelle le trou n'a pas été achevé, et la pierre abandonnée ; mais
alors pourquoi se trouvait-elle au pied d'un menhir d'Aligne-
ments ?
Les dimensions de l'objet, sur lequel je voudrais bien être mieux
renseigné, sont les suivantes : plus grande longueur: 0,n074 ; plus
grande largeur, 0m063 ; épaisseur en D, 0"'031 ; épaisseur du côté
du trou, 0a,040; plus grande épaisseur, 0m043; diamètre du trou,
0m0l0; profondeur, 0m050
Est-ce une Pendeloque ? Elle serait bien grosse, tout en étant
fort légère ? Est-ce un objet de culte; ou faudrait-il le rapprocher
encore des Bétyles(?), trouvés par Siret en Espagne (1): je n'oserai
l'affirmer. En tout cas, il est singulier qu'un bétyle (?), dessiné
par M. Siret et placé sur une dalle plate et creusée, ait, à la par-
tie supérieure, une cassure semblable à celle de la pièce qui fait
l'objet de la présente note. Je me contente de poser le point d'in-
terrogation, et de demander l'avis de gens plus compétents, en
faisant remarquer seulement que les Bétyles de M. Siret ont 0m70
sur 0m44, et qu'on les trouve au centre de certaines Sépul-
tures.
Il est plus probable qu'il s'agit d'un Grain d'enfilage, inachevé;
c'est-à-dire" d'une partie de Parure.
M. Marcel Baudouin. — Cet objet pouvait se trouver au pied
d'un Menhir d'Alignement pour deux raisons au moins : 1° La
première, pareequ'il y a été perdu et y est tombé, au moment de
l'Erection du Menhir; 2° la deuxième plus probable, pareequ'il
existait certainement un Rite spécial <ï Erection des Menhirs (2), au
cours duquel on avait la coutume de déposer, dans la Tranchée ^
certains objets commémoratifs.
(1) Siket. — Les Cassitérides, etc. — Anthropologie, t. XX, p. 311.
(2) Marcel Baudouin. — Rite spécial d'Erection des Menhirs. — L'Homme
Préhistorique, Paris, 1910, VIII, Avril, n° 4, p. 97, 114. — Tiré à part, in-8<>, 1910,
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 771
Fouille à la station magdalénienne du Pont de
Longue, près la gare de Vic-le-Comte (Puy-de-
Dôme), en mai 19 ÎO.
Par le D'
G. CHARVILHAT (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme).
Le département du Puy-de-Dôme possède un petit nombre de sta-
tions magdaléniennes (une quinzaine environ), pauvres en osse-
ments. Les gravures sont extrêmement rares. On en connaît une
seule : une tète d'Equidé sur bois de renne provenant de Nescher.
Cette pièce qui faisait partie de la collection de l'abbé Croizet est
actuellement au British Muséum, où elle a été, peut-on dire, de nou-
veau découverte par un de nos savants les plus éminents, M. le Pro-
fesseur Boule.
Parmi toutes ces stations, celle du Pont de Longue est intéressante
à un double titre: 1° par sa richesse relative en ossements ; 2° par la
superposition de restes d'industrie de différentes périodes, depuis le
magdalénien jusqu'à l'époque gallo-romaine.
Elle fut découverte en 1899, par MM. Vernière, aujourd'hui décédé,
et Glangeaud, professeur à la Faculté des sciences de Clermont-Fer-
rand, au moment de la constrnetion d'une maison sur un terrain en
bordure de la route des Martres-de-Veyre à Vic-le-Comte, à quelques
mètres seulement de l'Allier, près le Pont de Longue, à peu de dis-
tance de la source d'eau minérale du Tambour, maison occupée
actuellement par la famille Chanet. En creusant les fondations de
cette demeure, on trouva des ossements de cheval et de renne et des
silex d'aspect magdalénien (burins, grattoirs, lames).
Depuis, cette station a été souvent mentionnée (1).
En mai 1910, nous fîmes ouvrir parallèlement à la maison Chanet
à 2 mètres de distance et à l'Ouest, une petite tranchée de 2 mètres de
largeur de 3m50 à 4 mètres de longueur dans la direction d'une ligne
allant de l'Allier à la route des Maîtres-de-Veyre à Vic-le-Comte.
Cette tranchée nous donna une coupe avec les différentes couches
suivantes, que nous indiquons en partant du sol :
(1) Bibliographie. — M. Boule, P. Glangeaud, G. Ronchon, A. Vernière. Le Puy-
de-Dôme et Vichy. — Guide du touriste, du naturaliste et de l'Archéologue. Paris,
1901, p. 7i.
A. Vernièrer. L'âge de la Pierre dans la vallée du haut Allier. Caen, 1905.
(Compte-rendu du LXXIe Congrès archéologique de France, tenu en 1901 au Puy).
P. Glangeaud. Les régions volcaniques du Puy-de-Dôme {Revue d'Auvergne,
1910), p. 186.
Dr G. Charvilhat. Archéologie préhistorique du Puy-de-Dôme [Revue d'Auvergne,
1910), p. 256.
D' G. Charvilhat et L. Accarias : Département du Puy-de-Dôme Carte préhistori-
que. Clermont-Ferrand, 1910.
7fl8» SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
1° Terre noire avec cailloux roulés. Débris de céramique gallo-
romaine à la partie supérieure (fragments d'une grande amphore, de
vases vernissés rouges et de poterie grossière rougeàtre et jaunâtre).
Vestiges d'industrie néolithique à la partie inférieure. Epaisseur de
cette couche : un mètre .
2° Sable terreux de couleur foncé, sans cailloux roulés et sans
industrie. Epaisseur : 0m40.
3° Sable plus pur, de couleur plus claire. Ni cailloux roulés, ni
restes d'industrie. Epaisseur : 0m40.
4° Sable fin et pur. Couche à faune et à industrie magdalénienne.
Epaisseur: 0m25.
5° Sédiments compacts argilo-terreux. Epaisseur: environ lm50 à
2 mètres. Nous n'avons pas dépassé cette dernière couche, où se
trouvent les roches primitives dans lesquelles le lit de l'Allier a été
entaillé.
Tous les os que nous avons recueillis dans la couche 4 appar-
tiennent au Renne, au Cheval, à des Bovidés. Nous avons aussi
rencontré des os que nous n'avons pu déterminer, os longs qui
avaient été brisés en petits fragments pour en extraire la moelle.
Quant à l'industrie, elle comprend des silex et des os ; les silex (lames,
grattoirs, burins, etc.) sont de petites dimensions et de coloration
jaunâtre. Les pièces en os sont des fragments de sagaies arrondies
et des os sectionnés pour être travaillés. Absence complète de
gravures.
Cette fouille très incomplète, que les circonstances ont réduites à
une simple tranchée (nous ne pouvions fouiller sous le maison et dans
la petite cour qui lui fait suite), nous montre cependant ce qui carac-
térise cette station à ciel ouvert : faible épaisseur de la couche
archéologique, petitesse des outils en silex (silex d'origine locale),
faune où renne et cheval sont mélangés, superposition de couches à
industries d'époques diverses.
