Skip to main content

Full text of "Bulletin"

See other formats


HANDBOUND 
AT  THE 


UNIVERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


'0*1* 


BULLETIN 


DE  LA 


Soeiété  Préhistorique  française 


lu 


BULLETIN 


Société  Préhistorique 


FRANÇAISE 


TOME    VIII.    —    HUITIÈME    ANNÉE. 


1911. 


I>A  RIS 

SECRÉTARIAT        OBNERAI. 

21,  RL'K  Linné.   Ve. 

1911 


ça 


Soeiété  Préhistorique 


FRANÇAISE 


1911. 

Fondée  le  17  Janvier  1904,  sou»  le  nom  de  Société  Préhistorique  de  France. 
Reconnue  d'Utilité  publique  par  Décret  do  28  Juillet  1910. 


STATUTS  (1) 


I.  —  But  et  Composition  de  l'Association. 

Article  Premier.  —  L'Association,  dite  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise, fondée  en  1904,  a  pour  but  : 

1°  De  grouper  les  personnes  qui  s'intéressent  à  l'étude  des  époques 
les  plus  reculée»  de  l'Histoire  de  la  France  et  de  ses  colonies  ; 

2°  De  réunir  les  documents  qui  permettront  de  reconstituer  cette 
Histoire; 

3°  De  s'intéresser  à  la  conservation  des  Gisements  et  Monuments  pré- 
historiques ; 

4°  D'encourager  les  Fouilles  relatives  à  la  Préhistoire  ; 

5°  D'organiser  soit  des  Congrès  préhistoriques',  soit  des  Conférences, 
à  Paris  ou  en  province; 

6°  De  faciliter  les  échanges  entre  collectionneurs. 

Sa  durée  est  illimitée. 

Elle  a  son  siège  à  Paris. 

Art.  2.  —  La  Société  se  compose  de  membres  titulaires,  de  mem- 
bres à  vie,  et  de  membres  donateurs. 

Pour  être  Membre  titulaire,  il  faut  :  1°  être  présenté  par  deux  mem- 

»bres   de    l'Association,    et   agréé  par   le    Conseil   d'Administration  ; 
2°  payer  une  Cotisation  annuelle,  dont  le  minimum  est  de  douze  francs. 
Pour  être  Membre  à  vie,   il  faut  racheter  les  cotisations,  en  versant 
une  somme  fixe  d'au  moins  deux  cents  francs. 

Pour  être  Membre  donateur,  il  faut  être  membre  titulaire  ou  à  vie,  et 
voir  versé,  à  titre  de  don  à  la  Société,  une  somme  d'au  moins 
ent  francs,  en  dehors  de  la  cotisation. 


: 


(1)  Nouveaux  Statuts,  acceptés  par  le  Conseil  d'Etat  pour  la  Reconnaissance 
comme  Etablissement  d'Utilité  publique  :  ratifiés  par  le  Conseil  de  la  S.  P.  F.  le 
19  Octobre  1910,  et  par  l'Assemblée  générale  extraordinaire  du  23  Novembre  1910. 

1 


2  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Art.  3.  —  La  qualité  de  membre  de  l'Association  se  perd  : 

1°  Par  la  démission  ; 

2°  Par  la  radiation,  prononcée,  pour  motifs  graves,  par  le  Conseil 
d'Administration,  le  membre  intéressé  ayant  été  préalablement  appelé 
à  fournir  ses  explications,  sauf  recours  à  l'Assemblée  générale. 


II.  —  Administration  et  Fonctionnement. 

Art.  4.  —  L'Association  est  administrée  par  un  Conseil  composé 
de  quinze  Membres,  élus,  pour  trois  ans,  par  l'Assemblée  générale.  Le 
vote  par  correspondance  ou  par  procuration  est  admis. 

Le  renouvellement  du  Conseil  a  lieu  par  tiers  tous  les  ans. 

En  cas  de  vacance,  le  Conseil  pourvoit  au  remplacement  de  ses 
membres,  sauf  ratification  par  la  plus  prochaine  Assemblée    générale. 

Les  membres  sortants  sont  rééligibles. 

Ce  Conseil  choisit  parmi  ses  membres  un  Bureau,  composé  d'un 
Président,  de  trois  Vice-Présidents,  d'un  Secrétaire  général,  d'un 
Trésorier,  et  d'un  Secrétaire  des  Séances. 

Le  Bureau  est  élu  de  la  façon  suivante,  après  l'Assemblée  générale 
de  l'année  :  Le  Président  et  les  Vice-Présidents  sont  nommés  pour  une 
année;  ils  ne  peuvent  être  réélus  dans  les  mêmes  fonctions  pour  l'an- 
née suivante.  —  Les  autres  membres  du  Bureau  sont  nommés  pour 
trois  ans  et  rééligibles. 

Les  Présidents  sortants,  en  outre,  font  de  droit  partie  du  Conseil 
pendant  trois  ans. 

Art.  5.  —  Le  Conseil  se  réunit  tous  les  mois,  et  chaque  fois  qu'il  est 
convoqué  par  son  président,  ou  sur  la  demande  du  quart  de  ses  Mem- 
bres. 

La  présence  du  tiers  des  Membres  du  Conseil  d'Administration  est 
nécessaire  pour  la  validité  des  délibérations. 

Il  est  tenu  procès-verbal  des  séances.  Les  procès-verbaux  sont 
signés  par  le  Président  et  le  Secrétaire. 

Art.  6.  — Toutes  les  fonctions  de  Membre  du  Conseil  d'Adminis- 
tration et  du  Bureau  sont  gratuites. 

Art.  7.  —  L'Assemblée  générale  des  Membres  de  l'Association  se 
réunit  une  fois  par  an  et  chaque  fois  qu'elle  est  convoquée  par  le  Con- 
seil d'Administration,  ou  sur  la  demande  du  quart  au  moins  de  se  s 
Membres. 

Son  ordre  du  jour  est  réglé  par  le  Conseil  d'Administration.  Son 
Bureau  est  celui  du  Conseil. 


STATUTS  o 

Elle  entend  les  rapports  sur  la  gestion  du  Conseil  d'Administration, 
sur  la  situation  financière  et  morale  de  l'Association. 

Elle  approuve  les  comptes  de  l'exercice  clos,  vote  le  budget  de 
l'exercice  suivant,  délibère  sur  les  questions  mises  à  l'ordre  du  jour, 
et  pourvoit  au  renouvellement  des  membres  du  Conseil  d'Administra- 
tion. 

Le  rapport  annuel  et  les  comptes  sont  adressés  chaque  année  à  tous 
les  Membres  de  l'Association. 

Le  vote  par  procuration  est  admis  sur  les  questions  mises  à  l'ordre 
du  jour. 

Art.  8.  —  Les  dépenses  sont  ordonnancées  par  le  Président.  L'As- 
sociation est  représentée  en  justice  et  dans  tous  les  actes  de  la  vie  civile 
par  le  Président. 

Le  représentant  de  la  Société  doit  jouir  du  plein  exercice  de  ses 
droits  civils. 

Art.  9.  —  Les  délibérations  du  Conseil  d'Administration  relatives 
aux  acquisitions,  échanges  et  aliénations  des  immeubles  nécessaires  au 
but  poursuivi  par  l'Association,  constitutions  d'hypothèques  sur  les 
susdits  immeubles,  baux  excédant  neuf  années,  aliénation  de  biens 
dépendant  du  fonds  de  réserve,  et  emprunts,  ne  sont  valables  qu'après 
l'approbation  de  l'Assemblée  générale. 

Art.  10.  —  Les  délibérations  du  Conseil  d'Administration,  relatives 
à  l'acceptation  des  dons  et  legs,  ne  sont  valables  qu'après  l'approbation 
administrative,  donnée  dans  les  conditions  prévues  par  l'article  910  du 
Code  civil  et  les  articles  5  et  7  de  la  loi  du  4  février  1905. 

Les  délibérations  de  l'Assemblée  générale,  relatives  aux  aliénations 
de  biens  dépendant  du  fonds  de  réserve,  ne  sont  valables  qu'après  l'ap- 
probation du  Gouvernement. 

Art.  11.  —  La  nomination  et  la  détermination  des  pouvoirs  des 
personnes,  chargées  de  diriger  des  travaux  pour  le  compte  de  l'Asso- 
ciation, sont  réservées  au  Conseil  d'Administration,  qui,  pour  chaque 
cas  particulier,  prend  les  mesures  nécessaires. 


III.  —  Fonds  de  Réserve  et  Ressources  Annuelles. 

Art.  12.  —  Le  fonds  de  réserve  comprend  : 

1°  La  dotation  ;  2°  Le  dixième  au  moins  du  revenu  net  des  biens  de 
l'Association  ;  3'  Les  sommes  versées  pour  le  rachat  des  cotisations  ; 
4°  Le  capital  provenant  des  libéralités,  à  moins  que  l'emploi  immé- 
diat n'en  ait  été  autorisé. 


4  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE* 

Art.  13.  —  Le  fonds  de  réserve  est  placé  en  rentes  nominatives  sur 
l'Etat  ou  en  obligations  nominatives  de  chemins  de  fer  dont  le  mini- 
mum d'intérêt  est  garanti  par  l'Etat. 

Il  peut  être  également  employé  à  l'acquisition  des  immeubles  néces- 
saires au  but  poursuivi  par  l'Association. 

Art.  14.  —  Les  recettes  annuelles  de  l'Association  se  composent  : 

1°  Des  cotisations  et  souscriptions  de  ses  membres  ; 

2°  Des  subventions,  qui  pourront  lui  être  accordées  ; 

3°  Du  produit  des  libéralités  dont  l'emploi  immédiat  a  été  autorisé; 
des  ressources  créées  à  titre  exceptionnel,  et,  s'il  y  a  lieu,  avec  l'agré- 
ment de  l'autorité  compétente  ; 

4°  Du  revenu  de  ses  biens. 

IV.  —  Modification  des  Statuts  et   Dissolution. 

Art.  15.  —  Les  Statuts  ne  peuvent  être  modifiés  que  sur  la  propo- 
sition du  Conseil  d'administration,  ou  du  dixième  des  membres  titu- 
laires, soumise  au  Bureau  un  mois  avant  la  séance. 

L'Assemblée  extraordinaire,  spécialement  convoquée  à  cet  effet,  ne 
peut  modifier  les  statuts  qu'à  la  majorité  des  deux  tiers  des  membres 
présents. 

L'assemblée  doit  se  composer  du  quart,  au  moins,  des  membres  en 
exercice. 

Art.  16.  —  L'Assemblée  générale,  appelée  à  se  prononcer  sur  la 
dissolution  de  l'Association,  et  convoquée  spécialement  à  cet  effet,  doit 
comprendre,  au  moins,  la  moitié  plus  un  des  membres  en  exercice. 
Si  cette  proportion  n'est  pas  atteinte,  l'Assemblée  est  convoquée  de 
nouveau,  mais  à  quinze  jours  au  moins  d'intervalle  ;  et,  cette  fois,  elle 
peut  valablement  délibérer,  quel  que  soit  le  nombre  des  membres 
présents.  Dans  tous  les  cas,  la  dissolution  ne  peut  être  votée  qu'à  la 
majorité  des  deux  tiers  des  membres  présents. 

Art.  17.  —  En  cas  de  dissolution  volontaire,  statutaire,  prononcée 
en  justice  ou  par  décret,  ou  en  cas  de  retrait  de  la  reconnaissance  de 
l'Association  comme  établissement  d'utilité  publique,  l'Assemblée  géné- 
rale désigne  un  ou  plusieurs  commissaires,  chargés  de  la  liquidation 
des  biens  de  l'Association.  Elle  attribue  l'actif  net  à  un  ou  plusieurs 
établissements  analogues,  publics  ou  reconnus   d'utilité  publique. 

Ces  délibérations  sont  adressées  sans  délai  au  Ministre  ne  l'Inté- 
rieur et  au  Ministre  de  l'Instruction  publique. 

Art.  18.  —  Les  délibérations  de  l'Assemblée  générale,  prévues  aux 
articles  15,  16  et  17,  ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  du  Gou- 
vernement. 


STATUTS  5 

V.  —  Surveillance  et  Règlement  intérieur. 

AnT.  19.  —  Le  Président  devra  faire  connaître,  dans  les  trois  mois, 
à  la  Préfecture  tous  les  changements  survenus  dans  l'Administration 
ou  la  Direction. 

Les  registres  et  pièces  de  comptabilité  de  l'Association  seront  pré- 
sentés sans  déplacement,  sur  toute  réquisition  du  Préfet,  à  lui-même 
ou  à  son  délégué. 

Le  Rapport  annuel  et  les  Comptes  sont  adressés  chaque  année  au 
Préfet,  au  Ministre  de  l'Intérieur,  et  au  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique . 

Art.  20.  —  Un  Règlement,  préparé  par  le  Conseil  d'administration  et 
approuvé  par  Y  Assemblée  générale,  arrête  les  conditions  de  détail,  pro- 
pres à  assurer  l'exécution  des  présents  Statuts.  Il  doit  être  adressé  au 
Ministre  de  l'Instruction  publique  et  au  Ministre  de  l'Intérieur. 


REGLEMENT 


Article  premier.  —  La  Société  s'interdit  toute  matière  étrangère  à 
son  objet,  et  notamment  toute  discussion  politique  ou  religieuse. 

Art.  2.  —  Tout  membre  nouvellement  élu  devra  acquitter,  dans  le 
mois  qui  suivra  son  admission,  le  montant  de  la  cotisation  de  l'année 
—  Il  lui  sera  adressé  les  Bulletins  de  Tannée  en  cours,  ayant  paru 
avant  son  admission. 

Art.  3.  —  Tout  membre,  qui  n'aura  pas  payé  sa  cotisation  de 
l'année,  après  deux  avis  du  Trésorier,  dont  le  dernier  sera  recom- 
mandé, pourra  être  considéré  comme  démissionnaire,  sur  avis  du 
Conseil  d'Administration. 

Art.  4.  —  Les  cotisations  sont  mises  en  recouvrement  dans  le 
premier  mois  de  l'année  par  les  soins  et  sur  les  reçus  du  Trésorier. 

Art.  5.  —  Le  Président  veille  à  l'exécution  «des  statuts,  dirige  les 
délibérations  et  représente  la  Société. 

Le  Secrétaire  général  est  chargé  de  l'exécution  des  décisions  du 
Bureau  et  du  Conseil  de  la  Société  ;  de  la  correspondance  ;  de  la 
conservation  des  documents  remis  ;  de  la  Rédaction  et  de  la  Gérance  du 
Bulletin  périodique  ;  et,  d'une  façon  générale,  de  l'exécution  de  toutes  les 
mesures  intéressant  la  Société. 


6  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Le  Secrétaire  est  chargé  de  la  rédaction  des  procès-verbaux  des 
séances  et  de  la  préparation  des  réunions  du  Conseil  d'Administration, 
et  des  Assemblées  générales  annuelles. 

Le  Trésorier  encaisse  les  recettes  de  la  Société  et  en  solde  les 
dépenses. 

Art.  6.  —  Le  Président-fondateur  et  les  Présidents  d'honneur  sont 
admis  aux  délibérations  du  Conseil  d'administration. 

Art.  7.  '■ —  Une  séance  est  tenue  le  quatrième  jeudi  de  chaque  mois, 
au  siège  de  la  Société.  Des  séances  supplémentaires  pourront  être 
organisées,  sur  la  proposition  du  président. 

Art  8.  —  Les  travaux  de  chaque  séance  ont  lieu  dans  l'ordre  sui- 
vant :  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  précédente  ;  lecture  de  la 
correspondance,  et  communications  du  secrétaire  général  ;  proclama- 
tion des  nouveaux  membres;  présentations  de  pièces;  communica- 
tions verbales;  communications  écrites. 

Art.  9.  —  La  Société  publie  un  Bulletin,  dans  lequel  paraîtront  les 
travaux  présentés  par  ses  membres,  et  dont  il  aura  été  donné  connais- 
sance en  séance.  Aucun  travail  présenté  antérieurement  à  une  autre 
société  ne  pourra  être  accepté  dans  la  forme  même  où  il  aura  été  déjà 
produit. 

Art.  10.  —  Les  manuscrits  devront  être  remis  au  Secrétaire  géné- 
ral, dans  la  semaine  qui  suivra  la  séance.  Les  membres,  prenant  part 
à  une  discussion,  remettront  au  Secrétaire  général,  avant  la  fin  de  la 
séance,  une  note  résumant  leur  argumentation. 

Art.  11.  —  Tout  membre  pourra  être  prié  par  le  Président  de  con- 
denser un  mémoire  dont  la  publication  entraînerait  des  dépenses  dis- 
proportionnées avec  les  ressources  delà  Société. 

Le  Conseil  d'Administration  de  la  Société  a  pleins  pouvoirs  en  ce 
qui  concerne  la  rédaction  du  Bulletin  et  décide,  en  dernier  ressort, 
des  manuscrits  qui  doivent  y  figurer. 

L'enregistrement,  dans  le  Bulletin,  des  opinions  librement  émises 
au  cours  des  séances,  n'implique  ni  approbation,  ni  désapprobation 
de  la  part  de  la  Société,  et  n'engage  en  aucune  façon  sa  responsa- 
bilité. 

Art.  12. —  Les  auteurs  recevront  une  épreuve,  qui  devra  être  retour- 
née, dans  un  délai  maximum  de  quatre  jours,  au  siège  de  la  Société. 
Passé  ce  délai,  les  corrections  seront  faites  d'office. 

Les  auteurs  devront  s'entendre  pour  les  tirés  à  part  avec  l'impri- 
meur de  la  Société. 

Art.  13.  —  Le  Bureau  décide  du  choix  des  figures. 

Art.  14.  —  Les  membres  titulaires  et  les  membres  à  vie  reçoivent 
seuls  les  publications  de  la  Société. 


CONSEIL  D'ADMINISTRATION  POUR  L'ANNÉE  4941 


I.  —  Bureau. 


Président  :  MM.  Léon  COUTIL. 

Vice-Présidents  :  H.   CHAPELET,  DOIGNEAU, 

FOUJU. 
Secrétaire  général  :  Dr  Marcel  BAUDOUIN. 

Secrétaire  :  Paul  de  GIVENCHY. 

Trésorier  :  Maurice  GILLET. 

II.  —  Autres  Membres  du  Conseil. 

1°  Membres  de  Droit. 

MM.  Emile  RIVIÈRE,  Président-Fondateur. 

Adriex  de  MORTILLET,  Président  d'Honneur. 
BAUDON  (Dr),  ancien  Président  (1908). 
A.   GUÉBHARD  (Dr),  ancien  Président  (1909). 
Henri  MARTIN  (Dr),  ancien  Président  (1910). 

2°  Membres  élus  pour  1911. 

MM.   ATGIER(Dr),  ancien  Vice-Président  (19 10\ 
BALLET  (Dr),  ancien  Président  (1907). 
Dr  CHERVIN,  ancien  Président  du  IVe  Congrès  (1908). 
Louis  GIRAUX,  ancien  Trésorier  (1910). 
Edmond  HUE,  ancien   Vice-Président  (1910). 
H.  MAROT,  ancien  Vice-Président  (1909). 
E.  TATÉ,  ancien    Vice-Président  (1908). 
A.  VIRÉ,  ancien  Vice-Président  (1909). 


Adresses  : 

Secrétaire  général  :  21,  rue  Linné,  Paris-V. 

Trésorier  :  30,  rue  Gardenal-Lapostol,  Suresnes  (Seine)- 


LISTE  DES  MEMBRES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

AU    31    DÉCEMBRE    1910  W 


MM. 

Alibert,  D.  M.,  Médecin  en  Chef  de  l'Hôpital,  rue  Villenouvelle, 
Montauban  (Tarn-et-Garonne). 

Almgren  (Oscar),  D.  M.,  Statens  historiska  Muséum,  Stockholm-XV 
(Suède). 

Andrieu  (Léopold),  Capitaine,  41,  boulevard  de  la  Liberté,  Bourges 
(Cher). 

Antliropological  Institute  [The  Roy  aï)  of  Great-Britain  and  Ireland, 
50  Great  Russel  Street,  London  W.  G.  (Angleterre). 

Archambault  (Marius),  Commis  principal  des  Postes  et  Télégraphes, 
113,  r.  Notre-Dame-des-Champs,  Pai'is-VI.  —  Nouméa  (Nouv.- 
Calédonie). 

Arnaud-d'Agnel  (L'abbé  G.),  Correspondant  du  Ministère  de  l'Ins- 
truction publique,  10,  rue  Monteaux,  Marseille  (Bouches-du- 
Rhône). 

Atgier,  D.  M.,  20,  rue  de  Paris,  Livry  (Seine-et-Oise). 

Aubert  (X.),  Industriel,  rue  du  Havre,  Dijon  (Côte-d'Or). 

Aubin  (E.),  Greffier  du  Tribunal  de  Commerce,  27,  rue  Rosette,  à  Ma- 
mers  (Sarthe). 

Aublant  (Charles),  26,  rue  de  Strasbourg,  Périgueux  (Dordogne). 

Aubrée,  Pharmacien,  Mont-Dol-de-Bretagne  (Ille-et- Vilaine). 

Audéoud  (Capitaine),  5e  chasseurs,   Sézanne  (Marne). 

Aveneau  de  la  Granciere  (Vicomte),  Château  de  Beaulieu  en 
Bignan  (Morbihan). 

Aymar  (Alphonse),  Inspecteur  des  Contributions  directes,  15,  ave- 
nue Croix-Morel,  Clermont-Ferrand   (Puy-de-Dôme). 

Bachelay  (Emile),  Agriculteur,  Ménerval,  par  Haussez  (Seine-Inf.). 
Baciiimont,  D.  M.,  Nogent-sur-Seine  (Aube). 

(1)  Le  nom  des  membres  fondateurs  est  précédé  d'un  Astérisque. 


LISTE   DES    MEMBRES  U 

Ballet,  D.  M.,  anc.  médecin  militaire,  20,  r.  Bonaparte,  Paris-VI. 
Baquié  (Georges),  Géologue,  Correspondant  de  la  Société  d'Etudes 

des  Sciences  naturelles  de  Béziers,  Nissan  (Hérault). 
Barbier  (H.),  Pharmacien,  Pacy- sur-Eure  (Eure). 
Barreau  (J.-B.),    Conducteur   des  Ponts  et    Chaussées,  La  Haye- 

Descartes  (Indre-et-Loire). 
Barthélémy  (Antonio),  Industriel,  Apt  (Vaucluse). 
Basgoul  (l'abbé  Louis),  Curé-doyen,  Sommières  (Gard). 
Baud  (Paul),  Préparateur  à  la  Faculté    des    sciences,  37,  Bue  Gay- 

Lussac,  Paris-V. 
Baudon,  D.  M.,  Ancien  Député  de  l'Oise,   20,   rue  du  Cardinal- 

Lemoine,  Paris-V. 
Baudouin  (Marcel),  D.  M.,  homme  de  lettres,  21,  r.  Linné,  Paris-V. 
Baurain  (E.),  Propriétaire,    10,    rue  des  Boucheries,    Compiègne 

(Oise). 
Bazin   (A.),  Sous-Ingénieur  des  Ponts-et-Chaussées,   en  retraite, 

Bebais  (Seine-et-Marne). 
Beaupré  (Comte  Jules),  Conservateur  au  Musée  historique   Lorrain, 

Correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction  publique,  18,  rue 

de  Serre,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 
Bellefontaine  (A.  de),  Ingénieur,  Serrières-Neuchâtel  (Suisse). 
Bellucci  (Joseph),  Professeur  à  l'Université,  Perugia  (Italie). 
Bénard  (Paul),  Astorville,  par  Callender,  Ontario  (Canada). 
Benoist  (J.)f  Directeur  de  l'Ecole  Etienne  Dolet,  rue  de  l'Abbaye, 

Hénin-Liétard    (Pas-de-Calais). 
Bernard  (Jules),  95,  rue  de  Bordeaux,  Périgueux  (Dordogne). 
Berry  (Edwards-E.),  Vice-Consul  de  Grande-Bretagne,  Bordighera 

(Italie). 
Bertheau  de  Chazal  (Jules),  Notaire,  31,  Bue  Jean-Macé,  à  Brest 

(Finistère). 
Berthelot  du  Chesnay  (G.),  Château  du  Vaulorrain,  Trédaniel,  par 

Moncontour  (Côtes-du-Nord) . 
Berthiaux  (Paul),  Archéologue,  Caissier  des  Usines  B.  Sachet,  Mon- 

tereau  (Seine-et-Marne). 
Berthier  (Victor),  Secrétaire  de  la  Société  des  Sciences  Naturelles, 

Autun  (Saône-et-Loire). 
Bertholon,    D.  M.,    Correspondant  du  Ministère   de   l'Instruction 

publique,  14,  rue  Saint-Charles,  Tunis  (Tunisie). 
Bertin  (Arcade),  Instituteur  public  dans  les  Écoles  de  la  Ville,  83, 

rue  du  Chemin-Vert,  Paris-XI. 
Bezzenberger  (Pr),  D.  M.,   Deuxième  Président  de  la  Société  alle- 
mande de  Préhistoire,  Steindwall  1/2,  Kônigsberg  (Prusse). 
Blanc  (Baron  Albert),  Docteur    ès-sciences,    Château   de    Chaney, 

Chambéry  (Savoie). 


10  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Blavier  (P.),  Château  de  la  Bellière,  par  Montrevault  (Maine-et-Loire). 

*  Bloch  (Adolphe),  D.  M.,  24,  rue  d'Aumale,  Paris-IX. 
Bonaparte  (Prince  Boland),  10,  avenue  d'Iéna,  Paris-XVI. 
Bonnaud  (Louis),  Archiviste  de  l'Académie  du  Var,  8,  rue  Truguet, 

Toulon  (Var). 

*  Bonnet  (A.  C),  186,  boulevard  Péreire,  Paris-XVIL 

Bonnet  (Alexandre),  54,  boulev.  Bineau,  Neuilly-sur-Seine  (Seine). 
Bossa\y(J.),  Inspecteur  des  Postes  et  des  Télégraphes,  12,  Avenue  de 

Paris,  à  Versailles  (Seine-et-Oise). 
Bossavy  (Laurent),  capitaine  d'artillerie   coloniale,  34,  rue  Nicolas, 

Marseille  (Bouches-du-Rhône). 
Bosteaux-Paris,  Maire,  Cernay-lès-Reims  (Marne). 
Bottin  (Casimir),  Receveur  des  postes  en  retraite,  Ollioules  (Var). 
Bougault  (Louis),    Ingénieur  des  Arts  et   Manufactures,    35,    rue 

Cortambert,  Paris-XVI. 
Bougault  (Alfred),  Ingénieur  des 'Arts  et  Manufactures,  55,  rue  de 

Boulainvilliers,  Paris-XVI. 
Bouillerot  (Raoul),   Directeur-fondateur  de  la  Revue  préhistorique 

illustrée  de  l'Est  de  la  France,  Fontaine-lès-Dijon  (Côte-d'Or). 
Boulanger  (C),  ancien  Notaire,  Péronne  (Somme). 
Boulet,  Villa  Sarrobert,  à  Fleurines,  par  Pont  Sainte-Maxence  (Oise). 
Bourgeade  (Eloi),  Les  Planchettes,  par  Riom-ès-Montagne  (Cantal). 
Bourlon    (Maurice),    Lieutenant  au  131e   d'infanterie,    11,    rue  de 

la  Couronne,  Pithiviers  (Loiret). 
Bourrilly  (Joseph),  Lie.  en  droit,  Juge  de  paix,  Marguerittes  (Gard). 
Boutanquoi  (Olivier),  Instituteur,  Nampcel,  (Oise). 
Bout  de  Charlemont  (H.),  21,  r.  Pierre-Dupré,  Marseille  (Bouches- 
du-Rhône). 
Boyard  (Charles),  Instituteur,  Nan-sous-Thil,  par  Précy-sous-Thil 

(Côte-d'Or). 
Brasseur,    Sous-Ingénieur   des    Ponts  et  Chaussées,   Gournay-en- 

Bray  (Seine-Inférieure). 
Breuil  (l'abbé),   Professeur  de   Préhistoire  à  l'Institut  international 

de  Paléontologie  humaine,  110,  rue  Demours,  Paris-XVIL 
Brice  (Henry),  Sergent  au  4e  régiment  d'infanterie,  Auxerre  (Yonne). 
Brice-Cardot  (Mme),  26,  rue  Gay-Lussac,  Paris-V. 
Brochet,  210,  boulevard  delà  Villette,  Paris-XIX. 
Broeck  (Ernest  Van  den),  Conservateur  du  Musée  royal  d'Histoire 

naturelle,  Secrétaire  général  honoraire  de   la    Société    belge  de 

Géologie,  39,  place  de  l'Industrie,  Bruxelles  (Belgique). 
Brulard,  D.  M.,  2,  rue  Amiral-Ronsin,  Dijon  (Côte-d'Or). 

Cahen  (Albert),  Receveur  des  hospices,  67,  boulevard  François  Ier, 
Le  Havre  (Seine-Inférieure). 


LISTE  DES   MEMBRES  1  I 

Calmels  (L'abbé  A.),  curé,  Saint-Rémy-de-Laguiole(Aveyron). 

Camichel  (P.),  D.  M.,  Médecin-major  de  2e  classe  au  24e  régiment 
d'infanterie,  25,  rue  Cail,   Paris-X. 

Camps  (Mme  Pauline),  Officier  d'Acad.,  62,  r.  Cortambert,  Paris-XVI. 

Camus  (Paul),  15,  boulevard  Henri  IV,  Paris-IV. 

Cancalon,  D.  II'.,  31,  rue  Saint-Placide,  Paris-VI. 

Cantacuzène  (Le  Prince  Georges),  ancien  Diplomate,  13,  rue  de  la 
Trémoille,  Paris-VIII. 

Carnis,  66,  boulevard  Pasteur,  Paris-XV. 

Cartailhac  (Emile),  Correspondant  de  l'Institut,  Professeur  de 
Préhistoire  à  la  Faculté  des  Lettres,  5,  rue  de  la  Chaîne, 
Toulouse  (Haute-Garonne). 

Cartereau,  Agent  voyer.  Montfort-le-Rotrou  (Sarthe). 

Cathblin  (F.),  D.  ML,  21,  rue  Pierre-Charron,  Paris-XVI. 

Cassix  (Paul),  D.  M.,  15,  place  du  Palais,  Avignon  (Vaucluse). 

Cazalis  de  Foxdouce,  Ingénieur  civil,  18,  rue  des  Etuves,  Mont- 
pellier (Hérault).  « 

Cazenave  (le  Commandant),  Géologue,  kbis,  rue  Mertens,  Bois- 
Colombes  (Seine). 

Cesario  (Jules),  6,  rue  de  Vanves,  Paris-XIV. 

Chaillan  (L'abbé  Joseph),  curé,  Quinson  (Basses- Alpes). 

Chance  (Gaston),  Archéologue,  Mailly  (Marne). 

Chantre  (E.),  Fontville,  par  Ecully  (Rhône). 

Chapelet  (H.),  Caissier  central  de  la  Compagnie  P.  L.  M.,  25,  rue 
du  Petit-Musc,  Paris-IV. 

Charvilhat  (G.),  D.  M.,  4,  r.  Blatin,  Clermont-Ferrand  (P.-de-D.). 

Chatelet  (C),  32,  rue  du  Vieux-Sextier,  Avignon  (Vaucluse) . 

Chaumier  'Edmond;,  D  M.,  Directeur  de  l'Institut  vaccinal,  4,  rue 
Corneille,  Tours  (Indre-et-Loire). 

Chauvet  (Gustave),  Notaire,  RufTec   Charente). 

Chédeville  (P.-J.),  Vice-président  de  la  Société  normande  d'Études 
préhistoriques,  Gisors  (Eure). 

Chervin,  D.  M.,  ancien  président  de  la  Société  d'Anthropologie  de 
Paris,  82,  avenue  Victor-Hugo,  Paris-XVI. 

Chevallier  (Pierre),  8,  Place  Dancourt,  Paris-XVIII. 

Chiris  (Marcellin),  Rec.   des   Postes  et   Télég.,  à  Grasse  (A. -M.). 

Clair  (Louis),  Administrateur  des  biens  des  Aliénés  de  la  Seine, 
6,  rue  Freycinet,  Paris-XVI. 

Clastrier  (Stanil),  Sculpteur-statuaire,  Prof,  à  l'Ecole  des  Beaux- 
Arts,  20,  rue  Saint-Sépulcre,  Marseille  (Bouches-du-Rhône). 

Clément  (Paul),  Instituteur,  Artins,  par  Couture  (Loir-et-CherJ. 

Cloutrier,  Sous-ing.  des  Ponts  et  Chaussées  en  retr.,  Gien  (Loiret). 

Collaye  (Adrien),  Agent  principal  des  Chemins  de  Fer,  Signy- 
1  Abbaye  (Ardennes). 


12  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Colas  (Ernest),  Bonnières-sur-Seine  (Seine-et-Oise). 
Collet  (A.),  Curé  de  Wavrans-sur-1'Aa,  par  Lumbres  (Pas-de-Calais). 
Colleu  (J.-B.),  Huissier,   Collinée  (Côtes-du-Nord). 
Commoxt  (V.),    Professeur  à   l'Ecole    normale,  7,  Avenue  d'Edim- 
bourg, Amiens  (Somme). 
Conil  (Aug.),  148,  r.  de  la  République,  Ste-Foy-la-Grande  (Gironde). 
Conilh  de  Beyssac,  18,  rue  Boudet,  Bordeaux  (Gironde). 
Corot  (Henry),  Archéologue,  Savoisy  (Côte-d'Or). 

*  Costa  de  Beauregard  (Comte  Olivier),  Sainte-Foy,  par  Longueville 

(Seine-Inférieure). 
Cotte  (Ch.),  notaire,  Pertuis  (Vaucluse). 
Courrent,  D.  M.,  Tuchan  (Aude). 

*  Courty  (Georges),  Géologue,  35,  rue  Compans,  Paris-XIX. 
Cousset  (Arthur),   Commis  principal  des  Contributions  indirectes, 

Etaules  (Charente-Inférieure). 

*  Coutil  (Léon),  Correspondant  du  Ministère   de  l'Instruction   pu- 

blique, Saint-Pierre  du  Vauvray  (Eure). 
Crova  (Mme  B.),  27,  Rue  Asselin,  à  Cherbourg  (Manche). 
Crova,  Capitaine  de  frégate,  27,  rue  Asselin,  Cherbourg  (Manche). 

Dabadie  (Frédéric),  132,  rue  de   la  Victoire,  Bruxelles  (Belgique). 

*  Daleau  (François),  Bourg-sur-Gironde  (Gironde). 
Dalmon  (H.),  D.  M.,  Bourron-Marlotte  (Seine-et-Marne). 
Dauphin  (Louis),  Pharmacien-naturaliste,  Carcès  (Var). 
Déchelette  (Joseph),  Conservateur  du  Musée,  Roanne  (Loire). 
Deglatigny  (Louis),  11,  rue  Biaise-Pascal,  Rouen  (Seine-Infér.). 
Delamare  (Joseph),  10,  rue  de  la  Pompe,  Paris-XVI. 
Delaporte  (R.),  Docteur  en  droit,  Avoué,  Chateaulin  (Finistère). 
Delaunay  (Henri),  Ingénieur  des  Arts  et.  Manufactures,  51,  avenue 

Bugeaud,  Paris-XVI  (L'Hiver,  La  Malboschette,  Grasse,  Alpes- 
Maritimes). 

Delfino  (Victor),  Directeur  de  YAnuario  cientifico  e  industrial,  3506, 
Avellaneda,  Buenos-Aires  (République  Argentine). 

Deloncle,  Conseiller  d'Etat,  2,  rue  Miguet,  Paris  XVI. 

Delort  (J.-B.),  Professeur  en  retraite,  Cosne  (Nièvre). 

Delugin,  Archéologue,  rue  de  la  Boétie,  Périgueux  (Dordogne). 

Delvixcourt  (E.),  Archéologue,  Crécy-sur-Serre  (Aisne). 

Denier,  Etudiant  en  Médecine,  25,  rue  Nicolo,  Paris-XVI. 

Denoyelle  (L.),    Artiste-peintre,  3,  rue  d'Amiens,  Beauvais  (Oise). 

Dervieu  (Le  Lieut. -Colonel),  4,  rue  du  Doyen,  à  Bourges  (Cher). 

Desailly  (L.),  Ingénieur  civil  des  mines.  44,  rue  Nicolo,  Paris-XVI. 

*  Desforges  (A.),  Instituteur,  Fléty,  par  Luzy  (Nièvre). 
Desloges  (Armand),  Présidentde  la  Société  Normande  dy  Etudes  pré- 
historiques, Rugles  (Eure). 


LISTE   DES   MEMBRES  \'à 

Desmazières  (0.), Receveur  particulier  des  finances,  Segré  (Maine- 
et-Loire). 
Deydier  (Marc),  Notaire,  Cucuron  (Vaucluse). 
Deyrolle,  D.  M.,  Médecin-major  au  1er   Régiment  de    Zouaves,  au 

Fort  de  Nogent- sur-Marne  (Seine). 
Deyrolle   Les  fils  d'Emile  ,  Naturalistes,  46,  rue  du  Bac,  Paris-VII. 
Dharyent,    Membre    de  la   Commission    départementale  des    Monu- 
ments historiques,   Château  de  la  Folie,  42,  rue  du  Faubourg- 

Saint-Pry,  Béthune  (Pas-de-Calais). 
Dickins  (F. -Victor),  ancien  Registrar  de  l'Université  de    Londres, 

Seend  Lodge,  Seend  (Wilts)  (Angleterre). 
Doigneau     A.),    Conservateur   du    Musée,  45,   Boulevard  Thiers, 

Fontainebleau  (Seine-et-Marne) . 
Dollot  (Auguste),  Ingénieur,  Correspondant  du  Muséum  d'Histoire 

naturelle  de  Paris,  136,  Boulevard  Saint-Germain,  Paris-VIe. 
Douet  (Désiré),  Archéologue,  Valmondois  (Seine-et-Oise). 
Dramard,  9,  rue  Saint-Vincent,  Fontenay-sous-Bois  (Seine). 
Driotox    C),  Membre  de    la   Commission  des  Antiquités  de  la  Cote- 

d'Or,  Chemin  de  Fontaine,  29,  Dijon  (Côte-d'Or). 
Duralen  (E.),  Directeur  du  Musée,  Mont-de-Marsan  (Landes). 
Durlaxge  (A.),  Pharmacien  de  ire classe,  Le  Fleix  (Dordogne). 
Durreuil-Chamrardel  Fils,    D.  M.,  3,  rue    Jeanne-d'Arc,  Tours 

(Indre-et-Loire). 
Durus,  Econome  honoraire  des  Hospices    du  Havre,  2  et  4,  petite 

rue  du  Marquis,   Neufchàtel-en-Bray  (Seine-Inférieure). 
Du   Chatellier  (Paul),   Président  de    la  Société   archéologique   du 

Finistère,  au  château  de  Kernuz,  Pont- l'Abbé  (Finistère). 
Ducourtioux,  Rue  Thiers,  25,  Vannes  (Morbihan). 
Dumas  (Mme  Vve  U.),  Baron,  par  Saint-Chaptes  (Gard). 
Duplessis-Fourcadd   (René),    château  des   Trois-Moulins,   Saint- 

Emilion  (Gironde). 
Dupont  (E.),  Directeur  des  Docks,  Le  Havre  (Seine-Inférieure). 
Duquesne  (Robert),  Homme  de  lettres,  Brionne  (Eure). 
Durand  (Charles),  Bourron  (Seine-et-Marne). 
Duvaux  (Léon),  Professeur  d'Histoire  au  Collège,  108,  rue  du  Pont, 

Bonneville  (Haute-Savoie). 
Dymond  (Charles  William),  F. S.A.,  Sawrey,Ambleside (Angleterre). 

Ede  (Frédéric),  Artiste  peintre,  Montigny-sur-Loing  (Seine-et- 
Marne). 

Espina  (Olivier),  Commis  des  Contrib.  directes,  Gafsa( Tunisie). 

Evrard  (Charles),  Notaire,  Maire,  Varennes-sur-Argonne  (Meuse). 

Exsteens  (Louis),  Ancien  pharmacien,  21,  rue  de  Loxum,  Bru- 
xelles (Belgique). 


44  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Fages    (A.),    Régisseur,    Rivoire-de-Cazillac,    près     Garcassonne 

(Aude). 
Féraud,  Agent-voyer  cantonal,  Reraoulius  (Gard). 
Ferton  (Le  G' Charles),  Chef  d'escadron  d'artil.  en  retraite,  Boni- 

facio  (Corse). 
Fessard  (R.),  Membre  de  la   Société  des  Naturalistes  de  Levallois- 

Perret  et  de  la  Société  liistorique  d'Auteuil  et  de  Passy,  60,  rue 

Cortarabert,  Paris-XVI. 
Feuvrier  (Julien),   Conservateur  du    Musée  archéologique,  8,  rue 

des  Romains,  Dole  (Jura). 

*  Fiévé  (G.),  D.  M.,  Jallais  (Maine-et-Loire). 

Flamand  (G.  B.  M.),  Prof.  Éc.  Sup.Sc,  Dir.  Serv.  Géol.  des  Terri- 
toires du  Sud,  87,  rue  Michelet,  Alger-Mustapha  (Algérie). 

Fleurieu   (Comte  Alphonse  de),  26.  avenue  Kléber,  Paris-XVI. 

Fleury,  Capitaine,  3e  Spahis,  Batna  (Algérie). 

Foris  (François),  Représentant  de  commerce,  24,  rue  d'Italie,  Tunis 
(Tunisie). 

Forel  (F.  A.),  D.  M., Professeur  honoraire,  Morges, Vaud (Suisse). 

Forrer  (G.  R.),  Dr  Phil,Universitatsstrasse,4,  Strasbourg  (Alsace). 

Fortes  (José),  Avocat,  125,  rua  da  Rainha,  Porto  (Portugal). 

Foucault  (Eugène),  50,  rue  de  Messei,  Fiers  (Orne). 

Fougerat  (Emile),  Ingénieur  des  Mines,  46,  rue  Mozart,  Paris-XVI. 

*  Fouju  (G.),  Vice-président  de    la   Société   d' Excursions   scientifiques 

33,  rue  de  Rivoli,  Paris-IV. 
Fouquet  (Camille),  Député  de  l'Eure,    161,  boulevard  Haussmann, 

Paris-VIII. 
Franchet  (L.),  11,  rue  Barreau,  Asnières  (Seine). 
François,  D.M.,  Maire,  Aluze,  par  Saint-Léger-sur-Dheune  (Saône- 

et-Loire). 
Frappier,  Archéologue,  Saint-Germain-en-Laye  (Seine-et-Oise). 
Fuchs  (A.),  Libraire-Editeur,  Saverne  (Alsace). 

Gadant  (René),    Conservateur  du  Musée  de  l'Hôtel   Rolin,  Autun 

(Saône-et-Loire). 
Gadeau    de   Kerville   (Henri),    Naturaliste,  7,  rue  Dupont,  Rouen 

(Seine-Inférieure). 
Gaillard,  Conservateur  du  Musée,  Muséum  d'Histoire  naturelle, 

Lyon  (Rhône). 
Gaillot (Henri),  3,  r.  des  Pavillons,  Champigny-sur-Marne  (Seine). 
Gardez  (Honoré),  Archéologue,  rue  de  Pouilly,  Reims  (Marne). 
Gardner  (Willoughby),    F.  L.  S.,  Y  Berlfa,  Deganwy(N.  Wales), 

Angleterre. 
Garrisson  (Eugène),  19,  rue  des   Augustins,  Montauban    (Tarn-et- 

Garonne). 


LISTE   DES    MEMBRES  15 

Gasser  (A.), Directeur  de  la  Revue  d'Alsace,  Mantoche  (Haute-Saône). 
Gaudelette  (Le  Général),  48  bis,  rue  d'Auteuil.  Paris-XVI. 
Gaurichox  (Le  Commandant  J.),  de  la  9e section  militaire, 58,  rue  de  la 

Fuie,  Tours  (Indre-et-Loire). 
Géneau  (Ch.),  Etudiant,  8,  rue  de  l'Abbé-de-l'Epée,  Paris-V. 
Geuthner   (Paul),  Libraire-antiquaire,  68.  rue  Mazarine,  Paris-Vl. 
Gidox,D.  M.,  Docteur  ès-sciences,  Professeur  à  l'Ecole  de  Médecine, 

12,  rue  Singer,  Caen  (Calvados) . 
Gilrert  (Th.  ,  D.  M.,  55,  rue  de  la  Concorde,  Bruxelles   Belgique). 
Gillet  (Maurice),  Ancien  Inspecteur  des  Postes  et  des  Télégraphes, 

30,  rue  Gardenat-Lapostol,  Suresnes  (Seine). 
Gimox,  Capitaine,  143e  Bégiment  d'Infanterie,  Castelnaudary  (Aude). 
Girardot  (Abel),  Conservateur  du  Musée,  28,  rue  des  Salines,  Lons- 

le-Saunier  (Jura). 
Girardot  (Pierre),  52,  boulevard  Emile-Augier,  Paris-XVI. 
Giraux  (Henri),  22,  rue  Saint-Biaise,  Paris-XX. 
Giraux  (Louis),  11,  rue  Eugénie,  Saint-Mandé  (Seine). 

*  Givexchy  (Paul  de),  84,  rue  de  Bennes,  Paris-VI. 
Gorert  (E.),  D.  M.,  Bedeyeff  (Tunisie). 

Gorillot  (Louis),  D.  M.,  Maire,  Conseiller  d'arrondissement,  La 
Trimouille  (Vienne). 

Gory  (Paul),  Vice-président  de  la  Société  Archéologique  de  Provence, 
5,  boulevard  Victor-Hugo,  Grasse  (Alpes-Maritimes). 

Gorey,  Homme  de  lettres,  7,  rue  Duperré,  Paris-IX. 

Gorodzow  (Basil  A.),  Professeur,  Musée  Historique  Impérial,  Mos- 
cou (Bussie).  [Mockba;  Nemopureckiù  Myzéùs]. 

Goury  (Georges),  Conservateur  au  Musée  historique  Lorrain,  5,  rue 
des  Tiercelins,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 

Ghaff,  Directeur  de  l'Ecole  municipale,  Issou,  par  Gargenville 
(Seine-et-Oise). 

*  Granet  (Léonce),  Propriétaire,  Boquemaure  (Gard). 
Grillet  (E.).,  Propriétaire,  Igé  (Saône-et-Loire). 

*  Guérhard  (Adrien),  D.  M.,    Professeur  agrégé    delà  Faculté   de 

Médecine  de  Paris,  Saint- Vallier-de-Thicv  (Alpes-Maritimes);  et 

4,  rue  de  l'Abbé-de-l'Epée,  Paris-V. 
Guérhard  (Paul),  Administrateur   adjoint  des  Colonies  françaises, 

33,  avenue  Henri-Martin,  Paris-XVI. 
Guérhard  (Boland),   attaché  aux  Affaires   Indigènes  du  Gouv.  de 

l'Afrique  Occidentale,  à  Ouassou,  par  Toumodi  (Côte-dTvoire). 
Guelliot  (Octave),  D.  M.,  9,  rue  du  Marc,  Beims  (Marne). 
Guenin  (G.),  A.  U.,  Professeur  au  Lycée,  Brest  (Finistère). 
Guichard  (Xavier),  Commissaire    de  Police  de  la  Ville  de    Paris, 

11,  place  Denfert-Bochereau,  Paris-V. 
Guillaume,  D.  M.,  rue  de  Bourgogne,  Beims  (Marne). 


16  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Guillon  (André),  15,  rue  Bouchut,  Paris-XV. 

Guili.ot  (l'abbé),  Curé,  Solutré  (Saône-et-Loire). 

Guimet  (Emile),  Directeur  du  Musée  Guimet,  Musée  Guimet,  Paris. 

Haake  (Ernest),  D.  M.,  Conservateur  du  Musée,  7,  Frederick  Wil- 

helm  Strasse,  Braunschweig  (Allemagne). 
Hamonic,  D.  M.,  7  ter,  rue  Glauzel,  Paris-IX. 

*  Hanotaux  (G.),  ancien  Ministre,   Membre  de  l'Académie  française, 

15,  rue  d'Aumale,  Paris-IX. 
Harlé,  Ingén.  en  chef  des  Ponts  et  Gh.,  35,  rue  Fourcaud,  Bordeaux. 

(Gironde). 
Harmois  (A.  L.),  14,  rueFardel,  Saint-Brieuc  (Gôtes-du-Nord) . 
Hauser  (0.),  Archéologue,  Bâle  (Suisse). 
Hébert  (M.),  99,  boulevard  Arago,  Paris-XIV. 
Heierli  (Pr  Jacob),  Professeur  de  Préhistoire,  Pestalozzistrasse,  37, 

Zurich  (Suisse). 
Henriot,  183,  boulevard  Voltaire,  Paris-XI. 
Heuzé,  Chef  de  bataillon  en  retraite,  Sézanne  (Marne). 
Heuzé  (Henri),  110,  rue  de  Paris,  Vincennes  (Seine). 
Hommey  (J.),  D.  M.,  Sées(Orne). 

Hongres  (Maurice),  Agriculteur,  Les  Loges,  par  Attichy  (Oise). 
Houssay  (F.),  D.  M.,  Pont-Levoy  (Loir-et-Cher). 

*  Hue  (Ed.),  Médecin-vétérinaire,  60,  rue  de  la  Pompe,  Paris-XVI. 
Hugueniot,  Employé  de  banque,  Pressagny-l'Orgueilleux,  par  Ver- 
non  (Eure). 

Hugues  (Albert),  Saint-Geniès-de-Malgoires  (Gard). 

Huret,  Ingén.  des  Arts  et  Manuf.,  24,  pi.  Malesherbes,  Paris-XVII. 

Icard,  D.  M.,  8,  rue  Colbert,  Marseille  (Bouches-du-Bhône). 
Imbert  (Martial),  31,  rue  de  Navarin,  Paris-IX. 

Jacques,  D.  M.,  Secrétaire  général  de  la  Société  d'Anthropologie  de 
Bruxelles  42,  rue  du  Commerce,  Bruxelles  (Belgique). 

Jacquot  (Lucien),  Avocat,  Juge  honoraire,  6,  rue  Fantin-Latour, 
Grenoble  (Isère). 

Jarraud  (Albert),  Propriétaire,  10,  rue  de  Metz,  Cognac  (Charente). 

Jarricot  (J.),  D.  M.,  Chef  de  Laboratoire  à  la  Faculté  de  Médecine, 
9,  Cours  Gambetta,  Lyon  (Rhône). 

Joleaud  (L.),  16,  Plage  du  Prado,  Marseille   (Bouches-du-Rhône). 

Jouanel,  Avoué,  Bergerac  (Dordogne). 

Jousset  de  Bellesme,  D.  M.,  Château  Saint-Jean,  Nogent-le-Rotrou 
(Eure-et-Loir). 

Jullian  (Camille),  Professeur  au  Collège  de  France,  30,  rue  du  Lu- 
xembourg, Paris- VI. 

Jullien  (J.),  D.  M.,  Joyeuse  (Ardèche). 


LISTE  DBS   MEMBRES  17 

Karo  (Dr  Georg),  Institut  archéologique  allemand,  2,  rue  Phidias, 

Athènes  (Grèce). 
Kessler  (Fritz),  Manufacturier,  Soulzraatt  (Alsace). 
Klaatsch  (Hermann),  D.  M.,  Prof.  d'Anatomie,  Breslau  (Allemagne). 
Kossixxa    (Dr   Gustaf),  Professeur  à   l'Université,  Président  de  la 

Société    allemande    de  Préhistoire,    Karlstrasse,   n°    10,    Gross- 

Lichterfelde,  Berlin -W.  (Allemagne). 
Kreutzer,  Artiste-peintre,  44,  rue  de  la  Pompe,  Paris-XVI. 
Kungl  .-Vitterhets  Historié  och  Antikvites  Akademien ,  Stockholm  (Suède). 

Lablotibr  (Anatole),  Archéologue,  Bourogne  (Territoire  de  Belfort). 

Laboratoire  de  Géologie,  Faculté  des  Sciences  de  l'Université,  Besan- 
çon (Doubs). 

Lacoulodmère  (G.),  Sous-Préfet,  Redon  ,'Ille-et- Vilaine). 

Lafay  (Gilbert),  5,  rue  du  Bel-Air,  Mâcon  (Saône-et-Loire). 

Lalaxxe,  D.  M.,  D.  Se,  Gastel  d'Andorte,  Le  Bouscat  (Gironde). 

Lamotte   (Louis),  D.    M.,  Ancien  interne  des  Hôpitaux  de   Paris, 
place  Ernest-Gérard,  Beauvais  (Oise). 

Langlassé  (René),  50,  rue  Jacques-Dulud,  Neuilly-sur-Seine (Seine). 

Laprévotte  (P.),  Membre  de   la  Société  d? Archéologie  Lorraine,  40, 
rue  Victor-Hugo,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 

Larmigny,  Industriel  et  Archéologue,  Château- Porcien  (Ardennes). 

Lazard  (F.),  Propriétaire,  Maire  de  Sivergues,  Apt  (Vaucluse). 

Lecomte  du  Noùy  (Jacques),  30,  boulevard  Flandrin,  Paris-XVI. 

Le  Coniat  (Victor),  Instituteur,  Trégomer,  par  Lamballe  (G.-du-N.). 

Léger,  Juge  de  paix  suppléant,  La  Boissière  (Oise). 

Lehmann-Nitsche  (Dr  Robert),  Professeur  à  l'Université,  Conserva- 
teur du  Museo  nacional,   La  Plata  (République  Argentine). 

Leloutre  (Stanislas),  Membre  de  la  Soc.  Arch.  de  Soissons,  2,  Impasse 
du  Château,  Soissons  (Aisne). 

Lbmesnil  (H.),  Agent- voyer  du  Canton  du  Havre,  49,  Rue  Jacques 
Louer,  Le  Havre  (Seine-Inférieure). 

Le  Maire  (André),  143,  boulevard  Saint-Michel,  Paris-V. 

Le  Marchand  (Augustin',   Ingénieur-constructeur,  Les  Chartreux, 
Petit-Quevilly,  près  Rouen  (Seine-Inférieure). 

Lemoixe  (René),  6,  rue  Croix-des-Teinturiers,  Châlons-sur-Marne 
(Marne). 

Lénez,  D.  M.,  Médecin-major  de  lre  classe, Médecin  Chef  des  salles 
militaires  de  l'Hospice  mixte  de  Commercy  (Meuse). 

Le  Pileur,  D.  M.,    Médecin  de  Saint-Lazare,  15,   rue  de  l'Arcade, 
Paris- VIII. 

Leprixce  (MUe  Marie^,  Sarcelles  (Seine-et-Oise). 

Le    Roux    (Marc),    Docteur   ès-sciences,    Conservateur  du  Musée, 
Annecy  (Haute-Savoie). 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  2 


18  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Leroy,  Membre  de  la  Société  Normande  d'Etudes  Préhistoriques, 
Saint-Paul-sur-Rille,  près  Pont-Audemer  (Eure). 

Leroy  (Georges),  Directeur  d'École,  r.  Jeau-Macé,  Le  Mans  (Sarthe). 

Letailleur,  à  Baigts,  par  Montfort-en-Chalosse  (Landes). 

Létienne,  D.  M.,  8,  rue  des  Creux,  à  Louveciennes  (Seine-et-Oise). 

Levistre  (Louis),  Instituteur  à  Golbert,  commune  mixte  des  Rirha, 
département  de  Gonstantine  (Algérie). 

Lewis  (A.  L.),  35,  Beddington  Gardens,  Wallington  (Surrey),  An- 
gleterre. 

Lïssajous  (Marcel),  Géologue,  10,  quai  des  Marans,  Mâcon  (Saône- 
et-Loire). 

Lorrin  (Victor),  Ancien  directeur  des  Salins  de  Dax,  Dax  (Landes). 

Lourère  de  Longpré  (Mme),  3,  rue  Vézelay,  Paris-Vlll. 

Luppé  (Mme  la  Marquise  de),  29,  rue  Barbet-de-Jouy,  Paris-VII. 

Mac    Curdy    (Georges   Grant),   237,   Ghurch    Street,   New-Haven, 

Connecticut  (Etats-Unis). 
Macry-Gorreale    (Francesco),     Professeur    de    pédagogie,    Real 

Scuola  Normale,  Grema  (Italie). 
Maire   (A.),    Bibliotbécaire  à    la    Sorbonne,    15,    rue  de    Jussieu, 

Paris-V. 
Malaussène  (J.),  Juge  au  Tribunal  civil,  Garpentras  (Vaucluse). 
Mai.ga  (abbé),  Gels,  par  Luzech  (Lot). 

Mallet  (Auguste),  La  Roche,  par  Palaiseau  (Seine-et-Oise). 
Mann  (F.  W.),  D.  M.,  Villino  Romano,  Alassio  (Genova)  (Italie). 
Manteyer    (G.    de),    Archiviste    paléographe,    ancien    membre   de 

l'Ecole  française  de  Rome,  Château  de  Manteyer,  près  La-Roche- 

des-Arnauds  (Hautes-Alpes),  34,  quai  de  Béthune,  Paris-IV. 
Marchadier  (René),  20,  rue  de  l'Isle-d'Or,  à  Cognac  (Charente). 
Marignan  (Emile),  D.  M. ,  Marsillargues  (Hérault). 
Marin-Tarouret  (H.),    Instituteur,  rue   du    Vallon,  lla,   Marseille 

(Bouches-du-Rhône) . 
Marlot  (Hippolyte),  Géologue,  Villa  Bellevue,  Toulon-sur-Arroux 

(Saône- et-Loire). 
Marmagne   (A.),    Commis    des    Ponts-et-Chaussées,    Goulommiers 

(Seine-et-Marne). 

*  Marmottan(H.),  Ingén.  des  Mines,  10,  r.  Edmond-Valentin, Paris-VII . 

*  Marot  (Henri),  25,  rue  Bergère,  Paris-IX. 

Martel  (E.-A.),  Directeur  de  La  Nature,  23,  rued'Aumale,  Paris-IX# 
Martel  (Louis),  Notaire,  Sault  (Vaucluse). 
Martin  (Anfos),  Inspecteur  primaire,  Montélimart    (Drôme). 
Martin  (Bernard  Henri-),  Etudiant,  50,  rue  Singer,  Paris-XVI. 
Martin  (Charles-Henri)  (Madame),  60,  r.  Boulainvilliers,  Paris-XVI. 

*  Martin  (Henri),  D.  M.,  50,  rue  Singer,  Paris-XVI. 


LISTE    DES   MEMBRES  19 

Màrton  (Louis  de  ,  D.  M.,  Conservateur-adjoint  du  Musée  National 

hongrois,  Budapest  (Hongrie). 
Martz,  Conseiller  à  la  Cour,  30,  rue  des  Tiercelins,  Nancy  (Meurthe- 
et-Moselle). 
Masfrand  (A.),  Président  de  la  Société  Les  Amis  des  Sciences  et  des 

Arts,  Rochechouart   Haute-Vienne). 
Massé  (Ed.),  8,  rue  Saint-Faron.  Meaux  (Seine-et-Marne). 
Matthis   Charles),  Propriétaire,  Niederbronn  (Vosges-Alsace). 
Maucourt    (Adrien),   Licencié    en  droit,   190,    boulevard    Pereire, 

Paris-XVIL 
Maudemaix,  Palethnologue,  118,  Boulevard  Voltaire,  Paris-XL 
Mautalext  (Mme),  10,  rue  de  la  Pompe,  Paris-XVI. 
Mazéret  (Ludovic),  à  Viella  (Gers). 

Mexaxd  (Emile),  Avoué,  rue  Saint-Saulge,  Autun  (Saône-et-Loire). 
Mexxetrier  (Ch.  ,  Lieutenant  au  77r  régiment   d'Infanterie,    Cholet 

(Maine-et-Loire). 
Meurisse   (Georges),    Archéologue,   33,    rue  de  Tambour,    Reims 

(Marne). 
Migcet  (Emile),  1,  Boulevard  Henri-IV,  Paris-IV. 
Miquel  (Jean),  Barroubio,  par  Aiguevives  (Hérault). 
Moingeox  (A.).,  rue  de  la  Gare,   Nuits-Saint-Georges   (Côte-d'Or). 
Moirexc,  Agent-voyer  cantonal,  Bonnieux  (Vaucluse). 
Mollandin  (H.;  Capitaine  au  1er  Escadron  du  Train,  Lille  (Nord). 
Moreau,  Pharmacien  honoraire,  56,  Boulevard  Blossac,  à  Chatelle- 

rault  (Vienne). 
Moreau  de  Néris,  Associé  correspondant  national  de  la  Société  des 

Antiquaires  de  France,  Airebelle,  par  Arpheuilles-Saint-Priest 

(Allier). 
Morel  (Gaston),  55,  rue  Jeanne-d  Arc,  Rouen  (Seine-Inférieure). 
Morgand    (E.),   D.   M.,    L.     D.,   rue    Saint-Fuscien,    58,     Amiens 

(Somme) 
Morin  (Jean),  Artiste-peintre,  33  bis,  boulevard  de  Clichy,  Paris-IX. 
Morisson  (Henri),  D.  M.,  2,  rue  Paul-Saunière,  Paris-XVI. 
Mortillet  (Adrien  de),  Professeur  à  l'Ecole  d'Anthropologie,  22, 

avenue  Reille,  Paris-XIV. 
Mortillet  (Paul  de),  36,  boulevard  Arago,  Paris-XIII. 
Mourier  (J.j,  41,  rue  de  la  Concorde,  Bruxelles  (Belgique). 
Mousson-Laxauzb  (D'),  Ancien  interne,  Officier  d'académie,  place 

de  la  Tourelle  3  bis,  Saint-Mandé  (Seine). 
Mùi.ixex  (DrE.,  Comte  de),  Consul  général  d'Allemagne,  66,  Muris- 

talden,  Berne  (Suisse). 
Mïiller  (H.),  Bibliothécaire  à  l'Ecole  de  Médecine.  Conservateur  du 

ttasée  Dauphinois,  Grenoble  -Isère). 
Munro  (Robert),  Elmbank,  Largs,  Ayrshire  (Ecosse). 


20  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Musées  royaux  des  Arts  décoratifs  et  industriels  (Le  Conservateur 

des),  Parc  du  Cinquantenaire,  Bruxelles  (Belgique). 
Museo  nacional  (J.  Arechavaleta,  Dir.),  Montevideo  (Uruguay). 

Naulin,  D.  M.,  72,  Boulevard  de  Bercy,  Paris-XII. 

Nbrson  (Fernand),  Valréas  (Vaucluse). 

Neveu  (Raymond),  D.  M.,  141,  rue  de  Paris,  Clamart  (Seine). 

Nobis  (Charles),  D.  D.,  Avocat  à  la  Cour  d'Appel,  13,  boulevard 
Montparnasse,  Paris- VI. 

Noël  (Jean),  La  Tour,   St-Max,  près   Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 

Novital  (Albert  de),  3,  rue  des  Dominicains,  Nancy  (Meurthe-et- 
Moselle). 

*  Ovion,  D.  M.,  Boulogne-sur-Mer  (Pas-de-Calais). 

Pagès-Allary  (Jean),  Industriel,  Murât  (Cantal). 

Pallary    (Paul),  Instituteur   public,    Eckmuhl  (Oran,  Algérie). 

Paniagua  (A.  de),  Archéologue,  11,  rue  Christiani,  Paris-XVIII. 

Paris  (Félicien),  avocat  à  la  Cour  d'Appel,  31,  rue  Baudin,  Paris-IX. 

Pas  (Le  Comte  Edmond  de),  Cagnes  (Alpes-Maritimes). 

Passemard  (Emmanuel),  16,  rue  Spontini,  Paris-XVI. 

Patte  (Etienne),  79,  rue  du  Connétable,  Chantilly  (Oise). 

Paul  (Mme),  5,  rue  Justin-Paul,  Etain  (Meuse). 

Paul  (Félix),  5,  rue  Jnstin-Paul,  Etain  (Meuse). 

Pavlow  (A.  P.),  Professeur  de    Géologie    à  l'Université,    Moscou 

(Russie). 
Peabody  (Charles),    Instructor   in  European   Archeology,  Harvard 

University,  Cambridge,  Mass.  (U.  S.  A.). 
Péchadre,  D.  M.,  Député  de  la  Marne,  25,  rue  Bergère,  Paris-IX. 
Pellati  (Franz),  D.  Se,  Piazza  San  Claudio,  96,  Roma  (Italie). 
Pellegrin    (Charles),   Ingénieur   civil   des   Mines,    43,    rue    Vital, 

Paris-XVI. 
Pereira  (Dr  J.  Alves),  101,  rue  Carlos  I,  Lisbonne  (Portugal). 
Perrier  (Louis),  D.  M.,  Professeur  chargé  du  cours  d'Anthropologie 

à  la  Faculté  libre  protestante,  rue  du  Moustier,  8,  Montauban 

(Tarn-et-Garonne). 
Perrin-Couvreur,  Viticulteur,  Rilly-la-Montagne  (Marne). 
Peyrot,  D.  M.,  Sénateur,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  33, 

rue  La  Fayette,  Paris-IX. 
Pézard  (Georges),   Lieutenant  au  51°  d  infanterie,  90,  rue  du  Com- 
merce, Paris-XV. 
Philippe  (L'abbé  J.),  Curé,  Breuilpont  (Eure). 
Philippe   (Eugène),    Percepteur,    rue    du     Faubourg-Saint-André, 

Beauvais  (Oise). 


LISTE  DES  MEMBRES  21 

Pigorim  (Dr  Louis),  Directeur  du  Museo  Preistorico,  Etnografico  et 
Kircheriano,  26,  Via  Collegio  Romano,  Roraa  (Italie). 

Pinchon,  D.  M.,  Médecin  aide-major  de  ire  classe,  au  2e  spahis, 
Bel-Abbès  (Algérie). 

Pirsoui.  iFernand),  14,  rue  François- Du  fer,  Salzinnes,  Namur  (Bel- 
gique). 

Pistât,  Bezannes,  par  Beims  (Marne). 

Plessier  (L.),  Ancien  Président  de  la  Société  historique,  9,  rue  de 
Lancrv,  Corupiègne   (Oise). 

Pokrowsky  (Alexandre),  Professeur  agrégé  de  l'Université  de  Khar- 
kov,  rue  Technologuitcheskaja,  Kharkov  (Bussie). 

Polak  (Dr  Antoine),  Geska  Bealka,  Budéjovice,  Bohème  (Autriche). 

Pol-Baudet,  1,  rue  du  Moulin,  Crécy-sur-Serre  (Aisne  . 

Poulain  (Georges!,  Archéologue,   Saint-Pierre-d'Autils(Eure  . 

Poutiatine  Prince  Paul  Arsenievitch),  Perspective  Gresgue,  6,  Saint- 
Pétersbourg  (Bussie). 

Puech  (Gh.),  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  Aurillac  (Cantal). 

Quilgars   H.),  24,  rue  de  la  Petite  Cité,!Evreux  (Eure). 

Ramond-Gontaud,  Assistant  au  Muséum,   18,    rue  Louis-Philippe, 

Xeuilly-sur-Seine  (Seine). 
Batixet  (M.),  Inspecteur  des    Contributions    indirectes,  Chaumont 

(Haute-Marne). 
Rau    Général  de  division,  du  cadre  de  réserve),  67,  rue  de  Miromesnil, 

Paris-VlII(Hiver), —  La  Prêcheuse,  près  Sedan  (Ardennes)(Eté). 
Raymond  (Paul),  D.  M.,  Professeur  agrégé  des  Facultés  de  médecine, 

34,  avenue  Kléber,  Paris-XVI . 
Rayxaud  (Georges),  Directeur-adjoint  à  l'Ecole  des  Hautes  Etudes, 

6,  rue  Pestalozzi,   Paris- V. 
Beber  (B.i,  Conseiller  municipal,  Conservateur    du    Musée   épigra- 

p/u'que,  3,  cour  Saint-Pierre,  Genève  (Suisse  . 
Benault   (Georges],  Conserv.  du  Musée,  Vendôme  (Loir-et-Cheri. 
Reymer  (Ph.),  Lizy-sur-Ourcq  (Seine-et-Marne). 
Riallaxd   (Marcel),    Pharmacien  de    lre  cl.  (V.    P.),  Saint-Brieuc 

Côtes-du-Nord). 
Bivièrb  (Emile),  Directeur  à  l'Ecole  des  Hautes  Etudes  au  Collège 

de  France,  2,  Bd.  de  Strasbourg,  Boulogne-sur-Seine  (Seine). 
Bobert  (A.),  Directeur   de    Banque,  Bordj-bou-Arréridj  (Constan- 

tine,  Algérie). 
Rodet  (Paul),  D.  M.,  Villa  Le  Svastika,  Boulevard  de  la  Mantega, 

Nire  (Alpes-Maritimes). 
Rœrich    Nicolas),  Directeur  de  l'Ecole  de  la  Société  impériale  d'En- 
couragement des  Beau.r- Arts, 83,yioïka,  St-Pétersbourg (Russie;. 


22  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Rollet(H.),  Président  de  Y  Association  des  Naturalistes  de  Levallois- 
Perret,  62,  rue  Voltaire,  Levallois-Perret  (Seine). 

Romain  (Georges),  Courtier,  Correspondant  de  l'Ecole  d'Anthropo- 
logie de  Paris,  26,  rue  du  Gymnase,  Sainte-Adresse  (Seine- 
Inférieure). 

Roseville  des  Grottes,  lzestes,  par  Lonvic-Juzon  (Basses- 
Pyrénées). 

Rothschild  (Baron  Edmond  de),  41,  faub.  St-Honoré,  Paris-VIII. 

Rothschild  (Baron  Gustave  de),  23,  rue  Marigny,  Paris-VIII. 

Rougé  (Jacques),  Ligueil  (Indre-et-Loire). 

Roussel  (Georges),  Négociant,  Les  Grandes  Ventes  (Seine-Infé- 
rieure). 

Rouxel  (Georges),  58,  quai  Alexandre  III,  Cherbourg  (Manche). 

Rutot  (A.),  Conservateur  du  Musée  Royal  d'Histoire. Naturelle  de 
Belgique,  189,  rue  de  la  Loi,  Bruxelles  (Belgique). 

*  Saint- Venant  (J.  de),  Inspect.  des  eaux  et  forêts,  Nevers  (Nièvre). 
Sandars    (Horace),    10H,   Queen    Anne's    Mansions,  Westminster, 

London   SW    (Angleterre). 
Santos  Rocha  (A.  dos),  avocat,  Figueira  da  Foz  (Portugal). 
Sartorius-Preiswerk  (F.),  Arlesheim,  près  Bâle  (Suisse). 
Savoye  (Me  M.),  Odenas  (Rhône). 
Schaudel    (L.),  Receveur  principal  des   Douanes,  43,  rue    Jeanne- 

d'Arc,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 
ScHETELiG(Pr  Haakon),  Conservateur  du  Musée,  Bergen  (Norvège) 

*  Schleicher  (Ad.),    Libraire-éditeur,    8,    Rue    Monsieur-le-Prince 

Paris-VL 
Schleicher  (Ch.),  Palethnologue,  6,  rue  Rosa-Bonheur,  Paris-XV. 
Schmit  (Emile),  Pharmacien,   24,   rue  Saint-Jacques,  Châlons-sur- 

Marne  (Marne). 
Schmidt  (F.),  Ingénieur  civil  des  Mines,  17,  boulevard  Haussmann, 

Paris-IX. 

*  Schmidt  (0.),  86,  rue  de  Grenelle,  Paris-VII. 

Schmit    (Valdemar),  D.  M.,  Professeur  à  l'Université,  Musée  natio- 
nal, 12,  Frederiksholm  Canal,  Copenhague  K  (Danemark). 
Sellier,  Archéologue,  3,  rue  Boule,  Paris-XL 
Séhillot  (Charles),  Publiciste,  Rugles(Eure). 

*  Simon  (E.j,  avenue  du  Bois-de-Boulogne,  16,  villa  Saïd,  Paris-XVI. 
Siret     (Louis),    Ingénieur,    Cuevas-de-Vera,    province    d'Almeria 

(Espagne). 
Société    française    des    Fouilles    archéologiques,    29,   rue   Tronchet, 

Paris-VIII. 
Société  d'Histoire  naturelle  de  Loir-et-Cher  (Le  Président  de  la),  Blois 

(Loir-et-Cher). 


LISTE   DES   MEMBRES  23 

Société  d'Études  des  Sciences  naturelles  de  Nimes  (Le  Président  de 
la),  quai  de  la  Fontaine,  Nîmes  (Gard). 

Solon  (L.),  The  Villas,  Stoke-on-Trent  (Angleterre!. 

Sorin  (Paul),  20,  rue  du  Pont-Neuf,  Paris-I. 

Sodbeyran  (Emile),  D.  M.,  Andeville  (Oise). 

Soudan  (Edward),  Luzy    Nièvre  . 

Stalin  (G.),  63,  rue  de  la  Préfecture,  Beauvais  (Oise). 

Stechert,  libraire,  76,  rue  de  Rennes,  Paris-VI. 

Sturge  (Allen),  D.  M.,  Icklingham  Hall,  Mildenhall,  Suffolk  (Angle- 
terre). 

Tahariès  de  Grandsaignes  fils,  81,  rue  Michel-Ange,  Paris-XVI. 

Tailleur,  Licencié  es-lettres,  215,  boulevard  Voltaire,  Paris-Xl . 

Tapp,  Archéologue,  57,  Saint-James  Street,  Piccadilly,  S.  W.  Lon- 
dres (Angleterre). 

Tarbé,  8,  Cité  d'Hauteville,  Paris-X. 

Taté  (E.),  9  bis,  rue  Michel-Ange,  Paris-XVI. 

Taté  fils  (Claude;,  Etudiant,  9  bis,  rue  Michel-Ange,  Paris-XVI. 

T avares  de  Proença  junior  (F.;,  Castello  Branco  (Portugal  . 

Ter  rade  (Albert),  Conducteur  des  Travaux  au  Canal  du  Nord, 
Ercheu  (Somme). 

Testot-Ferry  (A.),  Capitaine  de  frégate,  48,  boulevard  de  la  Blan- 
carde,  Marseille  (Bouches-du-Rhône). 

Testit  (Léo),  D.  M.,  Professeur  d'Anatomie  à  la  Faculté  de  Mé- 
decine de  l'Université,  3,  avenue  de  l'Archevêché,  Lyon 
(Rhône). 

Theoleyre.  Archéologue,  329,  rue  Saint-Martin,  Paris-IIL 

Thiot(L.),  Palethnologue.  Marissel,  par  Beauvais  (Oise). 

Thuret,  Propriétaire,  Château  de  Chabontière,  Sers  (Charente). 

Trassagnac,  D.  M.,  Médecin-major  de  2e  classe,  4e  Bataillon  d'ar- 
tillerie, Verdun  (Meuse). 

Tryon-Montalembert  (Le  Marquis  de), 5, rue  Monsieur,  Paris-Vil. 

Urpar  (Jules),  D.  M.,  28,  rue  des  Arènes,  Arles-sur-Rhône  (Bouches- 
du-Rhône). 

Valerian  (Isidore),  35,  Boulevard  de  la  République,  à  Salon  (Bou- 
ches-du-Rhône). 

Valette  (L.j,  Agent  voyer  d'arrond.,  Pont-l'Evèque  (Calvados;. 

Vallée  (Georges),  Préfet  honoraire,  ancien  Député  du  Pas-de-Calais, 
Saint-Pol  (Pas-de-Calais  . 

Varaldi  (René),  Ingénieur-chimiste,  Cannes  La  Bocca  (Alpes-Mari- 
times). 

\areilles  (Léon),  3,  rue  Bonneterie,  Avignon  {Vaucluse). 


24  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Vasseur  (Gaston),  Professeur  de  Géologie  à  la  Faculté  des  sciences, 

29,  Boulevard  d'Athènes,  Marseille. 
Vassy  (A.),  Fabricant  de  produits  pharmaceutiques,  route  de  Lyon, 

Vienne  (Isère). 
Vauvillé  (Q.),  Archéologue,  17,  rue  Ghristiani,  Paris-XVIII. 
Vergne,  D.  M.,  Médecin-major  au  12e  Hussards,  Gray  (Haute-Saône). 
Vernet   (Marcel),  Secrétaire-archiviste  de  la  Section  des  A. -M.  de  la 

Soc.  fr.  des  Fouilles  Archéologiques,  Associé  corresp.  national  de 

la  Soc.  des  Antiquaires  de  Fr.,  10,  rue  d'Offémont,   Paris-XVII. 
Vésignié  (Louis),  Capit.  d'artillerie,  2,  rue  de  Dun,  Bourges  (Cher). 
Vial  (Albert),  receveur  de  l'Enregistrement,  Joyeuse  (Ardèche). 
Vial  (Honoré),  Propriétaire,  rue  de  la  Bépublique,  6,  Le  Cannet, 

(Alpes-Maritimes). 
Vieira  (Manoel),  Natividade,  Alcobaça  (Portugal). 
Vigoureux  (E.G.),  Consul   général  de  la   Bépublique  Argentine    à 

Monaco,  27,  rue  d'Angleterre,  Nice  (Alpes-Maritimes). 
Villembreuil  (Adrien  de),  52 bis,  boulev.  Saint-Jacques,  Paris-XlV. 
Villeneuve  (Chanoine  L.  de),  Directeur    du  Musée  Anthropologique 

de  Monaco,  Monaco. 
Viré  (Armand),  Docteur  ès-sciences,  attaché  au  Muséum  d'Histoire 

naturelle,  8,  rue  Lagarde,  Paris-V  ;  —  l'été,  à   Souillac   (Lot). 
Viré  (Camille),  Avocat,  Bordj-Menaïel  (Alger),  Algérie. 
Voinot,  D.  M.,  Haroué  (Meurthe-et-Moselle). 
•    Volkow  (Th.),  Docteur  ès-sciences,  Musée   impérial   Alexandre  III 

(Section  d'Ethnographie),  Saint-Pétersbourg  (Bussie). 
Vouga  (Paul),  D.    Phil.,    Conservateur   du    Musée   archéologique, 

Neuchâtel  (Suisse). 
Vredenburg  (Ernest),  directeur  du  Geological    Survey  of  Ihdia,  Cal- 
cutta (Indes  anglaises). 
Vuarnet  (Emile),  archéologue,  Messery  (Haute-Savoie). 

Weise  (M"»e),  o,s  Avenue  de  La  Motte-Piquet,  Paris-VII. 

Welter,  Notaire  impérial,  17,  rue  des  Clercs,  Metz  (Lorraine). 

Westropp  (Thomas  Johnson),  M.  A.,  M.  B.  I.  A.,  115,  Strand  Boad, 
Sandymount,  Dublin   (Irlande). 

Wiedmer-Stern  (J.),  Président  de  la  Société  Suisse  de  Préhistoire, 
Directeur  du  Musée  historique,  Berne  (Suisse). 

Willson  (Mme  Selina  S.),  3  Collingham  Boad,  Londres,  SW.  (An- 
gleterre). 

Wuhreb  (MUe,  M.  L.),  66,  rue  Gay-Lussac,  Paris-V. 

Zaborowski  (S.),  Professeur  à  l'Ecole  d'Anthropologie  de  Paris, 
ancien  Président  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris, 
18,  rue  des  Aubépines,  Thiais  (Seine). 


SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 


» 


Membres  donateurs. 


MM. 

Prince  Roland  Bonaparte. 
Lionel  Bonnemère. 
Mme  Lionel  Bonnemère. 
Léon  Coutil. 
Louis  Giraux. 
Docteur  A.  Guébhard. 
H.  Marot. 


MM. 

Docteur  Henri  Martin. 
M'De  Montalent. 
J.  Pages- Allary. 
Docteur  Paul  Raymond. 
Baron  Edmond  de  Rothschild. 
Baron  Gustave  de  Rothschild. 


Membres  a  vie. 

MM.  G.  Courty  (1910). 

Henri  Giraox  (1911). 

Louis  Giraux  (1910). 

le  Dr  A.  Guébhard   1904  .     * 

Georges  de  Manteybr  (1908). 
M""  Charles-Henri  Martin  (1910). 
Mmc  Montalbnt  (1910). 
If.  le  Baron  Edmond  de  Rothschild  (1904). 


Membres  décédés. 


Marquis  de  Ligneris  (-{-1904). 

Gillet  (+1904  . 

Vouga  (+1904). 

Marquis  de  Nadaillac  (+1904). 

Paul  Nicole,  ancien  Vice-prési- 
dent (f  1904). 

Vicomte  René  de  Montjoye 
(+1905). 

Bonnemère  (Lionel),  ancien  Pré- 
sident (f  1905). 

Tomasi(P.)(+1906). 

Alix  (G.)  (fl906). 

Piette,  Président  d'Honneur 
(+1906). 

Ramonet  (f  1906). 

E.  Fourdrignier,  ancien  l'ic.e- 
président  (+1907.. 

Dr  Machelard  (+1908). 

F.  Arnaud  (+1908). 


Houle  (f  1908  . 
V.  Bogisic  (f  1908). 
R.  de  Ricard  (+1908). 
Lombard-Dumas  (+1909  . 
Dumas  (Ulysse)  (+1909). 
Babeau  (Louis)  (+1909). 
Pranishnikoff     Ivan)  (+1909). 
Audéoud,  Général  (+1909). 
Chantecler  (Charles)  (+1909). 
Andrews  (J.  B.)  (+  1909). 
Wavrb  (William)  (+  1909). 
Champagne  (+  1910). 
Léon  Robert  (+  1910). 
Bussière  (+  1910). 
Tabariès      de      Grandsaignes 

(+1910). 
MEYERiThéodore)(+1910). 
Bellibr  (+1910). 


LISTE  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 
par  Pays  et  Départements  français. 


I.  —  France. 

1°  Départements, 


Aisne  :  Delvincourt.  —  Leloutre.  — 
Pol-Baudet.— Vauvillé  (à  Pommiers). 

Allier  :  Moreau  de  Néris. 

Alpes  {Basses):  Chaillan  (L'abbé). 

Alpes    (Hautes)  :  —   G.    de  Manteyer. 

Alpes-Maritimes  :  Delaunay.  —  Chiris 
(M.).—  Goby(P.).—  Guébhard  (A.).— 
Pas  (Comte  E.  de).  —  P.  Rodet.  — 
Varaldi.  —  Vial  (H.).  —  Vigoureux. 

A rdèche. ■  Jullien  (Dr).—  Vial  (A  ). 

Ardennes  :  Gollaye.  —  Larmigny.  — 
Général  Rau. 

Aube  :  Bachimont. 

-4ude:Courrent.—  A.  Kages.  —  Gimon. 

Aveyron  :  Galmels. 

Beltort  :  Lablotier. 

B-du-R  :  Arnaud  d'Agnel.  —  Bout  de 
Gharlemont.  —  Clastrier. —  Icard.  — 
Joleaud. —  Marin-Tabouret. —  Urpar. 
Valériun.  —  Pr  Vasseur. 

Calvados  :  PrGidon.—  Leroy.—  Valette. 

Cantal  :  Bourgeade.  —  Pagès-Allary. 
Puech. 

Charente  :  Ghauvet.  —  Jarraud.  — 
Marchadier.  —  Thuret. 

Charente ■-Inférieure :  Atgier.  —  Gousset. 

Cher  :  Vésignié  (L.).  —  Dervieu.  — 
Andrieu. 

Corse  :  C'  Ferton. 

Côte-d'Or:  Aubert.  —   Bouillerot  (R.). 

—  Boyard.  —  Brulard  (Dr).    —  Go- 
rot  (M.).  —  Drioton.  —  Moingeon. 

Côtes-du-Nord  :  Berthelot  du  Ghesnay. 

—  Golleu.  —  Harmois.  —  Le  Goniat. 

—  Rialland. 

Dordogne  :  Aublant  (Gh.).  —  Delugin.— 
P*  Peyrot.  —  Bernard  (J.).  —  Du- 
blange.  —  Fleurieu  (de).  —  Jouanel. 

Doubs  :  Laboratoire  de  Géologie. 

Drame  :  Martin  (Anfos). 

Eure:  Barbier.  —  Chédeville.  —  Cou- 
til (L.).  —  Desloges.   —   Duquesne. 

—  Fouquet.  —  Huguenel.  —  Philippe 
(L'abbé).  —  Poulain.  —  Sibillot. 

Eure-et-Loir  :  Jousset  de  Bellesme. 
Finistère  :  Bertheau.  —   Delaporte.   — 

Du  Chatellier.  —  Guenin. 
Gard  :    Bascoul.  —   Bourrilly.  —  Du- 

cerf.  —  Dumas    (Mej.  —  Féraud.  — 

Granet.  —    Hugues.  —  Perner.    — 

P.  Raymond.  —  Soc.  Se.  Nat.  Nîmes. 
Garonne      (Haute-)    :     E.     Cartailhac. 
Gers.-Mazéret. 
Gironde  .Conil.  —  Conilh  de  Beyssac. — 

Daleau.    —    Duplessis-Foucaud.    — 

Harlé.  —  Lai  a  nue- 
Hérault   :  Baquié.  —  Cazalis   de  Fon- 

douce.  —  Marignan.  —  Miquel. 
Ille-et-  Vilaine  :  Aubrée.    —  Lacoulou- 


Indre-et- Loire  :  Barreau.  —  Chaumier. 

—  Dubreuil-Chambardel.  —  Gau- 
richon.  —  Rougé. 

Isère  :  Jacquot.  —   Mùller.  —    Vassy. 

Jura  :  Feuvrier.  —  Girardol. 

Landes  :  Dubalen  (E.).  — Letailleur.  — 

Lorrin. 
Loire  :  Déchelelte. 
Loiret  :  Bourlon.  —  (^loutrier. 
Loir-et-Cher  :  Clément.  —  Houssay.  — 

Renault.    —    Soc.    d'Hisl.    nat'.    de 

Blois. 
Loire-Inférieure  :  Quilgars  (H.). 
Lot  :  Malga.  —  Viré  (Armand). 
Maine-et-Loire:  Blavier.—  Desmazières. 

—  Fiévé.  —  Mennetrier 

Manche  :  Rouxel.  —    Crova    (Mm<>).  — 

Grova. 
Marne  :  Audéoud.  —  Bosteaux-Paris. 

—  Chance.  —  Gardez.  —  Guelliot.  — 
Guillaume.  —  Heuzé.  —  Lemoine.  — 
Meurisse.  —  Pécbadre,  —  Pcrrln- 
Couvreur.  —Pistât.  —  Schmil  (E.). 

Marne  (Haute-)  :  Ratinet. 

Meurthe-et-Moselle  :  Beaupré  (Cte  J).— 
Goury(G.).— Laprévote.  —  Martz.  — 
Noël.—  de  Novital.  —  Schaudel  (L.). 

—  Voinot. 

Meuse  :  Evrard.  —  Lènez.  — Paul  (Mc). 
Paul  (F.).  —  Trassagnac. 

Morbihan  :  Aveneau  de  la  Grancière.  — 
Ducourtioux . 

Nièvre  :  Delort.  —  Desibrges.— Saint- 
Venant  (de).  —Soudan. 

Nord  :  Mollandin. 

Oise:  Baudon.  —  Baorain.  —  Boulet. 

—  Boutanquoi. —Denis.— Denoyel- 
le.  —  Hongre.  —  Lamotte. —  Léger. — 
Patte.  —  Philippe.  —  Plessier.  — 
Soubeyran.  —  Stalin.  —  Thiot. 

!    Orne:  Foucault.  -  lloramey. 

;   Pas-de-Calais  :  Benoisl.  —Collet  (A.). 

—  Dharvent.  —  Ovion.  —  Vallée. 

!   Puy-de-Dôme  :  Aymar.   —    Charvilhat 
(G.). 
Pyrénées  (Basses-)  :  Roseville  des  Grot- 
tes. 
Rhône:    Chantre  (E.).  —Gaillard.  — 
'       Jarricot.   —  Savoye   (M').  —  Testul 

!       (Léo). 

!   Saône-el- Loire  :  Berthier  (V.).  —  Fran- 
çois. —  Gadant.  —  Grillet.  —  Guilloi. 

—  Lal'ay.  —  Lissajous  (M.).  —  Mar- 
lol.  —  Menand. 

;   Saône  (Haute-):  Casser.  —  Vergne. 
I   Sarthe    :    Aubin.    —     Gartereau.    — 

Leroy  (G.). 
;   Savoie  ':  Blanc  (Baron  A.). 
I  Savoie  (Haute-)  :   L.Duvaux.  —    Marc 
I       LeRoux.  —  Vuarnet. 


LISTE    DES   MEMBRES 


81 


Seine.   Paris  :  Ballet.   —  P.  Baud.  — 
Baudouin   (M.).  —  Bertin.   —  Bloch. 

—  Bonaparte  (Prince).  —  Bonnet.  — 
Bougault  (Alfred).  —  Bougault 
(Louis).  —  Breuil.  —  Brice-Cardot 
(Me).  —  Brochet.  —  Camichel.  — 
Camps  (M"").  —  Camus  (L.).  —  Can- 
calon.  —  Cantacuzène    (Prince  G.). 

—  Canns.  —  Cathelin  (Dr).  —  Césa- 
rio  (J.).  —  Chapelet.  —  Chervin.  — 
Chevallier.  —  Clair  (L.).  —  Courty. 

—  Delamare.  —  Deloncle.  —  Denier. 

—  Desailly.  —  Devrolle.  —  Devrnlle 
(les  fils  d'Em.)-  Dollot.  —  Fessard. 

—  Fleurieu  (Cte  de).  —  Fougerat.  — 
Fouju.  —  Fouquet.  —  Gaudelette.  — 
Girardot.  —  H.  Giraux.  —  Givenchy 
(de).  —  Guébhard   (A.).  —  Gorey. 

—  Guéneau.  —  Guichard.—  Guilloh. 

—  Guimet.  —  Hamonic.  —  Hanotaux 
'G.)  —  Hébert.  —  Henriot.  —  Hue.  — 
Huret.  —  Imbert.  —  Jullian  (C.  — 
Kreutzer.  —  Lecomtedu  Noiiy.  —  Le 
Maire.  —  Le  Pileur.  —  Loubère  de 
Longpré  (M"e).  —  Luppé  (M"e  de).— 
Maire.  —  Marmottan.  —  Marot.  — 
Martel.  —  Martin  (Bernard).  —  Mar- 
tin M«  Ch.  H.).  -  Martin  (H.). — 
Maucourt. —  Maudemain.  —  Me  Mau- 
talent.  —  Miguet.  —  Morin  Jean.  — 
Morisson  |Dr).  —  Mortillet  (A.  de). — 
Mortillet(P.  de).— Naulin.  —  Nobis. 

—  Paniagua  (de).  —  Pans  (F.).  — 
Passemard.  —  Pellegrin.  —   Peyrot. 

—  Pézard.  —  Rau.  —  Raymond.  — 
Raynaud.  —  Rothschild  (E.  de).  — 
Rothschild  (G.  de).  —  Schleicher 
(Ad.)  —  Schleicher  (Ch.).— Schmidt 
(F.).  —  Schmidt(0.).  —  Sellier.  — 
Simon  (E.).  —  Société  française  des 
Fouilles  Archéologiques.  —  Sorin  (P.). 
Stéchert.  —  Tabanès  de  Grandsai- 
gnes  fils.  —  Tailleur.  —  Tarbé.  — 
Taté.   —  Taté  fils.  —  Théoleyre.  — 


de  Tryon-Montalembert.  —  Vauvil- 
lé.  — Vernet.—  A.  de  Villemereuil. 

—  Viré  (Armand  .— Weise  (M*)- — 
Wiihrer  (Mu«). 

Seine.  Dép  :  Cazenave.   —  Dramard. 

—  Gaillot.  —  Gillet.  —  Giraux  (L.). 

—  Heuzé.  —  Langlassé.  —  Mous- 
son-Lanauze.  —  Neveu  (R.).  —  Ra- 
mond-Gontaud.—  E.  Rivière.—  Rol- 
let .  —  Zaborowski. 

Seine-et-Marne  ;  Biiziu.  —  Bellier.  — 
Berthiaux  (S.).  —  Dalmoc.  —  Doi- 
gneau.  —  Durand.  —  Ede.  —  Mar- 
magne. —  Massé.  —  Reynier. 

Seine-el-Gise  :  Atgier.  —  Bossavv.  — 
Colas.  E.  —  Douet.  —  Graff  — 
Frappier.  —  Leprince  ( W1')  —  Létien- 
ne.  — Mallet.  (A.). 

Seine- Inférieure:  Bachelay  (E.).—  Bras- 
seur. —  Cahen  (A.).  —  Costa  de 
Beauregard.—  Deglatigny.—  Dubus. 
Dupontï  —  Gadeau  de  Kerville.  — 
Le  Marchand.  —  Lemesnil.  —  Morel. 

—  Romain. 

Sojnme  :  Boulanger.  —   Commont.  — 

Morgand(D').—  Terrade. 
Tara  :  Camichel. 
Tam-et-Garonne  :  Alibert.—  E.  Garris- 

son. —  Perrier. 
\'ar:  Bonnaud.—  Bottin.—  Bossavy(L.). 

—  Dauphin  (L.).  —  Moulin.  —  Tes- 
tot-Ferry. 

Vaucluse  :  Barthélémv.  —  (bassin  (P.). 

—  Chatelet  (C).  —  Cotte.  —  Deydier. 

—  Lazard  (F).  —  Malaussènê.  — 
Martel.  —  Moirenc.  —  Nerson.  — 
Vareilles. 

Vendée  :  Baudouin  (Marcel).  —  Lacou- 

loumère. 
Vienne  :  Gobillot. 

Vienne  (Hte)  :  Imbert  (M.).—  Masfrand. 
Yonne:  H.   Brice.— Tryou-Montalem- 

bert  (de). 


B. 


2°  Colonies 

M. 


Alger   [Dép.)  :  Flamand  ^G 

Viré  (Camille). 
Constantine  (Dép.)  :    Joleaud    (L.) 

Lévistre    L.).  —  Robert  ( A.).j 
Oran  (Dép.):  Pallary.  —  Pinchon. 

H. 

Allemagne  :  Bezzenberger.   —   Haake. 

—  Klaatsch  (Pr).  —  Kossinna    (P'.). 
Alsace-Lorraine:   Forrer.  —   Fuchs.    — 

Kessler.  —  Matthis.  —  Welter. 
Angleterre  :  Anthropological  Institute. — 
V.  Dickins.  —  Dymond.  —  Gardner. 

—  Lewis.  —  Solôn.  —  Sandars.  — 
Sturge  (Allen).  —  Tapp.  —  Willson 
(M"»*  S.S.V 

Autriche  (Bohème)  :  Polàk  (Dr  A.). 
Belgique  :  Van  den  Broeck.—  Dabadie. 

—  Exsteens.  —  Gilbert.  —  Jacques 
(D'1.  —  Musées  Royaux.—  Pirsoul(F.). 
— Rutol. 


Calédonie  (Nouvelle-):  M.  Archambault. 
Haut-Sénégal-Niger  :  Guébhard  (Paul). 
Côte-d Ivoire  :  Guébhard  (R.). 
Tunisie    :    Bertholon.    —    Espina.    — 
Fleury.  —  Fobis.  —  Gobert  (D'). 

Etranger. 

Canada  :  Bénard  (Paul). 

Danemark  :  Schmidt  (Valdemar). 

Ecosse  :  R.   Munro. 

Espagne  :  Siret. 

Etats-Unis  :   Peabody.   —  Mac  Curdy. 

Hongrie  :  Louis  de  Mârton. 

Jndes  anglaises  :  Vredenburg. 

Irlande  :  Westropp. 

Grèce  :  P'  Karo. 

Italie  :  E.  E.  Berry.  —  Bellucci  (J.).  — 

Macry-Correale.   —  Mann.    —  Pel- 

lati.  —  Pigorini. 
Monaco    :   Vigoureux.    —  Villeneuve 

(Chanoine  de). 


28  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Norvège  :  Schetelig  (Pr  H.). 

Perse: Lieut.  Pézard. 

Portugal  :  Fortes  (J.).    —    Pereira  (J. 

Alves).  —  A.  dos  Santos-Rocha.  — 

Tavarès  de  Proença  junior.  —  Viei- 

ra. 
République    Argentine    :    Dellino.    — 

Pr  Lenmann-Nitsche. 
Russie  :  Gorodzow.  —  Pavlow  (Pr).  — 


Pokrowsky.  —  Poutiatine  (Prince).— 

Rœrich.   —    Volkow. 
Suède  :  Almgren  (D'  0.).  —  K.  V.  H.  n. 

A.  Akademien. 
Suisse  :  Bellefontaine  (A.  de).—  Forel. 

—  Hauser.  —  Heierli.— Mûlinen(C" 
de). —  Reber.  —  Sartorius-Preiswek. 

—  Vouga.  — Wiedmer-Stern. 
Uruguay  :  Museo  nacional. 


Commission  des  Monuments  Mégalithiques  (1911). 

Sur  la  proposition  du  Conseil  d'Administration,  en  1909,  il  a  été  créé 
une  Commission  des  Monuments  Mégalithiques,  chargée  de  centra- 
liser tous  les  documents  et  d'étudier  toutes  les  questions  posées  au 
sujet  de  ces  vestiges  préhistoriques. 

Ont  été  nommés  membres  de  cette  Commission,  en  dehors  du  Pré- 
sident, du  Secrétaire  général,  du  Secrétaire  et  du  Trésorier,  Faisant 
partie  de  droit  des  Grandes  Commissions  :  MM.  E.  Rivière,  A.  de 
Mortillet,  D"  Baudon,  H.  Martin,  A.  Guébhard,  anciens  présidents; 
MM.  A.  Viré,  E.  Hue  et  Atgier,  anciens  vice-présidents;  MM.  Imhert 
et  L.  Giraux. 

Par  suite,  la  Commission  est  composée,  en  totalité,  pour  1911,  des 
personnalités  suivantes  :  Dr  Atgier,  Dr  Baudon,  Dr  Marcel  Bau- 
douin, L.  Coutil,  Fouju,  L.  Giraux,  Gillet,  P.  de  Givenchy, 
Dr  A.  Guébhard,  Marcel  Imbert,  E.  Hue,  Dr  Henri  Martin, 
A.  de  Mortillet,  E.    Rivière,  A.  Viré. 


Délégués  départementaux  de  la  Société. 

Aublant  (Dordogne). —  Dr  Marcel  Baudouin  (Vendée).  —  Baudon 
(Oise)-.  —  J.  Beaupré  (Meurthe-et-Moselle).  —  Cazalis  de  Fondouce 
(Hérault).  —  L.  Coutil  (Eure).  —  Doigneau  (Seine-et-Marne).  — 
Ducourtioux  (Morbihan).  —  Dr  A.  Guébhard  (Alpes-Maritimes).  — 
L.  Schaudel  (Savoie). 

Liste  des   Présidents  de  la  Société. 

1904.  —  Emile  RIVIÈRE,  Président  fondateur. 

1905.  —  f  Lionel  BONNEMÈRE. 

1906.  —  Adrien  de  MORTILLET,  Président  d'Honneur. 

1907.  —  Dr  BALLET,  ancien  Médecin  militaire. 

1908.  —  Dr  BAUDON,  Député  de  l'Oise. 

1909.  —  Dr  A.  GUÉBHARD,  Professeur  agrégé  de    la    Faculté 

de  Médecine  de  Paris. 

1910.  —  Dr  H.  MARTIN,  ancien  Secrétaire  de  la  Société. 

1911.  —  L.   COUTIL,  ancien  Vice-président  de  la  Société. 

AVIS  DIVERS 

Les  Membres,  prenant  part  aux  discussions,  sont  ■  priés  de 
remettre  au  Secrétariat  une  noie,  avant  la  fin  de  la  Séance 
(Art.  10.  du  Régi.). 

Par  Décision  ministérielle  du  W  mars  1907  [n°  5449],  les 
Militaires  sont  autorisés  à  faire  partie  de  la  Société  préhistorique 
Française  ;  mais  ils  ne  peuvent  y  remplir  aucune  fonction  d'admi- 
nistration ou  de  direction. 


SÉANCE    DU  26  JANVIER   191  I 


Présidenoe  de  M  le  Dr  Henri  MARTIN. 


I.    —    ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  ANNUELLE    DE  1910. 


Conformément  aux  articles  IV  et  VII  des  Statuts,  votés  le  24  no- 
vembre 1910.  l'Assemblée  générale  annuelle  des  Membres  delà  Société 
Préhistorique  Française  a  eu  lieu  le  jeudi  26  janvier  1911,  à  3  heures  1/2, 
à  la  Sorbonne,  Amphithéâtre  Edgart-Quinet,   rue  des  Ecoles. 

L'ordre  du  jour  était  le  suivant  : 

1°  Rapport  sur  la  Situation  morale  de  la  Société  et  la  gestion  du  Con- 
seil d'Administration  ; 

2°  Approbation  des  diverses  Acquisitions  de  Mégalithes,  faites  pen- 
dant l'année  1910  (Art.  XI  des  Statuts); 

3°  Rapport  sur  la  situation  financière.  —  Approbation  des  comptes 
des  exercices  clos  (1909  et  1910).  —  Vote  du  Budget  pour  1911  ; 

4°  Election  pour  le  renouvellement  du  Conseil  d'administration  (CINQ 
membres,  à  nommer  pour  trois  ans). 

La  séance  est  ouverte  à  3  heures  et  demie.  Les  membres  qui  assis- 
tent a  la  séance,  s'inscrivent  sur  la  liste  de  présence. 

M.  le  Président  donne  la  parole  à  M.  le  Secrétaire  général. 

M.  le  Secrétaire  général  dépose  sur  le  bureau  les  bulletins  de 
vote,  qu'il  a  reçus  pour  le  vote  par  correspondance. 

On  procède  alors  au  tirage  au  sort  de  deux  personnes,  chargées  du 
dépouillement  des  votes  par  correspondance,  et  de  deux  scrutateurs. 
Les  noms  de  MM.  Chapelet,  Franchet,  Ballet  et  Tailleur,  sortent 
de  l'urne. 

Le  Scrutin  est  ouvert  à  3  heures  trois  quart. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  alors  lecture  de  son  Rapport  sur 
l'exercice  1910. 


30  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Rapport  de  M.  le  Secrétaire  général  sur  la  Situation  mo- 
rale et  la  gestion  du  Conseil  d'Administration,  en  1910, 
de  la  Société  Préhistorique  Française. 

Mes  chers  Collègues, 

Au  nom  du  Conseil  d'Administration  de  la  Société  préhistorique 
française,  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  le  Rapport  sur  la  Situation 
morale,  actuelle,  de  notre  Compagnie  et  la  gestion,  pour  l'année  écoulée 
(1910),  de  votre  Conseil,  rapport  qu'exigent  la  loi  et  nos  nouveaux  sta- 
tuts [Art.  VIII]. 

La  situation  morale  de  la  Société  préhistorique  française,  fin  1910, 
Messieurs,  n'a  jamais  —  on  peut  le  dire  sans  crainte  !  —  été  aussi  bril- 
lante. Je  ne  sais  si  ce  résultat  est  l'œuvre  de  telles  ou  telles  personna- 
lités de  votre  Conseil  ;  mais  il  est  si  évident  qu'il  saute  aux  yeux  des 
plus  prévenus.  Il  est  de  plus  si  éclatant  que  la  grande  Presse  elle-même, 
ces  jours  derniers,  a  été  obligée  de  le  proclamer,  —  parfois  à  son 
corps  défendant  !  —  par  exemple  quand  il  lui  a  fallu  annoncer  au  public 
la  création  du  Prince  de  Monaco  [V Institut  international  de  Paléontologie 
humaine,  reconnu  d'utilité  publique  après  un  mois  à  peine  de  vie  em- 
bryonnaire), et  celle  du  Laboratoire  cl' Anthropologie  du  Muséum  d'His- 
toire Naturelle  de  Paris  [L  Institut  français  d  Anthropologie). 

A  mon  sens  —  et  mon  devoir  est  d'insister  —  l'œuvre,  si  remarquable 
et  si  féconde  en  résultats  pratiques,  accomplie  cette  année  1910,  est 
surtout  due  à  notre  éminent  Président,  M.  le  Dr  Henri  Martin,  dont  les 
qualités  d'homme  d'action  avisé,  et  d'énergie  réfléchie,  ont  pu  se  faire 
jour,  à  cette  occasion,  d'une  façon  si  intense;  à  notre  si  sympathique 
collègue,  dont  le  nom  est  synonyme  de  patriotisme  éclairé,  de  science 
la  plus  pure,  et  de  parisienne  courtoisie. 


Nous  avons  évidemment,  Messieurs,  bien  travaillé  depuis  douze 
mois. —  Chacun  le  sait;  mais  je  dois  l'affirmer  ici,  devant  vous,  au  nom 
de  tous. 

Reconnaissance  d'Utilité  publique. —  Nous  avons,  d'abord,  obtenu  la 
Reconnaissance  d'Utilité  publique,  par  Décret  présidentiel  du 
28  juillet  1910,  après  l'avoir  vigoureusement  demandée  en  1909.  Deux 
des  nôtres  surtout  ont  mené  à  bien  cette  difficile  entreprise,  exigeant 
une  diplomatie  de  haute  envergure  et  une  volonté  tenace  ;  j'ajoute 
au-dessus  de  la  moyenne  !  Ces  hommes  sont  M.  le  Dr  H.  Martin,  notre 
Président  de  1910,  et  M.  le  Dr  Adrien  Guébhard,  notre  Président  de 
l'an  passé.  Eux  seuls  ont  été  à  la  peine;  eux  seuls  ont  porté  au  Conseil 
d'Etat  les  gros  livres  qui  chargent  tant  la  fillette  de  ce  dessin  allégo- 
rique, que  vous  connaissez  bien  (puisqu'il  a  été  publié  dans  notre  Bul- 
letin de  novembre)  ;  eux  seuls  pouvaient  faire  comprendre,  en  raison 
de  leur  nom  et  de  leurs  titres  scientifiques,  au  Tribunal  suprême,  l'in- 
térêt, si  manifeste  pourtant,  de  notre  cause,  pour  l'honneur  et  l'avenir 
de  la  Science  française.  Ils  ont  triomphé,  dans  les  conditions  les  plus 
délicates   et  les  plus  osées,    quoiqu'un  peu    ignorées,    malgré  notre 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQIJF    FRANÇAISE  31 

pauvreté  et  notre  jeunesse.  Honneur  à  eux  !  Nos  petits  neveux,  qui 
célébreront  un  jour,  dans  quelque  vingt  ans,  ce  joyeux  anniversaire, 
rediront  certainement  alors  à  la  France,  trop  souvent  oublieuse,  les 
noms  de  Henri  Martin  et  d'Adrien  Guébhard. 

Nous  avons  dû  transformer  notre  titre,  et  devenir  la  Société  pré- 
historique française...  Chacun  avait  compris,  comme  je  l'ai  dit  au  Con- 
grès de  Tours,  que  nous  n'avions  pas  l'intention  de  faire  concurrence 
àl'Institut  de  France...  Il  n'y  avait  qu'un  ennemi-né  pour  s'en  étonner  ! 

Bien  entendu,  votre  Conseil  a  accompli  d'urgence  toutes  les  forma- 
lités nécessitées  par  ce  changement  dans  notre  régime  [Modification  des 
Statuts  dans  l'Assemblée  générale  du  23  novembre  dernier;  change- 
ment obligatoire  de  nom;  déclarations  indispensables,  etc.). 

Fête.  —  Il  a  même  été  plus  loin  et  a  cru  devoir  faire  part  au  grand 
public  de  notre  succès,  uniquement  dans  le  but  d'intéresser  la  masse 
à  vos  recherches,  à  vos  fouilles,  à  vos  travaux.  Il  a  songé  à  une  Fête, 
d'ordre  préhistorique.  L'occasion  était  unique  :  il  fallait  en  profiter  !  — 
Le  succès  a  d'ailleurs  couronné  ce  bel  et  si  original  exploit. 

Là  encore,  notre  Président  a  fait  ses  preuves  d'organisateur  émérite, 
d'homme  de  gouvernement,  sachant  prendre  à  temps  les  détermina- 
tions nécessaires,  et  surtout  arriver  à  l'heure,  grâce  à  un  travail 
acharné.  Il  a  été  soutenu,  dans  sa  tâche  de  metteur  en  scène,  par  une 
personne  qu  on  ne  me  pardonnerait  pas  ici  de  nommer,  quoique  nous 
ne  soyons  pas  à  l'Académie;  mais  à  laquelle  personne  ne  peut  m'empê- 
cher  de  songer  en  ce  jour  solennel.  Je  la  remercie,  à  la  manière  des 
muets,  c'est-à-dire  du  fond  d'un  cœur  que  j'ai  toujours  placé  dans  mon 
cerveau  en  raison  de  mes  notions  physiologiques,  mais  qui,  je  n'ai  pas 
à  le  cacher,  ne  lui  en  restera  pas  moins  toujours  profondément  recon- 
naissant, en  votre  nom,  d'un  dévouement  si  exceptionnnel  à  la  Société 
préhistorique  française  ! 

En  cette  circonstance,  je  n'aurais  garde  non  plus  d'oublier  le  véri- 
table artiste  qu'est  notre  Président  d'honneur,  M.  le  Pr  Adrien  de 
Mortillet.  Il  a  animé,  —  sans  parler  de  ses  lyriques  envolées  sur  les 
beautés  qui  nous  sont  chères,  —  d'un  souffle  vraiment  antique  nos  ta- 
bleaux des  Civilisations  passées,  composés  avec  autant  de  sentiment 
artistique  que  de  compétence  technique.  Ceux-là  seuls  ont  pu  les  criti- 
quer, qui  croient  encore  que  l'Art  est  né  exclusivement  en  Orient... 

Cette  Fête,  grâce  à  une  souscription  particulière,  organisée  avec 
toute  la  discrétion  désirable,  n'a  d'ailleurs  rien  coûtée  à  la  caisse  de  la 
Société  :  ce  qui  est  un  résultat  fort  appréciable. 

Dons.  —  Je  n'ai  pas  à  insister  sur  les  dons  en  espèces,  reçus  par 
notre  Association,  immédiatement  après  sa  reconnaissance  d'Utilité 
publique.  On  en  irouvera  l'indication  précise  dans  le  rapport  de  M.  le 
Trésorier.  —  Mais,  en  votre  nom,  Messieurs, je  m'empresse  d'adresser, 
en  bloc,  à  tous  les  donateurs,  l'expression  chaleureuse  de  votre  éter- 
nelle reconnaissance. 

Projet  de  Loi  sur  les  Fouilles.  —  Vous  vous  rappelez  qu'en  octobre 
dernier  fut  déposé,  à  la  Chambre  des  Députés,  un  Projet  de  Loi  relatif  aux 
Fouilles  préhistoriques  !  Dès  que  l'on  eut  connaissance  de  ce  texte  extraor- 
dinaire, ne  tenant  compte  ni  de  la  Propriété  privée,  ni  de  la  Propriété 
scientifique,  ni  surtout  de  la  Liberté  de  la  Pensée  (cette  conquête  mer- 
veilleuse de  la  Révolution), —  sans  parler  icide  son  côté  international, 
comme  si  la  Science  avait  une  patrie  !  —   ce  fut  un  toile  général  parmi 


32  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

nos  confrères  !  Votre  Conseil  d'Administration  crut  de  son  devoir  d'or- 
ganiser immédiatement —  sans  attendre  une  nouvelle  Assemblée  générale 
inutile,  quoi  qu'on  en  ait  écrit,  —  une  lutte  sans  merci  contre  une  pa- 
reille réglementation;  il  lit  le  nécessaire  pour  obtenir  la  prise  en  con- 
sidération d'un  nouveau  Projet  de  loi,  destiné  à  remplacer  celui  de  1887. 
A  l'heure  présente,  cette  campagne,  admirablement  menée  par  votre 
infatigable  Président,  semble  avoir  abouti,  puisque  la  Tribune  de  la 
Chambre  des  Députés  persiste  à  ignorer  le  projet  du  Gouvernement  ! 
Mais,  ne  nous  endormons  pas  sur  nos  lauriers.  Continuons  à  veiller. 
L'ennemi,  grimpé  sur  une  Revue  comme  sur  une  Rossinante,  pourrait 
vouloir  passer  encore,  dès  qu'il  croira  s'apercevoir  que  la  sentinelle 
s'est  laissée  aller  à  un  repos,  bien  mérité  pourtant  ! 


En  dehors  de  ces  travaux,  sinon  d'Hercule,  du  moins  exceptionnels, 
qui,  certainement,  ne  se  renouvelleront  pas,  votre  Conseil  d'Adminis- 
tration a  rempli,  comme  d'ordinaire,  sa  besogne  accoutumée. 

Congrès  de  1910.  —  Il  a  mené  à  bien,  grâce  au  dévouement  de 
M.  le  Dr  Ballet,  l'organisation  du  VIe  Congrès  préhistorique  de  France, 
à  Tours,  au  mois  d'août  dernier.  —  Cette  réunion  décentralisatrice  a 
obtenu  le  même  succès  que  les  sessions  précédentes.  On  y  a,  non  sans 
peine,  il  est  vrai,  réussi  un  tour  de  force  :  une  excursion  de  plus  de 
200  kilomètres,  dans  la  Touraine  du  Sud-Est,  en  voitures  automobiles, 
sans  incident  digne  de  remarque.  Votre  Conseil  s'en  honore,  car  on  a 
ainsi  pu  montrer  aux  Savants  étrangers  ce  que  fut  jadis,  au  cœur  de  la 
France,  la  magnifique  région  industrielle  du  Grand-Pressigny,  le  Creu- 
sotde  l'Europe  néolithique! 

Cette  randonnée  a  certainement  bien  complétée  la  magnifique  Expo- 
sition du  Préhistorique  local,  c'est-à-dire  des  Silex  du  Grand-Pressigny, 
mise  sur  pied  avec  tant  de  désintéressement  par  M.  le  DrE.  Chaumier 
et  le  Comité  local,  de  Tours. 

Au  point  de  vue  purement  scientifique,  ce  Congrès  grâce  au  zèle  si 
agissant  de  votre  Vice-Président,  M.  Ed.  Hue,  a  obtenu  un  résultat 
très  digne  de  remarque,  avec  sa  vaste  enquête  sur  la  Distribution  géo- 
graphique de  l'Industrie  de  la  pierre  taillée  dans  ce  centre  unique  ! 

Vous  le  constaterez,  en  consultant  le  Volume. 

Fouilles.  —  Grâce  à  la  générosité  de  l'A.  F.  A.  S.  et  de  M.  A.  Gué- 
bhard,  la  Société  cette  année,  a  pu  terminer  la  fouille  et  la  restauration 
de  la  Grotte  sépulcrale  de  Vendrest,  sa  propriété  ;  exécuter  des  recher- 
ches productives  dans  une  région  signalée  par  M.  Ph.  Reynier  et  y 
découvrir  une  Nécropole  gallo-romaine  à  incinération,  du  IIe  ou  IIIe  siè- 
cle après  J.-C.  ;  encourager  de  nombreux  fouilleurs  dans  la  Manche, 
le  Loir-et-Cher,  la  Corrèze,  etc.  —  Toutes  les  pièces,  découvertes  au 
cours  de  ces  travaux  sur  le  terrain,  sont  actuellement  déposées  dans  un 
Magasin  spécial,  que  nous  avons  loué,  en  1910,  à  cet  effet.  —  Il  ne  reste 
plus  qu'àlpublier  la  relation  de  ces  trouvailles,  constituées  par  une 
grande  quantité  d'ossements  de  sujets  néolithiques,  et  de  débris  gallo- 
romains  ou  autres. 

Achats  de  Mégalithes.  —  L'année  1910  a  permis  Y  achat,  dans  d'excel- 
lentes conditions,  de  plusieurs  Monuments  mégalithiques  intéressants. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  33 

a)  Nous  avons  d'abord  régularisé  des  acquisitions  anciennes  de  terrain, 
pour  nous  permettre  d'obtenir,  à  Vendrest,  aux  alentours  de  la  Grotte 
artificielle  de  Belleville,  un  espace  suffisant,  capable  de  la  protéger  et 
de  l'isoler  des  propriétés  voisines.  La  Société  a  désormais  là  une  sorte 
de  Parc,  où  elle  pourra  déposer  les  gros  blocs  mégalithiques  transpor- 
tables, qui  lui  seront  offerts.-  Ce  Parc  préhistorique,  d'un  nouveau 
genre,  véritable  Musée  de  plein  air,  entourant  la  belle  Sépulture  néoli- 
thique restaurée  que  vous  connaissez,  renferme  déjà  d'ailleurs  un  Polis- 
soir,  offert  par  notre  secrétaire,  M.  P.  de  Givenchy. 

b)  Puis,  nous  avons  acheté  le  Dolmen  de  la  Pierre  Levée,  à  Janville- 
sur-Juisne  (Seine-et  Oise),  et  le  Dolmen  de  Charnissay,  en  Indre-et- 
Loir,  grâce  à  un  don  spécial  de  M.  le  Dr  H.  Martin,  notre  Président. 

c)  Enfin  un  Menhir,  Y  Homme  de  Pierre,  a  pu  être  acquis,  à  Pertuis 
iVaucluse),  pour  une  somme  minime    section  B,  n°  1334], 

Je  vous  demande.  Messieurs,  comme  l'exige  l'article  IX  de  nos  Sta- 
tuts, de  vouloir  bien  approuver  toutes  ces  Acquisitions,  réalisées  d'ur- 
gence par  votre  Conseil  d'Administration,  pour  ne  pas  manquer  l'occa- 
sion favorable  ! 

J'en  rapproche,  pour  terminer  ce  sujet,  le  don  du  Polissoir  de  Sézan- 
nes,  près  de  Port-à-Binson  (Marne),  dû,  en  octobre  1910,  à  notre  si  dé- 
voué collègue,  M.  H.  Marot. 

Bulletin.  —  Notre  Bulletin  a  pris  une  extension  encore  inconnue. 
Il  comprend,  cette  année,  (584  pages  (au  lieu  de  528  en  1908,  et  548  en 
1909j,  soit  une  différence  de  140  pages  !  C'est  la  résultante  de  dons  géné- 
reux, et  de  plus  nombreuses  planches  hors  texte,  parmi  lesquelles  je 
dois  signaler  la  belle  planche  en  couleurs  de  M.  P.  de  Givenchy. 

Cela  est,  surtout,  la  conséquence  de  la  publication  de  deux  numéros 
pendant  les  mois  d'août  et  de  septembre  :  ce  que  l'état  de  nos  finances 
ne  nous  avait  pas  permis  jusqu'à  présent. 

Commission  des  Enceintes.  —  En  1910,  la  Commission  des  Enceintes, 
présidée  par  M.  A.  Viré,  Directeur  du  Laboratoire  de  Biologie  souter- 
raine au  Muséum  d'Histoire  Naturelle  de  Paris,  a  continué  à  fonctionner 
avec  le  même  succès  que  les  années  précédentes.  M.  A.  Guébhard, 
d'ailleurs,  ne  s'est  pas  un  instant  ralenti  dans  son  zèle.  On  voudrait 
partout  des  soldats  de  cette  vaillance,  obligeant  les  généraux  à  ne  jamais 
prendre   haleine,  même  dans  les  Camps  les  mieux  fortifiés  ! 

Badiation.  —  Un  pénible  devoir  m'oblige  à  vous  annoncer,  enfin, 
qu'une  radiation  de  membre  titulaire,  celle  de  M.  Pény,  dit  Hirmenech, 
a  dû  être  prononcée  cette  année,  d'abord  par  le  Conseil  d'Administra- 
tion, puis  par  l'Assemblée  générale  extraordinaire  du  23  novembre  1910. 
J'ose  croire  que  ce  sera  à  la  fois  la  première  et  la  dernière  application 
de  l'article  III  de  nos  Statuts. 


Projets  d'avenir.  —  Nous  allons,  en  1911,  essayer  d'organiser  notre 
Bibliothèque,  toujours  inutilisable,  faute  de  local  suffisant;  et  notre 
Musée  de  Diapositives,  qui  existe  déjà,  grâce  à  plusieurs  de  nos  collè- 
gues. 

Nous  avons  surtout  à  mener  à  bien  le  VIIe  Congrès  préhistorique  de 
France,  qui  aura  lieu,  à  Nîmes,  du  G  au  12  août  1911,  dans  une  région 

SOCIÉTÉ    P RÉ U1STOKIQCE 'FRANÇAISE.  3 


34  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

qui  joua  un  si  grand  rôle  lors  de  l'arrivée  des  civilisations  grecque  et 
romaine  en  Gaule. 

Si,  par  malheur  une  nouvelle  législation  sur  les  fouilles  intervenait  et 
était  telle  qu'elle  nous  obligeât  à  nous  défendre,  c'est  alors  qu'il  faudrait 
songer  au  Syndicat  professionnel  des  Préhistoriens,  dont  je  vous  ai  en- 
tretenu l'an  dernier.  Avec  un  organisme  de  ce  genre,  les  Pouvoirs  pu- 
blics seraient  obligés  de  tenir  plus  de  compte  de  nos  justes  doléances; 
mais  il  est  prématuré  d'insister  aujourd'hui  sur  ce  point,  puisque  rien 
n'est  encore  changé  à  l'état  de  choses  ancien! 

L'an  dernier ,  je  vous  parlais  de  divers  projets  d'avenir  qui  me  hantaient. 
Ces  idées  sont  toujours  dans  l'air,  puisque  l'une  d'elles  vient  d'être  réa- 
lisée, à  Paris,  sous  le  nom  d'Institut  international  de  Paléontologie  humai- 
ne, par  un  Mécène  scientifique  dont  nous  nepouvonsqu'admirerlapuis- 
sance  financière  et  la  belle  initiative.  Mais  on  me  permettra  bien  de  remar- 
quer que  cette  Idée  est  uniquement  sortie  de  notre  propre  milieu,  et 
que  mes  autres  propositions  restent  à  mettre  à  exécution.  Souhaitons 
que  d'autres  Princes,  de  Cour  ou  de  Finances,  à  l'esprit  encore  plus 
ouvert  et  à  la  bourse  encore  mieux  garnie,  permettent  à  des  Savants 
de  fonder  des  Laboratoires  de  Recherches  sur  le  terrain  dans  le  Centre 
et  dans  l'Ouest  de  la  France,  où  gisent  des  mines  inépuisables,  et  où 
des  découvertes  sensationnelles  sont  encore  à  réaliser  et  peuvent  être 
faites.  Ces  organismes  sont  indispensables  à  l'instruction  des  jeunes 
élèves  en  Préhistoire,  qui,  plus  heureux  que  nous,  auront  ainsi  devant 
eux  d'admirablese  moyens  d'étude  praitque  et  d'instruction  générale. 

Vous  voyez  combien  nous  avons  encore  à  faire  œuvre  de  propagan- 
distes, pour  que  nos  seuls  desiderata  actuels  arrivent,  peu  à  peu,  à  réa- 
lisation. Mais  qu'est-ce  cela,  auprès  de  ce  que  demain  et  après  demain 
nous  engageront  ou  nous  contraindrontàtenter,  pour  ne  pas  faillir  à  notre 
rôle  de  lanceurs  d'idées  et  de  chefs  de  file  de  la  Science  qui  vous  est 
chère  ! 

Messieurs  et  chers  Collègues, 

A  l'heure  présente,  la  Société  préhistorique  française  compte  près 
de  Cinq  cents  Membres;  exactement  494!  Or,  au  début  de  l'année  1910. 
nous  n'étions  que  418  !  Le  Conseil  d'Etat,  en  nous  reconnaissant  d'Uti- 
lité publique,  a  donc  fait  une  œuvre  efficace,  qui  a  porté  déjà  ses  fruits, 
puisqu'elles  nous  a  permis  encore  d'augmenter  notre  effectif  dans  des 
proportions  très  notables  :  près  de  cent  adhésions  (99),  au  lieu  des  cin- 
quante de  l'année  précédente  !  Mais  les  effets  bienfaisants  de  cette  me- 
sure si  justifiée  se  feront  mieux  sentir  encore  dans  l'avenir,  car  les  dons 
ne  peuvent  désormais  manquer  de  nous  arriver,  sous  forme,  soit  d'es- 
pèces, soit  surtout  de  Monuments  préhistoriques.  Profitez,  mes  chers  Col- 
lègues, de  cette  situation  nouvelle.  Autour  de  vous  foisonnent  les  dol- 
mens, les  menhirs,  les  stations  préhistoriques,  les  grottes,  etc.  ?  Sauvez- 
les,  en  les  faisant  donner  à  notre  Société,  qui,  seule,  est  déjà  outillée 
pour  les  protéger,  les  défendre,  les  conserver,  et  les  mettre  en  valeur, 
au  point  de  vue  scientifique  et  social.  Il  vaut  beaucoup  mieux,  en  eflet, 
et  il  est  plus  scientifique  de  conserver  sur  place  les  Mégalithes, 
que  de  les  transporter  dans  des  Musées! 

Joignez  vos  efforts  personnels  à  ceux  de  votre  Conseil  d'Adminis- 
tration, qui,  l'an  passé,  a  fait  ses  preuves  et  même  davantage  !  Et  notre 


SOCIÉTÉ   PRÉI1IST01UQUE   FRANÇAISE  35 

succès,  encore  plus  resplendissant,  montrera  que  la  Société  préhistorique 
française  est  digne  de  ses  aînées.  Avec  ses  fondations  aujourd'hui  soli- 
dement établies  sur  le  roc,  c'est  une  institution  destinée  à  durer.  C'est 
une  œuvre  scientifique,  patriotique  et  sociale,  qui  défie  désormais  toutes 
les  concurrences  ! 

M.  le  Président  met  aux  voix  l'adoption  du  rapport  de  M.  le  Secré- 
taire général.  —  Le  rapport  est  adopté  à  l'unanimité,  sans  aucune 
observation  [Vifs  applaudissements]. 

M.  le  Président  met  ensuite  successivement  aux  voix  l'approbation 
des  Acquisition  de  Mégalithes,  faites  d'urgence,  pendant  l'année  1910, 
par  le  Conseil  d'administration  (Art.  IX  des  statuts). 

En  conséquence,  la  ratification  des  achats  suivants  est  demandée  : 

1°  Des  Terrains  voisins  de  la  Sépulture  néolithique  de  Vendrest  (Seine-et-Marne). 

2"  Du  Dolmen  de  Janville-sur-J uisne  (Seine-et-Oise). 

3»  Du  Dolmen  de  Charnissay  (Indre-et-Loire). 

4°  Du  Menhir  de  L\  Homme  de  pierre  »,  à  Pertuis  (Vaucluse). 

Toutes  ces  acquisitions  sont  approuvées  à  l'unanimité. 

M.  le  Président  donne  la  parole  à  M.  le  Trésorier  pour  la  lecture 
de  ses  rapports. 

M.  le  Trésorier  lit,  d'abord,  son  rapport  sur  YExercice  1909,  non 
encore  approuvé. 

Rapport  du  Trésorier  sur  l'exercice 
de  l'année   1909. 

Messieurs  et  chers  Collègues, 

Conformément  à  nos  Statuts,  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  les 
comptes  de  la  Société  Préhistorique  de  France  pour  l'année  1909, 
comptes  qui  ont  été  approuvés  par  votre  Conseil  dans  sa  dernière 
séance. 

I.  —  Recettes.  , 

1°  En  caisse,  au  1er  janvier  1909 2.275  80 

2°  Cotisations.  —  407  cotisations  de  membres  actifs,  à  12  fr 4.884    » 

3°  Encaissements  divers. —  Versements  de  trois  membres 

donateurs 300    » 

Arrérages  de  rentes 110    » 

Souscription  du  Ministère  à  25  bulletins 270    » 

Remboursements  de  clichés,  de  tirages  et  de  papier...       166  15 

Annonces ,.. ., 20    » 

Ventes  de  Bulletins  et  de  fiches . 715  50 

1.581  65 
4°  Caisses  de  fouilles.  —  Versements  divers ...  362    » 

Total  des  Recettes 9.103  45 


36  SOCIÉTK   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


II.    —    DÉPENSES. 

1'  Bulletin.  —Frais  d'impression 3.079  15 

Frais  de  clichés 311  70 

3.390  85 

2°  Frais  Généraux.  —  Imprimés  divers 105  40 

Impôts  du  dolmen 0  30 

Papier  à  lettres 40    » 

Location  et  frais  de  salles 80    *> 

Frais  de  souscription 20    » 

Frais  du  Secrétariat  Général 80    » 

Frais  du  Trésorier 256  75 

582  45 
3*  Frais  extraordinaires.  —  Frais  pour  le  Banquet  de  la  Société  Pré- 
historique de  France 135  40 

4°  Caisse  de  fouilles.  —  Frais  d'achat  et  de   fouilles  du  dolmen  de 

Vendrest 405  20 

Total  des  Dépenses 4.513  90 


III.  —  Récapitulation. 

Recettes ., 9.103  45 

Dépenses 4.513  90 

Solde  en  Caisse 4 .589  55 

Ce  solde  se  décompose  ainsi  : 

Caisse  ordinaire 4.492  75 

Caisse  de  fouilles 96  80 

Total  égal 4.589  55 

Au  31  décembre   1909,  l'actif  de   la  Société  Préhistorique  de  France 
est  de  8017  francs,  ainsi  constitué  : 

Espèces  en  caisse ; '. 4.589  55 

110  fr.  de  rente  3e/„  (au  cours  d'achat) 3.427  45 

Total  de  l'Actif. 8.017    » 

Certifié  conforme  :  le  Trésorier, 

L.     GlRAUX. 

M.  le  Président  met  aux  voix  l'approbation  du  Rapport  sur  l'exercice 
financier  de  1909.  —  Il  est  approuvé  à  l'unanimité. 

M.  le  Trésorier  lit  son  second  Rapport  sur  l'exercice  financier  de 
1910. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  37 


Rapport  du  Trésorier  sur  l'exercice 
de  l'année  1910. 


Messieurs  et  chers  Collègues, 

Conformément  à  nos  Statuts,  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  les 
comptes  de  la  Société  Préhistorique  Française  pour  l'année  1910,  comp- 
tes qui  ont  été  approuvés  par  votre  Conseil  dans  sa  dernière  séance. 

I.  —  Recettes. 

1°  En  caisse,  au  1"  janvier  1910 4.589  55 

2»  Cotisations.  —  460  cotisations  à  12  fr 5.520    » 

4  cotisations  rachetées 800    » 

5  cotisations  à  recouvrer  :,'fr.  60  (pour  mémoire) 6.320    » 

3°  Encaissements  divers.  —  Versements  de   trois   mem- 
bres donateurs 460    » 

Arrérages  de  rentes 110    » 

Souscription  du  Ministère  à  25  bulletins 270    » 

Remboursements  de  clichés  et  de  tirages 422  25 

Ventes  de  Bulletins 77  50 

1.339  75 
4*  Recettes  extraordinaires.  —  Produit  de  la  souscription 

pour  la  Fête 740    » 

o°  Caisse  de  fouilles.  —  Versement 100    » 

Total  des  Recettes 13.089  ?0 

II.  —  DÉPENSES. 

1°    Bulletin.  —  Frais  d'impression 4.06155 

Frais  de  clichés 174  85 

4.236  40 

2°    Frais  Généraux.  —  Imprimés  divers 39    » 

Impôts  du  dolmen 0  20 

Location  et  frais  de  salles 80    >» 

Local  de  la  rue  de  Jussieu 126  80 

Sous  cription 20    » 

Frais  du  secrétaire 60    » 

Frais  du  secrétariat  général 92    » 

Frais  du  trésorier 201  25 

619  25 
3°    Frais  extraordinaires.   —  Souscription   au   Monument 

Bordier 20    » 

Dépenses  pour  la  Fête 740 » 

760    » 
4'   Caisse  de  Fouilles.  —Frais  d'achat  de  monuments....  130  15 

Total  des  Dépenses 5.745  80 


38  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

III.    —   RÉCAPITULATION. 

Recettes .    13.089.30 

Dépenses 5.745  80 

Solde  en  Caisse 7.343  50 

Ce  solde  se  décompose  ainsi  : 

Caisse  ordinaire 7.276  85 

Caisse  de  fouilles 66  65 

Total  égal 7.343  50 


isi: 


Au  31  décembre  1910,  l'actif  de   la  Société  Préhistorique  Françai 
est  de  10.770  fr.  95,  ainsi  constitué  : 

Espèces  encaisse .7.343  50 

110  fr.  de  rente  3%  (au  cours  d'achat) 3.427  45 

Total  de  l'actif 10.770  95 

Certifié  conforme  :  le  Trésorier, 

L.    GlRAUX. 

M.  le  Président  met  aux  voix  l'approbation  du  Rapport  sur  l'exer- 
cice financier  de  1910.  —  Ce  rapport  est  approuvé  à  l'unanimité. 

M.  le  Trésorier  lit  enfin  le  Projet  de  Budget  pour  1911,  conformé- 
ment à  la  loi. 

Projet  de  Budget  pour  1911. 

I.  —  Recettes. 

470  cotisations  à  12  francs 5.640    » 

Arrérages  de  rentes 110    » 

Souscription  du  Ministère  à  25  Bulletins 270    » 

Total  des  Recettes 6.020    » 

II.  —  Dépenses. 

Impression  et  envoi  du  Bulletin 4.000  " 

Frais  de  clichés 300  » 

Frais  d'impressions  diverses 200  » 

Frais  généraux 400  » 

Locations  et  frais  de  salles 350  » 

Impôts 20  » 

Divers  et  imprévus 200  » 

Total  des  Dépenses 5.470  » 

M.  le  Président  met  aux  voix  l'adoption  du  Projet  de  Budget  pour 
1911.  —  Il  est  approuvé  à  l'unanimité. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  39 

Elections  des  Membres 
du  Conseil  d'administration  pour  1911. 

Remplacement  de  cinq  Membres  sortants. 

Après  une  suspension  de  séance  pour  le  dépouillement  du  scrutin, 
qui  a  été  fermé  à  5  heures,  M.  le  Président  rouvre  la  séance  pour 
annoncer  le  résultat  du  vote  des  nouveaux  membres  à  élire  pour  le 
Conseil  d'Administration,  et  donne  lecture  du  résultat  du  scrutin. 

Nombre  de  votants 278 

Bulletins  nuls ' 13 

Reste 265 

Dr  Ballet  (Paris) 262  voix 

Dr  Ghrrvin  (Paris) 26i     — 

G.  Fouju  (Eure-et-Loir) 259     — 

M.  Gillet  (Seine) .  .  .  257     — 

Louis  Giraux  (Seine, 251     — 

Harlé 3     — 

MM.  Pages- Allary,  Muller,  Camus,  obtiennent  chacun  deux  voix.  — 
MM.  Coutil,  Dr  Raymond,  Comte  Beaupré,  Jullian,  Guimet,  Doigneau, 
Franchet,  Bossavy,  Paul  de  Mortillet,  Abbé  Breuil,  Boulanger,  Jullien, 
Pessart,  Charles  Schleicher,  Vésignié,  Cartailhac,  Andrieu,  obtiennent 
chacun  une  voix. 

M.  le  Président  déclare  élus,  pour  trois  années,  Membres  du  Con- 
seil d'Administration  de  la  Société  préhistorique  française  :  M.  le 
Dr  Ballet;  M.  le  Dr  Chervin  ;  M.  G.  Fouju  ,  M.  Maurice  Gillet  ; 
M.  Louis  Giraux. 

La  séance  est  levée. 


IL  —  ELECTIONS  DU  CONSEIL  D  ADMINISTRATION. 


Immédiatement  après,  le  nouveau  Conseil  d'Administration  de  la  So- 
ciété préhistorique  française  se  réunit  dans  le  local  habituel  de  ses 
séances. —  Il  procède  à  l'élection  du  Bureau  pour  1911. — Sont  nommés  : 


Président   : 

M. 

L.  Coutil  (Eure). 

Vice- Présidents  : 

M. 

Chapelet  (Paris). 

M. 

Doigneau  (Seine-et-Marnel. 

M. 

Fouju  (Eure-et-Loir).  . 

Trésorier  : 

M. 

Maurice  Gillet  (Seine}. ....          , 

40  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

M.  le  D*  H.  Martin,  Président  sortant,  devient  membre  de  droit  du 
Conseil  d'Administration  pour  trois  ans. 

Les  autres  membres  du  Bureau  continuent  leurs  fonctions,  confor- 
mément aux  Statuts. 


III.  —  BANQUET  ANNUEL  DU  26  JANVIER  1911. 


Le  Dîner  annuel  delà  Société  préhistorique  française  a  eu  lieu  le  jeudi 
26  janvier  1911,  dans  les  salons  du  Restaurant  Foyot,  à  7  heures  et 
demie  du  soir. 

M.  Dujardin-Beaumetz,  Sous-secrétaire  d'Etat  aux  Beaux- Arts, 
avait  bien  voulu  se  faire  représenter,  ne  pouvant  accepter  de  présider 
cette  réunion,  par  M.  Léon,  chef  de  division  des  services  d'Architec- 
ture aux  Beaux-Arts. 

Assistaient  au  Banquet,  présidé  par  M.  Léon  :  M.  Deloncle,  Conseil- 
ler d'Etat;  Dr  Péchadre,  Député;  M.  le  Pr  Bédier  (du  Collège  de 
France);  Mmes  H.  Martin,  Edmond  Hue,  Péchadre,  M.  Vernet,  Bachi- 
mont,  Miguet,  Mlle  Wùhrer;  M.  le  Dr  H.  Martin,  MM.  A.  de  Mortillet, 
Atgier,  Chapelet,  Fouju,  Dr  Marcel  Baudouin,  L.  Coutil,  DrGuébhard, 
Dp  Ballet,  Schmidt,  Marot,  Taté,  Edmond  Hue,  Ch.  Schleicher,  M.  Ver- 
net,  P.  [de  Givenchy.  Dr  Chervin,  A.  Viré,  Dr  Bachimont,  Baurain, 
Miguet,  Morin  Jean,  Morin,  Mu  de  Tryon-Montalembert,  Dr  Neveu» 
Dr  Cancalon,  A.  de  Villemereuil,  Dubois  de  la  Rue,  de  Clermont,  Clou- 
trier. 

Plusieurs  toasts  ont  été  portés. 

M.  le  Président,  dans  son  allocution,  remercie  M.  le  Sous-Secré- 
taire d'Etat  aux  Beaux-Arts,  de  l'appui  qu'il  veut  bien  donner  encore 
aujourd'hui  à  la  Société  Préhistorique  Française,  en  se  faisant  repré- 
senter à  la  présidence  du  Banquet  par  son  distingué  Directeur, 
M.Léon. 

Des  vœux  de  santé  et  de  bonheur,  soulignés  par  de  vifs  applaudisse- 
ments, sont  adressés  à  M.  Dujardin-Beaumetz. 

Après  avoir  dit  un  mot  sur  les  démarches  nécessitées  par  la  recon- 
naissance d'utilité  publique,  le  Dr  Henri  Martin,  président  exprime,  au 
nom  de  la  Société,  sa  sincère  gratitude  à  M.  Deloncle,  Conseiller  d'Etat, 
qui  dès  le  premier  jour  a  entouré  notre  oeuvre  de  ses  excellents  et  in- 
dispensables'conseils. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  41 

*  Le  rôle  de  certaines  personnes  placées  à  la  tête  de  nos  grands  éta- 
blissements scientifiques  n'a  pas  été  indifférent  ;  et  ce  serait  un  oubli 
inexcusable  que  de  ne  pas  reconnaître  aujourd'hui  la  bienveillance 
qu'ont  bien  voulu  nous  accorder  MM.  Salomon-Reinach,  Boule  et  Ca- 
pitan,  l'année  dernière. 

La  Société  Préhistorique  Française  est  en  pleine  prospérité  ;  elle  est 
forte  et  compte  de  bons  amis,  unis  par  une  solidarité  très  touchante  ; 
les  adhésions  dépassent  cinq  cents;  les  manuscrits  importants  s'accu- 
mulent; et  déjà  le  Conseil  prévoit  l'utilité  d'augmenter  le  Bulletin. 

<«  Mais  un  sentiment  de  gêne  plane  actuellement  sur  l'avenir  de  la 
Préhistoire  ;  le  projet  de  loi  sur  la  réglementation  des  fouilles  inquiète 
tous  les  archéologues,  et,  tout  en  reconnaissant  que  les  pillages  mer- 
cantiles doivent  être  impitoyablement  arrêtés  aux  frontières,  l'émotion 
est  justifiée  par  les  mesures  proposées,  qui  atteindraient  le  monde 
scientifique  français. 

«  Mais  nous  avons  confiance  dans  la  sagesse  du  Gouvernement  et  de 
la  Chambre;  ils  sauront,  sur  d'autres  bases,  sauvegarder  les  intérêts 
de  tous. 

«  Nous  sommes  ici  de  bons  Français  ;  et  nous  avons  l'espoir  de  fouiller 
encore  demain  le  sol  que  nous  aimons  et  que  nous  voulons  mieux  con- 
naître ». 

M.  Deloncle,  Conseiller  d'Etat,  répond  par  un  discours  plein  d'hu- 
mour et  de  sympathie. 

M.  le  Député,  Dr  Péchadre,  expose  les  revendications  de  la  Société, 
en  ce  qui  concerne  la  Liberté  des  Fouilles. 

M.  le  Dr  Ballet  prononce  le  discours  suivant  : 

Monsieur  le  Délégué  du  Ministre,  Mesdames,  Messieurs, 

«  Monsieur  le  Délégué  du  Ministre,  qui  nous  fait  l'honneur  de  présider 
notre  banquet,  veut  bien  me  donner  la  parole.  Je  l'en  remercie  bien 
sincèrement  ;  mais  me  voilà  pris  un  peu  à  l'improviste.  Heureusement 
que  pour  me  sortir  d'embarras,  il  me  vient  une  idée  que  je  vais 
exposer  devant  vous 

Le  point  sur  lequel  je  voudrais  attirer  votre  attention  est  un  peu 
délicat.  M.  le  Député  Péchadre  vient  de  traiter  la  question  devant 
vous.  11  l'a  fait  avec  force  et  avec  compétence.  Impossible  de  mieux 
dire.  Ma  tâche  en  est  bien  simplifiée;  et  je  n'aurais  même  plus  rien 
à  dire  après  lui.  Mais  j'ai  cru  que  j'avais  le  droit  et  le  devoir  de  vous 
donner  aussi  mon  appréciation.  Mon  droit,  je  le  puise  dans  mon  âge 
et  dans  mon  ancienneté.  Il  est  très  peu  de  plus  vieux  préhistoriens 
en  France;  on  les  compte.  Notre  distingué  Président-Fondateur, 
M.  Emile  Rivière,  qui  a  enrichi  le  Muséum  de  l'Homme  de  Menton, 
qui  a  découvert  les  grottes  de  la  Mouthe  et  tant  d'autres  choses  impor- 
tantes, est  mon  aîné  à  la  Société,  mais  de  si  peu  que  cela  ne  vaut  guère 
la  peine  d'en  parler  !  J'ai  de  plus  quarante-cinq  ans  de  services  dans  la 
Préhistoire  ;  vous  conviendrez  que  c'est  un  bail.  Tout  droit  implique 
un  devoir  ;  j'ai  donc  cru  que  j'avais  le  droit  et  le  devoir  de  parler 
devant  vous,  d'autant  plus  que  mon  attachement  et  mon  dévouement  à 
la  Société  sont  connus. 


42  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

La  loi  en  préparation  se  propose  de  protéger  notre  patrimoine 
national,  de  sauvegarder  nos  richesses  archéologiques,  paléontolo- 
giques,  et  préhistoriques.  Ce  but  est  noble  et  grand;  pas  un  bon  fran- 
çais qui  n'y  applaudisse  des  deux  mains.  Mais,  comme  disait  je  ne  sais 
plus  qui,  il  y  a  la  manière  ;  et  c'est  cette  manière  qui  n'est  peut-être 
pas  aussi  parfaite  que  le  projet  ! 

Les  fouilles,  les  recherches  en  terrain  varié,  sont,  en  quelque  sorte, 
la  partie  expérimentale  de  nos  études.  Or,  les  recherches  seront  rendues 
impossibles  par  des  formalités  accumulées  à  plaisir,  par  des  conditions 
si  difficiles  à  remplir  qu'il  faut  y  renoncer.  Les  préhistoriens  en 
seront  réduits  aux  élucubrations,  aux  spéculations  dans  le  silence  du 
cabinet,  où,  suivant  J .  de  Maistre,  on  attrape  plus  de  mouches  que  de 
vérités  ! 

L'exposé  des  motifs  nous  parle  bien  de  «  certaines  personnalités  »,  qui 
seront  exemptées  de  toute  surveillance  et  de  toutes  formalités  tracas- 
sières.  Nous  avons  tout  lieu  de  croire  qu'elles  seront  en  très  petit 
nombre.  Ces  bienheureuses  personnalités  vont  donc  devenir  les  Ves- 
tales, chargées  d'entretenir  le  feu  sacré  dans  le  temple  de  la  Préhis- 
toire, désormais  fermé  aux  profanes!  —  Ce  feu  brillera  d'un  éclat  d'au- 
tant plus  vif  que  les  autres  foyers  seront  éteints... 

Les  Préhistoriens  de  France,  qui  comptent  parmi  eux  tant  de  savants 
de  premier  ordre,  qui  ont  fait  la  Préhistoire  malgré  les  oppositions  les 
plus  acharnées,  seront  tous  occupés  dans  leur  cabinet  à  fouiller  leurs 
notes,  leurs  archives,  et...  leurs  souvenirs  ! 

Je  n'insiste  pas  sur  un  sujet  un  peu  ingrat;  je  craindrais  de  troubler 
le  plaisir  de  noire  réunion  si  cordiale.  Je  désire  vous  rappeler  un 
article  récent  du  Gaulois.  Le  signataire  de  l'article  n'est  pas  éloigné  de 
trouver  le  projet  parfait  !  Cependant,  après  l'avoir  longuement  disséqué, 
il  termine  en  disant  que  cette  loi  pourrait  bien  être  le  sabre  de  Joseph 
Prud'homme.  Cette  comparaison  très  plaisante  m'a  paru  ne  pas  man- 
quer de  justesse.  Tout  le  monde  connaît  ce  sabre  légendaire,  qui  défend 
nos  institutions,  mais  qui  sait  aussi  les  combattre,  et  les  démolir,  au 
besoin  ! 

En  terminant,  permettez-moi  de  vous  rappeler  un  passage  de  notre 
immortel  Molière.  Dans  le  Malade  imaginaire ,  Toinette,  déguisée  en 
médecin,  donne  une  consultation  à  son  maître  qui  ne  la  reconnaît  point. 
Elle  lui  dit  :  «  Vous  avez  là  un  œil  droit,  qui  ne  vous  sert  à  rien.  Je 
me  le  ferais  crever,  si  j'étais  à  votre  place  ;  ne  voyez-vous  pas  qu'il 
attire  toute  la  nourriture  de  l'autre  ;  vous  en  verrez  plus  clair  de  l'œil 
gauche  ».  Je  me  trompe  peut-être;  mais  j'ai  bien  peur  qu'on  ne  tente 
une  opération  de  ce  genre  sur  la  pauvre  Préhistoire.  En  verra-t-elle 
plus  clair  de  l'œil  gauche?  L'avenir  nous  l'apprendra. 

Mais  ceux  qui  ont  beaucoup  vécu,  qui  ont  appris  à  connaître  les 
hommes  et  les  choses,  qui  ont  étudié  l'anatomie  et  la  physiologie,  non 
seulement  physiques,  mais  morales  (passez-moi  l'expression),  savent 
qu'on  ne  touche  pas  impunément  à  certains  rouages  d'un  organisme, 
sans  en  altérer  profondément  la  fonction. 

Quand  on  crève  un  œil,  l'autre  s'en  ressent  toujours  ! 

Espérons  toutefois  que  la  Préhistoire  n'en  deviendra  pas  aveugle. 
Espérons  surtout  que  nos  législateurs  apporteront  des  allégements, 
des  adoucissements,  à  cette  loi  un  peu  draconienne. 

En  m'exprimant  ainsi,  Messieurs,  j'ai  cru  répondre  à  vos  pensées.. 
J'espère  avoir  trouvé  un  écho  dans  vos  esprits  et  dans  vos  cœurs.  » 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  43 

M.  Armand  Viré,  Président  du  prochain  Congrès  préhistorique,  qui 
se  tiendra  à  Nîmes  du  0  au  12  Août,  prend  la  parole. 

«  Emanés  de  la  Société  préhistorique  française,  dit-il  en  substance, 
les  Congrès  sont  nécessaires  aux  besoins  de  la  Préhistoire.  C'est  grâce 
à  eux  que  nous  pouvons  mieux  étudier  les  gisements,  élargir  nos  idées 
par  d'utiles  comparaisons  sur  le  terrain,  et  des  discussions  souvent  pas- 
sionnées, mais  toujours  courtoises.  Chacun  de  ces  Congrès  se  spécialise, 
pour  ainsi  dire,  dans  un  domaine  propre.  Nîmes  sera  le  Congrès  des 
oppida  et  des  grottes,  comme  Périgueux  fut  celui  des  abris  sous  roche 
comme  Vannes  fut  celui  des  Monuments  mégalithiques.  Nous  n'oublierons 
point  non  plus  ni  le  Néolithique  de  Provence,  ni  1  "âge  du  Cuivre,  qui 
semble  dans  le  Gard  mieux  défini  que  partout  ailleurs,  ni  la  curieuse 
poterie  locale. 

«  En  terminant,  j'émets  l'espoir  que,  réduits,  par  l'amplitude  de  notre 
programme,  comme  par  l'intérêt  exceptionnel  et  l'éclectisme  de  nos 
excursions,  les  Congressistes  se  retrouvent  au  moins  aussi  nombreux 
sur  les  bords  du  Gard  qu'ils  le  furent  l'an  dernier  sur  ceux  de  la  Loire. 

M.  L.  Coutil  parle  à  son  tour,  comme  Président  de  la  Société  pré- 
historique française  pour  1911. 

Puis  M.  A.  Guébhard,  en  quelques  paroles  humoristiques,  porte  un 
toast  à  toutes  les  aimables  collaboratrices  de  nos  fêtes,  et  prie 
Mme  Henri  Martin  de  leur  dire  toute  notre  admiration  et  toute  notre 
gratitude. 

M.  Léon,  Délégué  du  Ministre,  clôture  la  série  des  discours,  en  re- 
mettant aux  Présidents  de  la  Société,  M.  H.  Martin,  et  du  Congrès 
de  Tours,  M.  Ballet,  un  diplôme  d'Officier  d'Académie  pour 
M"e  Crova  (de  Cherbourg),  et  un  diplôme  d'Officier  de  l'Instruction 
publique  pour  M.  J.  Bossavy  (de  Versailles),  laissant  entendre  que  le 
temps  seul  avait  manqué  pour  en  préparer  d'autres,  qui  feront  partie 
de  la  promotion  régulière,  attardée,  de  Janvier. 

Il  répond  ensuite,  d'une  façon  très  aimable  et  fort  habile,  avec  un  tact 
parfait,  aux  précédents  orateurs. 

Ses  déclarations  ont  certainement  mis  un  peu  de  baume  dans  le  cœur 
des  Préhistoriens,  en  ce  qui  concerne  la  question  de  la  Liberté  des 
Fouilles.  —  Elles  ont,  en  tout  cas,  été  très  applaudies. 


44  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

IV.  —  SÉANCE  MENSUELLE. 


I.  —  Procès-verbal  de  la  Séance. 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance  [22  décembre  1910].  —  Le  procès-verbal  est  adopté. 

M.  le  Secrétaire  Général  donne  connaissance  de  notes  reçues  à 
propos  du  procès-verbal,  et  envoyées  par  MM.  Harmois  (Saint- 
Brieuc),  Guenin  (Brest),  G.  Bacquié,  Marcel  Baudouin,  Jacquot  (Gre- 
noble), M.  Hébert,  A.  Viré. 

Correspondance. 

Lettres  de  remerciements.  —  M,n*  Savoye.  —  M.  Bout  de  Charle- 
mont. 

Lettres  d'excuses.  —  L.  Schaudel.  —  Dr  Gilbert.  —  A.  L.  Lewis. 
—  M.  Hébert.  —  A.  Maire.  —  Gartereau. 

Lettres  d'avis  —  M.  Marcel  Vernet  annonce  la  création  de  Yfns- 
tilul  etnographique  international  de  Paris. 

Rectifications  à  propos  la  Préhistoire  au  dehors.  —  M.  1  abbé  H.  Breuil. 

Allocution  de  M.  le  Président  sortant. 

M.  le  Dr  Henri  Martin,  Président,  a  prononcé  le  discours  suivant  : 
Mes  chers  Collègues, 

L'habitude  exige  du  Président  d'une  société  savante  deux  discours  : 
dans  le  premier  il  expose  la  situation,  rend  hommage  au  dévouement 
de  son  prédécesseur  et  au  rôle  qu'il  a  joué  pendant  son  mandat  ;  dans 
le  second  il  parle  des  résultats  obtenus  et  fait  un  autre  éloge  :  celui  de 
son  successeur. 

Sans  rompre  avec  ces  traditions  heureuses,  je  passerai  rapidement; 
car  mes  amis  savent  d'avance  tout  le  bien  que  je  pense  d'eux  et  com- 
bien leur  collaboration,  dans  une  année  de  durs  travaux,  a  été  un  pré- 
cieux et  efficace  soutien  pour  moi. 

Marcel  Baudouin,  A.  Guébhard,  P.  de  Givenchy  et  L.  Giraux,  dési- 
gnés par  le  Conseil,  pour  remplir  chacun  de  délicates  fonctions,  for- 
ment une  équipe  d'élite,  qu'on  envierait  ailleurs  avec  raison. 

Aussi  mon  successeur,  mon  ami,  L.  Coutil,  que  le  choix  du  Conseil 
appelle  aujourd'hui  à  la  Présidence,  va-t-il  trouver  une  Société  belle, 
prospère  et  unie  ;  mais  je  n'hésite  pas  à  lui  dire  que  sa  nouvelle  fonc- 
tion ne  sera  pas  toujours  une  sinécure. 

11  aura  souvent  l'occasion  de  mettre  à  la  disposition  de  la  Société  sa 
persévérance  et  sa  volonté  de  travail  ;  peut-être  aussi  sera-t-il  obligé 
d'interrompre  plus  d'une  fois  ses  travaux  sur  l'Age  du  Bronze  et 
l'Epoque  gauloise,  qui  lui  ont  valu  une  véritable  notoriété. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  45 

Le  rôle  de  Léon  Coutil,  dans  la  Société,  depuis  sa  fondation,  a  déjà 
été  souligné  par  d'excellentes  intentions  ;  d'ailleurs  la  douceur  et  la 
modération  de  son  caractère  s'allieront  toujours  à  l'érudition  de  ses 
travaux;  le  choix  du  conseil  est  donc  particulièrement  heureux;  il  nous 
permet  de  compter  sur  le  lidèle  ami,  entièrement  dévoué  à  la  Science  et 
à  notre  groupe,  dont  l'importance  s'accroît  chaque  jour. 

D'ailleurs,  la  tâche  du  Président  sera  souvent  simplifiée;  il  trouvera 
parmi  ses  collaborateurs  un  secrétaire  général  modèle,  prévoyant  et 
ordonnant  tout,  qui  sait  mettre  d'aplomb  tous  les  mois,  au  prix  d'ef- 
forts considérables  et  méconnus,  une  importante  publication,  justement 
appréciée  par  ses  travaux  originaux . 

L'année  dernière,  nous  avons  à  peu  près  rempli  notre  programme; 
mais,  si  la  chance  nous  a  favorisés,  il  faut  également  tenir  compte  de 
l'activité^  de  l'union  et  de  l'assiduité  des  Collègues  que  vous  avez  dési- 
gnés pour  remplir  le  rôle  de  Conseil  dans  notre  administration.  Grâce 
à  cette  entente  traditionnelle,  des  événements  heureux  et  importants  se 
sont  succédé  cette  année.  Notre  vaisseau  a  accompli  son  voyage,  en 
évitant  les  écueils,  en  profitant  des  bons  vents;  et  aujourd'hui  il  rentre 
au  port  avec  une  charge  scientifique  importante  :  deux  gros  volumes  ; 
deux  polissoirs;  un  menhir;  et  deux  dolmens! 

Comme  couronnement  de  ses  efforts,  la  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise a  été  reconnue  d'utilité  publique.  Cette  distinction  n'est  pas  une 
formule  banale;  elle  est  donnée  aux  groupes  importants,  après  un  long 
et  minutieux  examen,  et  une  enquête  faite  avec  la  plus  haute  impar- 
tialité; c'est  pourquoi  nous  devons  être  fiers  de  posséder  le  décret  tant 
envié;  il  sera,  je  n'en  doute  pas,  le  début  d'une  nouvelle  impulsion, 
donnée  à  notre  jeune  centre  scientifique. 

Remercions  donc  publiquement  les  Membres  du  Conseil  d'Etat  et 
les  Professeurs  de  nos  grands  établissements  officiels,  qui  ont  bien 
voulu  nous  donner  leur  appui. 

Notre  métamorphose  nous  met  aujourd'hui  au  rang  de  personne 
civile;  en  d'autres  termes  nous  pouvons  ouvrir  notre  caisse  et  recevoir 
des  legs. 

Je  souhaite  donc  ardemment  à  mon  successeur  de  présider  à  l'ins- 
tallation du  modeste  Laboratoire  et  de  la  Bibliothèque  que  nous  dési- 
rons. Actuellement  la  Société  ne  pourrait  supporter  de  pareilles 
dépenses.  Toutefois,  un  effort  sera  suffisant  pour  combler  cette  lacune; 
si  le  local  manque,  les  livres  et  quelques  collections  sont  déjà  entre  nos 
mains  et  attendent  leur  logis.  Nous  avons  bien  une  rudimentaire  ins- 
tallation, une  pièce  unique,  froide  et  sombre,  où  nous  entassons  le  pro- 
duit de  nos  fouilles  après  l'étude,  où  nous  déposons  les  collections  qui 
nous  sont  données  ;  mais  ce  simple  dépôt  sera  bientôt  entièrement 
comblé.  La  Société  possède  encore  une  collection  en  plein  air;  elle  est 
à  Vendrest,  où  un  beau  polissoir  a  été  transporté  auprès  de  la  Sépul- 
ture néolithique. 

Les  circonstances  l'ont  voulu;  mais  je  crois  qu'en  matière  de  trans- 
ports de  monuments  préhistoriques  il  faut  être  très  prudent,  et  laisser 
ces  vestiges,  tout  en  les  protégeant,  à  l'endroit  même  où  ils  ont  été 
trouvés. 

Leur  situation,  leur  position  ont  peut-être  une  valeur  méconnue; 
nous  leur  donnons  actuellement  une  interprétation;  mais  nos  déduc- 
tions risquent  de  paraître  imparfaites  dans  un  autre  siècle. 

La  protection  d'une  sépulture  ancienne  devrait  être  aujourd'hui  un 
véritable  culte.  Pourquoi  ne  pas  respecter  les  rites  d'une  religion  dis- 


46  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

parue  ;  pourquoi  disperser,  dans  les  capitales  de  l'Europe,  tous  ces 
trésors  de  l'antiquité? 

Ces  vestiges,  enfouis  avec  des  croyances  abandonnées  aujourd'hui, 
n'en  sont  pas  moins  respectables  ;  ayons  au  moins  le  culte  des  cultes 
passés;  et  sachons  épargner  à  ces  objets,  tout  imprégnés  d'inconnu,  les 
enchères  des  salles  de  ventes. 

Quelle  injure  nos  familles  n'éprouveraient-elles  pas,  à  notre  époque, 
au  soupçon  d'une  pareille  violation  dans  une  sépulture  où  elles  ont 
déposé  pieusement  les  restes  d'êtres  chéris  ! 

L'Histoire  doit  cependant  se  documenter  ;  mais  elle  peut  le  faire 
avec  dignité;  et  la  pénétration  des  hypogées  ne  doit  pas  signifier  exhu- 
mation, dispersion  des  restes  humains,  et  du  mobilier  funéraire. 

L'étude  et  la  reconstitution  des  races  anciennes  peut  se  faire  sur 
place,  au  lieu  même  des  découvertes;  et  ces  vestiges  ne  doivent  pas 
quitter  leur  sol  ;  il  faut  les  protéger,  mais  ne  pas  les  profaner,  au  nom 
de  la  Science,  par  un  transbordement. 

Les  véritables  savants,  ceux  qui  ne  craignent  pas  les  lointains 
voyages,  viendront  étudier  dans  la  sépulture  ou  dans  la  couche  archéo- 
logique certains  vestiges  de  première  importance  ;  ils  ressentiront  cette 
influence  indéfinissable  du  milieu  ambiant,  qui  n'imprègne  plus  l'objet 
déplacé. 

Mais,  aujourd'hui,  la  centralisation  se  généralise;  sous  le  prétexte  de 
tout  sauver,  on  voudrait  diriger  sur  les  capitales  toute  l'Archéologie 
transportable  et  encombrer,  sans  profit,  des  musées  déjà  trop  petits. 

Si  ces  idées  triomphaient,  on  verrait  s'éteindre,  dans  peu  de  temps, 
les  unes  après  les  autres,  toutes  les  Sociétés  archéologiques  de  pro- 
vince ;  elles,  qui  ont  fourni  depuis  un  demi  siècle  des  travaux  de  pre- 
mière importance;  et,  il  faut  bien  le  dire,  qui  ont  créé  la  science  préhis- 
torique. C'est  hier  seulement  qu'elle  est  devenue  officielle,  après  avoir 
été  rudement  malmenée  dans  les  Académies  ! 

La  Préhistoire  doit  rester  régionale,  avec  l'autonomie  la  plus  large, 
pour  ses  musées  et  ses  sociétés. 

Les  moulages  suffiront  pour  la  centralisation. 

Le  gros  mouvement  préhistorique,  qui  se  dessine  depuis  quelques 
années,  n'appartient  aucunement  à  Paris;  il  est  général;  c'est  pour  cela 
que  la  création  d'un  seul  foyer  dirigeant  et  enseignant  sera  néfaste  ; 
les  centres  scientifiques  de  province  doivent,  au  contraire,  être  encou- 
ragés et  largement  indemnisés.  L'émulation  de  leurs  travaux,  la 
jalousie  de  leurs  découvertes,  et  la  sécurité  de  leur  propriété  scienti- 
fique, sont  les  éléments  du  véritable  progrès. 

La  Science  ne  se  bâillonne  plus  ;  elle  parle  même  très  haut,  quand 
elle  est  emmurée  ! 

Plaquettes  offertes  aux.  Présidents  de  la  Société 
pour  1909  et  191  O. 

M.  L.  Coutil  prend  alors  la  parole,  en  ces  termes,  pour  adresser 
ses  remerciements  aux  Membres  du  Conseil  d'Administration  de  son 
Election  à  la  Présidence  pour  1911;  et  offrir,  au  nom  de  quelques 
amis,  aux  Drs  A.  Guébhard  et  H.  Martin,  une  plaquette  en  argent, 
pour  les  remercier  de  ce  qu'ils  ont  fait  pour  la  Société,  à  l'occasion 
de  sa  Reconnaissance  comme  Établissement  d'Utilité  publique. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  47 

Mon  cher  Président,  mes  chers  Collègues, 

Je  tiens  tout  d'abord  à  vous  remercier  des  termes  fort  aimables 
dans  lesquels  vous  venez  de  me  présenter  à  mes  Collègues;  et  je  vous 
avoue  que  j'en  suis  confus,  ainsi  que  de  la  sympathie  que  viennent  de 
me  témoigner  mes  amis  du  Conseil  d'administration;  mais  je  n'ose  en- 
core songer,  en  ce  moment,  à  toutes  les  responsabilités  qui  vont  m'in- 
comber.  Par  votre  persévérance  avisée,  vous  avez  triomphé  de  tous 
les  obstacles;  je  compte  encore  sur  vous,  et  sur  tous  mes  Collègues  de 
la  Société,  pour  continuer  votre  œuvre  à  tous  et  la  rendre  de  plus  en 
plus  prospère. 

Mais  il  m'est  un  devoir  bien  agréable  à  remplir,  au  début  de  ma  pré- 
sidence :  c'est  d'offrir  l'hommage  de  notre  profonde  sympathie  à  deux 
de  nos  présidents  qui  ont  surtout  contribué  à  la  Reconnaissance  d'Utilité 
publique  de  notre  Société;  et  de  remettre  tout  d'abord  cette  plaquette, 
en  votre  nom,  au  Dr  Guébhard,  qui,  depuis  la  création  de  la  Commis- 
sion de»  Enceintes  préhistoriques  et  anhistoriques,  en  1906,  n'a  cessé 
de  faire  connaître  notre  Sociétépar  l'envoi  à  titre  gracieux  de  tous  les 
comptes  rendus  de  cette  Commission,  et  cela  à  des  centaines  d'exem- 
plaires, non  seulement  en  France,  mais  aussi  à  l'étranger;  ce  qui  nous 
a  amené  de  nombreux  membres;  et  qui'avec  l'appui  très  précieux  du 
Dr  Henri  Martin,  a  enlevé  la  Reconnaissance  d'utilité  publique. 

Je  suis  très  heureux  de  remettre  'également,  en  votre  nom,  celte 
autre  plaquette,  représentant  X Archéologie,  pensive  et  réfléchie,  à  notre 
très  sympathique  président,  le  Dr  Henri  Martin,  pour  son  dévouement 
inlassable;  nous  ne  saurons  jamais  trop  le  remercier  de  tout  ce  qu'il  a 
fait  jusqu'ici  pour  la  prospérité  de  la  société,  la  reconnaissance  d'uti- 
lité publique,  l'organisation  de  la  fête  qui  a  suivi  cet  événement,  et 
aussi  pour  le  triomphe  de  la  liberté  des  louilles. 

Et,  a  l'avenir,  mes  chers  Collègues,  soyez  assurés  de  mes  sentiments 
profondément  reconnaissants  pour  le  témoignage  d'estime  que  vous 
m'avez  donné  aujourd'hui. 

M.  A.  Guébhard,  en  quelques  paroles  sincèrement  émues,  prie 
M.  L.  Coutil  de  transmettre  à  tous  les  collaborateurs  de  son  affec- 
tueuse et  délicate  attention  ses  remerciements  très  amicaux. 

M.  le  Dr  H.  Martin  remercie  très  vivement  les  Membres  de  la  So- 
ciété, qui  lui  ont  offert  ce  sympathique  souvenir. 


I  i  i  I  >  l  i  o  t  hèque. 

La  Bibliothèque  de  la  Société  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Bayet  (Le  Dr  Adrien).  — La  Civilisation  de  la  Crète  ancienne.  [Extr. 
de  la  Rcv.  de  Wniv.  de  Bruxelles,  1909].  —  Bruxelles,  1909,  60  p., 
in-4°  (Don  du  Dr  Cancalon). 

Rutot  (A.).  —  Essai  sur  les  variations  du  Climat  pendant  l'époque 
quaternaire  en  Belgique.  Extr.  Postglaziale  Klima-Verànderungen, 
Stockholm,  1910J.  —  Stockholm,  1910,  in-4%  16  p. 


48  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Schaudel  (Louis).  —  Essai  sur  la  chronologie  de  VAge  Paléolithique. 
—  Nancy,  1911,  Berger-Levraud,  in-8°,  145  p.,  107  gravures. 

Protestations  adressées  à  la  Société  préhistorique  française  contre  le 
Projet  de  Loi  sur  les  Fouilles  archéologiques.  —  Paris,  S.  P.  F.,  1911, 
in-8°,  17  p.  [Extr.  B.   S.  P.  F.,  1910,  déc.]. 

Francis  W.  Reader  and  Horace  Wilmek.  —Report  of  the  Red- 
Hills  Exploration  Committee  1907-8  (1908-9),  read  al  the  Society  of 
Antiquaries  of  London,  17  februar  1910.  [Extr.  Proc.  Soc.Antiq.  Lond., 
2  S.,  XXIII,  1910,  p.  66-96,  31  fig.  et  pi.  coul.].  —  London,  in-8°, 
1910. 

The  Arc.hœological  Survey  of  Nubia  [Bulletins  n°«  2  à  6].  —  Cairo, 
1908-1910. 

Hure  (Mlle  Augusta) .  —  Association  dans  la  vallée  sénonaise  de  V  Yonne 
des  vestiges  de  l'âge  de  la  pierre  à  ceux  des  époques  gauloises  et  gallo- 
romaine.  —  [Extr.  de  la  Soc.  des  Se.  JJist.  et  Nat.  de  V  Yonne,  1909, 
2e  Session,  351-376].  —  Auxerre,  1910,  in-8%  26  p. 

R.  Forrer.  —  Die  rômischen  Terrasigillata  Tôpfereien  von  Heili- 
genberg-Dinsheim  und  Ittenweiler  im  Elsass.  Ihre  Brennôfen,  Form-und 
Brenngerdte,  ihre  Kunstler,  Fabrikanten  u.  Fabrikate.  —  Gr.  8°  carré, 
242  p.,  246  fig.,  40  pi.  —  Stuttgart,  W.  Kohlhammer,  1911. 

M.  le  Dr  R.  Forrer  offre  à  la  Société,  par  l'intermédiaire  de  M.  A. 
Guébhard,  son  magnifique  ouvrage  sur  les  Poteries  romaines  de  Terra 
sigillata,  découvertes  à  Heiligenberg-Dinsheim  et  Ittenweiler  en  Alsace, 
leurs  fours  et  accessoires  de  modelage  et  de  cuisson,  leurs  artistes,  fabri- 
cants et  produits  (voir  plus  haut),  qui  constitue  une  véritable  encyclopé. 
die  du  sujet,  prise  sur  le  vif,  grâce  aux  heureuses  fouilles  de  la  Société 
pour  la  Conservation  des  Monuments  historiques  en  Alsace. 

L'auteur  a  eu  l'heureuse  inspiration  de  donner  un  court  résumé  fran- 
çais de  son  gros  livre  ;  et  il  est  vraiment  intéressant  de  voir  comment 
la  poterie  dArezzo,  après  avoir  commencé,  dès  le  premier  siècle  avant 
J.-C,  à  créer  des  centres  secondaires  à  travers  la  Gaule,  chez  les  Ru- 
tènes,  puis  les  Arvernes,  les  Belges,  les  Trévires  et  Helvètes,  arriva, 
vers  la  fin  du  premier  siècle  après  J.-C,  à  Heiligenberg,  sur  l'empla- 
cement d'une  ancienne  station  néolithique,  et  provoqua  rapidement, 
dans  la  région,  la  naissance  de  plusieurs  autres  centres  concurrents, 
dont  le  rôle,  sur  les  marchés,  vers  la  première  moitié  du  il"  siècle,  fut 
beaucoup  plus  important  qu'on  ne  se  l'imagine. 

Protestations    contre  le  Projet  de  I^oi 
sur  la  Liberté  des  Fouilles. 

M.  le  Président  donne  connaissance  de  nouvelles  protestations  de 
Sociétés  de  province  contre  le  projet  de  loi,  dont  elles  ont  adressé  des 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  49 

procès-verbaux  à  la  S.  P.  F.  [au  total  53]  ;  ils  seront  ultérieurement 
publiés. 

39°  Société  Archéologique  duGers;  40°  Société  d'Excursions  scientifi- 
ques: 41°  Société  d'Emulation  du  Bourbonnais  ;  42°  Société  Linnéenne  du 
nord  de  la  France  ;  43°  Société  d'Etudes  scientifiques  de  l'Aude  :  44°  So- 
ciété historique  et  Archéologique  du  Périgord  ;  45J  Société  des  Sciences 
historiques  et  naturelles  de  l'Yonne  ;  46°  Société  historique  de  Com- 
piegne  ;  47°  Société  historique  d'Auteuil  et  de  Passy  ;  48°  Société  Lin- 
néenne de  Bordeaux;  49"  Société  Archéologique  de  Bordeaux:  50°  Aca- 
démie nationale  des  Sciences,  Belles  Lettres  et  Arts  de  Bordeaux  ;  51° 
Groupe  Spéléo- Archéologique  d'Czès,  etc. 

Commission  do   la  Liberté   des  Fouilles. 

Le  Conseil  décide  la  nomination  d'une  nouvelle  Commission,  dite 
Commission  de  la  Liberté  des  Fouilles,  chargée  de  poursuivre 
l'œuvre  commencée  par  le  Bureau  en  1910,  relativement  à  la  campagne 
menée  pour  la  Liberté  des  Fouilles  préhistoriques.  Cette  Commission 
sera  composée,  en  outre  du  Bureau  (Président,  Secrétaires  et  Trésorier), 
de  MM.  le  Dr  Henri  Martin,  secrétaire  ;  Chervin  et  A.  de  Mortillet. 

^VIIe  Congrès  préhistorique  de  I\Tlnies. 

[6-12  Août  1911]. 

M.  le  Secrétaire  Général  du  Comité  d'Organisation  du  Congrès 
dépose  sur  le  Bureau  les  premières  Circulaires  du  Congrès,  qui  ont  été 
envoyées  le  mois  dernier. 

Admission  de  nouveaux  Membres. 

Sont  proclamés  :  MM. 

Barbier  (H.),  Pharmacien,  Pacy-sur-Eure  (Eure). 

[Abbé  Philippe  —  M.  Baudouin]. 
Bonnet  (Alexandre;,  54,  Boulevard  Bineau,  Neuilly-sur-Seine  (Seine). 

[Denier  —  Henri  Martin]. 
Duquesne  (Boberl),  Homme  de  lettres,  Brionne  (Eure). 

[L.  Coutil  —  M.  Baudouin]. 
Gadeau     de   Keiiville     Henri),    Naturaliste,    7,    rue   Dupont,  Bouen 

(Seine-Inférieure).  [Georges  Poulain  —  Henri  Martin]. 

Gaillard,    Conservateur     du     Muséum     d'Histoire     naturelle,    Lyon 

(Bhône).  [Chervin  -   A.  de  Mortillet], 

Icard      Severin),    D.-M.,    8,  rue     Colbert,    Marseille    (Bouches-du- 

Bhône).  [Marcel  Baudouin  —  Henri  Martin]. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  4 


50  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Jarricot  (J.),  D.-M.,  Chef  de  Laboratoire,  9,  Cours  Gambetta,  Lyon 
(Rhône).  [Ghervin  —  A.  de  Mortillet]. 

Le   Pileur,  D.-M.,    Médecin   de  Saint-Lazare,  15,  rue    de    l'Arcade, 
Paris.  [E.  Dupont  —  Marcel  Baudouin]. 

Petit  (Le  lieutenant),  16,  rue  de  l'Abbé-Josselin,  Saint-Brieuc  (Côtes- 
du-Nord).  [A.  L.  Harmois — A.  Guérhard]. 

Roland,  Instituteur,  Villevenard  (Marne). 

[Bosteaux-Paris  —  Henri  Martin]. 

Sellier,  3,  rue  Boule,  Paris.  [H.  Marot  —  Chapelet], 

Présentations. 

M.  Roland  GuÉbhard  (Afrique). —  Hache  polie  et  Ciseau  poli  de 
la  Côte  d'Ivoire.  —  Discussion  :  A.  de  Mortillet,  M.  Baudouin. 

M.  Edmond  Hue  (Paris).  —  Détermination  des  Silex  du  Grand-Pres- 
signy.  —  Discussion  :  A.  de  Mortillet,  A.  de  Paniagua,  Marcel 
Baudouin. 

M.  L.  Giraux  [Saint-Mandé],  —  Hache  en  silex  de  forme  arquée. 

M.  A.  Viré  (Paris).  —  Nucleus  solutréen  en  forme  de  «  livre  de 
beurre  ».  —  Discussion  :  M.  Henri  Martin;  A.  de  Mortillet. 

M.  le  marquis  de  Tryon-Montalembert  (Paris).  —  Pièces  campi- 
gnyennes de  t Yonne.  —  Discussion  :  A.  de  Mortillet;  L.  Coutil. 

M.  Paul  de  Givenchy  (Paris).  —  Les  grands  éclats  moustériens  et  les 
pièces  chelléo-moustériennes  de  la  carrière  du  Tillet^  près  de  la  Ferté- 
sous-Jouarre  (Seine-et-Marne). 

M.  G.  Baquié  (Hérault).  —  Grotte  néolithique  de  la  Clape  [Hérault). 
[Photographies]. 

Communications. 

M.  Franchet  (Asnières).  —  Sur  quelques  causes  déterminantes  du 
magnétisme  des  poteries.  —  Discussion  :  A.  GuÉbhard. 

M.  A.  GuÉbhard  (Paris).  — Sur  la  poterie  provençale  à  décor  géomé- 
trique excisé. 

MM.  Poulain  (G.)  etGADEAu  de  Kerville  (Eure).  —  Fouilles  dans 
un  abri  sous  roche  à  Bonnières  [Seine-et-Oise)\  —  Sépulture  néolithique 
de  Jeu  fosse  [Seine-et-Oise). 

M.  F.  Mazauric  et  G.  Bourilly.  —  Sur  V oppidum  de  Cordes,  près 
Fontvieille  [Bouches-du-Rhône) . 

M.  PagÈs-Allary  (Murât,  Cantal).  —  Fouilles  de  Las  Tours  (6  pi.). 

M.  Cloutrier  (Gien).  —  Genabum  et  la  Capitale  des  Gaules. 

M.  le  Marquis  de  Tryon-Montalembert.  —  Découverte  d'un  Menhir 
à  la  Pierrefitte,  commune  de  Sépéaux  [Yonne). 

M.  le  Dr  Gobert  (Reyedef,  Tunisie). —  Origine  des  balles  polyédri- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

II.     —    NOTES    ORIGINALES. 


Le  mot  Chiron  et  les  vocables  connexes. 

M.  Armand  Viré  (Paris).  —  Comme  suite  à  la  courte  note 
donnée  à  la  dernière  séance,  nous  relevons,  aujourd'hui,  d'après 
Combarieu  (1),  la  liste  des  lieux  habités  du  département  du  Lot, 
dont  le  nom  dérive  de  Cayrou. 

Il  est  vraisemblable  que  la  nomenclature  des  simples  lieux  dits 
donnerait  une  liste  autrement  longue.  Nous  mettons  entre  paren- 
thèses le  nom  de  la  commune.  —  Le  Caire  Bas  (Saint-Cerniri)\  le 
Cayre  Haut  {Sênaillac)  ;  le  Cayré  (Gréalou)  ;  le  Cayré  [Saint- 
Martin-Labouval);  le  Cayrel  (Montcuq);  \à(Duravet);  id  (Labas- 
lide-Marnhac)  ;  Cayrelle  (Saint-Chamarand)  ;  Cayrol  (Figeac)  ; 
Cayrols  (Moncabrier);  id.  (Sousceyrac)  ;  Cayrot  [Calamane  ;  le 
Cayrou  (Albax);  id.  (Cras);  id.  (Lamothe-Cassel);  id.  (Puy- 
l'Evêque);  id.  {Saint- Argues)',  id.  (Saint-Médard)  ;  id.  (Saint- 
Pantaléon);  Cayrou-Gros  [Limogne)  ;  Cayrouse  ^Saint-Jcan-Lespi- 
nasse);  la  Cayrouse  (Saint-Bressou);  Cay roux  (Laba*tide-M a rnhac)  ; 
Chairoux  (Degagnac);  Lacayrouse  (le  Bouysson);  Pech  de  Cay- 
roux  (Sênaillac);  Pech  del  Cavré  [Sainte-Croix);  la  Quavrouse 
(Fontanes);  Rocquecayré  (Marminiac)  ;   Roucayrou  (Labathude), 


Le  Cliien  en  Préhistoire. 

M.  Georges  Baquié.  —  Les  Canis  familiaris,  pulpes,  lupus,  ont 
été  découverts  dans  les  cavernes  de  l'Herm  (Ariège),  mélangés 
aux  ossements  du  grand  ours  (Ursus  spelœus). 

M.  le  Dr  M.  Baudouin.  —  Dans  les  magnifiques  publications 
de  The  Archeological  Survey  of  Nubia,  nous  avons  récemment 
trouvé  des  indications  précieuses  relatives  aux  Chiens  préhistori- 
ques d'Egypte.  Dans  les  cimetières  des  rives  du  Nil,  on  trouve 
souvent,  en  effet,  des  squelettes  de  chiens  dans  les  tombes.  L'une 
d'elles  en  contenait  deux.  —  Donc,  à  cette  époque  [période  prédy- 
nastique}, on  enterrait  les  chiens  du  propriétaire  avec  lui. 

Dans  une  tombe,  on  a  trouvé  un  chien  sans  tète  :  ce  qui  indique 
que,  parfois  au  moins,  on  les  décapitait.  —  Quand  on  compare  les 

(1)  L.  Combariel.  —  Dict.  des  Communes  du  Lot.  —  Cahors,  Layton,  1881. 


52  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

têtes  de  ces  chiens  préhistoriques  [prédynastiques]  avec  celles  des 
chiens  du  Nouvel  Empire  par  exemple,  on  voit  qu'il  s'agit  à  peu 
près  de  la  même  race,  mais  avec  un  museau  plus  allongé  et  un 
crâne  plus  grêle,  chez  les  plus  récents.  —  Ces  chiens  ressemblent 
beaucoup  à  ceux  des  Puits  funéraires  de  France,  qui  sont  gallo- 
romains. 


La  Tortue  en  Préhistoire. 

M.  Marcel  Hébert  (Paris).  — M.  Chavannes  a  présenté,  à  l'Aca- 
démie des  inscriptions  (1),  deux  fragments  d'écaillés  de  tortue,  et 
un  os  exhumé  en  1899  dans  le  nord  de  la  province  chinoise  de 
Ho-Nan.  Il  s'en  est  rencontré  alors  un  dépôt,  qui  comprenait  plus 
de  5.000  fragments,  dont  un  millier  a  été  publié  d'abord  sans  expli- 
cation, et  dont  134  ont  été  expliqués  récemment  par  un  lettre 
chinois,  M.  Lotcheniu.  Sur  ces  fragments  se  trouvent  des  carac- 
tères, gravés  à  la  pointe  et  très  difficiles  a  lire  en  raison  de  leur 
forme  primitive.  On  sait  que,  pour  la  divination,  les  Chinois  uti- 
lisaient l'écaillé  de  tortue  et  la  tige  de  certaines  plantes;  il  faut  y 
ajouter  désormais  les  os.  Pour  la  tortue,  il  s'agit  d'une  petite 
espèce  terrestre,  car  les  Chinois  n'étaient  pas,  tout  d'abord,  un 
peuple  maritime.  On  allumait  un  feu  pur  de  buissons  épineux  en 
prenant  directement  au  soleil  ses  rayons  par  un  miroir  ;  un  outil 
métallique  était  porté  au  rouge  par  ce  feu;  on  perforait  l'écaillé 
en  certains  endroits  avec  cet  outil.  L'approche  de  la  chaleur  pro- 
duisait des  craquelures  que  l'augure  interprétait.  Sur  les  frag- 
ments ainsi  retrouvés,  les  esprits  divins  que  consulte  l'augure 
sur  l'avenir  sont  les  empereurs  défunts  de  la  dynastie  des  Yin  qui 
régna  pendant  le  deuxième  millénaire  avant  notre  ère,  et,  comme 
l'empereur  lui-même  peut  seul  consulter  ses  ancêtres,  on  est 
amené  à  déterminer  que  ces  fragments  nous  conservent  les  divi- 
nations faites  par  l'empereur,  dont  le  règne  débuta  en  l'an  1191 
ou  1111  avant  J.-C.  On  sait  que  la  numération  usitée  dans  les 
temps  les  plus  reculés  a  été  la  numération  décimale;  dès  lors,  les 
Chinois  utilisaient  le  cycle  de  60,  résultant  de  la  combinaison  de 
la  numération  décimale  avec  la  numération  duodécimale.  Les  vic- 
times offertes  sont  tantôt  10  codions  blancs,  tantôt  5,  10,  3  ou 
9  bœufs,  1  chien,  1  mouton,  de  la  liqueur.  Il  s'agit  de  prédire  si 
la  moisson  sera  bonne,  ou  s'il  pleuvra  ;  l'agriculture  et  la  chasse 
préoccupent  l'esprit  de  l'augure.  On  chasse  les  cerfs,  et,  semble- 
t-il  aussi,  les  chevaux,  avec  l'arc. 

(1)  Journal  des  Débals,  22  juin  1911, 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  53 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Il  me  paraît  utile  de  souligner  certains 
points  de  cette  note,  étant  donné  les  documents  publiés  par  notre 
Société  en  1910  sur  le  même  sujet  (1).  —  Je  remarque  d'abord 
qu'il  s'agit  d'une  tortue  terrestre,  comme  en  Europe;  et  que  ces 
restes  remontent  à  un  siècle  avant  J.-G. 

Je  signale  le  rôle  des  chiffres  fatidiques,  appliqués  hux  victimes  : 
faits  que  l'on  retrouve  dans  nos  Puits  funéraires,  également  pour 
les  bœufs,  les  cochons,  les  chiens,  le  mouton,  le  cerf,  le  cheval, 
voire  même  les  liquides.  On  se  croirait,  vraiment,  sur  les  côtes  de 
Vendéel  —  Dans  l'un  de  mes  ouvrages  (2),  j'ai,  d'ailleurs,  signalé 
Yanaloaie  de  coutumes  des  «  Maraîchins  »  de  Vendée  et  des 
Chinois  :  ce  qui  ne  veut  nullement  dire  que  les  Vendéens  vien- 
nent de  Chine,  comme  pourraient  le  croire  certains  Orientalistes 
quand  même  ! 

Autres  documents  à  citer.  —  On  a  trouvé,  dans  un  tumulus  de 
l'Epoque  du  Cuivre,  dans  lesCôtes-du-Nord.  un  fragment  d'Ecaillé 
de  Tortue  [Rev.  Ecol.  d'Anthr..  Paris,  1902].  —  En  1904,  on  a 
découvert  un  fragment  d' Emys  orbicularis,  dans  une  grotte  (Le 
Trou  Félix),  à  Falmingoul,  régiou  de  la  Meuse  [Bull.  Soc.  Gêol. 
de  Belg.,  XXXI,  1904,  fasc.  II-III]. 


Discussion  sur  le  Capsien. 

M.  Jacquot (Grenoble).  —Dans le  Bulletin  (n°  11,  1910,  p.  595), 
à  l'article  Recherches  sur  le  Capsien,  je  lis  que  «  l'industrie  cap- 
sienne  n'est  encore  connue  que  par  la  mention  qu'en  a  faite 
M.  de  Morgan  (1909),  la  description  sommaire  de  M.  Pallary 
(1909),  et  le  mémoire  Morgan-Capitan-Boudy  !  — Je  me  permets 
de  rappeler  que  j'ai  recueilli,  dès  1900,  des  silex  dans  trois  sta- 
tions de  Gafsa  :  marabout  de  Sidi  Yaya,  Grotte  des  Voleurs,  et 
atelier  sans  nom  connu  entre  le  les  deux  premiers;  que  j'ai  donné 
les  photographies  de  plusieurs  de  ces  outils  dans  le  Volume  1901 
de  la  Société  Archéologique  de  Constanline  ;  et  que  —  auCongrèsde 
Chambéry  —  j'ai  exposé  deux  planches  complètes  de  silex  taillés, 
provenant  de  ces  stations  (en  outre  des  beaux  outils    d'Ouargla). 

Ceci  dit  uniquement  pour  indiquer  que  la  publicité  donnée 
à  ces  gisements  par  la  Société  de  Constanline  n'est  peut-être  pas 
étrangère  aux  voyages  d'études  entrepris  postérieurement  par 
nos  confrères  en  préhistoire. 

(1)  Evidemment,  M.  Cha vannes  n'a  pas  en  connaissance  de  la  longue  discussion 
qui  s'est  déroulée  dans  le  sein  de  notre  Société  et  qui  a  duré  plusieurs  moisi 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Le  Maraichinage.  —  Paris,  Maloine,  1906,  in-12%  nom- 
breuses figures. 


54  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Trépanation    néolithique    christianisée. 

[Le  Crâne  de  saint  Aubert]. 

M.  G.  GuENm(de  Brest).  —  L' Eglise  du  Mont-Saint-Michel,  s'il 
fallait  en  croire  Sigebert  de  Gembloux,  aurait  été  construite  au 
début  du  vme  siècle  ;  et  les  dates  peuvent  s'établir,  d'après  les  syn- 
chronismes,  du  26  octobre  701  à  l'année  708  (1). —  Un  siècle  après, 
l'histoire  delà  construction  par  saint  Aubert,  évêqued'Avranches, 
était  faite  par  un  anonyme,  sous  le  nom  d'«  Apparition  sur  le  mont 
Tombe  »  (2).  Cette  œuvre,  d'après  Molinier,  est  au  plus  tôt  du 
ixe  sièele;  mais  en  tout  cas  antérieure  à  966. —  Quoi  qu'il  en  soit, 
elle  permet  de  justifier  les  très  curieuses»  assertions  de  M.  le 
Dr  Marcel  Baudouin. 

Le  Mont-Saint-Michel  était,  en  effet,  le  lieu  d'une  ou  de  deux 
Sépultures  néolithiques,  comme  nous  espérons  pouvoir  le  démon- 
trer à  l'aide  de  textes,  sinon  contemporains,  du  moins  très  rap- 
prochés de  l'époque  de  saint  Aubert. 

a)  Hypothèse  d'une  Sépulture.  —  L'auteur  de  Y  Apparition  nous 
dit,  en  son  chapitre  III,  que  «  ce  lieu  est  appelé  Tombe,  par  les 
«  habitants,  parce  qu'il  se  dresse  au  milieu  des  sables,  à  la  façon 
«  d'un  tumulus  (4)».  Il  y  avait  donc,  tout  au  moins,  une  coïnci- 
dence de  formes,  remarquée  déjà  par  les  gens  de  l'endroit.  —  Mais 
l'auteur  précise  davantage  et  dit,  au  chapitre  VI,  que  l'évêque 
Aubert,  après  ses  trois  visions,  rassemble  un  très  grand  nombre 
de  paysans,  et  qu'il  aplanit  l'endroit  où  devait  s'ériger  la  future 
église!  —  Au  milieu,  deux  pierres  s'élevaient;  et  les  mains  des 
travailleurs  ne  pouvaient  ni  les  ébranler,  ni  les  arracher  de  leur 
base.  Il  fallut  qu'un  nommé  Baino  s'y  mît  avec  ses  douze  fils  ! 

Les  deux  pierres,  que  l'on  parvint  à  renverser,  sont  ou  des 
menhirs,  ou  les  supports  d'un  dolmen.  Si  l'on  fait  attention  au 
texte,  il  y  a  d'abord  Y aplanissement  de  ce  qui  était  en  forme  de 
tumulus  ;  puis  la  découverte  de  deux  pierres  fichées,  au  milieu 
de  l'endroit  que  l'on  venait  de  niveler.  Pour  nous,  il  ne  saurait  y 
avoir  le  moindre  doute  ;  et  l'on  se  trouverait  en  présence  peut- 
être  du  plus  ancien  texte  mentionnant  la  destruction  d'un  dol- 
men (5)  ! 

(1)  Bollandistes  :  Sept.  VIII  (éd.  Palmé),  n°  336,  p.  75. 

(2)  Sept.   VIII  (p.    76  et  suiv.). 

(3)  Sources  dé  PHist.  de  France,  I,  p.  142. 

(4)  Cette  explication,  personnelle  à  l'auteur,  n'est  pas  celle  des  gens  du  Mont, 
comme  on  le  verra  plus  loin . 

(5)  Voici  les  textes  en  question.  —  «  Chap.  III...  Hic  igitur  locus  Tumba  voci- 
tatur  ab  incolis,  qui  in  morem  tuniuli  quasi  ab  arenis  emergens  in  altum...  — 
Congregataque  rusticorum  maxima  multitudine  locum  purgavit  atque  in  spatium 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  56 

b)  Hypothèse  de  deux  sépultures. — Dans  la  vie  de  saint  Fro- 
dobert, abbé  de  Celles-en-Moutier,  l'auteur,  presque  contempo- 
rain de  1  evèque  Aubert,  nous  raconte  un  pèlerinage,  fait  au  Mont- 
Saint-Michel.  Il  nous  parle  de  l'église  élevée  en  ce  lieu,  que  l'on 
appelle  depuis  l'antiquité  «  aux  Deux  Tombes  »  (1).  Sans  doute, 
on  a  prétendu  que  cette  vie  de  Frodobert  était  interpolée;  mais, 
en  admettant  que  ce  passage  le  soit,  il  n'en  reste  pas  moins  une 
tradition  très  ancienne  et  d'une  valeur  égale  à  celle  de  «  l'Appa- 
rition ».  —  Ici,  il  ne  s'agit  plus  du  tout  de  la  forme  extérieure 
du  mont. 

Vers  860,  le  moine  Bernard  va  au  Mont-Saint-Michel.  «  ad 
duas  Tumbas  »  (Mabillon,  sec.  3,  part.  2,  p.  525-526';  ;  et  plus 
tard,Odon  de  Glanfeuil, dans  une  lettre  à  Adalmold, parle  de  cette 
église  de  Saint-Michel,  qui   est   appelée  a  aux   deux    tombes  »  . 

Différentes  sources,  toutes  s'ignorant  les  unes  les  autres,  sont 
donc  entièrement  d'accord  sur  ce  point,  qu'il  y  avait,  au  sommet 
du  mont,  deux  sépultures  ! 

Si  l'on  veut  compléter  par  le  récit  de  «  l'Apparition  »,  il  faut 
alors  supposer  deux  tumu/i,  surmontés  chacun  d'un  menhir. 

Conclusion.  —  Il  y  aurait  encore  à  noter  l'existence  d'une 
pierre  avec  une  cupule,  mentionnée  au  chapitre  V  de  «  l'Appa- 
ritio  »:  ce  qui  tendrait  à  faire  du  Mont  Saint-Michel  une  station 
préhistorique  assez  importante. 

Il  est  donc  très  vraisemblable  qu'un  crâne  trépané  y  ait  été 
découvert;  et,  comme  l'auteur  de  «  l'Apparitio  »  avait  dit  que 
saint  Aubert  avait  été  durement  frappé  (austerius),  pour  n'avoir 
pas  obéi,  ceux  qui  ont,  au  xve  siècle  seulement,  écrit  la  vie  de 
saint  Aubert,  en  ont  conclu  que  ce  crâne  était  le  sien  ! 

M.  le  Dr  M.  Baudouin.  —  Je  remercie  notre  savant  collègue  de 
sa  précieuse  communication;  et  je  constate  qu'elle  confirme  en- 
tièrement mon  hypothèse.  —  D'abord,  la  présence  d'une  pierre 
à  cupules  indique  un  lieu  de  culte,  encore  en  honneur  à  l'époque 
gauloise;  puis,  celle  d'un  Mégalithe,  la  possibilité  de  la  trouvaille 
d'un  crâne  trépané.  —  J'insiste  sur  les  différents  points  de  la 
légende(texte  rapporté):  «  1°  Aplanissement  du  Tumulus;  2°  Exis- 
tence de  deux  piliers  de  dolmens  [et  non  pas,  à  mon  avis,  de 
menhirs  sur  tumulus],  dressés  au  milieu  du  dit  lumu/us,  et  mis 
à  découvert  par  laplanissement  ;  3°  Impossibilité  d'ébranler  et 
d'arracher  ces  piliers.  »  Ce  dernier  point,  évidemment  légendaire, 

complanavit  ;  in  cujus   medio    prœeminebant    rupes,    quas   operantium  multorum 
movere  non  poterunt  manus,  nec  a  suo  divellere  statu...  vBaino)  festinus  ad  locum 
cum  filiis  venit.    impleturus,   quod    fuerat  jussus...  ».  —  On  a    donc  arraché  les 
•  deux  pierres  '. 

(1)  S.  Frodobert,  n"  31  et  32.  —  Bolland,  8  janvier.  —  Voici  le  passage...  «  Eo 
loro  qui  ad  Duas  Tumbas  ex  anliquo  vocatur  ». 


Fig.  I.  —  Schéma  du  Crâne  de  saint  Aubert 
[d'après  une  photographie].  —  Echelle  : 
1/4  grandeur.  —  Légende  :  A,  Orifice  de  la 
Trépanation . 


56  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

n'en  est  pas  moins  des  plus  caractéristiques  :  à  chaque  fois  que  le 
peuple  parle  de  Mégalithes  funéraires,  il  en  est  constamment  ainsi  ! 
Ce  qui  m'a  mis  sur  la  voie  de  mon    hypothèse,   c'est  le  raison- 
nement suivant:  «  Chaque  fois   que  je  trouve  une    église   imporr 

tante,  en  un  lieu  pittoresque  et 
très  bien  situé,  mais  non  indus- 
triel, je    conclus    à    l'existence 
/^tf-*  jf''^V  d'un  lieu  de  culte,  antérieur  au 

(£s  A  ,l  \         Christianisme.  Cette  église  n'a 

-**  *  t»  ■»        été  élevée  là  que  pour  détruire 

le  culte  ancien,  ou  plutôt  pour 
l'accaparer  ».  —  C'est  une  loi 
d'Evolution  religieuse,  qu'il 
faut  connaître. 

Il  ne  faut  pas  oublier,  non 
plus,  la  légende  de  Gargan- 
tua (1),  très  caractéristique 
aussi  des  Mégalithes  !  Or,  à 
Carolles  (Manche),  Gargantua 
lança,  dans  la  baie  du  Mont- 
Saint-Michel,  une  pierre  qui  est  Tombelaine  ;  une  autre  qui  est 
le  Mont  lui-même,  sans  parler  du  Mont-Dol[L.  Coutil,  1906].  — 
Il  est  donc  probable  qu'à  Tombelaine  aussi  il  y  avait  une  Allée 
mégalithique  (2). 

M.  Harmois  (Saint-Brieuc).  —  Le  crâne  est-il  préhistorique? 
Oui.  —  A-t-il  été  trépané  du  vivant  de  l'individu?  Oui.  — Au- 
tour du  trou  existe  bien  un  bourrelet,  formé  par  la  recréation 
de  l'os. 

Il  y  a  sept  à  huit  ans,  je  me  suis  occupé  de  ce  crâne.  Je  m'effor- 
çais de  démontrer  que  ce  n'était  pas  là  le  Chef  de  saint  Aubert, 
mais  une  pièce  archéologique;  et  que  le  crâne  ne  devait  pas  être 
celui  exposé  à  l'adoration  des  fidèles  pendant  les  siècles  anté- 
rieurs au  nôtre.  Je  me  basais  pour  cela  sur  les  différences  de 
desrriptions  publiées. 

M.  le  D'  M.  Baudouin.  —  Il  est  bien  probable,  en  effet,  que  ce 
crâne  n'est  pas  celui  de  saint  Aubert  !  —  Mais  on  ne  peut  pas 
prouver,  à  mon  sens,  une  substitution  de  crânes  par  de  simples 
arguments,  d'ordre  négatif,  basés  sur  des  descriptions  divergentes. 
L'anatomie  pathologique  n'était  pas  à  la  portée  des  anciens 
historiens,  moines  ou  évèques,  qui,  tous,  ont  pu  se  tromper  de 
bonne  foi. 


(1)  Voir  aussi  la  légende  de  la  Pierre  au  Diable,  de  Baillen    (Manche)  [L. Coutil]. 

(2)  Il  se  pourrait,  par  suite,  que  la  deuxième  tombe  citée  se  rapporte,  non  au 
Mont-Saint-Michel  proprement  dit,  mais  à  l'îlot  voisin  de  Tombelaine.  —  C'est  à 
étudier  au  demeurant. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


H 


Ilacho  polie  à  érosions. 

M.  L.  Jacquot  (Grenoble).  —  Parmi  les  outils  que  j'ai  recueil- 
lis dans  le  gisement  de  silex  noirs  de  Bir-en-Vsa,  situé  à  quel- 
ques kilomètres  à  l'ouest  de  Sétif  (Algérie),  les  visiteursde  l'Expo- 
sition préhistorique  de  Beauvais  auraient  pu  remarquer  une  petite 
hache,  en  calcaire,  dont  le  seul  intérêt  me  semblait  être  d'avoir  fait 
partie  de  l'ensemble  des  déchets  de  cet  atelier  [Fig.  1). 

Cet  outil  m'avait  paru  tout  d'abord  être  une  pièce  de  rebut, 
abandonnée  à  cause  de  certaines  aspérités,  dont  l'ouvrier  n'avait 
pu  le  débarrasser,  et  qui  se  présentaient  sous  la  forme  de  veines 


Hg.  1.  —  Hache  if),  en  Calcaire  gris,  du  gisement  de  silex  taillés  (de  couleur  noire)  de 
Bir-en-N'sa  (Commune  de  Sétif;,  Algérie.  (Collection  Jacquot,  de  Grenoble).  —  [1/3  Gr.]). 
Légende:  s,  Face  supérieure  ;  —  P.  d.,  Profil  du  côté  droit. 


très  saillantes  en  quartz.  Ces  varices  n'occupant  cependant  que 
la  partie  postérieure  de  la  pierre  et  seulement  la  moitié  gauche, 
j'avais  fini  par  supposer  que  les  préhistoriques  avaient  pu  utiliser 
la  hache,  en  profitant  justement  de  ces  nervures  très  saillantes, 
pour  y  fixer  les  liens  d'emmanchure  ou  la  gaine  de  préhension. 
Ce  qui  me  fortifia  dans  cette  opinion,  c'est  que  la  partie  droite 
tout  entière  paraît  avoir  été  polie.  Or,  l'ouvrier  aurait-il  exécuté 
ce  travail  de  polissage,  avant  d'avoir  débarrassé  la  pièce  de  ses 
végétations,  si  celles-ci  devaient  disparaître  ?  C'est  peu  probable; 
s'il  les  a  gardées,  c'est  qu'elles  lui  étaient  indifférentes  ou  même 
utiles.  —  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  hache  de  Mme  Crova,  dont 


58  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

les  aspérités  occupent  une  place  plus  considérable  et  plus  cen- 
trale. 

Je  me  suis  demandé  aussi,  un  moment,  si  ma  hache  n'était  pas 
un  simple  caillou  roulé,  poli  par  les  eaux.  Mais,  dans  ce  cas,  les 
arêtes  des  veines  (très  saillantes)  auraient  été  —  quoique  beau- 
coup plus  dures  —  également  frottées,  et  plus  ou  moins  lissées  : 
or,  elles  sont  encore  très  vives.  Je  ne  crois  donc  pas  à  un  polis- 
sage accidentel  par  l'eau. 

Quant  aux  petites  nodosités  ou  verrues  de  l'arête  latérale  gau- 
che, ce  ne  sont  que  ces  concrétions  calcaires,  de  formation  ulté- 
rieure, et  très  adhérentes,  qui  ont  résisté  aux  lavages,  et.  que  j'ai 
conservées.  Je  ne  conclus  donc  pas;  et  je  n'entends  donner  à  ma 
communication  que  la  valeur  d'un  document  pouvant  être  consulté, 
à  titre  d'exemple  ou  de  comparaison. 


■  >»   Préhistoire   au   dehors. 

PAR 

M.  A.  GUÉBHARD  (Paris). 

A  propos  de  notre  observation  (B.  S.  P.  F.,  1910,  p.  562)  sur 
la  conclusion  extraordinairement  internationaliste  qu'a  eue,  avec 
la  fondation  de  Y  Institut  de  Paléontologie  Humaine,  la  longue  cam- 
pagne ultra-nationaliste  menée  à  propos  des  agissements  du  Suisse 
Hauser  en  France,  M.  l'abbé  Breuii,  nous  fait  remarquer  que 
c'est  par  confusion  avec  l'Université  badoise  de  Fribourg-en- 
Brisgau,  que  nous  avons  qualifié  d'  «  université  jésuite  »,  celle 
de  Fribourg  en  Suisse,  d'où  il  rapporte  son  titre  de  professeur  ; 
celle-ci  est  simplement  catholique,  et  il  ne  pouvait  en  être  autre- 
ment dans  un  pays  où  l'ordre  des  Jésuites  ne  saurait  avoir  d'exis- 
tence légale. 

Ce  nous  est  un  devoir  de  donner  satisfaction  à  M.  l'abbé  Breuii, 
tout  en  nous  étonnant  qu'il  ait  pris  en  mauvaise  part,  c'est-à-dire 
dans  un  sens  que  nous  ne  lui  donnions  nullement,  un"  qualificatif 
qu'en  Suisse  même,  on  a  toujours  l'habitude  —  par  tradition  sans 
doute  —  d'attacher  à  l'université  de  Fribourg,  et  que  semblait,  en 
tout  cas,  (mais  notre  très  compétent  confrère  nous  assure  encore  (1) 


(1)  «  Pas  plus  que  moi,  nous  écrit  M.  H.  Breuii,  Obermaier  n'a  jamais  appar- 
tenu à  aucune  congrégation.  Il  a  fait  son  séminaire  à  Regensburg,  qui  est  et  reste 
son  diocèse:  puis,  après  deux  années  passées  comme  vicaire  dans  une  paroisse  de 
la  Bavière  orientale,  il  a  fait  plusieurs  années  d'études  à  Munich,  à  Vienne,  enfin  à 
Paris,  h 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  59 

qu'il  n'en  est  rien),  devoir  mériter,  d'après  diverses  publications 
autrichiennes  (i),  le  très  distingué  collègue  allemand,  M.  l'abbé 
Hugo  Obermaier,  avec  lequel  M.  l'abbé  Breuil  va  partager,  à  Pa- 
ris, tout  l'enseignement  français  du  nouvel  Institut,  et  s'efforcer, 
sans  doute,  de  compléter  —  un  récent  article  en  fait  foi  (2)  — 
le  «  trust»,  déjà  réalisé,  des  grottes  à  peintures  par  celui  des 
fouilles  paléolithiques  de  France,  pour  peu  que  la  loi  proposée 
aux  Chambres  soit  votée  dans  l'esprit  où  l'ont  élaborée  les  pro- 
moteurs mêmes  de  l'intéressante  fondation  nouvelle  obtenue  du 
généreux  ami  des  sciences  qu'est  le  Prince  de  Monaco. 

S'il  nous  a  paru  indiqué,  à  titre  d'actualité  intéressant  la 
préhistoire,  mais  sans  autres  commentaires,  de  comparer  à  tout 
le  bruit  fait  à  propos  de  l'exportation  d'un  squelette  à  l'étranger 
le  silence  fait,  par  les  mêmes  personnes,  sur  une  très  vivante 
importation  étrangère,  nous  tenons  à  ne  pas  nous  écarter  du 
simple  exposé  documentaire  des  faits  que  nous  impose  notre 
rôle  d'informateur  des  choses  du  dehors,  et  nous  sommes  heu- 
reux de  spécifier  encore  i  quoique  nous  n'ayons  jamais  dit  le  con- 
traire), que  si  M.  l'abbé  Breuil  est  allé  demander  a  la  patrie  de 
M.  Hauser  les  galons  de  professeur  qu'il  nous  rapporte  si  bril- 
lamment élargis,  ce  n'est  nullement  une  raison  pour  qu'il  ait 
abdiqué,  plus  que  sa  position  dans  la  hiérachie  romaine,  sa  pos- 
session d'état  de  la  nationalité  française,  qu'il  représenta,  là-bas, 
pendant  quelque  temps,  si  avantageusement. 

Voici,  d'ailleurs  textuellement,  les  renseignements  intéres- 
sants que  veut  bien  nous  communiquer  notre  très  savant  con- 
frère : 

«  C'est  à  Fribourg-en-Brisgau  et  non  à  Fribourg  en  Suisse, 
qu'existe  une  université  jésuite;  Fribourg  en  Suisse  en  a  eu  une 
aussi,  aux  xvie-xvne  siècles;  mais  elle  n'a  rien  de  commun  avec 
l'Université  d'Etat,  fondée,  il  y  a  20  ans,  par  le  Conseil  d'Etat 
du  canton  de  Fribourg,  et  dirigée  par  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  du  canton,  M.  Python.  Elle  est  conçue  d'une  ma- 
nière analogue  à  celle  de  ses  sœurs  aînées  de  Lausanne,  Zurich, 
etc.,  avec  lesquelles  elle  entretient  de  cordiales  relations;  la 
seule  différence  est  que  leur  faculté  de  théologie  protestante  est 
remplacée  à  Fribourg  par  une  faculté  de  théologie  catholique, 
confiée  aux  Dominicains.  Quant  aux  autres  facultés,  Lettres, 
Sciences,  Droit,  le  personnel  en  est  essentiellement  laïque  et 
universitaire   (à  de  rares  exceptions  près,  dont  j'étais),  et  l'Uni- 

(1)  Notamment  :  Otto  Herma\.  Dus  Artefaht  von  Olonec  und  «as  dazu  gehôrt, 
t-à-p.  (partim    e.r  Mitt.  Anthrop.  Ges.  in  Wien,  t .   XI,  1910,  13p.,  8  pi. 

-'  H.  Rrelii  .  L  Institut  de  Paléontologie  humaine  ' .Xnurc/le  fondation  Albert  If-'), 
Revue  scientif.,  XLIX'ann.,  l«r  sem.   1911,  n«  3,  p.  70-73. 


60  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

versité  de  France  lui  prête  un  cerlain  nombre  de  ses  agrégés, 
jeunes  et  brillants  sujets,  comme  Jean  Brunhes,  Paul  Masson, 
Jacques  Zeiller,  qui  retournentensuite  dans  la  mère<-patrie,  après 
avoir  répandu  à  l'étranger  un  peu  d'âme  et  de  science  française. 
Ils  n'ont  absolument  rien  de  jésuite.  Ayant  travaillé  à  la  même 
œuvre,  je  n'ai  pas  plus  qu'eux  quitté  la  nationalité  française  ». 

—  M.  H.  Mùller-Brauel,  décrivant  dans  la  Prâhistorische 
Zeitschrift  (II,  1910,  p.  211-220)  les  antiquités  du  cercle  de 
Geestemunde  (Hannover),  se  laisse  aller  aux  confidences  que 
lui  dicte  sa  vieille  expérience  sur  le  seul  moyen  qui  serait  effi- 
cace, selon  lui,  pour  empêcher  les  constantes  destructions  de 
monuments  préhistoriques,  sépultures  surtout,  que,  malgré  sa 
vigilance  toujours  en  éveil,  sa  mobilité  constante  dans  toute  la 
région,  et  sa  notoriété  de  collectionneur, sacrifient  par  centaines, 
sans  profit  pour  la  science,  les  progrès  de  plus  en  plus  envahis- 
sants de  l'agriculture.  Ce  n'est  pas  seulement  par  province,  c'est 
par  arrondissement  qu'il  faudrait  des  a  conservateurs  d'antiqui- 
tés  »  spéciaux,  uniquement  occupés  à  surveiller  la  découverte  et 
empêcher  la  destruction  du  gibier  scientifique,  et  sachant  par 
leur  science,  leur  désintéressement,  etc.,  mériter  les  appointe- 
ments qu'évidemment  il  faudrait  leur  donner...  Vraiment  tou- 
chante, l'utopie  du  vénérable  fouilleur,  et  moins  effrayante,  en 
tout  cas,  que  la  mainmise  étatiste  et  centralisatrice  que  rêvent 
les  bonzes  parisiens.  Mais  pourquoi  demander  à  l'Etat  une  armée 
nouvelle  de  fonctionnaires  budgétivores,  plutôt  que  d'encourager 
la  légion  gratuite  des  gardes-chasses  bénévoles,  qui,  poursuivant 
le  gibier  pour  eux-mêmes,  sont  les  premiers  intéressés  à  ne  le 
laisser  ni  disparaître,  ni  perdre  sa  valeur? 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  61 

III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  Préhistoriques 

et    Fortifications    anhistoriques. 

M .  Armand  Viré,  Président  de  la  Commission,  dépose  le  44e  rap- 
port. 

—  M.  le  capitaine  Andrieu,  continuant  la  série  de  ses  conféren- 
ces préhistoriques  à  Bourges,  a  pu,  grâce  aux  nombreux  clichés  mis 
à  sa  disposition  par  notre  Commission,  révéler  à  beaucoup  de  ses 
collègues  les  origines  insoupçonnées  de  l'art  de  la  fortification. 

—  Nous  recevons  de  notre  collègue,  M.  L.  Fraxchet,  à  propos 
des  critiques  formulées  contre  ses  théories  sur  la  classification  des 
poteries,  dans  notre  dernier  rapport,  des  observations  que  nous 
nous  faisons  un  devoir  d'insérer  ici. 

«  Le  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  (n°  12,  décembre  1910, 
t.  VII,  p.  650  à  658),  donne,  dans  le  43e  Rapport  de  la  Commission 
des  Enceintes,  une  critique  de  différents  travaux  que  j'ai  publiés 
«  un  peu  partout  »  comme  le  dit  M.  A.  Guébhard,  l'auteur  de  cette 
critique.  Je  dois  spécifier,  en  effet,  que  si  l'ensemble  du  Rapport  est 
de  M.  Viré,  les  appréciations  qui  me  concernent  sont  de  M.  A.  Gué- 
bhard, dont  les  initiales  figurent  à  la  fin  de  l'article. 

«  Estimant  que  le  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  n'est  pas  un 
organe  de  polémiques  violentes,  je  m'abstiendrai  de  relever  la  forme 
dans  laquelle  a  été  conçu  l'article  ;  d'autre  part,  je  ne  puis  reprendre 
une  par  une  les  erreurs  et  les  inexactitudes  qu'il  contient,  car  ces 
rectifications  occuperaient  une  place  importante  dans  le  Bulletin, 
qui  ne  peut  déjà  insérer  qu'une  faible  partie  des  communications 
faites  en  séance  ou  celles  qui  sont  adressées  par  les  membres  de  la 
province. 

«  Je  signalerai  seulement,  parmi  les  plus  saillantes,  deux  inexacti- 
tudes qui  dénaturent  trop  complètement  ma  pensée. 

«  1°  Je  n'ai  jamais  dit,  dans  mon  travail  sur  la  Classification,  pré- 
senté à  Toulouse,  au  Congrès  de  l'Association  française,  que  cette 
classification  exclusivement  technique  avait  un  but  d'adaptation  chro- 
nologique. J'ai  précisément  spécifié  le  contraire. 

«  2°  Lorsque  je  parle,  d'atmosphère  oxydante  et  d'atmosphère  réduc- 
trice, je  ne  prétends  pas  employer,  comme  le  dit  M.  A.  Guébhard, 
«  des  vocables  plus  nobles  »  que  ceux  de  M.  Pagès-Allary  :  je  pré- 
tends seulement  démontrer,  par  l'emploi  de  dénominations  qui  font 


62  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

partie  de  la  nomenclature  scientifique  moderne,  que  la  plupart  des 
particularités  qui  caractérisent  les  pâtes  préhistoriques  sont  dues  à 
certains  phénomènes  de  la  combustion  des  gaz  émanant  d'un  foyer. 

«  Ces  phénomènes  sont  la  réduction  et  l'oxydation,  mais  ces  termes 
ne  sont  nullement  synonymes  de  cuisson,  comme  paraît  le  croire 
M.  A.  Guébhard.  » 

—  M.  A.  Guébhard  tient  à  faire  remarquer  qu'il  n'a  discuté  que 
des  citations  textuelles  de  M.  Franchet,  ou  des  faits  paraissant  in- 
contestables, comme  celui  que  «  flamme  oxydante  ou  réductrice  » 
ne  sont,  —  et  surtout  ne  lurent,  aux  temps  préhistoriques  —  que 
des  modalités  de  la  cuisson.  S'il  commet  jamais  des  a  erreurs  »  mieux 
démontrées,  il  tiendra  toujours  à  honneur  d'être  le  premier  à  les 
rectifier.  —  A.  G. 

—  Depuis  1905  des  fouilles,  dont  rend  compte  sommairement 
M.  Kropatscheck  (lj,  sont  faites  annuellement  sur  ÏAltenburg  de 
Niedenstein,  en  Hesse,  double  enceinte,  où  la  terre,  la  pierre,  le 
bois  ont  été  également  utilisés  pour  un  système  de  défense  fort  sa- 
vant, correspondant  à  la  fin  de  La  Tène.  Sur  tout  le  plateau,  au 
milieu  de  traces  d'habitations,  indiquant  au  inoins  quatre  réoccupa- 
tions successives,  on  a  trouvé  de  nombreux  bassins  carrés,  entou- 
rés de  bois,  dont  quelques-uns  semblent  avoir  dû  se  rattacher  à 
l'industrie  de  la  poterie,  quoique  aucun  four  n'ait  pu  être  mis  à  jour. 
Des  pavages  de  rues,  partant  d'entrées  fortement  défendues,  mon- 
trent l'importance  qu'eut  cette  station,  sans  qu'on  puisse  pourtant 
affirmer  qu'elle  ait  été  elle-même  l'oppidum  de  Mattium,  que  prit 
Germanicus,  ou  l'annexe  défensive,  le  refuge  des  populations  du  vil- 
lage qui  s'appelle  actuellement  Metze,  situé  à  4  kilomètres  au  S.  de 
Niedenstein.   —  A.  G. 

—  Un  exemple  d'Angleterre,  que  nous  signale  notre  dévoué  con- 
frère, M.  A.  L.  Lewis,  montre  combien  peu,  sous  toutes  latitudes, 
l'Etat  est  désigné  pour  les  sauvetages  d'ordre  purement  scientifique, 
auxquels,  seules,  s'intéressent  les  initiatives  particulières  ou  les  grou- 
pements scientifiques. 

Il  y  avait,  —  il  n'y  aura  bientôt  plus,  —  sur  une  des  pointes  du 
N.  du  Pays  de  Galles,  celle  de  Penmaenmaur,  une  superbe  en- 
ceinte de  pierres  sèches,  du  nom  de  Braich-y-Dinas,  particulière- 
ment remarquable  par  la  conservation,  dans  son  intérieur,  d'une 
quantité  d'autres  petites  enceintes  circulaires,  restes  de  cabanes, 
quelquefois  accouplées  [Fig.  1),  quelquefois  isolées,  en  longues  files, 
attestant  que,  s'il  ne  s'agit  pas  d'un  véritable  oppidum  ou  ville  forte  per- 
manente, —  hypothèse  incompatible  avec  le  climat,  —  ce  lut,  en  tout 


(1)  G.  Kkopatscuegk. —  Der  Ringwall  au/  der  Altenburg,  Rom. -german.  Korres- 
pondenzblatt,  IV,  1911,  p.  78. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  63 

cas,  un  reluge  des  plus  fréquentés,  remontant,  selon  toute  apparence, 
aux  débuts  de  l'âge  du  Fer,  ou  à  la  lin  du  Bronze,  entre  500  et 
100  avant  J.-C.  Or,  il  parait  qu'en  1899,  l'Administration  des  Fo- 
rêts a  donné  à  bail,  sans  conditions,  toute  la  montagne,  à  une  exploi- 
tation de  granités,  dont  les  600  ouvriers  font  quotidiennement  le 
siège  de  l'antique  forteresse,  à  l'assaut  de  laquelle  monte  tout  un 
réseau  de  funiculaires,  de  travaux  d'approches,  précurseurs  de  la 
ruine  totale.  En  vain,  un  cri  d'alarme  fut-il  jeté  au  Parlement  en 
juin  1909  :  celui-ci  ne  crut  même  pas  devoir  rechercher  si  l'Admi- 
nistration des  Forêts  n'aurait  pas  le  pouvoir  de  réparer  son  incroya- 
ble incurie.  Désespérant  de  rien  pouvoir  de  plus,  la  Commission 
royale  des  Monuments  anciens  de  Galles  et  Monmoulhshire,  créée  seu- 
lement en  1908,  a  voulu  du  moins,  garder  l'image  de  ce  qui  va  dis- 
paraître et,  c'est  grâce  à  elle,  sans  doute,  que  nous  voyons  sur  un 
grand  illustré  de  Londres  (The  Sphère  19  nov.  1910,  p.  174-175), 
entre  un  portrait  de  Gainsborough  et  des  groupes  de  suffragettes  et 
de  parlementaires,  une  page  entière  de  vues  et  plans,  consacrée  à 


big.  1.  —  Cases  préhistoriques  de  Biaich-y-Dinas 


cette  «  tragédie  archéologique  »,  qu'explique  une  demi-page  de  texte, 
avec  une  remarquable  vue  de  cases  préhistoriques  Fiy.  1)  particu- 
lièrement intéressantes  à  comparer  à  celles  qu'a  relevées,  à  diverses 
reprises,  en  Irlande,  M.  Th.  Westropp,  notamment,  en  dernier 
lieu,  dans  les  Proc.  R.  Irish  Acad.,  vol.  XXIX,  sect.  C,  1911,  p.  26, 
fig.  3. 

Voilà,  du  moins,  de  bon  chauvinisme  scientifique  ;  et  lorsque  l'Etat 
se  refuse  à  emplo}rer  les  armes  qu'il  possède,  il  est  consolant  de  voir 
faire  face  au  mal,  dans  la  limite  de  leurs  moyens,  ces  initiatives 
particulières  pour  lesquelles  on  ne  rêve,  en  France,  qu'entraves  et 
suspicions.  —  A.  G. 

—  M.  Albert  Mayr  ayant  résumé  dans  un  beau  livre  ses  multiples 
études  sur  l'île  de  Malte  dans  l'antiquité  (1),  donne  [p.  42  la  vue 
inédite  d'un  reste  de  tour  en  pierres  sèches  rappelant  les  nuraghi  de 
Sardaigne,  et  qui  lui  parait,  comme  plusieurs  autres  analogues,  de 
l'île  de  Malte,  avoir  dû  marquer  le  centre  d'agglomérations,  quelque- 


(1)  Albert    Mayk.   DU    Intel  Malta  im   Aitertum,    gr.  8°  carré,    156  p.,  36  fig. 
1  cart.  —  MttHCHEN,  1909. 


64  SOCIÉTÉ   PRÉHIiTOlUQUE    FRAÏSÇA1SE 

fois  entourées  de  murs  de  défense.  On  retrouve  d'ailleurs,  dans 
toutes  les  constructions,  la  structure  encore  en  usage  aujourd'hui 
chez  les  Berbères,  de  dalles  plantées  de  champ  (orthostatiquement) 
en  files  parallèles,  pour  former  la  base  du  mur,  avec  remplissage  de 
pierraille  entre  deux.  —  A.  G. 

—  M.  A.  MELAYEnous  envoie  des  renseignements  sur  le  Camp  ro- 
main (?)  de  Lagny-le-Sec  (Oise),  coupé  par  les  routes  de  Creil  à 
Senlis  et  Meaux,  situé  sur  les  parcelles  cadastrales,  Sect.  B,  nos  56  et 
93.  Trouvailles  de  monnaies  à  l'effigie  de  Constantin,  et  de  Romulus 
et  Remus  allaités  parla  Louve. 

Dans  un  travail  du  même  auteur  (1),  nous  trouvons  mention,  sur 
la  commune  de  Montgé  (Seine-et-Marne),  dans  le  Parc  du  Sépul- 
cre (forêt  de  Montgé),  d'une  butte  llunéraire  ou  défensive?)  dite  la 
Butte  aux  Pins. 

Un  peu  au  N.  de  ce  parc,  sur  les  parcelles  cadastrales  50  et  51, 
sont  des  fossés,  sans  doute  défensiis  et  peut-être  préhistoriques,  non 
loin  du  carrefour  de  la  Croix  de  la  Fille. 

Au  lieu  dit  les  Trente  Arpents,  de  la  même  forêt  de  Montgé,  il 
existe  des  fortifications  antiques  dites  Camp  romain  (Sect.  A2  n°3  du 
cadastre),  où  ont  été  trouvées  6  pièces  d'argent  de  Gordien,  un  àtre 
de  foyer  en  terre  glaise,  des  débris  de  poteries  et  de  tuiles  romaines, 
et  aussi  des  haches  polies  et  des  grattoirs  de  silex. 

—  M.  E.  de  Ponfille  a  visité  l'enceinte  de  Pen-Plédan  ou  Camp 
de  César,  aux  limites  des  communes  de  Ploudaniel  et  du  Folgoët 
(Morbihan)  au  confluent  de  deux  des  ruisseaux  qui  forment  l'Aber- 
wrach. 

C'est  un  éperon  barré,  fermé  par  une  levée  de  terre  d'environ  4  m. 
de  haut  sur  8  de  large,  précédé  d'un  fossé  large  et  profond,  et  domi- 
nant la  rivière  d'une  hauteur  de  15  m.  environ.  Restés  de  levées  sur 
les  côtés  entourés  par  les  rivières. 

A  l'extrémité  N.  du  fossé,  au  point  où  il  rejoint  la  vallée,  est  une 
seconde  enceinte  de  30  m.  X  20  m.  avec  puits.  Restes  problémati- 
ques de  tours. 

A  une  certaine  distance  en  avant  du  fossé,  talus  semi  circulaire  ap- 
puyé aux  deux  vallées. 

Une  vingtaine  de  haches  polies  ont  été  récoltées  au  cours  des  tra- 
vaux exécutés  par  le  propriétaire. 

Une  voie  romaine  de  Carhaix  (Vorgium)  à  Vorganicum,  passe  au 
voisinage.  Près  de  là,  il  a  été  trouvé  des  monnaies  et  poteries  romaines. 

Une  courte  description  de  cet  ouvrage,  due  à  M.  Grassin,  a  paru 
dans  le  Bull,  de  la  Soc.  acad.  de  Brest,  1899-1900,  p.  195. 


(1)  A.  Melaye.  —  La  forêt  de  Montgé  en  1118.  Bull,  de  la   Soeièlé  scient,  et  hist. 
de  la  Brie,  t.  IV,  fasc.  V,  1907. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  65 

—  M.  G.  Poulain  nous  décrit  le  Château- Sarrazin  à  Saint-Au- 
bin-sur-Gaillon  (Eure),  dominant  la  vallée  de  la  Seine  par  122  m. 
d'alt.  dans  les  bois  de  Brille-Haut,  dépendant  du  domaine  des 
Rotoirs.  C'est  une  enceinte  elliptique  de  40  X  35  m.,  fossés  com- 
pris. Du  côté  O.  de  l'enceinte,  un  fossé  ou  demi  lune  se  déta- 
che du  fossé  principal  avec  lequel  il  communique  et  semble  pro- 
téger une  entrée.  Un  chemin  herbeux  sectionne  le  talus  et  comble 
le  fossé. 

Les  fouilles  pratiquées  par  M.  Poulain  n'ont  donné  aucun  résul- 
tat. 

A  Villez-Champ-Dominel,  au  hameau  de  Gerrier-Arnault  est  une 
butte  circulaire  de  8  m.  de  haut  sur  40  m.  de  diamètre,  entourée  d'un 
fossé.  Anhistorique,  mais  certainement  point  préhistorique,  cette 
butte  porte  des  murailles  bâties  à  la  chaux,  et  renferme  en  son  inté- 
rieur, un  souterrain  maçonné,  avec  cinq  cellules  disposées  de 
chaque  côté  d'une  allée  médiane. 

—  Nous  recevons  de  Mme  Savoye,  qui  continue  pieusement  les  tra- 
vaux de  son  mari,  trop  tôt  enlevé  à  la  science,  un  certain  nombre  de 
documents  sur  le  Jura. 

Un  reste  d'enceinte  en  pierres,  près  de  laquelle  est  bâti  le  village 
de  Graye,  surmonte  une  butte  relativement  importante,  à  500  m.  de 
la  petite  rivière  de  Surain,  à  27  km.  de  Lons-le-Saunier.  La  muraille 
présente,  avec  ses  éboulis,  3  à  4  m.  d'épaisseur,  lm50à  2  m.  de  haut, 
mais  elle  ne  forme  plus  à  TE.,  qu'un  immense  chaos  encore  accru 
par  les  trous  et  les  déblais  produits  par  l'extraction  des  terres.  Çà  et 
là  des  pans  de  murs  avec  mortier  seraient,  dit-on,  les  restes  d'un  an- 
cien château.  Quelques  ossements,  débris  de  poterie  et  silex  taillés, 
ont  été  recueillis  sur  les  taupinières  et  semblent  indiquer  la  possibi- 
lité de  fouilles  fructueuses. 

Dans  le  Répertoire  palethnologique  publié  en  1904,  au  Congrès  de 
Grenoble  de  VA.  F.  A.  S.,  par  M.  E.  Chantre  etCuAUDius  Savoye, 
que  nous  envoie  également  Mme  Savoye,  nous  relevons  quelques 
enceintes  dont  il  n'a  pas  été  fait  encore  mention  dans  nos  bulletins, 
et  dont  nous  donnons  la  liste  :  Belmont,  Montbarrey  ;  Cernans,  Aux 
Barres,  le  Camp  de  Grandchamp ;  la  Chainée  des  Coupis,  les  Grands 
Travaux;  château  Châlon  ;  Equevillon,  sur  le  Mont  Revel;  Fay-en- 
Montagne,  sur  la  Montagne  du  Châtelet;  Fétigny  ;  Gevingey,  sur  la 
Montagne  de  Montorient  ;  Goux,  dans  la  Forêt  de  chaux;  Grand  Châ- 
tel,  sur  la  Montagne  de  Châtillon;  La  Loye;  Montmirrey-la-Ville,  au 
sommet  du  Mont-Guérin  ;  la  Tour-du-Meix,  à  Saint-Christophe.  Ce 
travail  fait  grand  honneur  à  ses  auteurs,  malgré  des  lacunes  biblio- 
graphiques regrettables,  et  des  dates  injustifiées  données  à  certaines 
enceintes.  Ainsi  les  deux  seules  enceintes  que  nous  connaissions 
personnellement  dans  le  Jura,  Sermu-sur-Baume  et   Coldres   sont 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE.  6 


66  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   PHAISÇAISE 

données  comme  néolithiques.  Or,  d'après  les  fouilles  de  L.  Clos(l), 
dans  les  remparts  de  ces  éperons  barrés,  les  fortifications  se  compo- 
sent d'une  levée  primitive  d'argile,  d'époque  absolument  indétermi- 
née, sur  laquelle  ou  devant  laquelle  s'élèvent  deux  murailles  paral- 
lèles, remontant  tout  au  plus  à  l'époque  romaine.  Tout  ce  que  l'on 
peut  dire,  c'est  que  la  levée  d'argile  est  antérieure  à  la  fin  de  l'époque 
romaine.  De  cette  toute  petite  critique  adressée  à  un  travail  considé- 
rable et  excellent  par  bien  des  points,  nous  ne  retiendrons  que  cette 
conclusion,  qu'il  vaut  beaucoup  mieux  mettre  à  côté  d'une  indica- 
tion d'enceinte,  la  mention  :  origine  primitive  indéterminée,  plutôt  que 
de  lui  attribuer  un  âge  pour  la  détermination  duquel  nous  manquons 
totalement  d'indication.  Nous  ferons  ainsi  œuvre  plus  utile. 

—  M.  A.  Wilmer  nous  fait  tenir  le  rapport  de  1910  sur  les  fouil- 
les faites  de  1907  à  1909,  par  le  Red-Hills  Exploration  Committee. 

Malgré  l'importance  de  ces  recherches  renouvelées  d'année  en 
année,  on  n'est  pas  encore  fixé  sur  la  destination  originelle  de  ces 
curieuses  buttes  rouges.  A  la  vérité,  le  Dr  Flinders  Pétrie,  après 
une  discussion  assez  serrée,  croit  pouvoir  conclure  définitivement  à 
des  exploitations  de  soude  par  la  combustion  de  plantes  marines  ou 
palustres  destinées  à  l'industrie  très  ancienne  et  toute  celtique  du  sa- 
von. Mais,  M.  H.  B.  Jenkins  trouve  encore  bien  des  objections  sé- 
rieuses à  décider  en  faveur  de  la  soude,  plutôt  que,  par  exemple,  du 
sel  marin.  Il  est  vrai  que  les  fragments  plus  ou  moins  scorifiés  dont 
il  a  été  fait  des  analyses,  ont  montré  que  leur  vitrification  acciden- 
telle n'était  point  due  à  la  potasse,  mais  bien  à  la  soude.  Mais  précisé- 
ment quelle  est  la  plante  marine  qui  aurait  ainsi  pu  fournir  l'un  plu- 
tôt que  l'autre  alcali  ?  De  nouvelles  analyses  de  scories  paraissent 
nécessaires  à  M.  Jenkins,  ainsi  que  de  nouvelles  observations  sur 
les  petits  amas  de  charbon  qu'il  est  advenu  de  rencontrer.  Sans 
doute  le  dernier  mot  restera-t-il  aux  chimistes,  aux  botanistes,  aux 
savants  de  laboratoire  de  toute  sorte,  dont  on  ne  s'est  jamais  fait 
faute  de  requérir  le  précieux  concours  ;  mais  il  est  à  remarquer  que 
ceux-ci,  en  l'apportant  sous  les  formes  les  plus  modestes,  en  même 
temps  que  les  plus  savantes,  ne  se  sont  jamais  avisés  —  autre  pays, 
autres  mœurs  !  —  de  commencer  par  déclarer  radicalement  stériles, 
parce  qu'ils  n'ont  pas  encore  abouti  à  une  solution  parfaite,  les  ef- 
forts que  multiplient  depuis  des  années,  à  grands  frais,  d'éminents 
archéologues,  pour  arriver  à  la  solution  d'un  problème  qui  relève 
maintenant  de  la  chimie  autant  que  de  l'archéologie.  —  A.  G. 

(1)L.    Clos.  —   Description  du  camp  antique  de  Sermu- sur-Baume  (Jura).  Mém. 
de  la  Soc.  d'Emulation  du  Jura.   3*  série,  1er  vol.  Lons-le-Saunier  1880. 
Id.   —  Le  Camp  de  Coldres,  id.  1877. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  67 

IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Quelques  remorques 

sur  les  alluvions  anciennes  inférieures 

de  In  vallée  du  Camion. 


P.  A.  GONIL  (Sainte-Foy-la  Grande.  Gironde). 

Dansson  récentarticle  Note  préliminaire  sur  les  alluvions  pleis- 
locènes  de  la  vallée  de  la  Dordogne,  paru  dans  le  Bulletin  de 
la  Société  du  mois  de  juin  dernier,  notre  collègue,  M.  Dublange, 
émet  son  opinion  sur  la  correspondance  géologique  de  certains 
niveaux  alluviaux  et  précise  la  position  de  gisement  des  fossiles 
de  Mammouth  découverts  à  Pombonne  en  1882  et  depuis. 

Ayant  déjà  fait.  Tannée  dernière,  à  la  séance  du  25  février, 
une  communication  sur  le  même  sujet,  qui  parut  au  Bulletin  sous 
le  titre  :  «  Les  alluvions  anciennes  de  la  vallée  du  Caudou  »,  je  crois 
maintenant  utile,  pour  éviter  toute  confusion  d'interprétation,  de 
préciser  certains  points  de  géologie  sur  lesquels  je  me  trouve  en 
contradiction  avec  M.  Dublange. 

Pour  suivre  facilement  ma  démonstration,  le  lecteur  voudra 
bien  se  reporter  au  mémoire  précité  (B.S.P.F.,  1909,  p.  100) 
ainsi  qu'à  la  coupe  qui  y  figure  page  102. 

A  la  page  350  du  Bulletin  de  juin  1910,  M.  Dublange,  en  par-' 
lant  de  la  terrasse  inférieure  du  Caudou  au  Bout  des  Vergnes, 
près  de  Bergerac,  dit  que  ces  alluvions  anciennes  sont  «  consti- 
tuées exclusivement  par  un  cailloutis  formé  de  petits  cralets  de 
calcaire...  et  par  du  sable,  etc.,  etc.  »,  ce  qui  est  parfaitement 
exact.  A  la  page  suivante  351,  au  paragraphe  Terrasse  supérieure, 
l'auteur  visant  les  alluvions  du  Bourg  de  Pombonne,  qu'il  ne 
décrit  pas,  et  qui  sont  identiques  à  celles  du  Bout  des  Vergnes, 
continue.  «  Rappelons  que  c'est  dans  ce  dépôt  à  une  altitudevoi- 
sine  (1),  mais  dans  le  bourg  de  Pombonne,  que  l'on  a  découvert 
ces  restes  de  mammouth  ».  Je  n'ai  jamais  dit  autre  chose,  quant 
au  lieu  de  la  découverte  (2),  et  M.  F.  Daleau  avec  moi  (3). 

Maintenant,  M.  Dublange  considère  les  susdites  alluvions  du 
bourg  de  Pombonne  (A  de  ma  coupe),  comme  constituant  la  ter- 

(1)  De  la  terrasse  B  de  ma  coupe,  située  sur  la  rive  opposée,  et  à  19  mètres  plus 
haut. 

(2)  B.  S.  P.  F.,  1909.  p.  101. 

^3)  Comptes  rendus  de  l'A.  F.  A.  S.  Congrès  de  la  Rochelle,  1882, 


68 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


■9  l         3  Ctn*. 


Fig.  i.  —  Silex  des  Alluvions  anciennes  inférieures  de  Pombonne  iDordogne).    ■ 

N"  1,1'  et  2,2',  lames  de  silex  de  type  paléolithique  de  la  terrasse  A  ou  inférieure  ;  —  3,3', 
silex  utilisés  ou  éolithes,  provenant  de  la  terrasse  B,  que  l'on  retrouve  avec  les  formes 
paléolithiques  dans  les  alluvions  A  (B.  S.  P.  F.,  1909,  p.  104) . 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  69 

rasse  supérieure  du  Caudou  qu'il  assimile  à  la  terrasse  B  de  ma 
coupe,  tandis  qu'il  regarde  les  graviers  du  Bout  des  Vergues 
comme  représentant  seuls  la  terrasse  inférieure  pléistocène  de  la 
même  rivière.  En  réalité,  il  n'en  est  pastout à  fait  ainsi.  Les  deux 
dépôts  sont  de  même  âge,  du  quaternaire  moyen,  et  constituent 
ensemble  la  Terrasse  inférieure.  Une  simple  comparaison  des 
niveaux  nous  le  prouvera  :  au  Bout  des  Vergnes,  la  différence  de 
niveau  entre  l'étiage  du  Caudou  etla  base  des  graves  est  d'environ 
un  mètre  et  de  cinq  mètres  avec  le  sommet  de  la  nappe  alluviale. 
A  Pombonne,  la  base  des  alluvions  anciennes  surplombe  aussi 
d'à  peu  près  un  mètre  le  lit  du  ruisseau  et  le  faîte  de  la  carrière 
actuellement  en  exploitation  est  à  lOmètres  au-dessusde  l'étiage. 
Ajoutons  que  le  Caudou  coule  directement  sur  les  sables  ter- 
tiaires sous-jacents,  par  conséquent  il  devient  bien  clair  que  les 
alluvions  du  Bout  des  Vergnes  sont  l'équivalent,  à  3  kilomètres 
en  aval,  de  ceux  du  bourg  de  Pombonne  et  que  les  fossiles  <ÏE. 
Primigenius  et  les  silex  taillés  gisent  en  pleine  terrasse  infé- 
rieure. Soulignons  encore  l'identité  absolue  des  deux  dépôts  dans 
lesquels  prédomine  le  petit  élément  calcaire.  Il  est  aussi  utile  de 
faire  remarquer,  au  sujet  des  silex  décrits  (Fig.  1),  qu'il  yen  a  de  deux 
sortes  :  les  uns  de  type  paléolithique  bien  net,  contemporains 
de  la  couche,  et  d'autres,  plus  anciens,  de  couleur  chocolat  (éoli- 
thes  et  strépyien  inférieur)  originaires  de  la  terrasse  B  (coupe 
p.  101)  de  la  rive  droite.  Cette  dernière  ne  peut  être  confondue 
avec  la  précédente  (l'inférieure  A  de  Pombonne)  pour  plusieurs 
raisons.  D'abord  elle  la  surplombe  de  19  mètres  de  sommet  à 
sommet  ;  ensuite,  tandis  que  les  graves  de  la  terrasse  inférieure 
sont  en  général  à  petits  éléments  calcaires  de  couleur  claire,  les 
alluvions  de  la  terrasse  B  sont  à  gros  éléments  de  couleur  foncée 
avec  prédominance  de  silex.  L'une  a  été  formée  en  majeure  partie 
aux  dépens  du  Danien  et  l'autre  du  Sénonien.  Il  s'en  suit  que 
l'équivalence  entre  les  alluvions  de  Goutancie  (vallée  de  la  Dor- 
dogne)  et  celles  du  bourg  de  Pombonne  ne  saurait  non  plus  être 
soutenue. 

Quand  on  aborde  Pétude  des  alluvions  quaternaires,  il  est  quel- 
queiois  prudent  de  ne  pas  s'en  rapporter  aveuglément  aux  cartes, 
même  géologiques,  et  de  contrôler  soigneusement  les  niveaux.  Il 
m'est  arrivé  plus  d'une  fois  de  trouver  des  éolithes,  des  coups  de 
poing  et  du  Mammouth,  dans  des  alluvions  figurées  sur  les  cartes 
comme  Alluvions  récentes.  On  ne  saurait  donc  apporter  trop  de 
soins  au  contrôle  des  découvertes  si  on  tient  à  ne  pas  embrouiller 
les  faits  et  à  procurer  une  contribution  utile  à  l'étude  des  ter- 
rains quaternaires. 


70  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Il  serait  aussi  à  désirer  que  les  Géologues  consentent  à  consi- 
dérer les  silex  taillés  comme  de  vrais  fossiles,  pouvant,  dans  cer- 
tains cas,  les  aider  au  classement  des  terrains. 

M.  le  Dr  M.  Baudouin.  —  Je  me  permets  d'appuyer  très  vi- 
goureusement les  dernières  réflexions  de  notre  collègue,  relatives 
aux  Caries  géologiques  officielles.  —  Comme  je  l'ai  écrit  dans 
nombre  de  mes  publications  (1),  comme  je  l'ai  dit  plusieurs  fois  à 
la  Société  des  Sciences  Naturel/es  de  F  Ouest  de  la  France  de 
Nantes  (2),  et  comme  je  l'ai  répété  récemment  au  Congrès  de 
Tours  (1910),  les  cartes  sont  trop  souvent  inexactes,  par  ce 
qu'elles  sont  faites  trop  vite,  et  surtout  parce  qu'elles  sont  à 
trop  petite  échelle.  —  Par  suite  elles  induisent  souvent  en  erreur 
le  Préhistorien  ;  elles  m'ont  souvent  trompé,  en  particulier  dans 
l'étude  des  Souterrains-refuges,  des  Puits  funéraires,  et  de  l'é- 
tude pétrographique  des  éléments  architectoniques  des  Dolmens. 

Il  les  faudrait  au  moins  au  1/50.000,  et  non  pas  au  1/80.000  ;  ce 
changement,  en  tout  cas,  serait  fort  désirable  et  le  moins  dispen- 
dieux, en  attendant  que,  pour  certaines  régions,  on  puisse  avoir 
des  cartes  au  1/20.000. 

Je  demande  aussi,  de  mon  côté,  que  les  Géologues  étudient  les 
Souterrains  et  les  Puits,  qui  pourront  les  renseigner  aussi  bien 
que  les  carrières  et  les  mines! 

(1)  Presque  toutes. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Noies  géologiques  sur  le  quartier  du  Moulin-Neuf, 
commune  de  La  Roche-sur- Yon  (V.)  [à  propos  d'un  Souterrain-refuge].  —  Notes 
géologiques  sur  le  rivage  vendéen  du  Havre  de  la  Gachère  à  la  Vie  [à  propos  d'un 
Puits  funéraire  et  d'une  Carrière  à  Dolmens,  sur  le  bord  de  l'Océan].  —  Découverte 
d?un  pointement  intéressant  de  pegmatite,  à  Apremont  (V).  ["à  propos  d'un  faux- 
Dolmen]  .  —  Découverte  d'un  îlot  cénomanien  dans  le  Marais  de  Mont,  au  Loisson 
(Saint-Hilaire-de-Riez,  V.),  [à  propos  d'un  dépôt  de  Haches  polies  et  d'une  trou- 
vaille de  Hache  en  bronze].  —  Découverte  d'nn  nouveau  gisement  de  Calcaire 
grossier  inférieur  dans  le  Marais  du  Mont  (V.)  ;  La  Roche-Garembot  [à  propos 
d'un  Faux-Dolmen],  —  Ces  notes,  géologiques,  ont  paru  dans  les  Bulletins  de  la  So- 
ciété des  Sciences  Naturelles  de  l'Ouest  de  la  France,  en  1905,1907, 1908, 1909  et  1910. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  71 


Si  lux.    en   forme  rie  Rabot 
provenant  de  Vendrest  (Seine-et-Marne). 

PAU 

L.   GIRAUX    Saint -Mandé.  Seine). 

La  pièce  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  provient  de  la 
commune  de  Vcndrest  (Seine-et-Marne).  Elle  a  été  trouvée  près 
du  village,  a  la  surface  du  sol,  avec  plusieurs  autres  pièces  néo- 
lithiques :  grattoirs,  percuteurs,  etc.  C'est  un  silex  d'un  blanc 
laiteux,  très  dense,  d'une  composition  très  homogène,  provenant 
de  la  formation  dite  de  Saint-Ouen,  que  l'on  rencontre  sur  toutes 
les  hauteurs  faisant  partie  du  territoire  de  cette  localité. 


Fig.  1.  —  Dessin  schématique,  donnant  la  forme  de  la  pièce  et  la  disposition  des  éclats 
iGrandeur  naturelle). 

Cette  pièce,  vue  de  profil,  se  présente  à  peu  près  sous  la  forme 
d'un  trapèze  dont  deux  des  côtés  seraient  irréguliers;  ses  di- 
mensions sont  les  suivantes  : 

Longueur  à  la  base .  60  millimètres 

Largeur  à  la  base 26         — 

Longueur  à  la  partie  supérieure...  25  — 

Largeur  à  la  partie  supérieure 20  — 

Epaisseur 38  — 

La  forme  de  cette  pièce,  et  surtout  la  façon  dont  elle  est  taillée, 
permet  de  lui  donner  le  nom  de  rabot.  La  figure  schématique  ci- 
dessus  [Fig.  i),  donne  le  contour  de  cette  pièce,  ainsi  que  la  dispo- 
sition des  éclats  qui  ont  été  enlevés  pour  la  former.  La  face  opposée 
de  cette  pièce  est  sensiblement  la  même  que  celle  représentée. 

Examinons  comment  elle  a  été  taillée.  La  partie  formant  la 
base  a  été  obtenue  d'un  seul  coup  de  percusion  ;  elle  est  plate  et 


72  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

extrêmement  lisse  et  est,  à  peu  de  chose  près,  horizontale;  le 
point  de  frappe  a  dû  être  donné  à  la  partie  de  la  pièce  présen- 
tant l'angle  le  plus  aigu,  car,  à  cet  endroit,  il  y  a  l'esquille  qui  se 
forme  généralement  près  du  point  de  percussion.  Le  cône  de 
percussion  ne  se  voit  pas  ;  il  a  dû  probablement  être  enlevé  en 
détachant  ensuite  la  lame  qui  part  de  ce  point.  Après,  tout 
au  tour  de  cette  partie  plane  et  dans  une  direction  à  peu  près 
perpendiculaire,  on  a  détaché  des  lames  sensiblement  de  même 
largeur  et  au  nombre  de  neuf,  soit  quatre  de  chaque  côté  et  une 
en  arrière  de  la  pièce;  cette  opération  a  donc  donné  la  forme 
voulue;  ces  lames  devaient  se  prolonger  jusqu'à  la  partie  supé- 
rieure et  la  pièce  ne  pouvait  pas  être  facilement  tenue.  C'est  alors 
que,  par  une  seconde  opération  sur  la  moitié  supérieure  de  la 
pièce,  il  fut  enlevé  des  lames  parallèles  au  plan  de  frappe  et  par 
conséquent  presque  perpendiculaires  aux  premières  lames  déta- 
chées. D'autres  lames   plus  petites  furent  enlevées  au  point  de 


Fig.  2.  —  La  pièce  vue  sur  ses  deux  faces  (3/4  de  grandeur  naturelle). 

rencontre  et  formèrent  tout  autour  une  partie  plus  profonde  qui 
permit  d'obtenir  une  préhension  beaucoup  meilleure.  Enfin  pour 
terminer,  une  lame  fut  enlevée  à  la  partie  supérieure  et  cela  sur 
un  plan  à  peu  près  parallèle  à  celui  formant  la  base  de  la  pièce. Une 
petite  partie  du  cortex  est  restée  en  arrière  à  la  partie  supérieure. 

Cette  pièce  ainsi  taillée  peut  être  tenue  d'une  façon  très  solide 
entre  le  pouce  allongé  d'un  côté,  et  l'index  replié  de  l'autre,  la 
partie  supérieure  arrière  venant  se  loger  entre  le  pouce  et  l'index 
et  permet  ainsi  de  la  pousser  en  avant  avec  beaucoup  de  force. 

Il  me  semble  qu'il  est  impossible  de  dire  que  cette  pièce  est 
un  nucléus  ;  sa  préparation  et  le  soin  avec  lequel  elle  a  été  taillée 
n'auraient  pas  dans  ce  cas  leur  raison  d'être.  La  disposition  n'est 
pas  non  plus  celle  d'un  grattoir.  Je  crois  que  ces  considérations 
me  permettent  de  dire  que  cette  pièce  est  un  rabot  (Fig.  2). 

Cette  question  des  Rabots  en  silex  a  déjà  soulevé  bien  des  dis- 
cussions intéressantes  à  la  Société  préhistorique  française  (Voir 
Bibliographie).  Un  certain  nombre  de  pièces  provenant  de  divers 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  73 

niveaux  ont  été  présentés  par  plusieurs  de  nos  collègues;  mais  il 
me  semble  qu'aucune  pièce  aussi  typique  que  celle  que  je  vous 
apporte  ne  vous  ait  été  soumise  jusqu'à  ce  jour. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Em.  Rivière  —  Les  rabots  magdaléniens  de  la  Dordogne  [Bulletin  de  la  Société 
préhistorique  de  France,  année  1905). 

D'Le:*ez.  —  A  propos  des  rabots  en  silex.  Grattoirs  on  nucléus  {Bulletin  de  la  S.  P. 
F.,  année  1905)., 

A.  Doigneav.  —  Note  sur  les  rabots  préhistoriques  {Bulletin  de  la  S.  P.  F., 
année  1906). 

Dr  Baudos.  —  Quelques  notes  sur  les  rabots  [Bulletin  de  la  S.  P.  F.,  année  19Q6;. 

A.  Doigneac.  —  Sur  la  préhension  et  la  détermination  des  rabots  en  silex  {Bul- 
letin delà  S.  P.  F.,  1906). 

Gaston  Moeel.  —  Note  sur  un  rabot  {Bulletin  de  la  S.  P.  F.,  1906). 

Lieutenant  Gimon.  —  Mode  d  emploi  des  rabots  ou  grattoirs  verticaux  {Bulletin 
de  la  S.  P.  F.,  1907). 


74  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Inventaire  de«  Mégalithes  du  Pay*  de  Guérande 
(Loire-Inférieure). 


H.  QUILGARS  (d'Evreux). 

Pour  juger  la  civilisation  néolithique,  qui  n'a  laissé  aucun 
document  écrit  déchiffrable,  il  reste  des  monuments  appelés  dol- 
mens, menhirs,  alignements,  des  outils  et  objets  de  pierre,  ainsi 
que  des  tessons  de  poterie,  disséminés  à  travers  les  champs.  Ces 
vestiges  d'une  apparente  pauvreté  font  cependant  découvrir  à 
cette  époque  néolithique,  une  culture  intellectuelle  avancée,  des 
rites  religieux  bien  définis,  un  travail  immense  dans  toutes  les 
manifestations  de  l'activité  humaine. 

Dans  l'ensemble  des  communes  qui  constituent  la  région  Gué- 
randaise,  l'inventaire,  publié  en  1880,  par  la  Sous-Commission  des 
Monuments  mégalithiques  (1),  énumère  15  dolmens  et  11  menhirs. 

Ces  chiffres  sont  d'une  très  grande  inexactitude.  Beaucoup  de 
monuments  ont,  en  effet  disparu;  et  le  souvenir  ne  s'en  est  pas 
conservé;  maison  peut  néanmoins  citer  avec  certitude  comme 
existant  ou  ayant  existé  dans  Fensemble  du  pays  de  Guérande  : 
72  dolmens  et  monuments  analogues;  28  menhirs;  2  cromlec'hs; 
2  alignements. 

A  cette  nomenclature,  il  faut  ajouter  une  quantité  de  sépultures 
sous  roche,  et  des  pierres  portant  des  gravures. 

Voici  la  liste  de  ces  monuments  aussi  complète  que  possible  : 

A.  —  Dolmens. 

Commune  de  Guérande  (13  dolmens).  —  1.  Dolmen  de  San- 
dun.  Ce  monument  est  composé  de  neuf  supports;  il  est  orienté 
N.-O.-S.-E,  et  fermé  au  N.-O.  Les  tables  de  recouvrement  ont 
disparu  (2).  —  2.  La  Pierre  Levée,  dans  un  champ  à  droite,  sur 

(1)  Cet  inventaire  a  été  publié  dans  les  Mémoires  delà  Société  d'Anthropologie 
(Paris,  1880,  in-8p).  —  Il  a  été  établi  pour  le  département  de  la  Loire-Inférieure, 
par  M.  Henri  Martin,  sénateur,  président  de  la  sous-commission.  —  En  dehors 
de  cet  inventaire  officiel,  il  en  existe  trois  autres  :  l'un  manuscrit,  rédigé  en  1846 
avec  dessins  à  l'appui,  par  M.  Th.-F.  Quilgars,  membre  du  Conseil  général  de  la 
Loire-Inférieure;  le  second,  publié  en  1877,  par  M.  Kerviler,  ingénieur  en  chef  des 
ponts  et  chaussées,  dans  le  Bulletin  archéologique  de  l'Association  Bretonne,  sous 
le  titre  de  Statistique  des  monuments  mégalithiques  de  la  région  guérandaise  ;  —  le 
troisième,  par  M.  P.  de  Lisle,  dans  son  Dictionnaire  archéologique  de  la  Loire- 
Inférieure. 

(2)  H.  Quilgars.  —  Fouilles  du  dolmen  de  Sandun. —  Nantes,  1897,  in-8°. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  "5 

la  route  de  Guérande  à  Saille.  Cette  pierre  est  un  reste  de  dol- 
men (1).  — 3-7.  Restes  de  dolmens  signalés  en  1877,  par  M.  Ker- 
viler  à  Drienno,  Le  Mené,  Connerie,  Tromarlin,  Coêtpéan  (2). 
Il  est  impossible  de  juger  actuellement  de  la  disposition  de  ces 
ruines.  —  8.  La  Pierre  Beurrée,  dans  le  champ  des  Vertins  à 
Haut-Morac.  C'est  une  grande  table  de  granit,  près  de  laquelle 
on  voyait,  il  y  a  quelques  années,  des  supports.  — 9.  Reste  de 
dolmen,  entre  le  château  de  Careil  et  Mérionnec.  On  y  remarque 
une  grande  table,  et  une  pierre  debout  enfoncée  en  terre.  — 
10.  Près  du  village  de  Pradel,  restes  d'une  allée  couverte,  compo- 
sée de  trois  blocs, 'dont  l'un  forme  fond.  Orientation  :  N.-O.-S.-E. 
—  il.  Sur  la  route  de  Guérande  a  Escoublac,  à  l'embranchement 
du  chemin  de  la  métairie  de  Villeneuve,  on  voit,  au  bord  d'un 
talus,  une  grande  table  de  pierre,  provenant  certainement  d'un 
dolmen.  —  12.  Dans  l'île  de  Figola,  au  croisement  des  routes  de 
Guérande  à  Mesquer  et  de  Clis  à  la  Madeleine,  se  trouvent  les 
restes  d'un  dolmen  formé  d'une  table  reposant  sur  deux  supports 
enfouis  en  terre.  —  13.  A  Lévèrac,  ruines  d'un  dolmen,  près  de 
la  métairie. 

Commune  du  Croisic  (2  dolmens).  —  14.  Restes  d'un  dolmen 
hla  Pointe.  Il  existe  encore  deux  supports,  qui  indiquent  que  ce 
monument  était  orienté  N.-O.-S.-E.  —  15.  En  mer,  sur  le  pla- 
teau du  Four,  grand  tumulus,  qui  n'a  jamais  été  fouillé. 

Commune  de  la  Tcrbai.le  (2  dolmens).  —  16.  Restes  d'un 
dolmen  au  village  de  Brandu;  deux  pierres  formaient  les  côtés 
de  l'allée,  une  troisième  le  fond  ;  tout  autour,  vestiges  d'un  tumu- 
lus. Ces  ruines  ont  été  détruites  en  1909.  —  17.  Vestiges  d'un 
dolmen  avec  tumulus  signalés  par  M.  de  Lisle,  au  nord  de  Tré- 
vali  (3).    Il  n'en  reste  plus  trace. 

Commune  de  Piriac  (3  dolmens).  —  18.  Débris  de  dolmen  a 
Kertrellan  entre  Boule  et  Lauvergnac  (4).  —  19.  Débris  de  dolmen 
à  Bolomel  (5).  —  20.  Restes  d'un  dolmen  à  Kervaudu,  près  de 
Saint-Sébastien. 

Commune  de  Mesquer  (1  dolmen).  — 21.  KKerallement,  M.  Ker- 
viler  signale  les  ruines,  aujourd'hui  disparues,  d'une  allée  cou- 
verte (6). 

(1)  De  Lisle.  —  Diction,  archéol.  de  la  L.-lnf. 

(2)  R.  Kerviler. —  Statistique  des  mon.  mégal.  de  la  région guërandaise, 

(3)  De  Lisle.  —  Diction. 

(4)  Id. 

(5)  R.  Kerviler.  —  Statistique. 

(6)  R.   Kerviler.  —   Statistique. 


76  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Commune  de  Saint-Lyphard  (18  dolmens).  —  22.  Au  village  de 
Kerbourg,  dans  l'île  de  La  Motte,  est  un  beau  dolmen,  long  de 
7m70,  formé  d'une  galerie  couverte,  large  de  0m70,  aboutissant 
à  une  crypte  de  2m38x3m15  de  surlace  et  de  lm50  de  hauteur, 
recouverte  de  larges  tables  de  pierre.  L'orientation  générale  du 
monument  est  S.-E.-N.-O.  avec  la  crypte  au  S.-E.(?).  Ce  monument 
fut  fouillé,  il  y  a  longtemps,  par  un  anglais,  dit-on,  et  le  résul- 
tat de  ses  fouilles  est  inconnu.  —  23.  Au  même  lieu,  et  à  une 
cinquantaine  de  mètres  du  monument  précédent,  sont  les  ruines 
d'un  autre  dolmen  de  même  orientation,  mais  qui  devait  être  plus 
considérable.  L'emplacement  de  ce  monument  a  été  bouleversé  et 
dans  les  fouilles  qui  y  ont  été  faites  dans  la  suite,  on  a  découvert 
un  petit  celt,  les  fragments  d'un  vase  en  terre  noire,  de  la  cendre, 
du  charbon,  des  silex  (1).  —  24.  Au  village  de  Kerlô,  dans  l'île 
du  Len,  ruines  d'un  grand  tumulus  à  deux  chambres  dont  il  ne 
reste  plus  qu'une  table  (2).  —  25.  Au  village  du  Crugo,  ruines 
d'un  grand  dolmen  dont  il  reste  encore  huit  tables  (3).  —  26-28. 
Au  village  du  Clos-Dorangc,  au  bord  de  la  Brière,  trois  dolmens 
dont  il  ne  reste  plus  que  deux  pierres  (4).  —  29-31.  Dans  le  bois 
de  Crévy,  trois  dolmens  contigus  qui  devaient  faire  partie  d'un 
tumulus  unique.  L'un  d'eux  est  complet;  un  autre  paraît  inviolé; 
le  troisième  est  presque  totalement  détruit. — 32 .  A  La  Pierre 
Blanche  de  Tremelu,  ruines  d'un  dolmen  dont  il  ne  reste  qu'un 
support  en  quartz  et  un  autre  en  granit  portant  des  cupules  (5). 
—  33-35.  Au  village  de  Bréca,  ruines  d'un  tumulus  à  trois  dol- 
mens dont  il  reste  encore  quelques  pierres.  —  36.  A  Arbourg, 
ruines  d'un  dolmen.  —  37.  Entre  les  villages  de Kerverte  et  d' Ar- 
bourg, dans  les  marais  et  sur  le  bord  de  la  route  de  Saint-Lyphard, 
à  Pontpas,  un  dolmen  a  été  récemment  fouillé  et  complètement 
détruit.  — 38-39.  A  Mézerac,  ruines  de  deux  dolmens. 

Commune  d'Herbignac  (4  dolmens).  —  40.  A  la  butte  de  Coul- 
men,  dolmen  en  forme  de  croix  composé  d'un  couloir  aboutissant 
à  quatre  chambres.  Ce  beau  monument  a  été  fouillé  à  une  époque 
inconnue.  —  41-42.  Au  même  lieu,  et  au  nord  du  monument 
précédent,  restes  de  deux  petits  dolmens  qui  ne  semblent  pas 
avoir  été  fouillés.  —  43.  Dans  les  landes  entre  Herbignac  et 
Saint-Lyphard,  un  dolmen  signalé  en  1846. 

(1)  H.  Quilgars. —  Quelques  considérât,  sur  les  mon.  mégal.  Annales  de  Bre- 
tagne, XIII-1897.  — id.  Guérande  préhistorique,  p.  23. 

(2)  De  Lisle.  Dictionnaire;  —  H.  Quilgars.   Guérande  préhist,,  p.  27. 

(3)  Id. 

(4)  Desmars.  La  presqu'île  guérandaise; —  H.  Quilgars.  Guérande  prékist., 
p.  25. 

(5)  H.  Quilgars.  — Le  menhir  de  la  Pierre-Blanche.  —  Bull,  de  la  Soc.  Archéol. 
de  Nantes,  1899. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  77 

Commune  de  Saint-Joachim  (en  Brière)  (2  dolmens). —  44.  Rui- 
nes du  tumulus  de  Bombardant  avec  dolmen,  près  du  village  de 
Clos-Dorange.  —  45.  Entre  la  Butte  des  Pierres  et  le  menhir  de 
la  Roche  au  Moine,  dolmen  enfoui  dans  la  tourbe. 

Commune  de  la  Chapelle-ûes-Marais  (1  dolmen).  —  46.  Près 
du  bourg  de  Berçon,  un  grand  dolmen  signalé  en  1846. 

Communb  de  Saixt-Nazaire  (17  dolmens).  —  47.  Dolmen  du 
Prieuré  en  la  ville  de  Saint-Nazaire.  —  48.  Tumulus  de  Dissi- 
gnac. Ce  beau  tumulus  renferme  deux  galeries  avec  deux  cham- 
bres  de  trois  mètres  de  long  et  de  trois  mètres  de  haut.  Dans 
l'une,  deux  rangs  de  pierre  en  encorbellement  servent  à  exhaus- 
ser les  supports  (1).  —  49.  A  Dissignac,  près  du  tumulus,  rui- 
nes d'un  dolmen.  —  50.  Au  village  du  Pez,  tumulus  avec  dol- 
men à  deux  galeries,  identique  à  celui  de  Dissignac  (2).  —  51.  A 
Trégouêt,  ruines  d'un  tumulus  à  deux  galeries.  —52-57.  A  Beau- 
regard,  ruines  de  six  tumulus  avec  chambres  (3).  —  58.  A  Si/il, 
restes  d'un  dolmen  (4).  —  59.  A  Marsaint,  restes  d'un  dolmen 
(5).  —  60.  Au  village  de  Y  Etang,  restes  d'un  dolmen  (6).  —  61. 
A  Ust,  débris  d'un  tumulus  à  deux  galeries  (7).  —  62.  A  la  cha- 
pelle de  Toutes- Aides,  ruines  d'un  dolmen  (8).  —  63.  A  Cuneix^ 
dolmen  (9). 

Commune  de  Saint-André-dbs-Eaux  (5  dolmens).  —  64-65.  A 
Coëtcas,  ruines  de  deux  dolmens  (10).  —  66.  Au  Chatelliei\  au 
bord  de  la  Brière,  ruines  d'un  dolmen  (11).  —  67-68.  A  Avrillac, 
ruines  de  deux  dolmens  (12). 

Commune  d'Escoublac  (2  dolmens).  —  69.  A  la  Grée-Guil- 
laume, débris  de  dolmen  v13).  —  A  Treveday,  restes  de  dol- 
men (14). 

Commune  de  Pénestin  (2  dolmens).  —  71.  Grand  tumulus  de 
Méarzein,  à  coffres  (15).  —  A  Tréhiguer,  dolmen  du  Seal. 


(1)  A.  Martin  et  R.   Kerviler.   —  Fouilles  du  tumulus  de  Signac.  —  Bull,  de  la 
Soc.    arch.  de  Nantes,  1873.   —  P.  de  Lisle.  Diction,  archéol. 

(2)  P.  de  Lisle.  —  Diction. 

(3)  R.  Kervler.  Statistique.  —  P.  de  Lisle.  Diction. 

(4)  Id. 

(5)  R.  Kerviler.  Statistique.  —  P.  de  Lisle.  Diction. 

(6)  Id.  —  (7)  Ld.  —  (8)  Id. 
(9)  Id.  —  ;10;  Id.  —  (11)  Id. 
(12)  Id.  -  (13)  Id.  -  (14)  Id* 

(15)  H.  Quilgars.  Explorât,  dans  ta  commune  de  Pénestin,  et  fouilles  du  tumulus 
de  Mearzein.  Bull,  de  la  soc.   Polymathique  du  Morbihan,  1902. 


Ï8  SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE   FRAKÇAISE 

Tous  ces  dolmens  se  répartissent  ainsi  qu'il  suit  : 

Dolmens  à  une  galerie  et  chambre  funéraire 2 

Dolmens  sans  galerie,  à  chambre  ronde  ou  ovale. .  4 

Galeries  rectangulaire  servant  de  i  fermées  de  tous  côtés  9 

chambres  funéraires.              j  ouvertes  d'un  côté..  32 

Dolmens  à  deux  galeries 5 

Dolmen  cruciforme 1 

Tumulus  à  coffres 1 

Monuments  indéterminés,  à  cause  de  leur  état  de 

ruine 18 

B.  Menhirs. 

Commune  de  Guérande  (5  menhirs).  —  1.  A  Bissin,  beau  men- 
hir (1).  —  2.  Au  même  lieu,  autre  menhir  près  de  Brézan  (2).  — 
3.  A  Merionnec,  menhir  dans  un  talus.  —  4.  A  Cougor,  menhir 
tombé  dans  un  fossé  (3).  —  5.  A  Clis,  menhir  aujourd'hui  dé- 
truit (4). 

Commune  de  Batz  (2  menhirs).  —  6.  Menhir  de  Saint-Michel, 
au  bord  de  la  côte.  —  7.  Autre  menhir  (5). 

Commune  du  Croisic  (2  menhirs).  —  8.  Menhir  de  la  Pierre- 
Longue  (6).  —  9.  Autre  menhir,  à  proximité  du  précédent,  si- 
gnalé en  1475  (7). 

Commune  de  la  Turralle  (2  menhirs).  —  10.  ABréhet,  un  men- 
hir est  signalé  en  1678  sous  le  nom  de  «  Pierre  de  Pelven  au- 
trement de  l'Espervier  »  (8).  -  11.  A  Coëtpean,  menhir  dans  un 
talus. 


(1)  P.  de  Lisle.  —  Diction. 

(2)  ID. 

(3)  Il  s'agit  de  la  Petra  Concor,  citée  dans  une  charte  du  ix*  s.  du  Cartulaire  de 
Redon. 

(4)  P.  de  Lisle.  —  Diction. 

(5)  P.  de  Lisle.  —  Diction . 

(6)  Ce  menhir  pourrait  bien  ne  pas  être  un  monument  mégalithique.  Sa  situa- 
tion, semblable  à  celle  de  Saint-Michel-de-Batz,  porte  à  croire  que  cette  pierre  a 
été  érigée    à    une  époque  assez    récente,  pour  servir  d'indication  à  la  navigation. 

Voici  à  son  sujet  une  curieuse  lettre  adressée  par  David  de  Drésigué,  subdélégué 
du  Croisic,  à  l'Intendant  de  Bretagne.  «  Croisic,  7  juillet  1166.  J'ai  l'honneur  de 
vous  exposer  que  la  Pierre-Longue  située  à  la  côte  du  Croisic  (qui  esloit  un  ancien 
monument  servant  de  marques  à  la  navigation),  ayant  été  renversée  la  nuit  du  18au 
19  avril  dernier,  j'eu  l'honneur  d'en  informer  M  le  duc  d'Aiguillon  qui  me  donna 
ordre,  le  1k  may  suivant,  de  la  faire  relever,  et  m' ajout  aque  la  dépense  nécessaire 
seroit  prise  sur  le  produit  des  deniers  d'octrois.  Cette  dépense  s'est  montée  à  25  li- 
vres 15  sols.  »  (Arck.  de  la  L.-Inf.,  C  164). 

(7)  Arch.  de  la  L.-Inf.,  B  682. 

(8)  Arch.  de  la  L.-Inf.,  B  1509,  f.  866. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  79 

Commune  de  Saixt-Lyphard  (8  menhirs).  —  12.  A  Kerlô,  men- 
hir signalé  par  Vergé  (1).  —  13.  A  Kercabus,  un  menhir  dans 
un  laius,  entre  la  route  de  Mesquer  et  le  manoir.  —  14.  A  Ker- 
veloehe,  grand  menhir  dans  le  village  au  bord  d'une  fontaine.  — 
15-19.  Quatre  menhirs  signalés  à  la  Croix-Longue,  à  la  Messa- 
gerie, près  du  Clos-Dorange  et  près  des  Grands-Fossés  (2). 

Commune  de  S  aint- Jo  achiN  (en  Brière)(1  menhir). —  20.  Menhir 
de  la  Roche-au-Moine  (3). 

Commune  d'Assérac  (1  menhir).  —  21.  Une  grande  pierre  le- 
vée mentionnée  en  1614,  sous  le  nom  de  la  Pierre  Rousse  (4). 

Commune  de  Saixt-Axdré-des-Eaux  (1  menhir).  —  22.  Menhir 
de  la  Pierre-Gergo  (5). 

Commune  de  Saixt-Xazaire  (3  menhirs).  —  23.  Menhir  du 
Grand-Pré  (6).  —  24.  Menhir  de  la  Demurerie  (7).  —  25.  Men- 
hir d'Aiguillon   (8). 

Commune  d'Escourlac  (1  menhir).  —  26.  Un  menhir  mentionné 
dans  l'inventaire  de  la  sous-commission  des  monuments  méga- 
lithiques. 

Commune  de  Mesquer  (1  menhir).  —  27.  Un  menhir  men- 
tionné dans  le  Dictionnaire  de  Topographie  des  Gaules. 

Commune  de  Penestix  (1  menhir).  —  28.  Menhir  du  Seal,  à 
Tréhiguer. 

C.  —  Alignements. 

1.  Entre  le  village  d'Arbourg  et  les  marais  tourbeux,  subsistent 
les  vestiges  d'un  vaste  alignement.  En  1900  on  y  comptait  encore 
52  pierres  levées,  réparties  en  sept  rangs  orientés  N.-O.  Suivant 
les  dires  des  paysans,  ces  rangs  de  pierres  se  poursuivaient,  il  y 
a  peu  de  temps,  au  loin  dans  la  lande,  du  côté  d'Herbignac.  — 
2.  Au  village  du  Clos-Dorange,  on  voyait  il  y  a  quelque  trente 
ans  les  restes  d'un  alignement,  dont,  aujourd'hui,  il  ne  reste  plus 
une  pierre  (9). 

(1)  P.  de  Lisle.  —  Diction. 

(2)  P.  de  Lisle;  Id.  —  Inventaire  manuscrit. 

(3)  G.  Orieux. —  Le  menhir  de  la  Brière  au  Clos-d' Orange  {Bull,  de  la  Soc.  archéol. 
de  Nantes,  1891). 

(4)  Arch.  de  la  L.-Inf.,  E  285. 

(5)  P.  de  Lisle.  —  Diction. 
|6)  Id.  —  17)  Id.  —  (8)  Id. 

(9)  P.  de  Lisle.  —  Dictionnaire  [Loc.  cil]. 


80  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

D.  —  Cromlechs. 

Deux  cromlec'hs  ont  été  vus  par  M.  Kerviler,  l'un  à  la  Chaus- 
sée-Neuve, en  Saint-André,  où  l'on  ne  voit  plus  que  quelques 
pierres  ;  l'autre  à  Crévy,  en  Saint-Lyphard  (1). 

E.  —  Monuments  divers. 

Au  Bretineau,  en  la  commune  de  Guérande,  se  trouve  une 
vaste  enceinte  trapézoïdale,  formée  de  gros  blocs  contigus,  lon- 
gue de  81  mètres  (2). 

Il  existe  encore  un  certain  nombre  de  pierres  isolées,  qui  ne 
peuvent  rentrer  ni  dans  la  catégorie  des  dolmens  détruits,  ni 
dans  celle  des  menhirs.  Ce  sont  des  blocs  de  pierre  ordinaire- 
ment plats;  les  fouilles  ont  démontré  que  ces  pierres  consti- 
tuaient des  monuments  complets,  qui  recouvraient  des  sépultures. 

Dans  la  région  de  Guérande,  ils  étaient  fort  nombreux.  Il  en 
existe  encore  trois  à  la  Grée  de  Sandun  et  un  certain  nombre  au- 
tour du  monument  de  Bretineau,  et  d'autres  ont  été  détruits  tout 
récemment  à  Crémeur,  à  la  Pradonnais  et  dans  la  commune  de 
Saint-Lyphard. 


(1)  R.  Kerviler.  —  Statistique. 

(2)  P.   de  Lisle.  — Le  grand  monument  de   Boga.   Bull,    de   la  Soc.    archeol. 
Nantes,  1890.  —  H.Quilgars.  La  Nécropole  du  Bretineau  (id . ,  1900). 


*/ 


SEANCE  DU  23  FEVRIER    19  11 


Présidence  de  M.  L.  COUTIL. 


AVI  S 

MM.  les  Membres  de  la  Société  Préhistorique  Française 
sont  invités  à  adresser  le  montant  des  cotisations  de  1911 
à  If.  Gillet,  30,  rue  Gardenat-Lapostol,  Suresnes,  avant  le 
30  Avril  prochain.  —  Passé  cette  date,  le  recouvrement  sera 
effectué  d'office  par  la  poste. 


PROCÈS-VERBAL   DE  LA  SÉANCE 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière 
séance  [26  janvier  1911].  —  Le  procès-verbal  est  adopté. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  connaissance  des  notes  reçues  à 
propos  du  procès-verbal,  et  envoyées  par  MM.  M.  Hébert  (Paris),  Cha- 
pelet (Paris),  Marcel  Baudouin  (Paris),  Pol-Baudet  (Aisne),  Muller 
(Grenoble),  Deyrolle  et  Gobert  (Tunisie). 

Correspondance. 

Lettres  de  remerciements.  —  M.  Gaillard  (Lyon). 

Lettres  d'excuses.  —  M.  Doigneau  (Fontainebleau). 

Don. —  M.  H.  Guérhard  offre  une  petite  collection  de  huit  cartes 
postales,  qu'il  vient  de  recevoir  de  M.  Berthelot  du  Chesxay,  repré- 
sentant les  dernières  photographies  des  Monuments  mégalithiques  de 
Bretagne^  exécutées  par  M.  Hamonic. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  6 


82  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Lettres  d'avis  de  Découvertes.  —  M.  A.  Cousset  (d'Etaules,  Cha- 
rente-Intérieure) :  Découverte  de  deux  épingles  en  os,  sous  des  substruc- 
tions  gallo-romaines,  dans  la  commune  de  Royan  (lieu-dit  Le  Clouzy)  ; 
le  tout  accompagné  de  bronzes  (monnaies),  une  bague,  etc.  — A  Saint- 
Pierre-de-Royan,  découverte  de  Cavités  en  forme  de  Ponnes,  dans  un 
jardin  fprobablement  d'époque  gauloise],  comparables  à  celles  de  Pou- 
gauges  et  de  Mareuil-sur-le-Lay  (Vendée). 

M.  V.  Rerthier  (d'Autun),  annonce  qu'il  est  en  train  de  mener  à 
bien  le  redressement  d'un  superbe  menhir  gravé. 

Lettre  d'avis  de  décès.  —  Mmc  Marie-Louise-Sylvie  Ferlin,  épouse 
de  M.  Louis  Pistât,  décédée  à  Bezannes  (Marne). 

Allocution  clu  Président  pour    1011. 

M.  le  Président,  avant  d'entrer  en  fonctions,  prononce  le  discours 
suivant  : 

Messieurs  et  chers  Collègues, 

Ce  n'est  pas  sans  une  juste  émotion  que  je  prends  possession  d'une 
Présidence,  qui,  depuis  sept  années,  a  été  si  brillamment  occupée  par 
mes  éminents  prédécesseurs.  Je  revois  l'année  1910,  si  féconde  entre 
toutes,  grâce  au  dévouement  inlassable  et  à  la  persévérance  avisée  de 
mon  ami,  le  Dr  Henri  Martin,  pour  la  défense  de  la  Société  :  sa  recon- 
naissance d'utilité  publique,  l'organisation  de  la  fête  si  réussie  qui  l'a 
suivie,  et,  enfin,  la  lutte  contre  le  Projet  de  loi  sur  la  Liberté  des  fouilles 
archéologiques,  qui  sera  son  œuvre  de  la  dernière  heure. 

C'est  avec  ses  conseils  éclairés  et  ceux  de  ses  prédécesseurs  à  la 
Présidence,  MM.  E.  Rivière,  A.  de  Mortillet,  les  Drs  Ballet,  Baudon 
et  Guébhard,  qui  ont  si  bien  conduit  notre  Société  à  la  prospérité,  et 
avec  la  sollicitude  de  mes  excellents  collègues  du  Conseil  d'adminis- 
tration qui  m'ont  désigné,  que  je  puis  accepter  leur  mandat,  dont,  cer- 
tes, je  ne  me  dissimule  pas  les  difficultés  :  je  tiens  à  les  remercier  du 
fond  du  cœur  de  l'honneur  qu'ils  m'ont  fait  et  de  la  confiance  qu'ils  m'ont 
témoignée. 

Je  compte  sur  leur  concours  précieux  et  celui  de  nos  trois  Vice-Prési- 
dents, dont  les  travaux  sur  le  préhistorique  de  la  Mayenne,  l'Allier, 
l'Eure-et-Loir  et  la  Seine-et-Marne,  vous  sont  bien  connus  :  MM.  Cha- 
pelet, Doigneau  et  Fouju.  pour  toutes  les  questions  qui  pourront  se 
présenter. 

Mais  il  est  un  appui  particulièrement  nécessaire,  et  sans  lequel  je 
n'aurais  pas  accepté  une  succession  aussi  lourde  :  c'est  celui  de  notre 
si  dévoué  Secrétaire-général,  le  Dr  M.  Baudouin.  Vous  connaissez  tous, 
ou  plutôt  vous  devinez,  la  tâche  véritablement  écrasante  qui  lui  incombe  ; 
grâce  à  son  énergie,  sa  méthode  et  sa  philosophie,  il  arrive  à  calmer 
certaines  susceptibilités  trop  promptes  à  s'alarmer.  Grâce  au  concours 
du  Conseil,  à  l'avenir,  nous  comptons  sur  vous  pour  éviter  des  inci- 
dents qui  compliquent  son  travail  déjà  trop  chargé  :  ce  qui  nous  per- 
mettra de  consacrer  tout  notre  temps  à  nos  chères  études. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  83 

Je  ne  saurais  oublier  notre  Secrétaire  des  séances,  M.  de  Givenchy, 
dont  les  procès-verbaux  concis  résument  si  bien  nos  travaux,  et  qui, 
malgré  les  nécessités  abstraites  de  ses  fonctions,  trouve  le  moyen  d'en- 
richir nos  Bulletins  d'intéressantes  communications,  très  luxueusement 
illustrées. 

Tout  récemment,  nous  avons  dû  choisir  un  nouveau  Trésorier,  car 
à  plusieurs  reprises  M.  Giraux,  s'était  trouvé  surchargé  de  besogne, 
surtout  pendant  la  période  du  Congrès,  par  une  correspondance  de  600  à 
700  lettres,  qui  entravait  ses  autres  occupations,  il  nous  a  priés  instam- 
ment de  lui  trouver  un  successeur  ;  nous  tenons  à  lui  adresser  notre  légi- 
time reconnaissance,  pour  le  temps  qu'il  nous  a  consacré,  d'une  manière 
si  utile,  depuis  la  fondation  de  la  Société.  M.Gillet,  a  bien  voulu  accepter, 
non  sans  hésitation  et  par  pur  dévouement,  ce  mandat  si  délicat,  mérite 
nos  sincères  remerciements  ;  aussi,  j'espère  qu'en  toutes  circonstances 
vous  lui  épargnerez  des  demandes  d'explications  [nous  sommes  près 
de  500  membres  actuellement  ;  il  ne  faut  pas  le  décourager  au  début 
de  sa  nouvelle  carrière]  ! 

L'usage  exige  que  le  Président  entrant  expose  son  programme;  je 
crois  bien  faire  de  continuer,  tout  d'abord,  celui  que  nous  avons  éla- 
boré ensemble  et  d'essayer  de  terminer  les  questions  pendantes. 

Fouilles  Archéologiques.  —  Mon  prédécesseur  ayant  si  bien  dirigé 
l'enquête  sur  le  Projet  de  Loi  déposé  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  il  a  paru  nécessaire  au  Conseil  de  lui  laisser  terminer  une 
entreprise  aussi  vaste,  qui  est  son  œuvre,  tout  en  l'assurant  de  l'assis- 
tance de  la  Société,  dans  toutes  les  circonstances  où  elle  pourra  lui 
être  nécessaire. 

Je  crois  utile  d'attirer  l'attention  de  nos  Collègues  sur  l'efficacité  que 
pourrait  avoir  une  démarche  du  Conseil,  tendant  à  leur  faire  obtenir 
l'autorisation  de  fouiller  un  gisement.  Certains  propriétaires,  hésitant  à 
concéder  une  autorisation  gratuite,  seraient  flattés  d'autoriser  la  Société 
Préhistorique  française,  reconnue  d'utilité  publique,  à  fouiller  leur  ter- 
rain et  de  savoir  que  leur  nom  sera  cité  dans  nos  600  Bulletins. 

Je  recommande  ce  moyen,  qui  a  déjà  réussi  ;  le  Conseil  avisé  prendra 
aussitôt  une  décision  que  notre  Secrétaire  général  transmettra  immé- 
diatement au  postulant,  comme  lettre  d'introduction;  mais,  à  titre  de 
légitime  compensation,  il  sera  tenu  de  réserver  la  primeur  du  résul- 
tat de  ses  fouilles  et  de  la  reproduction  des  objets  pour  notre  Bulle- 
tin. 

Monuments  Préhistoriques.  —  Grâce  à  tant  de  dévouements  qu'il 
m'est  agréable  de  rappeler,  nous  possédons  actuellement  quatre  dol- 
mens et  chambres  sépulcrales  néolithiques  : 

1°  La  Grotte  sépulcrale  de  Belleville,  à  Vendrest  (Seine-et-Marne y,  due 
à  M.  Beynier,  acquise  en  1908.  fouillée  et  restaurée  par  M.  le  Dr  M. 
Baudouin,  avec  le  concours  de  MM.  Taté,  Hue.  L.  Giraux,  H.  Martin, 
A.  Guébhard,  etc.  ;  et  dont  le  périmètre  a  été  élargi  récemment.  On  y 
a  installé  un  polissoir,  offert  par  M.  de  Givenchy. 

2°  Le  Dolmen  de  la  Pierre  levée  de  Janville-sur-Juisne  (Seine-et-Oise), 
fouillé  en  1860  et  1872,  obtenu  par  M  Mallet,  à  la  suite  de  longues 
démarches,  et  offert  par  M.  Multzer  O'Naghten.  —  Notre  collègue,  à 
peine  remis  d'un  grave  accident,  poursuit  la  négociation  d'un  nouveau 
monument. 

3°  Le  demi-dolmen  de  Charnissay  ou  Palets  de  Gargantua  (Indre-et- 
Loire),    que  nous  devons,   aux  démarches  de  notre  collègue  M.  J.-B. 


84  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  française 

Barreau,  et  qui  ont  permis  au  Dr  Henri  Martin  de  nous  faire  une  gra- 
cieuse surprise,  en  l'offrant  à  la  Société,  le  jour  même  où  cessaient 
ses  fonctions  de  Président. 

4°  Le  Dolmen  d'Ethiau,  à  Couture  (Maine-et-Loire), don,  ancien  déjà, 
de  M.  et  Mme  L.  Bonnemère. 

5°  Le  Menhir  de  ï Homme  de  Pierre,  de  Permis  (Vaucluse),  a  été 
offert  par  M.  Louis  Ollivier,  à  la  suite  des  recherches  de  notre  col- 
lègue Charles  Cotte,  qui  l'a  découvert,  en  étudiant  les  noms  de  lieux  de 
sa  commune,  et  en  remarquant  son  nom,  déjà  signalé,  ailleurs,  par 
M.  Rivière  ;  ce  menhir,  très  incliné,  mesurant  environ  lm80,  mériterait 
d'être  redressé;  j'espère  que  la  Société  pourra  faire  cette  dépense,  et  y 
placer  une  plaque  indicatrice,  car  il  indique  une  sépulture  néolithique 
voisine. 

6°  Le  Polissoir  d'Ocquerre,  découvert  par  M.  Reynier,  à  2  ou  3  kilo- 
mètres de  la  Grotte  néolithique  de  Belleville,  offert  par  M.  deGivenchy, 
est  celui  quia  été  transporté,  en  1909,  sur  la  Grotte  sépulcrale  de  Ven- 
drest. 

7°  Le  Polissoir  de  Belval-sous-Châtillon,  près  Bezannéo  (Marne),  can- 
ton de  Châtillon-sur-Marne,  a  été  découvert  par  l'instituteur;  c'est  une 
nouvelle  attention,  jointe  à  tant  d'autres,  de  notre  ami,  M.  Marot,  dont 
le  dévouement  à  la  Société  est  bien  connu. 

J'espère  donc  que  l'exemple  donné  par  nos  généreux  confrères  pro- 
voquera cette  année  des  dons  nouveaux  ;  de  mon  côté,  je  ne  manquerai 
pas  d'en  solliciter. 

Par  ses  nombreux  membres,  disséminés  dans  toutes  les  régions  de 
la  France,  notre  Société  a  beaucoup  plus  de  facilités  à  surveiller  les 
Monuments  préhistoriques  et  à  les  protéger  qu'une  Commission  officielle, 
n'agissant  que  par  des  mandataires,  dont  les  décisions  espacées  ne 
parviennent  à  destination  que  six  mois  ou  un  an  après  que  l'on  a 
signalé  les  dangers,  et  alors  que  les  arbres  et  le  vent  aidant  ont  eu 
tout  le  temps  de  disloquer  une  Allée  couverte;  qu'un  propriétaire  ou 
qu'une  commune  ont  pu  convertir  un  monument  en  matériaux  de  cons- 
truction, ou  concasser  pour  empierrer  un  chemin  ! 

Aussi,  je  vous  recommande  tout  particulièrement  ces  précieux  Mo- 
numents, dont  nous  nous  occuperons  immédiatement,  au  premier  cri 
d'alarme. 

Commission  des  Enceintes.  —  Je  n'insiste  pas  sur  l'excellent  fonc- 
tionnement de  cette  Commission,  si  précieuse  pour  notre  Société,  et 
si  active,  qui  nous  a  rendu  tant  de  services  et  provoqué  des  fouilles 
intéressantes  d'oppida,  sous  son  président-fondateur,  le  Dr  Guébhard  ; 
et  qui,  avec  son  successeur,  estimé  de  tous,  M.  Viré,  n'a  ralenti  ni  les 
descriptions  d'enceintes,  ni  les  plans,  ni  les  fouilles;  car  ce  n'est  pas 
une  sinécure  de  correspondre  chaque  mois  avec  les  délégués  des  dépar- 
tements et  parfois  de  l'étranger,  ou  de  provoquer  de  nouvelles  colla- 
borations. L'idée  du  fondateur  fut  excellente  et  féconde,  à  tous  égards; 
elle  est  en  de  trop  bonnes  mains  pour  ne  pas  prospérer  encore. 

Bulletin.  —  Jusqu'ici,  nous  avons  publié  peu  de  mémoires  impor- 
tants; nos  ressources  s'y  opposaient.  Il  a  fallu  des  prodiges  d'ingé- 
niosité à  notre  Secrétaire-général  pour  la  mise  en  pages  et  l'agence- 
ment du  Bulletin  mensuel  :  ce  qui  amena  parfois  de  petits  mécontente- 
ments. Mais  on  ne  se  figure   pas  assez  la  difficulté  pour  arriver,  en 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  85 

quinze  jours  à  peine,  au  nombre  exact  de  pages  ;  si  bien  que  des 
notices  imprimées,  sont  ainsi  ajournées  au  Bulletin  suivant.  Quoique 
cette  année  le  nombre  de  pages  soit  augmenté,  il  sera  difficile  de 
publier  des  mémoires  plus  importants,  qu'il  faudra  parfois  scinder,  à 
cause  du  nombre  considérable  de  communications  envoyées,  et  afin 
de  ne  pas  retarder  la  prise  de  date  pour  des  mentions  de  fouilles  ou  de 
gisements  découverts,  et  qui  doivent  figurer  immédiatement  au  Bulle- 
tin. Comme  notre  augmentation  en  membres  coïncidera  certaine- 
ment avec  un  plus  grand  nombre  de  communications  (car  nous  comp- 
tons toujours  sur  le  concours  de  nos  nouveaux  collègues),  il  faudra  son- 
ger à  tourner  la  difficulté  :  sans  doute  par  la  publication  de  Mémoires 
isolés. 

Aussi,  pour  éviter  au  Conseil  de  réclamer  aux  auteurs  des  manuscrits 
plus  concis  et  des  remaniements,  comme  cela  a  lieu  pour  le  Bulletin 
archéologique,  le  Bulletin  et  les  Mémoires  des  Antiquaires  de  France,  le 
Bulletin  monumental,  la  Société  Française  d'Archéologie,  etc.,  nous 
prions  nos  Collègues  d'envoyer  des  travaux  très  concis  et  surtout  très 
documentés,  sans  redites  inutiles  pour  les  lecteurs. 

Comme  par  le  passé,  l'impression  et  les  clichés  hors  texte  resteront 
à  la  charge  des  auteurs,  ainsi  que  les  clichés  en  général. 

Bibliothèque,  Musée  et  Laboratoire.  —  Avec  notre  éminent  pré- 
décesseur et  notre  Secrétaire-général,  je  désire  arriver  à  une  meilleure 
installation,  car  le  local  choisi,  qui  offrait  de  grands  avantages,  a  prouvé 
cet  hiver  que  les  murs  étaient  très  humides  ;  fort  heureusement,  les 
caisses  de  Vendrest  seules  y  Jsont  installées.  Je  ferai  aménager  des 
tables  et  des  chaises  pour  permettre  au  Dr  M.  Baudouin  d'étudier  et  de 
publier,  cette  année,  le  résultat  de  ses  fouilles.  Mais,  pour  installer  la 
Bibliothèque,  il  faut  disposer  d'un  local  absolument  sec,  qui  pourrait 
être  chauffé.  Comme  le  prix  de  location  semble  être  au-dessus  de  nos 
ressources  actuelles,  ne  pourrait- on  pas  songer  à  un  édifice  désaffecté, 
situé  dans  la  zone  comprise  entre  le  Muséum  et  la  Sorbonne,  que  nous 
pourrions  aménager,  et  qui  nous  serait  concédé  pour  dix  ans  ?  Nous 
pourrions  nous  y  réunir  chaque  semaine,  à  une  date  fixe,  et  même  y 
tenir  nos  réunions  exceptionnelles.  Ce  n'est  pas  chose  impossible, 
quand  on  songe  à  ce  que  nous  avons  obtenu,  et  lorsqu'on  se  reporte  à 
nos  modestes  débuts,  au  coup  de  baguette  magigue  et  à  l'intervention 
inoubliable  de  M.  Rivière,  notre  Président  fondateur,  qui  nous  fit 
admettre  dans  une  salle  de  la  Sorbonne  ! 

Association  syndicale  des  Préhistoriens  de  France.  —  Notre 
Secrétaire  général  vous  a  signalé  l'utilité  d'une  Association  syndicale 
des  Préhistoriens  de  France,  pour  nous  défendre  dans  des  difficultés 
ou  des  accidents,  pouvant  surgir  à  l'occasion  de  fouilles;  nous  croyons 
que  l'année  ne  doit  pas  s'écouler  sans  que  ce  projet  se  réalise. 

Situation  actuelle  de  la  Société.  —  J'ai  déjà  parlé  de  notre  pro- 
gression vraiment  extraordinaire,  en  1910,  elle  nous  a  amené  99  nou- 
veaux membres;  et,  aujourd'hui,  nous  avons  presqu'atteint  500!  Précé- 
demment, nous  avions  trois  membres  à  vie  ;  cette  année,  nous  en  avons 
cinq  nouveaux.  Je  tiens  à  remercier,  au  nom  de  tous,  les  parrains,  qui 
ont  ainsi  songé  à  la  prospérité  de  la  Société  ;  et  je  ne  saurais  trop  les 
encourager  dans  de  nouveaux  recrutements,  surtout  pour  certains  dé- 
partements, encore  peu  représentés. 

Nous  avons  malheureusement  six  décès  à  déplorer  :  ceux  de  nos 
excellents  collègues  Champagne,  Robert,  Bussière,  Meyer,  Bellier,  et 


86  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

enfin,  celui  de  Tabariès  de  Grandsaignes,  ancien  Vice-Président  du 
Congrès  préhistorique  de  Chambéry  et  membre  du  Conseil,  et  dont 
nous  regrettons  tous  la  grande  expérience,  pour  lequel  nous  avions  la 
plus  grande  estime  dont  le  Dr  H.  Martin  a  si  bien  retracé  sur  sa  tombe 
la  carrière  scientifique. 

A  leurs  noms,  nous  devons  ajouter  ceux  deMmes  Marignan  et  Romain, 
qui  furent  les  compagnes  dévouées  de  nos  excellents  collègues,  et  leurs 
collaboratrices  dans  leurs  remarquables  recherches.  Nous  adressons  à 
nos  chers  disparus  le  respectu2ux  hommage  de  notre  souvenir  ému. 

Enfin,  je  m'excuse  d'avoir  pris  sur  la  séance  un  temps  précieux;  et 
je  termine  en  vous  réitérant  le  vœu  formulé  par  mes  prédécesseurs, 
pour  que  la  Concorde  continue  de  faire  le  charme  de  nos  réunions, 
qu'elle  resserre  encore  nos  bonnes  relations,  et  augmente  ainsi  notre 
ardeur  pour  nos  recherches,  dont  l'unique  préoccupation  sera  de  faire 
profiter  par  des  faits  nouveaux  et  très  scrupuleusement  exacts  la  Science 
préhistorique,  et  concourra  ainsi  à  la  prospérité  de  notre  chère  Société, 
déjà  si  florissante,  grâce  aux  efforts  de  tous   (Vifs  applaudissements). 

Bibliot  hèque. 

La  Bibliothèque  de  la  Société  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Chauvet  (Gustave).  —  Os,  ivoires  et  bois  de  Rennes  ouvrés  de  la  Cha- 
rente [Hypothèses  palethnographiques]  [Extr.  Bull,  de  la  Soc.  Arch. 
et  Hist.  de  la  Charente,  1910].  —  Angoulême,  E.  Constantin,  in-8°, 
191  p.,  122  fig. 

Franchet  (Louis).  —  Eludes  sur  les  différents  systèmes  de  classifica- 
tion des  poteries  néolithiques  [Extr.  A.  F.  A.  S.,  Congrès,  Lille,  1909, 
896-902].— Paris,  1910,  in-8°,  7  p. 

Franchet  (L.).  —  Du  rôle  de  la  Chimie  dans  les  recherches  préhis- 
toriques [Extr.  Rev.  préh.,  1910,  V,  n°  8,].  —  Paris,  1910,  in-8°, 
8  p. 

Franchet  (L.).  —  Essai  sur  la  classification  céramique  depuis  le 
Néolithique  jusqu'à  nos  jours  [Extr.  Homme  préh.,  1909,  VIII,  n°  9]. — 
Paris,  1910,   in-8%  10  p.,  1  tabl. 

Rutot  (A.). —  Un  homme  de  science  peut- il  raisonnablement  admettre 
V existence  des  industries  primitives ,  dites  Eolithiques  [Extr.  B.  et  M. 
Soc.  d'Anthr.,  Paris,  Cinquant.,  1910,  p.  151-177].  —  Paris,  1910,  in-8°, 
26  p. 

Rutot  (A.).  —  Note  sur  V authenticité  des  ossements  humains  quater- 
naires de  Grenelle  et  de  Clichy.  Notes  sur  les  nouvelles  trouvailles  de 
squelettes  humains  quaternaires  danslePérigord.  [Extr.  Bull.  Soc.  Belge 
de  Géologie,  etc.,  1910,  XXIV,  P.  V.,  358-377].  —  Bruxelles,  1910, 
in-8°,  19  p. 

Mingaud  (Galien).  — Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  d'Etudes 
des  Se.  Nat.  de  Nîmes,  1910,  XXXVIII  [Extr.,  1910].  —  Nîmes,  1910, 
in-8°,  12  p.,   1  figure  [Men/tir-statite] . 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  87 

Beaupré  (CteJ.).  —  Le  mur  cyclopéen  de  la  Trinité  [Légende  préhis- 
torique). [Extr.  Bull,  des  Séances  de  la  Soc.  des  Se.  de  Nancy,  1910].  — 
Nancy,  1910,  in-8°,  9  p. 

Vassedr  (G.),  -j-»  Résultats  des  fouilles  archéologiques  exécutées  à 
Marseille  dans  le  Fort  Saint-Jean  [Extr.  C.  R.  Acad.  Inscript,  et  Belles- 
Lettres,  1910,  p.  244].  —  Paris,  1910,  pet.  in-8°,  18  p.,  2  pi. 

Harmois  (A.-L.).  —  Inventaire  des  Découvertes  archéologiques  dans 
le  Département  des  Côtes-du-Nord.  [Extr.  Mém.  Soc.  d Émulation  des 
Côtes-du-Nord,  1910,  p.  87-151].  —  Saint-Rrieuc,  1910,  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Emulation  du  Bourbonnais.  —  Moulins,  année 
1911,  n"  1,  janvier. 

Materias para  o  estudo  das  Antiguidades  portugazas  publicados  sola  a 
divercia  de  F.  Tavares  de  Proença  (Jor).  —  Lairia,  Portugal,  in-8°,  t.  I, 
n°  1  et  n°  2. 

Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Lyon. —  1910,  t.  XXII,  Lyon, 
in-8%  1911. 

Commission  de  la  Liberté  des  Fouilles. 

M.  le  Dr  Henri  Martin,  secrétaire,  met  la  Société  au  courant  de  ses 
démarches  en  faveur  de  la  Liberté  des  Fouilles.  —  83  Sociétés  ont  déjà 
protesté  contre  le  Projet  de  Loi.  —  Les  principaux  documents  relatifs  à 
cette  question  sont  publiés  plus  loin  ;  les  plus  caractéristiques  ont 
été  lus  en  séance . 


Don  d'un  Monument  mégalithique. 


Le  Menhir  de  la  Pierre  aux  Bœufs,  en  grès,  mesurant  2m20  de  hau- 
teur, commune  de  Montreuil-l'Argillé,  arrondissement  de  Bernav 
(Eure),  redressé  par  M.  Coutil,  en  janvier  1911,  est  offert  par  lui  à  la 
Société. —  Les  formalités  de  la  donation  seront  ultérieurement  accom- 
plies {Vifs  applaudissements.) 

Admission  de  nouveaux  Membres. 

Sont  proclamés  :  MM. 

Bardié  (Armand),  Industriel,  Président  de  la  Société  linéenne  de  Bor- 
deaux, 59,  cours  de  Tourny,  Bordeaux  (Gironde). 

[Gaurichon  —  H.Martin]. 
Bousquet  (Maurice },  11,  rue  de  la  Tour,  Paris. 

[Henri  Martin  —  Edmond  Hue], 
Bouttet  (Stéphane),  Saint-Alban-les-Eaux  (Loire). 

[L.  Coutil — A.  Guébhard]. 


88  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Féaux  (Maurice),  Gorr.  du  Min.   de    l'I.  P.,  Conservateur  adjoint   du 
Musée  du  Périgord,  50,  rue  Combe-des -Dames,  Périgueux. 

[A.  Délugin  —  A.  Guébhard]. 
Genevaux  (Maurice),  rue  Marceau,  12,  Montpellier  (Hérault). 

[Miquel  — E.  Cartailhac]. 
HÉomet  (Henri),  représentant  de  commerce,  produits  chimiques-phar- 
maceutiques, 29,  rue  Solférino,  Billancourt  (Seine). 

[Ballet — Marcel  Baudouin]. 
Saint-Périek  (Comte  de),  D.  M.,  24,  rue  du  Bac,  Paris. 

[A.  deMortillet  —  P.  Marot]. 

Nomination  de  Délégués  Départementaux. 

La  nomination  de  M.  Gaurichon  (de  Tours),  le  premier  membre 
titulaire  de  la  S.  P.  F.  en  Touraine,  comme  Délégué  Départemental 
d'Indre-et-Loire,  est  ratifiée  par  le  Conseil. 

Présentations. 

M.  Malga  (l'Abbé).  —  Objets  d'une  grotte  magdalénienne  à  Lttzech, 
"et  d'une  station  néolithique, près  Luzech  (Lot). 

M.  le  Dr  Deyrolle  (Paris).  —  Tatouage  et  Tortue. 
M.  Desailly  (Paris).  —  Silex  taillés  de  la  Carte  d'Arras  [Service  géo- 
logique]. 

Communications. 

M.  Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Les  Haches  plates,  en  cuivre,  de  Ven- 
dée :  La  Vendée  comme  centre  occidental  de  l'Age  du  cuivre  [Prise  de  date]. 

Henri  Martin  (Paris)  et  J.-B.  Barreau  (La  Haye-Descartes). —  Con- 
tribution à  l'étude  du  Grand- Pressigny  (Indre-et-Loire]  [Prise  de  date], 
—  Discussion  :  A.  de  Morxillet;  Marcel  Baudouin. 

M.  Georges  Poulain  (Eure).  —  Etablissement  romain  en  cours  d'ex- 
ploration, à  Saint- Aubin-sur- Gaillon  (Eure). 

M.  le  Dr  Louis  Gobillot  (Vienne).  —  Pendeloque  néolithique  de  Li- 
glet  (Vienne). 

M.  Clastrier  (Marseille).  —  Pierre  spéciale  de  l'Habitat  celto-ligure 
grec  du  Pain  de  sucre  {Marseille), 

M.  A.  Viré  (Lot).  —  Dolmens  et  tumulidu  Lot. 

M.  Ph.  Reynier  (Lizy-sur-Ourcq).  —  Découverte  d'un  Fow  à  inci- 
nération dans  la  Nécropole  gallo-romaine  d'Ocquerre  (Seine-et-Marne). 

M.  A.  Cousset  (Etaules).  —  Découverte  d'une  Cachette  de  Haches 
plates  en  cuivre  à  Breuillet  {Charente- Inférieure). 

M.  Franchet  (Paris).  —  La  Poterie  Magdalénienne. 

M.  L.  Coutil  (Eure).  —  1°  Relation  du  redressement  qu'il  a  effectué 
de  la  table  et  des  quatre  supports  du  dolmen  La  Grosse  Pierre  ou  Pierre 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  89 

Couplée  de  Verneuses  [Eure)  [Vœu  pour  V abattage  d'un  énorme  sapin  qui 
a  déjà  détruit  ce  monument,  car  les  racines  passant  sous  les  supports  sont 
encore  appelées  à  les  disloquer],  — 2°  Redressement  du  menhir  La  Pierre 
aux  Bœufs,  à  Montreuil-V Argillé  {Eure). 

M.  O.  Vauvillé,  présente  30  tranchets  préhistoriques  du  Soisson- 
nais,  des  époques  paléolithique  et  néolithique  ;  ils  comprennent  : 
1°  6  pièces  provenant  du  gisement  quaternaire  de  Cœuvres,  où  les  dé- 
bris de  mammouth  sont  nombreux;  2°  2  longues  pièces  de  Pommiers  ; 
3°  21  petits  tranchets,  recueillis  par  lui  dans  des  Allées  couvertes,  sur 
Montigny-l'Engrain.  —  La  pièce  la  plus  intéressante  de  ces  dernières 
est  un  petit  tranchet,  qui  est  emmanché  dans  un  Bois  de  Cervidè,  ce  qui 
permet  bien  d'affirmer  que  ce  genre  d'instrument  est  bien  un  tranchet, 
et  non  une  flèche  à  tranchant  transversal;  4°  un  tranchet  double,  prove- 
nant des  Pommiers. 


-~>--»*-»~~*-i 


Nouvelles  protestations  adressées  à  la  Société 
Préblutorique  Française,  contre  le  Projet  de 
Loi  sur  les  Fouilles  archéologiques. 

En  présence  des  nombreux  vœux,  émis  par  les  principales  So- 
ciétés savantes  de  France,  la  Société  Préhistorique  française,  qui 
représente  le  groupement  le  plus  considérable  de  Savants  se 
livrant  aux  recherches  préhistoriques,  a  demandé  à  ces  Sociétés, 
pour  coordonner  tous  les  desiderata,  de  vouloir  bien  se  rallier 
au  contre-projet  qu'elle  a  fait  déposer  sur  le  bureau  de  la  Cham- 
bre par  M.  Péchadre,  Député  de  la  Marne. 

Depuis  son  appel,  la  Société  Préhistorique  française  a  reçu 
les  protestations  de  83  Sociétés  savantes,  et  de  nombreuses 
lettres  de  protestations. 

I.  —  PROTESTATIONS   DES  UNIVERSITÉS. 
Protestation  du  Prof.   FOlRMI.It. 

Faculté  des  Sciences  de  Besançon. 

Institut  de  Géologie 
et  de  Minéralogie. 

Besançon,  le  3  février  1911. 
Monsieur  le  Président, 

Je  vous  prie  de  vouloir  bien  joindre  ma  protestation  à  celles  de  mes 
collègues  des  Universités,  relativement  au  projet  de  loi  sur  les  fouilles 
archéologiques,  préhistoriques  et  paléontologiques. 

La  liberté  la  plus  entière  doit  être,  à  mon  avis,  laissée  aux  cher- 
cheurs, au  moins  en  ce  qui  concerne  les  stations  ou  gisements  qui 
n'ont  fait  l'objet  d'aucune  fouille  méthodique  antérieure. 


90  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Mais,  lorsque  les  recherches  faites  dans  une  station  ou  dans  un  gi- 
sement ont  prouvé  l'existence  dans  cette  station  ou  ce  gisement  d'objets 
ou  de  fouilles,  dont  la  conservation  présente  un  intérêt  général,  je 
crois  qu'il  serait  désirable  que  l'auteur  de  la  découverte  puisse  en  ob- 
tenir le  classement,  ainsi  que  cela  se  pratique  pour  les  monuments  his- 
toriques ;  on  arrêterait  ainsi  la  destruction  d'une  foule  de  stations  in- 
téressantes et  la  dilapidation  des  objets  qu'on  y  découvre. 

Comme  conséquence  de  ce  classement  des  stations  préhistoriques, 
l'expropriation  par  déclaration  d'utilité  publique  pourrait  être  obtenue 
contre  un  propriétaire,  qui  se  refuserait  à  laisser  exécuter  sur  son  ter- 
rain des  fouilles  ayant  un  intérêt  scientifique. 

Une  loi  ainsi  comprise  étendrait  la  liberté  des  chercheurs  au  lieu  de 
la  restreindre,  et  ne  pourrait  qu'activer  l'essor  de  l'initiative  indivi- 
duelle. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'expression  de  mes  senti- 
ments les  plus  distingués  et  les  plus  dévoués. 

E.  Fournier. 


Protestation  du  Prof.  PAQUIER. 

Université  dr  Toulouse. 
Faculté  des  Sciences 

Laboratoire  de  Géologie. 

Toulouse,  le  1er  février  1911. 

Bien  qu'il  y  ait  assurément  lieu  de  se  préoccuper  d'arrêter  l'exode 
de  nos  richesses  paléontologiques  ou  archéologiques  à  l'étranger,  on 
ne  saurait  trop  cependant  s'opposer  à  l'adoption  du  projet  de  loi  de 
1900  sur  les  fouilles,  qui  ne  tendrait  à  rien  moins  qu'à  créer  un  état  de 
choses  plus  préjudiciable  encore  aux  véritables  intérêts  de  la  science 
en  France.  Gomment  accueillir,  en  effet,  une  réglementation  qui  ne  tar- 
derait pas,  alors  qu'on  parle  sans  cesse  de  décentralisation,  à  consacrer 
une  centralisation  vraiment  abusive  de  tous  les  documents  importants 
de  nos  archives  paléontologiques  ou  archéologiques  de  la  province 
dans  les  collections  de  la  capitale,  et  pour  le  seul  profit  des  travail- 
leurs parisiens  !  Une  conséquence,  plus  grave  encore  de  cette  mesure, 
si  elle  était  votée,  serait  d'ailleurs  de  décourager  systématiquement 
toute  tentative  de  fouilles  de  cette  nature,  non  seulement  de  la  part 
des  Universités  ou  des  Musées,  mais  encore  de  la  catégorie,  si  intéres- 
sant et  malheureusement  si  réduite  aujourd'hui,  des  collectionneurs 
éclairés.  Si,  à  la  rigueur,  quelques  professeurs  d'Université  ou  con- 
servateurs de  Musée,  surmontant  leurs  répugnances  personnelles,  con- 
sentaient encore  à  entreprendre  des  travaux  de  cet  ordre,  sous  une 
surveillance  toujours  gênante,  à  l'occasion  même  tracassière,  et  cela 
malgré  la  menace  de  se  voir  ravir  au  dernier  moment  le  joyau  de  leurs 
recherches,  quel  est  le  collectionneur,  qui,  moins  bien  qualifié  pour  ré- 
sister aux  prétentions  d'un  agent  investi  de  pouvoirs  aussi  étendus, 
courra  désormais  le  risque  de  se  voir  finalement  dépossédé  du  plus 
clair  du  fruit  de  ses  efforts  et  de  son  initiative  ? 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  91 

Pour  ces  seules  raisons,  et  il  serait  aisé  d'en  indiquer  d'autres, 
comme,  par  exemple  la  division  entre  plusieurs  établissements  éloi- 
gnés d'une  même  fouille  paléontologique  ou  d'une  même  trouvaille 
archéologique,  il  me  paraît  tout  à  fait  sage  de  s'en  tenir  aux  articles  I 
et  III  de  l'amendement  proposé  par  la  Société  Préhistorique  française, 
qui  prévoit  une  autorisation  ministérielle  pour  l'exportation  d'un  objet 
(["intérêt  national  ou  pour  l'ouverture  de  fouilles  par  un  étranger  sur 
e  territoire  français. 

V.  Paqdier, 

Professeur  de  Géologie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse, 
Administrateur  du  Musée  d'Histoire  naturelle. 


Protestation  du  Prof.  DIGOX. 

Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Caen. 

En  ce  qui  me  concerne  personnellement,  je  suis  tout  à  fait  de  l'avis 
de  mes  collègues  Depéret,  Fallot  et  Welsch.  D'ailleurs  ceux  de  nous, 
qui  prêtent  leur  concours  à  l'étude  géologique  des  projets  d'alimenta- 
tion en  eau  potable  présentés  par  les  communes,  sont  je  crois  suffisam- 
ment édifiés,  sur  ce  qu'on  doit  attendre  de  l'interprétation  des  règle- 
ments par  les  bureaux  des  préfectures,  pour  prévoir  dans  quel  esprit 
seront  interprétées  les  dispositions  de  la  loi,  quand  il  s'agira,  en  ma- 
tière scientifique,  non  plus  d'un  concours  gracieux,  mais  d'une  vérita- 
ble tutelle  administrative.  Je  vous  autorise  à  reproduire  mon  opinion. 

Veuillez  agréer,  etc.. 

Signé  :  Bigot. 


Protestation  du  Prof.  GLAXGEA.LD. 

Université  de  Glermont. 

Faculté  des  Sciences. 

Laboratoire  de  Géologie. 

J'associe  ma  protestation  véhémente  à  celle  de  mes  collègues,  au  su- 
jet du  projet  de  loi  relatif  aux  fouilles  paléontologiques  et  préhistori- 
ques. Il  serait  extrêmement  fâcheux,  désastreux  même,  que  les  pou- 
voirs publics  puissent  s'immiscer  dans  les  fouilles  scientifiques,  sous 
l'instigation  de  personnes  intéressées  à  les  faire  cesser,  ou  à  supplan- 
ter ceux  qui  auraient  découvert  et  étudieraient  de  nouveaux  gisements. 

Signé  :  Ph.  Glaxheaud, 
Professeur  de  Géologie  à  la  Faculté  de  Clermont. 


92  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

IL  —  MUSÉES  ET  PROTESTATIONS. 
Protestation  de  m.    Edouard  HARLÉ. 

Des  trois  articles  du  contre-projet  de  la  Société  préhistorique  fran- 
çaise, le  premier  et  le  dernier  paraissent  devoir  rallier  tous  les  suffra- 
ges, pourvu  que  le  premier  soit  appliqué  en  évitant  toute  gêne,  sauf  le 
cas  des  échantillons  exceptionnels  qui  l'a  motivé.  Mais  le  deuxième, 
celui  qui  donne  à  l'Etat  un  droit  de  préemption  en  cas  de  vente  d'ob- 
jets, mérite  de  bien  sérieuses  objections. 

Et  d'abord  il  est  inapplicable  dans  la  plupart  des  cas,  à  moins  d'une 
gêne  et  de  formalités  tout  à  fait  disproportionnées.  Et  puis,  il  conduit 
à  des  conclusions  inacceptables,  comme  dans  l'exemple  suivant  :  L'une 
des  plus  belles  pièces  de  ma  collection  a  été  achetée  par  moi,  à  un  exploi- 
tant de  carrière,  pour  2  francs;  mais  elle  m'a  coûté  infiniment  de 
voyages  et  de  peine .  Pour  une  fois  que  j'ai  réussi,  j'ai  eu  cent  fois  peine 
perdue.  La  disposition  proposée  serait,  dans  les  cas  de  ce  genre,  mani- 
festement injuste.  Elle  découragerait  les  recherches,  et  elle  amènerait 
à  dissimuler  les  bonnes  pièces,  donc  à  ne  pas  les  publier,  et  agirait 
ainsi  contre  la  science  française  qu'elle  est  supposée  devoir  soutenir. 
L'on  doit  observer  de  plus  que  :  acquisition  d'un  objet  par  l'Etat,  signi- 
fie qu'il  servira  à  enrichir  quelque  musée  de  la  capitale.  Si,  au  con- 
traire, l'Etat  ne  s'empare  pas  de  l'objet,  celui-ci  restera  probablement 
dans  sa  province  d'origine,  soit  dans  une  collection  privée,  soit  ulté- 
rieurement dans  le  musée  local.  Nous  autres  pauvres  provinciaux,  nous 
ne  sommes  pourtant  pas  bien  difficiles  :  nous  demandons  seulement  que 
l'Etat,  dont  les  ressources  sont  constituées  par  notre  propre  argent,  ne 
les  utilise  pas  à  nous  dépouiller,  estimant,  comme  Beaumarchais,  que 
l'Etat  vous  aura  fait  assez  de  bien  s'il  ne  vous  fait  pas  de  mal. 

Edouard  Harlé. 


Musée  Départemental 
Gap  (Hautes-Alpes). 


Gap,  le  3  Février  19 11 


Le  Conservateur  du  Musée  de  Gap,  à  Monsieur  le  Président 
de  la  Société  Préhistorique  Française. 

Le  Conservateur  du  Musée  de  Gap,  Vice-président  de  la  Société 
d'études  des  Hautes-Alpes,  auteur  de  nombreuses  fouilles  dans  des 
grottes  néolithiques,  dans  des  tumuli  ou  dans  des  ruines  romaines  de 
la  région  alpine,  fouilles  dont  les  trouvailles  ont  été  déposées  au  Musée 
de  Gap,  a  éprouvé  un  vrai  découragement  à  la  lecture  du  projet  de 
loi  relatif  aux  fouilles  scientifiques. 

Cette  loi  serait  désastreuse  pour  les  sciences  locales,  car  elle  para- 
lyserait les  efforts  généreux  des  chercheurs  par  des  prescriptions  dra- 
coniennes et  vexatoires. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  93 

D'autre  part,  cette  loi  serait  inefficace  dans  beaucoup  de  cas  pour  la 
irotection  des  sites,  des  monuments,  des  ruines  et  vestiges  préhisto- 
iques,  car  elle  n'empêcherait  pas  les  propriétaires,  les  entrepreneurs 
le  travaux,  de  vider  les  grottes,  les  abris,  d'exploiter  les  murgers,  les 
uines,  les  tumuli.  les  gisements  fossilifères,  sous  prétexte  d'effondre- 
aent,  d'exploitation  de  carrières,  ou  d'emprunts  de  matériaux  de  cons- 
ruction  :  tous  travaux  qui  ne  sont  soumis  à  aucune  formalité  ! 

Ainsi,  le  terrassier,  le  concasseur  de  pierres,  le  cantonnier,  auraient 
e  droit  de  fouiller  les  gisements,  de  concasser  les  objets  scientifiques  ou 
le  les  jeter  aux  déblais;  et  le  naturaliste,  le  savant,  l'archéologue,  n'au- 
aient  pas  le  droit  de  recueillir  ces  objets,  de  les  extraire  de  leur  gan- 
;ue! 

Aussi,  je  m'associe  avec  empressement  à  la  protestation  et  à  la  de- 
oande  de  modifications  de  la  Société  préhistorique  française. 

David  Martin. 

Conservateur  du  Musée  de  Gap, 
Vice-Président  de  la  Société  d'Etudes  des  Hautes-Alpes. 


Muséum  de  Rennes. 

Histoire   Naturelle. 

Géologie. 

Rennes,  li  février  1911. 

Monsieur  le  Président, 

Etant  mise  à  part  la  question  de  mercantilisme  que  je  désapprouve 
issurément  et  qu'allègue  le  projet  de  loi  du  25  octobre  dernier  que 
rous  m'avez  rappelé,  nul  plus  que  moi  ne  reconnaît  et  déplore  les  incon- 
vénients multiples  qui  résulteraient  de  cette  loi  si  elle  était  promulguée 
sans  modifications.  De  plus  autorisés  que  moi  vous  ont  dit  ou  laissé 
întendre  en  quelle  mésestime  ils  tenaient  les  prétentions  des  partisans 
le  la  centralisation  à  outrance  que  le  projet  actuel  favorise  indubita- 
jlement  aux  dépens  des  richesses  scientifiques  provinciales.  Person- 
îellement,  décentralisateur  convaincu,  j'approuve  les  énergiques  pro- 
;estations  de  ces  savants,  groupés  ou  non,  et  me  joins  à  eux  pour 
lemander  sinon  le  rejet  absolu  d'une  réglementation  qui,  je  le  crains, 
i«?guise  le  but  visé,  du  moins  pour  obtenir  qu'une  modification  très 
nette  y  soit  apportée  en  ce  qui  concerne  les  recherches  purement  palé- 
antologiques.  A  ce  point  de  vue  particulier,  je  ne  saurais  que  m'asso- 
cier  au  désir  formulé  par  la  Société  géologique  de  France  (à  laquelle  j'ai 
l'nonneur  d'appartenir)  dans  le  paragraphe  3  de  ses  conclusions,  savoir 
q  je  les  travaux  auxquels  se  livrent  quotidiennement  les  géologues  sur 
le  terrain,  pour  la  recherche  des  fossiles,  ne  soient  pas  astreints  à  une 
déclaration  préalable.  Par  ailleurs  je  m'explique  mal  qu'une  pièce  rare 
oj  importante,  trouvée  par  quelque  géologue  de  province,  soit  mieux  à 
sa  place  et  plus  intéressante  à  Paris  que  dans  un  des  musées  de  la  pro- 


94  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

vince  à  laquelle  elle  appartient  géologiquement,  au  milieu  de  ses  con- 
génères en  quelque  sorte  et,  pour  ainsi  dire,  dans  le  cadre  où  elle  a  pu 
vivre  jadis. 

J'ajouterai  encore,  comme  Conservateur  de  Musée,  que  nous  sommes 
tous  en  général  astreints,  non  seulement  à  entretenir  et  à  classer  métho- 
diquement les  collections  confiées  à  nos  soins,  mais  bien  à  les  accroî- 
tre, et  que  nous  devons  tendre  aies  enrichir  de  pièces  de  valeur. 

Or,  je  vois  dans  cette  obligation  une  quasi  contradiction  avec  le  nou- 
veau projet  de  loi,  qui,  s'il  n'était  modifié  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut, 
dans  le  sens  indiqué  par  la  Commission  de  la  Société  géologique  de 
France,  en  rendrait  l'accomplissement  plus  compliqué,  parfois  impos- 
sible, voire  même  dangereux. 

Signé  :T .  Bezier, 

Le  Directeur  Conservateur  du   Musée  Géologique 

de    la    ville   de  Rennes,  membre  de    la    Société 

Archéologique  d'Ille-et-Vilaine,  ancien  Président 

de  la  Société  Scientifique  et  Médicale  de  l'Ouest. 


Ville  de  Lyon. 
Muséum  des  Sciences  naturelles. 

Le  19  janvier  1911. 
Mon  cher  Collègue  (1), 

Je  vous  remercie  bien  sincèrement  pour  l'aimable  envoi  de  votre  vi- 
goureuse lettre  de  protestation,  contre  le  projet  de  loi  sur  la  réglemen- 
tation des  fouilles  concernant  l'archéologie  et  la  paléontologie. 

Je  suis  tout  à  fait  de  votre  avis.  Il  est  nécessaire  d'écarter  le  plus 
possible  les  étrangers  de  nos  gisements  paléontologiques  ou  archéolo- 
giques, afin  d'éviter  le  retour  des  abus  qui  se  sont  produits,  en  1909, 
dans  la  Dordogne.  Mais  il  semble  que  le  meilleur  moyen  de  conserver 
chez  nous  les  documents  scientifiques  de  notre  pays  consiste  avant 
tout  à  faciliter  la  recherche  et  l'étude  de  ces  documents,  à  nos  compa- 
triotes !  On  ne  peut  donc  approuver  le  projet  du  gouvernement,  qui 
rendrait  au  contraire  ces  recherches  très  difficiles  aux  géologues  et 
préhistoriens  de  province.  Ce  serait  la  ruine  de  nos  Sociétés  régio- 
nales. 

Je  crois  qu'il  serait  bon  de  donner  à  l'Etat  un  droit  de  préemption 
limité  à  certains  cas,  qui  devraient  être  prévus  parla  loi.  L'Etat  aurait 
le  droit  d'intervenir,  par  exemple,  dans  une  vente  de  collections,  où  les 
étrangers  seraient  représentés.  Il  me  paraît  inadmissible,  en  effet,  que 
la  loi  oblige  un  étranger  qui  désire  faire  des  fouilles  à  solliciter  l'auto- 
risation ministérielle,  et  qu'elle  permette  à  cet  étranger  de  se  procurer 
librement,  par  voie  d'acquisition,  des  documents  provenant  des  fouilles 
de  nos  nationaux. 

(1)  Lettre  adressée  ù  M.  Edouard  Harlé. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  95 

Quelques  modifications  à  la  loi  du  30  mars  1887,  donneraient  satis- 
action  à  tous  les  intérêts  légitimes.  Elles  recevraient  aussi  l'approba- 
tion des  promoteurs  du  projet  de  loi  qui  n'ont  eu,  évidemment,  d'autre 
but  que  d'assurer  la  protection  des  documents  scientifiques  du  pays. 
Les  travaux  paléonlologiques  ou  archéologiques  de  nos  compatriotes 
et  de  nos  Sociétés  régionales  font  trop  grand  honneur,  tout  à  la  fois  à 
la  science  française  et  à  notre  esprit  d'initiative,  pour  que  personne 
puisse  songer  à  les  paralyser. 

Je  vous  autorise  à  publier  cette  lettre,  si  vous  la  jugez  utile  à  la 
cause  que  nous  défendons. 

Veuillez,  mon  cher  collègue,  agréer  l'expression  de  mes  sentiments 
les  plus  cordialement  dévoués. 

Gaillard, 

Docteur^ès  Sciences  naturelles, 
Conservateur  du  Muséum  de  Lvon. 


111.  —  SOCIETES. 

39°  Société  Archéologique  du  Gers. 

Audi,  le  10  janvier  1011. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que,  dans  sa  séance  du  9  janvier 
1911,  la  Société  Archéologique  du  Gers  s'est  unanimement  associée  à 
votre  campagne  contre  le  projet  de  loi  sur  les  fouilles  archéologiques. 

Elle  exprime  le  vœu  que  l'article  14  de  la  loi  du  30  mars  1887  soit 
complété  par  les  trois  adjonctions  que  vous  proposez  sur  la  sortie  des 
objets  de  France,  sur  le  droit  de  préemption  de  l'Etat,  et  sur  l'autorisa- 
tion de  faire  des  fouilles  pour  les  étrangers. 

Le  Président  :  Philippe  Lavzix. 

40°  Société  d'Excursions  scientifiques. 

Après  avoir  pris  connaissance  du  projet  de  loi  relatif  aux  fouilles  in- 
téressant l'Archéologie  et  la  Paléontologie,  déposé  sur  le  Bureau  de  la 
Chambre  des  Députés,  le  25  octobre  1910. 

La  Société  aV Excursions  scientifiques,  réunie  en  Assemblée  générale, 
le  14  janvier  1911,  tient  à  joindre  sa  protestation  à  celles  déjà  formu- 
lées par  de  nombreuses  Sociétés  savantes  contre  ce  projet  de  loi  : 

Considérant  que  la  liberté  des  recherches  scientifiques  a  eu,  en 
France,  comme  résultat  heureux  d'y  développer,  plus  que  partout 
ailleurs,  le  goût  des  études  archéologiques  et  paléontologiques,  en  sti- 
mulant un  grand  nombre  de  chercheurs  dévoués  qui  dépensent  sans 
compter  leur  temps  et  leur  argent,  et  dont  le  zèle  désintéressé  contri- 
bue, tous  les  jours,  à  enrichir  nos  collections  publiques  : 

Considérant  que  les  entraves  apportées  par  la  loi  projetée  ne  pour- 
raient que  nuire  à  la  science,  en  décourageant  toute  libre  initiative  ou 


96  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

en  poussant  les  auteurs  de  découvertes  à  ne  pas  les  signaler,  afin  d'évi- 
ter les  ennuis  et  les  retards  pouvant  résulter  des  déclarations  obliga- 
toires et  des  surveillances  officielles; 

Considérant  que  de  semblables  formalités  ne  sauraient  d'ailleurs  que 
favoriser  la  dilapidation  des  trouvailles  par  les  ouvriers  et  la  vente 
clandestine  des  objets  qui,  prudemment  démarqués,  perdraient  ainsi 
toute  leur  valeur: 

Considérant  enfin,  que  la  loi  projetée  va  à  l'encontre  de  la  décentra- 
lisation scientifique  réclamée  par  toutes  les  Sociétés  savantes  et  qu'elle 
est,  en  outre,  attentatoire  à  la  propriété  privée,  aussi  bien  qu'à  la  pro- 
priété scientifique. 

La  Société  d'Excursions  scientifiques  émet  le  vœu  que  l'on  s'en  tienne 
à  la  loi  du  30  mars  1887,  qui  est  parfaitement  suffisante  pour  assurer 
la  conservation  des  monuments  et  des  objets  présentant  un  intérêt  his- 
torique ou  artistique. 

Elle  se  rallie  à  la  proposition,  faite  par  la  Société  Préhistorique  fran- 
çaise, d'ajouter  à  cette  dernière  loi,  quelques  articles  interdisant  l'ex- 
portation des  objets  particulièrement  intéressants  pour  notre  pays  et 
réglant  les  conditions  dans  lesquelles  les  Etrangers  pourront  exécuter 
des  fouilles  en  France;  mais  elle  estime  qu'aucune  atteinte  ne  doit  être 
portée  à  la  liberté  des  recherches  scientifiques  entreprises  par  les  Fran- 
çais, recherches  qui,  loin  d'être  entravées,  devraient,  au  contraire, 
être  facilitées  et  encouragées . 

41°  Société  d'Emulation  du  Bourbonnais. 

Moulins,  le  11  janvier  1911. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  que  notre  société  vient  de  prendre 
dans  sa  séance  du  9  janvier  1911,  une  délibération  conformera  celle  que 
vous  avez  prise  le  2  décembre  1910  relativement  à  la  liberté  des  fouilles 
et  à  l'exportation  des  objets  à  l'étranger. 

Le  Président,  G.  Morand. 

42°  Société  Linnéenne  du  Nord  de  la  France- 

Amiens,  le  18  janvier  1911. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  faire  connaître  que  dans  sa  dernière  séance, 
la  Société  Linnéenne  après  avoir  pris  connaissance  du  projet  de  loi 
relatif  aux  fouilles  intéressant  la  Paléontologie  et  l'Archéologie,  et  de 
l'extrait  du  procès-verbal  de  la  réunion  du  Conseil  d'Administration 
tenue  le  2  décembre  1910,  s'associe  entièrement  au  vœu  émis  par  la 
Société  Préhistorique  française,  résumé  dans  les  trois  articles  qui  doi- 
vent compléter  l'article  14  de  la  loi  du  30  mars  1887. 

Le  Secrétaire,  F.  Choquakt. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  97 


43°  Société  d'Etudes  scientifiques  de  l'Aude. 

Séance  du  18  décembre  1910.  —  Présidence  de  M.  le  Dr  Carbou.  — 
Le  Secrétaire  expose  que,  à  la  suite  de  fouilles  exécutées  dans  une  de 
nos  régions  les  plus  riches  en  gisements  préhistoriques  sur  des  pro- 
priétés particulières  temporairement  louées  à  cet  effet,  les  objet  recueil- 
lis ont  été  dispersés  hors  de  France,  au  profit  de  collectionneurs  ou 
marchands  étrangers.  Nous  nous  trouvons  ainsi  dépossédés  sur  notre 
propre  terriioire  de  pièces  essentielles  à  l'étude  de  nos  origines  et 
dont  la  plupart  échapperont  pour  jamais  à  l'investigation  scientifique. 

Ce  fait  a  soulevé  au  sein  de  nos  plus  importantes  sociétés  savantes 
une  émotion  bien  légitime,  et  l'Académie  des  sciences,  le  Comité  des 
travaux  historiques,  la  Société  d'Anthropologie,  ont  réclamé  la  protection 
d'une  loi  nouvelle.  L'administration  des  Beaux- Arts,  de  qui  relève  la 
conservation  des  monuments  préhistoriques,  a  confié  la  préparation  de 
cette  loi  à  une  commission  de  savants  et  dejuristes  et  le  gouvernement 
a  déposé  le  25  octobre  1910,  sur  le  Bureau  de  la  Chambre  des  Députés, 
un  projet  de  loi  qui  organise  la  surveillance  des  fouilles  entreprises 
par  les  particuliers  et  prévoit  pour  l'Etat,  si  l'intérêt  scientifique 
l'exige,  le  droit  de  se  substituer  au  fouilleur. 

Les  sanctions  prévues  sont  de  deux  ordres  :  les  unes,  pénales,  lais- 
sent un  large  pouvoir  d'appréciation  aux  tribunaux  ;  les  autres  civiles, 
sont  destinées  à  réparer  les  dommagee  qui  pourraient  résulter  des 
infractions  à  la  loi. 

Mais  un  semblable  projet,  en  obligeant  «  tout  établissement,  toute 
association  ou  tout  particulier,  qui  veut  exécuter  des  fouilles  archéo- 
logiques ou  paléontologiques,  soit  sur  un  terrain  lui  appartenant,  soit 
sur  le  terrain  d'autrui,  à  en  faire  la  déclaration  à  la  préfecture  du  dépar- 
tement sur  le  territoire  duquel  ces  fouilles  seront  ouvertes  »,  et  en 
soumettant  ces  fouilles  à  la  surveillance  de  l'Etat  est  plutôt  de  nature 
à  nuire  au  développement  de  nos  sociétés  archéologiques  de  province 
et  à  l'initiative  des  véritables  chercheurs. 

Aussi  a-t-il  déjà  soulevé  des  protestations  au  sein  de  nombreuses 
Sociétés  régionales,  et  notamment  au  sein  de  la  Société  préhistorique 
française  qui  vient  d'être  reconnue  d'utilité  publique.  Cette  dernière 
estime  que,  pour  arrêter  l'exode  à  l'étranger  de  nos  trésors  archéolo- 
giques, il  suffirait  de  faire  quelques  adjonctions  à  la  loi  du  30  mars 
1887. 

Cette  loi  protège  les  vestiges  archéologiques,  laisse  libre  cours  aux 
initiatives  et  n'impose  pas  une  surveillance  vexatoire  à  l'inventeur 
d'une  découverte,  surveillance  ou  contrôle  qui  serait  une  atteinte  à 
la  propriété  scientifique  au  moment  même  d'une  découverte. 

Les  articles  nouveaux  qu'il  faudrait  ajouter  à  l'ancienne  loi  pour- 
raient se  résumer  ainsi  : 

Art.  1.  —  Aucun  objet,  présentant  un  intérêt  national  d'archéologie 
ou  de  paléontologie,  ne  pourra  franchir  les  frontières  françaises  sans 
autorisation  du  ministre  compétent. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  7 


98  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Art.  2.  —  L'Etat,  en  cas  de  vente  d'objets  intéressant  l'archéologie 
et  la  paléontologie,  pourra  exercer  un  droit  de  préemption. 

Art.  3.  —  Tout  étranger  désirant  faire  des  fouilles  devra  solliciter 
l'autorisation  ministérielle. 

Telles  sont  les  mesures  que  juge  nécessaires  la  Société  préhistorique 
française.  Avec  plusieurs  autres  sociétés  régionales  telles  que  la  «  Po- 
lymathique  du  Morbihan»,  la  Société  archéologique  de  Limoges,  la  Société 
archéologique  de  Troyes,  etc.,  elle  demande  que  nos  richesses  archéolo- 
giques restent  en  France,  mais  qu'on  n'entrave  pas  l'initiative  des  tra- 
vailleurs, au  risque  de  perdre  à  jamais,  les  inestimables  résultats  que 
leur  zèle  fournit. 

Après  cet  exposé,  l'assemblée  consultée  déclare,  à  l'unanimité  moins 
3  voix,  adopter  les  conclusions  de  la  Société  préhistorique  française,  et 
se  rallier  entièrement  à  sa  manière  de  voir. 

Copie  de  cette  délibération  sera  transmise  à  la  Société  préhistorique 
française. 

44°  Société  historique  et  archéologique  de  Périgord- 

La  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord,  ayant  eu  con- 
naissance du  projet  de  loi  pour  la  protection  des  stations  et  gisements 
préhistoriques  et  paléontologiques  récemment  soumis  au  Parlement, 
tout  en  reconnaissant  qu'il  est  utile  de  compléter  la  loi  du  30  mars 
1887  par  des  mesures  propres  à  sauvegarder  et  à  conservera  la  France 
nos  richesses  préhistoriques,  pense  toutefois  qu'il  est  nécessaire  d'ap- 
porter au  projet  de  loi,  tel  qu'il  est  présenté,  certaines  modifications  et 
a  émis,  dans  sa  séance  du  5  janvier  1911,  les  vœux  suivants  : 

1°  Que  les  Sociétés  savantes  ne  soient  pas  mises  au  même  rang  que 
les  simples  particuliers,  et  que  les  fouilles  exécutées  par  ces  Sociétés 
soient  exemptes  de  la  surveillance  de  l'Etat. 

2°  Que  les  objets  les  plus  importants  et  les  plus  remarquables  pro- 
venant tant  des  fouilles  pour  lesquelles  l'Etat  se  serait  substitué  à  des 
particuliers  que  celles  qu'il  aurait  entreprises  lui-même  restent  la  pro- 
priété des  Musées  oflrant  les  garanties  de  conservation  suffisantes  et 
situés  dans  le  Département  où  auront  eu  lieu  ces  fouilles,  les  doubles 
seuls  pouvant  recevoir  une  autre  attribution. 

3°  Que  les  objets  trouvés  par  les  particuliers  restent  la  propriété  de 
ceux-ci,  et  que  1  Etat  ait  seulement  un  droit  de  préemption  en  cas  de 
vente. 

4°  Que  la  deterraination.de  la  stratigraphie  d'une  station  ou  d'un 
gisement  soit  imposée  aux  particuliers  y  faisant  des  fouilles,  et  que 
cette  détermination  reste  soumise  à  la  vérification  des  surveillant  dési- 
gnés par  l'Etat. 

5°  Que  des  mesures  soient  prises  pour  empêcher  la  sortie  de  France 
des  objets  d'une  importance  capitale,  que  l'Etat  pourra  toujours  con- 
naître au  moyen  de  la  surveillance  qu'il  fera  exercer  sur  les  fouilles  des 
particuliers. 

Le  Président,  Marquis  de  Fayollb. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  99 

45°  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne. 

Auxerre,  10  janvier  1911. 

La  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de  V  Yonne,  considé- 
rant qu'il  est  opportun  et  utile  de  proposer  une  loi  pour  empêcher  /es 
fraudes  déjà  signalées  et  qui  peuvent  se  renouveler  au  sujet  des  fouilles 
archéologiques  et  paléontologiques,  est  d'avis,  pour  sauvegarder  les 
droits  et  les  intérêts  des  Musées  de  province,  de  se  rallier  aux  amen- 
dements proposés  aux  projets  de  loi  par  la  Société  Polymathique  du 
Morbihan  et  notamment  à  l'Art.  4,  §  1. 

Le  Secrétaire,  E.  Humbert. 
46°  Société  historique  de  Compiègne- 

(Reconnue  comme  établissement  d'utilité  publique  par  décret   du  15   Mars  1895}. 

Compiègne,  le  27  janvier  1911. 

Procès-verbal  de  la  séance  du  16  décembre  1910.  —  M.  Plessier 
attire  notre  attention  sur  un  projet  de  loi  relatif  aux  fouilles  de  Paléon- 
tologie et  d'Archéologie,  présenté  à  la  Chambre  des  Députés,  le  25  oc- 
tobre 1910,  par  M.  Briand  et  M.  Doumergue. 

Déjà  plusieurs  Sociétés  Savantes  se  sont  émues  de  ce  projet,  notam- 
ment la  Société  Académique  de  Laon,  la  Société  Archéologique  de  Limo- 
ges, celles  de  Troyes,  du  Morbihan,  la  Société  Préhistorique  fran- 
çaise, etc. 

Ce  projet  leur  a  paru  très  dangereux  pour  les  intérêts  de  la  science, 
dont  il  entrave  les  recherches,  sous  prétexte  d'arrêter  l'exode  à  l'étran- 
ger de  nos  trésors  nationaux.  Il  suffirait  d'ajouter  un  ou  plusieurs  arti- 
cles à  la  loi  du  30  mars  1887,  pour  atteindre  ce  but.  Il  pourrait  êlre 
défendu  de  vendre  à  l'étranger  aucun  objet  présentant  un  intérêt  natio- 
nal d'Archéologie  ou  de  Paléontologie  sans  autorisation  spéciale  du 
Ministre  compétent. 

L'Etat,  en  cas  de  vente,  pourrait  exercer  un  droit  de  préemption  et 
se  réserver  la  faculté  de  faire  des  moulages  et  des  dessins  des  objets 
aliénés. 

Il  faudrait  aux  étrangers  une  autorisation  ministérielle  pour  faire  des 
fouilles. 

La  Société  historique  ne  peut  que  s'associer  aux  justes  réclamations 
déjà  formulées  par  plusieurs  sociétés  de  Paléontologie  et  d'Archéo- 
logie, en  vue  d'obtenir  <t  qu'on  n'entrave  pas  l'initiative  des  travail- 
«  leurs,  au  risque  de  perdre  à  jamais  les  inestimables  résultats  que 
■  leur  zèle  fournit  » . 

Le  Président,  Baron  de  Boxnault. 

47°  Société  historique  d'Auteuil  et  de  Passy. 

Séance  du  12  janvier  1911.  —  Présidence  de  M.  Marmotta-n.  — . 
Sur  la  proposition  de  M.  P.  Marmottàn,  en  l'absence  de  M.  leDr  Henri 


100  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Martin,  Président  de  la  Société  Préhistorique  française,  la  Société  vote 
à  l'unanimité  des  membres  présents,  une  protestation  contre  le  projet 
de  loi  relatif  aux  fouilles,  déposée  le  25  octobre  1910,  et  elle  adopte  les 
conclusions  de  la  S.  P.  F.,  énoncées  dans  la  séance  de  son  Conseil 
d'Administration,  tenue  le  2  décembre  1910. 


48e  Société  Linnéenne   de  Bordeaux. 
(Reconnue  d'utilité  publique). 

Extrait  de  la  résolution  de  la  séance  du  18  janvier  1911. —  Dès  1909, 
à  la  suite  d'une  excursion  scientifique  aux  gorges  de  la  Vézère,  la 
Société  Linnéenne  de  Bordeaux  s'était  émue  de  l'exode,  hors  de 
France,  de  documents  quelquefois  uniques  de  la  Préhistoire  nationale. 
Elle  désirait  que,  sans  tarder,  des  décisions  fussent  prises  pour  em- 
pêcher le  renouvellement  de  pareils  faits  préjudiciables  à  notre  ensei- 
gnement et  à  nos  Musées.  Aujourd'hui,  elle  estime  que  le  projet  de  loi 
présenté  par  le  gouvernement  dépasse  de  beaucoup  la  portée  que  lui 
attribue  «  l'exposé  des  motifs  préliminaire  ».  Pour  remédier  à  des 
abus  très  réels  et  regrettables,  le  gouvernement  impose  aux  fouilleurs 
amateurs  français  une  surveillance  impérative  qui  menace  de  les  Trus- 
ter de  leurs  trouvailles,  au  moment  où  elles  deviennent  intéressantes, 
au  moment  où  ils  vont  recevoir  la  récompense  des  efforts  pécuniai- 
res qu'ils  ont  consentis  bénévolement.  La  Société  Linnéenne  se  rallie 
donc  entièrement  aux  protestations  de  la  Société  Préhistorique  fran- 
çaise et  des  autres  groupes  régionaux;  la  réglementation  suffisante 
serait  donc  d'empêcher  la  sortie  des  documents  préhistoriques,  et  pour 
cela  devrait  viser  la  surveillance  des  fouilles  entreprises  par  des  étran- 
gers. 

En  conséquence,  la  Société  Linnéenne  adopte  les  trois  articles  addi- 
tionnels à  l'article  14  de  la  loi  du  30  mars  1887,  proposés  par  la  Société 
Préhistorique,  en  y  ajoutant  les  deux   modifications  entre   parenthèse. 

Article  Ier. — Aucun  objetprésentant  un  intérêt  national  archéologique 
ou  paléontologique  ne  pourra  franchir  les  frontières  françaises  sans  au- 
torisation spéciale  du  ministre  compétent. 

Article  II. — En  cas  de  vente  d'objets  intéressant  lArchéologie  et  la 
Préhistoire,  l'Etat  pourra  exercer  un  droit  de  préemption  (au  profit 
tout  d'abord  des  Musées  de  la  région  où  auront  été  trouvés  les 
dits  objets). 

Article  III.  — Tout  étranger  désirant  faire  [directement  ou  indirecte- 
ment) des  fouilles  sur  le  territoire  français,  devra  solliciter  l'autorisa- 
sation  ministérielle. 

49°  Société  Archéologique  de  Bordeaux. 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  du  13  janvier  1911.  — La 
Société  Archéologique  de  Bordeaux,  saisie  du  nouveau  projet  de  loi  rela- 
tif aux  fouilles  intéressant  l'archéologie  et  la  paléontologie  et  émue  des 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  iOl 

dangers  qu'il  peut  présenter  pour  les  études  futures,  a  adopté  le  vœu 
suivant,  comme  protestation  au  dit  projet  : 

La  Société  Archéologique  de  Bordeaux >  considérant  que  la  législation 
actuelle  est  déjà  suffisamment  armée  pour  assurer  la  conservation  des 
objets  archéologiques  présentant  un  intérêt  capital   pour  notre   pays. 

Considérant  que  les  plus  belles  découvertes  et  les  collections  les  plus 
importantes  de  nos  musées  ont  été  faites  par  de  modestes  savants, 
n'ayant  pour  la  plupart  aucune  mission  officielle  à  ce  sujet  ; 

Considérant  quil  serait  extrêmement  dangereux  de  porter  atteinte  à 
l'élan  de  ces  fouilleurs  libres,  qui  tous  les  jours  enrichissent  par  des 
dons  généreux  nos  collections  nationales; 

Considérant  toutefois,  que  si  l'on  tient  à  donner  satisfaction  à  cer- 
taines réclamations  qui  se  sont  produites  sur  des  faits  récents  extrê- 
mement regrettables  d'ailleurs,  il  suffirait  de  compléter  l'article  14  de 
la  loi  du  30  mars  1887,  par  les  adjonctions  suivantes  : 

Article  Ier.  —  Aucun  objet  présentant  un  intérêt  national  archéo- 
logique ou  paléontologique  ne  pourra  franchir  les  frontières  françaises 
sans  autorisation  spéciale  du  Ministre  compétent. 

Art.  II.  —  En  cas  de  vente  des  objets  intéressant  l'Archéologie  et  la 
Paléontologie,  l'Etat  pourra  exercer  un  droit  de  préemption  ;  et  ces 
objets  devront  être  déposés  dans  les  Musées  régionaux. 

Art.  III.  —  Tout  étranger  désirant  faire  des  fouilles,  à  titre  personnel 
ou  associé,  devra  solliciter  l'autorisation  ministérielle. 


50°  Académie  nationale  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts 
de  Bordeaux. 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  du  26  janvier  1911.  Présidence 
de  M.  Paul  Gauthier.  —  L'Académie,  considérant  que  le  projet  de  loi 
du  25  octobre  1910,  relatif  aux  fouilles  intéressant  l'Archéologie  et  la 
Paléontologie,  est  tel  qu'il  entrave  l'initiative  privée  et  constitue  un 
péril  pour  les  Musées  de  province. 

Emet,  à  l'unanimité  des  membres  présents,  le  vœu  que  le  projet 
soit  retiré,  et  que,  si  de  nouvelles  dispositions  législatives  sur  le  même 
objet  sont,  comme  l'Académie  le  souhaite,  projetées  ou  proposées, 
elles  soient,  avant  toute  discussion  au  Parlement,  soumises  aux  Uni- 
versités, aux  Sociétés  savantes  de  Paris  et  de  province,  et  aux  direc- 
teurs de  Musées. 


51°  Groupe  Spéléo- Archéologique  d'Uzès. 

Le  Groupe  Spéléo-Archéologique  d'Uzès,  réuni  en  séance  extraordi- 
naire le  samedi  21  janvier  1911,  après  avoir  délibéré,  se  rallie  à  l'una- 
nimité, au  contre-projet  présenté  par  la  Société  Préhistorique  française, 
et  proteste  énergiquement  et  de  la  façon  suivante,  contre  le  projet  du 
Gouvernement  : 

Considérant  que  la  législation  actuelle  est  parfaitement  armée  pour 


102  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

assurer  la  conservation  des  objets  archéologiques  présentant   un  inté- 
rêt capital  pour  le  pays  ; 

Considérant  qu'il  serait  extrêmement  dangereux  de  porter  atteinte  à 
l'élan  des  fouilleurs  libres  ; 

Considérant  que  les  découvertes  les  plus  belles  et  les  collections 
les  plus  importantes  de  nos  Musées  sont  dues  à  de  modestes  savants, 
parmi  lesquels  il  suffît  de  citer  les  noms  de  Boucher  de  Perthes,  Piette, 
E.  Rivière,  Marquis  de  Vibraye,  E.  Moreau,  Baron  de  Bays,  J.  Miln, 
d'Acy  et  tant  d'autres  auxquels  le  groupe  d'Uzès  a  l'honneur  d'ajouter 
le  nom  de  son  Président-Fondateur,  Ulysse  Dumas; 

Considérant  toutefois  que  si  l'on  tient  à  donner  satisfaction  à  certai- 
nes réclamations  récentes,  il  suffirait  de  compléter  l'article  14  de  la  loi 
du  30  mars  1887  par  les  trois  articles  proposés  par  la  Société  Préhis- 
torique française. 

Le  Président. 

52°  Société  d'Etudes  des  Sciences  Naturelles  de  Reims- 

La  Société  d'Etudes  des  Sciences  naturelles  de  Reims,  dans  sa  séance 
du  17  janvier  1911,  a  décidé  à  l'unanimité  des  membres  présents,  de 
s'associer  aux  protestations  élevées  contre  le  projet  de  loi  relatif  aux 
fouilles  archéologiques  et  paléontologiques. 

Elle  est  opposée  aux  mesures  qui  pourraient  porter  atteinte  au  droit 
de  propriété  et  entraver  les  initiatives  personnelles,  si  souvent  utiles  à 
la  science.  Mais  elle  est  d'avis  qu'il  convient  d'empêcher  les  étrangers 
d'exploiter  à  leur  gré  les  richesses  enfouies  dans  notre  sol,  et  qu'il  est 
nécessaire  de  leur  interdire  de  pratiquer  des  fouilles  sans  une  autori- 
sation du  ministre  compétent. 

Signé  :  L.  Demaison, 

Président  de  la  Société  d' Etudes  des  Sciences  naturelles  de  Reims. 


53°  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Nice. 

Nice,  1er  février  1911 

La  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Nice,  dans  sa  séance  du 
17  janvier  1911,  s'associe  à  la  protestation  adressée  à  la  Société  Préhis- 
torique Française,  contre  le  projet  de  loi  sur  les  fouilles  préhistoriques. 

La  protestation  a  été  adressée  à  la  Préfecture  des  Alpes-Maritimes 
pour  être  transmise  à  qui  de  droit. 

Le  Président,  Caziot. 


54°  Société  Les  Amis  des  Sciences  et  Arts  de  Rochechouart. 

Rochechouart,  le  25  janvier  1911. 

La    Société  archéologique    Les   Amis  des    Sciences  et  Arts  de  Roche- 
chouart, a,  dans  sa  séance  du  lundi  9  janvier  1911,  décidé  à  l'unanimité, 


«OC I ÉTÉ   PRÉHISTORIQ!  E   FRANÇAISE  103 

de  joindre  sa  protestation  à  celle  déjà  émise  parla  Société  Préhistorique 
française,  au  sujet  de  la  loi  relative  aux  fouilles  archéologiques  et 
paléontologiques.  Elle  a  chargé  son  Président  de  faire  le  nécessaire. 

Le  Président,  L.  Masfkand. 


Rr  Société  nationale  des  Sciences  naturelles  et  mathématiques 
de  Cherbourg. 

(Reconnue  d'utilité  publique). 

Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que,  dans  sa  séance  du  13  janvier 
1911,  la  Société  nationale  des  Sciences  naturelles  et  mathématiques  de 
Cherbourg  après  avoir  pris  connaissance  des  divers  documents 
qu'avaient  bien  voulu  lui  adresser  la  Société  Préhistorique  française  et 
la  Société  Polymathique  du  Morbihan,  relatifs  au  projet  de  loi  sur  les 
fouilles  archéologiques,  s'est  unanimement  ralliée  à  votre  protestation 
et  a  adopté,  dans  toute  sa  teneur,  le  procès-verbal  de  la  réunion  du 
2  décembre  1010.  tenue  par  le  Conseil  d'Administration  de  la  Société 
Préhistorique  française. 

Veuillez  donc,  Monsieur  le  Président,  nous  compter  au  nombre  des 
Sociétés  les  plus  énergiquement  protestataires  et  agréez  l'assurance  de 
mes  sentiments  très  respectueux  et  tout  dévoués. 

Le  Secrétaire  perpétuel,  L.  Corbièrb. 

56°  Société  Florimontane  d'Annecy. 
(Reconnue  d'utilité  publique). 

Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  le  vœu  suivant,  formulé  à  l'una- 
nimité par  la  Société  Florimontane,  dans   la  séance  du  1er  février  1911. 

«  La  Société  Florimontane  d'Annecy,  estimant  le  projet  de  loi  relatif 
aux  fouilles  archéologiques  et  paléontologiques,  préjudiciable  aux  in- 
térêts de  la  Science,  en  paralysant  l'initiative  privée  et  enlevant  toute 
liberté  aux  recherches  dés-intéressées,  s'associe  par  un  vote  unanime  à 
la  protestation  formulée  par  de  nombreuses  sociétés  savantes  qui  se 
sont  émues  de  ce  dangereux  projet,  et  se  rallie  aux  trois  articles  cons- 
tituant l'amendement  proposé  par  la  Société  Préhistorique  française  le 
2  décembre  1910  ». 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'expression  de  mes  meil- 
leurs sentiments  de  confraternité  scientifique. 

Le  Secrétaire.  Marc  Le  Roux. 


104  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


57°  Société  Académique  du  Nivernais. 

Séance  du  30  janvier  1911.  —  Extrait  du  procès-verbal. —  «  L'as- 
semblée, constatant  que  le  projet  de  loi  présenté  par  le  gouvernement 
pour  réglementer  les  fouilles  intéressant  l'archéologie  et  la  paléonto- 
logie, ne  peut  que  décourager  les  chercheurs  si  dévoués  et  souvent  si 
modestes  qui  occupent  leurs  loisirs  à  arracher  au  sol  de  nos  contrées 
les  objets  qui  lui  furent  livrés  par  le  passé  et  dont  la  découverte  vient 
le  plus  ordinairement  enrichir  nos  musées,  est  d'avis  de  conserver  la 
loi  du  30  mars  1887,  en  la  complétant  par  les  trois  articles  proposés 
par  la  Société  Préhistorique  française  ». 

Le  Président,  V.  Guemeau. 


58°  Société  Dunoise,   Archéologique,    Histoire,   Sciences  et  Arts. 

Châteaudun,  31  janvier  1911. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  la  Société  Dunoise  réunie  aujour- 
d'hui en  Assemblée  générale,  a  décidé,  à  l'unanimité  des  membres  pré- 
sents, de  joindre  sa  protestation  à  celles  des  sociétés  qui  se  sont  déjà 
prononcées  contre  le  projet  de  loi  présenté  à  la  Chambre  des  Députés, 
le  25  octobre  dernier,  dans  le  but  de  réglementer  les  fouilles  intéres- 
sant l'archéologie  et  la  paléontologie. 

Estimant,  comme  elles,  qu'une  telle  loi  porterait  atteinte  au  droit  de 
propriété,  qu'elle  entraverait  les  recherches  individuelles  et  nuirait 
aux  progrès  scientifiques,  la  Société  Dunoise  a  adopté  les  conclusions 
posées  en  ces  termes  par  la  Société  Préhistorique  française  : 

(Suivent  ici  les  trois  articles  proposés  par  la  Société  Préhistorique 
française). 

En  vous  félicitant,  Monsieur,  de  l'utile  initiative  prise  par  la  So- 
ciété savante  que  vous  présidez,  je  vous  prie  d'agréer  l'expression  de 
mes  sentiments  respectueux  et  dévoués. 

Le  Président,  Henri  Lecesne. 

59°  Académie  des  Belles-Lettres,  Sciences  et  Arts 
de  La  Rochelle. 

Section  des  Sciences  naturelles   (Reconnue  d'Utilité  Publique). 

La  Rochelle,  le  31  janvier  1911. 
Monsieur  le  Président, 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  la  Société  des  Sciences  naturelles 
de  la  Charente-Inférieure,  dans  sa  dernière  séance,  a  décidé,  à  l'unani- 
mité  de  ses  membres,  de  protester  contre  le  projet  de  loi  relatif  aux 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRA>ÇAISE  105 

fouilles  intéressant  l'archéologie  et  la  paléontologie,  déposé  à  la  cham- 
bre le  25  octobre  dernier,  et  de  se  rallier  aux  modifications  proposées 
par  la  Société  Préhistorique  française. 

Le  Président,  Bernard. 


60°  Société  Linnéenne  de  Normandie. 

Extrait  du  Procès-verbal  de  la  Séance  du  6  février  1911.  —  La  So- 
ciété Linnéenne  de  Normandie,  considérant  que  le  projet  de  loi  présenté 
par  le  gouvernement  pour  réglementer  la  conservation  en  France  des 
découvertes  archéologiques  et  paléontologiques  et  la  pratique  des 
fouilles  sur  des  bases  réellement  scientifiques,  donne  à  l'Etat  la  possi- 
bilité de  se  substituer  aux  personnes  qui  font  ces  fouilles,  et  de  prendre 
possession  des  objets  qui  ont  été  recueillis.  Que  si  le  but  poursuivi 
est  conforme  dans  son  esprit  aux  vœux  formulés  par  les  savants  et  les 
Sociétés  scientifiques,  les  dispositions  projetées  auraient  fatalement 
pour  résultat  de  paralyser  toute  initiative  privée  en  subordonnant  les 
recherches  à  un  contrôle  administratif. 

Que  dans  ces  conditions,  les  auteurs  des  fouilles  peuvent  craindre 
d'être  dépossédés  à  la  fois  du  produit  de  leurs  fouilles  et  des  résultats 
scientifiques  de  leurs  recherches.  Emet  le  vœu  que  1°  le  projet  de  loi 
présenté  par  le  gouvernement  soit  retiré. 

2°  la  loi  du  30  mars  1887  soit  complétée  par  les  additions  suivantes  : 

Article  premier. 

Tout  établissement,  toute  association  ou  tout  particulier  qui  veut 
exécuter  des  fouilles  archéologiques  ou  paléontologiques,  soit  sur  un 
terrain  lui  appartenant,  soit  sur  le  terrain  d'autrui,  doit  en  faire  la  dé- 
claration à  la  Préfecture  du  département  sur  le  territoire  duquel  ces 
fouilles  sont  ouvertes. 

Art.  2. 

Le  déclarant  pourra  commencer  les  travaux  immédiatement. 
Art.  3. 

Tout  étranger  désirant  faire  des  fouilles  sur  le  territoire  français, 
devra  solliciter  l'autorisation  ministérielle. 

Art.  4. 

Aucun  objet  présentant  un  intérêt  national,  archéologique  ou  paléon- 
tologique,  ne  pourra  franchir  les  frontières  françaises  sans  une  autori- 
sation spéciale  du  Ministre  compétent. 

61°  Société  géologique  du  Nord. 

La  Société  géologique  du  Nord,  fondée  en  1870  et  comprenant  parmi 
ses  membres  toutes  les  personnes  qui,  dans  les  cinq  départements  du 
Nord  de  la  France,  se  livrent  à  des  recherches  de  paléontologie,  a  été 
vivement  émue  du  projet  de  loi  présenté  par  le  gouvernement  pour 


106  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

assurer  la  conservation  en  France  des  précieuses  découvertes  archéo- 
logiques et  paléontologiques.  Rendant  hommage  aux  intentions  excel- 
lentes des  auteurs  du  projet  de  loi,  elle  appelle  respectueusement  l'at- 
tention des  pouvoirs  publics  sur  les  conséquences  tout  à  fait  fâcheuses 
qu'entraîne,  d'après  elle,  pour  la  paléontologie  française,  l'application 
stricte  du  projet  de  loi. 

Elle  estime  qu'une  confusion  regrettable  a  été  commise  par  les  au- 
teurs du  projet  de  loi,  en  assimilant  les  fouilles  paléontologiques  aux 
fouilles  archéologiques,  et  demande  qu'une  distinction  nette,  qu'une 
disjonction  soit  établie,  entre  ces  deux  ordres  de  recherches.  Tandis  en 
effet  que  les  fouilles  archéologiques  ramènent  parfois  au  jour  des  objets 
réellement  uniques,  des  pièces  dont  la  perte  pour  le  pays  serait  réelle- 
ment irréparable,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  la  paléontologie.  Aucun 
spécimen  paléontologique  n'est  représenté  dans  un  gisement  par  un 
seul  individu;  et, si  certaines  pièces  sont  uniques  dans  nos  collections, 
la  raison  en  est  uniquement  au  petit  nombre  de  chercheurs.  Les  objets 
que  recherchent  les  paléontologistes,  dans  leurs  fouilles,  sont  les  débris 
des  êtres,  animaux  ou  plantes  qui  ont  habité  le  globe  :  on  sait  aujour- 
d'hui qu'ils  se  sont  accumulés  sur  des  espaces  immenses  et  pendant 
des  temps  incommensurables,  pendant  des  millions  d'années.  Le  nom- 
bre des  fossiles  qui  dort  dans  les  profondeurs  du  sol  est  illimité;  mais 
le  nombre  des  chercheurs  est  par  contre  très  limité;  et  tout  ce  qui 
menace  d'en  réduire  le  nombre  est  regrettable  pour  la  paléontologie 
française. 

C'est  à  ce  titre  que  la  Société  Géologique  du  Nord  voit  avec  inquié- 
tude le  projet  de  loi  déposé  par  le  gouvernement.  Les  collections 
paléontologiques  de  l'Université  de  Lille  ont  été  faites  entièrement  par 
la  libre  initiative  des  membres  de  la  Société  géologique,  soit  sous  forme 
de  dons,  soit  sous  forme  de  legs;  la  majeure  partie  des  collections 
paléontologiques,  faites  par  des  particuliers  dans  le  Nord,  depuis  le 
temps  de  Cuvier,  appartient  ainsi  à  l'Université  de  Lille.  Cette  collec- 
tion paléontologique  a  une  grande  valeur  régionale  ;  elle  est  non  seule- 
ment visitée  par  les  spécialistes  de  tous  pays,  comme  celle  du  monde 
la  plus  riche  en  fossiles  de  cette  région  ;  mais  elle  fournit  aux  membres 
de  notre  Société  les  documents  et  éléments  de  tous  leurs  travaux  (45 
volumes  parus  depuis  1870). 

La  société  estime  que  l'application  stricte  du  proje$  de  loi  serait 
fatale  au  Musée  paléontologique  de  l'Université  de  Lille,  et  d'une  ma- 
nière générale  aux  collections  publiques  de  paléontologie,  pour  les 
motifs  suivants  : 

1°  Des  amateurs  modestes,  exécutant  simplement  et  dans  leurs 
moments  de  loisirs  des  fouilles  paléontologiques,  reculeront  devant 
l'ennui  de  déclaration  et  de  démarches  administratives.  Ils  ne  pour- 
raient que  très  exceptionnellement  exposer,  dans  leur  déclaration,  la 
portée  générale  et  la  durée  approximative  des  travaux  à  entreprendre. 

2°  D'autres,  et  c'est  le  plus  grand  nombre,  désireux  de  faire  une 
fouille  immédiate,  à  la  vue  d'une  occasion  fortuite  (ouverture  d'une 
tranchée,  d'une  carrière,    d'un  sondage)  laisseront  passer  l'occasion 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  107 

favorable  et  seront  rebutés,  un  mois  après  la  date  de  l'enregistrement 
de  leur  demande,  quand  il  leur  sera  permis  de  se  mettre  à  l'œuvre. 

3°  Aucun  amateur  local,  aucun  chercheur  régional,  ne  continue- 
ront, pensons-nous,  à  pratiquer  des  fouilles  paléontologiques,  à  leurs 
frais  et  dans  leurs  moments  de  loisirs,  s'ils  ne  restent  assurés  de  la 
pleine  propriété  de  leurs  trouvailles,  et  du  droit  d'en  disposer  même 
envers  le  musée  de  leur  ville.  Le  droit  de  préemption  que  s'arrogerait 
l'Etat  sur  les  découvertes  paléontologiques,  au  profit  de  certaines  col- 
lections publiques  dont  il  aurait  la  désignation,  découragerait  tous  les 
collectionneurs  locaux  et  tarirait  toute  initiative  individuelle  ;  il  arri- 
verait donc, à  l'inverse  des  intentions  du  législateur,  que  les  fouilles  ne 
seraient  plus  faites  dans  ces  conditions  que  par  des  professionnels  ou 
par  l'Etat  lui-même. 

Pour  ces  raisons,  la  Société  géologique  du  Nord  émet  le  vœu  que  le 
projet  de  loi  soit  modifié  comme  suit  : 

1°  Suppression  du  mot  paléontologie  dans  le  projet  de  loi  relatif 
aux  fouilles  intéressant  l'archéologie. 

2°  Ne  sont  pas  considérées  comme  fouilles  archéologiques  et  par 
suite  ne  sont  pas  sujettes  à  déclaration,  les  recherches  auxquelles  se 
livrent  les  paléontologistes  pour  la  recherche  des  fossiles. 

P.  le  Président  de  la  Société  Géologique  du  Nord,  empêché, 

Le   Vice-Président,  A.  Miquet, 

Licencié    ès-sciences, 

Greffier  en  chef  de  la  Cour  d'appel  de  Douai . 

62°  Société  libre  d'Agriculture,   Sciences,   Arts    et   Belles-Lettres 
de  l'Eure. 

F.vreux,    le  7  février  1911. 
Monsieur, 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  la  Société  libre  de  l'Eure,  dans 
son  Assemblée  générale  du  5  courant,  a  décidé  de  se  joindre  à  la  Société 
Préhistorique  française  pour  demander  l'adjonction  à  l'article  14  de  la 
loi  du  30  mars  1887  des  dispositions  indiquées  dans  l'extrait  du  procès- 
verbal  de  la  réunion  du  Conseil  d'administration  de  la  Société  Préhis- 
torique française,  tenue  le  2   décembre  1910. 

Veuillez  agréer,  etc.. 

Le  Secrétaire  Perpétuel,  L.  Petit. 

63*  Société  Archéologique  de    Tarn-et-Garonne. 

(Reconnue   d'Utilité  publique). 

Montauban,  5   février   1911. 
Monsieur  le  Président, 

La  Société  Archéologique  de  Tarn-et-Garonne  ayant  été  appelée  dans 
sa  séance  du  1er  février  1911  à  examiner  le  projet  de  loi  sur  les  fouilles 


108  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

archéologiques,  déposé  le  25  octobre  1910  et  les  protestations  dont  ce 
projet  a  été  l'objet,  j'ai  l'honneur  de  vous  informer  qu'après  discussion, 
il  a  été  décidé  à  l'unanimité,  que  la  Société  Archéologique  s'associait 
complètement  aux  considérants  et  aux  vœux  qui  lui  ont  été  communi- 
qués par  le  Conseil  d'Administration  de  la  Société  Préhistorique  fran- 
çaise. Il  est  entendu  toutefois,  que  l'État  s'il  use  du  droit  de  préemp- 
tion conféré  par  l'article  2,  devra  confier  aux  Musées  locaux  ou  régio- 
naux le  dépôt  des  objets  achetés  par  lui. 
Veuillez  agréer,  etc.. 

Le  Président,  Fernand  Pottieh  . 

...    04°  Société  Archéologique  de  Sens- 

La  Société  Archéologique  de  Sens,  après  avoir,  dans  la  séance  du  6 
février  1911,  pris  connaissance  :  l°du  projet  de  loi  déposé  sur  le  bureau 
de  la  Chambre  de  Députés,  le  25  octobre  1910,  tendant  à  la  réglemen- 
tation des  fouilles  archéologiques,  demandant  leur  interdiction,  si  elles 
ne  sont  précédées  d'vwie  déclaration  et  de  formalités  administratives 
compliquéesetneles permettant  que  sous  lasurveillance  de  l'Etat  ;2°  du 
projet  d'amendement  proposé  par  la  Société  Préhistorique  française 
réclamant  le  maintien  de  la  législation  actuelle  (loi  du  30  Mars  1887) 
complétée  s'il  y  a  urgence  et  nécessité,  par  les  dispositions  qui  suivent  : 

Article  premier 
Aucun  objet  présentant  un  intérêt  national,  archéologique  oupaléon- 
tologique,  ne  pourra  franchir  les    frontières  françaises   sans  autorisa- 
tion spéciale  du  ministre  compétent. 

Art.   2 
En  cas  de  vente  d'objets  intéressant   l'Archéologie  et  la   Paléonto- 
logie, l'Etat  pourra  exercer  un  droit  de  préemption. 

Art.  3 
Tout  étranger  désirant    faire   des  fouilles  sur  le  territoire  Français, 
devra  solliciter  l'autorisation  ministérielle. 

Considérant  que  le  projet  de  loi  susdit,  loin  de  protéger  et  de  favo- 
riser l'un  des  éléments  essentiels  de  l'étude  de  l'Archéologie,  est  au 
contraire  de  nature  à  l'entraver  et  à  la  supprimer  en  rendant  désormais 
impossible  toute  initiative  particulière,  et  en  portant  atteinte  à  la  pro- 
priété particulière; 

Considérant  que  plus  de  45  sociétés  savantes  françaises  ont  déjà 
adhéré  à  la  protestation  de  la  Société  Préhistorique  française  : 

Décide,  à  l'unanimité,  de  s'associer  à  la  protestation  formulée  par  la 
Société  Préhistorique  française  contre  le  projet  de  loi  sur  la  surveil- 
lance des  fouilles,  et  émet  le  vœu  que  l'article  14  de  la  loi  du  30  mars 
1887  soit  complété,  si  on  le  juge  nécessaire,  par  l'adjonction  des  arti- 
cles proposés  par  la  dite  Société . 

Pour  copie  conforme,  Sens,  le  8  Février  1911. 

Le  Président  de  la  Société  Archéologique,  E.  Chartraire. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  109 


05°  Société  Archéologique  de  Nantes  et  du  Département 
de  la  Loire-Inférieure. 

Nantes,  le  11  février  1911. 
Monsieur  le  Président, 

La  circulaire,  que  vous  avez  bien  voulu  nous  envoyer  au  sujet  de  la 
protection  des  richesses  archéologiques  de  la  France  contre  les  étran- 
gers, a  été  longuement  et  très  chaleureusement  discutée  par  notre 
Société,  tout  d'abord  en  comité,  puis  en  séance  générale.  J'ai  l'hon- 
neur de  venir  vous  donner  les  résultats  de  cette  discussion. 

Nous  sommes  tous  d'accord,  de  la  façon  la  plus  impérative,  pour  le 
rejet  du  projet  de  loi  du  25  octobre  1910;  si  ce  projet  était  adopté,  ce 
serait  l'anéantissement  complet  des  fouilles,  au  plus  grand  dommage 
de  la  science  archéologique. 

Nous  vous  approuvons  de  demander  le  simple  maintien  de  la  loi  de 
1887,  en  y  ajoutant  un  amendement. 

Sur  le  texte  d'amendement  proposé  par  vous,  voici  le  sentiment  de 
notre  Société  Archéologique  de  Nantes. 

Article  premier 

Nous  le  trouvons  parfait  d'intention,  mais  tout  à  fait  insuffisant  faute 
de  sanction  ;  il  faudrait  que  le  coupable  fût  frappé  d'une  amende  énorme 
et  sans  sursis,  ou,  ce  qui  serait  préférable,  que  la  vente  faite  sans  auto- 
risation à  l'étranger  fut  déclarée  nulle;  mais  la  clause  de  réciprocité  est 
nécessaire. 

Art.  2 

Voici  comment  notre  société,  ennemie  de  la  centralisation  et  de  l'acca- 
parement, voudrait  voir  rédiger  cet  article  : 

«  En  cas  de  vente  d'objets  intéressant  l'Archéologie  ou  la  Paléonto- 
logie, un  droit  de  préemption  pourra  être  exercé,  en  première  ligne, 
parle  Département,  en  deuxième  ligne,  par  l'Etat;  dans  l'un  ou  l'autre 
cas,  l'objet  acheté  sera  donné  au  musée  régional. 

Art.  3 
Notre  Société  l'adopte  tel  que. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  mes  senti- 
ments très  distingués. 

Le  1er  Vice-Président,  Baron  G.  de  Wismes. 


06°  Académie  nationale  de  Reims. 

Séance  du  27  janvier  1911.  —  Le  Dr  Guelliot  fait  l'exposé  suivant  : 
Le  Gouvernement  a  déposé,  le  25  octobre  dernier,  sur  le  bureau  de  la 
Chambre  des  Députés  un  «  projet  de  loi  relatif  aux  fouilles  intéressant 
l'archéologie  et  la  paléontologie  »,  dont  le  texte  intéresse  au  plus  haut 
point  les  Sociétés  qui,  comme  la  nôtre,  s'occupent  d'études   archéolo- 


110  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

giques,  tous  les  musées  provinciaux  et  particulièrement  les  fouilleurs 
si  nombreux  dans  notre  région  et  à  qui  l'Académie  n'a  jamais  ménagé 
ses  encouragements. 

Des  faits  regrettables  se  sont  passés  qui  ont  motivé  des  protestations 
de  l'Académie  des  Sciences,  du  Comité  des  Travaux  historiques  et  de 
la  Société  d'Anthropologie;  des  fouilles  ont  été  pratiquées  dans  de  riches 
gisements  préhistoriques  par  des  étrangers,  et  les  nombreux  objets 
recueillis,  parmi  lesquels  un  très  précieux  squelette  de  l'époque  paléo- 
lithique, ont  été  transportés  au  delà  de  nos  frontières.  Dans  l'intention 
de  remédiera  des  abus  que  tout  le  monde  déplore,  l'Administration  des 
Beaux-Arts  a  élaboré  un  projet  de  loi  qui  ne  tend  à  rien  moins  qu'à  sup- 
primer la  liberté  des  fouilles,  à  atteindre  le  droit  de  propriété,  à  nuire 
au  fonctionnement  normal  des  sociétés  archéologiques  provinciales,  à 
l'essor  des  musées  régionaux  et  au  progrès  des  sciences  paléontologi- 
que,  préhistorique  et  archéologique. 

«  Tout  établissement,  toute  association  ou  tout  particulier,  dit  l'ar- 
ticle premier  du  projet,  qui  veut  exécuter  des  fouilles  archéologiques 
ou  paléontologiques,  soit  sur  un  terrain  lui  appartenant,  soit  sur  le  ter- 
rain d'autrui,  doit  en  faire  la  déclaration  à  la  préfecture  du  départe- 
ment... Les  travaux  ne  peuvent...  commencer  qu'un  mois  après  la  date 
de  l'enregistrement...  de  la  déclaration...  » 

Pour  qui  connaît  l'imprévu  des  découvertes,  la  nécessité  des  recher- 
ches rapides  pour  éviter  le  vol  ou  la  disparition  des  objets  soupçonnés 
enfouis,  ces  obligations  entraîneraient  la  suppression  d'une  grande  par- 
tie des  fouilles  les  plus  productives. 

Les  articles  suivants  donnent  au  Ministre  le  droit  de  nommer  un 
«  surveillant  »  muni  de  tous  pouvoirs  pour  pénétrer  sur  le  terrain  des 
fouilles,  surveiller  les  travaux,  les  diriger,  les  interrompre  même;  l'Etat 
peut  se  substituer  à  l'inventeur,  revendiquer  les  pièces  provenant  des 
fouilles,  etc. 

C'est  la  main-mise  par  l'Etat  sur  tout  ce  qui  serait  trouvé  d'intéres- 
sant sur  le  territoire  français,  c'est  le  dépouillement  systématique  des 
chercheurs,  c'est  la  ruine  de  l'initiative  personnelle. 

L'Académie  de  Reims  a  d'autant  plus  de  raisons  de  protester  contre 
de  semblables  projets,  que  le  sol  de  notre  Champagne  a  livré  depuis  un 
demi-siècle  d'inestimables  richesses  archéologiques,  grâce  à  des  fouil- 
leurs qui,  sans  appui  officiel,  sans  subventions,  ont  exhumé  les  témoins 
des  civilisations  passées;  n'est-ce  pas  àeuxque  l'on  doit,  pour  une  large 
part,  la  connaissance  d'une  des  périodes  les  plus  intéressantes  de  notre 
histoire  nationale  :  celle  de  la  Gaule  indépendante  ? 

Tout  n'est  cependant  pas  à  rejeter  dans  le  projet  du  Gouvernement, 
L'article  6  réserve  à  l'Etat  un  droit  de  préemption  sur  toutes  les  pièces 
d'archéologie  ou  de  paléontologie  trouvées  en  France  et  que  leurs  pos- 
sesseurs se  proposeraient  de  vendre  à  l'étranger;  ainsi  pourrait  être  mis 
un  terme  à  cette  exportation  de  nos  richesses  nationales  dont,  ici  même, 
nous  pourrions  citer  de  fâcheux  exemples. 

Au  reste,  la  loi  du  30  mars  1887,  relative  à  la  conservation  des  mo- 
numents et  objets  d'art  ayant  un  intérêt  historique  et  artistique,  donne 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  111 

déjà  à  l'Etat  des  pouvoirs  étendus  pour  le  classement  des  immeubles  et 
des  objets  mobiliers  ayant  un  intérêt  national  ;  l'article  14  vise  même 
l'expropriation  de  terrains  de  fouilles  appartenant  à  des  particuliers. 

Nous  croyons  donc, —  etsansdoute  vous  serez  de  cet  avis,  —  qu'après 
avoir  protesté  contre  toute  atteinte  portée  à  la  liberté  des  recherches 
scientifiques,  l'Académie  nationale  de  Reims  peut  adopter  le  contre- 
projet  proposé  par  la  Société  Préhistorique  française. 

Article  premier 

Aucun  objet  présentant  un  intérêt  national,  archéologique  ou  paléon- 
tologique,  ne  pourra  franchir  les  frontières  françaises  sans  autorisation 
spéciale  du  Ministre  compétent. 

Art.  2 

En  cas  de  vente  d'objets  intéressant  l'Archéologie  ou  la  Paléontolo- 
gie, l'Etat  pourra  exercer  un  droit  de  préemption. 

Art.  3 

Aucun  étranger  ne  pourra  faire  des  fouilles  sur  le  territoire  français 
sans  autorisation  ministérielle. 

Après  délibération,  ces  conclusions  sont  admises  à  l'unanimité. 


07°  Société  Philomathique  de  Verdun- 
(Reconnue  d  utilité  publique). 

Verdun,  lk  février  1011. 
Monsieur  le  Président, 

La  Société  Philomathique  de  Verdun  (Meuse),  dans  la  séance  du  mer- 
credi 1er  février  191.1,  a  pris  la  délibération  suivante  : 

«  Après  avoir  eu  connaissance  du  projet  de  loi  relatif  aux  fouilles  in- 
téressant l'Archéologie  et  la  Paléontologie,  présenté  à  la  Chambre  des 
Députés,  le  25  octobre  1910,  par  MM.  Briand,  Président  du  Conseil, 
et  Doumergue,  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des   Beaux-Arts. 

Attendu  que  ce  projet  porte  une  grave  atteinte  :  1°  à  la  liberté  indivi- 
duelle, en  supprimant  l'initiative  personnelle,  ou  en  prétendant  la  ré- 
glementer, en  la  soumettant  à  la  surveillance  d'un  représentant  de 
l'Etat  »  ;  2°  et  au  droit  de  propriété,  par  celui  de  préemption  qu'il 
édicté  en  certains  cas  au  profit  de  l'Etat. 

Mais,  attendu  aussi,  qu'il  y  a  lieu  de  mettre  un  terme  aux  mercantis 
étrangers,  par  des  mesures  énergiques  et  préventives, 

La  Société  philomathique  est  unanime  à  protester  contre  la  teneur  du 
projet  de  loi  présenté. 

Elle  adopte,  à  l'unanimité,  le  projet  d'amendement  présenté  par  la 
Société  Préhistorique  française,  en  proposant  toutefois  d'ajouter  à 
l'article  3,  la  phrase  suivante  : 

Et  ne  pourra  les  faire  que  sous  la  surveillance  d'une  Société  locale 
s'occupant  d'Archéologie. 


Wi  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

J'ai  l'honneur  de  porter  cette  délibération  à  votre  connaissance,  poui 
en  faire  tel  usage  que  vous  trouverez  bon. 
Et  vous  prie  d'agréer,  etc. 

Le  Président,  Dr  Péquart. 


68°  Société  Archéologique  et  Historique  du  Limousin. 

La  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin  a  émis,  au  sujet  de 
la  loi  relative  aux  fouilles,  une  série  de  vœux,  dont  les  considérants  et 
les  propositions  principales  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

l3  Un  premier  vœu  précise  les  conditions  dans  lesquelles  les  étran- 
gers peuvent  exécuter  des  fouilles  en  France  :  autorisation  préalable, 
soumission  à  un  contrôle  scientifique,  expéditions  à  l'étranger  subor- 
données à  un  laisser-passer,  remise  à  l'Etat  et  au  département  inté- 
ressé de  séries  typiques,  cession  à  l'Etat  des  objets  exceptionnels 
(squelettes,  objets  d'art),  moyennant  indemnité  à  débattre. 

2°  Un  deuxième  vœu  demande  que  le  particulier  exploitant  ne  soit 
évincé  que  si  son  incapacité  est  notoirement  nuisible,  qu'il  soit  indem- 
nisé, qu'il  reste  associé,  comme  assistant,  à  la  suite  des  fouilles  faites 
par  l'Etat. 

3°  Un  troisième  vœu  fait  ressortir  l'intérêt  qu'il  y  a  à  éviter  une  cen- 
tralisation exagérée;  il  demande  que  les  musées  locaux  reçoivent  une 
bonne  part  des  découvertes  faites  dans  les  fouilles  d'Etat,  et  que  les 
inspecteurs  prévus  par  le  projet,  soient  pris,  selon  les  possibilités, 
dans  les  départements. 

Ces  vœux,  tout  en  conservant  le  fonctionnement  des  fouilles  d'Etat, 
l'éviction  par  l'Etat,  le  contrôle  scientifique  exercé  sur  les  fouilleurs 
particuliers,  n'en  constituent  pas  moins  une  correction  très  importante 
du  texte  de  loi,  proposé  dans  le  sens  du  libéralisme  et  de  la  décentra- 
lisation. 


(39°  Société  Archéologique  de  Montpellier. 

Séance  du  11  février  1911.  —  La  Société  Archéologique  de  Montpel- 
lier, après  avoir  pris  connaissance  du  projet  de  loi  sur  les  fouilles  ar- 
chéologiques, déposé  par  le  Gouvernement,  à  la  Chambre  des  Députés. 

Considérant  que  ce  projet  aurait  pour  effet,  en  soumettant  toutes  les 
fouilles  archéologiques  au  contrôle  et  à  la  surveillance  des  fonction- 
naires de  l'Etat  et  en  les  subordonnant  à  des  formalités  administra- 
tives, d'entraver  l'esprit  de  libre  recherche,  de  paralyser  l'initiative 
privée  et  de  décourager,  dans  bien  des  cas,  le  bon  vouloir  et  le  zèle 
désintéressé  des  Archéologues  de  province,  qui  seraient  exposés  à  se 
voir  enlever  le  fruit  de  leurs  travaux  ; 

Considérant  que  ce  projet  aurait  encore  le  désastreux  résultat  de 
porter  une  sérieuse  atteinte  aux  droits  privés  et  d'empêcher  la  création, 
toujours  souhaitable  et  le  développement  des  musées  archéologiques 
locaux. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  113 

Décide  à  l'unanimité,  de  s'associer  aux  protestations  soulevées  par 
ce  projet  de  loi,  et  se  rallie  à  l'amendement  proposé  par  la  Société  pré- 
historique française . 

Pour  copie  conforme  : 

Emile  Bonnet. 

70°  Société  Archéologique  d'Eure-et-Loir. 

Chartres,  le  44  février  1911. 
Monsieur  le  Président. 

J'ai  l'honneur  de  vous  faire  connaître  que  la  Société  archéologique 
d'Eure-et-Loir,  dans  sa  séance  du  9  février  dernier,  après  avoir  pris 
connaissance  : 

1°  Du  projet  de  loi  sur  les  fouilles  préhistoriques,  déposé  le  25  octo- 
bre 1910  ; 

2°  De  votre  circulaire  à  son  sujet  ; 

3°  Des  avis  émis  par  diverses  Sociétés  savantes  et  des  impressions 
de  la  presse  ; 

A  approuvé  entièrement  et  sans  réserves,  les  trois  articles  que  vous 
proposez  d'ajouter  à  l'ancienne  législation  (loi  du  30  mars  1887),  pour 
réprimer  les  abus  récents. 

Vous  pouvez  donc  enregistrer  notre  adhésion  à  l'appui  du  contre- 
projet  que  vous  avez  l'intention  de  susciter.  La  rédaction  de  vos  trois 
articles  nous  parait  parfaite,  très  claire,  suffisamment  prévoyante  et 
d'une  application  beaucoup  plus  pratique  que  le  projet  touflu  et  pape- 
rassier dont  nous  avons  pris  connaissance. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  ma  considé- 
ration très  distinguée. 

Signé  :  A.  Blondel,  secrétaire. 

71°  Société  d'Etudes  scientifiques  et  Archéologiques 
de  Draguignan. 

Séance  du  2  décembre  1910. 

Présidence  de  M .  Astier. 

Extrait  du  procès-verbal  : 

«  Envoi  par  la  Société  Préhistorique  française  du  texte  d'un  projet 
de  loi,  déposé  par  le  Gouvernement,  relatif  aux  fouilles  intéressant 
l'Archéologie  et  la  Paléontologie.  Sur  la  proposition  de  M.  le  Dr  Doze, 
la  Société  émet  le  vœu  que  ce  projet  de  loi  ne  soit  adopté  par  le  Parle- 
ment qu'avec  modifications. 

72°  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  :  La  Haute  Auvergne. 

Aurillac,  le  18  février  1911. 

Après  avoir  pris  connaissance  du  projet  de  loi  déposé  à  la  Chambre 
des  Députés,  le  25  octobre  1910,  relatif  aux  fouilles  intéressant 
l'archéologie  et  la  paléontologie. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  8 


114  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Considérant  que  l'initiative  individuelle  et  la  liberté  des  fouilles  ont 
donné,  jusqu'à  ce  jour,  des  résultats  trop  favorables  à  la  science  pour 
que  l'on  puisse  soutenir,  avec  quelque  apparence  de  raison,  l'opportu- 
nité d'une  entrave  ou  d'une  restriction; 

Considérant  qu'un  contrôle  officiel  paralyserait  toutes  les  bonnes 
volontés  et  engendrerait  un  véritable  enlisement  scientifique  ; 

Considérant,  en  outre,  que  les  dispositions  du  projet  apporteraient 
le  plus  grand  trouble  dans  l'exercice  du  droit  de  propriété  individuelle, 
auquel  tout  citoyen  français  est  particulièrement  attaché; 

Considérant  d'autre  part,  qu'une  simple  faculté  de  préemption, 
accordée  à  l'Etat,  serait  une  garantie  pour  conserver  à  notre  pays  les 
découvertes  présentant  un  intérêt  spécial; 

Le  bureau  de  la  Société  des  sciences,  lettres  et  arts:  La  Haute  Auvergne, 
agissant  au  nom  de  tous  les  membres  de  cette  société. 

Emet  les  vœux  : 

Qu'aucune  modification  ne  soit  apportée  à  la  réglementation  actuelle 
des  fouilles  ; 

Que  de  nouvelles  dispositions  législatives  confèrent  à  l'Etat  le  droit 
de  préemption,  mais  daos  des  conditions  équitables  ne  lésant  pas  les 
droits  du  détenteur,  de  telle  sorte  que  celui-ci  ait  toujours  le  recours 
de  demander  une  expertise  dans  le  cas  de  désaccord  ; 

Que  tout  objet  trouvé  dans  un  département,  dans  les  conditions  spé- 
cifiées par  la  loi  du  30  mars  1887  (art.  14,  §  1),  soit  attribué  au  musée 
spécial  existant  dans  le  département,  et  qu'il  ne  soit  attribué  aux 
musées  nationaux  qu'au  cas  où  un  musée  local,  offrant  des  garanties 
suffisantes,  n'existerait  pas; 

Qu'aucun  objet,  ayant  une  valeur  scientifique  ou  artistique  bien 
établie,  ne  puisse  sortir  de  France  sans  une  autorisation  particulière. 

Et  décide  de  donner  à  l'expression  de  ces  vœux  la  forme  d'une  pro- 
testation que  la  Société  préhistorique  française,  gardienne  si  vigilante 
des  grands  intérêts  dont  elle  a  la  charge,  sera  priée  de  joindre  à  celles 
des  autres  Sociétés  savantes  et  d'en  assurer  la  transmission  à  la  Com- 
mission de  la  Chambre. 

Pour  le  bureau  : 

Le  Secrétaire-général,  E.  Delmas. 

73°  Groupes  d'Études  Limousines- 
Extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  du  15  février  1911.  —  Le 
groupe  d'Etudes  limousines  après  connaissance  du  projet  de  loi  sur 
les  fouilles,  récemment  déposé  à  la  Chambre  des  Députés,  s'est  ému 
de  ce  texte  draconien.  Jusqu'ici  le  régime  de  la  liberté  absolue  des 
fouilles  a  eu  les  plus  heureux  résultats.  Ce  sont  des  fouilleurs  libres 
comme  Lartet,  Boucher  de  Perthes,  de  Vibraye,  J.  de  Baye,  Piette, — 
sans  oublier  nos  compatriotes  Elie  Massénat,  Joseph  Soulingeas,  Ph. 
Lalande,  E.  Bupin,  Armand  Viré,  Peyrony,  les  abbés  Barbon  et 
Bouyssonie,  —  qui,  par  un  labeur  aussi  acharné  que  désintéressé,  ont 
porté  la  science  préhistorique  au  point  où  elle  en  est  aujourd'hui,  et  ont 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  115 

permis,  par  leurs  dons  généreux,  ou  les  ventes  qu'ils  ont  consenties  à 
des  prix  infimes,  la  création  du  Musée  national  do  Saint-Germain,  des 
collections  paléontologiques  du  Muséum  et  de  nos  grands  musées 
régionaux  dont  ceux  de  Brive  et  de  Périgueux  sont  des  meilleurs 
modèles. 

Le  groupe  d'Etudes  limousines  est  persuadé  que  le  régime  pro- 
posé avec  son  cortège  d'autorisations  préfectorales,  de  surveillance 
administrative  et  d'expropriations  matérielles  et  scientifiques,  aurait 
pour  unique  résultat  de  décourager  à  tout  jamais  les  fouilleurs  sérieux, 
laissant  le  champ  libre  aux  seuls  braconniers  et  ravageurs  de  gise- 
ments. 

Tout  en  rendant  hommage  aux  idées  qui  ont  guidé  les  promoteurs  du 
projet,  il  estime  qu'ils  iraient  à  l'encontre  de  leur  but. 

11  émet  le  vœu  qu'au  lieu  de  vaines  et  mortelles  tracasseries,  l'Etat 
offre  aux  fouilleurs  sérieux  et  aux  Musées  provinciaux,  un  appui  moral 
et  pécuniaire,  beaucoup  plus  large  que  par  le  passé,  et  se  borne  à 
empêcher  dans  la  mesure  du  possible,  l'exode  de  nos  richesses  à 
l'étranger. 

11  se  rallie  complètement  à  ce  sujet,  aux  propositions  de  la  Société 
Pré  h  is  torique  française. 

Le  Président,  L.  Cruveilhier. 

74°  Société  Archéologique  de  Constantine. 

Constantine,  le  là  février  19 11. 
Monsieur, 

J'ai  l'honneur  de  vous  faire  connaître  que,  dans  sa  dernière  séance, 
la  Société  Archéologique  de  Constantine  a  décidé  de  protester  contre  1<; 
projet  de  loi  relatif  aux  fouilles  intéressant  l'Archéologie  et  la  Paléon- 
tologie, présenté  par  le  gouvernement  le  25  octobre  1910,  et  de  se 
rallier  au  contre-projet,  que  la  Société  préhistorique  française  a  fait 
déposer  sur  le  Bureau  de  la  Chambre  par  le  Dr  Péchadre,  député  de  la 
Marne. 

Elle  estime,  en  outre,  que  non  seulement  l'Etat,  mais  aussi  les  com- 
munes et  les  musées  locaux  doivent  avoir  un  droit  de  préemption  sur 
les  objets  trouvés  par  les  étrangers  sur  le  territoire  français,  ainsi  que 
sur  les  objets  mis  en  vente  ou  vendus  en  France  par  des  Français. 

Le  Président,  Maguelonxe. 

75e  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest. 

Poitiers.  Séance  du  17  novembre  1910.  —  Texte  des  vœux  de 
la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  pour  la  liberté  des  fouilles. 

Art.  1er.  —  Que  les  fouilles  sur  le  territoire  de  la  France  et  de  ses 
colonies  soient  absolumentlibres,  sous  la  seule  réserve  qu'il  soit  inter- 
dit d'en  exporter  en  dehors  des  frontières,  les  produits  intéressant 
l'art  et  la  science  dans  les  termes  de  l'article  14  de  la  loi  du  30  mars 
1888. 


H6  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Art.  2.  —  Que  tout  objet  trouvé  dans  un  département  dans  les  con- 
ditions spécifiées  par  la  loi  du  30  mars  1887  (Art.  14  §  1),  soit  attribué 
au  musée  spécial  existant  dans  le  département  et  qu'il  ne  soit  attribué 
aux  musées  nationaux  qu'au  cas,  où  un  musée  local  offrant  des  garan- 
ties suffisantes  n'existerait  pas. 

Art.  3.  —  Qu'il  ne  soit  crée  aucun  corps  d'inspecteurs  appointés, 
l'argent  qui  serait  ainsi  dépensé,  pouvant  être  plus  utilement  employé 
en  subventions,  façon  d'agir  dont  la  science  profiterait  davantage  à 
tous  les  points  de  vue. 

Art.  4.  —  Qu'un  groupement  déjà  préconisé  de  toutes  les  sociétés 
savantes  ait  lieu  aussi  rapidement  que  possible  en  vue  de  défendre 
contre  une  centralisation  abusive  le  patrimoine  intellectuel  de  leurs 
provinces. 

76°  Société  Archéologique  de  Provence. 

Marseille,  18  février  1911. 
Monsieur  le  Ministre, 

La  Société  archéologique  de  Provence,  s'est  émue,  comme  tant  d'au- 
tres, de  certaines  dispositions  du  projet  de  loi  sur  les  fouilles  intéres- 
sant 1  Archéologie  et  la  Paléontologie  déposé  par  le  gouvernement  sur 
le  bureau  de  la  Chambre  des  Députés,  le  25  octobre  1910. 

Le  Conseil  d'administration  a  adressé  à  tous  les  membres  de  la 
Société  le  texte  complet  du  projet,  en  les  priant  de  l'étudier  sérieuse- 
ment et  de  formuler  leurs  observations.  C'est  le  résultat  de  cette  con- 
sultation que  nous  prenons  la  liberté  de  vous  faire  parvenir. 

En  premier  lieu,  la  société  regrette  que  le  gouvernement  n'ait  pas 
cru  devoir  prendre  l'avis  des  sociétés  savantes  sur  une  question  qui  les 
intéresse  au  plus  haut  point. 

D'autre  part,  elle  ne  pense  pas  qu'il  soit  possible  de  réglementer 
sérieusement  le  droit  des  fouilles  en  adoptant  des  dispositions  compli- 
quées et  vexatoires,  dont  l'application  soulèverait  à  chaque  instant  une 
série  de  conflits  et  se  heurterait  à  des  impossibilités.  Elle  juge  préfé- 
rable de  s'en  rapporter  au  zèle  et  à  la  conscience  des  chercheurs,  quitte 
à  s'attacher  à  développer  par  tous  les  moyens  leurs  aptitudes  scientifi- 
ques. 

En  ce  qui  concerne  la  protection  des  vestiges  et  monuments  intéres- 
sant l'Archéologie,  elle  estime  que  le  gouvernement  est  suffisamment 
armé  par  la  loi  du  30  mars  1887  sur  la  conservation  des  monuments  et 
des  objets  d'art. 

Il  suffirait  d'intercaler,  dans  le  premier  paragraphe  de  l'article  14  de 
ladite  loi,  le  mot  «  la  Paléontologie  »,  entre  ceux  d'Archéologie  et 
d'Histoire. 

Mais  la  Société  Archéologique  de  Provence  partage  entièrement  la  ma- 
nière de  voir  des  auteurs  du  projet  ,en  ce  qui  concerne  les  étrangers  et 
la  sortie  de  France  des  objets  présentant  un  intérêt  exceptionnel  pour 
la  science. 

Il  est  urgent  de  prendre  des  mesures  pour  sauvegarder,  comme  le 
font  la  plupart  des  nations,  nos  richesses  nationales. 


SOCIÉTÉ   l'REMSTORIQUE   FRANÇAISE  447 

La  Société  est  donc  d'avis  de  compléter  la  loi  de  1887  en  s'inspirant 

des  modifications  proposées  par  la  Société  Préhistorique  française 

(Suit  l'énoncé  des  trois  articles). 

Il  appartiendrait  au  Gouvernement  de  prendre  les  mesures  néces- 
saires pour  arrêter  à  la  frontière  l'exode  clandestin  des  objets  visés 
parla  loi.  Les  agents  de  l'Administration  des  Douanes  seraient  natu- 
rellement désignés  pour  exercer  cette  surveillance.  L'établissement 
d'un  droit  de  douane  ad  valorem  rendrait  l'exode  plus  difficile  et  faci- 
literait l'exercice  du  droit  de  préemption  de  l'Etat. 

Telles  sont,  Monsieur  le  Ministre,  les  observations  que  nous  a  sug- 
gérées l'étude  des  graves  dispositions  proposées  dans  le  projet  de  loi 
relatif  aux  fouilles.  Nous  vous  serions  très  reconnaissants  de  vouloir 
bien  les  prendre  en  considération. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Le  Secrétaire  général,  M.  Dalloni. 

77°  Société  Linnéenne  de  Provence. 

Marseille,  16  février  1911. 
Monsieur  le  Président, 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  communiquer  l'ordre  du  jour  voté 
par  la  Société  Linnéenne  de  Provence,  dans  sa  séance  du  14  février  1911  : 

«  La  Société  Linnéenne  de  Provence,  réunie  en  séance  ordinaire  le 
13  février  1911; 

Après  avoir  entendu  les  conclusions  du  rapport  d'une  commission 
nommée  par  le  Conseil  pour  étudier  le  projet  de  loi  relatif  aux  fouilles 
intéressant  l'Archéologie  et  la  Paléontologie,  et  déposé  par  le  Gouver- 
nement sur  le  bureau  de  la  Chambre,  le  25  octobre  1910  ; 

Décide  de  se  rallier  au  projet  d'amendement  élaboré  par  la  Société 
Préhistorique  française,  approuvé  par  la  plupart  des  Sociétés  savan- 
tes, et  destiné  à  compléter  l'article  14  de  la  loi  du  30  mars  1887,  demande 
en  particulier  l'addition  du  mot  «  Paléontologie  »,  à  l'énumération  des 
matières  visées  dans  le  premier  alinéa  de  l'article  14  de  la  dite  loi; 

Estime  qu'il  serait  bon  qu'un  droit  de  douane  ad  valorem  soit  établi 
à  la  sortie  de  France,  sur  tous  ceux  des  objets  sur  lesquels  l'Etat  n'au- 
rait pas  exercé  son  droit  de  préemption,  et  émet  le  vœu  qu'à  l'avenir 
la  loi  du  30  mars  1887,  ainsi  modifiée  et  complétée,  soit  mieux  appli- 
quée que  par  le  passé.  » 

Veuillez  agréer,  etc..  Le  Président,  Al.  Joleaud. 

78°  Société  Belfortaine  d'Emulation. 

Belfort,  18  février  1911. 
Monsieur  (1), 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  qu'à  la  suite  de  votre  lettre  du 
5  février  courant,  notre  section,  réunie  en  assemblée  ordinaire,  après 

vl)  M.  Lablotier. 


118  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

avoir  pris  connaissance  des  protestations  des  diverses  sociétés  réunies 
en  un  fascicule  par  les  soins  de  la  compagnie  dont  vous  vous  êtes  fait 
le  porte  parole,  a  donné  son  adhésion  unanime  au  mouvement  des  pro- 
testations contre  le  projet  de  loi  de  Messieurs  Briand  et  Doumergue. 
Je  suis  chargé  de  la  part  de  notre  section  de  vous  donner  connaissance 
de  ce  vote,  afin  d'en  faire  tel  usage  qu'il  appartiendra.  Toutefois, 
comme  nous  possédons  dans  nos  rangs  plusieurs  géologues,  la  section 
a  manifesté  le  désir  de  voir  adopter,  dans  le  projet  d'amendement  pré- 
senté par  votre  honorable  Compagnie,  l'article  3  du  projet  d'amende- 
ment de  la  Société  Géologique  de  France  :  ne  sont  considérées  comme 
fouilles,  etc.  (page  14  du  fascicule). 

En  d'autres  termes,  il  serait  désirable  que  la  Société  Préhistorique 
s'entendit  avec  la  Société  Géologique,  pour  présenter  un  texte  unique 
de  projet  d'amendement  conciliant  les  intérêts  de  tous. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Le  Secrétaire. 


79°  Société  d'Etudes  des  Hautes-Alpes. 

Réunion  générale  du  16  février  1911.  —  Extrait  du  procès- verbal  : 
M.  Martin  a  exposé  d'abord  la  teneur  des  nouveaux  projets  de  loi  dus 
à  l'initiative  du  Gouvernement,  et  consistant  à  prendre,  en  quelque 
sorte,  le  monopole  de  toutes  les  fouilles  qui  pourraient  être  pratiquées 
au  point  de  vue  Archéologique  et  Géologique,  et  aussi  à  réserver  le 
droit  exclusif  d'acquisition  des  objets  découverts  : 

La  discussion  s'est  ouverte  sur  l'exposé  de  M.  Martin,  et  après 
échanges  de  vues,  après  la  lecture  très  documentée  et  très  judicieuse 
d'une  étude  de  M.  Paul-Jules  hier  sur  la  question,  le  bureau  à  l'u- 
nanimité a  émis  l'avis  suivant  : 

Ie  Que  le  projet  de  loi  soit  rejeté  comme  ne  respectant  pas  la  liberté 
individuelle,  le  droit  de  propriété  et  les  intérêts  locaux  ; 

2°  Qu'il  soit  étudié  un  nouveau  projet  sur  les  points  fondamentaux 
suivants  : 

A.  Interdiction  d'exportation; 

B.  Respect  delà  liberté  individuelle  et  de  la  propriété; 

G.  Contrôle  nécessaire  tant  sur  les  fouilles  que  sur  la  conservation 
des  objets  trouvés  et  réunis  dans  les  musées  locaux  ou  dans  les  collec- 
tions universitaires,  mais  contrôle  confié  dans  la  plus  large  mesure 
possible  aux  seules  Sociétés  savantes  locales  avec  subvention  de  l'Etat 
à  cet  effet, 

Le  Président,  David  Martin. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANC  USE  119 

\ote  complémentaire. 

Epinal,  11  février  1911. 

Le  Président  de  la  Société  (V Emulation  des  Vosges,  nous  fait  part 
d'une  confusion  possible  qui  pourrait  exister  dans  la  protestation  insé- 
rée au  Bulletin  de  la  S.  P.  F.,  n°  12,  1910,  page  630,  sous  le  n°  26,  et 
nous  confirme  «  que  la  Société  cV Emulation  des  Vosges  est  nettement 
hostile  à  l'immixtion  administrative  dans  les  fouilles  archéologiques, 
et  donne  son  plein  assentiment  au  projet  d'amendement  présenté  par 
la  Société  Péhistorique  française.   » 

Signé  :  Derazey. 
Président  de  la  Société  d'Emulation  des  Vosges, 


III.  —  NOTES  ORIGINALES. 


Tranchées  exécutées  dans  l'Atelier  de  Larcy 
au  Grand-Pres»igoy. 

Xote  de  Prise  de  Date], 

MM.  Henri  Martin  et  J.-B.  Barreau  communiquent  le  résul- 
tat de  leur  récente  fouille,  à  Larcy,  dans  l'un  des  ateliers  du  Grand- 
Pressigny.  Plusieurs  tranchées  ont  été  exécutées;  l'une  d'elles, 
atteignant  3m80  de  profondeur  et  10  mètres  de  longueur,  a  donné 
des  indications  intéressantes  sur  la   stratigraphie   de  la  région. 

En  effet,  nos  collègues  ont  trouvé  une  superposition  renversée 
des  industries  quaternaires.  Une  «  livre  de  beurre  »  et  de  la  po- 
terie gisaient  au  fond  de  l'argile,  non  loin  du  calcaire  turonien  ;  et 
par  dessus  s'étalaient  les  pièces  moustériennes,  recouvertes  à  dis- 
tance par  deux  silex  acheuléens  caractéristiques  ;  et  enfin  à  la 
surface  les  éclats  et  pièces  néolithiques,  dont  une  polie,  qu'on 
rencontre  habituellement. —  Ce  renversement  est  dû  à  la  descente 
successive  des  couches  situées  sur  la  hauteur  de  la  «  Pièce  des 
Rouchères  »  ;  leur  ordre  primitif  de  dépôts  est  interverti  ;  en  effet, 
l'Acheuléen  qui,  en  bas  de  la  pente,  se  trouve  presque  en  surface, 
a  été  entraîné  du  sommet  après  la  dénudation  des  couches  plus 
récentes.  —  Il  ressort  de  ces  observations  que  la  formation  de  ces 
argiles,  puissantes  de  2m75,  est  contemporaine  du  début  du  néoli- 
thique, puisqu'on  retrouve  au  fond  une  livre  de  beurre,  associée 
à  l'argilecuite.  —  Le  travail^ extenso, avec  photographies  etplans, 
paraîtra  dans  un  des  prochains  numéros  du  Bulletin,  cette  note 
étant  seulement  une  prise  de  date. 


120  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


Hache   polie   et    Ciseau   de   la   côte   d'Ivoire  [Don]. 

M.  A.  Guébhard  offre,  aux  collections  de  la  Société,  de  lapait 
de  M.  Roland  Guébhard,  deux  pièces  en  pierre  polie  de  la  Côte 
d'Ivoire,  présentées  à  la  séance  précédente  :  une  hachette  et  une 
sorte  de  ciseau,  dont  le  modèle,  d'après  M.  A.  de  Mortillet,  se 
retrouve  aux  Antilles.  Ces  deux  objets  proviennent  des  environs 
de  l'exploitation  de  quartz  aurifère  de  N'Zaakro. 


-»»snsau*»» 


Découverte  du  Centre  occidental  de  PAge 
du  Cuivre  en  Vendée. 

[Communication  préliminaire  pour  Prise  de  Date~\. 

M.  Marcel  Baudouin  (Paris).  —  A  la  suite  d'une  enquête  très 
approfondie  dans  tout  le  département  de  la  Vendée,  j'ai  constaté 
que  cette  région,  assez  bien  délimitée  topographiquement  etgéo- 
logiquement,  avait  fourni  trente-six  Haches  plates,  en  Cuivre  pur 
probablement  pour  la  plupart,  dont  j'ai  pu  personnellement  étu- 
dier à  fond  trente  spécimens . 

Jamais,  dans  aucun  département  de  France,  on  n'avait  observé 
un  nombre  aussi  considérable  de  ces  objets  préhistoriques,  puis- 
que, pour  le  Finistère,  contrée  la  plus  riche,  on  n'en  connaît  que 
vingt-quatre! D'autre  part,  on  peut  dire,  si  l'on  tient  compte  de 
la  superficie  restreinte  du  départemeut  considéré,  que  jamais, 
dans  aucun  pays  d'Europe,  on  n'a  trouvé,  jusqu'à  présent,  une 
quantité  aussi  grande  de  pièces  de  cette  nature 

D'ailleurs,  les  haches  plates  de  Vendée,  au  demeurant  sem- 
blables à  celles  de  Bretagne,  constituent  un  groupe  très  particu- 
lier, ayant  des  formes  spéciales,  caractéristiques,  très  différentes 
de  celles  des  haches  du  Centre  cuprique  méditerranéen  et  de  l'Eu- 
rope centrale.  En  Vendée  et  en  Bretagne,  c'est-à-dire  en  Occi- 
dent, il  y  a  donc  eu  un  Centre  spécial,  pour  Y  Age  du  Cuivre  [dé- 
sormais admis  sous  différents  noms  :  1°  1er  Age  du  bronze  ;  Pé- 
riode énéolithique  ;  etc.],  lequel  semble  avoir  pour  point  de  dé- 
part la  Vendée  elle-même,  puisque  c'est  là  qu'on  a  découvert  le 
plus  de  haches  plates,  et  de  beaucoup,  à  l'heure  actuelle  ! 

Je  distingue,  dans  ces  haches  plates  de  Vendée,  plusieurs  es- 
pèces :  les  unes,  de  forme  très  primitive,  à  bords  absolument  rec- 
tilignes,  à  tranchant  non  étalé,  et  à  talon  plus  ou  moins  carré, 
parfois  triangulaire,  paraissant  être,  technologiquement,  les  plus 
anciennes.  Elles  sont  quelquefois  très  petites;  et Tune  d'elles,  pré- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


121 


Fig.  1.  —  Les  Haches  plates,  en  Cuivre,  de  Vendée,  connues  en  1903  [D'après  Fre  René]. 
Echelle  :  1/4  Grandeur.—  Actuellement,  on  en  connaît  24  autres,  de  même  forme! 


122  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

sentant  un  trou  de  suspension,  doit  avoir  servi  d'amulette.  —  Les 
autres,  à  bords  concaves  et  à  tranchant  très  étalé  avec  des  sortes 
de  cornes  latérales,  à  talon  convexe,  représentent  un  type  bien 
plus  évolué.  —  Ces  diverses  haches  {Fig.  1),  fabriquées  au  début 
dans  des  moules  en  terre  [qu'on  ne  retrouve  pas  bien  entendu],  sor- 
taient des  moules  extrêmement  rugueuses.  A  l'aide  de  diverses 
pièces,  j'ai  pu  établir  comment,  à  un  moment  donné,  on  les  a 
polies  ;  on  connait,  en  effet,  tous  les  intermédiaires  entre  la  va- 
riété totalement  rugueuse,  et  la  variété  entièrement  polie. 

La  plus   petite  des  haches  connues  pèse  32  grammes  ;  la  plus 

grande,  de  Vendée,  pèse  930  grammes Il  y  a,  en  poids,  comme 

en  longueur, toutes  lestransitions,de30grammesà  1.000 grammes. 

De  la  distribution  géographique  des  trouvailles,  et  de  la  répar- 
tition des  Cachettes  connues,  au  nombre  de  plusieurs  (fait  très 
rare),  je  conclus  que  cette  Industrie  du  Cuivre  est  locale,  et 
qu'elle  n'a  pas  été  importée,  ni  du  Nord  (Grande  Bretagne),  ni 
du  Sud  (Espagne),  ni  de  l'Orient  (Chypre),  contrairement  aux  opi- 
nions émises  par  tous  les  auteurs  jusqu'à  ce  jour.  Mais,  par  con- 
tre, la  Vendée  manquant  d'Etain,  l'origine  du  Bronze,  occidental 
ou  breton-vendéen,  ne  peut  être  que  dans  le  Finistère. 


I^a  Civilisation  grecque  en  Afrique 
et  la  Légende  de  l'Atlantide. 

M.  Pol  Baudet  (Aisne)  envoie  la  note  suivante,  extraite  du  Jour- 
nal(2  février  1910)  :  «  La  fameuse  Légende  de  V Atlantide  va  encore 
une  fois  occuper  les  savants.  Nous  ne  connaissons  de  ce  pays  que 
ce  qu'en  dit  Platon  dans  son  dialogue  de  Timée.  Un  prêtre  grec 
rapporte  au  législateur  Solon  qu'à  la  suite  d'un  formidable  cata- 
clysme, provoqué  par  un  tremblement  de  terre,  l'Océan  Atlanti- 
que engloutit  Y  Atlantide,  une  île  plus  grande  que  l'Asie  et  la  Ly- 
bie.  L'explorateur  Frobenius,  chargé  d'une  mission  dans  la  colo- 
nie allemande  de  Togo,  fait  maintenant  connaître  qu'il  a  recueilli 
de  curieux  souvenirs  sur  V Atlantide .  Au  cours  de  Fouilles ,  opérées 
près  de  Lomé,  il  a  découvert  une  tête  antique,  en  bronze,  portant 
les  attributs  de  Poséidon.  D'après  les  indigènes,  cette  tête  repré- 
senterait le  fondateur  ou  le  chef  d'un  Etat  disparu  sous  les  flots, 
et  qu'ils  adorent  comme  divinité,  sous  le  nom  d'Olskoun,  c'est-à- 
dire  Dieu  de  la  Mer.  Chose  curieuse,  la  tête  ne  présente  pas  le 
type  nègre  ;  elle  est  creuse  ;  et  sa  facture  permet  de  la  classerpar- 
mi  les  plus  belles  œuvres  de  la  statuaire  grecque.  De  vieilles  lé- 
gendes du  pays  relatent  un  formidable  cataclysme,  qui  s'abattit 
un  jour  sur  l'Etat  d'Olskoun.  Sa  capitale  possédait  un  Château- 
fort,  dont  le  mur  d'enceinte  était toul  en  laiton!  » 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  123 


1-e  Chien  en  Préhistoire. 

M.  Marcel  Hébert  (Paris).  —  Le  Chien  psychopompe.  —  Voici 
un  exemple,  emprunté  cette  fois  (1)  à  des  «  primitifs  »  de  l'Est, 
et  qui   peut  aider  à  comprendre  certains  usages  préhistoriques. 

«  Dans  les  notices  consacrées  aux  Won-houan,  peuple  habitant 
la  Mandchourie  méridionale  pendant  les  trois  premiers  siècles  de 
notre  ère,  on  raconte  que  les  Won-houan.  lorsqu'ils  célèbrent 
les  funérailles,  ont  coutume  d'immoler  un  chien,  «  auquel  ils  re- 
commandent de  protéger  l'âme  du  mort,  pendant  le  voyage  qu'elle 
accomplit  pour  retourner  à  la  Montagne  Rouge,  qui  est  à  plu- 
sieurs milliers  de  li  au  nord-ouest  du  Leao-tong  ».  [E.  Chavannes. 
Le  Tai  Chan. —  Annales  du  Musée  Guimet,  tome  21,  p.  399]. 

J'attire  l'attention,  au  cas  où  ce  passage  aurait  échappé,  sur  les 
funérailles  de  Patrocle  [Iliade,  chant  XXIII).  Achille  immole,  sur 
le  bûcher  de  Patrocle,  foule  de  brebis  et  de  bœufs,  quatre  [2><2] 
coursiers,  deux  chiexs,  et  douze  [3x2><2]  jeunes  Troyen s.  «  Le 
héros  Patrocle  ou  plutôt  Achille  avait  neuf  [3x3]  chiens,  hôtes 
de  sa  table  ;    il  en   égorgea  deux,  qu'il  jeta    dans    le   bûcher  » 

Comme  il  est  facile  de  le  voir  au  début  du  chant,  le  nombre  douze 
est  certainement  voulu.  Le  but  ici  semble  bien  être  simplement 
de  fournir  au  mort,  dans  l'autre  vie,  «  nourriture,  chevaux,  chiens 
et  esclaves  ». 

M.  Marcel  Baudouin.  —  C'est  l'idée  soutenue,  depuis  cinquante 
ans,  par  l'abbé  F.  Baudry,  pour  les  Puits  funéraires  de  Vendée! 


La  Tortue  en  Préhistoire. 

M.  le  Dr  Deyrolle.  —  Un  de  nos  confrères,  le  Dr  E.  Gobert, 
vient  de  signaler,  parmi  les  tatouages  des  indigènes  de  la  région 
de  Gafsa,  des  motifs  purement  ornementaux,  qu  il  considère 
comme  la  stylisation  de  la  tortue,  un  des  vieux  symboles  berbères, 
déjà  signalé  (fig.  1). 


(1)  Cf.  Bulletin,  novembre  1910,  p.  557.  —  Je  signale  un  intéressant  article  sur 
l'Aigle  «  psychopompe  »  (conducteur  des  âmes  des  morts)  :  L'Aigle  funéraire  des 
Assyriens;  par  Vr.  Cumont    Revue  de  l'histoire  des  religions,  septembre  1910). 


124 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Il  a  retrouvé  ce  signe  de  la  tortue  sur  la  face  externe  du  bras 
droit;  mais  la  stylisation  serait  poussée  si  avant  que  les  mem- 
bres antérieurs  ont  la  même  figuration  qu'un  autre  symbole  :  la 
palme  tombante.  Il  regarde  d'ailleurs  des  losanges  à  damier, 
de  grands  tatouages,  comme  des  tortues.  —  Je  n'ose  le  suivre  sur 
ce  terrain  ;  mais  l'interprétation  du  Dr  Carton,  qui  retrouve  des 
figures  de  scorpions  et  de  crocodiles,  ou  celle  de  Ph.  Berger,  une 
divinité  antropomorphe,  dans  un  dessin,  où  le  Dr  Gobert  voit  un 
palmier,  me  paraissent  assez  invraisemblable,  jusqu'à  plus  ample 
informé. 


il 


J 


4 

M 


1 


BOi 


ï 


% 


■ 


V? 


Kg. 


—  Figures  de  Tortues  stylisées  des  Tatouages  de  la  région  de  Gafsa . 
[D'après  le  Dr  E.  Gobert]'. 


Le  DrGobert  ajoute  que  la  Tortue  palustre  (Emys  leprosa),  qui 
est  très  abondante  à  Gafsa,  est  un  objet  de  vénération  :  la  tuer 
est  un  sacrilège  (haram  =  défendu).  C'est  un  animal  tabou,  mais 
non  un  totem.  —  Ce  qui  me  parait  certain,  c'est  que  les  indigènes 
islamisés  ne  peuvent  voir  sans  sacrilège  des  dessins  d'animaux, 
.n'attribuant  à  ces  figures  que  la  valeur  d'un  dessin  d'ornement. 

A  Kairouan,  la  tortue  est  le  symbole  de  la  mère  marâtre.  — 
Entendant  une  femme  traiter  sa  voisine  de  «  fakroun  »,  tortue, 
j'en  demandais  l'explication  :  «  C'est  une  mauvaise  mère,  me  ré- 
pondit-on, qui  abandonne  ses  enfants  dans  la  rue,  comme  la 
tortue  laisse  ses  œufs  (oulet  =  enfants)  dans  le  sable  »  ! 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  t2e 


Le  mot   Chiron  et  se*  dérivé*. 

M.  Chapelet  (Paris)  présente,  de  la  part  de  M.  Fr.  Pérot,  la 
note  suivante. 

Dans  le  Glossaire  Poitevin,  on  trouve  :  Chiro.v,  s.  m.,  roc 
saillant.  Mon  champ  est  plein  de  chirons  [du  grec  «rxtpoç,  moel- 
lon] [Revue  de  VAunis,  ive  année,  août  1867,  p.  7.1].  —  A  re- 
marquer, en  outre  :  Chirac,  paroisse  du  canton  dUssel  (Corrèzc  . 
«  Chirac  doit  cens  et  routes  au  membre  de  Serandon  près 
Neuvic  ».  [Vayssière.  L'Ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  dans  le 
Limousin,  p.  19]. 


Découverte  d'une  Station  gallo-romaine 
à  Koyan  (Charente-Inférieure). 

[Prise  de  Date]. 

M.  A.  Cousset  (Etaules).  —  Lors  d'un  voyagea  Royan(Cha- 
rente-Inférieure),y"W  découvert,  tout  dernièrement,  dans  le  fossé 
dune  nouvelle  route,  des  fragments  de  carreaux  et  de  tuiles  à  lar- 
ges rebords,  que  le  propriétaire  du  champ  voisin  y  avait  jetés  en 
grande  quantité.  M'étant  informé  du  nom  du  propriétaire,  je  pas- 
sai chez  lui,  où  j'eus  la  bonne  fortune  de  le  rencontrer.  Il  me 
montra,  entre  autre  chose,  un  pseudo-nucléus,  simulant  une  roche 
siliceuse  verte,  de  la  grosseur  du  poing,  avec  un  plan  de  frappe  bien 
apparent,  et  me  donna  un  petit  fragment  de  même  roche;  c'est 
du  laitier.  Je  vis  de  plus  deux  aiguilles,  une  broche  en  os,  ornées 
de  dessins  à  la  tête  (lignes  circulaires)  ;  le  chaton  d'une  bague  avec 
initiales;  des  clefs;  différents  objets  en  terre  cuite,  semblables 
de  forme,  mais  plus  gros  les  uns  que  les  autres,  que  je  suppose 
être  des  poids  (à  la  partie  supérieure,  qui  est  la  plus  petite,  ils 
sont  percés  d'un  trou);  puis  différentes  monnaies  en  bronze  (envi- 
ron 30  ou  40),  à  l'effigie  des  Césars  du  Ier  siècle  et  delà  première 
moitié  du  ne  siècle  de  notre  ère.  —  La  trouvaille  vaut  la  peine 
d'être  signalée  pour  la  Charente-Inférieure,  et  surtout  pour  Royan, 
ville  importante,  recouverte  en  partie  par  des  dunes,  qu'on  pourra 
ainsi  dater. 


126  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

A.  propos  des  Silex-rabots. 

M.  H.  MuLLER(de  Grenoble)—  M.  L.  Giraux  (B.  S.  P.  F., 
n°  1,  1911,  p.  711),  à  mon  humble  avis,  a  raison  de  prétendre 
que  le  silex  de  Vendrest,  qu'il  a  présenté,  peut  servir  de  rabot. 
Peut-être  même  cet  outil  a-t-ilété  retaillé  pour  en  faire  un  rabot? 
Mais  mon  observation,  de  valeur  relative  puisque  je  n'ai  pas  eu 
l'objet  en  main,  portera  surtout  sur  le  mode  d'emploi  d'un  outil 
similaire. 

Il  faut  d'abord  tenir  compte  de  l'angle  formé  par  l'outil;  plus  il 
sera  ouvert,  moins  il  sera  puissant,  et  n'enlèvera  que  des  copeaux 
de  plus  en  plus  insignifiants;  plus  l'angle  sera  aigu,  avec  pour- 
tant un  minimum  assez  facile  à  trouver  dans  la  pratique,  plus  les 
copeaux  seront  volumineux  et  enlevés  facilement. 

L'outil,  le  rabot,  dont  se  servent  les  ébénistes  pour  préparer 
les  panneaux  destinés  à  supporter  des  placages,  a  son  fer  fine- 
ment canelé  longitudinalement;  ce  fer  est  placé  sous  un  angle 
très  ouvert;  il  ne  coupe  pas;  il  gratte  plutôt  et  laisse  des  rayures 
produites  par  les  cannelures,  àseule  fin  de  faire  adhérer  la  colle 
d'une  façon  énergique.  Le  rabot  ordinaire  et  la  varlope  ont  leurs 
fers  montés  sous  un  angle  plus  aigu  :  ils  enlèvent  des  copeaux. 

Pour  un  rabot  en  silex,  l'étude  de  l'angle  n'est  pas  sans 
intérêt,  l'expérimentation  aussi.  Mais  je  crois  pouvoir  affirmer 
que  la  simple  préhension  entre  le  pouce  et  l'index  est  insuffisante 
pour  l'obtention  de  copeaux,  voici  pourquoi  ;  en  1904,  voulant 
faire  un  arc  avec  une  tige  de  troène,  j'en  ai  aminci  les  deux  extré- 
mités, en  les  rabotant.  Pour  cela  j'ai  pris  un  gros  éclat  de  silex, 
de  0m024  d'épaisseur,  dont  la  face  était  légèrement  concave  ;  ce 
silex  avait  une  facette  antérieure  relevée  à  environ  48°  sur  la  base. 

Cet  outil  poussé  par  la  paume  de  la  main,  les  doigts  allongés 
par  dessus,  m'a  donné,  sous  l'effort,  un  travail  utile,  produisant 
des  copeaux  ayant  parfois  0m25  de  longueur.  Le  même  outil, 
poussé  par  les  doigts,  avec  une  grande  dépense  de  force,  ne 
donnait  qu'un  résultat  bien  inférieur;  j'ai  expérimenté  d'autres 
silex  dans  ces  deux  modes  et  le  résultat  a  été  identique,  avec 
souvent  en  plus,  sous  la  poussée,  le  basculage  du  rabot  en  avant, 
par  arrêt  brusque,  lorsque  l'angle  tranchant  en  était  trop 
ouvert. 

Le  bec  du  rabot  de  notre  collègue  a  un  angle  bien  proche  de 
45°;  il  est  donc  de  bonne  construction. 

Une  seule  chose  m'étonne,  c'est  que  pour  obtenir  un  bec  cou- 
pant, un  rabot  en  un  mot,  nos  ancêtres  aient  cru  devoir  dépenser 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  127 

tant  d'ingéniosité  pour  façonner  ce  genre  d'outils.  Je  serais  tenté 
de  voir,  dans  beaucoup  de  rabots,  des  nucleus,  dont  la  forme  heu- 
reuse a  suggéré  de  les  employer  pour  raboter. 

J'insiste  sur  un  dernier  fait,  qui  peut  aider  dans  l'examen  de 
certains  outils  lithiques.  Un  tranchant  rectiligne  produira  des 
copeaux  minces,  un  tranchant  convexe  donnera  des  copeaux  étroits 
et  épais. 

Enfin,  pour  terminer,  les  observations  de  M.  le  Dr  Henri 
Martin,  parues  dans  notre  Bulletin  le  22  mars  1906,  restent  justes  ; 
et  le  terme  grattoirs  nuclêiformes  qu'il  indique  parait  être  le 
mieux  approprié  pour  désigner  les  Rabots  en  silex.  Néanmoins 
je  maintiens  que  certains  sil^x,  comme  celui  dont  je  me  suis 
servi,  poussés  par  la  paume  de  la  main,  celle-ci  faisant  office 
d'enmanchure,  peuvent  enlever  des  copeaux  sur  une  tige  de  bois 
cylindrique  par  exemple.  M.  le  Dr  Henri  Martin  a  parfaitement 
raison  de  nous  mettre  en  garde  contre  l'emploi  de  comparaisons 
trop  exclusives  entre  l'outillage  siliceux  et  l'outillage  actuel;  il 
faut,  avant  de  conclure.se  rendre  compte  de  l'emploi  exact  des 
outils  de  silex  et  surtout  les  expérimenter  dans  des  conditions 
aussi  semblables  que  possible. 

En  résumé,  l'idée  ingénieuse  de  notre  collègue  Giraux  ouvre  le 
champ  à  des  conjectures  nouvelles,  qui  risquent  fortd'ètre  confir- 
mées par  l'expérimentation. 


128'  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

V.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  Préhistoriques 

et    Fortifications    anhistoriques. 

M.  Armand  Viré,  président  de  la  Commission,  présente  le  45e  Rap- 
port. 

Il  annonce  que  M.  Paul  Plat  a  bien  voulu  accepter  le  titre  de 
délégué  de  la  Commission.  Nous  augurons  bien  de  son  activité  dans 
une  région  où  il  reste  encore  beaucoup  à  faire. 

—  M.  A.  Blanchet,  en  étudiant  un  trésor  de  monnaies  gauloi- 
ses (1)  découvert  à  Marcillat  (Creuse), — situation  éminente  «  qui 
pourrait  bien  avoir  eu  un  oppidum  à  l'époque  celtique  »,  —  a  trouvé, 
surtout  dans  certaines  particularités  de  poids  et  de  provenances,  un 
argument  pour  maintenir  à  deux  groupes  monétaires  différents,  — 
soit  aux  Lémoviques  et  aux  Bituriges,  —  son  attribution  de  certaines 
pièces,  que  M.  H.  de  La  Tour,  lorsqu'il  étudia  chez  nous  (2)  les 
trouvailles  de  M.  .T.  Pages- Allary  à  Chastel-sur-Murat  (Cantal), 
préféra,  à  cause  de  l'analogie  des  types,  laisser  à  un  groupe  unique. 

—  M.  Ch.  Cotte  ne  croit  pas  que  l'important  dépôt  de  tessons 
ioniens  trouvés,  sans  mélange  de  produits  indigènes,  au  contact  du 
sol  primitif,  dans  les  fouilles  du  Fort  Saint-Jean  de  Marseille  (Bou- 
ches-du-Rhône),  doive  empêcher  de  croire  à  un  commerce  hellé- 
nique antérieur  avec  des  oppida  indigènes  préexistants.  La  remar- 
quable découverte  de  vases  proto-  corinthiens  en  bronze  et  en  argile, 
faite  par  M.  Ch.  Cotte  dans  des  sépultures  du  camp  de  Saint-Julien- 
de-la-  Bastidonne,  et  celle  qu'a  faite  M.  Paul  Goby,  au  camp  du  Bois 
du  Rouret  (Alpes-Maritimes),  d'une  pointe  de  javelot  en  bronze, 
de  l'époque  dipylienne,  lui  semblent  prouver  l'existence  d'agglomé- 
rations indigènes  importantes,  antérieures  au  dépôt  des  poteries  du 
Fort  Saint- Jean  (5). 

(1)  A.  Blanchet. —  Numismatique  gauloise.  La  trouvaille  de  Marcillat.  Rev. 
numismatique,  1910,  p.  461-476,  pi.  IV.  [V.  p.  467  et  suiv.] 

(2)  H.  de  La  Tour.  —  Note  sur  les  monnaies  recueillies  par  M.  J.  Pagès-Allary, 
à  Chastel-sur-Murat  (Cantal),  dans  le  courant  de  l'année  1908,  B.  S.  P.  F.,  t.  VI, 
1909,  p.  289-297,  1  fig.  [v.  p.  291,  292.] 

(3)  H.  Cotte.  —  Découverte  d'une  œnochoé  dans  un  tumulus  de  Provence,  L'Hom- 
me Préhi st.,  VII,  1909,  p.  196-203,  fig.  62-62.—  Les  tumulus  halstattiens  provençaux 
à  vases  grecs  archaïques,  LH.  Pr.,  VIII,  1910,  p.  353-868,  fig.   144-147. 

(4)  Paul  Goby. —  Deuxième  recherche  au  camp  du  Bois  du  Rouret  (A. -M.}. 
Gongr.  intern.  d'Anthrop.  et  Archéol.  prébist,,  XIIIe  session  (Monaco,  1906),  t.  I, 

p.  230.  —  Monaco,  1907. 

(5)  H  est  cependant  à  noter  que  M.  Joseph  Déchelettk,  dans  son  Manuel  d  .4 rchéolo- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  129 

Nous  attendrons  avec  d'autant  plus  d'intérêt  les  développements 
que  M.  le  Professeur  Vasseur  doit  donner,  dans  une  publication  plus 
détaillée,  à  la  thèse  originale  que  nous  avons  dernièrement  mention- 
née (1),  et  qu'il  sera  intéressant  de  rapprocher  des  constatatations 
faites  à  l'acropole  de  Montlaurès  (Aude;,  par  MM.  H.  Rouzaud  et  E. 
Pottier  2;  ,qui  observent  là  l'arrivée  de  la  céramique  grecque,  à  figures 
noires,  dès  le  vie  siècle  avant  J.-C,  mais  sa  superposition  définitive 
à  la  grossière  céramique  indigène  ligure,  seulement  vers  la  fin  du 
ve  siècle,  après  un  hiatus  correspondant  juste  à  l'époque  où  la  proto- 
histoire place  l'invasion  du  pays  des  Elésiques  (Narbonne)  par  les 
Ibères.  —  A.  G. 

—  M.  le  Dr  Ducroux  a  visité  le  Chatelard  du  Mont-Dardon,  com- 
mune d'Uxeau  (Saône-et-Loire),  anciennement  mentionné,  mais 
sans  aucun  détail,  parBulliot  (3\. 

C'est  par  525  mètres  d'altitude,  sur  une  croupe  granitique,  un  mur 
bordé  d'une  levée  de  terre,  à  environ  400  mètres  d'une  source.  On  y 
a  trouvé  des  monnaies  et  des  poteries. 

—  A  la  suite  d'une  conférence,  faite  à  la  réunion  générale  (Congrès 
annuel)  de  la  Société  allemande  de  Préhistoire  (4)  par  M.  le  Dr  Feyera- 
bexd,  directeur  du  Musée  de  Gôrlitz,  sur  les  enceintes  fortifiées  de 
la  Lusace  (Allemagne  ,  où  il  veut  reconnaître  presque  toujours 
la  structure  dite  gauloise,  et  attribuer  à  l'incendie  les  nombreuses 
scorifications  observées  'on  dit,  chez  nous,  beaucoup  plus  impro- 
prement, vitrifications),  M.  Herman  Schmidt  s'est  élevé,  au  nom 
de  ses  onze  années  de  fouilles,  contre  cette  interprétation,  en  faveur 
de  celle,  très  originale,  que  nous  avons  eu  l'occasion  de  signaler  déjà 
[B.  S.  P.  F.,  XXXIIe  Rapp.,  t.  VI,  1909,  p.  432),  de  villages  case- 
matés  installés  à  l'époque  wende,  derrière  des  murs  de  terre  dont 
les  éléments  argileux  auraient  été  volontairement  cuits  pour  créer 
une  défense  contre...  l'humidité. 

gie préhistorique,  t.  H,  Age  du  Bronze,  [512  p.,  212  fig.,  5  pi.  h.  t.,  Paris,  A.  Picard, 
1910,  v.  p.  128  et  225,  fig  35  et  71  bis],  tout  en  inclinant  à  dater  la  pointe  de 
javelot  de  M.  Paul  Goby  plutôt  de  la  fin  du  Bronze  que  du  Hallstatt,  finit  par 
l'attribuer  aussi  à  quelque  guerrier  des  colonies  Marseillaises  d'Anlipolis  ou  Xi- 
eœa,  aujourd'hui  Antibes    et  Nice  :  ce  qui  nous  rejette  après  le  vie  siècle. 

D'autre  part,  A.  Furtw.engi.er  [Olympia,  IV  :  die  Bronzen  u.  iibrigen  kleineren 
Funde,  p.  178.  fig.  1906),  bien  loin  de  rattacher  sa  pointe  à  l'époque  du  Dipylon, 
spécifie  qu'elle  lui  paraît  attribuable  au  IV"  siècle. 

Enfin  il  faut  tenir  compte  aussi  de  ce  que  le  commerce  d'exportation  des  anciens 
comme  celui  d'aujourd'hui,  pouvait  emporter  au  loin  des  objets  depuis  longtemps 
démodés  dans  le  pays  d'origine,  et  que  ce  sont  aussi  souvent  ceux-là  dont  on  se 
débarrasse  de  préférence  dans  les  tombes. 

(1)  fi.  S.  P.  F.,  VII,   Dec.  1910,  p.  660. 

(2)  E.  Pottier.  —  Les  fouilles  de  Montlaurès,  C.  R.  Ac.  I.  et  B.-L.,  ann.  1909. 
p.  981-995,  2  fig.  —  Cf.  B.  S.  P.  F.,  t.  VII,  1910,  p.  575. 

(3)  Bulliot.  —  Essai  sur  le  système  défensif  des  Romains  dans  le  pays  Éduen, 
Paris  et  Autun,  1856,  p.  105. 

(4)  Session  de  tiannover,  août  1909.  —  Mannus,  I,  p.  51.  Wurtzbukg.  1910. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  9 


130  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Il  est  vrai  que,  par  le  mauvais  vouloir  des  autorités  locales,  l'exa- 
men approfondi  de  l'enceinte  de  Lôbau,  qu'a  surtout  étudiée 
M.  Schmidt,  fut  précisément  rendu  impossible  à  M.  Feyerabend. 
Tant  il  est  vrai  que,  nulle  part,  la  sérénité  de  la  science  n'est  à  l'abri 
des  compétitions  de  personnes,  et  qu'il  serait  vraiment  criminel, 
chez  nous,  de  les  exaspérer  encore  par  un  projet  qui  mettrait  juridi- 
quement les  amis  désintéressés  de  la  science  à  la  merci  des  seuls 
profiteurs  officiels  parisiens.  —  A.  G. 

—  M.  A.-L.  Harmois,  qui  vient  de  nous  envoyer  la  suite  de  son 
Inventaire  des  découvertes  archéologiques  dans  le  département  des 
Gôtes-du-Nord  (arrondissement  de  Guingamp\  a  l'obligeance  d'en 
extraire  les  noms  d'enceintes,  mottes  et  lieux-dits  ceux-ci  ne  corres- 
pondant pas  toujours  à  une  enceinte  constatée,  nous  les  mettons  en- 
tre parenthèses)  de  nature  à  fournir  des  éléments  à  notre  futur  in- 
ventaire départemental,  lorsque  nous  pourrons  l'établir  conformé- 
ment au  type  précédemment  adopté.  Nous  marquons  d'un  astérisque 
les  noms  qui  ont  déjà  figuré  soit  dans  nos  tables,  soit  dans  le  premier 
inventaire  A.  de  Mortillet,  et  nous  donnerons  prochainement,  de 
même  façon,  la  liste  de  l'arrondissement  de  Dinan,  dressée  par  M. 
Harmois. 

Arrondissement  de  Guingamp.  —  Bégard,  Pen-ar-Mur.  —  Belle- 
Isle-en-Terre.  Saint  Elven,  Motte  d'Ar-Vouden  (Les  Forges). —  Bour- 
briac,  Ar-Castel,  (Cosquer).  —  *  Brélidy,  Chauraie,  Coat-an  Slorg.  — 
Bringolo,/férarïer'c  (Les  Cosquers). —  Bulat-Pestivien  (Le  Château, 
Le  Cosquer).  —  Calanhel  (La  Haye,  La  Hagedouar,  Le  Cosquer).  — 
Gallac,  Kleuz-Meur. —  Canihuel,  Pèlinec. —  *  Carnoët,  Saint-Gildas, 
autre  petite  enceinte  voisine  (La  Bastille).  —  Chapelle-Neuve  (la)  (Les 
Ferrières).  —  Duault,  Motte-du  Château  (Camp  de  Glomel),  Kerbes- 
cont,  Kerbloas.  —  Grâces  (La  Tête-du-Tertre).  —  Gurunhuel  (Le 
Cosquer).  —  Kergrist-Moëllou,  Chrech'  Moëllou. —  Kernoroc'h,  Coz- 
Castel.  —  Kérien.  Cosker-Jehan  (Le  Cosquer-Gentil).  —  Kerpert 
(Château-Gaillard).  —  Landebaëron,  Motte  de  Coëtmeur.  —  Lanri- 
vain  (Le  Cosquer).  —  Lanrodec,  Perrien.  Castel-Tangug,  Castel-Valy. 

—  Locarn  (Le  Cleuziou,  Le  Plessis).  —  Louargat,  Motte  de  Pen-an- 
Stang,  (Le  Cleuziou).  —   Maël-Carhaix  (La  Meurette,  Goas-an-Gall). 

—  Moustérus,  (Le  Coz-Mouster).  —  Moustoir  (le),  Rudulgoat,  Motte 
de  Pors-enPlaz.  —  Paule,  Bressilien,  Castellodic,  Castellanouénan. 

—  Pédernec  Coat-ar-chtugo.  —  *  Plésidy,  Castel-Kerandroat.  — 
Plévin,  Penvern.  —  Plougonver,  Le  Camp  de  Coatan-Nos.  —  Plou- 
guernével,  Kérauffret,  Grand-Bodillo,  Kèriolas,  Kéruel,  Faouédic.  — 
Plouisy,  Le  Murio,Le  Ruglaziou. —  Plounévez-Quintin,  Kergontrahg . 

—  Plourac'h,  Castel  ar-Poder,  Motte  Bourgerel  (La  Picardie).  — 
*  Quemper-Guezennec,  Frian-an-Dour.  —  Saint- Agathon,  Kervano, 

—  Saint-Clet,  Tossen  Quintin. —  Saint-Connan,  Crech-Loursen.  — 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  131 

Saint-Gilles-Pligeaux,  Milin-ar-Castel.  —  Saint-Nicodème,  Le  Crois- 
sant. —  Saint-Nicolas-du-Pélem,  Dzilou,  Garzolès.  —  Saint-Péver, 
Avaugour,  Le  Goaziou.  —  Saint-Servais,  (La  Justice).  —  Senven- 
Lehart,  (Le  Cosquer). —  Trébrivan,  Castel-Hael. —  Treffrin,  Kermoi- 
san.  (Le  Bois  Clos).  —  Tréglamus,  Commore.  —  Trémargat,  Pospo- 
ret.  —  Tréogan,   Le  Caste l  . 

—  M.  J.  Pagès-Allary,  à  propos  de  la  classification  céramique, 
nous  rappelle  une  curieuse  observation  qu'il  publia,  en  1907,  au  Con- 
grès de  l'A.  F.  A.  S.,  à  Reims  (p.  313)  : 

«  J'ai  observé,  dans  un  même  vase,  des  morceaux  plus  cuits  les 
uns  que  les  autres,  et  de  couleurs  de  pâte  bien  différentes,  du  noir 
au  rouge  brique,  suivant  qu'ils  s'étaient  trouvés  dans  les  cendres, 
dans  la  fumée  ou  en  plein  feu  (milieu  oxydant,  réducteur  ou  neutre)  » . 
Voilà  donc  des  tessons  de  même  provenance,  qui,  dans  la  classifica- 
tion chimique,  seraient  attribués  à  des  genres  différents,  quelques- 
uns  à  deux  genres  à  la  fois  (carbonifères  et  ferrugineux  ,  et  tous  à  un 
nombre  varié  d'espèces,  suivant  l'état  de  réduction  des  oxydes  ferru- 
gineux, de  carburation  de  la  pâte,  etc.  On  se  demande  quel  avantage 
cela  représenterait  pour  les  préhistoriens  sur  leurs  vieilles  métho- 
des empiriques  de  classification.  —  A.  G. 

—  M.  Paul  Plat,  nous  signale  deux  enceintes  de  la  vallée  du 
Céans,  à  Orpierre  ^Hautes- Alpes;,  sur  un  plateau  dénommé  Coar- 
riaud,  au  cadastre. 

Celle  de  l'ouest,  la  plus  grande,  est  rectangulaire,  celle  de  l'est  est 
pentagonale;  elles  bordent  des  pentes  abruptes,  presque  à  pic,  domi- 
nant de  300  mètres  le  fond  de  la  vallée,  par  650  à  700  mètres  d'alti- 
tude. 

Le  mur  qui  les  délimite  est  doublé  d'un  fossé  intérieur.  Aucune 
fouille  suivie  n'y  a  été  faite  ;  notre  correspondant  y  a  trouvé  quelques 
rares  éclats  de  silex,  quelques  fragments  de  haches  polies,  quelques 
tessons  d'aspect  romain,  une  moitié  de  bague  romaine  enfer  portant 
une  pierre  rouge,  et  enfin  deux  liards  en  bronze  du  xvne  siècle. 

A  moins  d'un  kilomètre  à  l'est,  à  la  même  altitude  et  dans  une 
position  analogue,  à  un  endroit  appelé  le  ClosLiotard,  est  un  endroit 
aplani  de  main  d'homme,  avec  petits  murs  de  soutènement,  ou  des 
rangées  de  pierres  alignées,  avec  levée  de  terre  au  S.-O.,  délimitant 
une  grande  aire  circulaire.  Les  seules  trouvailles  sont  quelques  grès 
à  aiguiser. 

Dans  les  Basses-Alpes,  à  Lardiers,  est  une  autre  enceinte  beau- 
coup plus  importante,  couronnant  un  haut  plateau  connu  sous  le 
nom  de  Chatelard  de  Lardiers . 

Elle  est  entourée  de  murs  en  pierres  sèches,  doublée  sur  le  côté 
ouest.  On  y  a  trouvé  plusieurs  milliers  de  lampes  romaines  en  terre, 
de  facture  grossière  et  qui  semblent  être  des  lampes  votives  ;  de  nom- 


132  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

breuses  petites  feuilles  de  cuivre  mince,  découpées  sans  symétrie  et 
dont  la  plupart  sont  percées  d'un  trou  au  milieu,  fait  d'un  simple 
coup  de  poinçon;  de  petits  anneaux  en  bronze  sans  ornementation  ; 
une  drachme  massaliote,  et  une  monnaie  gauloise. 

Cette  enceinte  que  nous  signale  notre   correspondant  a  été  décou- 
verte par  MM.  Colet-Leroy,  de  Revest-des-Brousses  (Basses- Alpes). 


Archives  de  la  Commission. 
CATALOGUE  DES  IMPRIMÉS  (1). 

(5e  Liste). 

[Sauf  mention  spéciale,  tous  les  numéros  de  cette  liste  sont  des  dons  de  M.  A.  Guébhard,  qui 
continue  à  verser  aux  Archives  tous  les  ouvrages,  faisant  mention  d'enceintes,  qu'il  acquiert 
ou  reçoit  personnellement]. 

{Format  petit  in-8°). 

1.  L.  ALÈGRE.  Le  Camp  de  César  de  Loudun  (Gard).  Congr.soc.  sav.  1865. 

2.  Comte  J.  BEAUPRÉ.  De  l'emploi  du  double  vallum  dans  la  fortification 
préhistorique.  [Ex  Bull,  de  la  Soc.  Préhistorique  de  France,  24  juillet  1909]. 

3.  Id.  Contribution  à  l'étude  des  enceintes  de  l'Est  de  la  Gaule.  [Ex  Revue 
préhistorique  illustrée  de  l'Est  de  la  France,  4°  année  1909,  n°  4]. 

(Don  de  V Auteur). 

4.  Id.  L'oppidum  de  Sainte-Geneviève   (Essey-les-Nancy).  Fouilles  de  1909. 
Nancy,  Crépin-Leblond.  {Don  de  l'Auteur). 

5.  Id.  L'enceinte  du  Camp  de  César,  Messein  (Meurthe-et-Moselle).  Nancy, 
Crépin-Leblond,  1910.  (Don  de  l'Auteur). 

6.  Id.  Le  mur  cyclopéen  de  la  Trinité.  [Ex  Bull,   des  séances  de  la  Soc.  des 
Sciences  de  Nancy].     *i  (Do a  de  l'Auteur). 

7.  Id.  Une  enceinte  de  l'âge  du  bronze  à  Gugney-sous-Vaudremont  (Meur- 
the-et-Moselle). (Fouille  1908  et  1909).  Nancy,  Crépin-Leblond,  1909. 

[Don  de  l'Auteur). 
S.  Id.  Trois  stations  funéraires  de  l'âge  du  bronze  (Beuvey,  Azelot  et  Be- 
sange-la-Grande  (Meurthe-et-Moselle).  Nancy,  Crépin-Leblond,  1909. 

(Don  de  l'Auteur). 

9.  BERTHELOT  DU  CHESNAY.  L'enceinte  féodale  de  la  llaye-aux-Lions,  en 
Saint-Glen.  (Ex  Mém.  de  la  Soc.  d'Emulation  des  Côles-du-Nord,  1908). 

10.  V.  BERTHIKR.  Le  VIe  Congrès  préhistorique   de  France,  ^Ex  Procès- 
verbaux  de  la  Soc.  d'histoire  naturelle  d'Autun,  1910). 

11.  A.  BLANCHET.  Une  nouvelle  théorie  relative  à  l'expédition  desCimbres 
en  Gaule,  (Revue  des  Etudes  anciennes,  T.  XII,  n*  1,  Bordeaux,  1910). 

1%.  LE  BLOND.  Elemens  de  fortification,  4e  édition,   Paris,  Ch.  Ant.  Jom- 
bert,  1754. 


-(1)  Voir  B.S.P.F.,  t.  IV,  1907,  p.  30,  247,  496;  et  t.  VI,  1909,  p.  360. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  133 

13.  BOTTIN  et  BONNARD.  Les  villages  gullo-romains  situés  à  l'Est  de 
Toulon,  sur  le  terroir  des  communes  d'Ollioules,  Evenos,  Sanary, et  Six-Fours. 
Toulon,  Bordato,  1910. 

14.  BUCHE.  La  Poype  de  Villars-les-Dombes  et  ses  fouilles.  Bourg,  impri- 
merie du  Courrier  de  l'Ain,  1899. 

15.  CAILLETTE  DE  L'HERVILLIERS.  Le  Mont  Ganelon,  à  Clairoin,  près 
de  Compiègne.  Compiègne,  Dubois,  1860. 

16.  CÉNAC-MONCAULT.  Camps  romains  et  camps  gaulois  duBéarn.  [Bull, 
Archéologique  de  Tarn-et-Garonne,  1870]. 

17.  DE  CESSAC.  Rapport  sur  l'oppidum  du  Puy-de-Gaudy  (Creuse).  [Bul 
de  la  Soc.  nat.  des  Antiquaires  de  France,  1877,  2e  trimestre,  p.  83]. 

18.  D*  CHARVILHAT.  Carte  préhistorique  du  Puy-de-Dôme. 

19 .  Gustave  CH AUVET, Notice  sur  A.-F.  Lièvre.  Angooxême,  Chasseignac,  1900. 

20.  S.  CLASTRIER.  Première  esquisse  sur  la  construction  et  la  céramique 
d'un  habitat  celto  ligure  du  iue  siècle  avant  notre  ère,  à  Marseille.  [Ex  Congrès 
des  Soc.  savantes  de  Provence  tenu  à  Arles  en  1909].  Bergerac,  Castanet,  1910. 

21.  P.  CLÉMENT.  Découverte  de  deux  camps  nouveaux  en  Vendômois.  [Ex. 
Bull,  de  la  Soc.  archéol.,  scient.,  et  litt.  du  Vendômois],  Vendôme,  Launay  et 
fils,  1910.  (Don  de  l'Auteur). 

22.  E.  de  CLÉRAMBAULT.  Les  enceintes  fortifiées  du  Mesnil-Eudin  et  de 
Sorcy.  Le  Donjon  de  Gisors.  Beacvais,  Avondeet  C*e,  1900J. 

23.  L'abbé  COCHET.  Fouilles  du  Château-Gaillard. 

24.  Ch.  COTTE.  Découverte  d'une  œnochoé  dans  un  tumulus  de  Provence 
(Avec  mention  de  ï Oppidum  de  Saint-Julien).  [Exl'Homme  Préhistorique,!"  année, 
n-7  et  9,  1909,  p.  1]. 

25.  Léon  COUTIL.  Inventaire  des  enceintes  et  mottes  de  l'Orne.  [Ex  Vm  Con- 
grès préhistorique  de  Beauvais,  1909]. 

26.  Id.  L'époque  gauloise  dans  le  sud-ouest  de  la  Belgique  et  le  nord-ouest 
de  la  Celtique.  Louviers,  Izambert,  19G2. 

27.  Id.  Sur  les  camps  de  la  Risle.  [Ex  Soc.  Préhistorique  de  France,  24  juillet 
1909]. 

28.  Id.  Département  de  l'Eure.  Archéologie  gauloise,  gallo-romaine  et  franque. 
I.  Arrondissement  des  Andelys,  Paris,  Leroux,  1895.         (Don  de  l'Auteur). 

29.  Id.  Le  Château-Gaillard. 

30.  DEVALSainé.  Etudes  historiques  et  archéologiques  sur  le  département  de 
Tarn-et-Garonne  (nombreux  camps  et  buttes).  Caen,  Le  Blanc-Hardel,  1866. 

31.  Clément  DRIOTON.  Essai  de  classification  des  enceintes  défensives  et 
non  défensives...  de  la  Côte-d'Or.  [Matériaux  pour  l'élude  des  Cavernes,  Monu- 
ments de  pierre  brute,  Enceintes  défensives  de  la  Côte-d'Or,  1"  année,  n»  1,  1908]. 

32.  Id.  Retranchements  et  enceintes  des  environs  de  Dijon  [Revue préhisto- 
rique de  l'Est  de  la  France.  lre  année,  n»  2,  1890].  (Don  de  V Auteur). 

33.  Id.  Fouilles  exécutées  dans  la  station  légionnaire  de  la  VIIIe  légion,  à  la 
Noue,  près  de  Dijon  (Côte-d'Or).  [Ex  Comptes  Rendus  de  VA.  F.  A.  S.,  Congrès 
de  Cherbourg,  1905].  (Don  de  l'Auteur). 

34.  Ulysse  DUMAS.  Les  enceintes  préhistoriques  du  Gard.  [L'Homme  Préhis- 
torique. 5*  année,  n*  4,  1907,  p.  97]. 

35.  E.  FOURNIER.  Quelques  mots  sur  la  station  du  Baou-Roux,  près 
Simiane.  [Ex  Feuille  des  Jeunes  naturalistes.  IV»  série,  34*  année,  n*  399,  1904]. 

36.  L'abbé  A.  FOUROT.  L'oppidum  du  Chatelet  (près  Gourzon,  Haute- 
Marne)  [Mém.  Soc.  lin.  de  Saint-Dizier,  1887]. 

37.  N.  GABILLEAU.  De  Châtillon-sur-Sèvre,  à  Cholet.  Inventaire  archéolo- 
gique. Cholet.  1908. 

SB.  De  GÉRIN  RICARD.  Le  génie  du  castellum  d'Olbia.  [Revue  des  Etudes 
anciennes,  XXXIP  année,  t.  XII,  n«  1,  Bordeaux,  1910]. 


434  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

39.  GESLIN  DE  BOURGOGNE.  Rapport  sur  le  camp  de  Péran,  1867. 

40.  GOUREAU.  Recherches  sur  quelques  camps  anciens  dans  la  Lorraine. 
[Ex  Mémoires  de  la  Société  philomath,  de  Verdun,  1845]. 

41.  GOURY.  Stations  de  la  période  néolithique  et  établissements  sidérurgi- 
ques [Ex  Bull,  mensuel  de  la  Soc.  des  Sciences  de  Nancy], 

42.  HARMOIS.  Inventaire  des  découvertes  archéologiques  dans  le  départe- 
ment des  Côtes-du-Nord.  Arrondissement  de  Dinan  [Ex.  Mém.  de  la  Soc.  d'E- 
mulation des  Côtes-du-Nord,  Saint-Brieug,  1909]. 

43.  Id.  —  Inventaire,  etc.  Arrondissement  de  Guingamp.  1910. 

44.  Edmond  HUE.  Menhir  de  la  Pierre  aux  Couteaux  (à  Diant,  Seine-et- 
Marne)  [Ex  Y  Homme  préhistorique,  G*  année,  1908,  n°  3]. 

45.  Id.  Camps  néolithiques  et  camps  romains.  [Ex.  Bull.  Soc.  préhistorique 
de  France  IV  et  V.  1907-1908]. 

46.  L.  JOLEAUD  et  A.  JOLY.  Ruines  et  vestiges  anciens  relevés  dans  la 
Province  de  Constantine  [Ex  Recueil  des  Notices  et  Mém.  de  la  Soc.  archéol.  de 
Constantine,  vol.  XLIII,  1909]. 

47.  Dr  J.  JULLIEN.  La  Céramique  de  quelques  stations  préhistoriques  du 
Bas-Vivarais.  [Rev.  hist.,  arch.,  littéraire  et  pittoresque  du  Vivarais,  t.  XIV, 
n°II,  1906]. 

48.  Le  Lieutenant-ColonelG.de  LA  NOË.  Principes  de  la  fortification  anti- 
que depuis  les  temps  préhistoriques  jusqu'aux  croisades,  pour  servir  au  classe- 
ment des  enceintes  dont  le  sol  de  la  France  a  conservé  la  trace.  ■/«  Fascicule. 
Fortification  préhistorique  et  fortification  gauloise.  [Ex  Bull,  de  Géographie  his- 
torique et  description,  t.  II,  1887,  p.  201-331,  pi.  IV-X].  Paris,  E.  Leroux,  1888. 

49.  Colonel  G.  db  LA  NOË.  Principes  de  la  fortification  antique,  etc.  2e  Fasci- 
cule. Fortification  romaine  [Ex  Bull.  géog.  hist.  et  descr.,  t.  IV,  1889,  p.  209-307, 
pi.  V-IX]  —  Paris,  E.  Leroux. 

50.  Baron  de  LOË  et  Ed.  RAHIR.  Vestiges  de  voies  antiques  dans  les  ro- 
chers. [Ex  Annales  de  la  Soc.  d'archéologie  de  Bruxelles,  t.  XXI,  3e  et  4e  liv. 
1907,  p.  355  à  375]. 

51.  Baron  de  LOË.  Les  «  Marchets  »  [Ex  Comptes-rendus  du  Congr.  d'ar- 
chéol.  et  d'histoire,  à  Dinant  1903.  Namur,  Wesmael-Charlier,  1904], 

52  Jd.  Les  «  Terpen  »  de  la  Frese.  Réponse  à  M.  Bœles.  [Ex  Annales  Soc. 
archéol.  de  Bruxelles.  Bruxelles.  Vromant  1903]. 

S3.  Id.  Nos  recherches  et  nos  fouilles  durant  le  1er  semestre  1907.  [Ex.  Bull, 
des  Musées  Royaux  des  arts  décoratifs  et  industriels  à  Bruxelles. 

5i-36.  Id.  Rapports  sur  les  fouilles  exécutées  parla  Soc.  d'archéologie  de 
Bruxelles,  pendant  l'exercice  1896;  id.  1903;  id.  1904.  Bruxelles,  Vroment, 
1897,  1904,  1905. 

57.  Baron  de  LOË  et  Paul  SAINTENOY.  Le  Sénéca-Berg  de  Borght-les-Vil- 
vorde  (Brabant)  [Ex  Annales  de  la  Soc.  darchéol.  de  Bruxelles,  vol.  VII,  1893]. 

38.  Gustave  MALARD.  Le  camp  romain  du  Champ-Clair  (près  Marçais, 
Cher).  [Ex  Soc.  des  antiquaires  du  Centime,  6  janvier  1897]. 

.59.  Edouard  MARIETTE.  Les  murs  romains  entre  l'Ecosse  et  l'Angleterre. 
Paris,  Bonvalot-Jouve,  1906. 

60.  E.  MARIGNAN.  L'âge  de  la  pierre  dans  la  vallée  basse  du  Vidourle.  [Ex 
Bull.  Soc.  des  Se.  nat.  de  Nîmes,  XXXVII,  1909]. 

61.  Hippolyte  MARLOT.  L'Auxois  dans  les  temps  préhistoriques.  Semur'en 
Auxois,  V.  Bordot,  1808. 

62.  E.-A.  MARTEL.  Le  refuge  du  Roc  del  Gorp,  sous  l'Oppidum  de  Murcens. 
[Ex  Soc.  scient.,  hist.  et  archéol.  de  la  Corrèze,  Brive,  1885]. 

63.  A.  MASFRAND.  Le  Limousin  préhistorique  (camps  retranchés  p.  136  et 
suiv.)  Hochechouart,  Dupanier,  1895. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  135 

64.  Félix  MAZAURIC.  Les  Musées  archéologiques  de  Nimes.  ^Recherches  et 
acquisitions.  Année  1908.  Nîmes,  1909.  {Don  de  l'auteur). 

6*5.  Id.  Note  sur  une  importante  découverte  d'inscriptions  celtiques.  [Ex 
Revue  du  Midi,  Nîmes,  1910].  {Don  de  routeur). 

66  Albert  MELAYE.  La  Forêt  de  Montgé  en  1778.  (Buttes  et  enceintes) 
[Bull.  Soc.  lilt.  et  hist.  de  la  Brie,  t.  IV,  fasc.  V].  Meaux,  1907. 

{Don  de  l'auteur). 

67.  MÉNÉTRIER.  Je  camp  de  Sainte-Germaine,  à  Bar-sur- Aube  [Ex  Annales 
de  V  Aube.  1863]. 

68    E.  MORE  AU.  Les  Châteaux  de  Loiron  (Mayenne)  {double). 

69.  Id.  Camp  de  la  Motte  Sainte-Suzanne  (May_enne)  {double). 

10.  PÉRENET.  La  légende*  d'Alise.  [la  Revue  préhist.  de  l'Est  de  la  France, 
l'e  année,  n°  2]. 

7  / .  Francis  PÉROT.  Le  dolmen  de  Glenne  (dans  une  vaste  enceinte  préhisto- 
rique) à  Saint-Martin-le-Lac,Saône-et-Loire)[InL'Z/o/nwje  préhistorique,  4e  année, 
n*  12,  1906]. 

72  C.-A.  PICQUENARD.  Recherches  sur  le  parcours  de  quelques  voies  ro- 
maines dans  la  partie  orientale  de  l'arrondissement  de  Quimper  [Ex  Revue  de 
Bretagne].  Vannes,  1909. 

75.  Vlp  du  PONTAVICE,  HARSCOUET  DE  KERAVEL  et  BANÉAT.  Les 
mottes  de  Bourgbarré,  la  motte  de  Chalonge,  les  levées  de  terre  de  Labeau  [Ex 
Mém.  de  la  Soc.  archéol.  d'Ille-et-Vilaine,  XXVIII,  1899].  {Double). 

[Don  de  L.  GIRAUX). 

74.  Geohges  POULAIN".  Fouilles  sur  l'abri  du  Mammouth,  commune  de  Saint- 
Pierre-d'Autils  (Eure).  —  Fouilles  au  camp  dttGoulet.  [Ex  Bull,  delà  Soc.  nor- 
mande d'études  préhistoriques,  t.  XIII,  1905].  {Don  de  l'auteur). 

75.  QUIQUEREZ.  Topographie  d'une  partie  du  Jura  oriental  et  en  particulier 
du  Jura  Bernois.  Epoque  celtique  et  romaine.  Porrentruy  1864. 

{Don  de  P.  DE  GIVENCHY). 

76.  Armand  RENDU.  D'un  castellum  roraanum  stativum,  à  Montigny-Ies- 
Maignelay.  [Ex  Bull,  de  la  Soc.  Acad.  de  l'Oise],  Beaovais  1873. 

{Don  de  L.  GIRAUX). 

77.  7*.  E.  et  H.  ROYER.  Camp  dit  le  Château  des  Sarrasins  à  Cirey-sur- 
Blaise.—  Camp  de  Saint-Roch.  [Ex  Mém.  Soc.  linn.  de  Saint-Dizier  1887], 

79.  Ersest  RUPIN.  L'enceinte  vitrifiée  de  Sermus,  canton  ae  Saint-Privat 
(Corrèze).  [Ex  Soc.  archéol.  de  la  Corrèze,  t.  XV].  Brive.  {Doublé). 

{Don  de  Armand  VIRÉ). 

80.  J.  DE  SAINT- VENANT.  Le  manuel  d'archéologie  de  J.  uechelette  et  les 
progrès  des  études  préhistoriques.  [Ex  Bull,  monumental].  Caex,  Delesques 
1909.  [Don  de  l'auteur). 

81.  SAUREL.  Nouvelles  recherches  sur  le  tracé  des  Fosses  raariennes  et 
l'emplacement  du  camp  de  Marius. 

82.  SÉNEQUIER.  Anciens  camps  retranchés  des  environs  de  Grasse.  [Ex 
Soc.  des  lettres,  se.  et  arts  des  Alpes-Maritimes,  t.  VII].  Grasse  lè8l.  {Double). 

[Don  de  Armand  VIRÉ). 

83.  VALLIER-COLOMBIER.  A  travers  la  Provence  ancienne  (camps  retran- 
chés, p.  11).  [Ex  Académie  des  Sciences,  agricult..  arts  et  belles-lettres  d'Air, 
1909]. 

84.  G.  VASSEUR.  Résultat  des  fouilles  archéologiques  exécutées  à  Marseille 
dans  le  Fort  Saint-Jean  [Ex  Académie  des  Inscrip.  et  belles  lettres].  Paris,  1910]. 

{Don  de  Fauteur). 
83.  E.  VIMONT.  Le  Camp  de  Bierre.  [Soc.  hist.  et  archéol.  de  V Orne,  t.  III, 
2«  btill.]  Alençon,  1884.  {Don  de  P.  DE  GIVENCHY). 


136  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

86.  Camille  VIRÉ. L'âge  de  pierre  dans  la  région  de  Bordjy-Menaiel  et  sur  la 
côte.  [Ex  Recueil  des  Notices  et  Mém.  de  la  Société  arch.  de  Conslantine,  vol. 
XXXIX,  1905].  (Don  de  l'auteur). 

87.  ANONYME.  Sur  la  découverte  d'une  muraille  gauloise  au  lieu  de  Mur- 
ceint,  commune  de  Gras,  département  du  Lot.  [Revue  archéol.,  1868]. 

[Grand  format). 

88.  Paul  COMBES  fils.  Enceintes  préhistoriques  et  fortifications  anhistoriques. 
[In  Cosmos,  56e  année,  n°  1160,  10  avril  1907]. 

89.  G.  DE  FOURAS.  La  nature  el  l'âge  du  monument  de  Stonehenge.  [La 
Science  illustrée,  n°  760,  juin  1902]. 

90.  Paul.  GUÉBHARD.  L'histoire  du  Fouta-Djallon  et  des  Almanys.  [In  L'Afri- 
que française,  mars  1909]. 

91.  G.  REGELSPERGER.  Le  monument  mégalithique  de  Stonehenge.  [ta 
Science  illustrée,  n°  689,  septembre  1899]. 

92.  VIAL.  Enceinte  préhistorique.  [Cosmos,  57»  année,  1237,10  octobre  1908]. 

93.  WAVRE  et  P.  VOUGA.  La  Tène.  2*  rapport  publié  au  nom  de  la  Com- 
mission de  la  Tène,  fouilles  de  1908  [Ex  Musée  neuchdtelois,  septembre-décem- 
bre 1909]. 


V.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Sur  les  mots  «  Dange  *  et  «  Dune  ». 

Par  le  Dp 
Louis  DUBREUIL-GHAMBARDEL  (Tours). 

Il  est  deux  mots  qu'on  rencontre  assez  souvent  dans  la  topo- 
graphie tourangelle  et  qui  peuvent  s'appliquer  parfois  à  des  Mo- 
numents mégalithiques.  Ce  sont  les  mots  «  Dange  »  et  «  Dure  ». 

Il  importe  donc  de  relever  avec  soin  tous  les  lieux  dits  portant 
ces  noms,  car  ils  peuvent  mettre  sur  la  trace  de  souvenirs  pré- 
historiques. 

Le  mot  Dange  désigne  en  général  une  motte  de  terre,  artifi- 
cielle ou  naturelle.  Nous  ignorons  tout  à  fait  l'origine  de  ce  terme, 
qui  certainement  n'est  pas  d'introduction  latine,  et  qui,  à  l'heure 
actuelle,  n'est  plus  employé  dans  le  langage  populaire. 

Voici  les  lieux  dits  auxquels  ce  nom  est  donné. 

Les  Danges,  à  la  limite  des  trois  communes  de  Sublaines  (ca- 
dastre, section  B,  feuille  2,  n°  1433-1514),  de  Luzillé  (cadastre, 
section  G,  feuille  2,  n°  574-585)  et  de  Saint  Quentin  (cadastre, 
section  A,  feuille  \,  n°  1  à  36).  Dans  cette  grande  pièce  de  terre 
se  trouvent  deux  mottes  artificielles  de  terre,  connues  dans  la  ré- 
gion sous  le   nom  de  Danges  de   Sublaines.  Elles  sont  orientées 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  437 

suivant  une  ligne  Ouest-Est,  sont  séparées  l'une  de  l'autre  de  150 
mètres  environ,  et  sont  de  forme  circulaire.  La  plus  petite,  celle 
de  l'Ouest,  est  haute  encore  de  5  mètres  environ  ;  les  labours 
exécutés  sur  elle  l'ont,  dans  ces  dernières  années,  très  réduite. 
La  plus  haute,  celle  de  l'Est,  a  8  ou  9  mètres  d'élévation  et  un 
diamètre  de  40  mètres  environ.  Entre  ces  deux  mottes,  de  Salies 
(Histoire  de  Foulque  Nerra,  page  330)  a  reconnu  des  vestiges 
d'un  Chemin  chaussé,  peut-être  d'origine  romaine,  comme  sem- 
bleraient le  démontrer  les  découvertes  qu'il  fit  dans  les  environs, 
de  tuiles  à  rebord  et  de  monnaies. 

Les  chroniques  du  xne  siècle  (Spicilege,  X,  p.  523)  prétendent 
que  ces  deux  mottes  (duos  globos  terrae)  ont  été  élevées  en  té- 
moignage de  l'alliance  que  Clovis  et  Alaric  contractèrent  et  pour 
marquer  les  limites  de  leurs  états.  Les  fouilles  exécutées  en  1865, 
par  M.  l'abbé  Reau,  dans  la  Petite  Dange,  qui  permirent,  au 
moven  d'une  tranchée,  de  mettre  à  jour  de  gros  blocs  de  pierre 
(rangés  en  cercle,  au  dire  de  celui  qui  travailla  à  ces  fouilles), 
malheureusement  déplacés  et  brisés  depuis,  et,  d'autre  part,  la 
nature  de  la  terre  qui  recouvre  les  deux  buttes,  nous  font  suppo- 
ser que  ce  sont  là  des  tumuli.  Des  fouilles  systématiques,  que 
nous  exécuterons  prochainement,  élucideront,  sans  doute,  de 
façon  définitive  cette  question  intéressante. 

Les  Danges,  dans  la  Commune  de  Saint-Quentin  [cadastre, 
section  B,  feuille  3,  nos  927  à  981  ;  à  côté  d'un  lieu  dit  la  pièce  de 
fa  Folie  (id.,  nos  913  à  926),  et  section  E,  n°  1  à  7,  la  Pièce  des 
Buttes,  à  côté  de  la  Pierre  Levée  (id.,  nos  38  à  48),  qui  est  une 
Allée  couverte]  sont  deux  mottes,  aujourd'hui  presque  détruites, 
situées  à  l'intersection  d'un  vieux  Chemin  chaussé,  allant  de  la 
Roche  à  Mallée,  et  de  la  route  nouvelle  de  Saint-Quentin  au 
Liège.  Elles  sont  orientées  de  l'Est  à  l'Ouest,  et  sont  formées  de 
pierres  et  non  de  terre.  «  L'amas,  écrit  de  Salies  (Op.  cit., 
p.  332),  qui  put  les  étudier  il  y  a  cinquante  ans,  est  formé  d'abord 
de  grosses  pierres  rangées  avec  un  certain  ordre  ;  puis  de  cou- 
ches dont  les  pierres  vont  en  diminuant  de  volume,  jusqu'à  la  sur- 
face où  elles  ne  dépassent  pas  la  grosseur  du  cassis  employé  sur 
les  routes  ».  Nous  avons  en  septembre  dernier,  examiné  les  ves- 
tiges de  ces  danges,  et  constaté  que  les  travaux  exécutés  lors  de 
la  construction  du  chemin  de  Saint-Quentin  au  Liège,  avaient 
été  cause  de  leur  presque  entière  disparition,  car  elles  fuient  une 
carrière  toute  ouverte  de  cailloux.  On  peut  encore,  si  on  est 
averti  de  leur  existence,  reconnaître  les  bases  de  ces  deux  mottes, 
qui,  d'après  les  vieux  paysans  des  environs,  étaient  «  aussi 
hautes  que  celles  de  Sublaines  ».  La  présence  de  ces  mottes  tout 


138  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

proche  des  deux  dolmens  de  Hys  et  de  Mallée,  dans  un  endroit 
où  il  est  facile  de  trouver  de  beaux  spécimens  de  silex  taillés  et 
polis,  donne  à  penser  qu'il  s'agit  là  très  probablement  de  tumuli. 

Dans  la  commune  de  Luzillé  (cadastre  :  section  K,  feuille  1 
nos  166  à  355),  se  trouve  le  lieu  dit  la  Dangette  sur  lequel  existe 
une  petite  motte  artificielle. 

Dans  la  commune  d'Azay-sur-Cher  (cadastre  :  section  C, 
n08  439  à  555),  on  voit  dans  le  lieu  dit  les  Danges,  deux  buttes  sans 
doute  artificielles.  Iî  est  à  remarquer  qu'elles  se  trouvent  tout  à 
côté  du  lieu  dit  la  Folie  (cadastre  :  section  D,  nos  558  à  561). 

Le  motDuBE  est  encore  en  usage  en  Touraine.  Dans  le  langage 
populaire,  il  signifie  une  élévation  en  général,  et  il  est  employé 
dans  plusieurs  sens.  Il  désigne  tantôt  l'appendice  que  certains 
oiseaux  ont  sur  la  tête  :  crête,  huppe,  etc.  On  dit  la  dube  d'une 
alouette  (Jacques  Rougé,  traditions  populaires,  page  42)  (1);  d'un 
coq  qui  à  une  crête  bien  redressée  et  ronge,  on  dit  qu'il  est  bien 
dubé.  Il  désigne  ensuite  la  coiffure  des  femmes  et  plus  particuliè- 
rement ces  grands  et  hauts  bonnets  qui  se  portaient  autrefois 
dans  nos  régions  :  on  dit  la  dube  d'une  paysanne,  une  femme  bien 
dubée.  Enfin,  et  c'est  le  point  qui  nous  intéresse,  il  désigne  un 
monticule  de  terre,  motte,  butte,  soit  naturel,  soit  artificiel,  ou 
encore  un  motif  architectural  en  forme  de  dôme  ou  de  pyramide, 
qui  se  trouvait  sur  certains  monuments. 

L'origine  de  ce  mot  est  douteuse  et  ne  doit  pas  être  latine  (2). 

L'emploi  le  plus  ancien  que  nous  en  ayons  trouvé,  est  dans  une 
charte  de  1086  de  l'abbaye  de  Noyers  (Cartulaire,  charte  CLXXVI, 
page  205)  :  «  Dédit  eidem  ecclesiae  Nuchariensi  terram  quam 
habebat  ad  Salvaticum,  a  monte  Dubel  usque  ad  rivum  Bonosse, 
sicut  via  de  monte  Dubel  ducit  ad  molendinum  Brethel  ».  Cette 
Dube,  située  dans  la  paroisse  de  Pussigny,  sur  la  rive  droite  de 
la  Vende  de  Ponçay  ou  le  Bonosse,  entre  le  village  de  Sauvage  et 
le  moulin  Brethel  ou  Berteau,  ne  semble  plus  exister  aujourd'hui, 
ou  du  moins  aucun  lieu  dit  ne  porte  ce  nom.  Par  contre,  tout  à 
côté,  entre  la  Creuse  et  la  Vienne,  au  confluent  de  ces  deux  riviè- 
res, existe  une  motte  artificielle,  considérée  comme  étant  un  tu-  - 
mulus,  et  qui  est  appellée  Dube  par  les  gens  du  pays. 

Les  deux  curieuses  pyramides,  qui  surmontent,  la  collégiale  de 

\\)  Voir  aussi  :  Jacques  Rougé.  —  La  Dube,  Revue  du  Berry,  1908,  page  65. 

(2)  Peut-être  faut-il  reconnaître  dans  le  mot  Dube,  le  radical  celtique  Dun,  qui 
signifie  bien  élevé  et  qui  est  entré  dans  la  composition  de  beaucoup  de  noms  de 
lieux  :  Chuteauduh,  Dun-le-Pelleteau,  Issoudun,  etc. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  139 

Loches  portent  le  nom  de  Dubes  (Dubae)  clans  des  documents  du 
xve  siècle  (1). 

Un  grand  nombre  de  lieux  dits  sont  ainsi  qualifiés  en  Touraine. 
En  voici  quelques-uns. 

Charnizay  (cadastre,  section  H,  nos  254  et  255,  263  à  279,  296)  : 
La  Dube,  ferme.  Neuillé-Pont-Pierre  (cadastre,  section  C,  nos  186 
à  195)  :  La  Dube,  ferme.  Pouzay  :  La  Dube,  près  la  Tisserie. 
?aint-Aubin  :  La  Dube,  village.  Thilouze  :  les  Dubes,  entre  Ville- 
perdue  et  Thilouze.  Chezelles  :  les  Dubes,  près  de  Fuchard. 

A  Xeuilly-le-Brignon,  au  N.-E.  du  village,  au  nord  du  Bois  de 
Branc,  se  trouvent  deux  mottes  naturelles,  que  les  gens  du  pays 
nomment  les  Dubes. 

Le  mot  Dube  a  formé  les  dérivés,  Dubiuerie  et  Dubinière.  On 
trouve  des  lieux  dits  la  Dubinerie  à  Epeigné-les-Bois,  à  Semblan- 
eay  (cadastre,  section  G,  n08  189  à  203  et  215  à  227)  ;  la  Dubinière 
ii  Rochecorbon  et  Lublé. 

Dans  le  Loir-et-Cher,  auprès  de  Bourré,  existe  une  ferme  ap- 
pelée La  Dube,  qui  tire  son  nom  d'une  butte  naturelle. 

On  rencontre  quelques  lieux  dits,  la  Dube,  en  Maine-et-Loire 
(Ils  sont  cités  dans  le  Dictionnaire  de  Célestin  Port),  dans  l'Indre 
et  dans  la  Vienne. 

De  ces  quelques  mots,  il  ressort  avec  évidence  que  les  mots 
«  Dange  »  et  «  Dube  »  ont  été  appliqués  en  Touraine,  à  des  mottes 
artificielles  de  terrequisontindiseutablcmentdestumuli.  Il  y  aurait 
donc  grand  intérêt  à  rechercher  dans  les  autres  régions  du  Cen- 
tre, tous  les  lieux  dits  portant  ce  nom  et  à  les  visiter  méthodique- 
ment. Ces  qualifications  topographiques  sont  le  plus  souvent  très 
anciennes  et  beaucoup  sont  une  survivance  d'un  langage  qui  n'est 
plus  usité  aujourd'hui,  qui  n'est  même  plus  compris.  Si  le  mot 
Dube  est  encore  employé  dans  un  sens  restreint  par  nos  campa- 
gnards tourangeaux,  le  mot  Dange  est  tout  à  fait  oublié.  Je  suis 
persuadé  qu'une  enquête,  judicieusement  menée,  conduira  à 
d'intéressantes  remarques  et  à  de  précieuses  découvertes  au  point 
de  vue  de  notre  préhistoire  locale. 

M.  le  Dr  M.  Baudouin.  —  Je  demande  à  insister  sur  cette  note 
de  notre  collègue,  parce  qu'elle  va  me  permettre  de  prouver,  une 
fois  de  plus,  qu'il  ne  faut,  en  Préhistoire,  faire  fi  ni  de  la  Philo- 
logie, ni  de  la  Légende. 

(1)  Obituaire  de  Notre-Dame  de  Loches  (Bibliothèque  de  Tours,  manuscrit  136)  : 
«  Zuter  duo  tympanalia  hujus  ecclesiae  dua  votas  lapideas  quas  nos  Dubas  vulga- 
r  ter  appelamus  edificari  fecit  [Thomas  Pactius  1080J  ». 


140  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

a)  En  effet,  à  mon  humble  avis  de  latiniste  peu  compétent,  le 
mot  Dange  vient  de  Dunjo  ou  Dungeo  [Prononcez  Doun/'o],  qui 
signifie  :  «  Castellulum,  minus  propugnaculum  »,  comme  dit  Du- 
cange  (t.  Il,  p.  961).  —  C'est  de  Dunjo,  que  dérive,  d'ailleurs, 
Donjon  !  (1). 

On  en  est  sûr,  car  Dunjo  a  donné  la  forme  Dangio.  Le  moine  Or- 

deric  Vital  donne  :  Dungio  et  Dun/o;  et  Le  Roman  de  Rou  (M.  S.) 

est  très  explicite  : 

Et  li  Dus  fist  son  gonfarron 
Porter  et  lever el  Dan/onl 

Dunjo  aurait,  à  mon  sens  du  moins,  pour  radical  Dunon  [Pro- 
noncez Dounon],  mot  gaulois,  de  la  racine  celtique  Dun,  bien 
connue.  Celle-ci  entre  dans  la  composition  d'une  foule  de  noms, 
gaulois  et  latins  [sous  la  forme  Dununi],  de  fortifications;  elle  si- 
gnifie sommet  habité,  et  par  suite  «  forteresse  ».  C'est  le  town  (ville) 
des  Anglais,  Payant  été  remplacé  parT;  c'est  le  Swv,  grec;  le  dona 
(Sidodona,  Sion);  le  don,  phénicien,  etc. 

b)  Les  Danges  ont  donc  plus  de  chances  de  correspondre  à  des 
mottes  féodales  qu'à  des  tumulus  vrais  mégalithiques,  ou  autres. 

C'est  ce  qui  est,  d'ailleurs,  le  cas  pour  Sublaines,  comme  l'in- 
dique la  Légende  de  ces  buttes  ! 

c)  Mais  ce  n'est  pas  une  raison  pour  qu'il  n'y  ait  pas,  par 
extension  de  sens  [phénomène  très  fréquent  en  linguistique],  des 
Danges,  qui  n'aient  aucun  rapport  avec  des  fortifications.  Elles 
peuvent  être  alors  destumulus  vrais,  mégalithiques  ou  non,  parce 
qu'elles  ont  été  prises  pour  des  mottes,  à  tort,  par  le  Peuple  ! 

Le  mot  Dube  me  paraît,  aussi,  d'origine  gauloise,  plutôt  que 
latine. 

Je  dois  ajouter  qu'en  Août  1910,  le  Congrès  préhistorique  de 
France  a  visité  les  Danges  de  Sublaines,  et  que,  pour  la  prépara- 
tion du  dit  Congrès,  j'ai  été  voir  les  Dubes  de  Neuilly-le-Brignon. 

L'opinion  de  nos  collègues  les  plus  compétents  a  été  que  les  Dan- 
ges de  Sublaincs  ne  ressemblent  pas  à  des  mottes  féodales,  et  que 
des  tumuli  sont  très  probables  (terre  très  noire;  orientation;  for- 
me aplatie;  absence  de  fossés,  etc.).  —  Il  est  certain,  pour  moi, 
que  les  Dubes  de  Neuilly-le-Brignon  ne  sont  que  des  Buttes  natu- 
relles [Pointements  de  la  roche  du  sous-sol  dénudée  :  Calcaire]. 

En  Vendée,  je  ne  connais  pas  les  mots  Danges  et  Dubes,  mal- 
gré les  analogies  de  parlers  [Je  ne  citerai  que  Doublié,  vêtement 
de  femme,  peut-être  pour  Doublé,  DubiéP]. 

(\)  Les  Donjons  surmontaient  souvent  des  Mottes,  au  demeurant! 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  141 


Une    station   magdalénienne    au    l  lt>i\ 

(Dordogae). 

PAR 

A.   DE  PANIAGUA  (Paris). 

Le  lieu  dit  Gabastou^  commune  du  Fleix  (Dordogne),  se  trouve 
situé  sur  l'extrême  rebord  sud  du  plateau,  à  vallonnements  accen- 
tués, qui  domine,  sur  la  droite,  la  vallée  de  la  Dordogne,  à  environ 
cinq  kilomètres  de  cette  rivière. 

Depuis  assez  longtemps,  en  ce  lieu,  sur  une  surface  d'à  peu 
près  60  mètres  de  longueur  sur  50  mètres  de  largeur,  après  les 
labours,  j'avais  pu  ramasser  des  instruments  divers,  qui,  par  leur 
faciès  très  caractéristique,  ne  pouvaient  laisser  aucun  doute  sur 
leur  origine  magdalénienne. 

L'été  dernier  (1910),  je  fis  pratiquer  deux  tranchées  d'explo- 
ration dans  le  champ  de  Gabastou  et  j'ai  pu  ainsi  me  rendre 
compte  que  le  site  constitue  bien  un  gisement  de  l'époque  de  La 
Madeleine. 

Sans  être  agglomérés  sur  des  points  définis,  les  objets,  accom- 
pagnés de  nombreux  éclats  de  fabrication,  sont  cependant  plus 
nombreux  en  certains  endroits  que  dans  d'autres  et,  par  cela,  on 
peut  soupçonner  une  spécialisation  industrielle  dans  quelques 
groupements,  en  ce  sens  que  des  instruments  affectant  une  forme 
spéciale  y  sont  plus  abondants.  Ici  les  grattoirs  dominent,  là  les 
burins  fins,  ailleurs  les  burins  trapus  et  ainsi  de  suite;  mais  nulle 
part  cependant  la  spécialisation  n'est  complète.  La  pensée  qui 
vient  à  l'esprit  en  constatant  cette  dislocation  particulière  est  que 
l'on  se  trouve  en  présence  d'un  établissement  où  chaque  artisan 
avait,  pour  ainsi  dire,  sa  place  de  prédilection,  pour  façonner  des 
objets  divers  et,  plus  abondamment,  ceux  qui  convenaient  le  mieux 
à  son  tour  de  main. 

Les  Magdaléniens  de  Gabastou  étaient  installés  en  plein  air 
probablement,  ayant  pour  demeures  des  huttes  semblables  à  celles 
dont  on  peut  voir  la  figuration  sur  les  parois  des  grottes  de  la 
Vézère.  En  effet,  la  constitution  géologique  du  sol  ne  permet 
pas  de  supposer  que  des  abris  sous  roche  ou  des  cavernes 
aient  pu  exister  à  Gabastou.  Sous  une  couche  de  terre  végétale 
argilo-siliceuse  qui,  en  épaisseur,  varie  deOm60àOm40,  on  trouve 
immédiatement  la  masse  profonde  de  la  molasse  du  Fronsadais. 
Pas  de  silex  locaux;  tous  les  silex  de  ce  gisement  proviennent  du 
lit  ou  des  rives  de  la  Dordogne  et  ont  été  apportés  pour  être 
ouvrés. 


142  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

L'industrie  de  Gabastou  est  fort  belle  et  les  instruments  par 
leur  finesse,  la  pureté  de  leur  forme,  et  leur  aspect,  révèlent,  à  ne 
s'y  point  tromper  la  bonne  époque  de  La  Madeleine.  On  trouve 
des  grattoirs  allongés  à  dos  rabattu  et  à  dos  caréné  dont  quelques- 
uns  très  grands  atteignant  jusqu'à  0ml3  de  longueur,  des  grat- 
toirs subdiscoïdes,  des  grattoirs-burins.  Aussi,  des  perçoirs,  dont 
certains  d'une  finesse  extrême,  des  burins  de  toutes  les  formes 
et  de  toutes  les  grandeurs,  des  becs  de  perroquet,  etc. 

Ce  qui  paraît  bien  caractériser  la  station  est  surtout  un  burin, 
assez  abondant,  très  trapu,  épais,  plus  ou  moins  allongé  quelque- 
fois, le  plus  souvent  presque  discoïde,  la  pointe  obtenue  par  des 
éclats  bi-latéraux,  et  quelquefois  aussi  par  des  éclats  longitudi- 
naux sur  un  côté  et,  sur  l'autre  côté,  par  un  martellement   ayant 


Fig.  1.  —  Instruments  types  de  la  station  de  Gabastou  au  Fleix  (Dordogne). 
I,  Burin  ;  —  II,  Pointe. 

produit  des  esquillements  obtus  perpendiculairement  au  plan  de 
la  pièce  (Fig.  1). 

Un  autre  instrument  très  particulier  se  trouve  à  Gabastou. 
C'est  une  pointe,  légèrement  incurvée  vers  son  extrémité,  tantôt 
à  droite,  tantôt  à  gauche.  La  plus  grande  part  de  cet  outil,  pour 
la  facilité  de  préhension,  porte  des  éclats  multiples  en  long  sur 
la  face  supérieure,  tandis  que  la  face  inférieure  opposée  reste 
plate  obtenue  d'un  seul  coup.  La  partie  antérieure  triangulaire 
formant  bui  in-poim;on  est  faite  par  un  seul  éclat  sur  un  côté,  tan- 
dis que  sur  l'autre,  toujours  du  côté  en  opposition  avec  l'infléchis- 
sement, on  remarque  toute  une  série  de  retouches  très  fines 
[Fig.  2).  Les  instruments  de  cette  sorte,  relativement  peu  nom- 
breux, sont  de  diverses  grandeurs  :  il  y  en  a  de  très  petits  et  très 
fins,  de  même  que  d'assez  grands  allant  jusqu'à  0m08  et0,p09,  mais 
toujours  très  soigneusement  retouchés. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  143 


Sur  une  bâche  polie  à  tranchant 
à  double  courbure. 


C.  CHATELET  Avignon  . 

M.  Paul  de  Givenchy  a  représenté,  dans  le  Bulletin  de  septembre 
1910  de  la  Société  Préhistorique  de  France,  une  série  de  haches 
polies  à  tranchants  variés. 

Avant  lui,  M.  Henri  Martin,  dans  une  note  publiée,  au  tome  I 
de  la  même  publication,  a  signalé  des  haches  à  tranchants  divers, 
et  d'autres  à  bords  ou  à  faces  incurvés.  Mon  ami,  M.  Deydier  (1), 
a  également  figuré  et  décrit  de  nouveauxtypes  de  haches:  .Haches 
à  coches,  à  tranchant  mousses,  etc. 

Tous  les  tranchants  des  instruments  représentés  dans  la  belle 
planche  qui  accompagne  la  note  de  M.  de  Givenchy,  ou  dans  celles 
données  par  MM.  Martinet  Deydier,  qu'ils  soient  obliques  ou 
curvilignes,  décrivent  des  courbes  planes. 

Je  possède  une  hache  polie  qui  présente  un  tranchant  figurant 
une  courbe  gauche.  Ce  cas  particulier,  dans  la  technique  de  ces 
instruments,  m'a  paru  mériter  d'être  signalé. 

Description.  —  Hache  polie,  en  serpentine,  recueillie  dans 
une  station  en  plein  air,  à  Pognadoresse  (Gard).  Cette  station 
ma  donné,  en  outre  :  fragments  de  poterie  grossière,  dont  un 
orné  de  sillons  parallèles;  poinçons  en  silex,  petites  lames,  et 
une  pointe  de  flèche  losangique  en  quartz. 

Cette  pièce  mesure  :  longueur,  0m085;  largeur  (au  milieu). 
0m050;  circonférence  (au  milieu),  0m134;  plus  grande  épaisseur, 
0m028. 

Cette  hache  est  asymétrique  (Fig.  1  ;  II),  un  plan  passant  par  ses 
bords  la  diviserait  en  deux  parties  inégales,  l'une  plane  n'ayant 
que  0,u009àOm010  d'épaisseur;  l'autre  concave,  épaisse  deOm018. 
La  face  plane  a  été  usée  vers  son  extrémité,  du  côté  du  tranchant, 
avec  lequelle  se  raccorde  par  une  surface  inclinée  de  0m02  de  lon- 
gueur ;  l'autre  présente,  vue  de  profil,  une  ligne  à  peine  convexe, 
s'abaissant  vers  le  tranchant  par  une  courbe  régulière.  Le  tran- 
<  liant,  vu  de  face  (Fig.  1,  n°III),  s'infléchit,  à  chacune  de  ses  extré- 
mités pour  rejoindre  le  bord  périphérique  de  la  hache.  La  corde 
réunissant  les  extrémités  du  tranchant  mesure  0ra036,  et  la  flèche 


(1)  Deydier  (M.).  —  Contribution  à  tctude  des  maillets  et  haches  préhistoriques. 
-  Rev.  Préhist.,  II,  1907,  p.  248. 


144  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

de  l'arc  soutendu  par  cette  corde,  atteint   0m014.    Le    talon   est 
abîmé  et  présente  plusieurs  cassures. 

Les  problèmes  que  soulèvent  les  différentes  opérations  de  la 
technique  employée  dans  la  confection  des  haches  polies  sont 
encore  à  résoudre.  L'obscurité  règne  sur  cette  question.  J'estime, 


Fig.'l.  —II,  Hache  à  tranchant  à  double  courbure  (Profil);  —  111,  "Vue  du  Tranchant;  — 
I,  Galet  utilisé  f Réduction  2/3  gr.]. 

comme  M.  le  D'  Marcel  Baudouin  (1),  que  l'Observation  est  la 
seule  lumière,  qui  doit  guider  les  recherches  des  Préhistoriens 
dans  la  découverte  de  la  solution  des  problèmes  qui  se  posent  à 
leur  sagacité.  Aussi  ai-je  pensé  qu'il  y  avait  quelque  intérêt  à  si- 
gnaler, sans  commentaires,  cette  hache  à  tranchant,  décrivant 
une  courbe  gauche. 

Dès  maintemant,  cependant,  on  peut  admettre,  comme  le  rap- 
pelle M.  le  Dr  A.  Guébhard(2),  que  ce  sont  surtout  les  galets,  plus 
ou  moins  roulés,  qui  ont  été  le  plus'  souvent  utilisés  pour  la 
fabrication  des  haches  polies  en  roche  dure. 

En  outre,  quand  on  examine  les  belles  pièces,  représentées  par 
M.  de  Givenchy,  et  celles  de  formes  irrégulières  qu'a  figurées 
M.  H.  Martin  (3),  ou  celle  que  je  décrirai  ci-après,  un  premier 
classement  se  fait  immédiatement  :  deux  catégories  de  haches  se 
présentent  malgré  soi  à  l'esprit.  Dans  l'une  se  rangent  les  belles 
haches  à  tranchant   finement  aiguisé,  au  beau  polissage,  et  dont 

(1)  Bull.  S.  P.  F.,  VII,  1910,  p.  471. 

(2)  Idem. 

(3)  Bull.  S.  P.  F.,  I,  1904,  pi.  II,  Fig.  8,  9,  11.. 


;un 
mi 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRA.NÇÀISE  145 

la  forme,  dune  régularité  géométrique  parfaite,  est  le  résultat 
dune  technique  habile  et  sans  doute  assez  longue.  Dans  l'autre, 
se  placent  les  pièces  ayant  conservé  l'aspect  irréguiier  du  galet 
utilisé,  dont  le  tranchant  plus  ou  moins  régulier  et  le  polissage 
incomplet  fait  songer  à  un  travail  rapide  et  peu  soigné. 

Cette  classification,  bien  que  simpliste,  correspond  cependant 
à  deux  ordres  de  faits  bien  caractérisés.  Les  belles  pièces  ont  été 
enées  à  leur  forme  régulière,  pour  répondre  à  un  but  déter- 
né  ;  elles  ont  été  faites  en  vue  d'un  usage  spécial  auquel  elles 
étaient  destinées.  Les  autres  sont,  sans  doute,  plutôt  des  outils 
ou  des  armes  d'usage  courant,  d'emploi  journalier.  Elles  devaient 
s'user  rapidement  ;  le  tranchant  s'ébréchant  assez  facilement,  la 
pièce  devait  être  vite  hors  d'usage.  De  là,  l'obligation  de  les 
renouveler  lréquemment;  par  suite,  inutilité  de  s'attarder  à  un 
travail  de  piquage  et  de  polissage  long  et  délicat.  Aussi,  le  pre- 
mier galet  en  roche  dure,  présentant  une  forme  appropriée  au 
but  cherché, devait-il  suffire;  un  aiguisage  lui  donnait  un  tran- 
chant; un  polissage  rapide  faisait  disparaître  les  parties  en  saillie, 
qui  auraient  rendu  difficile  l'emmenchage  ou  gêné  sa  préhension 
avec  la  main.  Il  n'est  pas  prouvé,  en  effet,  que  toutes  ces  haches 
aient  eu  besoin  d'être  fixées  à  un  manche  pour  être  utilisées  :  on 
sait  que  certaines  hachettes,  percées  d'un  trou  vers  le  talon, 
n'ont  pas  été  emmanchées. 

Voici  une  pièce  recueillie,  dans  les  environs  de  Robion  (Vau- 
cluse),  qui  parait  militer  en  faveur  de  mon  hypothèse.  C'est  un 
simple  galet  durancien,  à  bords  asymétriques.  Il  n'a  nullement 
été  préparé,  son  tranchant  a  été  obtenu  par  polissage,  et  quel- 
ques points  de  sa  surface,  les  plus  en  relief,  ont  été  seuls  polis. 
Cette  pièce  [Fig.  l,n°I)  mesure  0m085  de  longueur,  et  0m034  de 
largeur  en  son  milieu. 

En  examinant  cet  objet  (outil  ou  arme),  on  se  rend  compte  que 
l'homme  n'a  pas  eu  un  travail  bien  long  à  faire,  pour  être  à  même 
de  s'en  servir  ! 

En  résumé,  pour  les  pièces  répondant  à  une  spécialisation 
définie,  la  forme  convenable  était  obtenue  par  les  procédés  d'une 
technique  délicate  :  piquage  et  polissage.  Pour  celles  d'usage 
courant,  employées  dans  le  travail  journalier,  un  galet  répon- 
dant à  peu  près  par  sa  forme  au  buta  atteindre  suffisait;  le  pi- 
quage devenait  dès  lors  inutile;  et  le  polissage,  réduit  à  sa  plus 
simple  expression  pour  éviter  un  travail  assez  long  et  sans  grande 
utilité,  était  localisé  au  tranchant  et  aux  parties  saillantes,  qui 
pouvaient  nuire  à  l'emploi  de  l'arme  ou  de  l'outil  ainsi  obtenu. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  10 


146  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Silex  Faux  eu  forme  de  Croissant. 


PAR 


L.  GIRAUX  (Saint-Mandé,  S.)  (1). 

Au  cours  des  séances  de  la  Société  Préhistorique  et  de  celles 
des  Congrès  Préhistoriques  de  France,  plusieurs  de  nos  collègues 
vous  ont  déjà  présenté  des  pièces  préhistoriques  fausses,  soit  en 
silex,  soit  en  os.  M.Emile  Rivière  a  montré  des  faux  en  os, 
provenant  des  grottes  des  Baoussé-Roussé  et  de  la  Dordogne  (2); 
ainsi  que  des  os  truqués  provenant  de  la  Sablière  du  Hameau  (3). 
M.  le  Dr  Atgier  a  soumis  des  poignards,  haches  et  gravures  sur 
os  (4).  M.  E.  Olivier  nous  a  parlé  du  truquage  des  silex  (5);  et 
M.  Ch  Schleicher,  des  pointes  de  flèches  fausses  du  Charollais  (6). 
M.  Thiot  nous  a  exposé  toute  la  fabrication  des  faux  dans  la  région 
de  Beauvais  (7).  —  Tous  ces  Messieurs  ont  insisté  sur  l'intérêt 
qu'il  y  avait  à  signaler  ces  faux  et  à  les  connaître. 

J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  aujourd'hui  un  silex  faux,  en 
forme  de  croissant.  Cette  pièce  est  en  silex  blond,  avec  quelques 
parties  plus  opaques;  elle  a  une  longueur  d'environ  0m13  à  0m14, 
et  à  son  milieu  une  largeur  de  0m04. 

Il  semble  que  le  faussaire  qui  l'a  fabriquée  s'est  inspiré  de  la 
forme  du  coup  de  poing  américain.  Ce  silex  est  fort  bien  taillé  et 
il  est  de  forme  à  peu  près  ronde.  La  partie  concave  est  très  accen- 
tuée et  permet  d'y  placer  facilement  les  quatre  doigts  de  la  main; 
la  partie  convexe  se  loge  très  bien  dans  le  creux  de  la  main  refer- 
mée. Chaque  extrémité  de  la  partie  concave  se  termine  par  une 
pointe  épaisse  et  solide  qui  fait  saillie  d'environ  un  centimètre  en 
dehors  de  la  main  (Fig.  1). 

Du  côté  de  la  convexité,  la  partie  supérieure  se  termine  par 
une  petite  pointe  très  dégagée,  ayant  environ  un  centimètre  et 

(1)  Séance  du  24  novembre  1910. 

(2y  E.  Rivière.  —  Les  faux  en  Préhistoire  (Bulletin  de  la  Société  Préhistorique 
de  France,  année  1904). 

(3)  E.  Rivière.  —  Sur  les  faux  en  Préhistoire  (Bulletin  de  la  Société  Préhistorique 
de  France,  année  1905). 

(4)  Dr  Atgier.  —  Les  faussaires  de  la  Préhistoire  (Bulletin  de  la  Société  Préhis- 
torique de  France,  année  1908). 

(5)  E.  Olivier.  *-  Le  truquage  des  silex  à  Digoin  (Congrès  Préhistorique  de 
France,  Périgueux,  1905). 

(6)  Ch.  Schleicher.—  Pointes  de  flèches  du  Charollais.  authentiques  et  douteu- 
ses. (Congrès  Préhistorique  de  France,  Autun,  1907). 

(7)  L.  Thiot.  —  Les  faux  silex  de  Beauvais  (Congrès  Préhistorique  de  France, 
Beauvais,  1909). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  147 

demi  de  longueur,    nettement  séparée  de  celle  en  avant    par  une 
encoche  profonde. 

A  la  partie  inférieure  existe  une  autre  pointe  plus  en  arrière, 
moins  longue  et  moins  dégagée  que  celle  du  haut.  L'arête  de  la 
partie  convexe  a  été  abattue  par  dégagement  et  par  martellement 
de  façon  à  ne  pas  blesser  la  main.  Cette  pièce  est  bien  en  mains 
et  telle  qu'elle  est,  elle  constitue  assurément  une  arme  redouta- 
ble. Le  faussaire  qui  l'a  fabriquée  n'en  était  pas  à  son  coup  d'es- 
sai, car  la  façon  dont  elle  est  taillée  indique  une  grande  habileté 
de  sa  part.  Cette  pièce  a  dû  être  fabriquée  à  Abbeville,  autant 
que  peut  me  le  laisser  croire  l'endroit  où  je  me  la  suis  procurée. 


Fig.  1.  —  Silex  faux,  en  forme  de  croissant  [3/4  de  grandeur  naturelle;. 

Elle  a  été  acquise  par  moi,  il  y  a  une  quinzaine  d'années,  chez 
un  marchand  d'antiquités  du  Tréport  (Seine-Inférieure).  Elle  se 
trouvait  dans  un  lot  de  très  bons  silex  provenant  des  gisements 
des  environs  d' Abbeville  et  elle  était  en  compagnie  d'une  autre 
pièce  fausse  (très  belle  hache  en  forme  d'amande,  patinée  artifi- 
ciellement et  portant  comme  indication  de  provenance  Moulin 
Quignon). 

Ayant  questionné  le  vendeur,  afin  de  savoir  de  qui  il  tenait  ces 
silex,  il  me  répondit  qu'il  avait  acheté  toute  une  collection  d'anti- 
quités, faïences,  armes,  etc.,  après  le  décès  d'une  personne  habi- 
tant la  Ville  d'Eu,  et  que  ce  lot  de  silex,  avec  lesquels,  il  y  avait 
également  trois  haches  en  bronze,  provenait  de  cette  collection. 

Je  lui  fis  remarquer  que  deux  des  silex  étaient  faux;  et  il  me  répon- 
dit que,  n'y  connaissant  rien,  tout  pouvait  être  vrai  ou  faux  et 
qu  il  me  les  vendait  tels  qu'il  les  avait  achetés  :  sa  bonne  foi  était 


lAi  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

assurément  évidente.  Cette  personne  avait  complété  sa  collection 
d'armes  anciennes  et  modernes  par  quelques  haches  en  bronze  et 
par  une  série  de  silex,  ces  derniers  provenant  des  gisements  des 
environs  d'Abbeville,  localité  dans  laquelle  elle  habitait  avant  de 
venir  se  fixera  Eu.  Ce  collectionneur  n'était  pas  connaisseur  en 
silex  ;  et  il  avait  été  assurément  frappé  par  la  beauté  de  la  hache 
en  amande  et  par  l'originalité  de  la  forme  de  ce  silex  en  croissant. 

C'est,  comme  le  disait  M.  Thiot,  en  terminant  sa  communication 
sur  «  les  silex  faux  de  Beauvais  »,  un  de  ces  collectionneurs,  qui, 
séduit  par  les  formes  bizarres  de  ces  silex,  avait  acquis  ces  pièces, 
sans  se  douter  qu'elles  n'avaient  rien  de  préhistorique. 


Fig.  2.  —  Silex  faux,  présenté  par  M.  P.  de  Givenchy. 


J'ai  donc  cru  utile  de  vous  présenter  cette  pièce  et  d'en  donner 
le  dessin,  afin  de  mettre  en  garde  des  collectionneurs  auxquels  de 
semblables  objets  pourraient  être  offerts. 

A  la  séance  de  janvier  1910,  notre  collègue,  M.  P.  de  Given- 
chy nous  a  présenté  un  faux  outil  en  silex,  qu'il  s'est  procuré  à 
Abbeville.  Sa  provenance  est  de  la  même  région  que  celui  que  j'ai 
l'honneur  de  vous  présenter  aujourd'hui. 

La  Figure  2  représente  ce  silex  faux,  appartenant  à  M.  P.  de 
Givenchy. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  149 


Découverte   d'un   Puits   funéraire 

et  d'un  Souterrain-refuge, au  village  de  Bros, 

commune  de  Monceaux, 

canton  d'.Vrgentat  (Corrèze). 


E.   BOMBAL  (Argentat,  Corrèze). 

Ce  village  est  assis  sur  les  hauteurs  qui  dominent  au  sud  et  à 
l'ouest  le  bourg  de  Monceaux.  La  partie  supérieure  de  son  terri- 
toire s'incline  légèrement  dans  la  même  direction  ;  le  reste  se 
précipite  dans  la  vallée.  La  première  partie,  par  une  sorte  de  col 
largement  évasé,  s'appuie  à  Test  contre  le  bas  du  sommet  du 
Puy-la-Garde,  cote  473.  Le  Puy-la-Garde  est  le  point  culminant 
d'une  longue  ligne  de  précipices,  que  baigne  en  partie  la  Dor- 
dogne. 

J'ai  déjà  signalé  les  traces  d'occupations  préhistorique  et  ro- 
maine, que  l'on  trouve  sur  ces  hauteurs,  dans  une  brochure 
ayant  pour  titre  :  Anciens  chemins  et  voies  romaines  a" Argentat 
et  de  ses  environs.  Les  récentes  découvertes  viennent  confirmer 
l'existence  de  ces  occupations. 

À  la  fin  de  juin  dernier,  dans  une  terre  dite  Le  Champ,  appar- 
tenant à  Mme  Poujade,  située  au  nord-est  du  village,  point  que  je 
repère,  d'après  la  carte  de  l'Etat-major  au  1/50.000,  comme  il 
suit,  àOm030  sud  du  10e  parallèle  et  à  0m011  est  du  50e  méri- 
dien, les  habitants  du  village,  ayant  remarqué  une  certaine  dépres- 
sion circulaire  récente,  se  mirent  à  la  fouiller,  pensant  y  décou- 
vrir une  des  galeries  souterraines,  dont  le  pays  est  creusé  et  y 
trouver,  peut  être,  quelque  trésor. 

Sous  une  épaisseur  de  terre  végétale  d'environ  0m50,  ils  ren- 
contrèrent l'orifice  d'un  puits,  de  forme  à  peu  près  cylindrique, 
d'un  mètre  40  de  diamètre,  creusé  dans  le  rocher.  Ils  commen- 
cèrent à  le  vider.  Ils  en  sortirent  une  terre  argileuse,  qui  est 
celle  du  sol,  mêlée  de  quelques  moellons,  de  débris  de  briques 
à  rebords,  d'une  assez  abondante  quantité  de  pots  cassés,  et  de 
charbons.  Un  panier  de  ces  objets  me  fut  apporté  ;  et,  le  lende- 
main, un  second.  On  était  arrivé  à  2  mètres  de  profondeur. 

La  vue  de  ces  trouvailles  me  détermina  à  aller  voir  la  chose 
de  près  :  ce  qui  fut  fait  le  1er  juillet,  avec  trois  de  mes  amis, 
MM.  l'abbé  G.  Lestourgie,  A.  Muzac  et  le  Dr  Teulière.  En  notre 
présence,  nous  avons  fait  continuer  de  vider  le  puits  jusqu'à 
5m40.   Le  fond  n'était  pas  encore  atteint.  L'approche  de  la  nuit 


150 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


nous  obligea  à  nous  retirer.  La  terre  et  les  objets  archéologiques, 
extraits  durant  cette  journée  sont  analogues  à  ceux  des  journées 
précédentes,  sauf  que  la  poterie  est  plus  fragmentée.  Nous  en 
avons  emporté  un  autre  panier. 

Deux  ou  trois  jours  après,  nous  avons  ordonné  la  continuation 
de  la  fouille.  Avisés  que  le  fond  du  puits  était  atteint,  nous  som- 
mes revenus  sur  les  lieux  le  26;  et  nous  l'avons  vu  à  7m40,  abso- 
lument sec.  Un  mètre  cube  environ  d'assez  gros  moellons  avait  été 
trouvé  entre  5m40  et  le  fond. 

Les  pièces  archéologiques  trouvées  dans  la  dernière  période 
des  fouilles,  avaient  été  déposées  chez  Mrae  Poujade.  Mais  un  mon- 
sieur de  pas  bien  loin,  dont  nous  avons  le  nom  et  l'adresse,  in- 
formé par  les  journaux,  s'est  empressé  d'accourir  et  d'écrémer 
le  stock,  qui  est  bien  notre  propriété,  puisque  nous  avons  fait 
les  frais  des  fouilles  sous  cette  réserve  !  De  sorte  que,  du  fond  du 
puits,  nous  n'avons  rapporté  que  des  débris  presque  insignifiants. 


Fig.  1  —  Le  Puits  funéraire  et  les  Souterrains,  de  Bros  (Corrèze).—  Echelle:  1/40.000.— 
Légende  :  A,  Puits  funéraire  ;  —  B.  Champ  où  sont  des  briques  à  rebords  ;  —  C,  Le 
Puy-la-Garde  ;  —  D,  S,  Au  Sermur,  Souterrain  ;  —  E,  S,  Galeries  souterraines. 


La  fouille  n'a  malheureusement  pas  pu  être  faite  scientifique- 
ment. Dans  le  sol,  les  vases  étaient  brisés  de  date  ancienne  ;  mais 
l'inexpérience  du  puisatier,  et  la  difficulté  de  fouiller  en  profon- 
deur, ont  occasionné  de  nombreuses  nouvelles  cassures.  J'ai  pu 
cependant,  par  des  collages,  reconstituer  à  peu  près  un  certain 
nombre  de  pièces.  La  terre  extraite,  argileuse  et  humide,  n'a 
pas  été  passée  au  crible.  Nous  n'avons  vu  aucune  monnaie. 

Objets  recueillis.  —  Nombreux  fragments  plus  ou  moins  grands 
à  anses  et  goulots,  avec  ou  sans  bec,  de  buires,  d'aiguières,  de 
pots,  de  plats,  de  sortes  de  saladiers,  une  coupe,  etc.  Vases  dont 
les  modèles  sont  figurés  dans  le  Dictionnaire  des  Antiquités  ro- 
maines et  grecques  de  Rich,  et  ayant  pu  servir  a  la  cuisine  et  à 
la  table  ;  quelques  débris  de  vases  plus  grands  en  terre  rouge. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  loi 

Les  terres  de  toute  cette  poterie  sont  de  divers  grains  et  cou- 
leurs. Il  y  a  quelques  tessons  de  terre  dite  iamienne,  dont  un 
bord  orné  en  relief.  Beaucoup  de  vases  sont  revêtus,  les  uns,  à 
l'intérieur  et  à  l'extérieur,  d'un  enduit  noirâtre;  les  autres,  en 
terre  rose,  d'un  enduit  blanc,  soluble  dans  l'eau.  La  moitié  infé- 
rieure d'une  petite  urne,  à  parois  épaisses,  provenant  du  fond, 
porte  à  l'intérieur,  des  rayures  blanches  produites  probablement 
par  des  os  réduits  a  l'état  de  chaux  qu'elle  a  dû  contenir.  Des 
débris  de  briques  à  rebords,  de  terres  et  de  factures  diverses, 
sont  sortis  de  toutes  les  profondeurs.  Il  faut  noter  encore  plu- 
sieurs fragments  de  dalles  eu  pierre  volcanique;  un  fragment  de 
calcaire  olithique,  étranger  au  sol  argilo-schisteux,  pierre  dont 
il  était  fait  usage  pour  dallages,  moulures  et  placages  à  la  villa 
gallo-romaine  de  Longour  (ArgentaO;  un  fragment  de  verre  vert, 
à  cercles  concentriques;  quelques  clous;  un  crochet  de  fer;  un 
poids  mobile,  en  plomb,  oxydé,  de  romaine  statera),  avec  un 
anneau  en  fer  brisé  à  moitié,  pesant  420  grammes.  Des  premières 
couches  du  puits  sont  sortis  des  ossements  d'un  gros  animal  non 
réduits  en  pâte,  dont  une  grosse  molaire,  un  os  à  moelle  de  0m09 
de  longueur,  un  fragment  de  bassin  mesurant  8><  4,  et  troisautres 
plus  petits. 

Enfin,  on  nous  a  remis,  en  dernier  lieu,  six  blocs  d'une  substance 
blanchâtre,  à  cassure  poreuse,  semblables  à  ceux  que  nous  avons 
déjà  trouvés  dans  des  vases  au  Puy-du-Tour(i),  aplatis  sur  Tune 
de  leurs  faces.  Ce  sont  certainement  des  ossements  humains,  ré- 
duits en  pâte  et  passés  à  l'état  de  chaux,  qui  avaient  été  déposés 
dans  des  vases.  Quatre  de  ces  blocs  présentent  une  épaisseur 
moyenne  de  0mm010de  cette  pâte  etsemblent  provenir  d'un  même 
vase.  Un  second,  de  0mmÛ15  d'épaisseur,  présente  deux  couches 
de  la  même  pâte  de  0mra002  a  0mm003,  séparées  par  une  couche  de 
terre  noire;  il  vient  apparemment  d'un  second  vase.  Un  troi- 
sième bloc,  adhérant  à  un  éclat  de  schiste,  est  composé  d'un 
conglomérat  de  la  même  pâte  blanchâtre,  de  charbon,  de  menus 
fragments  de  brique,  de  terre  noire  et  d'argile.  Il  doit  provenir 
d'un  troisième  vase. 

Le  puits  de  Bros  est  donc  un  Puits  funéraire,  romain  ou  gallo- 


Sur  le  plateau,  à  quelque  cent  mètres  du  puits  vers  l'est,  joi- 
gnant la  dernière  pente  du  Puy-la-Garde,  on  remarque  une  assez 
grande  quantité  de  débris  de  briques  à  rebords,  ce  qui  fait  sup- 
poser que  là  a  été  une   construction  contemporaine  du  puits,  faite 


(1)  Voir  me?  deux  rapports  sur  les  fouilles  du  Puy-du-Tour. 


152  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRArsÇAISE 

pour  commander  le  chemin,  profondément  encaissé  d'abord,  qui 
descend  à  l'antique  Château  de  Monceaux,  disparu,  puis  à  La  Salle, 
et  qui  aboutissait  jadis  à  un  gué  de  la  Dordogne.  Des  fouilles  y 
amèneraient,  je  crois,  des  découvertes  intéressantes. 

A  partir  de  ce  point,  on  atteint  par  une  pente  douce,  le  som- 
met du  Puy-la-Garde.  Pendant  nos  deux  visites,  nous  l'avons 
exploré  en  tous  sens.  Il  est  couvert  de  bruyère;  mais,  dans  les 
nombreuses  éclaircies  où  le  sol  est  à  nu,  nous  avons  recueilli  des 
éclats  et  deux  pointes  de  flèches  de  silex,  des  fragments  de  bri- 
ques, et  de  poterie. 

Les  gens  de  Bros  avaient,  à  notre  intention,  ouvert  un  de  leurs 
Souterrains-refuges,  situé  au  sud-est  du  village,  au  lieu  dit  Au 
Sermur.  Il  avait  été  reconnu  fortuitement  par  éboulement  sur  une 
galerie  qui  monte  du  sud,  au  pied  d'un  tertre  de  7  à  8  mètres  de 
hauteur.  Nous  y  sommes  entrés.  A  5  ou  6  mètres  de  l'ouverture, 
il  tourne  à  droite  et  bientôt  se  bifurque  vers  le  nord  et  l'est.  Sa 
hauteur  moyenne  égale  sa  largeur,  lm15.  L'entrée  est  un  peu  plus 
large.  Il  y  a,  à  la  voûte,  de  distance  en  distance  des  trous  d'aéra- 
tion coniques,  et,  au  premier  tournant,  dans  la  paroi  de  gauche 
en  entrant,  un  trou  rond,  par  lequel  on  pénètre  dans  un  étroit 
réduit  où  l'un  de  mes  guides  est  entré.  Ces  soupiraux  existent 
dans  tous  les  souterrains  que  nous  connaissons.  Celui  de  Mous- 
toulat,  village  voisin,  a  plusieurs  de  ces  logettes  latérales,  desti- 
nées sans  doute  au  dépôt  des  provisions. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  Il  est  absolument  certain  qu'il 
s'agit  ici  d'un  Puits  funéraire,  gallo-romain,  analogue  à  ceux  de 
Vendée.  J'engage  M.  Bombai  à  lire  les  travaux  de  l'abbé  F.  Bau- 
dry  et  les  miens  ;  puis  à  rechercher  les  autres  puits,  qui  existent 
sûrement  dans  le  voisinage.  La  loi  de  distribution  des  puits,  que 
j'ai  découverte  en  1903,  pourra  lui  faciliter  cette  recherche  sur 
le  terrain.  —  Les  puits  se  trouvent  dans  des  Nécropoles  (1),  ayant 
possédé  de  vastes  constructions  {Temples,  etc.). 

Le  point  capital  de  cette  trouvaille  serait  la  reconnaissance  d'Os 
humains  incinérés,  car  elle  est  très  rare  et  a  été  niée,  récemment 
encore,  par  de  grands  savants  [A.  de  Mortillet,  etc.].  Mais  le  texte 
de  M.  Bombai  n  est  pas  assez  précis  à  ce  sujet.  Nous  serions  bien 
aise  de  les  voir,  de  nos  yeux,  ces  os  ! 

(1)  La  Nécropole  de  Bros  ressemble  singulièrement  à  celle  de  Troussepoil.  au 
Bernard  (Vendée),  avec  ses  Substructions  et  son  Gué  ! 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  153 

Au  sujet  de  1»  Chronologie  préhistorique. 

PAS 

G.  COTTE   de  Pertuis,  Vaucluse). 

Notre  savant  collègue,  M.  Hue,  a  résumé  (1)  les  documents  qui 
permettent  d'admettre  que  l'époque  de  la  pierre  polie, dans  l'Eu- 
rope occidentale,  e*t  à  peu  près  contemporaine  de  la  civilisation 
correspondante  en  Egypte. 

Dans  le  deuxième  volume  (2)  de  son  précieux  Manuel,  M.  Dé- 
chelette  tendrait  à  placer,  aux  environs  du  troisième  millénaire 
avant  notre  ère,  l'âge  du  cuivre  ou  du  bronze  I  :  la  plus  ancienne 
nécropole  de  Suse,  celle  de  Négadah,  le  Minoen  primitif,  His- 
sarlik  I. 

Il  admet  d'ailleurs  que  les  récentes  fouilles  de  M.  de  Morgan,  à 
Suse,  ont  modifié  les  conclusions,  précédemment  portées,  sur  la 
Chronologie  de  l'époque  néolithique,  par  M.  Montélius  (3).  Ce  sa- 
vant, se  fiant  aux  coupes  alors  admises  pour  le  tell  de  Suse,  et 
faisant  remonter  le  cuivre  avant  le  quatrième  millénaire,  attri- 
buait une  durée  de  plus  de  quatorze  mille  ans  au  Néolithique 
pur.  On  croyait  alors  que  les  couches  néolithiques  avaient  une 
épaisseur  de  24  mètres,  sur  une  hauteur  totale  de  34  mètres. 

Il  est,  au  contraire,  prouvé  que  le  cuivre  existe  à  28  mètres  de 
profondeur.  Si  l'on  adopte  la  date  du  troisième  millénaire  avant 
notre  ère,  proposée  approximativement  par  M.  Déchelette  pour 
l'apparition  du  métal,  l'âge  des  métaux,  sur  28  mètres  de  hau- 
teur, correspondrait  à  5.000  ans,  et  les  6  mètres  de  Néolithique, 
en  dessous,  représenteraient  une  période  de  1.200  ans.  On  obtient 
un  total  de  6.200  ans,  comparable  aux  chiffres  recueillis  par 
M.  Hue.  Il  est  remarquable  qu'en  se  basant  sur  des  chronomètres 
aussi  distants  dans  l'espace,  on  arrive  à  des  résultats  aussi  sensi- 
blement approchants  ! 

L'épaisseur  des  couches  d'alluvions  est  susceptible  de  varia- 
tions, pour  une  durée  déterminée,  suivant  les  millénaires  ;  mais 
on  peut  cependant  s'y  fier  relativement.  Il  faut  être  plus  prudent 
lorsque  les  couches  stratifiées  ont  été  formées,  en  partie,  durant 
l'occupation  de  l'homme.  Telle  grotte,  sous  un  cailloutis  de  0m05 
d'épaisseur,  formé  en  cinquante  siècles,  recèle  une  couche  néoli- 
thique de  lm50  d'épaisseur,  à  laquelle  nul  ne  songera  à  assigner 
une  durée  de  150.000  ans  !  C'est  pourquoi  on  peut,  me  semble-t- 

(1)  Bull,  Soc.   Prek.  Fr.,  1910,  p.  472. 

(2)  Paru  depuis  la  communication  de  M.   Hue. 

(3)  Congr.  Internat .  Anthr . ,  Monaco  1906,  II,  p.  32. 


154  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

ilj,  hésiter  à  suivre  M.  Evans  clans  ses  conclusions,  trop  différen- 
tes de  celles  rapportées  par  M.  Hue,  et  de  celle  que  je  viens  d'in- 
diquer. D'après  les  couches  de  Knossos,  il  ferait  durer  8.000  ans 
une  fraction  du  néolithique  (1). 

Si  la  question  de  la  date  du  début  du  néolithique  est  toujours 
très  obscure,  celle  de  l'époque  de  sa  fin,  ou  plus  exactement  du 
début  de  l'apparition  des  métaux,  a  fait  un  grand  progrès  durant 
ces  dernières  années. 

Il  importe  tout  d'abord  de  bien  préciser  les  termes. 

Comme  beaucoup  d'auteurs  l'ont  fait  observer,  le  néolithique 
ne  se  termine  pas  brusquement;  ceci  est  vrai  en  Egypte,  comme 
en  France.  Au  contraire  les  plus  belles  pièces  en  silex  taillé,  ou 
en  pierre  polie,  les  plus  riches  parures  en  matières  diverses  ap- 
partiennent à  l'aurore  de  l'époque  des  métaux  :  Carnacéen  de 
Salmon,  Durfortien  de  Jeanjean,  Cèbennien  de  M.  Chantre,  Enéo- 
lithique  (2)  des  Italiens,  âge  du  cuivre  de  divers  auteurs,  Bronze  I 
de  M.  Déchelette  :  tout  cela  correspond  à  une  même  phase,  sou- 
vent synchronique  de  faciès  différents,  observés  à  quelques  cen- 
taines de  kilomètres  du  point  où  on  la  rencontre. 

Il  est  bien  certain,  M.  Guébhard  l'a  souligné  avec  juste  raison, 
que  notre  énéolithique  est  frère  du  néolithique  de  Chassey  ; 
comme  il  est  utile  pour  les  méridionaux  de  désigner  cette  période, 
afin  de  la  distinguer  du  néolithique  sans  métal  qui  la  précède, 
j'use  du  terme. 

Mais  la  différence  de  vocable  ne  no-is  abusera  pas.  Je  considère 
comme  rentrant  dans  la  question  qui  m'intéresse  en  cet  instant, 
c'est-à-dire  les  rapports  entre  l'Europe  occidentale  et  la  Méditer- 
ranée orientale  à  l'époque  énéolithique,  les  casse-têtes  sphéri- 
ques  néolithiques,  dont  M.  Chauvet  a  montré  la  ressemblance 
avec  des  sceptres  égyptiens  (3). 

En  note,  cet  auteur  rappelle  aussi  la  parenté  qu'il  y  a  entre  les 
palettes  égyptiennes,  habituellement  prépharaoniques,  et  les 
palettes  françaises,  signalées  pour  la  première  fois  par  M.  Car- 
tailhac  dans  les  dolmens  de  l'Aveyron  (4).  J'ai  découvert  une  de 
ces  pièces  dans  la  caverne,  énéolithique  de  l'Adaouste,  que  j'aurai 
encore  à  citer  (5).  Lespalettesfrançaisesne  sontpas  ornées  comme 
le  sont  les  palettes  d'Egypte  et  celles  delà  péninsule  ibérique. 

Dans  son  Manuel,  M.  Déchelette  mentionne  plusieurs  faits  qui 

(1)  Congr.  Internat.  Anthr.,  Monaco,  1906,  II,  p.  32. 

(2)  M.  Guébhard  a  critiqué,  M.  Déchelette  a  condamné,  l'orthographe  xnéolithi- 
que,  d'abord  adoptée  en  France. 

(3)  Chronologie  Préhistorique.  Rev.  Préh.,  1907,  p.  37  et  118. 

(4)  As.  Fr.  Av.  Se,  1905,  p.  694;   But.  Soc.  Arck.  Midi,190f>. 

(5)  Gh.  Cotte,  As.  Fr.  Ai'.  Se,  1907,  1908,  1909,1910. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANCAI-E  155 

montrent  la  parenté  de  civilisation  qui  a  existé  entre  le  monde  égéen 
et  l'Europe  occidentale,  à  l'époque  où  les  métaux  apparaissent  ici. 
Il  avait  précédemment  consacré  un  article  aux  «  croissants 
lacustres  et  cornes  sacrées  égéennes  »  (i);  un  autre  à  l'Espagne 
préhistorique  (2), déjà  si  longuement  étudiée  par  M.  Siret  (3). 

Sans  insister  sur  ce  que  l'on  peut  lire  dans  ces  travaux,  il  me 
parait  utile  de  rappeler  quelques  autres  faits,  qui  montrent  qu'il 
existait  alors  un  courant  de  civilisation  nettement  marqué  entre 
l'Espagne  et  la  France. 

M.  le  Dr  Raymond  a  signalé,  à  ce  sujet,  la  pointe  de  flèche  à  base 
semi-lunaire  (4),  dont  il  croit  que  le  prototype  est  en  Afrique,  et 
en  donne  une  bibliographie,  certainement  incomplète.  Signalant 
la  présence  de  cette  pointe  en  Provence,  il  aurait  pu  rappeler 
queMM.  Clerc  et  Fallot  lavaient  trouvée  dans  la  grotte  sépulcrale 
de  Reillanne    Y  ' 

M.  Raymond  a  également  publié,  avec  MM.  Lazard  et  Moi- 
renc  (6),  les  fragments  de  vases  en  pierre  ollaire  trouvés  dans 
Yaucluse  par  ces  derniers  chercheurs.  M.  Déchelette  (7)  a  montré 
l'intérètde  ces  récipients,  qui  font  songer  aux  civilisations  d'Egypte 
et  de  Crète,  mais  peuvent  être  plus  récents  (8).  Pour  compléter, 
au  point  de  vue  provençal,  la  bibliographie  de  M.  le  Dr  Raymond, 
j'indiquerai  que  M.  de  Ville  d'Avray  (9)  avait  fait  connaître  des 
tessons  de  vases  en  chlorito-schiste  grenatifère,  provenant  de  la 
station  delà  Cabre  (Estérel). 

Les  allées  couvertes  des  Bouchcs-duRhônc  et  du  Gard,  le 
Trou  d'Argent  à  Sisteron  ont  donné  de  l'ivoire.  Il  est  bien  cer- 
tain qu'il  faut  attribuer, la  présence  de  ce  corps  dans  nos  méga- 
lithes a  des  rapports  avec  l'Afrique:  soit  par  mer,  soit  par  la  voie 
de  terre  hispanique. 

Une  des  découvertes  intéressantes  de  ces  dernières  années, 
pour  l'énéolithique  méridional,  a  été  celle  de  la  poterie  peinte.  Je 
l'ai  signalée  avec  M.  Chaix  dans  nos  récoltes  de  la  caverne  de 
l'Adaouste  (10).  Trois  mois  après  (11),  M.  le  Dr  Raymond  publiait 
celle  que  des  chercheurs  venaient  de  trouver  dans  le  Gard,  en 
un  milieu  énéolithique,  comme  celui  de  l'Adaouste.  Cette  année- 

(1)  Rev.  Prék.,  1908,  p.  301. 

(2)  Rev.  Arch.,  1909. 

(3)  Bibliographie  in  Déchelette,  Manuel,  II,  p.    78,  note  1. 

(4)  Rev.Préhist.,  1910,  p.  71. 

(i)  An.  Fac.  Se.  Mars.,  XII,  V.  —  Ch.  Cotte,  Feuille  Jeunes  .Xalur.,  av.  1905. 
(6)fl«rc.  Pre h.,  1909,  p.  326. 
(7)  Manuel,  H,  p.  390. 
{^Anthropologie,  1900,  p.  297. 

'})Congr.  Soc.  Sav.Prov..  1909  et  Bul .  Soc.  Arch.  Prov.,   29  avril  1909. 
'•    (10)  As.  Fi:  Av.  Se,  1908. 
(11)  Rev.  Preh.,  1908,  p.  31G. 


156  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


ci  notre  actif  collègue,  M.  St.  Clastrier,  a  annoncé  qu'il  l'avait 
rencontrée  près  de  Marseille  dans  un  gisement  analogue  (grotte 
Crispine).  A  l'Adaouste  j'ai  les  bords  peints;  la  courbe  en  gris 
bleu,  les  bandes  parallèles  polychromes,  enfin  des  traits  nom- 
breux et  irréguliers  (comme  des  papilles  digitales  agrandies),  qui 
rappellent  le  curieux  fragment  de  Thessalie  publiée  par  M.  Gué- 
bhard(l),  représentant  une  anse  à  plusieurs  perforations  verticales. 
L'Adaouste  m'a  d'ailleurs  fourni  une  de  ces  anses  multiforées  (2). 

J'y  ai  aussi  recueilli  une  phalange  d'animal  entaillée,  qui  appar- 
tient certainement  à  la  série  d'idoles  rencontrées  dans  l'énéoli- 
thique  espagnol  (3). 

Une  autre  amulette  est  aussi  fréquente  dans  les  sépultures 
d'Ibérie,  le  Pecten.  Or  j'ai  eu  précisément  l'occasion  de  noter  sa 
présence  dans  la  grotte  sépulcrale  de  la  Marane  (Bouches-du- 
Rhône);  cette  espèce  de  coquille,  avec  la  pointe  de  flèche  en  silex 
finement  retouchée,  formait  presque  tout  le  mobilier  funéraire. 

Poinçon  losangique  en  bronze,  très  pauvre  en  étain,.  ivoire, 
poterie  peinte,  phalange  taillée,  coquille  de  pecten,  sont  les  élé- 
ments caractéristiques  d'une  même  civilisation,  à  aire  de  disper- 
sion étendue. 

M.  le  Dr  P.  Raymond  a  également  signalé  (4)  l'analogie  de  deux 
sépultures  à  «  crypte  en  four  »,  l'une  du  Gard,  l'autre  de  la 
Marne,  avec  celles  du  type  répandu  dans  les  îles  de  la  Méditer- 
ranée occidentale.  J'avais  fait  un  rapprochement  analogue  lorsque 
je  publiai  (5)  la  curieuse  grotte  artificielle  du  Trou  d'Or,  aux  flancs 
du  Bans-Rous.  Si  l'on  se  réfère  au  plan  et  à  la  coupe  que  j'ai 
donnés,  on  verra  que  l'analogie  des  sépultures  insulaires  est  des 
plus  frappantes  avec  le  Trou  d'Or.  La  grotte  du  Bans-Rous  com- 
prend spécialement  un  caveau  latéral,  comparable  à  ceux  observés 
dans  les  Baléares,  peut-être  analogue  aux  diverticules  des  allées 
couvertes  d'Arles,  de  certaines  sépultures  hispaniques,  et  de  tom- 
bes mycéniennes. 

Tous  ces  faits  nous  prouvent  qu'un  assez  faible  intervalle  de 
temps  a  séparé  la  fin  de  notre  néolithique  de  la  phase  correspon- 
dante en  Espagne. 

Par  celle-ci  nous  pouvons  donc  dater  l'apparition  du  métal  dans 
le  sud  de  la  France  de  la  période  d'Hissarlik  I  ou  II  (6),  entre  le 
troisième  et  le  deuxième  millénaire  avant  notre  ère. 

(1)  Congr.  préh.  de  Fr.,  1908,  p.  765.  fig.  14. 

(2)  Id.  p.  961,  fig.  11,  31 

(3)  Sirkt.  —  Les  religions  ibériques,  Rev .  Préh.,  1908,  p.   193. 

(4)  Rev.  Préh . ,  mai  1909. 

(5)  Feuille  Jeunes  Natur.,  février  1903. 

(6)  Déchelette.  —  Manuel.—  Cfr.  Guébïiard,  Loc.  cit. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  457 

Quelques  siècles  seulement  ont  sans  doute  suffi  à  répandre 
jusqu'en  Provence  la  connaisance  du  métal.  D'ailleurs  l'identité 
de  type,  pour  les  haches  plates  et  les  poignards  triangulaires  en 
cuivre,  montre  une  certaine  corrélation  des  civilisations  entre 
l'Orient  et  l'Occident. 

Vers  l'an  2000  commence  chez  nous  l'âge  du  bronze  réellement 
généralisé.  Dès  lors  la  Chronologie  comparée  nous  fournit  des 
points  de  repère  de  plus  en  plus  nombreux  et  précis.  L'époque 
hallstattienne  nous  livre  des  vases  grecs  archaïques.  Les  cime- 
tières marniens  sont  encore  plus  riches  à  ce  point  de  vue. 

Dans  quelques,  années  le  domaine  de  la  Protohistoire  appartien- 
dra a  l'histoire? 

M.  A.  Guébhard  accepte  parfaitement,  avec  M.  Cotte,  l'utili- 
sation du  mot  ènéolithique,  si  celui-ci  ne  doit  indiquer  que  la  phase 
finale  d'une  ère,  et  non  l'ouverture  d'une  autre,  par  l'arrivée  du 
premier  métal  n'ayant  en  rien  modifié,  surtout  au  point  de  vue 
céramique,  l'évolution  déjà  très  avancée  du  néolithique,  sans 
aucun  de  ces  changements  de  civilisation  sur  lesquels  se  basent 
nos  divisions  à' âges  ! 

Chronologiquement,  il  est  certain  que  le  premier  apport  du 
métal  fournit,  pour  notre  Provence,  comme  pour  l'Espagne,  des 
dates  peu  différentes  entre  elles,  et  moins  différentes  qu'on  ne 
pourrait  penser  de  celles  adoptées  pour  la  Germanie,  où  la  voie 
du  Danube  remplaça  la  grande  route  de  la  Méditerranée,  et  fit 
apparaître  le  premier  cuivre  chypriote  dès  avant  la  fin  du  troi- 
sième millénaire,  et  le  bronze  dès  1800. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  J'ai  déjà  dit,  plusieurs  fois,  que 
j'étais  d'un  avis  différent  des  auteurs  classiques,  en  ce  qui  con- 
cerne V origine  des  métaux  pour  V  Occident,  c'est-à-dire  la  Breta- 
gne-Vendée ! —  Pour  moi,  cette  région  de  France,  assez  bien 
isolée  à  la  fin  du  Néolithique,  a  été  un  centre  particulier  d  invention 
pour  la  Métallurgie,  que  ce  centre  soit  ou  non  limité  à  la  pénin- 
sule Armoricaine  actuelle.  —  Il  n'y  a  pas  eu  besoin  d'importa- 
tions à1  Extrême-Orient  pour  y  créer  les  époques  du  Cuivre  et  du 
Bronze.  Cette  civilisation  s'est  faite  sur  place;  puise//e  a  rayonné 
dans  le  reste  de  la  France,  suivant  des  routes  bien  connues  :  ce 
qui  n'a  rien  d'étonnant,  étant  donné  l'importance  de  la  Civilisation 
mégalithique  bretonne  à  cette  époque  ! 

Si  l'on  n'admet  pas  cette  théorie,  il  est  impossible  d'expliquer 
y  Age  du  Cuivre  de  Vendée,  au  moins  aussi,  sinon  plus,  développé 
que  celui  de  la  Bretagne,  malgré  l'existence  du  fameux  Portus- 
Secor,  encore  célèbre  à  l'époque  gallo-romaine!  —  Il  n'y  a  pas 
ce  raison  d'ailleurs  pour  que  les  Orientaux  n'aient  apporté  leur 
Civilisation  que  dans  le  Finistère  ou   le  Morbihan,  alors  qu'il  y 


158  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

avait,  dans  le  Golfe  dans  la  Gascogne,  tant  déports,  d'accès  facile! 
Mais  je  n'insiste  pas.  J'espère  pouvoir  un  jour  démontrer  cette 
théorie,  qui  m'est  chère  —  parce  que  personnelle! — ,  grâce  à  toute 
une  série  de  faits  nouveaux,  encore  inédits  (1). 

Quelques  Mouiiment»  die  l'Age  de  Pierre  en  Grèce 

Par  le  Pkof. 
ZABOROWSKI  (Paris). 

Jusqu'à  maintenant,  pour  ainsi  dire,  on  n'a  relevé  en  Grèce  que 
des  traces  des  temps  préhistoriques  !  Ces  traces  consistaient  à  peu 
près  uniquement  en  outils  de  pierre,  en  obsidienne,  recueillisà  la 
surface;  et  ils  pouvaient  passer  pour  être  d'époques  assez  incer- 
taines.—  On  s'en  est  étonné  justement.  J'ai  pourtant  eu  à  citer  dans 
mon  cours  des  découvertes  récentes  (1),  dontl'importance  était  ca- 
pitale. Je  ne  lésai  encore  vu  mentionner  ici  nulle  part.  Mais  quel- 
ques-uns de  mes  auditeurs  m'ont  demandé  de  les  publier. 

J'avais  fait  connaître,  d'après  Evans,  les  découvertes  de  Tsoun- 
tas  dans  les  villes  mêmes,  fouillées  par  Schlieman,  et  le  fameux 
vase  d'Orchomenos,  qui  prouvent  si  clairement  la  pénétration  sur 
le  continent  de  la  civilisation  Cretoise,  comme  initiatrice  de  la 
civilisation  grecque. 

Nous  n'avions  rien  qui  fut  immédiatement  antérieur.  Tout  ce 
qui  est  antérieur  et  une  bonne  partie  même  des  influences  Cretoises 
déjà  préhellénique.  Mais  les  Hellènes  ont  trouvé  le  sol  de  la  Grèce, 
est  occupé  par  un  peuple  bien  plus  avancé  en  civilisation  qu'eux. 

Voici  quelques  uns  des  monuments  qui  se  rapportent  à  son 
existence. 

A  Orchomène  (la  plus  ancienne  ville  de  Grèceconnue),  des  tom- 
bes remontent  jusqu'à  l'âge  de  pierre.  Les  morts  étaient  enterrés 
sous  le  sol  pavé  des  pauvres  cabanes  d'alors,  couchés  sur  le  côté. 
les  genoux  repliés.  A  Athènes  aussi,  au  sud  de  l'Acropole,  des 
sépultures  néolithiques  ont  été  mises  au  jour.  Les  morts  avaient 
été  enterrés  intacts  en  deux  couches  superposées  :  sur  la  roche 
même,  il  y  avait  deux  squelettes  recouverts  d'une  certaine  épais- 
seur de  cendres  et  de  charbons.  Puis,  par  dessus  ces  cendres, 
quatre  autres  squelettes,  sur  lesquels  s'étendait  une  seconde  cou- 
che de  cendres, d'où  on  n'a  rien  retiré  que  des  restes  d'offrandes 
brûlés  (pointes  de  flèche  en  obsidienne,  fibules  en  os). 

(1)  Voir  plus  haut  [Cuivre,  p.    120]  et  plus  loin  [Bronze,  p.   166]. 

(2)  Zehetmaier  :  Die  Arten  der  Leichenbergung  in  der  vormycenischenzeit  Grie- 
chcnlands.  Recueil  de  thèses,  Leipzig,  1907. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  159 

Sur  lu  côte  sud  de  l'Attique,  à  ïhorikos,  dans  des  trous  ronds, 
de  50  à  60  centimètres  de  profondeur,  étaient  des  jarres,  entourées 
de  pierres  qui  renfermaient  des  squelettes.  Aucun  objet;  que  des 
poteries  primitives.  Mais  la  présence  de  ces  jarres  est  significa- 
tive. Elle  prouve  des  relations  avec  la  Crète  ou  l'Asie  à  des  épo- 
ques où  le  métal  n'était  pas  ou  était  peu  employé.  Les  Chaldéens  se 
servaient  d'énormes  jarres  comme  de  cercueils. 

A  Aphidna,  au  nord  de  Marathon,  dans  des  sépultures  moins 
anciennes,  il  y  avait  deux  jarres  du  même  genre,  dont  l'ornemen- 
tation était  Cretoise. 

A  Tirynthe,  sur  la  route  de  Xauplie;  à  Argos,  dans  des  tombes- 
jarres  encore,  se  trouvaient  des  os  humains  au  complet, etqui  n'a- 
vaient pas  subi  l'action  du  feu.  Dans  l'une  d'elles,  était  un  vase 
cru  sans  peinture,  de  couleur  rougeâtre,dugenred'uuvase  recueilli 
par  Schliemann  à  Tirynthe  même. 

A  Volo,  en  Thessalie,  à  huit  mètres,  sous  la  fondation  de  la  for- 
teresse, étaient  des  tombeaux  en  fosses  quadrangulaires  ou  caisses 
de  dalles  de  schiste  assemblées.  Les  corps  étaient  accroupis  au 
fond.  Les  vases  qui  les  accompagnaient  étaient  prémycéniens.  Ce 
même  genre  de  tombeaux  fut  répandu  dans  les  Cyclades. 

A  Corinthe,dans  des  chambres  ou  caveaux  de  90  centimètres  de 
profondeur  sur  84  centimètres  de  large,  il  y  avait,  avec  des  frag- 
ments de  crâne,  des  poteries  néolithiques,  avec  un  vase  à  figure 
d'oiseau.  Ces  tombeaux,  en  usage  en  Grèce  à  l'époque  de  la  pierre, 
se  retrouvent  à  Chypre  plus  tard. 

A  iEgine,  on  a  observé  des  tombes  de  très  petites  dimensions,  à 
l'intérieur  des  murs  de  maisons.  C'étaient  de  vraies  niches,  renfer- 
mant des  restes  humains,  avec  des  cendres  de  foyers  ou  de  sacri- 
fices. 

Dans  les  Cyclades,  Amorgos,  Paros,  Naxos,  Syros,  etc.,  des  tom- 
beaux d'époque  correspondante,  prémycénienne  ou  du  bronze,  ont 
été  mis  au  jour.  Leur  relation  avec  la  civilisation  Cretoise,  plus  ma- 
nifeste, a  été  signalée  déjà. 

Mais  les  découvertes  de  Grèce,  que  je  viens  d'énumérer,  ont  une 
importance  autrement  grande.  Ignorées  presque  jusqu'à  présent, 
elles  établissent  l'existence  d'âges  de  pierre  et  de  bronze  préhellé- 
niques, où  la  coutume  de  l'incinération,  si  répandue  dans  l'Italie 
du  nord  à  l'âge  du  bronze,  n'existait  pas  plus  qu'en  Crète  et  où  les 
indigènes  jouissaient  d'une  certaine  culture  et  avaient  effective- 
ment des  relations  avec  la  Crète  et  môme  directement  peut-être 
avec  l'Asie.  C'est  d'Italie  ou  de  Grèce  qu'a  dû  venir  la  primitive 
population  de  la  Crète,  presque  nécessairement  (au  moins  6000 
ans  avant)  et  des  communautés  de  race  et  de  langue,  n'ont  pas 
cessé  d'unir  cette  grande  île  à  la  Grèce  et  au  littoral  asiatique. 


160  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Le  Chelléen  et  FAcheuléen  dan» 
le  Département  <le  Maine-et-Loire  {Supplément)  (1). 

Nouvelles  découvertes. 

Par 

O.  DESMAZIÈRES  (Segré,   Maine-et-Loire). 

Arrondissement    d'Angers. 

Gonnord. —  Instrument  chelléen,  en  silex  brun,0mll  X0ra045, 
forme  triangulaire,  bords  sinueux,  surface  des  terres  ;  récolte  de 
M.  Versillé,  de  Gonnord;  ferme  de  la  Hanelle. 

Joué-Etiau.  —  Coup  de  poing  en  silex  brun  rougeâtre,  avec 
patine  blanche,  forme  amygdaloïde,  très  bombé,  vers  la  base  ro- 
gnon de  la  croûte  naturelle,  0m085  X0m063;  surface  des  terres; 
—  ferme  de  la  Maison-Neuve  —  récolte  M.  Versillé. 

Arrondissement  de  Cholet. 

Le  Fuilet.  —  La  commune  du  Fuilet  est  le  siège  d'une  impor- 
tante industrie,  constituée  par  des  fabriques  de  poteries  vulgaires, 
vernies  ou  non,  de  grands  et  petits  calibres,  cuves  à  lessive,  pots 
à  fleurs,  etc.,  et  des  tuileries.  Ces  différents  établissements  sont 
concentrés  principalement  autour  du  village  des  Recoins  ait. 
cote  103,  et  à  la  Fosse  h  l'Ane.  La  matière  employée  est  une  argile 
détritique  jaunâtre,  comprise  dans  la  couche  des  sables,  graviers 
et  argiles  des  plateaux,  rattachée  sur  la  carte  géologique  au  Plio- 
cène P'.  Cette  couche  recouvre  dans  cetle  région  les  rochessilu- 
riennes  d'une  nappe  régulière  et  continue,  partiellement  enlevée 
lors  du  creusement  des  vallées. 

C'est  dans  une  des  nombreuses  carrières  ainsi  exploitées  au 
milieu  des  landes,  au  lieu  dit  la  petite  Fosse  à  l'Ane,  qu'on  a  dé- 
couvert, courantd'aoùt  1910,  un  gisement  remarquable  de  Haches 
Chelléennes,  qui  constitue  la  plus  riche  station  de  Maine-et- 
Loire.  Les  instruments  sont  disposés  assez  régulièrement  à  plat, 
au  milieu  de  la  couche  d'argile  mélangée  à  quelques  fins  graviers; 
au-dessus  une  seconde  couche  d'argile  avec  gros  cailloux  et  la  nappe 
d'humus;  les  coups-de-poing  sont  situés  à  1  mètre  et  lm30  de 
profondeur.  Actuellement,  près  d'une  trentaine  de  haches  ont  été 
ramassées  par  les  collectionneurs  des  environs,  notamment  M.  le 
Dr  Fievé  (de  Jallais),  M.  le  Duc  de  Blacas  (à  Beaupréau  M.  Poilane, 

(1)  Voir  Bulletin  Soc.  Prck.  de  Fr. ,  séance  du  23  juillet  1908  (lr<=  communicjition 
sur  le  même  sujet). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  161 

huissier  à  Montrevault,  plusieurs  sont  heureusement  destinées  au 
Musée  paléontologique  d'Angers.  Les  haches  sont  en  général  du 
type  amygdaloïde  le  plus  régulier,  entièrement  taillées  sur  les 
deux  faces  à  petits  éclats,  et  au  pourtour;  sur  une  face  un  renfle- 
ment peu  prononcé.  Ces  outils  varient  de  0ra10  àOm25  delongueur  ; 
l'épaisseur  est  très  minime  par  rapport  à  la  longueur;  quelques- 
uns  possèdent  un  talon  avec  une  portion  de  la  croûte  naturelle 
blanche  du  silex  jaunâtre,  type  Pressigny.  dans  lequel  ils  sont 
taillés.  Les  instruments  paléolithiques  de  la  Fosse  à  l'Anesemblent 
sortir  de  l'atelier,  tant  leur  conservation  est  parfaite  ;  le  dépôt  ne 
paraît  pas  avoir  été  remanié;  l'argile  a  garanti  les  coups-de-poing 
contre  toutes  détériorations  et  n'a  pas  permis  à  la  patine  de  se 
former. 

A  mon  avis, les  dépôts  qui  contiennent  les  haches  paléolithiques 
du  Fuilet  appartiennent  au  Quaternaire  ancien  pleistocène,et  non 
au  Pliocène  ;  toutefois  l'absence decoquilles  fluviatiles  et  d'osse- 
ments rend  assez  difficile  la  détermination  précise  de  ce  gisement. 

La  forme  élégante  et  régulière,  le  peu  d'épaisseur,  des  coups- 
de-poing  les  rattachent  à  l'Acheuléen,  malgré  leurs  grandes  di- 
mensions, qui  semblent  plutôt  appartenir  au  Chelléen. 

Ce  gisement  a  été  visité  au  mois  d'août  par  M.  Préaubert,  Pré- 
sident de  la  Société  d'Etudes  scientifiques  d'Angers,  accompagné 
de  quelques  membres  de  la  même  société  habitant  la  région, 
MM.  Toublanc,  Bricard.  Des  études  plus  complètes  seront  sans 
doute  publiées  ;  j'ai  voulu  seulement  aujourd'hui  signaler  cette 
importante  découverte,  encore  émerveillé  de  la  beauté  des  instru- 
ments que  j'ai  pu  admirer  lors  d'une  visite  dans  la  contrée,  en 
compagnie  de  M.  le  Dr  Fievé,  de  Jallais,  membre  de  notre  Société 
Préhistorique  française. 

Cette  région  des  Mauges  est  très  intéressante,  au  point  de  vue 
de  la  Préhistoire  :  les  âges  delà  pierre  polie  et  du  bronze  y  sont 
largement  représentés  ;  l'époque  Gauloise,  puis  le  séjour  des  Ro- 
mains, y  ont  laissé  des  traces  nombreuses,  signalées  depuis  long- 
temps. L'étude  de  l'origine  des  mines  d'or  donne  lieu  en  ce  mo- 
ment à  d'intéressantes  recherches  ;  mais  c'est  la  première  fois 
que  le  Paléolithique  inférieur  est  mis  à  découvert. 

Arrondissement  de  Saumur. 

Vaudelnay-Rillé. —  M.  Pavis,  instituteur  à  Rablay,  a  ramassé, 
sur  la  voie  ferrée  à  Faye,  au  lieu  dit  Jumeau  dans  le  ballast,  une 
hache  chelléenne,0m08x0m06,  en  silex  jaune;  d'après  un  rensei- 
gnement très  exact  donné  par  le  chef  de  section,  le  ballast  de 
cette  partie  de  la  voie  proviendrait  d'une  des  carrières  du  Vau- 
delnay. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE. 


102  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Sur    1»   présence  d'une    industrie    paléolithique 
dans  une  plage  soulevée  Algérienne. 


Paul  PALLARY  (Eckmull,  Algérie). 

En  1890,  pour  la  première  fois,  j'ai  observé  des  quartzites  et 
silex  taillés  dans  la  plage  soulevée  de  Karouba,  à  4kil.  5N.-E.  de 
Mostaganem.  Le  soir  même,  je  présentai  ma  trouvaille  à  Pomcl, 
qui  m'exprima  des  doutes  sur  la  contemporanéité  des  pierres 
taillées  avec  la  faune  de  ladite  plage.  D'après  lui,  ces  pierres 
avaient  pu  pénétrer  dans  le  dépôt  par  des  fentes  comblées  depuis. 

Devant  une  affirmation  aussi  catégorique  de  la  part  du  plus  auto- 
risé de  nos  géologues  algériens,  je  ne  crus  pas  devoir  signaler  le 
fait  autrement  que  par  la  simple  mention  de  la  localité  (1),  et  en- 
core je  considérai  la  station  comme  néolithique,  d'après  la  trou- 
vaille d'une  flèche  pédonculée  :  ce  qui  semblait  bien  d'ailleurs 
confirmer  l'opinion  de  Pomel. 

Mais,  il  y  a  peu  de  temps,  j'ai  eu  l'occasion  de  revoir  ce  gise- 
ment, et  aujourd'hui  je  n'ai  plus  aucun  doute  sur  la  présence  réelle 
des  pierres  taillées  dans  la  plage  soulevée.  Ces  restes  d'industrie 
humaine  sont  bien  en  place,  dans  toute  l'épaisseur  du  dépôt,  et 
leur  contemporanéité  ne  saurait  faire  l'objet  du  moindre  doute. 


C'est  à  quelques  mètres  seulement  à  l'Ouest  du  marabout  de 
Si  Mohammed  Medjoub  (entre  le  marabout  et  la  petite  source  qui 
arrose  le  jardin  du  gardien),  sur  le  bord  de  la  falaise  qui  borde  la 
baie  des  Pirates,  que  l'on  peut  observer  ce  qui  reste  de  la  plage 
soulevée.  Auparavant  cette  plage  s'étendait  jusqu'à  la  pointe  de 
Karouba,  mais  l'exploitation  des  carrières  dont  on  a  extrait  la 
pierre  nécessaire  pour  la  construction  du  port  de  Mostaganem  a 
complètement  arrasé  cette  portion  du  littoral,  et  c'est  grâce  à 
l'existence  du  marabout  que  l'on  doit  la  conservation  du  lambeau 
de  plage  soulevée  qui  m'a  permis  de  contrôler  mon  observation 
d'il  y  a  vingt  ans. 

En  cet  endroit  la  falaise  a  une  vingtaine  de  mètres  de  hauteur 
(le  Général  de  Lamothe  indique  exactement  19  mètres).  Elle  se 
compose  de  grès  et  de  quartzites,  surmontée  par  une  couche  de 
sable  argileux  rouge  agglutiné  (ou  gras  tendre,  de  plus  de  lm50 
d'épaisseur,    couronné   par   une  nappe  de  galets    et  de  coquilles 

(1)  Assoc.  franc.  Avanc.  sciences,  189],  II,  p.  606. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISL  163 

marines  roulées,  dont  les  espèees  dominantes  sont  des  Pectun- 
citlus.  Ostrea,Ano/nia,  Patella,  Monodunta[i)  ;  le  mollusque  le  plus 
intéressant  de  eette  faune  est  le  nassa  circumcincta  A.  Adams. 
Enfin,  une  dune  récente  s'étale  jusque  sur  la  couche  fossilifère. 

Quant  à  l'industrie,  elle  comprend  principalement  des  quart- 
zites  et  quelques  rares  silex  :  disques,  pointes,  racloirs,  éclats 
ou  grandes  lames  taillées  sur  une  seule  face,  et  parfois  très  bien 
retouchés  :  types  qui  correspondent  parfaitement  à  l'industrie 
moustérienne  (2). 

A  droite  du  marabout,  du  côté  Nord-Est,  se  trouvent  les  bancs 
de  quartzite  dur,  qui  ont  fourni  la  matière  première  des  outils. 

La  trouvaille  d'une  pointe  pédonculée  à  la  surface,  la  grossiè- 
reté de  l'outillage  et  surtout  l'opinion  de  Pomel  me  firent,  comme 
je  l'ai  déjà  dit,  considérer  tout  d'abord  l'industrie  comme  néoli- 
thique. Mais  mes  dernières  observations  m'ont  nettement  permis 
de  constater  qu'il  y  a  en  ce  point  deux  niveaux  :  l'un,  le  plus  an- 
cien et  le  plus  important,  qui  lait  partie  intégrante  de  la  plage 
soulevée;  l'autre,  qui  se  trouve  à  la  surface,  et  qui,  seul,  est  néo- 
lithique car  on  trouve,  avec  des  flèches  pédonculées,  des  coquilles 
trouées  ayant  servi  d'objets  de  parure  :  c'est  le  néolithique  déca- 
dent ou  berbère,  qui  touche  déjà  à  la  période  historique. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  des  restes  d'industrie  hu- 
maine sont  signalés  dans  les  plages  soulevées  (3).  Cette  constata- 
tion infirme  donc  les  idées  de  Pomel  sur  l'âge  des  dites  plages  que 
ce  géologue  croyait  appartenir  an  Pléistocène  inférieur  (4).  Dans 
mon  mémoire  sur  les  Mollusques  terrestres  fossiles  de  l'Algérie  (5), 
j'ai  synchronisé  les  plages  soulevées  à  faune  marine  sénégalienne 
avec  les  stations  terrestres  à  faune  mammalogique  équatoriale, 
telles  que  Ternifine.  La  trouvaille  de  pierres  taillées,  de  type 
moustérien,  à  Karouba,  me  permet  même  d'affirmer  que  cette 
plage  est  encore  plus  récente  que  la  sablière  de  Ternifine,  tandis 
qu'au  contraire  Pomel  plaçait  cette  station  dans  le  sous-groupe 
récent  (Loc.  cil.,  p.  194). 

M.  de  Lamothe  a  aussi  émis  l'opinion  que  les  plages  basses  du 

(1)  Le  Général  de  Lamothe  a  publié  une  liste  détaillée  de  la  faune  dece  gisement 
{Bull.  Soc.  Géol.  France,    4«  série,  IV,  p.  32,   1904). 

■2)  Ces  pierres  taillées  font  partie  de  ma  collection,  installée  aujourd'hui  au 
Musée  des  Antiquités  algériennes  à  Alger,  où  elles  figurent  dans  une  des  vitrines 
réservées  aux  gisements  en  place. 

(3;  Sans  parler  de  Grimaldi,  je  rappellerai  seulement  que  le  Général  de  Lamo- 
the en  a  trouvé  à  Bérard  (C.  R.  Ac.  Se,  13  juin  1905). 

(4)  Description  stratigraphique  générale  d'Algérie;  par  A.  Pomel.  -  Alger,  1869, 
p.  91. 

5)  Mém.  Soc.  Géol.  France,  1901, p.  203. 


164  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

littoral  algérien  de  15  et  30  mètres    doivent  être  classées  dans  le 
Pléistocène  supérieur(  voy.  Loc.  cit„  p.  36  et  37). 

Toutefois,  M.  Boule,  à  qui  j'ai  fait  part  de  ma  découverte,  fait 
des  réserves  sur  ma  conclusion.  —  Voici  textuellement  ce  qu'il 
m'objecte  : 

«  Je  suis  bien  loin  de  prétendre  que  les  faits  n'ont  pas  été 
bien  observés,  loin  de  là!  Je  suis  tenté  seulement  de  m'élever 
contre  leur  interprétation,  qui  consiste  à  dire  que  la  plage  est 
relativement  récente,  parce  qu'elle  renferme  une  industrie  mous- 
térienne  ou  pseudo-moustérienne.  N'oubliez  pas  qu'à  Grimaldi 
une  industrie  de  même  genre,  également  en  quartzite,  accompa- 
gne la  faune  chaude  à  Elephas  antiquus,  Hippopotame,  etc.,  et  se 
superpose  immédiatement  à  une  plage  marine,  d'altitude  sem- 
blant égale  à  l'altitude  de  la  vôtre. 

«  Je  n'y  ai  pas  conclu  que  la  faune  chaude  était  moustérienne 
et  du  quaternaire  supérieur.  J'en  ai  conclu  que  les  Hommes,  con- 
temporains de  la  faune  chaude  à  Grimaldi,  savaient  tailler  leurs 
pierres  suivant  le  style  moustérien,  qui  est  le  plus  simple  de  tous 
les  styles  paléolithiques.  Et  nous  savons  aujourd'hui,  par  les  re- 
cherches de  Commont  à  Amiens,  que,  dans  le  Paléolithique  le  plus 
inférieur,  les  silex  amygdaloïdes  sont  l'exception  ;  les  pierres  tail- 
lées sur  une  seule  face,  la  règle.  » 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  165 


La  Grèce,  Chypre,  et  la  première  origine 
do  Cuivre. 

Par  le   Prof' 

ZABOROWSKI  (de  Paris). 

Les  découvertes  que  je  viens  de  signaler  semblent  faire  pres- 
sentir des  retations  très  anciennes  de  la  Grèce  continentale  avec 
la  Crète  et  avec  l'Asie  même.  Ces  relations  seraient  surtout  éné- 
olithiques.  Et,  à  cette  occasion,  se  pose  nécessairement  la  ques- 
tion de  l'origine  du  cuivre,  car  c'est  la  première  apparition  de 
ce  métal  qui  coïncide  avec  les  premières  relations  maritimes 
étendues  et  la  période  énéolithique. 

Et  je  signalerai  à  cette  occasion  des  assertions  qui  m'ont  paru 
bien  étranges,  de  l'ouvrage,  récemment  paru  :  Les  Civilisations 
préhelléniques,  gr.  in-8°,  de  M.  Dussaud,oùil  serait  d'ailleurs  facile 
de  relever  plus  d'une  erreur.  Cet  ouvrage  est  en  réalité  un  peu 
en  retard  sur  les  découvertes  publiées  avant  lui.  Il  était  composé 
lors  de  la  publication  antérieure  d'Evans  sur  les  écritures  an- 
ciennes. Et  beaucoup  de  ses  figures  ne  sont  que  des  reproduc- 
tions de  figures  déjà  publiées. 

M.  Dussaud,  qui  discute  sérieusement  l'opinion  extravagante 
que  :  «  les  premiers  colons  de  Chypre  seraient  de  race  thraco- 
phrygienne  et  aryenne  »,  s'arrête  à  cette  conclusion  que  : 
«  Chypre  a  été  colonisée  vers  la  fin  de  l'époque  néolithique  par 
des  tribus  égéennes  apparentées  aux  Cretois  primitifs  ».  et  qu'elle 
a  reçu  sa  première  civilisation  de  la  mer  Egée. 

J'ai  longtemps  hésité  sur  l'opinion  émise,  notamment  par 
Modestov,  que  «  les  Chypriotes  sont  les  initiateurs  de  la  civilisa- 
tion du  cuivre  »,  opinion  contredite  absolument  par  M.  Dussaud. 

Mais  j'ai  maintenant  réuni  assez  de  documents,  pour  prouver 
que  Chypre,  contrairement  encore  à  l'opinion  de  M.  Dussaud,  a 
été  en  relations  avec  la  Mésopotamie,  au  moins  dès  le  troisième 
millénaire  avant  notre  ère;  et  que  le  premier  cuivre,  répandu 
dans  la  Méditerranée, tout  au  moins,  venait  de  Chypre.  Mes  preuves 
sont  de  nature  archéologique,  historique,  et  ethnographique. 

Et  j'attirerai  spécialement  l'attention  sur  la  remarquable 
importance  des  dernières. 

M.  A.  Guébhard  est  heureux  de  voir  M.  Zaborowski  s'efforcer 
de  pallier  à  la  méconnaissance  trop  générale  que  professent  les 
collectionneurs  de  silex  pour  les  grandes  ressources  que  pour- 
ront leur  fournir,  pour  la  chronologie  préhistorique,  les  impor- 


166  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

tantes  recherches  effectuées  en  Orient.  Là-bas,  grâce  au  che- 
vauchement de  l'histoire  écrite  et  de  la  préhistoire  proprement 
dite,  des  dates,  de  plus  en  plus  sûres,  peuvent  être  assignées  aux 
grandes  divisions  entrevues  ailleurs;  et  une  précision  telle  s'at- 
tache peu  à  peu  à  la  détermination  des  tessons  de  poterie,  comme 
fossiles  directeurs,  qu'on  ne  peut  s'expliquer  que  par  l'ignorance 
de  ces  recherches  étrangères  l'assertion,  répétée  un  peu  partout 
par  l'éminent  publiciste  M.  L.  Franchet,  qu'aucune  classsifica- 
tion  céramique  utile  n'a  jamais  été  faite  avant  qu'il  s'avisât  d'oc- 
troyer à  la  poterie  préhistorique  uncoin  de  case  dans  le  tableau  où 
il  répartit,  d'après  leur  seule  constitution  chimique,  les  terres  cui- 
tes, même  des  temps  où  n'existait  rien  qui  ressemblait  à  la  chimie. 

M.  le  Dr  Gancalon  (Paris).  —  Je  félicite  M.  Zaborowski  d'a- 
voir attiré  l'attention  de  la  Société  sur  les  découvertes  si  impor- 
tantes faites  en  Crète,  depuis  10  ans,  par  John  Evans,  et  confir- 
mées par  celles  de  la  mission  italienne.  L'exhumation  des  trois 
palais  superposés  de  Knossos  et  des  ruines'de  Phœstos  ;  et,  au- 
dessous  d'eux,  six  mètres  de  fouilles  néolithiques  ont  révélé  une 
civilisation  aussi  ancienne,  aussi  belle,  plus  artistique,  que  la  ci- 
vilisation égyptienne  et  la  civilisation  chaldééne,  moins  théocra- 
tique  que  Tune,  moins  despotique  que  l'autre.  Nos  idées  sont 
bouleversées  sur  la  filiation  et  la  chronologie  de  l'évolution  grec- 
que, sur  le  rôle  des  Phéniciens,  et  l'origine  de  l'alphabet,  etc., 
etc.  La  petite  île  de  Crète,  maîtresse  de  la  mer  par  sa  flotte,  au- 
rait eu  une  action  immense,  non  seulement  dans  la  mer  Egée, 
mais  dans  tout  le  bassin  de  la  Méditerranée.  Je  serais,  pour  mon 
compte,  très  heureux  que  nos  savants  collègues,  qui  connaissent 
parfaitement,  je  n'en  doute  pas,  ces  travaux  et  ces  découvertes, 
nous  fassent  part  de  leur  appréciation. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin  admet  très  bien  l'existence  d'un 
Centre  oriental  du  Cuivre  dans  la  Méditerranée,  et  en  particulier 
à  Chypre,  car  il  y  a  longtemps  qu'on  a  dit  que  ce  nom  n'était 
autre  que  celui  de  ce  métal. 

Mais  il  tient  à  appuyer  de  toutes  ses  forces  les  remarques  de 
M.  Martial  Imbert  sur  la  non-unicité  des  Centres  de  Civilisation, 
à  l'époque  Néolithique,  comme  à  l'âge  des  Métaux.  Il  ne  croit  pas 
à  des  Centres  uniques  d'Invention,  en  se  basant  seulement  sur 
l'embryologie,  l'anatomie  et  la  physiologie  du  Cerveau  humain  ! 

En  ce  qui  concerne  le  Cuivre,  il  espère  pouvoir  arriver  à  dé- 
montrer sous  peu,  d'une  façon  indiscutable,  l'existence  d'un  Cen- 
tre d'invention  (1)  et  d' utilisation  du  Cuivre,  et  ensuite  du  Bronze 

(1)  Voir,  plus  haut,  p.  120. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  167 

dans  la  Péninsule  Armorico-Vendéenne,  c' est-à-dire  dans  la  région 
bretonne  et  vendéenne,  on  la  civilisation  mégalithique  fut  si  déve- 
loppée ! 

Certes,  il  lutte,  sur  ce  point,  contre  des  théories  anciennes 
bien  assurées,  et  surtout  contre  les  hypothèses  récentes  de  M. 
J.  Déchelette  et  de  M.  Siret,  qui  admettent  une  importation  du 
Cuivre  en  Bretagne,  venant  soit  d'Extrême-Orient  (J.  Déchelette). 
soit  d'Espagne  Siret)  ;  mais  il  ne  redoute  guère  que  l'opinion 
de  M.  Siret,  en  raison  de  la  grande  rareté  du  Cuivre  en  Vendée 
et  en  Bretagne,  à  l'heure  présente.  —  Il  est  persuadé  que,  dès 
aujourd'hui,  Vimportation  méditerranéenne  du  Cuivre  ne  peut  plus 
pour  l'Ouest  de  la  France  être  prise  en  considération! 

Son  hypothèse  est  corroborée  par  les  constatations  suivantes  : 

1°  Origine  locale,  probable,  de  la  Callals  [L.  Siret  ;  M.  Bau- 
douin, d'après  L.  Baret,  minéralogiste  de  Nantes]. 

2°  Origine  locale,  probable,  des  Roches  rares  [Jadéite,  etc.] 
[Lacroix,  L.  Siret,  de  Limur,  M.   Baudouin]. 

3°  Origine  locale,  certaine,  de  VOr  utilisé.  [L'or  est  bien  connu 
en  Bretagne,  Deux-Sèvres,   etc.]! 

4°  Origine  locale,  surtout  vendéenne,  probable,  du  Cuivre  uti- 
lisé, quoique  M.  L.  Siret  soit  d'une  opinion  contraire  [il  le  fait 
venir  d' Espagne  (1)  :  ce  qui  reste  tout  à  fait  à  démontrer  !]. 

5°  Origine  locale,  certaine,  de  YEtain  [Tous  les  auteurs;  L. 
Siret]  (2). 

6°  Origine  locale  des  Vases  Caliciformes  néolithiques  (Quoi- 
qu'en  dise  M.  L.  Siret,  rien  ne  prouve  que  c'est  l'Espagne  qui 
a  commencé,  en  cette  matière  ;  il  est  même  probable  que  c'est  le 
contraire,  qui  est  la  vérité)  (3). 

Les  arguments  les  plus  typiques,  à  son  sens,  pour  l'origine 
bretonne-vendéenne  d'une  industrie  du  Cuivre,  sont  : 

1°  L'absence  de  Haches  plates  sur  les  côtes  de  Provence. 

2°  La  trouvaille  d'un  moule, pour  Hache  de  cuivre,  en  Morbihan. 
Et  c'est,  d'ailleurs,  le  seul  connu! 

Si,  comme  le  veut  M.  Siret,  on  avait  importé  les  Haches  en 
cuivre  en  Bretagne,  toutes  faites,  on  n'y  aurait  pas  trouvé  de 
moule  [et,  si  l'on  en  a  trouvé  un,  c'est  qu'il  y  avait  du  cuivre,  na- 


(1)  S'il  en  était  ainsi,  on  devrait  trouver  des  objets  en  cuivre  tout  le  long  de  la 
côte  océanique  deVlbtrie  au  Sud  de  la  Vendée  :  et  ils  devraient  être  plus  abondant» 
du  côté  de  l'Espagne  qu'en  Bretagne,  qu'en  Gironde,  qu'en  Vendée,  et  que  dans  les 
Cô'es-du-Xord  :  ce  qui  n'est  pas. 

(2)  M.  L.  Siret  a  reconnu  lui-même  que  l'on  trouve  les  gisements  d'élain  et 
d'or,  précisément  dans  les  pays  où  les  Mégalithes  sont  les  plus  importants. 

•3)  La  vase  caliciforme,  très  primitif,  de  l'Ile  d'Yeu  (Vendée),  a  été  trouvée  dans 
une  Allée  couverte  inviolée  du  type  néolithique  le  plus  pur,  plus  ancienne  que  la 
sépulture  à  coupole  d'Almérie  ! 


168  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

tif  ovx  autre  en  Bretagne];  sinon, on  en  aurait  importé  aussi  bien 
en  Provence! 

3°  La  grande  abondance  des  Haches  plates,  dans  la  Vendée  et 
dans  le  Finistère,  et  non  pas  dans  la  région  d'Auray  et  Carnac  ! 
—  Donc  l'invention  du  Cuivre  est  indépendante  de  la  plus  belle 
Civilisation  mégalithique,    quoique  immédiatement   postérieure. 

L'industrie  du  Cuivre  a  dû,  par  suite,  débuter  dans  la  Ven- 
dée;  celle    du  Bronze  dans  le  Finistère. 

4°  A  son  avis,  les  haches  bretonnes,  célèbres,  à  léger  évase- 
ment,  ne  prouveraient  rien,  au  point  de  vue  de  la  théorie  de  l'im- 
portation étrangère.  D'ailleurs  M.  Siret  dit  qu'elles  sont  imitées 
de  Haches  en  cuivre  (et  non  de  Bronze).  Mais  il  ne  démontre  pas 
du  tout  que  ces  haches  en  cuivre,  ne  sont  pas  originaires  de  Bre- 
tagne même!  —  Cet  argument  n'a  donc  pas  d'intérêt. 

5°  En  1902,  l'abbé  H.  Breuil  (1)  a  écrit  lui-même  (2)  :  «  Le  style 
même  des  motifs  ornementaux  ne  saurait  être  identifié  à  celui  des 
haches  ornées  à  bords  droits  des  îles  Britanniques,  de  Scandi- 
navie, ou  du  nord  de  la  France;  s'ily  a  quelques  analogies,  il  y  a 
des  différences  tropprofondes  pour  que  le  rapprochement  soit  légi- 
time! » —  On  ne  pouvait  mieux  dire  que  le  Bronze  morgien  de 
Vendée  est  complètement  différent  du  Bronze  morgien  des  îles 
Britanniques.  —  Donc  le  Bronze  breton-vendéen  n'a  pas  été  im- 
porté de  la  Grande-Bretagne. 

Par  contre,  il  est  évident  comme  l'a  dit  cet  auteur,  qu'il  y  a 
des  rapports  entre  le  Morgien  de  Vendée  et  celui  de  la  Gironde  ; 
mais  il  n'est  rien  de  plus  facile  à  expliquer,  puisque  le  Bronze  de 
la  Gironde  provient,  comme  celui  de  la  Vendée,  de  Bretagne  ! 

Cette  constatation  plaide  également  en  faveur  de  la  non  im- 
portation du  Bronze  morgien  d'un  autre  pays  étranger,  car  il  est 
évident  que  celle-ci  se  serait  faite  de  Cornouailles  en  Bretagne, 
plutôt  que  d'Espagne,  et  surtout  que  de  la  Méditerrannée  ! 

6°  En  Bretagne,  on  connaît  deux  Sépultures,  au  moins,  qui 
correspondent  à  ce  que  j'ai  appelé  Y  Age  du  Cuivre  [Mobilier 
4-  Arme  en  Cuivre}.  Or  il  n'y  avait  pas  là  la  moindre  trace  de 
Bronze.  —  Il  faudrait  donc  admettre  qu'il  s'agit  de  Cuivre  in- 
dustriel importé,  s'il  n'y  a  pas  eu  d'industrie  locale  du  Cuivre. 

Mais  l'importation  des  objets,  à  la  fin  du  Néolithique,  est  sou- 
mise à  une  Loi,  qui  nous  a  été  révélée  par  l'étude  de  la  Distribution 
géographique  des  Silex  du  Grand-Pressigny.  Celle-ci  a  montré 
que,  tout  le  long  de  leur  roule,  les  importateurs  ont  laissé  la  trace 
de  leur  passage,  en  troquant,  chemin  faisant,  des  objets  d'impor- 
tation ! 

(1)  Revue  archéologique,  1902,  n«  1,    p.  40. 

(2)  A  propos  de  la  cachette  morgienne  de  Petosse  (Vendée). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANCASIE  it>9 

S'il  en  est  ainsi,  pourquoi  les  objets  de  Cuivre,  qui  sont  à  peu 
près  de  la  même  époque,  auraient-ils  échappé  à  cette  Loi  ?  Si 
l'hypothèse  du  Cuivre  espagnol,  due  ,à  M.  Siret,  était  exacte,  on 
devrait  trouver,  de  ces  objets,  tout  le  long  du  rivage  atlantique, 
depuis  le  Portugal  jusqu'au  sud  de  la  Vendée.  —  Or  c'est  ce  qu'on 
ne  constate  pas  (1)  ! 

De  plus,  le  Cuivre  devrait  se  trouver  surtout  sur  la  Côte, 
comme  le  Grand-Pressigny  importé  par  voie  fluviale  d'abord,  puis 
maritime  (Vendée).  Or  c'est  le  contraire  qui  s'observe!  —  On  le 
trouve  presque  toujours  à  l'intérieur  des  terres  ;  et  là,  où  il  n'y  a 
pas  de  Pressigny.  L.  Siret  a  écrit  lui-même  :  «  Les  archéologues 
bretons  ont  constaté  qu'avec  le  bronze  le  centre  de  la  civilisation 
n  est  plus  sur  la  côte  :  il  se  trouve  à  l'intérieur!  » 

Il  faut  en  conclure  que  le  Cuivre,  comme  YEtain,  était  local.  Et 
si  la  Civilisation,  après  le  Mégalithique,  a  été  réfoulée  h  l'inté- 
rieur des  terres,  cela  tient  beaucoup  aussi  aux  modifications  géo- 
logiques survenues  sur  le  rivage  dès  la  fin  du  Néolithique  (Dol- 
mens submergés,  etc.). 

II.  L.  Siret,  pour  le  Bronze,  est  obligé  d'admettre  une  impor- 
tation orientale  par  l'Est  (2),  l'Ibérie  ne  pouvant  plus  résoudre  le 
problème  !  Il  était  bien  plus  simple  de  songer  que  la  Civilisation 
du  Cuivre  d'abord,  puis  celle  du  Bronze,  sont  nées  en  Armori- 
que,  isolément  et  successivement,  et  se  sont  déroulées  dans  des 
conditions,  identiques  ou  à  peu  près  à  celles  du  Centre  oriental, 
indiscutable  aussi.  —  S'il  avait  admis  cette  hypothèse,  il  n'aurait 
pas  été  embarrassé  pour  expliquer  la  découverte  des  Cassitérides 
par  les  Phéniciens,  découverte  qui,  en  effet,  est  inexplicable  ! 

Si  le  Bronze  avait  été  importé  d'Orient  en  Bretagne,  il  n'au- 
rait pu  l'être  qu'à  l'état  de  Bronze  travaillé,  c'est-à-dire  au  moins 
sous  la  forme  de  Hache  morgiexne.  car  il  est  à  peu  près  cer- 
tain qu'il  n'y  a  pas  eu  une  importation  de  Cuivre  pur  travaillé, 
c'est-à-dire  de  haches  plates,  dans  la  presqu'île  armoricaine  (3). 

Dès  lors,  ou  ne  devrait  pas  constater  l'Age  du  Cuivre  en  ce 
pays  ! 

Dès  lors,  pourquoi  les  haches  plates  en  pierre  et  les  haches 
plates  en  cuivre  pur  sont-elles  plus  fréquentes  dans  cette  région 
que  partout  ailleurs  ? 

(1)  L'exception,  réelle,  de  la  Gironde  est  facile  à  expliquer  avec  mon  hypothèse  sur 
les  Silex  du  Grand  Pressigny  [Transport  par  voie  maritime  cotière  de  la  Loire 
à  la  Gironde]. 

(Il  Cette  hypothèse  est  en  contradictions  anifeste  avec  la  Carte  des  Cachettes  de 
Bronze,  publiée  par  J.  Déchelette  {Manuel).  —  Au  contraire,  le  Bronze  a  été  de 
l'Ouest  à  l'Est,  de  la  Bretagne  vers  le  centre  de  la  France,  d'après  cette  carte  ! 

(3)  Je  crois  que  je  le  prouve  avec  succès  dans  mon  mémoire  (inédit);  voir  plus 
haut,  p.  120),  sur  les  Haches  plates  en  Cuivre  de  Vendée. 


170  SOCIÉTÉ   PItÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Cette  fréquence  ne  peut  s'expliquer  que  par  les  trois  faits  ci- 
dessous  : 

1°  Il  y  a  eu,  en  Vendée,  un  centre  isolé  ai1  invention  du  Cuivre, 
parce  qu'il  y  avait  là  jadis  d'importants  gisements  ^de  cuivre,  in- 
connus ou  à  peu  près  aujourd'hui.  Celui-ci  a  évidemment  pré- 
cédé celui  du  Bronze. 

2°  Il  y  a  eu  en  Bretagne,  un  centre  isolé,  d'invention  du  Bronze, 
parce  qu'il  y  avait  là,  jadis,  d'importants  gisements  d'Ëtain. 

3°  Ce  sont  les  Hommes  qui  ont  joui  de  la  magnifique  Civilisa- 
tion mégalithique  du  Morbihan,  du  Finistère,  des  Côtes-du-Nord, 
de  la  Loire-Inférieure  et  de  la  Vendée,  qui  ont  inventé  Y  usage 
du  Cuivre  et  les  Haches  plates.  Ils  étaient  assez  évolué  pour  cela  ! 

J'ajoute  que,  s'il  y  avait  eu  importation  du  Bronze  travaillé 
d'Orient  sur  les  côtes  de  France,  il  n'y  aurait  pas  de  raison  pour 
qu'on  n'en  trouve  pas  autant  au  Sud  de  la  France  qu' en  Bretagne  ; 
pour  que  les  navigateurs  d'Orient  ne  se  soient  pas  arrêtés  aussi 
bien  à  l'embouchure  de  l'Adour  et  de  la  Loire  que  dans  les  petits 
golfes  du  Morbihan  et  du  Finistèrel  On  objectera  qu'ils  ne  sont 
venus  qu'en  Bretagne  et  cela  parce  que  là  seulement  il  y  avait  de 
VEtain...  Mais,  comment  les  Orientaux  auraient-ils  pu  apprendre 
qu'en  Bretagne  il  y  avait  de  VEtain,  si  déjà  les  hommes  de  ce 
pays  n'avaient  pas  travaillé  ce  minerai  ?  Les  prospecteurs  colo- 
niaux n'étaient  pas  encore  inventés...  —  J'avoue  que  je  ne  com- 
prends pas  la  théorie  classique.  —  D'ailleurs,  la  Carte  du  Bronze, 
publiée  par  M.  Déchelette,  s'interprète  encore  bien  mieux  avec 
mon  hypothèse  qu'avec  celle  de  cet  auteur  et  celle  de  M.  Siret. 


Les  Pierres  à  Bassins. 


DELORT  (Gosne,  Nièvre). 

La  lecture  de  l'article  intitulé  De  V authenticité  des  Pierres  à 
Bassins  dans  le  B.  S.  P.  F.  (n°  de  septembre  dernier)  nous 
a  inspiré  les  réflexions  et  remarques  ci-dessous,  résultat  de  l'étude 
attentive  de  ces  pierres. 

Je  m'étonne  fort  que  l'on  ose  encore  épiloguer  au  sujet  des 
Pierres  à  Bassins  du  centre  de  la  France,  et  que  l'on  puisse  dou- 
ter, un  instant,  du  travail  de  l'homme  au  sujet  du  creusement  de 
ces  Bassins. 

Dans  Dix  années  de  fouilles,  parues   en  1901,  nous  constations 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FHA>CAISE  171 

déjà,  page  70,  que  le  travail,  remarqué  sur  les  Pierres  à  Cupules 
et  Bassins,  devait  être  attribué  à  la  main  de  l'homme. 

A  cette  heure,  nous  sommes  avec  tous  les  Anthropologistes  qui 
les  ont  étudiées  depuis,  pour  affirmer  qu'il  ne  saurait  en  être  au- 
trement. 

Ht  voici  nos  raisons  personnelles.  —  Les  Pierres  à  Bassins  que 
nous  avons  pu  étudier  se  trouvent  à  La  Garde,  non  loin  du  fameux 
pont  de  Garabit,  dont  les  piles  en  fer  reposent  sur  des  soubasse- 
ments granitiques,  qui  proviennent  de  la  Garde,  lieu  dit  d'accès 
facile. 

Or,  tous  ceux  qui  sont  au  fait  des  choses  de  la  géologie,  savent 
que  toute  roche  granitique  est  composée  de  trois  éléments  prin- 
cipaux :  le  quartz,  le  mica,  et  le  feldspath;  et  que  ce  dernier  élé- 
ment, le  plus  dur  des  trois,  est  celui  qui  résiste  le  mieux  à  la  désa- 
grégation de  la  roche,  dans  laquelle  il  reste  à  peu  près  indemne. 

En  effet  en  étudiant  ces  roches,  ou  Pierres  à  Bassins,  on  n'a 
pas  de  peine  à  remarquer  quelles  sonl  moutonnées,  c'est-à-dire 
que  deux  des  cléments  constitutifs  de  ces  roches  se  trouvent  usés 
par  le  temps,  tandis  que  le  troisième,  le  plus  dur,  résiste  aux  in- 
tempéries, et  fait  généralement  saillie  sur  toute  la  surface  de  la 
roche  qu'il  moutonne. 

Ces  principes  posés,  si  le  feldspath  résiste  à  la  surface  de  la 
roche,  il  doit  en  être  de  même  pour  les  parois  des  bassins  creusés 
dans  ces  mêmes  roches  ! 

Allons  maintenant  inspecter  un  de  nos  bassins  petits  ou 
grands;  ils  sont  nombreux  dans  notre  champ  d'expériences; 
et  il  en  est  qui  ont  jusqu'à  lm25  de  long  sur  0m54  de  profondeur. 

Nous  n'aurons  aucune  peine  à  remarquer  à  leur  surface  inté- 
rieure la  trace  des  trois  éléments  constitutifs  de  la  roche  ;  mais 
jamais,  non  jamais,  ombre  de  rien  de  saillant,  rien  qui  moutonne! 
Qui  donc  ici  a  pu  user  les  saillies  de  feldspath. 

La  conclusion  est  facile  à  tirer,  et  il  n'est  plus  permis,  après 
cela,  de  parler  d' accidents  naturels,  de  jeux  de  la  nature,  et  que 


Une  main  intelligente  seule  a  pu  creuser  ces  bassins  et  les 
gros  blocs  où  elles  ont  été  creusées  peuvent  de  bon  droit  être 
considérés  comme  des  monuments  de  l'industrie  préhistorique. 


172  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Origine  desjBalIe»  polyédriques. 

PAR   LE    Dr 

E.  GOBERT  (de  Reyédef,  Tunisie). 

J'ai  signalé,  précédemment,  à  la  séance  du  20  juillet  1910  (v.  B. 
S.  P.  F.,  p.  417,  et  suiv.,  Fig.),  la  présence  et  l'abondance,  dans 
les  alluvions  à  coups-de-poing  et  les  ateliers  paléolithiques  du 
sud  Tunisien,  de  Balles  polyédriques,  a  facettes  convexes. 

Une  expérience  facile  m'a  démontré  qu'elles  étaient  dues  à  l'ac- 
tion du  feu.  Il  n'y  a  pas  là  un  fait  inattendu  :  un  rognon  de  silex 
chauffé,  également  sur  toute  sa  surface,  éclate  en  donnant  nais- 
sance à  des  écailles  conchoïdales  ;  «et  le' noyau  qui  reste  prend 
l'aspect  d'un  polyèdre,  à  faces  légèrement  bombées».  {A.  de  Mor- 
tillet). 

Mais,  lorsque  le  chauffage  est  localisé  à  un  point  limité  du  ro- 
gnon, condition  facile  à  réaliser  en  le  posant  sur  des  braises  ar- 
dentes dans  un  grand  vent,  un  ou  plusieurs  éclats  se  détachent 
et  mettent  à  nu  un  cône,  dit  de  percussion,  qu'il  serait  préférable 
d'appeler  cône  d'éclatement. 

Ce  cône  est  l'expression  d'un  ébranlement  violent,  rayonnant 
autour  d'un  point  fixe,  quelle  qu'en  soit  l'origine  thermique  ou 
mécanique,  là  où  les  écailles  détachées  portent  réplique  en  creux 
du  cône  et  sont  craquelées  dans  leur  épaisseur  au  niveau  de  son 
sommet. 

La  question  des  balles  polyédriques  tunisiennes  peut  donc  se 
résumer  ainsi,  en  tenant  compte  des  faits  que  j'ai  indiqués  dans 
ma  communication  précédente  : 

1°  Le  débitage  du  silex  par  étonnement  a  été  une  habitude  cons- 
tante des  peuplades  paléolithiques  de  la  région  Gafsa-Tamerza  ; 

2°  Il  n'est  pas  encore  possible  de  décider  si  les  éclats  ou  le 
noyau  résiduaire  ou  les  deux  à  la  fois  étaient  la  fin  particulière 
qu'elles  visaient; 

3°  Il  est  certain  que  quelques  balles  portent  un  tranchant,  à 
taille  alterne,  et  ont  été  utilisées. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


173 


Hache  [polie  avec   Gravure  Géométrique. 


Paul  de  GIVENCHY  (de  Paris). 


La  hache,  que  je  présente  aujourd'hui  à  la  Société  (1),  est  une 
hache  polie,  sur  l'une  des  faces  de  laquelle  se  trouve  gravé  un 
dessin  géométrique.  Ce  dessin 
est  un  triangle  isocèle,  renfer- 
mant des  croisillons  et  des  ha- 
chures (comme  le  montre  du 
reste  la  Fig.  1,  qu'a  bien  voulu 
faire  M.  Adrien  de  Mortillet). 
Le  sommet  de  ce  triangle  est 
surmonté  d'un  commencement 
de  perforation. 

Bien  entendu,  je  n'ai  pas  la 
prétention  de  vous  présenter 
ce  dessin  comme  datant  de 
l'époque  Néolithique.  Mais,  sans 
remonter  si  loin,  il  se  pourrait 
cependant  qu'il  fut  fort  ancien. 

Il  n'a  pas  l'allure  d'un  dessin 
moderne  ;  et  il  offre  des  traces 
d'usure  ancienne  sur  quelques 
points. 

Je  pense  que  cette  hache  po- 
lie a  du  servir  d'amulette,  ou 
de  hache  votive.  Elle  est  en 
serpentine-magnétique  (roche 
noire,  avec  reflets  vaguement 
verdàtres).  Comme  je  l'ai  cons- 
taté moi-même,  cette  hache  fait 
osciller  faiblement  l'aiguille  ai- 
mantée. Sa  longueur  est  de  : 
0m146;  et  celle  du  dessin  de 
0m039  (un  côté  du  triangle). 

Cette  pièce  est  dans  ma  col- 
lection depuis  1903.  Aupara- 
vant, elle  faisait  partie  de  la 
collection  de  M.  Damour,  mem- 
bre de  l'Institut,  qui  l'avait  mu- 

(1)  Séance  du  22  décembre  1910. 


ë  s 


g,  » 

«  5. 


174  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

nie  d'une  étiquette  ne  portant  aucune  indication  de  provenance, 
mais  mentionnant  seulement  la  densité  de  la  roche  =2,69. 

Enfin,  à  l'appui  de  l'hypothèse  d'une  hache  votive,  je  ferai  re- 
marquer que  l'essai  de  perforation,  qui  a  été  commencée  dans  le 
haut  de  cette  figure,  fait  venir  naturellement  à  l'esprit,  l'idée  que 
cet  objet  devait  être  destiné  à  être  accroché  ou  suspendu. 

Et  je  serais  heureux,  si  cette  présentation  pouvait  donner  lieu, 
soit  aujourd'hui,  soit  dans  les  séances  suivantes,  à  une  discus- 
sion, qui  puisse  jeter  quelque  lumière  sur  la  signification  de  ces 
dessins  anciens. 

Du  reste,  moi-même,  si  j'ai  été  amené  à  vous  faire  cette  petite 
communication,  c'est  à  la  suite  de  la  très  intéressante  présen- 
tation, faite  le  mois  dernier,  par  Mrae  Crova,  d'une  hache  polie 
offrant  des  saillies  ou  sculptures  si  curieuses. 

M.  A.  de  Mortillet.  —  Je  suis  également  d'avis  que  cette  hache 
est  une  amulette,  ou  quelque  pièce  gnostique,  provenant  selon 
toute  probabilité  de  l'Asie  Occidentale.  — La  hache  polie  date 
certainement  de  la  période  néolithique;  mais  le  dessin  qu'elle 
porte  a  été  très  vraisemblablement  gravé  beaucoup  plus  tard.  Il 
représente  une  sorte  de  triangle  magique,  qu'il  pourrait  être  inté- 
ressant de  comparer  avec  les  figures  analogues  trouvées  en  Syrie, 
en  Perse  ou  en  Chaldée. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  Je  pourrais  donner,  à  ce  propos, 
d'importants  renseignements  sur  les  Haches  polies  de  Bretagne  et 
de  Vendée,  considérées  comme  Amulettes.  Je  rappellerai  simple- 


Fig.  2. —  Quelques  typps  de  Dessins  sur  Maisons  en  Vendée.  —  F,égende  :  VI  et  X,  Croix; 
Triangle  ;  —  XII,  Cœur  vendéen  ;  —  XI,  Triangle,  très  net  ;  —  X  et  XII,  Cercles  Solaires. 


ment  ici  que,  dans  mon  ouvrage  sur  la  Croix  Blanche  des  Fermes 
du  Bocage  Vendéen,  j'ai  signalé  l'existence  de  Triangles,  tout  à 
fait  analogues  à  celui  de  cette  hache,  dessinées  sur  les  maisons. 
Je  reproduis  ici  un  cas  observé  h  Vairé  (Vendée)  (Fig.  2;  XI). 
C'est  probablement  la  représentation  de  l'idée  de  Trinité.  En 
tout  cas,  ces  dessins  sur  maisons  sont  destinés  à  les  protéger 
contre    les  mauvais  Génies,  et  surtout  le  Diable. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  175 

On  remarquera  qu'en  Vendée  presque  toutes  les  Croix  de 
Maisons  sont  supportées  par  des  Triangles  (Fig.  2;  VI,  X);  mais 
les  Triangles  isolés  sont  assez  rares. 

La  présence  des  Cercles  solaires  (rare)  (Fig.  2  ;  Xb,  Xa)  nous 
ramène  au  mythe  du  Char  solaire,  c'est-à-dire  à  la  grande  divinité 
protectrice,  le  Soleil!  Lu  Croix  ne  résulte  que  de  la  Christiani- 
sation  de  ce  Culte  solaire,  qui  remonte,  certainement,  jusqu'à 
l'Epoque  néolithique. 

Je  suis  de  l'avis  de  M.  A.  de  Mortillet,  en  ce  qui  concerne  la  date 
du  triangle  de  la  hache  de  M.  de  Givenchy,  qui  est  certainement 
récent,  et  de  l'âge  des  métaux  au  moins.  Mais  rien  ne  prouve,  à 
mon  sens,  qu'il  ait  été  sculpté  en  Orient  !  Cette  gravure  peut  par- 
faitement avoir  eu  lieu  en  Occident,  dans  l'Ouest  de  la  France 
par  exemple.  Je  connais  des  haches  de  Vendée,  qui  ont  subi  des 
altérations  plus  ou  moins  comparables,  haches  ayant  servi  de 
poids  pour  les  horloges,  etc.,  etc. 


Haches  polies  trouvées  dans  cfe  vieuxbàtiments. 

PAR 

LE  GONIAT  (Trégomar,  Côtes-du-Nord). 

Les  haches  polies,  très  communes  à  Trégomar(Côtes-du-Nord), 
sont  désignées,  par  certains  villageois,  sous  le  nom  de  pierres  à 
tonnerre. 

La  plupart  des  haches  trouvées  sur  le  territoire  de  la  commune 
ont  été  vendues  à  des  horlogers  de  Lamballe;  cependant  quel- 
ques personnes,  qui  attribuent  à  ces  armes  un  pouvoir  mysté- 
rieux, les  conservent  précieusement  dans  .des  cachettes  connues 
d'elles  seules.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  haches  polies,  en 
démolissant  de  vieux  bâtiments. 

Je  possède  dans  ma  collection  deux  haches,  trouvées  au  «  Clos- 
Perrine  »  en  Trégomar,  et  au  village  de  «  La  Tlnerain  »  en  Plé- 
débac. 

La  première  a  été  découverte  dans  un  des  murs  d'une  très 
vieille  écurie,  par  M.  Cadieu  Laurent.  Elle  a  les  dimensions  sui- 
vantes :  Longueur,  0m07;  largeur  à  la  crosse,  0m016;  au  tran- 
chant, 0m037.  Poids,  90  grammes. 

Crosse  taillée  en  biseau  et  aplatie  des  deux  côtés.  Tranchant 
incurvé  d'un  côté,  légèrement  oblique  de  l'autre.  Bords  aplatis. 
Taches  de  rouille. 


176  SOCIÉTÉ   PIIÉH1ST0R1QUE   FRANÇAISE 

Cette  jolie  pièce,  en  diorite,  est  recouverte  de  taches  de 
rouille. 

L'autre  hache,  trouvée  également  dans  l'aire  d'une  ancienne 
écurie,  mesure  :  Longueur,  0mI9;  largeur  au  tranchant,  0m35; 
circonférence  maxima,  0m145  ;  elle  a  le  talon  pointu  et  son  poids 
est  de  450  grammes. 

Tranchant  droit  et  ébréché.  Bords  arrondis.  Forme  triangu- 
laire. Piquetée  sur  toute  sa  surface. 

On  a  recueilli,  auprès  de  cette  dernière  hache,  une  vieille 
pièce  de  monnaie. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  J'insiste  sur  l'intérêt  des  deux  trouvail- 
les citées.  —  Pour  la  première  classique  [Pierre  de  lonmerre  ou 
hache  polie,  amulette,  mise  dans  un  mur  pour  protéger  la  Maison 
contre  la  Foudre],  il  faut  noter  les  taches  de  rouille.  Il  est  probi- 
ble qu'on  avait  mis,  dans  le  mur,  avec  cette  hache,  un  objet  en 
fer,  qui  a  réagi  sur  la  hache  par  contact  en  se  décomposant. 

La  deuxième  trouvaille  est  plus  exceptionnelle,  car  la  hache 
ne  fût  pas  trouvée  dans  le  mur,  mais  dans  Taire  de  I'Écurie,  et 
dans  une  cachette  (l).  —  Cette  situation  rappelle  certaines  coutu- 
mes de  Protection  des  Maisons,  encore  usitées  (2),  et  sur  lesquelles 
j'ai  déjà  iusisté  (3)  ailleurs. 


(1)  11  est  regrettable  qu'on  n'ai  pas  recueilli  la  pièce  de  monnaie  qui  aurait  donné 
la  date  de  la  cachette. 

(2)  Marcel  Baadouin.  —  La  protection  de  la  Santé  publique  d  l'époque  préhisto- 
rique et  particulièrement  en  Vendée.  —  Bull.  Soc.  Fr.  Hist,  de  la  Méd.,  Paris,  1909, 
déc.  —  Tiré  à  part,  1909,  in-8°. 

(3)  M.  Baudouin  et  L.  Bojnnemère.  —  Les  Haches  polies  dans  C  Histoire.  Bull,  cl 
Mém.  Soc.  d'Anthrop.  de  Paris,  1904,  t.  V,  fasc.  5,  21  Juillet,  496-548,  3  Fig. 


[77 


SÉANCE  DU  23  MARS    191 


Présidenoe  de  M.  L.  COUTIL. 


I.    —  PROCÈS- VERBAL   DE  LA  SÉANCE 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière 
séance  [Février  1911].  —  Il  est  adopté. 

A  propos  du  procès-verbal,  des  notes  sont  adressées  par  M.  M.  Pagès- 
Allary,  Colligxon,  M.  Baudouin,  Desailly,  Jacquot,  Vuarnet, 
Dalmox;  elles  sont  publiées  plus  loin,  avec  la  discussion  qu'elles  ont 
soulevée. 

Erratum.  —  C'est  par  erreur  —  une  ligne  tombée  à  l'imprimerie  — 
que  le  nom  du  Dr  Magxi,  de  Milan,  ne  figure  pas  sur  la  Liste  générale 
des  Membres  de  1911,  comme  en  1910.  —  Il  faut  y  rétablir  le  nom  de 
notre  savant  et  sympathique  collègue. 

Correspondance. 

Lettres  de  remerciements.  —  M.  Barbier. 

Lettres  d'excuses.  —  M.  le  Dr  H.  Martix.  —  M.  L.  Giraux. 

M.  le  Président  du  Touring-Club  a  adressé  une  réponse  favorable 
à  la  demande  d'une  plaque  indicatrice,  sur  route,  pour  la  Grotte  de  Bel- 
leville,  à  Vendrest  (Seine-et-Marne);  2°  pour  le  Dolmen  de  la,  Grosse- 
Pierre,  à  Verneusses  (Eure) . 

Lettre  d'envoi  de  Document.  —  Photographié,  envoyée  par  M.  Jac- 
quot du  Hibou  à  la  Tortue,  en  bronze,  décrit  déjà  ici  même. 

Lettre  d'Avis.  —  M.  E.  Vuarnet  (de  Messery,  H.  S.),  annonce  un 
travail  sur  l'explication  des  Signes  gravés  sur  les  monuments  mégalithi- 
ques. 

Lettre  d'avis  de  Découvertes. —  M.  A.  Masfraxd  (de   la  Société  les 
Amis  des  Sciences  et  Arts  de  Rocheclwuart)  annonce  qu'une  Cachette  de 
Fondeur  vient  d'être  découverte  à  Dieulidou,  commune  d'Oradou-sur- 
SOCIÉTÉ  préhistorique  française.  12 


178  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Glane  (Haute-Vienne).  Cette  cachette  renfermait  6  haches  à  talon,  en 
Bronze. 

M.  A.  Guébhard  présente,  de  la  part  de  M.  Fernand  Blanchard, 
conservateur  du  Musée  de  Soissons,  le  plan  et  des  photographies 
d'une  double  Lignée  de  pierres  debout,  découvertes,  enfouies,  sur  une 
très  grande  longueur,  à  Guisy  (Aisne),  sur  une  propriété  de  M.  Bru- 
nehaut. 

M.  Pagès-Allary,  en  poussant  à  3  m.  de  profondeur  ses  fouilles  de 
Las  Tours,  sous  les  fondations  des  cases  qui  ne  lui  avaient  donné  que 
des  restes  médiévaux,  est  parvenu  à  un  substratum  néolithique,  avec 
haches  polies,  poteries,  etc.—  M.  Pagès-Allary  envoie  aussi  le  plan  et 
les  premiers  résultats  de  ses  fouilles  de  1911  à  la  Bastide  de  Nozerolles 
(Cantal),  qui  semblent  devoir  être  très  analogues  à  ceux  de  Las 
Tours,  etc. 

Congrès.  —  Conférence  Préhistorique  à  Tùbingen  (Allemagne).  — 
La  Société  Allemande  et  la  Société  Viennoise  d'Anthropologie  annoncent 
leur  réunion  commune  du  6  au  9  AoûtàHeilbronn  {Gisement de  Mauer  ; 
village  néolithique  fortifié  de  Grossgartach),  avec  excursions,  du  10  au 
15,  à  Stuttgart,  Tùbingen,  et  l'Albe  souabe. —  Ier  Congrès  universel  des 
Races,  à  Londres  (26-29  juillet  1911). 

Décès.  —  M.  Pierre-Octave  Heuzé,  Chef  de  Bataillon  en  retraite, 
Officier  de  la  Légion  d'honneur,  Commandeur  de  l'Ordre  de  Saint-Sta- 
nislas de  Russie,  décédé  à  Sézanne  (Marne)  le  7  mars  1911,  dans  sa 
63e  année. 

Bibliothèque. 

La  Bibliothèque  de  la  Société  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Butot  (A.). —  Essai  sur  les  origines  et  sur  le  développement  de  l'Hu- 
manité primitive  [Extr.  Rev.  de  l'Univ.  de  Bruxelles,  1911,  janvier 
[241-276].  —  Bruxelles,  1911,  in-8°,  40  p. 

Butot  (A.).  —  Discours  [prononcé  au  Cinquantenaire  de  la  Soc. 
£  Anthr.  de  Paris]  [Extr.  Bull.  Soc.  Anthr.  de  Paris  [Cinq.],  1909 
63-67;  360-363].  —  Paris,  1910,  in-8°,  4  p. 

Butot  (A.).  —  Note  complémentaire  sur  l'authenticité  des  ossements 
humains  quaternaires  de  Grenelle  et  de  Clichy.  Notes  sur  les  nouvelles 
trouvailles  de  squelettes  humains  quaternaires  dans  le  Périgord  [Extr. 
Bull.  Soc.  Belge  de  Géologie,  1910,  t.  XXIV,  Proc.  Verb.,  358-377].  — 
Bruxelles,  1910,  in-8°,  20  p. 

Butot  (A.).  —  Ln  homme  de  science  peut-il  raisonnablement  admettre 
l'existence  des  industries  primitives,  dites  Eolithiques  [Extr.  Bull,  et 
Mém.  Soc.  d' Anthr.  de  Paris  [Cinquant.),  1909,  447-473;  ou  151-177]. 
Paris,  1910,  in-8°,  26  p. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  179 

Conil  (P. -A.).  —  Quelques  remarques  sur  les  alluvions  anciennes  in- 
férieures de  la  Vallèedu  Caudon  [Extr.  Bull.  Soc.  Préh.  France,  1910]. 
—  Paris,  1910,  in-8°,  4  p.,  1  fig. 

Dubus  (A.).  —  Note  sur  la  Station  préhistorique  de  Hogues,  près 
J>orf  [Extr.  Bull.  Soc.  Géol.  de  Normandie,  1909].  —  Le  Havre,  1910, 
in-8°,  8  p.,  13  planches  hors  texte,  dont  12photocologr. 

Baudouin  (Marcel).  —  Découverte  et  fouille  de  deux  Mégalithes 
détruits  aux  Tabernaudes,  à  file  d'Yeu  [Vendée)  [Extr.  Ann.  Soc.  Emul. 
Vendée,  1911].  —  La  Roche-sur-Yon,  1911,  in-8°,  16  p.,  6  fig.,  dont 
1  planche  hors  texte. 

Houle  (Alfred).  —  Les  fouilles  de  Bury  :  Cimetière  franc  [Extr. 
des  Mém.  delà  Soc.  Acad.  de  l'Oise,  XIX,  2  p.].  —  Beauvais,  1905, 
in-8°,  21  p.,  3  pi.  hors  texte  en  photocollogr.  [Don  de  ]. 

M.  Petit. —  Notesur  les  tumuli  d'Aïn-Sefra  [Extr.  Bull.  Soc.  Géogr.  et 
Arch.de  laprov.  d'Oran;  T.  XXV,fasc,  CIV].—  3  pi.,  12  p.Oran,1905. 

Commission  pour  la  Liberté  des  Fouilles. 

If.  le  Dr  Henri  Martin  communique,  par  l'intermédiaire  du  Secré- 
taire général,  les  documents  qu'il  a  reçus  depuis  un  mois  sur  la  question. 

Actuellement,  il  y  a  quatre-vingt-dix  Sociétés  savantes  protesta- 
taires. 

Dons  à  la  Société  Préhistorique  Française. 

M.  Kessler  (de  Soultzmatt,  Alsace)  offre  à  la  Société  le  Moulage 
d'une  épée,  dont  les  creux  ont  été  découverts  récemment  à  Piverone, 
province  de  Novare  (Italie),  ainsi  que  des  photographies  nous  montrant 
les  creux  au  moment  de  leur  découverte,  et  quelques  vases,  trouvés 
dans  la  même  fouille. 

Sur  la  proposition  de  M.  Kessler,  la  Société  industrielle  de  Mulhouse 
a  offert  à  la  Société  Préhistorique  Française  l'ouvrage  de  Dollfus-Ausset  : 
Matériaux  pour  l  histoire  des  Glaciers. 

Des  remerciements  sont  adressés  aux  Donateurs. 

Admission  de  nouveaux  Membres. 
Sont  proclamés  :  MM. 

Benoit  (Sylvain),  propriétaire,  Vachères  (Basses-Alpes). 

[F.  Lazand  —  Deydier]. 
Didon  (Louis),  Membre    de    la    Société  historique    et   archéologique  du 
Périgord,  place  du  Quatre-Septembre,  Périgueux  (Dordogne). 

[Gh.  Auhlant  —  A.  Delugin]. 
Roche  (P.),  Licencié  ès-sciences,  56,  Grande-Rue,  Besançon  (Doubs). 

[A,  Guébhard. — L.  Coutil. 


180  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Présentations. 

A.  Guébhard  (Paris).  —  Bronzes  de  la  plus  ancienne  trouvaille  des 
Alpes-Maritimes.  —  Discussion  :  A.  de  Mortillet,  Atgier,  Taté,  De- 
yrolle,  Hue,  Viré. 

L.  Giraux  (Seine).  — '■  Hache  polie  à  face  altérée  provenant  du  Dane- 
mark. —  Discussion  :  Marcel  Baudouin,  A.  de  Mortillet. 
■    O.  VauvillÉ  (Paris)*  —  Objets  de  sépultures  néolithiques  de  Montigny- 
l'Engmin.  — Discussion  :  Marcel  Baudouin. 

Chapelet  (Paris). —  Présentation  d'une  hache  à  bords  relevés  du  Jura. 
—  Discussion  :  A.  de  Mortillet,  Hue,  Marcel  Baudouin. 

Naulin  (Paris).  —  Présentation  de  vases  à  trous  du  Moyen  âge.  — 
Discussion  :  Marcel  Baudouin,  A.  de  Mortillet,  Taté.     , 

A.  de  Mortillet  (Paris). —  Une  ceinture  de  chasteté  ancienne. —  Dis- 
cussion :  Marcel  Baudouin. 

A.  Guébhard  (Paris). —  Photographies  et  plan  d'une  double  lignée  de 
Pierres  debout,  découvertes  à  Cuisy  [Aisne),  dues  à  M.  F.  Blanchard  (de 
Soissons). —  Discussion '.Marcel  Baudouin,  A.  de  Mortillet,  A.  Viré. 

Communications. 

Marcel  Baudouin  (Paris). —  Le  Pas  de  Dieu  de  l'Eglise  Sainte-Rade- 
gonde,  à  Poitiers. 

L.  Coutil  (Eure).  —  Fouilles   dans  la  Forêt  de    Bord,,  à  Incarville. 

Ch.  Aublant  (Périgueux).  —  Gravure  sur  rocher,  à  Ecornebœuf, 
Drès  Périgueux. 

Barbier  (Eure).  —  Sépultures  gallo-romaines  à  Pacy-sur-Eure . 


II.  —  NOTES  ORIGINALES. 


Fouilles  clans  In  Forêt  de  Bord,  près  Incarville, 

[Prise  de  Date] 

M.  L.  Coutil  annonce  le  début  de  ses  fouilles  dans  la  forêt  de 
Bord,  prés  d'Incarville  ;  il  a  découvert  uii  premier  groupe  de  cons- 
tructions, arasées  au  niveau  du  sol  ;  un  deuxième  groupe  à  60  mè- 
tres plus  loin,  dépassant  le  sol  sur  une  longueur  de  10  mètres; 
un  troisième  édifice  fort  important,  d'au  moins  25  mètres  avec 
colonnade  encore  très  apparente  de  lk  mètres,  soubassement  en 
pierre  de  0m75  de  large,  et  des  colonnes  ayant  pour  base  0m70  ; 
ce  doit  être  un  temple.  D'autres  points  restent  encore  à  reconnaî- 
tre ;  l'ensemble  des  fouilles  porte  sur  près  de  170  mètres  carrés. 

(1)  Séance  de  février  1911 .' 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  1$1 


Le  mot   Cbiron  et  se»  dérivés. 

M.  Pagès-Allary  (Murât).  —  Comme  suite  à  ce  que  j'ai  dit, 
relativement  aux  vocables  connexes  ou  de  même  sens,  c'est-à-dire 
marquant,  à  des  époques  différentes,  par  un  mot  différent,  le  même 
fait  saillant  d'un  lieu  habité  ou  à  dénommer,  voici,  seulement, 
pour  l'arrondissement  de  Murât,  le  nom  des  principaux  villages, 
avec  le  nom  de  la  commune  où  ils  se  trouvent,  et  rappelant 
l'idée  de  Pierres,  à  des  temps  variables  comme  le  mot. 

1°  Communes:  Cheylade,  Le  Caire.  — Marchastel,  Laquèrie. 
—  Saint-Amandin,    Laquèrie. 

2°  Peyrusse,  Chirol.  —  Saint-Bonnet,  Le  Chazal.  -*-  Les  Cha- 
zeaux  (Chazèaux).  —  Saint-Saturnin,  Chazelowp.  —  Vèze. 
Chazes. 

3°  Saint-Amandin,  Peyrelaigue.  —  Charmansac,  La  Pironnel 
ou  Peyrounel.  —  Lavigerie,  Peyregarri  ou  Peyreguerre,  Peyre 
Arse.  —  Ugarde,  Peyrolet.  —  Saint-Saturnin,  Peyrelade.  — 
Claux,  Pas  de  Peyrol  (1582m)  ;  puis  le  Puy  Mary. 

Il  y  a  aussi  une  infinité  de  fermes,  qui  portent  le  même  nom  ; 
toujours  on  y  voit  :  des  Pierres,  des  Caves,  des  Ruines,  dans  lès 
deux  premiers  cas  préhistoriques  ;  dans  le  troisième  cas  du 
moyen  âge. 


Le  Mot  Cro  en  Préhistoire. 


M.  le  Dr  H.  Dalmon  (Bourron,  Seine-et-Marne). — Je  suis 
heureux  de  voir  que  la  Philologie  tend  à  prendre  sa  place  en 
Préhistoire.  Puisqu'on  pousse  l'enquête  sur  les  dénominations 
de  lieux,  il  serait  intéressant  d'arriver  à  ker,  à  crau,  et  surtout  à 
cro.  En  Seine-et-Marne,  nous  avons  plusieurs  lieux  dits  :  le  Croc 
marin,  le  Croc  de  Recloses  :  stations  néolithiques  connues,  situées 
au  milieu  des  pierres,  les  grès  en  rognons  dénudés  de  Fontaine- 
bleau. Nous  avons  Cro-Magnon.  — ■  Est-ce  pierreux? —  Il  y  a  là 
une  enquête  intéressante  à  proposer  à  nos  collègues  sur  les  Cro- 
de  France. 


182  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Tranchets  et  Décarnisation. 

*    ■'  [Prise  de  Daté]. 

M.  O.  Vauvillé  présente  des  objets  divers,  provenant  de  ses  fouil- 
les, faites  en  1887  et  1888,  d'Allées  couvertes  de  l'époque  néolithique 
en  Montigny-l'Engrain(  Aisne). —  Il  donne  des  renseignements  sur  les 
inhumations  d'une  Allée  couverte,  de  7  m.  90  de  longueur,  de  diver- 
ses largeurs,  et  de  1  m.  30  de  profondeur,  au-dessous  du  niveau 
actuel  du  sol.  Ce  monument  funéraire  contenait  quatre  groupes  bien 
distincts  de  sépultures  à  inhumations  :  l'un  d'eux,  de  2  mètres  de 
longueur  sur  2  m.  70  de  largeur,  contenait  48  squelettes  humains, 
sur  4  couches,  les  pieds  tous  tournés  vers  le  centre,  vers  le 
milieu  se  trouvait  aussi  4  squelettes  ;  ce  qui  formait  un  total  de  52, 
compris  dans  un  aussi  faible  espace .  Les  squelettes  des  trois  autres 
groupes  avaient  aussi  la  même  disposition  méthodique,  indiquant 
des  inhumations  faites  d'une  longue  durée.  Les  fouilles  ont  fait 
découvrir  162  pièces  en  silex  polis  ou  taillés,  des  objets  divers,  et  des 
poteries . 

Parmi  les  silex  taillés,  on  remarque  que,  sur  53  petits  Tranchets 
(dont  un  est  emmanché),  48  sont  plus  ou  moins  ébréchés  sur  le  tran- 
chant; il  en  est  de  même  sur  des  lames  ou  couteaux,  qui  sont  forte- 
ment ébréchés  sur  les  deux  tranchants.  Ces  constatations  peuvent  faire 
supposer  que  ces  instruments  ont  peut-être  été  employés,  comme 
le  pense  M.  leDr  Marcel  Baudouin,  pour  le  Décharnement  des  Corps. 

Ce  fait  expliquerait  probablement  les  52  squelettes,  trouvés  dans 
la  faible  cavité  dont  il  vient  d'être  question  (1). 


Discussion  sur  l'Age  du  Cuivre. 

M.  J.  Pages- Allary  (Murât).  —  Dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances préhistoriques  (2),  j'estime,  peut-être  à  tort,  que  nous  allons 
trop  vite,  en  créant  un  Age  du  Cuivre,  avant  un  Age  du  Bronze;  Age 
étant  employé  pour  Civilisation,  ou  mieux  Evolution,  ne  pouvant 
s'appliquer  que  pour  un  lieu  déterminé;  car  elle  était  au  moins  aussi 
différente  autrefois,  suivant  la  race  et  le  climat,  qu'elle  l'est  encore 
aujourd'hui  suivant  le  milieu. 

A  la  fin  de  la  civilisation  Néolithique  de  notre  Gaule  Française,  je 
ne  puis  concevoir  que  la  Découverte  du  Cuivre,  appelé  dans  le  com- 


(1)  Séance  du  23  mars  1911. 

(2)  «  Le  titre  Critiques  paradoxales  »  exprimerait  plus  justement  l'intention  de 
l'auteur,  de  provoquer,  par  échanges  d'idées,  plus  de  preuves  ou  de  faits  sur  cette  si 
importante  évolution  progressive  des  métaux.  —  [Voir  Bulletin  de  février,  1911], 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  183 

merce  Cuivre  Rouge,  ait  précédé  celle  des  Métaux  blancs,  beaucoup 
plus  fusibles,  plus  communs,  plus  facilement  réductibles,  et  jouant 
le  premier  rôle  de  fondant  dans  le  Bronze,  avant  de  lui  donner  bien 
d'autres  qualités. 

En  effet,  les  scories  du  foyer  de  cuisine,  ou  mieux  du  potier  nèoli* 
thique,  ont  dû  révéler  alors  aux  ignorants,  mais  si  curieux  obser- 
vateurs de  notre  Gaule  comme  bien  avant,  et  aussi  bien  après,  dans 
beaucoup  d'autres  pays  du  globe),  des  culots  métalliques,  dont  la 
première  utilisation  a  été  faite  par  la  fusion  et  le  moulage,  avant  le 
martelage.  Celui-ci  indique  déjà  un  grand  progrès  en  métallurgie, 
puisqu'il  faut  admettre  la  qualité  du  métal,  donc  sa  pureté,  par  l'affi- 
nage des  fusions  successives,  dans  le  cas  spécial  du  cuivre  sans 
mélange.  Certainement  le  cuivre  natif,  qui  ne  se  trouve  qu'en 
Amérique,  de  même  que  dans  les  sables  de  la  Bolivie  à  l'état 
d'oxyde  Cu20  ou  d'hydrocarbonate,  a  pu  exister  en  France;  mais 
il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  c'est  l'exception,  et  que  ses  vérita- 
bles minerais,  abondants  en  Europe,  sont  les  sulfures  Cu2S  (Chalko- 
sine)  et  Cu2S  -f- Fc2S3  (Chalkopgrite),  ou  simplement  Pyrite  cuivreuse; 
donc  des  minerais  demandant  'déjà  une  manipulation  empirique  i/n- 
portante  et  compliquée,  savante,  non  de  mots,  mais  d'observations,  défaits- 

Si  nous  considérons  la  quantité  énorme  de  bronze  et  de  cuivre 
utilisée,  si  d'autre  part  nous  envisageons  tout  ce  qui  en  a  été  fondu 
et  refondu,  nous  ne  devons  pas  nous  étonner  qu'avec  les  progrès 
dans  l'art  du  feu  nos  anciens  soient  arrivés  du  Bronze  au  Cuivre,  donc 
à  la  fusion  et  au  moulage  de  ce  dernier  :  ce  qui  est  déjà  un  très  beau 
résultat,  et  l'œuvre  de  longues  années  de  fondeurs  sachant  chauffer 
de  1.050  à  1.100°. 

J'admets  même  que  l'on  ait  trouvé  et  épuisé  le  cuivre  natif.  Est-il 
soutenable  qu'il  y  en  ait  eu  partout  autrefois  ?  Non.  Tandis  que  par- 
tout nous  trouvons  du  bronze  utilisé. 

Il  faudrait  admettre  des  exceptions,  possibles,  pour  la  Vendée 
comme  pour  Chypre,  comme  celles  actuellement  du  Lac  supérieur 
de  l'Amérique  du  Nord.  Mais,  si  les  Néolithiques  de  Vendée  avaient 
eu  des  blocs  de  450  tonnes  de  cuivre  natif,  mesurant  comme  à 
la  mine  de  Minnesota,  1.000  tonnes  (13.75x6.7x2.70)  ou  (19.80X 
9.45X1.27)  comme  à  l'autre  mine  américaine  du  Phénix,  je  ne  vois 
pas  bien  l'effet  des  haches  en  pierres,  même  polies,  capables 
de  les  entamer  pour  les  utiliser,  sans  d'autres  outils  métalliques 
plus  durs.  Donc  pas  le  Cuivre  Rouge,  mais  au  moins  le  Bronze.  Il  vaut 
mieux  supposer  les  morceaux  plus  petits.  Ou,  plus  probablement, 
qu'à  Chypre,  comme  en  Vendée,  c'était  du  sable  de  cuivre,  comme  au 
Chili,  le  barille  de  cuivre  à  60  ou  80  pour  0/0  de  cuivre  et  40  à  20 
pour  0  0  de  quartz.  Ou  de  l'Azurite,  2  Cu03Cu  (042)  des  Cornouailles 
d'Australie,  ou  d'autrefois  à  Chessy,  près  de  Lyon. 


184  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Car,  si  nous  tombons  dans  les  si  abondantes  Pyrites  (l'or  des  ânes), 
nous  sommes  obligé  d'admettre  que  le  Bronze  a  précédé  de  beau- 
coup le  Cuivre  pur,  en  de  bien  nombreux  et  différents  centres.  Et  que 
les  habiles  ouvriers  du  Bronze  savaient  beaucoup  de  choses  que 
nous  ne  croyons  pas,  mais  que  nous  constaterons  et  admettrons  par 
force  un  jour,  en  rompant  le  cercle,  la  ceinture  trop  étroite,  la  mu- 
raille funeste,  dans  laquelle,  nous  sommes  toujours  tenté  de  classer, 
d'enfermer  la  Science,  que  nous  considérons  toujours  n'être  que  ce  que 
nous  en  savons,  même  (oh  ironie  !)  au  siècle  du  radium  et  de  l'aéro- 
plane. 

M.  Desailly  (Paris),  ingénieur  des  mines.  —  C'est  un  tort  de 
croire  qu'il  fût  difficile  jadis  de  travailler  les  minerais  de  cuivre.  C'est 
le  contraire  qui  est  la  vérité,  pour  les  Carbonates  de  Cuivre  surtout, 
dont  le  traitement  est  extrêmement  facile. 

Je  donne,  ci-dessous,  pour  ceux  que  la  question  intéresse,  une 
importante  bibliographie  du  métal  Cuivre  natif '(1),  auquel  on  pourra 
se  reporter. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  Je  vous  annonce  la  découverte 
d'une  Trente-septième  hache  plate,  en  Vendée,  à  Saint-Martin-de- 
Brem,  centre  de  mes  fouilles.  —  De  plus,  je  viens  d'en  retrouver 
deux  autres,  découvertes  à  Nalliers,  en  1857,  et  déjà  publiées  par 
B.  Fillon,  en  1863.  —  Cela  porte  mon  total  à  trente  neuf,  pour 
aujourd'hui  !  —  Je  suis  convaincu  qu'on  en  découvrira  bien  d'autres 
en  Vendée  désormais  ! 

Je  ne  veux  pas  suivre  les  orateurs  précédents  sur  le  terrain  théo- 
rique. Je  ne  veux  que  colliger  ici  des  faits,  c'est-à-dire  des  Obser- 
vations bien  prises.  Cela  fera  avancer  la  question  du  Cuivre  bien 
plus  vite  qu'on  ne  se  le  figure  ! 

Cherchons  d'abord  des  haches  et  des  poignards  ;  et  nous  discute- 
rons après.  —  Nous  avons,  je  le  répéterai  toujours,  l'éternité  pour 
nous  disputer. 


(1)  Bibliographie  du  Cuivre  natif:  Brongniart.  Traité  de  Minéralogie,  1807 . — 
Hauy.  Idem, 1822.  —  Mohn.  Idem,  1822.  —  Beudant.  Idem,  1824.  —  G.  Rose.  Beise 
nach  dcm  Urat,  1837,  vol.  I,  p.  313,  401;  vol.  H,  p.  453.  —  Hardinger.  Journal 
des  Sciences  d'Edimbourg,  1826,  vol.  1,58. —  Levy .  Description  d'une  collection  de 
minéraux,  formée  par  Heuland,  vol.  III.  —  Hardinger.  Sitzungsber.  de  l'Académie 
de  Vienne,  1863.  —  Schrauf.  Mineralogische  Mittheilungen,  1872-1873.  —  Zer- 
renner.  Idem,  1874.  —  N.  von  Kokscharov.  Materialien  zur  Minéralogie  Russ- 
lands,  209.  —  G.  Seligmann.  Verhandl.  naturhist.  Ver.  Rheinl.,  1876.  —  P.  von 
Jeremejen.  Krystallog,  1877.  —  G.  von  Rath.  Krystal,  1878.  —  L.  Fletcher.  Phil. 
Mag.,  1880. —  Von  Lasaul.  Sitzungsber.  Niederrhein  Ges.,  Bonn,  1882.—  Von  Foul- 
lon.  Geol.  Reichsanstalt,  1883.  —  Broun.  The  Journal  from  the  american  Se, 
1886.  —  Dana.  Journal  of  Science,  décembre  1886. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  185 

M.  .1.  Pagks-Ali.ary.  —  Je  me  range  complètement  au  sage 
conseil  de  M.  Baudouin  :  du  prouvé  ;  mais  il  faut,  avec  la  biblio- 
graphie, du  nouveau  à  la  Préhistoire.  D'où  la  lre  question  à  résoudre  : 
Est-ce  par  la  fusion  [ou  par  le  martelage  des  métaux  que  l'homme  a 
commencé  ?  Autrement  dit  :  Est-ce  l'or  et  le  cuivre  natif,  ou  les 
métaux  blancs  plus  fusibles,  qui  ont  été  les  premiers  utilisés? 
Là-dessus  une  discussion  —  sans  vigueur,  donc  sans  personnalité  — 
serait  urgente,  cette  année. 


Une  hache  plate  à   bords   relevés. 

PAR 

CHAPELET   (de  Paris  . 

La  communication,  faite  le  23  février  1911  par  M.  le  Dr  Marcel 
Baudouin  sur  «  la  découverte  du  Centre  Occidental  de  l'Age  du 
Cuivre  en  Vendée  a,  m'amène  à  vous  présenter  une  hache,  sinon 
en  cuivre,  du  moins  bien  pauvre  en  étain,  si  Ton  s'en  rapportée 
l'aspect  du  métal  mis  à  nu  sur  le  tranchant,  et  aussi  peut-être  à 
la  patine  vert  clair,  qui  ressemble  plutôt  à  celle  du  cuivre,  les 
altérations  du  bronze  étant  ordinairement  plus  foncées. 

L'analyse  du  métal  n'ayant  pas  été  faite,  nous  ne  pouvons  être 
trop  affirmatif. 

Cette  hache  est  à  bords  droits  peu  accentués,  ou  plutôt  rele- 
vés, non  par  le  martelage,  mais  ménagés  sur  le  moule  dans  lequel 
cette  hache  a  été  coulée. 

MM.  G.  et  A.  de  Mortillet  figurent,  sous  le  n°  794  du  Musée 
Préhistorique,  une  hache  de  même  type,  trouvée  à  Rennes  (Doubs), 
sous  la  désignation  de  hache  à  rebords  droits  à  peine  indiqués,  de 
l'époque  Morgienne. 

M.  Déchelette,  dans  son  Manuel  <T Archéologie  préhistorique , 
celtique  et  gallo-romaine,  représente,  figure  81-2,  une  hache  à 
bords  droits  peu  élevés,  trouvée  à  Vienne  (Isère). 

Ces  haches  sont  abondantes,  surtout  dans  la  Gironde  ;  on  les 
rencontre  fréquemment  sur  les  côtes  de  l'Atlantique  et  de  la  Man- 
che; l'Est  en  a  fourni  aussi  un  certain  nombre. 

Celle-ci  a  été  recueillie  à  Cussy-la-Colonne,  canton  de  Bligny- 
sur-Ouche,  arrondissement  de  Beaune,  au  cours  des  travaux  de 
construction  de  la  ligne  du  chemin  de  fer  d'Epinac  à  Beaune. 

Les  conditions  particulières  de  la  trouvaille  me  sont  inconnues. 

Cette  hache  mesure  0m175  de  longueur,  0m067  de  largeur  au 
tranchant;  son  épaisseur  maximum  est  de  0m01,  non  compris  les 
bords  ;  son  poids  est  de  446  grammes  (Fig.  1). 


H 


486 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Il  pouvait  être  intéressant  de  signaler  cette  pièce,  en  raison  de 
sa  découverte  presque  au  centre  de  la  France  et  de  son  éloigne- 
ment  des  deuxpoints  d'importation  du  bronze,  et  sans  doute  aussi 
du  cuivre.  La  Suisse  et  le  Jura  d'une  part,  les  côtes  de  l'Atlan- 
tique, de  la  Gironde  au  Finistère,  d'autre  part,  en  tenant  compte 
de  nombreuses  découvertes  faites  dans  cette  partie  de  la  France, 
depuis  quelques  années. 

Si  l'on  considère  la  hache  plate  comme  type  primitif,  la  pre- 
mière évolution  est  représentée  par  la  hache  à  bords  martelés  ;  la 


Fig.  lf  —  Hache  à  bords  relevés  du  Jura  français.  —  Echelle  :  1/2  Gr.  nat. 

seconde  par  le  relèvement  des  bords  au  moulage . —  C'est  ce  que  l'on 
constate  sur  cette  hache,  qui  serait  de  la  Période  II  du  Bronze, 
d'après  la  classification  donnée  par  M.  Déchelette,  dans  son 
Manuel  précité. 


M.  le  M.  Dr Baudouin.  —  On  me  paraît  confondre,  dans  cette 
question  des  Haches  plates,  plusieurs  ordres  de  choses. 

Ce  que  j'ai  appelé,  dans  ma  note,  le  type  évolué  n'estni  la  hache 
à  bords  martelés,  ni  la  hache  à  bords  relevés  au  moulage  !  —  Mon 
type  :  Hache  plate,  primitive,  de  type  évolué,  est  une  Hache 
plate,  sans  le  moindre  bord,  ni  relevé  par  martelage,  ni  relevé  au 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  187 

moulage  ! — C'est  une  hache  plate  à  bords  concaves  (et  non  droits),  et 
à  tranchant  évasé,  sans  aucun  martelage  et  sans  le  moindre  bord  ! 

Par  conséquent,  la  pièce  de  M.  Chapelet  ne  ressemble  pas  à 
nos  haches  de  Vendée.  —  C'est  un  type  intermédiaire  entre  ma 
variété  plate  évoluée  et  la  hache  à  bords  droits.  J'accepte  très 
bien  le  terme  :  à  bords  relevés,  quoiqu'il  puisse  prêter  à  la  confu- 
sion. 

Quoiqu'il  en  soit,  cette  pièce  est  très  intéressante  ;  ce  doit  être, 
en  effet,  un  type  primitif  du  Premier  âge  du  bronze  [Morgien  ou 
Prémorgien);  mais  ce  n'est  pas  un  type  de  VAge  du  Cuivre,  à  mon 
avis.  — D'ailleurs,  elle  a  été  trouvé  à  l'Est  de  la  France,  dans  le 
Jura,  où  le  Bronze  lui-même  est  très  rare  [Voir  la  Carte  de 
M.  Déchelette]. 


Le  Cuivre  en  Bretagne. 

PAR 

G.  GUÉNIN  (de  Brest). 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  pour  démontrer  l'existence  d'un 
Centre  d'invention  et  d'utilisation  du  Cuivre  dans  la  péninsule 
armorico-vendéenne,  ne  «  redoute  guère  que  l'opinion  de  M.  Si- 
ce  ret,  en  raison  de  la  grande  rareté  du  cuivre  en  Bretagne  et  en 
«  Vendée,  à  l'heure  présente  (1).  » —  Rien  n'est  plus  facile  que  de 
montrer  la  vraisemblance  de  l'hypothèse,  émise  par  M.  le  Dr  Mar- 
cel Baudouin.  Il  y  eut,  en  Bretagne,  et,  sans  doute,  en  Vendée,  de 
nombreux  gisements  de  Cuivre,  livrés  à  V exploitation  ! 

a)  Sans  vouloir  remonter  plus  haut  que  le  xvie  siècle,  en  1519, 
une  Commission  royale  est  adressée  aux  juges  de  Quimper,  Car- 
haix,  Morlaix  et  Tréguier,  pour  informer  des  «  larcins  opérés  es 
mines  d'étain,  plomb,  cuivre...,  etc.  » 

b)  En  1640,  dans  un  ouvrage  devenu  très  rare,  «  La  restitution 
de  Pluton  »,  Martine  de  Bertereau,  dame  et  baronne  de  Beauso- 
leil  et  d'Auffembach,  exposait  le  résultat  des  recherches,  qu'elle 
avait  entreprises,  avec  son  mari,  pour  découvrir  en  Bretagne  des 
gisements  de  Cuivre.  En  1779,  Gobet,  dans  ses  «  Anciens  minéra- 
logistes du  Royaume  de  France  »,  édité  chez  Ruault,  à  Paris,  rue 
de  la  Harpe,  consignait  à  nouveau  les  renseignements  de  la  dame 
de  Beausoleil,  et  les  donnait  aux  pages  313-320  de  son  volume, 
presque  introuvable  aujourd'hui  (2). 

En  classant  les  indications  de  Martine  et  de  Gobet,  les  mines 

(1)  Soc.  Prëh.  franc,  tome  VIII,  p.  167. 

(2)  Nous  devons  ces  renseignements  à  l'obligeance  de  M.  Maillot,  élève  à  l'école 
des  Mines. 


18*8  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  DE  TRÀNCE 

de  Cuivre,  signalées  au  xvine  siècle,  étaient,  en  suivant  les  côtes, 
à  partir  de  la  baie  de  Saint-Brieuc  : 

Lanvellec,  près  de  Rosambo,  «  mine  de  cuivre, qui  contient  de 
«  l'or,  dont  la  fontaine  minérale  (1)  est  dans  une  lande  près  de 
»  Tanascole  ».  Treduder,  près  de  Saint-Michel-en-Grève,  «  une 
«  très  bonne  et  riche  mine  de  cuivre,  plomb  et  argent,  dont  les 
«  rameaux  sont  très  considérables.  »  Bourbriac,  «  dans  les  bois 
,« -de  M.  le  marquis  de  la  Rivière,  une  mine  de  cuivré.  »  Il  im- 
porte de  remarquer  que  ces  trois  stations  se  trouvent  sur  une  li- 
gne nord-ouest-sud-est,  et  que,  du  nord  au  sud,  on  a  Treduder, 
Lamellec  et  Bourbiac. 

Dans  le  Finistère,  «  dans  la  paroisse  de  Crozon,  proche  le  bore 
de  la  mer,  en  face  de  la  rade  de  Brest,  une  mine  de  cuivre.  —  Ai 
Ry,  proche  de  Douarnenez,  sur  le  bord  de  la  mer,  une  riche 
mine,  qui  contient  plusieurs  rameaux  d'or,  d'argent,  de  cuivre. 
—  Paroisse  de  Duve  (?),  une  mine  de  cuivre.  —  Près  Corro^ 
(lire  Coray),  une  mine  de  cuivre.  —  Au  moulin  de  Ver,  prèi 
Quimper,  une  bonne  mine  d'argent,  qui  a  quelques  rameaux  de 
cuivre.  —  Enfin,  dans  le  Morbihan  à  Beaugat,  près  Malestroit 
une  mine  soupçonnée  de  cuivre.  »  .*■    T 

c)  Au  xixe  siècle,  de  Fourcy, 'l'auteur  d'une  carte  géologique 
-du  .Finistère,  signalait,  vers  1840,  du  cuivre  au  Huelgoat  et  près 
de  Gourin  ;  et  de  Lapparent,  dans  la  3e  édition  de  son  Traité  dt 
Minéralogie,  indique  à  Luçon,  de  l'énargite,  arsénio-sulfure  de 
cuivre,  facilement  fusible  (page  599). 

Tels  sont  les  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir  sui 
les  mines  de  cuivre  en  Bretagne.  Ils  expliquent  :  1°  l'abondance 
tûts  haches  en  cuivre  du  Finistère,  où  les  gisements  sont  nom- 
breux ;  2°  leur  absence  du  Morbihan,  où  il  ne  semble  pas  qu'il  \ 
ait  eu  de  véritable  mine  de  cuivre,  bien  que  l'on  ait  trouvé  ur 
moule  en  cuivre.  .      . 

Il  y  aurait  enfin,  à  se  demander  si  les  haches  en  cuivre,  trou- 
vées en  Bretagne,  coïncident  dans  leur  répartition  avec  celle  de! 
filons  de  cuivre  signalés  au  xvme  et  xixe  siècles.  N'ayant  pas  lei 
éléments  voulus  pour  solutionner  ce  problème,  nous  laissons  i 
.  d'autres  ce  soin,  nous  bornant  seulement  à  montrer  qu'une  fois 
de  plus  l'une  des  hypothèses  de  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin  se 
vérifie  pleinement. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  On  lit,  dans  Y  Intermédiaire  da 
Chercheurs  et  Curieux  du  30  mars  1911  (p. 401)  :  «  Existe-t-il  dam 
l'Europe  occidentale  des  gisements  de  Cuivre  natif,  autres  qu< 
celui  de  Friedrichtsegen,près  d'Ems?  J'ai  entendu  dire  qu'il  y  ei 
avait  dans  le  Var  ?»  —  Il  serait  intéressant  d'être  fixé  sur  ces  points 

(1)  Lisez  les  principaux  filons  ou  les  premiers  filons. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   DE   FRANCE  189 

Relation  du  redressement  de    la  table 

et  des  quatre  supports  du  Dolmen 

«    La  Grosse  Pierre   »   ou  ï*ierre  Couplée, 

de  "Verneusses  (Eure)  (4). 
[Prise  de  Date], 

M.  L.  Coutil.  —  Le  monument  appartenant  à  un  groupe  de 
trois  Dolmens,  tous  effondrés,  nous  avons  commencé  la  restaura- 
tion de  celui  qui  était  le  moins  compromis,  comme  aspect, 
bien  que  la  difficulté  fut  plus  grande,  un  des  supports  étant 
complètement  en-dessous,  entre  deux  autres  également  écrou- 
lés. 

La  difficulté  consistait  au  peu  d'espace  pour  placer  les  crics 
destinés  au  redressement,  et  au  calage  progressif  de  la  table,  puis 
au  dégagement  du  support,  couché  horizontalement  etemprisonné 
sous  la  table,  opération  exigeant  de  grandes  précautions,  car,  à 
deux  reprises,  la  table  descendit  brusquement  de  0m08,  lorsqu'on 
enleva  les  crics  et  que  la  table    reposa   librement  sur  ses    cales. 

Une  autre  difficulté  provenait  de  la  présence  d'un  énorme  sapin, 
situé  contre  le  monument,  au  nord-est,  et  dans  les  grosses  racines 
circulant  sous  les  supports  :  cet  arbre  a  causé  la  chute  du  monu- 
ment, et,  s'il  n'est  pas  abattu,  il  amènera  encore  un  nouvel  acci- 
dent. 

Un  chêne,  situé  près  du  support  sud,  menace  aussi  l'unique 
support  resté  en  place,  quoique  très  incliné,  et  que  nous  n'avons 
pas  redressé,  et,  simplement  consolidé  en  le  calant  fortement  à 
l'intérieur. 

Nous  avons  replacé  verticalement  le  support  ouest  tombé  en 
ors,  sur  le  bord  du  chemin,  relevé  le  support  nord,  couché  k 
plat  sous  la  table,  remplacé  un  nouveau  support  à  l'est,  car  on 
l'avait  enlevé.  Quant  au  support  situé  au  sud-est,  nous  avons  dû 
faire  sauter  l'angle  supérieur, pour  obtenir  l'adhérenceà  la  table; 
mais,  quand  nous  avons  enlevé  les  quatre  crics  qui  avaient  servi  k 
enlever  la  table  horizontalement,  celle-ci  s'est  écartée  de  ce  sup- 
port de  la  même  quantité  (0m02  que  nous  avions  dû  enlever); 
il  n'est  pas  surprenant  qu'au  dernier  moment  les  aspérités  des 
autres  supports  aientainsiproduit  cette  petite  différence  de  niveau, 
que  nous  ne  prévoyons  pas. 

La  table  est  fort  lourde;  elle  est  en  poudingue  en-dessus,  et  en 
grès  en-dessous  ;  son  épaisseur  est  en  moyenne  de  0m60,  et  arrive 
a  0m80;  sa  forme  triangulaire  mesure  sur  ses  trois  faces  3m55  k 
1  ouest,.  4  mètres  au  nord,  et  3m90  au  sud-est  ;  nous  l'avons  relevée 

(1)  Séance  du  Jeudi  23  mars  1911. 


190  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

de  près  de  0m75  environ  au  nord,  au-dessus  du  niveau  de  la  butte  ; 
la  table  s'élève  du  même  côté  à  lm10,  si  on  prend  le  niveau  du 
chemin,  car  le  dolmen  est  entouré  d'une  butte  de  cailloux  et  re- 
couvert de  gazon  sur  près  de  0m40  à  0m50  de  relief:  ce  quipermel 
de  supposer  que  primitivement  il  était  sous  tumulus. 

Comme  le  centre  du  dolmen  était  très  creux  et  rempli  de  près 
d'un  mètre  cube  de  verre  cassé  et  de  vaisselle  brisée,  nous  avons 
tout  enlevé  et  cherché  jusqu'au  niveau  du  sol  naturel,  sans  trou- 
ver d'objets  ou  d'ossements  humains  ;  il  a  donc  été  minutieuse- 
ment vidé  avant  nous  :  nous  n'avons  pas  osé  aller  jusqu'au  pied 
même  des  supports,  dans  la  crainte  d'un  éboulement. 

Nous  avons  obtenu  leclassement  de  ce  Dolmen,  en  févrierl911, 
et  fait  placer  une  plaque  indicatrice  à  nos  frais.  Le  Touring  Club 
de  France,  quia  déjà  fait  placer  sur  nos  instances  des  plaquesindi- 
catrices  sur  route  pour  les  monuments  classés  de  la  Normandie, 
nous  a  promis  deux  plaques  pour  le  dolmen  de  Verneusses;  le 
Président  de  cette  Association  mérite  de  nouveau  notre  sincère 
gratitude. 


Les  Ruines  romaines  d'Inc ai* ville  (1),  forêt  de 
Bord,  lieu  dit  le  Testelet. 

[Prise  de  Date]. 

M.  L.  Coutil  rend  compte  des  fouilles  qu'il  a  exécutées  depuis 
le  14  mars,  à  la  lisière  de  la  Forêt  de  Bord,  le  long  d'un  vieux 
chemin  encaissé  dit  Vieux  chemin  de  Rouen.  Les  ruines  dissimu- 
lées sous  la  mousse  et  généralement  sous  les  arbres  de  la  forêt 
occupent  un  espace  de  195  mètres  sur  170  mètres  ;  les  construc- 
tions étaient  orientées  du  nord  au  sud  et  de  l'ouest  à  l'est,  avec 
déclinaison  de  20°  vers  l'est. 

1°  Du  nord  au  sud,  il  a  découvert  un  mur  d'enceinte,  de  1  mè- 
tre d'épaisseur  et  un  édifice  d'angle  de  13  mètres  de  long. 

2°  A  40  mètres  vers  le  sud,  des  constructions  également  rui- 
nées sur  16  mètres,  avec  vaste  appartement  pavé  de  12  mètres 
carrés. 

3°  A  37  mètres,  autre  construction  de  8  mètres  de  côté,  avec 
murs  adjacents  démantelés. 

4°  A  58  mètres,  autre  construction  de  14  mètres  sur  19,  divi- 
sée en  deux  parties. 

5°  A  l'ouest  du  second  groupe,  à  30  mètres  et  à  l'ouest,  une 
habitation  très  soignée  de  10m50   sur  12m75,  avec   des  murs  de 

(1)  Séance  du  jeudi  23  mars  1911. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE.  191 

0m80  et  même  l,niO,  soigneusement  appareillés  :  une  assise  de 
pierres  fort  larges  et  épaisses  se  dirige  perpendiculairement 
sur  15  mètres  de  longueur  ensuite  ;  on  retrouve  le  pavage  d'une 
construction,  et  un  mur  prolongeant  la  rangée  de  pierres. 

Aux  deux  extrémités  de  cette  longue  muraille  de  pierres,  il  a 
trouvé  une  base  de  colonne  de  0m70  de  diamètre  et  un  fût  de 
0m40  ;  il  y  avait  donc  une  colonnade  très  importante  de  15  mè- 
tres et  peut-être  même  25  mètres  :  c'est  le  point  le  plus  impor- 
tant de  ce  cinquième  groupe  de  ruines,  qui  formait  un  tout,  mesu- 
rant au  moins  38  mètres  sur  20  mètres. 

Malheureusement,  on  a  rasé  et  même  démantelé  ces  murs  au 
ras  du  sol,  et,  trop  souvent  même,  enlevé  jusqu'aux  fondations. 

6°  Au  sud-ouest,  il  a  retrouvé,  à  50  mètres  de  ce  dernier 
groupe,  une  muraille  appartenant  à  un  sixième  édifice,  qui  était 
relié  à  la  muraille  de  clôture  de  1  mètre  d'épaisseur. 

La  relation  plus  complète  de  ces  fouilles  doit  être  donnée  dans 
une  quinzaine  de  jours  au  Congrès  des  Sociétés  savantes,  à  Caen. 


Discussion  sur  les  Haches  polies. 

M.  Georges  Baquié  (Nissen  Hérault).  —  Dans  mes  campagnes  de 
recherches,  durant  les  mois  d'été,  j'ai  remarqué,  dans  l'Ariège,  di- 
verses superstitions,  analogues  à  celles  citées  par  mes  collègues  de 
la  Société  Préhistorique  Française.  A  Tourtrol  (Ariège),  un  institu- 
teur m'a  donné  une  hache  polie  en  pierre  dure  ;  mais  il  n'a  pas 
voulu  se  démunir  d'une  autre  ;  il  est  certain  qu'il  attache  à  ces 
objets  un  pouvoir  magique.  Dans  le  fond  du  rideau  de  la  porte 
d'entrée  de  sa  maison,  il  a  cousu  ces  armes,  et  les  regarde  comme 
des  talismans. 

Dans  la  majeure  partie  des  villages  de  l'Ariège,  il  n'est  pas  rare, 
avec  un  peu  de  soin,  de  découvrir  la  hache  polie,  sous  le  seuil  de 
la  bergerie,  soigneusement  cachée.  Une  hache,  mise  dans  l'eau 
d'une  source,  ou  même  dans  le  baquet  où  vont  boire  les  moutons, 
est  un  moyen  sûr,  d'après  les  paysans,  d'éviter  les  maladies  du 
bétail. 

Si  un  paysan  trouve  une  hache  dans  un  champ,  il  la  porte 
sous  un  arbre  voisin,  pour  le  protéger  de  la  foudre,  si  la  décou- 
verte a  lieu  dans  les  dépendances  de  sa  demeure  ;  il  porte  sa  trou- 
vaille dans  les  trous  du  mur  de  sa  grange  ou  de  son  écurie,  prête 
a  servir  aux  usages  que  j'ai  eu  à  remarquer. 

On  doit  donc,  lorsqu'on  rentre  dans  la  demeure  d'un  paysan 
de  la  montagne,  ne  pas  manquer  d'explorer  les  endroits  dont  je 
viens  de  parler.  Il  s'est  présenté  des  cas,  où  les  haches  polies  se 


192  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

sont  trouvées,  sous  mes  yeux,  tout  naturellement  posées  sur  la 
cheminée,  entre  un  rameau  béni  et  un  vieux  fus  il.  Ne  pas  se 
presser;  être  prudent  dans  ses  paroles  ;  et,  si  Ton  est  connu  dans 
le  pays,  la  hache  est  vite  dans  votre  poche;  et  le  paysan  est  sou- 
vent très  heureux  de  vous  avoir  fait  plaisir. 


Le  Chien  en  Préhistoire. 

M.  Georges  Baquié.  —  Le  Chien  magdalénien  a  été  découvert 
dans  le  massif  rocheux  de  la  Clape  (Aude),  à  la  grotte  de  la  Crou-^ 
rade  (Environs  de  Gruissan).  [Fouilles  delà  Commission  Archéo- 
logique de  Narbonne.  Fouilles  de  Tournai  (Au  musée  de  Nar- 
bonne).  Fouilles  de  L.  Ferlus-Baquié].  Ce  dernier  découvrit,  une 
mâchoire  inférieure,  fort  bien  conservée  (Collection  Ferlus,  à  Foix, 
Ariège),  ainsi  que  des  fragments  de  mâchoires  de  «  Sus  »  (Col- 
lection G.  Baquié,  Nissan,  Hérault). 

M.  Gaurichon.  —  Je  signale  un  oompte-rendu  des  séances 
de  l'Académie  des  Sciences  (27  mars  1911),  une  très  intéressante 
note,  au  point  de  vue  de  Y  origine  du  Chien. 


Découverte    d'un    Souterrain  en  Haute-Savoie. 

[Prise  de  Daté]. 

M.  Emile  Vuarnet  (Messery,  Haute-Savoie).  —  En  automne 
1909,  M.  Jordan  labourait  dans  un  champ,  appelé  les  Champs 
d'Argy,  proche  le  Château  de  Jouvernex,  commune  de  Margen- 
cel  (Haute-Savoie).  Le  terrain  argileux  céda  tout  à  coup;  et  un  des 
bœufs  de  l'attelage  s'enfonça  à  moitié  dans  une  Excavation  incon- 
nue, de  forme  ovoïde,  ayant  lm70  de  profondeur  sur  autant  de 
largeur  sans  aucune  muraille;  un  canal  étroit  dégorgeant  sans 
doute  à  30  mètres  dans  un  ravin  en  assurait  le  drainage.  Il  n'y 
avait  rien  dans  cette  cachette.  En  hersant,  le  fils  de  la  maison 
trouva  non  loin  de  là  un  petit  Serpent  à  double  tête,  en  or,  d'un 
travail  très  fin  ;  je  l'ai  acheté.  Dans  le  village  de  Jouvernex,  j'ai 
acheté  également  un  petit  lion,  en  bronze,  ayant  la  patte  droite 
sur  l'S  symbolique  gaulois  de  la  même  grandeur,  et  de  la  même 
forme  que  mon  double  serpent  en  or.  Ce  petit  lion  avait  été 
trouvé  dans  les  champs  communaux  de  Jouvernex  en  1865,  au 
milieu  de  débris  de  murs. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  193 

M.  de  Paniagua  (Bulletin  de  novembre  1906,  page  483)  a  donné 
l'étymologie  du  mot  «  Aargilles  »,  qui  en  Italie,  veut  dire  Souter- 
rain (1)  ;  nous  aurions  là  pour  les  Champs  (TArgy  l'explication  du 
nom. 

Haches  en  pierre  clans  les  murs  de  Maisons». 

M.  E.  Vuarxet  (Haute-Savoie). —  Je  citerai  les  faits  suivants.  A 
Annemasse  (Haute-Savoie),  un  employé  de  la  gare  a  trouvé, 
dans  le  courant  de  1910,  une  hache  en  pierre,  en  démolissant  un 
vieux  mur. 

Voici  la  liste  des  haches  en  pierre  trouvées  dans  le  Nord  de 
la  Haute-Savoie  ces  années  dernières,  et  que  j'ai  pu  savoir. 

Yvoire,  sur  le  bord  du  lac  de  Genève,  deux  haches  trouvées  par 
M.  le  baron  d'Yvoire,  au  lieu  dit  les  Raynaudes.  —  Sciez,  une 
hache,  trouvée  en  découvrant  une  carrière  de  pierre,  sur  le  Mont- 
de-Boisy,  proche  la  chapelle  de  Chavannex,  par  M.  Guyon,  tail- 
leur de  pierres  (égarée).  —  Margencel,  une,  trouvée  dans  les 
champs  de  Jouvenex,  vendue  à  M.  l'abbé  Lavorel.  —  Saint- 
Didier,  trois,  trouvées  en  levant  de  la  terre  pour  la  tuilerie  de 
Ballaison;  c'est  dans  ces  lieux  qu'on  avait  trouvé  les  fers  de 
chevaux,  que  j'avais  présentés  Tan  dernier  et  qui  sont  gaulois,  un 
clou  adhérent  ayant  une  tête  en  clef  de  violon.  —  Collonges- 
sous-Salève(2),une  hache  trouvée  par  M.Paul  Taponnier. — Ce  qui 
fait  au  total  neuf  haches  en  pierre,  dont  une  trouvée  dans  un  mur. 


A  propos  des  Figures  en  triangle  gravées  sur 
les  Haches  ou  peintes  sur  les  Maisons. 

M.  Marcel  Baudouin  rappelle    que,    dans  un   mémoire   sur  les 
•"ouilles,  faites  sur  l'emplacement  de  l'îlot  Amiral  à  Carthage,  M. 
^hilippe  Berger  a  appelé  l'attention  de  l'Académie  des  Inscrip- 
ions  sur  diverses  lignes,  symboles  et  caractères  puniques,  qu'on 
mve,  soit  peints  à  l'encre,  soit  gravés  au  trait,  sur  les  blocs  des 
mbassements  puniques  de  cet  îlot.  Il  les  a  rapprochés  des  signes 
îalogues,  trouvés  sur  les  fondations  du  temple  de  Jérusalem,  et 
)lus  récemment  sur  les  murs  du  temple  d'Eryx,  en  Sicile,  et  en- 
par  M.  Clermont  Ganneau  à  Tripoli. 
D'un  autre  côté,  M.  Dieulafoy  a  pris  texte  du  Triangle  de  Tanit, 

(1)  D'après  Strabon,  liv.  V.,  chap.  IV. 