Nous nous proposons de reprendre ces recherches.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 719
Découverte d'un Menhir,
près le Village de Piogat, canton de Menât
(Puy-de-Dôme).
Par le D*
G. CHARVILHAT (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme).
Le menhir renversé, que nous avons découvert, M. Lecoq, maire
de Neuf-Eglise, conseiller général du Puy-de-Dôme, Président de la
Société Les Amis de l'Université de Clermont-Ferrand, et moi, dans
un bois appartenant à M. Lecoq, au lieu dit les Brosses (n°246, sec-
tion B, de Menât, au plan cadastral), à une altitude de 525 mètres,
près le village de Piogat, canton de Menât, est constitué par un
Fig. 1.— Situation des Blocs de Calage, au pied du Menhir. — *, Endroit où des habitant
des villages voisins (Beaufort et Pioga!) avaient creusé lors de la fouille à la base du
Menhir, le 21 novembre 1911.
énorme bloc de gneiss, d'une longueur totale de 4m35, à sommet
arrondi sur sa plus grande étendue.
Ce mégalithe présente deux grandes faces parallèles, que nous
appellerons sud et nord (cette dernière en contact avec le sol), de
leur orientation, en supposant lemenhir debout, et deux petites
également parallèles Est et Ouest. (Fig. 1).
Les largeurs de ces faces sont :
1° A la partie médiane : face Sud lm35; face Est; 0m65; face Ouest
0ro58. 2°A 0m50 du sommet : face Sud 0^70 ; face Est 0m50 ; face Ouest
780 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
0m55. 3° A 0m70 de la base : face Sud lm60 ; face Est Qmbl ; face
Ouest 0m76.
Sur la face Sud, très irrégulièrement plane, se remarque un sillon
transversal de 0ra30 de largeur environ, se dirigeant obliquement de
Y arête Sud-ouest à Y arête Sud-est et formant des dépressions profondes
sur ces deux arêtes et les face Ouest et Est. Ces dépressions sont situées
sur la face Ouest à 2m70 du sommet et sur la face Est à un mètre.
La face Ouest oblique a une longueur de 4m30; la face Est droite de
3m95. Toutes ces faces sont recouvertes de mousses ainsi que les
arête Sud-est et Sud-ouest.
L'arête Sud-est est droite et vive. Sa longueur est de 4m30, Y arête
Sud-ouest, oblique et mousse (longueur 4m36).
On peut évaluer le poids de la pierre à 8.280 kilos.
Une fouille, faite à la base, le 21 novembre 1911, nous a fait
découvrir, à l'Ouest et à l'Est, des Cales, en gneiss, à un mètre environ
de profondeur (Fig. 1).
La terre végétale a uneépaisseur d'environ 0m70 àOm80. Au-dessous
se trouvent des sables, provenant de la décomposition des roches
primaires.
Nous ne connaissons pas de légende sur le menhir, connu seule-
ment dans le pays sous le nom de Grosse pierre du Bois des Brosses.
Signalons la présence à 100 mètres environ et à l'Ouest d'une
Source et à 200 mètres également à l'Ouest d'un petit cours d'eau.
Le Monument mégalithique le plus voisin serait le Dolmen de Blot
l'Eglise, aujourd'hui malheureusement détruit, comme bien d'autres
en Auvergne.
TABLE DES AUTEURS
Aublanc (Ch.) (Périgueux). — Gravures sur la paroi d'une ancienne habitation,
taillée dans le roc, du coteau d'Ecornebœuf, près Périgueux (Dor-
dogne), 305.
Aymar (Alph.) (Clermont-Ferrand). — Observations sur l'existence des fabri-
qués de poteries en Auvergne à l'époque gallo-romaine et sur la tech-
nique de la glaçure de leurs produits, 705.
— Un sifflet néolithique, 710.
Ballet (D') (Paris). — Une Hache acheuléenne delà Seine, 537.
Baquié (Georges) (Nissau, Hérault). — Le Chien en Préhistoire, 51, 152.
— Discuss ion sur les Haches polies, 191.
Barbier (H.) (Pacy-sur-Eure). — Note sur une découverte de sépultures gallo-
romaines à Pacy-sur-Eure (Eure), 304.
— Découverte d'un Pic-hache gallo-romain, aux environs de Pacv -sur-
Eure, 681.
Baudon (D' Th.) (Paris). — Hache néolithique à marche en silex; casse-tête
néolithique troué en silex; pendeloque paléolithique en silex, 696.
Baudouin (Dr Marcel) (Paris). — Découverte du Centre occidental de l'Age
du Cuivre en Vendée, 120.
— Le Chien en Préhistoire, 51, 152.
— A propos des figures en triangle gravées sur les Haches ou peintes sur
les maisoas, 193.
— Le Pas de Dieu, à Sainte-Radegonde de Poitiers, 320.
— Lieux dits à radical « Chante », 461.
— Description de la Chambre sépulcrale restaurée de Belleville, à Vendrest
(Seine-et-Marne), 479.
— Débris de hache polie à gravures modernes sur les faces et sur les
bords, 692.
— Une hache préhistorique en fer du Fouta-Dialon (Afrique centrale) de la
Collection Paul Guébhard, 701.
Bertin (A.) (de Paris) . — Echantillons provenant des bords de la mer et des
balastières des environs du Crotoy (Somme), 476.
— Présentation des échantillons provenant de Chamigny (Soine-et-Marne) et
Bézy-le-Guéry (Aisne), 546.
Bombai (E.) (Argentat, Corrèze). — Découverte d'un Puits funéraire et d'un
Souterrain-refuge, au village de Bros, commune de Monceaux, canton
d'Argentat (Corrèze), 149.
Bouillerot (R.) (Dijonl. — Sur une épingle de Bronze à « collerettes mobiles »
enfilées sur une lige de fer, 604.
Boutanquoi (O.) (Nampcel, Oise). — Découverte scientifique de deux Menhirs
indicateurs d'une Sépulture sous roche, ou Chambre sépulcrale, à Trosly-
Vieux-Moulin (Oise), 647.
— La station préhistorique de Nampcel (Oise), 747.
782 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Bout de Charlemont (H.) (Marseille). — Découvertes faites dans une Grotte
du massif de Marseilleveyre, 713.
Breuil (l'abbé H.) (Paris). — Observations sur les gravures sur Os problé-
matiques trouvées à Rivière (Landes), 665.
Cahen (Albert) (Le Havre). — Une pierre à aiguiser en schiste, 382.
Chapelet (H.) (Paris). — Le mot Chiron et ses dérivés.
— Une hache plate à bords relevés, 185.
Charvilhat (G.). (Glermont -Ferrand). — Note sur un fragment en terre cuite
de l'époque gallo-romaine, provenant de Clermont-Ferrand, analogue à
un objet de même nature trouvé à Massiac (Cantal) et encore indéter-
miné, 556.