(2)  Salève,  montagne  qui  domine  Genève  et   Saint-Julien,  rappelle  les  Saluai  et 
Salasses. 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  13 


194  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

gravé  sur  les  pierres  de  taille,  à  côté  des  marques  de  tâcherons, 
pour  montrer  que  le  Triangle  équilatèral  avait  joué,  dans  l'anti- 
que Orient,  un  rôle  analogue  à  celui  du  Triangle  rectangle  en 
Egypte.  L'un  et  l'autre  étaient  considérés  comme  sacrés.  C'est 
une  preuve  nouvelle  qui  vient  s'ajouter  à  celles  qu'il  avait  don- 
nées, en  étudiant  la  restitution  du  Mausolée  d'Halicarnasse.  A 
l'appui  de  cette  curieuse  interprétation  des  propriétés  géométri- 
ques du  triangle  équilatèral,  M.  Dieulaloy  a  rappelé  que  Xéno- 
crate,  de  Chalcédoine,  interprète  des  superstitions  scientifiques 
de  l'Orient,  professait  lui  aussi  que  le  Triangle  équilatèral  était 
le  symbole  de  Dieu.  On  s'explique  ainsi  le  rôle  considérable  joué 
par  cette  figure  dans  les  tracés  des  édifices  élevés  par  les  Chal- 
déens,  les  Perses,  puis  les  Grecs  d'Asie  mineure,  les  Grecs  d'Eu- 
rope, et  lesRomains.  Ajoutons  que  sans  doute,  il  en  fut  de  même 
chez  bien  d'autres  peuplades  plus  anciennes  (Celtes,  Gaulois,  etc.). 


\  propos  de  l'Atlantide. 

M.  E.  Vuarnet  (Haute-Savoie).  —  M.  Pol  Baudet  [dans  le  Bul- 
letin de  février,  page  122]  a  rappelle  un  article  du  Journal  du 
2  février  1910,  au  sujet  de  l'Atlantide.  J'ai  conservé  à  ce  sujet  une 
coupure  de  Y  Autorité.  —  Voici  la  copie  d'une  partie  de  ce  texte  : 

«  On  mande  de  Lomé  (Togoland)  a  la  Gazette  de  Francfort 
que  le  chef  de  l'expédition  allemande  des  explorations  dans  l'in- 
térieur de  l'Afrique,  M.  LeoFrobenius,  croit  avoir  découvert,  dans 
l'hinterland  du  Togoland,  les  traces  de  l'Atlantide...  Platon, 
dans  le  Timée  et  le  Critias,  rapporte  qu'un  prêtre  Egyptien  avait 
raconté  à  Solon  qu'une  île  de  l'Océan  Atlantique  plus  grande  que 
l'Asie  et  la  Lybie  prises  ensemble,  avait  sombré  dans  la  mer,  à  la 
suite  d'un  tremblement  de  terre.  Or  M.  Frobenius  a  déterré  une 
tête  de  bronze,  antique,  d'un  beau  travail  artistique,  et  portant  les 
insignes  de  Poséidon,  qui,  d'après  les  traditions  des  indigènes, 
•serait  le  fondateur  de  leur  Etat,  et  qu'ils  appellent  dans  leur 
langue  «  Olokoun  »,  c'est-à-dire  Dieu  des  Mers.  Cette  tête,  d'a- 
près les  esquisses  et  photographies  qui  sont  parvenues  en  Eu- 
rope, n'a  rien  du  type  nègre  ;  elle  est  fondue  en  creux  à  l'inté- 
rieur ;  et  les  formes  de  la  surface  extérieure  sont  aussi  fines  que 
tout  ce  qu'a  laissé  la  fonte  des  beaux  modèles  de  l'antiquité  ;  les 
traits  sont  vivants  ;  la  figure  est  du  haut  au  bas,  jusque  sous  le 
menton,  tatouée  en  lignes  parallèles  très  délicates,  juste  le  genre 
de  tatouage  que  les  indigènes  de  la  région  pratiquent  encore  ac- 
tuellement. Les  légendes  de  ce  peuple  parlent  du  reste  d'une 
ville  royale  de TOlokoun,  qui  aurait  été  enfouie,  et  dont  le  don- 
jon était  protégé  par  un  mur  intérieur  de  laiton  {Bronze)  ». 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


195 


Trouvaille  de  Vases  anciens. 
[Prise  de  Date]. 

M.  le  Dr  Naulix (Paris).  —  Un  de  mes  amis,  M.  le  Dr  Verrier  (de 
Thouars,  Deux-Sèvres),  m'a  montré,  il  y  a  quelques  jours,  quatre 
vases,  qui  m'ont  semblé  présenter  un  certain  intérêt.  Dans  un 
mur,  datant  de  150  à  200  ans,  qu'on  démolissait,  des  maçons  trou- 
vèrent, dans  une  petite  cachette,  trois  vases  semblables  à  celuique 
je  vous  présente,  et  en  assez  bon  état  de  conservation.  Ils  conte- 
naient une  matière  blanchâtre,  res- 
semblant à  de  la  chaux.  Un  seul  de 
ces  vases  portait,  au  niveau  du  col, 
antérieurement,  une  bavure  en  V, 
de  4  centimètres  de  large  sur  6  de 
haut,  d'un  beau  vernis  vert  noirâtre, 
tranchant  sur  la  terre  bise. 

Ce  qui  frappe,  et  surprend,  dans 
ces  quatre  vases,  c'est  le  trou,  fait 
dans  le  fond,  «pa/if  la  cuisson,  de  l'ex- 
térieur à  l'intérieur,  dans  lequel  s'ap- 
plique exactement  l'extrémité  du  petit 
doigt  {Fig.  1  . 

Quelle  date  assigner  à  ces  vases?  A 
quel  usage  étaient-ils  destinés?  C'est 
ce  que  je  viens  demander  a  mes  sa- 
vants collègues. 

Il  est  certain  qu'avant  d'être  enclos 
dans  ce  vieux  mur,  les  vases  ont  été 
trouvés  dans  un  lieu  voisin,  puisque 
les  morceaux  manquants  ne  se  trou- 
vaient pas  dans  la  cachette  ! 

Ainsi  que  me  l'a  fait  remarquer 
notre  savant  Secrétaire  général,  M. 
le  Dr  M.  Baudouin,  ces  vases,  datant 
de  l'époque  mérovingienne  ou  caro- 
lingienne, sont,  probablement,  des 
Vases  acoustiques  ou  à  rèsonnance,  destinés  à  renforcer  la  sono- 
rité d'une  église  ou  d'une  chapelle.  Inclus  dans  la  maçonnerie 
d'un  mur,  le  petit  trou  affleurant  la  paroi  intérieure  du  mur,  l'air 
y  pénétrait  sous  forme  de  vibrations,  due  h  la  parole  ou  à  la  musi- 
que, et  y  subissait  un  renforcement  de  vibrations,  dû  à  Y  extrême 
cuisson  de  la  terre  mince  et  douce,  augmentant  ainsi  la  grandeur 
de  l'acoustique. 


Fig.  I .  —  Vase  à  trou  au  niveau  du 
fonà .  —  Echelle  :  1/2  grandeur  ;  — 
Légende  :  P.  Panse;  —  F,  F',  fond  ; 
—  T,  T.  Trou  :  —  c,  bas  du  vase  ;  — 
C,  col. 


0 


196  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

M.  Marcel  Baudouin  ma  rappelé  que,  dans  l'église  de  La 
Chartreuse,  du  Liget,  près  de  Loches,  le  Congrès  préhistorique 
de  France,  en  1910,  a  pu  voir,  en  place,  une  série  de  vases  de  cette 
sorte,  tout  en  reconnaissant  la  rareté  de  leur  spécimen.  Il  con- 
naît une  ou  deux  vieilles  églises  de  Vendée,  aujourd'hui  détrui- 
tes, qui  en    possédaient  (Givrand,  Apremont,  etc.). 

M.  le  Dr  M.  Baudouin  ajoute  que  M.  le  PrEd.  Perrier,  dans 
l'une  de  ses  dernières  chroniques  scientifiques  du  Temps,  en  don- 
nant la  théorie  des  bruits  qui  se  font  entendre  dans  les  grosses 
coquilles  de  Gastéropodes  marins  appliquées  contre  l'oreille,  a 
donné  des  explications,  qui  peuvent  s'appliquer  aussi  à  la  réson- 
nance  de  ces  vases. 

La  théorie  des  résonateurs,  qu'on  trouve  dans  tous  les  ouvra- 
ges de  physique,  permet  de  comprendre  ce  qui  se  produit. 

Puisqu'il  y  a  du  mortier  de  chaux  à  l'orifice  des  vases  [Col),  c'est 
bien  le  trou  du  fond,  qui  correspondait  à  la  paroi  intérieure  du 
mur  de  l'église  ou  chapelle,  malgré  la  petitesse  de  l'orifice. 


Découverte  d'une  Pierre  à  Cupules  dans  l'Isère. 

[Note  de  Prise  de  Date], 

M.  H.  Muller  (Grenoble).  —  J'annonce  à  la  S.  P.  F.  la  décou- 
verte, faite  le  12  mars  1911,  d'un  bloc  erratique  avec  cupules,  au  lieu 
dit  le  Bigot,  commune  de  Saint-Martin-d'Hères  (Isère),  à  6  kilo- 
mètres de  Grenoble  [Propriété  de  M.  Ducros  de  l'Isle].  Cette 
pierre  a  une  face  nord-est,  qui  a  été  ravalée  sur  lm70  -j-  0m80. 

Cette  face  porte  environ  45  cupules  diverses,  de  petites  di- 
mensions. La  description  en  sera  donnée  ultérieurement. 


Pierres  à  Cupules  dites  des  Francs-Maçons. 

M.  Jacquot  (Grenoble).  —  On  me  signale,  comme  rocher  à 
cupules,  une  nouvelle  Roche  des  Francs-Maçons.  On  sait  qu'en 
Chablais,  plusieurs  blocs  à  cupules  ont  la  même  appellation. 
Est-ce  parce  que  bon  nombre  de  ces  roches  portent  un  ou  plu- 
sieurs groupements  de  cupules  en  triangle  ?  Ou  bien  faut-il  voir' 
là  une  très  vieille  tradition  ?  Le  fait  est  à  étudier. 

Les  Francs-Maçons,  au  xvne  siècle,  se  réunissaient  souvent  dans 
les  bois,  pour  y  tenir  leurs  Assemblées  à  l'abri  des  surprises. 
Les   Francs-Maçons    étaient    autrefois  regardé  comme   des  dé 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  197 

mons,    des   personnages     dangereux    et    un    peu    fantastiques. 

Je  croyais  du  reste  cette  appellation  restreinte  aux  environs  de 
Thonon.  La  lecture  de  l'Histoire  de  Cherpin  (1)  m'a  fait  réfléchir  ; 
comme  il  fait  remonter  les  Francs-Maçons  à  un  âge  extrêmement 
ancien,  il  n'y  aurait  pas  impossibilité  aune  corrélation  entre  la 
pierre,  le  nom,  et  la  chose. 

Voici  maintenant  les  indications  relatives  à  l'emplacement  de 
la  Pierre  des  Francs-Maçons,  qu'on  a  vérifiées. 

Bonneville  (en  Fauci^nv).  Haute-Savoie,  environ  1/2  h.  di- 
rection  nord-est,  derrière  le  Château  Blanc,  hors  de  tout  chemin, 
mais  non  loin  d'un  mauvais  sentier,  à  quelque  distance  dans  les 
bois,  sur  le  versant  sud  d'un  crèt  ;  pas  de  vue  immédiate;  on  n'a- 
perçoit que  le  sommet  du  crèt  voisin,  ou  plutôt  les  grands  arbres 
de  ce  crèt.  Pierre  des  Francs-Maçons  :  en  calcaire.  Les  trois 
points  sont  les  sommets  d'un  triangle  équilatéral,  de  6  mètres 
de  côté,  bien  marqués.  En  dessous  de  la  pierre,  une  fente.  On 
aurait  trouvé,  il  y  a  une  dizaine  d'années,  des  débris  de  papiers 
fort  anciens  [D'après  M.  P.  Boccaccio,  élève  de  Math,  spéc] 


Découvertes  d'Objets  en  Or. 

M.  A.  Coi sset(E  taules).—  La  France  de  Bordeaux  annonce  qu'une 
découverte,  d'un  intérêt  assez  considérable,  vient  d'être  faite  à 
Rongères.  En  creusant  dans  son  champ,  un  fossé  de  drainage,  M. 
Dernonnet  a  ramené,  h  la  surface,  un  objet  de  la  grosseur  du  poing, 
ayant  l'apparence  du  métal  ;  après  l'avoir  plongé  dans  l'eau  pour 
le  débarrasser  de  la  terre  qui  le  souillait,  il  n'a  pas  été  peu  sur- 
pris de  voir  apparaître  un  Vase  en  Or,  contenant  un  Bracelet,  un 
anneau,  et  deux  spirales  de  même  métal.  Le  vase  et  le  bracelet 
portent  des  ornementations  en  volutes,  suffisamment  typiques 
pour  qu'on  puisse,  sans  hésitation,  parait-il,  les  faire  remontera 
la  fin  de  la  première  moitié  de  l'époque  du  Bronze. 


A  propos  du  Capsien. 

«M.  le  Dr  R.  Collignon  (de  Cherbourg)  écrit  que,  puisqu'on 
scute  sur  le  Capsien  [Bulletins  S.  P.  F.,n°  11,  1910,  p.  595  ; 
1911,  n°  1,  p.  43],  il  se  permet  d'adresser  une  légère  rectifica- 
tion aux  prétentions  des  divers  belligérants.  C'est  lui  qui,  en 
1884,  c'est-à-dire  16  ans  avant  M.  Jacquot,et  25  ans  avant  M.  de 

(1)  Hist.  pkil.  de  la  Franc-Maçonnerie ,  —  Lvon,  1850. 


198  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Morgan,  a  découvert  les  gisements  de  Gapsa.  Il  les  a  signalés 
en  1886  a  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris;  puis  longuement 
décrits  dans  les  Matériaux  pour  l'histoire  de  C  Homme,  les  âges 
de  la  pierre  en  Tunisie  (3e  série,  tome  IV,  1887,  mai,  p.  171  à 
205).  Il  ajoute  que  ses  Collections  sont  visibles  partie  au  Muséum, 
partie  au  Trocadéro;  qu'elles  ont  figuré  à  l'Exposition  universelle 
de  1889,  et  qu'elles  comprenaient  plusieurs  milliers  de  pièces, 
dont  les  premiers  silex  Chelléens  trouvés  en  Tunisie. 


Etablissement  romain  en  cours  d'exploration, 
situé  à  Saint- Aubin-sur-Gui  lion  (Eure.) 

[Prise  de  Date}. 

M.  Georges  Poulain  (de  Saint-Pierre-d'Outils,  Eure).  —  Saint- 
Aubin-sur-Guillou  est  une  commune  de  613  habitants,  située  à  1  kil. 
500  de  Guillon,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Louviers 
(Eure) .  A  environ  200  mètres  de  l'église,  vers  l'ouest,  sur  le  penchant 
d'une  pente  descendant  vers  un  coquet  petit  vallon,  existe  au  triage 
des  «  Motelles  »,  enfouis  sous  d'épais  taillis,  les  vestiges  d'un  éta- 
blissement romain,  assez  important. 

Cette  villa  se  compose,  d'après  les  substructions  à  peine  visibles 
à  la  surface  du  terrain  boisé,  de  plusieurs  corps  de  bâtiments,  avec 
édifice  central,  entourés  d'un  mur  de  clôture.  Ces  restes  sont  recou- 
verts par  l'humus  formé  par  les  feuilles  des  arbres  accumulées  de- 
puis tant  de  siècles. 

J'ai  commencé  en  novembre  1910  l'exploration  de  l'édifice  central, 
qui  affecte  la  forme  d'un  carré  de  15  mètres  de  côté.  Le  mur  exté- 
rieur, qui  a  été  en  partie  enlevé,  offrait  une  épaisseur  de  1  mètre- 
Ayant  commencé  à  déblayer  l'intérieur,  les  ouvriers  ont  mis  au  jour 
un  pavage  en  béton,  à  1  mètre  d'élévation  au-dessus  du  sol  environ- 
nant. Une  large  dalle  en  calcaire,  trouvée  peu  après,  nous  ont  appris 
que  le  béton  sous-jacent  en  supportait  d'autres,  formant  le  pavage 
proprement  dit  de  l'édifice. 

Sur  le  côté  sud,  à  l'intérieur,  à  3  mètres  du  mur  d'enceinte,  j'ai 
mis  à  découvert  un  second  mur,  parallèle  au  premier,  ayant  aussi 
1  mètre  d'épaisseur,  construit  en  silex.  Ce  mur  était  revêtu  de  pein- 
tures murales  noires,  rouges,  jaunes,  bleues  et  vertes,  disposées  en 
bandes  horizontales  et  parallèles  :  le  noir  formant  stylobate.  Des 
tuiles  à  rebord,  de  larges  briques  et  quelques  morceaux  de  poteries, 
ont  été  trouvés  dans  les  quelques  mètres  carrés  débarrassés  de  leur 
couverture  de  terre.  En  même  temps,  j'ai  fait  ouvrir  une  tranchée  à 
l'extérieur  de  la  façade  est,  qui  me  semblait  cacher  l'entrée  de  l'é- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  199 

dicule.  Sous  une  grande  épaisseur  de  terre  végétale,  j'ai  recueilli 
parmi  des  débris  de  démolition,  à  4  mètres  environ  de  la  muraille, 
une  série  de  moyens  et  petits  bronzes,  partant  de  Lucius  Vérus 
(mort  en  169)  jusqu'à  Constantin  II  337-340),  ainsi  que  des  cols 
d'amphore,  un  goulot  de  fiole  en  verre  bleu,  une  petite  ligula  en 
bronze.  Poursuivant  la  tranchée  vers  le  mur,  on  se  heurta  à  un  bloc 
de  maçonnerie  semblant  former  le  perron  d'entrée.  J'ai  interrompu 
mes  touilles  à  cause  de  circonstances  imprévues,  mais  je  les  repren- 
drai bientôt  et  tiendrai  la  Société  au  courant  de  leur  résultat.  Je 
pense  être  en  présence  d'un  de  ces  fana  ou  petits  temples  gallo-ro- 
mains, assez  communs  dans  notre  contrée  normande,  et  qu'à  si  bien 
étudiés  le  distingué  conservateur  du  Musée  d'Antiquités  de  Rouen, 
M.  Léon  de  Vesly.  —  Du  reste,  la  fin  de  l'exploration,  nous  dira  le 
dernier  mot. 


Y. 


COMMISSION  DES  ENCEINTES. 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  préhistoriques 

et    Fortification-*   anhistoriques. 

M.  Armand  Viré,  président  de  la  Commission  dépose  le  46e  rap- 
port. 

—  M.  le  baron  du  Blaisal,  complétant  les  renseignements  qu'il 
nous  a  jadis  donnés  B.  S. 
P.  F.,  24  novembre  1910, 
rapport  42,  p.  569  nous 
envoie  le  plan  de  la  ferme 
de  Parenty  (Pas-de-Ca- 
lais ,  avec  la  butte  et  son 
souterrain.  Celui-ci  part 
d'une  chambre  qui  se  trouve 
à  6  m.  ou  7  m.  de  profon- 
deur dans  le  puits  de  la  fer- 
me. La  Société  des  Antiquai- 
res du  Boulonnais  aurait  fait 
jadis  des  fouilles  dans  la 
butte. 

—  M.  P.  Chanfreau  nous  Kig  4  ~  Butte  et  Souterrain  de  Parenty- 
donne  des  notes  sur  quelques  stations  des   Bouehes-du-Rhône, 
quil  qualifie  d'oppida.  sans    toutefois   que   ses  descriptions  soient 
convaincantes,  quant  à  l'existence  d'une  véritable  fortification. 


200  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  signale:  1°  la  station  du  Grand-\ alat, 
commune  de  Velaux,  avec  poteries  et  silex,  découverte  par  notre  col- 
lègue M.  Stanil  Clastrier  ;  2°  le  camp  néolithique  du  plateau  nord- 
est  du  château  de  Bruny,  commune  de  Berre  :  couche  de  cendres  et 
charbons  d'environ  0m60  d'épaisseur,  avec  silex  et  poteries  ;  3°  Plaine 
de  la  Fontaine  Canourgue,  commune  de  Rognac,  près  de  l'étang  de 
Berre  :  poteries  romaine,  poteries  plus  anciennes,  silex. 

—  M.  Cormery  nous  indique  l'existence  d'un  Camp  de  César,  au 
lieu  dit  le  Huttereau,  à  3  kil.  sud  d'Angers  (Maine-et-Loire),  à  gauche 
de  la  petite  route  d'Angers  à  Sainte-Gemmes-sur-Loire,  enceinte 
rectangulaire,  les  grands  côtés  nord  et  sud  mesurant  environ  300  m. 
les  autres  100  à  120  m.  Brèche  dans  la  levée  pour  l'exploitation  du 
champ. 

—  M.  L.  Coutil  nous  donne  d'intéressants  renseignements  sur 
l'Eure.  La  commune  de  Farceaux  lui  a  permis  d'observer  des  mon- 
ticules, où  des  fouilles  ont  fait  voir  des  constructions  relativement 
récentes. 

1°  Hameau  de  la  La  Londe.  —  La  butte  de  la  Londe  est  une  butte 
rasée  mesurant  encore  comme  élévation  3  m.  environ.  La  longueur 
totale  de  l'axe  au  vestibule  est  de  8'"60,  la  longueur  d'une  cellule  à 
l'autre  est  de  5  m.  40;  la  hauteur  du  sol  au  sommet  de  la  voûte  de 
2  m.  Chaque  angle  du  mur  était  en  pierre  avec  moulures  très 
simples  pour  le  centre,  angle  abattu  en  dessous,  et  arrachement  pour 
les  murs  en  silex. 

A  la  base  il  y  avait  une  couche  deO  m.  15  de  cendres,  et  au-dessous» 
de  l'argile  cuite,  ce  qui  prouve  que  l'on  avait  fait  du  feu.  Fragments 
de  poterie  en  grès  dur  et  blanc,  quelques  ossements  d'animaux  ; 
quelques  fragments  de  poterie  vernie  du  xm  et  xive  siècle,  tuiles  très 
larges,  mais  peu  épaisses,  avec  une  agrafe;  une  penture  de  porte  en 
fer,  un  fer  et  un  verrou. 

Les  murs  avaient  1  m.  50  de  hauteur. 

Le  premier  caveau  était  complètement  enduit  de  plâtre. 

2°  Nous  avons  observé  une  autre  cave  du  même  genre,  mais  un  peu 
oblique  au  centre  de  l'énorme  Motte  d Hacqueville  (Eure),  dite  du 
Vieux  château,  sur  la  plate-forme  de  laquelle  se  trouve  une  ferme. 
On  y  accède  par  un  escalier  partant  du  milieu  de  la  butte,  un  soupi- 
rail latéral,  aère  ce  caveau,  qui  se  trouve  à  environ  2  à  3  kilomètres 
du  précédent. 

3°  Nous  signalerons  une  autre  caveau  analogue,  sous  la  butte  de  la 
Bucaille,  motte  entourée  de  fossés,  avec  demi-lune  et  fort  en  avant;  la 
motte  est  aplatie  et  a  été  surmontée  jadis  d'une  chapelle  du  xne.  La 
Bucaille  dépend  de  la  commune  de  Cuiseniers  (Eure),  arrondissement 
des  Andelys. 

Le   Camp  des  Chatelets,  commune  de  Champ  Dolent,  canton  de 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  201 

Conches  Eure),  est  une  enceinte  rectangulaire  de  100  m.  sur  76m.' 
le  côté  nord  peu  élevé,  avec  unebrèche  produite  par  l'extraction  des 
cailloux  ;  le  côté  est,  peu  élevé,  son  fossé,  fait  face  à  la  plaine  ;  le  côté 
sud  a  une  partie  de  34  mètres  assez  élevée,  avec  léger  fossé,  bornant 
la  plaine  faisant  face  à  la  commune  de  Nogent-le-Sec.  Une  partie  de 
44  m.  est  complètement  détruite.  Le  côté  qui  regarde  Champ  Dolent  est 
mieux  conservé,  sauf  vers  l'extrémité  nord  ou  il  s'infléchit.  Les  côtés 
sud  et  ouest  mesurent  de  3  à  4  m.  au  maximum  ;  un  fossé  est  apparent 
sur  les  côtés.  A  500  mètres  au  nord-ouest,  dans  le  bois,  villa 
romaine  du  Haut  guet  fouillée  en  1904,  mesurant  6  m.  sur  6  m.,  les 
fondations  en  très  mauvais  état;  au  centre,  vestiges  de  mosaïque,  à 
800  m.  de  l'église. 

M.  L.  Coutil  a  décrit  ce  camp  dans  le  journal,  le  Courrier  de  l Eure, 
vers  1890. 

D'autres  retranchements  et  une  motte  se  trouvent  au  confluent  de 
la  vallée  de  l'Iton,  à  quelques  centaines  de  mètres  de  ce  camp,  situé 
sur  le  plateau,  ce  qui  est  assez  rare,  tandis  que  cette  butte  se  trouve 
au  bord  d'un  promontoire  et  sur  cette  même  commune  de  champ 
Dolent. 

A  Evreux  dominant  la  ville,  sur  le  coteau  de  Saint-Michel-aux- 
Anges,  on  distingue  une  levée  de  terre  et  un  large  fossé  exactement 
dans  l'axe  du  transept  de  la  cathédrale,  formant  ainsi  un  éperon  barré. 
Le  talus  et  le  fossé  dirigés  du  nord  au  sud,  mesurent  environ  140  m. 
de  longueur;  le  fossé  mesure  entre  35  m.  de  large  au  nord  et  jusqu'à 
50  m.  au  sud;  un  chemin  traverse  obliquement  le  talus.  A  côté,  réser- 
voir des  eaux,  plus  loin  chapelle  de  Saint-Michel  vers  l'est.  Le  talus 
a  de  4  à  5  m.  de  hauteur  et  8  m.  du  fond  du  fossé. 

Le  Vieux  Château,  à  Montreuil-l'Argillé,  canton  de  Broglie  (Eure  , 
est  sur  la  rive  droite  de  la  Guiel,  à  l'extrémité  du  bourg  à  flanc  de 
coteau  ;  on  aperçoit  une  élévation  rectangulaire  entourée  de  fossés 
très  apparents  surtout  du  côté  du  coteau.  Sur  le  côté  nord  on  voit 
très  distinctement  un  appartement  rectangulaire.  Sur  la  paroi 
faisant  face  à  la  côte,  le  talus  est  naturellement  très  élevé,  et  pour 
dominer  le  coteau  on  avait  élevé  une  tour  qui  se  voit  encore  ;  une 
ouverture  ou  porte  existait  de  ce  côté.  On  sait  que  ce  fort  fut  assiégé 
dès  1035  par  le  comte  de  Brionne.  Il  est  à  peu  près  de  la  même 
époque  que  les  buttes  d'Echanfray,  situées  à  10  kilomètres,  et  que 
nous  avons  déjà  reproduites. 

A  1.000  m.  dans  la  vallée,  vers  le  sud,  on  voit  une  immense  levée 
qui  barre  de  part  en  part  cette  vallée  ;  le  sommet  aplati  mesure  30  m. 
au  centre  une  échancrure  de  8  à  10  m.  où  passe  la  Guiel  ;  aux 
deux  extrémités,  il  y  a  aussi  un  passage  pour  les  eaux  de  la  vallée; 
on  nomme,  ces  buttes  boisées,  buttes  de  la  Geôle.  L'élévation  de  ces 
talus  est  d'environ  10  m.,  sur  22  m.  de  large  à  la  base;  on  prétend 


202  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

dans  le  pays  que  les  Anglais  assiégeant  Montreuil  auraient  élevé  ce 
retranchement,  afin  de  barrer  la  rivière  ;  puis,  quand  il  y  aurait  eu 
assez  d'eau,  ils  auraient  fait  les  trois  brèches  et  les  eaux  se  précipi  • 
tnatsur  la  ville,  l'auraient  détruite.  Il  aurait  fallu  de  grandes  vannes 
mobiles,  car  autrement  on  n'aurait  pu  rien  obtenir  de  sérieux.  Les 
fossés  latéraux  ont  25  à  30  m.  de  large.  Il  s'agit  là  d'un  véritable 
retranchement  ou  les  eaux  aidant,  la  vallée  se  trouvait  défendue;  de 
plus  cet  endroit  marécageux  était  inaccessible. 

—  Voici  le  relevé  qu'a  bien  voulu  faire  pour  nous,  d'après  son 
Inventaire  des  découvertes  archéologiques  du  département  des  Côtes- 
du-Nord  publié  par  la  Société  d'Emulation  des  C.-du-N.,  M.  A.  L. 
Harmois,  des  noms  d'enceintes,  retranchements,  mottes  etc.,  de  l'ar- 
rondissement de  Dinan,  pour  faire  suite  à  l'arrondissement  de  Guin- 
gamp,  donné  dans  notre  précédent  rapport  (B.  S.  P.  F.,  t.  VIII,. 
p.  130). 

Arrondissement  de  Dinan  (1).  —  Aucaleuc,  (La  Barre,  La  Motte 
des  Fontaines). — Bobital,  plusieurs  enceintes.  — Bouillie  (la),  Les  Fos- 
sés-Normands, (Les  Fossès-Méheust),  La  Haie,  La  Motte-Pugneix.  — 
Bourseul,  Les  Portes,  La  Vieille  Porte,  La  Porte  Gougon,  La  Motte- 
au-Marais.  —  Corseul,  La  Motte-Vieux,  Montdfîlant.  —  Dolo, 
(L'Echaussée,  Haie),  UEchaussée-Village.  —  Eréac,  Le  Châtellier, 
(Les  Fossés),  Motte  du  Châtellier.  —  Guenroc,  Les  Fossés.  — Guitté, 
(Les  Haies,  La  Mardelle). —  Hénanbihen,  Motte-du-Cruchon,  (Les 
Fossés,  Les  Murs, La  Haie).  —  Hénansal,  Durétal,  Motte  de  Sourtoué, 
Saint- Gueltas,  (Les  Forges).  — Landébia,  (Les  Fossés). —  Landec 
(la)  La  Combe,  (Les  Portes).  —  Langrolay,  Le  Châtelet,  (La  Hous- 
sage.  — Languenan,  Motte  près  de  Véglise,  Motte  âlaVille-ès-Rage, 
(Le  bois  de  la  Motte).  —  Lanrelas,  (Le  Châtel,  La  Douve).  —  Lan- 
vallay,  (Les  Rocheforts),  —  Lescouet-Jugon,  La  Rue  du-Pont- Douve. 
—  Matignon,  Motte  appelée  La  Butte-au:Coq.  A  la  Motte  il  y  avait 
deux  autres  mottes.  Motte  appelée  le  Château.  Un  camp  retranché 
existait  à  l'est  de  Matignon.  —  Le  Courtil,  Muret,  Le  Tertre-Bagot, 
Le  Te  rtre-auX- Loups.  —  Mégrit,  Les  Forges.  —  Notre-Dame-du- 
Guildo,  (Le  Châtelet,  Le  Parc).  —  Plancoët,  Le  Château,  (Le  Grand 
et  le  Petit  Trait,  le  Tertre).  —  Pléboulle,  (La  Motte-Colas,  Le  Meur~ 
tel),  —  Plédéliac,  retranchement  ayant  80  mètres  de  côté  sur  6  mètres 
de  hauteur,  motte  au  centre  et  aux  quatre  angles.  Se  trouve  sur  le 
bord  de  l'Arguenon.  —  Plélan-le-Petit,  Motte  féodale  avec  vestiges 
d'enceinte  fortifiée.  —  (Les  Fossés,  Le  Pont-des-Fossés,  Le  ChateU 
La  Hag,  La  Bandelais,  Le  Plessis-  Robert.  L'Echaussée).  —  Plénée- 
Jugon,  (Les  Douves).  —  Pleslin,  (Le  Château  de  la  Motte).  —  Plessis- 
Balisson,  emplacement  de  l'ancien  château,  de  forme  triangulaire  et 

(1)  Les  noms  entre  parenthèses  sont  de  simples  lieuxdits. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  202 

entouré  de  fossés  (moyen  C\ge\  (Les  Loges).  —  Pleudihen,  Motte  au 
village  delà  Motte-Pilandelle .  (Le  Tertre,  La  Tourniole,  La  Forge.  — 
Pleven,  retranchement  de  Bourghensais  (Bourg-Heu-Saos,  fortification 
des  Saxons  ?)  —  Plorec,  Motte  du  Prgtel,  camp  retranché  du  Plessis, 
(La  Cour,  La  Petite  Barrière,  Le  Plessis-Bouëxière).  —  Plouasne, 
Motte  dans  l'étang  de  la  ferme  de  la  Boullaye)  —  Ploubalay,  Motte 
à  la  ferme  de  la  Mortillais;  motte  au  Tertre-Bannier;  motte  à  la  Yille- 
ès-Rage,  (la  Haute-Motte).  —  Plouer,  retranchements  au  Chêne-Vert, 
(le  Petit-Chàtelier).  —  Pluduno,  près  de  îa  Grignardais,  petite  butte 
ayant  en  avant  une  forte  levée  de  terre  large  de  10  mètres.  (Le  Fossé- 
Cralet,  Le  Plessis,  La  Fontenelle,  La  Haie).  —  Plumaugat,  enceinte 
ayant  60  mètres  de  côté;  à  chaque  angle,  petite  élévation.  C'est 
l'emplacement  de  l'ancienne  maison  seigneuriale,  (Les  Loges).  — 
Quévert,  (Le  Bois-Butte).  —  Rouillac,  (La  Vieille-Haie,  La  Douve, 
Le  Tertre).  —  Saint-Cast,  (La  Ville-Lion,  La  Cour).  —  Saint- 
Denoual,  emplacement  de  l'ancien  château  marqué  par  des  talus 
et  des  tossés  peu  apparents  (mogen  âge),  (Le  Chàtel,  Les  Fonte- 
nelles).  —  Saint-Hélen,  (Les  Murs,  Le  Plessit.  Le  Plessis-Gestil,  La 
Motte).  —  Saint- Igneuc,  (La  Barre,  Les  Burons,  La  Noë-Ronde).  — 
Saint-Jacut-de-la-Mer,  (Le  Châtelet).  —  Saint-Jouan-de-1'Isle,  Motte 
avec  douves,  traces  du  donjon.  —  Saint-Judoce,  (Les  Cinq  Sillons). 

—  Saint-Lormel,  (Le  Tertre).  —  Saint-Maden,  (La  Haute-et  Basse- 
Houssage).  —  Saint-Méloir,  (Les  Portes).  —  Saint-Michel  dePlélan, 
(Le  Pré-Rond).  —  Saint-Pôtan,  La  Haugne-Morais,  (Les  Forges.  Le 
Plessis;  La  Fosse).  —  Saint-Samson,  (La  Mardelle).  —  Saint-Solen, 
(Le  Châtelier).  —  Sévignac,  (Les  Vieilles-Portes,  La  Fosselière, 
Les  Tertres,  La  Hautière).  —  Taden,  Au  village  de  Trélat,  ferraria 
antique.  —  Tramain,  Motte  à  la  Ville-Gour,  entourée  de  douves.  La 
Poterne,  La  Clôture.  —  Trédias,  (La  Motte).  —  Tréfumel,  (Le  Tertre). 

—  régon,  La  Vieille-Hautière.  —  Trélivan,  La  Barrière,  (Les  Douves, 
Le  Tertre).  —  Tréméreuc,  (La  Bosserag,  La  Mottag), — Trémeur,  Les 
Portes,  La  Motte.  —  Trigavou,  Motte  au  milieu  de  l'étang  du  château 
la  Motte,  (La  Marche).  —  Vicomté-sur-Rance  (la),  (Le  Chàtellier). — 
Vildé-Guingalan,(L<?s  Tracins).  —  Yvignac,(Z>  Châtelet,  Les  Loges). 

—  Le  Président  de  la  Commission  a  trouvé  à  acheter  pour  les 
archives  une  brochure  intitulée  :  Notes  sur  les  Stations,  les  Oppi- 
dums, les  Camps  et  les  Refuges  du  départementde  Lot-et-Garonne, 
par  G.  Tholin,  Agen  1877. 

C'est  une  bonne  fortune  pour  nous,  car  jusqu'ici  il  n'avait  été  fait 
mention  pour  cette  région  que  de  quatre  enceintes,  dont  une  seule  se 
trouve  dans  le  présent  travail.  Nous  extrayons  les  quelques  notes  qui 
suivent  : 

Agen,  Bellevue;  cap  barré  avec  butte  factice  :  silex,  bronze,  mon- 
naies gauloises,  puits  funéraires,  chevilles  de  fer. 


204  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Agen,  Castillou;  éperon  barré  de  400  m.  de  long  sur  70  à  80  m.  de 
large,  coupé  d'un  fossé  en  son  milieu. 

Birac,  Lamothe;  levées  de  terre  de  5  à  6  m.  de  haut;  butte  factice 
de  48  m.  de  long,  5  m.  de  large,  5  m.  de  haut. 

Brugnac,  Baruteau.  Levées  de  terre  formant  trapèze  et  triplées  au 
nord.  Au  centre,  butte  ovale  de  80m.  X  20  m.  de  diam.  ;  5  à  6  m.  de 
haut  :  squelettes,  boules  de  pierre,  molettes,  poteries. 

Même  commune,  les  Combors. 

Cocumont,  à  Goux;  butte  de  terre  de  40  ares  de  superficie,  élevée 
de  4  à  5  m.  entourée  de  fossés  pleins  d'eau.  Eglise  et  cimetière  du 
xie  siècle.  —  A  la  Tuque  de  Moureau,  camp  retranché,  circulaire 
d'environ  2  hectares.  —  A  Saboureau  autre  refuge. 

Duras.  Près  de  Saint-Cernin  de  Duras,  Castelgaillard.  Cap  barré, 
de  80  à  90  m.  de  diamètre,  coupé  d'un  fossé  de  12  rn.  de  large  et  30m. 
de  long. 

Fauillet,  Lasalle;  fossés  submersibles  ;  deux  enceintes  fortifiées 
au  centre  desquelles  s'élève  une  butte  de  3  m.  de  haut  et  36  m.  de 
diam. 

Grayssas,  Lassalle-Bertrand;  butte  isolée,  ovale,  de  rochers  taillés 
de  main  d'homme,  de  60  m.  sur  15  m.  et  8  m.  de  haut.  :  Squelettes» 
poteries. 

Grateloup,  Lamothe  de  James,  près  Crébessac,  plateau  circulaire 
de  24  ares  de  superficie,  5  à  8  m.  de  haut,  avectossés  profonds,  dou- 
blés à  l'est,  et  restes  de  parapet. 

Grateloup,  Motte  de  Vidouze;  66  m.  à  la  base,  20  m.  au  sommet, 
hauteur  12  m.  Enceinte  en  briques.  Grezeh-Cavagnon,  butte  de  La- 
nau,  et  un  vaste  plateau  muni  de  terrassements. 

Hautefages,  camp  de  Lugo. 

Hauterive,  le  bois  de  Hauterive;  cap  barré  de  350m.  de  long.,  8  à 
10  m.  de  large;  talus,  motte  de  40  m.  de  diam.  et  3  m.  de  haut. 

Hautevigne,  Lamouthe;  grands  terrassements. 

Houeillès,  Castéra,  section  de  Jautan,  butte  circulaire  de  6  m.  de 
haut  ;  fossé  plein  d'eau  de  170  m.   de  tour, 

Houeillès,  Larché,  butte  de  70  m.  de  diam. 

Laroque,  Vitrac  ;  éperon  barré  d'un  fossé;  poterie  grossière  rouge 
et  grise. 

Lavergne,  Grand'Vergne  ;  butte  naturelle  avec  fossé  creusé  de 
main  d'homme;  poterie;  souterrain. 

Lauzun,  près  du  village,  à  gauche  de  la  route  d'Eymet,  butte  fac- 
tice de  210  m.  de  tour,  10  m.  de  haut. 

Moncault,  près  de  Maynard  dans  le  Bois-Noir,  butte  factice  de 
35  m.  X  28  m.  de  diamètre,  4  m.  de  haut,  avec  fossés. 

Montault,  Lamothe;  butte  de  terre  mi-partie  naturelle,  mi-partie 
artificielle,  séparée  du  coteau  par  un  fossé  de  20m.  de  large.  Dimen- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  205 

sions  20  m.  X  50  m.  et  4  m.  de  haut.  Agrafes  de  bronze,  armes  de 
fer;  souterrain. 

Montpouillan,  Château  de  Priâmes;  cap  barré  par  un  tossé;  de 
forme  circulaire,  d'environ  30  m.  de  diam. 

Nicole,  le  Pech  de  Berre;  éperon  barré,  de  165  m.  d'altitude,  coupé 
de  fossés  et  de  levées  déterre  détruits  peu  avant  1877;  poteries, 
meules,  pierres  de  fronde,  silex,  haches  polies.  A  Cap  dou  Moundo, 
fossé  de  3m.  de  large  surlm50  de  profondeur,  rempli  de  terreau  noir 
et  d'ossements  humains. 

Rayet,  Montpeyran  ;  butte  quadrangulaire  de  68  m.  de  long,  30  à 
60  m.  de  large,  4m50  de  haut;  fossés  de  8m.  de  large. 

Réaup,  Lamothe;  butte  pentagonale  entourée  de  fossés  avec  para- 
pet. Nous  avons  déjà  cité  ici  (B.  S.  P.  F.  IV,  1907,  97)  à  Réaup  un 
Camp  de  César.  Est-ce  le  même  ouvrage? 

Rives,  hauts  terrassements  entourés  de  fossés.  Cimetière  et 
église  du  xne  siècle,  avec  fragments  plus  anciens. 

Romestaing.  à  Saboureau,  refuge  rond  en  terre  d'une  contenance 
de  30  ares,  avec  fossé. 

Saint-Pastour,  à  Francoulan,  près  Touni  ;  butte  naturelle  de  70  m . 
long,  10m   de  large,  15m.  de  haut,  entourée  d'un  fossé  avec  para- 

;  en  pierres.  Foyers  et  sépultures. 

Samazan,  Bourgale,  enceinte  quadrangulaire  en  terre  avec  fossé  de 
ares  de  superficie. 

Toutels;  fossés  et  parapet. 

Varès,  au  Jordi,  enceinte  munie  de  fossés  et  deparapets,  dans  une 
ine. 

Villeneuve-d'Agen,  Montfabès,    la  Calvétie  et   Lamothe,  trois  re- 

*es  avec  fossés  détruits  avant  1877,  le  dernier  pourvu  d'une  butte 

rculaire. 

—  M.  H.  Vial,  en  nous  donnant  le  détail  très  étudié  des  intercom- 
mnications  du  système  de  fortifications  dont  il  a  constaté  l'exis- 
;nce  sur  la  chaîne  de  collines  qui  entoure  Cannes  (  Alpes-Mariti- 

îes   à  l'O.  et  au  N.  (v.  B.  S.  P.  F.,  t.  V,  1908,  p.  371  ;  VI,  1909, 

36,  81,  123),  y  rattache  une  enceinte  nouvelle,  au  Picolaret,  épe- 

>n  méridional  de  la  Tète  du  Guillet,  ou  M.  Guébhard  avait  en  vain 

îerché  jadis,  sur  le  sommet,  des  traces  de  constructions  préhisto- 
îes. 

Ici  il  s'agit  de  murailles  dont  la  rectitude  exclut  un  âge  très  anti- 

îe,  et  qui  se  rattacheraient  plutôt  au  type  curieux  signalé  non 
loin  de  là,  par  M.  H.  de  Ville-d'Avray  à  Ranguin[\.  B.  S.  P.  F. 
t.  VI,  1909,  p.  36,)  où  l'occupation  romaine  a  laissé,  comme  au 
Pézou,  des  traces  prédominantes. 

Mais  l'antériorité  du  principal  système  défensif,  évidemment  dirigé 
contre  les  invasions  maritimes,  est  attestée  par  le  récit  de  Polybe 


206  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

qui  dit  que  Q.  Opimius,  après  la  défaite  des  Oxybiens,  distribua 
ses  troupes  dans  les  places  fortes  du  pays,  et  que,  plus  tard,  Caïus 
Sextius  refoula  les  habitants  à  9  stades  au-delà  de  la  côte,  alors 
moins  reculée,  avec  défense  de  s'en  approcher  davantage. 

A  Ranguin  même  M.  Vial  recueillit,  en  1909,  avec  feu  E.  Toulouse, 
de  la  poterie  néolithique.  Tout  récemment  il  trouva,  au  N.  du  Fer- 
randon,  dans  la  plaine  des  Bruguières,  une  hache  polie,  en  diorite, 
de  0m13  de  long,  0,06  de  large,  0,031  d'épaisseur,  poids  0  k.  310, 
volume  100  cm3,  densité  3,10. 

Dans  l'intérieur  même  du  Ferrandon,  l'enceinte  la  plus  élevée  de 
tout  l'ensemble  (271  m.),  l'Infralias  affleure  en  dalles  horizontales, 
de  texture  assez  résistante  pour  avoir  donné  lieu  à  des  fabrications, 
relativement  récentes,  de  grandes  roues  de  meules,  dont  plusieurs 
sont  restées  en  place,  abandonnées,  dans  deux  groupements  voisins 
de  dalles  de  ce  genre,  M.  H.  Vial  croit  avoir  observé,  un  ordonnan- 
cement voulu  pour  simuler  grossièrement  deux  effigies  humaines 
couchées,  rigoureusement  orientées  d'E.  à  O.  Ces  dalles,  ainsi  que 
les  voisines,  sont  couvertes  de  cavités  cupulaires,  souvent  réunies 
par  groupes  de  trois,  dont  la  régularité  d'aspect  paraît  à  M.  H.  Vial 
due  à  un  travail  humain,  en  un  lieu  que  sa  situation  particulière- 
ment éminente  semblait  prédestiner  à  des  pratiques  cultuelles.  Mais 
nous  ne  saurions  trop  recommander,  à  ce  sujet,  la  plus  prudente 
des  réserves,  car  l'Infralias  des  Alpes-Maritimes  est  coutumier  de 
toutes  les  fantaisies  de  cassure  et  de  surface,  et  M.  Guébhard,  que 
nous  avons  consulté,  craint  bien,  d'après  ses  souvenirs  géologiques 
delà  région,  et  sauf  vérification,  qu'il  ne  s'agisse  là  que  de  jeux  de 
la  nature. 

Nous  n'en  sommes  pas  moins  reconnaissant  à  M.  H.  Vial  de  tous 
les  détails  qu'il  nous  signale,  et  surtout  de  l'enceinte  nouvelle  qu'il 
ajoute  au  groupe  serré  de  quatre  bien  authentiques,  déjà  révélées  par 
lui  dans  cette  région  côtière  des  Alpes-Maritimes  où  aucune  autre 
n'avait  encore  été  trouvée. 


Erratum.  —  Dans  le  43e  rapport  (22  décembre  1910),  ligne  8,  lire  :  M.  Gi- 
vord  (et  non  Gurère)  et:  commune  d'Annoisin-Châtelans  (et  non  Armoisey-Cha- 
telain) . 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  207 

IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Une  Roche  à  Gravures  dans  la  Forêt  de 
Fontainebleau  (Seine  et  Marne). 


Frédéric  EDE    (Montigny-sur-Loing,    Seine-et-Marne). 

Découverte.  —  En  1909,  en  cherchant  un  motif  d'aquarelle 
dans  les  jolies  roches  du  bornage  de  la  forêt  de  Fontainebleau, 
j'ai  trouvé,  sur  le  territoire  de  Montigny-sur-Loing,  près  du  lieu 
dit  Roche-au-Nom,  une  roche  présentant  des  gravures  de  signes 
de  croix  et  de  cercles  entremêlés.  Cette  découverte  intéressante 
et  la  position  de  ces  gravures  au  fond  d'un  creux  de  roche,  à  peine 
large  pour  le  passage  du  corps  d'un  homme,  m'animèrent  du  dé- 
sir de  trouver  d'autres  gravures  rupestres  dans  cette  région. 

Mes  recherches  aboutirent  à  la  découverte  d'une  autre  roche 
à  gravures  dans  la  Forêt  de  Fontainebleau. 

Situation.  —  Cette  dernière  roche  se  trouve  sur  le  côté  sud  du 
Mont-Aiveu,  monticule  situé  entre  le  Haut-Mont  et  la  Malmon- 
tagne,  dans  la  partie  sud-est  de  la  forêt  de  Fontainebleau  (canton 
forestier  du  Haut-Mont). 

Les  coordonnées  géographiques,  qui  permettent  de  situer  exac- 
tement cette  roche  sur  la  carte  d'Etat-Major,sont  les  suivantes  : 
longitudeEst  :  46°,  latitude  Nord  :  53°62.  —  Il  y  a  plusieurs  voies 
pour  accéder  à  cette  roche,  à  pied  ou  en  voiture.  Il  nous  suffit  de 
trouver  (voir  la  Carte  Denecourt-Colinet,  de  la  forêt  de  Fontai- 
nebleau) l'intersection  de  la  route  de  la  Garenne  Gros-Bois  et 
de  la  route  de  Russie  (pied  du  Mont-Aiveu  et  Haut-Mont).  A 
50  mètres  de  ce  point,  un  petit  sentier,  chemin  de  carrier,  à 
peine  visible  dans  les  hautes  fougères,  part  de  la  route  de  la  Ga- 
renne Gros  Bois,  dans  la  direction  nord-ouest  pour  aboutir  à  mi- 
pente  au  Mont-Aiveu  presqu'en  face  notre  roche  à  gravures. 

On  peut  facilement  la  distinguer,  parmi  les  autres  roches  ébou- 
lées sur  le  flanc  du  Mont-Aiveu,  car  elle  se  remarque,  par  sa  face 
mutilée  par   l'exploitation   du  pavé  et   sa  forme   ovale,  dressée. 

Elle  s'incline  légèrement  vers  l'ouest,  en  formant  une  cavité 
ou  abri  sous  roche,  avec  le  sol. —  C'est  sur  le  plafond  de  cet  abri 
que  se  trouvent  les  gravures. 

Description  de  la  Roche  à  Gravures.  —  La  roche  est  fendue 
dans  le  sens  de  la  longueur  (est-ouest)  en  deux  fragments,  ayant  à 


208  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

peu  près  les  mêmes  dimensions  {Fig.  1).  L'abri  occupe  la  moitié 
de  la  partie  déclive  {Fig.  2).  Un  éboulis  partiel  du  plafond  de  l'abri 
augmente  la  séparation  des  deux  fragments  et  partage  l'abri  en 
deux  portions.    L'abri    s'ouvre    sur  une  terrasse,  au   sud  et  à 


fa.  / 


Fig.  1.  —  Les  principales  Gravures  de  ce  Rocher.—  Echelle  :  2/100. 

Fig.  2.  —  Un  Rocher  a  Gravures  de  la  Forêt  de  Fontainebleau  (Seine-et-Marne^, 

au  Mont-Aiveu. 


l'ouest.  Du  côté  sud,  la  terrasse  est  en  contre-bas,  par  suite  des 
fouilles  des  carriers  pour  l'exploitation  du  grès  ;  du  côté  ouest, 
elle  est  bornée  par  une  roche  assez  volumineuse,  qui  en  rend 
l'accès  difficile. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  209 

L'abri,  peu  élevé  sur  le  sol,  lm20  à  son  bord  extérieur,  a  une 
profondeur  de  4m30  et  une  largeur  de  4m50. 

Les  Fig.  i  et  2  donnent  la  forme  exacte  de  cette  partie  du  sur- 
plomb, avec  la  distribution  des  gravures.  Elles  sont  au  nombre 
d'une  vingtaine,  disposées  sans  ordre  sur  toute  l'étendue  du 
plafond  des  deux  fragments,  mais  surtout  dans  la  partie  basse 
la  plus  reculée.  Quelques-unes  sont  à  peine  à  quelques  centimè- 
tres de  la  surface  du  plancher  de  l'abri,  qui  est,  sur  les  Fig.  1 
et  2,  la  roche  tombée  du  plafond. 

Description  des  Gravures.  —  Les  gravures,  comme  la  plupart 
de  celles  signalées  dans  la  région,  sont  des  composés  ou  des  dé- 
rivés de  lignes  droites,  assemblées  en  carrés,  croix,  V,  etc.  La 
représentation  de  figures  ou  formes  animales  fait  totalement  dé- 
faut, à  moins  qu'on  ne  veuille  voir,  dans  le  n°  6  de  la  Fig.  3,  le 
schéma  d'un  cheval  monté  ou  d'un  cerf  percé  dune  flèche. 

J'ai  relevé  l'empreinte  des  plus  intéressantes  de  ces  gravures 
avec  de  la  cire  à  modeler,  afin  d'avoir  la  plus  grande  exactitude 
dans  la  reproduction  de  ces  gravures.  Je  les  ai  réduites  ici  au 
seizième  de  leur  grandeur  réelle.  L'examen  de  ces  figures  évi- 
tera une  description  longue  et  difficile. 

La  première  de  ces  gravures  (n°  i,  Fig.Z),esi  un  signe,  rencon- 
tré assez  souvent  dans  les  gravures  rupestres  :  la  marelle.  Ici 
cette  marelle  est  accompagnée  d'une  série  de  traits,  partant  de 
la  base  du  motif  et  se  croisant  avec  d'autres  lignes  sous  différents 
angles,  le  tout  s'encadre  dans  le  même  ensemble. — Unpeu  à  gau- 
che et  presque  à  l'extérieur  de  l'abri  se  trouve  une  autre  marelle, 
qui  est  très  bien  dessinée,  mais  à  peine  visible,  par  suite  de 
l'usure  du  temps.  Ces  deux  marelles  sont  comparables  à  celles 
de  Saint-Lubin-de-Suèvres,  décrite  par  M.  Florance  (L'Homme 
préhistorique,  avril  1908),  mais  moins  finies  et  symétriques  dans 
les  traits.  Il  y  a  aussi  une  différence  notable  dans  l'utilisation  res- 
pective de  ces  marelles.  Tandis  i[ue  la  marelle  de  Saint-Lubin 
est  accompagnée  d'une  série  de  cupules,  et  semble  avoir  servi  de 
table  ou  autel  à  sacrifices  pour  l'accomplissement  de  rites  reli- 
gieux, les  marelles  du  Mont-Aiveu,  par  leur  position  sur  le  pla- 
fond de  l'abri,  n'aurait  pu  servir  de  façon  semblable  dans  les 
mêmes  rites. 

La  plus  intéressante  des  gravures  du  Mont-Aiveu  est  le  n°  2,  de 
la  Fig. S.  Elle  diffère  sensiblement  des  autres  gravures  parles  li- 
gnes courbes  qui  entrent  dans  sa  composition.  Ces  lignes  cour- 
bes (il  y  en  a  plusieurs  sur  le  plafond  de  l'abri)  ont  la  forme  d'un 
coutre  de  charrue.  Dans  le  dessin  n°  2,  pi.  II,  ce  coutre  se  trouve 
à  la  base  du  motif.  Un  peu  au-dessus   se    trouve  une  autre   ligne 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  14 


210  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

courbe,  d'où  montent  plusieurs  lignes  verticales,  garnies  de 
nombreux  petits  traits  à  insertion  oblique,  comme  les  barbes 
d'une  plume.  Dans  le  même  motif,  il  y  a  aussi  une  composition 


Gravures  les  plus  typiques . 
Echelle  :  1/16. 


Légende  : 


de  signes  en  forme  de  canaux; et  tout  une  série  de  petits  trous  ou 
cupules,  disposées  en  lignes  ou  en  amas  (Fig.3;  l2). 

Les  dessins  3,  4,  5  et  9  delà  Fig.  3,  non  moins  intéressants  que 
les  deux  premiers,  présentent  toujours  des  arrangements  de  lignes 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  211 

se  croisant  pour  former  des  polygones  plus  ou  moins  rectangu- 
laires et  ne  différant  l'un  de  l'autre  que  par  l'adjonction  de  quel- 
ques accessoires  :  croix,  V,  etc.  Un  autre  groupe  (nos  7,  8,  et  82) 
sort  de  l'ordinaire  par  ces  lignes  courbes  et  la  forme  du  coutre. 
Le  dessin  n°  6  est  le  seul  pouvant  être  pris  pour  une  forme  ani- 
male; il  ressemble  au  dessin  qu'un  enfant  peut  faire  d'un  cheval. 

Remarques  sur  la  facture  des  Gravures.  —  Nous  avions  re- 
marqué, en  relevant  les  impressions  des  diverses  gravures,  une 
différence  dans  la  facture  des  rainures  gravées  dans  la  roche,  que 
je  crois  intéressant  de  noter. 

Les  rainures  de  la  Roche-au-Nom  (Montigny-sur-Loing)  et  de. 
Puiselet,  près  Nemours,  que  j'ai  eu  à  étudier  de  près,  semblent 
avoir  été  faites,  par  frottement,  c'est-à-dire  par  un  mouvement  de 
va-et-vient  d'un  burin  (de  silex  ou  de  limonite).  Les  rainures 
sont  plus  larges  et  plus  profondes,  diminuant  aux  extrémités 
comme  les  rainures  du  polissoir,  tandis  que  les  rainures  des  gra- 
vures du  Mont-Aiveu  sont  fines  et  plus  minces,  comme  si  le  trait 
avait  été  tracé  en  ligne  droite  par  un  instrument  pointu  et  léger 
en  main  :  une  pointe  de  fer  par  exemple.  Je  crois  pouvoir  écarter 
l'emploi  du  silex,  parce  qu'il  s'émousse  et  éclate  facilement  contre 
le  grès  dur  du  plafond.  De  plus,  il  n'aurait  pu  servir  à  creuser  les 
petits  trous  ou  cupules. 

Il  y  a  aussi  une  différence  dans  les  sujets  ou  composition  gra- 
vées. Les  gravures  du  Mont  Aiveu  sont  beaucoup  plus  compli- 
quées, plus  larges  de  conception,  que  les  signes  gravés  de  la 
Roche-au-Nom  et  de  Puiselet,  près  de  Nemours,  qui  sont  plus 
simples. 

Remarques  sur  la  situation  des  Gravures. —  Lorsqu'on  regarde 
les  gravures  du  Mont  Aiveu,  on  est  forcé  de  réfléchir  sur  la  posi- 
tion où  elles  se  trouvent.  Elles  sont  hors  de  la  vue,  comme 
cachées,  au  fond  des  cavités  des  roches  ou  placées  dans  des 
abris  sous  des  roches  presque  inaccessibles.  Cette  position  n'est 
pas  seulement  particulière  aux  gravures  du  Mont  Aiveu,  mais  à 
toutes  les  gravures  rupestres  de  la  région.  Cette  particularitéest 
trop  évidente  pour  être  l'œuvre  du  hasard  ! —  On  est  forcé  de  lui 
attribuer  un  but  intentionnel.  Mais  lequel  ? 

Les  légendes  et  l'histoire  nous  apprennent  que  la  plupart  des 
grottes  et  des  abris  de  la  Forêt  de  Fontainebleau  ont  servi  décachet- 
tes ou  de  refuges,  en  temps  de  guerre  oud'invasion.  On  a  vu,  en  1814 
et  en  1870,  les  gens  des  pays  voisins  cacher  leurs  biens,  leurs  fem- 
mes et  enfants  dans  ces  lieux  sauvages.  On  voit,  par  les  fouilles  faites 
en  plusieurs  endroits  de  la  Forêt,  que  cette  habitude  existaitdepuis 


H 


242  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

les  temps  les  plus  reculés.  Les  gravures  auraient  pu  être  l'œuvre 
des  personnes  ainsi  cachées  ou  réfugiées.  Mais,  ce  qui  va  à  l'en- 
contre  de  cette  solution  facile  de  l'origine  des  gravures,  c'est  que 
toutes  les  cavités  ou  abris  sous  roches,  portant  des  gravures,  n'ont 
pas  servi  d'habitation  ou  de  refuge.  De  plus,  par  suite  des  occu- 
pations différentes  et  espacées,  l'homogénéité  de  ces  gravures  eut 
été  rompue,  et  on  ne  leur  trouverait  plus  ce  cachet  ou  air  de 
famille.  Il  est  également  inutile  de  prendre  ces  gravures  pour  des 
signes  ou  inscriptions  funéraires  de  corps  qu'on  aurait  enterrés 
sous  la  roche,  ni  pour  les  marques  totémiques  ou  autres  d'indi- 
vidus ou  tribus  en  séjour  ou  de  passage  en  ces  lieux.  Dans  ce  cas, 
les  gravures  eussent  été  placées  bien  en  vue,  ce  qui  est  le  con- 
traire dans  la  situation  présente;  de  plus  les  tranchées  de  décou- 
vertes, que  j'ai  faites  au  fond  de  l'abri,  n'ont  rencontré  ni  ossements, 
ni  cendres  ou  autres  restes  archéologiques,  qui  aient  pu  éclairer 
l'histoire  de  ces  gravures. 

Il  est  évident  que  ces  gravures  ont  été  soigneusement  dérobées 
à  la  vue  des  yeux  curieux  ou  profanes.  Dans  quelle  intention  ? 
Mystères  religieux,  pactes,    ou  traités  entre  tribus? 

Une  légende  existait,  il  y  a  encore  quelques  années,  disant 
qu'autrefois  les  Romanichels,  qui  erraient  sur  le  territoire  de 
l'Europe,  se  réunissaient  chaque  année  dans  une  des  forêts,  pour 
élire  un  chef  et  accomplir  des  rites  mystérieux.  La  Forêt  de  Fon- 
tainebleau aurait  été  le  théâtre,  paraît-il,  de  semblables  assem- 
blées. Il  était  nécessaire  de  rappeler  cette  légende,  qui  a  pu 
prendre  naissance  dans  la  découverte  de  signes  mystérieux,  sem- 
blables aux  gravures  du  Mont  Aiveu.  Chaque  année,  à  l'époque 
de  Pâques,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  convois  de  roma- 
nichels, traversant  la  Forêt    mais  ils  n'y  séjournent  pas. 

L'étude  de  l'exécution  matérielle  des  gravures  peut  donner 
une  indication  précise  sur  l'époque  où  elles  furent  exécutées. 
Impossibilité  d'exécuter  le  trait  au  silex  ;  donc  pas  néolithique  : 
époque  des  métaux  ! 

Ces  gravures  sont-elles  des  signes  cabalistiques  ou  des  signes 
représentatifs  :  reproduction  topographique,  expression  écrite 
d'une  proposition  ? 

A  quel  genre  représentatif  se  rapportent-elles  ? 

Nous  pensons  résumer  ainsi  l'origine  de  l'écriture. 

1°  Le  dessin  d'après  nature,  représentatif  de  la  chose  qu'on 
désigne  (dessin  des  grottes  magdaléniennes). 

La  compréhension  se  fait  par  simple  vision. 

2°  Schématisation  de  ce  dessin.  La  compréhension  moins  facile 
se  fait  par  la  réflexion. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  213 

3°  Schématisation  de  ce  schéma. 

Groupement  de  plusieurs  dérivés  sur  ce  schéma,  qui  devient 
une  racine  et  prend  un  caractère  symbolique. 

4°  Groupement  de  ces  schémas  symboliques  en  alphabet  (chi- 
nois, par  exemple  :  toit,  ciel). 

5°  Abstraction  de  plus  en  plus  grande  de  la  schématisation 
(alphabet  phénicien;  alphabet  des  peuples  périméditerranéens). 

Compréhension  de  plus  en  plus  difficile,  se  fait  par  initiation, 
clefs,  signification  du  signe  et  de  ses  groupements. 

Nos  gravures  paraissent  appartenir  au  stade  3. 

Pourrons-nous  les  traduire  en  termes  actuels,  savoir  si  elles 
expriment  une  proposition  de  caractère  religieux,  de  caractère 
guerrier,  migrateur,  etc  ? 

Appartiennent-elles    à    quelques    individus   sédentaires,  à  un 

*?77M7777T  nmmmps  rmn^j/fvp  rv*?fy/7F7ïïr 
TTjj%j/rn  rTmhJïïrrr  rm^mr,  rmt>hjm 
m\jrm    ""KmSM*  "Tth/w   TT7^^mn 

rrmrt^fTTTTTl      rnïïrmilTWI 

2fL  *uv  ^-^ 

Fig  4.  —  Coupe  schématique  des  Gravures  et  des  Cupules.—  Légende  :  1  à  12,  Gravures. 

peuple  en  migration  .J  Quels  caractères  ethnographiques?  A 
quelle  époque? 

Les  études  des  inscriptions  anciennes  peuvent-elles  nous  don- 
ner quelques  indications?  Il  faudrait  faire  des  comparaisons  d'ins- 
criptions runiques,  alphabet  chaldéens,  etc.,  avec  ces  inscriptions 
régionales. 

L'Ethnographie  comparée  peut  elle  apporter  son  secours  ?  Par 
des  études  chez  les  sauvages,  chez  les  Indiens  (études  des  Survey), 
chez  les  nomades  de  l'Europe  (Tziganes  et  Bohémiens)  ? 

Il  y  a  intérêt  à  découvrir  les  plus  grand  nombre  de  documents 
authentiques,  à  conserver  les  documents  et  à  éviter  les  solutions  à 
priori  ;  je  me  contente  aujourd'hui  de  présenter  ma  découverte, 
sans  en  tirer  actuellement  aucune  conclusion  préconçue. 


214  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

A  la  Roche  au  Nom,  dont  j'ai  parlé  au  début,  il  y  a,  d'autre  part, 
des  signes  cruciformes,  signes  accessoires,  etc.,  qui  sont  grav  es  éga- 
lement. 

J'ai  classé  ces  différents  signes,  en  les  comparant  aux  divers 
signes  que  M.  Marcel  Baudouin  a  décrit  dans  sa  communication 
à  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris  sur  la  Croix  blanche  des 
Fermes  du  Bocage  vendéen  :  croix  simple,  croix  à  points,  croix 
surmontant  un  signe  accessoire  :  rectangle,  cœur  ou  cercle  ! 

Je  signale  une  croix,  surmontant  un  cœur  renversé,  qui  rappelle 
un  ornement  religieux  russe.  Ce  motif  volumineux  est  gravé  sur 
le  plafond  de  la  roche  ;  avec  la  date  1812  à  côté  et  de  même  fac- 
ture. Mais  rien  ne  prouve  que  les  signes  qui  couvrent  le  plancher 
de  la  cavité  soient  contemporains:  peut-être  ont-ils  donné  l'idée 
à  quelques  promeneurs  de  graver  le  signe  cordiforme  ?  Ces  trois 
signes  étaient  recouverts  par  le  sol  végétal.  Je  les  ai  dégagés  en 
cherchant! 

Il  est  évident  que  nous  avons  là,  en  partie  du  moins,  des  signes 
cruciformes,  d'origine  récente  (période  historique),  inspirés  parla 
religion  chrétienne,  et  peut  être  des  signes  plus  anciens.  On 
peut  donc  les  rapprocher  des  signes  dit  :  Croix  des  fermes  du  Bo- 
cage vendéen. 

La  position  cachée  de  ces  signes  au  fond  d'une  cavité  rocheuse 
engagaient  aussiàles  comparer  à  mes  gravures  rupestres  du  Mont 
Aiveu  et  à  celles  de  Puiselet,  près  Nemours,  dont  la  position  parti- 
culière au  fond  d'un  creux  de  roche  est  identique. 

Le  tableau  synoptique  suivant  montre  la  chaîne  généalogi- 
que, qui  unit  ces  signes. 

Age  de  la  Pierre  :  Abri  du  Puiselet,  près  Nemours. 

Age  du  Fer;  Abri  du  Mont  Aiveu. 

Période  historique  :  Cavité  de  la  Roche-au-Nom. 

Période  actuelle  :  Croix  des  Fermes  du  Bocage  vendéen. 

Ces  divers  documents  complètentla  note  précédente  d'une  façon 
un  peu  inattendue,  mais  fort  intéressante. 


ci 


M.  le  D'Dalmon  (Bourron,  Seine-et-Marne). —  J'aivules  signes 
uci formes  de  la  Roche-au-Nom  ;  ils  m'ont  suggéré  l'idée  sui- 
vante. Peut-être  avons-nous,  dans  cette  cavité,  une  série  de  signes 
à' époques  différentes;  il  faudrait  examiner  avec  soin  la  facture  de 
chaque  gravure:  ce  qui  permettrait  de  séparer  et  de  cataloguer  ces 
signes. 

Il  se  peut  que  des  signes  cruciformes  bien  anciens,  n'ayant 
aucune  signification  religieuse  chrétienne,  aient  été  vus  par  quel- 
que fervent  sur  cette  roche,  et  que,  par  esprit  d'imitation  et  d'adap- 
tation, ils  lui  aient  suggéré  l'idée  de  graver  à  son  tour  des  signes 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  215 

de  croix,  à  signification  religieuse.  Le  motif  cordiforme,  sur- 
monté d'une  croix  et  de  même  facture  que  la  date  1812,  a  un 
caractère  nettement  religieux  ;  il  n'est  intéressant  que  par  sa  date, 
contemporaine  du  séjour  de  Pie  VII  à  Fontainebleau,  ou  de  Ko- 
ciusko  à  Montigny.  Eliminons  cette  gravure,  située  au  plafond  de 
la  roche,  mais  les  autres  signes  sont-ils  de  même  facture  ou 
d'origine  ancienne  ? 


Fig.  5.  —  Principaux  types  de  Croix  blanches,   peintes  sur  les  Maisons 
du  Bocage  de  la  Vendée. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  Je  suis  très  heureux  de  la  commu- 
nication de  notre  collègue,  M.    F.  Ede,   car  elle  vient  confimer, 


Fig.  6.  —  Types,  plus  rares,  de  dessins  sur  les  Maisons  de  Vendée. 


magnifiquement,  les  hypothèses  que  j'avais  formulées  dans  mon 
mémoire  sur  la  Croix  blanche  des  fermes  du  Bocage  Vendéen  (1). 
Dès  1908,  en  effet,  j'ai  signalé  que  la  coutume  moderne  en 
question  avait  certainement  pour  origine  les  Gravures  sur  Rochers 
de  l'époque  néolithique  et  de  l'époque  du  bronze.  Et  M.  Ede 
nous  apporte  aujourd'hui  la  preuve  de  la  théorie  que  j'avais 
déduite  des  observations  faites  {Fig.  5,  6  et  7). 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1908,  8  février.  — 
Tiré  à  part,  Paris,  1908,  36p.,  5  fig. 


216 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


J'écrivais  alors  en  effet  :  «  Les  Gravures  rupestres  furent,  pour 
moi  une  révélation  ;  et  là,  où  je  ne  voyais  jadis  qu'un  signe  chré- 
tien, je  reconnus,  une  coutume  plus  ancienne,  remontant  à  l'époque 
de  la  pierre  polie, et  ayant  survécue, transformée  parle  Christia- 
nisme, jusqu'à  nos  jours  ». 

Depuis  mon  premier  travail  (1908),  j'ai  pu  :  1°  Démontrer  que 
cette  coutume  se  retrouve  plus  ou  moins  modifiée  en  Auvergne, 
dans  le  centre  de  la  France,  et  surtout  dans  le  Midi,  en  particu- 
lier tout  le  long  de  la  ligne  de  Bordeaux  à  Toulouse.  Elle  a  donc 
été  générale  en  France  à  une  époque  ancienne  ;  2°  Prouver  que 


Fig.  7.  —  Façon  de  placer  les   dessins  en  forme  de  croix,  sur    les  maisons  de  Vendée,  au 
niveau  des  portes^et    des  fenêtres,  et  même  ailleurs.  —  Légende  : 


tout  cet  ensemble  de  Gravures,  comme  les  Cupules,  les  Bassins,  etc, 
est  en  rapport  avec  le  Culte  de  la  Vie,  et  celui  du  Soleil  (1), 
qui  n'en  est  que  la  représentation  symbolique  [Fig.  6;Xa,Xb  :  C). 

Je  n'insiste  pas,  renvoyant  pour  le  détail  et  l'exposé  de  ces 
théories,  à  mes  mémoires  sur  les  Pierres  à  Bassins,  les  Sabois 
d'Equidés,\es  Roches  à  Cupules,  publiés  ici-même  ou  dans  le  volu- 
me, sous  presse  encore,  du   Congrès  Préhistorique  de  Tours. 


(1)  Les  rapprochements  que  j'ai  fait  jadis  avec  les  Charriois  à  quatre  roues, 
traînés  par  des  Bœufs,  pour  expliquer  les  annexes  des  [Croix  Cercles  (Fig.  6); 
Rectangles,  Triangles,  etc.]  doivent  être  maintenus,  car,  si  le  Char  du  Soleil  fut  en 
Orient  traîné  par  un  cheval  ou  des  cygnes,  il  serait  fort  possible  qu'en  nos  pays 
on    ait  jadis  remplacé  le  cheval  par  des  bœufs. 

En  tout  cas,  le  Chariot  à  bœufs,  très  symbolique  de  l'Agriculteur  lui-même,  peut 
très  bien,  au  Lac  des  Merveilles,  représenter  \eCultedela  Vie, au  même  titre  que  le 
Char  du  Soleil,  —  Je  ne  retranche  donc  rien  de  ce  que  j'ai  écrit  en  1908,  à  ce  sujet. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


217 


Notice  sur  la  Préhistoire  de  la  Mauritanie 
occidentale  Saharienne,   (i) 

Par  le 

Lieutenant  R.  DA.NGELZER    de  l'Infanterie   coloniale  . 

La  partie  de  la  Mauritanie  Occidentale  saharienne,  comprise 
d'une  part  entre  le  16°  de  longitude  ouest  et  l'Océan  Atlantique, 
d'autre  part  entre  les  19°30  et  23°30  de  latitude  nord,  est  encore 
aujourd'hui  bien  incomplètement  connue. 


fia-  1.  —  Carte  de  la  Mauritanie.  —  Les  régions  grisées  sont  celles  ou  l'on  trouva  les 
Pièces  néolithiques. 

Le  sud  de  cette  région  appartient  à  la  France,  le  nord  à  l'Es- 
pagne. Chacune  de  ces  nations  a  installé  un  poste  militaire  sur  la 
côte  :  la  France  celui  de  Port  Etienne,  dans  la  presqu'île  du  Cap 
Blanc  ;  l'Espagne  celui  de  la  villa  de  Cisneros,dans  la  presqu'île 
du  Rio  de  Ouro  (Fig.  1). 

(1)  Communication  faite  en  octobre  1909. 


218  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Ces  deux  postes,  distants  de  plus  de  trois  cents  kilomètres, 
n'ont  entre  eux  aucune  relation. 

Les  nouvelles  de  l'intérieur  leur  parviennent  par  l'intermé- 
diaire des  Maures  nomades,  qui  viennent  échanger,  contre  du 
sucre,  du  tabac,  du  riz,  du  thé,  les  bœufs  et  moutons,  la  laine  et 
les  plumes  d'autruche. 

Dans  la  presqu'île  désertique  du  Cap  Blanc,  dont  le  versant 
ouest  est  espagnol,  et  celui  de  l'est  lrançais,  on  ne  rencontre 
aucun  puits  d'eau  douce. 

Deux  Oglats,  creusés  en  1908,  à  proximité  du  poste  de  Port- 
Etienne,  donnent  une  eau  saumâtre,en  quantité  à  peine  suffisante 
pour  les  cinquante  chameaux  de  la  presqu'île. 

Les  pluies  ne  se  font,  en  effet,  réellement  sentir  dans  cette 
région  côtière  qu'une  fois  tous  les  deux  ou  trois  ans.  El  tioudj, 
où  se  trouve  le  point  d'eau  douce  le  plus  rapproché  du  poste 
français,  est  distant  de  80  kilomètres  dans  le  nord-est. 

11  n'a  cependant  pas  dû  en  être  toujours  ainsi,  étant  donnés 
non  seulement  le  très  grand  nombre  de  tombeaux  d'origine 
relativement  récente,  répartis  sur  toute  l'étendue  de  la  presqu'île  ; 
mais  encore  les  ateliers  et  stations  préhistoriques,  établis  sur  des 
tables  remarquables  et  des  sommets  aplanis  de  collines  rocheu- 
ses. 

Il  est  difficile  d'estimer  même  bien  approximativement  à  com- 
bien de  centaines  d'années  doit  remonter  l'âge  de  la  pierre  dans 
cette  région  de  l'Afrique. 

Les  Maures  ignorent  complètement  l'origine  de  ces  objets  en 
silex,  dont  ils  ne  se  servent  que  comme  pierre  à  feu,  et  comme 
jouets  pour  les  enfants.  Interrogés,  ils  répondent  que  Noé  dut  les 
déposer  sur  la  terre,  il  y  a  si  longtemps  que  personne  ne  peut 
s'en  souvenir  ! 

D'ailleurs  le  silex  fait  défaut  dans  cette  région;  il  serait  inté- 
ressant de  déterminer  le  lieu  d'où  il  fut  importé  ;  les  recherches 
faites  dans  ce  but  n'ont  encore  donné  aucun  résultat. 

Des  stations  préhistoriques  se  rencontrent  plus  particulière- 
ment dans  les  régions  de  Tellmond,  Krekche,  Legdame,  Zmond, 
Imouzane,  Aguerguer,  Smlilli  et  Leggir.  Dans  l'Adrar  SotofF,  le 
Hedbane,  le  Taziast,  le  Tijirit  et  le  Tiris,  on  trouve  quelques 
stations  de  bien  moindre  importance  (Fig.  1).  Enfin,  en  dehors 
des  régions  énumérées  ci-dessus,  il  n'existerait  d'après  les  rensei- 
gnements des  indigènes  aucun  vestige  de  l'âge  de  pierre. 

Les  flèches  et  instruments  préhistoriques  sont  à  fleur  de  sol, 
en  plein  air.  Le  vent,  qui  souffle  toujours  avec  violence  sur  cette 
contrée  dénudée,  aura  empêché  le  sable  de  les  recouvrir. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  219 

11  arrive  plus  rarement  que  Ion  trouve  des  échantillons  dans 
des  Grottes  naturelles  peu  profondes. 

Constamment  exposés  à  l'air  et  au  soleil,  ces  silex  ont  fini  par 
être  recouverts  d'une  patine  très  épaisse.  Cette  patine  a  pénétré 
parfois  si  profondément  qu'il  n'existe  plus  qu'un  très  petit  noyau 
coloré. 

Malgré  leur  très  grande  fragilité,  ces  flèches  nous  sont  parve- 
nues intactes,  n'ayant  été  en  contact  qu'avec  du  sable  où  des 
pierres  tendres.  En  outre,  reposant  sur  des  élévations,  elles  n'ont 
été  foulées,  et,  dans  le  désert  plus  que  partout  ailleurs,  il  existe 
des  pistes  fréquentées  en  dehors  desquelles  nul  ne  saurait  s'éloi- 
gner trop  sous  peine  de  s'égarer.  Ces  pistes  unissent  le  plus 
directement  possible  les  points  d'eau  ou  les  maigres  pâturages. 

Pendant  que  les  recherches  se  poursuivaient  de  la  baie  du 
Lévrier,  dans  l'intérieur  de  la  Mauritanie  occidentale,  Mme  Crova, 
de  Dakar,  faisant  paraître  dans  le  Bulletin  de  la  Société  préhisto- 
rique de  France,  de  juillet  1909,  une  notice,  très  complète  et  très 
documentée,  sur  les  instruments  néolithiques,  recueillis  dans  la 
presqu'île  du  cap  Blanc. 

Depuis  1908,  il  est  devenu  très  difficile  de  retrouver  dans  la 
presqu'île  un  instrument  néolithique;  les  quelques  silex  qui  ont 
pu  être  recueillis  l'ont  été  aux  emplacements  signalés  par 
Mme  Crova. 

Les  recherches  étant  peu  fructueuses,  on  fut  amené  à  les 
pousser  plus  avant  ;  c'est  ce  qui  a  permis  de  délimiter  la  zone 
saharienne  occidentale,  où  se  manifeste  l'âge  de  la  pierre. 

Outils  ex  Silex.  —  Il  est  inutile  de  revenir  sur  la  description 
de  ces  instruments  néolithiques,  qui  là,  comme  partout  ailleurs, 
sont  identiques  de  forme  et  de  matière. 

Il  importe  toutefois  de  signaler: 

1°  Des  flèches,  dont  la  taille  présente  des  formes  variées. 

2°  Des  aiguilles,  en  très  petit  nombre. 

3°  L  ne  scie,  en  forme  de  croissant;  cette  scie,  taillée  sur  une 
face  et  lisse  sur  l'autre,  se  rapproche  des  scies  Scandinaves  ;  c'est 
d'ailleurs  le  seul  échantillon  qui  ait  été  recueilli  (0m09  de  lon- 
gueur 0m04  de  largeur). 

4°  Des  instruments,  taillés  ou  polis,  a  section  triangulaire  poin- 
tues aux  extrémités,  et  qui  mesurent  de  0m045  de  longueur  et 
de  0ra010  a  0m020  de  côté. 

5°  Enfin,  de  nos  jours,  les  Maures  taillent  très  grossièrement 
des  éclats    de  silex,  et  leur   donnent  trois  formes  principales. 

La  première  de  ces  formes  représente  un  chameau  ;  la  deuxième 


220  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

une  chamelle;  et   la  troisième  un    cheval!   Les   enfants     jouent 
avec  ces  animaux  de  silex. 

Ajoutons  que  l'authenticité  de  ces  instruments  préhistoriques 
ne  peut  être  mise  en  doute,  étant  données  la  très  grande  finesse 
du  travail  et  des  retouches,  la  façon  dont  les  pièces  ont  été 
recueillies  in  situ,  l'ignorance  des  Maures  au  sujet  de  leur  origine, 
enfin  et  surtout  la  patine  très  épaisse,  qui  se  remarque  sur  la  plus 
grande   partie  pièces  recueillies. 

Poteries.  -  Dans  les  ateliers  et  stations  préhistoriques,  on 
rencontre  encore  des  fragments  de  poterie,  en  assez  grand  nom- 
bre. Un  de  ces  fragments,  orné  de  triples  séries  de  zig-zag  en 
creux,  mesurait  0m10  sur  0m15. 

Tombeaux.  —  Quant  aux  tombeaux  très  nombreux,  disséminés 
sur  toute  la  presqu'île,  il  y  a  tout  lieu  d'admettre  qu'ils  sont  d'ori- 
gine musulmane.  Ces  tombeaux  sont,  en  effet,  orientés  nord-sud. 

De  grandes  pierres,  fichées  en  terre  au  sud,  marquent  l'empla- 
cement du  crâne  ;  et  le  squelette  repose  sur  le  côté  droit,  face  à 
l'Est  (direction  de  La  Mecque). —  Des  collections  des  instruments 
néolithiques,  recueillis  en  Mauritanie  saharienne,  ont  été  donnés 
aux  Musées  de  Saint-Germain-en  Laye,  et  à  celui  du  Bardo 
(Tunisie),  ainsi  qu'au  British  Muséum  de  Londres,  et  au  Musée  de 
Toronto  (Canada). 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  remercie,  au  nom  de  la  S.  P.  F., 
M.  le  Ll  Dangelzer  de  son  intéressante  présentation  ;  et  je  me 
permets  d'ajouter  que  les  pièces  présentées  aujourd'hui  font  dé- 
sormais partie  de  la  belle  collection  préhistorique  de  notre  sym- 
pathique et  dévoué  Collègue,  M.  Henri  Marot  (de  Paris),  où 
chacun  de  nous  pourra  les  revoir  à  loisir,  plus  facilement  qu'ail- 
leurs. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


221 


Un  Xucleus  solutréen,  analogue  aux 
Livres  de  beurre  »  du  Grand  Pressîgny. 


Armand  VIRÉ  (de  Lacave,  Lot). 

En  1904,  lors  des  fouilles  exécutées  à  la  Grotte  de  Lacave, 
j'avais  récolté  un  nucléus  assez  exceptionnel,  dont  j'ai  parlé 
sommairement  dans  le  compte-rendu  desdites  fouilles  (1)  [Fig.  1). 

Une  pièce  analogue,  quoiqu'un  peu  plus  petite,  avait  déjà  été 


Fig.  1.  —  Nucléus  solutréen  de  Lacave. 


Vu  sur  les  2  faces  et  de  profil. 


rencontrée  dans  la  même   région  par  Félix   Bergougnous,    à   la 
grotte  du  Coual,  dans  la  vallée  du  Celé  (2). 

Notre  Président  sortant,  Henri  Martin,  nous  a  présenté,  à 
l'une  des  dernières  séances,  un  bloc  de  silex,  solutréen,  qui  res- 
semble beaucoup  au  nôtre  et  provient  d'une  grotte  de  la  Charente. 

Vl)  L  Anthropologie,  t.  XVI,  1905,  p.  418,  ligne  13. 

(2)  F.  Bergougnous.  —  Les  Temps  préhistoriques  en  Qtierey. —  Cahors,  Girma, 
1887,  avec  planches. 


222  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

En  présence  de  ces  trois  objets,  très  voisins  de  forme,  trouvés 
dans  trois  localités  relativement  rapprochées,  il  m'a  paru  utile 
de  donner  quelques  détails  complémentaires  sur  le  silex  de 
Lacave. 

Gisement  et  âge. —  Ce  silex  a  été  recueilli  vers  la  partie  infé- 
rieure de  notre  couche  4  (V.  la  coupe  dans  Y  Anthropologie),  qui 
contenait  des  pointes  en  feuille  de  laurier,  avec,  au  sommet,  une 
pointe  à  cran.  On  peut  considérer  notre  pièce  comme  apparte- 
nant au  Solutréen  inférieur. 

Dimensions.  Ses  dimensions  sont  31m5  X  0m14  X  O^Oô.  Son 
poids  est  de  :   2  kilogr.  970. 

Forme.  —  La  forme  rappelerait  un  peu  celle  d'un  très  gros 
coup  de  poing,  si  la  partie  la  plus  tranchante  (inférieure  sur  la 
figure)  n'était  encore  recouverte  d'une  partie  de  son  cortex,  et  si 
l'extrémité  opposée  ne  se  terminait  en  un  grosbizeau,  dont  l'axe 
est  perpendiculaire  au  plan  général  de  la  pièce. 

Un  rapprochement  plus  intime  serait  à  faire  avec  les  nuclei 
du  Grand  Pressigny,  sauf  qu'en  général  les  lames  qui  en  ont  été 
détachées  sont  moins  longues  qu'à  Pressigny. — Elle  est  d'un  silex 
gris  marbré,    probablement  d'origine  crétacée. 

La  Figure  1  ci-jointe  me  dispense  d'entrer  dans  de  plus  longs 
détails  ;  mais  il  m'a  paru  bon  de  présenter  cette  pièce  à  la 
Société,  avec  l'espoir  que,  jointe  aux  deux  autres,  elle  suscitera 
d'utiles  comparaisons. 


Meule  en  Granité  de  Trégomar  (Côtes-du-\onIi. 


M.  LE  GONIAT  (Trégomar,  Côtes-du-Nord). 

Je  crois  intéressant  de  signaler  la  découverte  récente  d'une 
très  vieille  meule  en  granit,  au  village  du  Haut-Bourg,  en  Tré- 
gomar (Côtes-du-Nord)  (1). 

Cette  meule  grossière  a  les  dimensions  suivantes:  Grand  axe, 
0m51  ;  petit  axe,  0m45.  Sa  forme  est  irrégulière  ;  mais,  dans  son 
état  primitif  (elle  est  brisée  en  plusieurs  endroits),    elle  devait 

(1)  Trégomar  possède  un  beau  Mégalithe,  dont  la  désignation  a  toujours  été 
erronée  dans  les  ouvrages  archéologiques,  parus  jusqu'à  ce  jour. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  223 

être  circulaire  {Fig.  1).  Elle  est  percée  d'un  trou  en  forme  d'en- 
tonnoir, mesurant  0m05  de  longueur  sur  0m04  de  largeur.  Ce  trou 
traverse  la  pierre  dans  toute  son  épaisseur,  qui  est  de  f^OSà  l'un 
des  bords,  de  0m09  au  bord  diamétralement  opposé.  Cette  dif- 
férence d'épaisseur  provient  du  bris  de  la  pierre.  La  meule,  bom- 
bée au-dessus,  plate  au-dessous,  pèse  environ  50  kilos  {Pi*.  1  ;  III). 

On  ne  sait  ce  qu'est  devenue  la  cuve  dans  laquelle  on  la  fai- 
sait mouvoir. 

La  meule,  qui  était  enfouie  sous  la  terrasse  d'un  hangar,  se 
trayait,  il  y  a  trente  ans  environ,  dans  la  cour  de  la  ferme.  Une 
personne  digue  de  foi  m'a  assuré  qu'à  cette  époque  la  meule 
avait,  dans  une  des  parties  brisées,  un  autre  trou,  dans  lequel  on 
pouvait  fixer  un  bâton.  Ce  bâton,  selon  toute  probabilité,  servait 
à  imprimer  le  mouvement  de    rotation.  Dans  ces  conditions,  la 


Fig.  t.  —  Meule  ancienne,  trouvée  au  Haut- Bourg,  en  Trégomar  (Côtes-du-Nord).  — 
Echelle  :  1/20.  —  Légende  :  1,  Face  inférieure;  —  II.  Face  supérieure:  —  III,  Coupe  sui- 
vant le  petit  axe  [Profil  du  trou]. 


meule  devait  reposer  sur  un  pivot;  la  découverte  de  la  cuve  pour- 
rait seule  éclaircir  ce  dernier  point. 

Les  personnes  les  plus  âgées  du  pays  n'ont  jamais  vu  fonction- 
ner la  meule  en  question.  Peut-être  a-t-elle  été  employée  à  mou- 
dre le  blé  noir,  à  une  époque  qu'il  est  très  difficile  de  préciser  ? 
Mais  c'est  très  douteux.  Les  galettes  ou  gaufres  desarrazin  cons- 
tituent la  principale  nourriture  des  habitants  de  Trégomar.  En 
hiver,  quand  les  eaux  pluviales  sont  trop  abondantes;  en  été, 
sous  l'influence  d'une  sécheresse  prolongée,  il  arrive,  assez 
souvent,  que  les  meuniers  ne  peuvent  faire  fonctionner  leurs 
moulins.  Autrefois,  les  ménagères  se  trouvaient  ainsi  privées, 
momentanément,  de  la  farine  nécessaire  à  la  fabrication  des  gau- 
fres. Pour  obvier  a  cet  état  de  choses,  d'ingénieux  mécaniciens  de 
village  fabriquèrent  des  moulins  en  bois,  dont  le  maniement  était 
difficile  et  fatigant. 


224  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Aujourd'hui  on  voit,  dans  toutes  les  fermes,  de  petits  moulins 
très  pratiques,  peu  encombrants,  avec  lesquels  on  moud  le  sar- 
razin  quand,  pour  un  motif  quelconque,  le  meunier  reste  forcé- 
ment inactif  (Ces  moulins  sont  fabriqués  à  Plancoët,  Côtes-du- 
Nord). 

Je  serai  très  heureux  de  savoir  si  de  vieilles  meules  semblables 
à  celle  du  Haut-Bourg  ont  déjà  été  signalées  à  la  Société  préhis- 
torique Française. 

Récemment,  j'ai  acquis  la  certitude  que  la  meule  a  servi  autre- 
fois à  moudre  du  blé  noir.  Un  vieillard  du  pays  se  rappelle  l'a- 
voir vu  fonctionner,  alors  qu'il  avait  quatorze  ans.  Le  bâton  ser- 
vait à  imprimer  le  mouvement  de  rotation  à  la  meule  ;  mais  la  cuve 
n'était  pas  un  monolithe,  comme  je  le  supposais.  De  forme  cylin- 
drique, elle  se  composait  d'une  maçonnerie,  en  pierr.es  sèches, 
avec  rebord  en  granit,  à  la  partie  supérieure.  Ce  rebord  était 
percé  d'un  trou  circulaire,  par  lequel  s'échappait  la  farine. 

La  meule  tournait  sur  un  plateau  formé  de  plusieurs  pierres, 
dures  et  polies,  offrant  l'aspect  d'une  mosaïque.  Ces  pierres 
étaient  soumises,  de  temps  en  temps,  à  un  piquetage.  La  meule 
était  relevée  ou  abaissée,  selon  le  besoin,  au  moyen  d'un  levier. 

L'usage  de  ce  moulin,  construit,  sans  doute,  dès  le  début  de 
la  culture  du  sarrazin  dans  notre  pays,  s'est  perpétué,  à  travers 
les  âges,  jusqu'en  1830  ou  1840. 

La  meule  du  Haut-Bourg  est  d'autant  plus  intéressante  que  ses 
semblables  sont  excessivement  rares  en  Bretagne,  pays  par  ex- 
cellence de  la  culture  du  sarrazin. 


SÉANCE  DU  27  AVRIL   1911 


Présidenoe  de  M.  L.  COUTIL. 


PROCÈS- VERBAL  DE  LA  SÉANCE 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière 
séance  [23  mars  1911]. —  Le  Procès-verbal  est  adopté. 

A  propos  du  Procès-verbal,  diverses  notes  sont  adressées  à  la 
Société  par  MM.  A.  Guébhàrd,  Déchelette,  Marcel  Baudouin, 
Desailly,  Guéxix  [Notes  insérés  plus  loin]. 

Errata.  —  M.  Pages-  Allary  a  adressé  les  corrections  suivantes  à 
ses  communications  :  page  181,  15e  ligne,  lire  Lugarde,  et  non  Ugarde, 
16e  ligne,  près  le  Puy-Mary.  —  Page  183,  ligne  12  :  Dans  le  cas  spé- 
cial du  cuivre  sans  mélange,  certainement  le  cuivre  natif...  Au  bas  de 
cette  page,  la  formule  de  l'Azurite  est  :  2  Cu  Co3  Cu  (OH)2  (qui  a 
été  mal  composée).  —  Page  185,  7e  ligne  :  «  Là  dessus,  une  discussion, 
sans  aigreur,  donc  sans  personnalité  ». 

M.  Jacquot  remarque  qu'on  a  imprimé  mètres  au  lieu  de  centimètres 
dans  son  dernier  article  (Pierre  des  Francs-Maçons),  en  ce  qui  concerne 
les  distances  des  Cnpules  (p.  197). 

La  date  de  la  prochaine  séance  reste  fixée  au  Jeudi  25  mai,  jour  de 
l'Ascension  ;  mais  l'entrée  de  la  Sorbonne  aura  lieu  par  la  rue  Saint- 
Jacques. 

Correspondance. 

Lettres  de  remerciements.  —  M.  Didox. 

Lettres  d'excuses.  —  M.  le  Dr  Chkrvix,  absent  de  Paris.  —  M.  le 
Dr  Marcel  Baudouin,  actuellement  à  Nîmes,  pour  assister  à  la  séance 
du  Conseil  général  du  Gard,  et  préparer  le  prochain  Congrès.  — 
M.  A.  Viré,  absent  de  Paris. 

Lettre  d'avis  de  Décès.  —  M.  Paul  du  Chatellibr,  président  de  la 
Société  archéologique  du  Finistère,  de  Pont-1'Abbé  (Finistère),  Fonda- 
teur de  la  S.  P.  F. —  Ce  savant  laisse  de  remarquables  collections, ras- 
semblées au  Château  de  Kernuz,  et  provenant  de  fouilles  poursuivies 
pendant  25  ans  dans  les  Dolmens,  Tumulus,  etc.,  du  Finistère. 

M.  Riallaxd,  pharmacien,  à  Saint-Brieuc  (Côtes-du-Nord). 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  15 


^S26  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

NÉCROLOGIE. 

M.  Paul  du  CHATELLIER  (de  Pont  l'Abbé,  Finistère). 

Depuis  la  séance  du  23  mars,  nous  avons  perdu  un  de  nos  plus 
éminents  collègues,  M.  Paul  du  Chatellier,  correspondant  du  Comité 
des  travaux  historiques,  membre  fondateur  de  notre  Société,  décédé, 
à  l'âge  de  78  ans,  dans  son  Château  de  Kernuz,  près  de  Pont-1'Abbé, 
où  il  avait  formé  une  des  plus  belles  collections  préhistoriques,  com- 
posée des  découvertes  des  commandants  A.  Martin  et  Le  Pontois,  an- 
ciens officiers  de  marine,  provenant  des  Côtes-du-Nord  et  du  Mor- 
bihan, tandis  que  les  remarquables  découvertes  de  M.  Chatellier  pro- 
venaient surtout  des  dolmens  et  tumulus  du  Finistère.  Si  cette  collec- 
tion était  réunie  à  celle  du  Musée  de  Vannes,  ce  serait  le  groupement 
le  plus  intéressant  pour  l'étude  des  Monuments  mégalithiques  de  l'Ar- 
morique. 

Dans  sa  jeunesse,  il  débuta  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts  de  Paris,  dans 
l'atelier  de  Picot  et  de  Gudin;  ce  n'est  que  vers  1870,  à  30  ou  32  ans, 
que  la  Préhistoire  l'attira,  comme  beaucoup  d'autres  artistes  dont  les 
noms  se  retrouvent  parmi  nous,  et  notamment,  un  vendéen,  le  graveur 
éminent  O.,  de  Rochebrune. 

Les  trente-trois  ouvrages,  dont  les  titres  suivent,  suffisent  à  rappe- 
ler sa  belle  carrière. 

1°  Exploration  des  tumulus  du  départ,  du  Finistère  (29*  session  de  la  Soc.  d'4rch. 
de  France,  1861,  p.  318  à  348  pi.). 

2°  Exploration  des  monuments  de  Kerugou,  Ker/lanl,  Pen  Ar  Menez  Kervilloe 
(Mém.  Soc.  Eni.  Côtes-du-Nord,  1877,  15  p.,  pi.). 

3°  Exploration  d'un  monument  circulaire  à  Kerbascat  (Mém.,  S.E.  Côtes-du-Nord, 
1878,  8  p.,  pi.). 

4°  Cimetière  gaulois  du  Mont  Blanc,  à  Elrechy  (Marne).  Ext.  Champagne  sou- 
terraine, 1878,  8  p.,  pi.). 

5°  Exploration  du  cimetière  gaulois  de  Kerviltré  en  Saint-Jean-Trolimon  (Finis- 
tère) (Mém.  Soc.  Emulation  Côtes-du-Nord,  1878,  16  p.,  pi.). 

6°  Parc  Bohars-Izella,  commune  de  Commana  (ép.    gallo-romaine). 
7°  Les  sépultures  de  l'époque  du  bronze  en  Bretagne.  1884,  83  p.,  pi. 
8°  L'époque  néolithique  dans  la  commune  de  Plogoff.  1891,  7  p. 
9°  Vase  trouvé  dans  un  tumulus  à  Saint-Pol-de-Léon  (Finistère).  8  p.,  fig.  (Rev. 
archéol.,  1891). 

10"  Ornement  de   tête  en  or.  Diadème  découvert  à  Saint-Potan  (Côtes-du-Nord). 
(Ext.  Bul.  Soc.  arch.  Nantes  et  de  la  Loire-Inférieure,  1892,  8  p.,  pi.). 
11°  De  quelques  monuments  préhistoriques  dans  le  Finistère.  1895,  7  p. 
12°  Allée  mégalithique  en  pierres  arcboutées   de  Lesconil  en  Poullan  (Finistère). 
(Rev.  Ecole  anthrop.,  1895,  3  p.,  pi.). 

13°  Deux  tumulus  de  l'époque  du  bronze  dans  les  communes  de  Locmaria-Plouzane 
et  de  Saint-Yvi  (Finistère)  (Soc.Emul.  Côtes-du-Nord,  1896,  6  p.,  fig.). 

14°  Exploration  sur  les   montagnes   d'Arrhées  et  leurs   ramifications,   1895-1896. 
(Soc.  émul.  Côtes-du-Nord,  64  p.,  fig.  pi.). 

15°  Pierre  gravée  de  Kermaria  en  Pont-V Abbé  (Finistère).  (Bul.  arch.,  1898,  3  p., 
fig.). 

16°  Exploration  des  tumulus  du  Fao-Youen  et  de  Casmaner  en  Plonéour  Lanvern 
(Finistère).  6  p.,  fig. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  227 

17°  Les  tumulus  de  Kervastal  en  Ploneis  [Fi lisière)  (Bul.  arch.,  1899,  4  p.,  fig.). 

18°  Le  bronze  dans  le  Finistère  (Bull.  Soc.    Arch    Finistère,  1899,  56  p.). 

19°  Haches  caraïbes  en  pierre  polie  trouvées  dans  le  Finistère,  1899.  (Bul.  Soc. 
arch.   du  Finistère,  4  p.  pi.). 

20*  Galets  et  pierres  à  cupules  des  sépultures  préhistoriques  du  Finistère  (Bul. 
Soc.  arch.  du  Finistère,  1900,  77  p.). 

21°  Exploration  des  tumulus  des  montagnes  noires  Finistère)  (Bul.  arch.,  1901, 
21  p.,  fig.). 

22°  Relevé  des  monuments  des  îles  du  littoral,  de  Béniguet  à  Ouessant  (Soc.  arch. 
du  Finistère,  1901,  19  p.). 

23°  La  pointe  de  Kermorvan  en  Ploumoguer;  ses  monuments,  pierres  à  cupules 
(Soc.  arch.  Finistère,  1903,  9  p.,    fig.). 

24°  Sépulture  sous  tumulus  à  Berrien  {Finistère).  (Soc.  arch.  Finistère,  1904, 
6  p.,  fig.) 

25°  La  roche  gravée  de  Slang-Bilérit,  découverte  à  l'île  de  Groix  (Morbihan). 
(Soc.  arch.  du  Finistère,  1907,  4  p.,    fig.). 

26"  La  poterie  aux  époques  préhistorique  et  gauloise  en  Armorique,  1907.  60  p. 
17  planches  (où  se  trouvent  réunis  tous  les  vases  qu'il  découvrit,  et  qui  forme  un 
ensemble  des  plus  curieux  pour  l'étude   de   cette  région). 

La  Revue  Y  Anthropologie  a  publié  en  outre  : 

27°  De  quelques  squelettes  découvertes  dans  le  Finistère,  t.  V.,  p.  204. 

28°  Quelques  monuments  de  la  commune  de  Plouescat  (Finistère),  t.  X,  54  fig. 

29°  Exploration  du  dolmen  de  Kerveret  en  Plomeur  [Finistère),  t.  X,  424,  6  fig. 

30°  Le  bronze  dans  le  Finistère,  X,  457  (cité  ci-dessus,  n°  18). 

31°  Carte  des  tumulus  et  trouvailles  de  bronze  du  département  du  Finistère,  X, 
578. 

32°  Un  âge  du  cuivre  en  Armorique;  \YS ,  536;  XV,  394. 

33*  Du  Chatellier  et  Le  Pontors.  —  La  sépulture  à  barque  de  file  de  Groix,  XX,  396. 

Pour  les  collections,  lire  :  Le  Château  de  Kemuz,  son  histoire,  ses  collections  :  par 
l'abbé  Milon,  1905,  39  p.,  fig. 

Il  ne  nous  appartient  pas  de  dire  ce  qu'était  l'homme  privé,  bon  et 
charitable,  qui  compléta  les  travaux  historiques  de  son  père,  membre 
de  l'Institut,  en  y  rattachant  tout  un  passé  jusqu'alors  inconnu.  Ses 
débuts  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts  de  Paris  ne  permettaient  pas  de 
supposer  qu'il  s'adonnerait  aussi  brillamment  à  l'Archéologie. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  donner  ici  une  bibliographie  com- 
plète des  travaux  de  notre  éminent  collègue,  qui,  à  son  décès,  était 
encore  Président  de  la  Société  Archéologique  de  Finistère  ;  cette  liste 
suffit  à  prouver  l'importance  de  ses  remarquables  recherches.  Nous 
devions  à  sa  mémoire  de  les  rappeler,  en  lui  adressant  un  dernier  hom- 
mage de  profonde  sympathie  et  d'admiration  pour  sa  féconde  carrière 
scientifique.  L.  Coutil. 

Bibliothèque. 

La  Bibliothèque  de  la  Société  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Poitiers  et  ses  environs.  Guide  des  Touristes^  etc.,  [Synd.  d'Iniat. 
du  Poitou].  —  Poitiers,  1910,  in-8°,  64  p.,  nombr.  fig.  —  [M.  Frapier, 
Archiviste  du  Comité  d'initiative  du  Poitou,  en  offrant  ce  Guide  itiné- 
raire des  touristes  à  Poitiers  et  aux  environs,  avise  les  membres  de  la 
Société,  qui  désireraient  le  recevoir,  qu'ils  peuvent  le  réclamer  au 
siège  du  Comité,  3,  rue  du  Moulin-à-Vent,  Poitiers]. 


228  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Baudouin  (M.).  —  Description  et  Restauration  d'une  Ciste  néolithique 
et  de  ses  Cercles  péritaphiques  aux  Tabernaudes,  à  l'Ile  d'Yeu  (V-). 
[Extr.  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1910].  -— Paris,  1910, 
in-8°,  40  p.,  16  fîg.,  dont  3  pi.  hors  texte. 

Boucher  de  Perthes.  —  Sujets  dramatiques.  —  Paris,  1852,  in-8°, 
2  vol.  [Don  de  M.  le  Dr  Ballet]. 

Geneveaux  (M.).  —  Sur  la  découverte  d'une  nouvelle  station  néolithi- 
que sur  les  bords  de  la  Mosson  [Extr.  Bull.  Soc.  Langued.  de  Géogr., 
1906J.  —  Montpellier,  in  8°,  1906,  16  p.,  5  pi.  hors  texte. 

Genevaux  (Maurice).  —  Nouvelles  recherches  dans  la  station  néolithi- 
que de  la  Paillade,  sur  les  bords  de  la  Mosson  [Extr.  Bull.  Soc.  Lan- 
gued. de  Géographie,  1907].  —  Montpellier,  1907,  in-8°,  11  p.,  9  fig. 

M.  Genevaux  et  A.  Manche.  —  Recherches  spéléo logiques  dans  la 
région  du  Pic-Saint-Loup.  — [Extr.  Bull.  Soc.  Lang.  de  Géog.,  XXXI, 
1908].  —  Montpellier,  1908,  in-8°,  36  p.,  24  fig.,  pi.  hors  texte. 

Beaupré  (J.).  —  Rapporta  la  Société  d'Archéologie  lorraine  et  au 
Musée  historique  lorrain  sur  le  projet  de  loi  intéressant  V Archéologie.  — 
^ancy,1911,  in-8°,  13  p. 

Roux  (Albert).  —  Etude  sur  les  vieilles  murailles  du  Mazet  du  Jas  di 
Bioou  (Oppida).  —  Uzès,  1911,  in-16°,  4  p. 

Plessier  (P.).  —  Obliquité  de  l'emmanchement  dans  les  Haches  et 
Hachettes  polies  à  VEpoque  néolithique.  [Extr.  Bull.  Soc,  Hist.  de 
Comp.,  1911].  —  Gompiègne,  1911,  in-8°,  21  p. 

Th.  J.  Westropp.  —  Promontory  Forts  and similar  Structures  in  the 
Country  Kerry .  Parts  IV.  cozcaguiny  (The  Southern  Shore).  [Extr. 
Journ.  of  the  R.  Sy .  of  Antiquaries  of  Iuland,  déc.  1910,  p.  265-296, 
10 fig.].  —  Dublin,  1910,  in-8°. 

Vœu  relatif  aux.  Monuments   mégalithiques 
et  aux.  Arbres. 

La  Société  Préh.  Franc,  émet  le  vœu  que  les  arbres,  voisins  des 
Mégalithes,  soient  complètement  détruits.  —  En  effet,  ils  sont  cause 
d'altérations  et  de  dislocations,  qui  peuvent  parfois  amener  la  destruc- 
tion des  monuments  les  plus  importants. 

Vœu  relatif  à  l'Acquisition  des  Monuments. 

La  Société  Préhistorique  Française  émet  le  vœu  que  les  Monuments, 
destinés  à  lui  être  donnés,  lui  soient  cédés  par  un  acte  de  vente  ordi- 
naire, sous  seing  privé,  au  prix  de  un  Franc,  comme  le  fait  aujourd'hui 
l'Etat  lui-même. — ha.  Donation  entraîne,  en  effet,  des  frais  si  élevés  qu'il 
faut  y  renoncer  !  —  Il  est  curieux  de  constater  que  Y  Etat  lui-même  est 
obligé  de  violer  la  Morale  et  de  tourner  la  Loi,  qu'il  a  faite,  pour  pro- 
téger la  Science  !  —  Une  révision  d'une  telle  législation  s'impose  d'ur- 
gence. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  229 

VII    Congrès  de  France  à  Ximes    1911). 

M.  Edra.  Hue,  Secrétaire  général  adjoint,  annonce  qu'il  vient  d'être 
avisé  par  M.  le  Dr  M.  Baudouin  que  le  Conseil  général  du  Gard  a  voté, 
ces  jours-ci,  la  subvention  habituelle  demandée  pour  cette  session. 

Il  a  accordé,  en  outre,  une  subvention  pour  l'organisation  d'une  petite 
Exposition  locale,  qui  aura  lieu  au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  et  sera 
mise  sur  pied  par  MM.  G.  Mingaud  et  F.  Mazauric. 

M.  le  Secrétaire-général  du  Congrès  vient  de  répéter  les  Excur- 
sions, qui  seront  très  intéressantes  ;  elles  permettront  d'étudier  des 
monuments  fort  curieux,  dont  le  Congrès  n'a  encore  jamais  vu  de 
spécimens. 

M.  E.  Hue  est  chargé  de  transmettre  les  remerciements  de  la 
S.  P.  F.  à  M.  le  Dr  M.  Baudouin,  pour  les  nouveaux  résultats  obtenus. 

Les  Excursions  du  Congrès    Préhistorique 
de  Xours  (19  ÎO). 

\Dons  de  Photographies  par  M.  Fouju]. 

M.  Chapelet  remet,  sur  le  bureau,  pour  la  Bibliothèque,  de  la  part 
de  M.  Fouju,  vice-président  de  la  S.  P.  F.,  une  magnifique  série  de 
photographies,  prises  par  lui  au  cours  des  Excursions  du  Congrès 
préhistorique  de  Tours,  en  1910.  Ces  instantanés  permettront  à  nos 
collègues  de  revivre  ces  quelques  jours  inoubliables  dans  la  Touraine 
préhistorique.  —  Des  remerciements  sont  votés  à  M.  Fouju,  pour  le 
don  de  ce  manuscrit,  unique  en  son  genre. 

Admission  de  nouveaux.  Membres. 

Sont  proclamés  Membres  de  la  S.  P.  F.  :  MM. 

Gillet,  artiste  peintre,  Les  Ayeules,  Montigny-sur-Loing  (Seine-et- 
Marne).  [Dr  Dalmox.  —  Marcel  Baudouin]. 

Brogxard  (Lucien),  pharmacien,  16,  rue  Gambetta,  Lillebonne   Seine- 
Inférieure),  [L.  Coutil. — Marcel  Baudouin]. 

Chomereau    (Gaston   dej,    Lieutenant  au    7e   Bégiment  d'Infanterie, 
18,  rue  Victor-Hugo,  Cahors  (Lot], 

[J.  de  Saint- Venant.  —  E.  Hue]. 

Commission  pour  la  Liberté  des  Fouilles. 

M.  le  Dr  Henri  Martin  distribue  le  3e  fascicule  des  Protestations. 
Sur  92  sociétés,  90  sont  aujourd'hui  protestataires  î 


230  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Présentations. 

Bossa vv.  —  Vues  stéréoscopiques  de  Mégalithes. 

Communications. 

Paul  de  Mortillet  (Paris).  —  Silex  du  Sahara, 

Stanislas  Leloutre.  —  Disque  perforé  ou  casse-tête  en  silex  de 
Braisne  [Aisne). 

G.  Rouxel  (de  Cherbourg).  —  Un  atelier  de  fabrication  d'anneaux 
en  lignite  à  Nacqueville-Bas  [Manche). 

L.  Jacquot.  —  Les  pierres  à  cupules  du  Bas  Chablais  [environs  de 
Thonon)  [Demande  de  classement]. 

L.  Coutil  et  Duquesne.  —  Construction  romaine  à  Brionne  [Eure). 

A.  Larmigny  (Chàteau-Porcien,  Ardennes).  —  Station  néolithique  et 
gallo-romaine  de  V 'Aiguillon,  près  Château- Porcien  {Ardennes). 

E.  Grillet  (d'Igé,  Saône-et-Loire).  — Atelier  de  fondeur  de  fera 
Jgé.  Découverte  d'un  gros  culot  de  fonte  et  de  débris  considérables  de 
fer  à  Jgé  [Saône-et-Loire).  —  Discussion  :  M.  Hue,  qui  donne  des 
renseignements  complémentaires  sur  de  nombreuses  tombelles,  trouvées 
sur  ce  territoire. 

0.  Vau ville  (Paris).  —  Alignements  de  Cuisy -en- Amont.  —  Dolmen 
de  la  Pierre  Laye,  à  Vauxregis  [Aisne).  —  Discussion  :  L.  Giraux  ; 
A.  Guéhhard.  Note  Marcel  Baudouin. 

Maurice  Gillet  (Paris).  —  Station  moustèrienne  de  Garches  (Seine- 
et-Oise). 

Plessis  (Compiègne).  —  Cachette  de  l'Age  du  bronze  dans  la  plaine 
des  Sablons,  près  Compiègne  [Oise). 

Evrard  (Varennes,  Eure).  —  Cimetière  mérovingien  de  Varennes. 

Henri  Martin  (Paris).  —  Dents  humaines  moustériennes  de  La  Quina 
(Charente). 

L.  Giraux  (Saint-Mandé,  Seine).  —  Le  Menhir  de  Coupvray  (Seine- 
et-Marne). 

A.   Cousset  (Etaules).  —  Découvertes  en  Charente-Inférieure . 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  231 

H.     —    NOTES    ORIGINALES. 


Discussion    sur    les   origines    de    l'Industrie 
du  Cuivre  en  Vendée. 

M.  J.  Déchelbtte  (Roanne).  —  La  lecture  du  dernier  Bulletin 
de  la  Société  préhistorique  (1)  m'inspire  quelques  réflexions,  dont 
je  crois  devoir  faire  l'objet  d'une  courte  communication. 

Tout  d'abord  j'y  relève  une  erreur  matérielle,  qui  a  pour  ré- 
sultat de  me  prêter,  en  ce  qui  concerne  l'origine  de  l'industrie 
du  cuivre,  une  opinion  absolument  opposée  à  celle  que  j'ai  for- 
mulée. M.  Marcel  Baudouin  annonçant  qu'il  espère  démontrer 
sous  peu  l'existence  d'un  centre  indépendant  d'invention  du  cui- 
vre et  du  bronze  dans  la  région  bretonne  et  vendéenne,  déclare 
«  lutter,  sur  ce  point,  contre  les  théories  anciennes  bien  assu- 
rées, et  surtout  contre  les  hypothèses  de  M.  Déchelette  et  de 
M.  Siret,  qui  admettent  une  importation  du  cuivre  en  Bretagne, 
venant  soit  d'Extrême-Orient  (Déchelette),  soit  d'Espagne 
(Siret)  ». 

Or,  il  ne  m'est  jamais  venu  à  l'idée  de  prétendre  que  les 
minerais  de  cuivre  ou  les  lingots  extraits  de  ces  minerais  aient 
été  introduits  de  l'Extrême-Orient  dans  l'Europe  occidentale. 
Si,  d'autre  part,  par  ces  mots  «importation  du  cuivre  »,  M.  Bau- 
douin entend  parler  seulement  de  l'introduction  de  l'industrie 
du  cuivre,  il  m'attribue  encore  une  opinion,  tout  à  fait  contraire 
à  ce  que  j'ai  dit.  Je  me  suis,  en  effet,  exprimé  ainsi  :  «  De  la  Mé- 
diterranée orientale,  les  types  principaux  de  l'outillage  primitif 
en  cuivre,  la  hache  plate  et  le  poignard  triangulaire,  se  sont 
répandus  dans  l'Europe  occidentale,  centrale  et  nordique.  Il  ne 
faut  point  entendre  par  là  que  des  objets,  égyptiens  ou  asiatiques, 
auraient  été  colportés  directement  chez  les  habitants  des  régions 
du  nord.  Ce  qui  s'est  propagé  de  peuple  en  peuple  par  un  che- 
minement plus  ou  inoins  rapide,  suivant  les  facilités  de  commu- 
nication, c'est  la  connaissance  des  procédés  métallurgiques.  Les 
modèles  originaux  subissaient  des  modifications  sensibles  d'un 
atelier  à  l'autre,  tout  en  conservant  leurs  caractères  essentiels. 
Les  traits  de  similitude  des  plus  anciens  outils,  armes  et  objets  de 
parure  en  cuivre  et  plus  tard  en  bronze,  répandus  au  sud  et  au 
nord  de  l'Europe,  permettent  donc  d'écarter  les  hypothèses  poly- 
génistes,  formulées  par  quelques   auteurs  sur  les  origines  de  la 

(1)  Février  1911,  p.  120-122;  166-V70, 


232  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQl  E   FRANÇAISE 

métallurgie  dans  l'Ancien  Monde.  De  plus,  on  peut  établir  que  la 
connaissance  des  premiers  métaux  s'est  répandue  du  sud  au  nord 
et  non  pas  suivant  une  direction  opposée.  Toutefois  il  nous  est 
encore  impossible  de  savoir  si  les  premiers  creusets  apparurent 
dans  la  vallée  du  Nil,  en  Mésopotamie  ou  dans  quelque  autre 
région  de  l'Asie  antérieure,  voire  même  de  la  zone  égéenne. 
Nous  pouvons  seulement  affirmer  que  les  premiers  objets  de 
cuivre  et  de  bronze  de  l'Europe  centrale,  occidentale  et  nordi- 
que, dérivent,  pour  la  plupart,  de  prototypes  méditerranéens  »  (1). 
Dans  tout  cela,  il  n'est  aucunement  question  des  pays  d'Ex- 
trême-Orient. Bien  plus,  en  parlant  de  l'étain,  j'ai  montré,  ou 
plutôt  rappelé  les  motifs  qui  ne  permettent  pas  de  retenir  l'hypo- 
thèse de  Gabriel  de  Mortillet  sur  l'origine  indienne  du  bronze  (2). 

Quanta  la  thèse  de  M.  Marcel  Baudouin  sur  l'existence  d'un 
centre  d'invention  du  cuivre  et  ensuite  du  bronze  dans  la  région 
armorico-vendéenne;  je  crois  qu'il  sera  difficile  à  son  auteur  de 
lui  donner  le  moindre  fondement.  Beaucoup  trouveront  un  peu 
faible  l'argumentation,  consistant  à  prétendre  «  qu'il  y  a  eu  en 
Vendée  un  centre  isolé  d'invention  de  cuivre,  parce  qu'il  y  avait 
là  jadis  d'importants  gisements  de  cuivre,  inconnus  aujourd'hui 
ou  à  peu  près  ».  D'autres  se  laisseront  difficilement  convaincre, 
en  cette  matière,  par  des  considérations  tirées  «  de  l'embryologie, 
de  l'anatomie  et  de  la  physiologie  du  cerveau  humain»,  et  préfé- 
reront encore,  analyse  pour  analyse,  celles  des  objets  de  cuivre 
ou  de  bronze.  La  tâche  de  M.  Baudouin  sera  laborieuse,  même 
dans  le  domaine  plus  restreint  des  faits  terre  à  terre  de  l'archéo- 
logie. Il  lui  faudra  établir  que  la  grande  voie  commerciale  de 
l'Atlantique,  qui  reliait  entre  elles,  par  des  relations  indirectes, 
mais  constantes  et  régulières,  les  tribus  occupant  le  Portugal 
actuel,  la  France  occidentale  et  l'Irlande,  n'est  qu'une  pure  chi- 
mère, malgré  l'importance  des  faits  matériels  établissant  son 
existence  et  sa  haute  antiquité.  Il  devra  montrer  l'isolement  des 
populations  côtières  de  la  Vendée  et  de  la  Bretagne  à  une  épo- 
que de  grand  transit  maritime,  expliquer  par  quel  singulier 
hasard,  dès  l'âge  du  cuivre,  on  voit  les  guerriers  de  la  Péninsule 
ibérique  munis,  comme  ceux  de  l'Armorique  et  de  l'Irlande,  de 
la  hache-poignard,  c'est-à-dire  d'une  des  armes  les  plus  caracté- 
ristiques de  l'âge  du  bronze  occidental,  arme  qui  se  retrouve 
encore  en  Italie,  dans  l'Europe  centrale  et  en  Scandinavie.  Ce 
travail  achevé,  M.  Baudouin  se  trouvera  aux  prises  avec  la  ques- 
tion des  vases  caliciformes,  répandus,  comme  chacun  sait,  non 

(t)  Manuel,  t.  II,  1,  p,  92. 
(2)Ibid.,p.  97. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  233 

seulement  en  Bretagne,  mais  dans  les  Pyrénées,  l'Ibérie,  les 
Alpes-Maritimes,  la  Sicile,  la  Sardaigne,  l'Italie,  la  Hongrie,  les 
régions  Rhénanes,  la  Poméranie,  etc.  L'uniformité  de  certains 
types  d'objets  d'or,  apparaissant  dès  l'âge  du  bronze  I  sur  une 
vaste  zone,  devra  encore  retenir  son  attention.  Il  en  sera  de 
môme  pour  les  poignards  triangulaires  et  pour  je  ne  sais  combien 
d'autres  objets  industriels,  qui  se  prêtent  à  des  constatations 
similaires,  sans  parler  des  analogies  observées  dans  le  mode  de 
construction  des  sépultures. 

Lorsque  M.  Marcel  Baudouin  aura  produit  sur  l'ensemble  de 
ces  faits  une  nouvelle  théorie  synthétique,  embrassant  dans  l'es- 
pace un  horizon  plus  étendu  que  les  trois  arrondissements  de  la 
Vendée,  en  même  temps  que  moins  compréhensive  à  d'autres 
égards,  notamment  en  ce  qui  concerne  les  observations  embryo- 
logiques et  physiologiques,  alors  seulement  nous  nous  trou- 
verons en  présence  d'une  thèse  d'archéologie  comparée  assez 
consistante  pour  se  prêter  à  la  discussion. 

Jusque  là,  avec  tous  les  Préhistoriens  d'Europe,  je  tiendrai 
toujours,  pour  une  des  plus  solides  et  des  plus  brillantes  con- 
quêtes de  l'archéologie  le  grand  fait  de  la  très  haute  antiquité 
des  relations  commerciales  ouvertes  entre  les  différents  peuples 
de  l'Ancien  Monde  ;  et  je  considérerai  comme  démontrée  la  diffu- 
sion progressive  des  principaux  éléments  de  la  civilisation  médi- 
terranéenne dans  l'Europe  de  l'ouest,  du  centre  et  du  nord,  y 
compris  la  Vendée. 

Que  cette  région  compte  parmi  les  départements  où  les  haches 
plaies  sont  particulièrement  abondantes,  ce  n'est  point  là  un  fait 
nouveau.  Je  me  suis,  en  effet,  attaché  à  le  mettre  en  évidence,  et 
j'ai  fait  observer  qu'en  France  ce  type  de  hache  «  apparaît  dans 
quelques  dépôts  pour  la  plupart  situés  en  Gironde,  en  Charente, 
en  Vendée  et  en  Finistère,  et  aussi  dans  des  sépultures  de  la  Bre- 
tagne et  de  la  Savoie,  sans  compter  diverses  trouvailles  isolées.  » 
(Manuel  II,  1,  p.  244).  Ces  dépôts  de  l'âge  du  bronze  I,  j'en  ai 
donné  la  liste.  Elle  comprend  les  trouvailles  de  Saint-Etienne- 
de-Brillouët  (sept  haches  plates  en  cuivre)  et  de  Messigny, 
commune  de  Velluire  (trois  haches  plates),  l'une  et  l'autre  en 
Vendée. 

Il  est  possible,  mais  non  démontré,  que  ces  haches  aient  été  fon- 
dues avec  du  cuivre  de  provenance  vendéenne.  On  ne  doit  pas 
oublier  que  le  commerce  des  métaux  bruts,  non  manufacturés,  a 
joué  un  rôle  important,  et  que  les  lingots  de  cuivre  ont  circulé  de 
bonne  heure  comme  les  lingots  d'étain.  Il  se  peut  —  et  ici  tout 
est  pure  conjecture  —  qu'on  ait  introduit  alors  sur  notre  littoral 
atlantique  du  cuivre  ibérique,  en  un  mot  que  l'abondance  des 


234 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


10 


11 


12 


13 


1$ 


Fifif.  1.  — Haches  plates,  probablement  en  cuivre,  trouvées  en  Italie,  en  Espagne,  à  Chypre,  en 
Hongrie  ;  1/4  gr.  ;  —  1 ,  Chypre  (Evans,  Age  du  br. ,  p.  43)  ;  —2, 10, 14.  Italie  centrale  (Monte- 
lius,  Italie prim.,  pi.  124);  —  8,  Espagne  (Siret,  Premiers  âges  du  métal,  pi.  26;  — 
3,  4,  5,  11,  13  Terramare  de  Castione  et  Reggiano  {Bull.  pal.  ital.,  1901,  p,  9,  pi.  I)  ;  — 
12,  Chypre  (Montelius,  Chronologie  Bronzezeit,  p.  11);  —  9,  Hongrie  (Congrès  Budapest, 
1876,  p.  220);  —  6,  Région  de  Viterbe  {Bull.  pal.  ital.,  1903,  pi.  XIII);  -  ",  Hongrie 
Zeitschrift  f.  Ethn . ,  1896,  p.  87) . 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  235 

haches  plates  en  Vendée  soit  due  à  des  faits  d'ordre  plutôt  com- 
mercial qu'industriel. 

Mais,  ce  que  je  peux  affirmer  de  la  laçon  la  plus  catégorique, 
c'est  que,  contrairement  à  l'assertion  de  M.  Marcel  Baudouin,  les 
haches  plates  vendéennes  n'appartiennent  nullement  à  des  types 
originaux.  C'est  avec  une  profonde  surprise  que  j'ai  vu  M.  Bau- 
douin affirmer  que  ces  haches  «  constituent  un  groupe  très  par- 
ticulier, ayant  des  formes  spéciales  caractéristiques,  très  diffé- 
rentes de  celles  des  haches  du  centre  cuprique  méditerranéen 
et  de  l'Europe  centrale.  »  En  quoi  consiste  cette  prétendue 
originalité?  On  ne  nous  le  dit  pas;  mais  les  dessins  publiés  par 
M.  Baudouin,  d'après  le  Frère  René,  font,  au  contraire,  ressortir 
avec  la  plus  grande  netteté  la  similitude  des  haches  vendéennes 
et  de  celles  des  régions  de  la  Méditerranée  et  de  l'Europe  cen- 
trale. Il  suffit  pour  s'en  convaincre  de  mettre  en  regard  de  ces 
dessins  la  planche  ci-jointe,  où  j'ai  groupé,  à  titre  de  spéci- 
mens, diverses  variétés  de  haches  plates  primitives  trouvées  en 
Italie,  à  Chypre,  en  Hongrie,  en  Espagne. 

On  y  remarque  précisément  la  forme  à  bords  rectilignes,  à 
tranchant  non  élargi,  à  talon  plus  ou  moins  carré  ou  triangulaire, 
que  M.  Baudouin  paraît  donner  comme  propre  à  la  Vendé.e, 
ainsi  que  celles  à  pointes  latérales  saillantes.  Une  des  haches 
vendéennes,  nous  dit  notre  honoré  confrère,  présente  au  sommet 
un  trou  de  suspension,  ayant  dû  servir  d'amulette.  C'est  encore 
là  un  trait  accessoire  de  parenté  avec  les  exemplaires  méridio- 
naux. J'ai  déjà  noté,  après  M.  Montelius,  que  «  plusieurs  haches 
plates  des  pays  du  sud  (Chypre,  Asie  Mineure,  Grèce,  Hongrie) 
sont  perforées  au  sommet  d'un  petit  trou  rond  ou  rectangulaire 
servant  peut-être  à  les  suspendre  en  guise  de  talismans  »  [Manuel, 
II.  1.  p.  245).  La  seule  différence  entre  ces  haches  plates  primi- 
tives des  pays  méditerranéens  et  celles  de  l'Atlantique,  paraît,  en 
iéalité,  résider  dans  les  dimensions.  Dans  l'ensemble  (car  il  y  a, 
de  part  et  d'autre,  des  extrêmes  qui  s'écartent  sensiblement  de 
la  moyenne),  je  crois  que  les  exemplaires  de  l'Espagne,  de  la 
Charente  et  de  la  Vendée  l'emportent  en  longueur  sur  ceux  du 
sud,  peut-être  parce  que  les  premiers  fondeurs,  ceux  des  régions 
méridionales,  ont  rencontré  au  début  quelque  difficulté  à 
couler  des  pièces  de  grande  longueur.  Il  fallait  déjà  quelque 
expérience  au  fondeur  des  haches  de  Mondouzil  (Charente),  qui 
mesurent  0m24.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  particularité  ne  saurait 
être  invoquée  à  l'appui  de  la  thèse  de  l'antériorité  des  exemplaires 
vendéens.  En  général,  en  passant  d'une  région  à  l'autre,  les 
types  industriels  se  modifient  plus  ou  moins.  Pour  la  hache  plate 
l»;s   modifications   ont   été    très   légères.    Seule,  parmi    les    va- 


236  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

riétés  du  sud-est,  la  forme  rectangulaire,  a  bords  complètement 
parallèles  et  tranchant  élargi,  manque  en  Gaule,  aussi  bien  en 
Vendée  et  en  Armorique  que  dans  les  autres  provinces. 

J'ai  donc  le  droit  de  protester  avec  énergie,  quand  je  vois 
M.  Marcel  Baudouin  affirmer  que,  contrairement  aux  théories 
anciennes,  «l'importation  méditerranéenne  du  cuivre  ne  peut  plus 
pour  l'ouest  de  la  France  être  prise  en  considération,  »  et  que 
l'énéolithique  de  la  Vendée,  indépendant  des  premières  décou- 
vertes métallurgiques  survenues  dans  l'Europe  méridionale,  pré- 
sente un  ensemble  de  formes  industrielles  originales.  A  l'heure 
actuelle,  il  est,  à  mon  sens,  impossible  d'émettre  une  théorie,  qui 
soit  en  contradiction  plus  complète  avec  l'ensemble  des  faits 
archéologiques  (1). 

M .  A.  Guébhard  estime  que  l'argument  de  l'uniformité  de  type 
des  premiers  instruments  de  l'homme  et  de  l'ultériorité  de  leur 
différenciation,  qu'il  s'agissse  de  la  hache  de  bronze  ou  de  cer- 
taines formes  simples  de  poteries,  se  retourne  absolument  contre 
la  théorie  monogéniste,  qui  refuse  au  cerveau  de  l'homme,  arrivé 
à  un  certain  degré  de  maturité,  d'avoir  pu  produire,  spontané- 
ment, partout,  dans  les  mêmes  circonstances,  à  l'incitation  des 
mêmes  besoins,  les  mêmes  fruits,  comme  le  végétal,  où  qu'on  le 
transporte  à  chaque  saison,  donne  feuille,  fleur  ou  graine,  et 
comme  le  moindre  insecte,  en  tous  lieux,  sans  leçons,  pratique, 
au  moment  voulu,  même  art,  science,  industrie. 

Le  progrès  des  communications,  aurait  dû  tendre,  comme  dans 
les  sociétés  modernes,  à  l'uniformisation  des  usages,  et  non  à  leur 
divergence;  et  les  archéologues  qui  veulent  voir  autre  chose  que 
de  la  physiologie  dans  l'évolution  des  manifestations  intellec- 
tuelles de  l'homme,  fournissent  la  mesure  de  leur  propre  cérébra- 
lité,  en  arrivant,  par  l'application  de  leur  méthode  et  par  des 
arguments  aussi  probants  les  uns  que  les  autres,  à  placer  les  uns 

(1)  J'ajoute  une  observation  d'importance  secondaire.  M.  Marcel  Baudouin 
oppose  les  trente-six  haches  plates  qu'il  déclare  avoir  été  trouvées  en  Vendée  à 
celles  du  Finistère,  où  l'on  n'en  connaît,  dit-il,  que  vingt-quatre,  bien  que  ce  dépar- 
tement passe  pour  le  plus  riche  en  objets  de  cette  catégorie.  Mais  ce  chiffre  des 
vingt-quatre  haches  du  Finistère  est  obtenu  uniquement  (à  une  unité  près)  au 
moyen  des  trouvailles  des  dépôts  connus  et  figurant  3ur  mon  relevé,  celui-ci 
dressé  en  grande  partie  pour  ce  département  à  l'aide  des  travaux  du  regretté 
Paul  duChatellier.  Ce  relevé  inventorie,  en  effet,  vingt-trois  haches  plates  en  Finis- 
tère (dépôt  de  Lety-Bras,  cinq  :  dépôt  de  Plogastel-Saint-Germain,  neuf  ;  dépôt  de 
Plouhinec,  neuf).  Pour  la  Vendée,  au  contraire,  M.  Baudouin,  si  je  ne  me  trompe 
(car  il  ne  donne  pas  le  détail  des  trouvailles),  fait  entrer  en  ligne  de  compte  non 
seulement  les  dépôts  comprenant  au  moins  deux  objets,  mais  encore  les  découvertes 
étrangères  aux  dépôts.  S'il  en  est  vraiment  ainsi,  la  comparaison  instituée  se 
trouve  tout  à  fait  viciée  :  il  faudrait  alors  ajouter  aux  vingt-trois  exemplaires  des 
dépôts  du  Finistère  ceux  des  sépultures  et  des  trouvailles  isolées. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  237 

au  Nord,  les  autres  au  Midi,  la  plupart  à  l'Est,  personne  ne  vou- 
lant de  l'Ouest,  le  centre  soi-disant  unique  d'émanation  de  ce  qui, 
partout,  put,  dut  naître,  fatalement  d'une  certaine  équation  éta- 
blie entre  l'homme  et  le  milieu,  aussitôt  l'un  en  possession  de  la 
circonvolution  cérébrale  voulue,  et  l'autre  du  matériel  idoine  à  la 
satisfaction  meilleure  d'un  besoin  de  plus  en  plus  développé. 

Constater  en  un  point  du  globe  la  coexistence  de  ce  matériel 
et  de  l'instrument  qui  en  lut  fait,  constitue  donc  en  faveur  de  la 
théorie  physiologique  de  l'Evolution  indépendante  des  hasards  de 
toute  révélation  monocentrique,  une  présomption  de  valeur  au 
moins  équivalente  à  celles  qui  ont  conduit  jusqu'ici  les  monogé- 
nistes  à  des  conclusions  divergentes. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  J'accepte  très  bien  et  je  suis  le  premier 
à  comprendre  la  nécessité  de  la  communication  de  M.  Déchelette. 
J'en  remercie  même  très  vivement  son  auteur,  dont  j'apprécie 
particulièrement  le  caractère  et  la  grande  science.  Elle  donne 
un  poids,  inespéré,  à  ma  modeste  prise  de  date!  —  Je  vais  donc 
m'efforcer  de  répondre,  aussi  brièvement  que  possible,  h  notre 
collègue,  phrase  par  phrase,  pour  simplifier.  Mais  je  me  sou- 
viens que  le  Fabuliste  a  dit  : 

"   «  L'homme  est  de  glace  aos  vérités  !  > 

Si  je  n'avais  été  obligé  de  résumer,  en  quelques  lignes,  un  mé- 
moire, rédigé,  de  cent  pages  [qu'il  ne  dépend  pas  de  moi  de  n'avoir 
pas  fait  paraître  encore],  on  aurait  pu  lire,  dans  ce  travail,  que 
«  Invention  du  cuivre  »  veut  dire  (cela  ne  va-t  il  pas  de  soi?)  «  In- 
vention de  Yindustrie  du  Cuivre  »',  dans  le  sens  même  qu'indique 
M.  Déchelette.  Mais,  ce  que  je  nie,  c'est  précisément  ce  fameux 

«  cheminement  delà  connaissance  du  procédé  métallurgique » .  Je 

suis  donc  polygéniste  (carrément  polygéniste),  en  matière,  Indus- 
trie, d'origine  humaine.  Par  suite  je  nie  également  que  les  objets 
de  cuivre  de  Y  Europe  occidentale  dérivent  de  prototypes  médi- 
terranéens. 

M.  Déchelette  et  moi  nous  sommes  donc,  en  réalité,  bien 
d'accord  :  nous  pensons  exactement  le  contraire  l'un  de  l'autre  \ 
C'est  ce  que  j'ai  affirmé  en  disant  :  «  Je  lutte  contre  les  théories 
aociennes  ».  Tout  est  donc  très  bien. 

On  ne  peut  pas,  cependant,  déjà  trouver  faible  mon  argumen- 
tation, puisqu'elle  n'a  pas  été  publiée...  Il  eut  été  prudent  de  la 
lire,  avanttoute  critique.  D'autre  part,  M.  Déchelette  veut  ignorer 
«  le  Cerveau  humain  ».  Libre  à  lui!  N'en  parlons  donc  pas,  ici, 
p sur  l'instant.  Mais  on  ne  perdra  rien  pour  attendre;  qu'on  se 
rassure  ! 


238  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Je  n'ai  jamais  nié  l'industrie,  locale,  du  cuivre  dans  l'Ibérie  ni 
dans  l'Irlande.  Je  prétends  seulement  que  les  Bretons-Vendéens 
n'ont  pas  eu  de  rapports  forcés  avec  ces  pays,  et  que  le  grand 
Transit  maritime,  si  célèbre,  n'a  pas  existé  dans  P  Atlantique,  à  la 
fin  du  Néolithique  tout  au  moins.  Je  crois  queles  vases  caliciformes 
peuvent  avoir  été  inventés  aussi  bien  en  Vendée  qu'en  Espagne, 
voir  même  «  en  Chine  »  !  Je  répète  que  cette  «  affaire  de  Céra- 
mique »  ne  prouve  nullement  le  «  grand  Transit  maritime  ». 
C'est  justement  là  où  intervient  le  fameux  «  Cerveau  humain  » 
dont  les  Archéologues  font  toujours  fi;  d'une  manière  incom- 
préhensible pour  les  Médecins. 

Je  reviens  à  la  Vendée;  et  je  rectifie  d'abord  ce  qui  est  inexact: 
1°  A  Saint-Etienne-de  Brillouet,  la  cachette  était  de  huit  haches, 
et  non  de  sept  (je  le  prouverai).  A  Messigny,  il  n'y  avait  pas  de 
haches  plates  (je  le  prouverai  encore).  Dès  1901,  le  FreRené  avait 
publié  un  bon  travail  sur  les  Haches  plates  de  Vendée.  M.  Dé- 
chelette  ne  l'a  jamais  pas  cité,  parce  qu'il  ne  le  connaissait  pas. 
Rien  de  plus  excusable  au  demeurant.  «  Je  sais  tout  »  n'existe 
qu'en  littérature 

Je  maintiens  la  forme  spéciale,  sinon  de  toutes  les  haches  de 
Vendée  (je  veux  dire  de  l'Ouest  de  la  France),  du  moins  de  beau- 
coup, par  rapport  à  celles  originaires  du  Centre  méditerranéen; 
je  le  démontrerai  par  trente  décalques,  et  l'étude  des  indices, 
trop  ignorée  [Les  dessins  du  Fre  René  sont  trop  réduits  pour 
servir  à  la  discussion].  D'autre  part,  la  hache  perforée  de  Ven- 
dée ne  ressemble  en  rien  à  celles  indiquées  par  M.  Déchelette; 
il  en  conviendra  lui-même,  quand  il  la  connaîtra! 

Les  types  10  (Italie),  12  (Chypre),  13  (Italie),  de  la  figure  de 
M.  Déchelette,  sont  inconnus  en  Vendée  (sans  parler  de  la  Bre- 
tagne) ;  or,  ce  sont  précisément  les  types  du  Cuivre  méditerranéen, 
n'ayant  rien  à  voir  avec  le  Cuivre  Breton-Vendéen.  Par  consé- 
quent, la  figure  de  M.  Déchelette  ne  fait  que  confirmer,  par  ces 
numéros,  ma  théorie,  au  lieu  de  l'infirmer  !  Or,  c'est  à  ces 
seules  formes  que  j'avais  voulu  faire  allusion  dans  ma  note. 

D'ailleurs,  en  ce  qui  concerne  la  forme  des  objets,  il  y  a 
longtemps  que  je  défends  l'idée  que  vient  de  si  bien  exposer 
M.  Guébhard;  si  donc,  pour  les  autres  numéros,  il  y  a  similitude 
de  forme  (plus  ou  moins  grande),  cela  ne  prouve  pas  du  tout 
l'importation  de  Vidée.  Les  mêmes  besoins  donnent  les  mêmes 
formes;  la  Fonction  fait  V Organe,  en  Anatomie  vraie. 

J'en  suis  actuellement  à  trente-neuf  Haches  plates  (je  ne  dis  pas 
en  cuivre)  pour  la  Vendée.  Si  j'ai  indiqué  le  chiffre  de  24  harhes 
plates  pour  le  Finistère,  c'est  parce  que  je  l'avais  trouvé  dans 
les  publications  de  M.  Paul  du  Chatellier  lui-même;  mais  je  suis. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  239 

prêt  à  accepter  tout  chiffre  plus  élevé  vque  If.  Déchelelte  ne 
donne  pas  d'ailleurs  !).  Cela  ne  m'effraie  pas.  J'ai,  au  demeurant, 
de  la  marge,  puisque  j'ai  encore  quinze  haches  de  plus  ;  et  mon 
mémoire  [dans  lequel  j'admets,  d'ailleurs,  la  possibilité  (à  dé- 
montrer) du  centre  cuprique  du  Finistère],  n'est  pas  encore 
publié  1 

Je  ferai  seulement  remarquer,  en  terminant,  que  ma  note 
originale  de  février  avait  48  lignes;  et  que  la  critique  de  M.  Dé- 
chelette  en  a  287.  Mon  honorable  contradicteur  m'a  donc  fait  un 
honneur,  dont  je  suis  le  premier  à  apprécier  toute  la  portée 
scientifique    Je  l'en  remercie  profondément. 

J'arrête  là  cette  réponse  temporaire,  que  j'ai  faite  très  courte  à 
dessein,  pour  ne  pas  abuser.  C'est  mon  travail  in  extenso,  qui 
répondra  scientifiquement  aux  partisans  des  théories  anciennes.  Je 
ne  reviendrai  donc  plus  sur  le  côté  théorique  de  la  question,  pour 
ne  pas  user  une  encre,  qui  est  plus  utile  quand  elle  consigne  des 
Observations  précises,  que  quand  elle  les  discute. 

M.  Desailly  (Paris).  —  Au  sujet  de  la  note  de  M.  Guénin  sur 
le  Cuivre  en  Bretagne*  je  ferai  remarquer  que  la  preuve  n'est  pas 
encore  faite  «  qu'il  y  eut  en  Bretagne,  et  sans  doute  en  Vendée, 
«  de  nombreux  gisements  de  cuivre,  livrés  à  l'exploitation  ».  De 
ce  que  certains  auteurs  ont  signalé  la  présence  de  roches  plus 
ou  moins  cuivreuses  dans  cette  contrée,  on  ne  peut  conclure 
quelles  ont  été  exploitées. 

Les  citations,  données  par  M.  Guérin,  sur  la  fo/  de  son  corres- 
pondant, ne  sont  pas  tout  à  fait  exactes.  En  publiant  la  liste  du 
minéral  cuivreux,  reprise  par  notre  collègue,  Gobet  ne  cherche 
qu'il  provoquer  des  recherches,  puisqu'il  écrit  :  «  On  trouverait 
des  mines  en  «  Bretagne:  du  marbre  dans  la  Marne,  et  d'autres 
«  substances;  mais  il  faudrait  confier  une  ou  deux  tarières  dans 
«  chaque  évéché  entre  les  mains  de  gens  amateurs  et  intelli- 
«  gents.  » 

Une  mine  ne  s'exploite  pas  sans  laisser  des  traces;  et  les  re- 
cherches de  M.  Hellot  (de  l'Académie  des  Sciences)  [dans  YEtat 
des  mines  du  royaume  distribué  par  province,  1750]  et  Daubrée 
[Aperçu  historique  sur  t exploitation  des  métaux  dans  la  Gaule  ; 
Revue  archéologique,  1868  et  1881],  ne  donnent  aucune  mine  de 
cuivre,  ayant  été  exploitées  en  Bretagne  (1).  Mme  de  Beauséjour, 


1)  On  lit  dans  Cambry  (Mon.  celt.,  p.  22)  :  «  Un  vaisseau,  chargé  de  Cuivre,  venu 
de  Gaule,  fit  naufrage  à  Ostie,  à  l'époque  de  Caligula  ou  a  peu  près  !  ». 

'ieux  qui  veulent  comprendre  mon  hypothèse,  n'ont  qu'à  relire  Cambry  —  avec 
Ye.prit  et  les  connaissances  modernes  !  »  — ,  car  cet  écrivain  fut  un  précurseur! 


240  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

elle-même,  dans  la  «  Restitution  de  Pluton  »,ne  cite  aucun  mine- 
rai de  cuivre  en  Bretagne.  .  . 

Pour  ce  qui  est  relatif  au  §  a  de  la  note  de  M.  Guénin,  voici  le 
texte  exact,  d'après  Gobet  : 

«  On  apprend  qu'en  1519  lorsque  la  Bretagne  fut  irrévocable- 
ment unie  a  la  France,  il  y  eut  une  commission  adressée  aux 
juges  de  Cornouailles,  Carhair,  Morlain  et  Lautrenier  pour  in- 
former à  l'occasion  de  certains  larcins  faits  es  mines  d'étain, 
plomb,  cuivre,  vif  argent  et  autres  métaux  fors,  l'or,  dans  le  pays 
de  Bretagne  ».  Le  mot  «  Cornouailles  »  est  suggessif,  et  ne  figure 
pas  dans  la  note  de  M.  Guérin. 

M.  Marcel  Baudouin. — Vint,  des  Ch.  et  Cur.  (1911,  LXIII, 
p.  568)  donne  la  liste  des  minières,  où  le  Cuivre  se  rencontre,  par 
hasard,  en  France.  Pour  l'Ouest,  il  cite  :  la  Charente  et  la  Haute- 
Vienne,  seulement;  pour  le  Sud  :  la  Corse,  les  Alpes-Maritimes,  la 
Savoie  .  Il  conclut  :  «  Depuis  la  publication  des  ouvrages  classi- 
ques (Lacroix;  Fuchs  et  Launay;  etc.),  l'exploitation  des  mines  de 
cuivre,  situées  sur  le  territoire  français,  a  une  légère  tendance  à 
se  développer. 

M.  Desailly  (Paris).  —  La  Compagnie  royale  de  Galabon 
a  exploité,  au  pied  de  la  montagne  d'Albert,  tout  proche  du  village 
de  Torrède,  une  veine  de  cuivre,  fort  riche.  Cette  veine  si  abon- 
dante était  accompagnée  de  feuillets  de  cuivre  rouge,  très  duc- 
tiles et  formés  tels  par  la  nature.  On  les  trouvait  répandus  parmi 
le  gravier  ou  plaqué  contre  les  pierres.  J'en  ai  apporté  quelques 
échantillons  sur'des  pierres,  où  le  cuivre  naturel  est  facile  a  plier, 
et  paraît  ramifié  à  la  manière  des  dendrites  (e). 

M.  A.  Guébhard,  à  propos  du  paradoxe  lancé  par  son  ami 
Pagès-Allary,  rappelle  que  la  question  de  la  première  tech- 
nique du  cuivre  a  été  depuis  longtemps  solutionnée  pour  l'Amé- 
rique précolombienne,  dans  le  sens  de  l'utilisation  par  simple 
martelage,  ave  l'aide,  peut-être,  de  la  chaleur,  mais  sans  fusion 
ni  moulage! 

Pour  revenir  en  Europe,  M.  Guébhard  rappelle  la  trouvaille,  qui 
a  été  faite  dans  une  palafitte  robenhausienne  (F.  Keller,  Schmelz- 
liegel fur  Kupfer  ausder  Steinzeit,  Indicateur  d'Antiquités  suisses, 
vol.  III,  1876-9,  p.  680-2,  pi.  IX)  d'un  petit  creuset,  présentant 
des  traces  indubitables  d'emploi  pour  la  lonte  du  cuivre  pUr. 

(1)  Le   Monnier.  —  Mémoire  à  l'Académie  royale  de  Sciences,  1739. 


SOCIÉTÉ    PRÉUlsTORIQUE   FRANÇAISE  241 

M.  Giémn  (Brest).  —  Dans  César  De  bello  Gallico,  III,  21),  on 
trouve  que  les  Aquitains  avaient,  en  beaucoup  de  lieux,  des  mines 
de  Cuivre.  Il  est  regrettable  qu'il  n'y  ait  pas  davantage  de  préci- 
sion. En  tout  cas,  à  Allaoe  (Charente),  il  y  eut  du  Cuivre  exploité. 

La  Tortue  en  Préhistoire. 
[Culte  des  Animaux  en   Tunisie]. 

Par  le  D* 

E.  Cle  de  MULINEN    Berne,  Suisse). 

Les  notes,  fournies  par  M.  le  Dr  Gobert  dans  le  B.  S.  P.  F. 
(pages  123-124)  sur  le  rôle  religieux  attribué  à  la  Tortue  en  Tu- 
nisie, s'accordent  avec  les  renseignements  que  j'ai  pris  lors  de 
mon  récent  voyage  dans  l'Afrique  du  Xord.  —  Voici  ce  qui  m'a 
été  communiqué  à  ce  sujet  par  des  indigènes  de  Tunis. 

Les  musulmanes  de  Tunis,  les  négresses  surtout,  les  femmes 
arabes,  quelquefois  même  les  hommes,  entreprennent  annuelle- 
ment, pendant  l'été,  un  pèlerinage  au  sanctuaire  de  Sidi-Saad, 
Après  y  avoir  fait  leurs  dévotions  et  déposé  les  offrandes,  elles 
se  rendent  à  une  sebkha  (étang)  du  voisinage,  domicile  de  la 
Lêla  Dagdouga, \aDame,  c'est-à-dire  la  Sainte  —  Tortuel  On  jette 
de  la  semoule  et  du  grain  dans  l'eau,  d'où  surgit  lentement  une 
énorme  Tortue.  A  son  aspect,  les  visiteuses  se  prosternent,  prient, 
et  font  leurs  vœux  qui  ne  peuvent  manquer  d'être  exaucés.  La 
seule  difficulté,  pour  obtenir  ainsi  tous  les  biens,  consiste  dans 
l'obligation  de  répéter  le  pèlerinage  à  Sidi-Saad  tous  les  ans  ;  par 
une  seule  omission,  on  s'exposerait  au  courroux  du  saint. 

L'exactitude  de  cette  information  me  parait  hors  de  doute 
qinmt  iiu  fond,  eu  égard  au  caractère  des  personnes  qui  me  l'ont 
donnée  ;  quoique  la  courte  durée  de  mon  séjour  à  Tunis  m'ait 
empêché  de  la  contrôler  moi-même,  je  n'hésite  pas  à  la  faire 
connaître.  Le  fait  allégué  me  semble  assez  significatif  pour  atti- 
rer l'attention  des  savants. 

Il  s'agit  ici  d'un  des  cas  de  vénération  des  Animaux  en  Tuni- 
sie, dont  on  pourrait  aisément  citer  un  plus  grand  nombre.  On 
part  du  monastère,  par  exemple,  par  une  belle  nuit  d'été  ;  les 
femmes  des  pêcheurs  prennent  la  mer  sur  des  barques  pour  jeter 
iu  grain  à  un  poisson,  la  Kahligé,  qui,  elle  aussi,  jouit  du  titre 
de  Cela,  de  Sainte.  L'Islamisme  étant  par  son  génie  opposé  au 
oulte  des  animaux,  les  cas  précités  ne  peuvent  avoir  eu  leur  ori- 
gine dans  son  sein.  Il  est,  en  outre, à  remarquer  que  ce  sont  prin- 
cipalement les  femmes  qui  observent  ces  cérémonies,  car,  en 
aiatière  de  religion,  elles  sont  plus  conservatrices  que  les  hom- 

30CIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE.  16 


242  SOCIÉTÉ    PKÉHlSTOItlQUE   FRANÇAISE 

mes.  Nous  relevons  donc  ici  les  traces  d'une  croyance  antérieure 
à  l'invasion  arabe  et  même  au  Christianisme,  croyance  qui,  pour 
persister,  a  dû  se  déguiser.  Elle  s'est  prudemment  mise,  dans  le 
cas  de  la  Lêla  Degdouga,  sous  la  protection  du  saint  musulman, 
comme  partout  les  cultes  survivants  du  passé  savent  s'accommo- 
der avec  la  religion  dominante  ! 


A  propos  des    Haches  en  pierre,  trouvées  <l:ma 
les  murs  de  maison*». 

M.  A.  de  Paniagua  (Paris).  —  L'Atharva-Véda,  le  quatrième 
véda,  dont  «  le  fond  est  d'une  immémoriable  antiquité  et  plonge 
en  plein  dans  le  passé  préhistorique  »  (V.  Henry,  la  Magie  dans 
Vlnde  antique),  donne  la  description  des  cérémonies  traumatur- 
giquesqu'accomplissaient  les  magiciens  Atharvas  et  Angiras,  lors 
de  la  construction  d'une  hutte  ou  d'une  maison  dans  l'Inde,  afin 
de  rendre  propices  la  déesse  «Dame  de  la  demeure»,  et  le  génie 
spécial  Vastôshpati,qui  se  confond  h  demi  avec  elle.  La  pratique, 
sacrée  et  propitiatoire  par  excellence,  consistait  à  enterrer,  aux 
quatre  coins  de  la  maison,  six  pierres  polies  (A.  de  Paniagua, 
Congrès  des  Soc.  franc,  de  Geo.  Bordeaux,  1907.  Les  figurations 
tectiformes  des  cavernes  à  parois  gravées  ou  peintes  des  Eyzies). 

M.  Georges  Baquié  (Nissan,  Hérault).  —  Dans  les  premiers 
contreforts  des  montagnes  de  Saint-Pons,  M.  l'abbé  Louis 
Vabre,  curé  et  géologue  à  Quarantes,  Hérault,  m'a  assuré  que 
les  paysans  de  la  région  placent  une  hache  polie  dans  l'inté- 
rieur des  clochettes  des  moutons,  pour  les  protéger  de  la  foudre, 
et  surtout  des  maladies. 


Le  Mot   Cro   en  Préhistoire. 

M.  A.  de  Paniagua  (Paris).  —  Mrae  Clémence  Royer  indique, 
comme  onomatopée  du  grattement,  skrabh  ou  ghrabli  [Les  rites 
funéraires,  p.  41).  J'ai  écrit,  en  1892  [La genèse  de  l'homme, 
p.  205.)  :  «  Si,  avec  une  pierre  quelconque,  un  silex,  un  calcaire, 
on  frappe  sur  une  roche,  on  racle  un  rocher,  on  obtient  un  bruit, 
qui  peut  s'exprimer  par  une  des  syllabes  cra,  cré,  cro,  suivant  la 
manière  d'entendre  de  chacun.  Si,  d'un  autre  côté,  on  constate 
que  cette  racine  onomatopéique,  soit  pure,  soit  déformée  par  mé- 
tathèse,  se  retrouve  dans  un  grand  nombre  de  mots  ayant  la  si- 
gnification immédiate  ou  éloignée  de  pierre,  de  dureté,  de  résis- 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  243 

lance,  on  sera  conduit  à  l'admettre  comme  ayant  la  signification 
initiale  de  «  Pierre  ». 

En  franc.,  craie; lat.,  cre-ta;  allem.,  kre-ide.  L'anglais  donne  le 
verbe  to  crack,  «  faire  éclater  une  pierre  ».  Ce  mot  est  typique, 
aussi  bien  que  le  franc,  craquer.  Le  grec  a  xpo-xr,,  xpo-xaêir],  cail- 
lou craquant  sous  les  pieds.  Par  relation  d'idées,  <rxpa-Etv  veut 
dire  «  croasser  et  «  grincer  »  ;  et  nous  ajouterons  que  dans  le  pa- 
tois des  Vosges  le  nom  du  corbeau  est  crô. 

Le  dravidien  a  kal,  «  pierre»,  qui  par  le  mute  si  fréquent  des 
liquides  /et  r  donne  kar  en  tamoul;  d'où  le  grec  /spa?.  Dans  ce 
cas,  il  y  a  mute  également  dans  la  forme:  kar  est  évidem- 
ment pour  kra.  En  vertu  de  la  même  métathèse  le  français  roc, 
forme  masculine  de  roche,  ne  serait  qu'un  anagramme  de  cro  par 
la  translation  de  l'initiale  au  terminale  :  bas.  lat. ,  ro«:<:a  ;  provenç., 
roca  ;  esp.  roco  ;  celt.,  roc  h  ;  gael.,  rock. 

La  Géographie  apporte  son  contingent  de  preuves,  en  mon- 
trant que  nombre  de  localités,  dont  les  noms  contiennent  cette 
racine,  sont  des  endroits  où  existent  ou  ont  existé,  soit  des  carriè- 
res, soit  des  abris  sous  roche,  soit  des  amas  de  rochers:  en 
France,  Cro-Magnon  énorme  rocher,  qui  domine  la  vallée  de  la 
Vézère  ;  Crèon  (Gironde),  carrières  de  pierres  ;  Creil  (Oise),  en- 
core carrières  de  pierres;  Craon  (Mayenne).  A  l'étranger, Crons- 
tadt,  île  rocheuse  dans  l'Estuaire  de  la  Neva;  Cracovie,  bâtie  dans 
une  plaine,  mais  entourée  de  collines  pierreuses  en  amphithéâtre  ; 
Crémone,  qui  s'élève  sur  un  énorme  rocher.  On  pourrait  allonger 
considérablement  cette  nomenclature. 


Discussion  sur  les  Gravures  sur  Roches. 

M.  le  Dr  Dalmon  (Bourron,  S.-et-M.).  —  La  communication  de 
M.  Ede,  dans  le  précédent  Bulletin,  sur  les  Gravures  rupeslres, 
m'a  remis  en  mémoire  un  passage  des  Triades  de  l'Ile  de  Bretagne, 
du  roi  Cormac,  où  il  est  question  de  la  pierre  de  Swyddon-Sanhe- 
bon,  dans  laquelle  sont  gravés  tous  les  arts  et  toutes  les  sciences 
du  monde. 

Si,  de  nos  jours,  les  Mégalithes  de  nos  campagnes  sont  encore 
illustrés  de  légendes,  à  caractères  modernes  ou  médiévaux, 
nombreuses  sont  les  traditions  des  premiers  siècles  de  notre  ère, 
se  rapportant  aux  pierres.  Ne  sont-ce  pas  elles,  qui  ont  été  l'ori- 
gine de  la  dénomination  de  pierres  celtiques,  qu'on  donna  tout 
d'abord  aux  mégalithes  ?  Ces  légendes  ont  dû  prendre  leur  racine 
dans  des  légendes  plus  anciennes  de  peuples  disparus.  La  légende 


244  SOCIÉTÉ  PKÊIHSTOIUQUE   FRANÇAISE 

n'est  pas  une  et  immuable;  la  légende  a  son  évolution.  C'est  ce 
qui  peut  nous  permettre  de  reconstituer  à  rebours  ses  différents 
caractères  chronologiques,  pour  en  dégager  le  point  primitif  pré- 
historique, comme  l'a  si  bien  fait  remarquer  notre  éminent  collè- 
gue, M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  Ces  traditions  n'ont  pas  toujours 
un  caractère  religieux. 

Il  se  peut  que  les  gravures  rupestres  du  Mont  Aiven  aient  un 
caractère  religieux  ;  mais  rien  ne  le  prouve  actuellement. 

Il  me  paraît  dangereux  de  les  comparer  aux  signes  cruciformes 
de  la  Roche  aux  Noms.  Je  souhaite  que  l'intéressante  découverte 
de  M.  Ede  en  amène  d'autres;  mais  il  serait  regrettable,  à  mon 
avis,  qu'elle  soit  l'objet  de  conclusions  prématurées  ou  d'associa- 
tions trop  éloignées.  Le  triangle  de  nos  signaux  géodésiques  n'a 
aucun  caractère  lithurgique  ! 


Présentation  de  Photographies  stéréoscopique» 
du  Dolmen  à  polissoir  de  Vouvray  fSarthe). 

M.  Bossavy  (Versailles)  fait  circuler  des  vues  stérèoscopiques  du 
Dolmen  de  Vouvray-sur-Huisne  (Sarthe),  dont  un  pilier  montre,  à 
l'intérieur,  les  traces  de  son  utilisation  comme  polissoir.  M.  Bos- 
savy se  proposait,  en  raison  de  cette  particularité,  de  décrire  le 
dolmen  en  question,  lorsqu'il  a  appris  que  notre  collègue,  M.  Car- 
tereau  (de  la  Sarthe),  en  avait  fait  l'objet  d'une  importante  com- 
munication au  Congrès  préhistorique  de  Tours,  en  1910. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  me  permets  de  féliciter  M.  Bossavy 
d'avoir  employé  la  photographie  sièrèoscopique  pour  le  Dolmen 
Polissoir  de  Vouvray  (Sarthe);  et  je  me  borne  à  rappeler  que 
j'ai  été  le  premier  (1)  à  employer  cette  méthode  pour  les  Po- 
lissoirs  et  les  Dolmens,  dès  1901  (2).  Il  faudrait  toujours  l'uti- 
liser pour  les  Gravures  sur  Rochers  [Cupules,  Bassins,  etc.), 
car  on  les  comprendrait  bien  mieux  ainsi. 

J'ajoute  que  mon  ami,  M.  Maurice  Hamy,  l'astronome,  membre 
de  l'Institut,  a  montré  qu'on  pouvait  se  passer  d'appareil  spécial, 
en  prenant  deux  vues  successives  avec  le  même  appareil,  sous  un 
angle  différent;  le  seul  inconvénient  est,  pour  nous,  mathéma- 
ticiens   élémentaires,    de   calculer   cet  angle,  pour  une  distance 

(1)  Marcel  Baudouin. —  [La  photographie  scientifique  des  Mégalithes.]—  Bull,  et 
Mém.  Soc.  dÂnthr.,  Paris,  1901.  p.  344  (séance  du  6  juin  1901). 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  La  Photographie  stéréocopique  des  Mégalithes.  —  Bull, 
et  Mém.  Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1901,  5  s.,  t.  II,  592-602.  —  Tiré  à  part,  1901,  in-8", 
4  figures. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  "2-io 

donnée  et  notre  appareil.  —  Il  est  plus  pratique,  en  effet,  d'avoir 
recours  à  un  appareil  ad  hoc. 


Découvertes  en  Charente-Inférieure. 

[Prise    de  date\ 

M.  A.  Gousset  (Etaules)  communique  quelques  notes  sur  les  décou- 
vertes récentes,  qu'il  a  faites  en  Charente-Inférieure. 

Les  principales  sont  les  suivantes  : 

i°  Camp  du  Champ  de  la  Mule  Sainte-Porchaire).  —  Ce  camp  est 
inédit:  il  semble  qu'il  s'agit  d'un  éperon  barré.  Il  est  probablement 
néolithique  (silex,   poteries,  etc.). 

2°  Les  Grottes  de  Sainte-Porchaire.  —  On  en  distingue  au  moins 
trois,  dans  les  environs  du  Camp  précédent. 

3°  Les  Grottes  de  Rochecorbon.  —  Certaines  de  ces  grottes  ont  été 
utilisées  à  une  période  récente  et  transformée  en  des  sortes  de  Refuges, 
comme  en  Charente.  —  Il  y  a  au  moins  quatre  Grottes. 

4°  Un  Cimetière  mérovingien. 

5°  Un  Camp,  au  lieu  dit  Le  Chatenet. 

6°  La  Grotte  de  la  Vauzelle,  qui  est  très  intéressante. 

Toutes  ces  découvertes  feront  l'objet  d'études  détaillées  ultérieures. 


Découverte  d'une  station  moustérienne 
à  Garches    Seine-et-Oiee'. 

[Prise  de  date]. 

M.  Maurice  Gillet  (SuresnesS.). —  Entre  une  couche  de  limon 
des  plateaux,  d'une  épaisseur  de  12  mètres  environ  et  de  sable 
de  Fontainebleau,  M.  Gillet  a  recueilli  a  Garches  (briqueterie 
Huguet),  disséminé  sur  un  banc  de  meulière,  formant  l'ancien 
sol,  un  nombreux  outillage  moustérien,  comprenant  principale- 
ment de  beaux  éclats  Levallois,  des  racloirs  convexes,  des 
pointes  à  main,  des  lames  avec  encoches  pour  faciliter  l'emmen- 
chement,  et  un  instrument  triangulaire  semblable  a  celui  de  la 
ligure  70  du  Musée  préhistorique  de  G.  et  A.  de  Mortillet 
(2°  édition). 

M.  Gillet  poursuit  ses  recherches.  Il  se  propose  d'en  fairecon- 
naitre  le  résultat,  si  les  matériaux  réunis  lui  paraissent  intéres- 
sants, et  si  personne  ne  revendique  la  priorité  de  cette  découverte. 


246  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Un  atelier  de  fabrication   d'anneau  en  lignite 
à  IVacqueville-Baa   (Manche). 

[Prise  de  date]. 

M.  G.  Rouxel  (de  Cherbourg).  —  La  présence  d'anneaux  en 
schiste  a  été  reconnue  sur  la  plage  de  Nacqueville-Bas  dès  1878, 
à  la  suite  d'une  tranchée,  effectuée  pour  l'établissement  de  la 
batterie  de  Nacqueville. 

Depuis,  M.  Rouxel  a  surveillé  attentivement  ce  point,  trop 
souvent  ensablé  ;  et,  a  la  suite  de  grandes  marées,  il  y  a  recueilli 
une  industrie  néolithique  comprenant  des  grattoirs  noirs  et 
courts  taillés  dans  des  galets  éclatés,  des  instruments  en  silex 
ocreux,  des  grattoirs,  des  petits  tranchets  et  des  pointes,  géné- 
ralement de  petites  dimensions.  Mais  ce  qui  caractérise  cette 
station  et  donne  une  importance  capitale  aux  dernières  décou- 
vertes, c'est  d'avoir  de  nouveau  recueilli  plus  de  vingt  ébauches 
d'anneaux  en  schiste  bitumineux,  portant  des  traces  de  débitage, 
et  dues  à  des  silex  plutôt  qu'à  des  instruments  en  métal.  D'après 
M.  Bigot,  ce  schiste  proviendrait  d'un  gisement  voisin,  situé  à 
12  kilomètres,  sur  la  côte  opposée  et  de  la  dune,  du  Pont  des 
Sablans,  entre  Biville  et  Siouville.  Deux  anneaux  terminés  offrent 
un  cercle  petit,  arrondi  sur  les  bords,  avec  nervure  creuse  sur  le 
pourtour  extérieur. 

De  plus  amples  détails  sur  cette  découverte,  très  intéressante 
et  qui  rappelle  celles  de  Buxières  et  Montcombroux  (Allier), 
seront  fournis  ultérieurement. 


Casse-tAte  de  Braisne  (Abne). 

M.  S.  Leloutrk.  --  Dans  sa  notice  intitulée  Casse-tête  en  silex, 
trouvé  à  Saint-Quenlin-des-Iles,  près  Bernay  (Eure),  M.  Coutil 
a  signalé,  au  n°  3,  le  casse-tête  de  Braisne-le-Comte  (Oise);  l'indi- 
cation du  département  doit  être  changée  ;  le  lieu  de  la  décou- 
verte serait  les  environs  de  Braisne  (Aisne).  Le  DrVimyqui  l'avait 
recueilli  avait  formé  une  collection  très  intéressante,  provenant 
de  cette  région  située  à  l'embouchure  de  la  Vesle  et  l'Aisne,  qui 
a  fourni  à  MM.  de  Saint-Marceaux  etMoreau  (Collection  Caranda) 
de  fort  belles  choses. 


SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE    FRANÇAISE  247 


Ex-voto  en  argile, représentant  probablement 
un  cavalier   gaulois,  trouvé  en  Palestine. 

Par  le  D' 

E.  Comte   de    MULINEN  (Berne). 

[Me  de  date\ 

La  pièce,  en  argile  rougeàtre,  haute  d'environ  0m12,et  excavée 
intérieurement,  a  été  trouvée  dnns  la  grande  caverne  de  Bi'ne, 
près  de  Deir  el-Asad,  à  une  distance  de  deux  lieues  à  l'est  de  Saint- 
Jean-d'Acre.  Les  autorités,  auxquelles  elle  a  été  soumise,  sont 
d'avis  qu'elle  représente,  d'après  tout  son  aspect,  la  chevelure,  le 
bouclier,  un  cavalier  gaulois.  Dans  ce  cas,  il  s'agirait  d'un  membre 
de  ces  vaillantes  tribus  qui,  faisant  invasion  en  Asie,  ont  fondé  le 
royaume  des  Galates,  et  qui  pouvaient  même  conquérir  l'Egypte; 
au  me  siècle,  on  les  trouve  un  peu  partout  clans  le  Levant,  notam- 
ment dans  le  royaume  des  Séleucides,  où  ils  faisaient  le  métier 
de  condottieri.  La  caverne  de  Bi'ne  contient  des  antiquités  de 
tous  les  âges,  depuis  les  temps  les  plus  reculés  de  la  domination 
égyptienne  sur  la  Phénicie  jusqu'à  l'ère  chrétienne.  On  pourrait 
donc  s'imaginer  qu'un  ex-voto  gaulois  a  été  déposé  dans  ce  sanc- 
tuaire funéraire. 


Dents  humaines  Moustériennes 
de  La  Quina  (Charente). 

[Prise  de  Date]. 

M.  le  Dr  Henri  Martin  (Paris)  présente  deux  dents  humaines, 
du  Moustérien  supérieur,  de  La  Quina  (Charente).  —  Ces  pièces, 
recueillies  exactement  en  place  sous  un  ancien  éboulement,  ont 
été  dégagées  de  la  couche  tout  récemment,  lors  de  ses  dernières 
fouilles;  l'une  d'elles  a  même  été  trouvée  par  notre  collègue 
M.  Harlé. 

Ces  dents,  de  fortes  proportions,  répondent  à  la  M' inférieure 
droite  et  à  la  M3  inférieure  gauche.  Elles  seront  l'objet  d'une 
étude   ultérieure. 


248  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Objet  bizarre  en  terre  cuite. 

M.  A.  Guébhard  présente  un  singulier  petit  objet  trouvé 
dans  les  fouilles   de  Massiac  (Cantal),   par  M.  J.  Pagès-Allary. 

Façonné  en  terre  micacée,  à  petits  grains  de  quartz  hyalin,  il  a 
la  forme  générale  d'une  chausse-trape,  c'est-à-dire  de  deuxpyra- 
mides  quadrangulaires  réunies  par  leurs  bases  de  4  centimètres 
de  côté,  à  arêtes  curvilignes  très  émoussées  et  angles  arrondis 
en  tétons,  l'un  d'eux  un  peu  allongé  en  manche  creux.  Dans  la 
cavité  intérieure  sont  restés  mobiles  des  fragments  de  terre  fai- 
sant grelots,  peut-être  dus  simplement  à  la  percée  diamétrale  de 
quatre  trous  de  0m004  de  diamètre,  également  répartis  entre  les 
saillies,  où  ils  font  un  peu  l'effet  d'yeux  de  part  et  d'autre  de  chaque 
nez.  Aucune  intention  anthropomorphe  ne  semble  cependant 
avoir  présidé  à  ces  perforations,  destinées  plutôt  à  la  suspension 
d'un  objet  de  jeu,  d'un  hochet  ou  d'un  contrepoids,  ou  peut-être 
à  l'attache  d'un  pommeau  faisant  partie  d'une  plus  grosse  pièce. 

L'âge,  n'ayant  pu  être  donné  par  la  stratigraphie,  reste  incer- 
tain :  vraisemblablement  gallo-romain.  Rien  de  similaire  n'a  pu 
être  trouvé  ni  dans  la  littérature,  ni  dans  les  collections. 


Découverte  de  Sépultures  à  Gigny  (Jura). 

Madame  M.  Savoye  a  profité  d'un  défoncement,  qui  se  faisait 
à  Gigny  (Jura),  sur  un  emplacement  où  on  disait  qu'avaient  été 
trouvées  autrefois  des  sépultures,  pour  en  faire  rechercher,  un 
peu  plus  profond,  encore  d'autres,  qui  furent  effectivement  dé- 
couvertes, en  deux  lignes  parallèles,  au  nombre  de  treize; 
toutes  orientées  face  à  l'Est,  la  tête  reposant  sur  une  petite  dalle, 
l'entourage  et  la  couverture  formées  d'autres  dalles  brutes,  mal- 
heureusement sans  aucun  mobilier  permettant  de  préciser  leur 
âge.  M.  A.  Girardot,  avisé  fit  savoir  que  les  anciennes  trouvailles 
analogues,  faites  en  1887,  avaient  permis  de  rapporter  la  plupart 
à  l'époque  mérovingienne  (L.  Clos,  Découverte  de  tombeaux  an- 
tiques sur  le  territoire  de  Gigny,  Jura,  Mém.  Soc.  Emul.  du  Jura, 
4«  série,  vol.  III,  1887,  p.  14-23,  1  pi.) 

A  Graye,  ajoute  Mmc  Savoye,  non  loin  de  Gigny,  des  tombes 
analogues  ont  été  plusieurs  fois  découvertes,  sans  mobilier,  au 
nord  de  l'éminence  du  Mettiau,  où  on  remarque  d'assez  nombreux 
fragments  du  silex  taillés  et  de  poteries  antiques. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  249 


III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES. 


Commission   d'étude 

des  Enceintes    préhistoriques 

et  Fortifications   anhistoriques. 

If.  Armand  Viré,  Président  de  la  Commission,  empêché  d'assister 
à  la  séance,  envoie  le  47e  rapport. 

—  M.  Stéphane  Bouttet  nous  a  adressé  une  étude,  tirée  de  la 
Revue  Préhistorique,  sur  le  Château-Brulé  de  Lourdon,  commune  de 
Vilïerest  (Loire),  intéressant  spécimen  de  fort  vitrifié,  et  sur  le  Châ- 
teau de  Verre,  de  Chatelus,  commune  de  Saint-Alban-les-Eaux 
(Loire).  Le  premier  figure  dans  l'inventaire  publié  plus  loin,  et  dû  à 
Mme  Savoye  ;  le  second  a  été  publié  déjà  ici  même  (J5.  S.  P.  F.,  VI, 
1909,  p.  357). 

M.  N.  Gabillaud,  nous  envoie  des  notes  dont  voici  d'intéressants 
extraits  : 

«  Les  environs  de  Châtillon-sur-Sèvre,  autrefois  Mauléon  (Deux- 
Sèvres),  ont  vu  leurs  hauteurs  tour  à  tour  occupées  par  les  Gaulois 
et  les  Romains  (1),  les  Français  et  les  Anglais,  les  Catholiques  et  les 
Protestants,  les  Royalistes  et  les  Républicains,  qui,  tous,  respectè- 
rent et,  sans  doute,  utilisèrent  les  enceintes  préhistoriques  ou  préro- 
maines de  Château-Gaillard  et  de  Bois-Fichet,  commune  de  Saint- 
Jouin-sous-Chàtillon. 

«  Il  est  probable  que  les  retranchements  de  Château-Gaillard 
(Camp  des  Gaulois)  et  de  Bois-Fichet  (Camp  de  Duguesclin),  ont  été 
construits  par  des  peuples  agriculteurs  se  livrant  à  l'élevage  des  ani- 
maux domestiques.  Les  deux  plates  formes,  A  et  B,  situées  au  som- 
met de  ce  dernier  mamelon,  devaient  être  entourées  d'une  palissade 
à  base  consolidée  par  un  ados  de  terre  et  de  pierrailles.  Pendant  la 
nuit,  elles  servaient  d'abri  aux  bêtes  et  aux  gens. 

De  larges  avenues  bordées  de  remparts  conduisaient  le  troupeau 
du  parc  aux  prairies  des  alentours.  Les  cordons  de  terre  et  de  pier- 
res amoncelées  qui  courent,  de  haut  en  bas,  sur  le  flanc  du  coteau, 
pouvaient  border  les  allées  de  chaque  parc,  et  séparer,  entre  eux, 
les  différents  quartiers  assignés  aux  familles  ou  tribus. 

(1)  Voir  N.  Gabillaud.  —  Inventaire  Archéologique  et  Rapport  sur  la  Station 
gallo-romaine  de  la  Barbinière. —  On  vient  de  ui'apporter  un  denier  d'argent  d'O- 
' aollie,  femme  de  Philippe  père,  trouvé  en  face  de  Château-Gaillard^  au  pied  des 
l'uinc*  de  l'ancien  château  do»  Sires  de  Mauléon, 


250  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

«  Entre  les  enceintes  de  Bois-Fichet  et  de  Château-Gaillard,  dis- 
tantes de  1.000  à  1.200  mètres,  existait,  jadis,  un  dolmen.  La  repré- 
sentation que  j'en  donne,  d'après  un  croquis  de  M.  Chaigneau,  ser- 
rurier à  Châtillon,  m'a  été  fournie  par  mon  obligeant  confrère, 
M.  Charbonneau-Lassay,  conservateur-adjoint  au  Musée  des  Anti- 
quaires de  l'Ouest.  Après  avoir  bravé  les  siècles,  les  guerres  et  les 
révolutions,  le  vénérable  monument  funéraire  de  Château-Gaillard 
est  tombé  sous  les  coups  de  marteau  sacrilèges  d'un  tailleur  de  pierre, 
et  sa  table  de  beau  granit  noir,  débitée  en  linteaux,  est  entrée  dans 
une  vulgaire  construction  rurale. 

«  Quant  au  prétendu  cromlech  de  la  Roche-Galouin,  commune 
de  la  Chapelle-Largeau  (Deux-Sèvres),  l'étymologie  du  nom,  plus 
que  la  régularité  de  la  iorme,  ferait  croire  à  son  authenticité.  On  sait 
que  les  roches,  dites  Gauloises,  désignent  presque  toujours  des  monu- 
ments à  origine  néolithique.  Mais  les  blocs  de  la  Roche-Galouin  ne 
ressemblent  en  rien  aux  menhirs  des  cromlechs  bretons  ;  ce  sont  des 
«  chirons  »,  indépendants  de  la  roche  sous-jacente,  roulés  là  sans 
doute  par  hasard,  dont  la  disposition  sur. deux  rangs,  vue  de  loin  et 
du  bon  côté,  paraît  à  peu  près  circulaire. 

—  M.  Pagès-Allary  nous  décrit  ses  dernières  et  toujours  inté- 
ressantes recherches  dans  le  Cantal. 

L'enceinte  gauloise  de  Celles  prouve  que  les  enceintes  n'étaient 
pas  toujours  placées  sur  le  sommet  des  montagnes,  mais  qu'il  y  en 
avait  à  l'époque  préhistorique  de  cachées  dans  des  plissements  de 
terrain,  à  mi-côte  des  rochers  escarpés,  dans  des  corbeilles  formées 
par  de  grands  éboulés  —  ou  des  tassements  ou  glissements  de  ter- 
rain. 

L'enceinte  gauloise  de  Celles  (près  Neussargues),  bien  datée  par 
le  tumulus  gaulois  qu'y  a  découvert  et  fouillé  notre  collègue,  lui  a 
procuré  dix-sept  vases  inédits,  qu'il  a  reconstitués  avec  plus  d'un 
millier  des  précieux  fossiles  tessons. 

Les  profils  qu'il  en  a  exécutés,  démontrent,  nous  dit  M.  Pages  : 

1°  Que  la  forme  et  le  galbe  ont  une  importance  plus  grande  que 
l'analyse  de  la  pâte,  dans  une  classification  logique  et  utile  à  la 
chronologie  ; 

2°  Que  la  poterie  fine  et  la  poterie  grossière  peuvent  exister  :  à  la 
même  époque,  sur  le  même  lieu,  dans  les  mêmes  mains,  suivant 
qu'elles  étaient  :  à  l'usage  de  la  cuisine,  du  ménage  ou  des  céré- 
monies ; 

3°  Que  dans  le  détail,  on  remarque  par  exemple  un  cordon  d'orne- 
mentation à  renflement  près  du  col  des  urnes,  qui  est  comme  une 
marque  de  fabrique  et  une  date,  il  n'a  pas  en  même  temps,  l'utilité 
démonstrative  d'un  usage  de  fermeture  plus  étanche  de  ces  vases, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  251 

ïiyee  l'aide  d'un  autre  renversé  dessus  pour  le  recouvrir  jusqu'après 
ce  cordon  ; 

4°  Le  n°  17  démontre  que  la  fabrication  au  colombin  était  aussi 
employée  que  le  tour,  la  tournelle,  ou  celle  dite  à  la  main,  suivant 
la  pâte  et  le  vase  qu'on  voulait  faire; 

5°  Que  la  forme  de  la  nature  et  la  cassure  même  des  tessons,  ai- 
dent l'ongle,  au  moment  de  la  trouvaille,  pour  reconnaître  la  dureté, 
la  résistance,  la  composition  de  la  pâte,  d'où  on  déduit:  sa  cuisson, 
beaucoup  plus  exactement  que  lorsque  les  tessons  ont  pris  de  la  du- 
reté par  suite  du  séchage  à  l'air  ; 

6°  Enfin  ces  tessons  lavés  démontrent  ce  dont  on  doute  encore  :  que 
dans  l'engobe  des  urnes  gauloises,  il  y  a  non  seulement  des  dessins 
géométriques,  mais  des  peintures,  et  des  peintures  polychromes  résis- 
tant au  temps  et  assez  bien  au  lavage  —  (le  rouge,  le  noir,  le  jaune 
et  le  marron-brun  surtout). 

Cette  enceinte  est  fermée,  du  côté  sud:  par  une  muraille  de  ba- 
salte bien  droite  et  des  éboulis  de  142  mètres  de  hauteur,  l'isolant  de 
la  planèze,  dont  l'altitude  est  de  1000  m.  Elle  est  détendue  :  à  l'est, 
par  un  très  long  mur,  que  notre  collègue  a  suivi  dans  ses  fouilles  et 
où  il  a  trouvé  des  tessons  de  vases  gaulois  ;  au  nord,  par  des  éboulis 
basaltiques  de  58  m.  environ  qui  le  séparent  de  la  plaine  que  forme 
la  vallée  de  l'Allagnon  et  l'ancien  lac  formant  la  commune  de  Neus- 
sargues.  dont  les  Gaulois  ont  dû  connaître  encore  les  rives  tantôt 
argileuses,  tantôt  ensablées,  et  encore  tourbeuses,  en  prenant  la  suite 
des  néolithiques  révélés  par  les  silex  trouvés  dans  les  travaux  de  la 
gare  du  passage  inférieur  fNeussargues,  Celles).  [Voir  Chastelj. 

Enfin  à  l'ouest,  par  un  mur  qui  descend  jusqu'à  ce  qui  paraît  avoir 
été  le  bord  du  lac,  et  où  deux  gros  murs  semblent  former  un  embar- 
cadère curieux,  dans  lequel  ont  été  trouvés  les  débris  de  meutes  gau- 
loises. 

A  l'intérieur  de  cette  enceinte,  on  peut  relever  de  nombreuses  pe- 
tites cases  de  3  et  4  m.  de  côtés  ;  il  devait  y  avoir  aussi  des  huttes 
indiquées  par  des  bordures  de  pierres  tout  le  long  d'un  chemin  con- 
duisant à  un  amas  considérable  de  blocs  de  basalte  éboulés,  d'où 
l'air  arrive  très  froid,  où  la  neige  glacée  reste  bien  plus  longtemps, 
et  qu'il  serait  aussi  coûteux  et  dangereux  qu'intéressant  de  fouiller. 

C'est  peut-être  là  qu'il  faut  chercher  la  cause  d'une  énorme  dé- 
viation magnétique  constatée  (2),  et  que  les  basaltes  n'expliquent 
qu'à  demi  ? 

Ainsi  qu'on  le  voit  par  la  coupe  donnée  dans  la  belle  thèse  (re- 
cherches paléophytologiques  de  M.  A.  Lautry  (série  A,  nos613, 1348  ; 

(1)  Bulletin  delà  S.  P.  F.,  Tom  V,  1908,  pages    474-493. 

(2)  J.  Pagès-Allary,  Déchelette  et  Lautry. —  Le  Tumulus  Arverne  de  Celles. 
Anthropologie,  t.  XIV,  1903,  pages  385-416.  " 


252  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

page  149),  nous  avons  constaté  que  l'argile,  de  la  terre  noire  sa- 
propélienne,  de  la  silice  à  diatomées,  avec  des  agglomérats  basalti- 
ques, servent  de  base  à  une  coulée  de  basalte  miocène  importante. 
M.  Pages  pense  que  les  eaux  du  lac,  aidées  à  cet  endroit  par  de 
nombreuses  sources  qu'alimente  le  vaste  plateau  de  la  Planèze,  ont 
dû  ronger  les  terres  friables,  en  les  détrempant  sous  caves,  la  coulée 
de  basalte,  qui  au  moment  où  le  poids  surplombant  a  été  supérieur 
à  l'adhérence  de  la  masse  basaltique,  s'est  détaché  pour  produire 
l'énorme  ébouli  qui  a  glissé  sur  les  pentes  pour  former  l'enceinte  na- 
turelle^ fort  bien  cachée  et  protégée,  en  intérieur  de  coquille,  d'où 
on  peut  voir  toute  la  vallée,  au  travers  des  grands  arbres  qui  achè- 
vent de  masquer  cette  sation  gauloise.  Le  vase  gaulois  et  le  moulin 
du  plan  datent  la  dernière  occupation  de  cette  enceinte. 

—  Mme  Savoye,  en  dépouillant  les  publications  et  les  notes  inédi- 
tes de  son  regretté  mari,  a  pu  dresser  les  listes  ci-jointes,  qu'elle  veut 
bien  nous  communiquer,  au  sujet  des  enceintes  de  la  Loire,  du 
Rhône  et  de  Saône-et- Loire. 

Département  de  la  Loire. 

La  Chamba,  le  Chatelard  [F.  M.  Monographie  des  communes  de 
l'arrondissement  de  Roanne,  p.  296.] 

Changy,  Cauhatetard  (silex  et  haches  polies)  [F.  M.,  op.  cit.,  p.  80]. 

Chambles,  au  Palais,  oppidum  Essalois  (haches  polies)  [Musée  de 
la  Diana]. 

Crémeau,  le  Chatelard  [F.  M.,  op.  cit.,  p.  50]. 

Desbats-Rivière-d'Orprat,/e  Chatelard  de  Ry au  [Collection  E.  Bras- 
sart,  à  Montbrison,  et  C.  Savoye,  à  Odenas.  E.  Brassard,  Congrès 
archéologique  Montbrison  1885  p.  12]. 

Essertine-en-Chatelneuf,Monta(7ne  du  Châtelard[F.M.  op.cit.  p.  93]. 

Lérigneu,  au  Gas-de-Genestoux  [T.  Rochigneux,  Le  Forez,  canton 
de  Montbrizon,  p.  280] 

Machezal,  à  Pourrières,  enceinte  vitrifiée  et  enceinte  à  pierres 
sèches  [A.  Vachy,  fouilles  du  tumulus  de  Machezal,  1893].  Les  Noes> 
au  Châtetard  [F.  M.,  op.  cit.,  p.  148]. 

Pavezin,  le  Château-Belize,  enceinte  circulaire  en  pierres  sèches, 
au  sommet  du  pic  de  Bourchain  [F.  M.,  op.  cit.,  p.  240]. 

Périgneu,  enceinte  vitrifiée,  au  pic  de  la  Violette  [F.  Thiollier, 
Le  Forez,  canton  de  Saint-Rambert.  F.  M.  op.  cit.  p.  330.  Vincent 
Durand,  Bulletindela  Diana,  t.  l°r  p.  57.  Brassart,  op.    cit.  p.   115]. 

Perreux,  au  Chatelard  [Musée  de  Roanne,  Noélas,  Etude  sur  les 
âges  préhistoriques  en  Roannais,  p.  19], 

Pinay,  oppidum  de  Cis,  au  Chatelard  (1). 

(1)  A.  de  Mortillet  Invent, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRAKÇAISE  253 

Roizey,  enceinte  en  pierres  sèches  de  200  mètres  de  long,  sur  40 
mètres  de  large,  sur  la  pente  orientale  du  Pic  des  Trois-Dents  [Sleyert. 
Nouvelle  histoire  de  Lyon,  t  I,  p.  32]. 

Saint-Bonnet-des-Cars,  ruines  de  plusieurs  enceintes  [Bulletin  de 
la  Diana,  t.  II.  F.  M.  op.  cit.  p.  296].  —  Saint-Bonnet-le-Courreau, 
sur  la  montagne  de  Pierre-Haute  [F.  M.  op.  cit.].  —  Saint-Georges- 
de-Barroille,  oppidum  de  Chozi'F.M.  op.  cil.  p.  119.]  — Saint  Haon" 
le-Chatel,  sur  la  montagne  du  Haut-de-Baudières  [F.  M.  op.  cit. 
p.  126.  —  Saint-Marcel-de-Félines  (Voir  Puray)  (1).  —  Saint-Mau- 
rice-au-Gourgois,  à  Gland  [F.  M.  op.  cit.  p.  212].  —  Saint-Maurice- 
sur-Loire,  oppidum  de  Jœuvres  ,  sur  la  rive  droite  de  la  Loire,  cons- 
truit sur  une  station  néolithique  [Musée  de  Roanne.  Collection  de 
Chapuzy,  à  Jœuvres.  Noelas,  op.  cit.  31  et  32].  —  Villerest,  le 
Château  Brûlé  (enceinte  vitrifiée)  [Musée  de  Roanne  et  collection 
C.  Savoye  à  Odenas]. 

Département  de  Saone-et-Loire. 

Auxy,  sur  le  Plateau  d'Auny  [Bulliot.  Essai  sur  le  système  délen- 
sifdes  Romains  en  pays  Eduen,  p.  70.]  —  Chamilly,  le  Château  de 
Chamilly,  qui  fait  suite  au  camp  de  Chassey  Bulliot,  op.  cit.  p.  53.]  — 
Géange,  près  du  Bois  des  Hayes  [Ragut,  Station  du  département  de 
Saàne-et-Loire,  1838,  t.  II,  p.  167].  —  Gergy,  Camp  de  Rougerot 
[Dictionnaire  des  Gaules]  (2;  —  Grury  sur  le  Mont  Folin,  près  du  hameau 
de  chez  Richard  [Ragut,  op.  cit.  p.  179.  Monnier.  notes  historiques  sur 
Saône-et-Loire  1873,  p.  70.  Dictionnaire  des  Gaules]  3).  —  Huilly,, 
S  à  Chatel-Romain,  dans  les  bois  de  Romaine  [Monnier,  op.  cit.,  p.  70. 
Matériaux  d'histoire  et  d'archéologie,  juin-juillet  1869].  —  Saint  Mar- 
tin-sous-Montaigu,  à  Château-Réau  [A  Arcelin,  station  prochaine 
de  Saône-et-Loire,  1877,  p.  65.]  —  Mont,  enceinte  sur  la  montagne 
au-dessus  du  village  (silex  taillés)  [indiqué  par  erreur  dans  le  diction- 
naire des  Gaules,  à  Bourbon-Lancy].  -  Pierreclos,  Bois  desPierres, 
enceinte  circulaire  en  pierres  sèches  [De  Ferry  et  A.  Arcelin, 
Maçonnais  préhistorique,  p.  128]  —  Rully,  le  Camp-Varrot[A.  Arce- 
lin, op.  cit.  p.  15]  (4).  —  La  Salle,  Camp  de  la  Roche  [De  Ferry  et 
Arcelin,  op.  cit.T  p.  128.  Collection  G  Savoye.  A.  Arcelin,  op.  cit, 
p.  15].  —  Sennecy-le-Grand,  Camp  de  Cyrie  (silex)  [A.  Arcelin  op. 
cit.  p.  15].  —  Saint-Sermain-du-Plain,  Rome  Château,  [A.  Arcelin 
op.  cit.  p.  15].  —  Verrières-la-Grande,  Camp  de  Glenne  [Bulliot,  op 
cit  ,  p. 81].  —  Saint- Vincent-en-Bresse  [Raguet,  op.  cit.,  p.  348]. 

(I)  A.  de  Morlillet  :  Invent, 
(i)  A.  de  Mortillet  :   Invent. 
(*)  BSPF,  IV,  1907,p.298. 
(*)  A.  de  Mortillet  :  Invent. 


î 


254  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Département  du  Rhône. 

Camp  de  YAuguel,  commune  de  Vaux.  —  L'enceinte  de  l'Auguel 
est  un  vaste  ovale  épousant  la  forme  du  sommet.  Il  mesure  92  mètres 
sur  son  grand  axe,  et  84  sur  le  petit  axe.  Formé  de  pierres  sèches, 
le  retranchement  est  parfaitement  reconnaissable  à  l'ouest  et  au 
nord,  sur  une  longueur  de  140  mètres;  le  reste  a  été  épierré  en  par- 
tie pour  faciliter  la  culture,  et  forme  deux  énormes  murgers. 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord  la  vue,  ce  sont  des  débris  de  briques, 
de  tuiles  à  rebords,  de  meules  en  lave  et  en  grès,  des  fragments  de 
dalles  en  calcaire  oolithique,  dont  le  gisement  le  plus  rapproché  est 
à  une  vingtaine  de  kilomètres  de  l'Auguel. 

Des  sondages  exécutés  au  centre  du  camp  ont  mis  à  découvert  les 
fondations  d'une  construction  rectangulaire,  avec  mortier  contenant 
de  la  brique  pilée,  procédé  généralement  employé  à  l'époque 
romaine.  En  regardant  avec  attention,  on  aperçoit  des  fragments  de 
silex  taillés  qui  percent  ça  et  là  le  gazon.  Ces  silex  se  rencontrent 
surtout  sur  le  pourtour  de  l'enceinte  ;  ils  abondent  autour  d'une 
source  intarissable  qui  sort  de  terre  au  pied  d'un  houx  centenaire,  à 
50  mètres  en  contre-bas  du  camp,  sur  le  flanc  méridional  de  la  mon- 
tagne . 

Avec  ces  formes  taillées,  sans  formes  bien  déterminées,  nous  avons 
recueilli  un  talon  de  hache  polie  en  diorite,  des  poteries  grossières  à 
pâte  consolidée  par  des  grains  de  quartz  et  munies  d'anses  rudimen- 
taires  sous  forme  de  mamelons  latéraux  non  percés  de  trous  de  sus- 
pension. 

Deux  rampes  d'accès  encore  reconnaissables,  l'une  au  nord,  l'au- 
tre au  sud,  indiquent  deux  entrées  du  camp.  Il  devait  en  exister  une 
troisième  à  l'ouest,  le  terrain  ayant  été  aplani  et  cultivé  maintes  fois 
de  ce  côté;  des  fouilles  poussées  au-dessous  de  la  couche  arable 
pourraient  seules  élucider  cette  question.  Le  vieux  chemin  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut,  qui  suivait  les  crêtes,  traverse  le  camp  en 
reliant  les  cols  de  Montmain  et  des  Places,  de  chaque  côté  de  l'Au- 
guel [C.  Savoye  Beaujolais  préhistorique,  p.  133-134]. 

Le  Châtelard,  de  Monsols .  —  Entre  le  bourg  de  Monsols  et  le  col 
de  Champoint,  qui  donne  accès  dans  le  Charolais,  un  contrefort 
oriental  de  l'Ajoux  ou  Saint-Rigaud,  de  forme  conique,  est  couronné 
par  des  fortifications  très  anciennes,  connues  dans  le  pays  sous  le 
nom  de  Châtelard.  Ce  sont  deux  enceintes  circulaires  concentriques, 
en  terre  et  en  pierrailles.  Un  premier  retranchement  de  220  mètres 
de  développement  circonscrit  un  cercle  de  70  mètres  de  diamètre  et 
d'une  surface  d'environ  38  arcs.  Du  côté  du  plateau  qui  relie  le  Châ- 
telard à  l'Ajoux,  le  côté  le  plus  accessible  par  conséquent,  le  retran- 
chement mesure  encore  2m50  de  hauteur.  Ailleurs,  où  la  déclivité  du 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  255 

sol  formait  déjà  un  obstacle  naturel,  sa  hauteur  varie  entre  1  et  2 
mètres. 

A  21  mètres  de  la  première  enceinte  s'élève  une  deuxième  circon- 
volution intérieure  plus  élevée  et  mieux  conservée,  limitant  un  cer- 
cle de  28  mètres  de  diamètre  et  de  516  mètres  carrés  par  conséquent 
de  superficie.  La  hauteur  de  ce  retranchement  du  côté  du  plateau, 
est  de  6  mètres,  pour  s'abaisser  entre  2  et  3  mètres  sur  le  reste  du 
pourtour. 

Nous  fîmes  couper  l'enceinte  extérieure  par  une  tranchée  orientée 
de  l'ouest  à  l'est.  A0m80  de  profondeur,  les  ouvriers  mirent  à  décou- 
vert quelques  ferrailles  tellement  oxydées,  qu'elles  s'effritaient  sous 
les  doigts.  A  part  deux  fragments  assez  épais,  recourbés  en  forme  de 
fer  à  cheval,  de  longs  clous  à  tète  carrée,  les  autres  objets  ne  con- 
servaient aucune  forme  bien  déterminée.  Cinq  tranchées  ouvertes 
successivement  en  divers  endroits,  et  poussées  jusqu'à  la  roche,  ne 
donnèrent  que  du  charbon  de  bois  et  de  menus  fragments  de  vases 
à  pâte  noirâtre  sans  ornement. 

Cette  pauvreté  archéologique  permet  de  supposer  que  ce  camp  fut 
élevé  par  des  gens  prévoyants,  se  ménageant  un  refuge  en  cas  d'at- 
taque, mais  ne  fut  jamais  habité  d'une  façon  permanente. 

Le  plateau  couvert  de  genêts,  qui  sert  d'isthme,  entre  le  Chàtelard 
et  le  mont  d'Ajoux,  renferme  quelques  traces  préhistoriques.  Nous 
avons  récolté  deux  nucléus,  de  petites  lames  et  des  éclats  divers,  le 
tout  en  silex  bleuâtre.  Les  silex  taillés  des  hauteurs,  comme  l'avait 
déjà  remarqué  M.  Arcelin,  en  Maçonnais,  présentent  rarement  des 
caractères  propres  à  une  époque  déterminée.  [C.  S.  Beaujolais 
Préhistorique,  p.  136-137. 

Le  Chàtelard  de  Vauxrenard.  —  Une  colline  à  sommet  conique, 
reliée  au  mont  des  Alloigners  (806  mètres)  par  une  sorte  d'étrangle- 
ment ou  isthme,  porte  aussi  à  Vauxrenard  le  nom  de  Chàtelard.  Le 
petit  plateau  qu'offre  le  sommet,  d'une  surface  approximative  de 
4.000  mètres  carrés,  est  défendu  naturellement  au  sud,  à  l'est  et  au 
nord-est,  par  la  raideur  de  ses  pentes  ;  au  nord-ouest  et  à  l'ouest,  du 
côté  de  l'isthme,  était  le  point  faible,  c'est  là  qu'il  fallait  élever  un 
mur.  Construit  en  pierres  et  en  terre  et  couvert  de  genêts,  il  subsiste 
encore  sur  une  longueur  d'environ  65  mètres,  avec  une  hauteur 
moyenne  de  lm20. 

Ce  lieu  formait  un  excellent  observatoire  pour  surveiller  le  vaste 
cirque  du  bassin  de  la  Mauvaise,  et  par  delà  les  collines  de  Chénas  et 
de  Juliénas,  la  vallée  de  la  Saône. 

Plusieurs  chemins  se  croisent  près  de  l'entrée  probable  du  camp. 
Le  plus  ancien  paraît  être  celui  qui  passe  au  pied  de  la  Pierre  de 
Saint-Martin  ou  des  Sarrasins,  et  longe  les  roches  des  Fayules  (fées). 

III  est  bordé  de  grands  blocs  de  porphyre,    aux  formes  fantastiques, 


256  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

qui  ont  dû  impressionner  de  tout  temps  les  passants  portés  au  sur- 
naturel. Le  Montgour\r  que  ce  chemin  contourne,  est  le  siège  de 
nombreuses  légendes,  qu'il  faut  se  hâter  de  recueillir.  C'est  le  grand 
sanctuaire  des  fées,  lutins,  sarrasins,  et  autres  personnages  légen- 
daires du  Beaujolais. 

Les  vieilles  gens  du  pays  prétendent  que  «  du  temps  des  grandes 
guerres  (?)  les  habitants  de  Vauxrenard  se  sont  retirés  au  Châtelard». 

Nous  n'avons  pu  obtenir  aucun  autre  renseignement  au  sujet  de  ce 
lieu  fortifié.  A  part  quelques  fragments  de  vases  à  pâte  grisâtre  bien 
cuite,  nous  n'avons  recueilli  aucun  objet  qui  put  nous  éclairer  sur  l'épo- 
que approximative  de  la  construction  de  l'enceinte.  Le  sol,  bouleversé 
en  maints  endroits,  paraît  avoir  été  fouillé  très  anciennement,  sans 
doute  par  les  chercheurs  de  trésors.  [Beaujolais  Préhistorique,  p.  138]. 

Camp  du  Crêt  de  la  Garde  (près  Tarare).  —  Le  Crêt  de  la  Garde, 
montagne  qui  s'élève  entre  les  communes  de  Valsonne,  Saint-Appo- 
linaire  et  Dième,  porte  à  son  point  culminant  les  traces  d'une  ancienne 
castramétation.  C'est  de  là  que  lui  vient  sans  doute  son  nom  de  «  La 
Garde  »,  dérivé  du  mot  tudesque  warta,  qui  a  le  sens  de  protection, 
de  garde,  de  surveillance. 

Une  enceinte  elliptique,  en  pierres  sèches,  et  brutes  de  75  mètres 
de  grand  axe,  entoure  le  sommet.  Les  assises  qu'ils  formaient  se  sont 
écroulées  et  jonchent  le  sol,  indiquant  encore  le  tracé  de  l'enceinte. 

De  ce  lieu  on  pouvait  surveiller  le  Châtelard  de  Valsonne,  éloigné 
seulement  de  deux  kilomètres.  Les  carrières  ouvertes  dans  le  magni- 
fique porphyre  rouge  qui  forme  ce  dernier  sommet,  ont  détruit  les 
traces  de  son  refuge  à  une  époque  récente. 

Nos  recherches  au  travers  des  genêts  et  des  bruyères  du  camp  de 
la  Garde,  ne  nous  ont  fourni  aucun  renseignement  sur  l'époque  de 
sa  construction. 

En  résumé,  les  lieux  très  anciennement  fortifiés  sont  nombreux 
dans  la  région,  mais  peu  reconnaissables,  par  suite  de  la  mauvaise 
qualité  des  matériaux  employés,  qui  ne  se  prêtaient  pas  à  la  construc- 
tion de  murs  d'une  grande  stabilité,  puis,  surtout  à  l'énorme  exten- 
sion de  la  culture. 

Nous  appelons  l'attention  des  archéologues  sur  les  points  suivants  : 
le  sommet  de  Saint-Higaud,  le  Tourvéon,  Brouilly,  les  Chàtelards  de 
Cublize,  Valsonne,  Joux-sur- Tarare  ;  les  lieux  appelés  Bataillu,  com- 
mune de  Cublize  et  de  Chazay  ;  la  Citadelle  au-dessus  d'Anse  ;  la  Gar- 
dette,  commune  de  Propières;  le  camp  de  Villemartin,  commune  de 
Saint-Igny-de-Vers.  [C.  S.  Beaujolais  Préhistorique,  p.  138-139]. 

Le  Châtelard  de  Courzieu.  —  Le  Crêt  Châtelard  sur  Courzieu,  est 
au  nord  du  hameau  et  de  l'ancienne  chapelle  de  Saint  Clair,  altitude 
882  mètres.  Enceinte  de  70  mètres  de  diamètre,   en   pierres  sèches, 


Planche   I. 


VA 


Haches 

du    Tille 
(Ol 


Juns 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


?S7 


deux  entrées.  Des  chemins  pavés  entourent  la  base  du  Chàtelard. 
Tumulus  ou  amoncellement  de  pierres  au  N.-E.  Esplanade  au  cou- 
chant. La  couche  de  terre  dans  l'enceinte  a  une  épaisseur  de  l^^O. 
Elle  renferme  dans  sa  partie  supérieure  des  tessons  de  poterie,  des 
morceaux  de  tuiles  romaines,  des  fragments  de  carrelages  ou  de  pla- 
teaux en  terre  grossière. 

Plusieurs  réduits  en  roches  et  pierres  sont  inscrits  dans  l'intérieur 
de  l'enceinte.  Le  Crèt  du  Chàtelard  est  situé  entre  le  Crèt  des  Che- 
vaux et  le  Crèt  Bramont. 

Pied-Froid,  commune  d'Yzeron.  —  Grande  enceinte  en  demi- 
cercle,  30  mètres  de  diamètre,  le  sommet  de  l'arc  visant  l'Est  (Ma- 
melon Est,  le  Bochet,  805  mètres  .  Sentier  entre  le  mamelon  est  et 
mamelon  ouest  de  Pied-Froid.  —  Mamelon  est  accès  par  le  nord  et 
le  nord-ouest. 

Mamelon  ouest,  enceinte  circulaire  de  20  mètres  de  diamètre,  exté- 
rieur de  pierres  sèches.  Au  centre,  deux  roches  verticales  coniques 
triangulaires.  Au  sud,  amas,  entassements  de  roches  de  gros  volume, 
formant  des  grottes.  Le  chemin  d'accès  du  mamelon  ouest  du  Pied- 
Froid  est  à  l'ouest  et  décrit  des  lacets. 


IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Les    grands    Eclats     Moustériens    et    le»    Pièces 

Acbeuléo-Moustérienaus  de  lacarrière 

du  Tïllet,  près  La  Ferté-sous-Jouarre 

(Seine-et-Marne)  (1). 


Paul  de  GIVENCHY    de  Paris). 

Messieurs, 
Le  titre  de  ma  communication  n'est  pas  très  exact,  au  moins  au 
point  de  vue  chronologique.  Le  Paléolithique  du  Limon  des  Plateaux 
de  la  Brie  serait  plus  juste.  Mais,  si  j'ai  tenu  à  faire  figurer  les  mots  : 
Grands  éclats  Moustériens,  c'est  plutôt  p;ir  analogie,  et  pour  indiquer 
de  suite  la  forme  spéciale  de  certaines  des  pièces  que  j'ai  l'honneur 


(1)  Communication  faite  à  la  séance  du  "26  janvier  1911. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE. 


258  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

de  faire  passer  sous  vos  yeux,  et  dont  quelques-unes,  à  l'instar  des 
silex  Moustériens  offrent  sur  l'une  de  leurs  faces  une  très  belle  cas- 
sure conchoïdale.  Je  vous  les  présente  donc  comme  précédant  l'épo- 
que dite  du  Moustier.  Nous  sommes,  en  effet,  ici  dans  le  limon  des 
plateaux,  où  l'industrie  Chelléenne  et  Acheuléenne  se  trouve  mélan- 
gée à  de  grands  éclats  et  à  des  lames,  de  forme  pseudo-Mousté- 
rienne. 

Topographie.  —  La  carrière  du  Tillet  est  une  vaste  exploitation 
de  terre  à  briques,  située  sur  un  plateau,  dominant  la  vallée  de  la 
Marne,  entre  Reuil  et  Luzancy,  à  4  kilomètres  de  la  Ferté-sous- 
Jouarre,  et  à  70  kilomètres  à  l'est  de  Paris. 

Le  Tillet  est  un  petit  hameau  dépendant  de  la  commune  de  Reuil, 
située  elle-même  au  bord  de  la  Marne,  et  à  2  kilomètres  de  la  Ferté- 
sous-Jouarre. 

La  cote  de  ce  plateau  est  de  176m940  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  l'altitude  de  la  Marne  coulant  au  pied  de  cette  colline  étant  de 
57  mètres. 

Les  briques,  qui  sont  fabriquées  sur  ce  plateau,  ne  sont  pas  cuites 
sur  place.  Les  fours  de  l'usine  se  trouvent  au  pied  de  la  colline,  et 
sur  le  bord  de  la  Marne  (commune  de  Luzancy).  Un  puits,  profond 
de  48  mètres,  a  été  foré  dans  l'épaisseur  de  la  colline;  et  c'est  par  ce 
puits  et  ensuite  par  un  couloir  (à  moitié  souterrain,  à  moitié  à  ciel 
ouvert],  que  les  briques  sont  descendues  dans  des  bennes,  puis 
transportées  par  wagonnets  jusqu'aux  fours. 

C'est  grâce  à  ce  sondage,  que  l'on  possède  une  coupe  géologique 
très  complète  de  cette  colline;  et  M.  Morin,  mon  collègue  à  la  So- 
ciété Géologique  de  France,  a  bien  voulu  m'en  faire  le  dessin  ci-joint 
(voir  Fig.  2  et  la  légende  de  la  coupe  géologique). 

Au  point  de  vue  géologique,  cette  carrière  est  connue;  et  le  Mu- 
séum y  est  venu  en  excursion  en  1908.  Mais,  au  point  de  vue  Pré- 
historique, aucune  communication  ou  présentation  de  pièces  n'a 
encore  été  faite  que  je  sache  sur  ce  gisement. 

Gisement  des  Haches.  —  Ce  qui  nous  intéresse  donc  particulière- 
ment ici,  c'est  la  couche  du  haut,  en  exploitation  (couche  I  de  la 
coupe),  c'est-à-dire  le  limon  des  plateaux;  car  c'est  dans  ce  mélange 
de  sable  et  d'argile  que  l'on  trouve  les  silex  paléolithiques  que  je 
vous  présente  aujourd'hui.  L'épaisseur  de  ce  limon  est  ici  très  con- 
sidérable, et  atteint  par  endroits  jusqu'à  12  mètres  ;  mais  la  couche 
exploitée  ne  dépasse  pas  6  à  7  mètres,  car  au-dessous  elle  se  trouve 
mélangée  à  la  meulière.  Vous  voyez,  en  effet,  d'après  la  coupe  géo- 
logique, que  cette  terre  à  briques  repose  ici  directement  sur  la  Meu- 
lière de  Brie,  dont  l'exploitation  dans  les  environs  de  La  Ferté-sous- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  259 

Jouarre,  est  universellement  connue  (puisqu'on  la  transporte  même 
à  l'étranger)  ;  et  tout  le  pays  environnant  est  rempli  d'affouillements, 
dus  à  l'extraction  de  cette  pierre  meulière. 

Au  Tillet,  la  teneur  en  argile  est  très  forte,  et  par  conséquent 
éminemment  favorable  à  la  fabrication  de  la  brique  ou  de  la  tuile. 
Aussi  les  gens  de  métier  la  désignent-ils  ici  sous  le  nom  de  terre 
forte. 

Comme  ce  limon,  de  couleur  ocreuse,  paraît  changer  de  teinte  en 
se  rapprochant  de  la  terre  végétale,  il  se  pourrait  que  sa  grande 
épaisseur  ne  soit  pas  homogène,  et  qu'une  étude  géologique  plus 
approfondie  y  fasse  découvrir  deux  ou  trois  couches  distinctes.  En 
tout  cas,  contrairement  à  la  plupart  des  dépôts  argileux  du  même 
genre,  qui,  dans  le  Nord  de  la  France,  reposent  sur  un  cailloutis,  le 
Directeur  de  la  briqueterie  du  Tillet  nous  a  assuré  qu'aucun  cail- 
loutis n'existait  à  la  base  de  cette  formation,  et  que  cette  terre  à  bri- 
ques reposait  bien  partout  sur  la  Meulière  de  Brie. 

C'est  en  général  entre  3  et  6  mètres  de  profondeur,  quelquefois 
2  mètres,  qne  l'on  rencontre  les  silex  taillés,  éclats  Levallois,  etc.,  et 
surtout  de  très  nombreux  fragments  de  déchets,  et  d'éclats  de  débi- 
tage  vquelques-uns  nucléiformes;,  et  ils  y  paraissent  disséminés  et 
sans  aucun  ordre.  Cependant  leur  aire  de  répartition  semblerait 
se  trouver  plutôt  dans  la  zone  avoisinant  la  route  allant  de  Reuil 
au  Tillet,  zone  dont  l'exploitation  est  maintenant  terminée.  Peut- 
être  y  avait-il  là  un  atelier  de  taille  de  silex?  On  en  trouve  en- 
core actuellement  dans  les  autres  parties  du  gisement  ;  mais  cepen- 
dant en  moins  grande  quantité,  parait-il,  qu'il  y  a  quelques  années. 

►  Caractères  et  description  des  pièces.  —  La  caractéristique  des  pièces 
que  je  vous  présente,  et  j'insiste  là-dessus,  est  leur  parfait  état  de 
conservation.  Ces  outils  sont  intacts;  les  arêtes  ne  sont  ni  usées,  ni 
émoussées;  plusieurs  ont  même  encore  leurs  pointes;  ils  n'ont  donc 
certainement  pas  été  roulés  par  les  eaux,  et  on  a  l'impression  qu'ils 
sont  restés  en  place,  ou  du  moins  qu'ils  ont  du  faire  peu  de  chemin, 

I  s'ils  se  sont  enfoncés  dans  le  limon. 
Une  autre  caractéristique  de  ces  pièces,  c'est  que  beaucoup 
d'entre  elles  ne  sont  taillées  que  sur  une  face,  et  qu'elles  possèdent 
sur  l'autre  face  de  très  belles  cassures  concboïdales,  avec  un  bulbe 
de  percussion  très  apparent.  On  dirait  des  outils  Moustériens,  mais 
qui  seraient  de  très  grande  taille.  Tels  sont  les  n0'  2  de  la  Planche  I, 
et  9,  11,  12,  13,  14,  15,  16  et  17  de  la  Planche  II. 
Nous  sommes  donc  très  probablement  ici  à  cette  époque  du  Qua- 
ternaire moyen,  à  faune  froide,  qui  a  suivi  l'époque  Acheuléenne,  soit 
à  l'aurore  des  temps  Moustériens. 

Cependant,  au  point  de  vue  paléolithique,  je  suis  obligé  de  faire  des 


260  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

réserves  pour  la  belle  pointe  en  silex  gris  cendré  à  section  triangu- 
laire (fig.  1)  qui  a  été  trouvée  dans  la  couche  tout  à  fait  supérieure  ; 
elle  est  travaillée  avec  une  telle  finesse  qu'elle  pourrait  bien  être  néo- 
lithique, et  provenir  de  la  surface  du  sol,  c'est-à-dire  de  la  terre  vé- 
^immim^  gétale,    d'où,  par   tassement   elle  aurait 

pénétré  dans  le  limon  sous-jacent.  Mais  ce 
n'est  qu'une  hypothèse,  puisqu'on  somme 
elle  provient  aussi  de  la  terre  à  bri- 
ques (1). 


}} 


: 


La  planche  I  représente,  photographiée 
sur  ses  deux  faces,  1  A  et  1  b  et  grandeur 
naturelle,  un  très  beau  coup  de  poing 
Acheuléen  du  Tillet.  Cette  pièce,  qui  est 
entière  avec  sa  pointe,  mesure  0ra18  de 
longueur.  La  lace  du  dessus,  qui  est  plus 
bombée,  est  rouge  brun,  tandis  que  l'autre 
face,  qui  est  plate  (c'est  celle  qui  est 
figurée,  la  pointe  en  bas)  est  de  couleur 
café  au  lait,  avec  taches  blanchâtres. 
Cette  hache  possède  par  endroits,  et  sur- 
tout vers  la  pointe,  une  très  belle  patine 
(à  reflets  vernis  et  brillants),  due  proba- 
blement à  l'argile,  et  la  face  plate  est  plus 
patinée  que  la  face  supérieure. 

Si  on  considère  chaque  face  de  ce  coup 
de  poing,  en  mettant  le  talon  en  bas,  et 
la  pointe  en  haut,  on  remarque  de  très 
fines  retouches  tout  le  long  de  l'arête  de 
droite,  tandis  que  l'arête  de  gauche,  lisse 
et  unie,  n'en  possède  aucune,  et  cela 
uassi  bien  sur  la  face  supérieure  que  sur 
la  face  inférieure.  Ce  coup  de  poing  peut 
donc,  à  la  rigueur,  être  considéré  comme 
un  outil  à  retouches  alternes.  Je  dis  :  à  la 
rigueur,  car  si  on  voulait  discuter  à  ce 
sujet,  et  être  être  méticuleux,  on  consta- 
terait, à  la  loupe,  de  très  petites  retouches,  tout  autour  de  la  pointe. 


Pointe  en  silex  gris. 
.-  Cliché  du  D--  Henri- 


(1)  Malheureusement  cette  hypothèse  pourrait  bien  être  vraie.  Depuis  ma  com- 
munication de  janvier,  une  hache  polie  en  pierre  meulière  aurait  été  trouvée  dans 
les  mêmes  conditions,  c'est-à-dire  dans  la  partie  supérieure  du  limon,  et  près 
du  puits. 

D'autre  part,  M.  Chalamon,  le  directeur  de  l'usine  de  Luzancy  et  de  la  briquete- 
rie du  Tillet,  m'a  montré  dernièrement   une  autre  hache  polie    et  un  percuteur  en 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  261 

Mais,  abstraction  faite  d'un  centimètre  de  pointe,  ma  remarque  est 
exacte  pour  tout  le  reste  de  l'outil. 

Dans  le  cas  présentée  considère  ces  fines  petites  retouches,  comme 
des  retouches  de  consolidation,  et  non  d'utilisation  ;  car  elles  ren- 
dent les  arêtes  plus  solides  qu'une  simple  arête  vive  et  coupante  ;  et 
le  coup  de  poing  dont  il  s'agit  est  dans  un  tel  état  de  conservation 
qu'il  ne  semble  pas  avoir  servi.  Mais,  bien  entendu,  je  ne  voudrais 
pas  généraliser  cette  remarque  à  tous  les  outils  possédant  des  retou- 
ches, diamétralement  opposées  ou  non. 

A  part  les  grattoirs  Moustériens  à  retouches  alternes,  de  La  Qui- 
na,  découverts  et  décrits  par  M.  le  Dr  Henri  Martin,  je  ne  vois  pas 
que  les  Palethnologues  aient  jamais  signalé  ce  genre  de  retouches 
sur  des  coups-de-poing  paléolithiques.  J'ai  cependant  observé  cette 
particularité  sur  quelques  autres  haches  ;  et  je  possède  une  petite 
Langue  de  Chat  de  Creysse,  Dordogne,  dont  chaque  face  présente 
ainsi  une  arête  de  gauche  lisse  et  coupante,  et  une  arête  de  droite 
finement  retouchée;  et  le  tout  par  conséquent  inversé  par  rapport  à 
l'autre  face.  Dans  son  ouvrage  sur  le  Limon  des  plateaux  du  nord  de 
la  France  (Savy,  1878),  M.  d'Acy,  sans  signaler  cette  particularité, 
fait  figurer  sous  le  n°  3  de  la  Planche  II  (Silex  taillés  de  Hangard), 
un  très  beau  coup-de-poing,  ne  possédant  aussi  de  nombreuses  re- 
touches que  sur  un  côté  seulement.  Mais  j'ignore  ici  comment  se 
comporte  l'autre  face. 

Les  objets  de  la  Planche  I  sont  photographiés  grandeur  naturelle; 
et  tous  ceux  de  la  Planche  II  en  demi  grandeur. 

Les  n°s  2  et  3  de  la  Planche  I;  2.  9  et  15  de  la  Planche  II  m'ont 
été  obligeamment  communiqués  par  M.  Chalamon,  directeur  de 
cette  briqueterie;  et  je  le  remercie  aussi  pour  tous  les  renseigne- 
ments complémentaires  qu'il  a  bien  voulu  me  donner. 

Les  Doi  2  de  la  Planche  I  (en  silex  noir  avec  quelques  taches  blan- 
ches), et  17  (en  silex  un  peu  bleuté)  de  la  Planche  II,  sont  de  très 
belles  pointes  de  lance,  ou  peut  être  seulement  pointes  à  main,  por- 
tant de  fines  retouches  sur  leur  face  supérieure,  tandis  que  l'autre 
côté  nullement  taillé  présente  la  belle  cassure  conchoïdale  typique 
Moustérienne.  Le  n'J  16  est  un  outil  (tout  blanc),  identique  au  n°  17, 
sauf  qu'il  n'est  encore  qu  à  l'état  de  simple  éclat  non  taillé,  à  arêtes 
vives  et  sans  retouches;  c'est  une  véritable  ébauche  de  pointe  en  si- 
lex nu,  non  fignolé,  et  obtenu  d'un  seul  coup  de  percussion. 

boule,  trouvés  aussi  dans  la  zone  superficielle  de  ce  gisement.  —  Devant  ces  ré- 
centes trouvailles,  c'est  à  se  demander  si  vraiment,  il  n'existe  pas  un  peu  de  Néo- 
lithique dans  la  couche  du  haut,  couche  dans  laquelle  on  ne  trouve  du  reste 
aucun  silex  paléolithique,  puisque  ceux-ci  ne  gisent  qu'à  partir  de  la  profondeur 
de  deux  ou  trois  mètres  [Mai  1911,  P.  de  G]. 


962  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Les  nos  13,  18  et  20  ont  été  trouvés  en  1908  à  5  mètres  de  profon- 
deur, et  le  n°  10.  à  6  mètres  en  1910.  Le  n°  14  n'a  été  trouvé  qu'à 
2  mètres  de  profondeur. 

Les  nos  14  et  15  sont  deux  grands  racloirs  Acheuléens,  portant  de 
très  belles  retouches  sur  leur  arête  la  plus  arquée.  Ils  offrent  beau- 
coup d'analogies  avec  les  magnifiques  racloirs,  ou  grands  hachoirs, 
trouvés  à  La  Quina,  par  le  Dr  Henri  Martin. 

Enfin,  si  la  grande  majorité  des  outils  trouvés  au  Tillet  sont  en 
silex,  quelques-uns,  mais  beaucoup  plus  rares,  sont  en  pierre, meu- 
lière, et  quelques  autres  en  grès  siliceux.  Le  n°  8,  Planche  Il.estune 
grande  hache  de  0m227  de  longueur,  qui  semble  être  un  calcaire  sili- 
ceux ;  et  dans  cette  pièce  la  pointe  est  remplacée  par  une  espèce  de 
tranchant  biseauté  et  assez  rudimentaire.  Aussi  je  me  demande  si  le 
haut  de  cette  pièce  n'a  pas  été  causée  accidentellement  au  moment 
de  sa  fabrication,  fournissant  ainsi  et  par  hasard  à  notre  ancêtre  pa- 
léolithique une  cassure  naturelle  en  ciseau,  qu'il  aura  tout  de  même 
utilisée  au  mieux  de  ses  besoins. 

Formation  de  ce  limon.  —  Laissant  de  côté  la  théorie  éolienne, 
qui,  si  elle  est  vraie  pour  les  grandes  dunes  de  Loess  de  la  Chine, 
ne  nous  paraît  pas  posséder  de  preuves  assez  solides  pour  expliquer 
la  formation  du  limon  des  plateaux  de  la  Brie,  nous  préférons  parta- 
ger l'opinion  de  ceux  qui  mettent  sur  le  compte  du  ruissellement  ou 
de  l'inondation,  la  cause  de  formation  de  ce  dépôt,  formation  com- 
plétée aussi  par  une  transformation  chimique. 

Il  faut  penser  en  effet  que  sur  tous  les  plateaux  de  la  Brie,  il  exis- 
tait auparavant  plusieurs  mètres  de  Sables  de  Fontainebleau,  plus  le 
Calcaire  de  Beance,  qui  recouvrait  le  tout.  Ce  calcaire  de  Beauce,  sou- 
vent marneux,  aurait  par  sa  dissolution  donné  une  assez  grande 
quantité  d'argile  et  d'oxyde  de  fer,  qui  se  mélangeant  au  sable  sous- 
jacent.  qui  n'a  pas  été  totalement  entraîné,  et  qui  n'est  pas  soluble,  a 
produit  le  limon  actuel,  qui  n'est  en  somme  que  du  sable  et  de  l'ar- 
gile mélangés,  par  ruissellement. 

Jusqu'à  ce  jour  aucune  faune  n'a  été  trouvée  au  Tillet,  soit  que  le 
travail  chimique  dont  je  viens  de  parler  ait  peut  être  dissous  les 
dents  et  les  ossements  tout  en  respectant  les  silex,  soit  que  les  osse- 
ments aient  été  entraînés  par  les  eaux. 

Il  m'est  impossible  de  parler  du  limon  des  plateaux,  ou  de  la  terre 
à  briques,  sans  signaler  la  dernière  et  très  intéressante  communica- 
tion qui  ait  été  publiée  sur  ce  sujet.  C'est  la  note  présentée  à  l'Aca- 
démie des  Sciences,  au  mois  d'octobre  dernier,  par  M.  Henri  Dou- 
villé,  professeur  à  l'Ecole  des  Mines  (1).  Car  les  silex  taillés,  dont  il 

(1)  Géologie.  —  Sur  la  formation  du  limon  des  plateaux.  Note  de  M.  Henri  Dou- 
villé.  Comptes-rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  151,  p.  630, 
séance  du  10  octobre  1910. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


263 


264  SOCIÉTÉ    PRÉMISTOlilQUE    DE   FRANCE 

parle  dans  cette  note,  qu'ils  viennent  du  limon  des  plateaux  des  en- 
virons immédiats  de  Paris,  ou  des  environs  de  Rouen  ou  de  Dieppe, 
ces  silex  taillés,  dis-je,  sont  également  des  pièces  ni  usées  ni  rou- 
lées, et,  à  l'instar  de  ceux  de  Tillet,  sont  aussi  dans  un  parfait  état 
de  conservation. 

Conclusion.  —  De  l'ensemble  de  toutes  les  études  faites  jusqu'à  ce 
jour  sur  le  limon  des  plateaux,  il  semblerait  donc  résulter  que  les 
Paléolithiques,  qui  ont  façonné  au  Tillet  ces  outils  de  forme  Acheu- 
léenne  et  Moustérienne,  vivaient  à  l'époque  glaciaire  (Quaternaire 
moyen  ou  Pléistocène).  Des  gisements  analogues,  comme  terrain  et 
silex  taillés,  ont  fourni  la  faune  froide  à  Rhinocéros  tichorinus  et 
Elephas  primigenius. 

C'est  à  la  fin  de  cette  époque  glaciaire  ou  sibérienne,  qu'ont  dû 
avoir  lieu,  par  suite  de  changement  de  climat,  les  phénomènes  de 
ruissellement  ou  d'inondations,  qui  sont  la  cause  de  formation  de  ce 
dépôt  limoneux.  Et  c'est  ce  limon  qui  a  recouvert  et  enterré  sans  les 
rouler,  les  belles  pièces  que  je  viens  de  vous  présenter,  pièces  sou- 
vent entières  et  intactes,  et  qui  semblent  avoir  été  abandonnées  en 
toute  hâte  par  leurs  possesseurs. 


Légende  de  la  Coupe  géologique  du  coteau  de  Luzancy, 
au-dessus  de  f  usine  (voir  Fig.  2). 

I.  —  Limon  des  plateaux  'gisement  des  haches). 
II.  —  Meulières  de  Brie. 

III.  —  Glaises  vertes. 

IV.  —  Marnes  blanches.  / 

V.  —  Glaise  et  silex.  \  de  IV  à  VII 

VI.  —  Marne  blanche  argileuse.  }  Marnes  supra-gypseuses. 

VII.  —  Glaises  grises  ou  noires. 
VIII.  —  Marne  calcaire  (1"  Marne). 
IX.  —  Gypse  fer  de  lance. 

X.   —  Calcaires  et  marnes   Marnes  intercallaires,  de  lre  et  2«m«  masse). 
XI.  —  Gypse,  exploitable. 

XII.  —  Calcaires  solides  (d'après  le  sondeur)  :  doit  contenir  des  couches  très  diverses, 
et  représente  depuis  la  3*m*  masse  du  gypse,  jusqu  a   la  partie  supérieure  des 
Sables  moyens  qui  est  calcaire  dans  la  région. 
XIII.  —  Calcaire  en  bancs  plus  ou  moins  solidt-s  (Calcaire  de  Luzancy). 
Xl\.    —  Sables  moyens,  fossilifères  par  place. 
XV.  —  Grès  siliceux 
XVII.  —  Sable  compact. 
XVII.  —  Grès  siliceux. 

XVIII.  —  Calcaire  sablonneux  ib&te  des  Sables  moyens). 
XIX.  —  Marne  blanche  magnésienne  avec  géodes  de  quartz  et  de  calcite  (Caillasses  du 
Calcaire  grossier). 


11 


à 


>•  #*v 


Phnl/wnllrior     Ti»la 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


265 


Les  Fotiilles  de   Las  Tours  en    1  ©  1  O. 


J.   PAGÈS-ALLARY  (Murât,   Cantal). 

Continuant  les  pénibles  fouilles  de  Las  Tours,  j'ai,  en  1910,  ob- 
tenu une  plus  grande  satisfaction  que  les  années  précédentes;  et,  une 
aimable  subvention  de  Y  Association  Française  pour  l'Avancement  des 
Sciences  me  permettant  dorénavant  la  reproduction  de  toutes  mes 
planches,  je  puis  commencer  par  donner,  avec  les  six  figures  ci-con- 
tre, une  idée  d'ensemble  des  trouvailles. 

Bien  entendu, les  tessons  sont  toujours  fort  intéressants  :  les  figu- 
res 1  et  2  représentent  quelques  types,  qui  méritent  une  mention 


Wm>o\*\    fàitiii    Cvù^     St^Ob  Ooul*.  .iC^At  Wuu  *«J.  SIcVXtXC 
'  i  i  >  X  i  i  l  i   i  L  '■  .'-  ■'. 


<$3E 


Fig.  t.  —  Tessons  de  Poteries. 

spéciale,  parce  qu'en  outre  de  leur  cuisson  très  forte,  nous  rappro- 
chant de  l'apparition  de  l'émail,  ils  sont  encore  datés  par  des  mon- 
naies, trouvées  au  même  lieu,  dans  la  même  case,  au  même  niveau, 
c'est-à-dire  dans  les  couches  de  recouvrement  de  la  case  supérieure, 
angle  sud-ouest  du  plan  anciennement  donné  (1). 

La  chronologie  des  tessons  du  Cantal  prend  ainsi  une  certitude, 
non  plus  «  empirique  ».  mais  scientifique,  et  confirme  pleinement 
celle  déjà  constatée  pour  les  strates  supérieures  ou  historiques  de 


(1)  Troisième  Congrès  préhistorique  de  France,  session  d'Autan,  1907,  p.  751-758. 


°'66  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇASIE 

Chastel,  La  Roche-Sellée  et  Laqueuille  :    nous  sommes  du    xe  au 
xiie  siècle,  c'est-à-dire  en  pleine  nuit  de  l'histoire  locale  ! 


Fj'g  2.  —  Amulettes  et  Pesons. 


I 


gl». 


Fr'g.  3.  —  Clés.  —  Lances,  etc. 


A  noter  l'abondance  des  amulettes  ou  pesons,  qu'on  ne  peut  plus 
appeler  fusaïoles,  car  le  trou  n'est  plus  central,  ni  perpendiculaire 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  207 

aux  deux  faces  (n°s  18,  19,  fig.  1.),  qui  elles-mêmes  ne  sont  pas  tou- 
jours plates  (nos  14,  15,  18,  21  et  10). 


7vr    Ajm  ^FôriijicaJuns   Jiioèruuns  £  ■&*  Tours.  (a^&^-Ciu>U>.JCxr 


Fig.  4.  —  Fers  a  Chevaux.  —  Eperons. 


Fig.  5.  —  Objets  en  Cuivre  rouge  doré. 


Tandis  que  le  n°  7,  en  scorie  basaltique,  fait  songer  à  un  poids, 
assez  lourd,  fixé  par  un  nœud  à  l'extrémité  d'une  corde  servant  à 


268  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

lier  du  fourrage  ou  du  bois,  les  autres  sont  formées  de  tessons  de 
poterie  de  couleurs  diflérentes.  Le  n°  13  n'est  pas  même  percé  com- 
plètement. 

Mais  la  plus  importante  constatation  à  faire  sur  ces  deux  planches 
de  tessons  de  poterie,  c'est  assurément  le  faux  Samien  n05 1  à  6,  fig.  1, 
et  5  fig.  2.  Sans  doute  un  chimiste,  d'après  la  composition  de  la  pâte 
et  la  couleur,  jugerait-il  que  c'est  du  Samien,  du  Ier  au  ivB  siècle;  le 
technicien  fouilleur  répond  avec  assurance,  grâce  à  la  stratigraphie, 
que  c'est  du  taux  Samien  du  xe  au  xnc  siècle  ;  et  il  précise  même  que 
ces  fessons  à  pâte  rouge  très  fine,  presque  toujours  très  cuite,  sont 
les  débris  de  «  trompes  »,  encore  en  usage  dans  certains  pays. 

La  simple  observation  «  empirique  »  permet  de  constater  une 
technique  de  fabrication  tout  à  fait  particulière  :  aux  n°s  1  et  4,  sur  le 
pavillon  de  la  trompe,  on  remarque  à  l'intérieur  la  trace  des  doigts  sur 
pâte  molle,  tandis  qu'à  l'extérieur  le  raclage  sur  pâte  sèche  est  fort 
visible,  comme  sur  l'embouchure  n°  5  ;  mais  il  y  a  aussi  des  faces  à 
pans  coupés  très  nets,  n°  3,  laissant  voir  l'empreinte  d'une  ligature 
d'enveloppement  espacée,  et  n°  6  des  lignes  sinueuses  ou  des  points 
de  décoration  de  couleur  blanche  rapportée  sur  la  pâte  rouge.  Com- 
ment l'analyse  chimique  seule  aurait-elle  pu  donner  une  date  à  ces 
tessons  trompeurs  ? 

Fer.  —  Si  nous  passons  au  fer,  nous  le  trouvons  {fig.  3  et  4)  tou- 
jours bien  daté,  puisque  c'est  du  même  niveau  stratigraphique  loca- 
lisé de  la  case  supérieure,  il  confirme  par  son  analogie  les  trouvailles 
déjà  datées  de  Chastel,  Las  Tours,  et  Laqueuille,  de  l'arrondissement 
de  Murât. 

Ces  objets,  présentés  au  Congrès  de  Toulouse,  ont  attiré  l'attention 
de  nos  collègues,  qui  ont  particulièrement  remarqué  l'éperon  n°  24, 
fig.  4,  les  ciseaux  n°  1,  fig.  3,  les  clefs  nos  27  à 30,  et  la  serrure  n°  31, 
dont  la  tige  centrale,  très  rouillée,  est  tombée  pendant  le  séchage,  la 
fermeture  cintrée,  à  charnière  et  piton  mobile  n°  32  ;  les  pointes  de 
flèches  en  fer  de  14  à  29;  les  fers  à  cheval  n°s  1  à  11,  fig.  4,  tous 
documents  bien  datés  par  les  monnaies  de  la  fig.  5,  classées  par 
M.  H.  de  La  Tour  comme  deniers  du  Puy  et  de  Brioude  du  xe  au 
xie  siècle. 

Cuivre.  —  Le  résultat  le  plus  précieux  sinon  le  plus  important  de 
ces  fouilles,  est  sûrement  la  trouvaille,  avec  les  pièces  de  monnaies 
nos  20  à  25,  fig.  3,  de  quinze  objets  en  cuivre  rouge  doré. 
Le  cuivre  rouge  doré  déjà  trouvé  à  Chastel  (1)  et  à  Bredon  (2), 
indique  une  phase  particulière  de  la  métallurgie,  qui,  par  la  décora- 
tion, montre  bien  l'influence  des  croisades  ou  des  sarrazins  :   voir 

(1)  B.  S.  P.  F.,  t.  VII,  1910,  p.  648,  fig.  1. 

(2)  Boucle  ronde  donnée  au  Musée  d'Aurillac  (Musée  Rames). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAIS  269 

surtout  l'anse  n°  3,  à  dessin  de  facture  arabe  (1),  imitée  des  Perses 
rappelant  les  pièces  présentées  à  Beauvais(2  en  1969,  par  M.  Arne, 
de  Stockholm   Congrès  préhistorique,  fig.  1,  2,  page  588). 

Ce  qui  en  plus  du  style  du  dessin  me  fait  faire  ce  rapprochement, 
c'est  l'éperon  en  fer,  signalé  fig.  4,  n°  24. 

Les  autres  objets  en  cuivre  rouge  doré  paraissent  être  les  débris 
d'ornementations  d'un  riche  coffre,  sur  lequel  le  n°  2  peut-être  re- 
présenté le  blason  du  propriétaire.  Sur  len°  1,  on  voit  une  sorte  de  V 
gravé  ;  partout  la  dorure  a  laissé  des  traces  d'application  à  la  feuille 
plutôt  qu'au  mercure  :  voilà  un  cas  où  la  chimie  pourrait  peut-être 
trancher  la  question. 


Fig.  6.—  Meules  diverses 


Dansée  fond  de  ces  fouilles,  il  a  été  trouvé  (v.  n°  19)  une  pièce  de 
la  colonie  Nimoise,  au  crocodile  et  palmier,  deux  débris  d'os  et 
ivoire  travaillés  28  et  29,  et  une  perle  en  verre  de  couleur  bleue  et 
blanche,  une  clochette  et  trois  anneaux  nos  16,  17,  18  et  28. 

L'impression  qui  résulte  des  fouilles  est  que  la  destruction  de  Las 
Tours  au  xne  siècle  eut  lieu  par  pillage  plutôt  que  par  incendie. 
Quant  aux  origines,  il  est  à  noter  qu'une  fouille,  poussée  à  2  mètres 

(1)  Les  relations  de  la  Suède  et  de  l'Orient  pendant  l'âge  des  Vikings.  —  Congrès 
préhistorique  de  France,  Ve  session,  1909,  p.  586-592. 

(2)  Notons  cependant  que,  soit  M.  H.  de  La  Tour,  soit  M.  Marquet  de  Vasselot, 
que  leur  compétence  spéciale  désignait  pour  examiner  la  pièce  à  ce  point  de  vue, 
n'ont  pas  voulu  y  voir  autre  chose  que  le  style  limousin  courant  de  l'époque. 


270  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

de  profondeur  en  dessous  des  fondations  d'un  gros  mur  de  fortifi- 
cation, en  contre-bas  de  la  case  précédente,  a  livré,  avec  des  débris 
de  poterie  peu  cuite,  d'aspect  néolithique,  un  éclat  retouché  de  cris- 
tal de  roche,  n°  1,  fig.  6,  et  une  meule  dormante  (n°  2,  fig.  6),  en  tuf 
volcanique,  dont  la  face  supérieure  (2,  2  bisj  est  usée  en  un  plan  bien 
horizontal,  comme  à  Chastel.  Peut-être  d'autres  fouilles  profondes 
conduiraient-elles  encore  ailleurs  au  néolithique  comme  là-bas  (1). 


Diverses  Sépultures  gallo-romaines 
en  Loir-et-Cher. 


FLORANGE  (de  Blois), 
Président  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Loir-et-Cher . 


En  parcourant  le  Loir-et-Cher,  l'année  dernière  (1910),  à  la 
recherche  des  enceintes  préhistoriques  ou  très  anciennes,  j'ai 
eu  l'occasion  de  rencontrer  diverses  sépultures  gallo-romaines, 
que  je  signale  ici  au  point  de  vue  de  leur  genre  très  différent. 

Dans  le  courant  du  mois  de  septembre,  en  passant  sur  la 
route  qui  relie  Fréteval  à  Vendôme,  deux  kilomètres  avant 
d'arriver  à  Fréteval,  dans  la  belle  vallée  du  Loir,  je  vis  des 
ouvriers  qui  construisaient  un  chemin  dans  la  prairie,  pour  faire 
communiquer  directement  la  grande  usine  de  papeterie  de  Cour- 
celles  avec  la  route.  On  avait  creusé  le  sol  de  0  m.  30  à  0  m.  40, 
pour  faire  une  chaussée  empierrée;  d'un  côté  du  futur  chemin,  on 
avait  rangé  la  terre  extraite  et  de  l'autre  on  avait  mis  en  ligne 
des  tas  de  cailloux  de  silex  pour  l'empierrement. 

C'était  à  peine  à  400  mètres  au  sud  de  la  Tour  de  Grisset, 
ancien  petit  temple  gallo-romain  :  à  300  mètres  au  sud-est  de  la 
ferme  de  l'Ormois,  bâtie  dans  une  enceinte  anhistorique  et  à 
200  mètres  à  l'est  du  Dolmen  de  Fréteval.  Tous  ces  voisinages 
me  firent  penser  que,  en  remuant  la  terre  ou  les  silex,  les 
ouvriers  pouvaient  avoir  trouvé  des  objets  anciens  ;  et,  m'appro- 
chant  d'eux,  je  le  leur  demandai.  Ils  n'avaient  rien  vu,  rien 
trouvé.  En  m'en  retournant,  un  peu  désappointé,  j'examinai  les 
tas  de  cailloux  et  la  rangée  de  terre;  dans  les  premiers  je  ne  vis 
aucun  fossile  ni  le  moindre  silex  taillé;  mais  sur  la  terre  j'aperçus 
de  gros  morceaux   de  tuiles   à    rebords,    dont  plusieurs  rouges 

(1)  Depuis  la  communication  de  ces  fouilles,  j'ai  trouvé,  cette  année,  deux  haches 
polies  (Fibrolithe  et  Jaspe)  trustes  [Le  pays  exploré  a  des  tessons  néolithiques] , 
dans  la  fouille  du  gros  mur  de  fortification,  à  2  m.  50  à  3  m.  de  profondeur. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  271 

comme  des  tuiles  neuves;  des  fragments  de  poteries,  la  plupart 
grossières,  de  couleur  grise  et  d'autres  tessons  rouges  et  noirâ- 
tres de  plusieurs  modèles  plus  petits  et  de  terre  plus  fine,  appar- 
tenant sans  conteste  à  la  période  gallo-romaine.  Je  vis  à  côté  une 
certaine  quantité  de  terre  rougeâtre  ressemblant  à  de  la  terre 
cuite.  J'allai  revoir  un  ouvrier,  non  loin  de  là,  pour  lui  exprimer 
mon  étonnement  de  ce  qu'il  n'avait  rien  vu  de  particulier,  tandis 
qu'en  un  instant  j'avais  trouvé  une  quantité  de  débris  gallo- 
romains.  Il  m'avoua  alors,  qu'à  l'endroit  que  je  lui  indiquais,  il 
avait  remarqué  une  sorte  de  puits,  formé  par  une  terre  rouge 
comme  de  la  brique,  qui  l'avait  fort  intrigué,  et  qu'il  avait  été  sur 
le  point  de  le  fouiller.  Le  temps  lui  avait  manqué  et  on  avait 
répandu,  sur  le  milieu  du  tracé  du  chemin,  une  couche  de  0  m.  15 
à  0  m.  20  de  cailloutis,  qui  recouvrait  en  même  temps  l'emplace- 
ment du  puits;  c'était  à  20  mètres  environ  de  la  route  de  Ven- 
dôme à  Fréteval,  presque  au  milieu  de  la  nouvelle  chaussée. 

Je  ne  doutai  pas  un  instant  que  je  me  trouvais  en  présence 
d'une  sépulture  gallo-romaine  après  incinération,  d'où  prove- 
naient les  fragments  de  tuiles  et  poteries  que  je  venais  de 
ramasser.  Etant  pressé  par  l'heure  du  train  qui  devait  me  rame- 
ner à  Vendôme,  je  me  promis  de  revenir  dans  peu  de  jours,  avant 
qu'on  ait  empierré  complètement  le  chemin.  J'emportai  un  lot 
de  fragments  de  poteries  que  je  remis  le  soir  même,  sauf  un 
tesson,  à  mon  ami  et  collègue,  M.  G.  Renault,  conservateur  du 
Musée  de  Vendôme,  qui  devait  m'accompagner  le  lendemain  pour 
fouiller;  mais  le  mauvais  temps  nous  empêcha  de  partir. 

Huit  jours  après,  je  revenais  seul,  M.  Renault  n'ayant  pu  venir 
avec  moi.  Je  m'adressai  à  la  Papeterie  de  Courcelles,  et,  en 
l'absence  du  Directeur  en  congé,  le  contremaître  avait  l'obli- 
geance de  m'autoriser  à  faire  la  fouille,  et  de  m'indiquer  un 
ouvrier  disponible    que  je   mettais   à    l'œuvre   immédiatement. 

Sous  le  cailloutis  nous  retrouvions  facilement  le  contour  circu- 
laire du  puits,  bien  dessiné  par  un  entourage  de  terre  cuite,  très 
rouge,  ayant  une  épaisseur  de  0  m.  10  environ;  cette  terre  a  été 
rougie  et  cuite  sur  place  par  le  feu  qu'on  a  dû  faire  dans  la  fosse 
sépulcrale,  creusée  simplement  dans  l'argile  compacte  et  épaisse 
du  sol,  afin  de  durcier  et  de  solidifier  l'entourage.  La  fosse 
avait  1  m.  10  de  diamètre,  au  fond  comme  à  l'ouverture  :  ce 
qui  lui  donnait  une  forme  cylindrique,  et  1  mètre  de  profon- 
deur environ.  Elle  était  remplie  de  cendres  calcinées,  et, 
en  divers  endroits,  nous  trouvions  des  petits  morceaux  de 
charbon,  quelques  débris  d'ossements  calcinés,  des  morceaux 
assez  grands  de  tuiles  à  rebords  de  sis  modèles  différents,  et  des 
fragments  de  poteries  assez  variés.  Ce  n'était  pas  surprenant  de 


272  SOCIÉTÉ    PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 

ne  rencontrer  que  des  tuiles  ou  des  poteries  brisées;  mais, ce  que 
j'ai  trouvé  singulier  et  qui  m'a  paru  intentionnel  (1),  c'est  qu'on 
voyait  rarement  deux  morceaux  des  mêmes  tuiles,  des  mêmes 
vases,  tout  en  prenant  les  plus  grandes  précautions  pour  les 
extraire,  en  les  mettant  de  côté  immédiatement  et  en  cherchant 
à  les  appareiller.  Les  cendres  étaient  en  blocs  gras  comme  de 
l'argile,  que  la  trop  grande  humidité  du  sol  empêchait  de  réduire 
en  poussière  et  même  d'écraser;  il  a  pu  y  rester  de  menus  ob- 
jets, comme  des  monnaies  ou  médailles;  cependant  je  ne  le  crois 
pas;  ou  ils  sont  rares,  car  j'ai  bien  examiné  tout  ce  qu'on  sortait 
et  n'ai  rien  vu  de  particulier  pouvant  dater  la  sépulture. 

M.  André  Piédallu,  préparateur  au  Laboratoire  de  Mamma- 
logie  au  Muséum,  en  vacances  alors  dans  les  environs,  à  Morée, 
arriva  à  la  fin  de  la  fouille  et  en  vit  le  résultat.  Il  emporta  des 
fragments  de  tuiles  à  rebords  et  de  poteries,  comme  témoignage 
de  la  découverte  qui  venait  d'èlre  laite.  Moi-même  j'ai  conservé 
de  la  terre  cuite  de  l'entourage,  des  blocs  de  cendres,  des  os 
brûlés,  et  des  fragments  de  poteries  diverses. 

Je  n'ai  pu  voir  comment  était  organisée  la  couverture  qui 
n'était  qu'à  0  m.  20  au  plus  de  la  surface  du  sol  ;  mais  il  est  évi- 
dent qu'elle  devait  être  formée  par  les  morceaux  de  tuiles  à  re- 
bords assez  nombreux,  qui  avaient  été  retirés  de  la  terre  par  les 
ouvriers,  ainsi  que  par  les  nombreux  fragments  de  poteries  que 
j'ai  trouvés  extérieurement.  Ayant  remarqué  de  petits  tas  de 
tuiles  et  de  poteries  à  différents  endroits,  à  l'est  et  à  l'ouest,  à 
0  m.  10,  0  m.  75  et  à  1  mètre  de  profondeur,  j'en  conclus  qu'il 
doit  y  avoir  eu  des  sépultures  différentes,  trois  ou  quatre  au 
moins.  Les  corps,  dont  les  cendres  reposent  dans  le  petit  puits 
funéraire,  ont-ils  été  incinérés  en  même  temps  ou  le  même  jour  ? 
C'est  ce  que  je  ne  saurais  dire.  Quoique  par  la  force  des  choses, 
cette  sépulture  fut  destinée  à  être  recouverte  immédiatement  par 
la  chaussée  du  nouveau  chemin,  j'qi  voulu  la  conserver  pour 
l'avenir;  et  j'ai  tenu  à  ce  que  mon  ouvrier  n'en  détruisit  pas  les 
contours  et  y  remit  les  cendres  retirées  pour  la  fouille. 

L'incinération  a-t-elle  eu  lieu  dans  la  fosse  ?  C'était  possible  et 
cependant  c'est  peu  probable,  malgré  l'épaisseur  de  la  terre  cuite 
autour,  et  la  facilité  d'incinérer  qu'on  avait  à  une  aussi  faible  pro- 
fondeur; s'il  y  a  eu  plusieurs  corps  incinérés,  ils  l'ont  été  sans  doute 
sur  un  bûcher  spécial  les  uns  après  les  autres,  et  leurs  cendres 

(1)  Il  paraît  cependant  certain  que  les  vases,  même  les  plus  beaux  et  les  plus 
grands  étaient  souvent  brisés  au  moment  des  funérailles,  et  que  leurs  débris 
étaient  dispersés  dans  la  terre  environnante  [Antiquités  de  la  Russie  méridionale  ; 
par  le  professeur  Kondakof,  le  comte  J.  Tolstoï  et  S.  Reinach.  Ernest  Leroux, 
éditeur,  Paris,  1891]. 


SOCIÉTÉ   IT.ÉHISTOIUQUE   FRANÇAISE  273 

réunies  dans  un  coin  spécial,  ou  plutôt  une  couche  différente, 
ainsi  que  semblent  le  prouver  les  tas  de  tuiles  et  de  poteries  à 
différentes  profondeurs.  A  plusieurs  reprises,  j'ai  rencontré  dans 
l'intérieur  quelques  veines  de  terre  cuite  répandue  horizonta- 
lement. Cette  terre  cuite  devait  provenir  de  l'extérieur,  elle  a 
dû  être  introduite  avec  les  cendres  provenant  d'une  inciné- 
ration extérieure.  Pour  incinérer  à  l'air  libre  on  devait  avoir 
besoin  d'un  combustible  considérable,  et,  malgré  la  dimension 
de  la  fosse,  qui  pouvait  avoir  une  contenance  d'un  mètre  cube, 
je  crois  que  l'incinération  des  corps  avait  lieu  à  l'extérieur. 

On  a  mis  à  jour  par  toute  la  France,  un  nombre  considérable 
de  sépultures  gallo-romaines  et  cependant  je  n'ai  pas  connais- 
sance de  descriptions  analogues  à  la  mienne. 

Dernièrement,  au  Congrès  de  Tours,  j'ai  rendu  compte  de  ia 
découverte  d'une  sépulture  du  même  genre,  mais  plus  profonde 
et  en  forme  de  four,  que  j'ai  reconnue  dans  une  autre  partie  du 
Loir-et-Cher,  H  Langon,  sur  le  coteau  de  la  rive  droite  du  Cher. 
Comme  pour  celle  de  Fréteval,  une  couche  de  terre  cuite  autour 
formait  un  entourage  qui  n'avait  été  établi  que  par  un  grand  feu 
à  l'intérieur  ;  cette  couche  de  0.05  c.  d'épaisseur  n'est  pas 
exactement  délimitée.  J'étais  heureux  d'en  donner  connaissance 
à  la  Société  Préhistorique  française,  pensant  que  mes  collègues 
ne  manqueraient  pas  de  me  documenter.  Je  n'ai  pas  encore  vu 
non  plus  citer  un  cas  semblable.  En  ayant  donné  la  description 
je  ne  recommencerai  pas  ici. 

En  juin  dernier,  j'ai  constaté  une  autre  sépulture  gallo- 
romaine,  après  incinération,  en  Beauce,  près  de  la  ferme  de 
Chèvremont,  dans  la  commune  de  Tripleville,  à  48  kilomètres  au 
nord-est  de  Blois,  où  il  existe  de  nombreux  dolmens  et  un 
superbe  menhir.  Mais  cette  sépulture,  très  peu  profonde,  a  eu 
lieu  évidemment  après  une  incinération  à  ciel  ouvert,  sur  place. 
Elle  m'a  été  révélée  par  des  cendres  et  du  charbon  en  assez 
grande  quantité,  avec  un  certain  nombre  de  tessons  de  poteries 
gallo-romaines,  de  fragments  de  tuiles  à  rebords  et  quelques 
débris  d'ossements  brûlés,  mis  à  jour  par  des  ouvriers  qui 
avaient  creusé  la  terre  à  moins  d'un  mètre  de  profondeur  pour 
en  extraire  des  cailloux.  C'était  sur  le  bord  d'un  très  ancien 
chemin,  sur  lequel  je  passais  pour  faire  des  recherches  préhis- 
toriques, dans  un  vallon  charmant,  qui  porte  le  nom  poétique  de 
Val  d'Avril.  Naturellement  je  m'arrêtai,  et  fus  très  étonné  de  voir 
en  cet  endroit  des  cendres  et  des  débris  gallo-romains.  Nulle 
part  autour,  il  n'y  avait  de  terre  rougie  par  le  feu  comme  pour 
les  deux  cas  précédents. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  18 


274  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Cette  année,  dans  mes  pérégrinations  en  Loir-et-Cher,  j'ai 
encore  vu  d'autres  sépultures  gallo-romaines.  C'est  à  Gièvres,  sur 
les  bords  du  Cher,  près  de  la  voie  romaine  & Avaricum  à  Cœsaro- 
dunum,  de  Bourges  à  Tours,  l'ancienne  ville  gallo-romaine  de 
Gabris,  qui  dut  être  relativement  importante.  De  sa  véritable 
nécropole,  M.  de  ta  Saussaye,  ancien  membre  de  l'Institut,  aretiré 
il  y  a  quelque  cinquante  ans,  une  quantité  de  vases  et  de  curieux 
objets,  en  partie  au  Musée  de  la  ville  de  Blois,  auquel  il  les  a 
légués.  L'année  dernière,  M.  Jouannet,  instituteur,  en  cultivant 
son  jardin,  y  a  découvert  plusieurs  sépultures;  je  l'ai  appris  et  je 
suis  allé  voir  ses  découvertes  intéressantes.  Les  fosses  peu  pro- 
fondes étaient  à  peu  de  distance  les  unes  des  autres.  C'était  sans 
doute  le  côté  des  enfants,  car  il  y  a  rencontré  une  demi-douzaine 
de  biberons  et  des  timbales  joliment  décorées,  en  terre  fine.  Les 
vases  ou  autres  objets  étaient  généralement  trois  par  trois,  à 
moins  de  0m50  de  la  surface  du  sol.  Dans  le  terrain  sablonneux 
de.  la  Sologne,  les  vases  faciles  à  extraire  étaientintacts,  h  l'excep- 
tion de  ceux  qui,  n'étant  pasenterrés  assez  profondément  avaient 
été  brisés  par  la  culture.  En  cet  endroit  le  sol  est  couvert  de 
débris  de  poteries  gallo-romaines  et  on  y  a  trouvé  beaucoup  de 
monnaies  ou  médailles  recouvertes  d'une  belle  patine.  Les  cen- 
dres et  les  ossements  calcinés  étaient  en  assez  petite  quantité, 
avec  des  traces  de  charbon.  L'incinération  a  eu  lieu  certainement 
dans  un  endroit  spécial;  la  localité  était  assez  importante  pour 
avoir  un  four  ou  bûcher  spécial.  Peut-être  les  restes  étaient-ils 
enfermés  dans  de  petits  cercueils,  car  M.  Jouannet  a  trouvé  dans 
ses  fouilles  un  certain  nombre  de  clous  de  fer  qui  sembleraient  le 
démontrer. 

A  10  kilomètres  au  nord  de  Blois,  sur  le  territoire  de  la  com- 
mune d'Averdon,  très  importante  station  préhistorique,  presque 
à  la  naissance  de  la  Vallée  de  la  Grande-Pierre  et  dans  le  petit 
val,  j'ai  vu  encore  un  lieu  de  sépultures  gallo-romaines.  Cet  en- 
droit est  situé  à  un  kilomètre  à  l'est  du  hameau  de  Malakoff  et  de 
la  route  de  Blois  à  Oucques,  à  4  kilomètresàFestdu  bourg  d'Aver- 
don. Il  m'a  été  indiqué  par  M.  Quentin-Lefeuvre,  propriétaire- 
cultivateur  à  Malakoff.  Ce  sont  des  carriers  qui  ont  mis  à  jour 
plusieurs  de  ces  sépultures  ;  ilsont  été  frappés  par  la  vue  des  osse- 
ments et  des  débris  de  poteries  qu'ils  trouvaient  presque  à  la  sur- 
face du  sol,  c'est-à-dire  à  0m20  ou  0m25  de  profondeur.  Là  il  n'y 
a  pas  eu  d'incinération;  il  y  a  eu  simple  inhumation.  On  y  trouve 
en  effet  de  gros  ossements  qui  n'ont  certainement  pas  subi  l'action 
du  feu  ;  la  terre  est  noirâtre  et  on  ne  voit  pas  de  traces  de  cen- 
dres.  Les  poteries  que  j'y  ai  ramassées  n'ont  rien  de  remarqua- 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  2-0 

bles  ni  de  particulier  ;  il  y  a  de  grosses  poteries  de  terre  de  cou- 
leur gris  cendré  et  de  plus  fines  gris-noiràtre.  Je  ne  crois  pas  qu'il 
v  ait  eu  là  un  grand  nombre  d'inhumations.  Sur  la  hauteur  à  100 
mètres  au  nord  et  à  l'ouest,  on  peut  remarquer  dans  les  champs 
d'assez  nombreux  débris  de  tuiles  à  rebords  et  de  poteries  gallo- 
romaines.  Il  a  dû  exister  dans  ce  lieu,  désert  aujourd'hui,  une 
colonie  agricole,  et  ce  sont,  sans  doute,  les  restes  du  personnel  de 
l'exploitation  qu'on  retrouve  dans  cet  endroit  spécial,  qui  n'était 
pas  cultivé  par  suite  du  peu  de  profondeur  de  la  terre  végétale. 

Voilà  donc  cinq  genres  de  sépultures  bien  distincts,  tous  de  la 
période  gallo-romaine  que  je  puis  résumer  ainsi  : 

1°  A  Fréterai,  plusieurs  incinérations  dans  une  fosse  cylindri- 
que, de  1  mètre  de  profondeur,  dans  l'argile,  dont  la  paroi  a  été 
rougie  et  comme  cuite  par  le  feu,  sur  0ra10  d'épaisseur;  quantité 
de  cendres  ^un  mètre  cube)  pour  plusieurs  corps  ;  mobilier  com- 
posé de  morceaux  de  six  modèles  divers  de  tuiles  à  rebords  et  de 
fragments  de  poteries  variées,  dont  il  n'y  a  pas  en  général  deux 
morceaux  du  même  vase. 

2°  A  Langon,  une  seule  incinération  dans  uu  four  creusé  à  2 
mètres  de  profondeur,  dans  le  tuf  crayeux,  auquel  on  accédait 
par  un  passage  oblique  ;  quantité  de  cendres,  pour  un  seul  corps, 
sans  doute;  parois  rougies  et  cuites  par  le  feu  sur  une  épaisseur 
deOm05;  sans  mobilier  ou  en  fragments  non  remarqués.  Ce  genre 
de  sépulture  doit  remonter  aux  premiers  temps  de  l'occupation 
romaine. 

3°  A  Tripleville,  incinération  sur  place,  à  l'air  libre,  à  une  pro- 
fondeur de  0m50,  dans  le  sable  ou  terre  légère;  pas  de  parois 
rougies;  quantité  de  cendres  pour  un  seul  corps  par  fosse;  débris 
de  charbon;  poteries  variées,  toutes  brisées,  peut  être  intention- 
nellement, peut-être  par  les  carriers. 

4°  AGièvres,  incinération  dans  un  four  crématoire  et  inhuma- 
tion des  restes,  très  probablement  dans  un  petit  coffre  ou  cer- 
cueil, placé  à  0m50  ou  plus  dans  le  sol;  mobilier  assez  riche, avec 
vases  entiers  trois  par  trois;  véritable  nécropole. 

5°  A  Averdon-Malakoff,  inhumation  simplement,  à  0m20ou  0m25 
de  profondeur  dans  le  tuf  calcaire,  sans  incinération,  mobilier 
pauvre  et  en  fragments. 

Il  est  évident  que  ces  genres  ne  sont  pas  tous  du  même  siècle. 
Le  rite  pouvait  différer  par  région,  mais  dans  les  localités  bor- 
dant le  Cher,  comme  à  Langon  et  à  Gièvres,  éloignées  seulement 
d'une  douzaine  de  kilomètres  l'une  de  l'autre,  ce  sont  les 
siècles  sans  doute  qui  ont  causé  le  changent  de  rite.    Je  laisse  à 


276  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

d'autres  plus  compétents  le  soin  de  les  dater,  me  bornant  à  les 
signaler. 

Je  n'ai  jamais  tant  vu  ni  étudié  de  sépultures  gallo-romaines 
qu'en  1910;  il  est  vrai  que  je  n'en  avais  jamais  cherché  jusque-là. 
Il  n'est  pas  douteux  qu'on  en  pourrait  découvrir  dans  beaucoup 
de  localités  importantes  à  l'époque  gallo-romaine  qui  n'ont  pas 
encore  révélé  leurs  trésors  archéologiques.  J'en  connais  dans  ce 
cas.  Il  y  a  donc  encore  de  beaux  jours  pour  les  chercheurs  et 
les  archéologues  qui  n'attendront  pas  du  hasard  seulement  le 
plaisir   des  découvertes. 

M.  M.  Baudouin.  —  Notre  collègue  trouvera  d'intéressants 
points  de  comparaison  dans  nos  travaux  sur  les  puits  funé- 
raires et  dans  ceux  de  l'abbé  F.  Baudry. 


Résultat  des  fouilles  effectuées  dans  un  abri  sous 
roche  à  Bonnières  (Seine-et-Oise),  et  décou- 
verte d'une  sépulture  néolithique  à  Jeufosse 
(Seine  et  Oise.) 

PAR 

Henri  G  A  DE  AU  de  KER  VILLE  (Rouen,   Seine-Inférieure) 
et  Georges  POULAIN  (Eure). 

A  quelques  kectomètres  en  aval  de  la  petite  ville  de  Bonnières,  dans 
un  bois  situé  près  de  la  rive  gauche  de  la  Seine,  au  triage  de  la  côte 
Masset,  existe  un  abri  sous  roche,  appartenant  à  l'étage  sénonien.Cet 
abri  mesure  33  mètres  de  long  et  une  hauteur  maximum  de  5  mètres. 

Une  tranchée  a  été  faite  au  pied  de  la  partie  en  surplomb.  Dans  la 
couche  de  terre  végétale,  de  0m50  à  0m60  d'épaisseur,  nous  avons 
trouvé  quelques  silex  néolithiques,  et  des  os  fendus  intentionnelle- 
ment. Au-dessous,  la  terre,  plus  compacte,  dure  et  de  composition 
argilo-calcaire,  nous  a  fourni,  à  environ  un  mètre  de  la  paroi  de  l'a- 
bri, des  silex  à  faciès  nettement  magdalénien. 

A  lm40  de  profondeur  totale,  nous  avons  rencontré  un  foyer  repo- 
sant sur  la  roche  vive.  A  côté  se  trouvaient  une  petite  meule  gisante 
en  grès,  de  nombreuses  lames,  des  nuclei  et  beaucoup  d'éclats.  Les 
lames,  les  lamelles  et  les  éclats  étaient  par  petits  tas  autour  du  foyer, 
près  duquel  nous  avons  recueilli  les  os  d'un  tarse  et  un  métatarsien 
de  cheval,  une  défense  de  sanglier,  quelques  os  fendus  en  long  pour 
en  extraire  la  moelle,  et  d'autres  indéterminables.  Parmi  les  lames, 
il  y  en  a  deux  possédant  de  fines  retouches  :  une  lame-grattoir  et 
une  lame  dont  une  extrémité  a  été  retaillée  en  pointe. 

L'outillage  nous  a  montré  que  nous  étions  en  présence  d'une  sta- 
tion de  l'époque  de  la  Madeleine.  C'est  la  deuxième  découverte  de 
vestiges  de  cette  époque  dans  les  abris  sous  roche  du  bassin  inférieur 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  277 

de  la  Seine  ;  la  première  a  été  faite  par  l'un  de  nous  (Georges  Pou- 
lain), en  1902-1903,  à  Mestreville,  commune  de  Saint-Pierre-d'Autils 
(Eure)  1). 

Dans  un  bois  qui  se  trouve  près  de  la  rive  gauche  de  la  Seine,  en- 
tre Bonnières  et  Vernon,  à  Jeufosse  Seine-et-Oise),  existe,  dans 
l'étage  sénonien,  un  rocher  de  54  mètres  de  long,  et  d'une  hauteur 
maximum  de  8  mètres,  connu  sous  le  nom  de  «  Roche  Galerne  ».  Une 
cavité  de  ce  rocher,  qui  était  en  grande  partie  comblée  avec  de  la 
terre,  nous  a  révélé  une  sépulture  de  l'époque  néolithique,  contenant 
des  ossements  de  trois  squelettes   deux  adultes  et  un  adolescent). 

La  sépulture  fut  aménagée  au  fond  de  cette  cavité,  et  les  corps  dé- 
posés sur  le  calcaire  en  fragments  détachés  du  plafond  à  une  époque 
plus  ancienne.  Puis  on  la  ferma  au  moyen  d'un  mur  à  sec,  composé 
de  pierres  calcaires  dont  plusieurs  mises  de  champ. 

Les  ossements  ont  été  partiellement  dispersés  parles  blaireaux  ou 
les  renards,  qui  avaient  enlevé  des  pierres  du  mur  à  sec  pour  péné- 
trer au  fond  de  la  cavité.  Néanmoins  nous  avons  recueilli  en  dedans 
de  ce  mur  une  partie  des  ossements,  dont  un  crâne  d'adulte  en  par- 
fait état  de  conservation.  De  plus,  nous  avons  trouvé,  en  criblant 
ou  non  la  terre,  des  fragments  de  poteries  néolithiques  et  quelques 
silex,  dont  une  hache  ébauchée. 

Les  sépultures  de  ce  genre  sont  rares  dans  le  nord  de  la  France. 
C'est,  à  notre  connaissance,  la  deuxième  du  genre,  découverte  dans 
la  partie  inférieure  de  la  vallée  de  la  Seine.  La  première  fut  mise  à 
jour  par  l'un  de  nous  (Georges  Poulain),  en  1903,  à  Mestreville,  com- 
mune de  Saint-Pierre-d'Autils  Eure)  (2). 

Relativement  à  ces  intéressantes  trouvailles,  nous  publierons,' dans 
le  Bulletin  de  la  Société  normande  d'Etudes  préhistoriques,  un  mé- 
moire accompagné  de  figures  dans  le  texte  et  de  planches. 


Hache  en  silex,  de  forint»  arquée. 

PAR 

Louis    GIRA.UX    (de    Saint-Mandé,    Seine)  (3). 

La  hache  en  silex,  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  a  été 
recueillie  dans  les  environs  de  Bergerac,  à  Puy-Charmant  (Dordo- 
gne).  Dans  cette  région,  on  trouve  à  la  surface  de  nombreuses  pièces 

(1)  Bull,  de  la  Société  normande  d'Études  préhistoriques,  ann.  1903,  p.  62,  et 
pi.  V.  et  VI  ;  ann.  190Ï,  p.  89. 

Emile  Cartailhac,  dans  la  revue  L'Anthropologie,  ann.  1905,  t.  XVI,  n*  3 
p.  322. 

(2)  Bull,  de  la  Société  normande  d'Etudes  préhistoriques,  ann.  1904,  p  98  et 
pi.  VI. 

1,3)  Séance  du  26  janvier  1911. 


278  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

acheuléo-moustériennes  et  néolithiques;  mais  c'est  à  cette  dernière 
époque  que  celle  que  je  vous  présente  doit  appartenir.  Elle  provient 
de  la  collection  de  l'abbé  Landesque. 

Cette  pièce,  en  silex  gris,  légèrement  jaunâtre,  mesure  0m168  de 
longueur,  sa  plus  grande  largeur  est  de  0m080  du  côté  du  tranchant, 
et  elle  est  de  0m018  à  0m020  à  l'autre  extrémité;  son  épaisseur,  au 
centre,  est  de  0m025  environ. 

La  particularité  que  nous  offre  cette  pièce,  c'est  qu'elle  est  de  forme 
arquée.  En  l'examinant,  nous  constatons  qu'elle  a  été  taillée  dans 
une  plaquette  de  silex 
qui  avait  primitive- 
ment cette  forme.  La 
partie  convexe  est  ab- 
solument lisse,  comme 
si  elle  avait  été  polie  ; 
on  s'est  simplement 
contenté,  pour  lui  don- 
ner sa  forme,  d'abat- 
tre les  deuxcôtés  :  la 
Figure  1  nous  le  re- 
présente fort  bien. 
Pour  former  le  tran- 
chant de  la  hache,  l'ex- 
trémité de  la  plaquette 
a  été  abattue  et  un  arc 
de  cercle  assez  régu- 
lier a  été  obtenu. 

Si  nous  passons  à  la 
partie   concave  de   la 
pièce,  nous  constatons 
également     que,     sur 
plus  de  la  moitié  de  la 
longueur,  elle  est  for- 
méepar  la  partie  natu- 
relle de  la  plaquette  de  silex.  Du  côté  du  tranchant,  cette  plaquette 
était  plus  épaisse   et  une  partie  de  la  matière  a  étéenlevée  à  grands 
éclats  de  façon  à  la  réduire  pour  en  faire  le  tranchant. 

La  Figure  2  vous  montre  la  pièce  de  profil  et  il  est  facile  de  se 
rendre  compte  de  sa  forme  arquée. 

A  première  vue,  cette  pièce  pourrait  être  prise  pour  une  hermi- 
nette;  mais  en  l'examinant,  on  constate  qu'il  n'en  est  rien,  d'abord 
en  raison  de  la  disposition  de  son  tranchant,  et  ensuite  parce  que  la 
forme  de  l'extrémité  opposée  ne  permettrait  guère  de  pouvoir  l'em- 


l.  —    Hache  en  silex  de    forme 
arquée  [1/2  grand,  nat.]. 


Fig.  2.  —  La  même 
pièce,  vue  de  pro- 
fil   (l/2      grand. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  279 

mancher  d'une  façon  solide.  D'un  autre  côté,  il  ne  nous  semble  guère 
possible  de  pouvoir  l'employer  en  la  tenant  à  la  main. 

Notre  opinion  est  que  cette  pièce  doit  être  simplement  une  ébau- 
che, que  l'ouvrier  a  dû  abandonner,  ne  pouvant  pas  en  faire  un  outil 
utilisable. 


-<_^-c"O^G»s*~-£V-^~>- 


8ur  quelques  causes  déterminantes  du  magné- 
tisme des  poteries. 

PAR 

L.  FRANCHET  (Paris). 

La  question  du  magnétisme  des  poteries,  préoccupe  depuis  quel- 
que temps  les  physiciens  et  les  préhistoriens,  mais  il  ne  semble  pas 
que  l'accord  soit  bien  parfait,  au  sujet  de  l'influence  des  poteries  sur 
l'aiguille  aimantée. 

D'autre  part,  les  causes  mêmes  de  ce  magnétisme,  semblent  être 
encore  dans  le  domaine  de  l'hypothèse. 

Parmi  les  auteurs  qui  s'en  sont  occupé,  les  uns  font  remonter  ces 
causes  «  à  la  longue  immobilisation  delà  poterie,  sous  l'influence  de 
l'induction  terrestre  »,  les  autres,  «  à  l'aimantation  d'ensemble 
acquise  par  le  vase  au  moment  de  la  cuisson,  supposée  laite  en  posi- 
tion verticale  »  ou  encore  «  à  l'action  inductrice  des  briques  du  four 
qui  furent  les  premières  à  s'aimanter  »  (1). 

Mais  ces  hypothèses,  si  intéressantes  qu'elles  soient,  ne  sont  que 
des  hypothèses  qu'il  me  paraît  bien  difficile  de  vérifier  expérimenta- 
lement. 

C'est  pourquoi  je  pense  qu'il  n'est  pas  inutile  d'apporter  à  l'étude 
de  cette  question,  non  pas  d'autres  hypothèses,  mais  des  faits  con- 
firmés par  l'expérience. 

I  Certaines    poteries  possédant   réellement   la    propriété   de  faire 

dévier  l'aiguille  aimantée,  il  y  avait  lieu  d'examiner  les  deux  points 
suivants  : 

1°  Quels  sont  les  éléments  magnétiques  pouvant  se  trouver  dans  la 
pâte  d'une  poterie  ? 

2°  Comment  ces  éléments  ont-ils  pu  se  former  ? 

ICe  sont  ces  deux  questions  que  je  vais  m'efforcer  de  résoudre. 


(1)  Bull,  delà  Soc.  Prek.  de  France,  t.  VII,  p.  504  et  505. 


280  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

1°  Nature  des  éléments  magnétiques  des  pâtes. 

Les  poteries  magnétiques  sont  toujours  ferrugineuses. 

L'oxyde  de  fer  contenu  dans  les  pâtes  provient  principalement  des 
argiles.  Or  toutes  les  argiles  renferment  du  fer  à  l'état  de  peroxyde  ; 
le  kaolin  lui-même  n'en  est  pas  exempt.  J'ai  analysé  celui  de  Mar- 
saguet  (dans  le  Limousin),  qui  fut  longtemps  employé  à  la  manufac- 
ture de  Sèvres,  en  raison  de  sa  grande  pureté.  J'ai  constaté  néanmoins 
qu'il  contenait  en  moyenne  0,24  pour  100  de  peroxyde  de  fer. 

Les  argiles  ordinaires  employées  dans  la  fabrication  de  la  poterie 
en  renferment  jusqu'à  25  p.  100. 

Examinons  maintenant  quels  sont  les  oxydes  de  fer  jouissant  de 
propriétés  magnétiques.  Ce  sont:  les  protoxydes  de  fer,  Fe  O.  ;  — 
l'oxyde  magnétique,  Fe3  O*;  —  le  peroxyde  de  fer  (dans  certains 
cas),  Fe2  O3;  les  oxydes  des  battitures  (compositions  très  diverses). 

De  ces  quatre  oxydes  magnétiques,  les  trois  premiers  seuls  nous 
intéressent,  puisque  le  quatrième  ne  peut,  en  aucun  cas,  se  ren- 
contrer dans  les  composés  argileux. 

Or  la  formation  des  trois  premiers  oxydes,  dans  les  poteries,  au 
cours  de  la  cuisson,  est  facile  à  démontrer. 

2°  Formation  des  oxydes  de  fer  magnétiques  dans  les  poteries. 

Il  me  faut  ici  ouvrir  une  parenthèse,  pour  rappeler  certains  phé- 
nomènes relatifs  à  la  combustion  des  gaz  émanant  d'un  foyer. 

Lorsque  les  corps  combustibles  sont  décomposés  par  la  chaleur, 
les  gaz  qu'ils  renferment  se  dégagent  et  brûlent  en  produisant  une 
flamme.  Ces  gaz  consistent  principalement  en  oxyde  de  carbone, 
acide  carbonique,  carbures  d'hydrogènes,  azote  et  vapeur  d'eau. 
Mais  la  combustion  ne  peut  avoir  lieu  que  grâce  à  l'oxygène  que 
la  flamme  emprunte  à  l'air  ambiant.  L'oxygène  joue  le  rôle  de  corps 
comburant. 

Parmi  les  gaz  qui  se  dégagent  et  que  je  viens  de  citer,  il  en  est 
plusieurs  qui  doivent  retenir  notre  attention,  d'une  façon  toute  par- 
ticulière. Ce  sont  l'oxyde  de  carbone  et  les  carbures  d'hydrogène  qui 
sont  des  gaz  essentiellement  réducteurs. 

On  appelle  réducteur  un  corps  qui  possède  la  propriété  de 
réduire  un  oxyde  métallique,  à  un  état  inférieur  d'oxydation  et  fina- 
lement en  métal. 

Prenons  par  exemple  du  peroxyde  de  fer,  qui  représente  du  fer  à 
son  maximum  d'oxydation  (c'est  celui  que  l'on  trouve  dans  les 
argiles)  et  chauffons  le  dans  un  courant  d'oxyde  de  carbone.  Celui- 
ci  sous  l'influence  de  la  chaleur  se  combinera  avec  l'oxygène  qui  est 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  281 

lui-même  combiné  au  fer,  transformera  par  conséquent  le  peroxyde 
en  fer  métallique  en  le  faisant  passer  par  tous  les  états  intermédiaires 
d'oxydation,  y  compris  le  protoxyde  qui,  comme  on  le  verra'est 
très  important  pour  nous. 

Donc,  lorsque  je  parlerai,  pour  la  cuisson  des  poteries,  de  feu  ré- 
ducteur ou  d'atmosphère  réductrice,  terme  admis  lorsqu'il  s'agit  de  la 
cuisson  dans  les  fours,  il  s'agira  d'un  feu  duquel  se  dégage  un  excès 
d'oxyde  de  carbone  et  de  carbures  d'hydrogène;  et  cet  excès  de  gaz 
réducteurs  provient  d'une  combustion  incomplète,  par  suite  d'une 
insuffisance  d'oxygène. 

Si  maintenant  nous  saturons  d'oxygène,  les  gaz  combustibles,  au 
moyen  d'un  entraînement  rapide  de  l'air  ambiant,  par  une  cheminée 
d'appel,  il  se  produira  deux  phénomènes: 

1°  La  quantité  d'air,  et  par  conséquent  d'oxygène,  entraîné,  est 
suffisante  pour  se  combiner  exactement  aux  gaz  ;  il  n'y  aura  alors  ni 
oxygène,  ni  gaz  réducteurs  en  excès  :  il  y  aura  équilibre  et  l'atmos- 
phère sera  neutre. 

2°  La  quantité  d'air  est  supérieure  à  celle  qui  est  nécessaire  pour 
se  combiner  exactement  aux  gaz.  Il  y  aura  donc  excès  d'oxygène  et 
la  combustion  sera  complète  :  nous  aurons  ainsi  un  feu  oxydant,  ou 
atmosphère  oxydante.  Par  conséquent,  le  métal  que  nous  avons 
obtenu  tout  à  l'heure  un  peu  réducteur,  retournera,  si  nous  le  sou- 
mettons à  ce  feu  oxydant,  à  l'état  d'oxyde. 

Maintenant  que  nous  connaissons  les  propriétés  et  par  conséquent 
le  rôle  d'une  flamme,  examinons  ce  qui  se  passe  au  cours  de  la  cuis- 
son des  poteries,  en  envisageant  surtout  les  procédés  primitifs. 

Aux  âges  préhistoriques,  la  cuisson  se  faisait  ou  à  l'air  libre  ou 
dans  des  fours  très  primitifs  ;  mais,  dans  un  cas  comme  dans  l'autre, 
le  feu  était  ordinairement  réducteur,  comme  en  témoigne  la  presque 

talité  des  poteries. 

Ce  fait  n'a  rien  d'extraordinaire,   car  la  combustion,  dans   un  feu 

ûlant  à  l'air  libre  ou  dans  un  four  rudimentaire,  est  incomplète, 

rce  que  la  flamme  dans  son  mouvement  ascensionnel    n'entraîne 

s  une  quantité  suffisante  d'air. 

La  poterie  se  trouvera  placée,  par  conséquent,  dans  un  milieu  qui 

ra  plus  ou  moins  réducteur,  mais  jamais  absolument  oxydant. 

Deux  cas  peuvent  se  présenter  :   ou  bien  le    feu  sera  absolument 

ducteur;  ou  bien  il  le  sera  incomplètement. 

Dans  le  premier  cas,  le  peroxyde  de  fer  contenu  dans  l'argile  se 
transformera  en  protoxyde  qui,  je  le  rappelle,  est  magnétique. 

Dans  le  deuxième  cas,  le  peroxyde  se  trouvant  soumis  à  l'influence 
'un  mélange  d'oxyde  de  carbone  et  d'acide  carbonique,  se  transfor- 
mera également  en  protoxyde,  partiellement  ou  en  totalité,  suivant 
la  durée  de  l'opération. 


282  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Cette  transformation  sous  l'influence  des  deux  gaz  a  été  démon- 
trée, il  y  a  environ  un  demi-siècle  par  Debray  (1). 

Donc  dans  les  deux  cas,  la  poterie  contiendra  un  élément  magné- 
tique :  le  protoxyde  de  fer. 

Voilà  une  première  cause  de  magnétisme. 

D'autre  part,  Moissan  a  démontré,  jadis,  qu'il  existait  deux  varié- 
tés allotropiques  <Toxyde  magnétique,  dont  l'une  s'obtient,  notam- 
ment, en  chauffant  le  peroxyde  de  fer  dans  un  courant  d'oxyde  de 
carbone,  à  basse  température  (vers  350°),  et  l'autre  en  le  décompo- 
sant à  une  température  élevée  voisine  du  rouge  blanc. 

Or,  puisque  l'oxyde  magnétique  peut  commencer  à  se  former  à 
350°,  dans  une  atmosphère  chargée  d'oxyde  de  carbone,  il  est  très 
naturel  que  les  poteries  préhistoriques  en  renferment  d'autant  plus 
que  leur  examen  démontre  surabondamment  qu'elles  ont  été  cuites  à 
très  basse  température. 

Nous  avons  ainsi  une  deuxième  cause  de  magnétisme. 

Nous  allons  maintenant  examiner  le  cas  où  le  procédé  de  cuisson 
étant  perfectionné,  le  feu  est  absolument  oxydant,  et  où,  par  consé- 
quent, le  peroxyde  de  fer,  qui,  tel  qu'il  se  trouve  dans  les  argiles, 
n'étant  pas  magnétique,  devrait  théoriquement  rester  stable  et  n'a- 
voir aucune  action  sur  l'aiguille  aimantée. 

Nous  allons  voir  qu'il  n'en  est  pas  ainsi. 

En  effet,  d'après  les  recherches  de  différents  chimistes,  le  peroxyde 
de  fer  peut  être  magnétique  dans  certaines  conditions. 

Tout  d'abord,  d'après  Malaguti  (2),  lorsqu'il  est  obtenu  par  la  cal- 
cination  des  dépôts  ocracés  formés  par  les  eaux  minérales  ferrugi- 
neuses, ou  de  certains  carbonates  de  fer,  naturels.  Mais  je  ne  m'ar- 
rêterai pas  à  des  cas  particuliers,  parce  qu'il  est  très  difficile,  sinon 
impossible  dans  bien  des  cas,  de  vérifier  l'origine  du  peroxyde  de 
fer  contenu  dans  une  argile. 

D'autre  part,  Lallemand  (3),  étudiant  un  peroxyde  de  fer  pur  exempt 
d'oxydes  magnétiques,  a  trouvé  que  son  magnétisme  était  pres- 
que égal  à  celui  de  l'oxyde  magnétique  proprement  dit,  et  a  démontré 
ainsi  qu'il  existe  deux  peroxydes  de  fer,  l'un  magnétique  et  l'autre 
inerte. 

Le  peroxyde  magnétique  peut  perdre  cette  propriété  d'être  attira- 
ble  à  l'aiguille  aimantée,  si  on  le  chauffe  à  une  température  très  éle- 


(1)  Wurtz.  —  Dictionnaire  de  Chimie  pure  et  appliquée,   1. 1,   2e  part.,  p.  1490. 

(2)  Annales  de  Ch.  et  de  Phys.,t.  LXIX,  p.  214. 

(3)  Annales  de  Ch.  et  de  Phys.,  t.  LXIX,  p,  223. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  283 

véc  :  ce  qui  n'est  pas  le  cas  pour  les  poteries  primitives  ou  les  pote- 
ries communes  modernes. 

Lallcmand  a  donc  prouvé  que  le  magnétisme  du  peroxyde  de  fer 
n'était  pas  dû,  comme  l'avait  autrefois  pensé  Luca,  à  la  présence  de 
protoxyde. 

Nous  trouvons  dans  cette  propriété  du  peroxyde  de  fer,  une  troi- 
sième cause  de  magnétisme  des  poteries. 

Le  peroxyde  de  fer  attirable  à  l'aimant,  prend,  lorsqu'il  a  été 
chauffé,  une  teinte  rouge  brique;  et  cette  particularité  m'a  engagé  à 
vérifier  le  magnétisme  des  poteries  grecques  et  romaines,  à  pâte 
rouge. 

Les  échantillons  que  j'ai  examiné  proviennent  de  sources  sûres  et 
j'ai  constaté  que  tous  les  spécimens  grecs,  du  vm"  au  rve  siècle, 
étaient  très  magnétiques. 

Quant  aux  poteries  romaines  (dites  samiennes),  elles  possèdent  un 
magnétisme  beaucoup  plus  faible,  quelquefois  nul. 

Cette  différence,  entre  les  propriétés  magnétiques  des  poteries 
grecques  et  romaines,  doit  provenir  principalement  des  procédés  de 
cuisson. 

Conclusion.  —  La  propriété  que  possèdent  de  nombreuses  pote- 
ries, de  faire  dévier  l'aiguille  aimantée,  est  due  à  la  présence  de  di- 
vers oxydes  de  fer  magnétiques,  répandus  dans  la  masse  de  leur  pâte. 

La  nature  de  ces  oxydes  tient  à  deux  causes  : 

1°  La  composition  de  la  flamme  ;  2°  Le  degré  de  température. 

Un  oxyde  de  fer  inerte,  contenu  dans  l'argile,  pourra  donc  deve- 
nir magnétique,  toutes  les  fois  qu'il  se  trouvera  soumis  à  l'influence 
d'une  atmosphère  de  composition  et  de  température  déterminées. 

Or,  l'expérience  nous  apprend  que  ces  conditions  se  trouvent  très 
fréquemment  réunies,  dans  le  cours  de  la  cuisson  des  poteries,  sur- 
tout lorsqu'elle  a  lieu  dans  un  four  rudimentaire,  dans  lequel  il 
n'est  pas  possible  de  faire  pénétrer  la  quantité  d'air  nécessaire  à  la 
combustion,  ce  qui  influe  doublement  sur  la  nature  de  l'atmosphère 
intérieure  du  four  et  sur  la  température. 

Quant  aux  poteries  qui  sont  cuites  à  feu  libre,  elles  se  trouvent 
dans  les  conditions  voulues,  comme  je  l'ai  démontré,  pour  que 
1  oxyde  de  fer  contenu  dans  leur  pâte,  acquiert  facilement,  par  ses 
diverses  transformations,  des  propriétés  magnétiques. 

L'intensité  du  magnétisme  d'une  poterie  dépend  delà  nature  et  de 
la  quantité  des  éléments  magnétiques  que  renferme  sa  pâte. 

Or,  comme  ces  conditions  d'intensité  sont  liées  en  même  temps  à 
la  nature  de  la  flamme  et  à  sa  température,  il  s'ensuit  que  plusieurs 


284  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

poteries  cuites  en  même  temps,  ne  pourront  toutes  contenir  des  élé- 
ments magnétiques  identiques. 

L'expérience  démontre  en  effet,  que  suivant  la  place  occupée  par 
les  pièces,  dans  le  four  ou  même  dans  un  foyer  libre,  elles  ne  sont 
pas  soumises  aux  mêmes  influences  et  dans  le  même  temps. 

Toute  poterie,  contenant  de  l'oxyde  de  fer,  qu'elle  soit  antique  ou 
moderne,  est  susceptible  d'accuser  un  magnétisme  plus  ou  moins 
prononcé;  mais  il  est  compréhensible  que,  si  ses  éléments  magnéti- 
ques sont  en  trop  petit  nombre,  ce  magnétisme  pourra  être  à  peine 
sensible,  ou  même  complètement  insensible,  vis-à-vis  des  moyens  de 
vérification  dont  la  science  dispose  actuellement. 

Les  causes  déterminantes  du  magnétisme  des  poteries,  celles 
du  moins,  que  j'ai  indiquées,  ne  m'autorisent  pas  à  d'admettre  que 
la  longue  immobilisation  de  la  poterie,  dans  le  sol,  sa  position  verti- 
cale dans  le  four  ou  l'action  inductrice  des  briques  du  four,  aient  pu 
jouer  seules  un  rôle  certain,  ou  tout  au  moins  absolu. 

Je  ne  puis  pas,  non  plus,  admettre,  que,  vu  le  mode  de  formation 
des  éléments  magnétiques  dans  les  poteries,  ce  magnétisme  puisse 
permettre  de  déterminer  l'âge  de  celles-ci . 

Enfin,  il  y  aura  lieu  de  rechercher  si  le  magnétisme  des  argiles 
cuites  par  les  coulées  de  laves  et  qui  ont  servi  de  point  de  départ  à 
l'étude,  de  cette  question  ne  provient  pas,  comme  c'est  possible,  de 
ce  que  ces  argiles  ont  été  soumises,  au  moment  de  leur  contact 
avec  les  laves,  à  l'influence  de  gaz  réducteurs. 

Ainsi  s'expliquerait  le  désaccord  qui  existe  entre  les  diverses  ob- 
servations qui  ont  été  faites. 

M.  A.  Guébhard  espérait  avoir  à  complimenter  M.  Fran- 
chet  sur  quelque  contribution  expérimentale  nouvelle,  apportée, 
non  pas,  sans  doute,  à  la  question  des  «  causes  déterminantes  du 
magnétisme  des  poteries  »,  question  ressortissantàla  physique  et 
jugée  depuis  longtemps,  à  titre  définitif,  hors  la  compétence  de 
M.  Franchet,  mais  sur  quelque  détail,  plus  ou  moins  justiciable 
de  la  S.  P.  F.,  quant  à  l'applicabilité  des  observations  magnéto- 
métriques  à  la  détermination  de  l'âge  des  poteries. 

Au  lieu  de  cela,  M.  Franchet,  après  s'être  complu  à  rappeler  aux 
préhistoriens  de  très  élémentaires  souvenirs  d'avant  baccalau- 
réat, sur  la  transformabilité,  en  oxydes  dits  magnétiques,  des 
impuretés  ferrugineuses,  qu'il  est  notoire  que  contiennent  toutes 
les  argiles,  a  basé  tout  ce  qu'il  dit  du  magnétisme  céramique  sur 
une  si  manifeste  erreur  de  physique,  qu'il  incombe  à  l'ancien  pro- 
fesseur de  physique  auquel  M.  Franchet  veut  faire  la  leçon,  de  le 
rappeler  lui-même  aux  rudiments  de  la  science,  pour  essayer  de 
lui  faire  comprendre  que  l'épithète  a  magnétique  »  des  chimistes, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  285 

signifiant  tout  au  plus  magnétisable,  n'a  jamais  eu  le  pouvoir 
intrinsèque  de  conférer  autre  chose  queYaptitude  au  magnétisme, 
mais  pas  la  moindre  parcelle  du  magnétisme  effectif  des  physi- 
ciens. 

Certes,  il  est  hors  de  discussion  qu'une  poterie,  pour  être 
magnétique,  doive  contenir  un  élément  magnétique.  Mais  faire 
de  ce  postulatum  de  La  Palice,  qui  servit  de  point  de  départ  à 
tous  les  physiciens,  le  point  d'arrivée  de  longs  développements  ; 
ériger  en  belle  triade  de  «  causes  déterminantes  »  ce  qui  ne  fut 
jamais  qu'une  condition  nécessaire,  mais  nullement  suffisante; 
édifier  sur  une  pure  illusion  verbale  et  un  gros  malentendu  phy- 
sique des  «  conclusions  »  dédaigneuses  à  l'égard  des  données  les 
mieux  établies  par  les  vrais  physiciens  :  voilà  qui  méritait,  de  la 
part  d'un  spécialiste,  une  protestation  motivée,  devant  un  audi- 
toire non  spécialisé. 

Même  en  ce  milieu,  il  ne  se  trouvera  personne  à  qui  faire  ac- 
croire qu'un  luminaire  puisse  être  lumineux  avant  que  d'être 
allumé,  ou  que,  par  la  seule  magie  des  formules  chimiques,  il  suf- 
fise de  la  présence  d'un  oxyde  dit  magnétique  pour  rendre  ma- 
gnétique une  poterie  sans  qu'elle  soit  magnétisée,  c'est-à-dire 
sans  qu'elle  ait  reçu,  et  surtout  gardé,  —  car  c'est  alors  seule- 
ment qu'elle  devient  intéressante,  —  une  polarité,  une  aimanta- 
tion stables,  lui  permettant  d'agir,  non  seulement  sur  l'aiguille 
aimantée,  comme  le  fer  banal,  mais  sur  la  limaille  de  fer  doux, 
comme  font  les  seuls  aimants. 

Or  ce  n'est  que  sous  l'influence  de  l'aimant  terrestre,  et  dans 
des  circonstances  qu'ont  déterminées,  mieux  que  les  «  causes 
déterminantes  »  de  M.  Franchet,  des  savants  comme  Folgherai- 
ter,  Brunhes,  Mercanton,  sachant,  eux,  ce  qu'est  le  magnétisme, 
et  «  admettant  »  en  connaissance  de  cause,  tout  ce  que  «  n'ad- 
met pas  »  ce  publiciste,  c'est  donc  en  rapport  certain  avec  les 
variations  séculaires  du  solénoïde  terrestre,  qu'est  né,  dans  cer- 
taines poteries  ou  laves,  un  magnétisme,  à  l'avènement  duquel 
les  «  gaz  réducteurs  »,  à  quoi  M.  Franchet  réduit  son  horizon, 
n'ont  pu  jamais  que  préparer  son  substratum.  Il  y  a  quelque 
chose  de  vraiment  pénible  à  voir  opposer  aux  consciencieuses  re- 
cherches, aux  laborieuses  expérimentations,  et  aux  prudentes  ré- 
serves, de  tels  savants,  une  pure  phraséologie,  sans  rapports  avec 
leurs  travaux  incompris,  et  à  constater  la  prétention  persistante 
de  M.  Franchet  à  vouloir  régenter,  au  nom  de  la  chimie,  la  phy- 
sique, après  la  préhistoire,  au  lieu  d'apporter  simplement  à  l'une 
et  à  l'autre  un  précieux  auxiliaire. 

11  y  avait  pourtant,  pour  le  céramiste,  en  possession  de  la  tech- 
nique, du  matériel  et  des  subventions  nécessaires  ;  il  y  avait,  sur- 


286  SOCIÉTÉ   PRÉHISTOU1QUE    FRANÇAISE 

tout,  pour  l'inventeur  des  trois  genres  de  poteries  préhistoriques: 
1°  carbonifères,  2°  ferrugineuses,  3°  non  ferrugineuses,  —  trois 
genre»  dorénavant  réduits  à  un  seul,  puisqu'il  fut  toujours  évi- 
dent que  le  premier  devait  rentrer  dans  l'un  des  deux  autres, 
et  qu'aujourd'hui  même,  il  est  reconnu  que  le  dernier,  le  non 
ferrugineux,  est,  préhistoriquement,  inexistant;  —  il  y  avait, 
pour  un  expérimentateur  sérieux,  une  question  vraiment  belle  a 
traiter,  autrement  que  sur  le  papier  :  Du  rôle  de  la  carburation 
dans  l'aimantation  des  poteries.  C'était  bien  dans  la  note  :  car- 
bone et  fer,  céramique  et  aimantation.  Mais  encore  faudrait-il, 
de  cette  dernière,  un  juste  concept.  Je  désespère  de  devoir  ja- 
mais la  solution  à  M.  Franchet. 


Présentation  de  pièces  campigniennes, 

trouvées  en  surface 

dans  le  département  de  l'Yonne. 

PAR 

M.  le  Marquis  de  TRYON  MONTALEMBERT  (Paris). 

Je  crois  ces  pièces  de  l'époque  campignienne  et  des  premiers 
temps  de  cette  époque,  c'est-à-dire,  tout  à  fait  du  début  des  temps 
néolithiques;  et  plusieurs  d'entre  elles  me  semblent  présenter  des 
particularités  intéressantes. 

Ce  sont  d'abord  deux  enclumes  et  deux  percuteurs.  Une  de  ces 
enclumes  et  un  de  ces  percuteurs  portent  des  traces  de  l'ordinaire 
martelage  écrasé.  L'autre  enclume  et  Vautre  percuteur,  au  contraire, 
portent  de  petites  entailles,  très  rapprochées,  marquées  dans  le  silex 
comme  par  une  pointe,  qui  rappellent,  par  leur  aspect,  celui  des  os 
ayant  servi  à  retoucher  les  taillants  par  pression. 

Je  crois  que  cette  dernière  particularité  a  été  étudiée  déjà  sur  des 
enclumes;  mais  je  n'ai  pas  eu  connaissance  qu'on  ait  eu  jusqu'à  pré- 
sent l'occasion  de  l'observer  sur  des  percuteurs.  Peut-être  celui-ci 
était-il  destiné  à  retoucher  le  taillant  de  pièces  volumineuses,  soli- 
dement calées,  ou  fixées  en  terre.  Le  retouchoir  aurait  été  alors  mo- 
bile, contrairement  au  cas  observé  pour  les  os  ou  pour  les  enclumes. 

Ce  sont  ensuite  des  outils,  auxquels  je  ne  sais  si  je  dois  donner  le 
nom  de  hache  ou  celui  d'herminette.  La  plus  grosse  pièce  semble 
avoir  été  taillée  en  vue  de  l'emmanchement  par  ligatures.  C'est  cer- 
tainement une  pièce  finie,  malgré  son  apparence  fruste.  Elle  affecte 
grossièrement  la  forme  d'un  8.  Ses  dimensions  sont  à  peu  près  exac- 
tement de  0,n20  dans  sa  plus  ^grande  longueur,  Omll  clans  la  plus 
grande  largeur  du  côté  du  taillant,  et  0m10  du  côté  du  talon. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRAfiÇAISE  287 

Très  peu  convexe,  presque  plane  sur  une  face,  elle  porte  sur  la  face 
opposée  une  énorme  protubérance.  On  imagine  très  bien  cette  pièce, 
fixée  solidement  à  un  manche  en  forme  de  fourche  par  des  ligatures 
de  cuir  ou  d'écorce,  pour  lesquelles  les  encoches  centrales  semblent 
préparées.  Avec  son  fort  taillant  en  ligne  sinueuse,  cette  pièce  devait 
être  une  arme  terrible. 

J'apporte  encore  deux  pièces  très  grossières  :  la  plus  volumineuse 
a  plutôt  l'apparence  d'un  marteau,  ou  d'une  massue.  Une  de  ses 
extrémités  forme  cependant  une  sorte  détaillant  très  épais  qui  parait 
porter  des  traces  d'utilisation  violente;  et  des  retouches  centrales 
profondes  permettent  de  penser  qu'elle  a  été  attachée  à  un  manche. 

L'autre  pièce  est  très  peu  travaillée.  Elle  me  semble  pourtant  inté- 
ressante par  sa  grossièreté  même,  qui  montre  à  quel  point  son  au- 
teur était  sans  doute  dédaigneux  de  la  régularité  de  la  forme  et  du 
fini  de  son  travail,  du  moment  que  le  résultat  pratique  désiré  était 
obtenu.  La  pièce  s'étant  trouvée,  par  un  hasard  de  taille,  présenter 
une  forme  commode  pour  l'usage,  on  s'est  borné  à  marteler  les 
arêtes  de  la  dépression  centrale  afin  de  faciliter  l'emmanchement.  Ce 
sont  bien  là  selon  l'expression,  je  crois,  de  Rutot,  les  Eolithes  du  Xéo- 
lithique. 

Je  présente  encore  plusieurs  pièces  de  la  même  époque  et  de  la 
même  région,  que  je  soumets  à  votre  appréciation. 

Je  signale  enfin  la  présence  de  parties  de  cortex  sur  ces  pierres, 
comme  sur  la  majeure  partie  de  celles  de  même  sorte,  trouvées  dans 
le  pays.  J'attribue  cette  présence  fréquente,  d'abord  à  la  négligence 
de  l'ouvrier  pour  tout  ce  qui  avait  trait  à  l'apparence  extérieure  de 
son  ouvrage,  et  aussi  à  la  dimension  généralement  restreinte  et  aux 
formes  très  contournées  des  rognons  siliceux  dans  lesquels  ces  pièces 
ont  été  taillées. 

L'irrégularité  des  patines  est  encore  une  caractéristique  constante 
de  toutes  ces  pièces,  et  doit  tenir,  en  partie  du  moins,  au  manque 
d'homogénéité  de  la  substance  employée. 

If.  Stalin  (Beauvais).  —  La  station  de  Champignolles,  commune 
de  Sérifontaine  (Oise)  (1),  visitée  par  les  membres  du  Congrès  de 
Beauvais  en  1909  (2),  nous  a  fourni,  à  M.  V.  Patte  (de  Gisors)  et 
moi,  quantité  de  pièces  de  même  faciès  que  celles  présentées  par 
M.  de  Montalembert.  Ces  pièces,  parmi  lesquelles  se  remarquaient 
de  vagues  marteaux  à  encoches  parallèles,  des  ébauches  de  haches 
et  de  pics,  se  trouvaient,  comme  celles  indiquées  par  M.  A.  de  Mor- 
tillet,  auprès  de  puits  (3)  avoisinant  cette  station. 

(1)  V.  Patte.  —  La  Préhistoire  à  Sérifontaine.  —  Comptes  rendus  du  V  Congrès 
Préhistorique  de  France,  session  de  Beauvais,   1909,  pages  240-249. 

(2)  Eicursion  du  23  juillet  1909  [V.  Comptes  rendus  ci-dessus,  p.  639-734]. 

(3)  G.  FocJU.  —  Les  Puits  préhistoriques  pour  Vextraction,  du  silex  à  Champi- 


288  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

A  Lhéraule,  autre  localité  de  l'Oise  (1),  toujours  à  proximité  de 
puits  d'extraction,  j'ai  également  récolté  de  semblables  instruments. 

L'identité  des  gisements  respectifs  de  ces  instruments  me  laisserait 
supposer  qu'ils  appartenaient  tous  à  une  même  catégorie  de  blocs 
de  dégrossissage,  destinés,  soit  à  l'exportation,  soit  à  l'utilisation 
sur  place. 

gnolles,  commune  de  Sérifontaine  (Oise),  10  p.  in-8°,  avec  5fig.  dans  le  texte.  [Extr , 
de  l'Anthropologie,  juillet-août  1891,  n°  4.  Paris,  Ma3son,1891], 

Dr  Th.  Baudon.  —  Des  puits  d  extraction  de  Champignolles.  Comptes  rendus  du 
IVe  Congrès  Préhistorique  de  France,  session  de  Chambéry,  1908,  p.   304-327. 

Horace  W.  Sa>dars.  —  On  the  use  of  dear  horn  pick  in  the  mining  opéra- 
tions of  the  ancienls. —  23  pages  in-4°,  avec  21  figures  dans  le  texte,  et  3  planches 
hors  texte.   Extr.de  Archcologia,  vol.   LXII,  Oxford,  Horace  Hart,  1910. 

(1)  Comptes  rendus  du  Iet  Congrès  Préhistorique  de  France.  —  Session  de  Péri- 
gueux,  1905,  p.  238. 


«2S? 


SÉANCE  DU  25   MAI    1911 


Présidence  de  M.  CHAPELET. 

^»KgK^-^ 

I.  —  PROCÈS- VERBAL  DE  LA  SÉANCE 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière 
séance  [24  Avril  1911].  —  Le  Procès-verbal  est  adopté. 

A  propos  du  Procès-verbal,  diverses  notes  sont  adressées  à  la 
Société  par  MM.  A.  Harmois,  M.  Gillet,  Quilgars,  Giradx,  Bac- 
quié,  Fiévé,  J.  Pages- Allary,  Jacquot,  Marcel  Baudouin,  Gué- 
bhard  [Notes  insérées  plus  loin]. 

Correspondance. 

Lettres  de  remerciements.  —  M.  Numa  Gillet. 

Lettres  d'excuses .  —  M.  L.  Coutil,  président,  qui  a  prié  un  des 
vice-présidents  de  le  suppléer.  —  E.  Taté. 

Lettre  adressée  par  le  Président.  —  Lettre  adressée  par  M.  Coutil  à 
M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  pour  demander  qu'on  respe3te  le  Gise- 
ment du  Mont-Dol,  menacé  d'être  exproprié  pour  l'établissement  d'un 
cimetière. 

Lettre  à  M.  Boxxaud,  archiviste  de  r  Académie  du  Var,  et  à  la  Com- 
mission des  Monuments  préhistoriques,  pour  que  les  arbres  qui  entou- 
rent le  Dolmen  de  Draguignan  soient  abattus.  L'Académie  du  Var  a 
pris  l'affaire  en  mains  et  s'en  occupe  activement. 

La  Préhistoire  au  dehors.  —  M.  A.  Guébhard  présente  à  la 
Société  le  troisième  volume  de  la  Société  préhistorique  Suisse,  qui 
fait,  autant  que  les  précédents,  honneur  à  son  rédacteur,  M.  J. 
Heierli,  et  qui  montre  combien  ont  été  bien  avisés  ceux  qui,  dès  le 
début,  se  sont  associés  pour  la  très  modeste  cotisation  de  5  francs, 
au  succès  de  la  Société-sœur. 

Monument  indicateur  d'un  Puits  funéraire  en  Corrèze.  —  M.  E. 
Bombal  envoie  la  photographie  du  petit  monument  —  une  simple 
stèle  sur  un  cairn  —  repérant  la  position  et  commémorant  la  fouille 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  19 


290  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

du  Puits  funéraire  du  village  de  Bros,  commune  de  Monceaux,  près 
Argentat  (Corrèze),  achevée  en  1910,  avec  une  subvention  de  notre 
Caisse  des  Fouilles  (1). 

Efcibliol  bèque. 

La  Bibliothèque  de  la  Société  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Wkstropp  (Th.  Johnson).  —  Promontory  Forts  and  similar  Structures 
in  the  Country  Kerry  :  Corcaguiny  [The  Southern  S/iore)  [Extr.  de 
the  Roy.  Soc.  of  Ant.  of  Irlands,  1910,  déc,  265-296,  10  fig.].  — 
Dublin,   1910,  in-8°. 

Dr  H.  Schetelig.  —  Vorgeschischte  Norwegens  (Ergebnisse  der 
letzten  zehn  Iahre)  [Ext.  Mann,  1911,  Bd  III,  H.  1/2.  —  Wùrzburg, 
1911,  in-8°,  75  figures. 

Bulletin  de  la  Soc.  d'Hist.  nat.  de  Loir-et-Cher.  Année  1910.  —  [La 
station  préhistorique  de  Maves-Pontijoie,  p.  383.  —  Cinq  genres  différents 
de  Sépultures  gallo-romaines  en   Loir-et-Cher;  par  Florance,    p.  408] . 

Aveneau  DE  la.  Granciere.  —  L'industrie  acheuléenne  dans  le  cen- 
tre du  Morbihan.  Le  Paléolithique  inférieur  en  Bretagne- Armorique . 
[Extr.  Bull.  Soc.  Polym.  Morb.,  1910].  — Vannes,  1910,  in-8°,  4p.,  1  pi. 
hors   texte. 

Aveneau  de  la  Granciere.  —  Sur  les  découvertes  et  interprétations 
récentes  de  Pètroglyphes  ou  signes  gravés  de  F  Epoque  Néolithique  [Extr. 
Bull.  Soc.  Polym.  Morb.,  1910].  —Vannes,  1910,  in-8%  14  p.,  4  fig. 

Aveneau  de  la  Granciere.  —  La  cachette  larnaudienne  de  Boedic 
en  Moréac(M.)  [Extr.  Bull.  Soc.  Poly.  Morb.,  1909].—  Vannes,  1909, 
in-8°,  3  p. 

Aveneau  de  la  Granciere.  —  Un  fragment  de  poterie  à  décoration 
inédite  provenant  du  Cromlech  de  Vile  d'Er-Lanic  (M.)  [Extr.  Bull. 
Soc.  Poly.  Morb.,  1910].  —  Vannes,  1910,   in-8°,  1  fig.,  6  p. 

Aveneau  de  la  Granciere.  —  Découverte  d'une  Sépulture  préhisto- 
rique à  Plumelin  (M.)  [2e  Epoq.  Fer]  [Extr.  Bull.  Soc.  Poly.  Morb., 
1909].  —  Vannes,  1909,  in-8°,  3  p. 

V.  Berthier.  —  Le  VIe  Congrès  préhistorique  de  France.  [Extr.  des 
Proc.  Verb.  delà  Soc.  d'Hist.  Nat.  d' Autun,  1910].  —  Autun,  1911,  in-8°, 
8  p. 

Berthier  (Victor)  et  Dechélette  (Joseph).  —  Le  Menhir  de  Saint- 
Micaud  [et  Station  Mo ustérienne  de  Saint- Micaud].  —  [Extr.  des  Proc. 
Verb.  Soc.  Hist.  Nat.  Autun,  1911].  —  Autun,  1911,  in-8°,  63  p.,  une 
pi.  hors  texte. 

Benêt.  —  Le  Mont-César  de  Bailleul-sur-Thérain  (Oise)  :  Oppi- 
dum gaulois  et  Camp  romain  [Fouilles  exécutées  en  1878;   par  I.  Ber- 

vl)  Voir  BuU.  Soc.  Préh.  France,  1911,  n«  2,  p.  149. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  291 

ton].    —  Paris  et  Beauvais,   1879,   in-8<\   171  p.,    XII    pi.    lithogr. 
hors   texte.  Don  de  M.  le  Dr  Soubeiron. 

Berton  (Isidore).  —  Le  Château-  Thierry,  près  de  Clermont  [Oise) 
[Fouilles  exécutées  de  1881  à  1884].  —  Beauvais,  1884,  in-8°,  16  p., 
4  lithogr.  hors  texte  [Don  de  M.  le  Dr  Soubeiran] . 

AdmUsioo  de  nouveaux  Membre». 

Sont  proclamés  Membres  de  la  S.  P.  F,  :  MM. 

Foucher,  fabricant  d'orgues,  17-19,  rue  de  la  Vega,  Paris. 

[L.  Coutil.  —  Marcel  Baudouin]. 
Viollier,  conservateur  du  Musée  national  suisse,  Zurich  (Suisse). 

[L.  Coutil.  —  H.  MartixJ. 
Musée  national  suisse  [Schweitzerische  Landesmuseum,  Zurich]  (Suisse). 

[L.  Coutil.  —  M.  Baudouin]. 
Florancb  (E.).,  archéologue,  16,  Boulevard    Eugène-Riffault,    Blois, 

(Loir-et-Cher).  [L.  Coutil.  —  M.  Baudouin]. 

Vauriot,  D.  M.,  adjoint  au  Maire,  Nîmes  (Gard). 

[J.  Bourrilly.  —  Marcel  Baudouin], 
Larrie  (J.)  (L'abbé),  curé,   Frontenac  (Gironde). 

[Gaurichon.  —  A.  Bardiéj. 
Poilaxe  (Alfred),  huissier,  Montrevault  (Maine-et-Loire). 

[L.  Coutil.  —  0.  Desmazières]. 
Du  Chatellier  (A.).,  archéologue,  Château  de  Kernuz,  Pont-L'Abbé 

(Finistère).  [L.  Coutil.  —  M.  Baudouin]. 

Institut  géologique  de  Mexico,   Mexico  [Am.    Centrale]. 

[M.   GiLLET-Marcel   Baudouin]. 

VIIIe  Congrès  préhistorique  de  France  (loi  »)- 

Le  Congrès  préhistorique  de  France  tiendra,  en  1912,  sa  VIIIe  session 
dans  la  ville  d'AxGOULÈME  (Charente),'  sous  la  présidence  du  D'Henri 
Martin,  ancien  Président  de  la  Société  préhistorique  française. 

La  Municipalité  d'Angoulêrae  a  bien  voulu  voter  déjà  la  subvention 
habituelle. 

Le  Comité  local  va  être  constitué  sous  peu,  sous  la  présidence  de 
M.  G.  Chauvet,  notre  très  érudit  collègue  de  Ruflec. 

Présentations. 

Ph.  Reygmer  (Lizy-sur-Ourcq,  Seine-et-Marne).  —  Pièces  chelléen- 
nes  et  Haches  en  bronze  de  la  Marne. 

G.  Romain  (Le  Havre).  —  Les  produits  lithiques  des  chocs  naturels 
sur  les  plages  de  Saint-Valéry-en-Caux  et  Veules-les-Roses  (S.-I.).  [Pré- 
sentés par  M.  Chapelet], 


292  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

A.  Bertin  (Paris).  —  Silex  de  la  Manche  et  des  Balastières  du 
'urotoy  {Somme). 

L.  Didon  (Périgueux).  —  Phallus  en  bois  de  Renne  et  Pierres  gra- 
vées. 

H.  Martin.  —  Phalange  de  cheval  de  Brassempouy  travaillée. 

Communications. 

L.  Giraux  (Saint-Mandé,  S.).  —  Découverte  de  Fours  dans  la  Nécro- 
pole gallo-romaine  d'Ocquerre  (S.-et-M.). 

A.  GuÉrhard  (Paris,  S.).  —  Particularité  curieuse  de  certaines  Epin- 
gles de  bronze,   dites    à  collerettes. 

Charles  Matthis  (Niederbronn,  Alsace).  —  La  Préhistoire  de  Nie- 
derbronn  :  Enceintes.  Roches  à  Cupules  et  à  Bassins  [Lieux  de  Culte). 

A.-L.  Harmois  (Saint-Brieuc,  Gôtes-du-Nord).  —  Haches  plates  en 
cuivre  des  Côtes-du-Nord.  —  Amphore  trouvée  en  mer. 

G.  Baqoié  (Nissan,  Hérault).  —  Grotte  sépulcrale  des  Montagnes  de 
La  Clape  (Aude). 

S.  Poulain  (Saint-Pierre-dAutils,  Eure).  —  Villa  romaine  à  Saint- 
Pierre-la- Garenne   [Eure). 

L.  Jacquot  (Grenoble).  —  Faux  mégalithes  de  Miribel-les- Echelles 
et  de  Merlaz  (Isère) . 


NOTES  ORIGINALES  ET  DISCUSSIONS. 


Discussions  sur  l'âge  du  Cuivre 
et  du  Bronze  [Suite). 

M.  J.  Pages  Allary  (Murât). —  L'allusion  de  M.  Guébhard  au 
paradoxe  (1)  sur  l'origine  du  Bronze  et  du  Cuivre  m'oblige  à 
relever  le  mot,  pour  soutenir  mon  doute  par  les  hypothèses  sui- 
vantes. 

1°  Techniquement,  il  est  très  soutenable  que  le  cuivre  natif, 
comme  l'or,  ont  été  utilisés  par  le  martelage,  aussi  bien  au  com- 
mencement qu 'à  la  fin  du  Néolithique,  et,  en  tout  cas,  bien  avant 
la  fusion  et  le  moulage  du  Bronze  et  du  Cuivre.  Car,  si  l'homme 
a  eu  assez  vite  une  circonvolution  cérébrale  suffisante  pour 
savoir  broyer  la  matière,  j'estime  que  «  marteler  »  dérive  encore 
plus  directement  du  broyage  que  «  polir»!  Et  que  même,cérébra- 

(1)  Bull.  S.  P.  F.,  avril  1911,  n°  4,  page  240. 


SCCIÉTÊ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  293 

lement,  cela   peut  presque   immédiatement  venir  après  la  pierre 
éclatée  du  paléolithique. 

Frapper  pour  éclater,  broyer,  mâcher,  marteler  :  tout  cela 
est  bien  dans  le  niveau  primitif  de  la  technique  du  travail.  Tan- 
dis que  chauffer,  fondre  et  mouler  exigent  un  échelon  plus  élevé 
de  l'évolution  humaine. 

Mais,  alors,  en  diminuant  considérablement  l'importance  de 
l'âge  du  Bronze,  on  augmente  celle  du  Néolithique,  inséparable 
de  l'âge  du  Cuivre,  non  plus  seulement  par  la  si  peu  différente 
cuisson  des  tessons  de  poterie  de  cette  grande  période. 

Mais  c'est  aussi  ce  qui  rend  partisan  des  hypothèses  polygé- 
nistes,  par  différentes  autres  raisons  que  la  savante  donnée  par 
M.  Guébhard,  et  que  je  base  sur  la  rectification  de  l'erreur,  ou 
grave  confusion,  que  le  mot  unique,  et  très  insuffisant,  de  «  ha- 
che »,  a  fait  commettre. 

2°  En  effet,  je  trouve  étrange  que  l'on  tienne  un  si  grand 
compte  de  la  forme  et  des  dimensions  d'un  objet,  qui  avait  plus 
d'emplois  et  d'utilisations  que  n'en  comporte  le  mot  unique  de 
hache,  dénomination  fausse  parce  qu'insuffisante  pour  désigner 
le  tranchet,  la  curette,  le  racloir,  le  burin  ou  ciseau,  de  ce  «  fait- 
tout  »  que  nous  appelons  invariablement  hache,  malgré  les  diffé- 
rences de  ses  dimensions  et  des  formes  de  son  tranchant. 

Pas  plus  que  les  haches  polies  en  pierre,  les  haches  en  bronze 
et  en  cuivre  ne  sont  pas  exclusivement  des  haches,  ou  armes,  mais 
des  outils,  très  différents  d'usage,  bien  que  d'aspect  uniforme, 
suivant  qu'ils  doivent  servir  à  tuer,  couper,  tailler,  trancher, 
racler,  découper,  etc.  etc.  Il  n'y  a  donc  que  des  conclusions 
erronées  à  tirer  des  études  de  mensuration  et  morphologiques  de 
ce  que  nous  appelons  hache,  tant  que  nous  ne  serons  pas  fixés 
sur  les  dimensions,  et  formes  des  tranchants,  des  différents  outils, 
sur  lesquels  nous  raisonnons;  comme  s'ils  n'en  formaient  qu'un 
seul  :  la  fameuse  hache  incomparative,  même  plate  et  en  cuivre] 

3°  Mais  si,  par  le  martelage,  on  peut  obtenir  facilement  de  petits 
objets,  de  petits  outils  simples,  pour  les  grands,  les  très  grands, 
il  faut  bien  faire  intervenir,  avec  la  difficulté  du  travail,  la  ques- 
tion technique,  entraînant  celle  de  la  chronologie,  d'un  niveau  de 
conception  bien  plus  élevé  techniquement  et  cérébralement. 

Il  faut  arriver  à  l'époque  où  l'homme  a  su  chauffer  et  même 
fondre  ;  et,  à  ce  moment,  on  est  à  l'évolution  que  nous  avons  con- 
venu d'appeler  âge  du  bronze  ou  des  métaux,  avec  le  feu,  le  four, 
les  creusets  et  les  moules.  C'est  alors  seulement  que  les  tailleurs, 
marteleurs,  et  polisseurs  des  pierres  cèdent  le  pas  aux  métallur- 
gistes. 

Et  c'est  de  cette  époque  que  part  mon  doute,   très  peu  para- 


294  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

doxal,  que  l'homme  a  dû  fort  probablement  connaître  la  fusion 
des  métaux  blancs,  avec  celle  du  bronze;  avant  celle  du  cuivre 
rouge,  par  V affinage  de  tout  ce  qui  n'était  pas  du  cuivre  pur  ou 
natif. 

Ici  les  monocentristes  perdent  encore  des  points,  car,  pas  plus 
qu'il  ne  vient  à  l'idée  d'un  préhistorien  de  chercher  un  centre 
d'invention  des  outils  désignés  o  haches  polies  »,  se  rencon- 
trant invariablement  dans  tous  les  pays  du  monde,  il  ne  doit 
nous  venir  la  pensée  qu'il  y  a  eu  un  centre  unique  d'invention  de 
ces  mêmes  outils,  obtenus  par  la  fusion  du  bronze  et  cuivre.  Si  l'on 
tient  compte  que  chaque  homme  était  alors  forcément  chauffeur- 
cuisinier  et  potier-céramiste,  il  n'y  a  pas  lieu  de  penser  que  l'idée 
de  fondre  et  de  mouler  n  est  venue  qu'à  un  seul  dans  le  temps  et 
l'espace,  quand  alors  tous  savaient  fondre  la  graisse,  le  miel,  la 
cire,  etc., dans  un  vase  et  les  couler  dans  un  autre  :   donc  mouler. 

Bien  plus  difficile  est  de  savoir,  par  intuition,  si  le  cuivre  natif, 
ou  même  le  carbonate  de  cuivre,  étaient  plus  abondants  à  la  sur- 
face qu'aujourd'hui,  et  si,  exceptionnellement,  pour  cette  unique 
raison,  le  cuivre  a  été  obtenu  et  fondu  avant  le  bronze.  Or,  les 
plus  grandes  difficultés,  pour  obtenir,  fondre  et  couler  du  cuivre, 
que  du  bronze  plus  fluide,  me  font  opiner  pour  le  bronze,  dont 
les  compositions  si  irrégulières,  avec  d'aussi  étranges  que  varia- 
bles impuretés  de  composition,  me  donnent  un  argument  de  plus. 

Donc  la  découverte  d'un  outil  de  Cuivre  Rouge,  dit  Hache,  plate 
ou  non,  n'est  pas  toujours  la  preuve,  d'une  époque  antérieure  a 
l'âge  du  bronze;  et  il  y  a  là  une  cause  d'erreur  chronologique, 
contre  laquelle  il  faut  mettre  la  Préhistoire  en  garde.  Même  en 
admettant  que  le  métal  natif,  utilisé  comme  pierre  non  taillable, 
mais  martelable  est  bien  plus  ancien  que  le  métal  rouge,  utilisé 
comme  matière  fusible,  en  différents  centres  suivant  le  lieu,  la 
race,  et  son  évolution.  Car  il  a  fallu  les  grands  progrès  de  l'art 
du  feu,  et  la  connaissance  de  gisements  importants  de  minerais, 
facilement  réductibles,  pour  fondre  le  bronze,  et  surtout  mouler 
le  Cuivre  à  la  fin  du  Néolithique. 

Logiquement  et  techniquement,  si  nous  faisons  partir  le  vérita- 
ble âge  des  métaux  de  l'époque  de  leur  fusion,  il  est  très  probable, 
pour  ne  pas  dire  certain,  que  le  Bronze  a  dû  être  moulé  et  utilisé 
avant  le  cuivre  d'affinage. 

Il  est  donc  très  important,  quand  la  rare  stratigraphie  est  pos- 
sible, d'observer  si  une  pièce  en  cuivre  a  été  martelée  ou  moulée 
et  martelée,  avec  ou  sans  trace  de  fusion.  Dans  le  premier  cas, 
j'accepte  la  priorité  du  cuivre  sur  le  bronze;  dans  le  cas  de  la 
fusion,  je  suis  plus  porté  en  faveur  du  bronze,  plus  fusible,  plus 
dur,  plus  moulable  et  utilisable  que  le  cuivre  pur. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  295 

Le  stimulant  de  la  curiosité  et  du  petit  secret  de  fabrication, 
vibrant  dans  l'espace  comme  la  télégraphie  sans  fil,  autant  que  le 
besoin  (Coutils  et  Y  abondance  des  minerais,  ressemblant  l'or, 
donc  bien  reconnaissables,  sont,  autant  que  l'évolution  cérébrale, 
des  probabilités  que  les  chauffeurs  primitifs  (cuisiniers  ou  po- 
tiers) ont  dû  vile,  souvent  et  facilement  remarquer,  que  le  feu  et 
le  charbon  de  bois  faisaient,  avec  ou  sans  fondant,  fondre  ou  per- 
ler le  métal  de  la  pierre,  pleurant,  coulant  dans  les  cendres  du 
foyer.  Les  inventions,  non  légendaires,  mais  pratiques,  du  verre 
cassant  et  du  métal  résistant,  ont  la  même  origine,  due  aux  ca- 
prices du  hasard,  sous  les  yeux  observateurs  des  curieux,  arrivés 
à  une  circonvolution  cérébrale  suffisante. 

M.  A.  Guébhard  tient  a  spécifier  que  ses  remarques,  faites  à  la 
fin  de  la  discussion  sur  le  Cuivre,  ne  visaient  pas  uniquement  la 
théorie  de  M.  Déchelette,  mais  toute  la  discussion,  et  spéciale- 
ment certains  arguments  émis,  au  sujet  desquels  il  n'a  pas  paru 
de  notes  au  Bulletin. 


Discussion  sur  la  Chronologie  préhistorique 

M.  Ch.  Cotte  Pertuis,  Vaucluse).  —  M.  le  Dr  Raymond  m'a  con- 
sacré deux  notes  Revue  préhistorique),  au  sujet  de  la  communica- 
tion que  j'ai  faite,  en  novembre  dernier,  à  la  Société  préhistorique 
Française.    Je   vais   répondre  brièvement. 

Pour  lui,  le  tait  de  prendre  date  à  une  Société  importe  peu  ;  tout 
frelon  scientifique  ce  terme  ne  s'applique  pas,  bien  entendu,  à  M.  le 
Dr  Raymond  est  libre  d'écouter  ce  qui  est  dit  en  séance,  de  vite 
publier  dans  une  Revue  peu  encombrée  ce  qu'il  vient  d'apprendre, 
et  de  réclamer  la  priorité  envers  le  premier  auteur.  En  vertu  de  ce 
principe,  M.  le  Dr  Raymond  doit  revendiquer  la  priorité  de  la  publi- 
cation de  la  présence  de  l'étain  dans  certains  poinçons  losangiques. 
Dans  le  numéro  de  sa  Revue  où  il  signale  la  chose,  il  critique,  il  est 
vrai,  un  article  où  j'ai  fait  une  allusion  suffisante  à  cet  alliage;  mais  la 
communication  faite  à  un  Congrès  et  actuellement  imprimée,  dans 
laquelle  je  prenais  date  précise,  n'est  pas  encore  en  librairie.  Cet 
exemple  prouve  combien  je  suis  docile  aux  leçons  du  Maître  ! 

Mais,  élève  respectueux,  je  suis  confus,  sur  un  autre  point,  de  ne 
pouvoir  saisir  la  différence  sérieuse  qu'il  y  a  entre  la  pointe  de  flèche 
de  Reillanne  et  celle  de  la  grotte  du  Castellaras, dessinée  aumilieude 
la  figure  publiée  par  M.  le  Dr  Raymond.  Celui-ci  mepersifle  en  l'espè- 
ce et  profite  pour  me  reprocher  la  coquille  typographique  trouvée  par 
lui  dans  un  de  mes  articles  paru  il  y  a  six  ans.   S'il  le   désire,  je  lui 


296  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

en  signalerai  de  plus  récentes  dans  mes  propres  travaux  ;  mais  je 
jugerais  peu  digne  de  relever  celles  qui  émaillent  sa  Revue. 

Au  sujet  des  vases  en  pierre  ollaire,  je  n'ai  commis  aucune  inexac- 
titude, en  disant  que  les  collaborateurs  de  M.  Raymond  les  ont  trou- 
vés, en  Provence,  puisque  les  expressions  mêmes  de  mon  alinéa 
montrent  que  j'y  avais  en  vue  les  seules  découvertes  provençales.  Si 
M.  Fournier,  dont  j'ignorais  la  note,  lorsque  j'ai  écrit  mon  article,^ 
«  complété  la  bibliographie  de  M.  le  Dr  Raymond  »,  cela  ne  prouve 
pas  que  celle-ci  fut  parfaite. 

Simple  question  :  Pourquoi  mettre  sous  le  titre  «  à  propos  de  la 
poterie  de  l'âge  du  bronze  en  pierre  ollaire  »,  la  mention  d'une  trou- 
vaille de  vase  de  ce  type  dans  une  ville  romaine  ?  L'insuffisance  de 
détails  permet  aux  lecteurs  de  croire  qu'il  s'agit  d'une  pièce  trouvée 
dans  une  couche  de  l'âge  du  bronze  :  ce  qui  n'est  pas  ! 


Discussion  sur  les  haches  polies   dans  In  Tradi- 
tion populaire  (Suite). 

M.  H.  Quilgars  (Evreux).  —  La  croyance  populaire  aux  vertus 
magiques  de  certains  objets  préhistoriques  est  demeurée  très  vi- 
vace  dans  le  pays  de  Guéran de  (Loire-Inférieure).  Certaines  familles 
de  la  commune  de  Saint-Lyphard  conservent  encore  des  grains  de 
colliers,  trouvés  en  détruisant  des  sépultures  néolithiques,  et  croient 
que  leur  possession  garantit  de  tous  les  maux. 

Mais  ce  sont  principalement  les  haches  de  pierre,  qui  passent  pour 
posséder  des  vertus  surnaturelles.  Dans  les  communes  de  Saint-Ly- 
phard, de  Saint- André  et  de  Guérande,  elles  sont  connues  sous  le  nom 
de  pierres  à  tonnerre,  et  passent  pour  préserver  de  la  foudre  les  mai- 
sons où  elles  sont  conservées.  Elles  proviennent,  croit-on,  du  ciel,  et 
tombent  sur  la  terre  pendant  les  orages,  lancées  par  les  éclairs.  En 
1899,  nous  avons  acquis  un  celtde  diorite,  qui  venait  d'être  découvert 
englobé  dans  les  fondations  d'une  maison  du  xve  siècle,  au  village  de 
Penneloc,  en  la  commune  de  Saint-Lyphard.  Ce  celt  appartient  au 
type  des  haches  à  bouton,  communes  dans  la  région  nantaise  du  sud 
de  la  Loire.  C'est  le  seul  spécimen  de  ce  type  découvert  dans  le  pays 
de  Guérande  :  ce  qui  fait  croire  que  son  possesseur  le  conservait 
comme  un  objet  précieux,  apporté  à  ce  titre  des  environs  de  Nantes, 
et  qui  peut-être  avait  passé  dans  plusieurs  familles,  avant  d'être  en- 
foui dans  le  mur  de  la  maison  de  Penneloc. 

Dans  les  communes  de  Piriac  et  de  la  Turballe,  on  nomme  les 
celts  pierres  de  contre-vrin;  et  on  y  attache  une  autre  propriété  :  celle 
de  guérir  les  vaches  malades.  A  cet  effet,  on  les  enduit  de  graisse,  et 
l'on  frictionne  avec  eux  l'endroit  malade.   Ce  remède  est  si  efficace 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  297 

que  nous  n'avons  pu  décider  plusieurs  personnes  à  se  séparer  de  ces 
pierres  douées  de  tant  de  pouvoir,  même  pour  un  prix  élevé  :  on  veut 
bien  les  prêter, mais  non  les  vendre;  la  pierre  vendue  perd,  du  reste, 
toutes  ses  vertus. 


Phallus   en    bois    de    Renne   et   Pierres    gravées 
de  l'époque  Aurigoacienne. 

[Prise  de  date\ 

M.  L.  Didox  (Périgueux\ —  Dans  les  touilles  que  je  viens  de  faire 
dans  la  station  aurignacienne  de  Castelmerle  (D.),  j'ai  trouvé,  fin 
mai  1910,  unphallus  en  bois  de  renne.  J'y  ai  trouvé  également,  vers  la 
même  époque,  trois  pièces  gravées,  représentant  des  Pudendum  mu- 
liebri.  Ces  objets  seront  du  reste  décrits  dans  le  travail  que  je  publie- 
rai prochainement  sur  cette  fouille  remarquable,  riche  en  «  inédit  ». 

M.  le  Dr  M.  Baudouin  fait  remarquer  que  M.  A.  de  Mortillet  a 
publié  jadis  un  intéressant  article  surdes  pièces,  sinon  analogues  (1), 
du  moins  ayant  trait  à  des  phallus  et  à  des  vulves  et  paléolithiques 
supérieures. 


Fouilles  d'une  Grotte  sépulcrale 
dans    les  montagnes  de  L.a  Clape    Aude. 

[Prise  de  Date] . 

M.  Georges  Baquié  Nissan,  Hérault  .  —  En  1903,  j'ai  étudié,  pour 
la  première  fois,  la  Grotte  du  «  Trou  des  Morts  »,  située  dans  le  mas- 
sif rocheux  de  La  Clape.  Ainsi  qu'en  1905  et  1907,  la  richesse  en  os- 
sements n'a  fait  que  s'accuser  de  plus  en  plus.  Décidé  à  faire  une 
fouille  complète  de  cette  sépulture,  que  personne  avant  moi  n'avait 
fouillée,  je  l'ai  entreprise  en  1910,  et,  après  de  rudes  travaux,  j'ai 
réuni  une  nombreuse  série  d'ossements  humains  et  des  objets  de 
l'industrie  de  l'homme. 

Les  comptes-rendus  et  résultats  des  fouilles  seront  publiés  ici- 
même  ultérieurement. 

(1)  Bull   Soc.  Préhist.  de  France,  Paris,  1906,  p.  431  (3  figures). 


298 


SOCIETE   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


Exploration  d'une  Villa  agraria  romaine,  située 
a.  Saint-Pierre  la  Garenno  (Eure). 

PAR 

Georges  POULAIN  (de  Saint-Pierre-dAutils,  Eure). 

[Prise   de  date]. 

Dans  le  courant  de  l'année  1910,  j'ai  exploré  (1)  complètement  les 
restes  d'une  villa  agraria  romaine  des  me  et  ive  siècles,  situés  à  la 
limite  des  communes  de  Saint-Pierre-la-Garenne  et  de  Saint-Pierre- 
de-Cailleul,  canton  de  Gaillon  (Eure).  L'endroit  où  s'élevait  cette 
antique  habitation,  est  à  environ  120  mètres  d'altitude,  sur  le  pla- 
teau dominant  la  vallée  de  la  Seine,  au  lieu  dit  les  «  Quatorze- Acres  ». 

Le  chemin,  dit  de  Tourneville  à  la  Plesse,  passe  à  73  mètres  de  là. 
Les  substructions  mises  au  jour  présentaient  un  corps  de  bâtiment 
de  27m50  de  long  sur  18m40  de  large.  L'aile  nord-ouest,  seule  habitée, 
se  composait  de  trois  pièces,  dont  deux  chauffées  par  un  hypocauste 
et  pavées  de  mosaïque  ;  l'autre  extrémité  était  occupée  par  une  grange 
spacieuse,  ou  local  servant  à  l'exploitation  agricole. 

J'ai  recueilli,  dans  ces  fouilles,  outre  des  fragments  de  mosaïque, 
des  morceaux  de  poterie  de  toutes  sortes  :  doliums,  ollœ,  jarres,  tré- 
pieds et  vases  samiens.  Parmi  ceux-ci,  j'ai  ramassé  la  marque  du 
potier  satto,  qui  figure  au  Musée  d'antiquités  de  Rouen.  Des  frag- 
ments de  cette  poterie  de  Samos  portaient  des  raies  parallèles  dans 
le  sens  transversal  avec  stries  disposées  en  arêtes  de  poisson.  Cette 
facture  est  d'importation  germanique  et  ne  se  rencontre  que  dans  le 
nord  de  la  Gaule,  traversée  par  les  invasions.  Quatre  petits  bronzes 
ont  aussi  été  recueillis  :  un  à  l'effigie  de  Tétricus  (268-273)  ;  un  au- 
tre à  celle  de  Gratien  (359-383),  les  deux  autres  étant  frustes  et  illi- 
sibles. La  présence  parmi  les  déblais  de  deux  bords  de  vases  caré- 
nés à  faciès  franc  et  d'un  fauchard,  d'origine  également  franque, 
montre  que  cette  villa  fut  occupée  à  la  fin  du  ive  siècle  par  des  hor- 
des germaniques.  C'est  du  reste  à  la  fin  de  ce  siècle,  époque  des 
grandes  invasions,  que  furent  détruites  un  grand  nombre  de  localités 
du  littoral  de  la  Seine . 


(1)  J'ai  pu  mener  à  bien  cet  important  travail,  grâce  à  l'aide  pécuniaire  demor 
éminent  collègue  et  ami,  M.  Henri  Gadeau  de  Kerville. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


299 


Iv«  Hache  plate  en   Cuivre    en    Maine-et-Loire. 

Prise  de  date]. 

M.  le  Dr  Fiévé  (de  Jallais,  Maine-et-Loire).  —  J'adresse  à  la  So- 
ciété Préhistorique  Française  le  décalque  de  trois  Haches,  extrême- 


Hg.  i. 


Une  hache  à  bords  relevés  et  deux  haches  plates  de  Maine-et-Loire, 
tion  du  Dr  Fiévé  (de  Jallais). 


ment  plates,  de  ma  collection.  —  Elles  proviennent  de  Maine-et- 
Loire  :  1"  Lit  de  la  Maine,  Angers;  2°  La  Poitevinière  (La  Volerie)  ; 
3°  La  Poitevinière  (Le  Plessis). 

On  remarquera  que  les  deux  haches  plates,  viennent  de  la  même 
commune,  qui  est  très  rapprochée  de  la  Haute  Vendée  et  assez  voi- 
sine de  celle  où  a  été  trouvée  la  Hache  plate  et  la  flèche  en  cuivre, 
décrites  par  M.  Charbonneau-Lassay.  Ces  haches  seront  décrites 
ultérieurement  par  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin. 


l.a  Hache  plate  en  cuivre    dans    le   département 

des  Côtes-du-.\roi'd. 

Par  M. 

A.  L.  HARMOIS  (de  Saint-Brieuc). 

Nous  connaissons,  dans  l'arrondissement  de  Saint-Brieuc,  plu- 
sieurs haches  plates,  en  cuivre. 

En  voici  la  description  et  le  lieu  de  la  découverte. 

A.  Le  Musée  de  Saint-Brieuc  en  possède  deux  :  1°  Une  ayant  0m088 
de  longueur;  0m032  de  largeur  à  la  crosse  (carrée);  et  0m046  au  tran- 
chant qui  est  arcqué.  Elle  est  en  cuivre  rouge  ;  l'étiquette  est  rongée 


300  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

à  l'endroit  portant  le  nom  de  la  commune  du  département;  2°  Une  de 
0m087  de  longueur  ;  0m020  de  largeur  à  la  crosse  (carrée)  ;  et  0m045 
au  tranchant  qui  est  arcqué.  Cuivre  rouge.  Etiquette  rongée.  Prove- 
nance certaine  du  département. 

B.  Dans  les  autres  collections,  il  y  en  a  :  3°  Une  de  0m115  de  lon- 
gueur ;  0m033  de  largeur  à  la  crosse  (carrée);  et  0m060  au  tranchant 
qui  est  arcqué.  Cuivre  rouge.  Trouvée  à  Cesson-Saint-Brieuc,  en 
1910  [Collection  Harmois]  ;  4°  Une  de  0m055  de  longueur;  0m068  de 
largeur  à  la  crosse  (ronde)  ;  et  0m032  au  tranchant  qui  est  arcqué. 
Poids  35  grammes.  Cuivre  jaune.  Trouvée  au  lieu  dit  Cognet,  com- 
mune du  Gouray,  en  1897  [Collection  de  M.  Collen,  à  Collinée]. 
5"  Une  de  0m057  de  longueur;  0m030  de  largeur  à  la  crosse  (carrée); 
et  de  0m048  au  tranchant  qui  est  carré  à  angles  ronds.  Poids  105  gram- 
mes. Cuivre  rouge.  Trouvée  au  lieu  dit  la  Rochette,  commune  de 
Langourla  [Collection  de  M.  Collen,  à  Collinée]. 


Découverte  de  Fours  dans   la   IVécropole 
gallo-romaine   d'Ocquerre    (Seine-et-Marne). 

[Prise   de  datê\, 

M.  L.  Giraux  (Saint-Mandé,  S.).  —  Pendant  le  cours  des  fouilles, 
que  nous  avons  faites  au  mois  de  mars  dernier,  avec  M.  Ph. 
Reynier,  dans  la  Nécropole  gallo-romaine  d'Ocquerre,  nous  avons 
découvert  plusieurs  Fours,  qui  nous  ont  paru  fort  intéressants. 

Le  premier  de  ces  fours  est  très  grand;  il  est  à  peu  près  circulaire; 
et,  à  l'intérieur,  il  mesure  2  mètres  de  diamètre;  sa  hauteur  est  de 
lm10;  l'épaisseur  de  la  construction  était  d'environ  0m25  et  elle  était 
formée  de  blocs  de  calcaire;  les  interstices  existants  entre  ces  blocs 
avaient  été  comblés  par  du  loess  argileux.  La  partie  supérieure  du 
four  était  également  constituée  par  des  blocs  du  mèm?,  calcaire. 
L'ouverture  était  orientée  au  nord-nord-est  et  elle  était  formée  par 
six  blocs  de  grès,  trois  de  chaque  côté,  qui  étaient  grossièrement 
équarris.  Un  bloc  de  grès,  de  un  mètre  de  longueur,  reposant  sur 
ces  deux  côtés  de  l'ouverture,  en  formait  la  partie  supérieure, 
comme  un  véritable  linteau. 

Ce  qui  rend  ce  four  particulièrement  intéressant,  c'est  que  les 
blocs  entrant  dans  sa  construction  étaient  recouverts  d'une  véritable 
vitrification,  ayant,  en  certains  endroits,  0m002  ou  0m003  d'épaisseur. 
La  température  nécessaire  pour  obtenir  une  semblable  vitrification 
devait  être  au  moins  de  1600  degrés.  Nous  n'avons  absolument  rien 
trouvé  dans  l'intérieur  de  ce  four. 

La  largeur  de  l'ouverture  (0ffl60),  la  hauteur  de  cette  ouverture 
(0m75)  et  la  dimension  intérieure  (2  mètres),  nous  permettent  de 
croire  que  cette  construction  était  un  Four  à  Incinération.  Un  four 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  301 

de  verrier  aurait  nécessité  une  chaleur  semblable  à  celle  à  laquelle 
ce  tour  a  été  soumis;  dans  ce  cas,  nous  aurions  du  trouver  soit  dans 
le  four,  soit  dans  ses  environs  immédiats,  des  creusets  ou  des  débris 
de  creusets  ;  mais  nous  n'avons  fait  aucune  récolte  de  ce  genre.  De 
plus,  aucun  fragment  de  verre  n'a  été  recueilli  pendant  tout  le  cours 
de  nos  fouilles. 

La  seconde  trouvaille  consiste  en  deux  fours  superposés.  Celui  quj 
était  à  la  partie  supérieure  est  de  forme  absolument  ronde  ;  son  dia- 
mètre intérieur  est  de  lm20;  la  distance  de  la  solle  à  la  partie  supé- 
rieure est  de  0"45.  Il  était  construit  au  moyen  de  tuiles  plates  ayant 
une  épaisseur  de  0m02  centimètres  environ.  L'épaisseur  de  la  cons- 
truction était  de  0m20  à  0m25  centimètres.  La  solle  était  formée  de 
gros  carreaux,  et  elle  avait  une  épaisseur  de  0m20.  Plusieurs  vases 
brisés  se  trouvaient  dans  ce  four.  En  démolissant,  pour  en 
connaître  l'épaisseur,  nous  avons,  au-dessous,  trouvé  de  nombreux 
fragments  de  vases  qui  en  formaient  pour  ainsi  dire  l'assise.  Nous 
eûmes  l'idée  de  continuer  à  fouiller,  et  nous  avons  toujours  trouvé 
de  nombreux  débris  de  poteries  ;  nous  sommes  alors  arrivé  sur  une 
nouvelle  solle.  Nous  avons  dégagé  le  tout  et  nous  avons  reconnu  un 
autre  four  construit  d'une  façon  tout  à  fait  différente.  On  avait  fait  un 
trou  profond  dans  le  sol  et  il  avait  été  arrondi  ;  les  parois  et  le  fond 
de  ce  trou  avaient  été  tapissés  d'une  couche  de  terre  argileuse,  que 
nous  avons  retrouvée  bien  en  place  et  entièrement  cuite,  ayant  une 
épaisseur  deOm20  environ.  La  distance  entre  la  solle  de  ce  four  et  le 
dessous  de  celle  du  four  supérieure  était  de  0U,40. 

De  cette  trouvaille,  nous  avons  déduit  que  le  four  inférieur  était 
gaulois,  et  que  le  four  supérieur  était  romain.  Les  Romains  s'étaient 
simplement  contentés  de  remplir  de  débris  de  poteries  le  four  gau- 
lois, et  ils  avaient  construit  le  nouveau  four  tout  simplement  sur  le 
premier. 

Nous  ferons  remarquer  que  ces  deux  fours  superposés  se  trou- 
vaient près  d'une  habitation,  tandis  que  le  premier  four  décrit  exis- 
tait à  une  certaine  distance  et  était  placé  dans  la  partie  du  champ 
dans  laquelle  nous  avons  rencontré  et  fouillé  de  nombreuses  fosses 
à  sépulture  par  incinération. 

Des  indications  plus  complètes,  des  dessins  et  plans  de  ces  fours 
seront  exposés  dans  un  travail  qui  sera  publié  sur  cette  Nécropole 
gallo-romaine. 


302  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

La  Tortue  en  Préhistoire. 

M.  Jacquot  (Grenoble).  —  Lela  Dagdouda,  Litt.    la  dame  qui  fait 

dag  dag.  Par  analogie,  en  argot  algérien,  faire  dag    dag,  c'est 

commencer  l'acte  de  chair,  se  frotter  l'un  à  l'autre.  Voici  d'où  vient 
le  mot.  Lorsqu'arrive  le  temps  des  amours,  les  mâles  invitent  les 
femelles  à  la  reproduction,  en  les  frôlant  de  leur  carapace.  Le  bruit, 
produit  par  ces  chocs  répétés  et  de  plus  en  plus  rapide,  imite  assez 
bien  la  consonnance  du  mot  dag  dag.  C'est  donc  une  onomotapée. 
La  viande  de  Tortue  est  qualifiée  impure. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Nos  amis  MM.  F.  Mazauric  et  G.  Min- 
gaud  (1)  ont  trouvé  dans  les  Grottes  de  Meyrannes  (Gard)  [Néoli- 
thique et  Bronze],  une  carapace  de  Tortue  [Cistudo  Europea)  qui  a, 
peut-être,  disent-ils,  servi  d'écuelle. 

M.  Morin  Jean  a  décrit  (2)  des  fibules  gallo-romaines,  qui  ont  une 
tête  stylisée  semblant  appartenir  à  une  tortue  ;  il  a  ajouté  que  l'arc, 
large  et  émaillé,  rappelle  la  carapace  écailleuse  des  Chéloniens. 

Présentation  d'une  première   Phalange  de 
Cheval  avec  mutilations    diverses. 

[Prise  de  date.] 

M.  le  Dr  Henri  Martin  (de  Paris)  présente  une  pièce,  commu- 
niquée par  MM.  Dubalen  et  de  Paniagua  (Fouilles  deBrassem- 
pouy,  Aurignacien  inférieur).  —  C'est  une  première  phalange  de 
cheval.  La  phalange  présente  des  entailles  de  chocs  siliceux  ou  de 
compression,  des  marques  de  désarticulation,  des  sillons  circu- 
laires, et  des  coups  de  dents.  —  La  description  de  la  pièce  et  les 
figures  paraîtront  dans  un  des  Bulletins  prochains. 

Station  préhistorique  de  Garches  (Seïne-et-Oise). 

M.  M.  Gillet.  —  Dans  sa  note  du  Bulletin  n°  4  (avril  dernier), 
relative  à  la  découverte  d'une  station  préhistorique  à  Garches 
(Seine-et-Oise),  un  lapsus  calami  lui  a  fait  écrire  Moustérien,  au 
lieu  tfAcheuléen. 

C'est  bien  effectivement  en  présence  d'une  industrie  Acheu- 
léenne  ou  intermédiaire,  que  l'on  se  trouve  à  Garches,  puisque, 
durant  la  période  Moustérienne,  l'eau  recouvrait  le  Bassin  pari- 


(1)  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Nîmes,  1904. 

(2)  Congrès  préhistorique  de  Tours,  1910,  Paris,  1911  [Voir  p.  823;  fig.  30]. 

(3)  Elle  paraîtra  ultérieurement. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  303 

Discussion  sur  les  Lignées  de  pierres. 

M.  L.  Giraux.  —  A  propos  de  la  communication  de  M.  Vau- 
villé  sur  les  Alignements  de  Cuisy-en-Amont  (3),  M.  L-.  Giraux  in- 
dique que  des  Alignements  du  même  genre  existent  au  Château 
de  Pinon  (Aisne),  et  qu'ils  ont  été  signalés  en  1864  par  M.  Pei- 
gné-Delacour,  dans  un  mémoire  lu  à  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles  Lettres,  et  intitulé  «  Notice  sur  divers  Monuments  de 
T époque  celtique  dans  le  département  de  l'Aisne  ». 


L.e  Mot    Cro    en  Préhistoire. 

M.  A.  Bertix  (Paris).  —  M.  Florentin  Lefils,  auteur  d'une  Histoire 
de  la  ville  du  Crotoy  et  de  son  château,  dit  ceci  :  «  Les  Celtes  appe- 
laient Crot  un  banc  de  sable,  formant  abri.  Il  y  avait  un  crot,  à  l'em- 
bouchure de  la  Seine,  près  de  la  pointe  du  Hoc:  il  y  avait  un  crot  à 
l'embouchure  de  la  Somme,  près  du  hoc  de  la  Naye.  Dans  la  Seine, 
c'est  Crétin,  dans  la  Somme,  c'est  Crotoy  ». 

Sur  le  littoral  du  Marquenterre,  encore  aujourd'hui,  un  Crot  est 
une  butte  de  sable,  un  banc  affranchi  des  eaux  et  exhaussé  par  l'ap- 
port des  vents  Par  extension  les  gens  du  pays  ont  donné  ce  nom  de 
crot  ou  croz  aux  dunes  et  à  toutes  les  éminences  de  sable  un  peu 
élevées. 

D'un  autre  côté,  le  Dr  Pratbernon  dit  que  croz  ou  crot  vient  du 
celtique  [cro,  boue  ou  croosum,  crotum,  creux,  ravin,  fossé,  lagune, 
mare;  d'où  vient  le  mot  encroter.  Or,  près  du  crot  où  fut  édifié  Le 
Crotoy.  il  y  avait  un  terrain  d'alluvions  gras,  un  sol  de  boue,  formé 
de  ravins  comme  sont  toutes  les  mollières.  Sur  plusieurs  cartes 
anciennes,  Le  Crotoy  est  écrit  :  Créta,  en  663;  Crotéïum,  1237;  Cro- 
tolium.  1258;  Courtoy,  1346  ;  et  Crottoy,  1421. 

M.  Jacquot.  —  J'ai  déjà  indiqué  Xspx;  comme  ayant  pu  former 
Queyras,  région  des  Hautes-Alpes  particulièrement  rocheuse.  Kal, 
pierre.  Est-ce  que  par  hasard  le  nom  arabe  de  Djebel  Lelchal  (monta- 
gne noire)  sur  Youed-K'ton  probable  rivière  de  la  forteresse)  se  serait 
superposé  à  l'ancienne  appellation  celtique  kal,  signifiant  pierre, 
rocher?  Le  dj',  le  K'hal,  est,  en  effet,  un  chaos  de  rochers;  et  pour 
y  grimper  par  l'Est,  il  ne  faut  pas  craindre  les  cals  aux  mains. 


304  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Amphores  romaines  trouvées  dans  la  Mer. 

[Prise  de  date]. 

M.  Harmois  (Saint-Brieuc)  adresse  la  photographie  d'une  amphore 
romaine,  trouvée  à  Cessan  (Côtes-du-Nord).  Elle  a  0m890  de  hauteur. 
Elle  est  en  parfait  état  de  conservation.  Elle  a  été  recueillie  au  fond  de 
la  mer  et  ramenée  dans  le  filet  d'un  pécheur.  Sa  surface  est  recou- 
verte de  dépôts  intéressants  ;  au  niveau  du  col  se  voient  des  tuhes 
de  Serpulesy  très  reconnaissables. 

M.  Bossavy  (Versailles)  fait  remarquer,  à  ce  propos,  que  des  am- 
phores analogues  ont  été  trouvées  en  assez  grand  nombre  sur  le  lit- 
toral provençal,  notamment  dans  la  rade  d'Hyères,  et  jadis  déposées 
dans  les  Musées  d'Hyères  et  de  Porquerolles  [celui-ci  constitué  par 
l'abbé  Olivier,  aumônier  militaire] . 


Note  sur  une  découverte  de  Sépulture» 

gallo-romaines  à  Pacy-sur-Eure  (E.)  (1). 

PAR 

H.  BARBIER  (de  Pacy-sur-Eure,  E.), 

Pharmacien. 

Le  3  mars  dernier,  des  terrassiers  travaillant  à  extraire  de  la  terre, 
pour  les  fondations  d'une  maison  en  construction,  rue  de  Gaillon, 
dans  la  partie  élevée  de  la  ville,  furent  étonnés  de  trouver,  à  environ 
0m70  à  0m80  de  profondeur,  des  ossements,  appartenant  à  deux  sque- 
lettes, dont  l'un  avait  la  tête  tournée  vers  le  nord,  paraît-il. 

Ces  squelettes,  n'auraient  fait  qu'intriguer  les  ouvriers  déjà  ache- 
minés sur  la  pente  facile  de  la  probabilité  d'un  crime  ancien  non 
découvert,  s'ils  n'avaient  été  accompagnés  de  quelques  pièces,  qui  me 
furent  heureusement  remises. 

Ces  pièces  se  composent  de  deux  poteries  et  d'objets  en  fer. 

La  première  poterie,  à  peu  près  intacte,  est  un  vase  noir,  d'envi- 
ron 0mll  de  haut,  à  pied  bas  et  étroit,  à  panse  décorée  sur  son  pour- 
tour de  cinq  enfoncements  ronds  dans  la  pâte,  et  à  col  haut.  Cette 
poterie,  caractéristique  des  sépultures  à  inhumation  du  ive  siècle, 
constitue  par  sa  configuration  un  acheminement  vers  les  formes  bar- 
bares de  l'époque  franque.  Aucune  monnaie  n'ayant  été  trouvée  dans 
les  fouilles,  je  ne  puis  préciser  à  quelle  date  du  ive  siècle  ces  sépul- 
tures à  inhumation  ont  été  faites;  mais  je  suppose  que  c'est  vers  la 
seconde  moitié. 

(1)  Séance  de  mars  1911. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  305 

La  deuxième  poterie  est  incomplète  et  se  compose  de  trois  mor- 
ceaux que  j'ai  recollés,  et  qui  forment  ainsi  les  trois  quarts  d'un  bol, 
à  bords  obliques,  en  poterie  samienne.  La  pâte  est  lisse  et  sans  dé- 
cors; mais,  dans  le  fond  interne  de  l'objet,  a  été  estampillée  la  marque 
du  potier.  Malheureusement,  faute  du  morceau  manquant,  cette 
marque  est  presque  indéchiffrable;  tout  au  plus  peut-on  penser 
qu'elle  se  termine  par  les  lettres  D  I  V,  l'S  final  du  nom  n'ayant 
peut-être  pas  marqué,  à  cause  que  le  cachet  aura  été  plus  enfoncé  sur 
la  gauche  que  sur  la  droite. 

Quant  aux  objets  en  fer,  un  moment  pris  par  les  ouvriers  pour  des 
sabres  ou  des  poignards  et  ensuite  brisés  en  pièces,  ils  ne  me  furent 
remis  qu'en  morceaux.  Après  les  avoir  à  peu  près  reconstitués,  je 
n'eus  pas  de  peine  à  reconnaître  les  ferrures  des  cercueils  en  bois, 
dans  lesquels  furent  inhumés  les  cadavres.  Des  traces  de  bois  se 
reconnaissent  encore  à  certains  endroits  de  ces  pièces,  aujour- 
d'hui complètement  passées  à  l'état  de  rouille. 

Telle  est  cette  découverte,  qui  me  parait  avoir  une  certaine  impor- 
tance historique,  tant  au  point  de  vue  purement  local  qu'à  celui  de  la 
distribution  de  la  civilisation  gallo-romaine  dans  le  département  de 
l'Eure. 

Il  reste  à  souhaiter  que  les  hasards  de  constructions  nouvelles  ou 
de  causes  analogues  provoquant  des  remaniements  de  terrain  nous 
fassent  peu  à  peu  connaître  la  direction,  la  superficie  et  la  richesse 
du  Cimetière  gallo-romain,  caché  sous  cette  partie  de  la  Ville,  et  nous 
permettent  d'en  tirer,  au  profit  de  l'histoire  de  notre  pays,  des  ensei- 
gnements plus  complets. 


Gravure  sur  la  paroi  d'une  ancienne  Habitation, 

taillée  dans  le  roc, 

au  pied  du  Coteau  d'Ecornebœuf, 

près  Périgueux  (Dordogne). 

PAR 

Ch.   AUBLANT  (Périgueux,  D.). 

Aux  portes  de  Périgueux,  et  plongeant  leurs  pieds  rocheux  dans 
la  rivière,  l'Isle,  se  trouvent  deux  coteaux  très  escarpés  :  Ecorne- 
bœuf  et  La  Boissière. 

On  rencontre,  sur  ces  deux  coteaux,  visités  lors  du  premier  Con- 
grès préhistorique,  tenu  à  Périgueux  en  1905,  de  très  anciennes  traces 
de  l'occupation  humaine. 

Le  premier,  Ecornebœuf,  possède  une  station  de  l'époque  néoli- 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  20 


306  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

thique,  aujourd'hui  à  peu  près  épuisée,  qui  a  donné  de  nombreux  ob- 
jets, dont  un  certain  nombre  sont  dispersés,  soit  au  Musée  du  Péri- 
gord,  soit  dans  plusieurs  Collections  particulières  périgourdines.  Les 
traces  de  l'époque  du  Bronze  y  ont  été  également  relevées. 

Le  second  de  ces  deux  coteaux,  La  Boissière,  a  été  occupé  par  les 
légions  romaines.  On  y  voit  encore,  en  parfait  état,  les  levées  de 
terre  faites,  par  les  conquérants  de  la  Gaule,  pour  se  retrancher  du 
côté  des  points  faibles  et  limiter  leur  Camp. 

Ce  vaste  emplacement  et  ses  environs  ont  donné  quelques  armes 
et  de  nombreuses  poteries  :  vases  de  toutes  dimensions,  amphores, 
«  dolia  »,  etc..  On  le  désigne  sous  le  nom  de  «  Camp  de  César  ». 

La  tradition  du  pays  rapporte  que  c'est  sur  Ecornebœuf  qu'était 
l'Oppidum,  où  se  réfugièrent  les  habitants  de  la  cité  gauloise,  alors 
que,  sur  La  Boissière,  campaient  les  soldats  romains. 

Ces  deux  coteaux  ne  sont  séparés  que  par  un  étroit  et  profond  val- 
lonnet  appelé  :  Vallon  de  Campniac. 

C'est  dans  ce  vallon,  en  face  d'Ecornebœuf,  sur  le  flanc  du  coteau 
de  La  Boissière,  que  s'ouvre  l'intéressante  Grotte  sépulcrale,  dite  de 
Campniac,  qui  a  donné  un  mobilier  nettement  néolithique,  avec  plu- 
sieurs modes  de  sépulture. 

Au  bas  d'Ecornebœuf,  entre  le  rocher  et  la  rivière,  où  devait 
exister  anciennement  un  petit  sentier,  une  simple  piste  a  été  cons- 
truit ;  plus  tard,  chemin  carrossable  pris,  en  certains  endroits, 
mi-partie  sur  la  rivière,  mi-partie  dans  le  roc.  L'établissement  de 
ce  chemin  fit  disparaître,  presque  totalement,  d'antiques  Habitations 
taillées  dans  les  parties  les  moins  dures  de  la  falaise  :  habitations,  à  en 
juger  par  ce  qu'il  en  reste,  semblables  à  celles  que  l'on  rencontre 
fréquemment  en  Périgord,  notamment  dans  la  région  sarladaise,  et 
couramment  nommées  «  Demeures  des  Troglodytes  ». 

Or,  l'été  dernier,  en  suivant,  pour  la  centième  fois  peut-être,  ce 
chemin,  qui  est  une  charmante  et  fraîche  promenade,  mes  yeux  tom- 
bèrent, par  hasard,  sur  un  petit  ensemble  de  traits,  profondément 
gravés  au  milieu  d'une  sorte  de  trumeau,  servant  de  séparation  à 
deux  niches  dans  une  de  ces  antiques  demeures.  J'examinai  attenti- 
vement ce  dessin  et  crus  reconnaître,  dans  ces  quelques  traits,  une 
tête  de  Cervidé,  avec  ses  bois  et  andouillers,  exécutée  là  par  un  des 
habitants  de  ce  repaire.  Je  retournai,  le  lendemain,  muni  de  mon 
appareil  photographique,  revoir  ma  découverte  et  persistai,  de  plus 
en  plus,  dans  ma  première  manière  de  voir.  J'en  pris  alors  la  photo- 
graphie, que  je  soumets,  aujourd'hui,  à  l'appréciation  éclairée  de, 
mes  collègues. 

La  gravure,  ainsi  que  le  montre  très  bien  la  photo,  est  placée  sur 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  307 

une  face  du  rocher,  taillée,  aplanie,  pour  les  besoins  de  l'habitation, 
et,  par  conséquent,  postérieure  à  celle-ci. 

Le  graveur  primitif  a-t-il  voulu  orner  sa  demeure,  en  représentant 
la  tète  de  l'un  des  animaux  qu'il  chassait  quotidiennement  dans  les 
forêts  des  environs  ?  Ou  a-t-il  obéi  à  d'autres  pensées  ? 

A  quelle  époque  furent  taillées  ces  sortes  de  demeures,  qui  ont  été 
fréquentées  en  Périgord,  parfois,  jusqu'à  nos  jours  ?  Et,  conséquem- 
ment,  à  quelle  époque  fut  exécutée  cette  gravure  ? 

Je  laisse  à  de  plus  savants  le  soin  de  prononcer  en  dernier  ressort. 

Quant  à  moi,  étant  donné  le  lieu  où  je  l'ai  découverte  et  son  voi- 
sinage, que  j'ai  essayé  de  décrire  plus  haut,  je  ne  serais  pas  éloigné 
de  la  croire,  sinon  de  l'époque  gauloise,  tout  au  moins  du  très  haut 
moyen  âge. 

L'orientation  de  ce  côté  du  coteau  où  se  trouve  la  gravure  est 
franchement  Nord. 

M.  M.  Baudouin.  —  La  découverte  de  notre  collègue,  M.  Aublant, 
est  à  noter  ;  mais  il  est  bien  difficile  de  se  prononcer  sur  cette  gra- 
vure,  sans   l'avoir  vue,  malgré  l'excellente  photographie  envoyée. 

En  matière  de  «  Gravures  sur  roches  »,  pour  discuter,  il  faut,  au 
moins,  des  positifs  stéréoscopiques,  bien  pris.  —  En  ce  qui  concerne 
les  «  Demeures  des  Troglodytes  »,  j'incline  à  croire,  moi  aussi,  que 
certaines  de  ces  habitations  peuvent  être  pré  romaines.  Il  y  a  là  un 
vaste  sujet  de  recherches,  que  personne  n'a  eu  encore  le  courage 
d'aborder. —  Pourtant  nos  souterrains  de  l'Ouest  indiquent  plutôt  le 
début  du  Moyen  Age  ! 

Que  de  choses  à  étudier  encore  ? 


Note  sur  la  Montagne  de  Cordes  (1), 
près  Fontvieille    I Boucbe-d u-Rhône) . 


F.  MAZAURIG  (Nîmes)  et  J.    BOURRILLY 
(Marguerittes,  G.). 

Sans  vouloir  anticiper  sur  une  étude  plus  développée,  en  prépa- 
ration, nous  insisterons  seulement,  dans  la  présente  note,  sur  deux 
faits,  qui  nous  ont  frappé  dans  une  récente  visite  aux  remarquables 
Monuments  mégalithiques  de  cette  région.  Comme  cette  station  sera 
comprise  dans  le  programme  des  Excursions  du  prochain  Congrès 
Préhistorique,  nos  collègues  pourront,  de  visu,  se  rendre  compte  de 
l'importance  des  faits  nouveaux,  que  nous  exposons  ici. 

(1)  Gazalis  de  Fondouce.  —  Les  Allées  couvertes  de  Provence.  —  Ment.  Acad. 
Se.  Lettres  de  Montpellier,  2  vol.,  1876-78. 


308  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Nous  signalerons,  d'abord,  que  le  Mur  d'enceinte,  —  qui  défend  la 
colline  sur  le  seul  versant  facilement  abordable  (versant  S.),  et  qui  a 
toujours  été  donné  comme  relativement  moderne  (1),  —  est,  en  réa- 
lité, édifié  sur  des  bases  anciennes,  parfaitement  apparentes  sur  cer- 
tains points,  et  de  type  nettement  cyclopéen.  Il  n'a  été  que,  bien  plus 
tard,  peut-être  au  Moyen  âge,  relevé,  consolidé,  et  recouvert  d'une 
chape  de  mortier.  Nous  avons  trouvé  dans  ses  décombres  des  frag- 
ments de  poterie,  à  glaçure  noire,  de  type  Italo-Grec. 

En  arrière  de  ce  mur  s'étendaient  une  Terrasse,  puis  les  Cabanes. 
Nous  avons  recueilli  là  de  nombreux  tessons  de  poterie  gauloise 
(amphores,  poterie  fine  à  pâte  grise  et  engobe  noir,  tessons  de  vases 
carénés,  poterie  à  glaçure  noire),  et  peut-être  de  poterie  néolithique, 
des  objets  de  bronze  (belle  pointe  de  lance  à  douille,  avec  tête  de 
rivet,  anneaux  plats...),  des  galets  de  quartzite,  dont  quelques-uns  à 
facettes  naturelles  (pierres  de  jet?),  et  des  variolites  (l'une  polie  et 
appointée). 


Nous  avons  découvert,  à  l'est  de 
l'Allée  couverte,  dite  Grotte  des  Fées, 
et  dans  la  partie  de  la  colline  à  peu 
près  correspondante  au  fond  de  la 
grotte,  un  énorme  bloc  de  molasse,  de 
7m60  de  long  sur  4  mètres  de  large  et 
O^ôO  d'épaisseur,  environ,  gisant  sur 
le  sol,  et  fendu  en  plusieurs  fractions 
contiguës  (voir  Fig.  1  ci -jointe).  Les 
fentes  ont  été  aggrandies  par  les  agents 
atmosphériques.  La  rupture  de  ce 
bloc,  qui  paraît  reposer  sur  la  terre  vé- 
gétale, et  non  sur  son  lit  naturel,  ne 
peut  être  attribuée  qu'à  deux  causes  : 
soit  à  sa  chute  en  avant,  s'il  était  dres  - 
se  ;  soit  à  un  éclatement  pendant  le 
charriage  (par  porte-à-laux  sur  le  sol 

ou  heurt  quelconque).  La  première  hypothèse  nous  paraît  bien  plus 

vraisemblable. 

En  outre,  ce  bloc  est   retaillé   (2),    échancré  intentionnellement  à 

sa  partie  supérieure,  et  présente  une  forme  générale,  rappelant  d'une 


Fig.\.—  Le  Bloc  de  Cordes,  à  bords 
tai'lés,  situé  près  de  l'Hypogée. 


(1)  Anibert.  — Dissertation  topographique  et  historique  sur  la  Montagne  de  Cordes 
et  ses  monuments,  Arles,  1779.  —  Gazalis  de  Fondouce  {Op.  laud.,  I.,  p.  7.)  — 
Tous  les  auteurs  n'ont  fait  ensuite  que  reproduire,  sans  vérifier  les  assertions  de 
ce  dernier  ouvrage,  fort  remarquable  du  reste,  et  qui  demeure  la  seule  étude  de 
fond,  complète,  sur  les  Monuments  de  Cordes  et  du  Castellet. 

(2)  Les  côtés  sont  bien  parallèles. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  3Ô9 

façon  frappante  celle  de  certaines  stèles  funéraires  et  de  certains 
menhirs.  La  partie  supérieure  de  la  face  libre  est  légèrement  creusée, 
pour  dégager  ce  qui  semble  représenter  la  «  tête  »  ;  cette  dépression 
est  visible  sur  une  de  nos  photographies,  représentant  le  bloc  de 
profil.  Ce  bloc  couché  est  orienté  actuellement  à  peu  près  E.-O.  :  ce 
qui  supposerait  (si  notre  première  hypothèse  se  vérifiait)  qu'il  est 
tombé  sur  sa  face  primitivement  tournée  au  couchant,  c'est-à-dire 
vers  l'entrée  de  la  grotte  funéraire. 

A  côté,  on  remarque  un  autre  bloc,  de  moindres  dimensions,  repo- 
sant encore  sur  son  lit  de  carrière,  dont  il  est  pour  ainsi  dire  décollé, 
la  couche  marneuse  ayant  été  soigneusement  enlevée  sous  lui,  sauf 
en  un  point.  —  Etait-ce  là  une  Dalle  préparée  pour  la  couverture  d'une 
Grotte  artificielle?  Nous  ne  saurions  l'affirmer. 

En  tout  cas,  nous  saisissons  là  le  procédé  primitif  de  préparation 
de  ces  énormes  dalles  de  couverture. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  crois  qu'il  est  indispensable  de  bien 
distinguer,  au  point  de  vue  Monuments  d'ordre  funéraire,  les  Méga- 
lithes vrais  des  monuments,  ajuste  titre  si  célèbres,  de  la  Montagne 
de  Cordes.  —  Pour  moi,  Mégalithe  veut  dire  :  Construction  édifiée, 
sur  le  sol,  avec  de  grosses  pierres  brutes,  non  taillées.  Or,  à  Cordes, 
malgré  l'emploi  du  terme  Allée  couverte  (Cazalis  de  Fondouce),  il 
ne  peut  être  question  d'un  tel  Mégalithe. 

En  effet,  il  s'agit  là  d'une  Cavité,  creusée  a  ciel  ouvert,  dans  la 
roche  du  sous-sol,  tout  comme  pour  les  Grottes  artificielles,  creusées 
en  tunnel,  de  la  Marne,  bien  connues  depuis  les  recherches  de  M.  le 
baron  de  Baye.  Mais  le  creusement  n'a  pas  eu  lieu  d'avant  en  arrièreet 
en /un/ie/,  comme  à  Villevenard,  par  exemple.  Il  a  été  exécuté,  dehauten 
bas,  en  partant  du  sol  même,  en  tranchée  et  à  Pair  libre,  comme  pour 
certaines  parties  des  Souterrains-refuges.  lia  doncfallu,  pour  voûter 
le  monument,  y  apporter  des  dalles  de  couverture  :  d'où  le  nom  d'Al- 
lée couverte.  —  Mais  celui-ci  est  encore  erronné,  en  l'espèce,  puisque, 
par  définition,  il  ne  doit  s'appliquer  qu'à  des  Dalles  non  taillées;  et 
qu'à  Cordes,  au  contraire,  ces  dalles  sont  manifestement  préparées  et 
équarries  !  —  Je  crois  donc  que  le  meilleur  terme  à  employer,  pour 
ces  monuments,  reste  toujours  celui  d'Hypogée  (ou  tout  autre  d'ail- 
leurs), car  il  ne  préjuge  rien. 

Comme  ces  hypogées  sont  orientées  à  l'Ouest ,  c'est-à-dire  en  sens 
contraire  des  Dolmens  et  Allées  couvertes  vraies,  elles  ne  peuvent 
être  ni  de  la  même  Epoque,  ni  de  la  même  Civilisation.  —  D'ailleurs 
leur  mobilier  correspond  à  Y  Age  du  Cuivre  du  Centre  méditerranéen. 

Nous  n'avons  rien  de  semblable  dans  l'Ouest  de  la  France.  Il  est 
difficile  d'affirmer  que  ces  Hypogées  sont  un  peu  postérieures  aux  Mé- 
galithes; mais  cependant  tout  plaide  en   ce  sens  {Mobilier  non  néoli- 


310  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

thique exclusivement;  Mégalithes  de  transition  (Coutignargues,etc.); 
Orientation  différente]  (1). 


Objet  énigmatique  trouvé  par  M.  Pages- Allary. 

Nous  sommes  heu- 
reux de  donner  au- 
jourd'hui la  figure, 
arrivée  trop  tard,  de 
la  gravure  pour  notre 
dernier  Bulletin, 
montrant  sous  toutes 
ses  faces,  à  demi- 
grandeur,  l'objet  sin- 
gulier, déterre  cuite, 
trouvé  par  M.  Pages 
Allary  dans  ses  fouil- 
les de  Massiac  (Can- 
tal)(#^.  1). 

Peut  -  être  la  vue 
de  ces  dessins  sug- 
gérera- t  -  elle  la  ré- 
miniscence de  quel- 
que analogie,  dénatu- 
re à  nous  éclairer  sur 
la  destination  problé- 
matique de  cette 
pièce  originale  (2)  ? 


(1)  Depuis  que  cette  note  a  été  rédigée  [Séance  de  décembre  1910],  j  ai  visité» 
sous  l'aimable  direction  de  MM.  F.  Mazauric  etJ.  Bourrilly,  ce  célèbre  monument» 
lors  de  la  préparation  des  Excursions  du  futur  Congrès  de  Nîmes.  En  présence  du 
Dr  Marignan,  j'ai  fait  à  mes  collègues  les  remarques  qui  précèdent,  qu'ils  n'ont  pas 
accueillies,  d'ailleurs,  sans  résistance...  Mais  je  les  convaincrais  bien  un  jour! 

J'ai  vu  aussi  le  bloc  dont  il  est  question  ci-dessus.  Il  possède  des  Cupules. 
Est-ce  un  Menhir?  Est-ce  une  Dalle  d'Hypogée  ?  —  Nous  discuterons  toutes  les 
questions  que  soulèvent  cette  belle  station  et  les  monuments  voisins,  au  Congrès 
de  Nîmes.  —  Je  n'ai  qu'un  mot  à  ajouter.  Pour  moi  l'Hypogée  de  Cordes  vaut  Ga- 
vrinis;  et  elle  n'est  pas  encore...  classée  !  —  La  S.  P.  F.  s'honorerait,  en  achetant 
ce  monument,  et  en  le  restaurant. 

(2)  «  Ce  qui  m'a  fait  donner  le  nom  de  Hochet  à  cet  objet,  observe  M.  J.  lagès- 
Allary,  ce  sont  :  1°  sa  forme  ;  2°  ses  dimensions  ;  3°  les  petites  boucles  de  l'inté- 
rieur, donnant  un  son  récréatif  et  assez  fort,  grâce  aux  quatre  trous  percés  en 
oblique  pour  empêcher  les  grains  antérieurs,  et  plus  gros,  de  sortir.  Ces  grains 
ont  été  introduits  par  la  pointe  C  de  la  base,  refermée  ensuite  par  pression  de 
l'argile  déjà  un  peu  sèche  :  ce  qui  fait  qu'il  n'y  a  pas  eu  soudure  complète.  — 
4°  Mais  ce  sont  surtout  les  cinq  tétons,  qui  confirment  bien  que  cet  objet  est  un 
hochet  d'enfant,  pouvant,  sans  trop  de  danger  d'y  abimer  ses  gencives. —  5»  Si  cet 
objet  n'était  pas  à  l'extrémité  d'un  manche  flexible,  il  pouvait  servir  de  petite 
toupie,  la  partie  opposée  à  la  base  C  servant  de  pivot,  comme  dans  un  vire-vire 
ou  pirouli,  mais  toujours  à  l'usage  et  pour  la  distraction  d'un  enfant  —  C'est  donc 
bien  un  hochet  primitif.  —  6°  La  forme  des  tétons  rappelle  l'extrémité  du  biberon 
gallo-romain,  tout  comme  la  cuisson,  de  l'argile  que  les  trous  ont  du  aider  à 
sécher  plus  facilement  ». 


SOCIÉTÉ    PREI1ISTORIQUE    FRANÇAISE 


311 


Objets    provenant   d'une   Grotte    magdalénienne 

à  Luzech,   et   d'une  station   néolithique  à 

l'Impernal,  près  Luzech  Loti. 


L'abbé  MALGA   (Gels,  Lot). 

Au  nom  de  notre  confrère  M.  l'abbé  Malga  absent,  M.  Armand 
Viré  a  présenté  des  silex  et  ornements  travaillés,  provenant  des 
environs  de  Luzech. 

Grotte  de  Luzech.  —  C'est  une  cavité  d'environ  4  mètres  de 
large  sur  7  mètres  de  longueur,  qui  s'ouvre  dans  les  rochers  au 
voisinage  et  en  arrière  du  vieux  Donjon  de  Luzech,  au  pied  de  la 
colline  de  l'Impernal.  Le  sol  est  composé  d'une  couche  de  cail- 
loux, recouverts  de  limon  vers  le  fond.  Une  cavité  s'amorce  à  la 
partie  la  plus  reculée,  mais  n'est  point  encore  explorée. 


Fig.  i.  —  Outils  d'os  et  de  silex  de  la  Grotte  de  Luzech,  (Lot). 


Les  récoltes  consistent  surtout  en  silex  éclatés,  non  utilisés  ; 
sauf  deux  d'entre  eux,  où  l'on  peut  reconnaître  un  grattoir  (Fig.  1, 
n°  1)  et  un  grossier  burin  (n°  2). 

Parmi  les  os,  on  peut  signaler  des  défenses  de  sanglier,  qui  ont 
été  raclées;  des  côtes  aplaties,  par  sciage  et  raclage,  dont  une 
(Fig.  1,  n°  3),  rappellerait  assez  nos  coupe-papier;  des  poinçons 
entiers  (4  et  5)  ou  fragmenté,  comme  le  n°  8,  qui  devait  être  fort 
bien  travaillé  ;  enfin  des  lissoirs  (6  et  7). 

Il  est  donc  vraisemblable  que  nous  avons  affaire  là  à  une  sta- 
tion magdalénienne,  qui  viendra  compléter,  pour  la  partie  aval 
du  Lot,  dans  notre  département,   les  fouilles  que  Bergougnoux 


312  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

entreprit  jadis  avec  tant  de  succès  dans  la  partie  amont  et  dans  la 
vallée  du  Celé  (l). 

Station  néolithique  de  V lmpernal.  —  Au  N.-N.-O.  de  Luzech 
s'élèvent  assez  brusquement  les  hauteurs  de  l'Impernal.  C'est 
sur  ces  hauteurs  que  Castagne  (2)  place  un  important  Oppi- 
dum. 

M.  l'abbé  Malga  vient  d'y  explorer  une  grande  station  néolo- 
thique,  sans  qu'il  ait  pu  nous  dire  encore  si  cette#station  se  trouve 
ou  non  au  même  lieu  que  l'Oppidum.  Jusqu'à  plus  ample  informé, 
nous  pensons  qu'elle  en  est  distincte  ;  l'Oppidum,  d'après  Casta- 
gne,   étant  tout  à  fait  sur  la  hauteur,  tandis  que   la  station  se 


Fig.  2.—  Objets  trouvés  à  l'Impernal,  à  Luzech. 

trouve  dans  une  petite  vallée  ou  combe  (Comba  Nina),  c'est-à-dire 
un  point  bas,  relativement  au  sommet  de  l'Impernal,  et  non  rela- 
tivement à  la  vallée  du  Lot,  qu'elle  domine  d'au  moins  50  mètres. 

Cette  combe,  d'environ  200  mètres  de  large,  limitée  au  nord  par 
le  flanc  abrupt  de  la  colline,  s'infléchit  vers  l'ouest  d'abord  dou- 
cement, puis  dévale  rapidement  vers  le  Lot. 

Dans  la  combe  et  sur  ses  versants  sud  et  ouest  se  remarquent 
un  grand  nombre  de  fragments  de  poterie  et  d'ossements.  Par 
endroits,  la  terre  est  noire  et  les  pierres  calcinées  (fonds  de 
cabanes  ?). 


(1)  BergougnOus.  —  Les  temps  préhistoriques  en   Quercy.  Cahors,  Girma,  1887. 

(2)  Castagne.  — Mémoire  sur  les  ouvrages  de  fortification  des  Oppidum  gaulois  de 
Murcens,  d'Uxellodunum  et  de  l'Impernal.  —  Congr.  arch.  de  Senlis,  1876. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  3i3 

Les  échantillons  présentés  sont  peu  nombreux,  mais  bien  ca- 
ractéristiques de  l'époque  néolithique.  C'est  d'abord  une  hache 
de  couleur  verdàtre  (Fig.  2^  (n°  1)  en  basalte,  de  0m07  de  long; 
puis  un  fragment  de  hache  en  silex  jaune,  ayant  subi  un  faible  com- 
mencement de  polissage  (n°  2)  surtout  sur  la  face  opposée  à  celle 
qui  est  figurée  ;  un  grattoir  quadrangulaire,  épais  en  jaspe  roux 
(n°3);  un  grattoir  en  jaspe  jaunâtre  (na  4);  divere  grattoirs  de  silex 
noir  ou  brun  (6,  7,  8,  9)  ;  deux  pointes  (5  et  10)  retaillées  sur  les 
deux  faces;  enfin  une  pointe  de  flèche  à  ailerons  (11),  en  jaspe 
rougeàtre,  dont  la  pointe  a  été  cassée. 

Enfin  M.  l'abbé  Malga  signale  la  présence  de  deux  polissoirs 
en  grès. 

Cette  station  mérite  d'être  explorée  bien  en  détail;  elle  a  une 
grande  importance  pour  la  région.  Si,  en  effet,  le  Néolithique 
des  dolmens  et  des  tumuli  est  loin  d'être  inconnu  dans  le  Lot  (1), 
si  Ton  a  déjà  signalé  une  ou  deux  stations  de  grotte  où  le  Néo- 
lithique surmontait  les  couches  paléolithiques,  il  n'est  point  à 
notre  connaissance  qu'à  part  une  petite  station,  encore  mal  définie 
et  peu  explorée,  au-dessus  du  village  de  Lacave(2),  il  ait  été  encore 
signalé  un  seul  habitat  néolithique  sur  les  plateaux  du  départe- 
ment du  Lot. 

La  station  de  l'Impernal  méritait  donc  d'être  signalée  dès  sa 
trouvaille  et  mérite  encore  plus  que  M.  Malga  l'étudié,  très  en 
détail,  nous  espérons  ;  donc  il  en  sera  reparlé  ultérieurement 
dans  nos  Bulletins. 


Remarques    sur   quelques  pierres 
'Habitat  Liguro-celtogrec  «  du  Pain-de-Sucre  » , 
à  Marseille. 


St.  CLASTRIER   Marseille  - 

Parmi  une  douzaine  de  pierres,  qu'à  révélées  la  fouille  du  «  Pain- 
de-sucre»,  j'observe  une  persistance  des  lignes,  très  embrouillées 
et  dans  tous  les  sens  ;  mille  petits  traits  inexplicables  attirent  ma 
curiosité,  mais  sans  solution,  je  l'avoue.  Cependant,  sur  certaines, 
un  leil-motiv,  si  je  peux  m'exprimer  ainsi,  domine   et  s'impose  à 

(1;  Delpon.  —  Statistique  du  Lot.  Paris,  Bachelier,  1831.  —  Castagne.  Des  Mo- 
numents primitifs  en  Quercy  et  les  peuples  qui  les  ont  élevés  (Bull,  de  la  Soc.  des 
Etudes  du  Lot,  1888. 

(2)  Boule  et  Cartailhac. —  La  Grotte  deReilhac.  Lyon.  1889. —  Bergougnous.  Op. 
cit.  —  Armand  Viré.  Recherches  spéléoloçiques  dans  la  vallée  de  lOuysse.  Bull,  du 
Muséum,  1903,  n»  3,  p.  149  et  151. 


314  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

première  vue.  C'est  un  motif  de  quadrillage  imparfait,  dessiné  a 
main  levée,  toujours  losangique  ;  le  carré  n'est  jamais  parfait. 
C'est  voulu  ;  les  traits  sont  finement  incisés,  légers,  probablement 
tracés  à  la  pointe  de  fer  (l'habitat  renferme  du  fer  et  du  bronze). 
Cen'estpastout.  Surce  premier  tracé  [Fig.  1),  sont  posées  des  dia- 
gonales,brochantsur  lespremières lignes  (figure  A)  ;  maiscela  n'est 
pas  dû  au  hasard,  ainsi  qu'on  pourrait  se  l'imaginer  ;  ces  traits  sont 
du  même  temps  et  du  même  traceur;  entre  ces  traits  fondamen- 
taux existent  d'autres  petits  traits,  inégalement  posées,  tels  des 
trémas  ;  à  certains  endroits,  des  points  en  creux  paraissent  com- 
mander des  croisements  de  lignes . 

J'observe  aussi  que  ces  traits  sont 
parfois  effacés  comme  par  un  érafle- 
ment,  ou  comme  si  la  pierre  avait 
été  raclée  intentionnellement,  mais 
sans  grande  pression  ;  et  j'en  con- 
clus que  ces  pierres  ont  dû  servir  à 
des  apprêts  de  repas,  sous  forme  de 
pâtes  hachées,  tel  que  cela  se  prati- 
que encore  aujourd'hui  ;  et  alors  on 
comprend  très  bien  ce  fouillis  de 
traits  incohérents  et  ces  parties  effa- 
cées, raclées,  par  frottement  ;  ce- 
pendant, ces  pierres  ne  sont  pas  tein- 
tées ;  j'ajoute  que  ces  pierres  sont 
toujours  très  plates,  choisies  et 
utilisées  ;  que,  sur  une  même  face, 
celle  du  délitement,  ou  polie  par  le 
temps  ;  quant  à  l'autre  face,  elle  est  toujours  rugueuse,  granulée, 
mamelonnée,  en  forme  de  riz  de  veau,  et  portant  le  caractère 
indiscutable  de  géologie  naturelle  et  de  virginité  ;  il  n'y  a  pas 
d'exemple,  et  je  possède  aujourd'hui  assez  de  ces  dalles  pour 
en  juger,  il  n'y  a  pas  d'exemple  d'utilisation  sur  les  deux  faces, 
encore  moins  sur  les  côtés. 

Ces  pierres  faisaient-elles  partie  du  sol  ?  Si  elles  ont  servi  de 
dalles,  seraient-ce  des  traits  gravés  par  des  chaussures  ferrées  (je 
parle  des  petits  traits)  ?  Sont-ce  des  frottements  de  corps  durs, 
bûches,  bases  de  dolia  ? 


Fig.i.—  Pierre  à  traits  gravés  |Le 
Pain  de  Sucre,  Marseille]. 


Jusqu'à  présent,  j'ai  toujours  trouvé  ces  pierres  errantes,  dans 
le  camp,  parmi  les  éboulis  des  huttes  à  pierre  sèche.  Il  m'est 
difficile  d'affirmer  qu'elles  ont  pu  être  utilisées  dans  la  construc- 
tion des  murs  élevés  par  la  tribu  Massaliote. 

Il  faudrait,  pour  s'en  assurer,  soulever  et  vérifier  sur  des  pierres 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  315 

de  murs  en  place  ;  mais,  là.  je  suis  arrêté  par  l'insurmontable  peine 
que  cela  me  fait  ;  les  vrais  fouilleurs  me  comprendront.  Cepen- 
dant je  ne  désespère  pas  de  solutionner  plus  tard  ce  petit  problème. 
Dans  mon  dessin  (Fig.  1),  je  ne  donne  que  les  traits  principaux, 
pour  éviter  la  confusion. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  En  Août  1910,  dans  le  Puits  funéraire, 
gallo-romain,  que  j'ai  découvert  à  Saint-Martin-de-Brem 
(Vendée),  j'ai  trouvé  une  pierre  (Calcaire  Liasique  du  Havre  de  la 
Gachère),  à  surfacegréseuseetplane,  présentantdes  quadrillages, 
tout  à  fait  comparables  à  ceux  signalés  par  M.  S.  Clastibr.  J'ai 
conservé  cette  pièce  dans  ma  collection,  parce  que  c'est  la  pre- 
mière de  cette  sorte  que  j'ai  observée;  et  je  la  décrirai  dans  un 
mémoire  sur  ce  puits. 

Mes  traits  sont  donc  gaulois;  ils  sont  d'ailleurs  voulus,  d'ordre 
décoratif  &  mon  sens,  et  comparables  à  ceux  que  j'ai  découverts, 
sur  les  Côtes  des  Bœufs,  de  la  même  époque,  dans  un  autre  Puits, 
au  Bernard  (V.)  (1)  ;  et  que  j'ai  retrouvés  sur  les  Côtes  de  Bœufs, 
extraits  de  certains  points  des  Fouilles  d'Alésia  — où  fa  vais 
annoncé  à  l'avance  leur  trouvaille,  dès  1907,  lors  du  Congrès 
d'Autun. 


III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES. 


Commission   d'étude 

des  Enceintes    préhistoriques 

et  Fortifications   nnbistoriques. 

M.  Armand  Viré,  président  de  la  Commission,  dépose  le  48e  Rap- 
port. 

Le  président  annonce  la  perte  regrettable  que  vient  de  faire  la 
Commission,  en  la  personne  d'un  de  ses  excellents  délégués,  M.  J- 
Moriot,  instituteur,  à  Ganna\-sur-Loire  (Allier). 

Nous  lui  devons  d'intéressants  renseignements  sur  des  buttes  et 
fortifications  encore  un  peu  énigmatiques  des  bords  de  la  Loire  et 
nous  espérions  le  voir  figurer  encore  longtemps  parmi  nous. 

—  M.  le  Dr  Deyrolle  nous  envoie  le  plan  d'une  enceinte,  appelée 
Old  Fort,  du  village  des  Pinnacles,  Comté  de  Salme  (Etats-Unis),  de  la 
Vallée  du  Missouri,    d'après  l'ouvrage  «  Antiquities  of  Central  and 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Les  Gravures  sur  os  de  l époque  gallo-romaine  à  la 
Nécropole  de  Troussepoii,  au  Bernard  (V.).— Bull,  et  Mem.  Soc  d'Anthr.  de  Paris. 
1905,  6  juillet,  6  Fig.,  310-320.  —  Tiré  à  part,  1905,  in  8»,  11  p.,  6  Fig. 


316  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Soùth-eastern  Missouri  »  de  Gérard  Fowke,  publié  par  la  «  Smith- 
sonian  Institution  »  (Bureau  d'Ethnologie  américaine).  [Bull.  37, Was- 
hington, 1910]. 

EUe  est  vraisemblablement  pré-colombienne  et  contemporaine  des 
«  Mounds  »  du  Missouri  ;  dans  l'espèce,  sorte  de  tumulus,  contenant 
des  tombeaux  en  pierres  sèches  (voir  un  compte-rendu  dans  la  Revue 
d'Anthropologie,  1911,  E.  Deyrolle). 

C'est  un  ouvrage  de  fortification,  composé  actuellement  d'une  levée 
de  terre  de  2  mètres  à  3  mètres  de  large  sur  un  mètre  de  hauteur,  entre 
deux  fossés  de  2™50  de  large  sur  1  mètre  de  profondeur  environ  ; 
mais  primitivement  les  dénivellations  ont  été  plus  considérables. — 
Au  point  faible  (N.  et  S.),  la  défense  est  complétée  par  des  séries  plus 
complète  d'épaulements  et  de  fossés. 

Les  talus  sont  formés  de  terre,  sans  pierres  ;  il  n'y  a  pas  trace  de 
pieux  ou  de  palissades. 

On  peut  évaluer  le  grand  axe  à  330  mètres,  le  petit  à  150  mètres, 
le  tour  des  fossés  à  1000.  Ce  travail  considérable  a  été  attribué  aux 
Indiens  Mami. 

—  M.  L.  Jacquot,  de  Grenoble,  nous  écrit  : 

«  Le  8  mai,  à  la  séance  de  la  Société  dauphinoise  d'Anthropologie 
et  d'Etno graphie,  M.  Piraud  (naturaliste)  nous  a  annoncé  qu'il  avait 
remarqué  une  levée  de  terre,  qui  lui  a  paru  une  fortification  très 
ancienne,  derrière  le  Rachaix,  non  loin  du  sommet  et  sur  la  face 
(nord)  regardant  le  massif  de  la  Chartreuse.  Il  est  nécessaire  d'expli- 
quer que  Grenoble  est  bâti  au  pied  sud  du  Rachaix,  et  que  cette  mon- 
tagne est  une  arête  (orientée  sensiblement  nord-sud),  qui  se  détache 
du  massif  de  la  Chartreuse.  Différents  cols  la  séparent  des  sommets 
voisins.  —  Je  me  réserve  d'aller  étudier  ce  mur,  qui  avait  échappé 
jusqu'ici  aux  yeux  de  nos  anthropologistes  locaux.  » 

—  M.  Ludovic  Mazéret  continue  ses  explorations  dans  le  Gers 
et  nous  adresse  la  note  suivante. 

Dans  la  commune  de  Bouzon-Gellenave,  le  plateau,  supportant 
l'église  et  le  village  de  Saint-Gô,  s'avance  vers  le  S.-E.  en  presqu'île, 
surplombant  un  vallon  très  profond.  Ce  plateau  était  autrefois  fortifié 
sur  tout  le  pourtour.  On  remarque  encore  au-dessus  de  l'à-pic,  au 
S-E.,  une  dépression  indiquant  un  chemin  de  ronde.  Cette  dépres- 
sion disparut  en  partie  lors  de  l'établissement  de  la  ligne  du  Port- 
Sainte-Marie  à  Riscle,  et  une  carrière  fut  même  creusée  dans  le  val- 
lum.  Je  me  rappelle  même  y  être  passé  à  cette  époque  et  d'avoir 
remarqué  des  ossements  superbes,  rappelant  la  faune  de  Sansan 
(Mastodon  tapiroïdes,  C.  ;  Rhinocéros  tetradactjdus,  L.  ;  Antilope  cla. 
vata,  Gerv  ;  Crocodilus  ;  Hélix  pulchilla,  D  ;   Hélix  rotundata,  Mûl- 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  317 

1er;  Pupa  Lortetii,   de  B;  Planorbis  cornu,  B;  Planorbis  declivis, 
N.,  etc.). 

Le  plateau  porte  encore,  dans  cette  direction,  une  belle  motte,  de 
4  à  6  mètres  d'élévation,  revêtue  de  châtaigniers  en  taillis.  Elle  a 
été  entamée  vers  l'E,  soit  par  quelques  éboulements  soit  par  quelque 
fouille  mal  dirigée.  Car  il  ne  faut  pas  oublier  qu'aux  yeux  de  nos 
paysans  toutes  ces  masses  de  terre  ne  sont  que  des  tumulus  :  tom- 
beaux de  quelque  chel  rentermant  de  nombreuses  richesses  et 
objets  précieux;  et  entre  autre  :  «  la  Crabo  d'or  »  (Chèvre  d'or). 

Autour  de  la  motte  vers  le  N.  et  le  N.-O.  de  légères  traces  de  fossé. 
C'est  même  vers  ce  point  que,  il  y  a  quelques  années,  M.  Senmartin, 
instituteur  à  Saint-Gô,  trouva  deux  belles  haches  polies,  en  roche 
noire  schisteuse,  dans  une  fouille  faite  sur  ma  demande. 

J'oubliais  de  signaler  au  N.-E.  et  à  peu  de  distance,  Campet,  avec 
débris  de  tuiles  à  rebord  et  poterie  romaines. 

Dans  la  commune  de  Pouydraguin,  le  petit  village  du  Mimort  était 
entouré  d'une  enceinte  aujourd'hui  disparue.  D'après  un  vieillard, 
entre  le  Mimort  et  le  château  de  Lassalle,  il  y  avait  une  fort  belle 
motte,  très  haute  et  d'une  grande  étendue.  Elle  fut  démolie  en  grande 
partie  par  les  fouilles  qui  y  furent  pratiquées.  Et,  comme  elle  ne  for- 
mait plus  qu'une  masse  informe,  on  transporta  la  terre  dans  les 
vignes. 

Dans  le  village,  près  de  l'antique  chapelle  s'élevait  jadis,  d'après 
la  tradition,  un  tombeau  formé  de  grandes  pierres  :  un  dolmen  appa- 
remment. Le  seigneur  de  Lassalle  s'en  servit  pour  la  construction  de 
son  château.  La  dalle  qui  recouvrait,  parait-il,  le  corps,  ne  put 
jamais  être  enlevée.  Et  plus  on  creusait  pour  l'enlever  et  plus  elle 
s'enfonçait.  Le  seigneur  la  fit  alors  recouvrir  de  terre;  et  on  ne  l'a 
plus  revue.  A  signaler  quelques  haches  en  roche  noire,  trouvées  aux 
environs;  mais  elles  sont  détériorées  parles  charrues. 

Le  Château  de  Pouydraguin  se  trouve  sur  un  monticule  très  élevé 
(221)  et  à  peu  près  isolé.  Ce  monticule  porte  de  nombreuses  traces 
de  chemins  de  ronde  sur  presque  tout  son  pourtour,  et,  en  haut,  vers 
le  N.-O,  il  y  avait  naguère  une  belle  motte,  aujourd'hui  disparue. 

Le  village  de  Castelnavet  était  égalementune  enceinte  fortifiée,  dont 
il  ne  reste  aujourd'hui  qu'une  belle  motte  de  8  à  10  mètres  de  hau- 
teur sur  plus  de  40  de  base.  Elle  est  au  S.-E.  du  village  et  domine  la 
route  de  Plaisance. 

A  l'est,  en  sortant  de  Pey russe-  Vieille,  on  remarque  également  une 
tort  belle  motte  à  peu  près  de  même  hauteur  et  portant  sur  une  partie 
de  son  pourtour  des  traces  de  chemin  de  ronde.  En  contre-bas  vers 
le  fond  du  talus,  une  légère  dépression  indiquerait  peut-être  une 
seconde  enceinte. 

Dans  la  commune  de  Lupiac,  au  lieu  dit  à  Lamothe,  on  remarquait 


318  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   DE    FRANCE 

encore,  il  y  a  peu  d'années,  une  belle  motte,  d'une  assez  grande 
dimension  et  entourée  d'un  fossé  large  et  protond.  Dans  les  champs, 
à  côté,  on  exhume  assez  souvent  des  débris  de  poterie  rouge  à  pâte 
de  brique  pilée,  des  tuiles  à  rebord  et  des  petits  cubes  de  un  centi- 
mètre de  côté,  provenant  sans  nul  doute  de  mosaïques  détruites.  Il  y 
a  quelque  temps,  au  dire  de  voisins,  on  trouva  à  Lamothe  des  silex 
et  une  hache  polie  brisée  sous  le  tronc  d'un  gros  chêne. 

A  Barada,  on  remarquait  jadis  une  longue  tranchée  entre  cette 
maison  et  Bounugues.  Au  N.-O.,  elle  formait  un  angle  rentrant  et  se 
continuait  vers  le  nord,  bordant  les  coteaux  de  la  rive  droite  de  la 
Gélise.  Ce  tossé  devait,  je  crois,  entourer  le  petit  plateau  de  Barada, 
car  on  en  remarque  quelques  traces  vers  le  S.-E. 

Près  du  village  de  Tonrdun,  vers  la  côte  227,  M.  Henri  Carrère, 
avocat  à  Marciac,  a  trouvé  de  nombreuses  substructions  romaines, 
avec  murs  en  petit  appareil,  mosaïques,  tuiles  à  rebord,  tuyaux 
d'hypocauste  et  de  conduite  d'eau,  débris  de  poterie  et  nombreuses 
monnaies  en  argent  et  en  bronze. 

A  Lar ronde,  commune  de  Callian,  il  y  a  deux  ou  trois  ans,  on 
trouva  en  labourant  sur  un  petit  plateau,  une  belle  hache  polie,  en 
roche  noire  ayant  servi  de  percuteur.  Ce  champ  fournit  parfois  des 
débris  de  silex  et  de  quartzites  à  aspect  robenhausien. 

En  finissant  et  pour  prendre  date,  je  signale  l'enceinte  fortifiée  de 
Saint-Georges,  dans  la  commune  de  Lagraulet  et  renfermant  deux 
rochers  à  cupules,  les  premiers  qui  ont  été  remarqués  dans  le  Gers. 
J'en  ferai  une  étude  plus  approfondie,  lorsque  mon  état  de  santé  me 
permettra  d'aller  les  photographier . 

—  Le  IIIe  volume  annuel  de  la  Société  préhistorique  de  Suisse  con- 
tient plusieurs  observations  nouvelles  de  «  Refugium  »  :  c'est  le 
nom  qui  est  resté  usité  là-bas,  depuis  Keller,  pour  les  enceintes  pré. 
historiques.  Il  donne  aussi  la  gravure  de  quelques-uns  des  superbes 
plans,  dont  M.  B.  Moser  avait  offert  la  primeur  à  la  S.  P.  F.  (t.  V, 
p.  316  et  VI,  355),  notamment  celui  de  Lùtzelflùh  (Emmenthal)  de 
Bisenleh,  commune  d'Arch,  de  la  Hasenburg,  près  Vinetz,  tous  dans 
le  canton  de  Bern. 

Dans  les  talus  de  l'enceinte  de  Stadler  Hochwacht  au-dessus  de 
Raat  (canton  de  Zurich),  il  a  été  trouvé  un  grand  nombre  de  silex  tail- 
lés et  de  déchets  de  taille,  quoique  le  silex  lui-même  ne  se  trouve 
qu'à  une  assez  grande  distance. 

La  Société  des  Antiquaires  deWetzikon  ayant  fouillé  le  Refuginm 
d'Himmerich,  voisin  de  la  palafitte  de  Robenhausen,y  aurait  trouvé, 
outre  un  marteau  de  pierre,  une  amulette  et  des  os,  des  tessons  de 
l'âge  du  Bronze,  indiquant  une  occupation  tardive  de  ce  poste.  — 
A.  G. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  3l9 

—  Nous  donnons  ici  deux  planches  qui  devaient  accompagner  la 
note  de  M.  Pagès-Allary  le  mois  dernier  et  que  nous  avons  reçues 
trop  tard  (Fig.  1  et  2). 


t'-uiiuiH.  JL  tuNUutuj    C^autoij   b«  Bo»4  2t  ClU« 


f& 


s     p^  ^^  j^^glpfiaj*- 


Fig.  1.  —  Tumulus  Gaulois  du  Bois  de  Celles  (Cantal). 


<?u{^    fl^CuM    C^U»      V.    t?«w*vU,      QlUMKM      V    £AU*    L  ^'  .Vunkim^u,  .  C««Ut 


Fip.  2.  —  Vases  Gaulois  du  Tumulus  de  Celles. 


320  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Le    Pas  de  Dieu,   à    Sainte-Radegonde, 
de  Poitiers. 

Par  le  D' 

Marcel  BAUDOUIN  (de  Paris). 

Dans  l'Église  de  Sainte-Radegonde,  à  Poitiers,  autrefois  Sainte  - 
Marie-hors-les-Murs  (1),  fondée  au  vie  siècle  par  cette  sainte,  il  y  a 
une  Chapelle,  dite  du  Pas  deDieu,  située  à  droite.  C'est  une  sorte  d'an- 
cien lombeau,  pratiqué  dans  l'intérieur  du  mur.  On  y  voit  deux 
statues  de  pierre  (Jésus -Christ  et  Sainte-Radegonde);  et,  entre  elles, 
une  pierre,  qui  porte  la  trace  d'un  Pied. —  C'est  l'Empreinte,  faite  par 
Jésus  Christ,  raconte-t-on,  le  jour  où  il  apparut  à  Sainte-Radegonde, 
dans  sa  cellule  !  —  D'où  le  nom  de  Pas  de  Jésus-Christ  ou  de  Pas 
de  Dieu.  —  Le  Pas  de  Dieu  est  cité  dans  tous  les  Guides  (2). 

I.  —  Considérations  Historiques. 

I.  Dénomination.  —  Le  nom  de  Pas  de  Sainte-Radegonde,  qu'on 
trouve  parfois  dans  des  ouvrages  modernes,  est  tout  à  fait  erroné. 

Quoique  ce  pas  se  trouve  dans  l'église  de  ce  nom,  on  doit  lui  con- 
server son  vrai  nom  traditionnel,  c'est-à-dire  ancien,  d'autant  plus 
que,  même  aujourd'hui,  personne  ne  prendrait  cette  gravure  pour 
une  empreinte  de  pied  de  femme  !  Le  Peuple,  qui  ne  se  trompe  jamais, 
l'avait  donc  bien  dénommé;  et  il  a  fallu  l'intervention  de  certains 
savants   —  n'y  comprenant  rien  —  pour  dénaturer   la   légende 

Empressons  nous  donc,  une  fois  pour  toutes,  de  réparer  cet  acte 
de  vandalisme  en  matière  de  Folklore  ;  et  maintenons  la  vraie  déno- 
mination de  Pas  de  Dieu. 

II.  Historique.  —  Presque  tous  les  auteurs,  qui  ont  résumé  l'his- 
toire de  Poitiers  ou  écrit  sur  Sainte-Radegonde,  ont  fait  allusion  à 
cette  Empreinte  pédiforme.  —  Citons-en  quelques-uns. 

Voici  d'abord  le  texte  de  M.  Foucart  (3)  : 

«  Entre  les  deux  statues,  coloriées  [représentant  une  Apparition  de 
Jésus-Christ  à  Sainte-Radegonde],  se  trouve,  recouverte  par  une 
petite  grille,  l'Empreinte  du  Pied,  que,  d'après  la  tradition,  le  Sei- 
gneur laissa  sur  la  dalle  de  la  cellule  de  Sainte-Radegonde  [lorsqu'il 
lui  apparut].  Ce  monument,  qu'on  appelle  le  Pas  deDieu,  était  autre- 

(1)  Jadis  ainsi  appelée  Sainte-Marie-hors-les-Murs,  parce  qu'elle  se  trouvait,  au 
Moyen  âge,  en  dehors  de  l'enceinte  de  la  ville  d'alors. 

(2)  Joanne.  —  Loire  et  Centre.  —  Paris,  1868,  p.  64.  —  Etc. 

(3)  Foucart.  —  Poitiers  et  ses  monuments.  —  Mém.  de  la  Soc.  des  Antiquaires  ' 
de  l'Ouest,  1840,  Poitiers,  1841,  p.  103-202  [Voir  p.   153-154]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  321 

fois  dans  le  Couvent  de  Sainte-Croix  ;  il  a  été  transporté  dans  l'église, 
depuis  la  Révolution  de  1789.  » 

Il  se  trouve  dans  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  la  Chapelle  du  Pas 
de  Dieu  de  l'Église  Sainte-Radegonde. 

2  Ce  Pied  a  été  cité  à  nouveau  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  l'Ouest,  un  peu  plus  tard  (t.  VIII,  p.  454). 

3°  Mais  un  écrivain  local  a  été,  dès  1873,  beaucoup  plus  expli- 
cite ;  c'est  M.  Edouard  de  Fleury  (1). 

«  Cette  église,  dit-il,  renferme  encore  aujourd'hui  le  monument 
dit  du  Pas  de  Dieu.  Dans  un  des  murs  latéraux  de  la  nef,  à  droite  en 
entrant,  on  voit  une  petite  Chapelle,  dont  le  devant  est  gardé  par  une 
grille  en  bois.  A  l'intérieur,  une  statue  de  grandeur  naturelle  repré- 
sente le  sauveur  Jésus-Christ,  debout  et  parlant  à  sa  sainte  servante, 
qui  prie  à  genoux.  Cette  scène  représente  Y  Apparition  du  fils  de  Dieu, 
qui  précéda  la  mort  de  Radegonde  d'une  année. 

«  La  pierre  est  la  même  que  celle  où  elle  était,  à  genoux,  dans  sa 
Cellule,  et  sur  laquelle,  d'après  une  pieuse  et  très  ancienne  tradi- 
tion, le  fils  de  Dieu  laissa,  en  disparaissant,  YEmpreinte  de  son  Pied 
droit  (2). 

«  Cette  empreinte  est  couverte  d'une  grille,  et,  par  dessus,  d'un 
coussin,  surmonté  d'une  couronne.  On  la  découvre  à  certains 
jours;  et  les  fidèles  ne  vont  pas  visiter  le  tombeau,  sans  s'arrêter 
au  Pas  de  Dieu  (3)  ». 

4°  Le  Pas  de  Jésus-Christ  a  été  cité  aussi  par  M.  Vinson  (Evolution  du 
Boudhisme .  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1892,  p.  915),  qui 
a  écrit  :  «  Ne  vénère-t-on  pas,  à  Poitiers,  le  Pas  de  Jésus  Christ, 
lorsqu'il  vient  parler  à  Sainte-Radegonde,  le  3  août  487  ?  »  (4). 

On  le  voit,  ces  récits  concordent  à  peu  près  complètement. 

5°  P.  Sébillot  (Folklore  de  France,  1. 1,  p.  603)  a  écrit  :  ■  A  Poitiers, 
on  avait  élevé  YEglise  du  Pas  de  Dieu,  à  l'endroit  où  le  pied  du  Sau- 
veur était  resté  marqué  après  son  apparition  à  Sainte-Radegonde 
[D'après  A.  Maury,  Lég.  pieuses  du  Moyen  Age,  p.  205]. 

On  constatera  que  ce  texte  ne  concorde  pas  du  tout  avec  celui  de 
M.  de  Fleury,  qui  semble  pourtant  le  seul  véridique. 

(1)  Edouard  de  Fleury.  —  Vie  de  Sainte-Radegonde,  etc.  —  Poitiers,  1873, 
2«  édition,  Henri  Oudin,  in-36<>,  166  p.,  1  pi.  hors  texte.  [B.  N.  =  L*/50b]  [Voir  p. 
150-151]. 

(2)  Erreur  apparente,  car  il  s'agit  d'un  Pied  gauche,  en  réalité.  —  Mais,  comme 
il  y  a  Inversion,  c'est  bien  le  Pied  droit  qui  est  représenté  en  réalité. 

(3)  Il  y  a,  à  rapprocher  du  Pas  de  Dieu,  l'histoire  du  laurier,  planté  par 
Sainte-Radegonde,  derrière  «  Le  petit  Pas  de  Dieu,  où  était  jadis  la  chambrette  de 
la  sainte  »,  dit  un  ancien  historien.  —  E.  de  Fleury  (p.  81)  affirme  que  ce  laurier 
se  voit  encore  dans  le  jardin  de  l'Evèché  !  C'est  peut-être  aller  un  peu  loin 

(4)  Erreur,  typographique,  pour  587  [Voir  plus  loin]. 

(5)  A.  Po^chon. —  Les  Polissoirs  de  la  Somme. —  L'Homme  préhist.,  Paris,  1907, 
V,  in-8%  p.  273-281,  3  fig.   [Voir  p.  280]. 

SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE.  21 


322 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


"«"SS 


ë3sJ?l§ 

.     «  a  a  «  «  **  5 

_   m   3  o 

»  a  J  -3  g 


-  *      S  " 

3.  -S  a  p.  « 


i1^   S   (3 

a«a  '.  s  J  i  "S  s 

°  3  s  S  -s  . .  S  s 


33  i 


g  m  C     .  u  o 


l.fes 


H  - 


|  2--S  "S  I  .'-  S.& 

n  k  s   .  8  3  3  w 


2  I  s  3  8  §3» 
g  S  •  u  8  -2  £  2 

«Ils  §</«"» 

lista! 


3  -a 
■If -S  2 


I 


2  a  c  I  ê>  <3  -i 
©  a  £  b  «  s  .2  • - 

1 1  a»  • -2  as 

•iSg.sog.2i 

<u3a)a)-a)«3C 
^  73    3    o    3        C,    O  -, 
to   rt   £S   t*   !»        —  .2  - 


•«  <u 


.9  8.114 

iniii!ii 

a  S  «  »  «  ■»  «  *  S 
m  i  ..«-««;' 
q   '.  «Sgja^S* 

*.iif  §«1^ 

.S»  2,1  •  ■§  ="  S  8  s 


m  k'S 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  323 

6°  Enfin,  M.  A.  Ponchon  (5),  dans  un  article  tout  récent,  s'exprime 
ainsi  :  «  Dans  une  église  de  Poitiers,  on  voit,  chose  curieuse,  une 
pierre,  consacrée  à  Sainte-Radegonde,  et  portant  une  Empreinte  du 
Pied  de  Jèsus-Christ,  quand  il  vint,  au  vie  siècle,  faire  visite  à  la 
femme  de  Clothaire.  Cette  pierre,  qui  se  trouve  dans  la  Chapelle  du 
Pas  de  Dieu,  est  surmontée  d'une  plaque  commémorative,  sur  la- 
quelle on  lit  :  «  Monument  du  Pas  de  Dieu.  Le  3  août  587,  Notre 
Seigneur  apparut  à  Sainte-Radegonde,  en  disparaissant,  il  laissa 
imprimée,  la  forme  de  son  Pied  droit,  sur  la  pierre  où  il  était  appuyé  » 
[D'après  Fleury,  1873J. 

Cet  auteur  ajoute  :  «  Près  de  Poitiers,  où  la  sainte  séjourna,  est 
une  énorme  Pierre  Levée,  dite  Pierre  de  sainte  Radegonde  »  (1). 

Mais,  en  somme,  ce  n'est  là  qu'un  résumé  du  texte  de  l'auteur 
précédent,  M.  E.  de  Fleury,  le  seul  dont  il  faut  se  préoccuper. 

III.  —  Folklore.  —  Détails  de  la  Légende.  —  E.  de  Fleury  a, 
en  outre,  très  bien  raconté  comment  est  née  la  Légende  du  Pas  de 
Dieu. 

«  Un  an  avant  l'époque  de  son  décès,  comme  elle  était  retirée 
dans  sa  Cellule  et  occupée  à  prier,  suivant  sa  coutume,  elle 
[Sainte  Radegonde]  eut  une  Vision,  surnaturelle .  Il  lui  sembla  voir 
le  séjour  qui  était  préparé  pour  sa  gloire,  et  un  jeune  Homme,  qui 
venait  à  elle,  revêtu  d'une  admirarle  reauté.  S'approchant  de  la 
sainte,  il  lui  adressait  de  douces  paroles;  et,  comme  elle  ne  le  recon- 
naissait pas,  il  lui  parla  en  ces  termes  [Suit  le  discours].  » 

C'était  Jésus  lui-même  qui  venait  la  visiter  et  lui  annoncer  sa 
gloire  et  sa  délivrance  prochaines. 

La  Communauté  avait  toujours  gardé  précieusement  le  souvenir  de 
cette  Apparition  miraculeuse  du  Sauveur.  Une  Chapelle  avait  été 
bâtie,  au  lieu  où  priait  Radegonde,  quand  elle  eut  cette  vision  [sa 
Cellule  du  Monastère  (2)]. 

La  pierre  même,  sur  laquelle  elle  était  à  genoux,  avait  été  conser- 
vée; et  on  y  montrait  cette  Empreinte  du  Pied  droit,  que  Jésus-Christ 
avait,  selon  une  très  ancienne  tradition,  laissée  profondément  enfoncée 
dans  le  granit  (3). 

Pour  cette  raison,  la  Chapelle  portait  le  nom  de  Pas  de  Dieu.  On 
y  voyait  Radegonde  à  genoux  et  Jésus-Christ  devant  elle. 

En  1792,  cette  Chapelle  fut  renversée  ;  et  les  statues  furent  emportées, 
avec  la  pierre  qui  porte  l'empreinte  miraculeuse,  dans  l'Église  de  Sainte- 

(1)  Il  s'agit  certainement  ici  du  fameux  Dolmen  de  Pierre  Levée,  bien  connu 
depuis  Rabelais,  qui  l'a  cité. 

(2)  D'après  de  Fleury,  c'est  le  gouverneur  du  Poitou  qui  fournit  les  matériaux 
pour  la  construction  du  Monastère. 

(3)  Il  doit  y  avoir  là  une  erreur.  La  pierre  doit  être  en  Calcaire.  —  Même  remar- 
que que  plus  haut  pour  le  côté  du  Pied . 


324  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Radegonde  (1).  —  La  Chapelle  (2)  se  trouvait  dans  le  jardin  actuel  de 
l'Evêché.  » 

II . —  Etude  personnelle. 

I*  —  Technique.  —  a)  Pour  me  rendre  un  compte  exact  de  la  na- 
ture véritable  du  Pas  de  Dieu  (3),  j'ai  prié  l'un  de  mes  amis  de  Poi- 
tiers, —  bien  placé  pour  obtenir  toutes  les  autorisations  nécessaires 
—  de  m'en  exécuter  un  Moulage,  en  plâtre,  qui  fait  aujourd'hui  partie 


Fig.  2.  —  Les  Moulages  en  Plâtre  [Positifs]  des  principales  Gravures  pédiformes  de 
la  Collection  Marcel  Baudocjiic,  à  l'Exposition  préhistorique  de  Tours  (août  1910).  —  R, 
Le  Pas  de  Dieu,  de  Sainte-Radegonde  (Poitiers).—  Légende-.  S,  Rocher  aux  Pieds  (Savoie)  ; 
—V,  Pied  à  gros  orteil  (Vosges)  ;  —  Le  Pied  oe  La  Dévalée  (Ile  d'Yeu,  Vendée)  ;  —  G1,  Les 
deux  pieds  (a,  6),  de  Gatine  (lie  d'Yeu,  Vendée'  ;  —  F,  Faux  pied  d'Equidé  (Goex,  Vendée)  ; 
—  V,  Fers  de  Chevaux  (C1,  C2,  C.3)  i Vosges).  —  M.  Fausse  Gravure  de  Parthenay  (Deux- 
Sèvres).  —  Le  Pas  du  Roi  (Charente- Inférieure)  :  1.  Gravure  n°  XXII  ;  2,  3,  6,  8, 11,  Gravu- 
res d'Empreintes  horizontales  de  sabot  m- 1,  11,  IX,  X  ;  9,  Gravure,  n°  XVII  ;  5,  Gravure 
de  Pince  ;  4, 10,  Cavités  en  Croissant.  —  Fers  de  Chevaux  de  Pons  (Pi,  P2). 

de  ma  Collection  d  Empreintes  de  Pieds,  et  qui  a  été  déjà  publique- 
ment exposé  au  Congrès  préhistorique  de  Tours,  en  1910  {Fig.  2). 

b)  Après  avoir  reconnu  qu'il  s'agissait   d'une   vraie    Gravure  sur 
roche,  préhistorique,  j'ai  pris  un  Décalque  très  exact  :  1°  du  pourtour 


(1)  11  y  a  eu  à  Poitiers  un  Prieuré,  appelé  le  Pas  de  Dieu,  situé  dans  l'enceinte 
de  l'Abbaye  de  Sainte-Croix  (Bulle  de  Sixte  IV,  Rome,  6  mars  1478).—  On  croit  que 
ce  prieuré  du  Pas  de  Dieu  avait  été  fondé  à  une  époque  inconnue,  dans  l'ancienne 
cellule  qu'habita  Sainte-Radegonde  [Dufour.  De  l'ancien  Poitou,  1826,  p.  352]. 

(2)  L'Eglise  de  Sainte-Radegonde  a  été  élevée  sur  le  tombeau  [Crypte]  de 
Sainte-Radegonde,  reine  des  Francs.  Elle  existait  bien  avant  838  [Dufour.  Loc.  cit., 
p.  353].  —  L'intérieur  de  cette  crypte  aurait  été  retrouvé  vers  le  XIe  siècle. 

(3)  Il  existe  d'autres  «  Pas  de  Dieu  ».— Par  exemple  :  sur  la  Pierre  de  Bdrling, 
dans  la  Prusse  Orientale. —  Il  y  a  un  «  Pied  de  Jésus-Christ  »,  à  Rome,  dans  une 
Eglise,  près  de  la  Porte  San-Sebastiano. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  325 

de  la  Cavité  creusée,  c'est-à-dire  de  YEmpreinte  plantaire  (en  plan); 
2°  d'une  Coupe  verticale,  passant  par  son  axe,  exécutée  sur  un  autre 
exemplaire  d  un  second  moulage  en  plâtre,  en  le  sciant  en  deux,  de 
façon  à  avoir  un  dessin  scrupuleusement  précis. 

Je  reproduis  ici  ces  deux  figures,  réduites  de  moitié  [Fig.  1). 

II.  —  Description.  —  Le  Pas  de  Dieu  représente,  en  réalité,  une 
Cavité,  assez  profonde,  allongée,  creusée  dans  une  pierre,  et  pré- 
sentant, en  avant,  un  diverticule.  On  dirait  un  Gros  orteil  d'une 
Empreinte  plantaire  du  Pied  gauche  !  Ce  n'est  pas  exactement  ce  qu'a 
vu  le  peuple,  qui  a  conclu  au  Pied  droit,  avec  raison. 

L'intérieur  du  trou  est  très  irrégulier;  ilTésulte,  au  centre,  évidem- 
ment, d'une  désagrégation  de  la  roche. 

a)  Iravail  humain.  —  Mais,  en  examinant  avec  soin  les  bords  de 
la  cavité,  on  constate  d'abord  :  1°  que  la  pierre  a  été  cassée  ou  taillée 
ou  sciée  en  KK',  car  ce  point  correspond  à  un  joint  dans  la  maçon- 
nerie actuelle  de  la  Chapelle  du  Pas  de  Dieu,  et  qu'ici,  par  suite,  la 
gravure  est  un  peu  incomplète;  2°  qu'il  y  a  une  surface  polie,  pa- 
tinée,  très  nette,  indiscutable  au  talon,  puis  en  dedans  et  en  dehors, 
et  même  au  point  D  (Fig.  1  . 

Cette  surface  polie  est  en  contre-bas  de  la  face  supérieure  de  la 
pierre  de0'"020  au  talon,  de  0m015  à  l'union  du  talon  et  de  la  plante, 
et  de  0m010  de  ce  point  au  gros  orteil. 

Tout  ce  qui  est  au-dessous  du  niveau  de  0m10,  au  centre,  n'est 
plus  du  tout  poli,  mais  très  sinueux  et  irrégulier.  Les  creux  (c1  et  (?) 
et  rigoles  R,R\  R2,  R3),  et  même  les  seuils  (S1),  ne  remontant  pas  à 
0,nl()  au-dessous  de  la  surface,  ne  présentent  pas  la  moindre  trace  de 
Polissage.  Ils  serpentent,  de  ci  de  là,  avec  des  bosselures  et  des 
dépressions. 

Au  contraire,  deux  forts  seuils  (M1  et  M2  ,  situés  sur  le  bord 
externe  de  l'empreinte,  de  même  que  les  bordures  TK  et  PI  K1,  qui 
atteignent  ces  0m10,  sont  manifestement  polis,  mais  à  leur  sommet 
secl,  car  les  flancs  des  monticules  sont  irréguliers  (quelle  que  soit  la 
pente  et  les  courbes  de  fonds.  Ce  poli  est  exactement  le  même  que 
celui  du  talon  T),  de  la  plante  (côté  interne  PI),  et  du  gros  orteil,  D. 

De  plus  tous  les  bords,  a  pic,  de  la  cavité  (Fig.l,  n°  II),  sont,  eux 
aussi,  manifestement  polis  ;  mais  seulement  jusqu'à  0m010  de  pro- 
fondeur ;  au-dessous,  ils  sont  irréguliers,  sinueux  et  effrités,  à  peine 
patines. 

Déductions.  —  Il  résulte  de  là  que  nous  avons  affaire  ici  : 

1°  A  une  Gravure  pédiforme  de  l'Epoque  de  la  pierre  polie,  d'un 
Pied  gauche,  [en  réalité  :  Droit,  à  cause  de  l'Inversion],  obtenue  par 
Creusage,  et  ayant  subi  le  Polissage. 

2°  Que  la  partie  centrale  et  antérieure  s'est  altérée,  et  énormément 


326  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

creusée,  spontanément,  plus  tard,  par  désagrégation  de  la  roche 
[partout  où  le  Polissage  manque]. 

C'est  là,  exactement,  le  même  phénomène  oui  s'est  passé  pour  le 
Bassin  n°  I  de  la  Gravure  n°  I  de  la  Pierre  des  Amporelles,  à  l'Ile 
d'Yeu,  sauf  qu'en  Vendée  la  roche  est  du  granité  schisteux,  tandis 
qu'ici  elle  semble  de  nature  différente  (1). 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'insister  davantage  sur  cette  disposition  très 
curieuse,  très  facile  à  comprendre  aujourd'hui,  mais  qui,  évidem- 
ment, a  pu  jadis  dérouter  tous  les  chercheurs  ! 

III.  —  Caractères  anatomiquks  de  l'Empreinte.  —  a)  Dimensions. 
—  La  longueur  totale  de  la  plante  du  pied  est  de  0m310,  à  laquelle  il 
faut  ajouter  la  longueur  de  la  racine  de  l'orteil  D,  qui  persiste  (après 
la  cassure  KK'),  soit  0m030.  La  largeur  maximum  de  la  plante  est 
de  0m115.  Le  talon  a  0m085  et  même  0m090,  dans  la  partie  polie  la 
plus  large  qui  persiste.  —  La  profondeur  de  la  gravure  était  de  0m010 
à  la  plante  ;  de  0m020  au  talon,  avec  O^Olô  pour  la  partie  intermé- 
diaire. 

Le  talon  était  donc  un  peu  plus  creux,  comme  si  l'artiste  sculpteur 
avait  voulu  marquer  que  YEmpreinte  avait  été  très  forte  en  arrière, 
«  comme  si  le  talon  tombait  de  haut  sur  un  sol  mou  »  (2)  ! 

h)  Comparaisons.  —  Evidemment,  il  s'agit  là  d'un  très  grand  pied 

d'Homme,  et  d'un  pied  qui  semble  plus  grand  que  nature Mais  il 

ne  faut  pas  s'en  étonner. 

Il  y  a,  en  effet,  des  Gravures  pédiformes  sur  roches,  du  début  du 
Robenhausien,  indiscutables,  à  l'Ile  d'Yeu  (Vendée),  par  exemple, 
qui  atteignent  des  dimensions  plus  considérables  encore.  C'est  ainsi 
que  la  Gravure  du  Pied  de  La  Dévalée,  que  nous  avons  découverte 
en  1909,  atteint  une  longueur  de  0m340  [Fig.  2  ;  D)  (3).  D'autre  part» 
une  de  celles  de  la  Roche  aux  Fras  (Ile  d'Yeu)  atteint  0m280. 

Or  la  gravure.de  la  Dévalée  est  beaucoup  plus  fruste.  Il  n'y  a  pres- 
que pas  là  de  parties  polies  ;  elle  est  beaucoup  plus  profonde;  et  elle 
n'a  pas  d'orteils  !  D'autre  part,  elle  est  nettement  pédiforme,  malgré 
sa  plus  grande  ancienneté  [Nous  considérons,  en  effet,  les  Empreintes 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  La  Pierre  à  Bassins  et  à  Rigoles  des  Amporelles,  à  l'Ile 
d'Yeu  (Vendée).  —  Congrès  préhistorique  de  France,  Tours,  1910. —  Paris,  1911, 
[voir  p.  531  ;  fig.  6].  —  Tiré  à  part,  1811,  in-8". 

(2)  Ce  caractère  n'a  pas  été  sans  influer  sur  le  mode  à' invention  de  la  Légende, 
comme  nous  le  verrons.  —  C'est  celui  qui  se  prête  le  mieux  à  l'idée  à' Apparition 
d'une  Divinité  quelconque  (opposée  à  l'idée  à' Ascension  aux  cieux). 

A  la  «  Pierre  à  Mulot  »,  dans  les  Vosges,  le.  pied  droit  est  aussi  plus  profond 
au  talon.  —  Ce  caractère  est  fréquent. 

(3)  Voici  les  dimensions  de  ce  pied  :  Longueur  :  0,340  ;  Largeur  de  la  plante: 
0,108  ;  Largeur  du  talon  :  0,90  ;  Profondeur  :  au  moins  0,025  à  0,030.—  On  voit  que 
les  dimensions  concordent  presque. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISB  327 

à  orteils  et  bien  polies  comme  un  peu  plus  récentes   que   celles  sans 
orteils:  ce  qui  est  assez  logique  au  demeurant]. 

Il  ne  faut  pas  s'étonner  de  ces  dimensions  du  pied,  qui  paraîtront 
exagérées  à  beaucoup.  En  effet,  le  Géant  russe,  Machnow,  toujours 
vivant,  qui,  à  25  ans,  avait  une  taille  de  2ra85,  a  un  pied  atteignant 
0m510  de  largeur!  On  voit  par  là  qu'un  pied  d'Homme  néolithique, 
exceptionnel  il  est  vrai  pouvait  très  bien  avoir  0m320,  même  sans 
sandale,  et  complètement  nu..-. 

De  plus,  on  a  découvert  jadis,  dans  l'Amérique  du  Nord,  des 
Empreintes  sur  sol  de  Pieds  humains,  chaussés  de  sandales  (1);  et  on 
a  constaté  en  moyenne  les  dimensions  suivantes,  pour  ces  pieds 
préhistoriques  :  Longueur  maximum  :  0m470;  Largeur  maximum  : 
0m200  ;  Largeur  (minima  ou  du  talon)  :  0m150  On  a  même  noté  des 
pieds  de  21  pouces  de  long,  c'est-à-dire  de  0m520,  comme  chez 
Machnow  ! 

Je  sais  bien  que  M.  de  Nadailhac  (2)  s'est  appuyé  sur  ces  dimensions 
même  pour  nier  ces  empreintes,  de  même  que  la  courbe  prononcée 
qu'elles  présentent-  Mais  les  savants  américains  ont  maintenu  leurs 
dires  ;  et,  vraiment,  il  est  difficile  de  les  récuser.  Et  il  suffit,  pour 
s'entendre,  d'admettre  que  les  sandales  étaient  un  peu  plus  longues 
que  le  pied  lui-même. 

Or,  on  pourrait  supposer — à  la  rigueur — que  la  plante  du  pied  du 
Pas  de  Dieu  est  la  représentation  sur  rocher  de  la  face  inférieure 
d'une  large  sandale,  chaussant  un  pied  d'homme,  et  dont  le  gros  or- 
teil aurait  fait  saillie  au  dehors  (Même  hypothèse  pour  le  Pied  de  la 
Pierre  à  Mulot,  des  Vosges). 

c)  Indices.—  Si  l'on  calcule  les  indices  de  cette  gravure,  on  obtient  : 

a)  Indice  soléo-podalique  :  115  X  100  :  310  =  37,09. 

b)  Indice  talo-podalique  :  90  X  100  :  310  =27,12. 

c  Indice  moyen  de  profondeur  :  15  X  100  :  310  ==  13.04. 

Or,  si  l'on  rapproche  ces  indices  de  ceux  d'un  pied  d'Homme  nor- 
mal, on  constate  qu'il  y  a  presque  identité,  puisque  un  pied  actuel 
donne  respectivement  :  37.50  (au  lieu  de  37,09)  (3);  et  28,75  (au  lieu 
de  27,12). —  Il  s'agit  donc  bien  d'une  gravure  de  Pied  d'Homme  (4). 

(1)  On  les  a  rapprochées  des  huaraches,  sandales  en  cuir  des  Indiens  du  Mexique, 
plus  longues  que  le  pied  ! 

(2)  M.  de  Nadailhac.  —  Empreintes  de  pieds  humains  découvertes  dans  une 
carrière  de  Cardas  (Sevada/. —  Mat.  p.  ÏHist.  de  l'Homme,  1882. 

(3)  La  Femme  peut  descendre  à  36. 

(4)  Il  n'y  aurait  rien  d'impossible  à  ce  que  sur  le  Rocher  d'origine  ou  sur  l'élé- 
ment mégalithique  (provenant  d'ailleurs  de  ce  rocher),  il  y  ait  eu  deux  pieds  de 
gravés  :  un  droit  et  un  gauche,  c'est-à-dire  une  paire  de  pieds,  comme  à  La 
a  Pierre  à  Mulot  (des  Vosges).  —  Le  deuxième  pied  [celui  de  droite]  aurait  alors 
disparu,  soit  à  l'époque  de  la  construction  du  Dolmen,  soit  à  l'époque  de  la  confec- 
tion de  Dalle  [c'est-à-dire  au  Moyen  Age]. 


328  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

d)  Gros  orteil.  —  On  discutera  peut-être  aussi  notre  interpré- 
tation de  gros  orteil,  pour  la  partie  delà  gravure,  cassée  en  D. —  Mais 
ce  serait  bien  inutile  : 

a)  Parce  que  le  Peuple,  qui  sait  ce  qu'il  dit,  y  a  très  bien  reconnu  le 
gros  orteil . 

b)  Parce  que  les  Préhistoriens  savent  que,  dans  les  Vosges,  il  y  a 
des  Plantes  de  pied  [là-bas  les  deux  pieds  sont  représentés  :  donc  pas 
de  discussion  possible  !],où  l'on  voit  des  gros  Orteils  analogues  [Nous 
possédons  un  moulage  d'une  telle  gravure  [Fig.  2;  V),  exécuté  d'après 
les  moulages  mêmes  de  F.  Voulot  [qui  sont  au  Musée  de  Genève]  (1). 

La  largeur  de  cet  orteil  est  ici  de  0m040  ;  la  longueur  est  inconnue 
(fracture  du  rocher  d'origine  (2),  lors  de  la  fabrication  de  la  Dalle  de 
la  cellule  de  Sainte-Radegonde)  ;  sa  profondeur  était  de  0m010. 

IV-  —  Pétrographie. —  Dans  les  conditions  où  se  trouve  la  gra- 
vure, il  est,  bien  entendu,  impossible  de  prendre  un  échantillon  de 
la  Roche. 

Nous  avions  prié  notre  ami  d'examiner  de  très  près  la  dite  gravure, 
lorsqu'il  en  prit  le  moulage  ;  puis  de  rechercher  à  Poitiers  un  frag- 
ment de  pierre  exactement  semblable;  et,  enfin,  de  nous  l'envoyer 
pour  détermination.  —  Malheureusement,  ce  document  n'a  pu  nous 
être  remis  encore.  — Si  bien  qu'il  nous  est  impossible  de  donner  la 
nature  exacte  de  la  Roche  gravée. 

On  a  vu  plus  haut  que  E.  de  Fleury  y  voit  du  granité;  mais  cette 
détermination  doit  être  inexacte,  pour  la  raison  qu'on  lira  plus 
loin. 

J'incline  à  penser,  jusqu'à  nouvel  ordre,  que  la  pierre  est  un  Cal- 
caire Jurassique,  assez  dur  et  résistant,  mais  pourtant  assez  friable 
pour  avoir  subi  les  altérations  ci- dessus  mentionnées. 

V. —  Géologie.— Nous  avons  essayé  :  1°  de  retrouver  la  carrière  où 
les  matériaux  avaient  été  pris  pour  construire  le  Monastère  primitif; 

Ce  qui  m'a  fait  songer  à  cette  hypothèse,  c'est  que,  d'ordinaire,  les  pieds  de 
cette  forme  [à  gros  orteil  très  marqué  et  détaché]  se  rencontrent  d'ordinaire  par 
paire  et  non  isolé.  — Mais  il  faut  dire,  d'autre  part,  que  les  pieds  gauches  [en  ap- 
parence] se  voient  souvent  isolés.  Il  est  donc  impossible  de  conclure  d'une  façon 
ferme. 

(1)  Les  dimensions  du  pied  gauche  de  la  Pierre  à  Mulol  sont  les  suivantes  :  260 
X  90  X  75-  —  Mais  sur  ce  P'ec*  l'orteil  est  Peu  détache. 

Les  dimensions  du  Pied  droit  [apparence,  bien  entendu]  sont  plus  fortes  [270 
X  90  X  801-  —  Les  Indices  moyens  sont  par  suite  :  33.97  [33.33  +  34.61  :  2]  et 
29.33  [29.63  +  28.84  :  2] . 

Cet  indice  33.97  [=  34]  s'éloigne  plus  de  l'Indice  réel  [37.50]  que  celui  du  Pas  de 
Dieu  [37.09],  et  cela  de  plus  de  3  points. —  Or,  pourtant,  la  paire  de  pieds  est  ici 
évidente  !  —  Il  faut  en  conclure  qu'au  Pas  de  Dieu  il  s'agit  bien  d'un  Pied. 

(2)  La  longueur  de  X orteil  du  pied  droit  (très  net)  de  la  Pierre  à  Mulot  n'est  que 
0,025  pour  0,270;  soit  10/100  environ.  Au  :  as  de  Dieu,  elle  est  de  0,040  pour  0,310, 
proportion  presque  analogue  (8/100).  —  Cela  montre  que  la  Cassure  de  la  roche 
en  ce  point  correspond,  en  somme,  au  sommet  même  de  l'orteil. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  329 

2°  de  savoir  si,  sur  les  Rochers  actuels  y  correspondant,  il  persistait 
encore  des  Gravures  sur  Rochers. 

a  .  Voici  ce  que  nous  avons  appris  de  M.  le  Pr  J.  Welsch,  professeur 
de  Géologie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Poitiers,  qui  a  bien  voulu 
nous  écrire  ce  qui  suit,  en  ce  qui  concerne  la  première  question. 

a  1°  Autrelois,  à  Poitiers,  on  a  exploité,  pour  les  constructions,  les 
Calcaires  à  silex  du  Jurassique  moyen  (Bajocien  et  Bathonien),  qui 
occupent  les  pentes  et  les  escarpements  des  vallées  du  Clain  et  de  la 
Boivre,    à   Poitiers  même     pas   de   route    pour    aller   plus    loin]. 

Autour  du  Monastère  de  Sainte-Croix  mais  non  pas  de  Sainte  Ra- 
degonde),  il  y  a  des  trous  et  excavations,  à  ce  niveau  géologique,  qui 
ont  très  certainement  donné  la  pierre  aux  ouvriers  de  Sainte-Rade- 
gonde. 

Les  auteurs  religieux  se  trompent,  en  parlant  de  granité  ;  le  terme 
veut  dire  «  roche  dure»,  pour  le  vulgaire. 

2°  Il  n'y  a  pas  de  granité  à  Poitiers,  ni  à  la  Pierre  Levée;  mais  il  y 
a  un  affleurement,  à  8  kilomètres  au  sud  de  la  ville,  à  Ligugé,  et,  au 
sud,  sur  les  deux  bois  de  Clain  [granité,  avec  granulite  schisteuse,  et 
porphyroïde,  résultant  de  granité  métamorphique]  (1  .  Ces  roches 
n'ont  pas  été  exploitées  pour  Poitiers  ;  je  n'en  ai  jamais  vu  sur  un 
mur  quelconque  ». 

b).  On  n'a  jamais  encore  cité  de  Cupules,  etc.,  aux  environs  de 
Poitiers. 

Conclusions.  —  Nous  nous  sommes  borné  ici,  pour  ne  pas 
allonger  cette  note,  à  établir  qu'il  s'agit  bien  là  :  1°  d'une  Empreinte 
pédiforme  ;  2°  d'une  Gravure  sur  rocher  véritable  [Travail  humain  : 
Entaille;  Polissage];  3°  et  d'une  œuvre  artistique,  datant  de  la  fin  du 
Robenhausien,  mais  probablement  antérieur  au  Mégalithisme. 

C'est  tout  ce  que  nous  voulions  démontrer,  aujourd'hui,  pour  le 
Pas  de  Dieu  (2). 


III.  —   Légende    et  Pèlerinage. 

Origine  de  la  Légende.  —  Comment  a  pu  prendre  naissance  la 
Légende,  étant  donné  ce  que  nous  savons  après  l'étude  scientifique 
précédente  de  ladite  empreinte,  et  les  autres  faits  analogues  connus? 

Evidemment,  de  la  façon  suivante  : 

1°  Quand  on  a  construit  la  Cellule  de  sainte  Radegonde,  dans  le 
Monastère  qu'elle  avait  londé  vers  550-60,  on  y  a  placé  un  Dallage, 
avec  des  dalles  de  Calcaire. 

(Il  II  n  y  a  pas  d'autre  affleurement  que  celui  indiqué  sur  la  feuille  de  Poitiers; 
et  le  granité  (non  indiqué)  existe  à  l'extrémité  méridionale. 

(2)  Ce  n'est  pas,  d'ailleurs,  le  lieu  d'expliquer  ces  Gravures,  car  cela  nous  entraî- 
nerait beaucoup  trop  loin.  —  Nous  y  reviendrons  plus  tard. 


330  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

2°  Cette  dalle  avait  été  prise,  soit  dans  une  carrière  de  Calcaire, 
voisine,  à  Poitiers,  où  il  y  avait  des  Gravures  sur  Roches  de  l'Epoque 
néolithique,  et  en  particulier  une  Empreinte  pédiforme;  soit  dans  un 
Dolmen,  présentant  de  telles  gravures. 

3°  Cette  dalle,  portant  à  sa  face  superficielle  l'empreinte  (la  supé- 
rieure sur  le  Rocher),  fut  placée  dans  un  coin  de  la  cellule. 

4°  Pour  une  raison  quelconque,  c'est  à  cet  endroit  précis  que  pria 
Sainte-Radegonde,  le  jour  de  1' Apparition. 

5°  L'Apparition  eut  lieu  évidemment  pendant  une  période  d'Extase, 
dans  des  conditions  bien  connues  des  médecins  s'occupant  des  Ma- 
ladies NERVEUSES. 

6°  A  son  réveil,  Sainte-Radegonde  se  rappela  sa  Vision,  d'une 
part,  et  la  raconta  ;  d'autre  part,  elle-même  ou  les  personnes  de  son 
entourage  remarquèrent  alors  la  cavité,  près  de  laquelle  elle  s'était 
agenouillée,  et  furent  frappés  de  sa  forme,  insolite  et  spéciale  (1). 

7°  Immédiatement  un  rapprochement  se  fit  dans  leur  esprit. 
Jésus-Christ  avait  voulu  laisser  la  trace  de  son  Apparition,  et  avait 
enfoncé  son  pied  dans  le  «  granit  »,  comme  dans  une  cire  molle.  — 
D'où  :  Miracle  ! 

8°  Dès  lors,  l'Empreinte  pédiforme  devint  miraculeuse  (1)  et  fut 
Christianisée  (Chapelle  ;  Culte  spécial,  etc.). 

(1)  Beaucoup  de  miracles  de  même  ordre  sont  connus.  Dans  un  ordre  d'idées 
différent  de  celui  des  Empreintes  pédiformes,  on  peut  citer  le  Miracle  de  Sainl- 
Aubert,  dans  lequel  Saint-Michel,  enfonçant  son  doigt  (cette  fois)  dans  le  crâne  du 
Saint,  comme  dans  de  la  cire  molle  [quoiqu'un  os  soit  moins  dur  que  la  pierre],  y  fit 
un  trou,  qui  n'est  pas  autre  chose  qu'une  Trépanation  néolithique  guérie.  C'est  là 
la  même  idée  sous  une  autre  forme  [Marcel  Baudouin.  Une  trépanation  préhis- 
torique sur  un  crâne  considéré  à  tort  comme  celui  d'un  homme  moderne.  —  Arch. 
prov.  de  Chirurgie,  Paris,  1911,  février,  n»  2,  p.  81-89,  2   Fig.]. 

(1)  Les  Miracles  de  Sainte-Radegonde,  dont  voici  les  principaux,  sont  tous  du 
ressort  de  la  Pathologie  nerveuse  [Voir  les  travaux  de  l'Ecole  de  Charcot]. 

Ie  Femme,  riche,  aveugle.  Attouchement,  r/uérison.  [Femme  atteinte  d'Hystérie  et 
A' Amaurose  ;  influence  de  la  Suggestion]. 

2°  Religieuse  d'un  monastère;  ne  peut  pas  faire  un  pas. —  Rain  chaud  ;  attouche- 
ment. [Femme  atteinte  d'Hystérie  et  de  Paraplégie].  —   Sort  seule  du  Rain,  guérie- 

3e  Femme  d'un  charpentier,  possédée  du  Démon.  [Femme  atteinte  d'Hysléro- 
épilepsie]. 

4°  Un  arbre  [un  Laurier  planté]  ne  grandit  pas  ;  puis,  tout  à  coup,  il  pousse. 
[Explication  aisée,  non  médicale], 

5°  Femme  ;  une  Religieuse,  qui  a  perdu  la  vue.  —  Une  application  d'un  sachet  la 
guérit  [Amaurose], 

6°  Une  Religieuse  paraît  hydropique  [Ce  n'est  qu'une  Hystérique.  Rationnement 
du  ventre  spécial].  Disparition  subite. 

7°  Vin  d'un  baril,  qui  ne  se  vidait  jamais.  [Explication  facile,  non  médicale]. 

8e  Une  Femme,  en  état  de  mort  apparente. —  Elle  se  lève  tout  à  coup  [Explication 
classique]. 

Il  est  probable  que  Sainte-Radegonde,  femme  très  intelligente  (ancienne  Reine 
de  France)  diagnostiquait  l'Hystérie  chez  les  malades,  avant  d'agir  ! 

Elle  a,  évidemment,  sauvé  bien  des  personnes,  caria  Foi  guérit  vraiment. 

D'ailleurs,  les  travaux  récents,  basés  sur  les  fouilles  des  Sanctuaires  médicaux 
(Temples   d'Esculape)  de  la    Grèce  {Œsculapc,  1911,  n°  5,  p.  103)  prouve  que,  dès 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  334 

Il  est  évident,  en  effet,  que  l'Empreinte  du  Pied  existait  antérieure- 
ment à  la  construction  du  Monastère  de  Sainte-Croix  (1),  [fondé  au 
vie  siècle  (vers  550)  par  Radegonde]  sur  la  dalle  de  sa  cellule  (2)  ! 
C'était  une  Gravure  sur  Rocher,  néolithique  comme  les  autres, 
correspondant,  soit  à  un  Mégalithe,  soit  à  un  bloc  de  Rocher  fixe, 
qui  tut  détaché  d'une  carrière  (lors  de  l'édification  du  Monument), 
là  où  l'on  prit  la  pierre  de  construction  (3)  ;  puis  transformé  en 
dalle  de  pavage  de  la  cellule.  Tout  à  coup,  à  un  moment  donné,  — 
sans  doute,  du  temps  même  de  Sainte  Radegonde  (4  —  on  découvrit 
cette  empreinte  ;  et  on  l'attribua  immédiatement  à  une  intervention 
miraculeuse,  c'est-à-dire  divine.  Ce  ne  pouvait  être  que  l'empreinte 
du  Pied  de  Dieu,  descendu  des  Cieux,  pour  venir  se  montrer  à  Sainte 
Radegonde,  d'autant  plus  qu'elle  est  fort  grande. 

De  là  est  venue  l'idée  de  l'Apparition  de  Jésus-Christ  à  Sainte- 
Radegonde  ;  de  là  les  deux  statues  coloriées,  les  représentant  encore 
dans  l'Eglise  actuelle  ;  de  là  le  nom  de  Pas  de  Dieu  ! 

Pèlerinage.  —  Sainte-Radegonde  est  toujours  la  protectrice  de 
Poitiers.  Chaque  année,  à  l'époque  de  sa  fête  (13  août  et  jours  sui- 
vants', les  habitants  des  campagnes  viennent  à  Poitiers,  pour  offrir 
leurs  prières  à  la  Sainte,  accompagnés  de  leurs  enfants  !  —  En  effet, 
ceux  quon  fait  passer  sous  son  Tombeau  doivent  être  préservés  de  tout 
danger  et  de  toute  maladie. 

Rapport  du  Pèlerinage  et  du  Pas  de  Dieu.  —  Il  n'est  pas  du 
tout  certain  que  cette  coutume  de  passer  sous  un  Tombeau,  qui  se  ratta- 
che au  Culte  des  Pierres,  et  surtout  aux  Dolmens  (5),  comme  l'a  bien 
démontré  H.  Gaidoz  dès  1882,  se  rapporte  à  l'Empreinte  du  Pas  de 
Dieu  elle-même. 

Et  il  n'y  a,  à  mon  sens,  qu'un  moyen  d'expliquer  ces  deux  faits, 
évidemment  connexes  :  c'est  de  supposer  que  la  Dalle  de  la  Cellule  de 
Sainte   Radegonde  provient,    non  pas  d'un  Rocher  fixe,  mais  d'un 


cette  époque,  on  opérait  de  la  même  façon  !  Presque  toujours  —  les  Inscriptions  le 
disent,  —  les  malades  avaient  un  Songe  \Sommeil  hypnotique],  et,  une  fois  réveillés, 
ils  étaient  guéris,  tout  comme  à  l'heure  présente  dans  les  centres  miraculeux. 

(1)  Ce  Monastère  est  devenu  l'Evèché,  pour  la  partie  abbatiale,  c'est-à-dire  celle 
réservée  à  Radegonde,  l'abbesse. 

(2)  Une  petite  Chapelle  fut  bâtie  plus  tard  sur  l'emplacement  de  cette  Cellule  ; 
elle  se  trouvait  «  dans  la  partie  des  jardins  de  l'Evèché  que  la  nouvelle  rue  des 
Ponts-Neufs  a  séparé  »  [Chapelle  du  Pas  de  Dieu]. 

13)  Ce  qui  explique  la  construction  d'une  Chapelle  spéciale  sur  la  dite  Cellule 
de  Hadeçonde.  —  Il  y  a  souvent  des  Monuments  religieux  dans  les  endroits  où  il 
y  a  des  Gravures  sur  Rochers. 

(4)  On  verra  plus  loin  que  nous  choisissons  l'hypothèse  de  Mégalithe. 

(5)  Par  superposition  de  culte  ou  transport  de  coutume  d'un  monument  à  un 
autre.  —  Les  exemples  sont  fréquents  ;  par  exemple  :  Tombeau  de  Sainte-Clotilde, 
en  Normandie. 


332  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

pilier  ou  d'une  table  de  Dolmen,  ayant,  sur  sa  face  primitivement 
supérieure,  une  Empreinte  de  pied  [comme  au  Dolmen  de  Gatine,  à 
l'Ile  d'Yeu;  à  l'Allée  couverte  de  Commequiers  (Vendée)  ;  etc.]. 

Dans  ces  conditions,  on  peut  admettre  :  soit  qu'il  a  existé  un  Dolmen 
à  l'endroit  où  sainte  Radegonde  fit  construire  son  Monastère  (ce  qui 
n'aurait  rien  d'extraordinaire  et  se  voyait  souvent  vers  550  après 
Jésus-Christ)  ;  soit  que  cette  dalle  provienne  d'un  pilier  du  fameux 
Dolmen  de  la  Pierre  Levée  de  Poitiers,  situé  sur  la  rive  opposée  du 
Clain),  c'est-à-dire  sur  un  coteau  voisin  à  l'Est  (1). 

Cette  seconde  hypothèse  pourrait  être  la  bonne,  puisque,  d'après 
la  Légende,  ce  monument  célèbre  est  un  présent  de  Sainte-Radegonde, 
et  qu'on  raconte  que  la  sainte  portait  précisément  la  pierre,  sur  sa 
tête,  et  les  Piliers  dans  son  tablier  de  mousseline,  quand  l'un  d'eux 
tomba  par  terre,  et  fut  immédiatement  emporté  par  le  Diable. 

En  tout  cas,  il  semble  qu'un  rapport  réel  existe  entre  des  Dolmens 
et  Sainte-Radegonde,  qu'il  s'agisse  du  monument  situé  sur  la  rive  Est, 
ou,  à  la  rigueur,  d'un  autre  détruit  sur  la  rive  Ouest  du  Clain,  et 
jadis  situé  à  la  place  du  monastère. 

Conclusions.  —  Les  réflexions  précédentes  montrent  les  rapports 
du  Pas  de  Dieu  avec  la  Médecine  populaire  et  les  Superstitions  médi- 
cales, puisque  le  Pèlerinage,  qui  y  a  lieu  encore,  a  pour  but  surtout 
d'obtenir  la  guérison  des  enfants. 

Certes,  le  peuple  a  tout  mélangé  :  Empreinte  pédiforme,  dite 
miraculeuse  (en  réalité  néolithique)  ;  Dolmen  voisin  (d'où  elle  prove- 
nait sans  doute)  ;  Tombeau  de  Sainte-Radegonde  (on  sait  que  les 
Dolmens  sont  des  tombeaux)  ;  tout  cela  pour  s'efforcer  de  trouver  un 
remède  aux  Maladies  des  Enfants,  grâce  à  l'intervention  d'une  Divi- 
nité. —  Mais  la  Préhistoire  est  intervenue  ;  et  elle  a  jeté  subitement 
une  manifeste  clarté  scientifique  sur  cette  affaire,  au  premier  abord 
indéchiffrable  !  —  Le  problème  est  désormais  résolu. 

M.  L.  Jacquot  (Grenoble).  —  Les  pierres  à  sculptures  ne  présen- 
tent pas  seulement  des  cupules,  des  écuelles  ou  des  bassins  et  des 
traits,  qui  nous  ont  paru  tantôt  de  véritables  caractères  alphabétiques, 
tantôt  des  signes  de  numération,  ou  peut-être  de  mystérieux  points  de 
repère  pour  les  voyageurs.  Le  Congrès  de  Chambéry  nous  a  montré 
qu'un  type  de  gravure  rupestre,  très  fréquent  en  France  et  en  Suisse, 
était  la  représentation  du  Pied  humain.  A  la  suite  de  ces  communica- 
tions, j'ai  feuilleté  nombre  d'ouvrages,  tant  français  qu'étrangers,  et 
j'ai  pu  noter  la  présence  de  (h-avures  pédiformes  sur  toute  la  surface  de 
l'ancien  monde.  Après  avoir  rappelé  pour  mémoire  le  Pied  d'Adam 
(sur  le  pic  d'Adam,  à  Ceylan),  et  le  Pied  de  Boudha  (dans  le  péri- 

(1)  Ne  pas  oublier  qu'on  a  continué  à  graver  sur  sa  table  des  inscriptions 
variées  ! 


SOCfÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  333 

mètre  du  temple  du  mont  Ihràbal,  au  Laos),  je  me  suis  souvenu  avoir 
lu  autrefois. dans  un  des  volumes  de  la  Société  de  Géographie  d'Oran, 
si  je  ne  fais  erreur,  qu'aux  environs  d'Ain  Sefra  il  y  aurait  un  rocher, 
portant  aussi  une  gravure  pédiforme.  J'ai  vainement  demandé  au 
cercle  des  officiers  de  cette  garnison  de  me  fournir  quelques  indica- 
tions sur  la  pierre  en  question  ;  il  ne  m'a  pas  été  fait  plus  de  réponse 
que  pour  la  roche  dite  du  Pied  du  Roi.  qui  se  trouverait  dans  la 
forêt  de  Fontainebleau. 

Enfin,  voici  ce  que  je  lis  dans  le  Tome  II  du  bel  ouvrage  de 
M.  Mouliéras,  intitulé  Le  Maroc  Inconnu  (p.  758)  :  «  Tribu  des  Béni 
H'assan,  fraction  des  Beni-Leit,  montagne  du  Djebel  Bou  Hachem. 
—  Moulaye  Abd-es-Selam,  patron  du  Djebala,...  faisait  des  pas  de 
10  à  15  kilomètres  chacun...  Un  jour,  son  pied  droit  vint  se  poser 
sur  un  rocher  de  la  forêt  de  Taïnza.  L  empreinte  qu  il  g  laissa  est 
nette,  caractéristique,  profonde  de  0m08  environ;  le  Pied,  admirable- 
ment dessiné,  a  ses  contours  ;  et  ses  cinq  doigts  puissamment  imprimés 
dans  le  roc.  La  superstition  populaire  a  élevé  autour  de  cette  petite 
excavation  un  modeste  enclos  de  pierres  sèches,  qui  est  devenu  le  but 
de  nombreux  Pèlerinages.  »     ■ 

M.  Mouliéras  ne  se  doutait  pas.  en  écrivant  son  livre,  qu'il  allait 
fournir  un  curieux  document  à  la  Préhistoire.  C'est  là  la  preuve 
qu'un  géographe  ni  un  ethnographe  ne  doivent  jamais  négliger  aucun 
détail,  car  ce  qui  indiffère  à  l'un  peut  être  d'une  grande  utilité  à 
l'autre.  Mais  quelle  est  donc  la  signification  de  ce  Pied,  qu'on  ren- 
contre sur  toute  la  surface  du  globe  ?  Est-il  un  souvenir,  une  marque 
tangible  du  passage  des  premières  hordes  nomades,  venues  d'Asie 
pour  envahir  l'Europe  ?  Que  les  Français  qui  seront  appelés  à  étudier 
plus  tard  le  Maroc  veuillent  bien  recueillir  ou  signaler  tous  les 
documents  de  ce  genre  ! 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Si  notre  collègue,  M.  Jacquot,  avait  pu 
prendre  connaissance  du  formidable  dossier  que  j'ai  pu  réunir  sur  les 
Gruvures  pédiformes,  son  étonnement  serait  moins  grand  (1).  Il  y  a 
longtemps  que  j'ai  dit  que  les  «  Pieds  humains  »  se  rencontraient 
aussi  bien  dans  1  Amérique  Centrale,  Y  Amérique  du  Sud,  et  YOcéanie 
qu'en  Asie,  en  Afrique,  et  en  Europe  !  Il  y  en  a  partout  ..  C'est  donc 
l'expression  universelle  d'une  phase  de  la  Mentalité  humaine,  à  un 
moment  donné,  correspondant  à  un  certain  développement  des  cir- 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Pied  du  Diable.  Int.  Cherch.  et  Cur.,  1903,  30  octobre, 
p.  617;  20déc,  p.  941. —  Moulages  de  Gravures  (Pieds),  découvertes  à  l'Ile  dieu 
(Vendée).  C.  R.  Acad.  des  sciences,  Paris,  1909,  1"  janv.,  CXLVIII,  407, 
15  février,  p.  442-444.  —  Découverte  et  moulage  d'un  Pied  humain  sculpté  sur  une 
table  d'allée  couverte  [Mégalithe  de  Gatine,  Ile  d'Yeu,  F.).  A.  F.  A.  S.,  Congrès  de 
Lille,  1909.  Rés.   des  Trav.,  Paris,  1909,  in-8°,  p.  142. 


334  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

convolutions  cérébrales  !  Et  voilà  où  interviennent  encore  l'Anato- 
mie,  la  Physiologie  et  l'Embryologie,  que  détestent  tant  les  Archéo- 
logues officiels.... 

Mais  je  ne  veux  pas  aujourd'hui  discuter  la  signification  des  dits 
Pieds,  quoique  ma  théorie  soit  établie  depuis  trois  ans.  Je  me  borne 
à  renvoyer  mon  collègue  à  mes  publications  sur  les  Gravures  de 
Sabots  a"Equidés(l),  qui  sont  aussi  universelles  que  les  Pieds  humains, 
et  qui  ont  une  signification  analogue  (2).  J'ajoute  seulement  que  je 
n'admets  ni  YImportation  de  l'Idée  (elle  a  germé  partout  dans  des 
conditions  anatomiques  précises,  mais  non  dans  le  même  temps),  ni 
l'hypothèse  qu'il  propose  {traces  de  passage),  au  moins  pour  les  Gra- 
vures préhistoriques  (Néolithique,  Cuivre  et  Bronze),  si  cette  dernière 
opinion  peut  être  soutenue,  pour  l'époque  moderne  et  les  Gravures 
de  Fers  de  chevaux  en  particulier. 


Note  sur  une  pendeloque  néolithique 
trouvée  à  Liglet  .Vienne). 

Par  le  D' 

Louis  GOBILLOT  (La  Trimouille,  Vienne). 

Au  cours  du  VIe  Congrès  préhistorique  de  France,  j'ai 
exposé,  au  Musée  de  Plessis-lès-Tours,  dans  l'une  des  vitrines  qui 
furent  si  aimablement  mises  à  la  disposition  des  collectionneurs 
par  le  Docteur  Ghaumier,  une  pièce  au  sujet  de  laquelle  je  désire 
faire  une  communication  à  la  Société  Préhistorique  française. 

Il  s'agit,  en  l'espèce,  d'une  petite  pièce  trouée,  de  forme  un  peu 
spéciale,  appartenant  très  certainement  à  l'industrie  néolithique 
du  Montmorillonnais  ;  elle  provient  de  Glandonp  station  intéres- 
sante, située  dans  la  commune  de  Liglet,  canton  de  la  Trimouille, 
arrondissement  de  Montmorillon,  non  loin  de  la  rivière  de 
Benaise  (Fig.  1). 

La  rareté  des  pièces  forées,  dans  ce  qu'il  m'a  été  donné  de  voir 
depuis  quinze  années  de  l'industrie  néolithique  régionale,  la 
rareté  parallèle  de  ces  mêmes  pièces  dans  les  collections  de  Tou- 
raine,  exposées  à  l'occasion  du  vie  Congrès,  me  lait  croire  que 
cette  communication  pourra  présenter  un  certain  intérêt. 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Découverte  d'une  Gravure  de  Sabot  de  Cheval  de  l'épo- 
que néolithique  sur  le  Rocher  du  Grand  Chiron,  à  l'Ile  d'Yeu  (Vendée).  —  Bull.  Soc. 
Préh.  de  France,  Paris,  1909,  VI,  27  mai,  n«  5,  238-260,  6  fig.,  1  pi.  hors  texte. 

(2)  Marcel  Baudouin  et  A.  Gousset.  —  Découverte  de  Gravures  de  Sabots  d'Equi- 
dés  sur  rocher,  au  Pas  du  Roi,  à  Saint-Just  (Ch.-Inf.).  —  VIIe  Congrès  préhist.  de 
France,  Tours,  1910.  Paris,  1911  [Voir  p.  572]. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


335 


La  forme  générale  de  l'objet  en  question  rappellerait  un  tronc 
de  pyramide,  si  l'une  de  ses  faces,    au  lieu  d'être  plane,  n'était 


Ftg.  1.  —  Pendeloque|  Néolithique  de  Liglet  (Vienne).  —  Légende  :  I;  L  D,  Face  laté- 
rale droite  ;  —  A,  Face  antérieure;  —  II,  Autre  Face  ;  —  III,  Autre  Face  ;  —  P  Face 
postérieure  ;  -  IV,  Vue  de  trois  quart  ;  -  M,  Mackûres.  —  Échelle  :  Grand,   nat. 


336  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

convexe.  Pour  la  description  on  peut  lui  considérer  six  faces  : 
une  face  antérieure  convexe  ;  une  postérieure  plane  ;  deux  faces 
latérales  planes,  trouées  à  leur  partie  supérieure  ;  une  face  supé- 
rieure et  une  face  inférieure. 

Les  bords  sont  mousses  et  arrondis  par  le  polissage,  à  l'excep- 
tion des  bords  droit  et  gauche  de  la  face  postérieure,  qui  présen- 
tent une  arête  plus  saillante  et  un  angle  presque  droit. 

L'objet  pèse  132  grammes;  son  volume  est  très  approximati- 
vement de  50emc  ;  sa  densité,  déduite  de  la  formule  D  =  ~  est 
égale  à  4m64.  Il  présente  les  dimensions  suivantes  : 

Longueur  :  0ra065  millimètres. 

ii    à  sa  plus  grosse  extrémité  0m029  millimètres, 
o         ^    à  sa   plus  petite  extrémité  0,n021  millimètres. 

Epaisseur  :  0ra035  millimètres. 

Les  diverses  faces  présentant  des  particularités  sont  : 

1°  Les  deux  faces  latérales,  trouées  comme  je  l'ai  dit  plus  haut 
à  leur  partie  supérieure,  représentant  les  caractères  très  nets  du 
forage  intentionnel  :  forage  à  l'archet  très  probablement. 

Les  deux  trous  ressemblent  à  deux  troncs  de  cônes  opposés 
par  leurs  sommets,  et  la  trace  de  stries  circulaires  est  encore 
visible  dans  la  roche  constituante. 

La  face  antérieure  convexe  présente  des  stries  parallèles  et 
légèrement  obliques  de  gauche  à  droite. 

La  face  postérieure  présente  des  stries  verticales  dans  la  moi- 
tié supérieure  et  une  excavation  peu  profonde,  à  bords  irréguliers 
dans  la  moitié  inférieure  :  cette  excavation  semble  un  accident 
de  fabrication,  ou  une  défectuosité  résultant  d'un  polissage  incom- 
plet ;  stries  et  excavation  sont  parfaitement  visibles  sur  la  photo- 
gravure ci-jointe  {Fig.   1). 

La  face  supérieure  porte  quelques  éraillures  légères  ;  enfin  la 
face  inférieure  porte  des  stries  parallèles  rectilignes  plus  pro- 
fondes qui  s'accentuent,  au  niveau  du  bord  antérieur,  en  une  sorte 
de  mâchure,  d'écrasement  donnant  à  la  roche  une  coloration 
blanchâtre  spéciale. 

Ces  diverses  particularités  sont  visibles  sur  les  aquarelles 
jointes  à  ma  communication.  La  pièce  a  une  coloration  générale 
brun  verdâtre  ;  fraîchement  lavée  la  coloration  des  parties 
vertes  devient  plus  nette  ;  l'aspect  général  en  est  assez  joli. 

Il  est  assez  difficile  de  définir  sa  composition  minéralogique 
par  un  simple  examen  macroscopique,  car  autant  celui-ci  est 
facilité  par  une  cassure  fraîche,  autant  il  est  gêné  par  un  polis- 
sage datant  de  plusieurs  milliers  d'années. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  337 

La  roche  n'est  pas  homogène  ;  elle  renferme  des  paillettes  de 
mica  blanc,  extrêmement  nombreuses,  mélangées  avec  une 
matière  vert  émeraude  et  avec  une  autre  brun  ocracée. 

Pour  M.  VVelsch,  professeur  de  géologie  à  l'Université  de  Poitiers, 
il  s'agirait  d'un  schiste  micacé  à  grenats  grossiers  ;  la  roche 
verte  pourrait  appartenir  à  une  variété  grossière  de  Béryl.  Tout 
cela  bien  entendu  demanderait  à  être  confirmé  par  un  examen 
plus  précis,  qui  entraînerait  la  destruction  ou  l'altération  de  la 
pièce  archéologique. 

La  roche  est  assez  tendre  ;  elle  est  rayée  parle  quartz  et  même 
par  le  verre. 

Il  reste  a  dire  quelques  mots  sur  l'usage  probable  de  cet  objet. 

J'ai  cherché,  dans  l'Iconographie  robenhausienne  en  ma  pos- 
session, des  objets  comparables. 

La  planche  68  du  Musée  préhistorique  de  MM.  de  Mortillet, 
[Fig.  753)  représente  une  pendeloque  en  schiste,  provenant  des 
prairies  de  Mées,  sur  le  bord  de  l'Adour,  qui  paraît  avoir  avec  la 
pièce  en  question  certaines  analogies. 

La  figure  757  de  la  planche  69,  qui  représente  une  défense  de 
sanglier  perforée,  présente  aussi  une  forme  générale  et  une  dis- 
position de  la  perforation  assez  comparables. 

Il  est  plus  que  probable  qu'il  s'agit  également  ici  d'une  pende- 
loque, d'une  amulette;  et  M.  A.  de  Mortillet,  à  qui  l'objet  a  été 
présenté  par  moi  au  cours  du  Congrès,  a  été  très  affirmatif  à  ce 
sujet. 

Son  avis  nous  semble  indiscutable. 

On  pourrait  se  demander,  cependant,  si  l'objet  en  question  n'au- 
rait pas  pu  être  utilisé  également  comme  poids  de  filet,  en  raison 
du  diamètre  de  l'orifice  qu'il  présente  et  qui  peut  admettre  une 
cordelette  assez  forte,  en  raison  également  des  mâchures  de  son 
bord  antérieur  et  qui  se  trouvent  sur  le  prolongement  de  la  ver- 
ticale passant  par  son  centre  de  gravité  (on  sait,  en  effet,  que, 
dans  les  pyramides  comme  dans  les  cônes,  le  centre  de  gravité 
du  solide  est  placée  sur  la  droite  qui  joint  le  sommet  au  centre 
de  gravité  de  la  base,  et  aux  trois  quarts  de  cette  droite  à  partir 
du  sommet). 

Nous  aurions  ainsi  l'explication  des  mâchures  les  plus  profondes 
aux  points  les  plus  exposés  aux  frottements,  et  qui  de  par  les 
lois  de  la  pesanteur,  doivent  être  les  premiers  en  contact  avec 
le  sol. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  22 


338  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Pseudo-nucléus  et   éclat  de  laitier, 

trouvé  à  Le  Vivier,  commune  de  Royan 

(Charente -Inférieure)  (1). 

M.  Arthur  Gousset  (Etaules,  Charente-Inférieure).  —  J'ai 
l'honneur  de  présentera  la  Société  :  1°  Un  pseudo-nucléus  (Fig.  1)  ; 
2°  un  éclat  :  tous  les  deux  de  même  nature,  trouvés  dans  le  même 


Fig.  1.  —  Pseudo-nucléus  de  laitier.  —  Côté  ^vec   sorte  de  plan  de  frappe  et  éraillures 
de  percussion. 

Fig.  2. Même  pièce,  côté  opposé,  avec  plan  de  frappe  et  un  conchoïde  en  creux. 

Fig.  3.  —  Même  pièce,  vue  du  dessous. 

champ,   au   lieudit  :  Le  Vivier,   commune  de   Royan   (Charente- 
Inférieure).  Ce  lieu  est  situé   entre  la  ferme  du   même  nom  (Le 


(1)  Le  morceau  est  cassé,   à   grands    éclats,   absolument  comme  un  vrai  nucléus 
même  forme,  mêmes  éclats,  etc];  —  les  confusions  sont  très  faciles. 


SOCIÉTÉ    PREHISTORIQUE    FRANÇAISE. 


Planche  I. 


HACHE     POLIE     A     FACES     ALTEREES. 
Provenant  de  Danemark  (Grandeur  naturelle). 


SOCIETE    PREHISTORIQUE    FRANÇAISE 


Planche  II. 


Fig.  i 


Fiq.H. 


FCg.  III. 


HACHE     POLIE     A     FACES     ALTÉRÉES. 

Dessins  montrant  les  parties  plus  dures  formant  érosions  sur  toute  la  surface  de  la  hache. 

Fig.  I  et  II.  —  Les  deux  faces  de  la  hache. 

Fig    III.    —    Un  des  côtés  de  la  hache    (1/2  Grandeur  naturelle). 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRA>ÇAISE  339 

Vivier)  et  le  quartier  Saint-Pierre-de-Royan;  il  est  resserré  entre 
deux  collines,  formant  un  vallon  étroit,  se  rattachant  aux  marais 
sur  lesquels  est  bâtie  la  gare.  Le  sol  est  composé  de  terre  très 
noire,  formée  en  majeure  partie  d'humus  :  indiced'un  séjourdans 
l'eau,  comme  du  reste  l'indique  le  nom  :  Le  Vivier. 

C'est  dans  ce  fond,  près  de  la  route  qui  la  traverse,  que  M. 
Léger,  jardinier  à  Saint-Pierre,  a  récolté  les  deux  pièces. 

Le  pseudo-nucléus  a  été  recueilli  le  premier  à  la  surface  même 
du  sol,  où  il  attira  l'attention  par  sa  couleur  et  sa  forme.  L'éclat 
fut  trouvé  plus  tard,  à  peu  de  distance,  en  retournant  la  terre. 
Jusque-là,  l'ouvrier  n'avait  pas  trouvé,  ou  n'avait  pas  remarqué, 
de  pièces  de  ceite  nature,  dans  le  terrain,  ni  aux  environs. 

Des  découvertes  d'objets  en  pierre  polie  ont  été  faites,  sous 
des  débris  gallo-romains,  dans  le  voisinage.  Vu  le  lieu,  à  l'em- 
bouchure d'un  grand  fleuve,  et  surtout  la  nature  imprévue  de 
ces  pièces  en  ces  lieux,  j'ai  tenu  à  signaler  le  fait. 

J'en  donne  du  une  reproduction  grandeur  naturelle,  en 
figurant  de  mon  mieux  le  plan  de  frappe,  les  esquilles  de 
percussion,  et  les  traces  des  longs  éclats  qui  en  ont  été  détachés, 
pour  montrer  qu'une  confusion  est  possible  avec  un  vrai  nucléus. 

Ce  pseudo-nucléus  est  vert  foncé  au  milieu  et  d'une  couleur 
verte  plus  pâle  surlesdeux  côtés;  il  est  cacholonné;  son  poids  est 
de  240  grammes. 

Hache  polie  à  faces  altérées 
provenant  du  Danemark. 

PAK 

Louis  GIRAUX  (Saint- Mandé,  S.). 

J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  une  hache,  provenant  du  Dane- 
mark, dont  toutes  les  faces  sont  altérées.  Cette  pièce,  de  forme  régu- 
lière, est  assez  plate.  Sa  longueur  est  de  0m203  ;  sa  largeur  au  tran- 
chant est  deO^OTô  et  au  talon  de  0m045;  sa  plus  grande  épaisseur  au 
centre  est  de  O032  et  celle  des  côtés  est  d'environ  0m025;  son  poids 
est  de  1045  grammes;  sa  densité  est  de  2,92.  Cette  hache  est  de 
teinte  vert-noirâtre.  La  planche  I  en  donne  exactement  la  couleur 
et  la  représente  de  grandeur  naturelle. 

La  roche  de  laquelle  est  formée  cette  hache  est  peu  communé- 
ment employée.  J'avais  montré  cette  pièce  à  plusieurs  personnes, 
afin  d'en  connaître  la  nature  ;  deux  d'entre  elles  m'indiquèrent 
qu'elle  devait  être  en  basalte,  mais  sans  toutefois  pouvoir  l'affirmer. 

Je  l'ai  alors  soumise  à  M.  le  Professeur  Lacroix,  du  Muséum 
d'Histoire  Naturelle  de  Paris,  qui  m'a  déclaré  qu'il  lui  était  abso- 


340  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

lument  impossible  de  déterminer  de  visu  la  roche  dont  elle  était  for- 
mée, et  que,  pour  pouvoir  la  connaître,  il  était  nécessaire  d'en  faire 
une  préparation  microscopique,  qui  lui  permettrait  d'en  examiner  la 
constitution,  et,  par  suite,  d'en  établir  la  détermination  exacte. 

J'ai  donc  fait  enlever  à  l'une  des  extrémités  de  la  pièce,  du  côté  du 
talon,  une  certaine  partie,  dans  laquelle  une  coupe  mince  a  été  pré- 
parée. M.  le  Professeur  Lacroix  en  a  fait  l'examen  microscopique  et 
il  y  a  reconnu  les  éléments  suivants  :  Epidote.  Amphibole  verte. 
Chlorite.  Titanomagnétite,  se  transformant  en  sphène.  Feldspath 
(altéré).  Quartz.  Pyrite. 

L'ensemble  de  ces  éléments  a  alors  permis  de  déterminer  que  la 
roche  était  une  Diabase  modifiée.  Mais,  par  ce  terme  de  Diabase  mo- 
difiée, il  faut  entendre  que  les  éléments  étaient  modifiés  lors  de  la 
constitution  de  la  roche,  mais  qu'ils  ne  l'ont  pas  été  après.  Cette  dia- 
base modifiée  a  été  ensuite  altérée  ;  mais  seulement  après  avoir  été 
employée  à  la  confection  de  la  hache  polie. 

Cette  analyse  microscopique  a  également  permis  de  connaître  la  pro- 
venance de  la  roche.  La  hache  polie  a  été  recueillie  en  Danemark; 
mais,  dans  ce  pays,  il  ne  se  rencontre  pas  de  diabases  ;  on  en  trouve 
beaucoup  en  Suède  ;  et  l'on  peut  dire  avec  presque  certitude  que  la 
roche  avec  laquelle  a  été  faite  cette  hache  provient  de  ce  dernier  pays. 

Cette  pièce,  d'aspect  absolument  rugueux,  a  été  polie  lors  de  sa 
préparation  ;  elle  a  été  profondément  altérée,  car  on  peut  y  remar- 
quer des  parties  en  relief,  dues  à  l'érosion  qui  atteignent  environ 
0ni003  d'épaisseur  :  elles  sont  nombreuses  sur  les  deux  faces,  ainsi 
que  sur  les  côtés.  La  surface  de  ces  parties  en  relief  est  polie  :  ce 
sont  donc  bien  là  des  témoins  du  polissage  de  la  pièce. 

A  l'extrémité  de  la  hache,  près  du  tranchant  et  en  oblique  par 
rapport  à  ce  dernier,  on  constate  une  véritable  ligne  droite,  bien  en 
relief,  qui  s'étend  de  l'un  à  l'autre  des  côtés  de  la  hache  ;  cette  ligne 
en  relief  se  présente  sur  les  deux  faces.  Cette  ligne  est  comparable  à 
celle  qui  existe  sur  la  pièce  très  intéressante  qui  a  été  présentée  par 
Mme  Crova,  à  la  séance  du  24  novembre  1910,  et  dont  la  description 
et  les  dessins  figurent  dans  sa  communication  intitulée  «  Hache  polie 
portant  des  sculptures  par  érosion  »,  insérée  dans  le  Bulletin  de 
Décembre  1910  (pages  661  et  suivantes). 

La  Planche  II  représente  les  parties  en  relief  formées  par  l'érosion 
sur  les  deux  faces  et  sur  l'un  des  côtés  de  la  pièce  que  je  vous  sou- 
mets. 

D'après  M.  le  Pr  Lacroix,  cette  altération  s'est  faite  sur  place; 
la  pièce  n'aurait  été  ni  charriée,  ni  roulée.  Les  eaux  ont  dis- 
sous petit  à  petit  les  éléments  les  plus   solubles  et  les   ont    enlevé 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  341 

au  fur  et  à  mesure.  Les  parties  en  relief  sont  celles  qui  étaient  les 
plus  dures  et  qui  ont  résisté  à  la  décomposition.  Cette  décomposition 
s'est  surtout  effectuée  sur  l'élément  feldspathique  altéré  et  sur  la 
chlorite  ;  elle  a  donné  lieu  à  la  formation  d'une  argile  marneuse,  qui 
a  été  enlevée  par  les  eaux.  La  partie  prélevée  pour  la  préparation 
comportait  une  de  ces  parties  en  relief;  et  elle  existe  dans  la  coupe 
examinée  au  microscope  que  j'ai  l'avantage  de  vous  présenter. 

L'enlèvement  de  cette  partie  a  été  fait  par  sciage  au  fil  d'acier  ;  le 
frottement  de  ce  fil  a,  pour  ainsi  dire,  poli  la  roche;  et  nous  avons  par 
ce  fait  une  idée  de  l'aspect  que   pouvait    avoir  cette   pierre    polie. 

Dans  la  discussion  qui  a  suivie  la  communication  de  Madame  Crova, 
If.  le  Dr  Marcel  Baudouin  a  fait  remarquer  la  nécessité  qu'il  y 
aurait  à  étudier  les  haches  polies  par  les  méthodes  nouvelles,  c'est-à- 
dire  par  les  procédés  chimico-miscroscopiques.  C'est  également  l'avis 
de  M.  le  Pr  Lacroix  qui  estime  que  les  déterminations,  faites  de  visu 
pour  les  pièces  de  collections  importantes  et  connues,  sont  erronées 
pour  beaucoup. 

En  résumé,  l'étude  chimico-microscopique  de  la  pièce  que  je  vous 
présente  aujourd'hui  a  donc  permis  : 

l°De  connaître  tous  les  éléments  constitutifs  de  la  roche  employée  ; 

2'De  pouvoir  en  faire  exactement  le  diagnostic  et  de  dire  avec  cer- 
titude le  nom  de  la  roche  ; 

3°  De  connaître  les  éléments  qui  ont  disparu  et  d'expliquer  le  pro- 
cessus de  leur  décomposition; 

4°  De  pouvoir  établir  d'une  façon  à  peu  près  certaine  la  provenance 
delà  roche. 

Dans  cette  diabase,  la  décomposition  des  éléments  fieldspatiques  a 
donné  naissance,  ainsi  que  je  l'indiquais  plus  haut,  à  une  argile  mar- 
neuse, qui  a  été  entraînée  par  les  eaux  au  fur  et  à  mesure  de  sa  for- 
mation ;  et  cet  enlèvement  a  toujours  laissé  la  surface  de  la  pièce  à 
portée  de  décompositions  successives  et  continues.  Mais,  qui  dit 
décompositions  dit  transformations  et  combinaisons  chimiques! 

Pour  certaines  autres  roches,  sur  lesquelles  les  agents  chimiques 
produisent  des  combinaisons  résistant  aux  actions  physiques  et  méca- 
niques, les  nouveaux  corps  produits  restent  à  la  surface  de  la  roche 
et  s'y  fixent  en  l'entourant  plus  ou  moins  complètement  ;  ils  consti- 
tuent alors  ce  que  l'on  appelle  la  Patine.  Cette  question  de  la  patine, 
dont  il  a  été  beaucoup  parlé,  n'a  jamais  été  étudiée  d'une  façon  spé- 
ciale ;  des  constatations,  fort  intéressantes  assurément,  ont  été  faites 
par  quelques   palethnologues. 

Il  est  à  croire  que  les  méthodes  d'observations  chimico-microsco- 


342  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

piques  que  nous  avons  actuellement  pourront  probablement  nous 
permettre  maintenant  d'aborder  cette  étude  d'une  façon  précise,  et 
d'en  tirer  des  résultats  intéressants  sur  cette  question, qui  n'a  jamais 
pu  encore  être  solutionnée. 


I.ï»  Préhistoire  <Fe  la  Nouvelle  Edition  de  la 

Touille   d'Amas   (1910)    de   la    Carte    géologique 

de  France. 

PAR 

L.   DESAILLY  (de  Paris), 

Ingénieur  des  Mines. 

La  deuxième  édition  de  la  feuille  d'Arras  de  la  Carte  géologi- 
que de  France  au  80000e  vient  de  paraître.  C'est  M.  Gosselet, 
doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Lille,  qui  a  été 
chargé  de  revoir  et  corriger  la  première  édition. 

Ayant  accompagné  ce  savant  dans  quelques-unes  de  ses  ex- 
plorations, j'ai  relevé  quelques  coupes,  et  ramassé  quelques  ob- 
jets préhistoriques,  qui  sont  pcit-être  de  nature  à  vous  intéres- 
ser. 

Mais,  avant  de  vous  les  soumettre,  je  voudrais  vous  dire  quel- 
ques mots  sur  le  nouveau  classement  des  limons*,  qui  a  été  adopté. 


Lorsque  les  premières  cartes  du  nord  de  la  France  ont  été 
dressées,  Elie  de  Beaumont  était  encore  à  la  tête  du  service  de  la 
Carte  géologique  détaillée;  et  sa  direction  était  aussi  effective  au 
point  de  vue  scientifique  qu'au  point  de  vue  administratif. 

Il  y  avait  obligation,  pour  tous  ses  collaborateurs,  de  se  confor- 
mer, pour  toutes  les  questions  de  principe,  aux  solutions  qu'il 
avait  au  préalable  fixées  !  C'était  donc  sur  des  idées  théoriques 
que  reposait  le  classement  des  limons,  tel  que  vous  les  connais- 
sez, savoir   : 

Dépôts  meubles  des  pentes. 

Limons  et  graviers  anciens  des  vallées. 

Limons  et  graviers  des  terrasses. 

Limons  des  plateaux. 

Argile  à   silex. 

Dans  les  nouvelles  feuilles  d'Arras,  ces  subdivisions  arbitraires 
ont  été  supprimées  et  groupées  sous  le  nom  de  Limon  plèislocene. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  343 

«  Il  existe  certainement,  dit  M.  Gosselet,  des  limons  d'âges 
a  différents  ;  mais,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  serait  bien 
«  difficile  de  les  distinguer  sur  une  carte  au  80000e  ».  Toutefois, 
dans  la  pensée  qu'une  carte  géologique  doit  faire  ressortir  autant 
que  possible  la  géographie  physique,  on  a  désigné  spécialement, 
et  par  suite  teinté  avec  des  couleurs  différentes:  1°  le  limon  de  la- 
vage (A),  indiquant  les  vallons  et  vallées  sans  eau  ;  et  2°  les  allu- 
vions  des  rivières  et  cours  d'eau  (aa),  qui  renferment  souvent  de 
la  tourbe. 


Revenons  maintenant  aux  Silex  taillés. 

La  légende  de  la  feuille  d'Arras  indique  qu'on  a  trouvé,  à  Cam- 
blain-l'Abbé,  des  silex  du  type  de  Saint-Acheul.  Ce  sont  eux  que 
je  désire  vous  présenter,  pour  avoir  votre  avis  à  leur  sujet. 

On  les  trouve  en  quantité  considérable  daus  les  nombreuses 
carrières  de  grès  et  de  sable,  qui  existent  sur  le  plateau  de  l'Ar- 
tois, formant  les  collines  surbaissées,  qui  s'étendent  du  mont 
Saint-EIoi,  à  Estrée-Cauchy. 

Ces  silex  taillés  sont  tellement  nombreux  que,  dans  une  seule 
carrière,  située  au  lieu  dit  la  ferme  du  Bois  de  la  Vache  (cote 
148),  à  Camblain-l'Abbé,  l'instituteur  de  ce  village,  M.  Bailly, 
eu  a   ramassé  plus  de  cent. 


m^^im^ 


f-ig.  1.  —  Coupe  théorique. 


Examinons  les  conditions  de  leur  gisement. 

Les  collines  en  question  sont  constituées  par  un  massif  de  craie, 
riche  en  silex  vers  le  haut,  au  sommet  desquelles  s'est  déposé  du 
sable  éocène  (étage  Thanetien  ou  Landénien),  qui  renferme  à  sa 
partie  supérieure  des  grès  disposés  en  blocs  volumineux  disjoints, 
et  stratifiés  sur  une  ou  deux  rangées  horizontales. 

Cette  formation  landenienne  a  été  recouverte  par  le  limon 
pléistocène,  qui  est  constitué  par  un  limon  rouge  ou  panaché. 


344 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


contenant  à  sa  base  des  silex  brisés  provenant  de  la  craie  sous- 
jacente,  et  des  débris  de  grès  landeniens. 

C'est  ce  limon  qui  renferme  les  silex  taillés. 

Mais  les  dépôts  que  je  viens  de  décrire  ne  sont  pas  restés  dans 
l'état  indiqué  par  la  figure  théorique  présentée  (Fig.  1). 

Presque  partout,  le  sable  a  été  entraîné  par  des  courants  dilu- 
viens ;  les  blocs  de  grès  ont  été  déchaussés.  Quelques-uns  ont 
roulé  sur  la  pente  de  la  colline;  d'autres  sont  descendus  jusque 
sur  la  craie  (Fig.  2). 


f  / 


Hg.  2.  —  Coupe  réelle. 


La  surface  de  celle-ci  a  elle-même  subi  de  profondes  modifica- 
tions. Les  eaux  d'infiltration,  chargées  d'acide   carbonique,  ont 


Fig.  3.  —  Coupe  d'une  poche  de  la  craie. 

exercé  une  action  décalcifiante  sur  la  craie.  Cette  action  se  pro- 
duisant d'une  façon  inégale  selon  les  points,  a  creusé  dans  celle- 
ci  des  dépressions  plus  ou  moins  profondes,  dans  lesquelles  s'est 
afiaissé  le  limon.  Les  blocs  de  grès  ont  pénétré  dans  celui-ci  en 
raison  de  leur  poids,  et  sont  descendus  jusqu'à  la  craie,  en  pre- 
nant des  inclinaisons  plus  ou  moins  fortes  et  quelquefois  en  se 
renversant  complètement. 


SOCIÉTÉ  PRÉUIsTOMQUE  DE  FRANCK  345 

C'est  en  exploitant  les  grès  dans  ces  poches,  qui  atteignent  jus- 
qu'à 10  mètres  de  profondeur,  qu'on  recueille  les  silex  taillés 
(Fig.  3). 

Pour  les  raisons  que  je  viens  de  donner,  il  n'est  pas  rare  d'en 
trouver  sous  les  grès. 

C'est  d'ailleurs,  abrité  sous  un  de  ces  blocs,  que  le  squelette 
d'Ursus  ferox  du  Musée  de  Lille  a  été  trouvé  dans  une  localité 
voisine  (Beuvry). 

En  dissolvant  la  craie,  les  eaux  d'infiltration  ont  laissé  à  la  sur- 
face de  celle-ci  une  couche  résiduaire  d'argile  noire  peu  épaisse, 
riche  en  silex  entiers  ou  brisés,  provenant  les  uns  et  les  autres 
de  la  craie. 

On  s'explique  facilement  comment  la  chute  lente  ou  brusque 
d'énormes  blocs  de  grès,  pesant  parfois  plus  de  10  tonnes,  a  pu 
esquiller  les  silex  empâtés  dans  la  craie,  et  leur  donner  la  forme 
éolithique,  qui  vous  a  été  signalée  par  M.  Commont. 

Ces  poches  de  craie  sont  d'ailleurs  par  leur  contenu  un  véri- 
table chaos  géologique;  dans  l'une  d'elles,  située  sur  le  même 
plateau  de  l'Artois,  j'ai  ramassé  des  molaires  de  Rhinocéros  ti- 
chorinus,  un  débris  de  hache  polie,  presque  en  contact  avec  une 
plaque  de  grès  silicifié,  pas  trop  rare  dans  la  région  qui  nous  oc- 
cupe, et  qui  porte  les  fossiles  caractéristiques  de  l'Éocène  moyen 
(étage  du  Calcaire  grossier  des  environs  de  Paris)  ! 

En  signalant  ce  dernier  fait,  je  veux  simplement  montrer  qu'il 
faut  apporter  beaucoup  de  prudence  dans  l'étude  des  limons  et 
graviers  du  Terrain  quaternaire. 


Sur  les  pointe  de  cuisson 

de  deux  fragments  de  poterie, 

trouvés   dans  la   Station  magdalénienne 

de  Beauregard. 


L.  FRANGHET   de  Paris). 

Le  Dr  Henri  Martin  m'a  remis  récemment  deux  fragments  de  pote- 
ries, trouvés  par  lui  dans  la  Station  de  Beauregard,  près  de  Nemours 
(Seine-et-Marne  ;  et,  point  capital,  dans  une  couche  qu'il  a  pu  attri 
buer  au  Magdalénien  (1). 

(t)  Ces  échantillons  de  poteries  ont  été  présenté*»  en  1909  au  Congrès   préhisto- 
rique de  Beauvais,  par  le  Dr  H.  Martin. 


346  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Le  premier  de  ces  fragments  a  été  découvert  sur  le  sommet  de 
la  croupe  de  Beauregard,  roche  de  cette  station. 

Cette  poterie  a  une  épaisseur  de  10  millimètres  et  ne  contient 
pas  d'éléments  très  grossiers. 

Elle  a  été  cuite  :  ce  qui  est  prouvé  par  le  seul  fait  qu'elle  a  perdu 
sa  plasticité  ;  ce  que  l'on  peut  voir  en  l'humectant  avec  de  l'eau. 

La  plasticité  est  le  caractère  distinctif  d'une  argile  crue.  Elle  pro- 
vient de  ce  que  l'eau,  qui  est  introduite  pour  permettre  le  pétrissage, 
et  appelée  eau  de  façonnage,  s'interpose  entre  les  cristaux  lamellai- 
res de  la  kaolinite,  base  de  toutes  les  argiles,  même  les  plus  grossières, 
employées  en  céramique;  ces  cristaux  peuvent  ainsi  adhérer  les  uns 
sur  les  autres.  En  outre,  ils  s'imbriquent  les  uns  sur  les  autres  et  leur 
mobilité  permel  à  l'argile  de  prendre  et  de  conserver,  par  adhérence, 
toutes  les  formes  qu'on  lui  donne.  Cette  adhérence  et  cette  mobilité 
sont  dues  à  un  phénomène  de  capillarité,  qui  ne  peut  exister  qu'à  la 
condition  que  la  kaolinite  soit  à  l'état  cristallisée.  En  même  temps 
que  la  kaolinite,  le  mica  qui  se  trouve  dans  la  presque  totalité  des 
argiles,  concourt  également  à  la  plasticité,  lorsqu'il  se  trouve  dans 
un  état  de  très  grande  division,  et  cela,  en  raison  même  delà  forme 
lamellaire  de  ses  cristaux. 

Mais,  si  nous  cuisons  l'argile,  il  se  produit,  sous  l'influence  de  la 
chaleur,  une  désagrégation  complète  des  cristaux  :  désagrégation 
due  à  l'élimination  de  l'eau  de  constitution  de  la  kaolinite,  qui  est 
formée  de  deux  molécules  de  silice,  d'une  molécule  d'alumine  et  de 
deux  .molécules  d'eau. 

Par  conséquent,  lorsque  la  chaleur  aura  désagrégé  les  cristaux, 
ceux-ci  seront  devenus  pulvérulents,  informes  ;  la  disposition  imbri- 
quée ne  pourra  plus  avoir  lieu,  pas  plus  que  la  capillarité.  Bref,  la 
cause  initiale  de  la  plasticité  n'existera  plus. 

Voilà  pourquoi  une  argile  cuite  ne  peut  plus  être  plastique! 

Or,  l'élimination  de  l'eau  de  constitution  commence  à  s'opérer  à  400° 
et  se  trouve  complètement  effectuée  à  la  température  du  rouge  soit  600°. 

Donc,  toute  poterie  dont  la  pâte  a  perdu  sa  plasticité  a  été  cuite  au 
moins  à  400°  ;  et  c'est  le  cas  pour  la  poterie  de  Beauregard. 

La  poterie  trouvée  dans  ce  gisement  possède  cette  coloration 
brune  particulière  aux  pâtes  ferrugineuses,  qui  ont  été  cuites  dans 
une  atmosphère  réductrice,  et  qui  indique  qu'il  y  a  eu  transforma- 
tion, plus  ou  moins  complète,  du  peroxyde  de  fer  en  protoxyde  et  en 
oxyde  ferroso-ferrique. 

C'est,  à  mon  avis,  à  la  présence  de  ces  deux  derniers  oxydes  de  fer, 
qu'est  dû  le  magnétisme  de  ce  fragment  céramique,  qui  fait  dévier 
l'aiguille  aimantée. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  «M  7 

Lorsque  le  Dr  Henri  Martin  présenta  cette  poterie  au  Congrès  de 
Beauvais,  il  fît  remarquer  que  la  coloration  brune  est  uniforme  sur 
les  deux  faces  du  tesson. 

Or,  en  pratiquant  une  section  dans  l'épaisseur,  on  voit  que  la  colo- 
ration brune  la  plus  prononcée  se  trouve  à  la  partie  concave,  qui 
formait  l'intérieur  du  vase,  et  qu'à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  la 
partie  convexe,  c'est-à-dire  de  la  partie  externe  du  vase,  soumise 
directement  à  l'action  du  feu,  cette  coloration  passe  au  brun  clair, 
pour  arriver  graduellement  au  brun  rougeàtre,  dans  la  partie  super- 
ficielle. 

Par  conséquent,  nous  en  pouvons  déduire  logiquement  qu'au 
commencement  de  la  cuisson,  le  feu  a  été  réducteur  par  suite  d'une 
combustion  incomplète  des  gaz  émanant  du  combustible,  comme 
cela  se  produit  toujours,  non  seulement  dans  un  feu  brûlant  à  l'air 
libre,  mais  aussi  dans  les  fours  les  plus  perfectionnés, 

Peu  à  peu,  la  température  progressant,  la  combustion  est  devenue 
plus  complète;  le  feu  a  donc  pris  une  allure  oxydante  et  les  oxydes 
de  fer,  au  minimum,  qui  s'étaient  déjà  formés,  se  sont  de  nouveau 
transformés  en  peroxyde. 

Mais,  bien  entendu,  cette  transformation  a  commencé  à  s'effectuer 
sur  la  partie  externe  du  vase,  celle  qui  était  en  contact  direct  avec 
le  feu.  Si  la  cuisson  avait  été  prolongée  un  temps  suffisant,  la  trans- 
formation se  serait  poursuivie  à  travers  toute  la  masse;  et  la  poterie 
eut  été  uniformément  rougeàtre. 

Me  basant  sur  les  expériences  que  j'ai  faites  sur  la  cuisson  des 
poteries  et  sur  les  transformations  que  subissent  les  différents  oxy- 
des de  fer,  sous  l'influence  des  gaz  oxydants  ou  réducteurs,  j'estime 
que  le  fragment  de  poterie  de  la  croupe  de  Beauregard  a  été  cuit 
vers  600'. 

Quant  au  deuxième  fragment  découvert  par  le  Dr  H.  Martin,  non 
plus  au  sommet  de  la  croupe  de  Beauregard,  mais  dans  l'abri  sous 
roche  de  cette  station,  il  est  d'une  nature  toute  différente  du  pre- 
mier. 

Ce  tesson  représente  le  bord  supérieur  d'un  vase,  dont  l'épaisseur 
était  de  0m004  et  le  diamètre,  calculé  d'après  la  courbe  du  tesson,  de 
0m095.  Ce  faible  diamètre  explique  le  peu  d'épaisseur  des  parois. 

Une  pièce  aussi  mince  a  pu  être  fabriquée  à  la  main  et  sans  l'aide 
d'un  tour.  Parmi  les  nombreux  exemples  que  l'on  pourrait  citer, 
parmi  la  céramique  primitive,  je  signalerai  seulement  les  poteries 
précolombiennes  du  Pérou,  fabriquées  entièrement  à  la  main,  cuites 
à  feu  libre,  et  dont  l'épaisseur  varie  de  0ID004  à  0m006  pour  un  dia- 
mètre atteignant  jnsqu'à  0m15  ou  0m20. 

La  poterie  provenant  de  la  croupe  de  Beauregard  ne  contient  pas 


348  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

de  gros  matériaux  de  dégraissage  ;  et  ceux-ci  consistent  principale- 
ment en  grains  de  quartz,  arrondis,  qui,  peut-être,  se  trouvaient 
naturellement  dans  l'argile. 

Elle  est  imprégnée  de  charbon,  dans  toute  sa  masse;  et  ce  charbon 
ne  paraît  pas  provenir  d'un  enfumage  prolongé,  mais  de  charbon 
pulvérisé,  et  incorporé  à  la  pâte  au  moment  de  sa  préparation. 

En  effet,  lorsqu'une  pâte  a  été  soumise  à  un  enfumage  suffisam- 
ment prolongé  pour  que  toute  sa  masse  soit  saturée  de  carbone,  la 
coloration  noire  est  moins  foncée  au  centre  qu'à  la  surface  :  ce  qui 
est  compréhensible. 

Au  contraire,  lorsque  le  charbon  réduit  en  poudre  a  été  ajouté 
directement  à  la  pâte,  celle-ci  possède  une  coloration  absolument 
uniforme. 

Cette  poterie  a  été  cuite,  puisque,  comme  la  précédente,  elle  a 
complètement  perdu  sa  plasticité.  Nous  allons  essayer  de  nous  ren- 
dre compte  de  la  température  à  laquelle  elle  a  été  soumise. 

J'ai  démontré  jadis  que  les  poteries  dont  la  pâte  contient  du  char- 
bon ne  peuvent  être  cuites  au-dessus  du  rouge  sombre,  parce  que, 
sous  l'influence  de  l'élévation  de  la  température,  la  combinaison  du 
charbon  et  de  l'oxygène  emprunté  à  l'air,  se  fait  très  facilement,  en 
produisant  de  l'acide  carbonique  qui  se  dégage. 

On  peut  donc  en  déduire  que  la  poterie  trouvée  au  sommet  de  la 
croupe  de  Beauregard  a  été  cuite  vers  500°. 


Dolmens  et  Tiunuli  du  Lot. 

PAR 

Armand  VIRÉ  (de  Lac  ave,  Lot). 

La  région  des  Causses,  aussi  bien  les  Causses  du  Quercy  ou 
Causses  mineurs,  que  les  Causses  du  Gévaudan  ou  Causses  majeurs,  a 
été  occupée  dès  l'époque  néolithique  par  les  constructeurs  de  méga- 
lithes. C'est  par  milliers  que  l'on  trouve  encore  dans  ces  régions  les 
dolmens  et  les  tumuli,  dont  la  plupart  sont  de  dimensions  exiguës, 
mais  dont  quelques-uns  peuvent  rivaliser  avec  les  beaux  spécimens 
de  Bretagne  (Etron  de  Gargantua,  à  Gramat;  Pierre  Martine,  à  Li- 
vernon,  etc.). 

Malheureusement,  la  majeure  partie  a  été,  soit  fouillée  méthodi- 
quement par  Delpon,  au  commencement  du  xixe  siècle  et  par  Pru- 
nières,  Bergougnous,  Castagne  à  la  fin  du  même  siècle;  soit  ravagée 
par  les  bergers  ou  les  chercheurs  de  trésors.  Sans  être  toujours 
d'une  grande  précision,  les  travaux  des  premiers  nous  renseignent 
tout  au  moins  sur  les  objets  trouvés  et  souvent  sur  le  lieu  même  de 
la  trouvaille,  tandis  que  les  déprédations  des  autres  n'ont  abouti  qu'à 
priver  la  Préhistoire  de  ces  régions  de  précieux  éléments  d'informa- 
tion. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  349 

Il  y  aurait  eu,  peut-être,  une  troisième  catégorie  de  fouilleurs,  qui 
tout  en  enlevant  les  objets  d'ethnographie  qui  nous  seraient  précieux 
aujourd'hui,  nous  ont  laissé  au  moins  la  forme  et  la  construction 
même  de  ces  monuments. 

D'après  Delpon  (1),  les  Goths  auraient  eu  des  prêtres  spéciaux, 
dont  la  fonction  aurait  consisté  à  faire  ouvrir  les  tombes  anciennes, 
pour  en  retirer  les  matériaux  présentant  une  valeur  monétaire  ou 
industrielle,  tout  en  respectant  les  ossements. 

«  On  voit,  par  un  passage  de  Cassiodore,  qu'une  des  attributions 
des  Savons  des  Goths  était  de  faire  ouvrir  les  tombeaux  où  l'on  soup- 
çonnait des  trésors,  et  de  faire  respecter  en  même  temps  les  cendres 
des  morts.  Il  est  donc  à  présumer  que  les  Wisigoths,  lorsqu'ils  furent 
maîtres  du  Quercy,  firent  faire  des  recherches  sous  les  tombeaux 
druidiques  de  cette  contrée  ». 


Fig.   1. 


N  '   I.  Plan   et  coupe  du   Dolmen   suus  luuiuius    du    l'ecli  de  Ouurtiières. 
Plan  et  coupe  du  Dolmen  sous  Tumulus  des  Divinaudes. 


Nous  ignorons  si  cette  opinion  est  fondée;  mais  nous  lui  attribue- 
rions volontiers  au  moins  une  certaine  vraisemblance,  et  d'après  la 
conscience  scrupuleuse  de  cet  auteur,  que  nous  n'avons  jamais 
trouvée  en  défaut,  chaque  fois  que  nous  avons  pu  vérifier  ses  asser- 
tions, et  aussi  d'après  une  fouille  dont  nous  allons  rr  rler,  et  qui 
semble  de  nature  à  confirmer  les  dires  de  Delpon. 

Dans  un  rayon  de  quelques  kilomètres  nous  avons  examiné  de  près, 
ou  fouillé  lorsque  l'apparence  extérieure  s'y  prêtait,  23  dolmens  et 
tumuli.  Sur  ce  nombre,  12  étaient  manifestement  vidés  et  en  partie 
détruits;  8  ont  été  reconnus  violés  dans  des  temps  vraisemblablement 
récents;  1  enfin,  et  c'est  de  celui-là  que  nous  parlerons  en  premier, 
qui  a  été  violé  et  reconstitué  avec  un  certain  rite;  2  seulement  étaient 
intacts. 

Le  Tumulus  des  Divinaudes  est  à  la  limite  des  communes  de  La- 
(i)  Delpon.  —Statistique  du  sol.  —  Paris,  Bachelier,  1831,  t.  I,p.  393  (en  note). 


330  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

cave  et  de  Meyronne,  à  400  mètres  N.-E.  environ,  de  la  métairie  des 
Divinaudes,  à  la  tête  d'un  ravin,  qui  aboutit  aux  sources  du  Limon, 
propriété  de  M.  Rougié,  du  Bougayrou.  Alt.  :  150  mètres.  Alt.  de 
la  vallée  de  la  Dordogne  :  98  mètres.  Petit  monticule  de  7  mètres  de 
diamètre,  0m30  de  haut,  composé  de  pierrailles.  Vers  le  centre,  il  a 
été  rencontré  l'angle  d'un  petit  dolmen  intérieur,  mais  sur  les  côtés 
S.  et  E.  les  dalles  manquaient  totalement.  La  dalle  de  recouvrement, 
si  elle  a  existé,  est  absente. 

Tout  l'intérieur  a  été  bouleversé  jusqu'au  roc,  et  la  terre,  que  Ton 
rencontre  généralement  au  tond  des  tumuli,  a  été  ici  mélangée  à  la 
pierraille,  et  le  tout  a  été  fortement  tassé  par  les  infiltrations. 

Au  centre  a  été  trouvé  un  tas  d'ossements  plus  ou  moins  brisés, 
appartenant  à  toutes  les  parties  du  squelette,  et  soigneusement  posés 
en  un  petit  tas  assez  régulier. 


Fig.  2.  —  Polissoirs  de  grès,  etc.,  ,'u  Tumulus 
de  Divinaudes. 


Fig.  3.  —  l'asoir  de  bronze. 


De  nombreux  fragments  de  poterie  brune  et  noire,  très  soignée  et 
ornée,  gisaient  ça  et  là  parmi  les  débris,  sans  qu'on  ait  rien  pu  re- 
constituer. De  minuscules  fragments  d'oxyde  de  cuivre,  de  moins  de 
2  millimm.,  se  sont  rencontrés  en  diverses  places,  prouvant  l'exis- 
tence ancienne  d'instruments  de  cuivre  ou  de  bronze  qui  ont  été 
enlevés  jadis.  Enfin  vers  l'angle  des  deux  dalles,  cinq  fragments  d'un 
grès  très  tendre,  utilisés  comme  polissoirs.  Dimensions  maxima  : 
0in105  X  0m055  X  0»035.  Dimensions  minima  :  0">085  X  0,n040 
X  0m030.  Un  minuscule  grattoir  de  silex,  une  défense  de  sanglier 
raclée  et  appointée  et  un  fragment  de  bois  de  cerf,  dont  l'extrémité  a 
été  frottée  et  polie,  composent  tout  le  reste  du  mobilier. 

Tout  cet  ensemble  nous  montre  que  nous  avons  affaire  à  un  tumu- 
lus de  l'âge  du  bronze,  violé  à  une  époque  inconnue,  mais  dans  lequel 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  351 

les  ossements  ont  été  replacés  suivant  un  rite,  après  que  la  sépul- 
ture a  été  débarrassée  de  tous  les  objets  pouvant  avoir  quelque  valeur. 

A  quelques  dizaines  de  mètres  sont  deux  dolmens  d'environ  l'"50 
de  haut,  complètement  vidés  ainsi  que  quelques  tumulus  que  nous 
nous  proposons  de  fouiller  ultérieurement. 

A  quelques  mètres  au  nord,  était  un  Cayrou  de  dimensions  à  peu 
près  analogues,  que  nous  avons  vidé,  sans  y  rien  rencontrer  qui  put 
nous  indiquer  si  nous  avions  affaire  à  un  tumulus  vrai  ou  à  un 
simple  épierrement.  Nous  ne  le  faisons  pas  entrer  en  ligne  de  compte 
dans  la  statistique  des  tumuli. 

Dolmens  du  Pech  de  Gourbières.  Ils  s'élèvent  aux  limites  des 
communes  de  Lacave  et  de  Rocamadour,  (Alt.  340  mètres;,  au  bas  et 
au  S-O.  du  mamelon  appelé  Pech  de  Gourbières,  près  du  carrefour 
de  deux  chemins  antiques  de  Lacave  à  Gramat  et  de  Rocamadour  à 
Mérignac-le-Frankal,  dans  la  propriété  de  M.  Calvel  de  Mérignac. 

L'un  d'eux  est  composé  de  quatre  grosses  pierres  dont  trois  forment 
les  côtés,  et  une  le  recouvrement.  La  dalle  du  côté  E.  a  disparu.  Vidé 
à  une  époque  qui  ne  paraît  pas  ancienne. 

Le  second  avait  l'apparence  d'un  gros  tumulus  bien  régulier  de 
21  mètres  de  diamètre  sur  lm80  de  hauteur.  Une  tranchée  nous  mit 
en  présence  d'une  dalle  épaisse,  qui  nous  sembla  former  la  paroi 
d'un  dolmen.  La  fouille  fut  reprise  alors  par  le  haut,  où  nous  ne 
trouvâmes  aucune  trace  de  dalles  de  recouvrement. 

Tout  l'intérieur  fut  vidé,  mais  nous  ne  trouvâmes  que  d'innom- 
brables et  minuscules  fragments  d'ossements  humains  mélangés,  à 
tous  les  niveaux,  aux  pierrailles  de  comblement.  Il  semble  qu'on  se 
trouve  là  encore  en  présence  d'une  sépulture  anciennement  violée, 
sans  que  les  fouilleurs  aient  pris  le  même  soin  qu'aux  Divinaudes 
pour  remettre  les  ossements  en  place. 

Dimensions  des  dalles.  Côté  N.-O.  :  2m10  X  0m50  X  lm50,  et  ln,10 
X  0m90  X  lm50.  Côté  S.-E.  :  lm50  X  0m40  X  1"40,  et  2^10  X  0m30 
X  lm45.  Côté  N.-E.  :  lm50  X  0m40  X  lm50.Côté  S.-0.(2  dalles  acco- 
lées) :  lm50x  0m40  X  lra40,  et  lm30  X  0"'35  X  1*45. 

Commune  de  Padirac.  —  A  500  mètres  S.-O.  du  Puits  de  Pa- 
dirac,  deux  gros  dolmens  complètement  vidés  autour  desquels  des 
amas  de  pierrailles  font  présumer  qu'ils  furent  jadis  enfouis  sous 
tumulus. 

A  500  mètres  X.  E.,  Cayrou  de  l'Homme  Mort,  petit  dolmen  sous 
tumulus,  formé  de  dalles  dressées  de  champ  peu  épaisses,  formant 
une  chambre  d'environ  2  mètres  de  long  sur  0m70  de  large,  entière- 
ment vidé. 

A  1  kilomètre  N.-E.,  sur  le  Pech  de  la  Croix  d'Hélène,  une  ving" 
taine  de  très  petits  monticules  de  quelques  décimètres  seulement 
de  saillie;  sept  ont  été  fouillés  ;  six  n'ont  donné  que  des  débris  insi- 


352  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

gnifiants  d'ossements  humains  très  friables,  mélangés  aux  pier- 
railles, un  seul  de  4  mètres  de  diamètre,  sur  0m70  de  saillie  a 
donné  un  squelette  en  place,  tellement  friable  que  rien  n'en  put  être 
recueilli 

Les  ossements,  non  protégés  par  une  couche  importante  de  terre 
ont  été  dissous  par  les  eaux  pluviales  de  telle  sorte  qu'au  moindre 
choc  ils  tombaient  en  poussière. 

Près  de  la  poitrine,  était  un    rasoir  de  bronze  de  0m07  X  0m06. 

Commune  de  Souillac,  le  Camp  de  VHoste.  Sur  ce  terroir,  nous 
avons  fouillé  un  tumulus  de  1  mètre  de  saillie,  3  mètres  de  diamètre. 
A  0m30  de  profondeur,  a  été  trouvée  une  poterie  fragmentée,  qui  a 
pu  être  reconstituée  ;  elle  est  brunâtre,  à  pâte  assez  fine,  en  forme  de 
coupe  de  0m20  de  diamètre  {Fig .  4) . 


Sctnt'. 

Fig.  4.  —  Coupe  en  terre  du  Tumulus  du  Camp  de  l'Hoste. 

Même  commune,  la  Vie  Rouge  ou  Bio  Routze.  Un  tumulus  sem- 
blable au  précédent  fut  touillé- jadis  par  Ernest  Rupin;  il  y  fut  trouvé 
des  Iragments  de  cuir  encore  adhérents  à  du  bronze  ;  ils  sont  con- 
servés au  Musée  de  Brive. 

Même  commune,  la  Tour  de  Dourzole,  dans  l'enceinte  signalée  dans 
notre  Inventaire  du  Lot  (1).  Fragments  d'os  indéterminables. 

Ces  trois  derniers  tumuli  sont  dans  les  propriétés  de  notre  ami 
Julien  Valat. 

—  Commune  de  Carennac,  tumulus  de  Magniagues,  près  de  Ylgue 
de  Magniagues.   Fragments  d'os  insignifiants. 

Même  Commune,  au  Noutari,  dolmen  de  1  mètre  de  saillie,  4  mè- 
tres de  long,  fouillé  depuis  longtemps. 

—  Commune  de  Lacave,  sur  \ePech  de  Lacave,  petit  dolmen  sous 
tumulus  de  lu,80  environ  de  longueur,  formé  de  petites  dalles  plates 
dressées  de  champ  ;  fouillé  depuis  longtemps. 

Commune  d'Autoire,  au  N.-O.  et  près  des  maisons  du  hameau  de 
Siran,  dolmen  de  2  mètres  de  haut,  complètement  vidé. 

Tel  est  à  ce  jour  le  bilan  assez  maigre  de  nos  recherches  dans  les 
dolmens  et  tumuli  du  Lot.  Nous  espérons  pouvoir  dans  l'avenir  re- 
tirer de  leur  étude  des  documents  plus  importants. 

(1;  Inventaire  du  Lot,  n°  53.  —  Séance  du  27  février  1908,  p.  79. 


30 


SÉANCE  DU   22  JUIN    1911 


Présidence  de  M.  L.  COUTIL. 


I.    —  PROCÈS- VERBAL    DE  LA  SÉANCE 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière 
séance  [25  Mai  1911]. —  Le  Procès-verbal  est  adopté. 

A  l'occasion  du  Procès-verbal,  diverses  notes  sont  remises  sur  le 
Bureau  par  MM.  S.  Clastrier,  Jousset  de  Bellesme,  Rouxel, 
Pagès-^llary,  Stalin,  Jacquot,  Marcel  Baudouin. 

Correspondance. 

Envoi  de  Cartes  postales  préhistoriques.  —  M.  Hauser  (Dordogne). 

Lettres  d'avis  de  découvertes.  —  M .  Roseville  des  Grottes. 

Erratum.  —  M.  Rouxel,  de  Cherbourg,  à  propos  de  sa  communi- 
cation sur  un  atelier  de  fabrication  d'anneaux  en  lignite  à  Macqueville 
(Manche),  rappelle  qu'il  Ta  présentée,  le  20  avril  1911,  à  Caen,  au  Con- 
grès des  Sociétés  Savantes  de  Paris  et  des  Départements.  —  Cette 
communication  fort  intéressante  sera  imprimée  in-extenso  dans  le  vo- 
lume du  Congrès  de  Nîmes,  auquel  elle  est  destinée. 

VIIe  Congrès  préhistorique  de  France  s 
Session  de  Mîmes  [6-1  S  août  1911]. 

M.  le  Secrétaire  Général  dépose,  dans  la  salle  des  séances,  des 
exemplaires  du  Programme  général  du  Congrès  (Circulaire  IV),  qui 
contient  le  détail  des  Excursions  et  le  prix  de  chacune  d'elles.  Les 
trois  excursions  finales  coûteront  respectivement  19  fr.,  20  fr.,  et  23  fr.  ; 
toutes  se  feront  en  Automobiles  et  seront  très  faciles. 

Il  rappelle  que  le  Congrès  s'ouvrira,  à  Nîmes,  le  Dimanche  6  Août 
1911,  dans  l'après-midi,  et  que  les  Excursions  seront  exclusivement 
Préhistoriques,  et  non  pas  purement  gallo-romaines,  comme  on  s'est 
plu  à  le  dire. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRA>ÇAISE.  23 


354  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

VIe  Congrès  préhistorique  de  France  : 
Session  de  Tours  (191 0). 

Par  suite  d'un  retard,  dû  à  des  causes  absolument  imprévues,  le 
volume  des  Comptes-rendus  du  Congrès  de  Tours  n'a  pu  être  adressé 
que  ces  temps  derniers  aux  membres  souscripteurs. 

Certes,  ce  retard  est  exagéré;  mais  il  est  exclusivement  dû  à  l'Impri- 
merie. Nous  osons  espérer  qu'il  ne  se  reproduira  pas  l'année  pro- 
chaine. —  Depuis  le  20  juillet,  le  volume  est  en  vente  au  prix  habituel 
de  trente  Francs. 

Protestations    adressées    à   la  Société  à  propos 
de  la  l  .oi   sur  la  Liberté  des  Fouilles. 

Les  Sociétés,  énumérées  ci-dessous,  nous  ont  fait  parvenir  leurs' 
protestations  (1)  : 

8o°  Société  d'Emulation  de  Montbéliard,  —  8i°  Académie  des  Sciences, 
Belles-Lettres  et  Arts  de  Tarn-et-Garonne.  —  820  Société  d'Histoire  et 
d'Archéologie  de  Valognes.  —  83°  Société  d'Histoire  Naturelle  du 
Doubs.  —  84°  Société  Archéologique  du  Maine.  —  85°  Société  'des  Amis 
des  Arts  et  des  Sciences  de  Tournus  (Saône-et-Loire).  —  860  Société  d'Ému- 
lation des  Côtes-du-Nord.  —  870  Société  d'Agriculture,  Commerce,  Scien- 
ces et  Arts  de  la  Marne.  —  88°  Société  Archéologique  de  Bellac  :  le  Dol- 
men Club.  —  890  Société  de  Géographie  commerciale  de  Bordeaux.  —  go° 
Société  Nivernaise  des  Lettres,  Sciences  et  Arts.  —  91  °  Académie  des  Scien- 
ces, Arts  et  Belles-Lettres  de  Caen.  —  920  Société  Archéologique  du  Ven- 
domois.  —  g3°  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  de  Pau.  —  g4°  Comité 
Flamand  de  France.  —  96°  Société  des  Antiquairesde  Picardie,  d'Amiens.  — 
$6°  Société  Historiqueet  Scientifique  des  Deux-Sèvres.  —  97° Société  Scien- 
tifique, Historique  et  Archéologique  de  la  Corrèze.  —  980  Société  d'His- 
toire naturelle  et  de  Palethnologie  de  la  Haute-Marne. 

Admission  de  nouveaux  Membres. 

Sont  proclamés.  Membres  de  la  S.  P.  F,  :  MM. 
Pingault  (Camille),  Le  Grand-Pressigny,  Indre-et-Loire. 

[Gaurichon.  —  J.  RougéJ. 
Société  Jerseyaise  [M.    E.    Toulmin  Nicolle,  Secrétaire], 

Jersey  (Angleterre).  [L   Coutil.  —  M.Baudouin]. 

L.  Brunehant,  archéologue,  Pommiers  (Aisne). 

[O.  Vauvillé.  —  A.  de  Mortillet], 
Begouen  (Le  Comte),  château  des  Espas,  par  Saint-Girons  (Ardèche); 
et  16,  rue  Vélane,  Toulouse  (Haute-Garonne), 

[H.  Martin.  —  E.  Hue]. 

(1)  Consulter  à  ce  sujet  le  Bulletin  de  la  S.  P.  F.  du  22  Dec.  1910  et  celui  du  23 
Février  1911. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  355 

Dons    îi    la    Société. 

M.  Chapelet  (Paris)  (1).  — Vous  avez  remarqué, Messieurs,  comme 
moi,  les  deux  superbes  photocollographies,  qui  accompagnent  la 
communication  de  M.  de  Givenchy,  notre  sympathique  secrétaire, 
sur  l'outillage  paléolithique  de  la  terre  à  briques  du  Tillet  (Seine-et- 
Marne).  —  Ce  n'est  pas  la  première  fois  qu'il  gratifie  notre  Bulletin 
de  planches  semblables,  par  lesquelles  il  semble  nous  mettre,  pour 
ainsi  parler,  sa  collection  en  poche.  Je  suis  heureux  d'être  votre 
interprète  pour  remercier  M.  de  Givenchy  et  lui  exprimer  la  recon- 
naissance de  la  Société  préhistorique  Française  pour  cette  nouvelle 

libéralité. 

Bibliothèque. 

La  Bibliothèque  de  la  Société  Préhistorique  Française  a  reçu  les 
ouvrages  suivants  : 

Commoxt  (V.).  —  Niveaux  industriels  et  fauniques  dans  les  couches 
quaternaires  de  Saint-Acheul  et  de  Mohtières.  Niveaux  de  V Industrie  de 
Vâge  du  Renne  dans  les  limons  du  Nord  de  la  France.  Le  Moustérien 
dans  le  Nord.  —  VIe  Congrès  préhistorique,  Tours,  1910,  99-115.  — 
Tiré  à  part,  1911,  in-8°,  1  p.,  fig. 

Commont  (V.).  —  Note  sur  les  Tufs  et  les  Tourbes  de  divers  âges  de 
[a  vallée  de  la  Somme.  Mode  de  formation  et  chronologie  d'après  la 
faune  et  l'industrie  que  renferment  ces  dépôts  [Extr.  des  Ann.  de  la  Soc. 
de  Géol.  du  Nord,  1910,  p.  210-248,  9  nov.].  —  Lille,  1910,  in-8°. 

Commoxt  (V.).  —  Note  préliminaire  sur  les  Terrasses  fluviatiles  de  la 
vallée  de  la  Somme.  Epoque  de  l'Apparition  de  l'Homme  quaternaire 
[Extr.  des  Annales  de  la  Soc.  Géol.  du  Nord,  t.  XXXIX,  9  nov.  1910, 
p.  185-210].  —  Lille,  in-8°,  1911,  fig. 

Commoxt  (V.).  —  Les  gisements  paléolithiques  oTAbbeville  [Stratigra- 
phie. Faune.  Industrie  humaine.  Situation  par  rapport  aux  terrasses  flu- 
viatiles de  la  Somme]  [Extr.  des  Annales  de  la  Soc.  Géol.  du  Nord, 
1910,  p.  249-292,  t.  XXXIX,  9  nov.,  Lille,  1911,  in-8°,  fig. 

Marlot  (H.).  —  Les  pelotes  stomacales  des  Léporidés  [Extr .  Bull. 
Proc.  Verb.,  Soc.  Hist.  nat.  d'Autun,  1911].  —  Autun,  in-8°,  4  p. 

Coxil  (P.  A.).  —  Contribution  à  l'étude  du  passage  du  Moustérien  à 
PAurignacien  en  Gironde  :  Station  de  la  Verrière  (Gironde)  [Extr.  Rev. 
Anthropol.,  1911,  mai  n°  5,  182-188].  —  Paris,  Alcan,  1911,  in-8°, 
2  figures. 

Lewis  (A.  L.).  —    On  some  dolmens  of  peculiar  types  in  France  and. 
elsewheve  [Extr.  Journal  of.  Roy.  Anthr.  Int.  of  great  Britt.  a  Ireland, 
1910,  XL,  336-348].  —  London,  1911,  in-4°,  fig. 

(1)  Paroles  prononcées  à  la  Séance  de  Mai  1911. 


356  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Franchkt  (L.).  —  Le  projet  de  loi  sur  les  foui/les  archéologiques 
[Extr.  de  l'Homme  Préhistorique,  1910].  —  Paris,  in-8°,  1911,  4  p. 

Présentations. 

A.  de  Mortillet  et  Passemard.  —  Caillou  roulé  simulant  une 
hache  polie.  —  Discussion  :  MM.  A.  de  Paniagua;  Ballet. 

Albert  Gahen  (Le  Havre).  —  Pierre  à  aiguiser  en  schiste.  —  Dis- 
cussion :  MM.    Doigneau  ;  Chapelet. 

A.  Bertin  (Paris).  —  Silex  de  Chamigny  (S.-et-M.)  et  Bézu-le- 
Guéry  (Aisne). —  Discussion  :  MM.  A.  de  Mortillet  ;  A.  Doigneau. 

Communications. 

0.  Desmazières  (Segré  Maine-et-Loire).  —  Les  haches  plates  et 
l'origine  de  l'industrie  préhistorique  du  cuivre  dans  le  département  de 
Maine-et-Loire.  —  Discussion  :  MM.  L.  Coutil,  A.  de  Mortillet, 
Ch.  Guéneau,  L.  Franchet,  Marcel  Baudouin. 

L.  Coutil  (Eure).  —  Une  épingle  à  hélière  de  l'âge  du  Bronze, 
trouvée  dans  la  Seine  près  de  Rouen. —  Discussion  :  M.  A.  de  Paniagua. 

Dubus  (Neufchâtel-en-Braye,  S.-L).  —  Sur  l'outillage  paléolithique 
du  Tillet  (S.-et-M.). 

Clastrier  et  Icard  (Marseille).  — Fouille  du  Camp  retranché  de  la 
Cloche  au  Pas-des- Lanciers  (B.-du  H.)  \ Prise  de  date]. 


IL  —  NOTES  ORIGINALES  ET  DISCUSSIONS. 


Une  intéressante  Pièce  de  Cbelles. 

M.  Ph.  Reynier  (Lizy-sur-Ourcq).  —  J'ai  l'honneur  de  présen- 
ter d'abord  une  intéressante  Pièce  de  Chelles,  trouvée  dans  la 
sablière  Bourgeois. 

Cette  pièce  présente  certaines  particularités  de  taille,  que  nous 
devons  noter;  ce  petit  fait  a  son  importance,  car,  en  examinant 
bien  les  pièces  que  nous  récoltons,  principalement  dans  les  gise- 
ments non  remaniés,  nous  pouvons  nous  apercevoir  que  la  taille 
diffère  pour  les  unes  et  les  autres,  tout  en  n'étant  pas  des  mêmes 
époques. 

Ce  fait  semble  s'être  produit  par  suite  de  la  différence  des 
roches.  Ainsi,  celle  que  je  présente  est  un  silex  du  calcaire,  que 
l'on  nomme  vulgairement  Meulière  bâtarde,  très  commun    aux 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  357 

environs  de  Chelles,  de  Lagny  à  Dampart .;  ce  calcaire  fournit 
une  bonne  pierre,  où  se  trouvent  de  beaux  blocs  de  silex,  souvent 
très  rubanés,  dont  le  clivage  produit  de  belles  lames;  mais  il 
faut  avoir  beaucoup  de  prudence,  pour  ne  pas  détruire  la  forme 
que  Ion  veut  donner  à  la  pièce.  Ainsi,  pour  celle  que  je  présente, 
l'ouvrier  a  évité,  en  connaisseur,  toutes  les  parties  qui  auraient 
pu  produire  un  clivage  grossier  et  qui  aurait  déformé  la  pièce  et 
l'aurait  rendu  inutilisable. 

La  partie  dont  le  clivage  a  pu  se  faire  régulièrement  se  voit  par 
une  belle  taille  bien  régulière  ;  il  n'en  est  pas  de  même  de  l'autre 
partie,  où  l'on  voit  une  taille  grossière. 

Ce  fait,  je  l'ai  remarqué  souvent  sur  des  pièces  de  Chelles,  et 
d'ailleurs.  Ces  simples  remarques  nous  semblent  indiquer  que  les 
tailleurs  de  silex  de  Chelles  avaient  une  longue  habitude  de  la  taille, 
et  connaissaient  bien  la  matière  première  qu'ils  employaient  !  Ce 
qui  semble  bien  démontrer  que  les  Hommes  qui  taillaient  les  silex 
de  Chelles  n'étaient  pas  des  débutants.  D'ailleurs  certaines  pièces 
chelléennes  ne  sont-elles  pas  extrêmement  fines,  et  surtout  très 
fragiles!  Il  fallait  donc  que  le  tailleur  fut  très  habile,  pour  pouvoir 
terminer  son  outil  sans  le  casser.  Sur  les  pièces  de  Chelles,  nous 
ne  voyons  pas,  lors  même  qu'elle  sont  grossièrement  taillées, 
cette  hachure  ou  écrasement,  qui  forment  la  taille  des  Éolithes, 
que  nous  trouvons  à  Ocquerre  et  à  Vendrest.  —  Notre  Chelléen 
était  donc  déjà  un  artiste  tailleur  de  pierres  ! 

Au  point  de  vue  minéralogique,  il  est  intéressant  de  remarquer 
que  presque  toutes  les  pièces  trouvées  à  Chelles  sont  en  silex 
local  :  pas  positivement  à  Chelles,  car  le  sol  que  forme  le  terri- 
toire de  Chelles  est  composé  de  diluvium  ;  mais  sur  les  collines 
avoisinantes,  où  le  silex  du  calcaire  de  Brie  est  très  commun. 

En  ce  qui  concerne  le  silex  du  Calcaire  de  Champigny,  qui  a 
fourni  aussi  de  nombreux  et  beaux  échantillons,  on  en  trouve  des 
blocs  dans  leDiluvium;  les  assises  de  cette  roche  sont  bien  carac- 
téristiques sur  les  bords  de  la  Marne,  au  tunnel  de  Chalifert. 

Le  silex  du  Calcaire  de  Champigny  est  caractérisé  par  son  bril- 
lant, qui,  étant  nouvellement  taillé,  est  extrêmement  tranchant', 
mais,  en  restant  à  l'air,  il  devient  entièrement  blanc.  J'ai,  dans  ma 
collection,  plusieurs  pièces  de  Chelles,  qu'à  un  superficiel  exa- 
men on  pourrait  croire  taillées  dans  un  bloc  de  Calcaire  ! 

M.  Marcel  Baudouin.  —  J'insiste  sur  la  portée  scientifique  de 
la  remarque  faite  par  M.  Ph.  Reyxier.  — Il  est  bien  certain  qu'on 
a  taillé  la  pierre  avantle  Chelléen  ;il reste  à  trouver  les  gisements 
des  époques  Préchelléennes. 


358  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Haches  plates  d'Eure-et-Loir. 

[Prise  de  date], 

M.  Jousset  de  Bellesme  (Nogent-le-Rotrou).  —  Il  est  peut-être 
utile  de  publier  le  décalque  des  deux  haches  plates,  de  cuivre  et  de 
bronze,  de  ma  collection.  —  Elles  proviennent  d'un  endroit  appelé 
Marolles,  aux  environs  de  Nogent-le-Rotrou  (E.-et-L.). 


Fig.  1.  —  Deux  haches  plates  d'Eure-et-Loir. 

Ces  pièces  ont  été  évidemment  apportées  dans  le  pays  du  Perche,  où 
le  seul  minerai  qu'on  rencontre  est  la  Limonite,  très  exploitée  à  l'épo- 
que Halstattienne,  et  plus  tard  à  l'époque  Gallo-romaine,  pour  l'ob- 
tention du  Fer. 

Leur  poids  est  de  265  grammes  pour  la  hache  en  cuivre;  et  de 
90  grammes  pour  la  hache  en  bronze. 


Deux.  Haches  en  bronze  de  la  Marne. 

M.  Ph.  Reynier  (Lizy-sur-Ourcq).  —  Je  présente  deux  Haches 
enbronze,  qui  ont  été  trouvées  dans  la  Marne,  près  du  village  de 
Tancrou.  —  Le  village  de  Tancrou  fait  partie  du  canton  de  Lizy- 
sur  Ourcq,  qui  en  est  à  3  kilomètres.  En  cet  endroit,  la  Marne 
forme  plusieurs  petits  îlots,  qu'à  l'époque  préhistorique,  on  a 
dû  utiliser  pour  le  passage  de  la  rivière.  Plusieurs  fois,  en  dra- 
guant près  de  ces  îlots,  on  a  trouvé  des  objets  préhistoriques,  soit 
en  silex,  soit  en  bronze  ;  les  pièces  que  je  présente  proviennent 
de  dragages. 

A  Jaignes,  la  Marne  forme  également  plusieurs  petits  îlots.  En 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  359 

1837,  des  ouvriers,  employés  pour  le  compte  de  M.  Piquety, 
beau-père  de  notre  collègue,  M.  E.  Taté,  trouvèrent,  en  draguant, 
à  Jaignes,  une  belle  lance,  qui  fut  vendue  à  un  habitant  de  Jai- 
gnes,  et  par  la  suite  à  un  brocanteur  parisien. 


Découverte  d'une  Hache  en   silex 
dans  les  Ardennes  (1). 

M.  A.  Collaye  Signy-l'Abbaye,  A.).  —  J'ai  découvert,  à  Signy- 
l' Abbaye  Ardennes  ,  lieu  dit  «  La  Fosse  aux  Lions  »,  dans  un  talus 
du  chemin  de  fer  départemental  de  Wasigny  à  Mézières,  une  petite 
hachette  polie,  en  silex.  Elle  gisait  là  au  milieu  du  talus  d'une  hauteur 
de  3  mètres  environ.  J'ai  cherché  dans  les  environs  et  dans  le  talus; 
je  n'ai  pas  trouvé  d'autres  objets  préhistoriques.  Le  terrain,  en  cet 
endroit,  se  compose,  comme  tout  le  pays  environnant,  de  bancs  ar- 
gileux, marneux  et  calcaire,  appartenant  à  la  formation  oolithique 
du  Jura.  —  On  n'y  rencontre  jamais  de  Silex.  Les  fouilles  seraient 
difficiles;  l'eau  filtre  partout  au  milieu  des  pâturages. 

On  n'a  jamais  trouvé  d'objets  de  l'âge  de  la  pierre  à  Signy-l'Ab- 
baye. L'endroit,  où  gisait  cette  hachette,  se  trouve,  par  le  chemin  de 
fer  départemental,  à  une  distance  de  29  kilom.  700  de  la  gare  de 
Mézières.  A  noter  qu'à  un  kilomètre  de  là  se  trouve  un  petit  lac, 
d'environ  150  mètres  de  diamètre,  au  sommet  d'une  montagne,  sur 
la  limite  des  versants  de  la  Meuse  et  de  l'Aisne,  à  la  cote   246. 

Aucune  source  visible  ne  l'alimente  et  son  niveau  reste  constant. 


Deux  meules  à  broyeurs,  trouvées  en  place 

à  Vernelle  (S.-et-M.). 

M.  Ph.  Reymer  (Lizy-sur-Ourcq).  —  Sur  le  territoire  de  Ver- 
nelle,  hameau  de  la  commune  de  May-en-Multien,  à  200  mètres 
du  village,  se  voit  plusieurs  emplacements  de  foyers,  au  centre 
d'une  station  préhistorique.  Après  un  labour  profond,  j'y  ai  trouvé 
une  petite  meule,  avec  son  broyeur.  La  petite  meule  est  un  frag- 
ment de  grès  des  argiles  plastiques,  assez  commun  dans  la  vallée 
de  l'Ourcq.  Ce  qui  lui  donne  bien  son  caractère  de  moulin,  c'est 
la  taille  en  forme  de  cuvette.  Le  petit  broyeur  est  un  de  ces 
rognons  siliceux,  que  l'on  trouve  à  la  base  saumâtre  du  Calcaire 
de  Saint-Ouen,  et  qui  sont  assez  communs  sur  le  territoire  de 
Lizy-sur-Ourcq. 

Il  me  semble  qu'il  y  aurait  certain  intérêt  à  récolter  un  certain 

(1)  Séance  do  11  Mai  1911. 


360  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

nombre  de  ces  petits  moulins,  car  beaucoup  ont  été  utilisés,  tout 
en  étant  préhistoriques,  par  les  Gallo-romains.  Du  reste,  à  Mairy- 
sur-Marne  et  à  Ocquerre,  on  les  trouve  sur  des  emplacements 
préhistoriques  et  romains.  Ce  sont  deux  petites  meules  plates, 
intentionnellement  taillées  ;  mais  les  meules  à  cuvettes,  avec 
broyeurs  arrondis,  sont  moins  communs.  Néammoins,  j'ai  pu  en 
réunir  une  belle  série  ;  quelques-uns  de  ces  petits  moulins  à 
cuvettes  sont  des  sortes  de  cupules,  agrandies  par  l'usage  du  frot- 
tement d'un  broyeur  rond. 

En  Préhistoire,  il  ne  faut  rien  négliger.  Ceux  surtout  qui, 
comme  moi,  peuvent  explorer  plusieurs  fois  et  retourner  sur  les 
stations  ou  ateliers,  qui  sont  renseignés  sur  la  situation  géolo- 
gique, donnant  la  composition  des  roches  utilisées  pour  les  pièces 
que  l'on  trouve  dans  ces  stations,  rendent  les  plus  grands  ser- 
vices à  la  Science.  —  Je  fais  actuellement  une  étude  sur  la  situa- 
tion stratigraphique  des  Eolithes,  dans  une  région  qui  le  prouvera 
amplement. 

Découverte  d'une  station  romaine  dans  le  Var. 

[Prise  de  date]. 

M.  Bout  de  Charlemont  signale  un  gisement  archéologique, 
découvert  par  lui  au  sommet  de  l'Agache,  suite  de  trois  mamelons 
rocheux  situés  à  l'est  des  ruines  de  Tauroenlum  et  du  site  actuel 
de  la  Petite  Madrague  de  Saint-Cyr  (Var),  où  il  a  reconnu  un  éta- 
blissement romain,  composé  de  plusieurs  fours  à  chaux  (au  moins 
une  demi-douzaine),  aux  environs  et  dans  les  décombres  des- 
quels il  a  recueilli  de  nombreux  débris  de  grosse  poterie  de  l'épo- 
que :  fragments  de  panses,  pieds,  anses,  cols,  bords  et  fonds 
d'amphores  et  de  dolia,  ainsi  que  plusieurs  morceaux  de  moulins 
en  basalte.  Sur  l'un  des  sentiers  qui  mènent  au  gisement,  et  dans 
l'étendue  de  celui-ci  même,  M.  Bout  a  ramassé  plusieurs  mor- 
ceaux de  bords  de  vases,  décorés  à  la  barbotine,  quelques  menus 
fragments  d'une  coupelle  campanienne,  et  deux  débris  de  poterie 
grecque. 

Il  paraît  certain  que  les  fouilles  en  cet  endroit  donneraient  des 
résultats  fort  satisfaisants.  M.  Bout  espère  pouvoir  s'y  adonner 
quelque  jour.  Mais  il  verrait  sans  déplaisir  tel  ou  tel  de  ses  con- 
frères concourir  à  ces  travaux  ;  et  le  propriétaire  du  site  ne  se 
refuserait  sûrement  pas  à  étendre,  sur  la  demande  de  M.  Bout,  à 
d'autres  chercheurs  l'autorisation  qu'il  a  bien  voulu  aimablement 
octroyer  à  ce  dernier.  C'est  en  recherchant  en  ces  lieux  les  traces 
d'un  établissement  ligure  ou  indigène    si    l'on  aime  mieux,   qui 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  361 

ne  peut,  d'après  notre  confrère,  ne  pas  y  avoir  existé,  tant  les  con- 
ditions d'un  habitat  ancien  s'y  trouvent,  selon  lui,  réunies,  que 
M.  Bouta  été  amené  à  faire  la  découverte  de  ce  gisement,  dont, 
nul,  dans  le  pays,  n'avait  jusqu'alors  soupçonné  l'existence. 


Découverte  de  Tumuli  en  Corrèze. 

[Prise  de  date]. 

M.  A.  Mczac  a  noté,  sur  le  territoire  de  Saint-Privat  (Corrèze), 
deux  tumuli:  l'un  (parcelle  n°298,  les  Couailles)  à  un  kilomètre  du 
hameau  de  la  Vergne,  ayant  été  éventré  par  une  tranchée,  a  mon- 
tré un  noyau  de  pierrailles  et  des  cendres;  l'autre  (n°  480, 
Bruyère  de  la  Gane),  à  500  mètres  au  Nord  du  village  duBos,  est 
intact  et  a  près  de  10  mètres  de  haut  et  50  mètres  de  grand 
diamètre. 

I.e  mot  Cro  en  Préhistoire. 

M.  Stalix  ;de  Beauvais,  O.).  —  Nous  devons  remercier  l'éminent 
linguiste  qu'est  M.  de  Paniagua  de  l'étymologie,  raisonnée  et 
savante,  qu'il  nous  a  fournie  du  terme  Cro  dans  le  dernier  Bulletin. 

Nous  sommes  d'accord  avec  lui,  quand  il  tire  des  syllabes  «  Cra, 
Cré,  Cro  »  la  racine  onomatopéique  de  mots  exprimant  l'idée  de  «  Pierre, 
de  dureté,  de  résistance  et  même  de  bruit».  L'on  trouve  évidemment 
réunies  dans  ces  syllabes,  les  sensations  d'effort,  de  pesanteur  et  de 
bruit,  provoqués  par  le  soulèvement  d'objets  lourds. 

A  l'appui  de  la  thèse  si  documentée  de  notre  confrère,  il  est  facile 
de  signaler  ici  de  nombreuses  expressions,  provenant  des  mêmes  ra- 
dicaux et  ayant  par  cela  même  une  identique  signification.  Nous  n'en 
donnerons  pas  la  liste  intégrale,  car  cela  nous  entraînerait  trop  loin; 
et  nous  tenons  à  ne  pas  abuser  de  la  place  réservée  aux  discussions. 

1°  Radicaux  Cra  et  Cre,avec  le  sens  de  pierre,  de  dureté  et  de  ré- 
sistance. En  Allemand  :  Kreide  (craie),  Kraft  ;force)  ;  En  Anglais  : 
Crag  (rocher,  roche)  ;  En  latin  :  Crater  (bassin  de  fontaine),  Cra- 
terites  (pierre  précieuse),  Crepido  piédestal,  socle);  En  Français  : 
Crépi  (enduit). 

2°  Mêmes  radicaux  avec  le  sens  de  bruit.  En  Allemand  :  Kraheln 
(gratter),  Krazchen  (croasser),  Kràhen  (chanter  ,  Krùhe  ;  corneille)  ; 
En  anglais:  Crash  (fracas),  to  creak  (crier),  Crimp  (cassant  ,  to  Croak 
croasser),  Crow  (corneille^,  Crush  (choc',  to  Craze  (écraser)  ;  En 
latin  :  Crepitare  (crépiter),  Crepare  (croquer),  Crepulus  (résonnant1, 
Crepundia  Sistre  ;  équivalent  du  français  Crécelle),  Crocatio  et  Cro- 


362  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

citus  (croassement),  Crotalium  (castagnette),  Cribare  (sasser),  Cri- 
bellare  (tamiser,  cribler). 

3°  Radical  Cal,  avec  le  sens  de  dureté  et  de  pierre.  En  Français  : 
Calcaire,  Calcédoine,  Caillou  ;  En  latin  :  Cala  (pierre)  ;  Calcea 
(chaussée  empierrée);  Calculus  (petite  pierre,  calcul),  Callaïs  (tur- 
quoise); Callere  (avoir  des  durillons),  Callis  (chemin  pour  le  bétail); 
Callimus  (pierre  d'aigle). 

4°  Radicaux  :  Cla,  Cli,  Clo,  dérivés  de  Cal,  avec  le  sens  de  bruit,  de 
dureté,  de  pierre.  En  Allemand  :  Kliiffen  (japper),  Klammer  (cram- 
pon), Klangvoll  (sonore),  Klingen  (sonner),  Klinge  (lame  d'épée), 
Klieben  (fendre),  Klimpern  (tinter),  Klippe(écueil,  roc),  Kilppschenke 
(cabaret  borgne,  partant  bruyant),  Klippschule  (école  enfantine), 
Klage  (plainte),  Kloben  (crampon),  Klopfer  (heurtoir)  ;  En  anglais  : 
to  Clatter  (criailler),  to  Clap  (claquer),  Clang  (cliquetis),  Claymore 
(glaive,  épée),  Cliff  (falaise,  rocher),  to  Clink  (tinter);  Clip  (soufflet); 
En  Français  :  Claquer,  Clapet,  Clapoter,  Clinquaillerie  ;  En  provençal  : 
Clapier,  Clapas,  (enceinte  ou  amas  de  pierres). 

A  ces  diverses  citations  il  convient  d'ajouter  quelques  termes, 
dont  l'initiale  par  un  mécanisme  connu  a  remplacé  le  C.  En 
Anglais  :  Glass  (verre),  Gleek  (musique),  to  Grind  (broyer),  Gruff 
(bourru),  Grumbler  (grondeur)  ;  En  Allemand  :  Grabe  tombeau)  ; 
En  Français  :  Grappin,  Griffe,  Grabat,  Gravier,  Grès,  Granit  ;  En 
latin  :  Gravis  (lourd),  Granus  (grain),  Gladius  (glaive),  etc. 

Beaucoup  d'expressions  géographiques,  commençant  par  les 
syllabes  précitées,  ont,  sans  nul  doute,  la  signification  de  «  pierre  »  ; 
mais  peut  être  faudrait-il  faire  quelques  réserves  au  sujet  de  cer- 
taines d'entre  elles.  En  ce  qui  concerne  le  nom  de  Creil  (Oise),  lati- 
nisé dans  les  vieux  textes  Credulium,  nous  estimons  qu'il  vient  du 
gaélique  Craig  dhu  (rocher  noir),  appellation  encore  portée  par  une 
commune  du  Comté  de  Perth  (Ecosse). 

M.  L.  Jacquot  (Grenoble).  —  Auprès  de  Thonon  existe  une 
cuvette,  desséchée  depuis  peu  de  temps  et  dont  le  sol,  encore 
tremblant,  est  formé  d'une  épaisse  couche  de  tourbe.  Un  étroit 
couloir  permet  aux  eaux  pluviales  de  se  déverser  dans  l'Oucion, 
ruisseau  qui  coule  sur  la  terrasse  s'étendant  entre  le  lac  et  les  pre- 
mières collines.  Une  pierre  à  cupules  existe  sur  la  pente  orientale 
du  couloir.  L'endroit  est  appelé  par  les  indigènes  Crotte-au-Loup . 

Ce  nom  s'expliquerait  par  l'étymologie  que  le  Dr  Pratbernon 
donne  aux  mots  croz  et  crot,  qu'il  fait  dériver  du  celtique  cro, 
boue,  ou   croosum,    crotum,    creux,   ravin,    fossé,  lagune,  mare. 

Quelqu'un  peut-il  me  dire  pourquoi  on  trouve  tant  de  lieux  dits 
appelés  Chante-Louve  et  Chante-Merle?  Il  n'y  a  pas  eu  plus  de 
loups  que  de  renards,  plus  de  merles  que  de  pies  ou  de  corbeaux  ; 
les  loups,  en  tout  cas,  n'ont  jamais  passé  pour  chanter.  Ne  faut- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  363 

il  pas  voir  dans  ces  noms  une  corruption  de  mots  celtiques,  ayant 
un  sens  tout  différent  ? 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Cela  est  bien  certain.  Mais  le  mot 
d'origine  peut  être  aussi  bien  ligure  que  vieux  celtique  !  —  Pour 
élucider  ces  questions,  il  faut  faire  d'abord  des  Vcoabulaires  très 
soicrués,  donnant  toutes  les  étapes  historiques  des  mots;  nous 
discuterons  après. 


Discussion  sur  les  Empreintes  pédi formes. 

M.  L.  Jacquot.  — a)  Pieds  humains.  —  Dans  l'église  de  Lans- 
le-Villars  (Savoie),  au  pied  du  col  du  Mont-Cenis  et  dans  les 
environs  des  superbes  Pierres  à  sculptures  de  Pisselarent  et  de 
Chantelouve  (voir  les  brochures  de  M.  L.  Schaudel),  un  tableau 
représente  Jésus  en  croix.  Au  pied  de  la  Croix  est  une  pierre, 
portant  une  empreinte  de  pied. 

b)  Empreintes  de  fers  de  cheval.  —  En  face  du  château  de  Blo- 
nay,  à  Grande-Rive  (prèsEvian),  sur  la  plage,  est  un  bloc  de  ro- 
che dure,  avoisinant  une  source  ferrugineuse.  —  La  légende  ra- 
conte qu'un  baron  de  Blonay,  poursuivi  sur  la  côte  Suisse  par 
des  ennemis,  leur  échappa  en  lançant  son  cheval  dans  le  lac. 
Monture  et  cavalier  traversèrent,  tout  bardés  d'acier,  les  quatre 
lieues  d'eau  qui  séparent  les  deux  bords  du  Léman,  et  vinrent 
atterrir  auprès  du  rocher  en  question.  En  prenant  pied,  le  che- 
val laissa  l'empreinte  de  son  fer  dans  la  pierre,  où  je  l'ai  vaine- 
ment cherchée! 

Les  fers  que  représente  la  figure  de  l'Exposition  M.  Baudouin  à 
Tours  sont  bien  des  Fers  de  Chevaux]  ce  sont  des  demi-cercles. 
Les  prétendues  empreintes  de  la  Pierre  à  Bonnet,  dont  il  a  été 
question  Tan  passé,  sont  des  Disques.  Il  ne  peut  y  avoir  de  com- 
paraison à  faire  entre  les  deux  types  d'excavation. 

Note.  —  Quelqu'un  connaît-il  la  roche  du  Pied  du  Roi  dans 
la  forêt  de  Fontainebleau? 

M.  M.  Baudouin.  —  Il  faut  remercier  M.  L.  Jacquot  de  ces 
deux  observations,  très  intéressantes.  —  Il  faudrait  faire  l'his- 
oire  de  ce  Tableau  ;  cela  en  vaut  la  peine.  —  La  Légende  du  Châ- 
teau de  Blonay  est  à  rapprocher  de  celle  du  Saut  de  la  Pucelle  à 
Vaudemont  (Vosges)  ;  mais  là,  comme  à  Tourronde,  les  Gravures 
de  Fers  de  chevaux  [étaient-ce  bien  des  fers,  ou  des  Empreintes 
non  ferrées  ?]  sont  aujourd'hui  détruites.  Quoiqu'il  en  soit,  ces 
gravures  sont  préhistoriques  [Pierre,  Bronze,  ou  Fer). 


364  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

A  propos  du  Hochet  gallo-arverne. 

M.  L.  Jacquot.  —  En  voyant  la  Fiçure  1  du  Bulletin  n°  5  (p.  310), 
ma  première  impression  a  été  que  j'étais  en  présence  d'un  de 
ces  dés-toupies  à  quatre  faces,  dont  chacune  porte  un  chiffre,  avec 
lesquels,  dans  mon  enfance,  nous  nous  amusions  à  gagner  (ou  à 
perdre!)  des  plumes  ou  de  petites  images. — J'ai  beau  m'ingénier, 
je  ne  puis  y  voir  de  hochet  :  l'objet  est  si  petit  qu'on  le  tiendrait 
malaisément  et  qu'un  baby  serait  trop  tenté  de  le  mettre  dans 
sa  bouche.  Je  me  rappelle  que  ma  bonne  me  fabriquait  des  jouets 
semblables  avec  de  la  mie  de  pain  :  mais  ils  n'étaient  pas  creux, 
cela  va  sans  dire  ! 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  rappelle  que  l'habitude  de  faire 
des  objets  de  cette  sorte  en  mie  de  pain  existe  à  Paris  comme 
dans  toute  la  France. 


L.e  Chien  en  Préhistoire. 

M.  Stanislas  Clastrier  (Marseille).  —  «  Il  y  avait  les  Crapotines 
et,  à  la  fin  du  mois,  pendant  la  Canicule,  qu'on  considérait  comme 
une  divinité,  on  sacrifiait  à  celle-ci  des  Chiens  roux,  dans  le  but 
d'épargner  des  chaleurs  trop  vives.  » 

Cette  note  est  copiée  dans  le  journal  Le  Radical  (de  Marseille)  du 
29  juin  sous  la  signature  Robert  Delys  (Art.  intitulé  :  Juillet). 


Gravures    sur    Roches  dans  in    grotte   d'Arudy 

(Ilassesl'yrénéfs) 
[Aurignacien  et  Magdalénien]. 

[Prise  de  date] 

M.  Roseville  des  Grottes  vient  de  faire  une  intéressante  décou- 
verte dans  la  Grotte  préhistorique  d'Espalungue,  à  Arudy.  Il  s'agit  de 
Gravures  pariétales,  qui  se  trouvent  sur  un  bloc  de  rocher  dans  la 
salle  dénommée  «  salon  de  Rotonde  »,côté  gauche  du  milieu.  Ces  gra- 
vures représentent  une  tête  d'auroch,  et  un  cheval  à  épaisse  et  longue 
crinière.  Des  membres  de  la  tribu  magdalénienne,  qui  occupaient 
très  probablement  cette  caverne,  avaient  installé,  autour  de  ce  gros 
bloc  tombé  de  la  voûte,  un  petit  atelier  de  taille,  selon  l'usage  qu'ils 
en  avaient;  et  cette  surface  pierreuse  leur  servait  de  table  pour  poser 
leurs  outils  d'os  et  de  silex.  La  terre  grasse  et  noirâtre,  mélangée  de 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  365 

charbons,  indiquait  bien  là  un  foyer.  M.  Roseville  a  également 
retrouvé  dans  les  débris  des  fouilles  des  burins  du  type  d'Aurignac, 
des  lames  de  silex  à  pointe  aiguë  et  des  grattoirs-marteaux  semblables 
à  ceux  que  les  abbés  Buissonie  ont  retirés  de  la  «  Comba  del  Boui- 
tou  »,  près  Brives  :  ce  qui  tendrait  à  indiquer  que  la  caverne  fut 
d'abord  habitée  par  une  tribu  de  Y Aurignacien  supérieur,  ayant  pré- 
cédé les  Magdaléniens,  artistes  graveurs.  D'après  le  Nouv.  de  Bor- 
deaux, 27  mai  1911  . 

Coutumes  française  :  l'Inhumation  des  Mort-nés. 

M.  Georges  Baquié  (Nissan,  Hérault).  —  Je  viens  exposer  à  mes 
collègues  de  la  Société  Préhistorique  Française  une  sorte  d'usage,  ou 
de  rite  peu  connu,  arrivé  traditionnellement  jusqu'à  nous  (peut-être 
depuis  les  temps  préhistoriques  ,  et  qui  va  bientôt  disparaître  de  nos 
campagnes.  C'est  encore  dans  l'Ariège  que  j'ai  pu  apprendre  ce  qui 
va  suivre.  -  Dans  les  campagnes  souvent  fort  reculées,  dont  des  mé- 
tairies éloignées,  et  des  hameaux  misérables  forment  souvent  une 
commune,  il  n'y  a  ni  docteur,  ni  sage-femme.  Le  paysan  ne  se 
soigne  qu'à  la  dernière  extrémité,  ayant  plus  de  souci  de  la  santé  de 
ses  animaux  que  de  celle  de  sa  famille.  Une  naissance  a  lieu  à  l'im- 
proviste:  et  le  nouveau-né  paye  de  sa  vie  le  manque  de  soin,  dont  la 
mère  a  été  l'objet  ;  ou  bien  c'est  un  monstre,  qui  lui  aussi  ne  fait  que 
passer  en  ce  monde. 

C'est  alors  que,  par  crainte  de  lame  du  mort,  par  respect  pour 
l'être  qui  vient  de  mourir,  pour  ne  pas  susciter  sa  colère,  et  pour 
lui  être  agréable,  qu'on  va  l'ensevelir  pieusement  dans  une  fosse, 
creusée  sous  l'escalier  qui  conduit  à  la  chambre,  pour  qu'il  reste 
toujours  dans  sa  famille,  près  des  vivants. 

N'est-ce  pas  là  une  curieuse  image  des  temps  préhistoriques, 
dont  les  Lois  actuelles  arrivent  avec  peine  à  empêcher  l'accomplis- 
sement ? 

Une  épingle  à  bélière  de  l'âge  du  bronze  dans  les 
dragages  de  la  Seine  aux.  environs  de  Rouen. 

[Prise  de  date], 

M.  L.  Coutil  (Saint-Pierre-du-Vauvray).  —  A  la  séance  du  22 
décembre  1910,  nous  avons  présenté  une  série  d'armes  et  d'objets, 
trouvés  dans  les  dragages  de  la  Seine,  aux  environs  de  Rouen, 
notamment  une  longue  épingle  à  bélière,  à  tète  plate  et  ronde, 
avec  partie  médiane  aplatie  et  ornée  de  fines  lignes  formant  des 
losanges  entrecroisés.  Nous  l'avions  rapprochée  d'une  autre 
épingle,  reproduite  par  John  Evans,  dans  son  Age  du  bronze 
(p.  399  _  Fig.  457),  provenant  de  l'Irlande;  mais  nous  n'avions  pas 


366  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

cité  une  autre  épingle  reproduite  à  la  page  précédente  (Fig.  454), 
offrant  à  peu  près  la  même  ornementation  et  mesurant  0m194,  au 
lieu  de  0m27.  Son  moyen  d'attache  diffère  légèrement  ;  le  renfle- 
ment de  la  partie  centrale  est  percé,  au  lieu  de  présenter  une 
sorte  de  petite  patte.  Par  une  coïncidence  bizarre,  cette  grande 
épingle  est  aussi  incurvée  ;  et  M.  Francks  (que  cite  J.  Evans)  a 
supposé  que  cette  déformation  était  intentionnelle;  cette  épingle 
a  été  trouvée  dans  la  Tamise,  à  l'embouchure  de  la  rivière 
Wandle  (comte  de  Surrey)  ;  elle  ressemble  surtout  à  l'épingle 
trouvée  à  Amiens,  de  la  collection  J.  Evans. 

Cet  auteur  a  cité  aussi,  page  398,  une  épingle  de  même  forme, 
ornée  de   la  même  manière  et  munie  d'une   bélière  ;  elle  a  été 


Fig.  1.  —Epingle  en  bronze  avec  bélière  latérale. 

trouvée  dans  un  tumulus  des  environs  deLewes;  la  tète  est  large 
avec  une  bosse. 

Il  cite  aussi  une    autre  épingle  incurvée  à  la  pointe;  la   tète 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  367 

porte  un  morceau  d'ambre  ;  sur  le  côté  existe  une  attache  ou 
bélière  ;  elle  a  été  trouvée,  dans  une  mine,  près  de  la  rivière 
Fowey  (p.  397).  Certaines  épingles  germaniques  portent  aussi 
une  petite  attache  sur  le  côté  ;  elles  sont  décrites  par  Lisch 
(Freder  Francise,  pi.  XXIV,  5,  6). 

Nous  présentons  aujourd'hui  une  autre  épingle,  différente  de 
forme  et  incurvée  presque  à  angle  droit,  vis-à-vis  de  la  bélière, 
d'une  manière  peu  artistique  {Fig.  1);  mais  cette  courbure  est-elle 
intentionnelle?  Si  elle  était  redressée, elle  mesurerait  0m24  de  lon- 
gueur; sa  tète  est  massive,  ronde,  en  olive  très  oblongue,  avec 
l'extrémité  aplatie;  elle  est  ornée  de  seize  filets  saillants;  sa  forme 
est  également  rare.  La  patine  noirâtre  nous  ferait  croire  plutôt 
qu'elle  vient  des  tourbières,  comme  les  suivantes,  que  du  lit  de  la 
Seine  près  de  Rouen,  ainsi  que  le  croit  M.  Taurin,  de  Rouen, 
qui  en  est  propriétaire.  Elle  se  rapproche  surtout  d'une  épin- 
gle trouvée  à  Arry,  canton  de  Rue  (Somme),  collection  Dimpre  à 
Abbeville,  de  celles  des  Baux-Sainte-Croix  (Eure)  (1),  et  aussi  de 
celles  de  Plainseau,  du  Musée  d'Amiens,  mais  qui  n'ont  pas  d'at- 
tache latérale.  Cette  dernière  découverte  en  a  fourni  deux  autres, 
avec  attache  latérale,  et  de  plus  petite  dimension:  l'une  unie,  l'autre 
avec  partie  annelée  et  rappellant  un  peu  celle  que  nous  présen- 
tons ;  elles  sont  aussi  au  Musée  d'Amiens.  Elles  ont  été  reprodui- 
tes par  M.  l'abbé  Breuil  dans  son  4^e  du  Bronze  dans  le  bassin  de 
Paris  [L Anthropologie,  1907, XVIII, p. 514,  Fig,l,2,  3, 7,9 et  tO). 

Nous  avons  fait  exécuter  un  croquis  par  M.  Commont  de 
l'épingle  de  Plinseau  ;  elle  diffère  du  dessin  de  M.  l'abbé 
Breuil  (1).  Ces  dernières  épingles  étaient  associées  avec  des 
haches  à  douille  et  à  ailerons  :  ce  qui  démontre  qu'elles  sont  de 
la  fin  de  l'âge  du  bronze. 

Nous  avons  tenu  à  signaler  cette  grande  épingle  courbée,  de 
forme  différente,  munie  aussi  d'un  petit  anneau  pour  la 
fixer.  Il  est  permis  de  supposer  que  ces  épingles  étaient  sans 
doute  destinées  au  vêtement,  qu'elles  étaient  en  outre  fixées  au 
moyen  de  l'anneau,  et  constituaient  peut-être  des  fibules  primi- 
tives, qui  précédèrent  les  fibules  à  arc  orné  aussi  de  côtes  paral- 
lèles. Nous  avons  tenu  à  les  grouper  pour  la  première  fois  et  à 
provoquer  une  étude  générale  de  ces  parures  ;  car  l'étude  de 
M.  de  Saint-Venant,  sur  les  Antiques  Epingles  a  Bélière,  est 
consacrée  à  des  épingles  ayant  des  attaches  au  sommet  de  la 
tête,  et  non  sur  le  côté. 

(1)  L.  Coutil.  —  L'âge  du  bronze  en  Normandie  et  spécialement  dans  les  départe- 
ment* de  l'Eure  et  de  la  Seine-Inférieure.—  1899,  p.  37  et  49,  PI.  V,  Fig.  8  et  9,  des 
Baux-Sainte-Croix  (Eure). 


368  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Discussion  sur  l'Industrie  du  Cuivre  (suite), 


M.  Stalin  (de  Beauvais).  —  Au  cours  de  la  discussion  termi- 
nale de  la  communication  de  M.  Zaborowski  (1),  notre  collègue, 
M.  Marcel  Baudouin,  émettant  la  théorie  d'un  Centre  vendéen 
d'invention  et  de  fabrication  de  Haches  plates  en  cuivre,  énonçait 
qu'un  seul  moule  de  hache  de  cette  forme,  —  découvert  en  Mor- 
bihan — ,  était  connu  (2)  en  France.  —  Mais,  pour  l'Europe,  qu'on 
me  permette  de  donner  les  indications  suivantes. 

Le  Catalogue  du  Musée  national  d'Edimbourg  (3),  publié  en 
1876,  donne,  en  effet  (4),  la  représentation  de  deux  moules 
de  haches  plates.  Le  même  ouvrage  indique,  comme  existant 
à  cette  époque  audit  Musée  (5),  vingt-trois  haches  plates  d'origine 
écossaise,  et  quarante-quatre,  provenant  d'Irlande.  John  Evans, 
d'autre  part,  en  son  Age  du  bronze  (6),  signale  six  moules,  trou- 
vés en  Angleterre  et  en  Irlande;  et  deux  moules,  recueillis  à 
Bodio  dans  le  lac  Varède.  —  11  s'ensuit  donc  que  les  Iles  britan- 
niques, exportatrices  de  cuivre  dès  le  premier  âge  du  bronze,  — 
selon  M.  Charles  Read  (7)  —  possédaient,  elles  aussi,  entre  le 
nord  et  l'ouest,  un,  sinon  plusieurs,  centres  de  fabrication  de 
haches  plates,  et  pouvaient  pour  cette  raison  faire  également 
commerce  de  ces  dernières  avec  le  continent. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  A  l'une  des  dernières  séances  de 
l'Académie  des  Inscriptions  (23  juin),  M.  le  Pr  Vasseur  (de  Mar- 
seille), a  fait  connaître  l'existence  d'une  mine  de  Cuivre,  située 
dans  les  garrigues  de  l'Hérault,  près  de  Cabrières  :  mine  qui  a  été 
exploitée  pendant  la  période  du  Bronze.  Cette  antique  exploita- 


(1)  Bull.  Société  Préhistorique  Française,  séance  du  23  février  1911,  p.  165,  et 
167. 

(3)  Catalogue  of  Antiquities  in  the  National  Muséum  of  Ihe  Society  of  Antiquaries 
of  Scotland.  —  Royal  Institution  Edimburg,  1876. 

(4)  P.  87. 

(5)  P.   88-89. 

(6)  John  Evans.  —  Age  du  bronze  :  instruments  armes  et  ornements  dé  la  Grande 
Bretagne  et  de  l'Irlande.  Traduction  W.  Battier.  —  Paris,  Baillière,  1882  [p.  467  et 
suivantes]. 

(6)  «  L'extrême  rareté  de  1  etain  pur  et  du  cuivre,  dans  les  découvertes  Scandinaves 
«  de  l'âge  du  bronze,  laisse  supposer  que  le  bronze  à  cette  période,  était  importé. 
«  L'analyse  démontre,  en  effet,  qu'une  partie  provient  de  l'Europe  Centrale,  l'autre 
«  des  Iles  britanniques  »  (British  Muséum.  A  guide  to  tbe  antiquities  of  the 
bronze  âge  in  the  Department  of  British  and  Medianal  Antiquities.  London,  1904, 
p.  103,  g  2). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  369 

tion,  dénommée  «  Les  neuf  Bouches  »,  se  trouve  vers  le  sommet 
de  la  hauteur  de  Bellarade.  M.  Vasseur  a  recueilli,  à  l'entrée  et 
aux  alentours  de  cette  mine  :  323  outils  primitifs,  en  pierres  très 
dures  [quartz  et  quartzites),  qui  ont  servi  à  concasser  et  broyer 
le  minerai  [azurite  et  malachite).  Sur  le  versant  méridional  de 
la  colline,  on  voit,  à  600  mètres  environ  de  la  mine,  quartier  de 
la  Roque-Blanche,  une  Grotte  sépulcrale,  renfermant  une  très 
grande  quantité  d'Ossements  humains,  associés  à  des  poteries  de 
t-dge  de  bronze.  L'auteur  estime  que  cette  grotte  a  servi  de  sépul- 
ture aux  mineurs  de  Bellarade  !  C'est  la  première  fois,  écrit 
M.  Vasseur,  qu'on  peut  fournir  la  preuve  qu'une  mine  de  Cuivre 
a  été  exploitée,   en  France,  a  cette  époque. 

Qu'on  me  permette  d'ajouter  que  M.  L.  Davy  a  signalé  l'exploi- 
tation de  mines  d'Etain  en  Maine-et-Loire,  et  qu'on  a  signalé 
une  mine  de  Cuivre  à  Murs  (Maine-et-Loire),  comme  le  répétera 
tout  à  l'heure  notre  collègue,  M.  O.  Desmazières  (1). 

M.  Pagès-Allary.  —  Les  Haches  !  Bien  réfléchir,  en  écrivant, 
sur  une  question  de  Préhistoire,  son  avis  en  peu  de  mots,  résu- 
mant les  déductions  principales,  ne  suffit  pas  ;  car  diverses 
idées,  pensées  ou  réflexions,  qui  restent  ainsi  muettes, 
échappent  au  lecteur,  qui  n'a  pas  l'occasion  ou  le  temps  de  les 
faire,  en  lisant.  C'est  pour  cela  que  quelques  collègues  pourront 
me  faire  la  juste  observation  que  signaler  une  différence,  et  bien 
l'énoncer,  «  pour  le  mot  Hache  »,  n'est  pas  suffisamment  démons- 
tratif. 

Il  faut,  en  effet,  montrer  une  distinction  de  la  hache  utilisée 
par  choc,  et  la  hache  utilisée  par  pression  :  soit  la  hache  propre- 
ment dite,  et  la  hache-outil,  le  tranchet,  par  exemple.  Qui  de 
nous  cependant  n'a  pas  coupé  du  papier  avec  le  fil  d'un  tranchet 
en  pierre,  appelé  Hache? 

Pour  raisonner  juste,  il  faut  voir  juste;  c'est  le  moyen  d'avoir 
un  bon  point  de  départ,  pour  étudier  l'origine  du  cuivre  et  du 
bronze,  actuellement  trop  basée  sur  la  Forme,  et  pas  assez  sur  le 
fond.  Or  si,  même  sur  la  forme,  on  confond  un  marteau  avec  un 
couteau,  et  que  l'on  frappe  —  ou  table  —  avec  le  couteau  en  le 
considérant  comme  marteau,  il  est  clair  que  les  conclusions  tirées 
des  formes  et  des  dimensions  de  ce  dernier  ne  peuvent  être  ni 
bien  justes,  ni  bien  nettes  pour  l'autre  ! 

C'est  le  cas  des  déductions,  sur  la  base,  unique  et  vague, 
qu'est  le  mot  «  Hache  »,  actuellement,  en  Préhistoire. 

Pendant  les  périodes  ou  civilisations  :   Néolithique,  Cuivre  et 

(1)  Voir  son  travail,  qui  ne  pourra  paraître  qu'ultérieurement,  en  raison  de  sa 
longueur. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  24 


370  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Bronze,  il  y  a,  dans  les  outils  appelés  «  Haches  préhistoriques  », 
Haches  plates  surtout  : 

1°  La  matière,  employée  à  ces  différentes  phases  ; 

2°  La  forme  et  les  dimensions  de  cette  matière  et  des  divers 
coefficients  de  sa  résistance  au  choc  et  à  l'usure,  puis  de  son  état 
de  présentation  et  abondance  naturelle  dans  le  sol,  et  enfin  celle 
de  son  emmanchement,  pour  la  plus  grande  commodité  de  ses 
usages  et  la  généralité  de  ses  emplois  les  plus  fréquents  ; 

3*  Mais,  avec  la  technique  de  fabrication,  il  y  a  celle  de  I'utili- 
sation.  —  C'est  la  plus  importante  et  la  plus  caractéristique, 
mais  c'est  aussi  la  plus  négligée. 

Si  techniquement  la  forme  générale  d'un  outil  préhistorique 
tient  principalement  a  la  manière  dont  il  est  tenu  ou  emmanché 
pour  plusieurs  usages,  paitant  de  la  résistance  de  la  matière 
employée,  cela  ne  peut  après  varier  beaucoup,  et  être,  pour  les 
temps  primitifs,  qu'un  faible  moyen  de  distinction  pour  nous  (1). 
Tandis  que  la  forme  de  la  partie  utilisée  tient  et  représente  bien 
l'usage  qu'on  en  faisait. 

C'est  donc  cette  dernière  qu'il  faut  examiner  surtout,  pour  avoir 
une  juste  idée  de  son  usage,  et  donner  un  nom  à  l'outil,  suivant 
sa  forme  active,  l'autre  n'étant  que  passive. 

Car,  appeler  «hache»  un  tranchet  est  une  erreur,  qui  s'aggrave 
surtout,  lorsque,  de  cette  fausse  idée,  on  essaye  de  tirer  des 
déductions,  d'autant  plus  i  rèj udiciables  à  la  Science  préhisto- 
rique qu  elles  sont  plus  savamment  exposées. 

Or,  si  même  sans  faire  de  distinction  pour  le  moment  des 
matières  premières  employées,  Pierre,  Cuivre  et  Bronze,  nous 
examinons  seulement  la  forme  des  tranchants  exclusivement, 
nous  voyons  de  suite  les  mêmes  variations  de  la  partie  utilisée 
épouser  à  toutes  les  époques  les  mêmes  invariables  profils,  indiffé- 
rents à  la  matière  employée  ;  ce  sont  les  mêmes  différents  outils 
qui  confirmèrent  que  ce  sont  encore  les  mêmes  besoins,  et  récipro- 
quement. 

Donc  c'est  bien  Y  usage,  et  non  la  substance,  qui  est  le  facteur 
premier.  La  preuve,  c'est  qu'il  agit  plus  tard  même  sur  l'emman- 
chement, la  monture,  et  la  forme  générale,  avec  les  progrès  de 
la  civilisation  et  technique  du  travail  (2). 

(1)  Rien  ne  ressemble  plus  à  une  hache  plate  en  cuivre,  ancienne,  qu'une  autre 
hache  plate  en  cuivre  de  nos  jours,  fabriquée  par  exemple  par  les  monteurs 
mécaniciens,  qui  ne  veulent  pas  mater  un  morceau  «le  fer,  sur  lequel  ils  sont  obli- 
gés de  frapper,  et  qui  mettent  une  lame  de  cuivre  ou  plomb  entre  le  fer  et  le  mar- 
teau. 

(2;  A  la  fin  du  Bronze,  chaque  outil  épouse  une  différence  de  forme,  comme  nous 
le  montre  bien  clairement  M.  Déchelette  lui-même  dans  son  beau  Manuel  de  t910 
[Age  du  Bronze,  pages  271-272]. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRVNÇÀ1SE  371 

En  effet  (Planche  i,  1-2;,  si  A.  B.  C.  peuvent  servir  pour  buri- 
ner, racler  ou  frapper,  a.  b.  c.  peuvent  simplement  servir  pour 
découper,  sans  choc,  par  simple  pression,  avec  une  inclinaison 
avant  ou  arrière,  pour  couper,  en  avançant  ou  en  reculant  l'outil. 

Ce  Tranchet  est  d'un  usage  tellement  général  que  nous  le 
voyons  employé,  même  à  l'âge  du  fer  [Fig.  Fld  (1)]  par  les  Gau- 
lois de  Celles  (2)  ;  et  de  nos  jours  dans  la  demi-lune  ou  couteau  à 


Fig.  1.  —  Analogie  de  certaines  Haches  en  Pierre,  Cuivre  et  Bronze  avec  les  Tranchets  en  Fer. 


Il 


trancher  [Fig.  M1],  qui  sert  encore  à  nos  bourreliers  pour  décou- 
per le  cuir,  faire  des  lanières,  et  effiler  les  extrémités  avec  une 
grande  facilité. 

C'est  donc  un  outil  type,  qui  s'écarte  bien  de  la  hache,  non 
par  sa  forme  générale  aux  époques  qui  nous  intéressent  du  Néo- 
lithique au  début  du  Cuivre  et  Bronze  ;  mais,  pour  la  partie  très 
courbe  et  souvent  très  élargie,  augmentant  l'effet  utile  de  l'outil,  en 


(1)  F1',  F*,  F3,  sont  trois  outils  en  fer  du  Tnmulus  Gaulois  de  Celles. 

(2)  J .  Pagès-Allarï.  —  Souv elles  observations  sur  le  Tumulus  de  Celles.  — 
L'Anthropologie,  page  117,  Fig.  2,  N<>  1,  1905,  Tome  XVI.  —  Pagès-AUarv,  Déche^ 
lette  et  Lauby,  id.,  page  395.  N«  3,  1903,  T.  XIV. 


o'ÏS  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

donnant  de  l'entrée,  du  mordant,  de  la  direction  sure,  et  conser- 
vant au  volume  du  tranchet  des  proportions  que  le  poids  exigeait 
ou  limitait,  pour  rester  maniable.  — Ce  qui  nous  permet  de  con- 
clure que,  déjà  à  l'âge  de  la  pierre,  on  avait  trouvé,  sans  for- 
mule, mais  pratiquement,  la  forme  du  tranchant,  convenant  le 
mieux  pour  découper,  trancher  des  peaux,  des  écorces,  etc.,  faute 
de  cuivre,  etc..  —  Et  non,  comme  l'a  fait  un  savant  archéologue, 
M.  Louis  Siret  (1),  une  conclusion  en  faveur  de  l'extraction 
secrète  et  l'introduction  de  l'Etain  en  Espagne-Bretagne,  avec 
la  raison  intermédiaire,  mais  tout  aussi  risquée,  que  les  Néolithi- 
ques ont  imité  en  pierre  la  Hache  de  Cuivre  ou  Bronze,  qu'on 
leur  importait  en  échange  des  minerais  d'étain,  qu'on  venait 
extraire  chez  eux,  en  leur  en  cachant  l'usage  et  les  propriétés.  Ce 
qui  est  une  idée  qui  me  paraît  tout  à -fait  contraire  aux  relations 
commerciales  et  de  concurrence,  à  la  technique  et  aux  intérêts., 
comme  à  la  simple  curiosité  des  industriels,  ou  des  propriétaires 
des  minerais  exportés  ! 

Ce  n'est  donc  pas  davantage  un  argument  vn  faveur  d'un  centre 
de  départ  de  l'utilisation  du  cuivre,  ni  de  la  priorité  d'utilisation 
du  cuivre  sur  le  bronze,  toujours  et  partout  ! 

De  même  que  nous  constatons  des  civilisations  différentes, 
échelonnées  suivant  l'évolution  des  pays  et  des  races,  nous 
devons  penser  aux  inventions  de  moyens  techniques  différents, 
pour  obtenir  les  mêmes  outi/s,  devant  servir  aux  mêmes  besoins; 
et  ne  pas  nous  étonner  plus  qu'ils  soient  presque  de  même  forme, 
que  nous  nous  étonnons  d'avoir  les  mêmes  dents  humaines,  sous 
le  même  soleil  ! 

Le  cuivre  et  bronze  ont  eu  des  centres  de  production  et  fabri- 
cation, partout  où  on  trouve  aujourd'hui  des  moules,  même  où 
on  ne  trouve  plus  que  des  creusets,  et  où  il  y  a  eu  abondance  de 
minerais  facilement  utilisables,  provoquant  et  facilitant  la  réin- 
vention parfois,  à  différentes  places,  en  différents  pays  et  époques 
ignorées  et  s'ignorant. 

Toute  la  difficulté  de  l'industrie  du  bronze  et  du  cuivre,  et  ses 
secrets  de  fabrication  ou  tours  de  mains,  consistent  surtout  à 
savoir  construire  un  four,  plus  ou  moins  primitif  mais  soufflé, 
afin  d'obtenir  la  température  de  fusion,  soit  1100  degrés,  sur  les 
creusets  contenant  le  bronze  ou  le  minerai,  et  résistant  à  cette 
température. 

Les  tessons  de  poterie  provenant  des  tuyères  et  creusets  sont 
encore,  dans  ce  cas,  les  plus  précieux  fossiles  indicateurs  de  cette 
industrie,  avec  les  fonds  des  creusets,  contenant  encore  des  traces 
du  métal  même  altéré  par  volatilisation. 

(1)  Louis  Siret.  —  L'Anthropologie,  page  327,  N°  3  et  4,  1909,  Tome  XX. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  37  3 

Quelle  différence  d'assurance  scientifique,  à  côté  de  celle  que 
donne  la  forme,  les  dimensions  et  même  la  nature  des  haches,  en 
cuivre  ou  bronze? 

Tout  le  secret  du  bronze  et  du  cuivre  n'est-il  pas  dans  ta  fabrica- 
tion du  four  et  creusets,  et  surtout  dans  le  ventilateur  ou  soufflet 
si  variable,  encore  aujourd'hui,  dans  les  peuplades  sauvages  des 
différents  continents? 

N'est-il  pas  intéressant  de  comparer  l'évolution  —  paraissant 
en  sens  inverse  —  des  deux  métaux  et  des  deux  alliages  les  plus 
emplovés  par  l'humanité  :  Cuivre  et  Fer;    Bronze  et  Fonte. 

On  y  voit  : 

1°  Le  martelage  précéder  la  fusion,  dans  le  problématique  et 
exceptionnel  martelage  du  cuivre  natif,  qui  n'a  pu  nous  laisser 
aucune  trace,  nous  en  donnant  indiscutablement  la  certitude, 
comme  dans  la  masselotte  pâteuse  du  fer  au  bois. 

2°  La  fusion  des  alliages,  donnant  une  date  bien  nette,  et 
bien  différente  d'évolution,  de  ces  deux  métaux,  par  le  bronze  et 
la  fonte;  comme  aujourd'hui  par  les  aciers  Bessemer  et  Martin: 
véritables  dates  auxquelles  succèdent  celles  des  aciers  très  durs 
—  chromés,  au  vanadium,  et  au  tungstène  —  où  l'analyse  chimique 
a  tous  ses  droits,  comme  dans  la  poterie  après  l'émail,  c'est-à- 
dire  à  partir  seulement  du  jour  où  on  a  pesé  et  dosé  les  éléments 
de  composition,  introduits  en  connaissance  de  cause;  c'est-à-dire 
à  la  fin  du  créateur  et  impulsif  Empirisme. 

Mais,  par  dessus  tout  cela,  le  grand  facteur  est  toujours  Y  art 
du  feu,  la  chaleur;  toute  la  grande  évolution  sociale  se  ramène 
a  l'art  d'être,  comme  aujourd'hui,  bon  chauffeur,  et  à  se  demander 
si  les  circonvolutions  cérébrales  ne  sont  pas  elles-mêmes  soumises 
aux  vibrations  et  transformations  de  la  chaleur;  donc,  si  le  culte 
du  Soleil,  avec  ses  symboles  du  swastika,  de  la  rouelle  gauloise, 
et  de  la  rosette  des  Wisigoths,  n'est  pas  la  démonstration  de  la 
profondeur  des  observations  de  nos  ancêtres. 

A  ces  réflexions  il  faut  ajouter  qu'il  y  a  des  raisons  pour  que  le 

CUIVRE    SOIT    PLUS  ABONDANT  AUX    BORDS    DES    MERS. 

Autant  par  la  plus  grande  utilisation  que  par  la  facilité  du 
trafic,  le  cuivre  a  été  de  tout  temps  transporté  de  préférence  aux 
bords  de  la  mer,  motifs  pour  qu'on  le  trouve  en  plus  grande 
abondance  que  dans  l'intérieur  des  terres. 

A  ma  connaissance,  pour  des  raisons  chimiques,  physiques 
et  magnétiques,  même  à  notre  époque  de  l'aluminium,  du  nickel 
et  des  aciers  galvanisés,  il  y  a  encore  une  tendance  à  employer  — 
donc  à  retrouver  —  plus  de  cuivre  rouge  aux  bords  de  la  mer 
qu'à  l'intérieur  ;  dans  beaucoup  de  cas,  à  cause  de  Pair  humide  et 
salin. 


374  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

La  marine  de  guerre  et  marchande  préfère  encore,  malgré  son 
prix  élevé,  le  cuivre  au  fer  dans  les  ports  et  sur  les  navires. 

1°  Il  résiste  mieux  aux  oxydations,  à  l'air,  et  l'eau  salée:  il  se 
ronge  moins  facilement;  aussi,  avant  la  galvanisation  du  fer,  son 
usage  en  était  encore  plus  général. 

Les  gournables,  chevilles  rondes  et  carrées,  les  doublages 
étaient  en  cuivre,  parce  que  résistant  mieux,  non  seulement  que 
le  fer,  le  zinc,  mais  aussi  que  le  laiton,  et  le  bronze,  à  l'eau  de 
mer.  De  sorte  qu'aujourd'hui  encore,  dans  certaines  maisons  du 
bord  de  la  mer,  on  trouve  aussi  facilement  un  coin,  une  barre  de 
cuivre  rouge  que  de  fer  ;  et  certaines  cachettes  de  cuivre  volé  y 
font  concurrence  aux  cachettes  des  anciens  fondeurs. 

Telle  charnière,  serrure  ou  autre  objet  en  fer  à  l'intérieur  du 
continent,  est  en  cuivre  au  bord  de  la  mer, 

2°  Il  y  a  aussi  à  cause  de  la  boussole  une  petite  raison  de  préfé- 
rer le  cuivre  au  fer,  sur  certaines  parties  des  bateaux  où  se  trou- 
vent les   compas. 

3°  Les  manipulations  fréquentes  de  la  poudre  à  préserver  des 
chocs  du  fer,  autant  que  de  l'étincelle  de  la  foudre,  exigent  aussi 
que  tous  les  outils  employés  soient  en  cuivre,  tout  comme  dans 
certaines  fabrications  et  manipulations  de  produits  chimiques  et 
alimentaires. 

Il  n'y  a  pas  bien  longtemps  que  j'ai  désillusionné  un  chercheur, 
croyant  avoir  trouvé  des  outils  ronds  et  carrés  du  pur  âge  du 
cuivre,  quand  ce  n'était  que  la  curette,  la  barre  à  bourrer,  et  le 
débourroir  d'un  vieux  mineur,  de  notre  siècle  probablement. 

Assurément  boussole  et  poudre  ne  sont  pas  des  raisons  pré- 
historiques !  Mais  l'action  chimique  est  de  tous  les  temps  ;  et,  à 
elle  seule,  elle  suffit  pour  expliquer,  avec  la  facilité  des  trafics, 
que  le  cuivre  rouge  et  différents  outils  soient  plus  abondants  sur 
certains  rivages  maritimes,  sans  remonter  pour  cela  à  Page  du 
cuivre.  A  plus  forte  raison,  quand  sur  ces  rivages  l'existence  du 
minerai  est  démontrée.  Mais  il  reste  encore  à  trouver,  par  les 
fossiles  tessons  et  outils,  V époque  de  l'exploitation,  car  les  haches 
plates  en  cuivre  de  toutes  les  époques  se  ressemblent  beaucoup 
par  la  forme  ;  et  la  patine  est  si  souvent  enlevée  ! 

D'autre  part,  le  cuivre  rouge  n'a  pas  d'époque  fixe  d'utilisation; 
la  preuve  en  est  encore  donnée  par  les  fouilles  des  enceintes  (1) 
de  Chastel-Les-Tours,  Bredom,  La  Bastide,  où,  du  xe  au  xve  siècle, 
on  rencontre  beaucoup  d'objets  en   cuivre. 

Je  crois  que  la  raison  de  cette,  fabrication  est  dans  la  plus 
grande  facilité  et  solidité  de  la  dorure  à  la  feuille  qu'on  appliquait 

(1)  Bulletin  S.P.F.,  1909-1910. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  375 

sur  ces  objets  (1),  dorure  qui  n'est  très  visible  et  bien  constatable 
qu'au  moment  de  la  trouvaille  ;  car,  en  séchant  à  l'air,  la  feuille 
d'or  tombe  de  suite,  pour  laisser  dessous  une  croûte  noire  bitu- 
mineuse qui  s'écaille  et  met  à  nu  la  poudre  oxydée  du  métal,  qui, 
à  l'amlyse,  ne  manquerait  pas  d'indiquer  l'âge  du  cuivre  pur, 
mais  pas  celui  de  son  origine  chronologique. 

Voilà  une  cause  d'erreur,  qui  s'ajoute  à  celle  qui  consiste  à 
confondre  la  production  d'une  matière  première  avec  quelques 
utilisations  ou  transformations  artistiques  de  cette  matière.  Le 
milieu  de  l'ouvrier  qui  a  traité  le  minerai  peut  difficilement  être 
celui  de  l'artiste  qui  a  fabriqué  les  bijoux  et  objets  finis,  qui  nous 
sont  exceptionnellement  parvenus,  pour  une  raison  toute  parti- 
culière du  respect  des  sépultures,  mais  qui  ne  représentent 
qu'une  infime  partie  de  la  fabrication  de  cette  époque,  détruite 
par  la  réutilisation,  par  fusion. 

La  similitude  du  travail  de  transformation  en  objets  uniformes 
et  finis  est  peut-être  un  argument  en  faveur  d'un  centre  de 
départ  de  cette  fabrication  et  de  l'utilisation  des  objets  ayant  sur- 
vécus à  une  époque  fixe,  mais  non  sur  les  origines  de  la  métallur- 
gie ou  production  de  la  matière  première.  —  Il  faut  les  fossiles 
tessons,  des  tuyères  et  des  moules,  des  fours,  et  des  galeries  d'ex- 
traction des  minerais. 

M.  L.  Vésignié  (Bourges).  —  Je  suis,  avec  intérêt,  dans  le  Bul- 
letin de  la  S.  P.  F.,  l'exposé  et  la  discussion  des  faits,  relatifs  aux 
Haches  en   cuivre  (1). 

Dans  le  numéro  de  mars  1911,  on  signale  Pintérèt  qu'il  y 
aurait  à  être  fixé  exactement  sur  les  gisements  de  Cuivre  natif  en 
Europe. 

Pour  la  France  au  moins,  permettez-moi  d'attirer  votre  atten- 
tion sur  la  Minéralogie  de  la  France  et  de  ses  Colonies,  par  le 
Pr  Lacroix.  Cet  admirable  ouvrage,  de  science  profonde  et  de  pa- 
tiente érudition,  condense  tout  ce  qui  a  paru  sur  les  gisements 
minéralogiques  ou  miniers  français,  tant  anciennement  connus  et 
étudiés  que  récemment  découverts,  et  les  décrit  tous  avec  le 
plus  grand  soin.  Pour  ce  qui  est  des  gisements  de  cuivre  natif 
étrangers  à  la  France,  les  ouvrages  de  minéralogie  donnent 
d'assez  nombreux  renseignements. 

Je  crois  qu'il  convient,  dans  les  études  ou  recherches  préhis- 
toriques, lorsqu'il  s'agit  de  roches,  minéraux,  minerais  ou  métaux 
natifs  se  trouvant  dans  les  alluvions,  de  ne  pas  perdre  de  vue 
que  : 

(1)  Bulletin  S.P.P.,  p.  267  ;    avril  1911,  n'  4. 


376  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

1°  L'érosion  pluviale  ou  torrentielle,  les  glaciers  et  les  autres 
agents  qui  travaillant  de  concert  à  l'abrasion  superficielle  des 
continents,  ont  démantelé  et  démoli  les  chapeaux  de  faîte  de  nom- 
breux filons  métallifères,  dont  il  ne  subsiste  plus  que  les  parties 
profondes,  presque  exclusivement  constituées  de  sulfures  et  sul- 
fo-arseniures.  Les  parties  les  plus  résistantes  (métaux  natifs)  de 
ces  chapeaux  de  faîte  ont  été  triées  et  accumulées  dans  les  allu- 
vions. 

2°  Dans  un  pays  depuis  très  longtemps  peuplé,  au  cours  de 
nombreux  siècles  de  recherches  et  d'exploitation,  les  terrains 
d'alluvions,  dont  la  masse  est  relativement  faible,  du  moins  en 
leurs  parties  facilement  accessibles,  se  sont  nécessairement 
appauvris  peu  à  peu  en  matières  considérées  comme  précieuses, 
depuis  le  Néolithique  :  d'abord  galets  de  jade,  jadéite,  chloromé- 
lanile,  eclogite  et  autres  roches  similaires,  et  peut-être  locale- 
ment petits  cailloux  de  Callaïs;  puis  bientôt  pépites  et  paillettes 
d'or,  sables  et  graviers  de  cassitérite,  et  masses  de  cuivre  natif. 

En  résumé,  sur  un  sol  habité  et  exploité  depuis  aussi  long- 
temps que  celui  de  la  France,  la  richesse  relative  des  alluvions  en 
matières  précieuses  activement  recherchées  par  l'homme  a  né- 
cessairementvarié  dans  de  très  larges  mesures.  Pauvreté  actuelle 
veut  plutôt  dire  appauvrissement  définitif,  après  de  longs  siècles 
de  richesse  décroissante!  Nous  assistons  de  nos  jours  à  un  phé- 
nomène analogue,  mais  à  évolution  plus  rapide  :  après  le  prompt 
épuisement  des  placers  d'alluvions  de  l'Australie,  de  la  Califor- 
nie et  même  du  Klondike,  il  a  fallu  passer  à  l'extraction  de  l'or 
des  filons  quartzeux  en  place  ! 

Il  résulte  des  indications  données  par  le  Pr  Lacroix  que  le 
cuivre  natif  se  rencontre  encore  dans  le  Tarn,  les  Hautes-Alpes, 
et  le  Var,  en  masses  importantes. 

Il  est  intéressant  de  noter  que,  simple  coïncidence  peut-être, 
le  vallon  de  Saint- Véran  est  relativement  voisin  de  Réallon, 
célèbre  par  sa  trouvaille  de  bronzes  larnaudiens. 

Enfin,  peut-être  serait-il  utile  de  signaler  aux  membres  de  la 
S.  P.  F.,  dans  cette  même  Minéralogie  de  la  France  du  Pr  Lacroix, 
que  tous  n'auront  pas  l'idée  de  consulter,  un  passage  très  inté- 
ressant pour  les  Préhistoriens,  au  tome  IV,  paru  en  1910,  savoir 
(page  484),  l'étude  de  la  Callaïs  néolithique  (perles  des  Monu- 
ments mégalithiques),  son  attribution  à  l'espèce  Variscite  (et  non 
à  l'espèce  Turquoise),  et  une  intéressante  discussion  sur  son  ori- 
gine probable. 

M.  Desailly  (Paris).  —  Il  paraît  évident  que  le  cuivre  natif, 
que  l'on  rencontre  encore  de  nos  jours  en  Hongrie,  en  Saxe,  dans 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  377 

les  pays  Scandinaves,  en  Cornouailles,  etc. ,  etc.,  était  beaucoup 
plus  abondant*  l'époque  préhistorique! — Son  aspect,  sa  couleur, 
son  éclat,  ont  attiré  l'attention  sur  lui  et  provoqué  son  exploita- 
tion et  son  utilisation.  Il  est  vraisemblable  que  l'Homme  néolithi- 
que a  d'abord  martelé,  puis  forgé  le  cuivre  natif;  mais,  comme 
celui-ci  se  trouve  souvent  cristallisé,  il  a  fallu  le  fondre,  pour 
l'utiliser  dans  cet  état. 

Cette  fusion  est  aussi  difficile  à  obtenir  que  la  réduction  de 
certains  minerais  cuivreux,  tels  que  les  carbonates  !  —  En  avan- 
çant ce  fait,  dans  une  de  nos  précédentes  séances,  j'ignorais  la 
découverte  ci-dessous,  signalée  par  les  ingénieurs  Siret,  dans 
leur  ouvrage  intitulé  :  Les  premiers  âges  du  métal  dans  le  Sud- 
est  de  V Espagne  (page  213). 

MM.  Siret,  en  ouvrant  une  tombe,  renfermant  un  squelette, 
ont  mis  à  découvert  des  instruments  en  cuivre  ;  des  moules,  des 
scories  ;  un  tas  de  minerai,  de  10  kilogr.,  composé  de  Carbona- 
tes de  cuivre,  bleu  et  vert.  Sur  toute  la  colline  avoisinant  la 
tombe,  des  morceaux  de  ce  même  minerai  étaient  dispersés  et 
mélangés  avec  des  scories,  on  a  vérifié,  par  l'analyse,  que  la  sco- 
rie provenait  bien  du  traitement  du  minerai,  et  que  le  procédé 
d'extraction  était  rudimentaire,  car  les  dites  scories  renfermaient 
encore  12  %  de  cuivre,  alors  que  le  minerai  en  contenait  20  °/0. 
Il  faut  noter  que  le  minerai  en  question  renfermait  0,08  °/0  tfétain  ; 
le  cuivre  obtenu  pouvait  donc  en  posséder  0,4  °/0. 

On  se  trouve  bien  là  en  présence  d'un  procédé  très  primitif, 
marquant  le  début  de  la  métallurgie  du  Cuivre,  le  minerai 
employé  étant  un  carbonate,  dont  le  traitement  était  assez  simple 
(une  simple  fusion  avec  du  bois). 


A  propos  de  l'Outillage  paléolithique  (Acheuléen) 
de  lu  terre  à  briques  du  Xillet. 

M.  A.  Dubus  (Neufchâtel-en-Bray  .  —  J'ai  lu,  avec  le  plus  vif  in- 
térêt, la  communication  de  notre  honoré  collègue,  M.  Paul  de 
Givenchy,  sur  l'Outillage  paléolithique,  trouvé  dans  la  terre  à  briques 
du  Tïllet. 

Au  sujet  de  l'instrument,  désigné  sous  le  numéro  8  de  la  Planche  II, 
l'auteur  se  demande  si  cette  forme  ne  serait  pas  accidentelle. 

Je  n'hésite  pas  à  rassurer  notre  collègue.  Non,  cette  forme  n'est 
pas  accidentelle  :  elle  est  voulue;  et  elle  n'est  que  l'acheminement  à 
un  outil,  dont  l'extrémité  est  taillée  en  éventail  ou  arc  de  cercle. 


378  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Dans  une  note  parue  en  1902  (1),  j'ai  figuré,  pi.  III,  sous  les  nu- 
méros 27  et  31,  deux  instruments  semblables  au  numéro  8  en  ques- 
tion. J'ai  désigné  ces  pièces  sous  la  dénomination  d'  «  Outils  à 
biseau  » . 

Les  numéros  21  et  30  de  la  même  planche  III  peuvent  entrer  dans 
cette  catégorie.  Le  numéro  32  représente  un  instrument  à  extrémité 
tranchante  en  forme  d'arc  de  cercle  ou  éventail. 

J'ai  désigné  ces  dernières  pièces  sous  la  dénomination  de  «  grands 
tranchets  ». 

Je  possède  30  pièces,  qui  entrent  dans  cette  catégorie.  C'est  plus 
qu'il  n'en  faut  pour  affirmer  chez  l'Acheuléen  une  intention  bien 
arrêtée  de  faire  entrer  dans  son  outillage  cette  forme  bien  parti- 
culière. 


III.  —  ARTICLES   ORIGINAUX. 


Objets  divers 

provenant  des  sépultures  néolithiques 

de  Montigny-l'Engrain  (Aisne)  (2). 

PAR 

O.  V  AU  VILLE  (de  Paris). 

Dans  une  séance  de  la  Société,  j'ai  déjà  présenté  les  21  petits 
Tranchets,  que  voici.  L'un  d'eux  est  emmanché  dans  un  bois  de 
Cervidê;  ils  proviennent  de  mes  fouilles,  faites  en  1887  et  en 
1888,  dans  les  Sépultures  néolithiques  de   Montigny-l'Engrain. 

Après  ma  présentation,  une  discussion  eut  lieu  sur  l'usage  de 
ces  petits  instruments.  Aujourd'hui,  je  crois  devoir  donner  des 
renseignements  et  présenter  d'autres  pièces,  qui  pourront  peut- 
être  servir  à  indiquer  l'emploi  probable  des  outils  en  question. 

Avant  de  présenter  d'autres  objets  provenant  de  Montigny- 
l'Engrain,  je  crois  devoir  donner  quelques  renseignements  sur 
T Allée  couverte,  fouillée  en  1887,  et  sur  les  sépultures  qu'elle 
contenait. 

Ce  monument  funéraire  avait  une  longueur  totale  de  7m90 
(Fig.  1;  plan),  sur  lm30  de  profondeur,  au  dessous  du  niveau  actuel 
du  sol  ;  il  était  entouré  par  de  fortes  pierres  plates,  brutes,  dres- 

(1)  Contribution  à  l'étude  de  1  époque  paléolithique  des  stations  de  Bléville,  La 
Mare-aux-Clercs  et  Frileuse,  près  Le  Havre.  —  Bulletin  de  la  Société  géologique  de 
Normandie,  Tome  XXII. 

(2)  Séance  du  23  mars  1911. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  379 

sées  verticalement,  disposées  de  manière  à  recevoir  d'autres  pier- 
res plates  pour  la  couverture.  Le  fond  était  généralement  dallé 
avec  de  petites  pierres  plates. 

Cette  partie  de  7m90  de  longueur,  contenait  quatre  groupes 
bien  distincts  de  sépultures,  A,  B,  Cet  D  Fig.  V.  de  diverses  lon- 
gueurs (i). 

Les  pierres  de  couverture  ayant 
été  enlevées  longtemps  avant  mes 
fouilles,  les  ossements  humains 
étaient,  par  ce  fait,  en  mauvais 
état  de  conservation.  Malgré  cela, 
j'ai  pu  constater  que  le  groupe  D 
{Fig.  1),  de  2  mètres  de  longueur 
sur  l^O  de  largeur,  contenait 
quatre  couches  de  squelettes,  qui 
étaient  superposés  d'une  manière 
régulière  et  méthodique  ;  les  pieds 
tournés  vers  le  centre  dans  le 
genre  représenté  par  les  Figures  2 
et  3  (2),  la  face  avant  été  tournée 
vers  le  bas.  Ces  quatre  couches 
comprenaient  48  squelettes,  entre 
lesquels  il  y  avait  fréquemment 
de  petites  pierres  plates  ;  en  plus, 
il  y  avait  encore  au-dessus,  vers 
le  milieu  de  ce  groupe,  quatre 
squelettes  :  ce  qui  en  portait  le 
nombre  à  52,  compris  dans  une 
aussi  faible  partie  du  monument 
funéraire. 

Vers  le  centre,  en  C  {Fig.  2  et  3), 
se  trouvait  beaucoup  de  cendres 
et  de  charbons  de  bois,  provenant 
très  probablement  du  feu.  fait  en 
diverses  fois  pour  désinfecter  l'en- 
droit avant  de  nouvelles  inhuma- 
tions .  Fig.  1.  —  L'Allée  couverte  de  Montigny- 

T  ,^«       ».  ,  l'Engrain    (Aisne).   —    Ouverture    au 

Le  rangement  méthodique  des       sud. -pian  des  sépultures, 
squelettes  des  groupes  A,  B  et  G 
du  plan  {Fig.  1)  avait  été  aussi  fait  dans  même  genre  que  celui  de 


(1)  Pour  plus  de  détails,  voir  Bull,   de   la  Société   d' Anthropologie  de  Paris,  vol. 
1887,  p.  710  et  1885,  p.  151. 

(2)  Les  clichés  des    Figures  1,  2  et  3  appartiennent  à  la  Société  <T  Anthropologie 
de  Paris. 


380  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

D,  indiqué  Figures  2  et  3  ;  de  nombreuses  cendres  et  des  char- 
bons de  bois  ont  aussi  été  constatés  vers  le  milieu  des  groupes 
A,  BetC. 

Ces  observations  permettent  bien  de  croire  que  l'Allée  couverte 
en  question  a  servi  pour  des  Inhumations,  qui  ont  été  faites  mé- 
thodiquement et  d'une  manière  continue,  et  pendant  une  assez 
longue  durée. 


Fig.  -2.  —  Disposition  des  Cadavres  au  fond  de  l'Allée  couverte  [Plan  horizontal]. 

Maintenant,  je  présente  à  la  Société  une  bonne  partie  des 
objets  divers,  que  j'ai  pu  recueillir  dans  ces  fouilles  de  Montigny- 
l'Engrain  et  qui  comprennent  : 

1°  Silex  polis  et  taillés  :  4  haches  polies  entières  ;  15  frag- 
ments de  haches  polies;  1  perçoir;  une  base  de  forte  lance  (?); 
3  grattoirs  ;  5  pointes,  diverses;  40  lames  ou  couteaux,  dont  un  de 
0m195  de  longueur;  4  retouchoirs;  3  scies;  3  pointes  de  flèches  ; 
30  éclats  ou  pièces  diverses  ;  53  tranchets. 

Ce  qui  fait  162  pièces  en  silex. 

2°  Objets   divers.   —   4  poinçons  en  os,   variant  de  0m112    à 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


381 


0mI14  de  longueur,  ayant  été  sciés  sur  de  gros  ossements; 
1  manche  en  os  probablement  un  deuxième  de  tranchet);  une 
pendeloque,  formé  d'un  coquillage  percé. 

3°  Poteries.  —  Dans  les  sépultures  se  trouvaient  aussi  des 
vases  en  terre,  de  pâte  très  grossière,  ayant  été  façonnés  à  la 
main;  leur  fragilité  ne  m'a  permis  d'en  conserver  qu'un  seul  bien 
intact,  il  a  0m08  de  hauteur  ;  0m09  sur  (MO  de  largeur  du  haut  et 
0m05  du  fond. 


11  me  parait  intéressant  de  faire  remarquer  que.  sur  53   petits 
Tranchets,  venant  de  mes  fouilles,  on  peut  constater  que  48  ont 


Hg.  3.  —  Coupe  verticale 


l'Allée  Couverte. 


le  tranchant  plus  ou  moins  ébrèchè  ;  ce  fait  permet  de  croire  qu'ils 
ont  pu  être  utilisés  pour  décharner  des  corps,  comme  l'a  dit  notre 
collègue.  M.  le  Dr  M.  Baudouin,  dans  la  dernière  séance. 

Parmi  les  4  lames  présentées,  variant  de  0m112  à  0m195  de  lon- 
gueur, on  peut  voir  que  trois  ont  été  très  fortement  ébrèchèes 
sur  les  deux  taillants;  on  peut  donc  se  demander  si  ces  couteaux 
n'ont  pas  servis  pour  le  même  usage  que  les  tranchets! 

La  découverte  des  52  squelettes,  trouvés  a  Montigny-l'Engrain, 
dans  le  groupe  D  (Fig.  i),  compris  sur  2  mètres  de  longueur  sur 
lm78  de  largeur,  ne  serait-elle  pas  une  suite  d* inhumations,  ayant 
été  faite  après  le  décharnement  des  cadavres  ? 


M.  le  Dr  M.  Baudouin.  — Il  est  évident  qu'il  y  a  les  plus  gran- 
des analogies  entre  les  objets  trouvés  dans  cette  Allée  couverte 
;t  ceux  découverts  dans  la  Chambre  sépulcrale  de  Vendrest. 

Je  constate  pourtant   qu'à  Montigny-l'Engrain  existaient  des 


382  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

«  vases  en  terre,  en  pâte  grossière  » ,  et  qu'au  contraire,  à  Vendrest, 
nous  n'avons  pas  trouvé  un  seul  vase  en  terre  !  —  Comme  l'a  bien 
fait  depuis  longtemps  remarquer  A.  de  Mortillet,  celte  différence 
est  capitale.  J'y  ai  insisté,  moi  aussi,  au  Congrès  de  Beauvais  (1), 
à  propos  des  vraies  Allées  couvertes  de  l'Oise.  J'ai  même  émis 
l'hypothèse  que  les  deux  sortes  de  sépultures  ne  devaient  pas  être 
comparables,  et  n'étaient  peut-être  pas  absolument  contem- 
poraines ! 

N'ayant  pas  examiné  les  ossements  de  Montigny-l'Engrain,  je 
ne  puis  pas  dire  s'ils  ont  été,  ou  non,  dècarnisés  avant  la  mise 
dans  l'Allée,  et  si  celle-ci  est  bien  un  Ossuaire.  —  Je  le  crois  ;  mais 
je  n'en  ai  pas  la  preuve. 

Une  autre  analogie  à  signaler  avec  Vendrest,  c'est  l'existence 
d'un  Dépôt  d'Incinérations,  au  centre  même  du  Monument. 
M.  Vauvillé  y  voit  des  restes  de  feu,  fait  dans  la  grotte  ;  je  ne 
puis  pas  le  suivre  sur  ce  terrain.  J'ai  démontré  qu'à  Vendrest  le 
Dépôt  d]  Incinérations  avait  été  apporté  de  l'extérieur.  —  Je  con- 
clus que  l'Allée  couverte  de  Montigny-l'Engrain  a  d'abord  été  uti- 
lisée comme  chambre  à  dépôt  d'incinérations,  ainsi  que  le  caveau 
de  Vendrest. 

J'ajoute  que  l'Allée  était  ouverte  au  Sud  (Soleil  à  midi),  comme 
celle  de  Trye-Château  et  de  Villers-Saint-Sépulcre  ;  ceci  confirme 
la  théorie  que  j'ai  émise  au  Congrès  de  Beauvais. 

>X«v»«M 

Une  pierre  à  aiguiser  en  schiste. 

PAR 

Albert  CAHEN  (Le  Havre). 

Au  cours  de  mes  recherches  de  l'hiver  dernier,  dans  les  terres 
avoisinant  le  champ  de  Courses  deFécamp,  j'ai  recueilli  un  frag- 
ment de  schiste,  long  de  0m12;  d'un  côté,  il  présente  un  biseau 
épais  de  0m015;  l'autre  extrémité  se  termine  par  une  cassure  et 
n'a  que  0m01  d'épaisseur. 

L'endroit  où  cette  pièce  a  été  trouvée  est  situé  au  haut  de  la 
falaise  qui  domine  Fécamp  {altitude  106  mètres).  C'est  un  lieu 
très  riche,  surtout  au  point  de  vue  de  l'industrie  néolithique  que 
l'on  y  rencontre,  caractérisée  par  de  superbes  lames,  de  beaux 
grattoirs,  des  perçoirs,  pointes,  ciseaux,  tranchets,  pointes  de 
flèches  triangulaires  et  à  tranchant  transversal;  quelques  frag- 
ments de  haches  polies  y  ont  été  également  recueillis. 

Ce  qui  m'a  engagé  tout  d'abord  à  ramasser   cet  objet,  c'est  la 
nature  de  la  roche  dont  il  est  fait  :  le  schiste  n  existe  pas  dans  la 
(1)  Voirie  volume  des  C.  R.  fp.  700]. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  383 

région;  et  il  faudrait  aller  bien  loin  pour  en  trouver  un  gisement. 
Des  fragments  de  schiste  roulés  par  la  mer  ayant  déjà  été  pré- 
sentés à  la  Société,  je  tiens  à  déclarer  que  le  galet,  qui  se  trouve 
au  pied  des  falaises  deFécamp,  est  composé  uniquement  de  silex 
et  de  calcaire.  D'ailleurs  quelle  que  soit  la  provenance  de  ce 
morceau  de  schiste,  il  est  évident  qu'il  a  été  amené,  au  point  où  il 
a  été  trouvé,  dans  un  but  déterminé. 

Si  on  examine  la  pièce  en  question,  On  remarque  que  la  face 
inléricure  présente  un  certain  poli,  indice  de  l'usage  auquel  elle 
a  pu  servir  :  aussi,  je  serais  assez  porté  à  croire  que  ce  fragment 
a  pu  être  utilisé  à  une  époque  ancienne,  comme  pierre  à  aiguiser. 
Je  serais  désireux  de  connaître  l'avis  de  mes  collègues  à  ce  sujet  ; 
et  je  m'estimerais  très  heureux  s'il  pouvait  en  résulter  quelques 
rapprochements  intéressant?  avec  des  objets  semblables  trouvés 
dans  d'autre^  localités. 

Dans  l'ouvrage  de  M.  R.  Dussaud  sur  les  Civilisations  préhel- 
léniques dans  le  bassin  de  la  mer  Egée,  il  est  dit  que  les  «  pierres 
«  à  aiguiser  en  schiste,  rares  à  l'époque  du  cuivre,  sont  nom- 
«  breuses  aux  époques  du  bronze,  et  disparaissent  quand  arrive 
«  l'âge  du  fer  !  »  Cette  remarque  peut  sans  doute  s'appliquer  à 
toutes  les  régions  où  le  bronze  a  été  en  usage;  et,  comme  dans 
les  environs  de  Fécamp.  plusieurs  découvertes  d'objets  en  bronze 
ont  été  faites,  peut-être  est-il  permis  de  penser  que  ce  fragment 
de  schiste  a  pu  être  utilisé  à  cette  époque. 

Les  affutoirs  en  schiste  ont  été  trouvés  sur  différents  points  de 
la  France;    en  général,  ils  sont  munis  d'un  trou  de  suspension. 

M.  A.  Doigneau  (Fontainebleau).  —  Cette  pièce  semble  et 
peut-être  moderne,  voire  même  récente. 

M.  Chapelet  (Paris).  —  A  propos  de  la  présentation  d'une 
pierre  à  aiguiser  en  schiste,  par  M.  Albert  Cahen  (Le  Havre), 
annoncée  à  l'ordre  du  jour  de  la  séance  du  27  mai  1911,  j'ai 
apporté,  à  titre  de  comparaison,  sept  affutoirs  en  schiste,  de 
dimensions  diverses,  la  plupart  percés,  provenant  de  l'Allier  et 
de  Saône-et-Loire. 

La  pièce  présentée  par  M.  Albert  Cahen  étant  plate,  sans  trou 
de  suspension,  les  affutoirs  arrondis  n'avaient  plus  qu'un  intérêt 
secondaire.  Du  reste  ces  objets,  recueillis  le  plus  souvent  à  la 
surface  du  sol,  ne  peuvent  être  datés  d'une  manière  certaine;  et  on 
peut  les  attribuer  aussi  bien  à  l'époque  néolithique  qu'à  l'époque 
du  bronze,  voire  même  à  des  époques  plus  récentes.  Tout  au 
plus  pourrait-on  faire  quelques  distinctions,  d'après  la  manière 
iont  ils  sont  perforés.  On  les  considère  aussi  comme  des  orne- 
ments ou  des  amulettes,  mais  sans  plus  de  certitude. 


384 


SOCIETE   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Le   Menhir  de  la  Grosse  Borne,  à  Coupvray 
(Sei  ne-et-Marne) . 

PAR 

L    GIRAUX    Saint-Mandé). 


Dans  une  communication  faite  par  M.  Ph.  Reynier  et  intitulée 
Découverte  de  fonds  de  cabanes  à  Ocquerre  (Bulletin  S.  P.  F., 
n°  10,  septembre  1910),  notre  excellent  collègue  a  indiqué  qu'un 
Menhir  se  trouvait  à  la  limite  des  trois  communes  d'Esbly,  de  Coup- 
vray et  de  Lesches.  —  Au  cours  de  différentes  excursions  que  nous 
avons  fait  ensemble  dans  cette  région,  nous  avons  visité  ce  monu- 
ment; et  le  but  de  cette  communication  est  d'en  donner  la  des- 
cription. 


}u*e«îb  h?  731  to  ■    I      jS    $ 

ptP** — 7  £7 


LtéMi  d.'«j*â>  ttfiUlv  CeupU^ïo^   [Ut^tll  :  \  fHCfe.(v<xaHv.-|»*j 
Ft'g.  1.  —  Plan  cadastbal,  indiquant  la  situation  du  Menhir.  . 


Indications  topographiques.  —  Situation.  —  Le  Menhir  de  la 
Grosse  Borne  est  situé  sur  le  territoire  delà  commune  de  Coupvray, 
canton  de  Lagny-sur-Marne  (Seine-et-Marne) .  Il  se  trouve  sur  le 
bord  du  vieux  chemin  qui  va  d'Esbly  à  Lesches  et  qui  aboutit  près 
de  l'église  de  cette  dernière  localité.  Ce  chemin  sert  de  limite  aux 
territoires  des  trois  communes  d'Esbly,  de  Coupvray  et  de  Lesches. 

Le  menhir  est  sur  Coupvray  et  à  environ  15  mètres  du  point  limitro- 
phe de  cette  commune  avec  celle  d'Esbly.  Il  marque  donc,  pour  ainsi 
dire,  la  séparation   de  ces  trois  territoires.  Si  ce  menhir  n'a  pas  été 


SOCIÉTÉ    PRtlIlSTORIQLE   FRA>ÇA1SE 


385 


détruit,  c'est  grâce  à  son  emploi  de  borne  limite  entre  ces  trois  com- 
munes, car  d'autres  menhirs  se  trouvaient  dans  le  bois  des  Gollots. 
à  environ  300  mètres  de  celui  de  la  Grosse  Borne  ;  et  ces  derniers 
n'existent  plus. 

La  Grosse  Borne  est  située  dans  la  parcelle  portant  au  cadastre  le 
numéro  791  bis,  au  lieu  dit  «  Les  Gollots  »  Fig.  1).  L'ancien 
plan  cadastral  portait  le  menhir  placé  au  milieu  du  chemin  ;  le  nou- 
veau plan   l'indique   au   bord  de  ce   chemin,    sur  le   territoire  de 


Fig. 


o  i  5 

Pian,  d'après  la  carte  au  50  GOO*; —  Voie  d'accès.  —  Le  chemin  à  suivre  est  indi- 
qué par  un  pointillé  et  par  des  flèches. 


Coupvraj'.  Le  propriétaire  actuel  du  champ,  dans  lequel  il  se  trouve, 
est  M.  Huisse  Denis,  de  Coupvrazy. 

Altitude.  —  L'altitude  du  menhir  de  la  Grosse  Borne  est  d'environ 
105  mètres.  Il  se  trouve  presque  à  la  partie  supérieure  du  coteau, 
dont  la  cote  106  sur  la  carte  de  l'Etat-major  est  indiquée  dans  le 
petit  bois  des  Gollots,  au  nord-est  et  à  peu  de  distance  du  menhir. 

Accès.  —  En  partant  de  la  station  d'Esbly,  si  l'on  quitte  le  train  de 
Paris  et  allant  vers  Meaux,  ne  pas  traverser  la  ligne  du  chemin  de 
fer.  Prendre  face  au  passage  à  niveau  la  route  qui  monte  et  qui  mène 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  25 


386  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

à  Trilbardou,  en  passant  par  le  château  de  Montigny  ;  suivre  cette 
route  pendant  environ  800  mètres  jusqu'au  sixième  chemin  à  gauche; 
prendre  ce  chemin  qui  mène  à  Lesches  et  qui  aboutit  le  long  de 
l'église  de  ce  village;  le  suivre  pendant  550  mètres  environ  et  l'on 
rencontre  le  menhir  de  la  Grosse  Borne  à  gauche  de  ce  chemin. 
Comme  il  se  trouve  dans  un  champ  cultivé  et  exactement  au  bord  de 
la  route,  il  est  donc  très  facile  de  l'apercevoir. 

La  distance  à  parcourir  pour  aller  de  la  gare  d'Esbly  au  menhir 
est  de  1.350  mètres;  celle  à  vol  d'oiseau  est  d'environ  1000  mètres. 
Le  chemin  à  parcourir  est  indiqué  sur  la  carte  (figure 2)  par  un  poin- 
tillé et  par  des  flèches. 

Indications  stratigraphiques.  —  Nature  de  la  Roche.  —  Le  menhir 
de  la  Grosse  Borne  est  formé  par  un  gros  bloc  de  meulière,  prove- 
nant   de   l'étage  géologique  appelé    Meulières  de  Brie.    La  Fig.   3 


■ig.  3.  —  Coupe  géologique  du  coteau  sur  lequel  est  situé  le  menhir.  —  Légende  :  —  1,  Sa- 
bles moyens  (niveau  de  Beauchamp  ;  —  2,  Calcaire  de  Saint-Ouen  ;  —  3,  Gypse;  —  4,  Ar- 
giles vertes;  —  5,  Calcaire  et  Meulières  de  Brie. 


donne  la  coupe  géologique  du  coteau,  prise  à  partir  de  la  voie  du 
chemin  de  fer.  A  la  partie  inférieure  se  trouve  une  couche  assez 
épaisse  appartenant  aux  Sables  Moyens,  niveau  de  Beauchamps(l),  non 
fossilifères  à  cet  endroit,  mais  parfaitement  caractéristiques  par  leur 
composition;  au-dessus  vient  le  Calcaire  de  Saint-Ouen  (2),  repré- 
senté par  une  formation  de  plusieurs  mètres  d'épaisseur;  le  Gypse  (3) 
et  les  Argiles  vertes  (4),  qui  paraissent  au-dessus,  ne  nous  montrent 
en  cet  endroit  que  des  couches  peu  importantes;  enfin,  le  sommet 
du  coteau  est  formé  par  le  Calcaire  et  les  Meulières  de  Brie  (5  .  Cette 
dernière  formation  couronne  tout  le  plateau  et  elle  était  assez  im- 
portante pour  avoir  permis  d'en  faire  autrefois  l'exploitation.  Le  gros 
bloc  employé  pour  le  menhir  provient  de  cette  formation  des  Meu- 
lières de  Brie. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


387 


1^ 

I 


v     1 


cS 


4 


388  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Description.  —  Le  Menhir,  ainsi  que  je  l'ai  indiqué  plus  haut,  est 
érigé  sur  le  bord  du  champ.  Son  orientation  est  Sud-sud-est.  La 
roche  le  constituant  étant  une  meulière  assez  compacte,  il  présente 
sur  toute  sa  surface  les  petites  cavités  caractéristiques,  que  l'on  ren- 
contre toujours  dans  cette  roche.  La  forme  est  irrégulière  ;  et  elle 
diffère  sensiblement  sur  chacune  de  ses  faces. 

Sur  la  ligne  Sud,  sa  surface  est  légèrement  bombée.  Les  dimen- 
sions relevées  sur  cette  ligne  sont  les  suivantes  : 

Largeur,  à  la  base.    lm85 

Hauteur lm35 

En  faisant  face  à  cette  ligne,  sur  la  partie  gauche  et  à  lm20  du  sol, 
il  s'infléchit  brusquement  et  forme  une  partie  plus  plate  ayant  lm15 
de  longueur. 

Ligne  Ouest.  —  On  remarque  que  la  disposition  du  menhir  incline 
légèrement  sur  la  ligne  sud.  Cette  face  est  plus  plate  que  la  précé- 
dente ;  son  épaisseur,  à  peu  près  régulière,  est  deOm70  environ. 

Ligne  Nord.  —  C'est  cette  face  du  menhir  qui  se  trouve  sur  le  bord 
du  chemin;  elle  est  plus  plate  que  la  face  opposée.  Sa  largeur  à  la 
base  est  de  lm55  et  vers  le  milieu,  elle  atteint  lm65. 

Ligne  Est.  —  Ce  côté  au  menhir  est  à  peu  près  vertical  jusqu'à 
lm20  du  sol  ;  à  partir  de  cette  hauteur,  il  s'incline  brusquement  jus- 
qu'au sommet.  Son  épaisseur  à  la  base  est  de  0m70  et  au  sommet  de 
0m65. 

Primitivement,  le  menhir  émergeait  du  sol  d'une  plus  grande  hau- 
teur. Par  suite  des  travaux  de  la  culture,  on  a  fait  autour  des  apports 
de  terre  ;  mais,  en  examinant  le  plan  des  champs  environnants,  on 
peut  évaluera  0m50  l'épaisseur  de  ces  apports.  En  tenant  compte  de 
cela,  on  peut  donc  indiquer  comme  probables  les  dimensions  sui- 
vantes : 

Hauteur lm80 

Largeur lm85 

Epaisseur. 0m65  à  0n'70 

La  Fig.  4  ci-jointe  donne  les  dessins  des  quatre  faces  du  menhir, 
d'après  des  photographies  cardinales  et  équidistantes  sur  les  lignes 
Nord,  Est,  Sud  et  Ouest,  prises  à  quatre  mètres  du  monument. 

Trouvailles.  —  Il  n'a  pas  été  recueilli  d'industrie  lithique  aux 
abords  immédiats  du  menhir;  mais  un  important  atelier  se  trouve  à 
quelques  centaines  de  mètres  de  là,  au  lieu  dit  :  Les  Chauds  Soleils. 

Ph.  Reynier  et  moi-même  y  avons  fait  de  fructueuses  et  d'impor- 
tantes récoltes  de  silex  taillés,  que  nous  nous  proposons  de  décrire 
dans  un  prochain  mémoire. 

Autres  monuments.  —  Le  Menhir  de  la  Grosse  Borne  se  trouvait 
presque  à  égale  distance  de  deux Tumulus.— -Le  premier  se  trouvait  à 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  389 

environ  cent  mètres  de  la  gare  d'Esbly  à  gauche,  et  sur  le  bord  de 
la  route  menant  au  Château  de  Montigny  ;  il  a  été  découvert  par 
M.  Ph.  Reynier  en  1888;  il  a  pu  en  recueillir  deux  haches  polies 
et  deux  couteaux  ;  le  propriétaire  a  empêché  de  continuer  les  re- 
cherches ;  le  turaulus  n'existe  plus  ;  il  a  été  détruit  lors  de  la  cons- 
truction d'une  maison.  —  Le  second  est  celui  de  Montigny,  qui  a 
étéfouillé  par  M.  Emile  Collin,qui  en  a  retiré  une  très  grande  quan- 
tité de  haches  polies  et  d'autres  objets. 

Légendes. —  Les  gens  du  pays  désignent  le  Menhir  sous  le  nom  de 
la  Grosse  Borne  des  Gollots,  et  sous  celui  de  X Armoire  de  Condé- 
Sainte-Libiaire.  Nous  avons  recueilli  la  légende  suivante,  se  rappor- 
tant à  cette  dernière  dénomination.  Cette  légende  dit  qu'une  domes- 
tique, dont  les  maîtres  habitaient  la  localité  de  Condé-Sainte- 
Libiaire,  distante  de  quelques  kilomètres  du  menhir,  les  avait  volés, 
et  qu'elle  était  venue  cacher  le  produit  de  son  larcin  au  pied  de  la 
Grosse  Borne  ;  de  là,  ce  nom  de  Y  Armoire  de  Condé-Sainte-Libiaire . 

M.  Marcel  Baudouin.  —  En  effet,  souvent,  on  trouve  des  Menhirs 
à  la  limite  de  deux  ou  trois  communes.  On  en  a  conclu,  bien  à  tort, 
qu'on  les  avait  érigés  là,  pour  servir  de  limites  :  d'où  le  nom  de 
Bornes  qu'on  leur  a  donné  !  —  En  réalité,  c'était  le  raisonnement 
inverse  qu'il  fallait  faire  :  On  a  placé  là  les  limites  des  Communes, 
uniquement  parce  qu'il  y  avait  déjà  un  Menhir,  lequel  pouvait  servir 
en  effet  de  borne.  —  On  a  donc,  en  l'espèce,  mis  la  charrue  avant 
les  bœufs,  puisque,  n'est-il  pas  vrai,  les  Menhirs  sont  antérieurs  aux 
divisions  de  la  France  par  communes,  et  même  paroisses  ! 

La  légende  de  Y  Armoire  est  d'explication  facile.  —  En  effet,  quand 
on  cache  quelque  chose  en  rase  campagne,  on  le  fait  le  plus  souvent 
en  un  endroit  facile  à  retrouver  :  le  pied  d'un  arbre  ;  le  bord  d'un 
terrier  trésors  modernes  enfouis  ;  le  pied  d  un  Menhir  ! 

Or,  il  a  existé  des  Cachettes,  néolithiques  et  du  Bronze,  faites  au 
pied  des  Menhirs,  grâce  à  ce  processus  psychologique.  Les  paysans, 
jadis,  les  ont  découvertes.  Donc,  le  Menhir  était  une...  Armoire. 

C'est  là  l'origine  de  la  légende  des  7  résors  cachés  au  pied  des 
Menhirs. 

Il  est  probable  que  ce  Menhir  était  Y  indicateur  du  Tumulus,  décou- 
vert par  M.  Reynier,  et  détruit.  En  effet,  la  ligne  de  direction, 
d'après  M.  Giraux,  est  le  Sud-Sud-Est.  Or,  c'est  au  Sud-Sud-Est  du 
Menhir  [c'est-à-dire  à  gauche  de  la  gare  d'Esbly  (Fig.  2j]  que  se 
trouvait  cette  sépulture! 


390  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

A    propos  delà  décoration  an  champ-levé, 

ou    par   excision, 
d'une  poterie  préhistorique  provençale. 

Par  le  D' 

A.  GUÉBHARD  (Saint- Vallier-de~Thiey,   A..M.)  (1). 

Dans  un  magnifique  envoi  d'objets,  provenant  des  grottes  de  la 
région  du  Gardon  (arrondissement  d'Uzès)  que  m'a  fait  gracieu- 
sement M.  J.  Deleuze,  et  que  j'ai  été  heureux  de  remettre  à  la  Société 
(B.S.P.F.,  t.  VIL  p.  608),  un  important  tesson,  provenant  de  la 
Grotte  Nicolas,  est  particulièrement  remarquable  par  sa  presque 
identité  avec  un  beau  plat  de  la  même  région  figuré  par  Ulysse 
Pumas  (B.S.P.F.,  VII,  1910,  p.  133,  Fig.  3,  n°s3-4),  et  par  une  orne- 
mentation, qui,  quoique  bien  connue,  n'est  exactement  désignée  par 
aucun  des  termes  habituellement  usités  dans  le  langage  courant. 

C'est  uniquement  sur  cette  question  de  terminologie  que  je  viens 
dire  deux  mots,  laissant  à  M.  le  Pr  G.  Vasseur,  que  je  vis,  à  Mar- 
seille, il  y  a  bien  des  années,  en  train  de  reconstituer  un  vase  admi- 
rable, tout  entier,  de  cette  même  céramique,  la  priorité  à  laquelle  il 
a  droit,  pour  traiter  de  tout  ce  qui  la  concerne  infiniment  mieux  que 
je  ne  saurais  le  faire. 

De  pâte  brun-chocolat,  fortement  mêlée  de  très  fins  éléments  cris- 
tallins, cette  poterie  a  passé  par  la  cuisson  au  rouge  brique  sur  ses 
deux  faces,  enduites  d'un  engobe  brun,  soigneusement  lissé.  Ce  qui 
la  caractérise,  c'est  sa  riche  ornementation  géométrique,  qui  au  lieu 
de  tirer  son  effet  du  creux  des  traits  eux-mêmes,  la  demande  surtout 
aux  reliefs  des  étroites  plates-bandes  laissées  en  réserve  par  de  lar- 
ges enlèvements  de  substance  pratiqués  dans  la  surface  molle.  Le 
dessin  est  donc  formé  par  les  lignes  respectées  de  l'ancienne  surface 
elle-même,  en  petits  rubans  d'une  largeur  assez  régulière  de  deux  à 
trois  millimètres,  dont  quelques-uns,  horizontaux,  font  simplement 
tout  le  tour  du  vase,  les  autres,  entre  deux,  zigzaguent  en  dents  de 
loups,  d'autres  enfin  cèdent  la  place,  de  temps  à  autre,  à  des  sortes 
de  damiers  de  petits  rectangles  en  chicane,  alternativement  en  creux 
ou  en  réserve,  du  plus  joli  effet  (Fig.  1).  Même  la  grande  étoile  à 
cinq  branches  qui  orne  à  l'intérieur  le  fond  du  plat,  est  constituée 
par  des  réserves  de  rubans  rectilignes  un  peu  plus  larges  que  les 
autres,  saillant,  en  plateau  lisse,  entre  deux  fossés  creux. 

La  netteté  de  délimitation  des  réserves,  évidemment  tracées  à 
l'avance,  par  un  premier  travail  de  gravure,  contraste  avec  l'irrégula- 
rité des  fonds  de  creux,  dont  chacun  laisse  voir  les  empreintes  répé- 

(1)  Séance  du  26  Janvier  1911. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


391 


392  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

tées  du  burin  à  pointe  largement  triangulaire  qui,  enfoncé  oblique- 
ment, puis  relevé  par  un  mouvement  de  levier,  enlevait  par  un  arra- 
chement irrégulier  la  portion  du  champ  à  lever.  Nulle  tentative  n'a 
été  faite  pour  régulariser,  lisser  ces  fonds,  et  tout  fait  penser,  quoique 
rien  n'en  apparaisse  sur  nos  échantillons,  qu'il  ne  s'agissait  nulle- 
ment d'une  négligence  mais  d'un  dessein  bien  intentionnel,  afin  de 
pouvoir  retenir  ultérieurement  quelque  pâte  claire  de  matière  colorée 
destinée  à  rehausser  le  remarquable  motif  du  dessin  sombre  réservé, 
et  à  transformer  la  poterie  excisée  en  poterie  incrustée,  comme  fai- 
saient déjà  les  néolithiques  pour  la  superbe  poterie  incisée  ou  estam- 
pée dont  Grossgartach  par  exemple  a  fourni  de  multiples  échantil- 
tillons  (1). 

Sans  nous  appesantir  sur  cette  hypothèse,  ni  discuter  l'âge  halls- 
tattien  qu'Ulysse  Dumas  attribuait,  pour  le  Gard,  à  cette  poterie  (2), 
il  nous  faut  bien  noter  cependant  que  c'est  au  Bronze  II  et  III  que, 
presque  partout  ailleurs  (3),  ont  été  rapportées  les  analogues  (4).  Il 
est  vrai  que,  presque  partout  aussi,  le  même  effet  était  demandé  à 
un  procédé  quasiment  inverse,  celui  de  Y  estampage ,  aidé  seulement 
de  l'excision,  comme  ressource  complémentaire,  pour  la  retouche 
des  grands  creux,  où  le  refoulement  par  pression  d'une  trop  grande 
masse  de  terre  aurait  amené  des  déformations,  des  bavures.  C'est  ce 
que  l'on  constate  avec  évidence  sur  les  échantillons  de  Vilhonneur 
(Charente)  provenant  de  l'ancienne  collection  de  l'abbé  Bourgeois  (5), 
visibles  au  musée  de  Sèvres  (vitrine  7  bis),  où  la  décoration  mêle 
aux  dents  de  loup  orthogones  et  aux  damiers  dessinés  par  poinçon- 
nage, d'autres  impressions,  circulaires  ou  ovales,  ces  dernières  obte- 
nues évidemment  avec  quelque  dent  d'animal  aplatie,  à  deux  cus- 

(1)  A.  Schliz.  Das  steinzeitliche  Dorf  Grossgartach.  seine  Kultur,  u.  die  spàtere 
vorgeschihiliche  Besiedelung  der  Gegend,  gr.  in-4%  52  p.  24  fig.,  XII  pi.,  1  carte. 
Stuttgart,  1901. 

(2)  V.  Dumas.  Des  temps  intermédiaires  entre  la  pierre  polie  et  l'époque  romaine, 
B.S.P.F.,  t.  VII,  1910,  p.  122-136  et  186-200,  6  fig.  (v.  p.  133,  fig.  3  n"3-4  et  fig. 
5  n"  1,  fig.  2  n"  3-4). 

Nous  avons  dit  (B.  S.  P.  F.,  VII,  1910,  p.  198)  comment  il  nous  semblait  que 
la  nomenclature  de  V.  Dumas  avait  1  apparence  de  rajeunir  parfois  un  peu  trop 
la  céramique  du  Gard  ;  mais  tout  élément  personnel  nous  fait  défaut  pour  discuter 
en  ce  cas-ci  l'opinion  d'un  excellent  observateur,  qui  doit  garder  tout  son  poids. 

(3)  Joseph  Déchelette.  Manuel,  t.  II,  1910,  p.  379. 

(4)  M.  G.  Chauvet  [Poteries  préhistoriques  à  ornements  géométriques,  en  creux 
{Vallée  de  la  Charente),  G.  R.  Gongr.  internat.  d'Anthr.  et  Archéol.  préhist.,  XIIe 
session,  Paris,  1900,  p.  371-390,  fig.  722,  pi.  V)  a  figuré  de  remarquables  exemples 
et  donné  une  bibliographie  abondante  où,  cependant,  paraissent  mêlés  au  cas 
très  spécial  que  nous  nous  appliquons  précisément  à  distinguer,  d'autres  qui  ren- 
traient mieux  dans  l'intitulé  large  choisi  par  l'auteur  que  dans  notre  étroite    donnée. 

(5)  Abbé  Bourgeois.  Grotte  sépulcrale  néolithique  de  Vilhonneur,  Matériaux, 
XII,  1877,  p.  150  et  XIII,  1878,  p.  49-56,  fig.  29-36.  —  Abbé  G.  Delaunay.  Une 
station  de  l'âge  du  Bronze  à  Vilhonneur  (Charente).  Matériaux.  XIII,  1878,  p.  299- 
305,  fig.  202-222  (v.  p.  305).  —  G.  de  Mortillkt,  Habitations  de  Page  du 
Bronze.  Terramares.  Rev.  Ecole  Anthrop.,  IV,  1894,  p.  33-45,  fig.  4-11  (v.  p.  34, 
fig.  4-5). 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  393 

pides,  dont  l'empreinte  se  trouve  partout  répétée  au  fond  des  trous. 
C'est  uniquement  par  impression  que  semblent  avoir  été  obtenues, 
sur  des  poteries  de  la  collection  De  Baye,  au  musée  de  Saint-Ger- 
main n -  53386  les  doubles  lignes  de  fossettes  triangulaires  alter- 
nantes qui  dessinent  des  rubans,  obliques  par  rapport  au  rebord, 
paraissant  rayonner  autour  d'un  centre  (1).  Le  procédé  de  l'exci- 
sion semble  mêlé  à  l'autre  dans  les  poteries  des  tumuli  de  la  forêt  de 
Hagueneau,  collection  Messel,  au  même  musée,  et  dans  presque  tou- 
tes les  poteries  similaires  décrites  par  les  auteurs  allemands  ou  suis- 
ses 2  .  Même  dans  le  Gard,  M.  Siméon  Lhermite  ifrère  Sallustien 
Joseph)  a  recueilli  dans  la  grotte  Saint- Vérédème  (3)  d'importants 
fragments  où  le  décor  pointillé  par  estampage,  se  mêle  aux  triangles 
creux,  dont  la  netteté  de  contours  ne  peut  guère  être  due  qu'à  l'excision 
et  non  au  simple  poinçonnement  de  la  pâte.  Enfin  un  beau  spécimen 
de  Dions,  dans  la  même  région  (4),  est  exactement  du  même  décor,  à 
damiers  et  zigzags,  que  l'échantillon  de  la  grotte  Nicolas. 

(1)  H.  Hubert,  Lapoterie  de  l'âge  du  Bronze  et  de  l'époque  du  Hallslatt  dans  la 
collection  de  Baye,  Rev.  prébist.,  J910,  p.  104-115.  35  fig.  (v.  p.  104,  fig.  26). 
•  (2)  Dr  F.  Keller,  Die  Pfahibauten  in-u.  uni  Zurich,  Indic.  d'antiq.  suisses,  II, 
1872-1875,  p.  345-354  (v.  p.  352  et  pi.  XXXIII,  15).  —  J.  Heierli,  Pfahibauten, 
IX.  Ber..  Mitt.  d.  antiq.  Ges.  in  Zurich.  XXII,  1886,  p.  33-98,  XXI  pi.  (1888. 
(v.  pi.  IX.  10;  décor  réduit  aux  bandes  de  fossettes  triangulaires  opposées  et 
alternantes,  comme  sur  la  poterie  du  Baron  de  Baye).  —  A.  Hedinger,  Xette  kel 
tische  Ausgrabungen  au/  der  schwabischen  Alb  [1900  u.  1901).  Archiv  f.  Anthrop. 
1902,  p.  185-199,  23  fig.  v.  p.  196,  fig.  21-23,  décors  complexes,  auxquels  se  mêle 
jusqu'à  la  ligne  d'ondes  ;  à  remarquer  sur  un  fond  de  vase,  pourtant  assez  profond, 
un  décor  pétuloïde  à  cinq  branches,  comme  notre  étoile),  —  Dr  Julius  Naue,  Die 
Bronzezeit  in  Oberbayern,  in-4%  292  p.,  163  fig.  et  atlas  de  49  pi.,  1  carte.  Muxchex, 
1894  (v.  pi.  XL VII,  1  et  p. 21,  223,  etc., où  se  mêlent  au  ruban  zigzagué  dessiné  par 
les  intervalles  des  empreintes  triangulaires,  les  petits  cercles  ocellés,  imprimés 
avec  point  central  ;  etc.). —  Lindenschmit,  Die  Atterthiimer  unserer  heidnischen 
Vorzeit,  Bd.  I,  1808,  Hft.  IV,  Taf.  5,  fig.  9  (vase  médiéval,  uniquement  décoré  de 
bandes  de  zigzags,  déterminées  par  le  poinçonnage  de  petits  triangles,  mais  d'un 
effet  bien  moins  réussi  que  notre  décor  préhistorique  où  des  rubans  continus  et 
des  damiers  varient  la  combinaison)  ;  Hft.  XII,  Taf.  III,  fig.  4,  12:  Bd.  III,  1890, 
Hft.  X,  Taf.  2,  fig.  9.  etc.  —  K.  Schumacher,  Thongefâsse  d.  Bronze-u.  Hallstattzeit, 
mit  Stempel-,  Schnitz-  u.  Kerbschnit-Verzierung,  AltertUmer  unserer  heidnischen 
Vorzeit,  t.  V,  vi,  pi.  32  et  40,  fig.  166,  p.  176-180.  Il  ne  s'agit,  évidemment,  pres- 
que partout,  dans  ces  belles  poteries  allemandes  que  de  décor  au  poinçon.  Mais  les 
vases  entiers  représentés  par  les  figures  544  et  557,  ou  l'on  voit  les  bandes  d'or- 
nements courant  sur  la  partie  rebondie  de  la  panse  se  relever  gracieusement  pour 
venir  s'accrocher  à  l'anse  unique,  attachée  un  peu  au-dessus  du  col,  nous  expli- 
quent le  singulier  contournement  observable  sur  notre  tesson  fig.  2,  qui  n'ast 
point  du  tout  un  rebord,  mais  aurait  dû  être  figuré  avec  la  partie  ornementée 
horizontale,  en  bas.  —  Le  même  auteur  (Funde  ans  de'  Période  der  neolitischen 
Zonenkeramik.  AltertUmer,  Bd.  V,  pi.  61,  fig.  1091,  1103),  donne  des  figures  de 
vases  néolithiques  campaniformes,  montrant  la  même  ligne  de  zig-zags  en  réserve, 
au  milieu  de  triangles  en  creux,  que  nous  retrouvons,  à  état  de  mode  généralisée, 
aux  époques  ultérieures. 

(3)  Frère  Sallustien  Joseph.   La  grotte  néolithique    de    Saint- Vérédème.   Mém. 
Acad.  de  Nîmes,  t.  XXVII,  1904,  p.  1-36,  VIII   pi.  (v.  pi.  VIII,  et  p.  32). 

(4)  A.    de    Mortillet.     La    Grotte    de   Baume-Longue,  près   de   Dions  (Gard). 
L'Homme  préhistorique,  1903,  p.  336-339,  Fig.  64-5  (V.  Fig.  65). 


394  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Les  deux  procédés  sont  donc,  bien  évidemment,  connexes.  Mais 
est-ce  une  raison  pour  ne  pas  les  distinguer?  Il  nous  semble  que 
l'expression  d'incisions  profondes  qu'emploie  M.  Déchelette  demeure 
insuffisante,  même  éclairée  par  le  détail  de  la  description,  qui 
montre  «  le  décor  profondément  gravé  dans  la  pâte,  soit  au  moyen 
d'entailles,  soit  par  estampage;  la  panse  ainsi  creusée  d'alvéoles 
profondes,  destinées  le  plus  souvent,  semble-t-il,  à  recevoir  des 
incrustations  de  matière  blanche.  «  Cette  expression  d'  «  incisions 
profondes  »  peut  s'appliquer,  en  effet,  tout  aussi  bien,  si  ce  n'est 
mieux,  aux  dessins  de  notre  Fig.  3  ou  de  la  Fig.  148,  p.  378,  de 
M.  Déchelette,  où  la  pointe  d'un  instrument  soit  aigu,  soit  mousse, 
opérant  avec  une  pression  assez  forte  pour  refouler  largement,  si  ce 
n'est  arracher,  la  substance,  a  dessiné  en  profonds  sillons,  dans  l'ar- 
gile molle,  des  combinaisons  de  lignes,  droites  ou  courbes,  souvent 
d'un  très  bel  effet.  C'est  évidemment  à  une  sorte  de  coupure  de  la  sur- 
face molle  qu'est  due  ce  genre  de  dessin,  exécuté  visiblement  toujours 
d'une  main  hâtive  autant  que  sûre.  Aussi  est-ce  à  ce  décor  là  que 
nous  voudrions  que  fût  réservée  la  qualification  de  décor  incisé,  et 
cela,  sans  épithète,  car,  dès  que  ïincision  cesse  d'être  (relativement) 
profonde,  elle  devient  une  pure  égratignuré,  une  gravure,  au  sens 
strict  du  mot,  qui  implique  une  sorte  de  résistance  du  substratum, 
et  conséquemment  de  finessse  du  trait,  sans  enlèvement  sensible  de 
matière,  obtenant  l'effet  par  un  contraste  décoloration  plutôt  que  de 
relief. 

Un  joli  exemple  de  ce  cas  est  fourni  par  un  autre  tesson  de 
M.  Deleuze  {Fig.  4),  dont  M.  Henri  Martin  a  eu  l'obligeance  de  faire 
un  bel  agrandissement,  réduit  ici  à  environ  4/3.  L'effet  décoratif  a  été 
obtenu  par  simples  éraflures  au  moyen  d'une  pointe  très  fine,  grat- 
tant la  pellicule  lustrée  d'engobe  noir  brillant,  sur  lequel  les  traits 
se  détachent  en  clair.  Il  est  certain  que  la  gravure,  dans  ce  sens 
étroit,  ne  pouvait  guère  être  exécutée  que  sur  la  poterie  déjà  cuite,  ou 
à  demi  séchée  pour  la  cuisson.  Pourquoi  donc  confondrait-on  parles 
mots  deux  choses  aussi  différentes  ? 

Quant  à  la  poterie  si  spéciale  et  si  remarquable  qui  a  fourni  le 
sujet  de  cette  note,  puisqu'elle  ne  doit  son  originalité  qu'à  Yexcision 
de  substance,  qui  suit  toujours  soit  un  large  estampage,  soit  un  pre- 
mier tracé  gravé  à  la  pointe,  ou  incisé  avec  une  lame  tranchante,  pour- 
quoi ne  pas  la  caractériser  du  nom  de  poterie  excisée,  ce  mot  pouvant 
s'ajouter  comme  épithète,  aux  deux  autres  sans  contradiction,  pour 
préciser  et  peindre  le  mode  opératoire?  Il  est  certain,  par  exemple, 
que  les  petits  damiers  de  notre  échantillon  (Fig.  1)  ont  été  d'abord 
dessinés  par  gravure,  puis  achevés  par  excisure.  Quant  aux  longues 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  395 

lignes  droites  jumelles  des  branches  de  l'étoile  pentagonale  qui 
décore  l'intérieur  du  fond,  elles  ont  dû  être  l'objet,  chacune,  d'abord 
d'une  ou  deux  incisions  linéaires,  puis  d'excisions  de  proche  en  proche 
pour  creuser  latéralement  les  deux  petits  canivaux  jumaux  mettant 
la  ligne  en  relief,  même  sans  incrustations. 

Sans  doute  serait-il  excessif  d'appeler  excisé  le  décor  lui-même, 
puisque  ce  n'est  pas  la  partie  enlevée,  mais  bien  celle  qui  reste  qui 
fournit  dorénavant  les  lignes  ornementales.  Mais  il  y  a,  pour  cela, 
une  expression  technique  consacrée  :  celle  de  champ-levé,  qui  rap- 
pelle, sans  parler  de  l'art  musulman  (1),  maints  procédés  divers, 
actuellement  en  usage,  et  que  j'ai  souvenance,  moi-même,  d'avoir 
vu  pratiquer  par  des  pâtres  provençaux,  pour  décorer,  à  la  pointe 
du  couteau,  avec  des  motifs  tout  à  fait  semblables,  des  buis  qu'ils 
sculptent  comme  passe-temps  dans  leur  solitude. 

En  somme,  les  mots  ne  font  pas  défaut;  et  c'est  seulement  sur  la 
manière  de  s'en  servir  que  je  me  permets  d'ergoter. 

«  Une  bonne  langue,  a  dit  Condillac,  fait  une  bonne  science.  » 
De  bonnes  figures  en  disent  plus  que  toutes  les  définitions;  et  il 
suffira  de  regarder  celles  que  je  dois  à  l'habile  objectif  de  mon  ami 
Henri  Martin,  pour  saisir  la  différence  que  je  voudrais  voir  s'éta- 
blir une  bonne  fois  entre  la  poterie  gravée  Fig.  4),  incisée 
(Fig.  3),  et  excisée  {Fig.  1  et  2). 

(1)  J'ai  eu  en  mains,  autrefois,  des  objets  en  forme  de  petits  coquetiers  supports 
de  tasses  à  café  arabes),  en  terre  brun  chocolat,  à  peine  un  peu  plus  rouge  et  mieux 
cuite  que  la  préhistorique,  provenant,  m'avait-on  dit,  du  Dahomey,  et  dont  tout  le 
décor  paraissait  dû  à  un  procédé  identique,  combinaison  d'estampage  et  d'exci- 
sion, mais  sans  lignes  droites,  donnant  pour  résultante  une  zone  de  grandes 
palmctles  découpées  en  réserve,  surchargées  d'autres  petites  poinçonnées. 

Dans  la  collection  Capitan  se  trouve  une  pièce  zoomorphe  (gratte-pieds  arabe 
des  Siouts),  représentant  un  crocodile  stylisé,  dont  toute  la  décoration  est  obtenue 
par  excision.  Au  musée  du  Trocadéro,  les  bois  sculptés  de  la  Côte  d'Ivoire  mon- 
trent le  même  motif  de  damiers  et  triangles  rectangles  isocèles  que  notre  poterie 
du  Gard.  Enfin  une  bonne  partie  de  la  poterie  péruvienne  (on  en  voit  des  modèles 
aussi  à  Sèvres  :  par  exemple,  vitr.  8,  silvadores  n°  3688)  est  décorée  au  champ 
levé  ;  mais  ici  les  réserves  représentent  des  sujets  compliqués  souvent  anthropo- 
morphes et  les  larges  plages  du  fond  sont  travaillées  elles-mêmes  au  piqueté  de 
manière  à  faire  ressortir  l'éclat  brillant  des  réserves  foncées  sur  un  sablé  mat  plus 
clair.  Cela  n'a  plus  rien  de  commun  avec  nos  excisions  géométriques,  bien  plus  pro- 
fondes, plus  monotones  et  moins  étendues. 


396 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


Sur  une  particularité  remarquable  *ie  certaine» 
épingles  de  hrouze  dite»    «  à  Collerette»  »  . 

Par'li-  Dr 
A.  GUÉBHARD  (Paris). 

A  l'occasion  de  la  présentation  faite  à  la  Société  Préhistorique 
Française  (Séance  du  23  juin  1910,  B.  S.  P.  F.,  t.  VIL  p.  317)  d'ob- 
jets de  bronze  provenant  dune  cachette  de  colporteur  des  Alpes- 
Maritimes,  j'eus  la  curiosité  de  faire  quelques  recherches  au  sujet 


Fig.  1.  —  Echelle  :  21/20.  —  Tète  d'épingle,  en  bronze,  de  Clans  (Alp.-Marit.). 

d'une  épingle,  du  type,  peu  commun,  dit  «  à  collerettes  »,  représenté 
Fig.  1.  Et  tout  en  constatant  le  petit  nombre  d'exemples  réellement 
similaires,  tous  fournis  parla  vallée  du  Rhône  ou  ses  prolongements 
vers  la  Seine  ou  l'Helvétie  (1),  je  fus  amené  tout  de  suite  à  distinguer 
de  ce  type,  formé   de  disques  minces  et  plats,  espacés  à  distances 


Fig.  2  et  3.  —Echelle  :  1/1.— Tête  d'épingle  en  bronze, de  Vers  (Gard),  et  Bouton,  à  collerette 
non  crénelée,  de  Meyrannes  (Gard)  [Clichés  Mingaud]. 

égales,  comme  nos  modernes  ailettes  de  radiateur,  sur  un  renflement 
fusiforme  de  l'axe,  un  autre  type  {Fig.  2,  3),  présentant  bien,  à  l'exté- 
rieur, un  profil  le  plus  souvent  fusiforme,  constitué  par  les  tranches 
horizontales  de  collerettes  minces  équidistantes,  mais  celles-ci  atta- 


(1)    Voir   ma  notice  au  volume  du  Congrès   Préhist.  {Vf    Session,    Tours,    1911), 
p.  733-747,  2  pi. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  397 

chées  en  simples  crêtes  équatoriales  sur  le  pourtour  de  boutons  mas- 
sifs dont  les  corps  épais,  traversés  en  brochette  par  l'axe,  y  sem- 
blaient comme  empilés  les  uns  sur  les  autres. 

La  variation  de  diamètre  des  boutons,  ordinairement  calculée 
pour  donner  une  sorte  de  poignée  renflée  et  non  un  cylindre  à 
génératrice  droite,  eût  d'autant  moins  porté  à  imaginer  qu'il  s'agit  de 
pièces  séparées,  réellement  enfilées  sur  l'axe,  que,  dans  l'autre  type, 
il  ne  pouvait  y  avoir  de  doute  sur  la  fonte  d'un  seul  jet  (1).  Pour- 
quoi eût-on  supposé  ces  épingles  faites  par  un  autre  procédé,  un  pro- 
cédé plus  compliqué,  que  le  grand  nombre  de  celles  qui  présentent  en 
dessous  de  la  tête  de  simples  annelures,  plus  ou  moins  saillantes, 
plus  ou  moins  serrées  ou  espacées,  mais  évidemment  parentes,  — 
ancêtres,  peut-être —  des  collerettes,  quoique  à  tort  confondues  avec 
celles-ci,  dont  elles  n'ont  ni  l'aspect  laminaire,  ni  les  bords  tran- 
chants, annelures  qui,  sauf  peut-être  la  retouche  des  bords,  sont 
évidemment  dues  à  un  seul  jet  de  fonte? 