— Fouille à la station magdalénienne du Pont-de-Longue, près la gare de
"Vic-le-Compte (Puy-de-Dôme), en mai 1910, 776.
— Découverte d'un Menhir, près le village de Piogat, canton de Menât (Puy-
de-Dôme), 778.
Cfcatelet (G.) (Avigaon). — Sur une hache polie à tranchant, à double cour-
bure, 143.
Clastrier (Stanil) (Marseille). — Remarques sur quelques pierres Liguro-celto-
grecques du « Pain-de-Sucre » à Marseille, 313.
Collignon (Dr R.) (Cherbourg). — A propos du Capsien, 197.
Conil (P.-A.) (Sainte-Foy-la-Grande, Gironde). — Quelques remarques sur les
alluvions anciennes inférieures de la vallée de Caudon, 67.
— Lieu dit à radical « Chante », 525.
Corot (Henry) (Savoisy, Côte-d'Or). — Le Néolithique au Plateau d'Alise, 746.
Cotte (C.) (Pertuis, Vauclusej. —Au sujet delà Chronologie préhistorique, 153.
Cousset (A.) (Etaules). — Découverte d'une station gallo-romaine à Royan
(Charente-Inférieure), 125.
— Découverte d'objets anciens en os, 197.
— Découverte d'un dépôt de trois Haches en cuivre [Age du Bronze I], à la
Sablière, commune de Breuilhet (Charente-Inférieure), 403.
— Découvertes en Charente-Inférieure, 661.
Coutil (Léon) (Saint-Pierre-du-Vauvray, Eure). — Fouilles gallo-romaines dans
la forêt de Bord, près Incarville, 180.
— Relation du redressement de la table et des quatre supports du Dolmen
« La Grosse Pierre » ou Pierre Couplée de Verneusses (Eure), 189.
— Les ruines romaines d'Incarville, forêt de Bord, lieu dit le Testelet, 190.
— Une épingle à bélière de l'âge du bronze dans les dragages de la Seine, 365.
— Ardoise gravée de la station de la Pointe du Heu, à Bretteville-en-Saire
(Manche), 664.
Dalmon (H.) (Bourron, Seine-et-Marne). — Le mot Cro en préhistoire, 181.
Dangelzer (R.). — Notice sur la Préhistoire de la Mauritanie occidentale
saharienne, 217.
Delort (J-B.) (Cosne, Nièvre). — Les pierres à bassins, 170.
Desailly (L.) (Paris). — La Préhistoire de la nouvelle édition de la feuille d'Ar-
ras (1910) de la Carte Géologique de France, 342.
Desforges (A.) (Fléty, Nièvre). — Le Paléolithique inférieur dans la vallée de
l'Alèné (Nièvre), 651.
Desmazières (O.) (Segré, Maine-et-Loire). — Le Chelléeo et l'Acheuléendans
le Département de Maine-et-Loire, 160.
Deyrolle (Dr) (Paris). — La Tortue en préhistoire, 123.
Didon(L.) (Périgueux). — Phallus en bois de Renne et Pierres gravées de
l'époque aurignacienne, 297.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 783
Dubalen (P.) (Mont-de-Marsaa). — La Grotte de Rivière (Landes), 638.
Dubreuil-Chambardel L.) (Tours). — Sur les mots « Dange » et
« Dube », 136.
Dubus(A.) (Neufchàtel-en-Bray, Seine-Inférieure). — Note sur les traces de
l'existence d'un Culte de la Hache pendant le Paléolithique inférieur, 677.
Ede (Frédéric) (Monligny-sur-Loing, Seine-et-Marne). — Une Roche à Gravures
dans la Forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne), 207.
Estaunié ;D.) (Amrai-Moussa, Algérie). — Découverte de stations préhistori-
ques à Ammi-Moussa (Oran, Algérie), 699.
Florance (Blois). — Diverses Sépultures gallo-romaines en Loir-et-Cher, 270.
Franchet (L.) (Asnières, Seine). — Sur quelques causes déterminantes du
magnétisme des poteries, 279.
— Sur les points de cuisson de deux fragments de poterie, trouvés dans la
station magdalénienne de Beauregard, 345.
— Discussion sur l'émail des poteries romaines, 743.
Gadeau de Kerville (Rouen) et Poulain (Georges) (Eure). — Résultat des
fouilles effectuées dans un Abri sous roche à Bonnières (Seine-et-Oise)
et découverte d'une Sépulture néolithique à Genfosse (Seine-et-Oise), 276.
Giraux (Louis) (Saint-Mandé). — Silex en forme de Rabot, provenant de Ven-
drest (Seine-et-Marne), 71 .
— Silex faux en forme de croissant, 146. •
— Hache en silex de forme arquée, 277.
— Hache polie à laces altérées, provenant du Danemark, 339.
— Le Menhir de la Grosse Borne à Coupvray (Seine-et-Marne), 384.
— Hache polie avec gravures sur les deux faces, 688.
Givenchy (Paul de) (Paris). — Hache polie avec gravure géométrique, 173.
— Les grands Eclats Moustériens et les Pièces Acheuléo-Muustériennes de
la carrière du Tillet, près la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), 257.
Gobert (Dr E.) (Revedef, Tunisie).— Origine des balles polyédriques, 172.
Gobillot (Louis) (La Tremouille, Vienne). — Note sur une Pendeloque néoli-
thique trouvée à Liglet (Vienne), 338.
— Contribution à l'étude du Néolithique Montmorillonnais : Haches en roches
cristallophylliennes à érosions, 641.
Graff (Issou, Seine-et-Oise). — Ebauches et haches polies au fond de la vallée
d'Issou (Seine-et-Oise), 684.
Guébbard (D' Adrien) (Paris). — La Préhistoire au dehors, 58.
— Hache polie et Ciseau de la Côte d'Ivoire, 129.
— Objet bizarre en terre cuite, 248.
— A propos de la décoration, au champ-levé ou par excision, d'une Poterie
préhistorique provençale, 390.
— Sur une particularité remarquable de certaines épingles de bronze dites
« à collerettes », 396.
— Discussion sur les Files géminées de Pierres plantées, 466.
— Sur les anses verticales multiforées horizontalement, 501, 571, 646.
— A propos des broches de bronze « à collerettes » et à disques mobdes, 602.
— Encore un objet énigmatique, 635.
— Objets en terre cuite des Palalittes-suisses (Ages du bronze), 740.
Guénin (G.) (Brest). — Trépanation néolithique christianisée, 54.
— Le Cuivre en Bretagne, 187.
— Une idole, de forme égéenne, trouvée dans les Côtes-du-Nord, 719.
— Un grain d'enfilage non achevé, trouvé à Laudaoudec-en-Crozon (Finis-
tère), 774.
Harmois (A. L.) (Saint-Brieuc). — La Tortue en Préhistoire, 462.
— Trépanation historique christianisée et crâne de Saint-Auoert, 463.
— Inhumation des enfants mal conformés [Coutume Indo-chinoise], 466.