Rien  dans  les  dessins  —  naturellement,  —  mais  rien,  non  plus, 
dans  lestâtes  courants,  monographies  locales  ou  traités  généraux, 
rien  dans  les  collections,  où  l'oxydation  a  trop  souvent  joué  son  rôle 
cohéreur,  ne  permettait  de  soupçonner  le  curieux  détail  sur  la  piste 
duquel  me  mit  —  fait  assez  rare  pour  être  cité!  —  le  libellé  d'une 
bonne  étiquette  du  Musée  d'Annecy,  transmis  obligeamment,  dans  son 
intégralité,  —  à  cause  de  sa  singularité  même,  s'appliquant  à  de  vul- 
gaires moulages  figés,  —  par  le  docte  et  complaisant  conservateur, 
M.  Marc  Le  Roux,  a  qui  je  m'étais  adressé  pour  retrouver  la  piste 
d'une  certaine  épingle  de  la  Haute-Savoie,  célèbre  sous  le  nom  du 
Fillinges,  quoiqu'elle  soit,  en  réalité  de  Marcellaz  (2). 

Voici  ce  que  disait  l'étiquette  : 

«  Epingles  en  bronze,  à  disques  mobiles  (Originaux  dans  la  collec- 
tion Balliard,  notaire  à  Reignier,  Haute-Savoie)  trouvées  près  de 

Fillinges,  Haute-Savoie  », 

Or,  juste  à  ce  moment,  mon  habitude  —  déplorable  au  point  de  vue 
de  la  dépense  de  temps,  mais  qui,  décidément,  a  parfois  du  bon  !  — 
de  ne  rien  citer  sans  être  remonté  à  la  source,  me  faisait  rechercher 
la  description  originale,  donnée  par  M.  G.  Mingaud,  d'une  autre 
épingle  «  à  collerettes  »  de  Vers  (Gard  ,  que  citait  le  Manuel  de  M.  J. 

(lj  Louis  Revox,  La  Haute-Savoie  avant  les  Romains,  IV,  Revue  savoisienne,  XVII, 
1876,  p.  45-48,  fig.  I27-I43  (v.  p.  47).  «  Entre  Douvaine  et  Thonon,  épingle  longue 
de  0m24.  La  tète  a  0"09  de  longueur,  et  se  compose  de  vingt  disques  d'un  seul  jet, 
dont  les  diamètres  varient  de  manière  à  constituer  une  sorte  de  poignée  fusi- 
forme,  terminée  par  une  tête.   Collection  Balliard.  » 

(2)  L.  Revo.x,  op.  cit.,  p.  48  :  t  Dans  Ylndic.  d'hist.  et  d'antiq.  suisses,  p.  108 
la  broche  de  Marcellaz  a  été  indiquée  a  tort  comme  venant  de  Fillinges,  commune 
voisine.  » 


398  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Déchelette  (1)  ;  et  je  fus  frappé  d'y  lire,  comme  légende  de  la  figure  6  : 
«  Epingle  à  tête  plate  et  large,  en  forme  de  bouton,  rivée  àl'extrémité 
supérieure;  le  haut  de  la  tige  porte  huit  disques  dentés,  mobiles,  sur 
une  longueur  deOm05.  Long.  :  0m46;  poids  :  93  gr.  » 

Le  mot  «  mobiles  »  était  souligné,  preuve  que  son  intérêt  n'avait 
"pas  échappé  à  l'excellent  observateur  qu'est  M.  Mingaud  ;  mais  pour- 
quoi n'avoir  pas  consigné  cet  autre  détail,  qu'il  m'a  fait  connaître 
par  lettre,  que  la  partie  de  la  tige,  portant  les  anneaux,  était  rectan- 
gulaire, ne  laissant  que  la  liberté  de  déplacement  dans  le  sens  axial, 
et  point  celle  de  rotation? 

Pourquoi  n'avoir  pas  rappelé,  à  cette  occasion,  la  trouvaille  anté- 
rieurement faite,  à  l'état  isolé,  d'un  bouton  de  ce  genre,  dans  la 
grotte  de  Meyrannes  (Gard),  et  la  réflexion  publiée  dès  1903  à  ce 
sujet  (2)  que,  «  enfilés  par  groupes,  ces  disques  ornaient  générale- 
ment la  tête  de  grandes  épingles  de  bronze  ?  » 

Sans  doute  les  auteurs,  familiers  avec  l'épingle  de  Fillinges- 
Marcellaz,  jugèrent-ils,  suivant  l'habitude  des  trop  modestes,  ce 
détail  connu  de  tout  le  monde,  et  inutile  à  relever  plus  que  ne 
l'avait  fait  le  premier  descripteur  L.  Revon,  qui,  dans  sa  note  de 
1860  (3),  n'y  tait  même  pas  allusion,  et  qui,  en  1876,  lorsqu'il 
redonna   la  figure  et  rectifia  sa    première  indication   d'origine  (4), 

(1)  Galien  Mingaud,  Epingles  en  Bronze  trouvées  à  Vers  (Gard),  Bull.  Soc. 
d'Etude  des  Se.  nat.  de  Nîmes,  t.  XXXVIII,  1905,  p.  77-79  (v.  p.  78,  fig.  6.  — 
Cachette  de  l'époque  du  Bronze  découverte  à  Vers  (Gard).  L'Homme  préhistorique, 
III,  1905,  p.  225-227,  1  fig. 

(2)  F.  Mazauric,  G.  Mingaud  et  L.  Vedel,  La  grotte  de  Meyrannes  (Gard). 
Bull.  Soc.  d'étud.  se.  de  Nîmes,  XXXI,  1903,  p.  52-70,  5  pi.  [v.  pi.  et  p.  68].  >»  Cet 
ornement,  disent  les  auteurs,  se  trouve  figuré  dans  l'Atlas  de  Chantre,  pi.  LI.  de 
la  fonderie  de  Publy  (Jura).  Or,  vérification  faite,  il  n'y  a  pas  de  rapport  réel  entre 
le  disque  de  Meyrannes,  comparable,  pour  la  forme,  à  une  petite  roue  avec  son 
trou  d'essieu,  et  1'  «  objet  indéterminé  »  de  Chantre,  offrant  bien  «  un  disque  à 
bords  fort  tranchants  »,  mais  sans  trou  axial,  fermant,  au  contraire,  en  chapeau, 
l'ouverture  d'une  «  tige  creuse,  percée  de  deux  trous  pour  recevoir  des  goupilles  », 
ayant  donc  toute  l'allure  d'un  pommeau  ou  bout  de  tige. 

(3}  L.  R.,  Broche  de  Filinge  (sic)  en  Savoie,  Inlicateur  d'Histoire  et  d'Antiquités 
suisses,  vol.  I,  3"  cah.,  1859-60,  pi.  II,  7  (mars  18F0)  et  p.  108  (juin  1860). 
«  Broche  en  bronze  de  très  grande  dimension  (longueur  0m89)...,  trouvée  en  com- 
pagnie d'une  autre  tout  à  fait  pareille;...  l'ouvrier  dit  qu'elles  étaient  à  environ  un 
mètre  de  profondeur  placées  l'une  à  côté  de  l'autre,  en  sens  inverse,  la  tète  de 
l'une  reposant  vers  la  pointe  de  l'autre.  Ces  broches  ressemaient  à  celles  de 
Berne...,  mais  la  tête  qui,  dans  les  broches  de  Berne,  pouvait  laisser  supposer 
qu'on  avait  aflaire  à  une  espèce  d'arme,  est,  dans  celle  de  Filinge  (sic)  ornée  de 
telle  sorte  qu'une  pareille  supposition  n'est  pas  admissible.  Cette  tète  paraît  bien 
être  un  ornement,  et  l'ensemble  de  la  pièce  rappelle  tout  à  fait  quelques-unes  des 
broches  à  cheveux  trouvées  dans  nos  pilotages.  » 

(4)  Louis  Revon,  La  H.-Sav.,  op.  cit.,  p.  46,  fig.  133.  «  Deux  grandes  épingles, 
baguettes  de  commandement  ou  armes,  car  on  ne  sait  trop  quelle  attribution  leur 
donner,  étaient  posées  en  croix  (tic),  à  un  mètre  de  profondeur,  dans  un  champ  de 
M  Balliard,  tout  près  de  sa  maison,  hameau  de  Balliard,  et  font  partie  de  sa  col- 
lection. Ces  deux  objets  identiques  ont  une  longueur  de  0m89.  Pointue  à  l'extrémité, 
la  tige  augmente   d'épaisseur  jusqu'à  l'autre  bout,  où  elle  a  0»"01  de  diamètre  et 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  399 

parla   en   termes   tels  qu'il  faut    connaître  la  particularité  pour  la 
retrouver  entre  les  lignes. 

En  réalité,  nous  ne  sachions  pas  que  personne  eût  jamais  attiré 
l'attention  sur  ce  curieux  détail,  avant  les  savants  observateurs  de 
Nîmes,  et  encore  leurs  italiques,  tout  incidentes,  n'avaient-elles  pas 
suffi  à  graver  le  fait  dans  notre  piètre  mémoire,  lorsque  nous  avait 
passé  sous  les  yeux  la  notice  de  l'Homme  Préhistorique,  qui  ne  se 
rattachait,  alors,  à  aucun  de  nos  sujets  d'étude  particuliers. 

Aussi  fut-ce  presque  avec  le  plaisir  dune  découverte  que,  surpris 
d'abord  par  le  rapprochement  de  la  remarque  de  M.  Marc  Le  Roux 
avec  le  texte  de  M.  G.  Mingaud,  puis  par  l'assurance  du  propriétaire 
de  l'épingle  de  Marcellaz,  M.  le  notaire  Balliard,  qu'elle  avait  bien  ses 
disques  mobiles,  autour  de  la  tige,  demeurée  cylindrique  (1),  nous 
trouvâmes  dans  ce  détail  de  fabrication  une  confirmation  de  notre 
impression  première,  que  la  pratique  des  «  collerettes  »  ne  se  ratta- 
chait pas  à  une  pure  mode  ornementale,  mais  à  un  but  utilitaire,  en 
rapport  avec  l'emploi  usuel  de  la  broche-épingle.  Remarquons  que 
c'est  seulement  sur  les  plus  gigantesques  d'entre  elles  que  se  déve- 
loppe le  type  à  boutons  (Fig .  2),  et  qu'à  ces  boutons  est  donnée  une 
certaine  mobilité,  longitudinale  à  Vers,  rotative  en  même  temps,  à 
Marcellaz,  le  premier  cas  constituant  certainement  un  progrès  sur 
l'autre,  vu  la  complication  de  l'équarrissage  d'une  partie  de  la  tige. 

Dans  quel  but  ?  Voilà  ce  qu'il  est  plus  difficile  de  préciser.  Sans 
doute  les  collerettes  elles-même  étaient-elles  destinées  à  fournir,  pour 
desliens  d'une  finesse  et  souplesse  relatives,  descrans  d'attache  mieux 
gradués  et  plus  sûrs  que  les  simples  annelures  longtemps  usitées. 
Sur  des  épingles  à  cheveux,  des  boutons  mobiles  ne  pouvaient  avoir 
que  des  inconvénients.  Mais  était-ce  bien  pour  la  chevelure,  et  non 
pour  les  vêtements,  que  s'employaient,  lourdes  comme  elles  sont, 
même  les  plus  petites  de  nos  épingles  à  collerettes,  celles  du  premier 
type  (Fig.  1).  toujours  venues  d'un  seul  jet,  et  dont  le  moule  ne  de- 
vait pas  laisser  que  de  présenter  certaines  difficultés  de  confection, 
même  avec  l'empioi  intermédiaire  d'un  modèle  sculpté  en  bois  ou  en 
os  ?  Etait-ce  bien  pour  la  vestiture  qui  pouvaient  s'employer  ces 
broches  de  près  d'un  mètre,  qui  ne  sont  pas  des  plus  rares,  et  que 


offre  des  filets  et  des  lignes  creuses  ;  puis  vient  une  espèce  de  poignée,  longue  de 
)"19,  formée  d'un  axe  dans  lequel  ($ic)  sont  superposés  des  disques  tantôt  plats 
.antôt  renflés  au  milieu,  et  terminés  par  une  plaque  circulaire  bombée,  ayant  un 
diamètre  de0"03.  » 

(1)  C'est  tout  ce  que  nous  ayons  pu  tirer  de  notre  correspondance  avec  M.  Bal- 
liard; car  celui-ci,  malgré  toute  sa  bonne  volonté,  n'est  pas  parvenu  à  nous  pro- 
curer la  photographie  à  grande  échelle  que  nous  eussions  eu  plaisir  à  reproduire. 


4-00  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Flouest  (1)  ne  trouvait  pas  exagérées  pour  la  coiffure  des  Gaulois 
«  ces  colosses  chevelus  »,  nos  ancêtres  ?  Si  c'était,  suivant  la  très 
curieuse  hypothèse  inspirée  à  M.  E.  Babelon  par  la  fréquente  trou- 
vaille de  broches  analogues  réunies  en  faisceaux  (2),  la  première 
forme  de  la  monnaie  d'échange  (3),  à  quoi  bon  donner  à  grand'peine 
la  mobilité  à  des  anneaux,  qui,  s'ils  avaient  pu  être  tirés  du  même 
moule,  auraient  certainement  simplifié  le  travail,  mais  qui,  fabriqués 
un  à  un,  de  dimensions  diverses,  ne  taisaient  que  le  compliquer, 
pour  arriver  au  profil  d'ensemble  que  donne  l'ornementation  sim- 
plement annelée  (4)  ?  Peut-on  trouver  à  cela  un  rapport  quelconque 
avec  l'hypothèse  du  comte  J.  Beaupré  (5),  qui  opine  pour  des  bro- 
ches de  cuisine,  quoique,  évidemment,  pour  cet  usage  il  semblât  in- 
diqué, de  faire  toute  la  tige  carrée,  et  pas  seulement  un  bout?  L'exa- 
gération de  poids  de  la  tête  par  rapport  à  la  longue  tige  ne  pouvait- 
elle  avoir  quelque  raison  autre  que  celle  qu'imagine  le  Comte  Beau- 
pré? 

Les  questions  se  posent,  nombreuses,  sans  pouvoir  se  résoudre. 
Mais  un  fait  reste,  qu'il  nous  a  paru  bon  de  mettre  en  relief,  ne  fût- 
ce  que  pour  rendre  hommage  à  ceux  qui,  les  premiers,  l'observèrent: 
c'est  qu'à  la  veille  de  l'avènement  de  la  fibule,  l'épingle,  près  d'être 
supplantée,  était  parfois  l'objet,  dans  sa  fabrication,  en  plusieurs 
pièces,  d'une  complication  spéciale,  dont  le  but  réel  peut  nous  échap- 
per, mais  qui  en  avait  certainement  un  (6),  répondant  au  dévelop- 
pement rapide  de  l'esprit  d'invention  de  l'homme,  déjà  si  éloigné  de 
ses  premiers  tâtonnements  de  l'âge  de  la  Pierre.  Petite  étape  dans  la 
marche  du  progrès,  mais  qui,  peut-être,  contribua  à  de  plus  grandes, 
et  qui  méritait  certainement  d'être  notée. 
Post-Scriptum. 

De  la  discussion  qui  suivit  notre  exposé  (7),  il  résulta  que  M.  A.  de 
Mortillet,  non  seulement  ne  croit  pas  que  les  collerettes,  mobiles 
ou  non,  aient  eu  un  but  utilitaire,  mais  encore  que,  dans  son  opi- 
nion, l'enfilage  des  boutons  mobiles,  plus  ou  moins  décoratifs,  pour 

(1)  E.  Flouest.  Les  sépultures  antéhisloriques  de  Veuxhaulles  [Câte-d'Or),  Bull, 
soc.  se.  de  Semur,  VIII,  1871,  p.  317-334,  2  pi.  (v.  p.  328). 

(2)  Le  Baron  de  Bonsietten.  Second  supplément  au  Recueil  d'antiquités 
suisses,  gr.  in-f°,  18  p.,  XVI  pi.,  Lausanne,  1867  (v.  p.  6). 

(3)  Ernest  Babelon.  Les  origines  de  la  monnaie  considérées  au  point  de  vue 
économique  cl  historique,  in-18  de  427  p.,  Paris,  Didot,  1897.  —  J.  N.  Svoronos, 
Leçons  numisma tiques;  les  premières  monnaies  (trad.  J.  Dargos),  Rev.  belge  de 
numismat.,  1909,  p.  115.  —  Joseph  Déchei.ette,  Les  origines  de  la  drachme  et  de 
lobole,  Rev.  numismatique,  1911,  p.  1-59,  15  fig. 

(4)  De  Bonstetten,  op.  cit.,  pi.  II,  5. 

(5)  Comte  J.  Beaupké.  Observations  sur  un  instrument  de  bronze  désigné  com- 
munément sous  le  nom  d'épingle,  Bull.  Soc.  Préhist.  de  Fr.,  I,  1904,  p.  105-114, 
fig.  26-34. 

(6)  Voir  le  Posl-Scriplum. 

(7)  Séance  du  27  mai  1911. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  401 

former  la  tête  d'épingle  que  j'ai  distinguée  comme  second  type, 
avait  dû,  au  contraire,  précéder  la  fonte  d'un  seul  jet  des  tètes  à  col- 
lerettes de  mon  premier  type,  qui  ne  serait  qu'une  simplification 
technique,  une  vulgarisation  industrielle,  une  dégénérescence  artis- 
tique des  boutons  crêtes. 

Mais,  alors,  pourquoi  est-ce  justement  dans  les  cas  où  le  procédé 
eût  été  le  plus  avantageux,  c'est-à-dire  où  les  annelures,  semblables 
les  unes  aux  autres,  eussent  pu  être  tirées  d'un  seul  moule,  au  lieu 
d'être  faites  de  grandeurs  toutes  différentes,  que  l'on  ne  trouve  pas 
trace  de  ce  mode  de  confection,  par  plusieurs  pièces  rapportées  ?  Les 
difficultés  de  rivetage  ne  constituaient-elles  pas  un  obstacle  sérieux? 


Fig.  4.  —  Echelle  :  1/2.—  Double  tète  d'épingle   ?),  de  Glasinac  (Bosnie}. 

Au  lieu  de  cela,  l'étude  chronologique  du  développement  de  l'épin- 
gle ne  nousmontre-t-elle  pas  (j'ai  résumé  la  question  dans  ma  notice 
du  Congrès)  les  annelures  de  la  tête,  peu  à  peu  s'ajoutant  (1),  puis 
se  substituant  aux  trous  funiculaires  ou  aux  petites  boucles  ou 
bélières,  qui,  au  début,  servaient  seules  à  retenir  en  place  l'objet  pré- 
cieux ?  Ne  voit-on  pas  ces  annelures  s'accentuer  graduellement  jus- 
qu'au degré  qui  nous  occupe,  représentant  une  forme  d'évolution 
presque  finale,  puisque  nous  en  retrouvons  la  mode,  purement  orne- 
mentale, cette  fois,  —  et  encore,  qui  sait  ?  —  sur  la  fibule,  près 
de  supplanter  tout  à  fait  l'épingle  simple,  qui,  seulement  au  moment 
de  disparaître,  et  en  plein  âge  du  Fer,  montre,  à  la  place  des  bou- 
tons ailés,  des  enfilades  de  sphères,  des  chapelets  de  perles,  sou- 

(1)  A  l'exemple  que  nous  avons  cité,  d'après  M.  l'abbé  H.  Breuil,  nous  pouvons 
en  ajouter  deux  autres,  particulièrement  intéressants,  parce  qu'ils  s'appliquent  à 
des  épingles  coudées.  Lune  a  été  présentée  par  M.  L.  Coutil  à  la  séance  du  23 
juin  de  la  S.  P.  F.,  provenant  des  dragages  de  la  Seine,  près  de  Rouen,  dont  il  fut 
question  au  B.  S.  P.  F.  (t.  VII,  1910,  p.  611  et  643);  elle  a  sa  bélière.très  origina- 
lement placée,  latéralement  au  coude,  en  bas  de  la  tète  annelée.  Une  autre,  non 
moins  singulière,  de  la  Prusse  orientale,  a  été  figurée  par  M.  Jentsch  Schrift.  ci. 
phys.-ôk.  Ges.  z.  Kônigsberg,  XXXIII,  1882,  pi.  IV,  5),  ayant  au  coude  une  sorte 
de  manchon  tronconique,  formé  par  un  enroulement  de  six  tours  de  fil  accolés, 
laissant  dans  leur  axe,  latéralement  à  la  tige,  une  lumière  qui  remplit  évidem- 
ment le  rôle  de  trou  funiculaire. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  26 


402  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

vent  de  substances  diverses  (Montelius,  It.  sept.,  pi.  49,  4),  et  qui, 
redevenue  purement  capillaire  et  ayant  reporté  toute  l'ornementa- 
tion sur  l'extrémité  seule  de  la  tête,  devenue  sphérique  et  énorme, 
reprend  alors,  en  dessous,  quelques  petites  annelures,  assurant  la 
fixation  du  bijou  dans  le  chignon  (1)  ?  M.  Franz  Fiala  (2)  a  trouvé, 
dans  ses  fouilles  de  Glasinac  (Bosnie),  deux  objets  de  oronze  {Fig.  4), 
desquels  il  se  demande  si  ce  ne  sont  pas  des  têtes  d'épingles,  cons- 
titués chacun  par  une  série  de  disques  épais,  portés,  à  distance  les 
uns  des  autres,  par  un  axe  commun,  et  destinés  évidemment  à  per- 
mettre de  varier  les  points  d'attache  d'une  chaînette,  trouvée  réu- 
nissant les  tètes  jumelles. 

Enfin,  au  fait,  que  nous  avons  déjà  cité,  d'un  manche  de  couteau  en 
bronze,  muni,  en  collerettes,  de  plusieurs  disques  échelonnés  comme 
ceux  de  la  Fig.  4,  nous  pouvons  ajouter  deux  observations  analo- 
gues, nouvellement  publiées  en  Allemagne  (3),  de  poignards,  mon- 
trant la  même  particularité,  et  ne  laissant  guère  douter  que  l'espace- 
ment des  disques  ne  fût  destiné  à  être  garni  de  quelque  substance 
périssable  —  bois,  corne,  dit  un  auteur;  résine,  dit  un  autre;  enrou- 
lements de  fibres  ou  lanières,  opinerions-nous  plutôt,  —  ayant  pour 
but  de  donner  une  poignée  bien  en  main,  non  glissante.  Notons  enfin 
que  l'un  de  ces  poignards  est  attribué  à  l'extrême  fin  de  la  période 
du  franc  Bronze,  en  même  temps  que  des  bracelets  à  énormes 
côtes  (4)  et  des  épingles  à  annelures,  si  accentuées  de  creux  et  si 
tranchantes  de  crêtes  qu'elles  rappellent  tout  à  fait  le  type  à  bou- 
tons :  tous  détails  confirmant  l'âge  tardif  de  celui-ci  ! 

Voilà  des  faits  d'observation  ou  d'évolution  trop  bien  établis  pour 
que  puissent  prévaloir  contre  eux,  si  spécieuses  qu'elles  soient,  les 
vues  abstraites  de  M.  A.  de  Mortillet,  qui  auraient,  de  plus,  l'in- 
convénient, grave  à  nos  yeux,  de  clore  la  question  d'utilitarisme, 
qu  il  nous  a  paru,  au  contraire,' intéressant  d'ouvrir,  afin  que  l'ap- 
port de  documents  nouveaux  en  puisse  atténuer  peut-être  le  côté 
conjectural. 

(1)  D"-  Julius  Naue.  Die  Bronzezeit  in  Oberbayern.  —  In-4%  292  p.,  163  fig., 
Album  de  XLIX  pi.,  1  carte.  MUnchen,  1894  (v.  pi.  XXX). 

(il)  Fkànz  Fiala.  Die  Ergebnisse  der  Untcrsuchung  pràhistorischer  Grabhùgel 
auf  dem  Glasinac.  Wissenschaftl.  Mitt.  aus  Bosnien  u.  Hercegovina,  t.  III,  1895, 
p.  .5-38,  81  fig.,  1  pi.  (v.  p.  24,  fig.  63). 

(3)  K.  Schumacher.  Neolilhische  u.  bronzezeiiliche  Grabfunde  aus  Mitlel-u.  Nord- 
Deutschland.    Altertumer    uns.  heidn.  Vorzeit,  Bd.  V,  p.    53-59,  pi.    13,   fig.    202. 

P.  R.EINECKE.  Grabfunde  von  Ende  der  reinen  Bronzezeit  in  Norddeutscldand. 
Id..  p.  208-215,  pi.  39,  fig.  642. 

(4)  P.  Reinecke.  Grabfunde  von  Ende  der  reinen  Bronzezeit  in  Siiddeuischland. 
Altertumer,  Bd.  V,  p.  205-207,  pi.  38,  fig.  16  et  638. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  403 

Découverte  d'un  dépôt  de  trois  haches  en  cuivre, 

de  l'Age  du  bronze  I,  à  La  Sablière, 

Commune  de  Breuillet  (Charente-Inférieure). 

PAR 

Arthur  COUSSET  (d'Étantes,  C-I.) 

Situation.  —  Commune  de  Breuillet,  canton  de  Royan  (Cha- 
rente-Inférieure). 

Distance  de  Royan.  —  6  kilomètres. 

Lieudit.  —  La  Sablière. 

Voie  d'accès.  —  Partant  du  village  du  Billeau,  suivre  la  route 
qui  eonduit  au  hameau  du  Grallet;  la  distance  entre  les  deux  est 
de  i  kilomètre  au  plus.  Aussitôt  que  l'on  a  dépassé  la  dernière 
maison  du  Billeau,  on  descend  une  pente  rapide  ;  le  ravin  qui  est 
au  bas  se  relie  sur  la  droite  aux  marais  (1)  d'ARVERT.  Remon- 
tant la  pente  opposée,  et  à  50  mètres  environ  du  fond  du  vallon, 
sur  la  droite,  dans  un  petit  bois  et  en  bordure  de  la  route  qui 
est  légèrement  encaissée  à  cet  endroit,  on  voit  une  petite  excava- 
tion, où  il  a  été  extrait  du  sable.  —  C'est  là  que  fut  faite  la  trou- 
vaille. 

Découverte.  —  Pendant  l'automne  1904,  M.  Girard,  son  fils  et 
MM.  Benêt  frères,  étaient  occupés  à  charger  du  sable,  quand, 
sous  la  pioche  de  l'un  d'eux,  M.  Girard  fils,  une  boule,  verdâtre. 
d'environ  0ra40  de  diamètre,  formée  de  sable  aggloméré,  se  dé- 
tacha du  talus. 

En  brisant  cette  masse  vert-de-grisée,  les  ouvriers  trouvèrent, 
à  l'intérieur,  trois  haches  en  métal,  qu'ils  crurent  être  du  bronze. 
Elles  étaient  absolument  pareilles  de  forme,  de  même  métal;  mais 
de  grosseurs  différentes. 

L'une  lut  placée,  par  M.  Girard  fils,  au  Musée  scolaire  de 
Breuillet,  d'où  elle  a  disparu,  avec  des  haches  en  silex  [Ecole  de 
garçons!  ;  la  seconde,  la  plus  grande  des  trois,  fut  gardée  par 
M.  Girard;  c'est  celle  qui  fait  l'objet  de  la  présente  communica- 
tion; quant  à  la  troisième,  elle  fut  remise  à  un  voisin, un  M.  Che- 
vallier, et  je  n'ai  pu  savoir  ce  qu'elle  était  devenue. 

Le  terrain  où  cette  découverte  a  était  faite  est  incliné  vers  le 
levant,  et  est  à  l'abri  des  grands  vents  de  la  mer.  Un  lieu  dit  : 
La  Bertoxnerie,  touchant  du  levant  à  la  Sablière,  a  fourni  un 
grand  nombre  de  haches  polies. 

(1)  Ancien  Lac  d'eau  douce  d'ARVERT,  etc..  [Voir  :  Receuil  de  la  Commission 
des  Arts.  La  Rochelle,  1888,  p.  5  ;  et  Bulletin  des  Archives  hisiorioues.  Tome  IX 
p.  54  et  30'i     Lu  Rochelle]. 


404 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Les  trois  haches  étaient  placées  l'une  sur  l'autre,  dans  le  même 
sens,  et,  autant  que  les  ouvriers  peuvent  se  le  rappeler,  le  bout 
le  plus  large  faisait  face  à  la  route.  Si  cette  dernière  remarque 
est  juste,  elles  auraient  été  orientées  le  talon  direction  du  cou- 
chant et  le  coupant  (le  bout  le  plus  large)  direction  du  levant! 
La  profondeur  du  dépôt  était  de  0ra80  environ,  dans  le  sable 
jaune  siliceux,  sans  aucune  trace  de  cendre,  ni  de  terre  noire,  ou 
autre  indice  étranger  au  sol. 

Ayant  été  informé  du  fait,  je 
me  rendis  chez  M.  Girard,  qui 
me  montra  celle  des  trois  restée 
en  sa  possession. 

Je  reconnus  de  suite  que, 
contrairement  à  l'opinion  pri- 
mitive, cette  hache  était  en 
cuivre,  et  non  pas  en  bronze. 

Elle  est  de  forme  plate,  très 
coupante  aux  deux  extrémités; 
les  deux  bouts  sont  terminés 
en  arc  de  cercle;  le  plus  grand 
est  un  peu  élargi.  Aucune  trace 
de  bord  {Fîg.  1). 

Longueur,  0m165;  largeur  au 
millieu,0m045;  largeur  au  grand 
bout,  (M)65;  au  petit,  0m030  ; 
épaisseur  au  milieu,  0m015. 
Poids  :  645  grammes. 
Reproduction  sur  la  plan- 
che   ci-contre,   demi-grandeur 


1.  —  Hache  plate  en  cuivre.  —  Prove- 
nance :  La  Sablière,  commune  de  Breuillet 
[Charente-Inférieure] . 


Les  trouvailles  (1)  en  silex 
poli  et  fusaïoles  sont  assez  nom- 
breuses dans  toute  la  commune 
de  Breuillet,  et  surtout  dans  la 


région  du  Billeau. 


Classement.  —  En  tous  points  (2),  je  trouve  que  les  haches  de 
La  Sablière  de  Breuillet  sont  conformes  à  celles  dites  de  la 
lre  époque  ou  Age  du  bronze  I. 

Cette  découverte  vient  donc  augmenter  de  une  unité  les  douze 


(1)  Voir  Bulletin  de  S.  P.  F.,  1910,  p.  381. 

(2)  Manuel  d'Archéologie;  par  M.  Dcchelette.  1910,  tome  II,  p.  3  et  34. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  405 

dépôts  connus  en  France  du  1er  âge  du  bronze  [1)  [Période  du 
Cuivré]  (2);  former  le  treizième  dépôt  :  Breuillet  (Charente- 
Inférieure'  ;  et  porter  à  dix  le  nombre  des  dépôts  connus  de  la 
Charente-Inférieure  (3). 

MM.  Girard,  reconnaissant  que  cet  objet  est  mieux  placé  dans 
une  collection  que  partout  ailleurs,  m'ont  offert  spontanémentet, 
à  titre  gracieux,  leur  trouvaille.  Je  serais  heureux  qu'une  analyse 
chimique  en  soit  faite,  pour  connaître  si  c'est  bien  du  cuivre  pur. 
Le  résultat  de  l'analyse  sera  publié  par  la  suite.  —  J'ai  confié 
l'objet  pour  cela  à  mon  collègue  et  ami,  M.  le  Dr  M.  Baudouin. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Cette  hache  est  tout  à  fait  comparable 
à  celles  que  j'ai  décrites  sous  le  nom  de  Type  évolué.  —  Elle  ne 
présente  par  la  moindre  trace  de  martelage  ni  de  polissage. 
Elle  est  très  rugueuse.  Elle  n'a  donc  pas  été  terminée,  c'est-à- 
dire  polie.  —  Il  s'agit,  par  suite,  d'une  Cachette  de  Marchands 
ambulants,  plutôt  que  d'un  Dépôt  rituel. 


Station  néolithique  et  Incinérations 

gallo-romaine!»    à  Château  Porcien    (Ardeanes). 


M.  A.  LARMIGNY  (de  Château-Porcien,  A.). 

Les  découvertes,  relatives  aux  quelques  photographies  présen- 
tées ont  eu  lieu  à  la  briqueterie  de  Chàteau-Porcien,  au  lieu  dit  l'Ai- 
guillon. En  partant  de  la  gare  du  C.  B.  R.,  nous  suivonsla  rue  prin- 
cipale jusqu'au  centre  de  la  ville  de  Chàteau-Porcien,  à  la  place 
de  l'Hôtel-de-Ville;  là,  prenant  à  droite  la  route  d'Ecly  et  à  envi- 
ron un  kilomètre,  nous  arrivons  à  la  côte  79,  à  la  bifurcation  de 
plusieurs  routes.  C'est  là  que  se  trouve  l'emplacement  d'une  sta- 
tion, dont  l'origine  est  néolithique.  On  y  a  découvert  depuis  plu- 
sieurs années  cinq  haches  polies  en  silex  noir. 

Une  voie  romaine  a  été  suivie  pendant  plus  de  vingt-six  ans 
dans  la  briqueterie.  La  découverte  d'un  cimetière  par  incinéra- 
tion date  de  deux  années.  On  v  a  trouvé  des  poteries  de  toutes 
formes  et  de  toutes  dimensions,  des  fibules  de  bronze  et  de 
ferr  des  anneaux,  des   miroirs  métalliques,   des   monnaies   :    ces 

(1)  Manuel  d'Archéologie;  par  M.  Déchelette.  1910,  t.  II.  p.  242,  et  fig.  80.  p.  243. 

(2)  —  même  traité,  p.  171  et  172. 

(3)  —  même  traité,  p.  168. 


406  SOCIÉTÉ   rRÉHISTOKlQUE   FRANÇAISE 

dernières,  en  petite  quantité;  plusieurs  amphores  incomplètes 
ont  été  découvertes.  En  mai  1910,  au  cours  des  terrassements, 
à  lra10  de  profondeur,  un  vase  avec  couvercle  (chose  rare,  que 
nous  n'avions  jamais  rencontrée),  contenant  des  incinérations, 
fut  mis  au  jour.  Il  nous  a  paru  très  curieux  à  observer,  à 
cause  de  sa  forme  et  de  sa  couleur  gris-bleu;  Son  diamètre  est 
de  vingt-deux  centimètres;  la  hauteur  totale  avec  le  couvercle 
est  de  quinze  centimètres.  Sur  la  partie  cylindrique  se  voit,  au 
bord  et  au  milieu,  deux  cordons,  en  forme  de  boudin.  Au 
raccord  de  la  partie  droite  et  du  fond,  le  demi  boudin  est  double. 
Ce  vase  isolé  contenait  des  ossements,  dans  lesquels  nous  avons 
extrait  un  morceau  de  fibule  en  fer.  Nous  pensons  qu'il  s'agit 
d'une  incinération  de  l'époque  gauloise  (beuvraysienne). 

En  février  et  mars  1911,  autres  découvertes  :  une  amphore  com- 
plète de  quatre  vingt-dix  centimètres  de  hauteur,  vingt-huit  cen- 
timètres au  plus  gros  de  la  panse;  cette  pièce  est  remarquable 
par  la  grandeur  de  son  col  et,  aux  anses,  cette  partie  n'a  pas  moins 
de  trente-six  centimètres.  Sur  la  panse,  on  remarque  en  creux  un 
caractère,  que  Ton  pourrait  prendre  pour  un  L  renversé.  Nous 
avons  trouvé  à  côté  des  morceaux  d'une  autre  amphore  de  plus 
grande  dimension.  Les  ossements  incinérés  se  trouvaient  en  tas 
près  de  ces  vases;  nous  y  avons  rencontré  une  agrafe  de  ceinturon 
en  bronze,  un  anneau  en  potin,  un  fragment  de  fourreau  en  fer, 
auquel  adhère  encore  un  morceau  d'étoffe  bien  conservé  par  l'oxyde 
de  fer.  La  présence  de  la  terre  noire  nous  indiquait  que  l'on  allait 
rencontrer  quelque  chose. 

A  quelques  mètres,  une  autre  sépulture  se  présente  avec  un 
nombre  de  vases  plus  important;  nous  pouvons  l'évaluer  à  dix; 
mais  on  a  pu  en  avoir  que  trois  entiers  :  vases  enterre  noire,  bien 
cuits;  hauteur  0m22;  0m18;  0mll.  Les  os  incinérés  se  trouvaient 
en  tas  à  côté;  leur  volume  et  les  différences  dans  la  grosseur  des 
os  permettent  d'observer  qu'il  y  a  là  les  restes  de  plusieurs  sujets. 
On  a  réuni  deux  fibules  en  fer;  dans  l'une  d'elle  se  trouve  passé 
un  crochet  en  fer  formant  pendentif.  Une  amulette  en  os  de  forme 
ovale  a  bords  biseautés  et  trou  de  suspension,  comme  celles  de 
la  forêt  de  Compiègne  ;  cette  pièce,  qui  a  très  bien  résisté  au  feu, 
est  une  base  de  bois  de  cerf.  A  côté  des  vases,  nous  avons  décou- 
vert les  membres  postérieurs  d'un  mouton,  probablement  le  repas 
funéraire  ;  également  trouvé  des  morceaux  de  bronze  ayant  trop 
subi  de  fusion  pour  pouvoir  être  classés. 

A  un  mètre  de  cette  sépulture,  on  a  découvert  une  lame  en  silex 
rouxrubané  de  la  Marne  ;  sa  longueur  est  de  treize  centimètres  ;  sa 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FBANÇAISE  407 

pointe  en  forme  de  perçoir  est  très  effilée,  sur  les  deux  tiers  de  la  lon- 
gueur, on  y  remarque  de  fines  retouches.  Un  morceau  de  bronze, 
probablement  d'un  bracelet,  se  trouvait  à  côté;  ces  deux  pièces 
n'ont  aucun  rapport  avec  la  sépulture  ci-dessus. 

Un  trou  (Fosse),  rempli  de  terre  noire  et  de  déchets  de  cuisine, 
a  été  rencontré;  nous  y  avons  trouvé  des  morceaux  de  vases  noirs 
et  gris-bleu  de  différentes  épaisseurs;  des  os  d'animaux  dont  une 
côte  taillée  en  pointe  très  effilée,  des  fragments  de  carreaux  en 
terre  cuite;  le  squelette  d'un  petit  animal  dans  lequel  on  a  re- 
connu un  cochon  de  lait;  cinq  morceaux  d'os,  qui, rassemblés,  ont 
permis  de  reconstituer  uu  fragment  de  peigne.  Par  les  poteries, 
nous  nous  crovons  en  présence  de  Sépultures  gauloises  Beuvray- 
siennes. 

L'an  dernier,  nous  avons  remarqué  trois  puits,  dans  cette  partie 
du  champ,  puits  très  étroits  et  sans  murailles,  qui  étant  donné,  la 
situation  de  cette  station,  pourraient  bien  être  des  Puits  funé- 
raires; ils  sont  visibles  et  prêts  à  être  fouillés  (1). 

Les  objets  découverts  à  l'emplacement  ci-dessus  sont  conservés 
et  visibles  à  Château-Porcien. 


La  Cachette   de   fondeur,  découverte  à 
Compiègne*(Oise  . 

PAR 

L.  PLESSIER    de  Compiègne), 

Ancien  Président  de  la  Société  historique  de  Compiègne; 

Les  objets  de  l'âge  du  bronze  ne  sont  pas  très  rares  dans  le  dépar- 
tement de  l'Oise;  et  nous  sommes  heureux  de  signaler  aujourd'hui  la 
récente  découverte  d'une  cachette  de  fondeur  en  la  plaine  des  Sa- 
blons, territoire  de  Compiègne,  dans  un  terrain  appartenant  à 
M.  Fournier  Sarlovèze,  maire  de  la  ville,  et  député  de  l'arrondis- 
sement 2  . 

Une  lance  en  bronze  fut  d'abord  rencontrée,  et,  ensuite,  quelques 
mètres  plus  loin,  un  amas  d'objets  de  même  métal  [Fig.  1),  compre- 
nant, savoir  : 

(1)  M.  Coutil  en  a  signalé  quatre  d'origine  romaine,  mais  sans  poteries  ;  à  côté 
on  a  trouvé  2.000  monnaies  romaines,  dans  un  vase,  à  Arquigny  (Eure). 

(2)  Un  travail  d'ensemble  sur  cette  trouvaille  a  été  lu.  dans  la  séance  du 
17  mars  dernier,  à  la  Société  historique  de  Compiègne  et  paraîtra,  avec  gravures 
ou  phototypies.  dans  le  prochain  Bulletin  de  cette  Société. 


408  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

1°  Deux  haches  à  ailerons  terminaux  :  l'une  à  tranchant  presque 
droit;  l'autre,  plus  usagée,  à  tranchant  curviligne;  et  les  frag- 
ments de  deux  autres. 

2°  Six  haches  à  douille,  la  plupart  à  tranchant  plus  ou  moins  évasé 
en  arrondi,  et  les  morceaux  de  six  autres. 

3°  Un  fragment  ou  petit  tronçon  de  lame  d'épée. 

4°  Enfin,  un  large  culot  de  fonte,  ayant  pris  la  forme  du  creuset 
et  d'un  poids  assez  considérable  (2  kil.  800)  (Fig.  1). 

Le  sol,  comme  l'indique  la  dénomination  du  lieu  dit,  est  essen- 
tiellement sablonneux  à  la  surface  ;  il  se  compose  d'une  couche  de 
sable  de  0m40  d'épaisseur  au  maximum,  reposant  sur  le  tut  et  la 
masse  calcaire  qui  forment  l'ossature   souterraine  en  cet  endroit. 

C'est  vers  la  partie  inférieure  de  cette  couche,  ou  à  0m35  de  pro- 


Fiji.l.  —  La  Cachette  de  fondeur  de  Compiègne  (Oise) . 
Echelle  :  1/5  de  grandeur. 

fondeur  au  plus,  que  fut  recueillie  la  lance,  tandis  que  les  autres 
objets  gisaient  pêle-mêle  à  0m25  environ,  limite  de  la  couche  arable, 
le  culot  recouvrant  le  tout. 

Sans  qu'aucun  deux  soit  absolument  inédit,  tous  ces  objets  pré- 
sentent de  très  intéressantes  particularités  par  leurs  formes,  leur 
technique  de  fabrication,  leur  ornementation  et  même  par  certains 
détails,  insignifiants  en  apparence. 

Le  martelage  intense,  par  exemple,  de  la  partie  supérieure  de  la  plus 
usagée  des  haches  à  ailerons  semble  indiquer  qu'elle  a  dû  plutôt  ser- 
vir comme  coin  ou  ciseau  que  comme  hache  proprement  dite  ;  et  l'un 
des  fragments  du  même  type  montre  clairement  que  les  ailerons 
étaient  parfois  rebordés  ou  renforcés  d'un  filet  marginal,  pour  don- 
ner plus  de  résistance  à  ces  appendices. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRAXÇAISE  409 

L'une  des  haches  à  douille,  rebutée  sans  doute  au  démoulage  par 
suite  de  défectuosité  dans  le  haut  de  l'une  des  faces,  est  restée  telle 
quelle,  sans  avoir  été  ébarbée,  ni  son  tranchant  affûté  ;  et  il  semble 
que  le  creux  de  la  douille  y  ait  été  obtenu  à  l'aide  d'un  double  noyau, 
dont  les  bavures  sont  perpendiculaires  à  celles  des  valves  du  moule 
principal,  pour  ne  pas  affaiblir  les  parois  aux  mêmes  points. 

Une  autre  au  contraire,  entièrement  polie  par  un  usage  prolongé, 
porte  de  nombreuses  traces  de  martelages  successifs  vers  le  tran- 
chant :  ce  qui  prouve  que  ce  dernier  était  rebattu  ou  réaffùté  à  main- 
tes reprises,  et  tant  que  sa  solidité  n'était  pas  compromise  par  la 
rencontre  du  vide  de  la  douille. 

Enfin  une  troisième,  par  ses  faibles  dimensions,  a  dû  servir 
comme  l'une  des  haches  à  ailerons,  plutôt  de  ciseau  que  de  hache, 
bien  que  le  tranchant  en  soit  assez  évasé  et  nettement  curviligne. 

Le  culot  de  creuset  est  surtout  précieux,  en  ce  sens  qu'il  caracté- 
rise nettement  la  nature  du  dépôt.  Il  démontre,  d'un  autre  côté,  par 
son  poids  brut  de  2  kil.  800  que  le  fondeur,  à  cette  époque,  pouvait 
déjà  faire  entrer  en  fusion  une  notable  quantité  de  métal  à  la  fois. 

Toutes  ces  pièces  sont  d'ailleurs  recouvertes  d'une  patine  variant 
du  vert  clair  au  vert  russe  ou  brun  plus  ou  moins  foncé,  brillante  ou 
rugueuse,  suivant  la  place  respective  qu'elles  occupaient  dans  la  ca- 
chette. 

Les  conclusions  suivantes  paraissent  donc  pouvoir  être  formulées  * 

1°  La  trouvaille  de  la  plaine  des  Sablons  doit  être  considérée 
comme  intéressante  à  tous  égards. 

2°  Elle  représente  évidemment  une  Cachette  de  Fondeur,  comme 
l'attestent  le  culot  du  creuset  et  les  fragments  de  bronze  ouvré,  suffi- 
samment menus  pour  s'incorporer  rapidement  dans  une  refonte,  à 
la  masse  en  fusion. 

3°  L'ensemble  des  pièces  et  la  cachette  elle-même  doivent  remonter 
à  la  dernière  période  ou  Larnaudienne  de  G.  de  Mortillet,  ou  à  VAge 
du  Bronze  IV  de  la  nouvelle  classification  ,1.  Déchelette,  soit  à  en- 
viron 900  à  1200  ans  avant  l'ère  chrétienne. 


4f0  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Trnnchets  préhistorique»  du  Soissonnais. 

PAR 

M.  O.  VAUVILLÉ  (de  Paris). 

Les  recherches  et  les  fouilles,  que  j'ai  faites  dans  le  département 
de  l'Aisne  m'ont  fait  découvrir  de  nombreux,  Tranchets  en  silex 
divers   Je  crois  devoir  en  présenter  un  certain  nombre  à  la  Société. 

1°  Époque  paléolithique. 

Les  fouilles  assez  importantes  que  j'ai  faites,  en  diverses  fois, 
dans  le  très  intéressant  et  important  gisement  quaternaire  de  Cœu- 
vres,  canton  de  Vie-sur- Aisne,  arrondissement  de  Soissons,  m'ont 
fait  découvrir  plus  de  350  pièces  ou  instruments  divers,  en  silex  va- 
riés, dont  21  qui  peuvent  se  rapporter  au  Tranchet.  Cet  instrument 
remonte  donc  bien,  dans  cette  région,  à  l'époque  quaternaire,  en 
pleine  faune  du  Mammouth,  dont  les  restes  sont  nombreux  dans  le 
gisement  de  Cœuvres. 

Voici  6  de  ces  tranchets,  en  silex  d'eau  douce,  venant  de  Cœuvres, 
avec  l'indication  de  leurs  dimensions  en  longueur,  largeur  du  tran- 
chant et  épaisseur;  j'indique  aussi  la  profondeur,  où  je  les  ai  recueil- 
lis dans  le  gisement  non  remanié. 
N°  1    Longueur  55  mil].    Tranchant  40  mill.    Épaisseur  23  mill.    Profondeur  2in30 


—  2 

— 

53  — 

— 

39  — 

— 

15  — 

— 

1"40 

—  3 

— 

45  — 

— 

38  — 

— 

13  - 

— 

WO 

—  4 

— 

37  - 

— 

44  - 

— 

21  — 

— 

lm50 

—  5 

— 

42  — 

— 

36  - 

— 

17  — 

lm80 

—  6 

— 

45  - 

— 

50  — 

— 

24  — 

— 

1™60 

2"  Époque  néolithique. 

A.  Tranchets. 

7  Longueur  75  mill.  Tranchant  45  mill.     Trouvé  à  Pommiers. 

8  —         53  —  —         44    —       Trouvé  à  Pommiers. 
Ces  deux  tranchets  sont  bien  retouchés  en  forme  de  soie,  pour 

être  emmanchés. 

Tranchets  provenant  de  l'Allée  couverte  de  Montigny-l'Engrain, 
où  j'en  ai  découvert  53  dans  mes  fouilles  faites  en  1887  et  en  1888(1). 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d' Anthropologie  de  Paris,  vol.  1887,  p.  710;  et  vol.  1888, 
p.  455. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  A  11 

Les  20  tranchets  n°8  9  à  28,  du  carton,  qui  varient  de  21  à  42  mil- 
lim.  de  longueur,  d'une  épaisseur  de  3  à  6  raillim.  et  d'un  tranchant 
variant  de  13  à  26  millim.,  donnent  bien  une  idée  des  formes  des  53 
pièces  recueillies  dans  mes  fouilles.  —  La  pièce  la  plus  intéressante, 
provenant  de  Montigny-l'Engrain,  est  celle  n°  29  ;  on  voit  là  un  petit 
tranchet,  qui  a  été  emmanché  dans  un  bois  de  Cervidé.  Ce  fait 
prouve  bien  que  les  petits  instruments  de  cette  forme  sont  bien  des 
tranchets,  et  non  des  flèches  à  tranchant  transversal.  On  peut  remar. 
quer  que  toutes  les  pièces,  des  n°5  9  à  28,  qui  ont  été  faites  avec  des 
fragments  de  lames,  ont  été  régulièrement  très  bien  retouchées  de 
chaque  côté,  mais  presque  perpendiculairement  à  la  partie  plate,  ou 
revers  du  tranchet;  cette  particularité  devait  avoir  pour  but  la  soli- 
dité de  l'emmanchement  de  l'instrument.  Les  retouches  perpendicu- 
laires à  la  lame  donnaient  beaucoup  de  résistance  dans  le  manche; 
au  contraire  des  retouches  faites  obliquement  auraient  eu  l'inconvé- 
nient d'abimer  vite  le  manche,  et,  par  suite,  de  le  mettre  hors  d'usage 
en  peu  de  temps. 

On  peut  aussi  remarquer  que,  les  retouches  de  ces  pièces  ayant  été 
faites  perpendiculairement  à  la  surface  plate,  cet  instrument  ne  pou- 
vait pas  être  convenable  pour  servir  de  flèche,  attendu  que  ce  genre 
de  retouches  n'aurait  pas  permis  la  pénétration  facile  d'un  trait  de 
ce  genre  dans  un  animal  ! 

Dans  mes  fouilles  de  Montigny-l'Engrain,  j'ai  aussi  trouvé  un  au. 
tre  petit  manche  en  os,  de  48  millim.  de  longueur,  que  voici  ;  il  a  très 
probablement  servi  de  manche  de  tranchet. 

Loin  de  croire  qu'il  n'y  a  pas  eu  de  flèches  à  tranchant  transver- 
sal à  l'époque  néolithique,  je  pense  au  contraire  qu'elles  ont  été  très 
probablement  employées.  Je  pense  le  faire  voir  dans  une  autre  pré- 
sentation de  pièces  néolithiques  de  l'Aisne. 

B.  Tranchet  double. 

La  pièce  n°  30,  qui  a  été  trouvée  à  Pommiers,  est  un  tranchet 
double;  sa  longueur  est  de  66  millim.;  il  a  un  tranchant  de  15  millim. 
de  largeur  d'un  bout  et  un  autre  de  22  millim.  de  l'autre  bout, 
lace  et  profilj.  —  On  peut  remarquer  que  les  deux  côtés  ont  été 
très  bien  retouchés  sur  toute  la  longueur  de  la  pièce. 

C.  Fragment  de  hache  polie,  adaptée  en  brunissoir. 

Voici  une  pièce  que  je  crois  aussi  devoir  présenter  à  la  Société. 
I  est  un  très  beau  fragment  de  hache  polie,  en  roche  serpentineuse, 
ayant  très  probablement  été  éclatée  d'une  très  belle  hache,  par  suite 


412  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

de  clivage.  Ce  fragment,  qui  a  encore  218  millim.  de  longueur,  sur 
36  millim.  de  largeur  du  bout  du  tranchant,  et  une  épaisseur  maxi- 
mum de  36  millim.,  a  été  utilisé,  après  sa  séparation  de  la  hache, 
comme  brunissoir,  comme  le  prouve  bien  le  polissage  moderne,  sur 
la  partie  éclatée,  lequel  est  beaucoup  plus  récent  que  celui  du  con- 
tour de  l'ancienne  hache.  —  L'origine  de  cette  pièce  m'est  inconnue. 


* 


^(3 


SÉANCE  DU   27  JUILLET    191  I 


Présidence  de  M.  CHAPELET,  Vice-Président. 

a-    »•*€&&>•'• 

I.  —  PROCÈS- VERBAL  DE  LA  SÉANCE 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière 
séance  (22  juin).  —  Ce  procès-verbal  est  approuvé. 

A  propos  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance,  M.  Ed.  Hue  ajoute 
quelques  explications  relative  au  Culte  du  Feu,  et  aux  incinérations 
au  xvie  siècle. 

Correspondance. 

Lettres  d'Excuses.  —  M.  Coutil,  Président,  retenu  à  Aix-les-Bains 
pour  raisons  de  santé,  s'excuse  par  lettre  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance.  —  Excusé  également  M.  Marcel  Baudouin,  Secrétaire  général, 
retenu  en  Vendée  par  ses  travaux. 

Lettre  d'avis  de  Décès.  — M.  Auguste  Mallet,  membre  de  notre 
Société,  décédé  le  5  juillet,  dans  sa  70e  année,  à  La  Roche  :Seine-et- 
Oise). 

M.  A.  de  Mortillet  donne  quelques  détails  sur  les  travaux  scienti- 
fiques de  M.  Mallet,  dont  l'étude  sur  les  Grès  taillés  de  Seine-et-Marne 
était  bien  connue.  M.  le  Président  et  M.  A.  de  Mortillet  associent  la 
Société  toute  entière  au  deuil  qui  frappe  la  famille. 

Lettre  d'avis  de  Nomination.  — M.  Muller  (de  Grenoble ),  membre  de 

tre  Société,  qui  est  bibliothécaire  de  l'Ecole  de  Médecine  et  conser- 
ateur  du  Musée  Dauphinois,  vient  d'être  nommé,  par  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique,  membre  correspondant  de  la  Commission 
des  Monuments  historiques  (Section  des  Monuments  préhistoriques).  Il 
est  chargé,  en  cette  qualité,  de  l'étude  et  de  la  surveillance  des  Anti- 
quités préhistoriques  dans  les  départements  de  l'Isère  et  de  la  Drôme. 

Lettres  relatives  aux  Analyses  de  Métaux.  —  M.  Chauvet  commu- 
nique, par  lettre,  la  réponse  de  M.  Chassaigne  (de  Ruffec),  relative  à 
des  analyses  de  bronze.  M.  Chassaigne  s' engageant  à  faire  cette 
analyse  moyennant  rétribution,  M.  Géneau  remet  une  note  à  l'occasion 
de  cette  lettre. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  27 


414  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

VII'J  Congrès  Préhistorique  :    Session  de  Nîmes. 

M.  le  Secrétaire  fait  circuler  les  Programmes  des  Excursions  du 
Congrès  préhistorique  de  Nîmes,  envoyés  par  M.  le  Secrétaire- 
général. 

Admission  des  nouveaux.  Membres. 

Sont  nommés  Membres  titulaires  : 

Nourry  (Emile),    libraire-éditeur,    62,    rue    des    Ecoles,     Paris. 

[MM.  Héhert  et  L.  Coutil]. 
Houry,  4,  rue  de  Meudon,  Issy  (Seine). 

[MM.  Ballet  et  Gillet]. 
Estaunié    (Désiré),    commis    de    commune   mixte,    Ammi-Moussa, 
Département  d'Oran  (Algérie). 

[MM.  Adolphe  et  Charles  Schleicher]. 
Leclerc,  instituteur,  Solers  (Seine-et-Marne). 

[MM.   Doigneau  et  Bazin], 

Présentations. 

M.  le  Dr  Ballet  présente  un  très  beau  Coup-de-poing  Acheuléen,  de 
grande  taille,  0m27,  et  provenant  d'une  sablière  de  Boulogne-sur-Seine. 

Cette  pièce,  qui  a  une  très  belle  patine,  a  été  trouvée  au-dessous 
du  deuxième  cailloutis. 

M.  G.  Bamond-Gontaud  prend  la  parole  à  ce  sujet.  Il  donne  quelques 
explications  sur  la  structure  lenticulaire  des  dépôts  d'alluvions  ancien- 
nes. 

M.  A.  de  Mortillet  présente,  de  la  part  du  Dr  Pfeiffer  (de  Wei- 
mar),  des  moulages  de  Silex  recueillis  dans  le  gisement  quarternaire  de 
Taubach  (Saxe-Weimar). 

M.  Edmond  Hue.  —  Les  moulages  qui  nous  sont  présentés  sont 
admirablement  faits. 

LeDr  Henri  Martin  a  présenté  à  la  S. P. F., il  y  a  longtemps  et  à  plu- 
sieurs reprises,  des  quantités  d'outils  de  La  Quina,  ayant  avec  ceux- 
ci  de  grandes  affinités  de  faciès  et  de  technique.  Cette  pointe  lancéo- 
lée, à  base  amincie,  cette  pointe  double  allongée  à  dos  convexe  en 
forme  de  limace,  cette  pointe  à  retouche  latérale,  dont  Henri  Martin 
nous  a  présenté  des  échantillons  avec  retouches  alternes,  ces  cou- 
teaux, ces  lames,  se  comptent  par  centaines,  non-seulement  dans  la 
collection  d'Henri  Martin,  mais  aussi  dans  les  collections  des  savants 
étrangers  et  français  et  des  amis,  qu'il  a  gracieusement  invités  à  fouil- 
ler à  La  Quina,  et  auxquels  il  a  si  généreusement  abandonné  le  pro- 


n 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  415 

duit  des  fouilles  qu'ils  y  avaient  faites.  Il  est  certain  que  If.  Déche- 
lette  n'a  pas  connu  le  Taubach  qui  nous  est  présenté  en  ce  moment, 
et  que  son  étude  sur  cette  station  (pages  76  et  suivantes  de  l'Archéo- 
logie préhistorique  ne  s  applique  nullement  aux  outils  que  nous  avons 
sous  les  yeux!  —  Les  pièces,  dont  les  moulages  nous  sont  présentés, 
sont  de  l'époque  évoluée  ou  supérieure  du  Moustérien  de  La  Quina, 
sans  aucune  espèce  d'hésitation. 

Communications. 

A  propos  de  la  communication  faite  à  la  dernière  séance  par  M.  Cou- 
til sur  les  épingles  à  bélière,  M.  le  Dr  Deyrolle  se  demande  si  ces 
objets  ne  sont  pas  plutôt  des  broches  que  des  épingles.  —  MM.  A.  de 
Mortillet  et  Hue  prennent  la  parole  à  ce  sujet  ;  ils  donnent  des  rensei- 
gnements ethnographiques  sur  les  longues  épingles  que  portent  les 
femmes  de  certaines  tribus  de  l'Afrique  Occidentale.  MM.  Taté  et  de 
Pamagua  prennent  part  également  à  la  discussion. 

M.  ie  Dr  Guehbard  présente  : 

1°  Une  note  de  M.  Bout  de  Charlemont,  qui  vient  de  trouver,  dans 
ses  fouilles  des  ruines  Gallo-Romaines  de  Taurantum  (Bouches-du- 
Rhône),  un  petit  nodule  de  peinture  verte,  ancienne,  et  dont  il  donne 
l'analyse  chimique. 

2°  De  la  part  de  M.  Pagès-Allart,  un  poignard  de  fer,  du  moyen 
âge,  qui  présentait,  au  moment  de  la  trouvaille,  une  patine  cuivreuse 
singulière. 

3°  Ln  mémoire  de  M.  Pagès-Allary  sur  les  Hochets  préhistoriques. 

4°  Ln  second  travail  de  M.  Pagès-Allary,  intitulé  «  Hypothèses  tirées 
des  Haches  Préhistoriques  :  Les  Haches  en  Cuivre  et  Bronze  sont  des 
Outils  variés  » . 

M.  Paul  de  Mortillet  de  Paris)  fait  une  communication  relative  à 
la  découverte  d'un  nouveau  Dolmen  à  La  Roche  aux  Loups,  situé  sur  la 
commune  de  Buthiers  (Seine-et-Marne  ;  jusqu'ici  on  ne  connaissait 
que  trois  dolmens  dans  l'arrondissement  de  Fontainebleau. 

M.  A.  de  Paniagua  présente, de  la  part  de  M.  Dubalen,  des  Gravures 
sur  Os,  qu'il  a  trouvées  lui-même  dans  la  Grotte  de  Rivière,  près  deDax, 
dans  les  Landes.  M.  Dubalen  serait  heureux  d'avoir  l'avis  de  la  Société 
sur  l'authencitité  de  ces  petites  gravures;  deux  gravures  fausses  ont, 
en  effet,  été  trouvées  à  la  fin  de  ces  fouilles  ! 

Plusieurs  membres  prennent  la  parole  à  ce  sujet.  MM.  Hue  et  Bal- 
let pensent  que  ces  gravures  sont  bien  de  l'époque  ;  mais  M.  A.  de 
Mortillet  les  tient  pour  douteuses.  ■  Ce  sont,  dit-il.  peut  être  des 
entailles  anciennes,  que  l'on  aurait  travaillées  depuis  ;  l'ovale  de  la 
figure  gravée  n'est  pas  Magdalénien.  Les  gravures  fausses  sont  toujours 


416  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

bien  au  milieu  de  la  pièce:  ce  qui  est  ici  le  cas.  M.  Taté  y  voit  un 
semblant  d'œil  ;  et  M.  Guébhard  trouve  que  l'éclatement  de  l'os  est 
frais,  et  que  le  sillon  a  une  autre  patine. 

Finalement,  M.  A.  de  Mortillet,  trouvant  que  la  pièce  gravée  que 
M.  Dubalen  appelle  Chimère  paraît  plus  ancienne,  mais  que  l'autre 
est  douteuse,  propose  de  faire  agrandir  photographiquement  ces  piè- 
ces par  M.  Henri  Martin,  et  ajoute  que  M.  Dubalen  devrait  autoriser  le 
nettoyage  des  entailles. 


NOTES  ORIGINALES  ET  DISCUSSIONS. 


Nouveau  Dolmen  de  l'arrondissement 
de  Fontainebleau. 

[Prise  de  date], 

M.  Paul  de  Mortillet  (Paris).  — Je  tiens  à  signaler  à  la  Société  un 
Dolmen  de  Seine-et-Marne,  qui,  je  crois,  est  inconnu  ;  il  est  cependant 
visible  et  en  partie  hors  de  terre  depuis  fort  longtemps.  Dans  le  pays, 
les  blocs  de  grès  qui  composent  le  monument  sont  désignés  sous  le 
nom  de  Roche  aux  Loups.  Cet  endroit,  isolé  et  très  peu  fréquenté  par 
les  touristes  et  par  les  habitants  de  Malesherbes  et  de  Buthiers,  est 
surtout  un  lieu  de  rendez-vous  pour  les  chasseurs.  Ce  sont  MM.  Mer- 
let,  juge  de  paix,  et  Paul  Leroy,  vétérinaire  à  Malesherbes,  et  M.  Albert, 
Leroy,  de  Paris,  qui  m'ont  signalé,  au  mois  de  juin  dernier,  ces 
pierres,  comme  faisant  partie  d'un  Dolmen. 

On  ne  connaissait  que  trois  dolmens,  jusqu'à  ce  jour,  dans  l'arrondisse- 
ment de  Fontainebleau  :  La  Pierre  de  l'Ormail,  à  Rumont,  signalé  dès 
1855;  le  dolmen  de  Cannes,  signalé  par  Thomas-Marancourt,  en  1893  ; 
la  Pierre-Lourde  ou  Pierre-Louve,  à  Episy,  décrit  par  notre  savant 
collègue,  A.  Viré,  en  1897. 

Le  dolmen  de  la  Roche  aux  Loups  se  trouve  au  sud-est  de  Buthiers, 
sur  le  territoire  de  cette  commune,  à  deux  kilomètres  environ  du  vil- 
lage d'Herbauvilliers.  Il  comprend  sept  supports  et  deux  tables  en 
grès,  formant  une  chambre  rectangulaire  de  3  '"55  de  longueur  sur 
l^GO  de  largeur  au  fond;  de  ce  côté  la  dalle  et  les  deux  premiers  sup- 
ports de  droite  et  de  gauche  occupent  encore  leur  place  primitive.  Les 
autres  supports,  un  du  côté  droit  et  deux  du  côté  gauche,  sont  déplacés 
et  sont  actuellement  en  dehors  du  monument.  Le  septième  support, 
planté  face  à  la  dalle  du  fond,  ferme  en  partie  l'entrée  de  la  sépulture. 

Le  Dolmen  dans  sa  longueur  est  orienté  à  peu  près  exactement  Est- 
ouest.  L'entrée  est  à  l'Est. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRAiNÇAISE  417 

Lors  de  ma  visite  à  ce  monument, le  6  juillet  dernier,  MM.  Leroy,  dans 
une  fouille  exécutée  sous  la  première  table,  ont  rencontré  des  débris 
d'ossements  humains  et  deux  éclats  de  silex;  ils  étaient  disséminés 
dans  la  terre,  au  milieu  de  blocs  de  pierre,  qui  gisaient  là  et  sans  aucun 
ordre.  Des  recherches  ont  évidemment  été  faites  dans  ce  dolmen,  à  une 
époque  inconnue,  tout  au  moins  vers  l'entrée.  Je  ne  pense  pas  que  ce 
soit  par  un  palethnologue,  mais  bien  par  un  chercheur  de  trésor.  Il 
serait  intéressant  de  fouiller  complètement  cette  sépulture. 


¥>a  Tortue  en  Préhistoire. 

M.  le  D'MarignàN  Massillargues,  H.).  — Au  Musée  archéologique 
de  Nîmes,  dans  la  collection  Emilien-Dumas,  il  y  a  une  petite  Tortue, 
en  bronze,  de  la  dimension  d'une  pièce  de  vingt  sous.  La  carapace  est 
ornementée  de  volutes  en  creux,  qui  imitent  les  imbrications  de 
l'écaillé.  Cette  tortue  paraît  avoir  été  la  pièce  principale  d'une 
applique,  ou  peut-être  d'une  Fibule. 

Elle  est  accompagnée  d'une  note  ainsi  conçue  :  «  Petite  Tortue, 
gallo-romaine,  en  bronze,  trouvée  à  Bellau,  chez  M.  Gaillet,  Ville- 
vieillé  Gard)».  —  Villevieille,  à  côté  de  Goumières,  a  donné  beau- 
coup d'antiquités  gallo-romaines  et  romaines. 


Le  Cheval  en  Préhistoire. 


M.  le  Dr  Marcel  Baudouin. —  On  trouve  souvent,  dans  les  sépul- 
tures, des  Os  isolés  de  Chevaux,  dont  on  ne  s'explique  pas  la  pré- 
sence. 

Le  fait  suivant  peut  faire  comprendre  ces  trouvailles.  En  Chine, 
il  existe  encore  un  moyen  prophylactique  original  pour  la  Peste  : 
«  Prendre  un  fragment  d'os  de  Cheval,  l'envelopper  dans  un  morceau 
d'étoffe  rouge,  et  le  coudre  dans  un  sachet,  que  les  hommes  devront 
porter  du  côté  gauche,  alors  que  les  femmes  le  mettront  sur  leur 
flanc  droit  ». 

Ainsi  donc,  chez  les  Chinois  actuels,  un  fragment  d'os  de  Cheval  est 
un  talisman,  voire  même  un  remède,  agissant  par  sa  seule  présence. 

Il  serait  intéressant  de  retrouver  pourquoi,  en  l'espèce,  on  a  choisi 
le  Cheval  ! 


418  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Découverte  d'un  Singe  Anthropoïde  au 
Miocène  moyen. 

Récemment,  à  l'Académie  des  Sciences,  M.  le  professeur  Deper- 
ret  (de  Lyon)  a  annoncé  la  découverte,  à  la  Griffe  Saint-Alban 
(Isère),  dans  le  Miocène  moyen,  d'un  grand  Singe  anthropoïde, 
ressemblant  au  Drgopithecus  des  Faluns.  — Cette  station  serait  très 
fertile  en  fossiles  d'animaux,  notamment  en  Anthroproïdes  ! 


A.  propos  du  Hochet  gallo-arverne. 

M.  PagÈs-Allary  (Murât).  —  Des  remerciements  sont  dus  à  notre 
très  distingué  collègue  et  ami  Jacquot  pour  sa  contribution,  publi- 
quement ironique  [page  364,  n°  6,  1911,  du  Bulletin],  La  boulette,  de 
mie  de  pain,  qu'il  a  bien  voulu  lancer  sur  le  Hochet  gallo-arverne, 
prouve  que  le  baby  des  Alpes  a  la  bouche  plus  grande  que  l'enfant 
arverne  !  A  moins  toutefois  que  notre  ami,  M.  Jacquot,  ne  se  soit  ingénié 
surtout  à  ne  pas  voir  ou  à  ne  pas  tenir  compte  de  l'échelle,  qui  accom- 
pagne la  figure  du  Bulletin  (n°  5,  p.  320). 

Cette  échelle  démontre,  toute  seule,  que  le  hochet  est  assez  grand 
pour  fermer  la  bouche  même  d'une  très  grande  personne,  et  être  bien 
en  main,  même  d'un  grand  explorateur.  — Au  fait,  comme  on  doit  tout 
utiliser,  la  mie  de  pain  servait,  peut-être,  faute  de  cire,  à  ménager  (1) 
le  creux  intérieur,  plus  difficile  à  obtenir  qu'à  critiquer.  —  Il  est  cer- 
tain que  cette  forme  bizarre,  mais  très  pratique,  du  hochet,  est,  après 
la  boulette  ronde  (2),  celle  que  les  doigts  fabriquent  machinalement, 
sans  grande  tension  de  l'esprit,  toujours  sans  doute  occupé  ailleurs. 


Le  Chien   en   Préhistoire. 

M.  Patte  (Oise).  —  Cranz  rapporte  dans  son  Histoire  du  Groen- 
land que,  de  son  temps  encore,  bien  des  Groënlandais  avaient  coutume 
de  placer  une  tête  de  Chien,  près  de  la  tombe  d'un  enfant,  «  afin  que 
l'âme,  du  chien  qui  sait  trouver  partout  sa  demeure,  puisse  montrer  à 
celle  de  l'enfant  le  chemin  de  la  terre  des  esprits  ».  —  Je  ne  sais  si 
cette  belle  et  touchante  idée  appartient  aux  Esquimaux  ou  au  mission- 
naire; mais  un  fait  certain,  c'est  que  l'on  a  trouvé  des  crânes  de  Chien 
dans  des  tombes  d'Esquimaux,  dans   diverses  localités  du  Groenland. 

(1)  Dans  l'argile  du  hochet  Gallo-Arverne  —  dont  je  maintiens  :  et  le  nom  et  l'u- 
sage; malgré  l'avis  de  mon  vieux  compatriote,  professeur  et  collègue,  M.  Delort, 
de  Cosne,  y  voyant  un  jeu  dans  le  genre  non  du  «  Brounjidou  »,  comme  il  me 
l'écrit;  mais  du  hirouli  altération    de  virouli  —  déjà  signalé  —  page  3!0. 

(2)  La  boulette  ronde  se  fait  avec  deux  doigts  d'une  main  (pouce  et  index);  la 
forme  Hochet  ne  s'obtient  qu'avec  les  deux  premiers  doigts  des  deux  mains. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  419 

Ainsi  Scoresby  raconte  (  W.  Scoresby  s.  d.  J.  Tagebuch  einer  Reise 
aufdem  WaUfischfang)  qu'il  trouva,  sur  la  terre  de  Jameson,  le  crâne 
d'un  chien  «  dans  une  petite  tombe,  qui  probablement  était  celle 
d'un  enfant  ». 

Quelque  portée  que  l'on  puisse  ou  que  l'on  veuille  donner  au  fait 
suivant,  il  est  certain  que  l'on  a  aussi  trouvé  parfois  en  Suède  des  sque- 
lettes de  Chiens,  parmi  les  squelettes  humains  de  nos  chambres  sépul- 
crales. Des  recherches  ultérieures  montreront  peut-être  si  les  crânes 
de  chiens  que  l'on  rencontre  dans  ces  hypogées  reposent  à  côté  des 
squelettes  d'enfants  [Sven  Nilssoxx.  Les  habitants  primitifs  de  la 
Scandinavie  1868,  page  184]. 

M.  Marcel  Baudouin  Paris).  —  Ces  données  sont  à  rapprocher  de 
celles  déjà  publiées  ici  même  et  des  récentes  trouvailles  faites  en  Subie 
[Cadavres  de  chiens,  sans  tète,  près  de  certaines  tombes]  [Voir  The 
Arch.  Survey  of  Nubia,  passim]. 


Le  Fer  à  cheval  et   le  mauvais  œil. 


M.  L.  Jacquot  (Grenoble).  —  La  lecture  du  mémoire  de  M.  Rivière 
sur  les  Fers  de  chevaux  (1),  considérés  comme  porte-bonheur,  m'oblige 
à  rappeler  que  les  indigènes  d'Algérie  ont  coutume  de  fixer,  sur  leurs 
portes,  et  plus  généralement  sur  les  volets  des  cafés  maures,  un  fer 
de  cheval.  Ils  y  appliquent  également  l'empreinte  d'une  main  d'homme: 
ce  qui  s'obtient  en  plongeant  la  main  dans  une  écuelle  remplie  de  cou- 
leur —  rouge,  verte  ou  bleue  —  et  en  la  plaquant  ensuite  contre  le 
mur  ou  le  volet  !  —  Ces  deux  totems,  fer  et  main,  paraissent  avoir  la  même 
valeur  protectrice  et  sont  destinés  à  éloigner  le  mauvais  œil.  La  main 
est  cependant  plus  communément  employée  ;  on  en  fait  de  nombreux 
bijoux.  En  Tunisie,  on  la  remplace  fréquemment  par  une  queue  de  pois- 
son, fichée  sur  les  murs  même  les  Siciliens  et  les  Juifs  !);  dans  le  Sahara 
algérien,  on  plante  des  gros  os  de  mammifères  sur  les  murailles  et  sur 
les  parapets  des  terrasses,  toujours  pour  protéger  l'immeuble. 

Pour  écarter  le  mauvais  œil,  il  y  a  encore  d'autres  moyens.  En  Tu- 
isie.  les  Juifs  étalent  par  dessous  le  vêtement  leur  main  ouverte;  en 
Igérie,  les  Arabes,  parlant  aune  personne  suspecte,  font  les  cornes, 
n  étendant  l'index  et  le  majeur,  et  disent  :  «  Lama  fi  ïanek  !  (L'aveu- 
lementdans  ton  œil).  » 

Un  autre  mode  à  retenir  est  celui-ci  :  on  rencontre  souvent  des  tas 
e  petites  pierres  qui  recouvrent  les  restes  d'un  mort,  voyageur  décédé 
ccidentellement  ou  passant  assassiné.  Ces  sépultures  se  confondent 
vec  les  amas  de  pierrailles  d'origine  anhistorique,  si  fréquents  en  Algé- 

1;  VI«  Congrès  préhistorique  de  Tours,   1910. 


420  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

rie.  Les  indigènes  disent  que  l'âme  du  mort  décédé  de  mort  violente 
sort  de  son  tombeau  à  l'époque  anniversaire  de  son  décès  et  va  tour- 
menter le  passant.  Pour  l'empêcher  de  sortir,  il  faut  planter  un  objet 
en  Fer,  de  préférence  un  Couteau,  au  centre  du  tas  de  pierres. 

En  Savoie  et  en  Corse,  ces  mêmes  tas  de  pierres  existaient  aussi,  for- 
més par  les  passants  qui  n'auraient  pas  manqué  de  jeter  un  caillou  à  la 
place  où  gisait  la  victime  d'un  crime  ou  d'un  accident.  Ces  tas  se  sont 
confondus  avec  les  murgers  ou  pierriers,  formés  par  le  nettoyage  des 
champs  (et  dont  plusieurs  doivent  même  exhausser  des  murs  anhistori- 
ques). 

Une  coutume  semblable  existe  à  Madagascar,  où  se  retrouvent  aussi  : 
1°  les  mêmes  tombelles  que  dans  le  Tell  Algérien,  notamment  dans  la 
région  de  Sétif  ;  2°  l'usage  des  portes  de  maison  ou  de  village  en  dalle 
de  forme  circulaire,  comme  certaines  portes  de  sépultures  romaines  de 
la  province  de  Constantine  (Mila,  Sétif),  et  de  celle  d'Alger  (Tombeau 
de    la    Chrétienne,   Monument  des   Isser). 

Voilà  donc  des  coutumes  très  générales,  presque  universelles.  — 
Je  termine  en  disant  que  le  Fer  à  cheval  est  un  porte-bonheur  en  Dau- 
phiné  et  en  Savoie  pour  les  gens  superstitieux. 


Le  mot  Cro  en  Préhistoire. 

M.  Ch.  Aublant  (de  Périgueux,  Dordogne).  —  Dans  le  parler  péri- 
gourdin,  qui  est  un  des  nombreux  dialectes  de  la  langue  d'Oc,  le  mot 
Cro  (nous  prononçons  o  long)  signifie  trou,  creux,  enfoncement  quel 
qu'il  soit  et  où  qu'il  soit.  A  Cro-Magnon,  il  y  avait  grotte  et  abri  ;  par 
conséquent,  pour  les  indigènes  Cro. 

Magne,  Magnou,  Magnanou,  etc.,  sont  des  noms  portés  fréquem- 
ment en  Périgord  par  des  familles  ou  des  individus. 

Dans  le  mot  composé  Cro-Magnon,  le  second  de  ces  deux  mots, 
Magnon,  ne  serait,  à  mon  avis,  que  la  francisation  du  nom  Magnou; 
cette  francisation  en  on  des  mots  périgourdins,  terminés  en  ou,  est 
excessivement  fréquente. 

En  Dordogne,  et  notamment  dans  l'arrondissement  de  Sarlat  où  se 
trouve  situé  Cro-Magnon,  les  habitants  ont  utilisé  de  tout  temps,  et  uti- 
lisent encore,  les  grottes  et  les  abris  sous  roche  comme  habitations, 
transformant  en  demeures  plus  ou  moins  confortables,  d'après  les 
époques  et  les  ressources  de  chacun,  les  unes  et  les  autres.  A  côté  de 
simples  cabanes,  il  y  a  eu  des  châteaux  bâtis  de  cette  façon  ! 

Autrefois,  dans  cette  même  région,  on  trouvait  souvent  et  quelque- 
fois encore  aujourd'hui  (j'en  ai  rencontré  au  moins  deux  fois  en  chas- 
sant ou  en  faisant  des  excursions)  des  individus,  presque  toujours  fai- 
bles d'esprit  ou  atteints  de  quelque  infirmité,  habitant  seuls  dans  des 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  421 

trous  de  rochers,  vivant  de  charité  et  aussi  de  rapine,  loin  de  toute 
autre  habitation. 

D'après  ce  que  je  viens  d'exposer  Cro-Magnon  ne  voudrait-il  pas 
dire  le  trou,  et  par  extension,  le  rocher  de  Magnou;  soit  qu'un  nommé 
Magnou  en  ait  été  le  premier  possesseur,  soit  qu'une  famille  de  ce  nom 
ait  longtemps  habité  ce  lieu,  soit  aussi  qu'un  solitaire,  portant  ce 
vocable,  en  ait  fait  sa  tanière? 

Magnon  ou  Magnou  étant  un  diminutif  de  Magne,  qui  vient  de 
Magnus,  Cros-Magnon  aurait-il  désigné  un  trou,  et  par  extension  un 
rocher  comme  moins  grand  ou  moins  haut  qu'un  autre? 


Les  Lieux-dits  : 
A.  propos    die    l'appellation  de    «    Chante-Loup    » 
ou  de    «   Chante-Louve   » , 
appliquée  à  nombre  de  lieux  dits. 

M.  A.  de  Paniagda  Paris  .  —  M.  L.  Jacquot,  dans  le  dernier 
Bulletin  de  la  Société,  demande  pourquoi  un  aussi  grand  nombre 
de  lieux  sont  appelés  Chante-Merle  et  Chante-Louve. 

Pour  Chante-Merle,  l'explication  me  semble  facile  :  c'est  simple- 
ment parce  que  les  endroits  qui  portent  ce  nom,  étaient  fréquentés, 
de  préférence,  par  des  merles.  —  C'est  pour  la  même  raison  que,  dans 
le  Midi  de  la  France,  maints  endroits  sont  dénommés  Cante-Laude, 
«  Chante-alouette  ». 

Pour  Chante-Loup  ou  Chante-Louve,  l'explication  est  plus  compli- 
quée. Je  pense  que  cette  appellation,  appliquée  à  un  lieu  dit,  indique, 
que,  en  cet  endroit,  soit  un  Sorcier,  soit  une  Pythonisse,  disant  la 
bonne  aventure. 

Il  faut  expliquer,  d'abord,  que  le  mot  «  chanter  »  a  eu  primitive- 
ment le  sens  de  «  dire  »  et  «  de  vaticiner  »,  ainsi  que  l'affirme  posi- 
vement  Strabon  :  ce  qui  porte,  par  force,  à  croire  que  les  premiers 
orciers  faisaient  leurs  prédictions  sur  le  ton  de  la  mélopée.  Ainsi  se 
comprend  l'épithète  de  «  a  la  voix  sonore  »  qu'Hésiode  donne  aux 
nymphes  Hespérides,  qui  formaient,  sans  aucun  doute,  une  confrérie 
de  femmes  pythonisses  :  interprétation  fortement  confirmée,  d'ail- 
leurs, par  Horace,  disant  que  la  sibylle  de  Cumes  était  resonans. 

Or,  pour  des  raisons  trop  longues  à  développer  ici,  les  premiers 
sorciers  vaticinateurs  ont  été  assimilés  à  des  Loups.  Au  dire  d'Hé- 
rodote Melpomène,  CV  ,  les  Neures  de  Scythie,  formant  une  peu- 
plade de  sorciers,  se  métamorphosaient,  chaque  année,  pendant 
quelques  jours,  en  Loups,  pour  reprendre  ensuite  la  forme  humaine  : 
en  somme,   des  Loups-garous,   dont  le  souvenir  persiste  dans  nos 

mpagnes.  Et  notons  que  cette  désignation  garou,  venant  du   sans- 


422  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

crit  garj,  qui  a  produit  le  latin  garrire,  «  chanter,  conter  »,  fait  un 
«  chanteur  »,  du  loup  qui  la  porte. 

Le  Zeus  prophétique  d'Arcadie  était  dit  «  Lycéen  »,  le  Loup  (Pla- 
ton, La  République,  liv.  VIII).  C'est  un  nommé  Lycus,  «  le  Loup  », 
Aùxoç,  un  sorcier  hyperboréen,  qui  introduisit  en  Grèce  le  culte 
d'Apollon,  le  dieu  vaticinateur  par  excellence.  Eh  bien,  on  retrouve 
ce  personnage  mythique  divinisé,  en  Gaule,  sous  le  nom  de  Lug,  qui 
n'est  qu'une  légère  déformation  de  prononciation  de  Aùxoç,  avec  la 
chute  de  la  désinence  grecque.  Beaucoup  de  localités  portent  ce 
nom  :  Lug-dunum,  Lug-dunum  d'Aquitaine  ;  Lug-os,  dans  les  Landes  ; 
Lug-asson,  dans  la  Gironde,  etc. 

La  démonstration  de  ce  qui  vient  d  être  dit  doit,  semble-t-il,  être 
faite  par  l'étude  d'une  monnaie  de  la  Narbonnaise,  citée  dans  le  cata- 
logue Chabouillet  (2350,  2399).  Au  droit,  un  Hermès  phallique  avec 
en  exergue  :  AOYKO  EIKN02  ;  au  revers,  un  trépied,  attribut  de  la  di- 
vination, et  la  légende  :  AOYK02  TAAHTTÎIN.  Le  sens  de  Aouxo  etxvo;, 
est  «  Lug  prophétique.  »  En  effet,  etxvbç  vient  de  eiv:w,  avec  le  sens 
de  «  être  en  proie  à  la  fièvre  prophétique.  »  Dans  la  légende  du 
revers  :  Xoyyoç  Ta^yToiv,  loyyoç,  pour  Xoyo;,  est  simple;  l'attique  xaXriôé; 
est  pour  aÀaOeç  et  veut  dire  «  le  vrai,  le  véridique  »  ;  il  correspond 
au  latin  vates.  De  plus,  on  trouve,  avec  évidence,  dans  la  composi- 
tion de  ce  mot,  le  radical  à'Xv),  «  course  errante.  »  TaXr^xojv  n'est  pas 
un  génitif  pluriel,  mais  un  nominatif  singulier  comme  son  synonyme 
ocà'Viwv,  «  vagabond.  »  Donc,  traduction  deXoyyo;  xfxkr^zw^  :  «  la  bonne 
aventure  errante  »  :  légende  bien  appropriée,  spécifiant  la  bonne 
aventure,  que,  ainsi  que  les  Bohémiens  actuels,  colportaient  les 
magiciens  primitifs,  serviteurs  de  l'ancêtre  immédiat  d'Apollon,  le 
Pan  des  origines,  auquel  Orphée  donne  lesépithètes  de  «  frénétique  », 
qui  répond  au  eixvo;  de  la  monnaie  gauloise,  et  aussi  à  celle  de  «  vaga- 
bond »,   qui  corrobore  TaXrjYTwv. 

M.  Gh.  Aublant  (Périgueux,  Dordogne).  —  En  Périgord,  les  noms 
de  Chante- Louve  on  Loube  (1),  du  mot  périgourdin  loubo,  Chante-Poule 
et  Chante- Géline,  Chante- Alouette,  Chante-Perdrix,  Chante-Merle, 
Chante- Luzer  ou  Luzar  (Lézard),  Chante-Grel  ou  Greil  (Grillon),  sont 
donnés  à  de  nombreux  hameaux  et  lieux  dits. 

Je  crois  qu'en  tenant  compte  de  la  topographie,  des  changements  pro- 
bables opérés  au  cours  des  siècles  par  la  culture  et  les  déboisements, 
des  mœurs  et  des  habitudes  des  animaux,  dont  les  noms  ont  servi  à 
former  ces   appellations,  on  peut  arriver  facilement  à  les  expliquer. 

Chante-Louve  sera  un  endroit  désert,  triste  ou  sauvage,  un  hameau 


(1)  Tous  ces  noms  se  prononcent  et  s'écrivent  aussi  Gante-Louve,  Gante-Grel,  etc., 
d'après  les  régions  où  le  parler  est  plus  ou   moins  dur. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  423 

isolé;  un  lieu,  en  somme,  où  venaient  hurler  les  loups,  alors  que  ces 
animaux  abondaient  sur  notre  territoire. 

Chante-Poule  indiquera  plutôt  un  endroit  fertile,  bien  situé  pour 
une  métairie. 

Chante-  Merle  un  lieu  un  peu  retiré,  couvert,  frais,  broussailleux; 
endroit  qu'affectionne  ce  chanteur  de  nos  bois. 

Chante-Perdrix  sera -peut-être  souvent  un  lieu  sec,  un  peu  élevé,  non 
boisé,  où  la  perdrix  rouge  piète  facilement,  se  remise  souvent,  et  où  elle 
chante  soit  au  soleil  levant,  soit  à  la  tombée  du  jour. 

Chant- Luzare  et  Chante-Grel  ne  seront  certainement  pas  des  endroits 
bas  et  humides,  car  ces  deux  petits  animaux  aiment  les  lieux  secs  et  la 
chaleur. 

J'ai  noté,  sur  la  carte,  un  certain  nombre  de  hameaux  portant  ces 
dénominations;  et  je  me  propose  de  les  visiter  pour  voir  si  mes  suppo- 
sitions sont  exactes. 

A  mon  avis,  cette  famille  de  noms  de  lieux  a  été  formée  comme  celle 
qui  possède  Bonair,  Belair,  Bellevue,  Beauregard^  Beh'ès,  Belcayre, 
Beauséj'our,    etc.,  etc. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Le  Congrès  Préhistorique  de  Ximes  a  vi- 
sité, en  août  1911,  une  Nécropole  énéolithique  à  Cantaperdrix,  près  de 
Galvisson  (Gard).  —  C'est  bien  «  un  lieu  sec,  un  peu  élevé,  non  boisé  »  ! 


, 


Module  de  Peiature    gallo-romaine. 


H.  Bout  de  Charlemont  a  trouvé,  dans  les  déblais  de  fouilles 
poursuivies  actuellement  à  Tauroentum  (Var),  sur  les  ruines  de  l'acro- 
pole de  l'ancienne  ville  gallo-romaine,  un  petit  nodule  de  peinture 
verte,  incontestablement  ancienne,  dont  M.  Berg,  professeur  de  mi- 
néralogie et  d'hydrologie  à  l'École  de  médecine  de  Marseille,  a  bien 
voulu  faire  l'analyse  que  voici  : 

Eau 2 .  20  pour   cent . 

Perte  au   rouge 4.80  — 

Silice 53.57  — 

Oxyde  de  fer  (ferreux) 21 .23  — 

Alumine 1.25  — 

Phosphate  de   fer 0.67  — 

Chaux 0.86  — 

Magnésie de  8   à  10. 

pâte  est  d'un  aspect  brillant,  lisse,  douce  au  toucher,  com- 
te et  tendre  pourtant  puisqu'elle  trace  en  vert  par  frottement  sur 
)apier,  comme  le  pastel. 


424  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

M.  Bout  a  également  trouvé,  dans  les  mêmes  déblais,  une  coquille 
conservant  des  traces  de  peinture  rouge  (oxyde  ferrique)  ancienne 
aussi. 

Les  nuances  de  ces  résidus  sont  celles  des  restes  de  peintures  à 
fresque  qui  recouvraient  les  murs  de  l'acropole.  Les  uns  sont  donc 
identifiés  par  les  autres,  comme  aussi  par  leur  voisinage  réciproque, 
et,  à  ce  titre,  les  susdits  résidus,  si  peu  importants  soient-ils  par 
leur  volume,  présentent  un  réel  intérêt,  au  point  de  vue,  notamment, 
de  la  composition  des  peintures  anciennes. 


III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES. 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  Préhistoriques 

et    Fortifications    anhistoriques. 

M.  Armand  Viré,  président  de  la  Commission,  dépose  le  49e  rap- 
port. 

Nous  recevons  de  M.  A.  Cousset  les  intéressants  documents  sui- 
vants sur  le  Camp  du  Chatelard,  situé  commune  de  Royan  (Cha- 
rente-Inférieure). 

Le  Camp  du  Chatelard  (1)  a  été  découvert  par  M.  Morin-Delisse.de 
Royan,  qui  le  premier  en  a  donné  une  description  dans  la  «  Revue 
de  la  Saintonge  et  de  fAunis  »,  XXVe  volume, 6e livraison,  novembre 
1905,  p.  403  à  413.  Son  inventeur  lui  donne  une  étendue  qui  peut 
égaler  le  1/4  de  la  commune  ou  environ  ;  mais,  d'après  nous,  son 
importance  serait  beaucoup  plus  modeste,  et  il  n'occuperait  même 
pas  entièrement  le  fief  dénommé  au  cadastre  delà  commune  :  Les 
Bois-Châteaux. 

Dans  le   reste  des  bois,  entourant  le  hameau  du  Chatelard  et  les     ! 
autres  villages,  on  rencontre  bien  quelques  fossés  et  chemins  creux;     j 
mais  ils  ne  dépassent  pas  en  importance  les  délimitations  ordinaires 
des  lieux  dits  et  des  propriétés,   et  n'ont  rien  de  commun  avec  des 
ouvrages  défensifs. 

Le  camp  est  difficile  à  trouver,  même  pour  quelqu'un  habitant  la 

(1)  Le  Chatelard  (sans  accent),  d'après  le  Cadastre  et  les  Cartes. 


SOCIÉTÉ  PREMSTORIQUE   FRANÇAISE  42o 

région.  Les  bois  qui  l'entourent  sont  très  touffus  et  leurs  chemins 
peu  fréquentés  sont  envahis  par  les  branches. 

Il  se  trouve  dans  le  fiel  connu  sous  le  nom  de  Bois-Chàteaux, 
dans  lequel  il  y  a  de  grandes  Doues  (1). 

C'est  là  seulement  que  nous  avons  pu  découvrir  le  camp,  après 
plusieurs  recherches  infructueuses,  que  nous  avions  tentées  seul  à 
plusieurs  reprises,  avec  la  description  de  M.  Morin  en  main,  et  après 
avoir  suivi  entièrement  son  itinéraire. 

Aussi,  vu  la  proximité  d'une  grande  plage  telle  que  Royan,  et  pour 
faciliter  l'accès  du  camp  aux  touristes,  nous  avons  voulu  les  faire 
bénéficier  de  nos  recherches,  en  le  situant  sur  une  coupure  de  la 
carte  au  80.000,  et  en  complétant  les  renseignements  à  1  aide  d'un 
extrait  du  Cadastre  communal.  Le  côté  Sud  [fossé  et  rempart]  cor- 
respond à  la  coupe  A-a. 

Le  fossé  s'avance  jusqu'à  la  limite  du  lieu  dit  voisin  Les  Espies^  (2) 
tout  en  faisant  partie  de  «  Bois-Chàteaux  »  sur  le  cadastre  aussi  bien 
que  d'après  les  indices  laissés  par  les  coupes  des  bois,  et  est  utilisé 
de  nos  jours  un  peu  comme  chemin  pour  l'exploitation  des  parcelles. 

Le  côté  Est  fossé  et  rempartj  :  coupe  B-b;  C-c  est  taillé 
dans  le  fief  de  Bois-Chàteaux  et  n'atteint  le  vieux  chemin  de  Riva- 
ient que  très  loin  alors  que  commence  le  marais.  A  partir  de  là 
[2*  chemin,  venant  du  lieu  dit  :  Le  Couran  ,  le  fossé  extérieur  est 
double,  sur  une  centaine  de  mètres  au  plus,  [voir  la  coupe  C  . 

Du  côté  ouest,  le  fossé  est  peu  important. 

Le  côté  Nord  touche  à  un  vallon  étroit  et  marécageux,  prenant 
naissance  dans  le  iieu  dit  :  Le  Couran  [sic].  Ce  vallon  se  prolonge  au 
bas  du  logis  de  Taupignac  et  rejoint  les  vastes  marais  d'Arvert. 
Sur  ce  côté  nord  la  terre  est  légèrement  relevée  en  bordure  et  forme 
un  petit  parapet,  touchant  le   marais,  sans  fossé. 

La  surface  du  camp  est  plane  et  comprend  les  parcelles  n  s  174  à 
247;  le  sous  sol  est  du  tuf  recouvert  de  terre  de  bruyère;  les  princi- 
pales essences  d  arbres  qui  y  croissent  sont  :  le  chêne  commun,  le 
chêne  vert  ou  yeuse,  le  pin  maritime,  etc.. 

Aucun  éclat  de  silex  n  y  a  été  trouvé  par  nous,  aussi  bien  à  la  sur- 
face du  sol  que  dans  les  terrassements  faits  par  quelques  proprié- 

res,  qui  y  ont  arraché  de  grands  arbres  l'hiver  dernier. 

camp  est  situé  au  fond  d'un  ijord,   communiquant  directement 

i  importants  marais  (3).  Dans  la  direction  de  Vaux,  de  Pontaillac, 

Les  Doues  des  Bois-Chuleaujc  ;  la  prononciation  du  mot  Doues  [pour  Douves, 
-à-dire  suas  la  lettre  VJ    est  la  même  pour  toute  la  Saintonge. 

-  Expies:  >ioin  de  lieu  dit,  que  nous  avons  trouve  dans  presque  tous  les  cadas- 
t  communaux  de  la  région,  sans  pouvoir  lui  attribuer  lu  moindre  signification. 
i    Revue  de  ia  Saintonge  et  de  1  Àunis,  T.  Ut,  p.  5i   et  304    _Ancien  Lac  d'eau 

—  d'ArvertJ. 


426  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

et  de  la  gare  de  Royan,  trois  autres  fjords  très  accentués,  venant  de 
la  mer,  s'en  approchent  également  à  peu  de  distance. 

Il  a  été  trouvé,  paraît-il,  des  vestiges  de  bateaux  enamont  du  logis 
de  Taupignac,  en  creusant  des  canaux  de  dessèchement  dans  la 
tourbe  du  marais,  ce  qui  indique  qu'on  pouvait  y  accéder  par  eau  à 
une  époque  lointaine. 

Cette  forteresse,  par  sa  situation  au  voisinage  de  la  mer  et  à  la 
partie  la  plus  resserrée  de  la  presqu'île  comprise  entre  le  cours  actuel 
de  la  Seudre  et  celui  de  la  Gironde,  commandait  le  pays,  comme  le 
dénote  encore  la  disposition  de  ses  principaux  ouvrages  défensifs  :  le 
côté  Sud  qui  fait  face  à  la  mer  et  le  côté  Est,  dirigé  face  au  Conti- 
nent. 

Rien  de  matériel,  qui  soit  connu  de  nous,  ne  permet  de  le  dater 
sûrement  ;  mais,  pour  des  raisons  que  nous  développerons  plus  tard  à 
propos  d'autres  ouvrages  similaires,  nous  lui  attribuons  une  origine 
remontant  au  moins  au  11e  siècle  de  l'occupation  romaine. 

M.  O.  Desmazières,  qui  a  fait  un  travail  très  complet  pour 
le  VIe  Congrès  Préhistorique  de  Tours,  nous  donne  aujourd'hui 
une  récapitulation  des  Enceintes  de  Maine-et-Loire. 

1°  Camps.  Enceintes.  Retranchements. 

Arrondissement   d'Angers,  6. 

Louroux-Béconnais.  Enceinte  des  Châteaux  (i). 

Ponts-de-Cé.  Extension  du  camp  de  César,  de  Fre- 

mur. 

Saint-Gemmes-sur-Loire.       Camp  de  Frémur  ou   de  César  (Les 

Chateliers,  le  Frémureau,  champ 
Charles  ou  le  Huttereau). 

Charcé.  Retranchements  de  Charcé. 

Murs.  Chatelier-de-Murs  (enceinte de  pierre 

Saint-Ellier.  Retranchements  de  Charcé  (suite). 


Arrondissement  de   Baugé,  6. 

Beauveau.  Camp  de  Richebourg. 

Durtal.  Enceinte  de  Chalou. 

—  —        de  la  Galaisière. 

Lue.  Enceinte  de  Chatillon. 

—  —         de  la  Reynière. 

Marcé.  Tranchées  ou  fossés  des  Romains. 


(i)  Les  enceintes  imprimées  en  italiques  sont  celles  qui  figurent  déjà  dans 
l'inventaire  de  M.  A.  de  Mortillet. 


I 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


427 


Arrondissement    de    Cholet,  16. 


Beaupréau. 


Chapelle-du-Genêt. 

Cholet. 

Fief-Sauvin. 


Jallais. 

Montigné-sur-Moine. 
Romagne  (La). 
Renaudière  (La). 
Saint- Pierre-Montlimart. 

Saint-Remy-en-Mauges. 
Tourlandry  (La). 


La  Ségourie  (existe  sur  le  Fief-Sauvin 

seulement.  - 
Redoute  de  la  Roche-Alain. 
Enceinte  du  Chêne-Landry. 
Oppidum  de  la  Se'gowie. 
Retranchement  du  Petit-Nombault. 
—  de  la  Forêt  de  Leppo. 

Camp  de  Braud. 
Enceinte  de  Bouzillé  (La  Chasse). 

—        du  bois  des  Brunières. 
Tranchées  ou  fossés  des  Anglais. 
Camp  de  la  Boutrie. 
Enceinte  mégalithique. 
Enceinte  de  la  Motte  Bataillère. 

—  du  Chiloux. 

Enceinte  du  Bois  des  Minières. 
Enceinte  de  la  Volerie. 


Arrondissement  de  Saumur,  16. 


Bagneux. 

Chenehutte-les-  Tu  ff eaux . 

Doué-La-Fontaine. 

Fontevrault. 

Forges . 

Gennes. 

Louerre. 

Noyant-la-Plaine. 

5aint-Cyr-en -Bourg. 

Brain-sur-Allonnes. 

La  Breille. 

La  Breille. 


Enceinte  de  Terrefort. 

Camp  de  Chenehutte. 

Camp  de  Doué  ou  de  Montfiel . 

Enceintes  du  Poteau  d'Arrée,  3. 

—  de  la  Garde. 

Enceinte  de  la  Bardinière. 
Camp  du  Vau. 
Camp  de  la  Brosse. 
Enceinte  de  Saumoussay. 
Enceinte  de  la  Cave  peinte. 
H etranchements des  Grands- Buissons. 
Retranchements  de  la  Lande  Sebille. 
Camp   des  Prussiens   (Enceinte   des 

Mortiers). 
Camp  de  la  Girard. 


Arrondissement  de  Segré,  8. 


Angrie. 

La  Butte  aux  Anglais. 

Chatelais. 

Enceinte  de  Saint-Julien. 

— 

—        de  Rouge-Ecu. 

Lion  d'Angers. 

Camp  de  l'Ile. 

Montguillon. 

Enceinte  des  Rouvrais,  2 

428  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Pouancé.  Enceinte  du  Bois  delà  Haie. 

St-Michel  et  Chanveaux.       Enceinte  de  Chanveaux. 

Total  général,  52. 

2°  Buttes  et  Mottes  (les  plus  remarquables). 

Communes.  Dénominations. 

Baugé.  Monte-Echelle  ou  Château-Coin. 

Chalain-la-Potherie.  Butte  de  la  Jotelle. 

Jaille-Yvon  (La).  Butte  de  l'Echaudé. 

Jallais.  Motte  de  la  Gourdonnière. 

Loire.  La  Motte  Cesbron. 

Montfaucon.  La  Motte  des  Fiefs. 

Mouliherne.  Motte  du  Cavalier. 

M.  M.Stalin,  membre  de  la  Commission,  et  le  docteur  Soubei- 
ran,  signalent  l'existence,  à  Pont-Saint-Pierre  (Eure)  —  rive 
gauche  de  l'Andelle — d'une  enceinte  et  d'une  motte,  non  invento- 
riées à  ce  jour. 

La  première,  qui  présente  quelque  analogie  avec  le  Château 
Buron  de  Bouillancourt-en-Sery  (i)  (Somme),  connue  dans  le 
pays,  sous  le  nom  de  Catelier,  de  forme  elliptique  et  pourvue  du 
côté  Nord-Est  d'une  sorte  dedonjon,  se  trouve  sur  la  colline  sépa- 
rant la  route  de  Pont-Saint-Pierre  de  celle  de  Flipou,  à  peu  près  à 
hauteur  du  passage  a  niveau  du  chemin  de  fer. 

La  seconde,  dite  Motte  du  bourg,  distante  de  la  précédente  d'en- 
viron trois  cents  mètres  seulement  dans  la  direction  de  la  Seine,  et 
en  bordure  d'une  chaussée  d'origine  très  ancienne,  n'offre  aux 
regards  rien  de  particulier.  Entourée  d'un  vallum  peu  profond, 
large  approximativement  de  trois-mètres,  elle  semble  accuser,  tout 
au  plus,  en  diamètre,  quatorze  mètres  à  la  base  et  huit  au  sommet, 
et  en  hauteur  six  mètres. 

La  présence  dans  le  voisinage  immédiat  de  ces  ouvrages  défen- 
sifs,  au  lieu  dit  le  Coudray  et  dans  le  bourg  même  de  ,Pont-Saint- 
Pierre,  de  stations  néolithiques  (2),  la  découverte  à  plusieurs 
reprises  dans  le  lit  de  l'Andelle  de  haches  polies  en  serpentine, 
judeite  et  diorite,  ne  paraissent  pas  suffisantes  à  nos  collègues  pour 
en  dater  l'édification;  mais  ils  espèrent  qu'une  tranchée,  qu'ils  se 
proposent  d'exécuter  au  cours  d'une  prochaine  excursion  réservée 
à  la  levée  d'un  plan,  leur  fournira  d'utiles  indications  à  ce  sujet. 

(1)  Voir  C.  Bacquet.  —  XIII*  Rapport  B.  S.  P.  F.  [Séance  du  26  décembre 
1907,  p.  490I. 

(2;  Quenouille.  —  Recherches  néolithiques  dans  le  bassin  de  l'Andelle.  —  Bull. 
S.  N.  E.  P.,  Tome  VIII,  1901. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  429 

—  M.  A.  Coutil  nous  envoie  les  notes  suivantes  sur  des 
enceintes  de  l'Eure. 

i°  Brionne,  arrondissement  de  Bernay  (Eure).  —  Le  Camp  du 
Vigneron.  —  Ce  camp  a  été  signalé,  sans  description,  d'abord  par 
Gadebled,  dès  1840,  et  précédemment  par  A.  Le  Prévost,  sous  le 
nom  de  Tombeau  du  Druide,  parce  que  le  rempart  de  l'éperon 
barré  offre  peu  de  longueur  (j5  mètres);  il  a  16  à  18  mètres  de 
haut.  Ces  auteurs  avaient  pris  le  talus  pour  un  tumulus;  d'où  le 
nom  de  Tombeau  du  Druide.  Vers  1860,  un  original  du  pays, 
nommé  Trajin,  fit  aplanir  le  milieu  du  talus,  sur  20  mètres  carrés, 
qu'il  fit  entourer  d'un  petit  fossé;  et  il  composa  la  dédicace  sui- 
vante pour  la  dalle  tumulaire  qui  devait  le  recouvrir  : 

Jacques-Paul-Constant  Trajin, 

Né,  à  Salerne,  le    2  novembre  1790 

baptisé  le  même  jour. 

c'est  une  loi  que  tout  chacun  doit  suivre 

c'est  un  devoir  de  mourir  après  vivre 

ainsi  mortels  je  vous  dis  au  revoir 

adieu  bonjour  ou  bien  adieu  bonsoir 

le  11  février  i865. 

Cet  éperon  barré  situé  sur  un  cap  abrupt  domine  Brionne  (Eure) 
de  1 18  mètres;  cette  première  partie  du  camp  occupe  près  de  600 
mètres.  En  avant  du  grand  rempart,  à  22  mètres,  il  existe  un  pre- 
lier  petit  talus,  de  1  mètre  de  hauteur,  avec  fossé  de  im5o  de  large  ; 
forme  un  arc  de  cercle;  quelques  cavités  du  voisinage  doivent 
>rovenir  d'anciennes  carrières  de  silex  à  bâtir,  dont  on  trouve  des 
)locs  énormes  dans  toute  cette  région.  A  l'angle  N.-O.  du  fossé  de 
mètres  de  largeur  et  6  de  profondeur,  précédant  le  grand  talus, 
voit  un  talus  oblique  de  im6o  de  haut,  avec  fossé;  il  contourne 
>ut  le  sommet  de  ce  monticule  sur  plus  de  1 200  mètres  et  se  dirige 
îrs  le  hameau  de  Gauville.  Sur  l'autre  déclivité  regardant  la 
tisle,  il  n'y  a  pas  de  retranchement.  Ce  dernier  talus  m'a  été  si- 
talé par  M.  Duquesne,  membre  de  la  Société,  avec  lequel  j'ai  pu 
pu  contrôler  sa  direction  et  sa  longueur.  Comme  cet  endroit  est 
boisé  et  tapissé  de  bruyères  très  épaisses,  il  est  impossible  de  re- 
connaître son  origine. 

Brionne  Eure).  —  Le  camp  du  Parc.  —  En  face,  sur  la  rive 
droite  de  la  Risle  et  le  ruisseau  du  Bec,  qui  coule  dans  l'autre 
vallée,  se  trouve  un  camp,  d'une  forme  bizarre  :  un  angle  me  fut  si- 
gnalé par  mon  collègue  M.  Duquesne;  depuis  nous  avons  pu  en 
suivre  les  trois  côtés.  L'un  d'eux  est  parallèle  à  la  Risle,  les  deux 
autres  côtés  sont  relativement  perpendiculaires  à  celui-ci  et  à  peu 
près  parallèles;  ils  sont  distants  de  5oo  mètres,  lorsqu'ils  s'éloi- 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTOKIQUE    FRANÇAISE.  28 


H 


430  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   DE  FRANCE 

gnent  du  coteau  de  la  Risle,  puis  de  340;  enfin  de  25o  mètres  seu- 
lement au  bas  du  coteau  descendant  à  la  vallée  du  Bec  Hellouin- 
Il  est  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  fossés  ne  sont  pas  tou- 
jours extérieurs  ;  cette  particularité  existe  sur  les  côtés  Sud  et  Est, 
où  il  y  a  un  double  fossé  ;  et,  à  environ  1 6  mètres  de  ce  fossé,  on  re- 
trouve sur  de  très  longues  distances  (plus  de  5oo  m.)  un  mur  en  gros 
silex  de  om8o  d'épaisseur  et  2  mètres  de  haut;  on  voit  près  du  large 
fossé  d'enceinte  des  fosses  nombreuses  de  6,  8,  et  10  mètres  de  lar- 
geur sur  5  à  6  mètres  de  profondeur,  d'où  l'on  a  extrait  les  silex  du 
mur.  Cette  clôture  fut  sans  doute  construite  aux  xe  et  xie  siècles  par 
les  religieux  de  l'Abbaye  du  Bec,  située  à  2  ou  3  kilomètres  de  là. 
Mais  nous  ne  croyons  pas  que  les  talus  et  fossés  soient  de  cette  épo- 
que. En  effet,  le  mur  contourne  bien  à  8  ou  16  mètres  de  distance 
deux  des  côtés  du  camp;  mais,  sur  le  3e  côté,  situé  à  35o  et 400  mè- 
tres, presque  parallèlement,  il  n'y  a  jamais  eu  de  mur.  Quant  à 
dater  ce  camp,  ne  peut-on  pas  supposer  que  c'est  un  ouvrage  du 
IXe  ou  X*  siècle,  contemporain  des  attaques  du  donjon  de  Brionne, 
qui  se  trouve  au  sud,  à  2  kilomètres,  et  construit  vers  cette  époque. 

Tourneville  (Eure)  —  Le  camp  du  Parc.  —  Il  est  intéressant 
de  rapprocher  ce  camp,  nommé  le  Parc,  d'un  autre  camp  que  j'ai 
découvert  l'été  dernier,  en  fouillant  des  tumulus  situés  dans  le 
bois  du  Parc,  près  de  grands  talus,  à  Tourneville  (Eure).  J'ai  re- 
marqué d'un  côté  deux  remparts,  avec  deux  fossés,  distants  aussi 
de  1 5  à  16  mètres,  et  d'un  seul  côté;  alors  que  les  deux  autres  côtés 
ne  sont  pas  doublés,  ils  descendent  aussi  du  sommet  du  plateau, 
vers  la  vallée  et  la  rivière,  sur  une  longueur  de  près  de  16  à 
1800  mètres;  le 4e  côté  du  retranchement  n'existe  pas  vers  la  décli- 
vité et  la  rivière.  Il  y  a  donc  là  deux  faits  analogues  à  Tourneville 
et  Brionne. 

Je  me  propose  d'étudier  beaucoup  d'autres  bois,  portant  le  nom 
de  Bois  du  Parc,  alors  qu'il  n'existe  aucun  souvenir  qu'un  château 
ait  existé  à  proximité.  J'attire  donc  l'attention  de  mes  collègues 
sur  cette  particularité,  en  les  mettant  en  garde  sur  les  fossés  limites 
de  propriétés.  Dans  les  bois,  les  divisions  de  propriété  sont  à 
craindre  ;  il  faut  une  grande  expérience  des  retranchements  pour 
pouvoir  éliminer  ce  qui  est  un  simple  fossé  limite.  Il  existe  aussi 
dans  les  forêts  des  doubles  fossés,  parallèles  aux  grandes  routes 
départementales,  et  même  de  moindre  importance. 

Du  reste,  je  crois  que  beaucoup  de  ces  retranchements  sont  net- 
tement historiques,  bien  que  pour  les  camps  carrés,  nommés  aussi 
Parc  ou  Parquet,  il  s'en  trouve  qui  sont  entièrement  remplis  de 
substructions  romaines.  J'ai  fait  des  sondages,  récemment,  au  Par. 
quet  aux  Anglais,  dans  la  forêt  du  Bord,  à  3oo  mètres  de  la  villa 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  431 

d'Incarville,  que  je  viens  d'explorer;  et  bien  que  des  bûcherons 
m'aient  dit  qu'ils  y  avaient  trouvé  des  tuiles  romaines,  les  six  son- 
dages faits  contre  les  talus  et  au  centre  ne  nous  ont  rien  donné. 

3°  Villers-sur-Andelys.  —  Le  camp  du  Tare  ou  du  Galardon. 
—  Bien  que  j'aie  souvent  parcouru  ce  coin  de  Bois  du  Parc,  il  a 
fallu  qu'il  soit  défriché  pour  que  les  talus  et  fossés  me  démon- 
trent qu'ils  appartiennent  à  un  camp.  (Tout  un  coin  malheureuse- 
ment des  talus  est  transformé  en  carrière  de  silex).  Ces  talus  mo- 
destes, de  im5o,  correspondaient  à  un  ouvrage  de  défense  peu  im- 
portant, qui  fut  sans  doute  renforcé  par  des  palissades.  C'est  sur- 
tout la  partie  située  an  sud  qui  le  caractérise,  avec  son  large  fossé 
oblique  de  6  à  8  mètres;  on  ne  comprendrait  pas  qu'un  propriétaire 
ait  séparé  un  petit  coin  de  bois  de  120  mètres  de  long  d'un  côté, 
sur  100  mètres  de  l'autre,  et  60  mètres  de  base,  par  un  talus  et  un 
fossé  de  6  à  8  mètres  de  largeur.  Ce  double  rempart  et  ce  tossé, 
surtout  accusé  à  la  partie  déclive,  indique  bien  une  intention  de 
défense. 

40  Acquigny,  arrondissement  de  Louviers  (Eure),  Le  Château 
Robert.  —  Un  4e  camp,  que  j'ai  signalé  déjà (  1),  offre  le  plus  grand 
rapport  avec  le  Camp  du  Vigneron  de  Brionne.  C'est  le  Château 
Robert. 

Cet  éperon  barré,  dominant  les  ruines  de  Cambremont,  l'église 
et  le  château  d'Aquigny,  forme  un  cap  dominant  la  vallée  de  l'Eure 
au  Nord,  à  l'Ouest  et  au  Sud;  il  est  isolé  du  coteau  boisé,  vers 
l'Est,  par  un  immense  rempart,  en  arc  de  cercle,  mesurant  100  mè- 
tres de  corde;  une  porte  existe  au  centre  de  ce  grand  rempart.  Le 
talus  s'élève  de  i5  mètres  et  de  18  mètres  du  fond  du  fossé;  ce  der- 
nier fossé  mesure  de  4  à  6  mètres  de  profondeur  et  8  à  10  mètres 
de  largeur,  vers  le  plateau  ;  ce  fossé  a  dû  se  combler  par  la  chute 
des  feuilles  et  le  ruissellement  provenant  de  talus.  Un  second  re- 
tranchement, comprenant  un  talus  de  im5o  à  2m5o  et  un  fossé  de 
3  mètres,  précède  le  grand  talus  ;  il  forme  au  centre  une  seconde 
enceinte  elliptique  mesurant  85  mètres  de  long  sur  40  mètres  de 
large;  du  milieu  part  un  3e  talus  de  3o  mètres  de  long,  se  ratta- 
chant au  côté  nord  de  l'éperon.  Le  grand  talus  se  prolonge  au  nord 
et  au  sud,  sur  les  côtés  du  promontoire;  à  3oo  mètres  au  nord  se 
détachent  deux  autres  talus  de  100  mètres,  se  coupant  vers  l'ouest, 
à  angle  aigu;  ces  deux  talus  présentent  chacun  deux  solutions  de 
continuité. 

Je  ne  puis  encore  attribuer  une  date  pour  la  construction  du  re- 

(1)  L.  Codtil.  —  Archéologie  gauloise,  gallo-romaine,  franque  et  carolin- 
gienne. Département  de  l'Eure,  arrondissement  de  Louviers.  —  1898,  p.  75-76. 


432  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

trancheraient  de  Château  Robert,  d'Acquigny,  il  rappelle  le  Camp 
du  Vigneron  de  Brionne;  les  recherches  que  je  poursuis  sur  l'ori- 
gine des  e'perons  barrés  de  Normandie  seront  publiées  prochaine- 
ment, ainsi  que  le  plan,  dans  le  volume  du  Congrès  préhistorique 
de  Nîmes. 

—  M.  Victor  Piraud  nous  adresse  la  note,  rectificative  suivante  : 

«  On  vient  de  me  communiquer  le  numéro  du  mois  de  mai  1 9 1 1 
du  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  Française,  où  je  lis,  à  la 
page  3 1 6,  un  entrefilet  de  M.  Jacquot,  au  sujet  d'une  levée  de  terre, 
que  j'ai  remarquée  au  sommet  du  mont  Rachats,  et  que  j'ai  signa- 
lée à  la  séance  du  8  mai  de  la  Société  Dauphinoise  d'Anthropolo- 
gie et  d'Etno graphie.  Dans  ce  court  article,  M.  Jacquot  se  ré- 
serve d'aller  étudier  ce  mur. 

A  ce  sujet,  je  vous  serai  très  reconnaissant,  si  vous  vouliez  bien 
indiquer  dans  votre  Bulletin  qu'à  la  séance  du  8  mai  de  la  Société 
Dauphinoise  d'Anthropologie  et  dEtnographie  j'ai  fait  part  de  mon 
intention  d'étudier  d'une  façon  plus  approfondie  ce  mur,  auquel  j'ai 
cru  devoir  attribuer  quelque  importance.  » 

Nous  ne  pouvons  que  nous  réjouir  delà  bonne  volonté  manifes- 
tée à  ce  propos,  et  espérer  que  les  recherches  combinées  de  nos 
deux  collègues  nous  apporteront  bientôt  les  documents  inédits  et 
intéressants. 

—  M.  L.  Jacquot  a  transmis  à  M.  Baudouin  l'indication  et  le 
plan  du  Camp  des  Romains,  près  de  Clementières  (et  de  Saint-Mar- 
tin-le-Venoux),  commandant  une  série  de  massifs  montagneux,  le 
mont  Rachais  (Isère)  et  la  plaine  du  Grésivaudan.  Ce  point  cul- 
minant est  entouré  de  pierres. 

—  Me  M.  Savoye  nous  envoie  deux  remarquables  photographies, 
dont  Tune  représente  dans  son  ensemble,  vue  du  Sud-Ouest,  l'en- 
ceinte inférieure  de  Graye  qui  entoure,  comme  d'une  collerette, 
le  sommet  dominé  par  une  église;  et  l'autre  un  détail,  sous  bois 
de  l'important  éboulis,  de  pierres  marquant  l'enceinte  supé- 
rieure. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Stratigraphie   de  trois   tranchées  dans    l'atelier 

de  Larcy  (Grand-Pressigny). 

PAR 

MM.  Henri  MARTIN    Paris)  et  J. -B.  BARREAU  (Tours). 

Pendant  le  sixième  Congrèspréhistorique,  tenu  àTours,enaoût 
1910,  nos  collègues  ont  pu  se  rendre  compte  de  l'importance  des 
ateliers  de  Larcy  et  chacun  d'eux  a  pu  faire  une  ample  récolte 
d'éclats  de  silex  travaillés  et  de  livres-de-beurre. 

Aucune  tranchée  méthodique  ne  permettait  alors  de  connaître 
au  Grand-Pressigny  la  fréquence  et  la  répartition  des  pièces  en 
profondeur.  —  C'est  pourquoi,  pendant  l'excursion  du  Congrès, 
nous  avons  arrêté  le  plan  de  fouilles,  que  nous  avons  exécuté  du 
1er  au  4  février  1911. 

Les  alentours  de  la  ferme  de  Larcy,  commune  de  Neuilly-le- 
Brignon  (Indre-et-Loire),  comprennent  plusieurs  ateliers;  mais 
nous  nous  sommes  limités  à  l'étude  d'un  seul,  celui  de  la  Pièce 
di's  Rouchères,  de  beaucoup  le  plus  important  (Fig.  1). 

Trois  tranchées  ont  été  ouvertes  et  sont  repérées  sur  le  [Fig.  1) 
plan  en  A,  BetC;  elles  correspondent  a  des  altitudes  différentes 
du  champ. 

Tranchée  A.  —  Plutôt  située  sur  la  Pièce  des  Grosnais,  cette 
tranchée  a  été  creusée  à  peu  près  sur  le  point  culminant  de 
l'atelier.  Ses  dimensions  sont  les  suivantes  :  longueur  3  mètres, 
largeur  lm50,  profondeur  lm20.  Le  grand  axe  orienté  dans  le 
sens  du    thalweg. 

Nous  n'avons  pas  choisi  au  hasard  l'emplacement  de  cette  tran- 
chée ;  nous  nous  sommes  basés  sur  la  concentration  de  quelques 
pièces  intéressantes  en  silex,  telles  que  :  hache  polie,  percuteurs, 
débris  de  lames  et  nombreux  éclats  de  formes  variées. 

Nos  ouvriers,  cultivateurs  de  la  région,  nous  firent  remarquer 
qu'une  tranchée  en  ce  point  serait  vite  arrêtée  par  la  roche  sous- 
jacente,  gisant,  d'après  eux,  à  une  faible  profondeur.  Il  n'en  a  rien 
été;  la  gelée  seule  rendit  le  terrain  résistant  jusqu'àl5centimètres. 

La  coupe  nous  a  donné  30  centimètres  de  terre  arable  argi- 
leuse, avec  quelques  débris  de  silex  et  de  tuiles;  puis  au-dessous 
une  argile  verdâtre  parsemée  de  traînées  rougeâtres  ne  contenait 
aucun  silex,  que  nous  avons  traversée  pendant  un  mètre.  Au  con- 
tact des  deux  couches  argileuses  se  trouvaient  des  fragments  de 
poudingue  siliceux. 


434 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Fig.  i.  —  Situation  des  Tranchées  exécutées  à  l'Atelier  de  Larcy  (I.-et-L.). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FPANÇAISE 


435 


t     *.'■-..     .           1   J 

;                                                 1     1 

b. 

ko. 

1  4  <Av£xjv«^. 

0 

. 

Qfa^utt  ie  Mec-  -diwrçtueaV 

v                                               rrm  r-nm  M 

110. 

1  4  poUJt^ 

:     c- 

" 

LAtd'vt*'  ^.«t^aXl^ 'pwi^, 

- 

-xôw&c  <)■«-  ^oux*ve^. 

- 

i 

210  - 

■J^ixeU  à'^&nvJr wio<*Aiwu*v .  {  4  «filial  . 

«o 
V 

X 

l 

£40- 

i 

IGS. 

a.. 

<&*&£&  $knc  yxxAMhJciz.  (  0^5) , 

' 

léLy.  „. 

' 


Tranchée^  B. 


436  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Le  résultat  obtenu  en  ce  point  était  médiocre,  l'industrie  du 
silex  s'éteignait  à  une  faible  profondeur,  sans  avoir  donné  en 
tranchée  une  seule  pièce  caractéristique. 

Tranchée  B.  —  Cette  saignée  fut  pratiquée  vers  le  milieu  de  la 
Pièce  des  Rouchères.  Dimensions  :  longueur  10  mètres,  largeur 
lm30,  profondeur  maximum  3m80. 

Successivement  :  nous  avons  trouvé  les  couches  suivantes  : 

a.  Terre  végétale  argileuse  :  0m25. 

b.  Terre  argileuse,  d'une  teinte  grisâtre,  mêlée  de  petits  cail- 
loux :  lm20. 

c.  Argile  verdâtre  pure,  teintée  et  tachée  jaune,  avec  quelques 
éclats  de  sable  et  des  petits  rognons  de  silex  colorés  extérieure- 
ment en  rouge  sang,  par  des  sels  de  fer  :  1  mètre  55. 

d.  SableOm25,  passant  au  calcaire  tendre  blanc  jaunâtre.  Cette 
dernière  couche  étant  en  place  sans  remaniements,  n'a  pas  été 
creusée  au  delà  de  0m80. 

Avant  d'aborder  la  répartition  des  pièces  archéologiques  trou- 
vées dans  ces  différentes  couches,  nous  envisagerons  certains 
détails  géologiques  les  concernant. 

La  couche  superficielle  en  terre  arable  (a)  est  d'une  médiocre 
fertilité  et  non  exempte  d'engrais  ;  chaque  année  elle  est  remuée 
par  la  charrue,  jusqu'à  une  profondeur  de  30  centimètres  au 
maximum;  c'est  donc  une  couche  assez  mince  dont  les  mêmes 
parties,  continuellement  brassées,  reviennent  à  la  surface. 

La  couche  sous  -  jacente  (b),  malgré  le  froid  du  moment 
( —  6°  centigr.),  a  été  entamée  facilement  ;  l'argile  n'est  pas  stra- 
tifiée ;  sa  couleur,  au  lieu  d'être  uniformément  grisâtre,  est 
éclaircie  par  des  îlots  de  petits  fragments  de  calcaire  siliceux, 
qui  maculent  la  teinte  du  fond. 

Cette  couche,  par  son  manque  de  stratification  horizontale, 
offre  l'aspect  d'une  nappe  descendue,  sous  forme  de  boue,  de  la  par- 
tie élevée  de  la  région,  distante  approximativement  de  120  mètres. 

La  masse  argileuse  inférieure  (c)  est  plus  homogène,  plus 
grasse;  elle  tranche  aussi  par  sa  coloration  bistre-jaune;  la  strati- 
fication manque  également;  on  y  retrouve  de  petits  amas  de  sable 
jaune  clair  ;  mais  les  fragments  de  calcaire  et  de  silex  y  font 
défaut. 

Cependant,  au  contact  des  deux  couches  argileuses,  nous  avons 
trouvé  de  grosses  plaques  de  silex  noir,  épaisses  de  0ra05,  attei- 
gnant parfois  0m40  et  0m60  dans  les  mensurations  de  surface.  Ces 
fragments,  ou  tout  au  moins  quatre  d'entre  eux,  étaient  situés  à 
plat,  tandis  qu'un  autre  était  placé  de  champ.  Cette  position  nous 
fit  penser  que  ces  fragments  n'étaient  pas   dans  leur  position 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


437 


géologique  primitive;  d'ailleurs  en  les  juxtaposant  nous  avons  pu 
reconstituer  la  dalle  brisée,  et  nous  rendre  compte  qu'une  fracture 
avait  disloqué  les  différentes  parties;  quant  au  redressement  du 
dernier  morceau,  on  peut  l'attribuer  à  la  poussée,  produite  au 
moment  du  glissement  de  cette  masse  argileuse. 

A  la  base  de  cette  couche  (c),  sous  une  faible  épaisseur,  l'argile 
devient  pure  et  se  trouve  en  contact  d'un  sable  très  fin,  blanc- 
jaunâtre  (d),  fossilifère,  qui  passe,  après  0m25  d'épaisseur,  à  un 
calcaire  très  £n  et  très  tendre  d'un  jaune  pâle. 

Cette  couche  a  été  explorée  sur  0m80  de  profondeur,  car  il  n'é- 
tait pas  douteux  que  nous  étions  arrivés  sur  des  formations  ma- 
rines en  place,  antérieures  au  Quaternaire. 

D'ailleurs,  les  renseignements  fournis  par  M.  Lecointre,sur  les 
échantillons  que  nous  lui  avons  communiqués,  sont  concluants;  il 
les  rapporte  aux  couches  de  passage  entre  le  Turonien  moyen 
(Craie  tuffeau)  et  le  Turonien  supérieur. 

D'autre  part,  M.  Lecointre  a  bien  voulu  nous  fournir  d'intéres- 
sants renseignements  sur  le  silex  de  la  région,  et  nous  sommes 
heureux  de  les  joindre  à  notre  communication. 

Origine  des  Silex  du  Grand-Pressigny .  —  Le  silex  jaune 
(Livre  de  beurre)  provient  du  Turonien  supérieur. 

On  peut  le  voir  en  place  dans  un  certain  nombre  de  localités  : 
par  exemple  a  Montrésor,  où  il  existe  sous  la  forme  de  bancs 
liscontinus  (cordons),  formés  de  silex  plats  d'une  épaisseur  va- 
lant de  0m05a0ra20. 

Le  Turonien  supérieur  ne  présente  ce  silex  que  dans  la  partie 

id-est  de  l'Indre-et-Loire  ;  les  autres  régions  en  sont  dépour- 
vues. 

AuGraud-Pressigny,  la  Craie  ayant  disparu  par  décalcification, 
;s  silex  restants  constituent  la  formation  appelée  :  Argile  à  Silex. 

Les  silex  noirs  n'ont  été  observés  en  place  qu'à  l'état  des  petits 
)gnons  dans  le  Turonien  inférieur  (craie  marneuse  à  Inocera- 
ius  labiatus)  et  dans  le  Sénonien  (craie  à  silex).  L'argile  à  silex 
le  Larcy,  reposant  sur  le  Turonien  moyen  (craie  tuffeau),  ne  peut 

►ntenir  de  silex  du  Turonien  inférieur.  De  plus,  ladite 'argile  à 
silex  nous  a  livré  quelques  fossiles,   dont  Janira  quadricostata, 

iractéristique  du  Sénonien. 

Il  y  a  donc  lieu  de  considérer,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  les 
silex  noirs  comme  le  résidu  de  la  décalcification  du  Sénonien  ». 

En  résumé,  cette  épaisse  couche  argileuse,  de  3  mètres,  est  le 
imoin  d'un  important   ruissellement,  qui  a  modifié  le  relief  de 
la  côte  des  Rouchères,  à  une  certaine  époque  du  Quaternaire  que 
îous  tâcherons  de  préciser  plus  loin. 


438  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

La  descente  de  l'argile  inférieure  n'a  pas  été  brusque  ;  cette 
argile  était  assez  délayée,  car  sa  base  offre  peu  d'éléments  étran- 
gers arrachés  au  substratum;  elle  est  fine  et  recouvre  le  sable 
sans  s'y  mêler. 

Le  transport  de  la  grosse  masse  argileuse  doit  coïncider  avec 
de  fortes  pluies;  elle  a  pu  glisser,  sous  forme  de  bouillie  liquide  et 
les  couches,  situées  jadis  au  sommet  du  «  Bois  des  Demoiselles  », 
ont  suivi  la  déclivité  de  la  région.  La  poussée  a  été  suffisamment 
forte  pour  entraîner  de  lourdes  plaques  de  silex  et  les  briser  en 
morceaux,  que  nous  retrouvons  aujourd'hui  disjoints. 

Les  silex  taillés  habituels  de  surface  ont  été  trouvés  abondam- 
ment ici,  nous  voulons  parler  de  ceux  connus  depuis  tant  d'années 
dans  les  différents  ateliers  du  Grand-Pressigny  et  nous  n'insis- 
terons pas  beaucoup  sur  ces  trouvailles,  appartenant  à  un  Néoli- 
thique assez  fruste,  où  se  trouvent  des  fragments  de  lames,  des 
perçoirs,  des  éclats  taillés  et  utilisés,  quelques  haches  polies, 
mais  qui  est  caractérisé  par  la  présence  des  gros  nucléus  ou  livres 
de  beurre. 

Les  silex  de  couleur  noire  prédominent  dans  ce  champ;  et 
presque  toutes  les  livres  de  beurre  sont  de  couleur  foncée. 

Dès  les  premiers  coups  de  pioche  dans  la  terre  végétale,  nous 
avons  mis  au  jour  des  éclats  ordinaires,  sans  rencontrer  de  pièces 
bien  définies;  il  en  a  été  de  même  sur  une  surface  de  13  mètres 
carrés  ;  et,  à  une  profondeur  de  0m30,  nous  avons  constaté  la  dispa- 
rition complète  des  éclats  ;  mais  à  0m40,  dans  la  couche  argi- 
leuse (c),  nous  avons  trouvé  deux  pièces  intéressantes  :  l'une,  un 
petit  coup-de-poing  acheuléen,  parfaitement  taillé  aux  deux  faces, 
long  de  0m076  (PI.  I,  Fig.  1):  l'autre,  un  disque  à  taille  unifa- 
ciale,  d'un  diamètre  égal  à  0m092  (PI.  I,  Fig.  2). 

Un  deuxième  niveau  archéologique,  situé  à  lm20  de  la  surface, 
nous  fournit  ensuite  deux  racloirs  massifs  et  grossiers  ;  l'un  d'eux 
est  assez  grand  ;  mais  leurs  caractères  ne  permettent  pas  de  les 
rapporter  avec  certitude  à  un  âge  quelconque;  le  plus  petit  (PI.  III, 
Fig.  6)  porte  sur  sa  face  bombée  quelques  macules  de  cacholong. 

Un  peu  au-dessous  de  ce  niveau,  nous  avons  trouvé  une  sorte 
de^  pointe  moustérienne,  à  taille  unifaciale,  de  forme  triangulaire, 
avec  un  plan  de  frappe  et  un  bulbe  (PI.  I,  Fig.  3  et  4).  Puis,  à 
2m10,  dans  l'argile  verdâtre  (c),  une  autre  couche  archéologique 
fournit  deux  éclats  très  retouchés  et  très  utilisés  en  silex  jaune;  et 
un  peu  au-dessous,  à  2m40,  un  gros  bloc  conique;  en  silex  noir, 
mesurant  0m17x0mll,  sorte  de  grand  hachoir  très  épais,  por- 
tant des  retouches  fines  et  serrées  sur  le  bord  le  plus  aigu. 

Enfin,  le  dernier  niveau,  avant  la  rencontre   du  sable,    nous  a 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  439 

livré  à  2m65  de  la  surface,  dans  la  couche  argileuse  (c),  une  livre 
de  beurre  et  un  fragment  de  tuile  !  Ce  nucléus  en  silex  noir  appar- 
tient au  type  plat  et  court  ;  sa  ligne  sinueuse  est  parfaitement 
taillée  et  visible  sur  les  quatre  bords;  les  deux  faces  de  la  pièce 
portent  les  empreintes  de  plusieurs  lames  détachées  (PI.  II, 
Fig.  5). 

Le  fragment  de  tuile  a  0m015  d'épaisseur,  il  est  rouge  et  a  subi 
la  cuisson  ;  l'absence  de  courbure  nous  fait  employer  le  mot  tuile, 
plutôt  que  celui  de  poterie,  sans  toutefois  être  définitivement 
fixés  (PI.  III,  Fig.  8). 

En  résumé,  cette  tranchée  nous  donne  une  superposition 
archéologique,  où  l'Acheuléen  se  place  immédiatement  au-dessous 
des  pièces  néolithiques  de  surface  ;  puis  s'échelonnent  en  profon- 
deur des  silex  d'aspect  moustérien,  et,  enfin,  à  la  base,  une  livre 
de  beurre,  accompagnée  d'argile  cuite  et  façonnée. 

Les  terrassements  ont  été  faits  sous  nos  yeux,  par  six  ouvriers, 
pendant  trois  jours  ;  et  les  différentes  pièces  que  nous  signalons 
ont  été  retirées  des  couches  par  nous-mêmes.  Notre  collègue, 
Jacques  Rougé  (de  Ligueuil),  est  venu  sur  un  appel  constater,  le 
dernier  jour  des  fouilles,  l'état  des  tranchées. 

Cette  coupe  paraîten  contradiction  avec  la  stratigraphie  indus- 
trielle du  Quaternaire,  mais  l'inversion  observée  peut  cependant 
s'expliquer. 

La  déclivité  du  terrain  et  le  ruissellement  sont  les  deux  prin- 
cipaux facteurs  du  renversement  des  couches. 

On  peut  supposer  que  la  région  haute  desRouchères  contenait 
encore,  un  peu  après  le  début  du  Néolithique,  des  couches  mous- 
térienues  et  acheuléennes  dans  leur  superposition  archéologique, 
et  que  de  fortes  pluies  aient  entraîné  vers  les  parties  déclives  la 
couche  superficielle  néolithique,  puis  le  niveau  moustérien,  et 
enfin  l'acheuléen;  c'est  pourquoi  le  niveau  le  plus  ancien,  glissant 
le  dernier,  est  venu  recouvrir  les  pièces  d'un  âge  plus  récent. 

En  tout  cas,  ce  ruissellement  s'est  produit  à  une  époque  où  la 
livre  de  beurre  et  l'argile  cuite  étaient  connues,  et,  après  ces  phé- 
nomènes d'inversion,  l'occupation  néolithique  a  de  nouveau  laissé 
des  vestiges  sur  toute  la  surface  de  ce  terrain. 

Actuellement  la  différence  de  niveau  est  de  4  mètres  entre  le 
point  où  fut  exécuté  cette  tranchée  et  le  sommet  du  Bois  des 
Demoiselles. 

D'après  les  données,  certainement  très  incomplètes,  de  cette 
!  coupe,  il  semble  que  le  Polissage  du  silex  est  limité  aux  pièces 
de  surface. 

i 


440  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Tranchée  C.  —  Exécutée  dans  la  partie  la  plus  déclive  du 
champ,  cette  tranchée  mesurait  4  mètres  de  long  et  lm50  de  large; 
la  terre  végétale  y  est  plus  épaisse  qu'ailleurs;  elle  atteint  0m40. 
Les  éclats  néolithiques  étaient  très  nombreux  dans  toute  la  hau- 
teur de  cette  couche  ;  mais  nous  n'avons  trouvé  aucune  pièce  sail- 
lante. Au-dessous,  jusqu'à  1  mètre  de  profondeur,  la  terre 
argileuse  est  dépourvue  de  tout  vestige  siliceux. 

Il  semble  qu'on  voit  encore,  dans  cette  région  inférieure  du 
champ,  l'effet  du  glissement  des  terres  superficielles,  entraînant 
vers  la  déclivité  un  maximum  d'éclats. 

Dans  la  région  supérieure  de  l'atelier,  les  silex  sont  disséminés 
dans  une  couche,  dont  l'épaisseur  ne  dépasse  pasOm30,  tandis  que, 
à  une  distance  de  110  mètres  et  à  une  différence  de  niveau  attei- 
gnant 4m40,  les  vestiges  archéologiques  sont  plus  abondants  et 
répartis  dans  un  dépôt  dépassant  parfois  0m40. 


Explication  des  Planches  hors  texte 


Planche  1.  —  Fig.  1.  —  Petit  coup- de-poing,  d'aspect  acheuléen.  Silex  blond.  Taillé  aux 
deux  faces.    Trouvé  à  0m40. 

Fig,  2.  —  Disque  d'aspect  moustérien.  Taille  périphérique  sur  une  seule  face.  On  retrouve 
cependant  un  petit  plan  de  frappe  et  un  bulbe  de  percussion.  Silex  blond .  Trouvé  à  0"40. 

Fig.  3  et  4.  —  Pointe  grossière  d'aspect  moustérien,  photographiée  sur  les  deux  faces.  Taille 
périphérique  sur  une  seule  face.  Plan  de  frappe;  bulbe  de  percussion  avec  esquillement. 
Silex  blond.  Trouvée  à  1">20. 

Planche  2  Fig.  5.  —  Livre  de  beurre.  Fracture  de  l'extrémité  antérieure.  Taille  bi-faciale 
Prélèvement  de  lames  aux  deux  faces.  Les  deux  bords  offrent  la  ligne  sinueuse  obtenue, 
par  des  cupules  alternes.  Silex  noir.  Trouvée  à  2m65. 

Planche  3.  Fig.  6.  —  Racloir  dont  le  bord  actif  et  retouché  est  surbaissé.  Eclat  assez  gros- 
sier en  silex  blond,  trouvé  dans  la  tranchée  à  1°»20  de  profondeur. 

Fig.  7.  —  Eclat  triangulaire  irrégulier  taillé  aux  deux  bords  d'une  seule  face.  La  face  oppo- 
sée dans  son  plan  de  clivage,  ne  porte  aucune  retouche;  on  y  voit  le  bulbe  de  percus- 
sion. Silex  blond.  Trouvé  à  lm10. 

Fig.  8.  —  Fragment  de  tuile  (?)  trouvé  à2m65  auprès  de  la  livre  de  beurre  (photographie 
PI.  2,  fig.  5).  Couleur  rouge,  lisse  sur  une  face,  et  rugueuse  sur  l'autre.  Epaisseur  : 
15  millimètres .  Pâte  à  grain  assez  fin,  cuisson  régulière.  La  face  lisse  porte  les  stries 
parallèles  et  nombreuses. 

Nota.  —  Toutes  les  photographies,  représentées  sur  les  trois  planches,  sont,  à  quelques 
millimètres  près,  de  grandeur  naturelle. 


FOUILLES  DE  LARCY  (GRAND-PRESSIGNY). 

MM.  Henni  MARTIN"  et  J.-R.  BARREAU. 


PI.  i 


Clichés  D-  Henri  Martin. 


FOUILLES  DE  LARCY  (GRAND-PRESSIGNY). 
MM    Henri  MARTIN  el  J.-B.  BARREAU. 


PI.  2. 


Cliché  I)    Henri  Martin. 


FOUILLES  DE  LARCY  (GRAND-PRESS1GNY 
MM.  Henri  MARTIN  et  J.-B.  BARREAU. 


PI.  3. 


É! 


Qichés  I)    Hi-ii,'  Martii 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  441 

La  Préhistoire  de  Xiederbronn  (Alsace)  (1). 

PAR 

Charles  MATTHIS  (de  Niederbronn,  A.), 

Membre  de  la  Société  Préhistorique  Française. 

Introduction.  —  Dans  de  précédents  ouvrages (2,  3,  4,  5,  6,7), 
il  m'a  été  possible  d'établir  la  haute  antiquité  de  Niederbronn, 
cette  petite  station  thermale  située  sur  les  confins  de  l'Alsace 
septentrionale,  et  traversée  par  l'ancienne  voie  celtico-romainede 
Strasbourg  à  Metz.  C'est  en  fouillant  la  terre,  à  Niederbronn  et 
dans  les  environs,  que  j'ai  pu  trouver  des  Silex  taillés  (armes  et 
outils),  des  haches  polies  en  pierre,  des  haches  en  bronze  et  en 
1er,  de  la  verroterie  décorée,  des  monnaies  portant  un  sanglier  en 
effigie,  et  de  la  poterie  très  primitive. 

Ces  pièces  furent  examinées  par  des  personnes  compétentes  et 
attribuées,  les  unes,  à  des  tribus  Gauloises,  les  autres  aux  hommes 
de  1  âge  du  bronze  et  de  la  pierre  polie. 

Pour  l'époque  romaine,  les  résultats  furent  plus  beaux  encore, 
surtout  dans  le  voisinage  de  la  Source  minérale  (tempérée  et 
saline).  On  trouva,  outre  les  Thermes,  de  nombreuses  sculptures, 
les  unes  détériorées,   les  autres  en  parfait  état  de  conservation. 

Ce  furent  des  cippes  avec  l'image  des  dieux  sur  les  quatre  faces; 
d'autres  piècesdonnèrenten  relief  Pallas,  Diane,  Junon,  Hercule, 
Minerve,  etc.  Une  belle  plaquette  en  grès  rouge  montra  une 
Vénus  toute  nue,  sadmirant  dans  une  glace;  à  ses  côtés  se  tient 
Y  Abondance,  avec  sa  corne  remplie  de  fruits.  En  outre,  on 
trouva  de  nombreux  autels,  dédiés  aux  génies  des  lieux  et  auxcfiW- 
nitès  de  la  Source.  De  la  vase  retirée  en  1568  du  fond  du  bassin 
(construction  romaine  de  forme  hexagonale),  on  parvint  à  sauver 
des  centaines  de  monnaies,  très  bien  conservées  :  une  série  inin- 
terrompue des  Césars,  depuis  Auguste  jusqu'à  Arcadius  !  Sur  la 
route  qui  reliait  Niederbronn  (l'ancienne  Wasgowiana,  nom  qu'on 
c-oit  avoir  été  celui  que  portait  la  ville  sous  la  domination 
romaine)  par  Brumath  à  la  grande  voie  qui  venait  de  Strasbourg  et 
se  dirigeait  vers  le  Rhin,  étaient  échelonnés  de  nombreux  Vicus, 
dont  certains  furent  pour  les  musées  de  véritables  puits  de 
richesse. 

1)  Communication  faite  à  la  séance  de  mai,  1911. 

2)  Niederbronn  aux  anciens  temps  (époques  romaine  et  moyen  âgé). 

3)  La  Wasembourg  :  un  temple  de  Mercure  et  une  ruine  gothique. 
|4)  Carte  des  châteaux  et  des  curiosités  du  Wasgau  (Basses- Vosges), 

5)  Enceinte  préhistorique  du  Riesberg. 

6)  Les  Monolithes  des  alentours  de  Niederbronn. 

7)  Un  cimetière  franc  près  de  Niederbronn, 


II 


442  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Toutefois  ce  ne  fut  pas  à  la  plaine  que  s'arrêtèrent  mes  recher- 
ches, car,  à  mesure  qu'on  s'y  avance,  les  objets  pré-romains  di- 
minuent. Je  me  tournais  alors  vers  les  montagnes,  qui  avaient  su 
conserver,  sous  l'épaisseur  de  leurs  bois  sombres  et  mystérieux, 
sous  une  couche  épaisse  de  feuilles  et  de  mousses,  les  objets  qui 
furent  les  muets  témoins  de  nos  belles  légendes,  si  populaires 
encore  avant  la  guerre,  et  qui  tombent  aujourd'hui  de  plus  en  plus 
en  oubli. 

Depuis  mon  jeune  âge,  ces  pierres  et  ces  roches  aux  formes  cu- 
rieuses m'avaient  frappé.  Des  murs,  formés  d'énormes  blocs;  des 
galeries  creusées  dans  le  roc;  des  grottes  dans  lesquelles  de  nom- 
breuses personnes  pouvaient  facilement  se  coucher,  et  où  l'on 
trouvaitdes  fragments  de  poterie  primitive,  des  os  et  du  charbon  : 
c'étaient-là  pour  moi  des  motifs  suffisants  pour  aiguiser  ma  soif  de 
chercheur.  Joignez  à  cela  les  nombreux  petits  bassins  ronds  et 
profonds,  dans  lesquels  on  était  sûr  de  trouver  de  l'eau  ;  et  vous 
trouverez  l'explication  de  mon  travail  d'aujourd'hui.  Car  Vhomme 
de  la  plaine,  l'habitant  des  vallées,  a,  malgré  les  siècles,  con- 
servé le  vieux  culte  de  la  montagne  ;  il  aime  à  y  retrouver  la 
demeure  et  le  refuge  de  ses  ancêtres,  et  les  ruines  des  monu- 
ments qui  y  sont  restés  sont  encore  aujourd'hui  pour  lui  un  sujet 
de  crainte,   de  respect  et  d'horreur. 

Toutes  les  montagnes,  qui  entourent  Niederbronn  d'un  si  beau 
cadre  de  verdure  et  dont  les  pentes  descendent  vers  la  ville, 
cachent  sur  leurs  hauteurs  des  vestiges  de  constructions  des 
temps  préhistoriques,  qui  sont  des  habitations,  des  murs  de  dé- 
fense et  des  camps  de  refuge,  ou  des  lieux  de  culte.  Dans  mon 
jeune  âge,  je  fuyais  ces  endroits,  que  je  recherchais  plus  tard. 

Les  Cupules  qui  s'y  rencontrent  se  trouvent  toujours  dans  le 
voisinage  d'autres  pierrestravaillées,  dont  l'usage  et  le  but  nous 
sont  encore  inconnues;  toutefois  les  noms  des  montagnes,  des 
cantons  ou  des  chemins,  ont  toujours  quelque  chose  d'antique  et 
de  particulier  et  se  sont  conservés.  Comme  montagnes,  je  nomme- 
rais les  Finster  (sombre),  Ochsen  (Bœuf)  Heidenkopf  (tête  de 
païen),  Bild-  stoeckel  {tronc  avec  P image),  Lichteneck  (coin  de 
lumière),  Zickenburg,  Kelten  Lager,  Gailer-Lies,  Pfaffenberg,  , 
Riesberg. 

Sur  chacune  de  ces  montagnes  j'ai  relevé    des  Cupules;  elles  j 
sont  placées,    d'après  un   système  très   réfléchi,  de  manière  à  ce 
qu'on  put  correspondre  d'un  point  à  un  autre. 

A  côté  ou  à  proximité  des  cupules  et  sur  le  sentier  qui  y  con- 
duit  se  trouvent  toujours  les  Pierres  à  marques  (Fig.  I  et  II), 
qu'on  ne  rencontre  pas  sur  nos  autres  montagnes  ! 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


443 


444  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

A  Saverne-Dabo,  en  Lorraine,  à  40  kilomètres  d'ici,  et  dans 
le  Palatinat,  on  retrouve  des  Cupules  ;  mais  non  pas  les  pierres  à 
marques  au  même  état  primitif. 

Les  pierres  à  cupules,  ainsi  que  les  autres  mégalithes,  étaient 
(à  part  l'enceinte  du  Camp,  dit  celtique,  et  le  Monolithe  de  la 
Liese),  absolument  inconnues  ! 

Ne  désirant  pas  donner  trop  d'étendue  à  ce  premier  travail,  je 
ne  parlerai  ici  que  des  Mégalithes  les  plus  beaux,  les  plus  curieux 
et  les  plus  rares,  que  j'ai  découvert  et  qui  se  trouvent  sur  le 
Riesberg  et  le  Pfaffénberg  (Fig.   1) . 

I.  Le  Riesberg.  —  a)  La  Wasembourg  et  le  Temple  de  Mercure. 
—  Sur  le  côté  du  Riesberg  (montagne  à  proximité  de  Nieder- 
bronn  et  formant  l'un  des  côtés  d'entrée  de  la  vallée  de  Bitche) 
(conduisant  en  Lorraine),  regardant  le  levant,  à  3  kilomètres  de 
Niederbronn,  s'élève  une  ruine  féodale,  datant  du  xme  siècle,  la 
Wasembourg,  qui  fut  construite  sur  l'emplacement  et  avec  les 
matériaux  provenant  d'un  Temple  de  Mercure. 

Une  inscription  romaine  [voir  page  11  de  mon  travail  (1)],  qui 
s'y  trouve  gravée  sur  le  rocher,  a  été  très  bien  expliquée  par  Jules 
Quicherat  (que  j'ai  eu  le  plaisir  de  voir,  car  il  venait  souvent  chez 
nous  avant  la  guerre  de  1870);  ce  grand  archéologue  en  parle 
aux  pages  86-87  d'un  de  ses  travaux  [Mélanges  d' Archéologie  et 
d'Histoire). 

Le  rocher  contre  lequel  s'adossait  la  Cella  (dont  on  voit  encore 
les  traces,  et  autour  duquel  j'ai  trouvé  des  fragments  de  tegula, 
deux  petites  lampes  romaines,  et  une  fibule)  fait  vers  l'Ouest  un 
angle,  dans  le  fonu  duquel  une  niche,  assez  profonde,  forme  dans 
son  tond  un  tronc,  un  Opfer-Stock,  une  cuvette,  ou  une  cupule, 
très  facile  à  reconnaître,  bien  que  la  partie  du  devant  soit  enlevée. 

Ce  tronc  est  du  même  travail  que  les  autres  cupules  du  Ries- 
berg et  doit  remonter  à  la  plus  haute  antiquité.  Il  servait  peut-être 
déjà  à  un  usage  religieux,  avant  que  les  Romains  aient  fait  tailler 
leur  inscription  sur  le  rocher,  dédiant  ce  petit  temple  à  Mercure. 

Parlons  maintenant  d'une  autre  découverte,  le  grand  Temple  de 
Mercure,  dont  on  n'avait  nulle  connaissance,  au  temps  où  M.  Qui- 
cherat venait  dans  ce  pays.  En  1887,  je  fis  des  fouilles  au  pied  du 
plateau  entre  la  ruine  actuelle  et  un  rocher  isolé  placé  sur  la  pointe 
extrême  de  la  crête  vers  l'Est  et  nommé  le  Wachfelsen,  que  M.  Qui- 
cherat avait  également  étudié  [Photographie,  page  12].  Je  décou- 
vris de  nombreuses  pierres  taillées,  portant  des  sculptures  en 
relief  et  des  inscriptions  ;  puis  des  Autels,    des  pièces  de    frise 

(1)  Gb,  Matthis,  —  Niederbronnet  Steindenkmaeler,  Saverne,  A.  Fucbs,  1911, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQIF    FRANÇAISE 


445 


Zartgrt  duXanalj.  g. 


Fiy.ï  of/iitzj/fzn'  fiçldetMcmel 
''T.    Ôjtferjlein,     ,.'£»     • 
*  M  ftUènùtz,   .  .ffî>    » 
iff.  7eUen7{analt    *JJF:*    * 


T  * 


3m^^p^ 


fig.  ?.— Sculptures  sur  Rochers,  d'ordres  divers  :  Dossier;  Siège;  Rigole;  Fauteuil;  Canal; 
Grand  Bassin. 

SOCIÉTÉ    PREHISTORIQUE   FRANÇAISE.  29 


446  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

d'énormes  dimensions;  des  demi-colonnes  et  d'autres  pièces  pro- 
venant d'une  grande  construction.  Toutes  les  inscriptions  se  rap- 
portaient à  Mercure  et  à  un  Temple.  Ces  pierres  ne  pouvaient 
provenir  que  d'un  temple,  ayant  dû  se  trouver  sur  le  plateau  et 
qui,  tombé  en  ruines  ou  démoli,  avait  été  jeté  en  bas  du  rocher 
où  les  siècles  et  les  siècles  le  recouvrirent  de  terre,  de  mousse, 
d'arbres  et  d'autres  déblais;  son  existence  était  absolument 
ignorée. 

Mais,  sur  le  rocher  même,  sur  un  espace  de  10  mètres  carrés,  la 
place  aplanie  dénote  l'endroit  où  il  s'élevait  ;  et,  à  côté,  l'on  remar- 
que d'autres  pierres,  aux  dimensions  énormes,  portant  les  mêmes 
traces  de  travail  que  celles  qui  sont  tombées  ou  qui  ont  été  jetées 
à  bas.  Il  est  donc  incontestable  que,  sur  ce  plateau,  se  trouvait 
un  grand  édifice  dédié  à  Mercure.  Une  partie  de  ces  sculptures 
furent  déposées  au  Musée  de  Strasbourg,  d'autres  à  Niederbronn  J 
et  plusieurs  sont  restées  en  place  (page  12  et  suiv.  de  mon 
mémoire). 

Il  était  tout  à  fait  nécessaire  de  donner  ici  ces  détails  (qui  sont 
encore  inconnus)  sur  les  découvertes  de  ce  grand  temple,  pour 
servir  à  justifier  la  haute  vénération  dont  jouissait  le  Riesberg, 
non  seulement  à  l'époque  romaine,  mais  déjà  longtemps  avant 
notre  ère! 

Car  tout  le  Riesberg  devait  être  sacré  et  uniquement  dévoué 
au  culte  du  Dieu-Soleil,  le  grand  dieu  des  Vosges,  qui  devint 
plus  tard  Mercure. 

Son  extrémité  Ouest,  s'appelant  Sonnenberg  (Mont  du  Soleil), 
se  termine  par  un  énorme  rocher  [La  Chaire  de  Saint-Jean  sur 
laquelle  on  allumait  les  feux  à  cette  fête.  Des  fouilles  faites  anté- 
rieurement déjà  au  Sonnenberg  ont  fait  découvrir,  outre  les  objets 
de  l'âge  du  bronze  et  de  la  pierre,  l'image  du  Dieu-Soleil,  avec  les 
sept  rayons  gravés  sur  une  pierre. 

En  outre,  toutes  les  inscriptions  et  toutes  les  sculptures  trou- 
vées jusqu'ici  au  Riesberg  ne  concernent  que  Mercure,  tandis  que, 
parmi  les  nombreuses  inscriptions,  reliefs  et  autres  sculptures 
trouvées  autour  de  la  Source  de  Niederbronn,  aucune  ne  se  rap- 
porte à  ce  Dieu  ! 

b)  Le  Wachfelsen  (Roche  d'observation).  —  Ce  rocher  se  dis- 
tingue de  très  loin  de  la  plaine;  il  a  12  mètres  de  long  et  10  de 
haut;  il  porte  tout  à  l'entour  de  nombreuses  marques  d'usage,  et 
fut  sans  doute,  à  l'époque  où  une  petite  garnison  romaine  de  la 
8e  légion  était  postée  à  ce  point  d'observation,  compris  et  utilisé 
pour  la  défense.  Sur  sa  partie  supérieure,  se  retrouvent  les  quatre 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


447 


*httiKe'-fJ 

4_4Sjl_i {M? 


ësM    tr* 


Hg.  3.  —  Cupules  et  Bassins,  avec  Rigoles. 


448  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

trous  de  la  Tour  d'observation  [spécula]  ;  et,  vers  l'est,  où  dans  le 
fond  de  la  vallée  (passe  la  route)  vers  la  Lorraine,  on  remarque 
des  restants  d'ouvrages  militaires.  Vers  1830,  on  trouva  près 
de  là  une  pierre  votive,  dédiée  à  Caracalla  par  des  soldats  de  la 
8e  légion  (Voir  mon  mémoire,  p.  13.) 

Le  Wachfelsen  m'a  fourni,  en  outre,  après  de  longues  recher- 
ches, des  documents  bien  plus  anciens,  et  qui  s'accordent  avec 
les  vieilles  légendes  du  pays.  Outre  les  trous  d'assise  de  la  Tour, 
le  rocher  porte,  sur  sa  partie  supérieure,  et  sur  ses  côtés,  des 
Cupules.  A  2  mètres  du  sol,  sur  le  côté  nord,  sous  un  abri,  se 
voit  un  siège,  taillé  dans  le  rocher,  ayant  une  cupule  de  chaque 
côté  (Fig.  2,  n°  III). 

Ce  siège  doit  avoir  eu  un  usage,  un  but  religieux,  car,  dirigé 
vers  le  nord,  il  regarde  le  camp  celtique,  situé  en  face  (où  j'ai 
découvert  un  Dolmen,  que  je  décrirai  plus  tard). 

La  légende  raconte,  pour  le  Wachfelsen,  que  : 

«  1°  Un  pont  aérien,  reliait  jadis  les  deux  montagnes,  que  tra- 
«  versaient  des  jeunes  vierges  blanches,  portant  les  messages  du 
«  prêtre,  d'un  lieu  saint  à  l'autre. 

«  2°  Sur  le  Wachfelsen,  brûlaient  des  feux,  pour  appeler  les 
«  fidèles  au  culte;  d'autres  signes  partaient  du  rocher  aviser  les 
«  gens  de  la  plaine  de  l'approche  du  danger. 

«  3°  Au  pied  du  Wachfelsen,  à  la  place  où  s'éleva  plus  tard  le 
«  Temple  de  Mercure,  était  le  Bois  sacré,  au  milieu  duquel  on 
«  voyait  l'autel  pour  les  sacrifices  » .  Et,  chose  curieuse,  à  celte 
même  place,  où  la  légende  populaire  plaçait  cet  autel,  on  re- 
trouvait, il  y  a  quelques  années  seulement,  une  pierre  avec 
l'inscription  suivante  :  MERCVRIO.  SAGRVM.  LVMINI  (Voir 
page  14  de  mon  mémoire). 

Quittons  la  Wasembourg  et  le  Wachfelsen.  A  5  minutes  de  là 
et  à  300  mètres  au  nord  du  château,  sur  la  pente  Est  du  Ries- 
berg,  j'ai  été  encore  assez  heureux,  en  1902,  de  trouver  une 
Enceinte,  complète,  très  bien  conservée,  et  absolument  ignorée. 

c)  Camp  de  refuge.  Etang  et  système  de  Canalisation  préhisto- 
rique (440  mètres  d'altitude).  —  Cette  enceinte  est  construite  en 
pierres  sèches,  posées  sur  une  base  de  gros  blocs  ;  l'intérieur  est 
d'une  contenance  de  plus  de  2000  mètres  carrés. 

La  coupe  de  l'enceinte,  qui  est  très  curieuse,  ressemble  à  celle 
en  terre,  se  trouvant  en  haut  d'une  montagne  appelée  la  Ville 
détruite  (Burgstadt),  près  de  Ratzwiller,  dans  le  canton  de  Dru- 
lingen,  où  l'on  a  trouvé  des  objets  en  pierre  et  en  bronze]  et  où 
j'ai  également  l'année  passée  relevé  des  cupules. 


Société  préhistorique  française 


449 


Fig.  4.  —  Cupules,  Bassins,  Pierres  gravées,  etc. 


I 


450  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Ce  camp  de  refuge  était  de  tout  temps  hanté  :  on  le  fuyait;  on 
l'ignorait.  On  l'appelait  Elfengarten  (Jardin  des  Fées).  Les  femmes 
blanches  s'y  réunissaient  la  nuit,  pour  y  faire  leurs  orgies  et 
leurs  sacrifices. 

Au  nord  de  cette  enceinte,  une  Allée,  droite,  se  dirige  vers 
un  Tumulus,  élevé,  qui  se  voit  également  de  la  plaine.  Vers 
l'ouest,  l'enceinte  est,  sur  une  largeur  de  quelques  mètres,  inter- 
rompue et  fut  là  sans  doute  fermée  par  des  palissades.  A  ce 
même  endroit,  se  trouve  un  puits,  ou  citerne,  d'une  profondeur 
de  3  mètres,  faite  en  maçonnerie  sèche,  avec  un  fond  conique. 

L'eau,  qui  y  était  amenée  par  une  rigole,  traversait  un  canal, 
taillé  en  arc  d'une  pièce  dans  le  roc  (Fig.  2,  n°  IV).  Ce  canal 
est  excessivement  curieux,  comme  travail,  et  lait  avec  une  grande 
ingéniosité;  il  est  peut  être,  dans  les  Vosges,  unique  dans  son 
genre!  Entièrement  recouvert  de  terre,  il  ne  fut  mis  à  jour  que 
l'an  passé,  où  je  fis  tracer  un  petit  sentier,  pour  permettre  de  vi- 
siter le  Camp  de  refuge  et,  d'arriver  aux  Cupules  ;  c'est  alors  que 
je  découvris  ce  canal,  l'étang  et  tout  le  système,  pour  alimenter 
d'eau  la  population,  qui  s'était  réfugiée  ou  qui  vivait  là-haut  dans 
le  refuge  ? 

Malgré  son  bel  état  de  conservation,  on  ne  remarque  nulle 
trace  d'outil.  Le  petit  étang  (Fig.  2,  n°  V)  d'où  venait  l'eau  est  à 
600  mètres  de  distance.  A  gauche  et  à  droite  sur  ce  plateau  on 
trouve  également  dans  les  roches  des  profondeurs  de  formes  et 
de  grandeurs  diverses,  qui  longtemps  me  firent  croire  à  des  ves- 
tiges d'habitations,  ou  à  des  tombes.  Un  examen  minutieux  de 
personnes  compétentes  les  attribue  à  des  carrières,  remon- 
tant aux  époques  romaines,  et  même  celtiques  ;  on  y  retrouve 
les  mêmes  entailles  qu'au  mur  païen  du  Mont  Sainte-Odile  ! 

d)  Cupules  du  Riesberg.  —  Près  du  petit  étang  du  Riesberg 
{Fig.  2)  se  trouve  encore  ce  qui  reste  de  ces  immenses  Champs 
du  berger,  Bergfelder,  occupant  jadis  les  hauts  plateaux  des 
basses  Vosges. 

Vers  l'ouest,  une  pierre  à  marque  (Fig.  4)  indique  le  voisinage 
des  cupules.  Ces  dernières  se  trouvent  non  loin  de  là  sur  l'extrême 
crête  rocheuse  du  Riesberg,  à  460  mètres  de  hauteur.  Ici,  dans 
une  partie  du  bois,  tout  à  fait  à  l'écart,  se  trouvent  à  fleur  de 
terre,  en  grand  nombre,  les  rochers  à  cupules.  Ces  dernières 
sont  de  toute  forme  et  de  toute  grandeur;  elles  sont  souvent 
reliées  par  de  petits  canaux,  se  déversant  les  uns  dans  les  autres, 
et  contenant  presque  toujours  de  l'eau. 

Les  cupules  du  Riesberg  sont  particulièrement  intéressantes 
dans  ce  sens  que  leur  fond,  qui  partout  ailleurs  est  rond  ou  plat, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  451 

est  ici  de  forme  pointue.  A  3  mètres  à  l'ouest  de  la  roche  à 
Cupule  IX  se  trouve  la  Fig.  4,  n°  IX,  monument  rare,  frappant  et 
incompréhensible.  Entièrement  taillé  dans  le  même  roc,  il  était 
recouvert  de  terre  et  de  mousse;  il  m'a  fallu  du  temps  pour  le 
mettre  à  jour.  Sur  le  dessin,  la  coupe  et  les  dimensions  sont  indi- 
quées; quant  au  bassin,  qui  se  trouve  dans  le  sol,  il  mesure 
2  mètres  le  long,  0m80  de  large,  et  0m50  de  profondeur. 

c)  Graeberfehl  [Tombes).  —  Du  Riesberg,  si  Ton  redescend  sur 
le  plateau,  on  trouve  un  terrain,  entrecoupé  de  rochers  de  toute 
forme,  appelée  ici  Graeber,  les  tombes.  C'est  là  qu'on  a  décou- 
vert, vers  1830,  et  il  y  a  peu  d'années,  des  silex  taillés  en  lances, 
en  flèches,  en  couteaux;  des  haches,  des  fibules,  des  torques  en 
bronze,  etc.  ;  et  ce  fut  aussi,  près  de  ces  tombes,  que  fut  trouvée 
là  grossière  image  du  Dieu-soleil .  A  cet  endroit,  à  l'entrecroise- 
ment de  nombreux  chemins,  on  remarque  un  très  beau  cercle 
d'énormes  rochers,  dont  un,  celui  du  milieu,  est  sillonné  de 
rigoles.  Cet  endroit,  prétendu  hanté,  porte  le  nom  de  Hexen- 
plaetzel (Place  des  Sorcières). 

II.  —  Le  Pfaffenberg.  —  Le  Pfaffenberg  est  la  continuation 
«lu  Riesberg;  des  vallées  aux  noms  curieux  y  convergent,  rappe- 
lant les  unes  les  invasions  barbares  arrivant  de  l'est,  d'autres 
des  noms  incompréhensibles  :  Germannsthal  (vallée  des  Ger- 
mains}, Dollmannsthal  [ou  Poil),  Ungernthal  hongrois),  Dornen- 
thal  (des  épines);  cette  dernière  vallée  conduit  au  Piaffenberg, 
qui  forme  à  l'extrémité  nord-est  un  pic  absolument  caché,  isolé, 
dont   beaucoup  de    personnes   ignorent    le    nom    et   l'existence. 

C'est  un  cadran  solaire  sculpté  sur  un  rocher,  qui  me  le  fit 
trouver. 

Dans  le  chemin  rocheux  qui  y  conduit,  on  voit  de  profondes 
ornières  ou  roues  de  char,  d'une  largeur  inusitée  aujourd'hui  : 
on  trouve,  sur  un  rocher  à  fleur  de  terre,  une  flèche  dirigée  vers  le 
nord  ;  à  droite  se  trouvent  à  égale  distance  sept  points;  à  gauche 
plusieurs  signes  et  au  centre  un  petit  trou.  A  quelque  distance 
4  mètres'  de  là,  un  carré  de  10  mètres  de  côté,  avec  des  restants 
de  murs,  partie  en  terre,  partie  en  roches  non  taillées,  fait  suppo- 
ser une  ancienne  habitation  ;  dans  un  coin  se  trouve  une  citerne. 

Sur  tout  le  plateau,  on  remarquait  il  y  a  peu  d'années,  de  nom- 
breuses lignées  de  pierres,  formant  des  carrés,  mais  qui  furent 
détruites  par  la  culture  forestière.  A  ce  moment  je  n'attachais 
guère  d'importance  à  ces  lieux;  j'en  ai  aujourd'hui  de  vifs 
regrets  î 

Toutefois,  ce  que  l'on  n'a  pas  dérangé  et  qui  est  resté  tel  quel, 


452  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

c'est  la  Fig.  4,  [n°  XII]  ;  des  rochers  aux  angles  saillants,  des 
couloirs  que  l'on  pouvait  ouvrir  et  fermer  permettent  de  circu- 
ler autour  du  rocher  à  cupules,  sans  être  aperçu  ;  cette  enceinte 
est  tout  à  fait  curieuse  et  bien  conservée  ! 

Ici  encore  on  se  trouve  en  présence  d'un  de  ces  bassins  ou 
sièges,  regardant  Y  ouest,  dont  j'en  ai  trouvé  de  semblables  à 
Sainte-Odile  et  à  Ratzwiller;  une  très  belle  cupule  se  trouve  iso- 
lée dans  la  même  enceinte. 

La  grande  roche  (Fig.  4,  n°  XIII)  est  placée  hors  de  l'enceinte  ; 
ses  cupules  et  ses  rigoles  sont  très  curieuses.  Au  centre  de  l'une 
d'elles  se  trouve  un  petit  signe  de  la  Croix  (que  j'ai  d'ailleurs  re- 
trouvé plus  accentuée  sur  plusieurs  de  nos  rochers  et  que  j'ai 
l'intention  de  décrire  plus  tard). 

À  l'extrémité  du  Pfaffenberg,  à  10  mètres  vers  l'est,  se  trouve 
une  pierre  taillée;  toutefois,  elle  ne  paraît  pas  être  si  ancienne 
que  les  cupules  et  les  autres  roches;  l'intérieur  en  est  creux  et  a 
tout  h  fait  l'air  d'une  pierre  tombale;  mais  sa  présence  est  assez 
frappante;  elle  est  à  460  mètres  de  hauteur. 

Conclusions.  —  Toutes  ces  roches,  les  pierres  à  marques 
(Fig.  3  et  4),  la  cupule  en  partie  détruite  de  La  Wasembourg,  le 
siège  et  les  cupules  du  Wachfelsen,  le  Camp  de  refuge,  le  Canal 
taillé  dans  le  roc,  les  cupules  du  Riesberg,  la  pierre-autel  avec 
son  écuelle,  sa  rigole,  son  bassin,  et  le  cercle  ou  cromlech  du 
Riesberg,  ainsi  que  V enceinte  du  Pfaffenberg  et  les  pierres  à  ri- 
goles, ne  m'ont  révélé,  après  le  plus  minutieux  examen,  nulle 
trace  d'un  outil  qui  y  fut  employé.  Tous  ces  monuments,  de  l'âge 
de  la  pierre,  trouvés  chez  nous,  doivent  remonter  à  une  époque 
et  être  attribués  à  un  peuple  qui  n'était  nullement  dans  l'igno- 
rance. Au  contraire,  ils  doivent  provenir  d'une  nation  fort  puis- 
sante et  ayant  déjà  atteint  un  haut  degré  de  culture  avant  l'arri- 
vée des  Romains. 

Au  pied  du  Pfaffenberg,  à  l'entrée  de  la  vallée  des  Epines 
(Dornenthal),  se  trouve  une  petite  Chapelle,  pèlerinage  jadis  très 
réputé.  Les  jeunes  filles  désirant  se  marier  y  font  déposer  leurs 
vœux  et  leurs  offrandes.  Ces  vœux,  au  dire  de  la  légende,  se  rap- 
portaient jadis  à  la  roche  du  Pfaffenberg. 

Les  cupules  des  montagnes  de  Niederbronn  sont  regardées, 
d'après  la  légende,  comme  des  objets  de  Culte,  et  durent  servir, 
les  unes  à  y  déposer  les  vœux  et  les  offrandes,  d'autres  à  y  faire 
des  ablutions  avec  de  l'eau,  apportée  d'une  source  déclarée  sa- 
crée; et  peut-être  même  encore  à  y  accomplir  des  sacrifices 
humains  !  Demandez  à  nos  vieux  ouvriers  des  bois,  à  nos  bûche- 
rons, à  quoi  servaient  ces  roches  avec  leurs  bassins.    Ils  vous  ré- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


483 


pondront  tous  :  «  Ce  sont  des  pierres  à  sacrifices  \Opfersteine>  ; 
ici  des  gens  furent  immolés  »;  et,  en  langage  alsacien  :  «  do  han 
sie  frûjer  d'Utl  gekôpfft  ». 

Il  est  à  supposer  que  les  trois  versions  ont  quelque  chose  de 
réel.  La  source  de  Niederbronn  était  sacrée  ;  la  grande  quantité 
de  monnaies  qui  v  furent  trouvées  ainsi  que  les  nombreuses  sculp- 
tureset  inscriptions  dédiéesà  la  source  et  à  la  nymphe  le  prouvent; 
et,  en  dernier  lieu,  de  vieux  contes  disent  que  le  nom  de  Kindels- 
brunnen  (Puits  aux  Enfants)  était  donné  jadis  au  bassin,  racon- 
tant que  c'était  de  là  qu  on  «  péchait  les  petits  enfants  !  »  Hélisée 
Roesslin,  un  écrivain  du  xvi"  siècle,  recommande  l'usage  de  l'eau 
de  Niederbronn  aux  femmes  désirant  devenir  mères  ! 


Tranchets  préhistoriques    du   Moissonnais. 

M.  0.  Vauvillé  (Paris)    —  L'imprimerie  n'ayant  pu  retrouver,  en 
temps  voulu,  les  zincs  des  Figures  relatives  à  mon  article  sur  les  Tran- 


Fig.  1.  —  Trancbets  préhistoriques  du  Soissonnais. 

chets  du  Soissonnais,  paru  dans  le  n°  de  juin,  je  publie  aujourd'hui  ces 
dessins,  persuadé  qu'ils  intéresseront  nos  collègues  :  l'un,  surtout, 
celui  relatif  au  petit  tranchet  néolithique  emmanché  (Fig.  1). 


454  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Alignements  de  pierres  et  autres  pierres 

non  rangées, 

probablement  de  l'époque  néolithique, 

sur  Cuisy-en-Almont  (Aisne). 

PAR 

0.  VATJVILLÉ  (de  Paris). 

Dans  la  séance  de  la  Société  du  23  mars,  M.  leDr  A.  Guébhard 
a  présenté  un  plan  et  des  photographies  au  sujet  de  pierres  inté- 
ressantes, récemment  découvertes  dans  le  Soissonnais.  Une  dis- 
cussion a  suivi  cette  présentation,  sur  laquelle  on  manquait  de 
renseignements. 

Aujourd'hui  je  suis  autorisé  à  donner  des  renseignements 
sur  cette  découverte. 

M'étant  rendu  à  Pommiers  (près  Soissons),  M.  Louis  Brune- 
hant,  maire  de  cette  commune,  me  fit  part,  le  26  mars,  d'une 
découverte,  qu'il  avait  faite  récemment  sur  Tune  de  ses  terres  de 
son  exploitation  agricole  de  Cuisy-en-Almont,  canton  de  Vic-sur- 
Aisne.  Il  me  proposa  de  me  conduire  à  l'endroit  des  fouilles  le 
mardi  suivant;  ce  jour-là,  le  matin  M.  Brunehant  m'écrivit  qu'il 
était  obligé  de  partir  pour  Paris  ;  il  remettait  l'excursion  proje- 
tée à  plus  tard. 

Étant  renseigné  sur  l'endroit  des  fouilles,  je  m'y  rendis  seul  le 
2  avril,  en  prenant  le  train  de  Pommiers  à  Vauxrexis  (1);  de  là 
en  passant  directement  par  les  hameaux  de  Tancourt  et  de  la 
Carlette,  j'arrivais  sur  le  plateau  où,  en  suivant  le  chemin  vicinal, 
allant  vers  Tartiers,  je  vis  les  fouilles,  après  avoir  parcouru  envi- 
ron 2  kilomètres. 

Situation  des  découvertes.  —  La  découverte  a  été  faite,  sur  le 
plateau  de  la  section  A  du  cadastre  de  Cuisy,  dite  de  la  Grande 
Montagne,  située  au  Nord-Est  de  Cuisy  et  de  la  ferme  de  la  Mai- 
son Bleue,  au  lieu  dit  Dessus  le  Chemin  de  Noyon  à  Soissons, 
d'après  le  cadastre,  ou  La  Poterie,  d'après  des  titres  (2),  en  A 
du  plan,  (Fig.  1;  A). 

Cet  endroit  se  trouve  à  l'altitude  d'environ  120  mètres,  mais 
sur  un  terrain  qui  a  une  pente  venant  de  l'Est,  dont  la  partie 
haute  du  sol  s'élève  à  145  mètres  environ  ;  ce  fait  est  à  remarquer. 

Origine  de  la  découverte  ;  orientation  ;  importance  et  résultats 
des  fouilles.  —  En  labourant  la  terre,   comprise  dans  l'exploita- 

(1)  Chemin  de  fer  départemental  de  Soissons  à  Coucy-le-Cbâteau. 

(2)  A  environ   7  kilomètres  au  Nord-ouest  de  Soissons,  à  vol.  d'oiseau. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRASÇAISE  455 

tîon  de  M.  Brunehant,  la  charrue  était  gênée  par  des  pierres,  qui, 
se  trouvaient  dans  le  sol  ;  on  enleva  une  partie  de  ces  pierres  ; 
ayant  remarqué  que  les  pierres  se  trouvaient  dans  un  certain 
ordre  d'alignements,  sur  deux  rangs,  M.  Brunehant  fit  dégager 
de  terre  toutes  celles  qui  étaient  encore  dans  le  sol. 

Des  fouilles  importantes  furent  exécutées,  en  ligne  droite,  sur 
une  lono-ueur  d'au  moins  150  mètres,  dans  la  direction  du  Sud- 
Est  au  Xord-Ouest,  parallèlement  et  à  14  ou  15  mètres  de  dis- 
tance à  l'Est  du  chemin  vicinal,  ou  ancienne  route  de  Xoyon  à 
Soissons. 

Les  fouilles  ont  été  faites  généralement  de  0ra70  à  1  mètre  de 
profondeur  :  ce   qui  a  permis  de  remettre  au  jour  un  très  grand 


Fig.  1.  —   Situation  des   Alignements  de  Cuisy-en-Almont    (Aisne). 
d'État-major  au  1/80.000. 


D'après  la  Carte 


nombre  de  pierres,  qui  avaient  été  recouvertes  de  terres,  ame- 
nées graduellement,  par  suite  du  temps,  par  ruissellement  sur  la 
pente  du  sol,  depuis  une  époque  ancienne  :  ce  qu'il  est  facile  de 
prouver. 

M.  Brunehant  a  communiqué  les  résultats  de  ses  découvertes 
à  la  Société  archéologique  de  Soissons,  dans  la  séance  du  6  mars 
dernier,  sous  le  titre  de  :  Alignements  préhistoriques,  terroir  de 
Cuisy-en-Almont.  Un  plan  et  des  photographies  ont  été  présen- 
tés par  M.  Brunehant;  ce  sont  les  mêmes  pièces  qui  ont  été 
envoyées  par  M.  F.  Blanchard  au  Dr  A.  Guébhard,  qui  les  a  com- 
muniquées à  notre  Société  à  la  dernière  séance,  mais  sans  ren- 
seignements. 


Voici  ce  que  j'ai  constaté  à  l'endroit  des  découvertes.  Vers  le  fond 
des  fouilles,  j'ai  recueilli  douze  fragments  de  poteries,  que  voici; 
on  peut  voir  que  dix  sont  de  l'époque  gallo-romaine;  une  est  gau- 
loise, et  une   doit  être   néolithique.    M.    Brunehant  a  aussi  des 


456 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


^.!XXK* 


fragments  de  poteries,  venant  du 
fond  des  fouilles;  mais  je  n'ai  pas 
pu  les  voir. 

Ce  fait  d'anciennes  poteries, 
trouvées  au  fond  des  fouilles,  pa- 
raît bien  prouver  que  toutes  les 
pierresquiont  été  remisesàu  jour, 
par  les  fouilles,  ont  été  placées  là 
à  l'époque  préhistorique,  comme 
le  croit  M.  Brunehant  ;  ces  pierres 
ont  été  recouvertes  depuis  cette 
époque  par  la  terre  amenée  par 
les  eaux  de  la  partie  supérieure 
du  plateau,  en  suivant  la  pente 
du  sol,  de  sorte  que  des  pierres 
qui  primitivement  devaient  avoir  au  moins 
0m80  à  0m90  de  hauteur  hors  du  sol,  étaient 
complètement  recouvertes  de  terre  avant  les 
fouilles. 

Groupes  de  pierres  non  rangées  et  d'autres 
bien  alignées  sur  deux  rangées.  —  Pour  faci- 
liter la  description  de  mes  observations,  j'ai 
disposé  un  croquis  sur  lequel  j'indique  la  lon- 
gueur de  chaque  groupe,  les  dispositions  di- 
verses des  pierres,  mais  sans  proportion  pour 
ces  dernières  (Fig.  2)  :  ce  qui  donnera  une  idée 
de  l'importance  et  de  l'intérêt  de  ces  décou- 
vertes. Des  photographies,  qui  m'ont  été  en- 
voyées gracieusement,  le  15  avril,  par  M.  Bru- 
nehant, permettront  de  contrôler  mes  observa- 
tions (Fig.  3). 

Si  on  commence  à  examiner  les  fouilles  par 
le  bout  du  Sud-est,  on  trouve  successivement, 
en  suivant  l'ordre  du  croquis  (Fig.   2)  : 
A,   Sur  30  mètres  de  longueur  (1)  :  26  grosses 
pierres  et  des  petites  pla- 
cées sans  ordre. 
21  grosses  pierres  dressées 
et  alignées  :  9  à  l'Est  et 
12  à  l'Ouest. 
4  grosses  pierres. 
15  grosses  pierres  et  des  pe- 
tites placées   sans  ordre. 

(1)  Toutes  les  longueurs  indiquées  ne  sont  qu'approxi- 
matives. 


g  B 


10 


C,  —      7       — 

D,  —    10      — 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  457 

E,  Sur  28  mètres  de  longueur  :  25  grosses  pierres  dressées  et 
aligrnées  à  l'Est  et  23  de  même   à  l'Ouest. 
Pierres  alignées  sur  deux  rangs,  enlevées  des 
fouilles,  d'après  M.  Brunehant. 
3  grosses  pierres  dressées  et  alignées  à  l'Est, 
et  2  de  même  à  l'Ouest. 
En  labour,  non   fouillé. 
3  grosses  pierres  dressées  à  l'Est  ;  2  dressées 
à    l'Ouest. 


F, 

— 

15 

G. 

— 

3 

11. 

__ 

12 

I, 

— 

8 

Hg.  3  —  Aspect  général  des  Alignements  de  Cuisy-en-Almonl  [D'après  une  pholographie- 
de  M.  Brunehant  . 


J    —      9       —        4  grosses  pierres,  dont  2  dressées  à  l'Ouest. 
K,   —      6        —      Labour  non  fouillé. 

L,  —      5       —        3  pierres  dressées  et  alignées  à  l'Est  ;  2  dres- 
sées et  2  couchées  à  l'Ouest. 
M,  —      6       —      Une  seule  grosse  pierre,  non  dressée. 

11  résulte  de  l'examen  ci-dessus  que  les  groupes  de  pierres,  A 
et  D,  d'une  longueur  d'environ  40  mètres,  ne  comprennent  que 
des  pierres  plus  ou  moins  grosses,  ayant  été  placées  sans  ordre, 
comme  on  peut  le  voir  sur  les  photographies  n°»  1  et  2. 


458  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Les  parties  B,  E,  G,  I,  J  et  L,  d'une  longueur  de  63  mètres 
environ,  ont  88  belles  et  grosses  pierres,  dressées  et  alignées,  sur 
deux  rangs,  séparées  par  un  passage  variant  de  0m50  à  0m65  de 
largeur.  Si  on  ajoute  les  15  mètres  de  la  partie  F,  dont  les  pierres 
alignées,  ont  été  enlevées,  on  voit  qu'il  y  avait  environ  78  mètres 
de  longueur  de  pierres  dressées  et  alignées  sur  Cuisy. 

La  photographie  fig.  3,  de  M.  Brunehant,  prise  du  côté  de  l'Est 
du  groupe  E  du  croquis,  donne  une  idée  d'une  faible  partie  de 
ces  belles  pierres  alignées  {fig.  3). 

Les  parties  A,  C,  D  et  M,  de  pierres  placées  sans  ordre,  ont 
une  longueur  d'environ  53  mètres,  avec  les  78  mètres  de  pierres 
alignées  ;  il  y  avait  donc  131  métros  de  longueur  où  des  pierres 
diverses  ont  été  constatées  et  bien  découvertes  de  terre. 

Des  Touilles,  faites  plus  loin,  sur  le  prolongement  du  bout  du 
Nord-Ouest,  n'ont  rien  fait  découvrir  d'intéressant. 

Les  photographies  nos  4,  5  et  6,  de  M.  Brunehant,  représen- 
tent des  pierres  que  je  n'ai  pas  examinées.  Sont-elles  taillées  ou 
naturelles  dans  leurs  formes?  Je  ne  sais. 

Quelles  conclusions   peut-on  admettre  pour   ces  découvertes? 

11  est  bien  difficile  de  préciser;  mais  il  est  très  probable  que 
les  pierres,  ayant  été  dressées  et  alignées,  sur  deux  rangs,  doivent 
bien  remonter  à  l'époque  préhistorique;  les 'poteries  des  époques 
néolithique,  gauloise  et  gallo-romaine,  que  j'ai  recueillies  vers  le 
fond  des  fouilles,  paraissent  bien  en  être  la  preuve. 

Ces  pierres  ne  peuvent  certainement  pas  se  rapporter  à  un  an- 
cien mur,  comme  on  en  a  parlé  à  la  dernière  séance  de  la  Société. 

Les  parties  indiquées,  en  A  et  D,  du  croquis  (Fig.  2),  avec  de 
nombreuses  pierres  ayant  été  mises  là  sans  ordre,  représentées 
par  les  photographies  nos  1  et  2,  n'auraient-elles  pas  servies  pour 
des  tumulus  ou  tombelles,  dont  les  terres   seraient  disparues? 

Il  serait  intéressant  de  faire  de  nouvelles  fouilles  pour  savoir 
si,  sous  ces  groupes  de  pierres  non  rangées,  bien  ditférentes  de 
celles  dressées  et  alignées,  on  ne  découvrirait  pas  des  restes  de 
sépultures  à  incinérations  ou  à  inhumations. 

Dans  le  cas  de  nouvelles  découvertes,  elles  pourraient  proba- 
blement servir  pour  fixer  avec  certitude  l'époque  de  la  formation 
des  divers  groupes  de  pierres  de  Cuisy. 

Dolmen  de  Vauxrezis  (Aisne).  —  Après  avoir  parlé  des  Aligne- 
ments de  pierres  de  Cuisy,  je  crois  devoir  dire  à  la  Société  qu'à 
environ  2  kilomètres  à  l'Est  des  fouilles  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion, se  trouve  le  beau  Dolmen  de  Vauxrezis,  canton  de  Soissons. 
Je  présente  à  la  Société  une  photographie  de  ce  monument, 
prise  du  côté  du  Nord, 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  459 

Ce  dolmen  est  situé  à  l'Est  du  hameau  de  Villers-la-Fosse,  sur 
le  bord  du  plateau,  vers  l'altitude  de  140  mètres,  un  peu  vers 
l'Ouest  de  l'ancienne  voie  romaine,  dans  un  angle  de  terrain 
compris  entre  cette  voie  et  le  chemin  de  Chavigny  à  Villers,  en  B, 
du  plau  (Fig.  i;  B)  de  l'article  précédent. 

Ce  dolmen  est  connu  dans  le  pays  sous  le  nom  de  «  La  Pierre 
Laye  »  ;  il  a  été  fouillé  vers  1850;  on  peut  trouver  des  renseigne- 
ments divers,  sur  les  louilles  et  autres  particularités  de  ce  monu- 
ment, que  j'ai  signalées,  à  la  Société  d'Anthropologie  de  Paris, 
dans  les  Bulletins.  Vol.  1892,  p.  602. 

Le  propriétaire  actuel  est  aussi  M.  Brunehant,  qui  a  fait  faire 
les  fouilles  de  Cuisy. 

Il  serait  intéressant  de  faire  reproduire  la  photographie  de  ce 
dolmen,  qui  a  été  prise  en  1909,  par  M.  Vergnol  [de  Soissons), 
dans  un  champ  de  blé  de  M.  Brunehant. 

M.  L.  Giraux  (de  Paris).  —  Comme  suite  à  la  très  intéressante 
communication  de  M.  Vauville,  relative  à  des  alignements  décou- 
verts à  Cuisy  (Aisne),  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  deux  pho 
togra plues  d' alignements  du  même  genre.  Ces  photographies  ont 
été  prises  lors  d'une  excursion  faite  en  1903  par  ia  Société  d  Ex- 
cursions scientifiques  dans  la  forêt  du  Lay,  près  de  l'Isle-Adam 
Seine-et-Oise),  propriété  du  prince  Murât.  C'est  M.  Denise, 
archéologue,  a  llsle-Adam,  qui  nous  a  conduit  visiter  ces  aligne- 
ments, qui  se  trouvent  en  deux  endroits,  aux  lieux  dits  La  lète  à 
la  Souche  et  le  Bois  de  Hude. 

Au  lieu  dit  :  La  Tête  à  la  Souche,  ils  existent  sur  une  longueur 
d  environ  400  mètres  ;  et  ils  se  composent  de  deux  rangées,  paral- 
lèles, de  pierres  dressées,  qui  iorment  une  véritable  allée,  ayant 
environ   i^O  de  largeur. 

Dans  l'autre  partie  de  la  forêt,  au  lieu  dit  «  Le  Bois  de  Hude  », 
se  trouvent  deux  alignements  semblables,  dont  l'un  parait  avoir 
înviron  600  mètres  de  longueur,  et  l'autre  70  mètres;  ce  dernier 
orme  un  angle  aigu  avec  le  premier.  Chacun  d'eux  se  compose 
de  deux  rangées  parallèles  de  pierres;  mais  l'intervalle  entre  ces 
angées  est  moins  grand  que  dans  l'alignement  de  «  La  Tète  à  la 
Souche  »  :  il  n'est  seulement  que  de  0m80.  La  hauteur  des  pierres 
est  d'environ  l'"30,  mais  dont  la  moitié  à  peu  près  est  enterrée. 

Ces  pierres  sont  ordinairement  en  grès  ou  en  meulières,  et 
proviennent  des  environs  immédiats. 

M.  Denise  a  pratiqué  plusieurs  sondages  dans  ces  deux  aligne- 
ments :  il  n'a  récolté  que  quelques  fragments  de  poterie  néoli- 
thique; quelques  éclats  de  silex  ;  et  trois  ou  quatre  petits  silex, 
du  type  lardenoisien.  Il  n'y  a  recueilli  aucun  ossement.  Il  a  publié 


460  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

sur  ces  alignements  deux  articles  fort  intéressants,  qui  ont  paru 
dans  YHomme  Préhistorique  (numéros  de  novembre  1903  et  de 
janvier  1904).  —  Les  résultats  de  ses  recherches  ne  lui  ont  pas 
permis  de  déterminer  la  signification  de  ces  monuments. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  me  permets  de  faire  remarquer  que 
le  mot  Alignement,  employé  en  l'espèce  par  nos  collègues,  me 
paraît  prêter  à  la  confusion,  et  ne  devrait  plus  être  utilisé.  Je  lui 
préfère  de  beaucoup  le  terme  de  Lignée  de  pierres,  proposé  par 
M.  A.  Guébhard;  et  on  pourrait  peut-être  trouver  mieux  encore  ! 

\1  alignement  vrai  est,  en  effet,  un  Monument  mégalithique \  d'un 
ordre  particulier  (1),  qui  ne  ressemble  en  rien  à  ceux  décrits 
pour  l'Aisne  et  pour  la  Seine-et-Oise.  Il  suffit  de  citer  un  type, 
celui  de  Ménec  à  Carnac,   pour  fixer  les  idées... 

Pour  moi,  ces  longues  lignées  sont  à  rapprocher  plutôt  des  murs 
<3l  enceintes,  idée  qu'on  accepte  d'autant  mieux  qu'on  connaît 
mieux  les  murs  doublés,  en  pierres  sèches,  des  enceintes  de  Y  Age 
du  Fer.  Ce  seraient  donc  des  sortes  ^enceintes,  néolithiques  ou 
non,  de  nature  inconnue. 

La  distinction  est  facile. —  Les  allées  des  Alignements  vrais  ont, 
au  moins,  3  mètres  à  4  mètres  de  large,  au  lieu  0m80  à  1  mètre. 
//  ny  d  lien  dans  ces  allées.  De  plus,  les  éléments  d'alignements, 
que  j'appelle  Fichades  (2),  pour  les  distinguer  des  Menhirs  véri- 
tables, sont  d'ordinaire  à  4  ou  5  mètres  de  distance,  et  non  pres- 
qu'au  contact,  comme  dans  les  lignées  du  bassin  de  Paris.  Enfin 
les  Fichades  sont,  en  certaines  parties  de  l'Alignement,  des  pier- 
res, qui  peuvent  atteindre  7  à  8  mètres  de  hauteur. 

On  voit  combien  ces  deux  sortes  de  monuments  diffèrent. 
Aussi  le  même  terme  ne  peut-il  pas  convenir  pour  les  désigner, 
sans  amener  de  regrettables  confusions. 

Je  me  permets  en  outre  de  faire  remarquer  que  le  lieutenant 
Mennetrier,  au  Congrès  de  Tours,  a  décrit  deux  lignées  analogues 
au  Djebel-Achach  (Province  de  Constantine).  Il  s'agit,  là  aussi,  de 
monuments  spéciaux,  très  différents  de  ceux  de  Carnac  :  peut-être 
de  murs. 

M.  A.  Guébhard  croit  devoir  faire  observer  que  c'est  par 
M.  Blanchard,  conservateur  du  musée  de  Soissons,  que  la  S. P. F. 
et  M.  Vauvillé  ont  été  avisés  de  la  découverte  faite  par  M.  Bru- 
nehant,  et  des  plans  et  photographies  que  celui-ci  en  avait  fait 
lever.  C'est  donc  à  M.  Blanchard  que  la  S. P. F.  doit  savoir  gré 
des  intéressantes  observations,  que  vient  d'apporter  M.  Vauvillé. 

(1)  On  sait  que,  pour    ihoi,  les  Alignements  vrais  ne  sont  que    des  Temples,  en 
rapport  avec  le  Culte  du  Soleil  Levant. 

(2)  Voir  mes  travaux  sur  les  vrais  Alignements  de  Vendée. 


SÉANCE  DU   27  JUILLET    1911 

(Suite). 


Présidenoe  de  M.  CHAPELET,  Vice-Président. 


NOTES  ORIGINALES  ET  DISCUSSIONS  (Suite). 


Lieux  dits  à  radical    <<  Chante  »  . 

M.  Marcel  Baudouin.  —  En  Vendée,  nous  avons  quelques  lieux 
dits,  appelés  Chante-foin,  en  particulier  à  La  Meilleraye-Tillaye. 
—  Chantavoine  doit  exister  ailleurs,  puisque  certaines  personna- 
lités bien  connues  portent  ce  nom  à  Paris  !  —  Ces  dénominations 
m'ont  toujours  fait  supposer  que,  dans  ces  mots,  le  radical  Chante  a 
un  sens  particulier,  qu'on  finira  certainement  par  dégager,  en  rap- 
prochant tous  les  termes  où  il  intervient,  qu'il  soit  accolé  ou  non 
à  un  Animal  chanteur  (Chante-merle)  ou  non  (Chante-loup,  etc.), 
ou  à  un  Végétal.  —  En  tout  cas,  il  semble  être  en  rapport  plutôt 
avec  l'idée  de  Production  (pays  produisant  tel  végétal  ou  possé- 
dant tel  animal)  qu'avec  l'acte  de  Chanter,  à  proprement  parler. 

J'abonde  donc  dans  le  sens  indiqué  par  notre  collègue  M.  Au- 
blant. 

En  faisant  des  relevés  cadastraux  en  Vendée,  —  par  exemple 
dans  la  commune  de  Saint-Mesmin,  située  en  plein  Bocage,  — j'ai 
trouvé  les  lieux  dits  suivants  :  Le  Champ-a"  Avoine  (B,  265);  Le 
Champ  du  Froment  (B,  272)  ;  Le  Pré-Merle  (A,  785)  ;  Le  Champ- 
Loup  (A,  152)  ;  La  Fosse  au  Loup  (B,  131)  ;  Le  Champ  et  le  Pré 
du  Geay  (B,  385,  458)  ;  le  Champ  du  Gui/  ;  le  Champ  des 
Agneaux,  etc.  ;  etc.  —  Dans  ces  conditions,  je  me  demande  si 
Chanteloup  [Chantelouve,  etc.]  .n'est  pas  une  altération  de 
Champ-Loup  ;  et  si  le  radical  Chante  ne  doit  pas  être  tout  sim- 
plement rapproché,  avec  plus  de  vérité j  de  celui  de  Champ  que 
de  celui  de  Chant  ! 

Il  faut  se  méfier  en  effet,  des  altérations,  bizarres  parfois,  que 
font  subir  les  paysans  aux  mots  les  plus  simples... 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  .  30 


462  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

M.  A.  de  Paniagua  (Paris).  —  Dans  la  communication,  que  j'ai 
faite  dans  le  dernier  Bulletin  de  la  Société,  au  sujet  de  la  dénomi- 
nation Chante-Louve,  de  telles  erreurs  de  composition,  pour  les 
mots  grecs,  se  sont  produites,  que  la  dernière  partie  de  cette  com- 
munication est  incompréhensible.  La  voici  rétablie  :  La  démons- 
tration de  ce  qui  vient  d'être  dit  doit,  semble-t-il,  être  faite  par 
l'étude  d'une  monnaie  de  la  Narbonnaise,  citée  dans  le  catalogue 
Chabouillet  (2350,  2399).  Au  droit,  un  Hermès  phallique  avec  en 
en  exergue  :  AOYKO  PIKN02  ;  au  revers,  un  trépied,  attribut  de  la  di- 
vination, et  la  légende  :  A01T02  TAAHT12N.  Le  sens  de  Aouxo  (i>txvoç, 
est  «  Lug  prophétique.  »  En  effet,  pixvbç  vient  de  piyéw,  avec  le  sens 
de  «  être  en  proie  à  la  lièvre  prophétique.  »  Dans  la  légende  du 
revers  :  XoyYoç  tocXtitov,  Xo-ffoç,  pour  Aoyoç,  est  simple  ;  l'attique  Tcftï)9éç 
est  pour  aÀY]6Éç  et  veut  dire  «  le  vrai,  le  véridique  »  ;  il  correspond 
au  latin  vates.  De  plus,  on  trouve,  avec  évidence,  dans  la  composi- 
tion de  ce  mot,  le  radical  aXr),  «  course  errante.  »  TaXr,Ttov  n'est  pas 
un  génitif  pluriel,  mais  un  nominatif  singulier,  comme  son  synonyme 
aX^fxtov,  «  vagabond.  »  Donc,  traduction  de  Xoyyoç  tocXtitwv  :  a  la  bonne 
aventure  errante  »  :  légende  bien  appropriée,  spécifiant  la  bonne 
aventure,  que,  ainsi  que  les  Bohémiens  actuels,  colportaient  les 
magiciens  primitifs,  serviteurs  de  l'ancêtre  immédiat  d'Apollon,  le 
Pan  des  origines,  auquel  Orphée  donne  lesépithètes  de  «  frénétique  », 
qui  répond  au  £ixvo;  de  la  monnaie  gauloise,  et  aussi  celle  de  «  vaga- 
bond »,  qui  corrobore  xaXrjTGov. 


L«  Tortue  en  Préhistoire. 

M.  Harmois  (Saint-Brieuc).—  La  Tortue  totem  de  Séoul.—  On  voit 
à  Séoul  un  monument,  très  ancien,  qui  fut  élevé  par  les  Coréens  en 
souvenir  d'une  invasion  Japonaise  qu'ils  repoussèrent,  il  y  a  de  cela 
bien  des  siècles.— Une  énorme  Tortue,  sculptée  dans  la  pierre,  porte 
sur  sa  carapace  un  monolithe,  taillé,  au  sommet  duquel  un  dragon  est 
accroché.  —  Ce  curieux  monument  est  reproduit  dans  le  Journal  des 
Voyages  [10  avril  1910,  p.  310]. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  463 


TrépaaatioD  préhistorique  christianisée 

et  Crâne  de  Saint  Aubert. 

Description  de  la  marque  faite  au  Crâne  de  Saint  Aubert 

par  divers  auteurs. 

M.  Harmois  (Saint-Brieuc).  —  M.  Boutanquoi  a  signalé,  dans 
le  N°  12  du  T.  VII  de  la  Société  préhistorique  française  (1910),  le 
Crâne,  trépané,  que  l'on  voit  aujourd'hui  dans  l'église  Saint-Ger- 
vais,  à  Avranches.  Dans  le  N°  1,  T.  VIII,  janvier  1911  de  la  Société 
préhistorique  française,  j'ai  pris  part  à  la  discussion.  Aujourd'hui 
je  donne,  d'après  les  Historiens  du  Mont-Saint-Michel,  les  différentes 
descriptions  d'un  certain  nombre  d'entre  eux. 

1°  XVI^.  —  Le  Père  François  Feuardent  :  Histoire  abrégée  du 
Mont-Saint-Michel  en  Normandie  [S.  D.,  in-18°,  page  18]. 

Saint  Michel  perce  la  tête  de  saint  Aubert.  «  Il  est  vray  toutefois 
que  saint  Aubert,  craignant  ces  illusions,  n'avoit  pas  ajouté  foy  à 
deux  apparitions  de  l'Archange,  lequel  venant  pour  la  troisième  fois 
le  toucher  du  doigt  sur  le  Front,  où  il  luy  fit  un  trou,  sans  le  bles- 
ser, afin  qu'il  n'hésitast  plus  en  la  croyance  qu'il  devoit  à  la  Vérité 
de  ses  apparitions.  Et,  pour  enlever  tout  scrupule  et  défiance,  non 
seulement  de  son  esprit,  mais  encore  de  celuy  de  tous  les  hommes, 
tanst  de  ce  tems-là  que  des  siècles  à  venir,  jusques  à  la  fin  du  monde, 
le  saint  Evêque,  qui  avoit  été  affligé  depuis  plusieurs  années  d'une 
fâcheuse  migraine,  en  fut  guéri  par  l'inffliction  de  cette  plage,  qu'il 
porta  en  parfaite  santé  l'espace  de  quinze  ans,  qu'il  survéquit;  et  on 
l'admire  encore  dans  le  Trésor  du  Mont-Saint-Michel,  où  cette  même 
tète  est  gardée  avec  vénération,  dans  un  reliquaire  de  prix,  expres- 
sément travaillé  pour  un  si  précieux  et  céleste  joyau.  » 

2°  XIXeS.  —  Notice  historique  du  Mont- Saint-Michel  et  de  Tombe- 
laine;  par  Blondel (Louis)  [Avranches,  Le  Court,  1816,  pages  12-13]. 

«  Une  ancienne  tradition  porte  que  l'archange  saint  Michel  appa- 
rut plusieurs  fois  à  saint  Aubert,  lui  ordonnant  de  consacrer  sous 
son  nom  le  Mont-Tumba;  que  ce  ne  fut  que  quand  l'Archange  lui 
eut  fortement  appliqué  le  doigt  sur  le  Front,  que  le  saint  Prélat 
reconnut  la  volonté  du  ciel,  et  qu'il  s'empressa  de  l'accomplir.  Ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que,  pour  imprimer  plus  de  vénération  au 
Peuple,  les  Religieux  de  l'Abbaye  montraient  aux  Pèlerins  une 
châsse  précieuse,  qui  contenait  la  tête  de  saint  Aubert  ;  ils  faisaient 
remarquer  l'os  frontal,  percé  à  la  grosseur  du  doigt.  Cette  relique, 
soustraite  à  la  dévastation  des  églises,  se  voit  encore  aujourd'hui  en 
celle  de  Saint-Gervais,  à  Avranches,  où  elle  a  été  transférée  ». 

3°  Brée  à  Falaise  [1836,  broch.  in-8°,  p.  7].  [Sans  nom  d'auteurj. 


464  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

«  Vers  l'an  708,  saint  Aubert,  premier  évêque  d'Avranches,  eut 
eut  une  vision;  saint  Michel,  l'archange,  lui  apparut;  il  lui  imprima 
le  doigt  sur  le  Front  et  la  marque  y  resta  ». 

4°  Histoire  du  Mont-Saint-Michel  et  de  ïancien  diocèse  d'Avran- 
ches; par   l'abbé  Desroches  [Caen,  Mancel,  édit.,  1838,  t.  I,  p.  94]. 

«  Pour  se  livrer  à  la  prière,  Saint-Aubert  avait  coutume  de  se  reti- 
rer sur  le  Mont-Tumba,  alors  dans  une  affreuse  solitude,  au  milieu 
des  sables  du  désert.  Il  n'y  avait  plus  de  solitaires;  il  n'était  resté 
que  deux  petits  oratoires,  abandonnés  au  pied  de  la  montagne.  Une 
nuit  que  le  saint  évêque  était  resté  enseveli  dans  une  profonde  médi- 
tation, un  archange  lui  apparut  :  «  Je  suis,  lui  dit-il,  saint  Michel  »; 
ce  mont  est  sous  ma  protection.  Dieu  veut  qu'on  y  bâtisse  un  temple  ! 
L'honneur  qu'on  me  rendra  ici  ne  sera  pas  inférieur  à  celui  qu'on 
rend  aux  anges  sur  le  Mont  Gargand.  A  ces  mots,  il  disparut.  Surpris 
d'une  pareille  vision,  le  saint  prélat  réfléchit  à  ces  paroles  de  l'apôtre 
saint  Jean  ;  éprouvez  si  c'est  l'esprit  de  Dieu.  Une  seconde  fois  se 
montra  lui,  et  lui  ordonna  d'accomplir  ce  qui  lui  était  commandé. 
Néanmoins,  le  saint  évêque  différa  encore;  mais  il  employa  la  prière 
pour  connaître  la  dernière  volonté  du  saint  archange 

Cependant,  le  vénérable  évêque  est  averti  une  troisième  fois  d'en 
haut  ;  mais  ce  fut  avec  sévérité,  afin  qu'il  se  rendit  plus  promptement, 
au  lieu  qui  lui  était  désigné.  L'ange  le  toucha;  et  une  concavité  appa- 
rut sur  son  Front.  Sachez,  lui  dit  l'archange,  que  vous  ne  pourrez 
quitter  ce  lieu  que  vous  n'ayez  achevé  ce  qui  vous  est  commandé.  On 
montre  encore  aujourd'hui,  poursuit  l'analiste,  la  pierre  sur  laquelle 
le  pontife  s'assit*  pendant  tout  le  temps  que  les  ouvriers  travaillè- 
rent. On  voit  pareillement  encore  son  Frontal,  percé  à  la  grosseur 
du  doigt;  et,  si  on  l'examine  attentivement,  on  reconnaît  que  ce  n'est 
ni  l'indice  d'un  cautère,  ni  la  suite  d'une  blessure.  —  C'est  un  témoi- 
gnage du  pouvoir  divin.  Nous  savons  qu'il  a  été  confirmé  par  le  saint 
Archange;  nous  le  ferons  voir  dans  la  suite  de  ce  récit.  Nous  le 
croyons;  nous  le  disons  hautement;  c'est  la  vérité.  Ainsi  parle  un 
historien  qui  vivait  dans  ces  premiers  temps,  et  qui  traça  sur  un 
manuscrit  un  grand  dessin  de  cette  vision  ». 

5°  1872. —  Les  curieuses  recherches  du  Mont-Saint-Michel;  par  Dom 
Thomas  Le  Roy,  publiées  pour  la  première  fois  avec  une  introduc- 
tion et  des  notes,  par  E.  de  Robillard  de  Beaurepaire.  [Caen,  Vve 
Le  Gast-Clérisse,  2  vol.,  in-8°,  t.  I,  p.  74]. 

«  L'archange  lui  apparut  pour  la  troisième  fois  et  le  blessura  de 
son  incrudulité  et  ingratitude  en  son  endroit,  et  s'approchant,  luy 
touche  du  doibt  la  teste,  de  telle  sorte  qu'il  y  fit  un  trou,  par  lequel 
on  voyait  la  cervelle  ». 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  465 

6°  1872.  —  Histoire  générale  de  F  Abbaye  du  Mont-Saint-Michel  au 
péril  de  la  mer;  par  Dom  Jean  Huynes  :  publiée,  pour  la  première 
fois,  avec  une  introduction  et  des  notes,  par  E.  de  Robillard  de  Beau- 
repaire,  [Rouen.  A.  Le  Brument,  2  vol.   in-8°,  t.  I.  p.  24]. 

«  Estant  ainsy  endormy,  voici  que  je  vis  cet  archange  qui  nie 
reprenoit  très  aigrement  de  mon  incrudulité  et  me  blasmant  d'être 
trop  tardif  à  croire  me  donna  un  coup  dp  doigt  sur  la  teste,  dont 
vous  en  voyez  la  marque.  Ces  paroles  si  naïves  du  saint  Evesque 
ne  causèrent  aucun  doute  es  esprits  des  assistants,  et  de  plus  ils 
voyaient  de  leurs  yeux  en  sa  teste  le  trou  que  l'archange  lui  avait 
faict,  qui  estait  une  preuve  très  certaine  de  la  vérité  de  son  dire.  Car 
un  chacun  sçavoit  qu'il  n'avoit  auparavant  ce  trou  et  qu'humaine- 
ment il  ne  pouvoit  estre  en  santé  comme  il  étoit  et  le  fut  l'espace  de 
quinze  ans  qu'il  survécut  ayant  une  telle  blessure.  » 

Ces  quelques  extraits  d'ouvrages  sur  le  Crâne  de  saint  Aubert 
sont  fort  intéressants.  —  Je  dois  ajouter  que  c'est  le  seul  crâne  tré- 
pané, signalé  jusqu'à   ce  jour  dans  le  département  de  la  Manche. 

Donc  il  n'y  avait  qu'un  mot  à  dire,  pour  surprendre  la  bonne  foi 
des  fidèles,  qui  n'avaient  jamais  vu  pareille  chose  ! 

M.  Marcel  Baudouin.  —  La  légende  ancienne  du  doigt  appliqué 
sur  le  front  était  bien  plus  logique  que  celle  qu'on  est  obligé  d'admet- 
tre, pour  l'époque  moderne,  après  examen  du  crâne  !  En  effet,  le 
geste  habituel  de  l'homme  qui  réfléchit  est  de  mettre  le  doigt  sur  le 
front  [et  non  pas  sur  le  pariétal]. 

Mais,  ce  qui  est  intéressant  à  noter,  c'est  qu'i'/  n  existe  pas,  à  ma 
connaissance,  de  vraie  Trépanation  préhistorique,  néolithique,  siégeant 
sur  l'avant  du  Frontal  (1).  En  appliquant  la  légende  d'origine  à  un 
Crâne,  en  réalité  trépané,  on  ne  s'en  doutait  évidemment  pas!  Et, 
d'ailleurs,  les  prêtres  ont  pu  certainement  toujours  parler  de  Fron- 
tal, au  lieu  de  Pariétal,  puisque  le  peuple  ne  sait  pas  l'Anatomie  ! 

En  réalité,  il  est  probable  que  la  légende  n'a  jamais  changé  et 
qu'il  n'y  a  pas  eu  de  substitution  du  Crâne  trépané  à  un  autre, 
inconnu,  comme  je  l'ai  déjà  indiqué  dans  mon  article  sur  ce  crâne  (2*. 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Etude  d'un  crâne  préhistorique  à  triple  trépanation 
exécutée  sur  le  vivant.  Bull,  et  Mim  Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1908,  XI,  21  mai, 
436-450,  2  fig.  —  Arch.  prov.  de  chir.  1908,  VI,  362-376  1  fig.  —  Marcel  Baudouin, 
Etude  d,un  crâne  néolithique  à  double  trépanation.  L'Homme  préhistorique,  Paris 
1907.  V,  207-215,  4  fig. 

.  Marcel  Baudouin.  —  Une  trépanation  préhistorique,  sur  un  crâne  considéré 
à  tort  comme  celui  d'un  homme  moderne  [Ckane  de  Saint-A^Bekt1  .  —  Archives 
provinciale^  de  Chirurgie,  Paris,  1911,  N°  2,  février. 


466  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Inhumation  des  enfants  mal  conformés. 
[Coutume  Indo-chinoise]. 

M.  Harmois  (Saint-Brieuc) .  —  Chez  les  Kos,  peuplade  monta- 
gnarde qui  habite  dans  la  région  de  Muong-Sing,  non  loin  du 
Mékong,  si,  par  malheur,  l'enfant  nouveau-né  est  mal  conformé,  on 
ne  lui  reconnaît  pas  le  droit  de  vivre.  On  étouffe  le  pauvre  être  avec 
de  la  cendre  prise  au  foyer  et  dont  on  lui  emplit  la  bouche.  Sa  nais- 
sance amènerait  un  malheur,  si  on  ne  le  supprimait  pas  ;  et  on  ne 
néglige  pas,  en  pareille  circonstance,  de  sacrifier,  en  neuf  endroits 
différents  des  environs  du  village,  neuf  cochons  et  neuf  chiens. 
[Extrait  du  Journal  des  Voyages  du  12  juin  1910:  Article  de  Gustave 
Regelsperger,  p.  24]. 

M.  Marcel  Baudouin  —  A  remarquer  le  chiffre  fatidique  Neuf 
(neuf  =3x3),  qu'on  retrouve  dans  nos  coutumes  gauloises  [Puits 
funéraires,  etc.]. 


Discussion  sur  les  Files  géminées  de 
Pierres  plantées. 

M.  A.  Guébhard,  a  propos  des  doubles  lignes  de  pierres-de- 
bout  de  Cuisy  (Aisne),  dont  il  est  question  dans  le  Bulletin  de 
juillet  (p.  454-460),  regrette  que  ceux  qui  en  ont  parlé  persis- 
tent, malgré  les  observations  faites,  à  les  confondre,  sous  le  nom 
d'Alignements,  avec  les  monuments  mégalithiques  très  différents, 
auxquels  l'usage  a  consacré  ce  nom.  En  Angleterre,  où  le 
Dr  PmoRen  publia  de  nombreux  cas  (1),  dès  1872,  et  montra  leur 
ressemblance  avec  des  monuments  observés  aux  Indes  par  le  col. 
Hamilton  Smith,  il  les  désigna  sous  les  noms  d' Avenues  ou  Paral- 
lélithons.  Sans  se  prononcer  sur  les  hypothèses,  parfois  extraor- 
dinaires, faites  quant  à  leur  destination,  et  tout  en  tendant  à  les 
rapprocher  des  célèbres  Alignements  de  Carnac,  il  mit  en  évi- 
dence leurs  étroites  relations  avec  les  constructions  qu'on  appe- 
lait autrefois  druidiques,  et  montra  que  ces  files  géminées  de  pier- 
res plantées,  dessinant  comme  des  bordures  d'allée,  sur  des  cen- 
taines de  mètres,  tantôt  droites,  tantôt  sinueuses,  avaient  presque 


(1)  Dr  Prior,  Archaic  Stone  Monuments,  Bedfordshire  Architect.  and.  Archaeol. 
Sy.,  vol.  XI,  pi.  II,  1872,  p.  343  357,  4  pi.  —  M.  A.  L.  Lewis  a  d'ailleurs  plusieurs 
fois  fait  allusion,  dans  ses  communications  à  nos  Congrès,  à  des  lignes  jumelles 
de  pierres  debout;  il  en  a  même  figuré  une,  dont  la  signification  astronomique 
paraît  hors  de  doute,  dans  le  vol.  de  la  IHe  session,  Autun,  1907,  p.  509,  fig.  8,  en 
même  temps  qu'il  en  signalait  (p.  505)  d'autres,  nombreuses,  mais  sans  significa- 
tion reconnue,  aux  environs  de  Dartmoor'. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  467 

toujours  pour  point  de  départ  soit  une  autre  pierre  levée  plus 
grande  (menhir),  soit  un  cercle  de  pierres  (cromlech),  soit  un 
dolmen,  etc.  (1),  pour  aboutir  souvent  à  un  cours  d'eau. 

M.  Gubbhard  croit  d'ailleurs  devoir  rappeler  que  le  rôle  de 
bordure  de  chemin,  joué  par  des  pierres  plantées  orthostatique- 
ment  (2),  a  été  observé  non  seulement  dans  les  vastes  nécropoles, 
«  champs  de  dolmens  »,  de  Tunisie  (3).  mais,  dans  des  circons- 
tances semblables,  en  France,  par  A.  F.  Lièvre  (4).  Cela  n'a 
d'ailleurs  rien  de  commun  avec  ces  autres  doubles  files  parallèles 
de  dalles,  dont  des  tronçons  isolés  furent  longtemps  pris  en  Al- 
gérie pour  des  allées  couvertes,  et  qui  furent  finalement  reconnus 
comme  de  simples  soubassements  de  murs,  pratiqués  dans  tous 
les  pays  où  la  roche  se  clive  naturellement  en  grandes  dalles 
minces  (Malte,  Kabylie,  Palestine,  etc.). 

M.  Pagès-Allary  (Murât).  —  1°  Pour  éviter  des  confusions 
possibles  dans  l'emploi  du  même  nom,  pour  désigner  des  outils 
bien  divers  [différence  des  tranchets  en  silex  taillés,  de  M.  O. 
Vauvillé,  avec  ceux  que  je  m'efforce  de  faire  admettre  en 
pierre  polie,  cuivre,  bronze  et  fer]  je  demanderai  à  mon  très 
estimé  collègue  de  bien  définir  remploi  de  son  genre  de  tran- 
chet,  non  pour  trancher  ni  découper  le  cuir,  les  peaux,  etc., 
comme  ceux  que  je  signale,  mais  plutôt  pour,  à  mon  sens,  fen- 
dre ou  couper  des  tiges  d'osier  ou  de  bois,  etc.,  car,  sans  cela, 
leur  forme,  donnée  dans  le  dernier  Bulletin  (page  453),  est  plutôt 
celle  du  burin,  du  ciseau,  ou  bec-d'âne,  concordant  sans  doute 
avec  l'utilisation. 

2°  Au  sujet  de  son  autre  très  intéressante  communication,  mo- 
tivée par  M.  Blanchard,  sur  la  découverte  de  M.  Brunehant  (page 
454  du  même  Bulletin),  il  faut  approuver  et  féliciter  M.  Baudouin 
qui  fait  très  justement  remarquer  (page  469)  qu' Alignement  et 
Lignée  de  pierres  sont  deux  choses  bien  différentes  !  L'une  bien 
établie  pour  le  premier  terme,  à  Carnac,  etc.,  etc.  ;  l'autre  bien 
vague  encore  pour  mur  d'enceintes,  etc.   —  Il  faut  y  ajouter  : 


(1)  A  Fépoque  où  écrivait  le  Dr  Prior,  la  distinction  des  termes  n'était  pas  éta- 
blie; et  le  mot  cromlech  est  employé  par  lui  couramment  pour  dolmen;  ce  qui,  dans 
la  littérature  anglaise,  est  encore  trop  commun  aujourd'hui. 

(2)  Voir  B.  S.  F.  P.,  t.  III,  1906,  p.  419;  t.  IV,  1907,  p.  295  et  403  ;  t.  V,  1908, 
p.  84,  189  et  493  ;  t.  VI,  1909,  p.  38,  78. 

(3)  D'  Chopinet,  Bull.  Soc.  Géogr.  de  Toulouse,  p.  882,  p.  212.  —  E.  T.  Hamy, 
Cites  et  Nécropoles  berbères  dans  l'EnpZda.  Bull.  Géogr.  Hist.  et  Descript.,  1904, 
p.  33-40. 

(4)  A.  F.  Lièvre,  Les  temps  préhistoriques  dans  TOuest.  Bull.  Fac.  Lettr.de 
Poitiers,  1889,  (v.  p.  26  du  tir.  à  part)  [M.  A.  Guébhard  avait  rappelé  le  fait, 
B.  S.  P.  F.,  t.V,  1908,  p.  189]. 


468  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

A).  Celle  de  certains  chemins  ainsi  limités  (comme  par  exem- 
ple celui  de  Las  Tours)  allant  des  cases  à  une  source  abondante 
signalée,  et  les  nombreux  passages,  allant  d'une  ferme  aux 
abreuvoirs,  en  traversant  des  prairies,  jardins,  réserves,  ou  au- 
tres champs  à  protéger  contre  le  dommage  ou  la  tentation  du  bé- 
tail d'y  tondre  plus  que  la  largeur  de  la  langue,   etc. 

B).  Celle  de  certains  abreuvoirs  antiques,  faits  encore  dans  le 
Cantal  avec  des  pierres  solidement  fichées,  mais  se  distinguant 
des  chemins  :  1°  par  la  longueur  ne  dépassant  pas  souvent  30  mè- 
tres et  la  largeur  variant  de  0m50  à  1  mètre  ;  dans  ce  cas  le  fond 
est  aussi  généralement  tapissé  de  larges  pierres  pour  le  nettoyage 
plus  facile. 

C).  Enfin,  d'après  la  conclusion  de  M.  Vauvillé,  il  a  été  trouvé 
des  poteries  préhistoriques  ;  donc  la  lignée  de  pierres  de  ce  que 
je  considère  plutôt  comme  un  mur,  comme  un  chemin  protec- 
teur, est  bien  préhistorique. 

D).  Mais  admettons  pour  un  instant  que  nous  ayons  à  faire 
disparaître  ce  chemin,  je  veux  dire  à  en  abolir  l'usage?  Pren- 
drions-nous le  plus  pénible  et  plus  long  moyen  d'enlever  les 
pierres,  ou  celui,  plus  pratique,  de  le  barrer,  de  le  couper,/^/- 
des  groupes  de  pierres.  —  C'est  le  cas  très  probable  de  Cuisy- 
en-Almont,  etc.,   etc. 

E.)  Les  animaux,  les  esclaves,  les  manants,  moins  domestiques 
autrefois  qu'aujourd'hui,  avaient  peut-être  besoin  d'un  chemin 
bien  tracé  à  travers  les  bois  et  forêts  du  Lay,  ou  d'autres  pays  aux 
tribus  jalouses  ou  chicanneuses,  sur  un  droit  de  passage  ?  Une 
fontaine,  un  communal,  joint  indivis  entre  deux  chefs,  deux  cam- 
pements étaient  une  raison  suffisante,  pour  motiver  un  chemin 
fiché,  comme  ceux  de  Seine-et-Oise,  signalés  par  M.  Giraux 
après  M.  Denise.  —  Bref  il  semble  que  l'utilisation  de  la  pierre 
fichée  est  plus  primitive  sous  tous  ses  rapports  que  celle  du  mur, 
ou  devait  l'être,  dans  les  pays  de  pierres  de  formation  schisteuse 
ou  se  débitant  (1). 

(1)  IIIe  Congrès  préhistorique  de  France,  Autun,  1903,  pages  751-758,  PI.  1. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  469 

III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES  {Suite). 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  Préhistoriques 

et    Fortifications    anhistoriques. 

M.  A.  Viré,  Président,  envoie  le  50e  Rapport. 

—  M.  P.  Clément,  ne  pouvant  songer  à  poursuivre  les  fouilles 
du  puits  du  Châtellier  (1)  près  d'Artins  (Loir-et-Cher),  qui, 
malgré  la  sécheresse  de  la  saison,  continue  à  ne  pas  tarir  et  exi- 
gerait, malgré  son  excellente  conservation,  des  frais  hors  de  pro- 
portion avec  le  résultat,  a  porté  ses  investigations  sur  le  vallum 
lui-même,  où.  il  a  fait  plusieurs  sondages,  sans  y  trouver  autre 
chose  que  la  terre  rejetée  du  fossé,  avec  prédominance  de  pierres 
à  la  partie  supérieure,  peut-être  intentionnellement  groupées  en 
guise  de  revêtement  protecteur. 

Dans  une  partie  du  fossé  qui  paraissait  avoir  été  l'objet  d'un 
commencement  de  remblayage,  sur  une  quarantaine  de  mètres,  il 
n'a  été  trouvé  que  de  la  terre  rapportée,  sans  objets  dateurs. 

Même  résultat  négatif,  enfin,  dans  l'exploration  d'une  dépres- 
sion visible  dans  le  premier  fossé  ouest,  vis-à-vis  la  voie  qui  sé- 
parait le  castrum  du  castellum.  Ce  devait  être  une  sorte  de  ci- 
terne ou  d'abreuvoir  pour  les  bestiaux,  à  juger  par  la  vase  noi- 
râtre qui  en  couvrait  le  fond  sur  une  assez  grande  épaisseur,  mais 
qui,  malheureusement,  ne  fournit  pas  la  moindre  pièce  ouvrée. 

—  M.  A.  Guébhàrd  a  dressé  la  liste  des  imprimés  de  langue 
anglaise  et  de  langue  allemande  des  Archives,  qu'il  s'applique 
à  constituer  pour  notre  Commission.  Nous  les  publierons  dans 
un  prochain  fascicule. 

—  M.  J.  Pagès-Allary  (Murât,  C.)  envoie  les  notes  suivantes 
sur  quelques-unes  de  ses  planches,  clichées  au  quart  de  gran- 
deur, que  nous  n'avions  pas  encore  eu  l'occasion  de  reproduire. 

«  La  question,  actuellement  si  discutée,  de  l'origine  du  Cuivre 
et  bronze,  m'a  rappelé  quelques  planches  des  fouilles  du  1er  tri- 
mestre de  1910  à  Chaste.l-sur-Murat  (Cantal). 

«  L'une  figurait  un  bloc,  perforé  en  tronc  de  cône,  que  j'ai  tou- 
jours considéré  comme  tuyère  de  fondeur  préhistorique  {Fig.  1, 
n°5),  et  probablement  de  l'âge  du  bronze,  d'après  la  stratigraphie 

(1)  B.  S.  P.  F.,  VI,  1909,  p.  284,  XXIX*  Rapport. 


470  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

profonde.  Ce  bloc,  formé  d'argile  très  légère,  quoique  quartzeuse, 
ne  pèse  que  0  kil.  250  grammes  ;  il  a  été  trouvé  dans  la  même 


Fig.  1.  —  Pierres  utilisées  de  Chastel-sur-Murat  (G.).  —  Gr.  1/4. 
fouille  qui  a  donné  des  scories  vitrifiées,  portant  des  taches  bleues 
et  vertes  d'oxyde  de  cuivre. 


HaeAeà  jPfifaà    du  J^ui-^i   <ù    Cfauàé    19/0. 


iâfMO 


i-  i"  r  r  \Un 


l/VrMUI 


n 

UM 


Fig.  2.  —  Haches  polies  des  Fouilles  de  Chastel-sur-Murat  (C).  —  Gr.  i/4. 
«  C'est  cette  même  tranchée  qui  a  donné  :  un  petit  percuteur 
en  quartz  fibrolithique,  très  bien  en  main,  très  dur  et  très  résis- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  474 

tant,  pesant 0  kil.  190  grammes;  l'usure  démontre  une  longue  et 
intense  utilisation.  Le  même  jour,  on  a  trouvé  deux  haches  rusti- 
ques, dont  une  cassée  en  basalte,  haches  que  je  considère  être 
des  tranchets  :  le  X°  1  ne  faisant  aucun  doute  d'après  son  tran- 
chant usé  ;  le  N°  2  pas  davantage,  parce  que  le  basalte,  très  dur, 
est  trop  cassant  pour  être  utilisé  au  choc  et  que  son  tranchant  ne 
pouvant  être   utilisé  qu'à   la  pression  comme  tranchet. 

«  Il  y  avait  aussi  la  molette  en  quartz  X°3,  pesant  0  k.  445  gram- 
mes, du  même  niveau,  usée  sur  toute  sa  périphérie,  la  partie  plate 
laissant  apercevoir  des  traces  d'une  couleur  rouge  brique.  Les 
couches  supérieures  de  cette  tranchée  avaient  donné  une  pierre 
à  aiguiser  X°  8)  de  0  kil.  345  grammes;  un  pilon  de  mortier  éga- 


dt   Pc&rres  ,  fu.ifi/fJ  Jûjves  h  (6     £//a.i/ï/.s   /S//m/~ 


':  ■.-■- 


Fig.  3.  —  Poteries  lustrées  de  Chastel-sur-Murat  (C).  —  Gr.  1/4. 


lement  en  mica  schiste,  de  Okil.  240  grammes  N°  4;  et  au-dessus 
un  débris  de  meule  (X°  7)  assez  bien  travaillée,  de  très  petit  dia- 
mètre Ces  objets  ont  été  présentés  au  Congrès  de  l'AFAS  à  Tou- 
louse, avec  ceux  de  la  Fig.  2)  où  sont  figurés  d'autres  débris 
d'outils  sous  le  nom  général  de  haches  polies,  bien  que  le  X°  i  soit 
un  casse-tête  en  amphibolite,  ayant,  au-dessous  de  AB  les  enco- 
ches d'emmanchement  et  pesant  0  kil.  715  grammes.  —  LeN°  2 
est  une  curieuse  hache  (?)  non  terminée,  en.'basalte  ;  les  N0s  3, 4,  5 
sont  des  tranchets,  et  tous  les  autres  Xos  6  à  17  des  débris  d'outiis  en 
pierre  polie,  variant  de  0  kil.  080  à  Okil.  010  grammes  et  des 
éclats  de  ces  outils  en  jaspe,  diorite,  fibrolite  et  quartz.  Le  X°  4 
en  jaspe  pesant  0  k.    010    grammes    mérite  l'attention  par    sa 


472  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

petitesse  :  c'est  ce  qu'on  dit  à  tort  être  une  «  hache  votive»  !  Or 
la  seule  partie  soignée  est  justement  le  tranchant,  qui  est  bien 
aiguisé  ;  c'est  évidemment  un  tranchet  de  poche,  fait  tout  simple- 
ment avec  un  éclat  d'un  tranchet  plus  grand  ! 

Tessons  de  Poterie.  —  Avec  ces  pseudo-haches  et  débris  d'ou- 
tils en  pierre  polie  se  trouvait  également  la  poterie  Néolithique 
et  du  Bronze  de  la  Fig.  3,  avec  anses  percées  néolithiques 
(N°s  6,  7,  8),  et  quelques  tessons  si  bien  lustrés  qu'on  les  dirait  ci- 
rés. —  Le  N°  5  porte  une  anse  ordinaire  avec  des  lignes  profon- 
des d'ornementation  (de  même  époque  et  provenance  que  d'au- 
tres, figurés  sur  une  planche  non  clichée);  le  N°  4  a  une  anse  mi- 


Fig.  4.  —  Poterie  très  cuite  de  Chastel-sur-Murat  (C).  —  Gr.  1/4. 

nuscule  percée  de  deux  trous;  la  pâte  rouge,  assez  fine  et  bien 
lustrée.  Un  des  tessons  de  ce  vase,  placé  sur  le  fourneau  pour  le 
sécher  plus  rapidement,  n'a  plus  donné  au  nettoyage  à  la  brosse 
le  lustrage  ciré  des  autres  morceaux  séchés  à  l'air!  Faut-il  con- 
clure qu'il  y  a  eu  destruction  par  la  chaleur  d'une  substance 
grasse,  onctueuse,  ou  cireuse  ?  Elle  aurait  alors  laissé  des  traces 
charbonneuses.  Il  semble  plus  simplement  que  l'évaporation  de 
l'eau  du  tesson  humide,  faite  trop  rapidement,  a  détruit  l'en- 
gobe  du  lustrage  :  ce  qui  d'après  les  petites  gerçures  observées  à 
la  loupe,  paraît  assez  probable. 

«  Avec  le  N°  9,  également  assez  cuit  et  marqué  de  fossettes  en 
creux  de  décoration,  faisant  ressortir  la  pâte  à  l'intérieur  (donc 
faites  sur  pâte  encore  fraîche),  c'est  la  poterie  à  décoration  estarn- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  473 

pée  de  l'époque  du  bronze  ;  la  couche  de  ces  trouvailles  variait 
de  lm  à  lm50  de  profondeur,  dans  une  terre  gris-rougeàtre,  qui 
laisse  aux  tessons  un  aspect  bien  distinct  de  ceux  de  la  couche 
supérieure  noire,  où  se  trouve  la  poterie  des  Francs. 

Poterie  du  Ve au  Xe  siècle.  (Fig.  4  et  5).  — Très  cuite,  d'un  galbe 
bien  typique,  pâte  grise  bleutée,  lissée  pour  l'ornementation,  as- 
sez épaisse  (0m006  en  moyenne),  mais  plus  du  tout  lustrée  :  tels 
so.it  les  caractères  distincts  des  X05  1  et  2,  ainsi  que  d'une  as- 
siette creuse  N°  3,  trouvée  en  même  temps.  Cette  poterie  des 
Francs  du  ve  au  xe  siècle  est  la  plus  commune  et  la  plus  abon- 
dante des  fouilles  de  Chastel.  indiquant  la  longue  et  prospère 
occupation  de  ce  sommet  pendant  cinq  siècles. 


y^BRONZE.Bss  FOUILLES  de  CHASTEL.  r?19  10. «M 


Fig.  5.  —  Le  Bronze  à  Chastel-sur-Murat  (C).  —  Gr.  1/4. 

«  Cette  poterie,  touche  de  très  près  par  sa  technique  à  celle 
des  ^Yisigoths,  mais  avec  peu  de  décoration  estampée,  et  beau- 
coup d'ornementation  à  la  molette;  c'est  surtout  par  un  lissage 
d'agrémentation  bien  soigné  qu'elle  se  caractérise  :  lissages  colo- 
rés quelquefois  en  noir,  faisant  bien  sur  le  fond  gris-blanc-bleuté. 

«  La  cassure  indique  une  pâte  très  fine,  homogène,  où  le  quartz 
est  très  peu  apparent,  tellement  il  est  broyé  fin.  Inutile  d'analyser 
pour  dire  que  l'argile  employée  est  très  peu  ferrugineuse.  Le 
tournage  des  fonds  et  des  bords  ou  cols  est  particulièrement  soi- 
gné, très  variable,  très  recherché,  ce  qui  donne  à  cette  poterie 
un  beau  galbe,  en  sus  de  ses  qualités  de  cuisson  :  solidité  et  so- 
norité. 


474  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

«  Le  moule  à  fromage  de  la  Fig.  6  provient  aussi  de  ces  fouilles. 
C'est  à  cette  époque  que  je  rattache  une  grande  partie  des  fonds 
percés  de  nombreux  trous,  habituellement  ronds,  quelquefois 
carrés,  qui  devaient  avoir  pour  but  d'égouter  le  petit  lait  de  la 


PASSOIRE  A  LAITAGE. E.T.C. 
DES. FRANCS.  DE  .CHASTEIl. 
RECONSTITUÉ  E.dE.9.TES  SONS.' 


Fig.  6.  —  Passoire  à  laitage   de.  Ctaastel-sur-Murat    (G.).  —  Gr.  1/4. 

tome  (ou  lait  caillé),  pour  faire  le  fromage.  Le  grand  usage  de  cet 
aliment  à  toutes  les  époques  se  constate  par  l'abondance  des  tes- 
sons percés  ainsi,  dans  une  pâte  plus  ou  moins  cuite,  partant  du 
Gaulois  au  ve  siècle,  mais  développés  du  ve  au  xe  siècle  (1). 


(î)  Notre  actuel  fromage  de  chèvre,  le  «  Cahecou  »,  bien  supérieur  encore  au 
Cantal,  se  moulait  il  y  a  environ  40  ans  dans  une  forme  en  bois  —  qui  depuis  ce 
temps  a  disparu,  comme  le  moule  en  terre,  devant  celui  de  fer  blanc  — ,  plus  lé- 
ger et  plus  facile  à  tenir  propre  par  le  lavage  aujourd'hui  exclusivement  en 
usage,  autant  pour  son  prix  minime  que  parce  que  non  poreux,  sans  odeur  après 
rinçage. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  475 

«  C'est  à  cette  poterie,  facile  à  distinguer  empiriquement,  aussi 
bien  de  la  poterie  gallo-romaine  que  de  la  poterie  très  cuite, 
qui  vient  après  le  xe  siècle,  —  que  se  rapportent  plus  de  5.000  tes- 
sons, ramassés  à  Chastel,  qu'un  coup  d'œil  de  fouilleur  expéri- 
menté permet  de  classer  et  dater  plus  sûrement  que  5.000  ana- 
lyses de  chimistes. 

«  La  poterie,  très  cuite,  qui  lui  succède  à  Chastel,  est  souvent 
noirâtre,  sans  lissage,  à  galbe  peu  soigné;  mais,  outre  la  cuisson 
très  forte,  ce  qui  la  distingue  le  plus,  c'est  la  diminution  très  sen- 
sible d'épaisseur  de  la  pâte,  allant  en  moyenne  de  3  à  4  millim. 
Son  ornementation  à  la  molette  est  formée  par  des  dents  de 
loup,  très  allongées,  ou  des  losanges  pas  très  profonds,  impos- 
sibles à  confondre  avec  ceux  des  poteries  préhistoriques,  si  on 
tient  compte  des  autres  caractères.  Nous  aurons  sans  doute  l'oc- 
casion d'en  parler,  avant  de  donner  les  planches  du  bronze  trouvé 
à  Chastel  en  1910  et  1911.  La  Fig.  5  est  l'inventaire  des  débris 
de  bronze,  dessinés  au  fur  et  à  mesure  des  trouvailles,  pendant 
le  1er  trimestre  1910,  avec  les  objets  ci-dessus  décrits,  et  la  pote- 
rie estampée  déjà  reproduite.  —  Nous  essayerons  un  jour  de 
mettre  un  peu  de  clarté  et  d'intérêt  dans  ce  capharnaûm  de 
fouilles,  sincèrement  relevées,  datées  et  figurées.  » 


IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


La  Hache  plate  en  Cuivre   dans  le  département 
des  Côtes-du-Nord  {Suite). 

PAR 

A.-L.  HARMOIS  (de  Saint-Brieuc). 

Arrondissement  de  Dinan.  —  Caulnes.  —  Hache  plate;  crosse  car- 
rée, tranchant  très  arcqué.  Longueur  totale,  0,110;  largeur  de  la 
crosse,  0,030  ;  corde  de  l'arc  du  tranchant,  0,080.  Epaisseur  à  la 
crosse,  0,006  [Collection  J.  Le  Moine,  à  Lamballe". 

Arrondissement  de  Dinan.  —  Plénée-Jugon.  —  Hache  plate;  crosse 
carrée;  angles  un  peu  arrondis;  tranchant  arcqué.  Elle  était  accom- 
pagnée, lors  de  la  trouvaille,  de  lingots  de  bronze  (?)  (Cachette). 

Longueur  totale,  0.098;  largeur  à  la  crosse,  0,025;  corde  de  l'arc 
du  tranchant,  0,050.  Epaisseur  à  la  crosse,  0,004  [Collection  J.  Le 
Moine,  à  Lamballe]. 

Arrondissement  de  Guingamp. — Bourbriac. — Hacheplate,  trouvée 
dans  le  tumulus  de  Tanwëdou,  fouillé  en  1865,  le  5  juillet,  par  l'abbé 
Le  Foll  et  Mgr  David. 


476  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Longueur  totale,  0,150;  largeur  à  la  crosse,  qui  est  carrée,  0,033; 
corde  de  l'arc  du  tranchant,  0,080;  épaisseur  au  centre,  0,006,  légère- 
ment bombée. 

Elle  était  accompagnée  de  quatre  lames  de  poignards,  du  type 
triangulaire,  en  cuivre,  ornés  de  filets  ! —  La  poignée  de  chacun  d'eux 
était  garnie  de  petits  clous  d'or,  placés  en  lignes  brisées  et  horizon- 
talement. Il  en  a  été  ramassé  plusieurs  milliers.  Une  pince,  épila- 
toire,  en. or  pâle,  couverte  d'émail  rouge  sur  les  branches,  et  deux 
clavettes  en  or,  portant  la  trace  de  rivures  à  leurs  deux  extrémités  (1). 
[Musée  de  Saint-Brieuc]. 

Arrondissement  de  Guingamp.  —  Plésidy.  —  Hache  plate.  Lon- 
gueur totale,  0,096;  largeur  de  la  crosse,  qui  porte  une  entaille  en 
forme  de  V,  0,022;  corde  de  l'arc  du  tranchant,  0,055.  Epaisseur 
à  la  crosse,  0,005  [Coll.  J.  Le  Moine,  à  Lamballe]. 

Arrondissement  de  Saint-Brieuc.  —  Saint-Alban.  —  Hache  plate. 
Longueur  totale,  0,140;  à  la  crosse  qui  a  les  angles  légèrement  ronds, 
0,030;  corde  de  l'arc  du  tranchant,  0,060.  Epaisseur  maxima,  0,010. 
[Coll.  J.  Le  Moine,  à  Lamballe]. 

Département  d'Ille-et-Vilaine. 

Arrondissement  de  Rennes.  —  Sens.  —  Hache  plate;  tranchant  et 
crosse  très  arcqué.  Longueur  totale,  0,174;  corde  de  la  crosse,  0,030  ; 
corde  du  tranchant,  0,075  [Coll.  J.  Le  Moine,  à  Lamballe]. 

(A  suivre). 


Echantillons     provenant    des    bords    de   la    mer 

et  des  balastières  des  environs  du  Croloy 

(Somme)  (2). 

M.  Bektin  (Arcade) (de  Paris). —  C'est  à  la  séance  du  27  février 
1908  que  je  vous  fis  connaître,  pour  la  première  fois,  le  Crotoy, 
par    une    présentation     d'échantillons,  de    forme    géométrique. 

D'après  M.  André  Depoilly,  la  fondation  du  Crotoy  est  due  à  une 
colonie  massilienne,  qui  lui  donna  ce  nom,  en  souvenir  de  l'île 
de  Crète;  mais  M.  Lefils,  historien  crotellois,  suppose  que  cette 
ville  est  bien  plutôt  d'origine  celtique. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  Rue,  petite  ville  de 3.000  ha- 
bitants, située  à  8  kilomètres  du  Crotoy,  était  baignée  par  la  mer 
au  xiie  siècle  ;  et,  à  ce  sujet,  permettez-moi  de  vous  signaler  la 
légende  du    Crucifix   miraculeux,    publiée    dans   la   Picardie    le 

(1)  Voir  rapport  de  M.  de  Longperrier  à  ÏAcad.des  Inscriptions  et  Belles  Lettres, 
1865,  2«  semestre. — Revue  Archéologique,  1865,  2e  sem.,  p.  469  à  471. — Inventaire 
des  découvertes  archéologiques  dans  le  département  des  Côles-dii-Nord,  page  96  ; 
par  A.-L.  Harmois. 

(2)  Présentation  du  25  mai  1911. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  477 

15  octobre  1900.  Ce  crucifix  aurait  été  trouvé  sous  la  porte  du 
Golgotha  à  Jérusalem  ou  sous  la  maison  de  Nicodème,  un  des 
disciples  du  Christ,  avec  deux  autres  images  tout  à  lait  sembla- 
bles. Elles  furent  placées  chacune  sur  une  nacelle  au  port  de  Jaffa, 
et  exposées  à  la  merci  des  flots,  sans  voiles,  sans  gouvernail,  sans 
pilote.  Une  s'arrêta,  dit-on,  près  de  Lucques,  en  Italie  ;  la  se- 
conde à  Dives  sur  la  côte  de  Normandie;  la  troisième  sur  la  plage 
de  Rue,  le  premier  dimanche  de  Tan  1101  !  —  Depuis  cette  épo- 
que, la  mer  aurait  donc  perdu  8  kilomètres  en  profondeur.  Mais 
d'où  vient  cette  quantité  énorme  de  galets,  qui  est  venue  s'accu- 
muler en  cet  endroit? 

Il  n'y  aurait  rien  d'impossible  que  cela  soit  le  résultat  du  per- 
cement du  canal  du  Pas-de-Calais  par  la  mer,  cette  dernière 
rongeant  continuellement  les  côtes,  et  refoulant  ensuite  les  débris 
à  l'embouchure  de  la  Somme.  Ces  débris,  dis-je,  sont  venus  s'a- 
monceler dans  la  partie  que  j'indique  et  ont  pris,  petit  à  petit,  la 
place  de  la  mer .  Ceci,  bien  entendu,  n'est  qu'une  simple  hvpothèse. 

Cependant,  il  y  a  un  fait  sur  lequel  on  peut  s'appuyer  :  c'est 
que,  en  étudiant  les  balastières  et  le  talus  qui  longe  la  mer  au 
Crotoy,  on  remarque  que  les  pièces  les  plus  belles,  les  mieux  tra- 
vaillées, principalement  les  plus  petites,  se  trouvent  dans  le  fond, 
à  4  ou  5  mètres,  incrustées  dans  la  terre  glaise,  surtout  le  long 
de  la  plage,  face  au  lieu  dit  le  Camp  romain  :  ce  qui  porte  à  croire 
que  cette  masse  caillouteuse,  poussée  à  l'intérieur  des  terres  par 
la  mer,  aurait  produit  l'effet  que  je  signale,  c'est-à-dire  que  les 
petits  échantillons  devaient  s'enfoncer  en  passant  à  travers  les 
intervalles  qui  séparaient  les  gros,  au  fur  et  à  mesure  que  s'opé- 
rait la  marche  en  avant. 

J'arrive  à  ma  présentation  :  1er  plateau,  38  échantillons, 
dont  34  en  silex  gris  du  Crotoy;  3  en  silex  jaune,  de  Paris,  pro- 
venant du  percement  de  la  ligne  souterraine  Nord-Sud;  et  un  de 
Vigneux  (Seine-et-Oise). 

Cette  forme  quadrangulaire  à  biseau  est  connue;  mais  ce  qui 
paraîtra  surprenant  à  bon  nombre  de  nos  collègues,  c'est  que 
l'on  puisse  trouver  de  semblables  échantillons  sur  le  bord  de  la 
mer!  Le  plus  grand  a  0m10  de  long  sur  0m02.de  large,  le  plus 
petit  0ra04  de  long  sur  0m02  de  large;  la  moyenne  est  :  longue 
0m05,  large  0m03  ;  —  2me  plateau,  56  échantillons,  en  silex  gris, 
de  formes  différentes,  provenant  tous  du  Crotoy;  le  plus  grand  a 
0m06  de  long  sur  0m015  de  large,  le  plus  petit  0m025  de  long  sur 
0m01  de  large;  beaucoup  portent  les  traces  qu'ils  ont  été  sérieu- 
sement roulés  par  la  mer;  malgré  cela,  ils  n'en  sont  pas  moins 
intéressants  et  je  ne  crois  pas  me  tromper,  en  disant  qu'ils  méri- 
tent qu'on  s'intéresse  à  eux. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  31 


478  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

J'attire  particulièrement  votre  attention  sur  7  échantillons, 
dont  la  forme  est  la  même;  ce  sont  de  véritables  parallélipipèdes, 
rectangles  ;  et  que  dites-vous  de  celui  qui  est  poli  sur  cinq  faces  ? 

Tous,  en  général,  portent  la  trace  d'un  travail  intentionnel,  qui 
ne  permet  pas  de  supposer  qu'ils  sont  l'œuvre  exclusive  de  la  mer. 

Je  termine  en  disant  que,  plus  j'étudie  les  draguages,  lesbalas- 
tières,  les  sablières,  plus  j'ai  la  conviction  qu'on  a  la  chance  d'y 
rencontrer  des  pièces  intéressantes;  et  cela  prouve,  une  fois  de 
plus,  qu'en  Préhistoire  il  ne  faut  rien  négliger. 

A  la  prochaine  séance,  je  vous  présenterai  des  pièces  prove- 
nant de  Paris,  du  creusement  des  galeries  souterraines  pour  le 
Métro  et  l'électricité,  principalement  de  la  ligne  Nord-Sud,  où 
j'ai  recueilli,  sur  le  quai  delà  Conférence,  près  du  pont  Alexan- 
dre-III,  face  au  Petit-Palais,  ainsi  que  dans  le  jardin  des  Tuile- 
ries, au  bas  des  terrasses  qui  font  face  à  la  place  de  la  Concorde, 
dans  des  amas  de  gros  sables  mélangés  à  de  nombreux  cailloux, 
de  grandes  quantités  d'échantillons  extraits,  d'après  les  rensei- 
gnements que  j'ai  pu  obtenir,  dans  la  partie  qui  va  de  la  Seine 
se  dirigeant  du  côté  de  la  Madeleine  ;  et  vous  pourrez  constater 
qu'ils  ressemblent  beaucoup  à  ceux  que  vous  avez  sous    les  yeux. 

Au  reste,  le  puits  d'extraction  se  trouve  place  de  la  Concorde, 
face  à  la  statue  de  Nantes;  et  c'est  de  là  qu'un  camion  automobile 
transportait  les  sables  aux  endroits  que  j'indique. 

M.  Edmond  Hue  demande  à  M.  Bertin  de  bien  vouloir  désigner 
ceux  des  échantillons  que  M.  Bertin  déclare  semblables  aux  outils 
asiatiques,  présentés  par  M.  Jousset  de  Bellesme.  M.  Hue  s'élève 
contre  cette  comparaison,  dont  il  démontre  l'invraisemblance 
absolue  par  un  croquis  fait  au  tableau.  Il  serait  regrettable  que 
de  semblables  allégations  puissent  se  produire,  sans  soulever  les 
protestations  nécessaires,  alors  qu'il  n'est  pas  donné  à  tous  les 
membres  de  la  Société  Préhistorique  Française  d'en  juger  de  »»»«. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  4"î9 

Description  de  la    Chambre    sépulcrale,    restau- 
rée, de  Belleville,  à  Vendrest  ^Seine-et-Marne) 

[Propriété  de  la  Société  Préhistorique  Française]. 

PAR 

Marcel  BAUDOUIN, 

Secrétaire  Général. 

La  Société  préhistorique  française  est,  à  l'heure  actuelle,  pro- 
priétaire d'un  terrain,  de  forme  à  peu  près  quadrilatère,  constitué 
à  l'aide  d'une  série  d'achats,  et  situé  sur  le  flanc  sud  de  la  Montagne 
de  Belleville,  terroir  de  Rademont,  Commune  de  Vendrest  (Seine-et- 
Ifarne]  (Fig.  1). 

Au  milieu  de  cette  sorte  de  petit  Parc,  minuscule,  entouré  de 
petits  bois  à  l'Ouest,  au  Sud  et  à  l'Est,  et  borné  au  Nord  par  un  terre- 
plein  en  friche  un  peu  moins  boisé,  se  trouve  une  Chambre  sépul- 
crale, découverte  en  1908  par  M.  Philippe  Reynter  (de  Lizy-sur- 
Ourcq,  S.-et-M/,  membre  de  la  Société  préhistorique  française. 

Cette  Sépulture  était  vierge  et  de  l'Epoque  néolithique.  Après 
avoir  été  achetée  sur  les  indications  judicieuses  de  notre  avisé  col- 
lègue de  Seine-et-Marne,  elle  a  été  fouillée,  d'une  façon  scientifique 
et  complète,  et  restaurée  en  1909  et  en  1910  par  la  Société  préhisto- 
rique française,  à  l'aide  de  fonds  provenant  de  sa  Caisse  spéciale  de 
Fouilles  (Fig.  2). 

A  l'histoire  de  la  Trouvaille  et  de  Y  Acquisition,  à  la  description  de 
la  Fouille,  menée  aussi  consciencieusement  qu'il  a  été  possible,  et 
de  la  Restauration  de  ce  Monument,  due  à  un  membre  du  Bureau, 
spécialisé  en  ces  sortes  de  travaux,  un  ouvrage  important  vient 
d'être  consacré  (1)  (Fig.  3  et  4). 

Nous  en  extrayons,  pour  le  publier  clans  le  Bulletin,  le  paragraphe, 
qui  est  relatif  à  la  Description  de  ce  Monument,  tel  qu'il  est  aujour- 
d'hui, après  la  Restauration  terminée. 

Nous  sommes  persuadé  que  nos  Collègues  seront  heureux  d'avoir 
de  cette  façon  une  idée,  aussi  complète  que  possible,  de  leur  belle 
Propriété,  et  nous  sauront  gré  de  cette  bonne  intention.... 

Nous  ne  reviendrons  pas  iei  sur  la  Découverte  de  la  Chambre  funé- 
raire. Elle  a  été  suffisamment  précisée,  ici  même,  par  son  inventeur, 
notre  collègue  Ph.  Reynier,  quand  il  l'a  décrite  2  . 

(1)  La  Sépulture  Séohthique  de  Belleville,  à  Vendrest  (S.-et-M.).  Fouille  et  Res- 
tauration. Rapport  général;  par  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  Paris,  1911,  in-8°, 
2b0  p.,  nomb.  fig.,  et  16  planches  hors  texte,  en  photo-collographie.  [Dr  H.Mar- 
tin]. —  Prix  :  10  Francs  (Pour  les  Membres  de  la  S.  P.  F.  :  5  Francs). 

%]  Ph.  Reymer.  —  La  Grotte  sépulcrale  de  Belleville,  à  Vendrest  ySeine-et- 
Marne).  —  Bulletin  Soc.  Préh.  de  France,  Paris,  t.  V,  1908,  p.  378-382. 


480  société  préhistoriqueJfrançaise 

Nous  abordons  de   suite  la  description  du  Monument  tel  qu'il  se 
présente  à  l'heure  actuelle. 


Nous  allons  décrire  le  Monument  tel  qu'il  était  après  son  édifica- 
tion; et,  chemin  faisant,  pour  ne  pas  trop  allonger  cette  description, 
nous  indiquerons  les  parties  que  nous  avons  dû  restaurer,  et  com- 
ment cette  Restauration  a  été  effectuée. 

I.  —  Matériaux.  —  Mais,  tout  d'abord,  voyons  de  quels  matériaux 
de  construction  on  s'est  servi  pour  l'élever.  Plus  loin,  nous  insisterons 
sur  la  façon,  élégante  et  habile,  dont  les  Néolithiques  les  ont  utilisés 
[maçonnerie;  dallage  ;  porte;  etc.]. 

1°  Pétrographie  du  Monument.  —  Les  éléments,  qui  entrent  dans 
la  construction  du  monument  (Fig.  5),  ainsi  que  dans  la  constitution 
de  son  contenu,  sont  les  suivants  : 


Fig.  1.  —Vue  de  la  Montagne  de  Belleville,  au  niveau  de  la  partie  supérieure  du 
Monument.  — Photographie  prise  au  Nord. —  Aspect  de  la  ValléefCliché  H.  Martin]. 

Légende  :  P.,  Le  Polissoir  d'Ocquerre,  placé  sur  le  Rocher  T  de  Couverture.  — 
E,  Entrée  du  Monument.  —  R1,  Pierre  libre.  —  G.  S.,  Niveau  du  fond  de  la  grotte. 


1°  Sable  de  Beauchamp,  utilisé  pour  l'enrobement  des  Os  dé- 
charnés, et  pour  la  confection  des  murettes  ; 

2°  Grès  de  Beauchamp  (blocs  de  couverture  et  piliers  d'entrée)  ; 

3°  Calcaire  de  Saint-Ouen  [murettes]  ; 

4°  Très  rares  fragments  de  Meulière. 

Nous  insisterons  surtout  ici  sur  les  matériaux  de  construction  prin- 
cipaux. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  484 

1°  Sable  de  Bcauchamp.  —  A)  Contenu.  —  Il  n'y  a  rien  à  dire  de 
spécial  à  propos  des  Sables  de  Beauchamp   du  Monument. 

a)  Il  y  avait,  à  la  surface  du  dallage,  une  couche  de  sable  très  blanc, 
extrêmement  fin,  épaisse  de  0m05  au  maximum,  au  moins  dans  les 
parties  non  occupées  par  le  Dépôt  d'Incinérations. 

Ce  sable,  à  caractères  éoliens  marqués,  a  paru  avoir  été  surtout 
entraîné  là  par  le  vent,  dans  la  période  où  le  Monument,  restant  ou- 
vert, a  reçu  le  Dépôt  d'Incinérations  et  les  premiers  tas  d'os,  formant 
l'Ossuaire.  —  Il  provient  évidemment  du  voisinage. 


#ig.2.  —  Etat  de  l'Entrée  de  la  Sépulture  néolithique  de  Vendrest  [Lieu  dit: 
Belleville],  en  1908,  au  moment  des  premières  Fouilles  de  M.  Pli.  Reynier  [Photo- 
graphie d'Amateur]. 


Entre  les  Piliers  d'Entrée,  on  voyait,  nettement,  la  coupe  du  Contenu  sépulcral 
[Amas  de  sable].  —  En  avant,  Ossements  déjà  retirés  de  l'Entrée  même  [Os  d'aspect 
blanc  très  marqué]. 

Rien  ne  permet  de  dire  qu'il  a  été  déposé  là  à  dessein,  pour  former 
une  couche  spéciale,  et  apporté  par  les  hommes  d'une  certaine 
distance. 

b)  L' Ossuaire  était  bourré,  en  dehors  des  ossements,  avec  du  Sable 
de  Beauchamp,  trouvé  parfois  très  sec,  parfois  très  humide.  Mais  ce 
sable  était,  en  général,  beaucoup  plus  rouge  que  le  précédent. 


482  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Nous  n'avons  pas  à  insister  ici  sur  ce  qu'était  le  sable  d'éboulis, 
tombé  dans  la  partie  vide,  supérieure,  et  d'origine  moderne  [par  des- 
truction du  Bloc  de  couverture  n"  II].  Ajoutons  seulement  que  le  sable 
de  l'ossuaire  proprement  dit  avait  été  apporté  à  dessein  pour  envelop- 
per les  os  et  qu'on  avait  dû  le  prendre  dans  les  terrains  voisins  de  la 
sépulture,  où  il  affleure. 

B)  Rien  de  spécial  à  dire  du  sable  servant  de  mortier  dans  les 
Murettes. 


F ig.  3.  —  Vue  de  la  Voutk  artificielle,  remplaçant  un  bloc  de  Grès  de  Beau- 
champ  (n°  II)  du  Monument  de  Belleville,  après  la  Restauration.  [Photographie 
d'intérieur,  au  magnésium,  exécutée  par  le  Dr  H.  Martin,  dans  les  conditions  les 
plus  défavorables].  —  Légende  :  Sol.,  solives  de  fer  [Barres  à  plancher];  —  G,  pla- 
quettes de  Calcaire  de  Saint-Ouen. 

2°  Grès  de  Beauchamp.  —  a)  Le  Bloc  n°  III  limitait  le  Couloir 
d'entrée;  il  était  extra-sépulcral.  Les  Blocs  I  et  II  formaient  la 
Couverture.  —  Tous  trois  étaient  en  place  et  n'avaient  pas  été  re- 
mués par  les  hommes  (1). 

b)  Les  deux  piliers  d'entrée  sont  constitués  par  des  plaquettes  de 
Grès  de  Beauchamp,  qu'on  a  dû  aller  chercher  assez  loin,  car  on  n'en 
retrouve  plus  d'analogue  dans  le  voisinage. 

c)  Les  murs  en  pierres  sèches  ne  renferment  que  de  très  rares  petits 
blocs  de  ce  grès.  Cela  se  conçoit,  car  ceux-ci  se  prêtent  mal  à  la 
construction  et  étaient,  en  somme,  assez  rares,  à  la  surface  du  sol. 


(1)  Leur  volume  aurait  rendu  une  telle  opération  très  difficile  dans  le  point 
Considéré. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


483 


3°  Calcaire  de  Saint-Ouen  [Plaquettes  de  Calcaire ].  —  On  l'a  utilisé 
pour  construire  :  a)  les  murs  latéraux,  de  même  que  pour  établir  le 
mur  du  fond,  et  le  mur  extra-sépulcral;  b)  le  dallage  à  double  cou- 
che de  pierres. 

C'est  lui  qui,  d'autre  part,  a  fourni  toutes  les  pierres  libres,  ou  pla- 
quettes, trouvées  dans  le  monument  et  énumérées  ci-dessus. 


Fig.  4.  —  Entrée  du  Mo.mmknt  dk  Bkli.kvili.k,  après  la  estai  ration.  — Pho- 
tographie Marcel  Bandouin.   prise  au  Sud- est. 

Légende  :  R«,  Bloc  de  Grès  de  Couverture  (n°  I);  —  Po,  pilier  de  l'Entrée  (Ouest): 
—  Es,  Escalier  (marche  supérieure):  —  M' RJ.  Mur  moderne,  remplaçant  le  Bloc 
no  III;—  M,  Né.,  Mur  néolithiq ue  extraséputcrul :  — M..1 ,  Mur  Moderne  •Ouest':-— 
Mo-,  Mur   Moderne  (Est);  —  M,  Entrée. 


I 


C'est  d'ailleurs  un  excellent  appareil  pour  les  constructions  de  cette 
espèce,  vu  sa  petitesse,  sa  régularité  et  sa  forme. 

Dans  le  fond  de  la  Grotte,  les  plaquettes  de  calcaire  de  Saint-Ouen 
étaient  recouvertes  parfois,  à  leur  pourtour,  de  sels  de  manganèse. 
Cela  indiquait  qu'elles  avaient  été  baignées  longtemps  dans  les  eaux 
d'infiltration,  et  plongées  pour  ainsi  dire  tout  entières  dans  une  disso- 
lution de  ces  sels  ;  c'est  dire  qu'il  s'agissait  donc  de  plaquettes  libres 
ou  devenues  libres  à  un  moment  donné  [Pierres  de  recouvrement,  etc.]. 

Les  plaquettes,  faisant  au  contraire  partie  des  murettes,  n'avaient 
des  dépôts  que  sur  leur  parement  interne;  la  partie  invisible  et  encastrée 
dans  le  mur  était  restée  tout  à  fait  blanche.  Encore  n'y  avait-il  de  tels 
dépôts  que  sur  les  plaquettes  faisant  une  saillie  notable  à  l'intérieur. 


£EPULTlflE  iie  YENDRE5TJ 

Figm  5.  —  La  Grotte  sépulcrale,  artificiel 

Awl 
Plan  dû  à  Jj 

I.  — Pian  général  :  M,  Escalier  d'accès,  moderne  (Restaurj 
partie  Est  du  Rocher  n°  I,  cassé  ;  —  D,  Mur,  moderne  ^Restaura] 
cral  ;  —  À  et  B,  Piliers  de  l'Entrée  ;  —  E,  Bloc  de  Grès,  témoin, 
de  Calcaire  de  Saint-Ouen  ont  une  disposition  spéciale  ;  —  R', 

II.  —  Vue  de  la  partie  de  la  Murette  latérale  Est,  corres 
brèche,  faite  dans  la  Murette,  pour  en  étudier  la  structure,  et  I 


APi\is  PEBTAURATÎDM 

;ville.  à  Vendrest  (Seine-et-Marne) 


I  -  F.  Mur,  moderne  Restauration),  pour  remplacer  la 
'fhern'HI,  disparu  :  —  <i.  Mur  Néolithique,  extra-sépul- 
iirae  de  fond:  —  C.  Coin  Nord-ouest,  où  les  plaquettes 
r>.  disparu:  — •  I.  F.  Traces  d'Incinérations. 
FI.  Limites  du  Dépôt  d'Incinérations  :  —  S,  petite 
pour  contrôle  scientifique. 


486  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Ce  qui  prouve  que  ces  dépôts  étaient  postérieurs  à  la  construction  du 
Monument. 

Ces  dépôts  se  forment,  sur  des  pentes  aussi  fortes,  avec  rapidité, 
puisque  les  pierres  de  la  couverture  provisoire,  posée  en  1909,  en 
présentaient  déjà  en  1910,  mais  sur  leur  face  supérieure  seulement  ! 


Fig.  6.  —  Le  Monument  de  Bellevili.e,  la  Restauration  complètement  ter- 
minée. —  Plan  dressé  par  E.  Hue.  —  Echelle  :  1/100.  —  Légende  :  R.  Rocher  en 
place  (Bloc  n°  I).  —  R'  Rocher  détruit  (Bloc  n°  II).  —  H,  Mur  de  fond.  —  1,1»,  si- 
tuation du  Dépôt  d'Incinérations.  —  A,  B,  piliers  d'Entrée.  —  E,  Bloc  témoin  ed 
grès  [Rocher  C,.  —  G.  Mur  néolithique  extrasépulcral.  —  D,  Mur,  moderne,  rem- 
plaçant le  Bloc  de  Grès  de  Beauchamp  (n°  III).  —  M,  Escalier  moderne.  —  F, 
Mur,  moderne,  remplaçant  la  partie  I  cassée  du  Bloc  R,  à  l'Est.  —  C,  Dispositif 
spécial  du  Mur  néolithique,  au  coin  Nord. 

4°  Meulière.  —  De  très  rares  fragments  de  Meulière,  assez  petits  au 
demeurant,  ont  été   reconnus  dans  les  murettes  en  pierres  sèches. 

Ils  proviennent  d'une  certaine  distance,  car  il  n'y  a  pas  de  Meu- 
lière aux  alentours  mêmes  de  Vendrest. 

Conclusion.  —  En  somme,  dans  la  constitution  de  ce  monu- 
ment, il  n'entre  pas  la  moindre  pierre  dite  de  carrière.  —  Donc  les 
Néolithiques,  à  Vendrest,  n'avaient  pas  encore  inventé  l'extraction 
de  la  pierre  en  carrières:  découverte  que  les  Néolithiques  d'Egypte,  et 
d'ailleurs,  réalisèrent  pourtant,  à  ce  qu'on  pense. 

On  ne  trouve  là  que  des  pierres  libres  du  sol,  presque  toutes  à 
angles  arrondis  par  les  agents  atmosphériques,  et  plus  ou  moins  d'ap- 
parence glacée  (gelée),  grâce  à  des  effritements  répétés  (1),  surtout 

(1)  Les  pierres  s'arrondissent  d'ordinaire  de  la  sorte,  sans  que  le  roulement 
sur  le  sol  ait  à  intervenir. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  487 

pour  le  Calcaire  de  Saint-Ouen,  aussi  abondant  que  le  Grès  de  Beau- 
champ  sur  la  Montagne  de  Belleville. 


II.  —  Architectomque.  —  La  Chambre  sépulcrale  de  Belleville 
comprend  deux  parties  principales  (Fig.  5): 

1°  Le  Couloir  d'Entrée  ;  2°  la  Chambre  elle-même. 

1°  Couloir  d'Entrée.  —  Le  Couloir  d'Entrée  correspondait  au  sol 
naturel,  et  à  un  interstice,  de  1"10  de  large,  entre  deux  gros  Blocs  de 
Grès  de  Beauchamp  (n°*  I  et  III),  en  place.  Il  était  dirigé  du  Nord-ouest 
au  Sud-est;  et  l'Orientation  précise  de  ce  couloir  était  de  135°  Est. 

Commençant  de  plein  pied,  du  côté  Sud-est,  près  du  bord  corres- 
pondant du  Bloc  n°  I,  sur  le  flanc  de  la  Montagne  de  Belleville,  il  des- 
cendait en  pente  douce  vers  le  Nord-ouest,  de  façon  à  aboutir  au  ni- 
veau de  l'Entrée,  située  au  Nord-est,  en  suivant  cette  tranchée  trans- 
versale. —  A  ce  point  terminus,  il  était  à  lm10  en  contre-bas. 

Son  fond  Nord-ouest  était  constitué  par  une  Murette,  en  pierres 
sèches  [Mur  extra-sépulcral],  ayant  0m40  d'épaisseur,  lm10  de  hauteur, 
lm10  de  largeur  Nord-Sud,  et  destinée  à  maintenir  les  sables  de  l'Ouest 
et  à  les  empêcher  d'obstruer,  en  s'éboulant,  ce  couloir.  La  paroi  Nord- 
est  était  formée  par  le  Bloc  n°  I  ;  l'autre  par  le  Bloc  n°  III. 

Nous  avons  dit  plus  haut  ce  que  nous  avions  fait  :  a)  pour  consolider 
le  Mur  extrasépulcral;  b)  pour  remplacer  le  Bloc  n°  III,  au  sud  ;  c)  pour 
faciliter  la  descente  ;  d)  pour  remplacer  la  partie  cassée  du  Bloc  n°  I. 

Il  est  inutile  de  revenir  ici  sur  cette  Restauration,  forcément  sans 
ressemblance  avec  l'état  primitif  (Fig.  8). 

II0  Chamhre  sépulcrale.  —  La  Chambre  sépulcrale  était  une  cavité 
en  forme  de  parallélipipède,  à  grand  axe  allant  du  Sud-ouest  vers  le 
Nord-est  (Fig.  6). 

1°  Ensemble.  —  A)  Axe.  —  Ce  grand  axe  est,  en  réalité,  non  pas  de 
180°  à  la  boussole,  mais  de  226°,  c'est-à-dire  incliné  vers  l'ouest.  Par 
conséquent,  il  est,  à  peu  près,  Xord-est- Sud-ouest  (Fig.  6). 

B)  Dimensions.  —  Les  dimensions  sont  les  suivantes  : 
a)  Longueur  maximum  (intérieur)  :  6m20. 


à  l'entrée  :  l""^. 
b)  Largeur  maximum  1  à  lm  de  l'entrée:  ^oo. 


Moyenne  :  1"80. 


à  2m  de  l'entrée:  lm80. 

au  milieu  (près  de  3m  de  l'entrée):  lm95. 

à  4m  de  l'entrée  :  lm80. 

à  5m  de  l'entrée  :  lm80. 

au  fond  (6m  de  l'entrée)  :  l-Sô. 


488  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

c)  Hauteur  maximum 


à  l'entrée  même  :  lm10. 
à  2m  de  l'entrée  :  lm05. 

au  milieu  (bord  postérieur  du  Bloc  I)  :  lm10. 
Moyenne  :  lm10.        |  d'après  la  hauteur  )  à  5m  de  l'entrée  :  lm20. 


; 


des  murs  latéraux.  /  au  fond  même  :  lm25. 

En  calculant  sur  les  moyennes  ci-dessus,  cette  Chambre  avait  donc 
une  superficie  de  6m20  X  lm80  =  ll^lô  ;  et  le  volume  suivant: 
6™20  X  lm80  X  lm10  ==  12œc276. 

Admettons,  en  chiffres  ronds  :  12mc. 

2°  Différentes  parties.  —  Nous  avons  à  décrire  les  différentes  parties 
de  cette  chambre  : 

1°  La  couverture  du  monument. 

2°  Les  murs  latéraux;  le  mur  de  fond;. et  les  piliers  d'entrée. 

3°  Le  dallage. 

1°  Couverture.  —  Jadis,  elle  était  constituée  par  deux  énormes  Blocs 
de  Grès  de  Beauchamp  :  l'un  au  sud  (n°  I)  ;  l'autre  au  nord  (Bloc  n°  II). 
Mais  ce  dernier  a  disparu  (Fig.  6). 

1°  Bloc  n°  I.  —  Cet  énorrrie  bloc  de  Grès  de  Beauchamp,  qui  est  en 
place  dans  son  gisement,  est  disposé  bien  horizontalement.  Mais  il 
n'est  pas  entier  ;  on  a  brisé  son  coin  sud-est  (Fig.  6  et  7). 

Il  est  de  forme  à  peu  près  cubique,  avec  pointe  avancée  à  l'ouest. 
Son  petit  axe  est  Sud-ouest-Nord-est. 

Il  présente  les  dimensions  maxima  suivantes,  à  l'heure  présente,  et 
à  sa  face  supérieure  (la  partie  ouest  n'est  pas,  en  effet,  visible  sous  les 
sables)  :  Longueur,  4m60  (Est-Ouest)  ;  largeur  (Nord-Sud),  2m60  ; 
épaisseur,  lm40. 

Cela  donne  un  cube  d'environ  :  4n,60  X  2m60  X  lm40  =  16mc744. 

Comme  presque  un  quart  a  été  cassé,  ce  bloc  avait  jadis  au  moins 
20B,C.  En  admettant  que  la  densité  du  Grès  de  Beauchamp  soit  2, 3,  cela 
donne  un  poids  de  16.  750  X  2.3  =  38.425,  simplement  pour  la  partie 
qui  persiste  actuellement;  soit  38.000  kilogs  environ. 

On  voit  que  le  poids  supporté  par  la  murette  latérale  Est,  qui,  depuis 
la  cassure  Est,  porte  seule  la  moitié  de  ce  bloc,  c'est-à-dire  au  moins 
16.000  kilogs,  est  très  considérable.  Mais,  à  l'ouest,  en  raison  de 
l'existence  d'une  pointe,  assez  longue  (au  moins  2  mètres),  s'enfonçant 
sous  le  sable,  la  paroi  est  bien  moins  chargée. 

2e  Bloc  n°  IL  —  Le  bloc  n°  II  ou  Nord,  que  les  carriers  ont  brisé, 
devait  être  aussi  volumineux. 

D'après  les  fouilles,  et  la  place  des  Eclats  retrouvés  en  place,  on 
peut  admettre  qu'il  avait  son  grand  axe  Nord-Sud  [c'est-à-dire  en 
sens  contraire  du  précédent],  et  présentait  les  dimensions  suivantes  : 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


489 


fi" 


490  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Longueur  (Nord-Sud),  4  mètres  au  moins;  largeur  (Est-Ouest), 
3m50  au  moins  (peut-être  plus);  épaisseur,  lm20  au  moins. 

D'où  un  cube  presque  aussi  considérable  et  un  poids  de  plus  de 
30.000  kilogrammes  certainement  ! 

Cette  masse  ne  paraît  pas  avoir  été  la  cause  des  modifications  sur- 
venues dans  les  murettes  latérales  à  son  niveau.  Il  est  probable  que 
c'est  plutôt  sa  destruction  qui  les  a  provoquées. 

2°  Murettes  périphériques.  —  Elles  comprennent  les  deux  murs 
latéraux,  Est  et  Ouest;  et  le  mur  de  fond  ou  Nord-est.  Elles  sont 
presque  intactes  et  complètes  (Fig.  6). 

Elles  ont  une  épaisseur  moyenne  (vérifiée  à  la  fouille)  de  0,n40 
environ,  correspondant  à  la  dimension  la  plus  grande  des  plaquettes 
de  Calcaire  de  Saint-Ouen  qui  les  constituent  en  presque  totalité,  et 
qu'on  trouvait  alors  sur  le  sol  du  voisinage. 

Ensemble,  ils  cubent  environ  :  Murs  latéraux,  5  mètres  ;  Mur  de 
fond,   1  mètre  cube.  Total  :  0  mètres  cubes. 

Pour  montrer  cette  épaisseur  d'une  façon  permanente,  et  donner 
une  idée  de  leur  surface  extérieure,  M.  le  Dr  M.  Baudouin  a  eu  l'idée 
de  faire,  dans  le  mur  de  l'Est,  une  petite  brèche,  sous  forme  de  fenêtre, 
située  à  2  mètres  de  l'entrée,  et  à  0m60  au-dessus  du  dallage  (Fig.  6; 
II,  S). 

Cette  trouée  artificielle  montre  que,  derrière  le  mur,  il  n'y  a  que 
du  Sable  de  Beauchamp,  d'une  coloration  presque  blanche,  très  fin, 
tout  à  fait  comparable  à  celui  qui  recouvrait  le  dallage,  à  l'intérieur 
du  monument. 

Le  parement  de  ces  murs  est  exclusivement  à  Yintérieur  ;  les 
faces  externes  ne  sont  pas  parées  et  sont  très  irrégulières.  Cela  ren- 
seigne sur  leur  mode  d'édification  et  prouve  qu'ils  ont  été  construits 
après  creusement  d'une  Cavité  dans  le  sable,  et,  dans  l'intérieur  même 
de  cette  cavité,  de  bas  en  haut. 

Ils  sont  en  pierres  sèches,  placées  les  unes  sur  les  autres,  séparées 
à  peine  par  de  petits  lits  de  sable  local.  Les  plaquettes  sont  nette- 
ment entrecroisées  pour  donner  de  la  solidité,  et  sont  presque  toutes 
en  Calcaire  de  Saint-Ouen  ;  on  n'y  voit  que  de  rares  blocs  de  Meulière 
ou  de  Grès  de  Beauchamp,  un  peu  plus  volumineux  que  les  pla- 
quettes. Certaines  parties  montrent  combien  les  Néolithiques  étaient 
habiles  en  cette  matière,  et  intelligents  [Coin  Nord-ouest  du  fond,  par 
exemple]  (Fig.  8;  II). 

1°  Murs  latéraux.  —  La  longueur  des  murs  latéraux  est  à  peu  près 
la  même,  environ  6  mètres  ;  leur  épaisseur  est  de  0m40.  Leur  hauteur 
est  celle  de  la  grotte  elle-même.  Tous  deux  sont  bien  verticaux, 
c'est-à-dire  à  90°  sur  le  dallage  (Fig.  0). 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


491 


7f^ 


■  lÉr  : 

>  »  *  2  "S 

■  £ 

*  o 

M 

1  '&  Si 

=  a  ê- 1  ^ 

^o*S 

o  —    =  w    ç 

"«    •-  a  .£    ~ 

&* 

Ci  c:  —   -  < 

8* 

7>  |  i  a 

a      O 


i  ! 


-  PQ    a  «    r  H 


.110  -  ... 


* 

è% 

-    i    =  ■■ 

3 

<? 

•Ie  =  -  i:  li 

§72  i 

.85.       .« 


492  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

a)  Mur  latéral  Est.  —  Le  Mur  latéral  Est  (en  réalité  Sud-est  exac- 
tement) est  assez  irrégulier.  Au  lieu  de  former  une  ligne  bien 
droite,  il  présente  une  obliquité  et  se  dévie  au  fond  vers  l'Est  :  ce  qui 
explique  pourquoi  le  monument  est  plus  large  au  fond  qu'à  l'entrée 
(lm60  contre  lm85)  (Fig.  6). 

De  plus,  il  présente  un  renfoncement  apparent  et  un  bombement  réel 
vers  l'intérieur,  surtout  marqué  sur  la  coupe  verticale  par  suite  de 
la  poussée  exercée  sur  les  pierres  sèches  qui  le  constituent  par  les 
sables  le  soutenant  en  dehors.  Ce  bombement  doit  être  le  résultat  de 
la  démolition  du  Bloc  n°  II  par  les  carriers. 

b)  Mur  latéral  Ouest.  —  Au  contraire,  le  Mur  de  l'Ouest  (en  réalité 
Nord-ouest)  est  extrêmement  régulier  et  parfaitement  rectiligne  ;  il 
est  seul  parallèle  à  l'axe  central  du  monument.  Il  ne  forme  pas  le 
moindre  creux  ;  et  ses  pierres  sèches  ne  bombent  pas. 

Il  n'a  pas  bougé,  pour  ainsi  dire,  depuis  sa  confection  ! 

Chacun  de  ces  murs  cube  :  6  X  1.20  X  0,40=  2.88;  soit  au  moins 
2mc500. 

2°  Mur  de  fond.  —  Ce  mur,  très  bien  construit,  est  remarquable 
par  ce  fait  qu'il  n'est  pas  vertical,  mais  oblique,  de  10°,  de  haut  en  bas 
et  de  dehors  en  dedans  (Fig.l  ;  H),  pour  résister  plus  facilement  à  la 
poussée  des  sables  du  sommet  de  la  colline.  L'angle  intérieur,  au  lieu 
d'être  de  90°,  est  donc  de  100°  environ. 

Ce  mur  a  dû  être  élevé  le  dernier,  pour  lutter  contre  la  chute 
de  ces  sables  à  l'intérieur  de  la  cavité  creusée. 

A  son  coin  Ouest,  on  note  un  chevauchement  et  un  enchevêtre- 
ment de  ses  blocs  avec  ceux  du  Mur  latéral  Ouest,  destinés  à  conso- 
lider cette  partie  d'une  façon  encore  plus  certaine  (Fig.  8  ;  II).  Cette 
particularité  et  l'obliquité  paraissent  bien  indiquer  qu'il  fut  le  der- 
nier mis  en  place. 

L'ensemble  de  ce  mur  cube  au  moins  :  2  X  1,20  X  0,40  =  0,960  ; 
soit  environ  lmc. 

3°  Disposition  de  l'Entrée.  —  L'entrée  est  évidemment  la  partie 
qui  a  été  construite  en  dernier  lieu,  car  elle  est  formée  par  deux 
Piliers,  latéraux,  séparant  un  espace  vide  ou  Porte,  et  appuyés  sur  les 
murs  latéraux  et  le  dallage  lui-même. 

Les  deux  piliers  n'ont  donc  pu  être  placés  qu'après  l'établissement 
définitif  de  la  Chambre  ;  mais  ils  sont  antérieurs,  par  contre,  à  la 
construction  du  Mur  extra-sépulcral. 

à)  Pilier  Ouest.  —  Le  pilier  gauche,  Ouest  ou  Sud-ouest,  semble 
du  dehors  le  plus  petit  ;  mais,  en  réalité,  il  est  à  peu  près  de  même 
dimension  que  l'autre.  Cela  tient  à  ce  qu'à  l'extérieur  toute  sa  partie 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  493 

Ouest  est  cachée  par  le  Mur  extra-sépulcral,  qui  s'appuie  sur  sa  face 
externe,  et  à  ce  qu'à  Y  intérieur  cette  partie  est  aussi  cachée  par  le  Mur 
latéral  Ouest  :  disposition  qu'on  ne  retrouve  pas  pour  l'autre  pilier. 

Ce  pilier,  un  peu  moins  haut  que  l'autre,  n'a  guère  que  1  mètre, 
car  son  bord  supérieur  ne  touche  pas  au  Bloc  n°  I  ;  en  effet,  on  cons- 
tate, aujourd'hui,  en  ce  point,  l'existence  d'un  petit  vide,  de  forme 
triangulaire,  ouvert  à  l'Est  (Fig.  8;  I,  A).  Ce  vide  était  comblé  autrefois 
par  des  plaquettes  en  calcaire,  qui  sont  tombées  en  1908,  au  dire  de 
M.  Reynier. 

Sa  largeur  est  de  0m60  et  son  épaisseur  de  0m20.  Il  est  verticale- 
ment posé  sur  les  pierres  du  Dallage  :  ce  qui  prouve  qu'il  est  bien  pos- 
térieur à  ce  dernier. 

Une  preuve  que  les  choses  se  sont  bien  passées  ainsi,  c'est  qu'il 
forme  avec  larète  Sud  du  mur  Ouest,  non  verticale,  un  angle  ouvert 
au  zénith,  qui  a  été  comblé  par  des  blocs  de  calage,  verticaux,  et  non 
horizontaux,  en  Calcaire  de  Saint-Ouen,  placés  après  coup,  et  sur- 
tout abondants  à  la  partie  supérieure,  et  non  pas  en  bas. 

A  l'extérieur,  on  n'en  voit,  en  bas,  que  0m10;  en  haut  que  0m30.  A 
l'intérieur  0m40  seulement  sont  visibles  ;  il  y  a  0m20  en  contact  avec 
le  Mur  latéral.  Il  est  probable  que  cette  sorte  de  recul  vers  l'Ouest  de 
ce  pilier  est  dû  à  ce  qu'il  était  trop  large,  et  que,  pour  obtenir  une 
Porte  de  la  dimension  voulue,  on  a  été  obligé  de  le  refouler  vers 
l'Ouest,  et  de  l'accoter  sur  le  mur  latéral  Ouest. 

b)  Pilier  Est.  —  Ce  pilier  est  vraisemblablement  celui  qui  a  été 
posé  le  premier,  car  il  s'encastre  admirablement  dans  l'espace  qui  lui 
avait  été  réservé.  Il  s'appuie  seulement,  d'ailleurs,  sur  la  face 
interne  du  mur  néolithique,  au  lieu  de  le  dépasser  à  l'Est  :  ce  qui 
prouve  qu'on  a  voulu  ainsi  utiliser  toute  sa  largeur  disponible.  Il 
repose  d'ailleurs  sur  le  dallage,  s'avançant  à  l'aplomb  de  la  face  Sud 
du  Bloc  n°  I,  et  est  entièrement  visible  de  l'extérieur  (Fig.  8  ;  B). 

En  dedans,  on  l'a  consolidé,  en  plaçant  des  blocs  de  calage  en  bas, 
près  du  dallage,  entre  lui  et  le  mur  latéral  correspondant. 

Actuellement,  ce  pilier  est  un  peu  déplacé  au  niveau  de  son  bord 
interne,  qui  a  été  repoussé  légèrement  en  dedans  par  un  coup  de  barre 
d'un  carrier  en  1908,  d'après  M.  Reynier. 

Il  mesure  exactement  lm10  de  hauteur;  et  son  bord  supérieur  est 
au  contact  du  rocher  (n°  I),  comme  son  bord  Est  l'est  en  haut  avec  le 
mur  néolithique.  Il  a  0m65  de  large  en  haut  ;  0m40  en  bas  ;  et  son 
épaisseur  de  0m20.  Il  est  donc  trapézoïde,  à  petite  base  inférieure. 

c)  Roche. —  Ces  piliers  sont  constitués  par  des  plaquettes,  extrême- 
ment régulières,  choisies  à  dessein,  de  Grès  de  Beauchamp. 

Il  a  fallu  sans  doute  chercher  longtemps,  pour  trouver  deux  blocs 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  32 


494  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

presque  aussi  semblables  et  surtout  aussi  aplatis  et  à  bords  aussi  droits 
et  de  même  épaisseur,  car  ils  n'ont  subi  aucun  travail  de  régularisation. 

Ces  plaques  sont  bien  du  Grès  de  Beauchamp  ;  mais  elles  n'ont  pas 
été  trouvées  sur  la  colline  de  Belleville,  et  viennent  de  loin...  Elles 
proviennent  peut-être  d'une  même  grande  plaquette,   cassée! 

La  recherche  de  ces  pierres  est  un  fait  très  remarquable,  au  point 
de  vue  psychologique.  D'ailleurs  l'édification  de  ces  deux  piliers  est 
une  des  caractéristiques  principales  du  Monument;  elle  indique  une 
Civilisation  déjà  avancée  et  des  hommes  fort  intelligents,  aussi  in- 
telligents certainement  que  nos  paysans  bretons  ou  savoyards  actuels. 

d)  Porte  ou  Entrée.  —  La  Porte  ou  Entrée  du  monument  est  consti- 
tuée par  l'espace,  vide,  délimité  par  les  bords  internes  de  ces  deux 
Piliers,  bords  qui  sont  très  rectilignes  et  bien  verticaux. 

Le  seuil  en  est  constitué  par  l'extrémité  Sud  du  Dallage,  arrivant 
à  l'aplomb  du  Bloc  n°  I,  qui  forme  d'ailleurs  la  voûte. 

La  hauteur  de  cette  porte  est  de  lm10;  sa  largeur  de  0m55  :  c'est 
dire  qu'elle  est  environ  de  deux  pieds.  L'épaisseur  correspond,  bien 
entendu,  à  celle  des  piliers  (0m20). 

d)  Fermeture.  —  Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  cette  porte 
a  toujours  été  dans  cet  état.  Elle  n'a  jamais  vue  fermée  par  une 
murette  ou  un  bloc  de  pierre  quelconque  !  —  Il  est  probable  pourtant 
qu'elle  était  jadis  cachée  aux  yeux  par  un  amas  de  sable;  mais 
M.  Reynier  ne  peut  pas  être  affirmatif  sur  le  mode  d'occlusion, 
puisqu'il  n'est  arrivé  sur  les  lieux  que  quand  le  contenu  du  monu- 
ment était  visible. 

4°  Dallage.  —  Le  Dallage,  constaté  dès  le  début,  s'étend  dans 
toute  l'étendue  du  Monument.  Parti  du  fond,  longeant  les  murs  laté- 
raux, il  s'avance  jusqu'au  seuil  même  de  la  porte.  Cette  disposition 
prouve  qu'il  ne  fut  établi  qu'après  l'édification  des  murettes,  mais 
avant  la  mise  en  place  des  piliers. 

En  effet,  les  deux  piliers  reposent  sur  lui  (Fig.  7).  C'est  donc  lui 
qui  constitue  le  seuil  compris  entre  ces  piliers,  et  qui  s'arrête  aussi  à 
l'aplomb  de  la  face  sud  du  Bloc  n°  I. 

Pour  se  rendre  compte  de  la  constitution  de  ce  dallage,  M.  le  Dr 
M.  Baudouin  a  fait  deux  sondages  successifs. 

a)  Le  premier  a  été  pratiqué  le  long  de  la  murette  latérale  ouest, 
pour  étudier  les  rapports  de  cette  murette  et  du  dallage.  Il  a  été  ob- 
tenu en  déplaçant  les  dalles  qui  le  constituait,  en  un  point  assez  voi- 
sin de  l'entrée  (environ  lm30). —  On  n'a  pas  replacé,  à  dessein,  les  peti- 
tes dalles  déplacées,  pour  permettre  aux  visiteurs  spécialistes  d'étudier 
la  constitution  du  dallage.  —  C'est  donc  là  un  fait  qu'il  faut  retenir. 

b)  Le  second  a  été  exécuté  au  centre  du  monument,  lors  de  l'enfouis- 
sement du  bloc  de  Grès,  signalé  plus  haut.  Tout,  en  ce  point,  a  été  re- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  405 

mis  en  état,  car  cela  était  indispensable.  Cette  fouille,  large,  longue 
et  profonde,  a  prouvé  qu'il  n'y  avait  au-dessous  que  des  Sables  de 
Beauchamp  en  place,  c'est-à-dire  le  sol  naturel. 

,  De  ces  deux  sondages,  il  résulte  que  ce  dallage  est  constitué  par 
deux  couches  de  Plaquettes  de  Calcaire  de  Saint-Ouen,  placées  direc- 
tement l'une  sur  l'autre,  avec  une  légère  interposition  de  Sable  de 
Beauchamp,  servant  de  mortier.  Ces  plaquettes  n'ayant  guère  que 
0m10  d'épaisseur,  la  totalité  de  l'épaisseur  de  ce  dallage,  très  bien  fait 
au  demeurant,  ne  dépasse  pas  0m20. 

Les  Plaquettes  ont  été  choisies  à  dessein,  car  quelques-unes  sont 
très  larges  et  d'autres  assez  longues;  mais  leur  épaisseur,  fait  à  noter, 
étant  constante,  le  travail  exécuté  a  pu  être  très  régulier,  et  mené  à 
bien,  grâce  à  de  petits  blocages  ou  calages  fort  bien  compris.  L'en- 
semble représente  :  6m  X  2m  X  0m20  =  lrac40,  c  est-à-dire  près  d'un 
mètre  cube  et  demi  de  Calcaire  de  Saint-Ouen. 

Le  premier  sondage  a  montré,  d  ailleurs,  que  les  Murs  latéraux 
descendent  à  0,n20  plus  bas  que  la  surface  du  dallage  :  ce  qui  prouve 
bien  que  le  Dallage  est  postérieur  à  ces  murs  ! 

D'autre  part,  comme  on  l'a  vu,  les  plaquettes  s'arrêtent  à  la  Porte; 
on  n'a  donc  pas  dallé  le  Couloir  d'Entrée  :  pointimportant  à  souligner 
aussi,  car  il  montre  bien  que  ce  couloir  n  était  que  Yaccessoire, 
obligé,  de  la  Porte. 

Mode  de  Construction.  —  Comment  fut  conçu  le  plan  de  ce  Mo- 
nument ?  Comment  la  construction  fut-elle  menée  à  bien  ?  -  Voilà 
les  deux  problèmes  qu'il  nous  faut  aborder  dans  ce  paragraphe. 

la  Etablissement  du  Plan.  —  Il  est  évident  qu'avant  de  se  lancer 
dans  1  édification  de  cette  Chambre  sépulcrale,  les  Néolithiques  com- 
mencèrent d  abord  par  choisir  le  lieu. 

a)  Ce  choix  fut  dicté  parle  volumineux  groupe  de  Rochers,  qu  ils 
trouvèrent  sur  le  plan  sud  de  la  Montagne  de  Belleville,  à  quel- 
quesmètres  du  sommet. 

6)  Cela  fait,  ils  cherchèrent  le  meilleur  moyen  d'utiliser  cet  em- 
placement favorable,  et  pour  cela  se  rendirent  compte  de  la  disposi- 
tion des  Rochers,  que  M.  Reynier  a  pu  reconstituer. 

Cet  examen  terminé,  ils  comprirent  qu  il  ny  avait  guère  qu'un 
plan  à  adopter,  à  cause  des  conditions  où  ils  se  trouvaient  :  ils 
établirent  \  Orientation  générale  du  Monument  ;  puis  ils  se  mirent  à 
construire. 

Etudions  d'abord  ce  qui  concerne  cette  Orientation  d'ensemble. 

2J  Orientation. —  Etant  donné  le  mode  de  construction  des  Néo- 
lithiques pour  de  tels  Caveaux,  il  est  évident  que  1  Orientation  gêné- 


496  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

raie  du  Monument  et  de  1  Entrée  semblait  commandée  par  la  dispo- 
sition des  lieux,  c'est-à-dire  la  situation  réciproque  des  blocs  de  pierre 
naturels,  qui  devaient  servir  de  couverture  à  la  Chambre. 

D'autre  part,  étant  donné  la  disposition  habituelle  des  Rochers 
éboulés  sur  le  flanc  des  coteaux,  et  le  mode  d'édification  de  ces  cham- 
bres, 1  entrée  ne  pouvait  être  que  du  côté  de  la  vallée,  et  l'axe  plus  ou 
moins  perpendiculaire  à  la  direction  du  thalweg  (1).  En  effet,  il  au- 
rait été  bien  plus  difficile  de  creuser  sous  les  roches,  en  commençant 
du  côté  du  sommet  [ce  qui  aurait  exigé  le  creusement  d'un  puits  ou 
d'un  long  couloir],  ou  même  sur  les  côtés.  D'autre  part,  c'est  lé  grand 
axe  du  rocher  de  couverture,  qui,  dans  ces  cas,  règle  le  plan  des  cons- 
tructions sous-jacentes,  modelées  pour  ainsi  dire  sur  la  forme  de  la 
pierre  en  position  naturelle.  On  est  donc  là  dans  des  conditions  toute 
différentes  de  celle  des  Mégalithes  proprement  dits  (Allées  couvertes, 
Dolmens,  etc.),  où  l'on  pouvait  choisir  l'axe  d'orientation  comme  on  le 
voulait,  puisqu  on  opérait  sur  le  sol  môme,  à  l'air  libre,  avant  la  mise  en 
place  de  la  couverture,  qu'on  pouvait  disposer  comme  on  le  désirait  ! 

a)  Grand  axe  et  fausse  entrée.  —  A  Vendrest,  ces  conditions  se  sont 
trouvées  réalisées  ;  et  la  construction  de  ce  Caveau,  sous  Rochers  en 
place,  a  eu  lieu  conformément  aux  données  théoriques  précé- 
dentes. 

La  Porte  d'entrée  de  la  Chambre  est  au  Sud-ouest  (225°),  exactement 
en  face  de  la  Vallée  du  Ruisseau,  qui,  par  Ocquerre,  se  dirige  vers 
l'Ourcq  [Le  Ru  Jean  Rassat}.  —  L'axe  d'orientation  est,  par  suite, 
Nord-est-Sud-ouest.  Il  correspond  exactement  à  l'undes  axes  des  Rochers 
de  Couverture,  dont  l'un  est  encore  en  position  d'origine,  c'est-à-dire 
placé  de  telle  façon  que,  descendu  de  la  partie  supérieure  de  l'origine 
des  Sables  de  Beauchamp  en  suivant  le  flanc  du  coteau,  ses  bords 
les  plus  longs  sont  perpendiculaires  comme  d'ordinaire  à  la  ligne  de 
glissement,  c'est-à-dire  parallèles  à  l'axe  de  la  vallée  [Les  autres  blocs 
étant  détruits,  on  n'en  peut  rien  dire]. 

h)  Couloir  d'accès  (véritable  Entrée).  —  Mais,  cependant,  les  Néo- 
lithiques devaient  tenir  à  ce  que,  autant  que  possible,  dans  le  cas  de 
Caverne  sous  roche  comme  dans  celui  d'Allée  couverte,  l'Entrée  fut 
reportée  du  côté  du  Soleil  levant,  et  ne  se  trouvât  pas  du  côté  du  So- 
leil couchant.  Et  nous  en  trouvons  une  preuve  à  Vendrest  :  preuve 

(1)  Ce  sont  ces  considérations  qui  ont  fait  croire  à  certains  Préhistoriens  que 
les  Dolmens,  comme  ces  Grottes-là,  avaient  toujours  leurs  Entrées  du  côté  du 
thalweg.  — Mais  M.  M.  Baudouin  a  réussi  à  démontrer  qu'il  n'en  était  rien  et  que 
c'était  le  Soleil  qui  était  le  seul  guide  des  Constructeurs  de  Mégalithes  vrais, 
c'est-à-dire  des  Monuments  érigés  sur  le  sol.  —  Les  auteurs,  qui  avaient  jadis 
abordé  cette  question,  n'avaient  pas  pu  apporter  de  preuves  convaincantes, 
faute  de  fouilles  méthodiques  et  précises. 


SOCIÉTÉ   PREHISTORIQUE   FRANÇAISE  497 

tout  à  fait  èclatantel  —  En  effet,  il  existe,  à  lOuest  de  l'Entrée,  un.Vur 
néolithique,  extra-sépulcral,  de  construction  postérieure  à  celle  du  Ca- 
veau, qui  montre  qu'on  a  tenu,  de  cette  manière, à  n'avoir  accès  à  cette 
Entrée  que  par  le  côté  du  Soleil  levant.  La  présence  d'un  autre  bloc 
de  grès  au  devant  de  1  entrée,  c'est-à-dire  au  Sud  du  premier,  ne  lais- 
sant libre  pour  l'accès  qu'un  Couloir  naturel,  orienté  du  Nord-ouest 
au  Sud-est,  ne  permettait  pas  le  choix  :  il  fallait  accéder,  soit  par  le 
Xord-ouest,  soit  par  le  Sud-est  !  —  Si  les  constructeurs  n'avaient  pas 
eu  une  idée  directrice,  le  Soleil  levant  ou  «  midi  (Soleil  en  Marche), 
ils  auraient  pu  songera  disposer  leur  nouveau  muret,  de  façon  à  en- 
trer du  côté  du  Sud-ouest,  puisque  c'est  ce  côté  que  désignait  le  Ter- 
rain, en  raison  de  la  direction  générale  de  la  Vallée,  qui  va  s  élargis- 
sant vers  l'Ouest; puisque  c'est  de  ce  côté  que  se  dirige  réellement  l'axe 
(225°)  du  Caveau  ! 

Or  leur  muret  est  construit  de  telle  façon  (son  parement  fait  face  au 
Sud-est)  que  le  Couloir  ne  pouvait  être,  à  1  origine,  que  de  ce  côté 
ud-est. 

Si  bien  qu'en  réalité  le  Caveau  sépulcral,  de  par  ce  dispositif,  a  sa 
véritable  Entrée  reportée  au  Sud-est  (à  135°  Est),  grâce  à  ce  Couloir 
d'accès,  à  90°  sur  le  grand  axe  de  225°. 

c)  Signification.  —  Il  résulte  de  là  que  la  Porte,  située  à  l'extrémité 
du  grand  axe  du  Caveau,  n'est  qu'une  fausse  Entrée,  tout  à  fait  compa- 
rable au  Trou  d'accès  des  Chambres  sépulcrales  de  fond  des  Allées  cou- 
vertes à  trou  (type  Villers-Saint-Sépulcre  et  Trye-Chàteau),  et  que  la 
véritable  Entrée  est  reportée  à  l'origine  Est  du  Couloir  d'Accès,  qui 
dès  lors  représente  le  Vestibule  des  dits  monuments  !  Mais,  dans  le 
cas  de  Vendrest,  ce  couloir  d'accès,  au  lieu  d'être  sur  le  prolongement 
du  grand  axe  de  la  Chambre  sépulcrale,  est  coudé  à  90°  (angle  droit), 
comme  dans  certaines  Allées  couvertes  de  Bretagne  (type  «  Pierres 
plates  »,  ou  autres),  en  raison  même  de  la  disposition  des  lieux, 
constituant  ici  un  cas  de  force  majeure. 

Il  est,  par  suite,  évident  que  cette  Orientation  générale,  s'inclinant 
vers  le  Sud-est,  est  voulue  et  a  une  signification  rituelle,  là  comme  dans 
les  Dolmens  !  —  C'est  ce  que  nous  tenions  à  établir  ici,  tout  d'abord, 
pour  justifier  notre  Restauration  de  l'Entrée.  C'est,  en  effet,  pour  qu'une 
trace  de  cette  disposition  persiste,  après  la  disparition  du  Rocher 
d'avant  (Bloc  III),  que  nous  avons  fait  construire  un  Mur  spécial  [arti- 
ficiel, en  Grès  de  Beauchamp  et  ciment],  orienté  Sud-est-Nord-ouest,  et 
remplaçant  le  bord  Nord-est  de  ce  Rocher  Sud  (n°  III)  extra-sépulcral, 
d'une  part  ;  et  que,  d'autre  part,  nous  avons  maintenu  libre  le  couloir 
d'accès  du  côté  de  l'Est,  en  y  installant  un  Escalier,  permettant  une 
descente  facile  dans  le  Caveau,  du  côté  même  de  l'ancienne  véritable 
Entrée. 


498  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

d)  Début  de  la  Construction.  —  En  réfléchissant  à  cette  disposi- 
tion et  en  poussant  plus  loin  le  raisonnement,  on  peut  même  affirmer 
que  les  Néolithiques,  quand  ils  ont  voulu  construire  un  tel  monument, 
ont  recherché  à  dessein  une  disposition  naturelle  du  terrain,  correspon- 
dant à  /'idée  directrice  indiquée  plus  haut. 

Désirant  une  chambre  sépulcrale  à  axe  Sud-est-Nord-ouest,  ils 
ont  choisi  l'intervalle  de  deux  rochers,  donnant  un  couloir,  ayant  cette 
direction  précise.  Après  déblayage  du  sable  de  ce  couloir,  constatant 
qu'ils  ne  trouvaient  pas,  au  fond,  un  Rocher  assez  gros  [Peut-être  un 
Bloc  de  l'Ouest,  n°lV  ?],  sous  lequel  ils  pouvaient  creuser  leur  grotte, 
ils  obliquèrent  vers  le  Nord,  quitte  à  murer  plus  tard  à  l'ouest  le 
fond  du  couloir,  et  creusèrent  alors  sous  le  Bloc  n°  I,  Nord  ! 

Ils  semblent  donc  avoir  désiré  nettement  une  Chambre  sépulcrale, 
ayant  son  fond  vers  le  Nord,  et  une  construction  à  grand  axe  Nord-Sud 
ou  à  peu  près,  comme  dans  les  Dolmens  de  Bretagne  (1).  La  preuve 
que  cette  «  allée  »  vers  le  Nord  est  voulue,  c'est  qu'ils  auraient 
très  bien  pu  «  aller  »,  c'est-à-dire  se  diriger  vers  le  Sud,  puisqu'il  y 
avait  là  aussi  un  rocher  au  Sud  ! 

Il  est  vrai  qu'une  autre  raison  a  pu  les  déterminer  à  pousser  leurs 
travaux  vers  le  Nord  :  car  de  ce  côté  était  la  Butte  de  Belleville  ; 
et  le  travail,  sur  ce  flanc  là,  devait  être  plus  facile  et  plus  sûr. 

3°  Construction.  —  Cela  étant  bien  établi,  le  reste  se  comprend 
très  bien. 

a)  Creusement.  —  On  commença,  par  l'intermédiaire  du  couloir 
d'accès,  à  enlever  tout  le  Sable  de  Beauchamp,  situé  sous  le  Bloc 
n°  I,  sur  la  largeur  voulue  (2  mètres,  -f-  0m40-f-  0m40  pouiles  muret- 
tes  ;  soit  3m,  ou  environ  9  pieds). 

Rendu  au  bord  Nord  du  Bloc  I,  on  constata  que,  plus  loin,  il  y 
avait  un  autre  Bloc,  le  n°  II,  et  qu'on  pouvait  continuer  à  creuser 
aussi  sous  celui-là.  On  s'avança  donc  jusqu'au  bord  Nord  du  Bloc 
n°  II  !  —  A  ce  moment,  un  Rocher  faisant  défaut  pour  constituer  une 
voûte,  il  fallut  bien  s  arrêter  et  songer  à  terminer  le  creusement.... 

b)  Etablissement  des  Murettes.  —  De  l'avis  de  M.  le  D'  Marcel  Bau- 
douin, on  dut  commencer  à  édifier  les  deux  murs  latéraux,  en  même 
temps  que  l'on  pratiquait  le  creusement  ;  on  les  continua,  au  fur  et  à 
mesure,  en  allant  de  l'entrée  vers  le  fond.  Il  n'est  pas  probable,  en 
effet,  qu'on  ait  attendu  la  fin  du  creusement,  pour  bâtir  ces  murs  ;  cela 
pour  les  raisons  suivantes  : 

1°)  Nécessité  de  maintenir  les  sables,  au  fur  et  à  mesure  du  creuse- 
ment :  cela  de  chaque  côté. 

(1)  S'ils  n'avaient  pas  eu  cette  idée,  rien  n'était  plus  simple  pour  eux  que 
d'attaquer  le  Bloc  n°  I  par  son  côté  Ouest  :  ce  qui  était  plus  facile,  même  dans 
l'hvpothése  de  l'existence  du  Bloc  n°  IV  ! 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  499 

2°  Nécessité  d'avoir  construit  le  mur  latéral  Ouest  d'abord,  pour 
combiner  l'engrenage  des  pierres  du  coin  Nord-ouest. 

3°  Si  l'on  avait  débuté  par  le  mur  de  fond,  rien  n'empêchait  de  le 
feire  vertical,  comme  les  latéraux;  or  il  est  oblique  et  dirigé  de  bas  en 
haut  vers  le  Nord  :  ce  qui  semble  en  rapport  avec  son  édification  à  la 
fin  des  travaux. 

c)  Etablissement  du  Dallage.  —  Il  est  difficile  de  dire  si  le  Dallage 
fut  mis  en  place  d'avant  en  arrière,  au  cours  des  travaux. — Il  est  plus 
probable  qu'il  fut  posé,  au  contraire,  d'arrière  en  avant,  les  murettes 
terminées  ;  mais  rien  ne  permet  de  l'affirmer. 

d)  Mise  en  place  des  Piliers. —  Puis,  on  mit  en  place  les  Piliers.  On 
a  dû  commencer  par  le  Pilier  Est,  pour  les  raisons  indiquées  (appli- 
que directe  sur  la  face  interne  du  mur  latéral  Est),  au  coin  Sud-est. 

Puis  on  plaça  le  Pilier  Ouest.  Comme  la  porte  devait  avoir  deux 
pieds  de  large  [pour  pouvoir  pénétrer],  en  raison  des  dimensions  en 
largeur  de  ce  pilier,  on  dut  le  reculer  vers  l'Ouest,  et,  au  lieu  de 
l'appuyer  sur  la  face  interne  du  mur  Ouest,  on  l'accola  à  l'extrémité 
Sud  de  ce  mur,  si  bien  qu'il  le  déborde  à  l'Ouest  d'une  façon  notable. 

Cela  explique  pourquoi  les  piliers  reposent  sur  le  Dallage. 

A  ce  moment,  on  compléta  les  contacts,  en  intercalant  des  blocs  de 
Calcaire  de  Saint-Ouen  dans  les  espaces  libres,  en  particulier  aux 
coins  Sud-est  et  Sud-ouest,  et  au-dessus  du  Pilier  Ouest,  un  peu  trop 
court. 

e)  Construction  du  Mur  extra-sépulcral.  —  La  Chambre  funéraire 
terminée,  ayant  constaté  que  les  sables  de  l'Ouest  s'éboulaient  facile- 
ment, on  crut  utile  de  les  maintenir  en  place  par  une  petite  murette, 
obturant  le  fond  du  couloir  d  accès.  Après  avoir  arcbouté  le  pilier 
ouest  par  un  gros  bloc  de  Grès  de  Beauchamp  (Fig.  8  ;  K),  on  éleva 
pardessus  cette  murette  extra-sépulcrale,  jusqu  au  sommetde  la  Porte. 

De  la  sorte,  1  accès  du  monument  fut  aisé  ;  et  on  évita  toute  crainte 
d  éboulis  pendant  la  période  d'activité  de  1  Ossuaire. 

Conclusions.  —  Le  Monument  de  Belleville,  à  Vendrest,  est,  en 
somme,  un  Caveau,  creusé  sous  des  Rochers  en  place,  reposant  sur  des 
sables.  Des  murettes  en  pierres  sèches,  sur  les  parois  et  au  fond, 
furent  élevées,  après  creusement,  pour  arrêter  les  sables.  L'entrée  fut 
rétrécie  par  deux  piliers,  dressés  après  coup.  Il  fut  protégé  par  une  mu- 
rette extérieure.  —  Il  ne  s'agit  donc  pas  là  d'un  vrai  Dolmen,  mais 
d'une  construction  intermédiaire  entre  cette  sorte  de  Mégalithe,  et  la 
Grotte  artificielle,  taillée  dans  la  craie  (Marne,  etc.), 


500  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

On  connaît,  en  Seine-et-Oise,  des  monuments  analogues  :  par 
exemple  à  Obterre  (Les  Boutards)  ;  à  Buno-Bonnevaux,  près  Milly 
[avec  Incinérations)  [D'après  G.  Courty,  Congrès  de  Beaiwais,  1909, 
p.  323]. —  Il  est  probable  qu'il  yen  a  encore  d'autres  semblables  aux 
environs  de  Paris  et  en  Seine-et-Marne. 

Il  est  certain  qu'il  s'agit  d'un  Ossuaire  de  VAge  Néolithique,  épo- 
que Robenhausienne    [pas  le   moindre  mélange   dans  le    mobilier]. 

D'importantes  Découvertes  scientifiques  ont  été  faites  dans  cette  sta- 
tion [Trépanations  ;  Grattages  crâniens  ;  Actions  humaines  sur  les  Os 
décarnisés  ;  Déformations  crâniennes  ;  Maladies  des  os  ;  Affections 
dentaires,  etc.],  où  il  y  avait,  à  la  base,  un  Dépôt  d'Incinérations,  et,  en 
haut,  un  amas  d'Ossements  non  incinérés,  qui  ne  peut  correspondre  à 
des  inhumations  vraies,  mais  bien  à  un  Dépôt  d'Os,  placés  là  avec 
conservation  des  ligaments  des  grandes  articulations. 


La  Société  Préhistorique  française  a  donc  bien  mérité  de  la  Science, 
en  le  restaurant  complètement. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRÀNÇAtSE 


501 


Sur  les  anses  verticales 
multiforées  horizontalement. 


Dr  A.  GUÉBHARD  (Saint- Vallier-de-Thiey,   A. -M). 

Au  cours  de  recherches  sur  les  anses  multiforées  verti- 
calement (1),  il  m'arriva  de  remarquer  de  singulières  anses 
verticales,  multiforées  horizontalement,  de  destination  toute 
différente  et  beaucoup  plus  rares,  —  parce  que,  peut-être, 
beaucoup  plus  fragiles. 

Quoique  aucun  lien  de  famille  ne  m'ait  paru  pouvoir  réu- 
nir les  cas  très  divers  de  cette  espèce   qu'à  la  longue  j'arri- 


Fig.  1.  —  Loge  postérieure  d'une  sépulture  sous  tumulus  de  Klycken,  Prusse  orientale  [A. 
Bancuuini,  Bericht  ûber  Ausgrabungen  in  Ostpreussen  wâhrend  der  Jahre  1900  bis  1902. 
Sitzsb.  d.  Altertumsges.  Prussia,  1900-1904,  Hft.  XXII,  1909,  p.  250-295,  flg.  173-192,  pi. 
XLII-XLVI  (v.  pi.  XLV  et  fig.  174,  p.  263)]. 

vai  à  recueillir,  il  s'en  trouva  un,  pourtant,  dont  l'intérêt  me 
sembla  dépasser  la  simple  curiosité  et  pouvoir  justifier,  à  lui 
seul,  le  groupement  tout  artificiel  des  autres. 

C'est  celui  de  certaines  anses  polypodes  à  deux,  trois, 
jusqu'à  cinq  trous,  qui  paraissent  avoir  constitué,  vers  le 
milieu  et  la  fin   de  l'époque   de    La    Tène,    dans    la  Prusse 


(1)  A.  Guébhard.  Sur  tes  anses  multiforées  à  trous  de  suspension  verticaux. 
Congrès  Préhist.  de  France,  IVe  sess.,  Chambéry,  1908,  p.  737-768,  27  fig. 
Le  Mans.  1909.  —  Sur  une  spécialité  céramique  méconnue  de  l'arrondissement 
d'izès  avant  l'histoire,  8\  16  p.,  33  fig.,  Le  Mans,  1910. 


502 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISB 


orientale,  une  mode  aussi  générale,  mais  aussi  localisée, 
qu'à  la  fin  du  Néolithique,  celle  de  l'anse  «  en  flûte  de  Pan  », 
dans  les  régions  d'Uzès  et  de  Chassey. 

La  Figure  1  nous  en  montre  des  exemples  en  place  dans 
la  partie  trouvée  inviolée  d'une  sépulture  rectangulaire 
découverte  par  M.  A.  Brinkmann,  à  Klycken,  sous  un  turau- 
lus,  dont  elle  n'occupait  point  le  centre,  mais  un  secteur 
oblique,  entre  un  triple  cercle  de  pierres  extérieures  et  une 
petite  logette  circulaire  centrale,  ayant  servi  de  foyer. 

Quatre  urnes  s'y  trouvaient  réunies,  l'une  sans  anse,  mais 
coiffée  d'un  couvercle  percé  d'un  trou  central,  les  trois 
autres  munies  de  ces  anses  multipartites  polypodes  d'as- 
pect extraordinaire,  grimpant  comme  de  grandes  chenilles 
depuis  la  carène,  très  accentuée,  du  vase,  en  bicône  bien 
caractéristique,  jusqu'à  la  bouche,  légèrement  renversée  en 
dehors. 


Fig.  2.  Fig.  3.  Fig.  4. 

Fifi.  2   et    3.  Echelle  :  U/lô.  —  Urocs  cinéraires  de  Warnicker  Forst,  Prusse  orientale  [H.  Kkmkk, 

Hugelgrûber  im  nordwestlichen  Samland.  Sitzsb.  Altertumsges.  Prussia,  1900-1904,  Hft.  XXII, 

1909,  p.  385-423,  fig.  215-222,  pi.  LVII-I.1X  (v.  fig  216-218  et  p.  390)]. 

Fig.  4.  Echelle  :   2/15.  —Urne  cinéraire  de  Kalkberg,  Prusse  orientale  [H.  Kkmke,  Katalog  de» 

Prwatiamuseums,  1,  1906,  n°  252,  lig.  93  £]. 


Trois  ou  quatre  cruches  analogues  devaient  occuper  l'an- 
tichambre violée  de  la  tombe.  Toutes  étaient  remplies  de 
fragments  d'os  brûlés,  parmi  lesquels  on  trouva  une  épin- 
gle et  une  fibule  de  fer,  une  autre  de  bronze,  et  un  fragment 
de  métal,  qui  donna,  à  l'analyse  :  Cu  82,2;  Pb6.0;  St6,8; 
Zn  0,4;  Fe  0,1.  Tous  ces  objets,  aussi  bien  que  la  forme  et 
l'ornementation  des  poteries,  rattachent  celles-ci  à  l'époque 
moyenne  de  La  Tène  dans  la  Prusse  orientale,  c'est-à-dire  à 
peu  près  aux  me  et  ne  siècle  avant  Jésus-Christ. 

Mais  elles  y  ont  peut-être  duré  plus  longtemps,  à  juger 
par  deux  vases    des  mêmes   parages  (Fig.  2,  3),  que  M.  H 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  503 

Kemke,  après  une  discussion,  plus  développée,  il  est  vrai, 
que  convaincante,  attribue  à  la  fin  de  La  Tène,  plutôt  qu'à  la 
période  moyenne,  à  cause  de  leur  système  d'ornementation, 
couvrant  jusqu'au  dos  de  l'anse,  ici  (Fig.  2)  par  un  prolonge- 
ment des  lignes  de  fossettes,  là  (Fig.  3),  par  un  triple  sillon 
longitudinal,  recoupé,  entre  chaque  boucle,  par  une  double 
encoche  transversale. 

L'auteur,  après  avoir  rapproché  ces  vases  d'autres  de  la 
même  région,  précédemment  publiés  par  0.  Tischler  (1), 
Heydegk  (2)  [Fig.  4-7)  et  Hollack,  prend  prétexte  de  ce  que 
les  gravures  géométriques  que  montre  un  de  ces  vases,  en 
dessus  et  en  dessous  de  sa  carène,  à  angle  mousse,  rappel- 
lent  les  dessins  de  «  bandes  perlées  »  que    M.  J.    Déche- 


Fig.  5 


Fig.  5.  Echelle  :  S/15.  —  Urne  cinéraire  de  Viehof,  Kr.  Labiau  [K.  Hollack,  Ausgrabungen  1895, 
Sitzsb.  Altertumsges.  Prussia,  Hft.  XX,  1896,  p.  111-1*5  (v.  p.  114,    fig.  30»]. 

Fig.  6.  Echel'e .  2/15.  —  Très  jolie  petite  urne  de  Scn«burg,  à  moitié  inférieure  rugueuse,  la 
supérieure  noir  mat  ;  tiouTée  avtc  une  libule  terminée  par  un  bouton  en  spirale,  quatre  perles 
dorées,  quatre  autres  a 'émail  jaune  orange,  deux  d'émail  rouge.  Le  tout  da  é  très  exactement 
du  premier  siècle  de  notre  ère.  0.  Tischler,  Ostpreusxiscke  Grâberfelder.  III.  Schrift.  d. 
phvsik.-ôkon.  Ges.  zu  Konigsberg,  XIX,  1878,  p.  159-269,  pi.  VII-XI  (v.  p.  263  et 
pi.  VII,  3)]. 

Fig.  7.  Echelle  :  1/5.  —  Urne  cinéraire  d'une  sépulture  de  La  Tène  à  Rmlau  (n*  4563  du  Catal. 
dn   Musée  de  Konigsberg)  [0.  Tischlbr,  Grabhûgel,  II,  1888.  p.  133,  pi.  1, 18]. 

lette  (3;  regarde  comme  caractéristiques  de  la  fin  de  La  Tène 
gauloise,  pour  rajeunir,  avec  l'urne  de  Kalkberg  {Fig.  4), 
toutes  les  autres  KFig.  5  à  7),  même  celles  qui  ne  montrent 
pas  d'ornementation  géométrique. 

(1)  0.  Tischler.  OstpreusiUche  Grabhûgel.  Schriften  d.  physik.-6kor» .  Ges. 
zu  Konigsberg,  t.  XXVII,  1886,  p.  113-178,  6  fig.,  pi.  III- VI:  t.  XXIX.  1888.  p.  106- 
135,  2  fig.,  pi.  I-1I;  t.  XXXI,  1890,  p.  1-37,  pi.  I-II. 

(2)  Heydeck.  Stzsb.  d.  Altertumsges.  Prussia,  1879-1880,  p.  13. 

(3)  J.  Déchelette.  Monte foriino  et  Ornavassa.  Etude  sur  la  civilisation  des 
Gaulois  cisalpins.  Revue  archéologique,  t.  XL,  1902,  p.  245-283,  35  fig.  [v.  p.  275, 


504  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Quoique  nous  ne  puissions  prétendre  trancher  la  question, 
il  nous  semble  qu'il  y  a  là  un  cercle  vicieux,  que  ne  corrige 
nullement  la  concession  faite  par  cet  auteur  de  laisser  à  La 
Tène  moyenne  une  autre  urne  de  Klycken,  du  type  encore 
de  celle  de  Kalkberg,  dit  l'auteur,  mais  à  poignée  moins 
massive,  avec  deux  grandes  ouvertures,  au  lieu  de  trois  ou 
quatre  petites,  et  qui,  par  son  décor  de  fossettes  ovales, 
remontant  jusque  sur  l'anse,  ainsi  que  par  la  forme  presque 
hémisphérique  de  sa  panse  déprimée,  qui  se  continue  douce- 
ment, sans  angle,  avec  un  fond  non  aplani,  rappelle  un  des 
vases  de  Tischler  provenant  de  Grùnwalde  {Fig.  9),  attribué 
par  celui-ci  au  commencement  de  La  Tène  moyenne. 


Fig.  8.  Echelle:  1/5.  —  Urne  cinéraire  de  Warschken,  en  argile  mêlée  de  graviers,  cuite  au 
rouge  clair  et  recouverte  d'un  enduit  (in  d'un  gris-brun-jaunàtre,  parfaitement  lissé  (n°  4382, 
Kônigsberg)  [0.  Tischler,  Grabhuyel,!,  1886,  p.  165,  pi.  III,  8]. 

Fig.  9.  Echelle  ;  1/5.  —  Urne  cinéraire  de  Grùnwalde  (n°  7373),  de  pâte  semée  de  granité  pilé 
recouvert  d'un  enduit  lin,  brun-jaune-clair,  bien  lisse.  Ce  vase  se  trouvait  dans  une  ciste  de 
pierre  de  4™50  de  longueur  sur  0m80  de  largeur  avec  un  très  grand  nombre  d'autres,  la  plupart  à 
couvercles,  et  décorés  a  la  roulette,  ce  qui  les  met  tout  à  la  tin  du  Hallstatt,  vers  les  débuts 
de  la  Tène  [0.  Tischler,  Grabhûgel,  III,  1890,  p.  3-7,  pi.  I,  13]. 

Or  si  nous  nous  reportons  aux  études  citées  de  M.  Déche- 
lette,  nous  voyons,  ainsi  que  pouvait  le  faire  prévoir  l'expres- 
sion de  bandes  perlées,  qu'au  lieu  de  fossettes  creuses,  il  s'agit 
de  petits  globules  ménagés  en  relief,  au  centre  d'une  alvéole 
imprimée  en  creux  dans  la  pâte  fraîche  (1).   D'autre  part  les 


fig.  23-25].  —  Poteries  de  La  Tène  à  décoration  géométrique  incisée,  Rev.  arch., 
t.  XXXIX,  1901,  p.  51-63,  4  fig.  [v.  p.  59J.  — Les  vases  peints  gallo-romains  du 
Musée  de  Roanne,  Rev.  arch.,  t.  XXVI,  1895,  p.  197-212,  pi.  V-VI. 

(1)  Cf.  Bulliot.  Fouilles  du  Beuvray,  Ancienne  Dibracte,  1899,  Album,  pi.  XXIII, 
fig.  1;  pi.  XXVJII,  fig.  3;  pi.  XXXIII,  fig.  6,  10,  15,  17,  22,  24.  En  réalité,  c'est  un 
simple  perfectionnement  de  l'estampage  d'un  cercle  en  creux,  avec  mise  en  valeur 
de  la  «  perle  »  forcément  produite  au  milieu  et  d'autant  mieux  isolée  qu'est  plus 
grande  l'épaisseur  des  parois  du  cylindre  imprimeur.  Aux  temps  barbares,  cela 
donna  le  décor  ocellé  dont  nous  avons  cité  de  curieux  exemples  médiévaux  (B.  S. 
P.  F,,    VII,  1910,  p.  13,   fig.  2,  3)  en  insistant  sur  ce  que  cela  remontait  aux  pre- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  505 

lignes  des  dessins  de  M.  Déchelette,  soit  gravés,  soit  peints, 
n'ont  rien  de  la  simplicité  géométrique  des  traits  droits 
pointillés  de  la  Fig.  9,  mais  présentent  des  combinaisons  de 
courbes  compliquées,  parmi  lesquelles  domine  l'S  couchée. 
Et  si  nous  revenons  alors  au  mémoire  original  de  Tisch- 
ler  (1),  nous  voyons  d'abord  celui-ci  établir  expérimentale- 
ment que  l'ornementation  de  lignes  piquetées  de  son  vase 
[Fig.  9),  imitant,  en  moins  serré,  les  impressions  de  corde- 
lettes et  les  incisures  à  incrustations  colorées  de  l'époque 
néolithique,  n'a  nullement  été  obtenue,  —  comme  d'autres, 
d'apparence  similaire,  mais  à  pointillé  moins  serré  —  d'Ihlni- 
cken,  ou  comme  les  fossettes  de  nos  poteries  à  anses  polvpo- 
des,  par  impression  d'une  pointe  de  baguette  taillée  ad  hoc, 
mais  à  la  roulette,  comme  le  furent  plus  tard  les  pointillés 
beaucoup  plus  fins,  et  sur  plusieurs  rangs,  des  belles  pote- 
ries noires  des  1er  et  ne  siècles,  du  Mecklembourg-Schwe- 
rin,  jusqu'en  Bohême. 

Fig.  10.  —  «  Vase  des  collections  de  la  Société  Prussia  à  Koe- 

nigsberg,  d'an  tumuius  à  ciste,    trouvé  à  Tikrehnen.  >  Un  des-  tfssïJ.     "^^ 

sin  en  a  été    donné   par    le   D'   Isgwalo    Usdsei  {Jernalde  I   Jfis,  p>jj|à 

feus  Begyiidelse  i  Mord-Europo,  in  8*,  464  p..  209  fig.,  32  pi  ;  J     •*"      J \ 

Kristiama,  Cammermeyer.  1881;  v.  pi.  XV,  15  et  p.   137  et  f  jZ .vÉTl 

451);  mais  il  e?t  très  inexact,  et  le  cliché  que  j'en  arais  fait  ^K^^=-4Sï»  J  \ 

faire  était   lui-même  défectueux.   Aussi  suis  -  je  d'autant  plus  Jv&ffi  ^É'        w 

heureux  d'avoir  dû  à  l'obligeance  du  réminent  président  de  l'Ai-  \V&      «âT*   M 

lertumsgeseUschap  Pnusia,  de  Kônigsberg.  M.  le  P roi'  A.  Bez-  "^^^     ^sÈs?^ 
zg5BERGga,  en  outre  d'une  foule  d'indications  précieuses,  le  dessin 

rigoureux,  fait  spécialement  à  mon  intention,  dont  la  figure  10  est  \          / 

une  reproduction  très  réduite,  montrant  cependant  bien  la  gra- 
vure anthropomorphe  qui  fait  l'intérêt  tout  particulier  de  cette  pièce.   La  restitution  en  poin- 
tillé te  la  forme  u'est  nullement  fantaisiste,  mais  faite  d'après  une  urne  de  Rantau  présen- 
tant, an  décor  près,  les  plus  grandes  similitudes. 

Enfin  Tischler  insiste  (2)  sur  ce  que  les  vases  à  fond  rond, 
qui  sont  toujours  recueillis  dans  les  sépultures  adventices 
des  tumulus,  dont  la  loge  centrale  renferme,  au   contraire, 


miers  temps  de  la  céramique  préhistorique.  M.  Marc  Le  Roux  en  a  publié  an  joli 
cas  néolithique  {La  Palafitte  néolithique  du  Lac  d'Annecy  :  outillage,  industrie, 
faune.  Congr.  Préhist.,  IV*  sess.,  1908,  p.  5't 7-566  :  v.  p.  561,  fig.  93).  M.  J.  de 
Saint- Venant  en  figure  un  gaulois  Un  retenant  du  Châleaumeillant  gaulois, 
tesson  de  poterie  à  cupules  perlées,  Mém.  Soc.  Antiq.  du  Centre,  t.  XXXII,  1909). 
Nul  doute  que  la  pratique  n'en  soit  née  de  bonne  heure,  non  pas  seulement  aux 
pays  où  pousse  le  roseau  ou  le  sureau,  mais  à  peu  près  partout  où.  un  os  creux 
donna  la  première  idée  du  cylindre  et  de  sa  section  droite  circulaire,  à  employer 
comme  cachet.  Mais  le  procédé  fut  toujours  différent,  et  probablement  pas  con- 
temporain, de  la  fossette  simple,  immédiatement  dérivée  elle-même  de  l'impression 
digitale  primitive. 

(1)  Op.  cit.,  III,  p.  3-8. 

(2)  Op.  cit.,  I,p.  134, 160,  etc.;  11,123;  111,10. 


506  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

des  vases  à  fonds  plats,  sont  nécessairement  postérieures, 
quoique  pas  de  beaucoup  (de  quelques  générations  à  peine), 
aux  fonds  plats,  qui  d'ailleurs  régnaient  déjà,  et  exclusive- 
ment, aux  débuts  du  Bronze. 

A  ce  propos  nous  pouvons  remarquer  encore  qu'ULYSSE 
Dumas  (1)  regardait,  au  contraire,  dans  le  Gard,  le  fond  plat 
comme  le  dernier  venu  de  l'âge  du  Fer,  postérieur  même  au 
pied  rajouté  en  saillie,  perfectionnement  du  fond  simplement 
repoussé  en  dedans,  lequel  aurait  été  le  premier  à  suivre  le 
fond  bombé  primitif. 

Et,  au  milieu  de  tout  cela,  personne  ne  semble  vouloir 
admettre,  malgré  l'évidente  leçon  des  tableaux  de  fouilles, 
que  nos  ancêtres  aient  pu,  comme  nous  faisons  nous-mêmes, 
fabriquer  simultanément,  suivant  la  destination  pratique,  des 
récipients  à  fond  plat  et  à  fond  rond,  des  anses  simples  ou 
multiples,  et  du  décor  piqueté  ou  linéaire,  ou  même  les  deux 
combinés,  suivant  la  fantaisie  du  décorateur,  satisfaisant, 
par  delà  le  but  utilitaire,  à  ce  besoin  d'art  qui  sut,  de  tout 
temps,  corriger  la  tyrannie  de  la  mode  par  la  liberté  de  la 
patte  et  la  variété  du  coup  de  pouce  individuel. 

Mais,  en  vérité,  devant  tant  de  contradictions,  les  nuances 
sur  lesquelles  s'appuie  M.  Kemke  pour  mettre  un  écart  de 
deux  ou  trois  siècles  entre  des  poteries  bien  semblables  et 
trouvées  tout  près  les  unes  des  autres,  doivent  paraître  bien 
subtiles,  et  risqueraient,  par  l'excès  même  de  recherche  de  la 
précision,  de  justifier  des  critiques  du  genre  de  celles  que 
formulait  récemment  M.  L.  Franchet  contre  l'empirisme 
des  méthodes  chronologiques  usitées  en  céramique  préhisto- 
rique (2),  si  ce  dernier  auteur,  qui  est  chimiste,  ne  leur 
avait  ôté  lui-même  toute  force  en  émettant  l'inadmissible 
prétention  de  leur  substituer  uniquement  l'analyse  chi- 
mique. Il  serait  curieux  vraiment  de  mettre  celle-ci  à  l'é- 
preuve et  de  voir  comment  elle  arriverait  à  nous  apprendre, 

(1)  U.  Dumas.  Des  temps  intermédiaires  entre  la  Pierre  polie  et  l'époque  Romaine. 
Bull.  Soc.  Préh.,  t.  Vif,  1910,  p.  122-136  (4  fig.)  et  186-200  (2  fig.)  [v.  p.  12,  16 
du  t.-à-p]. 

(2)  «  Si  les  recherches  des  préhistoriens,  dit  cet  auteur,  en  traitant  spéciale- 
ment Du  râle  de  la  Chimie  dans  les  recherches  préhistoriques  (Août  1910)  sont  res- 
tées infructueuses,  ils  ne  le  doivent  qu'aux  méthodes  empiriques  employées,  alors 
que  la  Chimie  (vous  êtes  orfèvre,  M.  Josse  !)  leur  donnait  tous  les  moyens  de  par- 
venir directement  au  but  à  atteindre  ».  Or  ce  but  des  préhistoriens  venait  d'être 
précédemment,  par  le  même  auteur,  très  bien  défini  (Sept.  1909)  :  c'est  la  Chro- 
nologie. Et  quand  parut  enfin  (Sept.  1910)  la  fameuse  classification  rénovatrice 
«  directement  »  fournie  par  la  Chimie,    voici    comment  M.    Franchet  lui-même   la 

jugea  :  «  La  classification  technique,  telle  que  je  viens  de  la  présenter,  ne  peut 
être  d'aucun  secours  pour  la  Chronologie  ».  Alors  ???  [Voir  B.  S.  P.  F.,  t.  VII. 
1910,  p.  650  et  suiv.]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  507 

sur  les  âges  relatifs  ou  absolus  de  ces  poteries,  identiques 
de  pâte  et  de  lustres  superficiels,  ce  que  n'a  pu  révéler  sûre- 
ment ni  l'observation  de  leurs  caractères  physiques,  ni  l'é- 
tude  raisonnée  des  objets  qu'elles  renfermaient  ou  qui  les 
accompagnaient. 

Certes,  il  pourrait  être  intéressant,  ici,  de  rechercher  par 
l'analyse  chimique  (ou  plutôt  minéralogique,  car  il  semble 
s'agir  de  simples  badigeonnages  d'argiles  plus  fines)  la  nature 
des  enduits  lissés  qui  montrent  aujourd'hui,  sur  ces  vases, 
des  teintes  sales  très  diverses,  gris-jaune,  rouge-brun,  etc. 
Mais  il  y  a  beau  temps  qu'une  étude  de  ce  genre  a  été  faite, 
sans  révolutionner  la  céramique  préhistorique,  par  D.  A.  Van 
Bastelaere  (1)  dont  le  très  intéressant  mémoire  nous  a  déjà 
plus  appris  que  les  multiples  et  variés  projets  de  réformes 
sur  le  papier  que  M.  Franchet  a  négligé  jusqu'ici  d'éclairer 
du  moindre  exemple  d'application  chronologique.  Encore 
cette  importante  étude,  déjà  ancienne,  d'un  chimiste-archéo- 
logue, n'avait-elle  aucunement  visé  à  substituer  l'unique 
chimie  à  tous  les  autres  moyens  pratiqués  pour  la  classifica- 
tion des  poteries;  mais  elle  n'avait  que  mieux  fait  ressortir 
l'importance,  dont  personne  n'avait  jamais  douté,  d'un  auxi- 
liaire, qui,  s'il  ne  s'appuyait  lui-même  sur  d'autres,  ne  pour- 
rait, seul,  absolument  rien. 

Non  quechacun  desautres,  à  lui  seul,  puisse  beaucoup  plus. 
Et  il  est  incontestable  qu'une  importance  exagérée  ne  cesse 
d'être  accordée  à  de  simples  détails  d'ornementation.  Pour 
peu  que  Ton  songe,  d'une  part,  à  l'étroite  équation  qui  relie 
chaque  stade  du  développement  de  la  machine  humaine  avec 
les  produits  de  son  industrie,  ce  qui  a  dû,  en  tous  lieux,  faire 
correspondre  à  une  cérébralité  déterminée  des  manifestations 
adéquates;  et,  d'autre  part,  aux  localisations  extraordinaires 
qui  s'observent  de  nos  jours  encore,  au  point  de  vue  mode 
et  formes,  en  céramique;  peut-on  s'empêcher  de  trouver  bien 
risquée  une  synchronisation,  de  Gaule  à  Germanie,  basée  sur 
un  décor  aussi  simple  que  celui  de  la  Fig.  4  ?  Graver  des 
laisceaux  de  traits  obliques  alternativement  à  droite  ou  à 
gauche  pour  les  opposer  en  losanges  sur  la  ligne  saillante 
de  la  panse,  n'a-t-il  pu  venir  à  l'idée  du  potier  de  la  Baltique, 
sans  les  leçons  des  bords  du  Rhône  ou  du  Danube  ?  Et  s'il  y 
avait  eu  influence  lointaine,  pourquoi  donc  ne  se  serait   pas 

(1)  D.  A.  Van  Bastelaeke.  Les  couvertes,  lustres,  vernis,  enduits,  engobes,  etc., 
de  nature  organique,  employés  en  céramique  par  (es  Romains.  Recherche*  chimiques 
et  archéologiques.  Annales  Ac.  Archéol.  de  Belgique,  t.  XXXIII,  1876,  p.  113-140. 
Arvbbs,  J.  P.  Plaskv. 


508  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

vulgarisée  aussi  la  forme  d'anse  originale  et  pratique,  que 
nous  venons  de  voir  commune  dans  la  Prusse  orientale,  in- 
connue partout  ailleurs  ?  Et  vice  versa,  pourquoi  donc  la 
Prusse,  qui  a  gardé  à  travers  des  siècles,  et  malgré  maints 
changements  de  forme  du  corps  du  vaisseau,  un  goût  carac- 
térisé pour  ce  genre  d'anses  polypodes,  dont  la  localité  de 
Masuren  fournit  des  exemples  jusqu'au  IIIe  siècle  après 
J.-C.  (1),  n'aurait-elle  jamais  connu  la  jolie  anse  «  en  flûte  de 
Pan  •»,  commune,  à  la  fin  du  Néolithique,  aux  environs  de 
Bibracte  et  dans  la  région  du  Gard  (2),  inconnue  partout 
ailleurs?  Et  pourquoi,  même  plus  tard,  au  Moyen-âge,  une 
région  de  l'Orne  aurait-elle  gardé  la  spécialité  d'un  décor 
annelé  (3),  et  la  Mayenne,  toute  voisine,  celle  d'une  curieuse 
combinaison  de  treillis,  mascarons  et  ocellures  (4)? 

Fig.  11.  Echelle  :  1/5.  —  Vase  du  cercle  de  Schwerin  a.  Warte 
[Prof'  Dr  Gustav  Kossinna.  Die  Indogermanische  Frage  archaeo- 
logisch  beantworlet,  VI,  Ztschr.  f.  Ethnol.,  XXXIV,  1902,  p.  162- 
222,  39  fig.  (v.  p.  173,  fig.  19;].  L'auteur  cite  des  vases  ana- 
logues, à  paire  d'anses  dissymétrique,  à  Strelno  (Gr.  Koluria) 
et'  Rhinow  (West-Havelland).  On  peut  en  rappiocher  un  vase 
assez  déprimé,  en  forme  A'olla;  publré  par  H.  Seei.mann-Alten 
[Sleinzeittiche  Gefaesne  aus  dem  Kreise  ipessau,  Nachr.  d. 
dculsch.  Altertiimir  (Ergzsbl.  z.  Ztschr.  .  Ethnol..,  XXXV, 
1903,  p.  87-95,  15  fig.].  Ce  vase  néolithique,  très  joliment 
décoré  de  lignes,  triangles  et  lo«anges  obtenus  au  po;nlillé 
par  l'impression  d'une  toute  petite  demi-circonférence,  porte  d'un  seul  côté,  sur  la  ligne  de 
gorge,  assez  distantes  l'une  de  l'autre,  deux  toutes  petites  bouclettes  funiculaires,  évidemment 
inutiles  pour  la  préhension  et  disproportionnées  avec  la  hauteur  de  18  cent.  d«  vase. 

En  réalité,  dans  l'aire  étendue  des  formes  biconiques  à 
galbe  caréné,  et  pendant  la  vogue  du  décor  à  fossettes, 
l'anse  verticale  polypode,  telle  que  nous  venons  delà  figurer, 
forme  un  type  nordique  bien  sui  generis,  occupant  un  îlot 
limité  vers  la  Prusse   orientale.    Type  que    sa  particularité 

(1)  Nous  devons  ce  renseignement  à  l'amabilité  de  l'éminent  président  de  la 
Société  Prussia  de  Kônigsberg,  M.  le  Prof.  A.  Bezzenbergek,  qui,  lui,  cependant,  à 
juger  par  l'absence  de  toute  transition  locale  entre  les  anses  de  la  fin  du  Bronze 
et  les  anses  polypodes,  semble  incliner  à  croire  à  une  importation  de  l'idée 
tout   au  moins,  qui  .trouva  là  un  terrain  particulièrement  propice. 

(2)  A.  Guébhabd,   op.  cit. 

(3)  A.  Guébhard.  Rapports  présentés  à  la  Commission  des  Enceintes  sur  les 
Fouilles  de  1009  de  M.  E.  Foucault  à  la  Butte  de  la  Nocherie  en  Saint- Bômer-les- 
Forges[Orne),B.  S.  P.  P.,  t.  VII,  1G3-173,  13  fig.  et  212-217,  3  fig. 

(4)  Id.,  p.  214.  Il  faut  dire  que  nous  avons  retrouvé  dans  Laurent  Rabut  [Ha- 
bitations lacustres  de  la  Savoie,  ier  Mém.,  Mém.  et  docum.,  publ.  par  la  Société 
Savoisienne  d'hist.  et  d'archéol.,  t.  VIII,  1864,  p.  79-145;  album  de  XVI  pi.  in  f» 
(v.  pi.  VIII,  fig.  2)]  une  figure  de  vase  palafittique,  où  l'on  pourrait,  avec  un  peu 
de  parti-pris,  voir  l'origine  du  type  de  l'Orne.  Mais  ce  serait  aller  bien  à  rencon- 
tre de  notre  thèse,  et  nous  n'en  parlons  que  pour  relever,  au  contraire,  ce  qu'au- 
rait de  forcé  une  assimilation  qui  ne  tiendrait  compte  ni  du  saut  chronologique,  ni 
de  la  différence  des  cordons  d'argile,  des  ocellures,  et  de  mainf  s  autres  détails. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  509 

même  prouve  n'avoir  pas  été  d'essence  foncièrement 
humaine,  comme  ceux  qui,  répondant  à  quelque  besoin  pri- 
mordial d'utilité,  ou  seulement  d'art  élémentaire,  se  retrou- 
vent identiques  en  tous  milieux  1  .  Type  spécialisé,  même 
dans  son  domaine  spécial,  car  on  trouve,  côte  à  côte,  quantité 
tle  vases  semblables  déforme,  mais  absolument  dépourvus 
d'anse;  type  utilitaire,  cependant,  et  point  purement  déco- 
ratif, puisque  jamais  préoccupé  de  symétrie  binaire. 


Fig.  12.  Fig.  13. 

Fig.  lî.  Echelle  :  Knv.  l'4.  —  Vase  de  la  palafltte  de  Haumesser  à  Wollishofen,  lac  de  Zurich; 
transition  du  Néolithique  au  Bronze.  Actuellement  an  Musée  National  Suisse,  à  Zurich.  Hauteur  : 
0-165.  Diam.  d'ouverture  :  0-12.    Photo.due  a  l'obligeance  de  M.  Jakob  Heierli". 

Fig.  13.  Echelle  Env.  1  t.  —  Vase  d'Auvernicr  {canton  de  Neuchàtel,  Suisse).  Au  Musée  Natio- 
nal Suisse,  à  Zurich.  Hauteur  :  0-165.  Diam.  d'ouïerture  :  0-13.  Photo,  due  à  l'obligeance 
de  SI.  J.  Heiebli  . 

Evidemment,  c'était  l'anse  de  préhension  réservée  aux  cru- 
ches,et  plus  particulièrement  aux  grosses  cruches  de  libation, 
dont  la  grande  hauteur,  0m30  environ,  et  la  large  panse,  ainsi 

(1)  R.  Vibchow  (Die  diesjaehrige  Generalversammlung  der  deutschen  anthropoto- 
gischen  Gesellschaft  u.  der  Stand  der  archaeol.  Forschung  in  M'est-u.  Ost-Preussen, 
Verhandl.  d.  Berliner  Ges.  f.  Anthropologie,  1891,  p.  (746)-(76ô;  ;  [v.  p.  760]),  qui, 
en  1891,  avait  été  particulièrement  frappé  de  ce  type  d'anses  multiforées  dont 
nous  nous  occupons,  cherchait  dans  la  forme  biconique  des  vases  qui  leur  ser- 
vent de  support,  une  raison  pour  les  apparenter  aux  urnes-pagodes  du  style  ar- 
chaïque d'Italie  en  même  temps  qu'aux  urnes-figures  prussiennes  comme  nous  le 
ferons  nous-mème  un  peu  plus  loin.  Mais  il  est  obligé  de  noter  que  les  premières 
non  seulement  n'ont  jamais  porté  d'anse  polypode,  mais  encore  n'ont  jamais  eu 
leur  anse  attachée  que  sur  le  cône  inférieur,  et  point  supérieur. 

Nous  voyons  là,  quant  à  nous,  un  argument  contraire,  et  tout  en  faveur  de  no- 
tre thèse,  que  si  la  forme  biconique  de  la  panse  et  la  bipartition  de  l'anse  consti- 
tuent encore  des  conceptions  assex  simples  pour  avoir  pu,  à  un  moment  donné, 
naître  d'un  état  de  développement  déterminé,  sur  des  points  très  divers  du  globe, 
sans  communication  ni  leçon,  le  type  polypode  de  l'anse  prussienne,  fût-il  un 
dérivé  (ce  qui  n'est  pas  démontré)  de  la  bianse  commune,  ne  fut  jamais  qu'un  dé- 
rivé tout  local,  à  extension  très  restreinte,  et  tel  que,  si  jamais  on  en  trouvait, 
loin  du  centre,  quelque  tesson  bien  caractérisé,  l'on  serait,  alors,  bien  autorisé  à 
parler  de  relations  lointaines,  mais  d'exportation  et  non  d'importation,  cette  der- 
nière étant  démentie,  à  mon  avis,  plutôt  qu'établie  par  la  comparaison  du  vase 
de  Platénice,  Bohème  (Fig.  58),  par  exemple,  soit  avec  ceux  d'Italie,  soit  même 
avec  ceux  de  la  Prusse  orientale. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  33 


510  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

que  le  poids  ajouté  à  celui  du  contenu,  exigeaient  un  ren- 
forcement spécial  pour  la  manœuvre  d'une  seule  main. 
Or,  ouvrir  la  poignée  assez  pour  permettre  le  passage  des 
quatre  doigts  ensemble,  c'était  lui  donner  le  développement 
d'une  anse  d'œnochoé  fragile.  Et  pouvait-on,  avec  cette  terre 
grossière,  toute  mélangée  de  fragments  inégaux  de  granité 
pilé,  donner  assez  de  solidité  à  la  courbure  et  surtout  à  ses 
deux  attaches,  pour  supporter  tout  l'effort?  Même  au  point 
de  vue  esthétique,  une  large  courbe  se  serait-elle  harmoni- 
sée avec  ce  profil  anguleux  de  génératrices  de  troncs  de 
cônes,  du  raccord  desquels  élait  formé,  sans  l'aide  du  tour, 
le  grand  pot?  La  ligne  droite  de  plus  grande  pente  n'appe- 
lait-elle pas  une  autre  ligne  droite  comme  profil  d'anse  (1)  ? 


Fig.  14.  Fig.  15. 

Fig.  14.  Echelle  :  2/15.  —  Urne  cinéraire  de  Fodersdorf,  couleur  brun  clair,  trouvée  avec  beaucoup 
d'autres,  sous  un  tumulus  de  terre  recouvrant  deux  grands  cercles  de  pierres  concentriques, déni- 
velés, l'intérieur  plus  bas  de  près  de  30  cent.  [A.  Bkzzbnhbrger,  op.  cit.,'p,  15  et  23,  pi.  VU,  3]. 

Fig,  15.  Echelle  :  2/15.  —  Vase  de  Liverdun  (Meurthe-et-Moselle).  «  Pièce  la  plus  intéressante 
de  la  trouvaille,  poterie  à  anse  double;  pâte  grossière,  de  coloration  brune  rougeâire;  décora- 
tion de  trois  traits  parallèles  reliés  entre  eux  par  des  triangles  juxtaposés,  dont  le  sommet  de 
l'un  se  dirige  vers  le  col  et  le  sommet  de  l'autre  regarde  la  base.  Hauteur  :  0m20;  diam.  :  0m20. 
Façonné  à  la  main.  »  Trouvé  à  côté  d'une  sépulture  par  inhumation  d'époque  incertaine,  Bronze  ou 
Hallstatt,  pour  M.  Braupré,  Bronze  pour  M.  Dec  h  blette,  d'après  la  poterie  [Comte  J.  Beaupré, 
La  station  funéraire  de  la  Garenne  à  Liverdun  (Meurthe-et-Moselle,,  Mémoires  Soc.  archéol. 
Lorraine  et  Musée  Lorrain,  t.   LV1I,  1907,  p.  425-460,   4  pi.  (v.  p.  437]). 

Et  multiplier  les  pieds  d'attache,  n'était-ce  pas  préparer 
juste  les  orifices  nécessaires  pour  permettre  de  ramener  so- 
lidement contre  le  pouce  les  autres  doigts  repliés  et  de  ser- 
rer à  pleine  poignée  ? 

Combinaison  vraiment  ingénieuse  —  trop  ingénieuse 
pour  venir  à  l'esprit  de  n'importe  qui,  n'importe  où,  —  mais 
qui  devait  naître  justement  là  où  y  conviaient  la  forme  usuelle 
du  vase  et  la  médiocre  qualité  de  la  terre. 

Une  autre,  plus  simple,  avait  dû  certainement  la  précéder, 
surtout  sur  vases  de  profils  courbes.  Un  seul  pied  médian  sup- 
plémentaire, suffisant  pour  le  renforcement  (Fig.  8,  9, 10,  etc.) 
dédoublait  la  poignée,  si  tant  est  que  l'idée  première  n'ait 

(1)  Il  est  intéressant  de  comparer,  à  ce  point  de  vue,  les  figures  8  et  9;  puis  les 
fig.  24  et  25;  etc. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  oil 

pas  consisté  à  mettre  deux  anses  verticales  Tune  au-dessus  de 
l'autre,  comme  il  arrive  d'en  voir  deux  l'une  à  côté  de  l'autre 
[Fig.  11).  Idée  bien  antérieure,  en  tout  cas,  aux  anses  poly- 
podes  des  bords  de  la  Baltique,  car  nous  la  trouvons  appliquée 
déjà  sur  un  vase  incisé,  de  YVollishofen,  de  la  période  de  tran- 
sition du  Néolithique  au  Bronze,  figuré  par  M.  J.  HEiERLi(l)et 
sur  deux  autres  plus  simples,  provenant  également  des  palafît- 
tes  suisses,  que  notre  savant  confrère  a  bien  voulu  non  seule- 
ment nous  signaler,  mais  encore  faire  photographier  au  Musée 
national,  pour  que  nous  puissions  les  reproduire  (Fig.  12-13)- 


Fig.  46. 


Fig.  11 


Fig.  48. 


Fig.  16.  Echelle  :  1  2.  —  Col  de  vase,  a  anse  en  forme  de  B,  dont  la  panse  étail  probablement 
en  forme  de  sphère  déprimée,  suivant  le  type  saxon  des  champs  à  incinération  du  jeune  à  se  du 
Rronze  à  Kamenz  (Saxe).  Des  collections  préhistoriques  do  Musée  de  Dresde,  dont  l'éminenl 
directeur,  M.  le  Profr  Dr  Deichmûlle»  a  bien  voulu  nous  envoyer  cette  photographie. 

Fig.  17.  Echelle  :  1/5.  —  Broc  du  Scbmiedeberg.  a  anse  en  B.  —  «  A  côté  de  petites  bouteilles 
ansées,  assez  pansues,  de  0»10  seulement  de  haut,  gisait,  dans  une  sépulture,  une  autre  bouteille, 
élancée,  de  0"  185  de  hauteur  et  11  de  plus  grand  diamètre,  de  couleur  rouge  pâle,  marquée  de 
7  et  5  rainures  sons  le  col  et  vers  la  base:  au  eol.de  0-08,  sont  attachées  l'une  au-dessus  de 
l'autre  deux  anses  formant  un  B,  singularité  tout  à  fait  rare,  à  laquelle  ne  sont  connus  comme 
pendants  qu'une  cruche  largement  ouverte,  à  base  décorée  de  spirales,  de  Kônigswartba,  Haule- 
Lusaee  (Musée  d'Antiquités  de  Gôrlitz;  tigurée  par  Prbisker,  Bticke  »"«  die  ratcrlândische 
Yorzeit,  pi.  4.  lig.  588):  une  aulre  de  Heidenstadt  près  Engcnburg.  Basse-Autriche  (Coll. 
Mucb,  à  Vienne),  et  une  de  Gùssfeld  près  Salzwedel,  Aitmark,  de  0"90  de  haut,  largement  ou- 
verte, décorée  d'un  simple  zigzag  ;  Musée  d'Ethnologie  de  Berlin).  La  forme  est  très  différente 
des  vases  de  la  Prusse  orientale  à  anses  divisées  par  un  ou  deux  piliers  intermédiaires  en  deux 
ou  trois  ouvertures,  comme  il  y  eu  a  un  exemplaire  de  provenance  inconnnue,  des  débuts  des 
temps  romains,  au  Musée  royal  de  Berlin,  outre  ceux  de  La  Tène  moyenne  qu'a  publiés 
Tischler...  >;H.  Jentsch,  Vorslatische  Funde  ton  Schlagsdorf  bei  Guben,  natnentlich  èinGefae** 
mir  B-foermigem  Henkel.  Verhandl.  d.  Berl.  ges.  f.  Anthrop.,  1873,  p.  1274H276),  1  fig. 
(v.  p.  275,  fig.  1  "]. 

Fig.  18.  Echelle:  env.  4  3.—  Bombylios  Chypriote  du  Musée  de  Saint-Germain  <  n»  15135. 
Gourde  ovale  aplatie.  Vente  Cesnola,  1870.  »  Hauteur  :  0-112.  Largeur  :  0"074.  Epaisseur  : 
0-043. 

La  même  impression  d'arceaux  superposés,  plutôt  que 
d'un  seul  arc  subdivisé,  se  retrouve  dans  un  vase,  d'âge 
déjà  moins  ancien,  découvert  par  M.  le  comte  Jules  Beaupré 


1    J.  Heierli.  —  Pfahlbauten,  IX.  Bericht,  Mitt.   antiq.  Ges.  Zurich,  XXII,  1888, 
p.  33-38,  XXI  pi.  (v.   pi.  VIII,  fig.  11). 


512  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

en  Lorraine  {Fig.  15)  et  sur  plusieurs  contemporains  des 
anses  polypodes  de  la  basse  Vistule  [Fig±  14),  ainsi  que  sur 
un  col  de  vase,  du  Lausitzer  Typus,  représenté  à  grande 
échelle  [Fig.  16)  et  une  cruche  préslave  de  Guben  [Fig.  17). 

"Ces  deux  dernières  figures  peuvent  servir  de  type  à  ce 
que  l'es  Allemands  ont  appelé,  d'une  manière  assez  imagée, 
l'anse  en  B,  dont  nous  avons  retrouvé  dans  la  poterie  chypriote 
un  joli  exemple  {Fig.  18),  et  dont  nous  aurions  voulu,  grâce 
aux  relevés  qui  ont  été  donnés  par  Jentsch  et  par  Pic,  pou- 
voir grouper  ici  complètement  le  nombre  assez  restreint  de 
cas  observés  en  Allemagne  (1). 

Malheureusement,  plus  nous  avons  rencontré  d'aimable 
empressement  auprès  d'un  certain  nombre  de  savants,  et 
plus  l'inutile  multiplication  de  nos  instances  auprès  d'autres 
pendant  de  longs  mois,  nous  a  confirmé  combien  il  était  sou- 
vent plus  difficile  d'extraire  un  renseignement  d'un  musée, 
fût-il  de  l'importance  du  Màrkische  Muséum,  qu'un  fossile  de 
terre.  L'herméticité  de  certains  conservateurs  est  plus  invio- 
lable que  celle  des  stratifications  géologiques  les  plus  pro- 
fondes, et  l'on  se  demande  ce  qu'ils  conservent  le  mieux,  ou- 
tre leurs  personnes,  si  ce  n'est  le  silence.  Il  faut  donc  nous 
contenter,  —  renvoyant  pour  le  surplus  à  la  bibliographie,  — 
d'ajouter  aux  précédentes  figures  deux  croquis  {f'ig-  19,  20), 
dus  à  l'obligeance  de  M.  le  Pr  A.  Gôtze,  et  la  photographie 
{Fig.  21)  d'un  superbe  vase  de  Crobern,  gracieusement  en- 
voyée du  Musée  de  Dresde,  avec  l'anse  de  Kamenz,  par 
M.  le  Pr  Deichmûller. 

Mais  cette  dernière  nous  ramène  à  une  conception  géné- 
tique toute  différente  de  la  bianse  :  il  est  évident  qu'ici  le 
pied  médian  n'est  pas  dû  à  la  juxtaposition  de  deux  anses 
simples,  mais  à  la  subdivision  de  celle  qui,  gracieusement 
jetée  du  col  à  la  panse,  n'eût  probablement  pas  présenté, 
pour  un  aussi  grand  vase,  assez  de  solidité,  ou  peut-être  ne 
se  fût  pas  harmonisée  suffisamment  avec    la  sobre   élégance 

(1)  Nous  avons  trouvé  (malheureusement  trop  tard  pour  les  reproduire)  dans 
un  volume  envoyé  par  M.  le  Prof.  A.  Bezzenbërgek,  plusieurs  figures  encore 
bien  typiques.  Dans  l'intéressant  mémoire  de  A.  Bez/.enberger,  Der  Graberfehl 
bei  Romintcn,  Stzsb.  Prussia,  Hft.  XX,  1895-96,  p.  35-56,  f.  1-29,  pi.  I-HI,  il  y  a 
(p.  48,  fig.  16)  un  vase  funéraire  à  bi-anse,  d'Imten,  très  curieux,  duquel  il  y  a 
lieu  de  rapprocher  un  autre,  de  Forst  Dinge,  gravé  de  bandes  de  traits  obliques 
formant,  comme  dans  notre  fig.  9,  des  angles  alternants  (Prof.  Dr  Heydeck, 
Slcinkislengràber  im  Kreise  Pr.  Eylau,  Stzsb.  Prussia,  p.  67-74,  pi.  V-1X  ;  v.  pi. 
IX,  3j.  Dans  le  même  volume,  p.  55,  fig.  28,  une  anse  à  trois  trous  se  voit  sur 
une  urne  cinéraire  sans  aucun  décor;  pi.  Il,  fig.  4  et  8  des  restes  d'anses  verti- 
cales multiforées  caractérisent  encore  des  vases  du  cimetière  de    Rominten. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


513 


big.  19.  Fig.  20. 

Fig.  19.  Echelle  :  1/5.  —  Cruche  rie  Kriele,  cercle  de  West-Havelland.  Au  Musée  d'Ethnologie 

do  Reriin.  D'après  un  croquis  de  M.  le  Prof.  A.  Gôtze,  Directeur. 
Fig.  2t».  Echelle:  l/>.  —  Vase  de  Gùssfeld,  cercle  de   Salzwedel,   dans  i'Altmarek    H.  t>»20. 
Musée  d  Ethnologie  de  Berlin.  D'après  un  croquis  de  M.  A.  Gôtze  [Cf.  H.  Jektsch,  op.  cit., 
p.  (27ô}\  Quant  au  vase  •  des  débuts  de  l'époque  romaine  »,  également  cité  par  Jbntsch  (t. 
lég.  de  notre  Fiy.  17).  M.  Gotze  n'en  a  pn  retrouver  la  trace. 


Fig.  21. 
Fig.  21.  Echelle  :  1/5.  —  Beau  vase  de  Crôbern  près  Leipzig  (Saxe),  montrant  encore,  mais  avec 
moins  de  relie',  le  décor  caractéristique,  de  protubérances  et  de  cannelures,  qui  appartient  plutôt 
à  la  période  ancienne  du  Bronze  saxon,  tandis  que  les  deux  petites  saillit  s  qui  marquent  l'ai— 
t.iehe  supérieure  de  l'anse,  dans  cette  pièce  ainsi  que  dans  U  fig.  16,  ne  se  trouvent  P>*  d'habi- 
tude à  cette  période,  mais  fréquemment  à  la  suivante.  Collection  préhistorique  du  Musée  de 
Dre>de.  C'est  à  l'obligeance  de  M.  le  Prolr  D'  Deicbxûllek,  directeur,  que  nous  devons  la 
p!iotogranhie  et  [es  renseignements  ci-dessus. 


Fig.  22.  Fig.  23. 

Fig.  22.  Echelle  :  1/5.  —  <  Vase  en  terre  noire,  orné  entre  le  col  et  la  panse  d'une  bande  verticale 
garnie  d'un  pe'.it  quadrillé.  L'anse  qui  relie  le  col  à  la  panse  est  percée  de  deux  trous.  Nécru- 
pole  de  Komunta.  Epoque  Scytho-Byzantme.  Collertion  Olebewski.  »  K.  Chutre,  Caucase, 
t.  III.  Période  historique,  136  p.,  46  fig.,  ail.  de  XXVIII  pi.;  Paris,  Reinwald,  1887  (voir 
pi.  XII,  2  et  p.  115)]. 

Pif.  2.'{.  Echelle  :  1/5.  —  c  Vase  en  terre  noire,  renflé  vers  la  base  et  orné  sur  ce  point  de 
quatre  pianu-lons:  il  est  pourvu  d'une  mise  à  deux  trous  pour  deux  doigts.  NYcioiole  ne  Kn- 
•uuota     Coll.  Olcliewskl.  »    Chantre.  Cancane,  III,  atl.  pi.  XXII,    1  . 


514  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

de  ce  bel  art  lusacien.  Peut-être  même  pourrait-on,  dans  les 
deux  tubercules  du  point  d'attache  supérieur  de  l'anse,  que 
le  Pr  Deichmùller  signale  comme  caractéristiques,  en  Lu- 
sace,  de  la  période  avancée  du  Bronze,  voir  un  argument  à 
l'appui  de  l'interprétation  zoomorphe  que  donne  Mme  la  com- 
tesse Ouvaroff  de  certaines  anses  analogues  observées  dans 
le  Caucase  (cf.  Fig.  22,  23),  interprétation  moins  vraisem- 
blable pour  les  figures  24,  26,  et  qui  redevient  soute- 
nable,  à  la  rigueur,  sur  les  apparences  des  figures  25,  27. 
Mais  il  suffit  de  remarquer  que  la  même  particularité  se 
retrouve  sur  des  anses  simples,  pour  que  le  sens  allégorique 
s'en  efface  tout  à  fait  devant  le  sens  utilitaire,  ou  devant  des 
réminiscences  tout  autres,  comme  celle  des  rivets  des  usten- 
siles en  métal,  dont  nous  voyons  dans  les  figures  29  et  30 
deux  types,  de  nature  et  d'âge  très  différents,  montrant  l'un 
la  subdivision,  l'autre  le  doublement  en  B  de  l'anse  simple. 
Lorsqu'il  s'agit  de  petits  vases  à  boire,  objets  d'usage  do- 
mestique, n'allant  pas  au  feu,  la  fantaisie  du  potier  se  donna 
de  bonne  heure  carrière  pour  créer,  à  côté  des  ustensiles 
ordinaires,  une  véritable  vaisselle  de  luxe,  non  seulement 
par  des  figurations  zoomorphes,  dont  nous  trouvons  l'inspi- 
ration pareille  {Fig.  31-32)  au  Nouveau  Monde  et  dans  l'an- 
cien, au  Caucase  et  aux  Etats-Unis  (1)  ;  mais   souvent  par  des 

(t)  A  noter,  comme  rapprochement  extrême,  une  magnifique  aiguière  en  cristal 

de  roche,   du    xvie  siècle,    à    la    galerie  d'Apollon    du   Louvre    (n°  E.    145),    où 

deux  hippocampes  ou  petits  dragons    stylisés,  attachés    au  corps    du  vase  parla 

bouche,    le   ventre    et    la    queue,     forment    deux 

anses  «  en  B  »  remarquablement  élégantes. 

Il  est  exceptionnel,  cependant,  que  ce  soit  ainsi 
par  la  jonction  du  museau  de  l'animal  avec  le 
corps  du  vase  que  se  fasse  la  duplication  de 
l'anse  (Fig.  31).  Ordinairement  tout  se  borne  à 
deux  ouvertures  perpendiculaires  au  plan  de  l'anse 
produites  par  l'écart  des  jambes  du  quadrupède. 
Gozzadini  en  donne  un  joli  exemple  de  Villanova 
dans  son  ouvrage  Di  un  sepolcreto  eirusco  scoperto 
presso  Bologna,  pi.  IV,  Fig.  2  (p.  18),  Bologna, 
1854.  Un  autre,  plus  curieux  encore,  se  voit  au 
Musée  de  Sèvres,  sur  une  poterie  précolombienne 
du  Pérou  (vitrine  8,  n°  20942),  où  un  simple  bou- 
din de  terre  dessinant  un  demi-cercle  vertical 
entre  le  col  allongé  de  la  bouteille  et  la  large 
panse  (Fig.  103)  a  été  transformé  en  un  simu- 
lacre mi-zoo-anthropomorphe  de  corps  arcbouté, 
par  l'adjonction,  en  haut,  d'une  petite  tête  hu- 
Hy.  lu>i.  maine   regardant    en  l'air,  de  part  et  d'autre    de 

laquelle  se  détachent  horizontalement  deux  bras  arrondis,  embrassant  le  col,  tandis 
qu'en  bas  deux  autres  boucles  supplémentaires,  également  perpendiculaires  à  la 
principale,  en  oméga  renversé,  se  terminent  par  des  pattes  bien  appuyées  sur 
la  panse. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


515 


Fig.  24. 


Fig.  25. 


Fig.  26. 


Fig.  27. 


Fig.  24.  Echelle  :  environ  1 ,  ô .  —  Vase  médiéval  desKnasasA.  M.  Pokrovski,  La  Nécropole  de 
Verchni-Sallor.  XII'  Congr.  archéol.  russe  (Kbarkov.  1908),  Trndi,  t.  I,  p.  465-491,  pi.  XX- 
XXIV,  Moscou,  1905  (v.  pi.  XXIII,  112  et  p.  476,].  Ce  vase,  parfaitement  daté  du  vnr- 
IXe  siècle  par  des  monnaies  abassides,  a  été  trouvé  par  la  Comtesse  Ouvaroff  dans  les  fouilles 
de  la  riche  nécropole  du  Haut-Saltov.  il  est  exceptionnel  par  son  anse  plate  biforér,  rempla- 
çant l'anse  ordinaire,  à  petit  trou  digital,  qu'on  voit  sur  cette  sorte  de  vases  bas,  à  large  ouvtr- 
ture,  généralement  sans  ornement,  ici  avec  une  simple  rainure  assez  protonde  courant  équalo- 
rialement  autour  de  la  panse.  Une  anse  analogue  trouvée  à  Comboulta  sur  un  vase  très  ressem- 
blant a  notre  fig.  24  (Comtesse  Ocvaroff,  Les  Nécropoles  du  Caucase  supérieur.  Matériaux 
pour  l'Archéologie  du  Caucase,  t.  VIII,  1900,  p.  231,  fig.  194)  montre  en  haut  deux  légères 
protubérances,  et  sur  le  dos,  une  rainure,  où  M"«  la  Comtesse  Ouvaroff  croit  voir  une  rémi- 
niscence zoomorphe,  qu'elle  retrouve  ensuite,  même  dans  des  formes  plus  simples,  comme 
celle  d'un  vase  a  anse  biforée  de  Kortza  ' pi.  CXXVilt,  io,  et  p.  181:,  ou  encore  dans  d'autres 
formes  tout  à  fait  altérées,  comme  un  vase  de  Delagkau  (fig.  156,  p.  161).  où,  au  lieu  de  la 
boucle  supérieure,  n'existe  plus  qu  une  projection  rectiligne  (Cf.  notre  fig.  27)  exagération  du 
petit  bouton  qu'on  voit  souvent  à  cette  place.  A  la  vérité,  le  fait  que  celui-ci  est  lui-même 
parfois  modelé  en  forme  de  tête  ipl.  CXXVI11,  9,  14)  corroborerait  la  manière  de  voir  de 
M"'  la  Comtesse  Ouvaioff,  si  pareil  fait  ne  s'observait  assez  souvent  sur  des  anses  dont  la 
forme,  pour  le  reste,  ne  saurait  évoquer  aucune  analogie  animale,  comme  les  gracieu.-es  anses 
étrusques,  simples  ou  à  tenon,  au  haut  desquelles  l'adjonction  d'une  petite  tête  à  oreilles  sail- 
lantes (Mosielics,  II.  centr.,  pi.  330,  fig.  4;,  n'a  certainement  pas  eu  o'auire  but  que  de  jouer 
le  rôle  de  bouton  d'arrêt  pour  caler  le  pouce  au  haut  de  la  poignée.  D'autre  part,  le  grand 
nombre  de  siècles  qui  séparent  le  vase  de  Khoban  'Fig.  31)  des  autres  engagerait  plutôt  à  re- 
tourner l'hypothèse  génétique,  et  à  regarder  le  modelage  zoomorpbique  comme  une  complication 
ornementale  superfétatoire,  qui  s'est  produite  accidentellement  à  toutes  les  époqurs,  de  la  solu- 
tion simple  du  problème  de  préhension  que  les  Etrusques,  de  leur  côté,  avaient  résolu  plus 
t-légammeut,  quoique  sans  iniluence  animalière,  tantôt  par  l'anse  a  deux  trous,  tantôt  par  des 
appendices  saillants  qu'on  a  qjalifiés  à'ansa  comuta,  lunata,  etc.  {Fig.  30-41,1,  et  quelquefois 
même  par  la  combinaison  de»  deux  moyens  0.  Mo.ntilius,  Italie  cenlr,,  pi.  362,  n'att).  Ce 
même  art  étrusque  se  charge  «'ailleurs,  en  ce  qui  le  concerne,  —  si  différent  qu'il  est  de  l'art 
russe  —  de  nous  fournir  la  preuve,  avec  le  vase  de  notre  Fig.  28,  que,  si  jamais  l'anse  «  en  B  >  eut 
pour  oiigine  un  quadrupède  broutant,  celte  conception  était  depuis  longtemps  oubliée,  puisque 
nous  vùvoi.s  ici  1  animal  ou  plutôt  l'attelage  de  deux  animaux,  avec  le  conducteur  derrière),  au 
lieu  de  former  lui-même  l'anse  à  deux  ouvertures,  campé  sur  la  boucle  inférieure,  a  laquelle  il  en 
superpose  une  antre,  avec  une  poignée  proéminente. 

Hg.  25.  Echelle  :  1/5.  ■—  «  Vase  étrusque  de  Chiusi,  de  pâte  rouge  foncé,  important  à  cause  de 
son  an.-e  double  verticale,  à  appendice  cornu,  qui  semble  uu  lointain  souvenir  de  l'anse  des  ter- 
ramares.  D'autres  exemples,  aussi  d'Etrurie,  se  voient  au  Musée  de  Corneto.  Se  trouve  au  . 
Musée  de  Hume  avec  d'autres  pièces  d'un  art  local  grossier  s'efforça  nt  à  reproduire  les  formes 
gracieuses  de  1  importation  étrangère.  >  [G.  Karu,  Di  un  vaso  etrusco  trovato  a  Chiusi,  Buii.  d. 
paletnol.  itel.,  XXVi,  1900,  p.  38-17,  2  tig. ,  pi.  lit  (v.  p.  45  et  pi.  III.  B   . 

Fig.  26.  Echelle  :  1/5.  —  «  Pot  de  terre  cuite  de  Tarquinià,  trouvé  à  côte  d'une  urne-cabane  en 
terre  cuite  contenant  des  objets  de  bronze.  Hauteur  avec  la  poignée  :  0*24.  >  G.  Gherardi.ii, 
op.  cil.,  p.  174  et  pi.  XII,  i2.; 

Fig.  27.  Echelle  :  1/10.  —  «Vase  de  la  nécropole  de  Villanova,  avec  ornementation  gravée  en 
méandres  >  [O.  Momblils,  op.  cit.,  col.  427  et  pi.  93,  1  id'après  Gozzadim,  op.  cil.,  p.  18  et 
pi.  III,  tig.  19)\ 


516  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

profils  dune  admirable  pureté  de  style,  ou  des  combinai- 
sons d'une  extrême  originalité,  comme  dans  ces  vases  itali 
ques  (1)  exhumés  des  laves  pépérines  d'Albano  {Fig.  33  a 
43),  où  l'on  ne  sait  ce  qu'il  faut  admirer  le  plus,  ou  la  variété 
obtenue  dans  l'unité  de  type  par  l'effort  d'un  art  tout  classi- 
que, ou  la  solution  pratique  apportée  par  cette  anse,  si  gra- 
cieusement proéminente,  au  problème  de  permettre  de  boire 
sans  lever  le  coude,  par  une  simple  rotation    du  poignet  (2). 

(1)  Des  types  que  nous  reproduisons,  on  peut  rapprocher  encore,  pour  complé- 
ter la  bibliographie  :  S.  de  Rossi,  Iiapporto  sugli  studi  e  sulle  scoperte  paleoetrto- 
logiche  nel  bacino  délia  campagna  romana,  Annali  del  Institutodi  Gorrespondenz.i 
archeologica,  vol.  XLIX,  1867,  p.  5-72  (v.  p.  52  et  53  ;  aucune  remarque  spéciale 
sur  l'anse  à  double  lumière,  dont  quatre  échantillons  sont  figurés,  deux  en  terre 
fine,  d'importation  étrusque,  un  en  imitation  locale,  provenant  du  peperino  du 
Monte  Cressenzio,  époque  des  métaux;  les  figures  se  trouvent  dans  l'atlas  in-folio 
intitulé  :  Monumenti  inediti  pubblicati  dall'  Inst.  di  corr.  Arch.  per  gli  anni  1864- 
1868,  vol.  VIII,  tav.  XXXVII.  38,  46,  63).  —  G.  A.  Colim  e  R.  Mengarelli,  Grot- 
taferrata.  Necropoli di  cilla  Cavalletti,  Notiz.  d.  Scavi,  1902,  p.  135-198,  112  Fig.  (v. 
p.  139,  Fig.  8  et  p.  177,  Fig.  79  :  formes  originales,  à  ouverture  rétrécie,  c'est-à- 
dire  en  forme  de  petits  pots,  à  anses  biforées  proéminentes,  sans  décoration,  puis 
formes  variées  (Fig.  14,  68,  70,  74,  79)  que  l'auteur  répartit  en  quatre  autres 
catégories  (p.  173),  en  remarquant  que  les  exemples  connus  en  sont  aujourd'hui 
très  nombreux.  —  Josf.ph  Beldam,  Remarks  on  certain  ancient  Pclasgic  and  La- 
tian  Vases  found  in  Central  Italia,  Archaeologia,  vol.  XXXVII,  p.  187-195,  pi.  VII 
en  couleur  (v.  p.  189,  céramique  pélagique). —  Paolo  Orsi,  Scarichi  del  vilaggio 
siculo  di  Castelluccio,  Bull.  Paletnol.  ital.,  XIX,  1893,  p.  30-51,  tav.  V-VII,  (v.  p. 
43),  «  anse  d'un  type  nouveau,  disposée  de  manière  à  permettre  deux  modes  de  pré- 
hension de  la  coupe  à  boire  évasée  ».  Puis,  p.  44,  pi.  VI,  8a,  jolie  tasse  peinte  :  «  Le 
fait,  dit  l'auteur  (p.  48),  d'une  civilisation  purement  lithique  ou  énéolithique  dis- 
posant d'une  vaisselle  peinte  et  de  systèmes  complets  d'ornementation  géométri- 
que.., rappelle  l'Amérique  centrale  d'avant  la  conquête  ».  —  L.  Pigorjni,  Anti- 
chità  délia  prima  elà  del  ferro  scoperte  in  Roma  nel  Quirinale,  Bull.  Paletnol. 
ital.,  XXXIV,  1898,  p.  100-119,  tav.  II,  [v.  pi.  II,  3,  6;  rien  dans  le  texte];  les 
formes  semblent  moins  pures,  l'ansemoins  élancée  que  dans  le  type  du  Pascolare. 
—  Jules  Martha,  L'Art  étrusque,  gr.  in  4°,  635  p.,  400  fig..  4  pi.  coul.,  Paris, 
Didot,  1889  (v.  p.  49,  Fig.  11)  ;  l'auteur  regarde  comme  un  simple  tenon  la  divi- 
sion en  deux  de  l'ouverture  de  l'anse  dans  les  coupes  du  type  latial,  où  cependant 
l'anse  n'a  nullement  la  gracilité  du  type  attique  et  se  passe  souvent  de  ce  ren- 
forcement, toujours  utile,  en  même  temps  qu'ornemental,  mais  jamais  indispen- 
sable. L'adjonction  a  pu  être  dictée  souvent  par  la  prudence,  mais  alors  prévue 
d'avance  et  soigneusement  incorporée  dans  le  décor,  point  rapportée  après  coup, 
en  discordance,  comme  un  expédient  de  fortune. — ■  M.  Hœrnes,  Eine  Rronzefibel 
einfachster  Form  von  Glasinac  in  Rosnièn,  Verhandl.  d.  Berl.  Ges.  f.  Antbropol., 
1891,  p.  (334)-(338)  [v.  p.  (337)];  après  avoir  donné  plusieurs  figures  d'anses  bos- 
niaques analogues  à  celles  des  terramaricoles,  lunulées,  cornues,  etc.,  l'auteur 
ajoute  que  quelquefois  le  milieu  de  l'anse  proéminente  était  réuni  au  bord  du  vase 
par  une  traverse  horizontale.  Mais  les  exemples  de  Franz  Fiala  ne  donnent 
guère  cette  impression  et  rappellent  plutôt  l'anse  décorative  de  Marino. 

(2)  C'est  dans  ce  but  très  rationnel  qu'en  certains  pays,  comme  la  Suisse;  par 
exemple,  le»  potiers  actuels  mettent  l'anse  de  leurs  vases  à  bec,  non  à  l'opposé  de 
««■lui*!,  .!••.,,.  |,,  piun  diamétral,  mais  duns  le  plan  perpendiculaire,  ù  droite. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


517 


Fig.  28.  Echelle  1/3.  —  Vase 
d'une  sépulture  a  incinération 
de  Bisenzio,  prov.  de  Rome. 
0.  MoKTELins,  II.  centrale,  pi. 
555,3. 

A  droite,  détail  de  l'anse,  vue  de 
face. 


Fig.  29.  —  Vase  en  bronze  trouvé  dans  une  tombe  près  Pfahl- 
heim  (Wurtemberg).  Hauteur  :  0-14.  c  Ce  vase,  presque 
sphérique.a  une  épaisseur  de  naroii  extraordinaire..  L'anse 
est  d'une  structure  au<si  singulière  qu'inélégante.  L'arc  est 
beaucoup  trop  mince  ponr  pouvoir  être  tenu  ferme  en  main 
C'est  vraisemblablement  pourquoi  a  été  rajouté  le  ténor. 
transversal  qui  donne  de  la  prise  aux  doigts  et  facilite  l'in- 
clinaison du  vase  plein  pour  verser  le  liquide.  C'est  ainsi 
que  par  un  détour  on  a  réalisé  ce  que  donnait  de  la  façon  la 
plus  simple  la  forme  à  la  fois  pratique  et  belle  de  l'anse  an- 
tique... >  L.  Li.ndexschmit  fils,  Die  Alterthumer  unserer 
heidnischen  Vorzeit,  Bd.  IV,  1900,  pi.  58.  n*  1.  D'après  L.  Mayer.  Die  meroringisckei  Funde 
von  Pfahlheim.  Ami  Ellwangen,  Westdeutsche  Ztschr..  1833,  p.  33S.  —  Epoque  fianque-alle- 
raane.  Actuellement  au  Musée  d'Art  et  d'Antiqaités  nationales,  à  Stuttgart- 


Fig.  30.  —  Vase  île  bronze  de 
la  grande  nécropole  de  Giu- 
biasco  (Tessin,  Suisse).  —  Je 
dois  a  l'obligeance  de  M.  J. 
Hiierli  la  communication  de 
ce  remarquable  cliché,  publié 
avec  d'autres  superbes  pièces 
(casque  de  fer.  etc  )  de  cette 
provenance  .  malheureuse  - 
meni,  sans  aucun  renseigne- 
ment, au  cours  de  l'éuuméra- 
tion  des  trouvailles  suisses  de 
1910  de  l'âge  du  Fer  dans  le 
///•  Annuaire  de  la  Société 
Préhistorique  Suisse,  Zurich, 
1911,  p.  U4.   fig.  42. 


518 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


31. 


Fig.  32. 


Fig.  31.  Echelle  :  1/5.—  «  Vase  en  terre  presque  cylindrique,  légèrement  évasé  vers  le  haut; 
anse  formée  d'un  quadrupède  pourvu  d'oreilles  et  de  protubérances  frontales,  au  corps  et  aux 
jambes  mouchetées  de  petites  impressions  disposées  en  feuille  de  laurier.  La  paroi  extérieure 
du  vase  est  ornée  d'encoches  et  rie  traits  divers  gravés.  »  E.  Chantre,  Recherches  anthropo- 
logiques dans  le  Caucase.  Premier  âge  du  Fer,  t.  II,  Période  protohistorique,  in-P,  226  p., 
184  tig.,  atl.de  LVlI.pl.;  Paius,  Reinwald,  1886  ,'v.  pi.  XXXVI  bis,  A). 

Fig.  32.  Echelle:  1/5.  —  Tasse  de  Laguna,  Nouveau-Mexique.  «  Même  forme  que  le  numéro 
précédent  de  la  liste  (2381),  mais  sans  rebord,  et  avec  anse  sur  laquelle  est  posé  un  animal, 
probablement  un  chien.  Ces  deux  numéros  sont  les  seuls  exemplaires  à  anses  qui  aient  été 
trouvés.  >  James  Stevenson,  llluslrated  Catalogue  of  the  Collection  obtained  from  the  lndians 
of  New-Mexico,  in  1879,  IV  Annual  Report  of  the  Beau  of  Ethnology  of  Smithsonian  lnstit., 
1880-'l,  p.  391-422,  fig.  338-697  (v.  p.  403  et  fig.  617).  —  Dans  les  cliff-houses  de  l'Utah  et 
du  Nouveau-Mexique  on  a  trouvé,  parmi  beaucoup  de  petits  vases  anses,  en  forme  de  chope 
allemande  plutôt  que  de  tasse  italique,  deux  qui  portent  sur  la  partie  supérieure  de  l'anse  deux 
petits  animaux,  simplement  décoratifs.  [Warrbn  K.  Moorehead,  The  Stone  âge  in  North- 
America.  2  vol.  gr.  in-8°;  I,  458  p.,  398  fig.;  Il,  418  p.,  lig.  399-723;  Boston,  1910  (v.  t.  H. 
p.  290,  lig.  687)]. 


Fig.  33. 


Fig.  34 


Fig.  35. 


Fig.  33.  Echelle  :  1/6.  —  Tasse  de  Tarquinia.  «  Parmi  les  vases  de  terre  cuite,  les  exemplaires 
qui  méritent  d'être  mentionnés,  à  cause  de  leur  grande  importance,  sont  de  petites  tasses  ij'en 
compte  huit)  munies  d'une  poignée  verticale  à  deux  ouvertures...  comme  on  en  a  déjà  trouvé,  à 
Corneto,  dans  la  Tombe  du  Guerrier  (premier  âge  du  Fer;.  »  Gherardo  Gherarpini,  Corneto- 
Tarquinià,  Notizie  di  Scavi  1882,  p.  136-215,  pi.  X1I-X1II  bis  [v.  p.  149  et  pi.  XIII,  15]. 

Fig.  34.  Echelle  :  1/5.  —  «  Tasse  élégante,  très  déprimée,  à  enduit  noir,  à  poignée,  et  un  cercle 
d'ornements  triangulaires  gravés.  Hauteur  :  0m075  ;  diam.  :  0™12.  »  W.  Helbig,  Oggelli  trovati 
nella  tomba  cornetana  delta  del  Guerriero,  Ann.  d.  Inst.  di  Corr.  archeol.,  vol.  XLVI,  1874, 
p.  249-266  (v.  p.  262).  La  ligure  est  publiée  par  A.  Parchow  (dans  Monumenti  inedili,  vol.  X, 
1874-1878,  pi.  X  c,  15)  et  Helbig  reparle  encore  de  cette  pièce  à  propos  des  Scavi  di  Corneto 
(Bull.  d.  Inst.  di  Corr.  Archeol.,  1882,  p.  10-22  (v.  p.  15),  mais  toujours  sans  faire  aucune 
remarque  spéciale  sur  l'anse. 

Fig.  35.  Echelle*:  1/5.  —  «Vase  d'Albano  trouvé  avec  un  couteau  en  bronze  et  une  lampe  en 
terre  dans  une  petite  ciste,  ensevelie  entre  deux  nappes  de  peperino.  »  Coll.  Caselli,  Rome.  — 
W.  M.  Wylie,  On  varions  antiqtdlies  from  Prœnesie,  Oslta  and  Albano.  Archacologia, 
vol.  XLIl,  1869,  p.  489-493,  pi.  XXVI-XXXIV  [v.  p.  4*7  et  pi.  XXXI,  2]. 

Fig.  36.  Echeile:  1/5.  —  c  Vase  de  Marino,  avec  une  anse  très  particulière,  conservé  au  Musée 
étrusque  du  Vatican.  Un  autre,  à  anse  absolument  semblable,  se  trouve  au  Musée  de  Parme, 
n'ayant  que  0"04  de  hauteur  et  0">05  de  largeur.  >  Luigi  Pigorini  and  Sir  John  Lubbock, 
Noies  on  the  Hul-Urns  and  olher  objects  discovered  in  an  ancient  Cemelery  in  the  Commune  of 
Marino  (Prov.  of  lioma),  Archaeologia,  vol.  XLU,  1869,  p.  99-123,  pi.  IX-X  [v.  p.  114  et 
pl.X,  fig.l4J. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Fig. 

fit.  37.  Echelle:  1/5  —  «  Simpule,  coll.  de  lilaeas.  »  Duc  m  Blacas,  Mémoire  sur  une  dé  - 
couverte  de  vases  funéraires  prés  d' A  Ibano,  Mém.  Soc.  Antiquaires,  t.  XXV111,  1865,  p.  90- 
110.  VI  pi.  (v.  pi.  IV  et  p.  94). 

Fig.  38.  Echelle  :  1/5.  —  <  D'un  tumulus  à  incinération  île  la  Caroline  septentrionale.  Du  groupe 
céramique  sud-appalachien.  >  W.  H.  Hol«es.  Abori°iital  Volterg  of  the  Eastein  L'niled -States, 
XXtii  Annual  Report  of  the  Beau  of  american  Ethnology  of  thc  Smilhsonian  Institution.  1898  99, 
p.  1-201,  flg.  1-199  (v.  p.  144,  pi.  CXXIX).  Quoique  ce  soit  la  feule  anse  de  ce  type  qui  soit 
venue  à  notre  connaissance,  de  la  céramiqie  américaine,  l'auteur  ne  lai  accorde  aucune  mention 
spéciale. 


Fig.  39.  Fig    40.  Fig.  41. 

Fig.  39.  Echelle  :  1/3.  —  Vase  à  ansa  coruula  d'une  sépulture  de  Rome.  Age  du  Fer. 

(Montelîus,  11.  centr-,  pi.  360,  3.) 

Fig.  40,  41.  Echelle  :  1/3.  —  Vases  à  ansa  cornula,  de  Rome,  dé;  ôl  tn  Vinïnale. 

(Moktelius,  II.  cenlr.,  pi.  362,  17,  22.; 


^*V-  «.  Fig.  43. 

Fig.  42.  Echelle  :  1  3.  —  Tasse  de  Rome,  dépôt  du  Viminale.  (Moxtelius,  lt.  centr. 

pi.  362,  25.) 

Fig.  43.  Echelle  :  1/3.  —  Tasse  provenant  d'une  sépulture  de  Rome.  Age  du  Fer. 

(MosTELins,  lt.  centr. ,  pi.  360,  1.) 


520  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Dans  toutes  les  pièces  de  ce  type,  si  intimement  lié  aux 
formes  des  terramares,  mais  dont  aucun  exemple  n'en  sem- 
ble venir  directement  (1),  quoique  ce  soit  avec  ces  mêmes 
formes  encore  qu'on  le  retrouve  mêlé  en  Bosnie  {Fig.  44-45), 
le  but  de  renfort  du  pied  médian  est  si  bien  dissimulé  dans 
l'harmonie  de  la  décoration  que  certains  descripteurs  de  ces 


f0.  Fig.  44  et  45.  Echelle  :  1/5.  —  Anses  du  Debelo  près  Sarajevo 

(fS  [j|  (  C1    Va  (Bosnie).  [Fhanz  Fiala,  Aungrabungen  aufdetn  Debelo  brdo  bei 

Sarajevo  im  Jahre  1894,  Wissenschaftliche  Mitteil.  aus  Bosnien 
u.  Hercegovina,  in-4»,  V,  1897,  p.  124-131,  23  fig.,  pi.  XLVIII- 
L1V  (v.  pi.  Ll,  4,6  et  p.  1251].  L'auteur  ne  fait  aucune  remarque 
spéciale  sur  le  trou  de  la  «  proéminence  ailée  >  par  laquelle  il 
caractérise  toute  une  série  d'anses  ordinaires,  à  une  seule  ouver- 
ture. II  est  d'ailleurs  évident,  d'après  les  figures,  que  la  division 
médiane  n'a  pas  éié  rajoutée  comme  lenon  pour  consolider  le  fragile  élancement  d'anses  trop 
grêles,  mais  que  les  ouvertures  ont  été  plutôt  ménagées  dans  la  pâte  pour  alléger  l'aile  trop 
massive,  qui,  sur  d'autres  échantillons,  où  elle  est  restée  pleine,  a  son  plat  décoré  de  quelques 
fossettes. 


objets  n'ont  point  songé  à  leur  prêter  une  importance  spé- 
ciale et  à  en  faire  une  catégorie  à  part  (2),  comme  n'y  man- 
quaient jamais,  surtout  au  début,  les  propres  inventeurs. 

Mais  où  le  rôle  de  simple  pièce  de  soutien  est  bien  laissé 
en  évidence,  c'est  dans  les  imitations  italiotes  que  nous  mon- 


(1)  Voir  le  grand  ouvrage  du  Dott.  Francesco  Goppi,  Monografia  ed  Icono- 
grafia  délia  terra  cimiteriale  o  terramara  di  Gorzano,  II,  Monumenti  storici  e 
preislorici  del  Bronzo  e  Pietra,  in-4°,  116  p.,  atlas  de  32  pi.  —  Modena  1871. 

(2)  Le  Baron  G.  de  Bonstetten  (Recueil  d'Antiquités  suisses,  gr.  t',  49  p.,  28  pi- 
coul.,  Berne,  E.  Matbey,  1855)  donne,  pi.  XVII,  fig.  3  et  5,  deux  tasses  de  Marino, 
remarquables  par  leur  décor,  l'une  à  côtes,  de  7  cm.  de  hauteur,  l'autre  à  dessins 
de  méandres  et  chevrons,  de  9  cm.  de  haut,  mais  à  profil  élégant  et  rare  de 
petite  cruche  ou  pot  à  lait  plutôt  que  de  «  tasse  »,  analogue,  en  beaucoup  plus  fin, 
aux  deux  vases  de  Grotlaferrata  cités  précédemment;  mais  l'auteur  ne  fait  aucune 
remarque  particulière  quant  à  la  forme  bioculée  de  l'anse.  M.  E.  PottIer,  en 
publiant  une  de  ces  tasses,  très  jolie,  du  musée  du  Louvre,  «  petit  cyatbos  à  côtes 
saillantes  »  en  bucchero  nero  d'Etrurie,  traite  encore  de  vulgaire  «  tenon  »,  la 
subdivision  de  l'anse,  qui  est  pourtant  des  plus  gracieuses  (Vases  antiques  du  Lou- 
vre, p.  28  et  pi.  23,  G.  21).  Et  il  est  remarquable  que  M.  O.  Mostelius,  au  cours 
des  113  pi.  de  l'Atlas  de  son  magnifique  ouvrage  La  civilisation  primitive  en  Italie 
depuis  l'introduction  des  métaux,  lTe  Partie  :  A.  Fibules  ;  B.  Italie  septentrionale 
(in-4°  de  569  col.  avec  fig.,  Stockholm,  s.  d.)  ne  donne  pas  d'autre  exemple  que 
celui  que  nous  reproduisons  Fig.  20.  Par  contre  dans  la  2m*  Partie.  Italie  centrale 
[Atlas  des  pi.  114-246,  (in-4»,  1904)  avec  texte  de  1024 col.  (in-4%  1910)  etatl.  des  pi. 
250-383,  (gr.  in-4°,  Stockholm),  texte  non  encore  paru,  on  trouve,  outre  la  repro- 
duction de  plusieurs  tasses  du  Latium  que  nous  avons  citées  (pi.  141,  n°'  4,  5,  9, 
et  pi.  216,  5)  plusieurs  cas  inédits  (pi.  171,  n»  7  ;  172,  4  ;  173,  3;  229,  16;  239,  8;; 
et  dans  la  2e  volume  de  plunches,  des  quantités  d'exemples  (PI.  257,  8;  278,  10  ; 
281,  27  ;  283,  16  ;  285,  16  ;  290,  13  ;  307,  11,  U  ;  320, 1,  4;  329, 10  ;  330,  4  : 
350,  4  ;  360,  1,  3,  14;  362,  22,  25;  372,  40);  le  même  album  donne  aussi  plu- 
sieurs canthare»  avec  anses  «  à  '  tenon  »  ;  pi,  262,  9  ;  300,  1  :  379,  6  : 
380,  2). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


521 


tre  le  Musée  du  Louvre  (l)de  la  légère  céramique  grecque  à 
figures  rouges  (2),  où  la  ligne  droite  du  contrefort  jeté  de 
l'anse  au  col  du  vase  jure  communément  avec  l'élégante 
courbure  des  deux  fines  poignées  proéminentes  qui  don- 
nent au  moindre  canthare  une  ampleur  latérale  et  au  plus 
ordinaire  lécythe  une  sveltesse  pleine  de  grâce.  Tandis 
qu'assez  souvent  une  pensée  esthétique  fait  remplacer  vers 
le  bas  par  une  applique  remontante  en  forme  de  feuille  déje- 
tée en  dehors,  le  vulgaire  petit  poucier,  planté  en  appendice 
perpendiculaire  en  dessous  du  milieu  de  presque  toutes  les 


Fig.AC.  Echelle  :  1  5.  —  Vase  ci  faie.icc  de  Tata 
(Hongrie»,  don  du  Musée  de  Budapest  au  Musée 
de  Sèvres.  Epoque  1800-1810.  N»  8498,  vitrine  62. 
à  Sèvres.  D'après  une  photographie  due  à  l'obli- 
geance de  M.  Kmile  BoiRoeois,  directeur.  —  L'n 
accident  de  gravure  a  privé  le  côté  gauche  du 
petit  appendice  de  l'anse,  visible  a  droite;  La 
pièce  est  ainsi  décrite  par  Edouard  G  a  uni  m, 
Catuloane  du  Musée  céramique  dé  la  Manufac- 
ture nationale  de  Sevrât  Faïences.  Fasc.  IV, 
1897,  (536  p.  (v.  n°  1549)  :  «  Vase  en  forme 
de  cantharos,  à  anses  surélevées:  pied  haut;  émail 
sec  d'un  ton  gris  sa!c;  décor  polychrome:  sur 
chacune  «les  faces  un  paysage  en  irails  lins  et  lavé 
d.e  teines  coloriées;  au  pied,  sur  les  anses  et 
à  1  intérieur,  des  galon*  géométriques  ;  marque  T; 
attribué  à  la  fabrique  de  Tata.  Hauteur  :  0-19.  » 


anses,  pour  faciliter  la  préhension,  c'est  exceptionnellement 
(3)  que  la  division  médiane  de  la  poignée  épouse,  en  la  con- 
tinuant, la  courbure  de  la  partie  supérieure,  pour  la  fermer 
en  anneau  ou  la  terminer  en  crosse,  comme  dans  le  curieux 
vase  moderne,  de  style  Empire  (Fig.  46;,  évidemment  inspiré 
des  modèles  helléniques,  que  le  Musée  de  Budapest  a  donné 
a  celui  de  Sèvres,  où  l'on  voit  un  simple  calice  de  porcelaine, 
haut  monté  sur  un  pied  mince,  transformé  en  une  large 
coupe,  non  sans  grandeur,  par  le  gracieux  embrassement  en 
demi-ovale  de  deux  sortes  de  points  d'interrogation,  à  bou- 
cles doucement  appuyées  sur  le  rebord. 

Parfois,  il  est  vrai,  une  décoration  spéciale  est  appliquée  à 
1  extrémité  interne  du  contrefort,  sculptée  en  forme  de  mas- 


(1) Salle  K,  vitrine  C,  n°  592  ;  coupe  blanche  à  peinture  polychrome.  Vit.  G,  167 
i  171  :  H,   172-173;   M,  559,  vases  à  figures  rouges. 

(2j  Salle  L,  vitr.  F,  en  bas,  curieux  petit  vase  à  surprise,  tout  noir,  sans  figures, 
i  couvercle  adhérent,  percé,  sur  le  pourtour,  d'une  bouche  de  tire-lire;  grelot  à 
intérieur  (n*  d'inventaire  C.  A.  797).  Même  salle,  sur  la  cheminée,  joli  canthare 
Inv.   C.   A.    1587).  Au  haut  de  la  vitrine  F  grande  urne  ansée. 

(3)  Salle  K,  vitr.  G.  n"  168,  170,  173. 


522 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


que  humain  (1).  Mais  c'est  encore  là  un  détail  isolé  de  l'en- 
semble, sans  rapport  avec  l'harmonie  générale  des  formes 
et  destiné  plutôt  très  utilitairement  à  renforcer  la  jambe  de 
force  à  son    point  d'appui  (2).  Cela  ressort  bien  de  l'expres- 


se 54  52 

Hg.  47-50.  —  Profils  de  vases  du  Musée  d'Athènes  [Maxime  Collignon  et  Louis  Couve  :  Cata- 
logue des  vases  peints  du  Musée  national  d'Athènes,  texte,  in-8°,  709  p.  en  deux  fasc;  atlas  gr. 
in-4%  22  p.,  9  flg ,  LU  pi.;  Paris,  Fontemoing,1902]. 

47.  —  «  Grand  vase;  anse  rattachée  au  col  par  un  tenon.  Décor  purement  géométrique. 
Athènes.  —  Style  du  Dip\lon.  H.  0™73.  »  {Op.  c«7.,'n»  228,  pi.  XIII,  p.  6).  C'est  le  vase  clas- 
sique à  svastikas,  figuré  par  Pérot  et  Chipiez,  Hisl.  de  l'Art.,  t.  VII,  p.  203,  Bg.  44,  etc, 
L'antique  origine  du  tenon  confirme  encore  une  fois  son  rôle  utilitaire. 

48.  —  «  Vase  en  forme  de  tasse,  avec  une  anse  rattachée  au  col  par  un  tenon.  Vase  de  style 
géométrique,  du  Dipylon.  H.  0™1I5.  »  [Op.  cit.,  n»  254,  pi.  XIV  et  p.  6.; 

49.  —  «  Amphore  de  forme  élancée,  a  long  col.  Les  anses  sont  rattachées  au  col  par  des 
tenons.  Vase  attico-corinihien  à  décoration  orientale.  H.  0m;>9.  »  {Op.  cit.,  n»  593,  pi  XXIV 
et  p.  11.) 

50.  —  «  Canthare  corinthien  a  fond  touge.  H.  0»16.  »(Op.  cit.,  n»  630,  pi.  XXVI  et  p.  13). 
Fig.  51-54.  —  Types  de  formes  du  Musée  de  la  Société  Archéologique  d'Athènes  [Maxime  Colli- 
gnon, Catalogue  des  vases  peints  du  Musée  de  la  Société  Archéologique  d'Athènes,  biblioth    des 
Ecoles  fr.  d'Ath.  et  de  Rome,  fasc.  111,  1877,  220  p.,  VII  pi.;  in-8»,  Paris,  E.  Thorin]. 

51.  —  «  Forme  81.  Karchésion.  Vase  à  figures  rouges  sur  fond  noir.  Style  attique  élégant. 
H.0-095.  »(t)p.  ci/.,  pi.  111,  81  et  p.  103,  n°  408). 

52.  —  «  Forme  108.  Grand  vase  à  une  seule  anse,  rattachée  au  col  par  un  tenon.  Couvercle 
surmonté  d'un  petit  vase...  Type  ancien  d'Athènes.  Dessin  bistre  sur  fond  jaune.  H.  0m455.  » 
{Op.  cit.,  pi.  III,  108  et  p.  10,  n°  13). 

53.  —  «  Forme  23.  Canthare  en  terre  lourde,  à  couverte  noire  sans  figures.  Grafhto  sous  e 
pied.  H.  0-095.  >  (Op.  cit.,  pi.  I,  28  et  p.  10,  n»  b06.) 

54.  —  «  Forme  44.  Canthare  provenant  de  Béotie  (Thespies  ou  Tanagra).  Figures  rouges  sur 
fond  noir.  Sujet  dionysiaque  de  style  très  fin.  H.  0»>55.  »  (Op.  cit.,  pi,  H,  44  et  p.  160.  n»  563 1. 

sion  de  tenon  que  lui  appliquent  constamment  les  catalogues 
des  musées  d'Athènes  (3), et  delà  raideur  que  lui  donnent  les 
tableaux  des  formes  typiques  de  M.  Collignon  (Fig.  51-54), 


(1)  Louvre,  Salle  K,  vilr.  G,  n»'  169-171. 

(2)  Une  des  pièce  où  la  faute  paraît  le  plus  choquante  est  en  effet  la  belle  urne  du 
haut  de  l'armoire  F,  de  la  salle  L,  de  la  Céramique  grecque,  trou  fée  en  Grèce. 

(3)  Aussi   celui    du   Louvre  (Ed.  Pottier,  op.  cit.  p.   29,30)  à  propos  des  repro- 
ductions qu'il  donne  (pi.  24)  des  deux  beaux  vases  n°*  500  et  537  de  la  salle  G. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  523 

raideur  due  peut-être  un  peu  à  la  schématisation  du  graveur, 
mais  qui  se  retrouve  dans  les  profils  que  nous  avons  direc- 
tement calqués  sur  les  photographies  (Fig.  47-50J. 

D'ailleurs,  si  cette  faute  de  goût  ne  doit  pas  trop  surpren- 
dre chez  les  potiers  décadents  du  Ve  siècle  ou  chez  les  copis- 
tes attardés  d'un  art  lointain,  elle 
n'en  fait  ressortir  que  mieux  l'in- 
time dépendance  qui  lie,  en  géné- 
ral, le  dessin  de  l'anse  à  celui  du 
corps  et  décor  du  vase,  dans  le  bassin 
de  la  Méditerranée  aussi  bien  que 
de  la  Baltique,  où  il  est  facile  de 
reconnaître,  sur  les  figures  8  à  10. 
que  la  substitution  de  la  bianse  à 
l'anse  polypode  était  commandée 
toujours  par  des  raisons  de  forme 
et  d'utilisation,  qui  n'avaient  rien 
de  funéraire ,  et  auprès  desquelles  semblent  de  plus  en 
plus  artificielles  les  subtilités  chronologiques  de  M.  Kemke. 

Bien  loin  de  nous  lancer  dans  une  telle  voie  ou  d'essayer  de 
tirer  de  nos  rapprochements  d'images  d'autres  enseigne- 
ments que  ceux  des  fouilles  elles-mêmes,  nous  ferons  plu- 
tôt ressortir  que  si  celle-là  d'entre  toutes  les  formes  citées 
qui  semble  répondre  à  la  plus  grande  perfection  artistique, 
celle  de  la  tasse  américaine  Fig.  32},  est  bien  aussi  celle  qui, 


Fig.  55.  —Vase  chypriote  du 
Musée  de  Saint-Germain. 


Fig,  56.  Echelle  :  1/15.  —  Vase  en  forme  d'outre  de  Parazuelos, 
province  d'Almeria,  Espagne  HtNRi  et  Louis  Siret,  ingénieurs. 
Les  premiers  âges  du  Métal  dans  le  S.-E.  de  l'Espagne,  gr. 
in-4",428p.,  XXVIII  pi.  et  Alb.  gr.  in-f  de  70  pi.  et  1  cart. 
Asvirs,  1887  (V.  Atlas,  pi  8  et  p.  45  ].  —  Aussi  :  H.  et  L. 
Sirbt,  Les  premiers  habitants  des  provinces  de  Murcie  et  d'Al- 
meria, Revue  d'Ethnographie,  t.  VII,  1889,  tu  181-214,  flg.  30-42. 
V.  fig.  23,  n»  27  .  —  Remarquer  les  bourrelets  sinueux  simulant 
des  cordes,  dont  un  enserre  le  col,  et  les  autres  la  panse,  mais 
en  passant  à  côté  des  trous  réservés  aux  vraies  cordes.  A  la  base, 
encadrée  d'un  cercle  en  relief,  est  une  étoile  irrégulière  de  cinq 
ligues  en  saillie. 


en  chronologie  absolue,  répond  à  la  date  la  plus  récente,  pos- 
térieure, probablement,  au  premier  millénaire  de  notre  ère, 
elle  est  en  même  temps  celle  qui,  dans  la  chronologie  relative 
des  époques  préhistoriques,  serait  une  des  plus  reculées, 
remontant  aux  débuts,  tout  au  plus,  de  l'âge  des  métaux, 
tandis  que  presque  toutes  les  autres  se  rattachent  à  des 
périodes  plus  ou  moins  avancées  du  Bronze  et  du  Fer. 


524  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Et  si,  à  la  plus  compliquée  des  formes,  celle  de  l'anse 
réellement  polypode  des  figures  1  à  7,  il  fallait  absolument 
donner  un  ancêtre  morphologique,  ne  le  trouverait-on  pas 
plutôt,  soit  dans  l'abus  chypriote  des  bouclettes,  dont  les 
figures  55  et  100  nous  fournissent  des  exemples,  soit  dans  les 
trois  crêtes  à  trous  de  la  rustique  poterie  ibérique,  imitant  une 
outre  {Fig.  56)  trouvée  par  les  frères  Siret  avec  un  mobi- 
lier d'entre  Pierre  et  Bronze,  que  dans  toute  la  série  des 
bianses,  même  en  regardant  comme  transitionnelle  la  forme 
à  trois  trous  {Fig.  57   et  2,  3,  7),  dont  un  spécimen  original 


Fig.  57.  Echelle  :  1/5.  —  Anse  triforée  d'urne  funéraire,  rie  Saint-Lorenz  (Prusse  orientale). 
P.-riodc  de  La  Tène.  N*  ii\  du  Musée  de  Kocnigsberg  [O.  Tisciiler,  Ustpr.  Grabhttgel,  III, 
pi.  V,3j. 

Fig.  58.  Echelle  :  env.  1/2  —  Petit  vase  rie  Plalénice,  rappelant  le  type  lusacien.  «  A  remarquer 
comme  une  rareté  pour  la  forme  tripartite  de  son  anse,  dont  le  type  originel  se  trouve  dans  les 
civilisations  de  Villanova  et  du  Dipylon,  mais  est  assez  rare,  à  ces  époques,  entre  le  Danube  et 
la  Raltique.  »  [J.  L.  Pic,  Die  Llrnengraeber  Boehmen.t,  trad.  du  bohème  en  allemand  par  J.Mul- 
lkr-Horsky  ht  J.  V.  Zkli-ko,  in-fol.,  4Î0  col..  9111g..  100  pi  ,  Lsn>zi<;,  Hiersemann,  1907 
(v  p|.  XXVII,  17  et  col.  79;].  Dans  un-  note,  col  80,  l'auteur  cite,  outre  p  usieurs  des  cas  que 
nous  avons  flgurés,  d'autres  exemples  d'anses  «  divisées  par  le  milieu,  observées  sur  le  pourtour 
de  la  zone  des  sépultures  à  urnes  de  Bohême  :  une  cruche  cannelée  de  Kœnigswartc,  au  Musée 
de  Gœriitz.  une  sorte  de  bouteille  à  long  cou,  de  Gross  Schauen,  au  M aerktscue  Muséum,  une 
tasse  rie  style  lusacien,  de  Velem.  dans  la  collection  privée  du  baron  Miske..  .>  Ce  sont,  avec 
celui  de  la  collection  Much.  cité  par  Jentsch  et  celui  rie  Burg,  ceux  sur  lesquels  nous  ne  sommes 
pas  parvenu  à  obtenir  plus  de  renseignements,  malgré  les  excellentes  indications  du  D'  Pic,  à 
l'obligeance  duquel  nous  avons  dû  un  l'on  nombre  des  autres,  et  qui,  dernièrement  encore,  nous 
signalait  l'existence  d'une  sorte  de  gobelet  droit  à  anse  en  B,  à  Kara  m  Crimée,  dans  les  col- 
lections de  M.  Novikov.  Nous  ne  saurions  trop  remercier  l'éminenliiirccteur  du  Musée  National 
bohème  de  l'empressement  avec  lequel  il  a  bien  voulu  contribuer  à  notre  documentation. 

Fin  59.  Echelle  :  l|6.  —  Anse  de  la  Cueva  de  la  Muge?-  (v.  la  légende  de  la  Fig.  (iHi  donnée  par 
L.  Sirkt,  L'Expaoneprehino  ique,  Rev.  des  Questions  sci.nl.,  oct.  18H3.78  p.,  310  li«.  (v.  p.  28, 
lig.  U6)  d'après  Mac-Phkr  on,  2«  partie,  pi.  V,  fig.  2.  La  même  grotte  a  fourni  de  nombreux 
exemplaires  d'anses  verlical-s  multiforées,  tandis  qu'aucun  autre  n'est  cité  d'Espagne  dans  les 
éludes  si  remarquables  des  frères  Siret  :  curieux  exemple  d'une  localisation  encore  plus  étroite 
que  celle  de  la  Prusse  orientale. 

trouvé  à  Platénice  (Bohême)  {Fig.  58),  se  rattache  bien,  à  la 
rigueur,  aux  types  du  Nord,  par  la  nature  de  sa  poignée  tri- 
forée, et  aux  types  du  Midi  par  le  galbe  de  sa  panse,  mais  en 
différant  assez  des  premiers,  par  l'inégalité  voulue  de  ses  trois 
lumières,  et  des  seconds  par  la  position  inférieure  et  non 
proéminente  de  l'anse,  pour  qu'à  nos  yeux  elle  constitue  bien 
plutôt  une  fantaisie  sporadique  d'artiste  local,  qu'un  chaînon 
véritable,  dû  à  quelque  influence  ou  réminiscence,  soit  du 
sud,  soit  du  nord.  (il  suivre). 


5\2  5> 


SÉANCE  DU   27  JUILLET    191 

[Suite). 


Présidence  de  M.  CHAPELET,  Vice-Président. 

II.  —  NOTES  ORIGINALES  ET  DISCUSSIONS  (Suite). 


Lieu  dit  à  Radical  «  Chante  »  (Suite). 

M.  Marcel  Hébert  (Paris).  —  Je  crois  qu'il  faut  maintenir  dans 
le  problème  que  M. M.  Baudouin  a  posé,  comme  dans  tant  d'autres, 
la  pluralité  des  solutions. 

Sans  avoir  en  aucune  manière  la  prétention  de  traiter  à  fond 
ce  sujet,  voici  quelques  renseignements,  pris  dans  les  divers 
volumes  du  Dictionnaire  topographique  de  la  France  (Bibliothè- 
que nationale). 

Eure-et-Loir:  Chanteloup  [Cantans  lupus,  dans  un  texte  de 
1080  environ]. 

Chantepie  [Cantans  pica,  Idem]. 

Pas-de-Calais  :   Canteleu  (Cantus  lupi,  xne  s.  et  1298]. 

Canteraine  [Cantus  rane,  1214]. 

Haute-Marne  :   Chantemerle  [Cantus  merule,  1318], 

Vienne:   Chanteloup  [Apud  Canlum  Lupi,  1404]. 

Mayenne:   Chantemesle  [Cantus  merule,  1010], 
Chanteloup  [De  Cantu  Lupi,  xie  s.]. 

En  revanche,  on  a,  aussi  : 
Vienne  :   Chantdoiseau,   qui    s'écrit    Champdoizeau    (1^16)    et 
Chantdoyseau  (1446). 

Pas-de-Calais  :   Cantemerle,  qui  s'écrit  Campemelle  (1725). 
Aisne:   Champleu  [Campas  lupi,  1240]. 

Campus  lupi,  et  Cantus  lupi  ci-dessus. 

Voilà  bien  les  deux  solutions.  —  En  faveur  de  l'idée  de  chant, 
on  peut  encore  citer  : 

Aisne  :  Le  chant  des  oiseaux  (maison  isolée  et  hameau). 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  34 


526  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

J'ai  trouvé  un  Chantepierre,  mais  sans  étymologie  latine  ;  pour 
un  nom  de  ce  genre,  comme  pour  Chantavoine,  j'admettrais 
volontiers  l'étymologie  Campus',  mais  je  n'ai  pas  trouvé  d'exem- 
ple, sauf  le  Ghampleu  ci-dessus;  toutefois  l'orthographe  n'est  pas 
la  même.  —  Encore  une  fois,  je  n'ai  pas  voulu  traiter  le  sujet, 
mais  seulement  fournir  une  indication. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  L'importante  contribution  ci-dessus  à 
la  question  soulevée  me  paraît  plaider,  singulièrement,  en  faveur 
de  mon  hypothèse  !  —  En  effet,  elle  est  soutenable,  puisqu'on  a  : 
Champ-doizeau  (1416);  Campemelle  (1725);  Campus  lupi 
(1240);  etc. 

Et,  en  raison  de  ce  Campus  lupi  (xme  s.),  qui  est  déjà  Cantus 
Lupi  au  xie  siècle  (Mayenne)  et  en  1404  (Vienne),  il  me  semble 
même  que  les  mots  Cantus,  Cantans  ne  sont  que  de  mauvaises, 
et  secondaires,  traductions  latines  (pour  Campus)  du  mot  vieux 
français  a" origine,  antérieur  au  xie  siècle.  —  Mais,  ce  n'est  là 
qu'une  impression 

Il  est  bien  évident  qu'il  faudrait  des  recherches  approfondies 
pour  solutionner  définitivement  la  question  ;  pourtant  rien  ne  nous 
empêche  d'apporter  chacun,  et  chaque  jour,  notre  petite  pierre 
à  la  construction  d'un  édifice,  qui  peut  devenir  un  jour  aussi 
solide  —  je  veux  aussi  indiscutable  —  qu'un  Menhir! 

M.  A.  Conil  (Sainte-Foy-la-Grande).  —  Les  remarques  si  judi- 
cieuses de  M.  le  Dr  Baudouin  au  sujet  des  lieux  dits  à  radical 
Chante,  parues  dans  le  bulletin  d'août,  à  la  suite  de  la  communi- 
cation sur  le  même  sujet  de  notre  collègue  M.  Aublant,  qui 
tendraient  à  traduire  Chante  par  Champ,  me  paraissent  confir- 
mées par  l'étymologie  primitive  de  ce  mot. 

En  Périgord  et  en  Agenais,  le  nom  de  Cantelove,  dérivant 
d'un  lieu  dit  est  encore  porté  par  plusieurs  familles.  Dans  les 
anciens  écrits  on  trouve  aussi  Cantelon,  Cantalon,  Cantelove, 
qu'on  a  traduits  en  les  francisant,  ce  qui  arrive  souvent  aux  topo- 
graphes sur  les  cartes,  par  Chante-loup  et  Chante-louve.  Or, 
Cante,  me  semble  dériver  d'un  vieux  roman  :  Can,  qui  a  donné 
naissance  aux  deux  mots  :  Cant  et  Cante,  encore  employés  dans 
le  patois  local  dans  le  sens  du  champ;  à  Quantou,  Quanteu, 
(prononcer  Canteou)  Quanton,  qui,  au  moyen  âge,  voulaient  dire 
également  «  champ,  endroit  »;  et  enfin  au  mot  canton  actuel. 
Cante  lou,  Chante  loup  correspondaient  à  Champ  du  lou.  Chante- 
louve  me  paraît  être  une  corruption  de  Cantalove,  comme  sem- 
blerait l'indiquer  le  nom  de  Cantelove  précédemment  cité. 

Alove,  Alovette,  Lobette,  signifient,  en  patois,  alouette,  petit 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  527 

oiseau.  Dans  la  haute  lande,  or»  chante  encore  :  «  J'ai  plumé  la 
teste,  la  queue,  le  vec,  de  mon  aluvette  v«  se  prononçant  ou)  ». 
Pour  Cro-Magnon,  Croy  Crot,  comme  le  dit  très  bien  M.  Aublant, 
exprime  l'idée  de  creux,  d'enfoncement,  et,  Magnon,  serait,  me 
semble-t-il,  un  diminutif  de  Magnie  (om-o/i),  dont  le  sens  au 
moyen  âge,  était  :  demeure,  gîte,  abri.  Cro-Magnon  équivau- 
drait à  Petit  abri  du  trou,  de  renfoncement  du  rocher,  autre- 
ment dit  :  Petite  demeure  de  l'abri,  par  comparaison,  peut-être, 
avec  d'autres  plus  vastes  du  grand  abri  voisin  des  Eysies. 


I  .<•-  Menhirs  bornes. 

M.  A.  L.  Lewis  (Angleterre).  —  Dans  le  Bulletin  de  la  Société 
Préhistorique  (juin,  p.  389),  M.  leDr  M.  Baudouin  parle  des  Men- 
hirs, comme  limites  ou  bornes. —  Nous  avons  la  même  chose  en 
Angleterre.  Le  Cercle  «  Roll-wright  »  est  sur  les  bords  des  com- 
tés Oxford  et  Warwich.  Sans  doule  les  limites  des  Comtés  ont 
été  faites  sur  ce  lieu,  parce  que  ces  pierres  étaient  un  point  de 
repère,  bien  connu. 


I  «•«  produits  lit  niques  des  chocs  naturels 

sur  les  plages  de 

9aînt-Yaléry-en-Caux  et  de  Veulesles  Roses. 

PAR 

Georges  ROMAIN    Sainte -Adresse,  Seine-Inférieure). 

Profitant  des  fêtes  de  Pâques,  je  suis  allé  à  Saint-Valérv-en-Caux 
et  à  Veules-les-Roses, dans  l'espoir  de  rencontrer,  sur  les  plateaux 
qui  dominent  la  mer,  quelques  ateliers  ou  stations  en  plein  air. 

J'ai  alors  exploré  toute  le  région  entière,  qui  s'étend  depuis  le 
sémaphore  de  Saint-Valéry  jusqu'à  Sotteville-sur-Mer,  au-delà 
de  Veules  ;  mais,  malgré  de  sérieuses  recherches  et  d'innombra- 
bles allées  et  venues  dans  des  terres  sèches  et  poussiéreuses,  je 
n'ai,  à  mon  grand  regret,  rien  trouvé  d'intéressant. 

En  effet,  après  avoir  parcouru  48  kilomètres  environ,  j'ai  été 
surpris  de  ne  récolter  qu'une  douzaine  de  silex  taillés,  en  plus  ou 
moins  bon  état;  d'autant  plus  que,  dans  les  champs  qui  bordent 
les  falaises  des  environs  du  Havre  et  de  Fécamp,  nous  sommes  habi- 


528  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

tués  à  recueillir  une  industrie  très  soignée,  abondante  et  variée. 

Pour  expliquer  ici  la  rareté  des  outils  néolithiques  à  la  surface 
du  sol,  il  faut,  je  crois,  tenir  compte  de  la  configuration  de  cette 
partie  de  la  côte  normande,  dont  les  falaises  escarpées  et 
crayeuses  ne  présentent  pas  de  véritables  échancrures  vers  la 
mer,  où,  du  moins,  elles  sont  trop  espacées  les  unes  des  autres. 

Or,  il  est  probable  que  notre  Néolithique  ne  stationnait  que 
temporairement  sur  ces  côtes,  ear  il  ne  pouvait  point  descendre 
au  bord  de  la  mer  pour  chercher  sa  nourriture,  ni  se  désaltérer 
aux  eaux  qui  sourdent  du  pied  des  falaises;  ensuite,  l'argile  h  silex 
se  trouvant  souvent  à  une  certaine  profondeur  des  sables  ter- 
tiaires ne  lui  permettait  pas  toujours  d'extraire  les  matériaux 
nécessaires  pour  confectionner  son  outillage. 

Notre  région  est,  au  contraire,  plus  privilégiée  sous  le  rapport 
des  nombreux  vallonnements,  produits  par  dislocation  ou  dénuda- 
tion,  qui  descendent  jusque  sur  le  rivage;  et  la  matière  siliceuse 
est  très  répandue  à  une  faible  épaisseur  du  sol. 

Cette  hypothèse,  très  sommaire  est  sans  doute  insuffisante  ; 
quoiqu'il  en  soit,  les  côtes  de  ces  deux  localités  paraissent  très 
pauvres  en  vestiges  de  l'industrie  néolithique. 

Devant  l'insuccès  de  mes  recherches,  j'ai  exploré  ensuite  les 
plages  à  mer  basse,  car  elles  offrent  toujours  un  sujet  d'étude  très 
intéressant;  et  celles  de  Saint-Valéry  et  de  Veules  ont  un  cachet 
tout  particulier,  avec  leurs  placards  crayeux  (Crétacé  supérieur) 
formés  parle  pied  des  anciennes  falaises  détruites  par  la  mer. 

Ce  sol,  tout  blanc,  qui  s'étend  vers  la  haute  mer,  intéresse 
le  géologue,  et  permet  aussi  aux  pêcheurs  de  creuser  des  parcs 
ou  réservoirs,  dans  lesquels  ils  déposent  le  produit  de  leur  pêche  ; 
quand  aux  espaces  libres  entre  les  rochers,  ce  sont  autant  de  mi- 
nuscules aquariums,  où  tout  un  petit  monde  marin  pullule,  à 
travers  une  végétation  lilliputienne. 

Mais,  mon  retour  approchant,  je  n'avais  guère  le  temps  de  rê- 
ver aux  curiosités  naturelles  sous-marines  qut  font  la  joie  des  tou- 
ristes ;  mon  sac  était  vide  de  souvenirs  intéressants. 

Je  portais  donc  toute  mon  attention  sur  les  talus  de  galets,  an- 
ciens et  récents,  formés  par  les  vagues;  or,  j'avais  à  peine  fait 
quelques  pas,  que  je  recueillais,  en  très  peu  de  temps,  un  grand 
nombre  de  curieux  pseudo-outils,  façonnés  par  les  chocs  produits 
par  la  mer. 

C'est  principalement  à  Veules-les-Roses  où  j'ai  été  le  plus 
étonné  de  rencontrer  tant  de  galets,  donnant,  sans  grand  effort 
d'imagination,  l'illusion  de  silex  taillés,  mais  roulés  par  la  mer  ; 
et,  je  suis    persuadé   que  plus  loin  encore,  on  doit  trouver  les 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  529 

mêmes  spécimens,  puisque  le  littoral  est  de  même  composition 
jusqu'à  la  baie  de  Somme,  que  du  reste  on  aperçoit  très  bien,  par 
temps  clair,  des  jetées  de  Saint-Valéry-en-Caux. 

Dans  cette  dernière  exploration,  j'ai  ramassé  107  échantillons, 
dont  la  nomenclature  ci-dessous  donnera  une  idée  des  rapproche- 
ments que  l'on  peut  faire  entre  les  vrais  silex  taillés  et  les  faux, 
fabriqués  par  le  mouvement  de  va  et  vient  continuel  des  vagues. 

Plages  de  Saint- Valérv-en-Caux  et  de  Veules-les-Roses  : 

Racloirs? 5 

Grattoirs? 28 

»          en  creux? 8 

Galets  percés 13 

Polypiers  (Siphonia) 4 


Instruments  ? 

9 

Pointes  de  silex? 

.  ..      16 

...      20 

Eclats  arqués? 

2 

«        à  biseau? 

«        divers  ? 

7 

7 

Cette  similitude  de  formes  est  parfois  assez  curieuse;  c'est 
pourquoi  j'ai  été  obligé  d'emprunter,  pour  désigner  ces  vulgaires 
cailloux,  les  noms  généralement  employés  pour  déterminer  l'in- 
dustrie lithique.  Ainsi,  par  exemple,  j'ai  recueilli  deux  galets, 
qu'on  prendrait  certainement  pour  des  pointes  moustériennes  (?); 
ensuite,  de  très  petites  lames,  qui,  lorsqu'elles  sont  mouillées, 
donnent  l'illusion  complète  d'un  silex  soigneusement  clivé;  ainsi 
que  des  éclats  aux  formes  diverses  présentant  les  caractères 
essentiels  de  la  taille  intentionnelle. 

Quant  aux  grattoirs-racloirs,  ce  sont  les  plus  typiques,  car  ils 
se  rapprochent  davantage  des  outils  néolithiques. 

Enfin,  les  galets  percés,  de  différentes  dimensions,  se  rencon- 
trent en  grand  nombre  sur  ces  plages  ;  et  leur  orifice  presque 
toujours  évasé  semble  mâché  par  les  heurts  répétés;  on  voit  très 
bien  que  le  petit  polvpier,  qui  était  emprisonné  dans  le  calcaire 
dur  ou  dans  le  silex,  s'est  effrité  avec  le  temps  et  les  chocs. 

En  dernière  analyse,  si  ces  cailloux,  ou  plutôt  ces  galets,  sont 
généralement  de  petite  taille,  cela  tient  à  ce  que  la  matière  sili- 
ceuse se  présente,  dans  ces  falaises,  sous  forme  de  plaquettes  ou 
de  rayons  siliceux  très  peu  volumineux,  lesquels,  tombant  à  chaque 
instant  sur  la  plage  de  galets,  se  trouvent  brisés  en  menus  éclats, 
qui  acquièrent  assez  rapidement  des  formes  particulières. 

Ce  bref  aperçu  pouvant  paraître  exagéré,  j'ai  recours  à  l'obli- 
geance de  mon  ami,  notre  sympathique  collègue  ,M.  Chapelet, 
vice-président  de  la  Société  Préhistorique  Française,  pour  me 
faire  l'honneur  de  soumettre  à  nos  collègues  le  résumé  de  mes 
dernières  excursions,  ainsi  que  35  spécimens  de  ces  galets  en 
question. 

Cette  présentation  simplifiera  les  explications    plus  ou  moins 


530  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

bien  présentées  de  ces  curieux  cailloux  et  permettra,  aux  per- 
sonnes qui  n'ont  point  l'occasion  de  parcourir  nos  plages  de  ga- 
lets, de  se  rendre  compte,  pièces  en  mains,  de  l'intérêt  que  peu- 
vent avoir,  au  point  de  vue  de  l'industrie  préhistorique,  les 
produits  des  chocs  naturels. 

En  terminant  cette  trop  longue  causerie,  qu'il  me  soit  permis 
de  conseiller  à  nos  collègues  qui  auraient  l'intention  de  visiter  la 
charmante  commune  de  Veules-les-Roses,  de  s'arrêter  quelques 
instants  sur  les  talus  de  galets  ;  ils  éprouveront  certainement 
ce  que  j'ai  éprouvé  moi-même  :  une  grande  surprise  à  la  vue  de 
tous  ces  pseudo-outils  et  l'embarras  du  choix. 


L.e  Cimetière,  mérovingien   et  carolingien,  de 
Manneville-sur-RisIe    (Eure). 


J.  LEROY  (Pont-Audemer,  E), 

Membre  de  la  Société    préhistorique  française  et  de  la  Société  normande 
d'Etudes  préhistoriques . 

Le  cimetière,  mérovingien  et  carolingien,  de  Manneville-sur- 
Risle,  est  situé  sur  le  territoire  de  cette  commune,  au  quartier  de 
l'Eglise;  Les  limites,  d'après  M.  Carrey,  géomètre-expert,  qui 
a  publié  une  note  sur  Manneville  (1),  en  sont  faciles  à  déter- 
miner, à  cause  de  la  plantation  d'ifs  qui  l'entourait  et  dont  une 
partie  subsisterait  encore;  le  chemin  qui  y  conduit  en  venant  de 
la  vallée,  portant  encore  le  nom  significatif  de  «  Rue  des  Ifs  ». 

Dans  ce  cimetière,  de  12  à  14  hectares,  ont  été  trouvés,  en  dif- 
férentes fois,  une  cinquantaine  de  tombeaux  en  pierre,  composés 
de  trois  morceaux  :  deux  formant  auge  avec  couvercle  par-dessus. 
Un  tombeau,  cependant,  trouvé  par  un  nommé  Prey,  sous  une 
voûte  en  caillou,  n'était  que  de  deux  morceaux  en  pierre  d'Anne - 
baut  (les  autres  étaient  en  calcaire  grossier  ou  en  travertin)  ;  ce 
cercueil,  mieux  soigné,  avec  couvercle  en  dos  d'âne,  caractéristi- 
que de  l'époque  carolingienne,  renfermait  le  squelette  d'un  ado- 
lescent, casque  en  tête  et  bouclier  au  côté,  en  fer  et  bronze  ;  à 
droite  et  à  gauche,  on  a  ramassé  des  poignées  d'épée  et  de  poi- 
gnards, deux  boucles,  et  une  très  riche  agrafe. 

Déjà,  à  différentes  époques,  vers  1830,  à  l'est  de  la  commune 
qui  se  termine  à  cet  endroit  par  un  terrain  légèrement  incliné 
qui  a  pour  limite  un  petit  vallon  descendant  de  Fourmetot,  et  sur 
le  flanc  duquel  se  développe  le  versant  plus  rapide  de  la  vallée  de 


(1)  D.   Cakrky.  — Notice  historique  sur  Manneville- sur-Risle  (Eure,.  —  Bulletin 
delà  Société  normande  d' Etudes  préhistoriques,  t.  XVII,  année  15)09,  p.  65  et  suiv. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  531 

Risle,  plusieurs  tombeaux  mérovingiens  avaient -été  découverts, 
lors  de  l'établissement  de  la  grande  route  de  Rouen  ;  d'autres 
furent  trouvés  également  dans  le  verger  de  l'ancien  presbytère,  à 
droite  du  cimetière  actuel,  dans  un  autre  verger,  à  gauche  du 
même  cimetière,  dans  un  troisième  plus  bas  que  ce  dernier,  et 
dans  un  terrain  en  labour  plus  rapproché  du  ravin. 

En  1836,  vers  le  mois  de  juin,  M.  Canel  (1)  aurait  vu  un  cer- 
cueil en  pierre,  qui  venait  d'être  ouvert,  dans  un  terrain  en  friche, 
situé  entre  les  vergers  et  le  labour  sus-mentionnés  et  près  du 
chemin  qui  descend  à  droite  de  celui  de  l'église  ;  il  contenait,  à 
côté  du  squelette  intact,  deux  boucles  de  ceinturon,  de  forme 
carrée  en  bronze,  grande  et  petite,  et,  vers  la  région  des  côtes  du 
squelette,  une  lame  de  fer  oxydée,  brisée  et  longue  de  six  pouces 
environ  (2). 

En  1841,  de  l'autre  côté  du  même  chemin,  vers  la  vallée  de 
Risle,  nouvelle  découverte  d'un  nouveau  cercueil;  et,  dans  celui- 
ci,  trouvaille  d'un  petit  col  de  vase  en  terre  cuite. 

Enfin,  vers  la  fin  de  mai  1863,  les  ouvriers  occupés  à  défricher 
la  partie  du  versant  où  fut  trouvé  le  cercueil  de  1826,  en  rencon- 
trèrent un  certain  nombre  d'autres;  cette  dernière  découverte,  de 
beaucoup  plus  importante  que  la  précédente,  a  permis  à  M.  Canel, 
quia  suivi  les  fouilles,  d'en  tirer  différentes  déductions  qu'il  est 
intéressant  de  rapporter. 

I.  —  La  partie  du  terrain,  sur  laquelle  la  présence  de  sépultu- 
res a  été  signalée,  ne  contient  pas  moins  de  sept  hectares;  et  le 
cimetière  actuel  de  la  paroisse  ne  serait  qu'une  faible  parcelle  de 
celui  dont  les  fouilles  ont  révélé  l'existence. 

II.  —  Les  cercueils  étaient  plus  larges  d'un  bout  que  de  l'au- 
tre, grossièrement  travaillés,  en  pierre  du  pays  et  en  forme  d'auge, 
avec  couvercle  en  pierres  plates  au  nombre  de  deux  ou  trois 
adhérentes  l'une  à  l'autre  ;  un  seul  se  serait  présenté  incomplète- 
ment couvert  et  c'est  au-dessus  de  l'extrémité  la  plus  large;  qu'é- 
tait posée  la  dalle  de  pierre;  les  ossements,  qui  y  furent  trouvés  , 
étaient  en  ordre  parfait.  Les  cercueils  d'enfants  entrevus  étaient 
formés  dune  seule  pièce  ;  45  centimètres  de  terre  environ  recou- 
vraient chaque  cercueil. 

III.  —  Ces  sépultures  étaient  orientées,  pour  le  plus  grand 
nombre,  de  l'Ouest  à  l'Est,  en  d'autres  termes,  et  pour  mieux 
préciser,  les  pieds  des  squelettes  étaient  dirigés  vers  le  levant 
d'hiver,   en  déviant  toutefois  un    peu  vers  le  sud  ;  un  seul  parmi 

(1)  A.  Canel.  —  Découverte  de  cercueils  à  Manneville-sur- Risle  en  1863.  [Opuscul 
conservé  à  la  bibliothèque  Canel,  à  Pont-Audemer,  série  L,  ray.  7]  (a  paru  en  arti 
clés,  publiés  dans  le  Journal  de  Pont-Audemer  de  l'époque). 

(2)  Société  libre  de  l'Eure,  t.  VIII,  p.  27. 


532  SOCIÉTÉ  PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 

les  cercueils  faisait  exception  à  cette  règle  :  il  regardait  le  sud- 
ouest. 

IV.  —  Les  cercueils  étaient  remplis  de  terre  ;  on  y  remarquait 
plusieurs  fragments  de  tuiles  romaines  :  ce  qui  établirait  un  rema- 
niement en  même  temps  qu'une  violation  de  sépulture  reconnue 
d'ailleurs  dans  une  partie  de  celles-ci,  alors  que,  dans  les  autres, 
les  ossements  étaient  représentés  dans  l'ordre  le  plus  parfait.  Le 
crâne  de  chaque  squelette  reposait  sur  un  morceau  de  pierre  (i). 

V.  —  Les  sarcophages  ne  contenaient  aucun  vase  ou  débris  de 
vase,  même  ceux  qui  n'offraient  pas  trace  de  violation,  exception 
faite  toutefois  pour  la  trouvaille  de  1841,  également  dans  la  plu- 
part de  ces  mêmes  cercueils,  violés  ou  non,  il  ne  s'est  rencontré 
aucun  mobilier  funéraire,  contrairement  à  ceux  découverts  et 
explorés  par  l'abbé  Cochet,  notamment  dans  le  pays  de  eaux  qui 
renfermaient,  en  général,  une  foule  d'objets  de  divers  genres. 

VI.  —  Quelques  cercueils  cependant  ont  fourni  quelques 
objets;  celui  découvert  en  1836,  mentionné  ci-dessus,  un  de  ceux 
de  1863  qui  renfermait  une  boucle  ;  un  autre,  une  boucle  en 
bronze,  de  forme  arrondie,  avec  quelques  traces  d'une  lame  de 
poignard;  dans  un  troisième,  plusieurs  morceaux  de  fer,  dont  la 
plus  faible  parcelle  avait  été  une  petite  boucle;  enfin,  dans  un  qua- 
trième, une  agrafe  et  un  style  en  bronze  (2). 

Telles  sont,  brièvement  rapportées, les  découvertes  faites  dans 
la  Nécropole  mérovingienne  de  Manneville-sur-Risle. 

Il  est  à  regretter,  toutefois,  que  ces  fouilles  n'aient  pas  été 
faites  par  des  personnes  compétentes,  et  qu'une  méthode  scienti- 
fique n'ait  pas  présidé  à  leur  direction,  fouilles  qu'un  sous-préfet 
d'alors  interrompit,  en  faisant  recouvrir  les  cercueils,  sous  pré- 
texte de  violation  de  sépultures  (sic)  ! 

Ce  cimetière,  d'une  superficie  de  12  à  14  hectares,  est  loin 
d'avoir  été  entièrement  exploré  ;  par  les  quelques  objets  en  bronze 
recueillis,  armes,  boucles  de  ceinturon,  agrafes,  style,  etc.,  etc., 
il  se  révèle  comme  intéressant  à  étudier  ;  et  il  serait  à  souhaiter 
que  de  nouvelles  fouilles  y  fussent  pratiquées  et  que  la  délimita- 
tion de  cette  Nécropole  soit  ainsi  fixée,  pour  le  plus  grand  bien  de 
l'histoire  de  nos  origines  ancestrales. 

(1)  Un  de  ces  blocs,  conservé  au  Musée  Canel,  est  un  fort  beau  nucleus  néolithi- 
que, de  forme  circulaire,  aux  fines  traces  de  lames  enlevées  du  pourtour  ;  il  est  en 
silex  noir  de  la  craie  cénomanienne  et  a  dû  être  ramassé  sur  place  dans  la  riche 
station  néolithique  de  Manneville. 

(2)  Ces  deux  objets,  la  boucle  de  ceinturon,  d'un  travail  magnifique,  qui  est  très 
bien  conservée,  ainsi  que  le  style  en  bronze,  sans  nulle  trace  d'oxydation,  font  partie 
de  la  collection  de  M11'  Thouroude,  qui  a  autrefois  habité  Manneville-sur-Risle 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  533 


Notes  succinctes  sur  quelques  Instruments 
Sahariens  de  l'âge  de  la  pierre. 

PAK 

M.   ROSEVILLE  DES  GROTTES  (Lasseube,  B.-P). 

Le  Préhistorique  du  Sahara,  aussi  bien  que  celui  de  tout  le 
nord  de  l'Afrique,  est  maintenant  connu,  tout  au  moins  dans  ses 
grandes  lignes,  grâce  aux  recherches  persévérantes  d'éminentes 
personnalités  :  les  Pallary,  Flamand,  Laguière,  et  tant  d'autres, 
fonctionnaires,  professeurs,  militaires,  ou  simples  touristes,  que 
la  Terre  du  Silex  n'a  cessé  d'attirer  et  de  passionner. 

Mon  intention  n'est  donc  même  pas  de  glaner  après  les  riches 
moissons  de  ces  érudits  fureteurs  ;  il  y  aurait  du  reste  quelque 
présomption  à  le  faire  pour  un  simple  curieux,  qui  n'eut  jamais 
l'heureuse  fortune  de  fouler  le  sol  africain  et  qui  ne  connaît  cette 
superbe  contrée  qu'à  l'aide  des  nombreux  travaux  de  ceux  que 
les  richesses  cachées  sous  ses  sables  ont  si  vivement  tentés. 

Je  me  bornerai  simplement  à  décrire  les  formes  qui  m'ont  paru 
spéciales  ou  peu  connues,  parmi  les  nombreux  instruments  sélec- 
tionnés dans  les  multiples  envois,  dus  à  l'inépuisable  générosité 
des  Pères  Blancs  d'Afrique  et  à  la  particulière  bienveillance  du 
ère  Bardou,   préfet  apostolique  du  Sahara. 

J'essayerai  de  comparer  ces  formes  à  leurs  similaires  de  divers 
pays,  espérant  que  ces  rapprochements  pourront  faire  naître,  en 
des  esprits  plus  scientifiques  que  le  mien,  de  curieuses  et  profita- 
bles déductions. 

Sur  le  lot  assez  considérable  de  Haches  Sahariennes,  parmi  des 
formes  connues,  telles  que  celles  dites  à  boudin,  relativement 
rares  et  de  dimensions  moyennes,  et  beaucoup  d'autres  très  apla- 
ties et  triangulaires,  de  type  Egyptien,  j'en  ai  distingué  une,  qui, 
par  son  originalité  et  sa  facture  spéciale,  mérite  un  mot  de  des- 
cription. 

Cette  hache,  de  forme  lenticulaire  et  peu  bombée,  a  son  sommet 
orné  dune  sorte  de  chapeau,  dont  le  rebord  est  formé  par  une 
ligne  circulaire  très  en  saillie,  cordon  destiné  à  retenir  l'arme 
dans  l'emmanchure;  cet  objet  ressemble  à  une  gourde  ;  le  pour- 
tour de  la  hache  à  la  base,  comme  dans  tonte  la  partie  circulaire, 
c'est-à-dire  jusqu'au  près  du  sommet,  est  très  aminci  et  aiguisé 
avec  soin.  La  nature  de  la  pierre  est  du  grès  à  grains  très  serré. 
La  provenance  exacte  de  cet  instrument,  comme  d'ailleurs  de  tous 
ceux  dos  L-nvois  ultérieurs,  n'a  pu  être  établie  avec  précision  ;  en 
effet,  les  Arabes  des  caravanes  du  lac  Tchad  à  Ouargla  se  bornent 


534  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

en  cours  de  route  à  ramasser  les  objets  en  silex,  au  fur  et  à 
mesure  de  leur  rencontre,  et  revendent  leurs  récoltes  à  leur  arri- 
vée à  Ouargla  ;  les  indications  mêmes  qu'ils  pourraient  ou  vou- 
draient donner  seraient  du  reste  souvent  suspectes. 

Cet  objet  semblant  n'avoir  jamais  servi  et  sa  forme  le  rendant 
du  reste  très  peu  propre  à  un  usage  pratique,  il  pourrait  se  faire 
que  ce  fut  une  arme  votive,  ayant  fait  partie  d'un  mobilier  funé- 
raire. 

A  rapprocher  de  cette  hache  saharienne  les  deux  formes  sui- 
vantes. 


Fig.  i. 


Hache  caraïbe  de  La  Guadeloupe, 
ornée  d*un  Soleil. 


Fig.  2.  —  Hache,  phallique,  de  La  Dominique 


L'une  (Fig.  1),  d'origine  caraïbe,  provenant  de  La  Guadeloupe 
et  trouvée  par  moi  sous  la  porte  de  l'étude  d'un  notaire  de  la 
Basse-Terre,  où  elle  servait  à  caler  l'huis  de  cet  honorable  tabel- 
lion; l'autre  (Fig-  2),  récoltée  à  La  Dominique,  et  faisant  partie 
de  la  riche  collection  d'un  créole  de  cette  île  ;  j'ai  donné  de  ce 
dernier  objet  une  description  succincte  dans  ma  note  sur  les  tom- 
bes caraïbes  (U  Homme  préhistorique,  n°  4,  avril  1908). 

Voici  donc  trois  haches  lenticulaires,  pouvant  être  attribuées  à 
un  but  votif  ou  religieux  :  armes  de  tombe  ou  objets  cultuels. 
L'une,  celle  du  Sahara,  pourrait  représenter  la  gourde  du  voya- 
geur, partant  pour  une  longue  route  :  allégorie  sépulcrale  accom- 
pagnant le  passant  de  la  vie  vers  les  lointaines  régions  des  espaces 
infinis  d'où  l'on    ne  revient   plus;  l'autre,  la   Guadeloupienne, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  535 

avec  un  soleil  rayonnant  en  tète,  indiquant  la  personnification 
de  l'astre,  source  de  tout  bien  être;  la  hache  phallique,  peut  être 
objet  de  parure  avec  son  trou  de  suspension,  facile  à  porter  par 
suite  de  la  petitesse  de  ses  dimensions  ■  souvenons-nous  que  main- 
tes dames  romaines,  et  non  des  moindres,  ne  dédaignaient  pas  de 
suspendre  à  leur  cou  un  phallus),  glorification  de  l'admirable 
continuité  de  la  vie  par  l'organe  sacré  de  la  reproduction,  véri- 
table culte  de  la  vie  universelle,  pieux  hommage  d'admiration  et 
de  reconnaissance  de  l'être  primitif  à  l'organe  des  plus  intimes 

sensations Quel  est  le  pudique  Bérenger,  qui  pourrait  s'offusquer 

à  la  vue  d'un  tel  objet,  alors  que,  très  probablement,  aucune  pen- 
sée lubrique  n'a  dû  accompagner  l'esprit  du  primitif  dans  la  naïve 
conception  de  sou  œuvre?  La  Civilisation,  à  ces  lointaines  épo- 
ques, n'avait  pas  encore  fait  naître  le  vice  dans  ses  raffinements; 
et  seule  la  Nature  parlait  dans  ses  besoins  légitimes  et  immé- 
diats. 

Culte  du  Soleil,  Culte  du  Phallus!  Il  n'y  a  rien  là  de  métaphysi- 
que, aucune  idée  innée  de  la  Divinité  :  simple  constatation  de  la 
réalité,  de  la  palpabilité,  du  rationalisme,  exempt  de  toute  idée 
préconçue  et  imposée. 

Il  existe,  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  l'Hôpital  maritime  de 
Brest,  une  hache  océanienne,  ayant  cette  même  forme  lenticu- 
laire ;  mais  j'ignore  si  elle  est  pourvue  de  quelque  particularité, 
ne  l'avant  entrevue,  ily  a  une  trentaine  d'années,  que  sous  vitrine. 
Dans  tous  les  cas,  je  ne  sais  si,  en  France  ou  en  Europe,  il  a 
été  signalé  d'autres  haches  de  cette  forme;  je  crois  que  cela  a  dû 
être  assez  exceptionnel. 

Je  signalerai  également  des  instruments  que  je  ne  trouve  a 
classer  que  sous  la  dénomination  de  Coups-de-poinçs,  sans  toute- 
fois pouvoir,  à  l'aide  de  leur  forme,  les  faire  figurer  dans  aucune 
catégorie  de  ce  genre  d'instruments  (Chelléen  ou  Acheuléen\ 
existant  à  l'époque  quaternaire  en  Europe.  Ce  sont  des  blocs  de 
silex  avec  un  large  plan  de  frappe  qu'on  a  écrouté  par  un  premier 
équarrissage  et  ressemblant  au  tout  premier  abord  aux  nuclei  des- 
tinés à  un  débitage  ultérieur  en  lames  ou  lamelles.;  seulement  la 
différence,  qui  existe  entre  ces  nuclei  et  ceux  que  je  dénomme 
coups-de-poing,  consiste  en  ce  que,  à  la  suite  de  l'écroulement  du 
rogûon,  aucune  lame  n'a  été  enlevée  du  bloc,  ni  sur  la  face,  ni  au 
dos  et  qu'une  véritable  taille  très  soignée  n'a  eu  qu'un  but,  ren- 
dre le  bloc  de  silex  extrêmement  affiné  et  coupant  en  formant 
une  arête  circulaire  supérieure  opposée  au  talon  et  élargie  à  son 
maximum,  puis  ensuite  ménager  au-dessous  par  le  départ  d'une 


536  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

forte  esquille  de  silex,  un  creux  commode  pour  y  passer  le  des- 
sous du  doigt  de  la  main,  en  empoignant  et  en  maintenant  ainsi 
fortement  l'arme  tournée  vers  son  redoutable  tranchant,  après 
avoir  préalablement  appuyé  solidement  la  paume  de  la  main  sur 
le  large  plan  de  frappe  ;  en  résumé,  une  admirable  arme  bien  en 
main. 

J'aurais  certainement  hésité  à  faire  une  telle  attribution  d'un 
bloc  de  silex,  si,  parmi  les  40  ou  60  kilos  de  nuclei  ou  outils  simi- 
laires, je  n'avais  quatorze  fois  rencontré  la  même  forme,  identi- 
quement reproduite,  et  aussi  bien  réellement  voulue  :  le  coup-de- 
poing ! 

Du  reste,  en  examinant  et  en  confrontant  les  nuclei  et  les  coups- 
de-poing  des  envois  Sahariens,  l'énorme  différence  qui  en  résulte 
enlève  tout  doute.  Je  n'oserai  prétendre  que  ces  coups-de-poing, 
présumés  tels,  soient  paléolithiques,  car  leur  taille  fine  et  soi 
gnée  et  leur  voisinage  immédiat  avec  de  multiples  instruments 
néolithiques  plaide  en  faveur  de  la  négative;  mais  que  dirait-on 
si  j'osais  timidement  émettre  la  supposition  que  ces  objets  pour- 
raient se  dénommer  coup-de-poing  néolithiques?  J'ajoute  vivement 
du  Sahara,  car  cette  forme  paraît  bien  spéciale  et  uniquement 
applicable  au  Sahara,  ou  peut-être  au  nord  africain. 

Rabourdin,  qui,  l'un  des  premiers,  traita  du  Préhistorique 
Saharien  dans  sa  brochure  sur  la  première  mission  Flatters, 
dont  il  fit  partie,  semble,  dans  une  note,  émettre  l'opinion  que 
tous  les  objets  de  l'âge  de  la  pierre,  rencontrés  pêle-mêle  dans 
les  ateliers  de  surface,  ont  bien  pu  être  produits  à  la  même  épo- 
que, quelle  que  soit  au  reste  leur  fortune,  car,  dit-il,  qui  peut  le 
plus  peut  le  moins  !  N'oublions  pas  du  reste  que  tout  semble  bien 
particulier  dans  le  Sahara,  où  le  Néolithique  a  duré  presque  jus- 
qu'à l'époque  de  la  domination  romaine  —  etoùles  diverses  phases 
de  l'âge  de  la  pierre  ont  eu  une  succession  sous-synchronienne 
possible  avec  celles  d'aucune  autre  contrée.  —  Assurément  cha- 
que outil  est  le  résultat  d'un  besoin  spécial;  et  il  peut  paraître 
vraisemblable  que  l'énorme  quantité  de  racloirs  des  formes  les 
plus  primitives  a  pu  être  utilisées  par  les  néolithiques  Sahariens, 
pour  le  raclage  de  leurs  peaux,  soit  qu'ils  s'en  soient  servis,  les 
ramassant  sur  le  sol  où  les  avaient  laissés  leurs  prédécesseurs 
géologiques,  soit  qu'ils  eussent  eux-mêmes  rapidement  dégrossi, 
pour  le  besoin  immédiat  et  sur  place,  les  matériaux  siliceux  si 
abondants  sous  leurs  pas;  il  ont  aussi  bien  pu  confectionner  des 
coups  de  poing  avec  les  nuclei  inutilisés  et  déjà  écroutés  qu'ils 
rencontraient  sur  le  sol,  sorte  d'assommoir  pour  sacrifier  le  bétail, 
plus  utilisable  que  le  premier  bloc  de  silex  venu. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  537 

Je  ferai  remarquer  que  presque  toutes  les  formes,  cependant 
si  variées  et  si  originales,  de  flèches  Sahariennes  peuvent  se  re- 
trouver parmi  les  échantillons  extraits  en  France  et  en  Europe, 
soit  des  cavernes  et  abris,  soit  des  dolmens,  soit  enfin  des  ateliers 
de  surface.  Si,  généralement,  celles  d'Europe  sont  plus  grandes, 
c'est  qu'on  n'a  retrouvé  que  celles  des  sépultures  ou  ayant  un  but 
spécial,  car  toutes  les  formes,  même  les  plus  minuscules  ont  dû 
être  créées  en  France,  et  la  grande  abondance  de  ces  objets  dans 
le  Sahara  ne  peut  s'expliquer  que  par  le  caprice  du  vent  qui 
cache  et  découvre  par  intermittence  les  vastes  étendues  de  sables 
qui  seules  limitent  les  nombreux  ateliers. 

En  France,  la  nature  du  sol,  sa  culture  et  diverses  circonstan- 
ces faciles  à  comprendre  ont  forcément  raréfié  un  objet,  encore 
si  facile  à  trouver  en  Afrique. 

Dans  la  cachette  néolithique  de  la  grotte  d'Izeste  (Basses- 
Pyrénées),  j'ai  trouvé  la  flèche  dite  à  écusson, jusqu'ici  seulement 
signalée  dans  le  Sahara  ;  j'en  ai  retiré  deux  exemplaires  à  l'entrée 
de  cette  grotte  :  l'une  formant  partie  du  lit  de  la  cachette  ;  l'autre 
ramassée  dans  le  pêle-mêle  de  la  surface,  mais  loin  du  même 
endroit. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  s'appesantir,  tant  pour  ces 
instruments  que  pour  tous  les  autres  objets  du  Sahara,  sur  les  res- 
semblances ou  dissemblauces  qui  existent  entre  eux;  il  me  suffira 
de  dire,  sans  mettre  en  avant  la  proximité  de  l'Europe  et  de  l'Afri- 
que, encore  plus  grande  aux  époques  géologiques,  qu'il  me 
semble  que  les  mêmes  formes,  issues  du  même  besoin,  ont  pu 
naître,  sans  imitation,  créés  séparément  par  le  cerveau  des  pri- 
mitifs au  fur  et  à  mesure  d'une  logique  et  identique  évolution 
cérébrale,  développant  et  aiguisant  leurs  aptitudes;  la  poudre  et 
l'imprimerie,  ainsi  que  bien  d'autres  découvertes,  ont  été  asiati- 
tiques,  bien  avant  d'être  européenneset  mondiales;  si,  comme  il 
est  certain,  l'évolution  de  l'esprit  humain  à  toutes  les  époques 
vitales  n'a  pas  été  parallèle  et  simultanée,  il  n'en  est  pas  moins 
présumable  que  les  mêmes  étapes  essentielles  ont  dû  être  par- 
courues et  franchies,  là  du  moins  où  le  sol  et  les  conditions  de 
vie  et  de  milieu  n'y  mettaient  pas  un  obstacle  à  priori. 

Je  soumets  encore  à  mes  confrères  des  instruments  qui  sont 
de  véritables  petits  poignards,  ou  mieux  des  couteaux  avec  man- 
che réservé  et  étranglement  sous  la  garde,  de  provenance  Saha- 
rienne, et  qui  semblent  n'avoir  pas  leurs  similaires   en  France. 

Ces  objets  sont  taillés  sur  une  seule  face,  le  dessous  demeurant 
lisse.  Ils  sont  en  silex  à  forte  patine  jaunâtre  et  mesurent  respec- 
tivement 0"ii,  0m07  et  0m08de  longueur. 


538  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Il  faut  se  souvenir,  du  reste,  que  le  fameux  poignard  en  silex  de 
0m21  de  long,  jusqu'ici  unique  au  monde,  que  Ton  peut  voir  au 
Musée  préhistorique  des  Pères  Blancs,  transféré  d'Ouargla  à  Car- 
thage  et  qu'a  décrit  le  lieutenant  Pézard,  dans  un  des  Bulle- 
tins de  la  Société  préhistorique  de  France  (novembre  1909),  pro- 
vient aussi  du  Sahara. 

Enfin,  je  terminerai  en  indiquant  une  forme  de  hache-grat- 
toir, qui  paraît  bien  spéciale  à  la  région  Saharienne. 

C'est  une  hache  très  plate,  de  forme  triangulaire,  généralement 
en  silex  blanc  ou  en  pierre  schisteuse  de  diverses  teintes,  où 
l'on  a  ménagea  la  base,  au  lieu  d'un  tranchant  biseauté,  quel- 
ques vives  arêtes,  pour  en  faire  un  grattoir.  En  voici  ci-dessus 
deux  modèles.  J'en  possède  une  trentaine  de  la  même  forme  et 
de  dimensions  diverses. 

M.Paul  de  Mortillet  (Paris).  — Je  profite  de  l'intéressante  com- 
munication de  notre  collègue,  pour  vous  présenter  quelques  pièces, 
venant  du  Sahara.  Ces  pièces  m'ont  été  gracieusement  offertes 
par  M.  Roseville  des  Grottes  ;  elles  montrent  l'ensemble  des  formes 
qui  se  rencontrent  le  plus  ordinairement   dans  cette  région. 

Parmi  ces  armes  et  ces  instruments  en  pierre,  se  trouvent  de 
belles  pointes  en  feuille  de  laurier,  très  bien  taillées  sur  les  deux 
faces.  Certaines  très  plates  ont  toul  à  fait  l'aspect  de  pointes 
solutréennes.  On  doit  cependant  les  considérer  comme  contem- 
poraines des  haches  polies  et  autres  silex,  de  forme  néolithique, 
qui  se  rencontrent  avec  elles.  Nous  connaissons  d'ailleurs  des 
pointes  analogues  trouvées  en  France  dans  des  milieux  roben- 
hausiens.  Edouard  Piette,  au  Congrès  de  l'AFAS,  à  Nantes,  en 
1875,  a,'  dans  une  importante  communication,  établi  ce  rappro- 
chement de  forme.  Les  pointes  de  silex  en  feuille  de  laurier,  pro- 
venant des  montagnes  de  Bréonio,  près  Vérone  et  des  gorges  de 
l'Adige,  affectaient  tellement  le  type  solutréen,  que  plusieurs  pa- 
lethnologues  les  considéraient  comme  appartenant  à  cette  époque. 
Les  fouilles,  exécutées  par  mon  frère,  à  Bréonio,  lui  ont  montré 
qu'on  les  rencontrait  dans  des  couches  nettement  néolithiques. 

Je  regrette  de  ne  pas  être  de  l'avis  de  mon  excellent  collègue 
M.  Roseville  des  Grottes,  quant  à  l'attribution  des  deux  pièces, 
présentées  comme  Coups-de-poin<*  néolithiques.  Je  les  considère 
comme  des  nucléus,  très  soigneusement  préparés.  On  peut  certai- 
nement enlever  un  éclat  quelconque,  plus  ou  moins  allongé,  en 
frappant  un  coup  sec  sur  un  bloc  brut  de  silex.  Mais,  pour  obtenir 
une  belle  lame,  d'une  largeur  voulue,  il  est  essentiel  de  com- 
mencer à  tailler  avec  soin  le  nucléus  que  l'on  veut  employer.  Les 
beaux  nucléus  du  Pressigny  en  sont  un  exemple  très  probant. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  539 

Je  pense  aussi  que  les  haches-grattoirs  sont  plutôt  des  pièces 
retaillées,  pour  subir  un  nouveau  polissage.  Les  instruments  de 
cette  forme  — je  vous  en  présente  quelques-uns  —  étaient,  non 
des  haches,  mais  des  herminettes .  Ils  sont,  en  effet,  plat  d'un 
côté  ;  et  de  l'autre  ils  ont  un  tranchant  taillé  en  biseau,  puis  poli. 


Une  Hache  acheuléenne  de  la  Seine. 

M.  le  Dr  Ballet  (Paris).  —  J'ai  l'honneur  de  présenter  une 
Hache  taillée,  du  type  lancéolé,  provenant  d'une  Sablière  de  la 
rue  des  Princes,  à  Boulogne-sur-Seine  {Fig.  1). 

Cette  pièce  a  été  trouvée  en  place  par 
M.    Iloury,   au-dessous   du    2e   cailloutis. 

Notre  distingué  collègue,  M.  Dessailly, 
dans  un  intéressant  travail  paru  dans  le 
Bulletin  en  juillet  1907,  divise  les  couches 
quaternaires  en  trois  étages,  d'après 
MM.  Gosselet  et  Ladrière.  Chaque  étage 
présente  à  sa  base  un  cailloutis  ou  gra- 
vier. J'ai  pu  vérifier  cette  assertion  de- 
puis vingt  ans  bientôt  que  j'étudie  les 
sablières  des  environs  de  Paris.  Le  gra- 
vier de  base  de  l'étage  inférieur  est  beau- 
coup plus  volumineux  que  celui  des 
étages  supérieurs.  Il  se  divise  de  lui- 
même  en  deux  parties  bien  distinctes  : 
l'inférieure  est  franchement  chellèenne, 
avec  E.  antiquus  ;  la  supérieure  est 
Acheuléenne,  avec  E.  primigenius. 

La  pièce  que  j'ai  l'honneur  de  présenter 
a  été  trouvée  bien  au-dessous  du  2e  cailloutis  (étage  moyen);  elle 
serait  donc  acheuléenne.  Ce  volumineux  silex  est  long  de  27  cen- 
timètres, et  a  un  diamètre  de  6  centimètres  dans  sa  plus  grande 
épaisseur.  J'ai  pensé  que  cette  pièce  (Fig.  1)  méritait  de  vous  être 
présentée. 

M.  G.  Ramond-Gontaud  donne,  à  la  suite  de  l'intéressante 
communication  de  M.  le  Dr  Ballet,  quelques  détails  sur  la  struc- 
ture lenticulaire  des  dépôts  d'alluvions  anciennes.  Il  paraît  assez 
difficile,  comme  le  prétendent  certains  auteurs,  de  diviser  ces 
dépôts  en  trois  niveaux  successifs,  nettement  délimités.  Quaut  à 
la  rubéfaction  de  certains  niveaux  et  de  débris  organiques  ou 
autres  qu'ils  renferment,  c'est  là  un  phénomène  général,  qui  peut, 
affecter   n'importe  quelle    assise  géologique. 


Fig   1 .  —  Hache  acheuléenne 
de   Boulogne-sur-Seine . 


540  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Les  prétendues  Pierres  druidiques 
de  Jlliribel-les-Eclielles   et  de  Merlaz  (Isère). 


L.  JACQUOT  (de  Grenoble). 

Le  12  mai  1911,  M.  Morel,  constructeur  à  Domène,  nous  ayant 
obligeamment  offert  son  automobile  et  ayant  voulu  profiter  de 
cette  occasion  d'une  excursion  en  montagne  pour  nous  prouver 
l'excellence  des  pneus  increvables  de  son  invention,  nous  par- 
tions dans  le  but  d'étudier  tous  les  blocs,  plus  ou  moins  légen- 
daires ou  druidiques,  des  communes  de  Miribel-les-Echelies  et  de 
Merlaz.  La  caravane  se  composait  de  MM.  Morel,  Jourdan  père, 
industriel  à  Voiron,  L.  Carrière  (chef  de  la  maison  des  ciments 
de  la  P.  d.  F.),  et  Jacquot.  Le  premier  fournissait  le  véhicule, 
le  second  ses  relations  dans  le  pays,  le  troisième  les  documents 
recueillis  de  longue  main,  le  dernier  son  expérience  person- 
nelle en  la  matière. 

Les  blocs  à  inspecter  étaient  au  nombre  de  cinq,  savoir  :  1°  la 
Pierre  du  Frou,  entre  les  fermes  du  Frou  et  de  Lanfrey,  à  15  mi- 
nutes Nord-Ouest  de  Miribel;  2°  la  Pierre  à  Mata,  à  25  minutes 
nord  de  la  précédente  ;  3°  la  Pierre  des  mille  Martyrs,  sur  la 
ligne  des  crêtes  séparant  Miribel  de  Merlaz;  4°  et  5°  la  Pierre  à 
Mata  et  la  Pierre  aux  Sacrifices  de  Merlaz,  à  10  minutes  Nord  du 
chef-lieu  et  voisines  l'une  de  Pautre. 


Disons  tout  de  suite  que  le  n°  3  est  une  croix,  plantée  dans  un 
bloc  de  pierre  dure,  édifiée  en  souvenir  —  raconte  la  tradition 
locale  —  du  massacre  d'une  légion  romaine,  surprise  par  l'ennemi 
sur  les  lieux  mêmes. 

Ce  socle  ne  présente  ni  cupules,  ni  sculptures  ou  signes  inten- 
tionnels quelconques. 

Quant  au  mot  Mata,  il  mérite  qu'on  s'y  arrête  un  peu,  surtout 
puisqu'il  a  servi  à  baptiser  deux  pierres  légendaires.  En  parler 
du  pays,  Mata  aurait  le  sens  de  tuer,  d'assommer.  Gariel  (Dict.  des 
patois  du  Dauphiné)  dit  que  Mata,  c'est  pétrir;  Blanchet,  dans  le 
même  ouvrage  (volume  deuxième),  le  traduit  par  dompter,  assom- 
mer, tuer  des  bestiaux  dans  les  boucheries...,  pétrir  de  la  neige 
pour  en  faire  des  pelotes.  En  arabe,  mètt'  (s'écrit  matt  et  se  pro- 
nonce mètt),  c'est  tuer.  «  Ech  cheick  imètt'  (Echec  et  mat)  »  se  tra- 
duit littéralement  :  le  chef  est  mort!  Dans  le  même  sens,  mata- 
more et  matador  sont  les  héros  qui  tuent  l'un  les  Maures,  l'autre 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  54i 

les  taureaux.  Enfin,  en  français,  mater  quelqu'un, c'est  le  réduire 
a  l'impuissance  ! 

Quant  à  Frou,  qui  dénomme  également  un  passage  bien  connu 
des  Echelles,  le  «  Dictionnaire  Roman,  celtique  et  wallon,  par 
un  Bénédictin  »,  dit  qu'il  signifie  :  torrent  au  cours  d'eau  rapide.. . 
(en  celtique),  détroit,  torrent  (Ffrwd,  en  langue  gaélique)..., 
lieu  désert,  stérile,  chemin  en  mauvais  état,  route  rompue  (frau 
ou  frous,  en  roman  ;  frocus,  en  bas  latin). 

Tous  ces  noms  à  l'allure  celtique,  toutes  ces  appellations, 
semblaient  sentir  les  Cupules  :  nous  n'avons  cependant  absolu- 
ment rien  trouvé,  qui  pût  faire  croire  à  une  appropriation  cul- 
tuelle dès  l'époque  préhistorique  ! 


1.  —  Pierre  du  Frou. 


La  Pierre  du  Frou  est  un  bloc  erratique,  de  nature  schisteuse, 
ayant  la  forme  générale  d'un  parallélipipède  très  irrégulier,  sen- 
siblement plat  par-dessus  et  par-dessous,  plus  long  que  large,  et 
incliné  du  Nord  vers  le  Sud.  Ses  dimensions  sont  de  :  longueur 
(nord-sud)=2m20;  largeur  (est-ouest)  =  lm30,  et  lm40;  épaisseur  : 
nord=  lm60,  sud=  lm10;  circonférence  =  8  mètres.  Les  flancs 
sont  presque  verticaux,  mais  non  taillés.  La  surface  porte  une 
légère  dépression  naturelle.  —  Le  bloc  repose  en  équilibre  sur 
la  pointe  d'un  autre  rocher  enterré  (Nord)  et  sur  deux  gros  cail- 
loux (Est  et  Sud),  d'un  volume  moyen  de  30  à  40  cent,  cubes  et 
paraissant  avoir  été  cimentés.  De  l'analyse  de  ce  mortier,  faite  par 
M.  Dodero,  chimiste  à  la  Faculté,  il  appert  que  ce  prétendu 
ciment  n'est  autre  chose  que  le  résultat  de  la  désagrégation  de 
la  roche  et  de  sa  décomposition.  Ces  trois  points  sont  espacés 
les  uns  des  autres  respectivement  de  0m75,  0m75,  lm25  et  forment 
un  triangle  irrégulier.  (Fig.  1). 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  35 


542  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

La  roche  est  presque  à  l'orée  d'un  bois  de  jeune  futaie;  de  la 
lisière,  et  même  entre  les  branches,  on  aperçoit  très  distincte- 
ment le  massif  de  la  Chartreuse,  les  Echelles  et  le  Mont  du 
Chat  (1). 

Pour  parvenir  à  la  Pierre  du  Frou,  on  peut  suivre  depuis  Miribel 
la  route  de  Villard,  et,  ensuite,  un  chemin  montant,  encaissé  et 
pavé  de  larges  dalles  irrégulières  et  naturelles,  qui  mène  à  la  ferme 
du  Frou. 

A  20  minutes  Nord  du  Frou,  et  à  trois  quarts  d'heure  de  Miri- 
bel, après  avoir  traversé  de  belles  prairies,  on  atteint  un  chemin, 
qui  suit  la  ligne  de  faîte  et  qui  sert  de  limite  aux  commune  des 
Miribel  et  de  Merlaz.  A  peu  près  entre  La  Chapelle  et  Grand  Cos- 
sert,  un  peu  à  l'Ouest  et  à  une  centaine  de  mètres  en  contre-bas 
de  la  ligne  de  partage  des  eaux,  dans  un  bois  de  résineux  que 
traverse  un  mauvais  sentier,  est  une  roche,  de  fort  volume,  arrêtée 
par  hasard  sur  le  bord  d'une  bande  de  rocher  à  configuration 
ruiniforme. 

Ses  dimensions  sont  énormes  :  hauteur  à  l'ouest  (aval)  = 
4m50,  à  l'est  (amont)  =  3m20  ;  longueur  (est-ouest)  =  3m60;  lar- 
geur (nord-sud)  =s  3m50.  La  forme  générale  est  celle  d'un  cube 
irrégulier,  quelque  chose  comme  un  dé  à  jouer  dont  les  angles 
seraient  très  arrondis  par  l'usage;  c'est  dire  que  les  parois  sont 
sensiblement  verticales  et  que  la  surface  forme  comme  une  espèce 
de  plate-forme,  fortement  inclinée  de  l'Ouest  vers  l'Est  (partie  la 
plus  basse).  C'est  seulement  vers  l'Est  qu'on  peut  escalader  le 
rocher;  et  encore  l'escalade  est-elle  très  difficile  sans  le  secours 
d'une  échelle  ou  d'un  compagnon  aux  robustes  épaules. 

A  l'Ouest,  la  paroi  prolonge  en  quelque  sorte  en  hauteur  la 
face  plane  du  mur  naturel  dont  nous  avons  parlé  :  ce  qui  donne, 
à  ce  côté,  une  hauteur  totale  de  7  mètres  au  moins  au-dessus  du 
sol,  lequel  est  lui-même  extrêmement  incliné.  Pour  une  per- 
sonne arrivant  du  pied  de  la  colline,  la  Pierre  à  Mata  prend  donc 
des  proportions  fantastiques. 

Du  côté  Sud,  le  pied  du  rocher  est  légèrement  en  retrait  et 
forme  comme  une  niche  dans  laquelle  on  ne  peut  pénétrer  qu'à 
genoux  et  qui  a  au  maximum  en  largeur,  la  dimension  d'un 
homme  de  petite  taille  avec  une  profondeur  un  peu  moindre. 
Dans  cette  anfractuosité,  trop  petite  pour  être  qualifiée  iïabri 
sous  roche,  nous  avons  remarqué  une  Statue  de  la  Vierge  Marie, 
quelques  vases    de  porcelaine  commune,  et  de  nombreux  bou- 

(1)  Ce  nom,  d'après  la  légende,  serait  le  souvenir  d'un  félin  fantastique,  qui 
habitait  jadis  les  parages  du  col.  —  Nous  y  voyons  une  interprétation  erronée  du 
mot  chas,  trou,  avec  le  sens  de  passage  ou  col. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  543 

quets.  Le  guide  qui  nous  accompagnait  nous  a  expliqué  que  la 
Pierre  à  Mata  était  un  lieu  de  dévotion,  où  venaient  prier  les 
jeunes  gens  en  mal  d'amour  et  qui  désiraient  trouver  un  époux 
ou  une  épouse,  ou  encore  s'attirer  les  bonnes  grâces  de  la  per- 
sonne aimée.  «  Gela,  du  moins,  se  faisait  encore  il  n'y  a  pas  très 
longtemps  — précisa  l'indigène; —  mais  on  ne  fréquente  plus 
guère  maintenant  l'oratoire  ».  Le  jeune  homme  avait  raison,  car, 
aujourd'hui,  personne  ne  croit  plus  guère  aux  influences  ni  divi- 
nes, ni  démoniaques. 

-  Sur  le  plateau  qui  couronne  le  bloc,  M.  Jourdan,  qui  y  estseul 
monté,  a  déclaré  n'avoir  trouvé  ni  cupules,  ni  rigoles,  ni  aucune 


I 


«T^lfcjfr  -=^ 


Fig.  2.—  Pierre  à  Mata.   —  Près  du  personnage  est  l'abri  sous  roche.  La  niche  est  au 
milieu  de  la  figure. 

marque  quelconque  de  travail  humain.  L'escalade  présentant 
quelques  difficultés,  nous  n'avons  pu  personnellement  la  prati- 
quer, faute  d'échelle  (Fig.  2). 

Ce  qui  fait  de  ce  coin  un  endroit  digne  d'attention,  c'est,  outre 
le  volume  du  rocher  et  sa  présence  insolite  sur  la  pente  —  fort 
raide,  —  d'abord  la  vue  étendue  dont  on  jouit,  au-delà  de  La 
Chapelle,  sur  les  hauteurs  avoisinant  Merlaz,  et  —  plus  loin  — 
sur  les  premières  assises  des  Terres  Froides  ;  ensuite  la  présence, 
au  pied  même  de  la  roche,  d'une  muraille  naturelle,  formée  de 
blocs  énormes,  parfaitement  unie  et  rectiligne  du  côté  aval,  for- 


544  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

niant  terre  plein  en  amont,  et  mesurant  14  à  15  mètres  de  long 
(du  nord  au  sud)  avec,  vers  le  milieu,  une  brèche  de  3  mètres 
d'ouverture.  Un  bloc,  en  se  détachant  de  cette  muraille  juste 
devant  la  roche,  a  laissé  un  vide  qui  semble  une  niche  (ou  un  trou 
de  guetteur).  A  distance,  l'ensemble  est  impressionnant  ;  et  le 
banc  des  rochers  inférieurs  donne  l'illusion  d'une  terrasse  cyclo- 
péenne. 

A  n'en  point  douter,  les  Préhistoriques  ont  dû  utiliser  la  Pierre 
à  Mata,  soit  comme  lieu  de  culte,  soit  comme  guette,  soit  comme 
abri  sous  roche,  ou  encore  pour  sépulture.  La  présence  de  l'ora- 
toire trahit  assez  un  lieu  de  dévotion  très  ancien.  Cependant,  là 
encore,  aucune  preuve  d'habitat  ni  de  culte  primitif  !  Quant  à  la 
voûte  transformée  en  oratoire,  elle  n'est  pas  assez  grande  pour  ser- 
vir d'habitation,  et  c'est  à  peine —  nous  le  répétons  —  si  un  homme 
pourrait  s'y  glisser,  allongé  au  fond  ou  accroupi  au  devant. 

Arrivons  maintenant  aux  Pierres  de  Merlaz. 

Pour  les  trouver,  il  faut  descendre  pendant  10  minutes  au  plus 
la  route  carrossable  de  Merlaz  à  La  Chapelle  et  prendre  ensuite 
un  sentier,  qui  aboutit  au  torrent.  Dans  le  lit  même  du  ruisseau 
la  première  roche  est  posée  sur  trois  petites  pierres  quelconques, 
un  peu  au-dessus  d'une  roche  plate  glissante,  qui  occupe  en  cet 
endroit  toute  la  largeur  du  cours  d'eau.  Elle  est  inclinée  du  Sud 
au  Nord  —  sens  de  coulée  du  ruisseau  —  et  a  un  volume  de  deux 
mètres  cubes  environ.  Sa  surface  est  sensiblement  plane,  mais  ne 
présente  aucune  trace  de  travail  humain.  —  Cette  pierre  se 
nomme,  elle  aussi,  Pierre  à  Mata. 

L'autre,  appelée  Pierre-des-Sacrifices,  est  à  quelques  50  ou 
100  mètres  plus  bas.  A  peu  près  de  même  volume  et  de  même 
forme,  placée  elle  aussi  dans  le  lit  du  torrent,  elle  repose  égale- 
ment sur  trois  petits  quartiers  de  roc.  Notre  guide  nous  a  dit  que 
les  femmes  du  pays  venaient,  il  y  a  peu  de  temps  encore,  enle- 
ver chaque  année  la  mousse  qui  tapisse  la  surface  de  la  pierre  et 
la  nettoyer.  Pourquoi  ?  Dans  quelles  formes  ?  A  quelle  date  pré- 
cise ?  Il  n'a  pu  être  fait  aucune  réponse  à  ces  questions. 

Notre  récolement  était  terminé.  Nous  rentrâmes  à  Grenoble  à 
la  nuit...  !  sans  avoir  crevé  le  moindre  pneu  :  c'est  le  résultat  que 
visait  surtout  notre  aimable  automédon,  moins  enthousiaste  que 
nous  des  mystères  archéologiques  !  Grâce  à  lui  —  et  à  ses  pneus 
à  ressorts,  —  nous  avions  pu  accomplir  en  moins  d'une  journée 
une  excursion,  qui,  autrement,  nous  eût  demandé  deux  grands 
jours  avec  une  découchée. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRÀNÇAISB  54o 

Mais  quelle  conclusion  tirer  de  cette  visite  ?  En  matière  archéo- 
logique, il  faut  être  très  circonspect.  Personne  ne  peut  donc 
assurer  que  les  pierres  examinées  ont  été  l'objet  d'un  Culte.  Il 
semble  cependant  résulter  d'un  grand  nombre  de  circonstances 
qu'elles  ont  attiré  de  tout  temps  l'attention  des  indigènes  et 
qu'elles  ont  été  des  lieux  de  rendez-vous,  de  pèlerinage,  et  peut- 
être  de  repère  ou  de  guet.  Pour  le  moment,  on  ne  saurait  rien 
prétendre  de  plus.  Il  faudrait  faire  des  sondages  autour  de  cha- 
cune d'elles. 

Quant  à  ce  qui  est  des  trois  pierres  —  chiffre  fatidique  !  —  qui 
supportent  trois  sur  quatre  des  blocs,  bien  que  cette  coïncidence 
étonne  tout  d'abord,  elle  s'explique  au  contraire  à  mon  sens  très 
facilement:  il  faut  au  moins  trois  points  de  contact  pour  soute- 
nir un  objet  ou  une  masse  inerte;  avec  moins  de  trois  supports 
l'objet  tombe  et  rien,  alors,  n'attire  plus  l'attention  ;  plus  de  trois 
points  sont  difficiles  à  rencontrer  accidentellement,  puisque  le 
hasard  devrait  rapprocher  quatre  ou  plus  de  quatre  supports  de 
même  relief.  Lorsque  les  blocs  ont  été  déposés  par  les  glaces  qui 
les  avaient  amené  de  loin, —  les  chistes  ne  font  pas  partie  des  for- 
mations géologiques  du  massif — ,  ils  glissaient  sur  un  lit  de  cail- 
loux et  de  morceaux  de  roches.  Quand  les  glaces  les  déposèrent 
sur  les  flancs  de  la  colline  ou  au  fond  du  ruisseau,  le*  eaux  entraî- 
nèrent celles  des  pierres  que  ne  pressaient  pas  les  roches  légen- 
daires. Par  suite  de  ces  éliminations  successives,  il  ne  resta  plus 
que  les  trois  cales  les  plus  hautes.  Donc,  rien  d'extraordinaire  ; 
mais  un  ensemble  de  cas  fortuits,  quoique  très  naturels,  qui  devait 
frapper  des  cerveaux  simples  et  agir  sur  des  imaginations  archi- 
vives  !  De  là  à  rendre  un  culte  à  ces  pierres  équilibristes,  il  n'y 
avait  qu'un  pas  !  Nos  ancêtres  l'ont-ils  franchi  ?  C'est  ce  que,  seul, 
la  chance  d'une  découverte  pourra  nous  dire. 

Additamentum. 

Je  lis  dans  un  ouvrage  de  Barginet  (de  Grenoble),  écrit  en  1826, 
intitulé  Les  Montagnardes,  et  dont  l'action  se  déroule  dans  le 
massif  de  la  Chartreuse,  vers  Saint-Laurent-du-Pont,  le  passage 
suivant  (tome  I,  page  193)  : 

«  Du  côté  de  la  colline,  sur  la  lisière  du  bois,...  on  trouve  sur 
le  rivage  [d'un  petit  ruisseau]  quelques  pierres,  noircies  par  les 
vapeurs  de  l'eau  et  couvertes  en  partie  d'une  mousse  jaunâtre,  qui 
ne  permet  plus  d'y  lire  les  caractères  sacrés,  les  runes  harmo- 
nieuses des  anciens  jours.  Ces  pierres,  autrefois  vénérées,  qui 
couvrent  les  ossements  des  héros  ou  qui  servaient  aux  sacrifices 
de  sang,  ces    pierres    antiques  et  religieuses  ne  sont  maintenant 


546  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

visitées  que  par  la  tempête,  les  rayons  de  la  lune  ou  par  l'impru- 
dent, qui  vient  se  réfugier  dans  la  solitude  avec  toutes  ses  pas- 
sions » . 

Puis,  page  194,  en  note  : 

«  L'imagination  donne  facilement  le  nom  de  Dolmen  à  ces 
grandes  pierres  noires,  qu'on  trouve  au  bord  des  torrents  ou  sur 
le  penchant  des  collines  et  auxquelles  les  Montagnards  attachent 
presque  toujours  des  souvenirs  merveilleux  et  touchants.  » 

Il  est  évident  que  l'auteur  a  eu  en  vue,  sinon  nos  pierres  elles- 
mêmes,  du  moins  d'autres  pierres,  parfaitement  analogues.  Nous 
ne  sommes  donc  pas  le  seul  à  voir  dans  ces  blocs  pittoresques  de 
faux  dolmens  et  de  fausses  pierres  druidiques  ;  j'entends  :  des 
roches  édifiées  artificiellement,  suivant  une  intention  déterminée  ! 

Mais  nous  penchons  au  contraire,  pour  une  appropriation  très 
ancienne  au  culte  d'une  divinité  ou  à  des  rites  funéraires. 


Présentation    d'échantillons, 

provenant  de   Chamigny  (Seïne-et  -Marne) 

et  Bézy-le-Guéry  (Aisne). 

PAR 

A.  BERTIN  (de  Paris). 

Dans  la  présentation,  que  je  fis  le  25  mai  dernier,  je  vous 
annonçais  que  je  vous  présenterais  des  pièces  à  biseau,  prove- 
nant de  Paris,  du  creusement  des  galeries  souterraines  pour  le 
Métro  et  l'électricité,  principalement  de  la  ligne  Nord-Sud,  et 
du  jardin  du  Louvre,  dans  la  partie  comprise  entre  la  porte 
principale  qui  fait  face  à  la  rue  Marengo  et  le  Ministère  des 
Finances,  côté  de  la  rue  de  Rivoli  ;  creusement  destiné  a  l'instal- 
lation de  calorifères  et  dont  les  sables  grossiers  ont  été  trans- 
portés dans  le  jardin  des  Tuileries  au  bas  des  terrasses  qui  font 
face  à  la  place  de  la  Concorde.  Au  dernier  moment,  j'ai  changé 
d'avis,  et  me  suis  décidé  à  vous  faire  connaître  des  pièces,  de 
forme  quadrangulaire,  à  biseau  également,  mais  provenant  de  deux 
stations  préhistoriques  différentes. 

La  première  est  Chamigny,  petit  village  situé  non  loin  de  la 
Marne,  en  amont  de  la  Ferté-sous-Jouarre  (S.-et-M.)  rive  droite, 
presque  en  face  du  petit  hameau  du  Tillet,  signalé  a  la  Société, 
par  M.  Paul  de  Givenchy,  dans  la  séance  du  25  janvier  1911, 
par  la  très  belle  présentation  qu'il  nous  fit. 

C'est  en  1901  que  j'eus  la  chance,  en  parcourant  le  plateau 
qui  s'étend  à  droite  de  la  Ferté-sous-Jouarre  et  de  Chamigny, 
à  quelques  centaines  de  mètres  de  la  ferme  de  Marcy,   à   droite 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  547 

du  bois  qui  lui  fait  face,  au  lieu  dit  le  mont  Bardi,  dépendant  du 
territoire  de  Chamigny,  de  rencontrer  dis-je,  un  champ,  d'une 
contenance  d'un  demi-hectare  environ,  de  terrain  crétacé,  limité 
d'un  côté  par  le  chemin  vicinal,  de  l'autre,  par  un  large  fossé. 
Mon  regard  fut  attiré  de  suite  par  une  certaine  quantité  de 
silex,  qui  avaient  subi  l'action  du  feu,  d'autant  plus  que  cela  est 
facile  à  reconnaître  par  le  craquellement  et  la  décoloration  du 
silex  ;  bientôt  à  ces  silex  altérés,  vinrent  s'ajouter  les  pièces  que 
vous  avez  sous  les  yeux,  ainsi  que  d'autres  que  je  vous  présen» 
terai  également. 

En  1893,  passant  mes  vacances  à  Nanteuil-sur-Marne,  je 
découvris,  sur  le  territoire  de  Bézu-le-Guéry  (Aisne),  à  la  ferme 
Génevroy,  située  entre  Nanteuil  et  Bézu,  des  pièces  qui  portaient 
les  traces  d'un  travail  intentionnel  ;  et  j'appris  en  même  temps, 
par  le  fermier,  que  ses  charretiers,  au  moment  des  labours  et  de 
la  semaille,  rapportaient  assez  souvent  dans  leur  musette  des 
haches  polies  en  silex,  d'un  beau  jaune;  si,  comme  je  le  crois,  la 
chose  est,  nous  nous  trouvons  donc  en  présence  d'une  station 
néolithique. 

Pour  ma  part,  je  n'ai  trouvé  aucune  belle  pièce  ;  par  contre, 
M.  Caron,  instituteur  à  Bézu-le-Guéry,  aujourd'hui  retraité  et 
retiré  à  Saacy-la-Gare,  possédait  une  assez  belle  collection  de 
Haches  polies,  provenant  de  l'endroit  que  j'indique. 

1er  plateau. —  Cinq  échantillons,  de  Chamigny,  en  silex  de  dif- 
férentes couleurs,  le  plus  grand  de  forme  quadrangulaire  et  à 
biseau  a  0m21  de  long  sur  0m04  d'équarrissage;  si  le  talon  ne  se 
terminait  pas  en  pointe,  ce  serait  un  véritable  parallélipipède;  un 
autre  de  0,16  de  long  sur  0,05  de  large,  côté  du  biseau,  et  0,04 
d'équarrissage  au  talon,  si  on  l'examine  bien,  on  ne  peut  s'em- 
pêcher de  reconnaître  qu'il  est  le  prototype  de  l'instrument  à 
bec-d'âne  ou  bédane,  dont  se  servent  encore  aujourd'hui  les 
charrons  et  les  menuisiers;  trois  autres  de  forme  plate  :  le  plus 
grand  a  0,20  de  long  sur  0,04  de  large  et  0,025  d'épaisseur,  le 
le  plus  petit  a  0,12  de  long  sur  0,04  de  large. 

Ces  cinq  échantillons  portent  tous,  sur  les  côtés,  des  traces 
d'éclatements  :  ce  qui  leur  donne  l'aspect  d'un  visage  ravagé  par 
la  variole,  et  cela  pourrait  bien  être  le  résultat  de  l'action  du  feu. 

2e  plateau. —  Sept  échantillons,  en  silex  veiné,  dont  deux  à  dos 
d'àne  d'un  côté  et  plat  de  l'autre  ;  le  plus  grand  a  0,17  de  long  sur 
0,04  de  large,  le  plus  petit  0m10  sur  0m04,  les  cinq  autres,  plats 
des  deux  côtés  et  de  taille  grossière,  ont  0m08  de  long  sur  0m04 
de  large. 

3e  plateau. —  Six  échantillons   de  forme  plate,  en  silex  veiné, 


548"  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

cinq  de  Chamigny  et  un  en  silex  jaune,  à  dos  d'âne  d'un  côté, 
plat  de  l'autre,  de  Bézu-le-Guéry  (Aisne);  le  plus  grand  a  0m15  de 
long  sur  0m05  de  large  ;  le  plus  petit  0m09  sur  0m04  ;  plus  sept 
échantillons  craquelés  et  décolorés  par  le  feu. 

Ayant  fait  connaître  à  la  Société  les  nouvelles  stations  préhis- 
toriques de  Chamigny  (Seine-et-Marne)  et  de  Bézu-le-Guéry 
(Aisne),  je  crois  bonde  borner  là  ma  présentation. 


Eolithes  et  pseudo-éolithes. 

M!  Marcel  Hébert  (Paris).  —  M.  Thieullen  vient  d'envoyer 
un  article  (Revue  préhistorique,  juillet  1910),  où  il  émet,  relative- 
ment aux  pseudo-éolithes  de  l'usine  dé  Guerville,  près  Mantes, 
une  ingénieuse  hypothèse. 

Ces  pseudo-éolithes,  ce  beau  pseudo-racloir  à  encoche,  par 
exemple,  qu'il  a  vu  dans  ma  collection  (1),  n'ont  pas  été,  selon 
lui,  fabriqués  au  hasard  par  les  tiges  de  fer  des  malaxeurs.  Ces 
silex  ne  viennent  pas  de  la  craie.  Ils  proviennent  de  l'argile  que 
l'on  mélange  à  la  craie  pour  (aire  le  ciment.  Et  ce  sont  des  silex, 
taillés  par  l'homme,  que  contenait  l'argile  —  tout  comme  elle  en 
contient  à  Villejuif,  par  exemple  — ,  et  que  l'on  retrouve  ensuite 
sortant  de  la  cuve  à  malaxeurs. 

J'écrivis  de  suite  à  l'Ingénieur  de  la  fabrique  de  Guerville.  Il 
me  répondit  (12  Octobre  1911)  : 

«  Les  silex  que  vous  avez  pu  voir  à  notre  usine  proviennent 
non  de  l'argile,  mais  de  la  craie  ;  et  la  substance  blanche  dont  vous 
avez  pu  constater  l'existence  dans  les  anfractuosités  est  un  reste  de 
la  craie  qui  s'y  trouvait  dès  l'origine.  Quant  à  l'argile  employée, 
c'est  une  argile  plastique,  qui  ne  contient  pas  de  silex.  » 

L'hypothèse  de  M.  Thieullen  est  donc  gratuite. 

Mais,  comme  dit  très  bien  l'abbé  Breuil,  à  propos  de  pseudo- 
éolithes  de  l'Eocène  inférieur  :  «On  ne  peut  conclure  de  la  décou- 
verte de  Belle-Assise  ni  qu'il  n'a  pas  existé  d'industrie  éolithi- 
que,  ni  que  la  taille  intentionnelle  n'a  pas  débuté  par  des  mani- 
festations rudimentaires  (2).  » 

Ce  qui  est  certain,  c'est  que,  jusqu'alors,  nous  manquons  de  cri- 
térium objectif  pour  distinguer  les  pseudo-éolithes  des  éolithes,  et 
que  nous  n'avons  encore  le  droit  de  parler  de  ces  derniers  qu'avec 
les  divers  degrés  de  probabilité  qui  conviennent  aux  hypothèses. 

'1)  J'en  ai  un  autre,  tout  aussi  bien  fabriqué  par  la  mer. 

(2)  L'Anthropologie,  fasc.  4  5,  1910).  —  Voir  la  réponse  de  M.  Rutot  :  Mise  au 
point  pour  1911  du  Mémoire  «  Le  Préhistorique  dans  l Europe  centrale  ». —  Malines, 
Godenne. 1911. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


549 


H-t^ — i*_,.i5    r    i 


*-H«g 


Les  Hochets  préhistoriques* 

PAR 

J.  PAGÈS-ALLARY  (de  Murât,  Cantal). 

La  présentation  du  Hochet  Arverne,  sous  la  dénomination 
«  d'objet  bizarre  »  par  M.  A.  Guébhard  (Fig.  1),  a  provoqué, 
de  la  part  de  quelques 
dévoués  collègues,  de 
précieuses  réflexions, 
qui  font  qu'aujourd'hui 
l'hypothèse  «  Hochet 
Arverne  »  est  une  ques- 
tion résolue, avec  preu- 
ves que  le  Cantal  n'est 
pas  le  seul  pays  où  l'on 
a  fabriqué  ou  utilisé 
cette  forme  «  bizarre  » , 
parce  que  très  pratique, 
de  ce  hochet  en  terre 
Gallo-Romain. 

Ce  jouet  des  enfants, 
cette  petite  chose,  qui 
nous  semble  futile,  par- 
ce que  bonne  tout  au 
plus  à  donner  une  dis- 
traction à  l'enfant  au 
maillot,  ne  le  retrouve- 
rons-nous pas  dans  tou- 
tes les  chosess  sans  uti- 
lité, autre  que  de  flatter 
nos  passions  ou  besoins, 
d'occupation,  de  dis- 
traction ? 

Hochtt?   Ç*llo   Arrcrnc        ■  <K-* 


Fig.  1.  —  Hochet  (?)  gallo-arverne  (Massiac,  Cantal). 


Aux  yeux  des  profanes,  n'est  il  pas  l'emblème  de   nos  recher- 
ches passionnées  en  Préhistoire,    bonnes  à  nous  faire  passer  le 


550  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

temps,  sans  profit  pécuniaire  (au  contraire!)  (1),  mais  non  sans 
peine  et  sacrifice,  mais  aussi  non  sans  de  vives  et  moralisantes 
émotions  et  satisfactions?  Et,  après  tout,  l'homme  toute  sa  vie 
n'est-il  pas,  heureusement  pour  lui,  un  grand  enfant,  et  le  plus 
beau  des  hochets,  lui-même,  et  des  jouets  de  la  Nature,  quand  il 
ne  l'est  pas  de  ses  semblables? 

Ce  petit  objet  bizarre  en  terre  cuite,  dont  j'ai  cherché  à  devi- 
ner l'emploi,  n'est-il  pas  un  outil  des  plus  précieux  pour  la  Pré- 
histoire? Ne  nous  démontre-t-il  pas,  une  lois  de  plus,  que  le  be- 
soin fait  naître  V objet  dans  son  milieu,  c  est-à-dire  quand  révo- 
lution est  arrivée  au  point  marqué  par  une  circonvolution  céré- 
brale déterminée,  dont  la  technique  de  fabrication  mesure  l'inten- 
sité et  précise  le  moment? 

Ne  fait-elle  pas  aussi  doser  l'amour  pour  l'enfant,  à  qui  l'on 
cherche  à  éviter  des  pleurs  par  la  distraction,  ou  déjà  à  occuper 
les  sens,  sinon  l'esprit  d'observation,  quand  ce  n'est  pas  l'étour- 
dir par  le  bruit,  ou  le  calmer  par  le  moyen  de  guérir  un  mal  par 
un  autre  moindre,  en  lui  faisant  mordre,  avec  ses  gencives  agacées 
par  la  poussée  des  dents,  un  morceau  dur,  insoluble,  donc  sans 
saveur? 

Tout  cela  démontre  que  l'on  savait  déjà  à  cette  époque  que  Yil- 
lusion  remplace  souvent  la  réalité!  Remède  qu'un  cœur  de  mère 
n'a  pas  dédaigné  même  vis-à-vis  de  ses  enfants,  pas  plus  qu'un 
chef  vis-à-vis  de  ses  sujets,  ou  un  pasteur  vis-à-vis  de  ses  fidèles, 
et  ainsi  jusqu'aux  plus  hauts  degrés  de  l'évolution  sociale  ac- 
tuelle. 

Le  Hochet,  cest  l'illusion,  entretenant  V espérance  jusqu  à  Vim- 
possibilitè  :  donc  le  grand  mobile  de  la  résignation  à  nos  fonctions 
souvent  capricieuses,  inutiles  ou  futiles  autant  que  celles  de  l'en- 
fant qui  pleure  pour  avoir  son  hochet  :  ce  qui,  à  cet  âge  —  à  l'in- 
verse du  nôtre,  —  a  l'avantage  de  faciliter  ou  d'aider  au  moins  les 
travaux  de  la  digestion. 

A  ces  caprices  de  l'instinct,  nous  opposons  les  caprices  de  la 
raison,  souvent  contraires  au  développement  de  nos  fonctions 
animales,  —  donc  à  notre  développement  complet  ou  équilibré, 
—  c'est-à-dire  à  notre  bonheur,  à  nos  hochets. 

Quatre  réponses,  provoquées  par  le  titre  si  bien  choisi  par  M. 
Guébhard  pour  faire  germer  des  idées,  furent  le  résultat  de  cette 
demande  d'avis;  et,  sur  ces  quatre  opinions  aimablement  émises, 
les    trois  premières   furent   négatives  quant   à  la  détermination 

(1)  Gomme  si  on  ne  yivait  que  d'Argent! 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  551 

«  Hochet  »  ;  la  quatrième  seule  fut  une  approbation  mais  magni- 
fique, ayant  la  valeur  d'une  véritable  enquête. 

Dans  la  première,  notre  savant  ami  M.  Guébhard  voyait  V objet 
un  peu  lourd  pour  accepter  comme  sûre  mon  hypothèse  de  hochet. 

Dans  la  deuxième,  notre  érudit  et  excellent  collègue,  M.  Garris- 
son  (de  Montauban),  y  voyait  un  objet,  quoique  en  terre  cuite  et 
non  en  bronze,  analogue  à  celui  que  M.  Déchelette  décrit  dans 
son  beau  Manuel  [tome  II,  page  298  :  «  l'Estrebel  »1. 

Dans  la  troisième,  notre  éminent  collègue,  M.  Denoyelle  (de 
Beauvais),  n'y  voyait  qu'un  sifflet  à  roulement  et  nous  donnait  dans 
deux  lettres  successives  de  très  bonnes  et  trop  justes  raisons  con- 
tre la  destination  du  hochet  :  1°  Manque  de  moyens  d'attache  au 
cou  de  l'enfant;  2°  Casse  terrible  de  cet  objet  fragile  dans  les 
mains  des  enfants  en  rage  de  dents. 

A  ces  deux  positives  raisons,  j'avais  bien  répondu  parla  pos- 
sibilité d'un  manche  à  boucle,  avec  une  enveloppe  protectrice  en 
osier;  cela  donnait  quand  même  à  réfléchir,  afin  de  trouver  une 
réfutation  radicale.  Car,  lorsque  sur  un  objet  examiné  sous  toutes 
ses  faces  une  conviction  est  faite,  par  plusieurs  observations  con- 
cordant entre  elles,  les  meilleures  raisons  de  ceux  qui  n'ont  pas  eu 
l'avantage  à' avoir  pris  contact  avec  l'objet  arrivent  difficilement  à 
l'ébranler,  si  peu  que  le  bon  sens  empiriste  soit  développé. 

Les  excellentes  et  logiques  observations  de  nos  dévoués  con- 
frères m'ont  démontré,  une  fois  de  plus,  Y  influence  inspiratrice 
considérable  de  la  mise  en  communication  directe  avec  l'objet. 

Aux  dessins,  aux  coupes  les  plus  exactes  et 
parlantes,  il  manque  toujours  le  fluide  de  la 
réalité  matérielle  et  peut-être  si  non  vitale, 
sans  doute  magnétique  ?  Cependant,  sans  un 
dessin  pour  compléter  la  description  conden- 
sée, probablement  personne  n'aurait  porté 
intérêt  à  la  question,  ne  l'aurait  même  exa- 
minée, parce  que  encore  moins  facilement 
compréhensible  !  Donc  il  faut  des  séances  de 
i-'h.  2.  Kcheiu  :  1/2.  Congrès,  pour  s'expliquer  et  discuter  sur  un 
—  Pièce  du  Musée      objet  présenté  et  touché  ! 

de   Reims,    signalée 

par  m.  Gardez.  J'en  étais  là  de  mes  réflexions,  quand  notre 

vaillant  chercheur  et  collègue  de  Reims, 
M.  Gardez,  trésorier  de  la  si  intéressante  Société  Archéolo- 
gique Champenoise,  me  fit  parvenir  son  approbation  aussi  entière 
qu'amicale  à  l'idée  de  hochet,  avec  le  dessin  d'un  «  objet  bizarre  » 
de  la  Marne,  en  tout  semblable  à  celui  du  Cantal  [fig.  2),  mais 
ayant  en  plus  un  crochet   de   suspension,   répondant  à  point,   et 


Objet  é^iqma/lôue. 
"Ûfi/tv  f  7?cmc,m  Jt 

(  feÂm 


552  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

d'une  éloquente  façon,  aux  objections,  qu'il   ignorait,  de  notre 
collègue  de  Beauvais. 

La  preuve  était  donc  faite  sur  toute  la  ligne,  même  contre  les 
dernières  objections  possibles  et  logiques  du  hochet,  par  cet  autre 
objet  trouvé  en  Champagne,  il  y  a  10  ans,  par  un  des  plus  dévoués 
fouilleurs  de  Reims,  notre  excellent  ami,  M.  Gardez.  Les  Arvernes 
et    les  Rémi  se    sont  donc    une    fois    de 
plus  donné    la    main,    pour   prouver   par 
un  lien   commun  de  plus,  en  céramique, 
la   même  coutume    d'éducation  intime    et 
familiale,    la    grande    affiliation    sympa- 
thique de    ces   deux  importants  berceaux 
et  foyers  gaulois. 

Enfin  un  tout  récent  voyage  a  Cler- 
înont,  pour  visiter  la  belle  et  très  riche 
collection  de  notre  aimable  compatriote, 
M.  le  docteur  Charvilhat,  nous  a  procuré 
le  plaisir  de  voir  un  tesson  [Fig.  3), 
doublement  précieux,  représentant  un 
bon  tiers  de  notre  hochet  du  Cantal,  en 
pâte  grise,  légèrement  plus  cuite,  qu'il 
nous  a  promis  de  photographier  et  de 
communiquer  à  notre  Société. 

Cela  fait  donc  trois  preuves  pour,  con- 
tre trois  objections  contraires.  Je  n'in- 
siste pas  davantage  sur  cette  trouvaille, 
se  confirmant  trois  fois  dans  des  pays 
bien  gallo-romains  par  trois  objets  iden- 
tiques, sans  autre  attribution  possible 
que  pour  amuser,  distraire  et  calmer  les 
enfants. 


Fig.  3. — Hochet  gallo-romain 
de  la  Collection  Dr  Charvil- 
lhat  (Puy-de-Dôme). 


Mais,  pour  compléter  cette  étude, 
notre  ami  M.  Gardez  a  bien  voulu  nous 
donner  les  détails  suivants,  sur  la  ri- 
chesse du  Musée  de  Reims  à  ce  sujet. 


«  J'ai  tardé  à  répondre  à  votre  lettre,  car  il  a  fallu  que  je  fasse  des- 
siner les  hochets  que  vous  m'aviez  demandés.  C'est  un  jeune  homme  de 
notre  S.  A.  C,  qui  a  bien  voulu  s'en  charger  ;  vous  pouvez  faire  re- 
produire ces  dessins  et  celui  que  je  vous  ai  envoyé  avec  le  crochet  de 
suspension,  qui  a  été  trouvé  à  Reims,  il  y  a  dix  ans,  en  faisant  des  ter- 
rassements,   et   que  j'ai    obtenu   des  ouvriers  ;  c'est  en   plein   terrain 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  553 

romain  qu'il  a  été  trouvé,  avec  de  beaux  débris  de  poterie  samienne, 
à  50  mètres  de  l'arc  de  triomphe  et  de  la  grande  mosaïque  qui  se  trouve 
au  musée  de  Reims  ;  c'est  ce  que  nous  appelons  la  belle  époque. 

«M.  Habert,  l'ancien  Conservateur  du  musée  de  Reims,  l'avait  placé 
dans  le  catalogue  du  Musée  sous  le  n°  1.967  et  la  dénomination  de  : 
«  jouet  d'enfant  en  terre  rougeàtre,  forme  carrée,  percé  de  deux  trous 
«  et  portant  six  pointes  saillantes,  dont  une,  plus  longue  que  les  autres, 
«  forme  une  sorte  de  bec  arqué  ». 

«  Les  deux  objets  à  longue  queue  [Fig.k  )  nos  2  et  3,(1968  et  1969  du 
catalogue),  viennent  de  la  collection  Gerbault,  un  donateur  rémois, 
sans  autre  indication  ;  il  est  probable  qu'ils  ont  été  trouvés  à  Reims. 


-  Quatre  hochets  (n*  1,  2,  3  et  4)  du  Musée  de  Reims, 
sins  communiqués  par    H.  Gardez. 


Des- 


«  Il  y  en  a  deux  ronds  comme  celui  du  n°  4  [Fig.  4),  qui  ont  été 
trouvés  dans  un  cimetière  où  il  n'y  avait  aucune  tombe,  c'étaient  des 
vases  à  incinérations  dans  lesquels  furent  trouvées  des  fibules,  et  diffé- 
rents objets  en  bronze;  j'y  ai  également  trouvé  un  miroir  rectangu- 
laire en  airain  poli  très  bien  conservé,  dont  j'ai  fait  la  relation  sur  un 
de  nos  bulletins  il  y  a  deux  ans.  C'est  donc  du  Gallo-romain. 


554  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

«  Celui  qui  porte  le  n°  1  de  la  Figure  4  a  été  trouvé  à  Somme-Tourbe, 
à  environ  25  kilomètres  de  Reims,  en  plein  pays  des  cimetières  de 
l'époque  Marnienne  :  la  plus  belle  époque  gauloise  dite  de  l'indépen- 
dance. Tous  ces  hochets  ont  des  petites  pierres  qui  sonnent  très  bien. 
Voilà  donc  plus  qu'il  ne  faut  pour  convaincre  les  incrédules  et  je  suis 
content  de  pouvoir  aider  à  l'adoption  de  votre  objet  comme  hochet  »• 

«  Bien  à  vous,  H.  Gardez, 


Le  seul  mot  qu'il  me  reste  à  ajouter  est  pour  souligner  : 
1°  combien  le  travail  de  la  Préhistoire  est  facile  et  agréable  avec 
la  franche  cordialité;  et  2°  de  faire  remarquer  que,  sur  les  excel- 
lents dessins  de  M.  Roger  Canet,  le  n°  3  porte  comme  décoration 
des  symboles  du  Soleil,  qui  servent  de  traits  d'union  entre  ceux 
des  Gaulois  et  des  Wisigoths. 

3°  Que  la  technique  de  fabrication  a  suivi,  par  les  difficultés 
habilement  surmontées,  l'évolution  chronologique,  de  la  feuille 
d'argile  roulée  en  tuyau,  puis  soudée  aux  deux  extrémités  avec 
une  légère  compression  vers  le  centre  :  début  de  la  sphère  com- 
plète du  Gallo-romain. 

4°  Que  cette  forme  de  hochet  à  cinq  tétons  du  Cantal,  Marne 
et  Puy-de-Dôme,  est  la  plus  complète  pour  la  fonction  — jouet 
d'enfant  —  puisqu'à  sa  forme  et  à  son  bruit  elle  ajoute  ce  qui  man- 
que aux  autres  :  l'illusion  du  biberon,  le  moyen  de  calmer  ou  de 
faciliter  le  percement  des  gencives  par  les  dents. 

5°  Que  ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  les  enfants  sont  aimés 
et  même  gâtés  en  Gaule  ! 

6°  Que  l'observation  sérieuse  de  la  cuisson  de  la  pâte  a  donné 
encore  une  fois  un  résultat  pratique,  puisque,  sans  stratigraphie, 
elle  m'a  donné  une  indication  chronologique,  vérifiée  et  confir- 
mée dans  deux  autres  Départements. 


P.  S.  —  Ces  lignes  étaient  écrites,  quand  parut  au  Bulletin 
l'objection,  ultérieurement  retirée,  de  notre  loyal  collègue 
M.  Jacquot,  dont  la  première  enquête,  à  Grenoble,  avait  conclu 
à  la  négative  pour  le  Hochet  Gallo-Romain-Arverne.  Mais  bientôt 
m'arriva,  de  Grenoble  aussi,  par  mon  ami,  le  très  technique 
H.  Muller,  d'abord  réfractaire  à  mon  hypothèse,  un  argument 
clôturai,  sous  la  formed'un  moulage  de  jouet  d'enfant  des  Pala- 
fittes  de  la   Suisse,  que  M.  Viollier,  Conservateur  du  Musée 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  555 

national,  avait  bien  voulu  lui  donner.  J'essaye  {Fig.  5)  d'en  donner 
une  idée  par  le  dessin. 


Hochet  f    dt* 


w  o«u4    u*\  VyuKtïcuu  \u 

■     •    ■■■*»■     ■     - 


Fig.  5.  —  Jouet  d'enfant  des  Palafittes  de  Suisse. 

lit  en  terre  noire,  avec  six  tétons  égaux,  et  beaucoup  plus 
courts  que  les  précédents,  mais  portant  quatre  cercles  qui  faci- 
litent l'application  des  lèvres  et  gencives.  La  différence  notable 
est  que  les  trous,  six  au  lieu  de  quatre,  sont  placés  aux  sommets 
de  chaque  tétine  :  ce  qui  rend  la  succion  moins  fatigante  pour 
l'enfant,  mais  a  l'inconvénient  de  lui  faire  avaler  les  poussières  et 
éclats  produits  par  l'usure  et  choc  des  boules  ou  grains  inté- 
rieurs. 

Ce  hochet  de  l'âge  de  Bronze  semble  démontrer  que  la  suc- 
cion a  remplacé  le  bruit  dans  l'art  de  consoler  ou  distraire  plus 
facilement  les  enfants  ! 


M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  me  permets  de  féliciter  notre  ami 
Pagès-Allary,  non  seulement  du  beau  résultat  qu'a  fourni  son  en- 
quête, mais  aussi  de  ses  idées  sur  la  valeur  de  la  cuisson  de  la 
pâte  céramique,  comme  élément  de  diagnostic  chronologique,  et 
enfin  sur  la  façon  dont  il  comprend  Y  évolution  de  l'industrie,  ayant 
pour  base  V évolution  des  circonvolutions  cérébrales  !  Sur  tous  ces 
points,  —  je  l'ai  dit  bien  souvent — ,  je  suis  absolument  en  con- 
formité d'idées  avec  lui.  Et,  si  j'ai  tenu  à  l'affirmer  ici,  c'est  parce 
que,  sur  nombre  d'autres,  nous  différons  d'opinions  si  profon- 
dément que  cela  étonne  beaucoup  de  nos  collègues.  —  L'avenir 
se  chargera  certainement  de  mettre  tout  au  point. 


556 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


IVote  sur  un  fragment  en  terre  cuite  de  l'époque 
gallo-romaine  provenant  de  Clermont-Ferraod, 
analogue  à  un  objet  de  même  nature  trouvé  à 
Massîac  (Cantal)  et  encore  indéterminé  (1). 

PAR   LE   Dr 

G.    GHARVILHAT  (de  Clermont-Ferrand). 

M.  le  Dr  À.  Guébhard  a  présenté  cette  année  à  la  Société  Pré- 
historique Française  (2)  un  curieux  objet  en  terre  cuite,  découvert 
par  M.  Pagès-Allary,  dans  ses  fouilles  de  Massiac  (Cantal). 


Cet  objet,  que  M.  Pagès-Allary 
désigne  sous  le  nom  de  Hochet 
gallo-ai-verne  (3),  a  la  forme  de 
deux  pyramides  quadrangulaires 
réunies  par  leurs  bases,  à  arêtes 
curvilignes  et  angles  arrondis  en 
tétons,  l'un  d'eux  plus  allongé. 
Des  trous  existent  sur  les  quatre 
faces  à  la  partie  médiane.  «  Rien 
de  similaire,  ajoute  M.  le  Dr  A. 
«  Guébhard  dans  sa  notice,  n'a 
«  pu  être  trouvé  ni  dans  la  litlè- 
«  rature,  ni  dans  les  collections  ». 
Le  fragment,  que  nous  commu- 
niquons à  la  Société  Préhistorique 
Française  [Fig.  1)  et  qui  provient 
de  Clermont-Ferrand,  semble  avoir  appartenu  à  un  objet  présen- 
tant les  plus  grandes  analogies  avec  l'intéressante  petite  pièce, 
si  bien  décrite  et  figurée  par  M.  Pagès-Allary. 


Fig.  1.  —  Objet  de  terre  cuite,  de  la 
collection  du  Dr  G.  Charvilhat,  à 
Clermont-Ferrand  [Grandeur  natu- 
relle). 


(1)  Ce  titre,  envoyé  par  le  Dr  Charvilhat  à  M.  A.  Guébhard,  pour  la  présenta- 
tion dont  il  se  chargea  à  la  S.  P.  F.,  est  antérieur,  non  seulement  à  la  commu- 
nication de  M.  Gardez,  mais  encore  à  celle  des  types  suisses  qui  devaient  opé- 
rer la  conversion  de  M.  H.  Muller,  le  sceptique  de  la  première  heure.  —  En  main- 
tenant son  titre  tel  quel,  M.  Charvilhat  —  peut-être  aussi  converti  maintenant  — 
nous  montre  qu'il  ne  lui  a  pas  suffi  de  se  trouver  l'heureux  possesseur  d'une 
pièce  absolument  semblable  à  celle  de  M.  Pagès-Allary,  pour  trouver  là  une 
démonstration  suffisante  d'une  hypothèse  intuitive,  qu'un  médecin  avait  qualité 
pour  juger  mieux  que  personne.  C'est  là  un  digne  exemple  de  cette  probité  scien- 
tifique qui  fait  d'une  réserve  prudente  la  première  règle  des  méthodes  d'observa- 
tion, et  qui  nous  commande  encore  présentement  de  ne  point  donner  pour  une 
certitude  ce  qui  doit  rester  une  simple  hypothèse  très  vraisemblable.  — A.  G. 

(2)  Dr  A.  Guébhard.  —  Objet  bizarre  en  terre  cuite.  —  Bull,  de  la  Soc. 
Préhist.  franc.,  avril  1911,  p.  248. 

(3)  Objet  énigmatique  trouvépar  M.  Pagès-Allary.  —  Bull,  de  la  Soc.  PréhÏ9t. 
franc.,  mai  1911,  p.  310. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  557 

Non  seulement  la  forme,  mais  encore  les  dimensions  sont  les 
mêmes.  A  peine  M.  A.  Guébhard  a-t-il  remarqué  des  pointes  un 
peu  plus  effilées,  une  surface  mieux  lissée,  la  trace  encore  visi- 
ble de  l'ébauchoir  plat  qui  a  écrasé  extérieurement  chaque  arête, 
enfin  un  poids  moindre  qu'à  l'échantillon  do  Murât,  qui  pèse 
80  grammes,  tandis  qu'ici,  pour  à  peu  prèsl  a  moitié,  nous  n'avons 
que  28  grammes. 

A  l'intérieur,  les  prolongements  de  la  cavité,  en  correspon- 
dance avec  les  cinq  tétons  pleins  et  avec  celui,  plus  long,  qui  de- 
vait former  soit  le  manche,  comme  dans  la  pièce  de  Murât,  soit 
un  crochet  de  suspension,  comme  dans  celle  de  Reims,  semblent 
indiquer  que  la  forme  a  été  obtenue  par  surmoulage  sur  une  autre 


Le  même  objet  vu  de  côté.  Fig.  3 


plus  petite,  similaire,  mais  certainement  pas  très  lisse.  Une  légère 
fente  verticale,  de  haut  en  bas,  invisible  au  dehors,  paraît  corres- 
pondre à  la  fermeture  de  la  lame  d'argile  repliée  sur  le  moule, 
sans  doute  formé  d'une  masse  sableuse  destinée  à  s^couler  par 
les  trous,  ou  combustible,  peut-être  simplement  fusible,  dispa- 
rue à  la  cuisson. 

Ce  dernier  cas  est  le  moins  probable,  car  aucune  teinte  char- 
bonneuse ne  distingue  l'intérieur  du  dehors,  qui  est  lui-même 
de  couleur  bien  plus  noirâtre,  moins  jaune,  que  sur  l'échantillon 
de  M.  Pagès-Allarv,  malgré  l'analogie  de  la  pâte, à  peine  un  peu 
moins  micacée,  mieux  dépouillée  de  grains  quartzeux,  mieux 
durcie  à  la  cuisson. 

Une  dernière  remarque,  relative  aux  bavures  internes  des 
trous,  montre  que  ceux-ci  ont  été  faits  un  à  un,  après  moulage, 
avant  cuisson,  et  non  pas  réservés  avec  un  brin  de  bois  traversant 
de  part  en  part. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  36 


558  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Quant  à  l'âge,  nous  considérons  notre  fragment  comme  gallo- 
romain. 

M.  J.  Pagès-Allary,  qui  a  vu  et  touché  le  tesson  signalé  par 
l'éminent  préhistorien  du  Puy-de-Dôme,  le  Dr  G.  Charvilhat, 
est  en  mesure  d'affirmer  que  ce  fragment  de  hochet  doit  être  de 
la  même  fabrication  que  le  sien,  Gallo-Romain-Arverne  des  pre- 
miers siècles  de  notre  ère,  et  d'origine  gauloise.  Les  uns  et  les 
autres  sont,  tout  comme  celui  de  Reims  signalé  par  M.  Gardez, 
de  même  invention,  de  même  destination  :  distraire  et  calmer 
les  rages  de  dents  d'un  enfant  ! 

M.  A.  Guébhard  est  particulièrement  heureux  de  voir  repré- 
senté par  une  bonne  figure  le  façonnage  en  creux  de  l'objet  qui, 
sur  l'échantillon  entier  de  M.  Pagès-Allary,  avait  pu,  un  instant, 
d'après  l'aspect  superficiel  de  sa  pâte  micacée  et  sa  lourdeur  en 
main,  être  pris  pour  taillé  dans  un  grès  tendre  naturel  ou  quel- 
que spongiaire  fossile. 

Ce  détail  de  poids  et  de  relative  grosseur  était  même  la  prin- 
cipale objection  qui  se  présentait  à  l'interprétation  comme 
hochet  d'enfant,  impliquée  dès  l'origine  par  la  désignation  de 
tétons  appliquée  aux  pointes  :  aussi  n'est-ce  certainement  qu'à 
une  erreur  d'appréciation  de  l'échelle  des  figures,  réduites  à  moi- 
tié, qu'a  pu  être  due  l'objection  contraire,  celle  d'une  trop  grande 
petitesse,  formulée  par  M.  L.  Jacquot.  En  tout  cas,  la  coïnci- 
dence d'objets  similaires,  trouvés  en  Champagne  eten  Auvergne, 
après  qu'il  en  avait  été  vainement  cherché  trace  soit  dans  la  litté- 
rature, soit  dans  les  grands  musées  (Louvre,  Carnavalet,  Saint- 
Germain,  etc.),  ou  diverses  collections  privées,  prouve  qu,' il  s'agit 
d'un  instrument  assez  usuel  ;  et  il  faut  d'autant  plus  féliciter 
M.  Pagès-Allary  d'avoir  attiré  sur  lui  l'attention  que,  peut-être, 
d'autres  indications  viendront  encore,  après  celles  de  MM.  H. 
Gardez,  qui  a  commencé  à  éclaircir  l'énigme,  et  celle  du  Dr  Char- 
vilhat, qui  a  montré  ce  que  l'objet  avait  «  dans  le  ventre  », 
confirmer  l'âge  gallo-romain ,  diagnostiqué  «  empiriquement  » 
par  le  sagace  coup  d'œil  de  notre  confrère  de  Murât. 

Ultérieurement,  M.  A.  Guébhard,  ayant  reçu  de  M.  Pagès- 
Allary  le  moulage  d'une  pièce  du  Musée  de  Bern,  obligeamment 
remis  à  M.  Muller,  en  tournée  scientifique,  par  M.  D.  Viollier, 
Conservateur  au  Musée  national  suisse,  à  Zurich,  a  dû  encore  à  ce 
dernier  confrère,  outre  des  détails  fort  intéressants,  le  moyen  de 
reproduire  ici,  d'après  les  planches  originales  (Fig.  1),  deux 
objets  palafittiques,  bien  datés  de  la  fin  de  l'âge  du  bronze  et 
qui,  tout  de  suite  qualifiés  de  hochets,  parmi  le  riche  cortège  de 
tout  ce  qui  les  accompagnait,  viennent  à  propos  corroborer  la 
première  spécification  émise  par  M.  Pagès-Allary. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  559 

Tout  au  plus  pourrait-on  hésiter  encore  en  faveur  du  nom  de 
grelot,  que  méritent  aussi  tous  ces  objets,  par  la  présence  de 
particules  libres  dans  leur  cavité,  et  que  quelques-uns,  par  leur 
forme  purement  sphérique,  semblent  même  mériter  exclusive- 
ment. Mais,  cela  n'est  nullement  antagoniste  de  la  qualité  de 
hochet,  pour  les  objets  qui,  rendus  plus  ou  moins  bi-tétraédri- 
ques,  ont  leurs  angles  allongés  en  mamelons,  dont  il  semble 
même  que  la  figuration  réaliste  a  été  recherchée  par  la  gravure 
des  aréoles  sur  l'exemplaire  remarqué  par  M.  Muller. 


Fig.  1,2.  —  Ech.Vl.  —  *.  Jouets  d'enfant.  Klapperkugeln,  de  Mœringen.  Musée  de 
Berne  ».  —  «  Curieux  hochets  en  argile,  qui  rappellent  assez,  par  leur  forme,  les  grelots 
actuels.  Ce  sont  de  petites  boules  creuses,  percées  de  trous,  et  ornées  de  lignes  et  de  sil- 
lons, renferniai.t  à  l'intérieur  de  petits  fragments  d'argile  durcie  ».  Dr.  Ferdinand  Keller, 
Pfahlbauten,  VII.  Ber.  (1876;;  Mitt.  d.  Antiquar.  Ces.  in  Zurich,  Bd.  XIX,  1875-7.  Heft  3, 
82  p.,  XXIV  pi.  [v.pl.  XIX,  3,  4]. 

Mais  on  aura,  sans  doute,  reconnu  un  inconvénient  à  l'excès 
de  réalisme  qui  avait  fait  mettre  au  centre  un  trou,  du  moment 
que  celui-ci  ne  pouvait  donner  que  de  l'air,  et  fut-ce  à  titre  de 
perfectionnement  que  le  hochet  gallo-romain,  déjà  muni  d'un 
crochet  de  suspension,  eut  ses  trous  alternés  avec  les  tétons, 
beaucoup  plus  allongés  et  mieux  aptes  à  la  succion  sèche. 

Par  contre,  on  voit  presque  abandonné,  pour  le  côté  utilitaire, 
le  soin  d'ornementation  qui  se  remarque,  à  la  belle  époque  du 
Bronze  IV,  jusque  sur  les  jouets  d'enlants,  si  nombreux  qu'ils 
occupent  toute  la  pi.  XIX  du  VIIe  Rapport  de  Keller  sur  les 
Palafittes  (1876).  Victor  Gross,  dans  ses  Protohehèles  (i),  figure 
(pi.  XXVI,  n°  64)  un  hochet  en  forme  d'oeuf,  trouvé  au  petit 
bout  ;  il  regarde  aussi  comme  «  biberons  »  (p.  93)  «  des 
petits  vases  de  forme  allongée  (pi.  XXIII,  nos  2,  6,  15,  23),  qui, 

(1)  Victor  Gross  ;  Le*  Protohelvètes  ou  les  premiers  colons  sur  les  bords  des  lacs 
de  Bienne  et  de  Xeuchâtel,  gr.  in-4»,  116  p.,  33  pi.;  Paris,  Baer,  1883. 


560  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

toujours,  sont  percés  d'un  trou  à  l'un  des  bouts,  et  quelquefois 
même  forment  un  petit  goulot...  ».  On  le  voit,  le  souci  de  l'enfant 
remonte  encore  au  delà  du  hochet  de  M.  Pagès-Allary,  et  l'évolu- 
tion, qu'il  voit  d'une  manière  si  conforme  à  nos  échanges  d'idées, 
était  en  marche  déjà,  dès  l'époque  du  Bronze  :  qui  sait  si  l'on  ne 
pourra  pas  remonter  plus  haut,  maintenant  que,  grâce  à  l'heu- 
reuse trouvaille  que  cet  infatigable  chercheur  m'a  procuré  le 
plaisir  de  signaler  ici,  l'attention  se  trouve  réveillée,  chez  nous, 
sur  une  foule  d'objets  énigmatiques,  qui  gisent  peut-être  sans 
attribution  dans  les  tiroirs  des  collectionneurs? 


III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES  (Suite). 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  Préhistoriques 

et    Fortifications    anhistoriques. 

Archives  de  la  Commission. 

CATALOGUE    DES    IMPRIMÉS 

(6e  Liste.  —  Langue  allemande). 

[Ouvrages  reçus,  sauf  mention  spéciale,  comme  hommages  d'auteur  et  donnés  à  la  Com- 
mission en  nue  propriété  par  M.  A.  Guébhard,  qui  les  garde  à  la  disposition  de  ses 
correspondants]  (1). 

Formats  pet.  in-8  (21  cm.  et  en  dessous). 

1 .  Prof.  Dr.  ANTHES.  Bericht  ûb.  d.  achten  Verbandstag  d.  West- 
u.  Stiddeutschen  Vereine  fur  rôm.-germ.  Altertumsforschung 
zu  Heidelberg  u.  Mannheim  [ex  Korrespondenzbl.  des  Gesamt- 
vereins  der  deutschen  Geschichts  -  u.  Allertumsvereine,  1907-08, 
71  p.,  Berlin,  E.  S.  Mittler,  1908]. 

1  bis  Prof.  Dr.  ANTHES.  Bericht  ûb.  d.  neunten  Verbandstag  d. 
"W.-u.  Stiddeutschen  Ver.  f.  rôm.-germ.  Altertumsforschung 
u.  d.  vierten  Verbandstag  d.  Nordwestd.  Verb.  f.  Altertums- 
forschung, gemeinsam  abgehalten  zu  Dortmund,  vom.  20  bis 
23  april  1908  [ex  Korr.Bl.  d.  Gesamtsvereins  d.  deutsch.  Gesch.-u. 
Altertumsvereine,  1908,  94  p.,  Berlin.  E.  S.  Mittler  1908]. 

(1)  Ne  sont  portés  sur  cette  liste  que  les  ouvrages  où  il  est  question  d'encein- 
tes. Sur  l'angle  supérieur  gauche  de  chaque  couverture,  un  chiffre  romain  ins- 
crit correspond  au  numéro  de  tête  de  la  liste  ;  des  chiffres  arabes,  au  numéro 
d'enregistrement  dans  la  liste.  A  droite,  renvois  aux  passais  spéciaux. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  561 

2.  Dr  Robert  FORRER.    Urgeschichte    des    Europàers,  von  der 

Menschwerdung  bis  zum  Anbruch  der  Geschichte.  Spemann's 
Compendien,  II,  1  vol.  rel.,  584  p.,  plus  de  1000  fig.  ;  Stuttgart, 
W.  Spemann. 

3.  J.  HEIERLI.  Die  archâologische  Karte  des  Kantons  Thurgau 

[ex  Thurg.  Beitràgen,  Hft.  36,  56  p.,  1  carte  coul.,  Frauenfeld, 
1896J. 

4.  Dr  Jakob  HËIERLI.  Blicke  in  die  Urgeschichte  der  Schweiz,  Bei- 

lage  z.  23.  Jahrg.  des  Fortbildungssckùlers,  32  p.,  76  fig.  ;  Solo- 
thurn,  E.  Gassmann. 

5.  Prof.  Dr  F.  HERTLEIN  u.  Dr  P.REINECKE.  Die  Grabungenauf 

dem  Hesselberg  bei  Wassertrùdingen  im  Spàtsommer  1907  [ex 
Jahresb.  d.Histor.  Vereins  f.  Mittelfranken,  LV,  1907,  p.  79-104, 
3  fig.  ;  Ansbach   G.  Brûge,  1908]. 

6.  Hugo  JENTSCH.  Das  Graberfeld  bei  Sadersdorf  im  Kreise  Guben 

u.  die  jûngste  Germanenzeit  der  Niederlausitz  [ex  Niederlau- 
sitzer  Mitteilungen,  142  p.,  4  pi.,  Guben,  1896] 

7.  Gymnasiallehrer  LUETHI.  Die  Ringwâlle  im  Uchtland  [ex  Kor- 

resp.  Bl.  d.  Gesamtvereins  d.  deutsch.  Gesch.-a.  Altertumsve- 
reine,   1906,  p.  39-43,  lfig.]- 

8.  F.  POLLACK.  Das  pràhistorische  Gewand  des  Breitenberges  bei 

Striegau,  14  p.,  3  fig.,  Striegau,  th.  Tschœrner. 

Formats  gr.  in-8  (22  cm.  à  25  cm.). 

9.  Anonyme.   Celtische  Alterthûmer  zu  Erlàuterung  der  àltesten 

Geschichten  u.  Verfassung  Helvetiens,  lxiv  -  192  p.,  cart., 
Bern,  1783. 

10.  Oberpraezeptor  BUROKHARD.  Grabungen  an  u.  bei  den  Wâl- 
len  im  Staatswald  Rotenay,  Markung  Lauterach  OA.  Ehingen 
[in  Fundbericht  aus  Schwaben,  XVI,  19  08,  p.  42-44  ;  Stuttgart, 
E.  Schweizerbart,  1909].  (Don  de  M.  P.  GOESSLER). 

11.  Wilhelm  DŒRPFELD.  Fûnfter  Brief  ûber  Leukas-Ithaka  :  Die 

blrgebnhse  der  Ausgrabungen  von  1908,  47  p.,  4  pi.  (Oct.  1909). 

12.  Prof.  J.  FRUEH.  Exkursionsberichte  1905  u.  1906;   II,  Hohen- 

klingen  b.  Stein  a.  Rh.  ;  Ilohentwiel.  [in  Jahresbericht  d.  Geo- 
gr.-Elhnogr.  Ges.  in  Zurich,  1905-6,  p.  16-20;  Zurich,  F.  Loh- 
bauer,  1906].  (Don  de  M.  J.  HEIERLI). 

13.  Dr  Peter  GOESSLER.   Die  pràhistorischen  Befestigungen  auf 

dem  Lemberg  bei  Feuerbach  [in  Fundbericht  aus  Schicaben,  XVI. 
Jahrg.,  1908,  p.  34-41,  2  fig.  ;  Stuttgart,  E.  Schweizerbart, 
1909].  Ou  y  a  joint  : 

14.  39.  Deutsche  Anthropologenversammlung  in  Frankfurt  a.   M. 

[coupure  ex  Schwàbischer  Merhur,  Abendblatt,  n°  369,  10  août 
1908;  Stuttgart]. 

15.  A.  GOETZE.  Die   Steinsburg  auf  dem  Kleinen  Gleichberge  bei 

Rômhild,  eine  vorgeschichtliche  Festung  [Neue  Beitrâge  zur  Ges- 


562  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

chichte  deutschen  Allertums,  herausgeg.  v.  d.  Hennebergischen 
Altertumsforschenden  Verein, Xvl,  1902, 21  p.,  2  pi. ;  Meiningen, 
Brûckner  u.  Rennei,  1902]. 

16.  A.  GQETZE.  Uebersicht  ùber  die  Vor-u.  FrûhgeschichteThùrin- 

gens  [ex  Die  vor  u.  Jrùhgeschichtlichen  Altertùmer  Thùringens, 
1909,  xxxin  p.). 

17.  Dr  Jakob    HEIERLI.    Vindonissa.   I.   Quellen  u.   Literatur  [in 

Argovia,  Bd.  XXXI,  1905,  p.  1-112,  pi.  MX,  1  carte;  Aarau, 
H.  R.  Sauerlânder,  1905]. 

18.  M.  HELLMICH,  Der  Gôtze'sche  Bëschungsmesser  [ex  Ztschr.  f. 

Ethnologie,  1904,  p.  885-890,  3  fig.].    (Don  de  M.  A.  GOETZEj. 

19.  Prof.  D-rHERTLEIN.  Die  Ringwâlle  Buigenundlpf,  untersucht 

1907  [ex  Fundber.  aus  Schwaben,  XV,  1907,  p.  33-38]. 

20.  F.  HERTLEIN.  Ringwâlle  1,  Grabungen  auf  dem  Ipf  bei  Boffin- 

gen  [ex  Fundb.  aus  Schwaben,  XVI,  1908,  p.  28-33]. 

21.  Emil  HOLLACK.  Vorgeschichtliche  Uebersichtskarte  von  Ost- 

preussen,  1  gr.  carte  in-f»  en  couleurs,  pliée,  avec  texte  d'expli- 
cations formant  un  vol.  de  234  p.,  Glogau-Berlin,  C.  Flem- 
ming,  1908.  (Don  de  M.  A.  BEZZENBERGER). 

22.  P.  KAHLE  u.  H.  LUEHMANN.  Die  vorgeschichtlichen  Befesti- 

gungeD  am  Reisling  (Elm)  u.  ihre  Umgebung,  1  gr.  carte  in-f° 
en  coul.,  pliée.  Braunschweig,   1898.  (Acq.). 

23.  LISSAUER.  Anthropologische   Bericht  ûb.  seine  letzte  Reise  in 

Sùd-Frankreich  u.  Italien  [ex  Verhandl.  d.  Berl.  anlhrop  Ges. 
21  juillet  1900,  p.  401-411,  5  fig.]. 

24.  E.  LUETHI.  Bericht  ûb.  alte  Befestigungsanlagen  an  der  Aare, 

Saane  u.  Sensé  [in  Pionier,  Organ  d.  schweiz.  perman.  Schul- 
ausstellung  in  Bern,  XXVII,  1906,  nos  4-5,  p.  33-40,  2  fig.  ;  Bern, 
Stâmpfli] . 

25.  Albert  MAYR.  Die  Insel   Malta  im  Altertum,  155  p.,  36  fig., 

1  carte,  Munchen,  Beck,  1909. 

26.  R.  NEEDON.   Der  Steinwall  auf  der  Schmoritz,  eine   frùhge- 

schichthche  Eisenschmeltzstâtte  [ex  Jahreshefted.  Ges.  /.  Anthro- 
poL  u.  Urgesch.  d.  Oberlavsitz,  Bd.  II,  1908-9,  p.  125-131,  4  fig. 
Goerlitz,  1909]. 

27.  R.  NEEDON.  Rundwàlle  der  Bautzener  Gegend  [ex  Jahreshft. 

d.  Ges.  f.A.u.  U.  d.  Oberlausitz,  Bd.  II,  1908-9,  p.  242-251,  3  fig.]. 

28.  R.  NEEDON.  Der  Radisch  bei  Kleinsaabernitz  [ex  Jahreshft.  d. 

Ges.  f.  A.  u.  U.  d.  Oberlausitz,  Bd.  VI,  3  p.,  14  fig.]. 

29.  R.  NEEDON.  Die  Spittwitzer  Schanze  [ex  Jahreshft.  d.  Ges.  f. 

A.  u.  U.  d.  Oberlausitz,  Bd.  VI,  6  p.,  11  fig.].  On  y  a  ajouté, 
du  même  auteur  :  «  Auf  den  Spuren  Julius  Câsars  »,  coupure 
in-f°,  pliée,  de  3  col. 

30.  E.    J.    PROPPER,    E.    LANZ-BLOESCH,    B.   MOSER  u.    E. 

BANDI.  I.  Bericht  ûb.  die  Ausgrabungen  der  Kelto-helvetis- 
chen  u.  rômischen  Ruinenam  Jensberg  bei  Biel,  von  1898-1 9C4 
[ex-Anzeiger  f.  Schweiz.  Aller lumskunde,  1906,  n«  1,  2,],  34  p., 
22  fig.  1  pi.,  Aarau,  E.  Wirz.       (Don  de  M.  B.  MOSER). 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  563 

31.  D'  Alfred  SCHLIZ.  Die  Bevôlkerung  des  Oberamts  HeilbronD, 

ihre  Abstamrnung  u.  Entwickelung,  32  p.,  3  p1.,Heilbronn1899. 

32.  A.  SCHLIZ.  Die  gallischen  Bauernhôfe  der  Frûh-La  TèDe-Zeit 

im  Neckargau  u.  ihr  Hausinventar  [ex  Fundber.  aus  Schwa- 
ben,  XIIL  1905,  p.  30-57,  7  fig.,  pi.  I.]. 

33.  Hermann  SCHMIDT.  Die  vorgeschichtlichen   Rundwâlle  in  der 

Arotshauptmannschaft  Lobau  i.  S.  [in  Jahreshft.  d.  Ges.  f. 
Anthrop.  u.  Vrgesch.  der  Oberlausitz,  Bd.  II,  1907-8,  Heft  3-4, 
p.  165-241,  29  fig.;  Goerlitz,  1909]. 

34.  Ch.  l.  THOMAS.  Unsere  Taunus-Rmgwalle  [coup,  ex  Mitteil. 

d.  Vereinsf.  Nassauische  Altertumskundeu.  Geschichts  forschung, 
XII,  1909,  p.  97-103]. 

35.  J.  W1EDMER-STERN.  Archàologisches  aus  dem    Oberaargau 

[in  Archw.   des  Hist.    Vereins  des  Kantons  Bern,. XVII,  Hft.  2, 
p.  300-479,  pi.  4-7.  Bern.  Lack  u.  Grùnau,  1904]. 
Formats  au-dessus  de  26  cm . 

36.  Eduard  ANTHES.  Der  gegenwârtige  Stand  der  Ringwallfor- 
schung  [ex  Ber.  ùb.  die  Fortschr.  d.  Rôm.-German.  Forschung  im 
Jahre  1905,  p.  28-48,  2  fig.]. 

37.  Eduard  AiNTHES.  Zur  Ringwallforschung  [ex  Ber.   ùb.  die  Fort- 

schr. d.  Rôm.Germ.  Forschung  im  Jahr.  1906,  p.  32-52,  8  fig.]. 

38.  Eduard    ANTHES.  Ringwallforschung  u.    Verwandtes  (Dritter 

Bericht),  [ex  VI.  Ber  .d.  Rôm.-Germ.  Komm.,  1911],  44  p.,   16  fig. 

39.  Rektor    Wilhelm    BARTELT  u.     mittelschullehrer    Karl 

WAASE.  Die  Burgwalle  des  Ruppiner  Krei?es,  ein  Beitragzur 
Heimatkunde,  Forsch  z.  Friih-u.  Vorgeschichte  Europas,  Hft. 
1,  65  p.,  21  pi.,  Wùrzburg,  C  Kabitzsch,  1910.         (Acq.). 

40.  R.  FORRER.  Ueber  HôhlenwohnuDgen,   Donnerâxte,  Erdwâlle 

u.  Hexensitze  im  Graufthal,  7  p.,  4  fig.,  Strassburg,  R.  Schuliz, 
1899. 

41 .  Dr  R.   FORRER.    Zum   Ausfluge  nach  der   Heidenmauer    von 

St.  Odilien.  [ex  Du  Vogesen,l.  Jahrg.  1907,  n°  14,  p.  173-181, 
9  fig.;  Strasbourg,  DuMoDt  Schauberg]. 
D"-  Peter  GOESSLER.  Das  rômische  Rottweil  hauptsàchlich  auf 
Grund  der  AusgrabuDgen  von  Herbst  1906,  72  p.,  16  fig., 4  pi., 
Stuttgart,  J.  B.  Metzler,  1907. 

43.  Dr  A.  GOETZK.  Die  Steinsburg  auf  dem  Kleinen  Gleichberge  bei 

Rômhild  [ex  Bau-u.  Kunstdenkmàler  Thùringens,  Hft.  XXXI, 
1904,  p.  466-472,  13  fig  ,  Iena,  Fischer]. 

44.  Dr  GOETZE.  Konservierung  pràhistorischer  Steimauern  [ex  Korr. 

Bl.d.  deutsch.  Ges.  f.  A.,  E.  u.  U.,  XXXVIII,  1907,  n°9/12.,  2  p., 
3  pi.,  Braunschweig]. 

45.  Prof.  A.  GOETZE.  Vorgeschichtliche Forschuogen  u.  Funde,  [ex 

Korrespondenzbl.  d.  Gesamtuerems  d.  deutsch.  Geschichls-u.  Alter- 
tumsvereine.  1909,  12  col.;  Berlin,  E.  S.  Mittler]. 

46.  Prof.  A.  GOETZE.  Die  Disburg  [ex  Bau-u  Kunstdenkmàler  Thû- 

?  ingens,  Hft.  XXXVI,  1910],  5  p.,  4  fig.,  Iena,  Fischer. 


564  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

47-48.  D'A.  GOETZE.  Wallburg  bei  Queienfeld  [ex  Bau-u.  Kunstden- 
kmâler  Thûringens,  Hft.  XXX,  19  p.  471,  1  fig.].  Iena,  Fis- 
cher. —  On  a  joint,  du  même  auteur,  l'analyse  de  l'ouvrage  de 
Chr.  L.  THOMAS,  Die  Ringwâlle  im  Quellengebiet  der  Bie- 
ber  im  Spessart  [in  Ann.  d.  Ver.  f.  Nassauische  Allertumsk.  u. 
Geschichtsforschung,  XXXIV,  p.  179-205];  1  p. 

49.  J.HEIERLI.  Die  Rômerwarte  beim  Kleinen    Laufen  zu  Koblenz 

[ex  Anzeiger  f.  Schweizer.  Aliertumskunde,  N.  F.,  Bd.  IX,  1907, 
p.  186-189,  fig.  43-44]. 

50.  Friedrich  HERTLE1N.  Die  vorgeschichtlichen  Befestigungen  auf 

dem  Ipf  [in  Blâlter  des  Schwâbischen  Albvereins,  XXXIII,  n°  2, 
févr.  1911,  col.  47-56,  4  fig.  ;  et  n°  3,  mars  19H,  col.  67-74,  4  fig.]. 

51.  M.  HOERNES.  Die  Anfaenge  Menschlicher   Kultur   [ex  J.  V. 

Pflugkhartung's  Weltgeschichte,  p.  81-135,  nombr.  fig.,  2  pi. 
coul.  ;  in-4°,  Berlin,  Ullstein]. 

52.  G.  KARO.  Ber.  ub.  Kreta,  Griechenland  [ex  Jahrbuch  d.  k.deut- 

sch.  Arch.  Instituts,  1910,  2,  col.  147-174,  1  fig.J.  Berlin,  G.  Rei- 
mer. 

53.  Hans  LEHNER.  Die  neolithische  Festung  bei  Mayen  in  der  Ei- 

fel  [in  Ausgrabangsberichle  des  Provinzialmuseums  in  Bonn,  ex 
Bonner  Jahrbucher,  Hft.  119,  pi.  206-228,  18 fig.,  pi.  IV-XI]. 
Bonn,  1910. 

54.  Dr  Albert  MA YR.   Eine  MittelalterlicheFliehburg  im  Altmùhl- 

tal  [in  Beilage  z.  AUgemeinen  Zeitung,  20  nov.  1907,  p.  237-238; 
Mùnchen]. 

55.  Dr  Albert  MAYR.   Pantelleria  [in  Globus,  Bd.    LXXVII,   n°  9, 

10  mars  1900,  p.  137-143,  5  fig.  ;  Braunschweig-,  1900]. 

56.  Dr  Albert  MAYR.  Die  vorgeschichtlichen  Denkmaler  von  Sar- 

dinien  [ex  Globus,  Bd.  LXXXVI,  1904,  p.  133-137]. 

57.  Dr  Albert   MAYR.   Neue   vorgeschichtliche   Forschungen  auf 

Malia  [ex  Globus,  Bd.  XCVI,  n°  17,  le'  nov.  1909]. 

58.  D'  Oswald  MENGHIN.  Neue  Wallburgen  im  Etschtaie  zwischen 

Meran  und  Bozen  [ex  Miit.  Anlhrop.  Ges.  in  Wien,  Bd.  XL, 
1910,  p.  161-180,  9fig.]. 

59.  D*  Mattileus  MUCH,  Die  Hausberpe  in  Niederoesterreich,  ihre 

Bedeutung  u.  ihre  Zeitstellung  [ex  Mitt.  d.  Anthrop.  Ges.  in 
Wien,  Bd.  XXX Vil,  1907;  9  p.,  Wien]. 

60.  DrJ.  L.  PIC.  Aphorismen  ùber  Ethnographie  u.  Kunstgewerbe 

in  der  prâhistorischen  Archâologie,  28  p.,  Prag,  A.  Wiesner, 
1910. 

61.  C.   SGHUCHHARDT.  Die  Rômerschanze  bei  Potsdam  nach  den 

Ausgrabungen  von  1908  u.  1909  [ex  Praehistorische  Zeitschrift, 
1909,  2,  p. 209-238,  19  fig.,  pi.  XXI-XXIV]. 

62.  R.   VIRCHOW  u.  W.   v.  SCHULENBURG.    Der  Spreewald  u. 

der  Schlossberg  von  Burg.  [XL  allg.  Versamml.  d.  deutsch.  an- 
throp. Ges.,  31  p.,  2  cart.  ;  Berlin,  Wiegandt,  Hempel  u.  Parey, 
1880].  (Acq.). 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  565 

63.  Maoritids  WOSINSKY   Das  pràhistorische    Schanzwerk    von 

Lengyel,  seine  Erbauer  u.  Bewohner.  Erstes  Heft,  69  p.,  34  pi. 
Budapest,  F.  Kilian,  1888.  (Don  de  M.  M.  IMBERT). 

Formats  au-dessus  de  32  cm. 

64.  D'  R.   FORRER.  Die  Heidenraauer  von  St.-Odilien,  ihre  prâ- 

historischen  Steinbrûche  u.  Besiedelungsreste,  50  p.,  avec  120 
fig.,  plans  et  cartes.  Strassburg,  Schlesier  u.  Schweikhardt, 
1899. 

65.  DrA.  SCHL1Z.  Das  steinzeitliche  Dorf  Grossgartach,  seine  Kul- 

tur  und  die  spàtere  vorgeschichtliche  Besiedelung  der  Gegend, 
in-4°,  cart.,  52  p.,  24  tig.,  XII  pi.  et  1  carte.  Stuttgart,  F. 
Enke,  1901. 

Périodiques,  25  cm.  et  au-dessus. 

66.  Bericht  iïb.  die  ForlschHtte  der  Rômisc  h-  Germanise  tien  Foischung, 

années  1904,  1905,  1906-07,  3  vol.  ;  Frankfurt  a.  M.,  J.  Baer, 
1905,  1906.  1909.  (Don  de  M.  H.   DRAGENDORFF). 

67.  Jahr-Buch.  d.  Geselhchaft  fur  lolhringische  Geschichte  u.  AUertums- 

kunde,  années  XVIII,  1906;  XIX,  1907;  Metz,  G.  Scriba  [partie 
en  français]. 

(Don  de  M.  lecomie  de  ZEPPELIN-ASSCHHAUSEN). 

68.  Jahresbericht  d.  schweizerischen  Gesellschaft  fur  Urgeschichte  {So- 

ciété préhistorique  suisse),  I,  II,  III,  Zurich,  1909,  1910, 1911  [par- 
tie en  français].  (Ab.). 

69.  Korrespondenz   Blatt   d.  deutschen  Gesellschaft  fur  Anthropologie, 

Ethnologie  u.  Urgeschichte,  années  XL,  1909  ;  XLI,  1910;  XLII, 
1911;  Braunschweig,  F.  Vieweg.  (Ab.). 

70.  Mannus,  Zeilschrijt  fur  Vorgeschichte,  Organ  der  deutschen  Gesells- 

chaft fur  Vorgeschichte,  Bd.  I,  1909;  II,  1910;  III,  1911  et  I.  Er- 
ganzungsband,  Bericht  ùb.  die  I.  Hauplversammlung  zu  Hannover, 
6  bis  9  August  1909 .  Wùrzburg,  C  Kabitzsch.  M6.). 

71.  Miltfilungen  der  Anthropologischen  Gesellschaft  in  Wien,  Bd.  XL. 

1910;  XLI,  1911  ;  Wibn,  A.  Hôlder.  (Ab.). 

«2 .  ilitteilungen  d.  Kaiserlich  deutschen  Archaologischen  Instituts.  Athe- 
nische  Abteilung,  Bd.  XXXIV,  1909;  XXXV,  1910;  XXXVI, 
1911;  Athen,  Eleutherudakis.  (Ab.). 

73.  Praehislorische  Zeilschrift, Bd.I,  1909;  II,  1910;  III,  1911   Leipzig. 

(Ab.). 

74.  Rômisch-germaiisches  Korrespondenzblail,  ann.  I,  1908;  II,  1909; 

III,  1910;  IV,  1911;  Trier,  J.  Lintz.  (Ab.). 

75.  Silzungsberichte  der  Allei  lumsgesellchaft  Prussia,  Hft.  XX,  1895- 

1896;  Hft.  XXII,  1900-1904;  Kœmgsberg  i.  pr.  1896  et  1909. 
(Don  de  M.  A.  BEZZEN'BKRGER). 

76.  Zeitschri;t  fur  Ethnologie,  Organ  der  Beriiner  Ges.  f.  Anthropologie, 

Ethnologie  u.  Urgeschichte.  Ann.  XLI,  1909;  XLII,  1910;XLIII, 
1911  ;  Berlin,  Bebrend.  (Ab.). 


566  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Archives  de  la  Commission. 

CATALOGUE    DES    IMPRIMÉS 

(7e  Liste.  —  Langue  anglaise). 

[Ouvrages  reçus,  sauf  mention  spéciale,  comme  hommages  d'auteur  et  donnés  en  nue  pro- 
priété à  la  Commission  par  M.  A.  Guébhard,  qui  les  garde  à  la  disposition  de  ses  cor- 
respondants. 

Formats  pet.-in-S°  (23  cm.  au  plus). 

1.  E.    L.    BARNWELL.   Craig-y-Dinas  [coupure    ex  Archaeologia 

Cambrensisl  paginée  217-221,  2  pi.].  (Don  de  M.  A.-L.  LEWIS). 

2.  E.  L.  BARNWELL.  Pen  Caer  Heien  (coup,   ex  Archœeol.  Cam- 

brensis,  4  th.  ser.,  vol.  XI.V,  1883,  p.  192-195,  2  pi.].  On  y  a 
ajouté  : 
R.  F.  BURTON,  3  pi.  dont  2  doubles  :  Sketch  of  the  Castelliere 
di  Cunzi;  The  prehistoric  village  and  Castelliere  in  Istria,  resto- 
red;  Traccia  dell'antico  Castelliere  chiamato  di  Monticelli,  sito 
nel  circondario  di  Cervera,  etc.  [ex  Anthropologia,  vol.  I,  pi. 
9-10]  (Don  de  M.  A.  L.  LEWIS). 

3.  Arthur  G.  CHATER  and  Albany   F.   MAJOR.  Excavations  at 

Downend,  near  Bridgwater,  1908  [ex  Proceed.  of  the  Somerset 
Archaeological  and  National  Hislory  Sy.,  vol.  LV,  1909,  part.  II, 
p.  162-174,  4  fig. 

4.  Dr  D.  CHRISTISON.  The  prehistoric  fortresses  of  Treceiri  and 

Eildon  [ex  Archaeologia  Cambrensis,  ve  série,  vol.  XIV,  1897, 
p.  17-40,  9  fig]. 

5.  David  CHRISTISON.  On  some  obscure  remains  in  the  parishof 

Dailly,  Ayrshire  [ex  Proceedings  of  the  Sy.  of  Antiquaries  of  Scot- 
land,  vol.  XXVI,  1891-2,  p.  177-179,  1  fig.]. 

6.  D.  CHRISTrSON.  The  Forts,  'Camps',  and  other  Field- Works  of 

Perth,  Forfar  and  Kincardine  Tex  Proc.  Sy.  Anliq.  Scotl.,  vol. 
XXXIV,  1899-1900,  p.  43-120,  56  fig.,  1  cart]. 

7.  D.  CHRISTISON.  Report  on  the  Progress  and  Work  of  the  So- 

ciety during  the  past  year  [ex  Proc.  Sy.  Antiq.  Scotl.,  vol.  XL, 
1905-6,  p.  3-9]. 

8.  D.  CHRISTISON.  Forts  on  Whitcastle  Hill,  Upper  Teviotdale; 

and  Earthwork  on  Flanders  Moss,  Menteith  [ex  Proc.  Sy.  Anliq. 
Scotl.,  vol.  XL,  1905-6,  p.  15-22,  2  fig.]. 

9.  D.  CHRISTISON,  D'  Joseph  ANDERSON  and  Thomas  ROSS. 

Report  on  the  Society's  excavations  of  Forts  on  the  Poltalloch 
Estate,  Argyll,  in  1904-5  [ex  Proc.  Sy.  Antiq.  Scotl.,  vol.  XL, 
1905-6,  p.  259-322,  60  fig.]. 

10-    COMMITTEE  ON  ANCIENT  EaRTHWO^KS   AND  FORTIFIED  ENCLOSURES. 

Report  presented  to  the  Congress  of  Archœological  Societies 
10  th.  July  1901,  1  p.;  1904,  4  p.  et  Appendix,  3  p.;  1905,  6  p.; 
1906,  8  p.  ;  1907,  15  p.;  1908,  15  p.  ;  1910,  12  p.;  1911,  11  p. 

(Don  de  M.  A.  G.  CHATER). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  567 

11-12.    CONGRESS  OF  ARCILEOLOGICAL  SOCILTIES  IN  UNION  WITH  THE  SY. 

of  Antiquaries  of  London.  Scheme  for  Recording  Ancient 
Défensive  Earthworks  and  Fortified  Enclosures,  1903,  22  p., 
nombr.  fig.  et  plans,  Londres,  Harrison,  suivi  de  Appendix  II, 
1905,  4  p,,  2  fig.  —  Le  même,  revisé  en  1910,  23  p.,  nombr.  fig.  ; 
Taunton,  Wessex  Press.  (Don  de  M.  A.  G.  CHATER). 

13.  C.  W.  DYMOND.  Dolbury  and  Cadbury  Camps  [ex  Proc.  of  the 

Somersetshire  Archaeological  and  Nalural  Hislory  Sy.,  vol.  IX, 
n.  s.,  1883,  part.  II,  p.  104-116.  2  p!.]. 

14.  C.-W.  DYMOND.  Ancient  villages  at  Yanwath  and  Hugill  [ex 

Transactions  of  the  Cumberland  and  '  Westmorland  Antiquarian 
and  Archaeological  Sy.,  vol.  XII,  1892,  p.  1-14,  2  plans;  Kendal 
T.  Wilson].  * 

15.  C.-W.  DYMOND.  Barnscar  :  an  aocient  Seulement  in  Cumber- 

land [ex  Trans.  ofthe  Cumberland  and  Westmorland  Antiq.  and 
Arch.  Sy.,  vol.  XII,  1892,  p.  179-187, 1  pi.]. 

16.  C.-W.  DYMOND  and  H.  C.  TOMKINS.  Plan  of  Worlebury, 

coupure  in-f°,  pliée,  1880. 

17.  Chancellor  FERGUSSON,  C.  W.  DYMOND  and  H.  S.  COW- 
PER.  An  ancient  Village  in  Hugill  [ex  Trans.  Cumberland  and 
Westmorland  Antiq.  a.  Arch.  Sy.,  vol.  XIV,  1897.  p.  460-469, 
1  fig.]. 

18.  Willoughby  GARDNER.   The  ancient   Hill-f'ortress  on  Pen-y- 

Corddyn,  near  Abergele  [ex  Archaeologia  Cambrensis,  1910,  p.  1- 
80,  42  fig.,  London,  Bedfort  Press].  1  vol.  rel. 

19.  Rev.  Stephen  D.  PEET.  The  Mound  Builders,  their   Works  and 

Relie?,  376  p.,  1  vol.  rel.,  nombr.  fig,  Chicago,  1892.     [Acq.]. 

20.  Otho  B.  PETER.  The  ancient  earthfenced  Town  and  Village  si- 

tes of  Cornwall  [coupure  paginée,  107-119,  2  pi.]. 

(Don  de  M.  A.  L.  LEWIS). 

21.  Francis  W.  READER  and  Horace  WILMER.  Report  of  the  Red 

Hills  Exploration  Committee,  1906-7  et  1907-8  [ex  Procecd.  ofthe 
Sy  of  Antiquaries  of  London,  2d.  S.,  vol.  XXII,  1908,  p.  164-214, 
27 fig.  et  pi  ;  et  vol.  XXIII,  1910,  p.  66-96,  13  fig.  et  pi.;  London]. 

22.  Thomas  Johnson  WESTROPP.  The  Cists,   Dolmens  and  Pillars 

ofthe  Eastern  Half  ofthe  County  of  Clare.  I  The  Baronies  of 
Bunratty.  II  The  Baronies  of  Tulla  [ex  Proceedings  of  the  Royal 
Irish  Academy,  vol.  XXIV,  sect.  C.  part.  2,  1902-4,  p.  85-106, 
17  fig.,  pi.  V-IV  et  p.  107-132,  2  fig.,  pi.  VII- VIII,  Dublin, 
1903]. 

23.  Thomas  JohnsonWESTROPP.  The  Cists,  Dolmens  and  Pillars  of 

the  Western  Half  of  the  County  of  Clare  [ex  Proc.  fi.  Irish.  Ac, 
vol.  XX\T,sect.  C,  n°  16,  p.  447-472,  3fig.  pl.XXHI-XXV  ;  Du- 
blin, 1907]. 

24.  W.  WYNN-W1LLIAMS,  Pentyrch,  Carnavonshire  [coup  ex  Ar- 

chaeol.  Cambrensis,  4  th.  ser.,  vol.  IV,  1873,  p.  154-157,  2  pi.]. 

(Don  de  M.  A.  L.  LEWIS). 


568  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

25.  W.  WYNN-WILLIAMS,  Caer-Crini  [coup.e*  Arch.  Gambr.k  th. 

ser.,  vol.  XII,  1881,  p.  307-315,2  pi.] 

(Don  de  M.  A.  L.  LEWIS). 

26.  (?)  Miscellaneous  Papers  Relating  to  Anthropology  [paginé  527- 

686  contenant  de  nombreuses  descriptions  et  figures  d'encein- 
tes préhistoriques  américaines] . 

(Don  de  M.  M.  IMBERT). 

27.  Smithsonian  institution  Bureau  of  ethnology.  Bull.  31.  Listof 

Publications  of  the  Bureau  of  American  Ethnology,  with  index 
to  Authors  and  Titles;  Washington,  1906. 

Formats  gr.  8°  (25  cm.  au  plus). 

28.  A.  G.  GHATER,  Earthworks  of  the  Hill-Spur  type  [ex  The  Jour- 

nal of  the  Br il.  Archœological  Association,  1909,  p.   21-46.  8  fig]. 

29.  George  Grant  Mac  CURDY.  Neolithic   Dewponds  and  Cattle- 

ways,  by  A.  J.  Hubbard  and  G.  Hubbard.  A  review  [ex  Ame- 
rican Anthropologist,  N.  S.,  vol.  7,  1905,  p.  529-531  ;  Lancaster, 
Pa.,  U.  S.  A. 

30.  George  Grant   Mac  CURDY.  Anthropology  at  the  Winnipeg 

Meeting  of  the  British  Association  [ex  American  Anthropologist, 
vol.  XI,  1909,  p.  456-477] 

31.  David   RANDALL-MacIver.  The  Rhodesia   Ruins;   their  Pro- 

bable Origin  and  Significance  [in  The  Geographical  Journal,  vol. 
XXVir,  n°4,  avril  1906,  p.  325-347,7  fig.  ;  London,  E.  Stanford]. 
(Don  de  The  Royal  Geographical  Society). 

32.  Thomas  J.   WESTROPP.    Early  Irish  Forts,  Recueil  factice  de 

1891  à  1905,  relié,  comprenant  : 

Prehistoric   Stone  Forts  of  Northern  Clare  [ex  The  Journal  of 

the  Proceedings  of  tht  Royal  Sy.  of'  Antiquaries  of  Ireland,  Part 

2,  vol.  VI,  5e  série,  1896,  p.  1*42-156,  363-369  et  vol.  VII,  1897, 

116-127;  nombr.  fig.]. 
Prehistoric   Remains  in  the  Burren,  County  Clare  (I.  Carran, 

and  Kilcorney)  [ex  Ibid.,  vol.  VIII,   1898,  p.  "52-366,  nombr. 

fig.,  1  pi.]  ;  II.  Kilcorney  and  the  Eastern  Valleys  [IX,  1899, 

p.  367-384,  nombr.  fig.]. 
Prehistoric  Remains  in  North-Western  Clare  [XXXI,  1901,  p.  1- 

17  el  273-291,  nombr.  fig.]. 
Prehistoric  Remains  (Forts  and  Dolmens)  along  the  borders  of 

Burren,  in  the  County  Clare  I.  The  Eastern  Border,  [XXXV, 

1905,  p.  205-228,  nombr.  fig.,   1  pi.];    II.   West  Corcomroe 

[XXXV,  1905,  p.  342-361,  plus.  fig.]. 
Robert  Munro.  Notices  of  Books  :  The  ancient  Forts  of  Ireland: 

being   a  Contribution  towards  our  Knowledge  of  their   Types, 

Affinities,  and  Structural  Features,  by  T.  J.   Westropp,  M.  A. 

Dublin,  1902  [XXXV,  1905,  p.  419-429]. 
On  Irish  motes  and  early  norman  Castles  [XXXIV,  1904,  p.  313- 

345,  plus.  fig.]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  569 

33.  Thomas  Johnson  WESTROPP.    Noies    ou  certain  Promontory 

Forts  in  the  Counties  of  Waterford  and  Wexford  [ex  Journ. 
Proc.  R.  Sy.  of  Antiq.  of.  Ireland,  Part  3,  vol.  XXXVI,  i906, 
p.  239-258,  plus.  fig.]. 

34.  Thomas  Johnson  WESTROPP.  Promontory  Forts  in  the  «  Irrus», 

Couoty  Clare.  I.  The  Kilkec  Group  [ex  Proc.  Sy.  Antiq.  Ir.  Part 
3,  vol.XXVIU,  1908,  p.  28-47,  plus,  fig.,  1  pi.]  II.  Loop  Head 
and  Cross  Group  [XXVIII,  1908,  p.  221-231,  plus.  fig.]. 

35.  Thomas  Johnson  WESTROPP.  Ring-  Forts  in  the  Barony  of 

Moyarta,  Co.  Clare,  and  iheir  Legends.  I.  From  Loop  Head 
to  Garrigaholt  [ex  Proc.  Sy.  Antiq    Ir.,  Part  3,  vol.  XXVI il, 

1908,  p.  344-361,  plus,  fig.];  II.  Kilkée  to  Carrigaholt  [XXIX, 

1909,  p.  113-126]. 

36.  Thomas  Johnson  Westropp.  Promontory  Forts  and  allied  Struc- 

tures in  Northern  County  Kerry.  I.  Iraghticonnor  [ex  Proc.  R. 
S.  Antiq.  Ir.,  XL,  1910,  p.  6-31,  plus,  fig.,  1  pi.];  IL  Clanmau- 
rice  [XL,  1910,  p.  99-131,  nombr.  fig.,  1  pi.];  III.  Corcaguiny 

»  (Brandon  to  Dunquin)  [XL,  1910,  p.  179  213,  nombr.  fig.];  IV. 
Corcaguiny  (The  southern  Shorej  [XL,  p.  265-296,  nombr.  fig.]. 
Formats  au-dessus  de  25  cm. 
.  The  rev.  J.  O.  BEVAN,  James  DAVIES  and  F.  UAVERFIELD. 
An  Archaeological  Survey  of  Herefordshire  [ex  Archaeologia, 
1893,  16  p.,  1  carte].  Westminster,  Nichols,  1896. 

[Don  de  M.  A.  L.  LEWIS]. 
S.  DENISON.  Yorkshire  Archseological  Society's  circular,  with 
Scheme  for  recording  Ancient  Défensive  Earthworks  and  For- 
tified  Enclosures,  Yorkshire  Example  (nombr.  fig.)  and  Enqui- 
ry  Formular,  4  p.  33  X  21,  Leeds,  Dec.  1907.  —  On  y  a  joint  : 

39.  Schedule  of  Ancient  Défensive  Earthworks  in  the  County  of 
York,  as  marked  on  the  Ordnance  Survey  (excluding  Wold 
Dykes  or  Entrenchments)  arrangée!  numerically,  13  feuilles  ti- 
rées à  part  préventivement,  pour  révision  de  Victoria  History  of 
Yorkshire  ;  Leeds,  1908. 

40.  W.  A.  DUTT,  Some  Récent  Discoveries  at  Burgh  Castle  [in  The 
Antiquary,  N.  S.  vol.  V,  n°  6, juin  1909,  p.  210-213,  3  fig.;  Lon- 
don,  Elliot  Stock].  (Don  de  M.  C.  W.  DYMOND). 

41.  C.  W.  DYMOND.  The  Cuit  of  the  Neo  Druidism  :  A  Test-case 
examinated  [in  The  Antiquary,  N.  S.,  vol.  IV,  n°  12,  Dec.  4908, 
p.  447-448;  London,  Elliot  Stock]. 

42.  William  HARRISON.  An  Archaeoiogical  Survey  of  Lancashire 
[ex  Archxologia,  1894,  26  p.,  1  carte]  ;  Westminster,  Nichols, 
1896.  [Don  de  M.   A.  L.  LhWIS]. 

43.  A.  L.  LEWIS.  Prehistoric  Remains  in  Cornwall.  ;  II,  West 
Gornwall  [ex  Journal  of  Anthropological  Imtitute  of  Gr.  Br.  a. 
Ir.,  vol.  XXXV,  1905,  p.  427-434,  2  fig.] 

44.  A.  L.  LEWIS.  On  some  Megalithic  Remains  in  the  neighbour- 
hood  of  Autun  (Saône-et-Loire),  France,  with  some  Observa- 
tions on  Lines  of  Standing  Stones  in  Other  Places  [ex  /.  Anthrop. 
Inst.  vol.  XXXVIII,  1908,  p.  380-387, 1  fig.]. 


570  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

45.  A.  L.  LEWIS.  Some  Stone  Circles  in  Ireland  [ex  /.  Anthr.  Inst. 

vol.  XXXIX,  1909,  p.  517-529,  5  fig.]. 

46.  A.  L.  LEWIS.  Notice  sur  Stonehenge  and  other  British  Stone  Mo- 

numents Asrronomically  considérée,  by  Sir  Norman  Lockyer  2  d. 
éd.  London,  1909  [in  Man,  vol.  X,  n°  4,  p.  61-62].  L'auteur  y  a 
ajouté  : 

47.  Stonehenge,  Photographs  by  Mrs  Catherine  Weed  Ward  [coup. 

ex.  Englhh  Illustrated  Magazine,  n°  196,  Janv.  1900,  p.  373-377, 
8  fig.]. 

48.  Stonehenge  :  the  Story  ofitsBuildingandits  Legends.  by  Arthur 

J.  Ireland,  18  p.,  6  fig.,  in-16,  London,  J.  Henderson. 

49.  Duncan  MACKENZIE.  The  tombs  of  the  Giants  and  the  Nuraghi 

of  Sardiniain  their  West  European  Relations  [ex  Memnon,  vol. 
II,  fasc.  3,  31  p.,  27  fig.;  Leipzig,  R.  Haupt,  1909]. 

(Don  de  M.  F.  V.  DICKINS). 

50.  W.  R.  PATON  and  J.  L.  MYRES.  On  some  Karian  and  Hellenic 

Oil-Presses  [ex  Journal  of  Hellenic  Studies,  vol.  XVIII,  1898, 
p.  209-217, 8  fig.]. 

51.  G.   Torrance    STEPHENSON,   Destruction   of  Britain's   Oldest 

Houses  :  owing  to  Quarrying  on  Penmaenmawr  [coup,  ex  The 
Sphère,  19  nov.  1910,  p.  174-175,  3  fig.]. 

(Don  de  M.  A.-L.  LEWIS). 

52.  W.  F.  de  VISMESKANE,  The  Black  Pig's  Dike  :  the  ancient 

Boundary  Fortification  of  Uladh  [ex  Proceedings  of  the  Royal 
Irish  Academy,  vol.  XXVII,  sect.  C,  p.  301-328,  2  fig.  pi.  XVI; 
Dublin,  Hodges,  Figgis  and  Co.,  1909]. 

(Don  de  M.  T.  J.  WESTROPP). 

53.  Thomas  Johnson  WESTROPP.    Types  of  the    Ring-Forts  and 

similar  Structures  remaining  in  Eastern  Clare.  I.  The  New* 
market  Group  [ex  Proc.  R.  Ir.  Ac.  vol.  XXVII,  1908,  sect.  C, 
p.  217-234,  plus,  fig-,  pi.  1X-X;  Dublin,  1908];  II.  Quin,  Tulla, 
and  Bodyke  [XXVII,  p.  371-400,  8  fig.,  pi.  XVII,  Dublin,  1909]. 

54.  Thomas  J.  WESTROPP.  A  St  Jy  of  the  Fort  of  Dun  Aengusa 

in  Inishmore,  Aran  Isles,  r  'and  :  its  Plan,  Growth,  and  Re- 
cords [ex  Proc.  R.  Ir.  Ac,  -oi.  XXVIII,  sect.  C,46p.,  8fig.i 
3  pi.  ;  Dublin,  1910],  relié  to   3. 

55.  Thomas  Johnson  WESTROPP.  A  Study  of  the  Early  Forts  and 

Stone  Huts  in  Inishmore,  Aran  Isles,  Galway  Bay  [ex  Proc.  R. 
Ir.  Ac,  vol.  XXVIII,  sect.  C,  p.  174-201,  plus,  fig.,  pi.  V-VII; 
Dublin,  1910]. 

56.  Thomas  Johnson  WESTROPP.    Notes  on  the  Larger  Cliff  Forts 

of  the  West  Coast  of  County  Mayo  [ex  Proc.  R.  Ir.  Ac,  vol. 
XXIX,  sect.  C,  p.  11-33,  4  fig.,  pi.  VI;  Dublin,  1911]. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  571 

IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Sur  les  anses  verticales 
mal  ti  forées  horizontalement. 

PAR     LE 

Dr  A.  GUÉBHARD   Saint-Vallier-de-Thiey,   A. -M). 
{Fin)   (1). 

Certes  on  y  peut  voir  un  développement  de  l'anse  à  deux 
trous,  comme,  dans  celle-ci,  de  l'anse  simple;  mais  l'une  et 
l'autre  de  ces  dernières  sont  primordiales,  universelles, 
et  on  les  voit  en  tous  lieux,  dès  les  temps  les  plus  primi- 
tifs, immédiatement  liées  aux  premiers  procédés  de  suspen- 
sion funiculaire. 

Il  est  vrai  qu'à  l'inverse  de  ce  qui  s'observe  pour  le  trou 
de  suspension  foré  en  tubulure  verticale,  qui  est  moins 
commun  que  l'horizontal,  les  cas  de  simple  doublement  de 
celui-ci  sont  beaucoup  plus  rares  que  ceux  de  multiplication 
de  l'autre.  On  conçoit  en  effet  que  les  liens  circulaires 
entourant  horizontalement    la    panse    du  vase  n'aient  nulle- 


Fig.  60.  Echelle:  1/3.  —  «  Vase  présentant 
l'aspect  de  deux  vases  placés  l'un  sur  l'autre, 
et  muni,  pour  cela,  de  deux  paires  d'aubes 
Terticales.  Entre  ce  les-ci,  sur  la  panse,  se 
▼oient,  de  chaque  rôle,  deux  mamelons.  Les 
bords  étant  brisés,  on  ne  peut  connaître  la 
hauteur  primitive:  actuellement,  elle  esi  de 
0"105.  »  Christos  Tsocktas,  Les  acropoles 
préhistoriques  de  Dimiui  et  Sesclon  (en 
grec),  gr.  in-4°  de  424  col.,  312  flg.,  27  pi.; 
Athènes,  1908  (v.   fig.  2C0  et  col.  275). 


'Fig.  60. 

ment  eu  besoin  d'être  multipliés  autant  que  les  cordelettes 
chargées  de  tout  le  poids  du  récipient;  et  que  des  anses 
comme  celles  de  M.  L.  Siret  (Fig.  56  et  59)  ou  de  la 
curieuse  petite  olla  néolithique  de  Dimini  (Fig.  60),  qui  imite 
deux  marmites  mises  l'une  dans  l'autre,  aient  eu  plutôt  pour 
but  de  prévoir  la  rupture  de  l'une  des  boucles  que  de  les 
utiliser  toutes  deux.  Pourtant  l'espèce  de  rainure  qui  marque 
dans  ce  dernier  cas,  leur  séparation  surtout  le  pourtour  du 
bocal  avait  certainement  un  Dut,  puisque  nous  la  retrouvons 
en  toutes  sortes  de  pays  où  il  n'est  pas  supposable  qu'elle 

(Il  Afin  d'épargner  à  d'excellents  confrères  la  juste  susceptibilité  de  croire  crue  la 
longueur  de  ce  mémoire  les  frustre  d'une  place  bien  méritée,  mais  que  les  exi- 
gences du  budget  social  forcent  à  ménager,  je  me  sens  amené,  quoi  qu'il  'm'en 
coûte,  à  déclarer,  une  fois  pour  toutes,  que  toutes  mes  publications  données  au 
Bulletin  le  sont  dans  le  sens  littéral  de  ce  mot,  c'est-à-dire  entièrement  à  mes  frais, 
en  supplément  à  la  publication  normale  fixée  par  le  Conseil. 


572  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

ait  été  importée:  au  Nouveau-Mexique,  par  exemple,  sur  une 
poterie  préhispanique  qu'on  pourrait  dire  identique  à  celle 
de  Thessalie  si  sa  paire  d'anses  n'était  simple  (1);  en  divers 
points  de  l'Allemagne,  sur  des  poteries  d'entre  Bronze  et 
Hallstatt,  à  une  ou  deux  anses  simples,  que  M.  Brunner,  en 
les  comparant,  comme  nous,  à  deux  vases  mis  l'un  sur  l'autre, 
a  baptisées  «  vases  à  étages  »  (2);  enfin,  pour  rentrer  dans 
notre  sujet,  sur  la  plus  extraordinaire  de  ces  créations  de 
cerveaux  primitifs  (Fig.  61)  :  une  anse  en  oreille  verticale  très 
saillante,  échancrée  à  son  extrémité  en  queue  d'aronde  et 
percée  horizontalement  de  deux  trous  vers  son  bord,  puis 
d'un  troisième  à  sa  base,  dans  la  ligne  de  la  gorge,  évidem- 
ment réservée  au  passage  d'une  corde  (la  figure  est  aux  2/3). 


Fig.  61.  Echelle  :  2/3.  —  «Remarquable  fragment  d'un  vase  en 
terre  noirâtre,  ornementé  et  garni  d'un  double  mamelon  trans- 
p  rcé  de  trois  trous  intentionnels,  régulièrement  disposés.  Le 
plus  grand  irou  longe  la  paroi  de  la  poterie;  les  deux  autres 
perforations  se  rapprochent  des  extrémités  du  mamelon.  »  Mar- 
cel de  Puïdt,  Fonds  de  cabanes  néolithiques  de  Niva  et  de 
llassettge,  Mém.  Soc.  d'Anlhrop.  rie  Bruxelles,  t.  XXIII,  1903-4, 
20  p.,  5  pi  (v.  pi.  IV,  t.  2).  C'est  d'après  une  photographie 
laite  spécialement  à  notr.-  intention,  que  M  de  Puydt,  avec  une 
grande  obligeance,  nous  a  permis  de  faire  ressortir,  encore 
mieux  que  dans  sa  belle  publication,  la  particularité  qui  nous 
intéresse. 

Fig.  61. 

Ceci  donc  nous  ramène  aux  anses  proprement  funiculaires, 
et  au  simple  trou  étroit,  percé  dans  la  paroi  même  du  vase 
uniquement  destiné  à  la  fixation  d'un  lien,  qui  fut  certaine- 

(1)  James  Stevenson,  Jllustrated  Catalogue  of  the  collections  oblained  front  the 
Indians  of  New-Mexico  and  Arizona  in  1880,  Annual  Rep.  of  the  Bureau  of  Etbno- 
logy  of  Smithsonian  Institution,  2J  Rep.  1880-'l.  Washington,  1883,  p.  391-422, 
Fig.  338-697  (v.  p.  416  et  Fig.  674).  «  Vase  n<"  39.650,  de  pâte  noire,  avec  large 
orifice,  à  bord  festonné.  Grosses  anses  de  chaque  côté,  près  du  haut,  bond 
ovale  avec  une  cannelure  imprimée  tout  autour,  à  mi-hauteur  du  vase.  Dans 
certains  vaisseaux  de  cette  forme,  celte  dépression  a  pour  but  de  retenir  la 
corde  avec  laquelle  le  vase  est  transporté  ».  Hauteur,  environ  0m13;  diamètre  à 
l'ouverture,    0m09:  au  plus  large,  sous  la  dépression,  0m15. 

(2)  K.  Brunner,  Vorgeschichtliche  Funde  in  Bayern,  Nachricht.  d.  deutsch. 
Altertumsforschung  (Ergzsbl.  z.  Ztschr.  f.  Ethnologie,  XXXV,  1903),  p.  38-44, 
22  fig.  (v.  p.  42,  fig.  21).  Dans  le  croquis  donné  par  l'auteur,  l'anse  unique, 
assez  mince  pour  un  pot  de  0  m.  25  de  hauteur  et  0  m.  225  de  ventre  vers  le  bas, 
est  à  cheval  par  dessus  la  rainure.  L'auteur  donne  (p.  43)  la  bibliographie 
d'assez  nombreux  cas  analogues.  Mais,  vérification  faite,  on  y  reconnaît  vite  ce  tra- 
vers auquel  pousse  la  facilité  de  composition  des  mots  dans  la  langue  allemande, 
de  prendre  pour  un  lien  de  famille  réel  le  rapprochement  verbal  que  créa  le 
hasard  d'une  commune  étiquette,  puis  de  vouloir  étendre  cette  famille  au  delà  de 
toute  vraisemblance.  Ne  voit-on  pas  un  auteur  (A.  Voss,  Eine  seltene  Urnenform, 
Verhandl.   Berl.  Ges.,   VIII,  1876,  p.  (94)-(97),    7    fig.  ;   v.  pf    96,  fig.    5),  essayer 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  573 

ment  —  nous  développerons  cette  idée  dans  un  autre  tra- 
vail, en  préparation  (1)  —  le  point  de  départ  de  toutes  les 
autres  formes  d'anses. 

Aussi  bien  est-ce  sur  les  poteries  les  plus  primitives  que 
nous  trouvons  le  doublement  du  trou  funiculaire  horizontal. 
Le  musée  de  Carnac  (Morbihan),  nous  donne  la  forme  néoli- 


Fig.  62.  Fig.  63. 

Fig.  62.  —  Vase  apode  à  trois  anses  verticales  biforées,  trouvé  dans  la  lande  de  Pusso,  entre  les 
alignements  de  Kermario  et  le  tumulus  de  Saint-Michel  de  Carnac.  en  1888  (Musée  de  Carnae, 
Morbihan;.  Nous  devons  a  l'obligeance  de  M.  Z.  Le  Rouzic  la  photographie  qai  nous  a  permis 
de  mettre  en    évidence,  ne  fût-ce  que  par  un  croquis  sommaire,  cet  intéressant  cas  inédite 

Fig.  63.  —  Tesson  néolithique  de  la  palaOtte  de  Haumessergrund  près  Wollishofen  (Suisse). 
[D'  Jakob  Heibrli,  PfahibautenJX.  Berkht,  Milt.  d.  Antiquansch.  Ges.  in  Zurich,  t.  XXII, 
1888.  p.  33-98,  XXI  pi.  (v  pi.  VIII,  8\  Sur  la  même  planche,  mais  moins  visible,  est  repré- 
sentée (flg.  11)  une  véritable  anse  «  en  B  »  de  la  même  provenance,  et  M.  Heierli,  que  je  re- 
mercie vivement  île  l'obligean;e  avec  laquelle  il  a  répondu  à  mes  demandes  de  renseignements, 
me  signala  qu'en  outre  d'un  vase  entier  dn  même  genre,  à  décor  géométrique,  avec  la  même 
anse,  le  Musée  national  de  Zurich  possédait  encore  un  autre  vase  entier  de  ce  genre,  provenant 
d'Auvcrnicr  'v.  fig.  11-li).  Depuis  lors,  j'ai  retrouvé  un  autre  exempl*  palafittique  dans 
V.  Gross,  Les  Protohelrêtes  ou  les  premiers  colons  sur  les  bor!s  des  lacs  de  Bienne  et  Neu- 
chdtel,  gr.  in~4«,  116  p.,  XXIU  pi.;  Paris,  Baer,  1883  (v.  pi.  XXXXl,  10)  Preuve  de  l'anti- 
quité préhistorique  d'une  conception  simple  qu'il  n'est  pas  étonnant  de  voir  se  reproduire  sou- 
vent à  travers  les  âges. 

thique  de  la  Fig.  62,  à  trois  petites  oreilles  percées  de  deux 
trous.  Des  palatittes,  où  les  récipients  destinés  à  puiser  l'eau 
devaient  être  particulièrement  bien  attachés,  nous  trouvons, 
sur  un  petit  tesson  de  Wollishofen  [Fig.  63;  deux  gros  bou- 
tons biforés,  indice  qu'il  y  en  avait  au  moins  quatre,  sinon 
davantage,  remplaçant  la   couronne  de  petits  trous  qui  en- 

d'appnrenter  à  celte  famille,  sous  prétexte  qu'il  y  a  deux  petites  anses  à  l'enco- 
lure, la  forme  commune  de  vase  constituée  par  une  sphère  surmontée  d'un  cylin- 
dre droit,  ou  vulgaire  bouteille  à  col  large  ?  Mieux  que  cela,  un  autre  ne  se 
demande-t-il  pas  sil  ne  faudrait  pas  faire  rentrer  dans  les  ><  Elagengefaesse  »  un 
cylindre  absolument  droit,  sans  la  moindre  inflexion  dans  sa  génératrice  verticale, 
mais  où  un  banal  décor  de  cercles  se  répète  deux  fois  dans  la  verticalité,  au  rez- 
de-chaussée  et  au  premier  t  étage  »  ?  Fatal  entraînement  du  mol,  qui  fait  oublier 
que  l'idée  première  du  vase  à  étages  ne  fut  point,  selon  toute  probabilité,  d'ordre 
technique,  mais  plutôt  inspirée  par  la  vue  de  la  variété  de  courge,  dite  gourde  de 
pèlerin,  qui  est  commune  dans  les  pays  chauds  et  qui,  avec  sa  gorge  étranglée  à  mi- 
hauteur,  semblant  faite  exprès  pour  être  suspendue,  légère,  au  dos  du  voyageur, 
fut  copiée,  originairement,  telle  quelle,  en  Grèce  comme  en  Amérique  [Cf.  William 
H.  Holmes,  Origin  and  development  of  form  and  ornament  in  ccramic  art.  IV  th, 
Ann.  Rep.  of  the  Bureau  of  Ethnol.  of  Smilhsonian  Institution,  1882-'83,  p.  437-465, 
fig.  464-489],  puis  se  répéta  sporadiquement  à  toutes  sortes  d'époques,  en  toutes 
sortes  de  lieux,  sans  qu'il  soit  possible  de  trouver  sérieusement  un  lien  quelconque. 
L'Album  Caranda  (Suppl.  au  fasc.  de  1888,  pi.  104,  nouv.  sér.  fig.  2)  montre  encore 
au  moyen-àge  une  jolie  cruche  mérovingienne  de  ce  genre,  à  bouche  tréflée. 
(1)  Sur  les  Anses  funiculaires,  Congr.   Préhist.,  VIIe  session,  Nîmes,  1911. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  37 


57-i  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

toure  si  souvent  le  pourtour  des  vases  lacustres.  Un  tesson 
de  M.  Golini  (Fig.  69),  analogue  à  un  autre  de  Bollwiller 
(Alsace),  représenté  Fig.  64,  provient  d'Une  grotte  dont  le  nom 
AU'  Onda  dit  bien  que  le  voisinage  de  l'eau  y  jouait  un  grand 
rôle. 

M.  J.  Pagès-Allary,  dans  la  couche  inférieure,  à  haches 
polies,  de  ses  belles  fouilles  de  Ghastel-sur-Murat  a  trouvé, 
parmi  plusieurs  cas  de  boutons  forés  olivaires  absolument 
semblables  à  ceux  qu'on  voit  souvent,  géminés  verticale- 
ment, dans  les  palafittes  italiennes  (1),  un  cas  tout  à  fait  eXCep- 


Fîâr.  64'. 


big.  65. 


Fig.  66. 


Fig.  64.  ->•  c  Fragment  d'un  pot  d'assez  grande  taille  muni  iI'ubc  oreillette  perforée  de  deux  trous 
superposés...  peu  saillante,  mais  à  perforations  nettement  découpées.  La  couleur  est  franchement 
rouge  brique  sur  toute  l'épaisseur  et  les  parois  suffisamment  bien  dressées  pour  qu'on  se  de- 
mande si  le  vase  n'a  pas  été  fait  au  tour...  Pour  MM.  Dblbos  et  Collignon  (Revue  d'Anthro- 
pologie,^ série,  t.  III,  p.  385),  cette  poterie  serait  bien  plus  moderne,  peut-être  romaine.  » 
Mais  l'auteur  n'incline  pas  pour  cette  opinion  et  croit  qu'il  s'agit  seulement  de  différences  vou- 
lues de  cuisson,  dans  un  atelier  préromain  [Dr  Bleicheh,  Contribution  à  L'étude  :  1°  de  la  Céra- 
mique préromaine;  2°  des  matières  premières  usitées  par  les  populations  anciennes  de  l'Alsace 
de  la  Lorraine,  du  Nord  de  l'A/rique.  Matériaux  p.  une  étude  préhistorique  de  l'Alsace  (Extr. 
du  Bull.  Soc.  Hist.  nat.  de  Colmar,  1886-8,  V»  publication,  p.  67-127  (v.  p.  83  et  pi.  VII, 2)]. 

Fig.  65.  Echelle  :  1/5 .  —  Grolte  de  Barriera  près  de  Catane.  «  Couvercles  de  forme  singulière 
mais  pas  inconnue,  munis  de  trous  pour  la  ficelle  qui  les  attachait  au  vase  correspondant.  » 
Paolo  0*s\,Necropoli  e  stazioni  êicuie  di  transizione,  Vil.  Bull,  palttn.  it.,  ann.  XXXIII, 
1907,  p.  53-99,  42  fig.  (v.  p.  70  et  fig.  10J. 

FigT  66.  Echelle  :  1/5.  —  «  Il  e«t  incertain  si  l'anse  bioculée  et  pontée  de  la  fig.  20  doit  être 
rapportée  à  la  première  ou  à  la  seconde  période  de  l'industrie  sicule.  >  P.  Orsi,  Op.  cit.,  p.  75 
et  fig.  20,  p.  66. 

tionnel  de  deux  canalicules  horizontaux  ménagés  l'un  au-des- 
sous de  l'autre  dans  une  longue  et  large  applique  verticale. 
Quoique  encore  plus  rare,  on  trouve,  en  des  pays  très 
éloignés,  et  sur  des  poteries  très  primitives,  le  cas  de  bour- 
relets   verticaux    triforés    horizontalement   :    en    Espagne 


(1)  Abbate  Giovanni  Ranchet  e  Prof.  Innocenzo  Regazzoni.  Le  nuove  scoperte 
preistoriche  ail  Isolino  del  Lago  di  Varese,  Atti.  Soc.  it.  d.  Se.  natur.,  vol  XXI, 
1879,  p.  369-397,  pi.  VIII-XIII  (v.  pi.  8,  fig.  11-12  et  pi.  9,  fig.  1  à  5).  Nous  comp- 
tons donner  plusieurs  figures  de  pièces  analogues  dans  notre  étude  plus  générale, 
en  préparation  Sur  les  anses  funiculaires. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


573 


[Fig.  68),  dans  l'Aude  française  [Fig.  67),  en  Italie  [Fig.  69). 
L'étroitesse  des  trous  ne  saurait  laisser  de  doute  sur  leur 
âge  lun    iculaire. 


Fig,  67. 


Fig.  C8. 


Fig. 


Fig.  61.  Echelle:  1/5.  —  Anse  de  Cannes  (Aude).  Germais  Sic\rd,  La  grotte  sépulcrale  dite 
Balmo  dal  Carrât,  Caunes  {Aude\.  L'Anthropologie,  t.  I,  1890.  p.  506-509,  15  fig.  (t.  fig.  6, 
p.  508  .  Il  n'est  pas  absolument  certain,  d'après  le  dessin,  qu'il  y  eût  bien  trois  trous,  ni  que 
la  position  fût  verticale  et  i'antenr,  qni  a  bien  voulu  rechercher  la  pièce,  sur  notre  demande,  n'a 
pu  la  retrouver  pour  préciser  sou  souvenir. 

FiV.68.  Echelle:  1/5.  —  Anse  de  îa  Grotte  de  la  Femme,  près  de  Grenade  Espagne  .  «  Les 
anses  sont  très  variées.  L'ouveiture  se  réduit  parfois  à  un  trou  d'à  peine  0"003  de  diamètre. 
L'anse  représentée  pi.  VI,  fig.  7,  est  formée  de  trois  de  ces  trous,  et  la  fig.  1  de  la  pi.  II  est, 
de  même,  formée  de  trois  trous,  mais  beaucoup  plus  gros,  car  dans  chacun  peuvent  entrer  trois 
doigts  de  la  main,  sans  difficulté .  »  G.  M.  Phersc*,  La  Cuera  de  la  Muger,  description  de  una 
carema  conteniendo  reslot  prehistot  icos  descubierta  en  la*  tnmediaciones  dé  Alhamade  Granada. 
Revissa  Médica,  18*0.  4  p.,  10  pi.,  gr.  in-4%  Cadu,  F.  Joly  y  Velasco  ;  2»  partie,  1871,7  p„  9  pi. 
[t.  1"  partie,  pi.  VI,  fig.  7  et  pi.  II,  tig.  1;  cette  dernière,  en  grandeur  naturelle,  est  énorme 
par  rapport  à  l'autre,  mais  semble  bien  se  rapporter  aussi  à  une  anse  verticale,  attachée  près  du 
bord  du  récipient].—  Un  résumé  de  la  première  partie  de  cette  belle  fouille  néolithique  a  été 
donné,  avec  une  planche,  par  G.  di  Mortillet,  Matériaux  pour  l'histoire  primitive  de  l'Homme 
VI-  ann.,  1870.  p.  517,  pi.  XXI  (v.  fig.  12). 
Fig.  69.  Echelle  :  1/5.  —  «  Parfois  l'anse  est  formée  d'une  protubérance  verticale  aplatie,  avec  un 
ou  deux  trous  transversaux  pour  y  passer  les  ficelles  à  suspendre  le  Tase.  >  G.  A.  Colini,  L'era- 
mica  neotitica  délia  grotla  Air  Onda  nette  Alpi  apuane  iLecce,,  Bull,  paletnol.  it.,  ann.  XXVI, 
1900,  p.  196-S02,  pi.  VI-VII  (v.  pi.  VII.  1  et  p.   198). 


/•!</.  70.  Echelle  :  un  peu  plus  de  1/5.  —  *  Vase  de  Marino,  au 
Musée  archéologique  de  Parme.  Hauteur  0-13:  diamètre  vers 
le  milieu,  environ  0"11 .  Aucune  poterie  de  ce  slyiv  n'a  été  trou- 
vée à  Golasecea,  Villanova  ou  Bologna,  dont  tous  les  autres 
produits  ont  avec  ceni  d'Albano  Marino)  une  telle  analogie 
qu'ils  permettent  l'at'.ribution  à  l'âge  du  B  olzc  des  deux 
pièces  qui,  avec  eelle-ci,  font  exception.  »  PicoRm  et  Libboce, 
Op.  cit.,  pi.  X,  fig.  3  et  p.  113. 


Hg.  70. 


Mais,  parfois,  la  ficelle  elle-même  pouvait  avoir  un  autre 
but  que  la  suspension.  Nul  doute,  par  exemple,  que  les  trois 
trous  percés  vers  chaque  extrémité  de  la  singulière  pièce 
sicule  (tellement  singulière  qu'on  l'avait  prise  d'abord  pour 
une  lampe  !)  publiée  par  M.  Paolo  Orsi  [Fig,  65',  n'aient  été 
destinés  à  rattacher  à  quelque  gros  récipient  son  couvercle. 

Inversement,  c'était,  sans  doute,  à  retenir  un  bouchon  qu'é- 
taient destinés,  sur  la  petite  bouteille  étrusque  de  la  Fig-  70, 


576  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

les  deux  trous  de  l'anse  inélégante  qui,  largement  percée, 
eût  été  moins  disgracieuse  mais  qui,  pourtant,  dut  avoir  sa 
raison  d'être,  puisque  nous  la  retrouvons  telle  quelle  au 
milieu  d'une  double  rangée  de  vases  funéraires  de  la  Prusse 
orientale  (Fig.  71). 

Et,  dans  ce  pays  encore,  nous  retrouvons,  sous  une  forme 
bien  originale,  une  variété  d'anses  verticales  à  perforations 
horizontales  dont  il  se  voit  des  exemples  en  toutes  sortes 
d'autres  parties  du  monde  :  c'est  celle  qui,  matérialisant 
l'idée  anthropomorphique  d'après  laquelle,  en  tous  lieux  et 
en  toutes  langues,  furent  empruntées  au  corps  humain  les 
désignations  du  langage  céramique  :  bouche,  oreille,  patte, 
col,  épaule,  panse,  pieds...,  fond...,  voulut  donner  une  figure 
à  ce  corps  sans  tête  et  faire  représenter  aux  anses  sail- 
lantes l'aspect  de  véritables  oreilles,  munies  de  tous  leurs 
anneaux. 


pig.~\  .  —  Dans  une  chambre  funéraire  en  p  erres,  de  10  pieds  île  longueur  sur  3  à  4  de  largeur, 
creusée  dans  le  sable  de  Lindenberg  (Prusse  orientale),  sur  15  urnes,  en  deux  rangées,  qui  se 
rencontrèrent  intactes,  avec  lenrs  couvercles,  une  seule  portait  une  anse,  en  forme  de  disque 
mas-if,  réunissant  le  ventre  de  la  cruche  à  son  col,  et  percé  de  deux  trous  [Dr  H.  Dewitz, 
Altertlmmsfunde  in  Westpreussen,  Silzsb.  d.  phys.-œkon.  Ges.  zu  Kœnigsbcrg,  XV,  1874,  p.  19- 
24,  4  fig.  (v.  p.a3,  lig.  3;]. 

Il  nous  a  paru  intéressant  de  vulgariser  par  l'image  quel- 
ques-unes des  urnes-figures  de  la  Prusse  occidentale  {Fig.  72- 
81)  puisque,  aussi  bien,  elles  fournissent  mieux  que  jamais 
la  démonstration  de  l'usage  de  ces  trous  multiples,  qu'on 
trouve,  trop  souvent,  privés  de  leur  accessoire  normal.  Là- 
bas,  les  cas  soni  nombreux  de  boucles  d'oreilles  restées  en 
place  et  quand  on  voit  la  diversité  du  nombre  des  trous  qui 
leur  étaient  destinés,  on  peut  se  demander  si  cela  n'était  pas 
en  corrélation  avec  quelque  rite  de  hiérarchie  mortuaire, 
l'oreille  étant  apparemment  la  partie  fondamentale  de  la 
figuration,  comme  le  montre  l'urne  de  Rantau  (Fig.  81),  forme 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


577 


Fig.  72 


Fig.  74. 


Fig.  lia. 


Fig.  72-74.  Echelle  :  ?/2\  —  Urnes-figures  de  Friedensau  près  Pelonken.  Cinq  urnes  de  te 
genre  de  couleur  rougeâtre,  lustrées,  plus  ou  moins  tachées  de  gris,  dans  autant  de  cistes  sous 
tumulus,  dans  un  rayon  resireint.  Trois  seulement  purent  être  sauvées.  Musée  de  la  Xaturforsch. 
Getellschafl  de  Djnzig.  ;Prof>  D^  G.  Bbre>dt,  Nachtrag  zu  den  Pommerellischen  Cesichts- 
urnen.  Schriften  d.  physikalisch-œkonomischen  Ges.  zu  Kœnigsberg  in  Pr.  (Abhandlungcn), 
XVIII*  ann  ,  1877,  p.  113-160,  pi.  I-V  (v.  pi.  IX,  fig.  41-43,  et  p.  134)]. 

Remarquer  au  numéro  41  l'avancement  des  oreilles  par  rapport  au  plan  diamétral,  au  nu- 
méro 42  la  petitesse  de  ces  oreilles,  pas  percées,  mais  moins  schématiques  que  d'ordinaire,  et 
au  numéro  43,  montré  sous  ses  deux  faces,  pour  faire  voir  postérieurement  ce  qu'on  a  inter- 
prété comme  une  tresse,  les  grandes  boucles  d'oreilles  en  plaça,  l'inférieure  garnie  de  deux 
perles  d'ambre,  la  moyenne  d'une  seule,  et  la  supérieure  d'une  perle  de  verre  bleu. 


Fig.To--l.   Echelle  ;  2/15.  -  (Beresdt,  Op.    cit.,  pi.  VII,  58,  36,  44  et  p.    146,  120,  137).  — 

75.  —  Grande  urne  de  Sampohl  an  d.  Brahe,  en  terre  lissée,  noire.  Au  Musée  royal  de 
Berlin.  H.  0-29,  sans  le  couvercle. 

76.  —Urne  de  Pr.  Stargardt,  au  Musée  provincial  de  Kœnigsberg.  Pas  de  boucles  dans  les 
trois  trous  d'oreil'e.  Remarquer,  quoique  point  exceptionnelle,  l'absenee  de  bouche  et  la  facture 
des  yeux,  imprimés  en  petits  cercles  avec  le  même  instrument  qui  ■*  fourni  la  décoration  poin- 
tilUe  de  la  ceinture  sur  la  panse.  H.  0m32. 

77.  —  La  seule  sauvée  de  16  urnes  que  contenait  une  ciste  éventrée  par  la  charrue  à 
Sascoczin.  Les  oreilles,  qui  ont  conservé  leurs  anneaux  à  perle*  d'ambre  et  de  verre  bleu, 
laissent  voir  qu'elles  furent  rappliquées  après  coup  sur  le  vase  déjà  façonné,  non  par  simple  col- 
lage, comme  d'ordinaire,  mais  au  moyen  d'un  bouchon  d'argile  enfoncé  dans  un  trou  du  col.  — 
Musée  de  la  Soc.d'Hist.  nat.  de  Danzig. 


578  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

dégénérescènte  de  la  Prusse  orientale,  aux  extrêmes  confins 
de  la  zone  de  dispersion,  où,  n  était  l'avancement  tout  à  fait 
caractéristique  des  anses  par  rapport  au  plan  diamétral,  il 
pourrait  paraître  bien  hardi  de  prendre  pour  une  représen- 
tation du  nez,  en  l'absence  de  rien  qui  représente  soit  la 
bouche,  soit  les  yeux,  le  petit  trait  vertical  isolé  à  égale  dis- 
tance des  oreilles  percées. 


Fig.  78. 


Fig.  78-79.  Ëehetle  :  2/15.  —  [BïitENivr,  Op.  cit.,  pi.  VII,  35  et  40,  p.  128  et  129]. 

78.  —Urne  de  Neuburg  près  Liniewo,  noire  et  gris  lustré,  intéressanle  parce  qu'une  seule 
subsistant  de  ses  oreilles,  anormalement  anguleuses,  longues  de  0m035,  et  percées  de  cinq  trous, 
l'emplacement  de  l'autre  et  celui  du  nez,  également  disparu,  laissent  voir  commcntjces  pièces 
avaient  été  simplement  collées  après  coup.  Deux  simples  fossettes  marquent  les  yeux. 

"9.  —  «  L'urne  impériale  »,  ainsi  dite  parce  qu'elle  provient,  sans  indication  d'origine,  des 
collections  <le  Frédéric  Guillaume  IV  a  Sans-Souci.  Actuellement  au  Ma»rkischc  Muséum  de 
Berlin.  Remarquable  par  le  bout  de  chaînette  resté  attaché  aux  boucles  d'oreille  et  qui,  proba- 
blement devait  faire  collier,  comme  dans  deux  urnes  connues,  l'une  de  Dirschau  (Op.  cit.,  pi.  V, 
2\  l'autre  de  Goschin  ,pl.  IV,  28).  Les  dessins  étaient  incrustés  de  blanc  sur  fond  noir.brillant. 
La  forme  déprimée  de  la  panse  semble  caractéristique  ries  poteries  de  Dirschau.  La  grandeur 
ries  quatre  tious  de  chaque  oreille  rapproche  particulièrement  ce  cas  des  anses  polypodes  dont 
il  a  été  qucition  au  début  de  cette  notice. 

Fig.  80.  Echelle:  2/15. 

Fig.  81.  Echelle  :  2/15.  —  Urne-figure  de  Rantau,  la  première  trouvée  aussi  loin  du  centre  de  la 
Basse-Vistule,  dans  la  province  de  la  Prusse  orientale;  type  aberrant,  se  distinguant  de  celui  de 
la  Prusse  occidentale  par  la  réduction  à  sa  plus  simple  expression  rie  la  schématisation  du  vi- 
sage, dont  il  ne  subsiste,  outre  le  nez,  réduit  à  un  simple  trait  et  sans  apparence  d'yeux,  que  les 
oreilles  percées,  placées  en  avant  d'un  plan  diamétral.  Le  rouvercle  aussi  se  distingue  à  la  fois 
par  sa  forme,  qui  n'est  plus  en  calotte,  et  par  la  position  centrale  du  trou  unique,  remplaçant  le 
triangle  de  trous  excentriques,  de  règle  dans  le  type  originel.  Mais  il  s'agit  évidemment  d'une 
émanation  divergente  de  celui-ci,  et  ce  vase,  trouvé,  avec  d'autres,  dans  une  ciste  de  pierres  du 
grandeur  exceptionnelle,  peut  être  daté,  comme  les  autres,  très  approximativement,  de  la  fin  de 
V»  ou  commencement  du  IVe  siècle  av.  J.-C.  [Dr  Tischler,  Eine  (lesichtsurne  aus  Oslpreussen. 
Corresp.-Bl.  d.  deutschen  Gcs.  f.  A.,  E.  u.  U.,  t.  XXI,  1890,  p.  135-136,  1  fig.  —  Profr 
D*  Jentsch,  Bericht  ûb.  die  Verwalt.  u.  Vermekrung  lier  archœul.  Sammlungcn  des  Provinzial- 
Museums,  in  den  Jahren  1890-1891.  Schr.  d.  phys.-œk.  Ges.  Kœnigsbcrg  (Stzsb.),  XXXIII, 
1892,  p.  (26)-(83),  21  fig.,  pi,  IV  (v.  fig.  19,  (p.  35)]. 


Ce  qui  tendrait  encore  à  prouver  l'importance  cardinale 
attachée  à  l'oreille  dans  le  vase  funéraire,  c'est  la  trouvaille 
faite  par  le  Dr  J.  L.  Pic,  en  Bohême,  à  Hanin,  dans  une  se- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  579 

pulture  du  xic  siècle,  d'une  oreille  de  cette  sorte  (1),  détachée 
du  vase,  mais  portant  encore  cinq  pendants,  avec  un  seul 
trou  vide.  Butin  de  campagne,  sans  doute,  car  l'aire  de  pro- 
pagation des  urnes-figures  ne  descend  guère  au-delà  de  la 
Silésie  que  vers  l'extrême  Nord  de  la  Hongrie,  sans  en  attein- 
dre le  Sud.  Aire  parfaitement  délimitée,  comme  celle  des 
anses  polypodes,  mais  à  la  province  de  l'Ouest  plutôt  que  de 
l'Est,  et  pas  du  tout  identique,  malgré  le  trait  d'union  évi- 
dent qu'établit,  à  défaut  d'autres  raisons,  l'urne  dite  impé 


Fig.  8-2. 


Fig.  83. 


Fig.  84. 


Fig.  82.  Echelle  :  Enr.  :  1/5.  —  Vase  en  poterienoirc  lustrée  du  cimetière  préhistorique  de  Lands- 
berg  a/W.  Au  Musée  d'Ethnologie  de  Berlin.  «  De  la  tête  déprimée  se  détachent  deux  lobe- 
d'oreilles  percées  où  devaient  être  fixés  probablement  des  anneaux  de  bronze.  >  [Fklii  Hobus, 
Die  DechseUr  Cuil.  Figur.,  VerhandI.  d.  Beil.  Ges.  f.  A.,  E.  u.  U.,  1902,  p.  (50)-56J,  3  fig. 
(t.  p.  51)]. 

Fig.  83.  Echelle  :  1/10.  —  «  Vase  cinéraire  (canope)  en  forme  de  tête  humaine  et  muni  de  bras 
mobiles.  Le  n'eipient,  destiné  à  contenir  les  cendres  ou  les  ossements  desséchés,  a  la  (orme 
d'une  amphore  à  deux  anses  plates  verticales,  dans  lesquelles  sont  engagés  deux  bras  qui 
sont  fixés  au  moyen  de  fiches  en  bois  ou  en  métal  passées  dans  des  trous  correspondants.  La 
tête  coiffe  le  vase  comme  un  couvercle...  Les  lobes  des  oreilles  sont  percés  d'un  trou  pour  re- 
cevoir des  pendeloques.  Le  sommet  de  la  tête  porte  aussi  un  grand  troa  circulaire...  Une  petite 
anse  verticale  est  soudée  a  l'occiput.  La  tête  peut  être  filée  sur  le  goulot  du  vase  au  moyen  de 
fiches  passant  dans  des  trous  correspondants...  Haut.  0-50  [Inv.  N  4835  et  MN  1161».  Pas  rie 
provenance  connue.  Sans  doute  l'Eiruric.  »  E.  Pottiir,  Vases  antiques  du  Loutre,  gr.  in-4», 
156  p.,  102  pi.,  Paris.  1897  (v.  pi.  35,  salle  D,  162  et  p.  41). 

Fig.  84.  Echelle  :  3/20.  —  «  Vase  en  terre,  colorié  de  rouge  et  de  blanc  sur  fond  jaune,  de  la 
vallée  moyenne  du  Mississipi.  Hauteur  :  10  pouces  1/2.  >  \V.  H.  Holmes,  Op.  cit.,  pi.  XXXIX 
(en  couleurs)  et  p.  101. 

rude  (Fig.  79),  où  l'anse  n'essaie  même  pas  de  rappeler  la 
forme  de  l'oreille,  mais  se  borne  à  multiplier  les  trous  en 
crémaillère,  exactement  comme  dans  nos  figures  1  à  7. 


(I)    Dr  J.    L.   Pic,  Kosirové  hroby    z  prvé    doby   Kreslanské,    Starozilnosti  zemé 
ceské,  Dil.  III,  1909,  Svas.  I,  col.    73-200,  fig.  30-96  (v.  col.  78   fis-     31 
(1)  Op.  cit.,  loc.  cil. 


580  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUEFRANÇAISE 

Aussi,  pas  plus  que  pour  ces  anses-là,  ne  nous  semble-t-il 
utile  de  rechercher  une  influence  venue  de  loin.  En  admet- 
tant même  que  ce  soit  par  le  grand  souffle  de  la  civilisation 
d'Orient  qu'ait  été  colportée  l'idée  première,  pourquoi  le 
germe,  semé  en  chemin,  n'en  aurait-il  pas  prospéré,  pareil- 
lement ou  d'autre  façon,  ailleurs,  par  places,  en  jalonnant 
nettement  la  route  ?  Sans  doute  on  peut  trouver  avec  les 
urnes-figures  de  Troie,  ou  la  prétendue  «  tête  de  chouette  » 
chère  à  Schliemann,  quelques  analogies;  mais  ce  ne  sont 
pas  seulement  des  myriamètres  de  distance,  ce  sont  des 
millénaires  d'âge  qui  les  séparent,  même  si  l'on  recule  les 
urnes  prussiennes  au  commencement  plutôt  qu'à  la  fin  de  la 
Tène,  comme  y  inclinait  Virchow  (1).  Voudra-t-on,  comme 
l'essaya  celui-ci  pour  les  anses  multiforées,  se  rejeter  sur 
une  ressemblance  italiote  ?  Il  suffirait,  pour  se  détromper, 
de  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  planches  où  M.  K.  Schuma- 
cher (2)  vient  de  réunir  des  séries  d'urnes-figures  de  l'épo- 
que romaine,  où,  la  face  occupant  toute  la  panse,  y  prend 
des  rotondités  lunaires  et  des  boursouflures  batracoïdes  sans 
grand  souci  du  rendu  de  l'oreille  et  sans  aucun  rapport 
avec  le  faire  de  la  Basse- Vistule.  Que  sera-ce  si  l'on  se  re- 
porte aux  célèbres  vases-canopes  des  tombe  a  zirode  Chiusi 
{Fig.  82)  où  le  couvercle  seul  est  façonné  en  forme  de  tête 
mobile  et  tout  le  reste  machiné  avec  un  souci  de  vérité 
ne  se  bornant  pas  à  représenter  l'oreille,  mais  imitant  ses 
boucles  en  terre  lorsqu'elles  ne  devaient  pas  être  ajoutées 
en  bronze  ?Quel  abîme  entre  la  grossière  technique  du  Nord 
et  ce  style  italique  si  spécial,  où  M.  L.  A.  Milani  (3)  a  pu 
suivre  tout  le  développement  de  l'art  du  portrait  en  Etrurie? 
Le  Dr  J.  Undset  lui-même  (4),  tout  en  ne  rejetant  pas  abso- 
lument la  possibilité  d'une  origine  sémitique  et  orientale, 
convient  qu'il  est  bien  difficile  d'admettre  un  lien  entre  la 


(2)  K.  Schumacher,  Gesichtsgefaesse  rômischer  Zeit,  Altertttmer  uns.  heidn. 
Vorzeit,  Bd.  V.,  Hft.  X,  1908,  p.  342-7,  pi.  59. 

(3)  Lxjigi  A.  Milani,  Monumenti  etruschi  d'uso  cinerario  illustrati  per  serf  ire  a 
una  sloria  del  ritratlo  in  Eiruria,  Museo  it.  di  antichità  class.,  vol.  I,  1885,  p. 
289-344,  pi.  VIII-XIII  (v.  p.  337  et  pi.  VIII,  5,  VIII  a,  14).  Un  vase,  représenté 
pi.  XII,  1,  montre  comme  deux  épaulettes,  constituées  chacune  par  un  dragon, 
enroulé  en  huit.  Cela  donne  l'anse  bi-oculée,  ou  en  B,  que  nous  avons  vue  sur 
des  poteries  de  tous  âges  et  de  tous  pays,  sans  qu'il  y  ait  davantage  lieu  de  la 
faire  venir  du  serpent  étrusque  que  du  quadrupède  caucasique.  De  même  qu'il 
serait  absurde  d'attribuer  une  origine  herpétomorphe  à  l'anse  à  trois  trous  de 
Platénice,  sous  prétexte  qu'il  en  a  été  fait  de  ce  genre  ^Montelius,  It.  centr., 
pi.  215,  3)  formées  par  un  véritable  enroulement  serpentin. 

('t)  Dr  Ingwald  Undset,  Ueber  italische  Gesichtsurnen,  Ztschr.  f.  Ethnol.,  Bd. 
XXII,  1890,  p.  104-145,  38  fig.   (v.  fig.  21,  23). 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  581 

mode  étrusque  et  celle  de  la  Baltique  (1)  et  c'est  bien  notre 
impression,  même  en  mettant  en  compte  la  poterie  excen- 
trique, d'aspect  larvaire,  à  tête  fœtale,  de  Landsberg  (Fjg-.  83), 
qui  constitue,  en  Prusse  même,  une  anomalie  sans  pendant, 
traitée,  à  cause  de  cela,  de  «  rituelle  »,  alors  que  le  Tennes- 
see, aux  Etats-Unis,  fournit  toutes  sortes  de  variantes  du 
bonhomme  accroupi  enterre  polychrome  dont  nous  donnons 
[Fig.  84)  un  croquis,  d'après  une  belle  planche  en  couleurs 
de  W.  H.  Holmes. 

Mais  eut-on  l'imagination  de  M"e  Sophia  von  Torma  (2) 
qui  arrive  à  donner  à  chaque  vase-figure  un  rôle  déterminé 
dans  le  culte  astral,  ce  serait  en  vain  qu'on  chercherait  en- 
core d'autres  rapprochements  plus  ou  moins  forcés  :  ils  ne 
serviraient  qu'à  faire  ressortir  partout  le  caractère  étroite- 


. 


Fig.  85.  Echelle  :  3/20.  —  «  Remarqua- 
ble nrne-tigure  en  terre  ;  probable- 
ment un  portrait  ;  trouvée  à  Blythes- 
ville,  Arkansas,  provenant  d'un  tu- 
malus  délavé  par  les  eaux.  Collection 
H.  M.  Braun,  East  Saint -Louis, 
Illinois.  Vues  de  face  et  de  profil.  > 
Warri*  K.  Moorihead,  Thé  Stone 
Age  in  Ameiica.  2  vol.  gr.  in-8« 
carré;  vol.  I,  458  p.,  398  fig.;  vol. 
11,418  p.,  fig.  399-723.  Bostox  et 
New-Yorb,  1910  (v. p.  2&V  fig.  682). 


Fig.  85. 


ent  régional  du  développement  d'une  idée  élémentaire, 
absolument  sans  patrie,  susceptible  d'éclore  spontanément 
aux  points  lès  plus  opposés  du  globe,  mais  d'y  prospérer 
différemment,  en  évolution  divergente,  suivant  l'influence 
du  milieu. 

Les  urnes-figures  et  les  vases  à  anses  polypodes  ont  une 
zone  commune.  Les  unes  cependant  ont  marché  à  l'Ouest, 
les  autres  à  l'Est. 

De  l'autre  côté  de  l'Atlantique,  quelle  différence  entre  les 
Précolombiens  du  Pérou  qui  ajoutent  à  une  schématisation 
de  corps  bien  complet  une  schématisation  de  tête,  à  même  le 
cou,  et  les  Pueblos  du  Nouveau-Mexique  qui,  supprimant 
totalement  le  corps,  modèlent  une  tête  d'un  tel  réalisme  qu'il 
a  fallu  regarder  de  très  près  pour  s'assurer  qu'il  ne  s'agis- 
sait pas  de  moulages  directs  post  morteml  Les  figures  85  à 
88  reproduisent  schématiquement  quelques-uns  de  ces  types, 

(1)  Id.  —  Op.   cit.,  p.  143. 

(2)  Sophia  t.  Torma-Boos,  Ueber  Thraco-Daciens  symbolisirte  Thonperlen,  Son- 
neraeder  u.  GesichUurnen,  Corr.-Bl.  d.  d.  Ges.  f.  A.,  E.  u.  U.,  XX,  1889,  p.  11-14, 
19-22,  28-29    (v.  p.  19). 


582 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


au  regard  mort,  au  rictus  macabre,  où  l'on  peut  remarquer, 
vers  le  milieu  du  front,  comme  sur  le  haut  de  la  tête  étrusque, 
un  appendice  spécial  avec  trou  funiculaire,  prouvant  bien  que 
les  trous  des  oreilles  avaient  leur  destination  particulière. 
On  les  retrouve  d'ailleurs,  ces  trous,  simples  ou  multiples, 
sur  des  terres  cuites,  point  faites  pour  être  suspendues.  Qui 
ne  connaît  les  statuettes  chypriotes,  dont  les  figures  89  et 
90  représentent  deux  types  du  Musée  céramique  de  la  ma- 


Fig.  87. 


Fi  g.  86  a. 


Fig.  88. 


Fig.  87  a. 


Fig.  86.  Echelle  :  3/20.  —  «  Vase  imitant  la  tête  humaine.  Du  groupe  céramique  de  la  vallée 
moyenne  du  Mississipi,  Arkansas.  Collection  rie  l'Académie  de  Davenport.  Hauteur  :  6  pou- 
ces 3/4.  Poterie  peinte.  »  W..H.  Holmes,  Op.  cit.,  (v.  notre  fig  14),  pi.  XXIX,  c,  XLIII,  b,  et 
p.  98. 

Fig.  SI.  Echelle:  3/20.  —«Vase  funéraire  imitant  la  tête  d'un  mort.  De  la  vallée  moyenne,  du 
Mississipi.  Poterie  peinte.  »  Holmes,  Op.  cit.,  p.  39,  fig.  16  et  pi.  XXXI,  XLIII,  "a,  p.  98 
et  100. 

Fig.  88.  Echelle  :  3/20.  —  «  Vase  imitant  la  tête  humaine,  de  l'Arkansas;  groupe  céramique  de 
la  vallée  moyenne  du  Mississipi.  Hauteur:  5  pouces  1/4.  »  W.  H.  Holmks,  Op.  cit.,  pi.  XXXlIrf., 
—  Quoique  cette  tête  ait,  parmi  toutes  les  autres,  avec  ses  yeux  ouverts,  un  faciès  excep- 
tionnel, que  fait  remarquer  l'auteur,  celui-ci,  après  avoir  exposé  en  détail  fp.  96-99)  ce  qui  con- 
cerne ces  urnes-figures,  à  oreilles  presque  toujours  percées  de  nombreux  trous,  et  dont  le  nez 
semble  parfois  avoir  dû  porter  lui-même  un  anneau,  tandis  qu'un  petit  appendice  spécial,  au 
milieu  du  front,  était  destiné  à  laisser  passer  une  ficelle,  n'accorde  aucune  mention  spéciale 
aux  autres  trous  nombrenx,  faits  après  la  cuisson,  que  montre  la  figure  et  qui  rappellent  ceux  de 
nos  urnes  mérovingiennes. 


nufacture  nationale  de  Sèvres,  le  premier  particulièrement 
curieux  par  ses  analogies  avec  la  stylisation  péruvienne? 
Dans  l'autre,  on  voit  encore  en  place  les  boucles  d'oreille,  en 
faveur  desquelles  a  été  élargie  démesurément  la  tête,  sans 
souci  de  l'expression  de  la  figure,  réduite  à  une  sorte  de 
bec  de  perroquet  entre  deux  yeux  énormes,  presque  sans 
bouche. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  583 

Sur  une  autre  Aphrodite  chypriote  1),  on  voit  la  tète  sur- 
montée d'un  large  chapiteau  portant  des  anneaux.  Par  contre 
des  trous  paraissant  bien  destinés  à  la  suspension  funicu- 
laire se  voient  parfois  ailleurs  qu'aux  oreilles,  par  exemple 
sur  une  sorte  de  patte  coiffant  la  tète  (2).  Mais  il  est  remar- 
quable que  les  statuettes  non  féminines  en  sont  généralement 
dépourvues. 

En  Podolie,  fait  remarquer 
le  Prof.  G.Kossixna,  les  repré- 
sentations masculines,  bien 
plus  rares  que  les  autres, 
n'ont  jamais  qu'une  seule 
oreille  percée,  la  gauche. 
Dans  les  Fig.  91  à  94.  on  est 
frappé  du  contraste  du  déve- 
loppement auriculaire  des  fi- 
gurines néolithiques  de  dées- 
ses-mères {Fig.  91-93)  avec 
Fextrèmeréduction  de  la  tête 
de  la  statuette  mâle  (Fig.  94). 

Dans  les  Fig.  95  à  98,  pro- 
venantdes  admirables  fouilles 
de  M .  Chwoiko  dans  l'U- 
kraine, qui  ont  révélé  toute 
une  civilisation  néolithique 
à  poteries  peintes,  tellement 
remarquable  qu'on  l'a  distin- 
guée sous  le  nom  de  «'Tripol- 
jekultur  »,  on  voit  qu'en  plus 
des  trous  auriculaires,  d'au- 
tres étaient  ménagés,  soit 
aux  épaules,  soit  aux  han- 
ches, et  ne  pouvaient  avoir 
d'autre  but  que  le  passage  de 
liens. 


:/ 


Fig.  89  et  00.  Echelle  :  env.  3,10.  —  Sta- 
tuettes chypriotes  do  Musée  céramique  de  la 
Manufacture  nationale  de  Sèvres.  Vitrine  2. 
«  X°  1C0873  .  Poterie  antique  trouvée  à 
Alambra.  Figurine  d'Aphrodite.  .-  Hauteur  : 
0"205.  — N°  10t>871.  Poterie  antique.  Figurine 
primitive  trouvée  a  A rpéra  (Chypre).  >  Hau- 
teur :  Qm!2&>.  [D'après  des  photographies 
dues  à  l'obligeance  de  M.  Emile  Bourgeois, 
directeur  de  la  Manufacture  nationale  de 
porcelaines;. 


Maisnous  voilà  entraînésloin  de  notresujetd'anses  vertica- 
les multiformes,  et  ce  n'est  qu'afîn  de  ne  rien  négliger  de  con- 
nexe, que  nous  mentionnerons  encore  certaines  formes  sin- 
gulières, point  rare  dans   la   petite  céramique  chypriote  (v. 

(t)  Max  Oh.\ef\lsch-Richter.  Kypros,  die  Bibel  u.  Homer,  Beitraege  z.  Kultur- 
Kmsl-u.  Religions  Geschichte  des  Orients  im  Alterlhum,  gr.  4°,  535  p.,  272  fig.,  atl. 
d<-  CGXIX  pi.  (v.  pi.   XXXVII,  r.et  p.   2  p.  37.) 

(2)  Id.,  pi.  CXLVIII,  9  a. 


584 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Fig.  100),  et  renouvelées  en  plus  grand,  mais  avec  infiniment 
moins  d'élégance,  aux  temps  relativement  avancés  du  moyen 
âge,  où  l'on  voit,  en  dessous  d'une  grande  anse  de  préhen- 
sion, dans  le  même  plan  vertical,  une  autre  plus  petite,  à 
destination  évidemment  funiculaire.  La  Fig.  99,  nous  en 
montre  un  curieux  spécimen  transcaucasien.  J'ai  reçu  moi- 
même,  de  M.  L.  Marin,  qui  l'avait  trouvée  en  surface  dans 
une  grotte  de  Montpeyroux  (Hérault),  une  grande  poignée  de 


Fig.  91. 


Fig.  94. 


Fig.  91  à  94.  —  Trois  idoles  néolithiques  féminines  et  une  masculine,  de  Podolie  [Gustav 
Kossinna,  Der  Ursprung  der  Urfinnen  und  lirindogermanen  u.  ihré  Ausbreilung  nach  thten.  2. 
N ordindogermanen  u.  Sûdindogermanen,  Mannus,  I,  1909,  p.  225-245,  22  fig.,  pi.  XXII- 
XXXIV  (v.  p.  238  et  fig.  17  a-d)]. 


cruche,  deux  fois  rainée,  sur  sa  largeur  de  plus  de  0m06,  et 
assez  ouverte  pour  laisser  passer  deux  mains  fermées,  mon- 
trant, en  dessous  de  son  point  d'attache  inférieur,  une  autre, 
en  simple  boucle,  de  0™02  à  peine  de  largeur,  laissant  juste 
passer  un  doigt.  Dans  le  voisinage  de  celle-ci  se  voient,  sur 
la  surface,  non  vernissée,  mais  très  cuite  et  marquée  des 
stries  du  tour,  quelques  empreintes  mal  venues  de  fossettes 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


58) 


Fig.  95. 


Fig.  96. 


Fig.  97. 


Fig.  95  à  98.  —  «  Idoles  féminines  en  terre  caitc  des  2«  et  »  styles  de  Tripolje.  » 
G.  Kossm.t,  Dp.  cit.,  pi.  XXIX;  d'après  V.  V.  Chwoiko,  Les  débuis  de  la  poterie  et  l'âge 
du  Bronze  dans  le  Haut-Dnieper  (en  russe).  Xl«  Congr.  archéol.  russe  (Kiew,  189)),  gr.  in-4», 
Moscou,  1907;  p.  714-812,  pi.  XVI-XXVIII  (v.  pi.  XXII  . 


Fig  99.  Echelle:  1/5.  —  Poterie  chypriote  du  Musée  du  Louvre, 
salle  A.  40. 

«  Œnochoé  à  une  anse  piate  et  à  trois  pieds,  couverte  d'appen- 
dices saillants...  Dix-neuf  saillies  percées  d'un  trou  dessinent 
sir  le  col  et  sur  la  panse  des  lignes  verticales...  Poterie 
fsconnée  à  la  main.  Terre  rougeâtre.  Engobe  blanc.  Peinture 
eu  noir  mat,  qui  a,  presque  partout,  tourné  au  rouge.  Hau- 
teur :  0-22.  Trouvé  dans  l'île  de  Chypre  et  acheté  en  1878  de 
l'ancienne  collection  Barre.  >lnv.  MNB  1298.,  Cat.  p.  106]  i. 
RI.  Poitier,  Vases  antiques  du  Louvre,  V  Série,  in-4*,  59 
p.,  51  pi.  ;  Paris,  Hachette,  s    d.  > 

Une  pièce  presque  scablable.se  voit  au  Musée  de  Sèvres,  vitrine  I, 
n«  7240. 


Fig.  100.  Echelle  :  1/5.  —  c  Koorgane  d'Hrlenendorf  ;  âge  du 
Bronze.  Haut.  :  0*30.  Grande  urne  a  large  panse  et  col 
mince,  à  bord  déjeté,  d'où  part,  jusqu'à  l'épaule,  une  anse 
élégamment  coudée.  En  dessous  du  point  d'attache  se  trouve 
une  bouclette  funiculaire.  Du  col  au  milieu  de  la  panse,  de 
fortes  rainures  creusent  la  paroi,  d'un  brun  brillant,  eu 
terre  bien  cuite.  >  E.  Rôslir,  Archxologiscke  Forschun- 
gen  u.  Âusgrabungen  in  Transkaukasien  im  Jahre  1900. 
Verhandl.  d.  Berliner  Ges.  f.  A.,  E.  u.  U.,  1902,  p.  (137). 
131),   255  fig.  [v.  p.  (174>,  flg.  157}. 


586  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

rectangulaires  obtenues  à  la  roulette,  qui  ne  laissent  guère 
de  doute  sur  l'âge  mérovingien  de  la  pièce. 

Enfin,  c'est  une  véritable  anse  «  en  B  »  que  présentent, 
quand  on  les  pose  debout,  sur  la  base  aménagée  dans  ce  but, 
certains  tonnelets  médiévaux,  dont  nous  figurons  (Fig.  101 
et  102),  deux  exemplaires  ;  il  semble  bien  que  la  bonde, 
placée  dans  le  milieu,  entre  les 
deux  poignées,  après  avoir  servi 
au  remplissage  du  tonnelet  en 
position  horizontale,  était  desti- 
née, après  redressement  de  celui- 
ci,  à  empêcher  la  rentrée  de  l'air, 
dont  la  surface  de  contact  se  trou- 
vait ainsi  réduite  au  minimum. 
Sans  doute  ces  curieux  récipients, 
qui  ne  semblent  pas  rares,  eurent- 
ils  en  leur  temps  un  usage  bien 
déterminé,  peut-être  renouvelé 
des  Romains,  à  juger  par  la  trou- 
vaille qui  a  été  faite  par  le 
Dr  Arpad  Buday,  en  Hongrie  (1), 
d'un  tonnelet  semblable,  quoique 


Fig.  101.  Echelle  :  environ  1/5.  — 
Tonnelet  en  poterie  non  vernissée 
provenant  du  lit  de  la  Mayenne  à 
Laval.  Musée  d'histoire  naturelle  de 
Laval.  (D'après  une  photographie  due 
a  l'obligeance  de  Al.  I).  P.  CFhleht, 
directeur.] 


Fig.  102.  Echelle  :  environ  1/7.  —  Tonnelet-bouteille 
provenant  de  la  collection  d'un  amateur  de  Poitiers; 
actuellement  à  M.  E.  Foucault,  à  Fiers  (Orne).  [D'après 
un  croquis  de  M.  E.  Foucault.]  Un  diaphragme  destiné 
au  bouchon  rétrécit  l'orifice  du  goulot-entonnoir  à  la 
hauteur  duquel  le  grand  diamètre  est  de  0m280,  tandis 
que,  de  la  base  à  la  calotte,  faisant  pièce  avec  le  corps, 
il  n'y  a  que  0™275.  Le  décor  des  cordons  qui  courent  sur 
la  panse  est  formé  par  de  petites  fossettes  impression- 
nées. Toute  la  surface  est  couverte  d'un  vernis  plom- 
bifére,  fortement  écaillé,  couleur  vert  foncé  de  bronze 
antique  ou  feuille  de  houx. 


bien  plus  élégant,  fusiforme,  muni,  en  face  de  la  bonde 
évasée  en  entonnoir,  d'un  cercle  en  relief  formant  pied 
pour  la  position  horizontale. 

Le  musée  du  Louvre  possède  dans  sa  collection  de  pote- 

(1)  D'  Arpad  Buday,  II.  Bericht  ùb.  die  Ausgrabungen  in  Porolissum  (Erdélyi 
Muzeum,  1909,  p.  300);  analysé  par  M.  Rozka,  Archœologisches  aus  Siebenbiirgen 
im  Jahre  1909,  Praehistorische  Ztschr.,  I,  1910,  p.  406-408  (v.  p.  407,  fig.  1).  Le 
défaut  d'indication  d'échelle  ne  nous  permet  pas  de  préciser  ;  mais  l'aspect  du  fin 
vase  romain,  qualifié  de  cultuel,  est  d'une  dimension  plutôt  inférieure  à  no 
grosses  et  grossières  pièces  médiévales. 


SOCIÉTÉ   PREMSTORIQUE   FRANÇAISE  587 

ries  chypriotes  (1),  un  vase  en  forme  de  barillet  ovoïde,  très 
décoré,  en  noir  mat  et  rouge  vineux  sur  engobe  blanc,  devenu 
grisâtre.  Mais  le  goulot  qui  occupe  la  place  de  la  bonde,  au 
lieu  de  se  trouver  entre  deux  anses,  comme  dans  nos  mo- 
dèles médiévaux,  et  comme  on  le  voit  si  souvent  sur  d'au- 
tres modèles  orientaux,  sert  d'appui  à  une  seule  anse  ordi- 
naire, située  dans  un  plan  perpendiculaire  au  grand  axe  et 
point  parallèle. 

Et  maintenant  il  est  temps  de  mettre  un  terme  à  ce  travail 
fastidieusement  compilatoire,  auquel  nous  nous  reproche- 
rions amèrement  de  nous  être  laissé  aller  à  donner  des  heures 
et  des  efforts  utilisables  de  meilleure  façon,  si,  à  côté  de  la 
satisfaction  de  vulgariser  par  l'image  certaines  formes  céra- 
miques peu  répandues,  nous  n'avions  rencontré  maintes  fois 
matière  à  considérations  plus  larges  et  mille  arguments  de  fait 
contre  ces  théoriciens,  qui,  sur  chaque  cas  particulier,  croi- 
raient déroger  à  leur  érudition,  s'ils  ne  trouvaient  à  la  moin- 
dre chose  une  origine  bien  lointaine,  afin  d'échafauder,  sur 
des  rapprochements  souvent  moins  nombreux  et  moins  com- 
plets que  ceux  que  nous  avons  accumulés,  de  belles  théories 
de  migrations  de  peuples  ou  d'idées.  Tous  nos  rapproche- 
ments, à  nous,  n'ont  servi  qu'à  faire  ressortir  le  grand  isole- 
ment de  certaines  îles  de  civilisation,  où  la  même  idée,  soit 
éclose  spontanément,  soit  apportée  du  dehors,  se  dévelop- 
pait en  sens  absolument  divergents,  et  en  donnant  à  ses  pro- 
duits des  formes  dissemblables,  à  caractères  de  terroir  étroi- 
tement localisés.  L'anse  multiforée  de  la  Basse  Vistule  a  son 
type  à  elle,  qui  ne  dépasse  pas  un  cercle  déterminé,  et  n'est 
certainement  venu  de  nulle  part.  L'anse  étrusque  bioculée 
a  peut-être  quelque  chose  d'hellénique;  mais  elle  est  abso- 
lument différenciée,  avec  une  aire  de  dispersion  bien  à 
elle  aussi. 

Pourquoi  donc  l'homme,  cet  être  essentiellement  modifia- 
ble, et  dont  la  «  supériorité  »  vient  surtout  de  sa  grande 
plasticité  d'adaptation,  aurait-il,  moins  que  le  végétal,  subi 
l'influence  du  sol?  Or  la  vigne  d'Amérique,  à  la  supposer 
issue  de  même  souche  que  celle  d'Europe,  donne  bien,  comme 
celle-ci,  sans  transport  de  pollen,  du  raisin  en  grappes, 
mais  pas  le  même  vin.  Aujourd'hui  encore,  la  poterie  popu- 
laire n'est  pas  la  même  en  Bretagne  et  en  Provence. 

('•)  E.  Pottier,  op.  cit.,  pi.  8,  A  ,  151  [Invent.  MXB  1297J. 


588  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Ce  qui  se  trouve  partout  pareil,  ce  qu'il  est  impossible,  et 
aussi  oiseux  que  pour  le  fruit  de  la  vigne,  de  dire  apporté 
d'ici  là,  ou  de  là  ici,  c'est  l'idée  élémentaire,  fruit  du  cer- 
veau, directement  issue  d'un  besoin,  comme  celle  de  doubler 
l'anse  fragile  pour  doubler  la  facilité,  la  sécurité  d'emploi. 
De  même  que  le  genre  Vitis,  dans  toutes  ses  variations  indi- 
viduelles ou  spécifiques;  doit  son  existence  à  l'analogie 
de  certaines  productions  foliacées  ou  florales  répondant  à  ses 
besoins  de  vie,  de  même  le  genre  Homo,  à  chacune  de  ses 
phases,  fut  caractérisé  par  la  même  floraison,  la  même  fruc- 
tification de  ses  pensées,  aboutissant  partout  à  une  même 
manière,  de  répondre  aux  mêmes  besoins,  sans  autres 
modifications  que  celles  d'adaptation  à  l'ambiance. 

Mais  il  y  eut  aussi,  de  très  bonne  heure,  le  besoin  de  luxe, 
nullement  vital,  par  quoi  reprit  ses  droits  le  libre  arbitre, 
cause  des  divergences  observées,  créateur  de  modes  régio- 
nales et  de  zones  d'expansion. 

Quoi  d'étonnant  à  ce  que  celles-ci  soient  demeurées  loca- 
les, ne  répondant  qu'à  des  goûts  tout  locaux?  Ceci  ne  fait 
nullement  objection  au  fait,  établi  par  d'autres  constatations, 
de  l'existence  de  lointaines  relations  de  peuples  dès  la  haute 
antiquité.  Mais  si  le  transport  d'objets  de  grande  utilité, 
comme  les  métaux,  ou  de  grande  rareté,  comme  l'ambre  et 
certaines  coquilles  marines,  devait  faire  naître  le  commerce, 
pourquoi  celui-ci  se  fût-il  chargé  de  la  véhiculation,  soit 
d'objets  encombrants  et  fragiles,  soit  simplement  d'idées 
d'ornementation  ne  répondant,  même  en  art,  qu'à  un  caprice 
de  fantaisie  esthétique? 

Il  ne  faudrait  donc  point  que  l'on  fît  de  notre  thèse  un 
argument  absolu,  et  à  tort  généralisé,  contre  tous  les  faits 
très  intéressants  de  commerce  préhistorique  qui  ont  été  dû- 
ment constatés  :  c'est  seulement  contre  la  tendance  à  l'abus, 
que  nous  avons  tenu  à  protester,  en  demandant  qu'on  ne  re- 
garde comme  «  transportés  »  que  les  objets  pour  lesquels  il 
aura  été  préalablement  établi,  comme  nous  l'avons  fait  pour 
les  anses  polypodes  prussiennes  et  pour  les  «  flûtes  de  Pan  » 
cévenoles  ou  éduennes,  une  délimitation  originelle,  bien 
incontestable. 


SÉANCE   DU    26    OCTOBRE    1911 


Présidence  de  M.  L.  COUTIL. 


I.    —  PROCÈS- VERBAL   DE  LA  SÉANCE 


II.  le  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  du 
27  Juillet  19ii.  —  Le  procès-verbal  est  adopté. 

A  propos  du  procès-verbal,  des  notes  ont  été  envoyées  par  MM.  L. 

GOBILLOT,  M.  GlLLET,  A.   CoNIL,  A.  GOUSSET,  HÉBERT,  M.    BàBDOUIX, 

[Elles  sont  insérées  plus  loin]. 

Correspondance. 

Lettres  de  remerciements  :  M.  NoDRY. 

Lettres  d'Excuses  :  Mme  la  marquise  de  Luppé;  Mme  Crova  et 
II.  Crova;  M.  Dubus;  M.  H.  Marot. 

Nécrologie. 

Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort,  à  l'âge  de  cinquante-six 
ans,  du  Docteur  Paul  Girod,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  et  à 
l'Ecole  de  médecine  de  Clermont-Ferrand,  dont  il  a  été  longtemps  le 
Directeur.  11  était  Chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Il  est  Fauteur  de 
«  Manipulations  de  Botanique  »  et  de  Manipulations  de  Zoologie,  »  et 
d'un  ouvrage  de  vulgarisation  :  Les  Sociétés  chez  les  Animaux.  Son 
œuvre  principale  est  un  travail  de  Préhistoire,  de  longue  haleine,  en 
collaboration  avec  Massénat  :  Les  stations  de  Page  du  renne  dans  les 
vallées  de  la  Vézère  et  de  la  Corrèze.  On  sait  que  M.  Girod  avait  recueilli 
la  Collection  Massénat,  et  que,  désormais,  la  plupart  de  ses  pièces  sont 
au  Musée  de  Saint-Germain-en-Laye. 

M.  A.  Morix,  père  de  notre  collègue  M.  Morin  (Jean),  un  assidu  de 
nos  Congrès  préhistoriques,  est  décédé  récemment. 

SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  38 


590  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Présentations  et  Communications. 

Dr  Henri  Martin  (Paris).  —  Conditions  de  Trouvaille  de  l'Homme 
fossile  du  Moustérien  inférieur  de  La  Quina  [Trouvaille  1911].—  Pré- 
sentation du  Crâne. 

Dr  Marcel  Baudouin  (Paris).  —  Présentation  de  la  Brochure  de  Ven- 
drest  [Résumé  des  Fouilles  de  1909  et  1910]. 

A.  GtfÉBHARD  (Paris).  —  Don  d'un  moulage  d'épingle  à  collerettes  et 
disques  mobiles,  fait  par  le  Musée  de  Villefranche  (Rhône) . 

Bouillerot  (Dijon).  —  Une  épingle  à  collerette. 

M.  Houry  (Issy,  S.).  —  1°  Une  enclume,  assez  volumineuse,  avec 
traces  indiscutables  d'utilisation  [Sablières  de  Billancourt].  2°  un 
Racloir  (moustérien?),  trouvé  au  bord  de  la  mer,  au  pied  d'une  falaise,  à 
Dieppe  [M.  Houry,  craignant  que  la  pièce  ne  soit  due  à  l'action  de  la 
mer,  a  demandé  l'avis  de  la  Société]. 

Roland  (de  Villevenard)  et  L.  Coutil.  —  Crânes  néolithiques.  Mou- 
lage de  la  Hache  sculptée  sur  le  fond  d'une  Grotte  à  Courjeonnet 
(Marne). 

Baudon  (Dr)  (Oise).  — Hachette  néolithique  avec  manche  en  silex. 
—  Casse-tête  troué.  —  Parures  paléolithiques  en  silex. 

PagÈs-Allary  (Murât).  —  Haches  polies  et  Tranchets. 

Boutanquoi  (Oise).  —  Découverte  scientifique  de  deux  Menhirs  indi- 
cateurs inconnus  d'une  Sépulture  néolithique  connue  à  Tros/y- Vieux-Mou- 
lin (Oise). 

L.  Gobillot  (La  Trimouille,  V.).  —  Haches  en  roches  cristallo-phyl- 
liennes  à  érosions  (Néolithique  Montmorillanais). 

Estaunié  (Algérie).  —  Découverte  de  stations  préhistoriques  à  Ammi- 
Moussa  (Gran,  Algérie). 

L.  Desforges  (Nièvre).  —  Le  Paléolithique  inférieur  dans  la  Vallée 
de  l'Alêne  (Nièvre). 

A.  Aymar  (Clermont-Ferrand).  —  Pourquoi  l'Auvergne  a  été  un  des 
centres  les  plus  importants  de  la  céramique  gallo-romaine.  —  Technique 
de  la  gravure  gallo-romaine. 

A.  Aymar.  —  Un  sifflet  néolithique. 

H.  Bout  de  Gharlemont.  —  Trouvaille  abondante  de  poteries  ibcro- 
mycénienne  des  vile-vme  siècles  dans  une  grotte  de  Marseilleveyre 
(Bouches-du-Rhône). 

Graff  (Issou,  Seine-et-Oise).  —  Ebauche  de  Haches  polies  du  fond 
de  la  Vallée  de  V Issou  (Seine-et-Oise). 

H.  Barbier  (Eure).  —  Découverte  d'un  pic-hache  gallo-romain  à 
Pacy-sur-Eure. 

Houry  (Issy,  Seine).  —  L'industrie  paléolithique  de  Billancourt  (Seine). 
[1  coupe]. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  591 

A.-L.  Lewis  (Wallington,  Angleterre).  —  Les  Alignements  de  pierres 
[Stone  Rows)  de  Dartmoor,  Devonshire,  Almont  (Plans). 

M.  Dubus  (Neufchàtel-en-Braye,  Seine  Inférieure).  —  Traces  de 
l'existence  d'un  culte  de  la  Hache  pendant  le  Paléolithique  inférieur. 

M.  Le  Coxiat  ^Trégomar,  Côtes-du-Nord).  —  Hache  polie  de  grande 
taille. 

Harmois  (Saint-Brieuc).  —  Hache  polie  à  érosions  (Gesson,  Côtes- 
du-Nord). 

Dr  Doranlo  (Mathieu,  G.).  —  Squelettes  humains,  découverts  près 
de  Lion-sur-Mer  [Calvados). 

0.  Vauvillé  (Pommiers,  Aisne).  —  Ciseau  en  silex  taillé  et  poli. 

M.  Baudouin  (Vendée).-  —  Les  Menhirs  indicateurs  de  l'Allée  cou- 
verte delà  Frébouchère  au  Bernard  (Vendée). 

Bibliothèque. 

La  Société  Préhistorique  a  reçu  les  brochures  suivantes  : 

Programme  du  Cinquantième  Congrès  des  Sociétés  savantes  de  Paris  et 
des  Départements  à  la  Sorbone  (avril  1912).  —  Paris,  1911,  in-8°, 
20  p. 

Vidal  de  la  Blache.  —  Discours  de  la  Séance  de  clôture  du  Congrès 
des  Soc.  sav.  de  1911  à  Caen.  —  Paris,  I.  N.,  1911,  in-8°,  13  p. 

Bloch  (G.).  —  Discours  prononcé  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  à 
Caen,  le  22  avril  1911  [Séance  de  clôture].  —  Paris,  1911,  in-8°,  17  p. 

Marcel  Baudouin.  —  La  Sépulture  néolithique  de  Belleville  à  Ven- 
drest  (Seine-et-Marne).  Fouille  et  restauration.  Etude  scientifique. 
—  S.  P.  F.,  1911,  in-8°,  267  p.,  40  fig.,  avec  XVI  pi.,  hors  texte,  en 
Photocollographie,  du  Dr  H.  Martin. 

Westropp  (Th.  J.).  —  Saint- MochulU  of  Tullay  County  Clare  :  his 
legend  and  the  entrechments  and  remains  of  his  Monastery.  Bepr.  fr. 
The  Journal  of  the  Proced.  of  the  Roy.  Soc.  ofAnt.  of  Ireland,  1911, 
part  4,  Vol.  XLI,  q.  1  (Com.  de  juillet  1910).  —  Broch.  in-8°,  14  p., 
5  fig. 

Westropp  (Th.  J.).  —  Cahermurphy  Castle  and  its  earthivorks,  ivith 
certains  fort  near  Milltown-Malbay ,  County  Clare.  —  [Gom.  du  23  janv. 
1911].  Bepr.  fr.  The  Journal  of  the  Proceed.  of  the  Journal  of  the  Roy. 
Soc.  of  Antiq.  of  Ireland,  1911,  part.  3,  XLI,  q.  2,  juin.  —  Broch.  in- 
8°,  1911,  20  p.,  7  fig. 

Mazaubic  (Félix).  —  Les  Musées  archéologiques  de  Nîmes.  Recher- 
ches et  acquisitions  :  année  1910.  —  Nîmes,  1911,  in-8°,  47  p. 

Pigorini  (Luigi).  —  Preistoria  [Extr.  Cinquanta  anni  di  Storia  ita- 
liana  1860-1910].  —  Borna,  Accadem.  Lincei,  1911,  in-4°,  72  p. 

Rutot  (A.).  —  Mise  au  point  pour  1911  du  Mémoire  intitulé  :  Le 


592  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

préhistorique    dans  l'Europe  centrale,  paru   en  1903.  —  [Extr.   Congrès 

archéol.  belge].  —  Malines,  1911,  in-8°,  114  p.,  22%. 

Hauser  (0.).  —  Le  Périgord  préhistorique  [Vallée  de  la  Vézère  et 
de  la  Dordogne].  —  Le  Bugue,  G.  Réjan,  1911,  in-8°,  22  p.  (Cartes 
hors  texte,  non  reliées). 

Metman  (Jean).  —  La  Législation  française  relative  à  la  protection 
des  monuments  historiques  et  des  objets  d'art.  —  Dijon,  Darantière, 
1911,  in-8°,  171  p. 

Deydier.  —  Le  préhistorique  aux  environs  du  Mont-Ventoux  :  Région 
Sud-Ouest  (2e  partie).  Paléolithique.  Néolithique.  [Extr.  VIe  Congrès 
Préh.  France,  Tours,  1910,  196-226].  —  Tiré  à  part,  1911,  in-8°, 
31  p.,  4  pi.  h.    texte. 

Proceeding  of  the  Prehistoric  Society  of  East  Anglia.  —  Fév.  1908-9  et 
1909-10,  vol.  I,  part.  I.  —  London,  H.  K.  Lewis,  1911,  in-8°,  121  p. 

Dritter  Jahresbericht  der  Schweiz  Gesellschaft  fur  Urgeschichte  [Soc. 
préhistorique  Suisse].  —  Zurich,  1911,  in-4°,  180  p. 

Hue  (E.).  —  Distribution  géologique  de  l'Industrie  en  Silex  du  Grand 
Pressigny  [Rapport  général].  [Extr.    VIe   Congr.  Préh.  France,  Tours, 

1910,  p.  390-436].  —  Broch.,   1911,  in-8°,  48  p.,   1  fig.,   1  pi.  hors 
texte  (Cartes). 

Millon  (Abbé)  (A.).  —  Pauvres  pierres  :  Les  Mégalithes  bretons  devant 
la  Science.  —  Paris,  E.  Chevalier;  Saint-Brieuc,  R.  Prud'homme,  1911, 
in-8°,  296  p.,  5  pi.,  hors  texte. 

Guébhahd  (A.).  —  L'Eglise  et  la  Préhistoire.  [Extr.  de  la  Grande 
Revue,  1911,  25  juillet,  p.  353-362].  —  Broch.,  Par.,  1911,  in-8°. 

Guébhard  (A.).  —  Les  dépôts  de  bronze  du  département  des  Alpes- 
Maritimes.  [Extr.  Congr.  Préh.  de  France,  session  de  Tours,  1910, 
733-747,  14  fig.,  2  pi.  hors  texte].  —  Broch.,  in-8°,  1911. 

Guébhard  (A.).  —  A  propos  de  la  décoration  au  champ  levé  ou  par 
excision  d'une  poterie  préhistorique  provençale .  [Extr.  Bull.  Soc.  Préh. 
Franc.,  1911,  juin].  —  Broch.,  in-8°,  1911,  8  p.,  1  fig. 

Guébhard  (A.).  —  Sur  une  particularité  remarquable  de  certaines 
épingles  de  bronze  dites  à  collerettes.  [Extr     Bull.   Soc.    Préh.  Franc., 

1911,  juin].  —  Broch.,  1911,  in-8°,  8  p.  4  fig. 

Baudouin  (Marcel).  —  La  Grotte  cachette  ou  Souterrain  de  La  Brune- 
tière,  à  La  Boche-sur-Yon  (Vendée).  [Fouilles.  Preuves  de  plusieurs  uti- 
lisations successives.  Restauration].  [Extr.  Congrès  de  la  Féd.  Arch. 
de  Belgique,  Malines,  1911].  —  Malines,  1911,  in-8°,  53  p.,  18  fig. 

Baudouin  (Marcel).  —  Découverte,  fouille  et  description  du  Souterrain, 
aujourd'hui  détruit,  de  la  Minerie,  à  Girouard  [Vendée).  [A.  F.  A.  S., 
Toulouse,  1910].  —  Paris,  1911,  in-8°,   24  p.,  12  fig. 

Baudouin  (Marcel).  —  Découverte  d'une  Ciste  néolithique  au  Çhiron- 
Lazare,  à  Vlle-d'Yeu  (Vendée).  [Extr.  A.  F.  A.  S.,  Toulouse,  1910, 
t.  II,  p.  287-293,  4  fig.].  —  Tiré  à  part,  1911,  in-8°,  4  fig.,  6  p. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  593 

Baudouin  (M.).  —  Découverte  d'un  petit  Cromlech  et  dune  station 
néolithique  a  Barbe,  en  Vlle-dYeu  (Vendée).  [Extr.  A.  F.  A.  S.,  Tou- 
louse, XXXIX,  t.  II,  p.  280-287,  3  figures,  19*10].  —  Tiré  à  part,  1911. 

Baudouin  (M.).  —  Découverte  d'une  Pierre  à  bassins  et  à  rigoles 
typiques  :  Les  Amporelles  à  ï Ile-d Yeu  [Vendée).  [Extr.  Congrès  Préh. 
Fr., Tours,  1910,  513-550].  —  Par.,  in-8*,  1911,  38  p.,  13  fig..  dont 
6  pi.,  hors  texte. 

Baudouin  (M.).  —  Les  Silex  taillés  du  Grand  Pressigny  en  Vendée. 
[Extr.  Congrès  Préh.  Fr.,  Tours.  1910,  341-376].  —  Paris,  1911, 
in-8°,  36  p.,  28  fig.,  dont  1  pi.  hors  texte. 

Cousset  (A.)  et  Baudouin  (M.).  —  Découverte  de  Gravures  de  Sabots 
dÉquidés  sur  rocher  au  Pas  du  Roi  à  Saint-Just  (Ch.-I.).  [Extr.  Congr. 
Soc.  Préh.  de  France,  Tours,  1910,  p.  572-618].  —  Paris,  1911,  in-8«>, 
48  p.,  17  fig.,  dont  2  pi.,  hors  texte. 

Givenchy  Paul  de).  — Hache  polie  avec  gravure  géométrique.  [Extr. 
Bull.  Soc.  Préh.  Franc.,  1910,  déc.  22].  —  Broch.  1911,  in-8°,  4  p., 
2  fig. 

Givenchy  (Paul  de).  —  Les  grands  éclats  moustériens  et  les  pièces 
acheuléo-moustériennes  de  la  carrière  du  Tillet,  près  la  Ferté-sous- 
Jouarre  (Seine-et-Marne)  [Extr.  Bull.  Soc.  Préh.  Fr.,  1911].  — 
Broch.  in-8°,  8  p  ,  2  pi.,  hors  texte  en  photocollographie. 

Collet  (L'abbé  A.).  ■ —  Les  origines  préhistoriques  et  historiques  de 
Elnes,  Luculves  et  Wavrans  surfAa.  [Extr.  du  Bull.  Soc.  Acad.  de  Bou- 
logne-sur-Mer,  t.  IX,  1911].  —  Broch.,  1911,  in-8%  19  p. 

Collet  (L'abbé  A.).  —  Un  moulin  primitif.  Pierres  de  jet.  Ra- 
cloirs,  grattoirs  en  silex.  [Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  Acad.  de  Bou- 
logne-sur-Mer,  1910,  t.  IX].  — Boulogne-sur-Mer,   1911,  in-8°,  27  p. 

Dubalen  (P.-E.).  — Aperçu  géologique  de  la  région  du  sable  des 
Landes.  —  Dax,  1911,  in-8°,  19p.,  1  carte,  1  tableau. 

Boyard  (Ch.).  —  Contribution  à  P  étude  des  industries  de  la  pierre 
dans  la  région  des  Hauts-Plateaux  tunisiens  [station  de  Sidi  Mabrouk, 
près  Thala].  [Extr.  F/e  Congr.  Préh.  Tours,  1910,  p.  462-468].  — 
Broch.,  in-8°,  1911,  8  p.,  4  pi.,  hors  texte. 

Boyard  (C).  —  Le  paléolithique  inférieur  dans  la  région  de  Nan- 
sous-Thil  [Industrie  des  stations  moustériennes  de  plein  air].  [Extr. 
A.  F.  A.  S.,  Toulouse,  1910,  p.  254-260].  —  Broch.,  1911,  in-8°,  1  pi.]. 

Atgier.  —  Mégalithes  funéraires  et  cultuels.  —  [Extr.  Congrès  préh. 
de  Tours,  1911].  —  Broch.,  in-8°,  1911. 

Martin  (H.).  —  Les  couches  du  gisement  de  La  Quina  et  leur  âge. 
[Extr.  VI*  Cong.  Préh.  de  France,  Tours,  1910.  p.  125-128].  — 
Broch.,  1911,  in  8°,  4  p.,  2  pi. 

Martin  (H.)  et  J.-B.  Barreau.  —  Stratigraphie  de  trois  Tranchées 
dans  râtelier   de    Larcy   (Grand-Pressigny) .  [Extr.  Bull.   Soc.    Préh . 


594  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Franc.,  1911,  27  juillet,  433-440].  —  Broch.  1911,in-8°,  2  fig,  8  p., 
3  pi.  hors  texte. 