— La Hache plate en Cuivre dans le Département des Côtes-du-Nord
{Suite), 475.
784 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Hébert (Marcel) (Paris). — La Tortue en Préhistoire, 52.
— La Chienne en Préhistoire, 123.
— Eolithes et pseudo-éolithes, 548.
Houry (Issy, Seine). — L'Industrie paléolithique de Billancourt (Seine), 653.
Hue (Edmond) (Paris). — Quelques pièces préhistoriques de Luc, Langrune,
Lion et Bény (Calvados), 715.
Jacquot (Lucien) (Grenoble). — Discussion sur le Capsien, 53.
— Hache polie à érosion, 57.
— Pierres à Cupules dite des Francs-maçons, 196.
— Les prétendues Pierres druidiques de iMiribel-les-Echelles et de Merlaz
(Isère), 540.
— Hypothèses sur les Haches en silex et en bronze, 662.
Jullien (Dr) (Joyeuse, Ardèche). — Outil servant à piquer les meules préhis-
toriques, 694.
Larmigny (Château-Porcien, Ardennes). — Station néolithique et incinéra-
tions gallo-romaines à Château- Porcien (Ardennes), 405.
Le Coniat (Victor) (Trégomard, Côtes-du-Nord). — Haches polies trouvées
dans de vieux bâtiments, 175.
— Meules en granité de Trégomard (Côtes-du-Nord), 222.
— Hache polie de grande taille, 656.
— Une pierre à empreinte pédiforme : Le Pied de Saint-Yves, 772.
Leroy (J.) (Pont-Audemer). — Le cimetière mérovingien et carolingien de
Manneville-sur-Risle (Eure), 530.
Lewis (A.-L.) (Angleterre). — Les Menhirs-bornes, 527.
— Les c Alignements de Pierres #> (Stone-Rows) de Dartmoor, Devonshire
(Angleterre), 685.
Malga (l'abbé) (Cels, Lot). — Objets provenant d'une Grotte magdalénienne à
Luzech et d'une station néolithique à l'Impernal, près Luzech (Lot), 311.
Marignan (Dr) (Marsillargues, Hérault). — Discussion sur les Haches polies
gravées.
Martin (Dr Henri) (Paris). — Présentation d'un Crâne humain trouvé avec le
Squelette à la base du Moustérien deLaQuina (Charente), 615.
Martin (Dr Henri) (Paris) et Barreau (J.-B.) (La Haye-Descartes, Indre-et-
Loire). — Tranchées exécutées dans l'Atelier de Larcy au Grand-Pres-
signy, 110.
— Stratigraphie de trois tranchées dans l'Atelier de Larcy (Grand-Pressi-
gny), 433.
— Crâne humain trouvé avec le squelette à la base du Moustérien de La
Quina (Charente), 615.
— Présentation de moulages et de photographies. Reconstitution du crâne
de l'homme fossile de La Quina, 740.
Matthis (Ch.) (Niederbronn). — La Préhistoire de Niederbronn (Alsace), 444.
Mazauric (F.) et Bourilly (J.) (Marguerittes, Gard). —Note sur la mon-
tagne de Cordes, près Fontvieille (Bouches-du-Rhône), 307.
Menant (E.). (Saône-et-Loire). — Sur une petite Tortue en porphyre trouvée
à Autun, 738.
Mortillet (Paul de). — Discussion sur les haches polies avec gravures, 748.
Mùlinen (M. de) (Berne). — Statuette en terre cuite trouvée en Palestine,
739.
Muller (H.) (Grenoble). — A propos des Silex-Rabots, 126.
— Découverte d'une Pierre à Cupules dans l'Isère, 195.
Naulin (Dp) (Paris). —Trouvailles de vases anciens, 194.
Nicolle (T.) et Sinel (J.) (Jersey). — La Grotte paléolithique de La Cotte à
Jersey (A.) {iFig.), 757, 767.
Pagès-Allary (Jean) (Murât, Cantal). — Le mot Chiron et ses dérivés, 181.
— Discussion sur l'Age du Cuivre, 182.
— Les Fouilles de Las Tours en 1910, 265.
— Les Hochets préhistoriques, 549.
— Hypothèses tirées des Haches préhistoriques, 627.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCL 785
Pagès-Allary, Lauby et Charvilhat. — La Grotte Pic, à l'Orcier, nrès
Retournac (Haute-Loire), 717.
Pallary (Paul) (Eckmull, Algérie). — Sur la présence d'uni Industrie paléoli-
thique dans une plage soulevée Algérienne, 162.
Paniagua (A. de) (Paris). — Une station magdalénienne au Fleix (Dor-
dogne), 141.
Plescier (L.) (Compiègne).— La Cachette de Fondeur découverte à Compiègne
(Oise), 407.
Pol-Baudet (Crécy-sur-Serre, Aisne). — La Civilisation grecque en Afrique
et la légende de l'Atlantide, 122.
Poulain (Georges) (Saint-Pierre-d'Outils,* Eure). — Établissement romain en
cours d'exploration, situé à Saint-Aubin-sur-Guillon (Cure), 198.
Quilgars (H.) (Evreux). — Inventaire des Mégalithes du pays de Guérande
(Loire-Inférieure), 74.
Roland (M.) (Villevenard, Marne). — Découverte d'une Grotte néolithique à
Courjeonnet, près Villevenard (Marne), 669.
Romain (G.) (Sainte-Adresse, Seine-Inférieure). — Les produits lithiques des
chocs naturels sur les plages de Saint- Valéry-en-Caux et de Veules-les-
Roses, 527.
Roseville-les-Grottes (Lasseube. Basses-Pyrénées). — Notes succinctes sur
quelques instruments Sahariens de l'âge de la pierre, 533.
Saint-Périer (de) (Paris). — Découverte d'une Grotte à Lespagne (Haute-
Garonne), 662.
Sifire (Dr) (de Paris). — Note sur une Usure spéciale des Molaires du Sque-
lette de La Quina, 741.
Toulmin-Nicolle (Ed.) et Sinel (J.) (Jersey, Angleterre). — Rapport sur
l'exploration de la grotte paléolithique connue sous le nom de « La
Cotte », située dans la baie de Saint-Brelade, à Jersey (4 Fig.), 757.
■ — Rapport sur la reprise de l'exploration de a La Cotte *>, par la Société
Jersiaise, 765.
Tryon-Montalembert (Marquis de) (Paris). — Présentation de Pièces campi-
gniennes trouvées en surface dans le déparlement de l'Yonne, 286.
Vauvillé (O.) (Paris). — Tranchets et Décarnisation, 182.
— Objets provenant des Sépultures néolithiques de Montigny-l'Engrain
(Aisne), 378.
— Tranchets préhistoriques du Soissonnais, 410-453.
— Alignements de pierres et autres pierres non rangées, probablement de
l'Époque néolithique, sur Cussy-en-Almont (Aisne), 454.
— Ciseau en silex taillé et poli, 602.
Viré (Armand) (Paris). — Le mot Chiron et les vocables connexes, 51.
— Un Nucléus solutréen analogue aux « Livres de beurre » du Grand Pres-
signy, 221.
— Dolmens et Tumuli du Lot, 348.
— Commission d'étude des Enceintes préhistoriques et Fortifications anhis-
toriques, passim.
Vuarnet |E.) (Messerv, Haute-Savoie). — Découverte d'un Souterrain en Haute-
Savoie, 192.
— Haches en pierre dans les murs de maisons, 193.
— A propos de l'Atlantide, 194.
— Discussion sur les pressoirs, 738.
Zaborowski (S.) (Paris). — Quelques monuments de l'âge de la pierre en
Grèce, 158.
— La Grèce, Chypre, et la première origine du Cuivre, 165.
TABLE DES MATIÈRES
Abri sous roche (Résultat des fouilles
effectuées dans un — à Bonnières
(Seine et-Oise), et découverte d'une
Sépulture néolithique à Genfosse
(Seine-et-Oise); parGADEAU de-Ker-
ville (Rouen) et Poulain (Georges)
(Eure) p. 276
Acheuléen (L'— et leChelléen dans le
département de Maine-et-Loire); par
Desmazières (0.) (Segré, Maine-et-
Loire) p. 160
Acheuléenne (Une Hache — de la Sei-
ne); par Ballet (Dr) (Paris), p. 537
Acheuléo-Moustériennes (Les grands
Eclats Moustériens et les Pièces —
de la carrière du Tillet, près la Ferté-
sous-Jouarre (Seine-et-Marne); par
Givencuy p. 257
Afrique centrale (Une hache préhis-
torique en fer du Fouta-Dialon — de
la Collection Paul Guébhard) ; par
Baudouin (Dr) p. 701
Algérienne (Sur la présence d'une- In-
dustrie paléolithique dans une plage
soulevée — ) ; par Pallary (Paul)
(Eckmull, Algérie) p. 192
Atsne (Présentation des pièces pro-
venant de Chamigny (Seine-et-
Marne) et Bézy-le-Guéry (Aisne);
par Bertin p . 546
Alignements de Pierres et autres pier-
res non rangées, probablement de
l'Epoque néolithique, sur Cussy-en-
Almont (Aisne); par "Vauvillé.
p. 454
Alignements de Pierres (Les — (Stone-
Rows)deDartmoor, Devonshire, An-
gleterre); par Lewis p. 685
Alise (Le Néolithique au plateau d'— );
par Corot Henry (Savoisy, Côte-
d'Or) p. 746
Alluvions (Quelques remarques sur
les — anciennes inférieures de la
vallée deCaudon); par Conil(P.-A.)
(Sainte-Foy-la-Grande, Gironde).
p. 67
Alsace (La Préhistoire de Niederbronn,
— ); par Matthis (Ch.) (Niederbronn.
p. 444
Anses (Sur les —verticales multiforé^s
horizontalement ; par Guébhard.
p. 501,571, 640
Ardoise gravée de la station de la
Pointe du lieu, à Bretteville-en-Sair.-
(Manche); par Cousset p. 60 i
Arras (La Préhistoire de la nouvelle
édition de la feuille d'— (1910) de li
Carte Géologique de France); parDh-
sailly (L.) (de Paris) p. 3i?
Atlantide (La Civilisation grecque en
Airique et la légende de 1'—) ; par
Pol-Baudet (Crécy-sur-Serre, Aisne).
p. 122
Atlantide (A propos del'— ); par Vuar-
net p. 194
Aurignacienne (Phallus en bois de
Renne et Pierres gravées de l'épo-
que — ); par Didon (L.) (Périgueux).
p. 297
B
Balastières (Echantillons provenant
des bords de la mer et des — des
environs du Crotoy (Somme); par
Bertin (A.) (de Paris) 47G
Balles (Origine des — polyédriques) ;
par Gobert (Dr E.) (Revedef, Tuni-
sie) p. 172
Bassins (Les pierres à — ); par Delort
(J.-B.) (Cosne, Nièvre) p. 170
Bouches-du-Rhone (Note sur la monta-
gne de Cordes, près Fontvieille, — ) ;
par Mazauric (F.) et Bourilly (J.)
(Marguerittes, Gard) p. 307
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
787
Bronze (Une épingle à bélière de l'âge
du—, dans les dragages de la Seine);
par Coutil p. 365
Bronze 'Sur une particularité remar-
quable de certaines épingles de —
dites * à collerettes ») ; par Guébhard.
p. 396
Bronze (A propos des broches de — «à
collerettes» et à disques mobiles);
par Guébhard p. 6Ô2
Bronzk (Sur une épingle de — « â col-
lerettes mobiles », enfilées sur une lige
de fer); par Bouillerot (R.) (Dijon),
p. 604
Bronze (Hypothèses sur les Haches en
silex et en — ) p. 627, 662
Çampigniennes (Présentation de Pièces
— trouvées en surface dans le dépar-
tement de l'Yonne); par Tryon-Mon-
talembert (Marquis de) (Paris).
p. 286
Calvados (Quelques pièces préhistori-
ques de Luc, Langrune, Lion et Bény
— ); par Hce ^Edmond) (Paris).
p. 715
Capsiex (A. propos du — ); par Colli-
gnon (Dr R.) (Cherbourg)... p. 197
Carolingien (Le cimetière mérovingien
et—) de Manneville-sur-Risle (Eure);
par Leroy (J.) (Pont- Audemer).
p. 530
C\--e-tète (Hache néolithique à man-
che en silex); par Baudon (Dr Th.)
Paris) p 6%
Chante (Lieux dits à radical — ; par
Baudouin (Marcel), etc p. 461
Charente-Inférieure (Découvertes en
— ); par Coosset p. 125, 197, 403,661
Chelléen (Le — et l'Acheuléen dans le
département de Maine-et-Loire); par
Desmazières (O.) iSegré, Maine-et-
Loire) p. 160
Chien (Le — en Préhistoire); par Ba-
quié (Georges) (Nissau, Hérault).
p. 51, 152
Chien (Le — en Préhistoire); par Hé-
bert p. 123
Chiron (Le mot — et les vocables con-
nexes); par Viré (Armand) (Paris).
p. 51
Chiron (Le mot — et ses dérivés) ; par
Pagès-Allary (Jean) (Murât, Can-
tal) p. 181
Chronologie (Au sujet de la — préhis-
torique) ; par Cotte (C.) (Pertuis,
Vaucluse) p. 153
Ciseau (Hache polie et — de la Côte
d'Ivoire); par Gcébhard p. 120
Cisfau en silex taillé et poli; par Vau-
villk p. 602
Cordes (Note, sur la montagne de —
près Fontvieille (Bouches-du-RhOne ;
par Mazauric (F.) et Bourilly (J.)
(Marguerilles, Gard) p. 307
Crâne Moustérien. . . p. 615,740,741
Crû (Le mot — en préhistoire); par
Dalmon (H.) (Bourron, Seine-et-Mar-
ne) p. 181
Croissant (Silex faux en forme de — ) :
par Giradx p. 146
Cuivre (Découverte du Centre occiden-
tal de l'Age du — en Vendée); par
Baudouin (D' Marcel) (Paris), p. 120
Cuivre (La Grèce, Chypre, et la pre-
mière origine du — ); par Zaorows-
ki, etc p. 165
Cuivre (Discussion sur l'Age du — );
par Pages- Allary, etc p. 182
Cuivre (Le — en Bretagne); par Guk-
mn p. 187
Ci ivre (Découverte d'un dépôt de trois
Haches en — (Age du Bronze I), à
la Sablière, commune de Breuilhet
(Charente - Inférieure); par Cous-
set p. 403
Cuivre (La Hache plate en — dans
le Département des Côtes-du-Nord
[Suite); par Harmois p. 475
Cupules (Découverte d'une Pierre à
— dans l'Isère); par Muller. p. 195
Cupules (Pierres à— dites des Francs-
maçons) ; par Jacquot p. 196
Danemark (Hache polie à faces al-
térées, provenant du — ) ; parGiRAux
p. 339
« Dange » (Sur les mots — et Dube);
par Ddbreuil-Chambardel (L.)
(Tours) p. 136
Décarnisation (Tranchets et — ) ; par
Vauvillé); iO.) (Paris) p. 182
Dolmen (Relation du redressement
de la table et des quatre supports
du— «La Grosse Pierre ou Pierre
Couplée de Verneusses (Eure); par
Cousset p. 189
Do'.mens et Tumuli du Lot ; par
Viré '. p. 348
788
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Dube » (Sur les mots «Dange » et
— ); par Dubreuil-Chambardel (L.)
(Tours) p. 136
E.)Lithes (— et pseudo-éolithes) ;
par Hébert p. 548
Email (Poteries) p. 743
Epinglk (Une — à bélièie de l'âge
du bronze dans les dragages de la
Seine) ; par Gousset p. 365
Epingles (Sur une particularité re-
marquable de certaines— de bronze
dites « à collerettes » ) ; par GuÉ-
bhard p. 396
Epingle (Sur une — de Bronze à
« collerettes mobiles » enfilées sur
une tige de 1er); par BouiLLEaoT(R.)
(Dijon) p. 604
Empreinte (Une pierre à — pédiforme :
Le Pied de Saint- Yves); par Coniat
(M. Le) (de Trégomar , Cùte-du-
Nord) p. 772
Enceintes (Commission d'étude des —
préhistoriques et Fortifications an-
historiques); par Viré (Armand).
passim.
F
Fer (Une hache préhistorique en —
du Foula-Dialon (Alrique centrale)
de la Collection Paul Guébhard); par
Baudouin p . 701
Fondeur (La Gâchette de — découverte
àCumpiègne(Oise)), parPLEssiER (L.)
(Gompiègne) p. 407
G
Gallo-romaine (Découverte d'une sta-
tion — à Royan (Charente-Inférieu-
re) ; par Cousset (A.) (Etaules).
p. 125
Gallo-romaines (Diverses Sépultures —
en Loir-et-Cher); par Florance
(Blois) p. 270
GALLO-KOMAiNEs(Fouilles — dans la forêt
de Bord, près Incarville; par Cou-
til (Léon) (Saint-Pierre-du-Vauvray,
Eure) p. 180-190
Gallo-romaines (Station néolithique et
incinérations — à Château-Porcien
(Ardennes); par Larmigny (Château-
Porcien, Ardennes) p. 405
GALLo-BOMAiN(Etablissement — encours
d'exploration, situé à Saint-Aubin-
sur-Guillon (Eure); par Poulain
(Georges) (Saint - Pierre - d'Outils,
Eure) p. 198
Grain d'enfilage (Un — non achevé,
trouvé à Landaoudec-en-Crozon
(Finistère); par Guénin (G.), (Brest).
p. 774
Grand-Pressigny (Tranchées exécutées
dans l'Atelier de Larcy au — ) ; par
Martin (Dr Henri) (Paris) et Barreau
(J.-B.)(La Haye-Descartes, Indre-
et-Loire) p. 110, 443
Gravures (Une Roche à — dans la
Forêt de Fontainebleau (Seine-et-
Marne) ; par Ede (Frédéric) (Motili-
gny-sur-Loing, Seine-et-Marne) .
p. 207
Gravures sur la paroi d'une ancienne
habitation, taillée dans le roc, du
coteau d'Ecornebœuf, près Péri-
gueux (Dordogne); par AuBLANC(Ch.)
(Périgueux) p. 305
Gravurbs (Observations sur les — sur
Os, problématiques, trouvées à Riviè-
re (Landes); par Breuil (l'abbé II.)
(Paris) p. b65
Grotte (Rapport sur l'exploration de
la — paléolithique connue sous le
nom de « La Cotte », située dans la
baie de Saint-Brelade, à Jersey); par
Toulmin-Nicolle (Ed.) et SlNEL (J.)
(Jersey, Angleterre) p. 757,765
Grotte (La — de Rivière (Landes) ; par
Dubalen (P.) (M ont- de-Marsan).
p. 638
Grotte (Découverte d'une — à Lespa-
gne (Haute-Garonne); par Saint-
Périër (de) (Paris) p. 662
GroTTE (Découverte d'une — néolithi-
que à Courjeonnet, près Villevenard
(Marne); par Roland (M.) (Villeve-
nard., Marne) p . 669
Grotte (Découvertes faites dans une
— du massif de Marseilleveyre) ; par
Bout de Charlemont(H.) (Marseille).
p. 713
Grotte Pic (La — , à l'Orcier, près
Retournac (Haute Loire) ; par Pages-
Allary, Lauby et Chahvilhat.
p. 717
Hache (Note sur les -traces de l'exis-
tence d'un Culte de la — pendant le
Paléolithique inférieur); par Du-
bus (A.) (Neufchâtel-en-Bray, Seine-
Inférieure) p. 677
Hache néolithique à manche en silex ;
par BaudoniD' Th.) (Paris), p. 696
Haches en pierre dans les murs de
maisons; par Vuarnet p. 193
SOCIÉTÉ PRÉIIISTORIQUK FRANÇAISE
7S9
Hache tx silex de l'orme arquée ; par
Giralx p. 277
Haches (Hypothèses sur les — préhis-
toriques); par Pagès-Allary. p. 627
Haches ex silex (Hypothèses sur les
— et en bronze); par Jacqcot
p. 66-2
Haches (A propos des ligures en trian-
gle gravées sur les — ou peintes sur
les maisons; par Baudouin. . p. 193
Haches (Contribution à l'étude du Néo-
lithique Montmorillonnais : — en
roches cristallophylliennes à éro-
sions); par Gobillot p. 641
Hache polie à érosion; par Jacquot
(Lucien) (Grenoble) p . 57
Hache polie et ciseau de la Côte d'I-
voire; par Guébhard p. 129
Hache polie (Sur une — à tranchant,
. à double courbure) ; par Ghatelkt
C.) (Avignon) p. 143
Hache polie à faces altérées, prove-
nant du Danemark; par Giralx
p. 339
Hache polie avec gravures sur les deux
faces-, par Giraux p. 688
Hache polie (Débris de — à gravures
modernes sur les faces et sur les
bords; pir M. Baudouin ... p. 692
Hache polie de grande taille ; par Jac-
quot p . 656
Haches polies trouvées dans de vieux
bâtiments ; par Lb Contât (Victor)
(Trégomard, Côtes-du-Nord). p. 175
Haches polies (Ebauches et — au fond
di la vallée d'fssou (Seine-et-Oise) ;
par Graff (Issou, Seine-et-Oise).
p. 684
Haches polies (Discussion sur les — ),
avec gravures; pir Mortillet (Paul
de)..'. p. 748
Haches 'Discussion sur les — polies et
gravées); par Marignane) (Marsil-
largues, Hérault) p. 749
Hache plate, à bords relevés; par
Chapelet... p. 185
Haches de Cuivre de Charente Infé-
rieure p. 403
Hache en Fer (Afrique) p. 701
Hochets (Les — préhistoriques); par
Pagès-Allary p. 549
Homme fossile de La Quina; par Mar-
tin et Siffre (Paris), p 615,710, 741
Idole (Une
de lorme égéenne,
trouvée dans les Côtes-du-Nord); par
Guénin p. 719
Inhumation des enfants mal conformés
[Coutume Indo-chinoise i;par Harmois
p. m
La Cotte .Rapport sur la reprise de l'ex-
ploration de — par la Société Jer-
siaise; par Tollmin-N:colle (Ed.)
et Sinel (J.) (Jersey, Angle-terre)
p. 765
Larcy (Stratigraphie de trois tranchées
dans l'atelier de — ,Grand-Pre3signy);
par Martin (Dr) et Barreau., p. 33
Larcy (Tranchées exécutées dans l'A-
telier de — au Grand-Pressigny; par
Martin (Dr Henri; (Parisi et Barreau
(J-B.) (La Haye-Descartes, Indre-
et-Loire) p. 110
Las Tours (Les Fouillas de— en 1910;
par Pagès-Allary p 265
Liguro-celto-grecques (Remarques sur
quelques pierres — du « Pain-de-
Sucre » à Marseille; par Clastrier
(Stanil) (Marseille) p. 313
Lot (Dolmens et tumuli du — ); par
Viré p. 348
Magdaléniennf. (Objets provenant d'une
Grotte — à Malga-Luzech, et d'une
station néolithique à l'.Impernal, près
Luzech (Lot); par Malga (l'abbé)
(Gels, Lot) p. 131
Magdalénienne (Sur les points de cuis-
son de deux fragments de poterie,
trouvés dans la station — de Beau-
regard); par Fraxchet... .. p. 315
Magdalénienne ( Une station — au Fleix
(Dordogne); par Paniagua (A. de)
(Paris) p. 141
Magdalénienne (Fouille à la station
— du Pont de Longue, près la
gare de Vic-le- Comte (Puy de-Dôme),
en mai 1910); par Charvilhat (Dr G.)
(Clermont-Ferrand, Puv-de-Dôme).
p. 776
Marne (Découverte d'une Grotte néo-
lithique à Courjeonnet, près Villeve-
nard — ); par Roland (M.) (Villeve-
nard, Marne) p. 869
Mauritanie (Notice sur la Préhistoire
de la — occidentale saharienne); par
Dangei.zer (R.) p. 217
Mégalithes (Inventaire des — du pays
de Guérande (Loire-Inférieure); par
Qgilgars (H.) (Evreux) p. 74
790
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE
Menhir (Le — de la Grosse Borne à
Coupvray, Seine-et-Marne); par Gi-
li.ux p. 384
Menhirs (Découverte scientifique de
deux — indicateurs d'une Sépulture
sous roche, ou Chambre sépulcrale,
à Trosly-Vieux-Moulin (Oise); par
Boutanqdoi (0.) (Nampcel, Oise).
p. 647
Menhirs (Les — bornes); par Lewis
(A.-L.) (Angleterre) p. 527
Menhir (Découverte d'un — près le
village de Piogat, canton de Menât
(Puy-de-Dôme) ; parCHARviLHAT(D'G)
(Glermont-Ferrand, Puy-de-Dôme).
p. 778
Mérovingien (Le cimetière — et caro-
lingien de Manneville-sur-Risle
(Eure); par Leroy (J.) (Pont- Aude-
mer) p. 530
Meules (Outil servant à piquer les —
préhistoriques); par Jullien (Dr)
(Joyeuse, Ardèche) p. 694
Meules en granité de Trégomard
(Gôtes-du-Nord) ; par Jacquot.
p. 222
Moustérien (Présentation d'un Crâne
humain trouvé avec le Squelette à
la base du — de La Quina (Cha-
rente); par Martin (Dr Henri) (Pa-
ris) p. 615, 740,741
Moustériens (Les grands Eclats — et
les Pièces Aoneuléo-Moustériennes
de la carrière du Tillet, près la
Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) ;
par P. de Givenchy p 257
Moustérienne (La Grotte) de Jersey;
par Nicolle p. 757, 765
N
Nampcel (La Station préhistorique de
— , Oise); par Boutanquoi (0.)
(Nampcel, Oise) p. 747
Néolithique (Objets provenant d'une
Grotte magdalénienne à Luzech et
d'une station — à l'Impernal, près
Luzech (Lot); par Malga (l'abbé)
(Gels, Lot) p. 311
Néolithiques (Objet provenant des
Sépultures — de Montigny-l'Engrain
(Aisne); par Vauvillé p.. 378
Nucléus (Un — solutréen analogue
aux« Livres de beurre » du Grand-
Pressigny); par Viré p. 221
Objet énigmatique (Encore un
Guébhard
-); par
p. 635
Oise (La Cachette de Fondeur décou-
verte àCompiègne, — ); par Plessier
(L.) (Compiègne) p. 407
Os (Découverte d'objets anciens en
— ) ; par Cousset p. 197
Paléolithique (Sur la présence d'une
Industrie — dans une plage soulevée
Algérienne); par Pallary (Paul)
(Eckmull, Algérie) p. 162
Paléolithique inférieur (Le — dans
la vallée de l'Alêne (Nièvre); par
Desforges (à.) (Fléty, Nièvre).
p. 651
Paléolithique (L'Industrie — de Bil-
lancourt (Seine); par Houry (Issy,
Seine) p. 653
Pas de Dieu (Le —, à Sainte-Rade-
gonde de Poitiers) ; par Marcel
Baudouin p . 320
Pendeloque (Note sur une — néolithi-
que trouvée à Ligiet (Vienne), par
Gobillot (Louis) (La Trimouille,
Vienne) p. 338
Pendeloque ( — paléolithique en si-
lex); par Baudon p. 696
Pic-hache (Découverte d'un — gallo-
romain, aux environs de Pacy-sur-
Eure) ; par Barbier p. 681
Pierre (Age de la — en Grèce) ; par
Labokowoki p. 158
Pierre a aiguiser (Une— en schiste;;
par Cahen v Albert) (Le Havre), p. 382.
Pierres druidiques (Les prétendues —
de Miribel-les-Echelles et de Merlaz)
(Isère); par Jacquot p. 540
Plages (Les produits lithiques des
chocs naturels sur les — de Saint-
Valéry-en-Caux et de Venles-les-
Roses); par Romain (G.) (Sainte-
Adresse, Seine-Iniérieure).. p. 527
Plage soulevée; par Pallary. p. 162
Poterie (Sur les points de cuisson de
deux fragments de — trouvés dans
la station magdalénienne de Beau-
regard) ; par Fhanchet p. 345
Poteries (Sur quelques causes déter-
minantes du magnétisme des — );
par Franchet (L.) (Asnières, Seine).
p. 279
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
791
Poterie (A propos de la décoration, au
champ-levé ou par excision, d*ui.e
— préhistorique provençale); par
Guébhard p. 390
Poteries (Observations sur l'existence
des fabriques de — en Auvergne à
l'époque gallo-romaine et sur la tech-
nique de la glaçure de leurs pro-
duits); par Aymar (Alph.) Clermont-
Ferrand) p. 705
Poteries (Discussion sur l'émail des —
romaines); par L. Franchet ;Asnières,
Seine; p. 743
Préhistoire (La — au dehors); par
GrÉBHARD (Dr Adrien; (Paris), p. 58
Pressigny (Un Nucléus solutréen ana-
logue aux « Livres de beurre » du
Grand—); par Viré p. 221
Pressoirs (Discussion sur les — ); par
Vuarnet(E) p. 738
Pseudo-éolithes (Eolithes et — ); par
Hébert
548
Purs funéraire (Découverte d'un —
et d'un Souterrain refuge, au village
de Bros, commune de Monceaux,
canton d'Argentat (Gorrèze)) ; par
Bombal (E.) (Argentat, Corrèze).
p. 149
Rabot Silex en forme de — , provenant
de Vendrest (Seine-et-Marne); par
Giraux (Louis) (Saint-Mindé ;■. p. 71
Rarots (A propos des Silex — ); par
Ml llkr (H.) (Grenoble) p. 126
Roc (Gravures sur la paroi d'une an-
cienne habitation, taillée dans le — ,
dn coteau d'Ecorneboeut, près Péri-
gueux (Dordogne); par Aublanc
(Ch. ) ( t'érigueux) p. 305
Sahariens (Notes succinctes sur quel-
ques instruments — de l'âge de la
pierre); par Roseville-des Grottes
(Lasseube, Basses-Pyrénées), p. 533
Sépulcrale (Description de la Chambre
— restaurée de Belleville. à Ven-
drest) vSeine-et- Marne); par Marcel
Baudouin p. 479
Sépulture (Résultat des fouilles effec-
tuées dans un Abri sous roche à Bon-
nières (Seine-et-Oise) et découverte
d'une — néolithique à Genfosse
(Seine-et-Oise); par Gadeau de Ker-
ville (Rouen) et Poulain (Georges)
(Eure) p. 276
Sépulture (Découverte scientifique de
deux Menhiis indicateurs d'une —
sous roche, ou Chambre sépulcrale,
à Trosly-Vieux-Moulin (Oise); par
Boutanquoi (0.) (Nampcel, Oise),
p. 647
Sépultures (Note sur une découverte
de — gallo-romaines à- Pacy-sur-
Eure (Eure); par Barbier (H.) (Pacy-
sur-Eure) p. 304
Sépultures (Diverses — gallo-romaines
en Loir-it-Cher); par Florance
(Blois) p. 270
Sépi ltures (Objets provenant des —
néolithiques de Montigny-l'Engrain
(Aisne) ; par Vadvillb p. 378
Sifflet (Un - néolithique); par Aymar
p. 710
Solutréen (Un nucléus — analogue
aux « Livres de beurre » du Grand
Pressigny); par Vauvillé... p. 221
Souterrain (Découverte d'un — en
Haute-Savoie); par 'Voarnbt (E.)
(Messery, Haute-Savoie).... p. 192
Souterrain-refuge (Découverte d'un
Puits funéraire et d'un — au village
de Bros, commune de Monceaux,
canton d'Arg-'.ntat (Corrèze) ; par
Bombal (E ) (Argentat, Corrèze).
p. 149
Stations (Découverte de — préhistori-
quesàAmmi-Moussa(Orao, Algérie));
par Estaunié iD.) (Arami-Moussa,
Algérie) p. 699
Squblette (Présentation d'un Crâne
humain trouvé avec le — à la base
du Moustérien de La Quina (Cha-
rente); par Martin (I)' Henri) (Paris),
p. 615, 740, 741
Terre cuite (Objet bizarre en — ; ; pu
Guébhard '. p. 248
Terre cuite (Statuette en — ) trouvée
en Palestine; par Mulinen (M. de)
(Berne) p. 739
792
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Terre cuite (Note sur un fragment en
— de l'époque gallo-romaine, prove-
nant de Clermont-Ferrand, analogue
à un objet de même nature tiouvéà
Massiac (Cantal) et encore indéter-
miné); par Charvilhat (G.) (Cler-
mont-Ferrand) p. 556
Tkrre cuite (Objets en — ) des Pala-
fittes suisses (Age du Bronze); par
Guébhard (A.) p. 740
Tortue (Sur une petite — ) en porphyre,
trouvée à Aulun; par Menard (E.)
(Autun, Saône-et-Loire) p. 738
Tortue (La. — en Piéhistoire); par
Hébert (Marcel) (Paris p. 52
Tortue (La— en Préhistoire); par
DEYROLLE(Dr) (Paris) p. 123
Tortue (La— en Préhistoire); parHAR-
mois(A."L.) et Menant, p. 462; 738
Tranchets et Décarnisation; par Yau-
villé (.0.) (Paris) p. 182
Tranchets préhistoriques du Soisson-
nais ; par Vauvillé p. 410-453
Trépanation néolithique christianisée ;
par Guénin (G.) (Brest) p. 54
Trépanation historique christianisée
et crâne de Saint-Aubert; par Har-
mois p . 463
Tumuli (Dolmens et — du Lot); par
Vauvillé p. 3.8
Vases (Trouvailles de — anciens) ; p.T
Naulin (Dr) (Paris) p I i!4
Vendée (Découverte du Centre occi-
dental de l'Age du Cuivre en—,;
par Baudouin (Dr Marcel) (Paris),
p. I2u
Yonne (Présentation de Pièces campi-
gniennes, trouvées en surface dans
le Département de 1' — ) ; par Tryon-
Montalembert (Marquis de) (Paris),
p. 28G
0
GN Société préhistorique
5L* frar-Çaisey fas
A1S62 Bulletin
t.8
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