Martin  (H.).  —  Sur  un  Squelette  humain,  de  l'Epoque  moustérienne, 
trouvé  en  Charente.  —  [Extr.  C.  R.  Ac.  des  Se.,  Par.,  1911,  T. 
CLII,  p.  728,  16  oct.].— Broch.,  1911,  in-8°,  3  p.,  1  phot.  hors  texte. 

The  Archœologlcal  Survey  of  Nubia.  —  Caïro,  Bulletin  n°  7,  1911. 

admissions  de  nouveaux.  Membres. 

Sont  proclamés  Membres  de  la  S.  P.  F.  :  MM. 

Ambayrac  (Hippolyte),  Professeur  en  retraite,  6,  place  Garibaldi,  Nice 

(Alpes-Maritimes).  [L.  Coutil.  —  P.  Goby]. 

Augier  (Marius),  Capitaine  en  retraite,  29,  cours  Saint-Martin,  Orange 

(Vaucluse).  [L.  Coutil.  —  M.  Gennevaux]. 

Boismoreau  (E.),  D.  M.,  Saint-Mesmin-le-Vieux  (Vendée). 

[M.  Baudouin.  —  L.  Coutil]. 
Boissy  d'Anglas,  Ancien  ministre  plénipotentiaire,  Sénateur  de  l'Ar- 

dèche,  45,  boulevard  Berthier,  Paris.     [Dr  Jui.lien.  —  A.  VialJ. 
Bresson  (Paul),  Gaujac,  par  Anduze  (Gard). 

[Coutil.  —  M.  Baudouin]. 
Coiffard  (Joseph),  Villebois-Lavalette  (Charente). 

[A.  Jarraud.  —  Henri  Martin]. 
Debens,  Architecte,  Montpellier  (Hérault). 

[L.  Coutil.  —  M.  Gennevaux]. 
Derancourt,   Capitaine  au  123e  régiment  d'infanterie,  géologue,  La 

Bochelle  (Charente-Inférieure).  [Atgier.  —  M.  Baudouin]. 

Doranlo,  D.-M  ,   Mathieu,    Calvados.  [L.  Coutil.  —  Gidon], 

Ferrier,  M.  D.,  Dentiste  des  Hôpitaux,   5,  rue  de  Lisbonne,  Paris. 

[Réintégration], 
Fulconis,  Sculpteur,   Soukh  el  Arbah  (Tunisie). 

[L.  Coutil.  —  M.  Baudouin]. 
Gasnier  (F.),  Docteur  en  droit,  9,  rue  de  Strasbourg,  Nantes  (Loire- 
Inférieure).  [Marcel  Baudouin.  —  Henri  Martin]. 
Hutteau  (Léonce),  Étampes  (Seine-et-Oise). 

[L.   Coutil.   —  Marot], 
Ingelbeen  (L'abbé  René),  Château  d'Aertrycke,   La  Panne  (Flandre 

Occid.)  (Belgique).  [L.  Coutil.  —  A.  Viré]. 

Lesueur,  D.  M.,  60,  rue  Saint-Germain,  Bezons  (Seine-et-Oise). 

[A.  Bertin.  --  Camichel]. 
Menut  (Henri),  Inspecteur  départemental  de  l'Enseignement  technique, 

3,  rue  Christine  (Cherbourg).         [L.  Coutil.  —  M.  Baudouin]. 
Moorehead  (Warren  K.),  Andwer,  Massachusetts  (U.  S.  A.). 

[L.  Coutil.  —  PeabodyI. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  595 

Musée  impérial  historique  de  Russie,  Moscou  (Russie). 

[A.  P.  Pavlow.  —  B.-A.  Gorodzoff]. 
Musée  des  Antiquités  (M.  le  Conservateur),  Nîmes  (Gard). 

[L.  Coutil.  —  Marcel  Baudouin]. 
Pàder,  Vétérinaire  principal,   1,   rue  Urbain    II,  Clermont-Ferrand 

(Puy-de-Dôme).  [L.  Coutil.  —  E.   Hue]. 

Reygasse   Maurice),   Administrateur    adjoint  de  commune   mixte  en 

congé,  La  Capelle-Marival  (Lot).        [M.  Baudouin.  —  A.  Viré]. 
Roche  (Gaston),  Garde  général  des  Eaux  et  Forêts,  La  Calle  (Algérie). 

[Ch.  Ferton.  —  Marcel  Baudouin]. 
Socley,  Archéologue,  17,  quai  Gauthey,  Dijon  (Côte-d'Or). 

[A.  de  Mortillbt.  —  Ratinet]. 
Schlesischer  Althertums-Verein,   14,    Granpenstrasse,    Breslau-I  (Alle- 
magne). [L.  Coutil.  —  A.  Guébhard.] 
Thibon  (Louis),  10  bis,  Avenue  Laplace,  Arcueil  (Seine). 

[A.  Schleichbr.  —  Ch.  Schleichbr]. 
Vedel  (Louis),  Molières-sur-Cèze  (Gard). 

[L.  Coutil.  —  Mingaud]. 


Les  «  Mémoires  »  de  la  Société  Préhistorique  Français 
Voici  la  liste  des  premières  Adhésions  aux  «  Mémoires  »  : 

1.  Aveneau  de  la  Grancière.  20.  Déchelette. 

2.  Aymard.  21.  Deglatigny. 

3.  Audéoud.  22.  Delugin. 

4.  Ballay.  23.  Delvincourt. 

5.  Barthélémy.  24.  Denoyelle. 

6.  Baudon.  25.  Desailly. 

7.  Baudouin  (Marcel).  26.  Desmazières. 

8.  BertheauduChazal.  27.  Deydier. 

9.  Boulanger.  28.  Doigneau. 

10.  Boutanquoi.  29.  Dramard. 

11.  Brognard.  30.  Ducourtioux. 

12.  Chapelet.  31.  Dubalen. 

13.  Charvilhat.  32.  Duvaux. 

14.  Chauvet.  33.  Evrard. 

15.  Clastrier.  34.  Exsteens. 

16.  Coutil  (L.).  35.  Fessard. 

17.  Cotte.  36.  Ferton. 

18.  Dauphin.  37.  Floranc'e. 

19.  Daleau.  38.  Foucault. 


596 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


39.  Fulconis. 

68. 

Poilane. 

40.  Gennevaux. 

69. 

Sâint-Périer  (de). 

41.  Gidon. 

70. 

Saint-Venant  (de). 

42.  Gillet  (Numa). 

71. 

Sales. 

43.  Gillet. 

72. 

Sartorius. 

44.  Giraux. 

73. 

Schleicher  Charles. 

45.  Gobillot. 

74. 

Sellier. 

46.   Guébhard. 

75. 

Soubeiran. 

47.  Harmois. 

76. 

Société  d 'Arch .    de   Bruxelles. 

48.  Hue. 

77. 

Stalin. 

49.  Jullien. 

78. 

Taté. 

50.  Kessler. 

79. 

Terrade. 

51.  Lamotte. 

80. 

Thiot. 

52.  Lewis. 

81. 

Valette. 

53.  Luppé   (Mme  la 

Marquise  de). 

82. 

Vauriot. 

54.  Marignan. 

83. 

Varaldi. 

55.  Marot. 

84. 

Viollier. 

56.  Martin  (H.). 

85. 

Viré. 

57.  Musée  archéologique  de  Nimes. 

86. 

Volkow. 

58.  Miguet. 

87. 

Petit  (M) . 

59.  Mollandin. 

88. 

Lorrin  (V,). 

60.  Mortillet  (A.  de 

)•         ' 

89. 

Vésignié  (L .). 

61.   Muséum  de  Nimes. 

90. 

Goury  (G.). 

62.  Pages- Allary. 

91. 

Schesischer  Alterthums  Verein 

63.   Musées    royaux 

de  Bruxelles. 

92. 

Société  jersiaise. 

64.  Peabody. 

93. 

A.  Gousset. 

65.  Patte  (E.). 

94. 

P.  Vouga. 

66.  Pistât. 

95. 

Henry  Corot. 

67.  Pokrowsky. 

96. 

F.   Schmidt. 

II. 


NOTES  ORIGINALES  ET  DISCUSSIONS. 


Lieux  dits  à  Radical    «  Chante  »  (Suite). 


M.  le  Dr  Louis  Gobillot  (La  Trimouille,  Vienne).  —  La  re- 
marque de  M.  L.  Jacquot,  relativement  à  la  fréquence  des  noms 
de  lieux  dans  lesquels  on  rencontre  le  radical  Chante,  est  appli- 
cable au  Montmorillonnais.  C'est  ainsi  qu'à  proximité  de  la  Tré- 
mouille  j'ai  relevé  les  lieux  dits  suivants  :  Chanteloup,  commune 
de  Journet;  Chanteloube,  commune  de  Bourgarchambault;  Chan- 
tegeaxjy  commune  de  Liglet;  Chantebon,  commune  de  Béthines. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  n97 

Touchant  ces  diverses  localités,  je  n'ai  pu  recueillir  sur  place 
aucune  tradition,  aucun  souvenir,  aucune  légende,  permettant  de 
croire  à  l'existence  plus  ou  moins  problématique  d'un  Sorcier  ou 
d'une  Pythonisse.  L'explication,  proposée  par  M.  C.  Aublant(de 
Périgueux),  me  parait  plus  acceptable,  en  ce  qui  concerne  le  Poi- 
tou, qui,  à  plus  d'un  point  de  vue,  présente  des  affinités  avec  le 
Périgord  (dans  le  choix  de  ses  lieux  dits  en  particulier).  Mais, 
avant  de  donner  une  étymologie  certaine  de  ces  divers  noms,  ne 
conviendrait-il  pas  d'être  très  documenté  sur  l'historique  des 
localités  qu'elles  désignent,  et,  s'il  est  possible  d'attribuer  à  plu- 
sieurs d'entre  elles  une  origine  ligure  ou  gallo-romaine,  il  me 
parait  téméraire  de  l'affirmer  pour  le  Poitou. 

Dans  le  Montmorillonnais,  dont  l'histoire  locale  est  encore 
bien  obscure,  on  retrouve  des  vestiges  nombreux  de  l'occupation 
humaine  depuis  les  époques  préhistoriques,  protohistoriques,  gau- 
loises, romaines,  etc.  Or,  beaucoup  de  villages  sont  construits  sur 
des  emplacements  habités  dès  l'époque  gauloise;  d'autres  sont 
modernes  ;  d'autres  encore,  très  anciens,  ont  disparu. 

Il  est  possible  que  des  appellations  identiques  aient  des  origi- 
nes absolument  dissemblables. 

En  ce  qui  concerne  Chanteloup  et  Chantebon,  localités  voisi- 
nes l'une  de  l'autre,  mais  situées  dans  deux  communes  différentes, 
j'ai  une  remarque  intéressante  à  présenter:  c'est  l'existence,  dans 
leur  voisinage,  de  stations  préhistoriques  assez  importantes  et 
encore  peu  étudiées.  Existe-t-il  une  relation  quelconque  entre 
leur  appellation  et  l'ancienneté  de  leurs  occupations  par  l'homme  ? 
Je  ne  sais.  En  tout  cas,  si  Chanteloup  en  Montmorillonnais  ne 
peut  rien  nous  apprendre  sur  l'origine  de  son  nom,  il  pourrait 
encore,  par  sa  situation  dans  une  région  relativement  boisée, 
justifier  son  nom  lugubre  :  Messire  Loup  y  fait  encore  à  l'occa- 
sion quelques  passages!  Il  est  également  permis  de  se  demander 
si  Chantebon,  dernier  vestige  d'une  maison  seigneuriale  datant 
du  moyen  âge,  à  proximité  de  Chanteloup,  n'est  pas,  par  une 
antithèse  significative,  un  nom  choisi  jadis  pour  désigner  le  lieu 
hospitalier  à  côté  de  l'endroit  peu  sûr  !  Enfin  Chanteloube,  village 
de  quatre  à  cinq  feux  sur  la  route  de  JournetàLathus,  était,  avant 
la  construction  de  la  route  actuelle,  un  hameau  perdu  à  l'orée  du 
Boischaut  et  la  vaste  région  de  Brandes,  faisant  suite  à  la  Brenne, 
et  qui  par  les  progrès  de  là  culture  est  devenue  la  Beauce  Mont- 
morillonnaise  (Cf.  Ardouin-Dumazet,  Voy.  en  France,  26e  série, 
1901),  eut,  maintes  fois,  et  tout  récemment  encore,  à  souffrir  des 
méfaits  du  sire  à  la  triste  figure. 

o 

J'ajoute  que  deux  noms  de  famille,  très  anciens  dans  la  contrée, 


598  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

sont  typiques  :  Chantemargue  et  Champdavoine  (sic).  Je  signale 
aussi  une  localité  du  pays  Trimouillais,  où  le  radical  Chante  est 
remplacé  par  le  radical  Jappe:  Jappeloup,  commune  de  Thollet, 
canton  de  La  Trimouille. 

M.  M.  Gili.et  (Paris). —  Dans  le  Berry  et  notamment  dans  le  dé- 
partement du  Cher,  on  trouve  assez  fréquemment  des  personnes, 
portant  des  noms  d'origine  latine.  Parmi  ces  noms,  il  y  en  a  un 
qui  nous  intéresse  :  c'est  celui  de  Chantome,  dont  l'étymologie 
semble  être  canlarehomo.  En  1745,  on  le  trouve  écrit  Chantehome, 
puis  Chantome,  et  enfin  Chantome,  sans  accent  circonflexe.  A  ce 
sujet,  je  me  rappelle  avoir  lu,  dans  un  auteur  latin,  qu'il  y  avait 
dans  les  armées  romaines,  outre  les  musiciens,  des  hommes 
chargés  d'entonner  des  chœurs  guerriers,  pour  exciter  l'ardeur 
des  soldats  pendant  les  combats.  Si  ce  nom  de  Chantome  désigne 
la  fonction  d'un  ancêtre,  mon  hypothèse  serait  exacte;  et  il  faudrait 
laisser  au  radical  Chante,  dans  la  plupart  des  cas,  la  signification 
qui  vient  de  suite  à  l'esprit. 

M.  Hébert  (Paris).  — Encore  quelques  exemples  intéressants. 
Chanteil  (Mayenne):  Campus  Tiliate  (xme  siècle). 

Chantemerle  (Nièvre)  :  de  Camptu  (1)  Merula  (1355). 

Chantebarbe  (Haute-Loire)  :  Champenbarbe  (1523),  Champthu- 
barde  (xvnie    siècle). 

Chantegroux  (Vienne)  :   Champ  de  Gros  (1841). 

Chantepie  (Calvados)  :  Champ  de  pie  (1847). 

Chanteduc  (Hautes-Alpes)  :  Campum  Ugonem  (1428). 

Ces  quelques  exemples  ont  été  glanés  aussi  dans  le  Diction- 
naire topographique  de  la  France;  les  nos  4  et  5  concordent  avec 
l'hypothèse  de  M.  Baudouin,  mais  sont  trop  récents;  les  nos  1 
et  6  sont  bons  (2). 

M.  A.  Conil.  —  Il  me  faut  indiquer  un  petit  Erratum  nécessaire, 
au  sujet  de  ma  dernière  note  (page  526)  sur  les  lieux  dits  à  radical 
«  Chante  ».  —  A  la  neuvième  ligne,  lire  :  Cantelou  et  Cantalou, 
au  lieu  de  Cantelon  et  Cantalon  ;  et,  à  la  douzième  lire  :  Cante, 
me  semble  dériver  d'un  vieux  mot  roman... 

M.  A.  Cousset  (Etaules,  Charente-Inférieure).  —  Sans  vou- 
loir éterniser  la  question,  ni  revenir  sur  ce  qui  a  déjà  été  dit,  il 
me  semble  utile  de  présenter  à  la  Société  certains   noms  relevés 

(1)  Je  ne  sais  si  Camptus,  Champt  égale  Campus. 

(2)  Le  Professeur  de  philologie  française  de  l'Université  de  Gand,  consulté 
par  un  de  mes  amis  déclare  Chantavoine  pour  Champ  d'avoine  possible. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  599 

sur  la  carte  d'Etat-major  (Charente-Inférieure),  lesquels  sem- 
blent jeter  quelque  éclaircissement  sur  la  discussion. 

1°  Département  de  la  Charente-Inférieure.  —  Nous  avons, 
commune  de  Saint-Sornin,  Chante-Loup  ;  c'est  un  hameau  près 
du  village  de  Château-Gaillard ',  auprès  d'un  bois  et  du  Pas  de 
Saixt-Sorxin  {pas  pour  passage  d'eau).  —  ARoyan,  il  y  a  Chan- 
temerle,  hameau  près  du  Camp  du  Chatelard,  à  la  lisière  d'un 
grand  bois.  —  A  Vaux-sur-Mer,  Le  Merle  est  un  hameau,  à 
peu  de  distance  du  précédent.  —  A  Arces,  il  y  a  Huchepitard, 
qui  est  un  hameau  près  d'un  bois;  altitude  32  mètres;  à  quel- 
ques kilomètres  du  fleuve,  la  Gironde.  Bûcher,  en  patois 
de  Saintonge,  signifie  crier,  appeler  quelqu'un.  Pitard  (?)  est, 
peut-être,  pour  Bitard.  Buchepitard  est  situé  sur  une  hauteur, 
mais  près  des    marais  d'Arces,  sur  la  rive  droite  de  la  Gironde. 

Le  Bitard  est,  dans  l'ouest  de  la  France,  un  gibier  imaginaire, 
que  l'on  donne  à  chasser  par  brimade  ou  par  mauvaise  plaisan- 
terie à  un  étranger,  trop  fanfaron  ou  trop  ingénu  ;  les  deux  s'y 
laissent  prendre,  surtout  le  premier.  Le  tour  consiste  à  conduire 
pendant  la  nuit,  et  à  plusieurs,  le  chasseur  naïf  au  milieu  des 
grands  bois  ou  mieux  encore  dans  les  marais  gâts  des  côtes  de 
l'Océan  ;  à  le  poster  à  la  «  bonne  place  »  pour  faire  prendre  par  lui- 
même  le  Bitard,  que  les  rabatteurs  se  disposent  à  envoyer  dans  sa 
direction,  tandis  que,  en  réalité,  tous  se  retirent  discrètement 
par  les  aîtres  qui  leur  sont  familiers,  pendant  que  le  patient 
attend  le  passage  du  gibier  légendaire.   Il  est   inutile    d'ajouter 

que  c'est  toujours  lui  qui    le   prend! Il  est  très    rare  que  le 

«  nemrod  »,  tout  malin  qu'il  s'est  cru,  puisse  revenir  par  ses 
seuls  moyens  de  son  expédition  ;  et  l'aurore  l'a  souvent  surpris, 
par  des  nuits  d'été,  criant,  appelant,  huchant  :  Bitard  !  —  A 
moins  que  quelqu'un  de  bonne  volonté  aille  le  cueillir  sur  place. 
Ce  «  bon  tour  >•  se  joue  encore,  de  nos  jours,  dans  les  marais 
de  la  Saintonge  et  mieux  encore  dans  ceux  de  la  Vendée,  qui, 
par  leurs  canaux,  offrent  de  plus  nombreux  labyrinthes  !  Cette 
farce  doit  être  très  vieille;  et  son  antiquité  est  plus  que  suffi- 
sante pour  justifier  l'appellation  de  ce  hameau  de  Huchepitard, 
commune  d'Arces. 

A  Blanzac,  il  y  a  un  lieu  dit  :  Bitard,  et  auprès  un  autre  dit  : 
Pellegrue,  sur  des  hauteurs.  (Ils  ne  sont  pas  habités). 

Dans  la  commune  de  Corme-Ecluse,  il  y  a  Chante-Grenouille, 
hameau  près  du  confluent  delà  Seudre  et  d'un  ruisseau,  au  bord 
des  marais;  altitude  11  mètres.  A  Saint-Sulpice-de-Royan,  il  y 
a  Grolier,  hameau  près  des  marais  salants  de  la  Seudre;  plus 
bas,  sur  les  marais  même  existe  le  pont  de  Groleau.  — A  Soubise 
se  trouvent  la    Vieille   Crolliere  et  la  Nouvelle   Grollière,  grands 


600  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

bois,  dont  l'un,  la  Vieille  Gollière,  renferme  les  célèbres  Dol- 
mens de  la  Sausaie.  Le  mot  grolle  est  le  nom  vulgaire  que 
l'on  donne  au  corbeau  dans  l'ouest.  —  A  Mursac,  Chante- 
loube  est  un  moulin  à  eau  sur  la  Seudre.  —  A  Antignac, 
Chantereine  est  un  moulin  à  eau  sur  le  ruisseau  Le  Trèfle  [Reine 
désignant  la  rainette,  grenouille  verte);  Grelet  est  un  hameau  voi- 
sin (Le  mot  greletestle  nom  patois  du  grillon.) —  A  Champagnac, 
La  Grolllière,  hameau   dans  la  vallée  de  la  Seugne  ou  Sévigne. 

—  A  Pérignac,  Chanteloup,  ferme.  —  A  Mâtha,  Chantemerle, 
moulin  à  eau  sur  l'Anteine.  —  A  Asnières,  Chante-Ajasse,  ha- 
meau (Ajasse  est  le  nom  patois  de  la  pie  dans  l'ouest  ;  —  Pisse 
loup,  ferme. — ASaint-Georges-de-Longue-Pierre,  Chantemerle, 
moulin  à  eau  sur  la  Boutonne  ;  Chante  Oiseau,  hameau,  près 
d'un  bois.  —  A  Saint-Mandé,  Chante  Oiseau,  hameau,  altitude 
108  mètres.  —  A  Contré,  Chantemerlière,  grand  bois  se  reliant  à  la 
forêt  d'Aulnay  (côte  172),  l'une  des  plus  hautes  du  département  ; 
Chantemerlière,  village   qui   a  donné  ou  tiré  son  nom  du  bois. 

—  A  La  Villedieu  Buffageasse,  grand  bois  se  reliant  à  la  forêt 
de  Chizé,  côte  de  109  mètres  avec  signal,  près  du  village  de 
Villiers  ;  La  Buffageasse,  village  situé  à  la  lisière  du  bois  du 
même  nom,  près  de  Villiers  {Buffer,  mot  du  patois  santongeais 
qui  signifie  souffler]  Ageasse,  dans  le  même  parler  désigne  la 
Pie. 

2°  Département  des  Deux-Sèvres.  —  A  Chizé,  Chantemerle  est 
un  hameau  sur  la  lisière  de  la  forêt  de  Chizé.  —  A  Secondigné- 
sur-Chizé,  Gratteloup,   hameau  sur  la  lisière  de  la  même  forêt. 

—  Dans  la  forêt  de  Chizé,  il  y  a  le  carrefour  du  Loup.  —  A  Mel- 
leran,  Groles  est  un  village  [Grolle,  pour  corbeau). 

3°  Département  de  la  Charente.  —  A  Sainte-Radegonde,  le 
Poste  de  la  Grolle  est  sur  la  route  de  Paris  à  Bordeaux,  près  du 
château  de  Saint-Bernard.  Altitude  142  mètres.  —  A  Sainte- 
Même,  près  Jarnac,  Chante  Oiseau,  ferme,  est  près  de  Trotte- 
Chèvre  (ferme).  — A  Cherves-de-Cognac,  Chante-Merle,  hameau 
sur  la  voie  romaine  de  Limoges  à  Saintes.  —  A  Sainte-Sévère, 
Panneloup,  hameau  sur  la  même  route  romaine.  —  A  Nercillac, 
Chante  Grolle,  hameau  [Grolle  pour  corbeau].  —  A  Mareuil-Lau- 
ville,  Chanteranne,  hameau  (probablement  ranne  pour  rainette). 

—  Verdille,  Chante  Grelet,  hameau  (altitude  114  mètres  {Grelet, 
nom  vulgaire,  en  Saintonge,  du  Grillon). 

4°  Département  de  la  Vendée.  —  A  Chaillé-les-Ormeaux,  La 
Merlerie,  deux  hameaux  de  ce  nom  ;  dans  cette  partie  du  bocage 
le  Yon  coule  au  pied. 

5°  Département  de  l'Oise.  —  A  Merlemont,  bourg  et  commune 
de  Merlemont,  château  de  Merlemont,  bois   de  Merlemont.  Le 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  601 

bourg  et  le  château  de  Merlemont,  sont  bâtis  au  pied  d'un  mont 
couvert  de  bois,  le  tout  à  quelques  centaines  de  mètres  du  Thé- 
rain.  Dans  le  bois,  le  merle  est  très  commun. 

11  semble  résulter,  des  observations  ci-dessus  que  les  mots  à 
radical  Chante  suivi  d'un  nom  d'animal,  d'oiseau  ou  d'insecte, 
indiquent  une  Action;  que  le  mot  Chante  ou  son  remplaçant 
est  un  verbe  représentant  l'action  du  sujet,  ou  bien  que  ces  lieux 
sont  ou  ont  été  fréquentés  par  des  êtres  de  ce  même  nom.  —  11 
existe  des  exceptions  :  elles  se  trouvent  surtout  dans  les  noms 
d'homme.  Il  y  a  dans  le  canton  de  La  Tremblade,  par  exemple,  à 
propos  du  mot  avoine  déjà  mis  en  avant,  plusieurs  familles  Char- 
davoine;  mais  j'ai  connu  ailleurs  des  Machavoine  et  des  Bala- 
voine. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Il  y  aurait  peut-être  intérêt,  dans  la 
discussion  actuelle,  à  joindre  aux  mots  à  radical  Chante,  ceux  à 
radical  Huche,  fréquents  en  Vendée.  Je  connais  Huche-pie  à  Chal- 
lans  ;  Huche-Grolle,  à  Triaize  (mais,  au  Lairoux,  il  y  a  Juche- 
Grolle,  qui  n'est  peut-être  pas  une  altération  de  Huche)  (1)  ; 
La  Grolle,  à  Vieillevigne,  etc. 

A  propos  de  Bitard,  je  voudrais  rappeler  qu'en  Vendée  mari- 
time, j'ai  assisté  il  y  a  quelques  années  à  une  plaisanterie  de  ce 
genre;  mais  parfois  l'oiseau  chassé  s'appelle  un  Darin.  J'ai  ra- 
conté ailleurs  cette  histoire  (Interméd.  Aiantais,  1907,  22  avril  et 
20  mai,  p.  70-71).  —  Toutefois,  dans  le  Glossaire  poitevin  de 
Fabre,  Bitard  aurait  signifié  jadis  un  Epervier. —  La  Pie  (Ageasse) 
joue  un  grand  rôle  dans  les  campagnes  de  l'ouest,  où  il  y  a  une 
chauson  célèbre:  la  Mère  Ageasse  ^J.  Bujeaud). 


A.  propos  du  mot   a  Crot§». 

M.  A.  Cousset.  —  Pour  le  département  de  la  Charente-Infé- 
rieure, on  lit  dans  «  La  Charente-Inférieure  avant  l'histoire  et 
dans  la  légende,  de  M.  Georges  Musset  »  (page  88)  :  a  Commune 
«  de  Saint-Pallais-de-Nérignuc.  1°  Le  1  rou-des-Eadets,  souterrain 
«  reluge,  décrit  par  l'abbé  Caudéran,  avec  plan  à  l'appui  [Bulle- 
«  lin  de  la  Commission  des  Arts,  tome  III,  page  298)  ;  2°  Au 
«  CRET,  station  préhistorique  indéterminée.  [Bulletin  de  la  Com- 
«   mission  des  Arts,  tome  V,  page  V,  par  l'abbé  Caudéran).  » 

l  En  eflet,  en  patois  de  l'Ouest  Saintonge  et  Poitou),  le  mot  jucher  veut  dire 
p ii  cher.  Exemple  :  Les  poules  sont  juchées  quand,  dans  le  poulailler,  elles  sont 
grimpées  sur  les  traverses,  perches  ou  échelles  qu'on  y  place.  —  Pareillement, 
le ,  corbeaux  juchent  à  la  cime  des  grands  arbres  et  le  nom  :  Juche-Grolle  se  jus- 
tifie. 


602  SOCIÉTÉ  PREHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Ciseau  en  silex  taillé  et  poli. 

M.  0.  Vauvillé  (de  Pommiers,  Aisne)  présente  un  Ciseau  en 
Silex  taillé,  et  poli,  provenant  de  Couvrelles,  canton  de  Braisne 
(Aisne).  —  La  pièce  présentée  lui  a  été  donnée  par  M.  Sénépart, 
qui  l'avait  recueillie  dans  le  même  pays.  Cet  intéressant  instru- 
ment est  un  outil  néolithique,  que  je  crois  assez  rare.  On  peut 
dire  qu  il  est  presque  analogue,  en  son  genre,  aux  ciseaux  qui 
sont  employés  de  nos  jours  par  les  menuisiers.  —  Voici  la  des- 
cription de  cette  pièce.  On  s'est  servi  pour  le  faire  d'une  très 
belle  lame  en  silex;  l'outil  a  une  longueur  de  0m129,  une  lar- 
geur de  0m029  et  0m009  d'épaisseur.  Le  bout  du  tranchant  a  été 
poli  sur  les  deux  côtés;  l'autre  bout  de  la  lame  a  été  diminué  de 
largeur  pour  emmancher  le  ciseau;  les  deux  côtés,  hors  du 
manche,  ont  aussi  été  polis,  en  partie. 


A  propos  des  Broches  de  bronze 
«    à  <~ollerclt.es    »    et  à  disques  mobiles. 

PAR 

A.  GUÉBHARD   (Paris). 

Je  suis  heureux  d'offrir,  à  la  Société,  un  moulage  remarquablement 
bien  exécuté  qu'a  bien  voulu  m'en voyer  gracieusement,  avec  un  autre 
exemplaire  destiné  au  Musée  de  Saint-Germain,  M.  E.  Royer,  con- 
servateur du  Musée  de  Villefranche  (Rhône),  à  l'instigation  du  maire, 
M.  le  D'  Besançon,  que  je  ne  saurais  trop  remercier. 

En  vérité,  l'origine  première  de  cette  bonne  fortune  fut  un  rensei- 
gnement dû  à  l'amabilité  de  Mme  Claudius  Savoye,  qui,  en  suivant 
les  travaux  de  notre  Société,  a  trouvé  que  de  s'y  associer  était  le 
meilleur  culte  à  rendre  à  la  mémoire  du  regretté  préhistorien,  auteur 
du  Beaujolais  Préhistorique. 

Quelque  connu  et  quelque  apprécié  que  soit,  en  effet,  l'excellent 
ouvrage  de  Cl.  Savoye,  publié  en  1899  sous  les  auspices  de 
VA.  F.  A.  S.  {1  vol.  206  p.,  10  fig.,  4  pi.  et  1  carte),  je  n'avais  pas 
songé  que  je  pourrais  trouver  là  ce  que  j'avais  été  chercher  tort  loin, 
un  type  très  caractérisé,  et  très  bien  figuré  (p.  144,  fig.  67),  de  broche 
«  à  collerettes  »  et  à  disques  mobiles.  Ce  lut  grâce  à  un  mot  de 
Mm*  Savoye  que  j'en  eus  l'indication  et  que  je  pus  même  un  instant 
concevoir  l'espoir  d'être  mis  à  même  d'étudier  de  visu  les  détails  de 
cette  particularité  si  curieuse,  et  de  vous  présenter  ici  la  pièce, 
comme  j'avais  eu  le  bonheur  de  pouvoir  le  faire  pour  les  bronzes  de 
Nice  et  ceux  du  Musée  de  Draguignan.  Si  j'ai  dû  me  contenter  du 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  603 

moulage,  du  moins  les  observations  minutieuses  qu'a  eu  la  grande 
obligeance  de  faire  à  ma  place  M.  Royer  me  permettront-elles  de 
préciser  quelques  détails  intéressants. 

La  symétrie  recherchée  du  profil  fusiforme  de  l'ensemble  des  dix 
anneaux  superposés,  devait  suggérer  la  question  de  l'obtention  de 
ces  anneaux  pièce  par  pièce,  ou  par  couples,  réduisant  à  cinq  le 
nombre  des  moules,  qui,  en  ce  cas,  auraient  dû  être  nécessairement 
de  substance  réfractaire  et  non  périssable. 

Or  l'examen  le  plus  attentif  n'a  pas  permis  de  trouver  deux  pièces 
homologues,  qu'on  puisse  croire  issues  de  la  même  forme.  Toutes  se 
différencient  les  unes  des  autres  par  quelque  petit  détail  et  surtout 
par  l'excentricité  variable,  toujours  considérable,  de  leur  trou  cen- 
tral. 

Celui-ci,  d'ailleurs,  n'est  pas  rond,  comme  sur  l'épingle  de  Marcel- 
laz  (Haute-Savoie),  mais  de  section  carrée,  comme  à  Vers  (Gard], 
enfilé  sur  une  partie  d'axe  elle-même  équarrie,  sur  une  longueur 
plus  grande  que  nécessaire,  laissant  comme  jeu  un  peu  moins  que 
l'épaisseur  d'un  bouton  supplémentaire.  La  répétition  de  ce  détail, 
observable  également  sur  l'épingle  dû  Musée  de  Nîmes,  semblerait 
indiquer  qu'il  n'est  point  accidentel  (faux  calcul  de  la  longueur,  dis- 
parition d'un  bouton,  etc.j,  mais  voulu,  pour  laisser  aux  disques  une 
certaine  mobilité  longitudinale,  sans  leur  permettre  de  tourner.  Peut- 
être  même  est-ce  à  l'usure  qu'il  faut  attribuer  l'émoussement  des 
arêtes  noté  par  M.  Royer,  qui  a  remarqué  aussi,  sur  la  face  infé- 
rieure de  l'anneau  diiâbas,  de  toutes  petites  encoches,  les  unes  ali- 
gnées par  3,  5,  6,  les  autres  irrégulièrement  groupées,  formant  une 
sorte  de  martelage,  comme  produirait  le  choc  contre  une  pointe  dure 
de  burin.  Ni  la  face  supérieure  de  l'anneau,  ni  les  autres,  ne  mon- 
trent rien  de  pareil.  Mais  la  partie  ronde  de  la  tige  présente  des 
rayures  longitudinales  parallèles,  comme  si  elle  avait  été  éraflée  sur 
des  aspérités.  Le  tout  évidemment  s'expliquerait  si  l'usage  de  l'instru- 
ment était  d'être  enfilé  jusqu'à  la  garde  dans  quelque  ouverture  étroite 
et  mal  polie  de  corps  plus  dur  que  lui  et  susceptible  de  le  rayer. 

Quanta  la  tète,  elle  a  été  très  visiblement  rivée;  l'enlèvement 
d'une  légère  poussière  d'oxyde  a  laissé  paraître,  au  haut  de  la  partie 
saillante  du  bouton,  la  trace  de  l'extrémité  de  Taxe. 

Tous  ces  détails,  que  nous  devons  à  M.  Royer,  paraîtront  peut- 
être  un  peu  minutieux.  Mais  ce  n'est  qu'en  multipliant  de  telles  ob- 
servations, suivant  la  méthode  des  sciences  naturelles,  sur  les  piè- 
ces analogues,  malheureusement  peu  nombreuses  et  toutes  disper- 
sées, qu'on  pourra  trouver  dans  quelque  rapprochement,  d'appa- 
rence peut-être  insignifiante,  la  clef  des  questions  d'emploi  et  de 
fabrication,  qui  se  posent  au  sujet  de  ces  instruments  curieux. 


604  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Sur  une  épingle  de  Bronze»  à    «   collerettes   mo- 
biles  »  ,  enfilées  sur  une  tige  de  fer. 

PAR 

Raoul  BOUILLEROT  (Dijon,  C.-dOr). 

La  très  intéressante  étude  de  notre  savant  confrère,  le  Dr  A.  Gué- 
bhard,  sur  les  épingles  de  bronze  à  collerettes,  parue  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  Préhistorique  Française  (juin  1911),  m'a  remis  en  mé- 
moire un  exemplaire  assez  curieux,  remarqué  dans  la  collection  de 
M.  le  conseiller  Millon,  de  Dijon  (1). 

Je  suis  allé  aussitôt  revoir  de  plus  près  cette  épingle,  dont  ci-joint 
le  dessin  {Fig.  1). 

0Elle  se  compose  de  la  tête  et  de  sept  disques, 
réunis  sur  une  tige  de  fer  rivée  au  sommet  de  la 
tête,  qu'elle  traverse  de  part  en  part.  Ces  disques 
fsont  absolument  indépendants  les  uns  des  autres, 
celui  du  haut,  le  plus  rapproché  de  la  tête,  étant 
demeuré  complètement  mobile.  L'oxydation  du  fer 
a  soudé  les  autres  sur  la  tige  ;  le  dernier  est  en 
partie  brisé  ;  la  tige  est  actuellement  tordue. 
Tous  les  disques  sont  du  même  modèle,  mais 
non  absolument  identiques,  et  il  n'apparaît  pas 
qu'ils  soient  tous  sortis  du  même  moule. 

Ce  n'est  pas  là  une  pièce  truquée,  ni  une  res- 
tauration moderne.  Il  est  hors  de  doute  que  cer- 
tains objets,  quoique  démodés  depuis  longtemps, 
Fig,  1.  —  Epingle  de  de  l'âge  du  Bronze,  sont  restés  occasionnellement 
ia  collection  millon,         usage  à  l'âge  du  Fer;  et,  après  un  examen 

à  Dijon    —    Dessin  °  ,  • 

de  m.  r.  bouille-  minutieux  de  1  épingle   en  question,  il  n  est  pas 

rot,—  :  1/2.  téméraire  d'attribuer  à  un  artisan  hallstattien  ou 

de  La  Tène  la  substitution  d'une  tige  en  fer  à  la  tige  initiale  en 
bronze  accidentellement  brisée. 

Cette  pièce  anormale  n'en  reste  pas  moins  intéressante,  en  ce 
qu'elle  confirme,  à  une  époque  postérieure,  le  procédé  d'enfilage  de 
disques  mobiles,  constituant  le  type  des  «  Épingles  à  collerettes  ». 

Malheureusement,  la  provenance  de  cet  objet  n'est  pas  absolu- 
ment certaine.  M.  Millon  croit  qu'elle  provient  des  dragages  de  la 
Saône,  à  Chalon  ;  mais,  extrêmement  scrupuleux  quant  à  l'origine 

(1)  Cette  précieuse  collection  va  être  incessamment  publiée  par  M.  J.  Déche- 
lette,  avec  la  collaboration  de  MM.  Parât,  Dr  Brulard,  R.  Bouillerot  et 
C.  Drioton    [Paris,  Geutbner]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  605 

des  pièces   qui  composent  sa  collection,  il  déclare  ne  pouvoir  être 
aftirraatif  à  cet  égard.  Nul  ne  saurait  l'en  blâmer. 

Au  point  de  vue  documentaire,  il  y  a  lieu  de  retenir  :  que  l'épin- 
gle a  été  trouvée  telle  qu'elle  est,  que  la  réparation  est  ancienne,  et 
qu'elle  a  été  pratiquée  suivant  la  technique  en  usage  à  l'âge  du  Bronze. 

C'est  à  ce  titre  que  je  la  signale  à  M.  le  Dr  Guébhard,  car  toutes 
les  suppositions  qu'on  pourrait  taire  sur  la  destination  attribuée  aux 
épingles  de  bronze  recueillies  et  utilisées  aux  époques  postérieures 
ne  sauraient  reposer  sur  aucun  fondement. 

M.  A.  Guébhard  est  heureux  de  trouver,  dans  l'intéressante 
communication  de  M.  R.  Bouillerot,  une  confirmation,  aussi  cu- 
rieuse qu'inattendue,  de  l'attribution  qu'il  avait  été  porté  à  faire  de  ce 
genre  d'épingles-broches  à  l'extrême  fin  du  Bronze,  puisque  en  voici 
un  exemplaire  quia  été  conservé  et  utilisé  jusqu'au  Fer!  — D'où 
présomption  nouvelle,  en  faveur  de  l'antécédence  évolutive  plutôt 
que  de  la  postériorité  du  type  plus  simple  de  Clans,  fondu  d'un  seul 
jet. 

Les  remarques  de  M.  Bouillerot  confirment  d'ailleurs,  jusqu'au 
rivetage,  celles  de  M.  Royer  ;  et  il  parait  bien  établi  que  c'est  à  la 
pièce  que  se  taisait,  même  pour  les  anneaux,  tout  ce  travail  d'orfèvre- 
rie métallique,  qui  semble  avoir  eu,  des  deux  côtés  du  Jura,  là  et 
en  Suisse,  des  centres  de  prédilection. 

A  Vogna  même,  commune  d'Arinthod  Jura  ,  qui  nous  a  fourni 
un  de  nos  prototypes,  les  trois  grandes  broches  trouvées  ensemble, 
qui  sont  visibles  au  Musée  de  Lons-le-Saunier,  sont  toutes  différentes, 
nous  écrit  M.  A.  Lejay,  soit  de  longueur  0m(52,  0m66,  0m70),  soit  de 
décor  de  tète.  Parcontre,  autant  qu'on  en  peut  juger  à  travers  les  vi- 
trines et  sous  l'empâtement  du  vert-de-gris,  il  ne  semble  pas  que 
leurs  annelets  aient  jamais  été  détachés. 


■  »»»t»t  m  »~«.~ 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE. 


606  SOCIÉTÉ  PREHISTORIQUE   FRANÇAISB 


COMMISSION  DES  ENCEINTES 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  Préhistoriques 

et    Fortifications    anhistoriques. 

M.  Armand  Viré,  Président  de  la  Commission,  s'excusant  de  son 
absence,  a  chargé  M.  A.  Guérhard  de  déposer  le  51e  Rapport,  qu'il 
a  fait  précéder  des  quelques  mots  suivants  : 

«  La  Commission  des  Enceintes  entre  dans  sa  sixième  année  ;  et 
c'est,  pour  une  Commission  aussi  spéciale,  un  passé  déjà  long. 

«  Accueillie  à  son  début  par  le  doux  scepticisme  de  quelques-uns, 
par  la  froideur  plutôt  malveillante  de  quelques  autres,  elle  a  heureu- 
sement, d'emblée,  trouvé  de  chauds  et  dévoués  collaborateurs  ;  et  elle 
a  prouvé,  par  l'amoncellement  des  documents  qui  garnissent  ses  rap- 
ports, qu'elle  venait  à  son  heure  combler  une  lacune  dans  l'ensemble 
des  études  préhistoriques. 

«  Certes  tout  n'est  point  parfait  dans  nos  travaux.  On  souhaiterait 
davantage  de  fouilles  proprement  dites  ;  mais  il  faut  savoir  se  rési- 
gner et. . .  attendre. 

«  Continuons  donc  avec  ardeur  notre  œuvre  d'inventaire,  pourdoter 
nos  successeurs  d'un  puissant  organe  de  travail.  » 

—  MM.  Eusèbe  Bomral  et  Amédée  Muzac  nous  signalent,  à  côté 
d'un  menhir  en  granit,  des  restes  de  murailles  à  pierres  sèches  et  une 
couche  déterre  noirâtre  fortement  imprégnée  de  charbon  et  de  menus 
débris  de  poteries. 

S'agit-il  bien  d'un  reste  d'Enceinte  ?  Quoi  qu'il  en  soit,  le  tout  est 
situé  dans  les  dépendances  du  village  de  Couderc,  commune  de  Ser- 
vières(Corrèze),  au  lieu  dit  Champ  d'Astier,  au  bord  d'un  précipice,  où 
coule  le  ruisseau  de  la  Glane,  alias  de  la  Dame,  et  sur  la  rive  gauche 
de  ce  cours  d'eau. 

—  M.  H.  Corot,  en  attendant  de  pouvoir  aller  vérifier  par  une 
fouille  le  caractère  préromain  de  certains  retranchements  observés 
aux  environs  d'Alise-Sainte-Reine  (Côte-d'Or),  à  Flavigny,  Bussy, 
etc.,  nous  envoie  de  très  démonstratives  photographies  des  fouilles 
de  la  Croix-Saint-Charles,  à  Alise  même,  par  lesquelles  le  comman- 
dant Espérandieu  et  le  Dr  Epery  ont  mis  à  jour  l'ancien  mur  d'en- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  607 

ceinte  gaulois  d'Alseia,  dont  la  structure  est  bien  démontrée  par  les 
grandes  fiches  de  fer,  retrouvées  dans  les  trous  laissés  parla  dispari- 
tion des  poutraisons  intérieures  :  mode  de  construction  qui  se  per- 
pétua d'ailleurs,  surplace,  après  l'occupation,  puisqu'on  l'a  retrouvé 
sur  un  autre  pan  de  mur,  fait  avec  des  débris  de  sculptures  romaines. 
Très  curieuse  aussi  la  voie  gauloise,  retrouvée  à  un  mètre  de  pro- 
fondeur, et  qui  montre,  sur  le  roc  vif,  les  deux  profondes  ornières 
creusées  par  le  charroi  de  l'époque.  —  A.  G. 

—  Nous  publions  ci-contre  {Fig.  1,2)  le  plan  du  camp  du  Chatelard, 
commune  de  Royan  (Charente-Inférieure),  que  nous  n'avons  pu 
faire  figurer  avec  le  texte  qui  le  concernait,  lorsque  nous  avons  dé- 
crit ce  camp  (t.  VIII,  p.  424,  rapp.  49),  d'après  M.  Arthur  Cousset. 


Fig.  1.  —  Emplacement  du  Camp  du  Chatelard,  commune  de  Royan. 

—  M.  E.  Hugon  nous  annonce  de  prochains  détails  sur  une  en- 
ceinte nouvelle,  qu'il  a  découverte  au  hameau  de  Merlin,  commune 
d'Orgelet  (Jura). 

—  M.  L.  Jacquot  nous  transmet  une  note  de  M.  L.  Carrière  sur 
le  Camp  des  romains,  situé  sur  le  plateau  de  Charlasse,  au-dessus  de 
la  Bourboule  (Puy-de-Dôme),  ait.  1250.  C'est  une  série  de  retran- 
chements de  terre,  avec  trous  d'homme,  du  côté  du  Sud,  barrant  un 
éperon  ;  alignements  en  pierre  sur  les  autres  côtés.  Source  abon- 
dante vers  le  centre  avec,  autour,  un  groupement  comportant  de  gros 
blocs  de  pierre. 

Un  chemin  couvert,  venant  du  S.  et  bordé  de  grosses  pierres, 
semble  avoir  servi  d'accès . 


608  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Les  mêmes  correspondants  décrivent  une  nouvelle  fortification, 
dite  Mur  Piraud,  du  nom  de  l'auteur  de  la  découverte. 

«  Le  Rochaix  est  une  crête  étroite,  dirigée  sensiblement  du  nord  au 
sud  et  isolée  des  montagnes  voisines  par  plusieurs  cols  :  de  Clémen- 
tières  à  l'ouest,  le  séparant  du  Casque  de  Néron  ;  de  Vence,  au  nord, 
le  séparant  du  Charmant-Som  ;  de  Porte,  à  l'est,  le  séparant  du 
Saint-Eynard.  Le  Rochaix  (corruption  du  mot  Rocher)  s'abaisse  au 
sud  par  une  série  de  pointes  de  plus  en  plus  basses  et  de  petits  ter- 
rains jusqu'à  son  contact  avec  l'Isère,  qui  se  heurte  contre  sa  der- 
nière falaise  (Quai  Perrière).  Les  deux  pitons  les  plus  méridionaux 
portent  des  fortifications  élevées  par  Vauban  :  le  fort  Rabot  et  la 
Bastille. 


Cow*W  <UVtya*  iStâJip) 

c 


big.  2.  —  Le  Camp  du  Chatelard. 

«  En  arrière  (nord),  c'est  le  massif  de  la  Chartreuse.  En  avant 
(midi),  c'est  la  plaine  du  Grésivaudan  —  venant  de  Montmélian 
(au  sud-est),  —  le  grand  cirque  plat  (sud  ,  créé  par  les  débordements 
de  l'Isère  et  du  Drac  et  autrefois  occupé  par  des  marécages,  la  vallée 
de  l'Isère  (sud-ouest)  continuant  sur  Valence.  Le  Rochaix  forme 
comme  un  éperon  avançant  en  dehors  du  massif  de  la  Chartreuse  et 
quia  obligé  l'Isère  à  décrire  une  courbe  sensible. 

«  Pour  suivre  la  vallée  de  l'Isère,  —  quand  les  eaux  le  permet- 
taient —  il  fallait  passer  sous  les  palissades  de  Cularo  (ancienne 
bourgade  indigène).  Par  temps  normal  les  voyageurs  arrivaient  de 
Chambéry  parle  Sapey  et  la  Tronche  (vierge  noire),  traversaient  ou 
contournaient  Cularo  (Chalemont,  Sainte-Marie-d'en  Haut),  remon- 
taient le  long  du  Racloir,  par  Rabot,  la  propriété  Guy-Pape  (sque- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  609 

lettes,  fers  minuscules)  et  Clémentières  (pierre  à  cupules),  descen- 
daient à  Quoix  'vieux  manoir)  et  prenaient  le  vallon  de  la  Vence, 
pour  venir  retrouver  l'Isère  à  Saint-Egrève- Saint-Robert  (grotte  de 
l'Ermitage  . 

«  Mais  Cularo,  au  pied  de  la  montagne,  était  menacé  d'être  surpris 
par  les  bandes  qui  auraient  pu  arriver  du  massif  de  la  Chartreuse  en 
suivant  la  crête  du  Rochaix.  Les  Allobroges  qui  l'habitaient,  gens 
paisibles  et  trafiquants,  devaient  donc  avoir  songé  à  se  garder  du  côté 
du  nord  par  un  poste  ou  grand'garde  avancée.  Jusqu'à  présent  per- 
sonne n'en  avait  trouvé  trace,  des  broussailles  couvrant  tous  les 
flancs  de  la  montagne.  Un  incendie  récent  'ayant  fait  disparaître  les 
fourrés,  M.  Piraud  —  passant  là  par  hasard  —  aperçut  les  murs  et, 
en  homme  averti,  les  signala. 

Voici  maintenant  ce  que  dit  M.  Carrière  : 

«  Le  Rochaix  est  en  pente  rapide  à  l'est,  très  raide  au  nord  et  pres- 
que abrupte  à  l'ouest.  Un  poste  n'avait  donc  à  se  garder  d'une  atta- 
que de  vive  force  que  dans  deux  directions  :  nord  et  est;  le  sud,  étant 
dans  la  direction  de  la  bourgade,  était  moins  menacé.  Néanmoins,  il 
ne  fallait  pas  être  coupé  de  Cularo  et,  pour  cela,  il  fallait  éviter  de 
s'en  éloigner  trop,  tout  en  se  fixant  à  un  endroit  où  la  surveillance  pût 
être  efficace.  Nos  aïeux  choisirent  la  pente  nord  du  point  culminant 
(1.053  mètres)  et  s'établirent  un  peu  au-dessus  d'une  dépression  en 
forme  de  petit  col  que  traverse  encore  maintenant  un  mauvais  sen- 
tier. Ils  pouvaient  de  là  surveiller  la  vallée  du  Grésivaudan.  le  Saint- 
Eynard,  les  cols  de  Porte,  et  de  Clémentières,  le  casque  de  Néron  et 
la  vallée  de  l'Isère  àlaBuisserate.  Des  vedettes  envoyées  sur  les  con- 
treforts plus  septentrionaux  suffisaient  à  surveiller  les  cols  de  Porte 
et  de  Vence,  complétant  ainsi  le  système  défensit.  Quant  à  l'eau,  elle 
manquait;  on  devait  retenir  l'eau  de  pluie  dans  des  citernes  et,  dans 
tous  les  cas,  on  pouvait  en  trouver  à  un  ravin  qui  se  trouve  à  vingt 
minutes  du  poste,  sur  le  chemin  conduisant  à  Clémentières.  D'ail- 
leurs le  pays,  alors  plus  boisé,  devait  avoir  beaucoup  plus  de  sour- 
ces qu'aujourd'hui. 

a  Les  vestiges  Piraud  sont  à  mi-hauteur  entre  le  col  et  le  point  cul- 
minant, à  une  distance  à  vol  d'oiseau,  d'environ  200  mètres  du  som- 
met et  du  côté  nord.  Ils  font  face  à  la  gorge  ou  col  que  suit  la  route 
du  Sapey  après  le  col  de  Vence. 

«  lisse  présentent  sous  l'aspect  d'un  mur  en  pierres  sèches  haut  de 
lm50à  2  mètres  mesure  intérieure),  semi-circulaire  et  d'un  dévelop- 
pement d'une  cinquantaine  de  mètres,  la  convexité  vers  la  plaine, 
ledit  mur  tout  à  fait  éboulé  et  ayant  sa  face  extérieure  sur  la  pente. 

«  Les  matériaux  sont  des  pierres  non  ouvrées,  trouvées  sur  place, 
sorte  de  pierraille  qui  ne  semble  pas  avoir  été  disposée  par  assises.  La 
face  intérieure  est  sensiblement  verticale  tandis  que  celle  extérieure, 


610  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

qui  a  dû  être  dégradée  par  l'effet  des  eaux,  est  à  45  degrés  comme  la 
pente.  On  aperçoit  sous  la  pierraille,  quelques  gros  blocs  qui  parais- 
sent avoir  été  mis  là  intentionnellement,  peut-être  pour  soutenir 
le  mur  de  distance  en  distance. 

«  Les  défenseurs  avaient  leurs  derrières  protégés  par  les  escarpe- 
ments de  l'ouest. 

«  La  vue  dont  on  jouit  depuis  le  poste  est  très  étendue  et  très  effi- 
cace pour  la  protection  du  Rabot.» 

—  M.  Albany  F.  Major,  qui  a  succédé  à  M.  A.  G.  Chater  dans 
le  secrétariat  du  Committee  of  Ancient  Earthworks  and  Fortified 
Enclosures  nous  adresse  le  Rapport  adressé  au  Congrès  des  Sociétés 
archéologiques  anglaises,  le  5  Juillet  1911.  Quoique  le  mouvement 
en  faveur  de  l'étude  des  Enceintes  paraisse  s'étendre,  et  qu'il  ait 
même  été  constitué  des  Commissions  spéciales  pour  cela  au  sein  du 
Dorset  Field  Club  (exemple  que  devraient  bien  suivre  nos  Clubs 
Alpins)  et  de  la  Bucko  Architectural  and  Archaeological  Society,  le 
nombre  des  fouilles  de  l'année,  pour  les  enceintes,  n'est  pas  bien 
grand.  A  Repton  (Dorbyshire),  l'enceinte  rectangulaire  en  terre  des 
Buries,  qui  passait  pour  romaine  ou  danoise,  n'a  fourni  à  MM.  Au- 
den  et  Simpson  que  des  poteries  du  xv°  siècle.  A  Stokeleigh  Camp 
(Somerset)  des  fouilles  et  des  coupures  dans  le  rempart  des  pierres  ' 
sèches  effectuées  par  le  Professeur  C.  Lloyd  Morgan  et  M.  A.  E. 
Hidd,  n'ont  rien  fourni  de  caractéristique.  Il  y  a  bien  eu  quelques 
autres  fouilles,  mais  elles  n'ont  pas  été  publiées,  et  si  nous  compa- 
rons à  l'enquête  de  notre  Commission  isolée  les  résultats  obtenus 
dans  un  pays  où  tant  d'importantes  organisations  s'en  occupent,  il 
n'y  a  certes  pas  lieu  de  trouver  inférieure  la  tâche  accomplie  chez 
nous.  —  A.  G. 

—  M.  M.  Marignan,  dont  on  attend  avec  impatience  la  description 
des  belles  fouilles,  donne,  dans  le  volume  de  l'A.  F.  A.  S.,  39e  session, 
Toulouse  1910,  t.  II,  p.  273-275,  une  note  préliminaire  qui  appelle 
quelques  réflexions  sur  la  station  néolithique  et  l'oppidum  d'Am- 
brussum  à  Villetelle  (Hérault). 

Après  avoir  exposé  comment,  à  lm80  de  profondeur,  sous  les 
cases  gauloises,  il  a  trouvé  d'abondantes  traces  d'une  occupation 
néolithique,  il  ajoute  : 

«  Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  possible  d'attribuer  aux  Préhistoriques 
la  construction  de  l'enceinte.  En  effet,  on  trouve  du  silex  aussi  bien 
à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur  du  rempart  ;  on  en  trouverait  sous  la 
muraille  si  l'on  pouvait  y  fouiller.  Ceci  ne  serait  pas  une  preuve 
absolue  ;  mais  en  voici  une  meilleure  :  la  superficie  de  l'Oppidum  a 
6  hectares  environ,  le  rempart  a  635  mètres  de  longueur,  or  l'habitat 
néolithique,  situé  sur  le  point  culminant  de  la  colline,  n'a  pas  plus 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  611 

d'un  hectare  de  superficie.  Les  néolithiques  ne  se  seraient  pas  amu- 
sés à  bâtir  un  mur  de  635  mètres  et  à  fortifier  6  hectares  pour  n'oc- 
cuper qu'une  faible  partie  de  cette  vaste  enceinte.   » 

Je  regrette  infiniment  d'avoir  à  le  dire  à  un  de  mes  collègues  les 
plus  appréciés  de  la  Commission  des  Enceintes  ;  mais  je  serais  bien 
désolé,  au  point  de  vue  de  la  saine  méthode  scientifique,  que  sa  ma- 
nière de  raisonner  eût  des  imitateurs,  même  si  elle  l'a  conduit  à  une 
conclusion  juste  en  ce  cas  spécial  d'Ambrussum,  que  je  ne  connais 
pas,  et  que,   faute  d'autres    détails,  je  ne   me  permets  pas  de  juger. 

Ne  tombe-t-il  pas  sous  les  sens  que,  lorsqu'on  pose  un  mur,  sans 
fondements,  comme  faisaient  les  pré-  ou  protohistoriques, sur  le  sol, 
ce  sont  précisément  les  objets  de  l'époque  de  la  construction  que  doit 
recouvrir  ce  mur,  contre  lequel  ne  viendront  s'accumuler,  avec 
l'exhaussement  du  sol,  que  des  restes  postérieurs? 


" 


Quelques  cas  où  des  objets  peuvent  se  trouver  déposés  en  dessous  du  niveau  de 
base'  d'un  mur  contemporain  ou    même  plus  ancien. 


A  fortiori,  si  l'on  tient  compte  de  l'habitude  des  néolithiques  de 
creuser  leurs  demeures  de  près  d'un  mètre  dans  le  sol,  là  où  celui-ci 
s'y  prêtait!  Le  croquis  ci-dessous,  que  j'ai  publié  dans  le  t.  V  (1908, 
p.  164,  fig.  1)  est  suffisamment  démonstratif  par  lui-même  pour  que 
je  m'étonne  de  voir  reprendre  par  mon  savant  confrère  un  argument, 
que  j'avais  cru  devoir  combattre  préventivement,  dès  que  je  l'avais 
vu  poindre.  Non  seulement  il  ne  constitue  pas  une  «  preuve  abso- 
lue »  ;  mais  ce  serait  plutôt  une  preuve  négative,  tant  qu'aucun  objet 
gaulois  n'aura  été  trouvé  à  la  base,  sinon  sous  la  base  du  mur  attri- 
bué à  cet  âge. 

L'autre  preuve  est-elle  meilleure  ? 

Que  dirait  alors  notre  confrère  des  nombreuses  enceintes  où  ne  se 
retrouve  aucune  trace  d'habitat?  Très  exceptionnelles  sont  celles  qui 
ont  donné  lieu  à  des  occupations  stables  et  prolongées  ;  encore  plus 
celles,  même  parmi  les  récentes,  dont  la  surface  entière  aurait  été 
occupée.  Ne  fallait  il  pas  pour  les  bêtes  plus  d'espace  que  pour  les 
gens?  La  situation  topographique  elle-même  ne  commandait-elle 
pas  le  tracé  et  les  dimensions  du  mur?  Et,  quant  aux  dimensions  de 
celui-ci,  à  Ambrussum,ne  restent-elles  pas  encore  mesquines  parrap-i 


612  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

port  à  maintes  murailles  de  même  type,  incontestablement  néolithi- 
ques, observées  en  Allemagne?  Faudrait-il  donc  en  revenir  à  croire, 
ou  à  un  Age  d'Or,  ou  à  une  infériorité  intellectuelle,  l'un  et  l'autre 
bien  extraordinaires,  pour  les  néolithiques  de  tout  le  Bas-Languedoc, 
quand  M.  Marignan,  sans  davantage  de  preuves,  conclut:  «  En  défi- 
nitive, la  question  paraît  tranchée  pour  Ambrussum  :  le  rempart  n'est 
pas  l'œuvre  des  Néolithiques.  Je  me  demande  même  s'il  existe  des 
remparts  néolithiques  dans  notre  Bas-Languedoc...  C'est  aussi,  je 
crois,  l'opinion  de  M.  Mazauric,  qui  connaît  à  fond  son  dépar- 
tement.  » 

Je  crois  qu'il  ne  faudrait  pas  beaucoup  chercher  dans  les  publica- 
tions de  M.  Mazauric  pour  prouver  le  contraire,  en  ce  qui  concerne 
le  Gard;  mais,  pour  Ambrussum,  je  tiens  à  proclamer  très  hautement 
que  la  question  ne  paraît  nullement  tranchée.  En  Science,  il  ne  suffit 
pas  de  croire  :  il  faut  aussi  démontrer  ;  et  la  démonstration  reste  à 
faire . 

Sans  doute  un  argument,  qu'omet  de  faire  valoir  M.  Marignan, 
pourrait-il  faire  penser  à  des  constructeurs  postérieurs  aux  néolithi- 
ques :  c'est  celui  des  tours  aux  angles  saillants.  Mais  encore  faudrait- 
il  savoir  si  celles-ci  font  corps  avec  le  mur,  pu  ne  sont  pas  simplement 
plaquées  en  contreforts,  comme  à  Constantine.  Et,  même  alors,  res- 
terait discutable  la  question  de  contemporanéité,  et  parfaitement  l'âge 
possible  du  Bronze  (Exemple  :  Hissarlik). 

J'insiste  d'ailleurs  sur  ce  que  je  ne  rejette  nullement,  de  parti 
pris,  Yhypothèsede  M.  Marignan,  mais  à  condition  de  ne  la  regarder 
que  comme  une  hypothèse;  car,  en  tout  état  de  cause,  d'après  ce  qui 
a  été  exposé,  notre  confrère  n'a  pas  plus  le  droit  de  «  trancher  » 
pour  l'âge  gaulois  que  nous  pour  l'âge  néolithique,  malgré  quelques 
vraisemblances  qu'il  a  lui-même  fournies  pour  cette  dernière  alter- 
native. —  A.  G. 

*—  M.  A.  Poirot  nous  envoie,  pour  être  ajouté  à  l'inventaire  de 
Meurthe-et-Moselle,  donné  par  M.  le  Comte  Jules  Beaupré,  dès 
les  débuts  de  notre  enquête  (B.  S.  P.  F.,  IV,  1907,  7e  Rapp., 
p.  155-159),  deux  enceintes  inédites,  observées  par  lui  et  ses  fils, 
MM.  G.  et  A.  Poirot. 

Frouard.  Côte  de  Pimont.  Long.  E.,  4  gr.  188;  Lat.,54  gr.  170. 
Promontoire  situé  à  340  mètres  d'altitude  et  dominant  de  130  mètres 
la  vallée  de  la  Moselle,  barré  à  500  mètres  de  l'extrémité  par  un 
Vallum  en  pierre  et  terre,  non  calciné,  sans  fossé,  de  350  mètres  de 
longueur,  de  7  mètres  de  largeur  à  la  base  et  lm50  de  hauteur  {Fig.  4). 

Faulx.  Bois  de  Faulx.  Long  E.,  4  gr.  280;  Lat.,  54  gr.  191. 
A  350  mètres  d'altitude,  sur  le  flanc  Est  du  plateau  dominant  de 
-110  mètres  la  vallée  du  Ruisseau  de  Chavenoy,  enceinte  de  100  mè- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  6l3 

très   sur  120  environ.  Vallum   en    pierre    et   terre,    non    calciné, 
sans  fossé,  atteignant  6  mètres  de  largeur  à  la  base  et  lm80  de  hau- 


Fig.  4  et  5.  —  Encintes  inédites  de  Meurthe-et-Moselle,  levées  par  M.  A.  Poirot. 

teur.  Autre  vallum  formant  demi-lune  sur  le  flanc  Est.  Nombreux 
monticules  de  pierres  ,sans  doute  des  tumulus)  et  nombreuses  lignes 
de  pierres  disséminées  dans  les  environs  (Fig.  5). 


WN(  Uhrryï  ?<r  \Jrtun^  (^<rt^rr»rtC 


Fig.  6.  —  Camp  de  Graou  Courrent  'A.-M.).  —  Levé  à  vue  par  M.  Cl.  Rébuffel 


—  M.  A.  Guébhard,  hanté  par  une  très  vieille  réminiscence  d'ex- 
cursion géologique,  qu'il  avait  malheureusement  omis  de  noter, 
quant  à  1  existence  d'un  caslelar  sur  le  sommet  qui  domine  au  nord 
le  village  de  Val  de  Roure(  Alpes -Maritimes),  ne  cessait,  depuis 
qu'il  s'était  vu  retenu  à  Paris  par  les  nécessités  de  cette  enquête  spé- 
ciale et  ses  suites,  de  tâcher   d'obtenir  une  confirmation  des  plus 


6H  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

proches  habitants  de  la  région.  Sans  se  laisser  décourager  par 
maintes  réponses  négatives,  il  faisait  grand  fond,  pour  la  vérification 
de  cette  pré-  ou  plutôt  rétro-vision,  sur  le  flair  de  l'actif  détec- 
teur, M.  Clément  Rébuffel,  qui,  résidant  dans  une  commune  pas 
très  éloignée,  celle  de  Séranon,  y  avait  déjà  vérifié,  malgré  les  déné- 
gations des  immédiats  voisins,  l'existence,  prévue  à  distance,  d'une 
importante  enceinte  sur  la  montagne  du  Cournet  (B.  S.  P.  F.  t.  VI, 
1909,  p.  300,  fig.  4,  5,  fi,  XXIXe  Rapport). 

M.  Clément  Rébuffel,  dès  qu'il  en  eut  le  loisir,  se  rendit  sur  le 
sommet  désigné,  qui  se  trouve  d'ailleurs  figuré  sur  une  des  planches 
de  l'ouvrage  de  M.  A.  Guébhard,  Les  Préalpes  maritimes  (1)  et  là  il 
trouva  effectivement  une  enceinte  très  développée  qui,  d'après  le 
croquis  très  sommaire  qu'il  a  pu  en  prendre,  sans  aucunes  mesures, 
et  que  nous  reproduisons  (Fig.  4)  à  titre  de  document  préliminaire, 
présenterait  cette  particularité  d'occuper  non  seulement  la  pointe 
isolée  du  mamelon,  mais  encore  d'englober  dans  un  double  système 
de  rempart  le  débouché  supérieur  de  la  petite  gorge  d'accès  qui 
isole  au  Nord  le  mamelon,  comme  il  est  à  l'Est  et  au  Sud  par 
l'abrupt,  mais  sans  défenses  naturelles  du  côté  de  l'ouest. 

Au  cadastre  de  Valderoure,  cet  emplacement  correspond  au  n°  945 
de  la  section  B,  et  porte  le  nom  de  Graou-Courrent  que  nous  laisse- 
rons au  camp  lui-même.  Sur  ce  même  cadastre,  M.  C.  Rébuffel  a 
encore  noté  que  le  camp  qu'il  nous  avait  autrefois  signalé  au  Col  de 
Saint-Pierre,  se  trouve  très  bien  dessiné  au  n°  746,  section  D,  ou  du 
Bois  de  Pugnafort,  avec  la  désignation  spéciale  de  Rocher  du  Midi. 
(lig.6). 

Ce  seront  probablement  les  dernières  découvertes  qu'aura  à  nous 
signaler  notre  correspondant,  car  il  a  exploré  maintenant  à  peu  près 
tous  les  sommets  de  ses  environs,  susceptibles  de  porter  des  fortifica- 
tions, et  n'a  rien  trouvé  de  plus  que  ce  qu'il  nous  signale.  Mais, 
connaissant  par  expérience  la  difficulté  de  ces  explorations,  nous  lui 
sommes  déjà  bien  reconnaissant  d'avoir  ajouté  deux  points  nou- 
veaux sur  les  extrêmes  confins  de  notre  carte;  et  il  n'y  a  pas  de  doute 
que  nous  ne  verrions  reculer  de  plus  en  plus  les  limites  de  la  zone 
des  castelaras  s'il  se  trouvait  dans  chaque  commune  un  investigateur 
aussi  actif  et  dévoué  que  le  jeune  créateur  du  Syndicat  d'intérêt  local 
de  Siranon. 

(1)  A.  Guébhard.  —  Les  Préalpes  maritimes,  t.  I,  110  p.,  87  fig.,  XXI  pi.  h.  t., 
[ex  Bull.  Soc.  Geol    de  Fr.,  4*  série,  t.  II,  1905;  v.  pi.  XXVIII]. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  615 

IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Présentation  d'un  Crâne  humain 

trouvé  avec  le  Squelette  à  la  base 

du  Moustérien  de  La  Quina  (Charente). 

PAR  LE 

Dr  Henri  MARTIN  (de  Paris). 

C'est  avec  un  vif  plaisir  que  je  viens  aujourd'hui  vous  présen- 
ter un  Crâne  humain,  portion  d'un  squelette,  que  j'ai  trouvé  le 
18  septembre  1911,  dans  l'une  des  couches  moustériennes  infé- 
rieures de  La  Quina. 

Dans  cette  séance,  je  m'étendrai  seulement  sur  les  circons- 
tances de  la  trouvaille,  et  fournirai  tous  les  éléments  nécessaires 
pour  authentiquer  le  squelette. 

Beaucoup  d'entre  nous  connaissent  déjà  le  gisement  de  La 
Quina  et  ont  pu  se  rendre  compte  de  l'importance  des  couches 
et  de  leur  superposition.  Ceux  qui  y  ont  fouillé  savent  qu'on  ne 
peut  confondre  la  couche  archéologique  supérieure  (cote  C1  et  C2) 
avec  l'Aurignacien  III,  malgré  certains  auteurs  étrangers,  notam- 
ment M.  Rutot,  qui  ont  tenté  de  jeter  la  confusion  entre  des  dé- 
pôts parfaitement  établis,  non  seulement  par  la  stratigraphie, 
mais  encore  par  l'industrie. 

La  découverte  du  18  septembre  suffit  à  elle  seule  pour  écar- 
ter une  telle  hypothèse,  car  elle  met  au  jour  le  type  le  plus  ac- 
centué de  la  race  de  Néanderthal,  race  considérée  à  juste  titre 
par  les  paléontologistes  compétents,  entre  autres  par  le  Pr  Boule, 
comme  appartenant  au  Pleistocène  moyen. 

Depuis  plusieurs  années,  sans  être  absolument  sur  la  voie  de 
la  découverte  actuelle,  j'avais  rencontré  plusieurs  débris  humains 
dans  la  couche  supérieure  et  moyenne;  mais  les  dents,  les  astra- 
gales, le  fragment  d'occipital,  la  vertèbre,  dégagés  des  couches, 
n'étaient  pas  accompagnés  d'autres  fragments  en  série  anato- 
mique. 

Faut-il  insister  sur  ce  moment  d'émotion,  qui  accompagna  la 
découverte  d'un  humérus  droit  humain,  moment  où  je  le  tendis  à 
M.  Henri  Marot,  qui  fouillait  avec  moi.  Notre  excellent  collègue 
comprit  aussitôt  toute  l'importance  de  cette  trouvaille;  et  aujour- 
d'hui je  fais  appel  au  témoin  oculaire,  si  compétent,  qui  connaît 
le  gisement  dans  tous  ses  détails. 


616  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Cet  humérus  était  tombé  dans  mes  mains,  en  faisant  un  aba- 
tage,  manœuvre  employée  parfois  dans  mes  fouilles!  Elle  consiste 
à  introduire  la  pointe  d'une  pioche  dans  la  couche  mince  de  sa- 
ble stérile  située  en  C4,  et  a  pour  but,  en  appuyant  sur  le  manche 
de  l'instrument,  de  faire  des  pesées  de  bas  en  haut,  à  la  base  de 
la  couche  G3,  et  d'y  pratiquer  des  fissures.  Cette  technique  per- 
met de  recueillir,  sans  les  mutiler,  les  silex  et  les  ossements. 

Après  avoir  déterminé  sur  le  front  de  la  coupe  la  position  et  la 
hauteur  de  cet  os  appartenant  au  bras,  songeant  toujours  à  la 
possibilité  de  rencontrer  un  squelette  humain,  je  pris,  devant 
M.  H.  Marot,  mes  points  de  repère  pour  circonscrire  à  l'inté- 
rieur de  la  couche  un  crâne  virtuel,  qu'aucun  indice  ne  trahis- 
sait. 

Des  recherches  de  quelques  minutes  me  firent  trouver  les  deux 
arcades  dentaires.  La  fragilité  et  l'état  pulvérulent  du  maxillaire 
supérieur  droit  firent  tomber  Irois  dents  entre  mes  mains. 

L'une  d'elles,  la  canine,  de  proportions  si  considérables,  me  fit 
hésiter  un  instant;  mais  les  deux  prémolaires  bien  caractéristi- 
ques confirmèrent  le  diagnostic  humain.  Certain  de  me  trouver 
en  face  d'un  crâne,  je  repérai  l'arcade  sourcilière  encore  invisi- 
ble et  avec  tous  les  ménagements  nécessaires,  je  ne  tardai  pas  à 
découvrir  la  plus  typique,  la  plus  belle  des  visières  du  type  de 
Néanderthal.  Il  n'y  avait  plus  de  doute.  Un  crâne  moustérien 
était  là;  il  restait  à  prendre  les  dispositions  pour  le  dégager. 

La  résolution  à  laquelle  je  m'arrêtai  fut  l'enlèvement  d'un  bloc 
assez  volumineux  pour  contenir  le  crâne  et  les  autres  régions  du 
corps.  La  nuit  venait,  car  l'humérus  avait  été  trouvé  à  5  h.  1/2 
du  soir;  et,  jugeant  imprudent  de  remettre  au  lendemain  le  tra- 
vail de  dégagement,  j'abandonnai  l'idée  de  dissimuler  mon  tra- 
vail ou  de  le  protéger,  moyens  toujours  inefficaces;  car  chacun 
sait  le  sort  réservé  à  ces  sortes  de  trouvailles,  si  la  surveillance 
n'est  pas  absolue  ! 

C'est  en  pleine  nuit,  éclairé  suffisamment,  et  avec  l'aide  de  mes 
deux  excellents  et  dévoués  ouvriers,  Mazif  et  Lauger,  que  je 
creusai  les  tranchées  nécessaires  pour  limiter  un  bloc  de  lm10  de 
long,  0ra65  de  large,  et  0m60  de  haut(l). 

Le  matériel  nécessaire  pour  procédera  ce  travail  fut  amené  sans 
retard  sur  le  terrain;  je  protégeai  d'abord  la  région  faciale  du 
crâne  avec  une  couche  de    sciure  de  bois  légèrement  humide,  et 


l)  La  longueur  de  \™\(i  ne  correspond  pas  à  la  taille  d'un  squelette;  mais  cette 
suie  était  imposée  par  une  coupe    antérieure,  où     cependant  aucun  os    humain 


(1) 
mesure  était  imposée  par  une  coupe    antérieure,  où     ceper 
n'avait  été  trouvé. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  61? 

une  planche;  entre  les  deux,  je  fis  couler  de  Yalabastrine,  à  prise 
lente. 

Quatre  planches  solides  furent  ensuite  disposées  en  cadre  au- 
tour du  bloc,  et  maintenues  avec  des  cordes  pour  éviter  les  éear- 
temeuts  et  les  fissures.  Le  passage  du  plancher  sous  le  bloc  lut  la 
manœuvre  la  plus  rude.  Le  terrain  friable  menaçait  de  s'effon- 
drer; et  parlois  nous  eûmes  des  moments  de  crainte.  Enfin,  vers 
deux  heures  du  matin,  nous  avions  réussi  à  passer  sous  le  bloc, 
une  à  une  et  parallèlement,  six  planches  résistantes;  mais  cette 
assise  jugée  trop  instable  fut  renforcée  dans  lesensdelalongueur, 
par  trois  autres  planches.  A  l'aide  de  rouleaux,  nous  glissons,  non 
sans  peine,  un  grand  plateau  de  bois,  pour  réunir  entre  eux  les 
différents  plans  de  soutien  posés  précédemment.  Le  bloc  était 
isolé  !  Puis,  avec  des  cordes  et  des  clous,  toutes  les  pièces  qui  for- 
maient ce  gros  caisson  furent  solidement  unies.  Nos  efforts,  ceux 
de  trois  hommes,  furent  à  ce  moment  insuffisants  pour  soulever, 
même  de  quelques  centimètres,  une  extrémité  de  cette  lourde 
masse.  Le  poids  devait  atteindre  600  kilogrammes! 

Nous  n'avions  plus  qu'un  moyen  pour  réussir,  c'était  d'amener 
une  charette  dans  l'intérieur  du  gisement,  de  placer  l'arrière  du 
véhicule  à  la  hauteur  du  fardeau,  et  de  l'y  pousser  à  l'aide  de  rou- 
leaux et  de  pinces.  Quelques  terrassements  étaient  nécessaires, 
et  le  courage  de  mes  compagnons  ne  faiblit  pas,  malgré  la  fatigue. 
Enfin,  à  4  heures  du  matin,  le  chargement  était  terminé;  la  cha- 
rette passait  du  gisement  sur  la  route  ;  et  nous  rentrions  à  la 
pointe  du  jour  au  Peyrat.  La  distance  de  1.800  mètres  fut  par- 
courue au  pas,  évitant  les  cahots;  et  le  nouveau  Néanderthal  venait 
prendre  place  dans  le  Laboratoire  ! 

Ces  détails,  aux  yeux  de  beaucoup,  sont  peut-être  superflus 
avant  d'entrer  dans  la  description;  mais  ces  souvenirs  qui  datent 
de  quelques  semaines  sont  encore  si  vivants,  qu'il  me  tient  à  cœur 
de  vous  les  conter  et  de  vous  faire  partager  aujourd  nui  l'anxiété 
et  la  joie  que  j'ai  éprouvées.  J'ose  le  faire,  mes  chers  collègues, 
car  vous  m'avez  toujours  donné  votre  appui  et  encouragé  dans 
nies  recherches. 

Sur  la  coupe,  que  notre  dévoué  collègue  Ed.  Hue  a  bien  voulu  nous 
représenter  à  l'échelle  (Fig.  1),  nous  pouvons  aborder  l'étude  de  la 
couche  archéologique,  où  j'ai  découvert  ce  squelette  humain  ;  son 
irtegrité  est  absolue;  ni  remaniement,  ni  glissement  d'aucune 
sorte,  n'y  sont  visibles;  le  gisement,  à  cet  endroit,  est  recouvert 
d'un  éboulement  fort  ancien,  fin  moustérien,  qui  le  protège  et  le 
surmonte  de  trois  mètres  de  calcaire  turonien  très  dur. 

Cet  éboulement  (n°  6  de  la  coupe)  a  été   détruit  à  l'aide  de 


i 


618  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

petits  coups  de  mine  donnés  successivement  au  cours  des  tra- 
vaux; ils  laissent  ainsi  à  découvert  la  couche  1  et  2,  que  j'ai  dési- 
gnées autrefois,  sous  le  nom  de  Moustérien  supérieur  ou  perfec- 
tionné  (1).  La  couche    1  se  confond   souvent  avec  la  couche  2  ; 


.'-'"l'-""Jkr!/e  fouillée 


,    Terre' 
tyvègelde- 


6.  Ebmile/nentposhioujk'rieii. 
?f.A.  Couche  jMeilse  supérieure. 
hue noire,  ûssemtyb  utilisés. 

3.  ùudieâiyib-j£eujeverdà?re.Jnéitrri'i!miukr!! 

f|!^-*  .  k.  doude  A  jiUe  fin  .  Jtek/e .    ! 

'' du  premiv 
lèU noire J. 


------  -"i* '  ■    Cailloutit  '  du  premier  Jtor&n  Tiuiujfcrien. . 

11  ■    Coueke  de  csLca, 


i 


îi.   Coude  de  Cilcajretrou!t!i.(roiye), 


tig.  1. 


néanmoins  j'ai  été  obligé,  à  cause  du  contact  immédiat  de  l'ébou- 
lement,  de  faire  une  division  spéciale,  qui  permet  délocaliser 
certaines  pièces  entraînées  au  début  de  la  chute  des  corniches. 
La  couche  3,  ordinairement  moins  riche  en  industrie,  est  assez 
variable;  certains  points  du  gisement  la  montrent  avec  un  sable 
verdâtre  plus  ou  moins  argileux;  ainsi,  entre  les  côtes  A  et  B,  là 
où  j'ai  découvert  le  squelette,  cette  couche  atteint  0m70  d'épais- 


(1)  Dr  Henri  Martin.  —  Industrie    moustérienne    perfectionnée.    Station   de  La 
Quina.—  Bull.  Soc.  Préh.  Fr.,  28  juin  1906,  page  233. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  619 

seur;  ailleurs,  elle  mesure  seulement  0m40, et  contient  beaucoup 
de  sable;  à  la  cote  C,  elle  dépasse  un  mètre  et  devient  très  argi- 
leuse^^. 1). 

Au-dessous,  les  sondages  antérieurs  m'ont  révélé  un  faible 
niveau  de  sable  fin  de  rivière  et  de  cailloutis,  où  l'industrie  s'ap- 
pauvrit, mais  où  le  Renne  existe  déjà.  Ces  couches  4  et  5  repré- 
sentent la  base  moustérienne  de  LaQuina;je  les  ai  indiquées 
autrefois  comme  appartenant  au  Moustérien  inférieur.  Tous  ces 
niveaux  sont  d'autant  plus  pauvres  en  industrie  et  en  ossements 
qu'ils  sont  plus  inférieurs;  ils  renferment  tous  les  débris  d'une 
faune  froide  avec  le  Renne.  Quoiqu'il  en  soit,  la  C3,  sans  être 
stratigraphiquement  à  la  base  des  dépôts,  n'en  est  pas  éloignée 
dans  ses  parties  basses;  elle  peut,  si  on  admet  le  Moustérien 
moyen,  rentrer  dans  cette  division,  à  la  condition  de  ne  pas  oublier 
qu'à  La  Quina  le  moustérien  inférieur  est  presque  nul  et  peu  dif- 
férencié. 

La  position  du  squelette  était  la  suivante  :  Entre  les  cotes  À  et  B, 
à  4m50,  sur  le  trajet  de  la  perpendiculaire  menée  horizontale- 
ment du  pied  de  la  falaise  ;  le  centre  du  crâne  à  0m25  au-dessus 
du  plan  horizontal,  formant  la  base  de  la  couche  3,  par  consé- 
quent à  peu  près  au  tiers  inférieur. 

Le  squelette  était  placé  horizontalement;  la  tète  couchée  sur  le 
côté  droit  regardait  la  vallée;  elle  était  en  amont,  et  les  fragments 
de  membres  en  aval.  Une  traînée  brun  rougeàtre  de  fines  parti- 
cules prolongeaitsur  un  mètre  environ  la  région  crânienne,  par- 
ticularité que  je  n'avais  jamais  rencontrée  dans  le  gisement.  Cette 
sorte  de  stratification  à  éléments  pulvérulents  m'a  fait  penser  à 
des  débris  du  sternum,  des  côtes,  et  à  d'autres  parties,  non  déter- 
minables.  Le  niveau  de  cette  couche,  contenant  des  os  d'une  fragi- 
lité  si  déconcertante,  a  été  respecté,  et,  avant  d'y  toucher,  il  faut 
laisser  au  temps  le  soin  d'opérer  ladessiccationdubloc;  etpeut-ètre 
y  retrou vera-t-on  ultérieurement  d'autres    régions  en   bon  état. 

Autour  du  squelette  etau-dessus,  j'ai  trouvé  plusieurs  esquilles 
d'os  longs  avec  des  impressions  de  silex  (os  utilisésj,  des  ràcloirs 
Lien  taillés  et  assez  grands,  des  pointes  larges  à  base  épaisse,  et 
uue  sphère  de  12  centimètres  de  diamètre,  exactement  ronde  et 
piquée,  en  calcaire  très  siliceux. 

La  faune  est  représentée  par  le  renne,  le  cheval,  et  un  gros 
bovidé. 

Au-dessus  du  squelette,  jusqu'à  la  limite  supérieure  de  la  cou- 
che 3,  le  dépôt  n'est  pas  modifié;  dans  toute  la  hauteur,  j'ai 
observé,  sur  0m40,  la  même  composition  argilosableuse  à  éléments 
fins  et  quelques  petits  fragments  de  calcaire.  D'ailleurs,  dans  tous 


i 


620  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

les  points  du  talus  fouillés,  j'ai  retrouvé  ce  dépôt  plus  ou  moins 
vaseux,  qui  semble  indiquer  celui  d'une  rivière  à  courant  lent. 

La  présence  des  objets  industriels  et  des  débris  alimentaires 
non  roulés  peut  s'expliquer  par  leur  chute  des  terrasses  supé- 
rieures; d'autant  plus  que  la  corniche  inférieure  existait  à  cette 
époque  et  j'ai  démontré  autrefois  (1)  qu'elle  surplombait  au  moins 
de  2  mètres  la  rive  du  Voultron  :  ce  qui  réduit  de  moitié  le  point 
de  chute  du  cadavre  par  rapport  au  pied  de  la  falaise. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  l'idée  d'une  sépulture:  comment 
songer  à  l'inhumation  d'un  corps  dans  une  nappe  d'eau  vaseuse  ? 

Il  est  beaucoup  plus  vraisemblable  qu'une  chute,  accidentelle  ou 
provoquée,  ou  post-mortem,  du  haut  de  la  falaise,  ait  été  la  cause 
de  la  situation  et  de  la  position  du  cadavre.  On  pourrait  songer 
aussi  au  transport  par  le  courant;  dès  lors  le  point  d'immersion 
ou  de  chute  serait  situé  plus  ou  moins  haut  dans  la  vallée  ;  mais 
cette  distance  ne  pouvait  néanmoins  excéder  3  kilomètres. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'immersion  prolongée  du  cadavre  a  produit 
une  disjonction  des  os;  ceux  du  crâne  ont  cédé  au  niveau  de  leurs 
sutures  et  se  sont  imbriqués;  la  tête  n'a  pas  été  écrasée  par  un 
traumatisme  violent,  car  l'état  des  dentelures  suturales  est  parfait 
de  conservation.  La  macération,  même  dans  un  milieu  vaseux, 
explique  parfaitement  cette  séparation;  c'est  un  résultat  qu'on 
obtient  journellement  dans  les  amphithéâtres. 

Les  dépôts,  apportés  par  la  rivière  ou  descendus  des  terrasses, 
renfermant  des  débris  d'industrie,  ou  même  les  belles  pièces 
arrachées  par  les  pluies  dans  les  cantonnements,  sont  venus  re- 
couvrir le  cadavre  progressivement,  en  se  mélangeant  à  de  petits 
fragments  de  calcaire,  à  la  terre  et  au  sable. 

Pourrait-on  un  instant  songer  à  l'immersion  incomplète  ou 
intermittente  du  cadavre  ;  alors  il  faudrait  compter  sans  l'avidité 
de  certains  fauves;  les  loups  et  les  hyènes  auraient  opéré  une 
dissémination  rapide  et  complète  de  toutes  les  parties  du  corps! 

Il  n'en  est  rien,  car  le  corps  apparaît  dans  le  plan  horizontal; 
les  fragments  des  fémurs  et  les  humérus  sont  sensiblement  dans 
cette  orientation. 

Arrivons  maintenant  aux  détails  du  dégagement. —  Le  caisson, 
transporté  dans  le  Laboratoire,  fut  placé  sur  un  socle  résistant  et 
six  jours  après  la  découverte  je  commençai  le  dégagement  du 
crâne;  il  était  repéré  de  telle  façon  que  je  pus  facilement  entailler, 
à  son  niveau  dans  la  planche,  une  baie  assez  large  pour  le  décou- 

(t)  Dr  Henri  Martin.  —  Nouvelle  coupe  de  la  station  moustérienne  de  La  Quina 
et  9on  interprétation.  —  Homme  Préhistorique,  1907,  page  321. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  621 

vrir.  Grain  à  grain,  pendant  quatre  longues  journées,  à  l'aide  d'une 
pince  à  dissection  et  dune  brosse  douce,  j'ai  retiré  la  masse  où 
le  crâne  était  inclus.  Tous  les  fragments  périphériques,  os  ou 
silex,  ont  été  enveloppés  séparément,  et  leur  position  notée;  des 
photographies  ont  été  prises  à  tous  les  changements  d'aspect  ; 
l'une  d'elles  a  été  communiquée,  à  l'Académie  des  Sciences,  le  jour 
où  je  prenais  date  de  cette  découverte  1.  Sans  entrer  dans  tous 
les  détails  du  dégagement  et  de  la  patience  qu'il  a  nécessitée,  je 
crois  suffisant  d'exposer  le  résultat  obtenu  et  de  demander  à  mes 
collègues  d'examiner  les  photographies. 

Il  est  facile  de  constater  que  les  pièces  crâniennes,  au  lieu  de 
s'éloigner  les  unes  des  autres,  se  sont  emboîtées  ou  plus  exacte- 
ment ont  subi  une  véritable  imbrication.  Cette  disposition  cor- 
respond, à  cause  de  l'état  intact  des  sutures,  non  à  un  trauma- 
tisme rapide  et  violent,  mais  à  une  pression  lente,  exercée  par  le 
poids  des  masses  recouvrantes. 

Le  frontal  a  glissé  en  partie  sous  les  pariétaux  ;  mais  les  deux 
tiers  de  la  région  gauche  sont  apparents. 

Le  pariétal  gauche,  au  niveau  de  la  suture  sagittale,  passe  sous 
le  pariétal  droit;  ici  l'imbrication  n'est  pas  très  profonde,  et  pres- 
que toute  la  surface  de  cet  os  est  apparente.  Le  pariétal  droit  a 
glissé  en  avant  en  recouvrant  un  peu  celui  du  côté  gauche  ;  il  mas- 
que la  partie  droite  du  frontal. 

L'occipital  est  également  disjoint;  il  est  relevé  et  montre  la  su- 
ture lambdoïde. 

Le  temporal  gauche,  en  plusieurs  fragments,  a  cédé  au  niveau 
de  la  portion  écailleuse;  il  se  trouve  probablement  repoussé  vers 
la  base  du  crâne.  Cette  région,  à  cause  de  sa  fragilité,  n'est  pas 
encore  dégagée;  et  nous  ne  pouvons  nous  rendre  compte  de  l'état 
de  l'apophyse  zygomatique  ;  je  pense  qu'elle  est  enfoncée. 

Les  os  de  la  face  permettent  actuellement  de  découvrir  le 
maxillaire  supérieur  gauche  ;  il  est  déplacé  et  repoussé  en  arrière. 
La  mandibule  est  fendue  au  niveau  de  la  symphyse;  la  branche 
droite  n'est  pas  encore  visible  ;  mais  on  la  soupçonne  dans  la  gan- 
gue ;  la  branche  gauche  bien  apparente  indique  le  faible  déplace- 
ment de  cette  pièce  ;  sa  branche  montante,  l'apophyse  coronoïde 
et  le  condyle  doivent  se  retrouver  a  la  base  du  crâne,  car  nous 
avons  vu  que  toute  cette  région  avait  subi  un  défoncement:  et 
une  pierre  calcaire  du  volume  sensiblement  comparable  à  une 
petite  pomme  aplatie  comblait  la  fosse  temporale. 

(1)  Sur  un  squelette  humain  de  l'époque  moustérienne.  Note  de  M.  Henri  Martin, 
présentée  par  M.  Eugène  Simon.  —  Comptes  Rendus  Ac.  Se,  n»  16,  16  octobre  191 1, 
p.  728. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  40 


622  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Quant  le  sable  argileux  sera  retiré  de  toute  la  masse  que  je 
vous  présente,  beaucoup  de  fragments  seront  retrouvés  et  per- 
mettront de  reconstituer  cette  brèche. 

Les  dents  visibles  sont  au  nombre  de  quatorze  ;  elles  se  répar- 
tissent ainsi  : 

Maxillaire  supérieur  gauche  :  I2,  C,  PMf,  PM2,  M4. 
Maxillaire   supérieur  droit  :  C. 

Maxillaire  inférieur  gauche  :  C,  PM1,  PM2,  M\  M2. 
Maxillaire  inférieur  droit  :  PM1,  PM2,  M1. 

Sans  doute  la  partie  droite  du  crâne,  entièrement  cachée,  nous 
réserve  d'autres  constatations.  Lorsque  j'aurai  présenté  cette  pièce 
in  situ  aux  personnes  compétentes,  je  procéderai  à  la  reconstitu- 
tion. Actuellement,  n'osant  pas  mouler  ces  os  fragiles,  j'attendrai 
le  résultat  d'une  maquette  que  nos  excellents  artistes,  MM.  Char- 
les et  Robert  Bousquet,  veulent  bien  exécuter. 

Les  sutures  crâniennes  ne  paraissent  soudées  en  aucun  point 
(cette  particularité  permet  de  penser  que  l'individu  n'avait  pas 
45  ans);  les  dentelures  se  sont  dégagées  complètement  tout  en 
gardant  leur  intégrité  ;  il  est  même  surprenant  de  voir,  sur  le 
bordlambdoïdien  de  l'occipital  redressé  verticalement,  toutes  ces 
petites  aiguilles  intactes. 

Signalons  encore  quelques  solutions  de  continuité,  visibles 
sur  ces  os.  Le  frontal  porte  sur  la  région  médiane  une  fissure 
angulaire  qui  soulève  légèrement  un  éclat;  le  pariétal  gauche 
dans  sa  portion  médiane  et  postérieure  offre,  une  étoilure  à  cinq 
branches,  limitant  des  fragments  restés  parfaitement  en  place. 

L'arcade  sourcilière  droite  n'est  pas  visible  ;  elle  pourra,  je 
pense,  être  retrouvée  fragmentée. 

Une  lacune  trop  grosse  existerait,  dans  cette  présentation,  si  je 
ne  signalais  certains  caractères  très  accentués  observés  déjà  sur 
le  crâne  de  La  Quina.  Dès  aujourd'hui,  j'insisterai  sur  l'arcade 
sourcilière  ;  elle  est  de  proportions  considérables,  la  plus  proé- 
minente des  types  actuellement  connus.  Son  profil,  pris  à  la  cham- 
bre claire,  à  l'échelle  des  courbes  données  dans  Y  Anthropolo- 
gie, par  M.  Boule,  ne  coincide  pas  avec  celui  du  crâne  de  La 
Chapelle-aux-Saints  ;  le  bourrelet  est  plus  saillant,  plus  épais,  et 
surtout  plus  retroussé;  Féchancrure  glabellaire  semble  faire 
défaut. 

La  gouttière,  qui  limite  en  arrière  la  visière  frontale,  est  très 
accentuée. 

La  crête  latérale  du  frontal,  qui  se  continue  en  arrière  avec 
celle  du  temporal  est  très  saillante;  elle  établit  une  limite  accen- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  623 

tuée  entre  la  partie  supérieure  et  latérale  du  frontal;  et  elle  exa- 
gère la  fosse  temporale.  Sa  courbure  est  profonde  et  elle  se  ter- 
mine en  avant,  sur  la  région  postérieure  et  externe  du  bourre- 
let sourcilier.  Cette  particularité  a  un  double  résultat  :  le  rétré- 
cissement du  front  et  l'exagération  de  la  fosse  temporale. 

Il  me  semble,  avant  d'avoir  fait  toutes  les  comparaisons  néces- 
saires et  pris  les  mensurations  indispensables,  que  les  caractè- 
res observés  sur  la  crête  latérale  du  frontal  sont  beaucoup  plus 
voisins  des  indices  donnés  par  le  Pilhecanthropus,  et  que  ceux 
du  Xéanderthal  sont  plus  atténués;  ils  me  paraissent  intermé- 
diaires. 

Les  dents  nous  offrent  aussi  des  éléments  de  première  impor- 
tance. Déjà,  avec  mon  excellent  confrère,  le  Dr  SifFre,  nous  avons 
commencé  cette  étude  et  avons  pu  nous  rendre  compte  de  la 
puissance  exceptionnelle  de  l'appareil  dentaire.  Nous  savons  que 
la  fosse  temporale  est  énorme  ;  elle  est  le  moule  d'une  masse 
musculaire  puissante  et  épaisse,  qui  préside  à  la  mastication  ;  il 
ne  faut  pas  s'étonner  de  trouver  des  dents  volumineuses,  en  fonc- 
tion  de  la  puissance  exercée;  c'est  un  véritable  corollaire. 

Non  seulement  l'usure  des  couronnes,  mais  encore  la  solidité 
d'implantation  de  chaque  organe,  démontre  que  cet  homme 
était  doué  dune  puissante  mâchoire,  et  que  sa  mastication  était 
opiniâtre. 

Les  couronnes,  examinées  sur  les  molaires,  les  canines  et  l'inci- 
sive sont  rasées,  usées,  diminuées  parfois  de  moitié,  autant  de 
traces  indiscutables  d'une  trituration  alimentaire  minutieuse  et 
prolongée. 

Si  nous  examinons  maintenant  sommairement  les  moyens 
d'attache  de  ces  dents,  nous  les  trouvons  considérables  !  Les 
zones  striées  de  dentine  qui  soulignent  transversalement  les  raci- 
nes sont  très  développées  et  correspondent  à  une  disposition 
rencontrée  rarement  aujourd'hui.  Toutes  ces  stries  sont  en  rap- 
port direct  avec  les  insertions  ligamenteuses  ;  elles  offrent  ici  des 
traces  multiples  et  volumineuses,  véritables  moules  de  l'implan- 
tation et  de  la  puissance  des  ligaments  alvéolo-dentaires. 

Je  n'insiste  pas  encore  sur  la  mensuration  des  dents;  seul 
l'examen  de  la  canine  supérieure  est  suffisant  pour  montrer  l'im- 
portance de  ces  organes;  la  longueur  de  la  racine  dépasse  déjà  de 
deux  millimètres  et  demi  la  longueur  maximum  indiquée  par 
M.  J.  Choquet  pour  notre  race. 

Les  canines  supérieures  présentent  encore  une  autre  particu- 
larité :  celle  d'un  sillon   longitudinal,  très  accentué   sur    la    face 


i 


624  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

mésiale,  on  le  retrouve  parfois  aujourd'hui,  mais,  le  cas  est  excep- 
tionnel, tandis  qu'ici  nous  nous  rapprochons    des  Anthropoïdes. 

Le  collet,  sillon  qui  sépare  la  couronne  de  la  racine,  est 
très  marqué,  il  prend  les  allures  des  races  primitives  et  surtout 
celles  des  pithéciens  ;  chez  les  races  évoluées,  il  s'atténue  et  tend 
à  disparaître. 

La  dent  chez  cet  homme  montre  au  dehors  toute  sa  puissance 
dans  sa  couronne;  en  dedans,  à  l'intérieur  de  son  alvéole,  elle 
cherche  les  moyens  les  plus  puissants  d'attache  par  un  cément 
renforcé,  et  ces  deux  puissances,  à  leur  rencontre  en  un  point 
mort,  sont  soulignées  d'un  sillon  accentué  :  le  collet. 

La  constitution  de  toutes  les  dents  estbelle  ;  aucune  trace  patho- 
logique, aucune  tare,  l'émail  est  puissant  et  en  parfait  état. 

Beaucoup  d'autres  particularités  devraient  être  signalées;  elles 
feront  l'objet  d'un  travail  ultérieur;  pour  les  dents  ainsi  que  pour 
les  autres  régions,  je  me  ferai  un  plaisir  et  un  devoir  de  m'entou- 
rer  de  toutes  les  compétences  et  de  chercher  des  conseils  auprès 
de  ceux  qui  déjà  ont  étudié  ces  questions  si  délicates. 

Les  photographies  jointes  à  cette  présentation  répareront  les 
lacunes  inévitables  de  ce  sujet  inépuisable.  J'ajoute  encore  quel- 
ques mots,  pour  signaler  les  humérus  et  les  fémurs  trouvés 
pendant  la  fouille  ;  ils  ne  sontpas  entiers  ;  mais  peut-être  se  com- 
plèteront-ils  avec  les  fragments  repérés  ?  Les  humérus  paraissent 
moins  robustes  que  les  fémurs  et  ces  derniers  donneront  un  fort 
indice  de  courbure. 

Tous  les  ossements  ont  l'aspect  et  la  consistance  des  os  fossiles 
trouvés  dans  le  gisement;  la  coloration  du  crâne  est  à  fond  ocre 
jaune  avec  marbrures  brun  rouge  violacé,  sortes  d'impressions 
produites  par  les  racines.  Les  autres  os  sont  gris  jaunâtre. 

Lorsque  l'étude  de  cet  ancêtre  sera  terminée,  lorsque  la  Société 
Préhistorique  Française  aura  enregistré  dans  ses  Archives  les 
observations  nouvelles  que  je  lui  communiquerai,  je  prends  l'en- 
gagement formel  de  donner  cette  pièce  au  Muséum  d'Histoire 
naturelle,  pour  figurer  dans  les  Galeries  de  Paléontologie;  elle 
viendra,  à  la  base  de  cette  série  unique  que  le  Pr  Boule  a  pu  réu- 
nir, enrichir  nos  belles  Collections  nationales. 

M.  A.  Guébhard,  après  les  éloges  si  justes  et  si  bien  dits  de 
M.  Adrien  de  Mortillet,  croit  devoir  encore,  au  moment  où  un 
projet  de  «  loi  scélérate  »  menace,  au  seul  profit  éventuel  de  deux 
Herr  Professor  venus  de  l'étranger,  la  liberté  française  des  fouilles 
préhistoriques,  faire  ressortir  quel  bel  exemple  d'initiative  privée 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  625 

vient  de  donner  le  Dr  Henri  Martin,  en  réalisant,  seul,  en  Cha- 
rente, dans  des  conditions  plutôt  aléatoires,  ce  qu'auraient  pu 
faire,  presque  à  coup  sûr,  en  Dordogne,  à  la  place  d'un  étranger, 
les  représentants  officiels  de  la  Science  française,  disposant  de 
toutes  les  ressources  de  l'appui  gouvernemental  !  Au  lieu  de 
n'avoir  plus  qu'à  criailler  piteusement  contre  les  trop  beaux  résul- 
tats obtenus  là-bas  par  un  autre,  n'eût-il  pas  mieux  valu,  pour  la 
Patrie  et  la  Science,  user  sur  le  terrain  des  abris  sous  roche  vézé- 
rois,  plutôt  que  des  Chambres  et  antichambres  parisiennes,  le 
beau  zèle  dépensé  pour  arriver  législativement  à  ôter  toute  envie 
à  un  indépendant  quelconque  de  plus  jamais  tenter  ce  qu'on  se 
montra,  d'autre  part,  impuissant  ou  dédaigneux  d'entreprendre  ? 


Coupe  du  Gisement  de   La  Quina. 

La  coupe  passe  par  une  perpendiculaire  menée  sur  la  falaise  de  la  rive  gauche  au  travers 
du  talus  archéologique  entre  les  cotes  A  et  B  du  gisement,  à  3  mètres  en  amont  de  l'angle 
de  la  tranchée  (Point  A  .  Elle  est  relevée  sur  la  normale  passant  par  le  crâne. 

La  direction  du  Nord  est  en  oblique  à  gauche. 

1 .  Couche  sableuse  avec  fragments  calcaires  en  contact  avec  l'éboulement,  elle  contient 
quelques  pièces  moustériennes  (ClL 

2.  Couche  noirâtre  argileuse.  Epaisseur  :  0=>25  à  0"40.  contient  la  belle  industrie  mousté- 
rienne  évoluée    C-  . 

3.  Couche  argilo-sableuse  verdâtre  à  industrie  moustérienne,  sans  disque,  non  évoluée, 
sauf  au  contact  de  C*.  Epaisseur  0"65  à  0-70  (C"). 

4.  Sable  fin  de  rivière  avec  débris  de  fossiles  turoniens  roulés.  Epaisseur,  0"»15  Indus- 
trie et  ossements  rares.  Les  os,  lorsquon  en  trouve,  sont  très  fortement  colorés  par  le  fer 
et  le  manganèse  (C*). 

5.  Cailloutis.  Petits  fragments  de  calcaires  compacts  roulés.  Pièces  moustériennes 
rares  C*).  Ces  deux  niveaux  Ci  et  C5  représentent  les  bas  niveaux  moustériens  de  La 
Quina. 

7.  Terre  végétale  contenant  des  débris  de  silex  et  d'ossements  d'âge  mouslérien,  des- 
cendus par  tuissellement  après  l'éboulement.  Mais  on  observe  en  certains  points  du  gise- 
ment (côte  C  ,  plus  nettement  qu'ici,  une  réoccupation  moustérienne  avec  plusieurs  foyers 
superposés. 

Après  la  chute  des  gros  blocs  et  à  la  fin  de  l'époque  moustérienne,  il  y  a  donc  eu  un 
retour  et  les  hommes  sont  venus  habiter  la  nouvelle  terrasse  inférieure  •Point  10  de  la 
coupe) . 

ÎO.  Gros  écoulement  de  calcaire  qui  recouvre  les  couches  archéologiques.  Les  blocs 
éboulés  proviennent  des  terrasses  supérieures  et  très  probablement  de  la  corniche  13. 
L'épaisseur  atteint  ici  2"83.  La  roche  appartient  à  un  calcaire  turonien  très  fossilifère. 

11 .  Couche  noire  contenant  des  blocs  de  calcaires  plus  ou  moins  spongieux  de  la  taille  du 
poing  à  celle  de  la  tète. 

12  Couche  rouge,  mêmes  éléments  que  la  couche  II  ;  les  fragments  sont  souvent  en  pla- 
quettes   La  coloraUon  est  due  aux  sels  de  fer. 

Un  sondage  d'un  mètre  n'a  pas  donné  d'autres  indications  stratigraphiques.  Ces  deux 
couches  (11  et  12)  sont  stériles. 

13.  Calcaire  turonien,  en  place.  L'érosion  est  encore  visible  malgré  l'éboulement  de  la 
corniche. 

Cr.   Emplacement  du  crâne  humain  à  la  base  de  C3. 


626  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Nota.  —  Les  légendes  et  les  côtes  de  cette  coupe  sont  les  mêmes  que  celles  employées 
dans  un  travail  antérieur  (Nouvelle  coupe  de  la  station  moustérienne  de  La  Quina,  In 
Homme  Préhistorique ,1907,  Page  321).  C'est  ce  qui  explique  l'absence  de  certains  renvois, 
la  disposition  des  couches  rencontrées  ici  n'étant  pas  la  même. 


Planche  L  — Le  gisement  de  La  Quina.  Etat  des  fouilles  le  18  octobre  1911,  après  l'enlève- 
ment du  bloc  contenant  le  squelette  humain  dans  la  couche  3.  L'entaille  correspond  au  bloc 
et  aux  deux  tranchées  de  dégagement. 

Les  os  humains  ont  été  représentés  schématiquement  par  M.  Ed.  Huesur  la  Photogra- 
phie; ils  montrent  la  position  exacte  des  pièces  recueillies  ou  visibles  sur  le  bloc. 

1  et  2.  Couches  archéologiques  moustériennes  évoluées. 

3.  Sables  argileux,  renfermant  une  industrie  plus  simple,  ou  Moustérien  primitif,  sans 
être  cependant  à  la  base  absolue,  car  deux  niveaux  inférieurs,  très  pauvres  et  peu  épais,  se 
trouvent  encore  au-dessous. 


Planche  IL  —Vue  de  face  du  crâne  de  l'Homme  fossile  de  La  Quina.  La  photographie  a  été 
prise  pendant  une  des  premières  phases  du  dégagement,  au  Laboratoire  du  Peyrat  Le  crâne 
est  couché  sur  le  côté  droitet  tient  encore  à  sa  gangue  argilo-sableuse.  Trois  dents  tombées 
au  moment  de  la  découverte  ne  sont  pas  replacées  ici. 


Planche  III.  —  Vue  de  profil  du  Crâne.  Photographie  prise  à  la  fin  du  premier  dégagement, 
avant  toute  reconstitution. 

La  séparation  des  os  du  crâne  montre  le  bon  état  des  sutures.  Le  frontal  est  imbriqué 
sous  les  pariétaux.  L'arcade  sourcilière  gauche  est  seule  visible  et  proéminente;  le  maxil- 
laire supérieur  est  enfoncé,  ainsi  que  le  temporal.  L'occipital  est  redressé.  En  bas  et  à 
droite,  on  voit  l'humérus  gauche  et  probablement  l'omoplate.  La  distance  qui  sépare  le  men- 
ton du  sommet  de  l'arcade  sourcilière  est  de  0m146. 


PLANCHE  II. 


PLANCHE   III. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  627 

Hypothèses   tirées    des   Haches    Préhistoriques. 

PAR 

PAGES- ALLARY  ^de  Murât,  Cantal). 

Les  Haches,  en  Cuivre  et  Bronze,  sont  des  outils  variés.  —  Si  quel- 
ques Préhistoriens  veulent  bien  accepter  cette  hj^pothèse  que  beau- 
coup de  haches  en  pierre  polie  ne  sont  pas  des  Haches,  mais  des 
Tranchets  (parce  que  le  profil  de  la  partie  utilisée  est  très  arqué,  la 
partie  cintrée  très  élargie  et  très  finement  effilée),  ils  ne  feront  pas 
davantage  de  difficultés,  —  au  contraire,  —  pour  les  haches  en  cuivre 
et  bronze,  qui  sont  dans  le  même  cas!  Car  déjà  la  forme  primitive 
commence  à  épouser  des  modifications,  évoluant  avec  la  matière  em- 
ployée, plus  résistante  et  plus  docile,  plus  facile  à  réduire  dans  la 
masse  inutile  au  profit  de  la  partie  active  (le  taillant  ou  tranchant), 
en  caractérisant  mieux  l'outil.  Si  nous  prenons  le  profil  moyen  de 
toutes  les  haches  en  bronze  trouvées  ou  publiées  à  ce  jour,  nous 
constatons,  de  suite,  que,  par  rapport  à  la  masse  ou  poids,  ces  haches 
sont  tout  au  plus  des  hachettes  Fig.  1  .  Et,  si  nous  examinons  leur 
forme  du  côté  de  l'emmanchement,  nous  voyons  que  ces  hachettes 
sont  (à  partir  d'un  volume  ou  poids  déterminé  par  la  fonction)  le 
plus  souvent  des  outils  emmanchés  sur  un  levier  droit,  et  non  coudé 
à  70°,  80°  ou  90°,  comme  dans  quelques  cas  de  binette,  houe,  hermi- 
nette.  piochon,  Sapa,  etc.  (Fig.  1,  noS  48,  46,  47,  35,  45).  La  longueur 
de  l'outil  et  la  forme  de  la  partie  destinée  à  recevoir  la  ligature  le  dé- 
montrent amplement.  Ainsi  montée,  la  hachette  donne  l'idée  d'une 
Raclette  (Cat.  2,  Fig.  1),  comme  l'«  Allizon  »  (1)  de  nos  cultivateurs 
eantaliens,  qui  dérive  de  l'extrémité  de  certaines  lances,  lancettes,  et 
aiguillons  gaulois  et  modernes  2  .  La  minuscule  masse  du  poids  mort, 
réduite  de  plus  en  plus,  chasse  de  mieux  en  mieux  l'idée  de  hache  et 
même  souvent  de  hachette.  Aussi,  pour  combler  par  un  mot  ce 
vide  de  logique,  nous  avons  imaginé  :  la  hache  votive  ou  de  secours, 
quand  c'est  toujours  Voutil  utile  qu'il  faut  considérer. 

Sans  nier  l'existence  des  amulettes  et  même  des  ex-voto,  ni  sur- 
tout des  poids  et  monnaies  sous  forme  de  hachettes  ou  emblèmes 
bruts  de  fonderie,  donc  non  aiguisés,  je  suis  persuadé  que  les  petites 
haches  en  pierre  ou  bronze,  dites  votives,  ne  sont,  bien  souvent,  pas 
plus  haches  que  votives,  mais  bien  des  tranchets  de  poche,  usagés, 
comme  quelquefois  la  petite  pierre  à  aiguiser,  percée,  portée  attachée 
pour  ne  pas  être  perdue  et  servir  à  chaque  instant. 

(1)  L'Anthropologie,  p.  117,  Tome  XVI.  N*  1,  1905. 

[*)  Pages- Allary.  —  Svuvelles  observations  sur  le  Tumulus  de  Celles  {Cantal f. 
[Hoche.  Fig.  l.n°  47.  Sapa-Houe,  n»  45.  Houlette,  n*  31.  Talon  de  lance,  n»  30  et 
i ■:-*'(.  Aiguillon  ou  Aiguillade,    n*  31]. 


628  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

L'utilité  prime  toujours  la  fantaisie,  même  quand  ces  petits  objets 
sont  ornementés  ou  aux  angles  arrondis,  pour  en  rendre  le  port  plus 
facile  ou  agréable  A  Chastel,  les  toutes  petites  haches,  en  fibrolithe 
ou  en  jaspe,  toujours  très  taillantes  et  soigneusement  aiguisées  quand 
le  reste  de  l'outil  est  négligé,  chassent  l'idée  de  l'amulette,  pour  dé- 
montrer l'usage,  l'emploi  de  ce  petit  tranchet,  sorte  de  couteau  ou 
canif  de  poche. 

Mais,  si,  maintenant,  nous  examinons  la  partie  de  la  hachette  la 
plus  intéressante  de  F  outil,  celle  qui  travaille,  qui  tranche,  nous 
voyons  de  suite  qu'on  peut  diviser  les  haches  en  bronze  de  toutes  les 
catégories  d'emmanchures  et  de  formes  en  trois  séries  bien  diffé- 
rentes (Fig.   1)  : 

Catégorie  n°  1 .  —  Celles  qui  ont  le  taillant  en  ligne  droite. 

Catégorie  n°  2.  —  Celles  qui  ont  ce  taillant  arrondi  aux  deux 
angles  avec  un  arc  à  très  petite  flèche. 

Catégorie  n°  3.  —  Celles  qui  ont  tout  le  taillant  plus  ou  moins 
arqué,  jusqu'à  la  demi-lune,  c'est-à-dire  avec  la  flèche  égale  au  rayon, 
et  même  plus  grande  dans  certains  cas. 

Ces  trois  grandes  catégories  se  subdivisent  chacune,  en  taillantplus 
ou  moins  large  ou  étroit,  la  corde  de  l'arc  variant  beaucoup  suivant 
l'usage  ;  et  ce  taillant,  martelé  ou  aiguisé,  est  plus  ou  moins  aigu  ou 
biseauté,  mousse  jusqu'à  la  forme  marteau  ou  rivoir,  évidé  ou  creusé 
pour  les  formes,  poinçons  ou  gouges,  ou  même  quelquefois  appointé 
pour  percer  et  autres  usages  de  ces  outils.  Subdivisions  d'autant  plus 
grandes  et  accentuées  que  l'évolution  de  la  technique  du  travail  est 
plus  avancée,  et  que  l'époque  chronologique  de  la  civilisation  est 
moins  ancienne  dans  la  région  de  la  trouvaille. 

En  poussant  l'hypothèse  jusqu'au  paradoxe,  on  arriverait  facile- 
ment à  dire  que,  dans  la  classification  actuelle  des  haches  en  bronze, 
l'outil  le  plus  rare  à  trouver  est  une  véritable  hache,  dans  le  sens  du 
mot  !  Sans  aller  quand  même  jusque-là,  je  crois  utile  de  montrer 
combien  on  fait  fausse  route  à  n'employer  qu'un  seul  mot,  pour  les 
différents  outils  qui  ont  servi  à  l'homme  primitif.  D'abord,  sous  une 
seule  forme,  puis  sous  des  formes  et  volumes  très  différents,  à  me- 
sure que  la  division  du  travail  en  a  dicté  l'utilité,  pour  faciliter  la 
production  et  la  commodité  de  l'artisan. 

Or,  dans  un  outil  travaillant  au  choc  comme  la  hache,  la  partie  la 
plus  fragile,  celle  qui  peut  subir  le  plus  facilement  une  dégradation 
ou  rupture,  est  celle  qui  offre  le  moins  de  résistance  donc  celle  qui 
est  placée  aux  deux  angles  de  l'outil.  Nos  vieux  observateurs  préhis- 
toriques n'ont  pas  manqué  d'arrondir  ces  deux  angles  à  leur  soi- 
disant  hachette,  même  en  pierre,  et  non  de  leur  donner  de  l'ampleur, 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTOSIQUE   FRANÇAISE  629 

comme  le  dit  L.  Siret,  dans  Y  Anthropologie,  pour  la  simple  raison 
d'augmenter  la  difficulté  du  travail  —  sans  utilité  autre  que  d  imiter 
les  haches  de  bronze  importées  —,  ou  de  se  créer  un  plus  grand  effort 
pour  un  résultat  négatif  :  ce  qui  parait  un  contre- sens  inadmis- 
sible, et  beaucoup  plus  grand  encore  autrefois  qu'aujourd'hui. 

C'est  dans  cette  Catégorie  n°  2  qu'il  faudrait  chercher  la  petite  place 
qui.conviendrait  à  ces  petites  hachettes,  si  l'emmanchure  concordait 
mieux  avec  celle  qu'il  faut  à  ce  genre  d'outil. 


C-U>W»^-  ^U    H.oJuttcj    t«    NMUA   CtMMf,w  3   H/ûit»  ,  S^m.  L    lutmu  x.    Cw.v:ku.v\L  .      ^J$', 


Fig.  1  —  Hachettes  de  métal.—  Etude  de  leur  Tranchant. 

La  Catégorie  n°  1  renferme  les  outils  genre  raclette,  rabot  ou  racloir, 
ciseau,  burin,  gouges,  marteaux,  rivoir  à  mater  ou  à  calfater,  hou- 
lette, etc.,  (Fig.  1;  n°«  31-44  . 

Le  n°  3  est  la  Catégorie  connue  des  tranchets,  couteaux,  décou- 
poirs  (Fig.  1;  n0s  13-18);  talons  de  lance  [Fig.  1;  n"  30-43),  etc. 

Dans  ces  trois  catégories,  le  mode  d'emmanchement  diffère  évi- 
demment avec  l'usage  de  l'outil,  mais  aussi  avec  les  progrès  et  1  in- 
génuosité  des  races  qui  les  ont  utilisés. 

Les  travaux  pour  la  construction  des  navires  et  autres  utilisations 
du  bois  ont  donné  plus  de  développement  aux  outils  différents  en 
cuivre  et  bronze  plus  nécessaires  sur  les  plages  que  dans  les  terres, 
où  à  cette  époque  la  grande  occupation  était  celle  de  l'agriculture  et 
de  l'élevage  des  troupeaux;  et  c'est  dans  ce  travail  qu'il  faut  trouver 
la  grande  utilisation  générale  des  outils  de  l'homme  du  bronze,  trouvés 
à  peu  près  semblables  un  peu  partout. 


630  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Or  qu'avaient-ils  à  travailler  à  l'époque  ?  1°  La  terre  ;  2°  le  bois  ; 
3°  les  peaux  et  autres  produits  des  animaux.  Car  des  Néolithiques  au 
Fer,  les  Hommes,  qui  ont  cessé  d'être  exclusivement  chasseurs  sont 
encore  plus  pasteurs  que  guerriers.  —  Ils  restent  toujours  pêcheurs, 
marins,  au  bord  de  la  mer! 

Les  hommes  de  la  fin  du  Néolithique  ne  sont  sans  doute  pas  encore 
devenus  assez  riches  ou  amants-jouisseurs  de  ces  richesses  pour  être 
égoïstes  ;  l'esprit  de  la  tribu  est  celui  de  la  famille,  conciliant,  pacifique 
et  progressant;  cette  raison  domine  encore  celle  de  la  force  des  tribus 
ou  peuples,  obéissant  à  un  grand  chef,  donc  à  ses  ambitions,  haines 
ou  caprices  décadents  ! 

Pour  se  défendre  et  pour  la  chasse,  ils  ont  du  reste  l'épée,  le  poi- 
gnard, la  lance  et  les  flèches.  La  hachette,  si  mal  emmanchée,  serait 
de  peu  futilité  à  côté  (Fig.  1,  n°s  31  et  30,  48,  29);  c'était  un  outil  et 
non  une  arme,  une  sorte  d'herminette  plutôt  qu'une  hache,  une  ra- 
clette d'aiguillade,  plutôt  qu'un  talon  de  lance,  une  binette  plutôt 
qu'un  casse-tête  ! 

Aussi,  dès  qu'il  a  pu  se  dispenser  de  faire  cet  outil  en  pierre,  il  l'a 
martelé  dans  des  matériaux  qu'il  connaissait  et  savait  choisir,  très 
minutieusement  et  très  à  propos,  voir  même  en  or,  ou  en  cuivre  natif. 

Quand,  par  le  hasard  des  lieux,  il  en  avait  sous  la  main,  il  n'a  pas 
manqué  très  attentivement  de  le  rechercher  pour  l'utiliser,  à  cause 
de  ses  avantages  sur  la  pierre  dure,  mais  non  résistante,  non  mal- 
léable, non  martelable,  non  étirable,  etc,  donc  beaucoup  moins  pré- 
cieuse à  trouver,  parce  que  plus  difficile  à  travailler  et  à  utiliser. 

C'est  alors  que  l'on  a  martelé  en  cuivre  la  hache  plate  ;  puis  la 
hache  à  bords  droits,  et  enfin  les  haches  à  ailerons  centraux  ou  ter- 
minaux; les  quatre  types  ont  pu  exister  avant  la  fusion  et  le  moulage 
du  cuivre,  tandis  que  les  deux  types  à  talon  et  à  douille  sont  techni- 
quement ceux  qui  caractérisent  bien  nettement  la  fusion  et  le  moulage 
de  1  âge  du  bronze.  Ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  l'on  n'a  pas  à  cette 
dernière  époque  fondu  les  autres  types,  en  cuivre  rarement,  mais 
surtout  en  bronze,  en  laissant  du  tranchant  et  des  ailes  étirables  par 
le  martelage,  tant  en  cuivre  qu'en  airain  ou  bronze  doux.  Les  objets 
en  cuivre  martelé  et  non  fondu  sont  donc  les  seuls  outils  de  l'âge  du 
cuivre,  précédant,  préparant  l'âge  des  métaux,  mais  pouvant  appar- 
tenir aussi  bien  au  début  qu'à  la  fin  du  Néolithique  local. 

Mais,  quand  bien  plus  tard  —  fin  du  Néolithique  —  il  a  su  fondre, 
c'est  avec  les  minerais  qu'il  avait  dans  sa  région  (1  )  qu'il  a  confectionné 
ses  outils  en  métal,  plus  ou  moins  refondu,  épuré,  affiné,  c'est-à-dire 
en  bronze,  quand  les  minerais  n'étaient  pas  du  cuivre  natif,  ou  du 
carbonate  de  cuivre  pur,  ce  cuivre  natif  déjà  connu,  mais  non  épuisé 

(1)  Du  carbonate  de  cuivre. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  631 

dans  quelques  régions  privilégiées,  où  on  a  dû  continuer  longtemps 
à  le  marteler,  même  après  l'invention  du  moulage. 

Dans  ces  régions,  l'âge  du  Cuivre  martelé  a  dû  ou  a  pu  se  prolon- 
ger pendant  tout  l'âge  du  Bronze,  et  peut-être  au  commencement  du 
Fer,  pour  la  seule  raison  que  le  travail  était  plus  simple,  plus  facile, 
plus  avantageux,  car,  après  le  débitage,  après  le  sciage  du  métal  natif, 
le  martelage  est  une  manipulation  facile . 

Le  Bronze  antique  a  comme  titre  ses  impuretés,  aussi  variables  que 
les  alliages  des  objets  fabriqués  avec  lui.  Lorsque  cet  alliage  de  hasard 
était  très  riche  en  cuivre  à  plus  de  95  p.  0/o,  il  était  rouge,  résistant 
à  la  casse,  parce  qu'assez  tendre,  et  très  martelable;  au  contraire, 
quand  il  y  avait  de  l'étain  en  abondance,  plus  de  15  à  20  p.  100,  il 
devenait  blanc,  mais  très  cassant  et  très  dur,  tandis  qu'il  prenait  la 
teinte  dorée  et  les  qualités  du  bronze  ordinaire  de  l'airain  ou  bronze 
noble  avec  un  peu  moins  d'étain,  soit  9  à  10  p.  ° /„.  Le  plus  souvent, 
c'était  un  peu  de  plomb,  ou  d'antimoine,  ou  de  fer  ou  de  zinc,  arse- 
nic, etc.,  etc.,  qui  remplaçait  l'étain  ou  s'ajoutait  à  lui  pourformerle 
bronze  bâtard,  que  les  analyses  nous  révèlent  si  variable,  si  com- 
plexe, si  déroutant  pour  les  chimistes  incapables  de  comprendre  les 
impénétrables  secrets  de  la  fabrication  empirique,  subissant  les  ca- 
pricieuses volontés  de  la  Nature  et  de  ses  gites  métallifères.  Même 
le  laiton  ou  cuivre  jaune  n'était  pas  distingué  du  bronze  comme  au- 
jourd'hui. Bref,  tout  ce  qui  n'était  pas  Cuivre  pur  de  carrière  était  du 
Bronze,  à  ce  seul  titre.  Or  il  était  souvent  plus  dur  que  le  Cuivre  à 
l'usage,  donc  plus  apprécié  et  plus  recherché. 

Je  doute  fort  qu'il  y  ait  des  outils  dits  haches  en  cuivre  jaune  ou 
laiton  préhistorique,  c'est-à-dire  en  Cuivre  Bouge  pur  exclusivement, 
allié  à  du  Zinc  pur,  bien  que  quelques  collègues  en  signalent,  sans 
doute  sans  avoir  fait  la  cassure  nécessaire,  pour  examiner  la  diffé- 
rence du  grain,  et  de  la  teinte  de  cet  alliage,  avec  celle  du  bronze. 
La  première  est  franchement  jaune,  avec  des  cristaux  rappelant 
les  feuilles  de  cristallisation  du  zinc,  très  différentes  de  celles  du 
bronze,  même  lorsque  l'étain  mal  allié  laisse  des  traces  blanches  à 
côté  du  grain  du  bronze.  U/n  trieur  exercé  peut  avec  une  lime  ou 
mieux  un  burin  et  marteau,  mais  surtout  une  tenaille  pour  détacher, 
casser  un  petit  éclat,  déterminer  par  le  grain  la  nature  de  l'alliage 
rouge-jaune  ou  bronze  et  même  en  bronzes,  de  qualité  différentes, 
en  bronzes  impurs  et  un  laiton  de  différents  titres,  aussi  sûrement 
et  beaucoup  plus  rapidement  qu'une  analyse  qualitative,  de  bien 
suffisante  utilité  en  Préhistoire,  mais  encore  trop  longue  pour  être 
pratique  en  Fonderie.  Un  bon  fondeur,  comme  un  bon  trieur  ou  ar- 
chéologue, juge,  au  grain  de  son  métal,  sa  qualité  et  la  pureté  de 
l'alliage,  avec  autant  de  certitude,  que,  de  la  même  façon,  on  juge 
et  classe  au  grain  la  qualité  des  morceaux  ou  barres  de  fer  essayés. 


632  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Il  y  a  là  une  précision  et  une  assurance  empirique,  dont  les  savants 
chimistes  ne  peuvent  avoir  idée.  Mais  je  reconnais  que  c'est  encore 
bien  plus  facile  que  d'estimer  au  degré  et  à  l'œil  la  température 
exacte  de  cuisson  d'une  poterie,  dont  on  néglige  les  degrés  de  du" 
reté  par  séchage  à  l'air  des  éléments  inconnus,  durcissant  plus  ou 
moins,  autant  que  la  durée  de  la  cuisson  !  Il  faut  le  tesson  sortant 
humide  de  la  fouille  pour  juger  :  un  peu  ou  beaucoup,  mais  non  au 
degré  ;  ici  le  Céramiste  exagère  ses  capacités  !  Ce  qui  me  laisse  per- 
plexe, autant  que  de  rencontrer,  dans  les  admirables  travaux  de 
M.  Louis  Siret  (1),  quelques  raisons,  également  tirées  parles  cheveux, 
sur  l'étain,  le  bronze,  et  les  haches  en  pierre  polie  à  tranchant 
élargi  (2),  pour  arriver  à  faire  cadrer  de  très  justes  observations 
avec  le  moins  juste  centre  unique,  le  foyer  classique  de  toutes  les  ci- 
vilisations, toujours  sortant  du  même  point  :  la  Méditerranée  avec  ses 
mêmes  classiques  navigateurs  Phéniciens,  successeurs  des  Grecs  ! 

Etonné,  on  se  demande  si  l'Océan  n'a  pas  eu  autrefois,  à  cet  égard, 
et  pendant  le  Néolithique  surtout,  autant  de  droits  et  d'action  qu'il 
en  a  aujourd'hui,  et  si  les  navigateurs  de  la  Méditerranée  devaient 
(parce  que  seuls  signalés  par  nos  classiques)  absolument  tout  faire 
dans  le  trafic  mondial,  quand  les  Anglais,  ces  Phéniciens  de  nos 
jours,  mais  bien  autrement  puissants  et  plus  forts,  sont  encore  inca- 
pables d'accaparer,  non  seulement  pas  l'industrie  ou  les  affaires  com- 
merciales, mais  pas  même  les  transports  de  notre  continent  ! 

Il  n'y  a  qu'un  grand  centre  :  le  Soleil  ;  mais,  autour  de  lui,  les  peu- 
ples de  l'humanité  ont  les  mêmes  droits,  les  mêmes  lois  d'évolution, 
les  mêmes  poussées  vers  le  progrès  par  les  circonvolutions  céré- 
brales arrivant  en  temps  et  lieu. 

Les  Basques  doivent  -  ils  leur  language  aux  Grecs  ?  Les  Gaulois 
leur  astronomie  aux  Romains,  pas  plus  que  leur  grande  habileté  en 
métallurgie  et  céramique  ?  Et  ces  Celtes-gaulois,  qu'on  veut  rendre 
tributaires  des  Phéniciens  pour  le  bronze  et  l'étain  par  les  classi- 
ques, ne  sont-ils  pas  cités  comme  les  premiers  à  pratiquer  l'Etamage  et 
l'Argenture,  entre  autres  décorations,  aussi  luxueuses  et  merveil- 
leuses que  non  classiques. 

Et  les  Arvernes,  avec  leurs  symboles  divers  et  rouelles  en  soleil,  y 
compris  le  Cheval  marin  ou  Hippocampe  de  leurs  monnaies,  venaient- 
ils  de  la  Méditerranée  plutôt  que  des  eaux  de  l'Océan  ?  Et  les 
haches  polies  d'Amérique,  en  tout  semblables  à  celles  de  nos  côtes  de 
l'Atlantique  au  Néolithique,  est-ce  aussi  de  la  mer  Egée  qu'elles 
sortaient?  Enfin  les  pointes  de  flèches,  si  bien  taillées,  de  Chastel,  avec 

(1)  L'Anthropologie,  Tome  XX,  page  129,  283. 

(2)  L'Anthropologie,  Tome  XIX,  page  129.  [Les  CassHérides  et  l'empire  colonial 
des  Phéniciens]. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  6H3 

un  faciès  africain  remarquable,  ne  donnent-elles  pas  à  penser  que 
notre  Gaule  d'autrefois  pourrait  se  retrouver  au  Maroc,  aujourd'hui, 
avec  quelques  ressemblances  de  la  même  époque  dans  les  sépul- 
tures, tumulus.  etc.,  bien  fouillés  comme  sur  nos  côtes  de  l'Ouest. 
Et  toutes  les  ornementations  qu'on  fait  venir  d'Italie,  où  on  n'en 
trouve  pas  cependant  ;  et  le  hiatus  [Déchelette  (1  ]  en  Espagne,  entre 
le  début  du  bronze  et  le  fer? 

Il  semble  que  l'homme  du  Bronze  de  l'Ouest  a  eu  à  lutter  contre  le 
courant  de  l'homme  du  Fer  de  l'Est,  après  une  grande  diminution  de 
ses  forces  ou  puissance  par  une  forte  vague  de  destruction.  Com- 
ment comprendre  autrement  les  immenses  travaux,  restés  incom- 
préhensibles et  inexplicables  aujourd'hui,  sur  une  si  petite  étendue 
de  nos  côtes,  où  un  grand  peuple,  une  grande  race  n'aurait  pu  vivre, 
donc  si  bien,  si  majestueusement,  travailler  ! 

Il  y  a  donc  des  raisons  multiples  pour  penser  que  le  Bronze  et  le 
Cuivre  avaient  à  l'Ouest  des  centres  de  travail  :  donc  des  produc- 
teurs importants  et  nombreux  autant  et  plus  peut-être  qu'autre  part. 
—  Donc  les  îles  de  l'Atlantide  ne  sont  pas  du  roman,  mais  une  scien- 
tifique probabilité  que  paraissent  confirmer  la  Géologie  des  côtes,  le 
Gulf-stream,  et  les  enceintes,  monuments  et  sépultures  préhistoriques, 
autant  que  certaines  races,  et  surtout  l'industrie  du  Cuivre  et  Bronze 
et  autres  métaux. 

Pourquoi  donc  n'y  aurait-il  pas  eu  un  courant  de  civilisation  de 
l'Ouest,  avec  les  monuments,  les  restes  néolithiques,  ceux  du  cuivre 
qui  nous  restent,  comme  on  admet  un  bien  évident  et  bien  clas- 
sique Orient.  Comme  si  le  paradis  terrestre  ne  devait  pas  être 
partout  où  il  y  a  travail  et  progrès,  donc  évolution  vers  le  mieux- 
ètre,  par  la  lutte  vivifiante  et  constante,  vers  des  inventions  nouvel- 
les, diminuant  les  efforts,  en  les  rendant  plus  utiles,  par  la  poussée 
de  la  constante  évolution  cérébrale. 

Conclusions.  —  Les  objets  de  Bronze,  comme  les  tessons,  et 
toutes  les  choses  qui  nous  environnent,  n'ont  pas  qu'une  face,  mais 
plusieurs,  plus  ou  moins  visibles  ou  invisibles  :  ce  qui  fait  qu'en 
n'examinant  bien  qu'un  côté  on  croit  voir,  quand  on  voit  mal,  et  être 
dans  le  vrai  quand  on  se  trompe  considérablement. 

Pour  connaître  scientifiquement  la  civilisation  et  l'âge  du  cui- 
vre et  du  bronze,  et  tirer  des  conclusions  très  justes  des  outils, 
bijoux,  monnaies,  amulettes,  armes  et  surtout  dans  notre  cas  de  tout 
ce  que  nous  avons  appelé  haches,  il  faut  : 

1°  A  la  très  bien  faite    classification    actuelle, par  les  formes  de  la 

(1)  L'Anthropologie,  Tome  XXI,  X°  1,  1910,  page  89.  —  Revue  archéologique, 
Paris,  E.  Leroux,  1909,  98  pages,  in-8". 


63V  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

partie  servant  à  l'emmanchement  ajouter  maintenant,  pour  la  complé- 
ter : 

2°  Une  classification  d'utilisations,  par  nature  d'outils  différents, 
par  les  dimensions  et  le  tranchant,  aujourd'hui  confondus  sous  le 
même  nom. 

3"  Puis,  faute  de  stratigraphie,  faire  une  classification  des  lieux 
par  Continents   et  Régions. 

4°  Etendre  la  classification  commencée  par  M.  Chauvet,  par 
l'analyse  sinon  quantitative,  tout  au  moins  qualitative,  afin  de  con- 
naître les  éléments  de  composition  de  l'objet,  son  métal  ou  ses  mé- 
taux. Bien  tenir  compte  qu'une  hache  en  bronze,  chauffée  au  rouge, 
prend  la  teinte  du  Cuivre,  par  suite  de  l'évaporation  ou  l'oxydation 
en  surface  des  métaux  alliés  au  Cuivre. 

5°  Faire,  par  la  technique  de  fabrication,  la  classification  des 
objets  en  cuivre  martelé,  non  fondu,  de  ceux  en  cuivre  moulé. 

6°  Arriver  ainsi  à  la  classification  chronologique  des  civilisations. 

D'où  on  pourrait  alors  tirer  des  conclusions  scientifiquement 
exactes  et  dire  : 

A)  Si  l'âge  du  cuivre  martelé  a  pu  exister  à  la  fin  du  Paléoli- 
thique et  pendant  toute  la  longue  période  Néolithique! 

B)  Si,  à  la  fin  du  Néolithique,  l'âge  des  Métaux,  «  du  Bronze  », 
commence  dès  que  la  fusion  du  métal  permet  le  moulage  des  outils, 
non  à  une  date  fixe,  la  même  pour  tous  les  peuples,  mais  suivant  la 
phase  très  variable  d'évolution.  —  Générale  ou  localisée  en  plusieurs 
centres. 

C)  Si  ces  outils  sont,  non  des  haches  exclusivement,  mais  des 
instruments  très  différents  pour  travailler  la  terre,  le  bois  et  les  pro- 
duits animaux,  peaux,  etc. 

D)  S'ils  ne  paraissent  pas  démontrer  une  origine  occidentale, 
autant  qu'orientale  :  donc  différents  centres  de  production  métallur- 
gique. 

E)  Si,  avec  la  hache  polie,  la  pointe  de  flèche  en  silex  et  les 
menhirs  et  dolmens,  on  n'a  pas  raison  d'être  tenté  de  penser  une 
fois  de  plus  à  l'Atlantide,  et  d'y  trouver  des  probabilités  nouvelles, 
sinon  définitives. 

F)  Si  toutes  ces  hypothèses  sont  vraies,  ne  doivent-elles  pas  se 
trouver  vérifiées,  sur  la  côte  occidentale  de  l'Afrique,  par  la  même 
civilisation  Néolithique-Cuivre,  et  les  mêmes  coutumes  conservées, 
même  en  Amérique. 

G)  Si  les  marins,  capables  de  naviguer  sur  l'Océan,  devaient 
l'être  au  moins  autant  sur  la  Méditerranée  ;  si  la  réciproque  peut  être 
aussi  vraie,  à  l'époque  de  la  pierre  polie,  les  navigateurs  de  l'Occi- 
dent devront  être  au    moins   aussi    nombreux  et  plus  capables    que 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  6^5 

ceux  de  la  Méditerranée,  dont  les  traductions  classiques  ont  fait  des 
demi  dieux,  plus  puissants  qu'ils  ne  pouvaient  l'être. 

H)  Si  tout  ceci  ne  donne  pas  à  réfléchir  que  si,  à  une  période 
donnée,  et  dans  un  rayon  déterminé,  la  Méditerranée  a  eu  un  déve- 
loppement important  de  civilisation,  que  nous  connaissons  unique- 
ment très  bien,  rien  ne  nous  autorise  à  en  faire  un  centre  unique, 
d'où  est  parti  toute  l'évolution  du  Monde  !  Car,  avant  la  période 
«  dite  historique  »,  parce  qu'elle  limite  nos  connaissances  classiques, 
il  y  a  eu,  avant,  jusqu'au  début  de  l'âge  des  métaux,  des  influences 
et  des  travaux  d'une  autre  direction,  qui  ne  cadrent  pas  avec  cette 
idée. 

A  la  fin  du  Paléolithique,  ces  influences  sont  localisées,  pour  nos 
connaissances  actuelles  en  Préhistoire,  autant  en  Occident  qu'en 
Orient. 

Il  suffit  de  tenir  compte  de  la  période  glaciaire,  des  effets  des 
différentes  canalisations,  du  courant  du  Gulf-stream,  et  de  la  très 
grande  probabilité  de  la  disparition  de  l'Atlantide,  qui  permettait  la 
communication  de  l'Europe  avec  l'Amérique  et  l'Afrique,  pour  être 
convaincus  que  la  Civilisation  nous  est  venue  comme  la  lumière, 
comme  le  vent,  un  peu  de  partout,  suivant  les  caprices  du  Soleil, 
celui  qui  parmi  les  astres  connus,  paraît  le  plus  centraliser  le  départ 
de  toutes  nos  forces,  puisqu'à  la  satisfaction  de  notre  égoïsme  étroit, 
il  faut  toujours  la  recherche  d'une  unité,  comme  à  notre  curiosité, 
jamais  satisfaite,  le  Paradoxe. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  11  est  indiscutable  qu'il  y  a  du  vrai  dans 
les  théories  que  soutient  ici  notre  collègue.  Mais,  comme  toujours, 
il  a  dû  forcer  la  note,  pour  faire  comprendre  son  idée.  Il  ne  faut  pas 
lui  en  faire  un  crime  !  C'est  ainsi  qu'opèrent  tous  les  orateurs  de 
métier,  pour  arriver  à  transformer  l'esprit  de  leurs  auditeurs. 

Pourtant,  en  Science,  il  faut  plus  de  précision  pour  entraîner  des 
convictions  Je  reproche  d'abord,  à  mon  ami,  M.  Pagès-Allary,  de 
ne  pas  employer,  pour  sa  démonstration,  la  méthode  analytique  à 
laquelle  nous  sommes  accoutumés  en  Anthropologie  :  celle  des 
Indices,  c'est-à-dire  des  rapports  mathématiques. 

Dans  ma  longue  étude  sur  les  Haches  plates  de  Vendée,  —  qui  va 
paraître  enfin  dans  les  Mémoires,  — j'ai  déjà  fait  nombre  de  remar- 
ques comme  celles  ci-dessus  formulées;  mais  j'ai  tenu  à  les 
appuyer  par  des  chiffres  [Dimensions;  Poids,  etc.].  Or,  notre  col- 
lègue se  borne  à  affirmer,  sans  fournir  des  éléments  qui  puissent 
nous  convaincre.  Il  veut  trop  prouver  par  l'empirisme. 

Je  reproche  surtout  à  sa  méthode  de  démonstration  de  n'en  être 
pas  une,  en  réalité,  pour  nous  autres,  habitués  à  raisonner  différem- 
ment, et  accoutumés  à  une  méthode  comparative  précise,  plutôt  qu'à 


636  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

des  déductions  un  peu  aventurées.  Mais  qu'il  réfléchisse  et  qu'il  se 
recueille;  et  il  trouvera  les  faits,  les  arguments,  le  terrain  plus 
solide,  qui  portent,  au  lieu  de  se  laisser  aller  à  son  inspiration  !  Il 
ne  suffit  pas  de  deviner;  il  faut  prouver!...  D'autres  devinent  aussi, 
ont  du  flair,  de  l'intuition  ;  mais  les  malins  et  les  plus  forts  sont  ceux 
qui,  ensuite,  transforment  en  formules  scientifiques  leurs  géniales 
trouvailles.  A  ceux-là,  personne  ne  peut  plus  résister  :  Ils  écrasent 
tout  sur  leur  passage. 

A  propos  de  l'Atlantide,  je  voudrais  seulement  rappeler  ce  qu'a 
écrit  récemment  le  Pr  Ledouble  (de  Tours)  :  «  La  preuve  certaine 
de  l'Atlantide  a  été  donnée  fortuitement  dans  la  Grande  Canarie,  à 
un  naturaliste  tourangeau,  le  Dr  J.  Pitard,  qui  a  constaté,  au-dessous 
de  Basaltes  quaternaires,  la  présence  d'un  Calcaire  rempli  de 
Bryozoaires,  se  rattachant  certainement  au  Secondaire.  Les  terrains 
tertiaires  manquent;  et,  puisqu'ils  sont  absents,  c'est  que  les  mers 
éocènes  et  pliocènes  nont  jamais  recouverts  les  sédiments  crétacés. 
Cette  région  a  donc  été  émergée  pendant  tous  les  temps  tertiaires . 
[J.  Pitard,  L'Atlantide,  Tours,  1905]  ».  —  On  pourrait  ajouter  :  «  Et 
pendant  une  partie  du  Quaternaire,  ancien  et  moderne  peut-être  ». 

En  tout  cas,  comme  l'Homme  tertiaire  a  existé,  il  a  pu  vivre  là. 
Diodore  n'a,  par  suite,  peut-être  pas  inventé  (on  n'invente  pas  ces 
choses-là),  la  ville  de  Cerné,  capitale  de  l'Atlantide.  La  Légende 
déforme  toujours  ;  mais  elle  ne  crée  jamais  ! 

Ce  sont  peut-être  «  ces  Morts-là  qui  nous  gouvernent  »,  et  non 
ceux  d'Orient 


Encore  un  objet  énigmatique. 

PAR 

le  D'   A.  GUÉBHARD  (Paris). 

M.  Emile  Schmit  a  présenté,  au  Congrès  de  YAfas  à  Dijon,  un 
objet  que  je  n'avais  pu  voir,  mais  qui,  à  la  lecture  de  sa  description 
sommaire,  m'avait  paru  pouvoir  présenter  une  certaine  analogie 
avec  les  «  Hochets  »  de  M.  Pagès-Allary. 

La  photographie  (Fig.  1),  qu'a  eu  l'obligeance  de  m'envoyer 
M.  Schmit,  bientôt  suivie  d'un  modèle  sculpté  en  craie,  montre  que 
cette  analogie  n'est  pas  très  proche  et  même  très  vaguement  formelle. 

C'est,  géométriquement,  le  solide  formé  par  la  triple  pénétration 
orthogonale  de  trois  bouts  de  cylindres  mousses  égaux,  de  0m08  de 
longueur,  près  de  0ro04  de  diamètre,  dont  un  massif,  deux  autres 
percés  d'un  canal  de  0m009  de  diamètre,  constituant  par  leur  ensem- 
ble six  moignons,  saillant  d'une  masse  centrale  biforée  en  croix. 
A  la  rigueur  peut-on  y  voir  le  bitétraèdre  de  M.  Pagès-Allary,  à 


société  PRÉHisTORiQUEjFRANÇAisE  637 

flancs  plus  rentrés,  et  à  substance  reportée  sur  les  saill  es  façonnées 
en  cylindres,  au  lieu  de  cônes  éiuoussés. 

Mais,  justement  à  cause  de  cela,  à 
cause  de  l'épaisseur  des  cylindres 
percés,  tout  à  fait  disproportionnée 
et  mal  commode  pour  la  petite  bouche 
d'un  enfant,  comme  à  cause  de 
l'absence  de  grelots  à  l'intérieur,  il 
faut  renoncer  à  toute  assimilation 
comme  usage. 

Cependant  ce  n'est  pas  non  plus  un 
objet  de  pure  fantaisie,  car  il  y  a  quel 
que  chose  de  très  approchant  figuré 
dans  le  Musée  Préhistorique  (1),  comme 
trouvé  à  Hallstatt. 

Il  est  vrai  que  là  une  seule  des  trois 
branches  est  forée,  au  lieu  des  deux 
qui  se  croisent  ici  au  centre,  ce  qui 
avait  permis  à  M.  Pages- Allary  de  formuler  assez  plausiblement 
l'hypothèse  qu'il  s'agirait  d'une  lanterne  de  fondeur,  ou  d'un  moule, 
pour  obtenir,  à  substance  perdue,  un  moyeu  de  roue  avec  ses  quatre 


hig.  1.  Echelle  :  1/2.  —  Objet  en 
terre  cuite,  trouvé  par  M.  Laixe- 
mant,  dans  un  foyer  gaulois,  à 
Somme- Vesle  (MarneK  présenté  par 
M.  E.  Schmit,  au  Congrès  de 
l'AFAS.  à  Dijon. 


r 


r 


SC^5=^^ 


Fig.  2.  —  t  Vase-char,  de  terre  très  fine,  en  forme  d'oiseau,  snr  quatre  roues.  Le  corps  est 
creux  presque  jusqu'au  bout  de  la  queue.  Sur  le  dos,  il  y  a  une  ouverture  rectangulaire 
dont  le  couvercle  forme  le  cou  et  la  tête  de  l'oiseau.—  8  b,  Couvercle  tu  de  côté  ;  8  c,  Cou- 
vercle vu  de  haut  —  Le  couvercle  pouvait  être  fixé  au  moyen  de  deux  trous  qui  correspon- 
dent à  deux  autres  trous,  dans  deux  petites  saillies  placées  sur  le  corps.  Les  essieux 
étaient  probablement  des  fils  de  bronze  passant  par  les  moyeux  et  par  des  trous  praUqués 
dans  les  quatre  pieds  de  l'animal .  Entre  les  roues  antérieures,  on  remarque  une  saillie 
perforée,  peut-être  pour  une  corde  au  moyen  de  laquelle  on  pouvait  tirer  le  vase-char. 
Ornements  en  creux  ;  traces  de  graphite  sur  la  surface.  —  Musée  d'Esté.  —  V.  Prodo- 
cmi,  Suite necropoli  Engamec,  NoUz.  d.  Scar.,  1882,  p.  6,  pi.  J-VIII  (v.  p.  18et  pi.  III).  » 

(1)  A.  et  G.  de  Mortilet,  Musée  Préhistorique,  in-4°.  Paris.  Reinwald,  1881, 
pi.  C,  fig.  1250  :  «  Tube  cruciforme  en  poterie;  les  quatre  branches  se  terminant 
par  des  croix  cantonnées  gravées.  Nécropole  d'Hallstatt  (Autriche).  Récoltes  Ram- 
sauer  (Musée  de  Vienne).  D'après  SacSrr,  Grabfcld  von  Hallstale,  pi.  XVIII. 
ûg.  6  ». 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE. 


638  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   DE   FRANCE 

0.  Montélius,  La  civilisation  primitive  en  Italie,  depuis  l'introduction  des  métaux.  I,  Fi- 
bules  et  Italie  septentrionale,  in-4»,  548  col.  113  pi.  Stockholm,  1895  (v,  col.  282  et  pi.  50, 
8  a-c)] . 

Le  symbolisme  de  ces  sortes  de  chars  ornithomorphes  remonte  certainement  fort  loin,  car 
on  les  retrouve  en  cuivre  dans  l'Amérique  pré-colombienne  et  en  bronze,  un  peu  par- 
tout, ayant  presque  toujours  des  roues  à  quatre  raies,  'litons,  par  exemple,  le  char  très 
curieux  d'Arcatelle,  en  Etrurie,  formé  d'un  quadrupède  à  corps  d'oiseau,  queue  de  poisson, 
col  et  tête  de  cerf,  cornes  de  bœuf,  dont  le  couverclt-,  doublant  toute  la  partie  supérieure 
pour  en  ferme  l'orifice,  est  également  muni  de  trous  correspondants  à  d'autres  du  corps, 
probablement  destinés  à  des  clous  ou  chevilles  de  métal,  ou  à  des  chaînettes  plutôt  qu'à 
des  ficelles  [Ingwald  Undset,  Altitalische  Bronzewagen,  Verhandl.  Berl.  Ges.,  1883, 
p.  (197)-(202),  iflg]. 

Mais  la  remarquable  ornementation  de  la  pierre  hallstattienne  — 
svastikas  gravés  sur  les  extrémités  borgnes  ;  triangles  et  festons  pi- 
quetés sur  les  branches  —  exclut  encore  cette  explication,  même  si 
on  la  retourne  pour  revenir  à  une  indication  de  M.  Schmit,  en  regar- 
dant ici  comme  un  axe  d'essieu  le  cylindre  fort  et  les  deux  autres 
comme  rais  d'une  jante  absente,  ayant  appartenu  à  quelque  figuline 
fantaisiste,  du  genre  de  celles  (Fig .  2)  qui  furent  en  grande  vogue  à 
l'âge  du  Fer,  et  qu'on  trouve  déjà,  en  métal,  à  l'âge  du  Bronze,  ou 
en  réalité  le  champ  reste  ouvert  pour  arriver  à  une  explication  qui 
convienne  à  la  fois  aux  deux  objets  analogues  que  nous  avons  rap- 
prochés.—  Le  mieux  pour  pousser  à  la  solution  n'est-il  pas  de  propa- 
ger l'image  originale  due  à  l'amabilité  de  M.  E.  Schmit,  et  d'ouvrir 
ici  un  second  problème  au  moment  où  un  autre,  grâce  à  ce  procédé, 
vient  de  se  clore. 


La  Grotte  de    Rivière  (Landes). 

PAR 

P.  DUBALEN  (Mont-de-Marsan,  Landes). 

Des  renseignements  pris  dans  le  pays  après  la  découverte  de 
l'emplacement  de  la  Grotte  de  Rivière  (Landes),  il  résulte  que,  en 
1848,  entre  le  chemin  de  Halage  et  l'Adour,  à  la  petite  Roque,  un 
rocher  gênant  le  halage  fut  arasé.  Dans  une  cavité  on  trouva  des 
ossements,  que  l'on  dit  être  de  grands  chevaux.  Ces  ossements  appor- 
tés au  château  de  La  Roque  ont  été  détruits  dans  un  incendie  en  1908. 

Depuis  1848,  cet  espace  de  quelques  mètres  carrés  est  couvert 
par  des  ronces  ;  il  laisse  voir  un  petit  pointement  de  roche,  noircie 
par  le  temps.  En  1910,  au  cours  d'études  géologiques,  je  voulus  véri- 
fier la  nature  de  cette  roche  ;  un  coup  de  marteau  me  donna  de  la 
brèche  archéologique,  fortement  cimentée  à  la  dolomie  Cénomanienne. 

Une  fouille  sommaire  me  permit  de  reconnaître  une  habitation 
troglodytique  avec  dents  de  Renne.  Après  autorisation  de  M.  Etienne 
Darricau,  propriétaire,  et  avec  une  subvention  de  la  ville  de  Mont- 
de-Marsan  et  du  Ministère,  je  fis  les  fouilles  en  mars  19ll.  Quel- 
ques sondages  précisèrent  l'emplacement  de  la  grotte.  Je  rencontra 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  639 

d'abord  une  forte  couche  de  pierrailles  de  calcaire,  et  au-dessous 
des  limons  et  des  sables,  apportés  parles  crues  de  l'Adour,  dans  les- 
quels se  trouvaient  quelques  blocs  de  stalagmites  avec  brèche  ar- 
chéologique. 

La  grotte  est  divisée  par  une  protubérance  rocheuse  médiane  en 
deux  chambres.  Au  fond  de  la  chambre  Nord  finissant  en  entonnoir, 
coule  de  l'eau  chaude  à  32°.  —  Contre  la  paroi  gauche  ont  été  trouvés 
le  poinçon  (alêne:  en  ivoire;  la  grande  figure  sur  os  ;  l'os  portant  les 
2  3  d'une  circonférence;  les  harpons,  aiguilles,  coquilles,  fossiles 
nombreux,  quelques-uns  percés,  etc.,  etc. 

Plus  tard,  dans  la  cham- 
bre Sud,  du  côté  de  l'Adour, 

tous  les  ossements  rencon-  / 

très  dans  un  puissant  foyer  Si 

sur    dallage    mêlés   à    une  .  '  / 

couche  de  cendres  de  0m35 
étaient  plus  ou  moins  alté- 
rés par  le  feu. 

La  chimère  sur  os,  forte- 
ment brûlée,  provient  de  ce 

r  •     •  v  •  t 

loyer,  ainsi   que  1  os  noir, 

très  dense,  offrant  de^  nom-  »x 

breuses  rayures  et  qui  laisse 
voir,  sur  un  des  côtés  de  la 
partie  médiane,  un  arc  de 
cercle  assez  large  au-des- 
sous duquel  deux  points 
rapprochés  donneraient, 
dans  leur  ensemble,  la  figu- 
ration de  la  face  d'un  être  v 

finplpnnmiP  Fi9 •  1   —  La  grande  figure  de  la  Grotte  de  Rivière 

quelconque.  (Landes). 


La?grande  figure,  après  plusieurs  semaines  d'observation,  me  parut 
présenter  un  ensemble  très  régulier  et  géométrique.  Cherchant  sur 
ia  photographie  agrandie,  avec  un  compas  ordinaire,  je  remarquai 
que  toutes  les  lignes  courbes  appartenaient  à  des  circonférences  de 
rayons  divers. 

Ci-joint  le  tracé  géométrique  obtenu  Figl  Je  considère  que  cette 
figure  a  été  marquée  au  compas  et  que  l'artiste  a  suivi  cette  marque 
avec  un  burin  fortement  appuyé,  travail  qui  forcément  a  donné  une 
ligne  un  peu  flottante . 

L'accident  de  travail,  qui  a  fait    assurer  par  une  personnalité  que 


640  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

cette  gravure  était  fausse,  est,  dit-elle,  l'esquille  qui  se  remarque  à 
la  partie  inférieure  de  la  figure,  parce  que  l'os  gravé  à  l'état  frais  ne 
donne  pas  d'esquilles . 

Pour  moi,  je  ne  vois  là  qu'une  éraflure  causée  par  le  burin  venant 
de  bas  en  haut,  éraflure  laite  par  le  burin  dont  le  bec  s'émousse  sous 
la  pression;  soit  encore  par  le  burin  mal  tenu  qui  s'incline  en  dedans, 
faisant  une  raie  plus  large.  Comme  il  peut  arriver  lorsqu'avec  un 
crayon  on  suit  une  ligne  courbe  déjà  marquée,  la  pointe  du  crayon 
s'échappe  souvent,  soit  en  dehors  soit  en  dedans  delà  courbe. 

En  second  lieu,  là  ou  s'est  produit  cette  éraflure,  l'accident  devait 
arriver,  malgré  toute  l'attention  de  l'artiste.  On  remarque  en  effet 
sur  ce  point,  très  nettement,  lorsque  l'os  a  été  mouillé,  que  cette 
région  est  beaucoup  plus  longue  à  sécher. 

La  photographie  laisse  voir,  une  zone  plus  loncée,  plus  spongieuse. 
Ce  qui  dénote  une  modification  du  tissu  osseux,  particularité  due  à 
un  état  morphologique  (Ostéite  raréfiante),  altération  qui  ne  peut  se 
produire  post  mortem. 

Une  moindre  résistance  sur  ce  point  devait  produire  une  sorte 
d'éraflure  et  même  un  écrasement,  provoquant  une  plus  large  em- 
preinte. 

J'appellerais  en  outre  toute  l'attention  de  mes  collègues  sur  la 
cupule  formant  l'iris  (vue  à  la  loupe),  qui  paraît  aussi  ancienne  et  de 
même  nature  que  les  petits  vallonnements  interfibreux.  L'examen  au 
microscope  dénote  une  dissemblance  absolue  avec  des  traits  récents, 
qui  laissent  voir  des  parties  farineuses  et  non  agglutinées. 

Je  prie  encore  mes  collègues  d'examiner  l'os  portant  les  2/3  d'une 
circonférence,  dans  laquelle  il  me  semble  voir  un  profil  de  face 
humaine,  inscrit  dans  le  cercle  (voir  Photogr.).  Cette  figure  est-elle 
réelle,  ou  bien  due  à  un  ensemble  fortuit  de  traits  quelconques? 

Conclusions.  —  1°  Toutes  les  gravures  trouvées  à  Rivière  indi- 
quent un  même  procédé  de  dessin  (par  circonférences) . 

2°  Qu'un  outil  a  forme  spéciale,  non  encore  précisée  (Compas), 
accompagne  ces  dessins. 

3°  Que  les  deux  autres  grottes,  que  j'ai  découvert  dans  le  départe- 
ment (Brassempouy  et  Sordes,  Dufaure)  ont  fourni  des  outils  sem- 
blables :  outils  dont  nous  n'avions  pas  reconnu  l'emploi  et  l'usage. 

4°  Que  le  procédé  qui  consiste  à  accentuer  une  saillie  (le  nez  de  la 
figure  principale  de  Rivière),  par  application  d'un  corps  chaud  pour 
foncer  la  coloration  de  l'os,  a  été  employé  par  les  habitants  de  la  Grotte 
de  Brassempouy  (dessus  de  l'oeil  de  la  tête  de  cheval  hennissant,  que 
j'ai  trouvé  à  Brassempouy.  Musée  de  Saint-Germain). 

5°  Que  1  éraflure  du  bas  de  la  figure  devait  fatalement  seproduire, 
à  cause  de  la  plaque  d'ostéite  raréfiante  de  cette  région.  Que  cette  alté- 
ration de  l'os  ne  peut  être  due  à  une  altération  post-mortem. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  641 

En  conséquence  de  ces  faits  : 

1°  Un  faussaire,  pour  si  habile  dessinateur  et  si  instruit  qu'il  fût  en 
Préhistoire,  ne  pouvait  avoir  l'idée  de  mettre  ces  moyens  en  usage, 
moyens  inconnus  jusqu'à  ce  jour.  En  outre,  il  ne  pouvait  pas  imaginer 
les  outils  compas  ,  ni  les  fabriquer  et  les  introduire  dans  la  fouille, 
ces  silex  ayant  une  patine  indiscutable  ! 

2°  Que  la  gravure  de  la  chimère,  avec  entrelacs  tracés  au  compas, 
à  la  base  par  trois  arcs  de  circonférences.,  ne  saurait  être  l'œuvre 
d'un  faussaire,  puisqu'il  y  a  impossibilité  matérielle  de  graver  sur 
cet  os  si  fortement  altéré  par  le  feu  qu'un  essai  a  déterminé  la  cas- 
sure et  l'écaillement  de  l'os. 

Les  deux  gravures  fausses,  trouvées  en  fin  de  fouilles  sur  os,  n'of- 
frant pas  de  caractères  de  fossilisation,  étaient  en  mauvaise  place,  de 
facture  non  géométrique  et  de  conception  moderne  ;  les  traits  lais- 
saient voir  à  la  loupe  leur  fraîcheur.  —  Cette  œuvre  d'un  mauvais 
plaisant  ne  saurait  jeter  un  doute  sur  des  gravures  offrant  tous  les 
caractères  possibles  d'ancienneté,  tout  particulièrement  dans  le  cas 
qui  nous  occupe,  où  nous  trouvons  un  procédé  nouveau  de  dessin, 
que  n'avait  pas  su  comprendre  le  faussaire. 


Contribution    à    l'étude  clu   Néolithique 

Montmorillonnais  : 

Haches  en  roche»  cristallophylliennes 

à  érosions. 

Par  le  D' 

Louis    GOBILLOT  (La  Trimouille,  V). 

La  lecture  de  la  Communication  de  Madame  B.  Crova,  parue 
dans  le  n°  12  du  Bulletin  de  la  Société  Préhistorique  de  France 
(Année  1910.  page  661)  et  de  celle  de  M.  L.  Giraux,  dans  le  n°  5 
de  l'année  1911  de  la  même  Revue,  m'a  déterminé  à  présenter 
une  note  sur  les  haches  en  roches  cristallophylliennes  du  Mont- 
morillonnais, que  je  possède  dans  ma  collection  d'objets  préhis- 
toriques, et  à  y  joindre  quelques  clichés  des  pièces  les  plus 
remarquables  [Planches  I  à  III]. 

Le  Montmorillonnais,  jadis  riche  en  beaux  spécimens  de 
haches  polies  en  silex,  de  grande  taille,  assez  comparables  aux 
pièces  de  Bretagne  et  de  Vendée,  et  qu'il  serait  encore  possible 
aux  Préhistoriens  d'admirer  entre  les  mains  de  M.  l'abbé 
Blanchard,  curé  à  Pouant  (Vienne),  neveu  et  héritier  du  Prési- 
dent Demairé,  est  assez  pauvre  en  haches  confectionnées  avec 
des  roches  autres  que  le  Silex 

Depuis  quinze  ans  que  je  m'occupe  de   recherches  préhistori- 


642  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

ques,  c'est  à  peine,  si,  malgré  de  nombreuses  relations  et  de  fré- 
quentes excursions,  il  m'a  été  possible  de  réunir  plus  de  24  ou 
25 de  ces  objets. 

C'estpourquoi,  j'ai  pensé  qu'il  serait  intéressant  d'adopter  pour 
la  description  de  ces  divers  échantillons,  les  tableaux,  dont  le  mo- 
dèle est  donné  par  le  «  Manuel  des  Recherches  Préhistoriques  ». 

Parmi  ces  pièces  deux  sont  remarquables  par  leur  volume  con- 
sidérable ;  les  autres  par  des  érosions  assez  comparables  à  cel- 
les qui   ont  été  signalées  par  Mme  Crova  et  M.  Giraux. 


Les  pièces  de  grande  taille  sont: 

1°  Une  hache  à  bouton,  qui  a  été  reproduite  dans  le  recueil  des 
communications  présentées  au  Congrès  de  Tours.  Analogue  à 
celle  qui  est  figurée  dans  le  «  Musée  préhistorique  »  de  M.  de 
Mortillet  (planche  54,  figure  478),  elle  mesure  0m26  de  long,  et 
pèse  1  kil.  470.  Sa  particularité  la  plus  intéressante  est  d'être 
préparée  par  un  piquetage  très  soigné  et  très  serré,  de  n'être 
polie  qu'au  niveau  de  la  petite  extrémité  renflée  en  bouton,  et  au 
niveau  du  tranchant,  arrondi  assez  mince  et  coupant.  (Planche  I). 

Pareille  pièce  fut-elle  emmanchée?  Fut-elle  destinée  à  être 
tenue  à  la  main  et  à  servir  plutôt  d'instrument  tranchant  que 
contondant?  Je  laisse  à  des  collègues  plus  autorisés  que  moi  le 
soin  de  discuter  la  chose  ! 

2°  La  seconde  est  d'un  poids  un  peu  moindre,  ne  pèse  que  1335 
gr.,  et  ne  mesure  que  0m22  1/2.  C'est  une  hache  assez  étroite, 
par  rapport  à  sa  longueur,  épaisse,  à  section  presque  circulaire, 
et  dont  la  forme  générale  ressemble  à  un  Boudin.  Elle  ne  pré- 
sente pas  de  piquetage  apparent,  mais  un  polissage  assez  impar- 
tait, en  raison  de  l'inégalité  et  de  la  texture  granitoïde  de  la 
roche  constituante,  qui  est  très  probablement  une  Diorite. 

Ces  deux  haches  proviennent  de  l'arrondissement  de  Montmo- 
rillon  :  à  savoir  de  Lathus  et  de  Saint-Pierre-de-Maillé  ;  elles 
ont  beaucoup  de  ressemblance  avec  les  pièces  vendéennes. 

La  diagnose  minéralogique  de  ces  diverses  pièces  a  été  soi- 
gneusement faite  par  M.  Welsch.  professeur  de  géologie  à 
l'Université  de  Poitiers  ;  elle  nous  indique  une  assez  grande  uni- 
formité dans  le  choix  de  la  matière  employée  à  leur  confection  ; 
elles  sont  presque  toutes  taillées  dans  des  fragments  de  roches 
vertes  [diorites,  diabases,  amphibolites]. 

Il  est  fort  probable  qu'en  raison  de  la  présence  fréquente  de 
galets  analogues  dans  les  alluvions  anciennes   et  modernes  de  la 


D<  Louis  Gobillot.  '     Planche  I. 

CONTRIBUTION  A  L'ÉTUDE  DU  NÉOLITHIQUE  MONTMORILLONNAIS 

HACHES   NÉOLITHIQUES  A  ÉROSIONS. 


C  Elève,  phot. 


N*  2t.  —  Hache  à  bouton,  en  Diorite.  —  Ensirons  de  Lathus  (Vienne).  —  1/2  Grandeur. 
N>  ?2.  —  Hache  en  boudin,  en  Diorite.—  Saint-Pierre-de-Maillé  (Vienne %  —  1/2  Grandeur. 


Dr  Louis  Gobillot. 


CONTRIBUTION  A  L'ETUDE  DU  NEOLITHIQUE  MONTMORILLONNAIS. 
HACHES  NÉOLITHIQUES  A  ÉROSIONS. 


C.  Elève,  phot. 


N°  23    Hache  à  tranchant  convexe,  en  Amphibolite  à  grenats  (Grandeur  nature) 
Journet  (Vienne). 


N°  9.  —  Hache  à  érosions  nombreuses.  Schiste  à  mica  noir  (Grandeur  nature). 
Liglet  (Vienne). 


D'  Louis  Gobillot. 


Planche  11 1. 


CONTRIBUTION  A  L'ÉTUDE  DU  NÉOLITHIQUE  MONTMORILLONNAIS. 
HACHES  NEOLITHIQUES  A  ÉROSIONS. 


C.  Elève,  phot. 


8.  —  Hache,  à  tranchant  presque  rectiligne.  en  Amphibolite  à  grenats  (Grandeur  nature). 
Les  HérolJes  (Vienne'.  —  Erosions  nombreuses. 


^"°  20«  —  Hache  en  Amphibolite,  à  érosions  profondes  (Grandeur  nature).  — 
Journet  i Vienne). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  643 

Gartempe,  delà  Benaise  et  du  Salleron,  torrents  qui  ont  dû  char- 
rier dans  leurs  cours  généralement  orienté  du  sud  au  nord,  pas 
mal  de  matériaux  provenant  du  massif  cristallin  du  Limousin, 
ces  diverses  haches  aient  été  confectionnées  sur  place. 

En  tout  cas,  excepté  pour  l'amphibolite,  la  carte  géologique  de 
France  feuille  de  Poitiers  et  d'Aigurande,  à  l'échelle  de  1,80.000e) 
ne  donne  pas  de  gisement  apparent  très  rapproché.  Il  faut  donc 
pour  le  moment  leur  assigner  une  origine  erratique,  jusqu'au 
jour  où  de  nouvelles  recherches  géologiques  auront  mis  en  évi- 
dence des  gisements  bien  déterminés,  ainsi  que  je  l'ai  constaté 
pour  un  affleurement  d'Amphibolite,  dans  le  voisinage  de  la 
Trimouille,  au  lieu  dit  la  Clairaudrie  [Planche  II]. 

J'ai  dit,  plus  haut,  que,  parmi  les  haches  étudiées,  un  certain 
nombre  présentaient  des  altérations  analogues  à  celles  qui  ont 
été  étudiées  par  M.  Giraux  et  Mme  Crova,  et  par  MM.  Coutil, 
Chapelet,  et  le  docteur  Marcel  Baudouin. 

Comme  clans  les  cas  précités,  ces  pièces  sont  confectionnées 
en  roches  composites;  et  un  examen  même  superficiel  permet  d'v 
reconnaître  plusieurs  éléments  absolument  distincts.  La  plupart 
sont  constituées  en  roches  grenatiferes  ;  il  s'agit  dans  l'espèce 
de  grenats  grossiers,  ferrugineux,  mais  enfin  parfaitement  déter- 
minés. 

Dans  l'une  de  celles  dont  je  communique  la  photographie 
[Planche  III],  il  s'agit  de  macles,  d'un  mica  noir,  qu'à  première 
vue  on  serait  tenté  de  prendre  pour  des  aiguilles  de  tourmaline 
dans  un  schiste  micacé  gris  clair. 

Les  érosions,  qui  sont  dues  à  des  altérations  chimiques  et  méca- 
niques analogues  à  celles  qui  ont  été  si  bien  décrites  par  ces 
divers  observateurs,  ont  été  réparties  inégalement  et  à  des  profon- 
deurs différentes,  en  raison  de  la  résistance  plus  ou  moins  grande 
de  l'élément  minéralogique  au  niveau  duquel  l'action  chimique 
dissolvante  a  été  appliquée  :  c'est  ainsi  que  la  trame  cristalline  a 
toujours  été  plus  respectée  que  la  gangue  enveloppante.  Il  en 
résulte  un  faciès  spécial  qui  donne  dans  certains  cas  un  aspect 
décoratif  à  la  pièce  ainsi  altérée  :  il  n'en  est  pas  moins  per- 
mis de  supposer  que  la  roche  a  été  primitivement  choisie  avec 
une  intention  décorative  et  qu'un  polissage  très  soigné  ne  devait 
pas  nuire  à  l'aspect  multicolore  de  plusieurs  de  ces  objets. 

Quant  à  l'utilisation  du  relief  à  la  décoration  pour  les  pièces 
que  je  possède, je  n'y  crois  guère,  si  ce  n'est  pourla  hache  à  bou- 
ton :  et  encore  cette  saillie  arrondie  peut  avoir  été  aussi  bien  faite 
pour  en  faciliter  l'usage,  que  pour  en  enjoliver  l'extrémité. 


Il 


1 

™ 

a>  *» 

t. 

0)  -3 

"~3 — ^"i 

'.2  c 

c  c 

r4) 

4,  -eu  0 

.'2 
"S 

:1 

M     41 

2 

la 

BU 

'"0  s 
eu  » 

£ 

4)    O    4> 

Br;.S 

es  '2  "S 

Sa 

a>  « 

'5  'y 

•3t 

a 

3 

-3  -a 
Se 

-j  .4) 
C  — 

0 

a, 

es      . 

Cli  4) 

j 

•  : â  3 
.  ^  0 

-aj    ,  ta 
|"|H 

a> 

s '2 

0 

-3 

4?  "tf 

a 

3  -C 
O   O 

4) 

«  2 — 

4) 

"o^     • 

3 

C   es 

0 

O    3 

S  »-• 

-a 

3 

o 
o 

C 
(S 

o 
« 

4>    O 

-3 

es    y 

H? 

S 

s"60 

3 

e'S» 

«    m 

eu? 

c  -S 
ocl: 

•5  -a 

si 

g  «  » 

S'a 

3S.'| 

O    <D    <- 

CC 
Z 

O 

H 

•a. 

ce; 

09 

M 
O 

.S  a 

•-   p. 

«s  -c 

•a  |S 

•4> 

-o    S  .g 

C-, 
- 

0 

0 

0 

0 

a 

a 

5 
■_ 

c 

9 

tfse 
.'2  c 
"3  ° 

**  S 

**  3 

0»  "3 

'?  O 

4> 

<ù   ■- 

a 
b 

9 

Z 

0 

p 

a 

H -g 

c  0 
O  .3 

u 
3 

£§ 

4)  .-. 

-S  a, 
P  S 

g 

4) 

— 

O 

X 

ils. 

0  5  a; 
jQ  «"0 
«  c  « 

"    3    O 
x    O  • - 
S"»    3 

«.S-a? 
""  ~  Il 
*r  c  .5 

Se       «8 
3  *»   0 

E-| 

0!     «3     ta 

es  ^3-3 
^   O 

®  «j  a> 

v>  c  s 
-3    es   O 

-O   C  -es 

1 

1  46 

ai 

l 

3    C 

Tu 

.-. 

c 

a 
n 

e 

- 
- 

4)    4) 

EL  = 

4) 

2  «  S 

ej  "O  .5 
C         » 

11  f"  a> 

si 

c 

a  g  « 

-» 

c 

C-O) 

9 

ti 

c  '5 

ie 

C    3 

2  .■£  "*" 

ls| 

CS 

s 

3  -3 

5 

es   « 

es   4> 

.5  "5  u 

-      O  J3 

o 

c 

(S 
u 

•S?  S -s 

—   "3  •*" 

er1 
es 

a 

a 

»    O 

es  **> 

J. 

-C     El 

0   à) 

es    m 

5 
- 
Se 

o_SC 
s  "° 

■s  gf  § 

S2J- 

H 

u 

Bu 

H 

H 

eu 

et 

1 

§ 

B 

g 

E 

B 

nnassivda 

§ 

Sk 

d 

ifS 

00 

ôb 

CN 

s 

00 

z 

1 

• 

0 

c5 

•?)|DI9JUa 
3)|).i||    SM|li   R|  y 

£5 

O 

• 

5 

E 
0 

S 

s 

C5 

E 

a 

S5 

s 

U9 

Es) 

< 

axiwanxxa 

s 

1 

E 
S 

s 

a 

E 

| 

J 

00 

eo 

Q 

assong 

M 

•• 

C<5 

3[B10Î 

E 

s 

a 

E 

1 

Ë 

| 

E 

m 

irtl 

C-l 

CM 

HnanoNOi 

O 

^ 

00 

eO 

lO 

ua 

CM 

t, 

c 

H 

t! 

■ 

hj 

Se        se 

bo 

Se 

Se 

se 

bc 

saiod 

0 

•O 

t-. 

40 

«s 

<n 

r^ 

« 

00 

ai 

m 

ao 

""' 

CM 

as 

4> 

O 

4) 

II 

_ 

*j 

O 

Se  ■ 

^ 

3HD0U 

0 

s 

'-5 
ce 

2 
ce 

ce 

.3 
O 

5 

«   S 

Ë" 

1 

4 

's 
c 

> 

•i 

G 

c 

D 

o 

c 

0 

to 

« 

«5 

aï 

4) 

4) 

.£ 

4> 

e 

S 

,*j 

1 

• 

g 

S 

!s 

rt 

"_S 

1 

3 

D           OO 

1 

<2 

S> 

"3 

se 

pi 

Se 

e 

C 

c 

s 

c 

a 

"O 

■p 

a 

't 

0 

'E 

E- 

H 

u 

u 

H 

H 

H 

<M 

» 

»* 

m 

«0 

,^ 

ion>.ï|||o;)  i!|  9|i  so.ijiiiii\ 

S  H. 


T.       - 

-  S 
.5  7 


h         - 


— 


;  S  r 


-  =  .:?  » 

3  •     h  :  .- 

<     >       1  x  - 

si  "  B  - 

S  "g  2  2  - 

a  s  =  s  * 


53 

■   I 


y-  % 


ë-s  s 

i _  = 

ISS 


—        _:  _;     ■   i. 


-    '- 
.-    0      =    = 


5-=    ïeu  .SP 
"ou    •    o 


2    ®  -  •  S 

a    •_    .  -  *  "^ 

^   '=    r  -  ? 

&  S  3  ■? 


"2s 

-  = 


«?  *      ?    I 


Z 

- 

- 

- 

? 

- 

- 

_3 

h 

_ 

= 

- 

■f 

- 

- 

_J 

a 

- 

- 

— 

■ 

r.. 

T 

- 

. 

- 

.3 

- 
- 

3 

= 

4 

^ 

■■- 

m 
-v 
u 

m 

2 

ï 

s 

O 

3 

- 

- 

z 

B 

O 

— 

z 

■  ■- 

-z 

i 

9 

: 

\ 

i 

- 

J. 

H 

H 

H 

*** 

eu 

r« 

- 

_ 

eu 

~ 

< 

- 

~ 

a 

i  » 

ta 

* 

VI 

<-s 

7X 

— 

*° 

-' 

£ 

i 

s 

g 

= 

z 

= 

= 

■ 

= 

z 

- 

= 

s 

i 

S 

- 

- 

- 

" 

fi 

□ 

~ 

™ 

ao 

'— 

_-. 

" 

2 

~ 

- 

- 

s 


-r     S     —  T-. 


•>        ci 


-?*        -* 


L.-.  --  .-. 

TZ      —      T* 

5S     «     <« 


>S     3» 


Sur    les   anses  verticales 
multi  forées  horizontalement. 

PAR 

M.  A.  GUÉBHARD  (Paris) . 

Appendice. 
Ayant   retrouvé    après  coup   quelques    figures  intéressantes   à 
intercaler   dans   notre   tirage  à  part,   nous  pensons  bien  faire  de 
donner  ici  les  principales. 


Fig.iOB.  Fig.  104.  Fig.  107. 

Fig.  103.  —  Tonnelet  romain,  mentionné  plus  haut. 

Fig.  104.  Echelle  :  1/4.  —  Tasse  »  bi-anse  de  Wilmersdorl  [Hkrmann  Bussk,  Mœrkische  Fund- 
slellen  von  Allerthûmer,  Verhandl.  Berl.  Ges.,  1895,  p.  454-456, 16  lig.  (V.  p.  52 »,  1  fig.)]. 

Fig.  107.  Echelle  :  1/5.  —  Vase  du  Centre-Amérique,  à  anse  formée  par  le  classique  talou  natio- 
nal (armadillO)t  [G#Gbant  Mac  Curdy,  A  Study  ofChirir/uian  Ântiquities,Mem.  of  Connecticut 
Acad.  of  Arts  and  Sciences,  vol.  III,  1911,  gr.  in-4\  250  p.,XLIX  pi.;  t.  pi.  XVI,  /.  et 
p.  71]. 


Fig.  108.  —  Canthare  béotien,  de  la  Société  Archéologique  d'Athènes. 


Fig.  109-111.  Eck.  :  1/5,  —  Urnes  cinéraires  de  la  Prusse  orientale. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


647 


Découverte  scientifique  des  deux  Menhirs  indi- 
cateurs d'une  Sépulture  sous  roche  ou  Cham- 
bre   sépulcrale,    à  Trosl y- Vieux-Moulin   (Oise). 


0.  BOUTANQUOI  (de  Nampcel,    Oise). 

Instituteur-primaire. 
[Prise  de  Date], 

J'ai  voulu,  pendant  ces  dernières  vacances,  essayer  de  mettre  en 
application  la  théorie  de  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin  sur  les  Menhirs 
indicateurs. 

Il  existe,  en  forêt  de  Corapiègne,  près  de  Rethondes,  une  énorme 


tj&     //?**£-   <7UX-' fa££.t*<£-    //ZtYUy 


Fig.  1.  —  Chambre  Sépulcrale  néolithique  :  La  Pierre  qui  tourne.  —  Coupe  Est- 
Ouest.  —  Vue  Nord.  —  R,  Pierre  qui  tourne,  rocher  recouvrant  l'Hypogée. 

pierre,  appelée  La  Pierre  qui  Tourne.  —  P.  de  Mortillet,  dans 
l'Homme  Préhistorique  [1911,  n°  2,  p.  43]  dit  :  «  Trosly-Breuil. 
On  a  décrit,  comme  étant  un  menhir,  un  énorme  bloc  de  calcaire, 
désigné  dans  le  pays  sous  le  nom  de  Pierre  Tourniche  ou  Pierre  qui 
Tourne.  C'est  un  rocher  naturel,  situé  sur  la  pente  du  Mont-Saint- 
Marc,  dans  une  partie  de  la  Forêt  de  Compiègne,  dépendant  de  la 
commune  deTroslv  ». 


Il  s'agit  cependant  d'un  Monument  mégalithique,  bien  orienté  Est- 
Ouest,  avec  entrée  à  F  Est,  se  rapprochant  du  Dolmen.  La  fouille, 
faite  en  lc%5,  a  révélé,  en  effet,  l'existence  d'une  Chambre  sépulcrale, 
contenant  trois  couches  de  squelettes  une  vingtaine  environ).  On  a 
recueilli  une  trentaine  de  silex  (lames;  pointes  de  flèche  ;  petits  tran- 
chets  ;   pas  de  poterie     [d'après  M.   Plessier,  membre  de  la  Société 


648  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Préhistorique   Française  :  Bulletin  de   la   Soc.  hist.    de   Compiègne, 


Fig.  2.  —  Situation  de  la  Pierre  qui  TOURNETet  des  Menhirs  voisins  :  Menhir  de 
l'Ortille;  Menhir  de  la  Borne  trouée.  —  E,  Entrée  de  la  Sépulture  correspondante. 


<£  -faeMJL  < 


Fig.  3.  —  Les  Menhirs  indicateurs  de  la  Pierre  qui  tourne  [Sépulture].—!,  Menhir  de  l'Or- 
tille (2-10).  —  II,  La  Borne  trouée,  couchée.  —  III,  Mare,  où  cette  pierre  B  se  trouve. 

1869-72]  (1).  —  Le  tout  est  donc  nettement  Néolithique  (Fig.  1). 

(1)  La  fouille  a  été  faite  en  18G5-18GC,  par  M.    wy-anobski,  inspecteur   des  travaux  de 
Pierrefonds.  —  Un  crâne  a  été  étudié  par  M.  PnuWr-Bey, 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FUA.NÇÀISF,  649 

Connaissant  parfaitement  les  lieux,  je  me  suis  mis  à  la  recherche 
des  Menhirs  satellites;  et  je  crois  les  avoir  trouvés. 

1°  Menhir  de  l'Ortille.  —  C'est  le  nom  que  je  lui  donne.  —  En 
forêt.  Inédit  Fig.  3  ;  I  .  Fait  face  au  dolmen,  à  environ  1  km.  ouest 
du  menhir  (Fig.  2)  ^Menhir  correspondant  au  fond  de  la  sépulture). 

2°  La  Borne  Trouée.  —  2,ne  menhir.  Inédit  (Fig.  3;  III  et  II). 
Dans  le  pays,  on  dit  la  ferme  de  La  Bonne  trouée.  Sur  cette  indica- 
tion, j'ai  exploré  les  environs  de  la  ferme;  et  j'ai  découvert,  au  milieu 
de  la  mare,  épuisée  par  la  sécheresse,  un  gros  bloc  de  pierre,  ren- 
versé, paraissant  brisé  à  l'extrémité.  Distance  delà  Pierre  qui  Tourne, 
environ  800  m.  Fig.  2  [Indicateur  du  côté  nord]  (1). 

D'après  la  topographie  des  lieux,  le  Menhir  de  l'Ortille  se  trouve 
à  Ventrée  de  la  vallée  du  rù  de  Berne  sortie  de  la  forêt),  et  la 
Borne  trouée  au  milieu  de  la  vallée  de  l'Aisne,  à  proximité  de  la  rivière 
et  d'un  gué.  Donc  indication  des  deux  côtés  pour  trouver  le  Dol- 
men Fig.  2).  —  Un  troisième  menhir,  du  côté  sud.  est  probable  sur 
le  flanc  du  Mont-Saint-Marc. 

M.  Edmond  Hue  (Paris).  —  On  lit  dans  Graves  185o).  à  la  page 
20  :  «  Trosly-Breuil.  —  A  la  limite  du  territoire,  vers  Compiègne, 
la  Pierre  posée,  à  l'extrémité  du  Mont  Saint-Marc,  dite  Pierre  tor- 
niche  au  xvie  siècle,  et  aujourd'hui  Pierre  qui  tourne.  Egalement  sur 
les  pentes  du  Mont-Saint-Marc,  une  pierre  fichée,  à  peu  près  triangu- 
laire, haute  de  4  mètres,  entourée  de  blocs  d'une  moindre  dimen- 
sion. »  —  Puis,  à  la  page  32  :  «  La  Pierre  sautée,  lieu  dit,  à  l'est  de 
Breuil  ». 

M.  Marcel  Baudouin  fait  remarquer  que  ces  données,  très  con- 
nues de  M.  Boutanquoi,  ne  se  rapportent  pas  aux  Menhirs  décou- 
verts. —  Toutefois  il  est  possible  que  le  Menhir  de  4  mètres  cité  soit 
aussi  un  indicateur  sud  de  cette  Sépulture.  C'est  à  vérifier. 

(1)  Je  fais  cependant  quelque  réserve,  à  eause  de  la  chute.  Cependant  la  pierre 
faisait  face  aussi  au  Mégalithe,  si  elle  est  en  place  :  ce  que  je  crois  (petit  tertre 
au  milieu  de  la  mare). 


650 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Le  Paléolithique  inférieur 
dans  la  vallée  de  l'Alêne  (Nièvre). 

Par 
A.  DESFORGES  (Fléty,  N.). 

Les  stations  de  la  vallée  de  l'Alêne,  au  sud-est  du  département  de 
la  Nièvre,  que  j'ai  signalées  à  diverses  reprises  dans  le  Bulletin  de 
la  Société  Préhistorique  Française,  renferment,  comme  la  plupart  des 


Cenhrnstrrt 


Fig.  I.  —  Pièces  du  Paléolithique  Inférieur  de  la  Vallée  de  l'Alêne  (Nièvre).  —  I,  Chelléen  : 
—  II,  Chelléen  évolué;  —  III,  Acheuléén  1;  —  IV.  Acheuléen  II. 


gisements  de  surface,  des  pièces  appartenant  aux  diverses  périodes 
du  Paléolithique  et  du  Néolithique. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  651 

Les  coups-de-poing,  toutefois,  y  sont  plutôt  rares.  Jusqu'à  ce  jour, 
je  n'en  ai  recueilli  que  cinq,  dont  un  fragmenté.  Tous,  sont  en  silex 
jaune,  du  tertiaire  de  la  vallée  de  l'Arroux. 

Je  les  présente  aujourd'hui,  d'abord  parce  que  ces  objets  sont 
assez  rares  dans  la  Nièvre:  ensuite  parce  qu'ils  me  paraissent  carac- 
tériser des  stades  différents  dans  l'évolution  de  la  taille  du  silex. 
(Fig.  1). 

Le  n°  1  est  un  coup-de-poing  grossier  à  talon.  Il  porte  des  retou- 
ches alternatives  aux  deux  côtés  de  la  pointe  sur  une  face  et  à  un  seul 
côté  sur  l'autre  face,  qui  a  conservé  son  cortex  (Fig.  1  ;  n°  1).  Le 
talon  a  été  également  grossièrement  retouché.  Cette  pièce  mesure 
105  mm.  de  longueur,  0m072  de  largeur  etOm027  d'épaisseur.  Elle  a 
été  trouvée  en  1905  à  Roche,  commune  de  Fléty.  C'est  la  plus  an- 
cienne; je  la  considère  comme  chelléenne. 

Le  n°  2  (tig.  1  ;  n°  2)  est  taillé  à  grands  éclats  sur  les  deux  faces  et 
affecte  la  forme  amygdaloïde.  Son  talon  est  aminci,  comme  les  bords. 
Le  milieu  et  très  épais.  L'une  des  faces  porte  des  restes  de  cortex.  La 
pointe  à  été  cassée.  Cet  instrument  a  0m104  de  longueur,  0m082  de 
largeur  et  0m038  d'épaisseur  au  milieu  :  je  l'ai  trouvé  en  1908  dans  le 
jardin  de  l'école  de  Fléty.  C'est  du  Chelléen  évolué. 

Le  n°  3,  dont  la  pointe  manque,  parait  avoir  été  une  grande  pièce 
amygdaloïde  de  la  fin  du  Chelléen.  Il  est  très  bien  taillé  sur  les  deux 
faces  et  a  les  bords  sinueux.  Le  fragment  qui  reste  mesure  0m092  de 
largeur  etOm036  d'épaisseur.  Il  est  légèrement  patiné.  On  l'a  recueilli 
en  1910,  au  lieu  dit  Le  Champ  Janvier,  commune  de  Fléty . 

Le  n°  4  (Fig.  1  ;  n°  3)  est  une  jolie  limande,  bombée  d'un  côté  et 
presque  plate  de  l'autre.  L'un  des  bords  est  rectiligne  et  finement  re- 
louché comme  une  pointe  moustérienne.  L'autre  bord  est  plus  irré- 
gulier ;  il  est  usé  et  forme  deux  coches  près  de  la  pointe.  C  est  une 
belle  pièce  acheuléenne.  Elle  a  0m110x0mO70x0D020.  Elle  provient 
de  louche  du  Moulin-Neuf  (Fléty  ,  où  elle  a  été  trouvée  en  mai  1909. 

Le  n1  5  Fig.  1  ;  n°  4)  est  presque  triangulaire;  il  est  finement  taillé 
sur  les  deux  faces.  Son  pourtour  est  à  peine  sinueux.  Il  mesure  0m090x 
O^O^X  0*016-  Il  a  été  recueilli  à  Roche    Fléty  ,  le  16  avril  dernier. 

Cet  instrument  parait  appartenir  à  la  dernière  époque  de  l'Acheu- 
léen.  Il  est  fortement  patiné. 


652  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  PRANÇMSE 

L'Industrie    paléolithique   de  Billancourt 
(Seine). 

PAR 

HOURY  (Issy,  Seine). 

Au  moment  où  les  nombreuses  constructions,  qui  s'élèvent  chaque 
jour  de  tous  côtés  sur  le  territoire  de  Billancourt,  rendent  difficile, 
sinon  impossible,  l'ouverture  de  nouvelles  fouilles,  il  semble  oppor- 
tun de  rappeler,  dans  un  rapide  exposé,  le  nombreux  outillage  paléo- 
lithique, que  son  sol  a  fourni,  et  de  donner  en  même  temps  une  coupe 
stratigraphique  {Fig.  1)  des  sables  et  graviers  anciens,  dans  lesquels 
il  a  été  recueilli. 

Chargé  depuis  1889  de  la  surveillance  et  de  la  direction  de  travaux 
de  terrassement  effectués  sur  différents  points  de  cette  localité,  nous 
avons  relevé,  aussi  consciencieusement  que  possible,  au  cours  de 
chacun  d'eux,  la  coupe  géologique  des  terrains  exploités,  et  noté  avec 
soin  les  niveaux  où  l'homme  a  laissé  les  traces  de  son  industrie. 

Comme  une  description  d'ensemble  ne  répondrait  pas  au  but  pro- 
posé, chaque  Ballastière  est  décrite  séparément,  en  suivant  le  cours 
delà  Seine,  c'est-à-dire  de  l'Est  à  l'Ouest. 

1°  Avenue  des  Moulineaux  (proche  les  fortifications).  Superficie  : 
2.000  m.  q.  —  La  coupe  géologique  de  cette  petite  exploitation  n'offre 
rien  de  particulier,  si  ce  n'est  qu'au  milieu  de  la  masse  de  sable 
blanc  (7i,  on  aperçoit  des  couches  d'un  sable  gras  (9),  tellement  rec- 
tilignes  qu'elles  paraissent  avoir  été  tracées  au  cordeau. 

C'est  dans  le  banc  de  sable  du  fond  que  se  trouve  l'outillage  Chel- 
léen.  Un  coup-de-poing,  mesurant  0œ18,  y  a  été  recueilli  au  milieu 
de  grattoirs  et  de  percuteurs  tranchants. 

Près  de  là,  une  deuxième  fouille  a  mis  à  jour,  à  deux  mètres  de 
profondeur,  dans  cette  couche  que  l'on  appelait  le  Diluvium  rouge, 
une  grande  quantité  d'ossements,  parmi  lesquels  se  remarquaient 
ceux  du  cheval  et  du  bœuf,  des  défenses  de  sanglier,  quelques  débris 
de  poteries  grossières,  une  spatule  en  os,  et  un  petit  aiguisoir  à 
aiguilles. 

La  couche  de  sable  orange  du  fond  (8)  a  fourni  une  molaire  dCEle- 
phas  antiquus,  des  coups-de-poing  à  talons  et  à  pointes,  avec  d'au- 
tres outils  tels  que  lames  et  racloirs. 

Cette  fouille  présente  la  même  coupe  de  terrain  que  la  première, 
avec  cette  différence  que  le  banc  de  sable  est  moins  épais  et  la  cou- 
che de  craie  plus  profonde  et  plus  ravinée. 

2°  Rue  du  Point  du  Jour.  Superficie  :  3,000  m.  q.  —  Quoique 
située  près  de  la  carrière  précédente  et  plus  rapprochée  de  la  Seine, 
la  formation  géologique  de  cette  station  en  diffère  sensiblement.  Très 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAIS!:  ÔW 

riche  en  silex  taillés  :  la  couche  8  a  donné  aussi  une  faune  et  une  flore 
caractéristiques,  notamment  une  molaire  d'Elephas  antiquus,  une 
dent  d'un  Fèlis,  paraissant  être  celle  du  Lion,  et  plusieurs  branches  de 
palmier. 

Parmi  les  nombreux  racloirs  dont  quelques-uns  ont,  dans  ce 
gisement,  un  faciès  moustérien,  il  convient  de  signaler  un  os  taillé, 
dont  l'utilisation  ne  fait  aucun  doute. 

3°  Rue  des  Princes  (proche  le  Vélodrome  .  Superficie  :  2,000  m.  q. 
—  La  présence  d'un  sable  très  ferrugineux,  d'une  épaisseur  de  lm50 
environ,  immédiatement  au-dessus  de  la  craie,  constitue  une  parti- 
cularité digne  d'être  signalée,  puisqu'elle  ne  se  présente  que  dans 
cette  partie  de  Billancourt.  La  coloration  de  ce  sable,  presque  noir 
et  très  maigre,  ne  serait-elle  pas  due  à  une  infiltration  de  la  source 
d  Auteuil? 

/uU- 


<-./>i    — 


Fig.  1.  —  Coupe  de  quelques  Ballastières  de  Billancourt  !Seine).  —  Légende  :  1.  Teni'. 
végétale:  2.  Diluviutn  rouge;  3.  Sable  gras  terreux;  4.  Sable  gris;  5.  Calcin  ;  6  Sable 
rougeàtre;  7.  Sable  fin  presque  blanc  ;  8.  SabL-  orange  où  Ion  trouve  de  nombreux  silex 
taillés;  9.  Sable  gras;  10,  Sable  ferrugineux  ;  11.  Dragage;  12.  Craie. 

Il  est  difficile  de  se  prononcer,  les  travaux  effectués  entre  elle  et 
la  rue  des  Princes,  avant  la  construction  du  Vélodrome,  n'ayant 
fourni  aucune  indication  utile.  Si  le  banc  de  sable  orange  8),  ordi- 
nairement riche  en  silex  taillés,  n'a  fourni  que  quelques  échantillons, 
par  contre  on  peut  dire  que  la  qualité  a  remplacé  la  quantité,  puis- 
que le  superbe  coup-de-poing,  mesurant  0m28  et  recouvert  d'une 
belle  patine,  présenté  à  la  Séance  du  27  juillet  dernier,  à  la  Société 
Préhistorique  Française  [voir  p.  539 ],  par  M.  le  Dr  Ballet,  provient 
de  la  rue  des  Princes.  Il  était  accompagné  de  plusieurs  lames  grossiè- 
rementtaillées. 

4"  Rue  du  Chemin-Vert.  Superficie  :  5.000  m.  q.  —  Cette  ballas- 
tière  a  donné  un  outillage  paléolithique  des  plus  intéressants.  Ce 
sont  d'abord  les  godets  ou  lampes,  dont  la  description  a  été.  donnée 


654  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

par  M.  Gillet,  à  la  Société  Préhistorique  Française  en  1905  et  1906;  et 
par  M.  le  Dr  Baudon,  au  Congrès  deChambéry;  puis  des  beaux  coups - 
de-poing  de  tailles  et  de  dimensions  très  diverses,  car,  pendant  que 
les  uns  ont  leurs  talons  recouverts  de  leur  gangue  ou  sont  taillés  sur 
toute  leur  surface,  d'autres  sont  de  véritables  disques,  larges  etépais, 
à  côté  desquels  on  trouve  des  racloirs,  des  nucléus,  dont  l'un  affecte 
la  forme  d'un  marteau;  et,  enfin,  de  nombreuses  pièces  usagées  ne 
répondant  à  aucun  type  classique. 

La  faune  et  la  flore  sont  également  bien  représentées,  rue  du  Che- 
min-Vert, par  des  molaires  ^Elephas  antiquus,  des  dents  et  des 
sabots  à'Equidés,  ainsi  que  par  des  bois  de  palmier. 

Quelques  couteaux  et  grattoirs  ont  été  aussi  ramassés  à  la  partie 
supérieure  du  banc  de  sable  orange  (8),  immédiatement  au  dessus  de 
la  couche  de  calcin. 

Enfin,  une  hache  polie  provient  de  la  surface  du  Diluvium  rouge. 
Sa  présence  nous  indique  que  l'Homme  néolithique  a  habité  Billan- 
court ! 

Un  fait  digne  d'être  mentionné  est  que  la  plupart  des  outils  chel- 
léens  de  ce  gisement  étaient  cantonnés  dans  la  partie  Est  de  la  bal- 
lastière,  sur  une  étendue  relativement  faible  à  proximité  de  roches 
de  nature  granitique. 

5°  Rue  Thiers.  Superficie  :  un  hectare.  —  Rue  Thiers,  l'outillage  y 
est  clairsemé.  On  le  rencontre,  comme  partout  ailleurs,  aussitôt  après 
le  banc  de  craie.  Il  n'offre  rien  de  particulier.  La  couche  de  sable 
orange  (8/  s'infléchit  du  reste  brusquement,  dans  la  direction  de 
l'Ouest,  pour  disparaître  un  peu  plus  loin  sous  la  nappe  d'eau. 

6°  Route  de  Versailles  (66  bis).  Superficie  :  12.000  m.  q.  —  Dans 
cette  exploitation,  où  la  couche  de  sable  orange  fait  défaut,  la  masse 
est  partagée,  presque  par  moitié,  par  un  beau  sable  gris  (4),  adossé  à 
un  sable  gras  (9),  impropre  à  tout  usage  ;  les  sables  ne  renferment 
aucun  silex  taillé.  Seuls,  quelques  ossements,  des  couteaux  et  des 
racloirs,  proviennent  des  travaux  de  dragage,  effectués  à  une  profon- 
deur de  4  mètres. 

7°  Boulevard  de  Strasbourg  (145  bis).  Superficie  :  6.700  m.  q.  — 
La  partie  supérieure  du  sable  gris  contient  quelques  poches  de  sable 
gras,  terreux  ou  tuf  1,3),  de  forme  lenticulaire,  que  l'on  observe  jus- 
qu'à lm50  au-dessous  du  diluvium  rouge.  Dans  l'angle  Nord  de  cette 
ballastière,  à  trois  mètres  de  profondeur,  il  a  été  extrait  de  superbes 
lames  et  quelques  pointes  ;  puis,  tout  à  fait  au  fond,  au-dessus  de  la 
craie,  la  drague  a  ramené  de  beaux  disques,  des  coups  de  poing,  des 
couteaux,  des  racloirs,  dont  quelques-uns  concaves  et  de  gros  os  de 
Bovidés. 


SOCIÉTÉ   PKÉUlSTuHlQUIi   FRANÇAISE  6»5 

8°  Boulevard  de  Strasbourg  n°  194).  Superficie  :  10.000  m.  q.  — 
C'est  dans  cette  fouille  qu'à  deux  mètres  de  profondeur,  nous  avons 
mis  à  jour  une  Sépulture  gallo-romaine,  comprenant  quatre  squelettes 
bien  conservés,  près  desquels  se  trouvaient  pour  tout  mobilier  un 
vase  en  terre  dite  samienne,  et  deux  éperons  en  bronze,  sans  molet- 
tes. 

Un  peu  plus  loin  et  au  même  niveau,  deux  haches  polies  ont  été 
également  extraites. 

Quant  à  l'outillage,  provenant  du  dragage,  il  est  sensiblement  le 
même  que  celui  de  la  ballastière  précédente.  On  en  a  retiré  un  bois 
d'Antilope  Saïga. 

9"  Boulevard  de  Strasbourg  n°  160  .  Superficie  :  9.800  m.  q.  —  La 
formation  géologique  de  cette  exploitation  est  uniformément  com- 
posée d'un  très  beau  sable  gris  4  ,  dans  lequel  on  n'a  rencontré 
aucun  silex;  mais,  si  l'industrie  paléolithique  est  seulement  représentée 
au  niveau  de  l'eau  par  quelques  grattoirs,  des  lames  luisantes  comme 
la  porcelaine  et  de  rares  coups-de-poing,  en  revanche  la  faune  y  est 
abondante.  Un  grand  andouiller  de  Benne,  accompagné  d'autres  frag- 
ments, a  été  recueilli  à  trois  mètres  du  sol,  et,  un  peu  au-dessous,  un 
second  andouiller,  paraissant  appartenir  au.  Cerf  des  Tourbières.  Des 
bancs  du  fond,  il  a  été  retiré  des  dents  et  des  ossements  du  Bhinoce- 
ros  tichorinus;  des  troncs  de  bois  de  palmier,  ainsi  que  des  lames  et 
des  pointes,  dites  moustériennes. 

Conclusions.  —  En  résumé,  pendant  les  vingt-deux  années  qu'il 
nous  a  été  permis  de  fouiller  le  sol  de  Billancourt,  sur  une  superficie 
d'environ  62  hectares,  nous  nous  sommes  efforcé  de  réunir  tous  les 
documents  nécessaires  pour  l'étude  de  son  terrain,  de  son  industrie 
paléolithique,  de  sa  faune  et  de  sa  flore. 

Elle  nous  montre  aussi  que  les  couches  de  terrain  se  sont  super- 
posées lentement,  méthodiquement,  sans  bouleversement,  ni  rema- 
niement, dans  cette  partie  du  bassin  parisien  ;  car,  si  des  actions  vio- 
lentes y  avaient  eu  lieu,  les  longues  nappes  de  sable  ne  se  seraient 
pas  prolongées,  comme  nous  avons  pu  le  constater,  en  une  ligne 
droite  continue,  sur  une  longueur  de  plusieurs  kilomètres 

De  plus,  cette  industrie  du  Paléolithique  inférieur,  en  nous  dévoi- 
lant tous  les  caractères  d'une  technique  déjà  développée,  fait  reculer 
l'apparition  de  l'Homme,  bien  au  delà  de  cette  période,  étant  donné 
qu'il  est  difficile  d'admettre  que,  dès  son  apparition  sur  terre,  il  a 
fabriqué  aussitôt  ces  instruments,  si  nombreux,  si  variés  et  si  par- 
faits de  forme,  sans  y  avoir  été  déjà  préparé  par  un  long  apprentis- 
sage. L'Homme  de  Billancourt  avait  déjà  de  grands  ancêtres  ! 


656  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  me  permets  de  signaler  la  grande 
valeur  et  les  excellentes  précisions  de  la  communication  précédente. 
Elle  doit  intéresser  non  seulement  les  Parisiens,  qui  trouveront  ici  la 
preuve  qu'il  y  eut  bien  un  Paris  paléolithique;  mais  tous  ceux  qui 
comprennent  combien  il  faut  de  travail  et  de  volonté  pour  prouver, 
en  aussi  peu  de  mots,  tant  de  choses  importantes  !  —  Oui  l'Homme 
de  Billancourt,  avait  de  grands  ancêtres.  Notre  ami,  le  Dr  Baudon, 
les  trouvera  peut-être  dans  l'Oise.... 


Hache  polie  de  grande  taille. 


M.  LE  GONIAT  (Trégomar,  Côtes-du-Nord). 

Je  crois  intéressant  de  signaler,  à  la  Société  Préhistorique  Fran- 
çaise, la  découverte  d'une  hache  polie,  en  diorite,  de  grande  taille. 

Cette  arme  superbe  a  été  trouvée  par  M.  Louis  Bécherel,  dans  un 
champ  nommé  La  Plesse-du-Chemin,  quartier  de  La  Plançonnaie, 
en  Plédéliac  (Côtes-du-Nord). 

Ses  dimensions  sont  les  suivantes  :  Longueur  :  0ra240;  Largeur  à  la 
crosse  :  0m025  ;  Largeur  au  tranchant  :  0m072.  Circonférence  maxi- 
mum :  0m190.  Epaisseur  :  CT042. —  Tranchant  normal;  crosse  ronde; 
faces  et  bords  arrondis.  —  Poids  :  1  kil.  320. 

La  hache,  d'un  travail  très  soigné,  est  intacte  ;  ce  qui  lui  donne 
surtout  de  l'intérêt,  c'est  que  les  haches  polies  de  grande  taille  sont 
très  rares  dans  notre  Département. 

Le  Musée  préhistorique  de  Saint-Brieuc  ne  possède  pas  une  pièce 
néolithique  aussi  belle  que  l'arme  décrite  ci-dessus,  et  qui  appartient 
à  ma  collection. 


fsv 


SÉANCE  DU  23  NOVEMBRE  1911 


Présidence  de  M.  L.  COUTIL. 

PROCÈS- VERBAL   DE  LA  SÉANCE. 


M.  le  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  du 
26  octobre  1911.  —  Le  procès-verbal  est  adopté. 

A  propos  du  procès- verbal,  des  notes  ont  été  envoyées  par  MM. 
Marcel  Baudouin,  A.  Cousset,  l'abbé  Breuil,  de  Pamagua,  Dubalbn. 
[Elles  sont  insérées  plus  loin]. 

Correspondance. 

Lettres  de  remerciements  :  Musée  des  Antiquités  de  Nîmes. 

Dons  de  Cartes  postales  de  Mégalithes. 

M.  A.-L.  Lewis  (d'Angleterre)  a  envoyé  à  la  S.  P.  F.  sue  cartes 
postales,  représentant  deux  :  Âssacombe  Stone  Avenue,  à  Dartraoor; 
quatre  :  Stone  Avenue  (2,  nr  Merrivale  Bridge;  first  and  second  row; 
1,  nr  harter  Tor,  Princetown;  1,  nr  Kestor).  —  Bemerciements  au 
donateur. 

Laboratoire  et  Bibliothèque. 

Le  Laboratoire  et  la  Bibliothèque  de  S.  P.  F.  vont  être  organisés 
dans  un  vaste  local,  qui  vient  d'être  loué  à  cet  effet.  Il  est  situé,  250, 
rue  Saint-Jacques,  Paris-V. 

On  est  prié  d'y  adresser,  dès  aujourd'hui,  tous  les  ouvrages  et  bro- 
chures, et  toutes  les  pièces  préhistoriques,  qu'on  voudra  offrir  à  la 
Société. 

Sont  nommés,  pour  1912,  par  le  Conseil  d'Administration  : 

Bibliothécaire  :  M.  Charles  Géneau. 
Conservateur  des  Collections  :  M.  Edmond  Hue. 


société  préhistorique  française.  42 


658  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Les  «  Mémoires  »  de  la  Société   Préhistorique  Française. 

[Année  1911]. 

pour 


Vc 

)ici  la  deuxième  liste  des   A 

dhésions  (1)  aux  «  Mémoires 

1911 

(2): 

97. 

DrChervin. 

106. 

Gartailhac . 

98. 

P.  de  Givenchy. 

107. 

Pol-Baudet. 

99. 

Berthier. 

108. 

G.  Viré. 

100. 

Breuil. 

109. 

Bossavy. 

101. 

E.  Cartereau. 

110. 

Bacquié. 

102 

Chevallier. 

111. 

G*1  Rau. 

103. 

Cte  Beaupré. 

112. 

P.  Boulet. 

104. 

Bon  Edm.  de  Rothschild. 

113. 

Dr  Gobert. 

105. 

Roland  Guébhard. 

114. 

Garrisson. 

Nous  rappelons  que  le  prix  de  ces  Mémoires  sera  de  15  francs. 
Mais,  pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  est  souhaitable  que  le  nombre  des 
souscripteurs  s'élève  à  150!  —  S'il  dépassait  ce  nombre,  le  prix  serait 
abaissé  à  12  Francs  l'année  prochaine. 

"Ville  Congrès  préhistorique  de  France. 

[Session  d'Angouléme  :  15-21  septembre  1912]. 

Dans  sa  dernière  séance,  le  Conseil  d'Administration  de  la  S.  P.  F. 
a  constitué  le  Comité  d'Organisation  du  VIIIe  Congrès  préhistorique  de 
France,  dont  la  session  aura  lieu  en  1912,  à  Angoulême  (Charente), 
sous  la  présidence  de  M.  le  Dp  Henri  Martin,  ancien  Président  de  la 
S.  P.  F. 

Le  Comité  a" Organisation  s'est  déjà  réuni  le  30  novembre  1911  et  a 
rédigé  les  premières  circulaires,  qui  seront  envoyées  en  janvier. 

La  date  du  Congrès  est  dès  aujourd'hui  fixée.  Il  aura  lieu  du  15  au 
21  Septembre  1912.  —  Les  excursions  pourront,  très  probablement, 
avoir  lieu  en  Automobiles.  On  visitera  la  célèbre  station  de  La  Quina, 
et  visitera  le  point  où  a  été  découvert  le  Squelette  du  Moustérien  infé- 
rieur, rais  au  jour  par  M.  H    Martin  le  18  septembre  dernier. 

Admissions  de  nouveaux.  Membres. 

Sont  proclamés  Membres  de  la  S.  P.  F.  :  MM. 

Lamertin,  Editeur,  Bruxelles  (Belgique). 

[M.  Gillet.  —  M.  Baudouin], 

(1)  L'engagement  n'est  valable  que  pour  une  année;  mais  il  sera  toujours  renou- 
velé d'office,  sauf  contre-ordre  en  temps  voulu  (c'est-à-dire  six  mois  avant  la  fin 
de  l'année  en  cours)  de  la  part  des  Souscripteurs. 

(2)  L'impression  du  volume  de  1911  est,  au  demeurant,  presque  terminée.  Le 
Volume  sera  expédié  aux  Souscripteurs  fin  janvier  1912. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  659 

Barbe  (Henry),  Professeur  au  Lycée,  rue  Paradis,  377,  Marseille 
(B-.d.-R.).  [A.  Guébhard.  —  M.  Baudouin]. 

Bourrinet  (Pierre),  Instituteur,  Teyjat,  arrondissement  de  Nontron 
(Dordogne).  [H.  Martin.  —  Marcel  Baudouin]. 

Présentations  et  Communications. 

Présentations. 

L.  Giraux  (Saint-Mandé).  —  Hache  polie  avec  gravures  sur  les  deux 
faces. 

M.  Baudouin  (Paris).  —  Hache  polie  avec  gravures  sur  les  deux  faces 
et  les  deux  bords. 

L.  Coutil  (Eure).  —  Ardoise  ornée  de  gravures  du  Gisement  mous- 
térien  de  Bretteville,  près  Cherbourg. 

Ed.  Hue.  —  Quelques  pièces  préhistoriques  de  Luc,  Langruneet  Lion 
{Calvados). 

Paul  Guébhard  et  II.  Baudouin.  —  Hache  en  fer  du  Fouta-Dialon. 

Roland  Guébhard.  —  Hache  polie  d'Afrique. 

Communications. 

Drs  E.  Boismoreau  et  M.  Baudouin  (Vendée).  —  La  «  Famille  so- 
laire »  du  Monument  des  Veaux,  à  Saint-Aubin-de-Baubigné  (D.-S.) 
[Décalques  des  Gravures]. 

Duquesne  et  L.  Coutil.  —  Centre  important  pour  la  fabrication  des 
tuiles  et  de  la  poterie,  à  l'époque  gallo-romaine,  près  d'Illeville  [Eure), 
forêt  de  Monlfort-sur-Risle.  [Prise  de  date]. 

Dubalen  (Mont-de-Marsan,  L.).  —  Note  complémentaire  sur  les  os 
gravés  de  la  Grotte  de  Rivière  (Landes). 

Le  Coniat  (Trégomar,  C.-d.-N.).  —  Le  Pied  de  Saint-Yves  [Gravure 
sur  Rocher]. 

G.  Guénin  (Brest).  —  Grain  d'enfilage  de  Landaoudec  en  Crozon 
(Finistère).  —  Une  idole  de  forme  égéenne,  trouvée  dans  les  Côtes-du- 
Nord. 

PagÈs-Allary  (C.)  et  Charvillat  (P.-d.-D.).  —  La  Grotte  Pic,  à 
l'Orcier,  près  Retournac  (H.-L.).  —  Le  Progrès  préhistorique. 

Dr  DE  Saint-Périer  (Paris).  —  Découverte  d'une  Grotte  Paléoli- 
thique à  Lespugne  [Haute- Garonne)  [Magdalénien]. 

Reynier  (Lizy-sur-Ourcq,  S.-et-M.).  —  Le  Limon  des  Plateaux. 

Dr  Jullien  (Joyeuse).  —  Outil  néolithique  servant  à  piquer  les 
meules. 

E.  Nicolle  (de  la  Société  Jersiaise).  —  Rapport  sur  la  reprise  de 
l'exploration  de  La  Cotte,  à  Sainte-Brelade  (Jersey),  par  la  Société  Jer* 
siaise. 


660  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Duquesne.  —  Découverte  d'un  Cervus  elaphus  à  Montfort-sur-Risle 
{Hure). 

A.  Gousset.  —  Découvertes  en  Charente-Inférieure. 

Bibliothèque. 

La  Bibliothèque  de  la  S.  P.  F.  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Bulletin  of  Dep.  of  Archeology  :  Philipps  Academy,  Andower,  Mass. 
—  Tome  I  (1904);  II  (1906);  III  (1906)  ;  IV  (1908). 

Volk  (Ernest).  —  The  Archeology  of  the  Delaware  Valley.  [Papers 
of  the  Peabody  Muséum  of  American  Archœlogia  and  Ethnology, 
Harvard  University.  Vol.  V.]—  Cambrid.,  Mass.,  1911,  août,  in-8°, 
258  p.,  2  cartes,  125  planches  hors  texte  ;  et  25  fig.  dans  le  texte. 

Warren  K.  Mooreheàd.  —  The  stone  Age  m  North  America.  — 
2  volumes.  Boston  et  New-York,  Houghton  Mipplin  Gy,  1910,  gd. 
in-8°;  vol.  I,  457p.,  398  figures;  vol  II,  417  p.,  325  figures. 

Baudouin  (Marcel).  —  Découverte  et  fouille  d'un  Kjôkkenmôdding 
néolithique  aux  Tabernaudes,  à  l'Ile  d'Yeu  (Vendée).  [Extr.  Bull,  et 
Mém.  Soc.  d'Anthr.  de  Paris,  1910].  —  Paris,  1910,  in-8°,  48  p.,  17  fig„ 
2  pi.  hors  texte,  19  figures. 

Mochi  (Pr  Aldobrandino).  —  Le  recherche  del  Dott.  Marchesetti 
nella  Grotta  pocalapresso  aurigina  sul  carso  Trietino.  [Extr.  de  Arch. 
p.  Antropologia  e  la  Etnologia],  1911,  XLI,  fasc.  3].  —  Firenze,  1911, 
in-8°,  21  p.,  1  pi.  hors  texte. 

Harlé  (Edouard).  —  Les  Mammifères  et  Oiseaux  quaternaires  con- 
nusjusqu'ici  en  Portugal.  Mémoire  suivi  d'une  liste  générale  de  ceux 
de  la  Péninsule  ibérique.  [Extr.  du  Tome  VIII  des  Comm.  du  Ser.  Géol. 
du  Portugal,  p.  21-85,  1910].  —  Lisbonne,  1910,  in-8°,  cinq  pi.  hors 
texte. 

Gobillot  (L.).  —  Contribution  à  l'étude  du  Néolithique  Montmoril- 
lonnais  :  Pointes  de  flèches  minuscules.  [Extr.  du  Bulletin  du  Dolmen- 
Club,  1911].  —  Bellac,  1911,  in-8°,  L.  Dupanier,  1  pi.  hors  texte. 

Westropp^T.  J.). — Types  ofthe  ring  Forts  remaining  ineastern  Clare 
(Killaloe,  its  royal  forts,  and  their  history)  [A  group  of  IX-X  Gentury 
Forts].  [Extr.  Proceedings  of  the  Royal  Irish  Academy,  Dublin, XXIX, 
Sect.  G,  n°  7,  août,  1911,  186-212,  2  fig.].  —  Dublin,  1911,  in-4°. 

Delort.  —  La  Planèze  aux  temps  anciens  [Notes  d'Anthropologie 
et  d'Archéologie  préhistoriques].  [Extr.  de  la  Revue  de  la  Haute- 
Auvergne].  —  Aurillac,  1911,  in-8°,  11  p. 

L.  Giraux.  —  La  Pierre  à  Cupules  du  Dolmen  de  la  Niana.  —  Sur  un 
Galet  de  Quartz  ayant  servi  de  billot.  —  Le  Menhir  de  la  Grosse-Borne, 
à  Coupvray .  —  Silex  en  forme  de  rabot  provenant  de  Vendrest.  — 
Hache  polie  à  faces  altérées  provenant  du   Danemark.  —  Silex  faux  en 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  661 

forme  de  Croissant.  —  Les  Menhirs  de  Campo  Maggiare.  —  Les  Monu- 
ments mégalithiques  de  la  commune  de  Guinchetto.  —  Les  Monuments 
mégalithiques  au  sud-ouest  de  la  Corse.  —  Hache  en  silex  de  forme 
arquée.  —  A  propos  des  os  utilisés.  —  A  propos  des  traces  humaines 
laissées  sur  les  os.  —  Les  monuments  mégalithiques  de  Capo  di  Luogo 
(Corse).  —  Travaux  et  fouilles  de  Gorge  d'Enfer.  —  Billot  en  phalange 
de  bœuf  à  trois  faces  de  La  Quina.  —  Ossements  utilisés  de  l'époque 
magdalénienne.  —  Nouvelles  constatations  sur  des  os  utilisés  du  Mous- 
térien  et  du  Solutréen.  —  Pointes  de  flèches  de  Grossa  [Corse). 
19  brochures   [Extr.  de  div.  Soc.  Sav.]. 


NOTES,  ORIGINALES,  DISCUSSIONS, 
ET  PRISES  DE  DATE. 


L'Ktain  en  Loire-Inférieure. 

M.  M.  Baudouin  (Paris).  —  M.  Leroux,  le  7  novembre  1911,  a  lu, 
à  la  séance  de  la  Société  archéologique  de  la  Loire-Inférieure,  une 
étude  sur  les  Buttes  de  Nozay  et  d'Abbaretz.  Ces  buttes,  que  M.  Ker- 
viler  croyait  être  les  vestiges  d'anciennes  exploitations  minières  de 
Fer,  transformées  plus  tard  en  Retranchements,  habitations,  sont, 
pour  M.  Leroux,  les  restes  d'exploitations  de  mines  d'Etain.  Il  a 
remarqué  que  le  Fer,  abondant  dans  l'arrondissement  de  Château- 
briant,  fait  à  peu  près  défaut  autour  des  buttes.  Au  contraire,  à 
cet  endroit,  on  a  trouvé  des  scories  de  Bronze  :  ce  qui  prouve  qu'on 
y  fondait  l'alliage  du  cuivre  et  de  Y é tain.  Comme  on  ne  rencontre  pas 
là  de  Cuivre,  il  est  fort  probable  qu'on  s'y  livrait  à  V extraction  de 
YEtain.  —  D'ailleurs,  une  Société  Nantaise  a  entrepris  dernière- 
ment des  travaux,  qui  ont  permis  de  mettre  à  jour  du  minerai  de  ce 
métal . 


Découvertes  en  Charente-Inférieure. 

M.  A.  Cousset  (d'Etaules). —  Près  d'Etaules  Charente-Inférieure), 
au  lieu  dit  du  cadastre  La  Haute  Borne,  j'ai  découvert  un  petit 
menhir,  qui  n'a  pas  encore  été  signalé.  Je  ferai  bientôt  le  lever  du 
plan,  etc. 

En  Charente-Inférieure,  près  de  Matha,  j'ai  trouvé  des  restes  d'un 
Dolmen,  inédit  au  cadastre  lieu  dit  :  Pierre  levée)  ;  je  compte,  là 
aussi,  faire  le  nécessaire  sous  peu  (Plan,  etc.). 


662  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Découverte  d'une  Grotte  magdalénienne 
à  Lespugne  (Haute-Garonne). 

\ Prise  de  daté]. 

Par  leD' 

DE  SAINT-PÉRIER  (de  Paris). 

Comme  prise  de  date,  je  viens  signaler  à  la  Société  que  j'ai  com- 
mencé à  explorer,  au  mois  d'août  1911,  une  Grotte  naturelle,  située 
sur  le  territoire  de  la  commune  de  Lespugne,  canton  de  Boulogne- 
sur-Gesse  (Haute-Garonne).  Je  n'ai  pratiqué  dans  cette  Grotte  qu'une 
tranchée  exploratrice,  qui  m'a  permis  de  recueillir,  dans  un  foyer 
de  cendres  et  de  charbons,  de  très  nombreux  débris  de  cuisine, 
parmi  lesquels  j'ai  pu  identifier  des  os  des  espèces  suivantes  :  Che- 
val, très  abondant  ;  Renne,  très  abondant  ;  Ours  des  cavernes  ;  Chamois  ; 
Bovidé  d'espèce  encore  indéterminée  ;  et  un  fragment  d'un  mollusque 
marin,  appartenant  au  genre  Cypris.  L'industrie,  outre  un  grand 
nombre  d'éclats  de  taille  de  silex,  est  représentée  par  un  racloir  et  un 
perçoir  en  silex;  deux  lissoirs  en  os;  une  pointe  de  sagaie  en  os;  et  une 
extrémité  depoinçon  en  os.  Ces  pièces,  ainsi  que  la  faune  observée, 
font  dater  le  gisement  d'une  époque  magdalénienne  ancienne.  Les 
fouilles  seront  reprises  méthodiquement,  et  leur  résultat  communiqué 
ultérieurement  à  la  Société,  s'il  y  a  lieu,  la  note  actuelle  n'ayant 
comme  but  que  la  prise  de  date  de  la  découverte. 


Hypothèses  sur  les  Hacbes  en  silex  et  en  bronze. 

M.  Jacquot  (Grenoble).  —  Je  possède  des  outils  en  silex  taillés,  de 
fortes  dimensions  (l'un  d'eux  mesure  0m22  de  long,  0m09  de  large  et 
0m125  (^épaisseur),  affectant  la  forme  d'une  hache  et  pesant  plusieurs 
livret  voir  plusieurs  kilogs.  Il  était  difficile  d'utiliser  ces  outils 
comme  haches  de  guerre,  car  leur  maniement  eût  rapidement  épuisé 
les  forces  de  l'homme  qui  s'en  serait  ainsi  servi. 

Est-il  déraisonnable  de  penser  que  ces  prétendues  haches  n'étaient 
autre  chose  que  des  pics,  des  pioches  agricoles,  ou  peut-être  même 
des  socs  de  charrue,  analogues  aux  socs  en  bois  de  quelques  peu- 
plades arriérées,  et  même  au  soc  en  bois  à  pointe  ferrée  qu'utilisent 
encore  aujourd'hui  les  Arabes  ?  On  retrouverait  l'analogue  de  ce  soc 
en  Haute-Maurienne,  aux  environs  de  Bessans  :  ce  village  qu'on  pré- 
tond descendre  des  Sarrazins. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  6b3 

A  ce  propos.je  dois  faire  connaître  que  les  Arabes  des  tribus  —  par 
opposition  aux  Arabes  des  villages,  déjà  accoutumés  à  nos  modes  de 
culture —  ont  un  outil  quasi  national,  qu'on  appelle  el  fés  et  qui  est 
une  petite  pioche,  à  fer  plat,  peu  large,  dont  le  talon  est  également 
aplati,  mais  dans  le  sens  contraire.  L'œil  ou  trou  d'emmanchure 
est  entre  les  deux  plats,  dont  l'un  se  trouve  toujours  perpendiculaire 
à  l'autre.  Cet  outil  sert  à  tous  les  usages  courants  des  indigènes, 
c'est-à-dire  à  piocher  les  jardins,  à  couper  du  bois,  à  se  fendre 
mutuellement  le  crâne  dans  les  rixes,  à  creuser  une  rigole  ou  une 
fosse,  etc.  Les  Romains  utilisaient  exactement  le  même  outil,  égale- 
ment en  fer;  et  j'en  possède  un  exemplaire  trouvé  en  démolissant  un 
mur  romain  auprès  de  Bouhira  (  Sétif ' .  Il  n'est  donc  pas  impossible, 
je  le  répète,  que,  comme  l'idée  semble  en  être  venue  à  quelques-uns 
de  nos  collègues,  certaines  haches  n'aient  été  autre  chose  que  des 
pioches  ou  un  outil  agricole. 

Peut-être  aussi  certaines  haches  en  bronze  n'ont-elles  été  que  des 
talons  de  lance  analogues  aux  talons  qu'on  remarque  à  quelques  lan- 
ces sauvages.  Les  uns  sont  pointus  et  servent  à  frapper  en  arrière 
dans  la  mêlée,  sans  avoir  besoin  de  retourner  l'arme  (c'est  ce  que 
font  encore  les  lanciers,  en  renvoyant  violemment  en  arrière  le 
talon  ferré  de  leur  lance  de  frêne  ou  de  bambou,  talon  arrondi,  mais 
très  pesant  >  ;  les  autres  sont  plats  et  nous  en  connaissons  deux  caté- 
gories :  1°  le  talon  de  la  lance  targui,  coupé  carrément  et  qui  ne  sert 
qu'à  ficher  l'arme  dans  le  sable, à  portée  de  la  main, pendant  le  repos 
du  guerrier;  2°  le  talon  de  certaines  javelines,  généralement  en 
feuilles  de  laurier,  que  leurs  propriétaires  peuvent  déchausser  et 
utiliser,  en  campagne,  comme  hachette  de  fortune,  pour  se  procurer 
le  bois  nécessaire  au  feu  de  bivouac. 

Enfin  la  hache  de  petite  dimension  peut  avoir  été  employée,  non 
pour  frapper  étant  tenue  dans  la  main,  mais  pour  être  lancée  comme 
le  tomahawk  indien. 

Je  termine  en  rappelant  un  type  de  hache  (?),  en  silex  taillé,  que 
j'ai  trouvé  fréquemment  à  Gafsa  et  dont  j'ai  montré  des  spécimens 
aux  Congrès  de  Chambéry  et  de  Beauvais.  Je  ne  puis  le  comparer 
qu'à  un  revolver  coup-de-poing  pour  sa  forme  générale,  qui  est  large 
d'un  côté  et  en  pointe  arrondie  de  l'autre.  Quelques  pièces  n'ont  pas 
plus  de  0m35  de  long;  et  je  ne  vois  pas  ce  que  cela  pouvait  être. 


664 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Fig.  1.  —  Ardoise  gravée  de  la  station  de  Bretteville-en- 
Saire  (Manche)  [Collect.  de  M.  H.  MENUT,à  Cherbourg]. 


Ardoise  gravée  de  la  station  de  la  Pointe  du  Heu, 
à  Oretteville  en-Saire    (Manche). 

M.  L.  Coutil.  —  Les  terrassements,  exécutés,  en  1879,  par  notre 
collègue,  M.  H.  Menut,  de  Cherbourg,  sur  un  mamelon  s'avançant 
dans  la  mer,  et  nommé  la  Pointe  du  Heu,  ont  amené  la  découverte 
d'une  riche  station  paléolithique,  qui  lui  a  donné  près  de  deux  cents 
instruments  choisis,  au  milieu  de  nombreux  éclats  de  taille,  haches 
lancéolées  ou  amygdaloïdes,  pointes  moustériennes,  racloirs  et 
lames. 

Le  Néolithique  était  surtout  représenté  par  des  grattoirs,  scies, 
perçoirs,  tranchets,  couteaux,  quelques  pointes  de  flèches. 

Une  ardoise  (Fig.  1) 
n'a  pas  été  signalée 
alors  ;  mais  elle  a  bien  été 
trouvée  dans  ce  gisement, 
à  la  partie  supérieure  du 
Moustérien.  L'ardoise  en 
question  mesure  O^IS 
de  long,  0m09  de  large, 
0m015  d'épaisseur  ;  sa 
forme  est  irrégulière.  Si 
nous  la  décrivons,  c'est  qu'elle  figura  à  l'Exposition  historique  et 
archéologique  de  Cherbourg,  en  1899,  avec  les  instruments  qui  pré- 
cèdent, et  qu'à  plusieurs  reprises,  et  tout  récemment,  au  Congrès  pré- 
historique de  Nîmes,  on  a  parlé  de  signes  gravés  sur  des  rochers, 
représentant  probablement  un  jeu  de  marelle.  M.  Florance  en  a 
signalé  un  sur  un  menhir  du  musée  deBlois;  et  M.  le  Dr  Ballet 
sur  des  roches  des  Vosges.  M.  Courty  en  a  signalé  aussi  sur  les 
rochers  degrés  du  bois  de  la  Briche,  dans  la  forêt  d'Etampes (Seine- 
et-Oise);  il  en  existe  aussi  sur  des  Mégalithes  des  environs  de  Gué- 
rande,  et  probablement  d'autres  que  nous  ne  connaissons  pas  encore. 
Ce  qui  serait  particulièrement  intéressant  de  savoir,  c'est  si  l'ardoise 
de  la  station  de  Bretteville  était  dans  la  couche  moustérienne  (c'est 
peu  probable)  ;  on  n'a  pu  présiser  ce  détail,  lors  de  la  découverte. 
Cette  gravure  peut  encore  être  rapprochée  de  celles  qui  ont  été  dé- 
crites par  M.  F.  Ede,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  (T.  VIII,  1911, 
p.  210,  fig.  3,  nos  1,  3,  4,  5)  et  qui  se  voient  sur  un  rocher  degrés  de 
la  forêt  de  Fontainebleau,  au  Mont  Aiveu,  où  l'on  retrouve  figurés  des 
dessins  géométriques  et  des  sortes  de  marelles.  D'autres  ont  été  signa- 
lées par  M.  Florance,  à  Saint-Lubin-de-Suèvres,  dans  l'Homme  Pré- 
historique (avril  1908). 

M.  M.  Baudouin.  —  Cette  ardoise  me  semble  bien  néolithique. 
Elle  est  tout  à  fait  comparable  à  celles  décrites  par  M.  le  Cl  Martin 
et  trouvées  dans  les  Sépultures  néolithiques  en  Bretagne. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  665 


Observations    sur  les   gravures   problématiques 
trouvées  à  Rivière  ^Landes). 


L'abbé  H.  BREUIL  (de  Paris), 

Professeur  à  l'Institut  de  Paléontologie    humaine. 

Au  mois  de  mars  1911,  grâce  à  l'aimable  invitation  de  M.  Du- 
balen,  j'ai  été  visiter  le  curieux  gisement  découvert  par  lui  à 
Rivière,  dans  la  berge  même  de  l'Adour,  et  où  il  recueillit,  partie 
dans  des  masses  brècheuses,  partie  dans  des  poches  contournées 
et  d'études  stratigraphiques  impossibles,  des  objets  appartenant 
à  T  aurignacien,  au  solutréen  et  au  magdalénien. 

Il  m'avait  parlé  de  la  découverte  de  gravures  singulières  sur 
éclats  d'os,  qu'il  considérait  alors  toutes  comme  authentiques,  et 
que,  dès  le  premier  instant,  je  jugeai  toutes  également  fausses. 
Mon  collègue,  M.  Obermaier,  qui  m'accompagnait,  partagea  sans 
réserve  mon  jugement.  A  ce  moment,  M.  Dubalen  était  si  con- 
vaincu de  l'authenticité  des  gravures,  qu'il  s'efforça  de  nous 
démontrer  que  personne  de  ceux  qui  assistaient  aux  fouilles 
n'avait  pu  les  faire,  et  que  le  faux  était  impossible.  Je  lui  fis 
remarquer  que  je  n'avais  pas  à  me  préoccuper  de  ce  point  de  vue 
delà  question,  n'étant  pas  juge  d'instruction,  mais  qu'en  ce  qui 
concernait  les  gravures,  il  n'y  avait  aucun  doute  sur  leur  carac- 
tère apocryphe. 

Il  y  avait  deux  faces  humaines,  une  sorte  de  fleuron,  un  cheval 
absurde,  et  peut-être  encore  autre  chose. 

Plusieurs  de  ces  os,  grâce  à  leur  structure  et  à  leur  patine 
éburnée,  étaient,  bien  que  fossiles,  assez  résistants  pour  suppor- 
ter le  travail  de  gravure  sans  trop  se  déliter  sur  les  bords  du 
trait.  C'est  une  chose  connue  par  tous  les  faussaires,  ou  par 
ceux  qui  s'efforcent  de  connaître  leurs  procédés,  que,  sur  certains 
os, principalement  ceux  conservés  dans  un  milieu  argileux,  comme 
par  exemple  ceux  de  Brassempouy  (Landes),  ou  ceux  de  l'Eglise 
de  Guyenne  (Les  Eyzies),  on  peut  graver  des  figures  presque 
i  mpossibles  à  distinguer  comme  récentes.  Plusieurs  de  celles 
de  Rivière  étaient  de  cette  catégorie,  spécialement  les  deux  faces 
humaines,  exécutées  toutes  deux  suivant  les  mêmes  procédés,  et 
d'une  ligne  extrêmement  déliée. 

Sur  la  seule  que  M.  Dubalen  présente  aujourd'hui  comme 
valable,  il  y  a  un  point  où  la  gravure,  fait  sur  os  fossile,  a  fait 
sauter  une    écaille  de  la    table    superficielle  de   l'os  :  si  celui-ci 


666  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

avait  été  frais,  jamais  cela  n'aurait  eu  Heu,  et  l'échappée  du  burin 
serait  caractérisée  par  une  glissade,  et  non  par  une  écaillure 
tabulaire. 

Quant  à  l'os  orné  d'un  fleuron  que  M.  Dubalen  appelle  une 
chimère,  il  est  gravé  d'un  trait  profond;  cependant  le  trait  est 
est  terne  et  ne  présente  pas  les  fines  striures  que  le  silex  laisse 
toujours  sur  l'os  frais;  d'autre  part,  tout  le  long  du  trait,  de  nom- 
breuses écaillures  tabulaires  se  sont  produites. 

Ces  caractères,  joints  à  l'absence  totale  de  style  de  ces  dessins, 
avaient  suffi  à  déterminer  mon  jugement. 

Très  ennuyé  de  cette  aventure,  M.  Dubalen  fit  une  enquête 
très  serrée,  qui  aboutit  à  la  découverte  d'un  faussaire  ;  celui-ci 
n'était  pas  un  ouvrier,  mais  une  personne  cultivée  et  nullement 
ignorante  des  questions  relatives  à  l'histoipe  naturelle. 

M.  Dubalen  aurait  obtenu  son  aveu  pour  certaines  pièces;  il 
paraît  que  les  deux  qu'il  présente,  auraient  été  trouvées  avant  sa 
première  visite.  Si  cela  est  vrai,  cela  prouverait  que  le  faussaire 
avait  un  complice.  D'ailleurs  peu  importe  l'origine  des  faux,  qui 
sont  tout  à  fait  naïfs  ;  mais  il  serait  regrettable  de  laisser  péné- 
trer dans  la  science  une  donnée  aussi  sujette  à  caution. 

C'est  pourquoi  je  me  vois  obligé  de  contrister  aujourd'hui  mon 
excellent  ami  Dubalen  en  exprimant  publiquement  mon  juge- 
ment sur  les  faux  de  Rivière.  Bien  qu'il  soit  regrettable  que  des 
personnes  que  leur  éducation  devrait  mettre  au-dessus  de  pareil- 
les plaisanteries  aient  pu  induire  en  erreur  le  chercheur  avisé 
qu'est  le  dévoué  conservateur  du  beau  musée  régional  de  Mont- 
de-Marsan,  la  trouvaille  de  Rivière  demeure  une  fort  intéressante 
découverte,  et  sa  position,  dans  la  berge  même  de  l'Adour,  en 
un  point  où  la  marée  se  fait  encore  faiblement  sentir,  est  peut- 
être  de  nature  à  servir  de  base  à  d'intéressantes  déductions  sur 
la  géologie  des  derniers  temps  quaternaires. 

M.  Dubalen.  —  Après  lecture  de  l'article  de  M.  Breuil,  je  ne  puis 
ajouter  que  ces  quelques  mots 

Je  garde  la  conviction  que  les  traits  de  la  face  humaine,  de  la  chi- 
mère sur  os  brûlé,  de  la  circonférence  sur  un  troisième  os  avec  profil 
de  face  humaine,  sont  anciens,  d'un  procédé  par  tracé  de  circon- 
férences et  que  les  silex  à  pointes  très  finement  retaillées  sur  chaque 
côté  de  bouts  de  lames  ont  servi  a  exécuter  ce  mode  de  travail  ;  outils 
qui  se  trouvent  en  nombre  dans  cette  grotte,  et  les  plus  soignés 
comme  travail. 

J'insiste  sur  le  fait  que  le  nez  de  la  gravure  de  la  face  humaine  est 
marqué  par  un  corps  chaud,  appliqué  sur  l'os  pour  brunir  et  accen- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  667 

tuer  le  trait  et  que  Brassempouy  nous  donne  le  même  procédé  pour 
accentuer  le  dessus  de  l'œil  du  cheval  hennissant  pièce  au  Musée  de 
Saint-Germain)  ! 

Tous  les  faussaires  réunis  ne  pouvaient  imaginer  ce  procédé,  que 
nul  n'a  encore  signalé  ! 

Rivière  nous  donne  encore  des  formes  nouvelles  :  des  pointes  de 
flèches  longues  en  os,  avec  procédé  nouveau  d'emmanchement,  par 
la  retaille  en  soie  de  l'olécrâne,  probablement  d'un  chevreuil  (pièces 
que  je  communiquerai  à  la  Société  Préhistorique  Française). 

Si  les  traits  anciens  sur  os  ne  peuvent  se  différencier  des  traits 
récents,  on  peut  avancer  que  rien  ne  prouve  l'authenticité  d'une  gra- 
vure quelconque! 

La  chimère  ou  fleuron  a  été  trouvée  dans  un  foyer  de  cendres  de 
0m40  d'épaisseur  et  absolument  intact  ! 

De  ce  que  deux  gravures  sur  os  blancs,  relativement  récents,  ont 
été  trouvés  dans  les  pierrailles  de  couverture  et  du  côté  opposé  aux 
dépôts  archéologiques,  on  ne  peut  tout  mettre  en  doute. 

A  chacun  de  porter  son  jugement  après  examen  des  originaux. 

La  place  qu'occupe  cette  grotte,  au  niveau  actuel  de  la  marée 
haute  et  à  trois  mètres  au-dessous  des  grandes  inondations  aussi 
nouvelle  pour  la  préhistoire  que  certains  objets  qu'elle  contient, 
devra  modifier  les  idées  reçues  sur  le  Quaternaire  supérieur. 

Je  crois  inutile  de  rappeler  que  M.  E.  Détroyat  a  fouillé  une 
grotte  à  Bayonne  même,  sur  les  bords  de  la  Nive,  en  1866,  et  que 
son  niveau  au-dessus  de  la  mer  paraît  être  semblable  à  celui  de 
Rivière. 

M.  A.  de  Paniagua.  —  D'après  la  discussion  à  laquelle  a  donné  lieu 
la  gravure  de  Rivière  représentant  une  face  humaine,  deux  observa- 
tions utiles  peuvent  être  faites. 

On  a  dit  que  la  gravure  intacte,  sans  brisure,  au  milieu  de  la  sur- 
face plane  de  l'os,  devait  rendre  la  pièce  suspecte.  Je  me  demande 
pourquoi.  De  ce  que  beaucoup  de  gravures  de  cet  âge  nous  sont  par- 
venues fragmentées  par  suite  d'accidents  consécutifs,  ce  n'est  pas  une" 
raison  pour  en  induire  qu  il  ne  peut  s'en  trouver  d'entières,  les 
pièces  qui  les  portent  s'étant  trouvées  dans  des  conditions  favorables 
de  bonne  conservation.  D'ailleurs,  d'autres  gravures  de  l'âge  du 
renne,  indiscutables  et  non  discutées,  ont  été  découvertes  dans  les 
gisements  des  Landes  où  se  trouve  justement  la  Grotte  de  Rivière  ; 
exemple  :  l'étalon  et  la  jument  de  Brassempouy.  On  peut  citer  aussi  la 
tète  d'Equidé  de  Sordes,  gravée  sur  une  plaque  de  schiste. 

On  peut  observer  encore  que  la  pièce,  manifestement  fausse,  le 
cheval  que  M.  l'abbé  Breuil  qualifie  très  exactement  d'absurde, 
accuse  un  tout  autre  travail  que  la  gravure  du  faciès  humain    Sans 


668  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

aucun  doute,  ce  n'est  pas  la  même  main  qui  a  gravé  celui-ci  et  le 
cheval.  S'il  était  vrai  que  toutes  les  gravures  de  Rivière  sont  apocry- 
phes, il  faudrait  admettre  plusieurs  faussaires  ;  et  cela  paraît  bien 
peu  probable. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Une  figure  presque  semblable  à  celle 
de  M.  Dubalen  est  représentée  dans  le  beau  livre  de  notre  collègue 
M.  Moorehead  [The  stone  Age  in  North  America,  t.  Il,  p.  24, 
Fig.  422];  mais  il  s'agit  ici  d'une  sculpture  sur  pierre,  due  à  des 
Indiens,  qui  pouvaient  déjà  être  arrivés  à  Y Age  du  Cuivre  [nez  ; 
deux  yeux  de  face  ;  bouche].  On  voit  des  représentations  humaines 
analogues  sur  les  fameuses  pipes  en  pierre,  qui  sont  si  fréquentes 
aux  Etats-Unis,  qu'on  retrouve  en  Afrique,  et  qu'il  est  bien 
extraordinaire  de  ne  pas  retrouver  dans  les  stations  Néolithiques 
d'Europe. 

En  conséquence,je  propose  à  M.  Dubalen  l'hypothèse  suivante  : 
Ne  pourrait-ilpas  s'agir  en  l'espèce  d'une  Gravure  sur  os,  vraie, 
faite,  non  pas  à  la  fin  du  Paléolithique,  mais  bien  à  la  fin  du 
Néolithique? 

Y  a-t-il  ici  impossibilité  :  1°  à  ce  que  les  Néolithiques  aient  fré- 
quenté sa  Grotte  ;  2°  à  ce  qu'ils  aient  exécuté  cette  Gravure  ?  —  Je 
ne  le  crois  pas  à  priori.  Mais  je  ne  donne  ici  mon  opinion  que 
pour  ce  qu'elle  vaut  ;  et  je  suis  prêt  à  l'abandonner,  si  Ton  me 
prouve  qu'elle  n'est  pas  défendable,  pour  des  raisons  straligra- 
nhiques  et  géologiques  exclusivement. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  669 

III.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Découverte  d'une  Grotte  néolithique 
à  Courjeonnet,  près  Villevenard  (Marne). 

PAR 

M.   ROLAND    de  Villevenard,  Marne), 

Instituteur  public. 

Je  viens  de  découvrir  une  nouvelle  Grotte  néolithique  ;  elle  m'avait 
été  indiquée  par  une  pousse  plus  forte  de  l'avoine  et  par  une  pierre 
rencontrée  à  la  sonde,  à  0m80  de  profondeur,  le  sol  arable  n'ayant 
d'ordinaire  que  0m10  d'épaisseur. 

Cette  grotte  a  été  ouverte,  le  16  août  1911,  en  présence  de 
MM.  Guillemot,  Président  de  la  Société  d'Agriculture  de  la  Marne, 
Schmidt,  vice-président,  Merlin,  Conseiller  général  de  Montmirail,  et 
de  plusieurs  autres  personnes. 

Elle  est  située  sur  le  territoire  de  Courjeonnet,  lieudit  Les  Vignes 
Jaunes  la  vigne  chlorose  dans  ces  terrains  calcaires),  à  25  mètres  en 
dos  d'âne  du  sommet  d'un  mamelon,  dont  la  pente  fait  face  au  sud, 
et  bien  à  découvert  de  tous  côtés.  La  vue  s'étend  devant  soi  à  15  kilo- 
mètres et  permet  d'explorer  la  vallée  du  Petit-Morin  Marais  de 
Saint-Gond,  Mont  Août,  hauteurs  d'Allemant  et  de  Mondement).  Sur 
sa  gauche,  à  l'est,  une  gorge  indique  le  cours  d'un  ancien  ruisselet, 
qui  avait  sa  source  à  150  mètres  de  là  (Fontaine  Jean  Hibbard),  et 
dont  les  eaux  s'infiltrent  aujourd'hui  peu  après   leur  sortie  de  terre. 

A  150  mètres  à  l'ouest,  et  légèrement  en  aval,  se  trouve  le  petit 
monticule  du  Trou  du  Renard  (Trou  Blériot),  qui  renferme  une  sta- 
tion de  plusieurs  Grottes,  découvertes  et  visitées  autrefois  par  M.  le 
Baron  de  Baye. 

A  300  mètres  environ,  en  arrière,  se  trouvent  les  vignes,  en  pente 
rapide,  du  Haut  de  la  Fontaine  et  des  Forteras  ;  le  tout  est  dominé  par 
un  plateau  élevé,  dénommé  les  Hauts  de  Congy,  où  les  néolithiques 
allaient  travailler  leurs  outils;  de  nombreux  éclats,  des  silex  ayant 
subi  l'action  du  feu,  des  percuteurs,  des  pièces  travaillées  trouvées  à 
la  surface  d'un  sol  non  calcaire,  indiquent  assez  un  Atelier. 

La  Grotte  est  seule;  ce  n'est  pas  une  nouvelle  station;  le  terrain 
avoisinant  a  été  exploré  et  n'a  donné  aucun  autre  résultat.  L'empla- 
cement était  cependant  fort  convenablement  choisi  pour  une  instal- 
lation ;  le  banc  de  craie  est  bien  consistant. 

Couloir.  —  Le  couloir,  comme  ailleurs,  est  à  ciel  ouvert  (Fig.  1). 
Il  est  rempli  de  mastic,  durci  contre  les  parois,  et  au  centre   d'un 


670  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

mélange  moins  compact  de  craie,  de  cendre  noire  et  de  terre  végétale; 
quelques  pierres  plates  y  avaient  été  jetées  pêle-mêle.  Il  a  une  lon- 
gueur de  £m60;  il  part  de  la  surface  sur  une  largeur  de  0m60,  pour 
s'enfoncer  à  2m06  et  acquérir  une  largeur  de  lm80. 

Sa  direction  Sud-est  est  moins  inclinée  que  celle  des  Grottes  qui  ont 
été  découvertes  l'an  dernier. 

On  y  a  trouvé  simplement  qu'un  morceau  de  crâne,  une  vertèbre 
et  des  fragments  d'os  humains  disséminés  dans  la  terre  de  remplis- 
sage de  ce  couloir. 

GROTTE     SEPULCRALE     de    COURJEONNET    (CANTON  ^MaNTMORT.ArrMÏPERNAYtMAKNE) 
VAld.it   otu  PETIT 'MORiM.ZroUIl.I.Ér.'l  DECOUVERTE  ).JrM'RoI>AND    INSTITUTEUR 
U  ]t  AoDt    "1811 


Fig.  1  et  -2,  —  Profil  et  Plan  de  ./a  Grotte  sépulcrale  de  Courjeonnet  (Marne). 
Dessin  de  M.  L.  Coutil. 


Anti-Grotte.  —  L'ouverture  était  obstruée  par  des  pierres  plates 
de  toute  nature  et  de  toutes  dimensions  (ici,  pas  d'énorme  grès);  la 
plus  volumineuse,  légèrement  triangulaire,  mesurait  lm05  de  hau- 
teur, 0m70  de  largeur  moyenne,  et  0ra10  d'épaisseur.  Le  volume  total 
de  ces  pierres  de  fermeture  peut  être  évalué  à  0m3750  ;  il  pouvait  y 
avoir  70  pierres  ;  les  plus  petites  avaient  30  à  40  centimètres  de  dia- 
mètre. 

Le  poids  des  terres,  et  probablement  les  trépidations  du  sol  sous  les 
pas  des  chevaux  de  culture,  avaient  affaissé  plusieurs  de  ces  pierres;  et 
cet  affaissement  avait  permis  à  de  petits  mammifères  de  pénétrer  à 
l'intérieur  et  d'y  établir  leur  demeure.  Ils  y  avaient  construit  des 
nids  avec  des  débris  végétaux  et  amassé  des  noix.  D'autres  pierres 
étaient  fortement  scellées  aux  parois  du  couloir,. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FPANÇAISE  671 

Cette  ouverture  rectangulaire,  relativement  grande,  mesure  lm06  de 
haut  sur  0"58  de  large;  son  épaisseur  de  paroi  est  0m25  (Fig.  1). 

L'anti-Grotte  offre  un  petit  vestibule,  qui  s'étend  de  chaque  côté  de 
l'issue  de  0m50;  elle  a  lm15  en  longueur  sur  lm20  de  hauteur.  Sa 
partie  droite  est  arrondie  ainsi  que  la  voûte;  la  partie  gauche  offre 
des  angles  bien  nets;  on  croirait  être  en  présence  de  deux  styles 
d'architecture.  Des  coups  de  hachette  sont  distincts.  Des  traces  de  char- 
bon se  relèvent  sur  le  sol. 

La  Grotte.  —  L'ouverture  est  assez  haute,  0m83  sur  0m69,  d'un 
accès  relativement  facile  ;  ses  dimensions  en  donnent  une  idée;  la 
base,  qui  forme  seuil,  a  0m32  de  hauteur.  Les  traces  des  coups  de 
hachettes  ont  disparu  pour  faire  place  à  une  surface  lisse  :  ce  qui 
indique  un  usage  fréquent,  et  prolongé,  c'est-à-dire  des  visites  répétées. 

Le  nombre  des  squelettes,  la  diversité  des  flèches  et  des  penden- 
tifs montrent  assez  qu'elle  a  dû  servir  d'Hypogée  pendant  plusieurs 
générations.  En  avant  du  seuil  de  la  chambre  sépulcrale,  une  petite 
tranchée  est  creusée;  est-ce  pour  arrêter  l'écoulement  des  eaux  en 
temps  d'orage  ou  de  pluies  diluviennes?  L'ouverture  de  la  Grotte 
n'était  pas  fermée.  Elle  est  ornementée  à  T intérieur  d'un  encadrement 
en  relief,  taillé  dans  la  craie  et  d'un  joli  effet.  La  grotte  est  assez 
vaste  :  3œ35  sur  3m20.  La  voûte  du  côté  gauche  lm45  et  0œ80  d'élé- 
vation) est  arrondie,  par  opposition  à  l'anti-grotte,  dont  la  partie  cor- 
respondante est  à  l'angle  droit  et  vice  versa.  La  voûte  du  côté  droit 
est  à  angle  bien  défini,  avec  hauteur  variable  à  l'entrée  :  lm10,  au 
fond  lm55). 

La  petite  Banquette,  à  gauche,  mesure  lm15  de  long,  0m30  de  large 
et  0m05  d'épaisseur;  la  petite  Banquette,  à  droite,  0U150  de  long,  0m30 
de  large,  0m05  d'épaisseur  (Fig.  2). 

Une  hache  emmanchée  [ayant  pour  dimensions  :  Hache,  longueur, 
0m24;  manche,  longueur,  0m40  ;  épaisseur  du  relief,  0ni016],  est  sculp- 
tée sur  la  paroi  du  fond  (Fig.  3). 

A  côté,  dans  l'encoignure  de  droite,  se  trouve  un  Socle,  également 
taillé  dans  la  masse  calcaire  (Dimensions  du  socle  :  longueur,  0n19; 
largeur,  0m10;  hauteur,  0ra33;  il  s'arrête  à  0m16  du  sol.  Est-ce  la  mar- 
que de  l'ouvrier  terminant  un  travail  long  et  pénible  et  voulant  lais- 
ser la  trace  de  son  passage  ?  est-ce  un  symbole,  un  hommage  aux 
défunts?  Nul  ne  le  sait. 

Le  sol  de  la  grotte  n'est  pas  parfaitement  uni  ;  il  présente  quelques 
légères  aspérités. 

Les  squelettes  étaient  entassés  pêle-mêle  lors  de  la  découverte  ; 
mais  les  corps  avaient  été,  les  uns  allongés  dans  tous  les  sens,  les 
autres  accroupis  contre  les  parois  et  même  superposés  avec  un  cer- 
tain soin. 


672  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Quelques-uns  reposaient  sur  des  pierres  plates;  et,  sous  ces  mêmes 
pierres,  d'autres  ossements  indiquaient  une  sépulture  antérieure.  La 
voûte  centrale  était  légèrement  éboulée  et  les  squelettes  étaient  écra- 
sés. Les  crânes  avaient  roulé  dans  tous  les  sens.  Tous  les  ossements 


Fig.  3.  —  Là  Paroi  du  Fond  de  la  Grotte,  avec  la  Hache  sculptée  et  le  Socle  [Photographie 
Roland  et  L.  Coutil]. 


étaient  dans  un  état  de  complète  vétusté,  moins  bien  conservés  que 
dans  les  Hypogées  précédemment  ouvertes,  et  moins  résistants  ;  la  moin- 
dre pression  les  réduisait  en  pièces.  D'autre  part,  les  mammifères 
avaient  déplacé  de  petits  ossements;  ils  s'en  étaient  servi  pour  faire 
des  nids  ! 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  673 

Cette  chambre  funéraire  renfermait  26  corps,  de  tout  âge  et  de  tout 
sexe  (1). 

12  crânes,  plus  ou  moins  détériorés  ont  pu  être  recueillis,  ainsi 
que  15  mâchoires  inférieures,  dont  plusieurs  avaient  appartenu  à  de 
jeunes  enfants. 

Ceux  de  la  partie  centrale  étaient  réduits  en  miettes  sous  les  moel-j 
Ions  de  la  voûte. 

Un  crâne  offrait  une  particularité  indiquant  que  l'individu  était 
un  être  anormal;  les  orbites  étaient  en  ligne  oblique  et  la  face  devait 
être  déformée,  car  la  mâchoire  était  complètement  de  travers,  puis- 
qu'une prémolaire  se  présentait  sous  les  fosses  nasales  (?). 

Objets  recueillis.  —  On  a  trouvé  : 

1°  Dans  le  couloir  :  7  flèches  à  tranchant  transversal  ;  1  flèche 
taillée  en  amande  ;  1  couteau,  à  0m20  du  fond,  planté  verticalement 
dans  les  terres  de  remplissage. 

2°  Dans  la  grotte  :  2  haches,  l'une  de  0m15,  très  bien  arrondie, 
intacte  et  presque  tranchante,  trouvée  contre  la  paroi  droite,  vers  le 
milieu,  sous  une  moitié  de  crâne  d'enfant;  l'autre  de  0m10,  fortement 
ébréchée,  usagée,  rencontrée  près  de  l'entrée;  l'effondrement  de  la 
voûte  avait  brisé  les  manches  en  corne  de  cerf,  dont  on  a  recueilli 
quelques  débris. 

Une  pointe, d'aspect  yji 

solutréen  (0m036  de 
long,  0m018  de  large), 
sur  la  banquette  d'en- 
trée à  gauche,  près 
d'un  manche  d'outil, 
en  os. 

8  couteaux,  de  diffé- 
rentes grandeurs  et  en 
silex  de  couleur  va- 
riée. 

Au  centre,  en  deux 
endroits  rapprochés , 
3  et  8  dents  perforées 

de  porc  ou    de   Sanglier;  elles  devaient    servir    de  parure  à  deux 
individus  ;  les  plus  longues  et  les    plus  fortes   avaient  été  cassées 


Fig.  4  —  Grotte  sépulcrale  néolithique  de  Courjeonnet.  — 
Pièces  d'enfilage.  —Légende  1.  Callaïs:  2.  Dent  de 
porc;  3.  Coquille  perforée  d'Anodonte;  4.  Coquille  per- 
forée: 5.  Os  perforé;  6.  Coquille  perforée;  7.  Dentale; 
8.  Poinçon  en  os. 


(1)  Certaines  grottes  de  la  région  renfermaient  une  couche  épaisse  de  la  terre 
noirâtre  mélangée  aux  corps,  qui  reposaient  aussi  sur  des  pierres  plates  :  des 
excroissances  calcaires,  en  forme  de  champignons,  surmontait  ce  dépôt  funéraire. 

Lu  grotte,  explorée  par  M.  Roland  en  1909,  à  Villevenard,  avait  sa  voûte  éboulée  ; 
les  squelette>  placés  contre  les  parois.  Pas  d'anté-grotte;  l'entrée  était  fermée 
par  huit  pierres  assez  grosses.  La  chambre  sépulcrale  se  trouvait  à  2m25  du  sol; 
elle    mesurait  2||l25  de  long,  3m10  de    large,    lm50  de    haut.  —  Une    autre  grotte 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  43 


674  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

intentionnellement,  probablement  pour  en  réduire  les  dimensions 
et  donner  de  l'uniformité  au  collier. 

4  perles  en  pierre,  cylindriques. 

8  pendentifs  allongés,  et  2  arrondis  en  coquilles  d'onodonte  des 
marais. 

1  perle  de  coquillage  fossile  {Fig.  4). 

1  perle  ovale,  taillée  dans  un  os  très  mince. 

38  pendentifs  en  coquillages  allongés  et  tronconiques  de  Dentales 
fossiles  de  Téocène  des  environs  de  Paris  (1),  s'emboîtant  deux  à 
deux,  quelques-uns  percés  sur  le  côté  d'un  trou  minuscule. 

68  flèches  à  tranchant  transversal  de  toute  grandeur,  de  toute  cou- 
leur, et  d'un  travail  plus  ou  moins  fini. 

1  perçoir  ou  aiguille  en  os  bien  arrondi,  de  Omll  de  long,  sans  chàs, 
à  extrémité  effilée. 

1  perle,  grossièrement  travaillée,  percée  d'un  trou  foré  au  poinçon, 
pendentif  d'un  caractère  original;  cette  pièce,  unique,  est  en  Callaïs. 

M.  L.  Coutil  présente  un  moulage  de  la  Hache  sculptée,  qu'il  a 
exécuté,  et  les  ossements  qui  lui  ont  été  remis  par  M.  Roland,  pour 
la  Société  Préhistorique  Française,  afin  d'être  étudiés  par  le  Dr  M. 
Baudouin.  —  Il  insiste  sur  la  présence  de  cette  hache,  à  côté  d'un 
petit  support,  où  on  a  pu  placer  une  lampe?  un  objet  cultuel?  ou 
tout  autre  chose...  Comme  la  hache  et  le  support  dominaient  légère- 
ment le  dépôt  funéraire  dans  le  fond  de  la  grotte,  mesurant  0m15  à 
0m20  centimètres  d'épaisseur  (beaucoup  moins  important  que  dans 
les  autres  grottes),  il  évoque  le  souvenir  des  stèles  gallo-romaines, 
où  l'on  voit  sculptée  la  hache,  avec  l'invocation  :  SA.D.  =  SVB 
A  SCIA  DEDICAVIT  (2),  qui  serait  le  souvenir  d'un  rite  plus  an- 
cien, et  qui  est  resté  inexpliqué.  Il  est  permis  de  supposer  que 
l'ouvrier  qui  a  exécuté  ce  tombeau  a  voulu  indiquer  ainsi  qu'il 
n'avait  pas  été   utilisé  précédemment,  car  on  distingue  partout  les 

intacte  avait  un  couloir  de  lm20  de  large,  l'entrée  l»a20  sur  0"6b  était  fermée  par 
des  pierres;  une  ouverture  cintrée  donnait  accès  à  la  grotte,  qui  contenait  douze 
squelettes  reposant  sur  le  sol,  le  dos  adossé  aux  parois  ou  posés  sur  des  pierres 
plates  et  minces  :  un  squelette  paraissait  avoir  subi  l'action  du  feu  ;  le  sol  était 
recouvert  de  terre  noire.  Le  mobilier  funéraire  comprenait  18  pendentifs  en  narrre 
à  2  trous,  et  6  flèches,  pas  de  haches  :  Cette  grotte  était  à  3>»80  de  profondeur  et 
0m30  en  contrebas  de  l'autre  grotte.  Un  crochet  était  taillé  dans  la  craie,  (Ext. 
But.  Soc.  arck.  Champe  oise,  n°  4,  décembre  1910  [Grottes  néolithiques]). 

(1)  Déterminations  du  Pr  Boule  et  de  M.  Thévenin,  du  Muséum. 

(2)  On  a  proposé  de  nombreuses  interprétations  de  cette  devise;  on  a  supposé 
que  cela  s'appliquait  à  un  tombeau  sortant  de  sous  hache  du  tailleur  de  pierres 
(c'est-à-dire  un  tombeau  n'ayant  pas  encore  servi,  car  on  en  utilisait  de  vieux)  ; 
ou  encore,  la  puissance  protectrice  des  divinités  souterraines  gardiennes  des  sé- 
pultures, etc.,  etc.  Pour  cette  sépulture  néolithique,  comme  la  grotte  porte  les 
nombreuses  empreintes  de  haches,  qui  l'ont  façonnée  et  ornée,  l'artisan  a  peut- 
être  voulu  reproduire  son  instrument  de  travail,  comme  les  tâcherons  du  moyen 
âge  dessinaient  leurs  outils  sur  les  pierres,  pour  les  grouper  ou  se  faire  régler 
leur  travail;  c'était  une  sorte  de  dédicace  indiquant  que  le  travail  était  terminé. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  675 

coups  de  hache  sur  les  parois  ;  et,  pour  terminer  son  travail,  il  a 
sculpté  sur  la  paroi  du  fond  l'outil  qui  a  servi  à  effectuer  ce  travail, 
qu'il  a  dédié  ainsi  aux  défunts  inhumés  ou  aux  divinités  sépulcrales; 
ou  encore,  c'est  une  marque  de  tâcheron,  comme  celles  que  l'on 
observe  parfois  au  xme  ou  xive  siècles  sur  les  pierres  des  édifices. 
D'autres  haches  analogues  figurent  sur  la  paroi  d'entrée  de  grottes 
voisines,  découvertes  par  M.  de  Baye,  également  à  Courjeonnet,  en 
1873;  d'autres,  situées  sur  la  commune  voisine  de  Coizard,  sont 
accompagnées  d'une  représentation  féminine  On  voit  une  hache 
emmanchée,  gravée  sur  une  grande  dalle  du  Mane-Lud  (Morbihan). 

Il  insiste  également  sur  l'entourage,  sculpté  en  relief,  de  0m05 
d'épaisseur,  qui  orne  la  porte  de  la  chambre  sépulcrale,  en  face  la 
hache;  il  est  formé  de  deux  pilastres,  surmontés  d'un  linteau,  avec 
deux  tablettes  formant  la  base  des  linteaux.  Cet  ensemble,  vérita- 
blement architectural  et  réservé  à  la  Chambre  sépulcrale,  constitue  un 
document  d'un  grand  intérêt  artistique;  car,  si  on  a  beaucoup  insisté 
jusqu'ici  sur  la  peinture  et  la  sculpture   des  Préhistoriques,  nous  ne 


Fig.  5.  —  Grotte  sépulcrale  de  Courjeonnet  (Marne).  —  Vue  prise  du  fond  de  la  Grotte, 
permettant  de  voir  l'entrée  ornée  de  la  chambre  sépulcrale,  ainsi  que  l'entrée  de  l'anti- 
grotte;  au  fond,  le  vestibule,  obliquant  à  droite;  la  porte  de  la  grotte  n'est  pas  au  centre, 
car,  à  gauche,  il  y  a  un  espace  de  0-54,  tandis  qu'à  droite  il  y  a  une  paroi  de  1»15  ;  les 
deux  petites  tablettes  du  bas  ne  sont  pas  identiques  :  celle  de  droite  ne  fait  pas  saillie  sur 
l'aplomb  des  chambranles;  celle  de  gauche  avance  d'environ  0»10  à  0m15. 

croyons  pas  que  l'on  ait  encore  signalé  de  manifestation  architec- 
turale aussi  accusée  et  aussi  ornementale  à  l'époque  néolithique 
(Fig.  5). 

L'entrée  de  l'allée  couverte  de  Dampont  (Seine-et-Oise)  offre  une 
entrée  presque  carrée,  avec  une  échancrure,  pour  placer  un  bouchon 
carré  de  0nl46  sur  0m48  de  large,  une  feuillure  de  0m06  et  0m10  de 
profondeur;  le  dolmen  d'Arrouville (Seine-et-Oise)  offre  une  ouver- 
ture carrée,  de  0m56  de  haut,  0"'58  de  large,  une  feuillure  de  0"28; 
l'allée  couverte  de  Dampmesnil  (Eure),  offre  une  ouverture  circu- 


676  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

laire  incomplète,  avec  feuillure,  etc.  —  C'est  pourquoi  M.  Coutil  a  lait 
l'acquisition  de  la  grotte,  afin  de  la  protéger  contre  toute  altération 
atmosphérique;  de  conserver  la  précieuse  découverte  de  M.  Roland, 
pour  la  Société  Préhistorique  Française;  et  aussi  pour  mettre  en 
valeur  une  soixantaine  de  grottes  sépulcrales  néolithiques  de  la 
même  région  et  voisines,  dont  12  sur  Courjeonnet,  35  sur  Coizard, 
4  sur  Villevenard  et  d'autres  sur  Oyes,  explorées  par  M.  de  Baye 
vers  1873-1874. 

M.  Chapelet.  —  M.  Coutil,  notre  sympathique  et  dévoué  Prési- 
dent, nous  a  fait  une  communication  sur  la  Grotte  de  Courjeonnet 
(Marne),  et  nous  a  présenté  un  moulage  de  la  hache  sculptée  sur  la 
paroi  du  fond  de  la  grotte  sépulcrale. 

A  l'heure  présente,  M.  Coutil  fait  plus  encore  :  il  nous  offre  cette 
Sépulture  préhistorique  ;  ou  plutôt,  il  la  vend  à  la  Société  Préhistorique 
française  ;  et  le  prix  qu'il  en  demande  (1  franc)  constitue  plus  qu'un 
don  ! 

Je  suis  certain  d'exprimer  votre  pensée,  en  remerciant  M.  Coutil, 
en  votre  nom  et  au  nom  de  la  Société  préhistorique  française,  pour  ce 
don  magnifique,  dont  nous  devons  être  honorés,  puisqu'il  nous  confie 
la  conservation  de  ce  monument,  qui  intéresse  nos  études  à  un  titre 
tout  spécial,  et  qui  vient  s'ajouter  à  ceux  qui  nous  ont  été  déjà 
légués  par  des  généreux  donateurs.  [Vifs  Applaudissements.) 

M.  A.  Guébhabd,  à  propos  de  la  locution  sué  ascia  dedicavit,  que 
vient  de  prononcer  M.  L.  Coutil,  croit  devoir  signaler  que,  dans 
une  lettre  toute  récente,  M.  Alphonse  Aymar  annonçait  précisément 
être  sur  la  piste  de  renseignements  particulièrement  intéressants 
quant  à  une  trouvaille,  faite  en  Auvergne,  d'une  hache  polie,  placée 
comme  obturateur  sur  une  urne  cinéraire  gallo-romaine.  Voilà  un 
fait  qui  jetterait  une  clarté  nouvelle  sur  la  formule  sacramentelle  des 
Romains. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Les  ossements  seront  étudiés  plus  tard. 
—  Il  faut  insister  sur  l'absence  de  Poterie,  qui,  comme  je  l'ai  dit, 
semble  indiquer  un  Ossuaire  ;  sur  le  nombre  de  petits  Tranchets,  qui 
ne  peut  s'expliquer  que  par  la  Décarnisation.  Le  mobilier  ressemble 
à  celui  de  Vendrest,  mais  est  sans  doute  un  peu  plus  récent  [Callaïs]. 

La  Hache  sculptée  permet  de  comprendre  la  présence,  dans  ces  Os- 
suaires, des  quelques  Haches  polies,  qu'on  y  trouve  presque  tou- 
jours :  leur  présence  serait  alors  la  conséquence  d'une  manifestation 
rituelle. 

Cette  découverte  est  vraiment  intéressante  ;  et  il  faut  remercier 
M.  Roland  d'avoir  remis  les  ossements  conservés  à  la  Société  Pré- 
historique Française. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  677 

Vote  sur  les  traces  de  l'existence 

d'un  Culte  de  la  Hache 
pendant  le  Paléolithique  inférieur. 

PAR 

A.  DUBUS  (Neufchatel-en-Braye,  S.-I.). 

Sous  ce  titre,  notre  collègue  M.  Rutot,  à  la  session  de  Tours  du 
Congrès  Préhistorique  de  France,  a  fait  part  de  ses  impressions,  con- 
cernant de  très  petits  coups-de-poing,  de  0m02  à  0m03  de  longueur  ; 
puis,  par  opposition,  de  trois  haches  formidables,  de  0m32  de  lon- 
gueur en  moyenne,  0m16  de  largeur  et  d'un  poids  de  3  à  4  kilo- 
grammes. 

En  parcourant  cette  communication,  nous  sentions  que  notre  émi- 
nent  collègue  a  été  impressionné  par  l'aspect  de  ces  haches  «  formi- 
dables», ainsi  qu'il  les  appelle. 

Aussi,  semble-t-il  vouloir  idéaliser  ces  haches  «  formidables  », 
venant  après  les  haches  de  0m12  à  0'n18,  d'un  usage  courant,  pour 
en  faire  l'objet  d'un  Culte  de  la  force  ! 

«  Voilà  donc,  dit-il,  une  nouvelle  question  ouverte  :  celle  de  l'exis- 
«  tence  probable  d'un  «  culte  de  la  hache  »  pendant  le  paléolithique 
«  inférieur.  De  pareils  indices  existent-ils  ailleurs?  Il  ne  me  semble 
«  pas  en  avoir  reconnu  d'évidents  pour  ce  qui  concerne  le  nord  de 
«  la  France,  où  il  n'existe  guère,  à  la  fois,  de  très  grands  et  de  très 
«  petits  coups-de-poing...  » 

De  la  présence  de  pièces  uniques  par  station,  notre  savant  collègue 
émet  l'idée  représentative  d'un  «  Culte  de  la  Hache  »,  ou  de  l'emblème 
de  commandement. 

En  faudrait-il  donc  déduire  que  seuls  les  chefs  de  tribus  en  avaient 
l'apanage,  ou  que  seuls  les  représentants  du  culte  en  étaient  les  dis- 
pensateurs, alors  que,  la  matière  première  ne  faisant  pas  défaut,  le 
gens  du  peuple  ne  pouvaient  avoir  la  possibilité  de  tailler  ces  grands 
instruments  au  gré  de  leur  fantaisie,  ou,  insistons-nous,  de  leurs 
besoins? 

Nous  avons  fait  paraître,  en  1903,  une  communication,  sous  le  titre 
de  :  Contribution  à  l'Etude  de  l'Epoque  Paléolithique  des  stations  de 
Bléville,  la  Mare-aux-Clercs  et  Frileuse,  près  le  Havre  [1),  dans  la- 
quelle nous  avons  relaté  les  différentes  sortes  de  coups-de-poing, 
recueillis  dans  les  limons  de  nos  plateaux  de  Caux  ;  l'outillage  y  est 
représenté,  sous  l'aspect  Acheuléen,  par  des  pièces  variant  entre 
0»045  jusqu'au  dessus  de  0m30. 

(1)   Bulletin  de  la  Société  géologique  de  Xormandie. 


678  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

D'ailleurs,  nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  résumer,  dans  le 
tableau  ci-après,  1  état  des  récoltes  que  nous  avons  faites  dans  ces 
trois  stations. 

Ces  récoltes  se  divisent  ainsi  : 

de  0  Ù0m05,  de  6  à  10,  de  11  à  15,  de  lf.  à  20,  de  21  à  25,  de  26  à  30™  au-dessus 
où      2  197  238  213  70  17  4 

0/0      0,03  26  32  29  10  2  50  0.06 

Tous  les  coups-de-poing  de  nos  limons,  quels  que  soient  leur 
forme  et  l'usage  auxquels  ils  étaient  destinés,  quels  que  soient  leur 
longueur,  leur  épaisseur,  leur  poids,  sont  généralement  taillés  très 
finement.  Un  grand  nombre  sont  à  l'état  de  neuf;  aucun  n'est  roulé. 

Certaines  grandes  pièces  de  la  Dordogne  que  nous  possédons, 
dont  la  longueur  varie  entre  0m28  et  0m31,  sont  au  contraire  taillées  à 
très  grands  éclats. 

En  suivant  le  tableau  ci-dessus,  nous  voyons  que  la  proportion  de 
l'emploi  des  coups-de-poing  de  0m6  à  0m10,  de  0mll  à  0m15  et  de  0m16 
à  0ra20  est  à  peu  près  la  même,  mais  que  la  marche  ascendante  en 
longueur,  à  partir  de  0m21,  bien  que  diminuant  en  nombre,  n'en  suit 
pas  moins  graduellement  un  cours  régulier  jusqu'à  la  grandeur 
extrême. 

En  un  mot,  il  n'y  a  pas  arrêt  dans  la  fabrication  pour  sauter,  par 
exemple,  de  0™22  ou  0m24  à  0m32. 

Il  serait  donc  difficile  de  dire  où  commencerait  alors  la  «  Hache 
formidable  »  dans  cette  échelle. 

Nous  ne  pourrions  mieux  comparer  la  difficulté  de  cette  délimita- 
tion qu'à  celle  qui  existe  entre  la  fin  du  tranchet  néolithique  et  le 
commencement  du  ciseau,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  remarquer 
antérieurement  (1). 

Nous  ne  pouvons  partager  l'avis  de  notre  éminent  collègue,  en  ce 
qui  concerne  les  grands  instruments,  d'autant  moins  que,  parmi  ces 
grands  coups-de-poing,  nous  en  possédons  un,  dont  la  forme  natu- 
relle, en  S  sur  l'un  des  bords,  a  été  respectée  par  l'ouvrier  qui  l'a 
taillé,  de  façon  à  bien  placer  l'outil  en  pleine  main,  sans  risque  de 
blesser.  Ajoutons,  ce  qui  n'est  pas  moins  intéressant  à  constater,  que 
ce  très  grand  instrument  a  conservé  des  traces  indéniables  d'usage. 

Quant  aux  petits  coups-de-poing  minuscules,  nous  en  possédons 
quelques-uns  que  nous  avons  recueilli  au  milieu  de  nos  stations  néo- 
lithiques et  que  nous  avons  figuré  dans  la  série  des  pointes  de  fié 
ches,  avec  mention  spéciale  (2). 

(1)  Note  sur    l'industrie   néolithique  aux  environs  du  Havre  et  de  Neufehàtel-en- 
liray.   —  Bulletin  de  la  Socirlc  çéolo!*itjue  dt 'Normandie  ,  190?i. 
(2*i  Voir  note  sur  l'Industrie  iteolithiqWe  .l.-ia  i:il.-e. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  679 

C'est  bien  au  milieu  de  tout  cet  outillage  néolithique  que  nous  les 
avons  trouvés:  il  serait  bien  difficile  de  leur  attribuer  une  contempo- 
ranéité  avec  leurs  semblables  appartenant  à  l'Acheuléen. 

De  l'examen  de  nos  grandes  pièces,  nous  concluons  qu'elles  ont  dû 
être  utilisées  au  même  titre  que  les  autres  ;  que  certaines  ont  pu  être 
emmanchées. 

Enfin,  nous  insistons  sur  ce  point,  car  nous  possédons  à  ce  sujet 
une  pièce  bien  démonstrative,  que,  parmi  ces  outils  exceptionnel' 
lement  grands,  certains  ont  été  utilisés  manuellement. 

En  résumé,  l'objet  de  cette  communication  est  de  démontrer  que 
certains  limons  du  nord  de  la  France  renferment  un  outillage 
complet,  depuis  les  coups-de-poing  les  plus  réduits  jusqu'aux  plus 
grands  connus  à  ce  jour. 

Que  c'est  bien  graduellement,  et  sans  interruption  aucune,  que 
nous  arrivons  aux  pièces  extraordinairement  grandes. 

Que  les  preuves  d'usage  de  ces  dernières  pièces  paraît  exclure 
toute  intention  d'un  Culte. 


Découverte  de  Stations  préhistoriques 

à    Vimni-Moussa  (Oran,  Algérie  . 


Désiré  ESTAUNIÉ  d'Ammi-Moussa,  Algérie). 

Le  village  d'Ammi-Moussa,  chef-lieu  du  canton  et  de  la  commune 
mixte  de  ce  nom,  est  situé  à  l'Est  du  département  d'Oran,  à  25  kilo- 
mètres au  Sud  de  la  ligne  de  chemin  de  fer  d'Alger  à  Oran. 

Au  cours  de  recherches  effectuées  à  la  fin  de  1910  et  en  1911,  j'ai 
relevé,  dans  un  rayon  de  5  à  6  kilomètres  autour  de  ce  village,  les 
stations  préhistoriques  suivantes. 

1°  Champ  de  manœuvre.  —  Plateau  moyen,  formant  cap  dans  la 
vallée  de  l'Oued  Riou  1);  altitude  181  mètres.  Emplacement  de  poste 
romain.  Couche  archéologique,  bouleversée  par  d'importants  tra- 
vaux romains  et  actuels.  Outillage  Paléolithique,  recueilli  à  la  sur- 
face et  à  une  faible  profondeur  0m60  au  maximum):  coups-de-poing 
amygdaloïdes  très  épais,  d'autres  à  talons  réservés,  amandes  acheu- 
léennes,  lames  et  racloirs  moustériens,  en  quartzites  roulés  de  l'Oued 
Riou  et  en  calcaire  crétacé,  roche  locale. 

(1)  Oued  =  rivière;  Djebel  =  montagne. 


680  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

2°  Tranchée  de  l'ancienne  route  d Orléansville .  —  Al  kilomètre 
au  N.  d'Ammi-Moussa.  Station  de  surface.  Terrasse  alluvion- 
naire dominant  l'Oued  Riou  d'une  trentaine  de  mètres.  Objets 
recueillis  :  disques  et  racloirs  grossiers  en  quartzites,  racloirs  en 
silex  dont  plusieurs  à  coches,  pointes  pédonculées  épaisses,  taillées 
sur  une  face,  en  quartzite,  percuteur  à  dépression  médiane,  galet- 
polissoir  portatif  à  stries,  fragments  de  poterie  grossière  sans  orne- 
ments. Station  paraissant  être  de  l'époque  dénommée  par  Pallary 
Néolithique  berbère  (lj  ou  récent. 

3°  Pont  de  l'Oued  Tléta.  —  A  1,800  mètres  N.-E.  d'Ammi- 
Moussa,  pente  inférieure  de  la  vallée;  altitude  130  mètres.  Foyer 
en  plein  air;  outillage  microlithique  en  silex  :  petites  lames,  quel- 
ques-unes à  retouches  marginales,  coches-grattoirs,  racloirs  circu- 
laires, perçoirs,  lames  en  croissant  et  en  segment  à  dos  retaillé. 
Absence  de  poterie  et  de  pierre  polie.  Industrie  paraissant  être  de 
l'époque  dénommée  par  Pallary  Ibéro-Maurusienne  [Paléolithique 
récent). 

4°  Premier  pont  de  VOued  Sensig.  —  A  6  kilomètres  N.-E. 
d'Ammi  Moussa;  pente  inférieure  delà  vallée,  altitude  160  mètres. 
Même  genre  de  station  que  la  précédente,  mais  bien  moins  riche 
en  silex. 

Objets  isolés.  —  J'ai  aussi  recueilli  dans  les  environs  d'Ammi- 
Moussa  :  un  percuteur  en  grès  fin  dans  une  haouita  (2),  près  de  la 
Koubba  Sidi  Abdelkader  Merkeb,  à  2,000  mètres  au  S.-O.  d'Ammi- 
Moussa  ;  un  autre  percuteur,  galet  roulé  en  calcaire,  dans  une  hao- 
uita, près  de  la  Koubba  Mouley  Sidi  Abdelkader  à  2,500  mètres  à 
l'E.  d'Ammi-Moussa  (ces  deux  objets  avaient  été  déposés  là  en  ex- 
voto  par  les  indigènes);  une  pointe  moustérienne  en  calcaire, sur  le 
flanc  N.  du  Djebel  Hadjar,  à  3  kilomètres  N.-O .  -O.  d'Ammi-Moussa. 

Tumuli.  —  Les  tumulus  sont  assez  communs  dans  les  environs 
d'Ammi-Moussa;  mais,  tous  ayant  été  violés  et  saccagés,  leur  étude 
n'offre  plus  qu'un  médiocre  intérêt.  Je  les  signale  ici  pour  mémoire. 

(1)  P.  Pallary.  —  Instructions  pour  les  recherches  préhistoriques  dans  le  N.-O. 
de  l'Afrique. 

(2)  Haouita  =  cercles  de  pierres  marquant  l'emplacement  où  un  saint  person- 
nage a  fait  un  arrêt,  et  où  ensuite  tout  passant  musulman  pose  une  pierre. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  681 


Découverte  d'un  Pic-hache  gallo-romain, 
aux.  environs  de  Pacv -sur-Eure. 

PAR 

H.  BARBIER  (Pacy-sur-Eure,  Eure). 

Il  y  a  environ  deux  ans,  un  cultivateur  de  Villegats  (Eure),  ayant 
ouvert  une  carrière  de  cron  (calcaire  grossier  dans  le  flanc  d'un 
petit  coteau  (1]  dominant  l'étroit  vallon  dans  lequel  court  pendant 
quelque  temps  la  route  qui  mène  de  Villegats  à  Saint-Chéron,  fut 
fort  étonné  de  trouver,  au  cours  de  ses  travaux  de  pénétration,  les 
ossements  d'un  squelette,  qui  lui  parut  appartenir  à  l'espèce  humaine. 

Au  milieu  de  débris  osseux,  il  ramassa  une  sorte  de  fort  pic,  très 
rouillé,  et  une  pointe  de  lance  ou  de  javelot,  qu'il  rapporta  chez  lui. 

Ces  faits  étant  venus  à  ma  connaissance  au  début  de  cette  année,  je 
fus  assez  heureux  pour  me  rendre  acquéreur  du  pic  seul,  la  pointe 
de  javelot  ayant  été  égarée  par  les  enfants  du  cultivateur  et  n'ayant 
pu  être  retrouvée  jusqu'à  présent. 


Fig.  1.  —  Pic-Hache.  —  Echelle  ;  1/4  Grandeur  environ. 

Examinant  pour  la  première  fois  un  objet  de  cette  nature  et  crai- 
gnant de  faire  une  détermination  quelque  peu  hasardée,  j'eus  recours 
aux  bons  conseils  de  M.  Salomon  Reinach,  le  savant  directeur  du 
musée  d'antiquités  nationales  de  Saint-Germain,  qui  voulut  bien 
m'en  confirmer  l'origine  romaine  (2). 

Quelques  semaines  après,  ayant  pu  me  rendre  au  Musée  de  Saint- 
Germain,  je  constatai  que  mon  instrument  était  de  même  facture  que 
le  pic-hache,  qui  provient  de  l'Oppidum  du  Puy-d'Issolud  'Uxellodu- 
num  ,  et  qui  est  exposé  dans  la  salle  XIII,  de  la  conquête  des  Gaules, 
par  César.  Cependant  le  pic-hache  du  Musée  de  Saint-Germain  m'a 
paru  moins  robuste  que  celui  que  je  possède  (Fig.  1). 

(1)  Ce  coteau  se  trouve  sur  la  commune  de  Cravent  (Seine-et-Oise). 

(2)  Je  suis    heureux  de  le  remercier  ici  de  son  autorisé   autant  que  bienveillant 

concours. 


682  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Il  restait  à  me  rendre  sur  les  lieux  de  la  trouvaille  pour  bénéficier 
des  enseignements  que  l'on  tire  toujours  d'une  visite  sur  place. 

A  l'examen  de  la  paroi  gauche  de  la  tranchée  d'ouverture  de  la 
carrière,  il  est  facile  de  constater  l'existence  dans  le  cron,  d'une  sorte 
de  poche  de  trois  à  quatre  mètres  de  profondeur,  remplie  par  un 
amoncellement  confus  de  terre,  de  pierre  et  de  cron,  présentant  tous 
les  caractères  d'un  très  ancien  éboulement  Et  l'on  saisit,  comme 
si  c'était  d'hier,  par  suite  de  quel  terrible  accident  s'est  terminée  bru- 
talement l'existence  du  gallo-romain  qui,  son  javelot  maintenu  au 
corps,  était  occupé  à  tirer  à  l'aide  de  son  pic-hache,  soit  du  cron, 
soit  de  la  pierre.  Un  énorme  bloc  de  pierre  qui  fut  trouvé  éboulé 
dans  le  cron,  à  l'entrée  de  la  carrière,  fut  probablement  la  cause  de 
cet  accident  qui  nous  est  révélé  à  près  de  2,000  ans  de  distance, 
par  l'heureux  hasard  qui  a  voulu  que  les  travaux  d'ouverture  de  la 
carrière   fussent  dirigés  vers  cet  endroit. 

Non  loin  de  là,  près  du  lieu  dit  «  le  Buisson  Major  » ,  les  cultiva- 
teurs, en  labourant,  arrachent  avec  le  soc  de  leur  charrue,  du  cron 
qui  a  servi  à  l'empierrement  d'un  chemin  aujourd'hui  disparu  sous 
une  couche  de  terre  arable,  et  qui  est  peut-être  un  tronçon  de  la  voie 
romaine  qui,  descendant  dans  la  vallée  et  remontant  sur  le  plateau 
opposé,  est  encore  visible  au  Plessis-Hébert,  à  Orgeville  et  Cail- 
louet,  et  aboutissait  à  Evreux.  Il  est  permis  de  penser,  sans  pour 
cela  donner  un  cours  trop  libre  aux  fantaisies  de  la  pensée,  que,  pro- 
bablement, le  terrassier  gallo-romain,  victime  de  l'éboulement,  tra- 
vaillait à  extraire  du  cron  ou  de  la  pierre,  destinée  à  l'entretien  ou 
même  à  la  construction  de  la  dite  voie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  cru  intéressant  de  signaler  la  trouvaille  de 
ce  pic-hache,  objet  peu  commun  je  crois,  et  dont  l'exhumation  vient 
apporter  une  contribution  de  plus  à  l'histoire  de  la  civilisation  gallo- 
romaine  en  Normandie. 

En  voici  les  dimensions  :  longueur  0m33;  hauteur  du  tran- 
chant 0m09.  Ces  dimensions  ont  dû  être  sensiblement  plus  fortes  sur 
l'objet  à  l'état  de  neuf,  de  fortes  plaques  de  métal  à  l'état  de  rouille 
s'en  étant  détachées  {Fîg.  1). 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  possède,  dans  ma  collection  person- 
nelle, un  instrument  analogue,  mais  en  forme  de  Pioche,  que  j'ai 
décrit  dans  un  Mémoire  précédent  auquel  je  renvoie,  et  dont  je  me 
borne  à  reproduire  ici  des  figures  (Fig.  2  et  3). 

Cette  Pioche,  comparable  à  celle  de  nos  jours,  mais  toute  petite 
{Piochon  de  fouilleur),  pèse  1.200  gr.  ;  elle  a  subi  une  oxydation 
absolument  complète.  Elle  se  compose,  d'un  côté,  d'une  pioche  vraie 

(1)  M.  Baudouin.  — Découverte,  fouille  et  étude  du  Soulerrain-i e/ûge  du  Moulin- 
neuf,  à  lu   Roche-sur-Yon  (Vendée).  A.F.A.S.,  Paris,  1909.  in-8°,  51  p.,  15  fig. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  683 

(panne)  et  de   l'autre  d'une  sorte  de  pic.  massif,  en  forme  de  pointe 
mousse,  presque  carrée;  elle  a  un  orifice  pour  le  manche  entre  les 


Fig.  2.  —  Dessin  de  la  Pioche  gallo-romaine,  trouvée  à  la  Haute-Thermelière.  —Echelle: 
1/4  grandeur.  —  Légende  :/,  Vue  de  face:  —  //.  Vue  de  profil!—  0,  orifice  d'emman- 
chement; —  O,  A.  B.  pioche:  —  C,  D,  pic  (A  noter  surtout  le  profil  de  l'outil:  il  est 
caractéristique. 

deux  (Fig   3  ;  //).  L'outil,  qui  a  une  longueur  totale  de  0m285,  pré- 
sente les  dimensions  suivantes  : 


LONGUEUR 

LARGEUR 

— »—    — — - 

— 

max.        min. 

180 

65        40 

90 

35        15 

Pioche  (panne) 180  65        40       25        10 

Pic  (pointe) 90  35        15       30        20 

Trou  ponr  le  manche.  15  7  30 

On  remarquera  que  la  pioche  est  très  mince   et  très  large,  tandis 


Fi?.  3. .—  l,  Pioche  en  fer,  trouvée  en  1907  dans  une  tranchée  de  la  Mine  de  Fer  de  la 
Haute-Thermelière,  à  La  Ferrière  Vendéel  [Époque  gallo-romainel.  —  fD'après  une 
Photographie  de  Marcel  Baudouin].  -  Echelle  :  1/  3  Grandeur. 

N-  1.  —  Vue  de  la  facs  postérieure  de  l'outil.  —  A,  orifice  pour  le  manche,  à  ficelle 
passant  par  cet  orifice. 

que  le  pic  est  presque  carré  et  très  massif  (fig.  2  et  3).  On  dirait  un 
piochon  de  Préhistorien  !  C'est,  évidemment,  un  outil  de  mineur 
gallo-romain. 


m 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Ebauches  die  Haches  polies  du 
Fond  de  lu  Vallée  d'Issou  (Seine-et-Oise). 

Par 

GRAFF  (d  Issou,  S.-&-0.), 

Instituleur-primaire. 

Depuis  un  demi-siècle,  l'extraction  de  pierres  de  silex,  pour  l'em- 
pierrement des  routes  et  des  chemins  de  la  région,  s'effectue  en  l'en- 
droit appelé  Le  Fond  de  la  Vallée.  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la 
Société  des  pièces  récemment  découvertes  en  ce  lieu,  dans  cette  belle 
vallée  de  la  Seine,  dont  j'explore  les  rives  depuis  plus  de  trente  ans. 

Le  résultat  de  mes  recherches  forme  une  collection  d'un  millier 
d'objets,   retraçant   la  Préhistoire  dans  l'arrondissement  de  Mantes. 

Les  objets  paléolithiques  et  néolithiques  y  sont  nombreux  ;  mais 
cette  dernière  époque  domine  surtout  par  l'ensemble  des  pièces 
recueillies.  Sauf  quelques  monnaies  gallo-romaines,  les  objets  de 
l'âge  du  bronze  font  presque  totalement  défaut. 

Je  joins  le  croquis  en  coupe  (Fig.  1)  de  la  carrière  du  Fond  de  la 


Fig . 


Coupe  de  la  Carrière  de  Fond  de  la  Vallée.  —  Echelle  :  1/100. 


Vallée,  où  un  ouvrier  a  mis  à  jour  une  ébauche  de  hache  et  une 
hache  polie  trouvées  à  I^IO  de  profondeur;  plus  loin,  le  fragment 
d'une  autre  hache  polie,  relevé  à  0m90  (Fig.  1  ;  n°  1  et  2).  En  cet 
endroit  du  fond  de  la  Vallée,  une  partie  du  terrain,  entraînée  par  les 
eaux,  a  recouvert  par  superposition  et  glissement  la  couche  de  sable 
roux  empâtée  de  moyens  morceaux  de  silex;  et  la  couche  supé- 
rieure végétale  s'est  trouvée  recouvrir,  en  une  mince  surface,  humi- 
tère,  la  partie  de  sable  roux. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  680 

Celle-ci,  à  son  tour,  recouvre  le  dépôt  marin  formé  de  sable  et  de 
gros  morceaux  de  silex  extraits  aujourd'hui  de  ces  alluvions  marins 
tertiaires,  où  gisent  de  nombreux  oursins. 

C'est  au-dessous  de  la  partie  végétale  et  des  cailloux  mélangés  au 
sable  roux,  sur  le  dépôt  marin  même,  que  ces  trois  objets  ont  été 
recueillis. 

Au-dessous  du  dépôt  et  des  sables  lavés,  la  marne  et  le  craon  cal- 
caire se  relèvent  jusque  sous  la  terre  végétale.  Ne  trouvant  plus  alors 
de  silex  à  exploiter,  l'ouvrier  abandonne  la  carrière  pour  recher. 
cher  un  nouvel  emplacement. 

Voici  les  dimensions  des  objets  que  M.  Carpentier,  carrier,  a  bien 
voulu  m'offrir  pour  ma  collection,  objets  d'autant  plus  rares  en  cet 
endroit  que,  depuis  treize  ans  que  j'explorais  le  Fond  de  la  Vallée,  je 
n'avais  trouvé  qu'une  hachette  polie,  roulée  par  les  eaux;  ce  qui  ne 
procurait  pas  de  donnée  suffisamment  exacte  pour  établir  l'antiquité 
du  Néolithique  en  ce  lieu. 

1°  Ebauche  en  silex  marin  gris  clair  :  longueur  0n,245;  largeur 
0m10,  au  centre;  largeur  0m07  au  tranchant  et  0m06  à  l'extrémité 
opposée:  poids  1  k.  120  gr. 

2°  Hache  polie,  en  silex  marin  gris  foncé  :  longueur  C'ilô;  lar- 
geur 0m055  au  tranchant  ;  largeur  0œ03  à  l'autre  extrémité  :  poids 
0  k.  230  gr. 

3°  Fragment  de  hache  polie,  silex  marin  gris  clair  :  longueur 
0m175sans  tranchant;  largeur  0m06  à  la  base  ;  largeur  0m03  à  l'ex- 
trémité opposée  :  poids  du  fragment  0  k.  460  gr. 

4°  Hachette  polie  roulée  par  les  eaux  trouvée  dans  le  dépôt  marin  : 
longueur  0m10  ;  largeur  0m05  au  tranchant  ;  largeur  0m035  à  l'autre 
extrémité  :  poids  0  k.  180  gr. 


Les  «  Alignements  de  pierres  »    (atone  ï*o-*vs) 

de  Dartmoor,  Devonshire  (Angleterre). 


A.  L.  LEWIS    Angleterre). 

La  découverte  récente  d'un  «  Alignement  de  pierres  »  à  Cuisy  en- 
Almont  m'a  donné  l'idée  de  présenter,  à  la  Société  Préhistorique  fran- 
çaise, quelques  renseignements  sur  des  monuments  similaires  en 
Angleterre.  Il  y  a  plusieurs  «  Stone  rows  »,ou  Alignements  de  pierres, 
sur  Dartmoor,  en  Devonshire  ;  mais,  ailleurs,  il  y  en  a  très  peu  en 
Angleterre.  Feu  M.  R.  N.  Worth  de  Plymouth)  a  publié  une  liste  de 
36  pour  celles  de  Dartmoor   1,;  et  d'autres  ont  été  découverts,  dont 

(1)  Transactions  of  the  Devonshire  Association  for  the  Advancement  of  Science, 
etc.,  1892-1894. 


686  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUEfFRANÇAISE 

je  n'ai  pas  de  détails.  De  ces  36  alignements,  18  sont  formés  d'une 
ligne  seulement  ;  14  de  deux  lignes  (comme  celle  de  Cuisy)  ;  2  de  3 
lignes  ;  1  de  4  lignes  ;  et  1  de  7  lignes. 

Leur  orientation  est  :  N.-S.,  9;  E.-W.  (ouest),  7  ;  N.-E.  S.-W  (ou 
à  peu  près),  10  ;  N.-W.  S.-E.  (ou  à  peu  près),  7;  N.-N.-E-S.-S.-W., 
2;  ?1.  Total  36. 

Je  crois  que  ces  orientations  ne  sont  pas  très  exactes.  Les  Aligne- 
ments diffèrent  beaucoup  dans  la  longueur  ;  il  y  en  a  un  qui  a  trois 
kilomètres;  et  quelques  autres  qui  n'ont  qu'une  centaine  de  mètres  de 
longueur.  La  plupart  des  pierres  de  ces  alignements  sont  petites, 
leurs  dimensions  étant  inférieures  à  un  mètre  ;  mais  il  y  en  a  quel- 
ques-unes, qui  atteignent  jusqu'à  deux  mètres  de  hauteur  !  Très  sou- 
vent, il  y  a  un  cercle  de  pierres  ou  un  menhir  à  une  extrémité,  et 
un  tumulus  à  l'autre  extrémité  d'une  rangée  de  pierres  ;  la  fin  des 
rangées  doubles  est  souvent  fermée  par  le  plus  large  côté  d'une 
seule  pierre.  Certainement,  les  Stone  rows  de  Dartmoor  ne  sont 
pas  les  restes  d'avenues,  de  murs,  de  chemins,  ni  d'enceintes.  Mais 
le  brouillard  est  très  commun  et  très  soudain  sur  Dartmoor,  et  ,dans 
le  brouillard  les  Stone  rows  sont  bien  utiles,  pour  aider  les  habi- 
tants à  retrouver  leurs  chemins  !  Sir  Norman  Lockyer  trouve  pour 
elles  un  emploi  astronomique  (1).  Il  y  a  toute  raison  de  les  attribuera 
l'âge  néolithique. 

J'envoie,  pour  la  Bibliothèque  de  la  Société,  les  plans  d'un  aligne- 
ment unique  à  Stallmoor,  et  de  deux  alignements  doubles  à  Mérivale 
(tous  deux  sur  Dartmoor].  Ces  plans  sont  l'ouvrage  de  M.  Hansford 
Worth  (de  Plymouth),  le  fils  de  feu  M.  R.  N.  Worth,  et  qui  est  lui- 
même  un  ingénieur  distingué  et  un  archéologue. 

En  égard  aux  lettres  que  j'ai  marquées  en  bleu  sur  le  plan  de 
Mérivale,  j'ai  trouvé  que  la  distance  de  A  à  C  est  la  même  que  celle 
de  C  à  B,  que  la  distance  de  A  à  B  est  la  même  que  celle  de  D  à  E, 
et  qu'elle  est  la  moitié  de  celle  de  D  à  F  ;  que  la  distance  de  D  à  F 
égale  un  quart  de  la  longueur  de  l'alignement  le  plus  long  (F-B.)  (2). 

D'autres  alignements  de  pierres  existent  dans  la  Grande-Bretagne 
(en  ne  comptant  pas  les  avenues  des  cercles)  ;  nous  citerons  ceux  de 
Shap  en  Westmoreland  (3),  d'Ashdown  Park,  en  Berkshire  (4),  et,  en 

(1)  Stonehenge  and  other  British  Stone  Monuments,  aslronomically  considered  ; 
par  Sir  Norman  Lockyer.  —  K.  C.  B.,  1909. 

(2)  Ancient  Measures  in  Prehistoric  Monuments. — Journal  of Anthropologie  al  Insti- 
ule,  nov.  189/. 

(3)  Past  and  Présent  condition  of  certain  rude  Stone  monuments  in  Westmoreland. 
—  Journal  of  Anthropologie  al  Inslitule,  1885. 

(4)  Certain  Druidic  Monuments  in  Berkshire.—  Transactions  of  international  Con- 
crets of  Prehistoric  Archeology,  1868. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  687 

connexion  avec  quelques  cairns,  en  Caithness;  mais  aucunes  de 
ceux-ci  ne  ressemblent  vraiment  aux  Stone  roivs  de  Dartmoor,  ni 
à  l'alignement  de  Cuisy-en-Almont. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  crois  que  les  Alignements  de 
Dartmoor  sont  très  différents  de  ceux  découverts  par  M.  Vauvillé. 

Ils  ont  certains  caractères  des  grands  alignements  bretons,  dont  le 
type  est  à  Carnac,  puisque  il  y  en  a  un  de  sept  lignes;  2  de  trois 
lignes;  un  de  quatre  lignes;  puisque  11  de  ces  deux  alignements 
sont  orientés  N.-E.  S.-O.,  c'est-à-dire  comme  ceux  de  Bretagne;  et 
puis  que  7  sont  Est-Ouest,  et  9  sont  Nord-Sud,  etc. 

Dans  un  mémoire,  qui  est  depuis  longtemps  rédigé,  mais  inédit, 
sur  les  grands  Alignements  détruits  d'Avrillé  Vendée),  j'ai  montré 
comment,  grâce  à  l'étude  approfondie  des  Fichades  qui  subsistent 
encore  j'appelle  Fichades  les  menhirs  spéciaux  d'alignement),  on 
peut  reconstituer  ces  énormes  Monuments,  indéchiffrables  aujour- 
d'hui comme  jadis. 

Or,  je  suis  convaincu  que,  si  l'on  faisait  à  Dartmoor  le  travail  que 
j'ai  effectué  à  Avrillé,  on  arriverait  à  retrouver  là  des  Monuments, 
plus  ou  moins  comparables  à  ceux  de  Carnac,  d'autant  plus  que 
If.  A.  L.  Lewis  parle  de  «  Cercles  de  pierres  »  Cromlechs),  comme 
à  Carnac,  et  que  Sir  Norman  Lockyer  semble  avoir  la  même  idée 
que  moi.  —  Mais,  pour  cela,  il  faudrait  des  descriptions,  très  précises 
et  très  méticuleuses,  qui  manquent  jusqu'à  présent. 


688  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FIUNÇAISE 

Hache  polie 
avec  gravures  sur  les  deux  faces. 

PAR 

Louis  GIRAUX  (Saint-Mandé,  S.). 

La  pièce  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  est  une  hache  polie, 
en  diorite,  mesurant  0m082  de  longueur  et  dont  la  plus  grande  largeur 
est  de  0m040;  son  poids  est  de  126  grammes;  le  tranchant  de  cette 
hache  est  légèrement  oblique .  L'intérêt  de  cette  pièce  est  que,  sur 
ses  deux  faces,  elle  présente  des  gravures  :  c'est  cette  particularité 
qui  motive  la  présentation  que  je  vous  en  fait.  (Planche  I). 

Cette  pièce  a  été  découverte  dans  le  courant  du  mois  de  juillet  1911, 
dans  la  maçonnerie  du  vieux  château  du  Laz,  en  Carnac  (Morbihan), 
qui  fut  construit  en  1621  et  qui  est  en  ruines;  c'est  en  démolissant  un 
de  ses  murs  que  cette  intéressante  pièce  a  été  trouvée .  Cette  hache 
est  la  propriété  de  notre  excellent  collègue,  M.  Zacharie  Le  Rouzic, 
Conservateur  du  Musée  Miln,  à  Carnac,  qui  a  eu  la  grande  obli- 
geance de  me  la  confier,  afin  de  vous  la  soumettre. 

Les  gravures  qui  se  trouvent  sur  les  deux  faces  de  cette  hache  sont 
les  suivantes  :  sur  l'une  des  faces,  il  y  a  deux  traits  représentant  une 
croix  ;  celui  formant  la  grande  branche  est  exactement  au  milieu  et 
dans  l'axe  longitudinal  de  la  hache;  il  commence  au  talon  et  sa  lon- 
gueur est  de  0m035;  le  second  trait  est  absolument  perpendiculaire 
au  premier,  et  il  est  placé  àOm015  du  talon  de  la  hache;  sa  longueur 
est  de  0m020,  soit  0m010  de  chaque  côté  du  trait  vertical .  La  position 
de  ces  deux  traits  forme  donc  une  croix  très  régulière. 

L'autre  face  de  la  hache  nous  présente  des  gravures  plus  compli- 
quées :  une  double  croix,  à  l'extrémité  de  laquelle  se  trouve  un  trian- 
gle. Un  long  trait,  comme  sur  l'autre  face,  est  exactement  au  milieu 
et  dans  l'axe  longitudinal  de  la  pièce;  il  commence  également  au 
talon  et  sa  longueur  est  de  0m056  ;  il  est  coupé  par  deux  autres  traits 
qui  lui  sont  absolument  perpendiculaires  ;  le  premier  est  à  0m010  du 
talon  et  sa  longueur  est  de  O^OM  ;  le  second  est  à  0m030  au  dessous 
du  premier  et  il  a  une  longueur  de  0m028,  c'est-à-dire  exactement  le 
double  (cette  dimension  double  est  à  remarquer  et  elle  est  assuré- 
ment voulue).  A  l'extrémité  de  cette  double  croix  et  reposant  exacte- 
ment sur  le  grand  trait,  se  trouve  la  gravure  représentant  un  triangle 
équilatéral;  la  base  du  triangle  n'est  pas  perpendiculaire  à  ce  trait, 
elle  lui  est  oblique  et  forme  avec  lui  un  angle  de  45  degrés.  Ce  trait 
a  une  longueur  de  0m020  et  les  deux  autres  formant  les  côtes  ont 
0m016  de  longueur.  Ces  traits  se  croisent  et  forment  un  triangle  équi- 
latéral dont  chacun  des  côtés  a  une  longueur  de  0m013.  Un  autre 
trait  part  du  sommet  du  triangle,  en  s'écartant  de  l'un   des  côtés;  on 


SOCIÉTÉ     PRÉHISTORIQUE     FRANÇAISE 


HACHE    POLIE    EN    DIORITE 
AVEC    GRAVURES    SUR    LES    DEUX    FACES 

(Grandeur  naturelle). 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  68J 

peut  croire  que  ce  trait  n'ayant  pas  été  fait  exactement  à  la  place 
qu'il  devait  occuper,  l'ouvrier  en  a  exécuté  un  second  de  façon  à 
obtenir  un  tracé,  donnant  exactement  la  même  longueur  aux  trois 
côtés  du  triangle.  Dans  l'intérieur  du  triangle,  on  remarque  sept 
traits,  à  peu  près  parallèles  à  la  base,  qui,  sauf  un  seul,  sont  moins 
profonds  que  tous  les  autres  existant  sur  la  hache.  La  profondeur  et 
la  largeur  de  ces  traits  sont  égales  et  régulières  ;  ils  sont  environ 
d'un  millimètre. 

Leur  régularité  et  leur  faciès  nous  permettent  de  dire  qu'ils  ont  été 
faits  au  moyen  d'un  objet  en  métal.  En  faisant  une  coupe  de  ces 
traits,  on  constaterait  qu'ils  sont  à  angles  droits  (, ,!,  et  on  n'obtien- 
drait pas  cela  au  moyen  d'un  objet  en  pierre,  qui  donnerait  au  con- 
traire une  coupe  en  forme  de  V).  Cette  constatation  prouve,  d'une 
façon  absolue,  que  ces  gravures  ont  été  faites  postérieurement,  à  la 
fabrication  de  la  hache  polie,  à  l'âge  des  métaux  au  moins.  Il  est 
même  bien  probable  qu'elles  ont  été  faites  au  moment  où  la  hache 
aura  été  placée  dans  la  muraille  du  Château,  c'est-à-dire  lors  de  sa 
construction   Planche  I). 

Nous  arrivons  maintenant  à  examiner  pour  quels  motifs  cette  hache 
a  été  placée  dans  ce  mur  et  à  rechercher  ce  que  peuvent  signifier  ces 
gravures. 

Les  haches  polies,  appelées  un  peu  partout  Pierres  de  Tonnerre, 
sont  souvent  placées  dans  un  mur,  lors  de  la  construction  des  mai- 
sons et  cela  comme  talisman,  afin  de  les  préserver  contre  la  foudre. 
Nous  en  connaissons  de  nombreux  exemples  apportés  par  nos  col- 
lègues et  nos  Bulletins  contiennent  d'intéressantes  discussions  à  ce 
sujet.  M.  Z.  Le  Rouzic  me  signale  également  qu'il  existe,  au  Musée 
Miln,  à  Carnac,  plusieurs  haches  polies,  qui  ont  été  trouvées  dans  les 
murailles  de  vieilles  maisons;  mais  ces  haches  ne  portent  pas  de 
gravures  comme  celle  qui  nous  occupe  en  ce  moment. 

Quelle  signification  pouvons-nous  donner  à  ces  gravures?  Devons- 
nous  voir,  dans  ces  deux  représentations  de  croix,  une  idée  de  culte; 
ou  bien  devons-nous  croire  que  ces  représentations  de  croix  et  de 
triangle  nous  indiquent  des  signes  cabalistiques  ;  ou  bien  encore 
devons-nous  supposer  que  ces  gravures,  tout  comme  les  dessins  sur 
maisons  signalés  en  Vendée  par  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin,  sont 
destinés  à  les  protéger  contre  les  mauvais  génies  et  contre  le  diable. 
Il  est  probable  que  c'est  dans  cet  ordre  d'idées  que  cette  hache  gra- 
vée a  été  fabriquée  ;  et,  en  la  plaçant  dans  l'une  des  murailles  du 
Château  du  Laz,  elle  devait  le  protéger  à  la  fois  et  contre  la  foudre 
et  contre  les  mauvais  génies. 

A  la  séance  du  22  décembre  1910,  notre  secrétaire,  M.  P.  de 
Givenchy,  a  présenté  une  hache  en  serpentine  magnétique,  portant 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  44 


690  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

une  gravure  en  forme  de  triangle  ;  cette  pièce  est  à  rapprocher  de 
celle  que  je  vous  présente;  mais  son  absence  d'indications  relatives 
à  la  provenance  et  aux  conditions  de  la  trouvaille  n'a  pas  permis  à 
notre  collègue  d'en  tirer  des  déductions  aussi  certaines. 

A  propos  des  vertus  attribuées  comme  talisman  aux  haches  polies, 
M.  Z.  Le  Rouzic  m'a  indiqué  les  suivantes,  qu'il  me  paraît  intéres- 
sant de  vous  signaler.  Il  possède  une  hache  polie  qui  a  servi  pen- 
dant longtemps  à  guérir  les  jeunes  vaches  de  la  fièvre  vitulaire  {Er- 
felon,  en  breton;.  Il  suffisait,  pour  les  guérir,  de  faire  chauffer  la 
hache  et  d  en  frictionner  le  pis  et  les  trayons    des  vaches   malades. 

Notre  collègue  possède  également  une  autre  hache  que  l'on  mettait 
dans  l'eau  en  ébullition;  cette  eau,  donnée  ensuite  aux  vaches,  ser- 
vait à  faire  revenir  la  crème  à  celles  qui  l'avaient  perdue;  les  culti- 
vateurs bretons  sont  convaincus  que,  par  des  sortilèges,  on  peut  en- 
lever la  crème  aux  vaches  et  s'en  emparer. 

M.  Z.  Le  Rouzic  connaît  également  une  autre  hache  polie,  en 
jadéïte,  qui  est  placée  dans  le  charnier  d'un  cultivateur  de  sa  région; 
et  cette  hache  a  la  propriété  d'empêcher  le  lard  de  tourner. 

Ce  sont  là  quelques  vertus  des  haches  polies,  qui  sont  assurément 
beaucoup  moins  connues  que  celle  de  préserver  les  maisons  contre 
la  foudre  et  dont  il  m'a  semblé  utile  de  nous  entretenir. 

Je  terminerai  cette  présentation  en  me  faisant  un  agréable  devoir 
de  remercier  M.  Zacharie  Le  Rouzic  d'avoir  bien  voulu  me  confier 
cet  objet,  afin  de  pouvoir  vous  le  soumettre  et  en  le  télicitant  d'avoir 
pu  recueillir  et  conserver  une  pièce  aussi  intéressante  et  aussi 
curieuse  que  cette  hache  polie. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Il  existe,  au  Musée  archéologique  de 
Nantes  (Musée  Dobrée;  n°  115  du  Catalogue),  une  Hache  polie,  qui 
a  une  certaine  analogie  avec  celle  décrite  ci-dessus  par  M.  L.  Gi- 
raux.  Elle  est  indiquée  comme  originaire  de  Saint-Martin-des- 
Noyers  { Vendée] .  Elle  est  très  belle.  Elle  présente,  à  cheval  sur  le 
talon,  une  encoche  verticale,  qui  y  a  été  sculptée,  longue  de  quelques 
centimètres  seulement.  Au-dessous,  à  environ  un  centimètre  se  voit 
un  trait  horizontal,  gravé  en  filet.  Cela  représente,  en  somme,  le  haut 
seulement  de  la  pièce  de  M.  Giraux. 

Le  Catalogue  (1;  porte  :  «  N°  115.  Hache  à  bouton.  Diorite.  Lon- 
gueur :  0m205.  Saint-Martin^des-Noyers  »  (21. 

Elle  passe,  en  Vendée,  pour  avoir  servi  de  poids  dans  une  grande 
horloge,  verticale  !  Mais  je  ne   puis  pas  affirmer  que  les  traits  aient 

(1)  P.  de  I'Isle  du  Dreneug.  —  Cat.  du  Musée  Arch.  de  Nantes.  —  Nantes, 
1903,  in-8%  3e  Edit.  [Voir  p.  4,  n<>  115]. 

(2)  On  remarquera  que  la  Hache  en  question  est  énorme,  par  rapport  à  celle  de 
M.  L.  Giraux...,  Elle  est  quatre  fois  plus  longue,  et  par  suite  bien  plus  lourde. 


•¥' 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  691 

bien  été  gravés  dans  le  but  de  fixer  plus  solidement  les  ficelles  qui 
devaient  l'encadrer  pour  la  suspendre.  La  pièce  de  M.  L.  Giraux 
permet  d'avoir  des  doutes  sur  cette  interprétation,  qui  n'a  peut- 
être  été  imaginée  qu'après  coup,  à  la  constatation  des  sculptures  ! 
Pourtant  la  grande  longueur  (0m20),  le  volume  et  le  poids  plaident  en 
faveur  de  l'usage  possible  comme  organe  d'horloge.  J'ai  vu,  en  Ven- 
dée, dans  des  horloges,  des  haches  servant  de  poids. 

Dans  l'un  de  mes  travaux  antérieurs  (1),  j'ai  montré  le  rôle  joué 
par  le  Triangle  dans  le  Folklore  vendéen,  en  particulier  par  le  Triangle 
peint  à  la  chaux  sur  les  Maisons,  comme  protecteur  contre  le  mau- 
vais sort  et  les  mauvais  génies . 

J'ai  montré  qu'il  y  avait 
des  Triangles,  supportant 
nombre  de  croix  :  triangles 
qu'on  a  pris  à  tort  pour 
des  bases  de  calvaire.  J'ai 
pu  le  prouver,  en  citant  des 
Triangles  isocèles,  dépour- 
vus de  croix,  et  bien  isolés 
au-dessus  des  portes  de  mai- 
son [Cas  de  Vairé,  par  exem- 
ple :B.  S.  P.  F.,  ft°  XI,  Fig.  2, 
p.  174,  1911]. 

Aujourd'hui,  je  puis  citer 
un  fait  plus  démonstratif 
encore,  que  j'ai  observé,  en 
1911,  au  Plessis  -  André, 
ferme  de  la  commune  de 
Saint  -  André  -  sur  -  Sèvre 
(D.-S.),  à  la  limite  occi- 
dentale de  la  Vendée.  J'ai  vu,  à  gauche  de  la  porte  principale,  expo- 
sée à  YEst,  face  à  la  route  de  Saint-Mesmin  à  Menomblet,  une  belle 
Croix,  à  base  en  Triangle  plein  [Fig.  1;  B,  C1  ;  et,  bien  isolé,  au-des- 
sus de  cette  Croix,  un  splendide  Triangle  isocèle  T  ),  non  plein, 
peint  avec  une  intensité  de  couleur  (Eau  de  Chaux)  et  une  recti- 
tude de  lignes  inusitées  ;  L'artiste  décorateur  a  ainsi  voulu,  sans  doute, 
montrer  que  le  Triangle  avait  ici  un  rôle  supérieur  à  la  Croix]. 
Au-dessus  et  à  droite  de  cette  porte  (P.)  se  trouvaient  deux  autres 
Croix,  très  petites,  sans  aucun  triangle  à  la  base  [Fig.  1;  C2  et  C3). 

Dans  ce  cas,  le  Triangle,  isolé  T.),  était,  en  réalité,  plus  grand  que 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  La  Croie  Blanche  des  Fermes  du  Bocage  Vendéen 
[Christianisation  d'un  Culte  préhistorique],  —  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anthrop.  de 
Paris,  1908,  6  février,  faac.  1,  p.  Ï1-",  5  Fig.  —  Tiré  à  part,  1008,  in-8°,  36  p., 
5  Fig. 


//     \\   L 

3 

/T   Yr 

» 

1 

*n 

S3 

f 

!_,- 

—  r- 

À- 

7 

-r1 

—  J 

ig.  2.  —  Dessins  exécutés,  à  l'eau  de  chaux,  autour 
d'une  Porte  de  Ferme,  au  Plessis-André  (Saint- 
André-sur-Sèvre,  Deux-Sèvresl.  —  Légende  :  P, 
Porte  principale  ;  —  C,  grande  Croix,  supportée 
par  un  triangle  plein  (B)  ;  —  T,  grand  Triangle  ; 
—  C*,  C3,  peUts  Croix. 


692  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

la  grande  Croix  en  totalité;  ses  traits  étaient  plus  épais  que  ceux  de 
la  croix.  Il  la  dominait  manifestement  (1)  !  —  On  dit,  en  Vendée,  que 
le  Triangle  équilatéral  représente  la  Trinité  [2)  ;  mais,  dans  ce  cas  le 
triangle  est  nettement  isocèle.  Il  n'est  donc  pas  Chrétien  ici;  et  ce  ne 
serait  dès  lors  qu'une  persistance  de  Tradition  préchrétienne. 

M.  Martial  Imbert  présente  des  observations  sur  la  signification 
du  triangle  gravé  sur  la  hache.  Pour  lui,  ce  signe  et  la  ligne  barrée 
en  double  croix  se  rapportent  aux  marques  dites  de  tacherons,  qui,  au 
xivc  et  xve  siècles,  étaient  employées  par  les  maçons  constructeurs 
de  monuments  importants.  Le  maçon,  qui  a  mis  cette  hache  dans  le 
mur,  a  pu  désirer  la  signer  de  sa  marque. 


Débris  de  Hache  polie  à  gravures  modernes 
sur  les  Taces  et  les  bords. 

Par  le  D' 

Marcel  BAUDOUIN  (de  Paris). 

Mon  collaborateur  et  ami,  M.  Crochet  (de  Saint-Gilles-sur-Vie), 
ancien  instituteur  à  Saint-Martin-de-Brem  (Vendée),  possède,  dans 
sa  belle  collection  locale,  un  débris  de  hache  polie,  correspondant 
au  talon,  qui,  sur  ses  faces  et  ses  bords,  présente  des  traits  gra- 
vés, évidemment  modernes,  puisque  ces  traits  ne  sont  pas  patines 
de  la  même  façon  que  la  surface  polie  de  l'objet,  quoique  cependant 
ils  soient  un  peu  ternis  par  le  temps. 

Ce  fragment,  de  forme  pyramidale,  a 
été  trouvé  sur  le  sol,  à  la  Nizandière,  en 
Saint-Martin-de-Brem,  en  1911.  Il  pèse 
125  grammes  et  est  en  diorite.  Sa  plus 
grande  longueur,  qui  va  du  talon  à  la  par- 
tie moyenne,  est  de  0m075;  sa  largeur 
maximum  de  0m045  ;  l'épaisseur  de  0ID025. 
La  hache  entière  devait  avoir  environ 
0U112  à  0m13  de  longueur,  au  maximum.  — 
La  cassure  est  en  V,  à  sommet  inférieur,  et 
non  perpendiculaire  à  l'axe  (Fig.  1). 

Au  niveau  de  ce  reste  de  talon,  il  y  a  des 
gravures  sur  les  deux  faces  et  les  deux 
bords.  —  C'est  la  première  fois  que  je  vois 
chose  pareille. 

1°  Sur  la  face,  que  j'appellerai  droite  (F. 
A.),  on  voit  un  trait  vertical  (Fig.  l;a,b,f,), 
allant   du  talon  à  la  cassure;  à   0m050  du 
talon,    existe  un  autre  trait,  presque  hori- 
zontal, qui  fait  d'ailleurs  tout  le  tour  de  l'objet  (r,  b,s,),  mais   est 

(1)  La  Figure  1  ne  traduit  pas  cette  impressionna  Croix  G»  y  est  trop  haute). 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Bull.  Soc.  Préhist.  Franc . ,  1911,  p.  174. 


7ig.  1.—  Fragment  de  Hache 
polie  à  Gravures.  —  Côté 
du  talon  (T.  A.).  Face  droite 
(F  A.).  -  Echelle  :  1/2  gran- 
deur. —  Légende  :  c,  Cu- 
pulettes;  —  a,  b,  f,  trait 
vertical;  —  r,  b,  f,  trait 
horizontal;  —  z,  z\  bords 
de  la  hache  prolongés;  — 
KAK',  Cassure;— cr,  traits 
fins,  allant  manifestement 
à  la  ligne  de  fracture. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  693 

interrompu  au  niveau  des  deux  bords  (Fig.  3  et  4;  m  etn)  et  croise 
le  premier  à  angle  droit.  Du  point  de  croisement  b,  part,  de 
chaque  côté,  à  45°,  une  sorte  de  rameau  d'arbre,  parfois  dédoublé,  à 
ramuscules  réguliers;  plus  haut,  de  centimètre  en  centimètre  ou  à 
peu  près,  montent  des  rameaux  plus  courts.  A  noter,  quatre  petites 
cupulettes  (c)  sur  cette  face. 

2°  Sur  la  tace  dite  gauche  Fig.  2;  F.P.,  mêmes  traits,  vertical  rejoi- 
gnant le  premier  au  talon  (o,  d,  e,),  et  horizontal  [d,  r,  s,).  Il  part  aussi 
du  point  de  croisement  d,  deux  rameaux  doubles,  à45°  ;  mais,  d'un  côté, 
l'un  n'a  des  ramuscules  que  d'un  côté.  A  noter,  d'autre  part,  les  lignes 
obliques  et  les  lignes  anastomotiques  parallèles  aux  deux  grands  ra- 
meaux Fig.  2  .  On  compte  neuf  cupulettes  c),  distribuées  au  hasard 
sur  cette  face.  >, 

3°  Le  bord  supérieur  et  le  bord  inférieur  diffèrent  peu  d'aspect  [Fig.  3 
et  4).  Et,  sur  tous  les  deux,  on  retrouve  un  trait  vertical,  continu 
(o,  l;o\  F)  d'où  partent  des  ramuscules  ascendants  ;  à  noter  deux 
traits  anastomotiques  sur  chaque  bord  et  l'ahsence  de  cupulettes; 


Fig   i.  Fig.  4. 

Fig.  2.  —  Même  Hache.   —  Face  gauche  iF.  P  ).  —  Echelle  :  :,i  grandeur.  —  Légende  : 

La  même  que  Hg.  1  ;  —  f,  b.  r,  trait  horizontal  :  —  K  K'  B,  Cassure. 

Yig.  3.—  Même  Hache.  —  Bord  supérieur  VS.).  —   Echelle  :  i/2  grandeur.   —Légende  : 

o,  J,  trait  vertical;  —  /,  H»,  trait  horizontal.  —  Tps,  sommet  de  la  cassure  :  —  K  K',  partie 

inférieure  de  la  Cassure. 

Fig.  4.  —  Même  Hache.  —  Bord  inférieur  (I.).  —  Légende  :  T  a  i,  sommet  de  la  Cassure.  — 

Echelle  :  1/2  grandeur. 


Ces  gravures  ressemblent  assez  aux  nervures  d'une  feuille,  qu'on 
aurait,  pour  ainsi  dire,  décalquée  sur  la  hache  !  Mais,  en  vérité,  il 
s'agit  d'une  figure  presque  géométrique,  évidemment  d'ordre  pure- 
ment décoratif,  exécutée  sans  idée  préconçue  au  point  de  vue  Fol- 
klore ou  Culte. 

Les  traits  sont  très  fins,  très  peu  larges,  et  ordinairement  simples  ; 
ils  paraissent  avoir  été  faits  avec  une  pointe  enfer  (couteau moderne, 


694 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


par  exemple).  —  Il  y  a  quelques  rayures  doubles,  peu  prolondes  aussi, 
et  très  fines  (Fig.  3  et  4).  La  finesse  des  traits  est  telle  qu'il  a  été  im- 
possible de  les  mouler,  même  à  la  plasticine... 

Quant  aux  Cupulettes,  elles  ne  sont  pas  spontanées,  par  altération 
de  la  roche  ;  elles  sont  dues  aussi  à  l'homme  ! 

La  cassure,  quoique  patinée,  de  cette  hache  est  évidemment  posté- 
rieure à  la  gravure.  On  le  voit  très  bien,  en  examinant  la  façon  dont 
se  termine  les  traits  gravés  sur  les  bords  de  la  fracture  en  V.  Cela 
est  surtout  très  net  aux  points  A,  B,  et  cr  (Fig.  1  et  2). 


Outil  servant  à  piquer  les   Meule»    néolithique*. 

PAR    LE 

D    JULLIEN  (Joyeuse,  Ardèche). 

J'ai  trouvé,  en  place,  dans  la  berge  entamée  par  le  Chassezac,  sur 
le  territoire  de  la  commune  de  Grospierres,  dans  un  niveau  néolithi- 


Fig.  I.  —  Outil  servant  à  piquer  les  Meules  néolithiques.  —  Vue  de  deux  Faces. 


que  non  remanié,  et  voisinant  avec  une  meule  fixe  en  grès  fin,  l'ou- 
t il  suivant  (Fig.  1). 

Cet  outil  a  été  obtenu  d'abord  par  section  nette,  et  à  peu  près  mé- 
diane, d'un  galet  ovale  en  roche  très  dure.  Il  en  est  résulté  un  bloc, 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  695 

long  de  0m090,  large  de  0ni030.  présentant  trois  faces  et  deux  extrémi- 
tés, du  poids  de  190  grammes.  Les  extrémités  présentent  les  traces 
d'un  travail  intentionnel  des  plus  intéressant. 

1°  Extrémité  A  :  Détachement  de  trois  éclats  nets,  deux  sur  les 
faces,  un  médian  sur  un  bord.  L'extrémité  est  ainsi  transformée  en 
une  pyramide  à  quatre  faces,  dont  le  sommet  forme  un  biseau  légère* 
ment  convexe. 

2°  Extrémité  B  :  Elle  est  fortement  applatie  par  des  traces  de 
martelage. 

L'instrument  représente  ainsi  un  gros  Ciseau-burix. 

Son  usage  est  révélé  par  le  voisinage  de  la  meule.  Il  servait,  à 
mon  avis,  à  l'opération  qui  porte  le  nom  de  Piquage,  et  dont  le  but 


■F'g'  2.  —  Décalque  des  grains  en  relief  d'une  Meule  néolithique. 


est  d'aviver  la  surface  triturante  de  la  meule  qui  tend  de  plus  en 
plus  à  se  polir  par  l'usage,  et  à  devenir  impropre  à  sa  fonction  de 
triturationd  es  grains. 

J'ai  tenté,  par  1  étude  de  la  surface  triturante,  de  connaître  quelque 
chose  de  la  technique  du  piquage.  J'ai  obtenu,  par  imprégnation  à 
l'encre  de  Chine,  un  décalque  des  grains  en  relief  (Fig.  2);  il  semble 
que  ceux-ci  aient  une  orientation  assez  régulière,  dans  le  sens  de  la 
flèche.  Le  burin  traçait  donc  des  stries  parallèles  sur  la  meule  ;  et 
le  broyage  obtenu  par  un  mouvement  de  va  et  vient  était  le  plus 
efficace. 


696 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Hache  Néolithique  à  manche  en  silex. 

Casse-tête   Néolithique   troué    en    silex. 

Pendeloque  Paléolithique  en  silex. 

PAR  LE 

D'  Th.  BAUDON  (de  Paris). 

Parmi  les  objets  que  j'ai  cru  devoir  soumettre  à  vos  observations, 
il  en  est  un,  qui  est  de  la  plus  grande  rareté. 

C'est  la  première  fois  qu'il  m'est  tombé  sous  les  yeux  et  la  plupart 
des  chercheurs,  de  ceux  qui  arpentent  les  terres  pour  rencontrer  les 
divers  spécimens  de  l'outillage  de  la  Pierre  auxquels  je  l'ai  montré, 
n'en  ont  jamais  vu  de  semblables- 


Fig.  1  et  2.  —  Hache  taillée,  à  manche  en  silex.  — Vue  des  deux  faces. 


Il  s'agit,  comme  vous  le  voyez,  d'une  hache,  avec  manche  en  silex 
{Fig.  1  et  2).  L'ancêtre  qui  l'a  fabriquée  n'a  dû  en  concevoir  la 
forme  que  parce  que  le  silex  dont  il  s'est  servi  avait,  par  un  écla- 
tement naturel,  revêtu  un  peu  l'aspect  que  nous  lui  voyons. 

Il  semble  qu'ils  ont  voulu  copier  le  modèle  connu  de  la  hache 
emmanchée  dans  un  bois  de  cerf. 

Ce  curieux  instrument  provient  de  Neuilly-en-Thelle,  du  lieu  dit 
le  Bois  des  Cauches,  qui  a  déjà  fourni  de  nombreux  spécimens  de 
l'Industrie  néolithique. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  697 

La  Hache  proprement  dite  présente  deux  faces,  produites  par  des 
retouches  nettement  accusées.  Son  bord,  un  peu  épais,  n'a  jamais  été 
très  tranchant.  L'arme,  plutôt  contondante,  pouvait  également  servir 
de  casse-tète.  Sa  forme  est  circulaire  et  bien  dessinée. 

La  hache  ne  fait  qu'un  avec  le  manche  qui  lui  est  perpendiculaire. 
Ce  manche,  dont  la  largeur  diminue  de  la  base  à  l'extrémité  infé- 
rieure, présente  deux  faces  assez  planes  et  deux  bords  rectilignes 
légèrement  obliques  de  haut  en  bas. 

La  partie  supérieure  du  bord  gauche  forme  un  angle  droit  avec  le 
bord  inférieur  du  tranchant  de  la  hache;  la  partie  supérieure  du 
bord  droit  devient  de  plus  en  plus  épaisse  et  constitue  une  espèce  de 
marteau  opposé  au  tranchant. 

L'instrument  présente  les  dimensions  suivantes  : 

Longueur  de  la  hache  prise  de  son  bord  tranchant  à  L'extrémité 
du  marteau  qui  lui  est  opposé,  Omll.  Longueur  du  manche,  0m175. 
Largeur  du  manche  à  la  base,  à  l'endroit  où  il  fait  avec  le  bord  infé- 
rieur de  la  hache  un  angle  droit,  O^Oô.  Largeur  du  manche  à  son 
extrémité  inférieure,  0m04.  Epaisseur  mojenne  des  bords.  0m02  Epais- 
seur du  bord  à  l'extrémité  supérieure  formant  marteau,  0m025.  — 
Tel  est  le  singulier  instrument,  que  nous  avons  cru  devoir  présenter 
aux  membres  de  la  Société. 

Nos  ancêtres  ont  eu  d'excellentes 
raisons  pour  ne  pas  en  fabriquer  de  •'''■<. 

semblables.  Quand  le  manche  est 
en  bois  ou  qu'il  est  constitué  par 
un  andouiller,  il  peut  se  briser  sans 
trop  d'inconvénient  ;  on  peut  le  rem- 
placer assez  facilement  et  la  hache 
qui  forme  la  partie  la  plus  essen- 
tielle de  l'outil  n'est  pas  perdue. 

Si  le  même  accident  survient  à 
un  instrument  semblable  à  celui 
qui  fait  l'objet  de  cette  présentation, 
il  n'est  plus  utilisable. 

Tel  est  probablement  le  motif 
pour  lequel  on  ne  le  rencontre  pas 
dans  nos  ateliers  néolithiques.  Il  ne 
faisait  pas  partie  de  l'outillage  in- 
dustriel de  nos  ancêtres. 

Je  ne  pense  pas  que  la  hache  à 
manche  en  silex,  que  je  vous  présente,  soit  autre  chose  qu'un  objet 
de  curiosité. 


/ 


Fig.  3.  —  Casse-tète  en  silex.  —  Vue 
d'une  face  et  reconstituUon  de  la 
pièce. 


Le  deuxième  instrument  [Fig.  3)  est  un  casse-tête  en  silex.  Il  pro- 


698  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

vient  de  Goincourt,  près  Beauvais  (Oise).  Il  est  malheureusement 
brisé  comme  il  arrive  à  ces  sortes  d'armes,  quand  elles  ne  sont  pas 
fabriquées  en  roche  dure  et  compacte. 

Les  casse-têtes  en  silex  sont  assez  rares.  Celui  que  je  vous  pré- 
sente devait  probablement  se  terminer  par  son  extrémité  brisée  en 
un  marteau  arrondi  ;  celle  qui  reste  se  termine  en  pointe. 

Sa  forme,  en  ce  cas,  serait  peu  commune. 

Il  est  taillé  sur  les  deux  faces  par  de  larges  retouches,  pratiquées 
latéralement,  qui  ont  laissé  sur  les  bords  du  marteau  une  arête  sail- 
lante et  dentelée. 

Il  est  certain  que  le  rognon  ou  galet  de  silex,  avec  lequel  a  été 
fabriqué  cet  objet,  devait  présenter  sur  une  de  ses  faces,  sinon  une 
ouverture,  du  moins  une  concavité  naturelle  qui  a  donné  à  l'Homme 
Préhistorique  l'idée  d'en  faire  un  trou  destiné  à  l'emmanchure. 

Ce  qui  le  prouverait  assez,  c'est  qu'il  n'a  pas  été  pratiqué  suivant 
l'axe  médian  du  galet.  Cet  axe  est  plus  porté  d'un  côté  que  de  l'autre. 

Comment  le  trou  a-t-il  été  foré?  Je  pense  que,  pour  obtenir  [le 
résultat,  notre  ancêtre  s'est  servi  d'un  taraud  de  silex,  de  sable  et 
d'eau.  Je  rappellerai  que  notre  Collègue,  M.  Plessier,  ancien  Prési- 
dent de  la  Société  Historique  de  Compiègne,  a  fait  part,  il  y  a  peu  d'an- 
nées, aux  Membres  de  la  Société  Préhistorique,  d'une  trouvaille  qui 
consistait  en  un  galet  à  peu  près  complètement  percé,  et  en  un  taraud 
récolté  à  côté  de  lui.  Ce  taraud,  ainsi  que  l'ont  pleinement  prouvé 
les  expériences  de  notre  collègue,  était  l'instrument  avec  lequel  le 
forage  du  galet  avait  été  exécuté. 

Nous  avons  essayé  de  démontrer,  dans  notre  travail  sur  les  silex 
perforés  naturellement  employés,  aux  Temps  Préhistoriques,  que 
beaucoup  d'outils  considérés  comme  des  retouchoirs  n'étaient  que 
des  tarauds,  employés  à  percer  des  trous  dans  le  bois,  la  corne  de 
Cerf  et  le  Silex. 

Nous  pensons  donc  que  les  trous  biconiques,  qui  existent  sur  de 
nombreux  objets  Néolithiques  et  même  Paléolithiques,  ont  été  forés 
au  moyen  de  ces  Silex  allongés,  qu'on  trouve  souvent  polis  aux  extré- 
mités et  latéralement  par  suite  d'usage  et  qu'on  rencontre  fréquem- 
ment dans  les  ateliers  de  la  Pierre  polie. 

Le  beau  casse-tête  de  l'Aisne,  qui  provient  de  la  Collection  du 
Dr  Wimy,  en  est  une  nouvelle  preuve  (Fig.  5  et  6). 

Le  trou  dont  il  est  foré  est  bi-conique  ;  mais  le  cône  pratiqué  sur 
chacune  des  faces  est  irrégulier.  L'un  des  côtés  est  plus  oblique  que 
l'autre  ;  et  cette  différence  se  remarque  sur  les  deux  cônes,  mais  en 
sens  opposé.  Cette  obliquité  n'a  pu  être  occasionnée  que  par  la  forme 
même  de  l'instrument  qui  servait  de  taraud. 

Cette  constatation  semble  démontrer  que  c'était  par  un  mouvement 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  699 

alternatif  de  demi-rotation,  pratiqué  avec  la  main,  qu'étaient  fabri- 
quées ces  ouvertures. 

Dans  le  casse-tète  de  l'Aisne,  le  trou  bi-conique  a  été  percé  sur 
les  deux  faces,  par  le  même  taraud,  qui  présentait  deux  bords  irrégu- 
liers, dont  l'un  était  plus  saillant  que  l'autre. 


Fig  4 


I    ; 


Fig. h. 


Fig-  4  et  5    —  Casse-tète  de  l'Aisne.  —  Vue  d'une  face  et  profil  du  trou. 

Les  dimensions  de  notre  casse-tête  sont  les  suivantes  :  Longueur 
de  l'instrument,  tel  qu'il  se  présente  0m10  :  Longueur  supposée,  s'il 
était  entier,  0ra13  à  O"1^.  Largeur,  0"08.  Epaisseur  du  casse-tête  au 
niveau  du  trou  d'emmanchure,  0'"04.  Dimension  du  trou  d'emman- 
chure :  Diamètre  aux  orifices  des  deux  cônes,  0m035  ;  Diamètre  inté- 
rieur à  la  réunion  des  deux  cônes,  0'n022. 


700 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Le  troisième  objet,  que  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre,  est  encore 
un  objet  perforé  (Fig.  6  ;  n°  2  et  3). 

Ce  n'est  ni  une  arme  ni  un  outil,  mais  une  pendeloque  en  Silex. 
Son  intérêt  réside  surtout  dans  l'âge  auquel  il  appartient.  Il  date,  en 
effet,  du  Paléolithique  inférieur,  et  provient  du  diluvium  quaternaire 
de  Voisinlieu,  près  Beauvais,  dans  lequel  l'a  trouvé  un  élève  de 
l'Ecole  Normale  d'Instituteurs. 

L'ouverture  est  biconique.  A  la  réunion  des  deux  cônes,  le  trou, 
tout  à  fait  circulaire,  a  un  diamètre  de  0ni007. 

Ce  silex  devait  présenter  une  très  petite  ouverture  sur  une  paroi 
très  amincie.  C'est  ce  qui  a  donné  à  notre  ancêtre  l'idée  de  l'agran- 
dir pour  en  faire  un  objet  de  parure. 

Au  lieu  de  faire  agir  le  taraud  verticalement,  on  lui  a  donné  une 
direction  oblique,  semblable  à  celle  que  devait  avoir  l'ouverture  na- 
turelle primitive. 


Fig.  6. 


Pendeloque  en  silex.  —  2  et  3,  vue  des  deux  Faces;  —  4  et  5,  axes  des  trous. 


On  pourrait  croire,  en  examinant  superficiellement  cette  ouverture, 
qu'elle  est  le  produit  de  quelque  animal  perforant  ;  mais,  si  on  la  con- 
sidère sur  les  deux  faces,  on  voit  qu'elle  n'est  pas  constituée  par  un 
canal,  dont  l'axe  est  identique.  Sur  l'une  d'elles  {Fig.  6,  n°  4),  l'axe 
est  très  oblique  de  haut  en  bas  et  de  gauche  à  droite;  sur  l'autre 
{Fig.  6;  n°  5),  l'axe  est  presque  vertical  de  bas  en  haut  et  très  peu 
oblique  de  droite  à  gauche. 

Cette  remarque  suffit  pour  qu'on  puisse  affirmer  que  l'ouverture 
est  bien  due  au  travail  de  l'Homme. 


J'ignore  si  l'on  a  rencontré  des  objets  de  parure  en  silex  dans  le 
Paléolithique  inférieur.  On  en  a  cité,  je  le  sais,  dans  le  Paléolithique 
moyen  ;  mais  je  ne  crois  pas  qu'il  en  ait  été  signalé  datant  d'une  épo- 
que plus  ancienne. 

C'est  surtout  pour  cette  raison  que  j'ai  cru  qu'il  était  intéressant 
de  vous  présenter  cette  pendeloque. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


701 


Une  hache  pi-Ahistorique    en  Fer 

du  Fouta-Dialon   (Afrique    Centrale), 

de  la  Collection  Pnul  Guébhard. 


Le  Dr  Marcel  BAUDOUIN    de  Paris  . 


Grâce  à  l'aimable  intervention  de  notre  ancien  Président,  M.  le 
Dr  A.  Guébhard,  M.  Paul  Guébhard.  administrateur  des  colonies,  a 
donné,  ainsi  qu'on  le  sait  (1),  à  la  Société  Préhistorique  française,  la 
collection  d'objets  préhistoriques  du  Fouta- 
Dialon,  qu'il  avait  exposée  à  Beauvais,  lors 
du  Ve  Congrès  Préhistorique  de  France. 

Dans  ce  magnifique  ensemble,  qui  sera 
sous  peu  étudié  par  notre  collègue  E.  Hue, 
il  n'y  avait  qu'un  seul  objet  en  Fer.  que 
j'ai  été  chargé  de  décrire,  car,  dans  sa  com- 
munication au  Congrès  de  1909,  M.  P.  Gué- 
bhard (2)  n'y  a  pas  fait  la  moindre  allusion. 

Description.  —  La  hache  en  Fer  en 
question  est  du  type  des  Haches  plates, 
ordinairement  en  Cuivre,  mais  de  forme 
extrêmement  allongée.  On  connaît  des  haches 
plates  de  cuivre  également  triangulaires  ; 
mais  le  triangle  isocèle  qu'elle  forme  est 
moins  étiré  que  dans  ce  fait  (Fig.  1). 

1°  Dimensions  et  Poids.  —  Voici  d'ail- 
leurs les  dimensions  de  l'objet. 

Longueur  maximum ,  0mllQ  ;  largeur 
maximum  ou  au  tranchant,  0m030;  épais- 
seur maximum,  0œ021  ;  largeur  (du  talon) 
minimum,  0m004.  Poids  :  417  gr.  Volume  : 
56  cmc.  Densité  :  7,446. 

2°  Caractères.  —  Les  bords  sont  absolu- 
ment rectilignes  et  arrondis.  Les  faces  sont 
plates,  avec  toutefois  une  très  légère  vous- 
sure sur  l'une  d'elles. 

Le  tranchant,  pour  une  longueur  circu- 
laire d'environ  0m040,  présente  une  flèche  de  courbure,  qui  ne  dé- 
passe pas  0m005.   Il  n'est  donc  que  très  légèrement  convexe.   Une 

[l    Bull.  Soc.  Préh.  France,  1911. 

(2)  Paul  Guébhard.  —   Stations  préhistorique»  au  Fouta-Dialon.  —    VIe  Congrès 
Préh.  de  Fr.,  Beauvais,  1909,  Paris,  1910,  in-8»  [Voir  p.  201-289]. 


-  Hache  en  Fer  du 
Fouta-Dialon.—  Echelle  :  1/2 
Grandeur.  —  Légende  :  Tr, 
Tranchant  ;  F,  une  face;  C, 
coupe  transversale  au  mi- 
lieu; Pr.,  coupe  longitudi- 
nale ;  Ta,  Talon  ;  a,  b.  li- 
mites du  tianchant  :  c .  flè- 
che du  tranchant. 


702  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

des  extrémités,  qui  paraît  plus  arrondie,  semble  indiquer  que  le 
bord  inférieur  de  l'outil  était  de  ce  côté,  s'il  était  emmanché  en 
hache  (ce  que  l'on  ignore  et  ce  qui  n'est  pas  certain  dans  l'espèce). 

Le  talon  est  une  pointe  presque  aiguë,  en  raison  de  l'allongement 
considérable  du  triangle  isocèle. 

Altération.  —  Inutile  de  dire  que  la  rouille  a  attaqué  toute  la  su- 
perficie de  l'objet,  qui  tombait  en  débris  multiples,  avant  son  gom- 
mage. S'il  y  a  eu  des  gravures  ou  des  décors  sur  les  faces,  elles  ne 
sont  plus  visibles,  bien  entendu,  étant  donné  l'altération  du  métal. 

Constitution.  —  Il  serait  intéressant  de  faire  l'analyse  chimique  du 
métal,  au  point  de  vue  des  métaux  associés,  s'il  ne  s'agit  pas  de  Fer 
absolument  pur. 

Indices.  —   Si  l'on  calcule  les  indices  de  cet  objet,  on  trouve  : 

Indice  Largeur-Longueur  :  22,15.  Indice  Epaisseur-Longueur  :  11,93. 

Comme  on  le  voit,  l'indice  capital  (Indice  d'Aplatissement)  ou  Epais- 
seur-longueur n'est  pas  très  élevé.  Il  est  à  peine  supérieur  à  celui 
d'une  Hache  plate  en  cuivre  de  Mauritanie,  que  nous  décrirons 
plus  tard  (1),  et  qui  atteint  11,  chiffre  déjà  élevé. 

L'Indice  Largeur-longueur  indique  évidemment  une  hache  très 
allongée,  puisque,  pour  les  Haches  de  Cuivre,  cet  indice  ne  descend 
pas,  comme  moyenne,  au-dessous  de  W  (2). 

Technique-  —  Il  est  probable  que  cette  hache  est  en  fer  martelé. 

Aspect  d'ensemble. —  Cette  pièce,  qu'on  dirait  moulée  à  l'aide  d'un 
Moule  à  haches  plates  de  Cuivre  (3),  trouvé  à  Hissarlik,  et  figuré  par 
J.  Déchelette  (4),  ne  ressemble  en  rien  à  nos  Haches  de  Fer  d'Eu- 
rope. Elle  semble  calquée  sur  une  Hache  de  Cuivre  (5)!  Cet  aspect  ne 
paraît  pouvoir  s'expliquer  d'ailleurs  que  si,  dans  la  région  où  elle  a 
été  trouvée,  il  n'y  a  jamais  eu  d'Age  du  Bronze,  à  proprement 
parler. 

Le  Fer  en  Afrique.  —  Dans  l'article  qu'il  a  publié  sur  ses  récoltes 
préhistoriques  en  Afrique,  M.  Paul  Guébhard  (6)  n'a  consacré  que 
ces  quelques  lignes  aux  pièces  en  Fer  ancien,  qu'il  a  rencontrées. 

«  D'autre  part,  si  l'on  admet  que  la  Pierre  servit  aux  hommes  lors- 
qu'ils ignoraient  l'emploi  du  Fer,  on  doit  remarquer  que  celui-ci, 
dans  cette  partie  de  l'Afrique,  date  assurément  du  premier  usage  que 
les  hommes  firent  du  feu.  De  toutes  parts,  le  Fer  abonde,  dans  des  con- 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Bull.  Soc.  Prch.  France,'  1912. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Les  Haches  plaies  de  Vendée.  —  Mem.  de  la  S.  P.  F., 
année  1911. 

(Z)  J.  Déchelette.  —  Man.  d'Arch.,  t.  II,  p.  3'<,   Fig.  3  [Haches    plates  d'His- 
sarlik   II]. 
(4    J.  Déchelette.  —  Manuel  d'Arch.,  t.  II,  p.  182,  Fi%.  52  [D'après  Dorpfeld]. 

(5)  En  effet,  ce  sont  ces  haches  que  l'on  aurait  alors  imitées. 

(6)  Paul  Guébhard.  —  hoc.  cit.,  1909  [Voir  p.  288]. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  703 

ditions  de  richesse  et  de  facilité  d'extraction  qu'il  ne  possède  peut-être 
dans  aucun  autre  pays  ;  et  il  suffit  dans  certaines  régions  d'allumer 
du  feu,  là  où  se  rencontrent  certains  petits  cailloux  ferrugineux,  pour 
trouver  dans  le  foyer  de  la  fonte  de  fer,  dont  le  poids,  l'éclat  métal- 
lique, mirent  assurément  les  primitifs  sur  la  trace  de  son  emploi. 

Celui-ci  nous  parait  donc  avoir  été  particulièrement  précoce 
pour  ce  pays  ;  et  c'est  pourquoi  nous  inclinerions  à  penser  que  l'on 
doit  reculer  l'âge  de  la  pierre  pour  l'Afrique,  si  l'état  primitif  dans 
lequel  y  sont  demeurées  les  sociétés,  par  rapport  à  notre  moderne 
progrès,  ne  venait  diminuer  considérablement  la  valeur  de  toute 
hypothèse  à  ce  sujet.  » 

Il  n'a  donc  pas  fait  allusion  à  cette  hache. 

Haches  de  Feu.  —  Mais  ces  objets  sont  connus  depuis  assez  long- 
temps. Nous  n'en  voulons  pour  preuve  que  les  passages  suivants  de 
G.  de  Mortillet.  décrivant  les  objets  préhistoriques,  de  l'Afrique  Cen- 
trale, envoyés  à  l'Exposition  universelle  de  1867  (1). 

1°  Colonies  françaises  Gabon).  «  Les  deux  colonnes  du  mi- 
lieu de  la  salle  sont  entourées  d'objets  divers  provenant  du  Gabon 
et  de  la  Guinée  supérieure  ^Afrique). 

«  Ce  sont  des  armes  en  Fer.  Ces  Haches  de  Fer  ont  tout  à  fait  la 
coupe  de  certains  coins  de  bronze.  Elles  sont  simplement  fichées 
par  le  petit  bout  dans  des  manches  en  bois,  renflées  en  haut. 

«  Ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux,  c'est  que  ces  haches-coins,  sans 
douilles,  ont  leurs  faces  ornées  de  gravures,  qui  rappellent  tout  à 
fait  celles  de  la  fin  de  l'époque  du  Bronze  et  du  commencement  de 
l'Epoque  du  Fer.  Ce  sont  des  dents  de  loup  en  pyramides,  formées 
d'une  série  de  lignes  parallèles,  coupées  par  une  ligne  en  sens  in- 
verse; des  ronds,  dont  quelques-uns  ont  des  croix  inscrites  à  l'inté- 
rieur; des  lignes  qui  s'enroulent  un  grand  nombre  de  fois,  concen- 
triquement,  et  forment  parfois  des  S  composés  de  deux  grands  en- 
roulements en  sens  inverse. 

«  Des  trophées,  à  l'extrémité  de  la  salle,  contiennent  aussi  de  ces 
haches  en  fer,  en  forme  de  coins  larges  et  minces,  ornées  de  gra- 
vures (p.  161)». 

2°  Portugal.  -  Objets  en  fer  d'Afrique.  —  «  Parmi  les  trophées 
du  milieu  de  la  salle,  on  voit  plusieurs  de  ces  haches  de  fer,  signalées 
à  propos  des  Colonies  françaises.  Ce  sont  de  simples  lames  minces 
de  fer,  en  triangle  fort  allongée,  implantées  dans  le  bout  rempli  ou 
dans  le  dos  de  la  partie  coudée  d'un  manche  en  bois.  Bois  et  Fer 
portent  fréquemment  des  ornementations  de  l'époque  du  Bronze  et 
de  la  première  époque  du  Fer  :  dessins  en  dents  de  loup,  petits  cer- 
cles, cercles  avec  un  point  au  milieu,  etc.  (p.  164;.  » 

(1)  Gabriel  de  Mortillet.  —  Promenades  préhistoriques  à  l'Exposition  universelle. 
—  Paris,  C.   Reinwald,  1867,  in-8»  [Voir  p.  161-164  et  170-177]. 


"704  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

3°  Egypte. —  Instruments  en  Fer.  —  «  Parmi  les  instruments  en  fer, 
on  remarque  une  de  ces  haches  plates,  en  triangle  fort  allongé,  simple- 
ment implantées  dans  le  bout  renflé  d'un  manche.  Cette  forme,  si  com- 
mune et  si  générale,  dans  une  grande  partie  de  l'Afrique,  vient  jusque 
dans  le  Sud  de  l'Afrique. —  Il  y  a  aussi  deux  haches  à  douille,  terminale, 
dans  le  sens  de  la  longueur,  forme  des  plus  primitives,  emmanchées 
à  l'extrémité  d'un  manche  coudé,  en  forme  'd'herminette  (p.  170)  ». 

4°  Colonies  anglaises. —  Objets  en  Fer  (Afrique  Centrale'.  —  «  On 
remarque  deux  haches  en  fer,  lame  métallique  plate,  simplement 
fichée  par  le  petit  bout,  dans  un  manche  en  bois  terminé  au  sommet 
par  un  renflement,  ou  une  espèce  de  crosse  »   (p.  177). 

Remarques.  —  Tout  récemment,  un  médecin  nègre,  M.  le  Dr  Casséus 
(d'Haïti),  écrivait  (1)  : 

«  Personne  ne  constate  que  l'usage  du  Fer  ait  été  découvert  en 
Afrique.  A  côté  de  nombreux  faits,  qu'il  serait  trop  long  d'énumérer, 
disons  que  la  Mythologie  et  la  Science  sont  d'accord  pour  laisser  la 
gloire  de  cette  belle  découverte  aux  premiers  habitants  de  l'Afrique 
centrale.  Nous  savons  que,  dans  la  Mythologie,  le  fer  était  voué  à 
Typhon,  dieu  du  désert.  N'est-ce  pas  une  confirmation  que  le  Fer 
vient  du  centre  de  l'Afrique  ?..  Sans  le  fer,  a  écrit  G.  de  Mortillel,  la 
Civilisation  égyptienne  n'aurait  jamais  pu  atteindre  le  haut  degré  de 
développement  où  elle  est  parvenue  ». 

On  se  rappelle,  d'ailleurs,  que  cet  auteur  a  fait  remonter  le  Fer,  en 
Egypte,  presque  à  4.000  ans  avant  J.-C.  -  Ce  qui  y  reporte  bien  loin 
en  arrière  l'âge  de  la  Pierre  polie  ! 

Conclusions.  —  Des  caractères  que  présentent  la  hache  décrite 
ci-dessus,  et  des  réflexions  et  observations  rapportées  plus  haut,  il 
semble  qu'il  faille  conclure  que  cette  Hache  dérive  directement  des 
Haches  plates,  soit  en  Pierre  polie,  soit  en  Cuivre  pur .  Il  ne  paraît  pas, 
par  suite,  qu'il  y  ait  eu  un  âge  du  Bronze  dans  cette  partie  de  l'Afri- 
que. On  dirait  même  que  la  Métallurgie  a  débuté  ici  par  la  découverte 
du  travail  des  Minerais  de  Fer  !  Et,  si  le  Cuivre  n'est  pas  connu  dans 
cette  région,  on  peut,  sans  crainte  presque  de  se  tromper,  avancer 
que  cet  âge  n'a  pas  existé  non  plus,  car  les  Haches  de  Fer  semblent 
plutôt  dériver,  de  par  leur  forme,  des  Haches  plates  de  Pierre  que 
des  Haches  de  Cuivre. 

Evidemment,  une  seule  observation,  même  précise,  n'est  pas  suffi- 
sante pour  soutenirde  telles  hypothèses.  Mais, cependant,  ellenousy  a 
fait  songer;  et  nous  devions  au  moins  signaler  —  à  titre  d'indications 
pour  les  recherches  ultérieures  —  les  idées  que  ce  fait  nous  a  suggérées. 

ri)  CEsculape,  Paris,  1911,  novembre,  p.   248-249. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  705 

Observations  sur  l'existence  des  fabriques  de 
Poterie  en  Auvergne,  à  l'époque  Gallo-romai- 
ne, et  sur  la  technique  de  la  glaçure  de  leurs 
produits. 

PAR 

Alph.  AYMAR  (Clermont-Ferrand,  P.-de-D.) 

On  se  demande  toujours  les  motifs  qui  ont  amené  la  création,  en 
Auvergne,  à  l'époque  gallo-romaine,  d'ateliers  de  céramique  aussi 
nombreux  et  aussi  remarquables  par  la  qualité  et  l'élégance  de  leur 
fabrication. 

Nous  avons,  dans  le  Puy-de-Dôme,  un  centre  particulièrement  im- 
portant, Lezoux,  dont  les  produits,  on  le  sait,  étaient  l'objet  d'une  ac- 
tive exportation. 

Viennent  ensuite  les  fabriques  des  Martres  deVeyre.  Nous  ne  par- 
lerons pas  de  celles  du  département  de  l'Allier  Vichy,  Toulon-sur- 
Allier,  etc.),  car  les  mêmes  causes  ont  eu  les  mêmes  résultats. 

Quant  à  Clermont  Ferrand  et  Arpajon  (Cantal),  où  d'abondantes 
trouvailles  de  tessons  de  vases  et  de  moules  ont  suggéré  l'idée  de  la 
présence  d'Ateliers,  nous  attendrons,  pour  confirmer  l'hypothèse,  la 
découverte  de  fours  bien  authentiques,  seule  preuve  irrécusable  ! 

Les  alluvions  des  environs  de  Lezoux  et  des  Martres  de  Veyre 
renferment  une  matière  première  excellente,  soit  pour  les  argiles, 
soit  pour  les  sables.  Mais  cette  circonstance  ne  saurait  suffire  à  jus- 
tifier l'épanouissement  exceptionnel  de  la  fabrication  de  la  poterie 
sigillée,  poterie  qui  nous  frappe  aussi  bien  par  la  variété  de  son  or- 
nementation que  par  l'éclat  de  la  glaçure. 

Nous  savons  que  les  décors  étaient  obtenus  à  l'aide  de  poinçons 
et  de  moules  ;  et  il  nous  est  facile  aujourd'hui  de  créer  des  formes  et 
des  motifs  identiques. 

Mais,  en  ce  qui  concerne  la  pâte  et  la  glaçure,  M.  Déchelette  re- 
connaît «  que  l'on  n'a  pas  encore  réussi,  malgré  de  nombreuses  ten- 
tentives,  à  fabriquer  dans  nos  manufactures  modernes  des  vases  ab- 
solument semblables  aux  poteries  sigillées  de  l'époque  romaine  par 
leur  pâte  et  leur  vernis  »  (1). 

La  pâte,  généralement  rouge  et  présentant  les  divers  tons  de  cette 
couleur,  est,  avouons-le,  d'une  très  grande  finesse.  Il  nous  semble, 
cependant,  que  cette  qualité  pourrait  résulter  uniquement,  opé- 
rations souvent  répétées  de  lavage  et  de  malaxage  subies  par  de 
l'argile  plastique  de  choix.  D'autre  part,  la  couleur  naturelle  de  la 

(1)  J.  Déchelette.  —  Les  cases  céramiques  ornés  de  la  Gaule  romaine.  —  A.  Pi- 
card. Paris,  1904. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  45 


706  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

pâte  a  pu  être  aisément  modifiée  au  moyen  de  l'ocre  ou  de  l'oxyde 
de  fer.  Toutefois,  il  n'y  a  là  qu'une  impression  personnelle,  nos  re- 
cherches n'ayant  jamais  porté  sur  ces  points. 

C'est  à  la  glaçure  qu'est  allé  tout  notre  intérêt.  Après  avoir  eu  con- 
naissance des  tentatives  de  reconstitution,  tentatives  couronnées  d'un 
certain  succès,  effectuées  par  l'habile  céramiste  de  Lezoux,  M.  Ra- 
connat,  nous  nous  sommes  passionné  pour  cette  question  et  nous 
avons  compulsé  les  ouvrages  d'un  grand  nombre  d'auteurs  qui  l'ont 
traitée.  Un  hasard  heureux  nous  a  mis  sur  la  trace  d'une  formule,  qui, 
aux  essais,  donne  la  solution  désirée.  Nous  la  tenons,  néanmoins,  en 
réserve,  jusqu'au  jour  où  de  nouvelles  expériences  confirmeront  dé- 
finitivement sa  valeur. 

Pour  le  moment,  nous  nous  contenterons  de  dire  que  le  carbonate 
de  soude  y  joue  un  grand  rôle.  Or,  les  anciens  ne  connaissaient 
guère  que  cette  matière  vitrifiante  (le  natron),  qu'ils  retiraient  surtout 
d'Egypte. 

Quand  les  Romains  vinrent  occuper  la  Gaule,  ils  trouvèrent  en 
Auvergne  ce  qu'ils  allaient  chercher  si  loin.  Le  carbonate  hydraté 
naturel  de  soude  existe,  à  l'état  de  dissolution  et  d'efflorescences, 
dans  presque  toutes  les  eaux  thermo-minérales  alcalines,  comme 
dans  les  lacs  de  natron  égyptiens. 

Nos  eaux  minérales  bicarbonatées-sodiques  apportaient  ainsi  un 
précieux  concours,  soit  à  la  thérapeutique,  soit  à  l'industrie  du  vain- 
queur. Celui-ci  rechercha  particulièrement  les  endroits  offrant  les 
meilleures  conditions  d'exploitation  de  l'argile,  du  sable,  de  l'eau 
minérale  et  s'y  installa  avec  toutes  les  garanties  du  succès.     , 

Nous  avions  d'abord  pensé  que  les  végétaux  étaient  également  sus- 
ceptibles de  fournir,  par  incinération,  la  soude  nécessaire;  et,  comme 
il  fallait,  pour  subvenir  à  l'étendue  des  besoins,  une  famille  végé- 
tale très  riche  en  cette  matière,  nous  songions  à  une  culture  inten- 
sive des  Salsolacées,  dont  le  développement  devait  être  favorisé  par  la 
salure  du  sol  due  au  contact  des  eaux  minérales.  Mais  cette  famille, 
essentiellement  maritime,  n'est  pour  ainsi  dire  pas  représentée  en 
Auvergne. 

Voici  la  réponse  que  vient  de  nous  faire,  à  ce  sujet  notre  érainent 
botaniste  auvergnat,  F.  Héribaud. 

«  Les  plantes  de  la  flore  française,  qui  fournissent  de  la  soude  par 
incinération,  appartiennent  à  la  famille  des  Salsolacées  et  aux  genres 
Salicornia,  Suœda  et  Salsola. 

Les  Salicornia  comprennent  une  quinzaine  d'espèces,  habitant  les 
rivages  et  les  lieux  salés  des  deux  mondes.  La  flore  française  pos- 
sède quatre  Salicornia  :  S.  herbacea  L,  S.  fruticosa  L,  S.  radicans 
Sm.  etS.  macrostachy  aMoric.  Les  trois  premières  espèces  habitent  le  lit- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  707 

toralde  la  Méditerranée,  de  l'Océan  et  de  la  Manche;  la  quatrième 
ne  se  trouve  que  sur  le  littoral  de  la  Méditerranée. 

Les  Suœda  comprennent  environ  45  espèces,  habitant,  comme  les 
Salicornia,  les  rivages  et  les  terrains  salés  de  presque  tout  le  globe. 
La  flore  française  ne  posssède  que  3  espèces  de  Suœda  :  S.  fruciico- 
sa  Forsk.,  commun  sur  le  littoral  de  la  Manche,  de  l'Océan  et  de  la 
Méditerranée;  S.  maritima,  Dum,  même  habitat  que  l'espèce  précé- 
dente; S.  splendens  Gr.  et  Godr.,  localisé  sur  le  littoral  de  la  Méditer- 
ranée. 

Les  Salsola  comprennent  environ  40  espèces,  habitant  comme  les 
espèces  des  deux  genres  précédents,  les  rivages  et  les  lieux  salés  des 
régions  tempérées  et  subtropicales. 

La  flore  française  ne  possède  que  deux  espèces  :  Salsola  soda  L., 
assez  abondant  sur  le  littoral  de  la  Méditerranée  et  de  l'Océan 
jusqu'au  Morbihan.  Salsola  Kali  L.,  très  abondant  sur  le  littoral  de 
la  Méditerranée,  de  l'Océan  et  de  la  Manche.  Le  Salsola  Kali  L, 
s'éloigne  plus  ou  moins  des  rivages  maritimes; on  le  retrouve  en  effet 
sur  les  alluvions  du  Rhône  et  du  Tarn,  et  sur  quelques  points  du 
département  de  l'Aveyron.  Il  y  a  5  ou  6  ans,  je  l'ai  trouvé  à  Herbet, 
près  de  Clermont;  mais  je  ne  l'y  ai  pas  revu.  Lorsque  cette  espèce 
s'éloigne  du  littoral,  pour  végéter  dans  un  sol  neutre,  les  feuilles 
sont  beaucoup  plus  étroites  et  moins  charnues  ;  c'est  cette  forme  que 
Linné  avait  cru  pouvoir  séparer  spécifiquement  de  son  Salsola  Kali, 
sous  le  nom  de  Salsola  tragus  L.  » 

Il  faut  donc  admettre  que  les  sources  d'eaux  minérales  surtout 
contribuèrent  à  attirer,  par  leur  richesse  en  soude,  les  potiers  ro- 
mains et  gallo-romains. 

Non  loin  de  Lezoux,  à  6  kilomètres  environ,  dans  la  commune  de 
Joze,  existent  des  sources  très  abondantes  :  Sources  du  Gros  Bouil- 
lon ou  de  l'Ours,  du  Petit  Bouillon,  Daguillon,  les  Graviers,  etc.  Au 
xvme  siècle,  dans  son  Histoire  d'Auvergne  (1),  le  chanoine  Audi- 
gier  appréciait  ainsi  les  deux  premières  :  «  L'eau  du  Petit  Bouillon 
est  très  limpide  et  de  saveur  aigrette.  Pendant  qu'elle  évapore,  il  se 
forme  à  la  surface  de  petites  pellicules  qui  se  précipitent  par  petits 
flocons  et  s'attachent  aux  côtés  des  vaisseaux.  La  résidence  (résidu) 
sèche  de  cette  eau  évaporée  revient  à  i  345  de  son  poids,  dont  on 
peut  extraire  plus  de  la  moitié  de  sel  roussâtre  qui  sent  fort  la  les- 
sive et  qui  est  reconnu  nitreux.  Il  devient  bleuâtre  après  avoir  été 
fondu  au  feu.  La  terre,  séparée  de  ce  sel,  se  dissout  en  partie  avec 
effervescence  dans  le  vinaigre  distillé  et  ne  change  pas  de  couleur 
au  leu.  » 

(1)  Manuscrit  public  par  Y  Académie  de  ClermoaUFerrand.  Fascicule  septième. 
Bellet-Clermont-Ferrand,   1894. 


708  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

«  L'eau  du  Grand  Bouillon  a  une  saveur  vineuse  plus  forte  que 
celle  du  Petit  Bouillon,  mais  ses  résidences  sont  pareilles,  et  son  sel 
nitreux  comme  l'autre.  L'eau  du  Gros  Bouillon  est  si  abondante  que 
l'eau  qui  en  sort  formerait  un  assez  gros  ruisseau  » . 

M .  Truchot,  professeur  de  chimie  à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Clermont,  donne  l'analyse  suivante,  pour  la  source  de  l'Ours  (1) 
(Gros  Bouillon)  : 

Pour  un  litre  :  acide  carbonique  libre 0   gr.  516 

—  Bicarbonate  de  soude 1  379 

—  de  potasse 0  245 

—  de  chaux 1  582 

—  —  de  magnésie .       0  960 

—  —  de  fer 0  015 

—  Sulfate  de  soude 0  250 

—  Phosphate  de  soude traces 

—  Chlorure  de  sodium 0  633 

—  —      de  lithium 0  030 

—  Arséniate  de  soude traces 

—  Silice 0  080 

—  Matières  organiques traces 

Total  non  compris  l'acide  carbonique  libre.  5   gr.  174 

Les  sentiments  de  reconnaissance,  que  devaient  inspirer  les  bien- 
faits si  variés  de  ces  eaux,  nous  portent  à  croire  que  les  vestiges 
d'une  importante  construction  gallo-romaine,  découverts  à  Joze  en 
1826  (2),  étaient  ceux  d'un  temple  élevé  aux  divinités  des  sources. 

Les  bassins  d'évaporation  de  l'eau  minérale  ont  dû  aussi  laisser 
des  débris  qui  n'ont  pas  frappé  l'attention. 

Les  potiers  des  Martres  de  Veyre  avaient  également  de  nombreu- 
ses sources  à  leur  disposition  :  celles  du  Tambour,  du  Cornet,  des 
Roches,  du  Saladi,  etc. 

La  composition  de  cette  dernière,  par  exemple,  assez  rapprochée 
du  village  des  Martres,  serait  d'après  M.  Truchot  : 

Pour  un  litre  :  acide  carbonique  libre 1    gr.  009 

—  Bicarbonate  de  soude 2  461 

—  —  potasse 0  227 

—  —  chaux 0  979 

—  —  magnésie 0  777 

—  —  fer 0  040 

(1)  Dictionnaire  des  Eaux  minérales  du  département  du  Puy-de-Dôme,  Paris,  De- 
lahaye,  1878. 

(2)  Voir  BoulLLET.  —  Description  archéologique  des  Monumenlsdu  Puy-de-Dôme. 
Mémoires  de  l'Académie  de  Clermont,  1874. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  709 

Pour  un  litre  :  Sulfale  de  soude 0  gr.   199 

—  Chlorure  de  sodium 2  246 

—  —  lithium 0  040 

—  Arséniate  de  soude traces 

—  Silice 0  112 

—  Matières  organiques traces 

Total  non  compris  l'acide  carbonique  libre. ...       7  gr.   237 
Tout  le  résidu  abandonné  par  l'évanoration  était  probablement 

utilisé,  caries  éléments  dominants  sont  employés  en  céramique  pour 
la  composition  du  vernis:  et  1  on  conçoit  qu'un  mélange,  au  dosage 
différent,  ait  eu  une  réelle  influence  sur  la  couleur  et  le  brillant  de 
la  glaçure,  en  dehors  des  elîets  provenant  de  l'emploi  simultané  de 
l'argile. 

Enfin,  il  ne  serait  pas  téméraire  de  supposer,  d'après  une  trou- 
vaille sur  laquelle  porte  en  ce  moment  notre  examen,  que  les  Gallo- 
Romains  connaissaient  encore  le  rôle  du  carbonate  de  chaux  au 
point  de  vue  de  la  pétrification  artificielle. 

Cet  exposé  sommaire  nous  autorise  à  conclure  que  les  sources 
d'eaux  minérales  ont  été,  pendant  l'occupation  romaine,  un  des  prin- 
cipaux facteurs  économiques  de  la  prospérité  de  l'Auvergne,  comme 
elles  le  sont  encore  de  nos  jours  sous  leur  seul  aspect  thérapeutique. 


M.  Marcel  Baudouin.  —  En  Vendée,  on  fabriquait  jadis  de  la 
soude  en  certaine  quantité,  surtout  à  l'Ile  d'Yeu,  à  Croix-de-Vie,  et 
à  l'Ile  de  Xoirmoutier;  aujourd'hui,  cette  industrie  est  presque 
abandonnée.  Il  n'en  persiste  que  des  fours  à  soude,  construits  par  les 
pêcheurs  sur  les  falaises.  On  en  rencontre  parfois  encore  :  cela  m'est 
arrivé  au  cours  des  Fouilles  préhistoriques  ;  et  il  faut  bien  connaître 
ces  petites  constructions,  pour  ne  pas  les  confondre  avec  des  restes 
de  Mcgalitthes  funéraires,  et  surtout  avec  les  Cistes  néolithiques, 
quand  il  en  existe  beaucoup,  comme  sur  la  falaise  occidentale  de  l'Ile 
d'Yeu,  par  exemple. 

Mais,  dans  cette  partie  de  la  Vendée,  on  n'emploie  pas  les  Salso- 
lacées  pour  fabriquer  de  la  soude.  On  utilise  toutes  les  plantes 
maritimes,  arrachées  des  falaises  rocheuses  par  les  flots  en  furie, 
c.-à.-d.  le  Goémon  ou  Varech,  et  en  particulier  les  Fucus  [Fucus  mûrî- 
mes, vesiculosus,  serratus,  nodosus,  siliculosus).  Dans  les  îles  de  ce 
pays,  où  pourtant  les  Salsolacées  (1)  abondent,  on  ne  les  brûle 
jamais.  On  ne  fabrique  en  Vendée  de  la  soude  de  Salsolacées  (Salsola 
Kali  L.,  dit  Boucard  ou  Salicor)  qu'à  Saint-Michel-en-1'Herm,  c.-à-.d. 
dans  le  Marais  du  Sud. 

Il  me  semble  qu'il  est  impossible  de  songer  à  cette  soude  là,  en  ce 
oui  concerne  lépoque  gallo-romaine,  au  moins  pour  l'Ouest. 

En  frutico^a,  kerbacca,  radicans  ;  Salsola  Kali,  soda  ;   Suœda  frutico- 
Kcccccmi      


710  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Un    si  filet    néolithique. 

PAR 

Alph.  AYMAR  (Clermont-Ferrand,  P.-de-D.). 

Une  collection  importante,  formée  à  Clermont-Ferrand  par  les 
Frères  de  l'établissement  de  Saint- André,  a  été  vendue  tout  récem- 
ment à  un  marchand  d'antiquités  de  l'endroit.  Elle  comprenait  des 
objets  de  l'époque  de  la  Pierre  polie,  des  spécimens  de  faune  d'âge 
indéterminé,  de  nombreux  échantillons  de  céramique  et  de  verrerie 
gallo-romaines.  La  plupart  des  objets  étaient  revêtus  d'étiquettes 
indiquant  soit  le  lieu  de  l'origine,  soit  un  numéro  de  catalogue.  Le 
peu  de  soin  qui  a  présidé  au  déménagement  de  la  collection,  a  fait 
disparaître  un  grand  nombre  de  ces  dernières;  nous  avons  pu  néan- 
moins nous  rendre  compte,  d'après  celles  qui  ont  été  conservées, 
que  la  majeure  partie  des  trouvailles  provenait  de  la  région. 

C'est  donc  une  collection  bien  auvergnate  qui  vient  d'être  disper- 
sée au  plus  grand  préjudice  de  l'histoire  locale.  Et  voici  la  seconde 
fois,  hélas  !  que  nous  avons  à  exprimer  le  même  regret  dans  l'espace 
de  moins  d'une  année. 

Dans  le  lot  mis  de  côté  par  le  marchand  comme  ayant  le  plus  de 
valeur,  lot  que  nous  avons  heureusement  acquis,  figurent  des  haches 
ou  fragments  de  haches  en  pierre  polie  et  un  objet  en  pierre  classé 
dans  la  catégorie  des  amulettes. 

Certaines  haches  offrent  un  réel  intérêt,  notamment  la  moitié  (par- 
tie du  talon)  d'une  hache  en  basalte  recueillie  à  Gergovia,  de  belle 
forme  et  de  beau  travail,  dont  le  poids  de  925  grammes  et  la  lon- 
gueur de  0m155  permettent  d'attribuer  à  l'outil  entier  un  poids  excep- 
tionnel de  2  kilogrammes  au  minimum  et  une  longueur  très  rare  de 
0m30  environ. 

Mais,  dans  cette  communication,  nous  nous  occuperons  seule- 
ment de  la  prétendue  amulette,  sur  l'origine  de  laquelle  il  nous  est 
impossible  de  fournir  des  renseignements  plus  précis.  De  pressantes 
démarches  ont  été  en  vain  tentées  à  ce  sujet. 

La  matière  est  du  silex  roulé,  que  l'on  trouve  dans  les  alluvions 
sableuses  des  environs  de  Clermont.  La  patine  est  brune,  avec 
aspect  terne  sur  les  parties  intactes,  moins  foncé  et  luisant  sur  celles 
qui  présentent  des  traces  de  retouches. 

L'objet  est  creux;  l'évidement  intérieur  paraît  dû  à  des  phéno- 
mènes mécaniques  naturels  ;  sur  les  parois  adhèrent  encore  forte- 
ment des  grains  de  sable. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  7  M 

La  forme  générale  est  triangulaire  base  :  0m033;  hauteur  à  peu 
près  identique);  l'épaisseur  est  de  0m030;  le  poids  est  de  25  gr. 

Certes,  au  premier  aspect,  naît  l'impression  d'une  amulette;  les 
trois  trous  percés  —  un  à  la  base  le  plus  petit),  un  de  chaque  côté 
(le  plus  grand  à  gauche)  —  assurent  un  facile  passage  au  lien  de 
suspension.  D'autre  part,  si  l'on  met  sur  le  même  alignement  les 
deux  plus  petits  trous  et  si  on  les  présente  de  face,  on  a  une  figure 
qui  évoque  de  singulière  façon  celle  d'une  tète  de  tortue  et  l'impres- 
sion du  début  s'accentue  davantage. 

Mais,  en  considérant  attentivement  les  trous,  on  ne  tarde  pas  à 
s'apercevoir  que  les  différences  des  dimensions  sont  intentionnelles, 
qu'elles  ont  été  obtenues  par  des  agrandissements  à  l'aide  de  retou- 
ches effectuées  sur  les  bords.  Cette  circonstance  stimule  déjà  la 
curiosité. 

On  remarque  ensuite  que  le  pouce  de  la  main  droite  s'applique 
exactement  sur  le  gros  trou,  et  que  l'index  s'adapte  aussi  facilement 
sur  le  trou  opposé  de  moindre  grandeur. 

Les  deux  doigts  étant  en  place,  il  ne  reste  plus  qu'une  ouverture 
parfaitement  arrondie,  beaucoup  plus  petite  que  les  autres  et  sans 
aucune  retouche. 

L'idée  du  sifflet  se  présente  aussitôt  à  l'esprit.  En  soufflant,  à  la 
mode  des  chevriers,  l'on  obtient,  en  effet,  un  son  plus  ou  moins 
aigu,  suivant  la  force  du  souffle.  En  l'espèce,  les  doigts  servent 
d'obturateurs,  ils  donnent  à  l'air  emmagasiné  une  issue  susceptible 
d'être  réglée  à  volonté. 

Incontestablement,  il  s'agit  bien  d'un  sifflet  très  primitif,  précur- 
seur de  la  Flûte  de  Pan,  contemporain  des  haches  polies  qui  lui  fai- 
saient escorte  dans  la  vitrine  des  Frères  collectionneurs. 

On  ne  peut  qu'admirer  l'ingéniosité  de  l'Homme  des  Dolmens  qui 
sut,  tout  au  moins,  tirer  d'une  simple  pierre  un  mode  pratique  d'ap- 
pel et  de  signal. 

Nous  ne  pensons  pas  qu'un  objet  de  ce  genre,  aussi  bien  caracté- 
risé, ait  été  déjà  présenté.  Le  sifflet  néolithique  d'Auvergne  n'en  est 
que  plus  intéressant. 

M.  A.  Guébhard,  tout  en  reconnaissant  que  le  galet  qu'il  présente 
de  la  part  de  M.  Aymar,  fonctionne  bien  comme  sifflet,  est  parfaite- 
ment en  main,  et  a  pu  être  utilisé  comme  tel,  doute  que  l'homme  pri- 
mitif, pouvant  trouver  dans  la  nature,  même  parmi  les  silex,  maints 
autres  objets  idoines  à  un  seul  trou,  en  eût  choisi  un  à  trois,  dont  il 
faut  boucher  deux.  L'obturation  de  ceux-ci  justifiait-elle  vraiment  un 
travail  de  retouches  des  rebords,  qui,  restant  mousses,  n'en  étaient 
que  plus  doux  aux  doigts?  Les  écaillures,  certainement  très  anciennes 


712  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

niais  très  irrégulières,  de  certaines  parties  faibles  des  bords  s'obser- 
vent couramment,  et  sont  même  de  règle,  sur  des  éléments  analogues 
de  poudingues  antérieurs  à  l'apparition  de  l'homme;  elles  s'expliquent 
géologiquement  par  le  heurt  violent  des  galets,  d'abord  roulés,  avant 
d'être  cimentés  par  une  gangue  argilo-siliceuse,  dont  l'intérieur  de  la 
pièce  de  M.  Aymar  montre  des  traces  irrégulières,  peu  compatibles 
avec  l'hypothèse  d'un  long  usage  instrumental,  ou  même  d'une  sus- 
pension comme  pendeloque  ornementale. 

M.  Aymar.  —  Nous  avions  bien  songé  aux  objections  présentées 
par  notre  confrère,  M.  le  DrGuébhard;  mais  elles  n'avaient  pas 
ébranlé  notre  sentiment  au  sujet  de  l'affectation  de  l'objet. 

C'est  surtout  la  présence  des  trois  trous,  qui  nous  avait  paru  de 
nature  à  retenir  l'attention.  Les  objets  en  pierre  percés  d'un  seul 
trou  se  rencontrent  si  fréquemment  qu'on  ne  songe  pas  à  les  exami- 
ner. On  ne  saurait,  d'ailleurs,  obtenir  avec  un  trou  les  mêmes  résul- 
tats qu'avec  trois. 

L'existence,  sur  les  bords  de  deux  trous  seulement,  de  retouches 
destinées  certainement  à  les  élargir,  nous  avait  conduit  à  écarter 
l'hypothèse  de  causes  mécaniques  purement  accidentelles,  causes 
admises  néanmoins  pour  l'évidement. 

En  effet,  si  les  retouches  n'étaient  pas  intentionnelles,  comment 
expliquer  leur  absence  sur  le  trou  appelé  à  recevoir  le  souffle  ?  Com- 
ment expliquer  une  adaptation  si  parfaite  des  deux  autres  trous  à  la 
grosseur  des  doigts  destinés  à  tenir  l'objet  ?  La  gangue  et  les  rugosi- 
tés que  présente  l'intérieur  de  celui-ci,  ne  pourraient-elles  être  pos- 
térieures à  l'appropriation  ? 

Evidemment,  ces  réflexions  n'ont  peut-être  pas  assez  de  force  pour 
dissiper  tous  les  doutes  —  et  nous  sommes  reconnaissants  à  M.  le 
Dr  Guébhard  d'avoir  jugé  notre  opinion  digne  d'être  discutée 
mais  elles  ne  nous  paraissent  pas  moins  susceptibles  de  conférer  à 
notre  sifflet  un  caractère  très  sérieux,  qui  ne  permet  pas  de  le  confon- 
dre [avec  les  objets  préhistoriques  que  l'on  a  voulu  comprendre  dans 
la  même  série. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  713 

Découvertes  faites  dans  une 
Grotte  du  massif  de  Hnrseilleveyre. 

PAR 

M.  H.  BOUT   DE  GHARLEMONT    Marseille). 

[Prise  de  date  :  30  septembre  191  i]. 

Aujourd'hui,  30  septembre,  je  signale  à  la  Société  des  découvertes 
que  j'ai  faites  dans  le  massit  de  Marseilleveyre,  groupe  de  collines 
plus  ou  moins  abruptes  qui  dominent  Marseille  au  Sud. 

Il  y  a  un  an  environ,  en  allant  de  la  Font  de  Voyre  (vulgaire- 
ment la  Fontaine  d'Ivoire  ,  à  la  Grotte  Rolland,  où  Boucher  de  Per- 
thes,  en  1805,  découvrit  des  ossements  humains  et  où,  en  1895, 
M.  E.  Fournier  trouva  des  fragments  de  poterie  robenhausienne,  je 
remarquai,  au-dessus  d'un  sentier  longeant  l'escarpement  qui  fait 
face  à  la  fontaine,  une  petite  grotte  précédée  d'un  talus  d'éboulis 
assez  raide,  d'une  vingtaine  de  mètres.  J'y  montai  etla  première  ins- 
pection des  lieux  me  convainquit  que  cette  excavation  avait  dû  être 
habitée.  Je  ne  me  trompais  pas  et,  dès  les  premières  fouilles  que  j'y 
pratiquai,  je  commençai  à  trouver  à  0m20  du  niveau  du  sol,  des 
débris  de  poterie  indigène  de  pâte  brune  ou  rougeàtre,  rugueuse  au 
toucher  et  plus  ou  moins  micacée,  ayant  toute  l'apparence  de  la 
poterie  robenhausienne,  répartis  sur  une  épaisseur  de  0m20.  Vingt 
centimètres  plus  bas,  je  mis  à  jour  un  autre  gisement  qui  s'étendait 
en  profondeur  sur  0m80  et  où  la  céramique  grecque  remontant  au 
ve  et  vie  siècle  avant  Jésus-Christ,  se  montrait  en  abondance,  à 
l'exclusion  de  toute  autre  poterie.  Je  continuai  à  fouiller  et  descen- 
dis ainsi  jusqu'à  lm50  ou  2  mètres  en  totalité,  sans  plus  rien  trouver. 

J'ai  réuni,  dès  mes  premières  fouilles,  assez  de  débris  pourrecons- 
tituer  en  tout  ou  en  partie,  une  quarantaine  de  vases  :  coupes, 
cruches,  écuelles,  jattes,  aryballes,  lampes.  J'ai  en  outre,  en  frag- 
ments divers  appartenant  à  des  vases  différents,  les  témoins  rétros- 
pectifs de  la  présence  en  ces  lieux  d'une  soixantaine  d'autres  vases, 
et  il  n'est  pas  douteux  pour  moi  que,  si  jepuis  fouiller  letalus d'ébou- 
lis qui  précède  la  grotte  elle-même,  aujourd'hui  complètement  vidée, 
je  devrai  y  trouver  des  débris  analogues  et  vraisemblablement  en 
plus  grande  abondance  encore. 

De  l'examen  de  la  partie  du  massif  où  j'ai  fait  mes  trouvailles,  est 
résultée  pour  moi  la  persuasion  qu'en  poursuivant  les  fouilles  en 
divers  autres  points  voisins,  qui,  dès  le  début  de  mes  travaux,  ont 
attiré  mon  attention  (grottes  et  abris  sous  roche),  j'obtiendrai  des 
résultats  semblables,  résultats  dont  l'ensemble  pourra  concourir  à 
asseoir  sur  une  base  solide,  l'hypothèse  du  recul    de  l'époque  de  la 


714  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   DE    FRANCE 

première  apparition  des  Grecs  sur  les  côtes  de  Provence  au-delà 
de  la  date  officiellement  acceptée  pour  la  fondation  de  Marseille.  Ils 
pourraient  aussi  concourir  à  prouver  que  le  berceau  de  la  cité  mas- 
saliote  fut  bien,  comme  le  prétendent  certains,  dans  le  massif  du 
Marseilleveyre  et  que  la  première  escale  des  Grecs  dut  être  à  l'anse 
des  Goudes,  derrière  le  cap  Croizette,  l'ancien  Zao  promontorium. 

Le  sol  de  la  grotte  du  Draiou,  c'est  ainsi  que  s'appelle  l'excava- 
tion où  j'ai  fait  mes  trouvailles,  est  composé  entièrement,  jusqu'à  la 
roche  sous-jacente,  d'une  argile  rouge  très  chargée  en  oxyde  de  fer, 
venue  de  plus  ou  moins  loin  par  un  conduit  qui  s'enfonce  dans  la 
colline  perpendiculairement  à  l'orifice  de  la  grotte.  En  dehors  de  la 
poterie,  je  n'ai  rien  trouvé  dans  cette  argile,  ni  fragment  de  métal, 
ni  monnaie,  ni  coquille  marine  ou  fluviale.  A  peine  y  ai  je  ramassé 
quelques  fragments  d'os  épars  dont  la  contexture  est  devenue,  par 
l'influence  du  temps  et  surtout  du  milieu,  molle,  friable  et  fari- 
neuse. Un  seul  silex  s'est  offert  à  moi  dans  le  premier  gisement  et 
encore  est-il  bien  peu  déterminable,  quant  au  travail  de  taille  et  à  la 
destination.  Je  dois  cependant  signaler,  que  M.  Félix  Martin  a  re- 
cueilli sur  le  sol  de  la  grotte,  il  y  a  plusieurs  années,  «  une  sorte  de 
poignard  calcaire,  taillé  en  flamme  »  identique,  paraît-il,  à  ceux 
que  M.  de  Mortillet  a  classés  dans  le  Moustérien. 

J'ajoute  que  j'ai  relevé,  à  divers  niveaux  du  sol  fouillé,  plusieurs 
foyers  dans  lesquels  je  n'ai,  d'ailleurs,  remarqué  rien  de  particulier. 

Tel  est  actuellement  l'état  de  mes  recherches. 

Les  circonstances  et  des  raisons  de  santé  m'ayant  empêché  de 
donner  à  ces  recherches  toute  l'activité  et  toute  l'ampleur  que  j'au- 
rais voulu,  ce  qui  fait  que  je  ne  suis  pas  et  que  je  ne  serai  pas  encore, 
d'un  certain  temps,  en  mesure  de  donner  un  exposé  d'ensemble  des 
fouilles  faites  ou  à  faire,  je  me  suis  décidé  à  ne  pas  attendre  plus 
longtemps  pour  prendre  date  en  saisissant  à  la  fois  la  Société  Archéo- 
logique de  Provence  et  la  Société  Préhistorique  française  de  la  ques- 
tion et  tel  est  l'objet  de  la  présente  note,  en  attendant  une  commu- 
nication plus  détaillée  que  je  serai  heureux  de  faire  en  son  temps  à 
la  Société. 

En  terminant,  il  me  faut  mentionner  que  c'est  par  suite  d'une  erreur 
involontaire,  mais  dont  j'ai  toutefois  à  m'excuser,  que,  dans  la 
note  annonçant  mes  découvertes  de  poteries,  celles-ci  ont  été  dési- 
gnées en  partie  sous  la  qualification  d  Ibéro-mycénienne  et  datées 
du  vne  et  vme  siècles. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 


715 


Quelques  pièce»    préhistoriques   de  Luc, 
Langrune,    Lion  et  Oény    (Calvados). 

PAR 

Edmond  HUE  de  Paris). 

Je  regrette  que  M.  le  Dr  Doranlo  ne  nous  ait  pas  fait  la  présenta- 
tion des  squelettes  humains,  découverts  à  Lion-sur  Mer,  annoncée 
le  mois  dernier.  J'avais  apporté  à  l'appui   de  sa  communication,  les 


*tf. 


4*  <Î0II^L-1MC  .  Cc&> 


Jïchcn  J3,  du  J/auf-  -lit 

Jiitu»  Su.         100- 


Fig. 


Juplùo  r/t  JitOrt.-J 


Lion-sur-Mer  .Calvados  .  —  Extrait  du  Cadastre.  Section  B,  n*  193  à  207.  — 
Echelle  :  1/5.000. 


pièces  que  je  vous  présente  et  qui  ont  déjà  été  produites  au  Congrès 
de  Béarnais  en  1909  Fig.  1). 

Ces  deux  fragments  de  haches  polies  en  silex  jde  la  craie  ont  été 
trouvés  par  moi,  en  1908,  dans  les  labourés  de  la  parcelle  n°  199  du 


716  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Cadastre  de  Lion-sur-Mer,  non  loin  d'une  petite  carrière  à  ciel  ou- 
vert, sise  à  l'Ouest  de  la  villa  Bon  Air  {Fig.  1).  Les  déblaiements  de 
surface  de  cette  carrière  seraient  à  surveiller. 

Une  autre  hachette  polie  avait  été  trouvée  antérieurement,  un  peu 
plus  au  Sud.  Elle  appartient  à  M.  Loubery. 

D'autre  part,  le  propriétaire  de  la  villa  Bon  Air  m'a  dit  avoir 
trouvé  plusieurs  haches  polies,  lors  du  creusement  du  puits  de  son 
jardin.  Elles  se  trouvaient  dans  une  couche  de  terre  noire,  à  environ 
un  mètre  de  profondeur.  Il  en  avait  fait  don  à  un  de  ses  parents. 

Je  vous  présente  aussi  quelques  petites  récoltes  de  surface,  faites 
sur  le  territoire  de  Langrune,  aux  lieux  dits  le  Coq  Blanc,\a  Garenne 
le  Petit  Marais,  le  Fossé  de  terre  et  le  Marais. 

Ce  sont  des  pièces  néolithiques  fort  modestes. 

Sur  la  commune  de  Luc-sur-Mer,  j'ai  trouvé  dans  les  labours,  ces 
quelques  pièces  néolithiques  plus  volumineuses  au  lieu  dit  le  Champ 
de  Bataille  (région  sud-ouest  du  territoire  de  Luc). 

Ces  deux  grattoirs  néolithiques  ont  été  trouvés  par  moi  dans  la 
zone  maritime  de  la  commune  :  à  la  Brèche  du  corps  de  garde  de 
Luc.  Ils  sont  en  silex  noir.  Le  premier  provient  de  la  couche  d'ar- 
gile qui  couronne  la  falaise,  côté  Est  de  la  brèche,  à  environ  0m50 
du  sol.  L'autre  provient  du  remplissage  du  four  romain  de  Luc,  situé 
à  une  centaine  de  mètres  plus  à  l'Est  (1).  Enfin  une  dernière  série 
provient  des  abords  des  bois  Bellamy,  sur  les  hauteurs  de  la  Mue 
territoire  de  Bény-sur-Mer,  à  mi-chemin  entre  le  Menhir  de  Pierre- 
debout  de  Reviers,  et  le  Menhir  de  la  Demoiselle  de  Bracqueville,  de 
Bény-sur-Mer. 

Toutes  ces  pièces  (lames,  pointes,  grattoirs,  percuteurs)  sont  peti- 
tes et  fortement  retouchées.  Elles  sont  très  rares  à  la  surface  du  sol, 
où  le  mode  de  culture  permet  difficilement  leur  recherche. 

Ce  ne  sont  pas  des  pièces  sensationnelles  de  collection  ;  mais  elles 
ont  une  valeur  toute  locale.  C'est  à  ce  titre  que  je  vous  les  présente 
comme  échantillons  de  l'industrie  néolithique  de  ma  région. 

(1)  EdmondHue.  —  Note  sur  un  Four  romain,  découvert  à  Luc-sur-Mer  (Cal- 
vados). —  Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  de  Caen,  190'J. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  717 

La  Grotte  I*ïc,  à  l'Orcier, 
près   Betournac  (Haute- Loire). 

Premiers  sondages  et  fouilles  des  7  et  8  novembre   1911. 

PAR     MM. 

J.PAGÈS-ALLARY.  LAUBY   et  CHARVILHAT. 

Dès  que  j'eus  appris  que  MM.  Pic  frères,  entrepreneurs  à  Retour- 
nac,  avaient  trouvé  en  exploitant,  à  la  dynamite,  leur  importante 
carrière  de  basalte  de  l'Orcier,  une  grotte,  complètement  fermée 
par  les  éboulis  et  alluvions,  je  me  suis  rendu  sur  place  sans  tarder, 
et  non  sans  aviser,  à  Clermont-Ferrand,  mes  amis  Lauby  et  Char- 
vilhat,  qui  ont  bien  voulu  m'accompagner. 

Avec  eux,  puis  le  second  jour,  avec  M.  Matte,  Inspecteur  au  Puy, 
qui  déjà,  avant  nous,  s'était  rendu  sur  les  lieux  une  première  fois, 
nous  avons  pratiqué  des  sondages,  pour  reconnaître  la  nature  et  l'im- 
portance de  l'alluvion  de  remplissage. 

Nous  étions  aidés  par  le  véritable  inventeur  et  propriétaire  de 
cette  grotte,  M.  Pic  jeune,  qui  nous  a  aimablement  prêté  des  ouvriers, 
tout  en  nous  aidant  lui-même  à  prendre  les  dimensions  et  à  faire  nos 
fouilles.  —  Intelligent  et  travailleur,  il  mérite,  ainsi  que  ses  frères, 
toutes  nos  félicitations  et  remerciements,  autant  que  des  encourage- 
ments, car  je  suis  persuadé  que  ces  Messieurs  sauront  diriger  leur 
exploitation  pour  faciliter  les  recherches  scientifiques,  au  détriment 
quelquefois,  de  la  production  de  leur  carrière,  si  on  sait  les  indem- 
niser avec  justice. 

Le  premier  fait  curieux  de  la  trouvaille  de  M.  Pic  est  certaine- 
ment la  formation  géologique  de  cette  grotte  naturelle,  en  plein 
basalte,  dont  limportance  augmentera  à  mesure  qu'on  l'exploitera  de 
plus  près  et  plus  minutieusement.  On  y  trouve  par  place  des 
enclaves,  formant  cachettes,  qui  serviront  à  expliquer  ou  à  indiquer 
comment  cette  grotte  a  pu  se  former. 

Aux  15  à  20  mètres  de  longueur  annoncés,  il  convient  d'en  ajouter 
autant,  que  nous  avons  mesuré  exactement;  mais  ce  ne  sont  encore 
que  des  dimensions  approximatives,  car  je  suis  convaincu  que 
nous  aurons  plus  de  100  mètres  qui  se  multiplieront  quand  les  deux 
importants  embranchements,  situés  sur  le  côté  gauche  seront  plus 
facilement  mesurables.  Ils  sont  actuellement  trop  remplis  de  l'allu- 
vion, qui  forme  le  sol  de  toute  la  grotte,  sur  une  épaisseur  d'environ 
4  à  5  mètres  d'après  nos  sondages. 

Ces  alluvions  sont  composés  de  terre  et  débris  de  basalte  à  arêtes 
vives;  les  uns  à  gros  blocs,  provenant  du  ciel  de  la  grotte,  avec  des 


718  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

dépôts  de  carbonate  de  chaux  :  ces  dépôts  très  blancs  d'aragonite, 
formaient  par  places  des  stalactites  et  stalagmites,  de  suite  détruites 
par  les  premiers  visiteurs  nocturnes,  croyant  emporter  un  souvenir 
précieux  ou  une  chose  rare  ! 

M.  Boissier,  de  Firminy,  a  heureusement  photographié  cette  grotte 
le  premier,  à  l'intérieur.  Il  possède  ainsi  de  précieux  documents. 

Les  autres  débris  basaltiques  sont  en  petits  fragments,  dont  les 
angles  ne  sont  pas  beaucoup  plus  arrondis  ;  ce  qui  laisse  supposer 
qu'ils  n'ont  pas  été  beaucoup  roulés  (donc  ils  ne  viennent  pas  de 
bien  loin).  Ce  sont  très  probablement  les  produits  d'une  époque  inter- 
glaciaire ;  ce  qu'indiquera  bien  sûrement  l'étude  des  ossements  fos- 
siles, trouvés  brisés  et  mélangés  à  la  terre  et  aux  débris  de  basalte, 
et  dont  quelques-uns  sont  en  affleurement  sur  le  sol  même  de  la  cou- 
che de  remplissage. 

Si  ce  remplissage  de  la  grotte,  par  ces  alluvions  quaternaires 
remonte  à  la  formation  de  ces  alluvions,  l'âge  de  cette  grotte,  formée 
au  moment  de  la  coulée  volcanique,  laisse  qu'un  peu  d'espoir  d'y 
trouver  de  l'industrie  humaine;  mais,  en  revanche,  donne  la  grande 
probabilité  d'une  riche  mine  de  débris  des  animaux  fossiles  de  cette 
époque. 

Si,  au  contraire,  comme  je  le  souhaite,  le  remplissage  de  la  grotte 
s'est  fait  non  à  la  suite  des  glaciers,  mais  bien  postérieurement,  par 
suite  d'une  trombe  d'eau,  d'une  forte  crue  de  la  Loire  ou  des  violents 
orages,  nous  aurons  sous  ces  alluvions  quaternaires  remaniés,  for- 
mant un  remplissage  protecteur,  toutes  les  civilisations,  dont  la  plus 
moderne  nous  indiquera  l'âge  du  remplissage  de  la  grotte;  mais  en 
même  temps  s'ouvrira  une  des  plus  belles  pages  de  l'évolution  hu- 
maine, bien  en  place,  à  stratigraphie  sûre  parce  que  non  dérangée 
depuis. 

Il  est  impossible  qu'aux  bords  de  la  Loire  cette  belle  et  chaude 
grotte,  avec  son  ouverture  en  plein  midi,  dans  une  position  magnifi- 
que, n'ait  pas  été  recherchée  et  occupée  de  très  bonne  heure  par  les 
premiers  hommes,  qui  ont  su  l'utiliser.  Les  vertèbres  humaines,  mé- 
langées aux  alluvions,  en  seront  une  première  preuve.  Les  ossements 
que  j'ai  ramassés,  en  surface,  dans  la  grotte  (dents,  vertèbres,  con- 
dyles,  défenses  d'ivoire,  etc.),  ainsi  que  ceux  trouvés  dans  nos  son- 
dages, et  ceux  que  M.  Pic  a  confié  à  M.  Matte,  seront  étudiés  au 
Muséum,  où  M.  Lauby  les  a  apportés,  pour  les  faire  déterminer  par 
M.  le  Pr  Boule  notre  compatriote,  maître  et  ami  dévoué. 

Il  serait  bon  de  fouiller  cette  grotte  sans  retard,  car  les  travaux  de 
M.  Pic  peuvent,  d'un  jour  à  l'autre,  en  rendre  les  fouilles  dange- 
reuses (nous  entendions  les  coups  de  mines  de  chaque  côté  comme 
sur  notre  tête  !).  Ce  serait  en  tout  cas  trop  gênant  pour  ses  travaux. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


1H) 


Les  bonnes  volontés  ne  manqueront  pas,  et.  espérons-le,  les  moyens 
non  plus.  Pourquoi  la  Société  Préhistorique  Française,  où  M.  Henri 
Martin  donne  l'exemple,  n'aiderait-elle  pas  au  besoin  le  Muséum,  et 
pourquoi  le  Muséum  refuserait-il  l'aide  actif  des  Préhistoriens  ? 
Si  la  grotte  Pic  faisait  constater  une  fois  de  plus,  que,  pour  que 
l'union  fasse  la  force,  il  n'y  a  qu'à  le  vouloir,  cette  grotte  serait  une 
des  plus  fructueuses  de  France.  Malgré  que  cette  très  chaude  grotte 
soit  dans  le  basalte  (1),  l'homme  a  pu  y  établir  ses  foyers  même  à 
l'intérieur,  à  cause  de  la  hauteur  de  certaines  chambres  4  à  5  mè- 
tres ,  suffisante  pour  que  la  flamme  ne  fasse  pas  éclater  la  roche  au- 
dessusdu  foyer,  et  il  y  a  toujours  la  mystérieuse  question,  religion 
ou  magie  à  résoudre. 


Une  Idole,  «le    forme  égéenne,  trouvée    dans  les 
Côtes-du-Xord. 


G.  GUENIN     de  Brest  . 


I. 


Au  mois  de  septembre,  en  visitant  la  collection  préhistorique 
si  remarquable  de  M.  Jules  Lemoine,  à  Lamballe,  je  fus  assez 
surpris  d'y  trouver  l'une  de  ces  amulettes,  en  forme  de  violon, 
que  l'on  rencontre  en  Asie-mineure  et  en  Espagne. 

Cette  petite  plaque  de 
schiste  gris  clair,  parsemée 
de  point  es  mouchetées  noir  es. 
provient  de  Morieux,  et, 
c'est  en  labourant  qu'un 
cultivateur  la  découvrit  en 
1899.  M.  Lemoine,  a  l'obli- 
geance duquel  je  tiens  ces 
renseignements,  me  fait  re- 
marquer qu'on  lui  apporta, 
en  même  temps,  une  hache 
en  diorite  de  moyenne  di- 
mension, sans  qu'il  ait  pu 
savoir  si  les  deux  objets 
avaient  été  trouvés  ensemble 
ou  isolément. 


u 


Fig.  I.  —  Profil.  Fig.  î.  —  Face. 

Idole,  de  forme  égéenne,  des  Cotes-du-N'ord  . 

[Grandeur  naturelle]. 


Quoiqu'il  en  soit,  cette  plaque  est  de  dimensions  peu  considéra- 

(1)  Ce  qui,  géologiquement  a  un  grand  intérêt  scientifique,  augmenté  par 
'abondance  des  débris  fossiles  des  animaux  quatermaires  et  la  probabilité  d'outils 
en  hasalte,  etc. 


720  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

bles.  Les  figures  1  et  2  représentent  exactement  l'épaisseur,  la 
largeur  et  la  hauteur  de  l'amulette.  Elle  est  cTorigine  locale. 
C'est,  en  effet,  le  schiste  micacé  amphibolique  de  Morieux  et  des 
environs.  —  Cette  constatation  a  d'autant  plus  d'importance  que 
les  autres  idoles  (?)  de  ce  genre,  ont  été  découvertes  en  Espagne 
et  plus  loin  encore  ! 

Dans  son  article  sur  les  Cassitérides  et  l'Empire  colonial  des 
Phéniciens  (1),  L.  Siret  déclare  posséder  trois  exemplaires  d'une 
idole  en  forme  de  violon,  et  les  compare,  avec  juste  raison,  à 
des  idoles  semblables,  trouvées  dans  les  deux  plus  anciennes 
villes  d'Hissarlik.  La  seule  différence  est  l'absence  des  signes 
gravés,  et,  à  ce  titre,  l'idole  de  Morieux,  dépourvue  de  nez  et 
d'yeux,  rappelle  a  s'y  méprendre  les  idoles  a  et  d  de  L.  Siret, 
provenant  d'El  Garcel. 

D'après  L.  Siret,  deux  amulettes  appartenaient  à  la  plus  an- 
cienne période  néolithique  et  l'autre  était  en  compagnie  d'objets 
du  Néolithique  moyen.  En  faisant  toutes  réserves  sur  l'époque 
assignée  à  ces  trois  idoles,  il  convient  de  mentionner  que  M.  Dé- 
chelette  (2)  fait  remonter  l'Hissarlik  première  à  l'époque  du  cui- 
vre et  l'Hissarlik  seconde  au  début  du  bronze.  À  cette  phase  pré- 
mycénienne ou  amorgienne,  on  déposait  avec  les  morts  de  pe- 
tites figurines  en  pierre  dure  ou  en  marbre,  représentant  le  plus 
souvent  une  femme  nue,  d'un  travail  primitif,  les  bras  croisés 
sur  la  poitrine,  quelques-unes  schématisées  en  forme  de  violon 
(cf.  Arch.  celtique,  p.  45).  M.  Déchelette  propose  comme  date  à 
la  période  prémycénienne  les  années  3000  (?)  à  2000;  ce  qui  ne 
cadrerait  guère  avec  les  estimations  de  L.  Siret. 

Et  maintenant,  quelles  conclusions  faudrait-il  tirer  delà  trou- 
vaille de  Morieux  ?  La  provenance  locale  de  l'idole  paraît  s'oppo- 
ser à  l'importation  de  l'Espagne,  ou  d'un  autre  pays  encore  plus 
éloigné;  la  trouvaille  d'une  hache  en  diorite,  apportée  le  même 
jour  par  le  même  individu,  permet  de  supposer  qu'il  s'agissait 
d'une  Sépulture.  —  Quelle  en  est  la  date?  Je  laisse  à  de  plus 
habiles  le  soin  de  la  déterminer,  trop  heureux  d'avoir  signalé 
une  découverte,  digne  d'attirer  l'attention  sur  des  objets  que  l'on 
a  peut-être  négligés,  comme  étant  sans  conséquence  (3). 

(1)  L'Anthropologie,  t.  XX,  p.  147. 

(2)  Archéologie  celtique,  p.   32. 

(3)  Pour  la  bibliographie  de  ces  idoles,  voir  J.  Déchelette  [Arch.  celtique,  p.  45, 
note  1]. 


72/ 


SEANCE  DU  28  DECEMBRE    1911 


Présidence  de  M.  L.  COUTIL. 

«^Ht^^» — 

I.  —  ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  ANNUELLE   DE  1911. 


Conformément  aux  Articles  IV  et  VII  des  Statuts,  votés  le  24  no- 
vembre 1910,  l'Assemblée  générale  annuelle  des  Membres  de  la  Société 
Préhistorique  Française  a  eu  lieu  le  28  décembre  1911,  à  3  heures  3/4, 
à  la  Sorbonne,  Amphithéâtre  Edgard-Quinet,  rue  des  Ecoles. 

L'ordre  du  jour  était  le  suivant  : 

1°  Rapport  sur  la  Situation  morale  de  la  Société  et  la  Gestion  du  Con- 
seil d'Administration. 

2°  Approbation   des  diverses  Acquisitions    de  Mégalithes,  faites  pen- 
dant Tannée  1911  [Art.  IX  des  Statuts). 

3°  Rapport  sur  la  Situation  financière   et  Approbation  des  Comptes  de 
l'exercice  1911.  — Vote  du  Rudget  pour  1912. 

4°  Election  pour  le  renouvellement  du  Conseil  d'administration  (cixq 
membres,  à  nommer  pour  trois  ans;  ux   membre  à    nommer   pour 
deux  ans). 
La  séance  est  ouverte  à  3  heures 3/4.  —  Les  membres,  qui  assistentà 

la  séance,  sont  inscrits  sur  la  liste' de  présence. 

M.  le  Président  donne  la  parole  à  M.  le  Secrétaire  général  pour   la 

lecture  de  la  Correspondance  de  l'Assemblée  générale  annuelle. 

M.  le  Secrétaire  général  dépose,  sur   le  Bureau,  les   Bulletins  de 

vote,  qu'il  a  reçus  pour  le  vole  par  correspondance. 

On  procède  alors  au  tirage  au  sort    de  quatre    personnes,    chargées 

du  dépouillement  des  votes  par  correspondance,  et  de  deux  scrutateurs. 
Les  noms  de  MM.  P.  de   Mortillet.  Hexriot,  de  Saixt-Périer, 

Thiot,  A.  de  Mortillet  et   Chapelet,  sortent  de  l'orne  ;  ces  deux 

derniers  membres  seront  les  Scrutateurs. 
Le  Scrutin  public  est  ouvert  à  4  heures. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  son  Rapport  sur  l'exer- 
cice 1911.  . 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  46 


722  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Rapport  de  M.  le  Secrétaire  général  sur  la  Situa- 
tion morale  et  la  Gestion  du  Conseil  d'Adminis- 
tration en  1911  de  la  Société  Préhistorique 
Française. 

Mes  chers  Collègues, 

Au   nom    du  Conseil  d'Administration   de    la    Société  préhistorique 
française,  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  le  Rapport  sur  la  Situation 
morale,  actuelle,  de  notre  Association  et  la  Gestion,  pour  l'année  écoulée 
(1911),  de  votre  Conseil,  conformément  à  la  Loi  et  à  nos  Statuts  (art 
VIIIJ. 

On  dit  que  les  peuples  heureux  n'ont  pas  d'Histoire  ou  d'his- 
toires, dignes  au  moins  d'être  écrites  !  Notre  Société  a  donc  été  vrai- 
ment heureuse  cette  année,  puisque  je  n'ai  presque  rien  à  vous  conter 
de  sensationnel.  Elle  a  vécu  des  jours  très  calmes,  qu'aucun  grave 
incident  n'est  venu  troubler. 

Après  la  grande  joie  que  nous  avons  éprouvée  en  1910,  à  la  suite  de 
notre  Reconnaissance  d'utilité  publique,  nous  ne  songions  guère, 
d'ailleurs,  en  1911,  à  en  éprouver  une  plus  intense,  à  moins  de  voir 
échouer,  dans  nos  bras,  désormais  largement  ouverts  et  capables  de 
retenir  tout  ce  qu'on  pourra  y  déposer,  des  héritages  imprévus  ou  des 
dons  importants.  —  Hélas  !  Rien  n'est  tombé  du  Ciel,  où,  au  demeurant, 
il  n'y  a  plus  de  Trésors,  s'il  y  demeure  encore  des  Etoiles.  Et  les  quelques 
biens,  qui  nous  sont  échoués  en  partage,  sortent  tous,  sans  exception 
aucune,  du  sol  de  cette  Terre  française,  qui  est  si  infiniment  riche:  ils 
proviennent  tous  de  cette  excellente  Mère,  aux  bontés  infinies,  qui 
sera  toujours  bienfaisante  aux  pionniers  de  notre  Préhistoire. 


Mémoires.  —  Cependant,  Messieurs,  notre  initiative  s'est  manifestée, 
cette  année,  par  une  œuvre  spéciale,  nouvelle,  pleine  d'intérêt.  Nous 
avons  réussi  à  mettre  sur  pied  une  entreprise,  qui  ne  pouvait  pas, 
en  réalité,  échouer,  vu  l'urgence  :  nous  avons  créé  les  Mémoires  de 
la  Société  préhistorique  française. 

Depuis  que  le  nombre  de  nos  adhérents  a  dépassé  quatre  cents, 
nous  avons  vite  constaté  que  notre  Bulletin  mensuel,  même  avec  ses  64 
pages,  ne  pouvait  plus  réussir  à  satisfaire  tous  les  appétits,  bien  légi- 
times au  demeurant,  de  publication  rapide  pour  les  découvertes 
faites  chaque  mois  par  nos  collègues  dans  les  différentes  parties  de  la 
France.  Il  fallait  donc  songer,  soit  à  en  augmenter  le  volume  et  le 
poids  [ce  qui   était  mathématiquement  impossible  (en  raison  du  mon- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  1-3 

tant  trop  faible  de  notre  cotisation  annuelle),  sans  élever  le  prix  de  cette 
dernière]  ;  soit  imaginer  une  seconde  publication. 

C'est  à  cette  seconde  idée  que  votre  Conseil,  sur  la  proposition  de 
votre  Secrétaire  général,  s'est  arrêtée,  pour  ne  pas  changer  notre  prix 
de  début.  Cela  nous  aurait  certainement  fait  perdre,  en  effet,  un  grand 
nombre  de  membres,  qui  ne  sont  venus  à  nous  qu'en  raison 
de  la  modicité  de  notre  cotisation.  —  On  a  donc  pensé  qu'en  créant 
desMémoires,  c'est-à-dire  en  publiant  un  volume  annuel,  réservé  spé- 
cialement aux  travaux  de  longue  haleine,  aux  revues  d'ensemble  et 
aux  récits  détaillés  de  fouilles  considérables,  on  parerait  aux  diffi- 
cultés présentes.  Ce  n'était,  de  reste,  qu'imiter  des  sociétés 
sasantes  célèbres,  telles  que  l'Académie  des  Sciences,  la  Société  des 
Antiquaires  de  l'Ouest,  etc.,  sans  parler  des  sociétés  médicales. 

Cependant,  nous  n'avons  pas  voulu  contraindre  tous  nos  collègues  à 
s'imposer  le  sacrifice  d'une  dépense  annuelle  supplémentaire  de  quinze 
francs.  Aussi  a-t-il  été  décidé  que  la  souscription  aux  Mémoires  serait 
facultative  et  annuelle,  chacun  restant  libre  de  se  désintéresser  de 
cette  manifestation  spéciale  de  notre  vie  scientifique.  Mais,  en  consé- 
quence, nous  avons  dû  décider  que,  seuls,  les  souscripteurs  pourraienty 
insérer  leurs  travaux,  sous  le  seul  contrôle  d'ailleurs  de  votre  Conseil 
d'Administration.  Ce  n'est  là  que  justice. 

Le  succès,  on  peut  le  dire,  a  répondu  très  rapidement  à  nos  espéran- 
ces ;  et  j'ai  le  plaisir  de  vous  répéter  que  notre  premier  Volume  (1911), 
actuellement  sous  presse,  pourra  être  terminé  avant  la  fin  de  janvier 
1912.  Evidemment  son  importance  sera  en  rapport  avec  les  ressources 
dont  nous  pouvons  actuellement  disposer,  et  qui  ne  dépassent  pas,  à 
l'heure  présente,  seize  cents  francs;  mais  nous  espérons,  que,  sous 
peu,  nos  souscriptions,  qui  n'atteignent  pas  encore  le  chiffre  de 
120,  augmenteront  notablement  de  nombre,  au  vu  du  volume  publié, 
et  avant  la  fin  de  l'année  prochaine. 

Bulletin.  —  Malgré  la  création  prévue  des  Mémoires,  notre  Bulletin 
de  1911  aura  été  encore  plus  volumineux  que  celuide  1910  !  Il  atteindra 
près  de  800  pages,  au  lieu  de  684,  sans  parler  des  nombreuses  figures 
insérées,  et  sans  compter  les  belles  planches  hors  texte,  qu'on  admire 
dans  presque  tous  nos  numéros  mensuels.  —  Le  nombre  considérable 
de  prises  de  date  qu'il  contient  prouve  en  outre  l'activité  des  recherches 
faites  dans  toute  la  France. 

Bibliothèque  et  Laboratoire.  —  Nous  avons  pu,  après  des  mois  de 
recherches  il  est  vrai,  trouver  en  cette  fin  d'année  un  local  approprié, 
très  suffisant  et  fort  convenable,  pour  y  organiser  notre  Bibliothèque  et 
notre  Laboratoire,  et  y  déposer  nos  Collections.  —  Désormais,  nous 
pourrons  y  conserver   les  livres  qu'on  voudra  bien  nous  remettre,    et 


724  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

y  placer  toutes  les  pièces  préhistoriques  qui  nous  seront  adressées. 
Je  vous  prie  de  ne  pas  l'oublier  ;  et,  si  votre  propre  appartement  est 
trop  encombré,  n'hésitez  plus  à  adresser  tout  ce  qui  vous  gênera,  en 
matière  de  Préhistoire,  au  n°  250  de  la  rue  Saint-Jacques,  à  Paris.  — 
Tout  envoi  y  sera  le  bienvenu  et  en  sûreté. 

Vos  colis  trouveront  d'ailleurs  là,  pour  les  recevoir,  un  Bibliothécaire 
dévoué,  notre  jeune  collègue,'  M.  Charles  Géneau,  dont  nous  avons 
déjà  pu  apprécier,  dans  différents  Congrès,  le  zèle  et  la  compétence;  et 
un  conservateur  de  collections  émérite,  notre  excellent  ancien  vice- 
président,  M.  Edmond  Hue.  Il  classera  et  étudiera,  avec  sa  grande 
expérience,  tous  les  objets  que  nous  possédons  déjà  ;  et  son  talent  de 
dessinateur  lui  permettra  en  outre  de  les  représenter  et  de  les  faire 
connaître  à  tous  par  l'intermédiaire  de  notre  Bulletin.  —  L'installation 
matérielle,  qui  va  nécessiter  une  dépense  importante,  sera  terminée 
sous  peu.  Bientôt  aussi,  nous  y  organiserons  notre  Musée  de  Diapositives 
pour  Conférences;  et  nous  prions  nos  collègues  de  nous  donner  toutes 
celles  dont  ils  pourraient  disposer. 

Caisse  des  Fouilles.  —  Grâce  à  la  Caisse  des  Fouilles,  présidée  par 
M.  A.  Guébhard,nous  avons  pu, cette  année,  publier  le  Rapport  géné- 
ralde  la  Fouille  de  la  Sèpullurenéolithïque  de  Vendrest  (Seine-et-Marne). 
Ce  volume,  illustré  des  magnifiques  photographies  exécutées  par  le 
Dr  Henri  Martin,  est  consacré,  non  seulement  au  récit  de  la  fouille  et 
de  la  restauration  et  à  la  description  du  Monument,  mais  aussi  à  une 
étude  anatomique  de  la  plupart  des  ossements  découverts,  et,  en  parti- 
culier, des  os  pathologiques  et  surtout  des  os  qui  ont  subi  des  actions 
humaines.  Comme  vous  le  savez,  l'étude  de  ces  ossements  a  fourni  des 
indications  d'un  intérêt  scientifique  de  premier  ordre  et  révélé  des 
faits  absolument  inconnus  jusqu'à  ces  derniers  temps  (Incinération  ; 
Ossuaire;  Déformation  crânienne;  Usure  des  dents  de  la  première 
dentition;  Travail  des  os  après  la  Mort;  etc.;  etc.). 

Il  serait  à  souhaiter  que  nos  collègues,  pour  s'initier  aux  méthodes 
modernes  de  la  Technique  préhistorique,  se  procurassent  cet  ouvrage, 
qui  n'a  pas  coûté  un  centime  à  la  Caisse  de  notre  Société.  Ils  enrichi- 
raient ainsi  de  leur  modeste  obole  notre  Caisse  des  Fouilles,  qui,  à 
l'heure  qu'il  est,  est  presque  vide... 

Commission  pour  la  Liberté  des  Fouilles.  —  Vous  savez  avec  quel 
succès  le  Président  de  cette  Commission,  M.  le  D'  H.  Martin,  a  mené 
à  bien  la  campagne  de  presse  qu'il  a  dirigée  à  cette  occasion.  —  Le 
succès  a  été  obtenu,  puisqu'il  n'est  plus  question  de  Loi  nouvelle  !  Il 
est  probable  qu'on  laissera  dormir,  dans  les  carions  vénérables  de  la 
rue  de  Valois,  les  trop  nombreux  articles  de  ce  projet  inutile.  On  fera 
bien,  car  nous  avons  mieux  à  faire  qu'à  perdre  notre  temps  à  empêcher 
le  Gouvernement  de  perdre  le  sien  en  de  telles  organisations.  Il  y  a 


SOCIÉTÉ   PRÉ  HISTORIQUE   FRANÇAISE  725 

assez  de  choses  défendues  chez  nous.  N'imitons   pas  les  pays  d'outre- 
Rhin,  où  l'on  rencontre,  à  chaque  pas,  le  Verboten  si  désagréable  ! 

D'ailleurs,  la  découverte  de  La  Quinaest  venue  donner  à  votre  Pré- 
sident une  autorité  nouvelle,  car  c'est  en  marchant  lui-même  qu'il  a 
prouvé  le  mouvement  !  Or  il  n'y  a  pas  au  monde,  même  à  la  Chambre 
des  Députés,  d'argumentplus  frappant.  On  en  tiendra  sûrement  compte. 

Commission  des  Enceintes.  — La  Commission  des  Enceintes,  toujours 
présidée  par  M.  A.  Viré,  a  continué  à  fonctionner  comme  les  années 
précédentes.  D'ailleurs  M.  A.  Guébhard  y  consacre  toujours  beaucoup 
de  son  temps,  entretenant  une  correspondance  considérable  avec  les 
nombreux  Délégués.  Dans  chacun  de  nos  Bulletins,  a  paru,  comme 
d'ordinaire,  un  Rapport  résumant  chaque  mois  les  trouvailles  nou- 
velles. 

Congrès  de  1910.  —  Vous  avez  tous  reçu,  un  peu  tard  cette  fois, 
l'énorme  volume  du  VIe  Congrès  préhistorique  de  France.  C'est  le  plus 
considérable  qui  ait  jamais  été  publié  (plus  de  i. 200  pages),  et  celui  qui 
a  entraîné  la  dépense  la  plus  élevée,  en  raison  du  nombre  de  ses  illus- 
trations et  de  ses  mémoires  originaux  (plus  de  7.000  francs)! 

Malgré  les  frais  occasionnés  par  les  excursions  en  automobiles,  qui 
furent  si  instructives  et  si  fructueuses,  et  celles  de  diverses  initiatives 
inaccoutumées,  notre  excellent  trésorier,  M.  L.  Giraux,  a  pu,  comme 
d'usage,  grâce  à  des  dons  importants  de  planches  et  de  gravures, 
parvenir  à  boucler  le  budget.  Mais,  évidemment,  il  ne  faudrait  pas, 
tous  les  ans,  nous  montrer  aussi  prodigue  et  laisser  croire  aux  adhé- 
rents de  nos  assemblées  provinciales  que  nous  avons  le  pouvoir 
magique  de  faire  surgir  partout  et  toujours  des  trésors  sous  nos  pas. 

Une  question,  du  plus  haut  intérêt  scientifique,  y  a  été,  on  peut  le 
dire,  presque  résolue,  grâce  au  dévouement  de  notre  collègue  M.  Ed- 
mond Hue,  qui  a  mené  à  bien  l'enquête  imaginée  par  le  Comité  d'orga- 
nisation du  Congrès  ;  il  a  réussi  à  recueillir  des  documents  de  la  plus 
haute  importance,  en  particulier  le  magnifique  travail  de  M.  de  Saint- 
Venant,  qui  fera  date. 

Congrès  de  1911.  —  En  présence  des  accablantes  chaleurs  de  juillet 
dernier,  nous  avions,  je  ne  crains  pas  de  le  dire  aujourd'hui,  de  sé- 
rieuses craintes  pour  la  session  de  Nîmes  de  nos  Congrès  annuels,  De 
tous  côtés,  on  faisait  courir  le  bruit  que  nos  séances  seraient  délaissées, 
et  nos  excursions  dans  le  Gard  bien  moins  suivies  que  d'ordinaire. 

Certes,  Messieurs,  il  est  certain  que,  si  nous  avons  été  presque  aussi 
nombreux  que  d'habitude  à  Nîmes  (plus  de  350),  que  si  nos  réunions 
ont  été  aussi  intéressantes,  au  point  de.  vue  scientifique,  dans  la  vieille 
ville  romaine  qu'ailleurs,  nous  avons  été  moins  nombreux  au  cours  de 
nos  randonnées  dans  la  vallée  du  Gardon,    sur   les  hauteurs   de   la 


726  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Vaunage,  voir  même  dans  la  Camargue  et  au  pays  de  Mireille  (60,  au 
lieu  de  100).  Il  ne  faut  pas  nous  le  dissimuler;  mais  nous  devons  regret- 
ter que  nos  Collègues  ne  se  soient  pas  décidés  à  venir  en  Provence, 
parce  que  la  température  n'y  fut  pas  plus  inclémente  qu'ailleurs  en  cette 
année  exceptionnelle,  et  parce  qu'ils  ont  manqué  une  occasion  unique 
de  visiter  des  monuments  funéraires  très  spéciaux  (les  Hypogées  du 
Castellet),  les  Enceintes  admirables  de  La  Liquière  et  de  Nages,  les 
splendides  grottes  du  Gardon,  sans  parler  de  Nîmes,  d'Arles  et  du 
Pont  du  Gard.  —  Quand  ils  parcoureront  le  volume,  actuellement 
sous  presse  et  qui  paraîtra,  nous  l'espérons,  plus  rapidement  que 
l'an  dernier,  du  VIIe  Congrès  Préhistorique  de  France,  ils  regretteront 
certainement  cette  occasion  magnifique,  qu'ils  ne  retrouveront  jamais. 

Découverte  sensationnelle.  —  Une  des  grandes  joies,  que  nous  avons 
tous  ressentie  en  cette  fin  d'année,  a  été  la  trouvaille  sensationnelle 
d'un  Homme  fossile,  de  l'Epoque  Moustérienne  inférieure,  dans  le  magni- 
fique gisement  de  La  Quina.  Elle  a  été  réalisée  par  notre  cher  ancien 
Président,  M.  le  Dr  Henri  Martin,  avec  une  maestria  et  une  élégance 
extraordinaires,  qui  n'ont  pas  étonné  ceux  qui  connaissent  ses  fouilles 
méthodiques  et  l'esprit  scientifique  et  pratique  qu'il  apporte  dans  toutes 
ses  recherches  sur  le  terrain. 

Ce  n'est  pas  à  votre  Secrétaire  général  d'insister  sur  la  portée 
d'une  telle  découverte,  au  point  de  vue  des  progrès  de  la  Préhistoire. 
Mais  vous  lui  pardonnerez  de  déclarer  pourtant  qu'il  a  partagé  l'émo- 
tion de  tous,  en  apprenant  que  c'était  l'un  des  nôtres,  et  l'un  des  meil- 
leurs, qui,  grâce  à  sa  persévérance  et  à  sa  foi,  avait  si  brillamment 
triomphé. 

Congrès  de  1912.  —  Cette  aubaine,  Messieurs,  est  arrivée  à  point; 
on  pourrait  croire  même  que  cette  découverte  a  été  faite  sur  com- 
mande, à  la  veille  du  futur  Congrès  Préhistorique  de  France,  qui  doil 
précisément  avoir  lieu  en  Charente,  en  1912,  sous  la  Présidence  du 
Dr  Henri  Martin.  —  Décidément,  les  Dieux  sont  avec  nous. ..  Auda- 
ces fortunajuvat  ! 

J'en  augure  que  notre  session  d'Angoulême,  au  cours  de  laquelle  une 
longue  visite  et  une  fouille  importante  auront  lieu  à  La  Quina,  au  lieu 
même  de  la  trouvaille,  sera  très  suivie,  en  particulier  par  les  Savants 
étrangers,  qui  voudront,  je  n'en  doute  pas,  voir  de  leurs  yeux  le  point 
où  a  été  rencontré  le  squelette  le  plus  Neanderthaloïde  que  l'on  con- 
naisse pour  le  Quaternaire  moyen,  le  plus  vieux  Crâne  connu! 

Dons.  —  Un  certain  nombre  de  dons  en  espèces  ont  été  reçus  par 
notre  Association.  Mais  c'est  surtout  le  Bulletin  qui  a  bénéficié  le  plus, 
cette  année,  de  la  générosité  de  nos  Collègues.  Il  vous  suffira  de  jeter 
un  coup  d'œil  sur  les  nombreuses  planches  hors  texte  qui  l'illustrent  et 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  727 

r  le  nombre  de  pages  de  certains  de  nos  fascicules,  qui  réglemen- 
tairement ne  doit  pas  dépasser  le  chiffre  de  64,  pour  constater  les 
superbes  cadeaux  qui  nous  ont  été  faits. 

Il  serait  matériellement  impossible  de  mettre,  sur  pied,  sans  eux, 
pour  la  modeste  somme  de  douze  francs,  un  volume  du  poids  et  de  la 
valeur  de  celui  de  1911,  tiré  déjà  à  650  exemplaires. 

Nos  Collections  se  sont  aussi  enrichies  de  dons  divers,  en  particulier 
grâce  à  M.  Kessler  (d'Alsace). 

Achats  de  Mégalithes.  —  L'année  qui  vient  de  s'écouler  a  permis 
l'achat,  dans  d'excellentes  conditions,  comme  toujours,  de  quelques 
Monuments  Mégalithiques. 

a)  Nous  devons  signaler,  d'abord,  l'acquisition  de  la  magnifique 
Grotte  de  Courjeonnet,  dans  la  Marne,  qui  a  été  accomplie  grâce  aux 
démarches  de  M.  Roland,  et  au  dévouement  et  à  la  générosité  de  notre 
Président,  M.  L.  Coutil.  Il  s'agit  d  une  grotte  sépulcrale,  néolithique, 
à  sculptures  et  à  gravures  superbes,  fouillée  en  août  dernier  par  M. 
Roland. 

b)  Puis  nous  avons  acheté  le  Menhir  de  la  Pierre  aux  Bœufs,  méga- 
lithe en  grès  de  2m20,  situé  commune  de  Montreuil-l'Argillé,  arron- 
dissement de  Bernay  (Eure  ,  redressé  et  payé  aussi  par  M.  Coutil  en 
1911. 

c)  A  Vendrest,  pour  régulariser  la  situation  et  nos  rapports  avec  les 
propriétaires  voisins,  nous  avons  fait  établir  un  procès-verbal  de  Bor- 
nage amiable,  dont  les  éléments  ont  été  publiés  dans  le  volume  consa- 
cré à  la  description  de  cette  Sépulture. 

d)  Nous  avons  reçu  les  pièces  relatives  au  Don  qui  nous  a  été  fait 
du  Polissoir  de  Sézannes,  acheté  par  le  regretté  H .  Marot,  et  qui  se 
trouve  aujourd'hui  sur  un  terrain,  qu'à  concédé  à  la  Société  Préhis- 
torique Française  la  commune  de  Belval-sur-Chàtillon  (Marne) ,  par 
délibération  de  son  Conseil  municipal  en  date  du  28  mai  1911. 

Messieurs  et  chers  Collègues, 

A  l'heure  actuelle,  malgré  nos  morts  et  les  défections  annuelles,  qui, 
d'ailleurs,  restent  toujours  peu  nombreuses,  la  Société  préhistorique 
Française  compte  aujourd'hui  bien  près  de  550  membres;  exactement  : 
531.  —  C'est  un  chiffre  des  plus  respectables.  Mais  nous  ne  désespérons 
pas  de  le  voir  augmenter  encore  ! 

Notre  influence  scientifique,    d'autre  part,  s'accroît  chaque  jour;  et 
découvertes,  comme  celles  de  notre  savant   collègue,  le  Dr  Henri 
in,    sont   bien   faites    pour  donner  à  nos  travaux  encore  plus  de 
ds  et  d'autorité  à  l'étranger  .  Certes,  certains  esprits  grincheux,  et 
impossibles  a  priori  à  satisfaire,  trouvent  que  notre  Bulletin,  encombré, 


728  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

n'a  pas  toujours  la  tenue  scientifique  qui  conviendrait,  sans  oser  d'ail- 
leurs le  dire  trop  ouvertement.  —  Mais  nous  attendons  ces  détracteurs 
premier  volume  de  nos  Mémoiresl 

Votre  Conseil  d'Administration,  dont  le  zèle  est  manifeste  et  dont 
le  travail  est  constant,  consacre  toutes  les  heures  dont  il  peut  disposer 
au  développement  et  au  progrès  de  notre  Association.  Grâce  à  notre 
Trésorier,  M.  Gillet,  nos  finances  sont  toujours  excellentes.  Il  n'est  pas 
possible  que  de  tels  efforts  ne  soient  pas  entièrement  et  publiquement 
consacrés  enfin  par  une  récompense  émérite;  par  une  aide  matérielle, 
plus  efficace  encore,  de  la  part  des  Pouvoirs  publics.  Il  n'est  pas  possi- 
ble qu'un  jour  où  l'autre  on  ne  voie  pas,  en  haut  lieu,  le  résultat  obtenu, 
qui  pourtant  éclate  aux  yeux  de  tous!  Mais  ayons  confiance;  notre  tour 
viendra,  car  désormais  notre  édifice  repose  sur  une  base  indestructible. 

Ce  jour-là,  Messieurs,  le  navire  sera  enfin  bien  ancré  au  port  ;  et  le 
capitaine  pourra,  sûr  de  l'unanimité  du  Conseil  de  guerre  qui  l'absoudra, 
abandonner  son  bord. 

M.  le  Président  met  aux  voix  l'adoption  du  rapport  de  M.  le  Secré- 
taire général.  —  Le  rapport  est  adopté  à  l'unanimité,  sans  aucune 
observation  [Applaudissements) . 

M.  le  Président  met  ensuite  successivement,  aux  voix  l'approbation 
des  diverses  Acquisitions  de  Mégalithes,  faites  d'urgence,  pendant  Tannée 
1911,  par  le  Conseil  d'administration  (Art.  IX  des  Statuts). 

En  conséquence,  la  ratification  des  achats  suivants  est  demandée  : 

1°  Menhir  de  la  Pierre  aux  Bœufs  (Montreui]-l'Argillé,Eure). 
2°  Giotte  artificielle  de  Courjeon.net  (Marne). 

Ces  acquisitions  sont  approuvées  à  l'unanimité. 

M.  le  Président  donne  la  parole  à  M.  le  Trésorier  pour  la  lecture 
de  son  rapport. 

M.  le  Trésorier  lit,  d'abord,  son  rapport  sur  XExercice  1911, 
arrêté  au  31  décembre  1911. 

Rapport  du    Trésorier  sur  l'Exercice  1911. 

Conformément  à  nos  Statuts,   j'ai  l'honneur   de  vous  présenter  les 
Comptes  de  la  Société  Préhistorique  française,  pour  l'année  1911,  arrê- 
tés   au   31   octobre  ;    comptes  qui    ont   été  approuvés  par  le  Conseil 
d'administration  dans  sa  dernière  réunion. 
I.  —  Recettes. 

1°  En  caisse,  au  l*'  janvier  1911 7.343  50 

2°  Cotisations.  —  486  cotisations  à  12  fr 5.832    » 

2  Cotisations  rachetées 400    » 

3  Cotisations  de  1910 36    » 

6.268    » 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  729 

3'  Encaissements  divers.  —  Versement   d'un  membre 

donateur 50    » 

Arrérages  de  rentes , 135    » 

Souscription  du  Ministère  à  25  Bulletins 270    » 

Remboursement   de  tirages   [Impressions   dans   le 

Bulletin] 532  05 

Remboursement  de  clichés 38  90 

Vente  de  Bulletins 184    » 

4°  Caisse  des  Fouilles  au  1er  janvier  1911 66  55 

Subvention  du  Conseil  général    de  Seine-et-Marne 

(Caisse  des  Fouilles) 50    » 

1.326  50 
Total  des  Recettes 14.938  00 

II.    —     DÉPENSES. 


1°  Bulletins.  —  Frais  d'impression 4.191  63 

1000  Exemplaires  de  la  Brochure  relative  au  Projet 

de  Loi  sur  les  Fouilles 111  10 

Frais  de  clichés 26?  55 

4.570  28 

2°  Frais  généraux.  —  Imprimés  divers 68  35 

Papier  et  enveloppes Il  75 

Local  de  la  rue  de  Jussieu  (Laboratoire). . .-. 252  40 

Impôts  d'un  dolmen 0  30 

Société  française  des  Fouilles  archéologiques  (sous- 
cription)..*   20  20 

Dépenses  du  Secrétariat  général 109  00 

Dépenses  tlu  Secrétariat... 50  00 

Dépenses   du  Trésorier 240  44 

752  44 

3*  Frais  extraordinaires  (Banquet) 77  00 

4"  Dépenses  pour  le    Monument    de  Vendrest   (Caisse 

des  Fouilles) 74  74 

5°  Achat  d'un  titre  de  rente  de  100  fr.  (au  cours) 3202  40 

3.354  14 
Tolal  des  dépenses 6.G7G  86 

III.  —  RÉCAPITULATION. 


Recettes 14.938  00 

Dépenses 8.676  86 

Solde  en  Caisse 

Ce  solde  se  décompose  comme  il  suit  : 

Caisse  ordinaire 6. 180  43 

Caisse  des  Fouilles 80  71 

Total  égal 6.261  14 


Au  1er  octobre  1911,  l'actif  de  la  Société  Préhistorique   de  France   est 
de  12.890  99,  ainsi  constitué  :  . 


730  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Espèces  en  caisse 

210  francs  de  Rente  française. 


12.890 


Certifié  conforme  :  le  Trésorier, 

M.   GlLLET. 

M.  le  Président  métaux  voix  l'approbation  du  Rapport  du  Trésorier 
sur  l'exercice  financier  de  1911.  —  Ce  rapport  est  approuvé  à  l'una- 
nimité [Applaudissements). 

M.  le  Trésorier  lit  enfin  le  Projet  de  Budget  pour  1912,  conformé- 
ment à  la  Loi  et  à  nos  Statuts. 

Projet  du  Budget  pour  191%. 

I.  —  Recettes. 

Recettes.  —  500  cotisations  à  12  francs 6.000    » 

Arrérages  de  rentes 210    » 

Total  des  recettes 6.480    » 

II.    DÉPENSES. 

Impression  et  envoi  de  Bulletin 4.300  » 

Frais  de   clichés 300  » 

Frais  d'impression  diverses 200  » 

Frais  généraux 400  » 

Location  et  frais  de   salles 350  » 

Impôts  et  cotisations 30  » 

Divers  et  imprévus 200  » 

Total  des  dépenses 5.780  » 

M.  le  Président  met  aux  voix  l'adoption  du  Projet  de  Budget  pour 
1912.  —  Il  est  approuvé  à  l'unanimité. 

Election   des   Membres 
du    Conseil    «1* Administration    pour  191S. 

1°  Remplacement  de  cinq  Membres  sortants. 

Memrres  a  élire  pour  trois  ans. 

Après  une  suspension  de  séance  pour  le  dépouillement  du  Scrutin 
public,  qui  a  été  fermé  à  5  heures,  M.  le  Président  rouvre  la  séance 
pour  annoncer  le  résultat  du  vote  des  nouveaux  membres  à  élire  pour 
le  Conseil  d'Administration,  et  donne  lecture  du  résultat  définitif  du 
scrutin. 

Nombre  de  votants 300 

Bulletins   nuls 5 

Reste 295 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  731 

Nombre  des  suffrages  exprimés,  ont  obtenu  : 

Thiot  (Oise). , 289  voix. 

Pagès-Allary   (Gantai) 288  — 

J.  Bossavy     Versailles) 288  — 

Martial  Imbkrt    Paris) 287  — 

D'  Baudon  (Paris) 286  — 

2°   Remplacement  d'un  Membre  démissionnaire. 

Membre  a  élise  pour  deux  Arts. 

Paul  de  Mortillet  (Paris) 286   voix. 

M.  Cartailhac  a  obtenu  trois  voix.  —  MM.  Breuil,  Daleau,  Me  Paul, 
M"e  WuhVer,  ont  obtenu  deux  voix.  —  MM.  Déchelette,  Dubus,  Bay- 
mond,  0.  C.  de  Beauregard,  Hébert,  J.  Morin,  Schaudel,  Courty, 
Giraux,  Marraagne,  Hauser,  Stalin,  P.  Guébhard,  B.  Guébhard,  Com- 
mont,  Deydier,  Cte  Beaupré,  Mme*  de  Marton,  Wilson,  Ganis,  Leprince, 
de  Luppé,  ont  obtenu  une  voix. 

M.  le  Président  déclare  élus  membres  du  Conseil  d'administration 
de  la  Société  Préhistorique  Française  :  MM.  Thiot,  Pages-Allary, 
Bossavy,  Martial  Imbert,  Baudox  et  Paul  de  Mortillet. 

M.  L.  Coutil,  Président  sortant,  devient  membre  de  droit  du  Con- 
seil d'administration  pour  trois  ans. 

Les  autres  membres  du  Bureau  continuent  leurs  fonctions,  confor- 
mément aux  Statuts. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  1/2. 


II.  —  ELECTIONS    DU  BUREAU  POUR  1912. 

Immédiatement  après,  le  nouveau  Conseil  d'Administration  de  la 
Société  préhistorique  française  s'est  réuni  dans  le  local  habituel  de  ses 
séances. —  Il  a  procédé  à  l'élection  du  Bureau  pour  1912.  — Sont  nom- 
més, à  l'unanimité  : 

Président  :  M.  A.    Viré  (Lot). 

Vice- Présidents  :     M.  Martial  Imbert  (Paris). 

M.  Pagès-Allary  (Cantal  . 

M.  Thiot  (Oise). 


-M  •#•  W* 


7 '-ï2  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


III.    -  SÉANCE    MENSUELLE. 


Présidence  de  M.  L.  COUTIL. 

3-=>%Q$H<=*: 

I.    —  PROCÈS- VERBAL   DE  LA  SÉANCE. 


M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  Procès-verbal  de  la  dernière 
séance  [Novembre  1911].  —  Le  Procès-verbal  est  adopté. 

M.  le  Secrétaire  Général  donne  connaissance  des  notes  reçues  à 
propros  du  procès-verbal,  et  envoyées  par  MM.  Fhanchet  [Céramique 
gallo-romaine']\  Marcel  Baudouin;  etc. 

Correspondance. 

Lettres  cT Excuses  :  M.  M.  Cloutrier  ;  Van  der  Broœk;  Dr  Ferrier  ; 
M.  et  Mme  Crova;  Me  de  Luppé. 

Lettres  de  Remerciements  :  M.  Ingelbeen  (R.)  ;  Mme  Ve  Marot  ;  Mme  et 
M.  Péchadre. 

Lettres  diverses  :  M.  le  Cte  Beaupré  ;  M.  Gh.  Cotte  ;  M.  H.  Breuil; 
M.  J.  Déchelette. 

Nécrologie. 

Deux  membres  de  la  S.  P.  F.  sont  décédés  le  mois  dernier  : 

M.  Fougeat,  ingénieur  des  Mines  à  Paris,  qui  s'était  chargé 
des  négociations  avec  la  ville  d'Angoulême  pour  l'organisation  du 
VIIIe   Congt es  préhistorique  de  France,  de   1912. 

M.  Henri  Marot,  ancien  membre  du  Conseil  d'Aministration  et 
ancien  vice-Président  de  la  Société  préhistorique  française,  ancien  vice- 
Président  des  Congrès  préhistoriques  de  France,  Officier  d'Académie, 
qui  est  décédé  le  27  novembre  1911,  à  Paris,  à  l'âge  de  65  ans. 

La  S.  P.  F.  était  représentée  aux  obsèques  de  M.  Marot  par  presque 
tout  son  Conseil  et  de  nombreux  membres. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  733 

M.  L.  Coutil,  Président,  y  a  prononcé  le  discours  suivant. 

Discours  de  M.  L.  Coutil, 

Président  de  la    Société  préhistorique  française. 

Mesdames,  Messieurs, 

Par  une  cruelle  ironie,  l'an  dernier,  à  pareille  époque,  la  Société 
préhistorique  française  célébrait  sa  reconnaissance  d'Utilité  publique; 
et  l'un  des  organisateurs  de  la  Fête  était  l'ami  que  nous  pleurons  tous 
aujourd'hui  ! 

Ce  fut,  certes,  un  de  nos  plus  dévoués  et  de  nos  plus  sympathiques 
collègues,  un  de  ceux  qui  ont  le  plus  contribué  à  la  prospérité  de  la 
Société,  et  un  de  ses  fondateurs. 

Ne  manquant  jamais  les  réunions,  ni  celles  du  Conseil,  auxquelles 
il  apportait  de  sages  avis,  aidant  discrètement  ses  collègues,  il  refu- 
sait toujours  les  remerciements,  protestant  d'être  trop  heureux  de  faire 
plaisir,  et  nous  désarmant  par  son  bon  sourire,  qui  va  nous  manquer 
maintenant. 

Et  c'est  ainsi  qu'en  se  prodiguant  sans  compter,  il  avança  ses  jours, 
pour  rendre  service  à  tous,  heureux  de  faire  le  bien. 

Nous  pouvons  en  parler,  ayant  été  son  collègue  à  la  vice-présidence 
de  la  Société  et  du  Congrès  préhistorique  de  Beauvais.  Nous  l'avons 
vu  aux  excursions  scientifiques,  dirigées  par  A.  de  Mortillet;  aux  Con- 
grès de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences.  Et  tous 
ceux  qui  l'approchèrent  devinrent  ses  amis,  séduits  par   son  aménité. 

Quoique  très  fatigué  et  souffrant,  il  brava  la  température  accablante 
de  Tété  dernier;  il  assista  au  Congrès  de  l'Association  française  à 
Dijon  et  tint  encore  à  nous  accompagner  à  Nîmes,  au  Congrès  pré- 
historique; mais,  là,  ses  forces  le  trahirent;  il  fut  terrassé  et  dut  rentrer 
à  Paris. 

Un  peu  remis,  notre  ami,  le  docteur  H.  Martin,  l'emmena  dans  sa 
propriété  du  Peyrat;  et,  à  force  de  soins  presque  filiaux,  il  retrouva 
quelques  forces;  il  eut  la  joie  suprême  d'assister  à  la  découverte  de 
l'Homme  moustérien  de  La  Quina. 

Ce  fut  son  dernier  rayon  de  joie;  mais  il  ne  put  avoir  la  consolation 
d'assister  à  la  séance  de  la  Sorbonne,  pour  applaudir  son  excellent 
ami;  il  dut  s'excuser,  car  ses  forces  déclinaient  déjà  ;  et,  peu  après, 
une  agonie  trop  longue  l'enleva  à  l'affection  des  siens  et  de  ses  amis 
anxieux,  qui  voulaient  encore  espérer. 

Tous  ceux  qui  ont  connu  l'ami  sincère  et  désintéressé  que  nous  avons 
tenu  à  accompagner  jusqu'à  cet  instant  suprême,  où  nous  devons  nous 
séparer,  conserveront  le  souvenir  ému  de  ce  collègue  à  l'amitié  si  sure, 
au  regard  si  bienveillant,  et  qui  va  laisser  parmi  nous  un  vide  irrépa- 
rable. 

Nous  sommes  l'interprète  de  tous  nos  collègues  de  la  Société  pré- 
historique française,  en  offrant  à  Mme  Marot,  à  Mme  Péchadre,  sa  fille 
qu'il  affeclionnait.  au  docteur  Péchadre  et  à  ses  enfants,  ainsi  qu'à  sa 
famille,  nos  plus  sincères  condoléances. 

Adieu,  cher  Monsieur  Marot  Soyez  assuré  que  vous  emportez  l'es- 
time générale  de  notre  Société  et  de  tous  vos  amis,  qui  ne  yous  oublie- 
ront jamais. 


734  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

M.  le  docteur  Henri  Martin  a  fait  également  l'éloge  du  défunt.  Voici 
le  discours,  prononcé  par  M.  le  Dr  H.  Martin,  Président  du  prochain 
Congrès  préhistorique  de  France. 

Mesdames,  Messieurs, 

Au  milieu  des  regrets  et  des  larmes,  un  récent,  mais  bien  sincère, 
ami  s'approche  de  votre  tombe,  Henri  Marot,  pour  vous  adresser  un 
dernier  adieu.  Adieu  déchirant  pour  vos  chers  enfants,  auprès  desquels 
vous  trouviez  l'affection  si  douce  qu'on  devait  à  l'aïeul  vénéré.  Adieu 
poignant  pour  tous  nos  collègues  delà  Société  préhistorique  et  des  Con- 
grès préhistoriques  de  France  !  Belle  et  noble  figure,  au  regard  si  profond 
et  si  droit,  empreint  d'une  sorte  de  timidité  ou  plutôt  de  sage  réserve, 
vous  saviez,  dans  vos  actes,  associer  la  réflexion  et  la  décision.  D'une 
bonté  inépuisable,  vous  vous  complaisiez  dans  le  bien  ;  et  les  satisfac- 
tions, les  joies  que  vous  pouviez  procurer  à  vos  amis,  faisaient  votre 
bonheur.  Profondément  versé  dans  la  Préhistoire,  vous  possédiez  à  fond 
cette  belle  science  et  étiez  un  modeste,  mais  saviez  y  trouver  les  élé- 
ments d'une  philosophie  élevée,  que  votre  esprit  réclamait.  Curieux  des 
récentes  découvertes,  vous  n'hésitiez  pas  à  suivre  les  cours  de  l'Ecole 
d'Anthropologie;  et  alors  vous  deveniez  l'élève  studieux,  qui  grave  dans 
sa  mémoire  et  n'oublie  jamais  le  point  essentiel  de  la  leçon  originale. 
Votre  activité  scientifique  ne  se  bornait  bas  à  la  fréquentation  des  Socié- 
tés savantes  et  des  Ecoles.  Il  y  avait  la  pratique  ;  et  les  Congrès,  les 
Excursions,  les  Fouilles  étaient,  pour  vous,  le  terrain  préféré  de  la  Pré- 
histoire. 

Deux  mois  à  peine  nous  séparent  de  ce  jour,  où  vos  yeux  s'illumi- 
naient, dans  le  gisement  deLaQuina,  au  moment  de  la  découverte  d'un 
ancêtre  fossile!  — Moment  d'émotion,  que  nous  avons  réciproquement 
partagé,  moment  de  joie  que  j'ai  été  heureux  de  vous  donner.  Hélas  ! 
Nos  beaux  projets  sont  anéantis,  puisque  vous  me  laissez  seul  dans  ces 
tranchées  archéologiques,  où  vous  étiez  si  attentif  et  si  anxieux. 

Hier,  vous  étiez  l'ami  désiré  de  la  maison,  l'aimable  collaborateur,  le 
conseil  précieux;  et  aujourd'hui  la  mort  a  tout  fauché.  Mais  que  de 
souvenirs  resteront  attachés  à  vous  dans  ce  coin  de  la  Charente,  où 
toutes  les  mains  se  tendaient  vers  vous. 

Adieu,  cher  et  bon  camarade,  Adieu! 

Après  lui,  M.  A.  de  Mortillet  parla  au  nom  de  la  Société  d'Excur- 
sions scientifiques  ;  et  M.  G.  Courty,  l'explorateur  géologue,  exprima, 
enfin,  au  nom  des  amis  du  défunt,  les  regrets  que  causait  sa  disparition 
brutale . 

Ville    Congrès    préhistorique    de    France. 

Session  d'Angoulème  :  18-24  Août  1912. 

Le  Comité  d'Organisation  du  Congrès  préhistorique  de  France,  qui 
doit  se  tenir  à  Angoulème  en  1912,  a  résolu,  dans  sa  réunion  du  6 
janvier  dernier,  de  changer  la  Date  précédemment  choisie,  considérée 
comme  trop  tardive  par  de  très  nombreux  collègues.  En  conséquence, 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  735 

le  Congrès  d'Angoulème  aura  lieu  du  18  au  24  Août  1912,  conformé- 
ment aux  Circulaires,  qui  vont  être  incessamment  envoyées. 

Nous  pouvons  annoncer  dès  aujourd'hui  que  la  réduction  de  50  °[0 
sur  les  Chemins  de  fer  est  obtenue.  Mais  il  faudra  être  muni,  désor- 
mais, d'une  Lettre  d'Invitation  spéciale,  qu'il  faudra  avoir  soin  de 
demander,  au  moins  un  mois  à  l'avance  ! 

Banquet  de  la  S.  P.  F. 

Nous  rappelons  que  le  Banquet  annuel  de  la  S.  P.  F.  aura  lieu  le 
Jeudi  25  Janvier  1912,  à  7  heures  et  demie  du  soir,  au  Restaurant 
Foyot,  rue  de  Tournon,  à  Paris. 

Nous  engageons  nos  Collègues  à  y  assister,  et  prions  les  dame?, 
membres  de  la  S.  P.  F.  et  des  Congrès,  de  vouloir  bien  honorer  cette 
modeste  fête  de  leur  présence. 

Les  «  Mémoires  »   de  la  Société   Préhistorique  Française. 
Année  1911.  —  3e  Liste.. 

Voici  les  noms  des  nouveaux  adhérents  : 

115.  Hauser.  120.    Boismoreau. 

116.  Haacke.  121.    Musée  historique  (Moscou). 

117.  CleBegouen.  12?.   Gaillard. 

118.  J.  Lahrie.  123.   Vial, 

119.  H.  Giraux.  124.    Hugues. 

Le  Volume  I  des  Mémoires  (1911)  va  être,  sous  quelques  jours, 
dislribué  à  tous  les  Souscripteurs. 

A  partir  de  Février  1912,  ce  volume  sera  disponible  en  Librairie.  — 
Il  sera  mis  en  vente  au  prix  fort  de  Vingt  Francs,  comme  le  Bulletin 
de  la  Société. 


admissions  de  nouveaux  Membres. 


ISont  déclarés  admis  comme  Membres  de  la  S.  P.   F.  :  MM. 
Siffre,  D.  M.,  97,  boulevard  Saint-Michel. 
[H.  Martin.  —  E.  Hue]. 
Qliller,  archéologue,  Cbàteauroux  (Indre). 

[A.-L.  Girardot.  —  J.-B.  Barrbau]. 
Salle  (Louis),  directeur  du  Trait  d'Union  commercial,    69,  rue  de  la 
République,   Rouen  (Seine-Inférieure). 

[Durus.  —  L.  Coutil]. 
Le  Bel,  250,  rue  Sain-Jacques,  Paris,  Ve. 

[Guébhard.  —  L.  Coutil]. 
Guyochin,  D,  M.,  171,  faubourg  Poissonnière,  Paris. 

[Théoleyre.  —  Le  Pileur]. 


736  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Bibliothèque. 

La  Bibliothèque  de  la  S.  P.  F.  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

AvENEAU  de  la  Granciere  .  —  Explorations  archéologiques  en 
Moréac  (Morbihan).  —  Le  Tumulus  de  Kerlaun.  —  Tombelles  de  Beau- 
lieu.  —  Ferriers  de  Beaulieii.  —  Néolithique  de  Beaulieu.  —  [Extr.  Bull. 
Soc.  Poly.,  Morb.,  nov.  1911].  —  Vannes,  1911,  in-8°,  12  p.,  4  fig. 

Aveneatj  de  la  Granciere.  —  Découverte  d'une  nouvelle  Villa  gal- 
lo-romaine près  du  Château  de  Kerhan-en-Areadon  [Morbihan).  —  Les 
Subslructions  de  Pen-er-Men.  —  [Extr.  Bal.  Soc.  Polym.  du  Morbi- 
han,  1911].  —Vannes,  19U,in-8°,  6  p.,  1  plan. 

Aveneau  DE  la  Granciere.  —  Sur  les  découvertes  et  interprétations 
récentes  de  Pétrog/yphes  ou  Signes  gravés  de  l'époque  néolithique.  — 
[Extr.  Bull.  Soc.  Polym.  de  Morbihan,  1910].  —  Vannes,    1910,  in-8°, 

14  p.,  4  fig. 

Aveneau  de  la  Granciere.  —  Inventaire  des  Silex  du  Grand-Prcssi- 
gny  recueillis  dans  le  Morbihan.  —  [Extr.  VIe  Congr.  Préh.  de  France, 
Tours,  1910,  p.  333-340].  —  Le  Mans,  1911,  in-8°,  8  p.,  1  pi. 
hors  texte. 

Aveneau  de  la  Granciere.  —  Inventaire  sommaire  des  haches-mar- 
teaux et  des  haches  doubles  en  pierre  polie,  trouvées  en  Bretagne-Armo- 
rique,  et  plus  particulièrement  en  Morbihan.  —  Note  sur  une  hache  mar- 
teau en  pierre  polie,  trouvée  à  Saint-Barthélémy  [Morbihan).  —  [Extr. 
Bull.  Soc.  Polym.  Morb.,  nov.,  1910].  —  Vannes,  1910,   in-8°,  19  p., 

15  fig.,  1  pi.  hors  texte. 

Bénard.  — -  Découverte  et  fouilles  d'un  Dolmen  à  Champignolks 
[Oise).  —  [Extr,  des  Mém.  delà  Soc.  Acad.  de  V Oise,  XIX,  lrc  partie]. 
—  Beauvais,  1905,  in-8°,  16  p.,  4  pi.  hors  texte. 

Antonio  dos  Santos  Rocha.  —  Materiaes  para  o  estudo  da  stade 
Cobre  em  Portugal.  —  Fogueira.de  Foz,  1911,  in-8°,  79  p.,  XI  pi. 
hors  texte.  [Très  important  mémoire  sur  l'Age  du  Cuivre  en  Portugal]. 

Travaux  de  la  Section  Numismatique  et  Archéologique  du  Musée  Natio- 
nal du  Transylvanie.  —  Année  1910,  t.  T,  n°  1.  Année  1911,  t.  II,  n°  1 
et  2.  —  Ivolozsvar,  in-4°,  nombreuses  figures. 

Westropp  (T.  J.).  —  The  ancient  forts  of  Ireland  :  being  a  contribu- 
tion towards  our  Knowledge  of  their  types,  affinities,  and  structural  fea- 
lures. —  [Extr.  The  Trans.  of  the  Boy.  Irish  Acad.,  XXXI,  par.  XIV, 
1912,  Mars].  Dublin,  in  4°,  1902,  nomb.  fig. 

Westropp  (T.  J.).  —  Types  of  the  Bing- forts  remaining  in  Eastcrn 
Clare  [Killaloe;  ils  i  oyal  forts,  and  their  history.  —  [Extr.  Proceed.  of 
the  Boy.  Irish.  Acad.,  XXIX,  Sect.  C,  n°7,  Août,  p.  186-212].  —  Du- 
blin, 1911,  in-4°,  fig. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  737 

YVestropp  T.  J.).  —  Clare  Island  Survey.  Part  ?.  History  and 
Archœology  [Extr.  Proc.  of.  the  Roy.  Irish  Acad.,  XXXI,  1911,  déc, 
78  p.,  10  pi.  hors  texte]    —  Dublin,  in  4°,  1911. 

Cartereau  (E.).  — Le  Mégalithe  de  Vouvray-sur-Huisne  [Sarthe).  Un 
cas  d'antériorité  du  Polissoir  sur  le  Dolmen.  —  [Extr.  VIe  Congr.préh. 
de  France,  Tours,  1910,  p.  619-631].  —  Tiré  à  part,  Le  Mans,  1911, 
in-8°,  15  p.,  5  fig. 

Harmois  (A.  L.).  —  Inventaire  des  Cachettes  de  l'Age  du  Bronze  dans 
le  département  de  la  Manche.  —  Homme  Préhist.,  n°6et  7,  1911,  p.  176. 

Harmois  (A.  L.).  —  La  Poterie  (Canton  de  Lamballe)  :  étude  archéo- 
logique.—  [Extr.  Mémoires  Soc.  Emul.  des  Côtes-du-Nord,  1911]. — 
Saint-Brieuc,  1911,  in-8°,  12  p. 

Jahresbericht  der  historichen  Muséum  in  Bern  pro  1909.  —  Bern, 
1910,  in-8°,  64  p.,  figures. 

Procès  intenté  à  la  Société. 

M.  Pény-Hirmenech  est  débouté  de  sa  demande  en  paiement  de  dom- 
mages-intérêts par  un  Jugement  du  Tribunal  civil  de  la  Seine,  en  date 
du  18  décembre  1911. 

Présentations  et  Communications. 

Présentations. 

J.  Wiedmer-Stern  (Suisse)  et  Guébhard  (Paris |.  —  Photographie 
de  petites  poteries  palafittiques,  d'usage  infantile,  du  Musée  de  Berne. 

H.  Martin  (Paris)  et  Dr  Siffre  (Paris).  —  V Homme  fossile  de  La 
Quina.  [Présentation  d'une  Maquette  en  plâtre  et  de  Moulages  divers]. 

P.  de  Mortillet  (Paris).  —  Hache  polie  gravée.  —  Discussion  : 
M.  Marignan;  A.  Guébhard. 

Comte  de  Mulinen  Suisse).  —  Ex  voto  en  terre  cuite,  trouvé  en 
Palestine  (Photographie). 

Communications. 

\  carnet  (Savoie).  —  Pierre  à  rainures  de  Suisse. 

E.  Menant  (Autun).  —  Tortue  en  porphyre  d'Autun.  —  Discussion  : 
MM.  Baudon;  E.  Taté;  A.  de  Mortillet;  Pagès-Allary. 

H    Corot  (Côte-d'Or).  —  Le  Néolithique  à  Alise- Sainte-Reine. 

0.  \  al  ville  (Aisne).  —  Doubles  rangées  de  Grès,  dressées  et  alignées, 
du  Département  de  l'Aisne. 

De  Saint-Périer.  —  Découverte  d'une  Roche  à  pétroglyphes  à  Mouli- 
ncu.r  (Seine-ct-Oisel.  —  Discussion  :  G.  Courty;  M.  Baudouin. 

SOCIKTK    rRÉllISTOUIQCE    FRANÇAISE.  47 


738  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Marcel  Baudouin  (Vendée).  —  Découverte  de  quatre  Polissoirs  en 
Vendée  en  1911  [Cheffois ;  Avrillé  [Deux);  N.-D.-de-Riez). 

M.  Stalin  (Beauvais).  —  Meule  à  grains  de  la  fin  du  néolithique  ou 
des  débuts  de  l'âge  du  bronze,  provenant  des  environs  de  Cires-les-Melle 
(Oise).  —  Molette  de  même  époque  recueillie  à  Bourcq  [Oise).  —  Dis- 
cussion :  MM.  A.  dk  Mortillet;  M.  Baudouin. 

Charvilhat  (G.)  (Clermont-Ferrand,  Puy-de-Dôme).  —  Fouille  à  la 
station  magdalénienne  du  Pont  de  Longue,  près  la  gare  de  Vic-le-Comte 
(Puy-de-Dôme),  en  mai  1910. 

Charvilhat  (Clermont-Ferrand,  P.-de-D.).  —Découverte  d'un  Men- 
hir, près  le  village  de   Piogat,  canton  de  Menai  (Puy-de-Dôme) . 

Le  Coniat  (Trégomar,  C.-du-N.).  —  L'Allée  couverte  des  Jeanne- 
tières-de-Plédeliac  (Côtes-du-Nord) . 

Boutanquoi  (Nampcel,  Oise).  —  Station  préhistorique  de  Nampcel 
(Oise) . 

11.  —  NOTES  ORIGINALES,  DISCUSSIONS, 
ET  PRISES  DE  DATE. 


Discussion  sur  les  Pressoirs. 

M.  E.  Vuarnet  a  fait  savoir  à  M.  A.  Guébhard  qu'il  avait  remar- 
qué, à  Nyon  (Vaud,  Suisse),  une  pierre  tabulaire,  à  rainures  de  plus 
de  1  mètre  de  longueur,  rappelant  les  tables  de  pressoir,  dont  il  a  été 
question  dans  le  Bulletin  (t.  VII,  1910,  p.  62-80,  86-88, 144-149,  209- 
211,  376-378,  etc.),  notamment  la  big.  14  de  la  p.  69. 


Sur  une  petite  Tortue  en  porphyre» 
trouvée  à    Vulmi. 


M.  E.  MENAND  (Autun,  S.  et-L.). 

Pour  faire  suite  aux  notes  parues,  dans  les  derniers  Bulletins  de  la 
Société  Préhistorique  Française  sur  la  Tortue,  j'ai  à  vous  signaler  une 
petite  pierre  en  cabochon,  dont  la  partie  convexe  reproduit  par  des 
traits  en  creux  les  imbrications  d'une  carapace  de  tortue. 

Cette  pierre,  un  porphyre  vert  d'Egypte  est  très  soignée  comme 
travail  ;  la  partie  plane  a  un  contour  de  forme  ovoïde  et  mesure 
0m014  dans  son  plus  grand  diamètre  et  0m012  dans  son  diamètre 
le  plus  faible.  Telle  qu'elle  est  actuellement,  elle  est  incomplète  en 
ce  sens  qu'elle  devait  être  sertie  dans  un  métal. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  739 

Le  porphyre  vert,  qui  fut  importé  abondamment  d'Egypte  en 
Gaule  à  l'époque  de  la  domination  romaine,  et  dans  lequel  a  été 
taillée  cette  petite  carapace  de  tortue,  l'emplaeement  très  rapproché 
du  théâtre  gallo-romain  d'Autun  dans  lequel  elle  a  été  trouvée  :  tout 
semble  indiquer  que  cette  pierre  a  fait  partie  d'une  bague  ou  d'un 
autre  bijou  gallo-romain,  et  que  la  Tortue  était  employée  par  les 
Gallo-Romains  comme  ornementation  et  peut-être  comme  amulette. 


Statuette  en  terre  cuite  trouvée  en  Palestine. 

PAR 

M.  le  Dr  E.  Comte  de  MULINEN  (Berne). 

A  l'appui  de  la  petite  note  donnée  à  la  p.  247  du  Bulletin  d'Avril, 
nous  sommes  heureux  de  publier  la  photographie  d'un  ex-voto,  pro- 
venant d'une  grotte  des  environs  de  Saint-Jean-d'Acre,  représentant 
un  cavalier,  dans  lequel  la  plupart  des  archéologues  qui  l'ont  étudié 
croient  bien  reconnaître  une  figuration  de  Gaulois. 


Fig.  1.  —Statuette  en  terre  cuite  de  la  grotte  de  ElBi'ne,  près  Akka  (PalesUne). 

Nous  devons  ce  cliché  à  l'obligeance  du  Musée  Historique  de 
Berne,  qui  possède  la  pièce  originale  et  qui  a  bien  voulu  répondre, 
aussitôt  que  cela  lui  a  été  possible,  au  désir  exprimé  tout  de  suite  à 
ce  sujet  à  M.  de  Mûlinen  par  M.  A.  Guébhard. 


740  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


Objets  en  terre  cuite  des  Palafittoa  Suisses 
(Age   du  Bronze). 

M.  A.  Guébhard  présente,  de  la  part  de  M.  Wiedmer-Stern,  une 
vingtaine  de  remarquables  photographies,  grandeur  naturelle,  de 
petits  objets  de  terre  cuite  des  Palafittes  suisses,  de  l'âge  du  Bronze, 
dont  quelques-uns,  munis  de  trous  latéralement  et  supérieurement, 
peuvent  bien  avoir  été.  plutôt  que  des  biberons,  de  petites  lampes  à 
graisse,  mais  dont  la  plupart  ne  semblent  guère  avoir  pu  être  que 
des  hochets,  ou  jouets  d'enfants,  quoique,  en  d'autres  circonstances, 
où  ils  furent  rencontrés  en  quantité  considérable  (1)  ou  même  en 
amas  industriels  (2),  quelques-uns,  surtout  les  zoomorphes(  3),  aient 
été  interprétés  comme  objets  votifs,  et  d'autres,  réduction  miniature 
d'ustensiles  courants,  parfois  taillés  en  pierre  (Morgan,  Perse,  VII, 
18,  fig.  2-14),  comme  pots  à  fard,  godets  de  couleur,  etc. 

Leur  abondance  dans  les  stations  lacustres  justifierait  bien  une 
étude  monographique. 

M.  le  Dr  Baudon,  qui  a  eu  l'occasion  de  voir  récemment  beaucoup 
de  ces  objets  dans  les  Musées  suisses,  appuie  l'interprétation  d'un 
bon  nombre  d'entre  eux  comme  lampes. 


Présentation  de  Moulages  et  de  Photographie*. 
Reconstitution  du  Crâne  de  l'Homme  fossile 
de  I.î»  Quina. 

M.  le  Dr  Henri  Martin  entretient  les  membres  de  la  Société  des 
travaux  de  reconstitution  qu'il  exécute  sur  le  Crâne  moustérien  de  La 
Quina  et  présente  deux  maquettes.  L'une  reproduit  le  crâne  dans 
son  état  primitif  avec  le  chevauchement  des  os  ;  et  l'autre  un  état 
de  dégagement  assez  avancé.  Ces  témoins  faciliteront  la  reconstitu- 
tion, car  les  fractures  des  pièces  crâniennes  ont  été  reproduites  par 
MM.  Bousquet,  avec  une  exactitude  parfaite.  La  méthode  du  raou- 


.  (i)  S.  DE  Rossi,  Intorno  ad  un  copioso  deposito  di  sloviglie  od  allri  oçgelti 
arcaici  rinvenuto  nel  Viminale,  Bull.  d.  Gommiss.  archeol.  commun,  di  Roma, 
VI,  1878,  p.  6o-92,  pi.  VI-VIII  (v.  p.  79). 

(2)  Giovanni  Patroni,  Caverna  nalurale  con  avanzi  preislorici  in  prov.  di 
Salerno,  Monum.  antichi,  IX,  1900,  col.  541-616,  72  fig.  —  L'auteur  remarque 
(col.  570)  l'extraordinaire  abondance  de  vases  minuscules,  quelques-uns  faits  d'un 
simple  coup  de  doigt  dans  la  pâte,  trouvés  par  centaines,  encore  alignés  ou 
empilés  dans  cette  grotte  préhistorique. 

(3)  Baron  Albert  Nyari,  A  Peliny-Varhegyi  Oeslelep,  Archcologiai  Ertesilo, 
XXIX,  1909,  p.  431,  fig.  24. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  741 

lage  a  été  abandonnées  pour  ce  premier  travail  ;  les  pièces  étant  très 
fragiles,  on  pouvait  craindre  des  dégâts  irréparables. 

Cependant  la  consolidation  des  os  n'est  pas  négligée  ;  e.le  est  faite, 
non  pas  avec  des  matières  putrescibles  comme  la  gélatine,  mais  avec 
des  applications  au  pinceau  de  térébenthine  contenant  en  dissolution 
de  la  cire  d'abeilles  et  de  la  paraffine.  Ce  procédé  donne  d'excellents 
résultats. 

Les  croquis  des  différentes  phases  du  dégagement  et  les  nombreu- 
ses photographies,  représentant  les  changements  successifs  du  bloc 
contenant  les  pièces  crâniennes,  sont  présentés,  ainsi  que  la  méthode 
employée  pour  le  repérage  et  la  numération  de  tous  les  fragments. 

Actuellement  la  seconde  arcade  sourcilière  a  été  en  partie  retrou- 
vée; la  tète  se  reconstruit;  et  les  principaux  os  du  crâne  sont  juxta- 
posés. 

Les  difficultés  d'assemblage  ont  été  amoindries,  en  employant,  non 
pas  un  collage  précipité  et  définitif,  mais  un  dispositif  de  bandelettes 
de  toile,  maintenues  avec  de  la  gomme  arabique  et  rapprochant  les 
fragments  entre  eux.  Ces  bandelettes,  au  niveau  des  sutures  et  des  sil- 
lons de  fracture,  sont  dégommées  pour  permettre  un  mouvement 
de  charnière  ;  ce  procédé  permet  de  conserver  un  certain  jeu  entre 
des  pièces  avant  leur  réunion  solide  et  définitive  ;  il  facilite  aussi 
l'adaptation  des  os  wormiens  et  des  fragments  intercalaires,  d'une 
mise  en  place  souvent  très  difficile. 

Ce  long  travail  est  en  bonne  voie  ;  et  bientôt  l'étude  du  crâne  sera 
soumise  à  la  Société  préhistorique. 


îVote  sur  une  Usure  spéciale  des  Molaires  du 
Squelette  de  La  Quina. 

Par  M.    le   D' 

SIFFRE  (Paris), 

Directeur  de  l'Ecole  Odontotechnique. 

Je  remercie  M.  le  Dr  Martin  de  l'honneur  qu'il  m'a  fait,  en  me  per- 
mettant d'étudier  la  denture  du  sujet  si  intéressant  qu'il  a  découvert 
à  La  Quina;  et.  avec  son  autorisation,  je  me  permettrai  de  signaler 
une  usure  particulière,  portée  par  la  lrc  et  la  2e  molaire  inférieures 
gauches. 

On  remarque,  sur  la  face  de  la  2e  molaire  située  parallèlement 
au  bord  de  l'émail  au  collet,  et  intéressant  cet  émail  même, 
une  gouttière,  qui  mesure  environ  0tu04  à  0m05  millimètres  de 
longueur,  sur  un  millimètre  de  profondeur.  Gouttière  absolument 
lisse,  sans  trace  de  calcification,  et  qu'il  n'est  pas  possible  d'attribuer 
soit  à  la  carie,  soit  à  une  action   quelconque  post-mortem. 


742  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Sur  la  lre  molaire,  à  l'angle  cervical  jugo-distal,  c'est-à-dire  au 
collet,  existe  une  gouttière,  creusant  cet  angle  sur  son  côté  externe 
ou  jugal  d'environ  0m02  et  sur  son  côté  postérieur  ou  distal,  d'envi- 
ron 0m04,  en  longueur.  La  profondeur  de  la  gouttière  semble  attein- 
dre 0m02  à  sa  partie  moyenne,  pour  diminuer  et  cesser  vers  l'angle 
disto-lingual. 

La  largeur  de  cette  gouttière  est  d'environ  0n)02  et  demi,  tandis 
que  la  gouttière  de  la  2e  molaire  ne  dépasse  pas  0m01.  La  présence 
de  cette  usure  n'a  d'autre  explication  que  par  l'usage  d'un  instru- 
ment, introduit  souvent  etjongtemps  entre  les  deux  molaires,  en  un 
mot  par  l'usage  d'un  «  cure-dent  ?  » 

Cette  usure  n'est  pas  générale  ;  elle  n'existe  pas  sur  toutes  les  dents  ; 
on  peut  donc  croire  que,  là  seulement,  le  sujet  avait  éprouvé  le  besoin 
de  se  débarrasser  de  ce  qui  avait  pu  s'accumuler  entre  ces  deux 
dents  lre  et  2e  molaires  (1). 

La  question  se  pose  de  savoir,  si,  par  habitude,  le  sujet  de  La  Quina 
introduisait  un  objet  pointu  entre  ses  dents,  et,  par  cela  même, 
n'avait  pas  blessé  et  infecté  sa  muqueuse  et  ouvert  l'articulation 
alvéolo-dentaire  dans  la  région  interdentaire,  ou  bien,  si,  porteur 
d'une  gingivite  d'origine  tartrique  localisée  sur  le  groupe  molaire,  il 
n'avait  pas  senti  le  besoin  de  retirer  les  aliments  introduits  pour  la 
mastication  dans  1  infundubilum  alvéolo-inter-dentaire,  qui  le 
faisaient  souffrir  ou  le  gênaient  simplement. 

Je  crois  que  c'est  plutôt  cette  dernière  raison,  qui  détermina  l'usage 
du  cure-dent.  En  effet,  chez  tous  les  sujets  et  chez  le  sujet  même  de 
La  Quina,  on  constate  la  présence  de  tartre,  et  un  déchaussement 
marqué  de  ce  fait.  Sur  ce  dernier  sujet,  on  peut  aussi  constater  une 
lésion  de  l'os  alvéolaire-interdentaire;  et  je  ne  crois  pas  m'avancer 
beaucoup,  en  disant  qu'il  avait  de  l'arthrite  chronique  à  ses  deux 
molaires  au  moins. 

Du  reste,  l'usure  que  j'ai  l'honneur  de  signaler,  se  rencontre  iden- 
tique sur  un  crâne  de  nègre  de  Dakar  (2),  que  possède  le  Dr  Martin,  et 
la  dent  ainsi  usée  laisse  constater  une  phase  très  avancée  de  gingi- 
vite expulsive  ou  mieux  d'arthrite  infectieuse  —  et  suppurant  —  avec 
cavité  d'ostéite  péri-radiculaire,  le  même  crâne  porte  des  traces 
manifestes  d'alvéoles  ayant  perdu  leur  dent  par  le  processus  patho  - 
logique  connu  couramment  sous  le  nom  de  pyorrhée  ou  de  poly- 
arthrite infectieuse  chronique. 

En  résumé,  le  sujet  de  La  Quina  a  creusé,  par  un  long  usage,  une 

(1)  Je  fais  mes  réserves  pour  les  mêmes  molaires  supérieures,  qui  semblent  por- 
ter la  même  usure.  Mais  il  faut  attendre  qu'on  puisse  les  avoir  en  mains,  pour 
affirmer. 

(2)  J'ai  constaté  cette  usure  sur  d'autres  dents  préhistoriques. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  743 

région  de  ses  dents  absolument  à  l'abri  des  facteurs  d'usures  connus 
et  naturels. 

Cette  usure  n'a  pu  être  produite  qu'avec  un  objet  pointu  et  assez 
aigu  pour  ne  creuser  qu'un  millimètre  à  sa  pointe,  et  assez  dur  pour 
entamer  un  tissu  dentaire  comme  l'émail. 

L'on  peut  dire  que  primitivement  il  y  a  eu  lésion  et  que  les  ali- 
ments introduits,  gênant  et  provoquant  de  la  douleur,  ont  obligé  le 
sujet  à  chercher  le  moyen  de  s'en  débarrasser! 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Je  ne  puis  pas  ne  pas  souligner  l'intérêt  de 
l'observation,  si  remarquable,  de  M.  le  Dr  Siffre,  relative  à  l'Homme 
fossile  de  La  Quina,  pour  deux  raisons  :  la  première,  c'est  que  j'ai 
bien  examiné  les  lésions  dentaires  du  Nègre  de  Dakar,  qu'il  a  présen- 
tées à  la  Société  d'Anthropologie,  et  que  je  suis  absolument  de  son  avis  ; 
la  seconde,  c'est  que  j'ai  déjà,  moi-même,  en  1908,  signalé,  à  la  même 
Société  (1),  l'existence  de  lésions  dentaires  analogues  sur  des  crânes, 
probablement  préhistoriques,  provenant  de  la  Grotte  de  Martiel 
(Aveyron). 

A  cette  époque,  comme  j'insistais  sur  cette  affection,  qu'autrefois 
on  appelait  la  Gingivite  expulsive  (Magitot)  et  qu'on  dénomme  au- 
jourd'hui Polg-arthrite  infectieuse  chronique,  M.  le  Pr  P.  Rajmond 
m'accusa  défaire  un  diagnostic  erroné.  Je  remercie  très  vivement 
M.  le  Dr  Siffre  de  m'avoir  permis  de  répondre,  à  la  Société  d'Anthro- 
pologie même,  que  c'est  bien  moi  qui  avais  raison...  Je  le  répète,  au- 
jourd'hui, ici,  afin  que  personne  n'en  ignore  plus. 

Je  voudrais  terminer  par  une  remarque  déjà  faite.  Plus  je  vais,  plus 
je  constate  que  YHomme  Moustérien  était  un  homme  déjà  très  intelli- 
gent :  la  preuve,  c'est  qu'il  avait  inventé  le  cure-dent  !  Par  conséquent, 
son  cerveau  était  déjà  très  évolué.  —  Cela  prouve  enfin,  une  fois  de 
plus  que  c'est  bien  à  Y  époque  Tertiaire  qu'il  faut  rechercher  les 
premiers  Hommes,  et  non  au  Chelléen! 


Discussion  sur  l'émail  des  Poteries  romaines. 

M.  L.  Franchet  (Asnières,  Seine).  —  M.  Aymar,  dans  un  article 
qui  a  paru  dans  le  dernier  Bulletin,  émet  l'hypothèse  que  les  Gallo- 
romains  ont  pu  utiliser  les  sels  alcalins,  contenus  dans  les  eaux  de 
certaines  sources  de  l'Auvergne  :  sels  qu'ils  auraient  extraits  au 
moyen  de  bassins  d'évaporation.  Il  n'est  certes  pas  impossible,  qu'un 
tel  procédé  ait  été  utilisé,  et  il  sera  intéressant  de  rechercher  dans  le 
voisinage  des  sources  salines,  ce  qui  peut  subsister  de  ces  installa- 
tions industrielles,  si  toutefois   elles  ont  existé.   En  attendant  que 

(1)  Marcel  Baudouin. —  La  Grotte  de  Jammes,  à  Martiel  (Aveyron).  —  [Rapport 
de  Mission].  —  Bull,  et  Mém.  Soc.  d'Anlhr.  de  Paris,  1908,  p.  746-748. 


744  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

nous  soyons  fixés  sur  cette  intéressante  question,  il  n'est  pas  inutile 
de  résumer  ce  que  nous  savons,  relativement  aux  provenances  de  la 
Soude  chez  les  anciens. 

Tout  d'abord,  et  avant  toute  chose,  je  voudrais  éclaircir  un  point 
très  important,  relatif  à  l'enduit  vitrifié  qui  recouvre  la  poterie  romaine 
et  que  les  auteurs  désignent  indistinctement  sous  les  noms  deglaçare 
et  de  vernis,  alors  que  c'est  un  véritable  émail.  Celte  confusion,  entre 
plusieurs  termes  désignant  des  produits  absolument  distincts  les 
uns  des  autres,  existe  malheureusement  dans  tous  les  ouvrages  de 
Céramique,  parce  que  leurs  auteurs  se  sont  tous  inspirés  du  Traité 
des  Arts  céramiques  de  Brongniart,  livre  vieux  de  près  d'un  siècle. 

Pour  être  bref,  je  dirai  seulement  que  le  vernis,  ainsi  que  la  glaçure, 
sont  des  enduits  vitrifiés  transparents,  tandis  que  l'émail  est  un  en- 
duit vitrifié  opaque  (1). 

Or  l'enduit  rouge  des  poteries  romaines,  est  un  véritable  émail, 
coloré  par  du  peroxyde  de  fer,  qui  est  un  opacifiant  aussi  énergique 
que  l'oxyde  de  chrome  (dans  la  série  des  opacifiants  colorés).  J'ai 
montré  naguère  (2)  que  l'émail  noir  des  Grecs  était  composé  de  car- 
bonate de  soude  (le  fondant)  et  d'oxyde  ferroso-ferrique  (le  colorant). 
—  La  coloration  noire  de  cet  émail  est  due  à  ce  dernier  oxyde.  Ce- 
pendant, si,  lorsque  l'émail  est  vitrifié,  on  le  laisse  exposé  à  la  chaleur 
du  four,  mais  sans  augmenter  la  température,  l'oxyde  ferroso-ferri- 
que noir  (Fe80;  contenant  27  °/0  d'oxygène)  se  suroxyde  et  passe  à 
l'état  de  peroxyde  de  fer  rouge  (Fe203  contenant  29  %  d'oxygène). 
Ce  passage  du  noir  au  rouge  s'observe  assez  fréquemment  dans 
l'émail  grec;  et  cet  émail  rouge  est  alors  rigoureusement  identique  à 
l'émail  romain  des  poteries  dites  samiennes.  J'ai  signalé,  en  même 
temps,  que  l'usage  de  l'émail  noir  grec  s'était  continué  chez  les 
Romains  concurremment  à  celui  de  l'émail  rouge,  devenu  alors  d'une 
fabrication  courante  (3). 

L'émail  rouge  est  composé  d'un  sel  alcalin  et  de  peroxyde  de  fer; 
peut  être  aussi  d'un  peu  de  chaux,  dont  la  présence  est  très  difficile 
à  mettre  en  évidence,  en  raison  de  la  faible  épaisseur  de  l'enduit 
vitrifié.  En  tous  les  cas  le  brillant  de  l'émail  n'a  certainement  pas  été 
obtenu  au  moyen  de  vapeurs  salines,  comme  on  l'a  dit  à  tort. 

Donc,  pour  en  revenir  à  la  question  du  carbonate  de  soude,  ce  sel 
avait  chez  les  Romains  un  grand  emploi,  non  pas  tant  dans  les  fabri- 
ques de  céramique,  que  dans  celles  de  verrerie.  D'où  provenait  ce 

(1)  J'ai  indiqué  la  nomenclature  céramique  réelle  dans  ma  Céramique  primitive. 
Introduction  à  la  technologie.  1911,  Paris,  Geuthner,  édit.  (pages  78  à  82). 

(2)  Sur  la  préparation  de  l'émail  noir  des  poteries  grecques  par  l'oxyde  feroso- 
ferrique  naturel.  —  Comptes  tendus  de  lAcad.  des  Se,  t.    152,  p.  1097. 

(3)  J'ai  de  nouveau  traité  cette  question  au  Congrès  de  l'Association  française 
pour  F  Avancement  des  Sciences,  tenu  à  Dijon  au  mois  d'aoïit  1911. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  "45 

Carbonate  de  soude?  Et  tout  d'abord,  était-ce  bien  toujours  ce  sel  qui 
était  employé  sous  le  nom  de  Xatron?  En  effet,  nous  traduisons  ainsi 
le  Xilriun  des  latins,  produit  qui  désignait  indistinctement  les  carbo- 
nates et  sulfates  de  soude  et  de  potasse  (mais  non  pas  le  salpêtre, 
notre  nitre.  comme  l'ont  avancé  certains  auteurs).  Cette  erreur  a  été 
combattue  par  Berthelot,  avec  l'autorité  que  lui  donnait  sa  profonde 
connaissance  des  origines  de  la  chimie. 

Les  anciens  désignaient,  sous  le  nom  Nitrum  factice,  le  sel  extrait 
des  cendres  du  chêne  :  c'était  donc  du  carbonate  de  potasse  (les 
cendres  de  chêne,  de  châtaignier,  de  charme,  de  hêtre,  de  noisetier, 
etc.,  en  renferment  80  à  90  p.  100  .  Par  conséquent-  vu  l'abondance 
des  forêts,  en  Gaule,  les  Romains  pouvaient  se  procurer  très  faci- 
lement un  sel  alcalin,  servant  de  fondant  à  l'émail,  car  on  sait  que 
les  carbonates  de  soude  et  de  potasse  possèdent,  sous  ce  rapport, 
des  propriétés  absolument  identiques;  si  aujourd'hui  on  préfère 
employer  du  carbonate  de  soude,  cela  tient  à  ce  que  le  carbonate 
de  potasse  est  d'un  prix  plus  élevé  ;  il  a  aussi  l'inconvénient  d'être 
déliquescent. 

Voyons  maintenant  la  provenance  de  la  Soude.  Il  faut  se  rappeler 
que  l'Egypte  avait  été  convertie  en  province  romaine  dès  l'an  30  avant 
J-C,  de  sorte  que,  pendant  que  les  Romains  occupaient  la  Gaule,  ils 
avaient  toutes  facilités  pour  tirer,  de  leur  colonie  égyptienne,  les  sels 
de  soude,  dont  ils  avaient  besoin  et  qu'ils  trouvaient  en  abondance 
dans  certains  lacs.  A  défaut  de  l'Egypte,  ils  avaient  la  faculté  d'em- 
ployer les  cendres  puisqu'ils  connaissaient  ce  procédé  des  plantes 
appartenant  aux  genres  Atriplex,  Sassola,  Salicornia,  Chenopodium, 
qui  croissaient  dans  le  Sud  de  la  Gaule,  en  Italie,  ainsi  que  dans  le 
Nord  de  l'Afrique  et  en  Espagne,  également  soumis  à  leur  domina- 
tion. Je  suis  fondé  à  croire,  cependant,  que  parmi  ces  diverses 
sources,  où  les  Romains  pouvaient  puiser  pour  se  procurer  la 
soude,  ils  préféraient  les  sels  alcalins  provenant  de  l'Egypte  ou  de  la 
Syrie.  En  effet,  on  sait  combien,  dans  les  Arts  du  Feu,  les  traditions 
se  sont  perpétuées  longtemps,  puisque,  même  aujourd'hui,  nous 
retrouvons  communément,  en  céramique  et  en  verrerie,  des  procédés 
empiriques,  qui  remontent  à  une  antiquité  extrêmement  reculée,  bien 
antérieure  à  l'époque  romaine.  D'autre  part,  on  connaît  la  prospérité 
des  verreries  de  l'Italie,  à  l'époque  de  la  Renaissance.  Néri  1612  , 
qui  nous  a  transmis  les  procédés  de  fabrication  qui  était  alors  en 
usage,  s'exprime  ainsi  à  propos  de  la  soude  :  «  La  poudre  vulgaire- 
ment appellée  Rochetta,  que  l'on  apporte  de  Syrie  ou  du  Levant,  est 
la  cendre  d'une  plante,  qui  y  croît  en  abondance.  Cette  cendre  donne 
un  sel  incomparablement  plus  blanc  que  la  soude  d'Espagne.  » 

Donc,  à  cette  époque  la  soude  provenant  de  l'Orient  était  réputée 


746  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

la  meilleure.  N'est-on  pas  fondé  à  croire  que  c'est  par  simple  tradi- 
tion, et  parce  que  l'usage  s'en  était  implanté  depuis  une  longue  suite 
de  siècles? 

Quoiqu'il  en  soit,  les  recherches  entreprises  par  M.  Aymar  sont 
intéressantes,  parce  qu'elles  sont  susceptibles  de  fixer,  peut-être  un 
jour,  un  point  de  l'Histoire  des  Arts  industriels,  importés  en  Gaule 
par  les  Romains. 


I  <*  Néolithique  au  Plateau  «l'Alise. 

PAR 

M.  Henry  COROT  (Savoisy,  Côte-d'Or). 

Les  fouilles  d'Alésia,  à  la  Croix  Saint-Charles,  c'est-à-dire  celles 
opérées  sous  la  direction  de  MM.  le  Dr  Epery  et  le  Commandant 
Espérandieu  ont  été,  cette  campagne,  particulièrement  intéres- 
santes et  fructueuses. 

L' Académie  des  Inscriptions  en  a  entendu  les  échos  par  les  com- 
munications de  M.  Héron  de  Villefosse  et  de  M.  le  Commandant 
Espérandieu  lui-même,  qui  ont  fait  ressortir  la  valeur  historique  de 
la  découverte  de  la  voie  gauloise  d'Alésia,  ainsi  que  des  vestiges  des 
Fortifications,  élevées  en  l'an  52,  par  Vercingétorix,  pour  aider  à  la 
défense  de  la  place. 

Les  fouilles  faites  en  tranchées  en  tous  sens,  sur  cette  première 
assise  de  l'Oppidum,' immédiatement  au-dessus  des  abrupts,  ont 
procuré  des  restes  de  Y  occupation  néolithique  du  plateau,  restes 
d'autant  plus  intéressants  qu'ils  paraissent  appartenir  à  un  fond  de 
cabane  de  l'époque,  puisqu'ils  ont  tous  été  recueillis  dans  un  foyer, 
à  part  cependant  la  poterie,  qui  se  trouvait  à  quelque  distance  du 
foyer,  et  en  plein  dans  un  magma  d'argile,  provenant  vraisemblable- 
ment du  niveau  des  sources,  dont  l'emplacement  en  question  se 
trouve  en  contre-bas,  d'environ  lm50. 

Les  objets  sont  des  racloirs,  de  diverses  taille  et  dimensions,  et 
une  très  intéressante  pointe  de  flèche,  triangulaire,  appartenant  au 
type  dit  à  tranchant  transversal. 

Mais,  ce  qui  fait  l'intérêt  de  cette  flèche,  c'est  qu'obtenue  comme 
on  le  sait,  d'une  lame  de  couteau  brisée  en  triangle,  elle  a  été  fine- 
ment retouchée  sur  les  parois  de  la  section  du  plan  du  couteau. 

La  poterie  est  bien  franchement  de  la  fin  du  Néolithique;  c'est  un 
vase,  apode,  de  grandes  dimensions,  dont  le  diamètre  de  la  panse 
pouvait  atteindre  si  j'en  juge  par  les  débris  qu'il  m'a  été  permis  de 
réunir,  environ  0m35  à  0m40,  sur  une  hauteur  d'environ  O^O  ou 
0m45,  le  vase  est  à  six  anses  tubulaires,  posées  deux  à   deux  et  l'une 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  747 

sous  l'autre,  dans  le  genre  de  ceux  qui  ont  été  trouvés  à  Furfooz,  et 
à  ce  qu'a  signalé,  ici  même,  notre  très  érudit  confrère  M.  leDrGuéb- 
hard. 

J'ajouterai  qu'un  ciseau,  en  os,  dont  la  partie  supérieure  ou  talon, 
est  formée  par  la  moitié  de  la  tête  d'un  radius  d'animal,  et  dont  le 
tranchant  a  été  poli  par  frottement,  sur  un  grès  très  fin.  C'estune  des 
pièces  les  plus  intéressantes  que  nous  ait  procuré  la  région  en  fait 
d'os  utilisés. 

Pour  intéresser  les  Protohistoriens,  j'ajouterai  encore  que  l'Oppi- 
dum d'Alésia  a  fourni,  comme  tout  oppidum  qui  se  respecte,  son  dé- 
bris de  Poterie  grecque  du  ive  siècle  A.  C,  ainsi  que  des  vestiges 
des  Ages  du  Bronze. 


I.ïi    Station   préhistorique  de   IVampccl  (Oise). 

PAR 

O.  BOUTANQUOI    Nampcel,  Oise). 


\ Prise  de  date]. 

J'ai  l'honneur  de  signaler,  à  la  Société,  la  Station  préhistorique 
de  Nampcel  (Oise),  que  j'explore  depuis  quelques  années.  Il 
s'agit  d'une  Station  néolithique,  de  surface,  à  ranger  parmi  les 
plus  intéressantes  du  département  de  lOise.  Les  objets  récoltés 
s'élèvent  à  plusieurs  milliers. 

Située  à  l'une  des  extrémités  du  plateau  du  Soissonnais,  entre 
les  vallées  de  l'Aisne  et  de  l'Oise,  la  station  a  été  habitée  pendant 
toute  la  période  néolithique.  L'industrie  est  sans  mélange.  A  part 
quelques  galets  utilisés,  le  mobilier  a  été  fabriqué  surtout  avec  le 
silex  zone,  lacustre,  et  le  silex  de  la  craie,  silex  absolument  d'im- 
portation. Le  grès,  roche  locale,  a  servi  également.  Le  silex  du 
Grand-Pressigny  est  représenté  par  trois  spécimens.  Les  roches 
étrangères  sont  à  l'état  d'exception  (éclogite  et  micaschiste). 

L'outillage  comprend  tous  les  modèles  classiques  ;  mais,  ce  qui 
caractérise  la  station,  c'est  le  grand  nombre  d'armes  que  l'on  y 
rencontre.  lia  été  recueilli  une  vingtaine  de  haches  polies  entiè- 
res ou  à  peu  près  entières;  et  plus  de  mille  fragments  gros  et 
petits.  Il  n'en  existe  pas  une  seule,  dite  «  préparée  »  pour  le  polis- 
sage !  Les  haches  en  silex,  d'abord  taillées  à  petits  éclats,  sont 
entièrement  polies.  Les  haches  eu  grès  ont  été  préparées  par  un 
piquage,  qui  reste  visible  au  talon. 

Les  pointes  de  flèche,  ordinairement  rares,  sont  ici  fréquentes; 
environ  deux  cents  figurent  dans  ma  collection.  Presque  tous  les 
types  connus   s'y  trouvent.  Le  dard  à   pédoncule  et  à  barbelures 


718 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


est  le  plus  commun.  Un  certain  nombre  d'entre  elles  sont  de 
véritables  chefs-d'œuvre  par  le  soigné  du  travail  d'exécution.  La 
tribu,  qui  habitait  la  station,  se  livrait  donc  surtout  à  la  chasse.  Le 
pays  est,  du  reste,  encore  aujourd'hui  un  centre  giboyeux. 


Discussion  sur  les 
Huches  polies  avec  gravures. 

M.  Paul  de  Mortillet.  —  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  So- 
ciété, au  nom  de  notre  collègue  M.  J.  Théoleyre,  une  hache  polie, 
faisant  partie  de  sa  collection.  Cette  hache  (Fig.  1)  est  curieuse,  à 
cause  des  traits  gravés  à  la  partie  extrême  du  talon  :  traits  qui  forment 
sur  les  deux  faces  le  même  dessin.  La  hache  mesure  Omll  de  long, 
0m055  de  large  au  tranchant,  et  0m02  au  talon  ;  elle  est,  je  crois,  en 
grauwacke  des   Vosges,   et    a   été  trouvée   à    Steinsnlz,  canton   de 


Fie/    1 .  —  Hache  polie  avec  gravure  au  talon. Vue  des  deux  faces.  —  Echeie  :  2/3  Grandeur. 

Hirsingue  (Haut-Rhin).  Cette  localité  a  fourni  d'autres  haches  polies; 
les  docteurs  Faudel  et  Bleicher  en  indiquent  quatre  dans  leur 
travail  :  «  Matériaux  pour  l'étude  préhistorique  de  l'Alsace  ». 

Pour  les  figures  gravées  sur  les  haches  polies,  qui  nous  ont  été 
communiquées  par  M.  Paul  de  Givenchy  en  1910,  et  M.  Louis  Gi- 
raux  à  la  dernière  séance,  nous  sommes  tous  d'accord,  je  crois,  pour 
les  regarder  comme  postérieures  à  l'époque  néolithique.  Il  doit  en 
être  de  même  pour  le  dessin  tracé  sur  la  hache  que  je  vous  pré- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  749 

sente.  Quant  au  dessin  lui-même,  on  peut  le  considérer  comme  un 
signe  cabalistique,  destiné  à  renforcer  le  pouvoir  de  la  hache  polie, 
déjà  regardée  comme  amulette.  Ce  n'est  là  qu'une  simple  hypothèse, 
car  nous  ignorons  dans  quel  milieu  a  été  recueillie  la  hache  de 
M.  Théoleyrc.  Cependant  l'enduit  noir,  qui  se  voit  surtout  au  talon 
et  sur  l'un  des  côtés,  me  parait  prouver  le  long  séjour  de  cette  hache 
dans  une  cheminée,  et  par  conséquent  son  utilisation  comme  amu- 
lette. Nous  savons,  en  effet,  que  dans  la  plupart  des  provinces  fran- 
çaises, les  haches  polies  sont  populairement  appelées  Pierre  de  fou- 
dre ou  Pierre  de  tonnerre  ;  elles  passent  pour  préserver  les  maisons 
contre  la  foudre.  Cette  superstition  est  aussi  répandue  dans  le  Haut- 
Rhin,  car  il  est  dit,  dans  le  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule, 
première  partie,  parue  en  1878,  que  les  haches  polies  sont  considé- 
rées Comme  des  Pierres  d'éclair  par  les  paysans  du  canton  d'Hir- 
singue. 

M.  le  Dr  Marignax  (Marsillargues,  Hérault)  envoie,  pour  faire 
suite  à  l'histoire  des  haches  polies  avec  gravures,  la  photographie 
d'une  pièce  de  sa  collection.  Sur  cette  photographie  les  traits  de  sa 
gravure  ressortent  bien. 

Cette  hache  est  en  gneiss  ;  elle  a  0m095  de  longueur,  0m060  de  lar- 
geur, 0m036  d'épaisseur;  elle  pèse  360  grammes. 

Il  a  ramassé  cette  hache,  il  y  a  une  dizaine  d'années,  dans  les  dé- 
combres provenant  de  la  démolition  d'un  mur  de  l'ancien  Couvent  de 
Saint-  Julien  de  Corneillac,  à  1  kil.  12  de  Marsillargues.  Ce  couvent  très 
vieux,  puisque  s'y  était  réfugié  un  fils  de  Charlemagne,  qui  avait  fait 
des  frasques,  fut  détruit  en  1568  par  les  Protestants  !  Ce  n'est  plus 
aujourd'hui  qu'une  ferme. 

La  hache  présente  sur  une  face,  une  Croix  de  Saint-André  très  fine- 
ment, mais  très  nettement  tracée,  comme  n'a  pu  le  faire  qu'un  outil 
en  métal.  Celui  qui  a  mis  ce  talisman  dans  ce  mur,  a  donc  eu  soin, 
au  préalable,  de  le  christianiser . 

Autour  de  ce  couvent  il  y  avait  encore  au  xive  siècle  un  petit  village 
de  dix-huit  feux.  J'ai  trouvé  dans  les  tombes  en  dalles  du  cimetière 
de  ce  lieu,  des  vases  du  type  que  nous  appelons  ici  Pegau  bas-latin, 
Peguarium,  roman  Peguad  . 

Dans  quelques  tombes,  il  y  avait  aussi  une  Coquille  de  Saint-Jac- 
ques perforée. 

M.  A.  Guébhard,  à  propos  de  la  hache  incisée  dont  M.  L.  Giraux 
a  publié  de  belles  photographies  (B.  S.  P.  F.,  VIII,  p.  088),  rappelle 
l'exemple  de  gravures  sur  pierres  dures  assez  analogues,  quoique 
formées  d'entailles  rectilignes  bien  plus  nombreuses,  observées  dans 
la  Palafitte  de  la  Lagozza,  en  Italie,  et  dont  M.   Muxro  donne  une 


750  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

image  réduite  dans  son  ouvrage   sur  Les  Stations  lacustres  d'Europe 
(Trad.  P.  Rodet,  p.  211,  pi.  30,  Fig,  11-12). 


III.  —  COMMISSION  DES  ENCEINTES. 


Commission  d'étude 

des  Enceintes  Préhistoriques 

et    Fortifications    anhistoriques. 

M.  Armand  Viré,  président  de  la  Commission,  dépose  Ie52e-Rap- 
port  et  constate  avec  satisfaction  que,  si  quelques  régions  semblent 
avoir  presque  dit  leur  dernier  mot,  d'autres  au  contraire  continuent 
à  donner  des  matériaux  abondants  et  nouveaux,  tandis  que  plusieurs 
paraissent  attendre  encore  leur  explorateur. 

L'infatigable  M.  Eusèbe  Bombal  nous  donne  l'exemple  d'une  té- 
nacité scientifique  bien  digne  d'être  imitée  ailleurs,  en  poursuivant  ses 
belles  fouilles  au  Piiy-du-Toiir,  commune  de  Monceaux  (Corrèze). 

Munis  d'une  subvention  de  200francs  accordée  par  le  Touring-Club 
de  France  au  Syndicat  des  Gorges  de  la  Dordogne,  M.  Bombal,  et  son 
actif  collaborateur,  M.  Amédée  Muzac  ont  mis  le  sol  à  nu,  sur  une 
longueur  de  25  mètres  et  une  largeur  de  6,  du  côté  de  l'Est,  qui  re- 
garde Argentat.  Ils  ont  enlevé  une  première  couche  stérile  d'une 
épaisseur  moyenne  de  lm50.  Ils  ont  trouvé  alors  un  sol  ancien,  on- 
dulé dans  les  deux  tiers  d'amont,  plat  sur  le  reste  (Fig.  1). 


Fig.  1.  —  Plan  des  Fouilles  de  1911,  sur  Puy-du-Tour. 

Sur  la  ligne  ondulée  C  D  du  plan  ci-joint,  le  roc  a  été  entaillé  en 
talus  continu.  Une  série  de  trous  cylindriques  de  0m70  à  0m35  de 
diamètre,  et  de  0n,65  à  0m20  de  profondeur  ont  servi  sans  nul  doute 
à  asseoir  le  pied  des  poteaux  constituant  l'armature  des  cabanes . 
D'après  la  disposition  des  lieux,  les  fouilleurs  pensent  que  ces 
cabanes  étaient  pourvues  d'un  étage  pour  l'habitation,  le  rez-de- 
chaussée  servant  d'étable  et  de  réserve  à  provisions. 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FHA>Ç\ISE  751 

Les  trouvailles  sont  nombreuses  et  importantes. 

Monnaies.  —  Six  en  bronze  appartenant  au  monnayage  des  Pic 
tones,  d'après  M.  Adrien  Blanchet;  aux  Lemovices  d'après  d  autres 
auteurs.  Une  septième,  en  bronze  également,  d'un  diamètre  de  0,n015 
présente  d'un  côté  un  sanglier  tête  à  gauche,  à  sexe  fortement  ac- 
centué, surmonté  d'un  croissant  :  autour  sont  des  apparences  de 
caractères  romains.  Au  revers,  un  Hippocampe  tête  à  droite,  à  partie 
postérieure  terminée  en  queue  de  poisson  :  ce  qui  le  différencie  de 
celui  qu'on  voit  sur  la  monnaie  Arverne  MOTVIDIACA.  Une  mon- 
naie en  argent,  pesant  1  gr.  50,  d'un  diamètre  de  0m013,  présente  le 
type  de  celle  trouvée  par  notre  collègue,  M.  Pagès-Allary,  à  Chastel- 
s. -Murât,  et  figurée  par  leDr  A.  Guébhard  dans  son  Rapport  XXIX, 
du  24  juin  1909,  fig.  3,  n°  4.  Elle  est  convexe  à  la  face,  concave  à 
l'envers,  comme  celles  du  monnayage  macédonien. 

De  1906  à  1911,  M.  Bombal  a  aussi  récolté  26  monnaies,  dont  : 
bronze,  21  des  Pictones  ou  Lemovices,  2  de  MOTVIDIACA;  une  au 
sanglier;  argent,  une  des  Bituriges. 

Statuette.  —  Une  applique  creuse,  en  bronze,  représente  une  tête 
grotesque  d'homme  imberbe,  démesurément  longue,  coiffée  d'une 
sorte  de  casque  hémisphérique  orné  d'un  galon  qui  couvre  le  front 
presque  sur  les  yeux.  Sa  longueur  est  de  0m036  et  un  trou  sous  le 
nez  servait  à  le  fixer.  Est-ce  un  unibo  de  bouclier? 

Objets  en  bronze.  —  Deux  bagues,  dont  une  ornée  de  filets;  15  an- 
neaux de  diverses  grandeurs  ;  un  serpent  boucle  d'oreilles)  cassé  ; 
des  débris  de  colliers;  un  bracelet  en  forme  de  serpent,  des  dé- 
bris de  fibules,  des  rognures  de  feuilles  de  cuivre  ;  des  scories  de 
bronze. 

Objets  en  fer.  —  Un  tronçon  d'épée,  large  de  0'"060,  long  de  0m27, 
qui  sur  ses  deux  faces  présente  une  côte  au  milieu,  accostée  de  deux 
gouttières  et  de  deux  plats  au  tranchant  ;  un  couteau  de  0m12  de  lon- 
gueur, dont  le  manche  est  percé  par  le  bout  d'un  trou  dans  le  sens 
du  tranchant  au  dos.  Ces  deux  objets  ont  été  trouvés  dans  un  des 
trous  avec  un  peu  de  charbon  ;  un  autre  couteau  de  0m26,  y  compris 
la  pointe  qui  manque,  trouvé  dans  la  couche  inférieure,  non  loin  de 
la  ligne  BD;  une  serpette  à  manche  percé  à  son  extrémité,  trouvée 
vers  les  trous  2  et  3;  deux  clefs  non  coudées;  deux  tiges  de  clefs, 
l'une  plate,  l'autre  cylindrique  et  forée;  un  emporte-pièce  en  forme 
de  gouttière;  deux  douilles  de  lance;  une  boucle  de  harnais,  trois 
anneaux  de  0m037  à  0"  027  de  diamètre  ;  trois  étriers  avec  rivets  pa- 
raissant avoir  servi  à  relier  des  pièces  de  bois,  une  poignée  ;  trois 
pièces  de  fer  indéterminées  de  0m27  à  0m17  de  long;  des  plaques  de 
fer  informes  ;  des  clous  à  tête  ronde,  de  0m03  de  diamètre,  convexes 
en  dessus,  concaves  en  dessous,  conformes  à  ceux  du  crucifiement 
de  Jésus-Christ,  conservés  à  Rome;  scories  deionte  de  fer  épousant 


7og2  SOCIÉTÉ   PKÉHISTOIUQI  F    FKANÇAlSË 

la  forme  du  fond  du  creuset  ;  l'une  d'elles  porte,  noyée  dans  sa  masse, 
une  fibule  de  cuivre,  sans  doute  tombée  d'un  vêtement. 

Paierie.  —  Elle  est  très  abondante  et  très  variée,  comme  terre  et 
comme  facture.  De  nombreux  tessons  de  cols,  parleur  ornementation 
de  cercles  virgules  ou  de  dessins  géométriques,  accusent  l'enfance  de 
l'art.  Nombreux  débris  de  grandes  amphores;  la  moitié  inférieure 
d'un  de  ces  vases,  trouvé  près  de  l'applique  en  bronze,  mesure  0U,62 
de  long.  Un  bord  de  vase,  épais  d'un  centimètre,  en  terre  brune 
micacée,  décoré  d'un  cercle  irrégulier  de  petits  points  formés  par 
l'ébauchoir  tenu  obliquement,  est  percé  au-dessus  de  ce  cercle 
d'un  large  trou,  dans  lequel  est  engagé  un  anneau  de  fer  de  0m045  de 
diamètre.  On  a  trouvé  aussi  un  autre  bord  percé  d'un  trou  et  couvert 
d'un  enduit  noir  au  dedans  et  au  dehors;  un  fond  de  vase  en  terre 
rouge,  légèrement  concave,  percé  de  petits  trous  et  noirci  par 
places  ;  un  petit  éclat  de  terre  brune,  vernissé,  ayant  une  section  de 
cercle  jaunâtre. 

Verre.  —  Une  fusaïole  noire  de  forme  aplatie,  et  la  moitié  d'une 
autre  de  couleur  d'agate. 

Pierre.  —  Trois  fragments  de  meules  ;  cinq  polissoirs  en  grès 
schisteux;  un  autre  en  lave.  Un  septième,  en  grès  schisteux  mérite 
d'être  décrit  :  son  plan  est  un  trapézoïde  de  0m125  de  long,  de  0m05 
à  la  base,  de  0ni03  au  sommet .  Il  a  servi  à  aiguiser  sur  les  tranches, 
sauf  sur  celle  du  haut;  très  rugueux  sur  une  face,  il  a  été  uni  sur 
l'autre,  où  il  n'existe  pas  de  traces  de  repassage.  Il  est  percé  en  tête 
d'un  trou  très  lisse;  trois  rainures,  dont  deux  horizontales  dans  la 
direction  du  diamètre  du  trou  et  l'autre  verticale  au-dessus,  parais- 
sent avoir  une  ligature  pour  préserver  le  bris  de  la  tête  Est-ce  une 
queue  à  aiguiser  la  faux,  analogue  à  celle  encore  usitée  aujourd'hui? 

On  a  trouvé,  en  outre,  une  pointe  de  flèche  en  silex  jaune  gris  et  un 
grattoir  en  silex  noir  semi-circulaire  d'un  côté,  terminé  en  pointe  à 
l'opposé;  de  nombreux  galets  de  la  Dordogne  (pierres  de  jet?);  des 
galets  de  laves  et  de  quartz,  plus  petits  [parures  ?);  enfin,  du  charbon 
à  peu  près  partout. 

D'après  l'aspect  divers  de  tous  ces  objets,  le  Puy-du-Tour  paraît 
avoir  été  occupé  pendant  de  longues  périodes. 

Les  occupants  des  cabanes,  dont  on  retrouve  le  sol,  paraissent  en 
avoir  été  expulsés  violemment  par  de  nouveaux  venus.  Ceux-ci, 
Gaulois  sans  doute,  auraient  élevé  un  nouveau  rempart  de  terre, 
pierres  et  poutres  clouées,  selon  le  mode  indiqué  par  César  et  cons- 
taté à  divers  Oppida  tels,  que  Murcens  et  l'Impernal,  dans  le  Lot, 
non  loin  de  la  région  qui  nous  occupe. 

On  voit,  par  cet  exposé,  que  nous  avons  à  dessein  assez  déve- 
loppé, quelle  est  l'importance  des  travaux  réalisés  par  nos  savants 
correspondants . 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  753 

La  subvention  du  Touring-Club  de  France  ne  pouvait  tomber  en 
de  meilleures  mains  et  nous  espérons  que  MM.  Bombal  et  Muzac 
continueront  longtemps  encore  leurs  fouilles  si  profitables  à  la 
Science,  et  qu'ils  nous  donneront,  un  jour,  une  monographie  d'en- 
semble, abondamment  illustrée,  de  la  très  intéressante  série  d'habi- 
tats successifs  du  Puy  du-Tour.  Ajoutons  que,  avec  un  rare  désin- 
téressement, les  auteurs  déposent  leurs  récoltes  au  petit  Musée 
local  de  la  coquette  ville  d'Argentat,  où  chacun  pourra  les  étudier. 

M.  Cormery  nous  envoie  une  note  sur  un  curieux  Souterrain- 
refuge,  trouvé  près  du  château  de  Jarzé  (Maine-et-Loire).  Nous 
regrettons  de  ne  pouvoir  l'insérer  dès  maintenant  dans  nos  rapports; 
nous  la  mettons  dans  nos  dossiers,  déjà  importants,  surtout  comme 
bibliographie,  jusqu'au  jour  où  la  S.  P.  F.  abordera  l'étude  de  ce 
genre  de  monuments.  Nous  devons  sérier  les  questions  et  l'étude  des 
souterrains-refuges  est  trop  vaste  et  trop  complexe  par  elle-même 
pour  figurer  en  simple  annexe  de  l'étude  des  Enceintes.  Elle  méritera 
d'être  entreprise  un  jour  pour  elle-même,  avec  toute  l'ampleur  que 
comporte  le  sujet;  et  avec  des  hommes  nouveaux,  plus  compétents 
que  nous  en  la  matière.  Le  plus  tôt  sera  le  mieux. 

M.  Léon  Coutil  décrit  les  retranchements  de  la  Plaine  du 
Roumois,  entre  Bourgthéroulde  et  Montfort-sur-Risle  (Eure),  dont 
nous  n'avons  fait  que  mentionner  quelques-uns,  pour  inventaire, 
d'après  un  relevé  de  M.  J.  Leroy,  dans  notre  10e  rapport (B.  S.  P.  F., 
IV,  1907,  p.  341). 

1°  Boscbénard-Commin  (canton  de  Bourgthéroulde).  Enceinte  du 
Camp-Héroult  ou  du  heubourg.  —  A  80  mètres  environ  de  l'extré- 
mité du  petit  hameau  du  Neubourg,  se  trouve  une  motte  elliptique 
aplatie  mesurant 8  mètres  sur  22,  entourée  d'un  fossé  peu  profond; 
la  butte  mesure  34  mètres  de  diamètre  à  la  base.  En  face,  s'ouvre  une 
large  fosse  elliptique  également  de  70  à  75  mètres  de  diamètre  sur 
55  mètres,  vers  l'ouest,  la  fosse  a  près  de  15  mètres  de  profondeur 
et  12  à  l'est,  une  sorte  de  plate-forme  existe  au  centre  de  la  fosse,  elle 
a  servi  pour  l'extraction  de  la  terre.  Le  dessus  des  talus  mesure  8  à 

10  mètres  de  large  et  4  mètres  de  hauteur  surtout  à  l'Est.  En  avant, 
existe  une  autre  fosse  plus  petite  de  33  mètres  sur  55  et  de  6  à  7  mè- 
tres de  profondeur.  De  sorte  que  les  trois  obstacles,  la  butte  et  les 
deux  fossés  mesurent  115  à  120  mètres  et  100  mètres  de  large  pour 
la  grande  fosse  prise  du  bas  des  fossés  extérieurs. 

A  1500  mètres,  on  extrait  de  la  terre  noire  pour  la  porcelaine  et  à 
côté  de  la  fosse  très  profonde  existent  toute  une  série  d'excavations. 

11  est  difficile  d'affirmer  que  cela  ait  été  aussi  pour  exploiter  cette 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE.  48 


754  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

terre,  pour  chercher  du  poudingue  qui  existe  dans  le  sol   de  cette 
région,  ou  pour  arrêter  la  marche  de  l'ennemi. 

Nous  ne  croyons  pas  toutefois  beaucoup  à  cette  dernière  hypo- 
thèse. 

2°Saint-Denis-de-Bosquérard  (canton  de  Bourgthéroulde).£'/ice//2/e 
des  Cateliers.  Section  C,  n°  118.  —  C'est  un  retranchement  rectangu- 
laire, comme  la  plupart  des  Cateliers.  Il  se  trouvait  jadis  sur  une 
lande,  une  moitié  a  été  en  haute  futaie  et  l'autre  moitié  en  bois,  un 
petit  fossé  sépare  les  deux  propriétés  et  a  dénaturé  ainsi  un  peu  ce 
retranchement  effacé  sur  le  côté  Est.  C'est  le  côté  Nord,  qui  est  le 
plus  élevé,  et  faisant  face  aux  routes  de  la  Haye-du-Theil  et  du 
Gros-Theil  qui  passent  à  100  et  110  mètres  de  distance. 

La  largeur  du  camp  est  100  mètres  sur  67  mètres. 

3°  Boisset-le-Chatel  (canton  de  Bourgthéroulde.)/snce//i/e  de  Tilly, 
la  Butte  du  Diable.  —  Au  bord  du  bois,  à  50  ou  60  mètres  de  la  route 
de  Voiscreville,  la  Butte  du  Diable,  énorme  butte  de  12  mètres  de 
haut,  aplatie,  de  16  mètres  au  sommet  et  35  à  la  base,  entourée  de 
fossés,  à  l'Ouest  existe  une  enceinte  s'arrondissant  pour  former  un 
angle  saillant  au  Nord- Ouest.  Des  pans  de  murs  de  0m80  d'épaisseur 
au  Nord-Ouest  et  au  Sud-Ouest. 

4°  Berville-en-Roumois,  même  canton.  Enceinte  de  La  Tomberie. — 
Dans  les  bois  dépendant  de  la  ferme,  existe  une  enceinte  que  nous 
n'avons  pu  encore  étudier,  sur  la  route  de  Thiellement. 

5°  Illeville-sur-Montfort  (Eure).  Le  Calelier.  —  Enceinte  assez 
effacée,  rectangulaire.  Les  angles  et  surtout  le  côté  Est-Sud  sont  bien 
conservés,  de  ce  côté  existe  un  fossé.  Placée  dans  le  bois,  à  20  mètres 
du  chemin  forestier  conduisant  à  la  Cabane  du  Forestier  et  à  400  mè- 
tres de  la  route  de  Montfort  à  Bourgachard,  elle  a  60  mètres  sur  80 
et  une  porte  à  l'Est. 

6°  Appeville-Annebault.  Enceinte  du  Vieux-Mont  fort.  —  Sur  un 
promontoire  dominant  les  vestiges  d'une  vieille  ferme  et  d'une  cha- 
pelle, dans  un  bois,  se  cache  la  Butte  du  Vieux-Mont  fort,  de  28  mètres, 
formant  segment  de  cercle  avec  talus  de  80  mètres  à  l'Est-Sud,  de 
80  au  Nord-Ouest,  avec  retour  à  angle  droit  sur  350  mètres  de  long. 

Mme  M.  E.  Cunnington,  ayant  consacré  six  semaines  de  fouilles, 
avec  six  hommes,  à  étudier  les  traces  complexes  de  fortifications  du 
Knap  hill  Camp  en  Wiltshire( Angleterre),  est  arrivée ày  démontrer 
trois  occupations  successives  très  distinctes.  La  grande  enceinte  du 
sommet  du  plateau,  constituée  par  une  levée  de  terre  derrière  un 
fossé,  n'a  fourni  que  de  la  poterie  grossière  et  des  silex,  sans  trace 
de  métal  :  ce  qui  permet  de  lui  assigner  un  âge  certainement  préhis- 
torique, probablement  Néolithique,  au  plus  tard  du  Bronze.  Elle 
présente  la  particularité,  observée  pour  la  première  fois  en  Angle- 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  755 

terre,  mais  déjà  remarquée  en  Allemagne,  d'être  très  fréquemment 
interrompue  par  des  entrées  de  plein  pied,  formées  par  des  parties 
réservées  de  l'ancien  sol,  interrompant  fossé  et  rempart.  Mme  Cun- 
mngton  en  cherche  l'explication  dans  les  nécessités  de  la  défense 
contre  l'assaut.  Nous  avons  rapporté  (B.  S.  P.  F.,  t.  VII,  1910, 
p.  573,  XLIIe  Rapport)  qu'en  Allemagne  on  voit  là  une  caractéris- 
tique différentielle  des  camps  de  refuge,  prêts  à  abriter  brusquement 
la  masse  fuyante  des  gens  et  bêtes,  avec  les  oppida,  ou  villes  forti- 
fiées permanentes,  qui  se  contentaient  d'un  nombre  restreint  d'ou- 
vertures savamment  protégées.  Or,  il  est  à  remarquer  que  la 
position  de  Knapp  Hill,  loin  d'une  source,  à  la  merci  de  tous  les 
vents,  en  faisait  bien  plutôt  un  lieu  de  retraite  temporaire  que 
d'habitation. 

Lorsque,  très  longtemps  après  la  première  occupation,  l'on  y 
revint,  au  premier  âge  du  Fer,  ce  fut  sur  l'extrémité  inférieure 
du  plateau  qu'on  établit  une  enceinte  nouvelle,  qui,  en  s'appuyant 
sur  la  première,  entama,  par  son  fossé,  le  vieux  rempart.  L'occu- 
pation se  continua  après  la  conquête  romaine,  car  la  poterie  sa- 
mienne,  les  tessons  sigillés  se  mêlent  en  abondance  au  Fin-celtique, 
mais  sans  aller  au-delà  du  vie  siècle,  qui  a  laissé  une  très  belle 
épée  saxonne. 

A  ce  moment,  interruption,  pour  un  millénaire;  car  ce  n'est  que 
au  xvne  siècle  qu'on  retrouve  de  nouvelles  traces  évidentes  :  mon- 
naies, pipes  nombreuses,  poterie  émaillée...  et  jusqu'à  un  objet 
(déjà  !)  «  importé  de  Germanie  ».  Mais  ce  ne  fut  encore,  en  ce  séjour 
peu  hospitalier,  qu'une  occupation  toute  passagère,  et  il  est  curieu- 
sement suggestif  de  constater  que  le  souvenir  d'événements  vieux 
d'à  peine  cinq  siècles  se  trouve  plus  perdu  dans  l'Histoire  que,  pour 
nous,  dans  la  Préhistoire,  l'Age  de  la  Pierre.  —  A.  G. 

M.  Ludovic  Mazéret  continue  ses  intéressantes  recherches  dans 
le  Gers. 

«  N°  1.  Dans  la  commune  de  Monclar,  canton  deCazaubon,  au  lieu 
dit  à  La  Moutan,  se  voit  encore  une  assez  belle  motte  de  5  à  6  mètres 
de  hauteur  sur  20  de  base.  Elle  était  plus  haute  au  début,  car  le 
sommet  est  en  talus  ;  et,  à  sa  base,  on  devine  encore  des  terres 
éboulées.  Une  dépression  circulaire  marque  le  fossé  dont  elle 
était  entourée.  En  scrutant  les  alentours,  on  peut  encore  se  rendre 
compte  que  cette  motte  occupait  l'angle  sud-est  d'un  camp  assez 
vaste  mesurant  250  mètres  de  long  sur  200  environ  de  large. 

Il  y  a  quelque  temps,  M.  Capot  y  trouva  une  belle  hache  en  gra- 
nulite  de  0;"15  de  long,  polie  sur  toute  sa  surface,  malheureusement 
à  tranchant  cassé,  et  une  ébauche  d  herminette,  en  quartz  blanc,  prête 
pour   le   polissage,  de  0m12   de  long.  J'ai  vu  ces  deux  objets  avec 


756  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇVISE 

d'autres,  dont  j'aurai  l'occasion  de  parler  plus  tard,  chez  M.  Capot, 
lui-même,  au  Jaulé,  commune  de  Castelnau-d'Auzan,  Gers. 

«  N°  2.  A  peu  de  distance,  au  Sud-est,  au  Pouyblanc,  d'après  les 
renseignements  puisés  auprès  dune  personne  âgée,  ce  petit  plateau 
aurait  autrefois  supporté  une  fort  belle  motte  détruite  depuis  long- 
temps. Vers  le  bas,  on  voyait  naguère  une  dépression,  dernier 
vestige  d'un  chemin  de  ronde.  Dans  un  champ,  sur  le  plateau,  les 
voisins  ont  trouvé  quelques  silex  dont  ils  se  servent  pour  briquet. 
L'un  d'eux,  pas  encore  trop  endommagé,  m'a  paru  être  un  grattoir 
robenhausien,  forme  castagnette. 

Un  brassier  m'a  dit  avoir  découvert,  il  y  a  longtemps,  à  mi-coteau, 
en  arrachant  un  arbre,  des  hachettes  plates  en  cuivre,  au  nombre  de 
douze.  Jeune  alors  et  n'en  connaissant  pas  la  valeur,  il  les  avait 
vendues  20  sous  à  un  chiffonnier.  Hélas  111 

«  N°  3.  Dans  la  petite  vallée  du  ruisseau  du  Casléra,  affluent  de  la 
Douze,  commune  de  Larée,  on  trouve  encore  aux  environs  d'une 
maison  portant  le  nom  significatif  de  Castéra,  beaucoup  de  débris  de 
tuiles  à  rebord,  des  restes  de  ciment  et  des  petits  cubes  de  diverses 
couleurs.  C'est  naturellement  l'indication  d'une  station  romaine.  Les 
petits  cubes  proviennent  nécessairement  d'une  mosaïque  désagrégée 
par  les  intempéries  et  la  charrue. 

«  N°  4.  Le  plateau  du  Cucassé,  dans  la  commune  de  Monclar,  a  été 
autrefois  entouré  au  Sud-est  et  à  l'est  par  un  parapet  et  un  chemin  de 
ronde,  dont  on  voit  encore  quelques  vestiges  dans  les  fourrés.  En 
descendant  les  glacis,  à  une  vingtaine  de  mètres  du  sommet,  on 
remarque  une  légère  dépression  disparaissant,  par  places,  sous  le 
dépôt  des  pentes,  mais  que  l'on  peut  suivre  à  peu  près  sur  tout  le 
pourtour.  Le  plateau  a  fourni  des  débris  de  silex  à  aspecl  néolithique 
et  deux  haches  polies  en  roche  schisteuse,  cassées. 

«  N°  5.  A  Lagardire,  commune  de  Marquestau,  il  y  aurait  eu,  au 
moyen-âge,  un  poste  d'observation  édifié  dans  une  vieille  enceinte 
dont  on  ne  voit  aujourd'hui  que  de  légers  vestiges.  Cependant  ce 
plateau  est  remarquable  par  une  trouvaille  des  plus  intéressantes, 
malheureusement  perdue  aujourd'hui.  D'après  une  personne  d'un 
certain  âge,  il  y  a  quelque  vingt  ans,  on  trouva,  en  creusant  un  che- 
min de  service  six  haches  en  bronze,  plusieurs  cassées  et  deux 
moules.  N'en  connaissant  pas  la  valeur,  l'inventeur  vendit  le  tout  à 
un  refondeur  ambulant.  Encore,  hélas  !!! 

«  N°  6.  Près  de  Lahitle,  vers  la  cote  135,  commune  de  Cazaubon, 
on  voyait  autrefois  un  beau  Menhir,  en  molasse  coquillière  [déter- 
minée d'après  la  roche  de  la  carrière  la  plus  proche],  détruit,  dit-on, 
par  la  foudre.  C'est  Dieu,  dit  la  légende,  qui  voulut  punir  la  pierre 
d'avoir  été  témoin  de  certain  acte  impur,  commis  à  son  ombre  par  un 
jeune  châtelain  et  une  jeune  châtelaine  des  environs.  Ces  éclats  reste- 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  757 

rent  longtemps  épars  sur  la  terre,  personne  n'osant  y  toucher.  Ce- 
pendant un  tenancier,  plus  courageux  que  les  autres,  après  avoir  mis 
dans  sa  poche  un  morceau  de  gâteau  de  Noël  et  une  partie  du  cierge 
de  la  Chandeleur,  non  sans  avoir,  au  préalable,  lavé  ses  outils  d'eau 
bénite,  osa  prendre  ces  débris  avec  sa  pelle,  les  jeta  sur  son  tombe- 
reau, dans  lequel  il  avait  placé  un  chapelet,  coiffé  ses  bœufs  d'un 
rameau  de  laurier  bénit,  et  les  transporta  sur  son  chemin  où  ils  furent 
concassés. 

Les  jeunes  châtelains  moururent  quelques  temps  après  et  leurs 
ombres  errèrent  longtemps  dans  ces  lieux.  Naguère  on  voyait  encore, 
par  les  nuits  sans  lune,  un  couple  de  jeunes  gens,  vêtus  de  blanc, 
aller  du  Menhir  —  rétabli  pour  la  circonstance  —  à  l'endroit  où 
gisent  ses  débris. 

«  N°  7.  La  Croûte  (Croste,  Crosta  ou  Crausla,en  roman  :  couvent). 
D'après  la  tradition,  cet  endroit  aurait  été  occupé  par  un  monastère, 
édifié  dans  une  ancienne  enceinte  fortifiée.  Il  y  avait  encore,  il  v  a 
quelques  années,  une  motte  fort  haute,  presque  complètement  arasée, 
et  ne  se  trahissant  aujourd'hui  que  par  une  légère  boursouflure  ». 


IV.  —  ARTICLES  ORIGINAUX. 


Rapport  sur  l'exploration  de  la  Grotte  paléoli- 
thique, connue  sous  le  nom  de  «  La  Cotte  »  , 
située  dans  la  baie  de  Saint-Brelade,  à  Jersey. 

PAR 

Ed.  TOULMIN-NICOLLE  (Jersey,  A.)  et  J.  SINEL  (Jersey,  A.), 
Secrétaire  honoraire.  Conservateur  du  Musée. 

Cette  grotte  est  située  dans  une  falaise  près  du  Ouainé,  qui  est 
le  nom  de  la  pointe  Est  de  la  baie  de  Saint-Brelade. 

Sur  ce  point  de  l'île,  les  falaises,  qui  sont  formées  de  syénite 
à  gros  grain,  s'élèvent  verticalement  à  environ  200  pieds  au-des- 
sus du  niveau  de  la  mer  ;  et  la  grève  est  couverte  de  gros  blocs 
de  rochers  plus  ou  moins  arrondis  qui  sont  tombés  des  falaises  à 
diverses  époques,  à  mesure  que  les  vagues  en  sapaient  la  base. 

Sur  un  point  de  cette  falaise  se  trouve  un  petit  ravin  ou  gorge, 
de  40  pieds  de  large  environ,  pénétrant  d'à  peu  près  150  pieds 
vers  l'intérieur  avec  des  murs  latéraux  à  pic  (Fig.  1). 

Cette  coupure,  dans  la  falaise  a  été  évidemment  formée  dans 
les  temps   géologiques,  par   suite  de  l'érosion  par  la  mer  d'une 


758  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

veine  de  granité,  moins  résistante  que  les  parois  verticales,  et 
dont  les  assises  étaient  horizontales.  La  grotte  elle-même  fut 
creusée  par  les  mêmes  moyens  et  à  une  époque  où  le  niveau  de 
la  mer  était  plus  élevé  qu'il  ne  l'est  à  présent;  très  probablement 
pendant  la  période  où  furent  déposés  les  amas  de  cailloux  roulés 
que  l'on  trouve  dans  plusieurs  parties  de  la  côte  de  Jersey,  à  une 
élévation  de  70  pieds  au-dessus  de  la  mer. 

C'est  dans  un  des  murs  verticaux  de  ce  ravin  et  tout  près  du 
fond,  que  se  trouve  la  grotte.  L'ouverture  est  une  arche  irrégu- 
lière de  25  pieds  de  hauteur  sur  20  de  large  ;  et  le  sol  est  à  en- 
viron 60  pieds  du  niveau  moyen  de  la  mer  {Fig.  2). 

Il  est  visible  que  jusqu'à  une  époque  récente,  le  ravin  était  com- 
plètement rempli  par  un  mélange  d'argile  et  de  rochers  arra- 
chés par  les  eaux  au  terrain  situé  au-dessus  de  la  falaise,  et  qui 
présentait  alors  une  épaisseur  plus  considérable  que  celle  que 
nous  y  voyons  maintenant.  La  grotte  elle-même  était  en  partie 
comblée  par  l'expansion  latérale  de  l'éboulement  de  terre  et  de 
rochers,  et  aussi  par  des  blocs  tombés  de  la  voûte. 

Dans  des  temps  plus  récents,  la  mer  a  de  nouveau  déblayé  le 
ravin, en  laissant  seulement  dans  le  fond  un  talus  très  raide.  L'é- 
boulement qui  comblait  la  ravine,  étant  ainsi  en  partie  enlevé,  a 
fait  apparaître  une  fraction  de  la  voûte  et  a  même  dégagé  plus 
bas  une  partie  peu  étendue  du  sol  de  la  grotte. 

La  première  preuve,  qu'on  ait  eu  de  l'ancienne  habitation  de  la 
grotte, fut  donnée,  en  1881, par  MM.  S.  Dancaster  etT.  Saunders, 
qui,  en  faisant  une  étude  géologique  de  cette  partie  de  la  côte, 
trouvèrent  un  éclat  de  silex  au  bas  du  talus  dans  le  ravin,  et,  en 
recherchant  d'où  il  pouvait  provenir,  remontèrent  jusqu'à  la  par- 
tie exposée  du  sol  de  la  grotte.  Ils  y  trouvèrent  des  éclats  de  si- 
lex et  un  ou  deux  ossements,  apparemment  d'un  gros  Oiseau; 
mais  ils  ne  reconnurent  pas  l'importance   de  cette   découverte. 

L'affaire  en  resta  là  jusqu'en  1894,  lorsque  M.  R.  Colson  et  le 
Dr  P.  Chappuis  fouillèrent  une  portion  du  sol  de  la  grotte  et  mi- 
rent à  jour  un  nombre  considérable  de  silex  taillés,  ainsi  qu'un 
magma  d'ossements  qui  forme  une  large  partie  du  sol  dans  cette 
partie  de  la  grotte.  On  put,  parmi  cesos,  identifier  quelque  temps 
après  une  dent  et  un  métatarse  de  Cheval.  Ces  divers  objets  sont 
conservés  dans  le  Musée  de  la  Société  Française. 

Dans  la  suite,  les  Messieurs  cités  plus  haut,  puis  le  capitaine 
Rybot,  et  une  ou  deux  autres  personnes,  se  livrèrent  a  de  nou- 
velles fouilles,  qui  amenèrent  la  découverte  de  nouveaux  silex 
taillés  et  d'une  quantité  d'éclats  de  silex,  dont  la  presque  totalité 
se  trouve  au  Musée  de  la  Société. 

En  septembre  1905,  la  Société  Jersiaise  décida  d'explorer  la 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


759 


grotte   d'une  façon  systématique.  Le  secrétaire  (M.  l'avocat  Ni- 
colle),  le  Dr  P.  Chappuis  et  M.  Colson  recommencèrent  les  fouil- 


Fig 


—  Ravin,  appelé  La  Colle,  à  SA1NTE-BRELADE  'Jersey;,  montrant  l'emplacement 
de  la  Grotte  préhistorique  là  gauche). 


les  dans  la  partie  du  sol  de  la  grotte  déjà  mentionnée.  On  décou- 
vrit de  nouveaux  silex  taillés,  mais  au  commencement  d'octobre 


760  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

on  dût  arrêter  les  travaux,  par  suite  des  pluies  et  surtout  du  dan- 
ger d'éboulement  causé  par  les  excavations.  Il  devint  évident 
qu'une  grande  partie  du  talus  devait  être  déblayé  avant  qu'on  ne 
puisse  reprendre  les  fouilles. 

En  juillet  1910,  avec  la  permission  du  propriétaire,  M.G.F.B.  de 
Gruchy,  Seigneur  de  Noirmont,  la  Société  Jersiaise  décida  de 
reprendre  les  fouilles  et  M.  Marris  ayant  accepté  le  contrat  en- 
voya des  carriers  expérimentés  pour  faire  ce  travail  qui  était 
rendu  non  seulement  difficile  par  la  situation  même  de  la  grotte, 
mais  surtout  très  dangereux  par  suite  du  peu  de  solidité  du  talus 
et  des  gros  blocs  de  rochers  qui  surplombaient. 

Les  fouilles  furent  donc  reprises  le  1er  août,  et  après  un  peu 
plus  de  trois  semaines  de  travail,  on  avait  déblayé  une  assez 
grande  portion  du  talus  éboulé,  pour  mettre  à  jour  la  forme  inté- 
rieure de  la  grotte,  etpourdécouvrir  une  portion  du  sol  d'environ 
onze  pieds  carrés  à  gauche  de  l'entrée.  Les  auteurs  de  ce  rapport 
et  M.  P.  N.  Richardson  assistèrent  aux  fouilles  pendant  la  plu- 
part du  temps. 

Voici  les  dimensions  de  la  grotte,  telles  qu'on  put  alors  les  me- 
surer. L'entrée  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  a  25  pieds  de  hau- 
teur et  20  de  largeur.  Juste  à  l'entrée,  la  voûte  s'élève  en  forme 
de"  dôme  de  30  à  32  pieds  du  sol.  On  ne  peut  dire  encore  jusqu'à 
quelle  profondeur  la  grotte  pénètre  dans  le  roc  mais,  à  en  juger 
par  la  courbe  de  la  voûte  vers  le  fond,  on  peut  l'estimer  entre  40 
et  50  pieds;  la  portion  de  cette  voûte  actuellement  mise  au  jour, 
mesure  environ  35  pieds  d'avant  en  arrière  {Fig.  2). 

Aussitôt  qu'on  eut  déblayé  la  portion  du  sol  sus-mentionnée, 
le  25  août,  la  grotte  fut  visitée  par  MM.  les  D"  A.  Dunlop,  P. 
Chappuis,  Colonel  R.-G.  Warton,  A. -H.  Barreau,  ainsi  que  les 
auteurs  du  rapport,  et  enfin  M.  E.-F.  Guiton  qui  prit  les  photo- 
graphies ci-jointes  {Fig.  1  et  2).  On  fit  alors  un  examen  détaillé  et 
des  fouilles  systématiques  qui  donnèrent  les  résultats  suivants. 

Le  sol  primitif  de  la  grotte  n'était  pas  trop  distinctement  re- 
connaissable  car  différentes  couches  de  terre  noire  (qui  fut  re- 
connue comme  un  mélange  de  cendres,  charbon  de  bois,  et  terre 
glaise),  étaient  alternées  avec  des  masses  blanches  de  débris  d'os 
et  de  glaise  formant  un  magma.  Des  débris  de  silex,  d'autres  bien 
taillés,  étaient  mélangés  en  grand  nombre  à  travers  toutes  les 
couches  différentes  du  sol. 

A  gauche  de  l'entrée  et  à  une  distance  d'environ  8  pieds,  on 
trouva  un  foyer  renfermant  une  quantité  de  cendres  et  de  char- 
bons de  bois,  le  tout  du  volume  d'environ  un  quart  de  tonne. 

Au  milieu  des  cendres  du  foyer,  on  trouva  réunis  en  tas,  un  cer- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  761 

taîn  nombre  de  cailloux  roulés  de  granité  et  de  felsite,  qui  por- 
taient des  traces  de  feu.  Ils  avaient  peut-être  servi  à  faire  bouil- 


Fig.  i.  —  L'Entrée  de  la  Grotte  de  SA1NTE-BRELADE  Jersey) 


lir  de  l'eau  en  les  faisant  rougir  au  feu,  puis  les  plongeant  dans 
des  récipients  pleins   d'eau  ;    cette   méthode  culinaire  a  été  sug- 


762 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


gérée,  par  des   archéologues  après  découvertes  de  cailloux  sem- 
blables dans  des  grottes. 


hig»3.  —  Outils  en  silex,  du   type  Moustérien,  provenant  de  La  Cotte,  à  Sainte-Brelade. 
Echelle  :  1/3  Grandeur. 

Malheureusement  la   nature  du    sol  dans  cette  grotte  (comme 
aussi  dans  la  «  Cotte  à  la  Chèvre  »,  qui  avait    étéexplorée  anté- 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRAM  AI-E  763 

rîeurement  à    Saint-Ouen,  sur  la  côte  nord  de  Jersey),  est  telle 
que  la  conservation  des  os  y  est  rendue  presque  impossible.  La 


^i 


2  à 


I  5 

•s-  « 

l  -° 

«  2 

—  g 

z.  _ 

<  a 


si 


9 


v* 


plus  grande  partie   de  l'argile  de  Jersey  a  des  propriétés  décal- 
cifiantes ;  et  d'autre  part,  l'eau  s'écoulant  de  la  voûte  de  la  grotte 


764  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

ou  le  long  du  talus,  contribuait  à  rendre  encore  moins  favorables 
les  conditions  de  conservation.  La  présence  de  détritus  osseux 
était  facile  à  reconnaître  dans  les  différentes  couches  constituant 
le  sol;  mais  ce  n'était  qu'à  de  rares  intervalles  qu'on  pouvait  trou- 
ver un  fragment  ayant  conservé  sa  forme  anatomique. 

Néanmoins,  dansun  recoin  placé  un  peu  plus  haut  que  le  foyer, 
on  découvrit  une  masse  d'ossements  parmi  lesquels  certaines  par- 
ties purent  être  déterminées.  D'autre  part,  les  dents  étaient  en 
général  en  meilleur  état,  quoique  dans  certains  cas  les  dents  mê- 
mes semblaient  transformées  en  une  masse  comme  de  la  bouillie. 

Toutes  les  fois  qu'il  a  été  possible,  les  fragments  osseux  ont  été 
extraits  avec  une  portion  de  la  terre  qui  les  entourait,  puis  ils 
étaient  enveloppés  de  ouate  et  placés  dans  des  boîtes  séparées. 
On  les  transportait  ensuite  avec  une  voiture  jusqu'au  Musée,  où 
ils  étaient  infiltrés  et  durcis  avec  une  solution  chaude  de  gélatine. 

Dans  une  des  masses  osseuses  les  plus  compactes,  on  décou- 
vrit la  "moitié  d'une  mâchoire  inférieure  humaine,  neuf  dents 
étaient  rangées  Côte  à  côte,  dans  leur  ordre  naturel,  mais  on  ne 
put  malheureusement  voir  aucune  trace  de  l'os  qui  aurait  dû  les 
supporter. 

Nous  avons  fait  un  rapport  au  Comité  exécutif,  du  résultat  de 
ces  fouilles;  puis  les  différents  ossements,  les  dents,  etc.  furent 
transportés  parM.P.  A.  Aubin,  au  Musée  Britannique,  pouryètre 
déterminés.  MM.  les  Drs  A.  S.  Woodward  et  C.  W.  Andrews, 
ont  pu  identifier  les  spécimens  dont  voici  la  liste. 

Dents.  — Partie  d'une  prémolaire  inférieure  gauche  de  Rhino- 
céros [Rhinocéros  lichorinus).  Dernière  prémolaire  et  première 
prémolaire  de  renne  (Rangifer  tarandus),  une  espèce  de  grande 
taille,  apparemment  aussi  grande  qUe  le  Caribou.  Dents  supé- 
rieures molaires  d'une  petite  espèce  de  Cheval.  Dents  inférieures 
et  portion  de  mâchoire  d'un  Bovidé,  de  petite  taille.  Incisive  gau- 
che de  Bœuf  (espèce  indéterminée). 

Neuf  dents  humaines  {Fig.  4). 

Ossements  et  Cornes.  —  Partie  du  support  de  la  corne  d'un 
bovidé  de  petite  taille.  Portions  d'andouillers  de  Renne. 

Os  probablement  de  l'articulation  de  la  jambe  d'un  cerf.  Os  du 
bassin,  probablement  d'un  Bovidé  de  petite  taille.  Portion  d'os 
(neuf  pouces  de  long  sur  six  pouces  de  diamètre),  tombé  en  miet- 
tes lorsqu'il  fut  séparé  de  l'argile,  —  probablement  Rhinocéros. 

En  plus  des  os  ci-dessus,  un  grand  nombre  de  fragments 
grands  ou  petits  avaient  été  trouvés,  mais  dans  un  tel  état  qu'ils 
ne  pouvaient  être  identifiés.  Parmi  eux,  nous  devons  citer  un  os 
qui  semble  appartenir  à  un  tibia  humain. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  765 

Plus  de  cent  instruments  de  silex  ont  été  rapportés  au  Musée. 
Ils  sont  tous  sans  exception,  du  type^Moustérien,  si  facile  à  re- 
connaître :  la  «  pointe  à  main  »  de  de  Mortillet  {Fig.  3). 

Après  avoir  reçu  le  rapport  des  autorités  du  British  Muséum 
sur  l'identification  des  os,  etc.,  le  Comité  exécutif  a  décidé  de 
continuer  les  fouilles.  Le  travail  fut  repris  le  19  septembre.  Il 
avait  été  décidé  de  pousser  les  excavations  plus  loin  vers  le  fond 
de  la  grotte,  en  partant  du  point  où  les  dents  et  les  os  avaientété 
trouvés.  Pour  y  parvenir,  il  fallait  enlever  une  quantité  de  terre 
et  surtout  de  blocs  de  rochers,  qui  par  leur  poids  et  leur  position, 
rendaient  la  situation  des  ouvriers  de  plus  en  plus  dangereuse. 
M.  Charles  Messervy,  Ingénieur,  membre  du  Comité  exécutif, 
après  avoir  soigneusement  examiné  la  grotte,  jugea  qu'on  devait 
suspendre  le  travail  :  ce  qui  lut  fait  le  23  septembre. 

Nous  devons  ajouter  que  ce  dernier  travail,  en  déplaçant  la 
terre  et  les  rochers,  a  recouvert  la  portion  du  sol  de  la  grotte  où 
les  trouvailles  les  plus  intéressantes  avaient  été  faites,  mettaut 
ainsi  un  obstacle  à  toute  sorte  de  fouille  inopportune,  jusqu'au 
moment  où  la  Société  Jersiaise  jugera  bon  de  recommencer  ces 
recherches. 

Cette  grotte  ne  présente  aucun  signe  d'habitation  à  des  dates 
successives,  et  par  le  fait  nous  évite  cette  confusion  qui  résulte  si 
souvent  du  mélange  ou  de  la  superposition  d'instruments  et  de 
faunes,  appartenant  à  des  périodes  différentes  ;  mélanges  qui  peu- 
vent résulter  soit  du  travail  d'animaux  qui  creusent  la  terre,  soit 
du  transport  par  les  eaux  pendant  les  inondations,  comme  cela 
se  reconnaît  dans  un  grand  nombre  de  grottes  en  d'autres  pays. 

Ainsi  donc,  la  Grotte  de  Saint-Brelade  à  Jersey  nous  montre 
par  sa  faune  et  par  ses  instruments  de  silex,  d'un  type  uniforme, 
qu'elle  est  de  la  Période  Moustérirnne.  Elle  forme  ainsi  une  addi- 
tion intéressante,  non  seulement  à  l'histoire  archéologique  de 
notre  île,  mais  à  celle  de  l'Europe  entière. 


Rapport  sur  la  reprise  de  l'Exploration  de  «    La 
Cotte  »  ,  par   la    Société    Jersiaise. 

PAR 

Ed.  TOULMIN-NICOLLE  (Jersey,  A.)  et  J.  SINEL  (Jersey,  A.), 
Secrétaire  honoraire.  Conservateur  du  Musée. 

La  Société  Jersiaise  a  repris,  le  14  août  1911,  l'exploration  de 
«  La  Cotte  »,  qui  avait  dû  être  interrompue  en  septembre  1910, 


766  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

par  suite  du  danger  d'éboulements  du  toit  ou  des  côtés  de  la 
grotte.  On  avait  pu,  dans  l'intervalle,  prendre  des  mesures  pour 
diminuer  les  chances  d'éboulements  (Fig.  1). 

La  portion  de  l'aire,  d'environ  onze  pieds  carrés,  qui  avait 
été  explorée  l'année  dernière  avait  été  laissée  couverte  par  des 
blocs  de  granit,  de  l'argile  et  des  cailloux  tombés  du  talus  for- 
mant le  fond  de  la  grotte  et,  pendant  plusieurs  jours,  les  ou- 
vriers s'occupèrent  à  nettoyer  tous  ces  décombres  pour  remettre 
les  choses  au  point  où  elles  étaient  à  la  fin  de  l'exploration 
de  1910  {Fig.  2). 

On  se  rappellera  que  le  foyer  principal  se  trouvait  à  gauche 
et  à  environ  huit  pieds  de  l'entrée  et  que  c'est  juste  en  arrière 
de  ce  large  foyer  et  un  peu  plus  haut,  que  furent  trouvés  les 
ossements  les  plus  intéressants  et  surtout  dans  le  meilleur  état 
de  conservation.  C'est  également,  en  ce  point,  que  se  trouvaient 
les  fameuses  dents  humaines  que  nous  avons  eu  la  bonne  fortune 
de  découvrir  (Fig.  4). 

Nous  avions,  l'année  dernière,  fait  une  tranchée  de  onze  pieds 
le  long  de  la  paroi  de  gauche  ;  c'est  en  continuation  de  cette 
tranchée  que  les  travaux  furent  repris  cette  année. 

En  arrière  d'un  très  gros  bloc  de  granit,  situé  à  l'entrée  et 
qu'il  fallut  briser,  la  paroi  rocheuse  de  la  grotte  se  [creusait  en 
une  sorte  de  cavité  dans  laquelle  on  pouvait  suivre  clairement  le 
foyer,  mais  en  ce  point  son  niveau  se  relevait  légèrement  :  c'est 
dans  cette  cavité  et  tout  près  du  foyer  que  furent  trouvés  les  osse- 
ments les  mieux  conservés. 

En  faisant  de  nouveau  un  examen  minutieux  de  l'aire  de  la 
grotte,  nous  fûmes  assez  surpris  de  reconnaître  que  les  couches 
inférieures  du  foyer  ne  se  terminaient  pas  au  contact  du  gros 
bloc  de  granit,  mais  qu'elles  se  continuaient  par  en  dessous,  et 
en  même  temps  nous  trouvions  en  dessus  du  bloc  de  granit  et 
dans  le  mélange  d'argile  et  de  cailloux  en  arrière,  des  cendres, 
des  débris  d'ossements,  des  outils  et  des  éclats  de. silex,  qui  nous 
prouvaient  que  cette  masse  de  pierres  était  tombée  de  la  voûte, 
pendant  que  la  grotte  était  habitéei  et  que  son  occupation  avait 
continué  à  un  niveau  plus  élevé. 

Comme  il  n'était  pas  question  d'employer  la  dynamite  avec  les 
quelques  centaines  de  tonnes  de  blocs  plus  ou  moins  disloqués, 
qui  forment  la  voûte  de  la  grotte,  on  dul  briser  le  bloc  de  granit 
sans  explosion  et  l'enlever  par  morceaux. 

Cette  opération  facilita  beaucoup  l'ouvrage  et  permit  d'en- 
lever sans  difficulté  l'amas  d'argile  et  de  cailloux  du  côté  du 
fond  de  la  grotte,  de  sorte  qu'on  put  mettre  au  jour  l'aire  de  la 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  767 

grotte  sur  vingt-cinq  pieds    d'avant  en  arrière  et  dix-huit  pieds 
de  largeur. 

La  même  méthode  de  recherche  fut  employée  pendant  tout  le 
travail.  A  mesure  qu'une  nouvelle  tranche  d'argile  et  de  cailloux 
était  mise  au  jour  par  la  pioche  ou  la  pelle,  elle  était  minutieuse- 
ment examinée  «  in  situ  »  par  plusieurs  des  personnes  présentes, 
et  quand  on  enlevait  les  matériaux  à  la  pelle  pour  les  déposer 
dans  la  brouette  qui  les  déversait  en  bas  de  la  falaise,  chaque 
pelletée  était  soigneusement  manipulée,  de  façon  à  ne  pas  laisser 
échapper  le  plus  petit  morceau  intéressant. 

En  examinant  une  mince  couche  d'argile  qui  adhérait  à  la 
paroi  gauche  de  la  grotte,  non  loin  de  l'endroit  où  des  dents  hu- 
maines avaient  été  trouvées  l'année  dernière,  nous  eûmes  la 
chance  d'en  découvrir  quatre  nouvelles  :  ce  qui  porte  le  chiffre 
total  à  treize  {Fig.  4). 

La  chose  la  plus  regrettable  dans  tout  le  cours  de  cette  explo- 
ration était  le  pouvoir  décalcifiant  de  l'argile.  Les  ossements 
abondaient  de  toutes  parts  ;  mais  la  plupart  du  temps  ils  étaient 
transformés  en  une  masse  blanchâtre  onctueuse  comme  de  l'argile 
adhérant  aux  pierres  ;  ou  même  ils  ne  présentaient  plus  qu'une 
infiltration  blanche  dans  la  masse  terreuse.  Rien  d'étonnant  que 
nous  n'ayons  pu  retirer  qu'un  petit  nombre  d'ossements,  présen- 
tant des  formes  reconnaissables. 

Dans  les  endroits  où  des  cendres  s'étaient  mélangées  avec 
l'argile,  comme  autour  du  foyer,  l'action  décalcifiante  se  trouvait 
diminuée  ;  et  l'on  pouvait  obtenir  des  ossements  assez  bien  con- 
servés pour  être  soumis  à  l'identification. 

La  découverte  d'ossements,  d'éclats  de  silex  ou  d'outils  en 
silex  dans  les  couches  de  niveaux  très  différents  et  pouvant  même 
s'élever  à  dix  pieds  au-dessus  de  l'aire  principale,  nous  avait 
d'abord  déconcertés;  mais  il  nous  semble  maintenant  évident  que 
des  chutes  successives  de  pierres  provenant  de  la  voûte  de  l'ar- 
gile provenant  d'une  fissure  au  sommet  à  droite,  ont  à  plusieurs 
reprises  relevé  le  niveau  par  des  terrasses  successives,  sans  in- 
terrompre l'occupation  de  la  grotte. 

Les  ossements,  découverts  durant  l'exploration  de  1911,  autres 
que  les  dents  humaines,  consistaient,  comme  l'année  dernière, 
en  vestiges  d'animaux  que  les  habitants  de  la  grotte  y  avaient 
apportés  pour  s'en  nourrir.  Ces  ossements  et  ces  dents  furent  de 
même  que  précédemment  envoyés  par  les  soins  du  Comité  au 
département  d'Histoire  naturelle  du  British  Muséum,  et  MM.  les 
Drs  Woodward  et  Andrews  eurent  la  bonté  de  procéder  à  leur 


768  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

identification.  Ce  sont  pour  la  plupart  de  nouveaux  spécimens  de 
Rhinocéros  à  toison,  deux  espèces  de  Cheval,  un  Bœuf  de  grande 
taille  probablement  Y  Urus, une  espèce  de  Mouton  ou  de  Chèvre, 
plusieurs  Cervidés  de  petite  taille,  un  Renne,  et  en  plus  de 
l'année  passée  nous  avons  des  os  de  la  tête  et  les  bases  des 
andouillers  d'un  grand  Cerf  (peut-être  le  Cerf  rouge).  Un  obser- 
vateur superficiel  pourrait  croire  que  ces  andouillers  semblent 
bien  gros  pour  un  Cerf;  mais  il  faut  se  rappeler  que  le  Cerf  de 
l'époque  pleistocène  était  de  taille  bien  supérieure  à  celle  des 
représentants  modernes  de  l'espèce  (Lydekker,  Les  Cervidés 
fossiles). 

Les  dents  humaines  furent  examinées  par  M.  le  Dr  Keith,  con- 
servateur du  Musée  du  «Royal  Collège  of  Surgeons»  et  il  déclara 
qu'elles  appartenaient  à  la  même  mâchoire  que  celles  que  nous 
avions  trouvées  l'année  précédente. 

Il  est  remarquable  que,  tandis  que  la  plus  grande  partie  des 
ossements  et  même  des  dents  (particulièrement  les  molaires  des 
Bovidés)  sont  presque  complètement  décomposés,  nous  avons 
justement  eu  la  chance  de  trouver  en  parfait  état  de  conservation 
les  dents  humaines,  une  grande  molaire  de  Rhinocéros,  des  mo- 
laires de  Renne,  des  incisives  et  dés  canines  d'un  grand  Cheval, 
des  incisives  de  Bœuf  et  un  grand  nombre  de  dents  de  petits 
Bovidés. 

Durant  cette  seconde  exploration,  nous  avons  trouvé  une 
soixantaine  d'instruments  en  silex  bien  travaillés  (en  ne  tenant 
pas  compte  de  tous  les  morceaux  d'instruments  incomplets  ou 
brisés  ou  qui  ne  présentaient  pas  les  marques  d'une  taille  secon- 
daire), et  un  nombre  considérable  de  cailloux  ronds  ou  ovales 
qui  avaient  pu  servir  de  marteaux  ou  de  broyeurs. 

Parmi  les  objets  en  silex  quelque-uns  sont  très  beaux,  ils  pré- 
sentent tous  le  même  type  de  la  «  Pointe  Moustérienne  »  de  de 
Mortillet.  Il  est  à  noter  qu'autant  les  silex  taillés  ou  non  étaient 
nombreux  près  de  l'entrée  de  la  grotte,  autant  leur  nombre  dimi- 
nuait en  avançant  vers  le  fond,  et  ils  manquaient  complètement 
à  partir  de  25  pieds  de  l'entrée  (Fig.  3). 

Il  y  a  là  une  question  très  intéressante  au  sujet  de  l'étendue 
primitive  de  la  grotte  et  sa  configuration  relative  avec  la  gorge 
qui  existe  à  présent;  évidemment  on  doit  aussi  tenir  compte  de 
l'importance  d'un  éclairage  suffisant  pour  la  taille  des  silex.  Tout 
ceci  joint  au  problème  de  la  géologie  locale  pendant  l'époque 
pleistocène  formerait  un  très  intéressant  sujet  pour  de  futures 
discussions. 


SOCIÉTÉ   PHÉHISTOItlQUb:    FUA.NÇAISE  76g 

Lorsque  l'examen  de  l'aire  principale  et  de  ses  couches  supé- 
rieures eut  été  complète  dans  les  limites  indiquées  plus  haut, 
on  fut  obligé  de  cesser  le  travail  dans  cette  direction  par  suite  du 
danger  que  présentait  l'inclinaison  des  talus  et  leur  peu  d'homo- 
généité; nous  décidâmes  alors  de  creuser  au-dessous  de  l'aire, 
pour  savoir  si  on  pourrait  y  trouver  des  vestiges  d'occupation 
antérieure. 

Dans  ce  but,  on  ouvrit  une  tranchée  de  cinq  pieds  de  profondeur 
et  cinq  pieds  de  largeur  contre  la  paroi  de  gauche,  sous  l'empla- 
cement même  du  foyer  principal  ;  et  on  la  conduisit  jusqu'à  25 
pieds  de  l'entrée;  cette  tranchée  nous  permit  de  reconnaître  suc- 
cessivement les  couches  suivantes. 

1°  Immédiatement  sous  l'aire  se  trouve  une  couche  d'un  pied 
d'épaisseur  composée  d'argile  et  de  cailloux  analogues  à  ceux  qui 
remplissent  la  grotte. 

2°  En  dessous  se  trouve  une  couche  de  18pouces  d'épaissenr  de 
gravier  comme  du  granit  décomposé),  contenant  très  peu  d'argile. 

3°  Enfin  une  troisième  couche  d'épaisseur,  variant  entre  16 
pouces  et  un  pied,  composée  d'une  matière  noire, grenue,  percée 
par  endroits  de  trous  ronds  d'un  pouce  et  plus  de  diamètre.  Ces 
trous  soigneusement  examinés  nous  révélèrent  des  moulages  de 
morceaux  de  branches  d'arbres  qui  avaient  complètement  disparu 
en  ne  laissant  que  leur  impression,  mais  avec  de  tels  détails  que 
l'on  put  reconnaître  la  nature  de  l'écorce  et  même  dans  certains 
cas  la  présence  de  plantes  grimpantes,  comme  si  du  lierre  avait 
adhéré  à  la  branche  lorsqu'elle  fut  enfouie. 

Un  moulage,  obtenu  en  coulant  du  plâtre  de  Paris  dans  une  de 
ces  cavités,  nous  a  donné  une  remarquable  reproduction  de  la 
branche  qui  l'avait  formée  ;  c'était  du  chêne  ou  de  l'orme,  et  un- 
revêtement  de  lierre.  Si  le  fait  est  exact,  il  dénote  une  période 
pendant  laquelle  le  climat  était  plus  doux  que  celui  pendant  lequel 
1  Homme  Moustérien  occupait  la  grotte. 

L'analyse  chimique  de  ce  terrain,  faite  par  M.  F.  W.  Toms 
(analyste  officiel),  montre  qu'il  est  formé  de  matières  animales  et 
végétales  décomposées;  et  la  présence  de  matériaux  agates  prouve 
que  ce  n'était  pas  l'emplacement  d'un  foyer. 

Les  rares  fragments  osseux,  trouvés  à  ce  niveau,  ne  sont  ni 
décomposés,  ni  à  consistance  d'argile  comme  ceux  trouvés  plus 
haut;  ils  sont  de  vrais  fossiles  et  leur  analyse  est  identique  avec 
celle  des  ossements  fossiles,  provenant  de  quelques  grottes  en 
Angleterre. 

Au-dessous  de  cette  couche  noire,  on  ne  trouve  qu'une  espèce 
de  casse,  formée  de  morceaux  de  granit  dans  une  argile  blan- 
châtre, et  qui  se  continue  aussi  profondément  que  nous  avons  pu 
creuser. 

SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE.  4'J 


770  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAIS!: 

On  ouvrit  une  seconde  tranchée  au  centre  de  la  grotte,  h  angle 
droit  avec  la  dernière;  elle  donna  les  mêmes  résultats. 

Aucun  silex  taillé  ou  non,  et  aucune  autre  indication  de  la  pré- 
sence de  l'homme  ne  nous  ont  été  fournis  par  ces  dernières  exca- 
vations :  ceci  prouve  bien  que  ce  que  nous  avons  appelé  Faire 
principale  de  la  grotte  marque  l'origine  de  l'habitation  par 
«   l'IIomo  Breladensis   »,  homme  de  la  race  de  Néanderthal. 

Entre  autres  faits  de  moindre  importance  résultant  des  der- 
nères  explorations,  nous  devons  en  mentionner  un  qui,  contraire- 
ment à  l'opinion  généralement  admise,  suggère  que  l'homme 
moustérien  connaissait  l'usage  de  l'arc,  ou  tout  au  moins  de  la 
flèche.  Nous  avons  trouvé  enveloppé  dans  l'argile  un  petit  silex 
taillé,  d'un  pouce  de  long  sur  3/4  de  pouce  de  large  à  la  base,  et, 
comme  tous  les  Moustériens,  présentant  une  face  lisse  et  l'autre 
taillée  avec  soin  en  forme  de  barbe  et  de  tige,  avec  indication  que 
l'autre  barbe  avait  été  brisée. 

Est-ce  bien  une  pointe  de  flèche,  ou  bien  est-ce  une  simple 
pointe  moustérienne  très  finement  taillée  et  brisée  de  telle  façon 
qu'elle  représente  d'une  forme  si  remarquable  la  tige  et  la  barbe 
d'une  flèche  ?  On  ne  cite  aucun  silex  taillé  de  cette  forme  dans 
le  Moustérien  ;  et  nous  n'avons  rien  trouvé  de  semblable  dans 
toutes  nos  fouilles.  Faut-il  croire  que  cette  forme  unique  est  un 
accident  de  la  taille  ?  C'est  probable. 

Nous  devons  reconnaître  maintenant  l'erreur  que  nous  avions 
faite  au  début  des  fouilles.  Nous  avions  alors  pensé  que  le  cail- 
loutis  mélangé  d'argile,  qui  avait  rempli  la  grotte,  provenait  de 
l'entraînement  l'itérai  du  remblai  qui  se  trouve  dans  la  fissure  de 
la  falaise;  mais,  à  mesure  qu'on  a  enlevé  ce  cailloutis,  on  a  pu  se 
rendre  compte  qu'il  s'étendait  à  l'intérieur  de  la  grotte  à  plu- 
sieurs pieds  au-dessus  du  niveau  de  l'entrée,  révélant  un  toit  en 
forme  de  dôme,  contre  lequel  s'adossait  le  cailloutis  mélangé 
d'argile. 

La  paroi  rocheuse  dans  laquelle  s'ouvre  la  grotte  est  parfaite- 
ment unie  et  verticale,  sur  environ  80  à  90  pieds  au-dessus  de 
l'ouverture;  mais  de  l'autre  côté  de  la  falaise,  celui  qui  corres- 
pond au  fond  de  la  grotte,  la  côte  descend  en  pente  irrégulière, 
avec  une  sorte  de  dépression  circulaire  en  forme  d'entonnoir  à 
demi  rempli,  qui  correspond  précisément  avec  le  monceau  de 
cailloux  qui  remplit  le  fond  de  la  grotte.  11  est  évident  que  c'est 
par  cette  voie  que  sont  entrés  les  matériaux  qui  ont  comblé  la 
grotte. 

La  présence  d'une   aussi  grande  quantité  d'argile,  aussi  bien 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  77 1 

dans  l'intérieur  de  ia  grotte  que  dans  le  remblai  de  la  fissure 
dans  la  falaise,  soulève  une  autre  question  intéressante.  Cette 
argile  n'est  pas  d'origine  éolienne;  elle  n'est  pas  non  plus  formée 
par  la  décomposition  de  la  roche  «  in  situ  ».  Sa  contexture  gre- 
nue, la  présence  dans  sa  masse  de  blocs  de  granit  et  même  de 
cailloux  roulés,  prouvent  sa  formation  fluviale,  c'est-à-dire  un 
dépôt  de  matériaux  entraînés  par  les  fleuves  dans  la  période  gla- 
ciaire. Et  alors  d'où  a-t-elle  été  amenée  ?  Le  plateau  supérieur 
n'en  renferme  pas  trace  à  plus  d'un  mille  de  distance  ;  il  n'est 
recouvert  que  d'une  mince  couche  noirâtre  résultant  de  la 
décomposition  des  genêts  et  bruyères,  avec  quelques  gravois 
provenant  du  granit  inférieur.  Et,  de  plus,  entre  le  plateau  lui- 
même  et  la  tète  de  la  falaise  dans  laquelle  la  grotte  est  creusée, 
il  y  a  une  espèce  de  dépression  en  forme  d'ensellure,  qui  s'abaisse 
d'au  moins  30  pieds. 

Tout  ceci  prouve  un  changement  considérable  dans  la  configu- 
ration du  terrain  entre  la  période  actuelle  et  celle  où  la  grotte 
était  occupée  par  Y  «  Homo  Breladensis  »  et  ouvre  un  champ 
intéressant  aux  Géologues  ! 

Noos  tenons  à  noter  encore  un  des  moindres  détails  de  notre 
exploration.  Dans  la  liste  de  la  faune  et  de  la  flore  de  l'époque 
Moustérienne,  il  n'est  fait  aucune  mention  des  Insectes,  proba- 
blement parce  que  leur  conservation  est  très  rare  à  cause  même 
de  leur  délicatesse.  Dans  une  section  verticale  delà  couche  d'ar- 
gile, assez  profondément  dans  la  masse  pour  empêcher  toute 
possibilité  de  pénétration  accidentelle,  nous  avons  trouvé  un 
gros  Coléoptère.  L'animal  lui-même  était  réduit  en  poussière  ;  mais 
l'impression  était  parfaitement  nette  dans  l'argile  :  on  pouvait 
reconnaître  le  segment  thoracique,  les  élytres  et  les  pattes.  Il 
appartenait  à  une  grosse  espèce,  du  volume  de  nos  Hydrophiltis, 
mais  plus  épais  du  dos  au  ventre.  Malheureusement  nous  ne 
pûmes  conserver,  ni  l'insecte,  ni  son  moulage;  mais  nous  croyons 
devoir  mentionner  cette  trouvaille,  qui  pourrait  ouvrir  un  nou- 
veau chapitre  dans  la  faune  de  la  période  Moustérienne. 

L'exploration,  dont  nous  venons  de  donner  les  principaux  résul- 
tats, fut  terminée  le  21  août  1911.  Pendant  toute  la  durée  de  nos 
travaux,  M.  J.  W.  Sinel  a  été  notre  aide  assidu;  et  M.  R.  R. 
Marett  s'est  joint  à  nous,  à  partir  du  17  août.  Le  Président  de  la 
Société  Jersiaise  (M.  le  Colonel  E.  C.  Malet,  de  Carteret),  les  Drs 
Dunlop,  Chappuis  et  Xicholls,  ainsi  que  plusieurs  autres  mem- 
bres de  la  Société,  nous  ont  fait  de  nombreuses  visites.  Nous 
devons  à  l'obligeance  de  MM.  A.  H.  Carreau  et  Emile  Guiton  des 


772  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

photographies,  qui   montrent  de  façon  intéressante  les  diverses 
phases  des  travaux. 

Nous  devons  aussi  une  marque  de  reconnaissance  aux  hommes 
que  nous  avons  employés,  à  M.  Ernest  Daghorn  et  à  ses  deux 
aides.  Ils  ont  travaillé  non  seulement  sans  relâche;  mais  surtout 
ils  ont  été  saisis  par  l'intérêt  de  leurs  recherches,  de  telle  façon 
qu'aucune  trace  d'objet  de  vestige  intéressant,  ne  pouvait  leur 
échapper. 

M.  le  Dr  Marcel  Baudouin.  —  Je  ne  suis  pas  très  étonné  de  voir 
que  malgré  le  voisinage,  qu'on  suppose  ici  probable,  de  la  Mer,  a 
Yèpoque  moustèrienne  (puisqu'on  l'accuse  d'être  la  cause  déter- 
minante de  la  grotte  elle-même),  on  n'ait  pas  trouvé  le  moindre 
reste  d'oiuGiNE  marine  (1),  dans  cette  station  si  intéressante  et  si 
curieuse. 

Si  j'en  juge  par  ce  que  j'ai  observé  pendant  plusieurs  années  à 
l'Ile  d'Yeu  (Vendée),  sur  la  falaise  occidentale,  qui  ressemble  tant 
aux  côtes  Ouest  de  Jersey,  où  ces  restes  marins  abondent  dans 
tous  les  gisements  (quoique  l'Ile  d'Yeu,  à  l'époque  préhisto- 
rique, n'ait  été  qu'un  Cap,  avancé  dans  l'Océan  :  le  Promunto- 
rium  Pictonum  des  Géographes  romains),  j'en  arrive  à  penser 
que,  non  seulement  Jersey  n'était  pas  une  île  aux  époques  pré- 
historiques (ce  que  l'on  sait  depuis  longtemps,  grâce  à  des  docu- 
ments historiques),  mais  qu'à  Yèpoque  moustèrienne  elle  devait 
même  être  très  éloignée  de  i/Océan  ! 

Cela  se  conçoit  très  bien,  d'ailleurs,  si  l'on  m'accorde  que  la 
Mer  de  la  Manche  n  existait  pas  du  tout  à  l'époque  du  Paléolithique 
moyen  :  ce  que  semblent  admettre   les   Géologues  modernes. 

La  découverte  de  Jersey  est  donc  capitale,  puisqu'elle  apporte 
un  argument  nouveau  en  faveur  de  la  théorie  de  ceux  qui  admet- 
tent l'existence  d'un  grand  continent,  reliant  l'Angleterre  à  la 
France  aux  temps  paléolithiques;  puisqu'elle  se  rapporte  à  une 
Grotte  d'origine  terrestre  et  non  marine;  puisqu'elle  prouve 
l'existence  de  YHomme  Moustérien,  dans  le  bassin  de  l'ancien 
grand  Fleuve  (Manche),  dont  la  Seine  n'était  alors  qu'un  affluent  ; 
puisqu'elle  éclaire  d'un  jour  nouveau  les  belles  recherches  de 
M.  Commont  sur  le  Moustérien  du  Nord  de  la  France  et  des 
Côtes  de  la  Manche.  —  On  ne  peut  qu'en  vivement  féliciter  nos 
collègues  anglais. 

(1)  La  faune  est,  en  effet,  purement  continentale. 


SOCIÉTÉ    PRÉIUSTORIQOE   FRANÇAISE  773 


Une  ff*ïeri*o  à  Empreinte  pétlïforme  : 
Le  ï*ïed  de  Saint  Yves  : 

PAR 

LE  CONIAT  (Trégomar,  C.-d.-N.). 

Dans  un  charmant  vallon,  frais  et  silencieux,  où  le  poète  et  le  rêveur 
aiment  à  porter  leurs  pas,  coule  le  Lézouen,  qui  déverse  les  eaux  de 
l'étang  de  Canon  dans  le  port  de  Paimpol  en  Goëlo. 

A  environ  1.200  mètres  Sud  de  cette  jolie  ville,  que  P.  Loti  et  Botrel 
ont  fait  connaître  au  loin,  une  Pierre  àempreinte  traverse  le  Lézouen, 
qui  prend  le  nom  de  Quinic,  à  son  entrée  dans  la  petite  cité  des 
pêcheurs  d'Islande. 

La  pierre,  connue  sous  le  nom  de  Pied  de  Saint-Yves,  mesure  envi- 
ron 2m30  de  longueur,  0ra80  de  largeur,  et  0m25  d'épaisseur.  A  son 
extrémité  Est,  à  droite,  se  voit  une  Empreinte,  ressemblant  à  celleque 
laisserait,  sur  une  terre  glaise,  un  boto  chouquen  [sabot  breton  ;  à 
bout  pointu  et  recourbé]. 

Saint  Yves,  si  populaire  dans  toute  la  Bretagne,  naquit  le  17  octo- 


Fig.  1.  —  Le  Pied  de  Saint-Yves  (D'après  des  souvenirs  de  jeunesse) . 

bre  1253,  au  manoir  de  Kermartin,  paroisse  du  Minihy,  près  Tré- 
guier.  Il  était  fils  d'Héloury,  seigneur  du  lieu,  et  de  dame  Azo  de 
Kerenguis,  de  la  maison  du  Plessis.  De  bonne  heure,  il  embrassa 
l'état  ecclésiastique  et  fut  nommé,  par  l'évêque  de  Tréguier,  Alain  de 
Bruc,  officiai  du  diocèse  et  recteur  de  Trédrez.  Ce  fut  dans  ces  fonc- 
tions qu'il  exerçait  au  nom  de  l'évêque,  que  Saint-Yves  fit  briller 
cet  esprit  d'équité  qui  le  distingua  entre  tous,  et  qui  le  porta  à 
plaider  gratis,  devant  les  tribunaux  séculiers,  la  cause  des  faibles  et 
des  opprimés.  Il  fut  surnommé  l'avocat  des  pauvres.  De  sa  maison 
il  avait  fait  un  véritable  hôpital,  où  il  soignait  tous  les  malheureux 
qui  s'y  présentaient.  Il  mourut  où  il  était  né,  le  19  mai  1303  et  fut 
inhumé  dans  la  cathédrale  de  Tréguier.  Dans  sa  jeunesse,  dit  la 
légende,    Saint-Yves   fréquentait,    chaque  jour,    l'école   de    Kerfot, 


774  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

bourg  du  canton  de  Paimpol,  distant  à  vol  d'oiseau,  de  16  kilomètres 
de  Kermartin. 

La  mère  du  futur  saint  l'aimait  si  tendrement  qu'elle  ne  pouvait 
se  résoudre  à  le  voir  absent  pendant  une  longue  journée  ;  aussi  le 
jeune  écolier  devait-il  se  rendre  pour  l'heure  du  déjeuner,  à  la  mai- 
son. Quand  le  repas  était  prêt,  la  maman  criait  :  «  Yves,  je  vais 
bientôt  servir!  »  Le  petit  Héloury  s'empressait  de  se  rendre  à  l'appel 
de  sa  mère  et  arrivait  toujours  à  l'heure  exacte  pour  le  goûter. 

Un  jour  cependant,  il  s'attarda  au  jeu  avec  quelques  camarades. 
Voulant  rattraper  le  temps  perdu  et  craignant  d'être  grondé,  il  se  mit 
à  courir  à  belles  jambes  dans  la  direction  du  manoir  paternel. 
Arrivé  sur  la  rive  droite  du  Lézouen,  il  fit  un  faux-pas,  en  voulant 
franchir  le  pont  rustique.  Son  sabot  frappa  si  fort  la  pierre,  qu'il  y 
laissa  l'empreinte  qu'on  y  voit  encore. 

Il  serait  à  souhaiter  qu'on  préservât  de  l'oubli  ces  naïves  légendes, 
autrefois  si  nombreuses  au  pays  d'Armorique. 

Nota.  —  Le  manoir  de  Kermartin  a  été  détruit  par  un  incendie,  en 
1906  ou  1907. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Comme  le  Pied  de  Saint-Yves  existe  tou- 
jours, je  prie  nos  collègues  des  Côtes-du-Nord  d'en  prendre  un  Dé- 
calque très  exact,  sur  papier  fort;  une  coupe  longitudinale  et  deux 
transversales  à  la  pointe  et  au  talon  (au  moyen  de  la  lame  de  plomb)  ; 
et,  s'ils  le  peuvent,  un  moulage  en  plâtre.  —  Il  pourra  s'ajouter  à  la 
nombreuse  collection  de  Moulages  de  pieds  humains  scupltés  que  je 
possède  en  Vendée. 

Je  profite  de  la  circonstance  pour  annoncer  la  découverte  que  j'ai 
faite,  en  juillet  1911,  de  deux  nouveaux  Pieds  gravés  humains,  dans 
la  Garenne  de  Clisson  (Loire-Inférieure);  on  n'en  avait  signalé  qu'un 
jusqu'à  présent  (Gabillaudj.  J'ai  exécuté  les  trois  moulages. 

Il  y  a  là  un  vaste  champ  d'Etudes, -car  je  viens  d'en  découvrir  un 
autre  à  Avrillé  (Vendée)  :  Le  Pied  de  la  Vierge,  à  la  Fontaine  Saint- 
Gré. 

Je  publierai  sous  peu  les  Gravures  pédiformes,  que  j'ai  observées 
et  moulées  à  l'Ile  d'Yeu,  dès  1908  et  1909. 

Mais  il  est  indispensable,  pour  les  comparaisons,  d'avoir  les  Mou- 
lages; les  Décalques  ne  parlent  pas  assez  aux  yeux. 


fc»»»B>f  3-'d  a  • 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


775 


Un  grain  d'enf ilage,  non  achevé,  trouvé 

à  Landaoudec  en  Crozon  (Finistère). 

PAR 

G.  GUÉNIN  (Brest,  F.). 

En  allant  relever  le  plan  des  Alignements  et  de  l'ensemble  mé- 
galithique de  Landaoudec  en  Crozon,  je  trouvai,  dans  des  déblais 
de  menhirs,  que  l'on  avait  fait  sauter  à  la  mine,  un  objet  bizarre. 

Il  était  au  milieu  d'un  trou,  laissé  par  le  premier  menhir  (de  la 
première  rangée),  tombé  sans  avoir  bouleversé  les  terres,  et  débité 
par  les  carriers  en  menus  morceaux  II  me  suffit  donc  de  gratter 
la  terre  dans  le  trou,  pour  découvrir  cette  pièce  curieuse,  dont 
je  ne  connais  pas  d'analogue. 

C'est  une  pierre  assez  tendre,  appartenant  aux  schistes  argi- 
leux de  Porsguen,  d'une  couleur  vert  olive  ou  gris  brunâtre.  Ces 
schistes  ont  des  lits  noduleux,  calcareux  et  minces,  particulière- 
ment au  Fret;  et  l'objet  en  question  est  précisément  l'une  de  ces 
nodules,  vert  clair,  provenant  du  Fret.  La  distance,  entre  cette 
localité  et  l'endroit  précis,  est  d'environ  6  kilomètres.  Il  y  a 
donc  transport  intentionnel. 


Le  dessin  qui  suit  (Fig.  1)  peut  donner  une  idée  de  ce  qu'est 
cette  pierre,  taillée  dans  un  but  que 
j'ignore.  La  forme  est  celle  d'un  œuf, 
si  l'on  veut;  les  deux  cassures  du  haut 
et  du  bas  ne  permettent  pas  de  pous- 
ser la  comparaison  plus  loin.  L'enve- 
loppe extérieure  [Fig.  1;  A)  a  été  enlevée 
de  manière  à  faire  apparaître  la  surface 
B,  de  couleur  verte,  alors  que  l'écorce 
A  est  brune  ou  jaunâtre,  sous  l'in- 
fluence des  sels  de  fer.  En  travers, 
l'objet  se  présente  sous  une  forme  ova- 
laire  [Fig.  2). 

L'écorce  A  n'a  été  enlevée  que  sur 
une  épaisseur  de  0m00l  à  0m002  ;  et  la  surface  B  est  assez  bom- 
bée. En  C,  il  existe  une  petite  dépression  circulaire,  analogue  à 
celle  que  ferait  un  doigt,  s'imprimant  dans  une  matière  assez 
molle. 


Fig.    1.  —   Grain   d'enfilage, 
non  achevé,  du  Finistère. 


776  SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE 

Le  trou,  creusé  h  la  partie  inférieure,  est  très  régulier  et  s'en 
fonce    de  0m05    à  V intérieur 

de   la  pierre;  mais  l'ouvrier  iT  _ .3 

n'est   pas  parvenu  a  le  faire  Jl.  ^v^**"""               """""""""^V*. 

en  droite   ligne,  car  il   s'in-  -/!'                 ***.  /t                AJ» 

fléchit  légèrement.  Si  le  tra-  l                rn  ^-^                     f 

vail  s'était  continué,  la  pierre  \^^                          ^^X^ 

aurait    été    mal  percée   et  le  « 

trou  serait  venu  se  placer  en  p«*  2-  "Grai"  d'engagé  (Finistère).  - 

X.  Vu  en  travers. 

D. —  Est-ce  la  raison  pour  la  • 

quelle  le  trou  n'a  pas  été  achevé,  et  la  pierre  abandonnée  ;  mais 
alors  pourquoi  se  trouvait-elle  au  pied  d'un  menhir  d'Aligne- 
ments ? 

Les  dimensions  de  l'objet,  sur  lequel  je  voudrais  bien  être  mieux 
renseigné,  sont  les  suivantes  :  plus  grande  longueur:  0,n074  ;  plus 
grande  largeur,  0m063  ;  épaisseur  en  D,  0"'031  ;  épaisseur  du  côté 
du  trou,  0a,040;  plus  grande  épaisseur,  0m043;  diamètre  du  trou, 
0m0l0;  profondeur,  0m050 

Est-ce  une  Pendeloque  ?  Elle  serait  bien  grosse,  tout  en  étant 
fort  légère  ?  Est-ce  un  objet  de  culte;  ou  faudrait-il  le  rapprocher 
encore  des  Bétyles(?),  trouvés  par  Siret  en  Espagne  (1):  je  n'oserai 
l'affirmer.  En  tout  cas,  il  est  singulier  qu'un  bétyle  (?),  dessiné 
par  M.  Siret  et  placé  sur  une  dalle  plate  et  creusée,  ait,  à  la  par- 
tie supérieure,  une  cassure  semblable  à  celle  de  la  pièce  qui  fait 
l'objet  de  la  présente  note.  Je  me  contente  de  poser  le  point  d'in- 
terrogation, et  de  demander  l'avis  de  gens  plus  compétents,  en 
faisant  remarquer  seulement  que  les  Bétyles  de  M.  Siret  ont  0m70 
sur  0m44,  et  qu'on  les  trouve  au  centre  de  certaines  Sépul- 
tures. 

Il  est  plus  probable  qu'il  s'agit  d'un  Grain  d'enfilage,  inachevé; 
c'est-à-dire"  d'une  partie  de  Parure. 

M.  Marcel  Baudouin.  —  Cet  objet  pouvait  se  trouver  au  pied 
d'un  Menhir  d'Alignement  pour  deux  raisons  au  moins  :  1°  La 
première,  pareequ'il  y  a  été  perdu  et  y  est  tombé,  au  moment  de 
l'Erection  du  Menhir;  2°  la  deuxième  plus  probable,  pareequ'il 
existait  certainement  un  Rite  spécial  <ï  Erection  des  Menhirs  (2),  au 
cours  duquel  on  avait  la  coutume  de  déposer,  dans  la  Tranchée ^ 
certains  objets  commémoratifs. 

(1)  Siket.  — Les  Cassitérides,  etc.  — Anthropologie,  t.  XX,  p.   311. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Rite  spécial  d'Erection  des  Menhirs.  —  L'Homme 
Préhistorique,  Paris,  1910,  VIII,  Avril,  n°  4,  p.  97,  114.  —  Tiré  à  part,  in-8<>,  1910, 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE  771 

Fouille  à  la  station  magdalénienne  du  Pont  de 
Longue,  près  la  gare  de  Vic-le-Comte  (Puy-de- 
Dôme),  en  mai  19  ÎO. 

Par  le  D' 
G.  CHARVILHAT  (Clermont-Ferrand,  Puy-de-Dôme). 

Le  département  du  Puy-de-Dôme  possède  un  petit  nombre  de  sta- 
tions magdaléniennes  (une  quinzaine  environ),  pauvres  en  osse- 
ments. Les  gravures  sont  extrêmement  rares.  On  en  connaît  une 
seule  :  une  tète  d'Equidé  sur  bois  de  renne  provenant  de  Nescher. 
Cette  pièce  qui  faisait  partie  de  la  collection  de  l'abbé  Croizet  est 
actuellement  au  British  Muséum,  où  elle  a  été,  peut-on  dire,  de  nou- 
veau découverte  par  un  de  nos  savants  les  plus  éminents,  M.  le  Pro- 
fesseur Boule. 

Parmi  toutes  ces  stations,  celle  du  Pont  de  Longue  est  intéressante 
à  un  double  titre:  1°  par  sa  richesse  relative  en  ossements  ;  2°  par  la 
superposition  de  restes  d'industrie  de  différentes  périodes,  depuis  le 
magdalénien  jusqu'à  l'époque  gallo-romaine. 

Elle  fut  découverte  en  1899,  par  MM.  Vernière,  aujourd'hui  décédé, 
et  Glangeaud,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont-Fer- 
rand, au  moment  de  la  constrnetion  d'une  maison  sur  un  terrain  en 
bordure  de  la  route  des  Martres-de-Veyre  à  Vic-le-Comte,  à  quelques 
mètres  seulement  de  l'Allier,  près  le  Pont  de  Longue,  à  peu  de  dis- 
tance de  la  source  d'eau  minérale  du  Tambour,  maison  occupée 
actuellement  par  la  famille  Chanet.  En  creusant  les  fondations  de 
cette  demeure,  on  trouva  des  ossements  de  cheval  et  de  renne  et  des 
silex  d'aspect  magdalénien  (burins,  grattoirs,  lames). 

Depuis,  cette  station  a  été  souvent  mentionnée  (1). 

En  mai  1910,  nous  fîmes  ouvrir  parallèlement  à  la  maison  Chanet 
à  2  mètres  de  distance  et  à  l'Ouest,  une  petite  tranchée  de  2  mètres  de 
largeur  de  3m50  à  4  mètres  de  longueur  dans  la  direction  d'une  ligne 
allant  de  l'Allier  à  la  route  des  Maîtres-de-Veyre  à  Vic-le-Comte. 
Cette  tranchée  nous  donna  une  coupe  avec  les  différentes  couches 
suivantes,  que  nous  indiquons  en  partant  du  sol  : 

(1)  Bibliographie.  —  M.  Boule,  P.  Glangeaud,  G.  Ronchon,  A. Vernière.  Le  Puy- 
de-Dôme  et  Vichy.  —  Guide  du  touriste,  du  naturaliste  et  de  l'Archéologue.  Paris, 
1901,  p.  7i. 

A.  Vernièrer.  L'âge  de  la  Pierre  dans  la  vallée  du  haut  Allier.  Caen,  1905. 
(Compte-rendu  du  LXXIe  Congrès  archéologique  de  France,  tenu  en  1901  au  Puy). 

P.  Glangeaud.  Les  régions  volcaniques  du  Puy-de-Dôme  {Revue  d'Auvergne, 
1910),  p.  186. 

Dr  G.  Charvilhat.  Archéologie  préhistorique  du  Puy-de-Dôme  [Revue  d'Auvergne, 
1910),  p.  256. 

D'  G.  Charvilhat  et  L.  Accarias  :  Département  du  Puy-de-Dôme  Carte  préhistori- 
que.  Clermont-Ferrand,   1910. 


7fl8»  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

1°  Terre  noire  avec  cailloux  roulés.  Débris  de  céramique  gallo- 
romaine  à  la  partie  supérieure  (fragments  d'une  grande  amphore,  de 
vases  vernissés  rouges  et  de  poterie  grossière  rougeàtre  et  jaunâtre). 
Vestiges  d'industrie  néolithique  à  la  partie  inférieure.  Epaisseur  de 
cette  couche  :  un  mètre . 

2°  Sable  terreux  de  couleur  foncé,  sans  cailloux  roulés  et  sans 
industrie.  Epaisseur  :  0m40. 

3°  Sable  plus  pur,  de  couleur  plus  claire.  Ni  cailloux  roulés,  ni 
restes  d'industrie.  Epaisseur  :  0m40. 

4°  Sable  fin  et  pur.  Couche  à  faune  et  à  industrie  magdalénienne. 
Epaisseur:  0m25. 

5°  Sédiments  compacts  argilo-terreux.  Epaisseur:  environ  lm50  à 
2  mètres.  Nous  n'avons  pas  dépassé  cette  dernière  couche,  où  se 
trouvent  les  roches  primitives  dans  lesquelles  le  lit  de  l'Allier  a  été 
entaillé. 

Tous  les  os  que  nous  avons  recueillis  dans  la  couche  4  appar- 
tiennent au  Renne,  au  Cheval,  à  des  Bovidés.  Nous  avons  aussi 
rencontré  des  os  que  nous  n'avons  pu  déterminer,  os  longs  qui 
avaient  été  brisés  en  petits  fragments  pour  en  extraire  la  moelle. 
Quant  à  l'industrie,  elle  comprend  des  silex  et  des  os  ;  les  silex  (lames, 
grattoirs,  burins,  etc.)  sont  de  petites  dimensions  et  de  coloration 
jaunâtre.  Les  pièces  en  os  sont  des  fragments  de  sagaies  arrondies 
et  des  os  sectionnés  pour  être  travaillés.  Absence  complète  de 
gravures. 

Cette  fouille  très  incomplète,  que  les  circonstances  ont  réduites  à 
une  simple  tranchée  (nous  ne  pouvions  fouiller  sous  le  maison  et  dans 
la  petite  cour  qui  lui  fait  suite),  nous  montre  cependant  ce  qui  carac- 
térise cette  station  à  ciel  ouvert  :  faible  épaisseur  de  la  couche 
archéologique,  petitesse  des  outils  en  silex  (silex  d'origine  locale), 
faune  où  renne  et  cheval  sont  mélangés,  superposition  de  couches  à 
industries  d'époques  diverses. 

Nous  nous  proposons  de  reprendre  ces  recherches. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE  719 


Découverte  d'un  Menhir, 

près  le  Village  de  Piogat,  canton  de  Menât 

(Puy-de-Dôme). 

Par  le  D* 

G.  CHARVILHAT  (Clermont-Ferrand,  Puy-de-Dôme). 

Le  menhir  renversé,  que  nous  avons  découvert,  M.  Lecoq,  maire 
de  Neuf-Eglise,  conseiller  général  du  Puy-de-Dôme,  Président  de  la 
Société  Les  Amis  de  l'Université  de  Clermont-Ferrand,  et  moi,  dans 
un  bois  appartenant  à  M.  Lecoq,  au  lieu  dit  les  Brosses  (n°246,  sec- 
tion B,  de  Menât,  au  plan  cadastral),  à  une  altitude  de  525  mètres, 
près  le  village  de  Piogat,  canton  de  Menât,  est  constitué  par  un 


Fig.  1.—  Situation  des  Blocs  de  Calage,  au  pied  du  Menhir.  —  *,  Endroit  où  des  habitant 
des  villages  voisins  (Beaufort  et  Pioga!)  avaient  creusé  lors  de  la  fouille  à  la  base  du 
Menhir,  le  21  novembre  1911. 

énorme  bloc  de  gneiss,  d'une  longueur  totale  de  4m35,  à  sommet 
arrondi  sur  sa  plus  grande  étendue. 

Ce  mégalithe  présente  deux  grandes  faces  parallèles,  que  nous 
appellerons  sud  et  nord  (cette  dernière  en  contact  avec  le  sol),  de 
leur  orientation,  en  supposant  lemenhir  debout,  et  deux  petites 
également  parallèles  Est  et  Ouest. (Fig.  1). 

Les  largeurs  de  ces  faces  sont  : 

1°  A  la  partie  médiane  :  face  Sud  lm35;  face  Est;  0m65;  face  Ouest 
0ro58.  2°A  0m50  du  sommet  :  face  Sud  0^70  ;  face  Est  0m50  ;  face  Ouest 


780  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

0m55.  3°  A  0m70  de  la  base  :  face  Sud  lm60  ;  face  Est  Qmbl  ;  face 
Ouest  0m76. 

Sur  la  face  Sud,  très  irrégulièrement  plane,  se  remarque  un  sillon 
transversal  de  0ra30  de  largeur  environ,  se  dirigeant  obliquement  de 
Y  arête  Sud-ouest  à  Y  arête  Sud-est  et  formant  des  dépressions  profondes 
sur  ces  deux  arêtes  et  les  face  Ouest  et  Est.  Ces  dépressions  sont  situées 
sur  la  face  Ouest  à  2m70  du  sommet  et  sur  la  face  Est  à  un  mètre. 

La  face  Ouest  oblique  a  une  longueur  de  4m30;  la  face  Est  droite  de 
3m95.  Toutes  ces  faces  sont  recouvertes  de  mousses  ainsi  que  les 
arête  Sud-est  et  Sud-ouest. 

L'arête  Sud-est  est  droite  et  vive.  Sa  longueur  est  de  4m30,  Y  arête 
Sud-ouest,  oblique  et  mousse  (longueur  4m36). 

On  peut  évaluer  le  poids  de  la  pierre  à  8.280  kilos. 

Une  fouille,  faite  à  la  base,  le  21  novembre  1911,  nous  a  fait 
découvrir,  à  l'Ouest  et  à  l'Est,  des  Cales,  en  gneiss,  à  un  mètre  environ 
de  profondeur  (Fig.  1). 

La  terre  végétale  a  uneépaisseur  d'environ  0m70  àOm80.  Au-dessous 
se  trouvent  des  sables,  provenant  de  la  décomposition  des  roches 
primaires. 

Nous  ne  connaissons  pas  de  légende  sur  le  menhir,  connu  seule- 
ment dans  le  pays  sous  le  nom  de  Grosse  pierre  du  Bois  des  Brosses. 

Signalons  la  présence  à  100  mètres  environ  et  à  l'Ouest  d'une 
Source  et  à  200  mètres  également  à  l'Ouest  d'un  petit  cours  d'eau. 

Le  Monument  mégalithique  le  plus  voisin  serait  le  Dolmen  de  Blot 
l'Eglise,  aujourd'hui  malheureusement  détruit,  comme  bien  d'autres 
en  Auvergne. 


TABLE   DES   AUTEURS 


Aublanc  (Ch.)  (Périgueux).  —  Gravures  sur  la  paroi  d'une  ancienne  habitation, 
taillée  dans  le  roc,  du  coteau  d'Ecornebœuf,  près  Périgueux  (Dor- 
dogne),  305. 

Aymar  (Alph.)  (Clermont-Ferrand).  —  Observations  sur  l'existence  des  fabri- 
qués de  poteries  en  Auvergne  à  l'époque  gallo-romaine  et  sur  la  tech- 
nique de  la  glaçure  de  leurs  produits,  705. 

—  Un  sifflet  néolithique,  710. 

Ballet  (D')  (Paris).  —  Une  Hache  acheuléenne  delà  Seine,  537. 

Baquié  (Georges)  (Nissau,    Hérault).  —  Le  Chien  en  Préhistoire,  51,  152. 

—  Discuss ion  sur  les  Haches  polies,  191. 

Barbier  (H.)  (Pacy-sur-Eure).  —  Note  sur  une  découverte  de  sépultures  gallo- 
romaines  à  Pacy-sur-Eure  (Eure),  304. 

—  Découverte  d'un    Pic-hache  gallo-romain,  aux   environs  de   Pacv -sur- 

Eure, 681. 

Baudon  (D'  Th.)  (Paris).  —  Hache  néolithique  à  marche  en  silex;  casse-tête 
néolithique  troué  en  silex;  pendeloque  paléolithique  en  silex,  696. 

Baudouin  (Dr  Marcel)  (Paris).  —  Découverte  du  Centre  occidental  de  l'Age 
du  Cuivre  en  Vendée,  120. 

—  Le  Chien  en  Préhistoire,  51,  152. 

—  A  propos  des  figures  en  triangle  gravées  sur  les  Haches  ou   peintes  sur 

les  maisoas,  193. 

—  Le  Pas  de  Dieu,  à  Sainte-Radegonde  de  Poitiers,  320. 

—  Lieux  dits  à  radical  «  Chante  »,  461. 

—  Description  de  la  Chambre  sépulcrale  restaurée  de  Belleville,  à  Vendrest 

(Seine-et-Marne),  479. 

—  Débris  de    hache  polie  à   gravures  modernes  sur  les   faces  et  sur   les 

bords,  692. 

—  Une  hache  préhistorique  en  fer  du  Fouta-Dialon  (Afrique  centrale)  de  la 

Collection  Paul  Guébhard,  701. 

Bertin  (A.)  (de  Paris) .  —  Echantillons  provenant  des  bords  de  la  mer  et  des 
balastières  des  environs  du  Crotoy  (Somme),  476. 

—  Présentation  des  échantillons  provenant  de  Chamigny  (Soine-et-Marne)  et 

Bézy-le-Guéry  (Aisne),  546. 

Bombai  (E.)  (Argentat,  Corrèze).  —  Découverte  d'un  Puits  funéraire  et  d'un 
Souterrain-refuge,  au  village  de  Bros,  commune  de  Monceaux,  canton 
d'Argentat  (Corrèze),  149. 

Bouillerot  (R.)  (Dijonl.  —  Sur  une  épingle  de  Bronze  à  «  collerettes  mobiles  » 
enfilées  sur  une  lige  de  fer,  604. 

Boutanquoi  (O.)  (Nampcel,  Oise).  —  Découverte  scientifique  de  deux  Menhirs 
indicateurs  d'une  Sépulture  sous  roche,  ou  Chambre  sépulcrale,  à  Trosly- 
Vieux-Moulin  (Oise),  647. 

—  La  station  préhistorique  de  Nampcel  (Oise),  747. 


782  SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 

Bout  de  Charlemont  (H.)  (Marseille).  —  Découvertes  faites  dans  une  Grotte 
du  massif  de  Marseilleveyre,  713. 

Breuil  (l'abbé  H.)  (Paris).  —  Observations  sur  les  gravures  sur  Os  problé- 
matiques trouvées  à  Rivière  (Landes),  665. 

Cahen  (Albert)  (Le  Havre).  —  Une  pierre  à  aiguiser  en  schiste,  382. 
Chapelet  (H.)  (Paris).  —  Le  mot  Chiron  et  ses  dérivés. 

—  Une  hache  plate  à  bords  relevés,  185. 

Charvilhat  (G.).  (Glermont  -Ferrand).  —  Note  sur  un  fragment  en  terre  cuite 
de  l'époque  gallo-romaine,  provenant  de  Clermont-Ferrand,  analogue  à 
un  objet  de  même  nature  trouvé  à  Massiac  (Cantal)  et  encore  indéter- 
miné, 556. 

—  Fouille  à  la  station  magdalénienne  du    Pont-de-Longue,  près   la  gare  de 

"Vic-le-Compte  (Puy-de-Dôme),  en  mai  1910,  776. 

—  Découverte  d'un  Menhir,  près  le  village  de  Piogat,  canton  de  Menât  (Puy- 

de-Dôme),  778. 

Cfcatelet  (G.)  (Avigaon).  —  Sur  une  hache  polie  à  tranchant,  à  double  cour- 
bure, 143. 

Clastrier  (Stanil)  (Marseille).  —  Remarques  sur  quelques  pierres  Liguro-celto- 
grecques  du  «  Pain-de-Sucre  »  à  Marseille,  313. 

Collignon  (Dr  R.)  (Cherbourg).  —  A  propos  du  Capsien,  197. 

Conil  (P.-A.)  (Sainte-Foy-la-Grande,  Gironde).  —  Quelques  remarques  sur  les 
alluvions  anciennes  inférieures  de  la  vallée  de  Caudon,  67. 

—  Lieu  dit  à  radical  «  Chante  »,  525. 

Corot  (Henry)  (Savoisy,  Côte-d'Or).  —  Le  Néolithique  au  Plateau  d'Alise,  746. 
Cotte  (C.)  (Pertuis,  Vauclusej.  —Au  sujet  delà  Chronologie  préhistorique,  153. 

Cousset  (A.)  (Etaules).  —  Découverte  d'une  station  gallo-romaine  à  Royan 
(Charente-Inférieure),  125. 

—  Découverte  d'objets  anciens  en  os,  197. 

—  Découverte  d'un  dépôt  de  trois  Haches  en  cuivre  [Age  du  Bronze  I],  à  la 

Sablière,  commune  de  Breuilhet  (Charente-Inférieure),  403. 

—  Découvertes  en  Charente-Inférieure,  661. 

Coutil  (Léon)  (Saint-Pierre-du-Vauvray,  Eure).  —  Fouilles  gallo-romaines  dans 
la  forêt  de  Bord,  près  Incarville,  180. 

—  Relation  du  redressement  de  la  table  et  des  quatre  supports  du  Dolmen 

«  La  Grosse  Pierre  »  ou  Pierre  Couplée  de  Verneusses  (Eure),  189. 

—  Les  ruines  romaines  d'Incarville,  forêt  de  Bord,  lieu  dit  le   Testelet,  190. 

—  Une  épingle  à  bélière  de  l'âge  du  bronze  dans  les  dragages  de  la  Seine,  365. 

—  Ardoise  gravée  de  la  station  de  la  Pointe  du  Heu,  à  Bretteville-en-Saire 

(Manche),  664. 
Dalmon  (H.)  (Bourron,  Seine-et-Marne).  —  Le  mot  Cro  en  préhistoire,  181. 
Dangelzer  (R.).    —   Notice   sur  la  Préhistoire   de    la  Mauritanie  occidentale 

saharienne,  217. 
Delort  (J-B.)  (Cosne,  Nièvre).  —  Les  pierres  à  bassins,  170. 
Desailly  (L.)  (Paris).  —  La  Préhistoire  de  la  nouvelle  édition  de  la  feuille  d'Ar- 

ras  (1910)  de  la  Carte  Géologique  de  France,  342. 
Desforges  (A.)  (Fléty,  Nièvre).  —  Le  Paléolithique  inférieur  dans  la  vallée  de 

l'Alèné  (Nièvre),  651. 
Desmazières  (O.)  (Segré,  Maine-et-Loire).  —  Le  Chelléeo  et  l'Acheuléendans 

le  Département  de  Maine-et-Loire,  160. 
Deyrolle  (Dr)  (Paris).  —  La  Tortue  en  préhistoire,  123. 
Didon(L.)  (Périgueux).  —  Phallus  en    bois  de  Renne  et  Pierres    gravées  de 

l'époque  aurignacienne,  297. 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE    FRANÇAISE  783 

Dubalen  (P.)  (Mont-de-Marsaa).  —  La  Grotte  de  Rivière  (Landes),  638. 

Dubreuil-Chambardel  L.)  (Tours).  —  Sur  les  mots  «  Dange  »  et 
«  Dube  »,  136. 

Dubus(A.)  (Neufchàtel-en-Bray,  Seine-Inférieure).  —  Note  sur  les  traces  de 
l'existence  d'un  Culte  de  la  Hache  pendant  le  Paléolithique  inférieur,  677. 

Ede  (Frédéric)  (Monligny-sur-Loing,  Seine-et-Marne).  —  Une  Roche  à  Gravures 
dans  la  Forêt  de  Fontainebleau  (Seine-et-Marne),  207. 

Estaunié  ;D.)  (Amrai-Moussa,  Algérie).  —  Découverte  de  stations  préhistori- 
ques à  Ammi-Moussa  (Oran,  Algérie),  699. 

Florance  (Blois).  —  Diverses  Sépultures  gallo-romaines  en  Loir-et-Cher,  270. 

Franchet  (L.)  (Asnières,  Seine).  —  Sur  quelques  causes  déterminantes  du 
magnétisme  des  poteries,  279. 

—  Sur  les  points  de  cuisson  de  deux  fragments  de  poterie,   trouvés    dans  la 

station  magdalénienne  de  Beauregard,  345. 

—  Discussion  sur  l'émail  des  poteries  romaines,  743. 

Gadeau  de  Kerville  (Rouen)  et  Poulain  (Georges)  (Eure).  —  Résultat  des 
fouilles  effectuées  dans  un  Abri  sous  roche  à  Bonnières  (Seine-et-Oise) 
et  découverte  d'une  Sépulture  néolithique  à  Genfosse  (Seine-et-Oise),  276. 

Giraux  (Louis)  (Saint-Mandé).  —  Silex  en  forme  de  Rabot,  provenant  de  Ven- 
drest  (Seine-et-Marne),  71 . 

—  Silex  faux  en  forme  de  croissant,  146.  • 

—  Hache  en  silex  de  forme  arquée,  277. 

—  Hache  polie  à  laces  altérées,  provenant  du  Danemark,  339. 

—  Le  Menhir  de  la  Grosse  Borne  à  Coupvray  (Seine-et-Marne),  384. 

—  Hache  polie  avec  gravures  sur  les  deux  faces,  688. 

Givenchy  (Paul  de)  (Paris).  —  Hache  polie  avec  gravure  géométrique,  173. 

—  Les  grands  Eclats  Moustériens  et  les  Pièces  Acheuléo-Muustériennes  de 

la  carrière  du  Tillet,  près  la  Ferté-sous-Jouarre  (Seine-et-Marne),  257. 

Gobert  (Dr  E.)  (Revedef,  Tunisie).—  Origine  des  balles  polyédriques,  172. 

Gobillot  (Louis)  (La  Tremouille,  Vienne).  —  Note  sur  une  Pendeloque  néoli- 
thique trouvée  à  Liglet  (Vienne),  338. 

—  Contribution  à  l'étude  du  Néolithique  Montmorillonnais  :  Haches  en  roches 

cristallophylliennes  à  érosions,  641. 
Graff  (Issou,  Seine-et-Oise).  —  Ebauches  et  haches  polies  au  fond  de  la  vallée 

d'Issou  (Seine-et-Oise),  684. 
Guébbard  (D'  Adrien)  (Paris).  —  La  Préhistoire  au  dehors,  58. 

—  Hache  polie  et  Ciseau  de  la  Côte  d'Ivoire,  129. 

—  Objet  bizarre  en  terre  cuite,  248. 

—  A  propos  de  la  décoration,  au  champ-levé  ou  par  excision,  d'une  Poterie 

préhistorique  provençale,  390. 

—  Sur  une  particularité  remarquable  de  certaines  épingles  de  bronze  dites 

«  à  collerettes  »,  396. 

—  Discussion  sur  les  Files  géminées  de  Pierres  plantées,  466. 

—  Sur  les  anses  verticales  multiforées  horizontalement,  501,  571,  646. 

—  A  propos  des  broches  de  bronze  «  à  collerettes  »  et  à  disques  mobdes,  602. 

—  Encore  un  objet  énigmatique,  635. 

—  Objets  en  terre  cuite  des  Palalittes-suisses  (Ages  du  bronze),  740. 

Guénin  (G.)  (Brest).  —  Trépanation  néolithique  christianisée,  54. 

—  Le  Cuivre  en  Bretagne,  187. 

—  Une  idole,  de  forme  égéenne,  trouvée  dans  les  Côtes-du-Nord,  719. 

—  Un  grain  d'enfilage  non  achevé,  trouvé  à  Laudaoudec-en-Crozon  (Finis- 

tère), 774. 
Harmois  (A.  L.)  (Saint-Brieuc).  —  La  Tortue  en  Préhistoire,  462. 

—  Trépanation  historique  christianisée  et  crâne  de  Saint-Auoert,  463. 

—  Inhumation  des  enfants  mal  conformés  [Coutume  Indo-chinoise],  466. 

—  La   Hache  plate  en   Cuivre    dans    le    Département    des    Côtes-du-Nord 

{Suite),  475. 


784  SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 

Hébert  (Marcel)  (Paris).  —  La  Tortue  en  Préhistoire,  52. 

—  La  Chienne  en  Préhistoire,  123. 

—  Eolithes  et  pseudo-éolithes,  548. 

Houry  (Issy,  Seine).  —  L'Industrie  paléolithique  de  Billancourt  (Seine),  653. 
Hue  (Edmond)  (Paris). —  Quelques   pièces  préhistoriques   de  Luc,  Langrune, 

Lion  et  Bény  (Calvados),  715. 
Jacquot  (Lucien)  (Grenoble).  —  Discussion  sur  le  Capsien,  53. 

—  Hache  polie  à  érosion,  57. 

—  Pierres  à  Cupules  dite  des  Francs-maçons,  196. 

—  Les  prétendues  Pierres  druidiques  de  iMiribel-les-Echelles   et    de  Merlaz 

(Isère),  540. 

—  Hypothèses  sur  les  Haches  en  silex  et  en  bronze,  662. 

Jullien  (Dr)  (Joyeuse,  Ardèche).  —  Outil  servant  à  piquer  les  meules  préhis- 
toriques, 694. 

Larmigny  (Château-Porcien,  Ardennes).  —  Station  néolithique  et  incinéra- 
tions gallo-romaines  à  Château- Porcien  (Ardennes),  405. 

Le  Coniat  (Victor)  (Trégomard,  Côtes-du-Nord).  —  Haches  polies  trouvées 
dans  de  vieux  bâtiments,  175. 

—  Meules  en  granité  de  Trégomard  (Côtes-du-Nord),  222. 

—  Hache  polie  de  grande  taille,  656. 

—  Une  pierre  à  empreinte  pédiforme  :  Le  Pied  de  Saint-Yves,  772. 
Leroy  (J.)  (Pont-Audemer).  —   Le  cimetière    mérovingien   et  carolingien    de 

Manneville-sur-Risle  (Eure),  530. 
Lewis  (A.-L.)  (Angleterre).  —  Les  Menhirs-bornes,  527. 

—  Les   c  Alignements  de  Pierres  #>  (Stone-Rows)  de  Dartmoor,  Devonshire 

(Angleterre),  685. 

Malga  (l'abbé)  (Cels,  Lot).  —  Objets  provenant  d'une  Grotte  magdalénienne  à 
Luzech  et  d'une  station  néolithique  à  l'Impernal,  près  Luzech  (Lot),  311. 

Marignan  (Dr)  (Marsillargues,  Hérault).  —  Discussion  sur  les  Haches  polies 
gravées. 

Martin  (Dr  Henri)  (Paris).  —  Présentation  d'un  Crâne  humain  trouvé  avec  le 
Squelette  à  la  base  du  Moustérien  deLaQuina  (Charente),  615. 

Martin  (Dr  Henri)  (Paris)  et  Barreau  (J.-B.)  (La  Haye-Descartes,  Indre-et- 
Loire).  —  Tranchées  exécutées  dans  l'Atelier  de  Larcy  au  Grand-Pres- 
signy,  110. 

—  Stratigraphie  de  trois  tranchées  dans  l'Atelier  de   Larcy  (Grand-Pressi- 

gny),  433. 

—  Crâne  humain  trouvé  avec  le  squelette  à  la  base  du  Moustérien  de  La 

Quina  (Charente),  615. 

—  Présentation  de  moulages  et   de  photographies.  Reconstitution    du  crâne 

de  l'homme  fossile  de  La  Quina,  740. 

Matthis  (Ch.)  (Niederbronn).  —  La  Préhistoire  de  Niederbronn  (Alsace),    444. 

Mazauric  (F.)  et  Bourilly  (J.)  (Marguerittes,  Gard).  —Note  sur  la  mon- 
tagne de  Cordes,  près  Fontvieille  (Bouches-du-Rhône),  307. 

Menant  (E.).  (Saône-et-Loire).  —  Sur  une  petite  Tortue  en  porphyre  trouvée 
à  Autun,  738. 

Mortillet  (Paul  de).  —  Discussion  sur  les  haches  polies  avec  gravures,  748. 

Mùlinen  (M.  de)  (Berne).  —  Statuette  en  terre  cuite  trouvée  en  Palestine, 
739. 

Muller  (H.)  (Grenoble).  —  A  propos  des  Silex-Rabots,  126. 

—  Découverte  d'une  Pierre  à  Cupules  dans  l'Isère,  195. 
Naulin  (Dp)  (Paris).  —Trouvailles  de  vases  anciens,  194. 

Nicolle  (T.)  et  Sinel  (J.)  (Jersey).  —  La  Grotte  paléolithique  de  La  Cotte  à 

Jersey  (A.)  {iFig.),  757,  767. 
Pagès-Allary  (Jean)  (Murât,  Cantal).  —  Le  mot  Chiron  et  ses  dérivés,  181. 

—  Discussion  sur  l'Age  du  Cuivre,  182. 

—  Les  Fouilles  de  Las  Tours  en  1910,  265. 

—  Les  Hochets  préhistoriques,  549. 

—  Hypothèses  tirées  des  Haches  préhistoriques,  627. 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   DE   FRANCL  785 

Pagès-Allary,  Lauby  et  Charvilhat.  —  La  Grotte  Pic,  à  l'Orcier,  nrès 
Retournac  (Haute-Loire),  717. 

Pallary  (Paul)  (Eckmull,  Algérie).  —  Sur  la  présence  d'uni  Industrie  paléoli- 
thique dans  une  plage  soulevée  Algérienne,  162. 

Paniagua    (A.    de)    (Paris).   —  Une  station  magdalénienne   au  Fleix  (Dor- 

dogne),  141. 
Plescier  (L.)  (Compiègne).—  La  Cachette  de  Fondeur  découverte  à  Compiègne 

(Oise),  407. 
Pol-Baudet  (Crécy-sur-Serre,   Aisne).  —  La  Civilisation  grecque  en  Afrique 

et  la  légende  de  l'Atlantide,  122. 

Poulain  (Georges)  (Saint-Pierre-d'Outils,*  Eure).  —  Établissement  romain  en 
cours  d'exploration,  situé  à  Saint-Aubin-sur-Guillon  (Cure),  198. 

Quilgars  (H.)  (Evreux).  —  Inventaire  des  Mégalithes  du  pays  de  Guérande 
(Loire-Inférieure),  74. 

Roland  (M.)  (Villevenard,  Marne).  —  Découverte  d'une  Grotte  néolithique  à 
Courjeonnet,  près  Villevenard  (Marne),  669. 

Romain  (G.)  (Sainte-Adresse,  Seine-Inférieure).  —  Les  produits  lithiques  des 
chocs  naturels  sur  les  plages  de  Saint- Valéry-en-Caux  et  de  Veules-les- 
Roses,  527. 

Roseville-les-Grottes  (Lasseube.  Basses-Pyrénées).  —  Notes  succinctes  sur 
quelques  instruments  Sahariens  de  l'âge  de  la  pierre,  533. 

Saint-Périer  (de)  (Paris).  —  Découverte  d'une  Grotte  à  Lespagne  (Haute- 
Garonne),  662. 

Sifire  (Dr)  (de  Paris).  —  Note  sur  une  Usure  spéciale  des  Molaires  du  Sque- 
lette de  La  Quina,  741. 

Toulmin-Nicolle  (Ed.)  et  Sinel  (J.)  (Jersey,  Angleterre).  —  Rapport  sur 
l'exploration  de  la  grotte  paléolithique  connue  sous  le  nom  de  «  La 
Cotte  »,  située  dans  la  baie  de  Saint-Brelade,  à  Jersey  (4  Fig.),  757. 

■  —  Rapport  sur  la  reprise  de  l'exploration  de  a  La  Cotte  *>,  par  la  Société 
Jersiaise,  765. 

Tryon-Montalembert  (Marquis  de)  (Paris).  —  Présentation  de  Pièces  campi- 
gniennes  trouvées  en  surface  dans  le  déparlement  de  l'Yonne,  286. 

Vauvillé  (O.)  (Paris).  —  Tranchets  et  Décarnisation,  182. 

—  Objets    provenant     des    Sépultures    néolithiques  de   Montigny-l'Engrain 

(Aisne),  378. 

—  Tranchets  préhistoriques  du  Soissonnais,  410-453. 

—  Alignements  de  pierres  et  autres  pierres  non  rangées,  probablement  de 

l'Époque  néolithique,  sur  Cussy-en-Almont  (Aisne),  454. 

—  Ciseau  en  silex  taillé  et  poli,  602. 

Viré  (Armand)  (Paris).  —  Le  mot  Chiron  et  les  vocables  connexes,  51. 

—  Un  Nucléus  solutréen  analogue  aux  «  Livres  de  beurre  »  du  Grand  Pres- 

signy,  221. 

—  Dolmens  et  Tumuli  du  Lot,  348. 

—  Commission   d'étude  des  Enceintes  préhistoriques  et  Fortifications  anhis- 

toriques,  passim. 
Vuarnet  |E.)  (Messerv,  Haute-Savoie). —  Découverte d'un  Souterrain  en  Haute- 
Savoie,  192. 

—  Haches  en  pierre  dans  les  murs  de  maisons,  193. 

—  A  propos  de  l'Atlantide,  194. 

—  Discussion  sur  les  pressoirs,  738. 

Zaborowski  (S.)  (Paris).  —  Quelques  monuments  de  l'âge  de  la  pierre  en 
Grèce,  158. 

—  La  Grèce,  Chypre,  et  la  première  origine  du  Cuivre,  165. 


TABLE   DES  MATIÈRES 


Abri  sous  roche  (Résultat  des  fouilles 
effectuées  dans  un  —  à  Bonnières 
(Seine  et-Oise),  et  découverte  d'une 
Sépulture  néolithique  à  Genfosse 
(Seine-et-Oise);  parGADEAU  de-Ker- 
ville  (Rouen)  et  Poulain  (Georges) 
(Eure) p.  276 

Acheuléen  (L'—  et  leChelléen  dans  le 
département  de  Maine-et-Loire);  par 
Desmazières  (0.)  (Segré,  Maine-et- 
Loire)  p.   160 

Acheuléenne  (Une  Hache  —  de  la  Sei- 
ne); par  Ballet (Dr)  (Paris),    p.  537 

Acheuléo-Moustériennes  (Les  grands 
Eclats  Moustériens  et  les  Pièces  — 
de  la  carrière  du  Tillet,  près  la  Ferté- 
sous-Jouarre  (Seine-et-Marne);  par 
Givencuy p.     257 

Afrique  centrale  (Une  hache  préhis- 
torique en  fer  du  Fouta-Dialon  —  de 
la  Collection  Paul  Guébhard)  ;  par 
Baudouin  (Dr) p.  701 

Algérienne  (Sur  la  présence  d'une-  In- 
dustrie paléolithique  dans  une  plage 
soulevée  — )  ;  par  Pallary  (Paul) 
(Eckmull,    Algérie) p.  192 

Atsne  (Présentation  des  pièces  pro- 
venant de  Chamigny  (Seine-et- 
Marne)  et  Bézy-le-Guéry  (Aisne); 
par  Bertin p .  546 

Alignements  de  Pierres  et  autres  pier- 
res non  rangées,  probablement  de 
l'Epoque  néolithique,  sur  Cussy-en- 
Almont    (Aisne);    par    "Vauvillé. 

p.  454 

Alignements  de  Pierres  (Les  —  (Stone- 
Rows)deDartmoor,  Devonshire,  An- 
gleterre); par  Lewis p.  685 

Alise  (Le  Néolithique  au  plateau  d'— ); 
par  Corot  Henry  (Savoisy,  Côte- 
d'Or) p.  746 


Alluvions  (Quelques  remarques  sur 
les  —  anciennes  inférieures  de  la 
vallée  deCaudon);  par  Conil(P.-A.) 
(Sainte-Foy-la-Grande,    Gironde). 

p.  67 

Alsace  (La  Préhistoire  de  Niederbronn, 

— );  par  Matthis  (Ch.)  (Niederbronn. 

p.  444 

Anses  (Sur les —verticales  multiforé^s 

horizontalement  ;   par    Guébhard. 

p.  501,571,  640 

Ardoise   gravée    de    la   station  de  la 

Pointe  du  lieu,  à  Bretteville-en-Sair.- 

(Manche);  par  Cousset p.  60 i 

Arras  (La  Préhistoire  de  la  nouvelle 
édition  de  la  feuille  d'—  (1910)  de  li 
Carte  Géologique  de  France);  parDh- 

sailly  (L.)  (de  Paris) p.  3i? 

Atlantide  (La  Civilisation  grecque  en 

Airique  et  la  légende  de  1'—)  ;  par 

Pol-Baudet (Crécy-sur-Serre,  Aisne). 

p.   122 

Atlantide  (A propos  del'— );  par  Vuar- 

net p.  194 

Aurignacienne    (Phallus    en    bois   de 
Renne  et  Pierres    gravées  de  l'épo- 
que — );  par  Didon  (L.)  (Périgueux). 
p.  297 
B 

Balastières  (Echantillons  provenant 
des  bords  de  la  mer  et  des  —  des 
environs  du  Crotoy  (Somme);  par 
Bertin  (A.)  (de  Paris) 47G 

Balles  (Origine  des  —  polyédriques)  ; 
par  Gobert  (Dr  E.)  (Revedef,  Tuni- 
sie)      p.  172 

Bassins  (Les  pierres  à  — );  par  Delort 
(J.-B.)  (Cosne,  Nièvre) p.  170 

Bouches-du-Rhone  (Note  sur  la  monta- 
gne de  Cordes,  près  Fontvieille,  — )  ; 
par  Mazauric  (F.)  et  Bourilly  (J.) 
(Marguerittes,  Gard) p.  307 


SOCIÉTÉ  PRÉHISTORIQUE  FRANÇAISE 


787 


Bronze  (Une  épingle  à  bélière  de  l'âge 
du—,  dans  les  dragages  de  la  Seine); 
par  Coutil p.  365 

Bronze  'Sur  une  particularité  remar- 
quable de  certaines  épingles  de  — 
dites  *  à  collerettes  »)  ;  par  Guébhard. 
p.  396 

Bronze  (A  propos  des  broches  de  — «à 
collerettes»  et  à  disques  mobiles); 
par  Guébhard p.  6Ô2 

Bronzk  (Sur  une  épingle  de  —  «  â  col- 
lerettes mobiles  »,  enfilées  sur  une  lige 
de  fer);  par  Bouillerot  (R.)  (Dijon), 
p.  604 

Bronze  (Hypothèses  sur  les  Haches  en 
silex  et  en  — ) p.  627,  662 


Çampigniennes  (Présentation  de  Pièces 
—  trouvées  en  surface  dans  le  dépar- 
tement de  l'Yonne);  par  Tryon-Mon- 
talembert  (Marquis  de)  (Paris). 

p.  286 

Calvados  (Quelques  pièces  préhistori- 
ques de  Luc,  Langrune,  Lion  et  Bény 
— );  par  Hce  ^Edmond)  (Paris). 

p.  715 

Capsiex  (A.  propos  du  — );  par  Colli- 
gnon  (Dr  R.)  (Cherbourg)...     p.   197 

Carolingien  (Le  cimetière  mérovingien 
et—)  de  Manneville-sur-Risle  (Eure); 
par  Leroy   (J.)  (Pont-  Audemer). 

p.  530 

C\--e-tète  (Hache  néolithique  à  man- 
che en  silex);  par  Baudon  (Dr  Th.) 
Paris) p    6% 

Chante  (Lieux  dits  à  radical  —  ;  par 
Baudouin  (Marcel),  etc p.  461 

Charente-Inférieure  (Découvertes  en 
— );  par  Coosset    p.  125, 197, 403,661 

Chelléen  (Le  —  et  l'Acheuléen  dans  le 
département  de  Maine-et-Loire);  par 
Desmazières  (O.)  iSegré,  Maine-et- 
Loire) p.  160 

Chien  (Le  —  en  Préhistoire);  par  Ba- 
quié  (Georges)  (Nissau,  Hérault). 

p.  51,  152 

Chien  (Le  —  en  Préhistoire);  par  Hé- 
bert p.  123 

Chiron  (Le  mot  —  et  les  vocables  con- 
nexes); par  Viré  (Armand)  (Paris). 
p.  51 

Chiron  (Le  mot  —  et  ses  dérivés)  ;  par 
Pagès-Allary  (Jean)  (Murât,  Can- 
tal)       p.  181 


Chronologie  (Au  sujet  de  la  —  préhis- 
torique) ;  par  Cotte  (C.)  (Pertuis, 
Vaucluse) p.  153 

Ciseau  (Hache  polie  et  —  de  la  Côte 
d'Ivoire);  par  Gcébhard p.  120 

Cisfau  en  silex  taillé  et  poli;  par  Vau- 
villk p.  602 

Cordes  (Note,  sur  la  montagne  de  — 
près  Fontvieille  (Bouches-du-RhOne  ; 
par  Mazauric  (F.)  et  Bourilly  (J.) 
(Marguerilles,  Gard) p.  307 

Crâne  Moustérien.  . .     p.  615,740,741 

Crû  (Le  mot  —  en  préhistoire);  par 
Dalmon  (H.)  (Bourron,  Seine-et-Mar- 
ne)      p.  181 

Croissant  (Silex  faux  en  forme  de  — )  : 
par  Giradx p.  146 

Cuivre  (Découverte  du  Centre  occiden- 
tal de  l'Age  du  —  en  Vendée);  par 
Baudouin  (D'  Marcel)  (Paris),    p.  120 

Cuivre  (La  Grèce,  Chypre,  et  la  pre- 
mière origine  du  — );  par  Zaorows- 
ki,  etc p.  165 

Cuivre  (Discussion  sur  l'Age  du  — ); 
par  Pages- Allary,  etc p.  182 

Cuivre  (Le  —  en  Bretagne);  par  Guk- 
mn p.   187 

Ci  ivre  (Découverte  d'un  dépôt  de  trois 
Haches  en  —  (Age  du  Bronze  I),  à 
la  Sablière,  commune  de  Breuilhet 
(Charente  -  Inférieure);  par  Cous- 
set p.  403 

Cuivre  (La  Hache  plate  en  —  dans 
le  Département  des  Côtes-du-Nord 
[Suite);  par  Harmois p.  475 

Cupules  (Découverte  d'une  Pierre  à 
—  dans  l'Isère);  par  Muller.    p.  195 

Cupules  (Pierres  à—  dites  des  Francs- 
maçons)  ;  par  Jacquot p.  196 


Danemark  (Hache  polie  à  faces  al- 
térées, provenant  du  — )  ;  parGiRAux 
p.  339 

«  Dange  »  (Sur  les  mots  —  et  Dube); 
par  Ddbreuil-Chambardel  (L.) 
(Tours) p.  136 

Décarnisation  (Tranchets  et  — )  ;  par 
Vauvillé);  iO.)  (Paris) p.  182 

Dolmen  (Relation  du  redressement 
de  la  table  et  des  quatre  supports 
du—  «La  Grosse  Pierre  ou  Pierre 
Couplée  de  Verneusses  (Eure);  par 
Cousset p.  189 

Do'.mens  et  Tumuli  du  Lot  ;  par 
Viré '. p.  348 


788 


SOCIÉTÉ    PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Dube  »  (Sur  les  mots  «Dange  »  et 
— );  par  Dubreuil-Chambardel  (L.) 
(Tours) p.  136 


E.)Lithes  (—  et  pseudo-éolithes)  ; 
par  Hébert p.  548 

Email  (Poteries) p.  743 

Epinglk  (Une  —  à  bélièie  de  l'âge 
du  bronze  dans  les  dragages  de  la 
Seine)  ;  par  Gousset p.  365 

Epingles  (Sur  une  particularité  re- 
marquable de  certaines—  de  bronze 
dites  «  à  collerettes  »  )  ;  par  GuÉ- 
bhard p.  396 

Epingle  (Sur  une  —  de  Bronze  à 
«  collerettes  mobiles  »  enfilées  sur 
une  tige  de  1er);  par  BouiLLEaoT(R.) 
(Dijon) p.  604 

Empreinte  (Une pierre  à  —  pédiforme  : 
Le  Pied  de  Saint- Yves);  par  Coniat 
(M.    Le)    (de    Trégomar ,     Cùte-du- 

Nord) p.  772 

Enceintes  (Commission  d'étude  des  — 
préhistoriques  et  Fortifications  an- 
historiques);  par  Viré  (Armand). 

passim. 
F 

Fer  (Une  hache  préhistorique  en  — 
du  Foula-Dialon  (Alrique  centrale) 
de  la  Collection  Paul  Guébhard);  par 
Baudouin p .  701 

Fondeur  (La  Gâchette  de  —  découverte 
àCumpiègne(Oise)),  parPLEssiER  (L.) 
(Gompiègne) p.  407 

G 

Gallo-romaine  (Découverte  d'une  sta- 
tion —  à  Royan  (Charente-Inférieu- 
re) ;  par  Cousset  (A.)  (Etaules). 

p.  125 

Gallo-romaines  (Diverses  Sépultures  — 
en  Loir-et-Cher);  par  Florance 
(Blois) p.  270 

GALLO-KOMAiNEs(Fouilles  — dans  la  forêt 
de  Bord,  près  Incarville;  par  Cou- 
til (Léon)  (Saint-Pierre-du-Vauvray, 
Eure) p.   180-190 

Gallo-romaines  (Station  néolithique  et 
incinérations  —  à  Château-Porcien 
(Ardennes);  par  Larmigny  (Château- 
Porcien,  Ardennes) p.  405 

GALLo-BOMAiN(Etablissement  —  encours 
d'exploration,  situé  à  Saint-Aubin- 
sur-Guillon  (Eure);  par  Poulain 
(Georges)  (Saint  -  Pierre  -  d'Outils, 
Eure) p.  198 


Grain  d'enfilage  (Un    —  non  achevé, 

trouvé      à     Landaoudec-en-Crozon 

(Finistère);  par  Guénin  (G.),  (Brest). 

p.  774 

Grand-Pressigny  (Tranchées  exécutées 
dans  l'Atelier  de  Larcy  au  — )  ;  par 
Martin  (Dr  Henri)  (Paris)  et  Barreau 
(J.-B.)(La  Haye-Descartes,  Indre- 
et-Loire) p.  110,   443 

Gravures  (Une  Roche  à  —  dans  la 
Forêt  de  Fontainebleau  (Seine-et- 
Marne)  ;  par  Ede  (Frédéric)  (Motili- 
gny-sur-Loing,  Seine-et-Marne) . 

p.  207 

Gravures  sur  la  paroi  d'une  ancienne 
habitation,  taillée  dans  le  roc,  du 
coteau  d'Ecornebœuf,  près  Péri- 
gueux  (Dordogne);  par  AuBLANC(Ch.) 
(Périgueux) p.  305 

Gravurbs  (Observations  sur  les  —  sur 
Os,  problématiques,  trouvées  à  Riviè- 
re (Landes);  par  Breuil  (l'abbé  II.) 
(Paris) p.  b65 

Grotte  (Rapport  sur  l'exploration  de 
la  —  paléolithique  connue  sous  le 
nom  de  «  La  Cotte  »,  située  dans  la 
baie  de  Saint-Brelade,  à  Jersey);  par 
Toulmin-Nicolle  (Ed.)  et  SlNEL  (J.) 
(Jersey,  Angleterre) p.  757,765 

Grotte  (La  —  de  Rivière  (Landes)  ;  par 
Dubalen  (P.)  (M ont- de-Marsan). 

p.  638 

Grotte  (Découverte  d'une  —  à  Lespa- 
gne  (Haute-Garonne);  par  Saint- 
Périër  (de)  (Paris) p.  662 

GroTTE  (Découverte  d'une  —  néolithi- 
que à  Courjeonnet,  près  Villevenard 
(Marne);  par  Roland  (M.)  (Villeve- 
nard., Marne) p .  669 

Grotte    (Découvertes  faites  dans  une 

—  du  massif  de  Marseilleveyre)  ;  par 

Bout  de  Charlemont(H.)  (Marseille). 

p.  713 

Grotte  Pic  (La  — ,  à  l'Orcier,  près 
Retournac  (Haute  Loire)  ;  par  Pages- 
Allary,    Lauby    et    Chahvilhat. 

p.  717 


Hache  (Note  sur  les  -traces  de  l'exis- 
tence d'un  Culte  de  la  —  pendant  le 
Paléolithique  inférieur);  par  Du- 
bus  (A.)  (Neufchâtel-en-Bray, Seine- 
Inférieure)  p.  677 

Hache  néolithique  à  manche  en  silex  ; 
par  BaudoniD'  Th.)  (Paris),    p.  696 

Haches  en  pierre  dans  les  murs  de 
maisons;  par  Vuarnet p.  193 


SOCIÉTÉ   PRÉIIISTORIQUK    FRANÇAISE 


7S9 


Hache  tx  silex  de  l'orme  arquée  ;  par 

Giralx p.  277 

Haches  (Hypothèses  sur  les  —  préhis- 
toriques); par Pagès-Allary.     p.  627 
Haches  ex  silex  (Hypothèses    sur  les 
—     et    en    bronze);    par    Jacqcot 
p.  66-2 
Haches  (A  propos  des  ligures  en  trian- 
gle gravées  sur  les  —  ou  peintes  sur 
les  maisons;  par  Baudouin.  .     p.  193 
Haches  (Contribution  à  l'étude  du  Néo- 
lithique    Montmorillonnais  :    —    en 
roches    cristallophylliennes    à   éro- 
sions); par  Gobillot p.  641 

Hache   polie  à    érosion;  par  Jacquot 

(Lucien)  (Grenoble) p .  57 

Hache  polie  et  ciseau  de  la  Côte  d'I- 
voire; par  Guébhard p.  129 

Hache  polie  (Sur  une  —  à  tranchant, 
.  à  double  courbure)  ;  par  Ghatelkt 

C.)  (Avignon) p.  143 

Hache  polie   à  faces  altérées,  prove- 
nant    du     Danemark;    par  Giralx 
p.  339 
Hache  polie  avec  gravures  sur  les  deux 

faces-,  par  Giraux p.  688 

Hache  polie  (Débris  de  —  à  gravures 
modernes    sur  les    faces  et  sur   les 
bords;  pir  M.  Baudouin  ...     p.  692 
Hache  polie  de  grande  taille  ;  par  Jac- 
quot       p .  656 

Haches  polies  trouvées  dans  de  vieux 

bâtiments  ;  par    Lb   Contât    (Victor) 

(Trégomard,  Côtes-du-Nord).    p.  175 

Haches  polies  (Ebauches  et  —  au  fond 

di  la  vallée  d'fssou   (Seine-et-Oise)  ; 

par    Graff     (Issou,    Seine-et-Oise). 

p.  684 

Haches  polies  (Discussion  sur  les  — ), 

avec  gravures;  pir  Mortillet  (Paul 

de)..'. p.  748 

Haches  'Discussion  sur  les  —  polies  et 
gravées);  par  Marignane)  (Marsil- 

largues,  Hérault) p.  749 

Hache  plate,   à    bords    relevés;   par 

Chapelet... p.  185 

Haches  de  Cuivre  de  Charente  Infé- 
rieure     p.  403 

Hache  en  Fer  (Afrique) p.  701 

Hochets   (Les  —  préhistoriques);  par 

Pagès-Allary p.  549 

Homme  fossile  de  La  Quina;  par  Mar- 
tin et  Siffre  (Paris),    p  615,710, 741 


Idole    (Une 


de    lorme    égéenne, 


trouvée  dans  les  Côtes-du-Nord);  par 
Guénin p.  719 


Inhumation  des  enfants  mal  conformés 
[Coutume  Indo-chinoise  i;par  Harmois 

p.  m 


La  Cotte  .Rapport  sur  la  reprise  de  l'ex- 
ploration de  —  par  la  Société  Jer- 
siaise; par  Tollmin-N:colle  (Ed.) 
et  Sinel  (J.)  (Jersey,  Angle-terre) 

p.  765 

Larcy  (Stratigraphie  de  trois  tranchées 
dans  l'atelier  de — ,Grand-Pre3signy); 
par  Martin  (Dr)  et  Barreau.,    p.    33 

Larcy  (Tranchées  exécutées  dans  l'A- 
telier de  —  au  Grand-Pressigny;  par 
Martin  (Dr  Henri; (Parisi  et  Barreau 
(J-B.)  (La  Haye-Descartes,  Indre- 
et-Loire)  p.  110 

Las  Tours  (Les  Fouillas  de—  en  1910; 
par  Pagès-Allary p    265 

Liguro-celto-grecques  (Remarques  sur 
quelques  pierres  —  du  «  Pain-de- 
Sucre  »  à  Marseille;  par  Clastrier 
(Stanil)  (Marseille) p.  313 

Lot  (Dolmens  et  tumuli  du  —  );  par 
Viré p.  348 


Magdaléniennf.  (Objets  provenant  d'une 
Grotte  —  à  Malga-Luzech,  et  d'une 
station  néolithique  à  l'.Impernal,  près 
Luzech  (Lot);  par  Malga  (l'abbé) 
(Gels,  Lot) p.  131 

Magdalénienne  (Sur  les  points  de  cuis- 
son de  deux  fragments  de  poterie, 
trouvés  dans  la  station  —  de  Beau- 
regard);  par  Fraxchet...  ..     p.  315 

Magdalénienne  ( Une  station  —  au  Fleix 
(Dordogne);  par  Paniagua  (A.  de) 
(Paris) p.  141 

Magdalénienne  (Fouille  à  la  station 
—  du  Pont  de  Longue,  près  la 
gare  de  Vic-le- Comte  (Puy  de-Dôme), 
en  mai  1910);  par  Charvilhat  (Dr  G.) 
(Clermont-Ferrand,  Puv-de-Dôme). 
p.  776 

Marne  (Découverte  d'une  Grotte  néo- 
lithique à  Courjeonnet,  près  Villeve- 
nard  —  );  par  Roland  (M.)  (Villeve- 
nard,  Marne) p.  869 

Mauritanie  (Notice  sur  la  Préhistoire 
de  la  — occidentale  saharienne);  par 
Dangei.zer  (R.) p.  217 

Mégalithes  (Inventaire  des  —  du  pays 
de  Guérande  (Loire-Inférieure);  par 
Qgilgars  (H.)  (Evreux) p.  74 


790 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   DE   FRANCE 


Menhir  (Le  —  de  la  Grosse  Borne  à 
Coupvray,  Seine-et-Marne);  par  Gi- 
li.ux p.  384 

Menhirs  (Découverte  scientifique  de 
deux  —  indicateurs  d'une  Sépulture 
sous  roche,  ou  Chambre  sépulcrale, 
à  Trosly-Vieux-Moulin  (Oise);  par 
Boutanqdoi  (0.)  (Nampcel,  Oise). 

p.  647 

Menhirs  (Les  —  bornes);  par  Lewis 
(A.-L.)  (Angleterre) p.  527 

Menhir  (Découverte  d'un   —  près    le 

village  de  Piogat,   canton  de  Menât 

(Puy-de-Dôme)  ;  parCHARviLHAT(D'G) 

(Glermont-Ferrand,     Puy-de-Dôme). 

p.  778 

Mérovingien  (Le  cimetière  —  et  caro- 
lingien de  Manneville-sur-Risle 
(Eure);  par  Leroy  (J.)  (Pont- Aude- 
mer)  p.  530 

Meules  (Outil  servant  à  piquer  les  — 
préhistoriques);  par  Jullien  (Dr) 
(Joyeuse,  Ardèche) p.  694 

Meules  en  granité  de  Trégomard 
(Gôtes-du-Nord)  ;  par  Jacquot. 

p.  222 

Moustérien  (Présentation  d'un  Crâne 
humain  trouvé  avec  le  Squelette  à 
la  base  du  —  de  La  Quina  (Cha- 
rente); par  Martin  (Dr  Henri)  (Pa- 
ris)      p.  615,  740,741 

Moustériens  (Les  grands  Eclats  —  et 
les  Pièces  Aoneuléo-Moustériennes 
de  la  carrière  du  Tillet,  près  la 
Ferté-sous-Jouarre  (Seine-et-Marne)  ; 
par  P.  de  Givenchy p    257 

Moustérienne  (La  Grotte)  de  Jersey; 
par  Nicolle p.  757,  765 


N 


Nampcel  (La  Station  préhistorique  de 
—  ,  Oise);  par  Boutanquoi  (0.) 
(Nampcel,  Oise) p.  747 

Néolithique  (Objets  provenant  d'une 
Grotte  magdalénienne  à  Luzech  et 
d'une  station  —  à  l'Impernal,  près 
Luzech  (Lot);  par  Malga  (l'abbé) 
(Gels,  Lot) p.  311 

Néolithiques  (Objet  provenant  des 
Sépultures  —  de  Montigny-l'Engrain 
(Aisne);  par  Vauvillé p..  378 

Nucléus  (Un  —  solutréen  analogue 
aux«  Livres  de  beurre  »  du  Grand- 
Pressigny);  par  Viré p.  221 


Objet  énigmatique  (Encore  un 
Guébhard 


-);  par 
p.  635 

Oise  (La  Cachette  de  Fondeur  décou- 
verte àCompiègne,  — );  par  Plessier 

(L.)  (Compiègne) p.  407 

Os    (Découverte  d'objets    anciens  en 
— )  ;  par  Cousset p.  197 


Paléolithique  (Sur  la  présence  d'une 
Industrie  —  dans  une  plage  soulevée 
Algérienne);  par  Pallary  (Paul) 
(Eckmull,  Algérie) p.   162 

Paléolithique  inférieur  (Le  —  dans 
la  vallée  de  l'Alêne  (Nièvre);  par 
Desforges  (à.)  (Fléty,  Nièvre). 

p.  651 

Paléolithique  (L'Industrie  —  de  Bil- 
lancourt (Seine);  par  Houry  (Issy, 
Seine) p.  653 

Pas  de  Dieu  (Le  —,  à  Sainte-Rade- 
gonde  de  Poitiers)  ;  par  Marcel 
Baudouin p .  320 

Pendeloque  (Note  sur  une  —  néolithi- 
que trouvée  à  Ligiet  (Vienne),  par 
Gobillot  (Louis)  (La  Trimouille, 
Vienne) p.  338 

Pendeloque  ( —  paléolithique  en  si- 
lex); par  Baudon p.  696 

Pic-hache  (Découverte  d'un  —  gallo- 
romain,  aux  environs  de  Pacy-sur- 
Eure)  ;  par  Barbier p.  681 

Pierre  (Age  de  la  —  en  Grèce)  ;  par 
Labokowoki p.  158 

Pierre  a  aiguiser  (Une—  en  schiste;; 
par  Cahen  v  Albert)  (Le  Havre),  p.  382. 

Pierres  druidiques  (Les  prétendues  — 
de  Miribel-les-Echelles  et  de  Merlaz) 
(Isère);  par  Jacquot p.  540 

Plages  (Les  produits  lithiques  des 
chocs  naturels  sur  les  —  de  Saint- 
Valéry-en-Caux  et  de  Venles-les- 
Roses);  par  Romain  (G.)  (Sainte- 
Adresse,  Seine-Iniérieure)..     p.  527 

Plage  soulevée;  par  Pallary.     p.  162 

Poterie  (Sur  les  points  de  cuisson  de 
deux  fragments  de  —  trouvés  dans 
la  station  magdalénienne  de  Beau- 
regard)  ;  par  Fhanchet p.  345 

Poteries  (Sur  quelques  causes  déter- 
minantes   du    magnétisme    des  — ); 
par  Franchet  (L.)  (Asnières,  Seine). 
p.  279 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


791 


Poterie  (A  propos  de  la  décoration,  au 
champ-levé  ou  par  excision,  d*ui.e 
—  préhistorique  provençale);  par 
Guébhard p.  390 

Poteries  (Observations  sur  l'existence 
des  fabriques  de  —  en  Auvergne  à 
l'époque  gallo-romaine  et  sur  la  tech- 
nique de  la  glaçure  de  leurs  pro- 
duits); par  Aymar  (Alph.)  Clermont- 
Ferrand) p.  705 

Poteries  (Discussion  sur  l'émail  des  — 
romaines);  par  L.  Franchet  ;Asnières, 
Seine; p.  743 

Préhistoire  (La  —  au  dehors);  par 
GrÉBHARD  (Dr  Adrien;  (Paris),     p.  58 

Pressigny  (Un  Nucléus  solutréen  ana- 
logue aux  «  Livres  de  beurre  »  du 
Grand—);  par   Viré p.  221 

Pressoirs  (Discussion  sur  les  — );  par 
Vuarnet(E) p.   738 

Pseudo-éolithes    (Eolithes  et — );  par 


Hébert 


548 


Purs  funéraire  (Découverte  d'un  — 
et  d'un  Souterrain  refuge,  au  village 
de  Bros,  commune  de  Monceaux, 
canton  d'Argentat  (Gorrèze))  ;  par 
Bombal  (E.)  (Argentat,  Corrèze). 
p.  149 


Rabot  Silex  en  forme  de  — ,  provenant 
de  Vendrest  (Seine-et-Marne);  par 
Giraux  (Louis)  (Saint-Mindé ;■.    p.  71 

Rarots  (A  propos  des  Silex — );  par 
Ml llkr  (H.)  (Grenoble) p.   126 

Roc  (Gravures  sur  la  paroi  d'une  an- 
cienne habitation,  taillée  dans  le  — , 
dn  coteau  d'Ecorneboeut,  près  Péri- 
gueux  (Dordogne);  par  Aublanc 
(Ch. )  ( t'érigueux) p.  305 


Sahariens  (Notes  succinctes  sur  quel- 
ques instruments  —  de  l'âge  de  la 
pierre);  par  Roseville-des  Grottes 
(Lasseube,  Basses-Pyrénées),     p.  533 

Sépulcrale  (Description  de  la  Chambre 
—  restaurée  de  Belleville.  à  Ven- 
drest) vSeine-et- Marne);  par  Marcel 
Baudouin p.  479 


Sépulture  (Résultat  des  fouilles  effec- 
tuées dans  un  Abri  sous  roche  à  Bon- 
nières  (Seine-et-Oise)  et  découverte 
d'une  —  néolithique  à  Genfosse 
(Seine-et-Oise);  par  Gadeau  de  Ker- 
ville  (Rouen)  et  Poulain  (Georges) 
(Eure) p.  276 

Sépulture  (Découverte  scientifique  de 
deux  Menhiis  indicateurs  d'une  — 
sous  roche,  ou  Chambre  sépulcrale, 
à  Trosly-Vieux-Moulin  (Oise);  par 
Boutanquoi  (0.)  (Nampcel,  Oise), 
p.  647 

Sépultures  (Note  sur  une  découverte 
de  —  gallo-romaines  à-  Pacy-sur- 
Eure  (Eure);  par  Barbier  (H.)  (Pacy- 
sur-Eure) p.  304 

Sépultures  (Diverses  —  gallo-romaines 
en  Loir-it-Cher);  par  Florance 
(Blois) p.  270 

Sépi  ltures  (Objets  provenant  des  — 
néolithiques  de  Montigny-l'Engrain 
(Aisne)  ;  par  Vadvillb p.     378 

Sifflet  (Un  -  néolithique);  par  Aymar 
p.  710 

Solutréen  (Un  nucléus  —  analogue 
aux  «  Livres  de  beurre  »  du  Grand 
Pressigny);  par  Vauvillé...     p.  221 

Souterrain  (Découverte  d'un  —  en 
Haute-Savoie);  par  'Voarnbt  (E.) 
(Messery,  Haute-Savoie)....     p.  192 

Souterrain-refuge  (Découverte  d'un 
Puits  funéraire  et  d'un  —  au  village 
de  Bros,  commune  de  Monceaux, 
canton  d'Arg-'.ntat  (Corrèze)  ;  par 
Bombal  (E  )  (Argentat,  Corrèze). 
p.  149 

Stations  (Découverte  de  —  préhistori- 
quesàAmmi-Moussa(Orao,  Algérie)); 
par  Estaunié  iD.)  (Arami-Moussa, 
Algérie) p.  699 

Squblette  (Présentation    d'un    Crâne 
humain  trouvé  avec  le  —  à  la  base 
du  Moustérien  de    La    Quina   (Cha- 
rente); par  Martin  (I)'  Henri) (Paris), 
p.  615,  740,  741 


Terre  cuite  (Objet  bizarre  en  — ;  ;  pu 
Guébhard '. p.  248 

Terre  cuite  (Statuette  en  — )  trouvée 
en  Palestine;  par  Mulinen  (M.  de) 
(Berne) p.  739 


792 


SOCIÉTÉ   PRÉHISTORIQUE   FRANÇAISE 


Terre  cuite  (Note  sur  un  fragment  en 
—  de  l'époque  gallo-romaine,  prove- 
nant de  Clermont-Ferrand,  analogue 
à  un  objet  de  même  nature  tiouvéà 
Massiac  (Cantal)  et  encore  indéter- 
miné); par  Charvilhat  (G.)  (Cler- 
mont-Ferrand)       p.  556 

Tkrre  cuite  (Objets  en  — )  des  Pala- 
fittes  suisses  (Age  du  Bronze);  par 
Guébhard  (A.) p.  740 

Tortue  (Sur  une  petite  — )  en  porphyre, 
trouvée  à  Aulun;  par  Menard  (E.) 
(Autun,  Saône-et-Loire) p.  738 

Tortue  (La.  —  en  Piéhistoire);  par 
Hébert  (Marcel)  (Paris p.  52 

Tortue  (La—  en  Préhistoire);  par 
DEYROLLE(Dr)  (Paris) p.  123 

Tortue  (La—  en  Préhistoire);  parHAR- 
mois(A."L.)  et  Menant,     p.  462;  738 

Tranchets  et  Décarnisation;  par  Yau- 
villé  (.0.)  (Paris) p.  182 

Tranchets  préhistoriques  du  Soisson- 
nais  ;  par  Vauvillé p.  410-453 


Trépanation  néolithique  christianisée  ; 
par  Guénin  (G.)  (Brest) p.  54 

Trépanation  historique  christianisée 
et  crâne  de  Saint-Aubert;  par  Har- 
mois p .  463 

Tumuli  (Dolmens  et  —  du  Lot);  par 
Vauvillé p.  3.8 


Vases  (Trouvailles  de  — anciens)  ;   p.T 
Naulin  (Dr)  (Paris) p    I  i!4 

Vendée    (Découverte    du  Centre  occi- 
dental  de    l'Age  du    Cuivre    en—,; 
par  Baudouin   (Dr  Marcel)  (Paris), 
p.  I2u 


Yonne  (Présentation  de  Pièces  campi- 

gniennes,  trouvées  en  surface   dans 

le  Département  de  1'  — )  ;  par  Tryon- 

Montalembert  (Marquis  de)  (Paris), 

p.  28G 


0 


GN  Société  préhistorique 

5L*  frar-Çaisey  fas 
A1S62  Bulletin 

t.8 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 


UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY